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French Pages [410]
BIBLE, HISTOIRE ET SOCIÉTÉ
BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES
SCIENCES RELIGIEUSES
VOLUME
163
Illustration de couverture : La Bible qui est toute la Saincte escripture, traduction de la Bible par Pierre-Robert Olivétan [Serrières et Neuchâtel, Pierre de Wingle, 1535]. Début de la Genèse. Cliché Bibliothèque de la Société d’histoire du protestantisme français, Paris.
BIBLE, HISTOIRE ET SOCIÉTÉ MÉLANGES OFFERTS À BERNARD ROUSSEL
Sous la direction de
R. Gerald HOBBS et Annie NOBLESSE-ROCHER
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La Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses La collection Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses Aon?£e en et MicCe ?e KlPN ?e cent NoiSante QolPHeN Me࠲¢te la diversité des enseignements et des recherches menés au sein de la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études (Paris, Sorbonne). ans l’esprit de la section qui met en čuvre une étude scienti࠱que, la©que et pluraliste des faits religieux, on retrouve dans cette collection tant la diversité des religions et aires culturelles étudiées que la pluralité des disciplines pratiquées : philologie, archéologie, histoire, philosophie, anthropologie, sociologie, droit. Avec le haut niveau de spécialisation et d’érudition qui caractérise les études menées à l’EPHE, la collection Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses aborde aussi bien les religions anciennes disparues que les religions contemporaines, s’intéresse aussi bien à l’originalité historique, philosophique et théologique des trois grands monothéismes ٻEuda©sme, christianisme, islam ٻqu’à la diversité religieuse en Inde, au Tibet, en Chine, au Japon, en Afrique et en Amérique, dans la (ésopotamie et l’ÉgTpte anciennes, dans la "r¢ce et la -ome antiques. Cette collection n’oublie pas non plus l’étude des marges religieuses et des formes de dissidences, l’analyse des modalités mêmes de sortie de la religion. Les ouvrages sont signés par les meilleurs spécialistes français et étrangers dans le domaine des sciences religieuses (chercheurs enseignants à l’EPHE, anciens él¢ves de l’École, chercheurs invités)ڎ. Directeur de la collection : Gilbert DAHAN Directeur adjoint : Arnaud SÉRANDOUR Secrétaires d’édition : Cécile GUIVARCH, Anna WAIDE Comité de rédaction : Denise AIGLE, Mohammad Ali AMIR-MOEZZI, Jean--obert ARMOGATHE, Hubert BOST, Marie-Odile BOULNOIS, Jean-Daniel DUBOIS, Vincent GOOSSAERT, Michael HOUSEMAN, Alain ' Z *0''0 , Marie-Joseph PIERRE, Jean-Noël ROBERT
© 2013 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2013/0095/217 ISBN 978-2-503-55118-0 Printed on acid-free paper
Bernard Roussel en 2004
AVANT-PROPOS Un volume de Mélanges comme celui-ci vise un double but : reconnaître et FpOpEUHUOHVFRQWULEXWLRQVVFLHQWL¿TXHVG¶XQpPLQHQWVDYDQWPDLVDXVVLUHPHUcier leur auteur pour la qualité de sa vie professionnelle, dont témoignent ici, en toute sincérité, nombre de ses collègues et de ses anciens étudiants. Bernard 5RXVVHODOXLPrPHFRQWULEXpjGp¿QLUOHVJUDQGVD[HVGHVDUHFKHUFKHORUV d’une journée d’études, organisée, le 24 mai 2003 à Paris, par les membres du Groupe de recherche sur l’Histoire des protestantismes. Il n’est pas nécessaire que nous répétions ici ce discours qui mérite assurément lecture. Cependant la lecture d’une bibliographie aussi fournie sera facilitée, voire LOOXPLQpHSDUTXHOTXHVpOpPHQWVHPSUXQWpVjODSURSUHUpÀH[LRQGH%HUQDUG Roussel, fort d’une pensée riche, et parfois surprenante, car ce qu’il décrit OXLPrPHFRPPH©XQSUR¿OSHXDFDGpPLTXHGH>VRQ@WUDMHWXQLYHUVLWDLUHª témoigne de la diversité de ses centres d’intérêts et du refus de se laisser FRQ¿QHUGDQVXQHGp¿QLWLRQGXPpWLHUG¶XQLYHUVLWDLUHWURSUHVWUHLQWH&HYDVWH FKDPSELEOLRJUDSKLTXHSRUWHjUpÀH[LRQHQOXLPrPH En effet, si, dans un sens, l’histoire de l’exégèse fut pratiquée depuis les débuts de l’Église chrétienne – pour ne donner que deux exemples, dans les reprises de citations bibliques par des auteurs néo-testamentaires et dans les colonnes de la Glossa Ordinaria qui encadrait et donnait sens à la lecture du texte biblique lui-même au moyen âge –, elle a connu une renaissance scienti¿TXHFHTXH5RXVVHODGpFULWFRPPHO¶RXYHUWXUHGHODGLVFLSOLQH GDQVODGHXxième moitié du XXe siècle. La thèse de Bernard Roussel sur le Commentaire sur l’épître aux Romains de Martin Bucer a été capitale pour la recherche à Strasbourg, mais aussi dans le reste de la France. Elle a ouvert la voie à une manière différente de lire, d’apprécier et d’évaluer la pensée des grands réformateurs du XVIe siècle. Leur lecture des sources bibliques ne devait plus être étudiée et décrite en dehors de la chaîne des interprétations bibliques qui les avaient précédées et nourries d’une manière ou d’une autre, que ce soit positivement ou par refus conscient. Cette thèse a servi également à mettre en évidence l’importance décisive de l’œuvre exégétique du grand réformateur strasbourgeois, dont une édition critique des écrits et correspondance
1.
Bernard Roussel, « De l’histoire de l’exégèse à l’anthropologie historique : une explication HQJXLVHG¶DXUHYRLUªBull. de la Soc. d’Histoire du Protestantisme Français 150 (2004), p. 462-472.
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Avant-propos
avait été lancée à Strasbourg deux décennies auparavant. Jusqu’alors, les historiens avaient tendance à considérer les commentaires bibliques – malgré quelques études précédentes, comme l’ouvrage fondateur de August Lang Das Evangelienkommentar (Strasbourg 1900) –, comme fruits d’une activité secondaire, utiles surtout pour les passages de dogme, des lieux communs, qu’ils transmettaient. Depuis la thèse de Bernard Roussel sur le commentaire de l’épître aux Romains de Bucer, il est devenu évident que toute étude de la pensée du Réformateur doit inclure une lecture attentive de ses commentaires. Et de ce fait, l’interprétation de la Réforme à Strasbourg a connu une ouverture nouvelle. Il est vrai que les cours bibliques trouvaient une mention régulière dans les récits des origines de la Réforme dans la ville, mais il était devenu évident que cette activité continua à jouer un rôle capital dans l’activité théologique de Capiton et de Bucer, et qu’il n’y avait pas de hiatus, de ce fait, entre 1523 et la fondation de la Haute École en 1538. Redonner à cette activité exégétique toute son importance amène à porter XQUHJDUGSOXVDWWHQWLIVXUOHVFHUFOHVGHVDYDQWVKHOOpQLVDQWVHWKpEUDwVDQWV qui stimulaient et alimentaient l’exégèse des textes originaux par leurs grammaires et dictionnaires, comme ceux de Sebastian Münster ou ceux d’Érasme publiant des Bibles avec traductions et annotations grammaticales. Et cette renaissance de l’étude des langues bibliques – phénomène que Bucer, comme beaucoup de ses contemporains, considérait comme miraculeux, comme un don divin – engendrait par conséquent une communauté internationale d’exégètes bibliques. Que Bucer ait été tributaire des travaux d’Érasme ne surprend SHUVRQQH/HUHFRQQDvWUHOHFWHXUG¶XQ6DQFWH3DJQLQLKpEUDwVDQWGRPLQLFDLQ d’Avignon, ou dépendant d’Agostino Giustiniani, de Gênes, pour son texte et sa traduction de l’araméen, le situe dans ce monde où les frontières confesVLRQQHOOHV Q¶pWDLHQW SDV HQFRUH ¿[pHV ,O \ HXW GHV GpEDWV FHUWHV HW PrPH des oppositions parfois acharnées contre les nouveaux travaux et directions G¶pWXGHVFRPPHFHOOHVRSSRVDQWOHVKpEUDwVDQWVGH:LWWHQEHUJHWOHV5KpQDQV sur l’emploi des sources juives médiévales. Dans cette perspective, les travaux GH*X\%HGRXHOOHHWGH%HUQDUG5RXVVHORQWSHUPLVGHPHWWUH¿QDXYLHX[ débat sur Lefèvre comme prédécesseur de Calvin. Avec ses études sur Claude Guillaud, chanoine d’Autun, sur Simon du Bois, Étienne Dolet et d’autres, Bernard Roussel a mis en évidence la complexité de tout ce monde de biblistes français de la Renaissance. 'DQV OD KDXWH YDOOpH GX 5KLQ OD ÀRUDLVRQ GH FRPPHQWDLUHV ELEOLTXHV j partir de 1525, a promu l’échange de correspondance entre réformateurs évangéliques. Ces références fréquentes aux travaux des collègues étaient beaucoup plus que des formules de politesse : ces interrogations sur des questions épineuses, ces échanges d’extraits sortis des presses, témoignent de l’existence d’un projet exégétique commun, assorti de débats voire de divergences G¶RSLQLRQ,OHVWDLQVLSRVVLEOHG¶LGHQWL¿HUOHSURJUDPPHHWOHVPpWKRGHVTXL caractérisaient la sodalitas de ces exégètes évangéliques de la haute vallée 8
Avant-Propos
du Rhin – des villes de Strasbourg, Bâle, Zurich, Berne en particulier, et leur LQÀXHQFH HXURSpHQQH HQ )UDQFH GDQV OHV WHUULWRLUHV VXLVVHV HW DOOHPDQGV et jusqu’en Italie, en Silésie, en Angleterre. Jean Calvin saurait en récolter les fruits, en vue d’une prédication réformée. Calvin, mais aussi Augustin Marlorat avec ses énormes compendiaG¶H[pJqVH©FDWKROLTXHª &HWWH ÀRUDLVRQ DERQGDQWH G¶pWXGHV G¶H[pJqVH UKpQDQH D pWp FpOpEUpH SDU toute une série de colloques dotés d’actes. Le premier, tenu à Genève en 1976, devait beaucoup aux talents d’organisateur de Bernard Roussel, qui, GHSXLVD¿JXUpUpJXOLqUHPHQWGDQVODOLVWHGHVFRQWULEXWHXUV0DLV5RXVVHO a aussi, et depuis longtemps, refusé de laisser dessécher ses études sur les rayons d’un compartiment d’histoire purement intellectuelle. Pour lui, comme pour François Laplanche dont les travaux l’ont profondément marqué, l’exégèse révèle un état sociétal. Bernard Roussel n’a cessé de se passionner pour l’homme et ses situations de vie, et l’exégèse est pour lui comprise comme l’une de ses plus pertinentes activités de l’homme, prise dans ce grand torrent de vie, comme le montre son intérêt pour l’anthropologie de la Cène et des pratiques ecclésiales. C’est à un exégète tourmenté par la condition humaine et son progrès, à un humaniste dont l’espérance est toute en l’Écriture que nous rendons hommage ici. %HUQDUG5RXVVHOHVWQpj0DUVHLOOHOHDRW¿OVGH-HDQHWGH5HQpH Roussel, née Wood. Il entre à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg à l’automne 1954. En 1958-1959, il obtient une bourse pour un séjour d’études aux États-Unis et séjourne à l’Eden Theological Seminary (Saint-Louis, 0LVVRXUL ,OSUR¿WHUDGHVRQVpMRXUSRXUSDUWLUDXVVLSHQGDQWOHVYDFDQFHV en bus Greyhound à la découverte du continent nord-américain, avec lequel LOUHVWHUDHQpWURLWFRQWDFWVFLHQWL¿TXHPDLVDXVVLDIIHFWLIHWFHODWRXWDXORQJ de sa carrière. Rentré en France, il est nommé, en 1959, pasteur proposant de l’Église réformée de France à Choisy-le-Roi, en banlieue parisienne. Il épouse -DFTXHOLQH6WHZDUGHQ,OVDXURQWGHX[¿OOHV0DUWLQHQpHHQHW Claire, en 1966, et quatre petits-enfants. En octobre 1960, Bernard Roussel devient pasteur en Algérie, d’abord à Ménerville, puis à Hussein Dey. Cette H[SpULHQFHGHO¶$OJpULHjOD¿QGHO¶pSRTXHFRORQLDOHO¶DPDUTXpSURIRQGpPHQW et ce, jusqu’à aujourd’hui. En octobre 1962, Bernard Roussel reprend ses études en théologie en troisième cycle doctoral, toujours à Strasbourg et devient l’assistant de François Wendel. Pendant cette période, il travaille aussi à la formation pastorale dans l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine avec la pasteure Thérèse Klipfel. Sous la direction de François Wendel, il rédige une thèse qu’il soutient en ©DYHFOHVIpOLFLWDWLRQVGXMXU\ª VXU©0DUWLQ%XFHUOHFWHXUGHO¶pSvWUH aux Romains ». Pendant trois ans, il enseigne l’histoire de l’Église à la Faculté de théologie protestante de Montpellier, avant d’être nommé maître-assistant à l’Institut d’Histoire de la Réformation de Genève, où il travaille aux côtés 9
Avant-propos
de Pierre Fraenkel, développant les activités de l’Institut. Il retourne ensuite à ce qui constitue pour lui l’Alma mater, la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. Il y exerce la fonction de maître-assistant de 1975 à 1985. Il collabore avec Marc Lienhard, Rodolphe Peter, Jean Rott et André Séguenny à la fondation du GRENEP (Groupe de recherches sur les non-conformistes religieux des XVIe et XVIIeVLqFOHVHWO¶KLVWRLUHGHVSURWHVWDQWLVPHV (Q¿QLOHVW élu au poste de Directeur d’études à l’École pratique des hautes études (section des sciences religieuses), prenant ainsi la succession de Richard Stauffer. Bernard Roussel prend sa retraite en 2003, tout en continuant à assurer un enseignement et à contribuer à de nombreux projets de recherche et de publications, comme en témoigne sa bibliographie. 1RXV GHYURQV HQ¿Q H[SULPHU QRV UHPHUFLHPHQWV j WRXV FHX[ HW FHOOHV qui ont accepté de contribuer à ces Mélanges Roussel. Plus large encore est la liste de celles et ceux qui, n’ayant pas pu donner une contribution, désirent néanmoins s’associer à notre entreprise de tous leurs vœux. Parmi les contributeurs il convient de citer en particulier le père Guy Bedouelle, o.p., collaborateur de la première heure de Bernard Roussel, notamment dans leur chef-d’œuvre, Le Temps des Réformes et la Bible, mais aussi dans d’autres travaux, depuis leur première rencontre à Genève à l’Institut d’Histoire de la Réforme. Le père Bedouelle a tenu, malgré la maladie qui le rongeait, à terminer sa contribution et à nous l’envoyer avant sa mort prématurée. Sans cette contribution, le volume aurait été bien incomplet. Nous remercions chaleureusement la Bibliothèque de la Société d’Histoire du Protestantisme Français, Marianne Carbonnier-Burkard et Florence Poinsot de nous avoir permis de reproduire la Bible d’Olivétan en illustration de couverture. Notre reconnaissance envers Gilbert Dahan est grande. Ses encouragements infatigables, sa grande exigence intellectuelle et sa constante amitié – sans compter sa très belle contribution à l’ouvrage – ont permis à ce volume de voir le jour. Nous remercions les Publications de l’EPHE, particulièrement Mme Cécile Guivarch, et les éditions Brepols d’accueillir ce volume dans leur programme éditorial. R. Gerald HOBBS et Annie NOBLESSE-ROCHER
2.
10
Paris 1989, Bible de tous les temps, t. V.
BIBLIOGRAPHIE DE BERNARD ROUSSEL
L’astérisque précédant les titres indique qu’il s’agit d’études reprises dans un recueil de travaux de Bernard Roussel, qui doit paraître en 2013 aux éditions Droz, à Genève. 1968 – « Le jeune Calvin : étude critique sur “A. Ganoczy, Le jeune Calvin. Genèse et évolution de sa vocation réformatrice, Wiesbaden, France Steiner Verlag, 1966” », RHPR 48 (1968), p. 54-59. 1970 – « Martin Bucer, lecteur de l’épître aux Romains », thèse présentée en vue de l’obtention du grade de Docteur ès Sciences religieuses (3e cycle), Faculté de Théologie protestante de l’Université de Strasbourg, 1970. 1974 – « François Wendel et l’enseignement de l’histoire ecclésiastique », RHPR 54 (1974), p. 135-152. 1975 – *« Histoire de l’Église et histoire de l’exégèse au p. 181-192.
XVIe
siècle », BHR 37 (1975),
1976 – « Martin Bucer et Jacques Sadolet : la concorde possible, automne 1535 ? », BHR 122 (1976), p. 507-524. 1977 – *« Martin Bucer exégète », G. LIVET, F. RAPP, J. ROTT (éd.), Strasbourg au cœur religieux du XVIe siècle. Hommage à Lucien Febvre. Actes du colloque international de Strasbourg, 25-29 mai 1975, Librairie Istra, 1977 (« Publications de la Société savante d’Alsace et des régions de l’Est. Collection Grandes publications » XII), p. 153-166. – « Le premier colloque international d’histoire de l’exégèse biblique au Genève, 29/9 – 1/10 1976 », BHR 39 (1977), p. 167-171.
XVIe
siècle,
– avec A. SÉGUENNY, « Les non-conformismes aux XVIe et XVIIe siècles : bilan d’une première enquête sur les travaux en cours », RHPR 57 (1977), p. 209-222.
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Bibliographie de Bernard Roussel
1978 – « La découverte de sens nouveaux de l’épître aux Romains par quelques exégètes français du milieu du XVIeVLqFOHª2)ATIO et P. FRAENKEL (éd.), Histoire de l’exégèse au XVIe siècle. Textes du Colloque international tenu à Genève en 1976, Genève, Droz ©eWXGHVGH3KLORORJLHHWG¶+LVWRLUHª S ±©/HVFHQWSUHPLqUHVDQQpHVGHOD0LVVLRQ3RSXODLUHeYDQJpOLTXHQpH0DF$OOª Parole et Société 3-4 (1978), p. 1-22. 1979 – « Simon Du Bois, Pierre Olivétan, Étienne Dolet, auteurs ou éditeurs de traductions IUDQoDLVHVGHWH[WHVGH0DUWLQ%XFHU O¶H[HPSOHGX3VDXPHªRHPR 59 (1979), p. 529-539. 1980 – « La formation biblique du clergé d’Autun entre 1540 et 1550. Bucer plagié, le chanoine Guilliaud censuré. Recherches nouvelles sur Claude Guilliaud (1493-1551), théoORJDOG¶$XWXQª0DE K ROON, M. LIENHARD (éd.), Horizons européens de la Réforme en Alsace. Mélanges offerts à Jean Rott pour son 65e anniversaire, Strasbourg, Librairie Istra, 1980 (« Publications de la Société savante d’Alsace et des régions de O¶(VW&ROOHFWLRQ*UDQGHVSXEOLFDWLRQVª;9,,, S – « Guy Bedouelle, historien de Jacques Lefèvre d’Étaples et éditeur, avec Franco Giacone, des Epistres et Evangiles pWXGHFULWLTXHªRHPR 60 (1980), p. 465-485. 1981 – « R. W. McAll, évangéliste auprès des prolétaires parisiens, entre la légende et l’hisWRLUHOHDRWªRHPR 61 (1981), p. 389-411. 1982 – © /D %LEOH G¶2OLYpWDQ OD WUDGXFWLRQ GX OLYUH GX SURSKqWH +DEDTXT ª ETR 57 (1982), p. 537-557. – « La restauration de l’unité de l’Église réformée de France : le rôle de la Délégation PL[WHª-%AUBÉROT (éd.), Vers l’unité, pour quel témoignage ? La restauration de l’unité réformée (1933-1938). Textes du colloque d’histoire et de sociologie du protestantisme de Montpellier (4-6 Novembre 1977), Paris, Les Bergers et les Mages – Institut Protestant de Théologie, 1982, p. 126-164. 1983 – « Désigner et décrire les dissidents : quelques questions et suggestions à la suite de O¶H[SRVp GH 5 &UDKD\ ª M. LIENHARD (éd.), Les dissidents du XVIe siècle entre l’humanisme et le catholicisme. Actes du Colloque de Strasbourg (5-6 février 1982), Baden-Baden, Éditions Valentin Koerner, 1983 (« Bibliotheca Dissidentium. Scripta et 6WXGLDª S
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Bibliographie de Bernard Roussel
±©&ODXGH*XLOOLDXGXQWKpRORJDOSULVHQÀDJUDQWGpOLWGHGLVVLGHQFH ª M. LIENHARD (éd.), Les dissidents du XVIe siècle entre l’humanisme et le catholicisme. Actes du Colloque de Strasbourg (5-6 février 1982), Baden-Baden, Éditions Valentin .RHUQHU©%LEOLRWKHFD'LVVLGHQWLXP6FULSWDHW6WXGLDª S ±©0DULDJHDPRXUHWVH[XDOLWpDXWHPSVGHV5pIRUPHVª$ZWILLING, J. CARBONNIER, &RXSOHVG¶DXMRXUG¶KXL5pÀH[LRQSURWHVWDQWH, Paris, Les Bergers et les Mages, 1983, p. 130-156. – « Recherche biblique et réforme religieuse, vingt ans après le groupe de Meaux : Claude *XLOOLDXGXQFKDQRLQHWKpRORJDOG¶$XWXQª3%ARTHEL, R. SCHEURER, R. STAUFFER (éd.), Actes du colloque Guillaume Farel (Neuchâtel, 29 septembre-1er octobre 1980), Genève – Lausanne – Neuchâtel, Cahiers de la Revue de Théologie et de Philosophie, 1983 ©&DKLHUVGHOD5HYXHGH7KpRORJLHHWGH3KLORVRSKLHª S 1984 – « Une édition nouvelle des Operationes in PsalmosGH0DUWLQ/XWKHUªRHPR 64 (1984), p. 271-278. ± © /D SODFH GH /XWKHU GDQV O¶KLVWRLUH GH O¶H[pJqVH ELEOLTXH ª QXPpUR VSpFLDO GX Bulletin du Centre protestant d’études et de documentation 293 (1984), p. 3-29. 1985 – « Les “Nouveaux Jérôme” (1525-1535) : Les Psaumes traduits en français juxta veritatem hebraicam ª%&HEVALIER, R. SAUZET (éd.), Les Réformes : enracinement socio-culturel. XXVe Colloque international d’études humanistes, Tours, 1er-13 juillet 1982, Paris, Éditions de la Maisnie, 1985, p. 273-284. ±©/D0LVVLRQ3RSXODLUHeYDQJpOLTXHGH)UDQFHªPrésence (été 1985). 1986 – ©8QFKDQWGX 6HUYLWHXU GDQV OD%LEOHG¶2OLYpWDQª ' BARTHÉLEMY, H. MEYLAN, B. ROUSSEL, 2OLYpWDQ &HOXL TXL ¿W SDVVHU OD %LEOH G¶KpEUHX HQ IUDQoDLV, Bienne, Société Biblique Suisse, 1986, p. 30-34. – en collaboration avec G. VINCENT©%q]H7KpRGRUHGH ª F. CHÂTELET, O. DUHAMEL, E. PISIER (éd.), Dictionnaire des œuvres politiques, Paris, Presses Universitaires de France, 1986, p. 85-90. – en collaboration avec B. VOGLER©5pIRUPHª$%URGUIÈRE (éd.), Dictionnaire des sciences historiques, Paris, Presses Universitaires de France, 1986, p. 564-569. – « Les premières dissidences religieuses du XVIeVLqFOHj0HW]KLYHUpWp ª L. CHâTELLIER (éd.), Les Réformes en Lorraine, 1520-1620, Presses Universitaires de 1DQF\©&HQWUHGHUHFKHUFKHVHQKLVWRLUHVRFLDOHHWUHOLJLHXVHª S – *« Marguerite de Navarre, les débuts de la Réforme et les troubles à Alençon, 1530 ª Bulletin de la Société Historique et Archéologique de l’Orne 105 (1986), p. 87-106.
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Bibliographie de Bernard Roussel
1987 – « Martin Bucer tourmenté par les “Spiritualistes”. L’exégèse polémique de l’épître DX[ eSKpVLHQV ª -* 5OTT, S. L. VERHEUS (éd.), Anabaptistes et dissidents au XVIe siècle. Actes du Colloque international d’histoire anabaptiste du XVIe siècle tenu à l’occasion de la XIe Conférence Mennonite mondiale à Strasbourg, juillet 1984, Baden-Baden – Bouxwiller, Valentin Koerner, 1987 (« Bibliotheca Dissidentium. 6FULSWDHW6WXGLDª S – en collaboration avec R. PETER©/H/LYUHHWOD5pIRUPHLQWURGXFWLRQª©/H/LYUH OD5pIRUPHHWODIDPLOOHUR\DOH SUpVHQWDWLRQª©/DGpGLFDFHj)UDQoRLV 1er du De vera et falsa religione Commentarius de Huldrych Zwingli (mars 1525) » « Un privilège pour la Bible d’Olivétan (1535) ? Jean Calvin et la polémique entre $OH[DQGUH $OHVLXV HW -RKDQQHV &RFKODHXV ª © 2ULHQWDWLRQV ELEOLRJUDSKLTXHV ª R. PETER, B. ROUSSEL (éd.), Le Livre et la Réforme, Bordeaux, Société des Bibliophiles de Guyenne, 1987 [= Revue Française d’Histoire du Livre 50 (1986)], p. 9-14, 183-186, 187-199, 233-261, 263-272. – « L’Épître aux Éphésiens de Laurent Valla à Sixte de Sienne et Théodore de Bèze : quelques aspects de l’histoire des écrits bibliques au XVIeVLqFOHª07ARDIEU (éd.), Les règles de l’interprétation, 3DULV&HUI©3DWULPRLQHV5HOLJLRQVGX/LYUHª p. 173-194. ± ©2OLYpWDQ³FRUEHDXHQURXp´"/DWUDGXFWLRQIUDQoDLVHG¶eSKpVLHQVHWeVDwHª ©,QGLFDWLRQVELEOLRJUDSKLTXHVª*&ASALIS, B. ROUSSEL (éd.), Olivétan, traducteur de la Bible. Actes du colloque Olivétan, Noyon, mai 1985, Paris, Cerf, 1987, p. 77-88, 191-196. 1988 – « “Tailler le pain de l’Écriture” (Jean Calvin) : Richard Stauffer, historien des théologies du XVIe VLqFOH ª SUpVHQWDWLRQ GH OD FRQIpUHQFH WHQXH HQ 6RUERQQH OH 19 octobre 1987, en hommage à Richard Stauffer, avec la participation de J. BAUBEROT, G. BEDOUELLE, M. DELVAL, O. FATIO, M. LIENHARD, O. MILLET et B. ROUSSEL, Revue de la Société des élèves, anciens élèves et amis de la section des Sciences religieuses de l’École pratique des hautes études (1988), p. 51-55. – *« De Strasbourg à Bâle et Zurich : une “école rhénane” d’exégèse (ca 1525-ca ªRHPR 68 (1988), p. 19-39. – (éd.), Zwingli Ulrico, Breve istruzione cristiana…, Turin, Albert Meynier, 1988 (« Il WHPSRGHOOHULIRUPHUHOLJLRVHª ±©)UDQoRLV/DPEHUW3LHUUH&DUROL*XLOODXPH)DUHO«HW-HDQ&DOYLQ ª W. H. NEUSER (éd.), Calvinus Servus Christi. Die Referate des Congrès international des recherches calviniennes (Debreczen, Hongrie, 25-28 Août 1986), Budapest, 3UHVVHDEWHLOXQJ GHV 5DGD\.ROOHJLXPV S © ,Q PHPRULDP 5RGROSKH 3HWHUIpYULHUGpFHPEUH ª Ibid., p. 13-15. ±©5LFKDUG6WDXIIHU KLVWRULHQGHOD5pIRUPHªBSHPF 134 (1988), p. 661©3UpGLFDWLRQHW+LVWRLUHGHVUHOLJLRQVªibid., S©%LEOLRJUDSKLHGH 5LFKDUG6WDXIIHUªibid., p. 699-707.
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Bibliographie de Bernard Roussel
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Bibliographie de Bernard Roussel
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L’auteur de Rome anti-chretienne systématise ce parallèle. Il voit trente HWXQH©FRQIRUPLWpVªHQWUHO¶KLVWRLUHGHV0DFFDEpHVHWFHOOHGHVKXJXHQRWV ce qui lui permet de ne pas s’en tenir à la question des limites de l’obéissance due au souverain : les livres des Maccabées sont les seuls du corpus biblique
19. Rome anti-chretienne, p. 4-7. 20. Rome anti-chretienne, p. 32. 21. J. AYMON (éd.), Tous les synodes nationaux des Églises réformées de France, Charles Delo, /D+D\HW,SYRLU+BOST, Ces Messieurs de la R.P.R., p. 50. 22. Rome anti-chretienneSHQPDUJH©0DFFª 23. Response à la lettre précédente ou Apologie pour les protestans du Dauphiné qui ont conservé la liberté de leurs exercices de religion, dans Avertissement aux protestans des provinces, p. 48. L’auteur se réfère à 1 M 2, 15-19.
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(au sens large, puisqu’ils sont apocryphes) où soit légitimée une révolte contre l’autorité politique au nom d’idéaux religieux. Ici, il s’agit moins de défendre une tactique ou de prôner une attitude que d’interpréter la réalité du moment SDULGHQWL¿FDWLRQDXUpFLWGXSDVVpGDQVO¶XQHWO¶DXWUHFDVOHVVROGDWVSDUWLFLSHQWjODUpSUHVVLRQUHOLJLHXVHOHUHSUpVHQWDQWGXSRXYRLUSURIqUHGHVSDUROHV DSDLVDQWHVPDLVDJLWYLROHPPHQWLOLPSRVHMXVTXHGDQVOHVVDQFWXDLUHVHWGH PDQLqUHLQVXOWDQWHTX¶RQDSSOLTXHGHVORLVpWUDQJqUHVLOFRQ¿VTXHOHVELHQV GXVDQFWXDLUHHWIDLWSLOOHUOHVIDPLOOHVHWF/DTXLQ]LqPH©FRQIRUPLWpªHVW frappante : Antiochus commanda qu’on souillât le sanctuaire, qu’on bâtît des temples & des chapelles aux idoles, qu’on immolât de la chair de pourceau & qu’on profanât les sabâs & les jours solennels. /HVLQWHQGDQVOHFOHUJp OHVFRPPDQGDQVGHVWURXSHVRQWHQFKHULVXUO¶LPSLpWpGHVFRPPLVVDLUHV GHVHYrTXHVG¶$QWLRFKXV$SUqVDYRLURXFRPPDQGp RXSHUPLVDX[GUDJRQV jODSRSXODFHGHSURIDQHUOHVWHPSOHVGHV5HIRUPpV en les changeant en des écuries ou en des retraîs, en y chantant de leurs ERXFKHVLPSXUHVGHVFKDQVRQVVDOHV GHVKRQQrWHVHQ\YRPLVVDQWPLOOHKRUULEOHVEODVIrPHVFRQWUHOHVDLQW JUDQGQRPGH'LHXTXL\pWRLWDGRUpRQOHV a changés en des tristes masures. Après avoir enlevé à nos peuples ces lieux VDFUH]RLOVVDQFWL¿RLHQWSXEOLTXHPHQWOHGLPDQFKHSDUOHVHUYLFHVSLULWXHO UDLVRQQDEOHTX¶LOV\UHQGRLHQWj'LHXRQOHVIRUFHjSURIDQHUFHVDLQWMRXU HQOHVWUDvQDQWGDQVGHVWHPSOHV GDQVGHVFKDSHOOHVGRQWOHVLGROHVVRQWOH SULQFLSDORUQHPHQWHQOHVREOLJHDQWjVHSURVWHUQHUGHYDQWOHERLV ODSLHUUH VXUWRXWHQOHVFRQWUDLJQDQWG¶rWUHSUpVHQVjXQVDFUL¿FHSRXUTXLLOVQ¶RQW guéres moins d’aversion que les Juifs en avoient pour ceux d’Antiochus. C’est sur tout en ce second sens que nos persécuteurs profanent les sanctuaires du Seigneur, en forçant les Réformés à soüiller dans les abominations du papisme les temples vivans du Saint Esprit. C’est le nom glorieux que saint Paul donne DX[FRUSVGHV¿GpOHV.
Mêmes motifs que dans le Tableau naïf : souillure du chant et des lieux sacrés, idolâtrie, compromission des forces de l’ordre. Inutile de multiplier les H[HPSOHVFHX[FLVXI¿VHQWjPRQWUHUODFRKpUHQFHGHODYLVLRQKLVWRULTXHGHV protestants restés en France qui, comparant leur destin à celui du peuple élu dont la Bible raconte la geste, s’estiment plus durement frappés. La conviction de leur élection s’exacerbe dans la persécution, elle s’inscrit dans une compréhension ecclésiologique où faiblesse et souffrance sont exaltées comme signes de l’amour de Dieu. Avec leur façon d’assumer la persécution comme preuve paradoxale de l’élection, les réformés balbutient ce que l’on appellera par la VXLWHXQH©KLVWRLUHGHYDLQFXVª
24. Rome anti-chretienneSHQPDUJH©0DF0DFª 25. Réagissant au discours catholique qui prétendait retenir « la malheureuse issue des DGYHUVDLUHV HW OD IpOLFLWp WHPSRUHOOH ª FRPPH GHV FDUDFWpULVWLTXHV GH OD YUDLH eJOLVH -HDQ
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La persécution, preuve paradoxale de l’élection
Le Vieux Testament, clé de lecture théologique de l’actualité religieuse L’interprétation théologique de l’Ancien Testament appliquée à leur situation conduit les huguenots à prôner la résistance, mais cette conviction se GpFOLQHGLIIpUHPPHQWVHORQTX¶LOVVRQW©DX'pVHUWªVXUOHVOLHX[PrPHVR V¶DSSOLTXHO¶LQWHUGLFWLRQGHOHXUFRQIHVVLRQRX©DX5HIXJHªGDQVOHVSD\V SURWHVWDQWVG¶(XURSHRLOVEpQp¿FLHQWGHODOLEHUWpUHOLJLHXVHHWG¶XQFHUWDLQ recul. Sur place, la résistance à laquelle sont appelés les coreligionnaires est WDQW{WSDFL¿TXHWDQW{WDUPpH &ODXGH%URXVVRQHVWO¶XQGHVSUHPLHUVjUpÀpFKLUDXSDUDOOqOHHQWUHOHVRUW de l’Israël biblique et celui des huguenots. Selon lui, il existe entre l’un et l’autre une correspondance dont l’interprétation obéit aux mêmes règles herméneutiques que celles qui permettent traditionnellement aux chrétiens de FRPSUHQGUHODVLJQL¿FDWLRQGHO¶$QFLHQ7HVWDPHQWFHOXLFLDQQRQFHFHTX¶DFFRPSOLWOH1RXYHDX&RPPHODPDQQHDXGpVHUWSUp¿JXUHOHSDLQHXFKDULVWLTXH RX TXH OH VDFUL¿FH G¶,VDDF V¶DFFRPSOLW GDQV FHOXL GX &KULVW O¶KLVWRLUH d’Israël s’achève dans celle de l’Église chrétienne. Cependant, s’il renoue à sa façon avec les trois sens spirituels de l’exégèse médiévale, Brousson tend jGpODLVVHUOHVHQVDOOpJRULTXHDXSUR¿WGHVVHQVWURSRORJLTXHHWDQDJRJLTXH c’est moins l’accomplissement passé, en Christ, qui retient son attention, que la possibilité d’interpréter le présent et d’annoncer l’avenir. Cette clé de lecWXUHPHWHQFDXVHODOpJLWLPLWpGHO¶eJOLVHRI¿FLHOOHDFWXHOOHF¶HVWjGLUHGX catholicisme romain, car sa prospérité temporelle ne correspond pas à la vocation que Dieu a assignée aux siens. A contrario DXVVL LQ¿GqOHV HW PDOPHnées soient-elles, les Églises de la Réforme sont authentiques parce qu’elles connaissent la destinée du peuple élu. C’est dans ce cadre qu’il décrypte l’action providentielle d’un Dieu qui n’abandonne jamais ceux qu’il s’est choisis : Ceux qui lisent avec soin les divines Ecritures peuvent avoir remarqué que le tems de la Réformation répond à celui du retour de l’ancienne Babylone, auquel tems ceux qui redresserent les murailles de Jerusalem furent contraints de tenir l’épée d’une main pendant qu’ils bâtissoient de l’autre. On peut aussi avoir remarqué que ce tems répond à celui des Maccabées, dont la désolation DpWpPDQLIHVWHPHQWO¶LPDJH OHW\SHGHODQ{WUH GHFHOOHGHV¿GpOHVGH 3LpPRQW TXLHQUpWDEOLVVDQWOHVHUYLFHGXYUDL'LHXIXUHQWDXVVLFRQWUDLQWV de combattre pour la défense de leur propre vie. On peut encore avoir UHPDUTXp FHX[TXLQHO¶RQWSDVIDLWOHUHFRQQRLWURQWSHXWrWUHGDQVODVXLWH
Mestrezat s’était indigné : « C’est une chose indigne que des chrétiens proposent de telles PDUTXHV-pVXV&KULVWD\DQWSUpGLWPDX[HWWULEXODWLRQVHQODWHUUHjVHV¿GqOHVªTraité de l’Église, Genève 1649, cité d’après R. VOELTZEL, Vraie et fausse Église selon les théologiens protestants français du XVIIe siècle, PUF, Paris 1955, p. 98. 26. Sur cette utilisation protestante de la typologie avant Brousson, voir en particulier J.-G. DES BERGERIES, 0RwVHVDQVYRLOHRXH[SOLFDWLRQGHVW\SHVHWGHV¿JXUHVGHO¶$QFLHQ Testament, Genève 1670.
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que ce tems répond aussi en quelque maniére à celui d’Elie, qui fut longtems GDQVOHGpVHUW TXLpWRLWWUDQVSRUWpGH]pOH G¶LQGLJQDWLRQFRQWUHOHVVDFUL¿FDWHXUVGH%DKDOMXVTXHVOjTX¶LOOHV¿WWXHU ¿WGHVFHQGUHOHIHXGX&LHO sur les soldats du roi Achazja.
8QWHOSDUDOOqOHSRXUUDLWMXVWL¿HUODSULVHG¶DUPHVDXQRPGHVLQWpUrWVVXSprieurs de la foi. Persuadé au contraire que l’évangile appelle à une résistance non-violente, Brousson prend soin de poursuivre la comparaison en rappelant qu’à l’Horeb, le prophète Élie a découvert la lutte douce et charitable. Dans son actualisation de l’épisode (1 R 19), Brousson interprète le vent violent comme la persécution qui a terrassé les Églises. Après ce vent « excité par le IDX[]HOHGHVPDXYDLVSDVWHXUVªDSUqVOH©WUHPEOHPHQWGHWHUUHP\VWLTXHª du grand mouvement populaire de refus, après un feu d’indignation et de venJHDQFHGRQWOHV¿GqOHVRQWpWpHQÀDPPpV'LHXPRQWUHTX¶LOQHUHFRXUUDSDV jGHWHOVPR\HQVSRXUFRQYHUWLUVRQSHXSOH8Q©VRQFRL VXEWLOªVHIDLW entendre, qui s’avère être « la prédication de l’Evangile faite avec un esprit GHGRXFHXU GHFKDULWp>«@FHVHUDSDUFHWWHYRwHTXH'LHXFRQYHUWLUDOHV SHXSOHV TX¶LODFKHYHUDG¶pWDEOLUVRQ5pJQHSDUWRXWHODWHUUHª À cette conception générale de l’élection s’ajoute la certitude d’une providence personnelle. Prédicateur, Brousson court de grands dangers. Il est QpDQPRLQVFRQYDLQFXTXHVRQPLQLVWqUHH[WUDRUGLQDLUHEpQp¿FLHG¶XQHSURtection particulière : aucune des assemblées clandestines qu’il a présidées n’a été surprise par les ennemis, et LODWRXMRXUVpSURXYpFHTXHOH6DLQW(VSULWQRXVGLWGDQVOHVUpYpODWLRQVG¶,VDwH FKY L’Eternel, dit il, crééra sur tout le plan du Mont Sion & sur les DVVHPEOpHVXQHQXpHGHMRXUDYHFXQHIXPpH XQHVSOHQGHXUGHIHXÀDPboyant de nuit : car il y aura protection sur toute la gloire. Et il y aura de jour une cabane pour l’ombrage contre la chaleur, & pour refuge & cachette contre la tempête & la pluïe.
%URXVVRQ WpPRLJQH GH OD PrPH FRQ¿DQFH HQ OD SURYLGHQFH GLYLQH HW recourt en permanence à l’exégèse typologique qui lui permet d’interpréter les passages de l’Ancien Testament comme autant de preuves de l’élection divine du peuple huguenot dont il a reçu la responsabilité pastorale. Le recueil de ses prédications s’intitule La Manne mystique : de même que Dieu a assuré la
27. C. BROUSSON, Relation sommaire des merveilles que Dieu fait en France dans les Cevennes & dans le Bas-Languedoc, pour l’instruction & la consolation de son Eglise desolée, >VO@SHQQRWH©1HKHPY5RLV5RLV VXLYª 28. C. BROUSSON, Relation sommaire des merveilles, p. 33s. 29. C. BROUSSON, Relation sommaire des merveilles, p. 59. 30. C. BROUSSON, La manne mystique du désert, ou sermons prononcés en France dans les GpVHUWVHWGDQVOHVFDYHUQHVGXUDQWOHVWpQqEUHVGHODQXLWGHO¶DIÀLFWLRQOHVDQQpHV 1690, 1691, 1692 et 1693, Henri Desbordes, Amsterdam 1695. On note un renouveau
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La persécution, preuve paradoxale de l’élection
VXUYLHGHVRQSHXSOHDX6LQDwVDSDUROHFRQWLQXHGHQRXUULUOHV¿GqOHVTXLQH l’abandonnent pas. Mystique désigne ce qui relève de l’accomplissement de l’Ancien Testament par le Nouveau, ce qui fait s’élever du matériel au spirituel : or cette opération ne s’achève que maintenant. Au Refuge, un double processus de sécularisation et d’assimilation est à l’œuvre, qui explique que les exilés ne soient pas sur la même longueur d’ondes TXH OHXUV FRUHOLJLRQQDLUHV UHVWpV HQ )UDQFH /D OHFWXUH ¿JXUDWLYH ODLVVH GH plus en plus place à l’exégèse historico-critique, qui récuse les projections VSLULWXHOOHV HW LPSRVH GH SUHQGUH HQ FRPSWH OD VSpFL¿FLWp GH FKDTXH WH[WH Respectueux du statut juridique qu’octroient les États aux croyants, les réfugiés tendent à privilégier le loyalisme monarchique et l’obéissance, au risque d’être considérés comme des croyants frileux, voire lâches. L’éloignement géographique et mental les empêche de percevoir comment leurs frères français, et tout particulièrement ceux du Midi, interprètent leur situation à partir de l’Ancien Testament. Le pasteur et théologien Pierre Jurieu fait exception à cette tendance générale. Porté à spéculer sur le déroulement eschatologique de l’histoire à partir d’une chronologie fondée sur l’Apocalypse, il entreprend de soutenir le moral et la foi de ses compatriotes protestants en les confortant dans leurs convictions. Ses Lettres pastorales bimensuelles, où il martèle l’idée d’un combat contre la tyrannie du Roi-Soleil au nom du Roi des rois, indiquent, dès leur titre, que le théologien de Rotterdam s’inscrit dans la même ligne herméneutique que Brousson : à l’instar du peuple pOX GH OD %LEOH OHV © ¿GHOHV GH )UDQFH >«@ JHPLVVHQW VRXV OD FDSWLYLWp GH Babylon ª ¬ O¶H[LO JpRJUDSKLTXH GX VIe siècle avant Jésus-Christ répond l’exil intérieur des huguenots, exhortés à ne pas faillir et à ne pas céder à la tentation du désespoir ou de l’apostasie. La lecture juréenne des événements
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de l’intérêt pour le discours homilétique de Brousson : voir F. ALBERTS, « La “langue de Canaan” dans la Manne mystique du désert GH &ODXGH %URXVVRQ ª PpPRLUH GH PDvWULVH ,370RQWSHOOLHUGLU+%RVW 'SCHUMANN, « La manne au Désert. Claude Brousson HWVHVDVVHPEOpHVGX'pVHUWGDQVOHV&pYHQQHVHWOH%DV/DQJXHGRFHQWUHHWª PpPRLUH GH PDVWHU 8QLYHUVLWp GH %RXUJRJQH GLU ' /H 3DJH & BERNAT, « Zèle et défaut de zèle au XVIIe siècle : la réjection des tièdesGDQVODSDVWRUDOHGH&ODXGH%URXVVRQª mémoire de master 2, IPT, Paris 2011 (dir. M. Carbonnier-Burkard). Voir H. BOST, « De la désertion des ministres au Désert des prédicants. Les reproches de %URXVVRQDX[SDVWHXUVH[LOpVjODUpYRFDWLRQGHO¶pGLWGH1DQWHVªGDQV6DPXHO@3DUDOLS>&KU@ªCf. Biblia, Robert Estienne, Paris 1545, note 5, fo 61ro de la foliotation des Psaumes.
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Castellion et Calvin. Duo lectores ad Davidis lyram
Calvin prend les différentes solutions adoptées, associant Ephrata à Silo ou à Sion, égratignant Jérôme au passage, qui a traduit Ephratha par Carpophoria © TXL VLJQL¿H ³DSSRUWDQW IUXLW” ª DYDQW GH SURSRVHU G¶LQWHUSUpWHU Ephratha FRPPH©SURGXLUHIUXLWªHQIDLVDQWOHSDUDOOqOHDYHF%HWKOpKHP/HSDVVDJH le plus long du commentaire explique qu’Ephratha pourrait être le lieu idoine, SXLVTXHOLHXGHQDLVVDQFHGH'DYLGPDLVOD¿QGXYHUVHWFRQWUHGLWFHOD Nous l’avions ouye en Ephratha, mais nous l’avons trouvée és forests : c’est-àdire, en un lieu qui n’est si plaisant ne si bien cultivé.
Le commentaire se poursuit sur la description de la région de Jérusalem, entourée de montagnes et Calvin d’ajouter « en sorte que ce n’est point sans cause qu’elle est appelée “Champ de la forest”ª,OHVWWRXWHIRLVpWRQQDQWTXH « nous adorions Dieu en un lieu de forest, jusques à ce qu’il accomplisse la promesse qu’il a faite d’Ephratha, laquelle il diffère. Mais pource que ceste LQWHUSUpWDWLRQHVWFRQWUDLQWHjJUDQG¶SHLQHO¶RVpMHUHFHYRLUHWGHIDLFWMHQH ODORXHSRLQWSRXUXQHYUD\HH[SRVLWLRQª&DOYLQSHXWDORUVFRQFOXUH Selon mon opinion ce sens est le plus simple, que ce nom d’Ephrata est prins plustost de la personne de David que du lieu, comme si le Prophete eut dit : « Maintenant depuis que Dieu a choisy pour soy un roy Ephrathéen, le lieu TXDQWHWTXDQWDXVVLDHVWpRUGRQQpjO¶$UFKHGHO¶DOOLDQFHª
La conclusion ne s’achève pas sans un avertissement moral : « Néantmoins OHV¿GqOHVPRQVWUHQWTX¶LOQ¶HVWOLFLWHGHGpEDWUHG¶HVOLUHXQOLHXSRXUDXWDQW TX¶LOVDYR\HQWGHVMjRX\FHTX¶LOSODLVRLWj'LHXª/¶LQWHUSUpWDWLRQGH&DOYLQ HVWRULJLQDOHFKHUFKHjUHQGUHFRPSWHGHVGLI¿FXOWpVGXWH[WHWDQWJUDPPDWLcales que géographiques, mais n’emporte pas l’adhésion. L’obscurité de Calvin ne correspond pas exactement à celle de Castellion, mais ils sont bien tous les deux des réformés qui osent revendiquer une obscurité de l’Écriture, et l’on peut parfois estimer que ce sont les niveaux de l’interprétation herméneutique qui diffèrent, plutôt que des principes exégétiques. Du côté catholique romain, en effet, Cajetan, en 1530, considérait que le verset 6 mentionnait le changement des lieux où fut l’Arche, sans déceler aucune obscurité, pas davantage après Trente Génébrard, qui ouvre tout le dossier patristique et rabbinique. Dom Calmet, au XVIIIe siècle, parlera de ©ODJUDQGHGLI¿FXOWpGXSDVVDJH>TXL@FRQVLVWHGDQVFHVGHX[PRWVEphrata et le champ du boisªPDLVGLI¿FXOWpQ¶HVWSDVREVFXULWpHWQRXVVRPPHVDORUV au siècle des Lumières.
27. Cf. Thomas Vio Cajetan, Psalmi Davidici ad Hebraicam veritatem castigati, Lucantonio Giunta, Venise 1530, fo 217vo-218ro. 28. Cf. Gilbert Génébrard, Psalmi Davidis, Horace Cardon, Lyon 1615, p. 888s.
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Max Engammare
Tant Calvin que Castellion nous ont donné des éléments permettant de Gp¿QLUOHVWDWXWGHO¶eFULWXUHHWODSRVVLELOLWpGHVRQLQWHUSUpWDWLRQ/DTXHVWLRQ de l’inspiration sera au cœur des débats. Questions herméneutiques. Castellion Dans la préface Ad lectores admonitio, après la dédicace à Edward VI, Castellion précisait déjà en 1551 : Quod autem alicubi scribo, me aliquem locum non intelligere, id non ita accipi volo, quasi cætera plane intelligam : sed ut sciatur, me in aliis aliquid saltem obscuræ lucis habere, in illis nihil : tum autem, ut meae translationi in quiEXVGDP KXLXVPRGL ORFLV QRQ QLPLXP FRQ¿GDWXU 1HTXH WDPHQ XELTXH TXLG QRQLQWHOOLJDPRVWHQGRHVVHWHQLPKRFLQ¿QLWXP5XUVXPTXRGLQ9DWLEXV quædam oracula explano, ut in Esaia de Emmanuele, de Cyro, de Senacheribo, et talia, non ita declaro, quasi nihil ibi abstrusius ac divinius lateat : sed humana, et verbis aut eventum ostensa, expono : et diviniora, quæ ibi tecta sunt, iis relinquo, quibus Deus spiritum suum largius impertiverit. Interea PHD QXOOL REHVVH PHR TXLGHP MXGLFLR SRWHUXQW SU VHUWLP FXP SUR¿WHDU me non esse Vatem, sed Vatum et veritatis studiosum. Superest ut te, Lector, orem, ut nostrum hunc laborem boni consulas.
« Moi, je ne suis pas un prophète, je ne suis que quelqu’un qui étudie les SURSKqWHV HW OD YpULWp ª pFULYDLW GRQF &DVWHOOLRQ 'DYLG pWDQW O¶XQ GHV SOXV grands prophètes. En 1547, l’argument du Ps 1 était Pios esse beatos, impios autem miseros, tout en ajoutant le titre Davidis vatis et regis carmen, « le FKDQWGH'DYLGSURSKqWHHWURLª±MHO¶DLGLW&DVWHOOLRQSUpFLVDLWWRXWHIRLVTX¶LO adoptait le titre de la Septante, puisque le texte hébreu ne le possédait pas. Doter David du titre de prophète, absent du texte hébreu, était un geste issu de la tradition ecclésiale que Castellion assumait. En effet, jamais David n’est dit prophète dans les Psaumes, au contraire, on lit au Ps 74, 9 : ’èyn-‘ôd nâvîm, ©LOQ¶\DSOXVGHSURSKqWHVªSVDXPHG¶$VDILOHVWYUDL(QOHWLWUHJUHF est conservé. En 1555, le texte n’est pas une simple traduction, mais une complète réécriture. Le contexte est celui de la traduction de certains passages des prophètes due à la matière. « Quant aux matieres – poursuit Castellion –, les unes sont FKDUQHOOHVHWOHVDXWUHVVSLULWXHOOHVª,OV¶H[SOLTXHGRQFVXUODGLVWLQFWLRQ J’appelle charnelles celles qui peuvent être entendues par entendement humain, même sans esprit prophetique, comme sont les ceremonies, e le pourtrait du Tabernacle de Moyse et du Temple de Salomon, e d’Ezechiel, e les visions des prophetes, e les similitudes et paraboles de Christ, e toute l’Apocalypse. Car
29. Cf. Biblia interprete Sebastiano Castalione, Joannes Oporin, Bâle 1551, fo>Į@Uo. 30. ©6LFJU FHLQVFULELWXUDSXG+HEU RVFDUHWªS
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ce sont contes de choses qui ont été faittes, ou qui sont racontées comme si elles avoint été faittes, lêquelles, combien qu’on n’entende pas qu’elles signi¿HQWVLQHODLVVHRQSDVSRXUWDQWGHOHVSRYRLUWUDGXLUHG¶XQHODQJXHHQDXWUH (QWHOOHVFKRVHVV¶LO\DHXTXHOTXHGLI¿FXOWpHOOHDWRXWHIRLVpWpGpFKLIIUDEOH Vrai êt qu’il peut bien être que en quelque passage on pourroit user de quelque mot plus propre, si on entendoit la matiere.
