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French Pages 376 [385] Year 2020
CAHIERS DE LA REVUE BIBLIQUE Series archaeologica 2
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La topographie de la Jérusalem antique Essais sur l'urbanisme fossile, défenses et portes ne S. av. - ne S. ap. J.-C. Dominique-Marie CABARET
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LA TOPOGRAPHIE DE LA JÉRUSALEM ANTIQUE Essais sur l'urbanisme fossile, défenses et portes
CAHIERS DE LA REVUE BIBLIQUE Series archaeologica 2
98
La topographie de la Jérusalem antique Essais sur l 'urbanisrne fossile, défenses et portes
ne S. av. - ne S. ap. J.-C. par Dominique-Marie CABARET
PEETERS LEUVEN - PARIS - BRISTOL, CT
2020
A Catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2020 - Peeters. Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven. ISBN 978-90-429-4243-1 eISBN 978-90-429-4244-8 D/2020/0602/43 No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval devices or systems, without prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes. Graphie designer: Kiyoshi !noue Couverture: vue d'artiste© Benoît Cabaret
Remerciements Avant d'entrer dans le vif du sujet, qu'il me soit permis de remercier plusieurs personnes qui ont joué un rôle dans la conduite de ce travail défendu en Sorbonne le 9 février 2019. Tout d'abord, François Villeneuve (Université Paris I Panthéon Sorbonne) qui fut un directeur de thèse parfait, toujours disponible lors de mes sollicitations, sachant trouver les mots justes pour me soutenir et m'aider dans la recherche; Pierre Gros, professeur émérite de l'Université d'Aix-en-Provence et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, me prodiguant de très précieux conseils et encouragements tant par courriels que lors de rencontres ; et Jean-Baptiste Humbert (o.p.), membre de l'Ecole biblique et archéologique française et correspondant de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, sans qui ce travail n'aurait jamais vu le jour, suite à une de nos discussions à bâtons rompus à propos de l'article sur l'arc del'Ecce Homo d'Yves Blomme. Dans la tradition de l'École biblique et archéologique française,
avec son esprit curieux et intuitif, il sut me mettre le pied à l'étrier pour me lancer dans cette étude et la mener à bien, en m'épaulant à chacune de ses étapes. Je manquerais à la justice si j'omettais de dire que toutes ses intuitions se sont révélées fécondes. Je sais gré à Jean-Jacques Pérennès (o.p.), au nom de l'Ecole biblique, de m'avoir réservé de bonnes conditions pour la recherche. Je remercie aussi tous ceux qui m'ont soutenu d'une manière ou d'une autre, au premier rang desquels je mets Jean-lv1ichel de Tarragon (o.p.), Annick Baudoin, ma tante et Louis Coüette, un ami, qui ont eu la gentillesse et le mérite de relire ce travail ; Etienne Nodet (o.p.) pour ses conseils ; ainsi que mon frère Benoît Cabaret, excellent modélisateur d'illustrations 3D. J'ai bénéficié des conseils de mise en page de I>
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INTRODUCTION GÈNÈRAŒ
comme « ville neuve» - n'en est pas moins riche cl'enseignement : les trois quartiers, dûment distingués par Flavius Josèphe, ont été tour à tour, à l'époque de leur premier développement, le « quartier neuf » de Jérusalem. Pour clore le tour d'horizon de la Jérusalem du 1e, siècle après J.-C., il faut cependant y inclure l'étude de deux autres quartiers bouleversés eux-aussi à la suite des trois premiers : celui qui est situé au nord de la porte de Damas aménagé par Hérode Agrippa en raison de la construction du Troisième mur ; et le quartier méridionnal, dit de la « ville haute » ceint du Premier mur25 - les actuels quartiers juif et arménien de la vieille ville - dont l'urbanisme fut complètement chamboulé en raison de l'installation du camp de la 10ème légion Fretensis après la prise de Jérusalem par Titus. Le siège de 70 marqua un coup d'arrêt dans le développement de Jérusalem. Cependant, l'empreinte des grands projets urbanistiques des souverains hasmonéens et hérodiens ne disparut pas pour autant. Elle servit même de fondement à l'épanouissement de la Jérusalem romaine d'Hadrien. On peut y trouver plusieurs raisons : une période de prospérité et de croissance démographique qui faisait déborder la ville de ses remparts ; ou, sans que cela soit exclusif, la volonté du souverain de marquer son règne par un projet prestigieux qui laisserait une trace dans l'histoire. On n'ignore pas le projet d'Hadrien de transformer Jérusalem en colonie romaine - même si les sources historiques restent minces. On connaît bien celui
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d'Hérode Agrippa à l'origine du Troisième mur, dont l'ampleur et la magnificence parurent défier la puissance de Rome 26. On sait aussi l'extraordinaire politique de grands travaux de son grand-père, Hérode le Grand, qui sut agrandir le temple, renouveler les quartiers et les fortifications alentours, restaurer la forteresse Bâris/ Antonia, enfin construire un somptueux nouveau palais royal - pour s'en tenir àJérusalem27 • En revanche, faute de sources historiques suffisantes, on ignore davantage quels furent les grands projets des Hasmonéens, notamment ceux de Jean Hyrcan (134-104) et d'Alexandre Jannée (103-76), qui eurent pourtant le temps, au long des décennies pendant lesquelles ils détinrent le pouvoir, cl'avoir une politique de grands travaux à la mesure de leur ambition28. On dit qu'ils agrandirent l'enceinte du Temple en lui donnant une taille intermédiaire entre celle de la restauration de Zorobabel et celle d'Hérode; on affirme aussi qu'ils furent à l'origine de la Bâris29, l'ancêtre de l'Antoma située au nord de ce Temple, dont ils firent leur palais résidentiel; on sait encore que Jean Hyrcan se fit construire un beau tombeau à situer dans l'actuel quartier chrétien de la vieille ville30 . Faute d'affirmations plus complètes de la part de Flavius Josèphe, on n'ose en dire davantage, sous-estimant sans doute le génie créateur des deux Hasmonéens grand-prêtres, qui cherchaient à ceindre le diadème de la royauté ce que parvint à faire le second à la suite de son frère Aristobule 1er qui ne régna qu'un an (104-103) 31 - dans une capitale qu'ils ne pouvaient que désirer embellir et rendre plus prestigieuse. Les « silences » de Flavius Josèphe sur d'éventuels grands travaux hasmonéens
FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre tks Juifs v, 4, 142: (du Deuxième mur) que nous daterons de la période hasmonéenne ; le chapitre rn concernant le quartier « hors-les-murs de l'orient», dit du Bezetha, viabilisé par Hérode le Grand ainsi que celui qui se développa« hors-les-murs» à l'ouest; le chapitre IV étudiant les bouleversements consécutifs à l'agrandissement du Temple ; le chapitre v reprenant à nouveaux frais l'analyse archéologique de l'arc de l'Ecce Homo au regard des dernières découvertes, pour en proposer une nouvelle restitution générale enrichie de pièces architecturales dispersées dans le couvent des sœurs de Sion (dit de l'Ecce Homo) et le couvent franciscain de la Flagellation attenant - ce qui nous conduira à proposer une datation ; le chapitre VI étudiant le réseau viaire mis en place lors de la construction du Troisième mur; le chapitre VII consacré à l'installation de la 1O• légion Fretensis dans la« ville haute »; et enfin deux autres chapitres (vin et IX) relatifs au quartier « hors-les-murs de l'occident» mais aussi « dans les murs » et « hors-les-murs de l'orient », consacrés à la période d'JEha Capitolina, pendant laquelle la ville s'est développée à l'occident et a été remaniée tant dans sa partie centrale qu'orientale : le chapitre VIII s'intéressera au nouvel agencement urbanistique d'./Elia Capitolina et le chapitre IX à deux monuments emblématiques de la nouvelle colonie romaine : le temple capitolin et la plate-forme sacrée dédiée au culte impérial d'Hadrien.
L.-H. VINCENT et F.-M. .füJEL,jérusalem Nouvelle, Gabalda, Paris, 1914, p. 18. Sr. MARIE-ALINE DE SION, La forteresse Antonia à Jérusalem et la Question du Prétoire, Jérusalem, 1955. L.-H. VINCENT, Le Lithostrotos, édition limitée (2 ex.), illustrée et tapée à la machine, à compte d'auteur, 1932. Un exemplaire a été offert en cadeau au Pape Pie XI en 1932 et se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque Vaticane. Le deuxième se trouve dans les réserves de !'École biblique et archéologique française. 48 M. BEN-Dov, Histon·ca!Atlas of Jerusalem, Continuum, New-York, Londres, 2004, p 1SS:« The victory of Christianity was marked by the erection of two impressive triumphal arches in the center of the city. The remains of one may be seen in (and just outside) the present-day convent of the Sisters of Zion, near Antonia fortress; ( ...) Earlier scholars of Jerusalem's history mistakenly identified these arches as those builded by Hadrian. (...) The attribution of the two arches to Constantine's construction is indicated by their similarity to the arch he erected in Rome, although their level of ornamentation and carving is inferior to that of the Roman arch. Most likely, this particular location was chosen for the arches because, according to the tradition, Jesus was tried in the Antonia fortress and the route to the site of his crucifixion passed trough streets that led out of the city near the church of the Holy Sepulcher. »
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Avertissement Il est apparu opportun de compléter le travail défendu dans la thèse par deux chapitres supplémentaires traitant d'abord du Troisième mur deJérusalem, puis du camp de la 1oeLégionFretensis. N ousnous étions en effetinterditd'aborderles deux sujets pour circonscrire notre travail de thèse dans des limites raisonnables. En revanche, nous estimons leur ajout nécessaire à l'étude de l'urbanisme antique de la vieille ville de Jérusalem dans son intégralité que nous proposons comme un essai de synthèse. Dans la mesure du possible - pour la clarté de la lecture -, nous avons réalisé des illustrations de notre propos mentionnant les toponymes employés pour les situer dans la topographie de Jérusalem. Les noms des rues et des emplacements contemporains, faciles à localiser pour un hiérosolymitain, n'y figurent pas toujours. Nous incitons nos lecteurs, n'ayant pas la même familiarité avec le centre historique de Jérusalem, à recourir autant que nécessaire à la carte du nord de la vielle ville (dressée par l'Abbé Nicole en 1888) ci-contre. Par ailleurs, notre recherche est parsemée ici ou là de calculs algébriques (en particulier trigonométriques) visant à étayer le propos et vérifier les mesures des grilles d'arpentage de Jérusalem. Il va de soi que les arpenteurs del' Antiquité n'avaient pas à leur disposition de tels outils mathématiques pour leurs mesures ; mais ils parvenaient aux mêmes résultats par le biais de la géométrie49. Nous aurions pu décrire avec précision les méthodes utilisées. Nous avons craint d'alourdir notre propos. Aussi, avons-nous préféré nous en tenir à l'algèbre - plus commode et plus familière à de nombreux contemporains - pour vérifier les résultats géométriques des Anciens.
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Les Arpenteurs &mains, Hygin le gromatique, Froncin, Texte établi et traduit par JeanYves Guillaumin, Professeur à l'Université de Franche-Comté (ISTA, Institut des Sciences et Techniques de !'Antiquité), Les Belles Lettres, Paris, 2005; G. CHOUQUER et Fr. FAVORY, L'arpentage romain, Histoire des textes, droit, technique, éd. Errance (avec la collaboration de A. Roth Congès), Paris, 2001 ; M. HUMM, « Appius Claudius Caecus et la construction de la via Appia )), MEFRA 108 (1996), p. 722.
I NTRODUCTION GÉNÉRAŒ
Carte de Jérusalem de l'Abbé Henri Nicole (1888) complétée par les noms de rues modernes
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General Introduction In 1949, after several little-known studies on Damascus1 and other Syrian cities2 , J. Sauvaget published an article entitled Le plan antique de Damas in the journal Syria3. Following C. Watzinger and K. Wulzinger, who had already worked on the subject at the end of the Ottoman period in 19214, Sauvaget proposed to restore the ancient plan of Damascus based on the modern plan of the city. Returning again to the foundational works of P Lavedan5, to justify his method, he spoke of a "law of persistence of the plan", arguing that "it is rare that an urban agglomeration undergoes such a radical transformation that its entire previous physiognomy is obliterated"6. On the basis of this principle of exhuming as much as possible the fossil survey grids, he reconstructed an
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orthonormal plan for the old city of Damascus dating back to the Hellenistic period. Sauvaget's study, long cited as an example or even supplemented7, was called into question in the 1990s by several specialists, in particular D. Sack8 , E. Will,9 and G. Tate10 . The latter criticized him for applying his principle of "persistence of the plan" to all the districts of the old city of Damascus, without having sufficiently taken into account the chronology of their development11 . Indeed, several recent archaeological discoveries have shown that some districts of the old city of Damascus, although they exhibit an orthonormal plan, do not date from the Hellenistic period but rather from the Roman and even modern periods 12 .
J. SAUVAGET, « Esquisse d'une histoire de la ville de Damas », Revue des études islamiques 8 (1934), p. 425-433.
Notably on the cities of Laodicea and Aleppo: J. SAUVAGET, « Le plan de Laodicée-sur-mer», Bulletin des études o,ientales4 (1934), p. 81-114; ID., Alep, Essai sur le développement d'une grande ville syrienne des origines au milieu du XIX' siècle, (Bibliothèque Archéofogjque et Historique), Ed. Paul Geuthner, Paris,1941. J. SAUVAGET, « Le plan antique de Damas», Syna 26 (1949), p. 314-358. C. WATZINGER ET K. WUL2JNGER, Damaskus, die antike Stadt, Berlin-Leipzig, 1921, dans Wissenschaftliche V eriiffentlichungen des deutschtürkischen Denkmalschutzlwmmandos, Wiegand, Th., éd., 1924. P. PINON,« Défense et illustration de la «loi de persistance du plan;,,», dans P. BALLET, N. DIEUDONNÉ-GLAD et C. SALIOU, La rue dans !'Antiquité, Définition, aménagement, devenir, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p. 129-139. Voir aussi P. LAVEDAN, Qu'est ce que l'urbanisme, Laurens, Paris, 1926. J. SAUVAGET, « Le plan antique de Damas », Syria 26 (1 949), p. 341 : « Il est rare qu'une agglomération urbaine subisse une transformation si radicale que toute sa physionomie antérieure s'en trouve oblitérée. » M. DomNET, J. LEBLANC, J.-F. V ALLAT, F. VIILENEUVE, « Le paysage antique en Syrie: l'exemple de Damas», Syna 67 (1990), p. 336-367. D. SACK, Damaskus, Entwicklung und Struktur einer orientalisch-islamischen Stadt (Damaszener Forschungen I, 1989), p. 1-18; ID.,
« Die Historische Stadt Damaskus: Kontinuitat und Wan.del der stadtebaulichen Strukturen », dans Die Orientalische Stadt : Kontinuitat, Wandd, Bruch, 1. Internationales Colloquium der Deutschen Orient-Gesellschaft, 9.-10. Mai 1996, lm Auftrag des Vorstan.ds des deutschen OrientGesellschaft herausgegeben von Gernot Wilhelm, SDV Saarbrücker Druckerei und Verlag, Saarbrüken, 1997, p. 385-399. 9 E. WIIL, « Damas antique», Syria 71 (1994), p. 1-43. 10 G. TATE,« Les villes syriennes aux époques hellénistique, romaine et byzantine», dans Die Orientalische Stadt : Kontinuitiit, Wandel, Bruch, 1, Saarbrüken,1997, p. 351-358. 11 E. Will, art. cit., Syna 71 (1994), p. 24 : « Indeed, one of Sauvaget's biases was precisely that of a basic plan extended to the encire
agglomeration. However, as Sauvaget himself admitted long ago, and as Sauvaget admitted for Damascus itself, such important cities with a long oriental tradition could only ever be provided with a Hellenistic quarter designed on a new mode!. This is what our analysis has already shown. One of the great difficulties raised by J. Sauvaget's hypothesis is moreover that it assumes the possibility or even the need to remodel the earlier city in its entirety - a possibility hardly offered except in the case of massive destruction resulting from war or natural disaster, such as an earthquake: this is indeed what we see in a certain way in Apamea, rebuilt after the earthquake of 115, as was also the case for Antioch.» 12 In particular the Bab Touma district: E. Will,« Damas antique», Syn·a 71(1994), p. 28-29.
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Without going into more detail about these critiques, let us simply note that the "law of persistence of the plan", based on the persistence of fossil survey grids, was not questioned fundamentally by the three specialists13. Sauvaget's research and the critiques made of it show that, in order to be validated, this inquiry on ancient surveying needs to be corroborated as much as possible by archaeology and historical sources. In other words, it is verified as long as it is applied prudently, quarter by quarter, as each quarter developed around the central core of the primitive city. In a few special cases, the restoration of an orthonormal plan extended over an entire city remains possible, if the latter was designed in one piece at a specific moment in history, whether it was, for example, a colony for Macedonian veterans like Dura-Europos14 (3 rd century B.C. to 3'a century A.D.), or a city that had to be completely rebuilt following an earthquake or mass destruction, like Apamea (the earthquake of 115).
The search for Jerusalem sfossil survry grids Based on these observations, we propose here, as far as possible, to exhume the fossil survey grids of the Old City of Jerusalem. To our knowledge, such a study has never been undertaken, probably for the reasons we have just given. The eventful and relatively well-known history of the Holy City has not been conducive to the emergence of a coherent street network that can be easily reconstructed. Also, at first glance, the search for the primitive survey grids of 13
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Jerusalem seems complicated. However, we would like to try to proceed by concentrating our study first on the northern part of the Old City, which has the advantage of having developed in successive districts that are easy to circumscribe, and then on the southern districts as well as the quarter that developed north of the present Ottoman Wall of the Old City. Within the walls, the historical sources identify three districts, and the persistence of the original survey grids should make it possible to define the Street network, its contours and limits. To this end, we have relied on the available aerial photographs15 and on the first topographical plans of Jerusalem worthy of the name - already very precise - made by the archaeologist-topographers of the late 19th and early 20th centuries16. Above ail, we used the maps of C. Warren and C. Schick, which have the advantage of being extremely precise and easy to read. Even if the best aerial photographs obliged us to correct these maps somewhat, they remain indispensable for a reconstruction of the oldest street networks. Indeed, they give us the state of the Old City of Jerusalem at the end of the 19th century, before the great upheavals and the demographic explosion of the 20th century. Admittedly, the Old City - at least in its northern part - was only slightly disrupted by the successive wars of the 20th century and the galloping urban expansion, especially visible today outside the walls of the Old City17 • As far as possible, the changes in the Old City within the walls should be disregarded; however minimal they may be in the northern part, such changes are not negligible and make the ancient Street networks less visible.
E. Will, art. cit., -D,,ria 71 (1994), p. 29-30 : « To conclude tlùs debate, it cannot be denied that in Damascus the plan of the modern city does not in any way offer the parallel image to that of a number of western cities, in which the Roman gnd has remained so clearly apparent, such as Aosta, Turin, Lucca, or Naples. In Damascus, the existence of a regular grid pattern, which may date back to the Hellenistic period, remains a good probability for the northeastern part of the city; to go beyond this would require field checks, or surveys or observations made in the work in progress. The extension of tlùs grid remains conjectural.» With the development of satellite photos, ancient surveying is increasingly taken into account in the analysis of archaeologica1 sites. As examples, two recent studies are worth mentioning: D. FAVRO, « ''An irresistible compulsion" : the urban armature as operating system at Nysa», dans D. FAVRO et F. K. YEGDL, J. PINTO et G. ÎVÏÉTRAUX, Paradigm and Progeny: &man imperial Architecture and ifs Legary,]ournal of &manArchaeology Supplément 101 (2015), Thomson-Shore, Dexter, Michigan, p. 105-122, et Th. J. MORTON,« The importance of the sea for the urban armature in Roman Carthage», dans D. FAVRO et F. K. YEGüL, J. PINTO et G. ÎVÏÉTRAUX, idem, p. 123-136. Cf. P LERICHE, Doura-Euroµs: Études IV 1991-1993, avec M. Gelin, BAH 149 (1997), IFAPO, Beyrouth, 1997; ID., Europos-Doura. VanaI, with G. Coqueugniot and S. de Pontbriand, BA.H198 (2012), IFAPO, Beyrouth, 2012. Cf. G. THÉBAULT, PHD to beedited. http://wwwgovmap.gov.il/ C. ScHICK, Karte der Maten·akin Z!'r Topographie des Alten Jerusakm, Gezeichnet von Oberlehrer August Kuemmel, Barmen, und Herausgegeben vom Deutschen Verein zur Erforschung Palaestinas, 1904. Cf. aussi les cartes de C. Warren (Ordonance Survey of Jerusalem, by Captain Charles Wilson R.E. under the direction of Colonel Sir Henry James, R.E.F.R.S.&C., director of the Ordonance Survey, 1864-5; Plan of Jerusa1em, reduced by permission from the Ordnance Plan 2500 Scale made by Major Genera1 Sir Charles W Wilson, K. C.B, K. C.M.G., D. C.I., F.R.S, R.E. to illustrate recent discoveries, octobre 1900), the m ap of V Guérin (Plan de Jérusalem par Victor Guérin d'après les travaux du capitaine français Gélis et du capitaine anglais Wilson mais avec quelques modifications de noms, 1881, dessiné et gravé par R. Hausermann, 27 rue Saint-André-des-Arts, Paris), Pierotti's map (Plan of Morija mont or the arabic Haram ech-Chérif [1888] by Chevalier Docteur Ermete Pierotti, architect-engineer, and member of severa1 scientific academies ; the map of !'Abbé H. NICOLE (Plan topographique de Jérusalem et de ses environs, dressé en 1886, Erhard Fres., Paris, 1886). That's not the case in the Jewish Quarter.
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GENERAL INTRODUCTION
The three northern quarters of Jerusalem, whose development we are trying to reconstruct, are those referred to by Flavius Josephus that are north of an east-west line that runs from the present Gate of the Chain of the Esplanade of the Mosques to the present Jaffa Gate of the Old City. If we refer to the different Jerusalem predncts described by Josephus, they are the developed quarters north of the First Wall1 8 rebuilt or restored by the Hasmoneans 19. These quarters were formed at that time, either outside the walls before the construction of the Second Wall, or inszde the walls and outside the walls after the construction of the Second Wall. Several historical phases will logically determine the order of study of the three districts that we want to consider: 1° - the district that developed inside the Second Wall and this, undoubtedly, for some housing allotments, even before the construction of a wall intended to protect it; 2° - the district called Bezetha20 (the "new dty" of the Jewish War21), which was formed to the east outside the Second Wall on the sicle of the present Lions Gate of the Old City; and 3°- the "nameless" district (not named by Flavius Josephus), which began to expand to the west outside the Second Wall on the sicle of the present Jaffa Gate.
In turn and under different drcumstances, the same three quarters, or neighborhoods, are called the "new dty" (kainapolis) by the author of the Jewish War: the first when Josephus describes his military investment by Titus22; the second when he explains why Herod Agrippa I dedded to build the Third Wall23; and the third when he explains Titus's reason for attacking this Third Wall to the east24 • What may appear to be a lack of predsion or a linguistic convenience, that
is, designating the three quarters as the "new city," is no less instructive: these three quarters, duly distinguished by Flavius Josephus, were in turn, at the cime of their initial development, the "new quarter" of Jerusalem. To conclude the overview of Jerusalem in the 1st century AD, however, it is necessary to include a study of two other districts that were also disrupted by the first three: the district north of the Damascus Gate built by Herod Agrippa I as a result of the construction of the Third Wall; and the southern district, known as the "upper city", surrounded by the First Wall25 - the presentJewish and Armenian Quarters of the Old City - whose urban planning was completely disrupted by the installation of the camp of the 10th Fretensis Legion after the capture of Jerusalem by Titus. The siege of 70 interrupted the urban development of Jerusalem. Nevertheless, the imprint of the grand urban planning projects sponsored by the Hasmonean and Herodian rulers did not disappear as a result. It even served as the foundation for the blossoming of Hadrian's Roman Jerusalem. There are several possible reasons for this : a period of prosperity and demographic growth that caused the city to expand beyond its ramparts, or the will of the sovereign to mark his reign with a prestigious project that would leave a historical impression. We are aware of Hadrian's plan to turn Jerusalem into a Roman colony, even though the relevant historical sources are meager. Likewise, we know well Herod
JoSEPHUs,Jewish War, V, 144. 1 Maccabees 16, 23-24 : « N ow the rest of what John did from the cime he succeeded his father: his wars, his deeds of courage, his rebuilding of walls, and his other accomplishments, are ail written in the chronicles of his reign as High Priest.» N. AvrGAD, « Excavations in the Jewish Quarter of the Old City,Jerusalem », JE] 20-22-25-29-32 (1970-1972-1975-1977-1979-1982) 20 JoSEPHUs,]ewish War, v, 149-150. 21 The Aramaic word Bezetha does not mean a new town but an olive grove. I t is a peculiarity of the G reek text of the Jewish War that to put this remark down to a Greek secretary of Flavius Josephus who was ignorant of Aramaic (cf M.-J LAGRANGE et L.-H.
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VINCENT,« Bézétha » dans Florilegium ou Receuil de travaux df!Jérudition dédiés à Monsieur le Marquis Melchior de Vogüé à /f1Joccasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, le 18 octobre 1909, Imprimerie nationale, Par"1s, 1909, p. 329-348).
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The Slavonie text of the Jewish War does not say that Bezetha means new city; only that the Aramaic-speaking people called it Bezetha (i.e. the olive grove) and the Greek-speaking people called it Caenopolis (i.e. new city) .Cf H. LEEMING, Josephus' Jewish War and its slavonic Version, A Synoptic Comparaison of the English Translation by H. St. J. Thackeray with the Critical Edition by N.A. Mesè'erskij of the Slavonie Version in the Vilan Manuscript translated into English by H. Leeming and L. Osinkina., Brill, Leiden-Boston, 2003, p. 480 : « And Agrippa added to the enclosure new walls and it was called Bezetha called New Town. » This does not call into question our reasoning, which shows, in any case, a new neighbourhood. The difference between the Greek text and the Slavonie text is one of the elements in the dossier to argue that the Slavonie text predates the Greek text, in the sense that it would be a witness to the Aramaic version of Flavius J osephus' War of the J ews, prior to an expanded and revised version in Greek, intended for the inhabitants of Rome and the Empire. Cf É. NoDET, Histoire de Jésus?, Nécessité et limites d'une enquête, Préface d'Olivier-Thomas Venard, Lire la Bible, Cerf, Paris, 2003. JoSEPHUS, ]ewish War V, 331. ]oSEPHUS,jewish Warv, 148-152. ]oSEPHUS,jewish War v, 258-260. ]oSEPHUS,jewish War v, 142.
GENERAL lNTRODUCT10N
Agrippa I's project at the origin of the Third Wall, whose magnitude and magnificence seemed to defy the power of Rome26 • We are also acquainted with the extraordinary politics of great works of his grandfather, Herod the Great, who succeeded in enlarging the temple, renewing the districts and the surrounding fortifications, restoring the fortress Bâris/Antonia, and building a sumptuous new royal palace - all to keep himself in Jerusalem27 .
In contrast, given the dearth of sufficient historical sources, it is not known what the great projects of the Hasmoneans were, especially those of John Hyrcanus (134-104 B.C.) and AlexanderJannaeus (103-76 B.C.), who had the time, during the decades in which they held power, to implement a policy of major works commensurate with their ambitions28 . It is said that they enlarged the enclosure of the temple by giving it an inter mediate size between that of the restoration of Zerubbabel and that of Herod; it is also affirmed that they were the originators of the Baris29, the ancestor of the Antonia located at to the north of this temple, where they situated their residential palace. It is also known that Jean Hyrcanus had a beautiful tomb built, which must be located somewhere in the current Christian Quarter of the Old City'°. In the absence of more complete assertions by Flavius Josephus, we >. D. BAHAT, The IllustratedAtlas of Jerusalem, op. cit, p. 64, note marginale:« In recent years a number of scholars have questioned the dating of this structure [the Ecce Homo Arch]. When comparing it to other buildings whose date of construction is agreed upon, these scholars argue that the Ecce Homo Arch was built during the Second Temple Period and was one of the arches in the Third Wall built by Agrippa. Although it is difficult to accept this argument, it cannot be dismissed out of hand. » P. BENOIT,« L'Antonia d'Hérode le Grand et le forum oriental d'JElia Capitolina », dans ID., Exégèse et Théologie, IV, Cerf, Paris, 1982, p 311-346. Première version dans l'HarvardTheological fuview 64 (1971), p. 135-167. P. BENOIT, art cit., dans ID., Exégèse et Théologie, op. cil., p. 325-326 : « Dans la première rédaction de cet article, j'admettais moi-même, avec le P. Vincent et beaucoup d'autres après lui, que cet arc était un arc triomphal construit par Hadrien pour la colonie d'JElia Capitolina en 135 ap. J-C. Et je l'estimais contemporain du forum oriental aménagé au même moment par le même empereur, forum qu'est pour moi le pavement qui entoure l'arc. L'article récent d'un étudiant de !'École biblique a mis en question cette date de l'arc de !'Ecce Homo. À l'aide de nombreux parallèles, il a prouvé, d'une manière à mon avis convaincante, que par sa structure et décoration cet arc n'appartient pas à la catégorie bien connue des arcs triomphaux d'Hadrien (2e siècle ap. J-C.) mais plutôt à celles des portes de ville attestées dans l'empire romain à la fin du 1er siècle av. J-C. et au début du 1er siècle ap. J-C. Il relève en particulier un parallèle frappant entre l'arc de !'Ecce Homo et la porte nord de Jérusalem dite« Porte de Damas ». Les fouilles archéologiques ont reconnu en celle-ci une porte de ville construite par Hérode Agrippa vers le milieu du 1er siècle ap. J -C. Il en irait de même pour l'arc de !'Ecce Homo. On aurait là deux portes de ville contemporaines qui devaient être reliées par un rempart, probablement le« mur III », dont Y. Blomme esquisse un possible tracé»
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own38 - thus establishing a kind of tradition within the École biblique; but that they were accepted neither by C. Arnould39 nor by Y Tsafrir40, each of these two scholars holding, in their respective works, to a 2nd-century-A.D. dating on the basis of stylistic and topographical arguments41 •
In the most recent article on the subject, G. Mazor42 honors Blomme's hypothesis - a fact that is noteworthy. However, wrongly relying on the authority of P. Benoît, whose "retraction"43 he ignores, he agrees with the general opinion, according to which the arch is contemporary with the Lithostrotos in that it served as an indispensable buffer zone between the colonnaded street coming from the west and the square opening to the east, both dating from Hadrian's time44. Making an original argument, he also holds that the eastern facade of the arch was decorated with four free Corinthian columns mounted on pedestals, an architectural feature that he considers more typical of the 2nd century A.D. than of an earlier period45. Mazor is not the first to support such a hypothesis. L.-H. Vincent had already proposed it, 38 39 40 41
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seeing in the pedestals found in the foundations of the Ecce Homo convent (one of which is now at the bottom of the basilica of the same name) the ideal base for columns; the plan of the arch published in Jerusalem Nouvelle bears witness to this46 . Vincent, however, returned to bis position, preferring, in a second phase, to reserve the pedestals in question for the columns of the portico of the Grand Antonia, which imagined with Sister Marie-Aline de Sion47 . More recently, Mr. Ben-Dov also assigned the columns to the eastern façade of the Ecce Homo Arch, arguing that it is not from the Hadrianic period but from the Constantinian period, and using an important similarity with the Roman arch of Constantine to justify bis argument48• In the end, the question is still open, and only a detailed analysis of the architecture of the building seems likely to provide an answer, which could offer a possible dating criterion. We will be working on this.
ln conclusion, the debates briefly recalled here, which are not definitively settled, show that the question raised by Blomme remains relevant; if taken
J. MuRPHY O'CONNOR, Ho/y Lxnd: An OxfordArchaeo!ogical Guide, Oxford University Press, Oxford, 2008, p. 35-36. C. ARNOULD, Les arcs romains de Jérusalem, Architecture, décor et urbanisme, Novum testamentum et orbis antiquus 35, Éditions universitaires, Vandenhoeck & Ruprecht, Fribourg & Gotcingen, 1997. Y. TsAFRIR, «The topography and archaeology of Jerusalem in the Byzantine period », in Y. TsAFRIR and Sh. SAFRAI (éds.), History of Jerusalem: the &iman and Byzantine periods (70-638), Jerusalem, 1999, p. 155-156 et p. 281-352. C. ARNouw, op. cit., p. 278-279 : « Warc de !'Ecce Homol est placé dans une zone marquée de constructions et d'aménagements anciens et a été soumis à ce contexte. Il ne constituait pas la limite orientale de la cité comme cela a parfois été avancé puisque diverses installations existaient plus à l'est. Sa présence en tant qu'élément d'un établissement légionnaire dans la partie nord de la ville remet en cause l'hypothèse traditionnelle du secteur nord affecté à la vie civile et à la partie sud à l'armée. » G. MAzoR, « Monumental arches and city gates in k3lia Capitolina: an urban appraisal », dans G. AVNI et G. D. STIEBEL, &iman Jerusalem: a new Old City, Journal of &iman Archaeology Supplement 105 (2017), Thomson-Shore, Dexter, Michigan, p. 73-82; en particulier, p. 76-77. G. MAzoR, art. cit., p. 77 : « The function and date of the E piazza have long been a subject of debate. Vincent and Abel, followed by M. A de Sion, associated it with the Antonia of Herod and identified the arch as the E city gate of k3lia Capitolina. Y. Blomme suggested that it belonged to the J erusalem of Agrippa I, an identification rejected by C. Arnoud and Y Tsafrir. P. Benoit associated the piazza and arch with k3lia Capitolina, rejecting its identification as a city gate and identifying it correctly as an urban arch within the colonia. >> G. MAzoR, art. cit., p. 77 : « It would be reasonable to seek the E city gate between the piazza and the Ottoman-period Lion's Gate, and it seems that the piazza was meant to integrate the axes of that gate and the E decumanus. The latter was marked by a triple-bay arch that seems to indicate that the E decumanus was a colonnaded street too. As the Madaba mosaic map shows, a similar arch marked the exit of the E cardo from a piazza, integrating a city gate with the colonnaded streets. » G. MAzoR, art. cit., 2017, p. 77 : « [The E façade of the Ecce Homo archl differs in its décor. It is adorned by 4 freestanding Corinthian columns set on pedestals (1,06 XX 0.98 rn) at the ends of the arch and between the entryways that support an architrave over the side entrances. » L.-H. VINCENT et F.-M. ABEL,}érusalem Nouvelle, Gabalda, Paris, 1914, p. 18. Sr. MARIE-ALJNE DE SION, Lx forteresse Antonia à Jérusalem et la Question du Prétoire, Jérusalem, 1955. L.-H. VINCENT, Le Lithos/rotos, édition limitée (2 ex.), illustrée et tapée à la machine, à compte d'auteur, 1932. A copy was given as a gift to Pope XI in 1932 and is now in the Vatican Library. The second is in the reserves of the École biblique et archéologique française. M. BEN-Dov, HistoricalAtlas of Jerusalem, Continuum, New-York, Londres, 2004, p 155: « The victory of Christianity was marked by the erection of two impressive triumphal arches in the center of the city. The remains of one may be seen in (and just outside) the present-day convent of the Sisters of Zion, near Antonia fortress; ( ...) Earlier scholars of Jerusalem's history mistaken1y identified these arches as those built by Hadrian. ( ...)The attribution of the two arches to Constantine's construction is indicated by their similarity to the arch he erected in Rome, although their level of ornamentation and carving is inferior to that of the Roman arch. Most likely, this particular location was chosen for the arches because, according to the tradition, Jesus was tried in the Antonia fortress and the route to the site of his crucifixion passed through streets that led out of the city near the church of the Holy Sepulcher. »
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GENERAL INTRODUCTION
seriously, it is likely to shed new light on the city's urban development. Indeed, the term "urban gate" (rather than triumphal arch) means the "city wall"; the term "city wall" means "within-the-walls" and "outside-the-walls" districts; the terms "within-thewalls" districts and "outside-the-walls" districts signify "independent street networks" that have left their mark on the present-day Old City of Jerusalem, and so forth. From then on, a new division between three districts ("within-the-walls", "outside-the-walls in the east", "outside-the-walls in the west") - hitherto unexplored - is necessary, opening the door to the discovery of their respective, more coherent surveying outlines. In other words, if Blomme's conclusive hypothesis, according to which "the Ecce Homo Arch is nota triumphal arch but an urban gate", is correct, this can only facilitate the work that we propose to do on the urban planning of Jerusalem; and, in return, the fruitfulness of this work will be the measure of its accuracy.
Sturfy Design In light of these observations, it seems necessary first of ail to specify the route of the Second Wall of Jerusalem, thus delimiting the three districts to be studied - this will be the subject of the first chapter; and then to study, in eight subsequent chapters, the five districts listed above according to the chronological order of their development: Chapter
2 is devoted to the neighborhood "within the walls" (of the Second Wall), which we will date to the Hasmonean period. Chapter 3 concerns the neighborhood "outside the walls of the east", known as the Bezetha, developed by Herod the Great, as well as the neighborhood that developed "outside the walls" to the west. Chapter 4 studies the upheavals resulting from the expansion of the Jewish temple. Chapter 5 takes up again the archaeological analysis of the Ecce Homo Arch in light of the latest discoveries, in order to propose a new general restoration enriched with architectural pieces scattered in the convent of the Sisters of Zion (known as the Ecce Homo) and the Franciscan convent of the Flagellation adjoining it - which will lead us to propose a dating (1 srt century B.C.). Chapter 6 analyzes the network of streets set up during the construction of the Third Wall. Chapter 7 is devoted to the installation of the 10th Fretensis Legion in the "upper city". The last two chapters (8 and 9), relating to the district "outside the walls of the west" but also "within the walls" and "outside the walls of the east", concern the period of JElia Capitolina, during which the city developed in the west and was redesigned in both its central and eastern parts: Chapter 8 deals with the new urban layout of JElia Capitolina, and Chapter 9 with two emblematic monuments of the new Roman colony: the Capitoline temple and the sacred platform dedicated to the imperial cult of Hadrian.
Translated l!J E. Burr
Foreword As far as possible - to enhance the clarity of our presentation - we have made figures illustrating our argument that include the toponyrns used to 1ocate the various monuments or places within the topography of Jerusalem. Contemporary street names and locations, which are easy for a Jerusalemite to 1ocate, are not always included. We encourage our readers who do not have the same familiarity with the historie city of Jerusalem to make as much use as necessary of the map of the northern part of the Old City (drawn up by Father Nicole in 1886), which is found in page 15, in which the toponyms in question appear. Moreover, our research is scattered here and there with algebraic (especially trigonometric) ca1cu1ations aimed at supporting our argument and verifying the measurements of the Jerusalem survey grids. lt goes without saying that the surveyors of antiquity did not have such mathematical too1s at their disposal to make their measurements; but they did arrive at the same results by means of geometry49 . Although we cou1d have accurate1y described the methods they used, we were afraid of overloading our subject matter. So we preferred to stick to algebra - more convenient and more familiar to many modern readers - to verify the geometric results of the Ancients.
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Les Arpenteurs &mains, Hygin le gromatique, Frontin, Texte établi et traduit par JeanYves Guillaumin, Professeur à l'Université de Franche-Comté (ISTA, Institut des Sciences et Techniques del'Antiquité), Les Belles Lettres, Paris, 2005 ; G. CHOUQUER et Fr. FAVORY, L'arpentage romain, Histoire des textes, droit, technique, éd. Errance (avec la collaboration de A. Roth Congès), Paris, 2001 ; M. HuMM, « Appius Claudius Caecus et la construction de la via Appia », MEFRA 108 (1996), p. 722.
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Colline de Bézétba
Deuxième mur selon J. Murphy O'Connor
E splanade du Temple
Porte de Gennath ?i
fig. 1. 1. Tmù dij/lrmt,, pmp,nkOns du lracf du D ,ux;;,., mur dr ] fru,akm
Chapitre premier Le tracé du Deuxième mur de Jérusalem
L'acquis des fouilles archéologiques Une question de méthode En 1968, Michael Avi-Yonah publiait un article intitulé « The Third and Second Walls of Jerusalem »50. Il y traitait du tracé des Deuxième et Troisième murs de Jérusalem décrits par Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs51. Après avoir rappelé l'essentiel des découvertes archéologiques et les discussions entre archéologues depuis la fin du 19' siècle jusqu'au milieu du 20' siècle, M. Avi-Yonah y expose son point de vue en adoptant une méthode qui s'articule en deux étapes 52 : primo, l'étude du Troisième mur avant celui du Deuxième car, selon lui, « toute tentative de résoudre le problème du Deuxième mur doit commencer par une localisation du Troisième mur53 » ; et secundo, par l'étude de la position de chacun des murs sous l'angle de la topographie qu'il estime fondamental, afin de la confronter dans un deuxième temps aux données archéologiques enrichies des sources historiques. C'est partir du principe que, sous le contrôle de leur souverain, les ingénieurs chargés de construire le Deuxième et le Troisième mur ont eu 50
à raisonner non seulement en architectes mais aussi en stratèges : leur mission consistait non seulement à ériger un mur solide mais aussi à le rendre aussi inexpugnable que possible par un tracé topographique astucieux. Dès lors, une étude de la topographie de Jérusalem doit retrouver sinon le tracé exact des différentes enceintes de la ville sainte, du moins leurs grandes lignes que l'archéologie et les sources historiques peuvent confirmer ou non.
Le Troisième mur de Jérusalem Nous aurons l'occasion au chapitre sixième du présent ouvrage d'étudier en détail le tracé du Troisième mur ainsi décrit par Flavius Josèphe : Le troisième mur avaitpour origine la tour Hippicos ; de là il continuait vers le nordjusqu'à la tour Psephinus, descendait en face de la sépulture dHéle'ne, reine des Adiabéniens et me're du roi Izatas, se développait le long des caveaux rqyaux, s'infléchissait à la tour d'angle près du Tombeau du Foulon, enfin, se rattachant à l'ancien retranchement, aboutissait dans la vallie du Cédron54•
M. Avi-YoNAH, art. cit., p. 98-125. Cf. L.-H. VINCENT,« La troisième enceinte de Jérusalem», RB 15 (1908), p. 182-204 et p. 367381; ID.,« Encore la troisième enceinte de Jérusalem», RB 54 (1947), p. 89-126. 51 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 146-147. Sauf mention contraire, nous nous appuyons sur la traduction de R. Harmand, révisée et annotée par Th. Reinach, Œuvres complètes de Flavius Josèphe, tome v etvi, éd. Leroux, Paris, 1911 ; FLAVJusJosÈPHE, Contre Apion, Les Belles Lettres, Paris, 1972 ; É. Nodet (dir.), Antiquités Juives, Éditions du Cerf, Paris, 1990- (livres 12 et suivants à paraître). 52 Cette méthode allait faire des émules puisqu'elle est notamment reprise par G.-J. WIGHTMAN ; cf. The Wa!Lr of Jerusalem :from the Canaanites to the Mamluks, Meditarch, Sidney, 1993. 53 M. Avi-YONAJ--1, art. cit., p. 98 : « As will be seen in the following pages any attempt to solve the pro blem of the Second Wall must begin by positioning the Third. » Les vingt-quatre premières pages de l'article d' Avi-Yonah sont consacrées à l'étude du Troisième mur, seules les quatre dernières à celle du Deuxième: c'est dire à quel point, selon Avi-Yonah, la position du Deuxième mur ne soulève aucun problème dès que celle du Troisième mur est acquise. 54 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 147.
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DEUXIÈME MUR DE JffiUSAIEM
Depuis près d'un siècle, de nombreuses fouilles archéologiques ont mis au jour plusieurs sections du mur confirmant la justesse de la description joséphienne et son intérêt stratégique55 : suivant une ligne allant de l'actuelle porte de Jaffa de la vieille ville jusqu'à la Mission orthodoxe russe (Russian Compound), il bifurquait vers l'orient pour passer légèrement au septentrion du domaine Saint-Etienne et à proximité de l'Institut Allbright et s'infléchissait ensuite à deux reprises vers le Sud avant la vallée du Cédron (wadi al-]oZ), en direction du mur oriental de l'esplanade hérodienne (fig. 1.1). Il présentait ainsi l'avantage d'être sûr sur le plan défensif, aucune position dominante ne se trouvant à proximité56.
Le Deuxième mur de Jérusalem Le tracé du Deuxième mur, lui aussi décrit par Flavius Josèphe, se situe donc à l'intérieur de la large enceinte du Troisième mur : Le second mur s'amorçait à la porte de Gennath, quzjm~ smtpartie de la première enceinte; il n'entourait que la partie septentrionale de la vilk et montaztjusqu'à la tour Antonia57•
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Une question se pose : où était située exactement la porte de Gennath, partie du Premier mur ? Flavius Josèphe ne donne aucune précision sur sa localisation. Il avait pourtant promis de donner davantage de détails sur la topographie de la ville mais en vain. Une chose est certaine: la porte de Gennath était insérée dans le tronçon du Premier mur d'orientation est-ouest, joignant le portique occidental du Temple (arche de Wilson) au palais hérodien 58 . Son nom laisse entendre qu'elle se trouvait non loin d'un jardin (gan); certains la voient à proximité immédiate du palais d'Hérode ou un peu plus à l'est, à l'extrémité sud-est de la piscine du Patriarche59 (fig. 1.1). D'autres, à la suite de M. Avi-Yonah, ont proposé de l'identifier avec la porte hasmonéenne fouillée par N. Avigad dans le quartier juif'0• La dite-porte laisse la place à un mur partant vers le nord en direction de l'actuelle porte de Damas (fig. 1.2), longeant l'extrémité orientale d'une carrière de pierres exploitée depuis l'âge du Fer. Les fouilles réalisées à proximité par K. M. Kenyon 61 (dans le sud-est du quartier du Muristan), par U. Wagner-Lux62 (dans l'église du Rédempteur) ou encore plus au nord (dans le Saint-Sépulcre) par H.-M. Coüasnon63 et V Corbo64 confirment son existence sur une longueur d'environ 200 mètres, avec
Sans prétendre à l'exhaustivité, mentionnons quelques ouvrages ou articles qui abordent la question: E. L. Sukenik et L. A. Mayer ont conduit la première fouille majeure de ce mur en 1925-1927. Cf E. SuKENIK et L. MAYER, The Third Wall of Jerusalem, Azriel Press,Jerusalem, 1936; L.-H. VINCENT et M.-A. STEVE,Jérusalem de l'Ancien Testament, Paris, 1954; L.-H. VINCENT et F.-M. ABEL, Jérusalem Nouvelle, G.i.balda, Paris, 1914 et 1922. ; G. J. WIGHTMAN, The walls of Jerusalem: From the Canaanites to the Mamluks, Meditarch, Sidney, 1993; D. BAHAT, Carta's HistoricalAtlas of Jerusalem, a Brief Illustrated surv9,Jerusalem, 1973; S. BEN-ARIEH, « Excavations along the Third Wall inJerusalem »,Qadmoniot6 (1973), p. 111-113 (en hébreu); S. BEN-ARIEH et E. NETZER, « Excavations along "The Third Wall" inJerusalem », IEJ24 (1974), p. 97-107; H. SHANKS, « The Jerusalem Wall that shouldn't be there », BAR 13/ 3 (1987), p. 46-59; V TzAFERlS, N. FEIG, A. ONN, E. SHUKRON, « Excavations at the Third Wall, North of Jerusalem Old City», dans H. GEVA, Ancien!Jerusalem &vealed, Jerusalem, 1994, réedité en 2000 ; J. MAGNESS, « Aelia Capitolina : A Review of Sorne Current Debates about Hadrianic Jerusalem », dans K. GALOR et G. AVNI ( éds), UnearthingJerusalem, 150 Years of Archaeological Research in the Holy City, Eisenbrauns, Winona Lake, Indiana, 2011, p. 317-321 ; R. AVNER et K. ARBrn, s Campaign in Judaea ))' Palestine Exploration Quarter/y, 113(1 ), pp. 39-62 FLAVJUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs n, 530-532. Certes, on peut imaginer qu'« en face du palais royal» (âvr1Kpv ,ffç flamAIKffç av).ffç) signifie en face du palais d'Hérode à l'ouest, de l'autre côté de la vallée de la Géhenne. Mais la phrase de Flavius Josèphe indique qu'il venait directement de la ville neuve, le quartier du Bezetha et qu'il a juste« obliqué>> vers le sud, en direction du palais royal. Il n'est pas question de traverser la vallée de la Géhenne qui est assez profonde ! De plus, on comprendrait mal que Cestius ait désiré attaquer la ville de ce côté ouest, ce qui aurait nécessité de longs travaux de terrassements pour que l'on puisse placer la première hélépole. L'attaque du côté nord était beaucoup plus facile. Josèphe juge que ces trois tours étaient imprenables : FLAVJUS JOSÈPHE, Guem des Juifs VJ, 399-400. Cf. Y GARLAN,« Recherches de poliorcétique grecque», BEFAR 223 (1974), Paris; D. B. CAMPBELL, Ancien! Catapults, Sorne Hypotheses Reexamined, Hesperia 80 (2011), p. 677-700 ; P SOUTHERN, The RomanArmy : A Social and Institutional History, Oxford University Press, Oxford, 2007.
TACTIQUE DE TITUS
La stratégie de Titus
Un deuxième texte de la Guerre desJuifs montre que Titus a décidé d'attaquer le Troisième mur sur son Ranc occidental pour la même raison, la possibilité d'assaillir directement le Premier mur sans avoir à vaincre auparavant le deuxième : Telle était donc la situation à !'intén'eur des murs quand Titus fit au dehors une reconnaissance avec l'élite de sa cavalerie, cherchant sur quelpoint il attaquerait les remparts. Partout il trouvait des motifs de s'abstenir, car, du côté des ravins, la muraille n'étaitpas praticable et, de l'autre, le Premier mur paraissait assezfort pour défier les machines. Il résolut donc de conduire l'attaque dans le voisinage du tombeau du grand-prêtre Jean ; la~ en effet, le premier rempart était plus bas, et le second ne sy rattachait pas, parce qu'on avait négligé de fortifier ce point, la nouvelle ville n'étant pas encore très peuplée. Ily avait d'ailleurs un accèsfacile au troisième rempart; celui-ci une fais occupé, il songeait à s'emparer de la ville haute et du Temple par la forteresse Antonia71•
Certes, le Troisième mur était moins haut du côté occidental et offrait ainsi un bon motif d'attaque en cet endroit72 . Josèphe précise cependant qu'une des raisons qu'avait Titus de concentrer ses forces à l'ouest, était d'attaquer directement le Premier mur une fois prise la troisième enceinte. Ce faisant, Titus était dans la lignée de Caius Cestius Gallus qui, nous l'avons vu supra, en avait déjà eu l'idée sans s'y résoudre. Que Titus choisisse de reprendre la tactique d'un sénateur romain décrédibilisé par la perte de sa légion, montre l'avantage décisif d'attaquer le Premier mur en cet endroit. Flavius Josèphe en donne la raison : ce secteur de la ville, à la différence du quartier situé au nord de l'Antonia, était peu construit avec des habitations encore clairsemées. Pour Titus comme pour Cestius, le lieu était idéal pour attaquer un rempart avec de puissantes machines de guerre peu manœuvrables. Pour que la victoire soit la plus 71 72
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prompte possible - paramètre d'importance pour Titus -, il valait mieux se trouver face à un mur dégagé de toute construction, ou presque, pour faciliter le travail des légionnaires chargés de mettre en place les terrassements indispensables aux hélépoles. Mais, pour que l'habitat peu dense reste un avantage, il fallait aussi que la section de mur propice à l'installation d'hélépoles ne soit pas sous le « feu » direct des défenseurs du Deuxième mur ou des trois tours du palais hérodien. Il s'ensuit que la porte hasmonéenne fouillée par N. Avigad est une des meilleures candidates pour être la porte de Gennath.
Le changement de tactique de Titus
Un point reste cependant à préciser : comment expliquer que Titus ait changé de tactique et que, malgré son idée première, il ait finalement choisi de prendre le Deuxième mur avant d'attaquer le premier? Vraisemblablement parce qu'après la prise de l'Antoma par les insurgés et la retraite calamiteuse de Cestius Gallus, les défenseurs juifs avaient récupéré des machines de guerre romaines capables d'envoyer des projectiles à plusieurs centaines de mètres. En tir tendu, les scorpions pouvaient tuer un homme à 100 mètres et les balistes pouvaient envoyer des pierres à environ deux stades ( 360 mètres)73 . Au début du siège, les défenseurs juifs savaient mal se servir de ces armes. Aussi, Titus pouvait-il toujours espérer attaquer le Premier mur directement sans être gêné par les engins de tir74 . De plus, autour de la ville, il n'y avait sans doute pas beaucoup de sections de mur aussi dégagées que celle du Premier mur, pour une attaque facile. Mais les Juifs, plus habiles que prévu, apprirent vite à se servir des scorpions et des balistes d'une manière tout à fait satisfaisante en peu de temps: Les Juifs avaient !'avantage non seulement à cause des pro;ectiles à la main qu'ils lançaient d'une position
FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 258-260. Titus est le seul général à avoir attaqué la ville sur son flanc occidental. Pompée en 63, et d'Hérode en 37 av. JC, mais aussi des Perses en 614, des croisés en 1099 et Saladin en 1187 ont attaqué la ville sur son flanc nord a priori le plus vulnérable. Tout se passe comme si, forts del' expérience des sièges précédents, les insurgés juifs de la première révolte juive avaient mis une attention particulière à fortifier la section la plus faible de leur rempart pour la rendre aussi inexpugnable que possible. 73 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 269-270 : « Toutes les légions étaient admirablement pourvues de ces machines, en particulier la dixième, dont les oxybèles et les onagres étaient plus forts, plus grands ; avec leurs projectiles, ils renversaient non seulement les assaillants, mais atteignaient les défenseurs du rempart. Les pierres ainsi lancées pesaient un talent et portaient à deux stades et davantage ; la force du coup était irrésistible non seulement pour les premiers qui les recevaient, mais encore pour ceux qui étaient loin derrière. » En tir parabolique, les scorpions pouvaient aussi avoir une portée de deux stades (environ 370 mètres) mais étaient beaucoup moins précis. Cf. aussi]. SIMONS,Jerusalem in the Old Testament, Leiden, 1952, note 2, p. 482-484. 74 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 267-268 : « IT ean] disposa sur le rempart toute son artillerie, tant les machines autrefois enlevées à Cestius que celles dont s'empara cette faction, quand elle prit la garnison de la tour Antonia. Mais c'était là pour la plupart des défenseurs une acquisition inutilisable, à cause de leur inexpérience; un petit nombre, instruits par les transfuges, se servaient assez mal de ces machines. »
DEUXIÈME MUR DE JÉRUSALEM
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plus élevée, mais par la science, qu'ils avaient commencée à acquérir, de la manœuvre des machines. L'habitude quotidienne les avait peu à peu rendus fart adroits. Ils possédaient trois cents o>çybèles et quarante onagres, qui rendaient le travail de terrassement pénible pour les Romains75.
un légionnaire au pied du Premier mur dans sa partie la moins vulnérable (fig. 1.3). Titus ne pouvait faire courir de tels risques à ses légions 76 ; ce qui confirme par un autre biais l'identification de la porte hasmonéenne fouillée par N. Avigad et la porte de Gennath77• Laquestion est maintenant se savoir à quel endroit, selon ce dernier et en accord avec la topographie, le Deuxième mur bifurquait vers l'orient pour rejoindre la forteresse Antonia.
Dans de telles conditions, attaquer directement le Premier mur consistait à exposer les légionnaires à un double « feu» meurtrier : celui qui venait des défenseurs situés sur le rempart qu'ils attaquaient, mais aussi celui des défenseurs postés en arrière sur le Deuxième mur (fig. 1.3). Les travaux de terrassement n'en auraient été que plus compliqués, retardant d'autant l'assaut final. Titus pressé d'en finir dut se résoudre à changer de tactique en visant tout d'abord le Deuxième mur avant d'en venir au premier. C'était sans doute faire un bon calcul pour atteindre son but le plus vite possible ; en tout cas, le seul moyen pour éviter d'être pris à revers par des armes dont il connaissait bien la puissance et la précision. Une baliste située sur le Deuxième mur à 350 mètres au nord de la porte de Gennath atteignait encore
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Le tracé quasi rectiligne du Deuxième mur
L'impossible traversée de la vallée du Tyropéon Certains spécialistes, tel J. Murphy O'Connor78 , ont pensé que le Deuxième mur marquait un angle droit à la latitude même de la forteresse Antonia, traversant ainsi la vallée du Tyropéon selon un axe est-ouest en passant
Marches (mandat britannique)
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Les vestiges du site de la Porte de Damas d'après Hamilton
FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juift v, 359 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juiftv, 316: « Cependant Titus songeait au salut de ses soldats non moins qu'à la victoire; il appelait " désespoir " l'ardeur irréfléchie, et véritable courage celui-là seul qui était accompagné de prudence, sans dommage pour le combattant. Aussi exhortait-il ses soldats à être braves sans mettre leur vie en péril » ; « Thoç !5i; rf/ç rcov arparzwrwv àacpaÂdaç ovx ~rrov roi5 1 93 On trouve un indice de cela lorsque Flavius Josèphe parle du siège que le jeune roi Hérode dut entreprendre en 38 av. J.C. pour conquérir sa capitale avec l'aide du général romain Sossius. Dans la Guerre des Juifs, il dit que : « [Hérode et Sossiusl installèrent leur camp devant le rempart nord (Guerre des Juifs 1, 346: .. xaram:pawm,&vovrai wii /Jopdov wfxovç rr:Â17mov ... ) », Tandis que dans les AntiquitésJuives il parle d'un Deuxième mur et d'un premier mur qui furent conquis successivement (FLAVIUS J osèPHE, Les AntiquitésJuives XlV, 288 (469,476) : fipt817 yàp rà µi:v rr:pwwv rt:îy_oç 1µfpazç waaapâ.1>, dans H. GEVA, Ancien!Jerusalem Revealed, Archaeological Discoveries, 1998-2018, IEJ2019, p. 229-237; Y BARUCH, G. AVNI, G. PARNos, The H erod's Gate Area, dans The NewEncyclopedia of Archaelogical Excavation in the Ho!J Land, vol. 5, col. 1819-1821 101 Un effondrement karstique est consécutif à la fragilisation, sous l'action del' eau de pluie, de roches solubles carbonatées (calcaire, marbre, dolomie, craie et sel). La pierre de J émsalem est calcaire.
LA T OUR ÂNIONIA
Le troisième rempart avait quatr~vingt-dix de ces fvurs et le développement des courtines entre elles était de deux cents coudées. Le rempart intermédiaire (,(}mptait quatorze tvurs, l'ancien mur en comprenait soixante. Tout le pénmètre de la ville était de trente-trois stades102•
A supposer que les tours du Deuxième mur soient espacées comme celles du Troisième mur (200 coudées = 100 mètres environ), le Deuxième mur devrait atteindre, avec ses quatorze tours, une longueur d'environ un kilomètre et demi (15 x 100 mètres). Si l'on 102
FLAVIUS JOSÈPHE,
Guerre des Juifs v, 158-160.
31
estime que les portes de la ville ont a minima une tour sinon deux en fonction de leur importance, la longueur doit être minorée. Si l'on tient compte des trois portes restituées (soit six tours couplées), le nombre de« tours» espacées d'environ une centaine de mètres se réduit à onze, sur une longueur du Deuxième mur approximative de 1200 mètres (12 x 100 mètres). Mésurée sur une carte, la longueur du mur restitué par nos soins atteint environ 1 120 mètres. Au regard de l'impondérable imprécision de notre restitution, l'écart négligeable en conforte la probabilité.
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La carte de Jérusalem (Conrad Schick) 1904)
Chapitre 2 Le quartier à l'intérieur du Deuxième mur
Notre enquête sur le tracé du« Deuxième mur» en a précisé les contours probables dans la topographie de Jérusalem au regard des sources historiques et des dernières découvertes archéologiques. Il convient maintenant d'en éprouver la justesse par un autre biais en étudiant les quartiers délimités, en particulier le plus ancien circonscrit « dans le Deuxième mur », pour mesurer la cohérence de leur réseau viaire respectif. Sur les figures 2.4 a) et 2.4 b), reprenant le réseau viaire dessiné par C. Schick (fig. 2.1 et 2.3), se trouvent représentées en rouge et en bleu les rues susceptibles d'appartenir au réseau viaire primitif des trois quartiers en question ; en rouge, les rues existant encore dans le réseau viaire actuel ; en bleu, celles dont nous supposons l'existence à partir des rues existantes. Au premier regard, le Deuxième mur distingue trois réseaux viaires indépendants de structure différente: celui qui est situé à l'intérieur du Deuxième mur, centré sur une patte d'oie
fig. 2.2
La carte de Madaba (VP siècle)
qui se déploie ; le deuxième situé à l'est du Deuxième mur, construit selon un plan orthonormé ; et le troisième à l'ouest, beaucoup moins dense mais bien ordonné autour d'un grand espace. Nous proposons d'y voir les trois quartiers distingués par Flavius Josèphe selon la description que nous en avons déjà faite.
La patte d'oie de la porte de Damas La carte de Madaba et les caractéristiques de la patte d'oie Commençons par étudier le réseau viaire le plus ancien (parce que) situé à l'intérieur du Deuxième mur, en forme d'une patte d'oie centrée sur la porte de Damas actuelle. Certains pourront douter de son existence. En effet, l'hypothèse semble contrariée par
34
L EQ UARTIE
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LE RÉSAU VIAIRE DE LA VIEILLE VILLE
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Proposition de restitution du réseau viaire du quartier hasmonéen à partir du réseau viaire contemporain
35
36
LE QUARTIER HASMONÉEN DANS LE DEUXIÈME MUR
la carte de Madaba (fig. 2.2) ne comportant que deux axes principaux. Il est vrai que la troisième branche de la patte d'oie (celle de l'est) peut paraître bien incertaine dans un plan actuel de la ville (fig. 2.5) : elle n'est pas directement raccordée aujourd'hui à la petite place qui s'ouvre devant nous lorsqu'on entre dans la ville par la porte de Damas ; de plus, elle semble trop sinueuse pour avoir été auparavant rectiligne ; et plusieurs bâtiments rendent impossible aujourd'hui, en se situant à l'endroit idoine, de vérifier de visu que les trois rues concourent. Seuls un plan précis ou une
parce qu'à l'époque de la carte la rue était déclassée. Nous reviendrons sur ce point infra. Il a cependant laissé plusieurs indices permettant aux familiers de la ville d'y reconnaître l'évidence de la structure en patte d'oie: tout d'abord, la colonne, placée au point de convergence des trois rues; et surtout l'arc triomphal ornant l'entrée de la rue el-Wad (menant à l'actuel mur des lamentations), visible sur la carte de Madaba (fig. 2.2), signe que la rue possédait malgré son caractère secondaire dans l'urbanisme d'/Elia- puisqu'elle ne menait pas aux principales églises - une« centrali-
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fig. 2.5
Détail de la « patte d'oie;> dans le réseau viaire actuel
photo aérienne permettent de sortir de l'indécision en mettant en évidence un ordonnancement trop beau pour être le fruit d'un hasard (fig. 2.5) : la rue centrale de la patte d'oie, axée sur son ouverture centrale, est parfaitement perpendiculaire à la porte de Damas (actuelle et antique) ; elle mène le plus directement possible au temple, dans la proximité immédiate de la porte de Warren et de l'arche de Wilson de l' espla nade actuelle ; et les trois rues sont séparées par deux angles égaux de 36, 11 °.
