La Version Copte Du Discours Pseudo-éphrémien in Pulcherrimum Ioseph. V. (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium) (French Edition) 9789042941113, 9789042941120, 9042941111

Cet ouvrage presente l'editio princeps, d'apres les manuscrits IB 11.128-136 de la Biblioteca Nazionale Vittor

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La Version Copte Du Discours Pseudo-éphrémien in Pulcherrimum Ioseph. V. (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium) (French Edition)
 9789042941113, 9789042941120, 9042941111

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CORPUS SCRIPTORUM CHRISTIANORUM ORIENTALIUM EDITUM CONSILIO

UNIVERSITATIS CATHOLICAE AMERICAE ET UNIVERSITATIS CATHOLICAE LOVANIENSIS Vol. 683

SCRIPTORES COPTICI TOMUS 55

LA VERSION COPTE DU DISCOURS PSEUDO-ÉPHRÉMIEN IN PULCHERRIMUM IOSEPH TRADUITE PAR

ERIC CRÉGHEUR et PAUL-HUBERT POIRIER

LOVANII IN AEDIBUS PEETERS 2020

LA VERSION COPTE DU DISCOURS PSEUDO-ÉPHRÉMIEN IN PULCHERRIMUM IOSEPH

CORPUS S C R I P T O R U M C H R I S T I A N O R U M O R I E N TA L I U M EDITUM CONSILIO

UNIVERSITATIS CATHOLICAE AMERICAE ET UNIVERSITATIS CATHOLICAE LOVANIENSIS Vol. 683

SCRIPTORES COPTICI TOMUS 55

LA VERSION COPTE DU DISCOURS PSEUDO-ÉPHRÉMIEN IN PULCHERRIMUM IOSEPH TRADUITE PAR

ERIC CRÉGHEUR et PAUL-HUBERT POIRIER

LOVANII IN AEDIBUS PEETERS 2020

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress.

© 2020 by Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation, y compris les microfilms, de ce volume ou d’un autre de cette collection, réservés pour tous pays. ISSN 0070-0428 ISBN 978-90-429-4111-3 eISBN 978-90-429-4112-0 D/2020/0602/108 Éditions Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Louvain

AVANT-PROPOS Dans l’Avant-propos du volume d’édition de la version copte du discours pseudo-éphrémien sur Joseph le patriarche (CPG 3938; BHG 2200; CC 0138), j’ai eu l’occasion d’évoquer la genèse de ce travail, dont les prodromes remontent à plus de quarante ans! Je me contente d’y renvoyer et de rappeler que, pour le volume de traduction, je me suis réservé la rédaction de l’introduction générale au texte que nous éditons, ainsi que la traduction du texte grec du discours, pour laquelle j’ai reçu l’aide de Gaëlle Rioual. Dès la fin des années 1970, j’ai réalisé une première ébauche de la traduction française du texte copte. Celle-ci a été profondément revue et amendée lorsque j’ai repris ce projet d’édition en 2010, avec la collaboration d’Eric Crégheur, alors candidat au doctorat et maintenant professeur adjoint à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval. Eric Crégheur est responsable de la production et de la mise au point finale de cette traduction, qui a en outre bénéficié de nombreuses séances de relecture avec nos collègues lavallois. Je tiens à réitérer ici, à l’endroit des institutions et des personnes envers lesquelles nous avons contracté une dette de gratitude, les remerciements que j’ai formulés dans l’Avant-propos du volume de texte. Paul-Hubert POIRIER Membre de l’Institut de France Professeur à l’Université Laval Québec, le 9 septembre 2019

INTRODUCTION L’œuvre dont nous proposons l’édition et la traduction française est la version copte d’un écrit originellement composé en grec et transmis sous le titre de λογὸς εἰς τὸν πάγκαλον Ἰωσήφ, Discours sur le très beau Joseph1. Ce Discours appartient au corpus de l’«Éphrem grec», un ensemble qui regroupe un grand nombre de textes attribués à Éphrem le Syrien, dont la plupart sont considérés comme inauthentiques2. Par son contenu, notre Discours s’inscrit dans le cadre de la littérature juive et chrétienne relative au patriarche Joseph, qui développe le récit et les thèmes des chapitres 37 et 39 à 50 du livre de la Genèse. L’histoire et le destin extraordinaire de Joseph, le onzième fils de Jacob et l’aîné des deux fils de Rachel, n’ont pas manqué de susciter réécritures, amplifications et commentaires, que ce soit dans le judaïsme, le christianisme ou l’islam. Cette riche production a fait l’objet de plusieurs inventaires auxquels nous nous contentons de renvoyer3. Nous signalerons, dans les notes qui accompagnent la traduction française du texte grec du Discours, figurant en annexe de ce volume, les rapprochements les plus pertinents entre le Pseudo-Éphrem et les autres écrits dont Joseph est le héros. Le Discours ne peut toutefois être identifié à aucune autre production connue relative au patriarche. I. LE DISCOURS SUR

LE TRÈS BEAU JOSEPH

Par la richesse de la tradition textuelle qui l’atteste, le Discours sur le très beau Joseph est parfaitement représentatif de la complexité de la transmission du Pseudo-Éphrem grec. 1

CPG 3938; BHG 2200; CC 0138. Sur l’Éphrem grec, voir Émereau 1918, Hemmerdinger-Iliadou 1960 (à compléter par Hemmerdinger-Iliadou 1975-1976), ainsi que Geerard 1974, no. 3905-4175 (avec les compléments figurant dans Geerard, Noret, Glorie, Desmet 1998). 3 Mentionnons entre autres Brongers 1962 (relevé des textes juifs, chrétiens et musulmans), Macdonald 1956a et b, Guillaume 1974, Pilhofer, Koenen 1998, Haelewyck 1998, p. 70-82 (nos. 105-117), Heal 2008, p. 273-282, Phenix 2008, p. 72-152. Les parallèles rabbiniques aux chapitres 37-50 de la Genèse sont inventoriés par Ginzberg 1969, p. 1-184, et Ginzberg 1968, p. 324-377, Niehoff 1992, et surtout par Rottzoll 1994, p. 429-537. Pour les reprises du personnage de Joseph dans l’islam, voir plus particulièrement Kaltner 2003, Prémare 1987, Déclais 2004, Déclais, Billon 2004. 2

VIII

INTRODUCTION

A. Le texte grec Attesté par plus de cent quarante manuscrits4, le Discours sur le très beau Joseph a été publié pour la première fois par Edward Thwaites en 17095, sur la base du manuscrit Baroccianus 147 de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, en tenant compte de quelques variae lectiones tirées d’autres manuscrits oxoniens6. Une nouvelle édition fut procurée en 1743 par Joseph Simon Assemani, d’après des manuscrits de la bibliothèque Vaticane7. Le texte du Discours montre d’assez nombreuses différences d’une édition à l’autre, dont nous signalons les plus notables dans l’annotation de notre traduction de la version grecque (voir l’Annexe). L’appréciation globale que formule Démocratie Hemmerdinger-Iliadou à l’endroit de l’édition d’Assemani, selon laquelle «les deux premiers tomes [de cette édition] reproduisent avec quelques modifications le texte de Thwaites» ne vaut donc pas pour le Discours8. La comparaison de l’édition de Thwaites avec celle d’Assemani révèle en effet, dans la première par rapport à la seconde, quarante-cinq lacunes ou omissions (dont certaines font plusieurs lignes), trente-deux variantes et cinq ajouts (ou lacunes chez Assemani). Une nouvelle édition a été publiée en 1998 par Konstantinos G. Phrantzolas9. Le texte imprimé par Phrantzolas, sous une traduction en grec moderne, reproduit généralement celui d’Assemani, mais avec de nombreuses différences non signalées, dont certaines sont dues à l’initiative de l’éditeur. Une nouvelle édition du Discours serait donc la bienvenue10. Le Discours est également attesté par un papyrus constitué de «19 fragments de plusieurs feuillets d’un codex, utilisés pour une reliure»11. Il s’agit du fameux «papyrus Montfaucon», conservé jadis à l’Abbaye de St-Martin de Tours, dont Bernard de Montfaucon a reproduit un passage 4 Estimation d’après la banque de données PINAKES de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (Paris). 5 Thwaites 1709, p. σλδ-σμζ (234-247). 6 Ibid., p. υνδ (454). 7 Assemani 1743, p. 21-41. 8 Hemmerdinger-Iliadou 1960, col. 802; en fait, l’auteur reprend tacitement ce qu’écrivait C. Émereau : «[Les Assemani] ont préféré, la plupart du temps, reproduire, sans plus de peine ni d’effort, l’édition d’Oxford, avec ses fautes, ses oublis, ses négligences» (1918, p. 33). Sur le travail, méritoire par ailleurs, d’Émereau, voir le jugement assez sévère du bollandiste Paul Peeters (1921). 9 Phrantzolas 1998, p. 260-300. 10 Quelques indications en vue d’une nouvelle édition sont données par HemmerdingerΗλιαδου 1961, p. 74 (no. 7), et dans la Clavis, no. 3938, où sont signalés, sur la base d’indications communiquées par D. Hemmerdinger-Iliadou, des témoins manuscrits de «supplementa inedita» au «textus receptus decurtatus» édité par Assemani. 11 Van Haelst 1976, p. 371 (no. 1220).

INTRODUCTION

IX

dans sa Palaeographia graeca12. Il s’agissait alors de la première «publication» d’un papyrus. Il devait revenir à Silvio Giuseppe Mercati, sur la base du fac-similé de Montfaucon, d’identifier le texte du papyrus avec celui du Discours13. Les indications de Mercati ont été complétées par celles de Bernhard Bischoff et de Joseph van Haelst14, et une description détaillée du papyrus a été procurée par Kurt Aland et Hans-Udo Rosenbaum15. D’après Jean Irigoin, l’écriture du papyrus relève de «l’onciale grecque de type copte»16. Selon Casimir Émereau, qui se fonde sur un certain nombre d’indices (métrique, récurrence des mêmes formes grammaticales et procédés de style, et d’un vocabulaire identique, déclarations de l’«écrivain» et rapprochements que l’on peut faire entre les différentes pièces), le Discours sur le très beau Joseph appartient à un corpus formé par un certain nombre de λόγοι et d’ἐγκώμια, qui serait «l’œuvre d’un seul et même auteur (ou du moins d’une seule et même école) : l’Éphrem grec»17. Pour sa part, Démocratie Hemmerdinger-Iliadou classe le Discours au nombre des «pièces métriques», «un groupe de textes en heptasyllabes ou tétrasyllabes» qui formeraient «des ensembles homogènes, que leur caractère métrique semble avoir mieux conservés que d’autres écrits»18. Elle attribue au Discours le no. 9 parmi les vingt-huit pièces figurant dans cette catégorie19. Dans l’introduction à sa traduction anglaise du Discours, l’archimandrite Ephrem Lash considère que «the first five hundred lines20 are in heptasyllablic and octosyllablic verses in alternating sections of very unequal length»21. Cependant, le nombre de corrections au texte metri causa qu’il suggère en note22 indique soit que le texte grec édité par Assemani (et Thwaites) est corrompu, soit que la structure métrique supposée n’était pas rigide à l’origine23.

12

Montfaucon 1708, p. 214-215. Mercati 1920. 14 Bischoff 1947; Van Haelst 1976, loc. cit. 15 Aland, Rosenbaum 1995, p. 171-176 (K 20). 16 Irigoin 1959, p. 36, no. 33. 17 Émereau 1918, p. 61-62. 18 Hemmerdinger-Iliadou 1960, col. 804. 19 Ibid., col. 805. 20 Jusqu’à la p. 30 E 4 Assemani (ποιήσειε). 21 Lash 2008, p. 1. L’auteur, Christopher Lash de son nom dans le siècle, est décédé le 14 mars 2016. 22 Notes 13, 18, 27, 28, 30, 56, 63, 96, 101, 129, 132, 134. 23 Sur la métrique du Pseudo-Éphrem grec (et slave), voir Vaillant 1958. 13

X

INTRODUCTION

Le Discours sur le très beau Joseph occupe également une place de choix dans la littérature hagiographique et homilétique de l’Église grecque, comme l’a noté Albert Ehrhard dans son monumental inventaire. Plusieurs manuscrits ménologiques attestent en effet que le Discours était lu lors du dimanche τῶν προπατόρων, «des ancêtres», c’est-à-dire le dimanche précédant la fête de la naissance du Christ, le 25 décembre24. B. Les versions Si l’on compte la version copte que nous éditons, le Discours sur le très beau Joseph est attesté par cinq versions, dont voici une brève présentation. 1. La version latine25 Attestée par le Codex latinus Monacensis (Clm) 3516, du IXe ou X siècle, elle ne couvre approximativement que le premier tiers du texte (p. 21 – 28 F 1 Assemani)26. Elle a été éditée par Laurent Bailly27. D’après Bischoff, le manuscrit fut au moyen âge la propriété de la bibliothèque capitulaire de Hersfeld28. Il s’agit du seul témoin d’une version latine ancienne du Discours. Cette version latine est à distinguer des traductions latines dues à des érudits de la renaissance, dont celle de Gerardus Vossius (Gerhard Voskens)29. Le Discours figure au nombre des quelques pièces de l’Éphrem grec à avoir été transmises en latin en dehors du corpus des six sermons connus par le Liber Scintillarum de Défensor de Ligugé et par la compilation des «XII Pères» de Florus de Lyon30. e

2. La version arménienne Intitulée «Sept vahangi de saint Éphrem sur Joseph — Սրբոյն Եֆրեմի ի Յուսէֆ եւթն վահանգի», elle a été éditée par A. I. Srčouni, d’après le 24

Ehrhard 1937, p. 702; voir les manuscrits analysés aux p. 156, 165 et 170. Sur l’«Ephraem latinus», voir Hemmerdinger-Iliadou 1960, col. 815-819 (col. 818 pour le Discours), et Dekkers 1995 (CPL³), p. 373-376 (§ 1143-1152). 26 Ce qui correspond aux §§ 1-22 de notre division du texte. La version latine comporte toutefois un ajout de 25 lignes par rapport au grec, au milieu du § 8 (depuis la p. 74, ligne 74 [depuis super terram] jusqu’à la p. 75, ligne 98 [jusqu’à super terra]). 27 Bailly 1972-1973. 28 Cité par Eder 1973, p. 224, n. 13; cf. Siegmund 1949, p. 70, n. 2 : «Der Codex stammt zwar aus Augsburg». 29 Vossius 1598, p. 131-148. Pour les traductions d’Ambrosius Camaldulensis (Ambrosio Traversari, cf. Geerard 1974, p. 367-368), A. Lipomanus et L. Surius, voir Den Biesen 2011, p. 152 (§ 235), 226-227 (§ 891) et 269 (§ 1276). 30 Voir à ce sujet Bardy 1946 et surtout Dekkers 1995, p. 373. Pour le Liber Scintillarum, voir ibid., p. 431-432 (§ 1302); la compilation de Florus de Lyon a été éditée par Fransen 1977. 25

INTRODUCTION

XI

manuscrit 1925 du Patriarchat arménien de Jérusalem, avec des leçons variantes tirées du manuscrit 1934 de la même bibliothèque31. Le Discours figure dans au moins huit autres manuscrits, toujours en compagnie des Testaments des XII Patriarches et de Joseph et Aséneth32. La version arménienne couvre l’intégralité du texte grec du Discours. Le terme vahangi (վահանգի), qui figure dans le titre et qui revient à quelques reprises dans le texte33, n’est répertorié par aucun dictionnaire arménien. Alors que, dans le titre, on a l’expression «sept vahangi (եւթն վահանգի, ewt‘n vahangi), en revanche, dans le texte, on trouve toujours «huit (ութ, ut‘) vahangi»34. Bernard Outtier, consulté à ce sujet35, pense que le mot vahangi, pourrait être une corruption de վանկ (vank), attesté aussi sous la forme վանգ (vang), qui rend les termes grecs φθόγγος et τόνος mais aussi συλλαβή36. La forme vahangi (վահանգի) s’explique probablement à partir de la variante vang, avec l’insertion d’un h (հ) parasite37. Dès lors, derrière les expressions ewt‘n vahangi et ut‘ vahangi, pourraient se trouver les adjectifs ἑπτασύλλαβος et ὀκτασύλλαβος38. En arménien classique, ἑπτασύλλαβος et ὀκτασύλλαβος devraient être եւթն/ութվանգամի. La conjecture de B. Outtier est renforcée par le fait que C. Émereau a montré que plusieurs des pièces de l’Éphrem grec étaient construites sur un rythme formé soit d’heptasyllabes ou de doubles tétrasyllabes39. Les deux exemples qu’Émereau tire de notre Discours sont nettement octosyllabiques40. Par ailleurs et contrairement à ce qu’affirme E. Lash41, 31

Srčouni 1973. D’après Burchard 1983, p. 215; cf. Burchard 1987, p. 584. 33 Ed. cit., p. 29, ligne 25; 32, 1; 33, 1; 34, 19; 36, 7; 137, 1; 140, 28. 34 Toutefois, aux p. 34, 1 et 137, 1, le manuscrit 126 de la Congrégation des Mékhitaristes de Vienne donne եւթն, sept, au lieu de ութ, huit. 35 Lettre du 6 janvier 1989. 36 Awetik‘ean, Siwrmēlean, Awgerean 1837, p. 782a et 783b. 37 Celui-ci pourrait s’expliquer par le fait que, dans le modèle reproduit par le scribe, le mot վանգ se serait trouvé partagé entre deux lignes de la manière suivante : վա / անգ; le scribe aurait transcrit le mot ainsi coupé en insérant un հ, ce qui aurait donné վահանգ (hypothèse de Lévon Ter-Pétrossian, communiquée par Bernard Outtier, lettre du 7 novembre 1989). 38 Le premier est attesté par Lampe 1961, p. 544a; je remercie Jean-Pierre Mahé pour les indications qu’il m’a fournies sur ce point. 39 Émereau 1918, p. 30 et 86-93. 40 Ibid., p. 63-64; voir l’introduction de E. Lash à sa traduction inédite : «The first five hundred lines (jusqu’à la p. 30 E 4 Assemani) are in heptasyllablicsic and octosyllablicsic verses in alternating sections of very unequal length. The use of octosyllables seems to be linked to the heightened emotion of the various entreaties and laments. The same phenomenon is found in the long poem on Abraham and Isaac» (2008, p. 1). 41 Dans l’introduction à sa traduction anglaise du Discours (Lash 2008, p. 2). 32

XII

INTRODUCTION

l’éditeur A. I. Srčouni ne dit nulle part que la traduction arménienne du Discours relèverait de l’École dite hellénistique. 3. La version géorgienne Elle a été éditée par Ivané Imnaïšvili42, sur la base du manuscrit géorgien du monastère de Sainte-Catherine du Sinaï 97, qui est constitué par un recueil de vingt-cinq œuvres d’Éphrem le Syrien43. Le Discours y occupe le no. 23, sous le titre suivant : «De saint Éphrem, discours au sujet de Joseph 23 — წ(ძი)დისა ეფრეძის თქძოჳლი იოსების თჳს კგ»44. La traduction géorgienne couvre l’ensemble du Discours, sauf la fin du § 55 et le § 56 (depuis la p. 41 B 8). D’après Michael Tarchnišvili, le recueil du Sin. géorg. 97 résulte d’une traduction antérieure au Xe siècle45. 4. La version arabe L’Éphrem arabe a fait l’objet d’une mise au point de Samir Khalil46, qui complète les indications que l’on trouve dans l’histoire de la littérature arabe chrétienne de Georg Graf47. Cependant, ni S. Khalil ni G. Graf ne mentionnent une version arabe de notre Discours. Samir Khalil nous a toutefois informé par la suite de l’existence d’une telle version dans le Vatican Borgia arabe 98 (A. D. 1474), fol. 274v-328v48. Cette version est inédite. 5. La version slave Au nombre des traductions d’œuvres grecques en vieux-slave réalisées pendant le règne du tsar Siméon le Grand (893-927), figure celle d’une collection d’écrits d’Éphrem le Syrien connue sous l’appellation de Paraenesis et parvenue jusqu’à nous dans des rédactions ultérieures, des XIVe-XVIe siècles49. C’est cette collection que D. Hemmerdinger-Iliadou désigne comme «le grand corpus éphrémien» slave, dont elle a relevé 42

Imnaïšvili 1966, p. 57-75; c’est par erreur qu’Angela Standhartinger (2014, p. 357) attribue l’édition de la version géorgienne à G. Bojkovsky et R. Aitzetmüller. 43 Voir Garitte 1956, p. 282-292. 44 Ibid., p. 290; Imnaïšvili (p. 57) donne simplement comme titre : «Au sujet de Joseph ( ოსებისთუს)». 45 Tarchnišvili 1955, p. 420. 46 Khalil 1978a. 47 Graf 1944, p. 421-433. Sur l’Éphrem arabe, voir également Blanchard 1993, p. 38-39 et les notes correspondantes, ainsi que Proverbio 1997, p. 83-85. 48 Khalil 1978b. 49 Thomson 1985, p. 124; voir Ogren 1989, pour une présentation générale de la Paraenesis.



INTRODUCTION

XIII

vingt-six manuscrits antérieurs à 160050. Elle estime qu’«en dépit des différences d’un manuscrit à l’autre, on peut dire que, dans le domaine slave, il n’y a qu’un seul corpus éphrémien, qui contient des textes authentiques et inauthentiques» et que «ce corpus représente un manuscrit grec perdu, qui ne coïncide pas toujours avec les manuscrits grecs conservés que nous connaissons»51. Imprimée pour la première fois en 164752, cette collection n’a jamais fait l’objet d’une édition critique. Nous disposons toutefois d’une édition synoptique réalisée par Georg Bojkovsky, avec la collaboration de Rudolf Aitzetmüller53, basée sur deux manuscrits : le recueil (rédaction russe) Pogodin 71a de la Bibliothèque nationale russe (SaltykovaŠčedrina) de Saint-Pétersbourg, daté habituellement de 149254, et le codex 151 (rédaction bulgare) de la Bibliothèque nationale de Sofia (manuscrit dit «de Lesnovo»), daté de 135355. La double édition est accompagnée d’une traduction allemande du manuscrit de Saint-Pétersbourg et d’une reproduction du texte grec d’Assemani. Notre Discours y occupe le no. 9656. Le meilleur témoin de la Paranaesis est le manuscrit no. 7 de la Laure de la Trinité Saint-Serge (Moscou, Bibliothèque d’État)57. Le manuscrit a été analysé par Aleksandr Semenovich Arkhangel’skiĭ58; le Discours correspond au Slovo 103, sous l’intitulé suivant : « De notre saint Père Éphrem, sur le très beau Joseph, discours 103 — Pr(e)p(o)d(o)bnago ©(t;)sa nawego Efrºma o prekrasnºm; ~©sіfº slovo rg»59. Cette analyse a été reprise et complétée par D. Hemmerdinger-Iliadou, qui a réservé au Discours le no. 7560. Josip Bratulić a édité le Discours d’après ce manuscrit, en synopse avec la rédaction glagolitique croate (translittérée en caractères latins) tirée du manuscrit Canonici Lit. 414, du XVe siècle, de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford61. 50

Hemmerdinger-Iliadou 1967. Hemmerdinger-Iliadou 1964, p. 343. Qu’il n’ait existé qu’une seule traduction slave ancienne du corpus éphrémien est confirmé par les observations de R. Aitzetmüller (1986, p. 141-142). 52 Cf. Thomson 1985, p. 124. 53 Bojkovsky, Aitzetmüller 1984-1988, en quatre volumes, auxquels s’ajoute un volume d’index (Aitzetmüller 1990); cf. le compte rendu critique du premier volume de cette édition par Thomson 1985. 54 Voir là-dessus Thomson 1985, p. 125. 55 Voir Bojkovsky 1984, p. vi-x. 56 Bojkovsky, Aitzetmüller 1988, p. 282-353. 57 Le «codex Lenin» chez Hemmerdinger-Iliadou 1967. 58 Arkhangelʹskiĭ 1890, p. 1-32. 59 Ibid., p. 31; titre transcrit d’après Bratulić 1972, p. 79. 60 Hemmerdinger-Iliadou 1967, p. 94. 61 Bratulić 1972. Marin Tadin (1954, p. 139-144; p. 141, pour le Discours) a donné une description détaillée de ce manuscrit. Sur la collection des manuscrits glagolitiques 51

XIV

INTRODUCTION

La comparaison des versions latine, arménienne, géorgienne et slave (nous laissons de côté la version arabe, toujours inédite) avec le texte grec et avec la version copte que nous éditons fait apparaître de nombreuses différences entre les textes, dont nous signalerons quelques-unes dans l’annotation de la traduction française du texte grec figurant en annexe du présent volume. Par le nombre et la diversité des témoins qui l’attestent, le Discours sur le très beau Joseph est parfaitement représentatif des problèmes critiques posés par la transmission et l’édition de l’Éphrem grec. Ajoutons que le Discours grec a fait l’objet d’une riche reprise iconographique byzantine et copte étudiée notamment par Jeanne et Otto Pächt, et par Gary Vikan62. II. LA VERSION COPTE DU DISCOURS SUR

LE TRÈS BEAU JOSEPH

Cette version est attestée par deux manuscrits : le IB 11.128-136 (Zoega 1810, Sahidici CCLIII, fascicolo 89, inventario 430), de la Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III de Naples63, et le manuscrit M 578 de la Pierpont Morgan Library (aujourd’hui le Morgan Library and Museum) de New York64. Le manuscrit new-yorkais donne un texte complet qui correspond à l’intégralité du texte grec du Discours tel que connu par les éditions d’Assemani et de Thwaites. Dans le manuscrit de Naples en revanche, le Discours n’occupe que neuf feuillets, qui contiennent la portion finale du texte (les §§ 42-55 de notre numérotation). On trouvera dans l’introduction du volume d’édition une présentation détaillée de ces deux témoins, ainsi que des remarques sur l’écriture, la graphie et la langue des manuscrits. Comme on peut le constater en comparant les traductions françaises de la version copte et du texte grec, il existe entre le grec et le copte de nombreuses différences, comme c’est d’ailleurs le cas pour les autres versions éditées du Discours. Par ailleurs, en plus d’un endroit, la version copte comporte des expressions ou des parties d’énoncé nettement fautives ou intraduisibles. Ces passages problématiques sont imputables soit à une transmission défectueuse du texte copte, soit à une du fond Canonici Lit. de la bibliothèque Bodléienne, voir Du Feu 1971; sur l’édition de la rédaction croate par Bratulić, voir Giguère 1984. 62 Pächt, Pächt 1954; Vikan 1976. Sur Joseph dans l’iconographie, voir Fabre 1921; Leclercq 1927; Pächt 1959; Vikan 1979; Nauerth 1984; Pilhofer, Koenen 1998, col. 733748 (U. Koenen). 63 Voir Buzi 2009, p. 249-250. 64 Voir Depuydt 1993, vol. 1, p. 357-359.

INTRODUCTION

XV

mauvaise lecture ou interprétation du modèle grec par le traducteur copte. La graphie des noms propres présente également de nombreuses variantes par rapport aux formes reçues en grec ou en copte, comme on pourra le constater en parcourant l’index qui leur est réservé dans le volume d’édition. Les deux témoins de la version copte du Discours présentent entre eux un certain nombre de différences. On peut dès lors se demander s’ils traduisent une même Vorlage grecque. Si l’on se fie au principe énoncé par Enzo Lucchesi, selon lequel, «lorsque nous avons affaire à deux, voire plusieurs, recensions coptes différentes d’un texte grec donné, il faut supposer à la base autant de substrats grecs, et non un simple remaniement de la version copte, dû à quelque copiste ou adaptateur»65, on conclura à l’existence de deux modèles grecs. Ce qui ne serait pas surprenant si l’on considère les écarts importants entre les différentes versions du Discours, suggérant une tradition textuelle grecque éclatée. Malgré les lacunes et les défauts qui l’affectent, la version copte du Discours est un témoin non négligeable de la réception du personnage de Joseph le Patriarche dans la littérature copte médiévale. Elle mérite ainsi de prendre place à côté d’autres productions qui ont fait l’objet d’une édition. Mentionnons la Legenda Joseph (CAVT66 110), éditée par Eric Otto Winstedt67; l’histoire apocryphe de Joseph éditée par Jan Zandee sous le titre trompeur de Josephus contra Apionem (CAVT 111), qui, d’après Jan Dochhorn et Anders Klostergaard Petersen, serait un «Jewish exegetical narrative» et non une production chrétienne68; l’Histoire de Joseph copte (CAVT 112) éditée par Carl Wessely et très partiellement par Walter Ewing Crum69, dont Paul Devos a montré qu’elle s’inscrivait dans un ensemble littéraire plus vaste «sur le Chant de la Vigne» (en Isaïe 5, 1-7), qu’il a reconstitué sur la base de quatre manuscrits70. La version copte du Discours enrichit également le dossier de l’Éphrem grec passé en copte. Monica J. Blanchard en a fourni un premier inventaire71, qui a été repris d’une manière plus précise par Delio Vania Proverbio, notamment pour le corpus éphrémien contenu dans le manuscrit de Naples IB 11.128-136, qui a conservé un fragment du Discours72. Enzo 65 66 67 68 69 70 71 72

Lucchesi 2013, p. 52. Haelewyck 1998. Winstedt 1909, p. 399-403 (édition) et 409-411 (traduction). Zandee 1961; Dochhorn, Klostergaard Petersen 1999; voir Petersen 2018. Wessely 1917, p. 22-29; Crum 1905, p. 113 (no. 255). Devos 1976 (spéc. p. 148-153) et Devos 1977. Blanchard 1993, qui remplace la maigre notice de Kirchmeyer 1960, col. 821. Proverbio 1997.