0rPHVLRQQHFRPSUHQGSDVFHTXHVLJQL¿HQWFHUWDLQVSDVVDJHVRQSHXW toutefois les traduire de la langue source vers la langue cible, l’inspiration ne tenant aucun rôle dans la traduction biblique. On pourra donc toujours amender et améliorer toute traduction. Castellion s’éloigne de la conception augustinienne des obscurités de l’Écriture qui sont autant de pièges pour ceux qui lisent à la légère (Sed multis et multiplicibus obscuritatibus et ambiguitatibus decipiuntur qui temere legunt, aliud pro alio sententies $XJXVWLQO¶DI¿UPHWRXWFHODDpWpGLYLQHment disposé (quod totum provisum divinitus esse non dubio). Castellion en vient ensuite aux matières spirituelles : Les choses spirituelles sont celles qui sont couvertes sous la lettre, comme seroit ce qu’enseigne Moyse qu’il faut rongner les cueurs, e David que le vrai VDFUL¿FHrWXQFXHXUEDVHURPSXH&KULVWTX¶LOIDXWUHQDLWUHH3DXOTX¶LOIDXW mourir au monde, e jetter en voye le levain de malice, e telles autres choses, êquelles git le fruit e le but de la sainte écritture, e sans lêquelles la lecture en rWDXVVLSHXSUR¿WDEOHTXHG¶DYRLUOHFRUVURQJQpRXODYpVDQVO¶DPH
Ce passage est essentiel, car il nous montre le sens spirituel que Castellion FKHUFKHTXDQGLOOLWO¶eFULWXUH±M¶DLGLW©OLWªQRQ©WUDGXLWª/HSUpIDFLHUHQ vient alors à citer un passage de la seconde Épître de Pierre (chapitre 1, 19-21) VXUODSDUROHGHVSURSKqWHVDI¿UPDQWTXHO¶LQWHUSUpWDWLRQGHVSURSKpWLHVQ¶HVW SDVDIIDLUHSULYpH©Q¶DSSDUWLHQWjSDUWLFXOLHUHGHFODUDWLRQª3LHUUHDYHFOHV mots de Castellion. Celui-ci enchaîne : Par ces parolles de l’Apôtre on peut entendre que le sens e esperit de l’écritture ne peut être comprins par art, ou science, ou engin, ou memoire, en entendement d’homme quelconque. Ce sont choses spirituelles, lêquelles autre que l’esperit même qui les a fait écrire ne peut entendre ou enseigner.
31. Cf. texte reproduit dans Sébastien Castellion, La Genèse 1555, éd. J. CHAURAND, N. GUEUNIER, C. SKUPIEN DEKENS, avec la collaboration de M. ENGAMMARE, Genève 2003 (« Textes /LWWpUDLUHV)UDQoDLVª S 32. Cf. Augustin, De doctrina christiana II, vi, 7.
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Castellion distingue les choses spirituelles de l’Écriture, leur caractère sacré, et la langue de rédaction du texte biblique, alors que l’interprète de l’Écriture doit être inspiré par le même esprit que celui qui a composé le texte biblique. Cette conception de l’inspiration est traditionnelle : Calvin commenWDWHXUHVWLQVSLUpSDUOHPrPH(VSULWTXLVRXIÀDVXU3DXOOHPrPH(VSULWTXL LQVSLUDeVDwHRX0RwVH&HWWHLQVSLUDWLRQQ¶HVWSDVFHOOHGH&DVWHOOLRQ&¶HVWOj que se place l’aveu souvent répété hors de son contexte : Par quoi moi qui n’ai pas l’esperit prophetique (car aussi n’ai-je pas tant étudié en humilité, qu’ês letres e sciences humaines) ne touche guaire en mes annotacions les choses spirituelles, sinon en tant qu’il êt besoin pour entendre le train et suite du propos.
On peut évidemment considérer l’aveu du manque d’humilité comme un écho ironique aux critiques de Calvin, mais le me non esse Vatem de 1551 revient en mémoire, surtout Castellion donne une clé interprétative en parlant d’une quatrième matière dans l’Écriture et en renvoyant son lecteur à une note de son annotation à 1 Corinthiens 14. On trouve en effet une note assez brève GDQVOHV©$QQRWDFLRQVª Si je ne vous parle en sorte qu’il y ait revelacion,) quand Dieu revele quelque chose, comme à Jehan en l’Apocalypse, ou connoissance, comme quand un homme parle de ce qu’il a veu ou oui, comme êt l’histoire de Luc ou de Jehan, ou prophecie, quand l’homme êt poussé e émeu de l’esperit, comme les settante anciens en Moyse, item Samuel e les autres. ou enseignement, quand on dispute par lettres e par raison, comme quand Paul parle de la foi d’Abraham. Or cête derniere façon, si elle’êt sans les autres, êt fort dangereuse, à cause que les hommes ne s’assujettissent pas aux saintes écrittures, ains les assujettissent à leurs affexions. De là viennent aujourd’hui tant de debats. (foįGYo)
Révélation, connaissance, prophétie et enseignement sont les quatre modes par lesquels l’Écriture donne à entendre la vérité divine, l’enseignement qui mène au dogmatisme étant le plus dangereux. Surtout, l’aveu de Castellion de
33. Je rejoins ainsi l’analyse de M.-Chr. GOMEZ-GÉRAUD et d’O. MILLET, « La rhétorique de la %LEOHFKH]%q]HHW&DVWHOOLRQG¶DSUqVOHXUFRQWURYHUVHHQPDWLqUHGHWUDGXFWLRQELEOLTXHª dans I. BACKUS (dir.), Théodore de Bèze (1519-1605). Actes du colloque de Genève (septembre 2005) *HQqYH ©7UDYDX[ G¶+XPDQLVPH HW 5HQDLVVDQFH ª S 448, ici p. 435. Chez Castellion, res et verba sont séparés, et « c’est revenir sur tout l’effort humaniste de ressaisir les res à travers la philologie et le style des verbaª 34. Cf. M.-Chr. GOMEZ-GÉREAU : « Sans doute cette remarque est-elle formulée sur le mode ironique, comme une allusion implicite à Calvin et à ses proches, surtout après l’affaire 6HUYHWFRQGDPQpSRXUKpUpVLHª©7UDGXLUHHWWUDQVODWHUOD%LEOHGH6pEDVWLHQ&DVWHOOLRQª Camenæ 3, novembre 2007, p. 6 et note 32 (consultation en octobre 2007 et en mars 2009, dernièrement à l’url KWWSZZZSDULVVRUERQQHIUIUVSLSSKS"DUWLFOH). Le me non esse VatemGHODSUpIDFH©$GOHFWRUHVDGPRQLWLRªGHODBiblia interprete Sebastiano Castalione de 1551 précédant de deux ans le procès Servet de 1553 (fo>Į@Uo).
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QHSDVDYRLU©O¶HVSHULWSURSKHWLTXHªQ¶HVWHQDXFXQFDVXQHQpJDWLRQGHO¶LQVpiration de l’Écriture, mais un retrait par rapport à l’enseignement et à l’élucidation spirituels. Au contraire, Castellion s’est assujetti aux saintes Écritures comme bien peu d’autres commentateurs et théologiens au XVIe siècle. Il considérait qu’on comprend l’Écriture avec des facultés humaines, cela lui permit d’oser avancer qu’il ne comprenait pas quelque chose et qu’il n’avait pas l’esprit prophétique. Le déplacement qu’il marque est essentiel, rarissime dans la polémique religieuse du siècle des Réformes, en accord avec sa conception de la tolérance : ce ne sont pas les autres qui n’ont pas compris quelque chose, c’est lui, lui seul, qui porte la tare intelligente de l’incompréhension, sans polémique aucune. Son courage herméneutique est exemplaire. On comprend d’ailleurs mieux pourquoi Castellion n’a jamais composé de commentaires, se limitant à des annotationes. On pense évidemment à ce qu’il écrira en 1554, reprochant à Calvin d’écrire trop de commentaires : « Pourquoi donc Calvin écrit-il tant de livres sur la “vérité avérée”"ª3OXVKDXWGDQVVRQ pamphlet, Castellion s’était déjà étonné du grand nombre de commentaires édités sur les questions si claires de la Bible, remarquant que « pour les lire WRXVWURLVYLHVG¶KRPPHVQ¶\VXI¿UDLHQWSDVª&DVWHOOLRQDQWLFLSDLWOH©WRXW HVWFRPPHQWDLUHªGH0RQWDLJQHELHQVURXOH©7RXVEURXLOOHQWOHSDSLHU WRXV VH PHVOHQW G¶HVFULUH (W GHV KRPPHV FHF\ SUHVTXH HVW OD IDXWH SLUH ª d’André de Rivaudeau (1566), mais rappelait aussi la préface de Calvin à son commentaire aux Romains, qui s’excusait de composer un nouveau commenWDLUHDSUqVWRXWHVOHV°XYUHVUpFHQWHVGHTXDOLWp'HIDLW&DVWHOOLRQV¶DI¿FKDLW proche d’Érasme, en abordant les genres littéraires de la traduction, des annotations et de la paraphrase poétique de la Bible, et en retenant son jugement jusqu’au doute. -H¿QLVVDLVXQHpWXGHVXUO¶LOOXVWUDWLRQGHOD%LEOHGH&DVWHOOLRQHQQRWDQWOD chute d’une note sur la description du nouveau Temple d’Ezéchiel : Vela le Temple quant a la lettre, mais quant a l’esprit, nul ne l’entendra, sinon ceux qui renoueront à eux mêmes, e deviendront nouvelle creature, comme le Seigneur le montre, disant au prophete : « S’ils ont honte de tot ce qu’ils ont IDLWGRQQHOHXUDHQWHQGUHODIRUPHHWIDoRQGX7HPSOHª.
35. Cf. Contre le libelle de Calvin après la mort de Michel Servet, trad. E. BARILIER, Genève 1998, p. 232. 36. Ibid., p. 97. 37. Aman, tragédie sainte, éd. K. CAMERON*HQqYH©7H[WHV/LWWpUDLUHV)UDQoDLVª p. 51. Il s’agit d’un passage de la dédicace à Jeanne d’Albret critiquant le trop grand nombre d’écrivaillons de son temps. 38. ©5HQRXHURQVªRQYRXGUDLWOLUH©UHQRQFHURQVªOHODWLQQ¶DLGDQWSDVLFLFDU&DVWHOOLRQV¶HQ est éloigné dans l’expression française. 39. Cf. Bible 1555, fo [kc6]vo-ddro©/¶LOOXVWUDWLRQGHOD%LEOHYRXOXHHWUpDOLVpHSDU6pEDVWLHQ &DVWHOOLRQªJournal de la Renaissance 3 (2005), p. 19-40.
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C’est ce que nous donne Castellion, la lettre du texte. Quant à l’esprit, à O¶LQWHUSUpWDWLRQ VSLULWXHOOH LO IDXW G¶DERUG © UHQRXHU j VRLPrPH ª UHQDvWUH devenir nouvelle créature, et Castellion ne nous dit pas s’il est passé par cette métanoia. &KH]&DVWHOOLRQOHVGLI¿FXOWpVQHVRQWSDVG¶RUGUHOH[LFDOPDLVSOXVFRPplexes : relatives à la représentation du texte, à la grammaire ou tout simplement au sens d’un énoncé qu’il a traduit sans problème, les obscurités l’arrêtant peu. Les annotations de Castellion attendent encore leur exégète (ainsi en face de Juges 18, 30, la très moderne remarque : « Ici voit on que ce OLYUHDpWppFULWDSUHVODFDSWLYLWpª>UHPDUTXHTX¶XQ%UHQ]Q¶DYDLWSDVOLYUpH GDQVVRQFRPPHQWDLUHGH@ HWF Questions herméneutiques. Calvin Nombreux furent ceux qui traitèrent de l’herméneutique de Jean Calvin. Il n’est pas question de reprendre ici toute la question, Bernard Roussel connaît d’ailleurs le dossier mieux que quiconqueTX¶LOVXI¿VHGHGRQQHUTXHOTXHV points de comparaison avec Castellion. Calvin parle de l’inspiration du SaintEsprit au chapitre VII du livre I de l’Institution, « Par quels tesmoignages il faut que l’Escriture nous soit approuvée à ce que nous tenions son authorité FHUWDLQHDVVDYRLUGX6DLQW(VSULWHWTXHo¶DHVWpXQHLPSLpWpPDXGLWHGHGLUH TX¶HOOHHVWIRQGpHVXUOHMXJHPHQWGHO¶(JOLVHªWLWUHSURJUDPPDWLTXHV¶LOHQ est. Il en parle aussi à différents autres endroits, mais je m’arrête au quatrième paragraphe de ce chapitre VII, qui expose la conception de Calvin, tout à fait traditionnelle : […] pource que les gens profanes pensent que la religion consiste en opiQLRQ VHXOHPHQW D¿Q GH QH ULHQ FURLUH IROOHPHQW HW j OD OpJqUH LOV YHXOHQW HW demandent qu’on leur prouve par raison que Moyse et les Prophètes ont esté inspirez de Dieu à parler. A quoy je respon que le tesmoignage du sainct Esprit est plus excellent que toute raison, car combien que Dieu seul soit tesmoing VXI¿VDQWGHVR\HQVDSDUROOHWRXWHVIRLVFHVWHSDUROOHQ¶REWLHQGUDSRLQWIR\DX[ cœurs des hommes si elle n’y est séellée par le tesmoignage intérieur de l’Esprit. Parquoy il est nécessaire que le mesme Esprit qui a parlé par la bouche des Prophètes entre en noz cœurs et les touche au vif pour les persuader que OHV3URSKqWHVRQW¿GqOHPHQWPLVHQDYDQWFHTXLOHXUHVWRLWFRPPDQGpG¶HQhaut. Et ceste liaison est fort bien exprimée par Isaie quand il dit : « Mon esprit qui est en toi, et mes parolles que j’ay mises en ta bouche et en la bouche de ta VHPHQFHQHGpIDXGURQWjMDPDLV,VD ª,O\DGHERQQHVJHQVOHVTXHOV
40. ,OVXI¿WGHUHQYR\HUjO¶pWXGHFODVVLTXHG¶$GANOCZY et S. SCHELD, Die Hermeneutik Calvins. Geistgeschichtliche Voraussetzungen und Grundzüge, Wiesbaden 1983 (« Veröffentlichungen GHV,QVWLWXWVIUHXURSlLVFKH*HVFKLFKWH0DLQ]ª 41. Cf. Calvin, Œuvres, éd. F. HIGMAN et B. ROUSSEL3DULV©/D3OpLDGHª
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voyans les incrédules et ennemis de Dieu gergonner contre la Parolle, sont faschez qu’ils n’ayent bonne preuve en main sur le champ pour leur clorre la bouche, mais ils errent en ne considérant point expressément que l’Esprit est nommé seau et arre pour confermer nostre foy, d’autant que noz esprits ne font TXHÀRWWHUHQGRXWHVHWVFUXSXOHVMXVTXHVjFHTX¶LOVVR\HQWLOOXPLQH]>OHVVRXlignements sont miens]
&HWWHUpÀH[LRQGRJPDWLTXHGHO¶Institution est enseignée très tôt aux catéchumènes. Le 14e dimanche du Catéchisme de 1542 continue l’explication du CredoHWV¶DUUrWHVXUOH6DLQW(VSULWHQHQGRQQDQWO¶RI¿FHVXLYDQW C’est-à-dire que le Saint-Esprit, habitant en nos cœurs, nous fait sentir la vertu de notre Seigneur Jésus (Rm 5, 5), car il nous illumine pour nous faire connaître ses grâces. Il les scelle et imprime en nos âmes et leur donne lieu en nous (Eph 1, 13). Il nous régénère et fait nouvelles créatures (Tit 3, 5), tellement que, par son moyen, nous recevons tous les biens et dons qui nous sont offerts en Jésus-Christ.
Si nous revenons à l’Institution de la religion chrestienne, tout le paragraphe 2 du chapitre xv du livre I mérite d’être noté : Je confesse bien qu’aucuns Prophètes ont une façon de parler élégante et de ERQQHJUkFHPHVPHXQVWLOHKDXWHWELHQRUQpPDLVSDUWHOVH[HPSOHVOHVDLQFW Esprit a voulu monstrer qu’il n’estoit point despourveu d’éloquence, quand ailleurs il luy plaisoit d’user d’un stile grossier et rude. Au reste, soit qu’on lise David, Isaie et leurs semblables, desquels le stile est doux et coulant, soit qu’on lise Amos qui estoit bouvier, Jerémie ou Zacharie, desquels le langage est plus aspre ou rustique, par tout la majesté de l’Esprit se monstre évidemment. Je n’ignore pas que Satan, selon qu’il se fait tousjours singe de Dieu, et se contrefait pour s’insinuer sous ombre de l’Escriture, pour tromper le cœur des simples a suyvi un semblable train, en tant qu’en luy estoit : c’est de publier ses erreurs, dont il abreuvoit les povres aveugles, sous un langage dur et lourd et quasi barbare, usant mesme de formes de parler quasi enrouillées de vieilOHVVH D¿Q GH FRXYULU WDQW PLHX[ VHV WURPSHULHV VRXV WHOOHV PDVTXHV 0DLV ceux qui ont jugement rassis voyent assez combien telle affectation est vaine et frivole. Quant à la saincte Escriture, quoyque les gens prophanes et desbordez s’efforcent d’y trouver à mordre, toutesfois c’est chose patente qu’elle est remplie de sentences qui jamais ne fussent tombées en l’esprit humain. Qu’on lise chacun Prophète, il ne s’en trouvera pas un qui n’ait surmonté de grande distance la mesure des hommes, tellement qu’il faut bien dire que tous ceux qui ne trouvent point saveur en leur doctrine sont par trop desgoutez et du tout stupides.
42. Cf. Confessions et catéchismes de la foi réformée, éd. O. FATIO et alii, Genève 1986, p. 47.
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En clair, Calvin nous dit que les lecteurs non inspirés ne peuvent comprendre l’Écriture sainte. Dans la polémique certes, et nous savons combien Calvin peut alors avoir alors une expression spontanée virulente, dans sa seconde défense contre Westphal, Calvin va d’ailleurs jusqu’à avancer : « Et YHXTXHWXDOOHJXHVODVDLQFWH(VFULWXUHQ¶HVWVXEMHWWHDX[ORL[GHODGLDOHFtique ni de grammaire (ce que volontiers nous t’accordons)…ª/HWUDLWHVW forcé, mais Calvin peut aller jusque là, une expression qu’on ne pourrait lire sous la plume de Castellion. Dans la préface à la seconde bible à l’épée de 1546, « Si je vouloye yci user GHORQJXHSUHIDFHªSUpVHQWpHHQWURLVSRLQWV&DOYLQUDSSHOOHHQFRUHTXHOH lecteur ne pourra jamais être enseigné de Dieu « s’il ne renonce à son sens propreHWjVDUDLVRQSRXUQ¶HVWUHVDJHVLQRQHVWDQWGRFLOHª je souligne). Il HVWGLI¿FLOHG¶DI¿UPHUTXH&DOYLQUHQRQoDWRXMRXUVjVRQVHQVSURSUHOXLTXL proposa si souvent des interprétations uniques, mais il se confessait inspiré du Saint-Esprit, tout en demandant aux autres de renoncer à leur sens propre, ce TXHQH¿WMDPDLV&DVWHOOLRQELHQDXFRQWUDLUHPHWWDQWHQ°XYUHXQHVSULWFULtique qui n’était pas prophétique.
43. Cf. Recueil des opuscules, Jean-Baptiste Pinereul, Genève 1566, p. 1520s : « Quum vero scripturam causeris nec dialecticis nec grammaticis legibus astringi, quod nos tibi libenter GDPXV«ªCf. Opera Calvini 9, col. 67).
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LEFÈVRE AGAINST A “JUDAIZED” PSALTER: A NEW LOOK AT THE PREFACE TO HIS QUINCUPLEX PSALTERIUM IN THE LATE-MEDIAEVAL CONTEXT
R. Gerald HOBBS Vancouver School of Theology, Vancouver, Canada
What the rabbis declare to be the literal sense is not the literal sense at all, EXWUDWKHUD¿FWLRQDQGDOLH>«@+RZWKHUHIRUHFDQZHUHO\RQWKHLQWHUpretation of those whom God has stricken with blindness and terror? […] Far be it from us, then, to take something to be the literal sense which they call the meaning of the letter – which makes David into an historian instead of a prophet! Let us rather call the meaning of the letter that which agrees with the Spirit, and which the Holy Spirit teaches࣠.
A prima facie reading of this passage from Lefèvre’s programmatic preface might take it simply as a conventional Christian polemic against Jewish understanding of the Scriptures, in terms all too familiar since the
1.
2.
The formal genesis of this study dates from the 2009 Cambridge conference of the Society for Reformation Studies, where recognition was being given to the 500th anniversary of the publication of Lefèvre’s Quincuplex Psalterium. I write in 2012 conscious of the immense debt I owe to my colleague and friend, Guy Bedouelle, o.p., who died earlier this year. His pioneering studies are dcoumented in the following footnotes (2 and 4). J. LEFÈVRE D’ÉTAPLES, Quincuplex Psalterium, Paris 1513 (15091 *%EDOUELLE, ed., Quincuplex Psalterium : fac-similé de l’édition de 1513, Geneva 1979 (“Travaux d’Humanisme et Renaissance” 170) : “… quem Hebraei astruunt litteralem sensum, nequaquam LOOXPOLWWHUDPYHOOHVHG¿JPHQWXPHVVHHWPHQGDFLXP>«@4XRPRGRLJLWXUHRUXPVHQVXL innitemur, quos Deus percussit caecitate et terrore ?… Absit igitur nobis credere hunc litteralem sensum quem litterae sensum appellant et David historicum potius facere quam prophetam, sed eum sensum litterae vocemus qui cum spiritu concordat et quem spiritus sanctus monstrat”. The preface is reprinted, with Fr. trans., in G. BEDOUELLE, Le “Quincuplex Psalterium” de Lefèvre d’Étaples. Un guide de lecture, Geneva 1979 (“Travaux d’HumaQLVPHHW5HQDLVVDQFH´ SLQ()5ICE, ed., The Prefatory Epistles of Jacques Lefèvre d’Étaples and Related Texts, New York – London 1972, no (QJO WUDQVO 3DXO Nyhus in H. A. OBERMAN, Forerunners of the Reformation, New York – Chicago – San Francisco 1966, p. 297-301. Quotations from the Quincuplex in this article are a blend of Nyhus and my own.
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R. Gerald Hobbs
¿UVW &KULVWLDQ FHQWXU\ 7KHUH LV QR GHQ\LQJ WKDW /HIqYUH KDV HPEUDFHG WKH Pauline antithesis, that to read the Scriptures (for Paul meaning the Hebrew Scriptures, later the Christian Old Testament) in a literal sense is to read them in Jewish fashion, that is, blindly, which can only have fatal consequences for the soul, while to read with the Spirit is the proper, i.e. Christ-focused and enlightened, manner, and this will lead into life (2 Cor 3). But while Lefèvre would certainly have agreed with the Apostle – see his invocation of the central tenet earlier in the preface – his attention, as so often with polemic, is not XSRQWKH-HZLVKFRPPXQLW\UDWKHUKHLVIRFXVHGXSRQDQLQWUD&KULVWLDQGLVcussion and practice, to which I shall return in a moment. The issue as Lefèvre GH¿QHVLWLVWKHSURSHUOLWHUDOXQGHUVWDQGLQJRIWKH3VDOWHU7KHRFFDVLRQDV he laments earlier in the same text, emerged within the monastery whose religious life he was endeavouring to reform. *X\ %HGRXHOOH KDV GHVFULEHG LQ GHWDLO WKH VHWWLQJ , VKDOO PHUHO\ VXPmarize here to launch us into this study. Lefèvre, the editor-author of this work, was a humanist text-editor of European renown, notable for editions of Aristotle, but also of various mystical texts, including Richard of St. Victor and Hildegard of Bingen, and in 1509 at the apogee of his career. By his own admission, however, the Quincuplex Psalterium represented a new and important turning point in his journey. In 1507-8, Bishop Guillaume Briçonnet the younger, recently named abbot of the Benedictine monastery of St. Germain-des-Prés in Paris, had invited Lefèvre – a Paris university teacher who had long felt an attraction for the monastic life – to take up residence in the abbey, and assist through his scholarship and example in the task of monastic reform then underway. A man of a profoundly mystical spirituality, Lefèvre recounts in the preface to the Quincuplex how he found himself SX]]OHGIDFHGZLWKVLJQL¿FDQWUHVLVWDQFHIURPVRPHRIWKHPRQNVWRDUHVWRration of the more strict Benedictine rule, which would include observance of WKHRI¿FHVZKLFKVDQJWKHFRPSOHWH3VDOWHUZHHNO\/HIqYUHZKRZDVKLPVHOI rejoicing in his personal discovery of the “sweetness” of Scripture, “the true food of the soul”, asked monks who found the discipline a struggle, about their negative reaction:
3.
4. 5.
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“But to those who do not see, while nonethless thinking they do, another ‘letter’ presents LWVHOIZKLFKDVWKH$SRVWOHVD\VµNLOOV¶¿JKWLQJDJDLQVWWKH6SLULW´QRQYLGHQWLEXVDXWHPTXL se nichilominus videre arbitrantur, alia littera surgit quae (ut inquit apostolus) occidit et quae spiritui adversatur”, Quincuplex, pref. Sign. + fol. Aii, ro. G. BEDOUELLE, Lefèvre d’Étaples et l’Intelligence des Écritures, Geneva 1976, p. 19-23, 57-60. On Briçonnet junior – the son of Cardinal Guillaume Briçonnet, archbishop of Rheims (inter alia) – who would subsequently, as bishop of Meaux, invite Lefèvre to assist him in effecting a reform of the diocese, see M. VEISSIÈRE, L’évêque Guillaume Briçonnet 1470-1534, Provins 1986.
Lefèvre against a “judaized” Psalter
1RZ DV RIWHQ DV , DVNHG WKRVH ZKR ZHUH WU\LQJ WR ¿QG QRXULVKPHQW IURP Sacred Scriptures what sweetness they experienced and savoured therein, most of them answered that as often as they fell onto I know not what “literal sense”, especially when seeking the understanding of the divine Psalms, they as a rule abandonned their reading, saddened and discouraged in spirit.
1RZ,WKLQNZHPXVWWDNHWKLVUHIHUHQFHWR³VHHNLQJWR¿QGQRXULVKPHQW´ in the Psalms notSULPDULO\WRWKHVLQJLQJRIWKHRI¿FHV±DOLWXUJLFDODFWLYLW\ ZKLFKE\LWVQDWXUHZRXOGSURYLGHOLWWOHRSSRUWXQLW\IRUUHÀHFWLYHFRJQLWLRQ± but to the periods of meditation, of lectio divina, that were a part of the daily practice of the Benedictine rule. The obstacle – Lefèvre would say, culprit – was according to him an approach to the reading of the Psalms which was in stark contrast with the apostolic interpretations of individual Psalm texts sprinkled throughout the New Testament. Instead of seeing the presence of Christ everywhere in the Psalter, this faulty method focused the reader upon the events in the life of ancient Israel – and in this instance, the life of King David, the presumed author of most if not all the Psalms – which had supposedly given rise to the writing of the text. But this, to use Lefèvre’s memorable epigram quoted above, “made David into an historian rather than a prophet”. This manner of reading Lefèvre excoriated as a sense falsely called literal, a “pseudo-sense” purveyed by its advocates much as do crafty herbalists their specious concoctions, one [presented by] persons who in these psalms are not making David a prophet, but rather someone who is recounting what he himself has seen and done, as it were weaving together his own history.
David historicum potius facere quam prophetam. By implication, the prophet is directed by the Spirit of God, while the historian is not. Lefèvre is blunt in naming the culprits. Those who have fallen into this gross error are Christian interpreters who are being misled by rabbinic hermeneutic. The polemic is then primarily an intra-Christian debate. Jewish interpreters have an instrumental role, clearly, for theirs are the commentaries that purvey these readings, but Christians have fallen into the trap of accepting them as correct guides to the literal sense and transmitting them to others, in this instance to his monks. And such interpretations have had disastrous consequences for
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“Et si qui eorum ex sacris litteris pastum quaererent, saepius interrogavi quid in illis dulcedinis experirentur, quid saperent? Responderunt plurimi quoties in nescio quem sensum litteralem incidissent – et maxime cum divinorum psalmorum intelligentiam queritarent – se multum tristes et animo deiecto ex illa lectione abscedere solitos”, Quincuplex, Sign. + fol. Aii, ro. “Non facientes eum [Davidem] in Psalmis prophetam, sed per eum visa et facta narrantem et quasi propriam texentem historiam”, ibid.
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monastic spirituality. Following such a reading of the Psalms, monks come away depressed rather than uplifted, their devotion quenched as thoroughly as LIRQHKDGWKURZQLF\ZDWHURQWRD¿UH The remedy for this ill, wrote Lefèvre, is simple. One must turn instead to the true literal sense, that intended, as the apostolic writers attest, by the prophet David who was himself conscious of his divine inspiration (quoting 2 Sam 23:2-3). If indeed one allows the claim that there is a double literal sense – and here Lefèvre is quoting an exegetical commonplace since at least 1LFKRODVRI/\UDRIZKRPPRUHDQRQ±WKH¿UVWLVRIWKHVHOLWHUDOPHDQLQJVLV “a human invention” and false. Although Lefèvre does not use the term here, the expression “to judaize” the text had long since been coined and employed for this Christian practice. Only the second literal sense is genuine, “a gift of God’s spirit which bears one up on high”. It is therefore only the exposiWLRQRIWKLVODWWHUVHQVHWKDWVKRXOGEHWKHFRQFHUQRIWKH&KULVWLDQLQWHUSUHWHU although Lefèvre adds in a second edition parenthesis to protect his exposed ÀDQNIURPWKH3DULVWKHRORJLDQVWKDWLQVRVD\LQJKHLVQRWGHQ\LQJDSODFH for the traditional allegorical, tropological and anagogical senses where the context demands them. /HIqYUH SURFHGHG WR GHPRQVWUDWH KLV FDVH ZLWK IRXU VSHFL¿F H[DPSOHV. Since the pursuit of this question in more detail than it has hitherto received is the heart of this paper, I report and summarize these examples. – Psalm Two. Why do the nations conspire […] against the Lord and his anointed?࣠ “The rabbinic interpreters” claim this was written in reference to the revolt of the inhabitants of Palestine upon David’s coronation. But the apostolic writers in the New Testament name this as spoken to the Anointed of the Lord, and therefore a prophecy of God’s true Messiah. The NT references Lefèvre gives in his commentary are Acts 4:25-26 and Hebrews 1:5.
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Lefèvre would have concurred with the usage of Nicholas of Lyra, e.g. in the Nicholas de Lyra, Postilla litteralis super totam Bibliam, ad Ps 16:1 “Ex quo patet manifeste quod intentio beati Petri est hunc psalmum debere intelligi non de persona David, sed de resurrectione Christi. Et ideo quaerere hic alium sensum literalem videtur quodammodo Iudaizare”. So too Lyra at Ps 21,1: “… et ideo aliam expositionem literalem sequi vel quaerere, ut pote de rege David vel aliocunque est magis iudaizare quam iudaizabant Hebraei antiqui…”. 1RW¿YHDVWKH2EHUPDQ1\KXVWH[WFODLPVLQDPLVUHDGLQJRIWKH/DWLQ&RQIXVHGLQSDUW by differences in the Hebrew and Latin numbering of the psalms, the fourth instance, “primi et vicesimi psalmi litteram” is taken by Nyhus (and Oberman who follows his translator, H. A. OBERMAN, Forerunners of the Reformation, p. 299) as referring to psalms one and WZHQW\RQHUDWKHUWKDQWRSVDOP%HGRXHOOHKDVFRUUHFWO\UHDGWKHWH[WLe “Quincuplex Psalterium” de Lefèvre d’Étaples, p. 29). 10. Biblical quotations are from the NRSV, unless otherwise indicated.
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– Psalm Eighteen, whose superscription reads in part A Psalm of David… on the day when the Lord delivered him from the hand of all his enemies. The VDPHUDEELVQRWVXUSULVLQJO\LQWHUSUHWWKLVDVDYLFWRU\SDHQRI.LQJ'DYLG but they are wrong! For Paul (in Rom 15:9) names its true subject, its littera, as the Christ. – Psalm Nineteen, beginning The heavens are telling the glory of God. The rabbis may argue that the theme is the giving of the Law to Moses at Sinai (and its comparison with the glory of the heavens, which Lefèvre does not mention) but Paul again shows, in Rom 10:18, that the verse their voice has gone out through all the earth (Ps 19:4) demonstrates that the true subject is the second giving of the law in Christ, announced by the apostles whose evangelizing has in his opinion gone to the end of the earth. – Finally, Psalm Twenty-two, My God, my God, why have you forsaken me? The same rabbis claim this for Jewish persecution in the time of Artaxerxes. %XWWKHDSRVWOHV0DWWKHZ-RKQDQG3DXO³PHQXWWHUO\¿OOHGZLWK*RG´HVWDElish that the literal meaning is those things that happened to Christ in his pasVLRQ0W-Q+HE )RU KLV SDUW /HIqYUH DI¿UPV KLV UHOLDQFH IRU WKH SURSHU PHDQLQJ XSRQ Christ himself, who in Rev 3:7 claimed to be the “key of David” (clavis Davidis). In the understanding of this last text from Patristic times forward, Christ is the true subject matter of the Psalter and therefore the key to its interpretation, the one concerning whom all was written. Now Bedouelle has shown that, whilst reading the Fathers, Lefèvre knew how to maintain his independence. One can nonetheless observe a distinct resonance and continuity with the Alexandrian tradition, with Augustine and Cassiodorus. As if anticipating this comment, Lefèvre grants that after the great Patristic commentaries, his Quincuplex might seem redundant. His work is nonetheless MXVWL¿HG KH DUJXHV E\ WKH IDFW WKDW WKH )DWKHUV ZRUNHG XVXDOO\ ZLWK RQO\ RQHWH[WDQGWKDWDGH¿FLHQWRQHZKLOHKHKDVJDWKHUHGLQWRRQHSODFHLQWKH Quincuplex four good versions – the Gallican, Romanum and Hebraicum from the time of Jerome, and the earlier Vetus (the version used by Augustine), plus producing his own reconciled text (the Conciliatum). I have long been intrigued by this preface. Two decades later, Martin Bucer of Strasbourg would issue a lengthy Latin interpretation of the Psalter that would indeed privilege the establishment of that very literal sense, which LQ PRVW LI QRW DOO FDVHV UHÀHFWHG HYHQWV LQ WKH OLIH RI DQFLHQW ,VUDHO DQG RI David in particular – that is, precisely that reading excoriated by Lefèvre as
11. ExivitLQWKH*DOOLFDQ9J FRUUHFWO\UHQGHULQJWKH+HEUHZSHUIHFWWKH1569XVHV³JRHV out”. 12. G. BEDOUELLE, Le “Quincuplex Psalterium” de Lefèvre d’Étaples, p. 81-92.
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mendacious and unchristian. To do this well, working with a respectable skill in Hebrew Bucer was able to rely extensively upon the commentaries of the 12th-13th century Jewish exponents of peshat, the literal sense. How Bucer then turned this, through typology, to Christian ends is not our conFHUQKHUH,KDYHZULWWHQRQWKLVHOVHZKHUH. It is striking, however, that in the autumn-winter of 1525-1526, when Bucer was beginning in this direction with his German Psalter wol verteutscht (Basel 1526), Lefèvre was a refugee for some months in Strasbourg, staying in the home of Wolfgang Capito, leader of the Strasbourg evangelicals. We could wish we knew how those conversations went! But in 1509 Lefèvre could hardly have anticipated the later emergence of the Rhineland evangelicals with their remarkable attachment to Jewish commentary. But then it is appropriate to ask: against whom is Lefèvre’s polemic addressed? To whom is he referring? Quite obviously his “rabbis” are talmudic and mediaeval Jewish commentators, of whom more later. But Lefèvre had at most a rudimentary grasp of the Hebrew language, despite his later persistence in translating the Scriptures for the general public. Thus he had no direct access to the writings of Jewish interpreters, nor is it likely, given the attitude expressed above, as well as the limited Jewish presence in France, that he had consulted at any length a Jewish contemporary. Lefèvre is, as has been said, taking aim at fellow-Christians, who, as Bucer would do two GHFDGHVODWHUORRNHG¿UVWWR-HZLVKFRPPHQWDWRUVWRHVWDEOLVKWKHKLVWRULFDO sense of the original Hebrew text (or of Jerome’s Hebraicum, its translation into Latin, which made the Hebrew accessible to a degree for non-Hebraists). Once this had been correctly expounded, the base was laid for an interpretation that would satisfy Christian readers. Traditionally this Christian topping
13. Under the pseudonym Aretius Felinus of Lyon: Sacrorum Psalmorum Libri Quinque (Strasbourg 1529), revised and expanded in 1532. 14. R. G. HOBBS, “Martin Bucer on Psalm 22: a study in the application of rabbinic exegesis by a Christian Hebraist”, in Histoire de l’Exégèse au XVIe siècle, Geneva 1978 (“ Études de Philologie et d’Histoire ” 34), p. 144-163. 15. B. ROUSSEL, « De Strasbourg à Bâle et Zurich : une “École Rhénane” d’Exégèse (ca 1525 – ca 1540)ª, RHPR S5*+OBBS, “Martin Bucer and the Upper Rhine School”, in M. SAEBØ, ed., Hebrew Bible/Old Testament, vol. II, Göttingen 2008, p. 452-486. 16. G. BEDOUELLE, Le “Quincuplex Psalterium” de Lefèvre d’Étaples S H[WHUQDOFRQ¿UPDWLRQFRPHVIURP*HUDUG5RXVVHOKLVGLVFLSOHZKRQRWHGWKDWZKLOHLQWKH6WUDVERXUJ exile together, Lefèvre was working toward a French translation of the Old Testament to match his already published New Testament and Psalms (1523-1524), and would not be dissuaded by his friends “ob […] linguarum imperitiam”: A.-L. HERMINJARD, Correspondance des Réformateurs dans les Pays de Langue Française, vol. 1, Geneva – Paris 1866 (repr. 1965), p. 415.
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had been managed through the use of the spiritual senses – the allegorical, tropological and anagogical – in a formula sharpened and systematized by Aquinas in the 13th C. Aquinas’ formula and practice of the historical and spiritual senses can EHEULHÀ\LOOXVWUDWHGE\WKLVH[DPSOHIURPWKHLQFRPSOHWHFRPPHQWDU\RQWKH Psalter ascribed to him. On Psalm 3, the author writes: In this Psalm we can lay the foundation of the history, and afterwards set WKH DOOHJRULFDO VHQVH DQG ¿QDOO\ WKH PRUDO 7KH KLVWRULFDO VHQVH LV HYLGHQW through the title, :KHQKHZDVÀHHLQJIURPWKHIDFHRI$EVDORPKLVVRQ, as you ¿QGWKLVDW6DP>«@:KHQ$EVDORPZDV¿QDOO\GHDG'DYLGUHVWRUHG to his kingdom ruled in peace. This Psalm is therefore with reference to this persecution. +RZHYHU E\ LW LV SUH¿JXUHG WKH SHUVHFXWLRQ &KULVW VXIIHUHG IURP KLV VRQ Judas: see Jn 13[33, where the disciples are called his children by Jesus]… )URPWKLV-XGDV&KULVWÀHGZKHQ-XGDVOHIWKLPDQGZLWKWKHRWKHUGLVFLSOHV withdrew onto the Mount of Olives as his passion was imminent […] And the Psalm can be referred to all the tribulations of the Church, as it also can be morally related to the troubles suffered by anyone whether from temporal or spiritual foes.
In a 1966 study of late mediaeval thought, Heiko Oberman argued that the Franciscan Nicholas of Lyra (1270-c1340) was responsible for a particular development of Thomas’ theory, the placing of high value upon the literal sense, which in his judgement had been almost lost sight of through practice of the spiritual senses. In a single-minded pursuit of the literal sense, the “conscious intent of the human author”, Lyra employed Jewish sources to a remarkable degree, quoting by name Rashi (Rabbi Shlomoh ben Isaac of Troyes, 1040-1105) in particular. In effect, Lyra argued for the existence
17. Aquinas, Summa Theologica 1a Pars, q. 1, art. 10 “Utrum Sacra Scriptura sub una litera habeat plures sensus”. 18. “In quo Psalmo possumus ponere fundamentum historiae, et postea ponere sensum allegoricum et ulterius moralem. Sensus historicus patet per titulum qui est Cum fugeret a facie $EVDORQ¿OLLVXLut 2 Reg.15 habetur. […] Quo mortuo David restitutus in regnum in pace UHJQDYLW&RQWUDLVWDPHUJRSHUVHFXWLRQHPHVWLVWH3VDOPXV3HUKDQFWDPHQSUDH¿JXUDEDWXUSHUVHFXWLRTXDP&KULVWXVSDVVXVHVWD¿OLRVXR-XGD,RDQ$TXR-XGD&KULVWXVIXJLW quando illo discedente cum caeteris apostolis in montem Oliveti secessit imminente passione. […] Et potest ad omnes tribulationes Ecclesiae referri. Potest et moraliter contra tribulationes, quas quis ab inimicis sive temporalibus sive spiritualibus patitur” : Thomas Aquinas, In Psalmos Davidis Expositio, Parma 1863, p. 156. Scholars are divided over the DVFULSWLRQWR7KRPDVWKHFRPPHQWDU\PD\EHWKHZRUNRIDGLVFLSOH 19. Nicholas de Lyra, Postilla litteralis super totam Bibliam, vol. I, “Prologus secundus de intentione auctoris et modo procedendi”, is worth reading as a whole. “Sciendum etiam quod sensus litteralis est multum obumbratus propter modum exponendi communiter traditum ab aliis, qui licet multa bona dixerint, tamen parum tetigerunt litteralem sensum, et sensus mysticos intantum multiplicaverunt, quod sensus litteralis inter tot expositiones mysticas inter-
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of a double literal sense, that intended by the author, and that which pointed forward prophetically to the coming Messiah, the Christ. Now in fact Lyra ZDV QRW WKH ¿UVW &KULVWLDQ WR PDNH H[WHQVLYH XVH RI -HZLVK VRXUFHV HLWKHU written or acquired viva voce, to clarify the literal sense of the Old Testament. Andrew of St. Victor and Herbert of Bosham both left commentaries of this sort. But the Postilla litteralis which the Franciscan master of the University of Paris composed in the 1330’s is without doubt the most extensive and thorough consultation and application of Jewish biblical commentary in the Christian Middle Ages. It is gratifying to note that a recent volume of papers has been consecrated to his work. One must hope it proves the forerunner of more extensive studies. 1RZDW¿UVWUHDGLQJ/\UDVHHPVWRSURPLVHWKHHQGRIRXUTXHVW2QDOO four psalms in question, Lefèvre’s “rabbinic” interpretations can be found in the opening sentences of the Postil on each of the psalms. It is true that there are minor nuances. On Psalm 2, Lyra ascribes the revolt to Philistines, not Palestinians – but perhaps Lefèvre was reading our news papers! At Psalm 22, Lyra’s source for the application to Esther was ultimately the Midrash, which opinion was transmitted through Rashi, who was probably his source. I hasten to add, however, that I am not at all certain that Lyra understood clearly the distinction between the literal or historical peshat and the homiletical derash. Indeed, the challenges posed to Lyra in the 15th C. by the former rabbi, now bishop Paul of Burgos – often, as in the Basel 1501 edition that I use printed immediately, psalm by psalm, on the heels of Lyra’s commentary – are able effectively to undermine Lyra on a number of occasions precisely because of Lyra’s confusion of the peshat and the derash in his Jewish sources. Lyra was not the only Christian commentator to suffer the revenge of history upon followers of the Pauline formula: letter =death=Jewish, spirit =life=Christian7KHUHLVKRZHYHUDQRWKHUSUREOHPZLWKWKHLGHQWL¿FDWLRQ
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ceptus partim suffocatur… Similiter intendo non solum dicta doctorum catholicorum, sed etiam hebraicorum, maxime Rabbi Salomonis qui inter doctors hebreos locutus est rationabilius, ad declarationem sensus litteralis inducere”. H. A. OBERMAN, Forerunners of the Reformation, chap. 6, p. 285-286. See B. SMALLEY, The Study of the Bible in the Middle Ages, Notre Dame (Ind.) 1964, FKDSDQGPRVWUHFHQWO\*'AHAN, in Hebrew Bible / Old Testament: The History of its Interpretation >+%27@YRO,The Middle Ages, éd. M. Saebø, Göttingen 2000, p. 230232. P. D. W. KREY, L. SMITH, eds., Nicholas of Lyra: the Senses of Scripture /HLGHQ most recently, L. SMITH LQ +%27,, S 7KH DVVHVVPHQW RI + DE LUBAC, Exégèse Médiévale : Les Quatre Sens de l’Écriture, II, Paris 1964, p. 344-367 is still well worth reading. 5DVKL³DQGRXUPDVWHUVLQWHUSUHWHGLWWKURXJK(VWKHU´/\UD³$QWLTXL+HEUDHLKXQFSVDOmum exposuerunt de tribulatione contra Iudaeos per Amam exitata”. Psalm 24 is a case in point. Lyra advances the midrashic legend, which Rashi recounts, that vv.7-10 with their dialogue at the gates (of the sanctuary) were written to anticipate the
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of Lyra as the target. Yes, Lyra announces in his opening sentences the rabbinic proposal (of the “Hebraei moderni”) and sets out, at least in the case of Psalms 2, 18 and 19, an exposition “according to this understanding”. But then, after a more or less full interpretation of Ps 2 in this vein, he turns abruptly. “Although the letter agrees with this understanding in many details, it doesn’t seem to me it should be held here, because the letter disagrees in most cases, as will be seen”. Here on Psalm 2, as elsewhere, it is the apostolic witness – that is, the application of the text in the New Testament – that counts most heavily in the case against the rabbinic interpretation. Indeed, Lyra argues that in the Epistle to the Hebrews, chapter one, Paul (the presumed author) uses a quotation from this psalm to prove the superiority of Christ to angels. His argument: inasmuch as proof cannot proceed from the mystical sense, only from the literal [a Christian theological principle since Augustine named this to Vincent the Donatist] and since Paul knew his Old Testament through the learning of Gamaliel as well as by the inspiration of the Holy Spirit, one has to say that this psalm is to be understood literally of Christ.
By naming the great rabbi Gamaliel as Paul’s teacher of Scripture (Acts 22:3), Lyra allows himself to claim that Jews also taught that this was a messianic Psalm, as Christians were interpreting it. Here, then, is presumed Jewish support for the literal sense as Christological. On Psalm 22, the proof is even more blunt. In addition to Christ’s own use of the psalm on the cross, there is Paul again, as learned and inspired as before, LQ+HEUHZVFKDSWHU$QG¿QDOO\GH¿QLWLYHO\WKH&KXUFKKDGUXOHGRXWRI question a literal i.e. Davidic as historical understanding of Psalm 22, when the Second Council of Constantinople in 553 CE condemned the Antiochene Theodore of Mopsuestia for just such a reading.
UHIXVDORIWKHGRRUVRIWKH6RORPRQLFWHPSOHWRDGPLWDW¿UVWUHTXHVWWKHDUNRIWKHFRYHQDQW Burgos ridicules Lyra for giving credence to such a miracle story, when there is no canonical biblical support for the story. The 15th C. Franciscan Matthias Döring in turn defends Lyra with the lame riposte that Burgos, with his demand for biblical support, is sounding “like a Hussite”! 25. Nicholas de Lyra, Postilla litteralis super totam Bibliam, ad Ps 2,1: “Dicunt autem Hebraei moderni quod David fecit hunc psalmum laudando Deum de victoria habita de Philisteis, qui ascenderunt ad pugnandum contra eum quando audierunt eum fuisse inunctum publice super totum Israel, ut habetur 2 Reg 5… Licet autem intellectui praedicto in multis consonet litera, tamen non videtur mihi ad praesens tenenda, primo quia litera in pluribus discordat, ut videbitur, secundo quia apostolus ad Heb 1[5] per illud quod dicit in hoc psalmo probat Christum esse maiorem angelis… Probatio autem non valet ex sensu mystico, sed tamen ex literali… et ideo secundum Apostolum qui scivit vetus testamentum per eruditionem Gamalielis, et perfectius per illuminationem Spiritus sancti, oportet dicere quod iste Psalmus intelligitur ad litteram de Christo.”
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The candidacy of Lyra as promoter of this false literal sense that is Lefèvre’s target therefore collapses, at least in the cases of Psalms 2, 19 and 22 (although he remains Davidic for Ps 18). For what the Franciscan master gave with one hand, at least on these three psalms he took away promptly with the other. One is left, indeed, wondering why he was so assiduous in SUHVHQWLQJWKH¿UVWLQWHUSUHWDWLRQDWDOO:DVKHEHLQJDVGDULQJDVSRVVLEOH knowing and recognizing overtly that to suggest a primary sense at variance with the apostolic tradition had earned for at least one predecessor condemnation for heresy? In the only essay that has until now examined Lyra’s hermeneutic of the Psalms, Gross-Diaz likewise senses this reluctance to abandon a reading he has presented well, “nostalgically and affectionately” as she puts it. For her the key lies in his preface to the Psalter, where, while invoking the notion of the literal sense as the intention of the author, he argues for a double literal sense. This permits him – precisely in those psalms where he accepts that a New Testament citation must be determinative – “meekly” to “capitulate” to the Christological reading. While I do not agree with all of GrossDiaz’ reading of Lyra, it is clear that Lyra took a position similar to that of Lefèvre in the case of these three psalms. In fact, Lefèvre is employing the hermeneutic of Lyra, and using his very arguments to dismantle the work of WKRVHZKRZLVKWR³MXGDw]H´3VDOPVDQG But then we are left with the question: who are the interpreters who, misled by Jewish sources, have focused their historical lens on David and ancient Israel, and are thereby undermining the psalmic spirituality of the monks at Saint Germain des Prés? If we look to other late mediaeval Christian interpreters who possessed some competence in Hebrew and were known to have read the mediaeval rabbinic commentaries, two names spring to mind. Neither, it turns out, is a candidate. The widely known arguments of Paul of Burgos (†1435) against Lyra rule him out as target of Lefèvre’s ire. The bishop of Burgos was a learned adult convert from Judaism. His “Replies” (Replicae) to Lyra involved undermining the force of the Franciscan’s interpretations precisely by denying the appropriateness of the rabbinic argument where Lyra did favour it, and this generally in the interest of re-establishing an older broad Christological reading often reminiscent of Augustine. Bedouelle has shown that Burgos was in fact a favorite resource – the good Jew – for Lefèvre. The second case, Jacobus Perez de Valencia (1408-1490), turns out to be no more helpful. While Perez quoted rabbinic sources regularly, it was to rebut their interpretations. He shared frankly the anti-Judaism that infected too many Christians who used their limited access to Jewish sources as a whip WRVFRXUJHWKHUDEELV0RGHUQ-HZV3HUH]FODLPHGHQJDJHLQ³¿FWLRQVDQG delirium” in their explanations of the text. He does argue, using a typological
26. G. BEDOUELLE, Le “Quincuplex Psalterium” de Lefèvre d’Étaples, p. 77. 27. Centum et quinquaginta Psalmos Davidicos, Valencia 1484, reprinted several times.
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hermeneutic, that David looked to some “mystery of the Old Testament to foresee the mystery of Christ’s passion”. His Christo-centrism is suggesWLYHRI/HIqYUH,QGHHG2EHUPDQHYHQSURSRVHGWKDW3HUH]PLJKWKDYHLQÀXenced Lefèvre. Bedouelle has underlined the similarities, but concluded that the Parisian was largely independent. :KR WKHQ LV WKH GDQJHURXV MXGDL]HU" 7KH ¿UVW FDQGLGDWH ZLOO VWLOO KDYH to be Nicholas of Lyra. For although, as we have seen, Lyra eschews the historical literal sense in favour of the Christological in three of the instances named by Lefèvre where apostolic authority in a New Testament citation had claimed the text for Christ, throughout most of the remainder of the Psalter he is a vigorous promoter of the historical Davidic sense as the literal. Lefevre’s fourth example, Ps 18 is a clear illustration of this. Having in his Latin Bible a translation of the Hebrew title that related the psalm to David as a thanksgiving for deliverance from his foes, Lyra expounds the entire psalm along this Davidic line – the names of Saul, Absalom, Achitophel and Siba, together ZLWKFURVVUHIHUHQFHVWRWKHERRNVRI6DPXHOUHFXUIUHTXHQWO\±DQG¿QDOO\ at the beginning of his moraliter UHDGLQJ KH UHDI¿UPV ³7KLV SVDOP LV WKH thanksgiving of David himself for his deliverance from persecution by Saul and his other enemies”. He handles the Pauline referral of verse 49 to Christ, by observing that “the psalms made by David have been turned towards (derivati DOOWKHQDWLRQVWKDWEHOLHYHLQ&KULVW´$QGDVLIWRFRQ¿UPKLVKHUPHQHXWLFDOVWDQFHWKHUHIHUHQFHLQWKH¿QDOYHUVHfaciens misericordiam Christo suo, David et semine, he states explicitly is to “the one who was anointed to the kingship through Samuel at his command, see 1 Reg 16”. Similarly, in the instance of Psalm 3 – which I quoted above from [Ps] Aquinas – the UHDGLQJLVDOORI'DYLGLQÀLJKWIURP$EVDORP2Q3VLQFRQWUDVWWR/\UD Lefèvre takes the Aquinas allegorical as the literal sense: “Psalmus de Christo Domino”. In the notes he appends to the Psalm text, Lefèvre gives a glimpse into his method and rationale: “In the title Psalm David, David is in the dative, whereby is indicated, as I take it, that David is not so much the actor as that the Psalm is shown to David in the spirit”. Thus the incident with his rebel son Absalom becomes the occasion of the revelation to David of the persecution of Christ, for which he then writes the psalm.
