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L’histoire de l’horlogerie liégeoise au XVIIIième siècle Eddy Fraiture
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L’histoire de l’horlogerie liégeoise au XVIIIième siècle
ISBN 978-90-429-4393-3 eISBN 978-90-429-4394-0 D/2020/0602/111 © 2020 - Peeters, Bondgenotenlaan 153. B-3000 Leuven Eddy Fraiture [email protected] Lay-out: Werner Custers Couverture (Photo Eric Leyssens) Pendule de Sarton, signée Leonard Joosten All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior written permission of the Publisher.
L’histoire de l’horlogerie liégeoise au XVIIIième siècle
Eddy Fraiture
PEETERS
Gillesde Beefe Les précurseurs liégeois Paul Cuper Georges Huysman Francis Hall (François Linus) La famille Moeus Artus Moeus Arnold Moeus Jean Moeus Une nouvelle horlogeentre 1620 et 1756 L’ancienne horloge del’hôtel de ville de Huy Michel Beurquet
Le village de Befve Horlogers à Befve La vie de Gilles I de Beefe Le dernier horloger de Beefe Polyvalence et productionde Gilles de Beefe L’atelier à Liège Cadrans solaires Fondeur de tambours et de cloches
Montres de poche Montre de poche, signée : Gilles De Beefe A Liège no 3. L’octroi de 1738 La montre de poche del’ancienne collection Sandberg Une montre de carrosse à double signature
Pendules et cartels Une religieuse liégeoise Un chef-d’oeuvre musical
Horloges murales Une horloge lanterne à chronogramme Une horloge murale à automate
Horloges de parquet L’horloge de parquet du comte Horion Une simple horloge de parquet
Horloges d’édifice Les cathédrales Saint-Lambertet Saint-Paul de Liège Château de Cannenburch, Vaassen, Pays-Bas L’abbaye d’Achel Hasselt Saint-Trond Cayenne La Guyane L’horloge de Gilles I de Beefe en Guyane Une horloge d’édifice de Gilles de Beefe ?
Gilles I de Beefe au Portugal
Introduction
La principauté de Liège Le prince-évêque Les bonnes Villes Liège, un importantcentre économique Est-ce Liege, Liége, Liège,Lîdje, Luik ou Lüttich? La principauté au dix-huitième siècle
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Mafra au Portugal Le monastère Le roi João V à Liège Gilles de Beefe comme organisateur Les horloges sur les tourssud et nord de Mafra Pourquoi deux horlogeset deux carillons L’horloge de la tour sud à carillon de Witlockx Les premières restaurations La dernière restauration L’horloge de la tour nord avec le carillon de Levache Nicolas Levache Mafra aujourd’hui
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Gilles I de Beefe et la cathédrale de Lisbonne
La famille d’horlogers de Beefe Les horlogers de Beefeà Liège et environs Horlogers de Beefe àAix-la-Chapelle (RFA)
Conclusion
Hubert Sarton L’influence du prince-évêque de Velbrück La vied’Hubert Sarton Sarton et la réclame Sarton et sescollègues-horlogers de Liège La Révolution française Sarton et Dumoulin La fin de Sarton comme horloger Sarton comme homme d’affaires Les écrits de Sarton La production d’Hubert Sarton
Montres de poche Sarton et l’Académie françaisedes Sciences Sarton de Liège ou Perrelet du Locle La controverse La suite de la montre automatique à rotor de Sarton
Cartels et pendules Les pendules en Belgique L’évolution des pendules de Sarton Les débuts Les pendules maçonniques Les pendules lyre La fin du ‘temps d’étude’ Les pendules à trois cadrans en verre La maîtrise Pendules à deux colonnes et un seul cadran Les pendules à quatre cadrans Les platines rondes Les platines triangulaires La pendule à platine trapézoïdale La pendule spéciale à cinq cadrans Les exceptionnelles Les pièces maîtresses à cinq ou six cadrans Les pendules de compagnie, les chefs-d’œuvre suprêmes La pendule de la ‘The Albert Odmark Collection’ La pendule de compagnie du musée ‘Speelklok’ à Utrecht La troisième pendule de compagnie
Régulateurs Les régulateurs à gaine violonée Le régulateur d’atelier d’Hubert Sarton Les régulateurs à longue durée
Conclusion
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La connexion liégeoise
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Quelques horlogers liégeois
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Les horlogers Botty Paul Conrard Jean Gérard Cornelis La famille Deherve Henry Deherve Gilles I Deherve Jean Joseph Fourneau Fourneau à Huy Nicolas Jacquet Dieudonné et Jean Marc Lhoest Jean François Lovinfosse Jean Rahier Nicolas Rensonnet de Herve Les Rossius La famille Rouma
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Les horlogers liégeois au Limbourg La famille Stréel à Hamont François de Beefe François Denis de Beefe Gérard Hamaïde à Maastricht
L’attraction de Paris Jacques Etienne Beaufort Gaspard Cachard Les frères Jacquet Arnold Jacquet (1768-1836) Guillaume Jacquet (1771-1847) Dieudonné Kinable A propos du nom Kinable Kinable à Paris Kinable en tant que pendulier Lambert Joseph Laguesse Les frères Sironval Noël Sironval Thomas Sironval Remacle-Nicolas Sotiau Autres horlogers liégeois en France
Dieudonné Sarton à Lyon Michel Joseph Ransonnet à Nancy En route pour Nancy Citoyen de Nancy Les montres La peinture perdue
Conclusion
Horlogers liégeois du 18ième siècle Généalogies de Beefe Sarton Lhoest Deherve
Bibliografie Remerciements Crédits photographiques
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Introduction A Liège et environs, on connaît et apprécie beaucoup les grands horlogers liégeois. Une ‘horloge liégeoise’ est considérée en Belgique comme une horloge de qualité. Malheureusement en dehors de nos frontières, même les historiens réputés en horlogerie ont peu - ou ce qui est encore plus grave - pas de connaissances à ce sujet. Ce livre a pour but d’élargir et d’approfondir nos connaissances de l’horlogerie liégeoise et surtout de rencontrer les horlogers liégeois qui ont été à la base de de cet essor au 18ième siècle. Si le 17ième siècle ne fut pas toujours facile pour les liégeois, le siècle suivant aboutira finalement aux révolutions liégeoise et française. Au début de ce 18ième siècle, l’horlogerie ne pesait pas lourd à Liège. L’arrivée de Gilles de Beefe dans la Cité ardente vers 1720 a tout changé. Cet artiste plein d’idées nouvelles et horloger hors pair bouleversera l’horlogerie liégeoise somnolente. Gilles de Beefe a eu, à un certain moment, un atelier comptant plus de cent ouvriers allant du plus simple journalier jusqu’à l’horloger spécialisé. Il donnera l’exemple et démontrera qu’on peut vendre des horloges dans toute l’Europe et même plus loin. A Mafra, au Portugal, il placera deux horloges de tour, deux carillons et quatre tambours. Encore maintenant c’est la plus grande commande jamais réalisé par un horloger. Les jeunes liégeois ont compris que l’horlogerie pouvait procurer des opportunités insoupçonnées.
Si Gilles de Beefe était la figure de proue de l’horlogerie liégeoise de la première partie du 18ième siècle, Hubert Sarton sera le porte-drapeau des horlogers pendant la deuxième partie de ce siècle. Ce livre a pour but de mettre en exergue ces deux figures incontournables. La vie et l’œuvre de ces deux hommes seront examinées de près sans toutefois vouloir être exhaustif. Quelques horloges seront décrites de manière détaillée tout en accentuant également leurs autres œuvres les plus remarquables. Sarton et de Beefe ont stimulé bien des jeunes à devenir horloger. Une liste de ces horlogers de Liège ou environs aidera à mieux comprendre leur vie. On y rencontrera des grands noms comme Rossius, Rouma, Jacquet et bien d’autres. Un bon nombre de jeunes ont quitté Liège pour tenter de faire fortune à l’étranger. Les horlogers liégeois partis à Paris ne seront pas oubliés, tout comme Dieudonné Sarton parti à Lyon ou Ransonnet qui fut l’horloger de l’ancien roi de Pologne à Nancy. Les horlogers liégeois formaient une grande famille bien que cela ne se passait pas toujours sans problèmes ou discussions. Les familles étaient liées par de nombreux mariages. Les filles d’horlogers trouvaient l’amour chez un horloger, rencontré dans l’atelier du père ou du frère. Il sera donc très utile de retrouver à la fin du livre les généalogies des différentes grandes familles d’horlogers comme les familles de Beefe, Sarton, L’hoest et De Herve.
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Carte de Liège de Blaeu en 1649 avec au centre la cathédrale Saint-Lambert
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La principauté de Liège La principauté de Liège était à l’origine un diocèse ou une ‘province catholique’. Liège même connut un tournant décisif lors de l’attentat qui tua l’évêque Lambert en 705. La mort violente de l’évêque Lambert, issu d’une famille aristocratique et originaire de Maastricht, toucha profondément l’opinion publique et provoqua l’éclosion du culte du saint martyr. Autour du corps ramené à Liège, les miracles se multiplièrent. L’endroit sacré devint un lieu de pèlerinage. La bourgade se développa et prit une réelle importance lorsque le siège de l’évêché y fut transféré. La renommée et l’expansion de Liège furent assurées. C’est le vrai début du développement de la future cité ardente. En 985, l’évêque liégeois Notger reçut de l’empereur Otto II également le pouvoir séculier. A partir de ce moment, le diocèse de Liège devint une principauté épiscopale sous la protection de l’empereur. Notger reçut le titre de statut de prince-évêque. Cette nouvelle principauté couvrira entre autres l’Entre-Sambreet-Meuse, le Condroz, l’Hesbaye et la Campine. Maastricht et le duché de Bouillon bénéficiaient d’un statut spécial sous la double autorité du duc de Brabant et du princeévêque, ce qu’on nomma la double seigneurie. Il y avait aussi des enclaves en dehors de la principauté comme Tourinnes-laGrosse, Beauvechain et Luyksgestel. En 1366, le chapitre de l’évêché de Liège fit l’acquisition du comté de Loos, territoire comparable en majeure partie à l’actuelle province du Limbourg belge. Pendant un certain temps, la ville de Malines et la commune d’Heist-op-den-Berg furent liées comme condominium à la principauté de Liège. En plus, quelques autres villages firent partie pendant une courte ou parfois même une longue période de la principauté. La commune de Hoegaarden en est un bel exemple : elle restera une enclave liégeoise dans le duché du Brabant jusqu’à la révolution française. Les ducs bourguignons usaient de leur influence dans le but de faire nommer des princes-évêques favorables à la politique unificatrice des ducs de Bourgogne. La principauté tentait de résister de toutes ses forces à la pression bourguignonne mais échoua en 1468 face à Charles le Téméraire lorsque celui-ci vint étouffer la rébellion liégeoise, mais cette vengeance n’est pas satisfaite encore ! On réunit les survivants par dizaines, par vingtaines. On lie les enfants aux mères, les époux aux épouses, les vieillards aux derniers représentants de leur race, et on précipite ces fardeaux vivants dans le fleuve. Est-ce assez d’horreurs, assez de crimes ? (Bulletins de l’Académie royale des sciences, 1860). Ce fut finalement Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire, qui renonça le 19 mars 1477 à ses droits de succession. La principauté essaya dès lors de suivre une course aussi neutre que possible, bien que cela ne fut pas toujours simple ou même possible. La principauté de Liège connut une période difficile au 16ième siècle à la suite de la scission des Pays-Bas espagnols et des guerres de Louis XIV. La vie politique liégeoise était dominée par l’opposition entre, d’une part, les Grignoux ou le parti populaire, fervents défenseurs de la démocratie, et,
d’autre part, les Chiroux, le parti aristocratique qui soutenait le prince. Il y eut de graves émeutes et la principauté traversa des moments difficiles, mais finalement tout s’apaisa. Liège garda son indépendance et ne fit ni partie des Dix-Sept Provinces, ni des Pays-Bas espagnols ou autrichiens. Après la guerre de Succession d’Espagne en 1716, la principauté de Liège fut intégrée dans le Cercle de Westphalie. Bien que la principauté fasse partie de l’Empire romain, elle entretenait de bonnes relations avec la France et les ProvincesUnies. Il faudra attendre le début de la révolution liégeoise, le 18 août 1789, pour voir les premiers changements. Après l’annexion française en 1795, la principauté n’existait plus de fait. En 1830, le pays de Liège - à l’exception de Maastricht - fera partie de la Belgique.
Carte de la princiapauté
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Le prince-évêque Le prince-évêque était vassal de l’empereur et subordonné au pape. La principauté de Liège était un état du Saint-Empire romain. Il n’est donc pas surprenant de voir que la plupart des princes-évêques liégeois étaient allemands ou étaient de provenance allemande. Le régime s’approchait plus de la république que de la monarchie. Malgré le despotisme éclairé du 18ième siècle, issu des idées philosophiques du siècle des Lumières, le prince-évêque était toujours obligé de tenir compte du chapitre de la cathédrale et ne pouvait jamais, ni suspendre la loi, ni en empêcher l’exécution. Les princes-évêques liégeois étaient des souverains séculiers et n’avaient pas toujours reçu l’ordination de prêtre. C’est pour cette raison qu’un prince-évêque qui n’était pas ordonné prêtre, était assisté d’un suffragant. Celui-ci remplaçait le prince-évêque comme évêque et était responsable de la vie religieuse et ecclésiastique des chrétiens dans la principauté. Ainsi il ordonna les prêtres, assuma les fonctions liturgiques, bénit les églises et prit part aux pèlerinages ou processions. Le prince-évêque était un prince à pouvoir temporel qui d’habitude s’occupait peu ou pas de la religion. Il tenait une cour luxurieuse et avait fréquemment des enfants. Au cours du 18ième siècle Liège eut six princes-évêques : Joseph Clément de Bavière 1694-1723 Georges-Louis de Berghes 1724-1743 Jean-Théodore de Bavière 1744-1763 Charles-Nicolas d’Oultremont 1764-1771 François-Charles de Velbrück 1772-1784 Célestin-Constantin de Hoensbroeck 1784-1792 François-Antoine de Méan 1793-1794
Le martyre de Saint-Lambert (15ième siècle)
Les bonnes Villes Les ‘Bonnes Villes’ étaient les villes les plus importantes de la principauté. Pour accéder au statut de ‘Bonne Ville’ celle-ci devait répondre à certaines conditions ou critères. Ainsi la ville devait posséder une charte communale et être entourée de remparts (ou avoir reçu le droit de bâtir des remparts). Ces villes avaient le droit d’assister aux Etats de Liège et pouvaient ériger un perron. Le mot ‘perron’ est dérivé de ‘pierre’. Ce perron est une colonne ou un pilier, surmonté d’une pomme de pin et d’une croix. Ils sont le symbole de la liberté, de l’autonomie et de la justice. On trouve des perrons dans la plupart des Bonnes Villes. Vers 1500, il y avait 21 Bonnes Villes mais en 1651 le nombre fut fixé à 23. On comptait 12 villes ‘thioises’ (maintenant on dirait ‘flamandes’) et 11 villes ‘françoises ou romanes’ (maintenant on dirait ‘wallonnes’). Les Bonnes villes ‘thioises’ étaient (par ordre alphabétique) Beringen, Bilzen, Bree, Hamont, Hasselt, Herk-la-Ville, Looz (Borgloon), Maaseik, Peer, Saint-Trond, Stokkem et Tongres. Les Bonnes Villes ‘françoises’ étaient Châtelet, Ciney, Couvin, Dinant, Fosses-la-Ville, Huy, Liège, Thuin, Verviers, Visé et Waremme.
Le perron de Liège
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Buste-reliquaire de Saint-Lambert
Liège, un important centre économique Le Pays de Liège fut pendant toute son histoire une région où l’art, les métiers, l’industrie ainsi que le commerce local et international allaient de pair. Un signe apparent de cette prospérité au 18ième siècle était le nombre de carillons qu’on pouvait entendre dans la ville de Liège. Il y en avait une vingtaine : “C’étaient ceux de la cathédrale Saint-Lambert, du palais épiscopal, des collégiales Sainte-Croix, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Barthélemy, Saint-Jean-l’Evangéliste, Saint-Denis, SaintMartin, des abbayes de Saint-Jacques, Saint-Laurent, Paix-NotreDame (Bénédictines), Val-Saint-Lambert, Val-Benoît, Robermont, Beaurepart (actuelle église du séminaire), Saint-Gilles, Val-desEcoliers et du monastère des Croisiers, sans compter celui de l’église Saint-Adalbert (Cloches et Carillons, p.11) ”. Cette incroyable richesse n’existait nulle part ailleurs dans le monde. Liège était à cette époque une ville pleine de musique. Peut-être est-il intéressant de mentionner le manuscrit de P. Stéphany, ancien bibliothécaire des Carmes déchaux à Liège. Ce texte a été réédité dans ‘Essai historique sur l’ancienne Cathédrale de St-Lambert à Liège’. Selon ce manuscrit, il était d’usage à Liège de sonner les cloches durant la messe au moment de la consécration et d’annoncer l’angélus trois fois par jour par le triple son de la cloche. Cette tradition remontrait à l’an 1204, époque où ces pieuses coutumes furent autorisées par Guy, légat du Pape lnnocent I.
Les fonts baptismaux (1107-1118) de Renier de Huy à Saint-Barthélémy
On appelait à cette époque l’angélus ‘le pardon’ à cause des indulgences qui y étaient attachées. Si l’assertion de P. Stéphany est véridique, c’est donc à l’Eglise de Liège que reviendrait l’honneur d’avoir été la première à instituer la coutume de réciter l’angélus trois fois par jour : “A cette occasion Liége aurait pris l’initiative plusieurs années d’avance sur les bulles du pape Calixte II. En 1456 ils établirent dans toute la chrétienneté la pratique de réciter l’angélus pour implorer la protection de la Ste Vierge sur les armes des chrétiens qui combattaient les musulmans” ! Tout cela semble assez obscur. Si cependant - faute de preuves suffisantes - l’église liégeoise ne peut revendiquer d’une manière irréfutable le mérite d’avoir donné naissance à cet usage, elle peut se glorifier d’avoir été une des premières églises à l’adopter. Maintenant encore, beaucoup d’horloges de tour à Liège ou des environs sont équipées pour sonner l’angélus. La ville de Liège aurait compté plus de 500 horlogers à la fin du 18ième siècle. Même si cela semble exagéré à première vue, cela donne une idée de l’aisance des citoyens. On peut comprendre que la bourgeoisie, les commerçants aisés et la noblesse puissent se permettre d’acheter une montre ou une horloge. A l’époque, on pouvait trouver à Liège d’excellents sculpteurs ainsi que de fins ébénistes, qui ont contribué à l’essor de l’art horloger, en réalisant des gaines et des meubles, destinés à recevoir des cadrans et des mouvements d’horloges. L’horloge de parquet devenant l’une des pièces de mobilier les plus appréciées et les plus familières des intérieurs liégeois.
L’église de Saint-Barthélémy à Liège
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Les fondeurs de cuivre avaient une grande renommée tout comme les dinandiers, les bijoutiers, les lainiers et les artistes verriers, surtout que les armuriers avaient une place prépondérante dans la ville et ses environs. Ils disposaient d’une grande expérience et d’un savoir-faire séculaire. Liège était et est toujours un centre de fabrication d’armes. Aujourd’hui encore, la section d’armurerie de l’école Léon Mignon attire un certain nombre d’élèves, tous passionnés par les armes de chasse et de sport. Les garçons et les filles qui y terminent leurs études, trouvent un emploi à la Fabrique Nationale de Herstal (FN) qui est propriétaire de la firme américaine Browning (Browning Arms Company) et de Winchester (Winchester Repeating Arms Company). A partir de 1900, FN s’occupa aussi de la construction de voitures, tant des voitures de sport que des voitures destinées à l’armée belge. On y a même construit sous licence des moteurs à réaction pour avions. Les temps changent et maintenant l’armurerie et l’horlogerie se sont rencontrées à Liège. Dès 1785, une firme construisit des fusils de chasse ornés de gravures d’une grande beauté sur la partie métallique du fusil. Les riches uniquement pouvaient se permettre l’achat d’une arme pareille. En 1866, l’entreprise se nommait Lebeau-Courally. En 2010, celle-ci fut reprise par le belge Joris Ide. La section ‘fusils de chasse’ continua à produire des fusils mais Joris Ide y ajouta une manufacture horlogère. Pour la première série de montres, il fit appel à deux grands noms de l’horlogerie suisse notamment Greubel & Forsey et Harry Winston. Ces nouvelles montres recevront le nom de nobles - noblesse oblige - comme Le Baron, L’Archiduc, Le Comte ou encore Le Marquis. Le cadran de ces montres est naturellement orné d’une gravure splendide. Ces montres haut de gamme et de prix élevés font renaître les jours heureux de l’horlogerie liégeoise du 18ième siècle.
La gravure sur un fusil de Lebeau-Courally
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Est-ce Liege, Liége, Liège, Lîdje, Luik ou Lüttich? La ville de Liège compte actuellement quelque 200.000 habitants, mais l’agglomération est peuplée d’environ 700.000 habitants. La ville, qu’on nomme souvent la ‘Cité Ardente’, a toute une panoplie de noms. En néerlandais, on dit ‘Luik’, en allemand cela devient ‘Lüttich’, en dialecte ou patois juteux de Liège on entend ‘Lîdje’ mais le nom français ‘Liège’ de la ville donne de loin le plus de fil à retordre. Jusqu’en 1878 on a employé ‘Liége’ et Hubert Sarton a toujours signé de cette façon ses horloges. Ce n’est qu’en 1878 que l’Académie française a imposé la nouvelle écriture des mots français qui se terminaient sur ‘ege’. Obligatoirement tous ces mots devaient dorénavant être écrits ‘ège’ comme dans ‘collège, solfège, manège, privilège’. A partir de ce moment on fut obligé d’écrire ‘Liège’. Il est vrai que la façon d’écrire le nom d’une commune belge n’est pas du ressort de l’Académie française, mais bien du roi belge, en ce cas particulier plutôt du gouvernement belge. En conséquence les liégeois ont continué à employer ‘Liége’ alors que le gouvernement belge avait déjà suivi l’Académie française le 9 juillet 1880. Ce n’est que le 3 juin 1946 que les liégeois ont adhéré au point de vue du gouvernement et ceci dans le but de ne pas prêter à confusion. A ce moment ‘Liége’ devint pour tout le monde ‘Liège’. Tout le monde sauf la ‘Gazette de Liége’ qui persiste encore maintenant à employer l’ancienne façon d’écrire. Sarton n’a jamais eu à s’occuper de ces détails. Il signait ses horloges ‘Liege’ ou ‘Liége’ aussi bien en lettres cursives qu’en majuscules.
Tourbillon ‘Le Comte’ de Lebeau-Courally
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La principauté au dix-huitième siècle Au fil du temps la principauté de Liège connut des périodes difficiles mais malgré tout, elle resta toujours un centre économique important. Les possibilités de transport par la Meuse et le réseau routier en direction de Maastricht, Hasselt, Aix-la-Chapelle et Cologne ont contribué à ce que Liège puisse maintenir sa position de ville commerçante privilégiée. A partir du 16ième siècle, la ville s’est développée en un centre important pour la sidérurgie et l’armurerie. On raconte que la plupart des armes, utilisées pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans (15681648), aussi appelée Révolte des Pays-Bas, étaient d’origine liégeoise. Les commerçants qui s’étaient enrichis, ont bâti le long de la Meuse de grandes maisons et des palais. La maison Curtius, actuellement musée ‘Le Grand Curtius’, en est un bel exemple. Le musée a hérité son nom de Joannes Curtius, étant le nom latinisé de Jean de Corte (1551-1628), un commerçant qui fit fortune grâce aux armes et à la poudre à canon. Entre 1597 et 1605 le commerçant richissime se fit construire au ‘Quai de Maestricht’ une splendide maison de maître en pierres rouges avec vue sur la Meuse. Elle représente maintenant un exemple typique de la Renaissance mosane. La ville de Liège évolua rapidement et s’adapta aux besoins des habitants. Pendant l’hiver de 1710 on fit usage de réverbères pour l’éclairage des rues principales ce qui constitua une grande nouveauté. Il s’agissait de lanternes d’assez grande dimension qu’on accrochait aux murs. En 1774, il y avait des lanternes dans toutes les rues et places liégeoises. A Rotterdam, ce n’est qu’à partir de 1800 qu’on introduisit l’éclairage public des rues, grâce à la première ’Manufacture de lanternes propres à éclairer les villes ; brevetées d’invention sous la dénomination de photopériphores catadioptriques et maintenant appelées lanternes et fanaux de Maestricht’ (Het begin van de straatverlichting te Rotterdam, H. C. Hazewinkel). Sous ce nom mirobolant se cachait une usine où l’on produisait des lanternes. Les inventeurs étaient deux liégeois, les frères Joseph (1768-1813) et François Fraiture. Leur père et horloger Ambroise Fraiture était originaire de Liège. Il arriva à Maastricht en 1793. Dans le recensement de 1802 sa femme est appelée ‘veuve Fraiture, 75, horlogère’. Ils eurent trois fils horlogers : François, Joseph et Antoine. François était expert-horloger vers 1774-1844. Dans un procès intenté contre l’horloger Boty-Lefèbvre de Liège, François dut constater l’origine et la valeur d’un certain nombre d’horloges, vendues par Boty. François Fraiture était à l’origine horloger, mais devint plus tard fabricant de réverbères et posséda à Maastricht une usine de lanternes ou ‘Photoperysphères cathadioptriques’ ! Le premier éclairage de nuit dans la ville de Rotterdam fut réalisé par François et Joseph Fraiture en 1804, un siècle plus tard qu’à Liège. Il n’est pas surprenant de constater que l’art s’épanouissait au 18ième siècle à Liège. L’architecture baroque, qu’on nommait à Liège ‘le baroque mosan’ s’était développée en art exubérant, faisant la transition entre le rococo et le baroque français et allemand. On retrouve ce baroque mosan dans les meubles et sculptures liégeoises. Après les campagnes de Napoléon, l’influence française grandissait encore et le baroque mosan
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Le Grand Curtius
devint ce qu’on a nommé la Régence liégeoise. La majorité des meubles liégeois, y compris les pendules et les horloges de parquet, adopteront ce style. Les 32 métiers de Liège sont à l’origine des groupes d’hommes ou de femmes exerçant le même métier, basés sur la solidarité et l’honnêteté professionnelle. Ils ont chacun leur local, leurs règles strictes, un chef, des traditions et des apprentis. Ils vont exister jusqu’à ce que la Révolution française interdise ces associations de métiers. Dans toutes les villes flamandes, les drapiers représentaient le métier le plus important. Ils ont assuré la prospérité de la Flandre pendant des siècles. Il n’en était pas de même à Liège, où la sidérurgie a été de tout temps l’industrie locale par excellence. A Liège les fèbvres ou forgerons formaient de loin la corporation la plus importante. On classait les trente-deux ‘bons métiers’ suivant un ordre qui devint ensuite traditionnel. Ce métier des ‘fèbvres’ (on retrouve ‘fèbvres’ dans les noms de famille comme Lefèvre, Lefèbvre, etc.) regroupait à Liège le plus grand nombre de personnes. Le métier des fèvres n’était pas seulement le plus ancien, il représentait aussi le groupe industriel le plus imposant et le plus varié. Il regroupait tous les artisans qui travaillaient les métaux, sauf l’or et l’argent. Dans cette corporation on retrouvait des maréchaux, forgerons, cloutiers, couteliers, serruriers, chaudronniers, potiers de cuivre et d’étain, fabricants et marchands de canon et d’armes à feu, fabricants et marchands d’épées, chandeliers, éperons, étriers, marchands de métaux, épingliers, fondeurs de cloches, horlogers et bien d’autres. A cause du bruit et du danger d’incendie - la plupart des maisons étaient en bois - les fèvres ne pouvaient pas s’installer n’importe où. On les localise habituellement au célèbre ‘Ilot des fèvres’ où les bras de la Meuse forment des îles, entre
Au cœur d’une forge ancienne du 18ième siècle
la collégiale Saint-Denis et l’Ile de la Cité. A Liège les ‘horlogersmécaniciens’ s’étaient emparés d’une place importante au sein de la corporation mais cela ne se traduisit pas au niveau de l’influence dans cette corporation. Il n’y avait pas uniquement le grand nombre d’horlogers dans la principauté (selon la source on parle de 300 à 500 horlogers) mais plusieurs horlogers avaient une notoriété qui dépassait de loin les frontières liégeoises. Les différentes tentatives pour fonder un métier ou une corporation d’horlogers n’ont jamais abouti. Les discussions internes, la jalousie, les discordes entre horlogers et les événements politiques de la fin du siècle, ont contribué au fait que ce projet ne fut jamais réalisé. La Révolution française a mis fin à toutes ces illusions ‘au nom de la liberté’.
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Gilles de Beefe 17
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Les précurseurs liégeois Paul Cuper Avant 1550 il n’y avait que peu d’horlogers actifs dans la région liégeoise ou dans la ville de Liège. De temps en temps on rencontre dans un texte ancien quelques mots sur un horloger liégeois où l’on apprend qu’une salle de vente propose une ancienne horloge liégeoise. La réalité est qu’on est mal documenté sur cette première période. Le liégeois Paul Cuper (1520-1611), devenu protestant, s’était établi à Blois en France en 1553. Il avait fui Liège à la suite de problèmes religieux (La plus longue dynastie, p. 68-73). On le nomma plus tard ‘Paul Cuper l’esné ou l’aîné’. Tardy mentionne dans son ‘Dictionnaire des horlogers français’ (p.149) “C’est la plus longue lignée horlogère connue, car elle dura trois siècles. Le premier venu d’Allemagne exerça à Blois et ses descendants jusqu’en 1840, avec des ramifications en Angleterre, en Allemagne et jusqu’en Turquie”. Il est clair que Tardy se trompe vu que Paul Cuper était originaire de Liège. La même faute est faite dans la ‘Revue de l’art ancien et moderne (Paris,Vol.33, partie I, p.116’ de 1913) : “En même temps, attestant la renommée grandissante de l’école, on voit arriver des ouvriers du dehors : Paul Cuper, avant 1556, vient d’Allemagne fonder la puissante dynastie qui fournira à l’horlogerie blésoise ses plus illustres représentants”. Même Claude Cardinal se trompe dans ‘La montre des origines au XIXième siècle (1985, p. 22)’ lorsqu’elle écrit : “Des horlogers étrangers vinrent également s’établir à Blois au cours du XVIième
siècle ; parmi ceux-ci on peut citer Paul Cuper et Marc Girard, venus d’Allemagne…”. En 1558, Paul Cuper se marie avec la petite-fille de Julien Couldray, le “maiste orologeur” des rois Louis XII et François Ier. Les comptes royaux signalent que le 31 décembre 1518 Julien Couldray (1498-1551) reçut 200 écus d’or Soleil en payement de deux excellentes dagues. Paul Cuper se remaria encore à deux reprises, en 1555 et en 1585. Il eut neuf enfants dont quatre sont devenus horlogers. La famille Cuper fut en effet la plus longue dynastie d’horlogers de l’histoire au monde. On retrouve des descendants directs jusqu’en 1837 quand Charles Raoul Cuper tenait encore une boutique à Blois dans la Grande Rue 43. La première corporation d’horlogers fut fondée à Paris en 1544. Blois était une ville importante pour l’horlogerie vu qu’à cette époque une partie de la cour royale y était installée. C’est Paul Cuper qui représentait les horlogers blésois en avril 1597 lors de la création d’une corporation d’horlogers à Blois. Par contre, on remarque qu’à Genève la première corporation n’a vu le jour qu’en 1601 tandis qu’à Londres ce fut en 1632. Malheureusement pour la ville de Blois, pendant les siècles qui suivirent, la cour royale quitta progressivement la ville, influencée par les conflits religieux. La répercussion sur l’horlogerie locale se fit durement sentir.
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Georges Huysman
Francis Hall (François Linus)
Dans la ‘Chronique archéologique, p.34’ on lit : “Les dépenses relatives à l’horloge, au carillon et à certaines cloches incombaient alors à la fabrique ; en 1523, on fait venir Georges Huysman, fèvre juré de la ville de Louvain, pour construire la nouvelle horloge qui devait être placée à la grande tour de Saint-Lambert”. Dans ‘Les architectes de la cathédrale Saint-Lambert’ Poncelet écrit dans le même sens. Le forgeron Georges Huysman avait été chargé de construire une nouvelle horloge pour la cathédrale et il termina son chef-d’œuvre en 1527 après plus de trois ans de travail. A cette occasion, il reçut 25 florins et fut nommé ‘maître de l’horloge’. Pour dorer les aiguilles et les chiffres on avait utilisé 725 doubles feuilles d’or. Les données sur les premiers horlogers liégeois sont rares et souvent fragmentaires. Dans le ‘Cartulaire de la commune de Dinant’ de 1566 on note : “Noël, fils de Grigore de Trëve, horloger à Liège, pour la fonte d’une cloche pour les frères mineurs”. Le 22 mai 1554 on parle à Liège de “Goffin de Bollengier, roi et Gherlaxhe l’horloger, grand-maître de la corporation des arquebusiers (Extraits des cris du péron de la cité de Liège, S. Bormans)”. A la fin du 16ième siècle, Ernest de Bavière (1554-1612) fut élu prince-évêque à Liège, plus précisément en 1581. Il était le petit-fils de Ferdinand I (1503-1564), empereur du Saint Empire Romain. Deux cents ans avant Charles de Velbrück, Ernest de Bavière était un homme doté d’idées nouvelles. Envers les protestants il était très sévère. Par contre il eut lui-même des enfants avec plusieurs femmes. Comme prince il tenait une cour importante. Il avait beaucoup d’attention pour les arts et les lettres et était persuadé que la science formait la base de l’avenir. Comme Velbrück, il fut un grand mécène de la recherche scientifique à Liège. Il était l’ami de Galileo Galilei (1564-1642) et avait même reçu de celui-ci des lunettes astronomiques. En 1610, Ernest de Bavière visita la cour impériale à Prague. On raconte que c’est grâce à ce fameux télescope, que Johannes Kepler (15711630) put observer les astres. De cette façon il aurait finalement réussi à trouver le fondé de la théorie de l’héliocentrisme.
Le jésuite Francis Hall (1595-1675), aussi nommé ‘Linus de Liège’, fut envoyé à Liège par ses parents afin d’y bénéficier d’une éducation catholique. Francis fit ses études secondaires au collège des jésuites anglais à Liège. Entré chez les jésuites en 1623, il devint prêtre en 1628 et jésuite en 1640. Il revint à Liège de 1630 à 1633 en tant que professeur d’hébreu et de mathématiques. En 1635, un certain Fabri de Peiresc, un ami de Galileo Galilée demanda l’avis et l’aide de Francis. Fabri de Peiresc croyait qu’une horloge à eau, que Francis avait inventée à Liège, pouvait lui servir à défendre la théorie du mouvement des astres, une théorie d’ailleurs condamnée par l’église en 1633. Francis ne put l’aider. Vingt ans plus tard, Line se range du côté du mathématicien hollandais Christiaan Huygens contre son collègue jésuite Grégoire de Saint-Vincent qui prétendait prouver la possibilité de la quadrature du cercle. Francis retourna en Angleterre où il se fit remarquer comme scientifique. En 1669 il construisit à la demande du roi Charles II à Londres un cadran solaire pour le ‘Whitehall Palace’. Le roi avait vu en 1646 un cadran identique que Hall avait construit à Liège. Ce cadran est décrit dans ‘An Explication of the Dial’ de 1673. Francis Hall revint à Liège en 1672 où il fut engagé dans une nouvelle dispute scientifique. Cette fois il s’opposa à la théorie d’Isaac Newton. Sans doute sous l’influence de l’église, Francis resta attaché toute sa vie aux théories d’Aristote. Francis Line aurait inventé une horloge magnétique, divers cadrans pour horloges et un cadran d’horloge permettant aux aveugles de connaître l’heure. On ne peut affirmer avec certitude qu’il a influencé l’horlogerie liégeoise.
Francis Hall créa ce cadran solaire pour le roi Charles II en 1669
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La famille Moeus Les premiers horlogers qui ont vraiment influencé leurs collègues horlogers à Liège, furent les Moeus. Le nom ‘Moeus’ fut retrouvé le plus souvent mais on rencontra aussi Moës (chez Pholien), Moes, Meuse et Moeuz. En 1506 maître Moes de Tongres répara l’horloge de Munsterbilzen (Limburgse klokken, p. 274). Mestrom écrit à ce sujet : “Il est possible que Moes est une abréviation du prénom de Thomas. En ce cas maître Moes peut être le même que Thomas Dekens le Jeune. Cela est encore plus plausible car quelques années plus tard on parle de maître (Dekens) comme responsable de l’horloge. Trad. (Uurwerken en uurwerkmakers in Limburg, p. 154)”. Ce maître Moes, qui était peut-être un ancêtre d’Artus Moeus, quitta Tongres pour s’établir à Liège parce qu’il était plus facile de gagner sa vie comme forgeron et horloger dans une grande ville que dans un petit village. On ne sait rien de plus de ce maître Moes de Tongres. Artus Moeus Artus (Aerd, Aert) Moeus fut l’horloger qui construisit les horloges de tour de l’église Saint-Martin à Dilsen, celle de l’église Saint-Elisabeth à Stokkem ainsi que celle de Saint-Hermès et Alexandre à Theux près de Verviers. L’horloge de Stokkem fut retrouvée il y a quelques années dans une caisse en bois dans la cave de l’église. Elle fut reconstruite et à cette occasion on a retrouvé un bon nombre d’inscriptions sur cette horloge en fer forgé : IAN SAVWEN ENDE HOVBRECHT VAESSEN BORGERMERS 1628 PAR ART. MOEVS LIEGE. Les ‘borgermers’ étaient les bourgmestres de Stokkem dont Houbrecht Vaessen. On sait qu’il est décédé à Stokkem le 24 novembre 1665 et qu’il avait épousé Mechtildis Van de Weijer en 1612. L’horloge de tour de Stokkem porte encore d’autres inscriptions : OUDE BR I. W. MEDAER JONGEN BR TD TIEGE REINER CORVERS ME FECIT ANNO 1765, ou en français : “Ancien bourgmestre I. W. MEDAER, jeune bourgmestre TD TIEGE REINER CORVERS qui m’a construit en l’année 1765”. On peut comprendre que l’horloge fut transformée (de mouvement à verge ou à foliot) en mouvement à ancre en 1765. Arnold Moeus Arnold, le fils d’Artus, travailla chez son père comme horloger. En 1598, il fut nommé horloger de la cathédrale. Il trouva l’horloge, que Georges Huysman construisit en 1527, en mauvais état : “En ce qui concerne l’horloge de la tour SaintLambert, qui donnait l’heure officielle, elle fut réparée en 1585 par Jean de Huy, et encore réparée en 1599, sans doute par A. Moës, horloger de Son Altesse en 1598 (Bulletin de l’Institut Archéologique, 1937, p. 77)”. Vu l’état désastreux de l’horloge de la cathédrale, Arnold Moeus fit une offre pour une nouvelle horloge. L’offre fut acceptée, mais comme cela arrive souvent, il y eut de nombreux problèmes, aussi bien politiques que financiers. Arnold Moeus fut encore obligé de réparer la vieille horloge de Huysman en 1612 : “L’horloger Arnold Moes ayant, en 1612, achevé à la cathédrale, un important travail de son art, le chapitre lui offrit, à cette occasion, au lieu de l’âme de vin traditionnelle, une coupe d’argent qui coûta 36 florins Brabant (Bulletin de la Société d’art
L’horloge de l'église de Dilsen d' Art. Moes de 1627
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et d’histoire du diocèse de Liège, p. 129)”. En 1620 la nouvelle “horloge à carillon, due à l’habilité de l’horloger mécanicien Arnold Moes ” (La Vie wallonne, p. 192) fut finalement terminée. Le 9 août 1621 le carillon automatique joua pour la première fois. C’est aussi grâce à Arnold qu’en 1632 cette horloge sonna les demi-heures. En 1640 Arnold Moeus fut toujours horloger de la cathédrale vu que le 3 octobre 1640 il demanda une augmentation de salaire (Analectes, 1874, p. 68). En 1640 le chapitre de l’église Notre-Dame de Maastricht commanda une horloge aux ateliers du père Artus et du fils Arnold à Liège. Les cloches du carillon furent livrées par Claude Plumère de Huy. Le 4 janvier 1642, le contrat fut signé à Liège. Malheureusement le travail n’avançait pas. Plusieurs fois il y eut de nouveaux délais de livraison. On peut supposer qu’Arnold Moeus mourut avant la fin des travaux. En avril 1644, l’horloge n’était toujours pas terminée. Finalement l’horloge, qui était d’ailleurs d’excellente qualité, fut livrée par Jean Moeus, le fils d’Arnold.
Jean Moeus Le 25 août 1654, la commune de Bilzen commanda à Jean Moeus, le fils d’Arnold, une horloge pour l’église SaintMaurice. L’horloge de tour de Thimister fut également construite par Jean. Cette horloge est signée “IEAN MOEVZ LIGE 1657”. L’horloge fait actuellement partie d’une collection privée, mais malheureusement elle fut sablée et peinte en rouge et noir. Cette horloge est pourvue d’un mouvement à chevilles mais à l’origine elle disposait d’un mouvement à verge vertical. En 1660, la ville de Verviers commanda une horloge ‘à Jean Meuse’. L’horloge coûta 600 florins et sonnait les heures et les demies. Jean Moeus, tout comme son père Arnold d’ailleurs, fut horloger de la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Son successeur fut Knaeps. Après la mort de Jean-François Knaeps en 1694, Michel Beurquet (1673-1752) devint horloger de la cathédrale. Beurquet était un excellent horloger qui construisit dans les années 1707-1708 l’horloge de l’église Notre-Dame à Tongres. Beurquet resta l’horloger attitré de la cathédrale jusqu’à sa mort en 1752. Son successeur ne fut autre que Gilles I De Beefe qui forgea une nouvelle horloge pour la cathédrale liégeoise en 1756.
La signature de Jean Moeus
L'horloge de Dilsen de 1627
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L’horloge de 1657 de Jean Moeus à Thimister
Dessin de l’horloge de Stokkem
Roue à inscriptions plus récentes à Stokkem
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Une nouvelle horloge entre 1620 et 1756 On peut se poser la question si la cathédrale liégeoise reçut une nouvelle horloge de tour entre 1620 et 1756. En effet, en 1620, Art. Moeus livra une nouvelle horloge et ce n’est qu’en 1754 qu’une nouvelle horloge fut commandée chez Gilles de Beefe. Celui-ci livra finalement cette nouvelle horloge en 1756. L’horloge d’Art. Moeus aurait-elle tenu le coup pendant plus de 130 ans ? Dans son livre de 1933 ‘L’horlogerie et ses artistes au Pays de Liège, p.25’ Florent Pholien écrit une phrase - à première vue anodine, qui fait quand même froncer les sourcils : “En 1669, un simple religieux récollet, de Liége, se chargea de construire une nouvelle horloge”. On ne sait pas d’où vient cette information. Pholien ne donne aucun renseignement et ne reviendra plus sur cette affirmation. Ceci semble assez étrange, puisqu’on ne retrouve pas d’autres informations sur cette horloge. Le couvent des Récollets fut fondé à Liège à la fin du 15ième siècle. Il appartint à l’Ordre des récollets ou frères mineurs et fit partie de l’ordre des franciscains. Ce couvent se trouvait dans le quartier d’Outremeuse et hébergea jusqu’à 80 moines. La Révolution française mit fin à la vie de ce couvent. Entièrement
rénové, celui-ci fait actuellement office d’auberge de jeunesse ‘Georges Simenon’. Est-il possible qu’un ‘simple’ récollet ait construit une horloge de tour ? A première vue, on est enclin de penser que cela semble impossible. En réalité les franciscains, qui possédaient beaucoup d’églises et de couvents dans le pays, comprirent très tôt que construire eux-mêmes les horloges de tours pour leurs églises n’était pas uniquement utile et plus rapide mais qu’ils épargneraient également de l’argent. C’est Nicolas de Namur, provincial des capucins (membres de l’ordre des franciscains) qui de 1641 à 1644 aurait fabriqué toutes sortes de cadrans solaires et construit des horloges, qui furent à la base de ce développement. Malheureusement, il ne reste plus rien de ses activités d’horloger, mais l’idée d’un atelier d’horlogerie demeura (Uurwerken op Vlaamse Belforten, pp.3839). A son retour de Rome, Nicolas de Namur créa à Bruxelles un atelier d’horlogerie de tour, destiné à la construction d’horloges de tour pour les églises et couvents franciscains. C’est en 1689 que le jeune Michael Van Bouchout entra dans les ordres des franciscains et prit le nom de Frère Michaël. Ce jeune moine était le fils de Cornelius Van Bouchout (1602-vers 1666) de Lierre. Ce Cornelius, horloger de tour de métier, a construit plusieurs horloges dont celle de l’église Saint-Jean-Baptiste du béguinage de Louvain, qui est signée : CvB heeft my gemaeckt Lier (CvB m’a fabriqué à Lierre. Trad). Les initiales C.v.B. sont celles de Cornelius van Bouchout de Lierre. Sur un montant horizontal de l’horloge on peut discerner : ‘1634’. Frère Michaël exerça déjà le métier d’horloger avant d’entrer dans les ordres. A partir de 1689, il travailla dans l’atelier franciscain bruxellois. Peu de temps après, il construisit l’horloge pour le cloître des capucins à Meersel près de Hoogstraten. A l’époque, celle-ci était qualifiée de chef-d’oeuvre n’ayant pas d’autre égal à l’exception de l’horloge de Bruxelles. Cela indique qu’il est probable que c’est également lui qui a construit l’horloge du cloître de Bruxelles. Nulle part on retrouve des éléments qui prouvent qu’il a travaillé à une horloge destinée à la cathédrale Saint-Lambert à Liège. De plus, frère Michaël n’a travaillé qu’à partir de 1689 en tant qu’horloger des franciscains alors que Florent Pholien mentionne qu’un récollet aurait construit l’horloge en 1669. Ne serait-il pas plus commode de penser que ‘le simple récollet’ ait remis l’horloge de Moeus en bon état en 1669. D’ailleurs, n’est-il pas étonnant qu’un récollet construise une horloge de cette importance tandis qu’un autre horloger (Moeus) était chargé de l’entretien ?
Horloge d'Arnold Moes de 1620 pour la cathédrale Saint-Lambert
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L’ancienne horloge de l’hôtel de ville de Huy
La roue de l’horloge d’Arnold Moeus de 1620
Gilles I de Beefe livra la nouvelle horloge pour la cathédrale liégeoise en 1756. Qu’est-il advenu de l’ancienne horloge d’Arnold Moeus ? On peut supposer que le chapitre de la cathédrale ait cherché à vendre celle-ci car en 1767, le chapitre trouva un acheteur. La ville de Huy chercha déjà depuis un certain temps une horloge afin de remplacer l’ancienne horloge défaillante de l’hôtel de ville. L’horloge de la cathédrale Saint-Lambert de Liège fut finalement vendue pour 1000 florins à la ville de Huy. André Hubin, un horloger hutois, remit l’horloge en état pour 140 florins. Par la même occasion, les cloches du carillon de l’hôtel de ville pourraient à nouveau faire entendre leur musique céleste. L’excellent horloger André Hubin, qui n’avait pas moins de vingt et un enfants, était ‘horlogeur de la ville de Huy en 1787’. Il était né à Statte (Huy) le 29 novembre 1741 et décéda à Huy le 18 janvier 1820. Il a été marié deux fois : en 1764 avec Anne Ernestine Grognardt et en 1798 avec Marie Ernestine Loiseau. Le 6 décembre 1765, nous retrouvons le nom d’André Hubin dans la ‘Gazette de Liége’, qui annonce que ‘le sieur Hubin André, horlogeur à Huy, dans la rue de la Grienge, à l’enseigne du Dragon Vert, paroisse de Saint-Maingold, proche le Marché, la mise en vente d’une horloge remarquable (‘L’horlogerie et ses artistes au Pays de Liège’, p. 88)’. Cette horloge fonctionne 15 mois sans qu’on ne doive la remonter et avait de nombreuses complications. On a écrit qu’il montra cette horloge à l’Académie des Sciences de Paris. Actuellement, l’horloge de 1620 d’Arnold Moeus est installée à l’entrée du Musée communal de Huy (Rue Vankeerbergen 20). L’horloge en fer forgé mesure 180cm x 80cm x 200cm. Elle a quatre piliers gothiques. Aujourd’hui le mouvement est à ancre mais à l’origine elle avait un mouvement à verge ou à foliot. Cette pièce unique est malheureusement dans un état pitoyable. On a procédé à un remontage de l’horloge, sans la moindre connaissance d’horlogerie. Pour le visiteur il est impossible de comprendre de quelle façon cette horloge aurait pu fonctionner. Ce chef-d’œuvre ne sera sans doute plus utilisé comme horloge mais une conservation serait utile et urgente, car cette merveille fonctionna durant plusieurs siècles pour donner l’heure et nous faire entendre dès le matin, le son du carillon.
Pied d’un pilier de l’horloge à Huy d’Arnold Moeus
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Michel Beurquet De Michel Beurquet, on connaît une horloge de parquet remarquable dont le mouvement est surmonté d’un carillon à dix-huit timbres et cinquante marteaux (Horlogerie ancienne, N° 50, p.46-49). L’horloge est décrite par le liégeois André Thiry : “La gaine et la base de cette horloge sont de fabrication robuste afin de supporter tout le poids du mouvement et du carillon. L’ensemble est recouvert de marqueterie de ronce de noyer et d’essences variées….La partie supérieure de la tête, de forme originale, renferme le carillon élaboré dans l’esprit des horlogers de tours. La vitre laisse apercevoir la disposition des dix-huit timbres (son argentin) et 50 marteaux….Le cylindre du carillon, répertoire de trente-deux mélodies, interprète sur les quarts des airs différents. Sur l’heure la mélodie est plus étendue (cela permet de distinguer l’heure de la demie), ensuite la sonnerie marque les heures, particularité, répétition de l’heure à la demie après le carillon, sans sonnerie de la demie. Le mouvement à poids-moteur possède un échappement à ancre à recul et un balancier battant la seconde (Petit cadran)”. Vu la belle finition on put supposer que cette horloge fut commandée par une personne fortunée ou - et cela semble réaliste - par le princeévêque Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Au ‘Musée Speelklok’ à Utrecht on peut admirer une horloge en gaine tout à fait semblable, malheureusement celle-ci n’est pas signée. Jusqu’à sa mort en 1752, Beurquet resta l’horloger attitré de la cathédrale. Son successeur fut Gilles De Beefe. Gilles et les autres horlogers de la famille de Beefe sont à l’origine du premier temps fort de l’horlogerie liégeoise.
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L’horloge de parquet de Michel Beurquet et détail du mouvement, surmonté d’un carillon
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Le village de Befve Le petit village paisible de Befve dans le triangle Fléron, Aubel et Verviers, se situe près du tripoint Belgique, Allemagne et les Pays-Bas. La petite rivière qui coule à Befve porte le nom de ‘la Befve’. Ce cours d’eau rejoint la Berwinne qui se jette finalement dans la Meuse. Durant des siècles, la principale activité de la localité fut l’agriculture, les houilleries et plus tard la production du célèbre fromage de Herve. Les nombreux vergers et boccages y ont dessiné un magnifique paysage. Les pommiers donnèrent à Joseph Ruwet l’idée de fabriquer dès 1898 du cidre. Jusqu’en 1840 on y trouvait aussi un commerce florissant de draps, produits fort recherchés à cette époque. Befve avait de bons contacts commerciaux avec la principauté de Liège, les PaysBas et les villes allemandes. La région faisait partie du duché de
La Berwinne dans les environs de Befve
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Looz, qui après beaucoup d’intrigues, était devenue une partie du duché de Brabant. Ce duché était réparti en bans. Befve faisait partie du ban de Herve, qui devint en 1830 la province de Liège. Les villages Bois-les-Dames, Elsaute, Froidthier, La Mineraie (dont Befve faisait partie), Les Trixhes, Roiseleux, Stockis, Clermont et Thimister fusionnèrent en 1977 pour former la commune de Clermont-Thimister. En 1830 il y avait environ 2500 habitants, en 2020 on y compte 5.600 habitants. Serezé, un petit patelin de Befve, près de la ‘Chaussée Charlemagne’, se situe à 22 km d’Aix-la-Chapelle et environ à la même distance de Liège. Vers 1600 il ne se passait pas grand-chose à Sérezé. Heureusement que les horlogers ‘de Beefe’ (de Befve) habitaient Sérezé, sinon Befve et Sérezé auraient été perdus dans le brouillard du temps.
Horlogers à Befve Très tôt, vers 1550, il y eut des horlogers à Befve. Ce nom ‘de Befve’ on va le rencontrer dans divers documents, testaments, contrats ou autres actes sous différentes formes : de befve, de beffve, de bef, de beef, de befen, de bevre, de beure, de beurre, de beur, de beves ou de beeve. Tout cela avec ou sans majuscule. On remarque la même chose pour les prénoms : Cloes, Clos, Close, Closet ou Cloese. Cela ne simplifie pas vraiment les recherches. Les premiers horlogers qui portaient le nom ‘de Befve’ étaient les frères Henri Cloes de Beurre et Polis Cloes de Befve. Le 28 février 1623, Henri Cloes épousa Anna Frambach de Roisleux. Il mourut en 1652 : “Le 20 de fevrier mourut Polis de Befve le 22e enterre son service celebre 30e receu 4 fl bb. la 40 payee ann. paye” (AEL Tables R.P. et R.P. de Thimister, reg.3, p.316). Son frère Polis Cloes de Befve, né vers 1610 épousa Marguerithe Jehanquet en 1632 : “Polis de beeff at espouse Marguerite fille Jehanque de Stocquis”(AEL Tables R.P. et R.P. de Thimister, reg.1, p.185). En ce qui concerne Polis Cloes de Befve on en sait un peu plus. Il avait réparé l’horloge de l’église de Befve car même une petite communauté comme Befve posséda sa propre église. Il aurait amélioré l’horloge en fer forgé par“détrempement de l’acier”. Au milieu du 17ième siècle cette manière de travailler le fer devait être du jamais vu à Befve, sinon on n’aurait pas mentionné le fait.
Cloes Tisquen le jeune
Henri Cloes x Anna Frambach
Jean Polis
Polis Cloes x Marguerithe Jehanquet
Cloes Polis x Gerono Catherine François Cloes Polis x Clemence Jamin
Gilles I de Beefe
Pour plus d’informations, voir Généalogie de Beefe
Horloge de Jean de Befve (fin 17ième siècle)
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Deux enfants de Polis Cloes suivirent les traces de leur père et devinrent horlogers : Jean Polis et Cloes Polis. Jean Polis De Befve était né à Charneux (une commune près de Thimister) et fut baptisé le 20 mai 1635. De lui on ne peut affirmer avec certitude qu’il ait été horloger. Son frère cadet, Cloes Polis De Befve (1640-1705) épousa en 1658 Catherine Gerono (16321696) : “Cloes fils polis de befve espouse Catharine fille Franck Gerono l’ayant fiancé (AEL Tables R.P. et R.P. de Thimister, reg.3, p.272). Ils eurent onze enfants dont deux enfants qui ont embrassé le métier d’horloger : François Clos Polis (1663ca 1730) et Jean Cloes (°1674). De l’horloger Jean Cloes, qui se maria en 1703 avec Elisabeth Wiot, on sait très peu. Son frère François, le troisième enfant de Cloes Polis et Catherine Gerono, épousa le 13 janvier 1690 Clémence Gilis Jamin (1662- 1708) : “François fils Clos Polis de Befve at eu dimissoriales pour épouser la fille du gros Gilis du bancq de herve le 13 janvier 1690” (AEL Tables R.P. et R.P. de Thimister, reg.5, p.134). Maître François, surnommé parfois ‘Franck’, n’était pas uniquement horloger mais aussi un bon sculpteur. Pour son village natal Thimister il n’a pas uniquement construit une horloge mais il a aussi sculpté deux statues en bois de tilleul. Les statues représentaient sainte Barbe et saint Antoine (Horlogerie ancienne, N° 28, Biographie, p. 31). Il est assez surprenant de lire que son atelier se trouvait au fond de l’église. On raconte en effet qu’un jour il était en train de sculpter une statue de saint Jérôme avec son cochon. Pour travailler avec un modèle vivant, il avait attaché un cochon à un gros pilier au fond de l’église. Dans son testament (AEL Notaire Delhez Michel) rédigé le 30 novembre 1730, on lit : “Maître orlogeur au ban de Thimister”. Il laisse ses biens à “Gille de Beefe marchand et horloger dans la ville de Liège, un de ses enfants”. Ce Gilles De Beefe fut un horloger de renommée internationale.
Horloge murale de Jean de Befve. Le socle d'appui n'est pas d'origine
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Horloge de François (Franck) de Beefe
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La vie de Gilles I de Beefe Gilles I de Beefe (à partir de maintenant le nom ‘de Beefe’ sera toujours employé) fut baptisé à Thimister le 4 octobre 1694. En ce temps il était tout à fait normal que Gilles devienne horloger car son père, son grand-père, son arrière-grand-père, son frère Nicolas (°1691) et plusieurs neveux et oncles étaient horlogers. En 1712 Gilles, à peine 18 ans, épousa Marguerite de Stocquis (Stocquis vient de ‘Stockis’, un village près de Befve). L’acte officiel de mariage en latin mentionne : “Die quarta matrimonio juncte sunt aegidius de beefe et margarita olivery de stocquis ambo parochiani. (AEL Tables RP, Thimister, p. 27). Traduit en français cela donne : “Le quatrième jour (du mois. EF) sont unis par le mariage aegidius de beefe et margarita olivery de stocquis, tous deux paroissiens”. Trois garçons des sept enfants de Gilles et Marguerite devinrent horlogers. Malheureusement Gilles fut déjà veuf à trente-trois ans. Il quitta son village Thimister et s‘installa à Liège. Probablement parce que dans une grande ville comme Liège, il était plus facile de gagner sa vie en tant qu’horloger. D’autre part, il est aussi simple de supposer qu’il avait rencontré à Liège Marie Groutars (1708-1761), sa seconde épouse. En 1729 naquit leur fils et futur horloger Nicolas Tilmant. Ce qui est beaucoup moins connu est le fait que Gilles eut deux fils au Portugal. Comme déjà dit Gilles I (pour faire la différence avec les Gilles de Beefe suivants) a vécu tout un temps à Mafra au Portugal pour installer deux horloges et quatre tambours ainsi que deux carillons. Cette commande fut faite par le roi portugais Joao à Gilles I. Marie Groutars, la deuxième
épouse de Gilles, l’avait accompagné au Portugal. C’est à Mafra qu’est né leur deuxième fils Gilles III. L’enfant fut baptisé dans la petite ‘Igreja Santo André’ le 12 septembre 1734 en présence de son parrain Emmanuel Des Rousses et de sa marraine Maria, la fille de Joseph Rodrigues. Ce Gilles III deviendra en 1793 l’horloger de la cathédrale Saint-Lambert à Liège (Jean François Gérard Bassompierre, p. 220). Andreas de Beefe fut l’autre fils, né à Mafra en 1737 (voir page 76). En 1761 la deuxième épouse de Gilles I mourut et Gilles I se retrouva à nouveau veuf. Après une vie bien remplie, il s’éteignit le 16 septembre 1763 à l’âge de 70 ans à peine.
Le dernier horloger de Beefe En 1739 naquit Jean François, le troisième fils de Gilles I de Beefe et Marie Groutars. On constate que les trois fils sont devenus horlogers. Jean François se maria en 1765 à Liège avec Ida Ransonnet, qui était parente de Michel Joseph Ransonnet (1724-1803), l’horloger originaire de Liège et l’inventeur de la montre de poche avec boîte à musique à lamelles (voir plus loin). Pourtant les fiançailles et le mariage d’Ida Ransonnet avec Jean François de Beefe ne furent pas une simple affaire (Jean-François Gérard Bassompierre, 1981, pp. 233-239). Depuis 1756 le libraire et imprimeur liégeois Jean-François Bassompierre était follement amoureux de Marie-Ida Ransonnet. Courtisée depuis quatre ans par Jean-François Bassompierre, Marie-Ida Ransonnet (1741-
Horloge splendide de François de Beefe dans la salle du conseil de Maastricht.
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Mouvement
1772), fille de Marie Joseph Ransonnet et Jean-François Ransonnet, commissaire et marchand de Liège, promit le mariage à son élu : “Après avoir invoqué le Saint-Esprit, je prends Dieu & la sainte Vierge à témoin que je prends Monsieur Jean François Bassompierre pour mon Epoux légitime, lui promettant devant Dieu & devant les hommes de le ratifier devant l’autel. En foi de quoi je signe le présent billet, Liege, onze février mil sept cent soixante. Marie-Ida Ransonet”. Aussi touchant qu’il soit, ce mot se trouve à l’origine de péripéties malheureuses que vivront les deux amants. Prévenus du refus très probable du père d’Ida, les jeunes amoureux se réfugient, en attendant de pouvoir consacrer leur union, chez la sœur aînée de Jean-François Bassompierre. La réaction du commissaire Ransonnet est prompte. Il se rend chez le Vicaire Général : “Il supplie donc Monseigneur de la séquestrer dans un couvent pour qu’on l’examine sur sa « vocation » matrimoniale”. Le 18 avril le Vicaire ordonne à Marie-Ida “de se rendre au couvent des Conceptionistes, paroisse Saint-Nicolas, et interdit à tout curé de célébrer son mariage”. Le soir même, JeanFrançois Bassompierre, accompagné de sa sœur et de son beau-frère, confie sa fiancée aux bons soins de l’abbesse de Richeterich à Aix-la-Chapelle. Dès le lendemain Bassompierre adresse une supplique au Monseigneur dans laquelle il fait état “de leur engagement mutuel et qu’ils ne connaissent aucun empêchement qui puisse retarder leur vocation sinon le consentement du père de la ditte Delle Ransonet”. Bassompierre n’en resta pas là et eut l’intention d’enlever sa fiancée. Il fit remettre en cachette une missive à Marie-Ida pour l’informer de son projet téméraire : “Sortez aujourd’hui du couvent sans faute mais au cas que cela ne soit pas possible, tâchez que ce soit demain le matin entre 5-6 heures et demie au plus tard. Il y aura une compagnie qui vous attendra aujourd’hui et demain. Nous nous marierons demain à la première Messe, tout est arrangé”. Marie-Ida de son côté n’était pas décidée à poser un acte aussi grave. Le père Ransonnet, fou de rage, comprit le danger et fit transférer sa fille dans un autre couvent. Entre-temps le princeévêque Jean Théodore de Bavière fut lui-même saisi de l’affaire. Le commissaire Ransonnet se rendit chez le notaire à qui il déclara son intention de déshériter complètement sa fille. Mais le commissaire imagina encore un autre plan. Il demanda à son fils aîné de se rendre au couvent où sa sœur était ‘en pension’ et d’y entrer par ruse. Lorsque le frère fut en présence de sa sœur, il fit semblant d’embrasser Marie-Ida, lui saisissa le bras, et malgré ses cris, l’entraîna avec force sur la chaussée où un carrosse les attendit. Escortée par deux hommes armés, elle fut conduite dans un couvent à Metz, échappant en même temps au pouvoir épiscopal liégeois. Le prince-évêque fulmina car il ne pouvait tolérer quelconque violation de son pouvoir. Il ordonna la restitution de Marie-Ida endéans les neuf jours. S’ensuivent des tentatives de reconciliation du commissaire et de Bassompierre, qui toutefois restèrent vaines. Le dénouement de cette affaire
Cadran et mouvement d’une horloge de parquet de Gilles de Beefe
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d’amour truculente n’est pas connu puisque les documents conservés s’arrêtent trop tôt. Finalement on découvrira que Marie-Ida n’épousa pas Bassompierre car elle se maria le 21 juin 1765 avec l’horloger François de Beefe, mais ce mariage également ne fut pas chose facile. C’est pourtant grâce à François Ransonnet, le père de Marie-Ida, qu’elle fit la connaissance de François de Beefe. Ce dernier fut appelé pour faire la réparation d’une horloge chez les Ransonnet. C’est à cet instant que Marie-Ida rencontra François et qu’ils tombèrent amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, et ici l’histoire se répète, Marie-Ida n’eut point l’agrément de son père et François de Beefe fut obligé d’enlever Marie-Ida pour l’épouser. Marie-Ida fut déshéritée pour la deuxième fois. Heureusement François réussit plus tard à rétablir les rapports avec son beau-père en lui rendant un grand service. Un jour de Beefe rencontra son beau-père qu’on conduisait en prison. On avait pris François Ransonnet pour un certain banqueroutier français du nom de Lapeyrouse. De Beefe tira son épée sur la Place du Palais à Liège et retira son beau-père des mains des gendarmes. Marie-Ida retrouva son père mais également - sans doute toute heureuse - son droit à la succession ! Un horloger qui tire son épée, on ne l’avait pas encore entendu. Jean-François de Beefe épousa Marie-Ida Ransonnet à Liège le 21 juin 1765 dans la chapelle Notre-Dame-des-Anges sur Avroy. Ils n’eurent qu’une fille (Marie Joséphine, née le 31 octobre 1772). Sa mère, Marie Ida mourut le 9 novembre 1772, quelques jours après l’accouchement. Jean-François de Beefe fut le dernier horloger de la lignée de Beefe. Il est mort en 1805 dans son château à Ulbeek au Limbourg.