L'ancienneté de la patte d'oie
On en conclut que le mosaïste de Madaba, par ailleurs précis pour nombre de détails, n'a pas jugé bon de représenter la troisième rue partant vers l'est - peut-être faute de place sur une surface étriquée ou
L'alignement de la porte de Damas la plus ancienne celle qui est sise en-dessous de la porte d'/Elia Capitolina dont il reste une assise in situ103 - sur la patte d'oie, suggère que porte et patte d'oie sont contemporaines.
103 R. W.
HAMILTON,
art. cit.,QDAP 10 (1940), p. 1-54.
té» plus ancienne, à la différence de l'autre rue représentée. Certes, l'arc triomphal s'explique aussi par la symétrie de la place - ne nécessitant pas forcément une importance particulière de la rue - ; mais laisse supposer qu'à la haute époque, la rue centrale de la patte d'oie devait être l'axe principal de la ville - et menait au temple juif.
LA PATTE D'OIE
Certes, on peut concevoir une porte antérieure à une patte d'oie conçue et inscrite aposteriori dans le réseau viaire de la ville, suite à une guerre, un cataclysme ou à une volonté forte - accompagnée de ressources pécuniaires suffisantes - d'un souverain désireux d'inscrire sa marque dans le réseau viaire de la ville. L'empereur Hadrien eut un pouvoir et un prestige suffisants pour entreprendre de tels travaux - bien que leur réalisation technique fût problématique104 • Cependant, la construction d'un réseau en patte d'oie axé sur un temple détruit par un de ses prédécesseurs, dont il venait de surcroît de chasser les adeptes de la ville, se comprendrait mal; à supposer même qu'Hadrien ait bâti le temple capitolin sur l'esplanade du temple - nous reviendrons sur cette question infra-, désormais le centre de gravité de la ville romaine était
fig. 2.6
37
leur apparaisse comme évident et indispensable ? De même pour l'axe menant à la « ville haute » ? Cela paraît peu plausible et oblige à se demander si la patte d'oie n'est pas contemporaine in .fine de la construction du Deuxième mur. Dès lors, faut-il attribuer à Hérode le Grand un tel projet urbanistique ? Nous l'avons déjà signalé supra: Flavius Josèphe ne mentionne nullement le deuxième rempart de Jérusalem dans la liste de ses grands travaux. Le fondateur de la dynastie hérodienne avait certainement le génie et les moyens adéquats pour réaliser ces projets. Certains indices, cependant, engagent à remonter plus haut dans le temps pour nommer le commanditaire. Qu'il suffise pour le moment d'en présenter quelques uns, sachant que d'autres s'ajouteront au fur et à mesure de notre exposé.
La « patte d'oie;> surfand de photo satellite (www.govmap.gov.iJ
davantage à l'ouest, vers l'emplacement du forum central de la nouvelle colonie : une« patte d'oie hadrienienne » aurait plutôt été centrée sur la rue menant au forum - le cardo maximus de la nouvelle colonie avec une troisième rue plus à l'ouest traversant l'actuel quartier chrétien de la vieille ville. De plus, il va de soi que la rue el-Wad 0a rue centrale menant au mur des lamentations) et la rue Khanel-Zeit 0a rue de l'ouest conduisant au Saint-Sépulcre) de la patte d'oie sont des axes majeurs desservant, à partir de la principale porte septentrionale de la ville, des lieux aussi importants que la « ville basse » et la « ville haute » de Jérusalem - sans même parler du temple. L'urbanisme de la ville antérieure juive était-il à ce point déficient qu'il aurait fallu attendre l'empereur philhellène pour que de tels axes fussent ouverts ? Les souverains précédents étaient-ils de si piètres urbanistes que le percement d'une rue dans l'axe de la porte septentrionale du Deuxième mur ne
L'énigme de la rue de l'est Le premier indice vient du rôle joué par la troisième branche de la patte d'oie partant en direction de l'est. Dans cette direction, son axe aboutit au sommet du Mont des Oliviers à un endroit particulier détaillé infra (fig. 2.6 et 2. 7) : ce qui paraît anodin à première vue n'est pas le fruit du hasard. De plus, bien que méconnue et peu arpentée de nos jours par les étrangers, la rue de l'est n'en est pas moins importante puisque, dans sa portion la plus large, située à une cinquantaine de mètres au sud-est du point de convergence des trois rues, elle ne mesure pas moins de sept mètres de largeur sur une dizaine de mètres (fig. 2.8). Certes, elle se rétrécit au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la porte de Damas. La largeur inhabituelle pour une rue secondaire de l'actuelle vieille ville, équivalente aux sections les plus larges des deux autres rues de la patte d'oie, serait le signe d'une importance révolue.
104 La ville fut-elle ou non conquise par les insurgés de la deuxième révolte juive ? Si tel n'est pas le cas, la ville ne fut pas détruite et dès lors, la mise en place d'un réseau en patte d'oie nécessitait d'énormes travaux de démolition précédés d'expropriations nécessairement compliquées. Nous aurons l'occasion de revenir sur ces points infra dans le chapitre consacré à l'urbanisme d'JE/ia Capitolina.
38
LE QUARTIER HASMONÉEN DANS LE DEUXIÈME MUR
fig. 2.7
La rue de l'est de la « patte d'oie;> alignée sur le Mont des Oliviers
fig. 2.8
La rue de l'est de la « patte d'oie;> dans sa section la plus large
LA TROISIÈME RUE DE LA PATTE D'OIE
39
Le chemin le plus direct pour aller à !'Antonia et au Mont des Oliviers
Un décor de théâtre? Cette rue pose une énigme. Établie comme telle dans un bel ordonnancement général, elle a été bientôt délaissée au point qu'un observateur attentif de la ville au 6e siècle la négligea en représentant la quintessence de la Jérusalem byzantine sur la mosaïque de Madaba. À l'extrême, on peut croire qu'elle n'était qu'un simple « décor de théâtre » destiné à créer une symétrie parfaite sur une place importante de la ville et qu'elle s'est effacée au fil des siècles dès que le souci de garder une symétrie de façade eut disparu. Le tracé des grandes avenues en patte d'oie faisant face au Château de Versailles en France, en est un bel exemple - certes beaucoup plus récent :
fig. 2.9
Reléguer la dite rue à n'être qu'un « décor de théâtre » n'est pas non plus entièrement satisfaisant. En effet, il semble logique de supposer que, butant sur le Deuxième mur, elle ait en réalité abouti à une tour poterne ouvrant sur l'orient vers la vallée du Cédron, offrant ainsi une voie de communication facile avec Béthanie vers l'est. En effet, le tracé actuel de cette troisième rue porte la trace d'un léger zigzag juste avant d'atteindre le Deuxième mur. L'endroit pourrait marquer d'une part, le coude de la rue avant de parvenir à l'Antonia (sans doute par un escalier) et d'autre part, le vestige d'un passage vers une tour-po-
Le coude de la rue de l'est à l'approche
du Deuxième mur une des trois artères de la patte d'oie, - l'avenue de Sceaux - se termine en cul-de-sac devant une colline non arasée, à quelques 1000 mètres de son commencement. Même s'il y avait sans doute, dans le projet initial, la volonté de percer cette avenue sur une plus grande longueur, ce qui l'aurait confirmée dans son rôle d'axe de circulation vers un lieu donné (en l'occurrence la ville de Sceaux), la configuration actuelle montre que sa justification première était de parfaire une symétrie. N'en serait-il pas de même pour la« rue de l'est» qui, de fait, semble venir buter sur le Deuxième mur ?
terne. Ainsi est mise en évidence une autre propriété de la rue de l'est de la patte d'oie : elle demeure encore aujourd'hui le chemin le plus court pour aller de la porte de Damas au site de l'ancienne Antonia (à côté de l'Arc de l'Ecce Homo). Par suite, à l'époque où l'Antonia n'était encore que la Bâris construite et habitée par les Hasmonéens 105 , cet axe menait, à partir de la principale porte septentrionale de la ville, non seulement à l'orient de la ville mais aussi au palais du grand-prêtre ou au palais royal. Ainsi apparaît un bel ordonnancement cohérent plutôt prestigieux : tandis que la rue centrale conduisait au
105 Nous n'ignorons pas qu'il y a là une hypothèse - l'identification de la Bâris et de l'Antonia- réfusée par certains. Nous reviendrons sur ce point infra.
40
LE QUARTIER HASMONÉEN DANS LE DEUXIÈME MUR
fig. 2.10
L'ordonnance du quartier hasmonéen surfand de carte satellite (www.govmap.gov.iJ
Temple et à la« ville basse» et la rue de l'ouest à la « ville haute», la rue de l'est menait directement au Mont des Oliviers et au Palais du prince.
des Oliviers. Telle fut la cause du déclin de la rue de l'est et de son effacement - jusqu'à l'oubli - dans la mémoire collective des hiérosolymitains.
L'oubli de la rue de l'est
Le tracé du canal hasmonéen
Quand, après une quinzaine d'années de règne, Hérode décida de construire un somptueux palais dans la ville haute au sommet de la colline occidentale, la Bâris, nouvellement baptisée Antonia, perdit son statut de résidence royale pour devenir une caserne fortifiée affectée à la surveillance du Temple 106 • Le déplacement du centre de gravité de la ville vers l'ouest, ne put qu'affecter la fréquentation de la rue qui, de « royale » qu'elle était, déchut pour ne plus être que la rue de l'ancien palais royal. Certes, elle continuait d'être le chemin le plus court pour aller au Mont des Oliviers. Même sur ce point précis, elle fut concurrencée par une nouvelle rue en direction de l'est percée par Hérode au nord de la nouvelle esplanade du Temple (la via dolorosa). Nous reviendrons sur ce point infra. Par la suite, la destruction du Temple en 70, la fondation d'/Elia Capitolina et l'affermissement de la Rome chrétienne rendirent irrévocable le déplacement du centre de gravité de la ville vers l'occident, et fit perdre définitivement à la rue de l'est son rôle privilégié ; au contraire de la rue centrale comme chemin le plus pratique pour gagner la« ville basse» - et dorénavant vers le Mont
Pour mettre un terme provisoire à la liste d'indices pour une datation anté-hérodienne de la patte d'oie, mentionnons encore le canal dit hasmonéen, en amont de la piscine du Strouthion (que beaucoup datent d'Hérode 107), suivant la rue de l'est sur environ 140 mètres. Si le canal date vraiment de la période hasmonéenne, peut-il exister un meilleur indice pour dater la rue de la même époque ? Le plus simple est de supposer que le canal aurait été réalisé au moment du percement de la rue. En amont de cette section parallèle à la rue de l'est, tout en suivant presque une courbe de niveau, le canal vient de l'extrémité est de la place ovale, ce qui est cohérent.
106 D.-M. 107 Cf. D.
Pour confirmer ces hypothèses, il convient maintenant de détailler davantage les mesures précises du quartier ceint dans la Deuxième muraille de Jérusalem, résumées sur les figures 2.10, 2.11 et 2.12.
Où était le premier palais d'Hérode? », RB 124 (2017), p. 111-118. The IllustratedAtlas of Jerusalem, op. cit., p. 40-53.
CABARET,« BAHAT,
L'organisation du quartier à l'intérieur du Deuxième mur
41
LA TROISIÈME RUE DE LA PATTE D'OIE
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fig. 2.11
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fig. 2.12
. du quartier hasmonéen Restitution
42
LE QUARTIER HASMONÉEN DANS LE DEUXIÈME MUR
Les caractéristiques du quartier
1° - Soit E, le point de convergence des trois rues de la patte d'oie. Soit D, le point situé à mille coudées royales 108 (524 mètres) au sud dans l'axe de la rue de l'ouest, soit donc à environ 20 mètres au nord de la porte de Gennath identifiée par N. Avigad 109 •
D 1~:::J D 1· ~
les points G et D est donc de 500 coudées royales (262 mètres). La distance correspond à la longueur des côtés du carré de l'esplanade pré-hasmonéenne du Temple (distance ab) 11 1. Le triangle EDH est donc isocèle avec deux angles de 36,11 ° et un angle de 107,78° 112 ; les triangles EGH et DHG sont deux triangles rectangles identiques (mais opposés).
Murs de la Bâris restitués Sols restitués Appareil hérodien ou postérieur
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Armature métallique de soutien du tunnel m ètres
Sol du tunnel le long de l'esplanade
fig. 2.13
Les murs de la Bâris restitués par D. Bahat
2° - Si, de ce point D, on trace une droite faisant un angle de 36,11 ° 110 avec la rue de l'ouest, identique à celui qui sépare deux à deux les rues de la patte d'oie, elle rencontre la rue centrale à un carrefour majeur de la ville actuelle (point H).
4° - La droite GH, prolongée à l'est, se trouve dans l'axe d'une rue existante dans la vieille ville qui, poursuivie, passe au nord de l'esplanade pré-hasmonéenne du temple sur le bord d'une petite vallée affluant vers la vallée du Cédron.
3° - Si, de ce point H, on cherche à dessiner un triangle rectangle dont l'hypoténuse est le segment EH et si le grand côté est placé sur la droite ED, on y détermine un point G (l'angle droit du triangle rectangle) placé par construction au milieu du segment ED. La distance respective entre les points E et G et entre
5° - La rue de l'est (partant de la patte d'oie), prolongée par une ligne fictive, rencontre la droite GH en un point F. Du point D, une ligne droite passant par ce point F, forme alors un autre triangle isocèle EDF, dont les angles situés respectivement en E et en D mesurent 72,22°, c'est-à-dire deux fois
108 La coudée royale égyptienne (0, 524 m), qu'il faut distinguer de la« petite coudée» (0,45 m) a été utilisée à Jérusalem pendant la période lagide et vraisemblablement aussi la période séleucide et hasmonéenne. Plusieurs tombes de Jérusalem, notamment dans la vallée du Cédron, ont la coudée royale égyptienne comme unité de mesure : Cf_ J LEGON, « La Coudée Royale et le canon del' Art Égyptien (The Cubit and the Egyptian Canon of Art)», Discussions in Egypto!ogy 35 (1996) ;J JEREMlAS,]erusa!em in the time of Jesus, London, 1996, p. 11 ; L. RITMEYER, TheQuest, revealing the Temple Mount in Jerusalem, Carta, The Lamb Foundation, Jerusalem, 2006, p. 170-1 73 ; G Barkay ET A. KLoNER, « Jerusalem Tombs from the Days of the First Temple», BAR 12 (1986), p. 37. 109 N. AVIGAD, op. cit., 1983, p. 199-242. 110 C'est-à-dire la mesure de l'angle qui sépare la rue de l'ouest de la rue centrale de la patte d'oie. 111 L. RITMEYER, op. cit., p. 165-173. 112 180° - 2 X 36,11 ° = 107,56°.
LE RÉSEAU VIAIRE DU QUARTIER HASMONÉ:EN
36, 11 °113. Le point F se situe au milieu du jardin des oliviers franciscain, à côté de l'église des Nations.
6°- La droite DF, à la verticale de la roche du Dôme de la Roche en un point B, marque le milieu du segment DF.
L'heureux hasard topographique La série impressionnante de« coïncidences » géométriques permet de déceler un ordre et un principe directeur ayant présidé à la conception et au développement du quartier. D'ores et déjà, trois points névralgiques apparaissent: les points E, D et H, marquent respectivement la porte nord, la porte sud et le carrefour principal de la « ville neuve ». Il est probable que les arpenteurs antiques de l'urbanisation du nouvel espace aient commencé par fixer approximativement ces points majeurs pour dresser leur plan. Le site de la porte de Gennath s'imposait en tant que porte du premier rempart qu'on ne pouvait déplacer. Comme nous l'avions déjà expliqué supra, le site de la patte d'oie, situé à mille coudées royales au nord, n'a pas non plus été choisi au hasard : c'est une sorte de cluse stratégique débouchant sur un replat idéal pour installer une porte de la ville facilement défendable. Un tel site ne pouvait échapper à l'œil d'un « architecte stratège ».
43
Il faut cependant reconnaître que la topographie se prêtait particulièrement au projet des arpenteurs. C'est en effet un heureux hasard qu'entre ces deux extrêmes - la porte de Gennath et la future porte du nord -, on y relève mille coudées (ED), longueur double du carré pré-hasmonéen du temple. Le hasard cependant n'explique pas tout et la main des arpenteurs antiques se devine dans l'agencement des triangles mis en évidence supra. Comment expliquer par la chance que deux triangles isocèles (EDH et EDF) possédant une base commune (ED) dont les angles adjacents à la base sont les doubles des autres (72,22° et 36,11 °), désignent pour l'un l'axe de la vallée du Tyropéon et pour l'autre la roche du Dôme114 ? Un tel agencement a été voulu - certes aidé par une topographie heureuse -, dans un plan d'ensemble élaboré, commandité par un souverain, sans doute celui qui fut à l'origine du Deuxième mur de Jérusalem.
Le Temple et la Bâris, parties intégrantes du plan de la « ville neuve » L'unité de mesure, la coudée royale115, qu'on retrouvera dans les dimensions de la place ovoïde de la porte de Damas - nous y reviendrons infra renvoie à une influence lagide qui se serait maintenue à Jérusalem jusqu'à l'époque hasmonéenne116. En effet, comme le montre la notice
113 Nous n'ignorons pas que les 36,11 ° s'approchent à trois quarts de degrés près (0,75°) des 36,86° (36° 52') correspondant à la varation de ratio ¾ que les arpenteurs avaient l'habitude d'effectuer en prenant la diagonale d'un rectangle de 3 sur 4. Nos mesures nous ont convaincu que la patte d'oie n'a pas pu être constituée selon cette« varation » : l'angle entre la rue de l'est et la rue de l'ouest aurait été alors de 73,72° (au lieu de 72,22°), ce qui ne correspond pas à la topographie actuelle de la rue de l'est et ce qui empècherait les > : FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs I, 195 et suivants. 123 L. RlTMEYER, op. cit., p. 185.
LA TOUR BARIS
d'Hérode 124 et amputée de sa moitié sud suite à l'agrandissement du Temple 125 ? D. Bahat prétend avoir retrouvé l'emplacement des murs méridionaux de la Bâris dans des entailles rocheuses présentes dans le mur ouest de l'esplanade hérodienne 126 (fig. 2.13 ). Sans entrer dans le détail du débat, notons simplement que les dernières solutions nous semblent compatibles avec Flavius Josèphe cité supra. De plus,
45
il paraît probable que les architectes hasmonéens n'aient pas hésité à placer la forteresse sur le sommet de l'éperon rocheux - et non uniquement sur son flanc sud 127 • Par suite, la Bâris/Antonia, avant qu'elle ne fût amputée au profit du Temple, aurait formé un carré ou un rectangle tel que représenté sur la figure 2.12 ; et, comme le pensait G. J. Wightman128, elle aurait été liée au Temple et au reste de la ville par
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Pisci.Qes .
Piscine du se rpent
Vallée de la Géhenne
fig. 2.14
L'implantation isolée de la Bâris selon D. Bahat
124 E. Netzer pensait que la forteresse Antonia remplaçant la Bâris avait une forme carrée amputant d'autant l'esplanade du Temple. Cf. E. NETZER, The architecture of Herod, the Great Builder, Grand Rapids, Baker Academics, 2008, p. 120-126. 125 Rappelons qu'Hérode agrandit le temple après environ 18 ans de règne. 126 D. BARAT,« The Baris in Jerusalem », dans C. ARNOULD-BÉHAR et A. LEMAlRE, Jérusalem antique et médiévale, mélanges en l'honneur d'Ernest-Marie Laperrousaz, Collection de la Revue des Études Juives, Peeters, Paris-Louvain, 2011, p. 99-104; ID., The Jerusalem Western Wall Tunnel, Israel Exploration Society, Jerusalem 2013, chap. 9, p. 273-285 ; en particulier p. 274: « In our opinion, the two trenches should be regarded as the remains of the Baris Fortress that stood north of the Temple Mount prior toits expansion in Herod's time ( ... ) We believe that these trenches are the foundation trenches of the southern-most external walls of the Baris fortress. When the Western Wall was constructed, building stones were placed within these trenches in order to block them. » 127 La Lettre d'Aristée, datée par certains spécialistes de la fin du deuxième siècle avant J.-C., contiendrait une description de la Bâris. La forteresse y est présentée comme inexpugnable : dès lors, il serait surprenant qu'elle fût construit à flanc de colline. Nous reviendrons sur cette question infra. 128 G. J. WIGHTMAN, op. cit., 1993, p. 187: « During the reign of Hyrcanus I occupation began to expand clown into the northern half of the Tyropeon Valley, next to the Temple enclosure wall. Hyrcanus may have built the Second Wall as a protection for this new suburb, at the same period that he erected the Baris. »; m., « Temple Fortresses in Jerusalem, Part 2: The Hasmonean Baris and Herodian Antonia», BAIAS 10 (1991), p. 7-35.
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LE QUARTIER HASMONÉ:EN DANS LE DEUXIÈME MUR
le Deuxième mur qui s'y attachait. D. Bahat soutient que 1a Bâris a pu être construite sur l'éperon rocheux sans être rattachée au Temple pré-hasmonéen ou au reste de la ville par la moindre muraille, étant ainsi une forteresse isolée - tel le Mont-Saint-Michel au milieu de sa baie (:fig. 2.14) 129 ! L'hypothèse semble dépourvue de réalisme politique. Comment concevoir en effet qu'un souverain se mette à l'écart du peuple qu'il gouverne, en ne partageant pas avec lui la possibilité de se soutenir en cas de siège ? Certes, un passage souterrain reliait la Bâ1ù au Temple, diton130 ! Mais c'est là un bien vulnérable cordon ombilical ne permettant pas au dynaste d'être proche de son peuple - autant pour présider dans le Temple et se réjouir avec lui, l'occasion se présentant, que pour le surveiller. Comment imaginer, de plus, un palais sacerdotal ou royal coupé d'un quartier protégé où puissent être implantés certains organes essentiels du pouvoir131 - sans parler de l'élite refusant en général de résider loin de son souverain132. Le bon sens semble confirmer ce que notre étude nous conduit à pressentir : le quartier ceint par le Deuxième mur serait donc contemporain du projet de Jean Hyrcan de se doter d'un nouveau palais. Sa fonction première aurait été de réunir le Temple à la nouvelle forteresse Bâris, en les entourant par l'ouest d'une zone urbaine destinée à les desservir. L'agencement s'imposait d'autant plus que la« ville haute » et 1a « ville basse », situées à l'intérieur du Premier mur, n'avaient accès au Temple que par son Ranc sud et sud-ouest. L'unique sanctuaire, véritable pôle attractif, ne pouvait qu'être petit à petit entouré par 1a ville - ne serait-ce que pour en augmenter la protection. L'orient du Temple était trop abrupt; le sud et le sud-ouest déjà construits. C'était au tour de l'ouest et du nord-ouest d'être bâtis - en attendant qu'il en fût de même au nord, mais plus tard. Jean Hyrcan a-t-il cédé à une pression démographique imposant l'établissement d'un quartier neuf, lui donnant ainsi l'idée de se doter d'un nouveau palais ? Ou bien, est-ce le désir d'avoir un nouveau palais
digne de ses prétentions qui conduisit le grand-prêtre hasmonéen à proposer un quartier réunissant son lieu de résidence au temple? Sans doute les deux. La restitution des rues les plus proches du Premier mur tend à montrer qu'elles se sont construites parallèlement à ce Premier mur; ce qui laisse supposer que la ville avait commencé à déborder du Premier mur avant que les arpenteurs ne fixent le réseau viaire de la« ville neuve». 11 se peut aussi que le réseau viaire de ce secteur ait été tributaire d'une piscine située immédiatement au nord de la digue-pont reliant la ville haute au Temple, destinée à créer un réservoir au confluent de la vallée du Tyropéon et de la vallée transversale pour les besoins en eau des hiéroso1ymitains 133.
La porte de l'est
Revenons à l'ordonnancement général du quartier hasmonéen. L'intégration de la Bâris et du Temple, reliés par un mur, laisse entrevoir un plan d'ensemble du quartier plus précis. Pour une bonne part, ce dernier était ceint sur son Ranc oriental par le Temple et la Bâris lui servant de protection. I1 convenait cependant de mettre à profit le premier espace disponible pour y placer une porte destinée à desservir la vallée du Cédron et le Mont des Oliviers. 11 paraît impensable qu'une telle porte n'existât pas. C'eût été obliger les hiéroso1ymitains voulant atteindre le Mont des Oliviers à passer soit par la tour-poterne située au bout de la rue de l'est, soit par 1a porte nord ou encore par la« ville basse». Chaque itinéraire ajoutait une distance et un dénivelé non négligeables que la « loi du moindre effort» rendait sans doute inacceptable à long terme. Certes, il était possible de passer par l'enceinte sacrée du temple - pour couper au plus court - à la condition de ne pas circuler en char attelé et de ne pas craindre l'interdit d'y passer dans un but profane 134 . Le petit col situé entre le nord de l'esplanade du Temple et la Bâris se révèle un lieu
129 D. BAHAT, The Il!ustrated Atlas of Jerusalem, op. cit., p. 38. 130 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs I, 75: « Peu à peu Anstobu1e ajouta foi ma1gré lui à ces discours. Préoccupé à la fois de ne pas dévoiler ses soupçons et de se prémunir contre un danger incertain, il fit porter ses gardes du corps dans un souterrain obscur - il demeurait dans la tour nommée d'abord Bâris, depuis Antonia- et ordonna d'épargner Antigone, s'il était sans armes, de le tuer, s'il se présentait tout armé. >> 131 Même si bon nombre de ces institutions devaient être situées à l'intérieur même de r enceinte du Temple. 132 Sous le règne d'Hérode le Grand, le quartier du pa1ais roya1 était devenu le quartier des riches hiérosolymitains, souvent de famille sacerdotale. 133 Sh. WEKSLER-BDOLAH et A. ÜNN, « The Temple Mount at the time of /Elia Capitolina: new evidence from "the giant viaduct'' », dans G. AvNI & G. D., STIEBEL, &man Jerusalem: a new Old City,]ournal of &man Archaeology Supplement 105 (2017), ThomsonShore, Dexter, Michigan, p. 83-95. 134 Le Talmud de Jérusalem (Berakhot, 9 ,8, traduction de Maurice Schwab p. 172) affirme clairement qu'on ne doit pas passer par le parvis des gentils pour abréger sa route, preuve que cela devait être tentant de le faire même avec la rue située juste au nord de l'esplanade hérodienne: [Mishna1 « L'on ne montera sur la montagne du Temple, ni avec une canne, ni avec ses soutiers, ni avec sa bourse ou sa ceinture, ni avec la poussière sur les pieds ; on n'y passera pas comme par un passage (pour abréger la route), et à plus forte raison est-il interdit d'y cracher. » Le traducteur précise que dans le texte original on trouve le mot latin compendiaria
LES PORTES DU DEUXIÈME MUR
idéal pour placer la porte facilement défendable sur un point dominant l'orient et l'occident, tout en étant aussi protégée des côtés nord et sud par deux bâtiments fortifiés (fig. 2.9). On comprend dès lors que l'architecte du quartier n'ait pas hésité longtemps à faire passer là un axe structurant de son urbanisme. Dans cet agencement, le rôle primordial du carrefour central (le point H) apparaît clairement. Outre la rue
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des deux se situe presque dans l'axe de la porte de l'Est telle que restituée. Nous avions vu que l'archéologue israélien y voit l'emplacement de deux murs de la Bâris. Nous proposons plutôt d'y percevoir un emplacement possible de la chaussée antique passant sous la porte urbaine et longeant le flanc sud de la citerne datée de l'époque hasmonéenne par l'archéologue israélien135 •
N
0
50
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fig. 2.15
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1 50
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mètres
L'alignement de la rue centrale de la « patte d'oie;> avec le temple «pré-hérodien ;>
en provenance de la porte de l'Est juste mentionnée, y arrivait aussi la rue centrale de la patte d'oie permettant une communication rapide avec le nord de la ville; en partait une rue au sud qui permettait d'accéder à la« ville basse»; et une rue à l'ouest destinée à rejoindre la rue de l'ouest de la patte d'oie, non loin de l'endroit où se trouvait la porte de l'ouest. Nous avons signalé supra les deux entailles dans le roc retrouvées par D. Bahat le long du mur occidental de l'esplanade du Temple (fig. 2.13). La plus grande
La porte de l'ouest
Pour parfaire la symétrie du nouveau quartier, il aurait été logique d'installer la porte de l'ouest sur le même axe GF que la porte de l'est, créant la principale artère est-ouest de la ville avec une porte à chaque extrémité. En réalité, la topographie des lieux et la restitution des rues nous conduisent à placer la porte de l'ouest davantage au nord, dans l'axe de l'actuelle via dolorosa, qui monte de la rue centrale à la rue de l'ouest de la patte d'oie. Plusieurs
(«raccourci»). [La Gemara précise] : « C'est un manque de respect d'y passer sans but religieux.» 135 D. BAHAT, The Jerusalem Western Wall Tunnel, Israel Exploration Society, Jerusalem, 2013, p. 276-281.
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LE QUARTIER HASMONÉ:EN DANS LE DEUXIÈME MUR
raisons confortent une telle position. Tout d'abord, la présence de la carrière à l'ouest du Deuxième mur (fig. 2.15). Comme nous 1'avons expliqué supra (chap. 1), les sondages et les foui11es réalisés dans ce secteur manifestent que 1a zone a servi de carrière de pierres jusqu'à la période hérodienne136 • La carrière, entourée de fronts d'extraction transformés parfois en nécropole, rend malaisée l'installation d'une porte qui l'aurait dominée. Aussi est-il plus logique de placer 1a porte de l'ouest immédiatement au nord, où la carrière prend fin, c'est-à-dire dans l'axe de la via dolorosa. Le réseau viaire restitué en confirme l'hypothèse de plusieurs manières : 1°- 11 n'y a pas de vestiges de rues à l'ouest du Deuxième mur dans la continuité de J'axe GF (fig. 2.12 et 2.15), qui aurait indiqué une porte de la ville. Ce> E. NETZER, The architecture of Herod, op. cit, 2008, p. 112, note 61 : « During the second century, the caveds outer radius, which was initially 41.2, was extended to 45.8 m. 1bis was achieved by the addition of a series of longitudinal pillars, which were constructed along the cavea's outer wall. Simultaneously, new tiers of seats were added on a Jess steep slope, the top row now being tighter than the original one. Ali of the Herodian Cavea was thus covered by thelater one.» Cf aussi A. FRovA, op. cit., p. 57-159 et p. 165-186. E. NETZER, The architecture of H erod, op. cit., 2008, p. 75-77. S'appuyant sur les fouilles réalisées à Tell-es-Samerat, E. N etzer considère que l'hippodrome ou l'amphithéâtre de Jéricho était en réalité un théâtre hippodrome. E. NETZER, The architecture of H erod, op. cit., p. 74. FLAVIUS JOSÈPHE, Antiquités Juives XVJI, 1 73-1 78 : « [Hérodel revint alors à Jéricho, où il tomba dans un tel accès atrabilaire, irrité contre tout le monde, qu'il imagina, déjà moribond, un acte terrible. Sur son ordre étaient venus auprès de lui les Juifs les plus notables de tout le peuple; ils étaient très nombreux parce que toutle monde avait été convoqué et ils avaient tous obéi à l'ordre rendu sous peine de mort. Or le roi, également furieux contre les innocents et les coupables, les enferma tous ensemble dans l'hippodrome et, ayant mandé sa sœur Salomé et Alexas, mari de celle-ci, leur dit qu'il allait bientôt mourir puisqu'il était parvenu à ce comble de souffrances ; la mort était chose supportable et même désirable pour tout le monde, mais l'idée de se voir privé des lamentations et du deuil qui revenaient à un roi lui était très pénible ; car il n'ignorait pas les sentiments des Juifs ; il savait que sa fin était souhaitée par eux et leur serait très agréable puisque, de son vivant même, ils s'étaient d'avarice révoltés et avaient outragé tout ce qu'il avait établi ; il appartenait donc à ses parents de décider quelque mesure propre à soulager un peu cette angoisse. S'ils ne s'opposaient pas à son projet, il aurait des obsèques grandioses, telles qu'aucun autre monarque n'en avait eues, le deuil serait ressenti du fond du cœur par le peuple tout entier, et ce ne seraient p as des lamentations pour rire. Donc quand ils l'auraient vu rendre le dernier soupir, ils devraient entourer l'hippodrome de soldats ignorant encore sa mort - qui ne devrait être révélée au peuple qu'après l'exécution de cet ordre - et leur enjoindre de percer de flèches ceux qui y étaient enfermés; par ce massacre, ils ne manqueraient pas de lui donner une double joie : ses ordres suprêmes seraient exécutés et, il serait honoré par un deuil magnifique. » ; Cf. aussi Guerre de Juifs r, 33, 6. VITRUVE, DeArchitectura v, 9, 1-5, p. 29-30 : « Post caenam porticus sunt constituendae, uti, cum imbres repentini ludos interpellaurint,
THÉÂTRE ET QUADRIPORTIQUE
À l'instar de la remarque à propos de l'Énéide de Virgile, personne ne prétendra qu'Hérode était un lecteur assidu de De Architectura de Vitruve (c. 90- c. 20 av. J-C.) au point d'y puiser l'idée de construire le théâtre de Jérusalem. D'autant plus que le texte du célèbre architecte romain ne peut être antérieur à l'année 27 av. J.-C. 309 • Néanmoins, Vitruve a le mérite de nous éclairer sur les idées architecturales à la mode au début de l'époque impériale : il convenait qu'un théâtre ait un portique quadrangulaire derrière son mur de scène310, à l'exemple de l'ensemble architectural de Pompée.
Hérode pouvait-il ignorer cet élan ? Pouvait-il ne pas désirer réaliser ce qu'il y avait de mieux, lorsqu'en 28 av. J-C., il lança la construction de son théâtre, et d'autant plus qu'il bâtissait l'ensemble en l'honneur du nouvel Imperator à vie Octave ? Les exemples donnés par Vitruve ou d'autres réalisations non mentionnées par lui, comme le théâtre Marcellus construit à partir de 23 av. J-C. par Auguste à Rome311 , montrent qu'il n'était pas obligatoire que le portique soit un quadriportique
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ou en arrière du mur de scène, quand la topographie ne le permettait pas. Hérode, cependant, n'avait pas cette contrainte dans son quartier neuf du Bezetha. Il put donc y reproduire fidèlement l'architecture de Pompée, comme le fera Marcus Agrippa à Ostie en 18 av. J-C. (fig. 3.5) ou à Mérida en 16-15 av. J.-C. 312 ou encore Lucius Cornelius Ba/bus sur le Champ-deMars de Rome en 13 av. J.-C. De tels théâtres de la fin du 1er siècle av. J-C., munis d'un quadriportique, ne manquent pas (Aoste, Carsulae, etc.), multipliés à l'époque impériale pour être ajoutés à des théâtres déjà construits (Volterra, Leptis Magna, etc.) 313.
Hérode roi client d'Octave Sans entrer davantage dans la question, qui mériterait en tant que telle de plus amples développements, il importe de noter qu'Hérode fit œuvre de précurseur puisqu'il futle premier (ou l'un des premiers) à reproduire le schéma pompéen théâtre + portique - comme s'il en avait lancé la mode dans le monde romain314 .
habeat populus quo se recipiat ex theatro, choragiaque laxamentum habeant ad comparandum, uti sunt porticus Pompeianae itemque Athenis porticus Eumenike Patrisque Liberi fanum et exeuntibus e theatro sinistra parte Odeum, quod Themistocles columnis lapideis dispositis nauium malis et antemnis e spoliis Persiis pertexit. ( ...) Media uero spatia quae erunt subdiu inter porticus adornanda uiribus uidentur. » Traduction C. SAIJOU dans VITRUVE, De l'architecture, livre v, Texte établi, traduit et commenté par Catherine Saliou, auteur cité, Les Belles Lettres, Paris, 2009. 309 Vitruve utilise à plusieurs reprises, dans son livre v du De Architectura, le cognomen d'Auguste pour désigner Octave ; le livre a été composé après la séance du sénat de janvier 27 av. J.-C., au cours de laquelle le jeune Imperatoren reçut le titre. Son éditeur critique, Catherine Saliou le date des années 25-23 av. J.-C. Cf C. SAuou, Introduction dans VITRUVE, op. cit., p. VIL Cf aussi P GROS, art. cit., dans St. A MoLS et E. M. MoORMANN, op. cit., p. 181 : « On ne conclura donc pas (...)à un contact direct entre Hérode et Vitruve, ce qui relèverait de l'histoire-fiction, et n'aurait de surcroît guère de sens. On pourra cependant songer, plus raisonnablement, que les praticiens engagés par Hérode, dont beaucoup provenaient d'Italie si l'on en juge par l'emploi dans les constructions de Palestine de cette époque del'opus caementicium et de son parement le plus 'romain', le réticulé, se sont parfois trouvés inlmergés dans des cercles de réflexion sur les nouvelles typologies momumentales, si actifs pendant les premières décennies du Principat, et qu'ils en ont tiré quelques enseignements. » 310 Les raisons avancées par Vitruve sont très pratiques ou ornementales (protection des spectateurs en cas de pluie, stockage des décors de théâtre et des plantations qui agrémentent l'espace, rassemblement de la population en cas de siège). Cf VITRUVE, De Architectura v, 9, 8-9, p. 32-34 : « En outre, les Anciens ont fait de ces ouvrages des réserves pour la cité en cas de besoin. Dans les sièges, en effet, rien n'est moins facile à se procurer que le bois. (...)L'approvisionnement en bois, qui est absolument indispensable à la cuisson des aliments, demande une organisation difficile et lourde, car non seulement il faut du temps pour le convoyer, mais encore on en consomme en quantité. Alors, en telles circonstances, on ouvre ces promenades et, tribu par tribu, on en assigne un secteur par tète. » 311 Jules César tenta de surpasser le théâtre de Pompée en construisant le théâtre encore plus grand, adossé au capitole. L'ensemble ne sera jamais terminé à cause de l'assassinat de Jules César. Auguste se sentit obligé de bâtir, sur cet emplacement préparé par son père adoptif, le théâtre Marcellus, dans lequel trônait sa propre effigie, pour édifier avec le portique d'Octavie et le temple d'Apollon un ensemble tout à fait comparable au portique de Pompée à la gloire de la gens Julia. Cf P. GROS, « La fonction symbolique des édifices théâtraux dans le paysage urbain de la Rome augustéenne >> dans L Urbs, op. cit., p. 328 : « Nous avons donc là un ensemble dont il est difficile de nier le caractère profondément unitaire : outre la date de dédicace des trois sanctuaires qu'il englobe (les deux temples, à Jupiter Stator et Junon Regina, du quadriportique, et le temple d'Apollon), fixée au 23 Septembre, dies natalis d'Auguste, la consécration du quadriportique à Octavie et du théâtre à son fils plaident en faveur d'un programme spécifiquement augustéen, sans doute conçu sous sa forme définitive dès les derniers mois de 23 av. J.-C., au lendemain de la mort de Marcellus, alors même que le théâtre n'est pas encore achevé. Les contemporains ne s'y sont pas trompés qui, de Tite-Live à Ovide, célèbrent les deux monumenta comme les composantes indissociables d'un complexe dynastique. » 312 C. SAIJou, Commentaires dans VITRUVE, op. cit., p. 296. 313 Les premiers théâtres italiens associés à des portiques datent du début du 1a siècle av. J.-C., en particulier à Pietrabbondante ou à Tibur. Mais il ne s'agit pas encore de quadriportique à la manière de Pompée. Cf C. SAIJou, Commentaires dans VITRUVE, op. cit., note 13, p. 294-297. 314 G. MÉTRAUX, «Masonry and memory in Hadrian's architecture and architectural rhetoric », dans D. FAVRO et F. K. YEGüL,J. PINTO et G. MÉTRAUX, op. cit., p. 145 : « Connections among personalities and buildings thus constitute a web of shared experiences:
LE BÉZÉTHA
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ET LE QUARTIER OCCIDENTAL HORS-LES-MURS
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mètres
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b)
fig. 3.14.
Le théâtre de /'Herodium d'après E. Netzer
THÉÂTRE ET QUADRIPORTIQUE
Comme nous l'avons déjà signalé, il devance en particuJier un autre roi-client de Rome,Juba n, qui, après son accession au pouvoir en 25 av. J.-C., a construit dans sa capitale Césarée de Maurétanie, un théâtre en réduction - celui de Pompée - le seul qu'il avait pu voir à Rome dans son enfance (46-25 av. J.-C. 315). Il importe aussi de noter que le théâtre et le portique voulus par Hérode sont centrés sur l'esplanade pré-hérodienne du Temple selon l'axe du cardo 2 E (:fig. 3.3). Pour que l'axialité soit encore plus manifeste aux yeux de tous, on peut avancer qu'Hérode ne voulut pas que le mur de scène dépassât une certaine hauteur, pour que, du haut de la cavea du moins - de la loge royale -, on puisse admirer cet alignement visuel entre les inscriptions et les trophées en l'honneur d'Octave316, qui ornaient la cavea, et d'autre part, le Temple juif, quis'élevait par-dessus le portique. Il n'est donc pas étonnant que les juifs aient focalisé leur combat sur ces trophées, dont ils soupçonnaient qu'ils cachaient des figures humaines : Mais ce qui surtout chagnnait [les Juifs], c'était les trophées : crl!Jant, en effet, qu'zly avait des figures enfermées dans les panoplies, zls s'indignaient, car leurs his interdisaient d'honorer de semblables images. Leur trouble n 'échappa point à Hérode. Iljugea inopportun d'user de violence et se contenta de causer avec quelques-uns d'entre eux, de les raisonnerpour essqyer de les délivrer de leur scrupule religieux. Il ne put les convaincre, et dans leur ressentimentpour toutes les offenses dont il leur semblait coupable, ifs déclaraient tout d'une voix que, tout le reste leur parût-il supportable, ils ne pourraient admettre dans la ville des représentations humaines - ils voulaientparler des trophées -, car elles étaient contraires aux coutumes nationales. Hérode, les voyant inquiets et pensant qu'il serait dij]icile de les faire changer d'avis, si l'on ne trouvait le ml!Jen de les satisfaire, fit venir
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lespnncipaux d'entre eux et les conduisit au théâtre; là, leur montrant les trophées, il leur demanda ce qu'ils crqyaient que ce pût être : ils s'écn"èrent que c'étaient des figures humaines. Donnant alors l'ordre d'enlever tvus les ornements qui les recouvraient, t! leur montra l'armature de bois à nu. Â les voir ainsi dépouillés, les mécontents nepurent retenir leurs rires, et ce qui contribua le plus à la détente,jut que t#Jà auparavant ils s'étazent moqués des image?17•
Certes, Octave n'était pas représenté, en tant que tel, dans le théâtre, mais les inscriptions et les trophées 318 en son honneur le rendaient présent malgré tout. Les juifs ne se calmèrent que lorsque les images des peuples vaincus, qui manifestaient le triomphant Octave furent ridiculisées parce que dépecées dans une sorte d'acte de lèse-majesté qu'Hérode lui-même ordonna. Le parallélisme entre l'Imperator magnifié et le Temple qui, dans une sorte d'acte religieux, avait tendance à mettre sur le même plan le Dieu des Juifs et le pn·nceps du monde romain, cessa. Un rire généralisé vint même exorciser l'acte sacrilège, qui aurait pu valoir à Hérode des ennuis s'il avait été rapporté à Octave dans sa brutalité - sans lui expliquer le contexte qui avait poussé le roi des juifs à agir ainsi. Hérode fit taire les juifs opposés à l'existence du théâtre pour des motifs religieux, mais non ceux qui la dénonçaient à cause des spectacles de pantomimes319non conformes aux mœurs juives. La gravité de leur opposition était moindre parce que les motifs touchaient davantage au profane qu'au religieux.
Un frère jumeau du théâtre de l'Hérodium Le théâtre hérodien le plus proche par la taille de celui que nous proposons de restituer à Jérusalem se trouve à l'Hérodium (fig. 3.14),
Rome's Theater of Pompey had been inspired by the theater of Myti.lene which Pompey visited in 62 B.C., while Herod, who m ay have seen Pompey's theatre on his visits to Rome in 40 ad 17 B.C., hirnself visited Agrippa at Mytilene in 23 B.C. Both theaters with their viewing-stations above the cavea may have prompted Herod to build a miniature likeness at Herodium, as a compliment to Agrippa following his visit. » Cf. note supra n° 227. FLAVIUS JOSÈPHE, AntiquitésJuives xv, 272 : « Tout autour du théâtre furent disposées des inscriptions en l'honneur de César, des trophées rappelant les peuples qu'il avait vaincus et conquis, le tout exécuté en or pur et en argent. » FLAVIUS J OSÉPHE, Antiquités Juives XV, 276-279. Il est difficile à préciser ce qu'étaient exactement les trophées? G. Sauron laisse entendre qu'il pouvait s'agir d'un programme décoratif analogue à celui du niveau inférieur de l'enceinte du théâtre de Pompée, où dans les arcades, semble+il, 14 statues féminines avaient été sculptées par Coponius, représentant les 14 nations soumises par Pompée (cf. PLJNE, Histoire naturelle, 36, 41 ; SUÉTONE, Néron 46, 2). De telles statues étaient impensables à Jérusalem. Mais les trophées en or et argent exposés dans les arcades du théâtre devaient présenter certaines figures humaines, sans lesquelles les récriminations des juifs, citées par Flavius Josèphe, sont incompréhensibles. G. Sauron parle de représentations féminines, bien connues dans le monde hellénistique, symbolisant une nation avec leurs attributs. Cf. G. SAURON, Quis deum ?, op. cit., p. 259-260. P GROS, L'architecture romaine, vol. 1., op. cit., p. 290: « Ce qui n'empêche pas la plupart de leurs villes de se doter dès le premier siècle de notre ère d'un théâtre permanent. Il est à cela plusieurs raisons. D'abord le succès de la pantomime, genre qui se codifie à l'époque d'Auguste et permet à des gens qui ne parlent ni ne comprennent le latin de suivre une représentation musicale et chorégraphique ; ces spectacles populaires, qui pouvaient s'accompagner de mises en scènes suggestives, franchissaient les frontières linguistiques mais n'en requéraient pas moins des installations relativement complexes. »
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LE BÉZÉTHA ET LE QUARTIER OCCIDENTAL HORS-LES-MURS
daté d'une maruere assez précise des années 25 à 20 av. J.-C. 320. La stratigraphie montre qu'il fut construit après le premier grand escalier monumental des années 30 à 25 av. J-C. ; et avant la formation du mausolée, qui valut au théâtre d'être enseveli sous des gravats - après la visite de Marcus Agrippa en 15 av. J.C. 321. De plus, l'étude des fresques de la loge royale du théâtre montre qu'elles furent reprises, selon la technique à sec (secco), à l'occasion de la visite du gendre de l'empereur Auguste. Les premières fresques, contemporaines vraisemblablement de la construction du théâtre, étaient dans un style obsolète Oe « deuxième style pompéien» en vogue en Italie jusque dans les années 20 av. J.-C. 322), qu'Hérode n'aurait pas été fier de montrer au deuxième personnage de l'Empire. Il convenait de manifester que le raffinement en Judée était comparable à celui de Rome. La dimension similaire des deux théâtres frappe : la cavea de l'Hérodium accuse a minima 30 mètres de diamètre (30 mètres selon E. Netzer en 2010323 et 32 mètres selon Z. Weiss en 2013324), tandis que celle de Jérusalem que nous proposons, atteindrait un actus de diamètre (35,52 mètres). L'imprécision à propos du théâtre de l'Hérodium sera sans doute levée dans le rapport final des fouilles (à paraître), et s'explique sans doute par la difficulté de restituer la partie haute de sa cavea, dont il ne reste guère que la loge royale.Quoi qu'il en soit, la similitude en dimension à quelques mètres près et leur quasi-contemporanéité en font deux théâtres jumeaux, l'un et l'autre étant respectivement la copie ou le prototype de l'autre. A cet égard, l'emplacement de la loge royale de l'Hérodium s'avère particulièrement
significatif. E. Netzer propose que la summa cavea ait été réservée aux hôtes de marque, puisque la loge royale d'Hérode se situait au sommet dans l'axe de la cavea (fig. 3.14). Une telle disposition prendrait le contre-pied des us romains qui réservaient au contraire l'orchestre et les rangées inférieures de sièges aux chevaliers et sénateurs ; mais elle se défend si l'on tient compte de l'exiguïté du théâtre, qui laissait une place idéale à l'auditeur au sommet de la cavea à seulement une vingtaine de mètres de la scène. La loge royale, qui dominait, mettait le roi à l'abri des risques d'une attaque depuis les gradins supérieurs. On sait combien Hérode se méfiait de ses sujets, dont certains cherchaient à attenter à sa vie. A Rome, la pax romana rendait sans doute inutile une méfiance vis-à-vis des chevaliers et sénateurs car le princeps avait sa loge sur le côté de la caver/'25. Il est donc hautement probable que le roi des Juifs ait décidé d'établir la loge royale du théâtre de Jérusalem au sommet de la cavea, dans l'axe du quadriportique et de l'esplanade pré-hérodienne du Temple. Ainsi la personne d'Hérode trônait face au Temple et à la présence invisible du Dieu des juifs. Hérode voulait honorer Octave par ce théâtre - ses trophées étaient là pour cela- mais, en l'absence de ce dernier, c'était le roi des Juifs qui était magnifié.
Proposition de loge royale Certains objecteront avec raison qu'à l'Hérodium, la loge royale etatt une excroissance assez importante de la cavea (7 X 8 mètres 326)
320 R. PoRAT, R. CHACHY-LAUREYS, Y. KALMAN, Herodium, Final Reports of the 1972-2010 Excavations Directed by Ehud Netzer, Vol. 1, Herod's Tomb Precinct, Israel Exploration Society, Institute Of Archaeology, The Hebrew University of Jerusalem,Jerusalem, 2015, p. [26]-[31] et p.[517]. 321 Le rapport préliminaire des fouilles du théâtre fait mention d'une inscription incomplète araméenne située sur le mur d'une pièce adjacente à la loge royale du théâtre. Elle aurait été rédigée par un ouvrier logeant temporairement dans le théâtre lorsqu'il fut question de transformer l'Hérodium en mausolée. La loge royale du théâtre fut découpée en quatre pièces pour le logement des ouvriers. L'inscription fait probablement mention de la mort du père de l'ouvrier en question survenue le 221m, jour du mois d'Addar de la 221m'année de règne d'Hérode, ce qui correspond au printemps de l'année 15 av. J-C. Si cette interprétation est confirmée dans le rapport final de fouilles du théâtre (à paraître), cela signifierait que les travaux de transformation du palais forteresse de l'Hérodium en mausolée ont commencé très peu de temps après la visite de Marcus Agrippa. On date d'ordinaire sa visite de l'automne 15 av. J-C. et on imagine mal qu'un ouvrier ait tracé une inscription à la mémoire de son père sur un lieu de travail longtemps après les faits. Une autre hypothèse serait que l'ouvrier travaillait à la réfection des fresques de la loge royale, juste avant la venue de Marcus Agrippa, au printemps de l'année 15 av. J-C. Mais on comprendrait mal qu'il ait osé graver une telle inscription sur le mur d'une pièce attenant à la loge royale. Cf. E. NETZER, Y. KALMAN, R. PoRAT, R. CHACHY-LAUREYS, « Prelirninary Reports on Herod's Mausoleum and Theatre with a Royal Box at Herodium )),Journal of RomanArchaeowgy 23(2010), p. 101-102. 322 S. RozENBERG, « Interior Decoration in Herod's Palaces», dans S. RozENBERG et D. MEvoRAH (éds), Herod the Great, the f39 ont mis en évidence, sur le flanc ouest du bassin, des volées de marches perpendiculaires à la digue (séparant les deux bassins), interrompues par des paliers horizontaux successifs, pour un accès en fonction du niveau de l'eau. Des marches ont été découvertes non seulement le long de la digue centrale mais aussi dans le sondage au sud-ouest du bassin, le long de la digue sud. La profondeur atteinte par les marches, à quatre mètres environ sous le sol du bâtiment plus haut que la cour, montre que l'escalier presque parallèle340 aboutissait au cardo 2 E b : l'accès à la piscine se pratiquait de l'ouest. Les marches, qui descendent progressivement jusqu'au milieu du bassin, laissent supposer que le niveau de l'eau pouvait être parfois assez bas. L'accès alors dangereux ou même impossible obligeait de l'atteindre par un autre côté qu'à l'ouest. Il est hautement probable qu'il devait y avoir à l'ouest
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de ce bassin un dégagement suffisant - plus large qu'une simple rue - pour que des foules puissent accéder aux marches d'une manière décente et sûre. La grande taille du bassin, long d'environ 45 mètres sur ce côté, tend à montrer que l'endroit pouvait être fréquenté par une foule nombreuse. En conséquence, nous proposons de considérer l'espace délimité au nord par le decumanus 4 S et au sud par le decumanus 6 S, et à l'est par le cardo 2 E b et à l'ouest par le cardo 2 E a (fig. 3.15) comme un petit forum, de 120 sur 160 pieds, bordé de portiques pour desservir un bassin où des foules de malades se baignaient. L'identification possible de la piscine avec celle qui est citée dans l'Évangile de Jean confirmerait cette interprétation : Or ily a à Jérusalem, près de la porte des Brebis, un bassin {KoÀvµfJ10pa), appelé en hébreu Bethesda, qyant cinq portiques, sous lesquels étaient couchés une multitude de malades, d'aveugles, de boîteux et de gens qui avaient les membres sec.241 •
Ainsi, les cinq portiques de la piscine double ne viendraient pas entourer les deux bassins, selon une interprétation assez commune, mais seulement le bassin sud et la place adjacente de l'ouest (fig. 3.15). Quatre portiques entoureraient l'ensemble (bassin sud + place adjacente) sur ses quatre côtés ; le cinquième viendrait le diviser en deux en longeant l'extrémité ouest du bassin, selon l'axe du cardo 2 E b. Nous retrouvons une structure analogue à la piscine de Siloé. L'axialité légèrement différente de la digue centrale et du decumanus 4 S n'empêche pas d'y placer un portique en biais qui court de l'extrémité orientale de la piscine jusqu'au cardo 2 E a. L'incidence de cette orientation quelque peu décalée reste négligeable dans la perspective et l'harmonie de l'ensemble, surtout si l'on considère que le bassin avait une forme trapézoïdale du côté oriental : le biais de la digue-barrage venait corriger l'angle du trapèze. Le quadriportique entourant la place adjacente au bassin sud avait aussi l'avantage de ne pas dépasser en hauteur le quadriportique du théâtre et ainsi de ne pas rompre la perspective qu'Hérode voulut entre le théâtre et le Temple.
la hauteur), peut s'exprimer par l'équation suivante: F = egLH'/2 = 4905 x LH', e étant la masse volumique de l'eau (1 000 kg/m3) etg la pesanteur (9,81 m/s 2). 339 Cl. DAUPHIN,« Le Projet Bethesda (1994-2010), La Piscine Probatique de Jésus à Saladin», Proche-Orient Chrétien, numéro spécial n° 254, 2011. 340 Rappelons que la digue-barrage n'est pas tout à fait parallèle au decumanus 4S et par conséquent, pas tout à fait perpendiculaire au car@ 2Eb. 341 Jn 5, 2-3 : « 'Eanv r5t: iv wî'ç 1epoaoÀvµoiç br:/ rft -rr:poflaw,q/ KoÀvµfJ10pa, ~ imÀcyoµév17 'Eflpaïmi B170wr56., -rr:év-u; moàç lxovaa. » Trad. B].
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Grille en 'l"adnJ/Ns du quartier hérodien •- - • • • • • • • Grille en ql((ulrafHI décalée d'un 1/2 ad111
Rues supposées
Rues existantes
fig. 3.16.
L, q1i>. Cf. M.-J. PIERRE et J.-M. RousÈ:E, « Sainte-Marie de la Probatique, état orientation des recherches», Proche-Orient Chrétien 31 (1981 ), p. 31-33. Sh. GrnsoN, « The Pool of Bethesda inJerusalem andJewish Purification Practices of the Second Temple Period », Proche-Orient Chrétien 55 (2005), p. 270-293; ID.,« The excavations at the Bethesda Pool in Jerusalem, Preliminary Report on a Project of Stratigraphie and Structural Analysis (1999-2009) », Proche-Orient Chrétien, numéro spécial 2011, p. 17-44. M.-J. LAGRANGE et L.-H. VINCENT,« Bézétha » dans F!ori!egium ou Receui! de travaux d'érudition didiés à Monsieur le Marquis Melchior de Vogüé à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, le 18 octobre 1909, Imprimerie nationale, Paris, 1909, p. 337-341, en particulier p. 341 : « Ilne reste donc plus qu'à traduire WEvangile selon Saint-Jean}: "Il y a, près dela piscine probatique, une autre piscine nommée....» Rien de plus naturel. La piscine qui servait à laver les victimes ne pouvait convenablement servir aux gens. Il y avait donc là deux piscines. L'une était la probatique. () La tradition de Jérusalem avait conservé le souvenir d'une probatique, et nous lui donnons raison ; mais elle avait le tort de confondre les deux piscines que saint Jean avait distinguées ; sa concision risquait en effet d'amener cette confusion.>> Cf. DrcnONNAIRE BAILLY : KOÀuµp170pu : piscine, bain ; KOÀuµprp:17p : plongeur, nageur ; KOÀuµp17cnç : action de plonger, de nager, ou action de pêcher. N. BELAYCHE, « Dimenticare.. , Gerusalemme. Les paganismes à .al,fia Capito!ina du II' au N' siècle de notre ère», Revues des Etudes Juives 158 (1999), p. 287-348 ; E. AlLIATA, « la piscine Probatique à Jérusalem», Les dieux guérisseurs etJésus Sauveur 76 (1992), p. 25-34.
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l'ouest», selon le tracé du Deuxième mur. D'une part, les trois rues nord-sud sont axées sur les demi-adus (et non les actus pleins) de l'arpentage général (en pointillés rouge sur la figure 3.16, témoin que les arpenteurs ont fait preuve de pragmatisme face aux contraintes topographiques. D'autre part, les ruelles est-ouest du quartier, les plus proches du Deuxième mur, semblent ne jamais en dépasser la limite - attestant que la muraille existait vraisemblablement à l'époque de la viabilisation du quartier ; dernier signe confirmant l'hypothèse : aujourd'hui encore, entre l'accès provenant de la porte de Damas et celui de la rue des franàscains - sur près de 250 mètres -, il n'existe qu'un seul passage (en escalier), menant au secteur de la« tour de l'escarpe», reliant le quartier chrétien à la rue de l'ouest de la patte d'oie : la destruction du Deuxième mur suite au siège de Titus en aurait permis tardivement l'ouverture - à moins de supposer qu'il y eut une poterne dans la« tour de l'escarpe ». Sur le plan pratique, l'arpentage du nouveau quartier ocàdental dut prolonger l'axe du decumanus maxùnus du quartier du Bezetha par-dessus le Deuxième mur. En prenant de l'altitude vers l'ocàdent (en direction de l'actuel hôpital français Saint-Louis, situé en face de la porte neuve de 1'actuelle vieille ville), il devenait possible d'apercevoir l'extrémité occidentale du decumanus maximus du Bezetha. L'alignement était alors facile à matérialiser. Cet axe étant acquis, les autres rues du quartier en furent déduites, par la méthode du triangle 3-4-5, sur la base d'insulae de deux actus sur un, en commençant sans doute par la rue principale des franciscains.
Ponce Pilate, commanditaire du nouveau quartier de l'ouest ?
Quand le nouveau quartier de l'ouest se développa-t-il? Par qui fut-il viabilisé? Faute de sources historiques préàses, nous en sommes réduits aux hypothèses.
Flavius Josèphe affirme qu'Hérode Agrippa construisit le Troisième mur puisque l'essor démographique débordait du Deuxième mur348 . On ne s'en étonnera pas si l'on considère l'ancienneté hérodienne du quartier du Bezetha (27 av. J-C.) qui, à l'époque d'Hérode Agrippa, était déjà viabilisé depuis trois quart de siècle. Sa population ne devait pas être négligable. L'historien juif, révèle aussi que le quartier occidental de la ville était peu peuplé lors du siège de Titus349, signe probable d'une ancienneté moindre que son homologue oriental. Il se serait développé en tant que « faubourg » situé à l'extérieur d'une des principales portes urbaines de la ville, la porte de l'Ouest, un lieu de passage important - d'où sans doute on pouvait assister à l'exécution des crucifiés350. La présence au sud d'une ancienne carrière redevenue jardin, lieu idéal pour y creuser des tombeaux - et dès lors, impropre à l'habitat -, explique le développement du quartier exclusivement au nord de l'actuelle rue des françiscains. D'après ces constats, la viabilisation du quartier à l'époque d'Hérode le Grand, bien que possible, ne s'impose pas. Hérode et Archélaüs pourraient en avoir été les commanditaires ; un préfet de Judée aussi. Le début du règne d'Hérode Agrippa constitue cependant un terminus ad quem: le petit-fils d'Hérode développa en effet une nouvelle grille d'arpentage pour bâtir le Troisième mur. Nous aurons l'occasion de développer ce point infra. On sait que la ville parvenait à la limite de ses capacités surtout en période de pèlerinage au premier siècle. La construction (ou la réparatation) d'un aqueduc par Ponce Pilate351 - sur les subsides du Temp1e352 - , rappelle que les besoins en eau de Jérusalem s'étaient accrus. La construction d'un nouveau quartier en fut peut-être la cause. Quel que fut le dynaste ou Je préfet de Judée à l'origine du projet, il est de la plus haute convenance que les arpenteurs se soient alors appuyés sur la grille d'arpentage déjà établie pour le quartier du Bezetha.
348 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 148 : « Ce fut Agrippa qui entoura de ce mur les nouveaux quartiers de la ville, jusque-là tout entiers sans défense ; car la cité, vu l'excès de population, débordait peu à peu les remparts. » 349 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 260 : « Là en effet, le premier rempart était plus bas, et le second ne s'y rattachait pas, parce qu'on avait négligé de fortifier ce point, la nouvelle ville n'étant pas encore très peuplée.» 350 Jn 19,20 : « Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était p rès de la ville. » ; He 13, 12 : « C'est pour cela que Jésus, aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte.» 351 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifsrr, 4: « Un peu plus tard [Pilate] souleva une nouvelle émeute en épuisant, pour la construction d'un aqueduc, le trésor sacré qu'on appelle Korbônas ; l'eau fut amenée d'une distance de 400 stades. À cette nouvelle, le peuple s'indigna; il se répandit en vociférant autour du tribunal de Pilate, qui se trouvait alors à Jérusalem. »; ID., Antiquités Juives XVIII, 60 : « Pilate amena de l'eau à Jérusalem aux frais du trésor sacré, en captant la source des cours d'eau à deux cents stades de là. Les Juifs furent très mécontents des mesures prises au sujet de l'eau. Des milliers de gens se réunirent et lui crièrent de cesser de telles entreprises, certains allèrent même jusqu'à l'injurier violemment, comme c'est la coutume de la foule. Mais lui, envoyant un grand nombre de soldats revêtus du costume juif et porteurs de massues dissimulées sous leurs robes au lieu de réunion de cette foule, lui ordonna personnellement de se retirer. Comme les Juifs faisaient mine de l'injurier, il donna aux soldats le signal convenu à l'avance, et les soldats frappèrent encore bien plus violemment que Pilate le leur avait prescrit, châtiant à la fois les fauteurs de désordre et, les autres. Mais les Juifs ne manifestaient aucune faiblesse, au point que, surpris sans armes par des gens qui les attaquaient de propos délibéré, ils moururent en grand nombre sur place ou se retirèrent couverts de blessures. Ainsi fut réprimée la sédition. » 352 S. MAsoN, Flavius Josephus: Translation and Commentary. Judean War, vol. 1, Brill, 2008, p. 148.
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fig. 4.1.
