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French Pages [143] Year 1988
LEXIQUE COMPARATIF DES LANGUES OUBANGUIENNES
GEUtHNER
LEXIQUE COMPARATIF DES LANGUES OUBANGUIENNES
LABORATOIRE DE LANGUES ET CIVILISATIONS A TRADITION ORALE DU CNRS LACITO
PUBLICATIONS DU
DÉPARTEMENT
LANGUES ET PAROLE EN AFRIQUE CENTRALE LAPAC
LEXIQUE COMPARATIF DES LANGUES OUBANGUIENNES
Collectif édité par Yves MONINO
LABORATOIRE DE LANGUES ET CIVILISATIONS À TRADITION ORALE (LACITO) Département « LANGUES ET PAROLE EN AFRIQUE CENTRALE » (LAPAC) 44, Rue de l’Amiral Mouchez, 75014 Paris
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER S.A., 12, RUE VAVIN — 75006 PARIS
© 1988, LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER S.A., 12 RUE VAVIN, 75006 PARIS
LACITO-LAPAC, 44 rue de l’Amiral Mouchez, 75014 Paris ISSN 0986-0983 ISBN 2-7053-0353-7 Tous droits réservés. Aucune partie de cet ouvrage ne peut être traduite, adaptée ou reproduite de quelque manière que ce soit ; par impression, procédé anastatique, microfilm, microfiche ou par tout autre moyen sans autorisation préa lable de l’Éditeur. « La loi du 11 Mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants-droits ou ayants-cause, est illicite » (ali néa 1er de l’Article 40). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanc tionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal ».
Couverture : conception P. LABOURRAS, Agence TÉ, Paris.
SOMMAIRE
I L’ÉTAT DES RECHERCHES COMPARATIVES SUR LES LANGUES OUBANGUIENNES
INTRODUCTION : Cousines ou voisines ? par Yves Monino Y. Monino Le groupe gbaya-manza-ngbaka P. Boyeldieu et M. Diki-Kidiri Le groupe ngbandi-sango-kpatiri
R. Boyd Le kpatiri ou gbâyî, une nouvelle langue du groupe ngbandi R. Boyd et H. Pasch* Le groupe sere-ngbaka-mba F. Cloarec-Heiss Le groupe banda
R. Boyd Le groupe zande R. Boyd et P. Nougayrol Le gemé ou jè,mé, une nouvelle langue du groupe zande
II LEXIQUE COMPARATIF DES LANGUES OUBANGUIENNES Y. Monino Introduction au lexique
LEXIQUE par Anne Behaghel TABLE DES MA TIÈRES
* Kôln Universitàt (les autres contributaires sont chercheurs au CNRS)
I
L'ETAT DES RECHERCHES COMPARATIVES SUR LES LANGUES OUBANGUIENNES
INTRODUCTION COUSINES OU VOISINES ?
Le présent ouvrage a pour cadre le groupe de langues dit "oubanguien" ou "oriental”, et n’a d’autre ambition que de constituer un premier élément de travail pour l’analyse des traits communs et des divergences de ces langues, en vue de pré ciser leur degré de relation et la nature de celle-ci (apparentement par filiation, par contact, ou mixte). Il est frappant en effet de constater le décalage existant entre le caractère globalisant, et précis jusqu’au détail, des différentes classifications pro posées pour ces langues, et la minceur, ou à tout le moins la disparité, de la documentation linguistique sur laquelle elles s’appuient. Avant d’en aborder plus avant la critique, il paraît utile de rappeler quelles sont ces classifications, les critères qui les fondent et les modèles qui les sous-tendent.
1 Historique des classifications linguistiques Honneur au fondateur : le groupe linguistique oubanguien fut créé sous ce nom par Maurice DELAFOSSE (1924), et comprenait 25 langues, dont une seu lement est aujourd’hui classée ailleurs (kredj-gbaya du Soudan, nilo-saharienne). Sur la base de critères typologiques, morphologiques surtout, pensés comme des divergences par rapport à un modèle ancestral, DELAFOSSE rattachait ce groupe à sa grande famille "négro-africaine”, mais ne proposait aucune hiérarchie organi sant les 25 langues entre elles, aucun regroupement interne à l’oubanguien. La classification de D. WESTERMANN (BAUMANN et WESTERMANN, 1940), fondée sur un modèle où les types morphosyntaxiques prennent le pas, sans les évacuer complètement, sur les considérations généalogiques, ventile les langues oubanguiennes de DELAFOSSE parmi 6 des 17 groupes constituant la section ”nigritique’’ des langues soudanaises :
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LEXIQUES 4. ndogo-sere-bai-bviri + autres langues 5. mundu-bangba-zande-nzakara-barambu + autres langues 6. banda (mbanza, togbo, ndi, linda, gobu) 8. ngbandi-sango (+ gbanzili ?) 10. ngbaka ma'bo-monzombo (+ gbanzili ?) 13. manza-gbea
Bien que les premières discriminations au sein de nos langues soient ici opérées, le tableau d’ensemble est assez confus, car les 6 groupes sont présentés au milieu d’autres, composés eux de langues adamawa, bantoïdes et nilo-sahariennes; le mélange se produit même au sein d’un même groupe, cas notamment de 4 et 5. Les travaux d’I. RICHARDSON (1957) et surtout de TUCKER et BRYAN (1956, 1966), s’inspirent en les systématisant de ceux de WESTERMANN, tant dans le modèle fondé ici sur des critères strictement typologiques et refusant de poser une quelconque communauté d’origine, que par le cadre général de la classification. Cela dit, la volonté de restreindre le champ comparatif (il s’agit pour les auteurs de regrouper les variétés de langues recensées en "single units", et celles-ci en "larger units") et la meilleure qualité de la documentation (malheureusement superficielle car limitée pour chaque langue) recueillie lors d’enquêtes extensives, conduit à une homogénéisation plus pertinente de chaque groupe, dont le nombre total augmente : pour les seules langues d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal à l’Oubangui, 36 "larger units" sont constituées dont 4 nous concernent ici (les tirets séparent des "single units") : 3. sere-mundu 4. mba 5. zande 6. banda-gbaya-ngbandi
(= B5 et B6 de Greenberg) (= B7 et B8 de Greenberg) (= B4 de Greenberg) (= B2, Bl, B3 de Greenberg)
La version de 1966 regroupe 3 et 6 en une nouvelle "larger unit", sur la base notamment du critère de nombre, indiqué par un affixe o/a; le zande, bien qu’ayant selon les auteurs des traits communs avec 3/6, s’en distingue par une opposition de genre qui lui est spécifique. Le mba par contre est vu comme tout à fait à part en raison de ses suffixes de classes nominales. Avec J. GREENBERG (1955, 1963), le modèle classificatoire est à l’inverse donné comme purement généalogique, mais la méthode, dite des ressemblances, qu’il a mise au point pour concilier les exigences de la linguistique historique (jusque là appliquée en Afrique noire aux langues bantoues de MEINHOF à GUTHRIE) et la masse considérable de langues à traiter en même temps, a produit en définitive des subdivisions analogues à celles de ses prédécesseurs, comme l'ont montré séparément D. DALBY et I. FODOR. C’est ainsi que le vieil oubanguien de DELAFOSSE est reconstitué en 1955 sous le nom de "Oriental”, et forme une des 14 branches de la famille Niger-Congo, avant d’être réuni en 1963 avec la branche Adamawa en une des 6 nouvelles sous-familles nigéro-congolaises. Le gbayamanza, que GREENBERG hésitait à classer comme Adamawa ou comme Oriental, est désormais intégré à la seconde branche, comprenant 30 langues et subdivisée en 8 sous-groupes :
OUBANGUIENS I.
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Congo-Kordofanien A. Niger-Congo 6. Adamawa-Eastem A. Adamawa (14 sous-groupes) B. Eastem (8 sous-groupes) : 1. gbaya, manza, ngbaka 2. banda 3. ngbandi, sango, yakoma 4. zande, nzakara, barambu, pambia 5. ngbaka ma’bo, monzombo, gbanzili, mundu, mayogo, bangba 6. ndogo, sere, tagbu, bai, bviri, feroge, indri, togoyo, mangaya 7. amadi (madyo, ma) 8. mondunga, mba (bamanga)
Commentant ces classifications dans l'introduction au volume des Langues dans le monde ancien et moderne (1981) consacré à l'Afrique subsaharienne, G. MANESSY soulignait les convergences profondes de ces constructions. Plus que la réalité linguistique, elles reflétaient selon lui l’état des connaissances africanistes, caractérisé par la disparité de la documentation, à l’époque peu fiable et insuffisante pour la plupart des langues; et ce, malgré - ou en raison de - l’ambition globalisante qui animait leurs auteurs; en dépit, aussi, des différences de modèles proposés. Le travail de GRÇENBERG n’en est pas moins, pour la linguistique oubanguienne, le point de départ obligé des recherches comparatives ultérieures. Les descriptions structurales approfondies de plusieurs langues de cet ensemble se multiplient à partir des années 60, et une présentation typologique détaillée des aires de distribution de phonèmes et de tons dans les langues d’Afrique Centrale (J.M.C. THOMAS et ER 74) paraît en 1971. Mais l’ombre de GREENBERG plane encore dans le ciel du comparatisme local, et les essais de présentations globales des années 70 se limitent à des réaménagements mineurs, fondés sur des impressions de surface nées des nouvelles connaissances, et inspirées aussi par les subdivisions de TUCKER et BRYAN, plus que sur des études comparatives raisonnées. C’est ainsi que les classifications proposées par SAMARIN (1971), THOMAS (1981, rédaction 1971) et BARRETEAU-MONINO (1978) ramènent les 8 sous-groupes à 5, regroupant en un seul les Bl, B3, B5 et B6; la dernière présente en outre des divisions internes à chaque sous-groupe, ainsi que celle de BOUQUIAUX et THOMAS (1980:815), nou velle quant au sous-groupe ngbaka-gbanzili-sere. Plus prometteuses sont les études de reconstruction, sur la base des correspon dances phonologiques, morphologiques et lexicales régulières, menées sur un nombre restreint de langues réputées apparentées, afin de déterminer leur degré de relation, et les analyses dialectologiques typologiques évaluant la distance des parlers d’un même continuum en vue de les délimiter. Mais avant d’en venir aux travaux en ce sens, réalisés et en cours, il reste à présenter les classifications de BENNETT (1977, 1983), de SAXON (1982) et de BOYELDIEU & CLOAREC-HEISS (1987).