Pendule de Gilles de Beefe en bois de tilleul doré
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Polyvalence et production de Gilles de Beefe Comme horloger Gilles I de Beefe possédait une grande maîtrise de toutes les techniques horlogères du moment. De plus, il était fondeur de cuivre et fondeur de cloches. Ce n’est déjà pas mal pour un seul homme. Gilles I de Beefe recherchait la beauté d’une horloge, mais également la précision. Son activité en qualité d’horloger était rendue difficile parce qu’il n’y avait aucun observatoire ni à Liège ni dans les villes limitrophes. Ces observatoires contribuaient et contribuent encore toujours à l’élaboration des systèmes de référence et échelles de temps, tant en ce qui concerne la théorie que les observations techniques. Actuellement leur mission scientifique est encore plus importante compte tenu des nouveaux domaines comme la météorologie spatiale ou l’astrophysique. Pour un horloger, l’heure exacte comme référence, est essentielle. Les grandes villes comme Londres, Paris, Rome et même Leiden aux Pays-Bas avaient depuis des décennies des observatoires où mesurer le temps exact était une mission de base. Un des premiers observatoires scientifiques a été celui de Tycho Brahé (1546-1601) à Uranienburg sur l’île danoise Ven. En Belgique le premier observatoire ne vit le jour qu’en 1826 sous le règne du roi Guillaume II (1792-1849) des Pays-Bas. C’est le savant Adolphe Quetelet (1796-1874) qui émit l’idée de la construction d’un observatoire à Bruxelles. Pour l’horlogerie belge, et en conséquence pour l’horlogerie liégeoise, cet observatoire fut primodial et d’une grande importance. Il a fallu attendre 1825 (La pendule de Rouma, p.54) pour qu’enfin un régulateur du liégeois Emile Rouma fut placé à l’observatoire bruxellois : “Cette pendule fut acquise par l’Université de Liège vers 1825……. En juin 1834 cette pendule fut installée dans le cabinet de travail de Quetelet à l’observatoire tout récemment disponible”. Malheureusement au temps de Gilles I de Beefe, rien de ce genre n’existait. Il était obligé de faire lui-même les observations nécessaires !
Pendule de Nicolas de Beefe à Malines ca 1740
L’atelier à Liège Gilles I eut une production énorme, très variée et ce qui ne gâte rien, d’une excellente qualité. Bien entendu, une telle production n’était pas réalisable à lui seul. Il créa en conséquence un grand atelier afin de pouvoir produire différentes sortes d’horloges comme des montres de poche, des pendules et horloges murales ou horloges de parquet. La vraie spécialité de maître Gilles de Beefe était l’horloge de tour ou d’édifice. Gilles I n’était pas uniquement épaulé par son frère aîné Nicolas (°1691) mais aussi par ses fils Gilles II (°1712), Nicolas (°1713), François (°1718) et Gilles III (°1734). Par contre, toute cette aide était encore insuffisante et Gilles I dut faire appel à d’autres horlogers comme Joseph Croisier et Arnold de Neve. Arnold, fils de François Dominique de Neve, était né à Liège vers 1712. Il fut élève de Gilles I de Beefe et accompagna ce dernier à Mafra au Portugal. En 1758, cinq ans avant la mort de Gilles I, Arnold s’installa à son compte à Maastricht comme horloger. Il y est mort le 18 octobre 1776. Joseph Croisier qui était un horloger Cadran solaire de 1745 de Bilzen par Gilles de Beefe
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aguerri accompagna également Gilles de Beefe au Portugal. Pendant les préparatifs de la construction des deux horloges de tour et la fonte des quatre tambours pour les deux carillons de Mafra au début des années 1730, Gilles embaucha plus de cent ouvriers. Afin de mener à bien les affaires courantes comme les contrats, les payements des travailleurs et les finances en général, il prit comme adjoint le jésuite Adrien Lochtenberg. Gilles I s’est rendu à au moins trois reprises, et probablement quatre, au Portugal. Chaque fois il restait plusieurs mois sur place. En 1730, il est parti pour la première fois à Mafra en bateau pour visiter l’église en construction afin de prendre les mesures et autres dispositions nécessaires. Comme les chambres dans les deux tours étaient assez exigues, il a certainement dû adapter ses premiers plans. En effet, autour des horloges il y a très peu d’espace. Encore maintenant, pour pouvoir travailler au balancier, il faut passer au-dessus de l’horloge. En 1733 Gilles s’est rendu à Mafra pour installer les horloges et tambours et pour connecter les carillons. On sait que sa deuxième épouse l’avait accompagné car son fils Gilles III y est venu au monde et en 1737 son fils Andreas est né à Mafra. En 1738 Gilles s’est rendu à Lisbonne pour y placer l’horloge et le carillon ainsi que les automates. Il ne faut pas douter que Gilles ait également fait le voyage à Lisbonne pour évaluer sur place les possibilités du placement de l’horloge, du carillon et des automates.
Cadrans solaires Les connaissances et possibilités horlogères de Gilles I étaient très étendues. Il a construit un cadran solaire en cuivre doré, signé et daté « 1745 », pour l’église Sint-Mauritius de Bilzen au Limbourg belge. Un autre cadran solaire d’un diamètre de 30 cm, appartenant à un collectionneur privé, porte la signature : Gilles de Beefe Liege 1745. Quand on examine les indications linéaires sur le cadran, on peut supposer que l’endroit pour lequel l’instrument a été conçu est à situer à environ 50 à 51°. Il n’est pas du tout surprenant de constater qu’il s’agit de la région liégeoise vu que les coordonnées géographiques de Liège sont pour la latitude nord : 50°38 01 et pour la longitude est : 5°34 02 . Sur ce cadran solaire, on remarque entre 4h du matin et 8h de l’après-midi les lignes pour les heures et les demi-heures. A l’extrémité du cadran on observe une division auxiliaire. Ce cadran et celui de Bilzen sont les cadrans solaires les plus anciens connus au Limbourg, à l’exception d’un cadran solaire de Maaseik qui a un an de plus.
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Fondeur de tambours et de cloches Les activités de Gilles I comme fondeur de bronze étaient étroitement liées avec la mesure du temps et les horloges. Ainsi il a fondu un grand nombre de tambours pour carillons. Uniquement pour Mafra il a fondu quatre tambours, mais il a également fondu les tambours pour Hasselt, Saint-Trond et Liège. La fonte représentait le premier travail de base, ensuite il fallait forer les trous, souvent plus de 2000 par tambour, puis limer les trous afin de leur donner une forme carrée. Restait le travail de fonte de centaines de chevilles ou broches qui devaient être fixées dans les trous carrés. Cela exigea beaucoup de travail, beaucoup de main-d’oeuvre spécialisée et un nombre élevé d’heures de travail. Comme fondeur, Gilles I était un artisan réputé. L’histoire du tambour du beffroi de Mons en est la preuve. Lorsqu’il s’avéra nécessaire de remplacer à Mons le tambour et de réparer l’horloge de tour du beffroi, un contrat pour la fonte d’un nouveau tambour fut signé le 27 février 1758 entre la ville et Pierre-Joseph Leblanc (1711-1765), le carillonneur de Gand. Ce qui s’est passé exactement n’est pas connu (Archives de Mons 775 (N-i) 2C), mais le contrat ne fut pas respecté. La ville dut se mettre à la recherche d’un nouveau fondeur. Il y avait plusieurs solutions, mais la ville tarda à se décider. Le 17 octobre 1759, Martin-Joseph Delcourt, le carillonneur de Mons, adressa une lettre aux magistrats de la ville de Mons dans laquelle il écrit littéralement : “Si on le (Gilles de beefe. EF) laisse faire, on sera assuré d’avoir un chef-d’oeuvre”. Tout le monde se mêle des problèmes montois. Le 7 février 1760, l’horloger bruxellois Patris écrivit à Vandersteen, l’autre carillonneur du beffroi de Mons, pour signaler qu’à Bruxelles il n’y a personne qui a la maîtrise pour fondre un tambour parfait. Il ajoute que depuis le décès de l’horloger Lion à Louvain, il n’y a que Gilles de Beefe qui puisse le faire. Plusieurs collègues de Gilles I insistent pour que Gilles soit demandé pour fondre le tambour (‘Uurwerken op Vlaamse belforten, pp.72-73). Les magistrats de la ville de Mons finissent par contacter Gilles I de Beefe par courrier. Le 1er octobre 1759 Gilles répondra qu’il a perdu la première missive. A la deuxième lettre, Gilles note qu’il est fort honoré mais qu’il lui est impossible d’accepter le travail de fonte du tambour suite à la maladie de son épouse “tombée très dangereusement malade”. Il se fait que Marie Groutars devait être gravement souffrante car elle est décédée un an plus tard. Les magistrats décidèrent alors de faire à nouveau appel à Pierre- Joseph Leblanc pour effectuer le travail de fonte du tambour. Le travail fut terminé le 13 avril 1761. Gilles I mourut en septembre 1763 et sans doute qu’il fut déjà trop âgé pour entreprendre encore un travail de cette envergure. Mais Gilles n’a pas uniquement fondu des tambours, il a également fondu des cloches pour carillons (Dictionnaire des facteurs d’instruments de musique, p. 105). Le 4 octobre 1726, il a fondu huit cloches et en 1754 il en a fondu quarante autres ainsi que le tambour pour la cathédrale Saint-Lambert de Liège. C’est aussi Gilles I qui a fondu, en 1738, toutes les cloches pour le carillon de Lisbonne. Malheureusement un tremblement de terre terrible détruisit le 1er novembre 1755 la cathédrale, les cloches et l’horloge aux automates de Gilles I.
Montres de poche
Montre de poche, signée : Gilles De Beefe A Liège no 3.
Alors que Gilles I de Beefe est surtout connu pour ses horloges de tour, il a également fabriqué des montres de poche. A l’époque, ce n’était pas exceptionnel car la spécialisation n’existait pas vraiment. Ainsi plusieurs horlogers flamands de la même période comme les anversois Frans Fricx (1753-1766) ou Henri Gellaerts (1753-1790) étaient horlogers de la ville mais construisirent également des montres de poche d’excellente qualité.
La plus ancienne montre de poche - encore connue à ce jour - de Gilles I de Beefe est une montre, signée sur la platine arrière : Gilles De Beefe A Liege no 3. Sur l’envers du cadran on peut voire : 1732 / IW et une étoile. Peut-être est-ce la date de construction de la boîte de la montre. La boîte en argent est lisse comme la boîte protectrice extérieure qui est pourvue d’une petite ouverture ronde avec une fermeture. Il s’agit du trou qui permet d’introduire la clef pour remonter la montre sans ouvrir la boîte. La partie centrale du cadran n’est pas gravée ; celleci est entouré d’un cercle avec les heures romaines. Ce cercle est lui-même entourée d’un autre cercle avec les indications des minutes : 5, 10, 15 etc en chiffres arabes. Les aiguilles des heures et des minutes sont les aiguilles utilisées à l’époque par les horlogers londoniens. Entre ces deux aiguilles il y a assez bien d’espace ce qui fait soupçonner qu’il y avait dans le temps une trotteuse. Le mouvement classique anglais est doté d’un coq ajouré. Ce coq en métal de type anglais est fixé par une seule vis bleuie. La partie du coq, au-dessus du balancier, est garnie de feuillages ciselés. Le coq est décoré d’une tête de faune à barbe et cornes. Auparavant la montre avait une cuvette ou ‘dustcap’, qui servait à protéger le mouvement de la poussière. Ce qui est tout à fait particulier est de constater que le mouvement à cylindre à fusée et chaîne, date du début de cette invention. Sous le barillet on trouve une vis sans fin pour régler la tension du ressort grâce à une petite clé. Les platines sont séparées par des piliers égyptiens. Un de ces piliers a été partiellement évidé. Juste à côté de ce pilier dans la platine supérieure et inférieure, il y a un petit trou où se trouvait un axe. Cet axe avait une sorte de crochet qui pouvait arrêter la roue adjacente. Ainsi il était possible de démarrer ou d’arrêter la montre en déplaçant un petit levier qui se trouvait entre le cadran et la platine. De là on peut également déduire la signification du ‘S’ sur le rebord autour du verre : ‘Start’ ou ‘Stop’. En comparant la montre de Gilles I de Beefe avec les montres de son contemporain Graham (1673-1751), on est quelque peu surpris. Les montres à cylindre de Graham ont exactement la même disposition de la platine arrière ainsi que les lettres ‘IW’ accompagnées d’une étoile. Le 6 juin 2017 Sotheby’s vendait pour 15.400€ une montre de Graham qui était identique à celle de Gilles I de Beefe. Sotheby’s ajouta : “This particular example of his work dates from around 1737 and is typical of his advanced design because it is one of few watches with centre seconds to have been produced during the first half of the 18th century. What’s more, the watch features a start/stop lever below the bezel of the inner case to facilitate accurate time setting, while the main plate, escapement and balance cock are elaborately engraved. The movement is also - importantly - signed ‘Geo. Graham’, while the relatively utilitarian, solid silver case is the work of London maker John Ward. All in all, a fabulous piece of horological history” (“Cet exemple particulier de son travail date d’à peu près 1737 et est typique de son design avancé car il s’agit d’une des rares montres à secondes qui ont été produites pendant la première
Montre de poche n° 3 de Gilles de Beefe
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partie du 18ième siècle. En plus, la montre a un levier start/ stop à côté du bord de la boîte intérieure pour faciliter la mise à l’heure précise. Le cadran, l’échappement et le coq au-dessus de la balance sont gravés. Le mouvement - et cela est important est signé ‘Geo. Graham’ alors que la solide boîte en argent est plutôt utilitaire. Elle est le travail du londonien John Ward. Pour tout dire, une pièce fabuleuse de l’histoire horlogère. Trad). En lisant cette description, on constate que les différences entre la montre de Gilles I de Beefe et celle de Graham ne concernent que la signature, la trotteuse (qui était sans doute présente sur la montre de Gilles I) et le cadran non-gravé de la montre de Gilles I. Même les lettres ‘IW’ de John Ward et son poinçon sont présents. La maison de vente aux enchères Antiquorum présentait à Hongkong le 28 avril 2019 une montre de poche à verge de George Graham. La montre porte le ‘London Hallmark’ de 1737 et le ‘stamped IW’ de John Ward. On peut conclure avec certitude que les trois montres ont la même origine anglaise. George Graham fut le premier élève du fameux Thomas Tompion (1639-1713). Il devint ensuite son assistant pour finalement obtenir la fonction d’adjoint en 1711. En 1722, Graham devint ‘Master of the Clockmaker’s Company’, Graham améliora le mouvement à cylindre de son maître Tompion (brevet de 1695 de Tompion, Edward Barlow et William Houghton). A partir de 1726 toutes les montres de poche de Graham furent équipées du nouveau mouvement à cylindre. Le célèbre horloger français Julien Le Roy aurait reçu en 1728 une montre à cylindre de Graham. A cette occasion il aurait déclaré que cette
montre était supérieure à tout ce qui avait été réalisé auparavant. Est-il possible que Gilles I de Beefe ait également reçu une montre de poche de Graham et qu’il y aurait apposé sa propre signature ? De là peut-être la date de 1732 sur l’arrière du cadran en argent. On sait que dans le temps les horlogers vendaient à d’autres horlogers des montres non-signées afin que l’horloger puisse y graver son propre nom. Cela semble être le cas ici. Il est évident que le liégeois Gilles I de Beefe était déjà très tôt au courant des inventions des horlogers londoniens. Il semblerait qu’il eut des contacts réguliers avec ces horlogers anglais, ce qui se retrouve en pratique quand on examine l’agencement de ses pendules. On peut même affirmer - sans trop se tromper que Gilles I de Beefe importa régulièrement des montres de poche d’Angleterre. On en trouve une preuve supplémentaire au Musée de la Vie Wallonne qui possède dans ses réserves, une montre de poche de Gilles I, de type anglais. Le cadran en argent repoussé est signé ‘Gilles de Beefe’. La platine arrière, typiquement anglaise, porte la signature : G. DE BEEFE 99 Liège. Le numéro 99 réfère probablement à la numérotation des montres de Gilles I. Cette montre à clé et aiguilles bleuies a un diamètre de 47mm et est entièrement en argent. Grâce au livre ‘The life and travels of James Upjohn’ on sait que les horlogers de Beefe avaient des contacts horlogers importants à Londres (voir plus loin : Franciscus de Beefe). Cela n’est pas étonnant quand on sait que Gilles I a travaillé plusieurs fois au Portugal ou qu’il a vendu des horloges de tour jusqu’à Cayenne en Guyane. Sa réputation internationale a certainement aidé Gilles I à percevoir un octroi à Liège en 1738.
A gauche: platine arrière de la montre de Gilles de Beefe A droite: platine arrière de Geo Graham n° 5453, similaire à celle de Gilles de Beefe
A gauche: les trous vides de la montre de Gilles de Beefe A droite: mécanisme d'arrêt de la montre n°5448 d’Ellicot
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L’octroi de 1738 Le 30 janvier 1738, Gilles I reçut du prince-évêque GeorgesLouis de Berghes un octroi inusité. Voici le texte original et complet : “Octroy pour Gille de Beef horloger. A tous ceux qui ces présentes parviendront, à Gille de BEEF, horlogeur nous ayant tres humblement remontré qu’il aurait trouvé le secret de faire des montres de poche à secondes, minutes sans ROUE DE CHAMP dont la régularité est telle, que le changement de temps, le mouvement de carosse ou du cheval n’y porte aucune alternation. Nous suppliant avec respect qu’en considération du prémis, voulussions lui accorder un privilège exclusif, durable pour sa vie. A quoi condescendant et par les bons rapports nous fait de sa capacité et autres motifs à ces mouvants, nous déclarans permettre comme nous permettons au sus de Gille de BEEF de faire seul, vendre et débiter à l’exclusion de tous autres des sortes de montres à secondes, minutes sans roue de champ, dans tout notre pays de LIEGE et Comté de Looz, défendons à tous et quelconques d’en faire, contre faire, vendre ou débiter à peine aux contrevenants de trente florins d’or d’amende applicable un tiers à l’officier, l’autre à l’hôpital St Georges et le troisième au délateur, outre la confiscation des montres qui passeront au profit du suppliant, auquel nous permettons de prendre le titre de maître horlogeur avec l’affiche de nos armes, ordonnant à l’officier de veiller à ce qu’il jouisse librement l’effet des présentes. Donnés sous notre scel secret le 30 janvier 1738, signé GEORGE LOUIS, Rougrave et contresigné J. Van Ho… à y apposé le scel”. Cet octroi était pour Gilles I une arme importante pour garantir la vente des montres dans la principauté. Sa renommée ne pouvait que grandir. A partir de 1740 Gilles I De Beefe portait le titre de “Horloger de son Eminence l’évêque et le Prince de Liège”. Le princeévêque Georges-Louis de Berghes (règne de 1723 à 1743) était en son temps un homme important mais il n’a jamais eu la même influence sur les arts que François-Charles de Velbruck (règne de 1772 à 1784), le mécène d’Hubert Sarton.
La montre de poche de l’ancienne collection Sandberg La célèbre montre de poche de Gilles I de Beefe qui se trouvait dans l’ancienne collection Sandberg fut vendue une première fois par Antiquorum en 2001 à Genève et une seconde fois en 2003. Le 3 mai 2011, Christie’s revendit cette montre à Hong Kong pour 10.255€. Christies mentionna à cette occasion : “Gille de Beefe à Liège - The Temptation, unusual gilt and enamel animated pocket watch with key circa 1730 (Gille de Beefe à Liège La tentation - montre de poche rare à clef doré et émaillée Vers 1730” Trad). Il s’agit d’un oignon d’un diamètre de 51mm. La montre à verge avec fusée et chaîne se trouve dans une boîte en laiton doré. Elle a des aiguilles en or pour l’heure et la demie. Sur le cadran en émail blanc, on remarque les index en chiffres romains pour les heures et à l’extérieur les index en chiffres arabes pour les minutes. Le VI est surmonté d’un petit trou pour ajuster l’heure. Le trou de remontage se trouve, quant à lui, entre le II et le III. La partie la plus intéressante de la montre concerne le revers de celle-ci. On peut y admirer une scène en émail coloré où Adam et Eve se trouvent autour de l’arbre de la connaissance du bien et du mal dans le jardin d’Eden. Ils sont entourés de quelques animaux exotiques. Eve présente à Adam la fameuse pomme, qui selon la bible, allait changer l’histoire du monde. A l’extérieur de ce panneau un serpent en argent tourne une fois par heure. De cette façon le serpent indique les minutes. Le panneau est fixé dans le bord en laiton doré où la signature ‘GILLE DE BEEFE A LIEGE’ a été gravée. Il s’agit sans doute d’une des seules anciennes montres de poche au monde à complication à serpent.
Mouvement de 'La tentation'
Gilles de Beefe à Liège La montre ‘La tentation’
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Une montre de carrosse à double signature Le 10 décembre 2015, Sotheby’s vendait à New-York une montre de carrosse en argent, signée Gilles de Beefe. Cette montre fut revendue par Sotheby’s à Hongkong le 28 avril 2019. Le catalogue mentionne : DE BEEFE AND SARTON ROCOCO PAIR - CASED QUARTER - STRIKING AND REPEATING FOUR - TRAIN COACH - CLOCK-WATCH, WITH DATE AND ALARM, ‘REPOUSSÉ’DÉCOR. La montre d’un diamètre de 115mm est à verge avec fusée et chaîne. La platine arrière avec la signature de Gilles de Beefe, est typiquement anglaise avec le coq ciselé et une tête de monstre barbu. A nouveau on remarque que cette montre de carrosse est d’origine anglaise. Sur l’arrière de la boîte en argent repoussé on voit le dieu Mercure en compagnie de la déesse des arts et du commerce. Des pièces d’argent tombent d’une corne d’abondance et roulent sur le sol. La montre possède quatre complications : premièrement elle peut sonner les quarts à la demande sur un timbre en poussant sur un poussoir à 12h30, ensuite elle sonne les quarts sur le même timbre au passage, en troisième lieu elle sonne l’alarme et finalement elle indique le jour du mois sur un cadran à l’extérieur. En conséquence, on y compte quatre trous de remontage pour les barillets de la sonnerie des quarts, les quarts à la demande, l’alarme et le remontage du mouvement. Ces barillets sont très joliment gravés. Il est surprenant de lire sur le cadran en émail blanc : Sarton à Liège, alors que la signature sur la platine arrière mentionne : Gilles de Beefe à Liège. Suite à cette constatation assez déroutante, on peut supposer que Sarton a remplacé le cadran original en argent par une version plus ‘moderne’ en émail blanc. Quelle belle coïncidence de trouver les noms de deux ténors de l’horlogerie liégeoise réunis sur une seule montre.
En haut : signature de Sarton sur une montre de Gilles de Beefe Au milieu : le mouvement de la montre de carrosse de Gilles de Beefe En bas : vue arrière de la montre de carrosse
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Pendules et cartels Gilles I de Beefe vivait à l’époque où l’on passa de l’horloge de tour donnant l’heure à tous les habitants de la ville à l’horloge de parquet pour toute la famille pour terminer avec la pendule plus intime qu’on pouvait installer dans différentes chambres de la maison. Même les serviteurs ou servantes avaient leur propre horloge murale à réveil mais sans sonnerie. L’horloge de tour servait à toute la communauté et était payée par la ville alors que la pendule était un garde-temps personnel, payé par le propriétaire. Le riche bourgeois achetait une pendule pour le salon, le fumoir, le salon de réception ou le boudoir de son épouse. La pendule devait attirer l’attention de loin et impressionner les visiteurs. La plupart des penduliers français s’efforçaient à fabriquer des pendules frivoles, souvent décorées de bois exotiques, de tortue, de vernis martin ou de bronze doré. Le seul but étant d’impressionner les visiteurs. La pendule anglaise mettait plus l’accent sur la technique et la précision ce qui ne veut pas dire qu’ils ne créaient pas de belles pendules. Gilles I de Beefe essaya de combiner ces disciplines mais sans doute que l’influence anglaise était plus importante que la séduction française. En ce temps, ce choix pour l’horlogerie anglaise n’était pas évident à Liège qui a toujours été une ville plus tournée vers Paris et la France. Les pendules de Gilles I avaient au début des cadrans à 13 ou 25 cartouches, car, il n’était pas encore possible de réaliser un grand cadran en émail. Plus tard Gilles I a également utilisé des cadrans en émail d’une pièce en suivant l’évolution technologique de son temps. Un certain nombre de gaines de pendules de Gilles I sont en corne de tortue rouge. On pourrait croire que c’est dû à une préférence personnelle de Gilles I, mais probablement que la mode de ce temps – tout comme actuellement - imposa ce choix. En effet, l’acheteur voulait mettre en évidence sa pendule et la couleur rouge était idéale pour obtenir l’attention escomptée. Il est vrai que ses premières pendules étaient encore fortement influencées par la mode française.
Une religieuse liégeoise Le connaisseur d’art et d’horlogerie Hans Kreft, décédé en 2016, proposait il y a quelques années une pendule religieuse étonnante de Gilles I de Beefe. Le nom ‘religieuse’ vient sans doute de la forme architecturale de la pendule. Avec ses arcs et ses piliers du front, la pendule fait penser à la façade d’une église ou d’un château. Dès la fin du 17ième siècle il y eut en France de grands horlogers qui construisirent ce type de pendules. Il suffit de nommer Nicolas Gribelin, Antoine et Pierre Gaudron, Isaac Thuret ou Pierre Duchesne. En Angleterre, il y eut John et Ahasverus Fromenteel. En ce domaine les horlogers des Pays-Pas ont été tres importants grâce à la découverte du pendule par Christiaan Huygens. A l’origine le mot ‘pendule’ (nom féminin) désignait des horloges dont la régulation était assurée par l’oscillation d’un pendule, appelé balancier. Aux Pays-Bas on a employé le pendule pour la fabrication des religieuses ou les horloges qu’on appelait : ‘Haagse klokken’ (horloges de La Haye. EF). Il y a bon nombre d’horlogers aux Pays-Bas qui ont construit des religieuses d’excellente qualité. On peut citer entre autres : Salomon Coster, Pieter Visbagh, Bernard van der Cloesen, Nicolas Hanet, Severijn Oosterwijck et Johannes van Ceulen. Que Gilles I de Beefe ait construit une religieuse est inhabituel vu que ces horloges étaient rares ou même inconnues dans la principauté de Liège. La pendule à huit jours proposée par Hans Kreft a une hauteur de 58cm. Elle possède deux barillets, deux fusées, un échappement à verge et un balancier à fil. A son point d’attache, le balancier est encadré de deux lames en forme cycloïdale. La sonnerie à râteau à deux timbres, sonne les heures et les demies. La platine arrière porte la signature : Gilles de Beefe a Liege. La caisse en écaille rouge de tortue est décorée de laiton doré. Le tympan est très soigné et de forme inhabituelle. La porte avant rectangulaire est courbée au sommet. Le cadran en laiton est couvert de velours rouge, tout à fait à la manière utilisée à La Haye au 18ième siècle. Les aiguilles en laiton doré sont gravées et ciselées. Le cercle des heures est également en laiton doré, affiche des chiffres romains pour les heures, une simple indication
Une religieuse de Gilles de Beefe, platine arrière avec les lames en forme de cycloïde
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de la demie et une indication des minutes gravée à l’extérieur de 1, 2, 3 à 58, 59, 60. Sous le cercle des heures on remarque un décor en argent (ou laiton argenté) repoussé, représentant Chronos qui soutient de ses deux mains le cercle des heures. Chronos est assis sur une sorte de caisse où on a gravé le texte : DE MI REGLA MI VALOR (‘De ma règle mon prix’ Trad) ou traduit librement et plus en rapport avec une pendule : ‘Mon prix vient de ma précision’. Cette citation était déjà mentionnée dans ‘Les entretiens d’Ariste et d’Eugénie’, livre édité à Paris en 1678. Il s’agissait d’un livre où différentes citations et dictons étaient expliqués. Cette pendule inhabituelle pour Liège a sans aucun doute été fabriquée suite à une commande d’un client riche qui habitait probablement aux Pays-Bas où ces pendules étaient à la mode.
Un chef-d’oeuvre musical Chez ‘Auktionen Dr. Crott’ à Mannheim en Allemagne on a vendu le 6 mai 2017 une petite pendule (lot 236) d’une hauteur de 24cm pour 56.000€ alors que l’estimation se situait entre 7.000 et 14.000€. Sur la platine arrière se trouvait la signature : ‘Gilles De Beefe A Liége’. Cette pendule était décrite comme “une importante horloge de table baroque avec répétition de l’heure et de la demie pourvue d’un carillon à deux mélodies différentes qui se mettent en marche à la demie. Trad)”. La gaine en bronze doré est équipée de quatre faces en verre. Tout en haut il y a une poignée, gravée de feuilles d’acanthe. Le cadran signé et doré au feu, est doté d’un cercle des heures en argent en champlevé à chiffres romains pour les heures et arabes pour les minutes. On remarque, en plus des ornements en argent, une ouverture pour le pendulum ou faux balancier. Au centre, dans le fronton on aperçoit un petit anneau en argent avec les chiffres de 1 à 6. La partie centrale est décorée de gravures d’animaux et d’oiseaux mythiques. Dans la plinthe, parée de volutes et de feuilles d’acanthe, on trouve un petit tiroir pour mettre la clef de remontage. L’horloge repose sur quatre pieds aplatis. Le mouvement entier sort de la caisse en ouvrant la porte avant. L’horloge possède trois parties différentes qui sont séparées par des platines rectangulaires. La partie arrière du cadran forme la quatrième platine. Le mouvement à verge est équipé de trois fusées et trois barillets. La platine arrière est entièrement gravée et porte également la signature : ‘Gille De Beefe Liége’. La pendule est surmontée de deux grands timbres et deux marteaux pour l’heure et les demies. Juste en dessous on voit les six timbres et vingt et un marteaux du carillon et le tambour en laiton. Encore plus bas il y a une roue pleine, gravée de feuilles. Grâce à une petite aiguille on peut choisir une des deux mélodies (Gigue/ Airs de canaris ou Mirliton/ Contre airs). Le carillon et le mouvement de l’horloge sont couplés ce qui fait qu’après la mélodie du carillon, on entend la sonnerie des heures.
En haut : fronton de la pendule musicale de Gilles de Beefe Au milieu : le mouvement En bas : vue sur la platine arrière avec la signature
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Horloges murales Une horloge lanterne à chronogramme La collection d’horloges de Janke et Klaas van Brug de Epe aux Pays-Bas comporte une horloge lanterne exceptionnelle. Cette horloge, datant de la première période de Gilles I a un cadran carré entouré de deux piliers en laiton. Le cadran à cercle des heures en étain, est entouré dans la partie supérieure de deux écoinçons d’anges ailés alors que dans la partie inférieure on voit deux anges qui soutiennent le cadran. Les quatre écoinçons sont en étain. Entre les deux anges, situés sous le VI, on remarque la tête proéminente d’un homme à barbe avec un petit chapeau rond. En plus, cette horloge aux quarts a un disque de réveil en étain ainsi que des aiguilles ciselées et gravées en cuivre. Elle est signée : Gilles de Beefe ma fait à Sereze. ‘Sérezé’ est le nom d’un hameau du village de Thimister où Gilles I habitait avec sa première épouse avant le déménagement vers Liège. Les indications des demies, des quarts et des minutes sont très soignées. Les quarts et les minutes se trouvent à l’extérieur du cercle des heures. Les quarts sont indiqués alternativement par une segment noir, puis couleur étain suivi à nouveau d’un segment noir. Sur le bord extérieur, les minutes sont gravées en toutes lettres 1, 2, 3….58, 59, 60. La date de construction de l’horloge se trouve sur le cadran mais pour pouvoir la lire il faut déchiffrer le chronogramme situé entre le cercle des heures et le disque de réveil : ‘Ma fIn peVt estre ChaqVe De Ces heVres’. Les lettres majuscules forment la date 1717. Gilles avait 21 ans à ce moment. Cette horloge lanterne démontre que Gilles I, même dans son petit patelin isolé, avait des clients aisés qui étaient instruits et qui avaient appris à lire et à compter. Ceux-ci avaient en plus les moyens de s’offrir une telle horloge à subtilité comme un chronogramme.
Horloge à chronogramme de Gilles de Beefe et le cadran central
Une horloge murale à automate Une autre pièce surprenante de Gilles I de Beefe est une horloge dont la gaine est surmontée d’un jeune garçon noir en position assise et agitant une faux de la main gauche. Toutes les heures, celui-ci frappe de la main droite un grand timbre qui se trouve plus bas. Sous ce timbre il y a encore un autre timbre de plus petite dimension pour les demies. Il nous suggère ainsi qu’à chaque coup, nous nous rapprochons un peu plus de la mort. Voilà la confrontation de la mort et de la jeunesse car le jeune garçon aux pieds nus porte un pantalon trois quart et une chemise aux manches retroussées et ne fait nullement penser à la mort. Le cadran à fronton en laiton a des aiguilles en fer ciselées et gravées, de beaux écoinçons en cuivre et un cercle des heures ainsi qu’un écusson en étain. Sur l’écusson se trouve la signature : Gille de Beefe a Liege. Sous le XII on remarque un petit disque pour les minutes, entouré d’un bord en étain. Le mouvement à huit jours et à sonnerie à râteau se trouve entre des platines verticales en laiton.
Horloge murale de Gilles de Beefe et l'automate à la faux
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Cadran central de l’horloge à chronogramme de Gilles de Beefe
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Detail de l’horloge murale de Gilles de Beefe
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Horloges de parquet L’histoire de l’horloge de parquet n’est pas la même dans chaque pays. En Belgique ce type d’horloge est apparu plus tard qu’en Angleterre ou aux Pays-Bas. Ceci est lié aux problèmes politiques et religieux. Rapidement, on a pu constater que les mouvements des horloges de parquet, dans ce qu’on appelle maintenant la Belgique, n’ont pas évolué de la même façon selon qu’on se trouve à l’ouest ou à l’est du pays. Sur la carte de la Belgique actuelle, on peut tracer une ligne imaginaire allant du nord au sud traversant les villes de Turnhout, Geel, Louvain, Wavre et Namur. A l’ouest de cette ligne on trouvera surtout les horloges de parquet flamandes à platines verticales en laiton. Quant à l’est de cette ligne imaginaire on trouvera des horloges à gaines liégeoises à platines verticales en fer (Staande klokken en uurwerkmakers in Vlaanderen, pp. 29-44). En ce qui concerne la qualité, il n’y a que peu ou pas de différence. A remarquer que même à Liège, la plupart des horloges à la semaine sont à platines verticales. A Liège la majeure partie des gaines des horloges de parquet de la fin du XVIIième ou du début du XIXième siècle, ont été faites en style Régence liégeois. Mais qu’est-ce le style ‘Régence liégeois’. Le style Régence liégeois (1730-1780) a connu toute une évolution. Il comprend deux périodes séparées par le style Louis XV liégeois, qui est le style le plus représentatif du 18ième siècle mosan. Durant la première période, la rocaille fait son apparition de manière hésitante. Les compositions symétriques utilisent des éléments du style Louis XIV et Louis XV. Vers 1740 apparaît le style Louis XV liégeois qui marque le triomphe de la rocaille aux compositions dissymétriques influencées par le rococo allemand. Le style Régence liégeois de la seconde période apparaît vers 1765. Cette période se caractérise par un apaisement des courbes et des rocailles, ainsi que par l’emploi de compositions symétriques et asymétriques sur un même meuble. Dès 1780 jusqu’en 1830 se développe le style Louis XVI liégeois. Les ébénistes utilisent les motifs du style Louis XVI français. L’horloge de parquet fut l’une des pièces les plus courantes du mobilier liégeois. Elle possède une gaine sculptée, la grande porte est munie d’un oculus vitré qui permet de voir le mouvement du balancier. La base est plus large que le corps. La tête rectangulaire est généralement plus large que le corps et sa porte vitrée laisse apparaître un cadran en laiton et un cercle à heures en étain avec des aiguilles en fer. Le cadran, de forme carrée, est surmonté d’un fronton - parfois nommé ‘en chapelle’- dans lequel on voit au centre l’écusson comprenant le nom de l’horloger et parfois la localité et la date de fabrication du mouvement. A Liège et environs, on retrouve également une armoire bien particulière. Il s’agit de l’ armoire-penderie ou armoire-buffet à régulateur qui, comme son nom l’indique, consiste en un régulateur placé entre deux corps d’armoire. Le fronton est surélevé au centre et contient le cadran. Si le chêne est le bois le plus utilisé pour le mobilier, on retrouve aussi l’orme, le noyer, le merisier mais ils sont d’usage
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plus rare. Les sculptures sont toujours taillées en masse pleine. La sculpture est d’une grande finesse et couvre la majeure partie de la façade. Les gaines élancées ont en grande partie une couleur brun foncé alors que dans la région namuroise la couleur est plutôt brun-rouge. Il faut également remarquer que plus on s’approche de Maastricht, plus la couleur des gaines s’éclaircit. Durant le 18ième siècle on retrouve ce type d’horloges de parquet dans toute la principauté de Liège ainsi que d’autres villes comme Herve ou Verviers. Régulièrement on rencontre encore des horloges de parquet de Gilles I de Beefe bien qu’il faille se méfier des faux cadrans et des fausses signatures. En effet ce ne sont que les grands maîtres qui sont copiés, les autres n’en valent pas la peine. D’habitude, ces ‘fausses horloges Gilles de Beefe’ sont de piètre qualité et donc facilement reconnaissables. Il est clair que Gilles I de Beefe devait avoir une grande clientèle car d’habitude on n’achetait qu’une seule horloge de parquet par famille. Les bourgeois fortunés vivaient dans de grandes maisons comprenant plusieurs chambres et salons. Ils achetaient plus facilement des pendules pour ces salons alors qu’ils n’avaient besoin que d’une horloge de parquet pour le corridor. Parfois il y avait une deuxième horloge de parquet dans la salle à manger ou le salon.
En haut : horloge, construite par Gilles de Beefe pour le comte Horion En bas : horloge de parquet simple de Gilles de Beefe et cadran
L’horloge de parquet du comte Horion L’horloge de parquet la plus connue de Gilles I de Beefe est celle qui fut vendue par Sotheby’s à Amsterdam en avril 1999. Le prix net de la vente était de 261.775 €, ce qui représente encore toujours un record pour une horloge de parquet ‘belge’. Cette horloge fut commandée par le comte Horion pour son château à Colonster. Maximilien-Henri-Hyacinthe, comte de Horion et seigneur de Colonster (1694-1759), était un ecclésiastique et politicien, originaire d’une famille influente liégeoise. Très jeune, il embrassa une carrière ecclésiastique. A seize ans, il était déjà chanoine du chapitre de la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Pendant la gouvernance du prince-évêque Jean-Théodore de Bavière (17441763), Maximilien Horion fut le premier conseiller du prince-évêque. En réalité Maximilien Horion détenait le pouvoir ‘de facto’, en raison des fréquents séjours du prince-évêque à l’étranger. Horion était riche et pouvait se permettre de construire une magnifique résidence tout près de Liège. C’était le château de Colonster à SartTilman, possédant une vue splendide sur la vallée de l’Ourthe. En 1963 ce château et son parc ont été acquis par l’Université de Liège. Le comte Horion avait prévu les plus belles choses, les meilleurs ameublements et pièces d’art qu’il pouvait trouver. Vu que Gilles I de Beefe était un des meilleurs artisans du moment, il était tout à fait normal que ce soit à lui qu’Horion confie la commande d’une horloge de parquet pour son château. La somptueuse horloge de style Régence a une hauteur de 304cm, ce qui est une hauteur normale pour une gaine dans une salle de château. Le tout est d’une grande beauté et d’excellente qualité. Sur le cadran à fronton il y a les phases de lune, la date au-dessus du VI, le cercle des secondes sous le XII. Cette horloge est munie d’un carillon à douze timbres et quarante marteaux. Le pied de la gaine porte les initiales entrelacées et dorées du comte Horion.
Une simple horloge de parquet Il faut remarquer que Gilles I n’attirait pas uniquement des clients riches mais il vendait aussi des horloges en gaine plus simples et financièrement plus accessibles à une classe moyenne pas encore très nombreuse à l’époque. Ces horloges étaient destinées à ce qu’on appela ‘la petite bourgeoisie’. Le mouvement était simple et sans complications mais de bonne qualité. Gilles commandait les gaines à des menuisiers de la région. L’horloge de parquet de Gilles de Beefe (qu’on découvre ici à gauche) possède un cadran à cercle des heures en étain sur un fond en laiton. Les écoinçons ciselés en étain sont ajourés et représentent des motifs floraux avec au centre une fleur stylisée. Au milieu du fronton, on aperçoit la cartouche en étain avec la signature : Gilles de Beefe a Liege 1750. La date de 1750 n’est pas très bien cintrée ce qui fait penser que la gravure ne fut pas exécutée par un graveur professionnel. L’horloge à mouvement journalier et à ancre est équipée d’aiguilles en fer pour les heures et les minutes. Le centre du cadran n’est pas gravé selon des motifs typiquement liégeois mais bien avec un motif régulier qu’on rencontre habituellement sur les cadrans d’horloges locales au 18ième siècle aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. La sonnerie sonne l’heure au passage sur un grand timbre. L’absence de l’aiguille des secondes et de son cadran, la gravure simple, les écoinçons plutôt modestes démontrent que l’horloge fut construite pour un citoyen aisé mais qui n’avait pas les moyens d’acheter une horloge de qualité superieure.
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Horloges d’édifice La production d’horloges de tour de Gilles I de Beefe a été considérable. Ces horloges d’édifice n’ont pu être construites que grâce à toute une équipe d’artisans qualifiés en mesure de satisfaire la demande. Si on se limite aux horloges de tour encore existantes aujourd’hui, on obtient déjà une liste impressionnante. Mentionner des dates précises n’est pas toujours possible car parfois il se passe pas mal de temps entre la commande et la livraison. La liste suivante n’est donc qu’une énumération sommaire car il est presque certain que Gilles en ait construites plus. Malheureusement beaucoup de ces horloges ont été détruites pendant les révoltes, les guerres ou simplement lorsque les tours étaient ravagées par le feu suite aux nombreux incendies provoqués par la foudre. Depuis quelque temps, on remarque le peu ou pas d’intérêt que l’on porte à notre passé horloger et plus spécifiquement pour nos horloges de tour. Un bel exemple est ce qui s’est passé avec l’horloge de tour de Gilles I de Beefe en l’église Saint-Etienne
de Seilles. Il y a quelques années on déposa cette horloge tout simplement sur le trottoir en plein vent. On espérait ainsi que quelqu’un veuille bien l’emporter en la considérant comme de la ferraille. De cette façon on s’en débarrassa sans frais supplémentaires, sans trop de questions embarrassantes et sans devoir compléter de nombreux formulaires administratifs. Heureusement qu’il y eut des personnes de bonne volonté qui trouvèrent un logement pour l’horloge ; celle-ci se trouve maintenant dans la sacristie de l’église Sainte-Begge à Andenne. Cette horloge porte la signature d’un de nos plus grands horlogers : fait par Gilles de Beefe a Liege le 12 7bre 1748. Les premières horloges de tour dans cette liste sont celles de Mafra au Portugal. Il est clair qu’au moment de la signature de l’accord pour construire les horloges à Mafra, Gilles I devait déjà jouir d’une solide réputation, sinon il n’aurait jamais pu conclure cette convention avec le roi portugais. Malheureusement, on ne connaît pas d’horloges d’édifice ou de tour de Gilles d’avant 1730.
1730
Mafra, Portugal
2 horloges, 4 tambours
1738
Cathédrale de Lisbonne
automates, tambour, carillon, détruit pendant le séisme de 1755
1743
Abbaye de Malmédy
disparu lors du feu de tour de 1782
1748
Eglise de Seilles
1749
Abbaye bénédictine, Achel
1751
Eglise Sint-Quintinus, Hasselt
1752
Maison des jésuites, Cayenne (Guyane française)
1753
Hôtel de ville (beffroi), Saint-Trond
à tambour
1753
Remise du château de Cannenburch
Vaassen, Pays-Bas
1756
Cathédrale Saint-Lambert, Liège
à tambour
(sans date)
Château de Arcen
Arcen, Venlo, Pays-Bas
à tambour
(vers 1750-attribué à Gilles I de Beefe) mise en valeur lors de l’exposition ‘De tijd tikt in het land van Torn’, ‘Gemeentemuseum Het Land van Thorn’ 2009
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Horloge de tour de Seilles avec signature: Fait par Gilles de Beefe le 12 septembre 1748
Les cathédrales Saint-Lambert et Saint-Paul de Liège En 1752, Gilles I De Beefe était devenu horloger de la ville de Liège, succédant à Michel Beurquet. La même année il fut nommé horloger de la cathédrale Saint-Lambert. Le 24 août 1754 il conclut un accord avec le chapitre de la cathédrale liégeoise pour construire la nouvelle horloge et le nouveau carillon pour la cathédrale. L’horloge porte la date du ‘4 février1756’ et en bas de l’horloge on lit : “Gilles De befve et son fils Nicolas”. Le prix convenu était de 500 florins Brabant. Lors de la livraison définitive de l’horloge et du carillon, les magistrats de la ville étaient si satisfaits de la perfection du travail accompli que Gilles reçut une gratification supplémentaire : “non seulement pour avoir achevé l’horloge qu’il a entreprise mais encore pour avoir livré un mouvement qui va six semaines” (Cathédrale StLambert, rég. 17541787, f° 162). Le chapitre de la cathédrale et ‘Gilles de Beefe’ se mirent d’accord par contrat “Commission d’horloger pour Gilles De Befve, par ordonnance du 22 novembre 1763”. Le Gilles de Beefe dont question ne peut être que le grand Gilles I de Beefe, qui avait construit l’horloge de la cathédrale vu que Gilles I de Beefe était mort le 16 septembre 1763. Gilles I de Beefe a eu deux fils qui reçurent également le prénom de Gilles. Gilles II de Beefe (°1709/1710) était son fils aîné avec sa première
En haut : la cathédrale Saint-Lambert vers 1770 d'après Bourgault En bas : la cathédrale actuelle de Saint Paul
épouse Marguerite de Stocquis. Gilles III (°1734) était le fils de sa deuxième épouse Marie Groutars, né au Portugal lors d’un voyage à Mafra, où Gilles I avait placé deux horloges en 1733/1734. Le contrat, qui reprit sans doute en grandes lignes le contrat signé avec Gilles I de Beefe, stipulait ce que Gilles II ou III devait exécuter. Quelques détails sont intéressants : “Commission d’horloger ” • Art.3 - Je gouvernerai en toute diligence la grande horloge afin que les heures s’accordent toujours avec le cours du soleil. • Art.4 - Je tiendrai toujours une bonne pendule à poids ‘bien réglée au tems moiën’ et une table d’équation pour remettre ladite horloge en défaut de soleil. • Art.7 - Tous les ans, je démonterai et nettoierai clavier, touches, notes, tambours… • Art.9 - L’entretien journalier de cette neuve horloge sera à mes frais : graissage à huile d’olive….
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Malheureusement la cathédrale Saint-Lambert fut démolie en 1794. La grandeur et la beauté de cette merveille étaient d’une importance capitale pour la ville de Liège et la principauté. Au Moyen Âge cette incroyable cathédrale Notre-Dame-et-SaintLambert et sa flèche de 135 mètres en gothique mosan faisait partie des grands vaisseaux du monde occidental. Ce monument majeur pouvait accueillir 4000 personnes. Comprendre la destruction d’une cathédrale n’est pas facile parce que démolir un monument d’une telle importance est un évènement extrêmement rare. Essayons quand même de saisir ce qui s’est passé. L’ancien prince-évêque Charles de Velbruck avait été un esprit émancipé, enclin à écouter les aspirations de son peuple. Protecteur des arts et des sciences, il était ouvert aux idées nouvelles, aidait les personnes démunies et prônait l’égalité des hommes. Après la mort de Velbruck, le contexte politique se dégrada vite sous le nouveau prince-évêque César Constantin François de Hoensbroeck, homme autoritaire, têtu et aristocrate, dédaigneux des aspirations de son peuple. Il changea le système électoral liégeois, renforçant son pouvoir et diminuant celui des laïcs. La situation des ouvriers et des paysans devenait peu enviable, les grèves et les rassemblements se multipliaient, le chômage augmentait, la mendicité s’aggravait. Le peuple avait faim et réclamait la justice sociale. Le princeévêque hautain ne voulut pas comprendre. Cela aboutira en 1789 à la Révolution liégeoise qui se fondra un peu plus tard dans la Révolution française.
Une assemblée nationale liégeoise, élue par les citoyens, décida en février 1793 le rattachement de la principauté à la France. En cette année 1793, la décision fut prise de détruire la cathédrale qui symbolisait l’ancien régime et son arrogance autoritaire. La démolition s’accomplira lentement, car l’édifice était une mine à ciel ouvert que l’on exploita en fonction des circonstances et des besoins. L’emplacement de l’actuelle place Saint-Lambert resta longtemps un amas de ruines. Lorsque Napoléon passa une deuxième fois à Liège en 1811, il s’irrita de voir les ruines de la cathédrale au lieu de voir une belle place publique avec au centre une statue majestueuse de sa personne. Heureusement le carillon et l’horloge furent épargnés lors de la destruction de la cathédrale. Ils reçurent une nouvelle vie dans la cathédrale de Saint-Paul. Le carillon sonna pour la première fois le 6 août 1813, le jour où l’impératrice Marie-Louise (1791-1847) était de passage à Liège. L’horloge et le tambour de Gilles I de Beefe de Liège existent encore partiellement à ce jour. L’horloge est typique pour le style de Gilles : les piliers aux quatre coins sont décorés de chapiteaux corinthiens, style que Gilles n’employait que pour ses toutes grandes horloges. Aux axes et leurs fixations (ce qui en reste) on reconnaît immédiatement la manière de travailler de Gilles I. On remarque les ailes à vent qui ont été placées en haut et qui tournent horizontalement afin de gagner de la place, alors que la plupart des horloges de tour ont des ailes à vent verticales qui tournent hors de la cage de l’horloge.
Vue sur ce qui reste de l'horloge de la cathédrale et le tambour
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Château de Cannenburch, Vaassen, Pays-Bas Le château a été bâti sur les vestiges d’un ancien château à Vaassen (situé entre Apeldoorn et Zwolle) aux Pays-Bas. Vers 1543, le maréchal Maarten van Rossem fit transformer les bâtiments. A la demande de Johan Frederik van Isendoorn et de la comtesse Anna Margaretha van Renesse van Elderen on ajouta au château en 1752 une remise pour les carrosses, les voitures et calèches. Grâce aux contacts de la comtesse avec le prince-évêque de Liège, elle passa commande à Gilles de Beefe, un horloger de grande renommée. C’est en 1753 que l’horloge fut installée. Il est très rare de trouver une horloge liégeoise dans cette partie des Pays-Bas où l’on avait à l’époque de bons horlogers. Il semble que posséder une horloge de tour de Gilles de Beefe aux Pays-Bas, au milieu du 18ième siècle, constituait un tour de force à travers lequel le châtelain et sa compagne affichaient leur bon goût.
Mouvement de l’horloge de Cannenburgh
L’abbaye d’Achel L’abbaye bénédictine ‘Achelse Kluis’ d’Achel possède également une horloge de tour de Gilles I de Beefe. Elle est signée sur une plaquette en cuivre : Gilles de Beefe à Liège Le 25 de Septbre 1749. Elle mesure 51cm x 48cm x 31,5cm (LxHxP).La cage en fer forgé a des roues en laiton et quatre piliers carrés aux coins. Le mouvement est à ancre avec une roue de compte pour les heures, les demies et les quarts. Pour la sonnerie l’horloge dispose de deux cloches. La cloche la plus ancienne est de Henricus Petit de 1791, la plus récente de Fr. Sergeys de Louvain. Le balancier a une longueur de 165cm. On ne sait pas qui fit la commande de cette horloge ni quand elle arriva à Achel.
Hasselt La tour de l’église de Hasselt fut touchée par la foudre en 1751. Les responsables de l’église et le curé décidèrent alors de contacter Gilles I de Beefe. Le 1er décembre 1751 un contrat fut signé pour la construction d’une nouvelle horloge et d’un carillon pour l’église Sint-Quintinus. Dans ce contrat Gilles est nommé : “Horlogeur de S. E. Evecque et prince de Liége”. Malheureusement l’horloge a, comme il arrive fréquemment, disparu mais le tambour en bronze y est toujours. Celui-ci a un diamètre de 106cm et une largeur de 127cm. Le tout a une hauteur de 150cm, une largeur de 175cm et une profondeur de 125cm. Ce tambour contient 108 mesures pour sonner l’heure, 70 pour la demie, 8 mesures pour le quart après l’heure et 12 mesures pour le quart avant l’heure. Au total, on compte 17.920 trous carrés pour les chevilles ou broches. Le tambour est inséré entre des piliers aux chapiteaux ioniques. Ces chapiteaux ioniques (pour les horloges de volume moyen) ou corinthiens (pour les horloges de grand volume) sont une caractéristique du travail haut de gamme de Gilles I de Beefe.
Le tambour de la cathédrale de Hasselt de 1752 avec les signatures de Gilles et Nicolas de Beefe
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Saint-Trond Gilles I et Nicolas De Beefe placèrent le tambour en 1752, signé : “Fait à Liège par Gilles de Beefe et de son fils Nicolas le 2me 9bre 1752”. L’horloge sonnait les heures, la demie, les quarts et d’après certaines suppositions, les demi-quarts. L’horloge disposait d’un délai, ce qui signifie qu’elle jouait une mélodie en prélude aux coups des heures afin d’avertir les gens que l’heure allait sonner. Le délai et le carillon étaient d’une telle importance que dans le registre de la famille de Jacob Stellingwerff de Hasselt on retrouve le texte suivant : “Den 11 dec. 1752 om half ses savonts heeft den nieuwen voorslag voor den eersten keer gespeelt en het airke van de ure is geweest en is die alsoe geheiten Bergerie, van die half ure is een stuckske van denselven meester geheeten La Vendangeuse” (“Le 11 décembre 1752 à sept heures et demie du soir on a joué pour la première fois le nouveau délai. Le petit air pour l’heure est nommé «Bergerie», pour la demiheure c’est un petit morceau du même maître «La Vendangeuse» (Trad)”. En 1862 l’horloge fut adaptée et modernisée par Gilis Creten (1792-1877) de Saint-Trond, un maître-horloger de premier ordre. A l’arrière du clavier du carillon on lit : “In overeenstemming gebracht met de vooruitgang van de horlogekunst door G. Creten en zonen, horlogemakers te Sint-Truiden, de 15 juli 1862”( “Mis en accord avec le progrès de l’art de l’horlogerie par G. Creten et fils, horlogers à Saint-Trond, le 15 juillet 1862 (Trad)”.
En 1751 un horloger liégeois (il est presque certain que ce fut un membre de la famille de Beefe) et l’horloger Charles Lion de Louvain vinrent contrôler le tambour de l’hôtel de ville de SaintTrond. Ils trouvèrent un tambour usé qui devait être remplacé. Nicolas Le Gros, un fondeur de Liège, reçut la commande pour construire une horloge et un carillon. Une fois le carillon terminé, le fondeur louvaniste de grande réputation, Andreas J. van den Gheyn vint contrôler les cloches du nouveau carillon. Le Gros apprit qu’une série de cloches devaient être refondues et que de surcroît - d’autres devaient être accordées une nouvelle fois. Legros, mécontent, refusa. Finalement, c’est Van den Gheyn qui s’occupa de mettre le carillon en ordre. A la suite de ces problèmes, Legros refusa de livrer la nouvelle horloge. Ce refus ne fut sans doute pas une grande surprise car le 13 mars 1753, quatre jours après le refus, un contrat fut signé entre la ville et Gilles I de Beefe. Ce dernier s’engagea à construire une horloge pour le prix de 6.200 florins et de donner une garantie de deux ans. Par contre, la ville s’obligea à installer dans la tour du beffroi un atelier pour l’horloger et ses domestiques. L’horloge qui devait sonner l’heure, la demie, les quarts et les demi-quarts (comme à Hasselt !) fut terminée le 25 avril 1754. Elle était signée : “Fait par Gilles de Beefe et son fils Nicolas le 25 Avril 1754 à Liége”. En septembre 1754 les quatre cadrans furent
Detail de l’horloge de Gilles de Beefe à Saint-Trond Le tambour relié à l’horloge Annotation de la réparation sur la roue de compte par G.Creten, fils et fille
Hôtel de ville et beffroi de Saint-Trond
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Chapiteau typique de la production des horloges de Gilles de Beefe
placés sur la tour. Cette horloge, qui est toujours en service, a une hauteur de 150cm, une largeur de 185cm et une profondeur de 127cm. Les piliers en fer des quatre coins sont décorés de chapiteaux ioniques. Les solides roues en bronze sont d’une grande beauté. Les axes et leurs fixations sont réalisés avec une grande maîtrise par un horloger au sommet de son art. Toujours typique pour le style de Gilles I sont les ailes à vent qui ont été placées dans la partie supérieure et qui tournent horizontalement. Ceci présente un grand avantage pour les tours étroites comme c’est le cas à Saint-Trond. En effet, l’horloge et le tambour prennent presque toute la place. C’est pour cette raison que ce chef-d’oeuvre est fort difficile - et même dangereux - à visiter pour les non-initiés aux horloges de tour. Jacobus Antonius Schoufs (1794-après 1843), originaire de Thorn aux Pays-Bas, habitait Saint-Trond depuis 1814. En 1822, il travailla au tambour de l’horloge trudonnaire. Sur une poutre du clavier ont li : “Restauré par J. Schoufs à St. Trond le 15 mars 1822”. En 1845, on confia à Melchior Jacques Van Ermen la tâche de restaurer le tambour. Il apposa sa signature : “Jacques van Ermen horlogeur à St.-Trond 1845”. Gilis Creten (1792-1877) a, quant à lui, restauré l’horloge en 1858. Tout autour de la roue de compte on lit : “Vervolmaakt en in overeenstemming gebracht met de vooruitgang van de horlogekunst op 27 juli 1858 door G. Creten en zoon en dochter in opdracht van MM. Delgeur, Burg...” (Mis en rapport avec le progrès de l’art de l’horlogerie le 27 juillet par G. Creten et fils et fille au nom de MM. Delgeur Bourg(emestre) Trad), suivi des noms des membres du conseil communal. Que Gilis Creten mentionne le nom de sa fille sur cette roue est particulier mais ce n’est pas un hasard. Régulièrement on retrouve la signature : “G. Creten, Fils et Fille à S. Trond” (E. Fraiture, 2009, p. 101). Cette fille s’appelait Marie Françoise Philomène Creten (°1841) et n’avait que 17 ans lorqu’elle fut déjà mentionnée comme horlogère. A ce moment, il était exceptionnel de parler d’une femme comme ‘horlogère’ et certainement s’il s’agissait d’une femme qui travaillait à une horloge de tour ! Toute sa vie Philomène a travaillé avec son père. Après son mariage elle tenait un magasin d’horloges au centre de la ville de Saint-Trond dans la ‘Plankstraat 3’, une rue située derrière l’église du Sacré-Cœur et tout près de la Grand-Place (De Tram, 24 juni 1905). En 2002 une grande restauration eut lieu ayant comme objectif de remettre en état aussi bien l’horloge, que le tambour et le carillon, tout en respectant les matériaux et les techniques d’origine. Aujourd’hui l’horloge et le tambour sont à nouveau en service comme au temps de Gilles I. C’est également le cas pour la sonnerie des heures, la demie, les quarts et les demiquarts. Le tambour qui ne tournait plus depuis 1979, fonctionne à merveille.