Détail du nord-est de la maçonnerie de l'esplanade du temple hérodien par Charles Warren
Chapitre 4 L'agrandissement du temple et ses bouleversements
Introduction L'agrandissement du temple par Hérode le Grand fut un bouleversement majeur pour l'urbanisme de Jérusalem. Flavius Josèphe le laisse entendre à demimot quand il énumère les grands travaux qu'Hérode voulut entreprendre après 14 ans de règne et qu'il ne put réaliser que trois ans plus tard353 : Ce fut donc dans la quinzième année de son règne qu'il fit rebâtir le Temple et renouveler les fortifications de l'espace environnant, porté au double de son étendue primitivé354•
Flavius ne parle pas uniquement du temple mais aussi du« renouvellement des fortifications de l'espace environnant» ( ... KaÎ 7r:epÎ avrÔV âverE:lXfaaW xwpav rfjç ovaytç ôm:Âaaiova ... ). Quelle que soit la manière de comprendre la phrase (l'espace environnant concerne-t-il seulement l'esplanade du temple autour du sanctuaire proprement dit ou eng1obe-t-i1 l'espace urbain adjacent à l'esplanade du temple ?), demeure un fait qui a nécessairement marqué les hiéroso1ymitains contemporains d'Hérode : des pans entiers de la ville, en particulier l'est du quartier hasmonéen, ont été détruits et scellés par la nouvelle esplanade, provoquant de grands
bouleversements et sans doute des expropriations douloureuses. Certes, le terrain au nord de l'esplanade pré-hérodienne, situé en dehors du Deuxième mur et au sud du nouveau quartier hérodien, devait être encore peu construit : son incorporation à la nouvelle esplanade du temple n'a pas dû poser de problème particulier, sinon celui de son nivellement surtout du côté oriental, là où le profond fossé, auquel s'était heurté le général Pompée en 63 av. J.-C 355, s'accentuait au fur et à mesure de la proximité croissante de la vallée du Cédron. Les explorations réalisées par Warren en 1867-1870 montrent qu'il fallut récupérer plus de 36 mètres en hauteur à l'extrémité nord-est de l'esplanade (dans 1a proximité immédiate du barrage qui retenait l'eau de la piscine d'Israël), soit donc environ 35 assises de pierres de type hérodien, pour atteindre le niveau de la roche du Dôme (fig. 4. 1). En revanche, le terrain, situé au nord-ouest et à l'ouest de l'esplanade pré-hérodienne - à l'intérieur du Deuxième mur - n'avait aucune raison de ne pas être construit. Seule sa partie sud, où passe 1a vallée du Tyropéon à côté du Premier mur-, laissait le cours d'eau s'écouler jusqu'à la retenue d'eau, sur 1a digue de laquelle s'appuie l'arche de Wilson. Nous avons développé ce point.
353 Dans la Guerre des Juifs r, 21, 401-402, Flavius Josèphe date le début de l'agrandissement du temple de la 15' année du règne d'Hérode; dans les AntiquitésJuivesxv, 380 dela 18' année. La contradiction entreles sources n'est qu'apparente si l'on tient compte des trois années qu'il fallut à Hérode pour commencer effectivement les travaux. En effet, les Juifs, qui craignaient qu'Hérode ne termine jamais les travaux grandioses qu'il annoncait, ont exigé de lui, pour qu'ils acceptent que l'on touche à la partie la plus sacrée de l'édifice, qu'il rassemble à Jérusalem tous les matériaux nécessaires à la construction de son projet. Ce qui a pris trois ans. Cf. AntiquitésJuives xv, 388. Par conséquence, il faut dater le début de la reconstruction/agrandissement du temple d'environ 20 av. J.-C. Cf. E. NETZER, The architecture of Herod, the Great Builder, Grand Rapids, Baker Academics, 2008, p. 13. 354 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs I, 21, 401 -402. 355 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs, I, 7, 3: « Pompé lui-même combla sur le flanc Nord [du temple] le fossé et tout le ravin, en faisant apporter des matériaux par l'armée. »
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L'AGRANDISSEMENT DU TEMPLE
Un rapide calcul montre qu'en agrandissant le temple, Hérode a désaffecté un peu plus d'un hectare (::::; 10 500 m 2) duquartierintramuroshasmonéenetàpeuprèsautant,sinon davantage, du quartier situé à l'intérieur du Premier mur (au sud-ouest et sud de l'esplanade pré-hérodienne)356 . Au premier abord, les superficies ne semblent pas considérables ; en réalité, la densité des habitations devait être suffisante pour faire un nombre non négligeable de mécontents; ce d'autant plus que les réaménagements s'étaient étendus inévitablement aux abords immédiats de la nouvelle esplanade, comme l'ont montré les fouilles du tunnel du mur ouest357 . La gestion des expropriations est toujours délicate. Le roi devait composer et être prudent avec ses sujets qui ne l'aimaient pas. En dédommagement des terrains perdus, Hérode proposa sans doute des compensations, peut-être une surface équivalente dans le nouveau quartier du Bezetha, non loin du théâtre - même si la proximité d'un édifice de spectacle devait en rebuter plus d'un. Le lotissement du quartier extra muros près de 10 ans auparavant procurait à Hérode une astucieuse monnaie d'échange dans sa décision d'agrandir le temple.
Le percement du decumanus 7 S (la via dolorosa)
Antonia par Hérode359, fut severement amputée de sa partie sud pour ouvrir la nouvelle esplanade360. Le bouleversement majeur pour l'urbanisme de Jérusalem fut cependant la suppression de la porte située au sud de la Bâris/Antonia dans l'axe GH (fig. 3.3). La desserte de la vallée du Cédron et du Mont des Oliviers devenait impossible, sauf à traverser la nouvelle esplanade sacrée en bravant l'interdiction des prêtres. Autrement dit, faute de contraindre les hiérosolymitains à un détour de plusieurs kilomètres par les portes du nord ou du sud de la ville - notamment ceux qui roulaient en char -, Hérode se devait d'ouvrir un nouvel axe carrossable vers l'orient dans la proximité la plus immédiate de l'axe GH condamné. Il en allait de sa crédibilité : son projet d'agrandissement, déjà contesté par les Juifs en raison de sa magnificence361, ne devait pas aussi transformer Jérusalem en une ville impossible à vivre. Une porte orientale digne de ce nom ouvrant sur la vallée du Cédron par une route carrossable était indispensable.
La nouvelle esplanade du temple, obstacle à contourner
La suppression de la porte orientale entre le temple et !'Antonia
L'Évangile de Marc garde la trace de l'obstacle constitué par l'esplanade du temple pour toute personne désireuse de se rendre dans la vallée du Cédron à partir de la ville haute et du quartier hasmonéen :
Le quartier au nord-ouest de l'esplanade pré-hérodienne fut donc le plus bouleversé par l'agrandissement du temple. L'ancienne Bâris358, renommée
Ils am"vèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des chan-
356 L'agrandissement du temple d'Hérode repousse la limite de l'esplanade d'environ 130 mètres au nord, et de 25 à 40 mètres à l'ouest et d'environ 40 mètres vers le sud. Si l'on tient compte de l'extension maximale delaBân·svers le sud, le calcul estle suivant: S = 80 X 62 + 150 X (40+33)/2 = 10435 m 2. 357 Cf. D. BAHAT, The Jernsalem Western Wall Tunnel, op. cit., 2013 et E. MAzAR, The Complete Guide to the Temple Mount Excavations, Shoham Academic Research and Publication, The Old City Press, Jerusalem, 2002; H. BARBÉ. et T. DA'ADLI, «Jérusalem - Ohel Yizhaq )), dans E. BARUCH, Z. GREENHUT et A. FAUST, New studies on Jernsalem 11, p. 19*-29*, T. DA'ADLI et H. BARBf., « Excavations at Ohel Yizhaq in the Suq al-Qattanin Quarter, Jerusalem )), dans H. GEVA, op. cit., 2019, p. 247-254. 358 FLAVIUS J OSÉ.PHE, AntiquitésJuives xv, 403-409 : « [La citadelle] fut bâtie par les rois pontifes de la race des Hasmonéens, prédécesseurs d'Hérode, qui l'appelèrent Ban·s. [...] A l'époque où nous sommes, le roi des Juifs, Hérode, fo rtifia encore cette tour Baris afin d'assurer la sécurité et la défense du Temple, et, en souvenir d'Antoine, son ami et le chef des Romains, il lui donna le nom d'Antonia. >>. 359 Le nouveau nom de la Bâris du nom même de celui dont Hérode était l'un des plus fidèles lieutenants, n'a pu se faire que dans les années qui ont suivi son entrée dans Jérusalem en tant que roi (37 av. J-C.). Il est en effet impensable que le roi des Juifs ait appelé Antonia cette forteresse après la mort de Marc-Antoine (31 av. J-C.). C'eût été faire une grave injure à Octave, le nouveau maître de l'empire. Il s'ensuit que la Bâris s'est appelée Antonia bien avant qu'elle fût remaniée par Hérode, alors qu'elle était encore le palais royal de Jérusalem que ses prédécesseurs hasmonéens avaient construit et habité. Cf. D. BAHAT, The Jerusalem Western Wall Tunnel, op. cit.; D.-M. CABARET, art. cit., RB 124 (2017), p. 111-118. 360 Certains, tels E. Netzer (The architecture of H erod, the Great Builder, op. cit., p. 139, fig. 31), prétendent que la nouvelle esplanade ne fit que s'accoter à !'Antonia qui, en conséquence, conserva son plan« carré))_ Tel n'est pas notre avis comme semble le montrer l'arasement de la colline de l'Antonia que l'on peut constater aujourd'hui. Si !'Antonia avait conservé son plan« carré)) sous Hérode le Grand, comment expliquer un tel arasement? A quelle époque aurait-il été réalisé? De plus, la nouvelle esplanade hérodienne n'aurait pas eu la« cohérence rectangulaire>> que nous lui connaissons actuellement, ce qui ne ressemble guère au goût architectural d'Hérode le Grand qui aimait les projets aboutis. 361 Cf. FLAVIUS J OSÉ.PHE, A ntiquités Juives XV, 388.
REMANIEMENTS AUX ALENTOURS DU TEMPLE
geurs, et les sièges des vendeurs de pigeons; et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le templi' 62 ·
Comme le montrent encore des photos aériennes de l'esplanade datant du début du 20e siècle (fig. 4. 2), il était logique de couper court en passant par l'esplanade du temple par un raccourci pour aller et venir de la vallée du Cédron. La loi du moindre effort tendait à ignorer la sacralité du lieu. L'interdiction de Jésus montre aussi a contrario que l'alternative était crédible, certes moins pratique mais réelle : contourner l'esplanade au plus près par le nord au travers du petit col séparant la butte de l'An-
fig. 4.2.
107
autrichien (fig. 4. 3). La rue, strictement parallèle au decumanus maximus, s'insère dans la grille d'arpentage du quartier hérodien. Elle n'est certes pas à une distance entière en actus du decumanus maximus (à 4½ actus au sud). Deux raisons principales à cela: 1° - la rue ne fait pas partie du projet initial du quartier : elle ne s'est imposée que suite à l'agrandissement du temple ; 2° - son emplacement est tributaire de la topographie dont les urbanistes d'Hérode ne pouvaient faire fi : il convenait de profiter du petit col et du fossé de l'Antonia pour y faire passer la rue la plus commode possible pour quiconque voulait traverser la ville d'est en ouest ou vice-versa.
L'esplanade, détail d'une photo aérienne (1918)
tonia de la colline du quartier du Bezetha; le petit col
Le decumanus 7 S au plus près de !'Antonia
se prolonge à l'est par un fossé creusé au plus proche du mur septentrional de l'Antonia, du temps de la Bâris hasmonéenne. Telle est l'origine du decumanus 7 S (la via dolorosa) situé à 4½ actus (540 pieds= 159,84 mètres) au sud du decumanus maximus, entre l'actuelle Porte des lions de la vieille ville et l'hospice
Certains s'étonneront peut-être qu'une rue parallèle au decumanus maximus - le decumanus 7 S - longe aussi parfaitement le côté nord de l'Antonia. Comment est-ce possible puisque le decumanus maximus tient son alignement d'être centré sur le point de convergence
362 Mc 11, 15-16. Trad. BJ.
108
L'AGRANDISSEMENT DU TEMPLE
des trois rues de la patte d'oie (point E) et non de la Bâris/Antonia? En réalité, dès que l'on admet que la forteresse devait être de plan carré ou rectangulaire, la difficulté est levée ! En effet, le decumanus maximus du nouveau quartier a été voulu par construction perpendiculaire au cardo maximus, lui-même longeant au plus près la forteresse. Il est alors logique qu'une rue parallèle au decumanus maximus du quartier - et donc perpendiculaire au cardo maximus - puisse longer au plus près la forteresse.
L'arrêt du decumanus 7 S à l'hospice autrichien À l'inverse des autres rues du quartier hasmonéen, qui le traversent d'est en ouest, le decumanus 7 S s'arrête brusquement à l'hospice autrichien, sans rejoindre la rue occidentale de la patte d'oie (fig. 4.3). Nous y voyons le signe que le decumanus 7 S ne faisait pas partie du plan primitif du quartier hasmonéen établi
la patte d'oie, était un compromis, permettant d'éviter un surcoût et d'établir une jonction facile entre les différents portes et quartiers : la rue centrale de la patte d'oie donnait accès tant à la porte septentrionale de la ville qu'à la ville basse ; et pour rejoindre la porte ouest, il suffisait d'emprunter le petit zigzag pratiqué aujourd'hui encore par les pèlerins cheminant sur la via dolorosa : la gêne n'était qu'intime, en tout cas assez mineure pour éviter les plaintes. Le zigzag, allant de l'hospice autrichien jusqu'à la bifurcation de la via dolorosa vers l'ouest, est sans doute le reliquat du carrefour établi par les architectes d'Hérode, remanié aux époques ultérieures et visible sur la carte de Madaba (fig. 2.2). L'ampleur de l'espace encore préservé aujourd'hui devant l'hospice autrichien est sans doute le signe de l'importance de ce carrefour qui permettait d'entrer ou de sortir de la ville selon que l'on allait ou venait de la vallée du Cédron et du Mont des Oliviers. Certes, la rue orientale de la
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UN STYLE HÉRODIEN
architectes d'Hérode avaient étudié le traité vitruvien ; mais de noter que la manière dont le traité d'architecture, datant du règne d'Hérode, décrit précisément les ornementations retrouvées tant sur le temple hérodien que sur l'arc de l'Ecce Homo, renforce sérieusement notre hypothèse de contemporanéité des deux monuments. Avec confirmation aussi qu'il y avait probablement, parmi les équipes d'Hérode, des architectes et des ouvriers venus d'Italie et au courant de l'architecture romaine 460 •
fig. 5.24.
141
Un style courant à Jérusalem
De plus, la ressemblance entre la moulure en talon de l'arc de l'Ecce Homo et celle du chambranle de la triple porte du Hulda n'est pas étonnante quand nombre de bâtiments hiérosolymitains de la période possèdent une décoration analogue : en particulier des morceaux de chambranles retrouvés au pied de l'esplanade du temple461 , de l'architrave dorique à deux fasciae retrouvée au pied du mur sud du temple462,
Modénature des pilastres de la salle hérodienne (Herodian Hall proche du mur des lamentations)
460 Ce n'est pas fondamentalement une surprise ; cf. P. GROS, art. cit., dans St. T. A. M. MOLS et E. M. MooRMANN (éds), op. cit., p. 180: « Certains aspects de la basilique de Jérusalem procédaient apparemment de solutions structurelles adoptées dans celle de Fano, laquelle appartient à un rameau de l'évolution amplement illustré par ailleurs, en Italie centrale et septentrionale. On ne conclura donc pas de là un contact direct entre Hérode et Vitruve, ce qui relèverait de l'histoire-fiction, et n'aurait de surcroît guère de sens. On pourra cependant songer, plus raisonnablement, que les praticiens engagés par Hérode, dont beaucoup provenaient d'Italie si l'on en juge par l'emploi dans les constructions de la Palestine de cette époque del' opus caementicium et de son parement le plus 'romain', le réticulé, se sont parfois trouvés immergés dans des cercles de réflexion sur les nouvelles typologies monumentales, si actifs pendant les premières années du Principat, et qu'ils en ont tiré quelques enseignements. » 461 O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod} Rqyal Portico, op. cit., p. 77: « The doorframes belong to Attic or Ionie entrances and are carved with plain undecorated molding. Two main types exist: one is of a simple style, characterized by few moldings, and the second is more sophisticated, with a more elaborate series of moldings. The doorframe of the gate that once stood above Robinson's Arch is of the Attic type, and is carved with a cyma reversa and an outer wide @let( ... ) This profile is common in the design of doorframes in the late Second Temple period. ( ....) The decorated doorframe preserved on the western doorjamb of the Triple Gate's western entrance is more complicated; this doorframe is carved with five successive moldings, including an ovolo and cyma reversa, separated and by @lets. » 462 O. PELEG-BARKAT et R. CHACHY, art. cit., dans R. PoRAT, R. CHACHY-LAUREYS, Y. KALMAN, op. cit., p. [325] : « At the foot of the southern enclosure wall of the Temple Mount in Jerusalem, [two fragments of a Doric frieze] bear in their lower part a narrow architrave with two fasciae - the upper shorter than the lower (ratio 3:5) and with a crowning cyma reversa molding. » Une moulure en talon se retrouve aussi sur l'architrave de l'Augusteum de Césarée Maritime: cf. L. C. KAHN, art. cit., dans A. RABAN et K. G. HOLUM, op. cit., p. 140-141. Cf. aussi O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod} Rqyal Portico, op. cit., p. 54 : « An architrave carved with two narrow fasciae appears on two other fragments, also carved on one block together with the Doric frieze above; crowing the fasciae is a plain cyma reversa, 4,5 cm high. »
142
L'ARC DE L'EcCE HOMO
des architraves de la tholos du :Mausolée de l'Hérodium (fig. 5.20)463 ; mais aussi de la modénature soutenant les pilastres de la salle hérodienne (Herodian Hal~ sise à côté de l'arche de Wilson (fig. 5.24) 464. La moulure en talon se retrouve encore sur le chambranle et le linteau de la tombe hiérosolymitaine du Sanhédrin (fig. 5.21) ou - pour clore une liste non exhaustive - sur nombre de sarcophages de la période hérodienne, en particulier celui qui a été exhumé par E. Nezter, qui aurait recueilli la dépouille d'Hérode lui-même. Enfin, avant de conclure, il convient de noter un dernier point : les plus anciennes architraves, munies de tores entre les bandeaux, retrouvées en Judée proviennent, dans l'état actuel des recherches, du temple n ° 2 d'Horvat Omrit, de la fin du 1er siècle ap. J.-C.465, date tardive, si l'on considère qu'une telle complexification des architraves est courante à Rome dès la période augustéenne466 . Dès lors, comment expliquer que les architraves de l'arc de l'Ecce Homo ou encore celles de la tholos du Mausolée del'Hérodium n'en soient pas munies ? La réponse la plus simple est de considérer que les deux bâtiments sont contemporains d'une époque où le style impérial de la Rome augustéenne n'était pas encore de rigueur enJudée ; ce qui ne sera plus le cas, un siècle plus tard sous Hadrien, lors de la construction ou reconstruction de la porte hiérosolymitaine de Damas, de l'arc de l'hospice russe de la même ville, del'arc triomphal de Jérash ou de sa porte sud (fig. 5.24).
Conclusion Pour conclure, revenons au point de départ de notre réflexion : certes, comme l'ont proposé certains, il est possible de réaliser des parallèles stylistiques entre l'arc del'Ecce Homo et des monuments del'époque d'Hadrien
disséminés à Athènes, à Rome ou ailleurs, notamment sur la question des archivoltes à deux fasàae. Mais les dernières recherches archéologiques conduisent à en faire tout autant, sinon davantage, avec des édifices de l'époque hérodienne qui, de surcroît, sont concentrés à Jérusalem et sa proche région : la comparaison ne concerne plus uniquement les deuxfasciae de l'archivolte mais aussi la cymaise en talon la couronnant. Les parallèles, circonscrits dans l'espace et le temps - ce qui nous est un avantage -, sont si précis que la question de la datation hérodienne de l'arc del'Ecce Homo ne peut être éludée. Selon la loi du rasoir d'Ockham, l'hypothèse la plus simple doit prévaloir. N'est-elle pas, sur la base de cette analyse stylistique, de considérer l'arc de l'Ecce Homo hérodien, comme faisant partie de ce grand programme urbanistique destiné à réaménager les abords du temple élargi467 ? En effet, l'agrandissement de l'esplanade entraîna la destruction de la porte orientale de la ville, à laquelle il convenait de substituer une nouvelle porte urbaine, faute de laisser les hiérosolymitains dans une gêne inacceptable. Telle est la raison d'être de l'arc de l'Ecce Homo. C'est pourquoi, il fut sans doute édifié avant même que l'ancienne esplanade ne soit agrandie, pour que l'accès à la vallée du Cédron, depuis la ville, ne fût jamais interrompu.
A la suite d'Y Blomme, on pourrait aussi attribuer à Hérode Agrippa l'édification de l'arc de l'Ecce Homo, puisqu'il est communément admis par les spécialistes que le style architectural en cours durant le règne du petit-fils d'Hérode ne différait guère de celui cl u grandpère. Dans ce cas, il faudrait admettre que Jérusalem ait pu rester environ six décennies sans véritable porte urbaine orientale, permettant un passage facile aux chars en provenance du sud et de l'ouest de la ville, ce qui semble peu plausible ; à moins d'imaginer qu'Agrippa, durant son (trop) court règne, affairé par la
463 O. PELEG-BARKAT et R. CHACHY, art. cit., dans R. PüRAT, R. CHACHY-LAUREYS, Y. IZALMAN, op. cit., p. [324] : « The crown molding features a cyma reversa topped by a plain fillet. »; ID. p. 339, note 38 : « The cyma reversa profile is the normal crowning for two - or three - fasciae architraves ». 464 D. BAHAT, op. cit., 2013, p. 113-132. Cf. aussi J. PATRICH & Sh. WEKSLER-BDOLAH, « The "Free Masons Hall" - A Composite Herodian Triclinium and Fountain to the West of the Temple Mount», dans G. D. SUEBEL, J. UzIEL, K. CYTRYN-SILVERMAN, A. RE'EM & Y. GADOT (éds), New Studies in theArchaeo!og;y of Jerusalem and ifs Region, collected Papers, vol. X.,Jérusalem, 2016, p. 15*38* ; Sh. WEKSLER-BDOLAH, A. ÜNN et J. PATRICH, « A Herodian Triclinium with Fountain on the Road Ascending to the Temple Mount from the West», dans H. GEVA,AncientJerusalem Reveafed, Archaeological Discoveries, 1998-2018, Israel Exploration Society, 2019, p. 123-135. 465 Le temple n° 2 (hexastyle périptère d'ordre corinthien), recouvrant le temple n° 1, en qui on reconnaît l'Augusteum hérodien de Banyas (tétrastyle d 'ordre corinthien), date de la 2' moitié du 1" siècle ap. J.-C (G. MAzoR, The Temple at Omrit, op. cit., p. 19-25). À ce titre, il pourrait être une commande du futur Titus qui, après la prise de Jérusalem, invité par l'ambitieuse Bérénice, vint se reposer à Banyas (FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs vn, 23-25). 466 C'est le cas de l'architrave du temple romain dédié à Mars Uftor en 2 av. J.-C. Cf. O. PELEG-BARKAT et R. CHACHY, art. cit, dans R. PoRAT, R. CHACHY-LAUREYS, Y. KALMAN, op. cit., p. 339, note 37: « The lack of any decoration on the dividing molding is typical of architraves dating prior to the Imperia! period, when architrave dividing moldings begin to be decorated, mainly with astragal molding carved with beads, and reals, and cymareversamoldings carved with tongues and buds. In Judea, such decorations appear toward the end of the first century CE, e.g. in the later phase of Omrit >>. 467 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs I, 21, 401-402 : « Ce fut donc dans la quinzième année de son règne qu'il fit rebâtir le Temple et renouveler les fortifications de l'espace environnant, porté au double de son étendue primitive. »
LA FAÇADE ORJENTALE
construction de la troisième enceinte de Jérusalem, ait aussi décidé de remplacer un édifice antérieur à l'arc de l'Ecce Homo ou d'y édifier une sorte d'arc triomphal qui, à l'époque, ne pouvait que déboucher sur une piscine du S trouthion non encore couverte. Bref, les hypothèses ne sont pas les plus simples. La loi du rasoir d'Ockham penche donc en faveur de la datation hérodienne. Si notre hypothèse est juste, il n'est guère étonnant que l'arc de l'Ecce Homo porte dans sa propre architecture, à travers ses archivoltes à double faciae couronnées d'un talon mais aussi ses impostes, elles-aussi en talon, ou encore son grand appareil monumental, comme un reflet de la sobriété majestueuse du temple hérodien. L'ordonnance de la façade orientale de l'arc confirme ce point de vue.
La façade orientale de l'arc
143
dans les parties privées du couvent des Sœurs de Sion ou encore sur la via dolorosa. Le sondage archéologique de H.-M. Coüasnon en 1980 au pied du piédroit septentrional de la baie latérale nord atteint la fondation de l'arc sise sur un mélange de terre et de pierres à environ 1,60 mètres sous le sol moderne du chœur de la basilique de l'Ecce H omo. Le sondage a confirmé que la fondation de l'arc traversait un lit de pose sur un remblai et non le pavement du lithostrotos comme certains le proposaient468 • La pierre de la première assise au-dessus de la fondation comporte, presque sur toute sa longueur, une protubérance d'environ 20 cm de hauteur et un saillant qui doit marquer le niveau du dallage antique ; nous verrons qu'elle dut aussi servir de fondement à un piédestal. La hauteur sous la voûte des baies latérales de la porte atteignait 16 pieds (4,73 m) en tenant compte du trottoir; celle du passage central 26,66 pieds (7,9 m).
L'ordonnancement de la façade orientale
Un arc à trois baies avec des colonnes libres ?
La figure 5.26 représente la façade orientale, visible sur la photo ancienne 5.27 et restituée à partir des vestiges éparpillés tant dans la basilique de l'Ecce Homo que
L'appareil in situ visible dans l'escalier moderne du couvent des sœurs, entre la baie centrale et la baie latérale nord (fig. 5.2 et 5.25), témoigne de l'absence de
fig. 5.25.
468 H.-M.
CoüASNON,
A rc romain de Drusus Maior (Rome), daté de 9 av. J.-C.
Chronique archéologique, RB 73 (1966), p. 573s.
144
L'ARC DE L'EccE HOMO
-
Fondations Maçonnerie en place Restaurations de l'arc
-
Maçonnerie moderne
-
Sections de maçonnerie moderne
Via Dolorosa
fig. 5.26.
Restitution de la façade orientale de l'arc de /'Ecce Homo
LA FAÇADE ORIENTALE
fig. 5.27.
La façade orientale de l'arc de /'Ecce Homo à la fin du 19e siècle
145
146
L'ARC DE L'EcCE HOMO
niche dans la façade orientale sur les parements séparant baie centrale et baies latérales - à l'inverse de la façade occidentale. Cette absence n'est pas étonnante en raison de la fonction première de la façade orientale de la porte urbaine qui, tournée vers l'extérieur de la deuxième enceinte urbaine, devait a priori être davantage défensive qu'ornée ! Elle laisse aussi éventuellement la place à des colonnes non engagées supportant une corniche et posées sur des piédestaux en avant de la façade. Un tel ordonnancement de colonnes libres n'est certes pas courant dans les portes urbaines et arcs triomphaux du début de l'Empire. Par exemple, telle n'est pas la solution adoptée à la porte hiérosolymitaine de Damas, dont les colonnes engagées sont a minima du 1er siècle ap. J.-C. En revanche, la porte sud de Tibériade, dont l'état primitif remonte à Hérode Antipas469, dispose de deux colonnes libres. On pourrait y voir le signe d'une influence filiale : pour orner la nouvelle cité dédiée au successeur d'Auguste, le tétrarque de Galilée se serait inspiré de la porte urbaine construite par son père à Jérusalem. De plus, l'un des rares arcs triomphaux romains d'époque augustéenne dont l'élévation subsiste, l'arc de Drusus Maior, datant de 9 av. J.-C., possède aussi des colonnes libres de part et d'autre de la baie centrale (fig. 5.25) ; preuve qu'un tel agencement architectural, pour rare qu'il était sur les portes urbaines ou arcs triomphaux, existait néanmoins dans la capitale augustéenne de l'Empire. Dès lors, rien n'interdit qu'Hérode se soit inspiré d'exemples vus lors de ses voyages à Rome pour donner un éclat particulier - mais sobre - à la nouvelle porte urbaine orientale de Jérusalem rendue nécessaire par l'agrandissement du temple. En particulier, les trois fornices de l'arc « actiaque » construit sur le forum romain en 31 av. J-C. pour célébrer la
victoire d'Octave, pourraient avoir joué un rôle dans le choix d'Hérode de munir l'arc de l'Ecce Homo de trois baies470 - choix plutôt rare au début de l'époque augustéenne. Certes, la porte de Fano, datée elle-aussi de 9 av. J.-C., comporte aussi trois baies aux proportions semblables à celles de l'arc de l'Ecce Homo; la porte prétorienne d'Aoste aussi, construite en 25 av. J.-C. (fig. 19. b) ; ou encore la porte dite de Z ucchabar de Césarée de Maurétanie (Cherchell) due au roi client de Rome Juba n (52 av. J.-C. 23 ap. J.-C.) 471 • Ces exemples marqueraient le début d'une mode - non limitée aux arc triomphaux472 s'inspirant des arcs augustéens du Forum romain, qu'Hérode, lui-aussi roi client de Rome, aurait pu être l'un des premiers à promouvoir. Pierre Gros mentionne ainsi cet élan : Quoi qu'il en soit l'importance de ces incunables [l'arc actiaque ;> et l'arc «parthique J>j ne saurait être trop soulignée : () ifs proposent les premières versions d'arcs monumentaux à triple jornix. () Ces monuments si représentatifs du nouveau climat politique instauré par le Principat devaient trouver un écho immédiat en Italie et dans les Provinces. Dans le vaste mouvement de restauration ou d'amplification qui affecte alors l'architecture urbaine, les arcs honorifiquespeuventprendre fa forme de portes de villes473• monumental destiné à être vu sous trois faces sans autre contrainte
LES PIÉDESTAUX
b) face latérale droite (3)
a) face avant (1)
fig. 5.30.
0
Photos du piédestal à« coussin;> monumental destiné à être vu sous deux faces seulement
50 centimètres
99cm
■ Section inaccessible ■
Section coupée du piédestal
■
Section arrière du piédestal
103cm
@
vue du dessus ©
■ Sections de pierre taillée 88cm
103cm
103cm 12cm:
30cm
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30 cm
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Face latérale droite
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fig. 5.31.
0
110cm
Face avant
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Détails des mesures du piédestal à « coussin ;> monumental destiné à être vu sous deux faces seulement
99cm
149
150
L'ARC DE L'EcCE HOMO
la fondation d'.tElia Capitolina. A bien y réfléchir, l'hypothèse - séduisante - laisse cependant miroiter une alternative non moins adéquate : le souci d'élégance des architectes romains du Lithostrotos de doter les portiques de 1a place de bases de colonnes similaires à celles -préexistantes - des colonnes libres de l'arc de 1'Ecce Homo. Rien n'oblige en effet à supposer leur contemporanéité. L'arc de l'Ecce Homo aurait ainsi été à l'origine d'un style architectural qui, via le Lithostrotos hiéroso1ymitain, se serait répandu à partir du 2e siècle à travers le pays, notamment au temple de Coré à Sebastieh480, au temple de Qedesh481 ou encore, pour se limiter à ces exemples, au théâtre de Beisan482 . Dans Jérusalem nouvelle, publié en 1914, L.-H. Vincent voyait déjà dans ces deux massifs piédestaux« à coussin» la base des colonnes ornant la façade orientale de l'arc de l'Ecce Homa4 83 • Même s'il changea d'avis dans ses œuvres ultérieures484, l'hypothèse nous semble encore aujourd'hui valide tant les dimensions des deux socles collent parfaitement à 1'ordonnance de la façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo. Tel est du moins ce que nous prétendons montrer infta.
La rudesse des formes peut étonner. En fait, à 1a manière des socles de colonnes (de forme analogue) du temple de Coré de Sebastieh ou du temple de Qedesh, elle résulte d'un épanne1age du « coussin » central qui aurait pu être sculpté485. Un tel épanne1age est-il volontaire ? ou bien le fruit d'une :finition inachevée ? Nous
avons déjà noté la sobriété du style architectural et des sculptures de l'arc de l'Ecce Homo. L'épannelage volontaire de plusieurs éléments importants de son architecture pourrait même en être une marque propre. Nous le constatons pour les piédestaux. Nous verrons infra qu'il en est de même pour les chapiteaux et la corniche.
Les différences entre les deux piédestaux
La face arrière des deux piédestaux retrouvés possède la particularité d'être à peine ébauchée, ou laissée brute, signe qu'ils ont été conçus pour être adossés. Le premier est en meilleur état que le second. On y distingue encore une baguette en creux sur les trois côtés sculptés de sa base cubique, ainsi qu'une moulure peu marquée sur les trois côtés, ornant le tronçon pyramidal qui relie la base cubique inférieure au « coussin». L'ébauche de la face arrière réalisée sur une profondeur d'environ 12 cm de chaque côté (:fig. 5.29, face 4) cherche à y donner l'illusion du retour du relief en« coussin» (:fig. 5.29, face 3 et face 4). Une telle minutie montre que ce piédestal était installé pour être visible sous trois faces sans autre contrainte (:fig. 5.28, b).
Le second piédestal, beaucoup plus abîmé que le premier, a été amputé de sa face latérale gauche sur environ une douzaine de centimètres (:fig. 5.31, face 1). La face latérale opposée encore intacte, bien
colonne« à coussin» a aussi été retrouvé à proximité du stylobate romain de la rue El-Wad - sans qu'on puisse en localiser exactement la provenance ; cf O. PELEG-BARKAT, « Chapter 4 : Architectural Decoration of the Eastern Cardo>> dans Sh. WEKSLER-BDOLAH et A. ÜNN,Jerusaiem, Western Wall Plaza Excavations, vol. 1, The Roman and Byzantine Remains: architecture and stratigraphy, avec la contribution de G.Bijovsky, D. Gill, S. K.isilevitz, O. Peleg-Barkat et M. Sebbane, L4A Reports 63, Israel Antiquities Authori!Ji,Jérusalem, 2019, p. 126-127. Cf. aussi Sr M\ruE-ALINE DE SION, op. cit., p. 166-168; pl. 55 à 59. 480 J. W CROWFOOT, C. KENYON et E. L. SUKENIK, The Building at Samaria, Palestine Exploration Society, Londres, 1942, pl. LIX. 481 M. FrsCHER,A. ÜVADIAH et I. RoLL, «The Roman Temple at Kedesh, Upper Galilee: A Preliminary Study », Te!Aviv 11 (1984), p. 146-172. 482 G. M\ZOR, «The Architectural Elements », dans G. M\zoR et W ATRASH, Bet Shean Ill/2, Nysa Scythopolis;The Southern and Severan Theaters. The Architecture, Israel Antiquites Authori!Ji Reports 58/2, Jérusalem, 2015, p. 371-611. 483 L. H. VINCENT, Jérusalem nouvelle, op. cit., p. 28 : « Les socles, de structure plus originale (... ) ne sont plus en relation directe avec l'arc. Il n'est pourtant guère douteux qu'ils ne soient des éléments de sa décoration primitive et leur forme même en suggère la place. » Dans l'ouvrage cité dans la note précédente (Le lithostrotos, p. 10), plus récent que Jérusalem Nouvelle, L.-H. Vincent a changé d'avis, voyant dans ces socles de colonnes des morceaux de l'énorme portique qui ornait le centre de sa« grande Antonia »; ce qu'il confirme dans Jérusalem de l'Ancien Testament publié en 1954: L.H. VINCENT,Jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit., p. 201, note 1 : « [La mouluration du piédestal] sur trois faces implique bien un support adossé. En 1912, quand j'étudiais l'arc de l'Ecce Homo pour le situer dans la colonie romaine d'JElia, ne connaissant pas la provenance de ce socle, j'avais proposé son adaptation sur la face orientale des piles de l'arc. ( ...)Malgré la vraisemblance d'un tel agencement pour l'arc romain, le socle en question n'a certainement pas joué ce rôle dans l'arc d'Hadrien, mais un rôle analogue dans l'édifice hérodien de !'Antonia.» 484 Il préféra y voir avec sr Marie Aline de Sion des socles de colonnes provenant de sa« grandiose Antonia» Cf L.-H. VINCENT, Jérusalem nouvelle, op. cit., p. 28 : ); ce qu'il confirme dans Jérusalem de l'Ancien Testament publié en 1954 : L. H. VINCENT, Jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit., p. 201, note 1. : cf aussi Sr M\ruE-AuNE DE SroN, op. cit., p. 166-168 ; pl. 55 à 59. 485 Seuls les piédestaux du mur de scène du mur de Beisan avaient un « coussin » scuplté. Cf. G. MAzoR, « The Arcitectural Elements », dans G. MAzoR et W ATRASH, op. cit., p. 371-611.
LA DIFFÉRENCE ENTRE LES PIÉDESTAUX
0
2
3
4
5
mètres
fig. 5.32.
Restitution de la façade orientale de /'Arc de /'Ecce Homo
151
152
L'ARc DE
L'Ecœ HoMo
qu'assez détériorée, laisse apparaître une particularité absente au premier piédestal : son relief en « coussin» se prolonge jusqu'à l'aplomb de la face arrière, sans marquer d'angle qui conviendrait si la face arrière était travaillée (fig. 5.31, face 3 et :fig. 5.30 b). Autrement dit, à la différence du premier piédestal, les tailleurs n'ont pas pris la peine de simuler la sculp ture de la face arrière sur le côté droit du second piédestal486• Une telle particularité n e doit pas être une négligence ou un oubli car elle est logique: con trairement au premier piédestal, le second n'était pas destiné à être vu sous « toutes ses coutures » : seules la face frontale etla face latérale gauche devaient
- que la façade orientale de l'arc était ornée de quatre (et non deux) colonnes : une à chaque extrémité, et deux autres de part et d'autre de la baie centrale. La disparité des piédestaux l'oblige. Pour qu'une harmonie se dégage de la façade, il convient que les deux colonnes de part et d'autre du passage central occupent le centre du mur séparant la baie centrale des baies latérales. Étant donné la largeur respective des parements et des piédestaux retrouvés (246 cm et 99 cm), on peut en déduire que 73,5 cm (= (246 - 99)/2 = 2,5 pieds) séparaient le bord des piédestaux des baies (centrale et latérales). Dès lors,
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La base de colonne du couvent de la FhgeUation
être visibles ; quant à la face latérale droite, elle devait s'appuyer à un mur perpendiculaire à la face arrière, laissant un espace réduit, trop petit pour qu'un enfant même de petite taille s'y glisse : dès lors, il devenait inutile de simuler la sculpture de la face arrière sur le côté droit Une conclusion s'impose : la comparaison des deux piédestaux rend quasi-certaine l'existence de tours aux deux extrémités de la façade ; tours contre lesquelles était placée une des colonnes de la façade. Il s'ensuit logiquement - mais cela va presque sans dire
il convient aussi que par symétrie, les piédestaux les plus proches des tours soient eux-aussi à une distance de 73,5 cm des baies latérales. Une double soustraction montre que la largeur des parements, tels que restitués à partir de la façade occidentale (195 cm), est suffisante pour y accueillir les piédestaux à la distance convenable des baies latérales, avec un espace résiduel de 22,5 cm (195 cm - 99cm - 73.5) entre les piédestaux et les tours. Une telle ordonnance ne peut être le fruit du hasard.
486 L'amorce de la sculpture de la face arxiè.re devait ex.istex sur la face laté.rale gauche du second piédestal. Mais son amputation nous empêche de Je vérifier. Son e:xistence est néanmoins plus que probable.
LA BASE DE COLONNE
Les quatre colonnes principe de l'ordonnancement de la façade orientale La façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo a donc été ordonnée par quatre colonnes symétriquement placées de part et d'autre des trois baies (fig. 5.32). L'ordonnance solennelle qui s'en dégage rend compte non seulement de la largeur totale de la façade, telle que restituée par nos soins du côté occidental, mais aussi de la position des baies latérales, que la description de la façade occidentale avait montrées légèrement désaxées par rapport aux niches supérieures - sans qu'on puisse en trouver la justification précise. Nous en connaissons maintenantla raison: pour que, sur la façade orientale, les quatre colonnes puissent être symétriques par rapport aux trois baies (centrale et latérales), il convenait et suffisait que les parements les plus proches des tours aient une largeur de 195 cm, dépassant légèrement le piédestal attenant. Il importait peu que les parements centraux et latéraux n'aient pas la même extension ou - autrement dit - que les baies latérales ne soient pas au milieu des demi-façades, puisque l'harmonie de la façade provient de l'encadrement symétrique des trois baies par des colonnes. En revanche, une telle ordonnance induisait une dissymétrie de la façade occidentale dépourvue de colonnes. Nous l'avons déjà vu: les architectes tentèrent de la dissimuler de deux manières, d'abord en plaçant les petites niches entre les trois baies à la place des colonnes centrales, et puis en animant les demi-façades latérales par une niche supérieure centrée, pour contrer la légère excentricité de la baie latérale.
La base de colonne Dans un recoin du Couvent de la Flagellation des franciscains gît une base de colonne quelque peu délabrée dont les dimensions correspondent aux piédestaux sus-décrits (fig. 5.33). D'une hauteur de 47,5 cm, la base est légèrement rectangulaire accusant 99 cm x 101 cm, donc légèrement moins profonde (de
153
2 cm) mais aussi large que l'abaque sommitale des piédestaux. La coïncidence des mesures est trop belle pour être le fruit du hasard. La base, constituée d'un socle de 19 cm de hauteur, est surmontée d'un tore de 6,1 cm de hauteur et de 103 cm de diamètre, puis d'une scotie de 13,2 cm de hauteur, lui-même couronné de deux autres tores presque jumeaux (respectivement de 4,7 cm et 4,5 cm de hauteur) d'un diamètre commun de 83 cm. Comme le grand tore est légèrement plus grand en diamètre (103 cm) que le socle de la base (99 cm X 101 cm), il s'ensuit qu'il dépasse de 1 cm sur la face avant tandis qu'il est légèrement raboté sur les faces latérales (de 2 cm) et sur la face arrière (de 1 cm). La base de colonne présente un aspect rude conforme au style général de l'arc de l'Ecce Homo. Son calcaire blanc, légèrement bouchardé, est très voisin de celui des piédestaux décrits supra.
Le chapiteau à feuilles lisses (épannelé) de l'Ecce Homo Dans les décombres évacués pour la construction de la basilique de l'Ecce Homo, à l'ouest de l'arc à côté de ce que L.-H. Vincent avait déclaré être un corps de garde (salle B)487, fut retrouvé un chapiteau délabré de style corinthien d'assez grande taille : sa hauteur atteint 7 4,5 cm, son abaque est inscrit dans un carré de 83 cm de côté et son astragale accuse un diamètre de 62 cm (fig. 5.34). L'ordonnance générale du décor du chapiteau surprend au premier abord car tout en étant de facture corinthienne « normale488 » plutôt rude, elle s'avère épannelée, c'est-à-dire avec des feuilles d'acanthes assez épaisses non digitées et des calices et des hélices lisses ; mise à part la tige du fleuron entre les deux hélices, toutes les composantes du style corinthien « normal » ont été requises : deux corbeilles d'acanthes lisses ou épannelées d'où jaillissent deux caulicoles obliques permettant aux calices, aux hélices et aux volutes, eux-aussi épannelés, de s'épanouir489 ; le tout étant surmonté d'un abaque constitué d'une baguette
487 L.H. VINCENT,]érusalem de l'Ancien Testament, op. cit., p. 210-211, pl. L. 488 VITRUVE, De Architectura IV, 1, 11. Nous n'ignorons pas que l'ordonnance vitruvienne constitue un idéal qui se retrouve peu dans la réalité. Cf. P. GROS, Commentaires dans VITRUVE, De l'architecture, Livre IV, op. cit, p. 89 : « La tradition suivie par Vitruve est sans aucun doute orientale et, malgré les discordances proportionnelles qui restent assez sensibles, il nous semble que le schéma décrit dans ses paragraphes normatifs [du DeAchitectura IV, 1] date pour l'essentiel de la seconde moitié du 2' siècle av. J.-C. Mais on ne saurait exclure qu'il l'ait modifié sur plusieurs points en tirant parti de créations plus récentes ou même contemporaines de l'époque où il rédigeait, à Athènes ou à Corinthe par exemple. Vitruve s'est, de toute évidence, donné quelque peine pour gommer les aspérités dues à la diversité de ses données de base, mais le résultat demeure à bien des égards singulier et composite. Autant dire que l'utilisation des normes qu'il énonce pour la recomposition d'édifices romains d'époque impériale, si fréquente encore dans la pratique archéologique, relève, au mieux de l'imprudence, au pire de l'absurde. » 489 L. H. VINCENT, Jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit., 1953, p. 21 1 : « Et voici des pièces plus suggestives encore : ( ...) un chapiteau mesurant 0,75 m de hauteur, orné d'un double rang de feuilles grasses et de fleurons martelés dans l'abaque. Galbe et proportions reproduisent trop exactement l'ordre de la colonnade intérieure pour qu'on hésite à le restituer devant l'entrée.
154
L'ARC DE L'EcCE HoMo
entre deux rainures avec, au milieu de chaque face, un motif que l'état délabré du chapiteau ne permet pas d'identifier. L'abaque est très légèrement mordu par les hélices centrales ; et peut-être aussi par les hélices externes mais son état est trop sommaire pour qu'on
stèles funéraires (fig. 5.35). Il propose d'y voir les chapiteaux de la basilique del' Éléona, construite sous Constantin au sommet du Mont des Oliviers 49 1. Une comparaison attentive des deux chapiteaux avec celui de l'Ecce Homo, résumée sur la figure 5.36, montre
620 mm
ftg. 5.34.
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Le chapiteau corinthien à feuilles lisses de /Ecce Homo (dessin: J Humbert)
en soit certain490 • Sur une face, le chapiteau n'est pas vraiment sculpté, laissant supposer qu'il était adossé, à moins d'une rectification du remploi. Nous retrouvons ici le style sobre (ou rude) des piédestaux étudiés supra.
Essai de datation du chapiteau à feuilles lisses de l' Ecce Homo
Dans Jérusalem Nouvelle, L.-H. Vincent signale deux autres chapiteaux à feuilles lisses retrouvés dans un cimetière juif du Mont des Oliviers, remployés en
des similitudes de dimensions, d'ordonnance et de sculpture telles qu'il semble imprudent de ne pas les considérer comme des frères jumeaux ayant autrefois ornés le même monument. En effet, le dessin des chapiteaux du Mont des Oliviers de L.-H. Vincent (fig. 5.36, photo a) est fort proche de celui de l'Ecce Homo (fig. 5.36, photo h) : les dimensions générales des chapiteaux, l'étagement des couronnes d'acanthes, des calices et des hélices sont les mêmes à quelques millimètres près. De plus, le dessin du chapiteau de l'Ecce Homo (photo h) appliqué aux photos des deux chapiteaux de l' Éléona met en évidence une
Moyennant ces indices nouveaux, la porte del'Antonia se révèle singulièrement plus monumentale que ne l'indiquait ma restauration schématique de 1933. » 490 Orit Peleg-Barkat signale qu'il s'agit d'une particularité des chapiteaux corinthiens des palais hérodiens de Jéricho, Cypros, Masada et de l'Herodium. Ces chapiteaux ont aussi des feuilles d'acanthes digitées d'une manière très particulière. Cf. O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod's Royal Portico, op. cit., p. 10-11. 491 Le P. Léon Cré avait publié un des deux chapiteaux dès 1897. Cf. L. CRÉ, La crypte du Credo, Comment on vient de retrouver le grand sanctuaire chrétien du Mont des Oliviers au 4cm, siècle., Extrait de la Revue illustrée de la Terre Sainte et de l'Orient Chrétien, Œuvre d'Orient, Paris, 1897, p. 61-62 : « Enfin, vers 1842, les ruines elles-mêmes du vieil édifice disparurent, vendues par les villageois du Djebel-el-Tour et emportées dans les cimetières du voisinage.» Cf. L.-H. VrNCENT,jérusalem Nouvelle, op. cit., p. 357 : « Depuis de belles années, quelques vieux du village de Tour aimaient à spécifier avec précision, dans un des cimetières juifs voisins, un lot de chapiteaux, bases, tambours de colonnes, pierres d'appareil, socles de cancels, vendus comme matériaux pour l'ornement des tombes et enlevés du terrain du Credo comme une dépouille aussi lucrative que superflue pour les propriétaires d'alors. Il manquait pourtant quelque indice archéologique à l'appui de la courte et très affirmative tradition. Dès le premier essai de contrôle, cette lacune fut comblée. Plusieurs tronçons de colonnes dans la série en question rendirent précisément la mesure de 0,59 m adaptée au fragment découvert dans la fouille; un autre donna le diamètre de 0, 64 met une tête de tambour, où manquait à peine l'astragale, présenta la mesure de 0,573 m. En restaurant là-dessus le plus simple astragale, on réalisait juste l'assise 0,595 m exigée par les deux exemplaires d'un même chapiteau (xxxvrr, 1 et XXXVIII, 3), presque intacte et renversés sur des tombes pour recevoir des épitaphes ! »
LES CHAPITEAUX À FEUILLES LISSES
correspondance quasi-parfaite des proportions du registre sculpté (photos d et e), dans l'étagement des feuilles d'acanthes, des calices et des hélices. En son temps, L.-H. Vincent n'a pas fait le lien entre les trois chapiteaux ; il les a étudiés séparément sans les
fig. 5.35.
155
Mont des Oliviers, retrouvés non loin de l'Éléona, appartenaient selon lui à l'édifice constantinien. Sans reprocher à L.-H. Vincent un manque de vigilance, il semble au contraire possible de concilier ses vues en supposant que les trois chapiteaux étaient destinés à orner la façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo et que deux cha-
Les deux chapiteaux corinthiens àfeuilles lisses retrouvés dans un cimetière juif du Mont des Oliviers
comparer, en considérant que leurs situations géographiques respectives privilégiaient leur appartenance au monument antique le plus proche. Ainsi, le chapiteau de l'Ecce Homo fut considéré comme provenant du portail de la grande forteresse Antonia telle que conçue par lui : dater le dit-chapiteau de la période hérodienne ne lui posait aucun problème492 ; tandis que les chapiteaux du
piteaux (sur les quatre que comptait la porte) auraient été remployés; non pas pour orner l'Éléona constantinienne détruite en 614 par les Perses, mais l'église - sans doute plus modeste - du monastère bénédictin qu'avec la permission du calife Haroun-ar-Rachid (765-809), l'empereur Charlemagne (t 28 janvier 814) parvint à y reconstruire ou à entretenir49 3. À pareille époque, l'arc
492 L. H. VINCENT, Jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit., 1953, p. 211 ; cf. aussi L. H. VINCENT, Le Llthostrotos, tiré à part, Jérusalem, 1932 ; cf. enfin MARIE-ALINE DE SION, La forteresse Antonia à Jérusalem et la Question du Prétoire, Jérusalem, 1955, p. 160-162, pl. 51 et 52. 493 À l'époque de Charlemagne, il y avait trois églises sur le sommet du Mont des Oliviers, dont une à l'emplacement de l'Éléona constantinienne. Elle était desservie par une communauté de moines latins. Une anecdote historique permet d'en être certain: en 807, deux moines latins du Mont des Oliviers sont présents à Aix-la-Chapelle accompagnant une ambassade du calife Haroun ar-Rachid. Ils y découvrent l'ajout du Filioque dans le Credo de la messe et de retour à Jérusalem, l'introduisent dans leur couvent, provoquant une plainte des moines grecs du couvent de Saint-Sabas dénonçant une hérésie au patriarche de Constantinople Nicéphore Icr. Les moines latins font alors appel au Pape Léon III pour leur défense. Cf. Commemoratorium de casis Dei dans T. ToBLER, Itinera hierosolymitana et descriptiones Terrae Sanctae. Be/lis sanctis anteriora, Vol. I, Typis J.-G. Fick, Genève, 1879, p. 302 : « In sancto monte Oliveti ecclesiae tres : una ascensio Domini, inter presbyteros et clericos tres ; alia, ubi docuit discipulos suos Christus, ubi sunt monachi tres, presbyter unus ; tertia in honore sanctae Mariae, clerici duo » ; « Sur le Mont des Oliviers, il y a trois églises; une première à l'endroit del' Ascension du Seigneur, où se trouvent trois prêtres et un clerc; une deuxième à l'endroit où le Seigneur enseignât ses disciples, où il y a trois moines et un prêtre ; et une troisième construite en l'honneur de la Vierge Marie, où se trouvent deux clercs.» Cf. Annales regni Francorum 741-829 dans F. KuRZE, Fontes ad Historiam Regni Francorum Aevi Karolini Illustrandam, vol. 1, p. 84-86 : « ( ... ) et legatus regis Pers arum nomine Abdella cum monachis de Hierusalem, qui legatione Thomae patriarchae fungebantur, quorum nomina fuere Georgius et Felix, - hic Georgius est abba in monte Oliveti, et cui patria Germania est, qui etiam proprio vocatur nomine Egilbaldus, - ad imperatorem pervenerunt munera deferentes ... Imperator legatum et monachos per aliquantum tempus secum retinens in Italiam direxit atque ibi eos tempus navigationis expectare iussit. » ; « Commendamus nos Dominicus, Theodorus, Arimundus, Gregorius, Ioannes, Leo et omnis congregation de Monte Sancto Oliviti, humiles servi vestry, vestris sacris ac Deo dignis orationibus. » cf. C. M. WATSON, C. M. , « Commemoratorium de casis Dei vel monasteriis », Palestine Exploration Fund 45 (1913), p. 25; cf. D. F. CALLAHAN, « The Problem of the «Filioque» and the Letter from the Pilgrim Monks of the Mount of Olives to Pope Leo III and Charlemagne: Is the letter another forgery by Adémar of Chabannes?», Revue Bénédictine 92 (102), p. 133; cf. P. CRÉ, op. cit., p. 59-60.
156
L'ARC DE L'EccE HOMO
Chapiteaux de l'Eléona
Chapiteau de l'Ecce Homo (960mm)
a)
h)
b)
j)
c)
k)
d)
m)
e)
n) fig. 5.36.
Comparaison stylistique entre les chapiteaux de /'Eléona et le chapiteau de /'Ecce Homo
LES CHAPITEAUX A FEUilLES USSES
de l'Ecce Homo était resté en fonction puisqu'au moins deux de ses baies subsistaient et qu'une d'entre elles enjambait toujours une des rues principales de la ville ; mais des bâtiments alentours devaient le cerner suffisamment pour que le démantèlement de ses colonnes et chapiteaux ne gène guère un propriétaire soucieux de récupérer de la place et de l'argent. Certains trouveront l'hypothèse alambiquée, privilégiant l'argument pro domo au détriment de bases autrement solides. Elle semble toutefois satisfaire la loi du rasoir d'Ockkam, selon laquelle le postulat le plus simple doit être privilégié. En effet, bien que fort accidenté, le chemin de la porte del' Ecce Homo au sommet du Mont des Oliviers n'est pas si long: les deux sites gisent du côté oriental de la ville et sur le même axe de circulation. De plus, bien que massif, un chapiteau reste assez facilement transportable: il pèse beaucoup moins lourd qu'une colonne monolithe dont on sait que certaines - notamment en granit - provenaient de bien plus loin494 • Enfin, si l'hypothèse, selon laquelle les trois chapiteaux sont jumeaux et contemporains est juste, de deux choses l'une : ou bien ils appartenaient à une église byzantine du Mont des Oliviers et l'un d'entre eux a été transporté jusqu'à la porte de l'Ecce Homo et remployé dans un monument postérieur; et l'on est en droit de se demander lequel? Question à laquelle il est difficile de répondre; ce qui rend d'autant moins probable cette alternative ; ou bien les trois chapiteaux appartenaient à la porte de l'Ecce Homo et deux d'entre eux ont été remployés dans les églises du Mont des Oliviers ; il semble peu concevable qu'il s'agisse de l'Éléona constantinienne qu'on imagine mal ornée de chapiteaux disparates : l'argent ne devait pas manquer à l'impératrice Hélène ; il est plus plausible qu'il s'agisse de l'une des trois églises reconstruites avec de petits moyens suite à la destruction perse au 7• ou s• siècle et desservie par les moines carolingiens latins: les chapiteaux de l'Éléona détruite n'ont pas dû subsister en nombre suffisant pour l'ordonnance de la nouvelle église. Nous verrons infra que l'adéquation entre le chapiteau de l' Ecce Homo et des autres vestiges archéologiques (piédestaux, tambours de colonnes, etc.) retrouvés au pied de l'arc crédite l'hypothèse Ecce Homo.
157
Dans le (récent) rapport final des fouilles du Mont du Temple de B. Mazar, O. Peleg-Barkat date les trois chapiteaux de la période tardo-romaine ou même byzantine : sans les juger pour autant jumeaux, elle établit entre eux un lien de parenté en raison de leur ordonnance rude, en particulier leurs feuilles lisses très épaisses et des volutes externes qui ne mordent pas sur l'abaque495 ; elle exclut leur appartenance à l'époque hérodienne496 . Son option tranchée semble cependant contestable pour plusieurs raisons. N'est pas pris en compte que les chapiteaux à feuilles lisses puissent être de styles légèrement différents selon qu'ils datent du règne d'Hérode le Grand ou de la période qui précède immédiatement la destruction du temple ; ou que leur ordonnance puisse varier selon le type de monument qu'ils ornaient ; nous verrons infra que le chapiteau de l'Ecce Homo (et donc ceux du Mont des Oliviers) possède une structure compatible avec celle de chapiteaux de l'époque augustéenne. L'option ne retient pas non plus que les trois chapiteaux ont à l'origine probablement orné le même monument, ce qui entraîne la question d'un remploi étant donné les endroits où ils ont été retrouvés ; nous venons de montrer que, compte tenu de la topographie et des connaissances historiques actuelles, il était beaucoup plus plausible de rattacher les trois chapiteaux identiques à l'arc de l'Ecce Homo, privilégiant selon la logique de l'étude, une datation plutôt hérodienne que tardo-romaine ou byzantine - quoiqu'il en soit de leur style. Telle est donc l'hypothèse que nous voudrions maintenant étoffer pour en montrer la pertinence.
Les chapiteaux à feuilles lisses hiérosolymitains de l'époque hérodienne Comme nous l'avons mentionné supra, le chapiteau de l'Ecce Homo présente la curieuse particularité d'avoir été laissé, à dessein, épannelé, id est avec des feuilles lisses. Plusieurs chapiteaux (ou fragments de chapiteaux) à feuilles lisses datant de la période hérodienne ont été retrouvés à Jérusalem497 ; un premier fragment, en remploi dans un mur de période omeyyade au pied de l'esplanade du temple (non loin de la triple
494 Les carrières de granit les plus proches étaient situées en Égypte à Assouan ou en Asie mineure. 495 L.-H. Vincent restitue des volutes externes dépassant l'abaque: cf L.-H. VINCENT et F.-M. ABEL,]émsalem Nouvelle, op. cit., p. 357 et planche XXXVIlI, en particulier le morceau 16. Nous verrons infra que des chapiteaux à feuilles lisses de l'époque hérodienne retrouvés à Baalbek ont des volutes qui ne dépassent pas l'abaque et des feuilles lisses épaisses. 496 O. PEŒG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod's &yal Portico, op. cit., p. 86, note 57 : « Severa! scholars have suggested to include in this group another capital found in the Sisters of Zion Convent, northwest of the Temple Mount. However, the design of the acanthus leaves in this capital is much coarser and denser and the volutes do not extend higher than the abacus. They are reminiscent of the late Roman and Byzantine specimens of this type, e. g., the Constantinian capitals from the Eleona church on Mount of Olives. >> 497 M. L. FISCHER, The Deveiopment of the Con·nthian Capital in Palestine Jrom its Beginning until the Constantinian Pen"od, Thesis submitted
158
L'ARC DE L'EccE HoMo
fig. 5.37.
Chapiteau corinthien à feuilles lisses du tombeau des rois (dessin: J Humber~
porte) 498 , appartenant à un chapiteau de 1,4 m de diamètre499. Selon O. Peleg-Barkat, le fragment proviendrait d'un des chapiteaux d'une colonne monolithe du passage souterrain de la triple porte (dite de Hulda). Mais il pourrait aussi appartenir à un chapiteau d'une colonne de la nef centrale de la basilique royale du temple hérodien, du même diamètre de 1,4 m 500 • Trois chapiteaux à feuilles lisses et le fragment d'un quatrième fort dégradé couronnant des pilastres ont aussi été retrouvés, non loin de l'arche de Wilson, dans ce que D. Bahat appelle la « salle hérodienne » (The Herodian Half 01 ) et que J. Patrich et Sh. WekslerBdolah interprètent comme un triclinium agrémenté d'une fontaine (The« Free Masons Hall )>5°2). Leur datation hérodienne, ainsi que celle du complexe dans
498
499
500 501 502 503
fig. 5.38.
Pilastre corinthien à feuilles lisses du tombeau des Hérodes
lequel ils sont insérés, ne pose pas question pour les trois éditeurs. Plusieurs autres chapiteaux à feuilles lisses relativement délabrés (fig. 5.37), ont été retrouvés à Jérusalem, au nord de la vieille ville, au Tombeau des Rois attribuable à Hérode Agrippa (et occupé ensuite par la famille royale d' Adiabène) 503 • Ils appartenaient vraisemblablement à l'un des trois monuments à tholos en contre-haut du site. Des chapiteaux à feuilles lisses, qu'il faut dater aussi du 1er siècle ap. J.-C., ornaient également le « tombeau des Hérodes » situé à l'ouest de la vieille ville de Jérusalem (fig. 5.38). Leur état est trop délabré pour en mesurer les proportions.
of the degree "Doctor of Philosophy", Part One et Part Two, Tel Aviv University, Tel Aviv, 1979; ID., Das korinthische Kapitell im Alten Israel in der hellenistischen und rô'mischen Periode, Studien zur Geschichte des Baudekoration in Nahen Osten, Verlag Philipp von Zabern, Mayence, 1990, p. 24-27. Y BARUCH & R. REICH,« The Umayyad Buildings near the Temple Mount - A Reexamination », dans E. BARUCH & A. FAUST (éd.), New Studies on Jerusalem: Proceedings of the Eighth Conference, Ramat Gan, 2002, p. 117-132 (en hébreu), p.15*-16* (résumé en anglais) ; ID., Renewed Excavations at the Umayyad Building m, dans E. BARUCH & A. FAUST (éd.), New Studies on Jerusalem: Proceedings of the Fifth Conference, Ramat Gan, 1999, p. 128-140 (en hébreu). O. PELEG-BARKAT, HerodianArchitectural Decoration and King Herods Rli}'al Portico, op. cit., p. 53: « The lower reconstructed diameter of the capital is ca. 1,4 m, a measurement close to the diameter of the central column in the vestibule of the Double Gate (1,45 m; see Chapter 4). Based on the dimensions of the capital and its location close to the Triple Gate, we can, therefore, suggest that the capital originated in one of the columns in the underground passageway, which has not survived, but that lay beyond this gate leading up to the Temple Mount. » D.-M. CABARET, art. cit., RB 125 (2018), p. 57-89. D. BAHAT, The Jerusalem Western Wall Tunnel, op. cit., p. 113-132. J. PATRICH & Sh. WEKSLER-BDOLAH, art. cit., dans G. D. STIEBEL,J. UzrnL, K. CYTRYN-SILVERMAN, A. RE'EM & Y GADOT (éds), op. cit., p. 15*-38*. J.-B. HUMBERT, Communication orale, dans l'attente de la publication du rapport des fouilles réalisées sur le site en 2001. Cf. aussi: M. L. FISCHER, Das korinthische Kapite!I z'm Alten Israel, op. cit., p. 25 : « Die Kapitelle des Helenagrabes sind eindeutig aus Komponenten der korinthischen Normalkapitelle zusammengestellt. » Cf. chapitre 6 infra.