28. Perez on Ps 2, where he argues that the most probable “mystery” in the author’s mind is that of the opposition of his brothers to Joseph (Gen 37). 29. H. A. OBERMAN, Forerunners of the Reformation S *%EDOUELLE, Le “Quincuplex Psalterium” de Lefèvre d’Étaples, p. 77-103. 30. “Iste psalmus est gratiarum actio ipsius David pro sua liberatione a persecutione Saulis et aliorum inimicorum… quia psalmi facti a David derivati sunt ad omnes nationes in Christo credentes… Christo suo David id est inuncto in regem de eius mandato per Samuelem ut habetur supra 1 Reg.16”. 31. In his Adverte Lefèvre notes: “Circa titulum ubi dicitur hic et alibi Psalmus David, aut aliquid simile, David dativus est, quo designatur ut arbitror, non tam David actor Psalmi
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Psalms 3 and 18, like at least a dozen other psalms, had a Davidic tag-line as canonical title, to be accounted for in the interpretation. Lyra takes this ancient pre-Christian Jewish method and extends it – usually but not always with the help of rabbinic interpreters – to most of the psalms. Psalm 4 can serve as illustration. In the absence of any canonical guide, a variety of settings were proposed by interpreters, as Lyra observes: “the subject matter here is not obvious, and for this reason amongst both Hebrews and Latins it is expounded in a variety of ways”. Passing over a listing of options, he chooses IRUWKHOLWHUDOVHQVHKHLVVHHNLQJ³RQHZKLFKVHHPVWRPHWR¿WWKHOHWWHUDQG reason”, namely a song of thanksgiving by David upon his delivery from a tight siege by King Saul and his forces, as recounted in 1 Sam 23. It is in fact Rashi who proposes this interpretation. On the other hand, at Psalm 6 Lyra follows [Ps]Jerome in making the Psalm David’s penitential prayer after he had offended God by taking a census of the people (2 Sam 24). In contrast, Lefèvre makes Psalm 4 a prayer for the conversion of idol-worshipping nations to Christ, and Psalm 6 a prayer of Christ for his members, the Church. In the case of this last, however, Lefèvre does at least note the Davidic proposal he also attributes to Jerome, by citing it without comment in the Adverte. Lyra’s Postils enjoyed extraordinary popularity in the late mediaeval period. Lefèvre will certainly have had some familiarity with them, and it would be possible, despite the complexity of the matter as we have portrayed it, to leave the question as settled. However, my exploration of late mediaeval vernacular Bibles has shown that there were other candidates equally worthy of Lefèvre’s denunciation, and perhaps more probable. The two particular texts are: – a French edition, entitled Le premier volume de la Bible en francoys, a Lyon publication of 1518. According to Bettye Chambers, this edition is DGHVFHQGDQWRIWKH¿UVWHGLWLRQRIWKHBible historiale, Paris 1495-1496, but issues most immediately from the Paris c1510 edition of Vérard. I have also consulted the Lyon 1521 edition. A Parisian edition would also have been available for Lefèvre’s monks.
quam psalmus in spiritu ipsi David ostensus. Hic autem illi ostensus est, cum fugeret a facie $EVDORQ¿OLLVXL in qua quidem fuga divinitus illi ostensa est Christi domini persecutio… ” 32. Nicholas de Lyra, Postilla litteralis, Ps 4:1: “materia non apparet, propter quod apud Hebraeos et similiter apud Latinos varie exponitur, etiam in sensu litterali quem prout potero intendo persequi..Et propter brevitatem sectandam omissis variis expositionibus unam accipio quae mihi videtur magis convenire litterae et etiam rationi, scilicet quod iste psalmus sit gratiarumactio ipsius David pro eius liberatione quando Saul et eius exercitus cingebant David et viros… ”. 33. B. T. CHAMBERS, Bibliography of French Bibles, Geneva 1983 (“THR” 192). The Chambers Bibliography lists Paris 1495-1496 as #13, Paris c1510 as #17, Lyon 1518 as #25, and Lyon 1521 as #30. I have consulted the copies of the last two in the Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg.
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Lefèvre against a “judaized” Psalter
– German editions, entitled Bibel teutsch. Strand’s study of pre-Reformation German Bibles listed the Augsburg 1518 edition as belonging to the Koburger Nuremberg family. I have examined two earlier printings in this family: Nürnberg 1483, and Strasbourg 1485, and found the same prefatory materials with only minor spelling variants. I shall therefore refer to it simply as the Koburger Bible. 7KH/\RQ)UHQFK%LEOH¿UVW,QHIIHFWHDFKSVDOPLVLQWURGXFHGE\DVHQtence that proposes its interpretation. This sentence is quite independent of the canonical superscription of the psalms, save in those thirteen instances where the psalm text actually bears a historical superscription referring to the life and activity of David. For example, Psalm 5 is introduced with: “How 'DYLGJDYHWKDQNVWR*RGIRUWKHYLFWRU\*RGJDYHRYHUWKH3KLOLVWLQHVHWF´ and Psalm 13, “How David saw in a spirit of prophesy four persecutions of the people of Israel, etc.”. Rabbinic sources for each of these proposals can EHLGHQWL¿HG Now in the case of the psalms Lefèvre addressed in his preface, the results are as follows: ± 3VDOP 7KH /\RQ %LEOH SURSRVHV D GRXEOH LQWHUSUHWDWLRQ ¿UVW WKDW earthly princes are urged to honour God, second, Ps 2 concerns “the machLQDWLRQVRIWKH-HZVDJDLQVWRXU/RUG´1RWLFHWKDWWKH¿UVWRIWKHVHLVJHQeral, making no reference to David, while the second follows the apostolic interpretation. ±3VDOP/\RQWUDQVODWHVWKH¿UVWSDUWRIWKHFDQRQLFDOWLWOHRPLWWLQJ VSHFL¿FUHIHUHQFHWR6DXOEXWDOVRPDNHVQRUHIHUHQFHWRWKH3DXOLQHTXRWDtion with its christological application. – Psalm 19: Lyon states that David praises God here for the gift of the law to Moses. Notice, again no acknowledgement of Paul. – Psalm 22: Lyon makes this a prophetic description of Christ’s passion. Thus we observe that in two instances, Psalms 18 and 19, the Lyon Bible SUHIDFHVWKHSVDOPLQSUHFLVHO\WKHPDQQHUWKDW/HIqYUHFRQGHPQVZKLOHLQ the other two, one (22) stands clearly with Lefèvre’s Christological reading, while the fourth (2) proposes a dual application, albeit neither Davidic in the manner denounced by Lefèvre.. When one looks at other psalms, there is a
34. K. STRAND, German Bibles Before Luther: the story of 14 High-German editions, Grand Rapids 1966. #9, 10, 14. More recently see J. L. FLOOD, “Les premières Bibles allemandes”, in B. E. SCHWARZBACH, dir., La Bible Imprimée dans l’Europe moderne, Paris 1999, p. 144-165. 35. Ps 5: “ Comment David rendit graces a Dieu de ce quil luy donna victoire contre les philisWLHQV F´DQG3V³&RPPHQW'DYLGYLWHQHVSHULWGHSURSKHWLHTXDWUHSHUVHFXWLRQVVXU le peuple dIsrael, etc. ”. 36. ³&RPPHQWOHVUR\VHWSULQFHVWHUULHQVVRQWH[KRUWH]DFUDLQGUHHWKRQQRUHUGLHXHWGHOD PDFKLQDWLRQGHVMXLIVFRQWUHQRVWUHVHLJQHXU F´ 37. ³&RPPHQWGDYLGORXHQRVWUHVHLJQHXUGHFHTXLOEDLOODOHVFRPPDQGPHQVDPR\VH F´
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clear bias for an historical reading. Psalm 4 reads: “How David gave thanks to God because he had delivered him from the hands of Saul, king of Israel”, which agrees precisely with Lyra. The same is true for the proposed literal sense of Ps 6, taken from Ps Jerome. In both instances, these differ from Lefèvre. I venture to suggest that the “etc.” that concludes most of these prefaces, may have been meant to invite the reader to proceed further into the spiritual senses. We turn now to the Koburger German Bible. Here I am struck by the thorRXJKKLVWRULFL]LQJRIWKHUHDGLQJRIWKH3VDOWHU7KH¿UVW3VDOPLVVDLGWRKDYH EHHQZULWWHQE\'DYLGZKHQKHZDV¿UVWFURZQHGNLQJLQ%HWKOHKHPDIWHU 6DXOKDGEURNHQ*RG¶VFRPPDQGDQGORVWWKHJLIWRIWKH+RO\6SLULWWKLVLV the only place I have ever read this interpretation. Psalm 5 is here attributed to David’s sparing of the life of Saul when he found him sleeping in a cave. Mutatis mutandis throughout the Psalter. Surprisingly, Psalm 73 we are told was written by Asaph, after David announced he had no more praises to offer God. What strikes me throughout this version, moreover, is the independence in detail from the most common Jewish interpreters. In the case of Lefèvre’s four psalms, the Koburger Bible has: – Psalm 2: I quote, in translation: “David made this psalm when he had to ¿JKWDJDLQVW$PDOHNDQGDJDLQVWWKHKHDWKHQ3KLOLVWLQHV´. If not identical, approximating Lefèvre’s complaint. – On Psalm 18, he simply translates literally the canonical title with its UHIHUHQFH WR 'DYLG¶V ZDUV DQG PDNHV QR UHIHUHQFH WR 3DXO +HUH SUHFLVHO\ Lefèvre’s complaint. – On Psalm 19, on the other hand, we told that David prophesies in the Spirit the coming of Christ, his seed, and the gift of languages to the apostles, by which he means the world mission launched at Pentecost. Here he agrees exactly with the sense of Lefèvre’s interpretation, and does not mention the giving of the Mosaic law.
38. ³&RPPHQWGDYLGUHQGLWJUDFHVDGLHXSRXUFHTXLOVHGHOLYUDGHVPDLQVGHVDXOUR\GLVUDHO´ DQG³&RPPHQWOHSURSKHWH¿VWVRQRUDLVRQDSUHVORIIHQFHGHFHTXLO¿VWQRPEUHUOHV XII. OLJQHVGLVUDHO F´6HHsupra. 39. ³'R6DXO*RWWHVJRSRWSUDFKGRVHQGHWHU6DPXHOHPGDVHUZH\KHW'DYLGLP]XDLQHP NXHQLJGRGDVJHVFKDK]RKHGHUKDLOLJJDLVWYRQ6DXO8QGGRPDQ'DYLGVDW]WDXIIGHV reichs stuel zu Bethlehem, do machet er disen ersten psalmen. Wie got die gerechten und guten laytet, die seinen weg und sein gepot halten, und wie die bosen die in verlassen, werden verlaytet. Und die uebergeschrifft dieses psalmens ist: der Psalm David”. The reference to a Psalm title is quite striking, no text known to me has such a title. 40. “ Diesen psalm machet David do er fechten solt wider Amalech, und wider die haiden Philisten. Und dieses psalms uebergeschrift ist: Der Psalm David ”. The title as named is found in some Latin versions, but not the Hebrew. 41. ³'DYLGHUNDQQWLQGHPJD\VWZHQQFULVWXVJHSRUHQZXUGYRQVH\QHPJHVFKODHFKWGDVGHU KD\OLJJD\VWZXUGJHVDQGWVH\QHQMXQJHUQGHUV\ZXUGHOHHUHQHQGWOLFKUHGHQDOO]XQJHQXQQ
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Lefèvre against a “judaized” Psalter
– Psalm 22. Here Augsburg 1518 has a double literal sense. The occasion that prompted David was his escape from the Philistine king by feigning madQHVVWKLVSURYRNHGKLPWRZULWHFRQFHUQLQJ&KULVW¶VPDUW\UGRPDQGSUD\IRU his deliverance – whether David’s or Christ’s, is unclear – perhaps both! To summarize the Koburger German Bible. Seen as an ensemble, in general terms it corresponds most precisely of any interpreter I have seen, as target of Lefèvre’s critique. Yet here, too, there are notes on occasion that are close to Lefèvre’s own hermeneutic, for example, where the proposed Davidic setting for Ps 22 is the occasion on which David is given prophetic insight into the future passion of Christ, concerning which he then writes the Psalm. In any event, it is highly unlikely that Lefèvre himself, let alone his Paris monks, ZRXOGKDYHNQRZQWKLV*HUPDQWH[W,WVVLJQL¿FDQFHKHUHOLHVLQDGGLQJHYLdence to our sense of what was generally in the atmosphere at the beginning of the sixteenth century. Back now to the Lyon French Bible. This Bible, according to the most recent researchers, owes its origins to Jean de Rély, confessor of King Charles VIII, somewhere about 1495, perhaps as late as 1498. It is in fact Lefèvre who has enabled this attribution, on the strength of his own preface to his French New Testament (Paris 1523), in which he paid tribute to the piety of de Rély. This
NDHPLQDOOHZHOWGRPDFKHWHUGLVHQSVDOPZH\VVDJHQWGDYRQ8QQGVHLQEHUJHVFKULIWLVW in das end der psalm David”. 42. ³'LH ZHLO GHU NQLJ 6DXO ÀRKH XQQG ZDV NRPPHQ XQGHU GLH SKLOLVWHQ GR ¿HQJH LQ GDV JHVLQGGHVNQLJVDFKLVXQGIXHUWHQLQIULQ'RIRUFKW'DYLGVHLQHVOHEHQVXQGPDFKHW VLFKDOVZDHUHUXQVLQQLJXQQGOLHV]JH\IHUU\QQHQLQGHQEDUW'RPDFKWHUGLVHQSVDOPYRQ GHUPDUWHUFKULVWL8QQGEDWJRWWGHVHULQGXUFKVHLQHUKD\OLJXQJZLOOHQHUO|V]HW8QGGLVHV SVDOPVEHUJHVFKULIWLVW,QGDVHQGGHUSVDOP'DYLGXPEGLHKD\OLJXQJRGHUXPEGLHHPSfahung Christi”. 43. I suspect that examination of the Bohemian Bible of 1488 will show similar Psalm introductions. – Since the completion of this study I have become aware of the work of C. WOLF, “Tituli, Kapitelreihen, Buchsummarien. Überlegungen zu texterschliessenden Beigaben in vorlutherischen Bibeln” in H. REINITZER, ed., Deutsche Bibelübersetzungen des Mittelalters, %HUQH³9HVWLJLD%LEOLDH´ S7KHVH3VDOPWLWOHVDUHSUHVHQWIURPWKH¿UVW Mentelin edition in 1466, although initially printed as a separate document at the conclusion of the Apocalypse: J. L. FLOOD, “Les premières Bibles allemandes”, p. 153, who notes that their origin is unknown. 44. Lefèvre had dedicated his 1497 edition of Aristotle to DeRély, whom he knew as an ally at the royal court. In November 1523, publishing his French translation of the second half of the New Testament, Lefèvre wrote, speaking of the yearning of all the godly to be able to read true doctrine in the Scriptures: “Auquel desir passez trente six ans ou environ fut incite le tresnoble roy Charles huytiesme de ce nom, à la requeste duquel la saincte Bible fut entierement mise en langue vulgaire […] cooperant à son sainct et fructueux desire ung savant docteur en theologie son confesseur, qui avait nom Jehan de Rely” : in E. F. RICE, ed., The Prefatory Epistles of Jacques Lefèvre d’Étaples, p. 457. See also P.-M. BOGAERT et al., Les Bibles en français. Histoire illustrée du Moyen Âge à nos jours%UHSROVSDQG D. HILLARD, “Les éditions de la Bible en France au XVe siècle”, in B. E. SCHWARZBACH, dir., La Bible Imprimée dans l’Europe moderne, p. 75-82.
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Bible was the expansion of earlier abridged French Bibles, and is the beginning of the editions of the Bible Historiale. The Psalms seem to have occupied a singular place in this Bible, apparently printed in a separate volume with its RZQVLJQDWXUHVDQGQXPEHULQJVRPHWLPHVERXQGZLWKWKH¿UVWVRPHWLPHV the second volume, and sometimes omitted from the whole. This would suggest that there were separate volumes of the Psalms destined for the monastic market. Finally, the preface notes that the Psalter, absent from at least one earlier edition of the translation, has now been included. 7KHSURORJXHRIWKLV%LEOHDSSDUHQWO\DFRQÀDWLRQRIWZRHDUOLHUYHUVLRQV rings some striking notes in the context of our interest here. It addresses itself to “priests and other clerics”, warning of the danger to their souls of spiritual laziness. To counter this threat, there is no better remedy, “than to read some ¿QHKLVWRU\RURWKHUERRNRIVDFUHGZULW´7KLVLVFHUWDLQO\IDUSUHIHUDEOHWRD way of life marked by gambling, drunkenness, lechery and other things displeasing to God. Scripture has now been made available in what is a trustworthy translation from the Vulgate which contains all (an allusion to the previous abridged Bibles) save things that must not be translated. Second point: This translation was not made for clergy but for the laity and for simple monks and hermits who are unlettered, […] whence they may nourish their souls with these divine stories, and teach many simple and ignorant folk.
Comparison of a selection of Psalms here with the work of Lyra suggests WKDWWKH)UDQFLVFDQGRFWRUZDVKLJKO\VLJQL¿FDQWSUREDEO\WKHNH\LQÀXHQFH upon the writer(s) of the interpretive prefaces. Lyon sometimes has a sentence GLUHFWO\ WUDQVODWHG IURP /\UD ZKLOH LQ D PLQRULW\ RI FDVHV /\RQ H[KLELWV some independence, and even on rare occasions adopts a radically different approach.
45. 1RWLFHWKHSUHIDFHWRWKH/\RQHGLWLRQ³(W¿QDEOHPHQWOHSVDXOWLHUTXLGHQRXYHDX\DHVWH adouste ou sont plusieurs belles doctrines.” 46. “ Et pource que oysivete est ennemie de lame, il est necessaire a toutes gens oyseux par maniere de passe temps lyre quelque belle hystoire ou autre livre de science divine.” 47. “Riens na este laisse sinon choses qui ne se doivent point translater”. P.-M. BOGAERT (Les Bibles en français) does not suggest any meaning for this enigmatic statement. 48. “Et a este la translation faicte nompas pour les clercs mais pour les lais et simples religieux HWKHUPLWHVTXLQHVRQWSDVOLWWHUH]FRPPHLOVGRLYHQWDXVVLSRXUDXWUHVERQQHVSHUVRQQHV TXLYLYHQWVHORQODOR\GH+LHVXFKULVWOHVTXHOVSDUOHPR\HQGHFHOLYUHSRXUURQWQRXUULUOHXUV DPHVGHGLYLQHVK\VWRLUHV HQVHLJQHUSOXVLHXUVJHQVVLPSOHV LJQRUDQV´ 49. ,KDYHFRPSDUHGPRUHWKDQWZHQW\SVDOPV$W3V/\UDFRPPLWV¿UPO\WRWKHPLGUDVKLF legend of the gates refusing to open for the admission of the ark, whence the repetition of WKHUHTXHVWLQWKH¿QDOWZRYHUVHV/\RQVLPSO\UHODWHVLWWRWKHEXLOGLQJRIWKH7HPSOHRI Solomon. At Ps 15, Lyra makes this a statement of the moral character expected of citizens RI,VUDHODQGHVSHFLDOO\RIWKHSULHVWVDQG/HYLWHVZKLOH/\RQDSSOLHVLWGLUHFWO\WRDGPLVVLRQ “au ciel”.
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Lefèvre against a “judaized” Psalter
What have we learned about Lefèvre and his programme, from this quest into late mediaeval Psalms interpretation? ±,QWKH¿UVWSODFHWKHUHZDVDVLJQL¿FDQWFRQYLFWLRQLQKLJKSODFHVLQWKH )UHQFKFKXUFKLQWKHODWH¿IWHHQWKFHQWXU\WKDWWKHUHIRUPRIFOHUJ\PRUDOV as well as the deepening of the spiritual life of simple monastics, could be served by making the Bible available in the vernacular. This would enable WKRVHZKRUHSHDWHGWRRPXFKRIWKHOLWXUJ\RUGDLO\RI¿FHZLWKRXWFRPSUHhension, to be fed by the Scriptures through their lectio divina. Thus Lefèvre’s programme in the Quincuplex – and later in his Meaux translations – far from being unique, stands in strong continuity with late mediaeval reformers. /HW PH DGG WR WKLV E\ QRWLQJ WKH DSSDUHQW DQRPDO\ RI WKH IUHHÀRDWLQJ Lyon Psalter. I suspect, in the light, too, of the German Koburger Bible with its strikingly annotated Psalter, that the movement for monastic reform so ZLGHVSUHDGDWWKHHQGRIWKH¿IWHHQWKFHQWXU\ZDVWREHVHUYHGE\LPSURYLQJ monastic access to meditation upon the Psalter, in ensuring that even those who could not afford the complete in-folio Bible, could have a Psalter. If this hypothesis is correct, it will suggest lines for a further study of the German Psalm titles. – The general direction of interpretation was to an historicized reading of the Psalter. Recently there has been some attempt to show that this was primarily a polemical tool against the Jewish community. While this was cerWDLQO\DIRUFHLQHDUOLHUFHQWXULHV,DPOHVVFRQYLQFHGRIWKHVXI¿FLHQF\RI this hypothesis for the late 15th century, or even for Lyra in the 14th century. It seems to me more likely that while there will always have been some polemical intent, we have also to do with a reclaiming of the Old Testament for the church as Scripture worthy in its own right. The examples we have seen show that this did not mean an abandon of the Christological claim, but rather a nuancing of its employ. A recognition that events in ancient Israel had a legitimate reality within which inspired souls might discern foreshadowings of the shape of the divine plan for history. One might even say that the Antiochenes ZHUH¿QDOO\KDYLQJWKHLUGD\ – Given the audience for whom Lefèvre was writing, it seems most probable that his immediate target was the Psalter of the French Lyon Bible, which if our hypothesis is correct, many monks will have possessed in a separate printing. This Psalter, as we have seen, clearly stands in the lineage
50. ,Q/\RQDW3VRQH¿QGVWKHQRWH³&\FRPPHQFHODVHSWLHVPHPDWLQHSRXUOHVDPHG\´, suspect that this is an inadvertent left-over from a Psalms edition that was annotated for the PRQDVWLFRI¿FHV,DGPLWWKDW,KDYHQRWVHHQVLPLODUHYLGHQFHIRUD*HUPDQPRQDVWLF3VDOWHU that remains a spoor to follow. 51. See J. COHEN, The Friars and the Jews, Ithaca, New York – London 1982, p. 170-195, as the EHVWNQRZQUHFHQWH[SRQHQWRIWKLVYLHZDQGWKHWKRXJKWIXOGLVDJUHHPHQWE\7*URVV'LD] “What’s a good soldier to do? Scholarship and Revelation in the Postills on the Psalms”, in P. D. W. KREY, L. SMITH, eds., Nicholas of Lyra, p. 116-128.
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of this historicizing, and is not surprisingly deeply endebted to Lyra, albeit ZLWKHQRXJKLQGHSHQGHQFHWRFRQ¿UPRXUFRQFOXVLRQWKDWWKHSUDFWLFHRIWKLV method was widespread. – But here precisely Lefèvre represents a rupture in this movement. He draws instead upon another tradition that insisted upon seeing the Christ as the heart – centre and direct subject of the whole Psalter, the organizing vision of its prophetic author, or authors, normally the former. For him, only by meditating upon Jesus on each page of the Psalter could the Christian soul be GHHSO\DQG¿QDOO\EOHVVHG,QWKLVUHVSHFWRQHLVQRWVXUSULVHGWKDWWKH\RXQJHU Luther found him a great help. – Lefèvre’s textual programme belongs essentially to an earlier era, at least as Renaissance biblical humanism unfolded. Lacking the ability to read the Hebrew for himself, his was a respectable conservative reform agenda: give readers the best Latin text of Jerome available. He himself knew that this was not the immediate wave of the future, witness his correction of his Latin 1524 Psalter using the new Latin renderings by the Italian humanists Felix Pratensis and Agostino Giustiniani from the Hebrew and Aramaic. Witness too his stated determination in Strasbourg to acquire Hebrew. That remained a pipe dream, and his French Bible (1530) would effectively be replaced by that of Olivétan (1535). That is, in French evangelical cum Protestant circles! In the world of Catholic reform, on the other hand, Lefèvre represented the direction of the future, as Trent eventually moved seventy years later to publish an authoritative, corrected Vulgate whose touchstone was the inspired and likewise carefully corrected Greek Bible of the Early Church. – To look ahead, Lefèvre would maintain this ambivalence even as he moved at his most evangelical phase, into the Meaux reform in 1523-4. The prefaces to his French and Latin Psalters continue vigorously to ring the call for general reading of Scripture, as instrument for reform of clergy as of laity. The preface to the French text is addressed “A tous Chrestiens et Chrestiennes salut et gloire en Jésus Christ”. He notes explicitly that “simple clergy” will DOVR ¿QG WKH )UHQFK D KHOSIXO JXLGH WR ZKDW WKH\ DUH RI¿FLDOO\ UHDGLQJ LQ Latin. A few months earlier in the French New Testament preface he had praised the piety and programme of the 1490’s Bible. It is obvious that he sees his work in continuity with it. His pocket Psalters will however put these texts within the reach of the common man and woman. The Psalms in turn will cultivate a new manner of praying, giving a new vocabulary attune with God’s Spirit. If this is strongly reminiscent of Erasmus’ Paraclesis of 1516, it is also
52. E. F. RICE, ed., The Prefatory Epistles of Jacques Lefèvre d’Étaples, p. 477, n. 3, citing the work of A. LAUNE. 53. E. F. RICE, ed., The Prefatory Epistles of Jacques Lefèvre d’Étaples, no 139, 140. “Et avec ce [ the French Psalter] les simples clercz en conferant et lisant ver pour ver auront plus facilement l’intelligence de ce qu’ilz lisent en latin”, p. 469.
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Lefèvre against a “judaized” Psalter
a note that the Strasbourgers and Calvin will ring vigorously. Lefévre’s insistence that the vernacular should be the language of prayer, may not be an early advocacy for translating the canon of the Mass. More likely, Lefèvre is anticipating the rising storm that would, beginning in August 1525, see the Paris condemnation of his translations of Scripture into the vernacular. – On the other hand, true to the hermeneutical agenda of the Quincuplex, KHZLOOFRQWLQXHLQWRLQVLVW¿UPO\WKDWWKHVXEMHFWRIDOOWKH3VDOPVFDQ only be Christ. How can any Christian read the Psalms other than in concert with the apostles, and in keeping with Christ’s claim in Luke 24, that they speak of him? Otherwise, they remain dead letter. To the question posed by the late Richard Stauffer decades ago – was Lefèvre a force or a bystander in the Reform? – I want to conclude by suggesting that this small study I have undertaken underlines above all the complexity of the man and his work for church reform. He remains a striking DQGV\PSDWKHWLF¿JXUHDP\VWLFZKRGH¿HVDOORXUDWWHPSWVDWHQUROOLQJKLP in any of the later camps. We should allow a man who was respected by his contemporaries for the depth of his spiritual life, to remain himself, and his agenda to stand or fall on its own merits.
54. G. BEDOUELLE, Lefèvre d’Étaples et l’Intelligence des Écritures S DQG Q DQG A. LABARRE, “La censure de la Bible en France au XVIe siècle”, in La Bible Imprimée, ed. B. E SCHWARTZBACH, Paris 1999, p. 402-403. 55. In E. F. RICE, ed., The Prefatory Epistles of Jacques Lefèvre d’Étaples, p. 473-476, from the 1524 Psalterium David.
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« ET COMBIEN QU’IL Y A UNE SI GRANDE ABONDANCE EN LA LANGUE HÉBRAÏQUE ! » Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
Annie NOBLESSE-ROCHER Faculté de théologie protestante, Strasbourg
En révélant l’existence de l’école rhénane d’exégèse, dès les années 1970, Gerald Hobbs et Bernard Roussel ont mis en évidence l’importance des sources juives dans l’exégèse et l’herméneutique des commentateurs de Strasbourg, Bâle et Zürich dans la première moitié du XVIe siècle. Pour la première fois, tout un corpus de commentaires bibliques était circonscrit SDUXQIDLVFHDXGHFDUDFWpULVWLTXHVH[pJpWLTXHVSDUPLFHOOHVFLFHQ¶HVWSDV tant la priorité accordée au texte massorétique – à peu près tous les commentaires évangéliques, issus des milieux réformateurs, s’accordaient sur ce principe – que l’importance des sources juives médiévales qui caractérisa
1.
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Bien que Zürich soit sise sur la Limmat et non sur le Rhin, la sodalitas qui lia les Réformateurs de ces trois villes, effectivement ou d’inspiration rhénane, a permis à Bernard 5RXVVHOHWj*HUDOG+REEVGHSDUOHUG¶©pFROHUKpQDQHª9RLU%5OUSSEL, « De Strasbourg j %kOH HW =XULFK XQH ³pFROH UKpQDQH´ G¶H[pJqVH FD FD ª RHPR 68 (1988), S *HOBBS © 3OXULIRUPLW\ RI (DUO\ 5HIRUPDWLRQ 6FULSWXUDO ,QWHUSUHWDWLRQ ª GDQV M. SAEBØ (dir.), Hebrew Bible/Old Testament. The History of its Interpretation. II, From the Renaissance to the Enlightenment, Göttingen 2008, p. 452-488. Voir M. ENGAMMARE©/HVSUHPLHUVKpEUDwVDQWVIUDQoDLVGHOD5HQDLVVDQFHHWOHXUXVDJHGHOD OLWWpUDWXUHMXLYHPpGLpYDOHªGDQV'TOLLET (dir.), Les Églises et le Talmud, ce que les chrétiens savaient du judaïsme, Paris 2006, p. 43-55. Prenons ici l’exemple du commentaire de Martin Bucer sur les Psaumes, qui défend dans sa préface la primauté de l’hébreu et l’importance des sources juives médiévales, en parWLFXOLHU GHV DXWHXUV WHOV TXH 'DYLG 4LPKL HW ,EQ (]UD QRXV FLWRQV GDQV QRWUH WLWUH OD WUDduction française de ce commentaire. Voir Sacrorum Psalmorum libri quinque ad ebraiFDPYHULWDWHPJHQXLQDYHUVLRQHLQ/DWLQXPWUDGXFWLSULPXPDSSHQVLVERQD¿GHVHQWHQWLLV deinde pari diligentia adnumeratis verbis, tum familiari explanatione elucidati […] Aretio Felino [Martino Bucero] autore, Praefatio, Lyon [Strasbourg] 1529, pour la première édi-
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l’école rhénane. Si elle partagea certains principes exégétiques avec d’autres © pFROHV ª FRPPH FHOOH GH :LWWHQEHUJ par exemple, celui d’une herméneutique conditionnée par la recherche du scopus, l’école rhénane s’en distancia en montrant une propension à citer massivement les auteurs juifs tels que Rashi (1040-1105), Abraham Ibn Ezra (1089-1164) ou David ben Joseph Qimhi de Narbonne (1160-1235). Ces auteurs étaient lus dans la Biblia dite rabbinica et, pour le dernier, dans les éditions partielles de ses commentaires par Sebastian Münster ainsi que dans la concordance biblique d’Isaac Nathan ben Qalonymos, Meir Nativ. L’école rhénane s’inscrit en effet dans un vaste mouvement d’édition de sources et d’instruments de travail pour les études KpEUDwTXHVTXLRQWQRXUULVRQH[pJqVH. C’est ainsi qu’en 1530, paraissait à Bâle, par les soins de Sebastian Münster, une édition partielle du commentaire sur Joël, le Perush ‘al Yo’el, de David Qimhi (augmenté de son commentaire sur Malachie), puis l’année suivante une édition partielle et une traduction de son commentaire sur Amos6HEDVWLDQ0QVWHU¿WDXVVLSDUDvWUHWRXMRXUVj%kOH une édition partielle du Ha-shorashim de David Qimhi, dans la deuxième édition, datée de 1539, de son Dictionarium hebraicum. Simultanément à la parution, en 1521, de la célèbre Bible polyglotte dite d’Alcalà, les concor-
WLRQ0DUWLQ%XFHULa familière déclaration, Genève 1553, p. 5 (traduction partielle en français du commentaire précédemment cité). 4. Voir G. HOBBS © 3OXULIRUPLW\ RI (DUO\ 5HIRUPDWLRQ 6FULSWXUDO ,QWHUSUHWDWLRQ ª S 508, ainsi que P. F. BARTON©'LHH[HJHWLVFKH$UEHLWGHVMXQJHQ0HODQFKWKRQELV ªARG 54 (1963), p. 52-89. 5. Biblia Hebraica, cum Masora, Targum, necnon commentariis Rabbinorum, Venise 5277 [1517]. Une deuxième édition parut en 1524-1525, c’est vraisemblablement sur cette édition que travailla Martin Bucer : voir G. HOBBS, « An Introduction to the Psalms Commentary of 0DUWLQ%XFHUªWRPHVWKqVHGHGRFWRUDWHQVFLHQFHVUHOLJLHXVHV)DFXOWpGH7KpRORJLHSURtestante, Strasbourg 1971, pour qui Martin Bucer a lu les commentaires de David Qimhi dans la Biblia rabbinica de 1517 et Rashi et Ibn Ezra dans la deuxième édition de 1524-1525. 6. « ʧʬʣʡ ODSLV HVW SUHFLRVXV UDEL 'DYLG .LPKL LQ OLE 5DGLF GLFLW FXP DOWHUR QRPLQH ʭʥʬʧʩGLFLLGHVWLDVSLV$OLLGLFXQWTXRGHVWXQLRLGHVWPDUJDULWXP *HQHXHU>«@ª ISAAC NATHAN BEN QALONYMOS, Meir Nativ9HQLVHDYHFWUDGODWGH$5HQGHOLQ%kOH 1556, col. 122. Voir B. BLUMENKRANZ, G. DAHAN et S. KERNER, Auteurs juifs en France médiévale. Leur œuvre imprimée7RXORXVH©&ROO)UDQFR-XGDwFDª S/HVFRPPHQtaires de David Qimhi sont présents aussi dans les Prophètes et Psaumes de la rabbinica, nous y revenons ci-après. 7. Voir B. E. SCHWARZBACH©/D%LEOHKpEUDwTXHªGDQV%(SCHWARZBACH (dir.), La Bible imprimée dans l’Europe moderne, Paris 1999, p. 16-67, et S. G. BURNETT, Christian Hebraism in the Reformation Era (1500-1660). Authors, Books, and the Transmission of Jewish Learning, Leyde-Boston 2012. 8. B. BLUMENKRANZ et al., Auteurs juifs en France médiévale, p. 21-22. 9. L’editio princeps de 1523, que nous avons pu consulter, ne contient pas cette addition du Sefer ha-Shorashim. Voir aussi : B. BLUMENKRANZ et al., Auteurs juifs en France médiévale, p. 18. 10. Il est important de rappeler, puisqu’il s’agit très certainement d’une des sources bucériennes, que cette Polyglotte donnait le Targum pour le Pentateuque avec une colonne de traduc-
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dances OHV SVDXWLHUV KpEUDwTXHV DLQVL OH Psalterium ex hebraeo de Felix Pratensis) et polyglottes (le Psalterium hebraeum, graecum, arabicum et chaldaeum de Paul Giustiniani) furent édités. Entre 1517 et 1525, parurent chez Daniel Bomberg une série d’outils de première importance à destination d’un public chrétien, qui servirent d’instruments aux exégètes rhénans : en 1517, ce fut la Biblia hebraica, puis la même année la Biblia hebraica cum Masora, Targum, necnon commentariis Rabbinorum (dite rabbinica, évoquée ci-dessus) )HOL[3UDWHQVLVUpDOLVDLWDLQVLXQH%LEOHKpEUDwTXH ajoutant le TargumGLW©G¶2QTHORVªSRXUOH3HQWDWHXTXHOHTargumGLW©GH-pUXVDOHPª en appendice, les commentaires de Rashi bien sûr, mais aussi de David Qimhi sur les Psaumes et les Prophètes, de Levi ben Gershom sur le livre de Daniel et de Nahmanide et d’Abraham Farissol sur Job. Cette veine édiWRULDOHDYDLWpWpSUpSDUpHSDUODSUHPLqUHJUDPPDLUHKpEUDwTXHGHVWLQpHDX[ chrétiens, celle de Konrad Pellikan, en 1504 (De modo legendi et intelligendi Hebraeum, Strasbourg, suivis des Institutiuncula de 1516 et des Hebraicarum institutionum libri duo de 1518-1525), et bien sûr celle de Johannes Reuchlin (Rudimenta linguae hebraicae, Pforzheim, 1506). Il faudrait ajouter à cette bibliothèque de travail des ouvrages de Sancte Pagnini. Martin Bucer a utilisé plusieurs de ces instruments, en particulier de façon certaine la Biblia rabbinica, dont les citations d’auteurs juifs sont aisément repérables dans le Tzephaniah epitomographus.
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tion à l’extérieur de la page et une colonne de racines dans la marge. Le 6e tome contient un lexique de l’hébreu et de l’araméen bibliques ainsi qu’une grammaire de l’hébreu, voir B. E. SCHWARZBACH©/D%LEOHKpEUDwTXHªS ISAAC NATHAN BEN QALONYMOS, Meir Nativ. Psalterium ex hebraeo diligentissime ad uerbum fere tralatum : fratre Felice ordinis herePLWDUXPVDQFWL$XJXVWLQLLQWHUSUHWHSHUVXPPXPSRQWL¿FHP/HRQHPGHFLPXPDSSUREDWXP, Venise 1515. Psalterium Hebraeum, Graecum, Arabicum et Chaldaeum, cum tribus Latinis interpretationibus et glossis [la première et la troisième sont de Paul Giustiniani sur l’hébreu et l’arabe, la seconde sur le grec], Gênes 1516. Il faudrait mentionner également le Psalterium sextuplex (Leyde 1530) proposant l’hébreu et les versions latines de Jérôme, de Sancte Pagnini et de Felix Pratensis. Biblia Hebraica, cum quibusdam variantibus lectionibus, quae in Pentateucho paucissimæ sunt, in cœteris libris frequentiores9HQLVH>@'DQLHO%RPEHUJ¿WVXFFHVVLYHPHQW paraître cinq éditions, corrigées, de cette Bible (1517, 1521, 1525, 1533, 1544). Biblia Hebraica, cum Masora, voir n. 3. Pour une analyse détaillée, voir C. D. GINSBURG, Introduction to the Massoretical-Critical Edition of the Hebrew Bible, New York 1966. B. E. SCHWARZBACH©/D%LEOHKpEUDwTXHªS Voir G. HOBBS, « Monitio amica3HOOLFDQj&DSLWRQVXUOHGDQJHUGHVOHFWXUHVUDEELQLTXHVª dans Horizons européens de la réforme en Alsace, Strasbourg 1980, p. 83. Voir M. ENGAMMARE, « Sancte Pagnini, traducteur ad literam et exégète ad allegoriam ªGDQV D. de COURCELLES (dir.), Philologie et subjectivité, Genève 2002, p. 41-52
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Néanmoins, Bucer accomplit dans son petit commentaire un véritable WUDYDLO GH WUDGXFWHXU RULJLQDO XWLOLVDQW VHV VRXUFHV MXLYHV D¿Q G¶pWDEOLU DX mieux sa traduction selon le sens littéral du texte, mais sans devenir exclusivement dépendant du texte massorétique et des Ebraei. Le Réformateur avait en mains, bien sûr, le commentaire de Jérôme sur Sophonie, qu’il utilise aussi pour avoir accès aux versions latines anciennes, retenir un choix de traduction, mais aussi apporter des améliorations linguistiques à la traduction latine de Jérôme. Martin Bucer traducteur Le Tzephaniah epitomographus Le Tzephaniah epitomographus de Bucer est ainsi l’un des premiers commentaires de l’école strasbourgeoise. Ce petit commentaire de 90 folios a connu deux éditions parues, l’une en 1528, chez Johannes Herwagen, à Strasbourg, et la seconde, posthume, en 1554, chez Robert Estienne à Genève, réunie au Liber Iudicum du Réformateur et à ses Sacrorum Psalmorum Libri quinque. Les deux éditions ne révèlent pas de variantes notables. Ce petit commentaire a été rédigé dans une année de crise. La correspondance de Bucer, pour l’année 1528, fait apparaître trois questions importantes : la querelle, entre Réformateurs, à propos de la présence corporelle du Christ dans la Cène, la SUpVHQFHLQÀXHQWHGHVSDUWLVDQVGHVGLVVLGHQWVDQDEDSWLVWHVHWO¶DEROLWLRQGp¿nitive de la messe à Strasbourg, dont l’application tarde à être mise en place. (QWpPRLJQHXQHOHWWUHGXVHSWHPEUHjELHQGHVpJDUGVVLJQL¿FDWLYH écrite par Martin Bucer à Huldrych Zwingli pour lui annoncer l’envoi de son commentaire sur Sophonie : Grâce et paix. […] Je t’envoie Tzephaniah, commenté à ma façon. Un peu DYDQW OD ¿Q M¶DL WUDLWp GH O¶DFFRPSOLVVHPHQW GHV SURPHVVHV SURSKpWLTXHV je voudrais que tu te le fasses lire par un frère et que tu m’en écrives ton avis. Cela semble s’opposer totalement à l’analogie de la foi, ces choses que Cellarius a écrites sur la venue intermédiaire du Christ et le bonheur terrestre de l’Église qui se produiront avant la toute dernière apparition du Christ, et on regrette que Capiton les approuve tellement. Mais il plaît au Seigneur que nous aimions aussi les frères qui pensent autrement. Oui, comme toujours, une véritable amitié dans le Seigneur nous tient et nous garde en accord, même si lui [Capiton] approuve ce que je ne puis approuver, de même que lui, au contraire, ne peut approuver toutes mes positions. L’hypocrisie de Cellarius et des anabaptistes nous a fait assez de mal chez cet homme. […] Le fait que
20. Commentarii in Prophetas minores, In Sophoniam prophetam, Turnhout 1969 (CCSL 76 A). 21. Pour cette étude, nous avons travaillé sur la première édition de 1528, sur l’exemplaire déposé aux Archives du Chapitre Saint-Thomas (Strasbourg), fonds de l’ancien Collegium Wilhelmitanum (CW 16 134).
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je n’aie pas défendu la cause de l’Eucharistie plus fort et plus abondamment dès la préface à Tzephaniah ne doit pas heurter. J’ai voulu rendre service aux esprits trop tendres de certains et expliquer combien nous, nous avons horreur d’une telle séparation, quoique Luther agisse avec nous de façon mauvaise, voire impie. Je sais que j’aggraverai davantage son cas auprès de nombreuses personnes par ce genre d’écrit que si j’avais écrit de manière plus digne [qu’il ne le fait lui-même].
Dans son commentaire, Martin Bucer se concentre sur deux adversaires, Martin Cellarius et la nébuleuse des communautés anabaptistes. Le débat SRUWHVXUOH©SLHX[XVDJHGXVHUPHQWªGpIHQGXSDUOH5pIRUPDWHXUPDLVDXVVL sur la prépondérance du Nouveau Testament sur l’Ancien, sujet de prédilection des dissidents. C’est dans ce contexte des relations entre les deux Testaments G¶pJDOH VXEVWDQFH FRPPH O¶DI¿UPH %XFHU GDQV VRQ FRPPHQWDLUH RX QRQ que Bucer élabore au sein même du commentaire une conception particulière GXMXGDwVPH. Le peuple juif y est appelé Vetus populus, en référence au Vetus instrumentum, ou gens judaica, populus Judaeorum. Ebraei est réservé, en général, à la désignation des exégètes juifs, surtout David Qimhi. Si, jusqu’en 1526, Bucer maintient une forte distinction entre les deux Testaments, à partir des premières disputes avec les anabaptistes, comme celle menée contre Hans 'HQFN%XFHUPRGL¿HVDFRQFHSWLRQVFULSWXUDLUH/¶XQLWpGHVGHX[7HVWDPHQWV HVW GqV ORUV DI¿UPpH : elle l’est, dans le Tzephaniah epitomographus, au moyen de la typologie. Un excursus rédigé contre Hans Deck, prônant, dans sa Confession de Nuremberg (1525), un dépassement total de la Loi et non XQDFFRPSOLVVHPHQWGHOD/RLSDUO¶eYDQJLOHSHUPHWj%XFHUG¶DI¿UPHUTXH
22. « Gratia et pax. Mitto tibi TzephaniahDPHXWFXQTXHH[SODQDWXP1RQSURFXOD¿QHGHLPSOHtione propheticarum promissionum tractaui : id velim fratrem aliquem faceres tibi legere et GHHRWXXPPLKLLXGLFLXPVFULEHUHV2PQLQR¿GHLDQDORJLDHDGXHUVDULYLGHWXUTXDHGHPHGLR Christi aduentu et de terrena Ecclesiae felicitate ante aparitionem Domini nouissimam futuram Cellarius scripsit, doletque ea adeo Capitoni probari. Sed placet Domino, ut et dissentientes fratres amemus. Probe, ut semper, inter nos conuenit, et constat vera in Domino amicitia, etsi probet ille, quae probare ego nequeo, uti contra ille mea non potest probare omnia. Satis nocuit nobis Cellarii et anabaptistarum in hoc viro hypocrisis […] ne offendat, quod in praefatione in Tzephaniah non fortius et plenius caussam eucharistiae egerim. Inseruire quorundam nimis teneris ingeniis volui et declarare, quam abhorreamus nos a tanto dissidio, quamquam inique nobiscum agat, imo impie, Lutherus. Scio, apud multos plus illum hoc PRGRVFULSWLJUDXDXHURTXDPVLLOORGLJQLXVVFULSVLVVHPª0DUWLQ%XFHUCorrespondance, t. III, 1527-1529, éd. J. ROTT et C. KRIEGER, collab. M. ARNOLD et R. FRIEDRICH, Leyde 1995, p. 204-205. 23. A. DETMERS, Reformation und Judentum, Israel-Lehre und Einstellung zum Judentum von Luther bis zum frühen Calvin, Stuttgart 2001 (sur Bucer, p. 185-215). 24. Pour la désignation des Juifs, voir par exemple, Vetus populus : Tzephaniah epitomographus, SUOGens judaica, ibid.SYO©3RSXOXV-XGDHRUXPªibid., p. 2v, l. 4. 25. A. DETMERS, Reformation und Judentum, p. 186-187.
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l’amour (dilectio) s’applique aussi à l’Ancien Testament. Mais nous en citons ici à nouveau, pour mémoire, la phrase clef : « Tout ce qui est arrivé au vieux peuple est le type dans lequel on doit considérer […] les œuvres et les jugements de Dieu ª 'H FH IDLW %XFHU GDQV XQH IRUPXOH HOOLSWLTXH H[SULPH avec retenue cette proximité : « Nos affaires ne sont pas dissemblables de celles de la nation juiveª/DQRWHPDUJLQDOHHVWSOXVSRVLWLYH©1RVDIIDLUHV VRQWVHPEODEOHVDX[>DIIDLUHV@MXLYHVª3RXU%XFHUFHOLHQHQWUHOHV-XLIVHW ses contemporains chrétiens s’exprime dans le fait que le peuple juif possédait, en son sein, les élus : « Le peuple juif est cher à Dieu à cause des élusª La Loi (Torah) est une pietas commune aux deux peuples, juif et chrétien : « L’Écriture est souvent appelée Loi, c’est-à-dire Torah TXL QH VLJQL¿H SDV tant Loi que doctrine [de piété] ª 3RXU %XFHU FHWWH doctrina pietatis est la forme d’expression des institutions (instituta) créées par Dieu pour le bon ordonnancement de la vie spirituelle. Dans cette perspective, les cérémonies de l’Ancienne Alliance ont une fonction de continuité : « La raison des sacrements et des cérémonies de la première et vieille alliance est la même que de l’alliance actuelle et nouvelle. […] D’ailleurs, Dieu est le même, la foi des saints est la même, […] la doctrine de foi est la même, ainsi ne peut être autre ce que le Seigneur apporta par ses cérémonies d’autrefois et ce qui fut révélé après le Christ dans son Égliseª/HEDSWrPHGDQVODQRXYHOOHDOOLDQFHSDU
26. Martini Buceri Opera latina, t. II, Enarratio in evangelion Iohannis (1528, 1530, 1536), éd. I. BACKUS, Leyde 1988, p. 49, l. 12-22 et p. XXXIV. Voir C. BAUMAN, The Spiritual Legacy of Hans Denck, Interpretation and Translation of Key Texts, Leyde 1991, p. 58. 27. « Rom. 15. quicquid Veteri populo accidit, typus est, in quo opera et iudicia Dei […] consiGHUDULGHEHQWªTzepahaniah epitomographus, p. 1, l. 13-15. 28. ©5HVQRVWUDHUHEXVJHQWLV,XGDLFDH>«@KDXGGLVVLPLOHVVXQWªTzephaniah epitomographus, SUO/DQRWHPDUJLQDOH©5HVQRVWUDHVLPLOHV,XGDLFLVª 29. ©&KDUXVHUDWSURSWHUHOHFWRVSRSXOXV,XGDHRUXP'HRªTzephaniah epitomographus, p. 2v, l. 3-4. 30. A. DETMERS, Reformation und Judentum, p. 188. 31. ©6FULSWXUDTXDHVDHSHYRFDWXU/H[LGHVWʺʥʸʤTXRGWDPHQQRQWDP/HJHPTXDPGRFWULQDP VLJQL¿FDWªBOL II, p. 349, l. 21-23. Cette conception de la doctrina pietatis est présente dans le commentaire sur l’Épître aux Romains : « Legis siquidem nomine appellatur ipsa doctrina pietatis atque iustitiae, quam Deus in omnibus praeceptis ac ritibus, cum vivendi, WXP'HXPFROHQGLXQLFDPWUDGLGLWªMetaphrases et enarrationes perpetuae epistolarum D. Pauli Apostoli […] Tomus primus. Continens metaphrasim et enarrationem in Epistolam ad Romanos […], Strasbourg 1536, p. 204, l. 30-34. 32. « Ita patet, legis et Prophetarum nomine, tantum istam doctrinam […] pietatis censeri, neque DOLD SUDHFHSWD YHO PDQGDWD OHJLV SURSULH KDEHUL ª FLWp SDU$ DETMERS, Reformation und Judentum, p. 189. 33. « Eadem est igitur ratio sacramentorum et caeremoniarum tam prioris et vetusti quam SUDHVHQWLV HW QRYL IRHGHULV >«@ &DHWHUXP LGHP 'HXV HVW HDGHP ¿GHV VDQFWRUXP HDGHP ¿GHLGRFWULQDLWDQRQSRWHVWDOLXGHVVHTXRG'RPLQXVSHUVXDVFDHUHPRQLDVROLPHWTXRG PRGRSRVW&KULVWXPUHYHODWXPLQ(FFOHVLDVXDJHULWªMetaphrases et enarrationes perpetuae epistolarum D. Pauli Apostoli, p. 155, l. 36-39 et 41-46.