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Cayenne Il y a quelques années l’Association Campanaire Wallonne reçut une demande d’un blogueur de la Guyane française (Blog de Marie-Odile et Philippe Delaunay). On y posséda une ancienne horloge d’édifice dont personne ne connaissait l’origine ou l’horloger. On pensait à un horloger suisse, ou peut-être un hollandais. On ne retrouva rien malgré un petit texte explicatif sur l’horloge : “Horloge suisse du XVIIIième siècle commandée à Liège par les Jésuites” Une horloge suisse commandée à Liège !! Assez particulier comme explication. Le nom de l’horloger ne fut pas retrouvé malgré qu’il se trouvait sur un cadran en cuivre qui fut déposé au centre de contrôle de la marine après le transport de l’horloge vers une autre partie de l’hôtel des jésuites. En dépit des recherches entreprises, le vieux cadran ne fut jamais retrouvé et le créateur de cette horloge demeura inconnu. Eddy Fraiture, auteur de ce livre, raconte : “L’Association Campanaire Wallonne m’a envoyé une photo en demandant si je pouvais identifier l’horloge. Après avoir examiné et comparé l’horloge avec d’autres horloges d’édifice, il était pratiquement certain que c’était une horloge, faite par Gilles I De Beefe. De nouvelles questions se posaient alors : comment, pourquoi et à la suite de quelles circonstances une horloge de Gilles I de Beefe se trouvait en Amérique du Sud ? ” Une correspondance intense s’établit entre Eddy Fraiture et Philippe Delaunay, l’homme qui s’intéressait à l’horloge à Cayenne. Ce sont les recherches, signalées par Philippe Delaunay, qui ont permis d’en savoir plus. C’est également lui qui a retrouvé d’anciens textes concernant cette horloge. La Guyane Tout le monde apprécie le ‘poivre de Cayenne’ mais en réalité, on connaît peu de Cayenne. Cayenne est la capitale de la Guyane française, une région et département français d’outremer à la côte nordique de l’Amérique du Sud, limitrophe du Brésil et du Suriname. C’est le département le plus boisé de la France, la deuxième région pour la superficie et également la deuxième moins peuplée de tout le territoire français. En ce moment il y a environ 280.000 habitants vivant encore en grande partie en Amazonie. Le général de Gaulle, en accord avec l’Europe, décida en 1964 de créer une base spatiale européenne ESA (European Space Agency) à Kourou en Guyane. D’ici seront lancées les différents types de fusées européennes ‘Ariane’ et plus tard Soyouz et Vega. C’est seulement en 1946 que la région de la Guyane obtint le statut de département français. Malheureusement la Guyane fut au XVIIième et XVIIIième siècles une région d’esclavage. Ensuite elle devint la ‘poubelle’ des français condamnés pour des faits criminels graves. De 1852 à 1946 les ‘bagnards’ ou ‘forçats’ ont été obligés de travailler et de vivre dans des circonstances épouvantables. En 1854 une nouvelle loi précisait l’exécution de la peine des travaux forcés et instaurait le principe de la double peine : tout individu condamné à moins de huit années de travaux forcés était tenu,
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à l’expiration de sa peine, de résider en Guyane pendant un temps égal à la durée de sa condamnation. Si la peine était supérieure à huit ans, il devait y résider à vie. La plupart des bagnards savaient donc d’avance qu’ils ne reverraient plus jamais la France. Des 17.000 condamnés envoyés en Guyane entre 1854 et 1867, seulement 7000 ont survécu. En cause les maladies, les punitions très dures, mais surtout l’hygiène inexistante, la malnutrition, les mauvais traitements et le travail inhumain. Le film ‘Papillon’ de 1973, d’après le livre d’Henri Charrière, en est un bel exemple. C’est en 1938 que le dernier convoi de bagnards a fait route vers la Guyane, mais ce n’est qu’en 1945 que la France décida de rapatrier les survivants. En ce moment quelques anciens camps en Guyane sont à visiter et font partie de l’héritage guyanais. L’horloge de Gilles I de Beefe en Guyane Pourquoi une horloge de Gilles I de Beefe a-t-elle traversé l’océan pour donner l’heure en Guyane ? En ce moment, l’horloge se trouve inutilisée au premier étage de l’hôtel de préfecture, Place Léopold Héder à Cayenne. Elle n’est accessible au public qu’à l’occasion des deux journées du patrimoine, organisées annuellement pour autant que l’horloge soit prévue au programme des visites guidées. A l’origine, l’horloge se trouvait dans une maison que le supérieur des jésuites avait fait bâtir entre 1749 et 1752. Le supérieur provincial à Cayenne était à ce moment-là Philippe (d’) Huberland. Il était né à Liège en 1697. En 1718, il entra dans la congrégation de la ‘Compagnie de Jésus’ à Tournai. En 1736, il fut envoyé en Guyane où il fut nommé provincial des jésuites de 1746 à 1760. On peut aisément supposer qu’Huberland connaissait la réputation de son concitoyen et horloger Gilles I de Beefe. En effet à ce moment Gilles I avait déjà travaillé au Portugal, à Mafra ainsi qu’à Lisbonne. Sa notoriété avait dépassé de loin les frontières de la principauté. Mais construire et livrer une horloge d’édifice en Amérique du Sud était encore autre chose. On sait qu’à l’origine, l’horloge se trouvait dans la maison du supérieur jésuite à Cayenne. Lors de leur arrivée en Guyane, les jésuites avaient demandé l’autorisation de secourir les bagnards. Ils obtinrent cette autorisation mais rapidement il s’ensuivit des conflits entre les autorités françaises et les jésuites. En 1762 ces conflits ont finalement mené à la suppression de l’ordre des jésuites en France et donc également en Guyane. Après le départ des jésuites, le gouverneur et ses officiers s’empressèrent de prendre possession de la maison du supérieur jésuite. Entre 1809 et 1817, les portugais furent les maîtres en Guyane mais après la signature du traité de Vienne en 1817, les français retournèrent en Guyane. Le gouverneur décida de s’installer à nouveau dans la maison du supérieur jésuite. L’horloge de Gilles I De Beefe se trouvait à l’origine dans la tour carrée de l’hôtel des jésuites. Suite aux ordres du gouverneur Victor Hugues, l’horloge fut déplacée et mise dans le fronton de la grande porte d’entrée. Dans un rapport daté du 8 septembre 1821, rédigé par l’horloger du Roi, on lit à partir de la page 627 : “Rapport fait à son excellence M. le Gouverneur, par M. Duveau Delvaty, horloger du Roi, à Cayenne, le 8 septembre 1821. Cette horloge est une pierre précieuse qui sort de la
classe des horlogers ordinaires. La cage est composée de quatre colonnes d’ordre corinthien, avec huit plates-bandes en très beau laiton. Trois corps de rouage y sont distribués avec des combinaisons de métaux et des principes de l’art aussi savants que sages (…). Cette horloge déjà ancienne a été denturée avec des machines aussi excellentes qu’on puisse désirer : témoins surtout les pignons des seconds mobiles divisés en 24 ailes. La trempe des pièces d’acier est singulièrement bonne : les pivots sont très cylindriques : les roues et pignons sont ajustés sur des carrés bien limés et bien fidèles pour la rondeur des roues : les engrenages sont dans la plus juste harmonie”. On a l’impression de lire l’éloge d’une horloge d’édifice. Dans la description qui suit, M. Duveau Delvaty explique que le mouvement pour indiquer les heures et les minutes se trouve au milieu. Des deux côtés on remarque les sonneries. A gauche la sonnerie des quarts sur deux cloches différentes, à droite celle pour les heures sur une seule cloche plus lourde et d’un ton sonore plus bas. Il est à remarquer que la sonnerie des demies annonce l’heure à venir. M. Delvaty mentionne que c’est le système employé en Flandre, aux Pays-Bas et en Angleterre. Suit alors une énumération des réparations nécessaires à exécuter sur l’horloge, qui fonctionnait à ce moment depuis à peu près 70 ans. La description de ce rapport nous apprend bien de choses : “M. Duveau Delvaty a entrepris de faire ces réparations, s’y est livré avec un soin digne d’éloges et y est parvenu. Nous avons été, à cette occasion, curieux de remonter à l’origine de cette horloge. Les jésuites, dès 1749, commencèrent à rassembler des matériaux pour construire leur maison à Cayenne et elle fut achevée en 1752 sur les plans et sous la conduite du père Duberland (1) supérieur. Ils commandèrent ensuite l’horloge à Liège. Le nom de son auteur était sur le cadran en cuivre, qui en dépendait et qui fut changé lorsque M. Victor Hugues fit transporter l’horloge de la tour carrée au fronton de la grande porte d’entrée, où elle est. Le vieux cadran fut déposé au contôle de la marine ; M. Prévost, lors de l’exécution, a donné ces détails ; mais le cadran ne se retrouve plus. Quoi qu’il en soit, l’horloge, rendue à Cayenne, coûta dix mille francs. Elle est encore en état d’y servir longtemps avantageusement, si elle est conservée avec soin. ( P.S. : Aujourd’hui, la demi-heure sonne non pas l’heure future, mais l’heure passée.) Une bascule correspondante à la roue de compte des quarts et deux levées de marteaux mobiles sur une même tige mettent une des levées de marteau en prise avec la distribution des heures sur la plus grosse cloche. Ces moyens ne sont point nouveaux ; ils sont, au contraire, d’un fréquent usage en Hollande, dans la Flandre, en Angleterre. Ils ont ici le mérite d’être parfaits et de sembler avoir été fabriqués tout exprès pour un climat qui détruit tout particulièrement le fer (2)”. (1) Il s’agit du supérieur Philippe (d’) Huberland. (2) Il est fort possible que Gilles I de Beefe ait tenu compte du climat chaud. Il en avait l’expérience vu qu’il a construit trois horloges de tour au Portugal.
Une horloge d’édifice de Gilles de Beefe ? Quels sont les éléments qui démontrent qu’il s’agit d’une horloge de Gilles I de Beefe ? Une horloge d’édifice forme un tout où chaque roue, chaque pignon, chaque pilier, chaque dent à sa place exacte et sa signification. Cela est d’ailleurs vrai pour toutes les horloges. En regardant de près l’agencement, la disposition, le montage, les matériaux utilisés ou la construction de la cage, on reconnaît la main du maître-horloger. Toutes ces caractéristiques pointent dans la même direction : Gilles I de Beefe de Liège. D’abord l’emploi des chapiteaux corinthiens pour les quatre colonnes. On sait que de Beefe aimait employer des colonnes à chapiteaux ioniques ou corinthiens pour embellir ses horloges. Les chapiteaux ioniques étaient prévus pour les horloges moyennes alors que les grandes horloges de tour exhibent leurs chapiteaux corinthiens, plus somptueux et plus luxueux. Ainsi on retrouve ces chapiteaux corinthiens pour les quatre colonnes du tambour de la cathédrale de Liège et également sur les deux horloges et les quatre tambours de la basilique de Mafra. Mais il y a d’autres éléments qui pointent en direction de Gilles I de Beefe comme l’emploi des ailes horizontales à vent, typiques pour Gilles I de Beefe. Un autre détail est l’élargissement vers le bas des plates-bandes des supports entre les piliers. En regardant les horloges de tour de Gilles I on remarque toujours la recherche de symétrie aussi bien pour l’emplacement des roues, des axes ou des ailes à vent. On retrouve la même recherche pour certaines parties de rouages ou pour l’emplacement des sonneries l’une par rapport à l’autre. Pour Gilles I de Beefe ses horloges n’étaient pas simplement des machines mais également des mécanismes vivants qui se devaient d’être beaux : des objets d’art merveilleux qui donnaient l’heure et qui, en même temps, démontraient le savoir-faire et la maîtrise du maître.
L'horloge de Cayenne de Gilles de Beefe
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Gilles I de Beefe au Portugal Mafra au Portugal Le livre ‘Memorial do convento’ ou en français ‘Le Dieu Manchot’ de 1982 du portugais José Saramago (1922-2010), écrivain qui obtint en 1998 le prix Nobel de littérature, commence ainsi : ‘Dom João, cinquième successeur des rois, se rendra ce soir à la chambre à coucher de sa femme, Dona Maria Ana Josefa, qui est arrivée depuis plus de deux ans d’Autriche afin de donner des enfants à la couronne portugaise mais qui à ce jour n’est toujours pas enceinte’. Le roi portugais João V (1689-1750) s’était marié en 1708 avec sa nièce Maria Ana d’Autriche, la fille de l’empereur Léopold I. Pendant trois ans le roi et la reine restèrent sans enfant. En 1711 João V fit la promesse solennelle de bâtir un monastère à Mafra s’il aurait un descendant. La naissance encore la même année, de la princesse Barbara de Braganza réjouit tout le pays. Le roi était content et fier de pouvoir tenir sa promesse. Pour tout dire João V eut six enfants légitimes et quatre illégitimes. Un de ces bâtards fut José de Braganza, l’enfant de la nonne Paula Teresa da Silva. Ce José deviendra plus tard l’archevêque de Braga. Autres temps, autres moeurs. Pendant le règne de João V, le pays profitait des ressources fabuleuses des mines d’or et de diamant que les portugais avaient découvertes au Brésil. Cet immense pays était devenu une colonie portugaise suite à la découverte de Cabral en 1500 pendant son voyage en Inde. Environ 20% des revenus des mines revenaient au roi. Cette richesse soudaine avait donné beaucoup de prestige au roi et monarque absolu. Les caravelles transportaient une grande quantité d’or, d’argent, de diamants et d’arbres exotiques vers le Portugal. On raconte même que tout l’or transporté en cette période vers le Portugal a servi uniquement à payer la construction du palais de Mafra.
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Le monastère Au début le roi eut l’intention de bâtir un monastère modeste pour une petite communauté de frères capucins. Mais comme l’or brésilien affluait abondamment au Portugal, les plans du roi changèrent. Le bâtiment devait rivaliser tant en grandeur qu’en luxe avec le palais de Versailles en France et l’Escurial en Espagne. Finalement la première pierre fut posée en 1717. La construction dura 13 ans. Par contre, la finition prit beaucoup plus de temps. Selon des calculs de l’époque, il y aurait eu en moyenne 15.000 personnes qui travaillèrent au palais avec des périodes où il y en eut jusqu’à 45.000. Les tailleurs de pierre, maçons, menuisiers, charpentiers, marbriers, forgerons et sculpteurs accouraient de tout le pays. A Mafra il y avait de l’argent à gagner, beaucoup d’argent. On y construisit un village pour les ouvriers, une sorte d’hôpital ou lazaret pour les ouvriers malades et un campement pour les soldats. Une armée d’environ 7.000 soldats vivait au village pour maintenir l’ordre car le vin coulait copieusement, il y avait les femmes légères, les bagarres et les meurtres. Le roi avait donné l’ordre de noter tout ce qui s’y passait. Ainsi on sait que pendant les travaux exactement 1.383 d’hommes sont morts à la suite de ce qu’on nomme maintenant ‘un accident de travail’.
Le palais-monastère de style baroque, dessiné par l’architecte João Frederico Ludovice, est sans nul doute le bâtiment le plus important de ce style au Portugal. Le complexe couvre une superficie de 37.790 m² avec une façade d’une largeur de 232m. Il y a environ 1200 chambres, 4700 portes et fenêtres ainsi que 156 salles d’escalier et 29 patios. Pour le roi ce n’était qu’un palais de passage car il n’y a jamais séjourné longtemps. Ce palais abrite une bibliothèque exceptionnelle avec plus de 40.000 livres anciens. On raconte qu’encore maintenant les insectes sont tués par des chauves-souris dans les grandes salles : une solution efficace et écologique. La bibliothèque est à comparer avec les plus belles bibliothèques au monde comme celle de l’abbaye de Melk en Autriche, celle de l’université de Coimbra au Portugal et la bibliothèque du Vatican. Le vaste monument comprend une église équipée de six grandes orgues, une résidence pour le roi et un monastère. Les six orgues peuvent jouer ensemble et cela représente une expérience unique au monde car aucune église ne possède autant d’orgues. Le roi Joao V, présomptueux et fanfaron, voulut qu’on érige à côté de la demeure de Dieu ou la ‘Casa de Deus’, sa propre résidence ou la ‘Casa do Rei’. En 1730, le roi fêta son 41ième anniversaire et annonça à cette occasion que la basilique de Mafra serait consacrée. Les travaux n’étaient pas terminés mais le roi craignait de mourir avant la fin des travaux. En réalité le palais de Mafra ne fut terminé qu’en 1755, cinq ans après la mort du roi.
A gauche : le roi Joao du Portugal (1706-1750) Au milieu : Marie Anne d'Autriche (1683-1754), la femme de Joao V A droite : Domenico Scarlatti par Domingo Antonio Velasco 1738
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Le palais national de Mafra
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Coupole de la basilique de Mafra. On peut peut voir les six orgues
Le roi João V à Liège Vers 1720 le pompeux roi portugais sillonnait toute l’Europe afin de trouver tout ce qu’il y avait de meilleur pour le palais et le monastère de Mafra. Il recherchait des sculpteurs talentueux, des tailleurs de pierre, des tisserands, des orfèvres, des musiciens, des fondeurs de cuivre et de bronze, des peintres, des facteurs d’orgues, des vitriers et naturellement des horlogers. En Italie, João V rencontra le compositeur et claveciniste Domenico Scarlatti (1685-1757) à qui il demanda de venir au Portugal pour y devenir le maître de clavecin de Marie Barbara de Braganza, jeune princesse royale et fille aînée du roi. Scarlatti restera toute sa vie au service privé de la maison de Barbara de Braganza. Etant de passage à Liège, le roi João V entendit un carillon. A cette époque, on pouvait entendre à Liège jusqu’à vingt carillons, ce qui est assez invraisemblable. Cela devait être une ville pleine de musique céleste. Actuellement il en reste encore quatre. Très peu de grandes villes peuvent s’enorgueillir d’un patrimoine aussi important. Lorsque João V apprit qu’un ‘carrilhão’
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(portugais pour ‘carillon”) pouvait jouer des airs connus à chaque moment de la journée, il fut bouleversé. Voilà ce qu’il voulait à tout prix. La légende raconte qu’il demanda le prix. Les liégeois sentirent que la chance leur souriait et répondirent par un prix astronomique de 400.000 réis. Les ministres et les courtisans avisèrent le roi de ne pas acheter ce carillon car c’était beaucoup trop cher. Le roi ne les écouta pas et aurait dit simplement : ”Je ne savais pas que c’était si bon marché, j’en veux deux”. De ce fait, il acheta deux horloges de tour et deux carillons. En plus, et cela était du jamais vu, les horloges de Mafra sont les seules à avoir chacune deux tambours. Nulle part au monde on retrouve un mécanisme musical aussi étendu. Qui de plus est, il ne s’agissait pas de simples tambours mais de ‘tambour à double voie’ (tambour ‘sautant’, Trad), une invention flamande de l’horloger Henricus Joltrain. Cette invention ne datait que de 1712. En réalité la commande d’horloges, tambours et carillons par João V, fut la plus grande commande horlogère jamais faite au monde. L’horloger qui reçut cette commande n’était autre que Gilles I de Beefe.
Gilles de Beefe comme organisateur Après la signature de l’accord entre Gilles I de Beefe et le roi du Portugal plus de cent ouvriers furent recrutés à Liège et environs pour entamer ce travail gigantesque. Le jésuite Adrien Lochtenbergh de Cambrai fut nommé responsable de l’administration. Il s’occupait des contrats à établir, il devait embaucher des ouvriers qualifiés, chercher et louer des hangars, acheter des matériaux pour les forgerons et organiser le transport vers le Portugal. Ce ne fut pas le travail qui manqua. Adrien Lochtenbergh dirigea cette administration depuis le domaine ‘Fleur de Lys’ à Liège. C’est sans doute aussi dans cette propriété que furent fondus les quatre tambours et que les horloges ainsi que toute la machinerie et tringlerie pour les carillons furent construits. L’exécution des tambours était un travail difficile et de longue haleine. Il fallait préparer tout pour la fonte et espérer que le tambour ait la bonne forme et soit d’épaisseur égale et sans défauts. Puis on devait s’occuper de graver de belles lignes droites pour connaître l’emplacement et le nombre exact des trous à forer. Ensuite il fallait forer des milliers de trous. Ces trous ronds étaient limés avec beaucoup de patience afin de parvenir à obtenir un trou carré. Après tout ce travail, il fallait encore polir le tambour afin qu’il brille de mille feux. Ce n’était pas tout : on devait forger les broches ou chevilles qui seraient fixées dans les trous. Pendant ce temps, d’autres forgerons fabriquaient les roues, limaient les dents, travaillaient le fer forgé, le cuivre et le bronze. Un travail collosal. On peut comprendre que tout ceci attirait les badauds qui venaient observer avec beaucoup d’intérêt ce qui se passait sur le domaine.
En ce moment (2019) on entame enfin la restauration de ce patrimoine inouï. L’horloger lyonnais François Simon-Fustier qui fut appelé au chevet des horloges du Palais Royal de Mafra au Portugal en 2018, a repertorié 3327 pièces différentes, sans compter les chevilles pour les tambours. Gilles, surchargé de travail, prit contact avec deux fondeurs de cloches pour les carillons, bien qu’il fut lui-même fondeur. Il s’adressa au fondeur anversois de grande renommé Witlockx ainsi qu’au liégeois Levache pour fabriquer les cloches des deux carillons afin que tout soit prêt à temps. Entre-temps Gilles devait aussi préparer l’équipe qui l’accompagnerait au Portugal. Cette équipe était composée d’une trentaine de personnes de métiers différents allant de forgerons à carillonneurs, tous spécialisés dans un domaine bien précis. Les horlogers Joseph Croisier et Arnold de Neve ainsi que le musicien François de Neve étaient également du voyage. Pour se rendre au Portugal, un sauf-conduit leur fut délivré le 28 août 1733 par les ’Mayeur Bourguemaîtres’ et policiers des Hauts Sars de Herve, Charneux, Thimister et Chaineux du quartier wallon du pays et duché de Limbourg sous la domination de sa Majesté impériale et catholique. Ce document spécifie entre autres que les sieurs Gilles et Nicolas De Beefe frères sont enfants légitimes du feu sieur François De Beefe et de la demoiselle Clémence Jamin ( Jean François Gérard Bassompierre et les “Infortunes de la vertu”, Philippe Vanden Broeck, pp.214-221).
La bibliothèque de Mafra
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Le 28 août 1733 François de Neve souscrivit un ‘Acte d’engagement du Sieur De Neve musicien pour le Portugal’ avec Gilles I de Beefe : • 1° - Cejourdhuy 28 aout 1733 devant moy notaire Royale admis et approuvez par le conseil souverain de sa majestez ordonnez en Brabant resident dans le banc de Tismister au Quartier Walon du Pays et duchez de Limbourg terre de sa majestez imperiale et catholique comme duc de Brabant, et en presence des temoins au pied de cette denomez sont personelement comparut le reverend pere Lochtenberg de la Compagnie de Jesu en île a Liege, comme constituez de son excellence le compt de Mendoza d’une part, le Sr de Neve musicien d’autrepart lequel second comparant voulant bien entreprendre le voiage de Portugal at iecluy convenu avec le premier, comme il fait par le present, suivant quoy il promet et s’engage pour partir pour le Portugal avec les horloges de tours a carillon construite par le Sr Gille de Beefe icy a Liege parmy et moien de la somme de quatre cents escus annuellement, paiable a iceluy de mois en mois ens lois a commencer le jour de son depart de ce lieu la, au dela des frais de voiages d’aler et revenir desquels le dit second comparant en serat affranchit moiennant quoy le dit Sr de Neve serat obligez de transporter les aires, les arranger, et les denomer convenables aux tambours, cloches, et marteau des dites horloges, apres que les marteaux et cloches seronts disposees selon qu’il aurat jugez le plus convenable a quoy il deverat apporter tous ses soins tout et quant fois il en serat requis par le dit Sr de Beefe ou de sa part
• 2° - Serat iceluy second comparant obligez d’examiner les hymnes luy mises ens mains, contrepointez ou pas lui permis et obligez de les changer et contrepointer selon qu’ils conviendront pour le plus grand avantage avec le dis Sr Debeefe et François Debeefe son fils avec quels il serat obligez d’entretenir une bonne correspondance, et harmonie afin que le service de sa majestez le Roy de Portugal n’en soit pas atlterez en s’adouvrant a iceux autant que de besoin, afin qu’aucune confusion ne vienne entre un et l’autre • 3° - Lorsqu’il serat dispensez de raquer a l’emploit cy dessus comprimez il serat obligez (en étant requis de la part de sa dite majestez) d’assister et chanter à la musique ordonnée • 4° - Le dit Sr de Neve deverat rester en Portugal si longtems qu’au cas appartiendrat pour avoir placez et arrangez les dits carillons. • 5° - Le meme serat obligez a son depart de Portugal d’ensignes de bonne foy la methode qu’il et science qu’il at a l’effect que dessus a tels musiciens a ce intelligents qu’il plairat a sa majestez luy denomez et cela sans aucune dissimulation. Conditionez que seront paiez au dit second comparant par assignation du dit premier comparant avant son départ a compte de ses gages une somme de cent et cinquante escus, et lors qu’on aurat icy a Liege nouvelle de son arrivée au Portugal seront icy payez sous la meme assignation cinquante autres escus a son epouse a deduire les dittes ommes de la premiere année hors des appointements du dit Sr de Neve ce que par partie at estez ainsi acceptez, ainsi fait et passé les jour mois et an que
La tour sud se trouve à gauche, la tour nord à droite
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dessus a La Fleur de Lys lez Liege en presence du Sr Jean Joseph Lafontaine pretre, du Sr Louis Fauville temoins a ce rquis et appelez Adrien Lochtenbergh, Nicolas François de Neve, J. Joseph Lafontaine pr., Louis Fauville. Qoud attestor Mr Delhez Ce contrat en ancien français décrit la tâche et le travail du musicien de Neve. Celui-ci sera obligé de résider au Portugal pendant l’installation des carillons. Il devra tout contôler, placer les chevilles sur le tambour et aussi adapter la musique si nécessaire. En plus, il devra enseigner ses connaissances aux musiciens locaux afin qu’ils puissent continuer son travail après son départ. Pour tout ce travail, de Neve fut bien payé. Il reçut 400 écus pour accompagner les horloges et les carillons à Mafra. Pour ses frais supplémentaires, il encaissa 150 écus en supplément. Quand on sait qu’à l’époque un ecu équivalait à 30 grammes d’argent, on peut estimer que de Neve gagna 12 kilos d’argent (400 x 30gr), avec en surplus pour ses frais encore 4,5kg d’argent. On a écrit que Gilles était parti pour Mafra en compagnie de son frère Nicolas mais plusieurs textes (dont ceux du liégeois André Thiry) mentionnent que Gilles était parti en compagnie de Jean Debefve, son cousin, qui aurait remplacé Nicolas pour une raison à ce jour inconnue. Gilles avait également emmené son fils François. Ce dernier était un fils de sa première épouse Marguerite De Stocquis, décédée à Liège le 3 décembre 1727. François fut engagé à Mafra comme carillonneur. Le jeune François devait jouer au carillon et apprendre aux portugais la musique et la technique du jeu de carillon. L’accord stipulait “françois de beefe serat tenu et obligez de fidelement enseigner son art de toucher le carillon a de tels personnes qu’il plaira à sa majestez”. François reçut pour cela une somme annuelle de 400 écus ou l’équivalent de 12 kilos d’argent, ce qui était un montant considérable pour le jeune François, baptisé à Liège le 4 décembre 1718 et qui à ce moment n’avait même pas 15 ans. Si Gilles I de Beefe put se permettre de payer généreusement ses aides c’est qu’il était luimême rénuméré royalement par le roi João V.
Les horloges sur les tours sud et nord de Mafra Les tours de Mafra ont chacune une hauteur de cinquante mètres. Chaque tour comporte quatre étages. Au premier niveau, on trouve la chambre des horloges et des tambours, le deuxième niveau héberge le carillon. Au troisième niveau pendent les cloches dites ‘liturgiques’ ou cloches qui servent aux besoins de l’église. Le quatrième niveau abrite la grande cloche qui sonne l’heure. Dans chacune des deux tours de la basilique on peut admirer une horloge complète de Gilles I de Beefe, l’une et l’autre à l’arrêt depuis respectivement 1960 et 1990. L’horloger liégeois n’a certainement pas pu construire ce qu’il voulait car il était limité par le volume restreint dans la tour. L’emplacement réduit fait que les horloges occupent quasiment tout l’espace. Réparer ou régler l’horloge est donc difficile vu l’exiguïté des lieux. On comprend dès lors que dans cette chambre d’horloge étroite il est impossible de prendre de bonnes photos de l’horloge complète. Ces horloges ornées de magnifiques décorations furent construites à Liège et ensuite transportées à Mafra. A quelques détails près, les deux horloges sont identiques. Elles ont une hauteur de 310 cm et une superficie de 385 cm x 410 cm. Tout est forgé à l’exception de quelques roues. Tous les roulements sont en bronze, les rayons des roues sont fourchus. L’horloge se compose de quatre piliers d’angle, reliés en haut et en bas par un cadre rectangulaire en fer forgé et retenus par des goupilles forgées. Chaque pilier se termine par un chapiteau corinthien. ‘La maquina’ est richement décorée et s’enorgueillit de deux grandes statues en bronze. Une des deux statues représente un ange qui soutient d’un bras une tige reliée au cadran. Chaque mouvement d’horloge est équipé d’une sonnerie pour sonner les heures et le délai. Naturellement ces horloges de tour sont reliées chacune aux deux tambours. Le mouvement à ancre a un balancier réglable de 386 cm.
Dessin schématique des horloges
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Pourquoi deux horloges et deux carillons Comment comprendre l’installation à Mafra de deux horloges à sonnerie et à carillon, séparées de seulement quelques mètres ? Peut-on concevoir que les sonneries et carillons ont fonctionné en même temps ? Les coups des heures auraientils sonné simultanément ou justement pas, les airs de musique se seraient-ils embrouillés et par conséquent aurait-on entendu une cacophonie de dissonances ? On peut supposer que pendant une certaine période les deux horloges furent en fonction mais qu’on avait coupé la sonnerie et le carillon d’une des horloges. D’un autre côté, il est possible qu’on fit jouer un carillon pendant qu’on remettait de nouvelles mélodies sur les tambours de l’autre horloge en changeant la position des chevilles. Pourquoi toutes ces complications ? Le roi voulait-il entendre chaque jour le plus de musique possible ? João V craignait-il qu’une des horloges ne tombe en panne ? Est-ce la raison pour laquelle il avait prévu une horloge en réserve afin de s’assurer de connaître l’heure à chaque instant ? Cela fait penser aux chinois et les montres émaillées des horlogers Bovet et Edouard Juvet du début du 19ième siècle qui étaient toujours vendues par paire afin de toujours disposer d’une montre en réserve. En mettant une horloge à carillon à une cinquantaine de mètres d’une autre horloge à carillon, le palais de Mafra peut être considéré comme unique au monde.
Le système de remontage de l'horloge sud
L’horloge de la tour sud à carillon de Witlockx La basilique de Mafra a une tour sud et une tour nord. Si on se trouve devant le palais, la tour sud se situe à gauche et la tour nord à droite. L’horloge de la tour sud a deux cadrans. Un cadran est orienté vers la place publique devant la basilique, l’autre vers l’intérieur du palais ou monastère. Chaque cadran n’a qu’une aiguille et indique les six heures, ce qui fait que l’aiguille fait quatre tours en 24 heures. Cette méthode est nommée ‘alla romana’ parce que l’organisation du temps par périodes de six heures était d’origine romaine. La tour nord par contre a un cadran à douze heures. Le style et la forme de tous les cadrans restèrent longtemps à la mode au Portugal. L’horloge est composée de 5 parties : 1. le mouvement 2. la sonnerie pour les heures 3. la sonnerie pour les quarts 4. la sonnerie et le carillon pour les heures 5. la sonnerie et le carillon pour les quarts Les deux sonneries ont un délai sur deux cloches différentes. La sonnerie de l’heure utilise la grande cloche. Les quarts sont sonnés par une mélodie, suivie d’un seul ‘bim bam’ pour le premier quart, pour la demi-heure d’un double ‘bim bam’ et pour le troisième quart d’un triple ‘bim bam’. L’heure a une mélodie plus longue, suivie d’un quadruple ‘bim bam’. La sonnerie de l’heure est à nouveau suivie d’une autre,
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L'échappement à ancre de la tour sud
La roue de compte
longue mélodie. Quatre roues à remonter ont été prévues car le remontage des coups ‘bim bam’ et de la sonnerie se fait simultanément. Pour le remontage des deux tambours, Gilles de Beefe a prévu une roue de remontage d’un diamètre d’environ un mètre. Pour remonter entièrement cette roue on est obligé de faire au minimum dix-sept tours. On raconte qu’à Mafra pour remonter toute la machinerie, on disposait d’une équipe de vingtquatre personnes. Le carillon automatique est couplé aux deux tambours en bronze d’une longueur de 237 cm et d’un diamètre de 170 cm. La force motrice se fait par des poids en plomb d’environ 880 kilos. Chaque tambour possède un clavier de quatre octaves. Les tambours sont actionnés par le mécanisme de l’horloge. il est possible de les déconnecter de l’horloge afin qu’ils puissent tourner à tout moment. Lorsque les tambours jouent automatiquement (donc quand ils sont connectés à l’horloge) le tambour sud joue les mélodies de l’heure tandis que le tambour nord celles des quarts. Les horloges de Mafra disposent de tambours à rangées doubles. C’est l’horloger anversois Hendrik Joltrain, décédé en 1728, qui a construit le premier ‘tambour à double rangée’ (en néerlandais ‘springtrommel’ ou tambour ‘sautant’). Il plaça pour la première fois ce nouveau tambour dans la tour de l’église SintGummarus à Lierre en 1712. En 1715, il en installa également un à Middelburg aux Pays-Bas, qui malheureusement fut détruit par les bombes allemandes en 1940. Ce nouveau modèle de tambour pouvait être déplacé de quelques centimètres afin qu’on puisse employer une rangée de trous supplémentaires intercalés. Ce nouveau système permettait de faire entendre sur le même tambour le double nombre de mélodies. Chaque tambour faisait donc deux tours complets par heure. Les tambours construits par Gilles I de Beefe, sont légèrement différents de ceux de Joltrain mais le principe reste le même. Sur le tambour des quarts il y a huit mélodies différentes mais en reculant le tambour on dispose de seize mélodies. Le tambour des heures, avec les mélodies des heures plus longues, pouvait jouer deux mélodies différentes mais grâce au nouveau système, il avait la possibilité d’en jouer quatre. Au total les deux tambours de cette horloge permettaient donc de jouer vingt airs différents. Ainsi on avait le choix parmi une grande variété de mélodies et le répertoire pouvait être modifié à la demande. En effet, la possibilité existait de changer les chevilles (en somme les notes) sur les tambours. Cela se faisait régulièrement selon les grandes fêtes catholiques de Pâques, Noël, semaine sainte ou la visite à la ville du roi ou du cardinal. Naturellement il y avait les autres festivités et réjouissances de la ville qui demandaient une musique appropriée et une adaptation des chevilles sur les tambours. Cette adaptation des tambours était un travail contraignant, qui exigeait de la précision et qui souvent était de longue durée. Après le placement de la cheville adéquate (il y avait différents types) au trou correspondant, chaque cheville devait être attachée. Ce travail ne devait pas être une sinecure. Bien que Gilles I de Beefe fût fondeur de cloches, il fit fondre les carillons de Mafra par deux fondeurs différents. Gilles I luimême avait les mains pleines avec la construction des tambours, Les deux majestueuses statues en bronze dans l'horloge sud
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Détail d'une cloche de Witlockx d'Anvers (Antverpia) 1723
Vue sur les deux tambours de la tour sud
des horloges et toute la tringlerie. Il ne disposait pas de suffisamment de temps pour fondre encore deux carillons. C’est l’anversois Willem Witlockx (1669-1733) qui a fondu le carillon de la tour sud. Witlockx était originaire de Moergestel près de Tilburg au sud des Pays-Bas. Il avait quitté son pays pour devenir fondeur de cloches à Anvers. Ce ne fut que vers 1710-1711 qu’il se consacra vraiment à la fonte de cloches. Sa nomination en qualité de directeur de la Fonderie Royale d’Artillerie à Malines lui offra beaucoup de prestige. Comme fondeur de cloches il a presque dominé à lui seul le marché des carillons entre 1711 et 1730. C’est lui qui a fondu les carillons d’Ostende (1714), de la basilique du monastère de Grimbergen (1716), de la tour du beffroi à Tirlemont (l’église Sint-Germanus). Aux Pays-Bas à Breda il a fondu les carillons de l’hôtel de ville (1723) et de l’église Notre-Dame (1724). Les deux seuls carillons qui ont survécu jusqu’à ce jour sont ceux de Mafra et de Tirlemont. Le carillon tirlemontois est le seul carillon de Witlockx au monde qui joue quotidiennement (tambour automatique). En plus, chaque dimanche on a le plaisir d’entendre à midi un concert joué par l’excellent carillonneur Luc Rombauts. On peut encore ajouter que ce carillon est le plus grand de Belgique avec ses 54 cloches. Witlockx n’a jamais eu le plaisir d’entendre jouer son carillon ‘portugais’, car il est mort en 1733, l’année où ses cloches furent installées dans la tour à Mafra. Son carillon fut donc placé après celui de Levache. La cause : un problème de transport ! En effet, lors de l’embarquement des cloches à Anvers, le capitaine du bateau refusa de larguer les amarres. Il s’opposa même à charger les cloches parce qu’il avait peur que les cloches ne se déplacent dans la cale du bateau en bois et puissent ainsi l’endommager. En conséquence, il demanda à être payé plus pour ce risque. Après les pourparlers nécessaires et les dédommagements éventuels à payer, le bateau arriva trop tard à Mafra pour l’inauguration par João V du palais royal et de la basilique. Les 47 cloches de Witlockx, dont le bourdon ou la cloche au son le plus grave pèse environ neuf tonnes, sont toutes signées : GUILHELMUS WITHLOCKX ME FECIT ANTUERPIA ANNO DOMINI MDCCXXX. Les carillons de Witlockx et Levache pesaient chacun environ 44 tonnes. Selon une lettre du consul français au Portugal les deux carillons auraient coûté la somme de 50.000 pièces en or.
Les premières restaurations
Décoration en bronze d'un des deux tambours de la tour sud
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Le carillon de Witlockx du palais de Mafra fut restauré une première fois en 1926 par François Somers de Malines sur recommandation du carillonneur et grand innovateur de carillon belge, Jef Denijn. Après cette restauration, il ne pouvait se jouer que manuellement. Par conséquent, les deux magnifiques tambours se retrouvèrent donc au chômage. En 1986, le carillon fut restauré une seconde fois par l’entreprise néerlandaise ‘Koninklijke Eijsbouts’ recommandée par André Lehr et Jo Haazen. Ce dernier fut carillonneur de la ville de Malines de 1981 à 2009 et également (1981 – 2010) directeur à Malines de ‘L’Ecole Royale du Carillon Jozef Denyn’. En 2001, on décida à Mafra pendant le ‘13ième Cycle International du Carillon’ de ne plus donner de concerts sur le carillon, en raison de l’état dangereux de la tour :
les poutres étaient pourries et la rouille s’était répandue un peu partout dans la tour. En 2014, les carillons de Mafra furent repris sur la liste de l’Unesco des sept sites en péril en Europe. En 2017 l’état des horloges, des tambours et des carillons de Mafra finit par prendre des proportions décourageantes. Dans la tour nord la situation est déplorable. Le carillon de Levache ne joue plus depuis des décennies et les tambours et l’horloge sont hors service. Le délabrement est inimaginable pour un tel chef-d’œuvre : les cloches lézardées ou fêlées, les marteaux cassés ou atteints par la rouille, l’horloge en mauvais état et les tambours dégradés. S’aventurer dans la tour est un grand risque. Voilà vraiment un chef-d’œuvre en péril. L’état de la tour sud est un peu moins préoccupante mais il y a, comme dans l’autre tour, des problèmes de stabilité. L’horloge a été repeinte ce qui a diminué fortement la rouille ou la corrosion du bronze par le vert-de-gris. Un travail énorme reste à accomplir pour remettre le tout en état, mais la merveille de Gilles de Beefe en vaut plus que la peine. Le 7 juillet 2019 pendant la ‘43ième session de la commission pour le patrimoine mondial de l’UNESCO’ à Bakou en Azerbaïdjan, six nouveaux sites culturels furent inscrits sur la ‘Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO’ dont le Palais de Mafra. Le texte officiel mentionne : “Édifice royal de Mafra - palais, basilique, couvent, jardin du Cerco et parc de chasse (Tapada) - Portugal”.
Cadran à douze heures de la tour nord
La dernière restauration En 2018, l’horloger lyonnais François Simon-Fustier fut appelé au chevet des horloges du palais royal de Mafra. Dans son atelier de Caluire (Rhône), on découvre une salle informatique d’un genre particulier. Avec son ingénieur informaticien, François modélise en 3D, à l’aide du concept ‘Chronovision’ qu’il a mis au point, les mécanismes horlogers les plus sophistiqués. Ce logiciel a servi à dessiner l’horloge de Leroy de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert et à restaurer l’horloge du château de Vaux-le-Vicomte. Cela lui a valu le prix Artinov de l’innovation artisanale. Depuis juin 2018, François Simon-Fustier et ses associés modélisent, en vue de leur rénovation, les horloges construites par Gilles I de Beefe. Ce sont des horloges monumentales de 80 m³ chacune, qui agissent sur environ une centaine de cloches. Ceci exige un incroyable travail de recensement et de cotation des pièces des horloges de Mafra, tant des pièces sur place que des pièces cassées ou même manquantes : “Il est impossible de les coter au laser, car on ne peut pas tourner autour”, confie l’horloger. “On travaille donc à l’ancienne, au pied à coulisse, pour dessiner une à une les 3327 pièces des horloges”. Une tâche d’une grande complexité pour ceux qui doivent restaurer, mais le travail de Gilles I de Beefe était encore plus difficile, plus complexe et énorme parce qu’il devait imaginer, construire et placer ces horloges à tambours, carillons et tringlerie dans un pays et - à ne pas à sous-estimer - un climat inconnus. La suite du travail s’effectue en son atelier à Caluire, avec ses jeunes équipiers, où est constituée une véritable bibliothèque de pièces et où les horloges seront ensuite remontées virtuellement par infographie afin d’être représentées en 3D. Mais il s’agit aussi
L'horloge de la tour nord. A remarquer à gauche et à droite les deux chapiteaux corinthiens
La roue de compte
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de créer une série impressionnante de guides d’apprentissage, destinés à aider les artisans qui procéderont à l’étape suivante : le nettoyage, la réparation, le remontage et la remise en fonction des horloges et carillons de Mafra. “Elles devraient fonctionner d’ici l’été 2019”, estime François Simon-Fustier qui a la chance de pouvoir travailler aux chefs-d’oeuvre de Gilles I de Beefe.
L’horloge de la tour nord avec le carillon de Levache L’horloge de la tour nord a également deux cadrans, mais ils affichent une indication de douze heures. L’unique aiguille fait deux tours en vingt-quatre heures. L’horloge se compose de cinq parties et est quasiment identique à celle de la tour sud. Les horloges se retrouvent toutes les deux dans un espace restreint et étroit. Les deux mouvements ont un délai sur deux cloches différentes et une sonnerie de l’heure sur la grande cloche. La cloche de l’heure de la tour nord pèse 13.500 kg. Les deux tambours en bronze ont une largeur de 237 cm et un diamètre de 190 cm, ce qui fait qu’ils sont un peu plus grands que ceux de la tour sud. Le tambour de la partie nord sert aux quarts et peut glisser en deux positions. Dans cette tour nord on trouve le carillon de 1730, fondu par Nicolas II Levache. Il se fait que les cloches de Levache furent à pied d’œuvre avant celles de Witlockx. Après le débarquement, le carillon de Levache fut conduit sur des charrettes à boeufs vers l’église de Santo Antao do Tojal (Loures, Portugal) où les cloches furent consacrées une première fois par le patriarche de Lisbonne. La caravane de charrettes avec les cloches, la tringlerie, les bronzes et les pièces en fer forgé, était accompagnée par deux détachements d’infanterie de 400 soldats sous la conduite de Max Carvalho. Les soldats devaient surveiller le transport et
Cloches de Levache. On remarque au fond la construction qui aide à soutenir le carillon
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aider à maintenir les cloches sur les charrettes car les chemins étaient fort cahoteux. En même temps, ils tenaient à distance les spectateurs émerveillés par tant de bronzes étincellants. Ceci formait un cortège extraordinaire, jamais vu au Portugal. Les dix premières cloches arrivèrent à Mafra le 21 septembre 1730. Ce ne fut certainement pas trop tôt. Gilles I de Beefe et son équipe travaillèrent jour et nuit pour préparer l’inauguration du palais à l’occasion de l’anniversaire du roi le 22 octobre 1730. Ils ne disposaient que d’un mois pour suspendre les cloches dans la tour et préparer toute la tringlerie et la connexion à l’horloge. Quoi qu’il arrive, le carillon de Levache devait être en état de jouer le 22 octobre. Le jour historique de l’inauguration du palais et de la basilique, tout fut prêt et il n’y eut aucun problème. On entendit le carillon de Levache même si tout le travail préparatoire avait dû se faire en vitesse, de façon provisoire. On raconte que le carillon de Levache n’a joué qu’une seule fois et que ce fut le jour de l’inauguration. Que s’était-il passé? Les cloches de Levache étaient de qualité médiocre et d’un son misérable. Elles sonnaient faux et faisaient mal aux oreilles. Levache n’avait pas été en mesure d’accorder ses cloches : un drame pour son beau carillon. Plus tard, on remarqua que presque toutes les cloches de Levache étaient trop lourdes et donc inadaptées. Ce fut une mauvaise affaire pour Levache car un fondeur était payé pour un poids convenu d’avance. Jamais on a restauré le carillon ni accordé une nouvelle fois le carillon ! Une triste histoire pour ce qui aurait dû être un chef-d’oeuvre. Ce carillon, dont la plus lourde cloche pèse huit tonnes, se tait déjà presque trois siècles. L’horloge de la tour nord est également en mauvais état et ne fonctionne plus depuis des années. Toutes les cloches sont signées : NICOLAUS LEVACHE LEODIENSIS ME FECIT ANNO DOMINI MDCCXXX
Nicolas Levache
Mafra aujourd’hui
Nicolas II Levache était né à Dinant en 1698. Son père Pierre Levache (1664-1734), était déjà fondeur. Comme fondeur de cloches, il jouissait d’une réputation dépassant les frontières de la principauté de Liège. Il fournit des cloches à la collégiale SaintMartin de Liège (1717), à l’église Saint-Nicolas d’Outremeuse (1726), à l’église Sint-Agatha de Beringen (1727). La grosse cloche du couvent des Récollets à Liège est également de lui. Certains écrivains affirment qu’il aurait aussi fondu les cloches du palais royal de Belem au Portugal. Jean-Baptiste Levache (1708-1742), le frère de Nicolas II, a fondu le carillon de Nimègue aux Pays-Bas en 1735. Il y eut des problèmes causés par la piètre qualité des cloches dissonantes. En 1741 il fournit les cloches manquantes au carillon de Liège Sainte-Croix, avant de mourir prématurément en 1742 (Cloches et Carillons). En 1730 Nicolas II Levache avait déjà fondu le carillon de Douai en France, quand il reçut la commande pour Mafra. Levache se rendit à Mafra pour contrôler le placement du carillon. Il y resta et épousa une portugaise. En 1732 Nicolas II Levache dirigea une fonderie de cloches et d’artillerie à Lisbonne, créée par le roi João V. Nicolas II Levache a exécuté plusieurs commandes pour le roi João V dont la grande cloche de l’Église Patriarcale. L’historien et écrivain portugais Verissimo Serrao écrit dans son ouvrage ‘Histoire du Portugal’ : “une fonderie près du Campo de Santa Clara, dirigée par le français (sic) Nicolas Levache”. Antonio Rodrigues Lages note en 1769 dans son traité manuscrit ‘La sonorité Sacrée Restaurée’ que la cloche du palais royal était l’œuvre : “d’un maître des Pays-Bas (sic 2) célèbre, Nicolas Levache, un étranger qui était très expérimenté en ce domaine (Trad)”. On suppose que Nicolas II Levache est mort en 1732 car le 9 octobre 1732 François De Neve déclare dans une convocation de Gilles I de Beefe “que la veuve Levache se plaignait du fait qu’elle aurait mieux fait de se faire payer avant que les cloches n’embarquent pour le Portugal parce que l’horloge de Gilles de Beefe ne serait pas terminée avant trois ans (Trad) (De contracten voor Mafra, p. 20)”. Il y avait donc une mésentente, sans doute financière, entre la veuve Levache et Gilles I de Beefe en 1733.
La commande des horloges et des tambours pour Mafra a été de loin la plus grande de l’histoire horlogère. Gilles I de Beefe a tout construit lui-même, à l’exception des deux carillons. Par contre, il était responsable pour l’installation des carillons, la tringlerie et le fonctionnement des carillons de Levache et Witlockx. Il serait malvenu de reprocher le carillon lamentable de Levache à Gilles I de Beefe. Tout ce qu’il a réalisé à Mafra est extraordinaire et incomparable. Jamais on n’avait construit une horloge à deux tambours, capables de jouer vingt mélodies différentes. Depuis, aucune autre horloge de tour à deux tambours ne fut construite ! A Mafra il y avait même deux horloges équipées chacune de deux tambours : une sorte de juke-box avant la lettre. L’ingéniosité et les connaissances techniques de Gilles I de Beefe devaient être hors normes tout comme sa persévérance et sa ténacité. Il surmonta les problèmes considérables comme les transports par route et par mer, travailler dans un pays étranger sans parler le portugais, assumer les entrevues avec les responsables portugais, la coordination à Mafra des ouvriers qui devaient exécuter un travail dans un climat inconnu et tout cela avec une seule ambition : réaliser le rêve de João V. Lors du décès de João V en 1750, aucun lieu n’était plus approprié pour ses obsèques que la basilique de Mafra. Le service funèbre solennel de la reine Anne d’Autriche en 1754 eut lieu dans la même église. La basilique est joliment restaurée, tandis que le palais l’est partiellement. Il y a un musée où beaucoup reste encore à faire, ne fut-ce qu’informer le public. Il est incompréhensible que lors d’une visite en 2017 aucun guide ne connaisse le nom de Gilles de Beefe et que l’on doive constater dans la boutique du musée que le nom de cet horloger liégeois est totalement inconnu, qu’aucun livre présent ne mentionne les chefs-d’œuvre réalisés par de Beefe. On attend donc avec impatience la restauration des deux carillons, des horloges et des tambours afin de pouvoir lire l’heure sur les tours, d’entendre sonner l’heure et de profiter de la musique des carillons (à condition que celui de Levache soit remis en état !).
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Gilles I de Beefe et la cathédrale de Lisbonne Le roi João V fut tellement enchanté des horloges, carillons et travaux réalisés par Gilles I de Beefe à Mafra, qu’il lui confia en 1738 une nouvelle mission : la construction d’une horloge de tour à automates ainsi qu’un carillon pour la cathédrale de Lisbonne. Ce travail fut également mené à bien. Gilles I fonda lui-même les cloches et le tambour. Quant à l’horloge, elle n’avait qu’une aiguille et disposait d’un mécanisme grâce auquel on pouvait, à chaque heure, voir surgir par une fenêtre une statue. A midi et à minuit apparaissaient les douze apôtres. Gilles plaça lui-même l’horloge et les automates à Lisbonne. Malheureusement on ne connaît que très peu de cette horloge et des automates. Dix-sept ans après l’inauguration, le tremblement de terre de Lisbonne du 1er novembre 1755 détruisit la cathédrale, ainsi que l’horloge et le carillon. Ce tremblement de terre fut extrêmement dévastateur et est considéré comme un des séismes les plus meurtriers de l’histoire. Selon les sources, on dénombra entre 50 000 et 70 000 victimes parmi les 275 000 habitants. Les secousses furent suivies par un tsunami et des incendies, qui détruisirent la ville de Lisbonne dans sa quasi-totalité. Le tremblement de terre frappa au matin de la fête catholique de la Toussaint, le 1er novembre. Les églises étaient pleines au moment où se déclenchèrent des tremblements successifs. Le séisme a tué des milliers de croyants. Des sources contemporaines indiquent que trois secousses distinctes se produisirent pendant une dizaine de minutes, causant de larges fissures (jusqu’à cinq mètres) qui dévastèrent la ville. Les survivants se ruèrent vers les espaces ouverts en supposant qu’ils seraient en sécurité sur les quais du port. Là, ils assistèrent à un reflux de la mer comme ils n’en avaient jamais vu, laissant à nu des fonds marins où s’échouèrent et se disloquèrent des navires perdant leurs marchandises. Plusieurs dizaines de minutes après le séisme, un énorme tsunami avec des vagues d’une hauteur de cinq à quinze mètres submergea le port et le centre-ville, situés au bord du fleuve Tage. Lisbonne ne fut pas la seule ville portugaise affectée par la catastrophe, toute l’Algarve fut fortement touchée. Les secousses du séisme furent ressenties partout en Europe, jusqu’en Finlande et en Norvège. Chose incroyable - en 1755 on parla même de miracle - Mafra n’avait presque rien ressenti et fut épargné.
La cathédrale de Lisbonne avant 1902, déjà avec la reconstruction de l'horloge de Gilles de beefe
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D’autres régions furent également fort touchées comme l’Andalousie et la Galice dont les ports principaux comme Cadix, Séville et La Corogne furent tellement détruits que le commerce maritime mondial s’en trouvera bouleversé. Le trafic avec les Amériques s’opérant dorénavant depuis les ports d’Europe du nord. Ceci eut pour conséquence la perte de la suprématie maritime de l’Espagne sur l’Atlantique. Le tremblement de terre eut par ailleurs raison des principaux édifices religieux de Lisbonne, en particulier la cathédrale Santa Maria Maio. L’horloge, le carillon et les automates, chefs-d’œuvre de Gilles I de Beefe furent perdus pour toujours. Cette période noire est à l’origine de la citation du futur marquis de Pombal : “Maintenant? Enterrez les morts et nourrissez les vivants”. Ce séisme du 1er novembre 1755 eut une importance capitale pour la sismologie car il est à l’origine de la naissance de la sismologie, la science et la connaissance des séismes.
Le cadran à une aiguille, comme sur les horloges de Gilles de Beefe à Mafra
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La famille d’horlogers de Beefe Les horlogers de Beefe à Liège et environs La majeure partie des horlogers ‘de Beefe’ habitaient aux environs de Liège mais en réalité ils se sont dissiminés de Thimister à Liège, Malines, Maastricht et Aix-la-Chapelle. Ce clan de Beefe comptait environ une vingtaine d’horlogers. A vrai dire tous ces horlogers n’ont pas eu la même importance mais quelques-uns d’entre eux méritent plus d’attention (voir l’arbre généalogique). Nicolas I de Beefe (1691-1767) a été baptisé à Thimister le 31 janvier 1691 comme fils de François Clos Polis de Befve et Clémence Gillis Jamin. En 1733, il épousa Jeanne Groutars. A ses débuts, il travailla dans l’atelier de son père François De Befve (1663-1730) à Thimister. De 1741 à 1763 il fut horloger de la ville de Malines. En 1763 il eut comme apprenti Petrus Johannes Ba(a)rda (1742-1810), un horloger néerlandais qui devint plus tard maîtrehorloger et qui fut également doyen de la corporation des horlogers à La Haye de 1773 à 1787. Il est difficile de faire la distinction entre les horlogers Aegidius Nicolaas et Nicolaas.
Franciscus Josephus de Beefe, né à Herve le 21 mai 1736, était le fils de Jean de Beefe (°Thimister 18/11/1674). Franciscus s’est marié à Malines le 28 novembre 1767 avec Maria Theresia de Vos. Dans ‘Wekelijks Bericht’ du 26 juillet 1795 , le tout premier journal de Malines, Franciscus Josephus est mentionné en tant que ‘Horologiemaeker’ sous la rubrique ‘Raed der Gemeynte’ (Conseil communal. Trad). Il est décédé le 26 mars 1801. François (Franciscus) de Beefe, baptisé à Thimister le 4 décembre 1718, était le fils de Gillis I de Beefe et Marguerite de Stocquis. François fut mis au courant dès son plus jeune âge des secrets de l’horlogerie et du carillon, grâce à son père Gilles qui initia son fils François au métier d’horloger. Malgré son jeune âge - il n’avait pas encore quinze ans - il fut nommé maître-carillonneur à Mafra pour les deux carillons, livrés par son père. Son salaire annuel de 400 écus, ou l’équivalent de 12 kilos d’argent, représentait un montant impressionnant pour un si jeune garçon. Il est vrai que le roi João V ne disposait d’aucun carillonneur vu qu’auparavant il n’y avait jamais eu de carillon au Portugal. François de Beefe se vit confier la tâche d’initier les
Le cadran d’une horloge de parquet de Nicolas de Beefe à Malines
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jeunes portugais à la musique et à la pratique du jeu du carillon. Ce fut un travail de longue haleine que François n’a pas vraiment pu mener à bien car il rentra prématurément au pays. Le 16 août 1745, il fut nommé ‘conducteur des horloges de la ville de Maastricht’. Il s’agissait de l’horloge de ‘Maasbrug’, celle de l’église Sint-Maarten et celle du ‘Oude Laurenspoort’ (l’ancienne porte de Saint-Laurent). Le 15 février 1747 il fut reçu en tant que citoyen de la ville de Maastricht : “François de Beefe, gebortig van Timester Lande van Limbourg, is borger afgeroepen door de bode Jacobs onder het Cremer ambagt en heeft den eed gedaan in handen van d’Heer borgemeester van Brienen desen 15 febr. 1747” ( ‘François de Beefe, né à Timester au pays de Limbourg, est proclamé citoyen de la ville par le messager Jacobs, membre des artisans et commerçants et a prêté serment dans les mains de monsieur le maire de Brienen, fait aujourd’hui le 15 février 1747 (Trad)” (Gemeentelijk Archief, Maastricht, Burgerboeken van Maastricht, inv. Nr. 918, 166-1777, V, p.335). Cette citoyenneté rapide fut certainement obtenue grâce à son mariage le 6 juin 1747 avec Barbara Catharina Pluckers (17171784), native de Maastricht. Le couple eut sept enfants dont Aegidius Nicolas et François Dennis qui devinrent horloger comme leur père. La famille habitait au centre de Maastricht dans une maison, digne d’un horloger : ‘De Clock’ ( ‘L’horloge’Trad) dans la Grande Rue 6, tout près du ‘Dinghuis’ ou le palais de justice médiéval. Le 9 novembre 1750, François fut chargé de faire l’entretien du carillon et de l’horloge de l’hôtel de ville et de l’horloge du ‘Dinghuis’ (maison typique qui abrite actuellement le ‘VVV Maastricht-Tourist Information Center’). Comme ‘horloger officiel de la ville de Maastricht’ François de Beefe gagna bien sa vie. Les écrits de Mestrom mentionnent que le salaire d’horloger de la ville a permis à François de Beefe de payer trois à quatre ouvriers pendant toute une année (Uurwerken en uurwerkmakers in Limburg,1367-1850, 1997, p. 56). A partir de 1760 il reçut 600 florins par an pour l’entretien de quatre horloges. Dans ce travail étaient compris les réparations, le remontage, la graisse et l’huile ainsi que la lumière dans la tour ! En plus il devait livrer toutes les chevilles nécessaires pour le tambour. En 1764 il répara l’horloge de l’église Sint-Martinus van Wijck à Maastricht et en 1767 il fut chargé de construire une nouvelle horloge avec carillon pour l’église Sint-Servaas, toujours à Maastricht. Au-dessus du tambour de l’église Sint-Servaas on lit : ‘pensionné de cette ville may 1769’. La cage de l’horloge en fer forgé a une profondeur de 165cm, une hauteur de 225cm et une largeur de 270cm. Dans cette cage sont logés aussi bien l’horloge que le tambour en laiton. Ce dernier fut fondu en entier. Il a une largeur de 127cm et un diamètre de 127cm. Dans le tambour on a foré 9600 trous pour y fixer les chevilles. Ce tambour se mettait en route à chaque quart pendant lequel on entendit un petit air. Le travail fut terminé vers 1769/1770. Horloge, tambour et carillon ont fonctionné jusqu’en 1955, où le feu fit rage dans la tour. L’horloge a été restaurée et peut être admirée dans le ‘Kanunnikenkelder’ de l’église Sint-Servaas à Maastricht. Il est clair que presque toute la production horlogère de François de Beefe est à situer à Maastricht, bien qu’il ait été également horloger de la cathédrale de Liège. Il signait ses horloges : François de Beefe à Maestricht. François père et son
Horloge de François De Beefe à Liège
fils François Denis ont travaillé quelques années ensemble mais François Denis s’établit plus tard comme horloger indépendant. A partir de ce moment on retrouve la signature ‘François de Beefe l’aîné’ afin de faire la différence avec son fils François Denis. François de Beefe est décédé à Maastricht et fut enterré le 14 mai 1794 en l’église Sint-Nicolaas, église qui fut démolie en 1837. François Denis de Beefe fut baptisé à Maastricht en l’église Sint-Nicolaas le 27 mars 1759. Il s’est marié avec Anna Hamel (1749-1824) et est décédé à Maastricht le 14 août 1794 (trois
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Horloge murale de ‘bonne’ (sans sonnerie mais à alarme) de Jacobus de Beefe et vue du mouvement à portes ouvertes
mois après son père François !). Deux jours après sa mort il fut enterré en l’église Sint-Martinus van Wijck (un quartier de Maastricht). Gilles II de Beefe est né vers 1712. Il était le fils aîné de Gilles I de Beefe et de sa première épouse Marguerithe de Stocquis. En 1772, il habitait Liège ‘à côté de l’Hôtel de ville’ et en 1793 au Vinâve d’Isle. En 1756, il coopéra avec son père pour réaliser le carillon de la cathédrale Saint-Lambert de Liège. Il faut remarquer que des horloges, attribuées à Gilles I, peuvent aussi être faites par Gilles II. Lors du procès qui suivit le cambriolage dans l’atelier de l’horloger gantois Jan-Baptiste van Troijen en 1768, les horlogers liégeois Paul Conrard père et fils, Jean Joseph Fourneau, Gilles II de Beefe et Jacques Wampé ont déclaré le 4 juillet 1771 chez le notaire liégeois Pierre Gerard Leonard Lenaerts “qu’ils ne fermaient jamais leurs laboratoires des compagnons horlogers et que toutes pièces et horloges restaient dans ces ateliers jusqu’à leur finition”. Gilles III de Beefe, deuxième fils de Gilles et de sa seconde épouse Marie Groutars, est né à Mafra en 1734. Il aurait été horloger mais jamais une horloge signée par lui ne fut retrouvée. Probablement qu’il aida son père, ses frères ou neveux à la confection et l’entretien d’horloges. Jean Cloes de Beefe était le plus jeune fils de Cloes Polis (baptisé en 1640) et de Catherine Gerono. Né à Thimister le 18 novembre 1674, il épousa le 12 juin 1703 Elisabeth Wiot de Charneux, un village situé près de Thimister. Le 4 mars 1721 Jean de Beefe hérita de la servitude de différentes maisons et terrains de trois personnes du village pour une somme de 286 ‘dallers’. En compensation il devait fournir à la troisième de ces personnes une horloge de parquet avant la Pentecôte. En plus, il devait donner à chacune de ces trois personnes un réveil - sans doute une horloge à reveil - dans un délai d’un an et promettre de les entretenir toute sa vie (AEL Notaire Detiège. G. C.).