TYPOLOGIE DES CHAPITEAUX
La composition géométrique des chapiteaux à feuilles lisses de Jérusalem
Un autre chapiteau épannelé, cette fois-ci bien conservé, a aussi été retrouvé par N. Avigad dans le quartier juif de la vieille ville dans une strate scellée contenant des monnaies de la première révolte juive (fig. 5.39) 504 • Son découvreur présume qu'il sortait de l'atelier des sculpteurs tant son état paraît neuf5° 5 • Mais comme il n'a pas été retrouvé in situ, on ne peut exclure qu'il soit plus ancien.
La comparaison de registres étagés des chapiteaux à feuilles lisses hiérosolymitains permet de noter la nette évolution de leur composition (fig. 5.39) : sur les chapiteaux du Tombeau des Rois et celui de l'Ecce Homo, les deux corbeilles d'acanthes occupent respectivement 69 % et 70 % de la hauteur du calathos ; ceux de la « salle hérodienne » 60% ; tandis que sur celui du quartier juif, le sommet de la seconde corbeille, peu déployée, ne dépasse que légèrement la moitié de la hauteur du calathos (53 %), laissant plus d'espace au déploiement des calices et hélices. Pour autant qu'on puisse en juger,
Enfin, un autre chapiteau à feuilles lisses, limité à la moitié supérieure, a encore été découvert dans le complexe de !'Hospice russe orthodoxe Alexandre au cœur de la vieille ville de Jérusalem 506 • Sa provenance est inconnue et il semble avoir été constitué de deux blocs.
Chapiteau de l'Ecce Homo H
74.5
1
d
61
0.82
Chapiteaux du Tombeau des Rois H
159
62. 5
1
rl = so = o.s
Chapiteau du quartier juif H d
63 40
1 0.63
L = 96cm
19.25cm 30%de b
19.25cm 30~odeh
ij ] ~
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= 61 cm 10
50 ccntunètrcs
Restitution des ch•pitcaux; Jean P. H wnbcrt
fig. 5.39.
•
N iveau de l'abaque
•
Partie supérieure
•
Niveau de la seconde corbeille
•
Niveau de la première corbeille
•
Niveau de l'astragale
Jypologie des chapiteaux corinthiens àfeuilles lisses (épannelés) de Jérusalem
504 N. A VIGAD, op. cit., 1983. Cf. aussi : M. L. FISCHER, Das korinthische Kapite/1 im Alten Israel, op. cit., p. 25-26. 505 N. AVIGAD, op. cit., 1983, p. 151: « Our fïrst discovery of importance was made near the Byzantine bathhouse in Area C, under very clear stratigraphie and chronological conditions. The Herodian stratum here contained three successive floor levels. On the uppermost floor, dated by coins to the First Revolt ( ... ), we found a capital and two drums from a column. ( ... )The capital is made of the hard local limestone known in Arabie as mizzi hilu. Though slightly damaged, it is generally in so fine a condition that it might have just left the workshop. It was as if time had not touched it at all. This is a capital of the Corinthian order, slightly differing from the usual pattern in that acanthus leaves are smooth and stylized. And by adding lily scrolls to one sicle of the body of the capital, the stonemason gave it a particular Jerusalem flavor. Delicate and attractive it is a masterpiece of ornamental stone carving, similar in style too, but of fïner and more sophisticated workmanship than the capitals found in the 1st century A. D. "Tombs of the Kings" in northernJerusalem. » 506 J. PATRICH, « The Formation of the Nabatean Capital» dans K. FITTSCHEN & G. FoESTER (eds.),Judaea and the Greco-Roman World in the Time of Herod in the Llght of Archaeological Evidence, Gottingen 1996, pp. 197-218. Cf. aussi. O. PELEG-BARKAT, The Temple Mount Excavations in Jerusalem Directed by Benjamin Mazar, 1968-1978, op. cit. ; ID., The Herodian Architectural Decoration in Light of the Finds from the Temple Mount Excavations, Ph. D. diss., Hebrew University of Jerusalem (en hébreu).
160
L'ARC DE L'EccE HoMo
il en est de même pour le chapiteau de l'Hospice Alexandre (dont n'est conservée que la moitié supérieure). Les premiers dépassent la norme vitruvienne (66 %) 507 tandis que les derniers ne l'atteignent pas. P. Gros y voit un critère de datation : Les secunda folia) que Vitruve situe à la même hauteur que les caulicoles (entendons : que la collerette des caulicoles)) atteignent un niveau élevé, qui correspond peut-être) dans le schéma dont s'inspire le théoricien) au joint horizontal d'un chapiteau taillé dans deux blocs. On observe une position analogue des secunda folia par rapport à la hauteur, soit sur des chapiteaux très anciens (temple d'Aléa Athéna de Tégée) Tholos d'Épidaure) Philippe d'O!Jmpie) soit beaucoup plus tar~ sur les exemplaires néo-attiques de la seconde moitié du 1er siècle av. J-C.) comme ceux de l'Odéon d'Agrippa. Dans les phases intermédiaires) où il nous semble que se situent plutôt le ou les modèles de Vitruve) cette même seconde couronne
a)
la catégorie des chapiteaux néo-classiques de la fin du 1er siècle av. J.-C. Nous connaissons l'intérêt d'Hérode à cultiver les liens avec le second personnage de l'Empire, Marcus Vipsanius Agrippa. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le roi des Juifs ait pu doter la nouvelle porte urbaine orientale de Jérusalem de chapiteaux d'un style analogue à ceux qu'Agrippa fit sculpter pour l'Odéon d'Athènes (c. 15 av. J.-C.) ; ou à ceux - digités - qu'Hérode luimême, ou son fils Hérode Philippe, fit tailler pour le temple n°1 d'Horvat Omrit509 • L'épannelage volontaire de chapiteaux corinthiens classiques aurait été la note d'originalité « micrasiatique » hérodienne, conforme à la sobriété qu'il voulait à une porte urbaine dans la proximité immédiate de l'impressionnante Antonia et du majestueux mais non moins sobre temple hérodien. Ce faisant, le roi des Juifs montrait aussi qu'il savait ne pas trop imiter la mode du pouvoir romain dans une servilité exagérée, ce
b)
fig. 5.40.
Chapiteau d'Araq-el-Amir (gauche) et chapiteau de la double porte de Hulda du temple (droite)
monte en général moins haut, dépassant à peine la moitié de la corbeille) alors que la première couronne atteint, elle) facilement le tiers du calathos) comme le veut le théoricien romain) et le dépasse même souven/' 08 •
Ces repères chronologiques apportent une information précieuse pour dater le chapiteau à feuilles lisses de l'Ecce Homo rangé, selon ces critères, dans
à quoi le peuple juif ne pouvait qu'être sensible. Rappelons que le complexe du temple témoigne d'au moins un chapiteau à feuilles lisses de taille impressionnante (1,4 m de diamètre): d'après PelegBarkat, il aurait orné l'une des colonnes monolithes de la triple porte du temple 510 ; à moins qu'il n'ait appartenu à l'ordre monumental de la basilique royale du temple 511 • Dès lors, on se serait mis à
507 VITRUVE, De Architectura IV, 1, 12 (Trad. P. Gros, op. cit.) : « Déduction faite de l'épaisseur de l'abaque, on divisera le reste en trois parties, dont l'une sera réservée aux feuilles du bas ; le second rang de feuilles atteindra le niveau intermédiaire, les caulicoles ayant la même hauteur. » 508 P. GRos, Commentaires dans VITRUVE, De l'architecture, Livre IV, op. cit., p. 84. Cf. aussi P. GRos, « Situation stylistique et chronologique du chapiteau corinthien de Vitruve, L'acanthe dans la sculpture monumentale de /'Antiquité à la Renaissance», dans P. GRos, Vitruve et la tradition des traités d'architecture, Fabrica et ratiocinatio, Collection de /'École Française de Rome 366, Rome, 2006, p. 27-37. 509 Les chapiteaux du temple n°1 (datant de la fin du 1er s. av. J.-C.), les deux corbeilles d'acanthes occupent 70% de la hauteur du calathos; tandis que pour les chapiteaux du temple n°2 (datant de la fin du 1er siècle ap. J.-C.), elles n'en occupent plus que 55%. Cf.M. C. NELSON, The temple complex at Horvat Omrit, op. cit., p. 152, fig. 117. 510 O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod's R(!Yal Portico, op. cit., p. 53. 511 D.-M. CABARET, art. cit., RB 125 (2018), p. 57-89.
ÜRIGINE DES CHAPITEAUX À FEUILLES LISSES
copier dans la ville le ou les chapiteaux à feuilles lisses du temple de la triple porte ou de la basilique royale. Les chapiteaux de la porte de l'Ecce Homo et de la « salle hérodienne » (« Herodian Hall »), peut-être contemporains, seraient les témoins de cette « vogue architecturale ». Ceux du Tombeau des Rois, bien que plus tardifs, participent aussi du même style d'Hérode Agrippa qui, dans son désir d'égaler son grand-père ou d'être considéré comme
fig. 541.
161
L'origine des chapiteau.."X corinthiens à feuilles lisses L'origine des chapiteaux corinthiens« normaux» à feuilles lisses reste difficile à déterminer précise-
ment, tant il est possible d'en trouver à différents endroits et à des époques variées513. Ils présentent une certaine ressemblance avec les chapiteaux égyptiens à fleurs de lotus ; ou avec des chapiteaux pro-
La tholos centrale de la KhaZfieh (Petra) avec des chapiteaux scu!pffs
son légitime héritier, avait de bonnes raisons de l'imiter. Quant au chapiteau du quartier juif (encore plus finement sculpté), il marquerait un raffinement ultime du « style à feuilles lisses », aux calices et hélices déployées 512.
venant de Grèce ou d'Asie ]'v[ineure, comme ceux de la Tour des Vents à Athènes datés du 1er ou du 2• siècle avant J.-C. 514. Il ne faut pas exclure une influence locale, dont les chapiteaux hétérodoxes d'Araq-el-Amir datés de 175 av. J.-C. (fig. 5.40 a) 515
512 Les chapiteaux corinthiens du temple n° 1 d'Horvat Omrit ne sont pas à feuilles lisses, tout comme ceux des Augusteum de Césarée Maritime et de Sébaste (M. C. N ELSON, The temple complex at Horvat Omrit, op. cit., p. 79). A supposer que le temple d'Horvat Omrit fut le troisième Augusteum construit par Hérode, il y aurait ainsi une harmonie entre les trois temples dédiés à Auguste par le rois de Juifs. Pour honorer le Princeps, il convenait sans doute de se conformer davantage à la mode romaine en vogue. 513 Par exemple, l'amphithéâtre d'E/Jem (Tunisie), datant de 230 238 ap. J. C., dont les trois ordres de la façade sont munis de colonnes engagées couronnées de chapiteaux à feuilles lisses. Cf. M. WILSON JONES, Princip les of &man Architecture, Yale University Press, New Haven, 2000, p. 12 14. 514 Fr. BENOIT, Architedure, Antiquité, Renouard/Laurens, Paris, 1911, p. 364, fig. 247. Selon Vitruve, cette Tour des vents aurait été construite par Andronicos de Cytrhus, 515 E. WILL & Fr. LARCHÉ avec F. ZAYADINE,J. DENTZER FEYDY, et F. QUEREL, IraqafAmir: le château du TobiadeHyrcan,2 vol.,Bibfiothèque Archéologique et Histotique 132, Geuthner, Paris, 1991 ; Fr. LARCHÉ, Fr. BRAEMER, B. GEYER, Iraq ai Amir, le château du Tobiade Hyrcan. 2. Vol., Restitution et reconstruction. Texte, Planches, Bibliothèque Archéologique et Historique 172, IFPO, Beyrouth, 2005.
162
L'ARC DE
L'EccE HOMO
seraient un exemple 516 ; influence retrouvée aussi dans le chapiteau hérodien de la grande colonne monolithe du vestibule de la double porte de Hulda (fig. 5.40 b) aux feuilles, d'acanthes ou de lotus, si longues qu'elles recouvrent tout le calathos5 17 •
a)
Hauran est éclairant. Il est probable que, dans un premier temps, les chapiteaux nabatéens devaient être modelés comme ceux du fameux trésor de Pétra - la Khazneh - (fig. 5.41) ou du temple de Sweida dans le Hauran ; mais que, dans un second temps, faute
b)
0
25
50
1
cm
0,5
fig. 5.42.
l m
Chapiteaux: a) du temple d'Auguste de Philae; b) du temple de Jupiter de Baalbek d'après F. Hoebel
Un point mérite d'être clarifié : les chapiteaux à feuilles lisses sont-ils la conséquence d'un travail inachevé - c'est-à-dire involontairement épannelés comme le pensait M. L. Fischer518 - ou témoignentils d'une veine artistique qui les voulait épannelés ? Un parallèle avec les chapiteaux dit« nabatéens » de Petra, de Medaïn-Saleh, de Bosra ou de Sî' dans le
de temps ou d'argent, certains n'aient pas été sculptés, lançant une mode qui, d'année en année, a pu devenir normative : D. Schlumberger l'a jadis bien expliqué 519 • Rien n'empêche d'envisager un processus analogue pour les chapiteaux corinthiens dont la sculpture finale - in situ - était onéreuse ; les feuilles lisses, d'une réalisation moins coûteuse, se seraient
516 M. L. FISCHER, Das korinthische Kapitel/ im Alten Israel, op. cit., p. 27 : « Dabei die noch einmal daran erinnert, daB die ersten Bossenkapitelle des syrisch-palastinensischen Raumes aus Arak el Amir dem ersten Viertel des 2. Jh. v. Chr. Angehoren und daB es sich dort um eine Nachahmung (oder Zwischenphase) der am Ort gestalteten und damals typischen heterodoxen Kapitelle handelte. » 517 Cette forme est présente en Asie Mineure dès le 2nd siècle av. J.-C. Cf. O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod} Rqyal Portico, op. cit., p. 160-161 : « The capital of the central column is carved with two rows of leaves, the lower of acanthus leaves and the upper of simple, long-pointed leaves. The kalathos is bell-shaped and has a plain astragal at its bottom and a plain abacus on top. This type of capital, known as a "lotus", or "acanthus-lotus" capital, is Greek in origin and is fairly common in Greece and Asia Minor. » 518 M. L. FISCHER, Das korinthische Kapitel/ im Alten Israel, op. cit., p. 27 : « Bossierte Architekturteile in der herodianischen Baudekoration sind eher auf technische Arbeitsphasen als auf ein künstlerisches Programm zurückzuführen. » 519 D. ScHLUMBERGER, « Les formes anciennes du chapiteau corinthien en Syrie, en Palestine et Arabie», Syria 14 (1933), p. 289, note 10: « Comme l'a reconnu Vogüé, il y a près de cinquante ans (Lettres à C. M. Doughty) ; comme l'ont montré à leur tour H. Kohl et C. Watzinger, il est hors de doute que ces formes étranges sont de simples épannelages de chapiteaux corinthiens. Ce fait a été méconnu par G. Dalman et par H. C. Butler; nié par Jaussen et Savignac: c'est qu'en effet ils ne retrouvaient pas dans les chapiteaux « nabatéens » les bossages auxquels les avaient habitués les monuments de la Syrie romaine. Quand les RR. PP. Jaussen et Savignac affirment qu'il serait absolument impossible de sculpter dans les chapiteaux de Médaïn-Saleh des chapiteaux corinthiens, ils songent sans doute au type normal, et alors ils ont raison, car les chapiteaux de Médaïn-Saleh sont trop évidés en effet pour que l'on puisse prendre aux dépens de leur masse les calices qui caractériseraient ce type. - Mais ils pourraient être transformés en chapiteaux du type du Hasné, tout au moins dans les tombeaux les plus anciens. La dégénérescence rapide de la forme« nabatéenne », dans le courant du premier siècle de notre ère montre qu'elle était devenue une fin en soi. Elle atteint dans certains tombeaux de Pétra, dans les chapiteaux de la porte Est de Chahba (probablement inédits), un dernier stade de son évolution. Les chapiteaux de ces monuments n'ont pas été laissés lisses. Mais le sculpteur qui les a décorés, bien loin de disséquer la forme nabatéenne, d'en extraire une abaque, des crosses, une corbeille d'acanthes, l'a scrupuleusement respectée. -Elle n'était à l'origine qu'une forme temporaire, de laquelle serait tiré le relief final du chapiteau ; elle est devenue une forme définitive, complétée seulement, à l'orientale, par une décoration de surface.»
CHAPITEAUX DE PHILAE ET BAALBECK
vite imposées comme un style propre par l'élégance sobre et noble qu'elles conféraient au chapiteau ; la tradition orientale des chapiteaux à feuilles de lotus (d'Égypte ou d'Asie mineure), rappelée supra, aurait joué un rôle non négligeable dans le processus.
a)
163
lisses presque « normaux » d'un mètre de diamètre (fig. 5.42 6) 522 ; avec des feuilles d'acanthes épaisses, leurs calices fort déployés ne laissaient pas de place à d'éventuelles hélices centrales ; leur secondaJolia arrive à 60% de la hauteur du calathos.
b)
2,15 m
1,86m
fig. 5.43.
Chapiteaux: a) du temple de Nabu à Palmyre d'après A Bounni; b) de Titus Alftus de Baalbeck d'après A. Parrot
Quoi qu'il en soit, les premiers chapiteaux corinthiens à feuilles lisses hétérodoxes semblent apparaitre dans une zone géographique allant de l'Égypte à la Syrie de l'époque hérodienne - ou plus exactement augustéenne520. Il faut en effet mentionner les chapiteaux corinthiens à feuilles lisses du temple de Philae (Egypte) dédié à Auguste et dédicacé en 13/12 av. J.-C. (fig. 5.42 a) 52 1. Ces chapiteaux n'ont ni calices ni hélices centrales. Leur seconde couronne d'acanthes n'arrive qu'à la moitié du calathos, sans doute parce qu'ils sont constitués de deux blocs (de diorite noire). De même, un des temples les plus anciens de Baalbek, situé sur l'aire Santa Barbara à 70 m au sud du grand temple de Jupiter de Baalbek, construit dès la fondation de la colonie romaine en 15 av. J.-C., possède aussi des chapiteaux corinthiens à feuilles
Les deux temples de Philae et de Baalbek témoignent du style composite de chapiteaux, alliant influences romaine mais aussi locale523 ; et annonçant le style corinthien « normal » à feuilles lisses qu'Hérode aurait été finalement le premier à revendiquer pour l'architecture religieuse et civile. Dans un premier temps, la mode hiérosolymitaine des chapiteaux « normaux » à feuilles lisses, influencée par celle de Philae ou de Baalbek, se serait progressivement étendue à toute la Syrie, au fur et à mesure de son intégration dans l'empire romain, atteignant Palmyre dans la seconde moitié du 1er siècle ap. J.-C. 524 : une cinquantaine de chapiteaux à feuilles lisses analogues y ont été retrouvés
520 Nous verrons infra que les chapiteaux corinthiens« normaux» à feuilles lisses retrouvés au pied du tabularium du forum romain n'appartiennent pas à ce bâtiment et que, par conséquent, il n'est plus possible, comme beaucoup l'ont fait, de les dater de sa construction, c'est-à-dire de 80 av. J.-C. 521 J. McKENZIE, The architecture of Alexandria and Egypt. c. 300 BC to AD 700, op. cit., p. 166-167; P. GROS, L'architecture romaine, vol. 1., op. cit., p. 160-161. 522 F. HoEBEL, « Zwischen Orient und Okzident », dans M. VAN Ess, & K. RHEIDT, Baalbek-Heliopolis, 10 000 Jahre Stadtgeschichte, Zaberns Bildbande zur Archaologie, Darmstadt, 2014, p. 86-87. 523 F. HoEBEL, « Zwischen Orient und Okzident », op. cit. p. 87: « Der frühe Tempel im Temenos von Santa Barbara ist ein Zeugnis
der Verschmelzung westlicher und ostlicher Architekturformen, mit allen Unsicherheiten, die sich aus einer italisch inspirierten Konzeption und ihrer Ausführung durch lokale Werkmeister ergaben. »Cf.Aussi P. GROS, L'architecture romaine, vol. 1., op. cit.,p. 163 : « En Égypte, le temple d'Auguste à Philae, prostyle tétrastyle, présente lui aussi des caractères hellénistiques, au nombre desquels on retiendra les petits piédestaux où prennent appui les colonnes, le pronaos peu profond et l'association d'un ordre corinthien avec une frise à triglyphe. » 524 P. CoLLART et J. V1CARI, Le sanctuaire de Baalshamin à Palmyre, vol. I, Topographie et architecture, Texte, Bibliotheca Helvetica Romana X, 1, Institut suisse de Rome, 1969; ID., Le sanctuaire de Baalshamin à Palmyre, vol. II, Illustrations, Bibliotheca Helvetica Romana X, 2, Institut suisse de Rome, 1969 ; A. BOUNNI, Le sanctuaire de Nabû à Palmyre, Texte, Bibliothèque archéologique et historique T. 131, IFPO,
164
a)
L'ARC DE L'EccE HOMO
b)
c)
fig. 5.44.
Chapiteaux a) du temple de Baalshamin (Palmyre) - b) de la porte nord de Jérash - c) de la colonne de Titus Al.fius de Baalbeck
CHAPITEAUX DE p ALMYRE ET BAILBECK
dans les cours attenantes au sanctuaire de Baalshamin (fig. 5.44, a)525 ou sur les colonnes du péristyle du temple de Nabû (fig. 5.43, a)526. En général, moins finement sculptés que le chapiteau hiérosolymitain du quartier juif, ils possèdent néanmoins une seconde corbeille d'acanthe minimale dont le sommet ne dépasse guère le milieu du calathos527 . Deux chapiteaux du sanctuaire de Baalshamin semblent échapper à la règle : leur seconda falia atteint 63 % de la hauteur du calathos, loin cependant des 70 % du chapiteau de
l'Ecce Homo. Quant à ceux du temple de Nabû, dont l'un présente la particularité d'être à demi-épannelé, il faut décider si leur épannelage fut un choix des architectes ou un manque de finition. Telle est du moins l'hypothèse formulée par A. Bounni dans son étude sur le dit-temple528. Ce qui lui permet, sur la base de l'étude de D. Schlumberger529, de comparer ces chapiteaux épannelés 530 (ou à demi-épannelés531) à d'autres chapiteaux digités aux contours arrondis, dont certains du temple de Baalshamin532 , tous datables de la fin du 1er siècle ap. J.-C533. Sur le plan stylistique, les chapiteaux à feuilles lisses du temple de Nabû possèdent deux corbeilles d'acanthes dépassant les deux tiers de
165
la hauteur du calathos (72 %). De plus, ils sont anormalement trapus, aussi larges que hauts - accentuant l'impression d'écrasement des calices et des hélices. Il est rare que des chapiteaux soient ainsi « écrasés » sur eux-mêmes. Comme à Jérusalem durant le premier siècle de notre ère, la tradition des chapiteaux à feuilles lisses s'est perpétuée à Baalbek. Le meilleur exemple réside dans le chapiteau de 1,86 m de diamètre sis au sommet d'une imposante colonne votive d'une quinzaine de mètres de haut, sur laquelle trônait un groupe statuaire dédié à la famille d'un prêtre du temple de Jupiter dénommé Titus Aljius (fig. 5.43 b et 5. 44, c) 534. L'ordonnance du chapiteau très proche de celle du temple voisin de Jupiter laisse supposer que la colonne dite d'A!jius (n° 2009) est contemporaine de l'élévation du péristyle du temple daté assez précisément du règne de Néron535 . La seconde couronne d'acanthes du chapiteau atteint 66% du calathos. Des chapiteaux épannelés ornaient également les colonnes du temple de Sleim dans le Hauran datant lui-aussi du 1er siècle ap. J-C. 536 ; on en trouvait encore en façade de la porte nord de J érash, construite en 115
Beyrouth, 2004. 525 P. CoILART et J. VrcARI, op. cit., vol. r, p. 145-146 : « On peut ranger dans un même lot quarante-cinq chapiteaux corinthiens, retrouvés dispersés sur toute l'étendue du champ de fouilles, et que rapproche la curieuse particularité d'avoir été laissés, à dessein, épannelés. (...) L'ordonnance générale du décor de ces quarante-cinq chapiteaux est en tous points conforme à celle des chapiteaux «normaux» vitruviens, telle que l'a décrite D. Schlumberger. » 526 A BoUNNI, op. cit. 527 P. CoLLART et J. VrcARI, op. cit., vol. II, planches LXXXVIII à XCII. 528 A BoUNNI, op. cit., p. 31, note 144: « Les détails [des chapiteaux épannelés] étaient vraisemblablement exécutés après la mise en place du chapiteau. » 529 D. SCHLUMBERGER, art. cit., Syria 14 (1933), p. 283 -317. 530 A. BouNNI, J. SEIGNE et N. SALIBY, Le sanctuaire de Nabû à Palmyre, Planches, Bibliothèque archéologique et historique T. 131, IFPO, P. Geuthner, Paris, 1994, planches XllV-XLV. 531 Idem. 532 Cette famille de chapiteaux est représentée en particulier par un chapiteau du temple de Baalshamin très proche par son ordonnance du chapiteau hiérosolymitain épannelé du quartier juif. Cf. D. ScHLUMBERGER, art. cit., Syria 14 (1933), p. 296-297 et planche XXXIII. 533 A BoUNNI, op. cit., p. 31 : « Les chapiteaux à feuilles lisses de la partie sud du péristyle présentent plus ou moins les mêmes caractéristiques que les chapiteaux du propylée et doivent selon la classification de D. Schlumberger, être datés entre 80 et 100 ap. J.-C.)) 534 Cf. A PARROT, « Les fouilles de Ba'albek, deuxième campagne (9 juillet-29 septembre 1928) », Syria 10 (1929), p. 103-125; cf. P. CoILART, P. & P. COUPEL, Le petit autel de Baalbek. Avec la collaboration de H. Kalayan, BAH 98 (1977). Cf. H. WIENHOLZ, « Geschichte Baalbeks in ri:imischer Zeit », dans M. V AN Ess, & K. RHEIDT, Baalbek-Heliopolis, 10 000 Jahre Stadtgeschichte, Zaberns Bildbande zur Archaologie, Darmstadt, 2014, p. 147-157. 535 P. Cou.ART, P. & P. CouPEL, op. cit., p. 95 : « Les dates respectives de l'autel monumental et du temple [de Jupiter] sont assez précisément établies. Le graffite tracé sur le lit d'attente du tambour supérieur d'une colonne attribuable au grand temple porte la date du 2 lôos 371 de l'ère séleucide, ce qui montre qu'à la date correspondante de notre ère, le 2 août 60, cette colonne n'avait pas encore été coiffée de son chapiteau; on peut ainsi placer sous le règne de Néron l'achèvement de cet imposant édifice. » Cf. aussi H. WIENHOLZ, « Geschichte Baalbeks in ri:imischer Zeit », art. cit., p. 152 : « Die Alfius-Saule war Teil eines gri:ifleren Bauwerks, vermutlich eines Straflenbogens, und trug ein Statueensemble. Eine Inschrift aus heute verlorenen Bronzebuchstaben ehrte den Jupiterpriester Titus Alfius, seine Frau Procula, seine Tochter Poila und seinen Enkelsohn Titus. Des Korinthische Vollblattkapitell gleicht in seinen Proportionen den Kapitellen des Jupitertempels, was das Monument in die zeitliche Nahe zur Weihung des Tempels rückt. » 536 J. DENTZER-FEYDY, « Décor architectural et développement du H auran dans !'Antiquité (du 1 ~ s. av. au 7' s. de notre ère)», dans J.-M. DENTZER, Hauran I, Recherches archéologiques sur la Syrie du sud à l'époque hellénistique et romaine, 1'" partie, BAH 124,
166
L'ARC DE L'EccE HOMO
161 cm
b)
fig. 5.45.
Chapiteaux a) du temple capitolin de Domitien (rétabli d'après Delbrueck) - b) de la Basilique de Neptune (Rome)
ap. J.-C. par C. Claudius Severus, le légat de Trajan (fig 5.44, b )537 • Leur seconda fa lia atteint 60% du calathos : leur étagement est donc proche de celui des chapiteaux du sanctuaire de Baalshamin, qui auraient pu leur servir de modèle. À la fin du 1er siècle ap. J.-C., la mode levantine des chapiteaux à feuilles lisses aurait également atteint Rome. Les premiers chapiteaux de ce type dans l'Urbs, dessinés en 1907 par Delbrueck (fig. 5.45, a) 538 , appartiendraient non pas, comme le croyaient ce dernier et beaucoup d'autres à sa
suite, au « deuxième étage » du Tabularium - qui n'aurait jamais existé - mais plutôt à l'un des temples capitolins le surplombant, dédicacé en 82 par Domitien 539 (suite à l'incendie de 80) 540 • La reconstruction du temple de Jupiter, recouvert d'or à profusion, commença dès l'an 80 sous le règne de Titus, qui aurait gardé en tête la splendeur et la magnificence dorée du temple de Jérusalem et de sa basilique qu'il avait admirés - ne serait-ce que de loin - avant qu'ils ne fussent incendiés 541 • Le fils de Vespasien y aurait puisé son inspiration exigeant que le nouveau temple de Jupiter ne fût pas moins
Paul Geuthner, Paris, 1985, p. 261-309. 537 A. H. DETWEILER, « The North Gate», dans C. H. KRAELING, Gerasa: City of the Decapolis :AnAccount Embodying the Record of oJoint Expedition conducted by Yale University and the British School of Archaeology in Jerusalem (1928-1930) and Yale University and the American Schools of Oriental Research (1930-1931, 1933-1934), American Schools of Oriental Research, New Haven, 1938, p. 117. 538 R. DELBRUECK, Hellenistische Bauten in Latium, Strasbourg, 1907, p. 43, abb. 41. 539 F. CoARELLI, « Substructio et Tabularium », Papers of the British School at Rome, British School at Rome 78 (2010), p. 107-132. R. Delbrueck et M.-A. de Sion, H. Fischer et O. Peleg-Barkat à leur suite, ont daté les chapiteaux à feuilles lisses retrouvés au pied du Tabularium de sa construction primitive (environ 80 av. J.-C.). Cf. R. DELBRUECK, op. cit. p. 40-43.; cf. MARIE-ALINE DE SION, Laforteresse Antonia à Jérusalem et la Question du Prétoire, Jérusalem, 19 55, p. 160 ; cf. aussi O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod's R~al Portico, op. cit., p. 53. 540 DION CASSIUS LXVI, 24, SUÉTONE, Vie de Domitien 5 ; cf. MARIE-ALINE DE SION, op. cit., p. 160 ; Cf. O. PELEG-BARKAT, Herodian Architectural Decoration and King Herod's R~al Portico, op. cit., p. 53. 541 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs VI, 281-288.
CHAPITEAUX ROMAINS
splendide et doré542 que celui de Jérusalem543 . Un pareil élan pourrait expliquer la présence dans le nouveau temple capitolin de chapiteaux à feuilles lisses, qui avaient l'avantage d'être plus facilement dorés que des chapiteaux digités 544 . Des chapiteaux à feuilles lisses (aux calices et volutes finement sculptés) se retrouvent aussi à la villa d'Hadrien près de Tivoli545, signe sinon preuve que l'empereur philhellène à la suite de Titus, y voyait sans doute un des archétypes des chapiteaux « micrasiatiques » qu'il avait pu lui aussi admirer lors de ses voyages en Orient. Beaucoup de spécialistes avaient cru qu'il y avait des chapiteaux à feuilles lisses à Rome non seulement au Tabularium dès la fin de la République - nous venons de le rappeler - mais aussi durant la période augustéenne, notamment à la Maison d' Auguste546
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ou aux thermes d'Agrippa construits en 27 av. J-C. (fig. 5.45, b). D'après les dernières recherches, nous pensons qu'il n'en est rien. Dans le cas de la maison d'Auguste, il est préférable de parler d'un chapiteau strictement épannelé, c'est-à-dire non achevé. Il saute aux yeux que le petit chapiteau hellénistique n'a jamais été terminé - à la différence de son « frère jumeau » - pour une raison qu'on ignore, mais qu'il aurait dû l'être. Contrairement aux chapiteaux de Jérusalem, de Baalbek ou de Philae, son style n'a pas été une fin en soi au sens où l'entendait D. Schlumberger. Ainsi, en est-il du chapiteau non terminé en raison de l'éruption du Vésuve en 79 ap. J-C. retrouvé dans les ruines du temple de Venus de Pompéi547. Quant à ceux des thermes d'Agrippa, les dernières recherches archéologiques accréditent l'idée qu'il n'y avait pas de chapiteau à feuilles lisses dans ce monument emblématique. Comme l'a montré une thèse récemment soutenue, consacrée à ce bâtiment548, le chapiteau (à feuilles
542 PLUTARQUE, PopL 15. 543 Bérénice, renvoyée en Judée pour raisons d'état, avait sans doute supplié Titus d'épargner le Temple lorsqu'elle partageait sa couche à Jérusalem. Flavius Josèphe est très laconique à ce sujet mais on peut supposer sans grand risque de se tromper que Bérénice joua un rôle pour convaincre Titus d'épargner le temple; au point que les raisons avancées par le fils de Vespasien surprendront tous les généraux réunis autour de lui en conseil de guerre. Cf. FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre desJuifs VI, 239-241 : « Titus tint conseil au sujet du Temple. [Certains généraux] étaient d'avis d'appliquer la loi de la guerre; jamais les Juifs ne cesseront de se révolter, tant que le Temple où ils se rassemblent de tous les endroits du monde subsistera. Quelques-uns conseillèrent de l'épargner, si les Juifs l'évacuaient et que personne n'y plaçât des armes, mais de l'incendier, s'ils y montaient pour combattre; car ce ne serait plus alors un temple, mais une citadelle, et d'ailleurs le sacrilège serait imputable non à eux, Romains, mais à ceux qui les y contraignaient. Titus déclara que, même si les Juifs montaient sur le Temple pour combattre, lui-même ne se vengerait pas sur des objets inanimés de fautes commises par des hommes, et qu'il ne brûlerait jamais un si bel ouvrage. Ce serait une perte pour les Romains, comme du reste la conservation de ce monument ajouterait à la gloire de son principat. » ; SUÉTONE, Vie de Titus VII (Trad. H. Ailloud): « Outre sa cruauté, on appréhendait encore son intempérance, parce qu'il se livrait avec les plus prodigues de ses amis à des orgies qui duraient jusqu'au milieu de la nuit; et non moins son libertinage, à cause de ses troupes de mignons et d'eunuques, et de sa passion fameuse pour la reine Bérénice, à laquelle, disait-on, il avait promis le mariage; ( ...)Mais cette mauvaise renommée tourna à son avantage et fit place aux plus grands éloges, quand on ne découvrit en lui aucun vice et, tout au contraire, les plus rares vertus. ( ...) Quant à Bérénice, il la renvoya aussitôt loin de Rome, malgré lui et malgré elle. » 544 Il se peut que Titus ait été quelque peu nostalgique de l'Orient. On s'inquiéta, en effet, à Rome du temps qu'il fallut à Titus pour quitter l'Orient. Après un hiver passé en grande partie à Césarée-de-Philippe auprès d'Agrippa II et surtout de Bérénice le laconisme de Flavius Josèphe à ce propos est éloquent (Guerres des Juifs VII, 23-25 : « Cependant Titus quitta Césarée, ville du littoral, pour se rendre à Césarée de Philippe, où il séjourna longtemps et donna des spectacles divers. Beaucoup de prisonniers périrent alors, les uns jetés aux bêtes féroces, les autres forcés à lutter par nombreuses troupes, comme des ennemis, les uns contre les autres.»)-, le fils de Vespasien ne rentra à Rome que durant le printemps 71, pressé par des rumeurs - sans doute fondées d'être un nouveau Marc-Antoine sous l'emprise d'une fatale Cléopâtre désireuse de faire de lui un nouveau roi d'Orient. Suétone relate qu'une fois débarqué à Pouzzoles, Titus se précipita à Rome et déclara à son père : « Veni, pater, veni ! » Cf. SUÉTONE, Vie de Titus v : « Aussi, fut-il soupçonné d'avoir voulu se détacher de son père et se faire couronner roi de l'Orient; il accrût encore ce soupçon lorsque dans sa marche vers Alexandrie, consacrant à Memphis le bœuf Apis, il se coiffa du diadème : c'était, à vrai dire, un usage et un rite de ce culte antique, mais il ne manquait pas de personnes pour interpréter le geste autrement. Aussi, Titus, se hâtant de revenir en Italie, s'embarqua sur un navire marchand, fit escale à Régium, puis à Pouzzolles, d'où il se rendit précipitamment à Rome, et, voyant Vespasien surpris de son arrivée, lui dit, comme pour démentir les vaines rumeurs dont il avait été l'objet: "Me voici, mon père, me voici!".» Cf. É. lVfrREAUX, La reine Bérénice, Albin Michel, Paris, 1951. Cf. aussi Ch.-G. SCHWENTZEL, Rois et reines de Judée, 2' s. av. - 1~ a. ap. J-C., Lemme, Clermont-Ferrand, 2013 ; ID., « Le rôle politique des femmes de la dynastie d'Hérode: Hérodiade, Cypros, Bérénice, Salomé», Rant 6 (2009), p. 141-152. 545 K. RoNCZEWSKI, Vanantes des chapiteaux romains, Acta Universitatis Latviensis 8, p. 132, fig. 13 et pl. II. 546 G. CARETIONI, « Capitelli ellenistici dalla Casa di Augusto», RM 136 (1980), p. 131; ID., Das Haus des Augustus auf dem Palatin, Mainz, 1983. 547 M. WOLF,« Tempe! und Machtin Pompeji», dans E. L. SCHWANDNER and K. RHEIDT (eds.), Machtder Architectur-Architectur der Macht, Bauforschungskolloquium in Berlin vom 30, Oktober bis 2. November 2002, Diskussionen zur Archaologischen Baufarschung 8, Mainz am Rhein, 2004, p. 197-199. 548 Ch. STEFANI, I disegnipalladiani delle Terme di Agnppa a Roma, Ricostruzione geometrica del rogetto e analisi configurativa, Tesi di Laurea, Universita' LU.A.V di Venezia, Facoltà di Architettura, 2003/2004, p. 27-28, fig. 27 : « Una colonna ampiamente
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L'ARC DE L'EcCE HOMO
lisses) que l'on voit dans les vestiges de la Basilique de Neptune (attenante aux thermes d'Agrippa) est moderne et a été taillé d'après un dessin du grand architecte peintre italien Alberto Alberti entre 1570 et 1598. Le dessin représente un chapiteau digité qui ne daterait pas de la construction des thermes par Marcus Agrippa mais de la reconstruction de la basilique sous Hadrien, après le grand incendie de 80 ap. J.-C. En laissant lisses les feuilles du chapiteau, les restaurateurs modernes se seraient dispensés de respecter en tout le dessin d'Alberto Alberti, ne voulant sans doute pas faire du « faux-vrai » à partir d'une épure non suffisamment précise pour reproduire le chapiteau d'origine avec exactitude.
L'élévation des chapiteaux épannelés
Pour étayer la comparaison des étagements des couronnes d'acanthes réalisée supra, il convient d'introduire un autre critère : le rapport H/d entre la hauteur totale du chapiteau (H) et le diamètre de la base du calathos (d) 549 . Dans son désir de présenter quel fut le modèle du chapiteau vitruvien, P Gros retrace l'évolution générale du rapport H/d jusqu'au début de notre ère et donne de précieuses informations pour mieux cerner la date du chapiteau épannelé de l'Ecce Homo (fig. 5.39): La relation H/ d [du chapiteau vitruvien] est égale à 6,5/ 6 ou 7/ 6. Même en ne retenant que la proportion la plus élancée, c'est-à-dire fa seconde 1/ 0,85, il s'avère que le chapiteau vitruvien appartient à une catégorie relativement trapue. L'évolution des proportions des chapiteaux hellénistiques d'Asie Mineure et de Grèce montre que seuls les plus anciens présentent un diamètre de base égal ou supérieur aux 3 / 4 de leur hauteur, les plus récents voyant leur dimension verticale s'accroître relativement, de telle sorte qu'à la fin du 2' siècle beaucoup n'ont plus qu'un diamètre égal ou inférieur aux 2 / 3 de celle-ci. De fait les proportions les plus proches de celles du schéma vitruvien se rencontrent au chapiteau corinthien du Diqyméion (1 / 0,86), à ceux du Mausolée de Bélévi (1 /0,12), du Bouleutérion de Milet (1 / 0,82) ou de l'O(ympiéion d'Athènes (1 /0,817). Â titre de comparaison, le cha-
piteau de l'Hécatéion de Lagina présente un rapport de 1/0,66, voisin de celui du temple rond du Forum Boarium à Rome (1/0,63). Pour retrouver des proportions analogues à celles que préconise Vitruve, ilfaut descendre beaucoup plus bas, dans les décennies situées autour du changement d'ère, ou les chapiteaux de l'Agrippéion d'Athènes ou de fa > Cf. Y ADLER,« Rituals Baths Adjacent to Tombs : An analysis of the Archaeological Evidence in Light of the Halakhic Sources »,Journalfar the Stutfy of Judaism40 (2009), p. 55-73; D. AMrr et Y ADLER,« Miqwa'otin the Necropolis of Beth She'arim », JE] 60 (2010), p. 72-88. 587 Il est probable que les chambres funéraires ont été creusées au fur et à mesure des besoins et que certaines datent de l'époque tannaïte, ou sont encore plus tardives. 588 Selon cette hypothèse, il faudrait admettre que les règles édictées par les Tannaïtes à l'époque dite rabbinique serait venues entériner des pratiques préexistantes. 589 Communication privée de Y. Adler : « I see no reason why the courtyard should be considered impure. The rabbis would have viewed the area surrounding a tombas impure only at a distance of 4 cubits (ca. 2 meters). I know of no opinion even among the rabbis who would have viewed the encire courtyard as impure. Both the courtyard and the staircase area (with its mikva'olj would therefore have been viewed as completely pure. » 590 Y ADLER, art. cit., Journalfar the Stutfy of Judaism 40 (2009), p. 73 : « This archaeological phenomenon would seem to indicate the observance of a practice which stands at odds with both scriptural precepts and rabbinic halakhah, both of which mandate miqweh ablutions for one who has contracted corpse-impurity only at the end of a seven-day purification process. A careful reading of the scriptural and rabbinic sources reveals that the aforementioned seven-day purification process is required only for one who has contracted impurity directly from a corpse or a grave, whereas corpse-impurity conveyed through an intermediary source (i.e. physical contact with an individual who has contracted direct corpse-impurity) may be purged through ritual ablutions on the same day that the impurity was incurred. It is therefore suggested that ritual baths adjacent to tombs were intended to be utilized at the conclusion burial ceremonies by funeral participants who were presumed to have made physical contact with the mourners and other members of the funeral entourage who had contracted direct corpse-impurity during the course of the funerary preparations and interment. » 591 Les écrits de Flavius Josèphe témoignent de l'usage courant de la coudée dans le monde juif au 1" siècle ap. J.-C. L'historien y utilise spontanément la coudée, rarement le pied, principalement quand il y est contraint. Cf. par exemple P GROS, « La Basilique d'Hérode à Jérusalem. Une lecture de AntiquitésJudaïques 15.413-417 », dans St. T. A. M. MoLS et E. M. MoORMA.NN (éds), Omni pede stare. Saggi architettonici e circumvesuviani in memoriam Jos de Waele, Studia della Soprintendenza archeologica di Pompei 9, Electa Napoli, 2005, p. 177-182; D.-M. CABARET,« La Basilique royale du temple hérodien selon Flavius Josèphe et les dernières découvertes archéologiques», RB 125 (2018), p. 57-89.
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ThOISIÈME MUR
centrale en lui conservant une mesure ronde (c'està-dire multiple de 10) tant en coudées qu'en pieds romains: 100/180 = 50/90 = 25/ 45 = 20/36 = 10/18 = 5/9 Les deux premiers rapports correspondent respectivement aux dimensions de l'enceinte du tombeau (100 coudées ou 180 pieds) et de la cour centrale (50 coudées ou 90 pieds). Tous les autres rapports n'ont pas un numérateur et un dénominateur multiples de dix. Enfin, le rapport du simple au double entre les mesures de la cour centrale et de l'enceinte générale, plus satisfaisant en coudées qu'en pieds (50 coudées et 100 coudées contre 90 pieds et 180 pieds), ne peut être fortuit et témoigne, de la part des arpenteurs, d'une volonté de donner au tombeau une élégante ordonnance à caractère juif - parce que mesurée dans une unité de mesure traditionnelle. Nous verrons infra que la disposition des monuments à pyramidion confirmerait le constat. Le passage de la coudée au pied romain et vice-versa devait être chose courante à Jérusalem durant le 1er siècle ap. J.-C. : Flavius Josèphe en donne un autre exemple en signalant que les tours du Troisième mur étaient distantes de 200 coudées (104,8 m) 592, laissant même entendre que les arpenteurs préférèrent la coudée au pied romain pour concevoir le Troisième mur. Nos analyses ont pourtant montré l'existence d'une grille d'arpentage en actus dans laquelle le mur d'Hérode Agrippa s'aligne. En réalité, la difficulté s'estompe grâce à une autre coïncidence heureuse - connue sans doute de tous les arpenteurs - entre 200 coudées (104,8 m) et 360 pieds (106,56 m), c'està-dire trois actus. L'écart entre les deux distances est de 1,76 m, c'est-à-dire 6 pieds ou 3,36 coudées, ce qui est minime par rapport à la longueur totale (1,6 %). Il est donc probable que les tours du Troisième mur étaient séparées de 3 actus - selon la grille d'arpentage mise en évidence supra-, distance que Flavius
Josèphe, fort des habitudes ancestrales de son peuple, préférait rendre par 200 coudées.
La tombe d'Hérode Agrippa ? Si ces conjectures sont vérifiées, une évidence s'impose : le Tombeau des Rois a un caractère trop juif et est trop imbriqué dans le réseau viaire et le parcellaire lié au Troisième mur pour ne pas appartenir au même plan d'urbanisme. Dès lors, son attribution traditionnelle à la reine d' Adiabène pose question ; non qu'il faille refuser d'une manière catégorique que, selon la notice de Flavius Josèphe, il ait pu être en définitive son tombeau mais qu'elle en ait été le commanditaire. Comment concevoir en effet qu'une reine étrangère ait obtenu des procurateurs romains qui ont succédé à Hérode Agrippa, l'élaboration d'un tombeau si majestueux exigeant de tels bouleversements dans l'urbanisme de Jérusalem, en particulier le percement de rues liées au Troisième mur (dont la construction avait été interrompue par décision impériale) ? Il semble plus raisonnable de supposer qu'après la mort prématurée du petit-fils d'Hérode le Grand (44 ap. J.-C.), grâce à une diplomatie habile, la reine d'Adiabène ait été la bienheureuse récipiendaire d'un projet tombé en déshérence. Sa générosité vis-à-vis du peuple juif, notamment lors de la famine survenue sous le procurateur Tiberius Julius Alexander en 46-48 593, lui aurait valu de récupérer pour sa famille le tombeau inachevé d'Agrippa - à charge pour elle de le terminer ou de le modifier selon ses desiderata mais sur sa cassette personnelle. Que faire en effet d'un tel monument? Ayant été le projet d'un roi aimé de ses sujets juifs 594, qui pouvait prétendre y reposer sinon quelqu'un d'une noble extraction? Par respect pour son premier commanditaire, ne convenait-il pas que seules des personnes ayant dignité royale y reposassent ? La suppression du royaume-client de Judée par Claude595 à la mort
592 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juijsv, 158-160 : « Le troisième rempart avait quatre-vingt-dix de ces tours et le développement des courtines entre elles était de deux cents coudées. Le rempart intermédiaire comptait quatorze tours, l'ancien mur en comprenait soixante. Tout le périmètre de la ville était de trente-trois stades.» 593 FLAVIUS JoSÈPHE,Antiquités Juives XX, 101 : «C'est sous [Tiberius Alexander] qu'arriva en Judée la grande disette où la reine Hélène acheta à grand prix du blé en Égypte pour le répartir aux indigents, ainsi que je l'ai dit plus haut. >> 594 À la différence d'Hérode le Grand et d'Archélaus, le roi Agrippa 1a était populaire auprès de ses sujets juifs. Mais il était détesté de ses sujets païens. Cf. FLAVIUS JOSÈPHE, AntiquitésJuives XIX, 330 : « Le caractère d'Agrippa était doux et sa bienfaisance était égale pour tous. Il était plein d'humanité pour les gens de races étrangères et leur témoignait aussi sa libéralité, mais il était également serviable pour ses compatriotes et leur marquait encore plus de sympathie. » Cf. M. HADAS-LEBEL, fume, fa Judée et les Juifs, Paris, A. & J. Picard, 2009, p. 87 : «Quoiqu'il ait passé plus de trente ans loin de son pays et adopté bien des habitudes étrangères, Agrippa 1 a sut se rendre populaire auprès des Juifs, sans doute parce que son élévation leur rendait leur fierté nationale, mais aussi parce qu'il ne manifestait aucune morgue et se comportait avec humanité, à la différence de son aïeul. » ; M. Goodman, Rome & Jemsalem, Paris, Perrin/Tempus, 2009, p. 87; D. R. SCHWARTz,Agrippa I: The Last King of Judaea, Mohr Siebeck, 1990. 595 M. HADAS-LEBEL, Rome, la Judie et lesJuifs, op. cit, p. 89: « La première idée de l'empereur [Claude] fut de lui confier la succession de son père, mais la politique des royaumes-clients n' était pas du goût de tous ses conseillers, peut-être influencés par le légat de
TOMBEAU DES Rrns
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d'Hérode Agrippa empêchait sans doute son jeune fils, le futur Agrippa II ( c. 27 - c. 93), de revendiquer pour lui-même le tombeau de son père sans éveiller le soupçon de vouloir perpétuer une dynastie désormais récusée par Rome. On peut aussi douter de ses capacités financières pour se lancer dans un tel projet -du moins avant qu'il devienne roi de Chalcis en 49 596 ? Si la notice de Flavius Josèphe est juste, une hypothèse mérite donc d'être posée: les procurateurs romains auraient été heureux de trouver en la reine Hélène et en ses fils des personnes de dignité royale désireuses d'être inhumées dans le tombeau d'Hérode Agrippa et capables, par leur fortune, de financer les travaux nécessaires. Somme toute, c'était les débarrasser d'une délicate affaire et d'un monument encombrant.
aucun caractère illégitime. Aussi, est-il vraisemblable que la réalisation de la tombe d'Hérode Agrippa fut interrompue seulement par la mort prématurée et imprévue de son commanditaire alors que la chambre funéraire n'était pas encore prête à recevoir sa dépouille. Dans l'urgence, il fallut trouver un autre tombeau - par exemple le majestueux tombeau des Hérodes ?599 - , avec pour conséquence la déshérence d'un monument qu'aurait achevé la reine Hélène.
Quoi qu'il en soit, la décision d'Hérode Agrippa de doter Jérusalem d'une nouvelle enceinte offrait au roi de Judée l'opportunité de réaliser à proximité (sept actus = 248,6 m) un tombeau digne de sa lignée et de son rang : entouré de rues passantes menant à de grandes villes (Naplouse et Damas), le majestueux complexe funéraire était idéalement placé pour perpétuer au mieux son souvenir. Les travaux du tombeau commencèrent sans doute en même temps que ceux du Troisième mur, tant les projets semblent liés sur le plan architectural et synchronisés pour que les pierres extraites de l'un aient servi à l'autre. Il est probable que la décision impériale d'arrêter l'édification du Troisième mur n'eut aucune conséquence sur l'élaboration du Tombeau: autant les Romains avaient de bonnes raisons de craindre une nouvelle enceinte aux allures inexpugnables 597, autant l'achèvement d'une tombe destinée au souverain régnant (ayant déjà la cinquantaine598) n'avait
Sa mère Hélène fut très ajJ/igée de la mort de son fils, comme if est naturel pour une mère privée du plus affectueux de ses enfants; mais elfe trouvait, une consolation à apprendre que fa succession était donnée à son fils aîné, auprès duquel elfe se hâta de se rendre. Revenue en Adiabène, elfe ne survécut guère à son fils lzatès. Monobaze envqya ses os et ceux de son frère à Jérusalem et les fit ensevelir dans les trois pyramides que sa mère avaitfait construire à trois stades de fa viffe"3°.
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Les trois pyramidions de la reine d'Adiabène Si l'on en croit Flavius Josèphe, la souveraine d' Adiabène fit construire trois pyramidions pour couronner le tombeau - et ainsi l'achever :
Les récentes fouilles de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem601 suggèrent, sans l'imposer, l'emplacement de trois monuments. Des fragments d'architecture erratiques témoignent au moins d'un édicule à tholos ; les deux autres auraient été surmontés de pyramidions selon la description de Joseph. Sans entrer dans le détail du rapport de fouilles (à paraître), les sondages réalisés sur la terrasse surplombant la façade ont mis au jour des
Syrie. Bien que le jeune Agrippa eût déjà dix-sept ans, on le disait trop jeune pour régner. L'indécision de Claude lui coûta le trône de Judée. >> ; D. R. ScHWAftTZ, Agrippa I, The Last King of Judaea, op. cit., p. 151 : >; L-H. VINŒNT,]érusalem de l'Ancien Testament, Gabalda, Paris, 1954, 30-31. Cf S. BoNATO-BACCARDI, « Le mausolée en opus reticulatum de Jérusalem: tombeau d'Hérode ou simple témoin d'un modèle romain ? )), Latomus 61 (2002), p. 67-87 ; ou encore J.-S. CAILLOU, op. cit., p. 272-277. 610 E. NETZER, The Architecture of Herod, the Great Builder, op. cit.,p.132-134; E. NETZER et S. BEN-ARIEH, « Remains of an Opus Reticulatum Building in Jerusalem », JE] 33 (1983), p. 163-175. 611 La rareté de son usage à Jérusalem et sa région à l'époque hérodienne rend probable la présence d'équipes de maçons provenant
MONUMENT D'HÉRODE
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a)
Habitat moderne 1893
Sondages Murs restitués
t
■ Murs retrouvés ■ Opus reticulatum.
111111 o= -=--==--=-= 10 mètres
c)
b)
fig. 6.9
Le« monument d'Hérode ;> au nord de la porte de Damas: a) d'après Netzer; b) surfand de carte de Wilson; c) sur fand
de photo satellite (www.govmap.gov.iJ
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TROISIÈME MUR
remarquable, centrée sur la porte de Damas (à quelques mètres près) à une distance de 7 actus (248,6 m), sur un monticule d'une hauteur approximative de 5 mètres, oblige à y voir un monument de propagande voulu pour être vu en entrant ou en sortant de la principale porte septentrionale de la Jérusalem hérodienne (fig. 6.9, b et c) 612 • Le monument constituait un obstacle à contourner et, par suite, devait être « longé » par deux rues convergeant vers la porte de la ville selon un tracé proche des actuelles route de Naplouse et rue des Prophètes (fig. 6.10). La topographie septentrionale de la porte de Damas s'y prêtait en raison de la subdivision en ce lieu de la vallée du Tyropéon en deux petites vallées affluentes d'importance quasi-égale.
Une porte du Troisième mur dans l'axe de l'actuelle route de Naplouse? L'axe AB, inscrit dans la grille d'arpentage restituée supra et reliant le centre de la porte de Damas au Troisième mur selon le chemin le plus direct, est situé légèrement à l'ouest de l'actuelle route de Naplouse (fig. 6.10). Nous y verrons le tracé de la route antique envisagée par les arpenteurs du Troisième mur. En effet, les fouilles réalisées par R. Avner en 2013 sous l'actuelle route de Naplouse au niveau du couvent des Sœurs Franciscaines de Marie (fig. 6.6) confirment la présence de la rue antique non pas à la verticale de l'actuelle mais vraisemblablement davantage à l'ouest sous la propriété des sœurs franciscaines 613 • Un tel décalage confirmerait l'ancienneté de la rue secondaire, disparue aujourd'hui en raison de l'urbanisation
fig. 6.10
La route de Naplouse, axe conduisant à une porte possible du Troisième mur
du quartier, encore représentée sur la carte de Wilson et aboutissant au point B du Troisième mur. Si nos hypothèses sont justes, la rue antique suivant l'axe AB devait nécessairement aboutir à une porte du Troisième mur614 (fig. 6.10, porte 2). Son existence
d'Italie recrutées par Hérode le Grand qui s'en retournèrent dans leur région d'origine dès la mort de ce dernier. E. NETZER, op. cit., p. 57 : « In addition to the palace at Jericho, such walls were also revealed in structures in Jerusalem and Banias. ( ... ) This style of construction has not been found at any other locality throughout the country, or at sites predating or postdating Herod's time. Moreover, aside from a few structures in Asia Minor or Syria, this building technique has not been encountered anywhere else in the Middle East, although it was very common in Italy. We are thus confident that a skilled team participated in the erection of the above-mentioned three structures and afterward probably returned to Italy. »Cf.A KROOP, « Earrings, Nefesh and Opus Reticulatum : self-representation of the royal house of Emesa in the fïrst century AD », dans T. KAIZER et M. FACELLA, Kingdoms and principalities in the Roman Near East, Frantz Steiner Verlag, Stuttgart, 2010, p. 199-216; B. BuRRELL et E. NETZER, « Herod the builder », dans Journal of Roman Archaeology 12 (1999), p. 708; J. M. RoDDAZ, op. cit., p. 450-463. L'usage de l'opus reticulatum se développa en Italie à la fin de la République. Son introduction en Asie Mineure date sans doute de Pompée : cf. G. MÉTRAUX, « Masonry and memory in Hadrian's architecture and architectural rhetoric », dans D. F AVRO et F. K. YEGüL, J. PINTO et G. MÉTRAUX, op. cit., p. 141-145; et aussi M. SPANU, « Opus caementicium in Asia Minor: its introduction and development», dans D. FAVRO et F. K. YEGüL, J. PINTO et G. MÉTRAUX, op. cit., p. 29-31. 612 E. NETZER, op. cit., p.132 : « Yet to be discussed in the Opus reticulatum building, the identification of which has not yet been determined definitively. However, there is no doubt that it belongs to one of Herod's building projects. The rocky hillock on which it stood rises some 5 m above its surroundings, and is located directly opposite the Damascus gate (some 250 m from it), on the principal axis of entry into and exit from Jerusalem in those days ». 613 Communication privée de R. Avner: « I did not find a road. Only four walls dated to Second Temple period, probably domestic; a Byzantine wall and a pit burial; a wall and cistern probably Early Islamic; a later plaster floor probably Ottoman. » 614 À moins qu'il s'agisse de celle sise à côté de l'Institut Albright, cette porte serait celle devant laquelle Titus se trouva en difficulté lors de son tour d'inspection pour trouver un endroit favorable pour attaquer le Troisième mur ; FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 54-59 : « Tant que [Titus] chevaucha en droite ligne sur la route qui conduit directement au rempart, personne ne se manifesta hors des portes ; mais lorsque, quittant la route pour se diriger vers la tour Pséphinus, il fit obliquer la troupe
TrrULATURES IMPÉRIALES
est d'autant plus vraisemblable que des fragments d'inscriptions dédicacées à Hadrien ont été retrouvés à proximité, témoins sinon preuves, qu'un ou plusieurs monuments importants d'JE!ia Capitoh"na étaient dédiés à l'empereur dans les environs.
Les titulatures impériales retrouvées à proximité du Troisième mur
La première titulature impériale La première titulature impériale est composée de deux fragments d'environ 25 cm d'épaisseur (fig. 6.11, a) : le premier fragment a été retrouvé
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en 1903 dans une oliveraie à environ 25 mètres au sud du point B 615 et le second lors de fouilles récentes 616 en remploi en couverture d'une citerne à une dizaine de mètres de la découverte du premier. Les deux fragments permettent de reconstituer une inscription d'environ 2,5 m X 1,1 m. Les informations sont suffisantes pour rétablir le texte complet (fig. 6.11,a) 617 • Il s'agit d'une dédicace à Hadrien d'un monument réalisé par la 1oe Légion Fretensis. Elle date de la 14e puissance tribunicienne de l'empereur qui court d'août 129 à août 130, soit donc avant le déclenchement de la seconde révolte juive. Il s'agissait de célébrer la première venue - sinon la seconde 618 - de l'empereur à Jérusalem. Les lignes en lettres rouges de hauteur croissante en fonction de l'éloignement du lecteur - d'environ 12 cm jusqu'à 14 cm (selon la technique d'anamorphose 619)
compacte de ses cavaliers, alors les Juifs, en nombre infini, bondissant brusquement en avant à l'endroit appelé les tours des Femmes, à travers la porte qui fait face aux monuments d'Hélène, sectionnèrent la colonne : se plaçant face à ceux qui galopaient encore sur la route, ils les empêchèrent de se ressouder à ceux qui qui avaient obliqué et isolèrent Titus avec un petit nombre de cavaliers. Il lui était impossible d'avancer, car tout le terrain en avant des remparts était coupé de fossés pour le jardinage, et morcelé par des murs transversaux et de nombreuses clôtures. Il voyait qu'il lui était également impossible de rejoindre les siens, du fait de la densité des troupes ennemies, qui l'en séparaient, et que ses cavaliers, sur la route, avaient tourné bride: la plupart d'entre eux, en effet, ne se rendaient pas compte du danger que courrait leur prince et, pensant qu'il avait fait demi-tour lui aussi en même temps qu'eux, ils s'étaient mis à fuir. Titus ayant compris que son salut dépendait uniquement de son courage personnel, fit exécuter un tête-à-queue à son cheval et, criant à ses compagnons de le suivre, il fonça au plus épais des ennemis, cherchant à s'ouvrir de vive force un chemin vers les siens. >> R. SAVIGNAC,« Inscription romaine et sépultures au nord de Jérusalem», RB NS (1904), p. 90-99; Ch. CLERMONT-GANNEAU, « Nouvelles inscriptions de Palestine», rucuei! d'archéologie orientale, tome 6, Pa.ris, 1905, p. 188-189 : « Des fouilles entreprises récemment, en vue d'une construction, dans un champ d'oliviers situé en face du couvent Saint-Etienne, près de la porte de Damas, non loin du mur d'enceinte septentrional de Jérusalem, ont amené la découverte d'une grande mosaïque très bien conservée, mais qui malheureusement a été en majeure partie détruite avant d'avoir été relevée; d'une base de colonne de la dimension de celles déposées dans le couvent ; enfin de deux grandes dalles contenant chacune les fragments d'une magnifique inscription romaine d'une caractère vraiment monumental. » Le second fragment a été retrouvé en 2014 par R. Avner lors de fouilles de sauvetage pour permettre la construction d'un centre commercial ; (https://mfa.gov.il/MFA/IsraelExperience/History/Pages/Inscription-dedicated-toEmperor-Hadrian-uncovered-in-Jerusalem-21-Oct-2014.aspx) : « We found the inscription incorporated in secondary use around the opening of a deep cistern. In antiquity, as today, it was customary to recycle building materials and the official inscription was evidently removed from its original location and integrated in a floor for the practical purpose of building the cistern. Furthermore, in order to fit it with the capstone, the bottom part of the inscription was sawed round». La citerne se trouve à quelques dizaines de mètres del'endroit où a été retrouvé le premier fragment. Cf. H. M. COTTON, L. Dr SEGNI, W ECK, B. ISAAC, A. KusHNIR-STEIN, H. M:rsGAv,J. PruCE et A. YARDENI (Eds), Corpus Inmptionum Iudae/Palaestinae, Vol. I, Jérusalem, part 2: 705-1120, De Gruyter, Berlin/ Boston, 2012, p.13-15. Cf. R. SAVIGNAC,« Inscription romaine et sépultures au nord de Jérusalem», RB 1(1904), p. 90-99 ; Ch. CLERMONT-GANNEAU, « Nouvelles inscriptions de Palestine», rucueil d'archéologie orientale, tome 6, Pa.ris, 1905, p. 188-199; CIIP I 1 sous le n° 715. (https://mfa.gov.il/MFA/ IsraelExperience/History/Pages / Inscription-dedicated-to-Emperor-Hadrian-uncovered-in-Jerusalem-21-Oct-2014.aspx) Cf. W EcK, « Hadrian, the Bar Kokhba Revoit, and the Epigraphie Transmission », dans IDEM, ]udàa - Syna Palastina. Die Auseinandersetzung einer Provinz mit riimischer Politik und Kultur, Texts and Studies inAncient]udaism 157, Mohr Siebeck, Tübingen, 2014, p. 216 : « Hadrian visited the province at least once, probably twice. His first visit took place in 130 while he was on a journey from Arabia to Egypt. The second one occurred probably in the course of the Bar Kokhba revoit, as could be inferred from the use of the term expedition to describe the campaign. » Cf. aussi IDEM, « Der Bar Kochba-Aufstand der Jahre 132-136 und seine Folgen für die Provinz Syria Palaestina », dans IDEM, Judaa - Syria Paldstina., op. cit., p. 229-244. Certains, comme D. Golan, prétendent qu'Hadrien serait venu une première fois à Jérusalem en l'an 117, dans les jours suivant la mort de Trajan, alors qu'il venait d'être acclamé empereur. La découverte de la capitale juive par Hadrien aurait alors joué un rôle dans la décision prise, lors de son second voyage à Jérusalem en 129 (ou 130), de fonder ./Elia Capitolina. Cf. N. BELAYCHE, art. cit., RHR 214 (1997), p. 393396. Cf. D. GOLAN,« Hadrian's decision to supplant ''.Jerusalem" by "lElia Capitolina" >> Historia 35 (1986), p. 226-239. M. CORBIER, Donner à voir, d,Jnner à lire, mémoire et communication dans la Rome ancienne, Ed. CNRS, Paris, 2006, p. 62, note 59 : « L'anamorphose estla technique qui consiste à graver les lignes en lettres de hauteur croissante en fonction de l'éloignement, pour donner l'impression qu'elles sont toutes de même modèle lorsque le lecteur est placé au pied du monument.» ; id. p. 42 : « L'écriture exposée romaine se caractérise d'ordinaire par sa lisibilité. Ainsi les dédicaces monumentales placées à plusieurs mètres de hauteur
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ThOISIÈME MUR
- sont trop petites pour être inscrites sur l'attique d'un arc triomphal tel celui de Tell Shalem620 . Elles conviennent davantage aux dimensions d'une porte urbaine de taille moyenne.