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LEXIQUES
2 Classifications sur des bases lexicostatistiques BENNETT renoue avec la tradition des classifications globales, et réaménage de fond en comble l'édifice de GREENBERG en multipliant le nombre d'étages sans toucher à l'extérieur. Ou, pour revenir à la métaphore botanico-familiale plus conforme au modèle généalogique dont se réclame l'auteur, son arbre nigérokordofanien est bien celui de GREENBERG, mais les branches ont proliféré. Ainsi les langues Adamawa-Eastem, gur et kru se détachent d’un North Central NigerCongo (NCNC) en 1977, lequel se complique notablement en 1983 : NCNC en gendre 5 branches dont le gur, le gbaya (B 1 de Greenberg), le boa-kula (A 13) et le Cameroun-Oubanguien. Ce dernier se ramifie en 3, dont une branche "oubanguienne” (celle de Greenberg moins le gbaya), qui donne naissance à 4 reje tons, B3, B4, B7 et groupe "kâ", lequel se subdivise enfin en 5 : B2, B5, B6 mundugbanzili, B6 feroge-togoyo, B6 ndogo-bviri. Cette succession est fondée sur l’affirmation raisonnable du critère de l'innovation comme définitoire de chaque sous-groupe et groupe génétique, et sur la méthode pratique suivante, appliquée avec cohérence et rigueur : - un tiers de lexicostatistique, mixant dans un bon ordinateur 102 items de 50 langues NCNC, en vue de faire apparaître les regroupements manifestes; - un tiers de reconstructions de base à partir des seules langues déjà regrou pées, en élargissant la recherche aux vocabulaires étendus disponibles (mais à titre d'exemple n'y avait-il pas mieux pour le banda, vers 1980, que le vieux diction naire de TISSERANT ?); - un tiers de "pseudo-reconstructions" à partir des précédentes, pour dégager les embranchements supérieurs. La parenté entre gurunsi, tula-longuda, boa-kula, Cameroun-Oubanguien et gbaya est ainsi établie sur 29 items reconstruits en tout et pour tout ! On notera tout de même que le gbaya, que GREENBERG avait eu des difficultés à classer en 1955, est ici nettement distingué des langues oubanguiennes et adamawa, au point que BENNETT en fait un des 5 groupes d’origine du NCNC. Son tableau des distances lexicostatistiques montre en outre au sein de l’Oubanguien, un très faible indice de proximité réciproque entre ma, zande, sango et le reste de ces langues. C'est à peu près le même tableau auquel parvient SAXON (1982), dans le cadre il est vrai de l'Oriental de GREENBERG, renommé ici Oubanguien. Le propos est d'apporter des arguments linguistiques à l’histoire de l’expansion vers l’Est des peuples oubanguiens, et de les faire cadrer avec les récentes découvertes de l’archéologie; le modèle de SAXON est glottochronologique, et ordonne selon un arbre aux embranchements datés les résultats d'une analyse lexicostatistique sur 200 termes de 17 langues. Selon lui, le proto-ouest-oubanguien (gbaya-ngbaka) est le premier à se séparer du tronc commun au cours du 3e millénaire B.C., suivi du proto-est-oubanguien (zande-ngbandi) au second millénaire B.C., et du protoMbomu-Uele (banda + ngbaka ma’bo) vers 1000 B.C. On laissera de côté les dou teuses reconstructions de l'auteur (fondées souvent à partir de 2 réflexes seulement...) pour ne retenir ici que les résultats, réduits par moi à une seule langue
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OUBANGUIENS
par sous-groupe de GREENBERG, des pourcentages de vocabulaire commun (identité absolue = 100) : zande (B4)
13
ngbandi (B3)
20
ngbaka ma’bo (B5)
17
16
21
banda (B2)
11
22
22
ndogo (B6)
12
16
26
gbeya (Bl) 2
zande
ngbandi
2
1
nbre de langues :
17
26
2833 ngbaka banda ndogo ma’bo 2 19
Dans l’étude de BOYELDIEU et CLOAREC-HEISS (1987), qui rend compte d'un travail mené par plusieurs chercheurs du LACITO, il s'agissait d'appliquer à 22 langues du domaine oubanguien une mét'iode dialectométrique mise au point par W. MÔHLIG, en vue d’établir une classification synchronique. L'évaluation de la distance entre les langues se fait par des calculs menés sur une liste de 100 termes par idiome, tenant compte du caractère phonologique et/ou morphologique des divergences entre termes, et même des correspondances phonétiques régulières éventuellement relevées. Bien que ce modèle un peu hybride (dia- + syn-chronique) et les critères d'analyse qui en découlent (les auteurs en soulignent la subjectivité dans l'attribution d'une note à chaque divergence) soient fort différents de ceux de SAXON et de BENNETT, le traitement statistique mené ici aboutit à peu près aux mêmes résultats, du moins pour les langues communes aux 3 études. Le gbaya et le zande sont les 2 groupes les plus divergents dans l'Oubanguien, tandis que sango, ngbaka et banda forment un triangle "central", ce qu'exprime la synthèse chiffrée des groupes de langues comparées (les chiffres en gras indiquent la proximité interne moyenne des langues de chaque sous-groupe; identité absolue = 1000) : gbaya-manza-ngbaka zande-nzakara
820 79
539
banda
109
115
sango-yakoma
144
177
200
ngbaka-monzombo
162
126
245
gbaya 7
zande 2
banda 7
nbre de Igues traitées
721 924 220664
sango 2
ngbaka 4
16
LEXIQUES
Il semble que quels que soient les modèles qui les inspirent et les conclusions auxquelles on prétend arriver, les analyses lexicostatistiques, même limitées à 200, voire à 100 termes, donnent des distances entre langues oubanguiennes une image assez concordante. Encore faut-il savoir ce que représente l’image obtenue, et ce que l’on a mesuré : la plus fiable de ces 3 études par la qualité et l’homogénéité des matériaux utilisés, présente un graphique chiffré des relations de proximité entre sous-groupes (1987:355), où les positions respectives de chaque groupe de langues sont comme par hasard exactement celles qu'occupent leurs locuteurs sur le terrain géographique ! Il apparaît fort bien ici que la mesure lexicostatistique ”met en évidence l'importance de la situation géographique de la langue considérée et des phénomènes de contacts de langues", comme concluent sagement BOYELDIEU et CLOAREC-HEISS. Les limites du champ d'interprétation des traitements lexicosta tistiques sont dès lors cernées : c’est la distance géolinguistique globale entre parlers qui est utilement mesurée, sans que l’on puisse discerner par ce moyen si les ressemblances constatées sont l’effet de contacts ou d’une filiation commune. Ce n’est pas rien, mais vouloir en faire dire plus à cette méthode, notamment en matière de filiation linguistique, relève de la confusion, pour ne pas dire du marc de café. 3 Etudes comparatives partielles
Le préalable à des comparaisons de vaste portée reste donc de travailler sur un nombre réduit de langues dont la proximité a été empiriquement reconnue. Un stade exploratoire est de multiplier les enquêtes extensives : les 600 termes du questionnaire de GREENBERG, complétés par un questionnaire grammatical et des textes enregistrés et traduits mot à mot, sont une base minimale. Tel est l’objet de l’Action Thématique Programmée du CNRS "Dialectologie banda" (responsable F. CLOAREC-HEISS), qui depuis 4 ans a entrepris de défricher un domaine jusque là fort mal connu : seul le linda avait fait l’objet d’une description synchronique approfondie. Les résultats qui seront prochainement publiés portent sur 22 parlers, classés à ce stade selon des critères typologiques précis, et répartis en zones géolin guistiques faisant apparaître les aires de relative homogénéité linguistique1 et celles de fracture. Les zones ainsi délimitées fourniront la base sur laquelle on opérera la reconstruction ultérieure d’un proto-banda. La seconde étape est la recherche des correspondances phonétiques et mor phologiques régulières et l’établissement des formules de correspondance dont la somme constitue la langue commune, sur la base de laquelle on reconstruit une proto-langue. Le degré de parenté des langues ainsi reliées par la même origine peut alors être déterminé par l'établissement de sous-groupes définis par des faisceaux d'innovations communes. De cette étape relèvent les études partielles de 1 La notion de continuum dialectal (A comprend B, qui comprend C qui ne comprend pas A) est généralement l'outil conceptuel chargé de rendre compte de ce type de situation. Il nous semble cependant probablement encore trop réducteur ici. On ne peut exclure a priori une différenciation dialectale qui se manifesterait par une équidistance linguistique des parlers entre eux indépendam ment de leur situation géographique actuelle.
OUBANGUIENS
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BOUQUIAUX & THOMAS (1976) sur les syllabes et les tons du ngbaka et du monzombo, et de MONINO (1980, 1981, 1987) sur les formules *L, *L, *R et *Y, les tons et la morphologie verbale de 21 parlers gbaya-manza-ngbaka.
4 Langues et sociétés oubanguiennes Il importe également, pour appréhender efficacement l’évolution des langues considérées, de la penser tout autant en termes de scissions à partir d’un ou de plusieurs ancêtres communs, qu’en termes de fusions continuelles par contacts, et donc d’accorder la plus grande attention aux contextes sociolinguistiques des relations entre groupes de locuteurs. Hormis l’aire zande-nzakara, seule de la région à avoir connu une certaine centralisation étatique, et l’aire ngbandi située le long du cours moyen de l’Oubangui, théâtre d’échanges et de contacts intensifs et prolongés, l’ensemble des peuples parlant les langues qui nous occupent constituait jusque vers 1900 des petites communautés indépendantes et autosubsistantes (absence totale de marchés villageois), n’entretenant chacune de relations d’échange qu'avec 2 ou 3 communautés du voisinage immédiat. Les contacts attestés entre 2 ou plusieurs groupes présentent les cas de figure suivants, non exhaustifs : "égalitaires'’ : échanges de biens (complémentarité économique) I interférences échange de femmes, non exclusif | linguistiques échange de femmes, exclusif I fusion linguistique - migration commune vers une terre inoccupée | progressive "inégalitaires" : - intégration volontaire d’un ou plusieurs petits groupes de migrants dans une commu nauté d’accueil plus vaste > fusion rapide "esclavage" domestique (peu d’effets linguistiques étendus envisageables)
Toutes ces situations semblent avoir été monnaie courante dans le passé, avec les conséquences linguistiques suivantes : - le morcellement dialectal est extrême, chaque communauté indépendante (de 500 à un maximum de 5000 membres) considérant son parler local comme la norme, et ne souhaitant ni n'étant en mesure de l’imposer à ses voisines. Le discours partout répété sur ce thème est ”c'est nous qui parlons le vrai gbaya (banda, ngbaka...), mais la tribu, le clan, le village X ou Y parlent également gbaya (banda, ngbaka...), c’est différent mais c’est pareil” : la multiplicité de normes équivalentes est affirmée, car elle concourt à l'identité propre de chaque communauté, selon des degrés qui sont à déterminer au cas par cas. Il résulte de cette situation caractéris tique de bien des aires d'homogénéité linguistique, que la délimitation des parlers locaux en termes de "langue" ou de "dialecte" est problématique, même et surtout en utilisant le critère d'intercompréhension : le sentiment et le comportement observable du locuteur en ce domaine, dépend en dernière analyse moins des diffé rences intrinsèques des parlers en jeu que des relations d'alliance, d'hostilité ou de neutralité qu'entretient sa communauté avec les voisines. Dans ce contexte, seule présente un intérêt dialectologique la délimitation des isoglosses de chaque trait
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LEXIQUES
linguistique, afin de rendre compte de la réalité des grands ensembles gbaya, banda ou ngbandi; - on doit s’attendre à rencontrer des langues mixtes, tel le yangere-gbaya du Cameroun, malheureusement connu par un seul vocabulaire de 50 termes datant de 1914, équitablement composé de termes gbaya-'buli et banda-yangere. Tel est aussi le cas du gbaya-mbodomo du Cameroun, aujourd’hui très proche des parlers gbaya-’buli et ’biyanda voisins, mais que ses innovations morphologiques et phonologiques par rapport au proto-gbaya montrent clairement apparenté au ’bofî de Boda (RCA) et au ngbaka du Zaïre (MONINO, 1980). A titre d’hypothèse de travail, on peut penser que le proto-gbaya lui-même pourrait être le résultat d’une fusion de plusieurs langues de familles différentes, avec un fonds "oubanguien", un autre ”adamawa” et des apports bantous et nilo-sahariens non négligeables, ce qui éclairerait les hésitations de GREENBERG et les extrapolations de BENNETT quant à la position généalogique du gbaya. 5 L'opération de recherches "Comparatisme oubanguien”
Les travaux individuels de descriptions synchroniques de langues oubanguiennes, impulsés en France par J.M.C. THOMAS dès 1956 avec le ngbaka ma'bo puis le gbanzili, et poursuivis par L. BOUQUIAUX (manza, nzakara, monzombo), P. ROULON (gbaya ’bodoe), R. BOYD (zande, kpatiri, sere, viri), P. BOYELDIEU (yakoma), F. CLOAREC-HEISS (banda : linda et autres), M. DIKI-KIDIRI (sango véhiculaire), Y. MONINO (domaine gbaya-manza) et P. NOUGAYROL (geme) ont conduit les 6 derniers chercheurs à se réunir depuis 1983 pour mettre leurs résul tats en commun et entreprendre la comparaison des langues étudiées. Une opération de recherches du Département “Langues et Parole en Afrique Centrale" du Laboratoire de Langues et Civilisations à Tradition Orale (LACITO du CNRS), dont ils sont membres, a été lancée en 1985 par les chercheurs susdits, avec la collabora tion d’A. BEHAGHEL, documentaliste du Département. H. PASCH, de l’Université de Cologne (RFA), dont les enquêtes sur plusieurs langues des groupes B5, B7 et B8 de GREENBERG comblent une grande lacune dans la connaissance du domaine, par ticipe activement à l’opération, cependant que J.M.C. THOMAS et L. BOUQUIAUX y contribuent en fournissant toutes les données qu’ils ont recueillies. Ce travail collectif de longue haleine a donc pour cadre toutes les langues oubanguiennes que GREENBERG a réunies dans sa branche "orientale". Cet ensemble est considéré ici comme une base empirique d’analyse, et non comme une famille linguistique déjà donnée : ce qui est à établir et à démontrer est précisément son unité ou sa diversité originelle, ainsi que le degré de relation entre ces langues, selon la méthode exposée ci-dessus en 3. Un fichier de plus de 750 entrées (au sens de M. GUTHRIE) a été constitué à cet effet, à partir desquelles sont progressivement établies les séries comparatives qui ont déjà permis de poser les formules de correspondances pour les consonnes initiales. Cette étape prometteuse, puisqu’elle a dégagé les premiers éléments d’une "langue commune", sera poursuivie par la recherche des correspondances vocaliques et tonales.
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OUBANGUIENS
Dans la mesure, cependant, où l’opération n’est pas encore suffisamment avancée pour donner lieu à des résultats d’ensemble publiables, il a paru opportun aux participants de faire le point des recherches abouties et en cours par une présentation des études sur les langues comparées, et de livrer une partie des éléments sur lesquels ils travaillent sous la forme d’un premier lexique de 204 entrées pour 34 de ces langues. 6 Le présent ouvrage La première partie se compose de deux types d’études imbriquées : - Cinq textes présentent sommairement les langues oubanguiennes et les recherches auxquelles elles ont donné lieu et divisent l’ensemble oubanguien en 5 groupes : 1. gbaya-manza-ngbaka 2. ngbandi-sango-yakoma 3. sere-ngbaka-mba 4. banda 5. zande
(B1 de Greenberg) (B3) (B6, B5, B7 + B8) (B2) (B4)
Ces subdivisions, établies pour la commodité de l’exposé, ne constituent en fait que 3 sous-ensembles, si l’on se fonde sur les distances lexicostatistiques établies dans BOYELDIEU et CLOAREC-HEISS (1987) : 1. 2. 3.