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Petite horloge murale de Nicolas de Beefe à Liège
Jean François de Beefe, baptisé à Liège le 27 novembre 1739, était le troisième fils de Gilles I et Marie Groutars. Il se maria le 21 juin 1765 avec Marie Ida Ransonnet (1741-1772), fille de Jean François Ransonnet (Soumagne 11/1/1695). A la naissance d’Ida, Jeanne Ransonnet, épouse de Jacques Roland Ransonnet fut choisie comme marraine. On lit régulièrement que Marie Ida Ransonnet fut parente de l’horloger Michel-Joseph Ransonnet, mais la parenté est difficile à prouver. On remarque que la généalogie des Ransonnet est d’une grande complexité. Michel Joseph Ransonnet, reçu bourgeois à Nancy en 1753, fut l’horloger du duc de Lorraine et du roi de Pologne, Stanislas Leszczynski. Il était l’inventeur de la montre de poche à musique avec des lamelles et rouleau qui joue à volonté en duo (voir plus loin : Rensonnet). Jacques Louis Ransonnet, un des membres de la famille d’Ida Ransonnet, avait quant à lui épousé à Liège Marie Catherine Blochouse le 26 septembre 1730. Il est mentionné
comme : “Le marchand et le banquier et le conseiller du roi de Pologne (Stanislas Leszczynski)” (Cercle historique de Fléron). Jean François de Beefe était sans doute plus ‘négociant’ ou vendeur d’horloges qu’horloger. Pendant un certain temps il a été horloger à Maastricht mais il fut également l’horloger officiel de la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Avec Nicolas Jacquet, un autre horloger liégeois, il eut l’intention de fonder une entreprise ou même une manufacture d’horloges à Coronmeuse, un quartier à caractère ouvrier, situé sur la rive gauche de la Meuse. Plusieurs horlogers liégeois s’opposèrent à ce projet qui fut finalement anéanti à la suite de la Révolution liégeoise en 1789 et l’annexation française en 1795. Jean François de Beefe, le deuxième fils de Gilles I et sa deuxième femme Marie Groutars, avait bien géré ses affaires et avait sans aucun doute hérité de son père. Il a pu se permettre d’acheter un château à Ulbeek, une commune située à une quarantaine de kilomètres de Liège. Ce château, qu’on appelait ‘kasteel Trockaert’ date du 17ième siècle et fut vendu plusieurs fois pour entrer finalement en possession de Jean François de Beefe en 1788. Le château existe toujours.Vingt-sept ans après le décès de sa jeune épouse Marie Ida Ransonnet (décédée à 31 ans) Jean François de Beefe mourut dans son château le 11 novembre 1805. Leur fille Marie Catherine de Beefe (1772-1832) épousa Gisbert Ghysens (17731862) qui fut pendant plus de 50 ans maire d’Ulbeek.
Horlogers de Beefe à Aix-la-Chapelle (RFA) Aegidius (ou Gilles) Nicolaas de Beefe, fils aîné de François et Catherine Pluckers, fut baptisé à Maastricht le 12 mars 1750. Il devint citoyen de La Haye (en néerlandais ‘s-Gravenhage ou le diminutif : Den Haag) en 1769, sans doute même plus tôt. Dans un document retrouvé par l’horloger néerlandais Rob Memel dans les archives de La Haye on lit : “Nous, soussignés Doyen et Chefs de la corporation des horlogers d’ici, déclarons avoir accepté les personnes suivantes Jacob Lejodht réformé, et Nicolaas De Beefe, catholique, qui nous ont affirmé être citoyen de cette ville. Nous déclarons qu’ils ont satisfait aux payements prévus. Dont acte à SGravenhage (2) le 16 février 1769 jacobus van der hegge (Trad)”. Dans les archives de La Haye on peut également retrouver des comptes de Nicolaas de Beefe au sujet de quelques réparations. On y retrouve aussi des données de son apprentissage à partir de 1765 chez Petrus Johannes van Baarda, maître-horloger et doyen de la corporation à La Haye en 1776. On peut affirmer avec certitude que Nicolaas de Beefe fut citoyen de La Haye à cette époque. On ne connaît qu’une pendule et une horloge de parquet de Nicolaas de Beefe, signées à La Haye. Le peu d’horloges fait à La Haye s’explique sans doute par son départ précipité pour Aix-la Chapelle. Il fut reçu citoyen de la ville d’Aix-la-Chapelle le 21 mars 1777. Le 17 février 1778 on lui vola lors d’un cambriolage 27 montres de poche. Il s’agissait de 13 montres en or, 12 en argent et 2 en ’pinbeck’. Le tout représenta à cette époque une petite fortune
Horloge de parquet de Jacques de Beefe à Liège
(‘Forum Horloger’, 14/2/2014 et Gazette de Cologne, 1778, p. 13). Plus tard Aegidius Nicolaas de Beefe déménagea à Malines, la ville où il construisit la majorité de ses horloges. Il signa ses horloges - en grande partie des horloges de parquet traditionnelles - ‘Nicola(e)s de Beefe’. La date de son décès est inconnue. Il est très difficile, voire impossible, d’établir la différence entre une horloge d’Aegidius Nicolaas et de Nicolaas II.
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Document officiel de l’acceptation d’Aegidius Nicolaas de Beefe dans la corporation horlogère de La Haye
Andreas (André) de Beefe naquit le 27 juin 1737 (Jűrgen Abeler, Meister der Uhrmacherkunst, 1977, p. 63). Abeler ajoute qu’Andreas est né à ‘Mafra au Portugal’ et qu’il est donc un fils de Gilles I et Marie Groutars. On dispose d’une deuxième preuve qu’Andreas est né au Portugal (Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, Vol. 88-92, p. 73) : ‘Im juni 1737 in Mafra geboren Uhrmacher Andreas de Beefe, an 15 oktober 1762, Aachener Bürgerrecht’ (L’horloger Andreas de Beefe, né à Mafra en juin 1737, reçut la citoyenneté d’Aix-la-Chapelle en juin 1762. Trad). Grâce au livre de l’horloger anglais James Upjohn (The live and travels of James Upjohn, p.56), qui raconte de manière détaillée ses voyages en Europe, nous apprenons qu’Andreas fut un frère de François de Beefe (1718-1794), un autre fils de Gilles I. Upjohn explique lorsqu’il fut de passage à Aix-la-Chapelle : “Here we found a Mr Debeefe, brother to him at Maastricht, whom thought not worth dealing with so I refused his orders” (Ici, nous avons rencontré M. de Beefe, qui a un frère à Maastricht avec qui cela ne valait pas la peine de faire des affaires. Ainsi j’ai refusé ses ordres. Trad). Ainsi on constate clairement qu’après la naissance de son fils Gilles III (le 12/9/1734), Gilles I de Beefe resta environ trois ans à Mafra pour y travailler à l’installation de ses deux horloges, quatre tambours et deux carillons.
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Andreas arriva à Aix-la-Chapelle en 1761 où il devint citoyen de la ville le 15 octobre 1762 (Aachener Geschichtsvereins, Vol. 88-92, 1889, p.73). Le 2 novembre 1762 il épousa en l’église Saint-André à Liège Marie-Oda Stiennon. Voici un extrait de l’acte de mariage : “Cum dispensatione et vi rubii sigilli in Capella vulgo motard matrimonio junxi Andraam Debeeffe ex parochia Sti Petri oppidi aquis Granen et Mariam idam Stiennon nostram praesentibus Egidio Stiennon et Maria Catharina flagotier” (Par dispensation et sous seing rouge dans la chapelle - vulgo motard ? - ont été unis par le mariage Andreas Debeeffe de la paroisse de Sankt Peter de la ville d’Aix-la-Chapelle et Maria Ida Stiennon avec comme témoins Egidio Stiennon et Maria Catharina Flagotier ici présents. Trad). A partir de 1764 Andreas devint responsable de l’entretien de l’horloge de la ville d’Aix-la-Chapelle. L’horloger Jacques (Jacobus de Befve) Mathieu de Beefe est né à Aix-la-Chapelle le 25 juillet 1766 comme fils d’Andreas et Oda Stiennon. Le 23 novembre 1788 il épousa en l’église Saint-Adelbert à Liège Mélanie Joseph Despineto (°1769). Ils eurent quatre enfants, tous nés à Liège, mais aucun des quatre ne devint horloger. Jacques Mathieu se remaria avec Laurence Gilard avec qui il s’installa à Liège, Rue Vinave d’Isle 605. On ne sait pas s’ils eurent des enfants. Jacques Mathieu est décédé à Liège le 12 décembre 1803.
Conclusion Le clan de Beefe et en particulier Gilles I de Beefe ont été pour la Cité Ardente le départ d’une grande aventure horlogère qui allait orienter l’histoire horlogère liégeoise dans un sens qui a fait de Liège une ville horlogère de premier ordre. Au début du 18ième siècle les bourgeois et les nobles pouvaient déjà se permettre d’acheter une montre ou une horloge, ce qui démontre que Liège était à l’époque une ville prospère comptant un bon nombre d’horlogers de tout genre. Certes, la politique du princeévêque aida ces horlogers qui, malgré toutes les contraintes et obligations, jouirent d’une grande liberté de travail. On ne peut sous-estimer l’influence de Gilles I de Beefe sur l’évolution horlogère à Liège. Grâce à lui le ton fut donné et il fut démontré que les horlogers liégeois avaient les capacités et les moyens de réaliser des horloges de même qualité que les horlogers étrangers. Son travail à Mafra, mais aussi l’horloge et le tambour de Saint-Trond ou l’horloge de Cayenne en forment la preuve. Il n’avait rien à envier aux horlogers d’autres pays. Gilles I de Beefe et avec lui toute sa famille horlogère ‘de Beefe’ a ouvert les yeux aux horlogers liégeois et les a guidés - sans le savoir - dans la direction de l’horlogerie de qualité. Quelques années plus tard arrivera sur la scène horlogère liégeoise un un autre horloger de renom : Hubert Sarton.
Horloge de parquet, signée Nicolas De Beefe à La Haye.
Pierre Lambert Joseph de Beefe, également horloger, est né à Aix le 14 octobre 1810 comme fils de Lambert (†Aix-la-Chapelle 1805) et Catherine Habos (1807-1836). Il épousa à Bruxelles le 13 avril 1836 Thérèse Delattine (°Düsseldorf 24/9/1816). Lors de ce mariage, l’horloger Joseph Martin de Bruxelles fut témoin. Pierre Lambert s’établit à Bruxelles successivement dans la Rue Duquesnoy 18 (1860), puis la Rue du Saint-Esprit 2 et finalement dans la Rue Violette. Il est décédé après 1867. On ne connaît pas l’ascendance exacte de Pierre Lambert. Finalement, on retrouva encore un horloger au nom de ‘de Beefe, dont on ne sait pratiquement rien. Il s’agit d’un certain Pïerre de Beefe, né vers 1810 et qui fut témoin en 1867 lors du mariage de Jeanne de Baste et Corneille Demacq.
Cadran, signée Jacques de Beefe à Liège. A remarquer les écoinçons originaux
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Hubert Sarton 79
L’influence du princeévêque de Velbrück Grâce à l’influence du comte de Horion, grand mayeur et mari de sa sœur, de Velbrück entra au conseil privé du prince-évêque Jean-Théodore de Bavière en 1746. De 1757 à 1763, François-Charles de Velbrück (1719-1784) a été premier ministre de la principauté de Liège. Le 30 mars 1772, il fut élu à l’unanimité des voix du chapitre, en tant que nouveau princeévêque. Il reçut l’ordination sacerdotale le 26 avril 1772 et une semaine plus tard, le 3 mai, il fut consacré évêque. On peut parler d’une ascension fulgurante. On sait que Velbrück a eu deux fils d’une femme mariée, Marie-Christine-Josèphe Bouget, épouse du baron Nicolas-Mathieu de Graillet, bourgmestre de Liège. Ses fils reçurent une éducation irréprochable et le princeévêque a toujours été aux petits soins pour eux. Charles de Velbrück se trouvait à la tête d’une cour plutôt libertine. A Liège les mœurs étaient assez décadentes au 18ième siècle et tout le monde était au courant que Velbrück aimait bien les femmes. Un contemporain de Velbrück, le chevalier de Heeswyck, osa affirmer sans détours : “L’attachement aux femmes fut toujours la passion dominante du clergé de Liège, mais Dieu pardonnera à ses ministres d’avoir aimé son plus bel ouvrage. Qui pèche par amour est digne de pardon”. Charles de Velbrück resta en fonction jusqu’à sa mort en 1784. Ses douze années de pouvoir furent déterminantes pour la principauté. En effet, l’avènement de François-Charles de Velbrück bouleversa de fond en comble la situation. Le nouveau prince-évêque incarna les idées du Siècle des Lumières : il aimait aller de l’avant, était ouvert aux idées nouvelles et réceptif pour mettre en place des réformes économiques et sociales. Une de ses préoccupations était l’extension et la généralisation de l’enseignement gratuit pour les pauvres. Non seulement désireux de faire bénéficier sa principauté des avantages de la modernisation technologique, les arts et les sciences lui tenaient particulièrement à coeur. Liège lui doit la création de la ‘Société d’Emulation’, dont l’horloger Hubert Sarton était un des membres fondateur. Cette société regroupait l’intelligentsia liégeoise qui était en contact avec des sociétés savantes d’autres pays afin d’échanger de nouvelles idées avec des écrivains, des savants, des philosophes, des artistes et des hommes de science. La société avait pour but de répandre en toutes circonstances les idées révolutionnaires et anticléricales du Siècle de la Lumière. En 1774, il fut l’instigateur de l‘Académie publique’ pour peintres, sculpteurs et graveurs. En peu de temps Liège devint un pôle d’attraction pour artistes et artisans de haut niveau. La ville se transforma en cette période en centre industriel qui acquérira une excellente réputation auprès des villes voisines. En douze ans de règne, Velbrück n’eut pas le temps de réaliser tous ses objectifs, mais il laissa une oeuvre considérable et forma la génération qui allait traverser les années révolutionnaires difficiles.
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A bien des égards on peut comparer la cour de François Charles de Velbrück à celle des ducs bourguignons en Flandre avec leur grandeur imposante mais aussi une attention particulière aux besoins et demandes de la population. Cette période de grand progrès, due aux conditions économiques, aux techniques nouvelles et à l’esprit d’entreprise enthousiaste, donna des ailes aux horlogers liégeois.
Le prince-évêque Charles de Velbrück.
La vie d’Hubert Sarton (Dieudonné-) Hubert Sarton a été baptisé en l’église de Notre-Dame-aux-Fonts le 3 novembre 1748 bien que Tardy dans son ‘Dictionnaire’ prétende erronément qu’il est né à Paris. Sarton était le fils cadet de Jean-Michel Sarton (°1713) et de Marie-Elisabeth Corbay. En 1762, Hubert entama son apprentissage chez son oncle et parrain Dieudonné Sarton (voir plus loin) où il n’apprit pas uniquement la pratique horlogère mais aussi les connaissances mathématiques qui étaient nécessaires pour construire des horloges compliquées. Après cet apprentissage, Hubert rejoignit la capitale française par l’entremise de son parrain Dieudonné. A Paris il travailla à partir de 1768 dans l’atelier de l’horloger parisien Pierre Le Roy (1717-1785), fils aîné du grand horloger Julien Leroy (1686-1759) et frère de Jean-Baptiste Leroy, qui à ce moment-là était le directeur de ‘l’Académie des Sciences’ de Paris. Sur une pendule religieuse Sarton fit graver : “Hubert Sarton, Liége, né en 1748 ; il étudia chez Julien Leroy, premier horloger de France ; choisi premier mécanicien du prince Charles de Velbrück”. Il est certain que c’est grâce à sa formation chez Pierre Leroy que Sarton devint un excellent horloger. Dans cet atelier parisien il a pu établir des contacts importants avec des fournisseurs précieux et il apprit les ficelles et astuces du métier. Quelques années plus tard, Jean-Baptiste Leroy envoya un portrait dédicassé de son père à Sarton : “A Mr Sarton, horloger de Liége, en considération de son zèle pour l’horlogerie, de la part de Mr Leroy fils, directeur de l’Académie royale des Sciences à Paris, et garde du cabinet de physique du Roi à Passy” (Hommage d’Hubert Sarton). Hubert Sarton retourna en 1772 à Liège en qualité de maîtrehorloger, l’année même où François-Charles de Velbrück fut élu prince-évêque de Liège. Velbrück reconnut immédiatement les qualités de ce maître-horloger et le nomma encore la même année comme son ‘Premier mécanicien’. D’ailleurs Velbrück restera toute sa vie le mécène de Sarton. En 1772, Hubert Sarton fut également nommé ‘Horloger de la Cour’ de Charles de Lorraine, gouverneur-général des Pays-Bas autrichiens. En 1782, Sarton publia ‘Description de plusieurs pièces d’horlogerie’ et en 1789 ’Une nouvelle Machine à extraire la houille et d’une reconstruction de la fameuse Machine de Marly’. Le texte a été publié en très peu d’exemplaires (une copie se trouve à la ‘Ilbert Library’ au ‘British Horological Institute’ de Londres’). Cette fameuse ‘Machine de Marly’ dont la construction a commencé en 1661, consistait en un système de pompes hydrauliques qui devaient pomper l’eau de la Seine pour fournir l’eau nécessaire aux fontaines du château de Versailles. Le système était une invention de Rennequin Sualem (1645-1708), un mécanicien originaire de Jemeppe-sur-Meuse. Hubert Sarton épousa Marie-Josèphe Lhoest (1749-1832) à Liège le 7 janvier 1776. Ils eurent huit enfants dont l’horloger François-Joseph. Barbe, une des filles d’Hubert, épousa JeanBaptiste Dumont. Leur fils André Hubert Dumont (1809-1857)
Portrait d’Hubert Sarton
est devenu professeur de géologie et ingénieur de mines à l’université de Liège, où il fut également pendant un certain temps recteur. C’est lui qui découvrit en premier les gisements de charbon au Limbourg. Tous les auteurs prétendent que Marie-Josèphe Lhoest, la femme d’Hubert Sarton, est la sœur des horlogers NicolasMarc et Dieudonné Lhoest. Rien n’est moins vrai. Une étude approfondie de l’arbre généalogique (voir généalogie Sarton et Lhoest) d’Hubert Sarton démontre que le grand-père et le père des frères Dieudonné et Nicolas-Marc Lhoest étaient tailleurs. En effet, l’épouse d’Hubert Sarton (Marie-Josèphe L’hoest) était la fille du tailleur Jean Nicolas (1712-1791). Ce Jean Nicolas, marié avec Barbe Lambrecht (1720-1785), est né et décédé à Heure-leRomain, un village qui fait actuellement partie d’Oupeye, près de Wezet. Nicolas-Marc (1777-1849) et Dieudonné l’Hoest (17781863) étaient les fils d’un tailleur du même prénom Jean-Nicolas (1750-1808). Ce Jean-Nicolas, qui était né à Heure-le-Romain et décédé à Liège, avait épousé Catherine Polain. Il est vrai que les neveux et arrière-neveux entretenaient de bons contacts. Régulièrement ils étaient témoins à l’occasion d’un baptême, d’un mariage ou décès d’un neveu, d’une nièce ou d’un arrièreneveu. Les frères Dieudonné et Nicolas-Marc Lhoest n’ont pas pu apprendre le métier d’horloger chez leur père ou grand-père, vu qu’ils étaient tailleurs. Il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’ils ont appris le métier chez Hubert Sarton. Ils n’auraient pas pu faire de meilleur choix.
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Sarton et la réclame
Compas de Hubert Sarton sous forme de montre Hubert Sarton connut une période faste. Les affaires prospéraient, sa production se diversifia et ses innovations horlogères furent dévoilées au grand public. Les affaires allaient tellement bien que Sarton décida d’ouvrir un magasin à Spa en 1781. C’est la période où Sarton fit preuve d’une grande créativité tant dans le domaine des pendules que des montres. La mort des deux Charles (Charles de Lorraine en 1780 et Charles de Velbrück en 1784) avait certainement touché Sarton, mais les événements qui suivirent furent beaucoup plus graves, même catastrophiques. La Révolution liégeoise, suivie de près par la Révolution française bouleversèrent sa vie. Durant cette période houleuse, le commerce et la vente diminuèrent rapidement. En effet, ceux qui avaient les moyens d’acheter des montres ou des pendules, étaient confrontés à d’autres soucis. Sarton se vit obligé de fermer son magasin à Spa et il est certain que les affaires à Liège n’étaient pas plus brillantes. Il essaya tant bien que mal de traverser cette période difficile. En 1803, on le retrouva à Bruxelles, Place de la Monnaie, où il aurait eu plusieurs horlogers bruxellois comme apprentis. Découragé par les problèmes économiques et politiques, Hubert Sarton prit la décision de quitter l’horlogerie. A partir de 1810, il décida de travailler uniquement à la production de machines de tissage et machines hydrauliques. Tout cela n’arrangea pas les affaires car Sarton fit faillite sous le régime hollandais (1815-1830). Hubert Sarton avait quatre-vingts ans lorsqu’il mourut à Liège le 18 octobre 1828.
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Cela ressemble déjà à un début de réclame lorsque l’atelier de Sarton est décrit comme suit en 1789 (Société d’Emulation, 1789) : “On trouve à Liège et à Spa chez Hubert Sarton, un assortiment des plus complets en toute espèce d’Horlogerie, dans le goût du plus nouveau, comme montres d’or et d’argent de tout genre. On trouve aussi un bel assortiment en pendules depuis la plus simple jusqu’à la plus composée”. Dans ce texte on apprend que Sarton n’avait pas uniquement un magasin à Liège mais qu’il avait également un magasin à Spa. Ce n’est pas très étonnant car Spa était en ce temps ce que la ville de Knokke représente maintenant. Spa était devenue une ville renommée grâce à ses sources d’eaux ferrugineuses, dont une vingtaine d’entre elles jaillissent du sol spadois. Ce n’est certainement pas par hasard que la ville de Spa fut la première ville d’eau en Europe, spécialisée en soins intensifs d’hydrothérapie et d’hydromassage. Le séjour du tsar Pierre-leGrand, en 1717, fut marquant pour le début du tourisme thermal à Spa : “Pierre premier, surnommé le Grand, czar de Moscovie, après avoir beaucoup voyagé, arriva en 1717 de France à Liége, où il fut reçu avec éclat & magnificence. Ce monarque y vit ce qu’il y avait de plus remarquable, & observa surtout, avec attention, les houillères, et leurs machines. De là, il se rendit à Spa, où il prit les eaux pendant six semaines, et recouvra une santé parfaite” (Voyageur d’un amateur des arts, de La Roche, 1783). En 1774, on y inaugura le premier casino d’Europe. Toute la noblesse européenne suivie du ‘beau monde’, s’y retrouvait chaque saison d’été dans une ambiance détendue pour les soins bienfaisants de l’eau des sources. Régulièrement on pouvait même y rencontrer le prince-évêque. Tous ces ‘touristes’ formèrent une clientèle potentielle pour Sarton et ses horloges, vu leur prix inabordable pour les simples badauds. C’est en 1781 que Sarton ouvrit un magasin à Spa pendant la saison estivale allant du 1er juin au 30 septembre. Après la mort du duc de Lorraine et du prince-évêque, deux de ses importants clients, Sarton chercha de nouveaux débouchés pour son commerce. Le 6 juillet 1781, il fit pour la première fois de la réclame dans l’annuel ‘Liste des étrangers venus aux eaux minérales de Spa’. Voici le texte littéral : “Hubert Sarton, demeurant au pied du Pont d’Ile à Liége, & à Spa sur le Pont en temps de saison, Horloger Mécanicien de feu son Altesse Royale le Prince Charles de Lorraine, &c, &c, de son Altesse le Prince Evêque de Liége, admis et patenté de l’Académie des Sciences de Paris, &c, donne avis qu’il a un assortiment des plus complets en Montres d’or & d’argent en tous genres, Montres à cylindre, à secondes et quantièmes, & Montres qui se remontent d’elles mêmes, enrichies de diamants, pierreries, en or de couleur, émaillées ou unies, & Montres à carillon. Il a également un assortiment complet de Pendules du meilleur goût moderne, en marbre et bronze doré richement & artistement décorées ; Pendules nouvelles & extraordinaires qui ne se remontent que tous les ans, propres à servir de Régulateur dans les observations physiques & astronomiques ; Pendules à carillon, & autres objets relatifs à l’Horlogerie, comme crochets, chaînes en or perlé ou en acier, à médaillon & autres ornements, clefs de breloques du dernier goût. Il entreprend aussi toutes
Gazette de Liége du 19 avril 1782
Grande réclame de Sarton à Spa le 24 juillet 1787
autres pièces extraordinaires d’Horlogerie & Mecanique lorsqu’elles lui sont commandées, & il raccomode de même le tout au juste prix”. Il y avait de nombreux hôtels à Spa aux noms ronflants comme : Le Roi de Pologne, Les trois rois, Le petit Trianon ou encore L’Aigle Impérial. De toute l’Europe les nobles affluaient. Il est inéluctable que les commerçants suivaient car il y avait de l’argent à gagner. Sarton érigea son premier magasin ‘sur le Pont’ puis choisit d’installer sa boutique à l’hôtel ‘Au Dragon d’Or’, un des plus grands hôtels à Spa, situé à la Grand-Place. Chaque année il fit sa publicité au début du mois de juillet. L’annonce spéciale du 14 juillet 1787 était de dimension exceptionnelle car elle occupait une page entière.
or mat, ou moulu ; Pendules composées de plusieurs Cadrans pour différents effets ; Montres ou pièces de voyages allant dans toutes les positions, avec sonneries, Réveil, et Répétition. Il y a aussi de nouveaux Régulateurs de la composition, donnant le temps vrai & le temps moyen dont leurs Pendules sont composées et exécutées d’après les principes des célèbres Harrison de Londres & Berthoud de Paris. La nouvelle construction de ce Régulateur consiste en ce qu’il se conserve dans les justes mouvements de vibration, qu’il conserve constamment par luimême, la vrai verticale, quand même on déménagerait la caisse de plus d’un pied de son à plomb. Les pièces ne sont sujettes à aucune variation. Elles sont propres pour toutes les observations physiques & chronométriques. Il en a suffi d’une moindre forme, très réguliers & exécutés d’après les principes des grands maîtres anglais, & que l’on peut placer sur des cheminées, sur des tables ou bureaux. On trouvera aussi chez lui toutes autres garnitures de cheminées, telles que Girandolles, très riches, bras à bougie, Flambeaux de table en marbre & bronze richement décorés & dorés en or mat & moulu, & toutes autres garnitures pour accompagner des trumeaux, dans le meilleur goût & le plus moderne ; ainsi que toute sorte de Bijouterie en or, comme Chaînes, Cordons, Clefs, Cachets, Breloques, Etuits, Pommeaux de canne, Médaillons de col, Bracelets, Bagues, Boucles d’oreilles & de souliers, & toutes autres pièces de bijouterie”. Cette annonce est assez étonnante car Sarton y propose presque toute sa production. Il fait l’éloge de ses propres produits et parle en détail des différentes sortes de montres à quantièmes, à observation, pour voyages, à répétition et “aux effets utiles”. Il mentionne ses montres “qui ne se remontent pas, dites Perpétuelles” sans y attirer l’attention. Naturellement il évoque ses pendules mais la partie des ‘régulateurs’ mérite l’attention particulière quand il écrit : “ Il y a aussi de nouveaux Régulateurs de la composition, donnant le temps vrai & le temps moyen dont leurs Pendules sont composées et exécutées d’après les principes des célèbres Harrison de Londres & Berthoud de Paris. La nouvelle construction de ce Régulateur consiste en ce qu’il se conserve dans les justes mouvements de vibration,
ANNONCES DE SPA du 14 juillet 1787 HUBERT SARTON “Horloger mécanicien de S. A. C. le Prince Evêque de Liége, Auteur de plusieurs inventions, de découvertes dans l’art de l’Horlogerie, approuvées par les Académies Royales des Sciences de Paris, Bruxelles, etc. Donne avis qu’il est à Spa toute la saison à l’enseigne du Dragon d’or, grand-place N°8, qu’il a un assortissement des plus complets d’ouvrages d’horlogerie dans le plus nouveau goût, qu’il a tout ce qu’il y a de plus recherché & de précis dans l’art, comme Montres parfaitement émaillées & enrichies de perles fines, des grandes Montres d’or & d’argent toutes unies, à répétition ou sans répétition ; Montres composées de différents quantièmes & d’autres effets utiles, à un, deux, trois, quatre ou cinq cadrans, Montres d’observation, donnant la seconde juste, par chaque vibration de l’Aiguille et ayant la propriété de ne pas discontinuer leur marche, sans perdre une seule seconde pendant le temps de la remonte ; Montres de chasse en or & argent, à répétition ou sans répétition, Montres qui ne se remontent pas, dites Perpétuelles, etc. Pendules du meilleur & plus nouveau goût, avec calles en marbre, depuis les plus simples jusqu’aux plus richement ornées & décorées en bronze & du premier fini, tant par la ciselure que dorée en
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qu’il conserve constamment par lui-même, la vrai verticale, quand même on déménagerait la caisse de plus d’un pied de son à plomb”. Plus loin on parlera en détail de ces régulateurs remarquables où Sarton avait poussé la prouesse de construire des régulateurs qui ne se remontaient que tous les cinq ans. En 1789 Sarton mettait une dernière annonce dans l’annuel ‘Liste des étrangers’ à Spa. Les Révolutions liégeoise et française l’avaient sans aucun doute obligé à fermer son magasin à Spa car les visiteurs s’y faisaient rares et la vente devint insignifiante.
Sarton et ses collègues-horlogers de Liège Sarton s’intéressait certainement à ses collègues-horlogers bien qu’ils n’étaient pas tous des amis. Jusqu’à la révolution française, les horlogers de la Cité Ardente faisaient partie de la corporation des fèvres, un ensemble de 31 artisanats différents comme des serruriers, chaudronniers, couteliers, cloutiers et fondeurs. Il est clair que les intérêts des horlogers étaient souvent opposés aux autres membres de la corporation. Le 30 octobre 1781 Sarton essaya de fonder une nouvelle corporation avec quelques amis horlogers comme Mathieu Boty, J. J. Fourneau, G. Cornelis, G. Rouma, L. J. Laguesse et J. N. Conrard. Ils présentèrent leur projet sous la haute protection du princeévêque : ‘Projet d’un plan de Réglement pour les Artistes-Maîtres Horlogers de la noble Cité de Liège, à réunir en corps, sous le bon plaisir de Son Altesse Celcissime’ (Archives de l’EtatLiège n°2305/30-32). La corporation n’a jamais vu le jour probablement à la suite du climat agité à Liège qui finit par aboutir à la Révolution liégeoise (1789-1795) mais aussi à la suite des intérêts contradictoires et des conflits personnels entre horlogers liégeois (voir plus loin : Nicolas Jacquet).
il faudrait pouvoir faire des recherches dans les archives de la ville. Malheureusement ces archives furent détruites pendant l’incendie qui ravagea l’hôtel de ville de Liège à l’arrivée des troupes françaises en 1794. Les très importantes archives de la ‘Société d’Emulation’ ont disparu lors des pillages allemands en 1914. Alors que les habitants de la Cité Ardente n’avaient pas encore digéré tous ces changements, le Congrès de Vienne décida, en 1815, d’annexer la principauté de Liège au Royaume Uni des Pays-Bas, appelé officiellement en français ‘Royaume des Belgiques’ et en néerlandais ‘Koninkrijk der Nederlanden’. On n’en resta pas là : en 1830, il y eut une nouvelle révolution qui engendra la création d’un nouvel état notamment la Belgique. Pour Hubert Sarton ce dernier changement arriva trop tard, ses revers de fortune l’avaient ruiné. Il s’est éteint à Liège le 18 octobre 1828.
La Révolution française On dit facilement que la Révolution liégeoise reflète la Révolution française. Les deux révolutions commencèrent presque simultanément en 1789. La République liégeoise ne dura pas longtemps mais continua après le retour temporaire du prince pour connaître une deuxième flambée avec l’entrée des troupes révolutionnaires françaises en 1792, et une troisième phase en 1794 avec le deuxième retour des français. La révolution finit donc en 1795 avec la disparition de la principauté et son incorporation à la République française. La Révolution liégeoise fut, comme on peut s’y attendre, une période trouble où les liégeois passèrent en six ans d’un régime épiscopal à un régime français pas très favorable aux citoyens liégeois. Pendant ces six années la vente d’horloges et de bijoux baissa de façon catastrophique. Les étrangers ne venaient plus à Spa pour se faire soigner et dorloter. L’incertitude, l’instabilité et les soucis rendirent la vie pénible. Les liégeois avaient d’autres préoccupations que d’acheter des horloges. Cette période désastreuse n’a pas aidé Hubert Sarton et sa production horlogère. Pour en savoir plus sur cette période mouvementée,
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Pendule à un cadran de Dumoulin à Bruxelles
Pendule à quatre cadrans, signée ‘Dumoulin H.er Méc. à Bruxelles’
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Sarton et Dumoulin
La fin de Sarton comme horloger
En 1803, Sarton demeura un certain temps à Bruxelles, Place de la Monnaie. C’est ici qu’il aurait eu plusieurs horlogers bruxellois comme apprentis, entre autres Noël Dumoulin. Ce dernier construisit des pendules à un ou plusieurs cadrans. La similitude des pendules de Dumoulin avec celles de Sarton ne laisse aucun doute quand à la paternité. Dans le journal ‘Oracle’ on apprend plus au sujet de Dumoulin : “A vendre de gré à gré, une belle et bonne pendule à poids, propre à être placée dans un cabaret, vestibule, etc. Ouvrage de huit jours, fait par DUMOULIN. S’adresser au cit(oyen) Dehou chez le cit(oyen) Poublon, imprimeur, place de la Monnaie” (Oracle, 1 mai 1804). Encore dans ‘Oracle’ on apprend que Dumoulin habitait Bruxelles, Rue du Marais n° 1296 (Oracle, 1806) : “Le Sieur DUMOULIN, horloger-mécanicien, ayant eu l’honneur d’annoncer dans les feuilles publiques son domicile en cette ville de Bruxelles, a mis, par erreur, rue des Epéronniers ; il est établi rue du Marais, section 8, n° 1296 en face de la grande porte de l’hôpital St. Jean. Indépendamment d’un bel assortiment d’horlogerie en tous genres, il entreprend aussi toute espèce de rhabillages et raccomodages de pendules universelles (…), carillons, ainsi que les plus compliquées, comme aussi montres de poche, de telle construction difficile que l’on ait pu dicter, le tout à des prix très modiques”. Dans ‘Oracle’ du 26 octobre 1807, il annonce qu’il habite toujours à Bruxelles mais maintenant “Bergstraat, genoemd ‘Bergstraete”. Dumoulin voyagait même pour vendre ses horloges. Le 2 janvier 1809 il mit une annonce dans le ‘Journal du commerce’ de Gand où il écrivit : “Noël Dumoulin, horlogermécanicien, habitant Bruxelles et élève du célèbre Hubert Sarton de Liège, fait savoir aux amateurs d’horloges qu’il est arrivé dans la ville avec un assortiment d’horloges, fait avec le plus de soin possible et la plus grande perfection, pour lesquelles il garantit la qualité en toutes circonstances….“.
La plupart des pendules de Sarton datent d’avant 1809. A ce moment il décida de se consacrer uniquement à la production de machines de tissage et à des appareils hydrauliques. Le 9 décembre 1810, il plaça une annonce dans la ‘Gazette de Liége’, où il mentionne qu’il met en vente toutes ses horloges : “Hubert Sarton, horloger mécanicien (…) ayant quitté son état d’horlogerie, donne avis qu’il vend à 20 pour cent au-dessous du prix courant, un bel assortiment qui lui reste. (…) Le même mécanicien étant propriétaire de filature de coton & laine, continue avec succès la construction des susdits mécaniques & dont il garantira les effets aux acquéreurs”. Une aubaine pour les horlogers liégeois. Ils pouvaient acheter à prix réduit des horloges de Sarton. Ceci permettra à des horlogers comme Lhoest de vendre un peu plus tard des pendules sous leur propre nom, qui en réalité, provenaient de chez Sarton. Il est à remarquer que cette pratique était courante à cette époque. A partir de 1812, Sarton se retira complètement de l’horlogerie. Jacques Nève, éminent connaisseur de l’œuvre de Sarton, suggère qu’Hubert a continué à travailler comme horloger ou fabricant ou peut-être même comme conseiller de son fils François-Joseph ainsi que de son arrière-neveu Nicolas-Marc Lhoest (Les pendules d’Hubert Sarton, p. 7).
Signature de Dumoulin
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Sarton comme homme d’affaires Sarton était sans doute plus inventif que gestionnaire. A côté de ses entreprises florissantes, il y eut de nombreux échecs qui finirent par lui coûter sa fortune. En 1783 il fut nommé ‘Commissaire de la cité de Liège’, un mandat qu’il exerça pendant quelques années comme successeur de son oncle Dieudonné Sarton. Lorsque cette fonction fut abolie, il bénéficia d’une pension bien salutaire. Comme citoyen Sarton fut un homme actif. A l’image de ses ancêtres, Hubert fut reçu le 12 août 1776 “dans le bon Métier des Cureurs et Toiliers”. En 1786 il fut nommé ‘Commissaire de la Cité’ en remplacement de son parrain Dieudonné Sarton. Un peu plus tard en 1786, il devint ‘Surintendant du bon métier des Porteurs’. Il est assez bizarre qu’il fut accepté la même année dans la corporation des charpentiers. Au début des années 1820, il lança des ateliers de filature dans le quartier d’Avroy à Liège, pour assurer son quotidien. En effet, l’industrie de laine se propagea de plus en plus et prit rapidement de l’essor dans la région de Verviers et Spa. En conséquence, la construction de métiers à tisser devint une nécessité. Pendant ses jeunes années Sarton avait déjà construit des métiers à tisser pour le coton et la laine. Tous ces efforts lui ont coûté beaucoup d’argent mais furent aussi pour la plupart un triste échec. (Georges Rem, Revue du Conseil économique wallon, juillet 1956, n°21, p. 63-64). Sarton était un homme bouillonnant d’idées nouvelles et pas seulement dans le domaine de l’horlogerie. Il fut l’inventeur d’une sorte d’échelle mobile pour descendre dans les mines à charbon, d’un fauteuil ‘mouvant’, de nouveaux types de métiers à tisser, d’un moulin horizontal et d’une machine hydraulique pour les dessèchements et évacuation des eaux et des marais de la Hollande, machine activée par le vent. La mise en œuvre pratique de ces projets ne fut que rarement une réussite.
10. Ses électromètres 11. Ses montres chronométrographiques 12. Un mécanisme à l’usage de l’artillerie pour un canon, monté sur son affût, pour manœuvrer la pièce vers la droite et vers la gauche par le pointeur
Ancien métier à tisser du 19ième siècle
Les écrits de Sarton Sarton n’a laissé que quelques manuscrits, entre autres : • Manière de se servir du cadran manuel de l’équation du temps, Liège, Impr. de Josse & Déjosez, 1789 • Des Échelles mobiles, dites ‘Fahrkunst’. Leur inventeur Hubert Sarton, Liège, F. Renard, 1860 En 1822 fut édité à l’Imprimerie de J. A. Latour à Liège, une brochure : ‘Hommage d’Hubert Sarton à ses concitoyens, amis des arts et des sciences’ où Hubert Sarton a rassemblé l’ensemble de ses inventions. Il a pris soin d’en décrire quelquesunes : 1. Sa grande pendule achetée par le prince Charles de Lorraine 2. Un nouveau mode d’échappement pour les pendules 3. Une montre qui se remontait en la portant 4. Un projet d’une machine hydraulique, avec modèle, pour remplacer avec économie celle de Marly 5. Un régulateur de compensation 6. Une pendule d’après le système décimal 7. Un fauteuil mouvant à volonté 8. Un chronomètre autographe 9. Un moulin à vent horizontal d’une nouvelle construction
La première page de l’‘Hommage d’Hubert Sarton à ses concitoyens’
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La production d’Hubert Sarton Ce livre n’a pas pour but d’énumérer ou de décrire toutes les horloges de Sarton. Une sélection d’horloges fut faite, aussi bien en ce qui concerne ses montres, ses pendules ou ses régulateurs. Au début Hubert Sarton a acheté un nombre de pendules d’origine suisse ou française. Elles sont encore imprégnées de sa formation parisienne. Ces pendules ne seront pas reprises dans cet ouvrage. Les horloges de parquet de Sarton ne seront pas mentionnées vu qu’elles ne sont pas aussi représentatives que le restant de sa production. De plus, la construction ou la réparation des horloges de tour n’était pas sa spécialité. Sa production horlogère en montres, pendules et régulateurs a été si importante qu’il reste assez de chefs-d’œuvre de cet horloger d’exception. En voyant la grande production de Sarton, il est incontestable qu’il devait être entouré d’un bon nombre de collaborateurs. On a déjà mentionné que Noël Dumoulin était un de ses élèves mais on ne sait pas s’il a réellement travaillé pour Sarton. Ses arrièreneveux Dieudonné et Nicolas-Marc Lhoest ont certainement appris le métier chez lui et ont continué à aider leur maître. Des autres collaborateurs, on ne sait absolument rien.
Montre à calendrier d'Hubert Sarton
Montres de poche A la fin du 17ième et au début du 18ième siècle, les montres de poche, nommées ’oignons’ étaient à la mode. Par leur épaisseur et leur forme, ces montres évoquaient un gros oignon. Elles étaient souvent munies de boîtes ciselées et gravées et pourvues d’un échappement à fusée et à chaîne. Mais la mode change. Le remplacement de l’échappement à verge par un échappement à cylindre plus performant, allait amincir la montre. L’absence de différentes boîtes protectrices ont fait que les modèles devenaient de plus en plus plats. L’ancien cadran sombre en argent repoussé fut remplacé par un cadran en émail blanc. Le haut de gamme de ces horloges ‘nouvelle vague’ était en argent ou en or. Sarton a tout naturellement suivi l’évolution de ces montres de fine épaisseur. Il est bien connu qu’il acheta régulièrement des ébauches et mêmes des montres entières en Suisse chez DuBois au Locle. En examinant les comptes, on peut déduire qu’il aurait acheté entre 1786 et 1793 pour 221.498 £ chez DuBois, ce qui représente une somme considérable. Dans les comptes de DuBois il est souvent répertorié comme “négociant en bijouterie” ou “maître-bijoutier”. Certains auteurs en ont tiré trop vite la conclusion que Sarton n’était qu’un simple revendeur vu que ses montres n’avaient que peu de caractéristiques liégeoises, bien qu’il soit difficile à expliquer quelles sont ces caractéristiques. En continuant à chercher dans les comptes de DuBois (No 4, pages 82-83, période 1777 à 1785) on remarque que Sarton est
Montre de carosse d'Hubert Sarton
Montre à complication
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Montre de carosse en argent avec alarme et répétition aux quarts
enregistré aussi comme “Monsieur Sarton Mre Horloger à Liège”. D’autres horlogers liégeois et pas des moindres (comme Rouma, Boty et Laguesse) achetaient également chez DuBois au Locle et sont aussi mentionnés dans les comptes comme “horloger”. Il faut dire que la vente se faisait aussi dans le sens inverse et que Sarton demandait à DuBois de construire ses propres produits. En 1822, Sarton en référant à lui-même, écrivit dans la brochure, éditée chez Latour en 1822 : “En 1789, j’exécutai mes montres chronométrographiques pour les observations. Je me bornerai à dire, à l’honneur de cette découverte, qu’elles furent recherchées à un tel point, dans nos provinces et chez l’étranger, que, ne pouvant suffire par moi-même à la quantité de commandes qui m’en furent faites, je me vis obligé d’employer des étrangers, à l’effet de m’en fabriquer : témoins la déclaration suivante trancrite littéralement : ‘Nous soussignés, déclarons que c’est à Mr. Hubert Sarton, à Liége, que nous devons la découverte des montres chronométrographiques, etc…et que c’est d’après le plan qu’il a bien voulu fournir, que nous y avons fait travailler. Au Locle le 8 février 1789’. Etaient signés Philippe DUBOIS et Fils” (La maison Ph. Dubois, p. 56). L’attention de Sarton se concentra plus vers les montres de poche expérimentales qu’aux simples montres de poche. D’un point de vue économique, il s’avéra que ce n’était pas le meilleur choix car ces innovations ne se vendaient pas ou peu, mais Sarton aimait innover, rechercher des nouveautés techniques comme ses montres automatiques (les perpétuelles) et chronométrographiques pour observations ou encore trouver différentes solutions pour les problèmes de compensation thermique. Finalement ce n’est que sa montre automatique qui survécut et qu’on connaît encore maintenant.
Sarton et l’Académie française des Sciences
Montre de dame, signée Hubert Sarton
A la fin du 18ième siècle les horlogers cherchaient un moyen pour ne plus remonter les montres de poche à l’aide d’une clé. C’était le début de la montre ‘perpétuelle’ mais qu’on appelle maintenant ‘automatique’. Dès le début, il faut distinguer deux sortes d’automates : premièrement, il y a le type oscillant à remontage latéral qui se fait par la montée et descente d’une masse ou d’un poids, fixé à un bras attaché à la carrure. L’inventeur serait Abraham Breguet, mais celui-ci ne revendiqua jamais ni l’idée ni le mot ‘perpétuelle’ . Breguet attribua les deux systèmes à un jésuite allemand du 17ième siècle. Le deuxième type de remontage se fait par un rotor central. C’est ce dernier type qu’on a choisi de décrire ici. Ce système bénéficie d’une masse centrale qui tourne au-dessus de la platine supérieure et remonte la montre. Le remontage peut s’opérer dans un sens unidirectionnel ou bidirectionnel. Dans ce dernier cas, cela se fera par l’entremise d’un échangeur de direction ou engrenage différentiel. Ainsi la montre va se remonter grâce aux mouvements du porteur. Des années plus tard, on retrouvera ce système sur les montres-bracelets automatiques modernes. En 1931 Rolex utilisa ce système pour la première fois dans une montre-bracelet automatique ‘Oyster Perpetual’.
Montre à calendrier d'Hubert Sarton
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Dessin de la montre automatique de Sarton
On lit dans un compte rendu du 16 décembre 1778 de l’Académie Royale des Sciences de Paris : “Mercredi 16 xbre 1778. M. Sarton, horloger à Liège a présenté une montre qui se remonte d’elle-même par l’agitation de celui qui la porte. M. M. Leroy et Defouchy ont été nommés commissaires pour l’examiner et en rendre compte”. M. Leroy note : “Nous avons examiné, M de Fouchy et moi une montre présentée à l Académie par Monsieur Sarton, horloger de Liège. Cette montre va constamment sans être remontée, non pas par un effet semblable à celui par lequel un odomètre marque le chemin, c est-à-dire par l’action du genou quand on marche, mais uniquement par l’effet d’une masse de cuivre ou d’une espèce de battant, agité par le mouvement qu’on se donne en marchant. Nous allons faire connaître à l Académie la mécanique par laquelle cet effet se fait, sans nous arrêter à parler des autres parties de cette montre, d’ailleurs construite à peu près de même que les autres”. Lors de sa visite à l’Académie, il s’avère que Sarton a également déposé un dessin de son système. Il faut remarquer que le dépôt d’un compte rendu et un dessin n’impliquait pas une demande de brevet mais représentait uniquement la confirmation que Sarton avait construit en ce temps-là ce type de montre. A peine une semaine plus tard, le 23 décembre 1778, les deux commissaires (M. M. Leroy et Defouchy) rédigèrent un rapport de neuf feuilles manuscrites où ils décrivirent minutieusement ‘le système Sarton’. Le passage où les commissaires expliquent en détail le changement que Sarton avait apporté à la fusée est plus
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qu’important : Sarton avait ajouté un différentiel de telle façon que la montre continuait sa marche lors du remontage, ce qui était impossible avec une fusée existante. Le rapport des deux commissaires se termine comme suit : “Cette montre n’est pas absolument nouvelle, feu M. le Prince de Conti (mort en 1776) qui était curieux d’horlogerie, en avait une dans ce genre à ce que l’on nous a affirmé. Mais M. Sarton prétend que toutes celles qui ont été faites avant la sienne, n’avaient pas la propriété d’aller pendant qu’elles se remontent, ce qui diminuait par là beaucoup de leur mérite. Comme nous l’avons fait observer, et comme la sienne a cet avantage, nous croyons à cet égard qu’elle mérite l’approbation de l’Académie, comme ingénieusement disposée pour pouvoir se remonter aussi par le mouvement qu’une montre reçoit en la portant. Fait dans l’ Académie des Sciences au Louvre ce 23 décembre LE ROY DE FOUCHY ”. A cette époque, Hubert Sarton devait déjà travailler depuis un certain temps à ces montres automatiques car le 3 juillet 1778, à peu près six mois avant le dépôt des documents à l’Académie Royale des Sciences, il avait mis l’annonce suivante dans la ‘Gazette de Liége’ : “H. Sarton, Horloger & Mécanicien de S. A. C., a l’honneur de donner avis au public qu’il vient d’achever plusieurs Montres qui, par un mécanisme des plus simples, se remontent d’elles-mêmes, ayant pour moteur continuel le seul usage que l’on en fait. Il les vend à très juste prix & les garantit. Il a aussi quantité d’autres Pièces d’Horlogerie”.
Sarton de Liège ou Perrelet du Locle
Perpétuelle de Breguet à masse latérale
Rotor central de Breguet
La paternité de l’invention des montres de poche automatiques à rotor ne fut pas réclamée par les horlogers Sarton ou Perrelet. La discussion débuta en 1949 à la suite d’une publication de Léon Leroy dans laquelle il avait décrit une montre de poche inhabituelle, qu’il venait d’acheter (Leroy, 1949). Sa nouvelle acquisition était équipée d’un mécanisme à rotor comparable à ceux des montres-bracelets modernes ! Alfred Chapuis et Eugène Jaquet, deux experts et historiens en horlogerie, furent fort impressionnés par cette trouvaille. Ils décidèrent d’écrire un livre, paru en 1952 : ‘Histoire de la montre automatique ancienne, un siècle et demi d’histoire 1770-1931’ . Chapuis et Jaquet (ce dernier mourut en 1951, avant même la parution du livre) ont examiné les différents types de montres automatiques. En ce qui concerne la montre de Léon Leroy, ils arrivèrent à la conclusion : “que la montre perpétuelle est celle dont le mouvement fut fait par A.-L. Perrelet et la boîte par Abraham-Louis Robert, tous deux du Locle. Ceci est une quasi-certitude de plus que la bonne construction du mouvement correspond avec la façon de travailler du vieux Perrelet” (Chapuis & Jaquet, 1952, p. 55). Le point de vue n’est pas inexact mais on constate qu’il est basé sur la supposition “quasicertitude”. Ce qui est plus grave, c’est que cette “quasi-certitude” deviendrait déjà vite pour certains auteurs une ‘certitude’ et cela sans aucune nouvelle preuve. Comme il arrive souvent, un auteur copie ce qu’un autre a écrit sans contrôler ou s’occuper des conséquences. Il est bien connu qu’une faute enracinée est difficile à rectifier. Eh voilà, Perrelet devint ainsi l’inventeur de la montre automatique ! Encore en 2020, la firme Perrelet continue à affirmer : “1777- Abraham-Louis Perrelet se consacre dès les années 1770 à mettre au point un système qui, à partir d’une impulsion initiale, continuerait à fonctionner indéfiniment. C’est en 1777 qu’il concrétise son invention totalement révolutionnaire : le mouvement à remontage automatique. A ce jour, personne n’a trouvé mieux pour donner vie aux calibres mécaniques, et son invention continue à marquer”. Heureusement Joseph Flores, un horloger et historien français en horlogerie, s’est mis au travail avec beaucoup d’acharnement. Dans un article, publié en 1993, il mentionne le manuscrit, déposé à l’‘Académie des Sciences de Paris’ qui démontre que c’est bien Hubert Sarton qui est l’inventeur véritable de la montre de poche automatique à rotor. Le texte était clair, mais malheureusement le dessin manquait. Dans son livre ‘Perpétuelles à roue de rencontre’, sorti en 2009, Flores continue ses investigations pour trouver l’inventeur de la montre à rotor. Grâce aux recherches obstinées d’André Thiry, un liégeois et grand amateur d’horloges, la question revint à l’avant-plan. A ‘l’Académie des Sciences de Paris’ on venait de retrouver un dessin du système automatique à rotor de Sarton. Cette preuve consiste en un dessin de 30cm x 30cm, réalisé par Hubert Sarton lui-même. L’esquisse donne une explication aussi bien pour les différentes parties du mouvement que pour le fonctionnement de l’invention. Ainsi on peut lire près du rotor “contrepoix’, ce qui est de l’ancien français de ‘contrepoids’. Joseph Flores trouve la preuve de l’invention de la montre à rotor par Sarton ! Cette découverte est le début d’une controverse.
Micro-rotor de Bulgari
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La controverse Vers 1995 la nouvelle marque horlogère ‘Perrelet’ fit son apparition sur le marché suisse. Elle se proclama héritière authentique depuis 1777 de la montre automatique d’Abraham Louis Perrelet (1729-1826). Ce dernier fut d’ailleurs un excellent horloger ! Naturellement il ne s’agissait plus de montres de poche mais des montres-bracelets. Le site internet de Perrelet annonce encore en 2018 : “Abraham-Louis Perrelet se consacre dès les années 1770 à mettre au point un système qui, à partir d’une impulsion initiale, continuerait à fonctionner indéfiniment. C’est en 1777 qu’il concrétise son invention totalement révolutionnaire : le mouvement à remontage automatique. A ce jour, personne n’a trouvé mieux”. Cette affirmation pourrait s’avérer (mais cela n’est pas certain) exacte pour les montres automatiques à remontage latéral, mais pas du tout pour les perpétuelles à remontage à rotor. La firme ‘Perrelet’ continua malgré tout à nier la réalité. Sur le site ‘greenwichmeantime.com’ du 3 mars 2010, on peut lire le texte suivant qui démontre beaucoup de mauvaise volonté et de parti pris : “Poor Abraham-Louis is no longer around to defend his genial invention against his detractors who insinuate that a certain Belgian watchmaker, Hubert Sarton, completely unknown to the battalion of technicians, researchers and other precision maniacs, was the real inventor of the perpetual watch, the ancestor of the automatic movement, that fabulous invention which the watch manufacturers of France and now of Switzerland attribute without a doubt to Abraham-Louis Perrelet” (Pauvre Abraham-Louis. Il n’est plus en état de défendre son invention géniale contre les destructeurs qui insinuent qu’un certain horloger belge Hubert Sarton serait le véritable inventeur de la montre automatique, l’ancêtre du mouvement automatique. Cet Hubert Sarton est totalement inconnu de tout un batallion de techniciens, chercheurs et autres maniaques de précision. Cette fabuleuse invention que les manufactures françaises et maintenant aussi les manufactures suisses, attribuent sans aucun doute à Abraham-Louis Perrelet (Trad). On persista à nier l’invention de Sarton. Le livre de Dominique Fléchon ‘La conquête du temps’ édité en 2010, donnera peut-être de nouvelles informations. Fléchon, historien quasi-officiel de la FHH ou ‘Fondation de la Haute Horlogerie’, faisait fausse route. Dans le texte anglais (The Mastery of Time, 2011, traduction de ‘La conquête du temps’) on lit à la page 215 : “About 1775, according to watchmaking tradition, Abraham Louis Perrelet (1729-1826), in Le Locle (Switzerland), invented a winding system that employed a rotor acting in both directions and was comparable to that used in automatic wristwatches today” (”Dans les années 1775 et selon la tradition horlogère, Abraham Louis Perrelet (1729-1826) invente au Locle (Suisse) un système de remontage par rotor agissant dans les deux sens et comparable à celui des montres-bracelet automatiques actuelles”. Cette constatation simple et évidente devrait être acceptée par le lecteur sans aucune preuve ou référence ! Les mots ‘…selon la tradition horlogère…’ doivent être compris comme ‘…selon la tradition horlogère suisse…’ vu qu’un peu plus loin il mentionne que Perrelet était cet horloger suisse. L’année suivante le livre de l’aimable Jean-Claude Sabrier
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voyait le jour : ‘La montre à remontage automatique’. Ce livre, illustré de magnifiques photos et le résultat de recherches multiples, contient malencontreusement trop de fautes et d’imprécisions. Il n’y a même pas de bibliographie ce qui pour un ouvrage scientifique est inacceptable. Afin d’illustrer la ‘méthode Sabrier’, voici un exemple, bien que l’exemple ne vienne pas de son livre mais d’un article (Antiquorum, 2007, p. 640) : “Dans les années 1770 il (Hubert Sarton, EF) fit un voyage au Locle, où il fut en état d’examiner des montres de poche automatiques faites par Abraham-Louis Perrelet. Après cela, il retournait à Paris où il déposait un document à l’Académie des Sciences de Paris daté du 23 décembre 1778. Il s’agissait d’une montre à remontage automatique à chaîne, fusée et mouvement à verge” (Sabrier, p. 55). On ne retrouve aucune preuve écrite ou orale de ce voyage. Le contenu du texte est d’ailleurs inexact. A ce moment-là Sarton avait déjà construit plusieurs montres automatiques et ne devait pas aller au Locle pour apprendre cette technique. En plus, Sarton “déposait un document à l’Académie ”, en réalité Sarton avait donné un dessin, mais aussi présenté une montre à rotor. Les deux livres, tant celui de Sabrier que celui de Fléchon minimalisent autant que possible le rôle de Sarton au profit du suisse Perrelet. La controverse ne fit que s’amplifier. Il est vrai que pour une controverse, il faut avoir au moins deux parties qui argumentent, discutent, publient, citent des sources et essaient de trouver des preuves afin de convaincre l’adversaire de ce qu’elles pensent être la vérité. D’une part, il y a le ‘clan Sarton’ qui publie, donne les sources et invite les opposants à la discussion et au débat. D’autre part il y a le ‘clan Perrelet’ avec Sabrier (décédé depuis), Fléchon et la manufacture Perrelet qui publient en ne donnant jamais leurs sources et refusent tout débat. Est-ce peut-être l’acceptation qu’ils n’ont pas d’arguments ? En 2013, Richard Watkins publia son livre : ‘The Origins of Selfwinding Watches : 1773-1779’. Watkins, qui vit et travaille en Tasmanie (Australie) n’est pas du tout partial. Il a examiné de près avec beaucoup de sérénité, les différents inventeurs possibles de la montre automatique. Ces recherches approfondies où il a examiné toutes les hypothèses possibles, ont conduit à la conclusion que c’est bien Hubert Sarton qui est sans nul doute l’inventeur de la montre de poche automatique à rotor.
La suite de la montre automatique à rotor de Sarton Pour commercialiser sa montre automatique à rotor, Sarton aurait dû prévoir une abondante propagande en vue d’attirer des acheteurs. Sarton n’en fit rien ou certainement trop peu. Il continua simplement son travail sans promouvoir spécialement ses montres automatiques, à vrai dire une montre presque totalement inconnue du grand public. Comment comprendre cette attitude ? D’abord il faut savoir que le dépôt de la description et du dessin de la montre à l’Académie des Sciences à Paris fut sans doute un événement important pour Sarton ainsi que pour les membres de l’Académie, mais mis à part ces quelques spécialistes, personne ne se rendit compte de l’intérêt de cette invention. La renommée de Sarton n’augmenta ou ne diminua
pas en faisant la promotion de ce type de montre ! Comment comprendre le peu d’intérêt pour ce type de montre ? Sarton ne faisait-il pas de publicité pour sa découverte ? Quelques mois avant le dépôt à l‘Académie des Sciences, Sarton mit une annonce dans la ‘Gazette de Liége’ du 13 juillet 1778 : “H. Sarton, Horloger & Mécanicien de S. A. C., a l’honneur de donner avis au public qu’il vient d’achever plusieurs Montres qui, par un mécanisme des plus simples, se remontent d’ellesmêmes, ayant pour moteur continuel le seul usage que l’on en fait. Il les vend à très juste prix & les garantit. Il a aussi quantité d’autres Pièces d’Horlogerie…”. Le 10 juillet 1781, il mit une annonce à Spa avec la seule référence à sa montre automatique: “…comme Montres à cylindre, à seconde & quantième, & Montres qui se remontent d’elles-mêmes, enrichies de diamants… ”. Voilà les seuls efforts de propagande que Sarton fit pour sa montre. Il se peut que les liégeois ne s’intéressaient que peu ou même pas du tout à l’invention de Sarton. Les habitants de Liège étaient sans doute hésitants et n’étaient pas prêts pour ce genre de montres à prix élevé. Soyons honnêtes, ces montres ne fonctionnaient pas encore parfaitement et s’arrêtaient facilement. Très vite, l’acheteur s’en désintéressa. Sarton n’en fut pas trop troublé, vu qu’il avait ses pendules et régulateurs qui rapportaient nettement plus d’argent. Il est surprenant de constater que, jusqu’à ce jour, on n’ait pas encore retrouvé de montre automatique à rotor signée par Sarton. En réalité, on n’a retrouvé que cinq montres automatiques à rotor, construites à la manière de Sarton, dont deux sont signées. Une montre porte la signature de ‘Berthoud’ à Paris et l’autre ‘Mazzi’ à Locarno. Voici ces cinq mouvements à fusée et à verge, tous réalisés vers 1780, équipés du dispositif automatique à rotor. • Cadran, signé : Mazzi à Locarno, MIH Chaux de Fonds depuis mars 2016 • Mouvement n° 13, non signé, Musée Kunstmuseum Den Haag • Masse, signée : Berthoud à Paris, Musée Kunstmuseum Den Haag • Mouvement n° 22, non signé, Musée Patek Philippe, Genève • Signé : Igidius Link in Augsbourg, Musée Beyer, Zürich
Comment expliquer le peu d’intérêt ? Sarton ne croyait-il pas en sa propre invention ? Des circonstances inconnues à ce jour ont-elles contribué au fait que cette innovation n’ait pas connu le succès escompté auprès du grand public ? Y avait-il trop peu d’habitants fortunés à Liège et environs qui puissent se permettre de s’offrir ce type de montre ? On ne le sait pas. Selon l’horloger Michael Van Gompen de Bruxelles et l’antiquaire liégeois Axel Somers, connaisseurs de Sarton, il y avait des problèmes chez les horlogers à Liège à cette époque. La Cité Ardente avait bon nombre d’excellents penduliers mais ce n’était pas le cas pour les horlogers de montres. Sarton n’avait pas à sa disposition des horlogers chez qui il pouvait commander des ébauches de ce type. Une ébauche est un mouvement incomplet, commercialisé sous cette forme. Les ébauches anciennes, aussi appelées un ‘blanc’ou ‘blanc-roulant’, comprenaient les platines, les ponts, la fusée et le barillet. Aux environs de Genève on avait environ 600 blanquiers ou ouvriers qui assemblaient des ‘blancs’. A Liège il n’y en avait que très peu. Une autre hypothèse consiste à dire que Sarton, qui était un homme de défis et chercheur infatigable, avait déjà d’autres projets. Il se peut qu’il eût vite perdu de l’intérêt pour sa montre à rotor vu le peu d’appréciation du public. On peut aussi supposer que le temps n’était pas encore venu pour apprécier cette montre automatique bien qu’un petit nombre fut construit par des horlogers comme Breguet, Recordon, Meuron et Gevril. Ces montres automatiques n’avaient pas de rotor central mais un remontage à masse latérale. Deux cents ans plus tard il n’y a toujours pas d’explication acceptable pour justifier la disparition de ces montres automatiques à la fin du 18ième et le début du 19ième siècle. Il s’agit donc d’une belle invention restée sans suite. Au début du 20ième siècle les idées de Sarton furent reprises, mais cette fois pour la construction de montres-bracelets. Vers 1922 il y eut le lancement d’une montre automatique par la firme Leroi qui connut peu de succès. La ‘Harwood perpetual’ ou la montre de John Harwood, lancée en 1924, plaisait déjà mieux. Léon Hatot proposa un peu plus tard une montre-bracelet automatique, munie du nom rêveur de ‘Rolls’. Le public ne fut pas vraiment emballé. La percée définitive se fit finalement en 1931. Hans Wilsdorf emprunta le ‘système Sarton’ avec les adaptations nécessaires, pour sa première ‘Rolex Oyster Perpetual’. Après la deuxième guerre mondiale, les montres-bracelets automatiques à rotor devinrent la nouvelle norme. Bien entendu, Hubert Sarton ne l’a jamais su.