La titulature impériale aurait ainsi ete gravée pour orner la porte urbaine du Troisième mur, sise au point B, rebâtie ou remaniée en arc triomphal à l'occasion de la visite impériale d'Hadrien. Plusieurs fragments d'architecture retrouvés dans les environs corroborent l'hypothèse : une tête en marbre de l'empereur Hadrien récupérée en 1874 par un muletier en bordure de la Route de Naplouse à une trentaine de mètres au nord du Tombeau des Rois 621 ; la présence dans la propriété de }'École biblique et archéologique française - et celle de Paulus Haus mais dans une moindre mesure -, en bordure également de la route de Naplouse, de plusieurs fûts de colonnes brisées aux diamètres trop importants (environ 1 m) pour appartenir à l'ordre architectural de la basilique byzantine dite d'Eudocie construite au 5e siècle en l'honneur de saint Etienne622 . Ils pourraient être des vestiges dispersés de la porte du Troisième mur transformée en arc triomphal.
La seconde titulature impériale La seconde titulature impériale est reconstituée à partir d'un seul fragment retrouvé en 1903 au même endroit que celui de la première titulature623 . Selon la lecture de W Eck, elle contenait le texte restauré à la figure 6.11, b624 . L'inscription, de dimensions importantes (2,2 m x 1,1 m) avec des lignes de lettres en anamorphose très similaires à la précédente, laissent supposer qu'elle était aussi installée à une hauteur moyenne, par exemple sur l'attique d'une porte urbaine ou sur une façade d'un mur ou d'un bâtiment imposant. Son interprétation est délicate car elle témoigne de l'existence d'un ouvrage monumental érigé en l'honneur d'un empereur par un de ses affranchis (Lm Eius) ayant eu autorité sur des détachements de légions. Les lacunes de l'inscription ne permettent pas de retrouver le nom de toutes les légions impliquées. W Eck en restitue cinq mais n'exclut pas qu'il puisse en avoir davantage : la 1oeFretensis, la 12' Fulminata, la 2e sans doute Traiana et deux autres dans les parties manquantes de l'inscription625. Une telle concentration de vexillatio de légions sous la responsabilité d'un affranchi impérial est a priori impossible selon les usages romains, sauf à supposer une circonstance exceptionnelle et une intervention directe du
- notamment les titulatures impériales (arc de Titus) - sont souvent gravées en lignes de hauteur décroissante de façon à créer, pour qui les lit d'en bas, l'illusion d'optique d'un même module.» ; cf. pour l'arc de Titus, M. PEANNER, Der Titusbogen, Mayence, 1983, p. 16 avec les pl. 1 2-13. 620 L'inscription retrouvée à Tell Shalem en 197 8 au sud de Beth Shean en Galilée faisait environ 11 mètres de largeur. La taille des lettres de sa première ligne (41 cm) montre que l'inscription appartenait à une arche monumentale sans doute érigée en 136 ap. J.-C. pour honorer Hadrien de la suppression de la 2' révolte juive. Cf. W. ECK:, « The Bar Kokhba Revolt : The Roman Point of View», The Journal of &man Studies 89 (1999), p. 76-89; ID.,« Hadrian, the Bar Kokhba Revolt, and the Epigraphie Transmission», dans IDEM, ]udiia • Syria Paliistina, op. cit., p. 212-228. 621 Ch. CLERMONT-GANNEAU, « La tête de la statue d' Adrien placée dans le temple de Jérusalem, séance du 29 mai 1874 », dans Compterendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres 18 (1874), p. 146-152 ; p. 147 : « La face est celle d'un personnage viril, à la barbe courte et frisée, aux cheveux abondants dont les mèches épaisses recouvrent une partie du front. Elle porte une couronne de laurier dont les deux branches viennent se rattacher à un grand médaillon (quelque gemme) où est gravé très distinctement, en camée, un aigle, symbole de la puissance romaine. ( ...)Le style de la sculpture est tout à fait romain; ( ...) Nous avons là, à n'en pas douter, un portrait et non un type banal. (... )Je pense qu'on ne peut guère voir dans cette tête autre chose que celle de l'empereur Adrien. >> 622 L.-H. VINCENT et F.-M. ABEL, Jémsalem Nouvelle, G abalda, Paris, 1922. 623 R. SAVJGNAC, art. cit., RB 1(1904), p. 90-99 et Ch. CLERMONT-GANNEAU, art. cit., Recueil d'archéologie onentale, tome 6, Paris, 1905, p. 188-199 624 W ECK,« Revision Lateinischer Inschriften aus Jerusalem », Zeitschriftfor Papyrologie und Epigraphik 169 (2009), p. 224-229. 625 W. Eoc, « Revision Lateinischer Inschriften aus Jerusalem », art. cit., p. 229 : « Bei dies en nicht losbaren Porblemen verbietet sich jedenfalls eine weitergehende Rekonstruktion der Inschrift. D ass es sich aber um ein Monument mit dem Namen eines Kaisers im Dativ handelt, bei dessen Errichtung ein kaiserlicher Freigelassener die wesentliche Rolle spielte, ist kaum bestreitbar. Dass dabei Abteilungen von mindestens fi.inf, eher mehr Legionen beteiligt waren, scheint ebenfalls sicher. Sie gehorten offensichtlich zu den Truppen, die zur Niederschlagung des bar Kochba Aufstandes in die Provinz gekommen waren. Sie waren an der Er richtung eines Monuments oder eines Bauwerks beteiligt, das mit Hadrian Verbunden, vermutlich ihm gewidmet war. Worum genau es sich dabei handelte, lasst sich nicht sagen : doch dürfte es erst gegen Ende des Krieges errichtet worden sein. Da die Inschrift auf g rosse Platten gemeisselt ist, sollte diese auf jeden Fall mit einem Bauwerk, einmen Tor, einem Bogen oder etwas Ahnlichem verbunden gewesen sein. Dass die Inschriftentafeln hoch angebracht waren, darf man aus der G rosse des Buchstaben erschliessen. Warum bei dem Bau offensichtlich ein kaiserlicher Freigelassener eine betonte Rolle spielte, bleibt bei dem fragmentarischen Zustand der Inschriftratselhaft. »;cf.Aussi H. M. COTTON, L. DI SEGNI, W. EcK, B. lsAAc, A. KusHNIR-STEIN, H. .M:rsGAv,J. PRlcE et A. YARDENI (Eds), Corpus Incriptionum Iudae/ Palaestinae, Vol. I, Jérusalem, part 2 : 705-1120, De Gruyter, Berlin/Boston, 2012, p.16-17 ; M. MOR, The Second]ewish Revoit, The Bar Kokhba War, 132-136, Brill Reftrence Library of ]udaism 50, Brill, Leiden/Boston, 2016, p. 289-362.
TITULATURES IMPÉRIALES
a)
IMP CAESARI DIVI TRAIANI PARTHICI F DIVI NERVAE NEP TRAIANO HADRIANO AUGVST PONT MAX TRIE POT XIIII COS III PP LEG X FRETENSIS
b)
[IMP CAES DIVI DIVI TRAIANI PARTHICI F DIV]I NER[V N] [TRAIANO HADRIANO AVG PONT MAXI]MO [TRIE POT XX IMP II COS III PP] [----- ]OS LIE EIVS PER VEXILL LEG [--- ET] X FR ET II [TRAI ET----- ET --- ET --- ET] XII FVLM.
fig. 6.11
Les titulatures impériales associées au Troisième mur (restituées par W. Eck) : a) Dédicace de la 1(J Légion Fretensis; b) Inscription avec mention de l'affranchi impérial
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ThOISIÈME MUR
princeps; ce qui renvoie en priorité à la seconde révolte juive, durant laquelle l'urgence de la situation aurait nécessité à Jérusalem la réalisation rapide de grands travaux réclamant une main-cl'œuvre importante. Ainsi s'expliquerait le nombre des détachements de légions mis à contribution et le choix impérial- impérieux - d'en confier la responsabilité à un affranchi626 : les tribuns de légions auraient été trop occupés dans le pays à mater la révolte avec le reste de leur troupe pour s'en occuper.
Le relèvement du Troisième mur, un compromis astucieux? Quels étaient les travaux urgents qui aurait suscité une règle d'exception ? L'« invention » - au sens latin du terme - de la seconde inscription à proximité du Troisième mur autorise a priori à établir un lien entre eux. Mais comment relier deux vestiges archéologiques dont l'un a été détruit en 70 ap. J.-C. et l'autre date d'Hadrien ? Nous suggérions supra que la première titulature impériale ornait l'attique de la porte du Troisième mur rebâtie ou remaniée en arc triomphal lors de la visite impériale de 129/130 ap. J.-C. (fig. 6.10, point B ou porte 2). Si l'hypothèse est juste, il semble exclu que la seconde titulature soit la dédicace du même arc triomphal, ajoutée à la première pour célébrer son éventuel embellissement une fois la révolte matée. D'une part, on ne connaît pas de cas de double dédicace d'un monument ; et d'autre part, on ne met pas cinq vexi!!atio de légions sous l'autorité d'un affranchi impérial pour une tâche aussi simple et, somme toute, banale. Dans le contexte historique de la seconde révolte juive, une seule hypothèse semble pouvoir allier urgence et monumentalité
nécessitant une main-d'œuvre exceptionnelle dans ce secteur de la ville : la reconstruction hâtive du Troisième mur de Jérusalem, sur une façade duquel la seconde titulature aurait été installée - à proximité de la porte triomphale627. En effet, depuis la prise de la ville par Titus,Jérusalem était mal défendue, sinon par la 1 oe légion Fretensis fortifiée dans la ville haute628 . Autrement dit, les autres quartiers de la ville n'étaient pas à l'abri d'éventuelles incursions ennemies, tactique volontiers utilisée par les insurgés juifs selon Dion Cassius 629. Dès lors, ne convenait-il pas de protéger par une enceinte ces quartiers, partie intégrante, selon toute vraisemblance, du pomerium de la nouvelle colonie ? Ainsi, le relèvement du Troisième mur s'imposa sans doute comme un compromis astucieux. Certes, il impliquait des travaux d'envergure sur une grande longueur (> 3 km), délimitant une surface égale ou plus grande que le pomerium630 - auquel cas, les travaux ne se limitaient pas à une reconstruction minimale qu'aurait pourtant exigée l'urgence de la situation. Mais, en dépit de cet éventuel inconvénient, son relèvement s'explique aisément tant, 60 ans après sa destruction, ses vestiges devaient encore être réutilisables à peu de frais. En effet, les blocs retrouvés pêle-mêle au pied de l'esplanade du Temple (à proximité du mur des lamentations) montrent que, pour détruire un mur, les légions « versaient » ses blocs sur les bas-côtés - ce qui n'a pas lieu d'étonner étant donné les moyens non mécanisés de l'époque. Il est donc probable que, sur de larges sections, la base du Troisième mur n'ait jamais été arasée jusqu'au sol - parce que dépassée par les blocs entassés sur les bas-côtés; et qu'au début de la seconde révolte juive, nombre de blocs se trouvaient encore à proximité de son tracé initial: sa reconstruction était ainsi d'autant plus facile et réalisable en un temps record. Le recours
626 Communication privée avec W. Eck que je remercie. 627 Communication privée avec W. Eck que je remercie. 628 Nous reviendrons sur la localisation discutée du camp de la 10' légion Fretensis dans le chapitre 7. Quoi qu'il en soit de son emplacement, il devait être fortifié impliquant que le reste de la ville ne l'était pas. 629 DION CASSIUS, Histoire &maine 69, 12-14: « [Les Juifs] n'osaient pas, néanmoins, affronter ~es Romains] en bataille rangée; mais ils se saisissaient des positions favorables et les for tifiaient de murailles et de souterrains, qui devaient leur servir de refuges lorsqu'ils seraient refoulés ( ...)Les Romains, tout d'abord, ne firent aucune attention à leur entreprise; mais, lorsque le mouvement eut envahi toute la Judée, et que les Juifs se mirent partout à s'agiter et à se réunir, lorsque, en secret et au grand jour, ils leur eurent causé de grands maux, lorsque beaucoup d'autres nations étrangères, poussées par l'espérance du gain, eurent embrassé la cause des rebelles, voyant la terre entière, pour ainsi dire, profiter de l'occasion pour s'ébranler, alors, mais seulement alors, Adrien envoya contre eux ses meilleurs généraux, parmi lesquels le premier fut Julius Severus, qu'il manda de la Bretagne, où il commandait, pour lui confier la guerre contre les Juifs. Celui-ci n'osa nulle part en venir à un engagement face à face avec des ennemis dont il voyait le nombre et le désespoir; mais, les attaquant séparément, grâce au nombre de ses soldats et de ses lieutenants, il parvint, en leur coupant les vivres et en les enserrant, il parvint, dis-je, lentement il est vrai, mais sans hasarder ses troupes, à écraser, à étouffer, à anéantir leur sédition. Il y en eut peu qui échappèrent à ce désastre. Cinquante de leurs places les plus importantes, neuf cen t cinquante-cinq de leurs bourgs les plus renommés, furent ruinés ; cent quatre-vingt mille hommes furent tués dans les incursions et dans les batailles. » 630 La limite septentrionale du pomerium n'est pas connue avec exactitude et fait l'objet de discussion. Cf. J. MAGNESS, « /Elia Capitolina: A Review of Sorne Current Debates about HadrianicJerusalem», dans K. GALOR et G. AVNI (éds), op. cit., p. 314-316; ID., «The North Wall of /Elia Capitolina », dans L. E. STAGER,J. A. GREEN et M. D. CooGAN (eds), TheArchaeowgyof Jordan andB91ond: Ess':Ys in Honor of James A. Sauer, Studies in the Archaeology and history of the Levant 1, Eisenbrauns, Winona Lake, 2, p. 328-339
p ATI'E D'OIE EXTRA-MUROS
à des vexzllatio de légions était judicieux pour réaliser une telle tâche : les légionnaires connaissaient l'art des fortifications et pouvaient assurer eux-mêmes la sécurité du chantier, contre d'éventuelles incursions ennemies à ne pas exclure selon la tactique des insurgés. Le pèlerin Paulus Orosius (c. 380- après 417), visiteur de la ville en 415, atteste qu'Hadrien aurait doté 1Elia Capitolina d'un mur. Bien que son témoignage survienne deux siècles après les faits, force est de constater l'existence d'une tradition attribuant à l'empereur philhellène la construction d'une muraille: [Hadrien] ordonna qu'il ne fût pas permis à un juif depénétrer dans Jérusalem, fa cité étant seulement autorisé aux chrétiens ; il fa remit en excellent état par fa reconstrudion des murs et ordonna de l'appeler JE,fia d'après son prénon/' 31 •
L'idée a déjà été défendue par J. Magness dans les années 2000 mais sans qu'elle puisse faire le lien avec la situation d'urgence liée à la deuxième révolte juive 632 : en analysant la même titulature, qu'elle attribue à Antonin le Pieux - faute d'avoir à disposition le second fragment retrouvé par R. Avner en 2014 -, elle propose comme limite septentrionale d'JE,lza, le Troisième mur. Il lui semble absurde de supposer l'existence d'un arc triomphal dépourvu d'une ligne de défense s'y raccordant. A l'appui de l'hypothèse, elle cite l'article de G. Avni attestant qu'aucune tombe datée du 2ème, 3ème ou 4ème siècle n'a été retrouvée au sud de la section septentrionale du Troisième mur633.
La déviation de la route de Naplouse En résumé, si nos hypothèse sont justes, la première titulature impériale attesterait la présence à l'emplacement de l'ancienne porte du Troisième mur d'un arc triomphal dédicacé à Hadrien par la 1 o• Légion Fretensis- avant le début de la seconde révolte juive. La
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seconde titulature témoignerait de la reconstruction rapide du Troisième mur, sous commandement d'un affranchi impérial, par des vexzllatio des légions impliquées dans les combats, lorsque la révolte faisait rage. Les hypothèses auraient l'avantage de donner une explication rationnelle au léger décalage vers l'orient (par rapport à l'axe AB) de l'actuelle route de Naplouse et de l'oubli progressif de la rue secondaire menant au point B, qui marque pourtant l'axe primitif de la rue: il suffit de supposer, à une époque tardo-romaine, l'effondrement de la porte causé par un tremblement de terre ou un manque d'entretien; les décombres (ou le danger) auraient rendu impossible le passage sous l'arc, obligeant à un détour. Le contournement par l'orient aurait procuré un raccourci au flux majoritaire des piétons vers Naplouse ou Césarée Maritime, et pour s'y rendre, il fallait en effet passer au plus près du Tombeau des Rois.
La patte d'oie extra-muros de la porte de Damas Les vestiges archéologiques du Troisième mur retrouvés au nord de la porte de Damas Dans leur rapport de fouilles du secteur, S. Ben-Arieh et E. Netzer ne restituent pas de porte au point B. Ils n'y voient qu'une section du Troisième mur à proximité d'une tour (n°162) d'environ 9 x 11 m (fig. 6.12) 634. Mais, de leur propre aveu, les fouilles ont surtout mis au jour un antique fond de carrière descendant en pente douce vers l'est, composé de trois paliers principaux, sur lesquels la première assise du mur était ajustée635 . Seuls quelques blocs erratiques du mur subsistent in situ. Autrement dit, comme l'a proposé J. Magness636, en raison de la
631 ÜROSE, Histoires (Contre les païens) VII, 13, 2 (trad. M.-P Arnaud-Lindet, p. 45-46) : « praecepitque ne cui Iudaeo introeundi Hierosolyman es set licencia, Christianis tantum ciuitate permis sa; quam ipse in optimum statum murorum exstructione reparauit et Aeliam uocari de pronomine suo praecepit. » 632 J. MAGNESS, « The North Wall of /E,/z'a Capitolzna», art.. cit., p. 328-339; ID., «/E,lia Capitolzna: A Review of Sorne Current Debates about Hadrianic Jerusalem », art. cit., p. 313-324. 633 G. AVNI, « The Urban Llmits of Roman and Byzantine Jerusalem : A view from the Necropolis »,]RA 18 (2005), p. 373-396; J. MAGNESS, « Aelia Capitolina: A Review of Sorne Current Debates about Hadrianic Jerusalem », art. cit., p. 315-316 : « ln a careful analysis, G. Avni has shown that burials of the 2n d to 4m centuries are located to the north of the Third Wall, supporting my suggestion that the northern line was the urban boundary of Hadrian's city. » 634 S. BEN-ARIEH et E. NETZER, « Excavation along the 'Third Wall' of Jerusalem », JE] 24 (1974), p. 100. 635 S. BEN-ARIEH et E. NETZER, art. cit., p. 98 : « Apparently ail the sections uncovered here are the bedding of the Third Wall intended to level off the rocky surface prior to construction of the Wall's courses. This levelling was carried out by constructing long steps which descended in accordance with the general slope of the aera from north-west to south-east. Three such steps were uncovered in the present excavations. » 636 J. MAGNESS, « The North Wall of Ae!ia Capitolina », art. cit., p. 333 : « Though it is impossible to pinpoint the location of the northern arch in relation to the northern line, it probably stood somewhere between the western edge of Kenyon's Site T and
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TROISIÈME MUR
\,_ Tour 161
\:····· a) Restitution de S. Ben-Arieh ......... /
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Blocs in situ Restitution proposée
Restitution d'une porte dans le Troisième mur dans l'axe de la rue de Naplouse (Nablus Road) : a) fauilles de S. Ben Arieh et E. Netzer - b) restitution d'une porte à triple baies - c) restitution d'une porte à une baie
PATTE D'OIE EXTRA-MUROS
fig. 6.13
205
L'arpentage dans la grille hérodienne au nord de la porte de Damas
déclivité et de la pauvreté des vestiges, rien n'empêche de voir au point B l'emplacement d'une porte à baie unique (comme à côté del'Albright) ou même à triple baies (fig. 6.24). En effet, pour assurer un lit de pose horizontal au seuil d'éventuelles baies, des assises de rattrapages étaient nécessaires. Le grand bloc massif situé légèrement à l'orient de l'axe AB (fig. 6.12), d'une altitude comparable à celle du lit rocheux situé entre la tombe 119 et 120, à l'ouest de l'axe AB - environ 772,08 m -, en faisait peut-être partie. Une porte à trois fornices sise en ce lieu, pour peu qu'elle s'étende jusqu'à la tour 161 (fig. 6.12) aurait une dimension un peu plus grande que celle de la porte de
Damas (180 pieds = 53,2 m contre 150 pieds = 44,4 m) ; mais elle présenterait l'inconvénient de ne pas être dans l'axe de la rue antique AB. La restitution d'une porte à simple baie reste donc l'hypothèse la plus probable, même si aucun vestige de sa tour orientale n'a été trouvé. À noter cependant qu'une grande part de sa superficie n'a pas été fouillée, hors du carré de fouille de S. Ben-Arieh (fig. 6.24). D'autant plus que la tour 161 n'est guère mieux attestée (fig. 6.24) sinon par une légère amorce de roche sur son côté occidental et par le beau bloc erratique supposé marquer sa limite nord. Ce bloc présente néanmoins l'inconvénient de ne pas être réglé sur la limite septentrionale des autres tours (162 et 163) - ce qui relativise la vraisemblance de la restitution de la
tower 163 in the Ben-Arieh and Netzer excavations, near the intersection of the present Nablus and St-George's Roads. The 30-32 m distances separating Towers 161, 162, and 163 from each other, and the fact that only the bedding of the wall and towers was found by Ben-Arieh and Netzer, leaves open the possibility that the northern arch was set between two of these towers. »
206
TROISIÈME MUR
fig. 6.14
L'arpentage dans la grille hérodienne au nord de la porte de Damas surfand de photo aérienne
tour 161 et renforce l'hypothèse plausible d'une porte à simple baie dans l'axe de la rue antique AB.
La patte d'oie extra-muros et le monument circulaire La position centrale du monument circulaire en face de la porte de Damas, longé par l'axe antique AB incite à restituer une rue à son côté ouest, formant ainsi une patte d'oie centrée sur la porte, analogue et symétrique à celle qui se déploie intra-muros (fig. 6.13). Nous l'avons déjà noté: la convenance d'un tel réseau viaire s'impose en raison du partage de la vallée du Tyropéon en deux vallées affluentes symétriques séparées par le monticule servant de piédestal naturel au monument circulaire. Les cartes et les photos aériennes (ou satellites) de Jérusalem le confirment. La convenance d'un tel ordonnancement ne tient pas tant au monument bâti sur le monticule qu'à ce monticule lui-même qui empêchait le passage d'une rue dans l'axe de la porte de Damas. Autrement dit, la nécessité de tracer une patte d'oie au nord de la ville s'est imposée
dès que la porte de Damas, nouvellement construite, fut un point de passage obligé pour venir ou se diriger vers le Nord. Il faut donc a minima en faire remonter l'origine à la construction du Deuxième mur, c'est-à-dire à l'époque hasmonéenne - sans pour autant supposer, dès cette période, un important travail de voirie à l'extérieur de la ville : le simple passage répété de chariots et de piétons suffit à expliquer l'existence de chemins pierreux - sans pavement - contournant le monticule du futur monument circulaire. Il est d'ailleurs probable qu'avant même cette période, les chemins devaient déjà suivre grosso modo les mêmes tracés tant la cluse où se trouve installée la porte de Damas constituait pour la circulation, un goulot d'étranglement naturel. L'aménagement de rues rectilignes symétriques formant une patte d'oie centrée sur la porte de Damas est nécessairement le fruit d'un projet urbanistique précis visant à mettre en valeur les abords de la ville. De prime abord, il est tentant de dater le chantier del' édification du monument circulaire - sans doute durant le dernier tiers du règne d'Hérode le Grand637 • Cependant, une datation
637 La présence de pierres réticulées dans le bâti du monument ainsi que dans le troisième palais hérodien de Jéricho rend probable la concomitance de la construction des deux complexes. Hérode avait sans doute embauché une équipe de maçons d'origine italienne
p ATI'E D'OIE EXTRA-MUROS
encore plus ancienne remontant à la première partie de son règne, lorsque le roi des Juifs lotissait le quartier de Bezetha au nord du Temple (27 av. J.-C.), ne doit pas être exclue : dans un évergétisme surprenant (parce que concernant des contrées assez lointaines), Hérode n'hésita pas à financer le pavement et les portiques de la grande rue d'Antioche de Syrie638 ; pourquoi n'aurait-il pas commencé par sa propre capitale en pavant ou, du moins, en rectifiant les rues de la ville intra et extramuros?
La patte d'oie extra muros inscrite dans la grille d'arpentage hérodienne Quoi qu'il en soit, comme le manifestent les figures 6.13 et 6.14, la grille d'arpentage hérodienne fondatrice du lotissement du quartier de Bezetha rend compte, avec précision, du tracé des rues de la patte d'oie extra muros attesté sur la carte de Ch. W Wilson Qes droites AB et AD) ou visible sur la photo aérienne de 1918. Certes, l'antique route de Naplouse (suivant l'axe AB) est inscrite dans la grille d'arpentage du Troisième mur. Nous l'avons montré supra. Mais elle l'est aussi dans la grille hérodienne du quartier de Bezetha puisque, comme le manifeste le point F, la droite AB y progresse selon le cap (-1/ +4), correspondant à une varatio vers l'ouest de 14,0362°639. Il en est de même pour la droite AD, suivant de près le tracé de la rue des Prophètes à la fin du 19° siècle : le point H (fig. 6.13 et 6.14) montre que la droite progresse dans la grille selon le cap (- 1 / + 1), correspondant à une varatio de 45° 640 vers l'ouest par rapport à l'axe des abscisses. L'angle entre les deux rues se déduit aisément: 30,96° (= 45° -14,0362 °). Sa bisectrice se situe dans l'axe de la porte de Damas, délimitant deux angles égaux de 15,48°. De plus, le monument circulaire est lui-aussi inscrit dans la grille hérodienne : il est installé dans l'axe du cap (-3/ +5), marquant une varatio de 16,9276° vers l'ouest par rapport à la rue AB641• L'écart entre
638
639 640 641 642 643
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le milieu de l'angle BAD et l'axe du monument circulaire est donc de 1,44° (= 16,9276° - 15,48° = 15,48° - 14,0362°), qui donnait un écartement de 6,25 m 642 au niveau du monument circulaire, à sept actus (= 248 m) de la porte de Damas, longueur négligeable par rapport au diamètre de 33 mètres. Au sortir de la ville, seul un observateur attentif remarquait que le monument n'était pas dans l'axe de la porte. Enfin, l'extrémité orientale de la rue contemporaine Antara Ben Shadad, rejoignant l'ancienne route de Naplouse AB au point J (fig. 6.13 et 6.14), garde l'orientation d'une rue antique fermant au nord le triangle à l'intérieur duquel trônait le monument circulaire. Étant perpendiculaire à l'axe AC, la rue progresse dans la grille hérodienne selon un cap (+5/+3). Son tracé se serait perdu du côté occidental, obliquant vers le nord en raison de la construction du Troisième mur (voir infra).
Une méthode d'arpentage romain Au terme de cette description, un constat s'impose : les rues centrées sur la porte de Damas progressent dans la grille hérodienne selon des caps très simples (- 1/ +4; - 1 / + 1), bien connus des arpenteurs - avec le cap (-3/ +5) - pour diviser facilement un angle droit en six angles presque égaux, avoisinants chacun les 15° (4 angles de 14,0362° + 2 angles de 16,9276° = 90°). La grille hérodienne semble ainsi être au principe de l'arpentage de la patte d'oie extramuros, comme si elle avait été déterminée à cette fin avant toute autre raison. Supra, nous émettions pourtant l'hypothèse d'une grille hérodienne fixée pour orienter le cardo maximus du quartier de Bezetha vers la Roche du Dôme643• Il convient d'articuler précisément les phases de l'arpentage : l'orientation du cardo maximus explique en effet celle du mur occidental du temple, nous l'avons vu ; mais, comme la grille hérodienne rend compte aussi avec précision du tracé de la patte
travaillant de pair avec d'autres équipes locales construisant en opus quadratum. Ce qui explique l'usage non exclusif del' opus reticulatum dans les deux complexes. Le troisième palais de Jéricho fut commencé dans les années 15 av. J.-C. Selon toute vraisemblance, le monument réticulé de Jérusalem date de la même période. Cf B. BuRREIL, et E. NETZER, « Herod the builder )), dans Journal of RomanArchœology 12 (1999), p. 708; E. NETZER, op. cit., p. 55-57; en particulier p. 57 « We are thus confident that a skilled team parcicipated in the ereccion of the above-mencioned three structures and afterward probably returned to Ita1y >> FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs I, 425 : « La grande rue d'Antioche de Syrie qu'on ne pouvait traverser à cause de la boue, [Hérode] la fit paver de marbre poli sur les vingt stades de sa longueur; et pour permettre d'échapper à la pluie, il l'orna d'un portique de la même longueur.>> id., AntiquitésJuives XVl, 148 : « Les Antiochiens de Syrie habitent une grande ville que coupe en deux dans la longueur une grande rue. [Hérode] l'enrichit de portiques sur les deux côtés, après avoir pavé de pierres lisses la chaussée découverte pour l'ornement de la ville et la commodité des habitants.» Tangente (14,0362°) = ¼ = 0,25; ou, ce qui revient au même: tan 1(1/4) = 14,0362°. Tangente (45 °) = 1/1 = 1 ; tan 1 (1/1) = 45°. Tangente (16,9276°) = 3/5; ou, ce qui revient au même: tan 1 (3/5) = 16,9276°. 248 m XX sin 1,44° = 6,25 m. Cf supra chapitre 3.
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fig. 6.15
TROISIÈME MUR
Le réseau viaire en rapport avec le Troisième mur à l'ouest du Deuxième mur
SECTION OCCIDENTALE
cl'oie extra muros, dont l'axe était pourtant prédéfini par la porte de Damas hasmonéenne, il faut en conclure que l'orientation du cardo maximus vers la Roche du Dôme découle in fine de l'orientation de la patte cl'oie. Autrement dit, pour en revenir à une question déjà posée644 : il fallut que le percement du cardo maximus du quartier du Bezetha nécessitât d'entamer quelque peu l'escarpe de la Bâris/Antonia pour respecter l'alignement avec la Roche du Dôme. Expliquer par le hasard la capacité de la grille hérodienne à rendre compte du tracé et de la patte cl'oie extramuros et du cardo maximus, sans qu'aucun aménagement de l'escarpe de la Bâtis ne soit nécessaire, est l'hypothèse la plus extraordinaire. La loi du rasoir d'Ockham, de privilégier l'explication la plus simple, oblige à supposer l'entame de l'escarpe de la Bârù pour placer le cardo maximus. Selon ces hypothèses, une chronologie s'impose : l'aménagement de la patte d'oie extramuros daterait au plus tard de la viabilisation du quartier hérodien du Bezetha en 28 av. J.-C. et ferait partie d'un des premiers travaux d'Hérode le Grand dans Jérusalem. Il aurait embelli la porte de Damas par la création d'une patte d'oie extra muros, une manière peut-être de se faire pardonner les dégâts occasionnés par Sossius et luimême lors du siège de Jérusalem en 37 av. J.-C. Quant au monument circulaire, il aurait été bâti au moins 15 ans plus tard, à la même époque que le troisième palais de Jéricho (14 av. J.-C.), suite au recrutement par Hérode d'une équipe italique de maçons qui maîtrisait cet art de construire645.
La section occidentale du Troisième mur La troisième porte septentrionale du Troisième mur Lorsqu'Hérode Agrippa planifia le Troisième mur, la patte d'oie extramuros était aménagée depuis longtemps. L'antique route de Naplouse AB était idéale pour servir de colonne vertébrale à la nouvelle grille d'arpentage, permettant de tracer le Troisième mur et le réseau viaire le liant au Deuxième mur. Nous l'avons vu: la section septentrionale du Troisième mur
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s'inscrivait dans l'axe des abscisses de la nouvelle grille à partir de la tour d'angle orientale A (fig. 6.5, b et 6.6) jusqu'au secteur dégagé par S. Ben-Arieh et E. Netzer (fig. 6.12). Bien qu'aucune fouille archéologique n'atteste son tracé à l'ouest du secteur, la muraille gardait selon toute vraisemblance la même rectitude jusqu'à la tour Pséphinus juchée sur le sommet de la colline de la Mission orthodoxe russe (futssian Compound) 646 • La présence dans la ville actuelle d'un carrefour important à l'aplomb de cet axe, à la croisée de la rue des Prophètes (Nevi'im Street) et de la rue Shivtei Israel Street, en est un des indices les plus probants (fig. 6.15, porte 3). Un éventail de rues en partent vers le nord desservant des destinations majeures : Naplouse, Césarée Maritime et Jaffa; et, vers le sud, deux artères rejoignent des points importants de la ville : la porte de Damas et une autre porte sise sur le flanc ouest du Troisième mur en suivant une courbe de niveau nous détaillerons ce point. Tout se passe comme si, à une époque donnée, il y avait eu dans l'axe du mur un goulot d'étranglement obligeant toutes les rues à s'y concentrer, en évitant pourtant l'axe du mur - et pour cause. C'est pourquoi nous proposons d'y restituer une porte du Troisième mur, expliquant au mieux l'inflexion de la rue des Prophètes au point H (fig. 6.15): abandonnant sa première progression dans la grille selon le cap (- 3 / + 5) depuis la porte de Damas, elle s'infléchissait légèrement vers l'ouest pour suivre le cap (- 4/+ 3) pour rejoindre la porte 3 le plus directement possible. La même raison expliquerait la déviation de la section occidentale de la rue FH vers le nord - selon l'axe des abscisses de la grille. De plus, comme le manifeste la figure 6.15, les autres rues de ce secteur représentées sur la carte de Wilson, encore opérationnelles aujourd'hui, ont la particularité de progresser dans la grille selon des caps simples : (+ 1 / + 2), (- 4/ + 1), (- 4/ + 3), ce qui rend d'autant plus plausible leur restitution.
La tour Pséphinus Nous proposons de placer la tour Pséphinus à environ 7 actus (248 m) de la porte 3 vers l'occident au sommet de la colline, en bordure de l'actuelle rue Monbaz (Monbaz Street), à l'extrémité septentrionale
644 Idem. 645 B. BuRRELL et E. NETZER, art. cit., dans Journal of &manArchaeology 12 (1999), p. 708. 646 FLAVIUS JOSÈPHE, Guerre des Juifs v, 147 : « Le troisième mur avait pour origine la tour Hippicos ; de là il continuait vers le nord jusqu'à la tour Psephinus, descendait en face de la sépulture d'Hélène, reine des Adiabéniens et mère du roi Izatas, se développait le long des caveaux royaux, s'infléchissait à la tour d'angle près du Tombeau du Foulon, enfin, se rattachant à l'anàen retranchement, aboutissait dans la vallée du Cédron. » ; id., Guerre des Juifs, V, 159-161 : « Si admirable que fût le troisième rempart, plus admirable encore était la tour Pséphinus qui s'élevait à l'angle nord-ouest et face à laquelle Titus avait établi son camp. Elle avait soixante-dix coudées en hauteur et, de son sommet on avait vue, au soleil levant, à la fois sur l'Arabie et sur l'extrémité du territoire hébreu jusqu'à la mer. Elle était octogonale.>>
210
TROISIÈME MUR
d'une résidence récente (Nevi'im Residence). Les fouilles archéologiques entreprises avant la construction du complexe hôtelier n'ont pas permis d'en retrouver des vestiges. La vraisemblance de la localisation reste grande puisqu'une section garnie d'une tour du Troisième mur, conduisant en ligne droite à ce secteur, a été retrouvée par R. Avner en 2016 au sud de la cathédrale russe orthodoxe647 (fig. 6.15, point G). La rue traversant la Mission orthodoxe russe (Russian Compound) du nord au sud serait le reliquat de la rue longeant au plus près l'extérieur du rempart.
À environ un actus (35,5 m) au sud de la tour Pséphinus, nous restituons la porte 4 (fig. 6.15) dans l'axe de l'actuelle rue de !'Impératrice Hélène (Heleni ha-Malka S tree~. L'existence de la porte n'est attestée par aucun vestige archéologique mais reste plausible en raison non seulement de la rue ancienne qui y mène mais aussi de son éloignement de la porte 3 se situant environ à 7 actus (248 m) à vol d'oiseau. De la sorte, l'espacement des portes 3 et 4 serait du même ordre que celui des portes 1 et 2 (7,3 actus = 261,3 m) ou que celui (à vol d'oiseau) de la porte de Damas et de la porte de l'ouest du Deuxième mur (7,7 actus = 275
fig. 6.16
m). La distance séparant les portes 2 et 3 est certes plus longue : environ 10,8 actus (= 382 m). La présence du talweg d'une des branches de la vallée du Tyropéon entre ces deux portes - endroit peu stratégique pour y installer une porte de ville parce que situé dans un creux -1' explique mieux. Ainsi, une distance théorique de 7 actus (248 m) aurait été privilégiée par les architectes du Troisième mur pour espacer les portes - dans la mesure où la topographie le permettait. Si ces hypothèses sont justes, la restitution de la porte 5, à environ 7 actus (248 m) au sud de la porte 4, semble s'imposer (fig. 6.15) : la rue aujourd'hui disparue encore visible sur la carte de Wilson y menant serait un lointain témoin de la porte 5.
La section occidentale du Troisième mur Depuis la tour Pséphinus, la section occidentale du Troisième mur suit l'axe des ordonnées de la grille d'arpentage jusqu'à la tour d'angle C (fig. 6.15), que nous restituons à une distance d'environ 11 actus (390 m), à proximité de l'actuelle rue de Jaffa (]effa S tree~. De là, en progressant dans la grille selon le cap(+ 1/- 2),
Déviation du réseau viaire occidental après à la construction du mur d'Eudocie
647 R. AVNER et K. ARBIB, « New excavations in the Russian compound and their importance for the study of the" third wall" and the battle over Jerusalem », dans G. D. STIEBEL, J. UzrnL, K CYTRYN, op. cit., p. 83-95.
SECTION OCCIDENTALE
fig. 6.17
211
Déviation du réseau viaire oriental après la construction du mur d'Eudocie
le mur rejoignait en ligne directe la tour Hippicus du Palais hérodien, distante d'environ 15 actus (532 m). Cette section du mur possédait vraisemblablement deux ouvertures : la porte 7, au plus près de la tour Hippicus dans l'axe de la rue David, attestée à cet emplacement, au moins depuis l'époque byzantine, par des fouilles réalisées par O. Sion et Y Rapuano 648 ; et la porte 6, à une distance d'environ 6 actus (213 m) de la tour d'angle C, vers laquelle affluaient trois rues majeures desservant, intramuros, des lieux majeurs (fig. 6.15). 1° - La rue NP, suivant le tracé de l'actuelle rue Saint-François (St-Francis Street) de la vieille ville, menant à la porte de l'ouest du Deuxième mur selon un cap (- 4/ + 1). Nous l'avons vu supra: étant aussi inscrite dans la grille hérodienne du quartier de Bezetha selon l'axe des ordonnées, elle préexistait au Troisième mur. Planifier une porte sur son tracé relevait sans doute de l'évidence pour les architectes d'Hérode Agrippa, tant il s'agissait d'un axe majeur plus ancien. 2° - La rue NR reliant la porte de Damas à la porte 6 selon un cap (- 5/- 2).
3° - La rue NQ, déjà mentionnée, menant à la porte 3 en suivant le chemin le plus pratique et le moins fatiguant - mais pas le plus court - selon la courbe de niveau.
La construction de la muraille septentrionale d'JElia Capitolina
La restitution de rues NR et NQ au départ de la porte 6 ne se comprend qu'à la lumière des aménagements du réseau viaire rendus nécessaires par la construction de la muraille byzantine d'Eudocie, suiviegrosso modo par l'actuel mur ottoman - au moins dans sa partie nord. Plusieurs rues furent alors coupées ou déviées entraînant le déplacement de certains croisements fréquentés, notamment celui de la porte 6 auquel aboutissaient les trois rues (fig. 6.16). Rien ne permet de penser que l'ouverture fut supprimée par les Byzantins car la rue NP restait un axe principal de la ville et les vestiges encore visibles aujourd'hui attestent au point N l'existence d'une poterne débouchant sur un pont rocheux jusqu'à l'époque croisée649 • Le nouveau mur byzantin coupait les deux autres rue RN et QN, rendant nécessaires leurs
648 O. SION et Y. RAPuANO, « New Discoveries from Excavations inside Jaffa Gate of Old City Jerusalem », Liber annuus 64 (2014), p. 453-490. 649 Les vestiges actuels situés au pied du coin nord-ouest de la muraille ottomane attestent qu'il y avait encore à cet endroit à la première période musulmane une poterne de la ville débouchant sur un pont de pierre encore parfaitement visible de nos jours. Cf. G. J. WIGHTMAN, The walls of Jerusalem: From the Canaanites to the Mamluks, Meditarch, Sidney, 1993, p. 250, fig. 78 A et 78 B.
212
ThOISIÈME MUR
déviations respectives vers l'extrémité nord-ouest de la nouvelle muraille où se développa un carrefour qui s'est maintenu dans la ville moderne.
Le même processus se déroula à l'extrémité nordest de la muraille byzantine, créant deux nouveaux carrefours majeurs où convergeaient des rues en provenance de la porte de Damas et de la porte 1 ou de l'intérieur de la ville, vers le Mont des Oliviers (fig. 6.17). Pour des questions sans doute stratégiques, les Byzantins n'ouvrirent qu'une seule porte dans la nouvelle muraille6 50, rendant mieux compte de l'inflexion arrondie des extrémités septentrionales ducardo maximuset du cardo 2W du quartier de Bezetha. Ne voulant privilégier aucune des deux rues, les arclùtectes placèrent la porte au milieu, induisant à l'extérieur de la ville une rectification de la rue Salah-ad-Din. Ces précisions laissent penser que la porte 9 du Troisième mur, restituée légèrement au sud du plus oriental des nouveaux carrefours, ne fut pas reprise dans le mur byzantin, tant elle avait perdu de son utilité : à l'inverse de la porte 6 à l'autre extrémité de la ville, elle ne desservait infra muros aucun lieu majeur.
La convenance de la restitution du Troisième mur
La longueur du Troisième mur Pour valider la vraisemblance de notre restitution globale du Troisième mur (fig. 6.19), il convient de la passer au crible des écrits de Flavius Josèphe. Selon lui, l'enceinte de la ville mesurait dans sa totalité 33 stades 651 , c'est-à-dire 6,1 km (= 33 X 625 pieds X 0,296 m). Selon notre restitution,
le Troisième mur mesure presque 3,2 km, et le Premier mur (dans sa partie donnant sur l'extérieur de la ville y compris le segment oriental de l'esplanade) 2,6 km652, soit un total de 5,8 km un peu plus de 30 stades. La longueur du mur restitué atteint 95% de celle du mur décrit par Josèphe. La différence est minime : elle peut être mise au compte des approximations induites tant par notre méthode de travail que par les sources de Flavius Josèphe. En revanche, il est plus difficile de concevoir un mur de 3,2 km avec 90 tours distantes de 200 coudées (= 104 m)653. Soit le mur accuse 8,4 km de longueur de façon à disposer 90 tours distantes de 200 coudées - en supposant que les portes comportent systématiquement deux tours ; soit le mur ne fait que 3,2 km et les 90 tours sont alors distantes de 40 mètres seulement. Dans l'un ou l'autre cas, le nombre de 90 tours n'est pas vraisemblable.
La localisation du « Camp des Assyriens >> Un autre passage de la Guerre des Juifs vaut pour estimer notre restitution. Suite à la chute du Troisième mur, Flavius Josèphe y fait mention du transfert du camp de Titus à l'intérieur de la troisième enceinte, là où selon la tradition, les Assyriens avaient planté le leur au 8° siècle654 :
Titus, ahrs déplaça son camp et !'établit à l'intérieur du [troisie'me] rempart, à !'emplacement appelé camp des As,ryriens. If occupa tout !'intervallejusqu'au CUron, assez foin du deuxième rempartpour être hors de portée des trait!'".
Peut-on localiser le camp des Assyriens d'après
Isaïe 7, 3 et 36, 2 656 et 2Rois 18, 17657, à côté> 703 M. REDDÈ, art. a"t., p. 70; S. VON ScHNURBEIN, « Formes, taille, terminologie, configuration générale», dans M. REDDÈ, P. BRULET,
SOURCES HISTORIQUES
a)
□ B ~BB [I] t 1 ~ 1 l~I~ [I] :: T1 l~I~ agora
arrière
Via praetorienne
223
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quartier • Locus
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Via praetorienne
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Pffl (contentus magnitudine) après avoir « extirpé la crainte de cette loi (la lex de maiestate) J>705 (. . .) Aucun élément ne serait évidemment suffisant en lui-même [pour dater le De munitionibus castrorumt leur COJ?jonction constitue un faisceau d)arguments concordants) qu)il paraît difficile de ne pas prendre en considération / ils nous renvoient à une période) sinon de refonte totale) du moins de réorganisation et de stabilisation de Farmée au tout début du 2e siècle) qui) au témoignage de Vifgèce qui Fa utilisée) se serait traduite dans une constitutio Traiani706 •
R. FELLMANN,J. K. HAALEBOS et S. VON ScHNURBEIN (éds), L'architecture de la Gaule romaine. I. Les fortifications militaires, DAF 100, Paris, 2006, p. 68-70. 704 VÉGÈCE, Epitoma rei militaris I, 8. 705 PLINE LE JEUNE, Panégyrique de Trqjan 42, 1. 706 M. LENOIR, Le camp romain, Proche-Orient et Afrique du nord, op. cit., p. 16-17. Cf. aussi M. LENOIR, Commentaires dans PsEUDOHYGIN, Des fortifications du camp, Les Belles Lettres, Paris, 1979, p. 113-133 ; De son côté, M. Reddé estime que le Pseudo-Hygin écrivait sous Marc-Aurèle (161-180) (cf. M. REDDÉ, art. cit., p. 61, note 2)
224
LE CAMP DE LA
1Ûs LÉGION FREJENSIS
L'installation du camp de la 1 o• légion Fretensis à Jérusalem au début de l'époque Ravienne semble ainsi s'insérer dans une période charnière dans l'histoire de l'armée romaine, pendant laquelle le plan type du Pseudo-Hygin n'est pas encore la norme; mais dont certaines structures peuvent être déjà couramment utilisées, en particulier la forme rectangulaire avec des angles arrondis, dits des camps en carte à jouer707 (fig. 7.1 ; b) ainsi décrits par M. Lenoir: [Les camps en carte à joue~ sont tripartites et organisés autour du quartier généra~ les principia708. Leur tripartition est marquée par la position des portae principales sur les c6tés longs, qu'elles disivent en deux parties inégales, la portion la plus petite correspond à la longueur de la prétenture709, la plus grande à la longueur de la partie médiane et de la rétenture710 . Le bâtiment des principia, dans la partie centrale du camp, se trouve en face du croisement des deux voies prétorz·enne etprincipalis. Cette dernière relie les deux portae principales, entre lesquelles ilfaut donc to11Jours supposer son existence, même si elle n'a pas été mise en évidence par l'archéologie. Deux portes au centre des cotés courts complètent le dispositif11.
Nous verrons infra qu'un vestige archéologique du quartier arménien l'atteste : le plan en carte à jouer semble être celui choisi par les metatores de la 10° Légion Fretensis pour structurer leur camp - du moins sur son côté oriental, opposé au Premier mur non détruit. La présence de camps aux coins arrondis dans la région est confirmée par
l'archéologie dès le milieu du 1er siècle ap. J-C. : M. Lenoir n'en recense pas moins de quinze au Proche-Orient et en Afrique712 • Trois sont syriens et datent respectivement des années 50-100 (Kharbaqa) 713 , du début du 2° siècle (Nedwjyat a/Qdryr) 714 et des années 100-150 (Soukneh) 715 . De plus, bien que provisoires, les camps en carte à jouer de Massada et de Machéronte manifestent qu'au moment où la 10° Légion s'implantait à Jérusalem, telle était l'architecture militaire en vogue716. Un dernier exemple en témoigne : le premier camp permanant de Lambèse-Tazoult (Numidie), dit« camp de Titus», lui aussi en carte à jouer. Selon une incription retrouvée sur place, il fut bâti en trois mois, du 1er juillet au 30 septembre 81 ap. J.-C. 717 • Le fils de Vespasien mourut alors que les travaux étaient en cours (t 13 septembre 81). Il est donc probable que le plan du camp avait été sinon approuvé personnellement par l'empereur, du moins jugé conforme à l'architecture militaire qu'il préconisait. Les nombreuses campagnes militaires de Titus en Germanie, en Bretagne et en Judée lui donnaient une expérience indéniable dont bénéficia sans doute le camp de la 10° Légion Fretensis à Jérusalem. Flavius Josèphe est formel : Titus s'impliqua personnellement dans les décisions pour implanter le camp de la légion dans la ville haute - contre le rempart ouest qu'il ordonna de ne pas détruire. Peut-on penser que les metatores de la 1 o• Légion aient pu se lancer dans la castramétation du reste du camp sans avoir l'aval de leur général en chef, le fils du princeps régnant?
707 M. LENOIR, idem, p. 23 : « Camp en carte à jouer : l'image est une trouvaille qu'il faut attribuer aux archéologues britanniques : "playing card camp"; elle évoque parfaitement les camps rectangulaites aux angles arrondis et dont le rempart ne présente aucune tour à saillie externe, analogues au camp de marche décrit par le Pseudo-Hygin.» 708 M. LENOIR, idem, p. 36-37 : « La localisation et la nature précise de ce lieu sont difficiles à determiner: s'agit-il uniquement de la partie centrale de la via principalis ou bien plutôt le mot - un pluriel - ne désigne-t-il pas l'ensemble des emplacements réservés à l'état-major, regroupés dans la partie centrale du camp autour du praetorium, piquets de garde, stationes, et emplacements des compagnons de l'empereur, comites imperaton·s nostn·, au premier rang desquels se trouve le préfet du prétoire (De munitionibus castrorum 9-10) ? La seconde hypothèse paraît la plus vraisemblable, mais il est bien difficile de trancher. >> 709 M. LENOIR, idem, p. 36 : « Partie antérieure du camp, entre les pnncipia et la porta praetona. » 710 M. LENOIR, idem, p. 38 : « Partie postérieure du camp entre pnncipia et laporta decumana. » 711 M. LENOIR, idem, p. 285-286. 712 M. LENOIR, idem, p. 289. Les quinze camps datent de la seconde moitié du 1~ siècle ou du 2' siècle ap. J.-C. 713 M. LENOIR, idem, p. 88. 714 M. LENOIR, idem, p. 66. 715 M. LENOIR, idem, p. 68. 716 Les fouilles archéologiques du camp romain de Legio, à côté de Meggido, (datant du début du 2e siècle) ont permis d'y repérer un camp de type Pseudo-Hygin: mais elles n'ont pas encore permis de trancher sur la question des coins - arrondis ou non. Les restitutions proposées dans les différentes publications n'excluent pas l'hypothèse. Cf M. J. ADAMS, M. CRADrc, Y FARHI, M. PEERS et Y TuPPER, « A Betyl with a Decorated Base from the Principia of the Roman VI>. Un autre fragment d'inscription monumentale a été retrouvé dans les parages mentionnant : « [--]No PRAE[--]» Cf. W EcK et H. M. CorroN, « A Latin Inscription from Building Gin the Western Wall Plaza (CIIP I 2, 727) », dans dans J. UzrnL, Y GADOT, Y ZELINGER, O. PELEG-BARKAT et O. GUTFELD, N ew Studies in the Archaeology of Jerusalem and its Rtgion, vol. xn,Jérusalem, 2018, p. 43*-46*. 747 PÈLERIN DE PLAISANCE, Itinerarium du Pèlerin de Plaisance 24, 1-3 (Trad. P MAR.AVAL, op. cil., p. 32) : «De ~'église Sainte-Sophie] nous sommes allés à une arche où il y eut l'ancienne porte de la ville. En cet endroit, se trouvent les eaux putrides dans lesquelles fut jeté Jérémie. À partir de cette arche, on descend à Siloé par de nombreuses marches. » 748 K. M. KENYON, « Excavations inJerusalem, 1966 », PEQ 99 (1967), p. 65-71 ; ID.« Excavations inJerusalem, 1967 », PEQ 100 (1967), p. 97-109; ID., Digging up Jerusalem, E. Benn, Londres, 1974. K. PRAG, Excavations by KM Kenyon in]erusalem 1961-1967, vol. V, Discoveries in Hellenistic to Ottoman J erusalem, Centenary volume 3 : Kathleen M. Kenyon 1906-1978, Oxbow Books, Oxford, 2008. 749 K. M. KENYON, Digging up Jerusalem, op. cit., p. 263 : « The only place in the history of the city for this con struction in enormous blocks, with excellent margins and bold irregular bosses, beautiful set, is in the Hadrianic building of Ae!ia. It has already been pointed out that in its return to the north it is built on the vertical edge of a quarry of Herodian date. ( ...)The main evidence of the Hadrianic period is that of quarrying. In Sites, immediately outside the sector of the wall just described, second-century A.D. quarrying succeded the Herodian, as the dumps old fust-century debris made clear. ( ...) It seems highly probable that Hadrian's architects 'bulldozed' the ruins of the fust-century A.D. town destroyed in A.D. 70, and anything that Jay beneath it, into the valley,
LE MUR MÉRIDIONNAL
En publiant les fouilles réalisées dans le même secteur, à la suite de G. D. StiebeF50 , B. et E. Mazar franchirent un pas supplémentaire en prétendant que l'actuel mur ottoman reposait en réalité sur les vestiges del' enceinte du camp de la 1oe légion Fretensis7 51 • Ils justifient notamment leur position par la quantité impressionnante de vestiges romains, en particulier
fig. 7.9.
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tant avec son amie archéologue qu'avec les Mazar puisqu'aucun argument n'était décisif pour dater, de l'époque d'Aelia Capitolina, les assises inférieures de l'actuel mur ottoman753. Cependant, elle n'apporta aucun élément probant en faveur d'une datation alternative, se contentant de rappeler la position de Wightman 754 ou de peser le pour et le contre des autres
Vestiges possibles (dans l'angle vif de la photo) du mur romain d'/füia Capitolina au sud de l'esplanade
une boulangerie et des bains aux tuiles estampillées du timbre de la 1oe Légion, retrouvés à l'intérieur du mur ottoman752 • En publiant à son tour en 2008 les fouilles de Dame Kenyon, Kay Prag prit ses distances
possibilités (omeyyade, ab baside, fatimide, croisée, ayyubide et ottomane)755 • En définitive, laissant la question en suspens, elle ne trancha pas. K. Prag laissait pourtant la porte ouverte à une réinterprétation ultérieure fondée sur
to expose the rock for quarrying. » 750 G. D. STIEBEL, « The Whereabouts of the xth Legion and the Boundaries of Aelia Capitolina », dans A. FAUST et E. BARUCH, Ingeborg Rennert Centerfar Jerusalem S tudies : New Studies on Jerusalem, Proceedings of the Fifth Conference, December 23'd 1999, Bar-Ilan University, Ramat Gan (hébreu), 1999. 751 E. MAZAR, The Temple Mount Excavations in Jerusalem 1968-1978, op. cit., p. 3-4: « In 1964 the British archeologist Kathleen Kenyon excavated an area (her Area J) adjacent to the western sicle of this corner of the present-day wall. From the fïnds of her excavations, Kenyon concluded that this wall was originally built during the period of Aelia Capitolina. In 1966 she excavated along the eastern sicle of the same corner in her area S1. She uncovered a bedrock scarp hewn in line with the face of the wall and adding 5 m toits height, at the foot of the scarp was a quarry, on top of which were built Byzantine structures. Kenyon substantiated her premise that the wall was originally the city wall of Aelia Capitolina by observing that the original wall, reflected by the bedrock scarp, can be« sandwiched » chronologically between the southern Temple Mount enclosure wall of the Herodian period, which it adjoins, and the byzantine buildings built alongside the bedrock scarp. ( ... ) Although Kenyon's supposition that the eastern course of the wall should be dated to the period of Aelia Capitolina may be well founded, based on her excavations on either sicle of the wall, we suggest that the wall is not, as posited by Kenyon, a city wall but was built with the founding of Aelia Capitolina to enclose the legionary camp located at the foot of the southwestern corner of the Temple Mount enclosure. », cf. aussi ID., The Complete Guide to the Temple Mount Excavations, op. cit., p. 66-69. 752 E. MAZAR, The Complete Guide to the Temple Mount Excavations, op. cit., p. 67: « Many objects associated with the Tenth Legion were found in the excavations; of particular note are the large numbers of bricks and roof tiles that were stamped with the seal LEG[IO] X FRE[TENSIS]. » 753 K. PRAG, Excavations by K. M Kenyon in Jerusalem 1961-1967, vol. V, op. cit., p. 286: « Contrary to the various hypotheses of Kenyon, B. Mazar and E. Mazar, there appears to be no evidence for a city wall of Aelia or an earlier wall of the Camp of the Tenth Legion on the line of the Ottoman city wall in Sites J and S. » 754 G. J. WIGHTMAN, The walls of Jerusalemm op. cit., p. 260 et 282. Cf. note suivante. 755 K. PRAG, Excavations by K. M Kenyon in Jerusalem 1961-1967, vol. V, op. cit., p. 286: « If there was a defensive wall of Aelia Capitolina located here (c. AD 135), then much of the quarrying could be attributable to this activity. However, it seems more likely that the Areas S.I and J were located near the north/ sou th crest of the Ophel ridge, with quarried bedrock dropping away to east, west and sou th. The east-facing scarp under the line of the Umayyad building and Ottoman city wall may be incidental in the quarried landscape of the fïrst and second centuries AD.( ... ) If we follow Wightman, who showed the Crusader and Ayyubid city wall as following the ottoman alignment in Site S ( ... ), then we should consider whether the cutting of the outer ditch was Ayyubid or even earlier work. However, if there was an Umayyad ditch protecting the south flank of the city, then it would have followed the line of the Eudocia wall further to the south and east, as it seems likely that the Eudocian wall remained in some sort of use at least into early Abbasid times, at least defïning the city zone, despite evidence that it was razed at the end of the Umayyad period, as the area south of the ottoman city continued to be occupied in the Umayyad period. etc. »
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LE CAMP DE LA 1Ûs LÉGION FREJENSIS
des éléments nouveaux, à l'honneur de l'interprétation de Dame Kenyon qu'elle mettait en doute. L'hypothèse d'une reconstruction hâtive du Troisième mur et de la « fermeture » de la vallée du Tyropéon non moins urgente durant 1a deuxième révolte, fondée sur l'analyse d'une titulature impériale et sur la convenance topographique de tels travaux, a l'avantage de bouleverser les perspectives établies. Elle réhabilite la probable justesse des conlusions de Dame Kenyon en faveur de 1a datation hadrienne des premières assises du mur ; mais elle permet aussi de réfuter avec force l'hypothèse des Mazar qui ont vu dans ces assises les vestiges du mur septentrional du camp légionnaire : selon nos hypothèses, ce ne sont que ceux de 1a muraille urbaine.
L'évolution du tracé des murailles de Jérusalem au sud du camp légionnaire L'étude de la« fermeture» sud de la colonie entre le camp légionnaire et l'esplanade du Temple selon le tracé de l'actuel mur ottoman peut sembler ne pas avoir grand rapport avec la question initiale : l'existence ou non d'un léger décalage entre 1'enceinte légionnaire et l'actuel mur ottoman au niveau de la porte de Sion. En réalité, elle est un préalable indispensable pour saisir l'évolution du tracé de la muraille de Jérusalem au sud du camp légionnaire. I1 convient maintenant d'en détailler sommairement l'évolution.