XVI

INTRODUCTION

Lucchesi a par ailleurs montré que les feuillets du manuscrit de Naples appartiennent à un manuscrit dont d’autres témoins se retrouvent dans les collections de New York, Paris, Le Caire, Vienne, Londres, Naples, Oxford et Berlin73. III. LE

GENRE ET LA STRUCTURE DU

DISCOURS SUR

LE TRÈS BEAU JOSEPH

En 1989, j’ai proposé une analyse du Discours pseudo-éphrémien dont l’essentiel m’apparaît toujours valoir74. J’en reprends donc ici l’essentiel, ainsi que les conclusions auxquelles j’étais alors parvenu75. J’avais observé que le Discours juxtapose typologie et narration, ce qui permettait de le diviser en deux parties nettement distinctes, de longueur inégale, une première allant de la p. 21 à la p. 23 C 3, de l’édition d’Assemani, et une seconde occupant tout le reste de l’œuvre (p. 23 C 4 – 41). Ces deux parties sont simplement aboutées, la transition de l’une à l’autre étant opérée par une suture rédactionnelle évidente76. Après un titre conventionnel («Du même, notre bienheureux et très saint père et maître œcuménique Éphrem le Syrien, discours sur Joseph le tout beau»), le Discours s’ouvre par une prière de l’auteur, sous forme d’invocation, qui propose le thème de la composition : Dieu d’Abraham. Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Dieu béni, (toi) qui as choisi la semence sainte de tes propres serviteurs, ceux qui t’aiment, accorde, puisque tu es bon, que débordent en moi les flots de la charité en grande abondance, afin que je puisse raconter (ἱστορῆσαι) l’éclatant et très grand spectacle du tout beau Joseph (τοῦ παγκάλου Ἰωσήφ), qui fut toujours le vénérable soutien de l’extrême vieillesse du Patriarche Jacob. (§ 1; p. 21 C 1).

Vient ensuite le Discours proprement dit, dont la première partie, qui couvre les §§ 2-8 (p. 21-23 C 3) offre une typologie de Joseph qui est absolument classique et qui colle au texte de la Genèse. On peut l’analyser ainsi : 73 Lucchesi 1998, complété par Suciu 2011, p. 310-311, et Lucchesi 2013, p. 51; voir aussi Orlandi, Suciu 2016, p. 895-896, 901, 903, 907-908; pour un inventaire à jour du contenu du manuscrit IB 11.128-136 de Naples, on se reportera l’introduction du volume de texte, p. xi-xiv. 74 Poirier 1989. 75 Voir toutefois les réserves exprimées par Christian Heal (2008, p. 73). 76 Dans la suite et dans la traduction française du grec qui figure en annexe, je reprends la division du Discours en paragraphes que j’ai proposée en 1989, suivie des indications de page de l’édition d’Assemani que je cite.

INTRODUCTION

XVII

§§ 2-3 (p. 21 C 1-D 9). Énoncé du thème de cette partie : Joseph a dépeint les deux παρουσίαι du Christ, celle de l’incarnation, et celle, encore à venir, du jugement. § 4 (p. 21 D 9 – 22 A 1). Typologie de Genèse 37, 13-20. § 5 (p. 22 A 1-B 5). Typologie de Genèse 37, 25-28 et 39, 1-18. § 6 (p. 22 B 5-D 3). Typologie de Genèse 39, 20-41, 36. § 7 (p. 22 D 3-F 3). Typologie de Genèse 41, 43-42, 7. § 8 (p. 22 F 3 – 23 C 3). Typologie de Genèse 42, 21-45, 3. Ce morceau de typologie christologique se termine, à la fin du § 8 (p. 23 C 1-3), par ces mots : «Vous voyez à quel point Joseph devint exactement (ἀκριβῶς) le type véritable du Fils de Dieu, son propre maître». Après cette phrase de conclusion, l’auteur amorce un nouveau développement qui couvrira tout le reste du Discours, soit les §§ 9-55 (p. 23 C 4 – 41 C 1), et où ne figurent ni recours à la typologie ni même aucune référence chrétienne. Le début de cette seconde partie est bien marqué. L’auteur avait pris la peine de noter qu’il en avait fini avec la typologie; de même annonce-t-il clairement qu’il va maintenant passer à autre chose : «Puisque sa vertu a fleuri dès son plus jeune âge par un libre jugement, en prenant maintenant le récit depuis le début, nous en viendrons à raconter, en les exposant en détail (ἐξηγεῖσθαι … ἐκφράσαντες) les actes de vertu du saint enfant» (§ 9, p. 23 C 4-7). Et la suite constitue effectivement à la fois une ἐξήγησις et une ἔκφρασις des épisodes concernant Joseph. Ce récit n’est en aucune façon christianisé77, il est très peu moralisant et il reste relativement sobre par comparaison avec d’autres œuvres du même genre. Contrairement à ce que l’on peut lire dans la première partie du Discours, on ne relève dans la seconde aucune expression d’antijudaïsme; le ton reste neutre. Si la narration des faits, réduite à l’extrême et même amputée d’éléments importants78, suppose, 77

Le seul trait qui pourrait sembler chrétien se trouve au début de la seconde partie (§ 9, p. 23 C 4), où on lit ceci : «Comme l’enfant était vertueux, il voyait par des songes qu’il avait ce qui allait lui arriver, selon l’économie (κατ’ οἰκονομίαν), de la part du Dieu très haut». On ne trouve la même chose que dans la version arménienne (éd. Srčouni 1973, p. 29, 5); le géorgien a simplement «par les ordres du Dieu très haut» (éd. Imnaïšvili 1966, p. 59, 32), et le slave, «par le Dieu très haut» (éd. Bratulić 1972, p. 81, 36-37; éd. Bojkovsky, Aitzetmüller 1988, p. 290, 6 et 291, 7). 78 Par exemple, on n’y retrouve la narration d’aucun des songes, pas plus ceux de Joseph, des deux eunuques que de Pharaon. Le grec (du moins celui des éditions d’Assemani et de Thwaites) ne fait pas mention non plus de l’emprisonnement de Syméon par Joseph. Mais il s’agit là d’une lacune propre au grec édité, l’emprisonnement de Syméon étant mentionné, au § 41, par le copte (Morgan 578, fol. 90r 27-31), le géorgien (éd. Imnaïšvili 1966,

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de la part du lecteur, une bonne connaissance du texte biblique, on relève un peu partout des détails ou des développements auxquels rien ne correspond dans la Genèse, mais qui sont, en revanche, bien attestés dans la tradition juive extrabiblique, pseudépigraphique ou rabbinique. Sur la base de ces observations, on peut avancer à titre d’hypothèse que le Discours est composé de deux parties artificiellement réunies, que seule la première (§§ 2-8, p. 21 C 1 – 23 C 3), qui expose la typologie christologique classique du patriarche79, est à attribuer à l’«auteur» du Discours, alors que la seconde (§§ 9-55, p. 23 C 4 – 41 C 1) est reprise par lui d’une source qu’il resterait à identifier. L’auteur, qu’il serait plus approprié, selon notre hypothèse, de qualifier de rédacteur, se serait contenté d’introduire son emprunt par une suture rédactionnelle (début du § 9, cité supra) et de le conclure par une doxologie passe-partout (§ 56, p. 41 C 2-6). La présence d’une transition artificielle, la différence de genre littéraire des deux parties ainsi définies et l’absence d’éléments chrétiens dans la seconde sont autant de traits qui paraissent confirmer la disparité du texte. Il est en revanche beaucoup plus délicat d’établir que le récit qui constitue l’essentiel du Discours soit un matériau de remploi. Néanmoins certains indices permettent de le penser. Il y a, bien entendu, sur le plan de la rédaction, la manière artificielle dont cette narration est introduite et reliée à ce qui précède. Mais l’argument décisif reste que cette narration présente un assez grand nombre de points de rencontre avec des textes rabbiniques et pseudépigraphiques juifs concernant Joseph le patriarche. Ces contacts apparaissent suffisamment nombreux pour supposer que ce récit pourrait bien n’être, à l’origine, rien d’autre qu’une création littéraire juive intégrant, sur fond de traditions bibliques, un certain nombre de matériaux extrabibliques. Nous aurions alors une composition apparentée à ce que devaient être ces «Histoires de Joseph» dont on a quelques exemples80. Au fil de la traduction française de la version grecque du Discours qui figure en annexe, nous avons indiqué, paragraphe par paragraphe, le texte p. 70, 15-16), l’arménien (éd. Srčouni 1973, p. 140, 12) et le slave (éd. Bratulić 1972, p. 101, 15-16; éd. Bojkovsky, Aitzetmüller 1988, p. 334-335). 79 Voir à ce sujet Dulaey 1989 et Heal 2002. 80 Mentionnons les fragments grecs qui figurent sous les numéros CAVT 108 et Van Haelst 571, dont G. T. Zervos (1985, avec des indications bibliographiques) a donné une traduction anglaise et sur lesquels est revenu Kurt Treu (1988), ainsi que l’«Histoire de Joseph» intégré au «Chant» copte «de la Vigne» (voir supra, notes 68-69). Le texte répertorié sous le no. CAVT 108 (Historia Joseph) est manifestement le même que celui qui apparaît sous le no. 104 (Apocryphon de Jacob et Joseph), même si aucun renvoi n’est fait de l’un à l’autre.

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biblique qui fournit le point de départ à la narration ainsi que les ajouts par rapport à celui-ci et les éléments non bibliques qui ont leur équivalent dans d’autres textes, pour la plupart juifs. On pourra ainsi prendre la mesure de ce que le Discours véhicule de traditions, surtout juives, attestées par ailleurs, et du fait qu’il ne contient aucune référence chrétienne. Peut-on pour autant affirmer que la seconde partie du Discours est une production juive? James R. Davila a attiré l’attention sur la difficulté qu’il y a à décider de l’origine d’un pseudépigraphe, juive, chrétienne ou autre, et il a montré que «Christians could and did write extended passages covering whole episodes from the Old Testament in which they inserted no Christian signature features whatever»81. Et il en donne comme exemple le commentaire d’Éphrem sur la Genèse et l’Exode, en particulier la section qui porte sur l’histoire de Joseph82. En ce qui concerne la seconde partie de notre Discours, il est sans doute impossible de déterminer s’il s’agit d’une composition juive ou chrétienne, mais il est clair qu’elle ne comporte aucune «signature chrétienne». Le Discours se rapproche clairement, par le genre littéraire et le ton, de la littérature pseudépigraphique et des textes rabbiniques, et il offre des parallèles non négligeables avec le midrash et le targum. Des recherches plus approfondies seraient nécessaires pour déterminer la date et le milieu de composition du récit qui forme la seconde partie du Discours. Il conviendrait aussi de préciser les rapports qu’il entretient avec la Septante. Mais il faudrait disposer pour cela d’une édition critique du Discours grec établie sur la base non seulement des manuscrits disponibles mais également sur celle des versions. Considérant les contacts du récit avec le targum et le midrash Bereshit Rabbah, le style de la narration, l’absence d’une polémique antijuive, on peut penser qu’on est en présence d’une composition originale en grec, relativement ancienne, qui évoque la littérature pseudépigraphique judéo-hellénistique du second Temple. On peut cependant se demander si cela est suffisant pour postuler une origine juive. On constate en effet qu’on a pu en arriver à des conclusions diamétralement opposées pour des écrits plus ou moins similaires, comme Joseph et Aséneth83 ou l’Histoire syriaque de Joseph84. Mieux vaut, sans doute, laisser la question ouverte. 81

Davila 2005, p. 109. Ibid., p. 98-101; pour le passage en question du commentaire d’Éphrem (33-41), voir Tonneau 1955, p. 95-108, et Mathews, Amar 1994, p. 182-200. 83 Voir, d’une part, Burchard 1985, p. 187, et, d’autre part, Kraemer 1998 et Nir 2012, et, pour une appréciation plus globale, Hicks-Keeton 2018. 84 Voir Heal 2013, p. 88-92. 82

XX

INTRODUCTION

Ajoutons enfin que l’histoire de Joseph qui occupe les §§ 9-55 du Discours n’a que peu à voir avec ce roman fleuve que sont les douze memrē syriaques sur Joseph édités sous le nom d’Éphrem d’abord par Paul Bedjan puis par Joseph Lamy85, et dont on a revendiqué la paternité pour Balaï de Qennešrin86. Ceux-ci ne sont rien d’autre qu’une réécriture christianisée et ampoulée du récit biblique, qui doit plus à la rhétorique qu’à la tradition. Notre texte, quant à lui, se distingue par la sobriété dans le traitement des épisodes repris de la Bible, dont il ne se départit que pour les développements non bibliques, rejoignant ainsi et la matière et la manière du targum et du midrash. IV. LA

TRADUCTION FRANÇAISE DE LA VERSION COPTE DU

DISCOURS SUR

LE TRÈS BEAU JOSEPH

La traduction de la version copte du Discours que nous éditons se veut aussi littérale que le permettent les contraintes de la langue française. Elle reprend la division en paragraphes introduite dans le texte copte. Les changements de folio et de colonne des manuscrits coptes sont indiqués en marge. L’annotation brève qui l’accompagne est essentiellement textuelle et philologique. Elle signale les difficultés posées par le texte copte, propose des leçons alternatives pour certaines lacunes et indique des particularités dialectales ou grammaticales. Les références aux passages bibliques que développe ou résume le Discours (tirés de Gn 37 et 39-50) ou auxquels il est fait allusion sont données dans l’annotation de la traduction du texte grec, que l’on trouvera en annexe. Les mots placés entre parenthèses ont été ajoutés dans la traduction pour rendre le texte plus clair et ne figurent pas dans le texte original. Les lettres manquantes dans le texte copte sont indiquées par autant de points dans la traduction française. Ce procédé quelque peu artificiel permettra au lecteur de mieux se rendre compte de l’état du texte dont nous offrons la traduction. Les signes qui figurent dans la traduction (< >; [ ]) reprennent ceux de l’édition. 85 Bedjan 1891; Lamy 1889, col. 251-640, et Lamy 1902, col. 810-844. Cette œuvre a fait l’objet d’une analyse par Michael Hollerich, «The Pseudo-Ephremic Story of Joseph : Tradition and Creativity in an Early Syriac Haggadic Cycle», communication présentée au Syriac Studies Symposium, Brown University, 27-29 juin 1991; je remercie le prof. Hollerich de m’avoir communiqué ce texte, resté inédit. 86 Näf 1923, suivi par Phenix 2008. Näf ne fut sûrement pas le premier à douter de l’authenticité éphrémienne de cette œuvre, puisqu’un lecteur syrien, dans une note portée au fol. 123r du Vat. Syr. 469, traite d’âne tant le scribe que le lecteur qui prendra Éphrem pour l’auteur de ces sermons (renseignement communiqué par Bernard Outtier).

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XXI

Pour faciliter la comparaison du grec et du copte et pour pallier les lacunes du texte copte, nous donnons, en annexe, une traduction du texte grec du Discours, divisée en paragraphes et réalisée sur le texte édité par Assemani mais en tenant compte de certaines des leçons particulières aux éditions de Thwaites et de Phrantzolas87. L’annotation de cette traduction, qui ne prétend pas être un commentaire, indique les références bibliques, notamment celles des différents épisodes de l’histoire de Joseph, ainsi que quelques lieux parallèles dans la littérature juive ou chrétienne. Pour leur repérage, nous avons utilisé principalement les éditions et traductions des pseudépigraphes juifs, du targum et des midrashim, ainsi que les inventaires de Heinrich Näf, Louis Ginzberg, Hendrik A. Brongers, Maren Niehoff et Dirk U. Rottzoll88. Les index répertorient les références bibliques89, les lieux parallèles mentionnés dans la traduction du texte grec, ainsi que les noms propres.

87 Pour le Discours, l’édition de Phrantzolas reprend celles d’Assemani et de Thwaites, mais l’éditeur a introduit des leçons de son cru qui ne sont toutefois signalées ni dans le texte ni en note. 88 Voir la bibliographie pour les références. 89 Les références bibliques sont données d’après la Septante (éd. Rahlfs, Hanhart 2006).

ABRÉVIATIONS ET BIBLIOGRAPHIE Abréviations BHG CAVT CC CPG Crum LXX PG TM

Bibliotheca Hagiographica Graeca (Halkin 1957) Clavis Apocryphorum Veteris Testamenti (Haelewyck 1998) Clavis coptica Clavis Patrum Graecorum (Geerard 1974) Coptic Dictionary (Crum 1939) Septuaginta (Rahlfs, Hanhart, 2006) Patrologia Graeca Texte massorétique

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TRADUCTION | Discours qu’a prononcé Apa Éphrem l’anachorète, sur le patriarche Joseph, dans la paix de Dieu. Amen. 1 Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Dieu béni. Notre Seigneur Jésus le Christ, donne-moi aujourd’hui, mon sauveur, la grâce en abondance afin qu’avec joie, je trouve le moyen de raconter ce grand spectacle étonnant de celui qui est rempli de toute vertu, Joseph, et (le spectacle) de la vieillesse | vénérablement affermie, le patriarche Jacob. 2 Donc, ce jeune homme, depuis son premier âge, a dépeint les choses relatives à l’avènement de notre Sauveur, celui qui se produisit en premier, à partir de la sainte vierge Marie, et aussi l’autre venue, qui doit apporter la crainte à tous. Ainsi, ô mes bien-aimés et les bien-aimés du Christ, soyons raffermis dans la joie de l’âme, sans éclats de voix, et contemplons ce jeune homme honorable. 3 Quant à moi, mes frères, non seulement je dis que | ce jeune homme sobre est beau, mais qu’il est grand, source de réjouissance et encore vainqueur excellent dans de difficiles manœuvres de combat, une fois devenu au plus haut point type du grand avènement de notre Seigneur Jésus le Christ. Que chacun de nous chasse de son âme toute pensée vaine et qu’il reçoive pour lui, en vérité, les doux cantiques. En effet, ceux-ci sont spirituels, car ils réjouissent l’âme. 4 De même, en effet, que notre Sauveur, alors qu’il était dans le sein de son Père, fut envoyé auprès de nous en vue de notre salut, | de la même manière Joseph, alors qu’il était dans le sein de son père Jacob, fut envoyé pour visiter ses frères. Et tout comme les frères de Joseph, durs de cœur, le voyant venir auprès d’eux, pensèrent aussitôt à lui avec malice bien qu’il leur apportât la paix de la part de son père, de la même manière aussi les Juifs, en tout temps opiniâtres, lorsqu’ils virent notre Sauveur Jésus le Christ, dirent : « Celui-ci est à coup sûr l’héritier. Tuons-le et tout sera à nous ». C’est ainsi aussi que les frères de Joseph | disent : « Tuons-le et ses songes deviendront mensonges ». 5 Les frères de Joseph firent un banquet et vendirent Joseph, comme si, selon leur préméditation, ils l’avaient tué. De la même manière aussi, ces Juifs impurs (et) souillés mangèrent leur Pâque et tuèrent notre Sauveur. La descente de Joseph en Égypte signifie aussi la venue de notre

Fol. 69rA

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TRADUCTION

Sauveur sur la terre, auprès de nous. Et l’exemple1 de Joseph qui a foulé aux pieds le péché à l’intérieur des chambres à coucher et a ceint les couronnes | de la splendeur de la victoire, bien que celle-là avait autorité sur lui : telle est la manière dont notre Sauveur Jésus le Christ, après être descendu dans l’Amenté de sa propre autorité, a dissous toute la puissance effroyable de la mort, (de) celui qui retient captif, le méchant tyran. 6 Puisque Joseph a vaincu le péché, il fut mis en prison jusqu’au temps de ses couronnes : de la même manière aussi, notre Seigneur Jésus fut mis au tombeau pour enlever tous les péchés du monde. Joseph, d’une part, | fut en prison deux ans, jour pour jour2, (y séjournant) avec grande autorité3; notre Seigneur Jésus, d’autre part, demeura au tombeau trois jours, avec une force indéfectible et incorruptible. Joseph fut tiré de la prison suivant l’ordre de Pharaon, en raison de sa capacité à persuader, comme un type véritable, après avoir interprété correctement la solution des songes, qui signifiait l’abondance destinée à se produire. Or notre Seigneur Jésus le Christ manifesta le sens (du type) par sa propre puissance sainte4 : lorsqu’il se fut levé des morts et qu’il eut dépouillé l’Amenté, il présenta | à son père notre réconciliation, proclamant la résurrection et la vie éternelle. 7 Joseph s’assit sur le char de Pharaon, car il avait reçu autorité sur toute l’Égypte; le Sauveur, notre roi éternel, est monté aux cieux dans une nuée lumineuse et s’est assis à la droite de son Père, sur les chérubins, dans la gloire, comme fils unique. Alors que Joseph régnait sur toute l’Égypte, il reçut autorité sur ses ennemis, les emmenant contre leur gré. Ainsi5 ses frères se tenaient | devant le tribunal : celui qu’ils avaient tué, ils l’imploraient avec crainte et tremblement; celui qu’ils avaient vendu en vue de la mort, ils se prosternaient devant lui avec crainte, lui dont ils n’avaient pas voulu qu’il régnât sur eux. Mais Joseph, qui avait reconnu ses frères, les manifesta également, du premier coup, comme des meurtriers. Le copte a mal rendu l’accusatif de manière (relation) du grec (ὃν τρόπον). Littéralement « deux ans de jours » ; traduction littérale du grec assez fréquente (διετῆ χρόνον ἐποίησε). 3 Le grec donne : « en grande liberté » (ἐν ἀδείᾳ μεγάλῃ). 4 Le grec, comme l’arménien et le géorgien, donne simplement : « Notre Seigneur Jésus Christ s’est éveillé d’entre les morts par sa propre puissance » (ὁ δὲ Κύριος ἡμῶν Ἰησοῦς Χριστὸς ἠγέρθη ἐκ νεκρῶν τῇ ἰδίᾳ δυνάμει). 5 C’est une des façons dont nous avons rendu les très nombreux ⲗⲟⲓⲡⲟⲛ de la version copte du Discours (voir l’index des mots gréco-coptes pour les occurrences), et auxquels, la plupart du temps, rien ne correspond en grec. 1 2

TRADUCTION

3

8 Lorsque ceux-là comprirent, ils se mettaient à s’exclamer à haute voix, ils avaient très honte et ils n’osaient pas le regarder à cause de cela, car ils n’avaient aucune | assurance, sachant exactement le péché qu’ils avaient commis. Au moment, donc, où ils l’avaient vendu, ils disaient en vérité : « Il est déjà mort6 ». Celui qu’ils pensaient déjà perdu dans l’Amenté, ils le trouvèrent régnant sur eux. De la même manière aussi, en ce jour terrible, lorsque viendra notre Seigneur Jésus le Christ dans une nuée lumineuse dans les airs, ce sont tous ses ennemis qui se tiendront devant le tribunal, le lieu même du terrible jugement (qui se fera en vertu) de son autorité. En effet, en ce temps-là, ces Juifs impies | (que), s’ils le crucifiaient, il mourrait comme un homme. Ces misérables ne croient pas que c’est Dieu qui a demeuré avec nous pour le salut de nos âmes. Tout comme Joseph, parlant avec ses frères alors qu’ils étaient encore dans la crainte et le tremblement, en disant : « C’est moi Joseph, que vous avez vendu : voici que je règne sur vous contre votre gré », de la même manière aussi notre Seigneur Jésus le Christ fera connaître sa croix sous l’aspect d’une forme lumineuse | à ceux qui l’ont crucifié. Ils reconnaîtront alors la croix, (et) au sujet du fils de Dieu, que c’est lui qui fut crucifié par eux. Vous avez vu que Joseph fut exactement le prototype de leur Seigneur. 9 En effet, puisqu’il a choisi pour lui la vertu volontairement dès qu’il était petit en âge, nous avons ainsi commencé et il nous était permis de dire les vertus de ce saint jeune homme. Donc ce jeune homme vertueux, âgé de dix-sept ans et (encore) dans la maison de son père, progressait aussi | tous les jours dans la vertu et la crainte de Dieu, et il était dans une grande fermeté et l’estime de ses parents. Lorsque, encore petit, il voyait quelque chose d’inconvenant chez ses frères, il le disait à son père. Car en vérité, ô mes frères, la vertu ne peut croître dans la malice. En effet, à cause de ses dénonciations, ils le haïrent, puisqu’aussi il était étranger à leur malice. Comme Dieu habitait en lui, aussi7 vit-il en songes les choses qui étaient destinées à lui arriver | de la part de Dieu à cause de ses vertus. 10 Son père, Jacob, ne sut donc pas la haine et l’hostilité qu’ils avaient contre lui en secret parce qu’il était dans la simplicité, et il aimait Joseph à cause de la fleur de ses vertus, qui conviennent en tout temps à l’âge de la jeunesse. Lors donc que ses frères faisaient paître leurs moutons à Sichem et que Joseph se trouvait auprès de Jacob, leur père, comme un 6 7

C’est ainsi que nous comprenons ⲟⲩⲱ; cf. Crum 473b. C’est ainsi que nous rendons un des très nombreux ⲁⲩⲱ adverbiaux.

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Fol. 73vA

TRADUCTION

père qui aime ses enfants et qui se soucie vraiment | d’eux, il dit à celui qu’il aimait : « Lève-toi, va vers tes frères, rends leur visite ainsi qu’à leur troupeau de moutons, et reviens vers moi dans la paix ». Après que Joseph eut reçu le commandement de son père, † †8 et son souci pour eux. 11 Mais en marchant, il s’égara et ne trouva pas ses frères ni leurs moutons sur le chemin par lequel il s’en était allé, et il s’attrista misérablement à cause d’eux. Un homme le trouva et lui indiqua le chemin. Or lorsque Joseph les vit, il se réjouit beaucoup | et il alla vers eux pour les rencontrer. Lorsque ses frères le virent au loin, ils devinrent comme des bêtes sauvages et ils eurent pour seul dessein de le tuer. Mais Joseph fut comme ces moutons innocents sur le point de tomber au milieu de loups méchants. Après qu’il se fut approché d’eux, ils le saluèrent9 avec joie, lui disant : « La paix de la part de notre père ». Ils le saisirent aussitôt, ils le dépouillèrent de ses vêtements en grinçant des dents | contre lui, comme s’il voulait le dévorer vivant en raison de leur haine à son endroit. De son côté, il ne fit aucun mal à leur endroit, mais ils persistaient dans leur folie. Or, lorsque Joseph vit que sa fin était proche et qu’il n’y avait personne pour avoir pitié de lui ni personne pour le sauver, il fit une supplication10 avec larmes et gémissements. Il éleva la voix, leur disant : 12 « Pourquoi êtes-vous en colère contre moi? Je vous en prie, écoutez-moi. Vous savez que Rachel, ma mère, est morte | et que mon père en fait le deuil jusqu’à maintenant. Voulez-vous encore amener un autre deuil sur votre père? Je vous en prie, ne séparez pas de Jacob, mon père, et ne faites pas descendre sa vieillesse dans l’Amenté, dans la douleur. Je vous en adjure par le Dieu de mes pères, qui a appelé Abraham dès le commencement : “Sors de ta terre et de la maison de ton père, et je ferai que ta semence se multiplie comme les étoiles du ciel”. Je vous en adjure par le Très-Haut, qui a donné la patience à Abraham afin qu’il apporte, en vue de l’épreuve, son fils unique : | l’ayant offert comme sacrifice à Dieu, cela même fut compté à Abraham comme patience digne d’orgueil. (Je vous en adjure par) celui qui a sauvé Isaac de la mort et à 8 La version copte omet une partie importante de la phrase. En grec, on lit « Joseph, ayant reçu l’ordre de son père, s’en allait avec joie vers ses frères, apportant la paix de la part de leur père en même temps que le souci qu’il avait à leur sujet ». 9 On s’attendrait à la troisième du singulier (« il les salua »), comme c’est le cas en grec et dans les autres versions. 10 Littéralement : « il prit/reçu une supplication » (ϫⲓ ⲛⲟⲩⲥⲟⲡⲥ).