Les cinq mouvements anciens à rotor central
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Cartels et pendules Les pendules en Belgique Au 18ième siècle, l’influence française sur les pendules en Belgique se fit surtout sentir dans les villes comme Bruxelles, Gand, Namur, Huy, Mons et naturellement Liège. A Bruxelles il y avait à l’époque une clientèle fortunée intéressée par les pendules de Demeure, Leclerc, Dumoulin, Jean-Baptiste et Jean-Joseph Hanset et la famille Ghiesbreght. La ville de Gand a toujours connu une forte influence française et cela se remarqua chez les penduliers gantois comme Verlinden, Mortier et Roemaet. Namur était plutôt connue pour ses petites pendules en laiton comme celles de Joseph Ferdinand Baulion, qui fut reçu citoyen à Namur le 4 avril 1761. La ville de Huy avait des penduliers de bon niveau comme Mansion, la famille Martin, Vierset ou Hubin. A Mons on avait des penduliers de premier ordre comme Delecouillerie, Lefebvre-Caters et naturellement la famille Raingo. Dans trop d’ouvrages spécialisés en horlogerie Zacharie Raingo est considéré comme français, alors qu’il est né à Mons en Hainaut le 2 juillet 1775 et est mort à Ixelles, près de Bruxelles en 1847. Il était issu d’une ancienne famille du Hainaut. Ses frères Louis
Charles (1779-1854), François (1781-1846) et Jean-Baptiste (1786-1851) furent tous horlogers à Mons. Zacharie était le fils aîné de l’horloger Nicolas Joseph (1742-1809) et Marie Decroly (1749-1822). Zacharie se maria le 13 octobre 1795 à Tournai avec Augustine Houttekiet (1774-1814). Ils eurent huit enfants. Il s’établit au début à Tournai, ensuite (1810) il déménagea à Gand et à partir de 1813 il partit à Paris, Rue de Cléry, puis en 1815 Rue Saint-Sébastien. Il fit plus de vingt pendules à sphères mouvantes pour lesquelles il prit un brevet d’invention en 1815. Son frère François le rejoignit à Paris entre 1826 et 1828 où ils travaillèrent ensemble sous le nom de : Raingo frères. Certaines pendules à sphères mouvantes portent le nom d’Antide Janvier, qui en fit le mouvement. En 1823, Raingo était payé par le comte de Chartres comme ‘horloger mécanien’ et en 1824 il reçut le titre de ‘Horloger Mécanicien du Garde-Meuble de la Couronne’. En 1823 il édita ‘Description d’une pendule à sphère mouvante’. Lors de ’l’exposition des produits de l’industrie belge’ en 1835 il présenta un chronomètre à secondes. Pour des raisons politiques Zacharie retourna en Belgique, où il est mort. Vers le milieu du 18ième siècle, la pendule n’était pas uniquement une machine à mesurer le temps mais aussi un bel objet d’art grâce auquel on pouvait montrer qu’on avait de l’argent et du bon goût. Les pendules étaient de plus en plus appréciées par les nobles, les riches et les commerçants aisés. Les horlogers avaient vite compris les avantages qu’ils pouvaient en tirer. Liège était une ville importante en ce qui concerne la vente de pendules. Ce n’était pas uniquement parce que c’était la ville où travailla Hubert Sarton mais également toute une panoplie de grands horlogers y ont vécu et qui construisirent des pendules. On pense ainsi à la famille De Beefe, ainsi qu’aux horlogers Paul Conrard, Jean Joseph Fourneau, Nicolas Jacquet, Dieudonné Kinable, Lambert Joseph Laguesse, Nicolas L’Hoest, Mathieu Rossius, Gilles Rouma, Nicolas Sotiau et bien d’autres.
L’évolution des pendules de Sarton Les débuts de Sarton à Liège en tant que pendulier ne furent pas spectaculaires. Il lui fallut encore tracer son chemin pour lancer sa carrière et accéder à une certaine notoriété. Sa nomination en tant que ‘Premier mécanicien’ du prince-évêque François Charles de Velbrück, dès son retour en Belgique en 1772, a certainement contribué à faire sa renommée dans la principauté. Au début, il travailla selon les méthodes observées et appliquées à Paris dans l’atelier de Leroy. D’un point de vue économique, les pendules et les montres de poche furent certainement les produits les plus intéressants mais petit à petit Sarton se concentra principalement sur les pendules sans pourtant oublier les montres. Sa préférence et son choix étaient en quelque sorte le résultat du nom qu’on attribua en ce temps aux horlogers, notamment “horloger-mécanicien”. Sarton se sentit attiré par la technique des mécaniques compliquées comme par exemple les métiers à tisser. Progressivement la construction de pendules deviendra plus importante et ce au détriment de la construction et des ventes des montres. 'Pendule unique' signée : Van Hoof et Fils à Anvers
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Cartel mural d'Hubert Sarton
Cartel en vernis martin de Sarton
Au début de sa carrière, Sarton acheta la plupart des pièces détachées pour ses pendules à Paris. Certains mouvements pour ses premières pendules, furent importés de Suisse. Ce fut le temps où Sarton s’inquiéta de savoir s’il aurait assez de clients pour rester à Liège. Assez vite on remarqua que Sarton eut l’intention de produire ses propres mouvements. Il délaissa le mouvement à verge en faveur du mouvement à chevilles ou à ancre. Cette évolution fut nécessaire car les pendules devaient être de plus en plus précises. Petit à petit les horloges de Sarton allaient refléter ses propres idées, ses opinions horlogères et partis pris techniques. On retrouve très vite ces caractéristiques en observant les belles aiguilles ou encore des détails comme l’encliquetage élégant du rochet, du cliquet et du ressort de pression. La roue de compte prend la forme d’une étoile à cinq branches, une forme que Sarton perfectionna en squelettant les bras. Progressivement la clientèle de Sarton devint plus importante ce qui l’obligea d’importer des mouvements suisses afin de pouvoir répondre à la demande. Jacques Nève mentionne (Les pendules d’Hubert Sarton 1748-1828, pp.16-17) que ces mouvements provenaient des “établissements Dubois au Locle”. On peut les reconnaître aisément à leur mouvement à verge et l’emploi du râteau. Le timbre est placé à l’arrière et le marteau se cache derrière la platine arrière de façon à être invisible en regardant de face le cadran. Petit à petit le style caractéristique de Sarton se développa. Sans doute qu’il comprit mieux ce que ses clients attendaient de lui. Il maîtrisait davantage sa production, avait suffisamment
Pendule des débuts d’Hubert Sarton
de clients et disposait des fonds nécessaires pour se procurer les meilleurs matériaux. Pour l’émail de ses cadrans il choisissait – en dehors de quelques rares exceptions - toujours un blanc brillant en combinaison avec un bleu azur profond. A l’époque, cela n’était certainement pas original car beaucoup de penduliers utilisaient ce bleu, appelé aussi ‘beau bleu’ ou ‘bleu royal’. Sarton appliqua la technique de l’aiguille des secondes qui faisait un tour en trente secondes au lieu des classiques soixante secondes. Du même coup l’indication du temps se montra plus attractive et plus vivante. Pour la première fois on remarque aussi que Sarton utilisera régulièrement des cadrans squelettés. Sarton ne fut pas le premier à se servir de cette technique mais il l’a généralisée en l’appliquant à tous les cadrans, aussi bien les grands que les petits. Cette transparence n’était pas sans conséquences. Tout devait être d’une finition parfaite. Ainsi l’horloger exhiba la beauté du mécanisme et si possible, la symétrie des différentes parties et pièces. Les roues devaient avoir dans toute la pendule la même forme et le même dessin afin d’arriver à une pendule de grande homogénéité et pureté. On peut encore ajouter d’autres qualités comme le charme, l’attrait, la distinction, la délicatesse ou la grâce. Personne ne fut surpris d’y voir des qualités féminines. Il s’ensuivit qu’un bon horloger ne devait pas être uniquement un excellent artisan mais également un grand artiste ayant l’attention pour les formes, l’élégance, l’harmonie et l’esthétique. Il n’est pas surprenant de voir que les mots ‘artiste’ et ‘artisan’ commencent chacun avec le mot le plus important : ‘art’.
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Les débuts Les pendules maçonniques On ne connaît que peu de pendules maçonniques de Sarton. Leur socle est toujours en marbre blanc. Sous les deux grands cadrans squelettés, on remarque à gauche et à droite deux cadrans plus petits : un pour les mois, l’autre pour les jours de la semaine. Sarton restera fidèle à cette disposition. On constate qu’il n’utilise qu’un seul remontage pour les deux barillets. La tige de remontage se situe entre le grand et les petits cadrans. Elle est entourée d’un compas et d’une équerre, les symboles de la franc-maçonnerie. Les roues sont également pourvues du triangle comme symbole de la franc-maçonnerie. Tous ces détails permettent de conclure que la forme triangulaire des platines en laiton et la forme des roues seraient une référence à la francmaçonnerie car on sait que Sarton fut membre fondateur de la loge maçonnique de Liège. Cela n’est pas impossible mais il se peut également que la forme triangulaire des platines était plus adaptée aux mouvements employés par Sarton. Ces platines triangulaires, qui reposent sur deux piliers en laiton, formaient une base solide aux mouvements. De plus ce triangle artistique assura un équilibre certain.
Cadran de la pendule lyre, signée Hubert Sarton à Liège
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Les pendules lyre Les pendules lyre de Sarton sont à dater d’environ 1780 pendant sa période de transition. La lyre fut inventée selon la mythologie par le dieu Hermès. Il s’agit d’un instrument à cordes pincées, très répandu pendant l’Antiquité. Les grands poètes et musiciens de la Grèce antique jouaient de cet instrument mythique. On peut dire que la lyre est le précurseur de la harpe moderne. Avec le temps, la lyre disparut comme instrument mais sa valeur symbolique persista. La beauté magique de l’instrument a continué à émouvoir les âmes poétiques pendant l’époque du romantisme du 18ième siècle. Les horlogers furent naturellement attentifs aux désirs et goût des acheteurs qui affectionnaient les pendules romantiques. Sarton en a exécuté plusieurs de style Louis XVI avec socle en marbre blanc et décoration en bronze doré. D’habitude les balanciers n’étaient pas compensés et le mouvement restait immobile. La pendule lyre de Sarton qui se trouve aux ‘Musées royaux d’Art et d’Histoire’ de Bruxelles est d’une exécution spéciale et donc unique en son genre. En effet, le mouvement de cette pendule ne reste pas immobile. Cette horloge a un mouvement à soixante chevilles pour permettre à la trotteuse centrale de faire un tour toutes les trente secondes, technique typique des pendules de Sarton. Cette pendule à cadran squeletté a pratiquement toutes les caractéristiques des autres pendules lyre de Sarton sauf qu’elle dispose de deux façons différentes d’emploi du balancier : soit le mouvement fait lui-même office de balancier, soit le mouvement et cadran sont fixes et on ajoute un balancier supplémentaire. On pourrait également dire que cette pendule lyre présente la particularité de pouvoir se remonter, à fréquence hebdomadaire, sans que son mouvement ne soit interrompu. Cette singularité est le résultat d’un second balancier permettant de maintenir le mécanisme en action pendant le remontage. Ce double emploi est une innovation technique que Sarton n’a plus utilisée par après pour ses autres pendules.
Pendule maçonnique de Sarton au château de Jehay
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La fin du ‘temps d’étude’ L’évolution des pendules de Sarton n’est pas encore terminée. Il a construit une pendule à trois cadrans en porcelaine fragile avec, comme détail surprenant, les indications des mois en anglais. Il est possible qu’il s’agisse d’une commande d’un client anglais ou d’un pays où on parla anglais. La pendule à cinq cadrans en verre marque le début de la grande période horlogère de Sarton. Celle-ci est dotée de toutes les caractéristiques personnelles de Sarton comme la trotteuse de trente secondes, la forme triangulaire des platines et l’encliquetage typique du rochet, cliquet et ressort de pression. Il est à remarquer que Sarton utilise une sonnerie à râteau à deux timbres. Ces pendules constituaient probablement toutes des commandes particulières. Elles sont encore influencées par le style Louis XVI à socle en marbre blanc décoré de bronzes dorés. C’est la fin de ce qu’on pourrait nommer ‘la période d’étude’ de Sarton. Les pendules qui seront construites par la suite représentent l’œuvre d’un maître au sommet de son art.
Cadran triangulaire en verre églomisé vu de l'arrière
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Les pendules à trois cadrans en verre Les quelques pendules à trois cadrans en verre sont toutes différentes malgré plusieurs ressemblances. Toutes ont un socle rectangulaire en marbre ‘Noir de Mazy’ à l’exception d’une pendule équipée d’un socle plus récent. Ces socles ont des petits pieds en laiton en forme de cône renversé. Sur le socle on voit les deux colonnes devant lesquelles pend en grande partie le cadran triangulaire. Le cadran à coins arrondis, est parfois partiellement squeletté. Le cadran est peint en blanc à l’arrière. Dans la peinture sont inscrites les indications nécessaires. Sans aucun doute l’emploi d’un cadran en verre d’une pièce avait comme but de reduire le coût. On sait qu’en ce temps il y avait d’excellents artisans à Liège pour réaliser ces cadrans, entre autres Jean François Florimont Deprez, Delarivière-Deprez et Michel Liben. La livraison de ces commandes était plus simple, plus rapide et moins coûteuse que commander à Paris. Ces pendules ont presque les mêmes caractéristiques que celles des pendules à cadrans séparés. La forme des platines reste triangulaire mais l’exécution est différente. Le mouvement est parfois pourvu d’une sonnerie à râteau, parfois d’une roue de compte. Dans la partie supérieure du cadran on remarque un petit cadran pour l’Avance/Retard. Grâce à cette aiguille, on peut changer la longueur et la vitesse du balancier. Comme d’habitude chez Sarton, la trotteuse fait deux tours par minute. A gauche et à droite on voit les indications des jours de la semaine et du mois. Dans la partie inférieure au centre, on remarque les phases de lune et l’âge de la lune, représentés souvent dans un cadran squeletté. On suppose que la construction différente de ces platines pourrait être due au travail des assistants de Sarton mais nulle part on en retrouve une preuve. La signature de Sarton diffère selon la pendule. On a retrouvé peu de pendules de ce type. La fragilité du cadran n’a certainement pas été profitable à ces pendules. Un cadran brisé était difficile à remplacer. La pendule était rangée dans un carton ou une boîte. Après des années de silence, de poussière et d’inaction elle fut jetée dans la triste poubelle de l’oubli.
Cadran triangulaire en verre églomisé, signé : Sarton Liége
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La maîtrise Pendules à deux colonnes et un seul cadran La pendule à deux colonnes et un seul cadran - squeletté ou non - était un des modèles phares de Sarton. Pendant plus de vingt ans, il construisit ce type de pendule où le cadran et le mouvement rond sont portés par un demi-cercle en laiton sur lequel le mouvement est fixé. Bien qu’à première vue toutes ces pendules se ressemblent, il y a quand même quelques différences. Cette pendule sobre a presque toujours un balancier compensé. Ce balancier est équipé de cinq tiges en acier et quatre en laiton qui, à la suite des variations de température, se dilatent ou retrécissent. Ainsi le balancier aura toujours la longueur adéquate. Ce balancier peut être suspendu à l’arrière ou entre le cadran et le mouvement. Dans ce dernier cas, la pendule devra toujours être assez haute pour que le balancier puisse avoir assez d’espace pour l’oscillement. Il est clair que tous les balanciers employés par Sarton, n’étaient pas compensés. Parfois ils ressemblaient à un balancier à grille sans que la fonction de compensation ne soit présente. La forme ‘comprimée’ des pendules basses, équipées d’un seul cadran, est un peu moins élégante.
Pendule basse à un cadran
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A noter que les pendules à cadran plein ont une aiguille pour l’heure, les minutes et les secondes alors que la pendule à cadran squeletté est dotée en plus d’une aiguille pour les jours du mois. On observe que les mois des horloges de Sarton comptent toujours 31 jours. Sarton construisit également quelques pendules à deux cadrans. Le cadran subsidiaire est celui des phases de lune. Sarton vendait ce type d’horloges à d’autres horlogers. Certains de ses collègues essayaient d’y ajouter une touche personnelle en changeant un détail comme l’ont fait Lepaute, Daywalle et Dumoulin. Les horlogers liégeois Mathieu Botÿ et Laguesse ont-ils également acheté ce type d’horloge chez Sarton ou ont-ils eux-mêmes construit ce type de pendule ? Jacques Nève note à ce sujet: “Est-il alors concevable que Sarton ait accordé à ses collègues une ‘licence de fabrication’ d’un modèle somme toute assez commercial” (Les pendules d’Hubert Sarton 1748-1828, p. 68).
Pendule haute à un seul cadran
Pendule haute avec arche en émail
Pendule haute à deux cadrans
Les pendules à quatre cadrans Les platines rondes Ces pendules sont les plus connues de Sarton. En général, elles possèdent les mêmes caractéristiques que les autres pendules du maître liégeois. On remarque immédiatement l’emploi du socle en marbre noir. Ce marbre est d’origine belge et est connu sous le nom de ‘Noir de Mazy’ ou ’ Noir de Golzinne’. Ce n’est qu’à la fin du 18ième siècle et donc pendant la grande période de Sarton, que la production de ce marbre s’est répandue. On en trouve même au palais de la Reine d’Angleterre à Birmingham. En réalité, les marbriers de Golzinne livraient principalement des dallages pour les églises, des cheminées, des tombes funéraires et des fonts baptismaux. Actuellement, il ne subsiste qu’une seule carrière souterraine en activité. Elle a 66 mètres de profondeur et se trouve à Golzinne près de Gembloux. Ce marbre sans fossiles ou veinules gênantes de calcaire est recherché pour son noir intense, très uniforme et homogène. Le ‘Noir de Mazy’ de première qualité et au velouté délicat se marie parfaitement avec la finition raffinée en laiton des pendules de Sarton. L’achat de ce marbre était onéreux mais en valait la peine. A partir de ce moment, Sarton n’utilisera plus de décorations en laiton sur ses socles car il voulait que toute
l’attention soit concentrée sur l’horloge. On peut en conclure que toutes les pendules à socles en marbre blanc ou gris à décoration en laiton, datent de sa première période à l’exception de sa grande pendule à six cadrans. En guise de soutien du socle, on remarque d’habitude six cônes renversés en laiton doré. Les pendules sont pourvues de deux colonnes en laiton avec un soubassement rond. Entre ces deux colonnes il y a toujours une gouttière en laiton non signée, attachée à la base des colonnes. Certaines pendules sont équipées d’un cadran central squeletté. La plupart des cadrans sont entourés d’un bord en laiton doré qui diffèrent en fonction du goût et des possibilités financières de l’acheteur. Il y a aussi des pendules à cadran ‘nu’, c’est-à-dire dépourvu de bord. Ces cadrans nus sont plus vulnérables car non protégés par un bord en laiton. Les grands cadrans non-squelettés en émail blanc ont deux trous de remontage. L’indication de l’heure en chiffres romains noirs se trouve à l’extérieur, celle des 31 jours en chiffres arabes noirs à l’intérieur. Il y a toujours quatre aiguilles et la trotteuse fait deux tours par minute. A gauche et à droite dans la partie inférieure
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La platine arrière
Pendule à quatre cadrans
du cadran central, on peut distinguer les deux cadrans pour les mois et les jours de la semaine. Tout en haut, il y a le cadran des phases de lune. La lune a la forme d’une tête d’homme chauve avec au-dessus de la tête une petite flèche qui indique l’âge de la lune. Un ciel nuageux est toujours à admirer en-dessous de la lune. Le timbre se cache derrière le cadran. En regardant l’horloge de face on n’aperçoit que le marteau rond et horizontal derrière le cadran. Les mouvements ronds ont une roue de compte qui frappe l’heure et la demie sur un seul timbre. La roue d’échappement et le mouvement à soixante chevilles alternées se trouvent à l’arrière et sont de ce fait facilement accessibles. Le balancier est toujours compensé et muni d’une suspension à couteau. Il n’existe que quelques pendules à quatre cadrans qui ont des chapiteaux sur les deux colonnes. Ces pendules ont une hauteur de plus de 60cm et sont à dater entre 1815 et 1820. On sait qu’à ce moment Sarton s’était déjà retiré comme horloger. Dès lors on peut supposer que ces pendules furent l’œuvre de son fils François-Joseph ou de son arrière-neveu Nicolas-Marc Lhoest.
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Les platines triangulaires Les pendules à quatre cadrans et à platines de forme triangulaire de la période 1795-1805 (Les horloges d’Hubert Sarton 1748-1828, pp. 71-92) sont fascinantes. Les platines triangulaires sont isocèles. Sur la platine arrière on ne retrouve que la roue de compte et les deux roues à remontage. Le mouvement à verge anime une trotteuse qui fait deux tours en une minute. Le balancier compensé est muni d’une suspension à couteau renversé. Ces pendules ont les quatre cadrans habituels mais aucun n’est squeletté. Le grand cadran central affiche l’heure, les minutes et les secondes mais comprend en plus trois indications supplémentaires au centre. Les deux tiges à remonter se trouvent en bas à gauche et à droite du grand cadran. Selon la pendule, les indications peuvent être placées différemment. Sur les pendules aux indications grégoriennes et révolutionnaires on retrouve habituellement les jours de la semaine sous le chiffre XII. A gauche, on découvre les mois grégoriens et les mois révolutionnaires. A droite, on discerne les trente et un jours grégoriens du mois ainsi que les trente jours révolutionnaires du mois. Dans la partie inférieure gauche de la pendule on trouve le cadran pour les lever et coucher de la lune
Pendule à quatre cadrans et à platines triangulaires.
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Mouvement de la pendule à quatre cadrans et à platines triangulaires.
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ainsi que l’âge de la lune. Du côté droit on voit le cadran des lever et coucher du soleil. Tout en haut on décèle le cadran qui affiche l’heure en quarante-huit lieux différents de la terre. Le 29 octobre 2019 Christie’s New-York vendait une pendule à quatre cadrans d’une hauteur de 59cm, signée sur le cadran central : Sarton. Le cadran supérieur affiche l’heure en 52 villes ou pays différents. La maison de vente décrit le mouvement de la façon suivante : “The ormolu bezel cast with sunbursts and foliate beading framing a white enamel Roman and Arabic chapter face signed Sarton above VI, finely pierced blued steel hour and minute hands, counterpoised sweep center seconds hand, central subsidiary calendar rings for date, day of week with corresponding deity and month with corresponding number of days all with blued steel serpentine arrow-head hands, the lunar dial displaying age and phase of moon flanked by the sun dial indicating the times of sunrise and sunset with corresponding shutters, the world-time dial above with static inner ring with 24hour chapters calibrated VII to VI in gilt enamel and similarly in black thus indicating day and night hours, the outer revolving ring finely painted with 52 locations around the world, the movement
with triangular plates and twin going barrels ; the going train with pinwheel escapement and later brocot steel-suspension with grid-iron pendulum, strike train with outside counterwheel strike on bell above via hammer on vertically positioned arbor, the whole on tapering columns supported on a D-ended rectangular black marble plinth”. La pendule à platine trapézoïdale La pendule à platine trapézoïdale mérite une attention particulière. De face, elle ressemble à une pendule classique à quatre cadrans avec le cadran central squeletté, mais cette horloge dispose en plus d’une sonnerie aux quarts sur deux timbres à râteau double. Une autre particularité est la partie basse de la lentille du balancier qui se pare d’une décoration en forme de cœur. On remarque encore que les colonnes ont des chapiteaux. Cela fait penser aux pendules construites après 1810 (comme écrit plus haut dans le cas des pendules à chapiteaux et quatre cadrans). Ici également on pourrait attribuer cette pendule à son fils, François-Joseph Sarton ou son arrière-neveu Nicolas-Marc Lhoest. On connait une très belle horloge de parquet de style fin Louis XV à mouvement de Jean André ou Jean Baptiste Lepaute. La gaine est de maître Nicolas Petit (1732-1791). Quant à la lentille du balancier, celle-ci est décorée de manière similaire que celle de la pendule Sarton. Est-ce Lepaute qui eut l’idée du cœur sur la lentille ou l’idée venait-elle de Sarton ? La pendule spéciale à cinq cadrans La pendule spéciale à cinq cadrans est ornée sur la partie inférieure de la lentille du balancier d’une décoration en forme de cœur, mais la signature ne laisse aucun doute : Jph Sarton à Tilleur. Le constructeur de cette horloge n’est autre que FrançoisJoseph Sarton (1779-1862), le fils d’Hubert Sarton qui avait épousé Marie-Hélène Lambermont (1776-1818). Celui-ci changea régulièrement d’adresse et déménagea à Tilleur (près de Liège) en 1821. Vers 1829 il s’installa à Jemeppe-sur-Meuse. Puisque la pendule est signée ‘à Tilleur’, on peut la dater entre 1821 et 1829. Il s’agit vraisemblablement d’une commande spéciale. La pendule ressemble aux pendules à quatre cadrans de son père Hubert Sarton mais le fils a prévu de fixer le cadran des lever et coucher de la lune sous le grand cadran central avec dans la partie inférieure les phases de la lune. Le cadran avec les lever et coucher du soleil se retrouve dans la partie supérieure. Au lieu du ciel nuageux peint en émail, on a droit à un petit paysage autour duquel tourne le soleil. En bas de ce cadran on lit : ‘Lever et coucher du soleil’.
Mouvement de la pendule à platine trapézoïdale
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La pendule à platine trapézoïdale
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Jh Sarton à Tilleur
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Les exceptionnelles Les pièces maîtresses à cinq ou six cadrans La première de ces deux pendules se trouvait initialement au musée néerlandais de Schoonhoven : ‘Nederlands Goud-, Zilver- en Klokkenmuseum’. Malheureusement le département des horloges a disparu à l’avantage du musée actuel : le ‘Zilvermuseum’. La fondation qui s’occupe des horloges cherche encore toujours un nouvel endroit pour accueillir ces merveilles. Entre-temps la collection fut transférée à La Haye dans les réserves du musée ‘Kunstmuseum Den Haag’. Cette pendule à cinq cadrans est fixée sur un socle en marbre blanc. Les colonnes en forme de ‘S’ sont soutenues par deux supports carrés en marbre noir. Cette forme est exceptionnelle pour Hubert Sarton et il ne l’utilisera plus les années suivantes. On trouve la signature, légèrement cachée entre le cadran central et les trois cadrans du bas : Sarton à Liége. Tous les cadrans sont squelettés et ont un bord perlé en laiton doré. Les indications des mois et des saisons, les signes du zodiac et les 365 jours de l’année se situent à l’extérieur du cadran. Les heures sont indiquées en chiffres romains noirs, les minutes en chiffres arabes noirs et les secondes sont représentées par des petits traits noirs. Au milieu du cadran on remarque les phases et l’âge de la lune. Naturellement l’aiguille des secondes, qui fait deux tours par minute, est présente mais également l’aiguille du jour qui indique aussi la saison ou le mois. Finalement il y a l’aiguille qui est munie d’un petit soleil qui donne le temps réel ou le temps sidéral. Le cadran supérieur représente les lever et coucher du soleil. Il s’agit d’une interprétation personnelle où l’aiguille tourne avec le soleil pendant vingt-quatre heures. A gauche et à droite on voit sur fond de décor bleu azur, deux petites plaques séparées qui peuvent monter ou descendre afin d’indiquer la longueur du jour. Le cadran situé dans la partie inférieure du côté gauche affiche les jours de la semaine et les signes du zodiac, tandis que le cadran équivalant du côté droit dévoile les marées pendant vingtquatre heures. Le cadran en bas affiche l’heure en cinquantetrois lieux différents sur terre. A l’extérieur de ce cadran un cercle avec les noms des cinquante-trois lieux fait un tour en vingt-quatre heures. Le balancier compensé, muni d’une aiguille, donne la température sur une échelle graduée. Le mouvement à échappement Graham est placé entre des platines trapézoïdales, la roue de compte se situe à l’arrière. On peut supposer que cette pendule unique, légèrement trapue et d’une hauteur de 50 cm ne fut qu’un exercice préparatoire avant de réaliser sa pendule équipée de six cadrans. La pièce de maîtrise absolue de Sarton est celle à six cadrans qui fut vendue par la baronne d’Oteppe de Bouvette en 1962 et qu’on peut admirer dans le musée du Grand Curtius à Liège. A elle seule, cette horloge vaut la visite du musée. Cette pendule démontre la virtuosité artistique, la maîtrise d’exécution et le métier accompli d’un tout grand horloger. Cette pendule d’exception d’une hauteur de 81cm à platines trapézoïdales fut construite en 1795, au moment-même où la ville et la principauté de Liège furent ébranlées par la tourmente révolutionnaire. On connaît la date de construction exacte (1795)
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Mécanisme de la première pendule à cinq cadrans
parce que c’est la première année qui est mentionnée à droite sur le cadran inférieur. Les six cadrans reposent sur deux arcs en laiton, qui sont soutenus à leur tour par deux colonnes en laiton et un socle en marbre noir qui - et c’est exceptionnel pour un socle en marbre noir - est décoré de trois plaquettes dorées. Les basreliefs représentent des anges musiciens. Tous les cadrans sont émaillés, squelettés et entourés d’un bord en bronze doré de style Directoire. Toutes les roues squelettées arborent la forme d’étoile. Les branches aussi sont squelettées et se terminent sur un demi-cercle élégant. Le cadran supérieur affiche l’heure réelle pour le monde entier et pour cinquante-trois lieux différents. En dessous de ce cadran on distingue un cadran qui donne les heures des lever et coucher du soleil avec les aiguilles pour le soleil et la lune. Le grand cadran central affiche l’heure réelle ainsi que l’heure moyenne, les minutes et les secondes, le jour et le mois. A remarquer : le mois de ‘janvier’ est écrit ‘JEANVIER’. Il peut s’agir d’une simple faute à moins que - ce qui semble plus près de la vérité - cette
La première pendule à cinq cadrans
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Pendule à six cadrans
anomalie soit voulue afin d’obtenir une symétrie avec les mois de ‘DECEMBRE’ et ‘FEVRIER’! Le cadran inférieur gauche révèle les jours de la semaine, alors que celui de droite donne les années de 1795 à 1844. Les années sont alternativement peintes en rouge et en noir, ce qui rend la lecture plus aisée. Finalement le cadran central le plus bas dévoile les phases de lune sur un fond bleu azur. C’est ici qu’on trouve la signature : Sarton à Liége, et plus haut : Phases de lune. La représentation anthropomorphique de la lune donne un ‘look’ moderne : la figure souriante masculine vous regarde droit dans les yeux. Impossible d’y échapper, le temps vous tient. La sonnerie sur deux timbres est commandée par une roue de compte pour les quarts sur l’arrière-platine. Finalement cette beauté est équipée d’un balancier compensé avec deux écrous moletés. On retrouve ces deux écrous moletés sur pratiquement toutes les grandes lentilles des pendules de Sarton. Elles permettent d’ouvrir aisément la lentille. Le tout est d’une finition extrême et apparemment d’une grande simplicité : deux caractéristiques d’un grand maître.
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Sarton aurait construit une pendule similaire en 1772 pour Charles de Lorraine mais on ne sait pas où se trouve la pendule ni si elle existe encore. Un texte bizarre dans ‘Hommage d’Hubert Sarton, p.28’, attire l’attention. Le texte est repris littéralement : ”En 1803, le 2 novembre, Mr. Hamaide, liégeois de nation, négociant et horloger, m’écrivit de Saint-Pétersbourg, dans les termes suivants : «Votre grande pendule, Monsieur, se trouve en vente dans le cabinet de physique de Mr. Robertson, notre compatriote ; cette pièce, qui vous fait honneur, vous fait connaître de tous les grands Seigneurs, de même que de l’Empereur. J’espère en faire vente sous peu». Cette pendule était semblable à celle que je confectonnais en 1772, pour son Altesse Royale le duc Charles de Lorraine, gouverneur-général des Pays-Bas autrichiens ; je l’avais vendue au Sr. Hamaide, à Spa en 1803”. Ce texte révèle donc l’existence d’une autre pendule à six cadrans. De cette pendule on ne sait rien de plus (Voir plus loin : Gérard Hamaïde).
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Les pendules de compagnie, les chefs-d’œuvre suprêmes Hubert Sarton réalisa une prouesse technique en construisant trois, peut-être même quatre, horloges à cadran mobile. Jamais un horloger ne s’était risqué à relever un tel défi. Ces pendules à cadran mobile ont toutes une caractéristique commune : le cadran central peut faire un demi-tour de gauche à droite et de retour sur 180° afin que chacun dans un salon, un fumoir ou une salle à manger puisse lire l’heure sans se déplacer. Pour cette horloge hors du commun, Sarton inventa un nom très approprié : ‘Pendule de Compagnie’. Une de ces quatre pendules de compagnie fait partie d’une collection privée en Belgique, une autre a trouvé sa place en décembre 2019 au musée ‘Speelklok’ à Utrecht et le troisième exemplaire fut vendu pour 115.000 € par Christie’s à Londres en février 2005. Cette dernière pendule inhabituelle faisait partie de la collection : ‘The Albert Odmark Collection’. La pendule de la ‘The Albert Odmark Collection’ Cette pendule pèse 40 kilos et contient pas moins de 722 pièces. Toutes ces pièces sont numérotées. Il était donc impossible de se tromper en assemblant le tout. La pendule est entièrement squelettée afin qu’on puisse voir le moindre détail. Au-dessus du socle on discerne les deux grands barillets et les deux tiges à remontage. Les barillets contiennent des ressorts robustes pour maintenir en action le mouvement de huit jours avec sonnerie aux quarts, le cadran mobile, l’entraînement du balancier et l’alimentation de la force constante du balancier. Les ressorts sont à remonter à l’aide d’une clé hors-norme pesant 950gr et d’une longueur de 215mm. Au-dessus des barillets se trouve le cadran mobile et squeletté affichant l’heure et les minutes. En plus, il y a l’aiguille des jours du mois et - noblesse oblige - l’aiguille des secondes qui fait comme d’habitude chez Sarton, deux tours de cadran en une minute. En dépit de tous les problèmes techniques et complications que cela engendre, Sarton persiste à utiliser toutes les indications des pendules à trois cadrans. Un cadran plus petit avec les indications des jours de la semaine et les mois surmonte le cadran mobile. Tout en haut on remarque deux timbres. Avec un peu de fantaisie on pourrait comparer la pendule à une grande dame en jupe longue ayant les bras ouverts. Au bras gauche pend le balancier à compensation thermique qui repose sur une suspension à couteau. Ce balancier peut être réglé grâce à une vis et cela sans immobiliser le balancier. Le mouvement du balancier est transmis au mouvement Graham grâce à une tige en forme de ‘Z’. Au bras droit pendent deux poulies pour les poids. Les poids sont suspendus à de fines poulies et sont remontés toutes les minutes. C’est probablement la seule fois que Sarton utilisa un mouvement Robin. Il est presque certain que cette pendule fut commandée pour Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas autrichiens. A sa mort le 4 juillet 1780, on établit un inventaire de ses biens. La pendule est décrite sous le numéro 80 : “Une pendule à poids, avec un cadran à heure et minutes ; lequel toutes les minutes prend une situation différente, se présentant en face, sur la droite & sur la gauche, & l’on peut le fixer à volonté sur une de ses
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La pendule de la ‘The Albert Odmark Collection’ (ici la frise à anges manque)
positions, par le moyen d’un petit bouton”( Catalogue des effets précieux de feu son Altesse Royale le Duc Charles de Lorraine ). En 1778 Sarton se rendit à Paris pour présenter sa montre de poche ‘perpétuelle’ à rotor à l’Académie (voir Sarton : montres de poche). A cette occasion il présenta également sa pendule à cadran mobile. Dans un procès-verbal de l’Académie de 1778 (tome 97, p.335) on lit : “Nous avons examiné du même M. Sarton, une pendule qu’il n’avait présentée à l’académie que pour la lui faire voir et uniquement, cependant dont on désire que nous disions deux mots. Cette pendule n’a d’autre particularité que celle de faire promener le cadran qui est détaché de la boîte, horizontalement à droite et à gauche pour qu’on puisse voir l’heure dans différents endroits, comme par exemple dans plusieurs corridors ou Galeries qui formeraient différents angles entre eux, dans une Eglise, etc. La plus grande difficulté dans une pendule de cette espèce consistait à faire que pendant le mouvement du cadran les aiguilles n’en reçussent aucun et fussent aussi fermes que celles des autres pendules ou horloges, et c’est ce que M. Sarton a très bien exécuté par le moyen de deux roues verticales et intermédiaires autour desquelles tournent celles qui appartiennent au cadran.
Nous n’avons pas besoin d’ajouter qu’il y a un rouage destiné à produire le mouvement de ce cadran, que les mouvements de ce rouage sont réglés par un volant et que les alternatives du mouvement de ce cadran, sont déterminées par des détentes, etc. Le tout nous a paru bien entendu et bien exécuté, mais comme cette pendule ne peut être d’un usage bien utile ou bien fréquent, nous n’en dirons pas davantage” (Procès-verbaux de l’Académie Royale, p.335). L’Académie, où siégeait Jean-Baptiste Leroy, ne semble pas s’être donnée beaucoup de peine. Elle admettait que l’horloge était bien construite mais qu’en même temps, celle-ci n’était pas ‘très utile’. On peut partiellement comprendre le point de vue de l’Académie quand elle mentionne que le cadran mobile n’était pas, à vrai dire, une complication horlogère. Il est pourtant clair que Sarton était allé nettement plus loin en présentant une complication qui n’existait pas encore. En réalité, Sarton était un horloger qui raisonnait en dehors des sentiers battus. Plus de deux siècles plus tard on peut affirmer qu’avec la ‘Pendule de compagnie’, Sarton avait fourni la preuve de sa créativité. La pendule de compagnie du musée ‘Speelklok’ à Utrecht Sarton construisit encore deux pendules similaires. Elles possèdent un cadran mobile, sont plus petites et sont munies d’une boîte à musique. Ces horloges disposent d’un tambour égal à la largeur de toute la pendule. Une de ces pendules est exposée au musée ‘Speelklok’ à Utrecht aux Pays-Bas depuis décembre 2019. Le globe en verre fut remplacé en 1997. Le socle en chêne à finition en acajou est surmonté du tambour à 31 marteaux et 17 timbres. La série des timbres est composée de la façon suivante : c-d-e-f-g-a- bes-b-c-d-e-f- fis-g-a-b-c A la demande, vingt-quatre mélodies peuvent être jouées en deux tours de tambour. A chaque heure on peut entendre avant l’heure comme délai une mélodie qui dure 55 secondes. Le socle en bois est une ajoute plus récente. A droite sur le socle on remarque un levier avec lequel on active manuellement la musique. Sous le socle à droite, il y a un levier pour changer les mélodies. Un levier à gauche sert à la sourdine des timbres : cela peut se faire en trois positions différentes. Il y a trois barillets à ressorts : à gauche pour le carillon, à droite pour le cadran mobile et en bas pour le mouvement. Les moteurs du carillon et du mouvement de la pendule sont entièrement séparés. Le mouvement de l’horloge se trouve au-dessus du tambour. Le cadran émaillé en blanc a des chiffres arabes. Toutes les deux minutes trente le cadran se déplace de 60 degrés, ce qui fait que le demi-tour du cadran est réalisé en sept minutes trente. Le cadran, surmonté de deux timbres qui sonnent l’heure et la demie, possède des aiguilles pour l’heure et les minutes. La pendule est signée à l’arrière sous l’horloge : Fait par h. Sarton à Liége. A remarquer que la signature est mise à l’envers. En mettant la pendule sur la cheminée devant un miroir, cela permet de lire la signature sans difficulté.
La pendule du musée ‘Speelklok’ à Utrecht
Mécanisme de la pendule d'Utrecht
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La troisième pendule de compagnie L’autre ‘pendule de compagnie’ fait partie d’une collection privée en Belgique. Elle est presque identique, en ce qui concerne le mouvement et le carillon, à celle du musée d’Utrecht. La signature est par contre surprenante : “Fait par G. Leonard Joosten et son fils Arnoldus Hasselt”. N’était-ce pas une pendule de Sarton ? Leonard Guillaume Joosten (1762-1849) est originaire d’une ancienne famille d’horlogers de Maaseik au Limbourg belge. Il fut baptisé à Maaseik le 13 janvier 1762 comme fils de Michael et Anna Maessen. En 1794 il s’établit à Hasselt dans la rue ‘Kapelstraat’ dans une maison nommée : ‘In de Gulden Blaesbalck’ (‘Au soufflet doré’. Trad). Joosten était venu à Hasselt parce qu’il était tombé amoureux d’Anna Cornelissen, originaire d’Hasselt. Assez rapidement Joosten eut une grande clientèle en ville. Il devint horloger de la ville et y est mort le 17 avril 1849. Il laissera un grand nombre de montres de poche ainsi que de pendules et horloges de parquet. Mais comment cette pendule de Sarton est-elle arrivée chez Joosten, car il est certain que Joosten la possédait et la vendit plus tard. En effet, cette fameuse ‘pendule de compagnie’ signée par Joosten fut exposée par Joosten en 1835 à l’Exposition des produits de l’industrie belge à Bruxelles. A ce moment, Sarton était déjà décédé depuis sept ans ! L’histoire de la pendule est étrange. Elle aurait été commandée par le roi belge Leopold I (1790-1865) en vue de l’offrir à Arcadie Claret (1826-1897) qui fut pendant plus de vingt ans sa maîtresse et avec qui il eut deux fils. Il est certain que Joosten a acheté cette pendule à Hubert Sarton. En 1810, Sarton décida de dire adieu à son métier d’horloger et il plaça une annonce dans la ‘Gazette de Liége’. Il annonça qu’il mettait en vente les horloges qui lui restaient. C’est ainsi que les horlogers eurent la possibilité d’acquérir des horloges d’excellente qualité à prix réduits. C’est ainsi que Nicolas-Marc Lhoest (1777-1849) vendit un peu plus tard des pendules sous son propre nom, bien qu’il s’agisse d’horloges d’Hubert Sarton. Joosten a certainement profité de cette aubaine et a acheté ‘la pendule de compagnie’ en y apposant sa propre signature. Une pratique qu’on voyait régulièrement. Il y aurait une quatrième pendule à cadran mobile. Dans un rapport de la Société d’Emulation, datant de 1781, on peut lire : “Pendule universelle à plusieurs cadrans dont une pendule avec un cadran mobile qui indique l’heure dans les villes principales du monde”. Cette pendule n’a jamais été retrouvée mais on peut espérer qu’elle soit chouchoutée dans une collection privée.
Pendule de Sarton, signée Leonard Joosten
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Régulateurs Les régulateurs à gaine violonée Le ‘régulateur’ est une horloge scientifique d’une grande précision. Il est employé comme référence pour mettre à l’heure exacte d’autres horloges ou montres. D’habitude un régulateur a des cadrans séparés pour l’heure, les minutes et les secondes. Souvent l’aiguille des secondes est placée au centre. Pour l’horloger et plus tard pour les manufactures et firmes d’horlogerie, le régulateur deviendra indispensable. Il servit à mettre les horloges à l’heure exacte. Utiliser un cadran solaire ou autre instrument à mesurer le temps, n’était pas toujours facile ou même impossible. Les horloges marines sont les seules horloges à pouvoir rivaliser en précision avec les régulateurs. La construction de régulateurs est l’œuvre de grands horlogers comme John Arnold, Ferdinand et Louis Berthoud, Abraham Breguet, Edward Dent, John Harrison, Antide Janvier, Robert Robin ou Thomas Tompion. Les caisses ou gaines des régulateurs sont habituellement très sobres mais d’une finition recherchée. Le mouvement et le cadran doivent attirer toute l’attention. L’horloger fait un choix rigoureux de complications comme le remontage à longue durée, l’emploi de balanciers à compensation thermique ou l’équation du temps. Les horlogers de ces horloges scientifiques de haute qualité aimaient signer : ‘Horloger-mécanicien’. Hubert Sarton construisit plusieurs régulateurs. A première vue, ces horloges semblent simples mais il y a une différence immense en comparaison avec la construction et la finition des mouvements des horloges de parquet. On peut prendre en exemple le régulateur qu’il a présenté dans une gaine en acajou sur pied avec une large fenêtre qui montre le balancier. Le tout est surmonté d’une horloge en gaine violonée. Le cadran rond révèle des chiffres romains noirs avec à l’intérieur du cercle, les jours du mois. Le centre du cadran est squeletté et porte la signature : SARTON A LIEGE. Le mouvement à ancre et à la semaine, monté entre des platines verticales en laiton, est attaché au dos de la gaine. Le balancier compensé est muni d’une très grande lentille. Sur les tiges du balancier on remarque une plaquette en émail : Hger Mcien de LA. Les aiguilles sont d’une grande originalité et de toute beauté. En juin 2006 la maison de vente Chayette et Cheval de Paris mit en vente un régulateur du même type que le modèle décrit ci-dessus. Avec ses 210cm, il est nettement plus haut. La gaine en acajou a une forme violonée, le cadran rond est en émail, la signature affiche : Sarton à Liège. Les aiguilles en laiton ont une trotteuse centrale, le mouvement à chevilles actionne un balancier compensé.
Cadran du régulateur violoné
Le mouvement du régulateur
Mouvement du régulateur industriel
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Le régulateur d’atelier d’Hubert Sarton Le régulateur en merisier d’une hauteur de 245cm est assez particulier. La gaine a une porte vitrée sur toute la hauteur et largeur. Cette porte sans décoration a neuf traverses en bois où l’assemblage par chevilles est visible. Cela donne à cette horloge un aspect assez sévère et à première vue ‘industriel’. Le dos de la gaine en chêne massif a une épaisseur énorme de 4cm, destiné à pouvoir supporter le poids de 65 kg de la partie supérieure du meuble. Le cadran en verre d’un diamètre de 38cm est peint en blanc par derrière affichant des chiffres romains pour les heures et des chiffres arabes pour les minutes à l’extérieur. Il n’y a que trois aiguilles : deux aiguilles en laiton doré pour les heures et minutes et une aiguille en métal bleuï pour les secondes. On peut lire la signature sur le cadran : H Sarton Hger-Mécanicien de son A. C. à Liege. Par cette signature, Sarton affirme qu’il est l’horloger en titre de ‘A. C.’ ou ‘Altesse Célsissime’, en ce cas le prince-évêque Charles de Velbrück. On peut en déduire que cette horloge fut exécutée avant 1781, l’année de la mort de Velbrück. L’horloge a une durée de quinze mois ce qui était exceptionnel à cette époque. Le remontage, qui se fait par une ouverture en bas du cadran avec une assez petite clé, exige à peu près dix minutes. Heureusement le remontage ne se fait que tous les quinze mois. Il n’est pas impossible que ce régulateur ait été en service dans son propre atelier ! Jacques Nève (Les pendules d’Hubert Sarton 1748-1828, pp. 98-99) remarque que le poids a besoin d’environ un mois pour descendre d’une traverse à une autre : une astuce de l’artiste Sarton. Le mouvement a deux lourdes platines avec en-dessous une troisième platine pour le barillet. De cette façon il est possible de démonter le barillet sans devoir démonter tout le mouvement. L’horloge a un balancier compensé et un mouvement à chevilles. Ce qui est particulier à ce régulateur est le système ingénieux que Sarton a inventé pour remettre d’aplomb l’horloge sans employer un fil à plomb. Il appliquera ce système encore plusieurs fois pour d’autres régulateurs. C’est encore Jacques Nève qui explique comment ce système fonctionne : “Une fois le régulateur assemblé et prêt au fonctionnement, il y a lieu de desserrer le faux balancier de son attache (au bas de celui-ci) et de le laisser trouver sa position verticale. Ensuite on le serre en place pour maintenir l’ensemble faux-balancier-mouvement-poids-cadran fixé d’une manière permanente. Le réglage d’aplomb se fait ensuite de la manière classique sur le vrai balancier en déplaçant latéralement la fourchette à l’aide de la vis de réglage” (Les pendules d’Hubert Sarton 17481828, p. 102). On ne connait de Sarton que deux autres régulateurs d’une durée de deux ans. A première vue ils sont identiques au précédent. En réalité, le mouvement de ces deux régulateurs est différent car ils ont une sonnerie, ce qui est exceptionnel pour un régulateur. De plus, ils n’ont qu’un remontage unique pour la sonnerie et le mouvement. Un de ces régulateurs est en réalité à remonter tous les 14 mois parce que Sarton constata qu’il était difficile d’atteindre les deux ans prévus. Il modifia le mouvement, mais ne sembla pas trouver utile de cacher les trous vides. Il décida donc de les laisser tels quels.
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Les régulateurs à longue durée La maison de vente Antiquorum présenta à Genève le 13 mai 2007 un régulateur hors pair de Sarton. Pour tout dire, le régulateur ne fut pas vendu ! L’horloge date d’environ 1790. La gaine en acajou d’une hauteur de 108cm a une porte vitrée de haut en bas au travers de laquelle on voit un cadran simple à aiguilles bleuies du type ‘poker and beetle’. Le cadran porte la signature : Inventé et construit par Sarton à Liège. Deux particularités font de cette horloge une pièce unique. D’abord la durée invraisemblable de cinq ans. L’autre innovation de Sarton est un mouvement en deux parties. En bas dans la gaine se trouve le barillet rectangulaire et massif, formé de deux platines en cuivre lourd à deux rouages intermédiaires. Le remontage doit s’opérer en bas où se trouve le barillet lourd. La transmission se fait par une tige en acier qui passe devant le balancier et qui réalise la transmission de force vers le mouvement derrière le cadran. Une roue de centre à 198 dents ainsi qu’une roue Graham de 91 dents tournent entre les deux platines. Vu que le balancier est court et qu’il n’est pas compensé, il n’y a pas d’indication des secondes. On peut se poser la question pourquoi Sarton utilisa un mouvement en deux parties ! Il n’y a pas de réponse irréfutable mais on peut supposer qu’en mettant le moteur du barillet en bas, il voulut préserver une grande partie des forces (pensons au ressort pour cinq ans !) de l’échappement se trouvant en haut.
Le moteur des deux régulateurs longue durée (cinq ans à droite)
Partie inférieure du régulateur deux ans
Les deux régulateurs longue durée. A droite le régulateur de cinq ans
Partie inférieure du régulateur cinq ans
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Barillet du régulateur deux ans
Mouvement du régulateur cinq ans
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Conclusion
Mouvement du régulateur deux ans
Barillet du régulateur cinq ans
Hubert Sarton tout en se mettant dans la trajectoire de Gilles I de Beefe, a élevé l’horlogerie au tout premier rang dans ce qu’on appelle maintenant la Belgique. Ces deux maîtres étaient forts différents en ce qui concerne la conception et la construction. Gilles I de Beefe dut se défaire de la technique horlogère du 17ième siècle, alors qu’Hubert Sarton, fit son entrée sur scène en plein 18ième siècle avec une formation de base reçue de son parrain et horloger Dieudonné Sarton. Son ‘écolage’ à Paris le poussa au-delà du provincialisme afin qu’il puisse s’orienter dans une direction, adaptée à ses capacités personnelles. Les débuts furent sans aucun doute facilités par sa nomination en qualité d’horloger du prince-évêque et du gouverneur Charles de Lorraine. Cela obligea Sarton à se montrer à la hauteur de sa réputation. Il fut l’inventeur de la montre automatique à rotor malgré le fait que cette montre automatique ne connut pas de succès à ce moment-là. Ses pendules et régulateurs par contre ont été accueillis à bras ouverts par les connaisseurs. Sarton eut la malchance d’être confronté aux problèmes politiques de Liège à partir des Révolutions liégeoise et française. Cette fameuse Révolution liégeoise commença en 1789 et ne finit qu’avec la disparition de la principauté en 1795. Ce ne fut pas le temps idéal pour le commerce et certainement pas pour un produit de luxe comme l’horlogerie. Ces deux révolutions presque simultanées ont signifié la fin de la carrière horlogère d’Hubert Sarton. Une carrière qui n’aura duré qu’une bonne vingtaine d’années. Sarton s’en est ressenti meurtri. Il quitta l’horlogerie et tenta de se convertir dans les métiers de tissage et autres innovations, sans que cela n’engendre beaucoup de succès car Hubert Sarton était trop artiste-mécanicien et trop peu commerçant. Malgré tout et sans le savoir, Sarton a contribué au renouveau de l’horlogerie liégeoise. Alors qu’au début du 18ième siècle le nombre d’horlogers à Liège et environs était encore assez restreint, à la fin du siècle ils étaient nombreux, à tel point que plusieurs horlogers firent le choix de quitter Liège pour aller travailler dans d’autres pays et villes comme Maastricht, Paris ou Lyon.
Extrait du décès d'Hubert Sarton
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La connexion liégeoise 121
Quelques horlogers liégeois Mentionner tous les horlogers liégeois du 18ième siècle est chose impossible. A Liège et environs il y eut un grand nombre d’excellents horlogers, on parle de plus de cinq cents horlogers ! De certains on ne connaît que le nom grâce à la signature apposée sur un seul cadran d’horloge ou à la suite d’une citation. D’autres horlogers comme Mathieu Cleinge, Louis Lejeune ou Jacques Deville on dispose malheureusement de trop peu d’informations. Un choix s’est donc imposé et la priorité a toujours été de privilégier la qualité de l’œuvre horlogère pour établir une sélection parmi tous ces horlogers liégeois du 18ième siècle.
Les horlogers Botty En 1774, le maître-horloger Nicolas Botty (ou Boty), né vers 1740, habita Liège au Vinâve d’Isle, une rue située au centre-ville. Dans la ‘Gazette de Liége’ du 21 décembre 1774 on lit : “Le sieur Boty ayant quitté le Pont’d’Isle demeure présentement vis-à-vis la fontaine en Vinâve d’Isle’, dans une maison à soi, bâtie à neuf ; en même temps les curieux pourront s’y rendre et il se fera un plaisir de leur montrer une horloge astronomique, à carillon, très curieuse et qui marque très régulièrement tout ce qu’on peut
Pendule de Mathieu Boty-Lefevre
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désirer dans une horloge”. Malheureusement il ne subsiste aucune description ou dessin de cette horloge. Lors du décès de sa femme Agnes Noppins (1739-1799), Nicolas Botty habitait Rue en Neuvice 960. On a écrit qu’il aurait fait faillite vers la fin de sa vie mais on n’en retrouve aucun témoignage. Dans la ‘Gazette de Liège’ du 6 août 1788 on apprend que Nicolas eut un fils : “Mathieu Botty, horloger en Vinâve d’Isle, son fils”. Père et fils ont travaillé ensemble jusqu’au moment où Mathieu-Joseph ouvrit son propre atelier à l’adresse de son père ‘En Neuvice 960’ ! En 1816, Mathieu-Joseph épousa Marie Ida Lefèbvre, peut-être était-elle un membre de la famille d’horlogers ‘Lefèbvre’ de Chenée, un village situé tout près de Liège. En 1833, l’horloger J. J. Lefèbvre dirigea un atelier à Liège où il construisit des pendules de 30 heures “afin de faire la concurrence aux mauvaises horloges de la Forêt Noire”. Mathieu fut témoin du décès de son neveu de six mois (Lambert Servais Botty †11/11/1815). A cette occasion on retrouve dans les archives de l’Etat de Belgique : “Mathieu Botty, 47 ans, horloger”. Il serait donc né vers 1768. Mathieu avait un frère également horloger prénommé Nicolas, comme leur père. En 1803, Mathieu intenta un procès à la firme B. Berreijer & Co d’Amsterdam, suite à une livraison de douze montres de poche en or, trois douzaines de montres de poche en argent et six pendules. Mais on n’en connaît pas la suite. On retrouve une trace des horlogers Botty suite à une anecdote qui démontre que les horlogers n’avaient pas toujours la vie facile : “Il (un policier.EF) a trouvé chez le citoyen Boty, horloger, neuf montres en argent, non-côntrolées. Il a dressé
Cadran de la pendule, signée : N. Boty A Liége
procès-verbal, les a saisies et les a déposées au greffe du Tribunal correctionnel. Le jugement a été rendu en faveur de Boty, qui les a récupérées” (Bulletin de L’Institut Archéologique Liégeois, p.305). On ne peut pas dire avec exactitude de quel Botty il s’agit ! Nicolas père et Mathieu furent des horlogers productifs. Leurs pendules et horloges de parquet se trouvent dans les grandes collections belges comme le musée François Duesberg à Mons ou le musée ‘Le Grand Curtius’ à Liège. On remarque dans leurs pendules plusieurs caractéristiques d’Hubert Sarton sans toutefois pouvoir l’égaler quant à la finition ou l’élégance. Les Botty signèrent leurs horloges : N. Boty, Nicolas Boty, Mathieu Boty, Boty Fils, Boty et Fils, Boty-Lefèbvre. Dans la revue ‘Meubles, styles et decors entre Meuse et Rhin’ p. 255’ on mentionne : “Dans la salle de séjour d’une maison d’Ondenval- Niedersteinbach, le cadran du mouvement d’une horloge encastrée a été signé ‘Nicolas Boty à Liége’. Un ou deux horlogers de ce nom ont été repérés en 1771 et 1788”. Parmi la collection de Janke & Klaas van Brug à Epe aux PaysBas on peut admirer une pendule, signée : M. Boty Lefebvre à Liège. L’horloge a deux piliers avec un cadran en émail blanc et squeletté au centre. Cette pendule à chevilles et sonnerie aux quarts, est dotée d’un socle noir. Elle ressemble étonnamment aux pendules du même type construites par Sarton. S’agirait-il d’une pendule vendue par Sarton à Botty ? Il s’est avéré que les familles d’horlogers étaient souvent liées entre elles dans la Cité ardente. Hélène, la fille de Mathieu Botty, épousa l’horloger Jean François Lacroix (1791-1870). Lors de la naissance de leur seconde fille Antoinette, le 14 juillet 1821, l’horloger Mathieu Lürgens de 23 ans, fut témoin. A la naissance de leur troisième fille le 20 juin 1826, c’est l’horloger Charles Lacroix (°1798) qui fut témoin.
La vierge du chancelier Rolin de Jan van Eyck
Paul Conrard En 1764, l’horloger Paul Conrard s’était établi ‘Au vieux pont des Arches’, pont qui fut longtemps le seul pont de la Meuse à Liège. Celui-ci reliait et relie toujours le centre avec ‘Outremeuse’, un quartier en direction d’Aix-la-Chapelle et Cologne. Les liégeois prétendent que le peintre flamand Jan Van Eyck peignit leur pont au fond du paysage du tableau intitulé ‘La Vierge du Chancelier Rolin’. Les habitants de la ville française Chalon-sur-Saône affirment de leur côté que c’est leur pont sur la Sâone que Van Eyck a peint sur ce tableau. Rolin fut le chancelier de Philippe le Bon, un des grands ducs de Bourgogne. Les néerlandais de leur côté prétendent reconnaître au fond de la peinture de Van Eyck le ‘Dom’ ou la cathédrale Saint-Michel d’Utrecht. Encore d’autres disent que c’est la représentation de Jerusalem. Sans doute qu’aucune de ces affirmations n’est exacte. Jan Van Eyck a simplement peint une ville imaginaire. Il est vrai que le ‘Vieux pont des Arches’ constitue un excellent emplacement commercial à Liège. Encore actuellement, chaque dimanche matin s’y tient le marché hebdomadaire ou la ‘batte’ très animée. Lors du procès qui s’est tenu à la suite du cambriolage commis dans l’atelier de l’horloger gantois Jan-Baptiste van Troijen en 1768, les horlogers liégeois Paul Conrard père et fils,
Détail du pont du tableau de Jan Van Eyck
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Pendule à double tambour musical et d’une hauteur de 92 cm de Paul Conrard
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Platine avant de la splendide pendule de Paul Conrard
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Jean Joseph Fourneau, Gilles II de Beefe et Jacques Wampé ont déclaré le 4 juillet 1771 devant le notaire Pierre Gerard Leonard Lenaerts à Liège qu’ils n’avaient jamais quitté “leurs ateliers pour les compagnons horlogers” et que toutes les pièces et horloges restaient à l’atelier jusqu’à leur finition. En 1762 un certain François Pagot intenta un procès à Paul Conrard, nommé alors “le marchand graveur à Liège” au sujet de gravures sur des armes et sur une horloge, travaux effectués par Paul Conrard. A plusieurs reprises on remarque que Conrard est un homme entreprenant. Il n’est pas uniquement horloger et graveur, il est même marchand de peaux. Il employait deux ouvriers, deux apprentis et une servante. Il épousa Anne-Joseph de Goer, une ‘de Goër de Herve’, s’alliant ainsi à une des principales familles du pays (Travaux du Séminaire de sociologie, p.27). En 1768 Conrard travailla avec l’horloger Paul Kinot de Huy au chassis et au tambour de l’horloge de la grande tour de la cathédrale Saint-Lambert de Liège (Meubles, styles et décors entre Meuse et Rhin, p. 246). En août 1769 Conrard fut payé pour une réparation à l’horloge du réfectoire dans le cloître des Prémontrés. Le Musée d’Ansembourg possède plusieurs horloges de Conrard alors que le musée ‘Le Grand Curtius’ expose une garde-robe avec au centre une horloge, signée : Paul Conrard. Les Musées royaux d’art et d’histoire à Bruxelles possèdent une pendule au vernis Martin de Conrard. Pholien quant à lui mentionne une religieuse “à double carillon à airs variés”ainsi qu’une horloge “à lunaisons, à dates, mois, jours et à sonnerie”.
Pendule murale de Paul Conrard
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Jean Gérard Cornelis Le grand-père, le père et le fils Cornelis étaient tous horlogers et portaient le même prénom : Jean Gérard. Du grand-père Jean Gerard I, on sait uniquement qu’il était horloger et avait épousé Marie Agnes Thonus. Jean Gérard II (1760-1807) fut baptisé en l’église Notre Dameaux-Fonts à Liège le 3 juin 1760, à peu près quatre ans avant qu’on ne tienne Dieudonné Kinable, également un futur horloger, au-dessus de ces fonts baptismaux. Jean Gérard II habita, comme presque tous les horlogers liégeois, dans le centre-ville. Cette rue s’appelait simplement ‘Rue Derrière le Palais’. Sa femme Marie Catherine Ghaye avec qui il eut sept enfants, est décédée le 23 avril 1797 lors de la naissance de leur dernier enfant. Dix ans plus tard c’est Jean Gérard II qui mourut en 1807. Jean Gérard II fut membre de la ‘Société d’Emulation’, une société où les horlogers étaient accueillis avec bienveillance. La description (Une histoire de lumière, p.165) de la section ‘horlogerie’ à l’occasion de l’exposition de la de ‘Société’ en 1784 est intéressante : “Ici, c’est Cornélis, établi «derrière le Palais vis-à-vis le Manège» qui expose au salon de fèvrier 1784 sa «petite pendule de table d’une construction particulière, et bat les secondes justes au repos, par une pendule de neuf pouces et deux lignes». Lui font concurrence G. Rouma, son voisin «sous la Tour Saint- Lambert », qui montre « une pendule de table mouvante à suspension à couteau» et le hutois Hubin …”.
