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French Pages 338 [343] Year 1927
MARCEL
POËTE
UNE VIE DE CITÉ , PARIS
DE SA NAISSANCE A NOS JOURS SE
LA CITÉ DE LA RENAISSANCE Du
milieu
du xve siècle à la fin du xvVIe siècle.
AUGUSTE PICARD, ÉDITEUR ‘
82, RUE BONAPARTE,
| 1927
VI®
:
| DE SA NAISSANCE A NOS JOURS |
tr” LA CITÉ DE LA RENAISSANCE
mere Du milieu du xve siècle à la fin du xvie siècle.
AVIS
Dans
AU
LECTEUR
le récit de la vie de notre
cité, nous avons
atteint
l’âge où Paris s'offre en ses premiers portraits. Au xvi* siècle en effet remontent les plus anciens plans de cette ville.
L'un
des plus intéressants,
celui de Truschet
et Hoyau,
qui date du milieu de ce siècle, a été reproduit en annexe au tome premier du présent ouvrage. C’est une image vivante de la cité de la Renaissance,
‘
au moment
où vont apparaître:
les premiers changements que cet âge a apportés dans la physionomie urbaine. On devra donc s’y reporter, en lisant le tome second, consacré à la ville de ce temps. On ne négligera pas non plus les vues diverses qui nous ont gardéun . reflet de ce Paris d’antan. Les plus expressives d’entreelles ont
pris
place
dans l'Album
d'Une
Vie
sont à la fois reproduites et commentées.
de
Cité,
où
elles
. ‘
UNE VIE DE CITÉ PARIS DE
SA
NAISSANCE
A NOS
JOURS
CHAPITRE XXXIV ‘ La >
capitale royale, au milieu du XV° siècle : la foire vanités et la foire aux intérêts. L’action des chemins sur la ville.
aux.
Charles VIT s’est éteint, le 22 juillet 1461, à Mehun-surYèvre, en cette région centrale de notre pays dont les des_tins avaient fait, lors de l'invasion anglaise, le point de fixation de la monarchie française. Comme aux premiers temps de
la dynastie
capétienne,
laquelle la Loire
déroule
l’harmonieuse
son large
contrée, à travers
cours paisible, l'emporte,
dans le choix de la résidence du ‘souverain, sur l’onduleuse
vallée où, animée
de
parmi les méandres Paris.
De
de la Seine,
spacieuses
étendues
s’étend
la tache
plates,
ourlées
d’une belle ligne d’eau, avec la masse fortifiée d’un château, des gens d'armes chevauchant dans la campagne, cà et là |
des moutons, le cou allongé vers la terre nourricière, sous un el dont le bleu s’agrémente de la ouate des nuagès : tel , à cette époque, le paysage royal préféré. ' _ Charles VIT s’est éteint, étant de roi de ROReE redevenu ro de France. Son règne, après les longues misères de la guerre
de
Cent Ans,
s’est achevé
dans
un
sentiment
d’apai-
sement. Certes, le tableau que le procureur au Parlement et notaire au Châtelet, Martial d'Auvergne, trace en ses € Vigilles du feu bon roy mout autentiquement » comporte è
al
ITALE
ROYALE AU
MILIEU
pu XV°
SIÉC
#
LA
idylle une forte part d’exagération. Il y a loin de cette
vie toutefois, que tant de troubles avaient agité Laé. /!_ réalit à bri avait repris un cours plus calme. Paris s'était remis Charles VII s'est éteint. Maintenant « Où sont les robbes et les habillemens
, De cramoisy, draps d'or, veloux (velours) à feuilles Costes (cottes) simples et les beaulx paremens, Coliers, chesnes (chaînes) et ceintures nouvelles, “te Atours, touretz et ces haquenées belles | Dont l'en (on) fringoit, faisant en l'air les saulx». lles, damoise ses, « Adieu dames, bourgoi Festes, danses, joustes et tournoiemens
Fa
à ;
ns :
: ne
se
0
s Adieu galans qui souliez (aviez coutume) faire fringue des Parmy les rues, voustes (voltes) et espana
(tours et retours),
(épingles) Saillans en l'air pour prendre les esplingues haut des estrades). (du s estrade les ans regard Au seing des dames Adieu courciers et les tours et virades. Adieu soubriz (sourires) meslez en aliance. Adieu chançons, virlais, rondeaux, balades. : Adieu atours et lassetz de plaisance. elz, afficqu es, Adieu présens, baguet es ». Que l'en (on) donnoit aux dames pour estrain
La cité de luxe
et de fêtes chevaleresques, que charmait,.le
rs ces vers. Vailsourire de la Parisienne, s’entrevoit à trave l'éclat de leurs de lants chevaliers, nobles écuyers brillaient Anglais et étalaient, prouesses dans la lutte menée contre les , une somptuosité dans leur vêtement et leur harnachement
qui augmentait encore leur prestige aux yeux des damoiselles et des bourgeoises.