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exemple, présente des similitudes avec les cérémonies vétéro-testamentaires : « Quant à la similitude de notre baptême avec les baptêmes des anciens, j’en ai parlé plus haut […] : les baptêmes pour les Hébreux, comme aussi pour les QDWLRQVpWDLHQWFRPPHGHVSXUL¿FDWLRQV>«@HWGHVLQLWLDWLRQVª Bucer traducteur Si l’on compare les versets de Sophonie traduits dans le commentaire In Sophoniam de Jérôme, la source principale de ce commentaire bucérien, et ceux proposés par le Tzephaniah Epitomographus, il apparaît clairement que Bucer a entièrement retraduit le texte biblique depuis l’hébreu. La même comparaison effectuée avec la Biblia Latina de Sancte Pagnini, parue il est vrai au tout début de 1528, à Lyon, chez Antoine du Ry, et la nova aeditio d’Érasme, FRQ¿UPHTXH0DUWLQ%XFHUSURSRVHXQHWUDGXFWLRQGHO¶KpEUHX totalement originale. A-t-il lu Sophonie dans la Biblia Rabbinica (1517) ? Ceci est fort probable, car Bucer cite, dans le Tzephaniah Epitomographus, les mêmes exégètes juifs, David Qimhi, Rashi et Ibn Ezra, qui ont permis O¶LGHQWL¿FDWLRQGHFHWWHVRXUFHGDQVVRQFRPPHQWDLUHGX3VDXWLHU. Nous nous attacherons ici à mettre en évidence ses choix de traduction par rapport au texte massorétique, son texte source, mais aussi par rapport à la Vulgate de Jérôme. D’emblée, Bucer introduit le livre du prophète en choisissant, au verset 1, le terme sermo plutôt que verbum 9XOJDWH SRXU LGHQWL¿HU OH GLVFRXUV GH Sophonie. Le choix n’est pas anodin : sermo relève d’un champ sémantique plus large que verbum RXWUHOHVHQVFODVVLTXHGH©GLVFRXUVªTX¶LOFRQVHUYH au XVIe siècle, il désigne aussi un exposé homilétique, une prédication, tant au Moyen Âge que dans cette première modernité. De fait, pour Bucer la fonction prophétique est surtout une fonction homilétique, au sens d’une inter-
34. « De similitudine baptismatis nostri cum baptismatibus veterum dixi supra. […] Baptismata (EUDHLVVLFXWHWJHQWLEXVIXHUXQWTXDHGDPTXDVLOXVWUDWLRQHVHW>«@LQLWLDWLRQHVªMartini Buceri Opera latina, II, Enarratio in evangelion Iohannis, p. 66, l. 8-9 et p. 88, l. 22-23. 35. Voir en annexe la synopse présentant le texte de la Vulgate et celui de la traduction de Bucer dans le Tzephaniah epitomographus, Sophonie 1, 1-11. 36. Voir G. BEDOUELLE et B. ROUSSEL (dir.), Le temps des Réformes et la Bible, Paris 1989 ©%LEOHGHWRXVOHVWHPSVª S 37. Bibliorum opus integrum, Veteris quidem Testamenti translatio antiqua, ad vetustissimorum HPHQGDWLVVLPRUXPTXHFRGLFXP¿GHPFXPVXPPRVWXGLRUHFRJQLWD1RYLYHUR(UDVPLQRYLVsima editio […] Eras. Roterodamo interprete, Bâle 1522. 38. &HWWHLGHQWL¿FDWLRQDpWpHIIHFWXpHSDU*HUDOG+REEVGDQVVDWKqVHHQFRUHLQpGLWHFLWpHsupra n. 6. 39. Nous nous inspirons ici d’une étude à paraître de G. DAHAN, « L’exégèse médiévale de 6RSKRQLHª 40. J. LONGÈRE, La Prédication médiévale, Paris 1983 (« Collection d’études augustiniennes. 6pULH0R\HQÆJHHW7HPSVPRGHUQHVª p. 15 et 27 sq.
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SUpWDWLRQDFWXDOLVDWLRQ GH OD 3DUROH GLYLQH SRXU OH SHXSOH GHV ¿GqOHV hic et nunc (la prédication du prophète Sophonie est absolument contemporaine des Strasbourgeois de 1528 auquel le Réformateur destine son commentaire), à O¶LVVXHG¶XQ©UDSWªVSLULWXHOQRXVDYRQVHXO¶RFFDVLRQGHOHPRQWUHUGDQVXQH étude précédente. Comme dans son commentaire du psautier ou des Juges, Bucer transcrit littéralement en caractères latins les noms du prophète et de ses ascendants depuis l’hébreu : Tzephaniah (ʤʩʰʴʶ OD JUDSKLH GX ̯܈Gr initial est rendue par tz, ainsi que la vocalisation massorétique. Les Rudimenta hebraica de Johannes Reuchlin proposent la transcription zade pour la lettre ʶ. Bucer a redonné la prononciation du ʶ au moyen des lettres allemandes tz. De même ʩʹʥʫ est transcrit selon la phonétique allemande Cuschi. Le verset 2 donne une traduction très indépendante par rapport à la Vulgate. Le Tzephaniah epitomographus propose en effet : auferendo aufero omnia (« en emportant, j’emporte toutª WUDGXLVDQWDLQVLˌʱʖ ʳˌʱʒ ʳʫʘʖ ʬ (’asof ’asef kol ©(QHQOHYDQWMHYDLVWRXWHQOHYHUª /DUDFLQH ʳʱʠVLJQL¿H©UDVVHPEOHUªRX©HQOHYHUªPDLVODPRUSKRORJLHGXVHFRQGWHUPHSRVHSURblème. Certains commentateurs considèrent qu’il s’agit d’un autre verbe : ’asef serait le hiphil, avec une notion de causalité, à l’inaccompli du verbe ʱʥʳ ©¿QLUªVLJQL¿DQWGRQF©MHPHWWUDL¿QªLa forme ’asof 7LQ¿QLWLIDEVROXGH ʳʱʠ, est rendue par Bucer par un gérondif latin à l’ablatif. La Vulgate, selon le commentaire de Jérôme sur Sophonie, traduit l’hébreu selon son premier VHQV©UDVVHPEOHUª SDUODUDFLQHODWLQHcongreg-. Bucer propose, quant à lui, une traduction proche du second sens de ʳʱʠ©HQOHYHUSRXUGpWUXLUHª Dans le commentaire de Jérôme (congregans congregabo), c’est le participe présent qui est employé. Jérôme, dans son commentaire sur Sophonie, présente d’autres versions, pour la suite du verset seulement, parmi lesquelles les traductions latines de la Septante, celle de Theodotion, celle de Symmaque. Rappelons les traductions de la Vieille Latine (Cyprien, Ad Quir. 3, 47), defecWLRQHGH¿FLDW©SDUXQDEDQGRQTX¶LODEDQGRQQHª OHWH[WHGHOD6HSWDQWH elle-même : ਫțȜİȥİȚ ਥțȜȚʌIJȦ (« Que de disparition il disparaisse ª (Q UHYDQFKH%XFHUQ¶DSDVFRQVHUYpO¶H[SUHVVLRQW\SLTXHPHQWKpEUDwTXHʮʒ ʲʔ ʬʴʘ ʍ ʰʒ ʩ ʤʕ ʠʏ ʣʕ ʮʕ ʤ que Jérôme traduit littéralement par a facie terrae et se contente de de terra, expression plus latine.
41. A. NOBLESSE-ROCHER, « La prédication comme prophétie dans le Tzephaniah epitomographus GH0DUWLQ%XFHU ªPositions Luthériennes S 42. Tzephaniah epitomographus, p. 3v, l. 26. 43. N. Ph. SANDER et I. TRENEL, Dictionnaire hébreu-français, repr. Genève 2005, p. 37. 44. In Sophoniam, éd. citée, p. 658. 45. Les Douze Prophètes, trad. du texte grec de la Septante, intr. et notes M. HARL, C. DOGNIEZ, L. BROTTIER, M. CASEVITZ et P. SANDEVOIR3DULV©/D%LEOHG¶$OH[DQGULHª p. 338-339.
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Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
Au verset 3, Jérôme et Bucer conservent le singulier collectif ’adam u-behema et traduisent l’un et l’autre par hominem et pecus. Mais ce verset SUpVHQWHGHVGLI¿FXOWpVHQHIIHW, la Septante se différencie du texte massorétique par une omission. Après ‘of ha-shamayim (volatilia caeli), le texte PDVVRUpWLTXHSURSRVH©HWOHVRFFDVLRQVGHFKXWHSRXUOHVLPSLHVªʥʍ ʤʔ ʮʘ ʔ ʫʍ ʹʝʒ ʬˣʺ ʠʓ ʺʤʕʸʍʹʝʕ ʲʑ ʩʭ), repris, à la forme passive, dans la Vieille Latine : HW LQ¿UPDbuntur impiiODUJHPHQWPRGL¿pHSDU6\PPDTXHEt scandalam cum impiis, de façon judicieuse puisqu’en hébreu :ʤʬʹʫʮ (makhshelah VLJQL¿HODSLHUUH d’achoppement. Le Tzephaniah epitomographus propose impingent scelerati ©OHVFULPLQHOVDVVqQHURQWGHVFRXSVª %XFHUUHSUHQGDLQVLOHWH[WHPDVVRrétique et en donne une traduction originale : scelerati©FULPLQHOVª DXOLHX d’impii©LPSLHVª Scelus, sceleratus est employé dans la Vulgate comme le FKDPSGHVLJQL¿FDWLRQGXSpFKHXUHWGXSpFKppeccator, peccatum ,V e]7LP Au verset 4, Bucer traduit ZHQDܒLWL, hiphil accompli, par un parfait extendi, comprenant le waw comme une conjonction, alors que la Vulgate donne la forme au futur (extendam), considérant le waw comme conversif. Bucer propose une traduction plus latine que Jérôme avec habitatores plutôt que habitantes. Une glose précise le sens de reliquias Baal : il s’agit des restes du culte de Baal. Dans le corps du texte, Bucer transcrit littéralement en caractères latins le terme hébreu CemarimTXLGpVLJQHGHVSUrWUHVGH%DDOTX¶LOGp¿QLW dans sa glose, comme des adeptes de la magie noire, ajoutant que les auteurs MXLIVOHVDSSHOOHQW©PRLQHVª&HWHUPHCemarim, poursuit Bucer dans une intéressante note, a pour singulier camarHQKpEUHXLOOHUDSSURFKHGXIUDQoDLV©FDIDUGªHWSUpFLVHTXHOHV)UDQoDLVDSSHOOHQWDLQVLOHVK\SRFULWHV Le verset 5 est l’occasion de nouvelles divergences entre la traduction bucérienne et la Vulgate. Martin Bucer semble rechercher systématiquement une traduction nouvelle, souvent astucieuse, qui embrasse le sens du texte massorétique et de la Septante, quand ils sont assez proches. C’est le cas, par exemple, de Sophonie 1, 5 : « Ceux qui se prosternent sur les terrasses GHYDQW O¶DUPpH GHV FLHX[ ª WUDGXFWLRQ GH OD TOB). Bucer propose supplicantes, Jérôme qui adorant, le texte massorétique et la Septante respectivement KDPLVKWDۊDZLP (ceux se prosternant pour prier) et IJȠઃȢʌȡȠıțȣȞȠ૨ȞIJĮȢ FHX[VHSURVWHUQDQW /D¿QGXYHUVHWSRVHGHVGLI¿FXOWpV/DWUDGXFWLRQGH Bucer est particulièrement intéressante : per regem suum, le texte massorétique donne malkam©OHXUURLªVRXVHQWHQGXFHOXLGHVSUrWUHVGH%DDO), ainsi que la Septante (țĮIJIJȠ૨ȕĮıȚȜȦȢĮIJȞ). La Vulgate a choisi une autre
46. Ibid., p. 339. 47. Jérôme, In Sophoniam, éd. citée, p. 658, l. 84. 48. /¶LQWHUSUpWDWLRQGHFHSDVVDJHQHIDLWSDVO¶XQDQLPLWp0LONRPVHUDLWXQGLHXDPPRQLWHKDwHW méprisé, voir A. S. KAPELRUD, The Message of the Prophet Zephaniah, Oslo 1975, p. 23-24.
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vocalisation, melkomFHUWDLQHPHQWVXUODYHUVLRQOXFLDQLTXHGHOD6HSWDQWH Bucer, quant à lui, propose de façon originale le terme Melekh, le roi, précisant dans une glose qu’il s’agit d’un roi temporel. $XYHUVHWOHQRPGLYLQ©OH6HLJQHXU'LHXªHQKpEUHXadonaï et le Tétragramme) est traduit judicieusement par Bucer par Dominator Dominus (adonaïVLJQL¿DQW©VHLJQHXUªDXVVLDXVHQVWHPSRUHOODWUDGXFWLRQSDUdominator VH MXVWL¿H TXDQG -pU{PH SURSRVH WUDGLWLRQQHOOHPHQW Dominus Deus. Le terme hostia de la Vulgate est remplacé par VDFUL¿FLXP, ce qui est son sens originel. Bucer a sans doute choisi ce dernier terme en raison de l’utilisation d’hostia dans le contexte eucharistique de l’Église traditionnelle, le terme étant tombé en désuétude dans les cercles évangéliques. De même, le VDQFWL¿FDYLW de la Vulgate est rendu par le verbe expiavit, Bucer choisissant GHFRQVHUYHUFHVHQVGH©VDQFWL¿HUª1LFRODVGH/\UHPHQWLRQQHTXHOHYHUEH hiqdishHQKpEUHXSHXWDYRLUOHVHQVGH©VDQFWL¿HUªHWGH©SUpSDUHUªRSWLRQ que n’a pas retenue le Réformateur. Au verset 9 Bucer propose une traduction très divergente de Jérôme : au visitabo de la Vulgate, traduisant littéralement l’hébreu u-faqadti (qal et waw conversif), Bucer préfère ultionem sumam©MHWLUHUDLYHQJHDQFHª GRQQDQW un sens plus abstrait. Il reprendra cette même expression au verset 12. Le verset 11 et son commentaire sont particulièrement riches. « Hurlez, habitants de la Ville Basse car le peuple des marchands est anéanti, tous OHVSHVHXUVG¶DUJHQWVRQWVXSSULPpVªTOB) est traduit dans le Tzephaniah Epitomographus par Plangite habitatores uici mercatorii, « Lamentez-vous KDELWDQWVGXTXDUWLHUPDUFKDQGª/HWH[WHPDVVRUpWLTXHGRQQHhelilu yoshve ha-makhtesh © 9RFLIpUH] KDELWDQWV GX 0DNKWHVK ª makhtesh désignant le ©PRUWLHUªXQTXDUWLHUGHODYLOOHGH-pUXVDOHP-pU{PHWUDGXLWSDUpila, évoquant les traductions d’Aquila et Symmaque. Nicolas de Lyre propose quant à lui une interprétation de pila©ODSLOHTXLHVWDXPLOLHXGXSRQWª4XDQWDX WHUPH©PDUFKDQGªOHWH[WHPDVVRUpWLTXHD©OH&DQDQpHQªTXLVLJQL¿HDXVVL © OH PDUFKDQG ª FRPPH OH VXJJqUH =DFKDULH 3RXU 5DVKL makhtesh désigne une cité appelée ailleurs Tibériade, dont on dit qu’elle est profonde par le fait qu’elle est sise dans une dépression de la Judée. Bucer connaît vraiVHPEODEOHPHQWWRXVFHVpOpPHQWVQRXVOHVUHWURXYRQVHQHIIHWGDQVOHFRPmentaire qu’il propose de ce passage :
49. « Primo ca. b. [1, 5] 6DQFWL¿FDYLW YRFDWRV VXRV : heb “preparavit vocatos suos”. 9HUEXPHQLPKHEUDLFXPKLFSRVLWXPHTXLYRFXPHVWDG³SUHSDUDUH´HW³VDQFWL¿FDUH´+HEUHL WDPHQYLGHQWXUKLFPHOLXVGLFHUHTXLDPDJLVFRQVRQDWWH[WXLª1LFRODVGH/\UHTractatus de differentia littere hebraice et nostre translationis, cité par G. DAHAN, voir n. 39. 50. « Ululate habitatores pile, id est Iherusalem, ut dicunt expositores nostri communiter, eo quod est in medio terre habitabilis, sicut pila est in medio pontis. Unde versus : “Est pila pes pontis, pila ludus, pila taberna.” Heb : “Ululate amatores hamaquetes”, et sonat “profunda”. Dicit autem Ra Sa quo est civitas que Tyberias alibi nominaWXUHWGLFLWXUKLFSURIXQGDHRTXRGLQGHPLVVRULRORFR,XGHHHVWHFLDPLQSDUWHDTXLORQDUL
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Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
Les Juifs interprètent macktèsh comme quartier des marchands, mais on dit aussi que c’est quelque chose de rond et de profond. De là, en Proverbes 27 [22], ainsi (ceci) est appelé mortier, et en Juges 19 [15], le trou de la dent dans la mâchoire. En effet, dans toute la Bible, ce nom n’existe qu’en ces deux seuls endroits et dans celui de notre prophète. C’est peut-être le lieu où habitaient les marchands, fermé en cercle, et, dans sa profondeur, présentant l’aspect d’un vase concave, comme ces places publiques dans la plupart des villes. Jérôme écrit que c’était la vallée de Siloé. Certainement, les choses qui suivent LQGLTXHQWVXI¿VDPPHQWTXHFHOLHXTXHOOHTX¶HQVRLWODUDLVRQTXLHVWDSSHOp macktèsh, fut le siège des marchands. Car, dit-il, le peuple des marchands fut détruit, ils furent frappés ceux qui furent chargés d’argent, et comme recouYHUWVF¶HVWFHTXHVLJQL¿HOHYHUEHKpEUHX ʩʬʩʨʰ [QHܒLOH]. La Septante propose Ƞੂ ਥʌȘȡȝȞȠȚ ਕȡȖȣȡ, c’est-à-dire chargés d’argent. Donc, comme au verset OHSURSKqWHSUpGLWO¶H[WHUPLQDWLRQDX[SULQFHVDX[¿OVGXURLHWDX[DXWUHV riches vêtus de soie, et par là aux plus nobles. Et le verset 9, à des familiers de ODFRXUTXLSDUODIRUFHHWODIRXUEHULHUDÀDLHQWOHVULFKHVVHVSRXUOHSULQFH(W au verset 10, semble-t-il, à certains citoyens de la ville de Jérusalem, et sans aucun doute aux gouvernants et aux plus riches, de même que, en ce verset 11, il lance une menace de destruction imminente sur les marchands. Jérôme traGXLWVLPSOHPHQW©OHSHXSOHGH&DQDDQªHWSHQVHDXSHXSOHMXLIDLQVLDSSHOp SDUOHSURSKqWHHQUDLVRQGHVRQLPSLpWpHWLODMRXWHSRXUFRQ¿UPHUFHODOH verset du jugement de Daniel : ‘Tu es de la semence de Canaan et non de Juda’.
,XGHHH[TXDH[HUFLWXVDGYHUVDULRUXP,XGHDPLQWUDYLWª1LFRODVGH/\UHTractatus, cité par G. DAHAN, voir n. 39. 51. Il s’agit d’une citation de Daniel 13, 56 (dans la Vulgate seulement) : Semen Chanan, et non Juda, species decepit te, et concupiscentia subvertit cor tuum. 52. ©9LFXPPHUFDWRULXP,XGDHLʮʫʺʹLQWHUSUHWDQWXUFDHWHUXPFRQFDXXPDOLTXLGGLFLWXUHWSURfundum. Vnde Prouerb. 27. mortarium ita uocatur, et Iudic. 19. locus dentis maxillaris. Solis enim istis duobus locis, et hoc nostri Vatis, in totis Bibliis hoc nomen habetur. Forte locus, ubi mercatores habitabant, in circulum conclusus, et demissior uasis concaui speciem praebebat, uti fora in plerique urbibus habentur. Hieronymus scribit uallem Siloe fuisse. Certe TXDHVHTXXQWXUVDWLVLQGLFDQWKXQFORFXPTXDFXQTXHGHQLTXHUDWLRQHGLFWXVVLWʮʫʺʹVHGHP fuisse mercatorum. Nam extinctus est, inquit, populus mercatorum, excisi, qui argento sunt RQXVWLDFXHOXWREUXWLLGHQLPXHUEXP(EUDHXP!ʰʨʩʬʩVLJQL¿FDW*UDHFDHGLWLRKDEHW Ƞੂ ਥʌȘȡȝȞȠȚਕȡȖȣȡLGHVWDDUJHQWRHODWL9WHUJRXHUVXH[WHUPLQLXP3URSKHWDSUDHGL[LW SULQFLSLEXV¿OLLVUHJLVDWTXHDOLLVVHULFDWLVHRTXHQRELOLRULEXV(WXHUUHOLTXRIDPXOLWLR aulae, qui ui et fraude principi opes conuerrebant. Et uersu decimo certis, ut uidetur, ciuibus urbis Ierusalem, ac indubie primoribus et opulentioribus, ita hoc 11 uersu, mercatoribus idem imminere minatur. Hieronymus simpliciter uertit, populum Cenaan, et putat Iudaeorum SRSXOXPLWDDSURSKHWDRELPSLHWDWHPVXDPXRFDWXPDGGXFLWTXHDGLGFRQ¿UPDQGXPLOOXG H[LXGLFLR'DQLHOLV6HPHQ&HQDDQHVHWQRQ,XGDªTzephaniah epitomographus, p. 16v17r.
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Bucer fait encore allusion au prophète Daniel, qui assimile aussi Canaan à un peuple chargé d’argent, et à Ézéchiel, qui évoque la généalogie de Canaan, empruntant ces deux exemples au commentaire de Jérôme, puis LOFLWH±HWOXLVHXOOHIDLW±,VDwHTXLPHWHQSDUDOOqOHOHVPDUFKDQGVHWOHV administrateurs (institores). Finalement, il conclut en citant, comme le fait Jérôme, Osée 12, 7 : « Et (dans) Osée ʯʲʰʫ [kenaҳan], c’est-à-dire le marchand, dans la main duquel sont des balances trompeuses, aime tromper. Cependant, -pU{PHDMRXWDFHWWHFLWDWLRQ>G¶2VpH@SRXUGRQQHU VDVLJQL¿FDWLRQPDLV LOFRQ¿UPHSOXW{WODQ{WUHª Bucer ne retient pas l’exégèse tropologique proposée par Jérôme, qui interprète les plaintes comme la conséquence des péchés du peuple, en l’actualisant par une allusion aux schismatiques présents dans l’Église. Jérôme achève son commentaire de Sophonie 1, 11 non seulement en assimilant Canaan et pécheur, mais aussi en évoquant la teneur et la diversité des péchés, personni¿pVSDUGHKDXWVGLJQLWDLUHVHQOHVSHUVRQQHVGH3KDUDRQHWGH1HPURGDQWLWKqVHVG¶$EUDKDPGH0RwVHHWG¶eOLH. Martin Bucer y voit un accord tacite (par anticipation !) de Jérôme concernant sa traduction de kenaҳan par institor (administrateur). Les sources rabbiniques au service de Bucer traducteur Bucer cite à 12 reprises les Ebraei, qui désignent pour lui les auteurs juifs médiévaux : Rabbi Schlomoh (Rashi) est cité une fois, Ibn Ezra une fois explicitement. Les sources juives permettent de préciser le sens d’un terme à SDUWLUG¶XQHFRQFRUGDQFHKpEUDwTXHOHVHQVG¶XQPRWFRPPHʸʠʷ (le pélican), à partir de son étymologie, ou le temps d’un verbe. Nous examinons quelquesuns de ces cas ci-dessous. Dans tous les autres cas, ces sources permettent G¶pOXFLGHUOHFRQWH[WHG¶XQHH[SUHVVLRQ©FHTXHSHQVHQWOHV+pEUHX[ª j propos des idoles (p. 10r), de la noblesse des prophètes (p. 2r), de Baal (p. 5r), du mot limen (p. 15v). Ibn Ezra est sollicité pour sa connaissance de l’archi-
53. 54. 55. 56. 57. 58.
59. 60. 61. 62.
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Daniel 13, 56. Ezéchiel 16, 3. In Sophoniam, éd. citée, p. 668, l. 463. ,VDwH GDQV OD 9XOJDWH Quis cogitavit hoc super Tyrum quondam coronatam, cuius negotiatores principes, institores eius inclyti terrae. Chanaan, in manu eius statera dolosaGDQVOD9XOJDWHChanaan, in manu tua, statera iniquitatis, dans le commentaire de Jérôme, In Sophoniam, p. 668, l. 464-465. © (W +RVH ʫʰʲʯ LG HVW PHUFDWRU LQ PDQX HLXV ODQFHV IUDXGXOHQWDH DPDW GHIUDXGDUH +XQFWDPHQORFXPSURVXDVHQWHQWLD+LHURQ\PXVDGGL[LWVHGQRVWUDPSRWLXVFRQ¿UPDWª Tzephaniah epitomographus, p. 17r, l. 20-23. In Sophoniam, p. 668, l. 465-474. Ibid., p. 668, l. 483-489. Tzephaniah epitomographus, p. 5v, l. 22-23. Ibid., p. 44, l. 13.
Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
WHFWXUHGHVPDLVRQVSDOHVWLQLHQQHVHW5DVKLSRXUVDGp¿QLWLRQGHVK\SRFULWHV qui prêtent serment au roi comme à Dieu, dans un long développement contre les anabaptistes et leur refus de prêter serment. Il s’agit de l’interprétation de Sophonie 1, 5 et du commentaire bucérien de : Et supplicantes iurantesque Domino : Ici le prophète énumère ceux qui, parmi les nations avaient mérité de périr en raison de leur impiété, le Seigneur leur permet de supplier et de jurer, PrPHOHVK\SRFULWHVPrPHOHVPDOIDLVDQWV5DEEL6FKORPRKSHQVHTXHFHOD VLJQL¿H © MXUDQW SDU OHXU URL ª FH TX¶LO FRPSUHQG SDU SDU Q¶LPSRUWH TXHO dieu de leurs sectes [Biblia Rabbinica, Strasbourg 1517]. Ce genre d’impiété a H[LVWpGHWRXWWHPSVLOIDXWO¶DGPHWWUHGDQVOHQ{WUHFHVDGRUDWHXUVGHGLHX[ extérieurs s’expriment dans ceux qui s’adonnent aux cérémonies et aux exerFLFHVGHSLpWp0DLV©MXUHUSDUOHXUURLªVLJQL¿HDXVVLSODFHUVDFRQ¿DQFHHQ soi-même et rendre honneur à un dieu étranger. C’est pour cette raison que 'LHXGHPDQGHjVRQSHXSOHGHSULHUHQVRQQRP0RwVH>@HW-pUpPLH [7]) de ne pas jurer par des dieux étrangers. Certes Es. 65 [16] et Jér. 4 [2] ainsi que le Ps. 63 [12] (« Le roi se réjouira en Dieu, quiconque prête serment par OXLV¶HQIpOLFLWHUDª SUpGLVHQWTXH©FHOXLTXLMXUHSDU'LHXVHUDJORUL¿pª'H tout cela, il faut déduire que jurer par Dieu est une œuvre de piété, une œuvre pure et excellente, bien que le Christ lui-même ait dit : Mais moi je vous dis de ne pas jurer : cela ne veut pas dire qu’il faille rejeter tout serment comme le ©GRJPDWLVHQWªOHVDQDEDSWLVWHVTXLHPSULVRQQHQWQRPEUHGHFRQVFLHQFHV«
Dans son commentaire de Sophonie 2, 14, qu’il traduit « Cubabunt un medio illius greges et omnes cuiusuis gentis bestiae, etiam onocrotalus, et QRFWXD LQ VXSHULRUH OLPLQH HLXV KDELWDEXQW ª %XFHU UHFKHUFKH OD PHLOOHXUH WUDGXFWLRQSRXUXQWHUPHG¶DUFKLWHFWXUH©OLQWHDXªLOFLWHDORUV,EQ(]UDSRXU pWDEOLUOHVHQVOLWWpUDOHWODVLJQL¿FDWLRQH[DFWHGH ʸʥʺʴʫ (kaftor) : « En outre, ce que l’on traduit par limen se dit en hébreu ʸʥʺʴʫ (kaftor). Ibn Ezrah dit que dans les maisons de Palestine, qui ont des toits plats, il existe quelque chose, qui contient les autres parties, et qu’on a l’habitude de placer d’ordinaire dans ODGHUQLqUHSDUWLHGHO¶pGL¿FHFRPPHFKH]QRXVXQHIRLVOHVPDLVRQVHQUXLQH on a l’habitude de laisser debout les murs restants. Jérôme ayant peut-être cela à l’esprit, a traduit par “pivot”. En Amos 9 nous lisons : J’ai vu le Seigneur se tenant sur l’autel et disant : Frappe ʸʥʺʴʫ, c’est-à-dire, le linteau ou le pivot, et les seuils tremblentª
63. Ibid., p. 5v-6v. 64. © 3RUUR TXRG XHUWL OLPHQ (EU GLFLWXU ʫʴʺʥʸ LG$EHQ (]UDK GLFLW LQ GRPLEXV 3DOHVWLQDH quae plana tecta habent, quiddam esse, quod partes reliquas continet, et solet fere ultimum ex aedium partibus consistere, sicut apud nos, dirutis domibus, parietes reliqui stare FRQVXHXHUXQW+RFIRUWH+LHURQ\PXVVSHFWDQVFDUGLQHPUHGGLGLW$PRVOHJLPXV9LGL 'RPLQXPVWDQWHPVXSHUDUDPHWGLFHQWHP3HUFXWHʤʫʴʺʥʸLGHVWOLPHQXHOFDUGLQHPHWWUHPHQWSRVWHVªTzephaniah epitomographus, p. 44v, l. 11 à p. 45r, l. 1.
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Les débats sur l’emploi des sources juives Cet emploi des sources juives médiévales n’allait pas de soi pour tous les exégètes et suscita des réactions au sein même des cercles strasbourgeois, puis de façon plus élargie au sein de l’école de Wittenberg. Gerald Hobbs a ainsi mis en évidence le débat entre Konrad Pellikan, à propos de son commentaire sur Osée, avec Wolfgang Capiton. Ces deux familiers du cercle érasmien de Bâle, partageant un intérêt commun pour les sources juives, entrèrent en débat, à la suite d’une lettre de Pellikan à Capiton, datée du 28 juin 1528, dénonçant l’utilisation trop massive par Capiton de sources rabbiniques dans ses commentaires, et plus précisément dans celui sur Osée 1 à 3 et 14, chapitres relatifs au retour des Juifs en Palestine. Le débat se poursuivit avec d’autres interlocuteurs en 1557, lorsque parut une œuvre posthume, le Dictionarium Hebraicum novum, non ex Rabbinorum Commentiis nec ex Nostratum Doctorum stulta imitatione descriptum, sed ex ipsis Thesauris sacrorum Bibliorum et eorundem accurate locorum. L’auteur, Johannes Forster, professeur d’hébreu à Wittenberg et proche de Luther, avait souhaité cette publication, sous forme de manifeste. Structuré sous forme de loci communes, ce dictionnaire était précédé d’une préface qui visait Sebastian Münster, mais aussi Paul Fagius et Michel Servet : J’ai constaté que, après l’instauration de la doctrine de l’Évangile à l’issue de nombreuses années, n’en régnaient pas moins dans les écoles chrétiennes les commentaires des Rabbins, dans la traduction comme dans le commentaire, comme dans les propres synagogues des Juifs, et que leursʭʩʹʥʸʴ [perushim] étaient honorés et adorés comme de sacro-saints mystères de Dieu. De ce fait, tu ne pouvais atteindre en aucune façon le sens certain de l’Écriture sainte. Donc, mû par un pieux zèle, j’ai décidé de rédiger un dictionnaire, dans lequel, jSDUWLUGH0RwVHHWGHVSURSKqWHVVHUDLWGRQQpHODVLJQL¿FDWLRQYpULWDEOHHW VUHGHVPRWVKpEUHX[D¿QTXHOHVKpEUDwVDQWVQHVRLHQWSDVWURXEOpVSDUOD YDULpWpHWODFRQIXVLRQGHVVLJQL¿FDWLRQVHWTX¶LOVQ¶DFFRUGHQWSDVWDQWGHSRLGV à l’autorité des Rabbins, qu’ils ne s’appuient pas dessus comme sur le solide fondement de l’Écriture sainte.
65. Ibid. 66. « Vidi multis iam annis post instauratam Evangelii doctrinam non minus regnare in scholis Christianorum Commenta Rabbinorum cum in versione, tum etiam enarratione Scripturae VDFUDHTXDPLQLSVLV,XGDHRUXP6\QDJRJLVDWTXHLSVRUXPʭʩʹʥʸʴTXDVLVDFURVDQFWDP\VWHria Dei ab omnibus summa reverentia ac religione coli et adorari. Hinc factum est, ut certum Scripturae sacrae sensum nequaquam assequi potueris. Pio igitur zelo motus, Dictionarium conscribere institui, in quo ex Mose et prophetis vera ac certa vocum hebraicarum signi¿FDWLR LQGLFDUHWXU QH VWXGLRVL KXLXV OLQJXDH LOOD VLJQLFDWLRQXP FRQIXVLVVLPD %DE\ORQH DF varietate, quam uni themati hactenus tribuerunt, turbarentur, nec tam a Rabbinorum autoULWDWHSHQGHUHQWTXDPVROLGR6FULSWXUDHVDFUDHIXQGDPHQWRQLWHUHQWXUª-RKDQQHV)RUVWHU Dictionarium Hebraicum Novum, non ex Rabbinorum Commentariis nec ex Nostratum Doctorum Stulta imitatione Descriptum, sed ex ipsis Thesauris sacrorum Bibliorum et eorun-
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Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
Paradoxalement le dictionnaire cite les mêmes auteurs juifs médiévaux que dénonce son titre. C’est le cas, par exemple, pour l’entrée ʸʡʣʮ [midbar] où sont mentionnés comme autorités le commentaire sur Jérémie 12 de David Qimhi et le More nevukhim (le « Guide des Perplexes » GH0RwVH0DwPRQLGH vraisemblablement dans la traduction très répandue de Samuel Ibn Tibbon. Sur le fond, la préface de Johannes Forster s’en prenait très certainement à la Biblia hebraica de 1534, en particulier à l’apologie rédigée par Sebastian Münster et intitulée Hebraeorum Commentarii non contemnendi, située en tête d’ouvrage, juste après la préface traditionnelle sur cette nouvelle traduction de l’Ancien Testament. Dans cette apologie, en se fondant constamment sur l’autorité de Jérôme, Sebastian Münster estimait que, si ce dernier avait connu Ibn Ezra, Nahmanide, Gersonide ou David Qimhi, il n’aurait pas HXUHFRXUVQLUHVVHQWLODQpFHVVLWpGHWUDYDLOOHUDYHFXQPDvWUH©UpHOª&HV auteurs sont utiles pour résoudre les obscurités de l’Écriture sainte et d’ailleurs Jérôme propose des interprétations dans ses commentaires que Münster a trouvées dans ceux de Rashi. Le débat connut un dernier rebondissement
67.
68. 69.
70.
dem accurate locorum Collatione Depromptum, cum Phrasibus Scripturae veteris et Novi Testamenti diligenter Annotatis, Bâle 1557. © ʮʣʡʸ TXLGDP >«@ DUELWUDQWXU GHVHUWXP LGHR VLJQL¿FDUH TXRG ORFXV VLW FRQWUDULXV YLWDH KXPDQDH'DYLG.LPKLLQFRPPHQWDULRVXRVXSHU,HUHGH¿QLWORFXPHVVHSDVFXDHXEL SDVFXQWXUDQLPDOLDHWKXLFGH¿QLWLRQLPXOWLVXIIUDJDQWXUH[&KULVWLDQLVHRTXRGSUDHWHUDOLquot veteris Testamenti locos, qui greges pasci in deserto testantur, Christus etiam calculum suum addat Luc 15. Rabi Moses Aegyptius lib. 3 cap. 51 Directoris nutantium prolixam tradit GH¿QLWLRQHPGHVHUWLLOOLXVLQTXR,VUDHOTXDGUDJLQWDDQQLVYHUVDWXVHVWTXDPSDUWLPH[([ FDSHW,HUSDUWLPH[SVDOPLVGHVXPSVLWª-RKDQQHV)RUVWHUDictionarium, p. 161. 3XEOLpHj5RPH" YHUV9HQLVH B. BLUMENKRANZ et al., Auteurs juifs en France médiévale, p. 128. Jerome Friedman situe le débat après 1546 et la seconde édition de la Biblia hebraica de 0QVWHURDXUDLW¿JXUpFHWWHDSRORJLHSRXUODSUHPLqUHIRLV0DLVFHOOHFLHVWGpMjSUpVHQWH dans l’editio princeps de 1534. Johannes Forster visait aussi, sans doute, la nouvelle édition du Dictionarium hebraicum de Münster, datée de 1539, qui proposait – contrairement à l’editio princeps de 1523 – le Sefer Ha-Shorashim de David Qimhi. Voir J. FRIEDMAN, The Most Ancient Testimony. Sixteenth-Century Christian-Hebraica in the Age of Renaissance Nostalgia, Athens (Ohio) 1983, p. 165. « Docemur ex divi Hieronymi scriptis, Hebraeorum scripta non omnino contemnenda […] : cum uir ille, talis et tantus, non dedignatus fuerit Hebraeos habere praeceptores, imo fatetur se biblia sacra neutiquam potuisse interpretari citra illorum suppetias. […] Nec dubito, si Hieronymo fuisse vel Aben Ezrae, aut Mosi Gerundensis, aut Ben Gersom, aut David Kimhi commentarius, vivo praeceptore opus non habuisset. […] Nam sunt multa loca in scriptura adeo obscura et perplexa, ut citra Hebraeorum traditionem non facile intelligi possint. […] Hoc unum scio, multa esse apud divum Hieronymum in commentariis, quae asserit se didiFLVVHD,XGDHLVTXDHHWHJRLQ5DEL6DORPRQHLQYHQL>«@ª6HEDVWLDQ0QVWHUPrefatio © +HEUDHRUXP &RPPHQWDULL QRQ FRQWHPQHQGL ª Hebraica Biblia, latina planeque nova 6HE 0XQVWHUL WUDODWLRQH SRVW RPQHLV KDFWHQXV XELXLV DHGLWLRQHV HXXOJDWD HW TXRDG ¿HUL potuit, hebraicae veritati conformata : adiectis insuper e Rabinorum commentariis annotationibus […], Bâle 1534 (15462), fol. B 1b-b2b.
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lorsque le Lexikon de Johannes Forster fut attaqué violemment par Johannes Isaac, professeur d’hébreu à l’université de Cologne, dans la préface à ses Meditationes hebraicae in artem grammaticam, dénonçant l’impéritie des KpEUDwVDQWVFKUpWLHQV6pEDVWLHQ&DVWHOOLRQHW-RKDQQHV)RUVWHU. L’étude de quelques passages du Tzephaniah epitomographus nous a permis de situer Martin Bucer dans la sodalitasGHVKpEUDwVDQWVUKpQDQV6L l’on cherchait à dresser une échelle de compétence en hébreu des Réformateurs de la première génération, plusieurs critères pourraient être retenus, comme l’utilisation ou non des Postillae de Nicolas de Lyre, qui servirent de maillon transmetteur de la culture juive aux évangéliques les moins experts, ou la lecture courante de la Biblia rabbinica. La fréquentation des commentaires bucériens sur l’Ancien Testament montre une réelle familiarité de Bucer avec O¶KpEUHXWUDQVPLVSDUOHVLQVWUXPHQWVFLWpVDXFRPPHQFHPHQWGHFHWWHpWXGH SRXU DXWDQW OD FRQIURQWDWLRQ DYHF GHV KpEUDwVDQWV FRQYHUWLV GX MXGDwVPH tels que Johannes Isaac, met en évidence que le Réformateur de Strasbourg VH VLWXH j XQ QLYHDX LQWHUPpGLDLUH HQWUH OHV KpEUDwVDQWV SDVVLIV OHV PRLQV experts, comme Martin Luther, par exemple) et ces experts juifs passés au christianisme. Mais, surtout, il ressort de cette étude le fait que Martin Bucer QHFKHUFKHSDVV\VWpPDWLTXHPHQWjUHQGUHOHVHQVOLWWpUDOGXWH[WHKpEUDwTXH RXj©KpEUDwVHUªjWRXWSUL[,OSHXWSUpIpUHUXQHpOpJDQWHWUDGXFWLRQODWLQH plus proche de la Septante ou de Jérôme, mais plus éloignée de l’hébreu. Les commentateurs juifs médiévaux sont pour Bucer des autorités exégétiques qui construisent l’autonomie de son interprétation et de sa traduction, structurent sa compréhension du sens littéral, première étape vers une interprétation actualisante, conditionnée, de façon presque obsédante, par la situation strasbourgeoise. Cette retenue vis-à-vis de ses sources juives est liée, bien sûr, à son choix d’une exégèse typologique qui l’empêche de s’abandonner, à l’instar d’un Capiton, aux trésors de l’exégèse rabbinique. La conception d’un MXGDwVPH HQFRUH GDQV O¶HQIDQFH WHO TXH OH SUpVHQWH 0DUWLQ %XFHU GDQV VRQ commentaire sur l’évangile de Jean, sous-tend très certainement cette retenue dans l’emploi des sources juives en vue d’une herméneutique évangélique. Dans le commentaire johannique, comme dans le Tzephaniah epitomographus, il existe une pietas commune aux deux peuples, juif et chrétien, nous l’avons évoqué, liée aux trois âges du peuple de Dieu : l’enfance (pueritia) est l’âge de l’Ancien Testament, l’âge plus adulte (aetas adultior) celui
71. Johannes Isaac, ʤʢʩʥʰʥʺ Meditationes Hebraicae in artem grammaticam, per integrum librum 5XWKH[SOLFDWDHXQDFXPDOLDUXPUHUXPQRQQXOOLVDFFHVVLRQLEXV>«@$GLHFWDVXQWHWLDP quaedam contra […] Castalionis Bibliorum interpretationem […] & contra […] Joh. Fursteri […] Lexicon-6RWHU&RORJQHS©'HGLFDWRULDª 72. Voir notre étude : « “Ce bon Nicolas de Lyre” : quelques postures de Martin Luther à l’égard GX3RVWLOODWRUªGDQV*'AHAN (dir.), Nicolas de Lyre, franciscain du XIVe siècle, exégète et théologien, Paris 2011, p. 335-357.
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Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
du Nouveau, quant à l’âge pleinement d’homme (aetas plene virilis), il désigne la vie céleste. Chacun des trois âges, inspiré de 1 Corinthiens 13, 10-12, est TXDOL¿p SDU XQH UHODWLRQ GH SOXV HQ SOXV LQWHQVH j O¶(VSULW 6DLQW 'DQV OH Tzephaniah epitomographus, Bucer reprend cette triplex aetas, en se fondant sur Galates 4 et Éphésiens 4 : « Vraiment, celui qui veut comprendre exactement ces accroissements de l’Esprit divin dans le peuple saint et obtenir une preuve sûre de ces choses, que tant les prophètes que les Apôtres ont écrites sur le peuple de Dieu, celui-là, qu’il remarque bien quels âges et quels degrés de piété Paul lui attribue. L’enfance, qu’il fallut former par la pédagogie de tant de cérémonies par le moyen de l’œuvre des prières, Paul la lui DWWULEXHORUVTX¶LOpWDLWjO¶°XYUHVRXV0RwVH*DODWHV6RXVOH&KULVWLOUHQG (le peuple) adolescent, car le Pédagogue s’étant retiré, il l’exhorte au libre progrès de la foi et de l’amour, jusqu’à ce qu’il parvienne à l’homme d’âge pleinement adulte du Christ. Éphésiens 4ª/¶kJHDGROHVFHQWFHOXLVRXVOHTXHOYLW l’Église contemporaine de Bucer, est celui de la foi et de l’amour en progrès. &HVGHX[WHUPHVVHURQWUHSULVSDU%XFHUGDQVVDQRWLRQGH©WROpUDQFHª 4XDQG%XFHUGpQRQFHO¶LPSLpWpGX©9LHX[SHXSOHªLOOHIDLWGDQVFHWWH perspective d’un âge de l’enfance, qui succombe aux tentations d’une religion pratiquée de façon ritualiste. Cette tentation n’est pas propre au peuple de O¶HQIDQFHOHVFRQWHPSRUDLQVGH%XFHURQWVXFFRPEpHX[DXVVLDX[SUDWLTXHV SKDULVDwTXHVGHO¶eJOLVHWUDGLWLRQQHOOH©1RXVDXVVLHQHIIHWQRXVDYRQVpWp regardés jadis comme le peuple de Dieu, et nous avons entendu rien moins que sa voix, nous avons espéré en quiconque plutôt qu’en lui. Par l’innocence et par la bienfaisance envers le prochain, nous aurions dû l’honorer, mais après avoir rejeté cela en arrière, en décorant des bois et des pierres, en faisant souffrir le corps sans raison, en proférant une multitude de mots et de chants sans y penser, en admirant ou en mettant en œuvre une pompe déplacée pour la table GX6HLJQHXUHWHQQRXVDGRQQDQWjG¶DXWUHVSUDWLTXHVSOXVSKDULVDwTXHVTXH chrétiennes, nous avons travaillé à notre [propre] mériteª3RXU%XFHUOH christianisme lui-même est aussi situé, bien que plus spirituel, entre le « déjà
73. « Verum haec spiritus diuini in sancto populo incrementa, qui germane uolet intelligere, certamque rationem eorum, quae de populo Dei, tam prophetae quam Apostoli scripserunt assequi, is probe animaduertat, quas Paulus huic aetates et pietatis gradus tribuat. Pueritiam, quam tot ceremoniarum paedagogia formari opere precium fuit, tribuit illi, dum sub Moscheh ageret Gal. 4. Sub Christo adolescentem facit, quia remoto iam paedagogo, ad liberum ubique ¿GHLHWGLOHFWLRQLVSURIHFWXPGRQHFLQXLUXPSOHQDHHWDGXOWDHDHWDWLV&KULVWLHXDGDWLOOXP H[KRUWDWXU(SKª, Tzephaniah epitomographus, p. 69r, l. 8-18. 74. « Et nos enim populus Dei habiti pridem sumus, nihil minus autem quam Vocem eius audiuiPXVLQTXDHXLVSRWLXVTXDPLQLSVXPVSHUDXLPXV,QQRFHQWLDDWTXHEHQH¿FHQWLDLQSUR[Lmos, colere eum debueramus, his autem posthabitis, ornando ligna et lapides, corpus sine FDXVVD DIÀLJHQGR DEVTXH PHQWH PXOWXP XHUERUXP HW FDQWLRQXP VXQGHQGR SUDHSRVWHUDP mensae Domini pompam uel suspiciendo uel exercendo, ac aliis Pharisaicis magis quam Christianis operibus incumbendo, demereri ipsum laborauimus ª, Tzephaniah epitmographus, p. 1v, l. 3-12.
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OjªHWOH©SDVHQFRUHª©&HWkJHLQWHUPpGLDLUHTXLHVWJRXYHUQpSDUOD3DUROH de l’Évangile, bien qu’il soit plus spirituel que l’enfance, n’est pas encore tout entier spirituel, comme sera l’âge pleinement d’homme, la vie célesteª
75. Martini Buceri Opera latina, II, Enarratio in evangelion Iohannis, p. 88, l. 10-12.
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Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528)
ANNEXE Sophonie 1, 1-11 dans la Vulgate et dans la traduction de Martin Bucer Jérôme
Martin Bucer
1
Verbum Domini quod factum est ad SoIRQLDP¿OLXP&KXVL ¿OLXP *RGROLDH ¿OLL $PDULDH ¿OLL (]Hchiae LQGLHEXV,RVLDH¿OLL$PRQUHJLV,XGD
Sermo Domini, qui factus est ad TzephaQLDK¿OLXP&XVFKL¿OLL*HGDOLDKTXL¿OLXVHUDW$HPDULDK¿OLL&KL]NLDKLQGLHEXV,RVFKLDKX¿OLL$PRQUHJLV,HKXGDK
2
congregans congregabo omnia a facie terrae dicit Dominus
2 Auferendo aufero de terra omnia, ait Dominus.
3
congregans hominem et pecus congregans volatilia caeli et pisces maris et ruinae impiorum erunt et disperdam homines a facie terrae dicit Dominus
3 Aufero hominem et pecus, aufero voOXFUHVFRHOLHWSLVFHVPDULVHWLPSLQJHQW scelerati : excindam hominem de terra, ait Dominus.
4
et extendam manum meam super Iudam et super omnes habitantes Hierusalem et disperdam de loco hoc reliquias Baal et nomina aedituorum cum sacerdotibus
4 Extendi manum meam super Iehudah, et super habitatores Ieruschalaim : excindam de loco isto reliquias. a. Baal, nomen &HPDULPEXQDPFXPVDFUL¿FXOLVDLG est, reliquos cultores Baal. b. peculiare genus sacerdotum Baal, Eb. Monachos uocant, nigro utebantur cultu. Cuius singularis Camar, et caphar Galli suos hypocritas appellant.
5
et eos qui adorant super tecta militiam caeli et adorant et iurant in Domino et iurant in Melchom
Et supplicantes in tectis militiae coeli : eosque qui cum supplicant, iurantque Domino, iurant simul et per regem suum. a. quem sibi in Deum ac ita supremum regem delegerant.
6
et qui avertuntur de post tergum Domini et qui non quaesierunt Dominum nec investigaverunt eum
6 Et qui retrocedunt a Domino : quique non inquirunt Dominum, neque inuestigant eum.
7
silete a facie Domini Dei quia iuxta est dies Domini quia praeparavit Dominus hostiam VDQFWL¿FDYLWYRFDWRVVXRV
7 Sile a conspectu Dominatoris Domini : quia prope est dies Domini, quia parauit 'RPLQXVVDFUL¿FLXPH[SLDXLWTXRVDGLG sibi conuocauit.
et erit in die hostiae Domini visitabo VXSHUSULQFLSHVHWVXSHU¿OLRVUHJLV et super omnes qui induti sunt veste peregrina
Eritque in die mactationis Domini, ulWLRQHPDVXPDPGHSULQFLSLEXVGH¿OLLV regis, deque peregrino. b. cultu utentibus. a. mutatio personae loquentis scripturae frequens. b. Exoticis luxuriantes aulicos XLGHWXUVLJQL¿FDVVH
8
1
5
8
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9
et visitabo omnem qui arroganter ingreditur super limen in die illa qui complent domum Domini Dei sui iniquitate et dolo
9 Ultionem sumam in die illo de omni transiliente limen : qui domum Dominorum suorum, ui et fraude, replent. a. uidetur notasse famulitium regis, ad iniqua ministeria promptum et alacre.
10
et erit in die illa dicit Dominus vox clamoris a porta Piscium et ululatus a secunda et contritio magna a collibus
10
ululate habitores pilae conticuit omnis populus Chanaan disperierunt omnes involuti argento
Plangite habitatores uici mercatorii : consopitus enim est populus mercatorum, excisi sunt uniuersi pecunia onusti.
11
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Eritque in illo die, ait Dominus, clamor, a porta piscium, planctus a secunda, fragor magnus a locis aeditioribus. Certae regiones urbis sunt. 11
– II –
Confession de foi et doctrine
QUE FAIRE DE LA PAROLE QUI SAUVE ? Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX
Philippe BÜTTGEN Université Paris I – Panthéon-Sorbonne
En bonne théologie, la question qui vient d’être posée est absurde. On ne fait rien d’une parole qui sauve, c’est elle qui fait : elle sauve. Le problème est que les choses ne se passent jamais exactement ainsi, pas même chez ceux qui OHFURLHQWHWO¶DI¿UPHQWOHSOXVIRUW-HSDUOHUDLGRQFGH/XWKHUHWGHVWKpRORJLHV de la parole de Dieu dans les années 1510-1530. La parole agit sur nous, nous agissons sur elle. Pas de la même façon sans GRXWHPDLVFHODVXI¿WSRXUH[SOLTXHUTX¶LO\DLWHQSOXVGHVWKpRORJLHVGRQW j’ai parlé, des religions, c’est-à-dire des rhétoriques et des rituels. Que faire avec une parole qui agit ? Comment penser cette action redoublée : agir sur l’action de la parole ? Dans ce qui suit, j’arpenterai le versant historique d’une question qui a aussi des implications sur la manière dont nous devons nous représenter le pouvoir performatif du langage aujourd’hui. I. Ernst Bizer (1904-1975) En 1958 paraissait le Fides ex auditu d’Ernst Bizer. Il est rare qu’une querelle de savants produise un si beau livre. Le mérite en est d’autant plus grand que cette querelle de cinquante ans sur la datation de la « découverte
1.
E. BIZER, Fides ex auditu. Eine Untersuchung über die Entdeckung der Gerechtigkeit Gottes durch Martin Luther, Neukirchener Verlag des Erziehungsvereins Neukirchen-Vluyn, Neukirchen 1958. J’utilise la 3e éd. de 1966, enrichie d’une importante postface. Sur Bizer, voir O. BAYER©%L]HU(UQVWªRGG4W7ELQJHQFRO-)*ERHARD GOETERS, J. MEHLHAUSEN, In memoriam Ernst Bizer. Reden gehalten am 21. Juni 1975 bei der Gedenkfeier der Evangelisch-Theologischen Fakultät der Rheinischen Friedrich-WilhelmsUniversität zu Bonn +DQVWHLQ .|OQ ± %RQQ © $OPD 0DWHU ª UHSULVH SDUWLHOOH dans Evangelische Theologie>@S 7KKAUFMANN, « Die Frage nach dem UHIRUPDWRULVFKHQ'XUFKEUXFK(UQVW%L]HUV/XWKHUEXFKXQGVHLQH%HGHXWXQJªGDQV5VINKE
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Philippe Büttgen
UpIRUPDWULFHªSRXUDYRLUOHSOXVIRUWHPHQWDJLWpOHVHVSULWVOXWKpULHQVDSUqV les débats lancés par Troeltsch au début du siècle, est aussi celle qui, dans OHVDQQpHVVRL[DQWHGL[V¶HVWOHSOXVWULVWHPHQWHQOLVpHGDQVO¶©HQQXLªHWOD ©IUXVWUDWLRQª. Le livre de Bizer y est pour quelque chose. Nous ne saurons SHXWrWUHMDPDLVjTXHOOHGDWH/XWKHUDFRQQXVRQ©H[SpULHQFHGHODWRXUª (Turmerlebnis)TXDQGDHXOLHXOD©UXSWXUHªRXOD©SHUFpHª(Durchbruch) YHUV OD © GpFRXYHUWH UpIRUPDWULFH ª j TXHO PRPHQW HQ XQ PRW /XWKHU HVW devenu Luther. La fascination qu’exerce ce Fides ex auditu est pourtant toujours forte. Il faut comprendre pourquoi. Bizer soutient que c’est tardivement, entre décembre 1518 et avril 1519, bien après qu’eut éclaté la querelle des Indulgences, que Luther a opéré sa © GpFRXYHUWH GpFLVLYH ª OD © GpFRXYHUWH GH OD 3DUROH FRPPH promissio, FRPPHSURPHVVHHWFRPPHGRQª. Les développements du livre – « exégèses GHGpWDLOSDUIRLVODERULHXVHVªFRPPH%L]HUOHVGpFULW – sont reliés les uns DX[DXWUHVSDUFHWWHGp¿QLWLRQGHOD©3DUROHFRPPHLQVWUXPHQWGHJUkFHª (Gnadenmittel) dont Bizer retrace l’avancée progressive à partir de l’hiver 1517. Dans le détail, le processus décrit est celui qui a fait passer Luther de ODFRQYLFWLRQTXH©ODIRLMXVWL¿HSDUFHTX¶HOOHPqQHjO¶KXPLOLWpªjO¶LGpHTXH ©ODIRLMXVWL¿HSDUFHTX¶HOOHUHFRQQDvWODSDUROHGH'LHXª. La doctrine de ODMXVWL¿FDWLRQDDWWHLQWVRQVWDGH¿QDOGHPDWXULWpORUVTX¶HOOHHVWSDUYHQXHj pQRQFHUTXH©ODIRLHQODSDUROHTXLSURPHWHVWMXVWL¿FDWLRQªHWTXHF¶HVWOD SDUROHHOOHPrPHTXLHVW©SRUWHXVHªGHMXVWLFH. L’évolution retracée chez Luther revient donc strictement à la formation d’une théologie de la parole : la ¿GpOLWpGH%L]HUHQYHUVODWKpRORJLHGLDOHFWLTXHDSSULVHj0DUERXUJDXSUqVGH Bultmann, ne pouvait plus nettement se marquer.