Cadran d'une horloge de parquet de Gérard Cornelis
Jean Gerard III, né à Liège le 10 octobre 1784, avait épousé Marie Antoinette Cornelis dont les prénoms avaient peut-être une origine royale française ! Jean Gérard III mourut à Liège le 28 septembre 1817 ; il avait à peine 33 ans. Père et fils construisirent principalement des pendules et horloges de parquet classiques dans de belles gaines sculptées de style Régence. Les mouvements avaient des platines horizontales en fer, comme celles qu’on utilisa à cette époque à Liège. Quelques-unes de ces horloges sont également équipées d’un beau carillon.
La famille Deherve La commune de Herve se situe à une vingtaine de kilomètres de Liège. Le ban de Herve fit longtemps partie du duché de Limbourg et du comté de Dalhem, actuellement le sud de la province néerlandaise de Limbourg et le nord de la province de Liège, appelé Pays d’Outremeuse. Les régions environnantes sont appellées ‘le pays de Herve’. C’est également le pays où l’on retrouve la commune de Thimister, berceau de plusieurs horlogers ‘de Beefe’. Le paysage est joliment vallonné et les grandes surfaces agricoles sont destinées à l’élevage de la vache laitière, dont le lait sert à la fabrication du fameux fromage de Herve. Le pays de Herve est moins connu pour ses excellents horlogers qui portaient d’ailleurs un nom bien approprié ‘Deherve’. Ils ont tous travaillé dans la région de Herve, plus précisément à Jupille, Liège ou Herstal. L’horloger le plus ancien de la famille Deherve (voir généalogie Deherve) s’appellait Arnold (Arnaud), né à Herstal en 1753. En 1776, Arnold épousa Anne Marie Constant, décédée en 1787, peu après la naissance de leur cinquième enfant. C’est Henry, le fils d’Arnold, qui succéda à son père comme horloger. Henry Deherve Henry Deherve ne fut pas uniquement horloger mais également armurier au service de Jean de Gosuin, le maire de Herstal. Il signa la plupart de ses horloges : ‘H. De Herve à Herve’. Bien que né à Herstal, il déménagea plus tard à Herve. On connaît d’Henry une horloge murale à cadran rond, entourée d’un bord en bois sculpté et doré à la feuille. On remarque la signature au milieu du cadran : ’H. Deherve à herve’. L’horloge possède une trotteuse centrale et quatre aiguilles en métal bleui. Le cercle des secondes se situe à l’extérieur, celui des jours est visible à l’intérieur du cadran. Les ressemblances avec une horloge de Gilles I Deherve (voir plus loin) sont trop frappantes pour qu’on puisse parler de coïncidence. Il est vrai qu’Henry (°1778) apprit le métier chez son père Arnold. De ce dernier on retrouve encore une horloge de parquet en gaine traditionnelle à cadran à fronton en laiton. Les ornements en étain ainsi que des aiguilles en fer sont ciselés et gravés. L’évolution de l’horloge d’Henry Deherve vers le cadran en verre, peint à l’arrière, est certainement due à l’influence de Gilles I Deherve, le frère de son père Arnold. Gilles Joseph III Deherve (1802-1888), le fils d’Henry, est devenu horloger à Dison près de Verviers. Sur un acte de naissance de Jeanne Pétronille Krins du 15 décembre 1868, Gilles III est témoin et cité comme “ami de la famille”. Plus loin on lit : “Les dites déclaration et présentation ont été faites en présence de Gilles Deherve, horloger, 62 ans, domicilié à Dison ”.
Cadran de l'horloge de Henry Deherve
Horloge murale de Henry Deherve à Herve
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Gilles I Deherve Gilles I Deherve, un frère de l’horloger Arnold, naquit à Herstal le 21 mai 1766. Il fut de loin l’horloger le plus raffiné de la famille. En 1793, il épousa Marguerite Renkin à Jupille. Après son mariage, Gilles I déménagea à Jupille et y restera toute sa vie bien que ses ancêtres fussent originaires de Herstal. Il construisit un régulateur peu conventionnel pour l’époque d’une durée d’un an, d’une hauteur de 163cm et d’une largeur de 52cm. Le mouvement est attaché au mur dans une gaine en noyer massif aux incrustations en laiton. Grâce à trois grandes vitres on peut admirer le mouvement des trois côtés. Le grand cadran, entouré d’un bord en bois sculpté et doré à la feuille, est en verre peint par derrière. Il porte la signature : Gilles Deherve à Jupille. Les heures sont indiquées par des chiffres romains. On remarque une graduation extérieure pour les minutes et une graduation intérieure pour les secondes. Les aiguilles sont en acier bleui. Le mouvement à échappement à chevilles se trouve entre trois platines : le barillet et l’ancre d’échappement entre les platines avant et arrière, les autres rouages entre les platines avant et centrale. La force motrice est fournie par un poids de 16 kg, retenu par une poulie triplement attachée ce qui justifie une longue course. Le remontage par une clef à manivelle est doté d’un maintien de force. Le balancier est à suspension à couteau et sa lentille lourde a un réglage central, gradué à l’avant.
Horloge murale de Gilles Deherve à Jupille
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Jacques Nève, qui a restauré cette horloge avec beaucoup d’amour, a fait à son sujet quelques remarques pertinentes. Il suppose que Gilles Deherve fut un des élèves d’Hubert Sarton. (remarques de Jacques Nève sur son site web ‘Horloger d’Art 1/3/2019’) : • “ Il est plausible que Gilles de Herve ait été élève d’Hubert Sarton, et les détails que nous observons dans ce régulateur pèsent très fort en ce sens : Similitude de construction du mouvement avec ceux d’Hubert Sarton et de ses élèves et successeurs, tels que Dieudonné et Nicolas-Marie Lhoest, et François-Joseph Sarton. • Ajourage des rouages identique à ceux de l’atelier de Sarton. • Utilisation de l’échappement à chevilles alternées, aussi typique des mêmes ateliers. • Longue durée de marche, une préoccupation elle aussi de Sarton et de ses successeurs. • L’aiguille des secondes plus courte, permettant une mise à l’heure plus facile et réduisant l’inertie de la roue d’échappement, est elle aussi très utilisée par les successeurs de Sarton (bien que vue la première fois chez Robert Robin) ”. Jacques Nève ajoute encore : “Nous noterons une série d’observations à propos de ce régulateur remarquable : • L’agencement de la poulie retenant le poids est original, elle se déroule par la roue, mais étant aussi attachée en haut, elle permet une hauteur de déplacement multipliée par trois, contribuant ainsi à cette remarquable autonomie d’un an. • Le balancier avec alternance de tiges d’acier et de zinc est lui aussi tout à fait original, les tiges de zinc étant plus épaisses pour un calibrage correct. Généralement, du laiton est utilisé à cet effet. • L’agencement du maintien de force est lui aussi original et simplifié des types généralement utilisés à cette époque, en n’utilisant qu’une petite lamelle de ressort qui s’appuie sur une goupille”. Les trois fils de Gilles I furent horlogers dont son fils Jean Louis, qui travailla à Liège. Selon la tradition orale, il y aurait encore eu à Liège des horlogers Deherve au début du 20ième siècle.
Cadran de l'horloge murale de Gilles Deherve à Jupille
Jean Joseph Fourneau Jean Joseph Fourneau, né à Liège en 1723, épousa le 7 janvier 1754 la liégeoise Cecilia Baiwir (°1720). Ils s’établirent au cœur de la ville dans la paroisse de Saint-André. La Révolution française mit fin à l’emploi de l’église Saint-André. Dans la crypte de cette église se trouvent les tombeaux de “Egidius Debeef Horologiorum opifex (Gilles de Beef, maître horloger. Trad)” du 16 septembre 1763 et de sa deuxième épouse Marie Groutars, décédée le 13 octobre 1761. Ida Rensonnet, la femme de leur fils Jean-François de Beefe, y fut enterrée le 9 novembre 1772. L’église Saint-André a été restaurée dans les années 2017-2019. A l’âge de 76 ans Jean Joseph Fourneau décéda à Liège le 2 janvier 1797. Jean Joseph Fourneau est mentionné à l’occasion du procès qui s’est tenu suite au cambriolage de l’atelier de l’horloger gantois Jan-Baptiste van Troijen en 1768. Plusieurs horlogers liégeois ont déclaré le 4 juillet 1771 devant le notaire Pierre Gerard Leonard Lenaerts à Liège que les horloges ou montres ne quittaient jamais leur atelier avant leur finition. Fourneau prit activement part à la vie publique liégeoise de même qu’Hubert Sarton et Nicolas Jacquet. Il fut l’un des fondateurs de la ‘Société libre d’émulation’. Dans la ‘Gazette de Liége’ Fourneau mit régulièrement des annonces. Le 11 juin 1783 on lit : “J. J. Fourneau, marchand-horloger, Outremeuse Saint-Nicolas” et le 17 novembre 1792 il annonce : ”Horloger, près de la grille des Pères Mineurs”. Ce cloître de franciscains fut vendu pendant la Révolution française et héberge actuellement le ‘Musée de la Vie Wallonne’.
Fourneau à Huy Cette histoire banale commence à Huy dans l’église collégiale, une des merveilles de la Wallonie avec ses magnifiques voûtes peintes et sa rosace de style rayonnant, appelée ‘Li Rondia’, la plus grande rosace dans une église en Belgique. Ce sanctuaire gothique hutois, d’une grande homogénéité et de volume imposant, fut le cadre des problèmes de l’horloger Fourneau. Le carillon de Huy dans la tour nord comporte 49 cloches. Tout d’abord un ensemble ancien de cloches de Pieter Hemony et seize cloches fondues par André-Joseph Vanden Gheyn en 17561757. Il faut savoir que Hemony et André Joseph Vanden Gheyn furent pour leur époque les maîtres incontestés de la fabrication de cloches pour carillons. Vers le milieu du 18ième siècle, le chapitre de la collégiale de Huy décida de placer une nouvelle horloge et un nouveau carillon. On stipula que l’horloge devait avoir un délai qu’on nomma à Huy ‘la semonce’ ainsi qu’une sonnerie pour annoncer les heures, les demies et les quarts. A ce moment il n’y avait que quelques horlogers capables d’entreprendre un tel ouvrage. Gilles de Beefe était l’un d’eux mais était déjà âgé. On décida finalement d’adjuger les travaux à l’horloger liégeois Henri Rossius, né en 1707 ; Henri Rossius était un horloger réputé mais qui n’avait construit que peu d’horloges de tour. En 1748, Rossius termina son travail et tout le monde s’en réjouit. La preuve de ce travail excellent se retrouve dans le texte suivant, qui date du 14 juin 1748 : “Comme conséquence de ce recès, une nouvelle horloge fut substituée à l’ancienne. Le travail de Rossius était accompli et le Chapitre en était satisfait. La preuve en résulte du recès suivant, qui porte la date du 14 juin 1748”. Tout le monde fut satisfait sauf le carillonneur Pierre Dauhoux qui prétendit en 1749 qu’il fut contraint d’effectuer deux réparations au tambour. De nouveaux travaux furent exécutés, mais les adaptations n’apportaient aucune amélioration aux manques constatés. Par acte passé devant le notaire hutois Dethier (Annales, cercle hutois, p.17) du 15 septembre 1759 à savoir dix ans plus tard - Jean Joseph Fourneau fut désigné en vue de remettre l’horloge et le carillon en ordre. Fourneau reçut deux mois pour accomplir les travaux et fut obligé de donner une garantie d’un an. Dans une lettre au chapitre de fin 1759, Fourneau écrivit qu’il avait travaillé à l’horloge mais qu’il oublia certaines choses, mais qu’il les mettrait en ordre dès que possible. En 1760 les travaux furent terminés et Fourneau reçut 400 florins brabançons pour son travail. Malheureusement, les problèmes perduraient et ne sachant plus à quel saint se vouer, le chapitre demanda conseil à l’expérimenté Gilles de Beefe (1694-1762) dans une lettre du 7 novembre 1760. Fourneau fut mécontent et objecta qu’on fit les choses derrière son dos. Il envoya ses observations au chapitre de Huy. La liste de Fourneau fut longue, même très longue.
Cartel signé : J. J. FOURNEAU A LIEGE
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Le texte original : Observations à Messieurs du Chapitre de huij, que je leurs fait. 1. On a cassé le fil d’archat qui servoit à faire sonner le carillon a plusieurs reprises 2. On a deseré les quatre chevilles qui font a la roue du cadran qui servent à faire le decochement pour les heures et les quarts, qui etoient serrés avec des escroux j’ai été obligé de les river 3. On a cassé le fil d’archat des marteaux et tortillé ensemble pour faire lever quatre marteaux à la fois, dont j’averti Monsr Raimond, et je lui fis voir, quand ils ont etes remis tous en regle Mr le chanoine Andres en m’avoit promit qu’il viendroit sur la toure je ne pus pas l’ij avoir. 4. Le Sr Dahou carillonneur m’a cent que l’horloge s’étoit arretée je le priai en grace de regarder ce qui pourrait ij manquer, il n’ij trouva rien, il fit raller le Balancier du mouvement, et l’orloge a continué de bien aller, si long tems qu’on a jugé à propos de la laisser aller. 5. Elle s’est arretée plusieures fois par la faute du marguelier qui ne prennoit pas garde à la corde, sur quoi Monsr le chantre Vertcourt m’a fait l’honneur de m’écrire plusieurs fois. 6. Le carillonneur des croisiers m’a cent pour avoir du fil d’achat pour mettre au decochement du carillon, qui le cassoient et l’alonge vient, parce qu’on deserroit les vices des detentes du carillon, ce que monsr le chantre Vertcourt a vu a plusieurs reprises aussi que Monsr le chanoine Oliva, le Sr Longrée serrurier et son fils 7. Le menusier l’a vu a plusieurs reprises, comme le Brave marguelier et le carillonneur des croisiers qu’est je croiest que la vu a plusieurs reprises 8. Les carilloneurs des croisiers et de la collegiale m’ont écrit que tout l’ouvrage deperissoit faute d’ij mettre de l’huile, je me suis encore rendu a huij j’ai ecore trouvé les deux vices desserés, ce que Monsr Vertcourt a vu et Mr le chanoine Oliva. Le Sr Jean Gillon la vu de meme ainsi que Longrée et son fils, ainsi que des limailles de fer et de cuivre qu’on pourrat ramasser à poignées j’ai du travailler deux jours pour reparer l’ouvrage qui étoit deperi par la faute du marguelier, que je menacai de jetter par la fenetre je lui demandai de l’huile il me repondit qu’il avoit recu contre-ordre d’en fournir, je renvoiai une seconde fois mon ouvrier à la maison pour en avoir il me dit qu’on en vendoit en ville si j’en voulois,
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present jean gillon forgeron, il nen fournit que par ordre de Monsr le chantre Vertcourt, qui monta sur la toure. 9. messrs les maitres de fabrique ont vu une des clefs otées qui tien le clavier et l’autre qui ne tenoit plus, et la planche oté qui se met sur le clavier pour empecher l’entrée des saletés 10. je leurs fis voir qu’il s’ij trouvoit cinqs ou six notes cassées et deux fils d’archat qui avoient eu le meme sort 11. j’ai trouvé une des pieces de la grille cassée qui est dans le dernier planché et qui serve a fait lever les marteaux du carillon 12. le marteau qui sonne la demi-heure a été decloué depuis mon depart de Huij, dont Dahou avoit averti Monsr Raimond de me le faire scavoir et la cloche etoit en risque de se casser, ce qu’il n’a pas fait, c’est ce que j’ai escrit a monsr le chanoine Cottij 13. j’avois dis au menusier par ordre de Monsr Raimond dans le commencement que l’orloge etoit placée pour faire les boetes de bois pour couvrir les renvois qui sont au dessus de la caise du carillon et à ceux qui sont placés sur le dernier planché afin qu’il n’ij entrevoit point de saleté, elles ne sont pas faites encore, il se trouve des saletés dans la toure autant que dans un pigeonnier, ce qui fait beaucoup de tort à l’ouvrage et a tous les renvois et fils d’archat qui servent à faire lever les marteaux 14. La corde s’est efilées par deux ou trois bouts, ce que j’ai fais remarquer à Messrs les maitre de fabrique, et aussi de faire netoier les roues des remontoirs qui sont encore chargées de limailles et d’huile 15. Depuis mon depart de Huij, il m’est revenu, qu’on a voulu faire passer serment a mr deBeef avant de proceder a la taxe de l’ouvrage, ce qu’il a refusé, je soumets a votre decision la taxe doit etre recue je vous prie, Messieurs, de faire vos reflexions judicieuses au present detail, et d’examiner s’il est juste que vous me teniez si longtems en souffrance en me privant des deniers de mon salaire, dont j’ai toujours besoin, je me flate que vous me les serez tenir incessamment par ou vous obligeres infiniment celui qui a l’honneur d’etre avec les sentiments les plus respectueux. Liege, ce 18 juillet 1761 Votre tres humble et tres obéissant serviteur j.j. fourneaux (AEL: Coll. Huy No 35 fol. 169)
Ce texte représente une accusation comprenant toutes les mauvaises choses qui se passèrent dans la tour et que Fourneau fit constater à plusieurs reprises par différentes personnes : on desserrait les vis, on coupait les fils qui reliaient les marteaux au tambour, “le marteau qui sonne la demi-heure a été decloué”, les ‘boites’ ou encore les ‘armoires’ qui devaient préserver le carillon des saletés n’avaient pas été faites. Il dut être très fâché car il écrit au point 8 : “l’ouvrage qui étoit deperi par la faute du marguelier, que je menacai de jetter par la fenetre”. Un ‘marguelier’ ou marguillier était un membre laïc du conseil de fabrique de l’église, qui était chargé de l’administration des biens de la paroisse (terres, locations, écoles, rentes et impôts) et de la maintenance de l’église comme l’entretien de la tour, de l’horloge et du carillon. Gilles I de Beefe ne perdit pas son temps. En compagnie de son fils, il arriva en bateau à Huy le 18 novembre 1760 pour inspecter les travaux. Ils examinèrent de près l’horloge et le carillon et dressèrent une liste avec tous les manques. Cette liste fut longue elle aussi. Il est utile de reprendre ci-dessous une partie du texte en commençant avec l’introduction : “Comparurent les Srs gilles Debeffe accompagné de gille Debeefe son fils horlogeurs de profession lesquels etants requis de la parte des tres Rnds sgrs Doyen et chapitre de l’insigne eglise collegiale et archidiaconale de notre Dame de Huy pour faire la visite des reparations faittes a l’horloge de leure eglise par le Sr jean joseph fourneau ausi horlogeur relativement a l’act de convention faitte et passée le 15 du mois de 7bre dernier pardevant Bartholomy Mathieu De Thier Not entre Monsn Vercour chanoine du huy deputé a son chapitre a cet effect et ledit Sr fourneau duquel act lesdits sns Debeef aiant eu lecture et examiné attantivement les articles y repris ”. Après cette introduction, les deux de Beefe reprirent point par point les remarques de J. J. Fourneau. Quelques observations sont reprises ici : • ont dit et declaré que l’article quattre des conditions ils n’ont trouvé aucune roue qui puisse se séparer, mais d’avoir trouvé un peignon sur l’arbre du volants de la remonte du carillion lequel n’est pas de proportion a sa roue qui rend la remonre moins facile • A l’article 15 disent que la lanterne n’est pas de proportion a la roue de remonte de la demis heure, qui la rend difficile a remonte • Au 18 et 19 disent que l’echapement n’est pas bien ajusté, la pendule hors de proportion d’une orloge de thour qui rend l’ouvrage irregulier • Au 20 disent que la roue et la lanterne de remonte n’est points conforme a la roue • ledit Sr Fourneau pretens que les ouvrages y repris sont fait en regle de lart Au niveau des frais, les de Beefe donnèrent également leur avis (‘fls’ est ici l’abréviation de ‘florins’ EF.) : • Et la meme aiant vu et examine l’etat des ouvrages pretendus ulterieurs • Au pre dissent que la croisade du clocher et pour farre et facon peut valoir huict fls et pour l’avoir ajusté ausi huict fls
•
Au deux ne croient que les Busses de cuivre fussent necessaires • Au trois et quattre croient que pour faire et facon des croisades du Tembours il peut valoir quarante fls et pour les avoir ajusté avec les cercles et le ferre desdits cercles cinquante cinque fls • Au 6 disent que pour avoir retourné la roue du tembour et delimé les dents il peut valoir huict fls Au sept disent que pour avoir demit la deuxieme roue du cham ronde il n’a falu que deux fls • Au 10 croient qu’a la neuve roue de la sonnerie de la demi heures est reprises dans les conditions de sa convention • 13 pour le marteau de la cloche quatre fls • 14 pour l’arbre neuf a la pre Roue de la sonnerie des heures six florins • 15 disent que le cent des nottes coutte seize fls • 16 disent que pour acommoder des nottes il ne coutte par cent qu’un fls et dix sous Ils arrivèrent finalement à la conclusion générale : ”Le tout quoy lesdits composantes offrens de qatitien et affirmer pardevant tous juges qu’ils en seronts depuis ce fait en passé a la maison de la Den veuve Tingry Scitué proche du gran pont a huy en presence de laditte Dle Thingry et de la Dlle marie anne Thingry sa fille Gilles de Beefe Gille de Beefe fils La vefse Tingrij Marian Tingrij L.J. Van Dale note remis et immali au premis pnd et Aequis in fide” (AEL: Collection Huy Document 167). Est-ce que les problèmes sont dus à une faute de construction de la nouvelle horloge par Rossius ou les réparations de Fourneau furent-elles insuffisantes ? On ne pourra jamais déterminer la cause ! Finalement, de guerre lasse, Fourneau décida d’effectuer les adaptations nécessaires mais cela ne fut pas simple. La chambre de l’horloge et du carillon dans la tour était en mauvais état et très sale, vu que les pigeons y avaient élu domicile. Fourneau parla même ”d’un pigeonnier”. Il remit tout en ordre. Il faut pourtant se poser la question de savoir ce qui s’était passé réellement auparavant. Avec le temps on pense que les problèmes étaient probablement dus à du sabotage car régulièrement le balancier était arrêté, des fils du carillon coupés ou le délai déconnecté. Le 19 février 1762, un certain Sacré Berlot fut nommé ‘conducteur de l’horloge tambour et carillon” par le chapitre. Pourtant avant 1762, on ne retrouve dans aucun texte le nom de ce Sacré Berlot ! A partir de 1762, Berlot fut payé comme marguillier. Voilà le remède miraculeux : subitement les problèmes disparurent ! Dans un article (‘Uurlogisch Nieuws, 2013, nr.2) de Lode Goukens ‘Jean Joseph Fourneau : sabotage of geknoei in Hoei’ (Jean Joseph Fourneau : sabotage ou bricolage maladroit à Huy. Trad) on trouve le début d’une solution. L’auteur en arrive à cette conclusion au sujet de Berlot, l’homme à tout faire dans la collégiale : ”Berlot, bedeau, maguillier et carillonneur-adjoint, vit-il venir d’un mauvais œil le carillon automatique ? Un jeune ou nouveau successeur était en vue ? Alla-t-on moins sonner les cloches à la suite du nouveau règlement de 1756 ? Il n’y a pas de preuves mais ce Sacré Berlot fut peut-être le saboteur de l’horloge ”.
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Nicolas Jacquet Nicolas Jacquet fut baptisé à Liège le 17 mai 1728 comme fils de Guillaume Jacquet (1687-1745) et de Marie Anne de Lovinfosse (1693-1754). Après son mariage avec Marie Henriette Mosin (1739-1819), Nicolas s’établit au coeur de Liège au Pont d’Isle, un quartier où habitaient bon nombre d’horlogers. Nicolas et Marie Anne eurent huit enfants, dont deux horlogers : Arnold Nicolas (1768-1836) et Joseph Guillaume Bernard (1771-1847), tous les deux partis vivre à Paris. Jacquet comme inventeur et mécanicien Comme son contemporain Hubert Sarton, Jacquet fut un mécanicien de premier ordre et inventeur de plusieurs machines mécaniques. “Ce n’était pas un horloger ordinaire Nicolas Jacquet, car, non seulement il avait fait le carillon du Palais, dont toutes les pièces étaient sorties de sa main, mais il avait aussi inventé une machine à draguer, une machine foudroyante, comme il l’appela et une autre à extraire la houille. (Bulletin de l’institut archéologique liégeois, Vol.14, p. 374) ”. Le 12 mai 1780 le collège des échevins donna une subvention de 100 florins pour l’invention du bateau-dragueur “pour le nettoiement et l’enfoncement des rivières”. En 1782 on enregistra une nouvelle invention : “une machine destinée à suppléer à la traction des chevaux”. Le 8 mai 1782, il déposa un document à la ‘Société d’Emulation’ de Liège ayant comme sujet : ‘Description de régulateur du froid et du chaud en pendule à seconde, par Nicolas Jacquet, horloger de S.A.C. sur le pont d’Isle, 2 p.’ avec en plus un dessin. Le système est expliqué un peu plus loin “Grâce à la dilatation d’une lame de laiton agissant sur une bascule (le laiton se dilate, par rapport au fer, dans un rapport de 17 à 10), le balancier du régulateur garde toujours la même longueur, quelle que soit la température”. Hubert Sarton avait déjà décrit en 1781 ‘Observations sur la pendule de N. Jacquet’. On sait que Sarton fut le plus grand rival de Jacquet à Liège ! Dans le Journal encyclopédique (année 1782, Tome 3, partie 2, p.326) on peut lire textuellement : ”Le Sr. Jacquet, horloger & membre de la société d’emulation de Liege, ayant fait insérer dans la gazette de la même ville, article de LONDRES, du 13 Juin 1781, que la société anglaise pour l’encouragement des arts, manufactures & commerce lui avait fait des remerciements sur son prétendu nouveau régulateur de froid & du chaud. Le Sr. Sarton, de la société d’émulation, horloger & mécanicien du prince-évêque de Liege, ne put imaginer, qu’une compagnie si savante & si célèbre eût donné son approbation à une invention qu’il a prouvé être depuis longtemps connue & même copiée servilement d’après les livres d’horlogerie de M. Thiout ; preuve qui fut faite l’année dernière, à une assemblée générale de la société d’émulation, en présence du Sr. Jacquet, les livres d’horlogerie étant sur la table”. Une ultime humiliation qui ne resta d’ailleurs pas sans suites, on le verra plus loin.
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Cartel de Nicolas Jacquet
Jacquet en tant qu’horloger Le 8 mars 1769, en compagnie de Jean François de Beefe, Nicolas Jacquet mit un message dans la ‘Gazette de Liége’ pour annoncer la création d’une nouvelle sorte d’horloge ! Peutêtre s’agit-il d’une pendule en marbre à trois carillons de son invention, qu’on appela plus tard ‘le chef-d’oeuvre de Liége’. On n’en sait rien de plus ! En 1776 il fut élu ‘mécanicien de son Altesse le Prince’, titre qu’Hubert Sarton porta déjà depuis 1772. A partir de ce moment, Jacquet signa ses horloges ‘Jacquet, horl. de S. A.’ ou ‘horl. du Prince-Evêque’ ou encore ‘horl. du Prince’. Il devint membrefondateur de la ‘Société libre d’émulation’ en 1779. Jacquet resta très actif. En 1781 et en 1783 il annonça dans la ‘Gazette de Liége’ “qu’il expose une horloge à musique dans la Halle des Drapiers, en Féronstrée”. En 1780, Jacquet venait d’avoir 52 ans, quand il construisit l’horloge à carillon du palais épiscopal de Liège (Archives de l’Etat, à Liège. Recès, Manufactures, Ve Horlogerie 1750-1788). Le 3 janvier 1788, il reçut de la ville : “Un subside de 200 florins comme encouragement pour la création d’une manufacture d’horlogerie”. La Révolution liégeoise fut la cause de l’échec de ce projet autant que la mésentente entre les horlogers liégeois et le caractère buté de Jacquet, ce qui empêcha de trouver les bonnes solutions.
Jacquet accorda beaucoup d’attention aux jeunes horlogers. Ainsi il fut le maître de Franciscus Ipperseel en 1787, de Jan Willem Emonts en 1791 et de Jan Mathias Ceysens en 1781. Dans un acte notarié du 6 mai 1781, les parents de Jan Mathias Ceyssens et Nicolas Jacquet se mirent d’accord pour que Jan Mathias Ceysens devienne élève de Jacquet. Ce Jan Ceyssens fut plus tard “notaire royal à Weert, horloger et maire (Belgische uurwerken en hun makers, p. 406)” à Eksel de 1813 à 1830 au temps du ‘Royaume des Belgiques’. Le 2 décembre 1784 c’est au tour d’Ida Henrard, la veuve de Louis Dumoulin, de signer un contrat avec Nicolas Jacquet ayant pour but d’enseigner pendant sept ans l’horlogerie à son fils Noël. Plus tard, on écrivit que Dumoulin aurait été pendant une certaine période à Bruxelles en tant qu’élève d’Hubert Sarton ! Il est vrai que Jacquet - un horloger dévoré d’ambition formait d’excellents élèves. Dans une supplique au princeévêque, il écrivit qu’un de ses élèves possédait le potentiel pour devenir un grand horloger : “Un de ses élèves, qui n’est âgé que de dix-sept ans, s’occupe présentement à finir une pendule à huit jours, dont la perfection de l’échappement et de toutes les pièces, faites d’une même main, mérite certainement l’attention des connaisseurs” (Liasses de l’Etat, Arts et pieces diverses, Archives de l’Etat, Liège). Ce futur grand horloger n’était autre que son fils Arnold. Jacquet demanda en conséquence une subvention et proposa dans la supplique “d’envoyer à Paris l’un de ses fils, qui a du génie, et pourrait, en l’espace d’un an, se rendre parfait dans la fabrication des caisses de montres qu’on tire de l’étranger”. Jacquet et ses collègues liégeois Jacquet fut un horloger remarquable mais il avait un caractère difficile et obstiné, ce qui eut pour conséquence que plusieurs projets liégeois d’horlogerie n’ont jamais abouti. L’esprit collégial d’horloger ne fut pas son fort. Sans doute qu’il voulut à tout prix réaliser la manufacture d’horlogerie à Liège et, qui sait, qu’il rêva d’en être le directeur. Vers les années 1780 les horlogers liégeois furent inquiets. Ils firent partie de ce qu’on appela ‘le Bon Métier des Fèbres’. En réalité, les horlogers eurent peu à dire dans cette corporation, basée sur des traditions et lois qui datèrent de la période où l’horlogerie liégeoise ne fut encore qu’à ses débuts. La corporation des fèbvres (fèvres ou forgerons) ne fut pas adaptée aux problèmes du métier des horlogers du 18ième siècle. Il était logique que bon nombre d’horlogers s’efforcèrent de fonder une association, du genre d’une corporation, afin de défendre leurs intérêts et en vue de régler les problèmes qui se posèrent. L’histoire qui suit et les faits évoqués (L’horlogerie et ses artistes, pp. 100-104/Archives de l’état, à Liège, Etats Manufactures, V° horlogerie) sont une triste énumération de mauvaise volonté, soupçons, mésententes, divergences et disputes des horlogers liégeois entre eux. Le 30 octobre 1781, bon nombre d’horlogers liégeois renommés se rassemblèrent afin de chercher des solutions à leurs problèmes. Ils voulurent contrecarrer la concurrence déloyale des étrangers, empêcher les abus, entraver le travail des personnes non-qualifiées et trouver une solution pour
les problèmes d’achat de métaux précieux. Les horlogers prétendirent qu’ils rencontraient ces difficultés chaque jour. La situation était difficile vu qu’ils n’étaient pas groupés et n’avaient pas de corporation structurée qui les défendit si besoin était. Après les discussions nécessaires, on décida ce 30 octobre d’établir un ‘Règlement’ (maintenant on parlerait de ‘statut’) pour diriger ce corps de métier d’horlogers. Ils soumettraient ensuite le texte pour approbation au prince-évêque. En même temps, on choisit une commission d’horlogers afin de rédiger un projet de ‘Règlement’. Les horlogers de cette commission formèrent la fine fleur des horlogers liégeois avec Botty père, Paul Conrard, Jean Gérard Cornélis, Jean Joseph Fourneau, Nicolas Jacquet, Lambert Joseph Laguesse, Emile Rouma et Hubert Sarton. Choisir mieux était impossible ! La commission se mit immédiatement au travail et après quelques jours un projet fut prêt. A cet effet douze horlogers, dont six de la commission, présentèrent un texte au notaire Lamborelle afin qu’il puisse rédiger un acte à soumettre au prince-évêque. Voici quelques extraits de ce règlement : • Primo, on suppliera très humblement Son Altesse Celcissime de bien vouloir, par son autorité, établir en corps les maîtres horlogers de la cité, à l’instar des autres corps de la ville, sous le titre de Saint-Eloi, que le corps choisit comme patron. • Deux, si son Altesse daigne l’accorder, il sera incessamment fait une liste des maîtres horlogers de la cité actuellement existants, lesquels seront de suite inscrits dans un registre du corps. • Trois, il sera de plus, fait celle des ouvriers apprentis qui se trouveront chez lesdits maîtres horlogers, avec désignation de l’époque de leur engagement et du terme, le tout sera aussi inscrit dans un registre du corps, pour obvier aux abus qui pourraient survenir. • Quatre, il sera après l’émanation dudit règlement, fait une assemblée générale des maîtres horlogers dûment convoqués, pour élire à la pluralité générale des suffrages, quatre membres du corps, pour maîtres comptables des affaires du corps et cela pour le terme d’un an. • Douze, que tous les horlogers en boutique ou en chambre, travaillant comme maîtres et pour leurs comptes chez eux, avant l’époque du 30 octobre 1781, seront censés maîtres et feront partie du corps des horlogers de cette noble cité. • Quatorze, que les ouvriers qui voudront au futur exercer l’horlogerie chez eux, pour leur compte et être considérés comme maîtres, devront se présenter aux maîtres comptables en jour, pour faire chef-d’œuvre, muni d’un certificat de bonnes mœurs, famé et réputation, d’être catholique apostolique et Romain, justifiant par écrit d’avoir sept ans d’apprentissage, chez un maître connu. • Quinze, que tels ouvriers aspirant à la maîtrise, seront tenus de fabriquer chez un des maîtres et comptables, une pièce d’horlogerie à tout ou rien (système de sonnerie à répétition. EF).
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•
Vingt, que le nombre des apprentis ne pourrra plus être, pour le futur, chez chaque maître, que de deux, à peine de dix florins d’or d’amende pour le maître qui sera convaincu d’en avoir un nombre excédent. • Vingt-trois, qu’aucun apprenti ne pourra, au futur, être reçu maître, qu’il n’ait fait sept ans complets d’apprentissage dans cette cité et chez un maître connu. • Vingt-quatre, que les fils des maîtres allant travailler ailleurs que chez leur père (voir chez l’étranger ou dans cette cité) ou en cas de mort de son père, en tels événements, ils ne seront tenus qu’à quatre ans d’apprentissage. • Vingt-neuf, que nul horloger étranger ne pourra venir entreprendre des ouvrages d’horlogerie, dans la cité et banlieue, en apporter ni les débiter, à peine de confiscation desdits ouvrages et d’une amende de cinquante florins d’or, dont la moitié au délateur. • Trente-trois, que nul marchand, vieux warrers (marchand de vieillerie ou rebut. EF), savoyards (ramoneurs ambulants venant de la Savoie. EF), brocanteurs ou autres, ne pourront acheter des ouvrages d’horlogerie, pour les revendre ou étaler à leurs boutiques, à peine de confiscation de tels ouvrages et d’une amende de vingt florins d’or, dont la moitié au délateur. Signés, Mathieu Boty, J. J. Fourneau, G. Cornélis, G. Rouma, L. J. Laguesse, J. N Conrard, H. Sarton. Le 3 novembre 1781 (Horlogerie ancienne, N° 49, Pp. 141-144). Les douze horlogers déclarèrent tous être d’accord avec les 48 articles, repris dans le fameux ‘Règlement’. Le même jour Nicolas Jacquet, lui-même membre des douze horlogers, se rendit chez un notaire. Il obligea celui-ci à faire un acte notarié où il expliqua que le texte de la commission ne lui plaisait pas et qu’il désapprouva le projet. La lettre fut remise au prince-évêque stupéfait. La surprise fut générale. Le jour suivant une requête fut adressé au prince-évêque dans laquelle plusieurs horlogers changèrent d’avis en disant qu’ils avaient agi de bonne foi mais qu’ils comprenaient maintenant que leur ‘Réglement’ pouvait être néfaste pour les horlogers liégeois. Il ne faut pas être inspecteur de police pour comprendre qui incita les horlogers ‘rebelles’ à se rétracter. Tous les trois à quatre jours le prince-évêque reçut l’une ou l’autre missive ou requête. D’un côté Nicolas Jacquet et confrères essayèrent d’avoir raison, de l’autre côté Hubert Sarton et collègues défendaient leurs positions. Il est à noter qu’aussi bien Jacquet que Sarton avaient droit à la parole puisqu’ils portaient chacun le titre “horloger du Prince”. Le prince continua à recevoir des demandes, actes et requêtes des horlogers mais à la fin, de guerre lasse, il ne s’y intéressa plus. Le 6 avril 1782 il décida que les réponses aux dernières requêtes du 8 et 12 novembre 1781 seraient communiquées aux adversaires. Jacquet fut fort mécontent. Il envoya une nouvelle lettre au prince le 18 avril 1782 dans laquelle il nota que, si on accepta le projet, les conséquences seraient catastrophiques pour les horlogers locaux au profit des horlogers étrangers. Il ajouta que le roi de Prusse venait de fonder une manufacture d’horlogerie dans son royaume. On fut déjà étonné de voir les progrès de l’horlogerie en Prusse ! Et ce
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n’était pas tout : le même jour du 18 avril Jacquet envoya une nouvelle lettre au prince dans laquelle il attaqua ouvertement Sarton et lui reprocha “des visées de sotte ambition”. Le princeévêque comprit que le conflit était sans espoir et ne s’en occupa plus. L’idée d’une corporation d’horlogers à Liège était morte. Finalement la Révolution française abolira les corporations et métiers ainsi que leurs privilèges. Jacquet et la manufacture horlogère de Liège Le 28 mai 1783, Nicolas Jacquet adressa une nouvelle requête au gouvernement liégeois où il demanda de pouvoir ériger une manufacture d’horlogerie à Coronmeuse. Une nouvelle supplique suivit le 1er juin où il expliqua son projet : il voulut fonder une manufacture pour transmettre “son art et son artisanat” d’horloger. Il ajouta qu’ “il a formé le plan de se consacrer tout entier à l’art de l’horlogerie, son art primitif et de se retirer à Coronmeuse dans une maison lui appartenant à l’effet d’y établir une manufacture d’horlogerie pour y exécuter toutes pièces grâce à de nouveaux outils de son invention”. Le texte se termine avec une demande d’aide financière. Une subvention de 300 florins brabançons fut accordée le 4 octobre 1783. Quatre ans plus tard Jacquet n’avait toujours rien reçu. Une nouvelle supplique fut envoyée le 19 mars 1787 où Jacquet nota que le prince-évêque précédent Charles de Velbrück lui avait promis - devant témoins - de mettre 400 florins à sa disposition pour organiser et gouverner la manufacture. Le 31 mars 1787 on accorda à Nicolas Jacquet 400 florins brabançons pour la durée de trois ans. Et à nouveau, il ne reçut pas l’argent. Naturellement la situation politique avait changé de fond en comble à Liège. Le prince-évêque de Velbrück, un homme moderne , était décédé en 1784 et son successeur César de Hoensbroeck fut un prince conservateur. Pendant son règne, de Hoensbroeck tenta d’abolir les réformes progressistes de Velbrück, son prédécesseur, en rétablissant tous les privilèges du clergé et de la noblesse. Cela aboutit à la Révolution liégeoise, qui eut lieu presque simultanément avec la révolution brabançonne (1789). Toutes les deux échouèrent. Le prince-évêque s’enfuit en Allemagne en 1789 au moment où la Révolution française s’annonça. Le problème des horlogers n’eut malheureusement plus d’importance. La création d’une manufacture et d’une corporation se heurta aux mésententes et aux querelles entre horlogers mais également à la situation politique désastreuse : le moment favorable s’était envolé. Nicolas Jacquet serait décédé à Liège entre le 3 avril 1789 et le 1er mai 1802.
Dieudonné et Jean Marc Lhoest Nicolas-Marc et Dieudonné Lhoest furent les deux enfants aînés de Jean Nicolas Lhoest (1750-1808), descendant d’une famille de tailleurs. Les deux frères ne furent donc pas, comme on le trouve dans tous les livres et articles, les beaux-frères de Marie Josèphe Lhoest, la femme d’Hubert Sarton. Ils appartinrent bien à la famille d’Hubert Sarton et se rencontrèrent souvent à l’occasion des fêtes de famille. L’ancêtre commun fut Nicolas Lhoest (°1670) de Heure-le-Romain, un village situé à une vingtaine de kilomètres au nord de la Cité Ardente. L’ancêtre Nicolas eut neuf enfants dont les deux plus jeunes s’appellaient Jean-Nicolas et Nicolas. On remarquera que le prénom ‘Nicolas’ revient constamment dans la famille Lhoest. Jean-Nicolas Lhoest (1712-1791), tailleur de métier comme son père, épousa Barbe Lambreck (Lambrecht ou Lambrechts ) dont une des filles fut
Marie Josèphe (1749-1832), qui deviendra plus tard l’épouse d’Hubert Sarton. L’autre fils Nicolas (°1715) épousa Jeanne Damave. Leur fils Jean Nicolas (1750-1808), également tailleur, avait épousé Catherine Polain. De cette union sont nés deux horlogers : Nicolas-Marc (1777-1849) et Dieudonné Lhoest (1778-1863). Rien ne les prédisposa à devenir horloger, mais la vie peut changer les destinées. Leur acte de mariage respectif révèle clairement : “ouvrier-horloger”. Sans doute qu’Hubert Sarton fut à la recherche d’ouvriers et qu’il les embaucha. Ils devinrent d’ailleurs d’excellents horlogers. Nicolas-Marc Lhoest épousa en 1809 Marie Thérèse Garde De Dieu (1780-1856) et habitait Potiérue 774 à Liège. Une pendule à cinq cadrans de Nicolas-Marc est signée : Nicolas Lhoest à Liége (Les pendules d’Hubert Sarton, p. 95). Cette pendule est conçue entièrement dans le style d’Hubert Sarton. On pense même qu’il
Horloge à chapiteaux de N. M. Lhoest
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s’agit d’une pendule d’Hubert Sarton, car ce dernier annonça en 1810 qu’il mettait un terme à sa carrière d’horloger. Une autre possibilité est que Nicolas-Marc ait construit la pendule sous la surveillance du maître. A l’occasion de l’Exposition internationale de Liège en 1930 un régulateur (n° 2698, repris dans TAF, p. 258, planche LXVI) fut exposé. Il portait la signature : N.-M Lohest à Liège. Grâce au livre de Florent Pholien ‘L’horlogerie et ses artistes au pays de Liége, p. 85’ on possède une photo de cette horloge astronomique à sept cadrans dont les cadrans se trouvent dans une grande lentille. Les cadrans donnent l’heure, les minutes, les mois, les lever et coucher du soleil, les jours et les phases de lune. Toute l’horloge a été imaginée en fonction du balancier compensé. L’horloge est surmontée d’un baromètre à aiguille verticale qui oscille entre ‘chaud-tempête-froid’. L’autre frère, Dieudonné Lhoest habitait la Rue Saint-JeanBaptiste à Liège, une rue qui relie encore toujours l’importante Rue Féronstrée à la Meuse. Il épousa Marguerite Devigne. Pholien aurait vu de lui une pendule à trois cadrans ainsi qu’une pendule-régulateur à quatre cadrans et balancier compensé. Elle devait être remontée chaque mois. Dans une collection privée on retrouve un magnifique régulateur de style Empire dans une gaine en chêne, à couche de placage acajou. Ce chef-d’oeuvre d’une hauteur de 220cm est signé : D. D. Lhoest à Liège. La décoration est en bronze doré. En bas on remarque un masque d’Apollon. Sur le cadran rond en verre, peint en blanc on aperçoit des aiguilles bleuies pour les heures, les minutes et les secondes. Un poids à remonter de 9,2kg forme la force motrice du mouvement de six mois. L’horloge est munie d’une suspension à couteau pour le balancier compensé. Au milieu du balancier on retrouve l’indication de la température. En 1820 un des deux frères (ou les deux !) eut un magasin à Paris, Faubourg St. Honoré N° 92 (Tardy, 1971, p.413). Le troisième frère Jean François Lhoest fut menuisier et habita tout près de son frère Nicolas Marc dans la Potiérue. La plus jeune de la famille s’appela Marie Elisabeth Lhoest (1782-1864). Elle épousa en 1808 l’horloger liégeois Jean Pierre Plouette (17801866). L’internet nous raconte qu’Eugène Léon L’Hoëst (1874-1937) fut un sculpteur français, qui devint une des grandes figures de la sculpture orientaliste. Ce sculpteur L’Hoëst (Lhoest) est né le 12 juillet 1874 à Paris d’un père wallon et d’une mère angevine. Est-ce un descendant d’un des frères Lhoest ?
Régulateur de Dieudonné Lhoest
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Mouvement du régulateur de Dieudonné Lhoest
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Jean François Lovinfosse
Jean Rahier
Jean François Lovinfosse, baptisé à Liège le 25 juin 1768, épousa Marie Jeanne Petronille Debemy (1777-1808) le 10 octobre 1800. Ils habitèrent Rue Pont d’Ile à Liège, la même rue où demeura l’horloger Laguesse. C’est chez ce dernier qu’il apprit le métier. Après le départ de Laguesse pour Paris, Lovinfosse ouvrit son propre magasin sous l’enseigne ‘A la pomme d’or’. Lovinfosse fit de bonnes affaires et put se permettre d’embaucher rapidement un ouvrier-horloger. Le chapitre liégeois fit régulièrement appel à Lovinfosse, qui bénéficiait d’une bonne réputation. En 1793 on commença la démolition de la cathédrale Saint-Lambert à Liège. L’horloge fut tranféré à la nouvelle cathédrale Saint-Paul en 1811. Ce furent les horlogers Rouma, Honin et Lovinfosse qui entreprirent ce travail. Lovinfosse continua à assurer l’entretien de cette horloge avec ses fils jusqu’en 1885 (Histoire de l’église collégiale Saint-Paul, p. 576). En 1832 Lovinfosse devint le maître d’Edouard Smets (1820-1907), un horloger réputé à Liège au 19ième siècle. Jean François Lovinfosse fut également fondeur de cloches : “En 1819, le conseil de fabrique de Herve lui passe commande pour trois cloches qui sont montées dans la tour en 1821” (Dictionnaire des facteurs d’instruments, p. 270). Jean François Lovinfosse avait un fils : Michel Louis, né le 14 juillet 1830, qui devint également horloger et fondeur de cloches. En 1875 celui-ci “s’occupe de l’horloge et du carillon” de Saint-Barthélémy à Liège (Dictionnaire des facteurs d’instruments, p. 270) ; en réalité il a fondu le tambour pour le carillon. Un autre Lovinfosse, prénommé Hyacynthe, fut fondeur de cloches à Liège et eut également un atelier à Paris. Il fournit dans la région de nombreuses cloches au début du 18ième siècle (Cloches et carillons, p. 11).
Jean Rahier naquit le 7 mars 1673 à Soiron près de Verviers. Il était le neveu de l’horloger Dieudonné Rahier (°1673), le frère de son père Gauthier. Il fut un des meilleurs horlogers de la première partie du 18ième siècle dans les environs de Liège. En 1744, Jean construisit une horloge astronomique qu’il signa : JEAN RAHIER DU VILLAGE D’OLNE - HM 1744. L’inscription ‘HM 1744’ signifie qu’il obtint en 1744 le titre de maître-horloger grâce à ce chef-d’oeuvre. En 1752 Marguerite Huberty, l’épouse de Jean, mourut après une longue maladie. C’est sans doute la raison pour laquelle Jean demanda à devenir domestique à l’abbaye de Saint-Hubert. Le 26 janvier 1751, le maître-horloger Jean Rahier fut déjà reçu à l’abbaye de Saint-Hubert en tant que domestique. Afin de témoigner de sa gratitude envers ses nouveaux maîtres, Jean leur offrit son bien le plus cher - sa belle horloge - que le prieur accepta ainsi : “Nous abbé prieur et Religieux de l’abbaye de St Hubert en Ardenne capitulairement assemblé ayans vus la requette a nous presenter de la pare Jean Rahier mre horloger de profession a requis nous plaise le recevoir pour passer le reste de ses jours dans notre abbaye, nous promettons au dit rahier apres son decès d’assurer en corps sa sepulture, offrant de surplus une pendulle tres belle son chef d’œuvre comme une faible marque de sa gratitude”. Après la mort de Jean Rahier le 18 juin 1775, l’horloge devint la propriété de la puissante abbaye de Saint-Hubert. Au moment de l’invasion du pays de Luxembourg par les troupes françaises à la fin du 18ième siècle, les religieux de Saint-Hubert mirent la pendule en sécurité à l’abbaye de Münster, puis dans la forteresse ‘Trois Glands (Fort Thüngen)’ du Luxembourg. Ainsi la pendule en laiton, acier et argent arriva plus tard au Musée National d’Histoire et d’Art du Luxembourg. Cette horloge astronomique de style classique mesure 62,5 cm de hauteur, 39,1 cm de largeur et 35,9 cm de profondeur. La pendule, destinée à être posée sur un piédestal ou sur un meuble, possède un socle en noyer reposant sur des boules aplaties. Aux coins, quatre colonnes toscanes portent un entablement coiffé de toupies. Les treize cloches et les vingt marteaux du carillon dépassent la corniche. Les côtés et l’arrière du boîtier sont vitrés. La plaque frontale est à quatre cadrans. Le plus grand est astronomique : au centre se trouve la terre avec la lune qui tourne sur elle-même pour indiquer le jour et la nuit. Viennent ensuite les différentes phases de la lune et les 29 jours du mois lunaire. Vers l’extérieur, on peut lire la position du soleil par rapport aux signes du zodiaque et par rapport aux méridiens ainsi que la position de divers pays, de villes et autres lieux de la terre. Dans le registre du bas, le cadran de gauche marque les jours de la semaine, celui du milieu, les heures et les minutes et enfin, celui de droite, les jours du mois. Dans la partie inférieure on remarque entre les cadrans deux petites plaques gravées comme signature.
Inscription ‘Lovinfosse’ et ‘Lovinfosse Fils’ sur le tambour de l'église Saint-Barthélémy
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La pendule de 1744, exécutée par Jean Rahier
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Nicolas Rensonnet de Herve Les horloges de parquet de Nicolas Rensonnet peuvent être datées entre 1725 et 1755. L’écusson porte toujours la mention ‘Herve’. La ville de Herve, située à 17 km à vol d’oiseau de Liège, est composée de plusieurs villages comme Battice, Charneux ou Grand-Rechain . Au 18ième siècle plusieurs excellents horlogers y ont exercé leur métier. Après maintes recherches généalogiques ayant pour but de retrouver la famille de Nicolas Rensonnet, on ne découvrira qu’une seule indication : “Possible qu’il soit horloger”. Il s’agit d’une annotation dans un acte concernant le dénommé Nicolas (Closset) Jacques Rensonnet, né à Petit-Rechain le 24 février 1677 et y décédé le 6 juin 1728. Il était le fils de Jacques Baudouin Rensonnet (1640-1695) et d’Elisabeth Joris (vers 1640-1701). Le 27 novembre 1700, Nicolas Closset épousa Marie Cormeau à Petit-Rechain. L’avant-dernier de leurs sept enfants s’appelait également Nicolas, né à Petit-Rechain le 4 avril 1716. Vu que Nicolas Closset est décédé en 1728 et que la première horloge
connue et signée ‘Nicolas Renson(n)et’ date de 1725, on peut logiquement supposer que père et fils - tous les deux portant le prénom Nicolas - furent horlogers. Récemment on retrouva une horloge de parquet tout à fait délabrée et sans date de Renier Rensonnet (1709-1771), signée : RENIER RENSONNET SOUMAGNE (un autre village tout près de Herve). Malgré tous les manquements, plusieurs caractéristiques des ‘horloges Rensonnet’ sont présentes. Malheureusement il y eut beaucoup de Rensonnet à cette époque dans cette région et on ne put établir le lien familial avec Nicolas Rensonnet. On sait que le 15 avril 1717 François de Rahier, marchand et habitant à Tiège (Tiège fait partie de Jalhay, près de Verviers) passa acte devant le notaire Mathieu de Hauregard avec l’horloger Nicolas Rensonnet. Celui-ci s’engagea à fournir à François de Rahier une horloge à pendule perpétuelle. En même temps furent formulées les exigences du secret à sauvegarder au sujet de cette horloge. On n’en sait rien de plus, ni du secret à sauvegarder, ni de l’horloge à pendule perpétuelle.
Tableau comparatif de quelques cadrans d’horloge de Nicolas Rensonnet Toutes les horloges sont des horloges de parquet sauf l’horloge indiquée par (*) qui est une horloge murale signature
date
nombre d’aiguilles
présence d’un disque de réveil
N. Rensonet 1
sans date
1
•
N. Rensonet 2
sans date
2
N. Rensonet 3
sans date
2
N. Rensonet (*)
1725
N. Rensonnet
indications des quarts
•
•
ajourée et ciselée sur fond rouge
•
2
•
•
1732
1
•
noire
N. Rensonet
1732
2
N. Renson(n)et
1734
2
N. Rensonnet
1740
1
N. Rensonnet
1744
2
•
•
N. Rensonnet
1745
2
•
noire
N. Rensonet
1747
2
•
•
N. Rensonnet
1749
2
•
N. Rensonnet
1755
2
•
•
par croix dans le cercle extérieur
écoinçons
anges autres
5, 10, 15…. •
(1) •
indication des minutes
anges •
(1)
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partie centrale gravée
anges anges
5, 10, 15….
anges
?
anges
? •
anges
•
anges 5, 10, 15….
anges
•
5, 10, 15….
autres
•
•
5, 10, 15….
anges
•
•
5, 10, 15….
anges
Partie centrale poinçonnée de 48 petits points (4 quarts x 12 heures) pour l’indication des quarts
Le cadran particulier de l’horloge de 1747
Horloge de Nicolas Rensonnet de 1744
Horloge de parquet de Nicolas Rensonet de 1747
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Les horloges ‘Renson(n)et’ ont plusieurs caractéristiques communes : • la forme des aiguilles : la partie ajourée a souvent été remplie à nouveau avec un produit de couleur blanche • s’il y a une seule aiguille, elle est en laiton. S’il y en a deux, elles sont généralement en fer. • le cadran est toujours à fronton en laiton. • le fronton fait d’une pièce est toujours travaillé de façon typique : parfois entièrement ajouré montrant un écusson entouré de deux lions héraldiques, quelquefois on découvre la gravure d’angelots ailés qui soutiennent une couronne. • on a retrouvé une seule horloge à chronogramme. • la signature et souvent l’année se trouvent en grandes lettres majuscules sous le fronton • le cadran carré est entouré d’un bord en laiton gravé • les écoinçons sont pour la plupart des têtes d’anges ailés • la partie centrale peut être gravée de fleurs stylisées mais on rencontre également des parties centrales entièrement rouges ou noires L’horloge signée ‘N. RENSONET A HERVE 1747’ est la plus étonnante. Elle a un mouvement à la semaine et à ancre. L’horloge a trois trains de remontage : le mouvement, la sonnerie et la sonnerie de l’angélus, qui sonne trois fois par jour. Il y a deux timbres dont un grand pour l’heure. A la demie on entend sonner l’heure suivante sur le petit timbre. La gaine est en chêne clair avec une grande porte dotée d’une marqueterie symétrique triangulaire alternée de bois rose et d’ébène. Le cadran a un disque de réveil. Sous le XII on trouve la date. Les écoinçons bizarres sont d’effrayants masques de satyres. Dans le fronton on distingue les phases de lune et l’âge lunaire de forme tout à fait particulière. Deux angelots musicaux entourent un ciel rond et plein d’étoiles où on discerne au centre la lune. Les horloges de parquet ‘Rensonnet’ furent de réels précurseurs (en ce qui concerne la région qu’on appelle maintenant la Belgique) car ce type d’horloge ne devint vraiment populaire qu’à partir de 1760-1770. Les mouvements des horloges de Rensonnet, qu’on appela plus tard ‘typiquement liégeois’, sont munis de mouvements en fer, placés entre deux platines horizontales. Les piliers carrés sont en fer, quelquefois dorés. On a souvent dit que les horloges de Nicolas Rensonnet furent à l’origine des horloges murales et que la gaine ne fut qu’une ajoute tardive. Il n’y a aucune preuve de ces affirmations. Le cadran au fronton particulier, les belles gravures et les aiguilles insolites sont d’une telle originalité que ces horloges méritent l’attention.
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Horloge de Rensonnet de 1740
Les Rossius Mathieu Rossius Mathieu Rossius et Marguerithe Lamotte eurent deux fils qui devinrent horlogers. L’aîné des deux, Henri Rossius, fut baptisé le 5 mai 1707 en la paroisse de Saint-Nicolas d’Outre-Meuse. Le plus jeune reçut le prénom de Henricus (Henry) Joseph et fut baptisé le 12 janvier 1716 dans la même église. Lors du baptême de Henry Joseph, Henricus Loest et Marie Catherine Loest furent désignés comme parrain et marraine. Ont-ils un lien de parenté avec Marie Josèphe Lhoest (1749-1832), la future épouse d’Hubert Sarton ? Ce n’est pas impossible bien qu’à ce moment-là la famille Lhoest était une famille de tailleurs et non pas d’horlogers ! Le père et les deux fils Rossius ont joué un rôle capital dans l’histoire de l’horlogerie liégeoise. Ils représentent la transition entre la première partie du 18ième siècle, dominée par le génie de Gilles I de Beefe et la deuxième partie de ce siècle avec le réputé Hubert Sarton comme figure de proue. Les Rossius formèrent donc la charnière entre ces deux époques. Ils maîtrisèrent les multiples parties de leur métier à fond et osèrent s’attaquer aux différentes sortes d’horloges ; tout ceci était agrémenté par l’amour du beau travail et la collaboration d’artisans de haut niveau. Mathieu Rossius construisit ses horloges selon les principes de la fin du 17ième siècle. Les deux fils, après avoir repris au début les traditions paternelles, évoluèrent lentement vers des horloges plus ‘modernes’. Les horloges de parquet du père Mathieu avec mouvement à la semaine, étaient équipées de platines horizontales en fer alors que les fils utilisèrent des platines verticales en laiton. Tant le père que ses fils travaillèrent avec des écoinçons représentant les quatre saisons bien que ceci ne fut pas général. Il n’est pas aisé, voire impossible, de faire la différence entre les horloges des deux fils Rossius. Un exemple de ce problème se trouve sur un cadran, signé : Henry Rosius, et signé sur le mouvement : ‘Henri Rossius’ ! Au couvent des Filles de la Sainte Croix à Liège, il y a une horloge de parquet avec une gaine en chêne, le tout d’une hauteur de 242cm. Au sommet de la gaine se trouve une statuette en bois, représentant Saint-Antoine. Le cadran à fronton en laiton est signé : ‘Mathieu Rossius à Liège’. Pholien a écrit qu’il “a vu de Mathieu une horloge signée et datée en chronogramme : 1736. A cette époque ce fut une des premières horloges qui marchait quinze jours sans remonter (L’horlogerie et ses artistes au Pays de Liège, p.87) ”. En 1905, l’exposition universelle de Liège proposa une horloge à chronogramme 1743, signée ‘Henri Rossius’. Plus tard, à l’occasion de l’exposition internationale de Liège en 1930, on put admirer un buffet liégeois en deux parties avec au centre le mouvement d’horloge. L’écusson porta la signature de deux horlogers différents : ‘Théodore Lafnet à Blegny & Mathieu Rossius à Liège’. Lors de la même exposition on montra un buffet en chêne à chronogramme : 1726, signé : Henri Rossius. Ces buffets, munis d’une horloge au centre, furent typiques pour Liège et sa région. En Flandre l’emploi d’une horloge dans un buffet était très rare, voire même inconnu.
Petite pendule, signée : Mathieu Rossius à Liège
Henri Rossius De Henri (ou ‘Henry’ !) Rossius qui épousa Ida Dejon, on retrouve bon nombre d’horloges comme par exemple une pendule (KIKIRPA- KN11813) au château de Modave ou l’horloge de parquet magnifique (Horloge de parquet - Henri Rossius, pp.294-295) du château ‘Musée de Mariemont’ à Morlanwelz. Cette horloge datant de 1743 a une gaine en chêne de Louis Lejeune, sculptée à la main. Cette gaine d’une hauteur de 290 cm est couronnée d’un amour ailé tenant un sablier. Les sculptures ainsi que la gravure sont d’une très haute qualité. Le mouvement témoigne d’un savoir-faire d’exception. L’abbaye d’Averbode et le grand séminaire à Liège ont (ou avaient !) de belles horloges de parquet d’Henri Rossius. Le musée ‘Le Grand Curtius’ à Liège possède une jolie pendule (KK-A118263) en bronze doré, surmontée d’un ange à trompette. En 2014 l’Hôtel des Ventes à Liège vendit un splendide cartel, signé : Henri Rossius à Liège, pour 120.000€. Ce cartel de style Régence en bois sculpté et d’une hauteur de 83cm repose sur quatre pieds en volutes. Les décorations représentent des palmiers et des fleurs, le tout surmonté d’une coquille fleurie. Dans la collection de Van Brug à Epe, on retrouve une magnifique pendule à verge d’Henri Rossius, dorée au feu avec la platine arrière gravée. La pendule est énoncée comme suit :
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Horloge de Henri Rossius au séminaire de Liège
Horloge de tour de Henri Rossius à Palmera au Portugal
“A rare and most unusual Louis XV mantel clock, fire-gilt, signed by Henri Rossius A Liege. Virtually two dimensional this clock is beautifully cast and engraved. The back plate of the case is nicely engraved. Fabulous dial and hands, verge escapement. Height: 22 centimeters”. C’est vers 1747 que le chapitre de la collégiale de Huy décida de remplacer l’ancienne horloge par une nouvelle horloge à délai. La réalisation de cette horloge reliée au carillon fut confiée à Henri Rossius. En 1748 l’horloge, la tringlerie pour le carillon et le tambour étaient terminés et tout fonctionna à merveille. On en retrouve la preuve dans le recès du 14 juin 1748 : “Le travail de Rossius était accompli et le Chapitre en était satisfait”. Par la suite, il s’avèra que l’horloge et le carillon aient été la source de beaucoup de soucis. La responsabilité de ces dégradations incomba en majeure partie au marguillier de Huy (voir : Jean Joseph Fourneau). Le Castelo de Palmela à quelques kilomètres de Setubal au Portugal a été transformé en un magnifique pousada (ou hotel) avec d’un côté une vue merveilleuse sur la Serra da Arrábia et de l’autre côté sur l’océan atlantique. Ce cloître médiéval des chevaliers possède une horloge de tour, signée sur la roue de compte : Henri Rossius à Liège 1752. Elle est équipée d’un mouvement à ancre et fut restaurée et adaptée maintes fois. On ne peut affirmer avec certitude que l’horloge actuelle est entièrement le travail de Rossius. Ce qui est indéniable, c’est que nos horlogers liégeois et leurs horloges étaient connus et appréciés en bien des pays.
