La cité de la renaissance : du milieu du XVe siècle à la fin du XVIe siècle [2]

Dans le récit de la vie de notre cité, nous avons atteint l’âge où Paris s'offre en ses premiers portraits. Au XVIe

287 107 84MB

French Pages 338 [343] Year 1927

Report DMCA / Copyright

DOWNLOAD PDF FILE

Table of contents :
Chapitre XXXIV - Chapitre L of a three-tome series (plus Album)
Recommend Papers

La cité de la renaissance : du milieu du XVe siècle à la fin du XVIe siècle [2]

  • 0 0 0
  • Like this paper and download? You can publish your own PDF file online for free in a few minutes! Sign Up
File loading please wait...
Citation preview

MARCEL

POËTE

UNE VIE DE CITÉ , PARIS

DE SA NAISSANCE A NOS JOURS SE

LA CITÉ DE LA RENAISSANCE Du

milieu

du xve siècle à la fin du xvVIe siècle.

AUGUSTE PICARD, ÉDITEUR ‘

82, RUE BONAPARTE,

| 1927

VI®

:

| DE SA NAISSANCE A NOS JOURS |

tr” LA CITÉ DE LA RENAISSANCE

mere Du milieu du xve siècle à la fin du xvie siècle.

AVIS

Dans

AU

LECTEUR

le récit de la vie de notre

cité, nous avons

atteint

l’âge où Paris s'offre en ses premiers portraits. Au xvi* siècle en effet remontent les plus anciens plans de cette ville.

L'un

des plus intéressants,

celui de Truschet

et Hoyau,

qui date du milieu de ce siècle, a été reproduit en annexe au tome premier du présent ouvrage. C’est une image vivante de la cité de la Renaissance,



au moment

où vont apparaître:

les premiers changements que cet âge a apportés dans la physionomie urbaine. On devra donc s’y reporter, en lisant le tome second, consacré à la ville de ce temps. On ne négligera pas non plus les vues diverses qui nous ont gardéun . reflet de ce Paris d’antan. Les plus expressives d’entreelles ont

pris

place

dans l'Album

d'Une

Vie

sont à la fois reproduites et commentées.

de

Cité,



elles

. ‘

UNE VIE DE CITÉ PARIS DE

SA

NAISSANCE

A NOS

JOURS

CHAPITRE XXXIV ‘ La >

capitale royale, au milieu du XV° siècle : la foire vanités et la foire aux intérêts. L’action des chemins sur la ville.

aux.

Charles VIT s’est éteint, le 22 juillet 1461, à Mehun-surYèvre, en cette région centrale de notre pays dont les des_tins avaient fait, lors de l'invasion anglaise, le point de fixation de la monarchie française. Comme aux premiers temps de

la dynastie

capétienne,

laquelle la Loire

déroule

l’harmonieuse

son large

contrée, à travers

cours paisible, l'emporte,

dans le choix de la résidence du ‘souverain, sur l’onduleuse

vallée où, animée

de

parmi les méandres Paris.

De

de la Seine,

spacieuses

étendues

s’étend

la tache

plates,

ourlées

d’une belle ligne d’eau, avec la masse fortifiée d’un château, des gens d'armes chevauchant dans la campagne, cà et là |

des moutons, le cou allongé vers la terre nourricière, sous un el dont le bleu s’agrémente de la ouate des nuagès : tel , à cette époque, le paysage royal préféré. ' _ Charles VIT s’est éteint, étant de roi de ROReE redevenu ro de France. Son règne, après les longues misères de la guerre

de

Cent Ans,

s’est achevé

dans

un

sentiment

d’apai-

sement. Certes, le tableau que le procureur au Parlement et notaire au Châtelet, Martial d'Auvergne, trace en ses € Vigilles du feu bon roy mout autentiquement » comporte è

al

ITALE

ROYALE AU

MILIEU

pu XV°

SIÉC

#

LA

idylle une forte part d’exagération. Il y a loin de cette

vie toutefois, que tant de troubles avaient agité Laé. /!_ réalit à bri avait repris un cours plus calme. Paris s'était remis Charles VII s'est éteint. Maintenant « Où sont les robbes et les habillemens