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la place de qui un bélier fut donné11 comme holocauste agréable. (Je vous en adjure par) le Saint, qui a béni Jacob par la bouche d’Isaac, son père. Je vous en adjure par le Dieu qui est descendu avec Jacob au pays de Kharran, en Mésopotamie, là d’où était sorti Abraham. Je vous en adjure par le Dieu qui a sauvé Jacob de toutes ses tribulations | et qui lui a dit qu’il lui donnerait les bénédictions d’Abraham. Puissiez-vous ne pas me priver de mon père, comme il a été privé de Rachel, ma mère, et qu’il n’ait pas non plus à faire mon deuil comme pour elle, ni que les yeux de Jacob ne s’obscurcissent, en fixant la porte en tout temps pour (guetter) mon arrivée auprès de lui dans la paix. Voici qu’il attend votre salutation, celle que vous lui renverrez par moi avec joie. Accueillez donc de moi mes larmes, ô mes frères, et renvoyez-moi auprès de lui ». 13 Donc, après leur avoir dit ces choses et | les avoir adjurés par le Dieu de ses pères, aussitôt ils le jetèrent dans la citerne sans craindre Dieu, sans craindre celui qui suppliait ces impitoyables et qui les inondait de ses larmes en disant : « Ayez pitié de moi, mes frères ». Lorsqu’ils jetèrent Joseph dans la citerne au désert, par des larmes amères et une lamentation faible, c’est sur lui-même et sur son père Jacob qu’il se lamentait; avec des gémissements indicibles, (il dit)12 : 14 « Ne sais-tu pas ce qui | est arrivé maintenant à ton fils? Car voici qu’il se trouve dans la citerne comme un mort. Voici en effet que tu attends ma venue auprès de toi, mon père, mais moi, je suis dans une citerne comme un meurtrier. Toi en effet, tu m’as envoyé rendre visite à mes frères avec leurs moutons et revenir auprès de toi dans la paix. Et voici qu’ils sont devenus comme des loups sauvages qui boivent le sang, et ils m’ont séparé de toi avec colère, mon père saint. En effet, tu ne me reverras pas ni n’entendras ma voix, | ni ta vieillesse ne s’appuiera encore sur moi. Moi non plus, je ne verrai tes saints cheveux gris, car je suis devenu un cadavre : ils m’ont enseveli et je ne vaux donc pas plus (qu’un cadavre)13. Lamente-toi sur moi, mon père, comme je me lamente sur ta vieillesse, car j’ai été séparé de toi encore petit. Qui me cherchera un oiseau sachant parler pour te dire mes gémissements et ma détresse, et 11

On s’attendrait à une 3e personne du singulier (ⲁϥϯ) : « et qui donna un bélier… », mais le manuscrit a bien une 3e personne du pluriel (ⲁⲩϯ), que nous interprétons comme un passif. 12 Alors que le copte l’omet, le grec donne deux fois le verbe d’énonciation : δακρύων τε ἔλεγεν ἐν στεναγμοῖς ἀλαλήτοις · ἔφη δέ. 13 Littéralement : « je ne suis donc pas choisi/élu/excellent ». Grec : « parce que je ne vaux pas plus qu’un mort enseveli » (ὅτι νεκροῦ τεθαμμένου οὐκ ἀμείνων εἰμὶ ἐγώ).

Fol. 73vB

Fol. 74rA

Fol. 74rB

Fol. 74vA

6

Fol. 74vB

Fol. 75rA

Fol. 75rB

Fol. 75vA

Fol. 75vB

Fol. 76rA

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pour que tu voies Joseph, ton fils, qui est au fond de la citerne dans laquelle ils l’ont jeté, et que tu entendes mon cri provenant du gémissement amer. Même si l’oiseau . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . dans des songes afin que tu viennes et que tu voies ton fils. J’ai désormais renoncé aux larmes, aux gémissements et ma voix s’est usée, et je n’ai pas trouvé qui me secourra. Ô terre, qui a crié vers le Dieu saint à cause du sang d’Abel le juste, qui fut tué violemment selon ce qui nous a été rapporté par nos premiers pères, ainsi aussi, que la terre crie maintenant vers mon père et qu’il sache ce qui m’est arrivé du fait de mes frères ». 15 Lorsqu’ils eurent jeté | Joseph au fond de la citerne, ils s’assirent et mangèrent et burent avec joie. Comme quelqu’un qui a vaincu à la guerre et qui est devenu plus fort, de même eux aussi, avec la joie dans leur cœur, ils se mirent à table, mangèrent et burent avec joie. Mais soudainement, ils levèrent les yeux et virent des Ismaélites qui descendaient en Égypte, leurs chameaux chargés d’encens. Ils parlèrent les uns avec les autres, en disant : « Il est préférable pour nous de livrer Joseph aux mains de ces marchands, pour qu’ils l’emmènent dans un autre pays, étranger, | qu’il y meure et que, nos mains, nous ne les portions pas sur lui, car il est notre frère ». Ils se levèrent aussitôt et le retirèrent de la citerne, comme des bêtes sauvages, et ainsi, le livrèrent aux marchands ismaélites, sans se préoccuper ni du souci de leur père ni de son chagrin. 16 Or les Ismaélites marchèrent et arrivèrent à un lieu sur la route, l’hippodrome, c’est-à-dire le tombeau de Rachel, la mère de Joseph. C’est en effet en ce lieu-là qu’elle mourut, lorsque Jacob revint de Mésopotamie de Syrie. Lorsq[ue] Joseph vit le tombeau | de Rachel, sa mère, il alla incliner son visage sur lui. Et il disait dans le tourment de son âme : « Rachel, ma mère, lève-toi, sors du tombeau et vois Joseph, ton fils que tu aimes, qu’ils emmènent prisonnier dans leur pays, comme ces esclaves aux mains d’étrangers ismaélites, à qui on m’a livré comme un malfaiteur, parce que mes frères m’ont livré à eux, mis à nu, en servitude, et Jacob, mon père, n’en a rien | su. Ouvre-moi, ô ma mère, et reçois-moi en lui. Que ton tombeau devienne pour moi un lit avec toi. Reçois auprès de toi ton fils prisonnier, Rachel, afin que je ne meure pas d’une mort . Reçois auprès de toi, ô ma mère, celui qui a été soudainement privé de Jacob, son père, comme j’ai aussi été privé de toi dès l’enfance. Écoute-moi encore maintenant, ô ma mère, reçois-moi auprès de toi, autrement mes yeux ne pourront plus se lever à cause des larmes, | ni mon âme supporter des gémissements. Rachel, mère, écoute la voix de ton fils alors qu’on l’enlève avec violence et que tu ne veux pas

TRADUCTION

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me recevoir auprès de toi. J’ai crié vers Jacob, mon père, et il ne m’a pas entendu ni n’a prêté attention à ma voix. Voici donc maintenant, qu’à nouveau, je t’appelle et tu n’as pas entendu ma voix. En effet, je mourrai ici, sur ton tombeau, pour ne pas aller dans une terre étrangère et ne pas devenir comme une étincelle de feu14 ». 17 | Or lorsque les Ismaélites le virent, ils parlèrent ensemble, eux qui avaient acheté Joseph, parce qu’il avait ainsi couru et s’était jeté par terre sur le tombeau de Rachel, sa mère. Et ils se disaient les uns aux autres : « Ce jeune homme n’est-il pas un magicien et ne veut-il pas opérer quelque chose afin de s’enfuir loin de nous et que nous soyons dans l’ignorance de son départ? Saisissons-le donc et lions-le avec soin afin qu’il ne devienne pas invisible dev[ant] nous tous ». Lors[qu’i]ls l’eurent saisi, ils lui dirent | avec colère : « Lève-toi maintenant, puis (tiens-toi) loin de ces actes de magie, pour que nous ne te tuions sur ce tombeau et que nous ne perdions ce que nous avons payé pour toi15 ». 18 Or une fois qu’il se fut levé, tous le virent, son visage rougi en raison de l’abondance [des] larmes amères qu’il avait versées, et, ainsi, ils se mirent chacun à l’interroger avec douceur : « Jeune homme, pour[quoi pl]eures-tu de découragement . . . . . . . . . . ? Car, depuis le moment où tu as vu ce tombeau sur la route, nous avons . . . . . . . . . . . . . . . et . . . . [ . . ] . . hors de toi | la peur : de quel genre est ton métier et pourquoi tes frères t’ont-ils vendu?16 En effet, ils nous ont dit : “Enfermez-le, de peur qu’il ne s’enfuie loin de vous sur la route, car il est arrogant depuis qu’il est petit. En effet, s’il s’enfuit, nous sommes quittes à votre égard. Voici que nous vous avons prévenus de sa fourberie”. Ensuite, révèle-nous l’affaire : de qui es-tu le fils, et de quelle mère? Et es-tu un homme libre? Et pourquoi t’es-tu jeté sur ce tombeau avec grand amour? | Révèle-nous donc l’affaire : c’est nous qui t’avons acheté comme esclave. Assurément tu as volé tes maîtres, tu es devenu haïssable et ils t’ont vendu ou . . . . . . . . .17 tu as dérobé des objets et tu n’as pas pu t’enfuir. Fais-nous donc connaître ce qui te concerne. En effet, tu es notre esclave. Si tu nous caches la chose, 14 Grec : « afin que je ne m’en aille pas dans une terre étrangère comme un malfaiteur » (ἵνα εἰς γῆν ἀλλοτρίαν μὴ ἀπέλθω ὡς κακοῦργος); l’arménien, le géorgien et le slave ont la même chose (« malfaiteur »); on ne voit pas d’où le copte a pu tirer cette « étincelle de feu ». 15 Littéralement : « que nous perdions ton prix ». 16 Grec : « Pourquoi pleures-tu? En effet, tu te tourmentes terriblement depuis que tu as vu ce tombeau, alors que tu étais sur la route de cet hippodrome. Avec confiance, disnous, rejetant la crainte, quel est ton métier et pourquoi tu as été vendu ». 17 Dans le manuscrit, ⲉⲁⲡⲁⲛⲧⲉ semble avoir été exponctué par le scribe.

Fol. 76rB

Fol. 76vA

Fol. 76vB

Fol. 77rA

8

Fol. 77rB

Fol. 77vA

Fol. 77vB

Fol. 78rA

Fol. 78rB

Fol. 78vA

TRADUCTION

à qui la révéleras-tu? En effet, ils nous ont appris que tu es un fuyard. Nous t’en prions donc, révèle-nous toute ton affaire. | En effet, tu parais libre et nous ne pouvons en rien te considérer comme esclave, mais (nous te considérons) comme un frère ou un fils bien-aimé. En effet, nous voyons qu’une grande noblesse d’âme se trouve en toi, de même qu’une grande foi et une (haute) condition. En effet, tu es véritablement digne de te tenir en présence du roi et qu’on honore aussi ta jeunesse avec les grands, ta beauté révèle ta . . . . . . . . . et ils | t’assignent l’autorité avec grand honneur. Et tu seras pour nous ami et connaissance là où, maintenant, nous te conduirons avec joie. En effet, qui n’aimerait pas la beauté de ce jeune homme, avec ses yeux nobles et sages? » 19 Joseph répondit et leur dit : « Je ne suis ni un esclave, ni un brigand, ni un magicien, ni non plus ai-je commis quelque péché contre | ceux qui m’ont vendu à vous. Mais je suis un fils bien-aimé au service de la sainteté de mon père et fils bien-aimé de ma mère. Or, les bergers qui m’ont vendu sont mes frères et mon père m’avait envoyé vers eux pour leur rendre visite, (pour savoir) comment ils se portaient. En effet, puisque, comme un père, il se soucie de ses enfants lorsqu’ils tardent alors qu’ils se trouvent dans le désert, il m’envoya vers eux leur rendre visite. Or ceux-là me vendirent à vous en esclavage, emportés par une mauvaise jalousie. | Ils m’arrachèrent à mon père sans se souvenir de son amour dont j’étais l’objet. Et ce tombeau même qui est ici, c’est celui de ma mère. En effet, lorsque mon père revint de Kharran et qu’il était sur le point de passer là où, maintenant, il habite, ma mère mourut et il la mit dans ce tombeau que vous voyez maintenant ». 20 Or, lorsqu’ils entendirent ces tristes paroles de Joseph, ils pleurèrent eux-aussi et ils lui dirent : « N’aie pas peur, jeune homme, | car un grand honneur t’attend maintenant et c’est l’aspect de ton visage qui témoigne de ta noblesse. S[o]is donc [d’]autant plus [en]couragé, car tu t’es échappé de la jalousie de tes [fr]ères, parce qu’[il]s te haïssent, d’après [ce] que tu as dit ». 21 Or l[es] frères de [J]oseph, après qu’[ils] l’eurent ven[du], prirent un [jeune] bouc, [ils] l’[égorg]èrent sur [son vê]tement pour le sou[iller]. Im[médiatem]ent après, [ils] l’[envoyèrent à] leur pèr[e, [d]is[ant] : | « Nous l’avons trouvé jeté (là) dans le désert et nous avons été dans une grande tristesse, car c’est le vêtement de notre frère. Du reste, [no]us n’avons pas trouvé son corps. C’est pourquoi no[us] te l’avons envoyé afin que tu [reconn]aisses si [c’]est le vêtem[ent de J]oseph, ton fils ». 22 Or lorsque Jaco[b] v[it] le vêtem[en]t, il s’écria en pleu[rs, av]ec gran[de] afflict[ion e]t dans un d[euil] amer, [dis]ant : « À coup [sûr],

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une bêt[e mé]chante [l’]a dé[voré, une b]ête [a dévor]é Joseph mon fils . . . . ». | Et il disait : « Si seulement ç’eut été moi qu’elle eut dévoré et non mon fils ! Mais cette bête ne m’a-t-elle pas rencontré, ne s’est-elle pas rassasiée de moi aussitôt et ne t’a-t-elle pas épargné, ô mon fils bien-aimé? Pourquoi cette bête ne m’a-t-elle pas dévoré dans le désert, et ne suis-je pas devenu pour elle nourriture à satiété, plutôt que toi, mon bien-aimé Joseph, lumière de mes yeux? Malheur à moi, mes entrailles sont troublées à cause de toi. Malheur à moi, où donc la bête a-t-elle dévoré mon fils, que j’y courre et que je déchire son flanc? | En effet, je ne veux pas vivre une seule heure de plus sans lui. Je crierai dans le désert à toutes les [bê]tes de se rassembler auprès moi . . . . . . elles portent le deu[il] avec moi18. C’est m[o]i-même qui fus pour lui cause de sa mort. C’est moi qui ai éteint la lumière de tes yeux, mon fils Joseph. C’est moi qui t’ai envoyé (en disant) : va et rend visite à tes frères et leurs moutons. Je pleurerai maintenant et je me lamenterai à toute heure. Je descendrai dans l’Amenté auprès de (toi), mon fils, | et (jusqu’à) ton lieu de repos. Je placerai ton vêtement devant toi : voici que [t]on vêtement [e]st pour moi un grand . . . . . . [ . . ] et pleurs. V[oic]i que toute . . . [ . . ], de sorte [qu’]une bê[te . ] . . . . . vers elle tout [ . . ] mon [bien]-aimé. Mais [ne] t’a-[t]-on pas [plutôt] dé[v]êtu et tué? S[i], co[m]me tes f[rè]res l’ont dit, [une] bête te [man]gea, tes [ . . . . to]n vê[tement . ] . broyé [ . . . . ] déchiré? En effet, a[près cel]a [ . . . . . . . ] donc [ . . . . . . m]is à nu [ . . . . . ] . . . . . 19. | Or le vêtement est sans souillure et est intact. En effet, il n’y a rien de sa bouche ni des dents . . [ . . ] . . . [une] [bê]te ne [t’]a pas mangé hors de [ . . ]. Ni non plus . [ . . ] . . jamais [ . . ] . . . . [ . . . . . ] . . . . [ . . . . . ] . . . . [ . . . . . ] . . . . . [ . . . . . ] . . . mang[e ho]rs de lui. Cela, donc, m’a [pa]ru [ . . . ] . . . . . . . . [ . ]. Ils ont vécu [ . . . ] afin de . [ . . . d]euil? . . [ . . Jo]seph [ . . . . ] déchirer . [ . . . . ] tunique [ . . . . . . . . . . . . . . . . ] . [ . . . . . . . . . ] . [ . . . . . . . . ] . . [ . . . . . . . ] . [ . ] . . . lumière | et ma force, et ton vêtement descendra avec moi dans l’Amenté. Par suite de quoi, je n’ai plus 18 Cette phrase est absente du grec et du slave, mais elle figure dans la version arménienne : « J’irai et je crierai dans le désert de (toute) ma force, en gémissant, pour que je rassemble les bêtes féroces et qu’avec moi elle porte le deuil » (éd. Srčouni 1973, p. 33, 33-34), et d’une manière un peu différente dans le géorgien (éd. Imnaïšvili 1966, p. 64, 7-9). 19 En grec, on lit : « Si, en effet, comme tes frères l’ont dit, tu avais été dévoré, ta tunique aurait été déchirée en morceaux. Car on ne peut admettre que la bête t’ait d’abord dévêtu et qu’ensuite elle se soit rassasiée de ta chair » (Εἰ γάρ, ὡς οἱ ἀδελφοί σου φάσκουσιν ὅτι ἐβρώθης, ὁ χιτών σου κατὰ μέρους ἀνεσχίσθη · οὐ γὰρ πρῶτον ἐνδέχεται τὸ θηρίον ἐκδῦσαί σε, καὶ ἔπειτα ἐκ τῶν σαρκῶν σου ἐμφορηθῆναι).

Fol. 78vB

Fol. 79rA

Fol. 79rB

Fol. 79vA

Fol. 79vB

10

Fol. 80rA

Fol. 80rB

Fol. 80vA

Fol. 80vB

Fol. 81rA

TRADUCTION

supporté [de] voir la [lu]mière à cause de la tête? [ . ] mon âme à ton lieu, mon fils20. 23 Les Ismaélites descendirent donc Joseph en Égypte en hâte et avec joie. Et ils pensaient, grâce à sa très grande beauté, (obtenir) de l’argent d’hommes riches. Or après qu’ils eurent circulé au milieu de la ville, ils trouvèrent tout à coup Pétéphrè et, | après avoir vu Joseph, il les questionna en disant : « Dites-moi, marchands, d’où vient ce jeune homme? Il ne vous ressemble pas, parce que vous êtes des I[s]maélites. Or celui-ci, il est très beau ». Ceux-ci lui dirent : « Ce jeune homme est de très bonne naissance, rempli de toutes les sciences ». Et il leur donna son prix en surabondance, avec une grande joie. Et après l’avoir amené dans sa maison, il l’interrogea | sur son éducation. 24 Alors le rejeton vraiment saint, celui qui est issu de la semence d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, progressa de jour en jour dans la maison de Pétéphrè. Et c’est avec grande attention qu’il s’était exercé en vue de garder (son) rang et la chasteté par l’œil (et) par la parole en toute piété, et c’est Dieu le Père qu’il plaçait sans cesse devant ses yeux, lui qui connaît le cœur des hommes, | lui qui l’avait sauvé de la citerne, hors des mains de ses frères. Et encore, . . . son cœur . . .21 vers lui continuellement à cause de son père saint, Jacob. 25 Lorsque Pétéphrè eut vu la science du jeune homme et sa condition, il lui donna tout ce qu’il possédait, comme à un enfant légitime. Et il ne savait rien de ce que faisait Joseph, pas même non plus une seule affaire, si ce n’est le pain qu’il mangeait. En effet, il savait qu’il était tout à fait fidèle, | car ses biens s’étaient multipliés aux mains de Joseph. Et Dieu bénit . . [ . ] . . . . celui-ci avec . [ . . ] ., il se réjouit à cause de Joseph. . . . . . . . . . . . sont ceux de la maison de Pétéphrè, mais pour ses esclaves, à cause des biens que Joseph accomplissait avec eux?. 26 Or, lorsque la femme de Pétéphrè le vit orné de beauté, d’obéissance et de toute science, elle fut remplie d’amour et de folie démoniaque, et | elle désira coucher avec lui et, ce vénérable et la source de la chasteté, l’amener avec elle [au f]ond de l’Ament[é]. Ensuite, [elle d]ésira agir : elle lui tendait de nombreux pièges au moyen d’embellissements et elle réfléchissait en elle-même pour réussir22, sans compter les heures, d’une part en portant de (nouveaux) vêtements, d’autre part en se parant de la 20 21 22

En grec, on lit : « Car je ne veux plus voir la lumière sans toi ». En copte, on semble lire « ⲟⲟⲓ ⲡⲉϥϩⲏⲧ ⲟⲗⲉ ». Littéralement « pour œuvrer/travailler ».

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11

multitude des étoiles, c’est-à-dire l’or avec lequel elle se paraît, avec des occasions de chute et d’impures grivoiseries (dignes) de Satan, désirant tromper les yeux du juste. Elle | était volontiers persévérante dans ces façons, désirant piéger l’âme du juste. Or, Joseph était fort dans la crainte de Dieu, lui qui le sauvait; pas même par un clin d’œil, il ne lui prêta attention. 27 Or lorsqu’ vit que toutes ses ruses et ses fards étaient vains devant Joseph, ainsi brûla-t-elle beaucoup d’un grand désir . . [ . . ] . . . . . [ . . . ] pas, car . [ . . . ] . celui qui était? [ . . ] . . . . . . [ . ] . . . . une autre fois. | Par la suite, elle pensa à des paroles impudentes pour l’ à une action menant à la mort. Pour l’observer, comme le serpent impur, et pour déverser sur lui le venin de sa licence, elle lui disait avec impudence : « Couche avec moi sans aucune crainte, viens vers moi avec confiance, afin que je [jo]uisse de ta beauté à satiété et que toi aussi, tu te rassasies [de m]a beauté. Tu . . . . . [ . . ] ceux qui . . . [ . . . ] m’aideront avec | nous?. Tu obtiendras autorité sur toute ma maison. Personne ne pourra s’introduire auprès de nous, ni entendre (parler) de la chose que nous allons faire ». 28 Or l’adamanti[n] par son c[o]rps et par son âme, dans un tel trouble, sa pensée ne faiblit pas, mais il résistait à toute chose qui arrivait à cause de la crainte de Dieu, comme s’il voyait les choses qui étaient cachées. Et il parlait avec elle dans une bonne attitude, la comblant de saintes paroles : « Il n’est pas légitime pour moi de commettre le péché avec | toi, puisque tu es ma maîtresse. Or, c’est Dieu que je crains. Voici donc que mon seigneur a livré toute chose entre mes mains, celles relatives à sa maison, comme celles relatives à son champ, et il m’a fait maître d’elles toutes, sauf de toi seule, car tu es sa femme. Il est donc déplacé de mépriser le si grand amour qu’un tel maître a accordé à son esclave que je suis. Pourquoi aurais-je ainsi23 commis un si grand péché en présence de Dieu qui sonde nos cœurs et nos reins? ». | Or Joseph disait de saintes paroles de cette manière à toute heure, en présence de sa maîtresse, en l’instruisant. Et il l’exhortait e[t] aussi il l’enjoignait au bie[n]. Et la serpente désobéissante n’accueillit rien de ces choses et bien plus, en raison du mauvais désir qui jaillissait en elle, ces choses-là la consumaient. Et en tout temps, elle guettait pour prendre [J]oseph . . [ . . ] . de force, le [pie]ux.

23

Traduction conjecturale de ⲛⲑⲏ.

Fol. 81rB

Fol. 81vA

Fol. 81vB

Fol. 82rA

Fol. 82rB

12 Fol. 82vA

Fol. 82vB

Fol. 83rA

Fol. 83rB

Fol. 83vA

Fol. 83vB

TRADUCTION

29 [Lorsqu]’il vit la femme désirant, impudemment | comme les bêtes, le souiller devant le Dieu de ses pères, il leva ses yeux au ciel et invoqua le Très-Haut en disant : « [D]ieu des pè[res] saints, puisses-tu me délivrer de cette bête méchante, car voici que tu vois la folie de cette femme qui désire me faire mourir avec elle par ses péchés, pour que je me sépare de Jacob, m[on pè]re, à jamais. Mon Seign[eur, t]oi, tu m’as déli[vr]é de l’impiété | de mes frères. De la même manière, maintenant, mon Seigneur, puisses-tu me sauver de l’impiété de la bête impure, pour que mes actes ne me rendent pas étranger à ceux qui t’aiment, Seigneur, et que je ne donne de l’affliction à mes pères. Mon père, prie pour moi, qui suis ton fils, car une guerre s’est levée sur moi, voulant me séparer des pères saints et du Dieu vivant. En effet, la mort (du fait) de cette femme est pire pour moi que la mort que mes frères complotèrent contre moi. | . . . . .24 pour moi de mourir dans cette? citerne asséchée plutôt que (d’aller) vers elle et que je sois jeté dans la géhenne . . . . . . . . . En effet, (par) cette mort-là, c’est seulement mon corps qui est mort. Or la mort (du fait de) celle-là n’est pas seulement la géhenne, mais elle sépare aussi mon âme de Dieu. En effet, je , mon père, que tes saintes prières courent jusqu’à Dieu pour moi. C’est pourquoi je fus sauvé de la mort dans la citerne. Maintenant encore, implore le Dieu très-haut | pour qu’il sauve ton enfant des griffes de cette bête impudente, afin que, comme je suis devenu étranger dans mon corps et mon âme, qu’aussi (je ne devienne)25 étranger à ton âme. En effet, je suis allé vers mes frères et ils sont devenus pour moi des bêtes voulant me tuer. Ils prirent la manière de loups cruels. Ils me séparèrent de toi et me firent descendre en Égypte aux mains des Ismaélites. Ces frères, d’une part, devinrent comme des bêtes voulant me tuer | dans le désert, mais celle-là, c’est aux portes de sa maison qu’elle se tenait ». 30 Or, lorsqu’elle vit qu’il ne lui obéissait pas les choses qu’elle disait à toute heure, voulant le capturer et lui faire violence sans impudence, comme un serpent qui mord, elle chercha à le sans ménagement, voulant l’attirer à elle en vue d’un acte impie. Or le saint Joseph, lorsqu’il vit le dessein impudent de cette femme impure, il | se hâta de fuir avec tremblement et il se hâta de sortir. Comme un aigle, qui s’envole dans les airs lorsqu’il voit les pièges, s’envole d’autant plus vers la hauteur, ainsi aussi Joseph, après s’être envolé d’autant plus vers la hauteur 24 25

La forme ⲥⲙⲱⲧⲛ n’est pas traduisible. La répétition du verbe manque en copte, mais elle n’est pas nécessaire.