La famille Rouma Gilles Rouma Gilles Rouma, né à Liège le 9 janvier 1746, épousa Marie Helène Vandeborne (†1797) le 2 mars 1772. Ils eurent trois enfants dont deux embrassèrent le métier d’horloger (Emile °1775 et Jean Joseph °1777). En 1769 Gilles Rouma habita ‘sous les tours de la Cathédrale Saint-Lambert’ et en 1770 ‘près de l’hôtel de ville’ toujours à Liège. Il porta le titre : ‘Horloger de Sa majesté le prince-évêque de Liège’, tout comme Hubert Sarton et Nicolas Jacquet à la même époque. En 1784 Gilles Rouma reçut une commande du chapitre de l’église Notre-Dame de Tongres : “Le 23 avril 1784, le chapitre traita à forfait avec Gilles Rouma, horloger à Liège, pour la confection d’un cylindre en cuivre avec touches, claviers, et ce afin de bien faire aller le carillon et l’horloge et y percer les airs à choisir par le chapitre, moyennant la somme de 4.000 florins” (Le chapitre de Notre-Dame à Tongres, p. 425). Le 11 mars 1785 une somme de 3.000 florins fut déjà versée comme avance des 4.000 florins. Le 8 mai 1787 le chapitre s’engagea à payer annuellement 78 florins à Rouma pour l’entretien de l’horloge et du carillon. Gilles était un homme entreprenant. Pendant la saison d’été, il ouvrit un magasin d’horloges à Spa. Dans les annonces d’un journal de Spa, dans lequel Sarton faisait également de la réclame, on peut lire : ”G. Rouma, horloger de sa Majesté le prince-évêque de Liège sous la tour de Saint-Lambert à Liège & à Spa pendant la saison à la Place du Pont à côté de l’imprimeur
Armoire liégeoise avec horloge de Gilles Rouma et fils
de cette liste. Il a un assortiment de son travail d’horloger en montres & pendules modernes ainsi qu’en bijouterie du plus fin goût & au juste prix (Liste des étrangers venus aux eaux minérales de Spa, 5 juillet 1786)”. On décrivit à l’époque le chef-d’œuvre de Gilles Rouma comme une horloge à cadran en cuivre doré avec un mouvement à carillon et un cadran indiquant les heures, minutes, secondes et dates. Sur le cadran on peut lire : ‘Tirez le bouton pour le carillon/ poussez le pour la sonnerie seule’. En 2008 l’antiquaire liégeois Axel Somers exposa un admirable régulateur à cadran en émail blanc avec les jours du mois, les mois, l’équation de temps et une trotteuse, signé : G. Rouma à Liège. Emile Rouma Emile, né à Liège le 11 mars 1775, se maria une première fois, le 23 novembre 1803, avec Marie Victoire Blochouse (†1812). Ils eurent quatre enfants mais aucun ne suivit les traces de leur père comme horloger. La famille habita Liège, successivement dans la Rue de la Station, puis la Rue sous la Tour et à partir de 1813 la Rue du Calvaire et plus tard à la Place St-Lambert. Probablement qu’il vint habiter Place St-Lambert dans la maison de son père défunt. Emile se remaria le 14 janvier 1847 à l’âge de 72 ans avec Marie Josèphe Mallieux (1787-1871). Deux ans plus tard il décéda le 23 mars 1849 dans sa ville natale. Il est clair qu’il n’a jamais porté le titre de son père (‘Horloger de sa Majesté le prince-évêque de Liège’) tout simplement parce que la Révolution française avait aboli tous les titres, octroyés
Détail d'une horloge de parquet de Gilles
auparavant à la noblesse ou autres personnes importantes. Emile fut un horloger hors-pair avec un sens affiné du renouveau. Il n’eut pas peur de prendre part aux grandes expositions où ses horloges attiraient l’attention des connaisseurs. En 1820, Emile Rouma et un certain Gregoire eurent à Paris une fabrique, mentionnée dans ‘L’almanach du commerce’ (1820, p. 376) : ‘Fab. d’horlogerie, de pendules et de bronzes dorés, Rue de Vendôme 17’. Lors de ‘l’Exposition des produits de l’Industrie Nationale’ à Gand en 1820, il reçut la médaille d’or pour son chronomètre de marine de huit jours. Le rapport du jury commence ainsi : “M. Rouma, Horloger et mécanicien, a présenté un chronomètre de marine de sa propre construction à râteau et mouvement à ancre à repos. L’horloge à indication des secondes et pourvu d’une compensation pour entraver les conséquences de la condensation et la dilatation. Cette horloge n’est à remonter que tous les huit jours (Rapport de la commission centrale, pp. 155157)”. Plus loin dans le texte on explique que la compensation se fait par une lame d’acier, soudée à l’argent avec une lame de cuivre courbée ou repliée sur elle-même. En surplus on mentionna dans le texte du jury que le chronomètre a continué à fonctionner parfaitement pendant le transport par Gilles Rouma de Liège à Gand dans un fiacre sur des chemins cahoteux. Le jury en tira la conclusion que le chronomètre marchait à merveille. On nota encore que c’était le premier instrument de ce genre en Belgique. Il fut très utile car jusqu’à ce moment, on dépendait des pays étrangers pour ce type d’horloges. Le 4 juillet 1825, la ville de Haarlem (Pays-Bas) fut en fête
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lors de la seconde exposition nationale de l’industrie. A cette occasion, Rouma exposa une pendule astronomique portable et un chronomètre de poche. En 1841, à l’Exposition des Produits Nationaux’ (Revue de l’Exposition, pp.203-204) à Bruxelles, il présenta encore un chronomètre de poche dont le jury rapporta : “Le chronomètre qu’il a exposé cette année diffère de ceux qu’il faisait auparavant en ce que la roue d’échappement, ainsi que les trous de pivots, sont faits avec un alliage de métaux précieux dont la combinaison lui appartient en propre. Cet alliage est présenté par lui comme inoxydable et d’une dureté presque égale à celle du rubis, se polissant à la glace comme l’acier trempé ”. Dans son article, H. van Boxmeer donne plus d’explications au sujet d’un régulateur très précis d’Emile Rouma : “Cette pendule fut acquise par l’Université de Liège vers 1825. Elle est l’œuvre de l’artiste Emile Rouma de Liège. Ce dernier obtint déjà une médaille d’or à l’exposition de Gand en 1820 pour une de ces pendules. Suite de quoi le Ministre Falck lui en commanda plusieurs. En juin 1834 cette pendule fut installée dans le cabinet de travail de Quetelet à l’observatoire tout récemment disponible… (Poussières d’Archives, La pendule de Rouma, p.54) ”. Lors de l’exposition de Bruxelles en 1835, le ministre de l’intérieur belge décida de décerner des médailles de récompenses aux meilleurs artistes ayant exposés leurs instruments. Rouma n’entrait pas en ligne de compte car sa pendule se trouva à l’observatoire et ne put être exposée.
Quetelet intervint cependant à de nombreuses reprises en faveur de M. Rouma. Dans le rapport sur ‘La marche des instruments exposés par les Sieurs Mertens et De Kemel’, Quetelet ajoute l’instrument de Rouma. Il note à propos de la pendule de Rouma : “Il me semble d’après l’examen de ce tableau que le régulateur du Sieur Rouma n’est pas inférieur en mérites à celui du Sieur Mertens. Je serais même disposé à lui donner la préférence”. Plus loin dans le même texte, on lit : “Ce document d’archive est actuellement encadré près de la pendule dans le bureau du directeur”. Grâce à une entorse élégante au règlement, Quetelet obtint gain de cause et Rouma se vit octroyer la médaille de vermeil. H. van Boxmeer décrit dans son article sur Rouma : “L’histoire de cette pendule ne s’arrête pas là. Souvenons-nous qu’elle fut achetée par l’université de Liège et qu’elle était donc sa propriété. Ce que l’université ne manqua pas d’invoquer lorsqu’il fallut équiper un petit observatoire dans cette institution. Quetelet se démena comme un diable dans un bénitier auprès du ministre compétent afin de pouvoir garder ‘sa pendule’. Un marché de dupe fut conclu. Quetelet garderait la pendule (en plus d’un cercle répétiteur) en échange d’un …chronomètre sous prétexte qu’un chronomètre serait actuellement plus utile à l’université ”. Voilà donc la petite histoire de cette pendule qui se trouve encore aujourd’hui dans le bureau du directeur de l’Observatoire et qui fonctionne toujours !
Pendule d'Emile Rouma
Compensation thermique de la pendule d'Emile Rouma
Jean Joseph Rouma Le frère d’Emile Rouma était également horloger. Ce frère, Jean Joseph Rouma naquit à Liège, le 19 janvier 1777, comme fils cadet de Gilles Rouma. Régulièrement le père et le fils sont mentionnés car le père eut un magasin en 1805 avec Anne Catherine Xhrouet (1782-1861), la fille du tourneur d’ornement Lambert Xhrouet (1707-1781). Ce dernier avait acquis une notoriété hors du commun et était ‘négociant’ ce qui à cette époque ne fut pas surprenant. Jean Joseph Rouma se maria à Spa, ville qu’il connaissait bien et qui était fréquentée par toutes les cours d’Europe. En 1760, Emile Xhrouet fut même nommé bourgmestre de Spa. Jean Joseph Rouma devint à son tour bourgmestre de Spa en 1853. Il y mourut le 14 août 1857. Pour la petite histoire, voici un détail peu connu : Jean Edmond Rouma, le fils de Jean Joseph Rouma et d’Anne Catherine Xhrouet, épousa en secondes noces, Pauline Joséphine Thérèse Hayemal dont une des sœurs eut pour marraine la deuxième reine des belges, Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine et épouse du roi Léopold II. Lasse d’un mari désinvolte, la reine Marie-Henriette, séjournait régulièrement dans la ville thermale de Spa et finit par s’y installer définitivement. Elle y resta jusqu’à la fin de sa vie. L’eau non pétillante ‘Spa Reine’ reste un souvenir de son passage à Spa.
Régulateur de la Capitainerie du port d'Anvers, d'Emile Rouma
Rouma Grégoire à Paris
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Les horlogers liégeois au Limbourg La famille Stréel à Hamont Régulièrement les horlogers limbourgeois s’inspirèrent des techniques liégeoises pour les adapter à leurs propres besoins et possibilités financières. C’est ainsi que les horlogers liégeois ont insufflé un nouvel élan à l’horlogerie limbourgeoise du 18ième siècle. Il n’y a aucun doute que les moyens financiers étaient plus grands à Liège que dans les villages et petites villes du Limbourg. La famille d’horlogers Stréel s’est trouvée involontairement à la base de l’expansion de l’horlogerie liégeoise au Limbourg. L’horloger Jacques Stréel de Herstal épousa Marie Catherine Halquet. Leurs enfants Jacques Henri (°1785) et Charles François (1787-1861) furent également horlogers. Jacques Henri, né à Herstal le 14 avril 1785, travailla toute sa vie à Liège, d’abord à la Place Saint-Paul et à partir de 1862, Rue de la Cathédrale. Le fils cadet Charles, né le 13 avril 1787, s’établit à Hamont où il ouvrit en 1810 un commerce d’horlogerie et un café en face de l’église. En 1822, il épousa Maria Antonia Buelinckx (17931863). Leur fils unique Jacobus (1823-1863) succéda à son père mais mourut célibataire, deux ans après la mort de son père. Leur production fut abondante mais peu diversifiée. Les gaines des horloges de parquet de Jacques Stréel sont toujours en chêne, de style Louis-Philippe et ont un cadran rond et blanc à bord en laiton. Ils forment la dernière phase de l’évolution de la famille Stréel. Son père Charles et son grand-père Jacques utilisèrent la technique liégeoise pour les mouvements en fer. Les platines horizontales en fer étaient reliées par des piliers carrés en fer forgé. Selon la tradition liégeoise, le mouvement était placé devant la sonnerie. L’ancre se trouvait à la hauteur ou juste sous la platine supérieure. Presque toutes les horloges disposaient d’un réveil. Dans ‘Staande klokken en uurwerkmakers, Fraiture, pp. 33-34’ on explique : “L’horloge de parquet se développa principalement à Liège plutôt que dans la région limbourgeoise. Les horlogers limbourgeois n’eurent pas toujours la qualité, la finition et la diversité de leurs collègues de la Cité Ardente. Il serait injuste de prétendre qu’il n’y eut pas d’horloges de parquet de qualité au Limbourg mais Liège donna toujours l’impulsion et l’orientation à suivre dans le domaine de l’horlogerie et cela jusqu’au 19ième siècle. En plus, plusieurs entreprises de fournitures d’horlogerie étaient établies à Liège. Ainsi on trouvait dans la Rue d’Avroy à Liège au 18ième siècle la petite firme du ‘Sieur Cambresier’ qui vendait des verres courbés pour horloges. On pouvait acheter des écoinçons et cercles d’heures en étain ou en cuivre chez Deprez (plus tard Delarivière-Deprez), établi à la Place du Marché, ou chez Michel Liben, le fournisseur de la famille de Beefe. A la boutique de Wirix on pouvait s’approvisionner en ‘toute sortes de pièces pour horlogers’. On ne peut oublier F. J. Augustin, qui affichait en 1772 : fondeur de timbres”.
Les gaines des horloges de parquet des horlogers Stréel étaient joliment sculptées. Il est rare que l’écusson soit gravé par un graveur professionnel, car c’est généralement l’horloger lui-même qui accomplissait ce travail. Les Stréel construisirent également ce qu’on appelle en néerlandais la ‘meidenklok’ ou ‘horloge de bonne’. Ces horloges murales furent une copie des mouvements des horloges de parquet, bien qu’il n’y eut pas de sonnerie mais uniquement un réveil. Cela évolua plus tard vers des horloges à cadran en verre blanc, disque de réveil en laiton, un timbre unique et des aiguilles de type Breguet. On pouvait voir le mouvement dans la cage grâce à deux petites portes latérales en fer.
Horloge de parquet de Charles Stréel et fils
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François de Beefe Vers la fin du 18ième siècle plusieurs horlogers liégeois s’installèrent à Maastricht. Il y eut la famille d’horlogers Fraiture (déjà citée) qui quitta Liège pour Maastricht ainsi que les frères Hamoir, devenus bourgeois à Maastricht en 1791, ainsi que Jean Stéphane Wilmotte, le fils de Jean Guillaume et Margaretha Everard. Celui-ci épousa d’abord Catherine Anne Winandy et en secondes noces Marie Dresens le 13 février 1822. Il devint en 1811 citoyen de Maastricht et y resta toute sa vie. Toutes les horloges de Wilmotte sont signées : Wilmotte à Maestricht. François (Franciscus) de Beefe, baptisé à Thimister le 4 décembre 1718, est le fils de Gillis I de Beefe et de sa première épouse Marguerite de Stocquis. Une anecdote, trouvée dans un petit livre adorable ‘THE LIFE AND TRAVELS OF JAMES UPJOHN’ de John Leopold et Roger Smith, donne une idée plus précise des horlogers et de leur commerce. Dans ce livre, l’horloger James Upjohn raconte le voyage qu’il fit en compagnie de son épouse, sa fille Mary et son gendre suédois Gabriel Wirgman, émailleur et joaillier, pendant la lune de miel de ces derniers en 1768. Le 28 mai 1768, au cinquième jour du voyage, ils arrivèrent à Calais en France et continuèrent “via Gravelines, Dunkirk, Furnes, Nieuport, Bruges and Ghent to Brussels, were they arrived on 3 june”. A Bruxelles ils visitèrent le palais du gouverneur Charles de Lorraine : “He had a collection of clocks and watches”. En effet, le gouverneur était un grand collectionneur d’horloges et de montres. Ils poursuivirent leur voyage “via Mechelen to Antwerp, which Upjohn much admired”. Ils firent un détour par Paris et retournèrent “via Cambrai, Valenciennes, Mons, Brussels, Louvain to Maastricht”. “Here Upjohn was taken in by the watchmaker de Beefe over some paintings. The de Beefes were a widespread family of clockmakers who probably originated in Liège. The man Upjohn met in Maastricht was Franciscus de Beefe ; his brother in Aachen (the next place to the trip) was Andreas de Beefe (in Aachen from 1761)”. On comprend par ce texte que de Beefe rencontra Upjohn. On découvrira plus tard les détails de cette rencontre. Entre-temps la famille Upjohn fit un tour au Pays-Bas où James Upjohn reçut “a good order from Mr Tappy in Veere ”. L’excellent horloger Abraham Tappy (17351773) habitait d’abord à Veere, puis déménagea à Goes, toujours en Zélande. Finalement la famille Upjohn poursuivit le voyage en direction de Bruges et Dunkerke pour rejoindre Londres à la fin août. Que s’était-il passé à Maastricht entre Franciscus de Beefe et Upjohn ? L’horloger James Upjohn déclara qu’il connaissait bien de Beefe : “Mr de Beefe, who had a very good house and shop and seemed to do a deal of business ”. De Beefe expliqua à Upjohn qu’il avait un beau lot de peintures. Il proposa à Upjohn de les lui vendre à bon prix. En Angleterre, Upjohn pourrait facilement vendre ces peintures pour le double du prix ! De Beefe proposa à Upjohn de payer la moitié en montres (pendant son voyage Upjohn vendait
Pendule , signée : François de Beefe à Maestricht
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régulièrement des montres) et pour l’autre moitié (représentant 350 ducats) l’anglais signerait un avis de paiement. Ce qui fut fait. En parlant de de Beefe, Upjohn note : “I looked upon him to be an honest man & that he would not deceive me. I thought that 67 good pictures could not be dear at that price”. En parlant à un antiquaire, qui était un bon ami de son gendre, l’anglais apprit que la plupart des peintures étaient des simples copies qui n’avaient aucune valeur. Upjohn fut fort déçu et se rendit chez de Beefe pour annuler la vente mais de Beefe ne voulut pas le recevoir. Upjohn ne se résigna pas et l’année suivante il se rendit à nouveau à Maastricht pour régler cette affaire avec de Beefe. Celui-ci dit à Upjohn de revenir le voir après le dîner. Avant même de pouvoit dîner, deux officiers vinrent arrêter Upjohn. De Beefe réclama le paiement, preuve à l’appui (l’avis de paiement, signé par Upjohn). Upjohn fut obligé de payer immédiatement et en plus “I was obliged to give up a watch, value £ 100, which I had in my pocket ”. Upjohn écrit qu’il fit encore un procès qui dura sept ans, mais sans obtenir gain de cause et qui lui fit perdre encore £300 supplémentaires. Malgré cette triste fin d’histoire, il est intéressant de lire que les horlogers eurent au 18ième siècle des contacts réguliers entre eux et qu’ils firent commerce d’horloges et de montres. François de Beefe connaissait l’horloger Upjohn, peut-être grâce aux contacts que son père eut avec lui (voir plus haut : Montres de poche de Gilles de Beefe). Ce qui est moins appréciable et franchement malhonnête dans cette histoire est que Franciscus de Beefe était au courant de la piètre qualité des peintures et qu’il n’hésita pas à les vendre comme étant de bons tableaux.
Pendule de table de François de Beefe à Maestricht
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François Denis de Beefe François Denis de Beefe fut baptisé à Maastricht en l’église Sint-Nicolaas le 27 mars 1759. Il se maria avec Anna Hamel (1749-1824) et est décédé à Maastricht le 14 août 1794, trois mois après son père François. Deux jours après sa mort, il fut enterré en l’église Sint-Martinus van Wijck (un quartier de Maastricht).
Gérard Hamaïde à Maastricht On sait que Gérard Hamaïde (Liège °1744 - Maastricht †1813) fut reçu bourgeois à Maastricht en 1777, où il habitait depuis 1775. N’oublions pas qu’à l’époque Maastricht faisait encore partie de la principauté. En examinant la liste des impôts payés, on peut déduire que Gérard Hamaide fut un bourgeois aisé. Il n’était pas le premier liégeois à venir travailler à Maastricht. François de Beefe, le fils de Gillis I de Beefe, y habitait également. Gérard Hamaïde, le fils de Jean et Albertine Stouls, épousa Marie Catherine Masset. En 1802 il habita Maastricht, Grote Straat 62 sous l’enseigne ‘De Twee Carbinders’. Il ne fut pas uniquement horloger mais également “négociant”. Dans ‘Hommage d’Hubert Sarton, p.28’ on lit : “En 1803, le 2 novembre, Mr. Hamaide, liégeois de nation, négociant et horloger, m’écrivit de SaintPétersbourg, dans les termes suivants : « Votre grande pendule, Monsieur, se trouve en vente dans le cabinet de physique de Mr. Robertson, notre compatriote »…”. Ce texte nous apprend trois choses : Hamaïde voyageait en ce temps jusqu’en Russie pour vendre des horloges, il disposait d’un reseau international pour écouler ses pendules et finalement il connaissait bien Hubert Sarton, puisqu’il vendait ses pendules. Mais de quelle pendule Hamaïde parlait-il en écrivant : « Votre grande pendule » ?
L’attraction de Paris Pendant des siècles les artistes et artisans se rendirent en Italie afin d’y voir et goûter les secrets et la beauté de l’art et de l’artisanat. Au 18ième siècle, Paris supplanta l’Italie en ce qui concerne l’art, même la Révolution française ne put freiner cette évolution. Dans ‘L’horlogerie parisienne entre art et industrie 1750-1850, p. 95’ Marie-Agnes Dequidt écrit : “L’horlogerie parisienne connaît son âge d’or entre 1750 et 1850. C’est cette période qui voit l’apparition des plus belles pièces, en termes d’esthétique comme en termes techniques…. Entre 1750 et 1850, Paris est un centre de production de renommée internationale ”. L’influence parisienne se fit ressentir dans tous les domaines. Les graveurs, souffleurs de verre, émailleurs, fondeurs de cuivre et de bronze, ébénistes ou sculpteurs subirent cette attraction. Le 18ième siècle fut un rêve pour bon nombre de penduliers français. Pas uniquement le mouvement, mais également la décoration éblouissante, l’emploi de bois exotiques, les émaux splendides, le bronze doré au feu, donna à la pendule un statut d’objet de luxe. Parfois la pendule racontait l’une ou l’autre histoire d’un soldat mourant, d’un poète rêvant, d’un général sur son cheval ou d’une fille lisant une lettre d’amour. Naturellement il y eut des penduliers qui optaient pour plus de détail et qui produisirent des chefs-d’oeuvres de grande précision et d’une finition rare tandis que la décoration resta également séduisante. Ces horlogers hors-ligne s’appellent Berthoud, Breguet, Robin, Romilly, Lépine ainsi que les familles Lepaute, Jolly, Balthazar, Lenoir, Le Roy et bien d’autres encore. Pendant quatre ans, Hubert Sarton se perfectionna à Paris dans les ateliers de Pierre Leroy, choix qu’il fit sans aucun doute sur instigation de son parrain et horloger Dieudonné Sarton. Quelques horlogers liégeois - certainement pas des moindres se rendirent à Paris afin d’y faire fortune et peut-être d’y trouver l’aventure ou les douceurs de l’amour. Quelques-uns de ces horlogers ont réussi, ont bien gagné leur vie et se sont parfois fait naturaliser français. D’autres ont eu moins de succès et sont rentrés désillusionnés à Liège.
républicain français fut un système en vogue de 1793 à 1806 en remplacement du calendrier grégorien. A partir du 22 septembre 1793, l’année fut divisée en douze mois, qui a leur tour étaient divisés en trois décades de dix jours. Un an plus tard, on proposa aussi une division décimale de la journée. Une journée entière compta dix heures : chaque heure comptait cent minutes, qui à leur tour furent divisées en cent secondes. Pour les horlogers cela représenta un nouveau défi car les cadrans ronds ont la forme d’un cercle de 360 degrés. Les horlogers pouvaient facilement diviser les 360 degrés en douze heures. On est donc surpris de lire que Jacques Etienne Beaufort fut déjà capable de présenter une montre de poche décimale le 7 novembre 1793, alors que le calendrier révolutionnaire n’avait éte mis en place que le 23 septembre 1793. Il ne disposa que d’un mois et demi pour réaliser cette montre révolutionnaire. Lors de la présentation de la montre, la Convention stipula : ”La Convention décréta qu’elle serait portée par les présidents (Revue chronométrique, Paris, 1909,Vol. 25, p. 175)”.
Gaspard Cachard En 1785 Basile-Charles Le Roy, qui venait de fêter ses vingt ans, fut reçu maître-horloger à Paris. A cette occasion il ouvrit une boutique au ‘Palais-Royal’. Vers 1790, pendant la révolution française (1789-1799), il décida de signer par prudence ses horloges de l’anagramme ‘Elyor’, vu la dangereuse consonnnce royale de son nom et afin d’éviter les problèmes politiques. Charles Le Roy alla encore plus loin. Pendant la ‘Terreur’ il vendit de façon fictive son atelier au liégeois Gaspard Cachard. A cette époque Cachard était assistant de Charles Le Roy. En 1794 la ‘Terreur’ diminua et Le Roy redevint responsable et inspirateur de son atelier parisien. Un peu plus tard il osa à nouveau signer ‘Le Roy’. Gaspard Cachard serait arrivé à Paris le 3 septembre 1775
Jacques Etienne Beaufort Jacques Etienne Beaufort fut reçu comme maître-horloger à Liège en 1776. Il partit ensuite pour Paris où il alla habiter Rue de la Boucherie et entre 1778 et 1783, Rue Bourbon le Château. En 1793, il construisit une montre de poche décimale qu’il présenta la même année à la ‘Convention Nationale’. Le commentaire de cette ‘Convention Nationale’(1792-1795) du 17 brumaire de l’an II (le 7 novembre 1793) commence ainsi : “Le citoyen Beaufort, liégeois, fait hommage à la Convention d’une montre décimale, & demande que cette montre soit toujours portée par le président, & qu’elle passe de Présidence en Présidence” (Collection générale des décrets rendus par la Convention Nationale, Volume 15, p.149). En janvier 1793, la Révolution française fit rage en France avec la mise à mort du roi. La France traversa une crise historique. On voulut tout réformer, même le temps, les mois, les jours et la durée de l’heure ! Le calendrier révolutionnaire ou
Pendule, signée Cachard Sucr. De Ch. Le Roi, A Paris
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selon les données de sa ‘Carte de Sûreté’ de 1793. Les cartes de sûreté, instaurées sous la ‘Terreur’, ont été établies à Paris entre 1792 et 1795. Elles étaient, avant l’heure, des cartes d’identité permettant aux habitants de Paris (hommes de plus de 15 ans) de circuler librement. Chaque citoyen devait se présenter accompagné de deux témoins à son Comité de surveillance (ou d’arrondissement après 1794). Celui-ci, après enquête, établissait le document en y mentionnant l’âge, la profession, l’adresse et le lieu dont était originaire le citoyen. Cachard habita successivement Rue St. Denis n° 396 et ensuite dans la même rue au n° 56 comme on peut lire sur une pendule que Sotheby’s vendit le 18 novembre 2010 à New-York : CACHARD SUCR.DE CH. LEROI RUE St. DENIS NO 56. Le 24 novembre 2012, on vendit chez Drouot à Paris une montre de carrosse à répétition aux quarts et d’un diamètre de 12,3cm. La montre à échappement à roue de rencontre avec modification, est signée : LEAUTAUD A PARIS - CACHARD sc De Le ROY PARIS. La maison de vente annonçait en 2012 : CACHARD LE ROY MONTRE D’ALCÔVE. G. H. Baillie mentionne dans son ’Watchmakers & Clockmakers of the World Vol.1, Edition 1947’ que Cachard travailla à Paris entre 1780 et 1802 et que ‘Gasper Cachard‘ aurait été actif à Londres entre 1820 et 1825. Si cette affirmation est exacte, Gaspard Cachard aurait quitté Liège à destination de Paris pour ensuite rejoindre Londres.
Les frères Jacquet Arnold Jacquet (1768-1836) Deux fils horlogers de Nicolas Jacquet (voir plus haut) sont partis pour Paris. Par contre, son fils Alexandre, également horloger, n’a jamais quitté Liège. Arnold Nicolas, baptisé à Liège le 5 novembre 1768, partit déjà tôt en direction de Paris où il se maria avec Louise Sarazin. Il mourut à l’Hôpital de la Charité à Paris le 22 juillet 1836. Guillaume Jacquet (1771-1847) Le frère cadet, Guillaume (Joseph Guillaume Bernard) fut baptisé en l’église de Notre-Dame-aux-Fonts le 30 septembre 1771. Il rejoignit son frère à Paris et épousa le 30 avril 1797 Marie Gorez à Versailles. Le jour du mariage son père Nicolas était présent comme témoin. Le jeune couple n’eut pas de chance car quatre ans plus tard Marie Gorez mourut. Guillaume se remaria avec Aglaée Herliez de Versailles. En 1814 on mentionne : “Mr. Joseph Guillaume Bernard Jacquet de Versailles Le 15 novembre un brevet d’invention de dix ans pour une nouvelle horloge à poids, sans rouage, sonnant les heures et demi-heures …(Archives des découvertes et des inventions, Paris 1816, Vol 8, p. 362)”. Il est difficile de se représenter une horloge à poids sans rouage ! Par la suite, on ne retrouvera pas d’autres éléments au sujet de cette invention. Ceci permet de penser que cette horloge n’obtint pas un grand succès. De cet horloger on n’apprend plus rien sauf qu’il se remaria une troisième fois le 3 mars 1825 avec Angélique Ozanne. Il décéda à Paris le 13 janvier 1847. Tardy mentionne un des deux frères dans son ‘Dictionnaire des Horlogers français (Ed.1971, p.320)’, en omettant de spécifier le prénom.
Dieudonné Kinable Dieudonné Kinable fut baptisé en l’église Notre-Dame-auxFonts à Liège le 19 septembre 1764 comme fils de Pierre Kinable et Maria Joseph Stoul. L’église Notre-Dame-aux-fonts, qui fut démolie pendant la Révolution française, semble avoir été très en vogue pour baptiser et mettre les futurs horlogers liégeois dans la bonne direction car en 1748 Hubert Sarton y fut baptisé et en 1760 Jean Gérard Cornelis. Les fonts baptismaux au-dessus duquel Kinable, Cornelis et Sarton furent tenus, sont un chefd’œuvre d’art mosan de l’orfèvre Renier de Huy, à situer entre 1107 et 1118. En ce moment ce chef-d’œuvre exceptionnel peut être admiré dans la collégiale Saint-Barthélémy à Liège, tout près du musée ‘Le Grand Curtius’.
Pendule portique 'Egypte' de Gaspard Cachard
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A propos du nom Kinable On doit avouer que le nom de ‘Kinable’ n’est pas un nom d’origine française vu que la lettre ‘k’ est une lettre peu utilisée en français. La langue française était à l’origine la ‘lingua vulgata latina’ ou le latin populaire (le latin classique ne connaît pratiquement pas le ‘k’) avec comme grand promoteur l’église catholique. La lettre ‘K’ trouve son origine dans la lettre ‘kappa’ de l’alphabet grec. On retrouve cette provenance grecque dans quelques mots français comme kleptomane ou kilo. D’autres
Dieudonné Kinable
Dieudonné Kinable
langues ont aussi offert des mots au français avec un ‘k’ comme ‘kermesse’ venu du flamand, ‘kimomo’ du japonnais ou ‘kilt’ de l’anglais. Le nom de famille ‘Kinable’ trouve probablement son origine dans une autre langue que le français. Mais existe-t-il des preuves de cette affirmation ? Au courant des 17ième et 18ième siècles, on rencontre souvent le nom de Kinable à Liège mais ce qui est plus surprenant est que dans les registres paroissiaux le nom de Kinable est régulièrement alterné avec ceux de Kinappe, Kinap, Kinab, Knap en Knaeps. Ces noms révèlent une origine germanique, peutêtre même flamande. En 2020, on répertorie en Belgique encore 1300 personnes portant le nom Kinable, tous à situer à Liège ou
environs. En France le nom est beaucoup plus rare car on n’en retrouve que 180. Le 5 juin 1688 le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière meurt et le siège d’évêque est officiellement déclaré ‘sede vacante’ (siège vacant). En attendant la nomination d’un nouvel évêque, c’est le chapitre qui gouverne et prend les décisions. Le chapitre désigna un certain Paul Jean Kinable pour la frappe de la monnaie à l’effigie de Saint-Lambert, le patron de Liège. Ce fut la première fois qu’on frappa la monnaie pendant le ‘sede vacante’. Cette période fut de courte durée puisque fin 1688 le nouveau prince-évêque Jean-Louis d’Elderen fut nommé. Dans la ‘Revue belge de numismatique et sigillographie, 1888’ on lit : “Le wardien (‘gardien’ EF) de la monnaie était François Kinable, plus souvent appelé Knap ou Knaps. En 1662, vu son grand âge, on lui adjoignit son fils François, avec droit de survivance. Dix ans après, Jean Kinable prêta le serment de fidélité exactement dans les mêmes conditions. Etait-ce un frère ou un fils du second François ? Nous l’ignorons. Toujours est-il que les fonctions de wardien ne cessèrent d’être exercées par un Kinable, au moins jusqu’en 1704 ”. Dans la liste des wardiens de la monnaie, on retrouve de 1721 à 1724 un certain Jean-François Kinable. Ce Jean-François Kinable ou Knaeps était orfèvre et horloger liégeois. Il réalisa plusieurs ostensoirs comme ceux des églises de St-Martin à Xhoris, St-Marcellin à Chokier, St-Antoine à Liège et St-Mauritius à Bilzen. La magnifique lampe en argent du sanctuaire de 1667, signée ‘ SILVER SANCTUARY LAMP, FRANÇOIS KNAEPS, LIÈGE, 1667’ fut vendue par Sotheby’s à Paris le 29 juin 2006 et sortait
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de l’atelier de Knaeps. La lampe d’une hauteur de 96cm est entièrement ciselée à jour et pèse 1,2kg. On y grava le texte suivant : MARGUERITTE AGNES BARONNE NEE DE LA MAISON DE HONSBROUCK, et plus loin, SUPERIEURE ET FONDATRICE DE BEAUREGARD LEZ LIEGE L’AN 1685. En 1694, l’horloger Jean Knaeps succéda à l’horloger Jean Moeuse comme horloger de la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Ce Jean Moeus était le fils de l’horloger Arnold Moeus. Tous les deux furent ‘horloger de la cathédrale’. Jean Kinable ou Knaeps resta en fonction jusqu’en 1714. En 1979, on vendit chez Sotheby’s à Zurich une belle pendule dont le cadran mentionne sur la partie supérieure : ‘eX XII Vna tVa sIt qVaenaM est CorDe reVoLVe’ et dans la partie inférieure : ‘Jean Knaeps A Liege’. Cette horloge qui joue un air à la demie et à l’heure, fit en continu partie de la collection de la famille Fallon à Bruxelles. Elle fut exposée en 1957 pendant l’exposition ‘Art, Histoire, Science’ au Musée du Cinquantenaire à Bruxelles. On suppose que cette horloge fut construite au début du 17ième siècle et modifiée par Knaeps en 1698. La date se retrouve dans le chronogramme. Vu que Knaeps n’exerçait pas uniquement le métier d’horloger mais également celui d’orfèvre, on suppose que le carillon et le jacquemart sont de Knaeps. Pour l’horloge, il subsiste quelques doutes bien que le système du carillon soit typiquement flamand. Kinable à Paris Vers 1787, Dieudonné Kinable quitta Liège pour Paris. Peu après son arrivée à Paris, il acheta une maison avec un collègue normand, Michel François Piolaine. Son magasin se situa au Palais-Royal (Galerie de Pierre) n° 131. Sur une ‘Carte de sûreté’ (délivrée par les autorités parisiennes) du 8 août 1793 on peut lire qu’il était âgé de vingt-huit ans (donc né en 1765), était horloger et habitait Paris, Rue des 2 Ecus n° 25, alors qu’auparavant il habita Rue de Grenelle. Il vivait à Paris depuis six ans. Le 4 août 1809, il épousa Louise-Cécile Bonnemain qui mourut en 1818 à l’âge de 32 ans. A la mort de son épouse, la valeur de la succession s’élèva à 27.595 francs, ce qui en fit un horloger fortuné. Il se remaria à Paris avec Arsène-Béatrix Pottier. Kinable décéda à Paris le 10 octobre 1832. Kinable en tant que pendulier Kinable est réputé pour ses pendules splendides mais il vendit aussi des montres. Chayette et Cheval vendirent une montre de poche à cylindre en argent, signée : D. D. Kinable Palais Royal N° 131, N° 626. En avril 2018, la maison de vente Subarna Subastas à Barcelone vendit une montre de poche en or à répétition aux quarts, signée : Kinable. Kinable fut plus qu’un horloger, il avait bon goût et était l’horloger à la mode. En 1829 il fut de bon ton de feuilleter le ‘Code Culinaire’ ou le ‘Code de l’Elégance’ ou encore le ‘Code de la Conversation’. A Paris le ‘Code Conjugal’ devait obligatoirement être lu par les jeunes filles de bonne famille afin de réussir leur mariage. On ne peut donc pas être surpris d’y lire : “Quant à la montre, que vous devez vous procurer chez M. Kinable, PalaisRoyal….”.
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Mouvement d'une montre de poche de Kinable
Il est bien connu que Kinable fit fortune grâce à ses pendules. Il travailla avec les meilleurs artisans de son temps comme Joseph Coteau (1740-1801), Dubuisson (1731-1815) ou Pierre Philippe Thomire (1751-1843). Ses pendules étaient décorées de porcelaine de Sèvres, de bronzes merveilleux et de marbre parfait. L’émail bleu des pendules de Kinable porta le nom de ‘beau bleu’, un bleu profond. Ses pendules représentèrent l’excellence de la beauté et le haut de gamme du luxe, bien entendu à un prix exorbitant. Alors qu’on évoque toujours la beauté et le bon goût des pendules de Kinable, le mouvement n’est que rarement mentionné. Il signait ses pendules ‘Kinable’ ou ‘D. D. Kinable’. Entre 1795 et 1797 il vendit treize modèles différents. Les années suivantes, il y ajouta encore quatorze nouveaux modèles. Pendant la période révolutionnaire, il travailla au Palais Égalité nº 138, ce qui voulut simplement dire que le nom précédent ‘Palais Royal n° 131’ fut remplacé car l’emplacement était identique. Après 1801 il signa même quelques pendules avec ‘Kinable Palais du Tribunat’. Après la restauration de celuici, il redevint le ‘Palais Royal’. Ses pendules se trouvent dans les plus grands musées au monde et dans les collections royales comme la fameuse pendule de Marie-Antoinette qui se trouve actuellement au Victoria & Albert Museum de Londres.
Lambert Joseph Laguesse Laguesse naquit à Liège le 24 septembre 1749 comme fils d’Antoine et Marie Franck. Le 19 janvier 1777 il épousa Marie Anne Genin (1751-1824). Ils eurent sept enfants. Leur fille Marguerite Laguesse (1781-1857) était une femme écrivain dont la carrière fut complètement éclipsée par celle de son mari Louis Jamme. Comme directeur de fabriques de coton et de tabac à Liège il fut un homme influent. En 1830, au début d’une Belgique précoce, il fut représentant à la chambre et le premier bourgmestre de Liège. On ne retrouve pas d’éléments qui décrivent comment Lambert Laguesse apprit le métier d’horloger. On sait qu’il habita au centre de Liège ‘sur le Pont d’Isle’. La ‘Gazette de Liége’ du 6 août 1788 mentionne : “Laguesse, horloger”. Dans ‘Bulletin de la société de l’histoire, pp. 143-145’ on lit que Laguesse fut horloger à Liège bien qu’il acheta ses bronzes à Paris. A la mort de son fils Antoine (22 ans) en 1799, deux témoins signent ‘garçon-horloger’. Ces deux témoins furent François Lovinfosse et Bertrand Joassart II, qui travaillèrent à cette époque comme ‘aide-horloger’ chez Laguesse. Lovinfosse et Joassart devinrent par la suite de très bons horlogers. L’atelier de Laguesse était important et celui-ci bénéficia de nombreux contacts dans le monde horloger. Sarton vendit parfois des pendules à d’autres horlogers. Laguesse fut un de ces horlogers à qui Sarton fit confiance. Un bel exemple d’une pendule achetée chez Sarton
Pendule de Laguesse
est l’horloge à deux colonnes et cadran squeletté. Les colonnes en laiton portent une arche sur laquelle est montée l’horloge à cadran à indication des heures, minutes et trotteuse de 30 secondes ainsi que l’indication du mois avec 31 jours. On sait que Sarton utilisa presque toujours une trotteuse à trente secondes pour ses pendules. Laguesse n’hésita pas à faire de même. Le mouvement à chevilles est équipé d’une belle roue de compte à étoile. Le balancier compensé, qui est pendu entre le cadran et la platine, balance entre une gouttière en laiton et porte la signature : L. J. Laguesse A LIEGE. La gouttière est équipée d’une graduation. Le tout est porté par un socle en marbre ‘Noir de Mazy’ avec pieds en toupies dorés. Le marchand parisien Culot acheta régulièrement les horloges de Laguesse afin de les revendre. Culot, qui avait très bon goût, commandait les bronzes chez le fameux bronzier parisien Pierre-Philippe Thomire (1751-1843). C’est probablement par l’entremise de Culot que deux pendules de Laguesse furent vendues en Russie. Actuellement, on peut admirer celles-ci dans la salle grecque du palais de Pavlovsk, palais qui se situe à 26 km au sud de Saint-Pétersbourg. Ce palais a été construit entre 1782 et 1786 pour le futur empereur Paul Ier, fils unique de Catherine II qui lui en fit présent. La décoration intérieure fut conçue par Marie Feodorovna (Sophie-Dorothée de Wurtemberg-Montbéliard, 1759-1828), l’épouse de Paul qui avait un tempérament d’artiste. A la suite de l’assassinat de Paul Ier, le 12 mars 1801, Pavlovsk perdit son statut de résidence impériale, mais Maria Feodorovna continua à y résider jusqu’à sa mort en 1828. En janvier 1944, Pavlovsk fut libéré par les troupes soviétiques. Le palais fort endommagé offrit à ce moment un spectacle désastreux. Pour faire face à cette situation catastrophique, le gouvernement soviétique entamera la restauration dès le printemps 1944.
Ancienne photo de la princesse Feodorovna
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Pendule à cadran unique de Laguesse, sans doute exécutée par Hubert sarton
Signature de Laguesse sur la gouttière de sa pendule à cadran unique
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La seule pendule de Laguesse exposée au palais de Pavlovsk est une pendule squelette de 1796 à calendrier et phases de lune, émaux de Coteau et signée : Laguesse à Liège. L’autre horloge est une garniture de cheminée d’une hauteur de 75cm que l’on peut dater aux environs de 1790. Les bronzes sont signés : P.F. Thomire. Le tout est décoré de porcelaine de Sèvres à décor en grisaille. Le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg contient plus de cinq cents peintures d’artistes de la période majeure de l’école flamande, en particulier un grand nombre d’œuvres de Rubens. Ce musée possède également une oeuvre de Laguesse, notamment la pendule ‘Amor et Psyche’ datant de 1799. L’horloge dont les bronzes sont également de Thomire, est portée par des cariathides. Toutes ces pendules de Laguesse datent d’avant son départ pour Paris. Laguesse était aussi marchand d’horloges. Quand l’horloger local de Hamont, Johannes Jacobus Simons (1757-1818) eut l’intention d’arrêter son activité d’horloger, il adressa, en 1804, une lettre à Laguesse : “Je suis bien fachée que vous eussiez envie de quitter le commerce d’horlogerie. J’ai cependant en ce moment des montres très avantageuses et à des prix très bas” (Belgische uurwerken en hun makers, p. 572). Sans doute que Laguesse préparait son départ pour Paris et qu’il voulut se défaire de certaines montres. Pour Laguesse l’appel de Paris fut irrésistible car en 1806 (ou 1808) il s’établit à Paris, Rue Chapon 23. Ses deux fils (Arnaud et Louis) eurent une “fabrique d’horloges” à Paris. Ils firent de la publicité en faisant mention d’une ‘Fabrique et magasin d’horlogerie’ ou ‘Fabrique de bronzes’ (Bulletin de la société de l’histoire, pp.143-145). En 1820, Laguesse, qui demeura depuis un moment à Paris, décida de soutenir l’opéra de Liège. Dès ce moment, on le mentionna à Liège comme “Monsieur Lambert Joseph Laguesse, ancien négociant et propriétaire ” (La genèse d’un opéra, p. 7). Dans le ‘Bulletin des lois de la République française 1834’ on lit : ‘Ordonnance du Roi Qui accorde des lettres de déclaration de nationalité au sieur Laguesse Arnaud-Joseph-Lambert, né le 15 juin 1775 à Liège en Belgique, négociant demeurant à Paris. (Paris, 23 juin 1833)’. Longtemps on pensa que c’était Lambert Joseph Laguesse qui était devenu français, bien qu’il soit décédé à Liège le 1er septembre 1831. Dans l’ordonnance du roi on cite comme date de naissance le ’15 juin 1775’ alors que Lambert était né le 24 septembre 1749. En réalité c’est son fils Arnaud, qui obtint la nationalité française. Peter Jamme, un descendant de Marguerite Laguesse et Louis Jamme, prétendit en 2003 que Lambert Laguesse se serait enfui de Liège pour ‘des raisons inconnues’. Malheureusement, on ne retrouve aucune preuve qui puisse valider cette affirmation !
Les frères Sironval Noël Sironval Noël Christian Théodore et son plus jeune frère Thomas étaient les enfants de l’horloger Jean-Baptiste Sironval et d’Anne-Marie Naway. Dans un acte officiel français les deux frères sont mentionnés comme suit : “Noël Christian Théodore Joseph Sironval et Thomas Noël Joseph Sironval, horlogers, présentement domiciliés en la ville de Paris”. Ce n’est sans doute pas par hasard que Noël fut baptisé le jour de Noël en 1785 à Herve. A partir de 1806, il s’installa comme horloger à Herve. La période napoléonienne fut difficile pour tous les liégeois. Noël fut conscrit de l’armée française mais il se fit remplacer par un certain Remacle Desbusnaye contre paiement. En 1808, il partit pour Paris où il devint horloger à partir de 1816. Cette année-là son frère Thomas vint le rejoindre. Le 10 juillet 1813, Noël épousa Adèle Lefèvre à Paris en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, située en face du Louvre. En 1820, Noël et Thomas ouvrirent une boutique à la Galerie des Pierres 142 dans le prestigieux PalaisRoyal. Ils signèrent leurs horloges : Sironval, Palais Royal n°142. De 1829 à 1842, Noël vécut à Paris, Rue de la Jusienne 8. Il y décéda le 19 janvier 1859. Thomas Sironval Thomas, aussi surnommé Sironval le jeune, naquit à Herve le 26 décembre 1787. Il fut conscrit en 1807 mais pour échapper au service militaire il s’enfuya. En 1816, on le retrouve à Paris chez son frère Noël. Le 23 avril 1825 il épousa à Paris Julie Joséphine Lamy, originaire de Philippeville (Province de Namur). Les deux témoins de ce mariage furent deux horlogers français : Charles Florizel Moreay et Virgile François Vigny. De 1822 à 1842, Thomas résida à la Rue de Bucy 29 à Paris. En 1864, il quitta Paris pour s’établir à Clamart. Il décéda à Châtillon le 6 septembre 1876. Thomas eut un fils horloger (François Paul) qui naquit à Paris le 23 juin 1827. Les deux frères Sironval ont construit des pendules luxueuses mais n’ont jamais atteint la notoriété de Kinable ou Sotiau.
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Remacle-Nicolas Sotiau Remacle Sotiau (souvent fautivement épelé ‘Renacle’), fils du marchand Jean Adrien Sotiau (°1710) et de Marie Bernardine Malpas, naquit à Liège le 2 mars 1747. Le 24 juin 1782, il fut reçu maître-horloger. Sotiau déménagea lui aussi à Paris où il habita Rue St-Honoré. Il fut un des représentants typiques de la pendulerie française où luxe et aspect extérieur primaient sur le mouvement. On prétend que Sotiau était le pendulier le plus talentueux de Paris pendant les dix années qui précédèrent la Révolution française. Il travailla uniquement avec les meilleurs artisans de son temps et vendit régulièrement ses pendules par l’entremise du ‘Marchand Horloger Privilégié du Roi’. Sotiau, qui comptait parmi sa clientèle le beau monde parisien, acheta ses cadrans chez Joseph Coteau ou Dubuisson et commandait ses boîtes chez François Rémond ou JeanPhilippe Thomire. Ses clients firent partie des familles les plus riches comme les ducs de Choiseul, Polignac et Praslin, le prince-régent d’Angleterre, futur roi George IV. Le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette furent également de bons clients. En plus, il était ‘horloger de Monseigneur le Dauphin’, le fils aîné de Louis XVI. On remarque que ce ne fut pas la bonne clientèle qui manqua. Sotiau resta célibataire et décéda le 3 juillet 1791. On trouve les pendules de Sotiau dans les plus grands musées au monde comme ceux de Baltimore, Walters Art Gallery, The Metropolitan Museum à New-York, le ‘Patrimonio Nacional’ en Espagne, les collections royales de Londres ou le château de Versailles. La ‘pendule à la Vigilance et à l’Etude’ représente une œuvre typique de Sotiau. Elle est en bronze patiné et doré d’époque Louis XVI. Le modèle fut livré par François Rémond (1747-1812) d’après Louis-Simon Boizot. Le cadran, signé de ‘Sotiau Paria’ est surmonté d’un Appolon enfant dans les nuées et flanqué à gauche d’une allégorie de la Vigilance et à droite de celle de l’Etude, autour d’un socle orné d’un bas-relief à l’Astronomie et à la Géométrie (Vente Sotheby’s, 28 septembre 2016). Une des plus belles pendules de Sotiau fut exposée en 2016 à l’occasion de la TEFAF Fair Maastricht. La pendule, d’une hauteur de 70cm, est signée : Sotiau à Paris. La pendule de style Louis XVI a une boîte en marbre blanc et des bronzes patinés et dorés au feu, réalisée par François Rémond. Le cadran émaillé blanc est surmonté de l’aigle de Jupiter. Sous le cadran, on aperçoit une plaque avec quatre anges jouant avec une petite chèvre. A gauche on découvre Amphitrite, l’épouse de Poséidon, déesse de la mer qui embrasse un chérubin. A droite on distingue une bacchante en compagnie d’un chérubin qui tient des grappes de raisins. La pendule fut créée pour décorer le palais Hôtel de Salm à Paris. Ce palais fut construit par le prince allemand Frédéric III de Salm-Kyrbourg au courant des dernières décennies du 18ième siècle. Il abrite aujourd’hui le musée national de la légion d’honneur et des ordres de chevalerie. La pendule de Sotiau fut achetée plus tard par le baron Lionel de Rothschild et en 2016 cette beauté a été mise en vente pour 352.000€. Dans le monde, il n’existe que trois pendules similaires. Une de ces pendules se trouve dans la collection de la reine d’Angleterre, les deux autres sont à admirer au Louvre et au Metropolitan Museum of Art.
Pendule à la Vigilance et à l'Etude, signée : Sotiau
Cadran d’une pendule de Sotiau aux émaux de Coteau
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Pendule de Kinable à Paris
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Autres horlogers liégeois en France Dieudonné Sarton à Lyon Dieudonné Sarton, le fils cadet de Lambert (1675-1741) et Marie-Jeanne Lhonneux (1688-1735), naquit à Liège le 17 mai 1730. Ce fut un excellent horloger mais en plus, il fut le parrain et le premier maître d’Hubert Sarton. Le 1er mars 1769 ‘La Gazette de Liége’ annonça : “Dieudonné Sarton vient d’achever une pendule à laquelle il a travaillé plusieurs années, il l’a achevée avec son neveu et filleul Hubert Sarton”. Cette pendule dorée et à cadran squeletté fut travaillée à jour et richement décorée. Elle affichait les jours de la semaine, les noms des mois et les minutes sautantes. Quant à l’année, celle-ci s’affichait au moyen d’une roue qui fait un tour en quarante ans. Pholien écrivit que “la pendule fut très peu sujette aux vibrations car tous les effets qu’elle produisit, partirent de la sonnerie et n’eurent aucune communication avec le mouvement”. Hélas, cette pendule a disparu. Le chef-d’oeuvre de Dieudonné Sarton est une montre à verge et à fusée renversée, construite dans les années 17701780. Ce dispositif présente l’avantage qu’il subit moins d’usure à la chaîne et à la fusée, grâce à la force de traction latérale exercée sur l’axe de la chaîne. Très peu de montres à verge furent construites à fusée renversée. Cette montre est encore plus rare vu qu’il s’agit d’une montre huit jours. L’inventeur de ce système serait Jean-Baptiste Leroy, le fils de Julien Leroy. En 1766 sa découverte fut reprise dans les ‘Mémoires de l’Académie Royale des Sciences’ à Paris. Dieudonné Sarton dut être informé très tôt de ce qui se passait à Paris car il construisit déjà une montre à fusée renversée quelques années après la découverte. Dieudonné épousa le 4 janvier 1776 Jeanne Marie Anne Bosset. Ils eurent un fils unique, Jean Léonard Charles, né en 1778. Devenu veuf en 1780, Dieudonné Sarton envisagea de remettre son commerce à son filleul Hubert Sarton. Dieudonné voulut se débarrasser de ses montres et pendules en or et en argent par une loterie de marchandises. La distribution des billets ne semble pas avoir obtenu le succès escompté, car après quelques mois, Dieudonné annonça que le tirage de la loterie n’aurait pas lieu. Il remboursa le prix des billets et vendit ses marchandises. Dieudonné quitta Liège pour s’installer à Lyon, en France. En 1782, Dieudonné Sarton prit la nationalité française et acquit le château et la rente noble du Jonchay à Anse (département du Rhône). Il fut anobli par Louis XVI et prit le nom du domaine du Jonchay. On confia à Dieudonné Sarton du Jonchay la charge de Président, trésorier de France, au bureau des finances de Lyon. Le 5 juillet 1785, Dieudonné épousa en secondes noces Anne Pierrette Imbert de Montferrand (°Lyon 11 avril 1756), fille de l’écuyer Jean Imbert, seigneur de Montferrand, conseillersécrétaire du roi au parlement de Grenoble.
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La montre à fusée renversée de Dieudonné Sarton
Jean Léonard Charles Sarton du Jonchay (1778-1842), fils de Dieudonné et sa première épouse, se maria en 1817 à Lyon avec Angélique Aglaé de Mainville (1797-1847). Dieudonné décéda au château du Jonchay à Anse le 16 octobre 1801. En France, on trouve encore toujours des descendants de Dieudonné Sarton du Jonchay, le parrain d’Hubert Sarton. Encore maintenant, la famille organise tous les trois ans les ‘Sartonades’, une grande réunion de famille.
Il n’y a pas que Dieudonné Sarton (1730-1801) qui fut horloger à Lyon ; le liégeois Jean-Denis Mouzon (1698-1770) y aurait également travaillé. On compte plusieurs horlogers dans la famille Mouzon, tous originaires de Liège. Jean-Denis II Mouzon (1722-1814) fut baptisé à Liège le 13 décembre 1722. Il se maria trois fois et est décédé à Liège le 9 décembre 1814. Il aurait vécu pendant un certain temps à Lyon mais on n’en trouve pas de traces, bien que Tardy dans son ‘Dictionnaire des horlogers français’ fasse mention d’un Mouzon en 1870 à Lyon dans la Rue Saint-Jacques. Peut-être est-ce un petit-fils !
Types de fusées renversées
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Michel Joseph Ransonnet à Nancy Le 9 février 1721, l’horloger Hubert Ransonnet épousa Anne (Nanon) Denooz (Denon) (†1738) à Soumagne près de Liège. Ils eurent neuf enfants dont Michel Joseph, qui fut le troisième de la fratrie. Lorsque Michel Joseph, baptisé à Soumagne le 18 mars 1724, quitta Ayeneux - un hameau de Soumagne - pour Nancy en France, il était jeune horloger et peu connu. L’orthographe du nom ‘Ransonnet’ n’est pas toujours évidente. On rencontre dans les actes et textes ‘Rensonnet, Ranzonet, Ranson(n)et ou Rensonet’. Ransonnet lui-même signa avec des orthographes différentes. Dans cet ouvrage, on opte pour ‘Ransonnet’, l’orthographe utilisée pour Michel Ransonnet dans l’acte de décès à Nancy du ‘16 frimaire de l’an 12’ (8 décembre 1803). Serait-il imaginable que Michel Joseph Ransonnet fut parent de Gilles I De Beefe (1694-1763) et sa deuxième épouse Marie Groutars (1708-1771) ? Leur deuxième fils Jean François De Beefe (1739-1805) fut le dernier horloger de la lignée de Beefe. Ce Jean François épousa Marie-Ida Ransonnet (1741-1772). Le père de MarieIda fut Jean François Ransonnet (°1695) qui épousa en 1736 Marie Josephine Ransonnet (née le 9/3/1713). Nous voilà en présence de plusieurs Ransonnet. C’est la raison pour laquelle l’ascendance exacte de Marie-Ida et de Michel Joseph ne fut pas (encore) retrouvée bien qu’il est presque certain qu’il existe un lien de parenté. A cet égard il est étonnant de savoir que dans les collections du musée Zeugheus à Cologne, on trouve une horloge de parquet à la semaine de François de Beefe (1718-1794). Auparavant on admirait dans une gaine richement sculptée un mouvement, signé ‘Michel Joseph Rensonnet de Soumagne’. Pendant la deuxième guerre mondiale on perdit (!) ce mouvement. Il s’agit peut-être d’une coïncidence, mais le mouvement perdu fut remplacé par un mouvement de François de Beefe.
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En route pour Nancy On ne connaît pas la raison qui motiva Michel Joseph Ransonnet à quitter Soumagne afin de s’établir à Nancy. Il est vrai que plusieurs membres de la famille habitaient à Metz, une ville proche de Nancy. Michel Ransonnet avait-il suivi en jeune amoureux, sa future épouse Catherine Deranton à Nancy ? A moins que ce soient de simples raisons économiques qui poussèrent Ransonnet à quitter Soumagne. On n’en sait rien. On trouve la première trace de sa présence à Nancy en 1744 : à l’occasion du baptême de Charles Joseph Ducreux, fils du “Sieur Pierre Ducreux, horloger”, il fut désigné comme parrain. A cette époque, Nancy faisait encore partie du duché indépendant de Lorraine. Stanislas Leszczynski (1677-1766), un noble polonais, fut successivement roi de Pologne de 1704 à 1709 et à nouveau de 1733 à 1736 sous le nom de Stanislas Ier. Après avoir abdiqué officiellement du trône de Pologne le 30 septembre 1736, il fut reçu en France mais contraint par les ministres de Louis XV de signer une déclaration par laquelle il déclara ne pas vouloir se “charger des embarras des arrangements qui regardent l’administration des finances et revenus des duchés de Bar et de Lorraine”. Finalement il devint duc de Lorraine et de Bar, dès 1737 jusqu’à sa mort en 1766. Stanislas Ier devint chancelier sans pour autant pouvoir excercer des droits ni avoir des responsabilités. En compensation, Stanislas reçut une rente annuelle de 1.500.000 livres. A sa mort, les duchés de Lorraine et de Bar revinrent automatiquement à la France. Le roi de France finit ainsi par entrer en possession des duchés de Bar et de Lorraine. En 1725, le mariage surprenant de Marie Leszczynska, la fille de Stanislas, avec Louis XV propulsa Stanislas de nouveau sur la scène européenne. L’ancien roi polonais obtint ainsi une place privilégiée auprès du roi, dont il devint le beau-père. En réalité Stanislas n’eut guère de pouvoir, mais il vivait confortablement. Il entretena une cour luxueuse et fut mécène de plusieurs artistes et gens de lettres. Voltaire et Montesquieu faisaient partie des visiteurs réguliers. Stanislas créa la Bibliothèque royale publique en 1750 et la Société Royale des Sciences et Belles-Lettres, qui fut connue sous le nom d’Académie de Nancy. Cette Académie dut diffuser les connaissances modernes, promouvoir la langue française ainsi que la tolérance religieuse. Stanislas choisit comme résidence Lunéville, où il fit transformer le château de Lunéville, surnommé ‘le Versailles lorrain’. C’est à Lunéville que Stanislas mourut le 23 février 1766, âgé de quatre-vingt-huit ans.
Montre de poche musicale de Jean Michel Ransonnet
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Mouvement de la montre de poche musicale de Jean Michel Ransonnet
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Citoyen de Nancy En 1748, Michel Joseph Ransonnet épousa Catherine Deranton, la fille de Joseph Deranton et de Françoise Lapierre : “Mariage en 1748 à Nancy.22 avril. Michel-Joseph Rensonet, horloger, fils d’Hubert Rensonet, aussi horloger, de Soumagne, diocèse de Liége, et Catherine, fille de Joseph Deranton, horloger”. Joseph Deranton, le père de Catherine, fut l‘horloger du duc de Lorraine. Il signa ses horloges ‘S. A. R.’ ou horloger de ‘Son Altesse Royale’. En 1753, Michel Joseph fut reçu citoyen de la ville de Nancy et devint membre de l’Académie Royale. Ransonnet avait compris que de bonnes relations et une bonne descendance pouvaient faire des miracles. Michel, tout comme son beau-père Joseph Deranton, fut nommé horloger de Stanislas Leszczynski, le duc de Lorraine. Michel Joseph parvint rapidement à grimper l’échelle sociale à Nancy. Le jeune couple Ransonnet-Deranton se fit bâtir une belle maison dans la ‘Rue des Dominicains n° 59’, actuellement une des plus importantes rues commerçantes de Nancy. Encore aujourd’hui on peut facilement retrouver cette maison car elle n’a guère changé depuis qu’elle fut décrite par J. J. Lionnois (Histoire des villes vieille et neuve, p. 464) : “La maison suivante n°130 appartient au Sr Ransonet, très habile horloger de cette ville, qui l’a fait reconstruire tout à neuf avec sculptures aux croisées des trois étages, et une corniche de taille en architecture surmontée d’une mansarde revêtue d’écailles. A sa porte une pendule feinte”. En 1758, il fit placer une ‘méridienne’ au coin d’une maison de maître à la Place Stanislas, place qui fut reprise sur la liste de l’UNESCO. Une ‘méridienne’ est un cadran solaire spécifique qui n’indique le temps solaire qu’à midi. Après la mort de son épouse, Michel Joseph Ransonnet se remaria le 13 août 1782 avec Suzanne Pognon (°1743). Ici aussi Ransonnet ne s’était pas trompé en faisant ce choix judicieux. Son nouveau beau-père Henry Pognon ne fut pas uniquement notaire et avocat au parlement, mais également conseiller du roi. Agé de soixante-quatorze ans, Michel Joseph mourut à Nancy le 8 décembre 1803.