gbaya ngbandi-sere-banda zande
On gardera cependant à l’esprit le caractère provisoire d’une telle classification, prématurée au regard des exigences exposées ci-dessus. On constatera notamment que le sous-groupe sere-ngbaka-mba réunit des idiomes sans suffixes de classes nominales et toutes les langues oubanguiennes à classes : le lecteur pourra vérifier, par les 204 termes, les affinités lexicales des unes et des autres, affinités dont la nature reste à approfondir. - Deux articles décrivent plus longuement deux langues n’ayant fait jusqu’ici l’objet d’aucune étude : le kpatiri ou gbayi, rattaché au groupe ngbandi, et le geme ou jeme du groupe zande, qui sont présentés chacun logiquement à la suite des exposés sur leur groupe respectif. Le premier est d'ordre synchronique, et comprend une esquisse phonologique des consonnes, voyelles et tons, et morpholo gique (du nom et du verbe), ainsi qu’une liste lexicale complémentaire de 52 termes kpatiri. Le second se situe d’emblée dans une perspective comparative et analyse les affinités lexicales, morphologiques et phonétiques du geme avec chacune des autres langues du groupe (zande, nzakara, pambia, barambu), ce qui permet de dégager des correspondances régulières, et de cerner les degrés de relations entre ces langues. La deuxième partie de l’ouvrage se compose du lexique proprement dit, dont le choix des entrées en français et des 34 langues représentées est justifié dans une
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LEXIQUES
introduction spécifique, qui en donne également le mode d’emploi. Qu’il suffise ici de préciser certains points d’ordre général : - Les termes des langues figurant dans le lexique proviennent tous d’enquêtes inédites, effectuées par les participants à l’opération de recherches "Comparatisme oubanguien". Une seule exception concerne le ’baka des Pygmées du Cameroun qu’aucun d’entre eux n’a étudié, mais dont les termes ont été relevés dans le dictionnaire de BRISSON et BOURSIER : ce travail de qualité sur la seule langue oubanguienne pygmée, aurait manqué à l’ensemble considéré. - Les transcriptions sont phonologiques et comportent la notation des tons, sauf lorsque ceux-ci n’ont pas de fonction lexicale (cas des verbes de certaines langues). - Faute de place, tous les parlers ayant fait l’objet d’enquêtes par les partici pants n’ont pas été intégrés (notamment gbaya-manza, ngbaka du groupe 3, et banda), non plus que ceux ayant donné lieu à des publications, même lorsqu’elles répondaient à des normes scientifiques. Le lecteur intéressé en trouvera les réfé rences dans les bibliographies qui suivent chaque exposé de la 1ère partie. - On n’a pas jugé indispensable de présenter ici l’ensemble du corpus consti tué, à savoir les 750 entrées : il a paru plus judicieux de livrer rapidement des données inédites et fiables en petit nombre, que de retarder notablement leur publi cation en étant exhaustifs d’emblée. Le lexique a été mis en forme par Anne BEHAGHEL à partir des questionnaires de chaque langue remplis par les enquêteurs; elle a par ailleurs assuré la saisie sur ordinateur de l’ensemble de l’ouvrage. Danièle MOLEZ a effectué la réalisation technique des cartes qui permettront de situer les langues et les lieux dont il est question ici. Les auteurs s’estimeront satisfaits si le présent livre peut contribuer à apporter quelques éléments sérieux de travail et de réflexion à un comparatisme oubanguien jusqu’ici trop souvent sujet à des constructions dont l’ambition s’accordait mal avec l’état des connaissances. Ils souhaitent également avoir fait mesurer la patience et la rigueur nécessaires selon eux à une telle entreprise, en rendant fécondes l’intuition et l’imagination indispensables.
Yves MONINO Paris, nov. 1986 - nov. 1987
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OUBANGUIENS
Bibliographie des
classifications linguistiques
CONCERNANT LES LANGUES OUBANGUIENNES
Barreteau Daniel et Yves MONINO, 1978, Les langues oubanguiennes, Inventaire des études linguistiques sur les pays d'Afrique noire d'expression française et sur Madagascar (D. Barreteau éd.), Paris, CILF, 195-208.
BAUMANN H. et D. WESTERMANN, 1947, Les peuples et civilisations de l'Afrique, Paris, Payot, 606 p. [paru en allemand en 1940] Bennett Patrick R., 1983, Adamawa-Eastem : Problems and Prospects, Current Approaches to African Linguistics 1 (I. R. Dihoff ed.), Dordrecht, Foris Publications, 23-48.
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22
LEXIQUES
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LE GROUPE GBAYA-MANZA-NGBAKA
Limite des langues du groupe gbaya-manza-ngbaka Limites des 4 zones géolinguistiques gbaya-manza-ngbaka Nord-Ouest Centre
i NGAOUNDERE
/
PAOUA
BATANGAFO
BOGARANGA^
gbaya
«
^gbayg
MÇlQANGA
TIBATI
Sud-Ouest
< •;
::
SB
Iboyaî 6* îgbayb dômJZ
BERTOUA
•: ?-/i • ■BoèsÈMSËj
• •:
à △ △ △ △ △ △
2 3 4 5 6 7 8
gbaya kàra Bodoè gbaya biyanda gbsyâ Booro mânzâ gbaya mbodomo bangandb-ngombe bofî
' ngbaka-. 5\'.rtidnza
; y.WA L . / ’bbkpan WALb + " \btyanda I a .ali • ? \ À ’bosoko1^ iRAT^budamono batourT VgamboulaI Q/mbombelei] xbdîr yangerez: )TO MBAIK1 - gbaya^ * k \£x xX ’ bokanP^ NOLA YOKADOUMA
(le n° renvoie à celui du lexique)
Ouaka
»/ r\ 1 ‘ IbangaAdo / «Zngombej^ MOLOUNDOU/T
/ I J
।
/ ngbaka’minageiidè-
.mbakolo .GEMENA
BUDJALA
^mbakolo
Z A I R E
^otoba
CONGO
11 zè ”patte de panthère” On remarquera que, contrairement au cas du yakoma (cf. BOYELDIEU, 1975), les nominaux de structure cv ne semblent pas pouvoir porter un schème tonal lexi cal modulé.
14 Les noms dont le dernier ton lexical est non-bas tendent à prendre un ton modulé final (HB ou MB) lorsqu'ils se trouvent en fin de syntagme nominal; une exception apparente : y i dans yî dû zü (intérieur trou là) "dans le trou" où la modulation se présente en début et en fin de syntagme. Dans beaucoup de cas, elle semble ne pas être obligatoire. Aucune règle n’a pu être dégagée, mais une modulation finale est nettement moins fréquente pour le sujet d'une prédication locative (X (est) + locatif), que pour le sujet d’une prédication verbale (X + verbe). 15 Les pronoms sujet sont :
1 2 3
sing. mï ~ më mo wô
pl. alêne ~ànè (inclusif), a 1 éme (exclusif) àlémo alà
wo n’est employé que pour les êtres humains. Les êtres non humains doivent être représentés par un sujet nominal (qui peut être yé.dè "cette chose, cela", cf. § 24). Ces pronoms apparaissent comme complément direct de verbe sous les mêmes formes, mais les pronoms à ton moyen (première et troisième personnes du sin gulier) au moins réduisent le schème tonal verbal HB à H. 16 II existe deux paradigmes possessifs, en constructions immédiate et médiate. Les termes désignant les parties du corps prennent, en général, la construction immédiate, mais ils admettent également la construction médiate. Par ailleurs, si leur possesseur est signalé par le contexte, ils peuvent apparaître sans déterminant possessif, par ex. : wôkpàpâlâgâlâ "il (se) gratte la peau de la jambe" il gratter peau jambe
Les autres nominaux de la langue n’admettent que la construction médiate. Les deux paradigmes sont : en construction immédiate :
-
1 2 3
sing. -me -mo —
pl-lénè (inclusif), -1 éme (exclusif) -1 émo -a 1 à
45
OUBANGUIENS
Dans ce paradigme, l’opposition moyen/haut du dernier ton des nominaux est neutralisée devant les possessifs de première et de deuxième personnes. En effet, -më et -mo sont nécessairement précédés de tons bas ou haut, et-lénè,-l émë et -lémo, de tons bas ou moyen. L'opposition ne persiste donc qu'à la troisième personne, cf. yî "son ventre", go à "son cou". En même temps, les noms à ton bas final, avec et sans la marque du possessif de la troisième personne du singulier, ne se distinguent pas. Les fonctionnels et leurs compléments pronominaux sont construits avec ce paradigme, ainsi : t a.më "à moi" t a.mo "à toi" tâ "à lui", etc. Il y a des paradigmes irréguliers parmi les noms de parenté, par ex., àbà "mon père" (cf. b à "père"), ayà "ma mère" (cf. nà "mère").
en construction médiate :
-
1 2 3
sing. Câ -cô -rï
pl. -rinï, rimi -rimo -r(i)âlà
Les tons du nom déterminé ne sont pas affectés. La particule r i intervient entre deux noms se trouvant en construction asso ciative médiate :ïzôrimbàlà "excrément d'éléphant".
17 La forme négative des verbes se construit avec un ton haut sur le pronom sujet singulier (c-à-d. de forme cv) et un ton bas sur le verbe cv (bas-moyen sur les verbes de forme cvcv). La marque du négatif ma se place en position finale d'énoncé. Le pronom sujet de la troisième personne du pluriel prend la forme a 1 à dans l'énoncé négatif; les autres pronoms du pluriel n'ont pas été relevés. 18 L’impératif (deuxième personne du singulier) est signalé par sujet 0, ou par l'emploi de â à la place du sujet (est également attesté : a + énoncé négatif "il est impossible que”). Néanmoins, le pronom sujet md "tu”, employé avec le verbe à ton lexical, peut aussi prendre un sens impératif.
19 II existe une forme verbale à redoublement partiel : C1VC2V > ClfClVC2V CV > Cl^Cl^V et une forme à redoublement total : CVCV > c^c^.cvcv Il semble y avoir neutralisation des schèmes tonals lexicaux dans le cas de redou blement partiel (un seul exemple de redoublement total est attesté).
46
LEXIQUES
20 Le verbe dù "rester" est employé comme auxiliaire avec le sens "être en train de ". Il est suivi immédiatement par le verbe principal, avec son schème tonal lexical si l'auxiliaire porte son ton bas lexical, ou avec schème haut si l'auxiliaire porte aussi ce ton. Lorsque dù est employé comme auxiliaire au négatif, le verbe principal prend son schème tonal lexical. Un cas mérite un examen plus détaillé : â.zd/dè dùû tÊ...mâ "ces gens ne mangent pas..." pl.personnes.ces rester manger...négatif
où le relèvement tonal semble affecter l'auxiliaire au lieu du sujet. 21 II existe un suffixe verbal -à avec sens futur (le radical verbal porte un ton haut). Il semble y avoir une variante (?) -S, suffïxable au radical verbal à ton lexical. Ces suffixes sont incompatibles avec l'emploi de z i ndé.
22 Lorsqu'on disposera d'un lexique étendu, on pourra se prononcer sur l'éventuelle fonction dérivative de V2 et de C2V2 dans les verbes dont la structure est autre que civi (cf. BOYELDIEU, 1975, à propos du yakoma). Les données actuelle ment disponibles sont bien entendu insuffisantes. Il y a un suffixe nominalisateur des verbes, -ngv, cf.: t ëngâ "fait de manger" < t ë "manger" 1 ëngë "sommeil" < 1 è "dormir" 1 ïngï "profondeur" < 1 i (ton ?) "être profond" Un deuxième nominalisateur, qui semble donner lieu à des termes moins lexi calisés que le précédent, est -1 à, par ex.: nà za.tà bïâ "enchantant" avec chanter.jHj§ïre chanson
Cf. aussi lëà "lourdeur" < lë; un éventuel rapport entre ce suffixe et la forme verbale en -a reste à préciser. -nï est peut-être un "nominalisateur" figé dans : vû(.)nî "blanc, blancheur" bï(.)nî "noir, noirceur" (cf. bï "nuit") Ces termes s'emploient après nà "avec", ou devant un nom comme détermi nant, par ex. vfinï kàsâ "chien blanc". 23 On trouve une particule nî devant la forme lexicale ou à ton haut des verbes. Il peut s'agir de la marque de focalisation, "c'est...qui + verbe". 24 Les éléments de morphologie nominale sont peu nombreux. La marque du pluriel est un préfixe à-. Le suffixe démonstratif est -ede. Le e initial est le plus souvent remplacé par la dernière voyelle du radical nominal, qui prend un ton haut. Parfois, on observe
47
OUBANGUIENS
-dôô, peut-être < -ëdê ô, où ô serait la même marque qui encadre la proposition relative : ô nî + proposition + ô (le dernier ô peut être omis). On remarque que les noms de nombre possèdent un préfixe wà-. Les nombres de 6 à 9 sont formés par composition avec dà 1 è "tête" plus les nombres de 1 à 4 (cf. "six" dans l'appendice). Dans "dix" (voir appendice), l'élément t ï correspond sans doute au terme pour "main". Les autres éléments n'ont pas encore été identifiés. Les nombres entre 11 et 19 sont également formés par composition avec dà 1 è et les nombres de 1 à 9. 25 Le syntagme locatif n’est marqué que par sa position, généralement en fin d'énoncé (contrairement, par ex. au zande, qui possède des marques tonales et segmentales). Il peut néanmoins être fermé par une particule de localisation, notamment, yî dû zu "dans le trou" zû "là-bas" : intérieur trou là i ngû zû "à l’eau, à la rivière" particule eau là "dans l’arbre" ndô "en haut" : 1 a wï ndô oeil arbre en-haut 1a sê tï "sur la terre, par terre" t î "en bas" : oeil terre en-bas 26 II existe une particule interrogative nà, employée dans certains cas en fin d'énoncé. La règle de son emploi reste à préciser. Un allongement de la dernière voyelle de l'énoncé, accompagné d'un relève ment tonal, marque d'autres interrogatifs. Des données supplémentaires sont indis pensables pour la compréhension du fonctionnement de cette marque.