des dames,
« Paige n’y avoit de sy petite adresse Qui ne portast sur luy satin ou soÿe ».
Le
commerce
chement
hostile
avait repris.
Sur
des gens d'armes
les
chemins,
le
chevau-
n’était plus une menace
iques foulaient les de tous les instants. Des pas plus pacif s'étaient muées en voies en mauvais état et qui çà et là . La mer se montrait pistes vagues, à travers la campagne
plus favorable aux nefs audacieuses.
Le
ON
SE
REPREND
A
VIVRE
3
« Marchans gaignoïent en toutes marchandises, Draps de soye et pierreries exquises ».
Ils amassaient de grands biens, pouvaient approvisionner de
vin,
de
foin,
de
blé,
d'avoine
et d’autres
grains
les habi-
tants d'une ville ou fournir farine et viande à une armée. L'industrie, qui se résout dans la poussière des maîtres de métiers,
s’estompe
derrière
« Marchandise
celle-ci toutefois
est « Labour
toutes
car
déserte
choses
travailler
»,
était en voie
dans les
récoltes avec plus
sans
lui on
ne peut
d’être remise
champs
Au-dessus
de
en
vivre.
Or
la terre
culture.
On
pouvait.
et les vignes
de sécurité.
»,
», qui « est à favoriser sur
Au
et recueillir
les
delà du rempart urbain,
s'étend à perte de vue le sol fertile où la poésie bucolique: de Martial d'Auvergne évoque le berger, avec sa houlette et, sa cornemuse, étendu sur l'herbe en compagnie
de la bergère,
ou attirant celle-ci dans un beau sentier tout couvert d'ombrage et qu'embaument les églantiers. Plus prosaïquement, on mange les gâteaux farcis d’aulx, les « pastez de naveaulx au lart et groiselles
», puis
l'on
s'endort
sur sa hotte.
Ou
bien on se nourrit d'une écuelle de porreaux, on devise de Margot la blonde et l’on danse dans la saussaie. « L'en (on) commençoit fort ès villaiges Faire maisons, hostelleries, Venir gens et nouveaulx mesnaiges »,
Les bourgeois achetaient. Les ouvriers travaillaient. « Estrangiers venoyent,
Le pays peuployent
Pèlerins passoyent ».
Bref, la longue tourmente de la guerre de Cent Ans passée, on se reprénait à vivre. En cette fin de juillet del’an 1461 le
royaume
était
tranquille,
assurent
les
chroniqueurs,
et
Y
les vendanges s’annonçaient bonnes, ajoute le Parisien Jean Maupoint en son journal. Aussitôt après la mort de Charles VII,
ROYALE AU MILIEU
LA CAPITALE
4
un bon nombre
DU XV°
SIÈCLE
et de bourgeois
de nobles, de gens d'église
nt de Paris ainsi que d’autres parties de la France se hâtère uns de se rendre auprès du dauphin Louis devenu roi, les mainafin d'obtenir des offices royaux, les autres pour être
tenus,
eux,
leurs
naient
déjà.
«
piègne,
amis,
ou
parents
tirons devers
Nous
le 28 juillet, le premier
dans
ceux
qu'ils
le roy », mande
déte-
de Com-
du Parlement
président
de
de Louis XI. De son côté, le président
Paris au secrétaire
fait transde la Chambre des Comptes, Simon Charles, s’était
a porter en litière auprès du nouveau souverain qui attribu son à ou confirma quelques offices et ajourna le reste jusqu'
arrivée à Paris après son sacre. fut vue Le 23 juillet, vers 9 heures du soir, une comète ciel en jetant avec une longue queue et qui courait dans le
un vif éclat, tellement qu'il semblait feu.