Les montres Michel Joseph Ransonnet est surtout connu grâce à ses montres de poche musicales. Il en construisit quatre. Une de ces montres fut achetée par le prince Charles de Lorraine. Ce dernier l’offrit à sa nièce Marie-Antoinette, la future reine de France. Deux autres montres de poche musicales furent commandées par le prince de Tour et Taxis (von Thurn und Taxis). Ses ancêtres avaient fait fortune en organisant un système postal. Pendant deux siècles, ils furent établis à Bruxelles. Aux alentours ils possédaient de grandes prairies, utilisées comme pâturages pour les chevaux de poste. A Bruxelles, on peut encore toujours se rappeler la famille de Tour et Taxis grâce à l’impressionnante restauration de l’Entrepôt Royal, qui à ce jour fait fonction de salle de concert ou abrite d’autres grandes manifestations. Le prince de Tour et Taxis garda une des deux montres et offrit l’autre à Elisabeth Fréderique Sophie von Brandenburg-Bayreuth, la nièce de Frédéric le Grand, le roi de Prusse. La quatrième montre musicale est restée en possession de Ransonnet. La montre de poche la plus connue de Ransonnet se trouve maintenant au musée Patek Philippe à Genève. L’horloge fut achetée lors de la vente du ‘Time Museum’. On ferma ce musée à Rockford, Illinois (USA) en mars 1999. La montre de poche en or à cylindre du musée Patek Philippe est signée sur sa calotte : “L’instrument a été inventé et executé par Ransonet a Nancy”. Sur la platine arrière ont lit : “Ransonet à Nancy”. En 1770 Ransonnet avait présenté cette montre à l’Académie Royale de Nancy, académie dont il était membre. Voici ce que J. J. Lionnois écrit à cette occasion : “Cet excellent artiste est l’inventeur d’une montre jouant à volonté un air en duo dont l’Académie Royale des Arts et des Sciences de Nancy a porté au mois de septembre 1770 ce jugement” : ‘La machine présentée à l’Académie par le Sr Ransonet, est une montre simple d’une grosseur ordinaire, dans laquelle il a pratiqué un instrument d’une nouvelle invention, et que l’on fait jouer à volonté un air en duo. Une sourdine attachée à la boîte décliqueté, active à volonté le rouage qui fait jouer toutes les pièces de l’instrument. Un grand ressort met en mouvement un cilindre et un rouage qui y répond, et qui règle l’égalité de ce mouvement ; le cilindre porte à sa surface des chevilles qui composent l’air en tournant. Il fait avancer les chevilles qui relèvent les talons des petits marteaux disposés en bascule (= leviers. EF). Le talon en se relevant, fait relever l’autre extrémité du marteau qui est mobile. Un ressort, qui presse sur le talon du marteau, le rabaisse, dès que la cheville est passée, le marteau retombe, et par l’action de ce ressort touche avec force sur une lame d’acier qui par là rend un son. … Les lames sont des ressorts d’acier trempé et fixés à une extrémité, l’autre extrémité est libre ; et c’est celle sur laquelle les marteaux frappent. Ces lames sont disposées en diapason harmonique et formant une octave, ce qu’on n’a pu trouver que par des essais répétés, tant en variant leur épaisseur que leur longueur et leur dureté. Par là les coups de marteaux rendent des sons tirés de ces lames, et assez forts pour se faire entendre dans l’étendue d’une chambre de moyenne grandeur. Ces sons
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exécutent l’air marqué sur le cilindre…Cette machine offre deux choses qui méritent d’être considérées : 1° la construction des marteaux ; 2° la disposition des lames. Quant au cilindre et au rouage, ils n’ont rien de particulier. Ils ressemblent à tous ceux que l’on compose pour des machines de cette espèce. (Histoire des villes vieille et neuve, pp. 464-466)”. L’horloge possède donc un ‘petit tambour’ ou rouleau à chevilles. Ransonnet a prévu deux séries de six lames à leviers pour qu’on puisse jouer un air ‘en duo’. Un bouton entre les indications de 10 et 11 heures au bord de la montre, permet de déclencher ou d’arrêter la mélodie. Pour cette invention Ransonnet reçut le prix de l’Académie de Nancy le 8 mai 1772. Reste à savoir si Ransonnet était le premier à inventer ce système. Etienne Blyelle arrive à cette conclusion dans un article bien fondé : “En conclusion, la boîte à musique a bien été inventée en trois fois, une première fois par Joseph Nagy en Hongrie vers le début du XVIII° siècle, une seconde fois par Michel Joseph Ransonnet vers 1770 à Nancy, et une troisième fois par Antoine Favre à Genève vers 1796. (Ransonet à Nancy, un des pères de la boîte à Musique, p. 32) .
La peinture perdue A Nancy il était d’usage de faire un portrait de celui qui gagnait le prix de l’Académie. Ce portrait était installé dans la bibliothèque de Nancy. Bien entendu, on fit faire le portrait de Ransonnet. Vingt ans plus tard, le 13 novembre 1792, les troupes françaises brûlèrent toutes les peintures : “Les portraits de vingt citoyens et citoyennes de Nancy ou de la province de Lorraine qui avaient remporté le prix de l’Académie ont été pris, détruits et brûlés. Ces portraits avaient coûté deux Louis (Mémoires de la Société d’archéologie)”. Un autre portrait de Ransonnet fut offert en 1856 au Musée Lorrain : “Ransonnet est représenté tenant une montre de la main gauche et indiquant de la main droite, une feuille de musique. Au-dessus de sa tête on lit ces mots : M. Rensonnet a remporté le prix le 8 may 1771 pour avoir inventé une montre à instrument (Journal de la Société d’archéologie et du comité du Musée Lorrain, 1856, p. 454)”. Malheureusement ce portrait fut également détruit suite à l’incendie qui ravagea le musée en 1871 car le catalogue de 1887 ne le mentionne plus. L’antiquaire liégeois Axel Somers prenant des photos lors d’une vente publique, photographia un peu par hasard une copie du fameux portrait de Ransonnet. L’horloger est représenté en tenant de sa main gauche sa montre de poche musicale et tient une partition de musique de la main droite. En déchiffrant la partition on retrouve la célèbre chanson d’enfant ‘Ah, vous dirai-je, maman’, partition pour laquelle Mozart a écrit douze variations (K.265). Ah ! vous dirai-je, maman, Ce qui cause mon tourment. Papa veut que je raisonne, Comme une grande personne. Moi, je dis que les bonbons Valent mieux que la raison.
Acte de décès de Jean Michel Ransonnet
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Copie du fameux portrait de Jean Michel Ransonnet
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Conclusion Le XVIIIième siècle fut pour les horlogers liégeois une période capitale. L’horlogerie à Liège ne connut pas beaucoup d’importance au XVIIième siècle mais l’arrivée de la famille de Beefe changea tout. Gilles I de Beefe devint le guide de la ‘nouvelle vague’ d’horlogers. Il fut le premier horloger liégeois à réputation internationale. Naturellement le climat politique favorable dans la principauté joua un rôle qu’il ne faut pas sousestimer mais en plus Gilles a pu dépasser les idées préconçues pour aller de l’avant et renouveler le métier d’horloger. Il montra aux jeunes horlogers liégeois qu’en travaillant dur et en faisant évoluer leur créativité, ils pouvaient disposer d’un avenir certain. Un nouvel avenir s’ouvrit aux jeunes horlogers qui purent montrer leurs capacités. Un nombre considérable de nouveaux horlogers liégeois firent preuve de talent. Le chef de file fut sans aucun doute Hubert Sarton, qui après ses études à Paris, revint à Liège où il fut immédiatement repéré par le prince-évêque Charles de Velbrück et par Charles de Lorraine, le gouverneur général des Pays-Bas autrichiens. Assez vite, il parvint à se faire une clientèle substantielle grâce à ses pendules remarquables et ses régulateurs de haut niveau. Il fut l’inventeur de la montre de poche ‘automatique à rotor’, une invention qui, à cette époque, ne connut pas un grand succès. L’idée fut reprise plus d’un siècle plus tard et se trouve à la base de la technique de toutes les montres-bracelets automatiques actuelles. L’inspiration, l’enthousiasme et le succès de de Beefe et Sarton semblèrent donner des ailes à plusieurs horlogers liégeois qui partirent à Paris ou d’autres villes européennes pour exhiber leur savoirfaire. Malheureusement, la Révolution liégeoise suivi de la Révolution française ont mis fin à cette grande époque horlogère liégeoise. Une fois la paix revenue, tout avait changé. L’horlogerie évolua de travail artisanal en travail de série. La tradition se perdit souvent à la suite de la disparition des corporations. L’amour du beau travail devint de plus en plus rare et - en même temps - plus cher. Des horloges furent importées d’Allemagne, de France ou de Suisse. Celles-ci étaient nettement moins onéreuses et - il faut le dire - plus à la mode. L’importation de produits horlogers étrangers finit par étouffer la production locale. Le grand siècle de l’horlogerie liégeoise s’éffondra sans pour autant que l’on ne s’en aperçoive.
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Horlogers liégeois du 18ième siècle
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Cette liste est incomplète et nullement exhaustive. Malgré cela, on a répertorié pour ce 18ième siècle environ 550 horlogers natifs de la ville de Liège ou de la grande périphérie. Pour plus de renseignements, consultez la liste de plus de 8000 horlogers “Belgische horlogemakers-Horlogers Belges 13432000” d’Eddy Fraiture, éditée en 2018 chez Peeters Publishers à Louvain (ISBN 978-90-429-3540-2).
A ARENS Pieter Josef 1781 Liège, Tongres AUGUSTIN F. J. ca 1780 Liège B BAILLY Bernard Joseph (1776-1804) Liège BAIREWE Jean Guillaume ca 1710 Liège BAIWIR … 1886 Liège BARROW John 18e Liège Membre de la Clockmakers Comp. en 1704? BASTIEN Gilles 18e Liège BASTIEN Hans 18e Liège BAUDINET Barthélémy-T. ca 1780/90 Liège BAUDINET Henri-J ca 1780-1790 Liège BAUDUIN-BERCHÔLET… Liège BAUDUIN M.-C. avant 1794 Liège BAY Laurent (1784-1806) Liège BAYARD Barthélemy ca 1800 Liège BAYARD J.-N. …Vivegnis BAYARD M. 1929 Liège BEAUFORT Henri (1767->1793) Liège BEAUFORT Jacques E.1776-1793 Liège BEAUFORT Nicolas 1792-1795 Liège BEAUJEAN Antoine ca 1780 Liège B(E)AURUE Jean 1760-1768 Liège BEBRONNE Frédéric (1759-1796) Clermont BERNARD Philippe (ca 1780->1802) Liège BERNIMOLIN J.-P.-B. 1766 Liège BETHIENS Michel (ca 1782->1809) Liège BEURQUET Michel (1673-1752) Liège BIERSET Mathieu 1780 Liège BILLY Louis (ca 1784->1811) Liège BODSON Jean Joseph S. (1784->1807) Liège BOLOGNE H. M. 1782-1802 (Herstal?) BONIN Lambert ca 1800 Liège BONTE J. 18e Liège BOSCHERON Louis F. (ca 1811->1862) Liège BOTY Joseph … Liège BOTY (-LEFEBVRE) M.-J. 1799-1816 Liège BOTY Mathieu (ca 1768->1815) Liège BOTY Nicolas (ca 1776->1810) Liège
Quelques abréviations utilisées dans cette liste °° né + décédé > après ca vers 18e dix-huitième siècle
BOUJOUX Jean F. (ca 1783->1813) Liège BOULANGER J. ca 1800 Trois-Ponts BOUQUETTE Jean F. D. (1792->1819) BOUQUETTE Jean S. I (1750-1808) Liège BOUQUETTE Jean S. II (1884->1815) Liège BOURGEOIS Jean-L (1700-1750) Paris, Liège BOVENRADE … … Ste-Marguerite-l.-Liège BOVENRADE Jean-J.(1778-1751) Herstal BOVENRADE N. … Liège BOVEROUX … …Herstal BOVETTE Léonard 1774 Francorchamps BROCHARD Lambert 18e Seraing BURY T. … Liège C CACHARD Gabriel 1763 Liège CACHARD Gaspard 1793 Liège CACHART S. fin 18e Liège CHARLES de France ICOM … Liège CHARLIER … Wandre CHARLIER J. J. ca 1790 Montegnée CHARON J.-François 18e Liège CHARON Louis (ca 1733-1807) Liège CHARON Nicolas 18e Spa CHEFNEUX … Liège CLEINGE Mathieu-L.-J.(1788-1859) Liège CLOSON Charles L. (1788->1859) Liège CLOSSET Jean 1770 Liège CLOSSET Jean Joseph (1772-1834) Herstal COLLARD Henri (ca 1739->1803) Liège COLLARD Laurent 1736 Liège COLLEIE Thomas 1721-1722 Liège COLSOUL Louis (1744-1822) Liège CONRARD J.-N. 1771 Liège CONRARD M. 1785 Liège CONRARD Paul-L. 1764-1769 Liège CORBUSIER Jacques (ca 1785->1814) Liège CORDONIE J. B. 18e Liège CORNELIS Jean Gérard I (1727-1791) Liège CORNELIS Jean Gérard II (1760-1807) Liège CORNELIS Jean Gérard III (1784-1817) Liège
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CORNELIS Jean Joseph ca 1740-1760 Liège COULON Gilles François (1743->1793) Liège COULON Nicolas ca 1750 Liège COUNE J. Laurent Michel 1862 Liège COURARD Nicolas J. (1858-1917) Herstal COX Nicolas Henri (ca 1778->1814) Liège COXHAY Louis (ca 1777->1812) Liège CRAHAY G. … Liège CRAHAY Françoise (1791-1851) Saive CRAHAY G. … Liège CRAHAY Jean (1750-1829) Saive CRAHAY L. …Chenée CRAHAY P. 18e Liège CROISIER Joseph 1733 Liège D DAMAVE J.-P. … Chênée DAMBLEVE J. Ph. 1795 Spa DAVID … ca 1680-1700 Liège DE BEEFE Andreas (1737 ->1764) Liège, Aix-l-C.(BRD) °°27/6/1737 DE BEEFE Andreas Mafra, Liège °°Mafra 24/6/1736-+Liège entre 1798 et 1803 DE BEEFE Cloes Polis (1640-1705) Thimister °°Thimister 9/2/1640-+Thimister 3/8/1705. DE BEEFE François (1718-1794) Thimister °°Thimister 4/12/1718-+Maastricht 14/8/1794 DE BEEFE François C. P. (1663- 1730) Thimister °°Thimister 2/3/1663-+Thimister 4/8/1730 DE BEEFE François Joseph (1736-1801) Herve °°Herve 21/5/1736-+Malines 26/3/1801 DE BEEFE Gilles I (1694-1763) Liège °Thimister 4/10/1694-+Liège 16/9/1763 DE BEEFE Henri Cloes ca 1600-1649 Thimister °°Thimister ca 1600-+Thimister 6/11/1649 DE BEEFE Gilles II ca 1712->1793 Liège DE BEEFE Gilles III (1734- ?) Mafra , Liège °°Mafra 152/9/1734-Liège ? DE BEEFE Jacques Mathieu (1766-1803) °Aix-la-Chap. 25/6/1766-+Liège 12/12/1803 DE BEEFE Jean 1697 Thimister (Lg) DE BEEFE Jean Cloes (1674- ?) Thimister °°Thimister 18/11/1674-+ (Herve 18/6/1760 ?) DE BEEFE Jean François (1739-1805) Liège °° Liège 27/11/1739-+Ulbeek 12/11/1805 DE BEEFE Jean Polis (1635- ?) Charneux °°Charneux 20/5/1635 DE BEEFE Jean Polis (1694- ?) Thimister °°Thimister 10/12/1694 DE BEEFE Nicolas I (1691-1763) Thimister °°Thimister 31/1/1691-+Malines 21/7/1763 DE BEEFE Nicolas II 1713 Liège DE BEEFE Polis Cloes (1610-1652) Thimister °ca 1610-+ Thimister 20/2/1652. DEBRAIN J.-Joseph … Tilleur DE BROUWER Albert 1746 Liège DEBY Martin (1751-1803) Chaineux
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DEBY Mathieu J. (1730/1750- 1793) Liège DEHASSE François (1779-1833) Liège DEHERVE Arnold (1753-1808) Herstal DE HERVE B. 18e Herve DEHERVE Gilles I (1766- 1835) Jupille DEHERVE Gilles II (1798- 1878) Jupille DEHERVE Gilles J. III (1802-1888) Herstal DEHERVE Henry (1778-?) Herstal DEHERVE Jean D. (1796-1878) Jupille DEHERVE Jean Louis (1800-1884) Liège DEHERVE J. H. ca 1780 Herve DEJARDIN …1854 Liège DEJARDIN L. 1871 Seraing DE JAS F. 1764-1784 Angleur DEJAS H. 1791-1800 Angleur DEJASSE André 1810 Grivegnée DEJAXHE A. 18e Liège DELAIVE J.-C. 18e Liège DELAIVE Jean-Baptiste 18e Liège DELAIVE Jean Nicolas (ca 1772-1843) Liège DELAIVE Remy 18e Liège DE LAMBERT A. 1871-1900 Liège DE LA RIVIÈRE-DEPREZ ... ca 1800 Liège DELBOEUF … ca 1750 Liège DELHASSE François (ca 1771->1804) Liège DELHOUGNE H. ... Liège DELIEGE R. 18e Vivegnis DELREZ … 18e Liège DELREZ Jacques 18e Liège DELREZ Lambert B. (ca 1775/6->1813) Liège DELSEMME Gilles 1733 Liège DELTOUR Nicolas Pierre (1759-1828) Liège DEMAZY … 1854 Herve DEMBLEVE … 18e Spa DEMONCEAU Pierre 18e Mortier (Blegny) DE NÈVE Arnold (ca 1712-1776) Liège DEPRESSEUX ... 18e Theux (Lg) DEPREZ Jean François Floribert 1841 Liège DEVELLE Pierre Jacques (ca 1774->1815) Liège DEVILLE Lambert J. (ca1790->1862) Liège DEVILLE Louis (ca 1787->1808) Liège DEVILLE Philippe J. (ca 1743->1806) Liège DEVILLE Pierre J.(ca 1790->1817) Liège DINFAZ Fr. Jos. ca 1780-1790 Liège DOIGNY … 1740 Ougrée DOMITIANE Guill. L.(ca 1786->1808) Liège DONEUX Jean Nicolas (ca 1765-1830) Liège DRION Thomas 1706 Liège DROIXHE Gilles … Herstal DUBOIS Charles-Fred. 1781-1788 Liège DUBOIS Gilles (ca 1772->1801) Liège DUBOIS Henri (ca 1764/5-1813) Liège
DUBOIS Lambert (ca 1753->1803) Liège DU BOIS Winand 18e Liège DUGUET Servais ca 1780 Liège DUJARDIN Antoine-Joseph 1867 Liège DUMOULIN Noël 1784 Liège DUPONT ... 1826-1845 Liège DUPONT Evrard F. G. (ca 1790->1815) Liège DUPONT Louis Clément 1826-1862 Liège E ETIENNE Herman-Joseph 18e Liège F FABRY François Charles 1779 Liège FALISSE Thomas M. (ca 1786->1808) Liège FAUCAN(T) J. Joseph 1768 Liége FETU Jean Guillaume (1778-1831) Liège Fabricant de cadrans FOURNEAU … 18e Liège FOURNEAU Jean Joseph (ca 1720-1799) Liège FRAIGNEUX Jacques L.N.(ca 1773-1814) Liège FRAITURE Ambroise (ca 1730-1802) Liège FROIDMONT André (ca 1773-1802) Liège G GABRIEL Jean Henri Gabriel (1761-1815) GAIFIER Joseph 18e Liège GAL(L)ET A. Nicolas (ca 1756->1789) Liège GALLET G. J. 1800-1813 Herstal GALET H. 18e Liège GALLET Jean Joseph N.(1783-1820) Liège GALLET Léonard J. I (1772-1812) Herstal GALLET Léonard J. II 1807 Herstal, Visé GAL(L)ET Nicolas (1755->1823) Liège GALLET Nicolas Etienne (1785-1804) Liège GEMINE François (ca 1779->1812) Liège GERARD … 1787 Liège GERARD Antoine (1813-1891) Liège GERMAIS Léonard 18e Liège GERMAUX et fils ca 1800-1820 Liège GERMAUX Gilles J. (1789-1865) Liège GERMAUX Léonard I (ca 1750->1813) Liège GERMAUX Léonard II (1786-1813) Liège GERMAY … 18e Wandre (Lg) GILLARD Mathieu L. (1782->1814) Liège GILLET Jean 1798 environs de Liège GLOESENER Michel (1792-1876) Liège GONNE Lambert 1800 Waleffe GORGE Joannes 1741 Liège
GOS(S)(U)IN Gille 1748-1768 Ougrée GRAMMELIER N. ca 1800-1820 Liège GRANDJEAN Henri 18e Herve GRISART L. 18e Liège GRONDAL François J. (1724-1820) Clermont GROSJEAN Henri 18e Herve GROSJEAN H. J. 18e Herve GROSJEAN Mathieu 1768 Herve GUILBERT P. 1798 Liège? GUILLAUME François 18e Liège GUILLEAUME Jean F. V.(ca 1748-1811) Liège GUSTIN Gérard Joseph 1787 Liège H HAAN J. 1760 Stavelot (Lg) HAMAIDE Gérard (1744-1813) Liège HAMAITE Antoine 1778 Liège HAMAL Hubert fin 18e Liège HAMAL Jean F. J.(ca 1757->1806) Liège HAMOIR Jean F.N. (ca 1788-1856) Liège HAMOIR Theodoor M. ca 1796 Liège HANON Antoine fin 18e Liège HANOSSET Gilles 18e Liège HANQUET Mathieu 18e Liège HANS Gilles 18e Liège HARROY … 18e Liège HARTLIEB…18e Bois-de-Breux (Grivegnée) HAVELANGE Victor D.V. (1826-1882) Liège HILDEYARD Th. (1690-1746) London, Liège HONIN André Joseph (1788-1822) Herstal HONIN Lambert ca 1760-1762 Liège HONIN Léonard (1751-1829) Herstal HUARRAY … 18e Liège HUBERT G. Pierre 18e4 Liège HUBERTY Nicolas (ca 1795-1864) Liège HUMBLET Jean Gilles (1762-avant 1800) HUSDAINS J.-Louis 1795 Fragnée (Lg) I J JACQUET Arnold N. J.(1768-1836) Liège, Paris JACQUET Thomas G. A. (ca 1784->1813) Liège JACQUET DE FRIBOURG 1783 Liège JACQUET Joseph G. B. (1771-1847) Liège JACQUET Nicolas (1728-1799/1802) Liège JAVAUX Lucien début 18e Liège JEANCART H. ca 1800 Liège JEANNES George … Liège JEHOTTE François Joseph 1778 Herstal JEHOTTE Gerard I (1766-1828) Herstal JEHOTTE Gérard II 1802 Herstal JEHOTTE Jean (1739-1814) Herstal JEHOTTE les frères … Herstal JEHOTTE Michel 1776-1819 Herstal JEHOTTE Nicolas Joseph I (1811-1852) Herstal JEHOTTE Nicolas J. II (1834->1897) Herstal JEHOTTE Pierre T.-GILIS (1800-1881) Herstal JOASSART Alexandre Joseph (1794-1860) Liège
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JOASSART Bertrand I (1751-1805) Liège JOASSART Bertrand II (ca 1774->1812) Liège JOASSART Bertrand III (1773-1849) Liège JOASSART François Joseph (1786-1849) Liège JOASSART Jean-Baptiste (1756 -1827) Liège JOASSART Jean Joseph (ca 1763->1809) Liège JOASSART Joseph (1788-1805) Liège JOBSES … ca 1800 Liège JOIRIS Paschal (1782-1855) Montegnée JUPSIN N. … Herstal JURDAN … 18e Liège JURDAN Henri (ca 1777-1827) Herstal, Verviers JURDAN Nicolas ca 1750 Herstal K KINABLE Dieudonné (1764- 1832) Liège, Paris KINON Jean Gérard (1773-1839) Visé KNAEPS Jean-François 1694-1714 Liège L LABEYE Gilles Louis (ca1787->1808) Liège LABEYE Hubert Théodore (1762-1830) Liège LACHAUSSÉE F. 18e Liège LACHENAL Nicolas F. (ca 1766->1813) Liège LACHENAL Théodore J. (ca 1783-1831) Liège LACOUR Jean (ca 1731-1812) Liège LACOUR Pierre ca 1700 Liège LACOUR Pierre M. (ca 1776->1805) Liège LACROIX Charles 1798 Liège LACROIX Jacques F. (ca 1793/4-1868) Liège LACROIX Jean-François (1791-1870) Liège LACROIX Joseph 18e Liège LAFNET Pierre 1754-1797 Blegny, Liège LAFNET Théodore 1761-1797 Blegny LAGUESSE C.-J. 1789 Liège LAGUESSE Lambert J. (1775->1833) Liège LALOIR … début 18e Liège LAMBERMONT Dieud. J.(1781->1805) Liège LAMBERT Claude 1736 Liège, Avignon (Fra) LAMBRECK G. J. 1781-1805 Herstal (Lg) LAMOTTE Ferdinand (ca 1782->1827) Liège LEJEUNE Henri Jacques (ca 1767-1863) Liège LEJEUNE Louis 1743 Liège? LEKEU-LEDUC Constantin 18e Angleur LEMAIRE Toussaint 18e Angleur (Lg) LEPOOT ... ca 1795 Liège LEPOT Jean Léonard (1780-1851) Liège LEPOURCEAU … 18e Liège LEVERS H. … Liège LHOEST Dieudonné (1778-1863) Liège LHOEST Joseph … Ans LHOEST Nicolas-Marc (1777-1849) Liège LIEGEOIS G. ca 1800 Vottem LIEUTENANT-THIRY Ant. 1770 Herstal LIMANGE F.-J. … Liège LOVINFOSSE Henri 18e Liège LOVINFOSSE Jean F. (ca 1767->1840) Liège LOXHAY (Lambert) Louis (ca 1774->1816)
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LOXHAY Pierre F. (ca 1773->1800) Liège LÜRGENS Mathieu (1798->1821) Liège M MAGNÉE Pierre F.(1776-1851) Liège MALHERE Jean Jacques (1770-1843) Liège MARCHANT Laurent1726-1755 Ougrée MARTIN … 18e Herstal MARTIN J. J. 1768 Liège MARTINY Robert 1758-1761 Fléron, Liège MASSIN Gérard … Seraing MASSIN H. 1871 Seraing MASSIN Jacques J. (1770-1843) Esneux MASSIN Laurent (1709-1783) Seraing MAWHIN Louis J.(ca 1771->1825) Aubel MEERT-DE BROUWER 1749 Liège MERCIER Jacques 18e Liège MESTREZ Jean François 1787 Liège MEUNIÈRE Mathieu … Seraing MICHAUX J.-J. …Milmort MICHEL .. fin 17e -début 18e Liège MICHEL Jacques …Cerexhe (Soumagne) MIDROLET Pierre (1775-1846) Olne MODAVE … fin 18e Liège MONTZON J. D. … Liège MOREAU Pierre J. (ca 1782->1811) Liège MOTTART Lambert (1778-1827) Liège MOTTE Thomas Mathieu (1786-1860) Liège MOUTON François 1721 Liège MOUZON Jean-Denis I (1722-1814) Liège MOUZON Jean-Denis II (1750-1831) N NANOUSSART Nicolas 1718 Liège NANOUX Antoine … Liège NEUJEAN … 18e Herve O OFFERMANS père … Liège OFFERMANS Maxim.(ca 1752-1816) Liège OFFERMAN(S) Henri Jacques 1778 Liège ONSMONDE Gilles Benoît (1787-1848) Liège P PALANTE Gilles (1747-1805) Liège PALANTE Jean Louis (1780->1816) Liège PAQUAY-JOIRIS 1769-1793 Montegnée PATRIS Anthonius (1707-1746) Herstal PATRIS Gaspar (1713-1780) Bru PAULISSEN … 18e Liège PAULUS A. 1756-1796 Liège PAULUS Nicolas (1763->1857) Liège PAYEN A. ca 1800 Herve PEINTRE Jean J. (ca 1792->1813) Liège PICARD … 18e Liège Voir J.-F. Charron dit Picard PIC(K)ART père et fils fin 18e Liège PINSAR Joseph … Liège PINSAR Fr.-Joseph 18e Liège PIRNAY Léonard 1792 Blégny
PIRON … 18e Liège PIRONET A. 18e Liège PLASSON J. … Liège PLOUETTE Jean-Pierre (1770-1866) Liège POME N. 1767 Liège PONCELET Jean 18e Liège PONSART Arnold (ca 1756->1827) Liège PONSART François (ca 1755->1826) Liège POOTE Philippe … Liège PRATIQUE Hubert fin 18e Liège PRATIQUE Toussaint (ca 1742-1800) PREZ … ca 1800 Liège Q R RADINO H. 18e Liège RAHIER Dieudonné (1673->1700) Olne RAHIER Jean (1702->1752) Olne REMACLE L.-Joseph fin 18e Liège REMY Lambert Arnold (ca 1746-1816) Liège RENARD-MOUZON … Liège RENIER Michel …Soumagne RENSON Hubert Fl. (ca 1784->1816) Liège RENSONNET F. 18e Herve RENSONNET Hubert 1748 Soumagne RENSONNET Mathieu 18e Theux RENSONNET Michel J.(1724-1803) Soumagne RENSONNET Nicolas 1717-1755 Herve RENSONNET N. M. ca 1800 Herve RICHELLE Henri G. (ca 1777->1815) Liège ROBERT Gilles J.(ca 1774->1815) Liège RONGÉ Henry 1741 Liège ROSSIUS D. 1743 Liège ROSSIUS Henri (1705-1765) Liège ROSSIUS Henry Joseph (1716-1753 ) Liège ROSSIUS Mathieu (1707-1765) Liège ROUFFART J.-F. fin 18e Liège ROUMA Emile (1775-1849) Liège ROUMA Gilles (1746-1817) Liège ROUMA Jean Joseph (1777-1857) Liège ROUVAL Lambert F.(1776->1801) Liège ROYEN Nicolas (1792-1848) Fléron RUFFIN Jean François (1773->1803) Liège S SAINT Dieudonné M. (ca 1776->1813) Liège SALKIN Jean (1764-1805) Liège SALKIN Paul Joseph (1777->1808) Liège SARTON Dieudonné (1730-1782) Liège, Lyon SARTON François J. (1779-1862) Tilleur, Huy SARTON (Dieudonné-) Hubert (1748-1828) SAUVAGE Michel (ca 1766->1801) Liège SA(U)VAR J.-B. 18e Herstal SAUVEUR André 1776-1792 Herstal, Liège SCHOTTE … ca 1800 Liège SCHOTTE G. … Herstal (Lg) SCRONX Lambert N. (ca 1786->1809) Liège SEGUIN Mathieu J. (ca 1765-1831) Liège
SI(C)QUET E. 18e Liège ? SI(C)QUET Lambert (ca 1717->1800) Liège SIRONVAL Jean Baptiste ca 1750->1787 Herve SIRONVAL Noël Ch. (1785-1859) Herve, Paris SIRONVAL Thomas (1787-1876) Herve, Paris SIMO(N) A. … Liège SIMON Henri fin 18e Liège SMETS Luc et Fils 18e Liège SOTIAU Remacle N. (1749-1791) Liège, Paris SOUGNEZ L. ca 1800 Grivegnée STÉVART Jean G.(1753-1813) Liège STRÉEL Charles F.(1787-1861) Hamont STRÉEL G. 18e Liège STRÉEL Henri Joseph (1797-1872) Liège STRÉEL Jacques Henri (1785-ca 1865) Liège T THIRY-LIEUTENANT A.1770-1776 Herstal THONUS Wilhelmus Jacobus 1788 Vivegnis TILMANT Lambert 18e Ougrée TOUSSAINT Barthélémy ca 1780-1790 Liège TOUSSAINT François J. 1783-1791 Liège TOUSSAINT François H.(ca 1784->1813) Liège TOUSSAINT Joseph L. (ca 1784->1813) Liège TOUSSAINT Lambert ca 1810 Liège TRAWE François (ca 1778-1801) Liège TURCKS Jean Guillaume vers 1800 Aubel U V VAILLANT … … Liège VANDENBORNE Jean E.(1791->1820) Liège VASSY Louys ca 1780 Liège VELU Henri 1826-1827 Liège VIERSET Lambert B. (1729-1793) Liège VIGNERON Thomas 1782 Liège VIGNON Martin-Joseph 18e Louvegnée VIGNOUL Gabriel (1782-1796) Chenée VIGNOULLE Gabriel (ca 1773->1827) Liège VITALL Jean 18e Liège VRANKEN François 18e Liège W WAMPE Jacques ca 1770 Liège WATRIN Guillaume (1784-1867) Liège WEILER M. … Liège WERMESTER Simon 1787 Liège WILGOT Louis Joseph 1787 Liège WILGOT Martin J.(ca 1779->1805) Liège WILLEAUME Antoine (ca 1799->1806) Liège WILMOTTE Jean S. (ca 1771-1841) Liège WINAND … 18e Liège WIRIX … 1772 Liège X XHROUET Lambert …Spa Y Z ZEZIMBROUCK C.-D.1763 Villers-l’Evêque
177
178
Généalogies Abréviations: ° né °° baptisé x mariage + décédé H Heure-le-Romain L Liège M Maastricht TH Thimister Les horlogers sont imprimés en gras
179
180 2
(1) Clemence Debefve était la soeur de Nicolas et Gilles I de Beefe. (2) Marguerite De Stocquis était la première femme de Gillis I de Beefe (3) Marie Groutars était la deuxième femme de Gillis I de Beefe (4) Après le décès de son épouse Melanie Despineto l’horloger Jacobus Josephus Mathias s’est remarié avec Laurence Gilard
1 François Johannes (°Herve 21/5/1736 +Malines 26/3/1801) 9 x Malines 22/11/1767 Maria Theresia de Vos (†na 1800)
4
5
7 6 Polis Cloes (°°1610 †Th 20/2/1652) x Th 21/11/1632 Marguerite Jehanquet de Stocquis (°vers 1605)
8
6 Françiscus (°°Th 4/12/1718 †M 14/5/1794 x M 6/6/1747 Barbara Catharina Pluckers (°°M 8/1/1717 †M 10/1/1784)
11
7
1
1
François Joseph (°°Herve 1736)
...
?
1 2 Jacobus Josephus Mathias (4) (°° Aix-la-Chap. 25/6/1766 †L 12/12/1803) x L 13/1/1788 Melanie Despineto (° ?? 13/1/1767 L 25/1/1796)
...
3?
1 Nicolas Tilmant ( °°L 3/1/1729) 2 Gilles III (°°Mafra (Portugal) 12/9/1734 ... 4 Andreas (°°Mafra (Portugal) 27/6/1737) x L 2/11/1762 Marie-Ida Stiennon (°°L 27/12/1738)
2 Gilles I (°°Th 4/10/1694 †L 16/9/1763) x 1728 Marie Groutars (3) (°°Tongres 6/2/1708 †L13/10/1761)
1 Marie- Josephine (°L 31/10/1772 †Ulbeek 1859) x Gisbert Ghysens ( °1773 †Ulbeek 1862)
5 Jean François (°°L 27/11/1739 †Ulbeek 11/11/1805) x L 21/6/1765 Marie Ida Rensonnet (°°L 15/11/1741 †L 9/11/1772)
...
5 Jean Polis le jeune (°°Th 22/5/1671) x Th 1/10/1691 Marguerite Hans Vandresse (°°Th 5/6/1699 †ca 1714)
2 Jean Polis (Paul) (°°Th 10/12/1694) x Th 19/9/1725 Clemence Debefve (1) (°°Th 2/2/1701 † 8/6/1778)
...
... 8
1 2 Aegidius Nicolas (Nicolas) (°°M 12/3/1750 †après 1777) ... 7 François Denis (°°M 27/3/1759 † M 14/8/1794) x ??? x ca 1788 Marguerite Angélique (ca 1753 †1809) Anna Elisabeth Haemel (°M 27/6/1749 †M 12/3/1824)
1 Gilles II (°vers 1712 †après 1793) 2 Nicolas II (°vers 1713) ...
2 Gilles I (°°Th 4/10/1694 †L 16/9/1763) ... 5 x Th 4/4/1712 Marguerite de Stocquis (2) (°°Th 26/10/1695 †L 3/12/1727)
10 Jean Cloes (°°Th 18/11/1674) x Charneux 12/6/1703 Elisabeth Wiot (°° 1682 †Herve 4/4/1765)
3 Jean Polis (°°Charneux 20/5/1635) 2 Cloes Polis (°°Th 9/2/1640 †Clermont 30/1/1705) x Th 27/10/1658 x Th 31/3/1665 Catherine Gerono (°° Th 12/3/1632 †Th 2/4/1696) Ailid Grégoire de Roisleux (°°Charneux 20/5/1635)
3
3 François Cloes Polis (Franck) (°°Th 2/3/1663 †Th 4/8/1730) ... x Herve 14/1/1690 Clémence Gillis Jamin (°°Herve 24/1/1662 †entre 1708-1716)
1
2 Henri Cloes (°vers 1600 †Th 6/11/1649) x Th 28/2/1623 Anne Frambach de Roisleux
1 Nicolas (°°Th 31/1/1691) x Tongres 10/9/1733 Jeanne Marie Groutars (°°Tongres)
1
1
Cloes Thisquen le jeune (°vers 1570) x ca 1595 Jehenne Henri De Beurre (°vers 1573)
Cloes Thisken de Befve x Jehenne Martin Englebert
7
...
13
de Beefe
Armand II (°L 4/11/1919 †Beaufays 24/4/2014 ) x Marie Thérèse Gerkens
1
?
?
8 Dieudonné-Hubert (1748-1828) x Marie Joseph Lhoest (°1749-1832) 9
8
...
1 Marie Blanche Drèze (°Huy 7/8/1/1883)
1 Frédéric (° Tilleur 9/4/ 1821) 4
2 François-Joseph (°°L 22/4/1779 †L 20/6/1862) x (2) Seraing 27/2/1819 Marie Hélène Lambermont (°Aachen (BRD) 28/4/1798 †L 16/3/1863)
1 Edouard Nicolas Joseph (°Huy 26/6/1884 † Bruges 11/11/1918) ?
1
Renée °1906
?
2 Jeanne Drèze (°Huy 6/12/1884) 3 x Armand I Edouard Louis (5) (°L 19/8/1874)
4 Adolphe II (1857-1929)
5 enfants
Adolphe I (°Seraing 26/10/1815 †Barvaux-sur-Ourthe 5/3/1888) x Barvaux 13/2/1850 Marie Thérèse Paulus (°Barvaux 9/6/1828 †Barvaux 14/12/1908)
1 Jean-Léonard-Charles (°L 1778 +Paris 24/3/1842)
11 Dieudonné (3) (°L 17/3/1730 †Anse(France) 15/10/1801) x L 4/1/1776 Jeanne Marie Anne Bosset (° 10/4/1756 †L 1780)
3 Eugénie Clementine (°Huy 21/12/1853) x Huy 30/9/1882 François Joseph Drèze (°Ben Ahin (Huy) 27/3/1854)
Nicolas Edouard I (°L 12/1/1812 †Huy 9/12/1881) x Chenée 14/6/1845 Marie Jeanne Detry (°Spa 25/8/1815 †na/après 1881)
2 Joseph (Hubert Joseph) (4) (°Chokier 23/11/1848 †Bruges 11/11/1918) x Huy 12/4/1883 Leonie Sidonie Depauw ( ° Enghien 17/9/1860)
1
...
3 Jean-Michel (°°L 1713) x (1) 1734 Marie Elisabeth Corbay (°°1708)
8 Lambert (1676-1741) x Marie-Jeanne L(h)honneux (1688-1735)
2 François-Joseph (°°L 22/4/1779 †L 20/6/1862) x Seraing 18/2/1802 Marie Hélène Lambermont (°°Seraing 13/1/1776 †Seraing 11/8/1818)
...
2
...
(1) Premier mariage (2) Deuxième mariage (3) Prit le nom de Sarton du Jonchay en septembre 1782 après sa naturalisation française. S’est remarié à Lyon le 5 juillet 1785 avec Anne Pierrette Imbert de Montferrand (°1756) dont il eut un fils : Jacques Sarton du Jonchay (°1778). (4) Mort à la suite de la grippe et d’une pneumonie à l’hôpital de St. Michiels à Brugge, le jour de l’armistice le 11/11/1918 à la fin de la première guerre mondiale (5) Armand avait épousé sa nièce Jeanne Guillaumine Drèze, la fille d’Eugénie Clémentine Sarton
Armand I Edouard Louis (° L 19/8/1874 †1937) x Jeanne Guillaumine Drèze (°Huy 6/12/1884)
1
1Nicolas Edouard II (°Angleur 22/6/1846 †L 9/12/1913) x L10/8/1872 Marie Eugénie Désiron (°Noville 15/1/1851 †après 1913)
1
1
1
1
Noël (°°L 6/5/1635 †L 6/5/1718) x Elisabeth Jandoz (Jandon) (°°1646)
?
Sarton
181
182 ...
H= Heure-le-Romain
1 Nicolas Marc (°°L 25/4/1777 †L 14/10/1849) x L 18/5/1809 Marie Thérèse Garde De Dieu (°°15/1/1781 †L 14/10/1857)
1 ...
1
... 7
2 Dieudonné (°°L 18/9/1778 †L 24/3/1863) x vers 1800 Marie Marguerite Devigne (°°L 15/1/1781 †L 14/10/1857)
4 Marie-Joséphe (°° 28/9/1749 †L 16/2/1832) x L7/1/1776 Hubert Sarton (°°L 3/11/1748 †L 18/10/1828)
8 Jean Nicolas (tailleur) (°°H 16/5/1712 †H 1/3/1791) x 1743 Barbe Lambrecht (°°Herstal 14/12/1720 †H 30-9-1734)
Nicolas (°°H 21/9/1670 †H après 1734) x H 14/8/1693 Jeanne Barbe (°°H 18/6/1670 ? +H 30-9-1734)
Guillelmus LHOEST x Marie ...
...
4 Marie-Elisabeth (°°L 25/12/1782 †L 9/4/1864) x L 27/8/1808 Jean Pierre Plouette (°°L 2/8/1780 †L 1866)
7 Jean-Nicolas (tailleur) (°°H 8/3/1750 †L 29/9/1808) x L 28/4/1775 Catherine Polain (°° vers 1746 †L 15/5/1816)
3 Jean-François (menuisier) (°°L 27/2/1780)
1
9 Nicolas (tailleur) (°°H 2/10/1715) x L 25/4/1740 Jeanne Damave
Lhoest
1 ...
Henri5 (°° Jupille 23/2/1834 )
...
? André Joseph7 (°°Herve ca 1818 †Herve 7/3/1892)
... ?
... 12
? Gilles Joseph II 5 (°°Jupille 9/9/1798 †L18/1/1883)
10 Gilles I (°°Herstal 21/5/1766 †Jupille 12/1/1835 ) x Jupille 14/7/1793 Marguerite Renkin (°°Wandre 14/3/1770 †Jupille 26/5/1834)
1 ... ? Jean Dieudonné (°°Jupille 24/6/1796 †Jupille 30/12/1878) x Jupille 4/6/1840 Elisabeth Rasquinet (°°Jupille 5/6/1801 †Jupille 24/9/1874)
? Henri Joseph6 (°°Herve 7/12/1815 †Herve 27/7/1892) x Amélie Jupsin (°°Dison 19/1/1819 †L 10/2/1899)
... ?
4 Arnold3 (°° Herstal 23/3/1753 †Herstal 27/4/1808) x Herstal 27/9/1776 Anne Marie Constant (°°Herstal 30/1/1754 †Herstal 22/12/1787)
?Henry4 (°° Herstal 18/6/1778) x Herstal 27/9/1776 Catherine Grisart (°°L 13/9/1781?)
3 Elisabeth2 (°°Herstal 2/3/1751 †Jupille 7/11/1829) x Herstal 26/6/1784 Léonard Honin (°°Herstal 6/2/1751 †Herstal 17/12/1829)
? Gilles Joseph III (°°Herstal 22/3/1802 †Dison 29/12/1888) x P-Rech 3/5/1837 Marie Thérèse Garde De Dieu (°°Petit-Rechain 8/6/1808 †Dison 10/6/1881)
...
1 ...
?Joseph (°° Jupille 23/2/1834 )
... ?
? Jean Louis9 (°°Jupille 26/12/1800 †L 18/12/1884) x Catherine Conrardy (°°Jupille 2/4/1805 †L 26/3/1874)
1 Marie Jeanne Jehotte, épouse d’André Deherve, est la soeur de Pierre Jehotte, marié à Marie Catherine Godin dont les trois fils Gerard, Nicolas Joseph et Pierre Toussaint sont devenus horlogers. Elle est également la sœur de Jean Jehotte, époux de Marie Honin dont le fils Michel fut aussi horloger. 2 Elisabeth avait épousé l’horloger Léonard Honin. Honin avait travaillé avec les horlogers liégeois Rouma et Lovinfosse pour la remise en ordre du carillon et de l’horloge de Saint-Lambert à Liège, replacés en 1811 dans la tour de la collégiale Saint-Paul de Liège, devenue cathédrale en 1802. 3 Arnold s’est remarié avec Marie Françoise Keeux (°°Herstal 28/5/1751). 4 Entre 1806 et 1811 Henry et Catherine Grisart ont quitté Herstal pour Herve. 5 Célibataire. 6 Henri Joseph et Amélie Jupsin habitaient à Herve, Rue Leclerq. 7 André Joseph était célibataire et habitait Herve, Place du Perron.
1 ...
1
André (°°Herstal 14/1/1723 †Herstal 25/4/1781) x Herstal 17/4/1747 Marie Jeanne Jehotte1 (°°Herstal 25/11/1727)
... ?
Deherve
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Bibliografie
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A list of deadly earthquakes in the world : 1500-2000, dans ‘International Handbook of earthquake and engineering seismology’, éd. W. H. K. Lee, H. Kanamori, P. C. Jennings et C. Kisslinger, Academic Press, Amsterdam, 2002 Almanach du commerce de Paris, des départements de la France et des départements de l’empire Français, 1811, J. De La Tynna Altissonância Sacra Restaurada, António Rodrigues Lages, manuscrit, pp. 16, 98 Annales, Volume18-19, Cercle hutois des Sciences et Beaux-arts Antiquorum, 2007, Important Collectors’ Wristwatches, Pocket Watches, Clocks & Horological Tools, 12 & 13 May 2007, Geneva: Antiquorum Auctioneers. Aperçu historique et raisonné des découvertes, inventions, innovations et perfectionnements en Belgique dans les sciences, les arts, l’industrie, Octave Delepierre, Bruges, 1836 Archives communales de Mons Belgische uurwerken en hun makers/ Horlogers et horloges belges AZ, Eddy Fraiture, 2009 Biographie liégeoise, A. G. de Becdelièvre-Hamal, 1837 Biographie des principaux artistes horlogers-mécaniciens liégeois, Florent Pholien, Liège 1933 Boycott du statut des horlogers liégeois, André Thiry et Alice Verrycken, Horlogerie ancienne, N° 49,2001, Pp. 137145). Bulletin de la Société d’art et d’histoire du diocèse de Liège, Volumes 26-27 Bulletin de la société de l’histoire de l’art français, F. de Nobele, 1995 Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, Vol. 3, 1807 Bulletin de l’institut archéologique liègeois, Vol.14, 1878 Bulletin de L’Institut Archéologique liégeois, 1937 Bulletin de L’Institut Archéologique liégeois, Volume 112, 2005 Cartulaire de la commune de Dinant, partie 8, Stanislas Bomans e.a., 1908 Catalogue des effets précieux de feu son Altesse Royale le Duc Charles de Lorraine Cathédrale St-Lambert: Décrets et ordonnances, rég.17541787, Th. Gobert Cloches et carillons dans les principautés de Liège et Stavelot-Malmédy, M. & M-Hélène Mélard-Marganne, Feuillets de la cathédrale de Liège N°33-38, 1998 Chronique archéologique du pays de Liège, Vol.25-30, 1934 Code Conjugal, Horace Raisson, Paris 1829 De architecten van de kathedraal Sint-Lambertus, Ed. Poncelet, Chron. Archéol. du Pays de Liège, 1934 De contracten voor Mafra, Lode Goukens, dans ‘Magazine’, jaargang 17 nr 1, Vlaamse Beiaard Vereniging De formidables machineries liégeoises au palais de Mafra (Portugal), Serge Joris dans ‘Le bulletin Campanaire’, 2015/3, n°83 De Tram, annonce dans ‘Het Katholiek volksblad van
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SintTruiden’ , 24 juin 1905 De vergeten uurwerkmaker van Koning Stanislas, Lode Goukens, Het Uurologisch Nieuws, 2011, nr 3 Dictionnaire biographique de la province de Liège, Henri Delvaux 1845 Dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles, Malou Haine et Nicolas Meeùs, 1986 Dictionnaire du meuble, Claude Bouzin, Ed. Massin 2000 Essai historiquee sur l’ancienne Cathédrale de St-Lambert à Liège et sur son chapitre de chanoines-Tresfonciers, Xavier van den Steen de Jehay 1816 Essai sur la statistique générale de la Belgique, composé sur des documents publics et particuliers, Xavier Heuschling, Bruxelles 1838 Extraits des cris du péron de la cité de Liège, dans ‘Bulletin de la Société scientifique et littéraire de Limbourg’, Stanislas Bormans, Archives de l’état, Liège Het begin van de straatverlichting te Rotterdam, H. C. Hazewinkel, Rotterdams Jaarboekje, 1952, blz. 183 e.v.; 1953, blz. 183 e.v. Histoire de la montre automatique ancienne, un siècle et demi d’histoire 1770-1931, Alfred Chapuis & Eugène Jaquet 1952 Histoire de l’église collégiale Saint-Paul actuellement cathédrale de Liège, O.-J. T himister, 2e éd., Liège, 1890, p. 576 História de Portugal, Joaquim Veríssimo Serrão, volume V, p. 260 Hommage d’Hubert Sarton à ses concitoyens. Amis des Arts et des Sciences, Liège, Imprimerie J. A. Latour, 1822 Horloge de parquet. Henri Rossius (horloger) et Louis Lejeune (menuisier-ébéniste) M. Laffineur-Crépin, dans ‘Trésors classés en Fédération Wallonie-Bruxelles’, Bruxelles, 2015 Horlogerie parisienne entre art et industrie (1750-1850), Marie-Agnès Dequidt, 2103 Hubert Sarton of Liège, Edward G. Aghib, Antiquarian Horology, décembre 1972 Ik wil er twee! De fascinerende geschiedenis van de beiaarden van Mafra, Ana Elias dans ‘Campanae Lovaniensis, mars 2003 Ik wist niet dat het zo goedkoop was. Doe er maar twee, D. João V, Toine Daelmans 2005 Inventaire des archives de Henri Dechamps, Jean-Joseph David et Léon David, régisseurs, Nicolas Levoz, avocat, Lambert Parent, notaire, clerc et régisseur, Lambert Rambotte, marchand et des archives des familles alliées et de celles des clients, Archives de l’Etat à Liège, Juliette Rouhart-Chabot, 1963 Jean François Gérard Bassompierre et les “Infortunes de la vertu”, “Les suites d’un mariage manqué”, Henri Delrée, dans ‘La Vie Wallonne’, LXV 1991, pp. 215-221 Jean François Gérard Bassompierre et les “Infortunes de la vertu”, Philippe Vanden Broeck, dans ‘La Vie Wallonne’, LV 3e et 4e trimestre 1981, pp. 233-239 Jean Joseph Fourneau: sabotage of geknoei in Hoei, L.
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Goukens, dans ‘Het Uurologisch Nieuws’, 2013, nr 2 Journal de la Société d’archéologie et du comité du Musée Lorrain, 1856 Journal officiel de la Guyane française du 19 avril 1902 La conquête du temps, Dominique Fléchon 2010 La genèse d’un opéra: le théâtre de Liège en 1820, Philippe Vendrix, 1995 La maison Ph. Dubois et Fils SA, du Locle, Suisse et ses archives, Jospeh Flores et Charles-André Breguet, dans ‘Horlogerie Ancienne’, Nr 63, juin 2008 La pendule de Rouma, dans ‘Ciel et Terre’, Vol.119, H. van Boxmeer, 1994 La plus longue dynastie mondiale d’horlogers, Horlogerie ancienne, n°50, pp. 68-73, La Vie Wallonne, Vol. 15, 1934 Le chapitre de Notre-Dame à Tongres, Académie d’archéologie de Belgique, Ch. Thijs 1888 Le château de Colonster, Marc Bouchat, ‘Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites,1980 Les architectes de la cathedrale Saint-Lambert, E. Poncelet, Chronique archeologique du Pays de Liège, 20, 1934, pp. 5-38 Le meuble liégeois à son âge d’or le XVIIIe siècle, J. Philippe, Ed. du Perron, Liège, 1990 Les pendules d’Hubert Sarton 1748-1828, Jacques Néve, Mémoire présenté en 2009 à la chambre Nationale des Experts Spécialistes L’Esprit des Journaux, Bruxelles, 1777, Tome I, Janvier 1777, Imprimerie du Journal, Bruxelles (Identique à l’édition de Paris, 1777) Le tremblement de Terre de Lisbonne, Jean-Paul Poirier, 2005 L’histoire des villes vieille et neuve à Nancy, Depuis leur fondation jusqu’en 1788, Jean Jacques Lionnois, tome II, Nancy, 1811 L’horlogerie et ses artistes au pays de Liége, Florent Pholien, Liége, 1933 Limburgse klokken en hun makers, P. Th. R. Mestrom, 1997 Liste des étrangers venus aux eaux minérales de Spa de l’an 1786 (internet) Livres de comptes et inventaires non publiés, 1758-1824, DuBois, Philipe Meister der Uhrmacherkunst, Jürgen Abeler, 1977 Mémoires de la Société d’archéologie lorraine et du Musée Lorrain, troisième série-Xième volume Meubles, styles et decors entre Meuse et Rhin, Joseph Philippe, 1977 Michel-Joseph Ransonet, horloger-inventeur de genie, précurseur de la boîte à musique, Marie-Louise Wey, Musiques Mécaniques Vivantes, 4 trim 2011, N° 80, pp. 22-26 Michel-Joseph Ransonet, un des pères de la boîte à musique, Etienne Blyelle, ‘Musiques mécaniques vivantes’, 4°trim. 2011, N° 80 (pp. 27-32) Oracle, annonce dans le journal Bruxellois, N° 122 du 11 floréal, an 12 (1/5/1804) N° 363 du 28/12/1806, N° 299 du 26/10/1807 Originale horloge liégeoise à carillon, André Thiry,
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Horlogerie ancienne, N° 50, pp.46-49 Parenteel van Cloes del Quotbach Os Carrilhões de Mafra, Edição da Direcção-General dos Edifícios e Monumentos Nacionais, 1989 Perpetuelles à roue de rencontre ou Montres automatiques, une page d’histoire, analyse d’un document de l’Académie française de 1778 et de ses conséquencess historiques, Joseph Flores 2009 Rahier, de Jongh, Spirlet, souvenirs de familles, Olivier Donneau, 2005 Procès-verbaux de l’Académie Royale des Sciences de Paris, 1778, tome 97 Rapport de la commission centrale sur les produits de l’industrie nationale, exposés à Gand, au mois d’août 1820. La Haye, 1820 Revue belge de numismatique et sigillographie, 1888 Revue de l’Exposition des produits de l’industrie nationale en 1841, Édouard Perrot Revue du Conseil économique wallon, Georges Rem, juillet 1956, n°21, pp. 63-64 Skeleton Clocks, Derek Roberts, 1969, pp. 171-183 Société d’Emulation (Rapport par L. F. De Saive, F. Villette, Depaix Trefoncier) 1789 Unpublished account books and inventories Philipe DuBois, 1758-1824, in ‘The Origins of Self-winding Watches: 17731779’, Richard Watkins 2013 Staande klokken en uurwerkmakers in Vlaanderen, E. Fraiture, 2006 The life and travels of James Upjohn, John Leopold, Roger Smith, London 2016 Travaux du Séminaire de sociologie de la Faculté de droit de Liège, Volume 2, 1951 Une Découverte Extraordinaire, une montre à remontage automatique datant de deux siècles, Léon Leroy, 1949, Journal des Bijoutiers Horlogers, N° 103, mai 1949, pp. 110-113 Une histoire de lumière aux Pays de Liège, 2007 Université de Liège Une Huit Jours à Fusée Renversée de Dieudonné Sarton à Liège, Joseph Flores, 2000, Horlogerie Ancienne, N° 47, 2000, pp. 27-39. Une page importante ajoutée à l’histoire de la montre automatique, Joseph Flores, 1993Horlogerie Ancienne, N° 33, pp. 109-131. Uurwerk en Klokkenspel van de Kapittelkerk van O.L.V. in de 17de eeuw te Maastricht, P. Doppler dans ‘Maasgouw’, 48e partie, 1933 Uurwerken en uurwerkmakers in Limburg 1367-1850, P. Th. R. Mestrom, 1997 Uurwerken op Vlaamse belforten, Eddy Fraiture, 2014 Viennese clockmakers and what they left us, F H. van Weijdom Claterbos,1979 Voyageur d’un amateur des arts en en Flandre, dans les Pays-Bas, en Hollande, en France en Savoye, en Italie, en Suisse, fait dans les années 1775-76-77-78, J. de La Roche, 1783
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Remerciements Ce livre n’est pas le travail d’une seule personne mais le résultat de longues réflexions, discussions et conversations passionnantes avec des amoureux de l’horlogerie. Verser toutes ces idées dans un livre n’est pas chose simple. Ensuite il faut trouver un éditeur qui croit en ce livre. L’éditeur Paul Peeters de Louvain (Peeters Publishers) m’a aidé et guidé depuis 2002 et m’a encore fait confiance pour ce sixième livre sur l’horlogerie belge. Mon ami Jacques Nève, grand connaisseur de Sarton, me fut d’une aide précieuse pour toutes les recherches et ses merveilleuses photos. Michaël Van Gompen, horloger et connaisseur de Sarton, m’a inspiré avec ses conseils. Axel Somers, un amoureux de l’horlogerie liégeoise, fut d’un grand soutien à Liège, la ville qu’il aime depuis toujours. Johan Lemmens a passé des nuits à la recherche généalogique des horlogers liégeois. Ses résultats avec documents à l’appui, ont éclairci bien de choses. Paul Verlooy m’a donné l’occasion de photographier ses belles horloges en toute liberté. De Toine Daelmans j’ai reçu toute la panoplie de dessins et photos des cloches et horloges de Mafra. Merci Toine. Un grand merci à Janke et Klaas van Brug de Epe des Pays-Bas qui m’ont envoyé de belles photos. Marieke Lefeber de son côté m’a gentiment procuré les photos et données de la pendule de compagnie du musée ‘Speelklok’ à Utrecht. Merci
aussi à Michiel van Hees qui a attiré mon attention sur un petit livre intéressant des voyages d’Upjohn. Beaucoup d’amis ont aidé de façons diverses. Je pense ici (en oubliant peut être quelques amis de l’horlogerie) à mes amis de l’Association Campanaire Wallonne, Aurélie Lemaire des musées liégeois, Eward Ruyter, Rob Memel, Frans Mulders des Ateliers Patoe à Maastricht, Joseph Flores, Jo Van Ende, Kees Grimbergen, Melgert Spaander, Mentink & Roest, P. Th. Ruud Mestrom, Vadertje Tijd (Nl). Mes amis de ‘Het Uurwerkgezelschap’, qui sont tous des fervents amateurs d’horlogerie, m’ont proposé de nouvelles idées ou des points de vue inédits. En particulier je remercie Johan Bex, Geert Boon, Geert Cerulis, Rudy Degeest, Paul Van Rompay et Marc Wattez. La correction fut faite avec beaucoup de patience et de précision par Lucie Genbrugge-Misselyn. Werner Custers, un artisan avec l’accent sur ‘art’, a fait la mise en page de main de maître. Son imagination a contribué largement à la réalisation et la beauté de ce livre. Tout cela n’aurait pas été possible sans la patience et l’humour de ma femme Anny, qui a toujours compris que l’accouchement d’un livre était un travail de longue haleine.
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Crédits photographiques Le chiffre indique la page de la photo • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Archives et patrimoine historique de l’Académie des Sciences: 90 Ageas, Collection AG Insurance: 107 Alves Gaspar: 58, 59, 71 Ancienne collection ‘Goud, zilver en klokkenmuseum, Schoonhoven’: 93 Andus: 100 Anresto Antiek: 148 Antiquorum: 40, 88, 89, 95, 154 Aqueduto Leilões, Portugal: 57 Arquivo Municipal de Lisboa: 70 Johan Bex 37, 38 Bonhams: 146 Breguet: 91 Bulgari: 91 Casa dos Patudos-Museu de Apiarça, Portugal: 57 Château de Jehay: 97 Christies: 39, 103,104,112, 147, 151 Crott Auktionen, Mannheim: 42 Toine Daelmans: 21, 22, 23, 63, 64, 65, 66, 67 Joseph Flores: 93, 160, 161 Rudy Degeest: 75, 77 Philippe Delaunay: 55 La pendulerie di Francesco De Rosa, Milano: 159 Eppli Auktionhaus, Stuttgart: 34 Eddy Fraiture: 10, 11, 18, 22, 24, 25, 29, 47, 49, 50, 51, 52, 53, 61, 62, 66, 67, 74, 84, 96, 115, 122, 132, 138, 141, 142, 143, 144, 154 Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège: 15 Maison Marc-Arthur Kohn, Paris: 153 National Maritime Museum, Greenwich, London, Caird Collection: 82 Galerie Moderne, Bruxelles: 145 Hôtel de Ventes Horta, Bruxelles: 95 Hôtel des Ventes Mosan, Liège: 33 Kunstmuseum, La Haye: 108, 109 Haags Gemeentearchief: 76
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Hans Kreft (†): 41 Lebeau-Courally: 12, 13 Willy Leenders: 35 Johan Lemmens: 119, 166 Eric Leyssens: couverture, 114 Marie-Claire: 11 Charles Matthews: 20 Mentink & Roest, Pays-Bas: 85, 86 Frans Mulders, Patoe Ateliers, Pays-Bas: 32 Richard Redding: 153, 158 Eward Ruyter: 30, 74, 126, 142 Axel Somers: 43, 45, 122, 167 Sothebys: 152, 155, 158 Musée Beyer, Suisse: 93 Musée d’Ansembourg, Liège: 135 Musée d’art religieux et d’art mosan, Liège: 10 Musée de la Vie Wallonne, Liège: 31, 80 Musée des Arts et Métiers, Paris: 94 Musée des Trésors de l’Horlogerie, Genève: 93 Musée du Louvre, Paris: 123 Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds: 93 Musée Le Grand Curtius, Liège: 110 Musée National d’Histoire et d’Art, Luxembourg:139 Musée Patek Philippe, Genève: 163, 164 Musée Speelklok, Utrecht: 113 Jacques Néve: 35, 72, 73, 95, 98, 99, 100, 101, 102, 111, 115, 116, 117, 118, 119, 127, 128, 136, 137, 156 Palace of Ajuda, Portugal: 57 Provenance, Zutphen : 124, 125 Derek Roberts: 101, 105, 106 Trésor de la cathédrale de Liège: 10 Van Brug, Epe, Pays-Bas: 43, 44, 149 Michaël Van Gompen: 89, 147 Michiel Van Hees, Pays-Bas: 88 Jim Wuerstlin, USA: 126, 143 Igor Zyx: 60
Les photographies non répertoriées ci-dessus m’ont été confiées par des collectionneurs, amis ou conservateurs de musées : leurs auteurs sont inconnus ou désirent garder l’anonymat. Toutefois elles sont libres de droits à na connaissance. Toutes les précautions ont été prises autant que possible pour obtenir les autorisations nécessaires. Quelques photographies sont Libres de droits ou sous licence libre.
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