APPENDICE : LISTE LEXICALE SUPPLÉMENTAIRE
français
1 2 3 4 5 6 7
gbayi
ngbandi
arachide................. wàngd autre.......................mbô avec......................... nà....................................... nà bâton...................... j 5 beaucoup................ kpasa calebasse......... .......te, kàngô......................... kàngû cent......................... ngbàngbè.........................ngbàngbo
48
8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52
LEXIQUES
chanter................... zâ bîâ.............................. yë bîâ chercher................. bâ...................................... cf. bâ "voir" coucher.................. sï tï................................ sè tï courir..................... kpë....................................kpë court....................... ndô.ndô........................... ndùrü couteau.................. sâpë..................................zâbë dix.......................... ndà.tî kpàâ dos, derrière.......... ngbô enterrer................. ho...................................... hô épouse.................... yà...................................... 'yâ étroit...................... f èké t é (cf. "petit") frère....................... ngàmbè............................. ngàmbï "cadet(te)" frotter..................... tità habit........................bàngâ............................... bongô jeu........................... hèndë laver (se)................ gbo................................... gbà lutter, se battre.......tiri................................. tïrî maïs........................ kirfmï mal (faire)...............cïà mari........................ko...................................... ko mil........................... mbïsô mollet...................... Vûtù montrer..................hi...................................... hâ "enseigner" nasse........................ lïâ,yïlâ........................ lîâ odeur...................... fûrî (cf."pourri") ordures (tas).......... rïgûwâ parler...................... ndïrï pénis........................ na percer, coudre...... ko, s5............................... kôr 6 pleuvoir................. nï...................................... nï pousser.................. tûngà préparer (boule).... mingo près.........................tônôndô........................... tô presser.................... pôrè six........................... wà.kü dàlèwà.jongo soeur cadette.......... kâgû souffler (vent)....... yï....................... ... ........... yà tirer.......... .............. gbè trouver................... gbârà vache...................... bîtâ vagin...................... mû verser..................... câ...................................... sâ vieillard................. kâtàrà,wâtàrà vieux...................... kpë.kpë vingt........................ gbûzô
49
OUBANGUIENS
Bibliographie des travaux cités À PROPOS DU KPATIRI
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LES LANGUES SEBE-NGBAKA-MBA et^
ES3 Sous-groupe sere [2Z3 Sous-groupe ngbaka mm Sous-groupe mba
CAMEROUN,/ C zK
ML
I
CENTRAFRIQUE
ngbakazende -yaka
sere\(9 AM AD
ndungo
ZAÏRE
GABON LC0NG0 SOUS-GROUPE SERE feroge, indri.togoyo
mba
BODA
(ANGARA^
O ^dongo
KISANGANI
OUGANDA
ngbaka ma’bo duzaire
ngbaka bobangi
MUNDU, MAYOGO-BANGBA
BENGE OUMBA
mundu
CONGO mundu
zubeir
R.C. A.
ngbaka ’bonziako
Lac Albert
BUNIA*
©mangaya
"'bviri
gbonzili. BANGUI
LISALA
ZAÏRE,
E N T R A F R I QUE
WAU
BANGUI
\ ngbaka aka 'ê
R AGA*
OU DAN
\
gbonzili \
NGBAKA MA'BO, MONZOMBO ET PARTIE DU GBANZILI
YAKULUKU
bviri NIANGA
ere SOUDAN viri
monzombo r* Limite de l’aire ngbakamonzombo-gbanzili
Z A I R
RUNGU MAKORO
Nepoko
sere 0 km
2Ô0
0 km
Z A I R E
100
Limite entre ngbakamabo et monzombo I /Limite entre les / ' dialectes ngbaka( mabo
2 0 km'
d'après JMC THOMAS
0 km
50
100 km
LE GROUPE SERE-NGBAKA-MBA
par Raymond BOYD et Helma PASCH
Contrairement aux autres groupes de langues oubanguiennes, les langues serengbaka-mba se trouvent éparpillées, et souvent isolées les unes des autres, à travers l’Afrique centrale, depuis les forêts équatoriales du Gabon et de la République Populaire du Congo jusqu'au Bahr el Ghazal. L'histoire de la dissémination de certaines de ces langues est traitée dans BOUQUIAUX et THOMAS (1980). Ce groupe est composé de trois sous-groupes : I Sere
A
f er oge/maagaya (Sud-Soudan : Bahr el Ghazal)
B 1. i ndr i (Sud-Soudan : Bahr el Ghazal) 2. t ogoyo (Sud-Soudan : Bahr el Ghazal) C 1. s ë r ë/ndogo/t agbu (Est de la RCA, nord-est du Zaïre, Sud-Soudan) 2. vîrï ou blrë/bai (Sud-Soudan : Bahr el Ghazal)
Pour la plupart de ces langues, les ouvrages de SANTANDREA (1950, 1961 et 1969) constituent la seule source d'information publiée. Le lecteur y trouvera des renseignements concernant la situation géographique et l'importance de ces popu lations (reproduits dans TUCKER et BRYAN, 1956). Les lexiques de SANTANDREA montrent que : 1) les langues dont les noms sont séparés par des barres obliques ci-dessus se trouvent dans un rapport suffisamment proche pour être considéré comme dia lectal;
52
LEXIQUES
2) si l'indri partage avec le feroge/mangaya certains changements phoné tiques, il se trouve plus proche lexicalement du togoyo (langue peut-être éteinte, car SANTANDREA prétendait avoir enquêté avec le dernier locuteur); 3) les groupes B et C présentent plus de ressemblances lexicales entre eux qu'avec le groupe A. Les premiers missionnaires italiens dans cette région ont choisi le ndogo comme langue d’enseignement (cf. RIBERO, 1922), celle-ci étant la seule de ces langues à avoir été écrite avant les temps présents. Deux chercheurs travaillent actuellement sur le sere (W. PACE) et sur le viri (D. TANI), mais leurs résultats n'ont pas encore été publiés. Les listes lexicales sere et viri présentées ici ont été recueillies à Obo par R. BOYD en 1977.
II Ngbaka A 1. mundu (Sud-Soudan et nord-est du Zaïre) 2. mayogo/bangba (nord-est du Zaïre) B la. gbanzi 1 i-’bor aka (RCA-Zaïre, de Bangui àMobaye) 1b. ngbaka-ma’bo (RCA-Lobaye) 2a. munzombo (Rép. Pop. du Congo)/monzombo (RCA) 2b. ’baka (Cameroun, Gabon, Rép. Pop. du Congo)
VAN BULCK et HACKETT (1956) situent géographiquement les langues du groupe A et citent des estimations de population. VAN BULCK (1948) présente une bibliographie des premiers travaux linguistiques les concernant. On trouve une liste de mots mundu dans l'ouvrage de SANTANDREA (1969). Cette langue fait actuellement l'objet d'une étude approfondie par D. JEFFREY (cf. JEFFREY et POLLEY, 1981 et JEFFREY, 1984) qui fixe approximativement le nombre de locuteurs à 10 000, disséminés dans le sud-ouest du Soudan et le nord-est du Zaïre. On publie ici des vocabulaires recueillis par H. PASCH au Zaïre en 1981 à Bunia (mundu), à Isiro (mayogo) et à Niangara (bangba). Il existe quelques publications relativement anciennes concernant les langues du groupe B, dont CALLOC’H (1911) et TESSMANN (1930). Elles ont également fait l'objet de plusieurs études modernes : ngbaka-ma’bo : phonologie/grammaire (THOMAS, 1963), recueil de textes (THOMAS, 1970); munzombo : phonologie/syntaxe nominale (BOYI, 1983); ’baka : dictionnaires (BRISSON et BOURSIER, 1979, BRISSON, 1984). Chacun de ces ouvrages contient des remarques contemporaines concernant la situation géographique et le nombre de locuteurs des langues respectives. On rappellera que le ’baka (B.2b) est parlé par des Pygmées qui l'ont vrai semblablement adopté après un contact prolongé avec les Grands Noirs parlant les autres langues du même groupe. Malgré la ressemblance des glossonymes "ngbaka" et '"baka", la langue ’baka est marquée par des changements phonétiques qui la
OUBANGUIENS
53
rapproche davantage des dialectes B.2a. VAN BULCK (1938) donne d’autres noms de langues parlées par des Pygmées, dont le statut n'a pas été déterminé par des études modernes. Dans cet ouvrage sont présentés des vocabulaires du ngbaka-ma'bo de Bokanga (RCA), du gbanzili et du monzombo. Les deux premiers ont été fournis par J.M.C. THOMAS; le dernier a été obtenu à Itei (RCA) par L. BOUQUIAUX. A titre comparatif, on présente également les termes correspondants, extraits du dictionnaire 'baka de BRISSON et BOURSIER (1979). Le lecteur pourra ainsi constater l'affinité lexicale du 'baka avec les autres langues du groupe, sans avoir besoin de consulter cet ouvrage difficilement accessible.
III Mba A la. mba-ne (ou mba) 1b. ndunga-1 e (ou ndunga) 2. ’dongo-ko (ou ’dongo) B
a-ma-1 o (ou ma)
Ces langues sont parlées dans autant d'enclaves linguistiques dans le nord du Zaïre (cf. PASCH, 1986). Les locuteurs de chacune ignorent l'existence des autres. Les ressemblances lexicales entre au moins trois des langues de ce groupe (le lexique du a-ma-lo est plus divergent en raison, entre autres, de la présence de nombreux emprunts au zande) et les langues du sous-groupe ngbaka (H) justifient leur rassemblement dans un groupe unique (c'est le classement proposé par VAN BULCK, 1948). Or, les langues du groupe mba sont les seules de la branche oubanguienne à posséder des systèmes de classification nominale. Par conséquent, le comparatiste se pose la question de savoir si ces systèmes dérivent d'un système déjà présent dans une proto-langue sere-ngbaka-mba, ou si, par contre, les langues mba ont pu développer un tel système indépendamment des autres membres du même groupe. Il est important, afin de répondre convenablement à cette question, d'éviter tout préjugé en faveur d'une simplification morphologique. Dans chaque langue, les marques de classe sont suffixées. Voici une présenta tion des suffixes des quatre langues, avec indication des principaux appariements des classes du singulier et du pluriel. On remarquera la présence d'un inventaire plus grand en a-ma-lo. Cette langue possède trois classes supplémentaires au singulier (désignées par les chiffres 13, 14 et 15); ces classes ont une importance assez faible dans le lexique.
54
LEXIQUES
Ndunga-le
Suff. sg
cl. 11 cl. 1 cl. 5 cl. 7 cl. 9 cl. 3
-me — 0 —d* -he -ge cl. 6 -nge -le -------------------- cl. 4
Suff. pl.
-ye -ze
-se
’Dongo-ko Suff. sg
cl. 3 cl. 5 cl. 7 cl. 9 cl. la cl. 11 cl. 1
Suff. pl.
-so -(n)zo -zo -nyo -yo
55
OUBANGUIENS
A-ma-lo Suff. sg cl. 11 cl. 1 cl. 7 cl. 12 cl. 5 cl. 9 cl. 3
-mo
Suff. pl.
----------
0
cl. 2 -yo ZZZZ^ cl. 8 -ro cl. 10 -'do
-wo -’bo -kpo ---------cl. 6 -ndo -ngbo -lo ---------- -------- cl. 4 -so
A la vue de ces systèmes, il paraît évident que certains suffixes peuvent avoir comme origine un seul suffixe ancien, scindé par l'influence des composants phonologiques des radicaux. En ndunga-le, en mba-ne et en 'dongo-ko, les marques de classe sont asso ciées à un système de marques d'accord. Dans la plupart des cas, celles-ci sont identiques aux consonnes des suffixes correspondants :
Ndunga-le
cl. 1 cl. 2 cl. 3 cl. 4 cl. 5 cl. 6 cl. 7 cl. 9 cl. 11
Mba-ne
'Dongo-ko
Suff.
Acc.
Suff.
Acc.
Suff.
Acc.
0 -ye -le -se -he -ze -ge -nge -me
w y i s k z g ng/g m
0 -ye -le -se 0 -ze -ge -(ny)e -me
w y i s k z g ny/g m
-((w)o) -yo -lo -so -ko -(n)zo -go -ngo -mo
w y 1 s ky z g ng/g m
En a-ma-lo, le système d'accord a été réduit à deux paires de marques expri mant non plus l'appartenance de classe, mais le trait ± animé. Le mba-ne et le 'dongo-ko ont, comme le a-ma-lo, un système de genres superposé au système de classes et fondé sur les catégories + animé; or, en mba-ne, la catégorie + animé est subdivisée en ± masculin, et celle de - masculin en ± humain ([- masculin, - humain] catégorise les animaux). Il existe quelques lexiques anciens concernant ces langues, par ex. JOHNSTON (1908) pour le mba-ne et le ndunga-le, et DUPONT (1912) et CZEKANOWSKI (1911-27) pour le a-ma-lo. Cf. aussi les références citées par VAN BULCK (1948) et TUCKER ET BRYAN (1956).
56
LEXIQUES
CARRINGTON (1949) et DE BOECK (1952) ont fourni des monographies succinctes concernant le mba-ne et le ndunga-le, respectivement. TUCKER et BRYAN (1966) comparent les quatre langues du groupe à partir de leurs notes de terrain. BOKULA a publié deux articles (1971 et 1980) et présenté une thèse (1976) sur le mba-ne; deux articles postérieurs (1982, 1983) comparent les deux langues apparentées de plus près, le mba-ne et le ndunga-le. PASCH (1986) présente une description détaillée des systèmes de classes de toutes les langues du groupe. PASCH (1985) décrit le double système classificatoire du 'dongo-ko. Les listes lexicales présentées ici ont été recueillies par H. PASCH en 1981 à Lisala (ndunga-le), à Kisangani (mba-ne), à Makoro ('dongo-ko) et à Amadi (a-ma-lo).
Tableau récapitulatif des langue sere-ngbaka-mba présentées nom de la langue *sere *viri NGBAKA ngbaka ma'bo monzombo gbanzili 'baka *mayogo/bangba *mundu MBA *ndunga-le *mba-ne *'dongo-ko *a-ma-lo groupe SERE
date 1977 1977 1956 1970 1967 1979A 1981 1981 1981 1981 1981 1981
lieu de l’enquête Obo (RCA) Obo (RCA) Bokanga (RCA) Iteï (RCA) Kouango (RCA) Sud-Cameroun Isiro/Niangara (Zaïre) Bunia (Zaïre) Lisala (Zaïre) Kisangani (Zaïre) Makoro (Zaïre) Amadi (Zaïre)
* signale des enquêtes extensives (vocabulaire de base seulement). A date de publication
enquêteur R. BOYD R. BOYD JMC. THOMAS L. BOUQUIAUX JMC. THOMAS R. BRISSON H. PASCH H. PASCH H. PASCH H. PASCH H. PASCH H. PASCH
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OUBANGUIENS
Bibliographie des travaux
linguistiques
SUR LES LANGUES SERE-NGBAKA-MBA
Bokula F.X./Moiso, 1971, "Formes nominales et pronominales en mW, Africana linguistica N, Tervuren, Musée de l’Afrique Centrale, 41-77. _________ , 1976, La phrase mba : étude de sémantique générative, thèse de doctorat, Université de Lubumbashi. _________ , 1980, "Les prédicats non-verbaux en mba", Annales Aequatoria 1, 505-527. , 1982, "Etude comparée des langues ndunga et mba (Zaïre)", Annales Aequatoria 3:107-129.