Mur romain du 2° siècle et muraille d'Eudocie Une première question se pose : combien de temps le mur romain du 2° siècle (constitué, selon nous, au nord du Troisième mur, à l'ouest et au sud de l'enceinte légionnaire, au sud-est du rempart fermant la vallée du Tyropéon et à l'est du mur de l'esplanade du temple) est-il resté en fonction? Les sources historiques sur ce point sont minces. 11 reste cependant plausible que le mur fut régulièrement entretenu au cours du 2° siècle, tant il convenait mal qu'une colonie romaine néglige son enceinte urbaine. Le départ de la légion à la fin du 3° siècle, laissant un sentiment
d'insécurité, aura joué en faveur du maintien des remparts. En 333, le pèlerin de Bordeaux distinguait le Mont Sion où se trouve la maison de Cai'phe, du Mont Sion dans les murs où se situe le palais de David (la citadelle). L'indice milite en faveur d'un mur romain toujours intact : Du côté [de la piscine de Siloé], on monte à Sion, eton peut voir l'endroit où ily eut la maison du prêtre Caiphe. (. . .) Â l'intérieur de Sion, dans le mur, on voit l'endroit où David eut son palai/56•
I1 affirme aussi qu'on « sortait de la ville pour monter à Sion757 », signe que 1a porte urbaine dédicacée à Septime Sèvère était encore debout. A la fin du 4ème siècle, Egérie confirme aussi l'existence d'une porte, sans doute l'actuelle« porte aux Lions» au nord-est de l'esplanade758• I1 faut attendre l'arrivée à Aelia en 443 de l'impératrice Eudocie (400-460) disgraciée, mais dotée, pour que le tracé des remparts en soit bouleversé : elle obtint de construire une grande muraille englobant le Mont-Sion et la« ville basse» - selon un trajet proche de l'antique Premier mur759, pour mettre dans 1a ville chrétienne les lieux saints jusque là extra-muros: l'église de Siloé, Saint-Pierre-en-Gallicante et surtout celle du Mont-Sion, mère des Églises, le plus ancien lieu de culte chrétien de la ville selon la tradition. Le témoignage d'Eucher (370-449), évêque de Lyon du S• siècle, est la première description connue de la nouvelle enceinte : Jérusalem est appelée Aelia depuis Aelius Hadrien, car après la destruction par Titus elle reçut le nom de son fondateur en même temps que ses constructions. La situation naturelle du lieu est élevée, de quelque endroit qu'on s_)' rende ilfaut à coup sûr monter, et longuement, mais la p ente est douce. Le plan de la ville est presque en forme de cercle, avec une enceinte importante de murs qui maintenant incluent le mont Sion, autrefois juste à l'extérieur60•
A noter la pertinence de l'évêque de Lyon qui signale implicitement l'existence, avant la construction du mur d'Eudocie, d'un autre mur méridional laissant le Mont Sion extra-muros. Depuis la destruction du Premier mur en 70, le Mont Sion était
756 Tu:LERJN DE BORDEAUX, Itineranum (trad. P. MARAVAL, op. cit., p. 32). 757 PÈLER1N DE BORDEAUX, Itinerarium (trad. P MARAvAL, op. cit., p. 31) : « Ensuite, quand on sort de Jérusalem pour monter à Sion, sur la gauche et plus bas dans la va1lée, il y a à côté du rempart une piscine qui est appelée Siloé. » 758 EGÈR1E, Journal de V'!}age (Itinéraire) - Lettre sur la Bse. Égérie 43,7 (SC 296, trad. P. Ma.raval, p. 251) : « Du [mont des olivier s}, on descend au chant des hymnes, tout le peuple sans exception, tous avec l'évêque, en disant des hymnes et des antiennes appropriées à ce jour ; on vient ainsi tout doucement, tout doucement jusqu'au :Martyrium. Quand on arrive à la porte de la ville, il fait déjà nuit et on apporte des flambeaux d'église, au moins deux cents, pour la foule. De la porte, comme il y a pas mal de chemin jusqu'à l'église majeure, c'est-à-dire au Martyrium, on n'y arrive qu'à la seconde heure de la nuit. » 759 LE PÈLER1N DE PLAISANCE, Itinéraire du Pèlm·n de Plaisance 25, 1 (trad. P. MARAvAL, op. cit., p. 221): « Cette fontaine de Siloé, maintenant, est à l'intérieur de la ville, car l'impératrice Eudocie elle-même a ajouté des murs à la ville. » 760 EUCHER, La topographie de Jérusalem 2 (trad. P. MARAvAL, op. cit., p. 170-171).
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SECTEUR DE LA NÉA
extra-muros: personne le remet en cause. Mais comment comprendre alors qu'il puisse avoir été juste à l'extérieur de la cité, selon les termes d'Eucher, si la ville est restée sans muraille de 70 jusqu'à l'époque
nouvelle enceinte byzantine d'Aelia mesurait environ 4 400 mètres, soit 700 mètres de moins que l'enceinte du 2e siècle de la colonie romaine, longue d'environ 5 100 mètres.
-----------------Basilique de la Néa
------Tettaaee de la Nia
N 0
t
50
m è tre s
fig. 7.10.
La défense méridionale de la vieille ville : le mur légionnaire corrigé par les murs fatimide, qyyubide et ottoman
d'Eudocie? Autrement dit, quelle autre muraille pouvait mettre le Mont Sionjuste à l'extérieur, sinon celle de l'enceinte légionnaire du 2e siècle continuée jusqu'au sud de l'esplanade à travers la vallée du Tyropéon. Pour qu'Eucher en fasse la remarque topographique, il fallait qu'il ait vu cette muraille - ou ses vestiges. La construction du grand rempart d'Eudocie augmenta l'enceinte d'Aelia de près de 2 000 mètres. Si tel n'était pas déjà le cas 76 1, les magistrats de la ville en profitèrent pour cesser l'entretien du Troisième mur (long d'environ 3 000 mètres), au profit d'un mur septentrional plus restreint suivant l'actuel mur nord de la vieille ville 762 • Le Pèlerin de Plaisance (560570) affirme qu'Eudocie avait pris soin de « fortifier la Basilique et le tombeau de saint Étienne763 », preuve qu'au 5e siècle le monastère éponyme était déjà extra-muros ou venait de l'être. En définitive, la
Les conséquences de la construction de la Néa
La section méridionale de l'enceinte légionnaire avait perdu de son importance en raison de la construction de la muraille d'Eudocie. Comme le rempart traversait la vallée du Tyropéon jusqu'à l'esplanade, elle n'avait plus de fonction défensive. Aussi, devenait-elle susceptible d'être utilisée à d'autres fins ou de ne plus être entretenue. Les sources manquent pour en raconter l'histoire. La décision de Justinien (527-565) d'édifier une grandiose basilique consacrée à la Mère de Dieu, donne néanmoins un terminus au-delà duquel une section de l'enceinte légionnaire, à l'orient de la porta quintana senestra (fig. 7.10) était certainement détruite ou remployée en fondation. Les vestiges des absides latérales retrouvés par N. Avigad permettent de la situer avec précision au sud-est de l'ancien camp légionnaire (fig. 7.2 et 7.10) 764 • Procope
761 On l'a vu supra :on n'a retrouvé aucune tombe des 2", 3e et 4e siècle au sud de la section septentrionale du Troisième mur, ce qui atteste a priori qu'il fut entretenu a minima jusqu'au 4e siècle. Cf. G. AvNI, « The Urban Limits of Roman and Byzantine Jerusalem: A view from the Necropolis », art. cit., p. 373-396 ; J. MAGNESS, « Aelia Capitolina : A Review of Sorne Current Debates about Hadrianic Jerusalem », art. cit., p. 315-316 762 R. W. HAMILTON,« Excavations against the North Wall of Jerusalem, 1937-1938 »,QDAP 10 (1940), p. 1-54. 763 LE PÈLERIN DE PLAISANCE, dans P. MARAVAL, op. cit., p. 221. 764 N. AVIGAD, Discovering]erusalem, op. cit., p. 230-235.
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LE CAMP DE LA 1Ûs LÉGION FREJENSIS
de Césarée (c. 500 - 562 ou 565), natif de la région, relate la manière dont l'empereur prit le soin de fixer lui-même les dimensions de la Nea Ekklèsia (SainteMarie-la-Neuve), nécessitant d'énormes travaux de soubassements débordant au sud et à l'est de l'ancien camp légionnaire (fig. 7.2 et 7.10) 765 • Quelques blocs de grande taille in situ, témoins de la démesure du chantier, subsistent encore aujourd'hui à l'extérieur de la vieille-ville au pied de la muraille ottomane766 . Le projet de Justinien prévoyait non seulement une basilique mais aussi un monastère et une grande hôtellerie s'étendant probablement jusqu'au-dessus de la grande citerne, au sud-est de l'ensemble (fig. 7.10). L'enceinte légionnaire était ainsi désaffectée dans ce secteur sans possiblité d'être jamais réhabilitée.
La déviation du rempart fatimide Le rempart d'Eudocie fut peut-être abandonné à la fin du 1oe siècle767, à la suite de l'inquiétante incursion des armées byzantines de Jean 1" Zimiscès (969-976) jusqu'à Tibériade768 ; faute de moyens pour le tenir et l'entretenir, le calife fatimide Abu Mansur Nizar al-Aziz (975-996) aurait préféré « refermer » la ville plus au nord, selon le tracé de l'antique rempart du 2e siècle, dont les vestiges devaient être suffisants pour que les travaux en fussent accélérés. À moins qu'il s'agisse plus probablement de l'œuvre de son petit-fils, le calife Ali al-Zahir (1005-1036) qui dut, de surcroît, réparer les terribles dommages du tremblement de terre de 1034769 • Devant le délabrement du rempart
765 PROCOPE DE CJ::SARE:E, Des édifices de Justinien v, chap. 6 : « Justinien a voulu qu'il ait été bâti sur la colline la plus élevée, et il en a prescrit le dessin, la longueur, la largeur, et les autres dimensions. Mais comme la colline n'était pas d'une étendue suffisante, et qu'il manquait tant du côté de Midi que du coté d'Orient, qui est le côté destiné à la célébration des Saints Mystères, l'espace nécessaire pour bâtir environ le quart de l'église, les Ardùtectes s'avisèrent de cette invention. Ils jetèrent dans la vallée les fondements d'un édifice qu'ils élevèrent à la hauteur de celui qui était sur la colline, puis ils les joignirent, de telle sorte néanmoins que l'un était fondé sur la colline et l'autre était comme suspendu.>> 766 N. AVIGAD, Discovering]erusalem, op. cit., p. 231-233; D. BAHAT, The illustratedAt!as of Jerusalem, op. cit., p. 74-75. 767 Les fouilles archéologiques confirment les sources historiques. La céranùque et les monnaies retrouvées au pied des remparts confirment que le mur d'Eudocie fut en usage au moins jusqu'au milieu du 8' siècle. Sans doute endommagé par le tremblement de terre de 749, il fut réparé en plusieurs endroits. Les vestiges des constructions datant du 8' ou 9' siècle, aujourd'hui en dehors de l'enceinte ottomane (sur l'Ophel), attestent qu'ils étaient probablement intra-muros. Cf. Sh. WEKSLER-BDOLAH, « Early Islanùc and Medieval City Walls of Jerusalem », dans K. GALOR et G. AVNI (éds), op. cit., p. 421-423 ;J. MAGNESS, « The Walls of JerusaJem in the Barly Islamic Period », BiblicalArchaeowgist 54 (1991), p. 208-217 ; D. WHITCOMB, « Ayyubid Jerusalem : New Architectural and Archaeological Discorveries », dans K. GALOR et G. AVNI (éds), op. cil., p. 401-4096; G. AVNI, > 773 Une inscription permet de dater avec précision de 1212 la construction de la tour ayyubide. Cf. N. Avigad, Discovering]erusalem, op. cit., p. 253 : « One of these ashlars [of the tower] bears a monumental Arabie inscription ascribing the building of the tower to the Ayyubid Caliph al-Malik al-Mu'azzam 'Isa of Damascus, 1212. In 1219, only seven years after the tower was built, a Muslim historian relates that al-Mu'azzam 'Isa ordered the walls of Jerusalem to be dismantled in order to prevent them from falling into the hands of the invading Crusaders». Cf. Cf. Sh. WEKSLER-BDOIAH, « Early Islarnic and Medieval City Walls of Jerusalem », art. cit., p. 440-442; Cf. V LEMIRE, K. BERTHELOT,]. LOISEAU, Y. POTIN, op. cit., p. 254-255. Cf. L.-H. V INCENT,jérusalem Nouvelle, p. 255. 774 O. GUTFEID, « The urban layout of Byzantine-periodJerusalem », dans K. GALOR et G. AVNI (éds), op. cit., p. 334-335.
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LE CAMP DE LA 1 Ûs LÉGION FREJENSIS
ottomane actuelle. Lors du siège des croisés de 1099, le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, avait la responsabilité avec ses hommes d'attaquer ce secteur des remparts. Guibert de Nogent775 et Raymond cl'Aguilers 776, témoins de la prise de Jérusalem par les croisés (15 juillet 1099), mentionnent l'existence d'un fossé au plus près de la muraille, assez profond pour rendre impossible, dans un premier temps, la mise en place de la tour de siège des Occitans. Devant l'impatience des autres barons de la croisade, Raymond de Saint-Gilles en fut réduit à offrir de l'argent à quiconque accepterait, au péril de sa vie, d'aider au comblement du fossé. Il fallut deux jours de travail acharné pour parvenir au résultat, retardant d'autant la prise de la ville.
Le mur partageait le Mont Sion en deux parties dont aucune ne dominait l'autre. Le fossé était donc d'autant plus indispensable pour protéger la muraille. Il est probable qu'à l'époque fatimide - après six siècles cl'abandon - il s'était en partie comblé. Mais ses vestiges avec l'antique enceinte légionnaire auront convaincu les califes de l'intérêt stratégique de leur réhabilitation. Il est toujours plus facile de rouvrir une ancienne tranchée, fut-elle comblée en totalité, que d'avoir à la creuser ; et de remployer les fondations d'un mur ancien que de faire de nouvelles tranchées. Le comblement du fossé était sans doute dû en partie au délabrement du mur. Le remploi de ses pierres pour le reconstituer lui aura rendu sa hauteur d'antan.
Le décalage entre mur fatimide et mur ottoman Le remploi du fossé de l'antique enceinte légionnaire L'existence d'un fossé au plus près du rempart fatimide est une information précieuse qui confirme sa position à l'aplomb de l'enceinte légionnaire. En implantant leur camp, les légionnaires l'avaient doté d'un fossé - à moins qu'ils aient été forcés de le faire lors de la fortification hâtive cl'Aelia sous la pression des insurgés juifs de la seconde révolte ; pour un camp de marche, le déblai repoussé à l'intérieur du camp constituait la masse d'un talus de fortune (agger) sur lequel on pouvait éventuellement construire une palissade en bois. Dans un camp permanent, les déblais du fossé étaient au contraire poussés vers l'extérieur formant un talus supplémentaire à franchir avant de descendre dans le fossé et d'atteindre ainsi les fortifications en dur 777 . En tant qu'élément important du système défensif - mais non obligatoire -, le fossé était donc régulièrement entretenu. A Jérusalem, il fut sans doute d'autant mieux préservé qu'il resta, en un endroit vulnérable, le fossé protecteur de la ville jusqu'à l'édification du mur d'Eudocie.
A l'aune de ces explications, la cohérence de nos hypothèses en sort renforcée : dans le secteur de la porte de Sion, Raymond de Saint-Gilles et ses hommes se heurtèrent probablement au fossé légionnaire réhabilité, à situer aujourd'hui dans la vieille ville à l'aplomb de la rue moderne longeant le rempart ottoman (fig. 7.3 et 7.10). La raison du décalage entre murs ottoman et fatimide est à chercher dans les péripéties traversées par la ville dans les siècles suivants. En 1219, les Ayyubides affaiblis et acculés craignirent de perdre Jérusalem car les Croisés menaçaient encore depuis Damiette. Aussi, le sultan de Damas al-Mu'azzam donna l'ordre de détruire les fortifications de la ville qu'il venait pourtant de renforcer, de peur que l'ennemi n'y trouve un refuge quasi inexpugnable778 . Au grand dam de sa population, Jérusalem se retrouva sans rempart et sans défense, cause d'un grand déclin démographique. Le mur fatimide fut alors sans doute abattu entre l'arrondi de l'enceinte légionnaire (point E) et la tour ayyubide pour rétablir la circulation dans l'axe du cardo. La présence furtive de Frédéric II (1220-1250) à Jérusalem et la souveraineté passagère
775 GUIBERT DE NOGENT, Guitbertus Abbas S anctae Mariae Novigentt; Dei gesta per Francos, Corpus Christianorum. Conl:t·nuatio Mediaeva!is (Instrumenta Lexicomgica Latina) 97A, Brepols, Turnhout, 2002. 776 RAYMOND D'AcurLERs, Le de R,:gmond d'Aguilers, publié par J.H. et L. Hill, Documents relatifs à l'histoire des croisades, publié par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 9, Geuthner, Paris, 1969, p. 137-138: « Cornes autem et exerctus eius sedit ab occidente, et obsedit Iherusalem ab obsidione ducis usque as ascensum montis Syon. Sed quia non poterant homines eius plane accedere ad obpugnandum murum civitatis quia vallis quedam erat in medio, volebat mutare castra sua, et locum. » 777 M. LENOIR, Le camp romain, Proche-Orient et Afrique du nord, op. cit., p. 305 : « Très peu nombreux sont les camps de notre catalogue à présenter comme première protection un fossé en avant du rempart, comme c'est la règle dans les camps de marche et dans d'assez nombreux camps de Germanie ou de Bretagne. ( ...)Dans les camps de marche, comme l'indiquent le PseudoHygin et Végèce et comme le confirment de nombreuses découvertes archéologiques, la terre retirée lors du creusement du fossé est rejetée vers l'intérieur de la fortification et accumulée en une levée, agger, qui sert de base à la palissade de pieux, le val!um. En revanche, lorsqu'un camp permanent, bâti en pierre, est entouré d'un fossé, les exemples dont nous disposons laissent penser que cette terre est systématiquement accumulée vers l'extérieur : en cas d'attaque, les assaillants doivent escalader l'agger ainsi formé avant de descendre dans le fossé pour remonter vers le rempart. » 778 V LEMIRE, K. BERTHELOT, J. LOISEAU, Y POTIN, op. cit., p. 255-257; Sh. WEKSLER-BDOLAH, « Early Islamic and Medieval City Walls of Jerusalem », art. cit., p. 447.
ÛÉVIATION DU REMPART FATIMIDE
des croisés sur la ville (de 1229 à 1239) ne changea rien : selon les termes du traité le liant au sultan d'Égypte Al-Kamel Muhammad (1218-1238) - un autre neveu de Saladin, suzerain du précédent-, interdiction était faite d'en reconstruire les remparts779 . Les Arméniens, propriétaires du quartier jusqu'à l'enceinte légionnaire depuis le 12" siècle, en profitèrent sans doute pour s'approprier le mur désaffecté pour y construire des maisons 780 ; cause non seulement de l'arrondi terminal de la rue moderne au point E (fig. 7.2 et 7.7), vestige du « virage » de l'enceinte légionnaire ; mais aussi de l'impossibilité
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de construire la muraille ottomane du 16" siècle au même endroit sans exproprier les Arméniens après trois siècles de propriété. La solution n'était d'ailleurs pas forcément la plus simple sur le plan technique et non plus la moins coûteuse. Aussi, le décalage du mur ottoman d'une trentaine de mètres vers le sud s'imposa+il aux architectes de Soliman le magnifique (1520-1566) - au moins sur la section CE (fig. 7.2 et 7.7). Vers l'orient en revanche, rien ne l'obligeait. Ainsi s'explique le coude du mur ottoman au point T (fig. 7.2 et 7.10), manière astucieuse et discrète de rattraper le tracé de l'ancien mur fatimide au-delà de la tour ayyubide et de rejoindre ensuite la tour S.
779 L.-H. VINCENT, jémsalem Nouvelle, op. cit., 97 5-976 ; cf. aussi V. LEMIRE, K. BERTHELOT, j. LOISEAU, Y. POTIN, op. cit., p. 256-257. 780 L.-H. VINCENT,jémsalem Nouvelle, op. cit., p. 518-526.
Chapitre 8 La nouvelle ordonnnace d'JElia Capitolina
Introduction Certains prétendent qu'on ne peut exclure que Jérusalem, devenue JElia Capitolina, fut conquise par les insurgés de la seconde révolte juive (132-136781), puis reprise 782 - et donc détruite de fond en comble783. D'autres, se fondant notamment sur le silence de la littérature rabbinique et l'absence quasi-complète de monnayage de la révolte dans la vieille ville784, sont persuadés que la nouvelle colonie romaine ne tomba jamais aux mains des insurgés785 . Pour autant, que l'on
opte dans un sens ou dans l'autre, un point semble parfois admis comme allant de soi : une fois la révolte matée, conquise ou non, la ville était suffisamment détruite pour qu'Hadrien fasse tabula rasa du passé, reprenant de fond en comble l'urbanisme de la ville, comme si le labour du pomerium de la nouvelle colonie avait été fait sur un champ de ruines786. Mais n'est-ce pas tomber dans un certain anachronisme que d'admettre qu'une ville de la taille de Jérusalem ait pu être à ce point détruite que sa« reconstruction» n'intègre aucune trace organique de la ville antérieure ?
781 W ECK,« Der Bar Kochba-Aufstand derJahre 132-136 und seine Folgen für die Provinz Syria Palaestina», dans lDEM,Judaa -Syria Palàstina. Die Auseinandersetzung einer Provinz mit rifmischer Politik und Kultur, Texts and Studies in Ancien!Judaism 157, Mohr Siebeck, Tübingen, 2014, p. 229-244. 782 S. Cl. M:!MOUNI, Le Judaïsme ancien du VI' siècle avant notre ère au III' siècle de notre ère, Des prêtres aux rabbins, Coll. Nouvelle Clio, Collection L'histoire et ses proble'mes, PUF, 2012, p. 514-515. Cf M. HADAS-LEBEL, &!me, la Judée et les Juifs, Antiquité/Synthèse 9, Picard, 2009, p. 178 ; L. L. GRABBE, Judaism from Cyrus to Hadnan, vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992 ; Y Z. E11Av, « The Urban layout of l:Elia Capitolina : a New View from the Perspective of the Temple Mount», dans P. SCHAFER (eds.), The Bar Kokhba War Reconsidered, J. C. Mohr (Paul Siebeck), Tübingen, 2003, p. 244-251 ; P ScHAFER, dans IDEM, Introduction, p. XVIII ; N. BELAYCHE, «Dumont du Temple au Golgotha; le Capitole de la colonie d'A'ilia Capito!ina », RHR 214 (1997), p. 387-413 ; Sh.WEJcSLER-BDOLAH, « A plan of Jerusalem (A'iha Capito!ina) in the 4m c. A.D. », dans G. AVNI & G. D., STIEBEL, &!man Jerusalem: a new Old City,Journal of &!manArchaeology Supplement 105 (2017), Thomson-Shore, Dexter, Michigan, p. 7-9; ID., « Colonnaded streets in A'iha Capitolina: new evidence from the eastern cardt! », dans G. AVNI et G. D. STIEBEL, op. cit., p. 10-22; G. MAzoR, art. cit., dans G. AVNI et G. D. SUEBEL, op. cit., p. 73-82; Io., « A First Temple Period Building and the Roman Eastern Cardo in the Western Wall Plaza », dans H. GEVA, op. cit., 2019, p. 153-168 783 La notice française Wikipédia d'l:Elia Capitolina stipule: « C'est probablement en 130 qu'en visitant Jérusalem, Hadrien l'a refondée sous ce nom, alors qu'il est en route vers l'Egypte. Il est toutefois probable que la reconstruction n'a commencé qu'après la révolte. Bien que cela soit discuté, il semble que la ville soit tombée aux mains des insurgés pendant un ou deux ans et qu'elle n'ait été reconquise qu'en janvier-février 134. Il est possible que la destruction quasi-totale de la ville ait été décidée en représailles. » 784 Y TsAFRIR, « Numismatics and the Foundation of A'i!ia Capitolina » dans P. SCHAFER (eds.), The Bar Kokhba War Reconsidered, J. C. Mohr (Paul Siebeck), Tübingen, 2003, p. 31-36. 785 M. HADAS-LEBEL, &!me, la Judée et les Juift, op. cit., p. 178 : «Jérusalem a-t-elle été temporairement reprise aux Romains ? Cette dernière question se pose notamment parce que les monnaies juives frappées au temps de la révolte et datées "de la rédemption d'Israël" portent souvent le fronton du Temple, le tabernacle, les objets de culte et la mention "Jérusalem" que d'aucuns veulent interpréter comme un lieu d'émission. Il semble plutôt que cela évoque l'espoir de la reconstruction du Temple qui fut le p rincipal objectif du soulèvement. Si un début de réalisation lui avait été donné, on peut penser que les sources rabbiniques en auraient parlé, or il n'en est rien.»; M. MoR, The SecondJewish Revoit, op. cit., p. 121-129. 786 JÉRÔME DE STRIDON, In Ezech. VII, 24 ;J. XrPHILIN, Épitomé de !'Histoire romaine de Dion Cassius, 69, 14, 2; N. BELAYCHE, art. cit., RHR 214 (1997), p. 396 : « Cette tabula rasa facilita certainement le travail des arpenteurs de la nouvelle colonie dont Épiphane assure qu'il ne concerna que "la ville mais pas le temple". >> Cf ÉPIPHANE DE SALAMINE, De mens.etpond. 14.
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LA N0UVELIE 0RD0NNNAŒ D'JELIA CAPITOLINA
Les outils du génie civil romain étaient efficaces mais n'atteignaient pas la puissance des explosifs et engins de déblaiement modernes. Même avec les moyens les plus récents, il faudrait sans doute plusieurs années pour faire place nette sur une superficie comparable à
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La question se pose en particulier pour le réseau viaire. Percer une rue dans une ville préexistante n'est pas chose aisée : des expropriations douloureuses et d'énormes travaux de déblaiements sont souvent nécessaires. De plus, à supposer que des destruc-
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Rues restituée,
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fig. 8.1
La place de fa colonne sous /Elia Capitolina
la vieille ville actuelle de Jérusalem. Dans l'ensemble, les avis sont plus nuancés mais beaucoup acceptent que la Jérusalem sur la mosaïque de Madaba ne peut renvoyer qu'à un état de la ville d'Hadrien, sans pour autant comporter de traces de la ville hérodienne et afortion· hasmonéenne787 ; à moins que, par prudence, s'estimant incapables de remonter plus loin dans le passé, certains ne sauraient percevoir des traces antérieures à l'époque hadrienienne.
tions massives aient obstrué les rues, la priorité est alors de déblayer les axes de circulation pour que la vie reprenne son cours ; et non d'en créer de nouveau. L'expulsion des Juifs de Jérusalem par Hadrien aura laissé de nombreux terrains inoccupés propices à l'ouverture de nouvelles rues, sans diminuer l'importance des travaux de terrassement et déblaiement une fois la révolte matée Qa ville ayant été conquise ou non, c'est-à-dire en partie détruite ou non), soit
787 Sh. WEKSŒR-BDOLAH, art. cit., dans G. AVNI et G. D. STIEBEL, op. cit., p. 1 : « The following plan is based on archaeological remains of the 2nd -4 ; G. MAzoR, « Monumental arches and city gates in /Elia Capitolina », dans G. AVNI et G. D. STIEBEL, op. cit., p. 44 : « Most scholars regard the present-day layout of the Old City (particularly in its N part) as preserving the essentials of the Roman-Byzantine street grid. This has been confirmed by numerous excavations, as well as by the depiction of Jerusalem in the Madaba mosaic. »
ÛRDONNANCE DE lA PATIE D'OIE
donc près de 6 ans après sa fondation788 . Aussi la refonte globale - et même partielle - du réseau viaire de la nouvelle colonie ne semble-t-elle pas aller de soi; surtout qu'elle suppose que le réseau viaire antérieur avait de graves défauts à corriger et que, pour s'en tenir à un seul exemple, les deux rues principales de la carte de Madaba n'existaient pas avant qu'Hadrien ne s'intéresse à la ville. Il s'agit pourtant d'axes majeurs desservant, à partir de la principale - et déjà ancienne - porte septentrionale de la ville, des lieux aussi importants que le Temple, la « ville basse » et la« ville haute ». L'urbanisme de la ville juive était-il à ce point déficient qu'il eût fallu attendre l'empereur philhellène pour que de tels axes fussent percés ? Notre étude supra et dès maintenant - du moins semble-t-il - répond par la négative. Hadrien n'avait donc aucun intérêt (et sans doute pas la capacité) de changer de fond en comble un urbanisme déjà majestueux et bien-conçu. Il pouvait le magnifier de l'intérieur par un embellelissement, le dotant des bâtiments nécessaires pour que la ville devienne irréversiblement romaine : une politique de grands travaux fut ainsi mise en place par l'empereur philhellène et confiée, selon Épiphane de Salamine, à l'un de ses parents 789 : le Chronicon Paschale en est un écho tardif90. Trois grands chantiers du nord de la ville, identifiés par l'archéologie dès le début du 20'
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siècle, en sont les emblèmes principaux : la construction des colonnades des trois rues de la patte d'oie; la structure et l'élaboration de la place du Llthostrotos jouxtant l'arc de l'Ecce Homo ; le forum de la nouvelle colonie, doté de son temple capitolin face à une esplanade dédiée au culte impérial, auquel nous consacrons un chapitre prochain.
Les colonnades des rues de la patte d'oie
La rue centrale de la patte d'oie
L'analyse des données stratigraphiques et du matériel retrouvé dans les huit sondages791 réalisés du nord au sud du cardo oriental Oa rue centrale de la patte d'oie bifurquant vers la« ville basse »), montre que la rue a été pavée d'une seule traite à la période romaine792 . L'un des huit sondages, qui a été réalisé par Sh. Weksler-Bdolah à proximité du Mur des lamentations, permet d'être plus précis : le pavement et la colonnade associée y sont datés de l'empereur Hadrien par l'archéologue 793 . On en déduit donc que la rue centrale de la patte d'oie aura été dotée d'une colonnade
788 Il y aurait alors eu deux plans d'urbanisme: celui de la fondation de la colonie (en 130), sans doute mis en œuvre avant le début de la révolte (en 132) ; celui mis en place une fois la révolte matée (en 136) qui, à la différence du premier, disposait des propriétés juives sans avoir besoin de recourir à des expropriations. 789 Selon Épiphane de Salamine, les travaux ont été surveillés par Aquila de Sinope, apparenté à la famille impériale. Cf EPIPHANE DE SAIAMINE, Traité du poids et mesures 14 ; cf aussi N. FERNANDEZ MARcos, The Septuagint in Context, Introduction to the Greek Version of the Bible, Brill, Leiden, 2000, p. 111. 790 Le Chronicon Paschale, qui reste un écrit tardif (7' siècle) et difficile à interpréter, attribue à Hadrien l'édification de deux bâtiments publics (des bains ?), d'un théâtre, d'un tricameratum (le temple capitolin à trois cellae ?), d'un quadruple nymphée, d'un édifice à douze porte (Mdokapylum, un amphithéâtre?), autrefois appelé« la montée (anabathmoz) ))' et enfin le> ou quadra, sur l'esplanade du temple juif?). Cf J. GERMER-DURAND, art. cit., RB 1 (1892), p. 374-376 ; L.-H. VINCENT, Jimsalem nouvelle, op. cit., p. 7-14; N. BELAYCHE, art. cit., RHR214 (1997), p. 387-413; ID., art cit., RÉ] 158 (1999),p. 287-348 ;J. MURPHYû'CüNNOR, Jémsalem, Un guide de la cité biblique, antique et médiévale, Cerf, Paris, 2014, p. 43-44. 791 Il y a un sondage à la porte de Damas; deux sondages à proximité de l'hospice autrichien (Magen); quatre sondages à l'approche de la rue de la Chaine (Hess et Eisenberg,Johns et Hamilton); un sondage à côté du mur des lamentations (Weksler-Bdolah) ; et deux autre sondages à proximité de mur sud de la vieille ville (\f. Baruch et R. Reich, Ben-Dov); cf A. KrDNER et R. BAR-NATHAN, art. cit., dans G. AVNI et G. D. STIEBEL (éds), op. cit., p. 51. 792 A. KLONER et R. BAR-NATHAN, art. cit., dans G. AVNI et G. D. STIEBEL (éds), op. cit., p. 63 : « Remains of the street (the eastern cardo) that ran along the central valley from north to south have been uncovered in various segments. The street is 820 min length from its start at the Damascus Gate in the north to the section which lies south of the old city wall. For the most partit was paved with stones over 1m square and 25-40 cm thick. The stratigraphie data, combined with the analysis of the finds along Ha-Gay Street, indicate that the street was paved in its entirety atone cime. Examination of the pottery from M. Magen's test excavation (1979-80), the paving of the plaza south of the Damascus G ate, the cross-sections of Johns and Hamilton, and the architectural finds on the Spart of the street help to date it to the Roman period. » 793 A. ÛNN et Sh. WEKSLER-BDOIAH, « Colonnated streets in JE,fia Capitolina: new evidence from the eastern cardo », dans G. AvNI et G. D. STIEBEL (éds), op.cit., p. 21 : « Two subsequent phases of construction were recognized in the excavations of the E cardo: fust, the infrastructure was prepared, and then the carriageway and sidewalks were paved with flagstones and the colwnns placed along the porticoes. The dating of both phases allows a secure dating of the cardo to the Hadrianic era, relying on small finds recovered in the excavation. A Hadrianic coin from the mint of Antioch, no absolute date, together with small finds of the late 1"-early2n d c., were the latest finds sealed beneath the flagstones of the cardo. These finds indicate that the street should be attributed no earlier than the reign of Hadrian. The street should probably also be no later than the reign of Hadrian, since other small finds discovered sealed beneath the street's paving and in the Roman refuse dump to the east of the street were also dated mostly to the 1" c. AD., and only the very latest of them date to the fust quarter or third of the 2nd c. The Hadrianic coin was thus the
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LA NOUVELIE ORDONNNAŒ D'JELIA CAPITOLINA
dès la fondation d'.lElia Capitolina794. Selon la carte de Madaba, elle comportait aux abords de la place de la colonne (la place de la porte de Damas) un arc triomphal solennisant l'entrée (fig. 2.2). Pour autant, la datation hadrienienne de l'arc n'est pas assurée puisque la carte de Madaba date du 6• siècle -, mais il est probable, tant il est convenant que l'arc triomphal ait fait partie du même programme architectural que la colonnade. Ainsi en est-il de la colonne située à la convergence des trois rues, à l'origine du nom arabe actuel de la porte associée (Bab el Amoud, la Porte de la colonne). Nous restituons un petit monument à ce point de convergence dès l'époque hasmonéenne, non seulement pour embellir la place mais surtout pour marquer un locus gromae majeur de la grille d'arpentage. Nous avons eu l'occasion d'étudier cette question supra.
La rue occidentale de la patte d'oie
La convenance conduit aussi à dater la colonnade de la rue occidentale (dans sa moitié nord), dont plusieurs colonnes de la fondation d'.lElia Capitolina ont été retrouvées in situ795 • Certes, dans l'agencement primitif de la patte d'oie hasmonéenne, la rue occidentale n'était pas aussi importante que sa voisine - du simple fait qu'elle ne menait pas au Temple; et aussi parce que l'harmonie générale de la place desservant la patte d'oie ne nécessitait pas un traitement architectural aussi solennel pour les rues latérales que
pour la rue centrale - du simple fait de leur non-centralité ! L'arc triomphal représenté sur la carte de Madaba à l'entrée de la seule rue centrale témoigne qu'il se serait maintenu jusqu'à l'époque byzantine ! Par suite, ne serait-ce que pour des questions de coût, il est possible qu'à la manière des autres villes de la région (Palmyre, etc.), seule la rue centrale ait été dotée d'une colonnade lors de la fondation d'.lElia Capitolina et qu'il ait fallu attendre une époque plus tardive pour que les autres rues - et en particulier la rue occidentale - en soient munies. En réalité, en l'absence de données archéologiques précises, l'hypothèse paraît peu probable tant les arpenteurs d'Hadrien conférèrent à la rue occidentale le rôle majeur de cardo maximus de la colonie vers le forum de la ville. La rue occidentale avait déjà gagné en importance au dépend de la rue orientale à l'époque d'Hérode le Grand, lors de la construction du nouveau palais royal au point culminant de la colline occidentale sans égaler en importance la rue centrale (voir supra). En fondant .lElia Capitolina, Hadrien a offert à la rue occidentale un statut au moins comparable à celui de la rue centrale, que l'époque byzantine viendra encore magnifier, après la construction des grandes basiliques chrétiennes sur ses bordures. Dès lors, l'hypothèse de l'embellissement concomitant des deux rues principales de la patte d'oie par des colonnades sous le règne d'Hadrien est logique796 . Quatre siècles plus tard, la même logique mènera le mosaïste de Madaba à ne représenter sur la carte de Jérusalem, que ces deux artères.
most recent datable find in the assemblage. The lack of any finds beneath the street's p aving, namely any m anufactured after about 130, so far as can be determinated, enables us to deduce that in ail pro bability the paving of the street dates no later than Hadrian's reign. » Dans sa publication la plus récente, Sh. Weksler-Bdolah laisse ententre que le« cardo oriental>> pourrait même avoir été commencé à être pavé avant la foundation d'Aelia Capitolina: ID.,« A First Temple Period Building and the Roman Eastern Cardo in the Western Wall Plaza )), dans H. GEvA, op. cit., 2019, p. 167-168 . « Regarding the date of the paving of the Eastern Cardo, finds from the excavation make it possible to establish that the street was paved during the Roman period, apparently in the first third of the 2n d century CE during the the reign of Hadrian. The rich finds uncovered dated to the period from 70 to 130 CE raise the possibility that planning of the street and the beginning of its paving precededJerusalem being proclaimed a Roman colony, if that indeed occured in 130 CE. >> 794 Il est probable que les travaux pour doter de colonnes les rues d'lElia Capitolina prirent du temps et se prolongèrent même au-delà du règne d'Hadrien. À Palmyre comme à Jérash, les travaux se sont poursuivis sur plus d'un siècle : cf M. TABACZEK, « Conception, construction et entretien des rues à colonnades au Proche-Orient romain)), dans P BALIET, N. DmuDONNÉ-GLAD et C. SALlOU (éds), La rue dans !'Antiquité. Définition, aménagement et devenir, de f'On'ent méditerranéen à fa Gaule. Actes du colloque international de Poitiers (07-09 sepkmbre 2006), PUR. 2008, p. 101-107 ; J- LAssus, Antioch-on-the-Orontes V. Les Portiques d'Antioche, Princeton University Press, Washington, 1972. Cf aussi J- SEIGNE, « Quelques remarques sur les rues de l'antique Gerasa de la Décapole (Jerash,Jordanie) )), dans P BALLET, N. DIEUDONNÉ-GLAD et C. SALIOU (éds), op. cit., p. 169-184. 795 Notamment à côté de la 7' station du chemin de croix et dans les arrière-boutiques du souk à proximité du Saint-Sépulcre. Cf L.-H. VINŒNT,]érusafem nouvelle, op. cit., p. 60-65. Cf aussi Y TsAFRJR, « The topography and archaeology of A3fia Capitofina ))' dans Y TsAFRJR et Sh. SAFRAI (éds.), History ef Jerusafem: the Roman and Byzantine p en·ods (70-638), Jérusalem, 1999, p. 115-166. Cf J- WILKINSON, art. cit., Levant7 (1975), p. 120-123. 796 Selon Sh. Weksler-Bdolah, l'aménagement de la rue centrale aux abords de l'actuel mur des lamentations a commencé dès le début du règne d'Hadrien : Sh. WEKSLER-BDOLAH et A. ÜNN, Jerusafem, Western Waff P!aza Excavations, vol. 1, The Roman and Byzantine Remains : architecture and stratigraphy, avec la contribution de G.Bijovsky, D. Gill, S. K:isilevitz, O. Peleg-Barkat et M. Sebbane, L4A Reports 63, Israel Antiquities Authority, Jérusalem 2019, p. 200 : « We propose that the infrastructure work also dates of the reign of Hadrian, probably, between 120 and 130 CE. The importance of these finds is the implication that by this date, which seemingly preceded the visit of Hadrian to Jerusalem in 129 /130 CE, the initial planning of the new city had apparently been completed and construction of the E astern Cardo may have even begun. »
PSICJNE DU
La rue orientale de la patte d'oie Qu'en est-il de la troisième rue de la patte d'oie, la grande « oubliée » de ce même mosaïste ? Celle qui, autrefois, menait à la Bâris, l'ancien palais royal797 et aussi au Mont des Oliviers ? Notons que la figure étriquée de la carte de Madaba ne rendait pas sa représentation facile. Il est cependant encore de la plus haute convenance que les architectes d'Hadrien l'aient aussi munie de colonnades, au moins à proximité de la« place de la colonne» pour donner une symétrie d'ensemble. Depuis le transfert du palais royal à l'ouest et le percement du decumanus 7 S Qa via dolorosa) jusqu'à la rue centrale (à proximité de l'hospice autrichien) par Hérode, elle avait perdu en importance. Hadrien ne lui en redonna aucune, sinon de mener à une place à l'orient de la ville, le Lithostrotos (voir infra). Aussi est-il probable que la rue orientale n'a jamais été élargie ni embellie par des colonnades au-delà de quelques dizaines de mètres (fig. 2.8). La structure de la troisième rue dans l'actuelle vieille ville de Jérusalem confirme l'hypothèse : sur une soixantaine de mètres, sa grande largeur atteint en certains endroits presque 7 mètres (fig. 8.1). Au-delà, la structure plus accidentée du relief rendait l'élargissement de la rue et la mise en place de colonnades beaucoup plus délicates. Les architectes auraient ainsi sauvé les apparences : tout en donnant une belle harmonie à la« place de la colonne», ils n'en auraient pas moins centré l'urbanisme de la nouvelle colonie non pas vers l'ancien Temple ou l'ancien palais royal mais vers le forum de la ville - et son temple capitolin. Nous l'avons déjà dit: la rue la plus occidentale de la patte d'oie est ainsi devenue le cardo principal de la ville, lui-même coupé par un decumanus
S1ROUTHION
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principal à la limite de la ville haute, séparant le forum de la limite du camp de la 10'Légion Fretensis798 • Nous aurons l'occasion de développer ces points infra, après avoir traité de la place du Lithostrotos.
La place du Lithostrotos devant l'arc de l'Ecce Homo La piscine du Strouthion: évolution et chronologie La figure 7.4 restitue la topographie actuelle de la piscine du Strouthion799 et des terrains avoisinants, telle qu'elle a pu être reconstituée à partir des divers écrits et rapports de fouilles, en particulier ceux de L.-H. Vincent800, de sr. M.-A. de Sion801, de B. Bagatti802, d'Y Blomme803, de C. Arnould804, et de D. Bahat805 (notamment pour la partie sud-est de la piscine). Elle a été complétée par des relevés personnels effectués dans le Couvent des sœurs de Sion et dans le Couvent de la Flagellation ainsi que la partie sud-est de la piscine. Elle met en évidence la position insolite de la piscine du Strouthion creusée au col séparant la colline du Bezetha de la croupe de la Bâris/Antonia. Le choix d'un tel lieu, peu propice pour y collecter de l'eau, ne s'explique que par la proximité d'une forteresse. Certains soutiennent que la piscine fut creusée par Hérode pour alimenter l'Antonia : ils partent du principe que la Bâris, située plus au sud, ne pouvait être alimentée en eau par un tel réservoir, et par conséquence non contigu806 . Rien cependant dans les écrits de Flavius Josèphe ni dans la topographie du site ne permet d'étayer que la
797 D.-M. CABARET, art. cit., RB 124 (2017), p. 111-118. 798 J. SEUGMAN, « 'Absence of evidence' or 'Evidence of absence': where was civilian /Elia Capitolina, and was Jerusalem the site of the legionary camp?», dans G. AVNI et G. D. SUEBEL (éds), op. cit., p. 107-116. Cf. aussi A. ÛNN et Sh. WEKSLER-BDOLAH, art. cit., dans G. AVNI et G. D. SUEBEL, op. cit., p. 73-82; cf. O. GuTFEID, art. cit., dans G. AVNI et G. D. SUEBEL, op. cit., p. 41-50. 799 La découverte de la piscine du S trouthion au 19' siècle fut un grand évènement. Cf. A. BAssr, « De la tour Antonia et d'une admirable galerie découverte à Jérusalem», Revue Catholique 19 (1861), p. 520-532. 800 L.-H. VJNCENT, « L'Antonia et le Prétoire», RB 42 (1933), p. 88-113; ID.Jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit, p. 207 et suivantes. 801 Sr Marie-Aline de Sion, op. cit.. 802 B. BAGATU, « Resti romani nell'area della Flagellazione in Gerusalemme », Studiï Bib!ici Franciscani, Liber Annuus 8 (1957-1958), p. 309-352. 803 Y BLCMME, art. cit., p. 244-271 804 C. ARNOULD, op.cit., p. 53 s. 805 D. BAHAT, The Jerusalem Western Wall Tunnel, op. cit., 2013. 806 La Bâris aurait été située plus au sud n'ayant pas la même limite septentrionale que l'Antoma, dont la limite nord, au plus près de la piscine du Stroution, n'aurait été atteinte que lors du réagencement de la forteresse consécutif à l'agrandissement du temple. Cf. D. BAHAT, Cartas Historical Atlas of Jerusalem, a Brief Illustrated survey, J erusalem, 197 3, p. 63 : « The other forum was situated in the eastern sector of the city, near the present-day Sisters of Zion Convent. In this area in the large moat dug by Herod for the defense of the Antonia fortress, and in this period, too, the Struthion Pool was dug in the center of this moat as a water reservoir. >>; ID., The Jerusalem Western Wall Tunnel, op. cit., p. 323-324: « When Herod decided to erect the Antonia Fortress north of the Temple Mount, it was necessary to protect it from the north since the Antonia Hill upon which it was constructed. Herod's builders deepened the north-south width of a portion of the moat, thus creating the Struthion Pool, 60 m. long and 15,50 m. from east-west. »
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LA NOUVELLE ORDONNNACE D'lELIA CAPITOLINA
a) 751rn
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l> ; Guerre des Juifs I, 118 : « Les plaintes d'Hyrcan émurent la compassion de sa mère, qui enferma la femme et les fils d'Aristobule dans la tour Antonia ; c'était une citadelle adjacente au flanc nord du temple, nommé autrefois Bâris, comme je l'ai déjà dit.>> Antiquités Juives xv, 403 : « Du côté nord, on avait construit, dans l'angle du péribole, une citadelle, admirablement fortifiée et pourvue d'excellents moyens de défense. Elle fut bâtie par les rois pontifes de la race des Asmonéens, prédécesseurs d'Hérode, qui l'appelèrent Bâris et la destinèrent à abriter le vêtement sacerdotal que le grand-prêtre ne revêt que lorsqu'il doit offrir un sacrifice. » 808 D. -M. CABARET, art. cit., RB 124 (2017), p. 111-118. 809 L.-H. VINCENT,Jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit., p. 300 : « Le vocable Strouthion, que l'on l'entende au sens de« moineau» mgou0lov- ou au sens de saponaire ou herbe à foulon - argov0,ov -, ne semble pas d'abord en éclairer beaucoup l'emplacement. » Cf. D.-M. CABARET, « Le siège de la forteresse Antonia, le récit de la Guerre desJuifs au crible des dernières recherches archéologiques», art. cit. 810 G. DALMAN, Jerusakm und sein Geliinde, Gütersloch, 1930, p. 114-115 : « In ihm erregt Aufmerksamkeit ein in nordwestlicher Richtung querlaufender Teich von 15 zu 40 m, bei dem es nahe liegt, an des Strutionteich zu denken, durch dessen Mitte die Rômer einen Belagerungswall gegen die Antonia aufwarfen. Sein N ame erinnert an den unterirdischenspielen konnten neben ihrer Hauptbedeutung, den Teich von einem ni:irdlichen Sammelbecken her mit Wasser zu versehen und den überfluss südwarts zu anderen Zisternen oder Teichen berichtete geheime Gang, der von einem Turm der Antonia zum ostlichen Eingang des «inneren Heiligtums » geführt haben soli, mit demselben Kanal zusammenhangt, der sich nach 76 m südlichen Laufes ostwarts nach dem Templeplatz umbiegt. Der über der Stelle, wo die nordwestliche Ecke der Antonia zu suchen ist. Es liegt deshalb nahe, anzunehmen, dass seine Bezeichnung aus dem Namen des früheren Eckturms geflossen ist und also mit ,,Spatzen" oder ,,Seifenkraut" nichts zu tun hat. Die Antonia, für deren Wasserbedarf der Teich sorgte, war nach der Beschreibung des Josephus ein an den Ecken mit Türmen bewehrtes Viereck, das in die den ausseren Hof des Tempels umgebenden Saulenhallen hineinragte und von dessen Zerstorung durch die Juden man sagen konnte, dass durch sie das Heiligtum ein Viereck geworden sei. Man wird deshalb ein Recht haben, den Bereich der Burg, welche Apg. 21,34, als das ,,Lager" der den Tempe! überwachenden Kohorte erwanhnt wird, bis an der südlichen Graben reichen zu lassen, woraus folgt, dass der in der Nordwestecke des heutigen Tempelplatzes sichbare, künstlich geebnete Felsboden mit einer Regulierung des Platzes zusammenhangt, die erst in romischen Jerusalem erfolgte. Die Burg konnte dann eine Ausdehnung von gegen 100 m im Quadrat haben. »; L.-H. Vincent signale l'exégèse de G. Dalman dans Jérusalem de l'Ancien Testament,. Il répugne cependant à la faire sienne au titre que les consonnes des deux mots LTQo:Wv et LTQtJ0wv ne différent que légèrement (un Tau lieu d'un 0). Cf. L.-H. VINCENT,jérusalem de l'Ancien Testament, op. cit., note 2, p. 300 : « Pour [Clermont-Ganneau], le vocable Strouthion était« une sorte de sobriquet populaire» (Surv. Mem. Jerus. P 295)]. Un demi-siècle plus tard, Dalman s'attardait encore à l'hypothèse précaire que le nom dériverait de l'antique appellation « tour de Straton », conservée dans Josèphe pour désigner le souterrain ténébreux entrele Temple et l'angle Nord-Ouest del'Antonia, site dela Bâris hasmonéenne. C'est le souterrain lui-même qui portait le nom étrange LTQ ·•
fig. 8.8
:·.::::·.::~
·-:::::·:.:::·::.::·.
Sur le plan de la piscine du Strouthion, figuration de l'appareil des voûtes (en transparence par le haut)
L'ordonnance de la place Fort de ces remarques, nous proposons la restitution d'une place, telle que représentée sur les figures 8.5, b et 8.7, a. La première montre comment notre restitution s'appuie sur les deux rectangles déterminés supra; et la figure 8.7, a présente la place sans les deux rectangles, en y ajoutant le système de caniveaux de récupération de l'eau: les quelques cotes mentionnées mettent en évidence un Lithostrotos en pente vers le sud (de la côte 7 46. 78 m à 746.56 m) 831 , rythmé par plusieurs caniveaux, presque équidistants et pour la plupart perpendiculaires au stylobate. Les caniveaux visent à récupérer l'eau vers des bouches situées à l'arrête des deux
Nous avons opté pour la restitution de trois escaliers au septentrion de la place visant à gagner le niveau de la contre-escarpe du Bezetha: un grand escalier monumental dans l'axe de la place, large de 40 pieds (11.84 m), et deux escaliers symétriques joignant chaque côté de la place. Plusieurs raisons étayent des telles hypothèses : - Un grand escalier large de 40 pieds est bienvenu pour agrémenter la monumentalité de la place du Lithostrotos.
- Il permet aussi de rendre compte de la position de la rue moderne, elle-aussi en escalier. Le passage actuel, lié à la « rue de l'est » du quartier hasmonéen
831 Pour le Lithostrotos, nous n'avons pu faire des mesures altimétriques précises que du côté du couvent de sœurs de Sion. Il y a cependant aucun doute sur la continuité du pavement retrouvé du côté du couvent de la Flagellation.
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LA NOUVELIE ORDONNNAŒ D'JELIA CAPITOLINA
- en provenance de la porte de Damas actuelle -, garderait ainsi la trace du tiers occidental du grand escalier ; les deux autres tiers auraient été cédés à des époques plus tardives à des Hiérosolymitains désireux de grignoter l'espace public pour parfaire leur propriété privée. Le tiers occidental du grand escalier conservé montrerait aussi que la > ; le principe est que les dieux ne protègent uniquement que ce
EMPLACEMENT DU FORUM
fait toujours débat, certains l'envisageant sur l'esplanade du Temple (ou même sur l'éperon de l'Antonia851) plutôt qu'à l'endroit du forum852 • Nous préférons nous ranger à l'avis de J. Murphy-O'Connor853 et de N. Belayche854, qui, à partir des sources historiques, réfutent l'implantation du temple capitolin en lieu et place du Saint des Saints du Temple.
La confirmation des fouilles archéologiques Les fouilles archéologiques, peu nombreuses, sur l'étendue du forum restitué confirment notre analyse. Des études excellentes les ont résumées855 . Sans
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entrer dans le détail, notons simplement que le carré fouillé par K. M. Kenyon au sud-est du forum (de 1961-1963)856 met en évidence un fond de carrière progressivement comblé par des couches de déchets divers jusqu'à une épaisse strate datant du 1er siècle ap. J.-C. 857 • Les fouilles d'U. Wagner-Lux dans l'église du Rédempteur (de 1970-1974) 858 confirment une stratigraphie analogue, avec cependant une strate supérieure plus épaisse (environ 3,5 m)859. Enfin, le sous-sol de l'église Saint-Jean-Baptiste, fouillé par J.-B. Humbert860, témoigne d'une lacune de l'habitat dans l'occupation de la carrière - 4 m en-dessous du sol actuel de la crypte, ou 7 m sous le niveau de la rue des Chrétiens - avant la période romaine861 .
qu'ils voient et qu'en retour les hommes peuvent s'adresser seulement aux dieux qu'ils ont la possibilité d'observer. P. GROS, Commentaire, dans VITRUVE, De l'architecture I, p. 189 ; ID., Commentaires, dans VITRUVE, De l'architecture IV, p. 157 : « En fait, il s'agit moins de dominer l'enceinte (malgré la traduction toujours donnée de moenia) que la ville elle-même (Vitruve lII, p. 53, sq.), et plus précisément son centre politique et administratif ; ( ...) On connaît d'autre part, la nécessité, pour les sanctuaires romains d'où l'on prenait les auspices, de disposer d'un espace suffisamment dégagé devant eux ou à leur pieds afin que l'augure pût trouver à l'horizon des points de repère à partir desquels il circonscrivait le templum défini dans le ciel par son lituus. » 851 Sh GmsON et]. E. TAYWR, op. cit., p. 70. 852 J. MAGNESS, « A review of some Current Debates about Hadrianic Jerusalem », dans K. GALOR et G. AVNI (éds), Unearthing Jerusalem, op. cit., p. 315; Io., « The North Wall of .!Elia Capito!ina », dans L. E. STAGER, J. A. GREEN et M. D. CooGAN (éds), The Archaeology of Jordan and Beyond: Essays in Honor of James A. Sauer, Studies in the Archaeology and history of the Levant 1., Eisenbrauns, Winona Lake, 2000, p. 328-339 ; G. AVNI, « The necropoleis of .!Elia Capitolina: burial practices, ethnicity, and the city limits », dans G. AVNI et G. D. STIEBEL (éds), op. cit., carte d'.!Elia Capitolina p. 125; Sh. WEKSLER-BDOLAH, art. cit., dans G. AVNI & G. D., STIEBEL (éds), op. cit., p. 9. 853 J. MuRPHY-O'CoNNOR, « The location of the Capitolin .!Elia Capito!ina », RB 101 (1994), p. 405-415, repris en français dans ID., Jérusalem, Un guide de fa cité biblique, antique et médiévale, Cerf, Paris, 2014, p. 197-204. 854 N. BELAYCHE, art. cit.,RHR214 (1997),p. 387-413. 855 Sh GmsON et]. E. TAYWR, op. cit., p. 51-63; Sh. WEKSLER-BDOLAH, art. cit., dans G. AVNI & G. D., STIEBEL (éds), op. cit., p. 7-9. 856 K. M. l 864 H.-M. CoüASNON, op. cit. 1974. 865 V CORBO, Il Santo Sepolcro di Gerusakmme. Aspetti archeologici dale origini al period crociato, Jerusalem, t. 1, 2 et 3, Jérusalem, 1981-1982. 866 Sh. GrnsoN etj. E. TAYIDR, op. cit., p. 7-70. 867 HYGIN LE GROMATIQUE, L'établissement des Limites 1, 22, idem, p. 82 : « Beaucoup, ignorant le système de l'univers, ont suivi la course du soleil, c'est-à-dire son lever et son coucher, ce qui ne peut être appréhendé en une seule fois par l'instrument de fer. Quoi donc ? Une fois les auspices pris et la groma mise en station, éventuellement en présence du fondateur en personne, ils ont pris le lever du soleil au plus près et ils ont lancé des limites dans les deux directions, mais de cette façon le cardl, n'a pu correspondre avec la sixième heure. Et certains, pour éviter de tracer des limites parallèles à ceux des colonies voisines, ont négligé le système du ciel et établi un mode de mesure tel qu'il assurait seulement la superficie des centuries et la longueur des limites. » 868 Le pas romain (gradus) est égal à 2,5 pieds romains, soit donc 0,74 m (= 0,296 m x 2,5). Par suite, le double pas romain (passus) est égal à 1,48 m (= 0,74 m X 2). Le mille romain, égal à 1 000 passus, atteint donc 1480 m (1,48 m X 1 000 = 5 000 pieds romains). 869 L.-H. VINCENT, Chronique,« Un nouveau milliaire sur la voie romaine de Jérusalem à Naplouse», RB 10 (1901), p. 96-106. Cf aussi RB 8 (1899), p. 420 ;J. GERMER-DURAND,« Le milliaire romain de la route de Samarie», Cosmos 8 (1887).
DIMENSIONS DU FORUM
275
- - Grille en quadratus d'Aelîa Capitolina · · · -· · · · Grille en quadraflls d'Aelîa Capitolina décalée d'un 1/2 acltu
AB = 15,5 ad1ls = 515 m
N
t m è tres
fig. 9.3.
La grille d'arpentage d'/Eilia Capitolina et de son farum
en face de la mosquée de Cheikh Djerrah, c'est-à-dire à environ 920 mètres(= 3110 pieds 0,6 mille romain) de l'actuelle porte de Damas. Contrairement à ce que certains ont pu penser870 , l'origine du bornage, point zéro de la voie romaine n'était donc pas la colonne de la porte de Damas mais un lieu situé dans la vieille ville actuelle « au sud du Saint-Sépulcre »871 • Nous venons de le calculer: la distance AB (fig. 9.3) mesure 515 m. Nous savons aussi que la colonne de la porte septentrionale était à 100 coudées royales (52,4 m) de la porte elle-même 872 • La distance entre le locus gromae et le premier milliaire mesurait environ 1487 m (= 515 m + 52,4 m + 920 m 1005 passus 5025 pieds
romains), une longueur très proche du mille romain (1480 m) : les sept mètres de trop (1487 m - 1480 m = 7 m = 5 passus) paraissent négligeables compte-tenu de la faible précision avec laquelle le milliaire a pu être situé« en face de la mosquée de Cheikh Djerrah »873 • Il est donc possible que les arpenteurs romains aient planté la groma initiale de la nouvelle JElia Capitolina à l'emplacement- ou à côté - du point de départ des voies romaines, déjà fixée depuis au moins une trentaine d'années par la 10e Légion Fretensis (fig. 9.5). Les inscriptions milliaires indiquent que la voie romaine fut commencée sous Nerva (96-98) ou sous Trajan (98-117) 874 : il est donc probable que la 1oe Légion
870 J. GERMER-DURAND, op. cit. 871 L.-H. VINCENT,jérusalem nouvelle, op. cit., p. 35: « La découverte d'un milliaire en place nous a permis naguère de déterminer avec exactitude le bornage sur les cinq premiers milles de cette voie [vers Naplouse], d'établir que son aboutissant était bien la porte de Damas actuelle, mais que la colonne milliaire initiale ne pouvait être située à cette porte, et devait être reculée jusqu' "au sud du Saint-Sépulcre."» 872 Cf. chapitre 3. 873 De fait, le premier milliaire est le seul dont aucun fragment n'a été retrouvé. Son emplacement a pu être retrouvé de quelques dizaines de mètres près à partir de la position du Deuxième mur dont l'emplacement est connu d'une manière beaucoup plus précise. Cf. L.-H. VINCENT, art. cit., RB 10 (1901), p. 105. 874 Il y a un doute car les inscriptions ont été surchargées et Nerva eut un règne particulièrement court ne lui laissant pas le temps d'être à l'origine de l'ouvrage. Cf. L.-H. VINCENT, art. cit., RB 10 (1901), p. 105.
276
LE FORUM ET LA PLATE-FORME o 'HADRIEN
Fretensis eût la responsabilité à la fin du premier siècle d'établir le premier bornage romain de la route de Neapolis (Naplouse) et Césarée Maritime et qu'elle ait planté le premier milliaire en face de la principale porte septentrionale de son campement - dans l'axe de la rue occidentale de la patte d'oie.
Un argument de plus en faveur de l'implantation de la légion sur la colline occidentale L'argument est de poids en faveur de la localisation du camp de la légion sur la « ville haute », la colline occidentale. Nous aurons l'occasion de revenir infra sur le bien-fondé de l'hypothèse. Le premier milliaire des routes était nécessairement situé à un endroit important de la cité, plébiscité par son autorité légitime qui, sous Nerva ou Trajan, était le tribun de la 10° légion Fretensis. D ès lors, planter le mi//iarium aureum au plus près d'une des principales portes du camp de la légion paraît hautement convenable ; d'autant plus qu'aucun autre endroit de la vieille ville situé à environ 500 mètres au sud de la p orte de D amas ne semble pouvoir lui faire concurrence. Il faut remonter à l'époque d'Hérode le Grand - avant l'agrandissement du Temple - , pour trouver un lieu concurrent éventuel : il serait convenable que le roi des Juifs nommé par le Sénat ait établi le premier bornage de type romain autour de sa nouvelle capitale ; et que, par suite, le milliaire initial des routes ait été installé dans l'axe de la rue centrale de la patte d'oie, au plus près des p ortes du Temple pré-hérodien, un lieu à environ 500 m ètres de la colonne de la patte d'oie. L'agrandissement du Temple aurait conduit à la délocaliser au bout de la rue occidentale de la patte d'oie, non loin du nouveau palais d'Hérode, au plus près du Premier mur dan s la proximité de la p orte de G ennath. Tout cela reste pure conjecture puisqu'aucune donnée archéologique ou historique ne corrobore l'hypothèse et que le lieu en question se trouve aujo urd'hui sous l'esplanade des Mosquées.
Le lien avec l'arpentage hasmonéen Une dernière raison légitimerait la présence du milliaire initial devant la porte du camp ement de la légion. N ous venon s d'y faire allusio n : l'endroit était dans les p arages de la p orte de G ennath qui, avant
que le Deuxième mur fût édifié, de la fin de l'âge du Fer jusqu'au début de la période hasmonéenne875 , était la grande porte septentrionale de la ville. À ce titre, l'ouverture principale du Premier mur a pu faire office de i< point zéro » des routes. Si l'hypothèse est juste, plutôt que d'identifier le« zéro» avec notre locusgromae hadrienien, il semble préférable de le rapprocher du point de référence de l'arpentage du quartier hasmonéen (fig. 9.6, point D), environ à 30 pieds (8.8 m) au
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fig. 9.4.