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— à savoir qu’il se hâta —, bondit à l’extérieur de la porte, pour ne pas s’égarer dans des paroles ou des agissements mauvais. Après avoir abandonné ses vêtements dans ses26 mains, il anéantit aussi tous les pièges du Diable. 31 Or, après que la femme eut vu ce qui était arrivé, | elle fut découragée et misérable. Elle chercha ensuite à abattre le juste auprès de son mari par des paroles impures, pour qu’aussi, lorsqu’il les entendrait, il soit dans une jalousie néfaste et, qu’ainsi, il tue Joseph, et que, lorsqu’il l’aurait tué, il27 obtienne du repos : « En effet, je ne peux plus supporter qu’il demeure dans ma maison alors que je vois beauté, mais, s’il meurt, je serai privée de voir sa beauté. Du reste, je serai , soit secrètement, soit ouvertement, | de la beauté de Joseph le juste ». 32 Elle appela Joseph le juste et le menaça de mort. Et elle dit à ses serviteurs : « Venez et voyez ce qu’a fait ce serviteur hébreu, lui qu’il28 a établi sur sa maison. En effet, il a voulu, d’une manière impudente, être avec moi. Il n’a pas été satisfait du pouvoir sur ma maison, ni non plus n’a-t-il rien fait d’autre que de me conseiller de me séparer de mon mari ». Or, elle prit la tunique de Joseph et la lui29 montra | en disant : « Le jeune homme hébreu que tu as introduit dans notre maison, celui dont tu disais qu’il était sage, est-ce pour qu’il se moque de nous que tu l’as introduit? C’est moi ta femme! ». 33 Lorsque son mari entendit ces choses, il la crut, car elle était sa femme. Aussitôt, il fit mener Joseph en prison avec force menace et colère. Il ne pensa même pas aux bénédictions qui étaient arrivées dans sa maison et son champ à cause de Joseph, ni non plus n’examina | l’exactitude des paroles, mais rapidement, il lui assigna injustement une sentence. Joseph fut donc jeté dans la citerne30, sans personne pour avoir pitié de lui. Ainsi, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob fut pour lui un secours, lui qui sonde les coeurs humains. Ensuite, il lui fit grâce en présence du geôlier afin qu’il soit certes sans crainte. Car Dieu ne | s’éloigne jamais de ceux qui craignent son nom d’un coeur droit à son égard. 26

Sc. celles de la femme. On attendrait : « elle »; pour ce passage, le grec donne : « de sorte qu’après avoir entendu (cela), son mari, enflammé par la colère de la jalousie, fasse périr Joseph, ayant pensé ceci en elle-même : ‟Il est de beaucoup préférable pour moi que Joseph meure, et que, moi, j’obtienne du repos, car je ne supporte pas de voir à toute heure dans ma maison sa si grande beauté, sans que je trouve moyen de jouir, ouvertement ou en secret, de sa beauté et de sa vaste science” ». 28 Sc. Pétéphrè. 29 Sc. à Pétéphrè. 30 Grec: « la maison d’arrêt » (ἐν τῷ οἴκῳ τῆς φυλακῆς). 27

Fol. 84rA

Fol. 84rB

Fol. 84vA

Fol. 84vB

Fol. 85rA

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Fol. 85rB

Fol. 85vA

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Fol. 86rA

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34 Au moment où Joseph était encore dans la maison d’arrêt, deux grands parmi son service péchèrent contre Pharaon, à savoir le chef échanson et le chef panetier. S’étant mis en colère contre eux, Pharaon ordonna de les jeter en prison, chacun pour sa faute, là où était Joseph, et ils étaient là, | ensemble, pendant plusieurs jours. Par la suite, ils virent, chacun, dans une même nuit, des songes en accord avec ce qui devait leur arriver bientôt. Or, Joseph les servait et ils étaient honorés par lui. Et selon (son) habitude, il entrait tôt le matin, chaque jour, pour leur rendre visite; et lorsqu’il entra, il leur trouva le visage sombre, découragés en raison des songes qu’ils avaient vus. Après cela, lorsque Joseph les vit | ainsi, il les interrogea sur la cause de leur chagrin. Or eux lui dirent : « Ô notre seigneur fraternel, nous avons tous les deux vu des songes aujourd’hui même. Voilà pourquoi nous sommes attristés, car nous n’avons pas trouvé qui nous les expliquerait ». Il répondit et leur dit : « Cette chose en est une qui appartient à Dieu : d’expliquer les songes à ceux qui le craignent. Que chacun me dise donc son songe, pour que je vous dise leur signification | par l’entremise de Dieu ». Après avoir entendu cela, chacun raconta son songe à Joseph. Après les avoir écoutés, il les31 leur volontiers. Il leur fit connaître leur signification32, selon ce qui leur arriverait à chacun d’eux de la part du roi, selon ce qui aussi arriva : en ce qui concerne l’échanson, qu’il revienne à son rang une autre fois avec assurance; en ce qui concerne aussi le panetier, qu’il soit livré à la mort et qu’il soit nourriture pour les oiseaux du ciel, selon ce qui | arriva. 35 Lorsque Joseph comprit l’honneur qui arriverait à l’échanson, il l’exhorta à se souvenir de lui devant le Pharaon pour qu’il le retire de ce lieu, lui qui n’avait commis aucun péché ni mauvaise action lorsqu’on l’enferma dans la prison. Ô semence sainte, pourquoi cherches-tu du côté des hommes mortels? Délaissant Dieu, c’est un homme que tu pries, alors que tu as déjà fait l’expérience que Dieu est constamment avec toi! | En effet, cette image n’existe que pour être dite33 : c’est pourquoi il fut dans ce lieu pendant deux mauvaises années, puis piétina avec sérénité, de plusieurs manières, toutes les ruses trompeuses de ce serpent impur. Pourquoi as-tu peur en prison, ô bienheureux? As-tu abandonné la tunique de ta 31

Sc. les songes. Sc. aux songes. 33 Cette phrase n’a pas d’équivalent en grec; d’ailleurs tout le paragraphe 35 est plus développé en copte qu’en grec. L’arménien (éd. Srčouni 1973, p. 137, 20 – 138, 8) et le géorgien (éd. Imnaïšvili 1966, p. 68, 15-29) sont aussi plus diserts, alors que le slave (éd. Bojkovsky, Aitzetmüller 1988, p. 324, l. 319-327) suit le grec. 32

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sagesse à cause de la brûlure du serpent ravisseur? Pourquoi es-tu pusillanime? Tu avais Dieu | pour dispensateur en royauté et en providence, quand il le voudrait! Aussi longtemps que tu tiens bon dans ces épreuves, les couronnes de la victoire brilleront d’autant plus. 36 Pour que soit accomplie l’explication des songes de chacun comme l’avait dit Joseph, trois jours après, Pharaon fit un grand repas pour ses serviteurs. Il se souvint de son chef échanson et du panetier (qui étaient) parmi ses serviteurs, du panetier | d’une part, pour qu’il devienne nourriture pour les oiseaux du ciel, de l’échanson de l’autre, pour qu’il réintègre son rang initial, comme Joseph l’avait discerné. Après cela, l’échanson oublia Joseph et ne se souvint plus de lui du tout. Or, deux ans plus tard et selon la providence de Dieu, Pharaon vit un songe qui dépassait les songes des sages et des magiciens d’Égypte. Or, l’explication de ceuxlà34 revenait à une seule signification, | et pour l’un et pour l’autre, de la manière dont Joseph les avait rendus manifestes. Or Pharaon, après s’être levé de (son) sommeil, se fit amener tous les sages d’Égypte et les magiciens. Il leur dit son songe pour qu’ils lui disent clairement son explication, mais il ne se trouva personne pour en dire l’explication à Pharaon. En effet, de quelle manière est-il possible à des magiciens et à des mages, qui s’en tiennent à la force des | démons, de dire des mystères appartenant à Dieu, le créateur, ce Saint qui est dans les cieux? Or, lorsque le roi vit leur faiblesse, il fut découragé et attristé. Puis, l’échanson se souvint de Joseph et dit à Pharaon ce qui lui était arrivé, les bonnes choses (promises par) l’explication des songes de Joseph et comment le panetier avait subi d’un coup un châtiment de la part du roi. Selon ce qu’avait | dit Joseph dans la prison, chacune (de ces choses) arriva bel et bien. 37 Or, après que Pharaon eut écouté, il se réjouit beaucoup. Il envoya tirer Joseph de la prison. Il lui dit, au milieu de ses grands : « J’ai entendu dire à ton sujet que tu es un homme intelligent, capable d’expliquer des songes profonds ». Joseph répondit à Pharaon : « Celui qui donne la sagesse, c’est Dieu, c’est lui | qui exposera les songes à Pharaon. En effet, sans lui, il n’est pas possible de dire leur explication ». Pharaon dit ses songes à Joseph en présence de ses grands et rapidement, il entendit leur explication avec joie de la bouche de Joseph, comme si elle provenait de la bouche de Dieu. Pharaon s’étonna de la sagesse du jeune homme et il35 parla avec un grand sens du conseil. Joseph dit en présence de Pharaon : | 34 35

Sc. les songes de Pharaon. Sc. Joseph.

Fol. 86vA

Fol. 86vB

Fol. 87rA

Fol. 87rB

Fol. 87vA

Fol. 87vB

Fol. 88rA

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Fol. 88rB

Fol. 88vA

Fol. 88vB

Fol. 89rA

Fol. 89rB

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« Cherche-toi un homme sage (et) capable, et établis-le pour qu’il rassemble beaucoup de produits du sol et qu’il les garde en sécurité jusqu’au temps de la famine ». Pharaon lui dit : « C’est toi qui as donné un tel conseil, je t’établirai aujourd’hui sur toute l’Égypte et c’est toute l’Égypte qui sera jugée par toi ainsi que ma maison ». 38 Et aussitôt, il le revêtit d’une | p[ou]rpre royale. Il le fit monter sur son char et tous ses grands marchaient en entourant son char, d’autant plus qu’ils avaient entendu de la bouche de Pharaon qu’il36 était devenu vice-roi. Or, lorsque Pétéphrè, celui qui avait jeté Joseph en prison, vit ce prodige extraordinaire, à savoir qu’on avait fait monter Joseph sur le char avec grand honneur, il eut très peur, il s’enfuit | en tremblant avec certains des grands et il courut à sa maison. Parce que Joseph était ainsi, dans un grand honneur, Pétéphrè aussi était pour sa part ainsi, dans la crainte et le tremblement. Il parla avec sa femme : « Connais-tu par hasard, ô femme, le prodige qui s’est produit aujourd’hui? Or, en ce qui nous concerne, c’est effroyable. En effet, Joseph, qui naguère fut pour nous un serviteur, est maintenant notre maître ainsi que de toute l’Égypte et voici | qu’il est monté sur les chars avec grande gloire, comme un roi. Quant à moi, je n’ai pu (le) supporter à cause de la peur. Lorsque j’ai vu Joseph, je me suis enfui ». 39 Lorsque que la femme eut entendu ces choses, elle reprit courage, en disant à son mari l’exactitude de l’affaire : « Moi, dit-elle, je te raconterai tout le péché que j’ai commis, à partir du début. En effet, moi, j’ai aimé Joseph d’une façon démesurée. Et, ce chaste, je lui tendais des pièges à tout moment, par des cajoleries et | des caresses37, avec assurance, pour qu’il couche avec moi et que je jouisse de sa belle apparence. Seulement, je n’ai pas du tout atteint le but en ce qui le concerne, ni non plus ne me jugea-t-il digne d’une seule parole. Mais je le saisissais pour qu’il me supporte un peu. Il s’est enfui loin de moi et est sorti dehors dès que je t’ai montré son vêtement. C’est moi qui l’ai saisi avec | violence et il a échappé à mes mains. Vois! C’est moi qui fus pour lui le fer de lance38 du fait qui l’a mené à la royauté et à une telle gloire. Si je n’avais pas aimé Joseph, je ne l’aurais pas fait jeter en prison, mais bien plus, il serait plutôt 36

Sc. Joseph. Traduction approximative du gréco-copte ⲕⲟⲗⲁⲡⲓⲥⲙⲟⲥ, inconnu des dictionnaires, que nous avons rapproché de κολαφισμός. 38 Traduction approximative du gréco-copte ⲡⲣⲟⲧⲟⲝⲟⲛ ⲛⲧⲉⲛⲧⲓⲁ, termes bien lisibles sur le manuscrit, mais attestés par aucun dictionnaire grec. 37

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tenu de me rendre honneur, car je fus pour lui cause d’une si grande gloire. En effet, Joseph est juste et saint parce qu’il ne s’est aucunement montré orgueilleux de quelque manière que ce soit. Lève-toi donc, | va vers lui et prosterne-toi devant lui, toi et les grands comme toi! » Alors Pétéphrè se leva et fit ainsi. 40 Or, après tous ces événements, les bonnes années d’abondance s’achevèrent. Par la suite, la famine arriva dans la terre de Chanaan et Jacob et ses enfants furent affamés. Il entendit dire qu’on vendait du blé en Égypte en grande abondance. Il dit à ses fils : « Voyez! On vend du blé | en Égypte. Levez-vous, allez et achetez-nous des vivres afin que nous ne mourrions pas tous de la famine ». Par la suite, ses dix fils prirent donc (les instructions)39 et partirent pour s’acheter du blé. Lorsque, donc, ils arrivèrent en Égypte, ils allèrent avec tout le monde acheter du blé. Or donc, lorsque Joseph vit ses frères, il les reconnut, mais eux ne le reconnurent pas. Il leur dit avec colère : « Ces dix hommes sont des éclaireurs qui sont venus pour espionner notre pays! | Saisissez-les et jetez-les en prison! ». 41 Or, lorsqu’ils entendirent cela, ils furent (pris) d’un tremblement. Ils dirent : « Qu’il n’en soit pas ainsi, notre seigneur, car, en ce qui nous concerne, tous ensemble nous sommes les fils d’un homme juste et (autrefois) nous étions douze frères. D’abord, l’un, une bête sauvage l’a fait périr, celui que notre père aimait et il est en deuil de lui jusqu’à maintenant. Quant à l’autre, il est en Chanaan auprès de notre père, le consolant ». Mais il leur répondit avec colère : « Saisissez Siméon | et liez-le ». Alors on le saisit et on le lia en leur présence après qu’il40 leur eut dit avec indulgence : « Je suis un homme qui crains le Dieu Saint. Ainsi, amenez celui-ci! Prenez votre blé et allez chez votre père. Si vous dites vrai, allez et amenez-moi votre petit frère rapidement »41.

39 Le manuscrit n’a que « ils prirent donc » (ⲁⲩϫⲓ ϭⲉ); il faut suppléer quelque chose comme « les instructions » (ⲁⲩϫⲓⲉⲛⲧⲟⲗⲏ). 40 Sc. Joseph. 41 Le grec formule un peu différemment la réponse de Joseph : « Puisque je crains et révère le Dieu-Saint, je vous concède ceci : prenez le blé et, vite, partez chez votre père, si vous dites la vérité; et votre frère, celui que votre père aime, amenez-le auprès de moi, ici, et ensuite seulement je vous croirai ».

Fol. 89vA

Fol. 89vB

Fol. 90rA

Fol. 90rB

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Morgan Library and Museum 578 42 Ils prirent donc le blé qu’ils avaient acheté. Ils s’en allèrent chez leur père avec tristesse, vers la terre de Chanaan, et ils dirent à leur père toutes les choses que l’homme, le seigneur d’Égypte, leur avait faites. Fol. 90vA Il s’attrista beaucoup | de telles paroles. Il leur dit : « Pourquoi avezvous fait cela, avoir dit au seigneur d’Égypte : “Nous avons un petit frère”? ». Ils lui dirent : « C’est lui qui s’(en) est enquis auprès de nous avec une grande minutie ». Jacob dit : « Je préférerais mourir plutôt que vous n’arrachiez Benjamin aussi de mon sein ». Or, lorsque la famine prévalut davantage, il leur dit : « Est-ce donc moi seul qui aimerai les enfants que j’ai engendrés de Fol. 90vB Rachel | et serai privé d’eux, d’après ce que vous tous me dites, ces choses qui se sont rapidement accomplies à mon sujet? Alors levez-vous, prenez des présents dans vos mains ainsi que Benjamin avec vous ». 43 Donc, après être descendus en Égypte, ils implorèrent Joseph avec grande crainte. Or, lorsque Joseph vit son petit frère qui se tenait lui aussi avec crainte et tremblement, ses entrailles furent très bouleverFol. 91rA sées et il cherchait | à embrasser son frère et il le questionnait avec empressement : « Votre père vit-il vraiment? Et le souvenir de Joseph est-il encore en lui? ». Et il ne pouvait l’embrasser ni l’interroger (davantage).

IB 11.128-136 [42] … s’en allèrent chez leur père avec tristesse, vers la terre de Chanaan, et ils lui dirent toutes les choses que l’homme, le seigneur d’Égypte, leur avait dites et faites. Il s’attrista beaucoup de telles paroles. Il dit : « Pourquoi avez-vous fait cela, avoir dit au seigneur d’Égypte : “Nous avons un petit frère”? ». Ils dirent : « C’est lui qui s’est enquis de notre famille avec une grande minutie ». Jacob dit : « Je préférerais mourir plutôt que vous n’arrachiez Benjamin aussi de mon sein ». Or, lorsque la famine prévalut davantage, il leur dit : « Est-ce donc moi seul qui aimerai les enfants que j’ai engendrés de Rachel? Ainsi, j’aurai été privé d’eux, d’après ce que vous me dites, toutes ces choses qui se sont rapidement accomplies à mon sujet. Alors levez-vous, prenez des présents dans vos mains ainsi que Benjamin avec vous ». 43 Donc, après être venus en Égypte, ils implorèrent alors Joseph avec grande crainte. Or, lorsque Joseph vit son petit frère qui se tenait lui aussi avec crainte et tremblement, ses entrailles furent très bouleversées et il cherchait à embrasser son frère et il le questionnait avec empressement : « Notre père vit-il vraiment? Et le souvenir de Joseph est-il encore en lui? ». Et il ne pouvait l’embrasser ni l’interroger (davantage), mais il entra dans sa chambre et pleura en secret.

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44 Et lorsqu’il eut vu son frère, il se rappela la vieillesse de Jacob, son père. Et il disait en larmes : « Bienheureux ceux qui verront la sainte image, le visage de mon bon père, | car, gémissant comme je suis, aucune royauté ni gloire ne valent ta vieillesse qui est dans la piété. Et je veux entendre de la bouche de Benjamin que l’amour que tu me portes est en toi, comme moi aussi (je t’aime). C’est en raison de cette affaire que j’ai contraint mes frères par la ruse à m’amener Benjamin. En effet, je ne les ai même pas crus lorsqu’ils disaient : “Nous avons notre père et un petit frère”, mais | je pensais aussi que, faisant peser (leur) jalousie sur le bien-aimé petit Benjamin, ils apportaient encore plus de peine sur ton âme, de même qu’ils m’ont tué, moi aussi, dans leur intention, parce que mon frère est des (mêmes) mère et père. En effet, ils nous ont détestés, nous qui sommes tes fils, et je sais maintenant, ô mon père, que tu t’affliges à notre sujet, et que ta vieillesse est maintenant d’autant plus difficile. Voici que c’est moi qui ai de la douleur lorsque je pense à ta détresse, car aucun de nous ne | soutient ta vieillesse. (Ton) deuil pour moi ne t’a pas suffi, mais s’est ajouté à celui-ci un autre deuil, ô mon père. En effet, je leur ai fait m’amener Benjamin brutalement, que j’ai écouté à ton sujet, désirant savoir si tu vivais, ô mon père. Qui me donnera (de voir) ton image,

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44 Et lorsqu’il eut vu son frère, il se rappela la vieillesse de Jacob, son père. Et il disait en larmes : « Bienheureux ceux qui voient la sainte image de mon bon père, car, gémissant comme je suis, aucune royauté Fol. 91rB ni sa gloire ne valent ta vieillesse qui est dans la piété. Et je voudrais entendre de la bouche de Benjamin que l’amour que tu me portes est en toi, comme moi aussi (je t’aime). C’est en raison de cette affaire que j’ai contraint mes frères par la ruse à m’amener Benjamin. En effet, je ne les ai même pas crus lorsqu’ils disaient : “Nous avons notre père et un petit frère”, mais je pensais aussi qu’ils auraient voulu faire Fol. 91vA peser (leur) jalousie sur le bien-aimé petit Benjamin, et qu’ils apporteraient encore plus de peine sur ton âme, de même qu’ils m’ont tué, moi aussi, dans leur intention, parce que mon frère est fils de (la même) mère. En effet, ils nous ont détestés tous les deux, nous qui sommes tes fils, et je sais, mon père, que tu t’affliges maintenant à notre sujet, et que c’est ta vieillesse qui est maintenant d’autant plus difficile. Car voici que maintenant, c’est moi qui ai de la douleur lorsque je pense à ta détresse, Fol. 91vB car aucun de nous ne soutient ta vieillesse. (Ton) deuil pour moi ne t’a pas suffi, mais s’est encore ajouté à celui-ci un autre deuil, mon père. En effet, je leur ai fait m’amener Benjamin brutalement. Ce que j’ai entendu à ton sujet m’a contraint à faire cela, car je désirais savoir si tu

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alors que tu es vivant, afin que je sois vivais, mon père. Qui me donnera pleinement rassasié de ton visage (de voir ton) image afin que je sois angélique? ». pleinement rassasié de ton visage angélique? ». 45 Puis, après avoir longuement 45 Puis, après avoir longuement pleuré et dit ces choses, il lava son pleuré et dit ces choses, il lava son visage, sortit dehors avec bienveil- visage, sortit dehors avec bienveilFol. 92rA lance et ordonna | qu’on les conduise lance et ordonna qu’on les conduise à la maison pour qu’ils déjeunent tous à la maison pour qu’ils déjeunent avec lui. — Écoutez donc mainte- avec lui. — Écoutez maintenant, nant, ô frères, la sagesse de Joseph, frères, la sagesse de Joseph, de de quelle manière et avec quelle quelle manière, par de nombreuses astuce il se dissimula à eux, et qu’ils astuces, il se dissimula à eux, alors reculaient, effrayés. — En effet, il qu’aussi ils reculaient, effrayés. — ordonna que chacun se mette à table En effet, il ordonna que chacun se selon son nom et selon son rang, mette à table selon son nom et selon de la manière dont ils avaient été son rang, de la manière dont ils engendrés, selon ce qui convient. Il avaient été engendrés, selon ce qui en fut ainsi pour chacun, Joseph convient. Il en fut ainsi pour chacun, s’instruisant (de leur nom et de leur Joseph s’instruisant (de leur nom et rang) par une coupe d’argent qu’ils de leur rang) par une coupe d’argent voyaient placée dans sa main gauche qu’ils voyaient placée dans sa main Fol. 92rB et qu’il | frappait de sa main droite. gauche et qu’il frappait de sa main Et la coupe faisait retentir un grand droite. Et la coupe faisait retentir un bruit aux oreilles de quiconque se grand bruit oreilles de quitenaient dans la maison, en procla- conque se tenaient dans la maison, mant tour à tour : « L’aîné de ces en proclamant tour à tour : « L’aîné hommes est Roubin et il est le pre- de tous est Roubin et il est le premier-né ». Il frappa encore une deu- mier-né ». Il frappa encore : « Le xième fois : « Le deuxième est deuxième est Siméon ». Et ainsi il Siméon ». Et il frappa la coupe pour frappa la coupe pour le nom de chale nom de chacun d’eux, pour qu’il cun d’eux, pour qu’il se mette à table selon son rang. se mette à table selon son rang. 46 Et ils étaient tous sous l’effet 46 Et ils étaient tous sous l’effet de l’étonnement en raison de cette de l’étonnement en raison de cette Fol. 92vA affaire | et elle jetait la peur dans leur affaire et elle jetait la peur dans leur cœur, si bien qu’ils pensaient qu’il cœur, si bien qu’ils pensaient qu’il avait été informé, par le miroir de la avait été informé, par la coupe, du coupe, du fait qu’ils avaient menti fait qu’ils avaient menti à Joseph (en

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à Joseph (en disant) : « Une bête sauvage l’a fait périr ». Et ainsi, ils étaient ébranlés dans leurs réflexions au point qu’il ne soulevait pas chez eux de soupçon. Et il leur donnait des parts de sa table, mais davantage (à) Benjamin, son petit frère, plus qu’à eux tous, sept fois plus. Joseph faisait cela à ses frères par le truchement de la coupe, | leur apprenant qu’il connaissait leurs noms, afin de rendre (plus) grave leur condamnation à eux tous, sous prétexte qu’ils auraient emporté42 une coupe de choix tout à fait comme des voleurs. 47 En effet, il ordonna ensuite à son intendant43 de leur donner du blé en abondance sans qu’ils aient à payer44, de déposer dans l’ouverture du sac de Benjamin la coupe d’argent et de les laisser tous partir avec joie. Après cela, lorsqu’ils furent à peine sortis de la ville, tout contents, l’intendant les rattrapa | après les avoir poursuivis, les traitant avec insolence comme des voleurs et des gens indignes des honneurs (qu’ils avaient reçus). Ils lui dirent : « Tout d’abord, l’argent que nous avons emporté dans nos sacs, la première fois, nous l’avons (rap)porté la

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disant) : « C’est une bête sauvage qui l’a dévoré ». Et ainsi, ils étaient ébranlés dans leurs réflexions au point qu’il ne soulevait pas chez eux de soupçon, en leur donnant aussi leurs parts de sa table, mais davantage (à) Benjamin, son frère, plus qu’à eux tous, sept fois plus. Joseph faisait cela à ses frères par le truchement de la coupe, leur apprenant Fol. 92vB qu’il connaissait leur nom, afin de rendre (plus) grave leur condamnation à eux tous, sous prétexte qu’ils auraient emporté une coupe de choix tout à fait comme des voleurs. 47 En effet, il ordonna ensuite à son intendant de leur donner du blé en abondance sans qu’ils aient à payer, de déposer dans le sac de Benjamin la coupe d’argent et de les laisser tous partir avec joie. Et lorsqu’ils furent à peine sortis de la ville, tout contents, son intendant les rattrapa. Il les poursuivit et les Fol. 93rA traita avec insolence comme des voleurs et des gens indignes des honneurs (qu’ils avaient reçus). Ils lui dirent : « Tout d’abord, l’argent que nous avons emporté dans nos sacs, nous l’avons (rap)porté la deuxième fois. Et maintenant, nous

42 « Joseph faisait cela à ses frères par le truchement de la coupe […] une coupe de choix tout à fait comme des voleurs » : au lieu de cette longue phrase, le grec a tout simplement : « Pourquoi enfin, Joseph, agissant ainsi à l’égard de ses frères, manifeste-t-il le nom de chacun à l’aide de sa coupe? C’était pour rendre plus grave leur crime ». Les autres versions suivent le grec. Voir infra, p. 56, n. 269. 43 Littéralement, « En effet, puisqu’il (ἐπειδή) ordonna à son intendant… »; lien explicatif avec la dernière phrase du § 46; le grec porte : « Il ordonna alors à son propre intendant … » (Τότε ἐκέλευσε τῷ ἰδίῳ ἐπιτρόπῳ). 44 Littéralement : « sans prix ».

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deuxième fois. Maintenant, donc, nous n’avons pas trouvé (l’)argent de ton maître ». Alors il leur dit : « Déliez vos sacs et je les examinerai ». Ils descendirent aussitôt leurs sacs de leurs bêtes et on trouva la coupe d’argent dans celui de Benjamin. r Fol. 93 B 48 Lorsqu’ils virent ce qui | était arrivé, ils déchirèrent leurs vêtements et chacun se mit à quereller Benjamin et à le blâmer, avec Rachel sa mère, et aussi Joseph son frère. Et ils dirent (à Benjamin) : « Vous, vous avez été cause de scandale pour la maison de notre père. Joseph en effet voulut régner sur nous au moyen de ses songes; quant à toi, aussi, son frère, tu as dérobé la Fol. 93vA coupe royale du roi, et | nous en fûmes tous honteux. Vous, en effet, vous êtes les fils de Rachel, qui a emporté les idoles de son père en cachette et a nié (en disant) : « Non! Je ne (les) ai pas volées, moi! ». 49 Alors Benjamin éleva la voix et pleura avec abattement, les rassurant (en disant) : « Le Dieu de nos pères sait — lui qui a supporté Rachel comme il (l’)a voulu, lui qui connaît aussi la mort du beau Joseph, Fol. 93vB lui qui | a réconforté Jacob lors de la séparation d’avec Joseph —, et encore maintenant il sait, — et il les encouragera comme le savez, lui qui aussi regarde et examine nos cœurs — que je n’ai pas volé cette coupe, moi, comme vous le dites, ni

n’avons pas trouvé (l’)argent de ton maître ». Alors il leur dit : « Déliez vos sacs et je les examinerai ». Et ils descendirent aussitôt leurs sacs de leurs bêtes et on trouva la coupe dans celui de Benjamin.

48 Or, lorsqu’ils virent (cela), déchirèrent leurs vêtements et chacun se mit à quereller Benjamin et à le blâmer, avec Rachel sa mère, et aussi Joseph son frère. « Vous, en effet, dirent-ils, vous avez été cause de scandale pour notre père et pour la maison de Jacob. Joseph en effet voulut régner sur nous; quant à toi, aussi, son frère, tu as dérobé la coupe royale, et nous tous, tu nous as mis dans la honte. En effet, vous êtes les fils de Rachel, qui a emporté les idoles de son père en cachette et a nié (en disant) : « Je ne (les) ai pas volées, moi! ». 49 Alors Benjamin éleva la voix et pleura avec abattement; les rassurant, il dit : « Maintenant il sait, le Dieu de notre père — lui qui a supporté Rachel dans son dessein et lui qui connaît aussi la mort du beau Joseph —, et encore maintenant il sait — et il l’encouragera comme vous le savez, lui qui aussi regarde et examine nos cœurs — que je n’ai pas volé cette coupe, moi, comme vous le dites, ni ne me souviens qu’elle était entre mes mains, mes

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ne me souviens qu’elle était entre mes mains, ô mes frères. Et qu’ainsi, je voie Jacob mon père et que je vénère ses saints pieds avec joie, et qu’ainsi encore je sois digne d’entendre | sa voix, et que lui, pour sa part, voie que je n’ai pas emporté cette coupe en cachette. Malheur à moi, Rachel ma mère! Qu’est-il arrivé à tes fils? Joseph, en effet, une méchante bête sauvage l’a fait périr. Quant à moi, je me suis retrouvé voleur sans raison et je suis retenu en esclavage sans raison dans un pays étranger. Joseph, d’une part, criait dans le désert, alors qu’il périssait par les bêtes sauvages, et il n’a pas trouvé qui le sauverait |. Voici que moi, pour ma part, je rassure mes frères et vous ne m’avez ni écouté ni cru! ». 50 Puis, ils s’en retournèrent à la ville, auprès de Joseph, sans avoir d’excuse à dire concernant cette affaire. Joseph reçut cela avec colère et il leur dit : « Voilà la récompense des bienfaits que je vous ai octroyés parce que je vous ai honorés! Et vous, de votre côté, vous avez emporté ma coupe à la dérobée, | celle avec laquelle je tire des présages. Ne sont-ce pas les paroles que je vous ai dites dès le début, que vous étiez des espions et ce que je dis n’est-il pas d’autant plus vrai? Or maintenant, je ferai ceci à cause de la crainte de Dieu : assurément, celui qui a provoqué ma colère, je le ferai esclave.

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frères. Et qu’ainsi, je voie les saints cheveux gris de Jacob et que je vénère ses pieds avec joie, et qu’ainsi encore je sois digne d’entendre sa voix, et que lui, pour sa part, voie que je n’ai pas emporté cette coupe Fol. 94rA en cachette. Malheur à moi, Rachel ma mère! Qu’est-il arrivé à tes fils? Joseph, en effet, ils disent que c’est une bête sauvage qui l’a dévoré. Quant à moi, je me suis retrouvé voleur sans raison et je suis retenu en esclavage sans raison dans un pays étranger. Joseph, d’une part, criait dans le désert, alors il périssait par une bête sauvage, afin de trouver qui le sauverait et il ne l’a pas trouvé. Voici en effet que moi, pour ma part, Fol. 94rB je vous rassure, mes frères, et vous ne m’avez ni écouté ni cru! ». 50 Ils s’en retournèrent alors à la ville, auprès de Joseph, sans avoir aucune excuse à dire concernant cette affaire. Joseph reçut cela avec colère et il leur dit : « Voilà récompense des bienfaits que je vous ai octroyés parce que je vous ai honorés! Or vous, vous avez emporté ma coupe, celle avec laquelle je tire des présages. Ne Fol. 94vA sont-ce pas les paroles que je vous ai dites dès le début, que vous étiez des espions et n’est-ce pas d’autant plus vrai? Or maintenant, voici ce que je ferai à cause de la crainte de Dieu : celui qui a provoqué ma colère, je le ferai esclave.