_________ , 1983, "Formes pronominales comparées en ndunga et mba", Annales Aequatoria 4:63-75.
BOUQUIAUX Luc et J.M.C. Thomas, 1980, "Le peuplement oubanguien, hypothèse de re construction des mouvements migratoires dans la région oubanguienne d’après des données linguistiques et de tradition orale", L'expansion bantoue (Hyman, Vooihoeve et Bouquiaux éds), Paris, SELAF, 807-822. BOYl Jean, 1983, Le munzombo (langue oubanguienne) : étude du nom, thèse de 3ème cycle, Université de Paris m. BRISSON, Robert, 1984, Lexique français-baka, Douala [Collège Libermann].
BRISSON Robert et Daniel BOURSIER, 1979, Petit dictionnaire baka-français, Douala [Collège Libermann]. CALLOC’H J., 1911, Vocabulaire français-gmbvmga-gbanziri-monjombo, Paris, Geuthner. CARRINGTON J., 1949, "Esquisse de la langue mba (Kimanga)", Kongo-Overzee 15(2):90-107.
CZEKANOWSKI Jan, 1911-27, Forschungen im Nil-Kongo-Zwischengebiet, Leipzig, Klinkhardt und Biermann, 5 vol. DEBOECK L.B., 1952, Grammaire du Mondunga (Lisala, Congo Belge), Bruxelles, Institut Royal Colonial Belge. DUPONT m., 1912, Vocabulaire français-amadi et amadi-français, réédité par le Musée Royal de l’Afrique Centrale (Tervuren).
JEFFREY Dorothea, 1984, "Uses of quotation in Mündü narrative discourse’’, Occasional Papers in Sudanese Languages 3:101-175. JEFFREY Dorothea et L. POLLEY, 1981, "Phonology and morphophonemics in Mündü", Occasional Papers in Sudanese Languages 1:1-42. JOHNSTON h. h., 1908, George Grenfell and the Congo, Londres, Hutchinson, 2 vol.
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LEXIQUES
Pasch Helma, 1985, "Possession and possessive classifiers in ’Dongo-ko", Afrika und Ûbersee 68:69-85. __________ , 1986, Die Mba-Sprachen : Die Nominalklassensysterne und die genetische Gliederung einer Gruppe von Ubangi-Sprachen, Hamburg, Helmut Buske. RlBERO P., 1922, Elementi di lingua ndogo, Neront, S. Benigna Sc. Tip. D. Bosco.
SANTANDREA Stefano, 1950, Indri-Togoyo-Feroge-Mangaya-Mondu : Comparative Linguistics, Verone, Istituto Missioni Africane. _________ , 1961, Comparative outline grammar of Ndogo-Sere-Tagbu-Bai-Bviri, Bologne, Nigrizia. , 1969, Note grammaticali e lessicali sut gruppo Feroge e sul Mundu (Sudàn), Naples, Istituto Universitario Orientale. TESSMANN Gunter, 1930, "Die Sprache der Mbakka-Limba, Mbum und Lakka", Mitteilungen des Seminarsfur orientalische Sprachen 33(3):55-82.
THOMAS Jacqueline M.C., 1963, Le parler ngbaka de Bokanga : phonologie, morphologie, syntaxe, La Haye, Mouton. , 1970, Contes, proverbes, devinettes ou énigmes, chants et prières ngbaka-ma'bo, Paris, Klincksieck. TUCKER A.N. et M. A. BRYAN, 1956, The Non-Bantu Languages of North-Eastern Africa, Londres, Oxford University Press for I.A.I.
_________ , 1966, Linguistics Analyses : The Non-Bantu Languages of North-Eastern Africa, Londres, Oxford University Press for I.A.I.
VANBULCK G^ton, 1938, "Die Ubangi-Uele Sprachengruppe im nordlichen Belgisch Kongo", Zeitschriftfur Ethnologie 70:176-192. _________ , 1948, Les recherches linguistiques au Congo, Bruxelles, Institut Royal Colonial Belge. Van BULCK Gaston et Peter Hackett, 1956, "Report of the Eastem Team (Oubangui to Great Lakes)", Linguistic Survey of the Northern Bantu Borderland, Londres, Oxford University Press for I.A.I., vol. 1, 63-122.
LE GROUPE BANDA
par France CLOAREC-HEISS
Le banda a fait l’objet, au début de ce siècle, de plusieurs publications de lexiques (TOQUÉ, COTEL, GIRAUD, EBOUÉ) et d’un important dictionnaire multidialectal (TISSERANT). Curieusement, cette population tombait, ensuite, dans un relatif oubli puisqu’il a fallu attendre les années 60 pour qu'elle suscite de nouvelles publications (SANTANDREA, CLOAREC-HEISS). Le banda est probablement la langue oubanguienne la plus diversifiée : on relève, selon les recenseurs, entre 40 et 50 noms de variétés dialectales. Nous proposons de distinguer, sur critères linguistiques (phonologiques et lexicaux principalement) deux grands groupes : 1 banda central : 39 parlers dont la classification synchronique interne reste à élaborer12: 1. yâkpà (+Z), gübû (+Z), kpâgùà (+Z), ngùndù, bongô, wâsa (+S), dùkpù (+S); 2. 1 înda, jôtô, ndôkpà, ngapo; 3. gbàgà-Sud, mbîyî, bèrèyà, ngôlà, ndi, kâ, gbâmbîyâ, haï, ngâlâbè, vidîrï (=mvédèrè, +S), bàndà-bàndà, bûrû (S), wùndù (s), goVôro (s); 4. bàndà-ndëlë^, bàndà-kpâyâ (S), ngàô, ngbâla, tàngbàgo (+s), jûngürü (+S); 5. mbërê, bûkà,morùbà, sàbangà, wadà (+S); 6. vàrà, tôgbô (+s +S); 7. yàngërë.
1 Les parlers qui ne sont, dans cette liste, suivis d’aucune localisation sont tous parlés en RCA, ceux qui sont suivis de S (pour Soudan) ou Z (pour Zaïre) ne sont parlés que dans ces pays. Enfin ceux qui sont suivis de +S ou +Z sont parlés à la fois en RCA et dans le pays mentionné après le signe +. 2 parlé dans la région de Ndélé notamment par 7 groupes résiduels banda : govo, ngà jà, gbongo, mbàtâ, gbàyà, tülû, dâbùrù.
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LEXIQUES
2 banda périphérique : 11 parlers -
centre ouest : dakpâ, gbî, gbàgà-Nord, wo j d centre sud : 1 àngbà s ï (+Z), ngbûgù, 1 àngbà méridional : mb â n z â (+Z), mb â n j â (Z) occidental sud : ngbùndù (+Z), kpa 1 a (Z).
Les termes "central" et "périphérique" doivent être entendus dans un sens linguistique : "central" réfère au plus grand nombre de parlers présentant des différences moins importantes entre eux qu’en regard de ceux qui sont classés "périphériques". Par ailleurs, le caractère périphérique peut coïncider avec une situation marginale du point de vue géographique, mais pas nécessairement. Ainsi le dakpâ et le gbî, fort différenciés des autres variétés, sont parlés au coeur du pays banda. Huit parlers ont été choisis : 4 pour le banda central, représentatifs des diver gences maximales à l’intérieur de ce groupe, 1 pour chacun des trois premiers sousgroupes de banda périphérique, le huitième (wo j d) étant un parler jamais recensé, pour lequel aucune liste n’a jamais été publiée. 1 banda central : | nom du parler
1 ïndâ vàrà ngàb yàngërë
date 1968-69 1984 1986 1986
lieu de l’enquête
enquêteur
ippy Badela Ndélé Ndélé (S-E de Berbérati)
F. Cloarec-Heiss F. Cloarec-Heiss P. Nougayrol Y. Monino
Kouango Mongoumba Grimari Kaga Bandoro
F. Cloarec-Heiss F. Cloarec-Heiss F. Cloarec-Heiss P. Nougayrol
2 banda périphérique
làngbàsï mbânzâ dakpâ wo jô
1971 1972 1984 1987
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OUBANGUIENS
Bibliographie
des lexiques et dictionnaires banda
(ET AUTRES OUVRAGES CONTENANT DES LEXIQUES)
1 Lexiques anciens, notation approximative TOQUÉ G., 1906, Essai sur le peuple et la langue banda, Paris, J. André, 132 p. COTEL P., 1907, Dictionnaire français-banda et banda-français précédé d'un essai de grammaire banda, Brazzaville, 60 p.
Giraud, 1908, Vocabulaire sango, mandjia, banda, bakongo et azande, Revue Coloniale, Paris, 263-291, 332-354.
EBOUÉ F., 1918, Langues sango, banda, baya, mandjia, Paris, Larose, 112 p. Tisserant Ch., 1931, Dictionnaire banda-français, Paris, Institut d’Ethnologie, 617 p.
_________ , 1950, Catalogue de la flore de l'Oubangui-Chari, Mémoires de l’Institut d’Etudes Centrafricaines, n°2, Brazzaville, 168 p.
2 Ouvrages récents comportant des lexiques (notation moderne) CLOAREC-HEISS F., 1978, Etude préliminaire à une dialectologie banda, Etudes comparatives, Paris, SELAF (Bibl. n° 67), 11-42. SANTANDREA S., 1965, Languages of the Banda and Zande groups, A contribution to a comparative study, Naples, Istituto universitario orientale, 254 p.
TlNGBO Th., 1971, Etude grammaticale de la langue mbanja, Mémoire de licence, Université Lovanium de Kinshasa, 238 p.
LE GROUPE ZANDE
par Raymond BOYD
Ce groupe est composé de cinq langues : le zande (ou pa zândê "langue zande, langue des Zande"), le nzakara (ou nzâkâlâ dans l'orthographe de Téguédéré, 1982), le gèmé ou jïmÉ, le bàràmbù et le pambia (apparemment p à mb î â "à côté de la pierre"). Le zande est une des grandes langues véhiculaires de l'Afrique centrale, comptant certainement plus d'un million de locuteurs. Ceux-ci sont répartis sur trois pays : dans l'extrême sud-ouest du Soudan, le nord du Zaïre et l'extrême est de la RCA. Cette dispersion a contribué à freiner la normalisation de la langue et le développement d'une littérature écrite. Le degré de dialectalisation reste néan moins assez réduit, se situant principalement au niveau lexical, si bien que l'intercompréhension demeure possible sur tout le domaine zande.Le nzakara est parlé par 30 000 à 40 000 personnes dans la région de Bangassou (RCA). Le geme est parlé par quelques centaines de locuteurs à proximité de Ndélé (RCA). Pour une présentation plus détaillée, voir l'article qui suit. Les renseignements publiés par Tucker (1959) sur le barambu et le pambia ne semblent avoir connu aucune mise à jour. Cet auteur estimait le nombre de Barambu à 40 000 dans le nord du Zaïre, alors que le pambia était une langue résiduelle de moins de 3 000 locuteurs soudanais. Ses données lexicales lui permet taient également de considérer ces deux langues comme un sous-groupe distinct du zande/nzakara. Les vocabulaires contenus dans le présent ouvrage et leurs sources sont les suivants :
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LEXIQUES
|
nom de la langue
date
lieu de l'enquête
enquêteur
zande nzakara geme
1977-87 1970 1983
Zémio (RCA) Bangui Ndélé
R. Boyd L. Bouquiaux P. Nougayrol
L’enquête nzakara de L. BOUQUIAUX est complétée au besoin avec les données de F. TÉGUÉDÉRÉ (1982).
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OUBANGUIENS
Bibliographie des lexiques
et dictionnaires zande
TUCKER etBRYAN (1956:181-2) présentent une liste bibliographique des principales sources linguistiques anciennes, auxquelles il convient d’ajouter : JUNKER (1887/8), SANTANDREA (1965) et les trois recueils lexicaux réédités par le Musée Royal de l’Afrique Centrale : COENS et JODERIE (1912), B LOCK (1912) et BRUGGER et al. (1912). Les lexiques les plus importants se trouvent dans les dictionnaires missionnaires de LAGAE et VAN DEN PLAs (1921/5) et des GORE (1951). Il existe des recueils de littérature orale en zande et en nzakara. TUCKER (1959) fournit une première approche moderne des langues de ce groupe, mais ses données étaient trop limitées et son analyse tonologique, insuffi sante. BOYD (1980) et TÉGUÉDÉRÉ (1982) présentent des études approfondies du zande et du nzakara, respectivement. Ces ouvrages sont accompagnés de glossaires de base. BLOCK, 1912, Vocabulaire français-sakara et sakara-français (réédité par le Musée Royal de l’Afrique Centrale, Tervuren).
BOYD Raymond, 1980, Etudes zandé, thèse de 3ème cycle, Université de Paris V. BRUGGER, DEWILDER, KOCHER, ROLLERI et WÔHR, 1912, Vocabulaire français-abarambo et abarambo-français (réédité par le Musée Royal de l’Afrique Centrale, Tervuren). COENS et JODERIE, 1912, Vbcabulaire français-azande et azande-français (réédité par le Musée Royal de l'Afrique Centrale, Tervuren).
GORE Rév. Can. et Mme E. C. GORE, 1952, Zande and English Dictionary, Londres, Sheldon. JUNKER W., 1887/88, "Verzeichnis von Wôrten centralafrikanischer Sprachen”, Zeitschrift für afrikanische Sprachen 1:35-108. LAGAE C.R. et V.H. VAN DEN PLAS, 1921-25, La langue des Azandé, Gand, Veritas, 3 vol.