, De cramoisy, draps d'or, veloux (velours) à feuilles Costes (cottes) simples et les beaulx paremens, Coliers, chesnes (chaînes) et ceintures nouvelles, “te Atours, touretz et ces haquenées belles | Dont l'en (on) fringoit, faisant en l'air les saulx». lles, damoise ses, « Adieu dames, bourgoi Festes, danses, joustes et tournoiemens

Fa

à ;

ns :

: ne

se

0

s Adieu galans qui souliez (aviez coutume) faire fringue des Parmy les rues, voustes (voltes) et espana

(tours et retours),

(épingles) Saillans en l'air pour prendre les esplingues haut des estrades). (du s estrade les ans regard Au seing des dames Adieu courciers et les tours et virades. Adieu soubriz (sourires) meslez en aliance. Adieu chançons, virlais, rondeaux, balades. : Adieu atours et lassetz de plaisance. elz, afficqu es, Adieu présens, baguet es ». Que l'en (on) donnoit aux dames pour estrain

La cité de luxe

et de fêtes chevaleresques, que charmait,.le

rs ces vers. Vailsourire de la Parisienne, s’entrevoit à trave l'éclat de leurs de lants chevaliers, nobles écuyers brillaient Anglais et étalaient, prouesses dans la lutte menée contre les , une somptuosité dans leur vêtement et leur harnachement

qui augmentait encore leur prestige aux yeux des damoiselles et des bourgeoises.

des dames,

« Paige n’y avoit de sy petite adresse Qui ne portast sur luy satin ou soÿe ».

Le

commerce

chement

hostile

avait repris.

Sur

des gens d'armes

les

chemins,

le

chevau-

n’était plus une menace

iques foulaient les de tous les instants. Des pas plus pacif s'étaient muées en voies en mauvais état et qui çà et là . La mer se montrait pistes vagues, à travers la campagne

plus favorable aux nefs audacieuses.

Le

ON

SE

REPREND

A

VIVRE

3

« Marchans gaignoïent en toutes marchandises, Draps de soye et pierreries exquises ».

Ils amassaient de grands biens, pouvaient approvisionner de

vin,

de

foin,

de

blé,

d'avoine

et d’autres

grains

les habi-

tants d'une ville ou fournir farine et viande à une armée. L'industrie, qui se résout dans la poussière des maîtres de métiers,

s’estompe

derrière

« Marchandise

celle-ci toutefois

est « Labour

toutes

car

déserte

choses

travailler

»,

était en voie

dans les

récoltes avec plus

sans

lui on

ne peut

d’être remise

champs

Au-dessus

de

en

vivre.

Or

la terre

culture.

On

pouvait.

et les vignes

de sécurité.

»,

», qui « est à favoriser sur

Au

et recueillir

les

delà du rempart urbain,

s'étend à perte de vue le sol fertile où la poésie bucolique: de Martial d'Auvergne évoque le berger, avec sa houlette et, sa cornemuse, étendu sur l'herbe en compagnie

de la bergère,

ou attirant celle-ci dans un beau sentier tout couvert d'ombrage et qu'embaument les églantiers. Plus prosaïquement, on mange les gâteaux farcis d’aulx, les « pastez de naveaulx au lart et groiselles

», puis

l'on

s'endort

sur sa hotte.

Ou

bien on se nourrit d'une écuelle de porreaux, on devise de Margot la blonde et l’on danse dans la saussaie. « L'en (on) commençoit fort ès villaiges Faire maisons, hostelleries, Venir gens et nouveaulx mesnaiges »,

Les bourgeois achetaient. Les ouvriers travaillaient. « Estrangiers venoyent,

Le pays peuployent

Pèlerins passoyent ».

Bref, la longue tourmente de la guerre de Cent Ans passée, on se reprénait à vivre. En cette fin de juillet del’an 1461 le

royaume

était

tranquille,

assurent

les

chroniqueurs,

et

Y

les vendanges s’annonçaient bonnes, ajoute le Parisien Jean Maupoint en son journal. Aussitôt après la mort de Charles VII,

ROYALE AU MILIEU

LA CAPITALE

4

un bon nombre

DU XV°

SIÈCLE

et de bourgeois

de nobles, de gens d'église

nt de Paris ainsi que d’autres parties de la France se hâtère uns de se rendre auprès du dauphin Louis devenu roi, les mainafin d'obtenir des offices royaux, les autres pour être

tenus,

eux,

leurs

naient

déjà.