2.
3. 4. 5. 6. 7. 8.
134
(dir.), Lutherforschung im 20. Jahrhundert. Rückblick, Bilanz, Ausblick, Von Zabern, Mainz 2004, p. 71-97. Th. KAUFMANN©'LH)UDJHQDFKGHPUHIRUPDWRULVFKHQ'XUFKEUXFKªSDUWS/HV principales pièces du dossier sont rassemblées dans B. LOHSE (dir.), Der Durchbruch der reformatorischen Erkenntnis bei Luther, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt © :HJH GHU )RUVFKXQJ ª HW ID. (dir.), Der Durchbruch der reformatorischen Erkenntnis bei Luther. Neuere Untersuchungen, Steiner, Stuttgart 1988. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 131 pour la datation, précisée p. 190-191. Ibid., p. 7. Ibid.S6XUODSUHPLqUHFpVXUHGHO¶KLYHU¿QGXFRXUVVXU l’épître aux Hébreux), Cf. p. 75, 165. Ibid., p. 122, Cf. 194. Ibid., p. 58, 166, Cf. 175. Il n’est pas nécessaire ici d’entrer dans le détail de la discussion sur la iustitia Dei passiva. Sur la promissio, Cf. p. 87, 92, 111, 114, 119. Sur la Theologie des Wortes dans Fides ex auditu, voir p. ex. p. 13 et 167 : « Ce que Luther a découvert, c’est d’abord la théologie de la parole et dans ce contexte le rôle joué par la foi. /DSDUROHQHIDLWSDVTX¶LQGLTXHUOHFKHPLQYHUVODMXVWLFHHOOHQHIDLWSDVTXHOHGpFULUHHOOH HVWO¶LQVWUXPHQWSDUOHTXHO'LHXMXVWL¿HO¶KRPPHSDUFHTX¶HOOHpYHLOOHODIRLªPDWUDGXFWLRQ FRPPH SOXV EDV LWDOLTXHV GH O¶DXWHXU 6XU O¶DWWDFKHPHQW SUpFRFH GX VRFLDOLVWH FKUpWLHQ
Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX
Cette intensité théologique, encore aiguisée par les années d’opposition de Bizer au nazisme, explique pour une part l’attachement qu’on éprouve pour ce Fides ex auditu/HOLYUHV¶DYRXH©LQDFWXHOªFRPPHVRQDXWHXU©PD TXHVWLRQ F¶HVW O¶eYDQJLOH ª. Mais ce qui le rend intempestif, c’est d’abord sa précision : personne n’avait su jusqu’alors, personne ne sait aujourd’hui lire Luther de si près, avec une telle attention à la lettre, en ses plus discrètes LQÀH[LRQV7H[WHDSUqVWH[WHPRLVDSUqVPRLVGHjF¶HVWVRXVOD plume de Bizer, Lutherus solus découvrant la sola Scriptura. Ce scalpel de la micro-lecture ouvre des perspectives à l’histoire de la 5pIRUPH,OUpYqOHXQHGRFWULQHOXWKpULHQQHTXLORLQG¶rWUHGLVSRQLEOHHWGp¿nitive au moment de la querelle des Indulgences, s’est formée au contact des pYpQHPHQWV3DUOj%L]HUHVTXLVVDLWODMRQFWLRQGLI¿FLOHGHODLutherforschung et de la Reformationsgeschichte, celle aussi de la doctrine et du contexte, de la théologie et du temps. Bizer, qui craignait les facilités de la synthèse, n’a SDVVHXOHPHQWpFULWOHJUDQGOLYUHEDUWKLHQVXU/XWKHULODDXVVLLQYHQWpXQH forme tout à fait unique de barthisme historien. Le Fides ex auditu d’Ernst Bizer a ainsi la grandeur d’un paradoxe surmonté. Cela n’empêche pas qu’il avance le plus souvent sur un chemin de FUrWH/¶DXWHXUHQHVWFRQVFLHQWLO\DXQHpYLGHQWHGLI¿FXOWpjDUJXPHQWHU simultanément en faveur d’une date et d’un critère de datation. Pourtant, si O¶HPEDUUDVWUDQVSDUDvWGDQVO¶LQYRFDWLRQG¶XQH©³HVVHQFH´GHOD5pIRUPHªj laquelle Bizer ne parvient pas à ôter ses guillemetsODGLI¿FXOWpPHSDUDvW
9.
10. 11.
12. 13. 14.
Bizer aux principes de la théologie dialectique, Cf. Th. KAUFMANN, « Die Frage nach dem UHIRUPDWRULVFKHQ'XUFKEUXFKªS La source principale est à chercher chez Bizer lui-même, dans un travail consacré à un épisode du Kirchenkampf VRXV OH UpJLPH QD]L O¶© DIIDLUH 6FKHPSS ª Ein Kampf um die Kirche. Der « Fall Schempp » nach den Akten erzählt, Mohr, Tübingen 1965. La force du lien qui unissait Bizer à son aîné Paul Schempp (1900-1959), dédicataire de Fides ex auditu et FRPPH%L]HU¿OVGXSHWLWSHXSOHVRXDEHOHWUDYDLOGHVGHX[KRPPHVDXVHLQGHODKirchlichTheologische Sozietät et de l’Église confessante, font que l’histoire retracée ici est aussi celle de Bizer. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 180 : « […] dann ist mein Buch, dann bin ich selbst unzeitgemäß, GHQQPHLQ7KHPDLVWGDV(YDQJHOLXPª Voir les indications de E. BIZER, Fides ex auditu, p. 13 et 122, ainsi que l’appréciation de Th. KAUFMANN©'LH)UDJHQDFKGHPUHIRUPDWRULVFKHQ'XUFKEUXFKªS6XUOHU{OH accélérateur de l’affaire des Indulgences dans la formation de la doctrine, Cf. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 101. Cf. ibid.S©1XUPLW6\VWHPDWLNOlWVLFK/XWKHUQLFKWEHZlOWLJHQª /DGLI¿FXOWpHVWDSHUoXHG¶HPEOpHCf. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 9. Ibid., p. 13, 31, 33, 36, 46, 49, 69 (im “evangelischen” Sinn), 73, 74, 191. L’insistance ¿QDOHS©ODTXHVWLRQHVVHQWLHOOHHVWFHOOHGXFULWqUHGHODGpFRXYHUWHUpIRUPDWULFHª OHV SUREOqPHV GH GDWDWLRQ OXL VRQW © VXERUGRQQpV ª D WRXW G¶XQ UHSOL WDFWLTXH 'X PrPH HPEDUUDVUHOqYHOHUHFRXUVjODFDWpJRULHGH©SURJUqVª(Fortschritt) pour désigner l’évolution qui mène à la découverte de 1518-1519 : Cf. ibid., p. 57, 111, 121.
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IRQGpHGDQVODFKRVHPrPH8QHGpFRXYHUWH©UpIRUPDWULFHªRXDXWUHLPSRVH sa mesure aux temps qui la voient naître. C’est quand il l’assume que Bizer va le plus loin. La question principale me semble donc se situer ailleurs. On n’a à ma connaissance pas noté ce que Fides ex auditu doit à l’autre grand Lutherbuch du xxe siècle, le terrible Luther und Luthertum GH +HLQULFK 'HQLÀH 1905), pur produit de la controverse catholique au temps du Kulturkampf. Le choix, au centre de la démonstration, de la préface de Luther à ses Opera latina de 1545, choix contesté avant même que Bizer ne s’y accroche, doit se OLUHFRPPHXQHUpSRQVHj'HQLÀHF¶HVWXQHUpSOLTXHGXVpLVPHSURYRTXpDX début du siècle par l’ouvrage du médiéviste dominicain. Tout Fides ex auditu et une partie de la controverse sur la datation de la ©GpFRXYHUWHªUpIRUPDWULFHVRQWVXVSHQGXVjODcrux que constitue l’interprétation du texte aussi connu qu’opaque dans lequel Luther relate la conversion opérée en lui par son intelligence nouvelle du verset de Rm 1, 17 : Iustitia Dei UHYHODWXULQLOOR>VF(XDQJHOLR@VLFXWVFULSWXPHVW,XVWXVH[¿GHYLYLW[Ha 2, @GHYHQXjVHV\HX[OD©SRUWHGX3DUDGLVª. Le moment de cette transforPDWLRQRQO¶DYXGHPHXUHXQHpQLJPH7RXWHIRLV'HQLÀHDYDLWFRPPHQFpSDU autre chose, en en niant la réalité. Au terme d’un passage en revue des comPHQWDLUHVGH5PG¶$XJXVWLQj/XWKHU'HQLÀHFRQFOXDLWHQHIIHWTXHOD compréhension de la iustitia Dei comme justice passive, loin de représenter XQTXHOFRQTXH©SURJUqVª©DYDQFHGDQVOHVLOODJHGHVH[pJqWHVRFFLGHQWDX[ HWWRXWSDUWLFXOLqUHPHQWGHVVFRODVWLTXHVª. À tous points de vue donc, le récit
15. H. DENIFLE, Luther und Luthertum in der ersten Entwicklung, quellenmäßig dargestellt, t. 1, Kirchheim, Mainz 1904. La publication posthume du t. 2 eut lieu en 1909, par les soins d’A. M. WEISS. Dans l’intervalle étaient parus deux volumes d’addenda, le premier par 'HQLÀHSHXDYDQWVDPRUWDie abendländischen Schriftausleger bis Luther über Justitia 'HL>5RP@XQG-XVWL¿FDWLR(LQ%HLWUDJ]XU*HVFKLFKWHGHU([HJHVHGHU/LWHUDWXU und des Dogmas im Mittelalter, Mayence 1905), le second dû à Weiß (Lutherpsychologie DOV 6FKOVVHO ]XU /XWKHUOHJHQGH 'HQLÀHV 8QWHUVXFKXQJHQ NULWLVFK QDFKJHSUIW, 1906). Voir Ph. BÜTTGEN, Luther et la philosophie. Études d’histoire, Éditions de l’EHESS – Vrin, 3DULV©&RQWH[WHVª FK VIQRWDPPHQWS6XU+HLQULFK6XVR'HQLÀH 1905), voir la notice de A. WALZ dans le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. XIV/HWRX]H\ $Qp3DULVFRO 16. Bizer se fait l’écho de ces contestations : Cf. Fides ex auditu, p. 12, 180, 188-189. Sur ce point, je fais mienne encore la remarque de Th. KAUFMANN, « Die Frage nach dem reformatorischen 'XUFKEUXFKªS 17. M. LUTHER, « Vorrede zum ersten Bande der Gesamtausgabe seiner lateinischen Schriften, :LWWHQEHUJ ª GDQV Dr. Martin Luthers Werke. Kritische Gesamtausgabe, Weimar, Böhlau, t. 54, p. 176-187 [abr. WA (= Weimarer Ausgabe) suivi des numéros de tome, page HWOLJQH@/HSDVVDJHFRQVLGpUpHVWHQ:$ 18. H. DENIFLE, Die abendländischen Schriftausleger bis Luther über Justitia Dei und -XVWL¿FDWLRS'HQLÀHV¶DSSX\DLWVXUXQGpSRXLOOHPHQWGHODPatrologia Latina enrichi de nombreuses sources manuscrites. Ce catalogue a été complété, après Stegmüller, par
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autobiographique de 1545 était faux,OUpYpODLWVHORQ'HQLÀHODPLVqUHVLQgulière d’une hérésie qui ne pouvait pas même se targuer des prestiges de la ©GpFRXYHUWHªHQJOXpHTX¶HOOHpWDLWGDQVVRQLJQRUDQFHGHODWUDGLWLRQ C’est à cette critique que Bizer veut répondre au moment où, cinquante ans DSUqV'HQLÀHLOUHSUHQGOHVWH[WHVGXMHXQH/XWKHU/DYRL[GH'HQLÀHV¶HQtend dans le constat selon lequel la thèse d’une justice née de la foi peut s’entendre gut katholisch, selon la tradition. Ce qui fait toutefois la teneur exacte de la découverte luthérienne, ce n’est pas de savoir que la justice vient de la foi, mais c’est de savoir comment elle en vient – par la seule parole de Dieu dans l’Évangile. À grands traits : le Sola Scriptura est plus protestant que le VROD¿GH. La Wort-Gottes-Theologie fournissait ainsi une réponse à un problème laissé ouvert pendant un demi-siècle. Cette réponse n’a, pour autant que je sache, pas été contestée. Avait-elle d’ailleurs à l’être ? Au prix d’une datation tardive de la découverte réformaWULFH%L]HUFODUL¿DLWOHVRSWLRQVFRQIHVVLRQQHOOHVLOLQGLTXDLWO¶HQGURLWSUpFLV où doit passer une ligne de partage dont nul ne songe à nier l’existence. Sa force est d’avoir montré avec tout le détail nécessaire comment l’histoire a tracé cette ligne, lentement. '¶RYLHQWDORUVTXHODGLI¿FXOWpSHUVLVWH"'HQLÀHQ¶HVWPHQWLRQQpTX¶XQH fois dans Fides ex auditu. Il y est pourtant aussi présent que d’autres théologiens que Bizer combat, Holl et Bornkamm au premier rang. Cette présence est un blocage. Elle maintient l’attention de Bizer sur le seul verset de Rm 1, 17, celui du récit luthérien de 1545. Le blocage se produit quand la présence ou l’absence de citation de Rm 1, 17 devient l’indicateur privilégié des évolutions de Luther. Le procédé de Bizer méconnaît les conventions du récit de conversion, qui imposent d’attirer l’attention sur un moment, un lieu, une
19. 20. 21. 22.
23.
W. AFFELDT, « Verzeichnis der Römerbriefkommentare der lateinischen Kirche bis zu 1LNRODXVYRQ/\UDªTraditio 13 (1957), p. 369-406. H. DENIFLE, Die abendländischen Schriftausleger bis Luther, p. XVI. E. BIZER, Fides ex audituSHWVXUOH©PRGHGXGRQGLYLQª Ibid. S DYHF S Q OD PHQWLRQ G¶+DUWPDQQ *ULVDU GLVFLSOH MpVXLWH GH 'HQLÀH continuateur de son œuvre dans son Luther de 1911-1912. Je n’entre pas ici dans les enjeux de ce combat sur les deux fronts du protestantisme libéral et de la Lutherrenaissance et renvoie à Th. KAUFMANN, « Die Frage nach dem reformatorischen 'XUFKEUXFKªS Cf. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 14, qui expose le procédé : « une exégèse minutieuse des passages où Luther lui-même parle de la Justitia Dei, notamment en lien avec Rm 1, 17, HWFHVXUWRXWO¶LQWHUYDOOHGHWHPSVFRQVLGpUpª9RLUHQVXLWHSjSURSRVGHV Resolutiones de Luther sur les Indulgences (février-mai 1518) : « Le verset de Rm 1, 17 Q¶\ HVW PHQWLRQQp TX¶j OD PDUJH ª S ¬ O¶LQYHUVH O¶LPSRUWDQFH GHV Acta Augustana (octobre-décembre 1518) vient de ce que « pour la première fois, Rm 1, 17 DSSDUDvWjXQHSODFHGpFLVLYHªS (PSRUWpGDQVVRQpODQ%L]HUFLWHjODVXLWHQ XQ texte plus tardif du Sermon von den guten Werken (mai-juin 1520), qui s’inscrit dans un tout autre contexte. Cet accès de précipitation, unique dans le livre, est révélateur.
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H[SpULHQFHXQYHUVHW$LOOHXUVLOQpJOLJHOHVUqJOHVG¶DUJXPHQWDWLRQGXWKpRORJLHQPpGLpYDOTXLSUHVFULYHQWO¶DFFXPXODWLRQGHVDXWRULWpVHWOHXUDGDSWDWLRQDXFRQWH[WHGHGLVFXVVLRQ4XH/XWKHUQHFLWHSDVtoujours5PQ¶HVW GRQFSDVHQVRLVLJQL¿FDWLI&KH]%L]HUOXLPrPHO¶DSSOLFDWLRQPpFDQLTXHGH FHWHVWFRQoXFRPPHLQIDLOOLEOHQHV¶DFFRUGHQLjVRQDPELWLRQWKpRORJLTXHQL jVRQDWWHQWLRQVFUXSXOHXVHDXWH[WHOXWKpULHQ ¬YUDLGLUHF¶HVWOHOLYUHHQWLHUTXL¿QDOHPHQWWRXUQHjO¶pQLJPH/HWLWUH Fides ex audituHVWXQHFLWDWLRQVFULSWXUDLUHWLUpHHOOHDXVVLGHO¶pSvWUHDX[ 5RPDLQV FKDSLWUH YHUVHW ergo ¿des ex auditu, auditus autem per verbum Christi'HFHWWH©IRLSDUO¶pFRXWHªSRXUWDQWSUHVTXHULHQQ¶HVWGLW %L]HULQGLTXHjXQHQGURLWTXHODMXVWLFHTXLHVWSDUROHHVW©MXVWLFHGHFHX[TXL pFRXWHQWª©SXUHpFRXWHª,OFODVVHjMXVWHWLWUHOHFKDSLWUHGHV5RPDLQV SDUPLOHV©SDVVDJHVFODVVLTXHVGHODMXVWLFHSDUODIRLª,OQHSUrWHSRXUWDQWSDVDWWHQWLRQjO¶DFFXPXODWLRQGDQVVDSURSUHGpPRQVWUDWLRQGHVUHQYRLV OXWKpULHQVj5P7HOOHHVWO¶pQLJPHOHYHUVHWGH5PVXUGpWHUPLQp SDUODFRQWURYHUVHD¿QLSDUUHFRXYULUTXHOTXHFKRVHTXLQHFHVVHSRXUWDQWGH YRXORLUVHGLUHjWUDYHUVOH¿des ex auditu GH5P¿qUHPHQWGpSOR\pVXU ODSDJHGHWLWUHGXOLYUHGH%L]HU 1RXVQHSRXYRQVSDVHQFRUHVDYRLUce quiYHXWVHGLUHLFL3RVRQVSURYLVRLUHPHQWTXH%L]HULQYLWHjV¶LQWHUURJHUVXUOHGHYHQLUG¶XQHWKpRORJLHGHODSDUROH FRXSpHG¶XQHWKpRORJLHGHO¶pFRXWH1RXVHQWUHYR\RQVOHW\SHGHSHUIRUPDWLYLWp TXLV¶DI¿UPHVXUOHVHXOYHUVDQWG¶XQHSDUROHpPLVHSDUROHGHFUpDWLRQOpJLVODWLRQUpGHPSWLRQSDUROHG¶XQRUGUHjFKDTXHIRLVVRXYHUDLQ/HVKpVLWDWLRQV GH%L]HUVXUOD¿des ex audituVXJJqUHQWTX¶LO\DDXWUHFKRVHjFKHUFKHU0DLV TXRL" II. Paul de Tarse (v. 8-v. 64/67) /HVpFKDQWLOORQVSUpOHYpVLFLVXUOHFKDSLWUHGHO¶pSvWUHDX[5RPDLQVQH SUpWHQGHQWSDVIRUPHUXQHQRXYHOOHH[pJqVH/HVLQWHUSUqWHVFRQWHPSRUDLQV GHO¶pSvWUHVHURQWDSSHOpVHQUHQIRUWGDQVXQVHXOEXWSUpFLVHUO¶LQWHUURJDWLRQ LQLWLDOHVXUOHVUHOLJLRQVGHODSDUROH-¶HQWHQGVDYDQWWRXWVXJJpUHUODQpFHV
Ibid.S 166. Ibid.S Voir ibid. S 5P 5P 5P Q 5P 5P 5P FLWDWLRQVPXHWWHVS5P 5P HW5P /HWH[WHGXFKGHO¶pSvWUHDX[5RPDLQV¿JXUHHQDQQH[HGHFHWWHpWXGH -¶DLFRQVXOWpOHVFRPPHQWDLUHVVXLYDQWVSDURUGUHFKURQRORJLTXH.BARTH, Der Römerbrief (erste Fassung 1919)pG+SCHMIDT7KHRORJLVFKHU9HUODJ=ULFK*HVDPWDXVJDEH ID., Kurze Erklärung des Römerbriefes .DLVHU 0QFKHQ 2 5BULTMANN © *ORVVHQ LP 5|PHUEULHI ª GDQV ( DINKLER, pG., Exegetica. Aufsätze zur Erforschung des Neuen
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VLWpG¶LQWpJUHUFHWH[WHGH5PjXQHSODFHpPLQHQWHGDQVOHVSURWRKLVWRLUHV GXSHUIRUPDWLI
Testaments0RKU7ELQJHQS$NYGREN, Der Römerbrief9DQGHQKRHFN 5XSUHFKW *|WWLQJHQ 2 2 KUSS, Der Römerbrief 3XVWHW 5HJHQVEXUJ YRO + LANGENBERG, Der Römerbrief. Der heilsgeschichtliche Missionsberuf der Gemeinde und der paulinische Lehrtypus 6FKULIWHQPLVVLRQ $FKWHO +DPEXUJ +:SCHMIDT, Der Brief des Paulus an die Römer(YDQJHOLVFKH9HUODJV$QVWDOW%HUOLQ ©7KHRORJLVFKHU.RPPHQWDU]XP1HXHQ7HVWDPHQWª (KÄSEMANN, An die Römer, 0RKU6LHEHFN7ELQJHQ©+DQGEXFK]XP1HXHQ7HVWDPHQWªD +SCHLIER, Der Römerbrief +HUGHU )UHLEXUJ ± %DVHO ±:LHQ 2 © +HUGHUV WKHRORJLVFKHU.RPPHQWDU ]XP1HXHQ7HVWDPHQWªVI 8WILCKENS, Der Brief an die Römer%HQ]LJHU1HXNLUFKHQHU 9HUODJ =ULFK ± 1HXNLUFKHQ ±9OX\Q © (YDQJHOLVFK.DWKROLVFKHU .RPPHQWDU ]XP 1HXHQ7HVWDPHQWªVI ))BRUCE, The Letter of Paul to the Romans,QWHU9DUVLW\3UHVV /HLFHVWHU2©7KH7\QGDOH1HZ7HVWDPHQW&RPPHQWDULHVª +0LÜBKING, Paulus und Israel im Römerbrief. Eine Untersuchung zu Römer 9-11/DQJ)UDQNIXUWD0et al. 1986 ©(XURSlLVFKH+RFKVFKXOVFKULIWHQ7KHRORJLHª -WINKEL©$UJXPHQWDWLRQVDQDO\VH YRQ5|PªLinguistica Biblica S:SCHMITHALS, Der Römerbrief. Ein Kommentar*WHUVORKHU9HUODJVKDXV*WHUVORK3STUHLMACHER, Der Brief an die Römer 9DQGHQKRHFN 5XSUHFKW *|WWLQJHQ ± =ULFK © 'DV 1HXH 7HVWDPHQW 'HXWVFK 1HXHV *|WWLQJHU %LEHOZHUN ª 0THEOBALD, Der Römerbrief .DWKROLVFKHV %LEHOZHUN6WXWWJDUWYRO(PETERSON, Der Brief an die Römer >SRVWKXPH@ pG % NICHTWEISS (FKWHU :U]EXUJ $XVJHZlKOWH 6FKULIWHQ . HAACKER, Der Brief des Paulus an die Römer(YDQJHOLVFKH9HUODJVDQVWDOW/HLS]LJ©7KHRORJLVFKHU +DQGNRPPHQWDU]XP1HXHQ7HVWDPHQWª :LÜTHI, Der Römerbrief%UXQQHQ*LHHQ et al$PITTA, Lettera ai Romani3DROLQH0LODQ2©,OLEULELEOLFLª $REICHERT, Der Römerbrief als Gratwanderung. Eine Untersuchung zur Abfassungsproblematik, 9DQGHQKRHFN 5XSUHFKW *|WWLQJHQ © )RUVFKXQJHQ ]XU 5HOLJLRQ XQG /LWHUDWXU GHV $OWHQ XQG 1HXHQ 7HVWDPHQWV ª 0THEOBALD © .LUFKH XQG ,VUDHO QDFK 5|P ªGDQVID., Studien über den Römerbrief0RKU7ELQJHQ©:LVVHQVFKDIWOLFKH 8QWHUVXFKXQJHQ ]XP 1HXHQ7HVWDPHQW ª S 6 LÉGASSE, L’Épître de Paul aux Romains&HUI3DULV©/HFWLRGLYLQD&RPPHQWDLUHVª 5PESCH, Römerbrief, (FKWHU:U]EXUJ4©'LH1HXH(FKWHU%LEHOª 3PRIGENT, L’Épître aux Romains, /DERU )LGHV *HQqYH ( LOHSE, Der Brief an die Römer 9DQGHQKRHFN 5XSUHFKW *|WWLQJHQ .ULWLVFKH[HJHWLVFKHU .RPPHQWDU EHU GDV 1HXH 7HVWDPHQW 'STARNITZKE, Die Struktur paulinischen Denkens im Römerbrief. Eine linguistisch-logische Untersuchung .RKOKDPPHU 6WXWWJDUW © %HLWUlJH ]XU :LVVHQVFKDIW YRP$OWHQ XQG 1HXHQ 7HVWDPHQW ª ( LOHSE, Rechenschaft vom Evangelium. Exegetische Aufsätze zum Römerbrief GH *UX\WHU %HUOLQ ± 1HZGpVRUPDLV%=Q:..@ª -FLEBBE, Solus Deus. Untersuchungen zur Rede von Gott im Brief des Paulus an die Römer GH *UX\WHU %HUOLQ ± 1HZ © 1HXH 7KHRORJLVFKH *UXQGULVVH ª@ S 319) soutient que le pisteuein GX Y GpVLJQH QRQ OD © IRL GX F°XU ª PDLV O¶© DGKpVLRQ IHUPHªDXFRQWHQXGHODFRQIHVVLRQGHIRLVRPPHGLGDFWLTXHGHO¶eYDQJLOH8WILCKENS, Der Brief an die Römer, p. 227, insiste aussi sur l’unité du croire et du confesser, en ajoutant O¶K\SRWKqVHGHVRQFDUDFWqUHOLWXUJLTXHOLWXUJLHGHEDSWrPH 6XUO¶©DFWHG¶eJOLVHªYRLU H. SCHLIER, Der Römerbrief, p. 312-313. 44. Cf. E. KÄSEMANN, An die Römer, p. 279. W. SCHMITHALS, Der Römerbrief, p. 381, voit en Rm 10, 14-17 l’origine du choix de la Confession d’Augsbourg de faire précéder son DUWLFOH9,,©'HO¶eJOLVHªG¶XQDUWLFOH©'XPLQLVWqUHGHODSUpGLFDWLRQªDUW9 O¶LQYRFDWLRQ GXQRPGLYLQ5P HVWDWWHVWpHSDUODSDUROHGHSURFODPDWLRQTXLHVW©DSSHOHI¿FDFH GH'LHXªDSSHOTXL©IDLWªODFRPPXQDXWpGHVFUR\DQWV 45. H. SCHLIER, Der Römerbrief, p. 318. 46. Voir E. KÄSEMANN, An die Römer, p. 281, avec une remarque générale sur la rhétorique chez 3DXO©LQVWUXPHQWGHODGpPRQVWUDWLRQªHWQRQ©RUQHPHQWGHGLVFRXUVª+SCHLIER, Der RömerbriefSHWVXUO¶©REMHFWLRQUKpWRULTXHªGH5P©1¶DXUDLHQWLOV SDVHQWHQGX"ª 8WILCKENS, Der Brief an die Römer, p. 218, 228, qui voit dans Rm 10, XQHH[SOLFLWDWLRQGHOD©SURFODPDWLRQªGH5P:SCHMITHALS, Der Römerbrief, S3STUHLMACHER, Der Brief an die Römer, p. 143-144. K. HAACKER, Der Brief des Paulus an die Römer, p. 214, résume bien le mouvement donné à cette chaîne, qui ramène le ©VDOXWGHVFUR\DQWVªjOD©PLVVLRQGHVSURFODPDWHXUVª 47. Cf. B. DUPRIEZ, Gradus. Les procédés littéraires, 10-18, Paris 1984, p. 44, 125, 355, qui VXSSRVHTXHFHWWH¿JXUHUHPRQWHDX[JpQpDORJLHVELEOLTXHV
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Si nous intégrons Rm 10, et singulièrement les deux segments de Rm 10, 8-10 (confession de foi) et Rm 10, 14-17 ¿GHVH[DXGLWX , à une histoire de la UpÀH[LRQ VXU OH SRXYRLU SHUIRUPDWLI GX ODQJDJH LO QRXV IDXW FRPSUHQGUH OH rôle des éléments qui encadrent ici les actes de la parole, confession de foi et prédication : l’accusation, la liturgie, la rhétorique. Chacun de ces éléments décrit une action qui accompagne l’action de la parole divine, une mise en PRXYHPHQWGHFHWWHSDUROHSDUO¶pQHUJLHSURSUHGXULWXHORXGHOD¿JXUH/D parole de Rm 10 me semble livrer un modèle de l’action redoublée dont il a été question en commençant : une parole sur la parole pour représenter l’action qu’impose l’action de la parole. III. Martin Luther (1483-1546) L’agitation provoquée par le livre de Bizer a empêché de mener à bien une tâche qui semblait s’imposer d’elle-même : voir comment Luther comprend le ¿GHVH[DXGLWXGH5P$XMRXUG¶KXLODVHXOHIDoRQGHYpUL¿HUO¶K\SRWKqVH de Fides ex auditu consisterait à lui appliquer une procédure similaire à celle VXLYLHSDU'HQLÀHHQUHWUDFHUOHFRXUVPpGLpYDOHWPRGHUQHGHO¶H[pgèse de Rm 10, 17 ¿GHVH[DXGLWX FRPPH'HQLÀHDYDLWFRPPHQFpjOHIDLUH pour Rm 1, 17 (iustitia Dei). Ce serait, me semble-t-il, un test utile pour les théologies de la parole. Je devrai ici, provisoirement, m’en tenir à l’examen de Rm 10 chez Luther. 1. Rhétorique de l’invocation. Notons d’abord une continuité. En 1522, le Septembertestament traduit Rm 10, 17 par : Ainsi la foi vient du prêche, et la prédication de la parole de Dieu.
La traduction fera école. Chez Luther, elle est le fruit d’un choix ancien de compréhension : assez tôt en Rm 10, 17, ȱǘȡǔǙ˛ǜ a été transféré de l’écoute
48. Ce serait ma proposition pour rouvrir le cercle qu’AGAMBEN D UHIHUPp HQ LGHQWL¿DQW SHUIRUPDWLYLWpHWUpÀH[LYLWpCf. supra, n. 40) : une parole sur la parole, c’est-à-dire sur ce que fait la parole, mais aussi sur ce qu’on fait de la parole qui fait. 49. Das Newe Testament Deutzsch (1522), WA, Deutsche Bibel [DB] 7, 62 ad loc., voir texte en annexe. 50. La TOB a : « Ainsi la foi vient de la prédication, et la prédication, c’est l’annonce de la parole GX&KULVWªYRLUDQQH[Hinfra ODKing James Version a en revanche maintenu « So then faith FRPHWKE\KHDULQJDQGKHDULQJE\WKHZRUGRI*RGª&KH]/XWKHUOHFKRL[GHWUDGXFWLRQGX Septembertestament est strictement suivi dans les prêches de la Stephan Roths Festpostille :$,,©'HUJODXEHNRPSWDXGHUSUHGLJGDVSUHGLJHQDEHUGXUFK GDVZRUWJRWWHVª 2QWURXYHDXVVLELHQ©'HUJODXELVWDXV
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passive du croyant vers la prédication active des apôtres et des prêtres, dans l’orbite du ǚ̅ǜǔǑǛǧǘǣǝǓǗ du v. 15. Le commentaire aux Romains de 15151516 lit les versets 14-17 comme une critique des faux prêcheurs : Ces quatre points, dans l’ordre, sont revendiqués par tous les orgueilleux d’esprit, comme les juifs, les hérétiques et les schismatiques, qui tous sont trompés par une apparence de piété. […] De ce qu’il est impossible de prêcher pour ceux qui ne sont pas envoyés, il s’ensuit qu’il est impossible d’entendre SRXU FHX[ j TXL O¶RQ QH SUrFKH SDV HW GH Oj TX¶LO HVW LPSRVVLEOH GH FURLUH SRXUFHX[TXLQ¶HQWHQGHQWSDVHWHQ¿QTX¶LOHVWLPSRVVLEOHG¶LQYRTXHUSRXU FHX[TXLQHFURLHQWSDVLPSRVVLEOHSRXUWHUPLQHUG¶rWUHVDXYpVSRXUFHX[ qui n’invoquent pas. La racine et l’origine du salut se trouvent donc en entier dans le Dieu qui envoie. Sans envoi de Dieu, ceux qui prêchent prêchent le faux : prêcher et ne pas prêcher, c’est la même chose, et même : il vaudrait mieux ne pas prêcher. De même ceux qui les entendent entendent le faux, et il vaudrait mieux qu’ils n’entendent pas. Et ils croient le faux, ceux qui les croient, et il vaudrait mieux qu’ils ne croient pas. Et ils invoquent à faux, ceux qui invoquent ainsi, et il vaudrait mieux qu’ils n’invoquent pas. Car ceux qui prêchent ainsi ne prêchent pas, ceux qui entendent ainsi n’entendent pas, ceux qui croient ainsi ne croient pas, ceux qui invoquent ainsi n’invoquent pas, et ceux qu’il faudrait sauver sont damnés.
dem gehor », voir infra, n. 75 et « Der glawb kompt durch hoeren, das hoeren aber kompt GXUFKZRUWW*RWWLVª (Von weltlicher Oberkeit [1523], WA 11, 271, 20-21). 51. Les Collectanea de Pierre Lombard rattachent aussi l’auditus de Rm 10, 17 à l’action du prédicateur : « (UJR¿GHV, aliquando et si non ubique est, ex auditu, et si enim Deus intus doceat, tamen praeco exterius nuntiat. Auditus autem non est per nostra merita, sed per verbum ChristiLGHVWSHUJUDWLDP&KULVWLGRFWRUHVYHUEL(YDQJHOLFLQRELVPLWWHQWLVªPL, t. 191, col. 1479C). Luther rompt en revanche avec l’interprétation de Thomas d’Aquin, qui Gp¿QLWjODEDLVVHOHU{OHGHVSUpGLFDWHXUV6DLQW7KRPDVG¶$TXLQSuper epistolas S. Pauli Lectura, éd. R. CAI, Marietti, Turin – Rome 19538, t. I, Ad Romanos, c. X, lectio II, p. 156, no©(WVLFTXRGKRPLQHVFUHGXQWQRQHVWWULEXHQGXPSUDHGLFDWRULVLQGXVWULDHª PrPH décision à propos de l’acte d’entendre, remis à sa juste place dans l’analyse de l’acte de foi (ibid., p. 157, no©'LFHQGXPHVWHUJRTXRGDG¿GHPGXRUHTXLUHQWXUTXRUXPXQXP HVWFRUGLVLQFOLQDWLRDGFUHGHQGXPHWKRFQRQHVWDXGLWXVHGH[GRQRJUDWLDHDOLXGDXWHPHVW GHWHUPLQDWLRGHFUHGLELOLHWLVWXGHVWH[DXGLWXª 52. Die Vorlesung über den Römerbrief (1515-1516), WA 56, 421, 16-31 (scholie Rm 10, ©,VWD4XDWWXRUSHURUGLQHPVLELDUURJDQWRPQHVVXSHUELPHQWH9W,XGܗLHWKܗUHWLFLDF Scismatici, Qui omnes falluntur specie pietatis. […] Quod Impossibile est predicare eos, qui QRQPLWWXQWXU([KRFVHTXLWXU4XRG,PSRVVLELOHHVWHRVDXGLUHTXLEXVQRQSUHGLFDWXU(WH[ KRF4XRG,PSRVVLELOHHVWHRVFUHGHUHTXLQRQDXGLXQW(WWDQGHPLPSRVVLELOH4XRG,QXRFHQW TXLQRQFUHGXQW$FYOWLPR,PSRVVLELOH4XRGVDOXHQWXUTXLQRQ,QXRFDQW,GHRWRWDUDGL[HW origo salutis est in Deo mittente, Quo non mittente false predicant, qui predicant, Et idem est hoc predicare, quod non predicare, immo melius esset non predicare. Et false audiunt, qui audiunt, Ac melius esset non audire. Et false credunt, qui illis credunt, Et melius esset non credere. Et false Inuocant, qui sic Inuocant, Meliusque erat non Inuocare. Quoniam tales predicantes non predicant, audientes non audiunt, credentes non credunt, Inuocantes non Inuocant et Salvandi GDPQDQWXUª
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L’insistance du jeune Luther sur le mensonge dans l’Église, dans la lignée du Psaume (omnis homo mendax), relèverait d’une autre analyse, de même que le procédé de radicalisation (immo) qui le pousse à soutenir qu’il vaut mieux ne pas prêcher, et ne pas croire, que de croire et prêcher le faux. On notera plutôt l’intérêt du commentaire pour le procédé de la catène, que Luther explicite comme suit : Car ces quatre points ont été agencés de telle façon que chacun d’entre eux procède de l’autre, et que le dernier est la cause et l’antécédent de tous les autres.
Cet intérêt rhétorique, dont on ne trouve pas trace dans les commentaires contemporainsHVWSUpFRFHFKH]/XWKHULOHVWGLI¿FLOHG¶HQGpFHOHUOHVUDLsons. Un passage du premier commentaire au Psautier de 1513-1516 nomme déjà le procédé de Rm 10 en parlant de gradatio, selon l’usage de l’ancienne rhétorique/HIRQFWLRQQHPHQWGHOD¿JXUHHVWGpFULWDYHFXQFHUWDLQOX[HGH métaphores : […] ce verset et de nombreux autres sont élégamment tressés, chaque élément provenant du précédent, et chaque énoncé ou élément du discours apparaît comme la raison ou pour ainsi dire la source, l’origine de celui qui suit. Comme si l’on fabriquait une chaîne ou un collier ou une guirlande.
53. La radicalisation du raisonnement s’amorce dès la glose de Rm 10, 15, voir WA 56, 102, 6-8 : « Quomodo uero praedicabunt nisi mittantur ? q. d. Est prorsus Impossibile, Quia Deo non SUHGLFDQWH0HQGDFLXPSUHGLFDWXURPQLQRHWLDPVLYHUDSUHGLFHQW>«@ªCf. H. A. OBERMAN, © ³,PPR´ /XWKHUV UHIRUPDWRULVFKH (QWGHFNXQJHQ LP 6SLHJHO GHU 5KHWRULN ª GDQV G. HAMMER, K.-H. ZUR MÜHLEN (dir.), Lutheriana. Zum 500. Geburtstag Martin Luthers von den Mitarbeitern der Weimarer Ausgabe, Böhlau, Köln – Wien 1984 (« Archiv zur Weimarer $XVJDEHGHU:HUNH0DUWLQ/XWKHUVª S 54. Die Vorlesung über den Römerbrief, WA 56, 421, 18-19 : « Nam ista quattuor sic se habent, YWDOWHUXPH[DOWHURVHTXDWXU(WYOWLPXPHVW&DXVDHWDQWHFHGHQVRPQLXPDOLRUXP>«@ª 55. /D¿JXUHGH5PQ¶HVWSDVVLJQDOpHGDQVOHNovum Instrumentum d’Érasme (éd. H. HOLECZEK, Frommann-Holzboog, Stuttgart – Bad Cannstatt 1986, p. 443-444), non plus que dans sa paraphrase de l’épître en 1518 (In epistolam Pauli Apostoli ad Romanos paraphrasis, s.l. [Bâle], s.d. [1518], p. 95-96). De même chez Lefèvre d’Étaples, S. Pauli epistolae XIV ex Vulgata, adiecta intelligentia ex Graeco, cum commentariis [1512], réimp. FrommannHolzboog, Stuttgart – Bad Cannstatt 1978, p. 92-93. 56. On sait peu de chose sur la formation rhétorique de Luther. Outre H. A. OBERMAN©³,PPR´ª l’enquête devrait repartir des données fournies par H. JUNGHANS, Der junge Luther und die Humanisten %|KODX :HLPDU © $UEHLWHQ ]XU .LUFKHQJHVFKLFKWH ª HW % STOLT, Martin Luthers Rhetorik des Herzens0RKU6LHEHFN7ELQJHQ©87%ª 57. Dictata super Psalterium :$ © +DQF ¿JXUDP TXH YRFDWXU *UDGDWLRDSRVWROXV5RHWHWLDPSRQLW>«@ªGradatioWUDGXLWțȜȓȝĮȟ/HVGp¿QLWLRQV se trouvent dans Quintilien, Institutio oratoria, IX, 3, 54 et Isidore de Séville, Etymologiarum sive Originum libri xx, II, 21, 4. 58. Dictata super Psalterium, WA 3, 45, 31-34 : « […] Quod versiculus iste et multi alii velut funiculus pulchre texitur semper posterius ex priori, et dictio vel oratio semper ratio videtur
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Le texte peut surprendre, car le verset qu’il commente ne contient pas la ¿JXUHTX¶LOGpFULWGDQV3V(Cum invocarem, exaudisti me Deus iustitiae meae : in tribulatione dilatasti), aucun mot n’est répété. Luther doit donc composer une chaîne virtuelle, en intercalant les mots qui manquent pour que le WH[WHFRUUHVSRQGHjSHXSUqVjODGp¿QLWLRQGHOD¿JXUH. Ce curieux phénomène s’explique en partie par le fait que le verset du psaume commence par un Cum invocarem qui est aussi le premier mot de la catène de Rm 10 (Quomodo invocabunt). Sur cet invocare, un autre texte des Dictata super Psalterium WUDKLWOHUpÀH[HGHO¶H[pJqWHPpGLpYDOjTXLXQPRWUDSSHOOHXQYHUVHWYRLUH une péricope entière : Ps 145 (144), 18, Prope est dominus omnibus invocantibus eum, donne ainsi lieu à une glose sur l’invocation en vérité et en vanité qui se conclut sur la citation de Rm 10, 13-14. D’autres passages encore, dans le commentaire et bien plus tard, témoignent que Rm 10, 14 constitue pour Luther le parallèle obligé dès qu’il est question d’invocation. L’idée d’invocation et son rôle dans la maturation de la théologie de Luther ont été très précisément étudiés par Bizer. Fides ex auditu consacre un déveORSSHPHQW j OD © WKpRORJLH GX QRP GLYLQ ª GpSOR\pH GDQV OH FRPPHQWDLUH
esse et velut fons, origo que precedit eius, que sequitur. Sicut si Cathenam fabrices aut PXUHQXODVDXWFRUROODPª 59. Ibid., WA 3, 45, 35 – 46, 9 : « Ut exempli gratia prima oratio est : “Cum invocarem”, que est ratio sequentis, ut si queras : Quare exaudisti me ? optime sequitur : quia invocavi. Tertia oratio scilicet “Deus Iustitie” Quare sic appellas ? Quia exaudivit me, et nisi me exaudisset, non esset deus iustitie sed pene mee. Item quarta “In tribulatione”. Cur ista sequitur illam terciam ? Respondetur : Quia est Deus iustitie mee. Qui enim pie vivere YROXQWSHUVHFXWLRQHPSDFLXQWXUHWTXHPGHXVLXVWL¿FDWPR[SUREDW>7P@8OWLPR cur dilatavit te dominus ? unde sequitur ? aut qua consequentia hoc et non aliud sequitur ? 5HVSRQGHWXU4XLDWULEXODWXVVXP'HXVHQLPFXPHLVLQWULEXODWLRQH F(WH[LVWRSDWHW mira dignitas consequentie verborum et ordinis aptitudo. Dilatatus es, quia tribulatus es. Et hoc quia secundum Deum iustus es. Et hoc quia exaudivit te in misericordia sua. Et hoc quia invocasti eum. Ergo Invocatio infert exauditionem, exauditio iustitiam, iustitia tribulationem, WULEXODWLRFRQVRODWLRQHP6LPLOLPRGRSRWHULVHWLQDOLLVYHUVLEXVWHH[HUFHUHª 60. Ibid., WA 4, 452, 28-36 (glose marginale sur Ps 145 [144], 18) : « Invocat Deum in veritate, quia spiritualia ab eo postulat, vel temporalia ad usum spiritualium. Quia talis est in vera intentione. Invocat autem in vanitate, qui de malis temporalibus tantum sollicitus temporalia WDQWXPSRVWXODWHWWHPSRUDOLDVDOXWHVLQHRUGLQHDGVSLULWXDOHP9HOLQYHULWDWHLHLQ¿GH TXRGWDPHQLGHPHVW ,DFRE>@³SRVWXOHWDXWHPLQ¿GHQLKLOKHVLWDQV´(W5RP X. [14] ³4XRPRGRLQYRFDEXQWLQTXHPQRQFUHGLGHUXQW"´4XLDXWHPLQ¿GHSRVWXODWVLQHGXELR spiritualia vel temporalia ad usum spiritualium postulat. Ergo idem esse dixi. – Rom. 10 [13] ,RKHO>@µ2PQLVTXLLQYRFDYHULWQRP'RPLQLVDOYXVHULW¶ª 61. Voir ibid.:$JORVHPDUJLQDOHVXU3V>@ :$JORVH marginale sur Ps 147 [146-147], 9). Plus tard, voir In Genesin Mosi librum sanctissimum D. Martini Lutheri Declamationes (1527), WA 24, 257, 8-10, sur Gn 12, 8 : « Ad invocationem QRPLQLV GRPLQL UHTXLULWXU ¿GHV 9HUEXP 3UDHGLFDWRU HWF 5RPD >@ µ4XRPRGR LQYRFDEXQWLQTXHPQRQFUHGLGHUXQW"¶ª
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aux Galates en 1519 à partir de Ga 3, 2. Le texte rassemble selon Bizer les ©QRWLRQVQRXYHOOHVªDFTXLVHVSDU/XWKHUHQWUHHW,OGRQQHQRWDPment son contour précis au concept de la foi que le Réformateur commence alors à forger,QYRTXHUOHQRPGH'LHXHVWLFLO¶DFWHG¶XQHMXVWLFH©LQWpULHXUHª (ad intra) qui unit à ce nom le cœur du croyant et fait rejaillir sur celui-ci toutes les vertus du nom, « miséricorde, vérité, justice, vertu, sagesse, dénonciation GHVRQSURSUHQRPª. Bizer explore cette conception, rare chez Luther, de la ©YUDLH.DEEDOHGXQRPGH'LHXªHWVHVRULJLQHVUHXFKOLQLHQQHV. Pour lui, l’acquis principal de cette théologie du nom divin est de faire voir dans les deux MXVWLFHVGHODORLHWGHODIRLQRQSOXVXQ©FRPPHQFHPHQWªHWXQDERXWLVVHPHQWPDLVGHX[©FRQWUDLUHVª. C’est, de fait, le scopus énoncé au début de cette explication de Ga 2, 16. Bizer en revanche ne relève pas la principale conséquence chez Luther : L’invocation du nom de Dieu, si elle s’effectue véritablement dans le cœur et par le cœur, montre que le cœur et le nom du Seigneur ne font plus qu’un et adhèrent l’un à l’autre. Il est impossible que le cœur ne participe pas alors des vertus qui s’attachent au nom du Seigneur. Or c’est par la foi que le cœur et le nom du Seigneur adhèrent l’un à l’autre. La foi vient à travers la parole du Christ [Rm 10, 17], par laquelle est prêché le nom du Seigneur, ainsi qu’il le GLW©-HYDLVUHGLUHWRQQRPjPHVIUqUHVª>3V@HWHQFRUH©3RXUTX¶LOV SXEOLHQWGDQV6LRQOHQRPGX6HLJQHXUª>3V@'HPrPHGRQFTXHOH nom du Seigneur est pur, saint, juste, sincère, bon etc., de même s’il touche le cœur ou si le cœur en est touché (ce qui a lieu par la foi), le cœur lui devient en tout point semblable.
62. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium (1519), WA 2, 489, 23 – 491, 34. L’ouvrage UHSRVHVXUOHFRXUVSURIHVVpHQWUHRFWREUHHWPDUV/XWKHU\DWUDYDLOOpHQWUHMXLQ et septembre 1519 (Cf. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 150). 63. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 150, 154-158, 164, Cf. 139. 64. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 490, 13-16 : « […] Nomen autem dei est misericordia, veritas, iusticia, virtus, sapientia, suique nominis accusatio. Est autem nomen nostrum peccatum, mendacium, vanitas, stulticia, iuxta illud : Omnis homo mendax, YDQLWDVRPQLVKRPRYLYHQV F>3V3V@ª 65. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 157 sur WA 2, 491, 7-10 : « Haec est vera cabala nominis domini, non tetragrammati, de quo Iudei superstitiosissime fabulantur. Fides, inquam, in QRPHQGRPLQLHVWLQWHOOLJHQWLDOHJLV¿QLVOHJLVHWSURUVXVRPQLDLQRPQLEXVª 66. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 158. 67. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 489, 21-22 : « In primis itaque VFLHQGXPTXRGKRPRGXSOLFLWHULXVWL¿FDWXUHWRPQLQRFRQWUDULLVPRGLVª 68. Ibid., WA 2, 490, 17-25 : « Invocatio autem nominis divini, si est in corde et ex corde vere facta, ostendit, quod cor et nomen domini sint unum simul et sibi cohaerentia. Ideo impossibile est, ut cor non participet eiusdem virtutibus, quibus pollet nomen domini. &RKDHUHQWDXWHPFRUHWQRPHQGRPLQLSHU¿GHP)LGHVDXWHPSHUYHUEXP&KULVWL>5P 17], quo praedicatur nomen domini, sicut dicit : Narrabo nomen tuum fratribus meis [Ps 22, 23], et rursum : Ut annuncient in Syon nomen domini [Ps 102, 22]. Sicut ergo nomen domini
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Comme au début de la décennie 1510 dans le premier commentaire des Psaumes, l’invocatio commande la mention de Rm 10. La citation dote touteIRLVOD©WKpRORJLHGXQRPªG¶XQSURORQJHPHQWGpFLVLIGXSRLQWGHYXHPrPH GH%L]HU5PSHUPHWHQHIIHWGHSODFHUOH©QRPGX6HLJQHXUªGDQVO¶HQYLURQQHPHQWLPPpGLDWGHODSDUROHHWGHODSUpGLFDWLRQTXLRSqUHQWODSXUL¿cation du cœur et son union au nom divin : verbum Christi, quo praedicatur nomen Domini. La théologie du nom est donc déjà une théologie de la parole. Bizer ne tire pas cette conséquence, sans doute parce que l’avancée réalisée ne doit rien à l’interprétation, dirimante à ses yeux, de Rm 1, 17. Ce qu’elle doit à Rm 10, dans le sillage de procédés exégétiques anciens, est en revanche bien visible et mérite d’être exploré. À de nombreuses reprises entre 1519 et 1522, c’est avec la ¿GHVH[DXGLWX TXHVHIRUPXOHODWKqVHG¶XQHSDUROH©LQVWUXPHQWGHJUkFHª. Toujours dans le commentaire des Galates de 1519, pour expliquer l’DXGLWXV¿GHLde Ga 3, 2, Luther commence par reprendre l’une des questions classiques posées par la gradatio Apostoli de Rm 10 : si la foi vient de l’écoute, « d’où vient que des VRXUGVSXLVVHQWGHYHQLUFKUpWLHQVªHWTX¶HQHVWLOGHVHQIDQWVTX¶RQEDSWLVH" Le propos bifurque toutefois rapidement vers un éloge de la manière dont Paul
HVWSXUXPVDQFWXPLXVWXPYHUD[ERQXP FLWDVLWDQJDWWDQJDWXUTXHFRUGHTXRG¿WSHU ¿GHP RPQLQRIDFLWFRUVLPLOHVLELª 69. Le commentaire de Ga 2, 16 ne fait pas mention de Rm 1, 17. La présence de Rm 10 dans son environnement immédiat est notée par E. BIZER, Fides ex auditu, p. 157, 159 (Cf. supra, n. 25-26), mais seulement en passant. Bizer recourt à la formule d’une iustitia audita pour paraphraser la iustitia aliena de WA 2, 491, 18 (ibid., p. 158). Pas plus qu’ailleurs toutefois, VRQHPSORLQHIDLWO¶REMHWG¶XQFRPPHQWDLUH'¶DXWUHVWH[WHVFLWpVSDU%L]HUFRQ¿UPHQWOH rôle dévolu à la notion d’invocation ou d’appel : Cf. Fides ex auditu, p. 43, 132, 138, 141 et surtout p. 66 sur WA 1, 129, 14-27, authentique catène reprise de Rm 10 dans une prédication de février 1517 : « Nam cui non dormit Christus, non perit, Qui non perit, non clamat, qui non clamat, non exauditur, Qui non exauditur, nihil accipit, Qui nihil accipit, nihil habet, Qui QLKLOKDEHWSHULELWª 70. Cf. supra, n. 5. 71. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 508, 29 – 509, 3 : « Sed hic rursus ODERUDWG+LHURQ\PXVXQGHVXUGL¿DQW&KULVWLDQL"SUDHVHUWLPTXDQGR5KR[>@GLFLW Quomodo audient sine praedicante ? quomodo credent, quem non audierunt ? Et ut habet illic gradatio Apostoli, primum est mitti, deinde praedicari, tum audire, tum credere, tum invocare HW VLF VDOXWHP FRQVHTXL$GGDP HJR TXRPRGR LQIDQWHV VDOYL ¿XQW HW EDSWLVDQWXU FXP HW LSVLQRQDXGLDQW"5HVSRQGHWSULPXPTXRG¿GHPH[DXGLWXHVVHHWLQSDUWHHWLQWRWRDFFLSL potest : sed hoc evincit Paulus. Quomodo, inquit, credent quem non audierunt ? Deinde, quod aliorum gestu et conversatione possunt surdi euangelium discere : sed ubi infantes ? Igitur quod novissime sentit, sequor, scilicet quod verbo dei nihil surdum est et ad eas loquitur aures, de quibus dicitur : Qui habet aures audiendi, audiat [Mt 11, 15]. Hanc responsionem fortiter amo eo, quod nec in adultis et audientibus verbum dei audiatur, nisi intus spiritus LQFUHPHQWXPGHWª6XUOD¿GHVH[DXGLWX, les sourds et le baptême des enfants, questions que je laisse ici de côté, Cf. D. GEWALT©'LHµ¿GHVH[DXGLWX¶XQGGLH7DXEVWXPPHQ=XU $XVOHJXQJVJHVFKLFKWHYRQ*DOXQG5|PªLinguistica Biblica 58 (1986), p. 45-64.