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Les miliaires retrouvés au long de la rue de N aplouse (plan dressépar L.-H. Vincent en 1901)
sud du locus gromae. Les arpenteurs de Jean-Hyrcan se seraient servis de ce « p oint zéro » (point D ) p our déterminer, à 1000 coudées royales (524 m) vers le nord, le p oint de convergence des trois rues de la patte d'oie. Autrement dit, en implantant le milliarium aureum devant ce qui était désormais une porte du camp de la légion , les Romains n'auraien t fait que reprend re un u sage ancien 876 •
875 Avec une interrup tio n suite à l'exil à Babylone qui provoqua l'abando n de la « ville haute». 876 O n trouve trace de plans réguliers (orthono rmés) dans le mo nde colonial grec dès le 7' - 6' siècle av. J.-C. Cf. G. CHOUQUER, Fr. FAVORY et P. PoUPET, Lespaysages de /'Antiquité, op. cit., 1991, p. 79-89. À la fin du 4' s. av. J.-C., l'arpentage de la via A ppia, rectilign e sur 23 km à la sortie d e Rome, puis sur 61 km à p roximité de Terracine sur un terrain valloné, montre, d ès cette ép oque, la maitrise par les arpenteurs romains des visées rectilignes d ont les extrémités disparaissent derrière la lig ne d 'h orizon. La groma, comme seul o util de visée, suffisait à la tâch e. La rectitude du tracé était vérifiée p ar la visée régulière de triangles rectangles 3-4-5 - en
ALIGNEMENT DU FORUM
:
..à-la,.Roch~ uDômeetau.sommet
277
Mont des Oliviers
_ --- Milieu~ u-f-orom - ------
1 quddratus
N
___ ---,-a&Mcam -(35,s~ m")
iif
--------- ___Ü---- \------ ------
50
: mètres Umite de la griJ1e d'Aelia
fig. 9.5.
Le locus gromae au croisement du carda maximus et du decumanus maximus
L'alignement remarquable du forum Quoi qu'il en soit, si le locus gromae était à l'endroit déterminé supra (point A, fig. 9.3), il suffisait que l'extrémité sud du forum soit située à 54 pieds (environ 16 m) au nord de l'axe est-ouest de la groma - la largeur du decumanus maximus - pour que le forum, long de six actus du nord au sud, soit parfaitement centré en son milieu sur l'axe hasmonéen menant à la roche du Dôme et au Mont des Oliviers (fig. 9.5 et 9.6). Un tel alignement peut-il être le fruit du hasard ? Ou est-il dû à la volonté d'Hadrien de s'inscrire dans le « rituel augural » de la fondation du quartier hasmonéen877 ? Ou plutôt, est-il une manière pour l'empereur philhellène d'établir un lien de subordination entre le temple tutélaire (et le centre administratif) de la nouvelle colonie, sis sur le forum, et l'ancien Temple juif en contrebas ? Nous le savons
877 878 879 880
881
par le Pèlerin de Bordeaux 878 : en 333, deux statues impériales avaient été placées sur l'ancienne esplanade du Temple à un endroit sensible pour les Juifs : Là sont aussi deux statues d'Hadrien; c'est non loin de ces statues que se trouve la pierre trouée auprès de laquelle les Juifs viennent chaque annéé3 79 •
Le Pèlerin fait une erreur en confondant la statue d'Hadrien avec celle d'Antonin le Pieux 880 • Néanmoins, son témoignage est précieux car il localise les deux statues non loin d'une pierre trouée vénérée par les juifs, logiquement identifiable à la roche du Dôme, elle-même percée d'un trou donnant sur la grotte au-dessous. Jérôme de Stridon confirme la localisation de la statue d'Hadrien sur la partie la plus sacrée du Temple juif, le Saint des Saints. Qu'il s'agisse de la roche du Dôme ou d'un autre emplacement à proximité881 , l'essentiel est
application du théorème de Pythagore. L'hypothénuse des triangles rectangles (la varation) déterminait le tracé exact. Cf. M. HuMM, « Appius Claudius Caecus et la construction de la via Appia », MEFRA 108 (1996), p. 720-724; cf. aussi G. CHOUQUER et Fr. FAVORY, L'arpentage romain, op. cit., p. 89-90. Cf. chapitre 2 supra. Ce personnage n'est connu que par l'écrit qu'il a laissé (Itinerarium a Burdigala Hierusalem) résumant un voyage à Jérusalem réalisé en 333/334. PÈLERIN DE BORDEAUX, Itinerarium dans P. MARAVAL, op. cit., p. 31. On sait par Origène qu'il ne s'agissait pas de deux statues du même empereur: ORIGÈNE, Comm. Matthieu IV, 249 : « Au début l'abomination de la désolation avait la forme des statues d'Hadrien et de Gaïus. » Mais lui-même devait se tromper car il est très peu probable qu'il y eut une statue de Caligula au côté de celle d'Hadrien. Un fragment de l'inscription dédicatoire d'une statue d'Antonin le Pieux utilisé en remploi dans le mur sud de l'esplanade, à côté de la« double porte», laisse supposer que le successeur d'Hadrien avait fait aussi ériger sa propre statue sur l'esplanade de l'ancien temple juif à côté de celle d'Hadrien: « A Titus Aelius Hadrien Antoine Auguste le Pieux, père de la Patrie, pontife, augure par décret des décurions» Cf. J. GERMER-DURAND, art. cit., RB 1 (1892), p. 380. Cf. aussi J. WILKJNSON, Jerusalem Pilgrims Before the Crusades, Aris and Philips, Westminster, 1977, p. 77-78 ; cf aussi J. MuRPHY-O'CüNNOR, art. cit., RB 101 (1994), p. 405-415 ; ID., Jérusalem, Un guide de la cité biblique, antique et médiévale, Cerf, Paris, 2014, p. 200. J. Patrich a proposé récemment une localisation du temple non perpendiculaire aux temenos successifs (ante-hérodien et hérodien)
278
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
de noter que, selon l'auteur de la Vulgate, la statue se dresse à un des endroits les plus significatif du Temple, justifiant ce que !'Écriture nomme l'abomination de la désolation : Cela peut s'entendre simplement de l'Antichrist ou de l'image de César que Pilate fit placer dans le Temple ou de la statue équestre d'Hadrien qui de nos jours encore, se dresse sur l'emplacement même du Saint des Saintfl 82 •
dont la statue colossale, du fond de la Curie, avait été érigée près de deux siècles auparavant face à l'effigie de Vénus Vitrix trônant au sommet de la cavea du théâtre 885 ; ou de Domitien, dont le colosse, trônait sur le Forum Romain face à la colline du Capitole886 • Selon P. Gros, à la suite du dernier flavien, magnifier le Princeps jusqu'à le rendre parèdre de la triade capitoline fut chose courante durant le deuxième siècle, en particulier dans les provinces africaines :
Dès lors, on peut penser que les magistrats de la nouvelle colonie proposèrent à Hadrien que la statue équestre soit érigée à l'emplacement de l'ancien Temple juif et orientée vers l'occident sur l'axe médian du forum, lui-même sans doute dominé par la triade capitoline (nous allons voir comment infra) 883 • La symbolique était particulièrement forte : aucun temple romain n'était nécessaire sur le Saint des Saints. C'eût été faire trop d'honneur au« dieu» des juifs que l'empereur, appelé à être divinisé, terrassait et marquait de son mépris, écrasant des sabots de son cheval, le sanctuaire réduit à néant. De plus, tourné vers Jupiter (et ses parèdres), Hadrien par sa stature d'airain 884, se posait en alter ego - magnifié à la manière de Pompée
C'est la période au cours de laquelle la signification du farum traditionnel se dégrade au profit de sanctuaires dont le volume monumental devient très important. Parmi ceux-ci les temples de la triade capitoline, désormais intégrés au culte impérial occupent une place prépondérante : sur quelques 23 capitoles recensés dans les provinces africaines, 3 seulement datent du 1er siècle (), tous les autres appartiennent au 2' siècle, avec une particulière fréquence sous les règnes de Marc-Aurèle et Commode. Quand la possibilité nous est donnée de déchiffrer les inscriptions dédicatoires (), nous constatons que l'empereur régnant, bientôt di vus, y est honoré comme un parèdre de la triade capitoline. Là est évidemment la raison de la multiplication de ces sanctuaires, et de leur rôle dans la cité3 87 •
fig. 9.6.
882 883
884 885 886 887
L'axe du farum centré sur la roche du Dôme
qui place le Saint des Saints au plus proche de la roche du Dôme. Cf. J. P ATRICH, « The Location of the Second Temple », dans K. GALOR et G. AVNI, Unearthing]erusalem, op. cit., p. 205-229. JÉRÔME DE STRIDON, Comm. Matthieu (SC 259, Commentaire sur saint Matthieu, Livres III et IV, tome II, E. Bonnard, Cerf, Paris, 2013, p. 192). Un passage de la Mishna pourrait conforter les dires de saint Jérôme (Taanit 4,6) : « Le 1 7 Tammuz, le sacrifice perpétuel cessa ... Apostomos ( ?) brûla la Tora et dressa une statue dans le Temple. » Flavius Josèphe confirme l'arrêt des sacrifices (Guerre des Juifs VII, 218); de plus, comme la profanation d'Antiochos IV est nommé« abomination de la désolation», Apostomos serait à identifier non pas au Séleucide mais à Hadrien. Une statue équestre marmoréenne (même colossale) était sans doute difficile - sinon impossible - à réaliser en raison de la finesse des pattes du cheval. Cf. supra chapitre 3. Le poète Stace (Publius Papinius Statius), poète de cour sous Domitien, composa des vers pour l'inauguration du colosse: Silves I, 1. P. GROS, L'architecture romaine, vol. 1., op. cit., p. 227. Cf. aussi]. CRAWLEY QUINN et A. WILSON,« Capitolia »,journal of Roman Studies 103 (2013),p.117-173.
TEMENOS DU TEMPLE CAPITOLIN
279
.. Structure en biais
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Limites du forum Limites des arlm lt
fig. 9.7.
Le biais général de l'implantation du quartier du Saint-Sépulcre surfond de la carte de C. Schick
Si nos hypothèses sont justes, le nom de la nouvelle colonie, JElia Capitolina, trouverait dans cette « confrontation statuaire» sa meilleure explication. C'était un rare privilège pour une cité que de porter le gentilice de l'empereur régnant (Publius Aelius Traianus Hadrianus) 888• Une telle prérogative nominale s'incarne dans une ordonnance urbanistique concrète, débouchant sur un culte impérial intelligible de tout visiteur889 - quitte à ce que le nouvel agencement soit objet de scandale et de révolte pour les juifs890. Certains objecteront sans doute qu'ainsi placée sur la roche du Dôme, dans l'axe médian du forum,
la statue équestre d'Hadrien n'affrontait pas la statue de Jupiter et « ressuscitait » mal le face-à-face romain de la statue pompéenne avec celle de la déesse de l'amour : les Pères de l'Église stipulent que le Saint-Sépulcre fut bâti à l'emplacement du temple d'Hadrien, trop au nord par rapport à l'axe médian du forum pour que les deux statues puissent rigoureusement se faire face. C'est un fait. Nous pensons néanmoins que la « confrontation statuaire » décrite supra existait avec suffisamment de symbolisme pour qu'elle ait un sens. Nous aurons l'occasion d'en expliquer les raisons infra, après avoir précisé l'endroit du temple construit par Hadrien sur le forum d'JElia.
888 Une autre colonie porta le gentilice Ae!ius : Gkmia JE!ia Mursa. La ville, se trouvant en Croatie actuelle (Osijek), fut fondée au 1" siècle ap. J C et reçut le nom Co!tmia lE!ia M ursa en 133 sous Hadrien. 889 N BELAYC.HE, art. cit., RÉ] 158 (1999), p. 308: «JE!ia Capito!ina baigne dans une ambiance païenne. Les nombreuses dédicaces monumentales aux empereurs (Hadrien, Antonin, Septime Sévère et sa famille) laissent penser que, comme ailleurs dans l'empire, le culte impérial était un des moments importants du culte public même s'il n'est pas autrement documenté. Le lien religieux avec la mystique romaine était constitutif de l'installation coloniale et il a duré pendant tout le séjour de la légion à JElia Capitolina ». 890 Les chrétiens aussi Certes, la décision de placer le forum et le temple d'JE.&"a sur (ou à côté de) l'emplacement de la crucilixion de Jésus et du tombeau où son corps fut déposé, s'explique sans qu'il y ait besoin d'imaginer une politique impériale anti chrétienne. Cependant, on ne peut exclure que certains Romains, faisant d'une pierre deux coups, aient été heureux d'avoir trouvé une bonne raison (la construction du forum) comme prétexte pour ensevelir les lieux saints chrétiens, expliquant ainsi. la teneur du texte d'Eusèbe de Césarée : Vie de Constantin m, 26 : « Des athées impies avaient donc médité de faire disparaitre de la vue des hommes cette grotte salutaire, s'imaginant, par un calcul insensé, cacher ainsi la vérité. Ayant à grand effort apporté de la terre d'ailleurs, ils couvrent tout l'endroit; une couche de terre amoncelée là dessus et un pavage de pierre achèvent de dissimuler la divine grotte sous une énorme masse. Puis, pour ne rien négliger, ils disposent sur ce tas de terre une sépulture vraiment horrible pour des âmes d'idoles mortes, édifiant au démon insatiable d'Aphrodite une ténébreuse caverne, où ils offraient des sacrilices abominables sur des autels souillés et maudits.»; ou encore celui de Sulpice Sévère (c. 360 - c. 410/429) : Chroniques II, 31, 1 (trad. Gh. de Senneville Grave, SC 441, p. 296 297): «Dans les mêmes années, Hadrien, pensant qu'il abolirait la foi chrétienne en outrageant les lieux, fit installer les statues des démons et dans le Temple et à l'emplacement de la Passion du Seigneur» ; cf. aussi JÉRÔME DE STRIDON, Lettre 58, 3 (PL 22,581) : « De l'époque d'Hadrien au règne de Constantin, pendant cent quatre vingt ans environs, sur l'emplacement de la résurrection, une image de Jupiter, sur la roche de la croix, une statue de marbre de Vénus, dressée là par les païens, y recevaient leur culte. » Cf. D. GOLAN,« H adrian's deci&i.on to supplant 'Jerusalem" by "JE!ia Capito!ina" » Historia 35 (1986), p. 226 239 et N BELAYC.HE, art. cit., RHR 2 14 (1997), p. 393.
280
LE FORUM ET LA PLATE-FORME o'HADRIEN
Le temple au nord du forum
russe de !'Hospice Alexandre (fig. 9.7). Le biais, de l'ordre de 3,6° sud par rapport à la perpendiculaire du cardo, se retrouve en particulier dans l'un des plus anciens vestiges archéologiques du quartier soutenant la paroi septentrionale de l'église russe, le mur de type hérodien, dont le grand appareil à bosses possède des marges et des pilastres similaires aux murs du tombeau des patriarches d'Hébron (Haram al-Khali◊ et de l'esplanade du temple de Jérusalem
Le biais du nord du forum Nous avons vu supra que la limite nord du forum, à six actus environ ( ~ 213 m) de son extrémité sud, se perd dans les constructions modernes et qu'elle est difficile à restituer avec exactitude. La tâche appa-
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Élévation du mur du temenos d'Hadrien (AB) dans !'Hospice russe (dessin L-H Vincent)
raît d'autant plus compliquée que l'orientation générale des bâtiments du quartier est légèrement biaise par rapport à l'orthogonalité du forum et l'axe du cardo maximus. Autrement dit, comme le montrent les figures 8.8 (sur fond de photo satellite) et 8.9 (sur fond de la carte du Muristan de C. Schick891), la plupart des édifices du quartier, tout en étant p arallèles entre eux, ne sont pas perpendiculaires au cardo maximus. C'est le cas des églises du patriarcat copte, des rues menant chez les Abyssins (Deir El-Sultan), de la façade d 'entrée du Saint-Sépulcre et- pour s'en tenir à quelques exemples - de l'église
(fig. 8.10) 892• À la suite de C. W Wilson893, de Ch. Clermont-Ganneau 894 et de C. Schick895, L-.H. Vincent896 a réalisé, en son temps, une étude détaillée des vestiges de l'Hospice russe présentés sur la figure 9.9, a. Sans entrer dans le détail de sa remarquable synthèse commentée à de no mbreuses reprises 897, l'essentiel pour notre propos est que L.H. Vincent a été inexact en représentantle mur à pilastres (fig. 9.8 et 9.9, a) perpendiculaire au mur parallèle du cardo maximus (AC) et que, dans les publications récentes, l'erreur s'est transmise sans être rectifiée898 • La figure 9.9, ben donne la correction.
891 C. ScHICK, « The Muristan », Palestine E xploration Fund Quarter/y 1894, p. 261-262; ID., Plan der H eiligen Grabeskirche und Umgebung, D eutschen Pa1aestina-Vereins, L eipzig, 1898. 892 Les fouilles archéologiques de l'Hospice Alexandre commencèrent en 1883 sous la direction de l'Archimandrite Antonin Kapustin. Cf. A NAGORSKY, « The Nineteenth-Century Excavations at the Chapel of St. Alexander Nevsky » dans D. VIEWEGER et Sh. GmsoN (éds), rp. cit., p. 163-17 4. 893 C. W WILSON,« New Excavation inJerusa1em », PEFQSt20 (1888), p. 60-62. 894 Ch. CLERMONT-GANNEAU, Archaelogical Researches in Palestine, t. I, p. 85-94. 89 5 C. ScHICK, « The Byzantine Pavem ent N ear The Church of the Holy Sepulchre », PEFQSt 20 (1888), p. 17-20 ; m. « Weitere Ausgrabungen auf dem russischen Platz », ZDPV 12 (1889), p. 10-18. 896 L.-H. V"JNCENT,]érusalem Nouvelle, op. cit., p. 41-88, avec les planches correspondantes. 897 Cf. J. W CROWPOOT, Ear!J Churches in Palestine. The Schweich L ectures, Londres, 1937; J. SIMONS, Jerusalem in the Old Testament, Researches and Theories, Leiden, 1952; H .-M. CoüASNON, rp. cit., 1974 ; V. CORBO, rp. cit.. ; Sh. GmsoN et J. E. TAYLOR, op. cit.; J. PATRICH, « An overview on the archaeologica1 work in the Church o f the holy Sepulchre », dans D. VIEWEGER et Sh. GrnsoN (éds), op. cit., p . 139-161 ; Sh. GmsoN, « The d ate of the Pilaster Wall in the chapel of St Alexander Nevsky », dans D. VIEWEGER et Sh. GmsoN (éds), op. cit., p. 177-1 88; P. REWEN, et Y SHALEY, « The Pilasters in the Temple Mount Wa1ls », dans E. Mazar, rp. cit., 2011 , p. 299; D. W JACOBSON,« The Plan of the Ancient H aram el-Khalil in H ebron », PEQ 11 3 (1981), p. 73- 80 ; G. D. STIEBEL, « A ligh t U n to the Nations - Symbolic Architecture of Religious Buildings», Eretz lsrae/28 (2007), p. 219 898 Par exemple, J. SIMONS, rp. cit., p. 320; o u encore plus récemment, Sh. GmsoN, art. cit., dans D. VIEWEGER et Sh. GrnsoN (éds), rp. cit., p . 177. Ce dernier p ressent cependant q ue le plan du Saint-Sépulcre de V. Corbo présente une erreur p our cette raison : p. 179 : « According to Corbo, the east-west a1ignment of the pilaster wa11 w as on a different axis from the m ain wa11s of the church built by Constantine, and for that reason he ascribed it to the H adrian and identified it as p art o f a (theoretica1) temenos wa11. ( .. .) H owever, we believe the actual difference in the alignment b etween p ilas ter wa11 and the overall axis of Constantine's church h as
281
TEMENOS DU TEMPLE CAPITOLIN
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fig. 9.9.
Les vestiges dans /'Hospice russe Alexandre: a) dessin de L.-H. Vincent- b) dessin rectifié
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282
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
L'inexactitude de L. H. Vincent paraît anodine mais non dénuée de conséquence puisque l'orientation rectifiée du mur à pilastres (AB), selon le biais d'environ 3,6° sud (par rapport à la perpendiculaire à l'axe du cardo), se poursuit dans le mur nord de la grande citerne sise sous le parvis du Saint-Sépulcre actuel, paroi communément datée d'Hadrien par les chercheurs899 • Le mur AB continué par le mur de la citerne, dont il serait le témoin de sa partie sommitale900, marquerait la limite sud du temenos du temple d'Hadrien (fig. 9.10 a et b), poursuivie en G dans l'axe du mur moderne sud de l'église des Saints Constantin et Hélène du patriarcat grec, érigée au plus près de la rotonde du Saint-Sépulcre ; le mur AC, lié par la maçonnerie au mur AB - mais non encore percé d'ouvertures 901 - , en serait la limite orientale.
La limite nord du temenos (et du forum) Dès lors, nous proposons de restituer une limite nord du temenos parallèle à sa limite sud en partant du point] (fig. 9.10, a et b). Le biais de l'ordre de 3,6° implique une prolongation vers le nord de la longueur orientale du temenos et du forum de 30 pieds (tan 3,6° = DC/CJ d'où DC = CJ x tan 3,6° = 480 pieds X 0,0629 = ~ 30 pieds = 8,88 m), conduisant à mesurer respectivement, sur leur côté oriental, 150 pieds (= 120 pieds + 30 pieds = 44,4 m) et 750 pieds (= 720 pieds + 30 pieds = 222 m). Ainsi déterminée, selon l'axe JD, la limite nord du temenos (et du forum) passe à l'aplomb de murs porteurs de bâtiments modernes importants dont ils auraient gardé le tracé : celui du patriarcat copte prolongé vers l'Est jusqu'en D (fig. 9.10, a et b), qui soutient la paroi nord de l'église copte SainteHélène (donnant sur la citerne homonyme), ellemême à l'aplomb du mur méridional du parvis des grandes églises coptes; et, du côté ouest, le mur sud de la chapelle du Saint-Sacrement des franciscains,
899
900
901
902 903
mitoyen du Saint-Sépulcre. Le temenos ainsi restitué correspond à la description qu'en donne Eusèbe de Césarée dans son Histoire écclésiastique9°2•
La rue nord du forum L'actuel réseau viaire montre d'une manière évidente que le forum possédait trois rues adjacentes : une à l'orient, une au sud et une à l'occident. Il paraît convenable d'en restituer une quatrième, biaise, le long de la limite nord du temenos (fig. 9.10, a et b), conférant ainsi au forum une configuration classique. Outre le fait que la carte de Madaba en laisse la possibilité - puisqu'un mince espace libre y est représenté au nord du Saint-Sépulcre (fig. 2.2) des indices topographiques importants confortent l'hypothèse et laissent envisager une rue large de 24 pieds (~ 7 m) : une telle étendue laisse encore un peu d'espace au nord de la rue pour quelques boutiques adossées, dans ce secteur, aux escarpes de plus en plus hautes dans l'ancienne carrière de l'âge du Fer. Le premier indice vient de l'espace encore libre dans les constructions modernes le long de ce tracé, en particulier les deux courettes du couvent des franciscains (au septentrion de la rotonde et des « arches de la Vierge »). Le second provient du parallélisme des murs du patriarcat copte dessinant dans les bâtiments modernes comme une « rue couverte» longue d'une quarantaine de mètres avec la largeur de la rue restituée. Le troisième indice est le monumental escalier débouchant sur la courette la plus occidentale dans l'axe de la porte du Saint-Sépulcre médiéval (aujourd'hui murée) donnant sur la rue du souk chrétien (points Jet K, fig. 9.10, a et b). L'escalier est daté du 12° siècle par V Corbo903. Pour autant, est-il certain qu'aucun escalier n'ait été bâti à cet endroit avant la période franque ? A-t-il fallu attendre les croisades pour qu'une telle envie d'entrer dans le Saint-Sépulcre
been exaggerated in Corbo's plan. » Cf aussi Sh. GrnsoN etJ. E. TAYIDR, op. cit., p. 67, fig. 43. J. PATRICH, art. cit., dans D. VIEWEGER et Sh. GrnsoN (éds), op. cit., p. 142 : « It has been suggested that [the northern wall of the large cistern under the parvis] belongs to the Hadrianic temenos. I t has the characteristic stone dressing - a central low boss within marginal draft. » La partie sommitale du« mur de la citerne>> (qui possédait sans doute des pilastres dans la continuité du mur AB) aurait été détruite lors de la construction du Saint-Sépulcre constantinien. Les chrétiens de Jérusalem auraient orienté les recherches sur les lieux saints dans ce secteur, y provoquant ainsi la destruction de la partie sommitale du temenos. H.-M. CoüASNON, op. cit., p. 45 : « The three doorways of the atrium have been preserved, and two of them are still to be seen, one in an annexe of the church of the Alexander Hospice, the other in the shop of Zalatimos, the pastrycook. Father Vincent has made a detailed study of them. The one in the Alexander Hospice was the southernmost door; to accommodate it, an opening was eut in a large existing wall. The door in the pastry cook's shop was the central one, and its jambs were made by very carefully refashioning the masonry work in the old wall. » EUSÈBE DE CÈSARÈE, Histoire Eccfisiastique II, 1, 3 : « Ils avaient entouré d'une enceinte tout l'emplacement de la Résurrection et du Calvaire, ils l'avaient arrangé et en avaient pavé toute la surface. » V CoRBo, op. cit., pl. 6 et 7.
TEMENOS ET CIRCULATION
283
a)
b)
fig. 9.10.
Restitution du temenos du temple du farum : a) sur fand de photo satellite (www.govmap.gov.iJ - b) surfand de la carte de C. S chick
par la rue du souk chrétien se fasse sentir? L'escalier médiéval n'est-il pas le signe, depuis l'origine du Saint-Sépulcre et même l'époque romaine, de la préexistence d'un axe de circulation qu'il ne ferait que perpétuer. Aussi, paraît-il envisageable d'inverser la perspective: pour préserver au maximum l'espace du forum et n'ayant pas d'autre emplacement possible, les byzantins auraient bâti le palais épiscopal à l'extrémité 904 V.
CORBO,
op. cit., pl. 3.
occidentale de la rue nord du forum, en intégrant dans le bâtiment l'escalier en question, laissant ainsi un passage public conduisant à l'entrée du lieu-saint. La restitution du Saint-Sépulcre constantinien de V Corbo permet d'envisager une telle configuration904 : ne s'y trouve restituée que la base des murs, n'excluant pas la présence d'un escalier en place de l'actuel dès l'époque constantinienne.
284
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRlEN
L'orientation biaise de la rue du patriarcat grec
La limite orientale du temenos
L'orientation biaise (par rapport au forum) de la rue du patriarcat grec menant à la porte médiévale du Saint-Sépulcre (point J et K, fig. 9.10, a et b), donne un argument supplémentaire en faveur de la restitution d'une rue au nord du forum d'Hadrien. Nous avons soutenu l'hypothèse de la datation has-
Supra, nous avons défendu l'idée selon laquelle le mur AC (fig. 9.8, 9.9 et 9.10) étaitla limite orientale du temenos du temple d'Hadrien. Nous avions aussi laissé entendre que, dans un premier temps, le dit-mur s'étendant sur une quarantaine de mètres n'aurait possédé aucune ouverture, permettant de la sorte aux boutiques
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Élévation du mur oriental du temenos (AC), remanié à l'époque lyzantine (dessin de L-H. Vincent)
monéo-hérodienne de la rue du patriarcat grec : lorsqu'on venait de l'actuel quartier de l'Ouest, il fallait contourner par le nord l'ancienne carrière de l'âge du Fer pour accéder à la principale porte occidentale du Deuxième mur de Jérusalem (cf. chapitre 2). L'axe de circulation était donc majeur et aussi ancien que ce dernier. Le fait que la rue ne soit pas inscrite dans la grille d'arpentage d'1Elia le confirme : percer une voie dans un réseau viaire ancien est une lourde tâche. Aussi, est-il probable que la rue du patriarcat grec préexistât à la fondation d'1Elia Capitolina et que, par la suite, son orientation biaise ne soit due ni à l'existence d'une entrée du Saint-Sépulcre (tant médiévale que byzantine) ni même à la présence de l'extrémité nord-ouest du forum devenu un obstacle à contourner. Autrement dit, il convient une fois encore d'inverser la perspective : en situant la limite nord-ouest du forum au plus près de la rue du patriarcat grec (point J, fig. 9.10, a et b), les architectes d'Hadrien auraient tenu compte de l'ancien réseau viaire difficile à modifier et y auraient vu un moyen astucieux de le lier aux rues adjacentes du nouveau forum. L'angle nord-ouest du forum (et du temenos) était tellement proche de la rue du patriarcat grec qu'un simple escalier suffisait pour rejoindre la rue adjacente au septentrion du forum.
du cardo maximus de s'y adosser. Ainsi s'expliquerait d'ailleurs la différence de parement du mur AB et du mur AC (fig. 9.11) pourtant liés par la maçonnerie: le premier, donnant sur le forum était destiné à être vu ; la rupture de la perspective par des pilastres était bienvenue pour éviter la monotonie - à la manière du Temple hérodien ; tandis que le mur AC, constituant le fond des boutiques, n'avait nul besoin d'être soigné. La mise en place du propylée du Saint-Sépulcre constantinien entraîna la destruction des dites-boutiques et le percement des trois portes de l'atrium (emplacements E et F, fig. 9.9 et 9.11), mettant à nula pauvreté du mur heureusement cachée par un plaquage marmoréen. Certains s'étonneront sans doute qu'un mur de type « hérodien », en grand appareil margé et orné de pilastres soit attribué à Hadrien. Est-ce si surprenant? L'empereur philhellène aimait mâtiner ses projets architecturaux de références orientales. Quoi de plus convenable que de munir le temenos du temple tutélaire d'1Elia de pilastres récupérés du style hiérosolymitain du Temple juif anéanti905. N'en démontrait-il pas mieux ainsi la déchéance et la caducité ? Désormais, le nouveau temple, reprenant la noblesse architecturale de l'ancien ailleurs, remplaçait l'autre.
905 On peut légitimement se demander si les murs à pilastres du sanctuaire h ébronite du chêne de Mambré (Ramât el-Khalï~ ne seraient pas à dater de la m ême p ériode. Le site, lieu qui aurait été transformé en marché aux esclaves sous Hadrien, a été fouillé, de 1926 à 1928, par une expédition allemande dirigée par E . Macler, puis, de 1984 à 1986, par I. Magen et ces trois dernières années (20162018), par V. Michel de l'Université de Poitiers. Ces fouilles ont permis de dégager une enceinte sacrée dont certains éléments à pilastres ont fait penser qu'elle p ouvait remonter à H érode le Grand. Les fo uilles opérées par V. Michel (communication orale) depuis 3 ans, s'orientent vers une datation beaucoup plus récente.
ÜRIENTATION DU TEMPLE
L'orientation du temple Si nos hypothèses sont justes, le temenos du temple d'Hadrien n'était pas accessible du cardo maximus mais seulement du forum ou des autres rues adjacentes. In .fine, la question de l'orientation du temple se pose : était-il axé vers l'est comme la (quasi- ?) totalité des reconstitutions le propose, notamment par V. Corbo (fig. 9.12) - sans qu'il y ait d'escalier monumental dans son axe? Ou dominait-il le forum au sens propre du terme, orienté vers lui (en l'occurrence vers le sud), surplombant le centre administratif et politique de
285
la cité906 - selon le « schéma classique » des forums occidentaux de l'époque impériale907 ? L'orientation des temples est un sujet complexe déjà savamment traité 908 en particulier pour la période augustéenne909 • Sans entrer dans le détail de la question, notons que toutes les directions étaient possibles (même le septentrion - bien que très rare) 910 avec toutefois une nette prédominance pour l'Orient91 1, vers lequel l'autel des sacrifices devait a priori être tourné 912 ; il fallait en particulier que du sanctuaire, l'augure, avec son lituus pointant l'horizon, circonscrive un templum (secteur) englobant la majeure partie de la ville et surtout
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fig. 9.12.
Restitution du temple capitolin (d'après V Corbo)
906 VITRUVE, De l'architecture 1, 7, 1 : « En ce qui concerne les lieux sacrés, pour les dieux qui sont surtout considérés comme les protecteurs de la cité : Jupiter, Junon et Minerve, qu'on leur attribue des emplacements à l'endroit le plus élevé afin que de là on découvre la plus grande partie de l'enceinte.» Cf. aussi VITRUVE, De l'architecture IV, 5, 2 (op. cit., p. 22). 907 P. GROS, L'architecture romaine, vol. 1., op. cit., p. 207 : « Au stade où nous l'appréhendons dans la plupart des villes italiennes et occidentales le forum romain apparaît, sous sa forme la plus complète, constitué d'une place rectangulaire bordée de portiques, dominée sur l'un de ses petits côtés par un temple et limitée sur le côté opposé par une basilique judiciaire, les autres bâtiments - curie, tribunal et éventuellement salle des archives communales (tabularium), trésor (aerarium) et prison (carcer) - se répartissent à la périphérie. Ce schéma canonique, parfois appelé "bloc forum" ou "forum tripartite", peut présenter des variations multiples, la basilique se déployant sur l'un des longs côtés, le temple s'entourant d'un véritable temenos qui bénéficie dès lors d'une réelle autonomie par rapport à la place elle-même, la curie et les autres bâtiments s'intégrant à la basilique, etc. » ; R. MARTIN, « Agora et Forum», MEFRA 84 (1972), p. 930 : « Une sorte de formule, répétée à de nombreux exemplaires dans les villes romaines des provinces occidentales, associe le plan forum/basilique et le sanctuaire à portiques, consacré en général au culte de Rome et de l'empereur et parfois aux divinités capitolines.» 908 P. GROS, Commentaires dans VITRUVE, De l'architecture IV, op. cit., p. 152-154; H. N1SSEN, « Über Tempel-Orientierung », Rheinisches Museum für Philologie 28 (1873), p. 513-557. 909 P. GROS, Aurea Templa, Recherches sur l'architecture religieuse de Rome à l'époque d'Auguste, BEFAR 231, Rome. 1976, p. 147-153. 910 P. GROS, Aurea Templa, op. cit., p. 147 : « Si l'on s'en tient aux textes, trois directions paraissent également privilégiées : celle de l'ouest, celle de l'est et celle du sud; autant dire que, pratiquement, avec les variations admissibles pour chacune d'elle, toutes les orientations trouvent ainsi leur justification, à part celles, effectivement rares, qui oscillent dans un secteur de 45° d'amplitude de part et d'autre du Nord.» Il y a toujours une exception qui confirme la règle: l'Augusteum de Sébaste construit par Hérode le Grand est orienté vers le nord. 911 Vitruve, Hygin et Frontin affirment l'inverse. Cf. VITRUVE IV, 5, 1 (op. cit. p. 22) : « Il convient que le temple et la statue de la cella regardent dans la direction du couchant, afin que ceux qui se présenteront devant l'autel pour des sacrifices et des offrandes aient le regard tourné (spectent) vers le secteur du levant et vers la statue cultuelle placée dans le temple.» 912 P. GRos,Aurea Templa, op. cit., p. 147: « [Le verbe spectentutilisé par Vitruve (note précédente)] ne signifie pas que les autels doivent être placés devant le côté oriental du temple, mais seulement que la table sacrificielle doit être tournée vers l'Est, même si le corps del' ara elle-même se trouve à l'Ouest du sanctuaire. Cette disposition "idéale" traduit bien davantage un conflit relativement récent entre deux tendances, qu'un état de fait ancestral : Vitruve propose "sa" solution pour concilier la recherche persistante d'une orientation italique, avec le souci, qui s'affirme depuis la fin de la République, de suivre en ce domaine, comme en tant d'autres, les habitudes du monde hellénistique, où l'orientation vers l'Est restait primordiale pour les actes cultuels.»
286
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
a)
b)
fig. 9.13.
c)
Vestiges du réfectoire du couvent grec de Saint-Abraham: a) vue d'ensemble du réfectoire désaffecté (r, fig. 9.10, b) - b) départ de la voûte primitive (d, fig. 9.10, b) - c) le mur à gauche des marches restitue l'épaisseur du mur antique m (fig. 9.10, b) percépar l'escalier
LES ACCÈS AU TEMENOS
287
son centre adnùnistratif et politique913 - en l'occurrence le forum avec l'ancien palais hérodien devenu état-major de la légion. Il faut le reconnaitre : dans le cas d'JElia Capitolina, faisant abstraction des données archéologiques, les conditions énumérées ne privilégient aucune des deux directions, l'Orient ou le Sud. Certes, la forme du temenos large de 150 pieds (44,4 m) selon l'axe nord-sud et long de 480 pieds (142 m) incite à restituer un temple face au soleil levant (ad orientem). Cependant, les architectes pouvaient opter pour un temple barlong tourné vers le forum, peut-être plus adapté à la« tricamérité » éventuelle914 d'un temple capitolin : 150 pieds (44,4 m) suffisent pour y placer un temple d'une trentaine de mètres en profondeur, dimension déjà importante pour un temple romain ; surtout que, comme nous l'avons déjà signalé, aucun escalier monumental ne desservait le forum depuis le cardo maximus, privilégiant ainsi l'axe nord-sud: selon un schéma classique, avant d'être celui de la cité, le temple était celui du forum qu'il donùnait et par lequel on y accédait.
de facture plus tardive (byzantine sinon médiévale), laisse percevoir l'amorce d'une voûte primitive par endroits intacte, semblable, pour autant qu'on ait pu le constater916, à celle de la piscine de l'Ecce Homo (fig. 9.13, b). Sur le plan de l'orientation, le mur est inscrit dans la grille d'arpentage d'JElia Capitolina et présenterait ainsi l'avantage de créer une suture d'une maçonnerie élégante entre le temenos (biais) et le reste du forum parallèle au cardo maximus. Ainsi, le double escalier en question aurait été presque dans l'axe de la grande porte orientale du forum, aux vestiges visibles dans !'Hospice Alexandre (point N, fig. 9.9, a et b). Depuis l'entrée du forum, la perspective devait être harmonieuse, d'autant nùeux que le temple sur le temenos donùnait l'ensemble. Enfin, il ne peut échapper à l'œil averti que le double escalier restitué présente l'inconvénient de ne pas être centré au milieu du forum, rompant une éventuelle symétrie de l'ensemble. Nous verrons que, compte-tenu de l'emplacement du temple d'Hadrien, la position s'explique d'heureuse façon.
Le double escalier conduisant au temenos
L'ultime raison de l'orientation biaise du temenos
L'important mur de facture romaine de trois mètres d'épaisseur dans les fondations du couvent grec-orthodoxe Saint-Abraham (à l'est du parvis du Saint-Sépulcre actuel, fig. 9 .13, a) serait un vestige du mur méridional du double escalier monumental reliant forum et temenos. H.-M. Coüasnon en a suggéré l'idée dans les S chweich Lectures de 1972915 . Le mur large d'environ 2,6 m (fig. 9.13 c), atteignant l'actus en longueur (120 pieds 35,52 m), aurait été animé de niches du côté sud et soutenu un cryptoportique (à l'emplacement actuel de l'ancien réfectoire des moines) au plafond atteignant le sol du temenos - raccord des escaliers monumentaux orthogonaux larges d'environ 40 pieds (11,84 m). La voûte actuelle du réfectoire,
Enfin, il semble impossible de répondre à la question de l'orientation du temple vers l'est ou le sud sans en aborder une autre plus fondamentale, l'ultime raison de l'orientation biaise du temenos selon un angle de 3,6° sud par rapport à l'orthogonalité du cardo maximus. Il faut d'emblée élinùner la raison d'ordre purement topographique. Certes, en tenant compte de l'axe prédominant des escarpes septentrionales de l'ancienne carrière de l'âge du Fer, les architectes d'Hadrien avaient eu la possibilité de bâtir un temenos aux côtés deux à deux parallèles, en forme de parallélogramme plutôt que celle - moins élégante d'un trapèze rectangle ; en dépit du fait que la partie méridionale du forum devenait ainsi un autre trapèze rectangle (complémentaire). L'espace sacré aurait eu
913 P GROS, Commentaire, dans VITRUVE, De l'architecture I, p. 189 ; m., Commentaires, dans VITRUVE, De l'architecture N, p. 157 : « En fait, il s'agit moins de dominer l'enceinte (malgré la traduction toujours donnée de moenia) que la ville elle-même (Vitruve III, p. 53, sq.), et plus précisément son centre politique et administratif; ( ...) On connaît d'autre part, la nécessité, pour les sanctuaires romains d'où l'on prenait les auspices, de disposer d'un espace suffisamment dégagé devant eux ou à leur pieds aiin que l'augure pût trouver à l'horizon des points de repère à partir desquels il circonscrivait le templum défini dans le ciel par son lituus. » 914 Cf. J. CRAWLEY QUINN et A. WILSON,« Capitolia »,Journal ef Roman Studies 103 (2013), p. 130-132. Cf. aussi P GROS, L'architecture romaine, vol. I., op. cit., p. 194: « On a trop souvent déduit du compartimentage technique des substructions de ces temples une organisation à trois cellae qui ne se vérifie que rarement lorsque les niveaux d'occupation sont suffisamment conservés pour qu'il soit possible d'en juger.>> 915 H.-M. Co ûASNON, op. cit, p. 47: « An important piece of masonry, measuring 34.00 mettes in length and more than 3.00 mettes in thickness, still exist in the area. It was reused, in the twelfth century, as the southern wall of the Canons' refectory, its alignment being parallel to that of the axis of the forum. It follows from this, that the origin of this mass is probably to be sought in a monumental architectural feature; for example, it could have been the façade, with its niches, of a double staircase giving access to the terraces. » 916 L'ancien réfectoire des moines sert aujourd'hui de débarras. La pièce est tellement pleine qu'il est difficile de s'approcher des murs pour les étudier sérieusement.
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LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
ainsi la priorité sur l'espace administratif : on lui aurait conféré la forme la plus parfaite, compte tenu des accidents du terrain dont on voulait tirer profit; intégrer le biais de la carrière de l'âge du Fer dans la surface totale du forum (espaces sacré et administratif compris) était une manière d'en augmenter la surface. Le raisonnement reste toutefois insatisfaisant car un biais de 3,6° passe souvent inaperçu même au regard exercé ; à preuve l'inexactitude du relevé de L.-H. Vincent ; il est d'ailleurs facile par quelques artifices, dont les architectes ont le secret, de le masquer - principes qui auraient pu être appliqués au temenos du temple et donc rendre inutile le biais du mur à pilastres de !'Hospice Alexandre.
qu'elle s'approche à sept jours près de l'anniversaire de la dédicace 0e dies natalis) du temple de Jupiter capitolin à Rome le 13 septembre 509 av. J.-C. 920 • De prime abord, un tel écart est loin d'être négligeable en astronomie surtout à proximité de la date de l'équinoxe. De fait, à Jérusalem autour des années 130 ap. J.-C., le soleil s'est levé le 6 septembre (calendrier julien) selon un azimut moyen de 82,28° ; et, à Rome, durant les mêmes années, l'astre du jour se levait le 13 septembre (dans le même calendrier) selon un azimut moyen de 84,63°. Pour rendre plus justes (et donc plus probants) nos calculs, comme ceux à propos du quartier hasmonéen,
..Rayonaulevcrdusolcil Ra,on ) ; « Qua tempestate Adrianus, existimans se christianam fi.dem loci iniuria perempturum, et in templo et loco Dominicae passionis daemonum simulacra constituit. » Cf H. NEWMAN,« The Temple Mount of Jerusalem and the Capitolium of A3/ia Capitofina », dans G. C. BoTTINI, L. D. CHRUPCALA et J. PATRICH, Knowfedge and wisdom: archaeological and historical essays in honour of Leal, Di Segni, Edizione terra santa, Milan, 2014, p. 39. 937 EUSÈBE DE CÉSARÉE, Vie de Constantin III, 26, (trad. M. -J. Rondeau) : « Voici cette Grotte du Salut, que des athées et ennemis avaient voulu faire disparaître des (yeux des) hommes, en croyant sottement que de cette façon ils cacheraientla vérité. Aussi, avec grande fatigue, ils avaient déversé en cet endroit de la terre apportée du dehors, et couvert tout le lieu; puis ils l'avaient surélevé et pavé avec des pierres, cachant ainsi la divine Grotte sous un grand terre-plein. »
294
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
de murs perpendiculaires, seraient un reliquat des fondations du dit-temple au plus près d'un ressaut de la carrière sur laquelle le temple était aussi posé938 .
Les festivités joviennes d'iElia Capitolina Sur le plan liturgique, il est de la plus haute convenance que les fêtes joviennes d'JElia Capitolina se soient étalées sur huit jours - une octave -, commençant le 6 septembre par l'anniversaire de la dédicace du temple tutélaire de la nouvelle colonie orienté selon l'azimut 82,2° ; pour s'achever le 13 septembre (aux ides du mois) par une apothéose de Jupiter Capitolin, mémorielle de la dédicace romaine de 509 av. J-C. et communielle avec les festivités romaines concomitantes 939 . La semaine en question, riche en rites sacrés mais aussi en distractions pro populo, devait être attendue chaque année avec impatience par la population d'JElia Capitolina. Il n'est pas anodin que la consécration du Saint-Sépulcre constantinien ait eu lieu le 13 septembre 335 - bien que non achevé. Certes, il s'agissait de trouver une bonne occasion de fêter les trente ans de règne d'un empereur vieillissant. Mais, faisant d'une pierre deux coups, il fallait aussi tuer dans l'œuf le culte de Jupiter Optimus Maximus, y substituant celui du Christ vainqueur. Deux siècles de culte jovien (de 135 à 335 ap. J.-C.) avaient inévitablement laissé des traces dans la mémoire populaire. Une semaine préparatoire à la dédicace, commençant le 6 septembre aurait été instituée - avec sûrement moins de distractions pro populo - pour contrer la rémanence du culte de Jupiter. La fête de l'exaltation de la Sainte-Croix, fixée au 14 septembre, aurait été l'apothéose de cette « liturgie de substitution » permettant que l'octave jovienne ait été définitivement supplantée par une neuvaine chrétienne.
Le remplacement du temple capitolin par le Saint-Sépulcre Le remplacement d'un culte par l'autre ne consistait pas tant à faire tabula rasa du passé mais plutôt, dans un grand réalisme, à assumer le meilleur de l'ancien pour mieux l'éradiquer et aussi marquer la supériorité du nouveau. Eusèbe de Césarée insiste sur le désir de Constantin de se débarrasser de tout ce qui avait souillé les lieux saints chrétiens, jusqu'aux pierres des bâtiments et la terre environnante940• Dans les faits, les architectes de Constantin ne parvinrent pas à effacer toute trace du passé. A preuve, la corniche romaine, disposée à plusieurs endroits de la façade médiévale du Saint-Sépulcre. Pour l'intégrer dans leur bâtiment, les croisés ont sans doute cru qu'elle provenait de la basilique constantinienne. Son style témoigne cependant d'une possible époque antérieure et, dès lors, oblige à supposer que des éléments d'architectures du temple capitolin aient pu y être incorporés. Le même élan se remarque dans la manière dont les premiers édifices constantiniens - de la rotonde à la basilique - ont été construits en place du temenos du temple capitolin reprenant peu ou prou toute l'étendue, et surtout l'orientation générale. A priori, entre le tombeau de Jésus et le cardo maximus, il était facile de construire un édifice perpendiculaire à la rue, centré sur le tombeau - comme entre un point et une droite, reliés par une seule perpendiculaire possible ; il n'en fut rien parce que les édifices chrétiens furent fondés sur le temenos lui-même, en dépit de son orientation (82,2°) liée - au moins indirectement - au dies natalù du temple capitolin de Rome; signe sinon preuve que, malgré le discours officiel - et finalement convenu d'Eusèbe de Césarée941, garder des vestiges souillés du temenos du temple païen préexistant comme fondation du Saint-Sépulcre ne fut pas considéré comme
938 V CoREO, op. cit., t. 3. 939 Les Augustalia, fêtes célébrées pour la première fois en 19 av. J-C. en l'honneur d'Auguste revenant d'Orient, duraient du 5 au 12 octobre de chaque année. Y alternaient cérémonies religieuses et jeux pro populo. Cf. E. SAGLlO, « Augustalia )), dans Ch. V DAREMBERG et E. SAGLlO, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments contenant l'explication des termes qui se rapportent aux mœurs, aux institutions, à la religion, aux arts, aux sciences, au costume, au mobilier, à la guerre, à la marine, aux métiers, au monnaies, poids et mesures, etc. et en général à la vie publique etprivée des anciens, vol. 1 .1, Hachette, Paris, 1877, p. 561 . 940 EUSÈBE DE CÉSARÉE, Vie tk Constantin m, 25-27: « [Constantin] pensait que surtout cette (zone) elle-même qui avait été profanée par les ennemis devait bénéficier, par son intermédiaire, de la magnificence du Très-Bon. L'ordre ayant été donné, les constructions inventées par la tromperie furent démolies du sommet à la base ; furent détruits et abattus aussitôt les édifices de l'erreur avec toutes les statues et les divinités. Ce ne fut pas seulement en ce lieu que l'on fut zélé; car l'empereur commanda de porter au loin et de décharger très loin de ce lieu la masse des pierres et des bois des édifices abattus. L'exécution de ce commandement suivit. Mais on ne se contenta pas de réaliser cela ; car l'empereur voulu que le sol lui-même soit déclaré sacré; il commanda de faire une fouille très profonde du terrain et de transporter la terre excavée en un lieu lointain et reculé, parce qu'elle avait été souillée par les sacrifices offerts aux démons.»; ID., rrr, 29: «L'empereur donna aussitôt de pieuses dispositions légales et de larges financements, ordonnant de construire autour de la Grotte salutaire une maison de prière (ce fut fait) comme s'il l'avait programmé depuis longtemps et s'il avait prévu l'avenir avec une grande anticipation. Il ordonna aux chefs des Provinces d'Orient de faire en sorte que l'œuvre soit une réussite, quelque chose d'extraordinaire, de grandiose et de magnifique, grâce à des financements larges et généreux.» 941 N. BELAYCHE, art. cit., RHR 214 (1997), p. 403.
TEMPLE CAPITOLIN ET SAINT-SÉPULCRE
rédhibitoire par les architectes de Constantin. Quoi qu'il en fût du discours officiel, comme pour l'arc de Constantin à Rome, le réalisme, impliquant le minimum de travail de sculpture, semble l'avoir emporté sur toute autre considération942 • Il se plaçait de surcroît dans la lignée de l'empereur modèle, Hadrien dont l'œuvre non complètement détruite continuait ainsi d'être magnifiée.
La« plate-forme sacrée» d'Hadrien L'alignement du« podium central» du Dôme de la Roche avec le temple capitolin Sur la base des dimensions du forum restitué et selon les dires de Jérôme de Stridon, nous avons suggéré l'existence d'une statue équestre colossale d'Hadrien orientée vers l'occident, sur l'axe médian du forum au plus près de l'ancien Temple juif. La symbolique d'un tel agencement exige cependant que l'effigie
fig. 9.17.
295
lien unissant Jupiter Optimus Maximus et l'empereur, tout en maintenant une hiérarchie claire. Ainsi, fallait-il que le temple capitolin domine par son altitude le sanctuaire dédié à l'empereur régnant ; ou que la statue d'Hadrien regarde vers la statue jovienne, tournée vers le soleil levant, pour y puiser son immortalité. Il convenait cependant que des liens ne fussent pas uniquement d'ordre symbolique mais existassent jusque dans l'agencement architectural et la structure des deux sanctuaires. À preuve, l'alignement inattendu du côté nord de l'actuel« podium central» du dôme de la Roche et du mur sud du temple capitolin tel que restitué (fig. 9.17). Certains n'y verront qu'une coïncidence sans conséquence, surtout qu'elle se fonde sur un mur dont il ne reste rien (celui du temple capitolin) ; d'autant plus que le septentrion du« podium central» est aussi considéré comme une des limites possibles du temenos du Temple pré-hasmonéen de 500 coudées royales de côté (262 m) 943 • Nous l'avons vu supra944 • En réalité, force est de constater que la limite nord du podium
L'alignement entre le temple capitolin et le podium central du Dôme de la Roche (www.govmap.gov.iJ
de l'empereur bientôt divus, telle la statue jovienne, soit elle-aussi mise en valeur au milieu d'un véritable espace sacré qui lui était dédié. Ainsi, si nos hypothèses sont justes, les architectes d'JElia Capitolina durent-il composer entre deux secteurs sacrés, se répondant symboliquement d'un côté à l'autre de la vallée du Tyropéon. La tâche n'était pas facile : l'ordonnance architecturale devait faire honneur au
n'est pas parfaitement perpendiculaire au mur oriental de l'esplanade donnant sur la vallée du Cédron et qu'à ce titre, elle ne peut être considérée comme l'exacte limite nord du temenos pré-hasmonéen - même si, selon toute vraisemblance et pour d'autres raisons, cette dernière passait dans les parages. Autrement dit, la raison d'être de l'actuelle orientation du mur septentrional du « podium central» selon l'azimut 83,6° doit être autre.
942 Une grande partie des panneaux en bas-relief et de la statuaire de l'arc de Constantin à Rome provient de monuments plus anciens datés de Trajan, Hadrien et Marc-Aurèle. Le remploi (spolia) de pièces et œuvres d'art de monuments antérieurs comme matériaux de construction dans un nouveau bâtiment est classique dans l'empire romain tardif. On peut y trouver plusieurs motifs: retour à une gloire passée dans une volonté de se comparer aux empereurs modèles (Trajan, Hadrien, Marc-Aurèle), sauvegarde d'œuvres d'art appréciées, réduction du coût de la construction par des récupérations dans des bâtiments en ruine. 943 Cf. L. RITMEYER, The Quest, op. cit. 944 Cf. supra chapitre 2.
296
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
À noter que l'azimut en question se situe précisément entre l'orientation du temple capitolin (82,2°) et celle du soleil surgissant du Mont des Oliviers au moment de l'illumination de la statue de Jupiter (84,63°). De plus, il subsiste dans la partie orientale du mur, des pierres régulières posées en assises de deux pieds de haut pouvant être les vestiges d'un mur romain (6g. 9.19, c). Il s'ensuit que, faute de mieux, l'hypothèse d'un alignement voulu par les architectes d'1Elia Capitolina du« podium central» sur le temple capitolin - par-dessus la vallée du Tyropéon - ne peut être
ftg. 9.18.
Le mur occidental du podium du dôme de la Roche est tardif dans son état actuel : selon M. Burgoyne945, le mur primitif remontant à l'époque omeyyade longeait l'ouest du dôme de l'ascension (Qubbat al-Mi'rq;)946 et le sommet des escaliers central et septentrional du côté ouest du podium, à environ 18 m (60 pieds = ½ actus) de l'actuel mur (6g. 9.19, a et 9.20, a et b). L'extention de la terrasse supérieure, au-dessus de salles semi-souterraines sises entre les escaliers, aurait débuté entre les années 1200 et 1207. Plusieurs indices le confirment:
A l'angle nord-ouest, vestiges probables de l'escalier menant à la plateforme (en X sur la ftg. 9.19, a)
écartée sans être sérieusement critiquée : n'y aurait-il pas lieu de voir dans le mur nord du« podium central» l'extrémité septentrionale de la« plate-forme sacrée» d'Hadrien? N'aurait-ce pas été une manière subtile de lui conférer un caractère jovien indéniable et ainsi d'en affirmer la dimension sacrale (6g. 9.17) ?
La limite occidentale primitive du« podium central » du Dôme de la Roche Pour mesurer le bien-fondé d 'une telle hypothèse, il convient de déterminer un emplacement crédible pour les autres murs de la supposée « plate-forme sacrée » d'Hadrien.
1°- Le célèbre géographe et encyclopédiste arabe d'origine grec, Yaqut al-Rumi (1179-1229) mentionne un dôme de l'ascension bâti au bord de la terrasse supérieure947 ; ce qui implique qu'il visita les lieux entre la construction de ce dôme (1200/1201) et avant l'extention du podium puisque ce dôme se situe actuellement à une vingtaine de mètres du mur occidental du podium central. 2° - La Madrassa al-Nahawiyya, située au coin sudouest de l'actuel podium central (6g. 9.20, a, secteurs A et B) possède une inscription de fondation datée de 1207 / 1208948• La maçonnerie de son niveau inférieur porte la trace d'un coup de sabre vertical à la limite des secteurs A et B, marquant l'ancienne limite de la
945 M. BURGOYNE,« Srnaller Dornes in the H aram al-Sharif reconsidered in light of a recent Survey », dans R. HnLENBRAND et S. Auw, Ayy ubid Jerusalem, The Holy City in Context 1187-1250, Altajir Trust, Londres, 2009, p. 147-1 78 ; cf. aussi ID.,« 1260-1187 : The Furthest Mosque (Al-Masjid al-Aqsa) under Ayybid rule », dans O. GRABAR et B. Z . KEDAR (éds), Where H eaven and Earth Meet : Jerusalem } Sacred Esplanade, Yad Ben-Zvi Press/University of Texas Press, Jerusalem/Texas, 2009, p. 164-166. 946 Le dôme de l'ascension de Mahommet est situé à une vintaine de m ètres au nord -ouest d u dôme de la Roche. 947 M. BURGOYNE,« Smaller Dornes in the Haram al-Sharif reconsidered in light o f a recent Survey », dans op. cit., p. 167 : « Yaqut's descriptio n of the Qubbat al-M i'raj (dôme de l'ascension) as 'on the wall of the upper terrace' suggests that he saw it after its construction in 597 / 1200-01 and before the westward extencion of the upper terrace, which began not later than 604/1207-08. If the Qubbat al-Mi'raj stood at or near the edge of the earlier terrace, it seems likely that the wes te rn boundary of that terrace ran more or less parallel to the present west wall but about 18 m to the east of it. Thus the stairways in the rniddle and at the north end of the west sicle originally must have projected out into the H aram esplanade like all the others. » 948 M. BURGOYNE, « Srnaller Dornes in the Haram al-Sharif reconsidered in light of a recent Survey », dans op. cit, p. 164-167
LA
PLATE-FORME D'HADRIEN
a) Le trapèze isocèle, emprise de la plateforme sacrée d'Hadrien
b) Le rocher entaillé au côté sud de la plateforme (en y ci-dessus)
c) La maçonnerie en trois assises conservée au nord, proche de l'angle nord-est de la plateforme (en z ci-dessus)
fig. 9.19.
Vestiges de la plateforme sacrée d'Hadrien
297
298
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
a)
..
50
~! 0
Limite occidentale du podium central du dôme de la Roche à l'époque omeyyade
~
\S tn • /
..
t/2 att1'1 ~
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..
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'0
Citerne al-Malik al-Mu'azx.am C : époque ayyubide (1210/1211)
· · -----
■ b)
fig. 9.20.
Les limites de la plateforme d'Hadrien
LA PLATE-FORME D'HADRlEN
terrasse super.teure. Le secteur A, du côté oriental, contient des arches typiques de l'époque omeyyade remontant sans doute à la construction du dôme de la Roche ; le secteur B, à l'ouest, daté par l'inscription, possède des voûtes caractéristiques de l'époque ayyubide949. 3°- Le secteur C (fig. 9.20, a), situé à 40 m au nord de la Madrassa Nahawiyya, à la limite sud de l'escalier central, comporte une citerne - Sahrjj al-Malik al-Mu 'azzam -, datée elle-aus si par une inscription de l'année de l'égire 607 (1210/1211) 950 . On en conclut avec M. Burgoyne que le mur occidental primitif de la plate-forme supérieure, datant de la construction du Dôme de la Roche, était parallèle à l'actuel mur; et que, par suite, le podium central primitif, bien que de dimension moindre, avait déjà des limites non conformes formant un simple quadrilatère non trapézoïdal.
La limite occidentale de la plate forme sacrée d'Hadrien orientée selon le dies impeni de l'empereur Dès lors, plusieurs questions se posent : comment comprendre que les musulmans aient construit un des joyaux de leur architecture à l'intérieur d'un tel quadrilatère sans véritable forme ? Comment Abd
299
al-Malik (646-705), le commanditaire d'un édifice si parfait, a-t-il pu le tolérer ? Quel architecte digne de ce nom a-t-il pu proposer un tel ordonnancement à son souverain? N'est-ce pas le signe qu'une structure en terrasse plus ou moins délabrée préexistait lorsqu'on projeta de bâtir le Dôme de la Roche ? Faut-il y voir des vestiges de la plate-forme sacrée d'Hadrien que nous cherchons à définir? Se peut-il alors que les architectes d'JElia aient envisagé une forme irrégulière pour un espace consacré à la vénération de l'empereur ? A première vue, l'hypothèse semble invraisemblable; ce d'autant plus que l'azimut 348,4° du mur occidental du « podium central » et celui de sa perpendiculaire 78,4° (= 348,4° - 270°), décalé de 3,8° vers le nord par rapport à l'azimut du temenos du temple capitolin (82,2°), ne possède aucun lien direct avec lui. En réalité, l'explication de l'orientation du mur occidental est à attribuer à Hadrien lui-même qu'il s'agissait de magnifier et célébrer : une consultation des sites internet déjà mentionnés 951 confirme l'existence d'un lien avec le jour anniversaire de l'accession au Principat (le dies imperù) de l'empereur fixé au 11 août 117 Gulien) par le Sénat romain952 . En effet, en ce jour, le soleil se lève selon l'azimut moyen 71,72° et commence à illuminer l'ancienne esplanade hérodienne puis le supposé colosse d'Hadrien vingt-cinq minutes plus tard lorsqu'il atteignait une élévation de 4,16° 953. Il faut attendre encore environ vingt-huit minutes pour que l'azimut moyen recherché
: « Construction of the Grammar School (al-Madras sa al-N ahawiyya) at the southwest corner of the uper terrace was o rdered by al-Mu'azzam 'Isa in 604/ 1207-08, according to its foundation inscription, and the work was overseen by Hus am al-Din Abu Sa'd Quaimaz, governor of Jerusalem. »; cf aussi ID.,« 1260-1187: The Furthest Mosque (Al-Masjid al-Aqsa) under Ayybid ntle », dans op. cit,p. 164-166. 949 M. BURGOYNE,> 950 M. BURGOYNE,« Smaller Dornes ... », dans op. cit, p. 167 : « About 40m north of the Nahawiyya, bears an inscription dated 607/ 1210-11, which commemorates the formation of the water tank (sahrf;) in the name of al-Mu'azzam by a certain Muhammad ibn 'Urwa b. Sayyar from Mosul .. »; M. HAWARI, « Ayyubid Monuments in Jerusalem », dans R. HII.IENBRAND et S. Aurn, Ayyubid Jerusalem, The Holy City in Context 1187-1250, Altajir Trust, Londres, 2009, p. 262: « The third barrel-vaulted chamber (Q has a blocked opening in the ceiling. A foundation inscription written in Ayyubid naskh, situated on the left-hand side of the entrance to the citern, records the sahnj was built by Muhammad b. 'Urwa b. Sayyar al-Mausili, probably governor of J erusalem during the reign of al-Mu 'azzam 'Isa, in 607/1210-11. >>;ID.,« AyyubidJerusalem: New Architectural and Archaeological Discoveries », dans K. GALOR et G. AVNI (éds), op. cit., 2011, p. 463-468. 951 Par exemple sur les sites : http· //pgj pagesperso-orange fr /position-planetes han et https · //wwwsunearthtools com; ains que wwwimcee.fr. 952 Trajan est mort le 8 ou le 9 août 117. Même si Hadrien fut aussitôt acclamé imperatorpar les troupes, n'ayant pas été officiellement adopté par son prédécesseur, il fallut un certain temps pour que le Sénat accepte l'avènement d'Hadrien et le fixe officiellement - mais rétrospectivement- au 11 août 117. Cf DION CASSIUS, Histoire Auguste, Vie d'Hadrien 4, 6-7. 953 Pour ne pas entrer dans une lourdeur excessive, nous ne répétons pas les explications données supra. Nos calculs sont réalisés sur les mêmes bases, selon les mêmes méthodes. Le Mont des Oliviers empêcha.ide soleil levant d'atteindre l'esplanade immédiatement. Comme la distance (en ligne droite) entre le Mont des Oliviers et la roche du Dôme est de l'ordre de 935 m et que la différence
300
LE FORUM ET 1A PUTE-FORME D'!fADRlEN
78,4° (perpendiculaire au mur occidental du podium supérieur) soit atteint: si la statue de l'empereur était perpendiculaire au mur ouest de l'esplanade, le soleil passait alors à sa verticale et l'illuminait par l'arrière à ce moment précis. Ainsi, l'empereur Hadrien recevait en quelque sorte du soleil lui-même la confirmation de sa divinité naissante. La chronologie des événements est résumée dans le tableau suivant954, la première ligne grise indiquant le moment du début de l'illumination de l'esplanade d'Hadrien, la seconde la conjonction solaire selon l'azimut moyen recherché 78,4°:
Date: 11 août julien Coordonnées : 31°46' N 35° 14' E Localisation Roche du Dôme, Jérusalem Heure 06:02:00 06:08:00 06:10:00 06:15:00 06:20:00 06:25:00 06:27:12 06:30:00 06:35:00 06:40:00 06:45:00 06:50:00 06:55:00 07:00:00
Elevation -0,8° 0,28° 0,65° 1,68°
Azimut 71,72°
20 août julien, années bissextiles Coordonnées : 31° 46' N 35° 14' E
72,47° 72,72°
Localisation Heure
7,81° 8,85°
73,37° 74,02° 74,65° 74,92° 75,28° 75,92° 76,55° 77,18° 77,80°
9,88° 10,9°
78,42° 79,04°
2,68° 3,72° 4,16° 4,72° 5,74° 6,76°
dies imperii d1-fadrien duraient probablement plusieurs jours pendant lesquels il convenait que la conjonction entre le colosse et le soleil puisse être célébrée - et donc observée - quotidiennement Une vérification sur les sites internet montre que la conjonction en question cesse (dans l'attente du mois d'avril suivant, soit près de 8 mois plus tard955) dès le 21 août julien, date à laquelle l'azimut moyen des premiers rayons du soleil touchant la statue est déjà trop méridional pour passer à sa verticale toutes les années bissextiles du cycle. La veille, le 20 août julien, le rendez-vous astronomique selon l'azimut 78,4° n'existait déjà plus les années bissextiles (car survenant avant que le soleil, atteignant l'élévation 4,16°, n'apparaisse au-dessus du Mont des Oliviers) selon la ligne grisée du tableau suivant :
06:07:47
Roche du Dôme, Jérusalem Elevation Azimut -0,8°
75,26°
06:15:00
0,65°
76,22°
06:20:00
1,68°
76,87°
06:25:00
2,72°
77,52°
06:30:00
3,76°
78,17°
06:31:46
4,13°
78,4°
06:35:00
4,8°
78,81°
06:40:00
5,84°
79,45°
06:45:00
6,89°
80,09°
06:50:00
7,93°
80,73°
06:55:00
8, 98° 10,03•
81,36°
07:00:00
81,99°
Une objection s'impose : peut-on encore parler de
« rendez-vous astronomique » si la conjonction solaire recherchée, « illuminatrice du colosse », ne survient que vingt-trois minutes après l'apparition du soleil ? Autrement dit- pour se faire l'avocat du diable-, nos calculs ne seraient-ils pas plus probants si l'azimut 78,4° était atteint dans les minutes (et non dans la demiheure) suivant l'illumination de la statue par-dessus le Mont des O liviers ? En réalité, à l'instar des festivités joviennes de sep tembre, les fêtes en l'honneur du
Il est donc probable que l'anniversaire du dies imperii d'Hadrien se fêtait sur une neuvaine (du 11 au 19 août), expliqWlnt ainsi au mieux l'azimut 348,4° (ou 168,4° m odulo 180°) choisi p ar les architectes d'Hadrien pour orienter le mur ouest de son esplanade (fig. 9.21) ; ce mur forme avec le mur nord déjà identifié, d'azimut 83,6°, un angle de 84,8° (= 168,4° - 83,6°).
d'altitude est environ de 68 m (- 810 m - 742 m), le soleil doit s'élever dans le ciel avec un angle d'environ 4,16" (tan 4,16" ((810 m-742 m) / 935 m ;::; 0,0727) pour illuminer la ro che du D ôme et atteindre 5° pour éclairer Yorient de l'esplanade actuelle ; 954 Les coordonnées temporelles sont données en heures vraies, différentes pour le 6 sep tembre julien 130 à 2,64 minutes par rapport à l'heure légale. Le coefficient de r alentissement de la terre sur la même période est de 2.30 heures, ce qui parait n égligeable p our n otre calcul. 955 Comp te-tenu du balancement de la terre sur son=, il fallait attendre le 23 avril pour que la conjonction solaire avec la statue d'H adrien soit à nouveau observable.