«

piègne,

amis,

ou

parents

tirons devers

Nous

le 28 juillet, le premier

dans

ceux

qu'ils

le roy », mande

déte-

de Com-

du Parlement

président

de

de Louis XI. De son côté, le président

Paris au secrétaire

fait transde la Chambre des Comptes, Simon Charles, s’était

a porter en litière auprès du nouveau souverain qui attribu son à ou confirma quelques offices et ajourna le reste jusqu'

arrivée à Paris après son sacre. fut vue Le 23 juillet, vers 9 heures du soir, une comète ciel en jetant avec une longue queue et qui courait dans le

un vif éclat, tellement qu'il semblait feu.

Le

5 août

au

soir,

de

le corps

que tout Paris fût en

Charles

VII,

amené

Mehun,

vint reposer à l’église Notre-Dame-des-Champs;

précédé

de deux cents pauvres,

de

le

gens d'église, lendemain, accompagné d’un grand cortège de : les de nobles et de peuple, il fut transféré à Notre-Dame et il était henouars de Paris le portaient sur une litière ainsi que des qu’escortaient

une

torche de

cire

à la main,

crieurs de corps de la ville. Derrière la litière six pages,

à cheval,

se voyait

« la pourtraicture

et la main

de justice

» de

du feu roi et sur laquelle

ce dernier, revêtue

de

sur la tête, le sceptre en une main

Lhabit royal, la couronne

l’autre,

en

chevauchaient

les princes,

s 1e chancelier de France, le grand écuyer, suivis des officier

de l'hôtel du défunt,

allant

deux à deux à pied. Le 7 août,

corps fut conduit de Notre-Dame enseveli. Cependant

Louis

XI,

que

la

le

à Saint-Denis, pour y être

nouvelle

de

la

mort

de

son

du duc de: père avait atteint dans les États septentrionaux s'était réfugié Bourgogne Philippe le Bon, auprès de qui il VII, gagnait s après s'être mis en révolte contre Charle De là, il se Reims où il fut sacré et couronné le 15 août. lle, en dirigea vers Paris, pour Y faire son entrée solenne

AVÈNEMENT

suivant, à partir

de

D'UN

NOUVEAU

Saint-Denis,

en sens

min par lequel le souverain décédé

ROI

contraire,

le che-

était allé reposer dans

sa dernière demeure. Une-telle cérémonie y attire un concours exceptionnel de monde. Les personnes accompagnant

le monarque — observe la municipalité parisienne, le 14 août

qui en est donnée, en telle trouver à se loger dans les

— seront, d’après l'évaluation quantité qu’elles ne pourront

hotelleries de la ville dont le nombre a fort diminué

depuis.

le, long temps que le roi et: sa cour ont délaissé Paris. L'absence du souverain, que la région de la Loire a attiré: à elle, a, comme on le voit, singulièrement ralenti le mou-

vement général des êtres et des choses vers cette cité dont la prospérité à été ainsi atteinté. Comme, suivant une coutume observée de temps immémorial, les bourgeois de Paris sont exempts des réquisitions de logements effectuées.

par les maréchaux de logis et les fourriers, le prévôt des. marchands et les échevins ont enjoint aux quarteniers de: et dizainiers, s'enquérir, avec l’aide des cinquanteniers

des habitants qui consentiraient à mettre leurs deumeres à la disposition des nouveaux arrivants. Toutefois l’affluence

de gens, venus tant du royaume que de pays voisins, est. énorme, et, assure un témoin, on à beaucoup de peine à se: loger, non seulement dans la ville et les faubourgs, mais

encore à deux lieues à la ronde. La plupart des seigneurs de

France

et de Bourgogne,

se sont rendus à Paris. rues,

que

personne

avec de nombreux prélats et abbés,

On crie à son de trompe,

n’augmente

le prix du vin etne

dans les.

demande.

plus de deux sols parisis de pension par jour pour un cheval. Le théâtre est comble, lorsque le spectacle commence. Le premier

acte

est l’arrivée

de Philippe

le Bon,

le 30 août,

parmi les manifestations de joie des Parisiens, heureux de revoir ce prince après une absence de vingt-neuf ans : celuici, accompagné d’une suite imposante, gagne sa demeure familiale,

l'hôtel d'Artois

ou de Bourgogne,

dont la tour tra-

pue accidente le quartier populeux des Halles. Le lendemain, dans l'après-midi,

Louis XI prend possession de sa capitale,

LA

CAPITALE

ROYALE

-

AU

MILIEU

DU



XV°

SIÈCLE

selon le rite accoutumé. Philippe le Bon a quitté son logis pour aller au-devant du roi et un magnifique les yeux de la foule

amassée.