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©DEDWªOHV°XYUHVGHODORLSDUOHVLPSOHIDLWGHSDUOHUG¶auditus verbi. Sans OHGLUH/XWKHUDGRQFVXEVWLWXpO¶©pFRXWHGHODSDUROHªjO¶©pFRXWHGHODIRLª LOO¶DIDLWHQREVHUYDQWOH©WURSHªUKpWRULTXHTXLFKH]3DXOUHQGFRQYHUWLEOHV l’écoute et son objet. Le résultat est immédiat : Si tu veux atteindre la grâce, fais en sorte d’écouter attentivement la parole de Dieu et de t’en souvenir avec soin : la parole, dis-je, et la parole seule est le véhicule de la parole de Dieu.
Luther ne le dira pas plus clairement trois ans plus tard, toujours avec le renfort de la ¿GHVH[DXGLWX : « le commencement de notre salut n’est pas dans OHV°XYUHVPDLVGDQVODSDUROHGH'LHXª©LOQ¶\DSDVG¶DXWUHFKHPLQTXHFH chemin de la foi, lequel est indiqué par la seule parole de Dieu, comme Paul le GLWHQ5P³ODIRLYLHQWGHO¶pFRXWH´ª. Solum verbum.
72. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 509, 8-13 : « Potentissime ergo Paulus hic confodit opera legis, tum etiam nostrorum Theologorum somnia, qui meritum congrui invenerunt ad gratiam obtinendam. Verum Apostolus dicit ‘non operibus, sed auditu verbi’, hoc est, si patiaris verbum, quiescas tu et sabbatum domini a tuis operibus ferieris, ut audias TXLGORTXDWXULQWHGRPLQXVGHXVWXXV,GHRVLJQDELVKRF3DXOLPHPRUDELOHGRFXPHQWXPª 73. /DPrPH¿JXUHTXLHQ5PWUDQVIRUPHO¶audibilis en auditus explique pour Luther le passage en Ga 3, 2 de l’DXGLWXV¿GHL à l’auditus verbi. Luther s’appuie ici sur Érasme (Novum Instrumentum, p. 443-444), ibid.:$ © ,OOXG DXWHP µDXGLWX ¿GHL¶ SXOFKUH Erasmus (ut omnia) pro ipso audibili, pro ipso, ut inquit, sermone qui auditur, ut sit auditus ¿GHLLGTXRGYHUEXP¿GHLDXGLWXP$FW[>@>«@,WHPIUHTXHQVKLF7URSXVVFULSWXUDHXW +LHUH[OL[>@$EGLDHL>@$XGLWXPDXGLYLPXVDGRPLQR Fª3DUPLOHVDXWRULWpV/XWKHU n’omet pas Is 53, 1 (qui credidit auditui nostro ? ), également cité par Paul en Rm 10, 16. Sur ce passage de l’écoute à la parole, voir aussi la reportatio du commentaire de 1527-1530 VXU,VDwH:$,,VXU,VDYHFUDSSHOGH5P©$XGLWXVHWVFLHQFLD VLJQL¿FDWYHUEXPHWIDPDPGHGHRVLFDG5Rµ4XLVFUHGLGLWDXGLWXLQRVWUR¶LHYHUERHW famae. Auditus igitur est verbum, quatenus spargitur ad aures q. d. nos praedicamus quidem YHUEXPVHGQXOOLIHUHDFFLSLXQWLOOXGª/HSDUDOOqOHGHHQWUH*DHW5PHVWSH[ HQFRUHHIIHFWXpGDQVOHFRPPHQWDLUHGHDX3V:$, 74. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 509, 13-15 : « Si vis gratiam consequi, id age, ut verbum dei vel audias intente vel recorderis diligenter : verbum, inquam, et solum YHUEXPHVWYHKLFXOXPJUDWLDHGHLª/¶DXGLWXV¿GHLreparaît à la suite, comme pour marquer O¶LGHQWL¿FDWLRQGHODIRLHWGX9HUEH©VWDW¿[DVHQWHQWLDH[DXGLWX¿GHLDFFLSLVSLULWXPª (WA 2, 509, 16-17). Ce texte n’est pas cité chez Bizer. 75. Les deux passages sont extraits de prédications allemandes de 1522. 1. Predigten des Jahres 1522, no 46, Sermon von dem Gleißner und offenbaren SünderDRW:$,,, 11-12 (texte de la 1re éd., 1522) : « Das muß er ye gehort haben auß dem Euangelio, darumb GHU DQIDQJ XQHU VHOLJNH\W LVW QLW LQ XQHUQ ZHUFNHQ VRQGHU LQ JRWV ZRUWK ª$XSDUDYDQW ¿JXUHXQHLQWpUHVVDQWHSDUDSKUDVHGH5P©ZLH3DXOXVVDJWµ)LGHVH[DXGLWXHVW'HU JHODXEHQNXPSWDXGHPZHQGDVZRUWLQGDVKHUW]IHOWGRZLUWGHUPHQVFKUDLQXQGIUXP¶ª :$,,, 0rPHIRUPXOH©FRPPHQFHPHQWGXVDOXWª(anfang der selickeyt), dans la FastenpostilleGH:$,,SRXUJORVHU5P±Ibid., no 52, Sermon zu St. Michel zu Erfurt getan vom Glauben und WerckenRFWREUH:$ III, 18-21 (texte de la 1re éd., 1522) : « Darumb huten euch daß ir kein andren weg machen gen himel, nit herein brechent durch anndere strasz, es ist ie keynn anderer weg, dan dieser
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1RXVSRXYRQVWHQWHUXQSUHPLHUELODQ/D©GpFRXYHUWHUpIRUPDWULFHªDHX lieu assez tard, vers l’été 1519. Par insistances successives jusqu’en 1522, elle a pris sa place dans le discours luthérien. Il s’agit bien du pouvoir salvateur de la seule parole de Dieu. Ce n’est pas toutefois la compréhension du verset de Rm 1, 17, iustitia Dei, qui a sur le moment présidé à cette découverte, mais un travail intense sur Rm 10 et en particulier Rm 10, 17, ¿GHVH[DXGLWX. Par lui s’établit la continuité du travail exégétique de Luther depuis 1513, par lui se produit la rupture qui pose l’Évangile comme « un instrument, un chemin et pour ainsi dire le tuyau par lequel l’Esprit saint s’introduit pour entrer dans QRVF°XUVª . L’entreprise de Bizer se trouve donc largement validée, dans sa datation GH OD © GpFRXYHUWH UpIRUPDWULFH ª FRPPH GDQV OD VLJQL¿FDWLRQ WKpRORJLTXH qu’elle prête à cette dernière. Peu semble alors importer que Bizer accorde un peu trop de poids au récit de 1545 dans lequel Luther relie sa découverte à l’interprétation de Rm 1. Insister, en réponse, sur le rôle de la lecture de Rm 10 ne revient-il pas à expliciter l’intention de celui qui avait intitulé son ouvrage Fides ex auditu ? En un mot : changer de verset, Rm 10, 17 plutôt que 1, 17, TX¶HVWFHTXHFHODFKDQJH"&¶HVWFHTX¶LOIDXWPRQWUHUSRXU¿QLU
weg des glawbes, welicher geweist wirdt durch das lauter wort gottes, wie dan Paulus spricht 5KR>@µ'HUJODXELVWDXVGHPJHKRU¶ª 76. Stephan Roths Festpostille:$,,©'DUXPEPXHVVHQZLUGHP(ZDQJHOLR die eere geben unnd jm dysen preyß lassen, das es sey eyn mittel und weg und gleych wie ein UKRUGXUFKZHOFKVGHUKDLOLJJH\VWHLQÀHXVWXQGLQXQVHUHKHUW]HQNRPSW'DUXPEVSULFKW Sanct Paul zun Galatern [Ga 3, 2], das sy den heyligen geist empfangen haben nicht durch die wercke des gesetzs, sondern durch die predige des glaubens. Und zun Roemern [Rm 10, 17] schleust er also : Der glawb kompt auß der predige, das predigen aber durch das wort JRWWHVª/¶DVVRFLDWLRQGH*DHW5PCf. supra, n. 73) donne l’impulsion. Ensuite VHXOHPHQWYLHQWODPHQWLRQGH5P:$,,©'DKHUKHLVWDXFK3DXOXV das Euangelion ‘eine krafft Gottes, die da selig macht alle, die daran glawbenn’, da er on zweiffel von dem leiplichen eusserlichen wortt redet, wo das nicht zuovor gepredigt wirt, da vermuotte man sich nicht, das der heylig geist alda wircke odder yrgendt ein glaub da sey >«@ª 77. /H UHVVRUW GH O¶LQWHUSUpWDWLRQ UHVWH HQ RXWUH OH PrPH$YHF 'HQLÀH SRXU PRGqOH RQ SHXW commencer à montrer que l’exégèse médiévale de Rm 10 a vu en ce chapitre un « classique GH OD MXVWL¿FDWLRQ SDU OD IRL ª Cf. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 159, Cf. supra, n. 25), exactement comme pour Rm 1, 17. Voir p. ex. Petri Lombardi, Collectanea in epistolas D. Pauli, In epistola ad Romanos, PL 191 (Cf. supra, n. 51), col. 1473C sur Rm 10, 4 : ©3HU¿FLWHUJR>¿QLV@MXVWLWLDPSHU¿GHPVLQHRSHULEXVOHJLVª6DLQW7KRPDVG¶$TXLQ, Super epistolas S. Pauli Lectura, Ad Romanos, lectio II, c. X, éd. citée, t. I, p. 155, no 835 sur Rm 10, 14 : « Deinde cum dicit Quomodo ergo invocabunt, etc. ponit ordinem quo quis YRFDWXULQVDOXWHPTXDHH[HVW¿GHª&HTXLFRPSWHSRXU/XWKHUQ¶HVWFHSHQGDQWSDVFHOD mais bien le solum verbum.
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2. Parole ou humilité La méthode de Bizer met au point deux tests. Le premier est celui du UHFRXUVj5PSRXUPHVXUHUOHV©SURJUqVªGH/XWKHU. Le second test consiste à repérer dans les textes ce qui est censé avoir un temps retenu Luther au seuil de la découverte réformatrice. Pour Bizer, ce facteur retardateur porte un seul nom, humilitas'HPrPHTXHOD©GpFRXYHUWHªSDUDvWVXVSHQGXHj la présence du verset de la iustitia Dei, de même toute mention par Luther de l’humilité du croyant est réputée constituer un obstacle sur le chemin qui a conduit le théologien à sa propre théologie. La théologie de l’humilité, Demutstheologie, devient l’antonyme obligatoire de la théologie de la parole. /¶©LGpHGHO¶KXPLOLWpªVHFRQFHQWUHSRXU%L]HUGDQVXQHSKUDVHGXFRPPHQWDLUHjO¶pSvWUHDX[5RPDLQV©OHMXVWHHVWDFFXVDWHXUGHVRLª. L’humilité du croyant est à ce moment encore sa justice, sa foi et sa loi tout ensemble. Elle est la nouvelle justice de Dieu, quand le croyant se sait accusé et châtié. Elle est aussi la voie par laquelle la foi mène à la justice. L’humilité est HQ¿QOHFRQWHQXXOWLPHGHODORLQDWXUHOOHHWGLYLQHTXLH[SOLTXHTXHODMXVWLFHGLYLQHVRLWDFFXVDWLRQHWFKkWLPHQWODIRLMXVWL¿H©SDUFHTX¶HOOHDSSRUWH RXRSqUHO¶KXPLOLWpª. Il y a bien un sens à parler d’une théologie de l’humiOLWpWRXWjODIRLVPR\HQHW¿QGHODMXVWL¿FDWLRQOHFRQFHSWV\QWKpWLVHWRXWHV les données de la première doctrine de Luther, un VROD¿GH couronné d’un sola humilitate. Théologie de l’humilité contre théologie de la parole, c’est la solidité de cette opposition qu’il faut maintenant mettre à l'épreuve. Je repartirai du commentaire aux Galates de 1519, dont on a vu le rôle qu’il joue dans la chronologie de la découverte luthérienne. L’incipit Paulus apostolus donne lieu à un premier développement sur l’apostolat et l’humilité : >«@©$S{WUHªHVWXQQRPYpQpUDEOHPDLVGHIDoRQpWRQQDQWHLOHVWWRXWjOD fois majestueux et adorable, portant côte à côte en lui une humilité et une hauteur insignes. L’humilité, c’est qu’il est envoyé et qu’il témoigne des devoirs, de la servitude et de l’obéissance qui sont les siens […]
78. Voir supra, n. 23. 79. Le composé Demutstheologie est utilisé dans le cours de la querelle. Bizer le reprend à son compte, Cf. Fides ex auditu, p. 200-201. 80. Die Vorlesung über den Römerbrief, WA 56, 270, 6-7 (scholie à Rm 4, 7), cité par E. BIZER, Fides ex audituS©VLF,XVWXVLQSULQFLSLRHVWDFFXVDWRUVXLª 81. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 15, 22, 51, voir aussi 63 et 118. 82. Ibid., p. 16, 20, 29, 33-34. 83. Ibid., p. 23, 194. 84. Voir ibid., p. 24, 64. 85. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 452, 14-17 : « Haec magis consyderanda sunt, quod ‘Apostolus’ verecundum nomen est, sed mire simul augustum ac venerabile, insignem iuxta humilitatem et sublimitatem prae se ferens. Humilitas est, quod missus est, RI¿FLXPVHUYLWXWHPREHGLHQWLDPSURWHVWDWXV>«@ª
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À la suite, une critique de l’Église nostra aetate, qui ignore la « hauteur HWODPDMHVWpGHO¶HQYR\pHVFODYHªPrOH-QSDUDEROHGXEHUJHU jQRWUH chapitre de Rm 10 : Tous ceux, dit-il, qui sont venus – c’est-à-dire sans avoir été envoyés – sont des voleurs et des brigands. Et comme le dit l’Apôtre en Rm 10 : Comment prêcheront-ils, s’ils ne sont pas envoyés ?
'HWHOOHVDWWDTXHVVRQWWRXWjIDLWWUDGLWLRQQHOOHVFHVRQWFHOOHVTX¶RQOLVDLW dans le commentaire à l’épître aux Romains, sous Rm 10, 14, à propos des faux prêcheurs. On sera donc libre de considérer que la mention de Rm 10 DXYRLVLQDJHG¶XQpORJHGHO¶KXPLOLWpGH3DXOQ¶HVWULHQG¶DXWUHTX¶XQ©UHVWHª FRPPH GLW %L]HU GH © O¶DQFLHQQH SHQVpH GH /XWKHU ª VLPSOHPHQW LVVX GX locus de la vocation apostolique. Dans ce cas cependant, il faudra expliquer que, presque dans le même temps, le deuxième commentaire aux Psaumes de GDQVXQORQJGpYHORSSHPHQWVXUODYRFDWLRQVDFHUGRWDOHGp¿QLVVH celle-ci expressément par les devoirs qu’impose la parole, RI¿FLXPYHUEL. Le YHUVHWDVVRFLpHVWDORUV0DODFKLHVXUOHV©OqYUHVGXSUrWUHªHWO¶KXPLOLWp devient une qualité requise pour « transmettre simplement et seulement cette OLEUHSDUROHª3DUO¶KXPLOLWpODOLEHUWppYDQJpOLTXHV¶LPSODQWHGDQVODSDUROH devenue principe : telle parole, tel Dieu, telle foi, solo verbo.
86. Ibid., WA 2, 452, 25-26 : « Quotquot, inquit, venerunt, id est non mittebantur, fures VXQW HW ODWURQHV (W XW$SRVWROXV 5KR [ >@ 4XR PRGR SUDHGLFDEXQW QLVL PLWWDQWXU" ª L’entrelacement des deux versets fait entendre, dans les infrasons de l’exégèse, l’auditus de Rm 10, 17 dans le sed non audierunt eos oves de Jn 10, 8. 87. Voir supra, n. 52-53. 88. E. BIZER, Fides ex auditu, p. 197, Cf. 192. La mention de Rm 10 constitue toutefois un ajout GXFRPPHQWDLUHLPSULPpGHHWQH¿JXUHSDVGDQVOHFRXUVGHCf. supra, n. 62) : Cf. la glose de ce cours en WA 57, 5 [pagination séparée], 7, 17-23 et les scholies, WA 57, 53, 3-12. 89. Operationes in Psalmos, WA 5, 255, 5 – 263, 18, sur Ps 8, 3, Ex ore infantium et lactentium SHU¿FLVWLODXGHP (avant janvier 1520). Dans ce texte qui mériterait une étude plus longue, voir WA 5, 259, 11-20 : « Sit ob hoc timidus et humilis, quicunque populo Christi in verbo preest, et magis orationis puritate quam industriae studet liberum verbum et solum simpliciter tradere, commendans deo tam suam linguam quam auditorum animas. […] Quale enim est verbum, talis populus, talis deus, talis cultus, talis conscientia, talia opera et omnia. $GHRLQKRPLQHRPQLDDJXQWXUYHUERVRORª:$©+RUXPLQTXDPHVWTXDP maxime observare, ut mittente deo veniant, sicut Rm. x. [15] dicit ‘Quomodo praedicabunt, nisi mittantur ? sicut scriptum est : quam speciosi pedes Euangelizantium. Et Malach. ij. [7] ‘labia sacerdotis custodium scientiam et legem requirent in ore eius, quia angelus domini exercituum est’. De reliquis vero, qui vel ad Episcopatus vel Canonicatus et id genus DOLD VDFHUGRWLD YHQLXQW LQ TXLEXV QRQ HVW RI¿FLXP YHUEL QRQ DUELWURU HVVH QHFHVVDULDP vocationem, quandoquidem in his hodie vix aliud quam privatum studium serviendi deo TXDHULWXU>«@ª
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Il paraîtra donc plus simple de penser qu’à l’orée des années 1520, Luther a inventé une manière nouvelle de lier l’une à l’autre les deux exigences de l’humilité et de la parole seule. De cette innovation, je trouve la première trace en juillet 1518 dans le commentaire aux Dix commandements, qui ratWDFKHO¶LQYRFDWLRQGXQRPGLYLQjO¶©KXPEOHFRQIHVVLRQªSDUOHFUR\DQWGH son indignité. Le travail de réécriture auquel le Luther de 1518-1519 soumet sa prédication et son enseignement des années précédentes a joué un grand rôle et permet d’établir que l’innovation a été ici consciemment formulée. Les fortes implications ecclésiologiques de Rm 10 expliquent que le chapitre ait trouvé sa place à l’intérieur de la production que Luther commence à destiner aux prédicateurs de Wittenberg. La première postille de 1519-1521 pour OHVTXDWUHGLPDQFKHVGHO¶$YHQWHQOLYUHXQERQWpPRLJQDJHHOOHOLHGHQRXveau autour de la ¿GHVH[DXGLWX l’humilité requise des prêtres à l’exigence du verbum solum.
90. Comme le commentaire aux Galates de 1519 (Cf. supra, n. 62, 88), les Decem praecepta Wittenbergensi praedicata populo sont une réécriture : le texte publié en juillet 1518 reprend GHV SUpGLFDWLRQV SURQRQFpHV HQWUH OD ¿Q MXLQ HW OH &DUrPH GH 'DQV OH WH[WH considéré (WA 1, 470, 4 – 471, 29), Luther soutient que la formulation négative de plusieurs FRPPDQGHPHQWVUHYLHQWjXQH©DI¿UPDWLRQH[WUrPHPHQWpQHUJLTXHª/¶LQYRFDWLRQGXQRP de Dieu dans le deuxième commandement en donne un exemple (Cf. supra, n. 62-68). La théologie du nom est ici une théologie de l’humilité : « Omnis qui invocat nomen Domini salvus erit [Jl 3, 5 = Rm 10, 13], Vult ergo assumi nomen dei assidua reverentia et timorosa LQYRFDWLRQH PDJLV DXWHP JORUL¿FDUL HW EHQHGLFL KXPLOL VXDH LJQRPLQLDH FRQIHVVLRQH ª (WA 1, 470, 31-34). Le propos se développe à partir de Rm 10, 13-14 : « Non assumi nomen HLXVLQYDQXPHVWFUHGHUHLQQRPHQHLXVHWLSVXPLQ¿GHLVSLULWXVLQWXVLQYRFDUHHWJORUL¿FDUH Quomodo enim invocabunt, in quem non crediderunt ? omnis enim qui invocat nomen GHL VDOYXV HULW ª :$ /D FRQFOXVLRQ SODFH O¶humilitas au nombre des vertus enseignées par une interprétation spirituelle des commandements : « Ex quibus omnibus patet, quod decalogus ad literam sonans recte in spiritu exponitur a Christo et Apostolis, ubi docent ¿GHP VSHP FKDULWDWHP REHGLHQWLDP UHYHUHQWLDP KXPLOLWDWHP PDQVXHWXGLQHP SDFHP patientiam, modestiam, castitatem, paupertatem, bonitatem, benignitatem, hylaritatem, PXWXDPEHQHYROHQWLDP Fª:$ 91. Enarrationes epistolarum et euangeliorum, quas postillas vocant (1521), WA 7, 511, 4-15, Evangelium Dominicae III, sur Mt 11, 2-3 : « […] quod doctores verbi in Ecclesia non VXQWQLVLPLQLVWUL&KULVWLHWGLVSHQVDWRUHVP\VWHULRUXPGHLKRFHVWVXQWLQRI¿FLR,RKDQQLV populos non sibi, sed Christo subiicientes, docendo legis intellectum et cognitionem gratiae, simul peccata revelantes et peccatorum remissionem. […] Nec enim nisi per verbum dei YHQLW ¿GHV HW JUDWLD XW 5RPD [ > @ µ4XRPRGR FUHGHQW TXHP QRQ DXGLHUXQW" (UJR ¿GHVH[DXGLWX¶TXDUHLGHPHVWHVVHPLQLVWUXP&KULVWLHWGLVSHQVDWRUHPP\VWHULRUXPGHL TXRG DQJHOXP DQWH IDFLHP &KULVWL SUDHSDUDWRUHP YLDH HW ¿GHL &KULVWL LQ KRPLQLEXV ª /D suite du texte relève les résistances opposées à la prédication de l’Évangile. L’humilité et le solum verbum se lient ici : « Adeo scilicet humanus sensus pertinaciter et semper alia via TXDHULWVDOXWHPTXDPSHU&KULVWXPLGHVWKXPLOLWDWHPHWDEQHJDWLRQHPVXLTXDHHVWLQ¿GH $EKRUUHWHQLPLQQLKLOXPUHGLJLHWVRORYHUER¿GHLYLYHUHSXWDQVVHVXLVRSHULEXVHWVWXGLLV HWLDPQRQQLKLOSRVVHª:$
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Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX
Il ne s’agit pas d’accorder une ancienne théologie de l’humilité à une nouvelle théologie de la parole : l’innovation de 1519 n’a rien d’un compromis. C’est bien de parole qu’il s’agit. Dans les années qui suivent 1521, l’éloge des SUpGLFDWHXUVV¶LQWqJUHjXQHGp¿QLWLRQGHFHTX¶Évangile veut dire. Le comPHQWDLUHDX[*DODWHVDOjHQFRUHpWpSLRQQLHUO¶eYDQJLOHHVWXQH©YRL[ªHW déjà les prédicateurs de Rm 10 ne sont pas loin/DYRL[HVWXQ©VRQªHW Luther met fortement l’accent sur cette propriété physique et extérieure de l’annonce de l’Évangile. L’extériorité de la voix est une condition à l’intériorisation de la foi, comme dans cette trace laissée par une prédication d’août 1525 : Paul : personne n’accède à la foi autrement que par l’écoute [Rm 10, 17]. Bien que l’Esprit saint soit donné dans le cœur, ainsi que cela est exposé plus loin GDQVQRWUHeYDQJLOHHWELHQTXHODSDUROHH[WpULHXUHQHVXI¿VHSDVLOFRQFOXW que la foi n’est donnée à personne autrement que par la parole extérieure. L’Évangile est par conséquent un son qui va par toute la terre en disant que le Christ est le sauveur. C’est par ce son qu’il entre à l’intérieur et apporte l’Esprit saint. Et par conséquent aussi, rien n’aide à croire, aucune œuvre, à l’exception de ce son qui parle du Christ.
Les postilles de cette époque le disent aussi en allemand : eusserlich wort, au moment où le solum verbum se formule en vernaculaire et où « prédicaWLRQªVHPEOHV¶LPSRVHUSRXUWUDGXLUHO¶auditus de Rm 10, 17. À la suite du verset on lit, dans un texte déjà cité de la Festpostille (1527) : Il s’ensuit qu’ils agissent comme des insensés, ceux qui, contre l’ordre divin et son institution, méprisent et rejettent la parole extérieure, en pensant que l’Esprit saint et la foi viendront à eux sans aucun instrument.
92. In epistolam Pauli ad Galatas commentarium, WA 2, 466, 27-28 sur Ga 1, 11-12 : « Igitur vox euangelii dulcis est, ut sponsa in Canticis [1, 2] : Sonat vox tua in auribus meis, vox HQLP WXD GXOFLV ª 3HX DYDQW /XWKHU D OLYUp XQH SUHPLqUH HVTXLVVH GH WKpRORJLH GX QRP WA 2, 466, 9-15 : « At de euangelio dicit Lucae ultimo [Lc 24, 46-47] : Sic oportuit Christum pati et a mortuis resurgere et praedicari in nomine eius (nota insigniter ‘in nomine eius’, non ‘nostro’) poenitentiam et remissionem peccatorum in omnes gentes. Ecce praedicatio remissionis peccatorum per nomen Christi, hoc est Euangelium. Et Rhoma. x. [15] Quam speciosi pedes euangelisantium pacem, annunciantium bona, id est remissionem peccatorum HWJUDWLDPOHJLVSOHQLWXGLQHPSHU&KULVWXPª 93. Predigten des Jahres 1525, no DRW :$ , VXU 0F (guérison du sourd-bègue) dans la brève reportatio de Rörer : « Paulus : nemo venit ad ¿GHPQLVLSHUDXGLWXP>5P@TXDQTXDPGHWXUVSLULWXVVDQFWXVLQFRUXWVHTXLWXULQ (XDQJHOLR HW QRQ VDW HVW YHUER H[WHUQR WDPHQ FRQFOXVLW TXRG QHPLQL GDW ¿GHP QLVL SHU verbum externum. Ergo Euangelium est sonus, qui in terram totam it, quod Christus est VDOYDWRU3HUKXQFVRQXPYHQLWLQWXVHWDGIHUWVSLULWXPVDQFWXP(WHUJRQLKLOLXYDWDG¿GHP QHFRSXVQLVLVRQXVGH&KULVWRª 94. Voir supra, n. 50 et 76 sur ce texte de la Stephan Roths Festpostille LFLHQ:$ II, 460, 23-28 : « Auß dem folget, das die nerrisch thun, ja widder Gottes ordnung und
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La présence d’un texte comme celui-ci dans la production ecclésiale de Luther en ces années n’a rien pour surprendre : en 1527, l’Église de Wittenberg FRPEDWGHSXLVFLQTDQVVXUOHVHFRQGIURQWRXYHUWSDUOHV©LQVHQVpVªGHOD Réforme radicale, comme ils sont ici nommés. Mais dans l’histoire que j’essaie ici de reconstituer, ce combat me semble constituer à la fois un tournant et un révélateur. Une de ses propriétés les moins souvent notées est en effet celle-ci : la synthèse de 1519 entre principe du solum verbum et doctrine de la vocation pastorale, progressivement enrichie par la caractérisation de l’evangelium comme praedicatio, est dirigée par Luther contre les théories inspiratistes qui entendent arracher la parole divine à son support écrit et sacramentel. La présence, dans la synthèse luthérienne, d’une théologie transformée de l’humilité va donner lieu à l’un des plus étonnants retournements qu’on puisse observer au cours des années 1520 et plus généralement dans les débuts de la Réforme. Une des premières stratégies de Luther contre les Schwärmer ou « émeuWLHUVªDFRQVLVWpjDVVLPLOHUOHXUHQWUHSULVHjXQDVFpWLVPHHWGRQFjXQQRXveau papisme. Le commentaire du Deutéronome de 1525 expose contre « nos SOXVUpFHQWVSURSKqWHVªXQH©VRPPHHWXQRUGUHYpULWDEOHGHODYLHFKUptienne qui dépend de la parole, commence avec elle et se poursuit jusqu’aux °XYUHV GH FKDULWp HQYHUV OH SURFKDLQ ª. L’audire du verset commenté de Dt 18, 19 (Qui autem audire noluerit, ego requiram) permet de présenter cet ©RUGUHªjSDUWLUGHOD¿GHVH[DXGLWX mais aussi des versets de Rm 10, 10-11 sur la confession de foi, qui prennent une tonalité électionniste assez rare chez Luther : 8QHIRLVODSDUROHHQWHQGXHO¶(VSULWVDLQWQRXVHVWGRQQpTXLSDUODIRLSXUL¿H OHF°XU5P>@©ODIRLYLHQWGHO¶pFRXWHªFHUWHVSDVSRXUWRXVFHX[TXL pFRXWHQWPDLVSRXUFHX[TXH'LHXDYRXOXV/¶(VSULWVRXIÀHRLOYHXWHWQRQ R QRXV YRXORQV >«@ /RUVTXH OH F°XU HVW DLQVL MXVWL¿p HW DSDLVp SDU OD IRL
eynsetzung, die das eusserliche wort verachten und verwerffen, mainen, der hailig geyst unnd der glawb soll on mittel zuo jn kommen, das wirt noch lang nicht geschehen, Geschichet es aber etlichen, so ist es was sonderlichs, durch die gemeine banck hin ists also, das Got sein KHLOLJHQJHLVWRQGDVHXVVHUOLFKZRUWQLFKWJHEHQZLO>«@ª 95. 'DQV OH UHQRXYHDX GHV pWXGHV VXU OHV UDPL¿FDWLRQV GH OD 5pIRUPH UDGLFDOH MH PHQWLRQQH seulement A. SCHUBERT (dir.), Grenzen des Täufertums – Boundaries of Anabaptism. Neue Forschungen, Gütersloher Verlagshaus, Gütersloh 2009 (« Schriften des Vereins für 5HIRUPDWLRQVJHVFKLFKWHª 7KKAUFMANN, Thomas Müntzer, “Zwickauer Propheten” und sächsische Radikale. Eine quellen- und traditionskritische Untersuchung zu einer komplexen Konstellation, Thomas-Müntzer Gesellschaft, Mühlhausen 2010 (« Publikationen GHU7KRPDV0QW]HU*HVHOOVFKDIWª $NELSON BURNETT, Karlstadt and the Origins of the Eucharistic Controversy. A Study in the Circulation of Ideas, Oxford University Press, 1HZ«@&HQ¶HVWSDVHQHIIHWSDUO¶pFRXWHGHODSDUROH TX¶LOVPpSULVHQWRUJXHLOOHXVHPHQWPDLVSDUODPRUWL¿FDWLRQTXHO¶(VSULWOHXU vient.
97. Ibid.:$©$XGLWRDXWHPYHUERGDWXUVSLULWXVVDQFWXVTXL¿GHSXUL¿FDWFRU 5R>@µ¿GHVH[DXGLWX¶QRQTXLGHPRPQLEXVTXLDXGLXQWVHGTXLEXV'HXVYROXHULW 6SLULWXV HQLP VSLUDW XEL YXOW QRQ XEL QRV YROXPXV >«@ &RUGH DXWHP VLF LXVWL¿FDWR HW SDFDWRSHU¿GHPLQVSLULWXLQWXVPR[LWXUDGH[WUDYDULLVPRGLV3ULPR¿WRUHFRQIHVVLRLQ salutem et praedicatur verbum foris, quo nos intus salvati sumus, ut salventur et alii per nos TXHPDGPRGXPHWQRVSHUSULRUHVQRELVXWDXJHDWXU5HJQXP&KULVWLª 98. Ibid., WA 14, 680, 35 – 682, 1, étapes suivantes de l’ordo Christianae vitae : « Secundo invaditur vetus ille homo noster, in quo reliquiae sunt peccati, quae lege sua in membris pugnant adversus spiritum, ut non faciamus, quae velit VSLULWXV+LFDJLWXUPRUWL¿FDWLRLOOD FDUQLV7HUWLR IUXFWL¿FDQWXU ERQD RSHUD WHVWHV ¿GHL HW VSLULWXV HUJD SUR[LPXP LQ FKDULWDWH benignitate, pace, bonitate etc., Gal. 5. [22] ». 99. Les deux versants de cette doctrine sont parcourus dans le texte, Cf. WA 14, 681, 14-18 : « Primum et ante omnia audiendus est Propheta ille, de quo Mose hic dicit, hoc est, salus nostra non incipit ab ullo nostro opere sed ab auditu verbi vitae. Siquidem et lex ideo praecedit, ut humiliet et ostendat peccatum doceatque nos nihil posse viribus nostris, Roma. >@µ/H[LUDPRSHUDWXU¶>«@ª±0rPHSRVLWLRQGDQVOHWH[WHGHODFestpostille de Roth cité supraQVXUODSDUROHFRPPH©FRPPHQFHPHQWGXVDOXWªRQOLWjODVXLWH:$,, 201, 12-15 : « Also mus auch Moses vorher gehen und die suenden lernen fuolen, auff das die gnade susse werde und angeneme. Drumb ists verlorn, wie freundlich und lieblich Christus furgebildet wird, wo nicht zuvor der mensch durch seyn selbs erkentnis gedemuotiget und EHJ\ULJZLUGQDFK&KULVWR>«@ª/DORLKXPLOLHOHSpFKpPDLVHVWGpWUXLWHSDUO¶eYDQJLOH 100. Deuteronomion Mosi cum annotationibus, WA 14, 682, 4-11 : « Hoc ordine omisso 3URSKHWDHLVWLQRYHOOLVLFLQFHGXQW3ULPRDSSUHKHQGXQWPRUWL¿FDWLRQHP+DQFSDUWLXQWXU in multos gradus seu pondera, quae diversis nominibus appellant, ut alius est in deterenda crassicie, alius in admiratione, alius in disciplina, alius in suspensione, alius in evacuatione creaturae, et nulli iusticiam concedunt, nisi donec per hos gradus profecerit usque ad
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/HSDUDOOqOHLQLWLDOHPHQWFRQVWUXLWHQWUHOHV©QRXYHDX[SHWLWVSURSKqWHVª HWOHV©SRQWLIHVHWSULQFHVG¶DXMRXUG¶KXLªVHUHIHUPHGDQVFHWWHDVVLPLODWLRQ UHPDUTXDEOH GHV WHFKQLTXHV G¶LQVSLUDWLRQ ± © DGPLUDWLRQ ª © VXVSHQVLRQ ª RX©pYDFXDWLRQGHODFUpDWXUHª±DX[SUDWLTXHVGHPRUWL¿FDWLRQ. À égale GLVWDQFHGHVXQHVHWGHVDXWUHV/XWKHUDI¿UPHG¶DERUGOHSRXYRLUVRXYHUDLQ d’une parole qui ne se donne qu’à écouter. %L]HU UHSqUH GqV FHWWH FRQVWUXFWLRQ G¶XQH © KXPLOLWp YpULWDEOH ª GpULYpH±HWGpULYpHVHXOHPHQW±GHODMXVWL¿FDWLRQSDUODIRLHWLOODVRXOLJQH à proportion sans doute de sa parfaite orthodoxie. Le cours pris dans les années 1520 par la controverse interne à la mouvance réformatrice impose FHSHQGDQWj/XWKHUGHVLQÀH[LRQVjSUHPLqUHYXHEHDXFRXSPRLQVFODLUHV La ¿GHVH[DXGLWX s’est transformée sous la plume de Luther en formule de FRPEDWFRQWUHOHVUDGLFDX[HQYHUWXG¶XQHH[LJHQFHTXLOLYUHVDQVGRXWHOH¿Q mot du logocentrisme : sauver l’autorité de l’ÉcritureHQDI¿UPDQWVRQFDUDFtère parlé et donc écouté. Une prédication de 1529 détaille de nouveau la « très pOpJDQWHFKDvQHHWJUDGDWLRQªGH5PjSDUWLUGXQuicunque invocaverit du discours de Pierre en Ac 2, 21. Le point de départ est situé dans l’invocation FRPSULVHFRPPH©°XYUHYpULWDEOHGHODIRLªTXLQHSHXWVHWHUPLQHUTX¶HQ ©'LHXOXLPrPHªHWH[FOXWG¶HQDSSHOHUjGHV©PpGLDWHXUVª©VDLQWVELHQYHLOODQWVªHWDXWUHVLQWHUFHVVHXUV. À l’autre bout de la chaîne se trouve la vocation des prédicateurs. Luther veut montrer que la nature de l’invocation détermine celle de la vocation : il ne s’agit pas d’une quelconque « invocation H[WpULHXUHªPDLVGHO¶©°XYUHªPrPHSDUODTXHOOHQRXVVRPPHVVDXYpVVRLW ©O¶LQYRFDWLRQGXQRPGH'LHXTXLFRPPHQFHGDQVO¶pFRXWHGHODSDUROHª.
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SHUIHFWDP PRUWL¿FDWLRQHP 7XP UHSOHQWXU VSLULWX VDQFWR XW RPQLD SRVVLQW RPQLD QRULQW RPQLD YHOLQW 1RQ HQLP H[ DXGLWX YHUEL TXRG JORULRVH FRQWHPQXQW VHG H[ PRUWL¿FDWLRQH YHQLWLOOLVVSLULWXVª Ibid.:$©+LQFYLGHVTXDPVLQWIXULRVL3RQWL¿FHVHWSULQFLSHVKRGLHTXL KDHUHWLFRVDXWLPSLRVYLDG¿GHPFRJXQWHWFRJLQROHQWHVRFFLGXQWHWH[XUXQWªHW « Eodem furore sed alia specie insaniunt isti recentiores nostri Prophetae, qui, postquam vana gloria obsessi voluerunt meliora et altiora docere quam verbum vitae, quod denuo nobis &KULVWXVUHSDUDYLWKLVGLHEXVHRIHUXQWXUVSLULWX6DWDQDHXWULGHDQWGRFHULDQRELV¿GHPHW FKDULWDWHPª E. BIZER, Fides ex auditu, p. 130, avec la n. 32. Predigten des Jahres 1529, no 38, 19 mai 1529, WA 29, 379, 15-22 : « Hunc locum Paulus lacius explicat Ro. 10. [14] ‘Quomodo invocabunt eum in quem non crediderunt ? quomodo in eum credent, de quo non audierunt’ usw. ibi pucherrima catena et gradacione utitur, quomodo oriatur illa invocacio. Econtra nos experti sumus hactenus in incredulitate nostra, ubi plus sanctos propicios invocavimus quam deum ipsum. Ich habe sie zw nothelffern angeruffen. Tu DXWHPVFLWR,QYRFDUHHVVHRSXV¿GHLHUJRLQFUHGXOLVXRVDOLRVPHGLDWRUHVHWRSHUDLQYRFDQW QHVFLHQWHV¿GH$QUXIIHQKHQJHWDPJODZEHQLOOLXVTXHYHUXPRSXVª Ibid.:$©/RFXVDXWHPLOOHQRQHVWGHH[WHUQDYRFDFLRQHDOLTXDDXWDOLLV¿GHL fructibus hic loquitur, sed de hoc opere quo salvamur, scilicet Invocacione nominis domini TXDHLQFLSLWH[DXGLWXYHUELª
Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX
Sans transition, mais avec la sûreté de qui suit une intuition qu’il n’a pas à MXVWL¿HU/XWKHUHQFKDvQHjFHUHIXVGHO¶©LQYRFDWLRQH[WpULHXUHªOHUHMHWGH O¶©pFRXWHVSLULWXHOOHª/DFULWLTXHGHVSchwärmer fait le lien : Adieu aux Schwermerii qui lacèrent ce passage, ‘Fides ex auditu’. Ils disent : il s’agit d’une écoute spirituelle, mais moi je vais révéler ton impiété. Si l’écoute était spirituelle, il s’ensuivrait que les prédicateurs et leur mission ne seraient pas corporels, mais tout spirituels. […] Tu vas donc laisser le prédicateur être une personne physique, qui prêche une parole physique en recevant intérieurement l’enseignement de Dieu.
/¶© °XYUHGHODIRLª UHTXLHUWGHV SUpGLFDWHXUV GHFKDLU 'DQV OHV DGDStations ultérieures des prédications sur le Deutéronome données à la même époque par Luther, c’est la parole elle-même qui reçoit les prédicats d’extériorité et d’oralité. La ¿GHVH[DXGLWX y gagne une nouvelle traduction allemande : « la foi vient de l’écoute, mais l’écoute vient de la parole oraleªRQ parle alors de l’Eusserliches Muendliches Wort, parole orale-externe objectée toujours aux Schwermer. /¶©DGLHXªDX[UDGLFDX[VHUHWURXYHHQWRXWHVOHWWUHVGDQVOHFRXUVGH VXU,VDwHWRXMRXUVVRXWHQXSDU5P/DSDUROHSDUOpHHVWODvox clamantis in deserto en Is 40, 3 : Adieu à tous les Schwermerii. Toi, note : le principe de toute science spiriWXHOOHHVWFHWWH©YRL[TXLFULHªFRPPH3DXOOHGLWDXVVL5P>@©FRPPHQWFURLURQWLOVVDQVSUpGLFDWHXU"ª
105. Ibid., WA 29, 381, 13-17 : « Valeant Schwermerii qui hunc locum lacerant ‘Fides ex auditu’. Szo sprechen sie : Ja es ist eyn geystlich horen. Sed ego tuam impietatem aperiam. Si auditus esset spiritualis, sequeretur Praedicatores et Missionem non esse corporalem, sed omnino spiritualem. […] Dw wirst myr den prediger jha lassen eyn leyblich person seyn, qui FRUSRUDOLWHUYHUEXPSUDHGLFHWGRFHQWHGHRLQWHUQHª 106. Predigten über das 5. Buch Mose (1529, publication allemande en 1564 par Johannes Aurifaber), WA 28, 575, 22 – 576, 21, en part. : « Du must, sagen sie, den Geist haben, aber wie ich den Geist haben kan, das wollen sie mir nicht lassen : Nu wie kan ich den Geist uberkomen und gleuben, wenn man mir nicht prediget das Wort Gottes und die Sacrament reichet ? Jch mus das Mittel haben, denn der Glaube koemet aus dem gehoer, das gehoer aber GXUFKGDV0XHQGOLFK:RUW5RPDP]HKHQGHQ>@ª/Dreportatio des prédications par Georg Rörer parle aussi de verbum externum (WA 28, 575, 5). 107. Vorlesung über Jesaias (1527-1530):$,,©9DOHDQWRPQHV6FKZHUPHULL Tu nota : Principium omnis spiritualis scienciae est illa ‘Vox clamantis’, sicut et Paulus Ro. >@µ4XRPRGRFUHGHQWDEVTXHSUDHGLFDQWH"¶ª/XWKHUFRXSHOHYHUVHWHQGHX[VHJPHQWV non conformes au sens, Vox clamantis in deserto / Parate viam domini.
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Adieu, donc, aux fauteurs de trouble « qui méprisent la parole, assis dans leur coin, en attendant la révélation de l’esprit, tout accès barré à la voix de SDUROHª. Le texte synthétise beaucoup d’aspects de la réponse de Luther à la Réforme radicale : parallèle avec l’Église de RomeLGHQWLWpGHOD©YRL[ª et de la prédication qui commande le renvoi à Rm 10 FpOpEUDWLRQ HQ¿Q de la liberté évangélique appariée à une parole « ouverte à tous, découverte, HUUDQWHªFRPPHOHGpVHUWGRQWSDUOHOHSURSKqWH. Plus qu’ailleurs toutefois, O¶HI¿FDFLWpGHODSDUROHUHWLHQW/XWKHU 3HUVRQQHQHGHYLHQGUDVSLULWXHOVDQVFHWWHYRL[7HOOHHVWO¶HI¿FDFLWpGHFHWWH voix. Adieu aux Schwermerii […]
Les SchwermeriiPpSULVHQWODOHWWUHHWYHXOHQWGX©VSLULWXHOª,OVLJQRUHQW TXHODSDUROHHQHVWO¶XQLTXHRUJDQHHI¿FDFHO¶eFULWXUHVHXOHHVWXQHYRL[QXH 0DLVLOVLJQRUHQWHQFRUHFHFLODYRL[HVWODYUDLHPRUWL¿FDWLRQ(OOHO¶HVWSDUFH TXHQRXVQHVRPPHVSDVFDSDEOHVGH©YLGHUQRWUHkPHGHVHVVSpFXODWLRQVª HQVXLWHSDUFHTXH©ODFKDLUQ¶DSDVHQFRUHpWpPRUWL¿pHHQWRLª 0DLVWRLHQHQWHQGDQWODSDUROHWHYRLOjYLWHPRUWL¿pWXYLGHVWRQkPHHWVDQV elle ça n’arrivera jamais.
La parole performe l’humilité, d’une énergie qui semble instantanée : strenue/DPRUWL¿FDWLRQGRQWLOV¶DJLWQ¶HVWQLFHOOHSUpOLPLQDLUHGHODORLQL FHOOHVXERUGRQQpHGHO¶©RUGUHGHODYLHFKUpWLHQQHªGRQW/XWKHUSDUODLWDLOleurs. Un espace s’ouvre ici, Luther le parcourt dans la suite du commentaire.
108. Ibid.:$,,©9DOHDQWQRVWUL5RWWHQVHVTXLYHUEXPVSHUQXQWVHGHQWHVLQ DQJXOLVH[SHFWDQWHVVSLULWXVUHYHODFLRQHPVHFOXVDYRFHYHUELª 109. Ibid.:$,,©0DQVROGHVW\OOHVLF]HQXIIH\QHPZ\QFNHOHWLWDVSHFXODFLRQLEXV HYDFXDUH WXQF UHSOHELW DQLPDP VSLULWXV VDQFWXV +RF WUDGLGHUXQW HFLDP =RSKLVWDH ª /HV ©VRSKLVWHVªVRQWOHVWKpRORJLHQVGHVXQLYHUVLWpVCf. supra, n. 101. 110. Ibid.:$ ,, © +LF DXWHP YHQLW µ9R[¶ L H FODUD HW SHUIHFWD HW XQLYHUVDOLV SUDHGLFDFLRTXDHLQWHJUHHWJDXGHQWHUHWVXPPRFODPRUH¿QLWDPPLOLFLDPHWFRQGRQDFLRQHP SHFFDWRUXP+DHFUHFLSLXQWXUD9RFHLHPDQLIHVWDYHUELSUDHGLFDFLRQHª 111. Ibid.:$,,ROHGpVHUWHVWDOOpJRULTXHPHQWRSSRVpjODORL©3HUDQWKLWHVLQ ponitur ‘Desertum’ contra doctrinam legis. Nam lex tamquam carcer, murus et civitas munit et sepit nos. Euangelii autem vox est liberum desertum, omnibus patens et manifestatum vagum sicut desertum. Ideo legis certa circumscripsio est, Euangelii autem doctrina est OLEHUULPDHWFRQIXVLVVLPDªCf. supra, n. 89. 112. Ibid.:$,,©1HPRHI¿FLHWXUVSLULWXDOLVVLQHKDFYRFH+DHFHVWKXLXVYRFLV HI¿FDFLD9DOHDQWRPQHV6FKZHUPHULLªVXLWHGDQVO¶H[WUDLWFLWpsupra, n. 107. 113. Ibid. :$ ,, © ,QFDVVXP DXWHP KRF QLWLPXU GXDEXV UDFLRQLEXV 3ULPD quia non sumus potentes evacuare animam a speculacionibus. Der tewffel wyrdt dyr vill JHGDQFNHQEUHQJHQ6HFXQGDTXLDFDURQRQGXPHVWPRUWL¿FDWDLQWH7XYHURDXGLWRYHUER VWUHQQXHPRUWL¿FDULVHWHYDFXDVDQLPDPWXDPVXQVWJHVFKLFKWVQ\PPHUª 114. Cf. supra, n. 98.
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Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX
Parate viam DominiGLWOHSURSKqWHOD©SUpSDUDWLRQªGHFHFKHPLQGX Seigneur est prédication et humiliation, l’une et l’autre ensemble. Luther dit TX¶HVWGpFULWHLFLOD©SUpGLFDWLRQQRXYHOOHªGHODvox clamantis. Parce qu’il s’agit d’un chemin (via) HWTX¶HQKpEUHXOHFKHPLQVLJQL¿HODFRQGXLWHGHOD YLHOD©SUpGLFDWLRQQRXYHOOHªHVWSDUHOOHPrPH©YLHQRXYHOOHªYLHGLYLQH ou céleste. ,O IDXW HVVD\HU GH FRPSUHQGUH FH TXH VLJQL¿H FHWWH SUpGLFDWLRQ TXL HVW XQH YLH /¶KXPLOLWp IRXUQLW OD FOp © 1RV DXWHXUV ª FDWKROLTXHV HW UDGLFDX[ confondus, enseignent qu’une bonne préparation consiste en jeûnes, confesVLRQV©HWDXWUHV°XYUHVª&HVRQWOHV©FKHPLQVGHVKRPPHVª/HParate viamG¶,VDwHHQHQVHLJQHXQDXWUH Cette préparation, ce n’est rien d’autre que d’humilier notre présomption et notre orgueil.