Le
5 août
au
soir,
de
le corps
que tout Paris fût en
Charles
VII,
amené
Mehun,
vint reposer à l’église Notre-Dame-des-Champs;
précédé
de deux cents pauvres,
de
le
gens d'église, lendemain, accompagné d’un grand cortège de : les de nobles et de peuple, il fut transféré à Notre-Dame et il était henouars de Paris le portaient sur une litière ainsi que des qu’escortaient
une
torche de
cire
à la main,
crieurs de corps de la ville. Derrière la litière six pages,
à cheval,
se voyait
« la pourtraicture
et la main
de justice
» de
du feu roi et sur laquelle
ce dernier, revêtue
de
sur la tête, le sceptre en une main
Lhabit royal, la couronne
l’autre,
en
chevauchaient
les princes,
s 1e chancelier de France, le grand écuyer, suivis des officier
de l'hôtel du défunt,
allant
deux à deux à pied. Le 7 août,
corps fut conduit de Notre-Dame enseveli. Cependant
Louis
XI,
que
la
le
à Saint-Denis, pour y être
nouvelle
de
la
mort
de
son
du duc de: père avait atteint dans les États septentrionaux s'était réfugié Bourgogne Philippe le Bon, auprès de qui il VII, gagnait s après s'être mis en révolte contre Charle De là, il se Reims où il fut sacré et couronné le 15 août. lle, en dirigea vers Paris, pour Y faire son entrée solenne
AVÈNEMENT
suivant, à partir
de
D'UN
NOUVEAU
Saint-Denis,
en sens
min par lequel le souverain décédé
ROI
contraire,
le che-
était allé reposer dans
sa dernière demeure. Une-telle cérémonie y attire un concours exceptionnel de monde. Les personnes accompagnant
le monarque — observe la municipalité parisienne, le 14 août
qui en est donnée, en telle trouver à se loger dans les
— seront, d’après l'évaluation quantité qu’elles ne pourront
hotelleries de la ville dont le nombre a fort diminué
depuis.
le, long temps que le roi et: sa cour ont délaissé Paris. L'absence du souverain, que la région de la Loire a attiré: à elle, a, comme on le voit, singulièrement ralenti le mou-
vement général des êtres et des choses vers cette cité dont la prospérité à été ainsi atteinté. Comme, suivant une coutume observée de temps immémorial, les bourgeois de Paris sont exempts des réquisitions de logements effectuées.
par les maréchaux de logis et les fourriers, le prévôt des. marchands et les échevins ont enjoint aux quarteniers de: et dizainiers, s'enquérir, avec l’aide des cinquanteniers
des habitants qui consentiraient à mettre leurs deumeres à la disposition des nouveaux arrivants. Toutefois l’affluence
de gens, venus tant du royaume que de pays voisins, est. énorme, et, assure un témoin, on à beaucoup de peine à se: loger, non seulement dans la ville et les faubourgs, mais
encore à deux lieues à la ronde. La plupart des seigneurs de
France
et de Bourgogne,
se sont rendus à Paris. rues,
que
personne
avec de nombreux prélats et abbés,
On crie à son de trompe,
n’augmente
le prix du vin etne
dans les.
demande.
plus de deux sols parisis de pension par jour pour un cheval. Le théâtre est comble, lorsque le spectacle commence. Le premier
acte
est l’arrivée
de Philippe
le Bon,
le 30 août,
parmi les manifestations de joie des Parisiens, heureux de revoir ce prince après une absence de vingt-neuf ans : celuici, accompagné d’une suite imposante, gagne sa demeure familiale,
l'hôtel d'Artois
ou de Bourgogne,
dont la tour tra-
pue accidente le quartier populeux des Halles. Le lendemain, dans l'après-midi,
Louis XI prend possession de sa capitale,
LA
CAPITALE
ROYALE
-
AU
MILIEU
DU
‘
XV°
SIÈCLE
selon le rite accoutumé. Philippe le Bon a quitté son logis pour aller au-devant du roi et un magnifique les yeux de la foule
amassée.