d'Étampes

de

et ceux

Derrière

Charolais

cortège éblouit

les archers

et de

du

Bourgogne,

comte

le duc

s’avance, vêtu d’un paletot de velours noir décoré d’orfevre-

rie ; il a à son chapeau une plume noire, garnie de rubis, diamants et perles d’un prix inestimable; il a ceint une épée

dont le pommeau et la gaine sont ornés également de pierres

précieuses;

de

Il est'monté noir,

avec

même

que

le

bouclier

suspendu

au

côté.

sur un cheval blanc, paré d’une housse de satin des broderies,

brillante

de

l’éclat

de l’orfèvrerie

et d’où pendent des franges d’or et de soie noire; la selle est enrichie de pierreries et le chanfrein

de la monture. couvert

de velours noir et surmonté d’une plume où étincellent neuf gros rubis, entreméêlés de perles sans nombre. La foule admire, suppute la valeur de tels ornements.

sieurs

pages

suivent

le bon duc; ils sont vêtus

noir,

coiffés de barrettes

gris,

drapés

même

couleur,

de

de velours

noir,

et jettent mille feux, comme housses noires, chargées

d'eux, qui porte la salade

avec

Plu-

de damas

plumes

leurs

de

chevaux

d’orfèvrerie.

L’un

du duc, ornée d’un rubis passant

pour la merveille de la chrétienté, a un chapeau d’armes æouvert d'une broderie d’or, bordé en outre de rubis, dia-

mants et grosses perles, avec, sur la partie supérieure, sept

gros rubis. Puis, c’est le comte de Charolais, futur Charles le Téméraire : le fils de Philippe le Bon, qui est âgé de vingt-huit

ans,

est

habillé

d’une

robe

italienne

de

velours

£ramoisi, bordée de damas blanc; il a sur la tête une barrette

de drap d’or et est monté sur un cheval revêtu d’une housse : de

velours,

parsemée

d’orfèvrerie.

Ses pages

sont coiffés de

salades garnies d’or ou de pierreries. Le duc Jean de Clèves, neveu de Philippe le Bon, a un manteau de velours dont une

moitié

couverte étalée

est

ornée d’un

à l’aiguille

en,or

et l’autre

de pierreries. Son frère Adolphe a une chaine d'or

sur les épaules,

£gramoisi,

point

s'agrémente

un

de

cheval

cloches

dont

la parure,

d'argent,

en velours

de boutons d’or

Fi

ENTRÉE

DE

LOUIS

XI

À

PARIS

F

et de riches houppes. La suite de ce seigneur comprend six pages qui portent des chaînes d’argent et ont des montures

aux heusses magnifiques : velours bleu, brodé de lacs d'amour

avec

lettres d’or,

décoration de fil d’or et de soie à la façon

de Hongrie ou encore en manière de rayon de soleil, ouvrage à l'aiguille en fil d’or, figurant

de dame

André,

avec lettres et larmes.

tel le bâtard

de

Bourgogne,

avec

drapé de satin violet,

D’autres

qui

croix de saint

nne

seigneurs

chevauche

sur

un

défilent,

cheval

semis de larmes d’or et d’argent

et de grosses cloches d’or et est accompagné d’une brillante escorte. Les devises, sur les housses des montures, ont l’orgueil

de

« beau

leur noble comte

dame

» et est

bleu,

est

langage.