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TRADUCTION

51 Juda vint et implora Joseph, (prosterné) sur le sol, le suppliant en disant : « Que mon seigneur le roi ne se mette pas en colère contre moi et je parlerai. C’est toi qui as dit Fol. 94vB à tes serviteurs au début : | “Avezvous un vieux père et un petit frère?” Et nous, nous avons dit : “Oui, (il y a) notre père, qui est ton serviteur. Il a deux fils bien-aimés. L’un, d’une part, une bête sauvage l’a fait périr et notre père est en deuil de lui à tous les jours, dans des gémissements indicibles jusqu’à maintenant, dans des pleurs abondants, qu’on en vient presque à dire que même la terre sur laquelle il se trouve est en deuil à cause de sa voix de lamentation. Quant à l’autre, r Fol. 95 A c’est avec lui qu’il est | en tout temps, car c’est par celui-ci qu’il se rassure à la place de celui qui avait péri en premier. Mais, comme tu nous l’as ordonné, nous avons fait : nous avons amené notre frère. Or maintenant, notre seigneur, tes serviteurs se sont retrouvés dans l’injustice. Mais c’est moi qui deviendrai esclave pour mon seigneur à la place de celui-ci. Que seulement l’enfant s’en aille auprès de son père avec ses frères, parce que c’est moi qui me suis porté garant de l’enfant Fol. 95rB auprès de | son père et je ne peux revenir auprès de mon père sans lui pour ne pas voir la mort amère de mon père ». 52 Lorsque Joseph entendit ces paroles de compassion, demeurant

51 Juda vint et implora, (prosterné) sur le sol, suppliant en disant : « Que mon seigneur ne se mette pas en colère contre moi et je parlerai. C’est qui as dit à tes serviteurs au début : “Avez-vous un vieux père et un petit frère?” Nous avons dit : “Oui, (il y a) notre père, qui est ton serviteur. Il a deux fils bien-aimés. L’un, d’une part, les bêtes sauvages l’ont fait périr dans le désert et notre père est en deuil de lui à tous les jours, dans des gémissements indicibles jusqu’à maintenant et dans des pleurs insupportables, qu’on en vient presque à dire que même la terre sur laquelle il se trouve est en deuil à cause de sa voix de lamentation. Quant à l’autre, c’est avec lui qu’il est en tout temps, car c’est par celui-ci qu’il se rassure à la place de celui qui avait péri en premier. Mais, comme tu (l’)as ordonné, nous avons fait : nous avons amené notre frère. Or maintenant, notre seigneur, tes serviteurs se sont retrouvés dans l’injustice. Mais c’est moi qui deviendrai ici-même esclave pour mon seigneur à la place de celui-ci. Mais maintenant, que l’enfant s’en aille auprès de son père avec ses frères, parce que moi, je me suis porté garant de l’enfant auprès de son père et je ne peux revenir auprès de mon père sans lui pour ne pas voir la mort amère de mon père ». 52 Lorsque Joseph entendit ces paroles de compassion, et alors qu’il

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assis, les regardant tous dans la honte et Benjamin pleurant de découragement, ses vêtements déchirés, ceux qui étaient présents l’imploraient alors, parce qu’il l’avait pris comme esclave en échange de la coupe, mais, encore plus, pour qu’il | le laisse aller de nouveau avec ses frères. Ses entrailles furent bouleversées et il cria d’une grande voix très puissante : « Jetez dehors ceux qui sont présents! ». Puis, on les expulsa. Joseph leur dit dans la langue hébraïque : « C’est moi Joseph, votre frère, celui dont vous dites qu’une bête sauvage l’a fait périr. C’est moi que vous avez vendu aux Ismaélites. C’est moi qui ai imploré (prosterné) | aux pieds de chacun de vous et dont vous n’avez pas eu pitié, mais vous avez été comme des bêtes sauvages à mon égard. Désormais, n’ayez pas peur, mes frères, ni ne vous souciez de vous, mais réjouissez-vous plutôt et comme vous avez dit à mon père dès le début : “Une bête sauvage a dévoré Joseph”, redites-lui maintenant : “Il est vivant, il est monté sur un char et le sceptre du royaume d’Égypte est dans ses mains” ». 53 Or lorsque ses frères entendirent cela de la part de Joseph, | ils devinrent tremblant et honteux. Ils restèrent comme morts, se souvenant non seulement de la multitude des méfaits qu’ils avaient commis à son égard, mais aussi des mensonges qu’ils lui avaient dits encore

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les regardait tous dans une grande honte et que Benjamin pleurait de découragement, ses vêtements déchirés, ceux qui étaient présents l’imploraient alors, parce qu’il l’avait pris comme esclave en échange de la coupe, mais, encore plus, pour qu’il le Fol. 95vA laisse aller de nouveau avec ses frères. Mais ses entrailles furent bouleversées et il cria d’une grande voix puissante : « Jetez de[hors] ceux qui s[ont pr]ésents! ». Et on les expulsa. Il leur [dit] dans la lan[gue] hébraï[que ou]vertement [: « ] C’est moi Joseph, votre frère, celui dont vous dites qu’une bête sauvage l’a dévoré. C’est moi que vous avez vendu aux Ismaélites et qui ai [im]ploré (prosterné) Fol. 95vB aux pieds de chacun de vous et dont vous n’avez pas eu pitié, mais vous avez été comme ces bêtes sauvages à mon égard. Désormais, n’ayez pas peur, mes frères, ni ne vous souciez de vous, mais réjouissez-vous plutôt et comme vous avez dit à mon père au début : “Une bête sauvage a dévoré Joseph”, redites-lui maintenant : “Il est vivant, et c’est sur un char qu’il est monté et le sceptre du royaume d’Égypte est dans ses mains” ». 53 Or lorsque ses frères entendirent cela de la part de Joseph, ils Fol. 96rA devinrent tremblant et honteux. Ils restèrent comme morts, se souvenant non seulement de la multitude des méfaits qu’ils avaient commis à son égard, mais aussi des mensonges qu’ils lui avaient dits encore

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maintenant. Ensuite, il les embrassa, chacun d’eux, avec grand amour à leur endroit, sans malice, et avec la bonté qui convenait. Avec abondance, il les combla d’honneurs et de cadeaux. Il les renvoya auprès de Fol. 96rB Jacob, son | père, dans la joie, après leur avoir enjoints de ne pas se quereller sur la route pour aucune affaire, mais d’aller auprès de leur père avec empressement et de lui dire : « Telles sont (les paroles) que le seigneur dit, (qui) est aussi ton fils Joseph : “Dieu m’a fait roi sur toute l’Égypte. Lève-toi, mon père, et viens pour que je vois ton visage angélique et ta pieuse vieillesse” ». 54 Après cela, lorsqu’ils eurent accouru vers leur pays, ils raconFol. 96vA tèrent tout à leur père. | Il leur dit avec affliction : « Pourquoi bouleversez-vous mon esprit en sorte que je me rappelle à nouveau l’image de Joseph? Et le chagrin qui s’est refroidi en moi, voulez-vous à nouveau le faire brûler en moi? » Après cela, lorsque Benjamin fut venu et se fut prosterné aux pieds de son père saint, il lui confirma la vérité de toutes ces paroles et il lui montra toutes les choses que Joseph lui avait envoyées. Et il crut vraiment Fol. 96vB les paroles de Benjamin. | Il se leva, puis, avec empressement et grande joie, il vint en Égypte auprès de Joseph, son fils. 55 Et il le rencontra à l’extérieur de la ville en grande pompe sur des chars, accompagné de grands de

maintenant. Et il embrassa chacun d’eux avec grand amour, sans malice, et avec la bonté qui convenait. Et avec abondance, il les combla d’honneurs et de cadeaux. Il les renvoya auprès de Jacob, leur père, dans la joie, après leur avoir enjoints de ne pas se quereller sur la route pour aucune affaire, mais d’aller auprès de leur père avec empressement et de lui dire : « Telles sont (les paroles) que Joseph, ton fils, dit : “Dieu m’a fait roi sur toute l’Égypte. Lève-toi, mon père, et viens pour que je vois ton visage angélique et ta pieuse vieillesse” ». 54 Et après s’en être allés, ils racontèrent tout à leur père. Il leur dit avec affliction : « Pourquoi bouleversez-vous mon esprit en sorte que je me rappelle à nouveau la bonne image de Joseph? Et le chagrin qui s’est refroidi en moi, voulezvous à nouveau le faire brûler dans mon âme? » Et ainsi, lorsque Benjamin fut venu et se fut prosterné aux pieds de son père, il lui confirma [la vérité] de t[outes] ces paroles et il [lui] mont[ra] toutes les choses que [Jo]seph [lui] avait envoyées. Et il crut rapidement les paroles de Benjamin. Jacob se leva avec empressement et grande joie et il vint en Égypte auprès de Joseph, son fils. 55 Et, à l’extérieur de la ville, il le rencontra en grande pompe sur des chars, accompagné de grands

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Pharaon. Or, lorsque Jacob vit son fils, il se jeta, dans la profondeur de l’amour de son cœur, au cou de Joseph, en lui disant : « Maintenant, puissé-je mourir, puisque j’ai vu ton visage, alors que tu es vivant ».

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de Pharaon. Or, lorsque Jacob vit son fils, il se jeta, dans la profondeur de son cœur, au cou de Joseph, en lui disant : « Maintenant, puissé-je mourir, puisque j’ai vu ton visage, alors que tu es vivant, grâce à… » (le reste est perdu).

56 | Lui45 par qui46 est au Père, au Fils et à l’Esprit Saint Fol. 97rA vivificateur et consubstantiel, maintenant et en tout temps, pour les siècles des siècles. Amen! Un discours d’Apa Éphrem l’anachorète, qu’il a prononcé sur le patriarche Joseph. Nous l’avons commencé et nous l’avons achevé dans la paix de Dieu. Amen.

Le ⲡⲁ􀄰 du texte copte ne peut guère renvoyer qu’à Joseph. La formulation du copte est quelque peu étrange: ⲡⲁ􀄰 ⲉⲃⲟⲗ ϩ􀄰ⲧⲟⲟⲧϥ. Le grec donne : « Pour toutes ces choses, faisons monter la gloire … » (Ὑπὲρ δὲ τούτων ἁπάντων δόξαν ἀναπέμψωμεν …). 45 46

ANNEXE

TRADUCTION DU TEXTE GREC DU DISCOURS SUR LE TRÈS BEAU JOSEPH1 Du même, notre bienheureux et très saint père et maître œcuménique Éphrem le Syrien, discours sur Joseph ˹le tout beau2. Invocation initiale 1 [A 21; T σλδ/234; P 260] ˹Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob3, ˹Dieu béni4, (toi) ˹qui a choisi la semence5 sainte de tes propres serviteurs, ceux qui t’aiment, accorde, puisque tu es bon, que débordent en moi les flots de la charité en grande abondance, afin que je puisse raconter l’éclatant et très grand spectacle du tout beau6 Joseph, qui fut toujours le vénérable soutien de l’extrême vieillesse du Patriarche Jacob. PREMIÈRE PARTIE : JOSEPH, TYPE DU CHRIST (§§ 2-8) Énoncé du thème : Joseph a dépeint les deux παρουσίαι du Christ, celle de l’incarnation et celle du jugement 2 Celui-ci, en effet, cet enfant, dès son jeune âge, a dépeint les deux avènements du Christ : le premier, qui se produisit de la Vierge Marie, et celui qui est à venir encore, pour terrifier l’univers. Maintenant donc, bien-aimés, chéris par le Christ, soyons fermes, réjouis dans l’âme, pour entendre sans interruption et pour contempler les si grands faits d’un très noble enfant. 1 CPG no. 3938; BHG no. 2200. Nous traduisons le texte grec de Joseph Simon Assemani (1743, p. 21-41), en tenant compte de certaines leçons propres aux éditions d’Edward Thwaites (1709, p. σλδ [234]-σμζ [247]) et de Konstantinos G. Phrantzolas (1998, p. 260300). Nous avons également tiré profit de la traduction anglaise d’Ephrem (Christopher) Lash (2008). Pour la commodité du lecteur, nous indiquons entre crochets carrés les paginations d’Assemani (A), de Thwaites (T) et de Phrantzolas (P). Le début des citations ou allusions bibliques, dont la référence est donnée en note, est indiqué par le sigle ˹. 2 Cf. Gn 39, 6. 3 Cf. Ex 3, 16; 4, 5; cf. Romanos, Hymnes, Ancien Testament V, 26 (éd. et trad. Grosdidier de Matons 1964, p. 230-231). 4 Cf. 3 R 10, 9; Jdt 13, 18; Dn 3, 53. 5 Dt 4, 37; 10, 15. 6 Pour l’épithète παγκάλος appliquée à Joseph, cf. Triode, Lundi saint, Matines, Synaxaire (éd. de la Diaconie 1975, p. 361a; trad. Guillaume 1978, p. 74).

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ANNEXE

3 Quant à moi, mes frères, je ne dis pas seulement que l’adolescent est très noble, [P 261] mais aussi qu’il est étonnant, ainsi que puits de chasteté, vainqueur excellent, trophée étonnant. C’est pourquoi, précisément, il devint le type de cet avènement futur du Seigneur. Que chacun, donc, bannisse de son âme tout souci des affaires terrestres et qu’il reçoive par le désir les chants lyriques. En effet, ils sont spirituels, réjouissant l’âme. Typologie de Genèse 37, 13-20 4 De même, en effet, que le Seigneur fut envoyé auprès de nous depuis le sein paternel, pour nous sauver tous, ainsi le jeune Joseph ˹fut envoyé depuis le sein paternel de Jacob pour s’informer de ses propres frères7. Et tout comme les cruels frères de Joseph, ˹dès qu’ils le virent s’approchant commencèrent à comploter8 le mal contre lui9 cependant que lui-même leur apportait10 la paix de la part de leur père, de même aussi les Juifs au cœur toujours endurci11, aussitôt qu’ils virent le Sauveur, dirent : ˹« Celui-ci est à coup sûr l’héritier; tuons-le et tout sera à nous12 »13. Et comme les frères de Joseph dirent : « Faisons-le disparaître et débarrassons-nous de ses songes »14, de la même manière, en vérité, les Juifs dirent : ˹« Venez, tuons-le et saisissons [P 262] son héritage »15. Typologie de Genèse 37, 25-28 et 39, 1-18 5 [A 22] Les frères de Joseph, ˹alors qu’ils mangeaient ensemble16, ˹le vendirent17, ˹l’ayant égorgé en intention18; de la même façon aussi les Juifs abominables, ˹alors qu’ils mangeaient la Pâque19, égorgèrent le Sauveur. La descente de Joseph en Égypte signifie la descente de notre Sauveur sur la terre. Et de la façon que Joseph, ˹dans la chambre nuptiale, à l’intérieur20, 7

Cf. Gn 37, 13-15. Thwaites (p. σλδ [234], 29) : « à machiner (ἐργάζεσθαι) le mal ». 9 Cf. Gn 37, 18. 10 Thwaites (p. σλδ [234], 29) : « cependant qu’il leur exprimait (φησι) la paix de la part de leur père ». 11 « au cœur toujours endurci » : manque chez Thwaites (p. σλδ [234], 30). 12 « et tout sera à nous » : manque chez Thwaites (p. σλδ [234], 31). 13 Cf. Mt 21, 38; Mc 12, 7; Lc 20, 14. 14 Cf. Gn 37, 20. 15 Cf. Mt 21, 38; Mc 12, 7; Lc 20, 14. 16 Cf. Gn 37, 25. 17 Cf. Gn 37, 27. 18 Cf. Gn 37, 20. 19 Cf. Mt 26, 2; Mc 14, 1; Lc 22, 1; Jn 18, 28. 20 Cf. Gn 39, 11. 8

ANNEXE

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a foulé aux pieds toute la force du péché, ayant ceint les brillantes récompenses de la victoire contre l’Égyptienne, sa propre maîtresse, de même aussi notre Seigneur, ˹le sauveur de nos âmes21, par sa propre droite, ˹étant descendu dans l’Hadès22, a dissous là toute l’autorité du très redoutable et quasi invincible tyran. Typologie de Genèse 39, 20 – 41, 36 6 Puisque Joseph vainquit le péché, ˹il est mis en prison23 jusqu’au [T σλε/235] temps de la couronne; de même aussi notre Seigneur, afin qu’il enlève tout le péché du monde, est ˹mis au tombeau24. Joseph passa ˹deux ans dans la prison25, y séjournant ˹en grande liberté26; notre Seigneur demeura trois jours dans l’Hadès, comme un puissant, ˹sans souffrir la corruption27. ˹Joseph est sorti de la maison d’arrêt par un ordre de Pharaon, avec bienveillance, comme un type véritable, en interprétant sans peine [P 263] la solution des songes, indiquant la prospérité qui allait se produire28. Notre Seigneur Jésus Christ s’est éveillé d’entre les morts par sa propre puissance29, après avoir dépouillé l’Hadès, présentant à son père ˹notre réconciliation30, proclamant la résurrection et la vie éternelle. Typologie de Genèse 41, 43 – 42, 7 7 Joseph ˹s’assit sur le char de Pharaon, ayant reçu autorité sur toute l’Égypte31; notre sauveur, roi avant les siècles, ˹monté aux cieux32 sur une ˹nuée lumineuse33, s’est assis avec gloire ˹à la droite du Père34, au-dessus des chérubins35, ˹en tant que fils unique36. Alors que Joseph régnait sur l’Égypte, ayant reçu autorité contre ses ennemis, ˹ses frères sont conduits 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36

Cf. 1 P 2, 25. Cf. 1 P 3, 19. Cf. Gn 39, 20. Cf. Mt 27, 60; Mc 12, 46; Lc 23, 53; Jn 19, 41. Cf. Gn 41, 1. Cf. Gn 39, 21-23. Cf. Ps 15, 10 LXX et Ac 13, 37. Cf. Gn 41, 14-36. Cf. Mt 28, 7; Rm 6, 4 et passim. Cf. Rm 5, 10-11; 2 Co 5, 19. Cf. Gn 41, 43. Cf. Mc 16, 19; Lc 24, 51; Ac 1, 9-11. Pour l’expression, cf. Mt 17, 5; cf. Ac 1, 9. Cf. Ac 7, 55; Rm 8, 34; Ep 1, 20; Col 3, 1; He 1, 3; 10, 12; 12, 2. « au-dessus des chérubins » : manque chez Thwaites (p. σλε [235], 11). Cf. Jn 1, 14.18.

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ANNEXE

de bon gré devant le tribunal de celui qui mourut par eux, ils sont conduits pour se prosterner avec crainte et tremblement37 devant celui qui fut vendu par eux pour qu’il meure et, avec crainte, ˹ils se prosternent38 face à Joseph, ˹dont ils n’avaient pas voulu qu’il régnât sur eux39. Joseph, ˹ayant reconnu ses frères40, les proclama meurtriers d’un seul mot de sa part. Typologie de Genèse 42, 21 – 45, 3 8 Or lorsque ˹ceux-là le réalisèrent41, ils restèrent muets, dans une grande honte, [P 264] n’osant pas parler42, n’ayant absolument rien à répondre, connaissant exactement leur propre péché, en cette heure-là43 où ils le vendirent. Celui qu’ils croyaient, selon eux, complètement détruit dans l’Hadès [A 23] se retrouva soudainement régnant sur eux. De même aussi, en ce jour-là, le (jour) terrible, quand ˹le Seigneur viendra sur les nuées des airs44, il sera ˹assis sur le trône de sa royauté45 et ˹seront amenés46 devant son tribunal, liés par des ˹anges47 terrifiants, tous ses ennemis, ˹tous ceux qui ne voulurent pas qu’il régnât sur eux48. Car les Juifs impies pensèrent alors que, s’il était crucifié, il mourrait comme un homme, les misérables ne croyant pas qu’il était Dieu venu en vue du salut pour sauver nos âmes. Tout comme Joseph dit avec assurance à ses frères, (leur) inspirant crainte et tremblement : ˹« Je suis Joseph49, que vous avez livré en servitude mais, maintenant, je règne sur vous, même si vous ne le voulez pas », de même aussi le Seigneur montrera la croix dans une forme lumineuse50 à ceux qui le crucifièrent, et qui reconnaîtront en ce signe la croix et le Fils 37

Cf. Gn 44, 14. Cf. Gn 44, 14. 39 Cf. Gn 37, 10. 40 Cf. Gn 42, 7. 41 Cf. peut-être Gn 42, 21. 42 « n’osant pas parler » : manque chez Thwaites (p. σλε [235], 17). 43 Thwaites a plutôt : « à cet endroit (ἐν τῇ ἔδρᾳ ἐκείνῃ) » (p. σλε [235], 19). 44 Cf. Mt 24, 30; Mc 13, 26; Lc 21, 27. 45 Cf. Mt 19, 28; 25, 31. 46 Cf. Mt 25, 32. 47 Cf. Mt 24, 31; Mc 13, 27. 48 Cf. Lc 19, 14. 49 Cf. Gn 45, 3. 50 Le thème de la croix de lumière est bien attesté dans la littérature apocryphe, notamment dans les Actes de Jean 98 (trad. Junod, Kaestli 1997, p. 1005), les Actes de Thomas syriaques 113B, 16 (trad. Poirier, Tissot 1997, p. 1429) et les Actes de Philippe 32 [138] (trad. Bouvier, Bovon, Amsler 1997, p. 1312). 38

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ANNEXE

de Dieu qui fut crucifié par eux. Vous voyez à quel point Joseph devint exactement le type véritable du Fils de Dieu51, son propre maître52. DEUXIÈME PARTIE :

LE RÉCIT

(§§ 9-55)

Transition et introduction 9 [P 265] Puisque sa vertu a fleuri dès son plus jeune âge par un libre jugement53, en prenant maintenant le récit depuis le début, nous en viendrons à raconter, en les exposant en détail, les actes de vertu du saint enfant. Ce bienheureux passa ˹dix-sept ans54 dans la maison paternelle, progressant à chaque (jour) dans la crainte de Dieu, à la fois par sa belle retenue et par le respect de ses parents. ˹Mais observant de l’extravagance chez ses frères, il en rapporta à son père bien peu de beaucoup55, car, en vérité, la vertu ne peut croître avec l’injustice; c’est en effet absurde. À cause de cela, ˹ceux-ci haïssaient56 Joseph57, puisqu’il était étranger à leur malice58. Comme l’enfant était vertueux, ˹il voyait, par des songes qu’il avait, ce qui allait lui arriver, selon l’économie, de la part du Dieu très haut59. Les frères de Joseph à Sichem; Joseph est envoyé vers eux (Genèse 37, 12-14) 10 Son père Jacob, qui ne connaissait pas la haine (nourrie) en secret contre Joseph, ˹aimait60 avec simplicité Joseph61, lui qui brillait toujours par l’éclat de sa vertu depuis le jeune âge. Alors ˹que ceux-ci faisaient 51

L’édition de Phrantzolas (p. 264) omet l’expression « du Fils de Dieu ». Le texte donné par Thwaites est tronqué, mais peut se lire à peu près ainsi : « Vous voyez exactement le Fils de Dieu, comment il l’est véritablement, son propre maître » (p. σλε [235], 30-31). 53 Sur la sagesse exceptionnelle et précoce de Joseph, voir Flavius Josèphe, Antiquités juives 2, 9 (éd. et trad. Nodet, Berceville, Warschawski 2000, p. 85); Targum Onkelos ad Gn 37, 3 (éd. Sperber 1992, p. 61). 54 Cf. Gn 37, 2a. 55 Cf. Gn 37, 2b. 56 Cf. Gn 37, 4. 57 Thwaites signale un témoin du texte dans lequel le nom de Joseph est absent : « ils le haïssaient » (p. σλε [235], 38). 58 Thwaites : « étranger à la malice » (p. σλε [235], 38). 59 Cf. Gn 37, 5-11. 60 Littéralement : « aimant ». La phrase n’a pas de verbe conjugué. 61 Cf. Gn 37, 3. 52

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paître [T σλϚ/236] les brebis à Sichem62, il arriva que Joseph était avec son père; or son père Jacob, comme un père plein de tendresse, se souciait pour eux à Sichem, et il dit à Joseph : ˹« Va, mon enfant, rends-toi auprès de tes frères et informe-toi avec exactitude de leur santé, en même temps que celle [P 266] des brebis63, et reviens64 en hâte ». Joseph, ayant reçu l’ordre de son père, ˹s’en allait65 avec joie vers ses frères, apportant la paix de la part de leur père en même temps que le souci qu’il avait à leur sujet. Joseph s’égare en route. Il arrive auprès de ses frères. Complot de ceux-ci, qui le saisissent et le dévêtent (Genèse 37, 15-23) 11 Or une fois parti, [A 24] ˹il s’égare en chemin sans trouver ses frères avec leurs bergers. Alors qu’il pleurait et gémissait à cause d’eux, un homme le trouva, qui lui montra la route66. Lorsque Joseph les vit ˹de loin67, il allait avec joie, désirant tous les embrasser68. Mais comme il approchait, dès que ˹ceux-ci le virent69, comme des bêtes sauvages ils voulaient faire périr Joseph; et lui, comme un jeune agneau sans malice, il s’en allait70 tomber aux mains de ces loups très cruels. Lorsqu’il fut près, il les embrassa avec bienveillance, apportant la paix de la part de leur père. Or ceux-ci, s’étant aussitôt dressés, ˹comme des bêtes sauvages71, ˹le dépouillèrent de la tunique bariolée72 dont il était vêtu et chacun d’eux grinçait des dents pour le dévorer vivant. Cruels et sans pitié dans leur animosité, ils maltraitaient dans leur propre folie ce chaste et saint enfant de diverses manières. Joseph, se voyant en mauvaise posture, — absolument personne se trouvait à avoir [P 267] pitié —, s’avance alors pour supplier et répand larmes et gémissements, et, ayant élevé la voix, il les suppliait en disant : 62

Cf. Gn 37, 12. Cf. Gn 37, 14a. 64 Le texte grec d’Assemani (p. 23, 45-46) et de Thwaites (p. σλϛ [236], 4) donne « dévore en vitesse » (ἀνάκαψαι). Le texte de Phrantzolas (ἀνάκαμψαι, p. 266), que nous suivons, donne un meilleur sens. 65 Cf. Gn 37, 14b. 66 Cf. Gn 37, 15-17. 67 Cf. Gn 37, 18a (inversion : « ils le virent de loin »). 68 Thwaites : « les aimant tous » (p. σλϛ [236], 9-10). 69 Cf. Gn 37, 18a. 70 Le texte grec dit littéralement : « il se tenait loin », mais il faut sans doute corriger ἄπειχε en ἀπῄει. 71 Cf. Gn 37, 18b (ἐπονηρεύοντο). 72 Cf. Gn 37, 23. 63

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Discours de Joseph à ses frères (inséré entre Genèse 37, 23 et 37, 24) 12 « Pourquoi vous mettez-vous en colère? Je vous en prie, vous tous : supportez un petit peu que je vous supplie, mes frères. ˹Ma mère est morte73, et Jacob la pleure jusqu’à maintenant à chaque jour; voulez-vous apporter à notre père un autre deuil, alors que le premier perdure et n’est pas encore passé? Je vous prie, vous tous, de me supporter un peu, que je ne sois pas séparé de Jacob, que sa vieillesse ne descende pas dans l’Hadès avec douleur74. Je vous adjure donc tous, par ˹le Dieu de nos pères, Abraham, Isaac et Jacob75, lui qui, dès le commencement, a appelé Abraham et a dit : ˹“Sors de ta terre76, de ta parenté et de la maison de ton père, et va vers la terre que je te montrerai et que je te donnerai; et je multiplierai ta semence comme les étoiles du ciel et comme le sable qui se trouve le long du rivage de la mer, qui est innombrable”77. Au nom du Dieu très-haut, qui a donné la patience à Abraham, ˹pour amener avec empressement en sacrifice son fils unique Isaac78, afin que la patience ˹soit comptée79 à Abraham en sujet d’orgueil, au nom du Dieu qui a sauvé [P 268] Isaac de la mort et qui ˹a fourni le bélier à sa place pour un holocauste acceptable80, au nom du Dieu saint, ˹qui a donné la bénédiction à Jacob par la bouche d’Isaac81 son père82, au nom du Dieu ˹qui est descendu avec Jacob depuis Kharran jusqu’en Mésopotamie, d’où était sorti Abraham83, au nom du Dieu ˹qui a sauvé Jacob de l’oppression [A 25] et qui lui a dit qu’il lui donnerait une bénédiction84 : que je ne sois pas privé de Jacob comme je fus privé de Rachel, qu’il ne me pleure pas comme il a pleuré Rachel, qu’à nouveau les yeux de Jacob ne s’obscurcissent pas à attendre de voir mon arrivée auprès de lui. Envoyez-moi auprès de Jacob, mon père; accueillant mes larmes, rendez-moi à mon père85 ». 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85

Cf. Gn 35, 19. Testament de Zabulon 2, 2-3 (trad. Philonenko 1987, p. 884). Cf. Ex 3, 16; 4, 5. Thwaites : « Sors de ta maison » (p. σλϚ [236], 26-27). Cf. Gn 12, 1-2; 15, 5; 22, 17. Cf. Gn 22, 1-19. Pour λογισθῇ, cf. Gn 15, 6. Cf. Gn 22, 13. « son père » : manque chez Thwaites (p. σλϚ [236], 34). Cf. Gn 27, 26-29. Cf. Gn 27, 43 et 28, 13-15. Cf. Gn 28, 4.13-15. Toute cette dernière phrase est omise chez Thwaites (p. σλϚ [236], 39).