d'Étampes
de
et ceux
Derrière
Charolais
cortège éblouit
les archers
et de
du
Bourgogne,
comte
le duc
s’avance, vêtu d’un paletot de velours noir décoré d’orfevre-
rie ; il a à son chapeau une plume noire, garnie de rubis, diamants et perles d’un prix inestimable; il a ceint une épée
dont le pommeau et la gaine sont ornés également de pierres
précieuses;
de
Il est'monté noir,
avec
même
que
le
bouclier
suspendu
au
côté.
sur un cheval blanc, paré d’une housse de satin des broderies,
brillante
de
l’éclat
de l’orfèvrerie
et d’où pendent des franges d’or et de soie noire; la selle est enrichie de pierreries et le chanfrein
de la monture. couvert
de velours noir et surmonté d’une plume où étincellent neuf gros rubis, entreméêlés de perles sans nombre. La foule admire, suppute la valeur de tels ornements.
sieurs
pages
suivent
le bon duc; ils sont vêtus
noir,
coiffés de barrettes
gris,
drapés
même
couleur,
de
de velours
noir,
et jettent mille feux, comme housses noires, chargées
d'eux, qui porte la salade
avec
Plu-
de damas
plumes
leurs
de
chevaux
d’orfèvrerie.
L’un
du duc, ornée d’un rubis passant
pour la merveille de la chrétienté, a un chapeau d’armes æouvert d'une broderie d’or, bordé en outre de rubis, dia-
mants et grosses perles, avec, sur la partie supérieure, sept
gros rubis. Puis, c’est le comte de Charolais, futur Charles le Téméraire : le fils de Philippe le Bon, qui est âgé de vingt-huit
ans,
est
habillé
d’une
robe
italienne
de
velours
£ramoisi, bordée de damas blanc; il a sur la tête une barrette
de drap d’or et est monté sur un cheval revêtu d’une housse : de
velours,
parsemée
d’orfèvrerie.
Ses pages
sont coiffés de
salades garnies d’or ou de pierreries. Le duc Jean de Clèves, neveu de Philippe le Bon, a un manteau de velours dont une
moitié
couverte étalée
est
ornée d’un
à l’aiguille
en,or
et l’autre
de pierreries. Son frère Adolphe a une chaine d'or
sur les épaules,
£gramoisi,
point
s'agrémente
un
de
cheval
cloches
dont
la parure,
d'argent,
en velours
de boutons d’or
Fi
ENTRÉE
DE
LOUIS
XI
À
PARIS
F
et de riches houppes. La suite de ce seigneur comprend six pages qui portent des chaînes d’argent et ont des montures
aux heusses magnifiques : velours bleu, brodé de lacs d'amour
avec
lettres d’or,
décoration de fil d’or et de soie à la façon
de Hongrie ou encore en manière de rayon de soleil, ouvrage à l'aiguille en fil d’or, figurant
de dame
André,
avec lettres et larmes.
tel le bâtard
de
Bourgogne,
avec
drapé de satin violet,
D’autres
qui
croix de saint
nne
seigneurs
chevauche
sur
un
défilent,
cheval
semis de larmes d’or et d’argent
et de grosses cloches d’or et est accompagné d’une brillante escorte. Les devises, sur les housses des montures, ont l’orgueil
de
« beau
leur noble comte
dame
» et est
bleu,
est
langage.
Walleran
semée
Seigneurs,
de
soleils
sa
salade
d’orfèvrerie.
d’un ornement
chevaliers,
écuyers,
du satin, du velours
broderies,
ries au
a sur
de Saint-Pol,
fils
« l’atour
du
d’une
sur un cheval dont la couverture, de velours
de Montfort est garnie dames prisent fort. damas,
»,
Le bâtard
de
le scintillément
pages
La
salade
à l'aiguille, mettent
de
Jean
que les
l'éclat
du
diverses couleurs, le luxe des
de l'or,
de l'argent
et des pierre-
long de la « grand’rue » Saint-Denis, étroite, bordée
de maisons qui découpent sur le ciel leurs pignons élevés et dont les façades en bois et en plâtre, dans l’apparat des tentures, semblent se pencher curieusement,
comme
la multitude
des spectateurs. Le défilé magnifique ondule à travers la voie vivante et les cloches et elochettes d'argent ou dorées, aux housses des chevaux, font « moult grand bruit ». Jamais
tant de drap d’or « n’avoit esté coupé à cyseaux, ne tant de
riche brodure ne d’orfèvrie mise en œuvre », jamais tant de velours n'avait été employé « en revestement de chair de bestes
». Entre le Moulin
à Vent
et la Chapelle-Saint-Denis,
a lieu la rencontre de Philippe le Bon et de Louis Puis,
c’est la chevauchée
vers Paris
XI.