Walleran

semée

Seigneurs,

de

soleils

sa

salade

d’orfèvrerie.

d’un ornement

chevaliers,

écuyers,

du satin, du velours

broderies,

ries au

a sur

de Saint-Pol,

fils

« l’atour

du

d’une

sur un cheval dont la couverture, de velours

de Montfort est garnie dames prisent fort. damas,

»,

Le bâtard

de

le scintillément

pages

La

salade

à l'aiguille, mettent

de

Jean

que les

l'éclat

du

diverses couleurs, le luxe des

de l'or,

de l'argent

et des pierre-

long de la « grand’rue » Saint-Denis, étroite, bordée

de maisons qui découpent sur le ciel leurs pignons élevés et dont les façades en bois et en plâtre, dans l’apparat des tentures, semblent se pencher curieusement,

comme

la multitude

des spectateurs. Le défilé magnifique ondule à travers la voie vivante et les cloches et elochettes d'argent ou dorées, aux housses des chevaux, font « moult grand bruit ». Jamais

tant de drap d’or « n’avoit esté coupé à cyseaux, ne tant de

riche brodure ne d’orfèvrie mise en œuvre », jamais tant de velours n'avait été employé « en revestement de chair de bestes

». Entre le Moulin

à Vent

et la Chapelle-Saint-Denis,

a lieu la rencontre de Philippe le Bon et de Louis Puis,

c’est la chevauchée

vers Paris

XI.

et, par la rue

Saint-

Denis et le Pont-au-Change, vers Notre-Dame, la chevauchée éclatante, bruyante, sous le soleil d'août, parmi la houle

populaire.

Passé la

porte

Saint-Denis,

tumultueusement la

LA CAPITALE

ROYALE

AU MILIEU DU XV°

SIÈCLE

ville débordante ajoute son propre spectacle à celui du défilé, dont l'ordre a été réglé au faubourg, à Saint-Ladre. On avait prescrit, à son de trompe, que æersonne ne füt assez-hardi pour se tenir dans les rues que devait suivre le cortège

royal, à cause de « la presse des chevaulx »; néanmoins, il y avait tant de monde dans ces rues que c'en « estoit merveille ». Les fenêtres des maisons — et on en avait loué

très cher — les gouttières étaient « toutes pleines de gents ». Des

taches vives

de lumière, le cheval

et rue » et dont les quatre

la poussière

soulevée,

grondement,

le mélange

cavaliers

allant

Louis

en sa bonne

un

eliquetis

à la rencontre

de

souvent

sault

la pouldre menue »,

de bruits sur un sourd

des couleurs,

croyable entassement humain XI

« qui

fers « font

les yeux

ceux

de

brillants

des dames,

un

: c’est l'entrée soleaneie

ville de Paris.

in-

de

Le cortège passe. Tel cheval a sur le dos une cloche en forme de timbre suspenduà quatre montants; tel autre a à sa housse

de

«

grosses

clocques

sonnant

à batel

n'est plus plaisant que ces trois coursiers

»

que nous

et

rien

voyons

harnachés de chaînes d’or, avec une « multitude de cloches »

tout autour. pages

belles vaux

Çà et là s’intercalent « de beaux jeunes enfans

», richement

écharpes

et s’agitent

seigneurs

de

qui, sans

armes,

vêtus

et ayant,

sur leurs

épaules,

qui descendent jusqu'à la croupe des au

pas

la suite

du

des

montures.

roi, les voici:

est en robe de velours

revêtu

d’un

drap

cloches

d’or,

le due

d’or, de

semé

de

Savoie,

le

princes

de

et

Bourbon,

noir, sur un cheval

feuilles le comte

Les

duc

de

che-

de

chêne

d'Harcourt

et,

de

dont la

monture a sur sa housse un soleil d'argent, Jean, sire dé Montauban, amiral de France, qui étale des ancres brodées en or sur la housse de satin blanc. de son cheval, Charles d’Armagnac, Jacques de Luxembourg, Jean, bâtard d’Armagnac, maréchal de France, que suivent cinq pages, habillés de

satin’ blane,

les manches

et le bas du

vétement

couverts

d'orfèvrerie d’or, le comte de Dunois, vêtu de damas blane, avec de larges boutons sur la fente de la robe où sont aussi

DE

ENTRÉE

LOUIS.

XI

g

PARIS

A

plusieurs gros rubis, le comte de La Marche, les comtes d'Eu, de Penthièvre, de Vendôme, qui, tous trois étant en ne se monstroïent

« point

deuil,

jolys,

chevauchoient

mais

en leur simple estat accoustumé », Jean Bureau, trésorier de France, vêtu de damas cramoisi, avec fil d’or au-dessous. de la ceinture et monté sur un cheval semblablement drapé,

avec

d’or

cloches

et

d'argent.

l'hospitalité à Louis XI, du 29 qu'il possède aux Porcherons, évoque,

côté

à

la

de

Ce

qui

dernier,

a

‘donné

au 31 août, en une maison ‘dans les marais de Paris,

noblesse,

la

bourgeoisie

parisienne

enrichie et parvenue aux honneurs.