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Joseph jeté dans la citerne. Ses gémissements (Genèse 37, 24) 13 Ayant en ces termes adjuré le Dieu de ses pères, aussitôt les malfaisants ˹le jetèrent dans une citerne86, sans craindre Dieu ni respecter de serment, même s’il leur embrassait les pieds à tous87, qu’il mouillait de ses larmes les pieds de ses frères, qu’il criait et disait : [T σλζ/237] « Mes frères, ayez pitié de moi » : il fut aussitôt jeté par eux dans la citerne. Lorsque Joseph88 eut été jeté dans la citerne du désert, par des larmes très amères et des plaintes misérables, il se lamenta sur lui-même et sur son père Jacob [P 269] et, avec des gémissements indicibles, il dit en pleurant89 : Lamentations et discours de Joseph dans la citerne (insérés entre Genèse 37, 24 et 37, 25) 14 « Père Jacob, vois ce qui est arrivé à ton enfant, car voici que j’ai été jeté dans la citerne comme un mort. Voici que toi-même tu attends que je revienne vers toi, père, et maintenant je gis dans la citerne comme un meurtrier. C’est toi-même, père, qui m’as dit : ˹“Va, rend visite à tes frères avec les bergers90, et reviens rapidement”. Et voici que ceux-ci sont devenus comme des loups très cruels et, avec colère, ils m’ont séparé de toi, bon père. En effet, tu ne me vois plus, ni n’entends ma voix91. De nouveau, ta vieillesse ne s’appuie pas sur moi, ni, moi, je ne verrai de nouveau ta sainte chevelure blanche, parce que je ne vaux pas plus qu’un mort enseveli. Pleure, ô père, ton enfant et que ton fils (pleure) son père, car, ainsi, dès l’enfance, j’ai été séparé de ton visage. Qui me donnera une colombe douée de parole, pour dénoncer auprès de toi (ce qui m’arrive)92, afin que par sa venue elle annonce à ta vieillesse mon chagrin? Père, les larmes et les gémissements se sont épuisés, ma voix aussi s’est affaiblie et il n’y a pas de sauveur. Ô terre, ô terre, ˹qui a crié vers le Dieu saint au sujet d’Abel le juste, enlevé injustement, comme (le dit) la tradition des premiers pères, à savoir que la terre a crié [P 270] vers Dieu93 à cause du 86

Cf. Gn 37, 24. Midrash Bereshit Rabbah 91, 8 (trad. Freedman 1961, p. 844). 88 Thwaites (p. σλζ [237], 2) signale un témoin du texte qui ne porte pas le nom de Joseph. 89 Le grec ajoute ici un ἔφη δέ redondant, que nous ne traduisons pas. 90 Cf. Gn 37, 14. 91 Thwaites (p. σλζ [237], 10) ne donne pas la deuxième partie de cette phrase. 92 Au lieu de l’expression « une colombe douée de parole, pour dénoncer auprès de toi », Phrantozolas corrige : « une colombe s’exprimant en mots ». 93 « vers Dieu » : manque chez Thwaites (p. σλζ [237], 17). 87

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sang du juste94, toi-même, maintenant aussi, crie vers Jacob mon père, lui faisant connaître clairement ce qui m’est arrivé de la part de mes frères95 ». Repas des frères de Joseph. Il est vendu aux Ismaélites (Genèse 37, 25-28b) 15 Lorsque les cruels eurent jeté Joseph dans la citerne, ˹ils s’assirent pour manger96 et pour boire avec joie. Comme un vainqueur à la guerre exulte, [A 26] de même ceux-ci aussi, la joie au cœur, s’étendirent (pour manger). Et pendant qu’ils mangeaient et buvaient avec plaisir, soudain ˹ils levèrent les yeux et virent des marchands ismaélites qui venaient, s’en allant en Égypte, accompagnés aussi de chameaux chargés d’aromates97. Et ils se disent l’un à l’autre : ˹« Il est de beaucoup préférable pour nous de livrer Joseph à ces marchands étrangers pour qu’une fois parti, il meure en pays étranger et que notre main ne se pose pas sur notre frère »98. Comme des bêtes sauvages, ˹ils le retirèrent de la citerne, leur propre frère, et, après avoir reçu son prix, ils le livrèrent aux marchands99, sans se souvenir ni du souci ni de la douleur de leur père. En route vers l’Égypte, les Ismaélites passent près du tombeau de Rachel. Apostrophe de Joseph à Rachel (insérée après Genèse 37, 28c) 16 Alors que les marchands cheminaient, ils arrivèrent sur la route au lieu-dit de ˹l’hippodrome100, là où est le tombeau de Rachel101, car c’est là qu’elle était morte, ˹sur la route de l’hippodrome102, lorsque Jacob revenait de Mésopotamie103. Lors donc que Joseph vit le tombeau de Rachel, sa mère, [P 271] s’étant précipité, il se jeta sur le monument et, ayant élevé la voix, il poussa en larmes des cris; il criait dans l’amertume de son âme, en s’exprimant ainsi : 104 « Rachel, Rachel, ma mère, lève-toi de la terre, 94

Cf. Gn 4, 10-11. Thwaites (p. σλζ [237], 13) a seulement : « ce qui est arrivé ». 96 Cf. Gn 37, 25a. 97 Cf. Gn 37, 25b. 98 Cf. Gn 37, 26-27. 99 Cf. Gn 37, 28ab; Ac 7, 9. 100 Cf. Gn 48, 7; Testament de Joseph 20, 3 (trad. Philonenko 1987, p. 934). 101 Cf. Gn 35, 19-20 et 48, 7. 102 Thwaites (p. σλζ [237], 29) omet par saut du même au même : « là où est le tombeau de Rachel, car c’est là qu’elle était morte, sur la route de l’hippodrome ». 103 Cf. Gn 48, 7. 104 Le thème des plaintes de Joseph sur le tombeau de Rachel est bien attesté; voir Ginzberg 1969, p. 20-21, et Ginzberg 1968, p. 330-331, n. 59 (Yashar Wa-Yesheb); Näf 1923, p. 64-66, §12, où il cite l’Histoire de Joseph attribuée à Narsaï, éd. et trad. Grabowksi 95

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et vois Joseph que tu as aimé, (vois) ce qui est arrivé. Voici que, ainsi fait prisonnier, il est emmené en Égypte aux mains d’étrangers, livré comme un malfaisant. Mes frères m’ont vendu ˹tout nu105 en esclavage et Jacob n’a pas appris que, moi, j’avais été livré. Ouvre-moi, ô ma mère, et reçoismoi dans ta tombe. Que ta tombe devienne une seule couche pour moi et pour toi. Reçois, Rachel, ton enfant, afin qu’il ne soit pas un mort de mort violente. Reçois, ô mère, celui qui a été subitement privé de Jacob, de la même manière que j’ai été privé aussi de toi dès mon enfance. Écoute, ô ma mère, les gémissements de mon cœur et reçois-moi dans ta tombe. Car mes yeux ne supportent plus de pleurer et mon âme n’a plus la force de pousser des cris de gémissements. Rachel, Rachel, n’entends-tu pas la voix de ton fils Joseph? Voici que je m’éloigne de force et tu ne veux pas me recevoir? [T σλη/238] J’ai appelé Jacob et il n’a pas entendu ma voix. Voici encore que je t’appelle, toi aussi, et, toi non plus, tu ne m’entends pas. Je mourrai là sur ta tombe, afin que je ne m’en aille pas dans une terre étrangère comme un malfaiteur ». Réaction des Ismaélites voyant Joseph se précipiter sur le tombeau de Rachel (épisode inséré après Genèse 37, 28c) 17 [P 272] Lorsque les hommes ismaélites qui avaient pris Joseph virent tous ensemble qu’il s’était ainsi élancé et jeté face contre terre106 sur la tombe de sa mère Rachel, [A 27] ils se dirent les uns aux autres : « Ce jeune homme veut opérer des pratiques magiques contre nous, de sorte qu’il puisse s’enfuir loin de nous, nous qui ne saurions pas comment il est devenu invisible. Saisissons-le donc et attachons-le solidement afin qu’il ne nous rende pas tous invisibles ». S’étant approchés de lui, ils lui dirent en frémissant : « Maintenant, lève-toi et cesse de faire de la magie, de peur que, après t’avoir frappé sur le monument, nous ne perdions l’or donné pour toi ». Les Ismaélites interrogent Joseph sur sa véritable identité (épisode inséré après Genèse 37, 28c) 18 Or une fois qu’il se fut levé, tous le virent, son visage rougi par les pleurs amers, et ils commencèrent chacun à l’interroger avec douceur : 1889, p. 11, 21 – 13, 2 (texte), 20-21 (trad.) = Bedjan 1901, p. 531, 5 – 532, 10. Dans l’Histoire syriaque de Joseph du Pseudo-Basile (CPG 2987), c’est Jacob qui en appelle à Rachel (éd. Weinberg 1893, p. 24, 13 – 25, 9; trad. Heal 2013, p. 99-100). 105 Cf. Gn 37, 23. 106 Le texte de Thwaites (p. σλη [238], 5) omet : « face contre terre ».

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« Pourquoi pleures-tu? En effet, tu te tourmentes terriblement depuis que tu as vu ce tombeau, alors que tu étais sur la route de cet hippodrome. Avec confiance, dis-nous, rejetant la crainte, quel est ton métier et pourquoi tu as été vendu. Ces bergers, lorsqu’ils t’ont vendu, nous ont ainsi parlé : “Assurez-vous de lui pour qu’il ne s’enfuie pas loin de vous sur la route; nous-mêmes, nous sommes innocents, voici que nous vous l’avons dit d’avance”. Dis-nous donc exactement de qui es-tu l’esclave : de ces bergers ou de quelque autre homme libre? Et fais-nous connaître pour quelle raison tu t’es jeté avec ardeur sur le monument. Quant à nous, nous t’avons acheté [P 273] et nous sommes tes maîtres. Dis-nous tout ce qui te concerne. Si tu nous caches ce qui te concerne107, à qui peux-tu le faire connaître? Tu es notre serviteur. Comme nous l’ont dit ces bergers, veux-tu t’enfuir, lorsque nous n’y prêterons pas attention? Mais rassure-toi et dis-nous clairement quelle est ton affaire. Car tu nous parais libre108. Nous ne t’avons pas considéré comme un esclave, mais comme un frère ou un fils bien aimé. Car nous voyons une très grande liberté et une vaste science, avec une grande retenue. En effet tu es digne de te tenir en présence d’un roi et d’être honoré avec les grands, jeune homme. Car cette beauté qui est tienne, toute en grâce et en honneur, te placera rapidement en situation d’autorité, et tu seras notre ami et notre connaissance là où nous t’emmenons, pour que tu (y) sois dans la joie! Qui, en effet, ne désirerait un tel serviteur plein de beauté pour les yeux, noble et sage? ». Réponse de Joseph aux Ismaélites (épisode inséré après Genèse 37, 28c) 19 Joseph, ayant pris la parole, leur dit avec gémissements : « Je n’étais ni esclave, ni magicien, ni encore pécheur en quoi que ce soit; j’ai été livré entre vos mains. Mais j’étais un fils bien-aimé pour mon père, de même aussi pour ma mère un fils très cher. Ces bergers, ce sont mes frères et ˹mon père m’a envoyé voir comment ils se portaient109; comme un père plein de tendresse, il s’inquiétait de ce qui concerne [A 28] les siens. En effet, ceux-ci s’étaient attardés [P 274] un certain temps dans les Cette proposition est omise par Thwaites (p. σλη [238], 21). Cf. Testament de Joseph 11 (trad. Philonenko 1987, p. 927). Ce thème également apparaît dans l’Histoire de Joseph du Pseudo-Narsaï, éd. et trad. Grabowksi 1889, p. 14, 14-21 (texte), 22-23 (trad.) = Bedjan 1901, p. 534, 9-16, ainsi que dans l’Histoire syriaque de Joseph du Pseudo-Basile (CPG 2987), éd. Weinberg 1893, p. 22, 9-13; trad. Heal 2013, p. 97; cf. Näf, p. 60-62, §9. 109 Cf. Gn 37, 13-14. 107 108

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montagnes, voilà pourquoi je fus envoyé par mon père pour les voir. ˹Or ceux-ci, m’ayant pris, me vendirent aussitôt à vous en esclavage110; emportés par une terrible jalousie, ils m’écartèrent de mon père, ˹ne supportant pas l’affection que me portait mon père111. Cette tombe-là est celle de ma mère. ˹Car lorsqu’autrefois mon père revint de Kharran, il passa par là pour aller112 au lieu où il habite maintenant113 et, alors que mon père passait, ma mère mourut là et elle fut inhumée dans cette tombe sur laquelle vous me voyez114 ». Les Ismaélites consolent Joseph (épisode inséré après Genèse 37, 28c) 20 Après que ceux-ci eurent entendu (cela), ils pleurèrent sur lui et ils lui dirent : « Ne crains pas, jeune homme, car, [T σλθ/239] toi, tu t’en vas en Égypte pour un très grand honneur. En effet ton allure manifeste ta noblesse115. Reprends courage, loin de la jalousie et de la haine de tes frères qui t’ont vendu à nous ». Les frères de Joseph envoient à son père sa tunique maculée du sang d’un bouc (Genèse 37, 31-32) 21 De leur côté, les frères de Joseph, lorsqu’ils l’eurent vendu, ˹ayant amené un bouc, l’égorgèrent avec empressement et, ayant maculé la tunique de Joseph le saint116, ˹ils l’envoyèrent à l’instant même à leur père, en disant : « Nous avons trouvé ceci jeté dans les montagnes, et nous avons aussitôt reconnu que c’était le vêtement de notre frère117, et nous sommes tous dans la tristesse à son sujet. Voilà pourquoi nous t’avons envoyé la tunique bariolée [P 275] de Joseph, sans avoir trouvé notre frère. Reconnais toi-même aussi, si c’est celle de ton fils. Car nous la savons tous être celle de Joseph »118. 110

Cf. Gn 37, 18.26-27; Ps 104, 17. Cf. Gn 37, 4. 112 L’expression « pour aller » est absente du texte de Thwaites (p. σλη [238], 40). 113 Le texte de Thwaites n’a pas l’adverbe « maintenant » (p. σλη [238], 40). 114 Cf. Gn 48, 7. 115 De même dans l’Histoire de Joseph du Pseudo-Éphrem/Balaï (sur ce texte, voir supra, p. xx), III, 2 (éd. Lamy 1889, col. 341-343), les marchands s’efforcent de consoler et d’encourager Joseph. 116 Cf. Gn 37, 31. 117 Le texte de Thwaites porte seulement : « Nous avons trouvé ceci (et vu) que c’était le vêtement de notre frère » (p. σλθ [239], 6). 118 Cf. Gn 37, 32. 111

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Jacob reconnaît la tunique de Joseph et se lamente sur son fils (Genèse 37, 33-35) 22 ˹Lorsque Jacob vit la tunique, il s’écria avec une lamentation et une amère plainte, en disant : « C’est bien de Joseph, mon fils, qu’est ce vêtement. Une méchante bête a dévoré mon fils »119. ˹En hurlant, il dit dans des gémissements insupportables120 : « Ô fils, pourquoi n’ai-je plutôt été moi-même englouti, moi à ta place? Pourquoi à l’instant même la bête ne m’a-t-elle rencontré et, rassasiée de moi, elle t’aurait épargné, mon fils? Pourquoi la bête ne m’a-t-elle pas déchiré plutôt et ne suis-je pas devenu sa nourriture à satiété? Hélas! Hélas! Mes entrailles sont déchirées121 pour Joseph. Hélas! Hélas! Où mon fils fut-il égorgé pour que j’aille122 et arrache mes cheveux blancs sur sa beauté? Car je ne veux plus vivre sans voir Joseph. C’est moi le responsable de ta mort, mon enfant. C’est moi qui ai aveuglé tes yeux lumineux. C’est moi, mon enfant, qui t’ai fait périr, moi qui t’ai envoyé te promener dans le désert pour voir tes frères [A 29] avec les bergers. Je pleurerai désormais, mon enfant, et ˹je mènerai le deuil à toute heure123, ˹jusqu’à ce que je descende dans l’Hadès124 auprès de toi, mon fils. [P 276] Et au lieu de ton corps, c’est ta tunique, Joseph, que je placerai devant mes yeux, pleurant sans cesse. Voici qu’à nouveau, ta tunique me mène à un autre grand deuil, mon fils; elle est en effet intacte, de sorte que, pensé-je, ce n’est pas une bête qui t’a dévoré, ô (mon) bienaimé, mais tu as été dévêtu et égorgé de main d’homme. Si, en effet, comme tes frères l’ont dit, tu avais été dévoré, ta tunique aurait été déchirée en morceaux. Car on ne peut admettre que la bête t’ait d’abord dévêtu et qu’ensuite elle se soit rassasiée de ta chair. Mais encore, si tu as été dévêtu et ensuite dévoré, ta tunique ne serait pas maculée de sang. Ni les déchirures des griffes, ni les traces des dents de la bête ne se trouvent sur la tunique. D’où vient le sang? Et encore, si la bête qui a mangé Joseph était seule, comment pouvait-elle faire tout cela? 125 Cela m’est un deuil et un coup, pour moi qui suis tout à fait seul, pour mener le deuil de Joseph 119

Cf. Gn 37, 33. Cf. Gn 37, 34. 121 Thwaites (p. σλθ [239], 15-16) : « remuées ». 122 Thwaites (p. σλθ [239], 16) : « pour que je fasse le deuil (et) ». 123 Cf. Gn 37, 34. 124 Cf. Gn 37, 35. 125 Cf. le Targum du Pseudo-Jonathan ad Gn 37, 33 (éd. Diez Macho 1988, p. 273; trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 343). Le raisonnement que tient Jacob figure aussi chez Romanos, Hymnes, Ancien Testament. V, 8 (éd. et trad. Grosdidier de Matons 1964, 120

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et me lamenter sur la tunique126. Deux deuils, deux lamentations et coups amers, ceux de Joseph et de la tunique! Comment donc a-t-il été dévêtu? Je mourrai, ô Joseph, ma lumière et mon soutien! Que ta tunique descende maintenant avec moi à l’Hadès, car je ne veux plus voir la lumière sans toi, mon fils Joseph. Que mon âme disparaisse avec ton âme, Joseph, mon enfant127 ». Joseph acheté par Pentéphrès (Genèse 37, 28c et 39, 1) 23 [P 277] De leur côté, les Ismaélites, après avoir pris Joseph, ˹le descendirent en hâte en Égypte128, calculant en même temps, du fait de sa beauté, d’obtenir de l’argent de quelque grand. Alors qu’ils circulaient au milieu de la ville, voici que, soudain, Pentéphrès les rencontra et, voyant Joseph, il s’enquit auprès d’eux, en disant : « Dites donc, marchands, d’où vient ce jeune (homme)? Il ne vous ressemble pas car vous êtes tous Ismaélites, mais celui-ci est très beau129 ». Ceux-ci répondirent, en disant : « Cet enfant est absolument de très bonne naissance et empli de science ». [T σμ/240] ˹Leur ayant donné le prix qu’ils désiraient ardemment, il leur acheta Joseph130. Et l’ayant introduit dans sa propre maison, il l’interrogea pour apprendre qu’elle était son éducation. Joseph chez Pentéphrès : son attitude vertueuse et sa tristesse d’être séparé de son père (Genèse 39, 2) 24 Le vrai rejeton de la pieuse ˹semence131 du juste Abraham, d’Isaac et de Jacob, progressa en vertu et en grande retenue dans la maison de Pentéphrès, développant jour après jour, par la rigueur, le regard et la parole, son degré de chasteté, ayant sans cesse devant les yeux le Dieu saint, qui [A 30] voit tout, ˹le Dieu de ses pères132, qui l’a sauvé de la citerne de la mort et de la haine de ses frères. Cependant, son cœur s’attristait continuellement au sujet de son père, le saint Jacob133. p. 210-211), et dans l’Histoire de Joseph du Pseudo-Éphrem/Balaï, II, 5 (éd. Lamy 1889, col. 325-327). Sur cet épisode du récit, cf. Näf 1923, p. 66-68, §14. 126 Thwaites (p. σλθ [239], 32) : « pour frapper la tunique ». 127 Cette dernière phrase est absente de Thwaites (p. σλθ [239], 36). 128 Cf. Gn 37, 28c. 129 Midrash Bereshit Rabbah 86, 3 (trad. Freedman 1961, p. 802). 130 Cf. Gn 39, 1. 131 Cf. Gn 15, 5 et 22, 18. Thwaites ne lit pas l’expression « de la pieuse semence ». 132 Cf. Gn 46, 3 et passim. 133 Sur la tristesse de Joseph, voir le Midrash Bereshit Rabbah 92, 5 (trad. Freedman 1961, p. 852), le Targum du Pseudo-Jonathan ad Gn 43, 34 (éd. Diez Macho 1988, p. 331;

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Joseph intendant de Pentéphrès (Genèse 39, 3-6a) 25 [P 278] Pentéphrès, voyant la retenue du jeune homme, son abondante ˹science134 et sa bienveillance, ˹livra tout ce qu’il possédait aux mains de Joseph le tout beau135, comme à un fils légitime. ˹Et il ne savait absolument pas ce que faisait Joseph en quoi que ce soit, ni même en parole, si ce n’est seulement le pain qu’il mangeait à heure fixe136, car ˹il savait137 que Joseph était tout à fait fidèle. Bien plus, il faisait l’expérience que ˹ses biens s’accroissaient138 aux mains de Joseph139 et, pour les serviteurs et les servantes, la joie était grande du fait de tous les biens qui arrivaient par lui. La femme de Pentéphrès, amoureuse de Joseph, essaie de l’aguicher (Genèse 39, 6b-7a) 26 Or sa maîtresse, voyant que Joseph était ˹orné de beauté140 et de science, fut blessée d’amour et d’une folie satanique, et elle désirait avec véhémence coucher avec lui141. Et elle désirait jeter ce saint et ce puits de chasteté dans le fossé de la débauche142. Usant d’innombrables machinations143 et embellissements144, elle réfléchissait sans relâche pour œuvrer à tromper le jeune (homme)145. Heure après heure en changeant de vêtements, en faisant resplendir son allure et en se parant d’or, par de sataniques mouvements de tête et de honteux sourires, la malheureuse appâtait146 les yeux saints du juste. En effet celle-ci pensait, par ces gestes, trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 395), ainsi que l’Histoire de Joseph du Pseudo-Éphrem/ Balaï, VI, 21 (éd. Lamy 1889, col. 437-439). Sur cet épisode du récit, cf. Näf 1923, p. 7677, §25. 134 Sur l’ἐπιστήμη attribuée ici à Joseph, cf. Ac 7,10 (ἔδωκεν αὐτῷ χάριν καὶ σοφίαν). 135 Cf. Gn 39, 4. 136 Cf. Gn 39, 6. 137 Cf. Gn 39, 3. 138 La fin du paragraphe est absente chez Thwaites (p. σμ [240], 14). 139 Cf. Gn 39, 5. 140 Cf. Gn 39, 6b. 141 Tout le paragraphe développe Gn 39, 7a : « la femme de son serviteur jeta les yeux sur Joseph ». 142 Thwaites : « de l’impiété » (p. σμ [240], 16). 143 Thwaites: « signes d’adoration » (p. σμ [240], 17). 144 Testament de Joseph 9, 5 (trad. Philonenko 1987, p. 926); Histoire de Joseph attribuée à Narsaï, éd. Bedjan 1901, p. 535, 15-20; cf. Näf 1923, p. 69, §17. 145 Le complément « pour tromper le jeune (homme) » est absent du texte de Thwaites (p. σμ [240], 18). 146 Le thème de l’hameçon sera repris par Romanos, Hymnes, Ancien Testament VI, 6 (éd. et trad. Grosdidier de Matons 1964, p. 268-271).

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prendre facilement au filet l’âme du saint. Mais Joseph, entouré de la crainte [P 279] de Dieu comme d’un mur, ne jetait pas même jusqu’à un mouvement de tête vers elle. La femme de Pentéphrès demande en vain à Joseph de coucher avec elle (Genèse 39, 7b) 27 Celle-ci, ayant vu que les machinations de ses nombreux embellissements restaient sans effet auprès du juste, brûlait d’une chaleur ardente et réfléchissait avec force sans trouver ce qu’elle pourrait encore lui faire. Et désormais, elle désirait sans pudeur l’inciter à une action sordide, l’épiant en même temps comme un aspic pris de folie, pour déverser sur lui le venin de la débauche, et avec un visage impudent, elle disait au saint (jeune homme) : « Ô Joseph, ˹couche avec moi147, ne sois pas du tout peureux, viens résolument auprès de moi. Je jouirai à satiété de ta beauté; et toi aussi rassasie-toi de ma belle forme. Tu as pleine autorité sur tous les domestiques dans la maison. Absolument personne d’autre n’ose paraître devant nous, ni entendre (parler de) notre fait. Mais si tu ne veux pas parce que tu crains mon mari, moi je le fais disparaître, en lui donnant un poison148. Maintenant, viens auprès de moi et satisfais mon désir, [A 31] parce que je brûle tout à fait de désir pour toi ». Joseph reprend sa maîtresse sans que celle-ci obtempère (Genèse 39, 8-10a) 28 Or la pierre adamantine149, d’âme et de corps, ˹ne fut pas vaincue150 dans (son) intellect et spécialement au cœur d’une telle tempête. Mais repoussant par la crainte de Dieu tout ce qui arrivait, et avec la belle retenue qui lui convenait, il la comblait de paroles divines, [P 280] ˹lui parlant ainsi151 : « Ô femme, ce n’est pas une belle chose que de commettre le péché avec toi, ma maîtresse, car moi, c’est Dieu que je crains. ˹Voici en effet que mon seigneur m’a livré tout ce qui se trouve dans la maison 147

Cf. Gn 39, 7b. Testament de Joseph 5, 1 (Philonenko 1987, p. 923); Midrash Bereshit Rabbah 87, 5 (trad. Freedman 1961, p. 809); cf. Ginzberg 1969, p. 46-48.183, et Ginzberg 1968, 339 n. 110 et 113; Histoire de Joseph du Pseudo-Narsaï, éd. Bedjan 1901, p. 536, 21 – 537, 1; cf. Näf 1923, p. 69-70, §18. Cette dernière phrase est absente de Thwaites (p. σμ [240], 32). 149 Pour l’épithète d’ἀδαμάντινος appliquée à Joseph, cf. Triode, Complies du dimanche des Rameaux, Ode 8, str. 2 (éd. de la Diaconie 1975, p. 858b fin.; trad. Guillaume 1978, p. 65). 150 Cf. Gn 39, 8a. 151 Cf. Gn 39, 8b. 148

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et aux champs, et il n’y a rien d’autre qui ne soit sous ma main, excepté, en effet, toi, ma maîtresse152. Il est donc inconvenant pour moi de trahir un si grand amour de la part d’un tel maître, d’autant plus qu’il m’a ainsi aimé. ˹Comment puis-je commettre un tel péché en face de Dieu153, ˹qui sonde les cœurs et les reins154? ». [T σμα/241] Joseph disait cela, ces pieuses paroles, opportunément à sa propre maîtresse, avertissant, exhortant, reprochant, accusant, et elle ne recevait155 rien de divin; mais, comme si un aspic violentait ses oreilles156, elle brûlait encore de la pire façon, le mauvais désir jaillissant en elle. ˹À chaque moment157, elle épiait pour trouver le moment favorable pour faire violence sans pudeur au chaste (jeune homme). Prière de Joseph, qui en appelle à Jacob (insertion entre Genèse 39, 10 et 39, 11) 29 Or Joseph, voyant que la femme, comme une bête, (l’)assaillait ainsi sans pudeur pour le faire périr, leva les yeux vers le ˹Dieu de ses pères158 et sans interruption, il invoquait le Très-Haut, disant ainsi : « ˹Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob159, ˹grand et terrible160, arrache-moi à cette bête. Voici [P 281] en effet, que tu vois toi-même, Maître, la folie de la femme, comment, en secret, elle veut me tuer par des actions indécentes, de manière à ce que je meure dans les péchés en même temps qu’elle et que je sois tout à fait séparé de Jacob, mon père. Tu m’as tiré de la mort, Maître, des (mains de) frères hors-la-loi. Sauve-moi à nouveau et maintenant d’une bête furieuse, afin que je ne sois pas étranger aux œuvres de mes pères, qui t’ont vivement et pieusement aimé, Seigneur ». En gémissant du plus profond de son cœur, il invoquait à nouveau Jacob, en disant : « Toi-même, prie, père, pour ton enfant Joseph, car une violente guerre s’est levée sur moi, capable de m’éloigner161 de Dieu; celle-ci est de beaucoup la plus terrible, au-delà de la mort que mes frères songèrent 152

Cf. Gn 39, 8c-9a. Cf. Gn 39, 9b. Targum palestinien (Neofiti et Pseudo-Jonathan) ad Gn 39, 9b (éd. Diez Macho 1988, p. 288-289; trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 356 et 357). 154 Cf. Ps 7, 10; Jn 17, 10. 155 Thwaites (p. σμα [241], 2) : « elle ne s’attachait à rien de divin ». 156 Phrantzolas (p. 280) propose de corriger : « comme un aspic qui se bouche les oreilles ». 157 Cf. Gn 39, 10 (ἡμέραν ἐξ ἡμέρας). 158 Cf. Gn 46, 3 et passim. 159 Cf. Ex 3, 16; 4, 5. 160 Cf. Dt 10, 17; Ne 1, 5 TM; 9, 32 TM. 161 Phrantzolas (p. 281) donne : « capable de me séparer de Dieu ». 153