SANTANDREA Stefano, 1965, Languages of the Banda and Zande Groups, Naples, Istituto Universitario Orientale. TÉGUÉDÉRÉ Désiré Faustin, 1982, Phonologie du nzakala, thèse de 3ème cycle, Université de Paris V. TUCKER A.N., 1959, Le groupe linguistique zandé, Tervuren, Musée Royal du Congo Belge. TUCKER A.N. et M.A. BRYAN, 1956, The Non-Bantu Languages of North-Eastern Africa, Londres, Oxford University Press for LA.I.
LE GEME OU jèmé,
UNE NOUVELLE LANGUE DU GROUPE ZANDE
par Raymond BOYD ET Pierre NOUGAYROL
Le "groupe linguistique zande", défini par TUCKER (1959), comprenait jusqu'à présent quatre langues réparties en deux sous-groupes, le zande et le nzakara d'un côté, le barambu et le pambia de l'autre. Au premier de ces sousgroupes il convient d'ajouter maintenant le geme, dont nous dirons au préalable quelques mots des locuteurs. Les geme, ou jèmé, vivent aux abords de Ndélé (RCA, préfecture de Bamingui-Bangoran), dans deux villages distants l’un de l'autre de neuf kilo mètres : Aliou (350 habitants environ), et Goz Amar II (50 habitants). Ils se partagent en Geme d’Aliou, dits parfois gèmé t ü 1 û, et gèmé kû 1 àgbô 1 ù de Goz Amar. Mais hormis une langue réputée commune, le ngbâ geme (ce point deman derait à être vérifié), tout contribue à en faire deux groupes étrangers : aucune relation particulière, d'ordre économique ou matrimonial, ne les lie et leurs histoires ne concordent pas. Mentionnés pour la première fois par le Capitaine MODAT (1912:120-21 et 161) sous le nom de "Djemmi" et regardés depuis lors, conformément à une opinion bien établie dans le Dar el Kuti, comme une population étroitement appa rentée aux Ndoka (qui sont des "Sara-bongo-baguirmiens" et parlent le tàr ndoka), voire comme une fraction ndoka1, les Geme n’ont pas attiré davantage l'attention, si bien qu'on ne dispose pas à leur endroit de document ou témoignage de quelque nature que ce soit. Des renseignements recueillis par l'un d'entre nous 1 v. tout récemment encore CORDELL (1984:33). EBOUÉ (1933:13) signale curieusement un groupe zande originaire de Bangassou et fixé à Ndélé et dans la région comprise entre Ndélé et Birao, qu'il appelle "Dokoa”. Cette information est reprise par Kalck (1959:40-41) qui rattache par ailleurs "N'Douka" et "Djeme" aux Rounga. Mais notons que le terme "dokoa" désigne généralement les Ndoka.
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LEXIQUES
(PN) à Aliou, il ressort en premier lieu que les Geme ont le sentiment d'avoir toujours habité la région de Ndélé et que, de mémoire d'homme, rien ne les a jamais unis aux Sabanga (il y eut pourtant une communauté sabanga à Ndélé à l’époque sénoussiste), aux Nzakara ou aux Zande. Le premier habitat dont ils ont gardé le souvenir fut le Kàgà t û 1 ü, à 60 kilomètres à l’est de Ndélé : ils vécurent là au contact des Banda Tulu mais, si l’on en croit la tradition orale geme, cette coexistence ne fut pas pacifique; amenés à Ndélé par Senoussi, probablement en même temps que leur voisins banda vers 1898, ils se dispersèrent, les uns s’établissant à Ndélé même (dont certains à proximité du tata du sultan), d’autres à Ouhi près des Banda tulu; au cours des années 1950, ils se regroupèrent et fondè rent Aliou (à 1 ûwô) où on les rencontre aujourd’hui. Le cas des Geme Kulagbolu (kulagbolu est certainement un terme d’origine ndoka, de kü 1 â ”futaie” et Bô 1 ù ”vaste”) doit être disjoint. Car si les Kulagbolu se prétendent autochtones et adoptent volontiers la tradition historique des Ndoka kûrü de Goz Amar I, qui furent eux aussi transplantés aux abords de Ndélé par Senoussi2 et avec lesquels ils vivent en symbiose, il semble qu’on ait affaire en réalité aux descendants d’esclaves nzakara achetés ou razziés par le sultan du Kuti et dont la garde fut confiée aux Ndoka. Comment ces hommes en vinrent-ils à prendre le nom et peut-être la langue d’une population très minoritaire avec laquelle ils n’avaient pas d’attaches particulières, le problème reste entier. Les Kulagbolu mis à part, il y a tout lieu de penser au vu des données linguis tiques que les Geme furent intimement liés aux Nzakara et aux Zande à un moment de leur histoire, puis qu’ils s’en séparèrent et, lors de la migration qui finit par les conduire dans le bassin de l’Aouk, entrèrent en contact avec les Kpatiri ou Gbayi. C’est ce que nous allons voir maintenant.
La présentation linguistique qui suit place le geme comme lexicalement plus proche du nzakara, malgré quelques traits qui le relient davantage au zande, ou même au sous-groupe barambu/pambia. Nous recensons en dernier lieu les carac téristiques phonétiques, morphologiques et lexicales qui individualisent le geme par rapport aux autres langues du sous-groupe. L’affinité lexicale entre le geme et le nzakara est nette. Parfois ils partagent une racine qui n’apparaît dans aucune autre langue du groupe, notamment les noms de nombre ”un” et "quatre” : "un” nz kïlî g kîdâ Le zande a sa; le barambu et le pambia partagent une racine oubanguienne courante, -sî/-sù. Mais kîda pourrait être d'origine nilosaharienne, cf. aiki kànda, gula sar kécfê, et d'après GaudefroyDemombynes (1906), vale, dagba kada, tané (?), tele kida, etc. Ces langues sont parlées pour la plupart dans la même région que le geme. 2 Transplantation dont fait état Chevalier (1907:182n et 202)
OUBANGUIENS
69
"quatre" nz 2âlù g ôôr Le zande a -mà ou -ngï; le barambu et le pambia ont -bwàï/-vàï (apparemment une sorte de pluriel de "deux"). Cf. "cinq" dans le groupe ngbaka/sere. "quoi ?” nz 2ïndâ g ïndà Le zande emploie gjnè, et le barambu/pambia -ngo (ce dernier étant apparenté à la racine "chose" dans les mêmes langues), avec le sens "quoi, quel ?".
"chèvre" nz vûlé g vélï/volï Les autres langues ont soit même, soit bànà. Le zande centrafricain emploie le sango ngâ s à. "tortue" nz kû1â g kûlô Les racines fournies pour les autres langues semblent toutes apparentées au zande d|kâdâ, qui est peut-être une forme allongée de la racine nz/g.
Cf. également : "faim" nz nzàgbà g zàgbà En zande, gomor 6; en barambu, zângù (probablement ~ zande zanga "manquer"). Nous n'avons pas de forme pambia. "être long" nz 2e 1g helLes racines semblent être différentes dans chacune des autres langues, quoiqu'il n’y ait pas de forme pambia. Certaines racines sont partagées par le zande, le nzakara et le geme, ces deux derniers ayant une variante commune : "panthère" nz nânâ g nânâ z mâmâ barambu bfdyàkà, pambia ngbûu.
70
LEXIQUES
"blanc” nz f ïs i g f ici z pis i barambu bûrù; la forme pambia n'est pas citée. La correspondance p/f entre nzakara, geme et zande est irrégulière. D'autres racines sont communes au groupe entier, le nzakara et le geme parta geant une même variante, et le zande occupant une position intermédiaire entre ces deux langues et le barambu/pambia. C'est le cas notamment des noms de nombre "trois" et "cinq" : "trois" nz 2âtâ g hâta z biâta b bat! p wataï On remarque la présence d’un préfixe bilabial en z/b/p. cinq nz 2ïsïbë g sùbë z bïsùè b biÿacè p binyâsï En plus de l’absence de préfixe en nz/g, on observe la présence d’une C2 bilabiale.
"brouillard" nz ndùtè g ndütù b mu t û t u Le zande nd^râà et le nzakara/pambia ndùmba/nambuo "nuage, brouillard" sont à comparer.
"chien" nz bânâ g banda b bara p voys Le zande ângo est une racine différente. Le nzakara et le geme partagent la nasalité de C2 face aux deux autres langues. Les variantes partagées par le geme et le zande face au nzakara sont plus rares, mais comprennent le nom de nombre "deux" :
71
OUBANGUIENS
"deux" g w6ji z ûé nzakara ?ïyô. La forme barambu/pambia bwaï/vâï peut être une variante avec préfixe. "soleil" nz ?ülè g wülù z ürù barambu/pambia ùzé et barambu dïbâ. "être lourd" g loi* z r o11 y a sans doute un rapport avec le nzakara 1 ek-; ci est nasalisée dans la forme zande donnée par GORE (z du Soudan). La racine barambu (ngo 1 è) semble différente; nous ne disposons pas de forme pambia.
"nouveau" g vôvè z vovo Il y a peut-être un rapport avec le nzakara mvôgo. barambu âbë; la forme pambia n'est pas citée. Le système des pronoms sujets du geme rappelle davantage le zande que le nzakara, dans la mesure où il comprend un pronom féminin à la troisième personne du singulier, et une racine à la troisième personne du pluriel qui diffère du singulier. singulier
nz g z b P
1 mï mï m; nyé nyi
2 mo mo mo mû J10
3m ko ko ko kû ko
3f
aie rï né ne
3i si si SI mbà mba
1 2ànï hàâji ànï nga a
pluriel 2 ?Enè hènè ^nï nyi i
3 àkô yê 1 âka ako
La forme geme de la première personne du pluriel est l'inclusif. Certains types de pronoms pour lesquels les données comparatives font défaut (notamment les formes pour les êtres animés non humains) ont été omis dans ce tableau. Le geme semble être la seule langue du groupe à opposer des pronoms inclusif, exclusif et duel à la première personne du pluriel (hàaji/hàn/hàa). On remarque néanmoins que la constitution de deux
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LEXIQUES
sous-groupes, nzakara/geme/zande et barambu/pambia, est bien étayée par ce tableau.
De nombreuses racines sont communes au nzakara, au geme et au zande, face au barambu/pambia : "cendre” nz kükü g kükü z kÿkü barambu 16; pambia sùû. La forme zande est moins courante que kükè; elle a le sens spécifique de "cendre volante". "cuisse" nz mboso g mboso z mboso barambu/pambia b j 11. "éléphant" nz mbàlà g mbà 1 à z mbàrà barambu/pambia mùngù.
"farine" nz ngüngà g ngûüji z ngÇngà barambu mbi Je, s è, pambia ngûsè. "femme" nz dë g dëè z dë barambu/pambia bandé. "oiseau" nz zârï g zëlï z zïrè barambu mbï é, pambia mb i r 6.
0UBANGU1ENS
73
"terre" nz sëndë g sëndë z sëndë barambu/pambia f 6 r 6/f 6 yo.
"tomber" nz 11 g ti z ti barambu s y i, pambia J i, Ja (probablement accompli/inaccompli). "urine" nz 2ïlïm6 g yûrûmbô z jrïma barambu myé, pambia mb i 1 o. La différence entre les deux groupes peut être uniquement phonologique : "oeuf' nz pâlâ g para z para b f ara p fwaa Cette correspondance p/f paraît irrégulière. Exceptionnellement, on trouvera dans le groupe nzakara/geme/zande une ci qui est absente ailleurs et dont l'origine n'est pas claire. On remarque parfois la présence d'une C2 centrale et nasalisée : "dent" nz lïndï g lïndï z rjndï b |njï P anjï
"excréments" nz 2 ï 1 ï g f îrï z mjrï b $nï P Il y a également une tendance à préfixer un morphème (d'origine non déterminée) à la racine "oeil" :
74
LEXIQUES
"oeil" nz bângïlî g indïrï z b^ngïrï b èrï La racine commune r ï n’est pas claire quant au sens : s’agit-il de ”oeil” ou de ”tête” ? Cf. le correspondant pambia tûngû/t anga/t éngé-j i, qui peut être formé sur le même modèle sémantique de ”— de la tête”.
Un autre trait distinguant les deux groupes est l’absence de certaines C2 nasales ou nasalisées dans diverses racines barambu/pambia : -m-
”envoyer" nz t umg tum b tu Le zande ne possède plus cette racine, et la forme pambia n’est pas citée.
"tuer" nz ?img hum z imb hu, mu P hu
"fumée" g njîm z ngïmî b njî P n3Ï Cette racine n’est pas présente en nzakara. "pluie" nz mâmï g mâp z mâï b maji p ma
"sein" nz mâmï g mâàji z m|mü
OUBANGUIENS
b p
75
ma à ma Les deux racines précédentes peuvent être liées par un sens secondaire, "lait", attribuable à la seconde.
"huile" nz kpamî g fcpâp z kpai b kpâ P kpâ
"sel" nz g b P
?Emé héme éyé hinyo Les formes barambu/pambia comportent apparemment une voyelle tendue préfixée.
-mb"homme" nz kümba g kûbè z kûmba b kûyî,kyé P -kyé
-nd"mordre" nz lundg lundz rundb 10 Cette racine n’apparaît pas en pambia.
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LEXIQUES
-ng-
”asseoir” nz sungg sungz s^ng b sv p su
"rire” nz mongg mongz mongb mo p mu(v. également "farine" ci-dessus) On remarquera que les racines nominales présentant l'alternance 0/-m- en position C2 appartiennent à la catégorie sémantique des "non comptables". Si cette alternance semble régulière, elle n’est pas sans exception : "sable" nz mvûmé g vfimé z ng$mé b bûmé La racine pambia n’est pas citée. Il n’y a pas d’exemple de cette alternance dans les noms "comptables"; ex. : nom nz 1 ümâ g lûmâ z rfmâ, rÿmâ b nlimô La racine pambia est différente (amany i).