© 5LHQ G¶DXWUH ª PDLV WRXW DXWUH FHWWH KXPLOLWpOj UHFRXYUH GH PRWV DQFLHQV XQH UpDOLWp QRXYHOOH ,O IDXW VH ODLVVHU VXUSUHQGUH © SUpSDUDWLRQ ª ©KXPLOLDWLRQª©PRUWL¿FDWLRQªYLHX[PRWVGHODSLpWpGHV°XYUHVGLVHQW maintenant l’effet de la parole seule. )DXGUDWLO VH Gp¿HU GX FDUDFWqUH LQFHUWDLQ GH FHV QRWHV GH FRXUV" 4XH Luther, dans sa parole de professeur, ait pu ou dû recourir à un vocabulaire traditionnel livrerait déjà un enseignement sur les conditions d’installation d’une Wort-Gottes-Theologie dans les débuts de la Réforme. Aussi bien l’éditeur des Scholia in Esaiam Prophetam, en 1532, restitue-t-il les notes de Rörer DYHF ¿GpOLWp 'H PDQLqUH IUDSSDQWH OD UHPDUTXH VXU OD PRUWL¿FDWLRQ GH OD chair est même ajoutée à la deuxième édition, procurée en août 1534 pour se rapprocher du texte de la reportatio : Car premièrement il est impossible de vider l’âme de toutes ses pensées, FRPPHFHX[FL>VFOHV©$QDEDSWLVWHVª@FRPPDQGHQWGHOHIDLUH3DUFRQVpquent, si la parole de Dieu, qu’ils enseignent à dédaigner, n’occupe pas d’abord ton esprit, ce sont d’autres pensées, paresseuses voire criminelles, qui s’empareront de toi. En outre, comment se peut-il que ces saints-là pensent quoi que FHVRLWHX[TXLQ¶RQWSDVODSDUROHHWQ¶RQWSDVHQFRUHpWpPRUWL¿pV"
115. Vorlesung über Jesaias :$ ,, © µ3DUDWH YLDP GRPLQL¶ ,EL GHVFULELWXU praedicacio illa nova vocis. Haec quoque vobis manifesta est. ‘Viam domini praeparare’ est QRYDPYLWDPVFLOLFHWGLYLQDPVXVFLSHUH1DPµ9LD¶KHEUDLFHVWXGLXPYLWDHVLJQL¿FDWª 116. Ibid. :$ ,, © µ3DUDWH YLDP GRPLQL¶ 1RVWUL DXWHP VFULSWRUHV KDQF apparacionem docent in confessione, ieiunio et aliis operibus consistere. Hae sunt viae hominum. Parare viam domini est parare, ut dominus deus in nobis operetur, ut nobis iuvet deus et vita nostra sit Christi. Via est, quod homines habeant viam celestem. Quomodo autem paratur haec via ? Parare : das man aus dem wege thut, was do hyndert. Illa praeparacio nihil DOLXGHVWTXDPKXPLOLDUHQRVDSUDHVXPSFLRQHHWJORULDQRVWUDª 117. In Esaiam Prophetam Scholia ex D. Martini Lutheri praelectionibus collecta WA 25, 251, 6-13 : « Nam primum impossibile est sic evacuare animam ab omnibus
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Si peu après le Parate viam Domini semble plus classiquement interprété dans le sens d’une confession préalable des péchés, la proximité de la parole HWGHODPRUWL¿FDWLRQQHVHPEOHSDVDYRLUSRVpGHGLI¿FXOWpVjXQpGLWHXUVRXFLHX[GHUDVVHPEOHUOHSOXVJUDQGQRPEUHSRVVLEOHGH©PLHWWHVªGXFRXUVGH Luther. Surtout, l’idée d’une préparation du chemin du Seigneur a déjà été associée par Luther à l’humilité des prédicateurs dans leur vocation à la parole seule&¶HVWPrPHLFLTXHOHVLQÀH[LRQVSURYRTXpHVSDUODFRQWURYHUVHDQWLradicale rejoignent les thèses ecclésiologiques issues dès 1519 de l’interprétation de la ¿GHVH[DXGLWX. D’une façon purement descriptive, on pourra donc conclure que Luther, GDQVOHVDQQpHVVXLYDQWVD©GpFRXYHUWHªDGHSOXVHQSOXVRXYHUWHPHQWWUDQVposé le vocabulaire de l’humilité pieuse dans sa théologie de la parole. À l’orée de la décennie 1530, l’humilité demeure un langage disponible pour dire l’innovation du solum verbum. Plus encore, elle installe les pouvoirs de la parole au cœur de l’activité exégétique de Luther, du commentaire aux Galates de 1519 aux productions ultérieures de sa Lectura in Biblia, profondément marquées par la controverse contre la Réforme radicale. Le phénomène n’est pas isolé chez Luther : à l’automne 1520, c’est la résurgence spectaculaire d’un augustinisme expressément rejeté quelques mois plus tôt qui avait donné son assise à une théologie neuve de la liberté chrétienne. De ce point de vue, l’interprétation de la ¿GHVH[DXGLWX, parce qu’elle permet de mesurer l’effet GHOD©GpFRXYHUWHUpIRUPDWULFHªSHQGDQWGL[DQVDXPRLQVMXVTXHGDQVOHV années 1530, met au jour quelques procédés ancrés dans les profondeurs du travail théologique luthérien.
118. 119. 120.
121.
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cogitationibus, ut ipsi [sc. Anabaptistas] praecipiunt. Si igitur verbum Dei, quod isti negligendum esse docent, non occupaverit animum tuum, capient te aliae quaedeam ociosae DXWHWLDPVFHOHUDWDHFRJLWDWLRQHV'HLQGHTXRPRGRSRWHVW¿HULXWVDQFWLDOLTXLGFRJLWHQWTXL HWYHUEXPQRQKDEHQWHWQRQGXPVXQWPRUWL¿FDWL",GTXRGVSLULWXVVDQFWLRSXVHVWHWQRQ hominis. Quare contra phanaticorum hominum errores sic animum tuum institue, principium et rationem unam perveniendi ad cognitionem gratiae et Euangelii esse : audire (sicut 3URSKHWDKLFGLFLW YRFHPFODPDQWHPª5PDSSDUDvWGqVODe éd. de 1532 (WA 25, 250, 35-36), et le texte est clairement dirigé contre les fanatici spiritus. Ibid., WA 25, 251, 33-34 : « Haec via sic paratur, si abiiciamus praesumptionem iusticiae et RSHUXPHWDJQRVFDPXVSHFFDWDª Cf. ibid., WA 25, 87, 18-22, avertissement de l’imprimeur. Voir le texte de la postille de 1521 cité supra, n. 91, qui peu avant la mention de Rm 10 louait les doctores verbi in Ecclesia : « Sunt enim et ipsi angeli domini, qui mittuntur ante faciem Christi, ut parent viam ante eum, hoc est, tradunt verbum Euangelii externa voce, qua KRPLQHVVLDXGLDQW SDUDQWXUXWLQWXVJUDWLDPVXVFLSLDQWª:$HWDSUqV5P O©SUDHSDUDWRUHPYLDHHW¿GHL&KULVWLLQKRPLQLEXVª Je me permets à nouveau de renvoyer à Ph. BÜTTGEN, Luther et la philosophie, ch. VIII, spéc. p. 277-283.
Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX
L’interprétation du constat est plus délicate. Qu’il soit impossible d’opposer théologie de la parole et théologie de l’humilité est chose désormais acquise. Faudra-t-il dire toutefois que l’écoute de la parole prend désormais HQ FKDUJH OHV IRQFWLRQV GH O¶KXPLOLWp HW GH OD PRUWL¿FDWLRQ RX DX FRQWUDLUH que l’effet de cette parole ne peut toujours se concevoir que sur leur modèle ? Dans un cas, l’écoute absorbe toute piété, dans l’autre elle témoigne malgré elle du caractère irréductible de l’exercice religieux. Dans un cas l’évolution de Luther plaidera pour l’avancée d’une théologie de la parole qui recouvre ou recycle ce contre quoi elle s’est d’abord conquise. Dans l’autre elle fera apparaître dans cette même théologie des racines historiques voire anthropologiques résistantes à toutes les réformes de l’Église. Les textes de Luther ne permettent pas de déceler, sur ce point, une intenWLRQ/¶pQLJPDWLTXHIRUPXOHGX©YLYUHSDUODVHXOHSDUROHªVRORYHUER¿GHL vivere, nous désigne l’endroit où la doctrine, hésitante ou muette, doit céder la place à une histoire des pratiques de piété. Étrange piété du reste, qui déplace les gestes et affects du croyant dans l’action d’une parole entendue : le performatif s’y trouve institué comme substitut incertain des œuvres, contre elles mais à leur image. À moins que Luther n’ait tout simplement retrouvé une partie du projet de Rm 10 ? L’Apôtre devait faire appel à toutes les ressources de la rhétorique, à toutes les violences de l’exégèse, à toutes les réminiscences du culte comme à autant de médiations pour énoncer l’action de la parole divine dans des termes transposables dans la parole des hommes. On a vu que l’action de la parole relance l’action, d’une manière que les théories du pouvoir performatif du langage doivent encore formaliser. Car même après que la parole souveraine a retenti, nous parlons. Avec ce constat qui ne leur convenait guère, les théologies de la parole ont pour leur part fait comme elles ont pu, non sans parfois ruser, comme il se devait.
122. ,OIDXGUDUpVHUYHUjXQHRFFDVLRQXOWpULHXUHODYpUL¿FDWLRQGHFHUpVXOWDWSDUXQHUHOHFWXUHGX 0DJQL¿FDWGH'DV0DJQL¿FDWYHUGHXWVFKHWXQGDXVJHOHJW, WA 7, 546-604). 123. Voir supra, n. 91.
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Annexe
Biblia Sacra iuxta Vulgatam versionem, Deutsche Bibelgesellschaft, Stuttgart 19833, Ad Romanos. 10 fratres voluntas quidem cordis mei HWREVHFUDWLRDG'HXP¿WSURLOOLVLQVDOXWHP 2 testimonium enim perhibeo illis quod aemulationem Dei habent sed non secundum iustitiam 3 ignorantes enim Dei iustitiam et suam quarentes statuere iustitiae Dei non sunt subiecti 4 ¿QLVDXWHPOHJLV&KULVWXVDGLXVWLWLDPRPQLFUHGHQWL 5 Moses enim scripsit quoniam iustitiam quae ex lege est qui fecerit homo vivet in ea 6 TXDHDXWHPH[¿GHHVWLXVWLWLDVLFGLFLW ne dixeris in corde tuo qui ascendit in caelum id est Christum deducere 7 aut quis descendit in abyssum hoc est Christum ex mortuis revocare 8 sed qui dicit prope est verbum in ore tuo et in corde tuo KRFHVWYHUEXP¿GHLTXRGSUDHGLFDPXV 9 TXLDVLFRQ¿WHDULVLQRUHWXR'RPLQXP,HVXP et in corde tuo credideris quod Deus illum excitavit ex mortuis salvus eris 10 corde creditur ad iustitiam RUHDXWHPFRQIHVVLR¿WLQVDOXWHP 11 dicit enim scriptura omnis qui credit in illum non confundetur 12 non enim est distinctio Iudaei et Graeci nam idem Dominus omnium dives in omnes qui invocant illum 13 omnis enim quicumque invocaverit nomen Domini salvus erit 14 quomodo ergo invocabunt in quem non crediderunt aut quomodo credent ei quem non audierunt quomodo autem audient sine praedicante 15 quomodo vero praedicabunt nisi mittantur sicut scriptum est quam speciosi pedes euangelizantium bona [Is 52, 71] 16 sed non omnes oboedierunt evangelio
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(VDLDVDXWHPGLFLW>,V,R@ Dominus quis credidit auditui nostro 17 HUJR¿GHVH[DXGLWX auditus autem per verbum Christi 18 sed dico numquid non audierunt et quidem in omnem terram exiit sonus eorum HWLQ¿QHVRUELVWHUUDHYHUEDHRUXP 19 sed dico numquid Israhel non cognovit primus Moses dicit ego ad aemulationem vos adducam in non gentem in gentem insipientem in iram vos mittam 20 Esaias autem audet et dicit inventus sum non quaerentibus me palam apparui his qui me non interrogabant 21 ad Israhel autem dicit tota die expandi manus meas ad populum non credentem et contradicentem
Luther, Das Newe Testament Deutzsch (1522), WA Deutsche Bibel 7 (1931), Die Epistel Sanct Pauli an die Roemer, p. 60 et 62. /LHEHQ EUXGHU PH\QV KHUW]HQ ZXQGVFK LVW XQG ÀHKH DXFK *RWWHV IXU Israel, das sie selig werden, 2 Denn ich gebe yhn das zeugnis, das sie eyfern umb Gott, aber mit unverstand, 3 Denn sie erkennen die gerechtigkeit nicht, die fur Got gilt und trachten yhre eygen gerechtickeyt aufftzurichten, und sind also der gerechtickeyt, die fur Got gilt, nicht unterthan. 4 Denn Christus ist des gesetzs ende, daran rechtfertig wird, wer do glewbt. 5 Moses schreybt wol von der gerechtickeyt, die aus dem gesetz kompt, wilcher mensch diß thut, der wirt drynnen leben [Leuit. 18.]. 6 Aber die gerechtickeyt aus dem glawben spricht also [Deutro. 30], Sprich nicht ynn deynem hertzen, wer will hynauff steygen gen hymel ? (das ist nicht anders denn Christum erab holen) 7 odder, wer will hynab steygen gen hymel ? (das ist nicht anders, denn Christum von den todten holen) 8 Aber was saget die schrifft ? das wort ist dyr nahe, nemlich, ynn deynem mund, und ynn deynem hertzen. Diß ist das wort vom glawben das wyr predigen, 9 Denn so du mit deynem mund bekennest Jhesum, das er der herr sey, und glewbist ynn deynem hertzen, das yhn Got von den todten aufferweckt hat, so wirstu selig, 10 Denn so man von hertzen glewbt, so wirt man rechtfertig, und so man mit dem mund bekennet, so wirt man selig. 11 Denn die schrifft spricht [Isa. 28.], wer an yhn glewbt, wirt nicht zuschanden werden. 12 Es ist hie keyn unterscheyd, Es ist allertzumal eyn herre, reych uber alle, die yn anruffen, 13 Denn wer den namen des herren wirt anruffen, sol selig werden [Joel. 2.], 14 Wie sollen sie aber anruffen, an den sie nicht glewben ? 15 wie sollen sie aber glewben, von dem sie nichts gehoret haben ? wie sollen sie aber horen, on prediger ? wie sollen sie aber predigen, wo sie nicht gesand 165
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werden ? wie denn geschrieben stehet [Isai. 52.]. Wie lieblich sind die fusse, dere, die den fride verkundigen, die das gutte verkundigen, 16 Aber sind nit alle dem Euangelio gehorsam, Denn Isaias spricht [Isa. 53.], Herre, wer hat glewbet unserem predigen ? 17 So kompt der glawbe, aus der prediget, das predigen aber durch das wort gottis. 18 Ich sage aber, haben sie es nicht gehoret ? zwar ist yhe ynn alle land außgangen yhrer schal, und ynn alle welt yhre wort [psal. 18.]. 19 Ich sage aber, hats Israel nicht erkandt ? Auffs erst spricht Moses [Deu. 32.], Ich will euch eyfern machen uber dem, das nicht meyn volck ist, und unter eynem unuerstendigen volck will ich euch ertzurnen. 20 Isaias aber ist thurstig [Isa. 65.] und spricht, Ich byn erfunden von denen, die mich nicht gesucht haben, ynnd byn erschyenen denen, die nicht nach myr gefragt haben. 21 Zu Israel aber spricht er [Isa. 65.], Den gantzen tag hab ich meyne hende außgestreckt zu dem volck das yhm nicht sagen lest, und widerspricht myr. Traduction Œcuménique de la Bible 10 1 Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils parviennent au salut. 2 Car, j’en suis témoin, ils ont du zèle pour Dieu, mais c’est un zèle que n’éclaire pas la connaissance : 3 en méconnaissant la justice qui vient de Dieu et en cherchant à établir la leur propre, ils ne sont pas soumis à la justice de Dieu. 4&DUOD¿QGHODORLF¶HVW&KULVWSRXUTXHVRLWGRQQpHOD justice à tout homme qui croit. 5 0RwVHpFULWOXLPrPHGHODMXVWLFHTXLYLHQWGHODORL L’homme qui l’accomplira vivra par elle [Lv 18, 5]. 6 Mais la justice qui vient de la foi parle ainsi : Ne dis pas dans ton cœur [Dt 9, 4] : Qui montera au ciel ? Ce serait en IDLUHGHVFHQGUHOH&KULVW 7 ni : Qui descendra dans l’abîme ? [Dt 30, 12-13] Ce serait faire remonter Christ d’entre les morts. 8 Que dit-elle donc ? Tout près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur [Dt 30, 14]. Cette parole, c’est la parole de la foi que nous proclamons. 9 Si, de ta bouche, tu confesses que Jésus est seigneur et si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. 10 En effet, croire dans son cœur conduit à la justice et confesser de sa bouche conduit au salut. 11 Car L’Écriture dit : Quiconque croit en lui ne sera pas confondu [Es 28, 16]. 12 Ainsi, il n’y a pas de différence entre Juifs et Grecs : tous ont le même seigneur, riche envers tous ceux qui l’invoquent. 13 En effet, quiconque invoquera le nom du seigneur sera sauvé [Jl 3, 5]. 14 Or, comment l’invoqueraient-ils, sans avoir cru en lui ? Et comment croiraient-ils en lui, sans l’avoir entendu ? Et comment l’entendraient-ils, si personne ne le proclame ? Et comment le proclamer, sans être envoyé ? 15 Aussi est-il écrit : Qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! [Es 52, 7] 16 0DLV WRXV Q¶RQW SDV REpL j O¶eYDQJLOH (VDwH GLW HQ effet : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? [Es 53, 1] 17 Ainsi la foi vient 166
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de la prédication et la prédication, c’est l’annonce de la parole du Christ. 18 Je demande alors : N’auraient-ils pas entendu ? Mais si ! Par toute la terre a retenti leur voix et jusqu’aux extrémités du monde leurs paroles [Ps 19, 5]. 19 -HGHPDQGHDORUV,VUDsOQ¶DXUDLWLOSDVFRPSULV"'pMj0RwVHGLW-HYRXV UHQGUDLMDORX[GHFHTXLQ¶HVWSDVXQHQDWLRQFRQWUHXQHQDWLRQLQLQWHOOLJHQWH j’exciterai votre dépit. 20(VDwHOXLYDMXVTX¶jGLUHJ’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis révélé à ceux qui ne me demandaient rien [Es 65, 1]. 21 Mais, au sujet d’Israël, il dit : Tout le jour j’ai tendu les mains vers un peuple indocile et rebelle [Es 65, 2].
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BALTHASAR HUBMAIER ET LE BAPTÊME
Catherine DEJEUMONT Université de Paris Ouest Nanterre La Défense CEREG (Nanterre) – GRENEP (Strasbourg)
« Ah, quelles répliques, d’une simplicité enfantine ! Ces discours-là, je les ai appris dans le Donat ! Et je sais, grâce à la logique, ce que sont copules explicites et implicites ª ¬ O¶pSRTXH GH OD 5pIRUPH O¶LQWHUSUpWDWLRQ GH l’Écriture est un enjeu majeur, et des remarques similaires apparaissent couramment sous la plume des auteurs engagés dans ce mouvement, en particulier ceux du camp évangélique. En l’occurrence, il s’agit d’un extrait de la discussion qui oppose Balthasar Hubmaier à Zwingli quant à l’interprétation de Matthieu 28, 18 sqSRXUOHSUHPLHUFHWH[WHDWWHVWHO¶LQVWLWXWLRQGXEDStême des croyants par le Christ, ce que conteste ce dernier, avec l’argumentation suivante : /H&KULVWGLW©$OOH]HQVHLJQH]jWRXVOHVSHXSOHVEDSWLVH]OHVDXQRPHWFª Là, les Grecs n’ont pas de etTXLOHXUIHUDLWGLUH©HQVHLJQH]HWEDSWLVH]ªPDLV © HQVHLJQH] EDSWLVH]OHV ª 1RXV YR\RQV ELHQ j FHWWH IRUPXODWLRQ TX¶LFL OH &KULVWQ¶DSDVLQVLVWpVXUO¶RUGUHGHVPRWVSXLVTXHFHVSDUROHV©EDSWLVH]OHVª ne sont pas liées à ce qui précède, mais qu’elles sont indépendantes.
1. 2.
3.
Ars Grammatica d’Aelius Donatus (Donat), le plus connu des manuels de grammaire latine et de rhétorique utilisé au Moyen Âge et au début de l’époque moderne. « Ach der schlechten kindischen gegenwürff. Jch hab der gleichen reden im Donat gelernet. $XFK ZD\ LFK DX GHU /RJLFN ZDV &RSXODWLXH H[SOLFLWH YQQG -PSOLFLWH VHLQG ª ± Ein JHVSUHFK%DOWKDVDU+ĤEP|UVYRQ)ULGEHUJ'RFWRUVDXI0D\VWHU9OULFKV=ZLQJOHQ]Ĥ=UFK 7DXIIEĤFKOHQ YRQ GHP .LQGHUWDXII (« Dialogue du Dr. Balthasar Hubmaier de Friedberg à propos du livret sur le baptême de Maître Zwingli de Zurich, au sujet du baptême des HQIDQWV ª GDQV % HUBMAIER, Schriften, éd. G. WESTIN et T. BERGSTEN, Gütersloh 1962 ©4XHOOHQ]XU*HVFKLFKWHGHU7lXIHUª >GpVRUPDLVHS], p. 167-214, ici p. 190. « Christus spricht : Hingeende, leerend alle völcker, sy Tauffende inn dem namen etc. Da haben die Kriechen kain (Vnnd), also das sy sprechen : Leerend vnnd Tauffend, sonder : Leerend, sy Tauffende. An wölcher art der red wir klar mercken, das hie Christus nit mit trang der ordnung der worten gered hat, denn diß wort : Sy tauffende, ist nit nach hin gebunden, sonder schwebt IUH\ªIbid., p. 190.
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Catherine Dejeumont
(WF¶HVWFHWWHDI¿UPDWLRQTXLSURYRTXHODUpDFWLRQGH+XEPDLHUFLWpHSUpcédemment, qui poursuit : Mais si tu veux entendre ce commandement de façon plus explicite encore, tu le trouves en Marc 16 [15 sq@©&HOXLTXLFURLWHWTXLHVWEDSWLVpªDLQVLTXHGDQV les Actes des Apôtres, au 2e chapitre [38] : « Amendez-vous, et que chacun soit EDSWLVpª&RUQHOLXVDYHFVDPDLVRQQpHDFUXHWDpWpEDSWLVp$FWHVFKDSLWUHV 10 [47 sq.], 11. Il me semble qu’ici tu as ce petit mot et de manière explicite, ce qui prouve l’ordre : enseigner, croire, puis baptiser, et que baptiser n’est pas indépendant, comme tu le fais dire, en le forçant, à ce passage.
&HWpFKDQJHO¶H[DPHQPLQXWLHX[GHVWH[WHVHWO¶DWWHQWLRQDSSRUWpHVSpFL¿quement à ce petit mot, cette copule explicite (ou implicite), sont représentatifs de la position défendue par Balthasar Hubmaier au terme d’un cheminement qui le mena de son statut de prêtre, docteur en théologie, enseignant aux universités de Fribourg-en-Brisgau et d’Ingolstadt, prédicateur renommé, à celui de patron des anabaptistes, exécuté à Vienne en 1528 après avoir, à deux reprises, fondé et dirigé des communautés anabaptistes – à Waldshut en 1525,
5.
6.
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©:LOWX DEHU \H GLVHQ EHXHOFK QRFK DXWUXFNHQOLFKHU K|UHQ VR ¿QGHVW GX HV 0DU DP [V. 15 f.] : Wölcher glaubt vnd taufft wirdt. Auch Act. am 2. ca. [V. 38] : Enderent eüch, vnd werde ein yeder getaufft. Cornelius mit seinem haußgesind hatt Glaubt vnnd ist Taufft worden, Act. 10 [V. 47 f.], 11. c. Mich gedunckt, du habest dz wörtlin (Vnd) hie außtrucklich, GDUGXUFK GLH2UGQXQJ ]Ĥ OHHUHQ]ĤJODXEHQ YQG GDUQDFK]Ĥ WDXIIHQ EH]HJWZLUW YQG GDV 7DXIIHQQLWIUH\VFKZHEWZLHGXGLHVFKULIIW]ZLQJVWªIbid., p. 190. Ce titre lui est attribué par Johannes Œcolampade dans une lettre qu’il adresse à Zwingli, datée du 2 octobre 1525 – E. EGLI et al. (éd.), Huldreich Zwinglis Sämtliche Werke [désormais ZW], t. VIII, Briefwechsel 2 : 1523-1526, Zurich 1982 (Leipzig 1914¹), p. 375 sq. (cité dans HS, n. 7, p. 10 et T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier. Seine Stellung zu Reformation und Täufertum.DVVHOS LOVHUDUHSULVSDU-RKDQQHV)DEULGDQVOHWH[WHMXVWL¿DQWOD condamnation de Hubmaier : Ursach warumb der Widerteuffer Patron unnd erster Anfenger, Doctor Balthasar Hubmayr, zu Wienn auff den zehenden tag Martij Anno 1528 verbrennt sey (« Pourquoi le Docteur Balthasar Hubmaier, patron des anabaptistes et leur premier LQVSLUDWHXUIXWEUOpj9LHQQHOHPDUVGHO¶DQª GDQV$LAUBE (éd.), Flugschriften vom Bauernkrieg zum Täuferreich (1526-1535), Berlin 1992, p. 1580-1604. Pour une biographie détaillée, voir T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier YRLU pJDOHPHQW HS S ): BAUTZ © %DOWKDVDU +XEPDLHU ª GDQV Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon W ,, +DPP S - LOSERTH © %DOWKDVDU +XEPDLHU ª dans The Mennonite Encyclopedia W ,, 6FRWWGDOH 3D S :5 ESTEP, Renaissance and Reformation *UDQG 5DSLGV 0LFK S & WINDHORST, © %DOWKDVDU +XEPDLHU ª GDQV Theologische Realenzyklopädie W ;9 %HUOLQ et al. 1986, S.5MACGREGOR, A Central European Synthesis of Radical and Magisterial Reform – The Sacramental Theology of Balthasar Hubmaier, Lanham et al. 2006. Ville de moyenne importance, qui compte alors environ un millier d’habitants, Waldshut est située sur la rive droite du Rhin, dans les territoires héréditaires des Habsbourg, à la frontière avec la Suisse, à peu près à égale distance (une cinquantaine de kilomètres) de Bâle et de Zurich (T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 94 sq. et 108). Selon K. R. MACGREGOR, A Central European Synthesis, p. 105 sq., il faudrait plutôt considérer 1523 (voire 1521) comme marquant OHGpEXWGHO¶DQDEDSWLVPHj:DOGVKXW±FHWWHDI¿UPDWLRQUHSRVHWRXWHIRLVVXUXQHDUJXPHQWDWLRQ
Balthasar Hubmaier et le baptême
SXLV j 1LFROVERXUJ HQ , et publié entre 1524 et 1527 une vingtaine d’écrits, dont environ un tiers furent consacrés à cette seule question du baptême – qu’il aborde par ailleurs également dans la plupart de ses autres textes. Du catholicisme à l’anabaptisme Le parcours intellectuel de ce contemporain de Luther peut être résumé schématiquement en quatre étapes successives. La première couvre les années allant de 1503 à 1521, pendant lesquelles il reçoit sa formation de théologien à Fribourg-en-Brisgau puis à Ingolstadt, avant d’exercer ses activités de prêtre, enseignant de théologie, prédicateur reconnu au sein de l’église catholique. La deuxième, de 1521 à 1523, marque son ouverture à l’évangélisme, sous l’impulsion initiale de Martin Luther, dont il conservera les principes herméneutiques, principes qui l’amèneront, comme celui-ci, à ne plus reconnaître que deux sacrements : le baptême et la cène&RPPHOXLLODI¿UPHTXHOD
LQVXI¿VDQWH/DGDWHGHHVWFRPPXQpPHQWUHWHQXHSDUODUHFKHUFKHGXMRXUGH3kTXHVOH 15 avril, où Hubmaier est baptisé par Wilhelm Reublin et baptise à son tour un grand nombre de ses paroissiens, au 5 décembre, où Waldshut capitule devant les troupes autrichiennes – ce qui y PDUTXHOD¿QGHO¶DQDEDSWLVPHHWOHUHWRXUDXFDWKROLFLVPH 8. Aujourd’hui Mikulov, en Moravie. Hubmaier y parvient au début du mois de juillet 1526, il est incarcéré environ un an plus tard, l’accession de Ferdinand de Habsbourg aux trônes de %RKrPHSXLVGH+RQJULH¿QD\DQWHQWUDvQpOD¿QGHOD©OLEHUWpªUHOLJLHXVHSUpYDODQW jusqu’alors dans cette région. 9. Sa date de naissance varie suivant les sources. Elle est estimée entre 1480 et 1485. 10. L’Écriture s’explique par elle-même. Telle est la règle que Hubmaier énonce dans Ein ainfeltiger Unterricht auff die wort : Das ist der Leib mein, in dem Nachtmal Christj (1526) (« Instruction sommaire concernant les paroles : Ceci est mon corpsGDQVOD&qQHGX&KULVWª – HS, p. 286-304, ici p. 292 : « Wo etlich Sprich der Schrifften dunckel sein oder mit gar NXUW]HQZRUWHQIUJHWUDJHQGDUDXVSHQHUIROJHQPHFKWHQVROOPDQGLHDXII]ĤO|VHQDQQGHU geschrifften, so etwas hayters oder Klarers sind, doch in gleicher sach, neben den tuncklen oder verkürtzten reden setzen, als vil man jr gehaben mage, vnnd soll man sy gleich wie vil ZDFKV OLHFKWHU ]ĤVDPHQ JZXQGHQ PLW DLQDQGHU DQ]LQGHQ YQG EULQQHQ ODVVHQ VR ZLUGW HLQ KHOOHUNODUHUVFKHLQGHUJVFKULIIWKHUIUEUHFKHQª©/jRFHUWDLQVSDVVDJHVGHO¶eFULWXUH sont obscurs ou présentés de façon trop concise, ce qui pourrait occasionner des désaccords, LOIDXWSRXUUpVRXGUH>FHWWHGLI¿FXOWp@SODFHUjF{WpGHFHVWRXUQXUHVREVFXUHVRXODFRQLTXHV d’autres passages, qui portent sur la même question, mais qui sont plus expressifs, plus clairs, autant que l’on en peut trouver, et, comme autant de chandelles de cire tressées les unes avec les autres, les allumer et les faire brûler ensemble, et c’est ainsi que jaillira, clair, lumineux, O¶pFODWGHO¶eFULWXUHª ±5HPDUTXHVLPLODLUHibid., p. 295. 11. Ibid., p. 301 : « Doch rede ich hye nit vonn den Kirchen Breüchen durch die menschen erdichtet, sonnder von den zweyen Ceremonien Christi, das ist von dem Tauff vnnd 1DFKWPDO NHLQHU DQQGHUQ PHU VHLQG ZLU QRWWUIIWLJ ª © 0DLV MH QH SDUOH SDV LFL GHV coutumes de l’Église, inventées par les hommes, mais des deux cérémonies du Christ, c’estjGLUHGXEDSWrPHHWGHODFqQHQRXVQ¶HQDYRQVEHVRLQG¶DXFXQHDXWUHª 9RLUpJDOHPHQW Eine christliche Lehrtafel©&DWpFKLVPHª HS, p. 306-326, ici p. 318 et Ain summ ains gantzen Christenlichen lebens©5pVXPpGHFHTX¶HVWWRXWHXQHYLHFKUpWLHQQHª
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foi est indispensable dans le sacrementHWVRXWLHQWO¶HI¿FDFLWpDEVROXHGHOD parole divine. Il ne retiendra, en revanche, ni l’anthropologie de Luther, ni sa conception de la foi, ni celle du baptême – pas plus que celle de la cène, qui fera elle aussi, à partir de 1524, l’objet d’un vaste débat. La troisième période, de 1523 et 1524, est dominée par les échanges qu’il entretient avec les réformateurs d’Alsace et de Suisse, en particulier avec Johannes Œcolampade, à Bâle, et Ulrich Zwingli, à Zurich. Il participe aux côtés de ce dernier à la deuxième GLVSXWH GH =XULFK ¿Q RFWREUH HW IDLW FDXVH FRPPXQH DYHF OXL FRQWUH Johannes Eck en 1524, mais conteste par la suite ouvertement son interSUpWDWLRQGHO¶eFULWXUHOHVGLYHUJHQFHVVHPDQLIHVWHQWGDQVODTXHUHOOHVXUOD cène, mais aussi et surtout à propos du baptême, où ses positions rejoignent
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(1525), HS, p. 112-114, entre autres exemples. (Le titre de ce dernier texte est cité en français dans la traduction de J.-M. VINCENT, voir n. 33 infra). 9RLU©'LDORJXHGX'U%DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 182 : « Vnnd doch wol wayst, wie auch das Brot ob dem tisch des herrens der todt ist on vorgehenden glauben jm hertzen. Also soll der außwenndig wassertauff gar nichts, wo der jnwenndig tauff des geysts nit ist YRUJDQQJHQª©(WSRXUWDQWWXOHVDLVELHQGHPrPHTXHOHSDLQVXUODWDEOHGX6HLJQHXU est la mort si la foi n’est pas présente dans le cœur, de même, le baptême d’eau, extérieur, n’a absolument aucune valeur s’il n’est pas précédé par le baptême intérieur, le baptême SDUO¶HVSULWª 9RLUpJDOHPHQWDer Lehrer Urteil©/HMXJHPHQWGHVPDvWUHVª HS, p. 233 et 250, et Von der christlichen Taufe der Gläubigen©'XEDSWrPHFKUpWLHQGHVFUR\DQWVª HS, p. 139-140. « dann es ist unmöglich, so das wort gottes geprediget wirt, dass es nit würcke und frucht bringe [Jes 55, 10 sq@ª©FDULOHVWLPSRVVLEOHVLOD3DUROHGLYLQHHVWSURFODPpH TX¶HOOH Q¶DJLVVH SDV HW QH GRQQH SDV GH IUXLW >(V @ ª Akten der 2. Disputation vom 26. Oktober 1523 – 8. Dezember 1523 (« Procès-verbaux de la 2e dispute de Zurich, RFWREUHGpFHPEUH ª GDQV ZW,, /HLS]LJ S LFL S YRLU également : Eine Form zu taufen©$JHQGHGXEDSWrPHª LFLHS, p. 351. Voir K. R. MACGREGOR, A Central European Synthesis, p. 110-118. Voir Axiomata – Schlußreden gegen Eck©$[LRPDWD±7KqVHVFRQWUH(FNª (1524), HS, S :/ MOORE Jr., « Catholic Teacher and Anabaptist Pupil. The Relationship EHWZHHQ-RKQ(FNDQG%DOWKDVDU+XEPDLHUªARG 72 (1981), p. 68-97, ici p. 76 sq. 9RLU©'LDORJXHGX'U%DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 212 : « Doch bitte vnd ermane ich dich vmb Gottes willen, lieber Zwingle, das du für an solher glossen vnnd Tannten miessig gangest. Als du namlich inn den wortenn Christi, das Nachtmal betreffende, auch gethon hast, GDGXRQDOOHQRWHLQ(VWIU6LJQL¿FDWDXULHIIHVW-FKKDEHVJHUHGWYRU-DUYQGWDJ]ĤHWOLFKHQ sonndern freinden : Judicium Zwingli de pane et vino placet. Modus iudicandi non placet. Doctor Sebastian wais es wol vnnd Cliuanus. Aber ich hab nit vil gschray darauß gemacht, die weyl wir in der haubtsum ains waren. […] Liesssts du bey dem ainfeltigen verstand der wort EOHLEHQZDQQ&KULVWXVKDWDLQIDOWLJNOLFKJHUHGWVREHOLEHYLOYQUDWWYHUPLWWHQª©&HSHQGDQW je te demande, je t’en conjure, pour l’amour de Dieu, cher Zwingli, de t’abstenir dorénavant de gloses et de fadaises de ce genre. Comme de celles que tu as produites lorsque, dans les paroles du Christ qui portent sur la Cène, tu as, sans raison aucune, fait d’un VLJQL¿FDW un est. Je l’ai dit, il y a des années, à un certain nombre de bons amis : Judicium Zwingli de pane et vino placet. Modus iudicandi non placet. Le Docteur Sebastian le sait bien, et Clivanus [aussi]. Mais je n’ai pas fait grand bruit autour de cela, parce que nous étions d’accord sur l’essentiel. […] Si tu en restais à la simple compréhension des mots, – le Christ a parlé avec simplicité – cela éviterait ELHQGXPDOKHXUª 6HEDVWLDQ+RIIPHLVWHUGRFWHXUHQWKpRORJLHIXWUpIRUPDWHXUGH6FKDIIKRXVH
Balthasar Hubmaier et le baptême
celles défendues par les adversaires de Zwingli à Zurich, notamment Konrad Grebel et Felix Mantz. C’est cette problématique qui sera déterminante pour la dernière période, à partir de 1525, pendant laquelle il apparaît comme le porte-parole de l’anabaptisme. Comme d’autres questions, celle du baptême fait à l’époque l’objet de UpÀH[LRQVQRPEUHXVHV/DOHFWXUHFULWLTXHGHO¶eFULWXUHLQLWLpHSDUOHFRXUDQW KXPDQLVWHSXLVSDU/XWKHUVXVFLWHGHVLQWHUURJDWLRQVTXDQWjVDGp¿QLWLRQDLQVL que des réponses diverses. L’intérêt que Hubmaier porte à cette question est exprimé en mai 1523, lors de sa première rencontre à Zurich avec Zwingli. La discussion, dont il rapporte certains extraits notamment dans le Dialogue, porte entre autres sur l’interprétation de Mt 28, 19 et sur le baptême des enfants. Cet intérêt est encore présent dans les Dix-Huit Thèses que Hubmaier proSRVHDXGpEDWHQGRQWGHX[SUp¿JXUHQWGHVDUJXPHQWVTX¶LOGpYHORSSHUD par la suite. Il s’agit de la huitième : « De même que tout chrétien croit pour luiPrPHHWUHoRLWOHEDSWrPHSRXUOXLPrPHGHPrPH>«@ª, et de la onzième
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jSDUWLUGHLOSDUWLFLSDHQDX[GHX[GLVSXWHVGH=XULFKH[SXOVpGH6FKDIIKRXVHHQ août 1525 entre autres à cause de ses sympathies pour l’anabaptisme, il fut ensuite accueilli à Zurich par Zwingli après s’être rallié à ses positions, et devint prédicateur à la cathédrale (HS, SQ 5XGROI&OLYDQXV&ROOLQXV&ROOLQ HVW=XULFKRLVGHSXLVOHSULQWHPSVLO séjourne à Waldshut en octobre 1524, comme soldat et secrétaire du groupe de volontaires zurichois venus aider à défendre Waldhut, puis en janvier 1525, en mission diplomatique. Il sera à partir de 1528 ami et proche collaborateur de Zwingli (HS, p. 212, n. 238). Dans la lettre qu’il adresse à Johannes Œcolampade le 16 janvier 1525, Hubmaier mentionne H[SUHVVpPHQWVRQGpVDFFRUGDYHF=ZLQJOLHWVHSURQRQFHFRQWUHOHEDSWrPHGHVHQIDQWVYRLU E. STAEHELIN (éd.), Briefe und Akten zum Leben Oekolampads, zum vierhundertjährigen Jubiläum der Basler Reformation, I : 1499-1526, Leipzig 1927 (« Quellen und Forschungen ]XU5HIRUPDWLRQVJHVFKLFKWHª QoSWUDGXFWLRQHQDQJODLVGDQV+:PIPKIN, J. H. YODER (éd. et trad.), Balthasar Hubmaier, Theologian of Anabaptism, Scottdale (Pa.) et al. 1989, p. 67-72. Sur les débuts de l’anabaptisme (parmi une littérature abondante), voir C. A. SNYDER©6ZLVV$QDEDSWLVP7KH%HJLQQLQJVªGDQV-'ROTH et J. M. STAYER (éd.), A companion to Anabaptism and spiritualism, 1521-1700, Leyde et al. 2007, p. 45-81. Voir n. 5 supra et T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 276. Voir K.-H. ZUR MÜHLEN©7DXIH±95HIRUPDWLRQV]HLWªGDQVTheologische Realenzyklopädie, W;;;,,%HUOLQS 9RLU©'LDORJXHGX'U%DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHSS7BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 110. Voir n. 2 supra, ici : HS, p. 186 sqYRLUpJDOHPHQWDer Lehrer Urteil (« Le jugement des maîtres ») II, HS, p. 234 sq. Achtzehn Schlußreden (1524), HS, p. 71-74, ici p. 73. Premier texte publié par Hubmaier, ces thèses font en partie écho à celles que Zwingli avait proposées comme base pour la dispute de janvier 1523 et diffusées sous forme imprimée. La rédaction de ce document est postérieure à la dispute d’octobre 1523, la dispute de Waldshut eut lieu au printemps, sans doute en avril 1524 (HS, p. 69). © :LH HLQ \HGHU &KULVW IU VLFK VHOEV JODXEW YQG JHWDXIIW ZLUW DOVR >«@ ª HS, p. 73. K. R. MACGREGOR, A Central European Synthesis, p. 106, voit dans cette assertion la preuve que le baptême des adultes professant leur foi est déjà une pratique courante à Waldshut à
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thèse : « Les doctrines que Dieu n’a pas instituées lui-même sont toutes vaines, à bannir, et doivent être éradiquées […] ª 0DLV FH Q¶HVW TX¶HQ MXLOOHW qu’il prendra véritablement position sur cette question, en publiant deux textes majeurs : Résumé de ce qu’est toute une vie chrétienne, daté du 1er juillet, et Du baptême chrétien des croyants, daté du 11 juillet. Deux événements motivent ces publications : Hubmaier a, d’une part, reçu ce qu’il appellera le vrai baptême chrétien des mains de Wilhelm Reublin le 15 avril 1525 et, au cours des jours suivants, administré à son tour ce baptême à un grand nombre de ses paroissiens de Waldshut, fondant ainsi la première grande communauté anaEDSWLVWHG¶DXWUHSDUWj=XULFKGHSXLVO¶DXWRPQHODGLVFXVVLRQVXUOHEDStême se radicalise entre Zwingli et ses adversaires, réunis autour de Konrad Grebel et Felix Mantz, groupe auquel appartient également Wilhelm Reublin. Ceux-ci refusent le baptême des enfants comme étant non fondé dans l’Écriture et préconisent le baptême des croyants. Ils sont criminalisés par Zwingli, accusés notamment de sédition. La dispute portant sur la question du baptême, organisée à Zurich le 17 janvier 1525 – à laquelle Hubmaier ne participe pas –, est conclue à l’avantage de Zwingli. Le lendemain, le Conseil de la ville proPXOJXHXQpGLWH[LJHDQWTXHWRXVOHVHQIDQWVVRLHQWEDSWLVpVODUpJXODULVDWLRQ doit se faire dans les huit jours, ceux qui s’y opposent étant menacés d’expulsion. Les premiers baptêmes d’adultes ont lieu à Zurich et dans les environs DYDQW PrPH OD ¿Q GX PRLV VXLYLV SDU OD UpSUHVVLRQ GH OD SDUW GHV DXWRULWpV
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cette époque. Il conteste ainsi « la vision consensuelle de la recherche portant sur la Réforme UDGLFDOH ª VHORQ ODTXHOOH OHV SUHPLHUV UH EDSWrPHV G¶DGXOWHV HXUHQW OLHX j =XULFK HQ janvier 1525 (ibid., p. 104-110). ©$OOH/HUHQVR*RWWQLWVHOEVJHSÀDQ]WV\QGYHUJHEHQOLFKLP%DQQYQQGVROOHQDXJHUHWHW ZHUGHQªHS, p. 73. Cette assertion fait (ici implicitement) référence à Mt 15, 13 : « Toute SODQWHTXHQ¶DSDVSODQWpHPRQ3qUHFpOHVWHVHUDGpUDFLQpHªSDVVDJHFLWpGHIDoRQUpFXUUHQWH dans d’autres textes postérieurs, notamment dans Du baptême chrétien des croyants (HS, p. 151), comme argument contre le baptême des enfants. Ain Summ ains gantzen Christenlichen lebens, HS, p. 109-115. Von der christlichen Taufe der Gläubigen, HS, p. 118-163. ©GHUUHFKWWDXII&KULVWLªGDQVDu baptême chrétien des croyants, HS, p. 119, « Dialogue du 'U%DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 171, Eine kurze Entschuldigung©%UqYH$SRORJLHª HS, S©GHUUHFKW7DXIIQDFKGHUH\QVHW]XQJ&KULVWLªGDQVDu baptême chrétien des croyants, HS, p. 119, entre autres exemples. Voir T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 304 sq/VON MURALT, W. SCHMID (éd.), Quellen zur Geschichte der Täufer in der Schweiz, t. I : Zurich, Zurich 1974² (1952¹) [désormais QGT Zürich], no 404, ici p. 391 sq+:PIPKIN, « The Baptismal Theology of Balthasar +XEPDLHUªThe Mennonite Quarterly Review SLFLSHW Wer Ursache gebe zu Aufruhr>«@©4XLDSSHOOHjODVpGLWLRQ>«@ª GDQVZW III, Leipzig 1914, p. 355-469. C’est dans ce texte, publié dans la première quinzaine du mois de janvier, TXH =ZLQJOL RSWH Gp¿QLWLYHPHQW SRXU OD GpIHQVH GX EDSWrPH GHV HQIDQWV 6RQ REMHFWLI principal, comme Martin Bucer, qui défend les mêmes positions sur cette question, est la préservation de l’unité de la société et de la paix sociale. Voir T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 253, qui cite QGT Zurich, p. 35, no 25.
Balthasar Hubmaier et le baptême
civiles. Certains de ceux qui sont contraints de quitter Zurich se rendent alors à Waldshut. En mai, Zwingli fait publier un nouveau texte contre ses adversaires : Du baptême, du re-baptême, du baptême des enfants. C’est dans ce contexte tendu que Hubmaier intervient. Le premier de ses deux textes, salué par la recherche comme le premier écrit anabaptiste, est simplement programmatique : Hubmaier y proclame dans l’introduction sa rupture avec ce qu’il professait comme prêtre catholique et renvoie ses lecteurs à l’Écriture, seule source GHYpULWpLOH[SRVHHQVXLWHVDFRQFHSWLRQGHODYLHFKUpWLHQQHTX¶LOGp¿QLWSDU le baptême des croyants, qui lui-même conditionne l’accès à la cène. Il s’agit bien d’un abrégé théorique, qui contient tous les éléments de sa théologie et qu’il reprend, à l’exception de l’introduction, dans son deuxième texte, Du baptême chrétien des croyants, dont il fait le dernier chapitre. Celui-ci est au contraire beaucoup plus volumineux et présente de façon détaillée tous les arguments scripturaires qui sous-tendent cette même construction théologique et qui seront répétés dans ses autres écrits. Hubmaier y réfute la position adoptée par Zwingli, lui répondant point par point, et adresse ce texte au Conseil de la ville de Zurich en demandant qu’une dispute soit organisée sur ce sujet. Son objectif est ici de démontrer par l’Écriture ce qu’est le baptême tel qu’il fut institué dans l’Évangile – le seul vrai baptême, qu’il convient de restaurer – et de prouver ainsi l’inanité du baptême des enfants, ainsi que de défendre ceux que =ZLQJOLDSSHOOHOHV©UHEDSWLVHXUVªQLKpUpWLTXHVQLQRYDWHXUVQLVHFWDLUHVRX IDXWHXUVGHWURXEOHVLOVQHIRQWTXHVXLYUH¿GqOHPHQWOHVSUpFHSWHVGX&KULVW. &HWH[WHTXDOL¿pGH©O¶XQHGHV°XYUHVOHVSOXVPDUTXDQWHVGXSRLQWGHYXH littéraire comme théologique, produites au XVIe siècle par l’anabaptisme ª constitue le premier volet d’une démarche d’opposition qu’il poursuivra de
31. Les premières incarcérations ont lieu le 30 janvier (T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 302). 32. Von der Taufe, von der Wiedertaufe und von der Kindertaufe, dans ZW IV, Zurich 1982² (Leipzig 1927¹), p. 188-337. 33. Voir R. S. ARMOUR, Anabaptist Baptism : A Representative Study,6FRWWGDOH3D S J.-M. VINCENT, « Présentation et traduction du premier écrit anabaptiste : Un résumé de ce qu’est toute une vie chrétienne GH %DOWKDVDU +XEPDLHU ª Études théologiques & religieuses S 34. Voir Résumé©FLQTXLqPHPHQWªHS, p. 113 sq. Ce principe est rappelé sous une forme plus FRQFLVHjOD¿QGHODForm des Nachtmals Christi©$JHQGHGHOD&qQHGX&KULVWª 1527), HS, p. 355-365, ici p. 364 : « Dann wie der glaub vorgeet der liebe, also soll der :DVVHUWDXIIGHP1DFKWPDOYRUODXIIHQª©(QHIIHWGHPrPHTXHODIRLYLHQWDYDQWO¶DPRXU GHPrPHOHEDSWrPHG¶HDXGRLWSUpFpGHUODFqQHª 35. HS, p. 157 sq. 36. QGT Zürich, no 82, p. 87 sq. 37. Voir n. 27 supra. 38. Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 119. 39. HS, p. 117 sq YRLU pJDOHPHQW 5 6ARMOUR, Anabaptist Baptism S &WINDHORST, Täuferisches Taufverständnis, p. 84 sq:5ESTEP, Renaissance and ReformationS H. W. PIPKIN©%DSWLVPDO7KHRORJ\ªSsq.
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Nicolsbourg, à partir de l’été 1526 – après la capitulation de Waldshut (début décembre 1525), sa fuite, son incarcération et sa rétractation à Zurich, au terme du voyage qui le conduisit vers la Moravie. Hubmaier reprendra alors les mêmes DUJXPHQWVSRXUWHQWHUGHGLVTXDOL¿HU=ZLQJOLVXUOHPRGHSROpPLTXHGDQVOH Dialogue, pour répondre à Œcolampade, dans Du baptême des enfants, ou encore pour convaincre les paroissiens de Nicolsbourg de recevoir ce baptême, dans Pourquoi toute personne baptisée dès son enfance est tenue de recevoir le vrai baptême selon ce que le Christ a institué, même si elle avait déjà cent ans. Il complétera cette argumentation par les avis des Pères et des autorités de l’Église, présentés dans les deux versions du Jugement des maîtres – texte destiné à prouver que le baptême des croyants n’est en rien une innovation – ainsi que par un écrit consacré à la liturgie du baptême, l’Agende du baptême. Dès l’été 1525, sa théologie est donc construite, cohérente, et il l’exposera également, souvent sous une forme plus concise, dans la plupart de ses autres écrits, consaFUpVSOXVVSpFL¿TXHPHQWjO¶HFFOpVLRORJLH, à la cène, à sa propre défense ou à celle du libre arbitre, ou encore dans son catéchisme. Lire l’Écriture Comme il le démontre dans son traité Du baptême chrétien des croyants et le rappelle à maintes reprises, Hubmaier se réfère exclusivement à l’Écriture, source de vérité puisqu’elle contient la Parole divine, c’est-à-dire la volonté révélée de Dieu – la seule qui soit accessible aux hommes. Sa lecture de
40. Voir n. 2 supra. 41. Von dem Khindertouff, HS, p. 258-269. 42. Grund vnd Vrsach, das einn yedlicher mensch, der gleich in seiner Khindthait getaufft ist, schuldig sey, sich recht nach der Ordnung Christj ze tauffen lassenn, ob er schon hundert jar allt were HS, p. 328-336. L’essentiel de ce texte est déjà publié dans Du baptême chrétien des croyants (HS, p. 140-146), il est augmenté de trois arguments pour cette publication. 43. HS, p. 227-255. 44. Eine Form zu taufen HS, p. 348-352. 45. Von der brüderlichen Strafe©'HODUpSULPDQGHIUDWHUQHOOHª HS, p. 338-346, et Von dem christlichen Ban©'HO¶H[FRPPXQLFDWLRQFKUpWLHQQHª HS, p. 367-378. 46. Instruction sommaire (voir n. 10 supra) et Agende de la Cène du Christ (voir n. 34 supra). 47. Eine kurze Entschuldigung © %UqYH DSRORJLH ª HS, p. 272-283. Voir également C. DEJEUMONTpGHWWUDG ©/D%UqYH$SRORJLHGH%DOWKDVDU+XEPDLHU ªLe texte et l’idée 26 (2012), p. 95-123. 48. Von der Freiheit des Willens © 'X OLEUH DUELWUH GH OD YRORQWp ª HS, p. 380-397, et Das andere Büchlein von der Freiwilligkait des Menschens (« Second livret sur le libre DUELWUHGHODYRORQWpGHO¶KRPPHª HS, p. 400-431. 49. Voir n. 11 supra. 50. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 120 sqHWFKDSLWUHVHW©'LDORJXHGX'U %DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 172 sq. Du baptême des enfants, HSSCatéchisme, HSS©9QVHUJĤWJHGXQFNHQZKHQHQYQGPD\QHQVROOHQLFKWVZLUPĤVVHQGHQPXQG
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celle-ci, guidée par la distinction luthérienne entre la loi et l’Évangile, l’amène à rejeter catégoriquement la position défendue notamment par Zwingli, qui LGHQWL¿HOHEDSWrPHGH-HDQHWFHOXLGHV$S{WUHV/HSUHPLHUH[SOLTXHWLOHVW celui de la loi et du repentirOHVHFRQGHQUHYDQFKHLQVWLWXpSDUOH&KULVW est celui de l’Évangile, c’est-à-dire la promesse du salut – le seul vrai baptême est donc ce dernier. Dans sa démonstration, Hubmaier se réfère aux textes clés cités précédemment : Mt 28, 18 sq., Mc 16, 15 sq., complétés par certains passages des Actes des Apôtres et des Épîtres. La lecture conjointe de ces passages fait émerger un ordre régulier : 1. la Parole, 2. la foi, 3. le baptême, qui est présenté comme immuable. Il est souligné en toutes occasions, notamment dans Du baptême chrétien des croyants, où il est mis en évidence à la fois par des commentaires dans le texte et par des notes marginales il permet en effet de contrer l’argumentation traditionnelle, soutenue entre autres par Zwingli, en prouvant que, puisqu’il présuppose un acte conscient, ce baptême ne peut concerner les enfants. La pratique du pédobaptême, que Hubmaier considère comme sans fondement dans l’Écriture, est pour lui non seulement fausse et illégitime, mais également préjudiciable, puisqu’elle prive les chrétiens du vrai baptême, celui qui fut institué par le Christ, et donc de la perspective du salut. Dans son commentaire de Mt 28, 18 sq., passage auquel il confère une importance fondamentale, Hubmaier insiste en partiFXOLHUVXUO¶LPSRUWDQFHGHVGHX[pOpPHQWVTXLFRPSRVHQWODPLVVLRQFRQ¿pH par le Christ à ses apôtres : l’enseignement, c’est-à-dire la prédication, et le baptême. Ces deux éléments sont distincts et liés ici entre eux par une copule
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GHVKHUUHQVUDWIUDJHQ>«@ª©1RVDSSUpFLDWLRQVLOOXVLRQVHWRSLQLRQVQ¶RQWDXFXQHYDOHXU F¶HVWGHODERXFKHGX6HLJQHXUTXHQRXVGHYRQVSUHQGUHFRQVHLO>«@ª Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 124, 132. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 139, 140, 142, 146 sq. Hubmaier les récapitule dans la Brève apologie (HS, p. 275) : Mt 28, Mc 16, Ac 2, 8, 9, 10, 11, 16, 18, 19, 22, 1 P 3 et He FHWWHOLVWH¿JXUHpJDOHPHQWGDQVDu baptême des enfants, augmentée d’une référence à He 6 (HS, p. 260). Voir n. 4 supra. Voir HS, p. 122 sq. et en particulier le début des chapitres 3, HS, p. 127 sq., et 5, HS, p. 146. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 141 : dans le commentaire qu’il fait de Mc 16, 15 sq., Hubmaier détaille ainsi cinq éléments, mettant en évidence cet ordre immuable : « 1. $OOH]3UrFKH]&HOXLTXLFURLWHW>TXL@HVWEDSWLVp>&HOXLOj@HVWVDXYpªLOLQYLWH ensuite ses contradicteurs à prouver que le baptême des enfants est fondé dans l’Écriture : « Wo stat es geschriben : Gond hyn vnnd täuffend die jungen kindlin der gläubigen, vnnd über sechs oder acht jar so predigent jnen das Euangelion ? Sehend, jr lieben Kindstäuffer, das jr eüch einer ordnung vnnd eins tauffs beruement, der inn der gschrifft gantz vnd gar keyn JUXQGWKDWª©2HVWLOpFULW³$OOH]HWEDSWLVH]OHVSHWLWVHQIDQWVGHVFUR\DQWVHWHQVHLJQH] leur l’Évangile pendant six ou sept ans” ? Vous voyez bien, chers baptiseurs d’enfants, que vous vous vantez d’un ordre et d’un baptême qui n’ont absolument aucun fondement dans O¶eFULWXUHª Voir Brève Apologie, HSSDu baptême chrétien des croyants, HS, p. 151.