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à m’infliger. ˹Ceux-là tuaient le corps, celle-ci sépare l’âme de Dieu162. Moi, ô mon père, [A 32] je sais que tes prières sont montées vers le Dieu saint en ma faveur, et à cause de cela, j’ai été délivré de la citerne de mort. Maintenant encore, prie instamment le Très-Haut, pour que je sois arraché à cette bête qui veut perdre ton enfant, sans avoir dans les yeux de sentiment de pudeur ni davantage de crainte de Dieu dans le cœur. Prie, père, afin que, comme j’ai été corporellement privé de ton sein, je ne devienne pas également étranger à ton âme. Je suis allé vers mes frères et ils sont devenus comme des bêtes; [P 282] comme des loups très cruels, ils m’ont arraché à toi, bon père, et je suis descendu en Égypte aux mains d’étrangers et voici qu’à nouveau, une autre bête est survenue. Des frères voulaient me faire périr dans le désert, celle-ci, à nouveau, s’est approchée pour me déchirer dans une chambre. Prie, père163, pour que je ne meure pas face à Dieu et à mes pères »164. La femme de Pentéphrès fait violence à Joseph pour l’entraîner au mal. Joseph s’enfuit en abandonnant son vêtement (Genèse 39, 10b-12) 30 ˹Comme il ne voulait pas165 du reste céder aux propos de sa maîtresse, ˹à toute heure166 lui courant après comme un aspic sans (aucune) pudeur, elle guettait167 le moment favorable pour le trouver ˹dans la chambre à coucher168 et ainsi commettre le péché. Lorsqu’elle l’eut trouvé sur sa couche, comme elle le voulait, s’approchant sans pudeur du chaste (jeune homme), elle le violenta, le tirant à elle pour accomplir l’iniquité. Or lui, ayant vu l’impudeur démesurée de la femme, s’élança dans la rue, à la course, et, tout comme un aigle, quand il voit les chasseurs, élève ses ailes vers le ciel, de même aussi Joseph s’enfuit par la porte pour ne pas être frappé par des artifices, soit en paroles soit en actes. Et ˹ayant abandonné en ses mains son propre manteau169, il s’enfuit des filets du Diable. 162

Cf. peut-être Mt 10, 28; Lc 12, 4-5, ainsi que 4 M 13, 14-15. Dans un autre témoin, Thwaites (p. σμα [241], 28) lisait aussi : « Prie pour ton fils Joseph, père très saint ». 164 Cf. Midrash Bereshit Rabbah 87, 7 (trad. Freedman 1961, p. 812), où on trouve l’idée que Joseph résiste à la tentation après avoir eu une vision de son père; voir également le Talmud de Babylone, Sota 36b (trad. Neusner 2005, p. 177). 165 Cf. Gn 39, 10b. 166 Cf. Gn 39, 10a. 167 Thwaites (p. σμα [241], 31) lisait aussi dans un témoin « elle s’appuyait sur », mais il propose de corriger « elle guettait ». 168 Cf. Gn 39, 11a. 169 Cf. Gn 39, 12b. 163

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De dépit, la femme de Pentéphrès machine de faire périr Joseph en le calomniant (Genèse 39, 13) 31 ˹Voyant qu’il avait fui de cette manière170, la femme fut dans une grande colère et elle imagina d’abattre le juste par des paroles très déshonorantes, voulant l’accuser [P 283] devant son mari, de sorte qu’après avoir entendu (cela), son mari, enflammé par la colère de la jalousie, fasse périr Joseph, ayant pensé ceci en elle-même : [T σμβ/242] ˹« Il est de beaucoup préférable pour moi que Joseph meure, et que, moi, j’obtienne du repos, car je ne supporte pas de voir à toute heure dans ma maison sa si grande beauté, sans que je trouve moyen de jouir, ouvertement ou en secret, de sa beauté et de sa vaste science171 ». La femme de Pentéphrès dénonce Joseph auprès des serviteurs de son mari (Genèse 39, 14-18) 32 ˹Ayant donc appelé les serviteurs et les servantes, elle leur dit172 : « ˹Savez-vous ce qu’a fait à mon encontre le serviteur hébreu, que mon mari a établi sur sa maison? Il a voulu être avec moi d’une manière honteuse173. Le pouvoir sur ma maison ne lui a pas suffi, mais [A 33] il a voulu aussi me séparer de mon mari ». ˹Et ayant pris la tunique de Joseph, elle la montrait à son mari174, ˹accusant et disant175 : « ˹Vois, tu as introduit un serviteur hébreu pour se jouer de moi et pour m’outrager176, moi, ta femme. Ne sais-tu pas, mon seigneur, que je suis chaste et que c’est pour cette raison que je t’ai rapporté (l’affaire)? ». Le mari, sans examen, fait mettre Joseph en prison (Genèse 39, 19-23) 33, ˹Ayant entendu cela177, le mari crut aussitôt aux paroles de la femme, qu’il en était bien ainsi, et tout de suite, ˹il ordonna que Joseph soit livré à la maison d’arrêt178 avec force précautions et ˹menaces179. Et sans examen ni recherche, tout droit il prononça [P 284] contre lui l’injuste 170

Cf. Gn 39, 13. Insertion (propos de la femme) entre Gn 39, 13 et 14; pour la science de Joseph, cf. Ac 7, 10. 172 Cf. Gn 39, 14a. 173 Cf. Gn 39, 14c. 174 Cf. Gn 39, 16. 175 Cf. Gn 39, 17a. 176 Cf. Gn 39, 14b. 177 Cf. Gn 39, 19a. 178 Cf. Gn 39, 20. 179 Cf. Gn 39, 19c. 171

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sentence, en disant : « J’ordonne que Joseph soit jeté dans la maison d’arrêt et qu’il n’obtienne aucun repos ». Mais ˹le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob180 était avec lui, lui ˹qui examine les cœurs de tous181, et ˹il lui accorde (sic) (de trouver) pitié aux yeux du geôlier182, et le geôlier le laisse au repos. Car Dieu n’est jamais loin de ceux qui le craignent de tout cœur. Les deux eunuques en prison. Joseph interprète leurs songes (Genèse 40, 1-13.16-19) 34 ˹Après ces événements, deux eunuques péchèrent à l’encontre du roi Pharaon, le chef échanson et le chef panetier183, et ˹le roi ordonna qu’ils soient jetés en prison184. ˹C’était Joseph qui les servait185. Les deux hommes ayant passé deux années186 dans la prison, ˹après quelques jours187, ˹ils virent tous deux des songes188, en accord avec ce qui allait rapidement leur arriver. Joseph, le pieux, était leur serviteur — car ils étaient des gens de distinction — et, alors qu’il ˹était entré auprès d’eux189 à son habitude, pour les servir, il les trouva ˹dans un grand chagrin, car tous deux étaient assombris et abattus190 à cause des songes191. ˹Or lorsqu’il chercha à apprendre la cause de leur détresse192, les deux disaient : ˹« Nous avons vu des songes et nous sommes dans le chagrin, parce qu’il ne se [P 285] trouve personne capable d’expliquer nos songes193, ceux que, précisément, nous, nous avons vus »194. ˹Celui-ci leur dit : « C’est à Dieu que cela appartient, de les faire connaître à ceux qui le craignent. Dites-moi vos songes, afin que mon Dieu (vous les) fasse connaître par mon intermédiaire »195. Ayant 180

Cf. Ex 3, 16 et 4, 5. Cf. 1 Paralipomènes 28, 9 et Ps 7, 10; Jr 17, 10. 182 Cf. Gn 39, 21. 183 Cf. Gn 40, 1-2. 184 Cf. Gn 40, 3. 185 Cf. Gn 40, 4a. 186 Thwaites (p. σμβ [242], 22) propose de remplacer « deux années » par « ensuite ». 187 Cf. Gn 40, 4b. 188 Cf. Gn 40, 5. 189 Cf. Gn 40, 6a. 190 Cf. Gn 40, 6b. 191 Le texte donné par Thwaites (p. σμβ [242], 25) porte seulement : « il les trouva dans un grand chagrin et tous deux assombris ». 192 Cf. Gn 40, 7. 193 Selon le texte de Thwaites (p. σμβ [242], 26) : « il n’est pas possible d’expliquer nos songes ». 194 Cf. Gn 40, 8a. 195 Cf. Gn 40, 8b. 181

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entendu cela, le chef échanson et le chef panetier lui racontèrent leurs songes, chacun selon ce qu’il avait vu196. Joseph leur ˹fit voir clairement en peu de mots tout le détail de ce qui devait leur arriver de la part du roi197, ˹selon ce qui de fait arriva : au chef échanson, il redonna son ancienne charge; quant au chef panetier, il le livra à la mort198. Requête de Joseph au chef échanson (Genèse 40, 14-15). Interpellation de Joseph par l’auteur 35 Or Joseph, ayant compris l’honneur qui allait échoir au chef échanson, le pria en disant : « ˹Souviens-toi de moi devant Pharaon, et clarifie [A 34] rapidement mon affaire, afin que je sorte d’ici199. ˹Car je n’ai en rien péché ni fait rien de mal, du fait que j’ai été jeté dans la maison d’arrêt »200. Mais, toi, bien que semence élue et bienheureuse, que cherchestu auprès d’un homme mortel? Délaissant Dieu, tu pries un homme?201 Et pourtant tu as éprouvé le soutien de Dieu dans de telles nécessités, en particulier quand tu as préservé intacte la tunique de ta chasteté. [P 286] Pourquoi as-tu si peu de courage, ô bienheureux, alors que Dieu prévoit pour toi la royauté et la gloire, quand il le veut? Mais si tu supportes noblement l’épreuve, tu fais briller en plus grand nombre les couronnes de la victoire202. Le chef échanson, rétabli dans ses fonctions, oublie Joseph. Songe de Pharaon, qui fait venir Joseph (Genèse 40, 20 – 41, 13) 36 ˹Afin que soit accomplie [T σμγ/243] l’explication de chacun des songes, selon ce qu’avait dit Joseph, trois jours après, Pharaon fit un banquet pour tous ses grands, et il se souvint aussi du chef panetier et du 196

Cf. Gn 40, 9-11.16-17. Cf. Gn 40, 12-13.18-19. 198 Cf. Gn 40, 20-22. 199 Cf. Gn 40, 14. 200 Cf. Gn 40, 15. 201 Sur ce thème, voir : Targum palestinien (Neofiti et Pseudo-Jonathan) ad Gn 40, 23 (éd. Diez Macho 1988, p. 298-299; trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 366 et 367); Targum du Pseudo-Jonathan ad Gn 40, 14 (ibid., p. 365); Midrash Bereshit Rabbah 88, 7 (trad. Freedman 1961, p. 818 et 819), et 89, 3 (ibid., p. 821); Histoire de Joseph du PseudoÉphrem/Balaï, V, 11 et 8 (éd. Lamy 1889, col. 393 et 389-391); cf. Näf 1923, p. 72-73, §21, ainsi que Ginzberg 1969, p. 63, et Ginzberg 1968, p. 342, n. 154, pour d’autres lieux parallèles. 202 Dans la version copte, comme aussi en arménien et en géorgien, ce paragraphe est plus développé (voir supra, p. 14, n. 33). 197

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chef échanson203. ˹Il rappela le chef échanson à son poste204, ˹quant à l’autre, il le livra à la mort205. Or, alors que le chef échanson avait oublié Joseph206, deux ans après, selon la providence de Dieu, ˹Pharaon fit de grands songes207, dépassant tout l’intellect des sages de l’Égypte et des magiciens. ˹Après que Pharaon eut mandé tous les sages et leur eut rapporté les songes, personne ne put lui dire leur signification208. Donc, comme le roi était dans un grand chagrin, ˹le chef échanson, s’étant ressouvenu, fit connaître au roi tout ce qui concernait Joseph et son intelligence209. Joseph interprète les songes de Pharaon, qui l’établit sur toute l’Égypte (Genèse 41, 14-43) 37 Ayant entendu (cela), le roi se réjouit à son sujet d’une grande joie, et ˹il l’envoya chercher en hâte210. Une fois Joseph ˹sorti de la prison211, le Pharaon lui dit en présence de ses grands : ˹« J’ai entendu dire à ton sujet [P 287] que tu es un homme intelligent, capable d’interpréter des songes profonds »212. Mais Joseph répondit à Pharaon : « ˹C’est à celui qui fait don de la sagesse qu’il appartient d’expliquer en détail des songes »213. Et ˹Pharaon dit ses songes devant Joseph214 et tous ses grands. Aussitôt ˹il entendit les descriptions des songes de la bouche de Joseph, comme de la bouche de Dieu215. Et ˹Pharaon était stupéfait du fait de l’éducation de celui-ci et de son conseil extraordinaire216, car il était en train de le conseiller en parlant ainsi : « ˹Que le roi soit attentif (pour trouver) un homme intelligent et sage, et tu l’établiras pour qu’il ramasse le blé de l’Égypte, parce qu’il va se produire une grande famine, de sorte qu’il y ait des produits du sol en grande quantité au temps de la détresse »217. Et le roi dit : « ˹Je t’établirai aujourd’hui sur toute l’Égypte218, ˹puisque c’est toi qui 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218

Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf.

Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn

40, 40, 40, 40, 41, 41, 41, 41, 41, 41, 41, 41, 41, 41, 41, 41,

20. 21. 22. 23. 1. 8. 9-13. 14a. 14b. 15. 16. 17-24. 25-38. 37-38. 33-36. 41.

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as donné un tel conseil219. Et [A 35] ˹que l’Égypte et toute ma maison reçoivent jugement220 de ta bouche »221. Réaction de Pentéphrès devant l’élévation de Joseph (Genèse 41, 43) 38 Alors ˹il fit monter Joseph sur (son) propre char222 et tous les grands marchaient devant Joseph et autour de lui. Lorsque Pentéphrès, celui qui, auparavant, avait jeté Joseph dans la prison, vit la merveille incroyable qui était arrivée, à savoir que Joseph était assis sur le char de Pharaon, il fut saisi d’une grande crainte [P 288] et, s’étant retiré discrètement du milieu des grands, il s’en allait à la course à sa maison, et avec grande crainte, il dit à sa femme : « As-tu vu, ô femme, la merveille incroyable, (qui) pour nous est devenu un grand objet de crainte? En effet, ce Joseph, notre serviteur, est devenu notre maître ainsi que (celui) de toute l’Égypte, et voici qu’avec gloire il siège sur le char de Pharaon, honoré par tous comme un roi223. Quant à moi, n’ayant pas la force de voir cela, je me suis retiré discrètement224 ». Pentéphrès encouragé par sa femme (Genèse 41, 43) 39 Après avoir entendu cela, la femme de Pentéphrès lui redonna courage en disant : « Moi, je te raconterai mon péché. C’est moi qui ai fait cela; moi qui aimais le tout beau Joseph, ce chaste (jeune homme), et d’heure en heure, par de multiples flatteries, je tendais des pièges avec assurance pour pouvoir coucher avec lui et jouir de sa beauté. Cependant, je ne parvins à atteindre mon but et il ne me jugea même pas digne d’une parole. Au contraire, avec violence, je l’avais contraint à me supporter un peu, et ˹il s’était enfui dehors225, quand je t’ai montré son vêtement. 219

Cf. Gn 41, 39-40. Pour la mention du jugement (κρίσις), cf. Targum palestinien (Neofiti et PseudoJonathan) ad Gn 41, 40 (éd. Diez Macho 1988, p. 308-309; trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 374 et 375); Histoire de Joseph du Pseudo-Éphrem/Balaï, VI, 2 (éd. Lamy 1889, col. 413-415). 221 Cf. Gn 41, 44. 222 Cf. Gn 41, 43. 223 Triode, Lundi saint, matines, Kondakion (éd. de la Diaconie 1975, p. 361a; trad. Guillaume 1978, p. 74). Hippolyte, Bénédictions d’Isaac et de Jacob I, Visions de Joseph (éd. et trad. Brière, Mariès, Mercier 1954, p. 8-9). Pour l’Histoire de Joseph du PseudoÉphrem/Balaï, VI, 6 (éd. Lamy 1889, col. 419-425), ces paroles d’étonnement sont mises dans la bouche de la femme de Pentéphrès; cf. Näf 1923, p. 73-75, §23. 224 Cf. Éphrem, In Genesim 35, 7 (éd. Tonneau 1955a, p. 99-100, trad. Tonneau 1955b, p. 84). 225 Cf. Gn 39, 12-13 (ἐξῆλθεν ἔξω). 220

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C’est moi qui ai été l’occasion favorable226 à sa royauté et à sa très grande gloire. Car si je n’avais aimé Joseph ainsi, il n’aurait pas été jeté dans la maison d’arrêt; bien plutôt il me doit reconnaissance, à moi, qui suis devenue la cause de sa gloire. Juste et saint est Joseph, car, calomnié, il n’a [T σμδ/244] rien déclaré à personne. Lève-toi maintenant et va dans la joie ; prosterne-toi devant lui avec [P 289] les grands »227. Pentéphrès s’étant levé, il s’en alla se prosterner devant Joseph avec une crainte respectueuse228. Après les années d’abondance, les années de disette. Famine en Chanaan. Jacob envoie ses fils en Égypte, sauf Benjamin. Reconnus par Joseph, ils sont accusés d’espionnage (Genèse 41, 53 – 42, 9) 40 Dans l’intervalle, ˹toutes les années de la grande abondance furent accomplies et la famine domina229 ˹dans toute la terre de Chanaan230, et Jacob était découragé, ainsi que ses enfants. Or Jacob ˹entendit dire231 qu’en Égypte il y avait des produits de la terre en grande abondance et il dit à ses fils : « ˹Allons, partez, et achetez pour nous, de l’Égypte, des produits de la terre, conformément à ce que j’ai entendu, afin que nous ne mourrions pas tous de faim »232. Les ˹dix fils de Jacob, après avoir reçu (ces) ordres, descendirent tous pour acheter des vivres233. Ils ne savaient cependant pas que c’était leur frère. Or aussitôt que ˹Joseph vit ses frères, il les reconnut tous234 et ˹il [A 36] dit, plein d’irritation235 : « ˹Ces dix hommes sont de méchants espions236, et voilà pourquoi ils sont venus en Égypte! Saisissez-les et attachez-les solidement237, car c’est pour espionner notre pays qu’ils sont entrés ici ». 226

Litt. «bienfaitrice» (πρόξενος). Éphrem, In Genesim 35, 8 (éd. Tonneau 1955a, p. 100, trad. Tonneau 1955b, p. 84-85). 228 Éphrem, In Genesim 35, 9 (éd. Tonneau 1955a, p. 100, trad. Tonneau 1955b, p. 84-85). 229 Cf. Gn 41, 53-54a. 230 Cf. Gn 41, 57b (… ὁ λιμὸς ἐν πάσῃ τῇ γῇ). 231 Cf. Gn 42, 2a. 232 Cf. Gn 42, 2. 233 Cf. Gn 42, 3. 234 Cf. Gn 42, 7a.8. Le texte donné par Thwaites (p. σμδ [244], 10), après correction de sa part, dit plutôt: « tous furent reconnus par lui ». 235 Cf. Gn 42, 7b. 236 Cf. Gn 42, 9. 237 Voir plus haut, § 17. 227

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Ceux-ci protestent de leur innocence. Joseph les laisse repartir à la condition qu’ils lui amènent Benjamin (Genèse 42, 10-20) 41 Ceux-ci devinrent tout tremblants et ils lui répondirent avec crainte en disant : « ˹Jamais de la vie, seigneur!238 ˹Mais nous sommes tous des frères, fils d’un seul (et même) père239, juste. ˹Jadis, nous étions douze en nombre et l’un (d’entre nous) a été enlevé [P 290] par une bête méchante, alors qu’il était tout beau et très aimé de son père, et son père le pleure jusqu’à ce jour. Notre autre frère est avec notre père dans la terre de Chanaan, le réconfortant240 ». Mais Joseph leur répondit encore avec colère, en disant : « ˹Puisque je crains et révère le Dieu Saint241, ˹je vous concède ceci : prenez le blé242 et, vite, partez chez votre père, si vous dites la vérité; ˹et votre frère, celui que votre père aime, amenez-le auprès de moi, ici, et ensuite seulement je vous croirai »243. Les frères reviennent auprès de Jacob et lui rapportent l’affaire. Celui-ci consent à laisser partir Benjamin (Genèse 42, 29 – 43, 14) 42 Ayant pris le blé, ˹ils s’en allèrent chez leur père, tout tristes, vers la terre de Chanaan244, et ˹ils lui rapportèrent245 les questions méchantes et la colère de l’homme. Et leur père fut très chagriné de ces paroles, et il dit avec des gémissements : « Pourquoi vous avez fait ça? Dans quel but avez-vous dit au maître de l’Égypte que vous avez ici un autre frère?246 » Ils lui répondirent : ˹« C’est lui qui s’est enquis de nous et de notre famille, en toute exactitude »247. Jacob leur dit : ˹« Je mourrai plutôt que vous ne preniez Benjamin loin de mon sein »248. Mais comme la famine urgeait249, ˹Jacob leur dit250 : ˹« Si seulement moi je n’avais pas eu d’enfants de Rachel et que j’avais été privé de mes fils bien-aimés, comme [P 291] vous 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250

Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf. Cf.

Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn Gn

42, 42, 42, 42, 42, 42, 42, 42, 43, 43, 42, 43, 43,

10a. 11a. 13. 18. 19b. 20a. 29a. 29b(-35). 6. 7. 38. 1. 2 (ou 11).

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dites ! Levez-vous, prenez en mains des présents ainsi que votre frère et partez ensemble »251. 43 Et ils firent selon ce que Jacob leur avait enjoint. ˹Après être allés en Égypte dans une grande crainte252, ils se prosternèrent tous devant Joseph. ˹Lorsque Joseph vit Benjamin253, son propre frère, qui se tenait avec crainte et pusillanimité254, ˹il en fut extrêmement remué dans ses entrailles255 et il désirait l’étreindre et l’embrasser. Il lui demandait : ˹« Ton père est-il vivant? » Celui-ci lui dit avec crainte : « Ton serviteur, notre père, est vivant »256. Il lui dit à nouveau : « Est-ce qu’il a toujours Joseph dans le cœur? » Et il lui dit : « Oui, tout à fait, il l’a dans son cœur et il se consume à cause de lui ». Ne pouvant l’étreindre ou l’interroger, [A 37] ˹il entra dans sa chambre et il pleura amèrement257. 44 Car, à ce moment-là, quand ˹il vit son frère258, aussitôt il se souvint de la belle vieillesse de Jacob, et il dit en larmes : « Heureux ceux qui voient la sainte image de ta vieillesse, bon père259! Comme vraiment je le pense, ni mon royaume entier ni ma gloire n’équivalent à ta [T σμζ/245] vieillesse, bon père. Je voulais me convaincre, de la bouche de Benjamin, que tu m’as dans [P 292] le cœur et que tu me regrettes comme moi-même (je) te (regrette). C’est pour cette raison que j’ai contraint mes frères, par ruse, d’amener avec eux Benjamin, mon frère. Car je ne les crus pas lorsqu’ils me dirent ce qui te concerne, à savoir : “nous avons un père et un frère plus petit”. Car, moi, je pensais que, portés par l’envie, ils avaient tué aussi ton fils bien-aimé, le plus petit, Benjamin et qu’encore plus, ils avaient jeté ton âme dans l’Hadès, dans la douleur, de la même manière que, moi aussi, ils me tuèrent en leur intention. En effet, ils nous détestèrent tous les deux, parce que nous étions de la même mère, moi et Benjamin. Je sais, père, que tu t’affliges violemment à notre sujet et que, maintenant plus que jamais, ta vieillesse est remplie de chagrin à cause de mon frère, Benjamin. Et voici que, moi aussi, je souffre violemment, comprenant ton affliction, parce qu’aucun de nous ne se trouve auprès de ta 251

Cf. Gn 43, 10-14. Cf. Gn 43, 15.26. 253 Cf. Gn 43, 29. 254 Selon Thwaites (p. σμδ [244], 33-34) : « ils se prosternèrent devant Joseph, leur propre frère, avec crainte et pusillanimité ». 255 Cf. Gn 43, 30b. 256 Cf. Gn 43, 27-28. 257 Cf. Gn 43, 30b. 258 Cf. Gn 43, 29. 259 Dans un de ses témoins, Thwaites (p. σμδ [244], 41) lit « très doux père ». 252

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vieillesse. Il n’a pas suffi, le premier deuil, occasionné par moi, mais un autre deuil s’est aussi ajouté pour toi au premier, ô père. C’est moi qui suis la cause de tes lamentations et de tes plaintes. Car j’ai agi durement en faisant amener Benjamin, mais c’est ce que j’avais entendu à ton sujet qui m’a contraint260 à faire cela, puisque je voulais savoir si vraiment mon père vivait. Qui me donnera de voir à nouveau ta sainte image et d’être rassasié de ton visage angélique? » 45 [P 293] Puis, après avoir pleuré amèrement dans sa chambre, ˹s’étant lavé le visage, il sort tout joyeux261. ˹Il ordonne de les conduire tous dans la maison pour manger avec lui262. Vous avez entendu, mes frères, comment, de toutes parts, Joseph les conduit à la pusillanimité. En effet, il ordonna à chacun d’entre eux de s’étendre, les appelant par leur nom et ˹selon l’ordre selon lequel ils avaient été engendrés263. Pour chacun, il s’était servi d’un artifice, en devinant par une coupe264 : c’était un vase d’argent qu’il tenait dans sa main. Il déposait la coupe et la frappait du doigt de sa main droite et la coupe, après avoir été frappée, émettait un grand bruit aux oreilles de ceux qui se tenait dans la maison. Puis, ayant frappé une fois, il dit : « Le premier est Roubim, qu’il s’étende le premier en raison l’honneur ». Ayant frappé à nouveau, il fit connaître le nom du [A 38] deuxième, en disant : « Celui-ci, Siméon, est le deuxième, qu’il s’étende selon (le rang de) sa naissance ». Ayant frappé à nouveau, pour la troisième fois, il dit : « Que Lévi s’étende et qu’il soit honoré (selon son rang) ». Et ainsi il les fit tous s’étendre, les appelant par leur nom et ˹selon l’ordre265. 46 À cause de cela, ˹il les jeta donc dans l’étonnement266 et dans une plus grande crainte au point qu’ils pensaient que celui-ci les connaissait tous, à vrai dire qu’il savait quelque chose de plus que cela. Et ils eurent plus grande crainte surtout à cause de la coupe, et ils réfléchissaient [P 294] 260 Cf. Jubilés 42, 25 (éd. VanderKam 1989, p. 224; trad. Caquot 1987, p. 790); cf. Flavius Josèphe, Antiquités juives 2, 125 (éd. et trad. Nodet, Berceville, Warschawski 2000, p. 105); Histoire de Joseph copte, éd. Wessely 1917, p. 29ab. 261 Cf. Gn 43, 31a. 262 Cf. Gn 43, 16.31b. 263 Cf. Gn 43, 33b. 264 Targum du Pseudo-Jonathan ad Gn 43, 33 (éd. Diez Macho 1988, p. 331; trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 393); Midrash Bereshit Rabbah 92, 5 (trad. Freedman 1961, p. 852), 91, 6 (ibid., p. 840), 93, 7 (ibid., p. 865); Éphrem, In Genesim 37, 7 (éd. Tonneau 1955a, p. 104-105; trad. Tonneau 1955b, p. 88-89). Cf. Ginzberg 1969, p. 83 et 96, et Ginzberg 1968, p. 347, n. 207, et 351, n. 248. 265 Cf. Gn 43, 33b. 266 Cf. Gn 43, 33b.