Le nombre de verbes ayant un -m- en position C2 est réduit (environ dix verbes variables en zande et en nzakara). Dans le corpus dont nous disposons, il n’y a pas de contre-exemple aux deux cas d’alternance présentés ci-dessus. Les verbes ayant -nd- en position C2 sont un peu plus fréquents, ceux qui ont -ng- ont une fréquence deux ou trois fois plus grande que celle des verbes en -m-. Contrairement à -m-, il est possible, par reconstruction interne, d’attribuer un sémantisme à-nd-età-ng- (duratif et intensif respectivement). II ne s’agit pourtant pas de morphèmes productifs en zande et en nzakara actuels. Il existe des contre-exemples aussi bien verbaux que nominaux à l’alternance 0/-nd- observée dans "mordre" :
OUBANGUIENS
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"laver" nz zundg zundz zundb zundp zund"peur" nz gündé g gûndù z gündé b gondo La racine pambia n’est pas disponible.
Par contre, il n’y a pas de contre-exemple à l’alternance 0/-ng- dans les racines verbales, mais cela est sans doute hasardeux. Parmi les racines nominales, nous avons : "mortier” nz sângù g sângù z sângû b sângù La forme pambia est différente (wû). Les langues appartenant à un même sous-groupe peuvent varier quant à la présence de la consonne nasale en position C2 : "cheveu” nz mângî g mânjï z mange b ma-, wap mânjé-ng- est présent en barambu mais absent en pambia. -m- est parfois absent uniquement en geme : "être rouge" g zâa z zam- (adj. zàmbâ) Le nzakara zagba est à comparer. Le barambu a peut-être une variante de la même racine ( t a n~). La forme pambia n'est pas citée. "maison" nz dümà g dôô z d;mà, dÿmà
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LEXIQUES
b p
dama nûmà, namà Le sens zande est spécifique : "intérieur de la maison". Voir également "pluie/sein" et "huile".
Une liquide nasale ancienne est en général bien conservée sous une forme ou une autre, aussi bien entre voyelles identiques qu’entre voyelles différentes : "cou" nz gol o g gôlo z gôr ô b gord, gond P go C2 semble manquer uniquement en pambia. "pou" nz zàli g zâlï z z|r i b z^r i, z^nî La racine citée en pambia est différente (amb i wa).
Il y a néanmoins des cas exceptionnels de chute de liquide nasale. Cette chute ne semble pas entraîner la perte de la voyelle suivante. Ce cas est donc nettement différent de ceux qui ont été cités jusqu’à présent : "mouche" nz nzïè g -zî z zïï b nzéié p nzilyi "langue" nz mï 1 â g mâlz mïrâ b mia p mi ra Malgré son affinité incontestable avec le nzakara et le zande, le geme montre quelques coïncidences intéressantes avec le barambu et le pambia : "arbre" g wîl î b wû 1 î p lyï
OUBANGUIENS
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Il doit s’agir ici de la racine ancienne. La forme pambia suggère l'existence d'un préfixe vocalique. Le nzakara ngül à et le zande ngüà doivent représenter des innovations indépendantes (v. l’irrégularité de la correspondance C2, 1/0).
"boire" g J13 b nyo p nyo Le zande et le nzakara ont étendu le sens du verbe "avaler" (mbi r-, mbi 1 ). Cette racine ne subsiste que sous forme de dérivés, par ex. zande nyot - "tout boire". "enfanter" g zu b zo Le rapport entre ces termes et nzakara zu, zande zy "fructifier" reste à établir. La présence de la voyelle d'aperture moyenne en barambu est inattendue. "termite" g gbè b à.gé Le barambu est un pluriel. Le nzakara et le zande ont gë/gé; g6/g6 signifie "termitière". Le geme partage également avec le barambu/pambia une correspondance phonétique importante : la présence d'une affriquée palatale là où le nzakara et le zande présentent une vélaire suivie d'une voyelle antérieure : "étoile" nz bakërê g cërë z kërëkùrû b cérë p senye
"corde" nz gïlï g jÿï z girï b jïrï p zi 1 i
Pour la correspondance ng/n j, v. "fumée". On rappellera qu’en zande les vélaires ainsi que les labiovélaires sont fortement palatalisées devant les voyelles anté rieures. En geme, la paire get- "creuser”/gëtë "champ", de même que
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LEXIQUES
l'ethnonyme geme (qui admet toutefois la variante jèmë), constitue entre autres exemples une anomalie du fait de la conservation de l'initiale vélaire. Le geme diffère également du nzakara par la confusion phonétique des voyelles fermées relâchées et tendues ; en cela, il ressemble au zande (v. "corde" et "tomber” ci-dessus pour l'opposition j/i et "farine" et "soleil" pour y/u; rappelons qu'en zande ces oppositions sont établies par rapport à un comportement morphologique uniquement). Par contre, [e] et [e], ainsi que [a] et [o], seraient en toute probabilité des variantes d'un même phonème. Leur distribution suggère que e et o tendent à être plus fermés en position finale que lorsqu'ils sont suivis d’une consonne. Il y a néanmoins des cas exceptionnels de correspondance nzakarazande u/geme o : "voler, s'envoler" g 90 z gu Le verbe zande a aussi le sens "sauter". Il faut néanmoins comparer nzakara go "partir”, zande go "disparaître”. Voir également "chèvre" ci-dessus.
Un troisième point de différence entre le geme et le nzakara (et en même temps de ressemblance avec le zande) est la dénasalisation des racines qui ont dû présenter anciennement une liquide nasalisée en position C2. Les exemples "cou", "pou" et "langue" ci-dessus sont pertinents. Le geme présente plusieurs innovations phonétiques par rapport au nzakara et au zande. Certaines d'entre elles sont peu importantes par le nombre d'entrées lexicales concernées, par ex. *ni > jii, cf. : "déféquer" g pi z nj
"chemin" nz gïnî g jïïji"vers" D'autres ont une incidence plus large, par ex. *vmv > vji si *vi * *V2, *V2 étant fermée. Les exemples "huile" et "pluie/sein" déjà présentés attestent ce changement ; cf. également : "parent" nz gümè g 9ÛP z gumè
OUBANGUIENS
81
"sommeil” nz 1âmï g z rame La racine geme pour "farine" (v. ci-dessus) atteste un ancien *ng$mf, à comparer avec le zande "sable". Une règle associée à la précédente spécifie que *vmv > vm si *vi = *V2 ; v. "envoyer", "tuer" et "fumée” ci-dessus, et "obscurité" g bï 16 ôm "obscur" z bjtima où la forme geme atteste un ancien *bj t |m$. Cette règle admet des exceptions, notamment "sel" et "maison” ci-dessus. Le geme "maison" atteste un ancien *dâm|, mais l'absence du -m final est irrégulière. Les exemples cités sont à comparer avec "nom", "sable” et "urine” (malgré l'irrégularité nz/z -m-, g -mb-) ci-dessus. La fermeture de *e à i ou à u en position V2 semble sporadique dans le corpus disponible ; en tout cas, elle ne dépend ni de la tension ni du timbre de*vi. Cf. : "fer" nz t ü 1 é "pierre ferreuse" g t tî 1 ï
"saison des pluies" nz bümülè g bïmbïlï
et "enfant” nz gùdë g gîdë z gùdë ainsi que "sable" et "cinq” ci-dessus. Pour *e > u avec *vi = *y, v. "soleil" et "brouillard". Cf. également : "danse" nz gbëlé g gb61 ï (attestant *gbo 1 é) z gbéré
"milieu" nz bèbélè g bëbélï z bébérè
82
LEXIQUES
ainsi que ”chèvre "ci-dessus (où la forme geme atteste *vo 1 e), et ’sang” nz külë g külë z kürë
"argile" g pêrë z për è Il semble y avoir une innovation dans la tonologie nominale du geme, qui présente une double correspondance (cfcf ou cfcf) par rapport au schème cvcf (et sporadiquement cf cf ou cvcv) du nzakara. Le conditionnement de cette divergence a pu être une combinaison des traits de tension et de timbre vocaliques. En général, a) *cfcf > cfcf si les *V sont tendues, mais b) *cfcf > cfcf si les *v sont relâchées et *vi = *V2. Les exceptions sont pourtant relativement nombreuses, en particulier à b). Les exceptions à a) semblent être imputables à une application de b) malgré la tension vocalique. Cf. "obscurité" ci-dessus et "chair" nz mülû g mbûùr (les voyelles de ces deux exemples sont postérieures - cf. "blanc" ci-dessus - mais le nombre de cas est insuffisant pour conclure à un conditionnement). Les exceptions manifestes à b) sont "chien”, "panthère" et "trois” ci-dessus, ainsi que : "lune” nz dïwf g difi z diwi On remarque également : "termite sp.” nz ngbàlf g ngbalï z ngbarï où l’abaissement du ton final est inattendu. L’expérience a montré que les langues de ce groupe ont une tonologie relativement complexe. Il faudra certainement une étude approfondie du geme avant de pouvoir vérifier la nature et le conditionnement de ces correspondances.
nz/z CŸ semble d’ailleurs donner invariablement g C W. Sur le plan de la morphologie, on remarque quelques innovations importantes dans le système verbal du geme. En nzakara et en zande, ce système est fondé sur l’existence de deux classes morphologiques de verbes de deux syllabes ou plus, une classe dont la voyelle finale variable exprime l’opposition accompli/inaccompli, et
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OUBANGUIENS
une autre de verbes invariables qui ne permettent l'expression de cette opposition que par référence aux schèmes tonals. Le geme a perdu cette distinction morphologique, et ne possède plus que des verbes à cet égard invariables. Les anciens verbes variables sont représentés par ce qui était la forme accomplie (avec voyelle fermée finale). En citation, cette forme porte néanmoins le schème tonal (MB) de l'inaccompli, qui constituait la forme de citation originale. Ce schème s'applique également aux anciens verbes invariables qui avaient un schème représenté par MH en nzakara et par H en zande. Les deux classes morphologiques anciennes restent le plus souvent discernables en geme grâce au fait que les correspondants des invariables finissent en -a et les correspondants des variables en -i ou en -u. En ce qui concerne le reste du système verbal, les données disponibles ne permettent de tirer aucune conclusion. Lorsque toutes les langues du groupe zande possèdent un représentant d'une racine commune pour une entrée lexicale déterminée, la forme correspondante en geme coïncide en général avec cette racine. On observe quelques exceptions : g ng ô1ùgb ô "genou" (la racine commune est représentée par zande r ükù s ï ), kùmâ "serpent" (mais z wô), et yà 1 û "vent" (mais z wïgë, b wé). (g wücë "fagot" est vraisemblablement une variante de z nyâkë, b ndâsé ; g zôji "huile" est à comparer avec z nz^mû ~ nzémé) Il existe quelques écarts importants dans le vocabulaire commun au sousgroupe nzakara/zande : g g g g
kpà "chemin" mbogô "pierre" pï 1 ï"peau" kpïrï "poisson’
(nz gïnî, z gïnè) (nz mbî s â, z mbîà) (nz kpà ta, z kpoto) (nz t ï â, z t J à)
Ces innovations lexicales peuvent bien entendu être la conséquence de contacts avec d'autres groupes linguistiques. Par exemple, kpà "chemin” évoque immédiatement le groupe ngbaka/sere, cf. 'baka kpà je. Les ressemblances lexicales du geme avec ce groupe se localisent plutôt dans la classe des verbes, cf. : g g g g
WEr-'dire"
monzombo wë (mais cette racine est également présente en gbaya) ma "enfler" 'baka mâkà "être plein” ye kpûù "pleurer" mangaya yel e "chanter” (crier pleurs) toi- "percer” ngbaka-ma'bo t ô 1 ô
Il s'agit de racines relativement fréquentes en Adamawa-oubanguien, mais dont la présence dans les langues du groupe zande n'a pas été relevée jusqu'à présent. Il n'est pourtant pas possible de démontrer un contact avec une langue précise du groupe ngbaka/sere à partir de ces exemples. Par contre, certains noms cités ci-
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LEXIQUES
dessus présentent une ressemblance frappante avec les termes correspondants en gbayi (c-à-d. kpatiri), langue appartenant au groupe ngbandi, parlée dans la souspréfecture de Mingala (RCA). Cf. : g g g g g
pïlï"peau" mbogô "pierre, montagne" kpïrï "poisson" y à 1 û "vent" gbëdï "grand"
gb gb gb gb gb
pâl à bogo "montagne' kpî yàlû gbâdâ
Ces correspondances sont indicatives d’un contact historique entre ces deux langues, et peuvent aider à situer le point de départ de la migration geme. L’hypothèse d’un contact ancien est également étayée par gb wï "arbre” qui suggère une influence réciproque.
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OUBANGUIENS
LE GEME : INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
BOYD Raymond, 1980, Etudes zande (langue oubanguienne, dialecte de la République centrafricaine), thèse de 3ème cycle, Université de Paris V.
CHEVALIER Auguste, 1907, Mission Chari-Lac Tchad 1902-1904. L'Afrique centrale française, récit du voyage de la mission, Paris, Challamel.
CORDELL Dennis Dale, 1985, Dar al-Kuti and the last years ofthe trans-saharan slave trade, Madison, The University of Wisconsin Press. EBOUÉ Félix, 1933, Les peuples de l'Oubangui-Chari. Essai d'ethnographie, de linguistique et d'économie sociale, Paris, L’Ethnographie 27.
Kalck Pierre, 1959, Réalités oubanguiennes, Paris, Berger-Levrault. Modat Cne, 1912, Une tournée en pays Fertyt, Paris, Comité de l'Afrique française. TÉGUÉDÉRÉ Désiré Faustin, 1982, Phonologie du nzakala. Phonématique et tonématique (le parler de Gàmbü [République Centrafricaine!), thèse de 3ème cycle, Université de Paris V.