Le cortège s'ouvre par les archers du comte d'Étampes, suivis de ceux du comte de Charolais et du duc de Bour-

gogne.

Puis,

des

nobles

du

de la dépendance

roi

ou

du

puissant due chevauchent deux à deux ou trois à trois, à l'aise pour déployer, sous les regards admiratifs des spectateurs,

leur

talent

de

cavalier.

Ensuite

archers de la garde royale, les hérauts, rois d'armes, qu'accompagnent trompettes

s’'avancent poursuivants et

clairons,

les

et qui

ne sonnent pas, et ménestrels. Après, c’est « la multitude des princes et des hauts barons, par ordre, chacun selon la sorte que désiroit pour deviser ». Une attention plus vive, des

poussées dans la foule : c’est le souverain Devant lui, sonnent

quatre trompettes

qui est proche.

de guerre, que

suivent

deux écuyers portant l'un le manteau du monarque et l’autre son chapeau de bièvre, fourré d’hermine. Puis viennent

Guillaume de Trousseauville, qui tient la place du grand écuyer et a l'épée royale, Joachim Rouault, porteur de l'armet royal que couronnent des fleurs de lis d’or, et, der-

rière, le cheval du souverain, mené à la bride, avec la selle sur le dos et une housse de velours bleu semé de fleurs de

c’est « lé roy, nostre sire », au-dessus duquel dais de satin bleu, frangé de gris, orné de fleurs

lis d’or.

Enfin,

s'étend

un

de lis et que portent six Parisiens, habillés en satin rouge.

Louis XI est vêtu d’une robe de dämas blanc, avec franges de fil d’or au-desus de la ceinture; il a un petit chape-

10

.

LA CAPITALE

ron noir où

se

ROYALE

AU

remarquent

XV°

MILIEU DU

des découpures

SIÈCLE

et

est monté

sur une haquenée blanche, harnachée de damas blanc à franges de soie LRche. Six archers de la petite garde, à pied et munis de leurs bâtons de défense, l’encadrent. . À vingt ou trente piéds derrière lui, s'avance Philippe le Bon, avec sa suite. Puis, c’est la cohue de la queue, « la presse et boutterie de la foule des grands seigneurs sieuvans

sans ordre », quelque chose comme douze mille chevaux ou plus, disait-on, se pressant dans l’entassement d’une fin de cortège, parmi le menu peuple qui ferme la marche. Bon nombre de ces

seigneurs, par lesquels se terminait le défilé,

n'affichaient aucun luxe, incertains qu’ils étaient des dispositions

du nouveau roià leur

égard

et craignant

de

perdre

leurs offices. Au surplus, quémandeurs, gens préoccupés de garder leur situation ou de supplanter autrui avaient afllué à Paris en cette circonstance. C’estun contemporain, Thomas Ba-

sin, qui nous l’apprend. Le cortège déroule, son long ruban multicolore, que viennent çà et là piquer des scènes ou des décorations de

_circonstance : près de l’église de Saint-Ladre, où le héraut Loyal Cœur dames vêtues tées sur des Süreté, dont

présente à Louis XI, sous les traits de drap d’or à la manière des reines chevaux de prix, Paix, Amour, Raison, les initiales forment le mot Paris; à

de cinq, et monJoie et la porte

Saint-Denis, décorée d'un bateau rappelant les armoiries pari-

siennes

et contenant Église, Noblesse

née desquels préside le monarque,

et Labour à la desti-

avec

Justice

et Équité,

sans parler de deux anges qui, mus par un mécanisme, descen-

dent du ciel pour couronner Louis XI, à son passage; à la fon-

taine du Ponceau, d’où coulent du vin, de l’hypocras, du lait et de l’eau et qui offre à la vue, outre des hommes et femmes

sauvages se battant, trois sirènes sous les traits de belles filles,

À

toutesnues ; devant la Trinité, siège de la confrérie de la Passion et où un tableau vivant représente cette dernière; à la Porte-

aux-Peintres, de l’ancienne enceinte de Philippe-Auguste et où

d’autres personnages,

richement vêtus, figurent une allégorie

ENTRÉE

DE

LOUIS

XI A PARIS

«