et, par la rue
Saint-
Denis et le Pont-au-Change, vers Notre-Dame, la chevauchée éclatante, bruyante, sous le soleil d'août, parmi la houle
populaire.
Passé la
porte
Saint-Denis,
tumultueusement la
LA CAPITALE
ROYALE
AU MILIEU DU XV°
SIÈCLE
ville débordante ajoute son propre spectacle à celui du défilé, dont l'ordre a été réglé au faubourg, à Saint-Ladre. On avait prescrit, à son de trompe, que æersonne ne füt assez-hardi pour se tenir dans les rues que devait suivre le cortège
royal, à cause de « la presse des chevaulx »; néanmoins, il y avait tant de monde dans ces rues que c'en « estoit merveille ». Les fenêtres des maisons — et on en avait loué
très cher — les gouttières étaient « toutes pleines de gents ». Des
taches vives
de lumière, le cheval
et rue » et dont les quatre
la poussière
soulevée,
grondement,
le mélange
cavaliers
allant
Louis
en sa bonne
un
eliquetis
à la rencontre
de
souvent
sault
la pouldre menue »,
de bruits sur un sourd
des couleurs,
croyable entassement humain XI
« qui
fers « font
les yeux
ceux
de
brillants
des dames,
un
: c’est l'entrée soleaneie
ville de Paris.
in-
de
Le cortège passe. Tel cheval a sur le dos une cloche en forme de timbre suspenduà quatre montants; tel autre a à sa housse
de
«
grosses
clocques
sonnant
à batel
n'est plus plaisant que ces trois coursiers
»
que nous
et
rien
voyons
harnachés de chaînes d’or, avec une « multitude de cloches »
tout autour. pages
belles vaux
Çà et là s’intercalent « de beaux jeunes enfans
», richement
écharpes
et s’agitent
seigneurs
de
qui, sans
armes,
vêtus
et ayant,
sur leurs
épaules,
qui descendent jusqu'à la croupe des au
pas
la suite
du
des
montures.
roi, les voici:
est en robe de velours
revêtu
d’un
drap
cloches
d’or,
le due
d’or, de
semé
de
Savoie,
le
princes
de
et
Bourbon,
noir, sur un cheval
feuilles le comte
Les
duc
de
che-
de
chêne
d'Harcourt
et,
de
dont la
monture a sur sa housse un soleil d'argent, Jean, sire dé Montauban, amiral de France, qui étale des ancres brodées en or sur la housse de satin blanc. de son cheval, Charles d’Armagnac, Jacques de Luxembourg, Jean, bâtard d’Armagnac, maréchal de France, que suivent cinq pages, habillés de
satin’ blane,
les manches
et le bas du
vétement
couverts
d'orfèvrerie d’or, le comte de Dunois, vêtu de damas blane, avec de larges boutons sur la fente de la robe où sont aussi
DE
ENTRÉE
LOUIS.
XI
g
PARIS
A
plusieurs gros rubis, le comte de La Marche, les comtes d'Eu, de Penthièvre, de Vendôme, qui, tous trois étant en ne se monstroïent
« point
deuil,
jolys,
chevauchoient
mais
en leur simple estat accoustumé », Jean Bureau, trésorier de France, vêtu de damas cramoisi, avec fil d’or au-dessous. de la ceinture et monté sur un cheval semblablement drapé,
avec
d’or
cloches
et
d'argent.
l'hospitalité à Louis XI, du 29 qu'il possède aux Porcherons, évoque,
côté
à
la
de
Ce
qui
dernier,
a
‘donné
au 31 août, en une maison ‘dans les marais de Paris,
noblesse,
la
bourgeoisie
parisienne
enrichie et parvenue aux honneurs.