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les uns avec les autres, chacun disant: « Nous avons menti en disant tout d’abord que Joseph avait été enlevé par une bête méchante ». Et ils étaient fortement bouleversés à son sujet. Pour lever leur suspicion, ˹il leur donne des parts de sa propre table267, mais à son propre frère, beaucoup plus abondantes; à Benjamin, il donna dix fois plus qu’aux autres268. Pourquoi enfin, Joseph, agissant ainsi à l’égard de ses frères, manifeste-t-il le nom de chacun à l’aide de sa coupe? C’était pour rendre plus grave leur crime269. 47 ˹Il ordonna alors à son propre intendant de leur donner du blé en abondance sans qu’ils aient à payer270 ˹et de déposer secrètement la coupe dans le sac de Benjamin271, et ˹il les renvoie en vitesse dans la joie272. Lorsqu’˹ils furent quelque peu éloignés de la ville en se réjouissant273, ˹l’intendant de Joseph les rattrapa274 à la course, ˹leur disant des paroles dures, les injuriant par des menaces, les qualifiant de voleurs et d’être indignes de l’honneur (qui leur avait été manifesté)275. Ceux-ci répondirent à l’intendant : « ˹La première [T σμϚ/246] fois, en tout cas, nous avons trouvé l’or dans nos sacs et nous l’avons rapporté à notre maître. Et maintenant, nous aurions pu voler la coupe de ton maître? Jamais de la vie!276 » Il leur dit : « Laissez tomber vos sacs pour que [P 295] je les examine ». ˹En se dépêchant, ils descendirent les sacs des bêtes et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin277. Le texte de Thwaites (p. σμε [245], 34) omet : « de sa propre table ». Cf. Gn 43, 34 (mais πενταπλασίως); Jubilés 42, 23 (éd. VanderKam 1989, p. 224; trad. Caquot 1987, p. 790) (sept fois); Targum palestinien (Neofiti et Pseudo-Jonathan) ad Gn 43, 34 (éd. Diez Macho 1988, p. 330-331; trad. Le Déaut, Robert 1978, p. 394 et 395) (cinq fois); Midrash Bereshit Rabbah 92, 5 (trad. Freedman 1961, p. 852) et 93, 7 (ibid., p. 865-866) (cinq fois); Flavius Josèphe, Antiquités juives 2, 123 (éd. et trad. Nodet, Berceville, Warschawski 2000, p. 105) (une double part); Démétrius Polyhistor, éd. Denis 1970, p. 177, 10 (cinq fois). Cf. Ginzberg 1969, p. 97, et Ginzberg 1968, p. 351, n. 249. 269 Le copte développe ainsi la fin de ce paragraphe : «Joseph faisait cela à ses frères par le truchement de la coupe, leur apprenant qu’il connaissait leurs noms, afin de rendre (plus) grave leur condamnation à eux tous, sous prétexte qu’ils auraient emporté une coupe de choix tout à fait comme des voleurs». Le sens du grec (et des autres versions) comme du copte semble être le suivant : Joseph a disposé ses frères à table selon leur ordre de naissance en usant de sa coupe pour rendre plus désirable celle-ci comme objet de vol. 270 Cf. Gn 44, 1. 271 Cf. Gn 44, 2. 272 Cf. Gn 44, 3. 273 Cf. Gn 44, 4a. 274 Cf. Gn 44, 6. 275 Cf. Gn 44, 4b-5. 276 Cf. Gn 44, 7. 277 Cf. Gn 44, 11-12. 267 268

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48 En voyant (cela), ˹ils déchirèrent leurs vêtements278 et commencèrent, avec forte menace, à accuser et injurier Rachel en même temps que Joseph avec sa mère et son frère, en disant : « Vous, vous avez été occasion de chute pour notre père, toi et Joseph, les enfants de Rachel. ˹Joseph voulait régner sur nous279, quant à toi, son frère, tu nous as encore placés dans la honte et l’outrage. N’êtes-vous pas les enfants de Rachel, ˹elle qui a volé les idoles de son père et a dit : “Je n’ai pas volé”280? »281. 49 Benjamin282, ayant élevé la voix avec lamentation et plainte, commença à les rassurer chacun et à dire283 : « Voici que le ˹Dieu de nos pères284 lui-même le sait, lui qui a accueilli Rachel, [A 39] selon ce que lui-même voulait, lui qui connaît la mort du tout beau Joseph, lui qui veille sur Jacob pour le consoler de la séparation d’avec Joseph285. Et maintenant encore, il le console286 invisiblement, comme il sait (le faire)287, lui qui ˹observe tout ce qui nous concerne tous et ˹qui examine le cœur et les reins288, lui le sait, cette coupe, [P 296] je ne l’ai pas volée, comme vous dites, ni n’avais même jamais eu un tel désir à son sujet. Qu’ainsi je voie les saints cheveux blancs de Jacob, pour embrasser ses genoux avec joie. Je n’ai pas volé cette coupe. Hélas! Hélas! Rachel! Que sont devenus tes enfants? Joseph, le tout beau, comme ils disent, a été enlevé par les bêtes; voici encore que moi, ô mère, je me retrouve tout à coup voleur et je ne sais comment. Dans une terre étrangère, je suis retenu en esclavage. Joseph, dévoré par la bête dans le désert, a crié pour trouver qui le sauverait et il ne l’a pas trouvé. Voici que moi, à nouveau, ô bonne mère, je rassure mes frères et il n’y a personne qui m’écoute et me croie, (moi) ton enfant ».

278

Cf. Gn 44, 13a. Cf. Gn 37, 8. 280 Cf. Gn 31, 19-35. 281 Midrash Bereshit Rabbah 92, 8 (trad. Freedman 1961, p. 854); l’Histoire de Joseph du Pseudo-Éphrem/Balaï, VIII, 20 (éd. Lamy 1889, col. 541). Cf. Näf 1923, p. 80-83, §31; Ginzberg 1969, p. 100 et 101, et Ginzberg 1968, p. 252, n. 256 et 258. 282 Le nom de Benjamin est absent du texte donné par Thwaites (p. σμϛ [246], 11). 283 Discours de Benjamin : pour un parallèle, voir Histoire de Joseph copte, éd. Wessely 1917, p. 28b. 284 Cf. Gn 46, 3 et passim. 285 Thwaites (p. σμϛ [246], 13) ne donne pas la proposition : « lui qui veille sur Jacob pour le consoler de la séparation d’avec Joseph ». 286 Thwaites (p. σμϛ [246], 14) : « je le console ». 287 En lisant οἶδεν avec Phrantzolas (p. 295). 288 Cf. Ps 7, 10; Jn 17, 10. 279

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50 Ayant pris (Benjamin), ˹ils retournèrent à la ville289, auprès de Joseph, sans avoir de défense au sujet de celui-ci. Prenant la parole, Joseph leur dit avec colère : « ˹Est-ce là la récompense de mes bienfaits? Est-ce pour cela que, moi, je vous ai honorés, pour que vous m’enleviez la coupe avec laquelle je tire des présages?290 Ne vous ai-je pas dit que vous n’étiez pas des ˹gens pacifiques291 mais des espions? Mais, ˹à cause de la crainte de Dieu292, je fais ceci : ˹je m’empare de celui qui a volé cette mienne coupe (pour le réduire) en esclavage pour moi. Quant à vous, partez sains et saufs293 ». 51 [P 297] ˹L’un d’entre eux, du nom de Juda, s’étant approché294, tombait à genoux295 et il l’exhortait en disant296 : « ˹Ne te mets pas en colère, Seigneur, si je parle297. ˹Tu nous as toi-même interrogés, nous tes serviteurs, en disant : “Avez-vous un père ou un frère?”298 ˹Et nous avons dit : “Il y a notre père, ton serviteur, qui se trouve avoir eu deux enfants bien-aimés, plus que nous tous; le premier, une bête l’a déchiré dans les montagnes et notre père le pleure à toute heure et il est jusqu’à maintenant dans la douleur et les gémissements, au point presque de dire que la terre aussi pleure à sa voix. Quant à l’autre, il le garde avec lui comme consolation à la place du premier enfant”299. Or maintenant, ainsi que tu l’as ordonné, nous avons amené notre frère et nous, tes serviteurs, nous nous sommes retrouvés dans une terrible injustice. Moi, je te supplie de faire de moi ton domestique à la place de cet enfant. ˹Que seulement l’enfant s’en retourne auprès de notre père avec ses frères300 ˹parce que c’est moi qui l’ai reçu de mon père301 et ˹je ne peux retourner sans lui chez (mon) père pour ne pas [A 40] voir la mort amère de mon père »302. 52 Or Joseph, ayant entendu (ces) paroles dignes de pitié, les apercevant tous debout dans la honte, voyant aussi Benjamin, la tunique déchirée, se jetant en pleurs [T σμζ/247] aux genoux de ceux qui étaient présents 289

Cf. Gn 44, 13b. Cf. Gn 44, 15. 291 Cf. Gn 42, 11.19.31. 292 Cf. Gn 42, 18. 293 Cf. Gn 44, 17. Thwaites (p. σμϛ [246], 29) omet cette dernière phrase. 294 Cf. Gn 44, 18a. 295 Le texte de Thwaites (p. σμϛ [246], 29) ne dit pas qu’il « tombait à genoux ». 296 Pour le plaidoyer de Juda, cf. Ginzberg 1969, p. 102-108, et Ginzberg 1968, p. 353354, n. 266-277. 297 Cf. Gn 44, 18b. 298 Cf. Gn 44, 20. 299 Cf. Gn 44, 21. 300 Cf. Gn 44, 33b. 301 Cf. Gn 44, 32a. 302 Cf. Gn 44, 34. 290

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afin qu’eux-mêmes supplient Joseph [P 298] en sa faveur303 pour qu’il lui permette de redescendre avec ses frères, fut bouleversé tout à fait à l’extrême, remué dans ses entrailles, et en hâte, ˹il ordonna à ceux qui étaient présents de se retirer304. Lorsqu’ils furent sortis, Joseph, ayant élevé sa voix, leur dit ˹en gémissant305, ouvertement, en langue hébraïque306 : « ˹Je suis Joseph, votre frère307. Je n’ai pas été dévoré par une bête, comme vous le dites. C’est moi qui ai été jeté ˹tout nu308 par vous dans la citerne. C’est moi qui fus vendu aux Ismaélites, (moi) qui étreignais les genoux et les pieds de vous tous et, alors, personne, dans une telle affliction, n’a eu pitié de moi mais, comme les bêtes sauvages, vous avez porté la main sur moi. Cependant, mes frères, ˹qu’aucun de vous ne s’effraie ni ne craigne309, mais plutôt réjouissez-vous, vous avec moi, parce que moi, je suis roi310. Et de la même manière que vous avez tout d’abord dit à notre père que, moi, j’avais été enlevé dans les montagnes par une bête, à nouveau, allez annoncer à Jacob : ˹« Joseph, ton fils311, est vivant et voici qu’il est assis sur le siège312 de la royauté de l’Égypte »313. 53 Lorsque la voix de Joseph fut parvenue à ses frères, ˹ils restèrent comme morts de crainte et de frayeur314. Et Joseph, le rejeton de Jacob, s’étant approché, ˹embrassa chacun d’eux avec affection315, sans ressentiment, ainsi qu’il lui convenait et [P 299] ˹il les combla totalement de cadeaux316 et d’une grande joie. Et il les renvoya tous vers Jacob, en s’exprimant ainsi : « ˹Ne vous querellez pas du tout en chemin317 mais allez plutôt en hâte chez notre père, et dites-lui : ˹“Telles sont les paroles que dit Le texte donné par Thwaites (p. σμζ [247], 1) n’a pas : « en sa faveur ». Cf. Gn 45, 1. 305 Cf. Gn 45, 2a. 306 Dans son édition, Thwaites (p. σμζ [247], 4) n’a pas conservé les précisions « ouvertement, en langue hébraïque », mais il a indiqué en marge avoir lu ces mots dans un ou plusieurs autres témoins. 307 Cf. Gn 45, 3-4. 308 Cf. Gn 37, 23. 309 Cf. Gn 45, 5. 310 Le texte donné par Thwaites (p. σμζ [247], 10) ne porte pas : « parce que moi, je suis roi ». 311 Thwaites fait mention d’un témoin qui remplace « ton fils » par « notre frère ». 312 L’édition d’Assemani (p. 40, 27-28) dit littéralement « sur le char de la royauté d’Égypte », tandis que l’édition de Thwaites (p. σμζ [247], 13) a « en position de royauté (en) Égypte ». 313 Cf. Gn 45, 9. 314 Cf. Gn 45, 3b. 315 Cf. Gn 45, 15. 316 Cf. Gn 45, 21-22. 317 Cf. Gn 45, 24. 303 304

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ton fils Joseph : ‘Dieu m’a fait roi de toute l’Égypte318. Viens, père, dans la joie du cœur, afin que je voie le visage angélique de ta vieillesse’” ». 54 ˹S’en étant allés319 en hâte, ˹ils rapportèrent à Jacob320 les paroles de Joseph, tout ce qu’il leur avait commandé321. Or lorsque Jacob entendit le nom de Joseph, il gémit amèrement et il leur dit en pleurant : ˹« Pourquoi troublez-vous mon esprit pour me faire souvenir de l’image du tout beau Joseph? Voulez-vous ravivez dans mon cœur le chagrin éteint depuis peu?322 ». [A 41] Benjamin, s’étant avancé, dit en embrassant ses genoux et sa barbe : « Ces paroles sont véridiques, bon père ». ˹Et il lui montra323 tout ce qui avait été envoyé de la part de Joseph324. Alors il crut aux paroles de Benjamin. ˹Et s’étant levé avec toute sa maison325, en hâte et en grande joie, ˹il descendit en Égypte auprès de Joseph, son fils326. 55 Joseph entendit dire que Jacob, son père, était arrivé. Il se leva avec [P 300] une grande joie et il sortit à l’extérieur de la ville avec les grands de Pharaon; là, ˹il le rencontra327 en grand appareil328. Or, dès que Jacob vit Joseph, son fils, il lui tomba au cou, lui disant avec beaucoup d’affection : ˹« Maintenant je pourrai mourir, à partir du moment où j’ai vu ton visage, fils très chéri. Car, en vérité, tu es encore vivant»329. Et tous deux glorifièrent Dieu. Doxologie finale 56 Pour toutes ces choses, faisons monter la gloire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, à qui est la gloire et la puissance, l’honneur et l’adoration330, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles, Amen! 318

Cf. Gn 45, 26a. Cf. Gn 45, 25. 320 Cf. Gn 45, 26a. 321 Le texte édité par Assemani (p. 40, 44-45) dit plutôt quelque chose comme « tout ce qu’il leur avait montré », mais la correction proposée par Phrantzolas (p. 299) est plus plausible : « tout ce qu’il leur avait commandé ». L’édition de Thwaites (p. σμζ [247], 21-22) omet tout ce passage, et elle résume le début de la phrase suivante : « or lorsque Jacob entendit le nom de Joseph, il soupira amèrement » par « il poussa des gémissements ». 322 Cf. Gn 45, 26c. 323 Thwaites (p. σμζ [247], 26) lisait aussi au moins dans un témoin : « ils lui montrèrent ». 324 Cf. Gn 45, 27. 325 Cf. Gn 45, 1a. 326 Cf. Gn 45, 7. 327 Cf. Gn 46, 29. 328 Un des témoins de Thwaites (p. σμζ [247], 31) donne plutôt : « avec grand honneur ». 329 Cf. Gn 46, 30. 330 L’édition de Thwaites (p. σμζ [247], 36-37) ajoute : « pour les siècles infinis et éternels ». Ce dernier mot (ἀειτήτους) est un hapax. 319

INDEX SCRIPTURAIRE L’index scripturaire ne porte que sur la traduction du texte grec figurant en annexe. Les références renvoient aux pages et notes du volume de traduction, et elles sont données selon la Septante pour l’ordre des livres, la numérotation des Psaumes et l’intitulé des livres des Rois (3 Règnes = 1 Rois). Certaines références peuvent signaler plus d’une occurrence d’une même citation ou allusion. Genèse 4, 10-11 12, 1-2 15, 5 15, 6 22, 1-19 22, 13 22, 17 22, 18 27, 26-29 27, 43 28, 4 28, 13-15 31, 19-35 35, 19 35, 19-20 37, 2 37, 3 37, 4 37, 5-11 37, 8 37, 10 37, 12 37, 12-14 37, 13-14 37, 13-15 37, 13-20 37, 14 37, 15-17 37, 15-23 37, 18 37, 20 37, 23 37, 24

37 n 94 35 n 77 35 n 77; 42 n 131 35 n 79 35 n 77 35 n 80 35 n 77 42 n 131 35 n 82 35 n 83 35 n 84 35 n 83.84 57 n 280 35 n 73 37 n 101 33 n 54.55 33 n 53.61 33 n 56; 40 n 111 33 n 59 57 n 279 32 n 39 33 n 62 33 39 n 109 30 n 7 30 33 n 63.65; 36 n 90 33 n 66 34 30 n 9; 33 n 67.69.71; 40 n 110 30 n 14.18 34 n 72; 35; 38 n 105; 59 n 308 35; 36; 36 n 86

37, 25 37, 25-28 37, 26-27 37, 27 37, 28 37, 31 37, 31-32 37, 32 37, 33 37, 33-35 37, 34 37, 35 39, 1 39, 1-18 39, 2 39, 3 39, 3-6 39, 4 39, 5 39, 6 39, 6-7 39, 7 39, 8 39, 8-9 39, 8-10 39, 9 39, 10 39, 10-12 39, 11 39, 12 39, 12-13 39, 13 39, 14 39, 14-18

30 n 16; 36; 37 n 96.97 30; 37 37 n 98; 40 n 110 30 n 17 37; 37 n 99; 38; 39; 40; 42; 42 n 128 40 n 116 40 40 n 118 41 n 119.128 41 41 n 120.123 41 n 124 42; 42 n 130 30 42 43 n 137 43 43 n 135 43 n 139 29 n 2; 43 n 136.140 43 43 n 141; 44; 44 n 147 44 n 150.151 45 n 152 44 45 n 153 45; 45 n 157; 46 n 165. 166 46 30 n 20; 45; 46 n 168 46 n 169 51 n 225 47; 47 n 170.171 47 n 171.172.173.176 47

62 39, 16 39, 17 39, 19 39, 19-23 39, 20 39, 20 – 41, 36 39, 21 39, 21-23 40, 1-2 40, 1-13 40, 3 40, 4 40, 5 40, 6 40, 7 40, 8 40, 9-11 40, 12-13 40, 14 40, 14-15 40, 15 40, 16-17 40, 16-19 40, 18-19 40, 20 40, 20-22 40, 20 – 41, 13 40, 21 40, 22 40, 23 41, 1 41, 8 41, 9-13 41, 14 41, 14-36 41, 14-43 41, 15 41, 16 41, 17-24 41, 25-38 41, 33-36 41, 37-38 41, 39-40 41, 40 41, 43 – 42, 7 41, 41 41, 43

INDEX SCRIPTURAIRE

47 n 174 47 n 175 47 n 177.179 47 31 n 23; 47 n 178; 48 n 182 31 48 n 182 31 n 26 48 n 183 48 48 n 184 48 n 185.187 48 n 188 48 n 189.190 48 n 192 48 n 194.195 49 n 196 49 n 197 49 n 199.201 49 49 n 200 49 n 196 48 49 n 197 50 n 203 49 n 198 49 50 n 204 50 n 205 49 n 201; 50 n 206 31 n 25; 50 n 207 50 n 208 50 n 209 50 n 210.211 31 n 28 50 50 n 212 50 n 213 50 n 214 50 n 215 50 n 217 50 n 216 51 n 219 51 n 220 31 50 n 218 31 n 31; 51; 51 n 222

41, 44 41, 53-54 41, 53 – 42, 9 41, 57 42, 2 42, 3 42, 7 42, 8 42, 9 42, 10 42, 10-20 42, 11 42, 13 42, 18

51 n 221 52 n 229 52 52 n 230 52 n 231.232 52 n 233 32 n 40; 52 n 234.235 52 n 234 52 n 236 53 n 238 53 53 n 239; 58 n 291 53 n 240 53 n 241; 58 n 292.294. 297 42, 19 53 n 242; 58 n 291 42, 20 53 n 243; 58 n 298 42, 21 32 n 41; 58 n 299 42, 21 – 45, 3 32 42, 29 53 n 44 42, 29-35 53 n 245 42, 31 58 n 291 42, 38 53 n 248 42, 29 – 43, 14 53 43, 1 53 n 249 43, 2 53 n 250 43, 6 53 n 246 43, 7 53 n 247 43, 10-14 54 n 251 43, 11 53 n 250 43, 15 54 n 252 43, 16 54 n 252; 55 n 262 43, 26 54 n 252 43, 27-28 54 n 256 43, 29 54 n 253.258 43, 30 54 n 255.257 43, 31 55 n 261.262 43, 33 55 n 263.264.265.266 43, 34 42 n 133; 56 n 268 44, 1 56 n 270 44, 2 56 n 271 44, 3 56 n 272 44, 4 56 n 273 44, 4-5 56 n 275 44, 6 56 n 274 44, 7 56 n 276 44, 11-12 56 n 277 44, 13 57 n 278; 58 n 289

63

INDEX SCRIPTURAIRE

44, 14 44, 15 44, 17 44, 18 44, 20 44, 21 44, 32 44, 33 44, 34 45, 1 45, 2 45, 3 45, 3-4 45, 5 45, 7 45, 9 45, 15 45, 21-22 45, 24 45, 25 45, 26 45, 27 46, 3 46, 29 46, 30 48, 7 Exode 3, 16 4, 5

32 n 37.38 58 n 290 58 n 293 58 n 294 58 n 298 58 n 299 58 n 301 58 n 300 58 n 302 59 n 304; 60 n 325 59 n 305 32 n 49; 59 n 314 59 n 307 59 n 309 60 n 326 59 n 313 59 n 315 59 n 316 59 n 317 60 n 319 60 n 318.320.322 60 n 324 42 n 132; 45 n 158; 57 n 284 60 n 327 60 n 329 37 n 100.101.103; 40 n 114 29 n 3; 35 n 75; 45 n 159; 48 n 180 35 n 75; 45 n 159; 48 n 180

Deutéronome 4, 37 10, 15 10, 17

29 n 5 29 n 5 45 n 160

3 Règnes 10, 9

29 n 4

1 Paralipomènes 28, 9

48 n 181

Néhémie 1, 5 9, 32

45 n 160 45 n 160

Judith 13, 18 Psaume 7, 10 LXX 15, 10 LXX 104, 17 LXX

29 n 4

45 n 154; 48 n 181; 57 n 288 31 n 27 40 n 110

Jérémie 17, 10

48 n 181

Daniel 3, 53

29 n 4

4 Maccabées 13, 14-15

46 n 162

Matthieu 10, 28 17, 5 19, 28 21, 38 24, 30 24, 31 25, 31 25, 32 26, 2 27, 60 28, 7

46 n 162 31 n 33 32 n 45 30 n 13.15 32 n 44 32 n 47 32 n 45 32 n 46 30 n 19 30 n 24 31 n 29

Marc 12, 7 12, 46 13, 26 13, 27 14, 1 16, 19

30 n 13.15 31 n 24 32 n 44 32 n 47 30 n 19 31 n 32

Luc 12, 4-5 19, 14 20, 14 21, 27 22, 1 23, 53 24, 51

46 n 162 32 n 48 30 n 13.15 32 n 44 30 n 19 31 n 24 31 n 32

64 Jean 1, 14 1, 18 17, 10 18, 28 19, 41 Actes 1, 9 1, 9-11 7, 9 7, 10 7, 55 13, 37 Romains 5, 10-11 6, 4 8, 34

INDEX SCRIPTURAIRE

31 n 36 31 n 36 45 n 154; 57 n 288 30 n 19 31 n 24

31 n 33 31 n 32 37 n 99 43 n 134 31 n 34 31 n 27

31 n 30 31 n 29 31 n 34

2 Corinthiens 5, 19

31 n 30

Éphésiens 1, 20

31 n 34

Colossiens 3, 1

31 n 34

Hébreux 1, 3 10, 12 12, 2

31 n 34 31 n 34 31 n 34

1 Pierre 2, 25 3, 19

31 n 21 31, n 22

INDEX DES NOMS PROPRES L’index des noms propres ne porte que sur la traduction du texte copte et celle du texte grec figurant en annexe. Les références renvoient aux pages et aux notes du volume de traduction. Certaines références signalent plus d’une occurrence d’un même nom. Il est à noter que la forme que prennent les noms propres dans les deux manuscrits édités diffère parfois de celle qui est reçue en grec ou en français. On se reportera pour comparaison à l’index des noms propres du volume d’édition. Abraham 1, 4, 5, 10, 13, 29, 35, 42, 45, 48 Amenté 2, 3, 4, 9 Benjamin 18, 19, 21, 22, 25, 26, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 57 n 282.283, 58, 60 Chanaan 17, 18, 52, 53 Chérubins 2, 31, 31 n 35 Christ 1, 2, 2 n 6, 3, 29, 31 Égypte 2, 6, 10, 12, 15, 16, 17, 18, 25, 26, 30, 31, 37, 38, 40, 42, 46, 50, 51, 52, 53, 54, 59 Éphrem le Syrien 1, 27, 29, 40 n 115, 42 n 125, 43 n 133, 49 n 201, 51 n 220, 51 n 223.224, 52 n 227.228, 55 n 264, 57 n 281 Hadès 31, 32, 35, 41, 42, 54 Harran voir Kharran Isaac 1, 4, 5, 10, 13, 29, 35, 42, 45, 48 Ismaélites 6, 7, 10, 12, 25, 37, 38, 39, 40, 42, 59 Jacob 1, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 13, 17, 18, 19, 22, 23, 26, 27, 29, 30, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 38 n 104, 39 n 108, 41, 41 n 125, 42, 45, 48, 52, 53, 54, 57, 57 n 285, 59, 60, 60 n 321

Jésus 1, 2, 2 n 6, 3, 31 Joseph passim (voir Index des noms propres dans le volume d’édition, s. v. Ἰωσήφ) Juda 24, 58 Juifs 1, 2, 3, 30, 32 Kharran Lévi

5, 8, 35, 40

55

Marie (Vierge) 1, 29 Mésopotamie 5, 6, 35, 37 Pétéphrè 10, 16, 17; voir Pentéphrès Pentéphrès 42, 43, 44, 46, 47, 51, 51 n 223, 52; voir Pétéphrè Pharaon 2, 14, 15, 16, 27, 31, 48, 49, 50, 51, 60 Rachel 4, 5, 6, 7, 18, 22, 23, 35, 37, 37 n 102.104, 38, 53, 57 Roubim 55; voir Roubin Roubin 20; voir Roubim Sichem 3, 33, 34 Siméon 17, 20, 55

INDEX DES TEXTES CITÉS Les références renvoient aux pages et aux notes du volume de traduction. Actes de Jean 98

32 n 30

Actes de Philippe 32 [138]

32 n 30

Actes de Thomas 113B (syriaque)

32 n 30

Défensor de Ligugé Liber Scintillarum

X

Démétrius Polyhistor p. 177, 10 56 n 268

V, 11 VI, 2 VI, 6 VI, 21 VIII, 20 Histoire de Joseph Bedjan) p. 531, 5 – 532, 10 p. 534, 9-16 p. 535, 15-20 p. 536, 21 – 537, 1

49 n 201 51 n 220 51 n 223 43 n 133 57 n 281 (Pseudo-Narsaï, éd. 38 n 104 39 n 108 43 n 144 44 n 148

Histoire de Joseph copte (éd. Wessely) XV

Éphrem le Syrien In Genesim 35, 7 In Genesim 35, 8 In Genesim 35, 9 In Genesim 37, 7

55 n 264 52 n 227 52 n 228 51 n 224

Éphrem (Pseudo-) Paraenesis

XII-XIII

Flavius Josèphe Antiquités 2, 9 Antiquités 2, 123 Antiquités 2, 125

33 n 53 56 n 268 55 n 260

p. 28b p. 29ab

57 n 283 55 n 260

Histoire syriaque de Joseph (trad. Heal) XIX

Hippolyte de Rome Bénédictions d’Isaac et de Jacob I 51 n 223 Joseph et Aséneth

XI, XIX

Josephus contra Apionem (éd. Zandee) XV

Florus de Lyon «XII Pères»

X

Histoire de Joseph (Pseudo-Basile, éd. Weinberg) p. 22, 9-13 39 n 108 p. 24, 13 – 25, 9 38 n 104 Histoire de Joseph (Pseudo-Éphrem/ Balaï, éd. Lamy) XX II, 5 42 n 125 III, 2 40 n 115 V, 8 49 n 201

Jubilés 42, 23 42, 25

56 n 268 55 n 260

Legenda Joseph (éd. Winstedt) XV

Midrash Bereshit Rabbah XIX

86, 3 87, 5 87, 7

42 n 129 44 n 148 46 n 164

68 88, 7 89, 3 91, 6 91, 8 92, 5 92, 8 93, 7

INDEX DES TEXTES CITÉS

49 n 201 49 n 201 55 n 264 36 n 87 42 n 133; 55 n 264; 56 n 268 57 n 281 56 n 268

Romanos le Mélode Hymnes AT V, 8 41 n 125 Hymnes AT V, 26 29 n 3 Hymnes AT VI, 6 43 n 146 Talmud de Babylone Sota 36b 46 n 164 Targum du Pseudo-Jonathan ad Gn 37, 33 41 n 125 ad Gn 39, 9 45 n 153 ad Gn 40, 14 49 n 201 ad Gn 40, 23 49 n 201 ad Gn 41, 40 51 n 220 ad Gn 43, 33 55 n 264 ad Gn 43, 34 42 n 133; 56 n 268

Targum neofiti ad Gn 39, 9 ad Gn 40, 23 ad Gn 41, 40 ad Gn 43, 34

45 n 153 49 n 201 51 n 220 56 n 268

Targum Onkelos ad Gn 37, 3

33 n 53

Testaments des XII Patriarches XI

Testament de Joseph 5, 1 9, 5 11 20, 3

44 n 148 43 n 144 39 n 108 37 n 100

Testament de Zabulon 2, 2-3 35 n 74 Triode Rameaux Lundi saint

44 n 149 29 n 6; 51 n 223

TABLE DES MATIÈRES Avant-Propos .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

v

Introduction .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . I. Le Discours sur le très beau Joseph .  .  .  .  .  .  .  .  . A. Le texte grec .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . B. Les versions .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . II. La version copte du Discours sur le très beau Joseph .  .  . III. Le genre et la structure du Discours sur le très beau Joseph . IV. La traduction française de la version copte du Discours sur le très beau Joseph .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

vii

Abréviations et bibliographie .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

vii viii x xiv xvi xx xxiii

Traduction .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .1 Annexe. Traduction du texte grec du Discours sur le très beau Joseph .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .29 Index scripturaire .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

61

Index des noms propres .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

65

Index des textes cités .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

67

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• IMPRIME

SUR PAPIER PERMANENT

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