TUCKER A. N., 1959, Le groupe linguistique zandé (Annales du Musée royal du Congo Belge, Sciences de l’Homme, Linguistique 22), Tervuren, Musée royal du Congo Belge.
Sources nzakara : TÉGUÉDÉRÉ (1982). Nous avons conservé la notation de TÉGUÉDÉRÉ à une exception près : dans les termes ayant des voyelles phonétiquement nasales et une liquide intervocalique, la nasalité (~ ) est reportée sur la consonne. geme : Nougayrol (1983). Documents inédits sur le parler d'Aliou. zande : Boyd (1980). Le caractère tendu d'une racine est indiqué par une cédille ( 4 ) sous sa première voyelle (4 représente ainsi la voyelle centrale tendue).
barambu/pambia : TUCKER (1959). TUCKER a enquêté sur six dialectes barambu et deux dialectes pambia. Lorsqu'une même racine est notée sous diverses formes dans différents dialectes, nous donnons une sorte de représentation synthétique qui est censée faciliter la visualisation des rapports avec les autres langues du groupe. Quelques racines, qui manquent dans l'ouvrage de TUCKER, ont été obtenues d'une liste lexicale recueillie par Helma PASCH, cette liste ayant fait l’objet d’une communication personnelle. On remarquera que TUCKER partait de l’hypothèse d’un système tonal fondé sur deux registres avec des abaissements et des relèvements pour les langues de ce groupe. Or, ces langues ont en fait trois registres ; c’est la représentation du ton moyen qui est systématiquement faussée dans la notation de TUCKER (que nous conservons).
II
LEXIQUE COMPARATIF DES
LANGUES OUBANGUIENNES (204 TERMES DANS 34 LANGUES)
INTRODUCTION AU LEXIQUE
Par Yves MONINO 1 Choix des items Le lexique comprend 204 entrées en français, numérotées de 1 à 204 et clas sées par ordre alphabétique. Le choix des items retenus ne répond à aucun souci de distinguer le vocabulaire dit "fondamental", comprenant des termes a priori peu susceptibles d'emprunt ou de diffusion (noms de nombres, de parties du corps...), et le vocabulaire prétendument "culturel" (noms référant à des activités maté rielles, sociales...) qui serait moins pertinent pour la linguistique historique. A cette distinction par trop générale, on oppose ici une conception empirique, tenant compte avant tout du rendement comparatif des items dans l'ensemble oubanguien. La liste des 204 termes présentés ne constitue cependant, est-il besoin de le préciser, qu'une toute petite partie du vocabulaire de base des langues considérées. Afin de faciliter pourtant la tâche aux chercheurs qui souhaiteraient mener à bien une analyse glottochronologique, on a repris ici 92 des 100 termes de la liste de Swadesh, bien que certains d'entre eux soient peu productifs d'un point de vue comparatiste pour le domaine oubanguien. Les huit termes éliminés parce qu'ils ne donnent de terme de base dans aucune des langues de cet ensemble sont les suivants : CLOUD "nuage", auquel on a substitué "brouillard"; DULL "émoussé", rendu sou vent par "non tranchant" ou parfois par un adverbe idéophonique; GREEN "vert", que l'on retrouvera sous "noir (non lumineux, sombre)"; HAÏR "cheveu", presque toujours présent à l'entrée "poil"; LIE "reposer, être étendu", figurant souvent sous le vocable "dormir"; ROUND "rond", trop vague (la plupart des langues distinguent "circulaire" et "sphérique"); SWIM "nager", qui ne concerne pratiquement que les gens du fleuve, et YELLOW "jaune", équivalent à "rouge (lumineux, vif)". Les 92 termes de la liste de Swadesh sont précédés dans la ligne des entrées en français d'un astérisque (*).
90
LEXIQUES
2 Choix et présentation des langues
3 3 langues et une proto-langue (restituée à partir des seuls parlera gbayamanza-ngbaka) ont été retenues pour illustrer l'ensemble oubanguien; elles sont numérotées de 1 à 34. Le signet accompagnant cet ouvrage porte le nom de chaque langue en regard de son numéro d'ordre : placé dans le lexique à côté d’une entrée quelconque, le signet permet de savoir à tout moment à quelle langue appartient chaque terme figurant sous l'entrée choisie. Les critères de sélection des langues retenues n'ont pas été fixés à l'avance sur des bases abstraites, extérieures à l'objet étudié, mais a posteriori, au vu de la diversité interne présentée par cet ensemble de langues; ils n'offrent donc aucun caractère d'unicité ni d'homogénéité. Le nombre de locuteurs n'a ainsi jamais été un critère de choix : les langues mba du Zaïre, ne comptant parfois que quelques centaines de locuteurs, ont, du fait des systèmes de classes nominales qu'elles sont seules à posséder dans l'ensemble oubanguien, un intérêt au moins égal à celui des parlera des grands groupes gbaya ou banda, concernant dans chaque cas près d’un million de locuteurs. On n’a pas cherché non plus à être exhaustif : présenter toutes les langues nettement différentes au sein de l’ensemble n'était pas possible en raison des diffi cultés à définir cette notion de "langue" et à l’opposer clairement à celle de "dialecte" (cf. Introduction générale, p. 17), et aussi parce que les matériaux rela tifs à certaines d'entre elles ne répondaient pas aux exigences scientifiques actuelles (notations approximatives et sans tons). Si l'on a tendu à faire figurer le maximum de langues nettement différentes, on n'a pas toujours éliminé des parlera qui sont dans un rapport dialectal manifeste, notamment dans les groupes gbaya et banda, dont on voulait souligner par là l'aspect spécifique homogène, opposé à la divergence interne plus importante des langues sere-ngbaka-mba par exemple. Même dans ce dernier groupe, il importait de montrer l'extrême proximité du 'baka, langue de Pygmées du Cameroun, et des parlera ngbaka-gbanzili-monzombo, langues de "Grands Noirs" de RCA, et ce malgré l'isolement réciproque des locuteurs et la distance géographique. La sélection des langues présentées souhaite illustrer par là fidèlement les caractéristiques de la diversité interne de l'ensemble oubanguien. Chacun des 5 grands groupes est représenté par au moins trois langues, et chaque sous-groupe constitué au sein d'un groupe par au moins une, à deux exceptions près : - dans le sous-groupe sere, le feroge-mangaya d'une part, l'indri et le togoyo d'autre part, faute de documentation moderne; - dans le sous-groupe zande, le barambu-pambia, faute de matériaux suffi sants.
Les cinq groupes sont représentés ainsi : - en gbaya-manza-ngbaka (1 à 8), la situation de continuum est illustrée par les langues 2 à 5 (intercompréhension pour 2/3, 2/4 et 4/5; non-compréhension
OUBANGUIENS
91
entre 2/5, 3/4 et 3/5). Les langues 6,7 et 8 sont plus divergentes, une intercompré hension relative n'existant que pour 3/6,5/8 et 6/8. Les termes proto-gbaya (1) sont des reconstructions posées à partir des réflexes de 21 parlers de ce groupe. Les 14 langues non retenues ici sont très proches du kara 'bodoe pour 6 d'entre elles, du ’biyanda pour 2 autres, du gbeya pour 3 encore, et du manza pour 3 enfin. - en ngbandi-sango-yakoma, aux parlers peu différenciés, on a choisi le sango véhiculaire (9), issu du yakoma (10), ainsi que le kpatiri (11), que des emprunts au nzakara voisin avaient à tort fait classer dans le groupe zande. Le ngbandi, trop proche du yakoma, n'a pas été retenu. - le sere-ngbaka-mba (12 à 23) est bien illustré par 12 langues, ceci en raison de sa dispersion géographique (petits groupes discontinus, étalés du Cameroun au Soudan) : les parlers 12 à 15 sont en continuum dialectal, 16 à 23 sont plus diver gents entre eux et par rapport aux précédents. Outre les exceptions signalées plus haut, les langues éliminées sont le bangba (proche de 16), le ndogo et le tagbu proches de 22, et le bai proche de 23. - pour le vaste groupe banda (24 à 31), où prévaut comme pour le gbayamanza-ngbaka une situation de relative homogénéité, on a choisi 4 parlers "centraux" (24 à 27), entre lesquels existe une intercompréhension de proche en proche, et 4 parlers "périphériques" (28 à 31) plus divergents. Les autres parlers banda pour lesquels une documentation fiable existe (22 parmi les 50 noms recen sés) n’ont pas été retenus en raison d'une trop grande proximité avec un ou plusieurs des parlers présentés ici. - le groupe zande (32 à 34) est illustré par trois langues différentes : le zande (32) qui connaît, malgré son extension géographique et le nombre de ses locuteurs dépassant le million, une dialectalisation réduite; le nzakara (33) et le geme (34). Comme il a été dit précédemment, le sous-groupe barambu-pambia n'est pas représenté.
92
Symboles et abréviations utilisés Symboles communs à l'ensemble du lexique
A.B A~B A, B
sépare les éléments d'un composé sépare 2 variantes formelles d’un même terme sépare des synonymes (sens voisins mais non identiques) intéressants pour les rapprochements comparatifs A/B sépare des termes de sens et de forme différents, mais dont le rappro chement avec des formes d'autres langues est possible. Le sens du terme à droite de la barre est indiqué soit par l'entrée elle-même, soit en note A (=72) renvoie au n° d'une autre entrée, sous laquelle on trouvera un terme de forme identique un seul terme ayant les 2 sens figurant dans l'entrée A(=) ? Terme non recensé Terme non attesté dans la langue; dans les notes, sépare les éléments du mot à mot Verbe (Vb) Adjectif (adj.) Nom (N) Emprunt, notamment au lingala (E)
Symboles et notations propres à chaque groupe de langues
Entrée ligne 1 lignes 1-8
ligne 15 lignes 18-21 lignes 22-23 lignes 24-31
lignes 32-33 ligne 34
Terme figurant dans la liste de 100 items de Swadesh Terme restitué imputable au proto-gbaya (reconstruction générale) Terme restitué non imputable au proto-gbaya (reconstruction partielle) - Les notes et symboles affectant un terme proto-gbaya (ligne 1) sont valables pour tous les parlers du groupe (lignes 2 à 8 incluses) - Les verbes gbaya-manza-ngbaka sont notés sans tons; contrairement aux autres langues oubanguiennes, ils ne sont jamais porteurs de tons lexi caux, et les tons qu'ils présentent dans la phrase ont une fonction exclu sivement grammaticale, exprimant des modalités et des aspects verbaux et n'entrant jamais dans l'identification du sens des verbes - Tous les verbes ’baka sont précédés d’un préfixe nâ- à la forme neutre, préfixe éliminé ici par commodité A (7/2) indique la classe nominale (sing./plur.) à laquelle appartient le nom consi déré, chaque chiffre correspondant aux suffixes particuliers affectant ce nom (v. tableaux des suffixes des 4 langues concernées, p. 54-55) Terme relevé par SANTANDREA, noté sans ton (sa) - Les notes et symboles affectant la ligne 24 (banda linda) sont valables pour tous les parlers banda (24 à 31 inclus) - Les verbes banda sont notés avec un ton lorsqu’il existe des classes verbales s’opposant par une différence tonale, et notés sans ton lorsqu'il n’y a pas d’opposition (T) Terme relevé par F. TÉGUÉDÉRÉ (1982) Le geme comporte une latérale (ou vibrante) rétroflexe de fréquence élevée dont on ignore le statut phonologique. Dans la transcription retenue ici, elle a été provisoirement confondue avec le /!/
*A *A *A
93 Nom
des langues
OUBANGUIENNES
1. 2. 3. 4. 5.
6. 7. 8.
♦Proto-Gbaya gbaya 'bodoe gbaya 'biyanda gbeya manza mbodomo bangando ’bofi
9. sango véhiculaire 10. yakoma 11. kpatiri
12. 13. 14. 15. 16. 17.
ngbaka ma'bo monzombo gbanzili 'baka mayogo mundu
18. 19. 20. 21.
ndunga-le mba-ne 'dongo-ko ama-lo
22. 23.
sere bare
24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31.
linda yangere ngao vara wojo dakpa langbasi mbanza
32. 33. 34.
zande nzakara geme
Ce signet accompagne l'ou vrage Lexique comparatif des langues oubanguiennes. N'omettez pas de l'y replacer une fois la lecture finie.
En cas de perte du signet joint à cet ouvrage, le signet de remplacement cicontre peut être photocopié et collé sur un bristol.
94
LEXIQUES 1. ABEILLE1
2. ACIDE (VB)
3. AILE
4. ALLER
*zî.g&rd zi.gôrô zi.gôlô zi.goro zi.gôrô zi.gôrô ji.gôlô zï.gorô
*kpa|j kpai kpae kpai kpa | a kpai kpad* i kpa la
*6àkà (=15/) 6àkà 6àkà bàkà 6à Bàkà 6à 6à2à
♦ne ne ne ne ne ne 2ele ne
9. 10. 11.
wotôrô 1àvù ~ 1àvù ?
kpéè ~ kpiï kpé ?
kpâ.ngï kpangbï.t ï2 pâ
gùè gwè hà 1 è, gàrà
12. 13. 14. 15. 16. 17.
nzoï nzî 6i6a t ôngïà, pôkï, tü 1 ï -wo jià.o
kpô6âkâ, nzô.mbànà mbündà,be kpo mbâlàkpo ngbêngbèngbë (adj.) mbûndà njengenè (x 2) -mbûcfà(yèd,û) laka 61 joà
18. 19. 20. 21.
nûo- (9/6) nwë- (9/6) mbombô.l a-(7/2a) -f 6- (12/8)
ngâï côâ/co- (adj.) ngà1ès ira
-pâpùsà- (3/4) fùfo-(5/6) ppôppô- (5/6) -mbâpo- (1/8)
-hé