Le cortège s'ouvre par les archers du comte d'Étampes, suivis de ceux du comte de Charolais et du duc de Bour-
gogne.
Puis,
des
nobles
du
de la dépendance
roi
ou
du
puissant due chevauchent deux à deux ou trois à trois, à l'aise pour déployer, sous les regards admiratifs des spectateurs,
leur
talent
de
cavalier.
Ensuite
archers de la garde royale, les hérauts, rois d'armes, qu'accompagnent trompettes
s’'avancent poursuivants et
clairons,
les
et qui
ne sonnent pas, et ménestrels. Après, c’est « la multitude des princes et des hauts barons, par ordre, chacun selon la sorte que désiroit pour deviser ». Une attention plus vive, des
poussées dans la foule : c’est le souverain Devant lui, sonnent
quatre trompettes
qui est proche.
de guerre, que
suivent
deux écuyers portant l'un le manteau du monarque et l’autre son chapeau de bièvre, fourré d’hermine. Puis viennent
Guillaume de Trousseauville, qui tient la place du grand écuyer et a l'épée royale, Joachim Rouault, porteur de l'armet royal que couronnent des fleurs de lis d’or, et, der-
rière, le cheval du souverain, mené à la bride, avec la selle sur le dos et une housse de velours bleu semé de fleurs de
c’est « lé roy, nostre sire », au-dessus duquel dais de satin bleu, frangé de gris, orné de fleurs
lis d’or.
Enfin,
s'étend
un
de lis et que portent six Parisiens, habillés en satin rouge.
Louis XI est vêtu d’une robe de dämas blanc, avec franges de fil d’or au-desus de la ceinture; il a un petit chape-
10
.
LA CAPITALE
ron noir où
se
ROYALE
AU
remarquent
XV°
MILIEU DU
des découpures
SIÈCLE
et
est monté
sur une haquenée blanche, harnachée de damas blanc à franges de soie LRche. Six archers de la petite garde, à pied et munis de leurs bâtons de défense, l’encadrent. . À vingt ou trente piéds derrière lui, s'avance Philippe le Bon, avec sa suite. Puis, c’est la cohue de la queue, « la presse et boutterie de la foule des grands seigneurs sieuvans
sans ordre », quelque chose comme douze mille chevaux ou plus, disait-on, se pressant dans l’entassement d’une fin de cortège, parmi le menu peuple qui ferme la marche. Bon nombre de ces
seigneurs, par lesquels se terminait le défilé,
n'affichaient aucun luxe, incertains qu’ils étaient des dispositions
du nouveau roià leur
égard
et craignant
de
perdre
leurs offices. Au surplus, quémandeurs, gens préoccupés de garder leur situation ou de supplanter autrui avaient afllué à Paris en cette circonstance. C’estun contemporain, Thomas Ba-
sin, qui nous l’apprend. Le cortège déroule, son long ruban multicolore, que viennent çà et là piquer des scènes ou des décorations de
_circonstance : près de l’église de Saint-Ladre, où le héraut Loyal Cœur dames vêtues tées sur des Süreté, dont
présente à Louis XI, sous les traits de drap d’or à la manière des reines chevaux de prix, Paix, Amour, Raison, les initiales forment le mot Paris; à
de cinq, et monJoie et la porte
Saint-Denis, décorée d'un bateau rappelant les armoiries pari-
siennes
et contenant Église, Noblesse
née desquels préside le monarque,
et Labour à la desti-
avec
Justice
et Équité,
sans parler de deux anges qui, mus par un mécanisme, descen-
dent du ciel pour couronner Louis XI, à son passage; à la fon-
taine du Ponceau, d’où coulent du vin, de l’hypocras, du lait et de l’eau et qui offre à la vue, outre des hommes et femmes
sauvages se battant, trois sirènes sous les traits de belles filles,
À
toutesnues ; devant la Trinité, siège de la confrérie de la Passion et où un tableau vivant représente cette dernière; à la Porte-
aux-Peintres, de l’ancienne enceinte de Philippe-Auguste et où
d’autres personnages,
richement vêtus, figurent une allégorie
ENTRÉE
DE
LOUIS
XI A PARIS
«