LA PLATE-FORME D'HADRIEN
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fig. 9.21.
Alignements entre le temple capitolin et la plateforme d'Hadrien
301
302
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
La limite méridionale et orientale de l'esplanade d'Hadrien Il convient maintenant de retrouver l'emplacement du mur sud. De toute évidence, l'actuelle limite méridionale du« podium central», non parallèle à son côté opposé, ne convient pas : elle ne donnerait à l'esplanade d'Hadrien qu'une forme aussi indéchiffrable que celle du« podium central» actuel. En revanche, les carrés de végétation donnant sur le parvis de la Mosquée Al-Aqsa au sud, complètent son espace avec bonheur, dessinant avec les deux murs déjà identifiés, trois côtés d'un trapèze régulier956 : leur limite méridionale est en effet parallèle au mur nord du « podium central» (fig. 9.19, a). Souvent considérée de facture récente, la limite sud de la végétation est en réalité ancienne comme l'indiquent les vestiges rocheux imposants visibles presque à ras de terre - entre les deux escaliers monumentaux menant au podium (fig. 9.19, b). Certains y ont vu de possibles vestiges de l'enceinte centrale du Temple juif. Il est plus logique - car l'hypothèse est plus simple sur le plan historique - d'y voir les ruines du mur méridional de la plate-forme sacrée d'Hadrien ; d'autant plus que leur caractère romain semble affirmé : prolongées par un alignement vers l'occident, elles mènent directement au centre du carrefour principal de la colonie romaine, sans doute orné d'un tétrapyle, non loin du locus gromae principal de la grille d'arpentage d'1Elia Capitolina. La convenance est grande pour que, voulant marquer l'importance de l'esplanade d'Hadrien, les architectes aient choisi de l'aligner sur un des monuments les plus importants de l'urbanisme de la nouvelle colonie.
La limite orientale de la plate-forme d'Hadrien, fermant le trapèze esquissé, se déduit d'une manière évidente du quatrième côté du « podium central » prolongé au sud jusqu'à la limite de la végétation. Apparaît ainsi un trapèze isocèle de dimensions remarquables résumées sur les figures 9.20, b et 9.21, b: le côté septentrional (EF) d'une longueur de 4 actus (480 pieds = 142 m) ; le côté méridional (GH) long de 3 actus (360 pieds= 106,5 m); deux côtés (EH et FG) d'une longueur de 5,52 actus (662,7 pieds = 196,1 m), donnant au trapèze une dimension de 5,5 actus (660 pieds
= 195,4 m); le tout atteignant une surface957 de 19,25 quadrati (soit donc 9,62 jugères958 ou 4,81 heredium, soit donc environ 2,4 hectares). L'étendue de l'esplanade dédiée à l'empereur parait a priori considérable, analogue à celle du forum et quoi qu'il en soit, supérieure à celle du temenos du temple capitolin. Est-ce plausible ? Outre l'hubris d'Hadrien, la présence d'une légion cantonnée dans la ville est sans doute la meilleure explication de la démesure : lors de l'anniversaire du dies imperù; il convenait qu'en plus des corps constitués de la colonie, les légionnaires au complet puissent s'y mettre en ordre.
La place des escaliers monumentaux de l'esplanade La place des escaliers monumentaux du « podium central » s'explique mal à partir de sa seule forme actuelle. En revanche, elle se comprend au mieux quand nous la considérons au cœur de la forme trapézoïdale isocèle de la plate forme d'Hadrien (fig. 9.21, b) : l'escalier oriental est situé au milieu du côté FG du trapèze; l'escalier occidental, le plus proche du Dôme de la Roche, n'est pas parfaitement centré sur le côté EH mais, situé non loin de la médiane du trapèze isocèle, il est équidistant (275 pieds = 81,4 m) du mur méridional de l'esplanade et du grand escalier septentrional (point E, fig. 9.20, b et 9.21, b), dont il reste probablement quelques marches d'origine (fig. 9.18). Certains y ont vu les vestiges des degrés menant au temenos du Temple pré-hasmonéen (ou hasmonéen) 959. Il paraît plus vraisemblable d'y voir ceux de l'esplanade d'Hadrien, expliquant ainsi au mieux leur non-alignement sur le côté EH : l'angle de l'esplanade en E étant obtus, il n'y avait pas d'autre solution, faute d'être inélégant sur le plan architectural, que d'y implanter un escalier parallèle au côté EF du trapèze. Pour que l'accès à l'esplanade d'Hadrien soit pratique sur tous ses côtés, il paraît convenable de restituer un escalier monumental à l'extrémité sudouest du sanctuaire (point H) - bien que cet agencement brise en partie l'ordonnancement symétrique du côté EH.
956 Un trapèze est un quadrilatère dont deux côtes (exactement) sont parallèles. Autrement dit, un quadrilatère convexe est un trapèze si et seulement s'il possède une paire d'angles consécutifs de somme égale à 180°. Le trapèze devient isocèle si les deux côtés non parallèles sont de même longueur. 957 La surface d'un trapeze est égale à ((B + b) XX h)/2, où B et b sont respectivement la grande et la petite bases du trapèze eth sa hauteur. 958 Un iugerum est constitué de 2 actus carrés (ou quadratus) et est donc un rectangle de 240 pieds sur 120 pieds. Un heredium, composé de deux jugères (4 ac/us carrés = 240 pieds XX 240 pieds), constituait le patrimoine primordial transmissible aux héritiers (heredes). Cent heredium constituaient une centurie (un carrée de 20 actus de côté = 200 jugères). Par suite, une centurie composait le lot de terres (de 2 jugères) attribués à 100 hommes. Cf. G. CHOUQUER et Fr. FAVORY, L'arpentage romain, op. cit., Paris, 2001, p. 75-77. 959 L. RrTMEYER, TheQuest, op. cit., p. 165-169. Cf. aussi]. PATRICH et M. EDELCOPP, art. cit., RB 120 (2013), p. 351-355.
LA STATUE ÉQUESTRE
L'emplacement de la statue équestre colossale d'Hadrien Les escaliers centraux des côtés occidental et oriental, légèrement désaxés l'un par rapport à l'autre, désignent un lieu capital de l'esplanade (point J), situé à 2,5 actus (300 pieds = 88,8 m) du mur EH et à un actus du mur FG (120 pieds= 35,5 m). Le lieu est aussi au point de convergence, de la médiane du trapèze isocèle 960 et de l'axe médian du forum, situé de l'autre côté de la vallée du Tyropéon (fig. 9.21, a et b). Le faisceau d'indices convergents et cohérents, difficiles à mettre sur le compte du hasard, nous conduit à y voir l'emplacement de la statue équestre d'Hadrien. Celle de Marc-Aurèle de haute taille, 4,25 m, conservée au musée du Capitole à Rome la laisse prévoir au moins deux fois plus grande que nature. Selon la taille du piédestal - d'environ 2 m de haut-, l'ensemble devait atteindre une hauteur approximative de 6 mètres 961 . Dans l'étendue de la plate forme d'Hadrien, il fallait bien que la statue y atteigne une taille comparable à celle de Marc-Aurèle pour que la perspective de l'ensemble ne soit pas disproportionnée et par suite paraisse ridicule; d'autant plus qu'il était indispensable que le colosse d'Hadrien et de son cheval soit clairement visibles du temple capitolin et du forum à presque six cents mètres de l'autre côté de la vallée du Tyropéon. Pour que la symbolique soit complète, même si la statue équestre était orientée selon l'azimut de son dies imperii (selon l'axe perpendiculaire au côté EH de l'esplanade), il fallait qu'une relation particulière marque dans son attitude vis-à-vis de l'effigie de Jupiter dans la cella du temple capitolin de l'autre côté de la vallée du Tyropéon. Une statue équestre s'y prêtait particulièrement: il suffisait que la tête de l'empereur philhellène soit légèrement tournée vers le temple capitolin selon un angle d'environ 16° à la rencontre de la statue jovienne
303
et que l'axe du cheval - et par suite du buste d'Hadrien - restent dans l'azimut du dies imperii (fig. 9.21, a et b). La tête d'Hadrien en bronze, acquis par le musée du Louvre en 1984, présente cette particularité (fig. 9 .22) 962. Elle fût vraisemblablement élaborée dans la partie orientale de l'Empire et appartenait à une statue colossale haute d'environ 2,60 m (davantage si elle était équestre), où l'empereur apparaissait en chef de guerre cuirassé et non pas, comme on a pu l'envisager, en nu héroïsé.
L'emplacement de l'autel dédié à Hadrien Pour qu'il s'agisse d'un véritable espace sacré dédié au culte impérial, il convenait qu'un autel y fut érigé963• Nous hésitons sur deux emplacements possibles situés dans l'axe de l'escalier central occidental, selon l'azimut perpendiculaire au côté EH, correspondant au dies imperii d'Hadrien (fig. 8.21, b). Nous le verrions sur la roche du Dôme, plutôt sur son côté méridional, à proximité de la grotte souterraine, à un actus (120 pieds = 35,53 m) du mur occidental EH, soit donc 1,5 actus (180 pieds = 53 ,28 m) de la statue ; à moins de le placer sur l'actuel Dôme de la Chaine, petit édicule élégant placé à environ 30 pieds (8,8 m) à l'ouest de la statue, dont la raison d'être reste imprécise même pour les actuels propriétaires des lieux. Le monument aurait été construit par les Omeyyades pour mieux étouffer les vestiges de l'autel consacré au culte d'Hadrien. Quoi qu'il en soit de l'emplacement précis, la « conjonction astrale » entre l'autel, l'empereur bientôt divus et le soleil, favorable à un acte sacrificiel, n'en était que plus forte. Le goût particulier d'Hadrien pour l'astre du jour ne doit pas étonner : c'est figuré en soleil qu'il fut représenté en pilote de son quadrige triomphal au sommet de son mausolée romain - le futur château Saint-Ange.
960 La médiane d'un trapèze relie les points milieux des côtés non parallèles. 961 Les vestiges du colosse de Constantin retrouvés à Rome laissent estimer une statue six fois plus grande que nature Si l'on en croit Stace (Publius Papinius Statius, 40-96 ap. J-C.), le poète panégyrique de Domitien, la statue équestre colossale du dernier empereur flavien sur le Forum Romain était suffisamment grande pour voir le temple capitolin - non visible du sol du Forum : STACE, Silves 1, La statue colossale de Domitien (trad. M. Rinn): « Ipse autem, puro celsum caput aere septus, templa superfulges, et prospectare videris, an nova contemtis surgant pallatia flammis pulchrius » ; « Pour toi, ta tête, caressée par les flots d'un air pur, s'élève et brille au-dessus des temples et semble examiner au loin si les nouveaux palais renaissent plus beaux .... ». Par ailleurs, les restes du colosse de Constantin (peut-être celui de Maxence) conservés aux Musées Capitolins, montrent que la statue atteignait à peu près 12 mètres de haut. 962 Cf. https:// scribeaccroupi.fr/louvre-portraits-en-bronze-empereur-hadrien/ 963 Des vestiges de la plate-forme d'Hadrien ont peut-être été retrouvés lors des fouilles de sauvetage réalisées en 2008 suite à l'installation par les autorités du Waqf d'un réseau de câbles électriques entre la Mosquée A/'.Aqsa et le Dôme de la Roche. Cf Z. DVlRA, « New Information from Various Temple Mount Excavations from the Last Hundred Years », N ews Studies on Jerusalem 14 (hébreu), p. 1-50; cf. p. 38, fig. 34 (un seuil en remploi qui, au verso, porte l'ample modénature d'une éventuelle plinthe de podium romain). Page 40, fig. 37 est montré un bloc mouluré présenté comme un jambage.
304
LE FORUM ET LA PLATE-FORME D'HADRIEN
La conjonction astrale des deux espaces sacrés
à l'esplanade hérodienne avait probablement été
Une dernière remarque montrant la cohérence de notre restitution s'impose : comme le met en évidence la figure 8.23, le soleil semblait surgir à la verticale du même endroit du Mont des Oliviers lors des conjonctions sacrales respectives du 11 août et du 6 septembre. L'endroit était sûrement marqué par un monument signal, tel un amer sur les océans à l'ap-
doublé en largeur sous le règne d'Hadrien par un second viaduc jumeau accolé sur le flanc sud du premier964. Sans entrer dans les détails, notons simplement qu'un four à pain, construit avec des briques de la 1oe légion Fretensis, adossé aux piliers du viaduc nord, prouve leur antériorité, tandis que le viaduc sud est au contraire construit sur les fours, avec une chronologie relative entre les deux. De plus, une
fig. 9.22.
Tête d'Hadrien en bronze d'origine proche-orientale, Musée du Louvre
proche des côtes pour être certain, les deux jours en question, de l'instant de l'alignement. À noter que la pointe nord-est de l'esplanade d'Hadrien (point F, fig. 9.21, b) devait jouer un rôle pour authentifier l'instant de l'alignement lors de la fête de la dédicace du temple capitolin le 6 septembre : le léger décalage des azimuts du mur nord de l'esplanade d'Hadrien (83,6°) et de la conjonction solaire avec la statue jovienne (84,63°) se répercutait sur son angle nordest pour mieux s'intercaler entre le signal placé sur le Mont des Oliviers et la cella du temple capitolin.
Le surprenant élargissement du viaduc sur le Tyropéon
Les fouilles menées depuis 2007 par A. Onn et Sh. Weksler-Bdolah sur le barrage-viaduc menant à l'arche de Wilson (au nord du mur des lamentations) ont montré que le pont reliant la ville haute
monnaie datée de 54 ap. J.-C. et une autre de 7 5-76 ap. J.-C. (Vespasien) retrouvées respectivement sous le four à pain (du viaduc nord) et dans le mur extérieur d'un autre four (du viaduc sud), donnent un terminus avant lequel les deux viaducs n'ont pas pu être respectivement construits, le premier avant 54 ap. J.-C., le second avant 75-76 ap. J.-C. ; de plus, un sol en plâtre blanc datant du 3e ou 4e siècle ap. J.-C., butant contre une arche du viaduc sud fournit un terminus après lequel il n'a pas pu être bâti. Enfin, l'arche la plus occidentale, surplombant le cardo datant d'Hadrien et large des deux viaducs (nord et sud) réunis (et donc a priori contemporain du viaduc sud), a été fondée en relation avec le cardo965 ; ce qui permet aux deux archéologues de supposer que le viaduc nord aurait été bâti entre la destruction du Temple et la fondation d'JElia Capitolina (70 et 130 ap. J.-C) et que le viaduc sud ainsi que l'arche la plus occidentale auraient été ajoutés du vivant d'Hadrien ou du moins durant la période romaine
964 Sh. WEKSLER-BDOLAH et A. ÜNN, art. cit., dans G. AvNI & G. D., STIEBEL (éds), op. cit., p. 83-95. Cf. aussi T. LIEBERMAN, A. SoLOMON et J. UzrnL, « Wilson's Arch: 150 Years of Archaeological and historical Exploration», dans H. GEVA, Ancient Jerusalem Revealed, op. cit., p. 173-183. Cf. aussi D. BAHAT, « Research in the Western Wall Tunnel», dans H. GEVA,Ancient Jerusalem Revealed, Archaeological Discoveries, 1998-2018, Israël Exploration Society, 2019, p. 94-103. 965 Sh. WEKSLER-BDOLAH, art. cit., dans G. AVNI et G. D. STIEBEL (éds), op. cit., p. 10-22.
VIADUC SUR LE TYROPÉON
d'JElia. Ils en concluent que l'esplanade hérodienne était un endroit important de la nouvelle colonie. Comment expliquer autrement le doublement d'un premier viaduc pourtant récent ? Les auteurs ont même momentanément suggèré l'idée que la 10e légion Fretensis en avait fait son campement à partir de 135 ap. J.-C. 966.
Le lien entre les deux espaces sacrés
A l'aune de
nos recherches, le constat du rôle de l'esplanade prend un tout autre sens : l'édification de l'esplanade d'Hadrien rend compte de l'élargissement du viaduc pour répondre aux exigences du culte impérial tel que défini par P. Gros : [L.e culte impériaf] n'est pas, en tout cas pas seulement, une religion officie/le tendant à légitimer le pouvoir sacralisé des souverains successifs, dans des compositions fr gées et répétitives. If s'agit aussi et surtout d'une institution dont les monuments et les liturgies ont pourjonction d'une part de structurer l'espace public, en déftnisant des hiérarchies rigoureuses et des cricuits qui englobent fa totalité des aires urbaines, et d'autre part de faciliter /'intégration des citqyens, quelle que soit leur origine ethnique, à l'imperium Romanum, etplusprécisément à fa domus Roma967•
Les deux espaces sacrés, de part et d'autre du Tyropéon, étaient liés l'un à l'autre par l'architecture.Sans communication aisée, le lien organique
305
entre eux, convenable pour honorer l'empereur, ne pouvait que difficilement s'effectuer sur le plan liturgique. Il y avait alors plusieurs accès à la plateforme d'Hadrien depuis la ville. La porte dite de Warren, en particulier, devait être commode car elle débouchait sur l'escalier central du sanctuaire. Le viaduc avait cependant l'avantage d'être le seul accès occidental aboutissant de plain-pied à l'ancienne esplanade hérodienne, ouvrant grand le passage à d'éventuelles foules, mais aussi à des chars et des cavaliers. En conséquence, Hadrien aurait fait élargir le viaduc non seulement pour faciliter le culte rendu à sa personne mais aussi pour autoriser, les jours de fêtes, le déroulement de grandes processions entre les deux espaces sacrés 968. Sa largeur devait être adaptée au train des processions. Sans même parler de cavaliers ou de chars, notamment en cas de présence impériale, il fallait que le peuple, les prêtres, les magistrats et surtout les légionnaires, à plusieurs de front, franchissent aisément le viaduc sans risque à cause de l'étroitesse du passage. Le trajet des processions était simple : depuis le temple capitolin, il fallait descendre ses degrés, traverser le forum dans sa grande longueur (ou rejoindre le cardo maximus le plus rapidement possible), emprunter le decumanus maximus via le tétrapyle et franchir le viaduc pour aboutir à l'ancienne esplanade hérodienne à quelques pas des degrés de l'esplanade (fig. 9.21, a). Le trajet, long d'environ 750 m, ne manquait pas d'ampleur, et se prêtait à merveille au déploiement d'un culte impérial majestueux.
966 Sh. WEKSLER-BDOLAH et A. ÜNN, art. cit. dans G. AVNI & G. D., STIEBEL (éds), op. cit., p. 92-95 : « The northern bridge, probably constructed some cime before the Hadrianic foundation of ./Elia Capitolina, connected the slopes of the SW hill, the probable site of the camp of Legio X Fretensis, with the ruined but still impressive temenos of the Temple Mount. It may be assumed that the bridge was constructed in order to provide soldiers with direct access to the Temple Mont from the camp. ( ...) When ./Elia Capitolina was founded in Hadrianic cimes, the narrow bridge connecting the Temple Mount with the SW hill was widened with another row of arches, and on top of both rows the flagstones of the decumanus were laid. (...)Ali in ail, the finds lead to the conclusion that the Temple Mount was an integral component of ./Elia Capitolina from its founding in Hadrianic cimes. We may assume that the huge enclosure, high above its surroundings, was impressive and important to the Romans even after the Jewish Temple no longer existed. »; Cf aussi Sh. WEKSLER-BDOLAH et A. ÜNN, « Wilson's Arch and the Giant Viaduct West of the Temple Mount during the Second Temple and Late Roman Periods in Light of Recent Excavation », dans H. GEVA, Ancient Jerusalem & vealed, Archaeological Discoveries, 1998-2018, op. cit., p. 121 : « Since the Camp of the Tenth Legion was probably situated upon that hill, over the ruins of the Upper City of the Second Temple Period, that it m ay be assumed, the bridge was contructed in order to provide the soldiers with direct access to the Temple Mount from the camp. ». 967 P GROS,« La postérité provincial des sancturaire "urbains" du cuite impérial», dans D. FAVRO et F. K. YEGOL, J. PINTO et G. MÉTRAUX, op. cit., p. 198. 968 On sait par Callixène de Rhodes, repris par Athénée de Naucratis (Les deipnosophistes v, 27), qu'une procession en l'honneur des Lagides avait été instituée à Alexandrie dès le premier quart du 3' siècle av. J.-C. ; Les Ptolemeia, étaient célébrées tous les quatre ans. Cf. E. WILL, op. cit., p. 202-203; Cf. F. DuNAND, > ....................................... .47
fîg. 2.16
Les mesures de l'arpentage du quartier hasmonéen .............................................................................................. .49
fîg. 2.17
a) La demi-ellipse s'inscrivant sur une photo satellite (d'après www.govmap.gov.il) - b) Schémas de la demi-ellipse mesurée ..................................................................................................................52
fîg. 2.18
Extérieur de la porte de Damas, état actuel (© École biblique) .......................................................................... .53
fîg. 2.19
Les espaces non construits dans la demi-ellipse de la porte de Damas (d'après www.govmap.gov.il) .......... .54
fîg. 2.20
Les propriétés des ellipses ....................................................................................................................................... .54
fîg. 2.21
L'ordonnance du quartier hasmonéen en coudées royales................................................................................... .58
fîg. 2.22
Alignements solaires du quartier hasmonéen les 2 et 3 avril ...............................................................................60
fîg. 3.1.
Proposition de restitution du quartier hérodien au nord du temple ....................................................................66
fîg. 3.2.
Vestiges du réseau viaire hérodien (en rouge) .........................................................................................................66
fîg. 3.3.
Association des alignements des quartiers hasmonéen et hérodien ....................................................................68
fîg. 3.4.
L'extrémité sud-est de l'escarpe de l'Antonia d'après M. Burgoyne .....................................................................69
fîg. 3.5.
Le théâtre d'Ostie (© P. Garuti) ................................................................................................................................72
fîg. 3.6.
Le théâtre-portique de Pompée restitué en élévation .............................................................................................73
fîg. 3.7.
Plan de Césarée-Maritime d'après J. Mesqui ............................................................................................................76
fîg. 3.8.
Restitution du domaine royale de Jéricho sur fond de photo satellite (d'après www.govmap.gov.il) .............79
fîg. 3.9.
L'implantation du decumanus maximus........................................................................................................................ 83
L!S1E DES FIGURES
365
fig. 3.10.
La grille d'arpentage du quartier hérodien : a) dans le réseau viaire de C. Schick - b) son interprétation ..... 84
fig. 3.11.
Photos du quartier musulman : a) L'obturation du decumanus ma:ximus par un mur moderne b) l'escalier circulaire, vestige de la rue contournant la cavea du théâtre hérodien (points RPQ, fig. 3.9, b - c) espace non-loti dans le quartier musulman (à proximité du point T, fig. 3.9, b) (© École biblique) ....... 87
fig. 3.12.
Photos du quartier musulman : a) autre espace non-loti dans le quartier musulman (à proximité du point T, fig. 3.9, b - b) maçonnerie antique insérée dans la grille (à proximité du point S, fig. 3.9, b) (© École biblique) ....................................................................................................................................................................... 88
fig. 3.13.
Restitution du théâtre hérodien et de son quadriportique .................................................................................... 90
fig. 3.14.
Le théâtre de l'Herodium, d'après E. Netzer .......................................................................................................... 94
fig. 3.15.
L'agencement de la piscine de Bethesda et du théâtre hérodien ............................................................................. 97
fig. 3.16.
Le quartier occidental hors-les-murs dans la grille hérodienne ............................................................................100
fig. 4.1.
Détail du nord-es t de la maçonnerie de l'esplanade du temple h érodien par Charles Warren ........................104
fig. 4.2.
L'esplanade, détail d'une photo aérienne (Dalman 1918) ..................................................................................... .107
fig. 4.3.
Proposition de restitution du quartier hérodien au nord l'esplanade agrandie du temple .............................. .108
fig. 4.4.
Vestiges du soutènement d'un pont sur la piscine du Strouthion (© École biblique) ........................................ .111
fig. 4.5.
La prise de l'Antonia p ar les Romains : a) Les abords de l'Antonia en 70 av. J.-C.; b) la position des tours de sièges romaines à l'assaut de la tour de l'Antonia ...............................................................................................113
fig. 5.1.
L'arc de l'Ecce Homo (gravure de E. Pierotti, 1864) ................................................................................................ .116
fig. 5.2.
Restitution de la façade occidentale de l'arc de l'Ecce Homo ................................................................................. .118
fig. 5.3.
État actuel de la façade occidentale de la baie latérale nord de l'arc de l'Ecce Homo(© École biblique) ........129
fig. 5.4.
L'arc de l'Ecce Homo (dessin de L.-H. Vincent, Jérusalem Nouvelle, 1914) (© École biblique) ...........................120
fig. 5.5.
Parement nord du piédroit septentrional dans une niche de maçonnerie moderne(© École biblique) .......121
fig. 5.6.
Situation de l'arc de l'Ecce Homo dans le plan de masse de bâtiments environnants ........................................ .121
fig. 5.7.
Proposition de restitution de tours rondes : a) dans le plan de masse moderne - b) mesures de la porte restituée ..............................................................................................................................122
fig. 5.8.
Plan de la porte d'Auguste à Nîmes (d'après A. Pelet) ......................................................................................... .123
fig. 5.9.
Le« plot central» pris dans la maçonnerie moderne ............................................................................................124
fig. 5.10.
Position du« plot central >) et du pavement antique de la rue dans le plan de masse moderne(© École biblique) .........................................................................................................................................................................124
fig. 5.11.
La marche du trottoir antique dans la crypte de la basilique(© École biblique) ...............................................125
fig. 5.12.
Modénature de l'imposte de la baie centrale de l'arc de l'Ecce Homo ...................................................................126
fig. 5.13.
Profils comparés des podiums des temples du Latium et d'Horvat Omrit (d'après J.-P. Adam, P. Gros, M. C. Nelson, A. Overman et D. N. Schowalter) ...................................................................................................126
fig. 5.14.
Vestiges de la niche moulurée dans le piédroit sud de la baie centrale (© École biblique) ..............................128
fig. 5.15.
Moulure de la niche dans le piédroit sud du la baie centrale(© École biblique) ...............................................129
fig. 5.16.
Vestiges de la niche moulurée dans le piédroit nord de la baie centrale .............................................................129
fig. 5.17.
Les archivoltes de l'arc de l'Ecce Homo par L.-H. Vincent (1914) .........................................................................130
fig. 5.18.
Comparaison de profils d'archivoltes d'après Y. Blomme ....................................................................................131
fig. 5.19.
a) Porte nabatéenne de Bosra - b) Porte prétorienne d'Aoste - c) Porte nord de Jérash (archivolte à deux fasciae) - d) Porte sud de Jérash (archivolte à trois fasciae) - e) Colisée de Rome (archivolte à deux
fasciae) - f) Hadrianeum d'Antonin le Pieux à Rome (architrave àdeuxjasciae) (© É cole b iblique : a, b, c et d; © P. Garuti, e et f) .................................................................................................................................................. .133 fig. 5.20.
Architrave de la tholos de l'Hérodium .....................................................................................................................136
fig. 5.21.
Façade d'une tombe du cimetière du Sanhédrin, Jérusalem (© École biblique, cliché PBI, Jérusalem) ........137
366
fig. 5.22.
LISTE DES FIGURES
Comparaison de la modénature en talon de l'archivolte de l'arc de l'Ecce H omo (gauche) et de la triple porte du temple hérodien (droite) .............................................................................................................................139
fig. 5.23.
Détails de la modénature en talon de l'archivolte de la baie latérale nord de l'arc de l'Ecce Homo (© École biblique) .........................................................................................................................................................................139
fig. 5.24.
Modénature des pilastres de la salle hérodienne (Herodian Hall, proche du Mur des lamentations) (cliché École biblique) ................................................................................................................................................ .141
fig. 5.25.
Arc romain de Drusus Maior (Rome), daté de 9 av. J.-C. (© P. Garuti) ................................................................143
fig. 5.26.
Restitution de la façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo.......................................................................................144
fig. 5.27.
La façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo à la fin du 19c siècle (reprise dans L.-H. VINCENT, Le
Lithostrotos, édition hors commerce (3 ex.), 1932) ...................................................................................................145 fig. 5.28.
Photos du piédestal à« coussin)> monumental destiné à être vu sous trois faces sans autre contrainte (© École biblique) .......................................................................................................................................................148
fig. 5.29.
Détails des mesures du piédestal à « coussin >> monumental destiné à être vu sous t rois faces sans autre contrainte ......................................................................................................................................................................148
fig. 5.30.
Photos du piédestal à« coussin>> monumental destiné à être vu sous deux faces seulement(© École biblique) .........................................................................................................................................................................149
fig. 5.31.
Détails des mesures du piédestal à« coussin)>monumental destiné à être vu sous deux faces seulement...149
fig. 5.32.
Restitution de la façade orientale de l'Arc de l'E cce Homo .....................................................................................151
fig. 5.33.
La base de colonne du couvent de la Flagellation(© École biblique) ................................................................152
fig. 5.34.
Le chapiteau corinthien à feuilles lisses de l'Ecce H omo (clich é École biblique et dessin: J. Humbert) ..........154
fig. 5.35.
Les deux chapiteaux corinthiens à feuilles lisses retrouvés dans un cimetière juif du Mont des Oliviers (© École biblique) .......................................................................................................................................................155
fig. 5.36.
Comparaison stylistique entre les chapiteaux de l'Eléona et le chapiteau de l'Ecce H omo(© École biblique) 156
fig. 5.37.
Chapiteau corinthien à feuilles lisses du tombeau des rois (dessin : J. Humbert) .............................................. 158
fig. 5.38.
Pilastre corinthien à feuilles lisses du tombeau des Hérodes (© École biblique) ..............................................158
fig. 5.39.
Typologie des chapiteaux corinthiens à feuilles lisses (épannelés) de Jérusalem ...............................................159
fig. 5.40.
Chapiteau d'Araq-ef-Amir (gauche) et chapiteau de la double porte de Hulda du temple (droite)(© École biblique) .........................................................................................................................................................................160
fig. 5.41.
La tholos centrale de la KhaZ?Jeh (Pétra) avec des chapiteaux sculptés (© École biblique) ..............................161
fig. 5.42.
Chapiteaux: a) du temple d'Auguste de Philae; b) du temple de Jupiter de Baalbek d'après F. Hoebel.. ....162
fig. 5.43.
Chapiteaux: a) du temple de Nabu à Palmyre d'après A Bounni; b) de Titus Alfius de Baalbeck d'après A. Parrot.. ......................................................................................................................................................................163
fig. 5.44.
Chapiteaux a) du temple de Baalshamin (Palmyre) - b) de la porte nord de Jérash - c) de la colonne de Titus Alfius de Baalbeck (© École biblique) ...........................................................................................................164
fig. 5.45.
Chapiteaux a) du temple capitolin de Domitien (rétabli d'après Delbrueck) - b) de la Basilique de Neptune (Rome)(© P. Garuti) ......... .........................................................................................................................166
fig. 5.46.
Élévation cotée de la colonne de l'arc de l'Ecce Homo ............................................................................................169
fig. 5.47.
Restitution de la colonne de la façade orientale cont re la tour (Ecce Homo) .......................................................171
fig. 5.48.
Restitution de la corniche de la façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo (dessins J. Humbert) ........................172
fig. 5.49.
La corniche: a) vue sur les faces 1 (droite) et 2 (gauche) ; b) vue sur la face 4; c) vue d'en haut, recreusée en bassin (© École biblique) ...............................................................................................................................173
fig. 5.50.
a) Ph otos du bloc de seuil de la baie centrale de l'arc de l'E cce Homo, à nu (gauche) et avec l'emplacement du dormant de la porte (droite); b) Bloc de seuil de la baie centrale de l'arc de l'Ecce H omo (dessin J.-B. Humbert)(© École biblique) ............................................................................................................................176
L!S1E DES FIGURES
fig. 5.51.
367
a) Restitution en plan de l'agencement du seuil; b) Restitution du système de fermeture de l'arc de l'Ecce Homo...............................................................................................................................................................................177
fig. 5.52.
a) Restitution de la façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo avec ses tours et la galerie supérieure; b) La façade orientale de l'arc de l'Ecce Homo et la piscine du Strouthion (vue d'artiste, © B. Cabaret) .....................178
fig. 5.53.
a) Restitution de la façade occidentale de l'arc de l'Ecce Homo avec ses tours et la galerie supérieure; b) La façade occidentale de l'arc de l'Ecce Homo et le plot central (vue d'artiste, © B. Cabaret) ................................179
fig. 6.1
Orientations inversées de l'accès et de l'entrée de l'hypogée (d'après L.-H. Vincent) ......................................182
fig. 6.2
a) Position du tombeau des rois sur la carte de Ch. Wilson (1864-1866) - b) Secteur au nord des remparts de Jérusalem (Photo aérienne de 1918) ..........................................................................................................184
fig. 6.3
Restitution du parcellaire au nord du Troisième mur : a) à partir de la carte de Ch. Wilson, b) projeté sur la photo aérienne de 1918 ..........................................................................................................................................185
fig. 6.4
Les vestiges du Troisième mur (d'après G.J. Wightrnann) ...................................................................................187
fig. 6.5
a) L'alignement de la rue Salah-ad-Din sur la roche du Dôme (sur plan Wilson et sur photo satellite:
fig. 6.6
La nouvelle rue d'Hérode Agrippa passant à l'orient du Tombeau des Rois (carte Wilson) ...........................190
fig. 6.7
Restitution du complexe du Tombeau des Rois : a) sur photo satellite (d'après www.govmap.gov.il) - b)
d'après www.govmap.gov.il) - b) Les varatio du Troisième mur ............................................................................188
sur photo aérienne 1918 - c) mesures du site en pieds - d) mesures du site en coudées royales ....................191 fig. 6.8
a) L'implantation des chambres funéraires dans le complexe du Tombeau des Rois (sur fond du relevé M. Goutal) - b) relevé des chambres funéraires de L.-H. Vincent (Jérusalem Nouvelle, 1914) - c) La correspondance entre pieds romains et coudées royales .................................................................................................192
fig. 6.9
Le« monument d'Hérode » au nord de la porte de Damas : a) d'après Netzer; b) sur fond de carte de
fig. 6.10
La route de Naplouse, axe conduisant à une porte possible du Troisième mur (carte Wilson) ......................198
fig.6.11
Les titulatures impériales associées au Troisième mur (restituées par W Eck) : a) Dédicace de la 10c
Wilson; c) sur fond de photo satellite (d'après www.govmap.gov.il) ...................................................................197
Légion Fretensis; b) Inscription avec mention de l'affranchi impérial (clichés École biblique) .....................201 fig. 6.12
Restitution d'une porte dans le Troisième mur dans l'axe de la rue de Naplouse (Nablus Road) : a) fouilles de S. Ben Arieh et E. Netzer - b) restitution d'une porte à triple baies - c) restitution d'une porte à une baie ......................................................................................................................................................................204
fig. 6.13
L'arpentage dans la grille hérodienne au nord de la porte de Damas (carte Wilson) .......................................205
fig. 6.14
L'arpentage dans la grille hérodienne au nord de la porte de Damas sur fond de photo aérienne ................206
fig. 6.15
Le réseau viaire en rapport avec le Troisième mur à l'oues t du Deuxième mur (carte Wilson) ......................208
fig. 6.16
Déviation du réseau viaire occidental après à la construction du mur d'Eudocie (carte Wilson) ...................210
fig. 6.17
Déviation du réseau viaire oriental après la construction du mur d'Eudocie (carte Wilson) ..........................211
fig. 6.18
Restitutions du camp de Titus, dit« camp des Assyriens » et du mur de circonvallation: a) avant la prise du Deuxième mur ; b) après la prise du Deuxième mur. .......................................................................................213
fig. 6.19
Plan général du Troisième mur et de son réseau viaire sur fond de carte de Ch. Wilson ................................214
fig. 6.20
Le tombeau de Niképhourieh d'après C. Schick.....................................................................................................216
fig. 7.1.
a) Le camp de Polybe (selon M. Lenoir) - b) le camp du Pseudo-Hygin (selon M. Lenoir) ...........................223
fig. 7.2.
Restitution d'un plan théorique du camp de la légion dans les quartiers arménien et juif ..............................225
fig. 7.3.
a) Emprise théorique du camp de la légion sur photo aérienne (d'après www.govmap.gov.il) - b) Superposition du camp de la légion sur le réseau viaire moderne ................................................................226
fig. 7.4. fig. 7.5.
Restitution proposée du Prétoire (Principia) (carte Nicole) ...................................................................................227 Interprétation architecturale de la carte de Madaba, d'après M. G isler, o.s.b. (L.-H. VINCENT,jérusalem
Nouvelle, pl. XXXI) ..........................................................................................................................................................230 fig. 7.6.
Intersection des trois grilles antiques de l'arpentage dans la partie sud de Jérusalem ......................................231
368
LISTE DES FIGURES
fig. 7.7.
Raccords dans la défense de la ville entre le camp et l'esplanade ....................................................................... .233
fig. 7 .8.
La titulature impériale dédicacée à Septime Sévère (lect. W Eck) ...................................................................... .234
fig. 7.9.
Vestiges possibles (dans l'angle vif de la photo) du mur romain d'JElia Capitolina au sud de l'esplanade (© École biblique) ...................................................................................................................................................... .235
fig. 7.10.
La défense méridionale de la vieille ville : le mur légionnaire corrigé par les murs fatimide, ayyubide et ottoman ........................................................................................................................................................................ .237
fig. 8.1
La place de la colonne sous JElia Capitolina ............................................................................................................244
fig. 8.2
a) La topographie de la piscine du Strouthion et de ses environs - b) Vestiges archéologiques aux alen-
fig. 8.3
a) Le Lithostrotos du côté des Soeurs de Sion - a) Le Lithostrotos du côté des Franciscains - c) Le stylobate
tours de l'arc de l'Ecce Homo .............................................................................................................................................. 248 (Couvent de la Flagellation) - d) Rocher de la Flagellation - e) Piscine du Strouthion (nef latéral ouest en regardant vers le sud).(© a, b, cet d: École biblique, e: S. Nègre) ....................................................................... 251 fig. 8.4
Topographie des environs de la piscine du Strouthion: a) avant l'érection de la porte de l'Ecce Homo - b) après l'érection de la porte et positions des vestiges archéologiques ................................................................. 252
fig. 8.5
a) Application d'une grille régulière sur le Strouthion; b) Proposition de restitution de la place du Lithostrotos 255
fig. 8.6
L'extrémité du stylobate marquée par une moulure (Couvent de la Flagellation) (© École biblique) .............. 257
fig. 8.7
Restitution de la place du Lithostrotos avec le drainage des eaux, a) avec le sens de l'écoulement des eaux b) avec précisions de la position des bouches d'évacuation........................................................................................ 258
fig. 8.8
Sur le plan de la piscine du Strouthion, figuration de l'appareil des voûtes (en transparence par le haut) ; ......... 259
fig. 8.9
Les bouches d'alimentation de la piscine du Strouthion: a) plafond de la nef orientale, côté Antonia - b) plafond de la nef occidentale, côté Ecce Homo (en regardant vers le sud) - c) plafond de la nef occidentale, côté Antonia (en regardant vers le nord) - d) plafond de la nef occidentale, côté Antonia (en regardant vers le sud) ; (© École biblique) ...................................................................................................................................... 262
fig. 8.10
Les bouches d'alimentation de la piscine du Strouthion: a) nef orientale, côté Ecce Homo (en regardant vers le nord) - b) nef orientale, côté Ecce Homo (en regardant vers le sud) ; (© École biblique) ................................. 263
fig. 8.11
Élévation de la piscine du S trouthion et du Lithostrotos a) vue vers le nord-est - b) vue vers le sud-ouest.. ......... 264
fig. 8.12
Restitution en trois dimensions de la place du Lithostrotos: a) vers le sud-est - b) vue le sud-ouest (vue d'artiste,© B. Cabaret) ............................................................................................................................................................. 266
fig. 8.13
Restitution en trois dimensions de la place du Lithostrotos: a) vers l'ouest - b) vue du niveau de la rue vers l'ouest (vue d'artiste, © B. Cabaret) ................................................................................................................................ 267
fig. 9.1.
Monnaie d'JElia Capitolina: le labour du pomerium (dessin École biblique) ........................................................... 270
fig. 9.2.
L'emprise du forum d'JElia Capitolina : a) dans le réseau viaire de la ville ; b) sur fond de photo sattelite (d'après www.govmap.gov.il) ............................................................................................................................................. 271
fig. 9.3.
La grille d'arpentage d'JElia Capitolina et de son forum ............................................................................................. 275
fig. 9.4.
Les miliaires retrouvés au long de la rue de Naplouse (plan dressé par L.-H. Vincent en 1901) ........................ 276
fig. 9.5.
Le locus gromae au croisement du cardo maximus et du decumanus maximus .................................................................. 277
fig. 9.6.
L'axe du forum centré sur la roche du Dôme ............................................................................................................... 278
fig. 9.7.
Le biais général de l'implantation du quartier du Saint-Sépulcre sur fond de la carte de C. Schick.................... 279
fig. 9.8.
Élévation du mur du temenos d'Hadrien (AB) dans l'Hospice russe (dessin L.-H. Vincent, Jérusalem Nouvelle) . 280
fig. 9.9.
Les vestiges dans l'Hospice russe Alexandre : a) dessin de L.-H. Vincent (jérusalem Nouvelle) - b) dessin rectifié .................................................................................................................................................................................... 281
fig. 9.10.
Restitution du temenos du temple du forum: a) sur fond de photo satellite (d'après www.govmap.gov.il) - b) sur fond de la carte de C. Schick .............................................................................................................................. 283
fig. 9.11.
Élévation du mur oriental du temenos (AC), remanié à l'époque byzantine (dessin de L.-H. Vincent,Jérusalem
Nouvelle) ................................................................................................................................................................................. 284
L!S1E DES FIGURES
369
fig. 9.12.
Restitution du temple capitolin (d'après V Corbo) ...................................................................................................... 285
fig. 9.13.
Vestiges du réfectoire du couvent grec de Saint-Abraham: a) vue d'ensemble du réfectoire désaffecté (r, fig. 9.10, b) - b) départ de la voûte primitive (d, fig. 9.10, b) - c) le mur à gauche des marches restitue l'épaisseur du mur antique m (fig. 9.10, b) percé par l'escalier (clichés École biblique) ....................................... 286
fig. 9.14.
L'illumination du temenos quelques minutes après le lever du soleil ....................................................................... 288
fig. 9.15.
Revers de deux monnaies d'JElia Capitolina: a) la triade capitoline Qupiter, Junon et Minerve) - b) Vénus, peut-être la Tychè de la colonie (dessins École biblique) ...................................................................... 291
fig. 9.16. fig. 9.17.
Restitution du temple capitolin (proposition) (d'après www.govmap.gov.il) ........................................................... 292 L'alignement entre le temple capitolin et le podium central du Dôme de la Roche (d'après www.govmap. gov.il) ..................................................................................................................................................................................... 295
fig. 9.18.
A l'angle n ord-ouest, vestiges probables de l'escalier menant à la plate-forme (en x sur la fig. 9.19, a) (© École biblique) ............................................................................................................................................................. 296
fig. 9.19.
Vestiges de la plate-forme sacrée d'Hadrien (a: pho to dans Dalman, b etc: © École b iblique) .................... 297
fig. 9.20.
Les limites de la plate-forme d'Hadrien (Photo dans Dalman) ................................................................................. 298
fig. 9.21.
Alignements entre le temple capitolin et la plate-forme d'Hadrien .......................................................................... 301
fig. 9.22.
Tête d'Hadrien en bronze d'origine proche-orientale, Musée du Louvre (cliché École biblique) ...................... 304
fig. 9.23.
La conjonction au Mont des Oliviers de l'alignement des deux sanctuaires (d'après www.govmap.gov.il) ....... 306
Carte 1.
Ordon nancement du quartier hasmonéen (règne de Jean Hyrcan) ........................................................................ 317
Carte 2.
État de la ville avant l'agrandissement du temple par Hérode le Grand ............................................................... 318
Carte 3.
Jérusalem après l'ag ran dissement hérodien du temple.............................................................................................. 319
Carte 4.
L'extension maximale du nord de la ville à la veille du siège de Jérusalem par Titus ........................................ 320
Carte 5.
L'état de la ville à l'installation de la 1oème Légion Fretensis après la chute de Jérusalem ................................. 321
Carte 6.
Compléments à la défense de Jérusalem à partir de la révolte de Bar Kokhba .......................................... 322
Carte 7.
Emprises des différents arpentages de Jérusalem ...................................................................................................... 323
Carte 8.
Fortifications de Jérusalem depuis les Hasmonéens (en bleu, le mur contemporain de la vieille ville) ......... 324
Table des matières Translation into English) Introduction page 10) and Conclusion page 325
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V
Introduction générale ................................................................................................ 1 Avertissement .................................... ......................................................... . .............. 8
General Introduction (English) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
CHAPITRE PREMIER :
Le tracé du Deuxième mur de Jérusalem . . . . . . .. . .. . .. . .. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .. . 19
L'acquis des fouilles archéologiques....................................................... ....................... 19 Une question de méthode Le Troisième mur de Jérusalem Le Deuxième mur de Jérusalem
Les précisions topographiques de Flavius Josèphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 L'attaque ratée de Caius Cestius Gallus La stratégie de Titus Le changement de tactique de Titus
Le tracé quasi rectiligne du Deuxième mur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 L'impossible traversée de la vallée du Tyropéon La cluse stratégique de la porte de Damas et ses vestiges hérodiens Le mur entre la porte de Gennath et l'actuelle porte de Damas
La « tour médiane du rempart nord » au plus près de la porte de Damas .. . .. . .. . .. . . . . . . . .. . .. . . . . . . . .. . .. . 27 Où situer la« tour médiane du rempart nord » ? La position stratégique de la grande tour ottomane sise à côté de la porte de Damas Les Romains pris à revers par les Juifs
Le franchissement de la colline du Bezetha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 « L'encerclement de la pente du quartier nord »
L'arrivée du Deuxième mur à la tour nord-ouest de !'Antonia Une longueur concordante selon Flavius Josèphe
2 : Le quartier à l'intérieur du Deuxième mur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 La patte d'oie de la porte de Damas.................................................................. ............ 33
CHAPITRE
La carte de Madaba et les caractéristiques de la patte d'oie L'ancienneté de la patte d'oie L'énigme de la rue de l'est Un décor de théâtre? Le chemin le plus direct pour aller à !'Antonia et au Mont des Oliviers L'oubli de la rue de l'est Le tracé du canal hasmonéen
L'organisation du quartier à l'intérieur du Deuxième mur
.. . . . . . . . .. . .. . .. . .. . .. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .. . 40
Les caractéristiques du quartier L'heureux hasard topographique Le Temple et la Bâris, parties intégrantes du plan de la« ville neuve »
TABlE DES MATIÈRES
371
La porte de l'est La porte de l'ouest Les portes secondaires Le tracé de la rue centrale
La « construction» du quartier par les arpenteurs antiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Le point de référence de l'arpentage du quartier hasmonéen Le scénario de l'arpentage du quartier hasmonéen Le rôle partirulier du Dome de la ruche La place de la Porte de Damas et sa colonne Une demi-ellipse Les traces de la place dans la vieille ville La science alexandrine de l'ellipse L'arpentage de l'ellipse
L'origine hasmonéenne du quartier ceint par le Deuxième mur ............................................. 57 La coudée royale égyptienne, unité de référence du quartier Les dédicaces hasmonéennes des murs de Jérusalem Un lien avec la construction du Deuxième mur ? L'orientation azimutale du quartier Un raisonnement par l'absurde La correspondance possible avec le 16 Adar Le grand projet urbanistique de Jean Hyrcan
3 : Le quartier du Bezetha et le quartier occidental hors-les-murs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
CHAPITRE
Le contexte historique du développement du quartier du Bezetha............... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Hérode, un roi bâtisseur. Une époque charnière pour Octave Imperator La politique d'urbanisation du Princeps Le théâtre de Pompée, monument emblématique à imiter
Le théâtre d'Hérode à l'origine du quartier du Bezetha? ...................................................... 75 Le théâtre et l'hippodrome : un compromis Un théâtre de bois? Un théâtre intra-muros? Le théâtre de Césarée i\.1aritime, hors la ville. L'emplacement du théâtre hiérosolymitain d'Hérode Le quartier du Bezetha construit en l'honneur d'Octave Imperator?
L'arpentage du quartier du Bezetha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 La topographie du quartier du Bezetha au début du règne d'Hérode Le tracé du cardo maximus Le tracé du decumanus maximus La détermination des autres rues
Les principales rues du quartier Le decumanus maximus La rue Hâret Bab es-Sâhire, parallèle au cardo, à une distance de 3 actus à l'ouest La rue parallèle au decumanus à une distance de 2 actus au sud La rue parallèle au decumanus à une distance de 2 actus au nord La rue parallèle au cardo à une distance de 200 pieds (1 213 actus) à l'est La rue circulaire située à l'extrémité sud du cardo 2 E Le deux sous-cardines« 2 E a» et« 2 E b >>
85
372
TABLE DES MA1TÈRES
Le théâtre de Jérusalem, exemplaire réduit du théâtre de Pompée
......... ......... ........................ 90
Similitude de proportion La prudence d'Hérode Le quadriportique derrière le mur de scène Hérode roi client d'Octave Un frère jumeau du théâtre de l'Hérodium Proposition de loge royale
La piscine double de Bethesda .................................................................................... 98 La datation de la digue-barrage de la piscine double de Bethesda Les cinq portiques de la piscine Le bassin nord de la piscine de Bethesda
La grille d'arpentage hérodienne continuée à l'ouest du Deuxième mur .................................... 101 Un nouveau quartier à l'ouest du Deuxième mur Ponce Pilate, commanditaire du nouveau quartier de l'ouest ?
CHAPITRE
4: L'agrandissement du temple et ses bouleversements ....................................... 105
Introduction
.............................................................................. ........................ 105
Le percement du decumanus 7 S (la via dolorosa) .......................................... ........................ 106 La suppression de la porte orientale entre le temple et !'Antonia La nouvelle esplanade du temple, obstacle à contourner Le decumanus 7 S au plus près de !'Antonia L'arrêt du decumanus 7 S à l'hospice autrichien
L'arc de l'Ecce Homo dans la topographie du quartier ......................................................... 109 La« porte orientale» du Deuxième mur L'arc de l'Ecce Homo et la piscine du Strouthion Un pont de bois ou de pierres ? Les indices en faveur de l'existence du pont Le« milieu de la piscine du S trouthion >> La stratégie romaine pour attaquer !'Antonia
CHAPITRE
5 : L'arc de l'Ecce Homo ......................................................... . .................. ..... 117
La façade occidentale de l'arc ............................................................ ........................ 117 Une façade occidentale dépendante de la façade orientale Restitution de la porte Le « plot central » Caractéristique du « plot central >> et de la rue antique L'imposte et la niche du passage central La niche symétrique
Le style des archivoltes de l'arc
.............. . ....................... . .................. ........................ 130
Des archivoltes à double fasciae Un fruit du philhellénisme d'Hadrien? L'influence alexandrine Des architraves à double fasciœ dans l'architecture hérodienne La modénature en talon de la triple porte du temple Un style courant à Jérusalem Conclusion
La façade orientale de l'arc ............................................................... ........................ 143 L'ordonnancement de la façade orientale Un arc à trois baies avec des colonnes libres ? Des piédestaux rudes
TABlE DES MATIÈRES
373
Les différences entre les deux piédestaux Les quatre colonnes principe de l'ordonnancement de la façade orientale La base de colonne Le chapiteau à feuilles lisses (épannelé) del'Ecce Homo Essai de datation du chapiteau à feuilles lisses de !'Ecce Homo Les chapiteaux à feuilles lisses hiérosolymitains de l'époque hérodienne La composition géométrique des chapiteaux à feuilles lisses de Jérusalem L'origine des chapiteaux corinthiens à feuilles lisses L'élévation des chapiteaux épannelés
La reconstitution de l'élévation des colonnes libres ............ . ............................................... 169 L'élévation des piédestaux La hauteur de la colonne L'harmonie des proportions La proportion des baies centrale et latérales Un bloc de corniche La corniche des colonnes latérales Restitution de l'élévation de la colonne La déclivité de la rue antique aux abords de la porte
Le système de fermeture du passage central et du passage latéral nord
.................................... 175
Des portes en bois L'harmonie des proportions du système de fermeture
Conclusion ......................................................... . ............................................... 180 La restitution générale de l'arc Une porte urbaine sobre et élégante au service de la politique hérodienne
6 : Le Troisième mur de Jérusalem .................................................................. 183 La grille d'arpentage du Troisième mur ........................ . .................................... . .......... 183
CHAPITRE
L'agencement aberrant du Tombeau des Rois Un parcellaire lié au Troisième mur à l'orient du Tombeau des Rois Les deux orientations du parcellaire Le tracé du Troisième mur à l'orient de la rue S a!ah-ad-Din
Le Tombeau des Rois et le Troisième mur ..................................................................... 189 La topographie du Tombeau des Rois Le Tombeau des Rois et l'impureté rituelle Pieds romains et coudées royales La tombe d'Hérode Agrippa ? Les trois pyramidions de la reine d' Adiabène
Le Troisième mur et la patte d'oie extra-muros de la porte de Damas
....................................... 196
Le Monument d'Hérode en opus retùu!atum Une porte du Troisième mur dans l'axe de l'actuelle route de Naplouse?
Les titulatures impériales retrouvées à proximité du Troisième mur .......................................... 199 La première titulature impériale La seconde titulature impériale Le relèvement du Troisième mur, un compromis astucieux? La déviation de la route de Naplouse
La patte d'oie extra-muros de la porte de Damas ............................................................... 203 Les vestiges archéologiques du Troisième mur retrouvés au nord de la porte de Damas La patte d'oie extra-muros et le monument circulaire La patte d'oie extramuros inscrite dans la grille d'arpentage hérodienne Une méthode d'arpentage romain
374
TABLE DES MATIÈRES
La section occidentale du Troisième mur ........................................................................ 209 La troisième porte septentrionale du Troisième mur La tour Pséphim,s La section occidentale du Troisième mur La construction de la muraille septentrionale d'lElia Capitolina
La convenance de la restitution du Troisième mur ............................................................ 212 La longueur du Troisième mur La localisation du« Camp des Assyriens » Le mur de circonvallation
Une nécessaire distinction ....................................................................................... 216 Le Monument d'Hérode et les Monuments d'Hérode La tombe de Niképhourieh, Monuments d'Hérode L'énigme du Monument d'Hérode
CHAPITRE 7: Le camp de la dixième Légion Fretensù ......................... . .. . .... . .................. . .... 221
Introduction
...................................................................................................... 221
La convenance de l'implantation du camp dans la« ville haute» ..................... . ....................... 222 La difficile interprétation des sources historiques Un camp romain typique
L'organisation concrète du camp ................................................................................. 227 Le prétoire et le forum La via quintana dans l'axe de la rue occidentale de la patte d'oie La forme particulière de l'enceinte légionnaire L'habitat légionnaire dans la « ville haute » L' « espace vital » réservé aux légionnaires La taille convenable du camp légionnaire de Jérusalem
Les portes du camp légionnaire ......................................................... . ....................... 229 La porte prétorienne La porta principa!is dextra La porta quintana dextra et la porta quintana senestra La porta decumana La grille d'arpentage de la« ville haute» antérieure à l'installation de la légion
La construction d'un rempart méridional pendant la 2nd• révolte juive
.................................... 232
nd '
La fermeture méridionale de la colonie durant la 2 révolte juive Un rempart aussi court que possible, témoin de l'urgence de la situation La titulature impériale de la porte urbaine ? Les fouilles de K. M. Kenyon, à l'angle sud-est du mur ottoman
L'évolution du tracé des murailles de Jérusalem au sud du camp légionnaire .............................. 236 Mur romain du 2' siècle et muraille d'Eudocie Les conséquences de la construction de la Néa La déviation du rempart fatimide Le fossé de la muraille fatimide Le remploi du fossé de l'antique enceinte légionnaire Le décalage entre mur fatimide et mur ottoman
CHAPITRE 8 : La nouvelle ordonnnace d'/Elia Capitolina ................................................... 243 Introduction ...................................................................................................... 243
Les colonnades des rues de la patte d'oie ................................................ . ....................... 245 La rue centrale de la patte d'oie
TABlE DES MATIÈRES
375
La rue occidentale de la patte d'oie La rue orientale de la patte d'oie
La place du Llthostrotos devant l'arc de l'Ecce Homo ......................... . .................................. 247 La piscine du Strouthion: évolution et chronologie Les vestiges archéologiques insérés dans la topographie du secteur La modification de la topographie consécutive aux travaux d'Hérode et d'Hadrien De la porte urbaine prise par les Romains au Lithos/rotos d'JElia Capitolina La restitution de la place du Lithos/rotos L'ordonnance de la place L'agencement des caniveaux in situ de la nef orientale de la piscine du Strouthion La restitution des autres caniveaux Les bouches d'évacuation des eaux de la nef occidentale de la piscine du Strouthion La position symétrique des bouches d'évacuation des eaux sur le ùrhostrotos Un service des eaux? Conclusion
CHAPITRE 9: La forum d'JElia Capitolina et la plate-forme d'Hadrien .................................... 269 L'arpentage d'JElia Capitolina et l'emplacement du forum ............................. . .......... . .......... 269 Une colonie fondée dans une ville antérieure Un site idéal pour le forum Les dimensions vitruviennes du forum Un forum dominant La confirmation des fouilles archéologiques La nouvelle grille d'arpentage selon l'actus quadratus L'emplacement du milliarium aureum Un argument de plus en faveur de l'implantation de la légion sur la colline occidentale Le lien avec l'arpentage hasmonéen L'alignement remarquable du forum
Le temple au nord du forum ... . ..................................................................... . .......... 280 Le biais du nord du forum La limite nord du temenos (et du forum) La rue nord du forum L'orientation biaise de la rue du patriarcat grec La limite orientale du temenos L'orientation du temple Le double escalier conduisant au temenos L'ultime raison de l'orientation biaise du temenos
Un temple capitolin ................................................................................................ 288 L'azimut du dies nata!is du temple capitolin L'illumination du temenos La chronologie du 6 septembre julien La date de la dédicace du temple capitolin Le décalage entre les deux azimuts et l'éclairement de la statue cultuelle L'emplacement du temple capitolin La convenance de l'emplacement du temple capitolin Les festivités joviennes d'JElia Capitolina Le remplacement du temple capitolin par le Saint-Sépulcre
La « plate-for me sacrée » d' Hadrien ................................................................. . ............ 29 5 L'alignement du« podium central» du Dôme de la Roche avec le temple capitolin La limite occidentale primitive du« podium central >> du Dôme de la Roche La limite occidentale de la plate forme sacrée d'Hadrien orientée selon le dies imperii de l'empereur
376
TABLE DES MA1TÈRES
La limite méridionale et orientale del'esplanade d'Hadrien La place des escaliers monumentaux de l'esplanade L'emplacement de la statue équestre colossale d'Hadrien L'emplacement de l'autel dédié à Hadrien Le surprenant élargissement du viaduc sur le Tyropéon Le lien entre les deux espaces sacrés La volonté de supplanter le Temple de Dieu La structure trapézoïdale de la plate-forme d'Hadrien Conclusion
Conclusion générale ................................................................................................ 311
General Conclusion (English) ..................................................................... . ....................... 325 Bibliographie des ouvrages consultés ................................................... . ....................... 331 Liste des abréviations
......................................... . ................................................... 360
Index onomastique ................................................................................................ 361 Liste des figures
................................................................................................... 364