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impliciteDI¿UPHWLOFRQWHVWDQWpJDOHPHQWO¶LQWHUSUpWDWLRQGH=ZLQJOLVXU ce point. Le baptême, explique Hubmaier, comporte trois étapes successives, correspondant à ce qu’est (ou ce que doit être) pour lui la vie de tout chréWLHQOHEDSWrPHSDUO¶(VSULWSXLVOHEDSWrPHG¶HDXHWHQ¿QOHEDSWrPHSDU le sang/HSUHPLHUHVWGp¿QLGDQVOHCatéchisme comme une « illuminaWLRQLQWpULHXUHªTXHO¶(VSULW6DLQWRSqUHHQO¶KRPPH©SDUOD3DUROHGLYLQH qui est vivanteª6DGHVFULSWLRQHVWSOXVGpWDLOOpHGDQVOHRésumé : ayant entendu la Parole par la prédication, l’homme se reconnaît pécheur, désespère de lui-même, croit en l’Évangile, c’est-à-dire à la promesse de la rédemption SDUOH&KULVWUHFRQQDLVVDQWGDQVOH&KULVWVRQVHXOVHFRXUVLOV¶HQUHPHWj OXLTXLOXLHQYRLHO¶(VSULWO¶(VSULWIDLWYLYUHOD3DUROHHWOHFUR\DQWV¶HQJDJH à vivre désormais selon les préceptes du Christ. Il accepte ainsi la nouvelle naissance que Dieu lui offre et demande alors à recevoir le baptême d’eau. Celui-ci est le signe extérieur d’un engagement double : celui qui le lie au Christ, d’une part, et celui qui le lie à la communauté, d’autre part. Par ce baptême, le croyant professe ouvertement la foi qui l’anime, et peut ainsi être LGHQWL¿pFRPPHFKUpWLHQHWDFFXHLOOLLQWpJUpLQVFULWGDQVO¶eJOLVHFHOXLTXL OHUHoRLWV¶HQJDJHjPHQHUXQH©YLHFKUpWLHQQHªHWjVHVRXPHWWUHjODGLVFLpline ecclésiastique selon Mt 18, 15 sq. Dès lors, le reste de sa vie équivaut
57. Voir n. 2 supra et HS, p. 140 : « Hye beuilt Christus seinen Aposteln zwey stück inn krafft des gewalts, so im Gott vatter geben in hymmel vnnd auff erden, namlich, das sye leeren VROOHQGLHPHQVFKHQ=XPDQGHUQ9QQGV\HWlXIIHQLQQGHPQDPPHQGHV9DWWHUVYQQG6ĤQV YQQGKH\OLJHQ*H\VWª©,FLOH&KULVWSDUODSXLVVDQFHTXHOXLDGRQQpH'LHXOH3qUHGDQV le ciel et sur la terre, ordonne deux choses à ses apôtres, à savoir, d’enseigner aux hommes, HWGHX[LqPHPHQWGHOHVEDSWLVHUDXQRPGX3qUHHWGX)LOVHWGX6DLQW(VSULWª 58. « Dar bey laß man es bleyben, vnnd mache man nit on alle not auß dem täuffen leeren, vnnd GDVRQDOOHQJUXQGWGHUVFKULIIW>«@ª©5HVWRQVHQOjHQQHIDLVRQVSDVVDQVQpFHVVLWp aucune, un enseigner d’un baptiserHWFHODVDQVDXFXQIRQGHPHQWGDQVO¶eFULWXUH>«@ª HSSFHFRPPHQWDLUHHVWUpSpWpjGLYHUVHVUHSULVHVGDQVFHWH[WHYRLUQRWDPPHQWHS, p. 131, 133, 149. 59. 9RLU©'LDORJXHGX'U%DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 182 : « Tauffen wirdt genomen etwan für den inwendigen tauff des geyst, Jo. 3. c. Etwan für den außwendigen wassertauff, Mat. 28. =XPGULWWHQIUGDVQDFKIROJHQWOH\GHQDOV&KULVWXVVDJW-FKPĤPLFK]HXRUWDXIIHQODVVHQ PLWHLQHPWDXIIYQQGZLHLVWPLUVRDQJVWELHUYROOHQGHWZHUG/X>9@ª©Baptiser est pris tantôt pour le baptême par l’Esprit, intérieur, Jn 3 [5], tantôt pour le baptême d’eau, extérieur, Mt 28 [18 sq.]. Troisièmement, pour la souffrance qui vient ensuite, lorsque le Christ dit : “il y a un baptême dont je dois, auparavant, être baptisé, et quelle angoisse pour moi MXVTX¶j FH TX¶LO VRLW DFFRPSOL´ /F >@ ª 9RLU pJDOHPHQWCatéchisme, HS, p. 313 sq Brève Apologie, HS S 56ARMOUR, Anabaptist Baptism, p. 52 sq & WINDHORST, Täuferisches Taufverständnis, p. 151-179. 60. « Es ist ein jnwendige erleüchtung vnnserer hertzen, die da beschicht von dem heiligen geyst, GXUFKGDVOHEHQGLJZRUW*RWWHVªHS, p. 313. 61. Voir Résumé, HS, p. 110 sq. 62. Voir Du baptême chrétien des croyants, HSSCatéchisme, HS, p. 322 sqDu libre arbitre, HS, p. 394 sq&WINDHORST, Täuferisches Taufverständnis, p. 185 sq. 63. Résumé, HS, p. 111 sqYRLUpJDOHPHQWCatéchisme, HS, p. 313 sq.
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DX©EDSWrPHSDUOHVDQJªLOOXLIDXWHQHIIHWPHQHUOHFRPEDWFRQWUHODFKDLU de tous les instants, vivre dans l’inimitié du monde, souffrir les tribulations et éventuellement le martyre. Le baptême d’eau, pour Hubmaier, est bien plus qu’un simple signe, c’est un sacrement : l’engagement à mener une vie régie par les préceptes du Christ, en effet, n’est pas pris par le croyant en son nom propre mais au nom de la divine trinité, qui lui octroie sa grâce, c’est-à-dire la force d’accomplir ce à quoi il s’est engagé et lui garantit le salut. Puisqu’il implique que le croyant professe sa foi devant la communauté qui l’accueille, ce baptême est l’acte fondateur de l’Église – Hubmaier reprend sur ce point l’interprétation que fait Luther de Mt 16, 18 dès le Testament de Septembre : « […] Tu es Pierre, un roc, et sur ce roc (comprends : que tu professes), je bâtirai mon Église […]ª&HWWHeJOLVH est dépositaire du pouvoir des clés, ouvrant ou au contraire fermant l’accès au salut : par le baptême, elle accueille le croyant en son sein, ce qui lui garantit le salut – se référant à 1 P 3, 20 sq., Hubmaier met en parallèle l’Église et l’Arche de Noé, dénonçant l’analogie entre le baptême et la circoncision défendue entre
64. Résumé, HS, p. 112 sq YRLU pJDOHPHQW Catéchisme, HS, p. 314 et 325 et Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 122. 65. Voir K. R. MACGREGOR, A Central European SynthesisSHWFKDSLWUHS voir également De la réprimande fraternelle, HS, p. 346. 66. Voir Résumé, HSSAgende du baptême, HSSDu baptême chrétien des croyants, HS, p. 122. 67. Voir Catéchisme, HS, p. 315 sq. : « Leon. Warauff ist die Christenlich Kirch gebaut. Hans. Auff die mündlichen bekantnuß des Glaubens, das Jesus seye Christus, ein Son des lebendigen Gottes. Diese eüsserlich bekandtnuß macht eben ein Kirchen, vnnd nit der Glaub DOODLQ >«@ ª © /HRQKDUW ³6XU TXRL O¶eJOLVH FKUpWLHQQH HVWHOOH EkWLH"´ +DQV ³6XU OD SURIHVVLRQGHIRLTXH-pVXVHVWOH&KULVW¿OVGX'LHXYLYDQWIDLWHSDURUDO&¶HVWSUpFLVpPHQW FHWWHSURIHVVLRQGHIRLH[WpULHXUHTXLFRQVWLWXHXQHeJOLVHHWQRQODIRLVHXOH´>«@ª 9RLU également : ibidSDu baptême chrétien des croyants, HSSDu baptême des enfants, HSSDe la réprimande fraternelle, HS, p. 339. 68. Voir K. R. MACGREGOR, A Central European Synthesis, p. 153. Ce qu’on appelle le Testament de Septembre est la première édition du Nouveau Testament traduit en allemand (et parfois annoté) par Martin Luther, publiée en septembre 1522. 69. Voir Catéchisme : « Da sagt Christus : Du bist Petrus, ein felser, vnd auff den felsen (verstee, GHQGXEHNHQQHVW ZLUGLFKEDXHQPHLQ.LUFKHQªHS, p. 316. 70. Voir Catéchisme, HS, p. 316 sq. : « Denn als waar Gott lebt, was die Kirch also einlasset oder YHUVSHUUHWDXIIHUGHQQGDVLVWHLQJHODVVHQRGHUGDXYHUVSHUWDXFKLQGHQKLPHOHQª©(Q effet, aussi vrai que Dieu est vivant : ce que l’Église accueille ou exclut ainsi sur la terre, cela PrPHHVWDFFXHLOOLRXH[FOXpJDOHPHQWGDQVOHVFLHX[ª 9RLUpJDOHPHQW©'LDORJXHGX'U %DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 171, De l’excommunication chrétienne, HS, p. 369 sq., Du glaive, HS, p. 442. 71. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 149 sq. : « Jnn diser gschrifft syhet man DXJHQVFKH\QOLFK GDV GLH $UFKD 1RH HLQ ¿JXU RGHU VFKDWWHQ GHV 7DXIIV LVW $EHU 3HWUXV JHGHQFNWQ\HQGHUWGHUEHVFKQH\GXQJ>«@ª©'DQVFHSDVVDJHRQYRLWGHIDoRQpYLGHQWH TXHO¶$UFKHGH1RpHVWXQH¿JXUHXQHUHSUpVHQWDWLRQGXEDSWrPH3LHUUHQHVRQJHG¶DXFXQH PDQLqUHjODFLUFRQFLVLRQ>«@ª YRLUpJDOHPHQWDe la réprimande fraternelle, HS, p. 339.
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autres par Zwingli et Bucer – et lui permet l’accès à la cène, deuxième sacrement, qui nourrit la foi, scelle la communauté et dispense la grâce. Ce pouvoir est aussi celui d’exclure celui qui, après la triple réprimande fraternelle selon Mt 18, 15 sq., refuse de s’amender. Celui-là est alors littéralement excommunié, c’est-à-dire exclu de la cène, et par conséquent, exclu de l’Église et du salut, et ce, de son propre fait. Seul son repentir lui permettra d’être réintégré dans O¶eJOLVHHWGRQFGHEpQp¿FLHUjQRXYHDXGHODFHUWLWXGHGXVDOXW. Cette construction repose sur une anthropologie originale, tripartite, qui DI¿UPH OH OLEUH DUELWUH GH O¶KRPPH HW TXL j OD GLIIpUHQFH GH /XWKHU HW GH Zwingli, présuppose une conception dynamique de la foi. Dieu offre certes le salut, mais c’est à l’homme d’accueillir cette Parole, le Verbe incarné, de se reconnaître pécheur, d’implorer le secours du Christ – celui-ci est assuré, puisque Dieu est lié par sa promesse. Pour Hubmaier en effet, la grâce gratuite n’existe pas : c’est à l’homme d’accueillir la Parole, d’implorer le secours du ChristHWGHUHVSHFWHUVHVSUpFHSWHV3DUPLFHX[FL¿JXUHDXSUHPLHUSODQ
72. Voir M. BUCER, Grund und Ursache >«@ © ([SOLFDWLRQ PRWLYpH SDU O¶eFULWXUH >«@ ª (1524), dans R. STUPPERICH (éd.), Deutsche Schriften, I, Frühschriften, 1520-1524, Gütersloh et alSLFLS+ZWINGLI, ZW III, p. 410, ZW IV, p. 292-295 et p. 333 sq. 73. Voir Résumé, HSSAgende de la Cène, HSSCatéchisme, HS, p. 317 sq. 74. De la réprimande fraternelle, HS, p. 343, 346 et De l’excommunication chrétienne, HS, p. 370 sq. 75. Voir Catéchisme, HSSDe l’excommunication chrétienne, HS, p. 377 sq. 76. Voir R. FRIEDMANN, The Theology of Anabaptism. An Interpretation, Scottdale (Pa) 1973, S,BACKUS, « Corpus – anima – spiritus. Spiritual renewal in the theology of Hubmaier DQG %RUUKDXV ª GDQV - * ROTT et S. L. VERHEUS (éd.), Anabaptistes et dissidents au XVIe siècle, Baden-Baden et alS.5MACGREGOR, A Central European Synthesis, p. 86. 77. Voir K. R. MACGREGOR, A Central European SynthesisS56ARMOUR, Anabaptist Baptism, p. 30 sq&WINDHORST, Täuferisches Taufverständnis, p. 31 sq., 66 sq., 70 sq., 175 sq. 78. Voir Catéchisme, HS, p. 321 sqYRLUpJDOHPHQWOHVGHX[WUDLWpVVXUOHOLEUHDUELWUHQ supra):/ MOORE © &DWKROLF7HDFKHU ª S ' & STEINMETZ, « Scholasticism and 5DGLFDO 5HIRUP 1RPLQDOLVW 0RWLIV LQ WKH 7KHRORJ\ RI %DOWKDVDU +XEPDLHU ª MQR 45 SLFLSsq&WINDHORST7lXIHULVFKHV7DXIYHUVWlQGQLVS K. R. MACGREGOR, A Central European Synthesis, p. 16. 79. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 136 : « vnd was wir also inn dem namen Jhesu bitten von dem vatter, das würdt er vns geben. Darumb hat er vns sein ewig lebendig wort verbirgt vnd versetzt, das inn die ewigkeit nit feelen mag, ee muest hymmel vnd erden ]ĤVFKHUEHQIDOOHQª©(WWRXWFHTXHQRXVGHPDQGRQVDLQVLDX3qUHHQLQYRTXDQWOHQRP de Jésus, il nous l’accordera. C’est pour cela qu’il nous a donné en gage sa Parole qui vit éternellement, et qui, de toute éternité, ne fera pas défaut – avant [que] cela [arrive], il IDXGUDLWTXHOHFLHOHWODWHUUHVHVRLHQWpFURXOpVª YRLUpJDOHPHQWOHSecond livret sur le libre arbitre, HS, p. 417 sq. 80. Voir Du libre arbitre : « Daher sagt man : Gott hat dich erschaffen on dich, aber on dich wirdt HUGLFKQLWVHOLJPDFKHQª©&¶HVWSRXUFHODTXHO¶RQGLW'LHXW¶DFUppVDQVTXHWXSDUWLFLSHV PDLVLOQHWHVDXYHUDSDVVDQVTXHWXSDUWLFLSHVª HS, p. 391. 81. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 132.
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l’institution du baptême par le Christ lui-même, et ce commandement, rappelle Hubmaier en se référant à Mt 15, 13 et Ga 3, 15, doit être respecté à la lettre. Le baptême d’eau est donc un impératif, puisque seul le respect scrupuleuxGHODSDUROHGX&KULVWJDUDQWLWOHVDOXWGDQVOHFDVFRQWUDLUHOH&KULVW n’est plus médecin ni avocat mais se fait accusateur. Hubmaier le répète, en se référant à Ac 2, 37 sqHW5PODIRLVHXOHQHVXI¿WSDVDXVDOXWHOOH doit être professée publiquement, dans le baptême – se démarquant ainsi des autres réformateurs. Il le rappelle en particulier dans ses deux traités sur le libre arbitre, Dieu offre aux hommes le salut, une nouvelle naissance, mais c’est l’homme qui, en ignorant cette offre ou en négligeant sa Parole, est responsable de sa damnation. Le baptême est donc la pièce maîtresse sur laquelle repose pour Hubmaier la vie entière de tout chrétien et qui fonde l’Église et donc la sociétéO¶eFULWXUHHQHIIHWMXVWL¿HO¶H[LVWHQFHGHVDXWRULWpVFLYLOHVHWVLFHOOHVFLVRQWFKUpWLHQQHVDI¿UPHWLOF¶HVWODVRFLpWpGDQVVRQHQVHPEOHTXLHQEpQp¿FLHUD. Hubmaier s’oppose sur ce point à la plupart de ses contemporains anabaptistes, en particulier à Konrad Grebel et aux signataires de la Confession de
82. Voir ibid., p. 151 sq. 83. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 142 sqPourquoi, HS, p. 335 sq. 84. Voir Catéchisme, HS, p. 316 : « Also spricht er auch : Ein yedlicher der mich bekennt vor den menschen, den will ich bekhennen vor meinem vater, der da ist in den himelen, vnd wölher mich verleügnet oder sich meiner worten beschämet vor den menschen, des will ich PLFKYHUOHJQHQYQGVHLQEHVFKlPHQYRUPHLQHPYDWHU0DW>@/X>@>VT@ª (« Et il dit aussi : celui qui se déclarera publiquement pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père, qui est aux cieux, et celui qui me reniera ou qui aura honte de moi devant les hommes, celui-là, je le renierai et j’aurai honte de lui devant PRQ3qUHª YRLUpJDOHPHQWRésumé, HSSDu baptême chrétien des croyants, HS, p. 163. 85. Voir Catéchisme, HSSDu baptême chrétien des croyants, HS, p. 141. 86. 9RLU Q VXSUD © 'LDORJXH GX 'U %DOWKDVDU +XEPDLHU« ª HS S 56ARMOUR, Anabaptist Baptism, p. 32 sq&WINDHORST, Täuferisches Taufverständnis, p. 220 sq. 87. Voir Du baptême chrétien des croyants, HSSDe la réprimande fraternelle, HS, p. 345 sq., Pourquoi, HS, p. 335 sq. et les deux traités sur le libre arbitre (n. 48 supra). 88. Dans Du baptême des enfants, Hubmaier rappelle l’ordre de base sous la variante suivante : 1. la Parole, 2. la foi, 3. le baptême, 4. l’Église, 5. les œuvres (HS, p. 264). 89. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 120 : « Darzu bekennen wir offenlich, das ein Oberkeit sein solle, die das schwert trage, derselben wellend vnnd sollend wir gehorsam sein, in allem, so nit wider Gott ist, vnd ye Christenlicher der selb ist, ye mer sy begert von Gott mit dem Salomon weyssheit zuregieren, darmit sy weder zur rechten noch gelinckten ZLGHU*RWWDEZ\FKHª©(QRXWUHQRXVFRQIHVVRQVSXEOLTXHPHQWTX¶LOIDXWTX¶LO\DLWGHV autorités [temporelles] qui portent le glaive et qu’à celles-ci nous devons obéissance et nous serons soumis, en tout ce qui n’est pas contre Dieu, et que plus celles-ci sont chrétiennes, plus HOOHVGHPDQGHURQWj'LHXGHJRXYHUQHUDYHFODVDJHVVHGH6DORPRQD¿QGHQHGpULYHUGH6D YRORQWpQLYHUVODGURLWHQLYHUVODJDXFKHª
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Schleitheim, rendue publique en 1527, qui prônent une séparation du monde, refusent de prêter serment, de porter les armes, et d’exercer toute responsaELOLWpRI¿FLHOOHOLpHDX[DXWRULWpVFLYLOHV,OUpSRQGjOHXUVREMHFWLRQVHQ dans Du glaive, son dernier texte publié, dans lequel il plaide au contraire résolument pour un engagement des vrais chrétiens dans la société. Sa lecture de l’Écriture l’amène ainsi à re-penser la société dans son ensemble, en plaçant en son centre le baptême, société que, comme la plupart de ses contemporains, il conçoit comme unitaire. Un rite épuré ¬SDUWLUGHFHWWHOHFWXUHGHO¶eFULWXUHHWGHODUHGp¿QLWLRQGXEDSWrPHTX¶LO HQGpGXLW+XEPDLHUPRGL¿HpJDOHPHQWOHVULWHVSRXUOHVDGDSWHUjFHTX¶LO professe – le baptême, la cène, l’excommunication font ainsi l’objet d’une nouvelle liturgie. Grand adversaire du baptême des enfants, Hubmaier propose SRXUFHX[FLXQHFpUpPRQLHVSpFL¿TXHTX¶LOGpFULWGDQVODOHWWUHTX¶LODGUHVVH à Œcolampade le 16 janvier 1525. Il s’agit d’une bénédiction de l’enfant, qui UHoRLWVRQQRPHQSUpVHQFHGHODFRPPXQDXWpUpXQLHSRXUO¶DFFXHLOOLUODFpUpmonie comprend une lecture de l’Évangile et la prière de la communauté pour FHWHQIDQWTXLHVWDLQVLFRQ¿pDX&KULVW+XEPDLHUPpQDJHDLQVLVDFRQFHSWLRQ de l’Église comme assemblée de croyants professant leur foi et la nécessité de préserver l’unité de la société en y intégrant les enfants. Conscient des interURJDWLRQVTXDQWjOHXUVDOXWLOVHGpPDUTXHGHODWUDGLWLRQ±TXLMXVWL¿HOHEDStême des enfants par la nécessité d’effacer le péché originel – en avouant son ignorance et en s’en remettant à la volonté secrète de Dieu. Pour les croyants, il formalise sa nouvelle liturgie dans son Agende du baptême, publiée en 1527. En accord avec les critiques virulentes qu’il fait du rite traditionnel, Hubmaier remplace le latin par l’allemand et en supprime tout ce qui n’est pas fondé dans l’Écriture et qu’il énumère dans le Dialogue : parrain et marraine, exorcisme, boue, salive, huile, sel, graisse,
90. M. SATTLER, Brüderliche Vereinigung etlicher Kinder Gottes, sieben Artikel betreffend ©5DVVHPEOHPHQWIUDWHUQHOGHPDLQWVHQIDQWVGH'LHXDXVXMHWGHVHSWDUWLFOHVªGDQV H. FAST (éd), Der linke Flügel der Reformation. Glaubenszeugnisse der Täufer, Spiritualisten, Schwärmer und Antitrinitarier%UrPHSVXUODConfession de Schleitheim, voir G. H. WILLIAMS, The Radical Reformation, Kirksville (Mo) 1992³, p. 288-294. 91. Von dem Schwert, HS, p. 432-457. 92. Voir n. 17 supra et T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier, p. 249. 93. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 155. 94. Voir n. 44 supra. 95. Voir Brève apologie, HS, p. 275 sqYRLUpJDOHPHQW6KARANT-NUNN, The Reformation of Ritual : An Interpretation of Early Modern Germany, Londres et al. 1997, p. 43 sq.
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chrême, robe de baptême. Il décrit la procédure de la façon suivante : le croyant qui veut recevoir le baptême se manifeste auprès de l’évêque, qui l’inWHUURJH D¿Q GH V¶DVVXUHU TXH OH FDQGLGDW © HVW LQVWUXLW GDQV OD IRL ª. Il est ensuite présenté à la communauté rassemblée, en présence de laquelle a lieu la cérémonie elle-même. Celle-ci prend la forme d’un dialogue entre l’évêque et le croyant, réduit à cinq couples de questions et de réponses successives : le SUHPLHUGHFHVFRXSOHVHVWFRQVDFUpjODSURIHVVLRQGHIRLOHVWURLVpFKDQJHV suivants, centraux, mettent en relief la volonté du croyant d’amender sa vie en formulant des engagements solennels : celui de renoncer au diable et à ses œuvres, puis celui de mener une vie chrétienneHWHQ¿QFHOXLGHVHVRXPHWWUH à la réprimande fraternelle selon Mt 18, 15 sq. Le dernier échange de ce diaORJXHOXLSHUPHWGHFRQ¿UPHURI¿FLHOOHPHQWVDYRORQWpGHUHFHYRLUOHEDSWrPH et d’entrer dans l’Église. Ce dialogue est précédé et suivi par les prières de la communauté, qui implore Dieu d’accorder sa grâce à ce nouveau membre. Le baptême lui est ensuite dispensé, la cérémonie se terminant par l’imposition des mains pratiquée par l’évêque sur le baptisé, geste qui scelle son accueil dans l’Église et signale son admission à la Cène. Avec ce rite épuré, qui reprend les points fondamentaux de ce qu’il enseigne, Hubmaier vise à renouer avec la simplicité de l’Église antique. Restaurer la simplicité, et surtout l’authenticité de l’Église des origines, c’est en effet à cet objectif que tend le parcours intellectuel de celui que Carl Sachsse présente comme « le plus petit des grands réformateursª6D démarche qui, partant de l’interprétation de l’Écriture, l’amène à re-penser la société dans son ensemble, est emblématique de son époque, le modèle qu’il propose se distingue toutefois de ceux élaborés par ses contemporains. En focalisant son attention sur cette copule – implicite ou explicite – déjà évoquée, Hubmaier distingue une chronologie dans les textes qu’il interprète comme relatant l’institution du baptême par le Christ. Il leur confère ainsi une autorité absolue, sur laquelle il se fonde pour re-construire l’Église chrétienne à partir de l’homme : croyant, professant sa foi, s’engageant à respecter
96. 9RLU©'LDORJXHGX'U%DOWKDVDU+XEPDLHU«ªHS, p. 181 : « Ist nit gfattern haben als wol HLQ]ĤVDW]YQGPHQVFKHQWDQWDOVGLHWHIHOEVFKZHUXQJNRWWVSDLFKHO|OVDOW]VFKPDOW] Crisam, westerhembd vnd der gleichen. Darumb soll es billich als mit ein annder außgereüt ZHUGHQª©(VWFHTX¶DYRLUGHVSDUUDLQVHWPDUUDLQHVQ¶HVWSDVDXWDQWXQDMRXW>jO¶eFULWXUH@ une invention humaine que l’exorcisme, la boue, la salive, l’huile, le sel, la graisse, le chrême, ODUREHGHEDSWrPHHWDXWUHV&¶HVWSRXUTXRLLOHVWMXVWL¿pGHVXSSULPHUWRXWFHODG¶XQVHXO FRXS ª 'DQV OD Brève Apologie +XEPDLHU TXDOL¿H OH FKUrPH G¶© KXLOH TXL SXH ª HW OH dénonce comme étant une idole (HS, p. 275). 97. Voir Catéchisme, n. 11 supra. 98. Voir H. W. PIPKIN © 7KH %DSWLVPDO 7KHRORJ\ ª S & WINDHORST, Täuferisches Taufverständnis, p. 129-146, en particulier p. 135. 99. C. SACHSSE, D. Balthasar Hubmaier als Theologe, Berlin 1914 (Aalen 1973²), p. 1. 100. Voir Du baptême chrétien des croyants, HS, p. 143.
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HWjIDLUHUHVSHFWHUOHVSUpFHSWHVFKUpWLHQV/HEDSWrPHRI¿FLDOLVHFHWHQJDJHment et est constitutif de cette Église, dont la pureté est garantie par le serment prononcé à cette occasion. Dans le cas idéal, cette Église est identique à la société dans son ensemble, puisqu’elle comprend également les autorités civiles – idéal qu’il parvint à réaliser, de façon éphémère, à deux reprises. Sa YLVLRQHVWELHQFHOOHG¶XQHVRFLpWpXQLWDLUHLGHQWL¿pHjFHWWHeJOLVHHWGRQW l’ambition est, à terme, d’être universelle. Bibliographie R. S. ARMOUR, Anabaptist Baptism : A Representative Study, Scottdale, Pa. 1966. I. BACKUS, « Corpus – anima – spiritus. Spiritual renewal in the theology of Hubmaier DQG%RUUKDXVªGDQV-*ROTT et S. L. VERHEUS (éd.), Anabaptistes et dissidents au XVIe siècle, Actes du Colloque international d’histoire anabaptiste du XVIe siècle tenu à l’occasion de la XIe Conférence Mennonite mondiale à Strasbourg, juillet 1984, BadenBaden et al. 1987 (“Bibliotheca Dissidentium – Scripta et Studia” 3), p. 121-129. F. W. BAUTZ © %DOWKDVDU +XEPDLHU ª GDQV Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon [BBKL], II, Hamm 1990, p. 1109-1114. T. BERGSTEN, Balthasar Hubmaier. Seine Stellung zu Reformation und Täufertum, Kassel 1961. M. BUCER, Deutsche Schriften, I : Frühschriften, 1520-1524, R. STUPPERICH (éd.), Gütersloh et al. 1960. M. BUCER Grund vnd Ursach auß gotlicher schrifft der neüwerungen an dem nachtmal des herren, so man die Mess nennet, Tauff, Feyrtagen, bildern und gesang LQGHUJHPHLQ&KULVWLZDQQGLH]ĤVDPHQNRPSWGXUFKXQGDXIIGDVZRUW*RWWHV]Ĥ Strasßburg fürgenomen. (1524) [« Explication, motivée par l’Écriture, des changements opérés selon la Parole divine et par elle à Strasbourg dans la Cène du Seigneur – c’est ainsi que l’on appelle la messe –, le baptême, les jours de fête, les images HW OH FKDQW GDQV OD FRPPXQDXWp GX &KULVW ORUVTX¶HOOH V¶DVVHPEOH ª@ GDQV Deutsche Schriften, I : Frühschriften, 1520-1524, p. 185-278. C. DEJEUMONTpGHWWUDG ©/D%UqYH$SRORJLHGH%DOWKDVDU+XEPDLHU ªLe texte et l’idée 26 (2012), p. 95-123. E. EGLI et al. (éd.), Huldreich Zwinglis Sämtliche Werke [ZW@,,/HLS]LJ,,, /HLS]LJ,9=XULFKð/HLS]LJï 9,,,Briefwechsel 2 : 1523-1526, Zürich 1982² (Leipzig 1914¹). W. R. ESTEP, Renaissance and Reformation, Grand Rapids, Mich. 1986. J. FABRI, Ursach warumb der Widerteuffer Patron unnd erster Anfenger, Doctor Balthasar Hubmayr, zu Wienn auf den zehenden tag Martij Anno 1528 verbrennt sei [« Pourquoi le Docteur Balthasar Hubmaier, patron des anabaptistes et leur SUHPLHU LQVSLUDWHXU IXW EUOp j 9LHQQH OH PDUV GH O¶DQ ª@ GDQV $ /AUBE (éd.), Flugschriften vom Bauernkrieg zum Täuferreich (1526-1535), Berlin 1992, p. 1580-1604.
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Balthasar Hubmaier et le baptême
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LE « MÉDIATEUR » JEAN DE SERRES ET SES TENTATIVES POUR CONVAINCRE THÉODORE DE BÈZE EN 1594-1595
Alain DUFOUR Institut d’histoire de la Réformation, Genève
Jean de Serres est connu pour trois raisons différentes : d’abord il a écrit l’une des premières histoires des guerres de Religion, les 15 livres des Commentariorum de statu Religionis et Reipublicæ in regno Galliæ, soit 5 volumes publiés entre 1571 et 1580. Le titre s’inspire des Commentaires de l’estat de la Religion et Republique de Pierre de La Place (1565), mais non le texte, et le choix du latin montre que Serres visait un public international, comme il le dit dans ses préfaces. Plus tard, en 1595 et 1597, il publiera son ouvrage en français sous le titre d’Inventaire general de l’histoire de France, et c’est sous cette forme que des générations de jeunes Français ont lu l’histoire GHVJXHUUHVGH5HOLJLRQ&¶HVWO¶©°XYUHG¶XQKXJXHQRWIHUYHQWªGLW+DXVHU on n’y trouve pas cet effort d’impartialité qui caractérisera La Popelinière, quelques années plus tard. Ensuite, il a traduit Platon en latin, donnant ainsi lieu à la grande édition gréco-latine des Œuvres de Platon qui a paru chez Henri Estienne, avec le texte grec établi par Estienne lui-même, à Genève en 1578, en 3 volumes in-folio. Le Plato Serranus est resté jusqu’à nos jours l’édition de base du texte de Platon, dont la pagination sert à numéroter les SDVVDJHVGH3ODWRQGDQVWRXWHVOHVpGLWLRQVPRGHUQHV(Q¿QLO¿JXUHSDUPL OHV © PR\HQQHXUV ª TXL RQW VRXKDLWp HW HVTXLVVp GHV UDSSURFKHPHQWV HQWUH catholiques et protestants à l’époque des dernières guerres de Religion et du début du règne de Henri IV. Corrado Vivanti, qui leur a consacré un livre célèbre, Lotta politica e pace religiosa in Francia (Turin 1963), a réservé des chapitres distincts aux trois principaux d’entre eux : Jean Hotman de Villiers, Jean de Serres et Jacques-Auguste de Thou.
1.
Ce livre a été publié en traduction française à Paris en 2006, mais sous une forme abrégée, et OHFKDSLWUHVXU-HDQGH6HUUHVHVWO¶XQGHFHX[TXLRQWpWpVDFUL¿pV
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À partir de quand Jean de Serres, pasteur et professeur calviniste, s’est-il passionné pour l’idée d’un tel rapprochement ? W. B. Patterson, par exemple, SODFHFHPRPHQWYHUVHWDWWULEXHFHFKDQJHPHQWjO¶LQÀXHQFHGH+HQUL,9 qui poursuivait une politique de réconciliation entre les Français. Jean de 6HUUHVOXLPrPHGLWTXHVRQpFULWDSSHOpWRXUjWRXU©+DUPRQLHª©$YLVª ©'LVFRXUVª DpWpUpGLJpGqV. Comme cet écrit circulait en manuscrit en 1593-1594, notamment dans les milieux de la noblesse protestante méridionale, il déclenchait des critiques RQGLVDLWTXH-HDQGH6HUUHVDYDLWVXELO¶LQÀXHQFH des milieux de la Cour, où l’on préfère la politique à la piété, etc. Il s’insurge DORUVFRQWUHFHVUHSURFKHV©FDORPQLHVª HWWLHQWjV¶HQMXVWL¿HUDX[\HX[GH Bèze : « Ce que je vous ferai bientost voir, aidant Dieu, vous monstrera qu’il n’y a rien impenetrable à la calomnie. Mon but est de renverser la Papauté par elle mesmeª¬SOXVLHXUVUHSULVHVLOGpFODUHj%q]H : tout ce que j’écris, je l’ai appris de vous. Qu’est-ce à dire " © 5HQYHUVHU OD 3DSDXWp SDU HOOH PHVPH ª LQGLTXH OD méthode particulière du moyenneur Serres : il veut montrer avant tout que le vrai christianisme se trouve dans les formulations les plus anciennes, dans les Évangiles d’abord, et dans les premiers Pères de l’Église. Il en tire une confession de foi qui correspond à peu près à la Confession des Églises GH )UDQFH GLWH GH /D5RFKHOOH 1RXV UHYLHQGURQV VXU FHW © j SHX SUqV ª En établissant ce qu’il appelle la vérité la plus ancienne, perpétuellement transmise depuis l’époque évangélique et universellement reçue, il décrit la foi ancienne et catholique, et constate que c’est la foi que professent les Églises réformées, alors que l’Église romaine y a apporté une quantité de doctrines supplémentaires, comme le pouvoir du pape, etc., qui sont des nouveautés par rapport à cette vérité ancienne et catholique. L’aspect proprement polémique (anti-romaniste), Jean de Serres l’a pratiqué dans ses quatre ouvrages contre le jésuite Jean Hay (le premier de 1582, et le quatrième alors sous presse à Genève, en 1594). Que Bèze s’y reporte, et il verra combien Serres est peu catholique romain ! Et c’est pour FHODTX¶LOpFULYDLW©0RQEXWHVWGHUHQYHUVHUOD3DSDXWpSDUHOOHPHVPHª,O mettait en évidence la nouveauté de l’Église romaine, et le faisait aussi dans ses écrits contre Hay.
3.
4. 5.
190
©-HDQGH6HUUHVDQGWKH3ROLWLFVRIUHOLJLRXVSDFL¿FDWLRQªGDQV'%AKER (éd.) Church, Society and Politics2[IRUG©6WXGLHVLQ&KXUFK+LVWRU\ª Jean de Serres à Bèze, 17-27 mars 1594 et n. 13, dans H. AUBERT, A. DUFOUR et al., éd., Correspondance de Théodore de BèzeW;;;91594), Genève 2011 (« Travaux d’humaQLVPHHW5HQDLVVDQFHª À Bèze, 10-20 octobre 1594 et n. 7, ibid. Par exemple : « Si je suis heretique ou brasseur de religions, vous me l’avez apprins, car je ne FURLVHWHQVHLJQHTXHFHTXHM¶DLDSSULQVGHYRXVªibid. et n. 5).
Jean de Serres et ses tentatives pour convaincre Théodore de Bèze
Et l’enseignement de Bèze, qu’en est-il ? Il est évident que Bèze détestait les moyenneurs : « Ils melangent les tenebres avec la lumiereªPDLVLOUHFRXUDLW YRORQWLHUVjO¶DGMHFWLI©FDWKROLTXHªDXVHQVG¶XQLYHUVHOSRXUTXDOL¿HUO¶eJOLVH réformée, comme dans le titre de son livre de 1579 : De veris et visibilibus Ecclesiæ catholicæ notis…7HUPHTXH-HDQGH6HUUHVUHSUHQGORUVTX¶LOGp¿QLW la vérité ancienne et catholique. Il y a plus : Bèze transmettait à ses élèves le goût des études patristiques (tout comme Calvin, bien sûr) en leur donnant la place que la scolastique tenait, au Moyen Âge, dans l’étude de la théologie. Corrado Vivanti l’a bien relevé, citant à cet endroit deux articles, l’un d’Eugene F. Rice jr et l’autre d’Eugenio Garin, rappelant que les humanistes, depuis Leonardo Bruni, repoussaient la philosophie scolastique et lui préféraient l’étude des Pères. Tradition reprise, évidemment, par Érasme, puis par les protestants. Voilà pourquoi Jean de Serres avait le sentiment d’avoir atteint l’essentiel de la doctrine chrétienne en comprenant l’Écriture à travers les plus anciens Pères, et ce depuis ses études en théologie, commencées à Lausanne et achevées à Genève, en 1557-1560, avec Bèze pour professeur dans l’un et l’autre lieux. Mais Bèze était très attentif à ne pas franchir la limite entre ce qui est scripturaire et ce qui ne l’est pas, même si les plus anciens Pères en ont parlé. C’est le cas, par exemple, du culte des saints, et particulièrement celui de la Vierge Marie, qui sont attestés chez les plus anciens Pères mais non dans l’Écriture. C’est plus qu’une limite, c’est un abîme, c’est là que l’Église du &KULVW GRLW VH Pp¿HU GHV UXVHV GH 6DWDQ. Il savait qu’en ce domaine, si les UpIRUPpVIDLVDLHQWODPRLQGUHFRQFHVVLRQO¶,QVWLWXWLRQVDXUDLWOHV©UpFXSpUHUª et le protestantisme disparaîtrait bientôt de la face de la terre, comme naguère la majorité des hussites et tant d’autres. Jean de Serres, emporté par sa recherche de la paix, qu’il fallait à tout prix rétablir en France, et enchanté par l’accueil exceptionnel que le Roi lui réservait, oubliait cette prudence, croyant tenir la clé de la réconciliation entre les chrétiens. Dans le texte que nous publions ici, il apostrophe son
6.
7. 9.
Cette formule revient plusieurs fois sous la plume de Bèze, notamment dans sa grande lettrepréface du Traité des vrayes… marques de la vraye Eglise catholique… à Henri IV, datée du DRWYRLUCorr. de BèzeW;;;,,S : « Tant de tres pernicieux erreurs… ne V¶DFFRUGDQWQRQSOXVjODSXUHSDUROHGH'LHX«TXHODOXPLHUHDYHFOHVWHQHEUHVª « The humanist idea of Christian Antiquity /HIqYUHG¶(WDSOHVDQGKLV&LUFOHª Studies in the Renaissance 9 (1962), p. 126-141. ©$OOHRULJLQLULQDVFLPHQWDOLGHOFRQFHWWRGL¿ORVR¿DVFRODVWLFDªGDQV(*ARIN, La Cultura ¿ORVR¿FDGHO5LQDVFLPHQWRLWDOLDQR, Florence 1961, p. 466-479. Voir la lettre-préface à Henri IV, déjà citée, Correspondance de Théodore de BèzeW;;;,, p. 140-141 : « Secondement, je les adverti de se donner garde des aguets de ce rusé ennemi de nostre salut, qui n’a jamais fait plus de mal à l’Eglise que sous couleur des bonnes intentions, quand il s’est transformé en Ange de lumiere [2 Co 11, 14] et quand il a pris le visage G¶DPLª
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lecteur : « Tu veux estre sauvé, et moy aussi WXHVSHUHVWRQVDOXWSDU-HVXV &KULVWHWPR\DXVVLG¶RYLHQWGRQFTX¶D\DQWWRXVXQH¿QFRPPXQHQRXV nous treuvons divisés par si aspres et si dangereux differens "ª(WODIDYHXU du roi ? Alors qu’il n’était encore que roi de Navarre, le 4 novembre 1579, Henri écrivait à Montmorency : « Le sr de Serres a esté deputé par les Eglises de Languedoc pour me venir trouver […] et j’ay trouvé ses discours tendans du tout à moyenner une bonne paix et assoupir et esteindre tous differens et dissentions. Qui est cause que je le renvoie vers vous, pour les vous reciter, FRPPHLOVoDXUDELHQIDLUHV¶LOYRXVSODLVWO¶RXwUª&¶HVWODSUHPLqUHWUDFH écrite et datée de la nouvelle vocation de Jean de Serres. Mais lui-même avait O¶LPSUHVVLRQGHWURXYHUHQ¿QFHTX¶LODYDLWFKHUFKpWRXWHVDYLH,OQ¶HVWTXHGH parcourir ses Commentarii ou son Inventaire general de l’histoire de France, pour entendre la longue plainte que lui inspiraient les guerres de Religion, la recherche ardente de la paix. Il savait maintenant comment la trouver ! Et O¶DFFXHLOGXURLQHVHGpPHQWDLWSDV/DOHWWUHGH6HUUHVj%q]HGXPDUV 1594 raconte en un paragraphe écrit en grec l’accueil que le roi lui a fait, le faisant venir dans sa chambre, à son chevet, pour lui parler sans témoin : le roi reconnaît sa faute (la conversion) et la regrette sincèrement. Il prie Dieu de lui donner l’occasion de réparer son erreur. Il pense à la sauvegarde des Églises réformées, et demande à Serres de l’informer de tout ce qui est nécessaire à cette sauvegarde. Remarquons aussi que le plus gros livre que Jean de Serres a écrit en tant que moyenneur, son 'H¿GHFDWKROLFDVLYHSULQFLSLLVUHOLJLRQLV&KULVWLDQ «, Paris, 1597, par les imprimeurs du roi, dont il ne reste qu’un exemplaire, selon Dardier, l’exemplaire de la Bibliothèque nationale de France, eh bien, cet exemplaire est relié en maroquin vert aux armes du roi Henri IV ! 0DLV UHYHQRQV j O¶DXWRPQH GH /¶© +DUPRQLH ª RX © $YLV ª GH Serres circulait en manuscrit d’un colloque à un synode provincial. L’auteur sentait s’approcher une pluie de critiques concernant des passages plus ou moins importants de son texte. Il craignait aussi de le voir arriver entre les mains de Bèze avant qu’il ait pu améliorer ou corriger les points contestés ou FRQWHVWDEOHV(WELHQVUFHODVHSURGXLVLW/HVHSWHPEUH%q]HUHFHYDLW transmis par Couet, le pasteur de l’Église française de Bâle, le fameux texte, sans nom d’auteur, mais on pouvait deviner… Serres, subodorant la chose, pFULWj%q]HTX¶LOV¶DJLWG¶XQHFRSLHIDOVL¿pH©WURXVVRQHWDYRUWRQG¶XQFRUSV
10. Recueil des lettres missives de Henri IV, éd. J. BERGER DE XIVREY, t. I, Paris 1843, p. 256. 11. 'DQVOHW;;;9GHODCorrespondance de Bèze, à la date indiquée, traduction du passage en grec par le prof. Bertrand Bouvier dans la note 15. 12. Ch. DARDIER©-HDQGH6HUUHVKLVWRULRJUDSKHGX5RLVDYLHHWVHVpFULWV>«@ª Revue historique 22 (1883), p. 52 (soit p. 64 du tiré-à-part), n. 1. C’est le Catalogue général des imprimés de la B.N. qui nous apprend que cet exemplaire, Rés. D 867, est relié aux armes du roi Henri. Cet ouvrage a été réimprimé, et nous avons pu en consulter sur le web un exemplaire de l’édition parisienne de 1607, in-8o, appartenant à la Bibliothèque de Munich.
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Jean de Serres et ses tentatives pour convaincre Théodore de Bèze
HQWLHUTXHYRXVYHUUpVLQGLJQHGHFHPDOKHXUHX[EODVPHª(WGHIDLW%q]H trouva l’avorton hautement critiquable : ce n’est pas à un particulier de traiter ni proposer de telles choses, cela doit être examiné par un synode. &¶HVWGRQFWRXWjOD¿QGHO¶DQQpHRXYHUVOHGpEXWGHTXHOHWH[WH revu et corrigé de Serres parvint à la Compagnie des pasteurs de Genève, celui qui porte la signature de Serres et la date du 4 décembre 1594. C’est le WH[WHTXHQRXVSXEOLRQVjOD¿QGHFHWDUWLFOHSRXUODSUHPLqUHIRLVHQSHQVDQW qu’il pourra intéresser le dédicataire de ce volume, lui qui a si judicieusement relevé le sens de l’affaire de Serres : qu’il y avait alors deux modèles de l’idéologie réformée, l’un classique et l’autre émergent, le premier refusant tout rapprochement, l’autre admettant la division provisoire du christianisme, dont on retrouvera l’écho dans le préambule de l’édit de Nantes. Ce texte est, à quelques passages près, la réécriture du premier, avec XQ FHUWDLQ QRPEUH GH PRGL¿FDWLRQV GRQW SOXVLHXUV FRUUHVSRQGDLHQW DX[ critiques du Colloque de Montpellier, telles que les formule Daniel Chamier, qui avait présidé ce colloque, dans une lettre à Jean de Serres. Le nouveau texte tient compte de certaines critiques transmises par Chamier, mais non de toutes. D’une manière générale, il expose la situation d’un point de vue plus élevé, moins terre-à-terre. Par exemple, le premier texte partait de la considération suivante : dans les discussions entre les deux confessions, il ne faut pas partir des points de désaccord, mais de ceux sur lesquels les deux parties s’accordent, mais le second a remplacé cela par un paragraphe sur la recherche de la vérité : si on la trouve, la concorde s’établira aussitôt. Puis Jean de Serres passe à la solution de l’arbitrage (que le colloque de Montélimar n’avait guère apprécié : « En troisième lieu, on trouve trop dur de mettre la
13. %q]H j 6HUUHV RFWREUH QRY Correspondance de Théodore de Bèze, W;;;9. C’est le texte que nous publions en Annexe no,,,GHFHPrPHW;;;9G¶DSUqVOH ms. Tronchin 5, f. 32-33, copie provenant des papiers de Bèze, et que l’on trouve aussi dans Ch. DARDIER©-HDQGH6HUUHVKLVWRULRJUDSKHGX5RLªSSGXWjS SXEOLp d’après le ms. fr. 412, f. 28-29, de la Bibl. de Genève. Comme c’est le texte que Bèze a reçu personnellement, il est normal de le publier dans sa Correspondance. Tandis que le texte que nous publions ici a été adressé à la Compagnie des pasteurs de Genève et aurait dû être publié dans ses Registres. 14. B. ROUSSEL © /HV 6\QRGHV QDWLRQDX[ GH HW ª GDQV M. GRANDJEAN, B. ROUSSEL (dir.), Coexister dans l’intolérance, l’Édit de Nantes (1598), Genève 1998 = Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français 144 (1998), p. 115-133 (ici p. 129). 15. Publiée par Ch. DARDIER©-HDQGH6HUUHVKLVWRULRJUDSKHGX5RLªSSGX t.-à-p.). 16. Ce bon conseil a frappé Jean Delumeau qui le cite dans une conférence, « De l’édit de Nantes jO¶°FXPpQLVPHªSURQRQFpHj3DULVDXWHPSOHGH3HQWHPRQWHWSXEOLpHGDQVOHBulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français 144 (1998), p. 934.
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Religion en arbitrage, comme si c’estoit quelque nostre cause particuliere, de ODTXHOOHRQSHXWV¶DFFRUGHUjO¶DPLDEOHHQTXLWWDQWTXHOTXHFKRVHGHVRQGURLWª écrit Chamier). Mais ce passage reste très semblable dans les deux textes. Dans la nouvelle version, les considérations sur l’arbitrage se développent en évocation de la doctrine ancienne, celle des Pères et des grands Conciles (que le premier texte ne mentionnait pas). Puis Serres propose un credo commun, inspiré de celui de Nicée, avec quelques détails qui le rapprochent fortement de la Confession des Églises de France, celle de La Rochelle. Ces détails VHURQW UHOHYpV GDQV OHV QRWHV (Q¿Q YLHQW XQ JUDQG SDVVDJH QRXYHDX G¶XQH page entière, sur la tendance de l’Église romaine à ajouter des suppléments contradictoires à presque tous les points de la foi : l’Église catholique a pour chef Jésus Christ, et aussi le Pape, et ainsi de suite. Cette page préannonce le célèbre développement de Karl Barth sur la « théologie du ‘et’ª Cette comparaison entre les deux textes a déjà été faite par le Colloque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, du 14 au 16 novembre 1594, en présence de Jean de Serres, qui soutint (comme dans sa lettre à Bèze) que sa première version pWDLW XQH FRSLH LQ¿GqOH HW R LO MXVWL¿D DERQGDPPHQW VD QRXYHOOH YHUVLRQ en montrant à quel point elle rejoignait la Confession des Églises réformées et qu’elle était destinée à prouver l’ancienneté et perpétuité de la doctrine réformée contre la nouveauté – et donc la fausseté – de la doctrine romaine. Dans ses développements oraux, il se référait volontiers à ses écrits contre le jésuite Hay, et particulièrement à la préface-dédicace à Lesdiguières, qu’il DYDLWSODFpHHQWrWHGHVRQTXDWULqPH©$QWL-pVXLWHªTXLYHQDLWGHSDUDvWUH à Genève. Il développe aussi, abondamment, l’explication de la présence du corps du Christ dans la Cène, perçue par la foi, conformément (dit-il) aux termes utilisés par Calvin dans le Consensus Tigurinus de 1549 et à ceux utilisés par Bèze dans sa polémique contre Claude de Saintes. Charles Dardier ayant publié toute cette discussion du Colloque de SaintPaul, conclut : « Nous n’avons pas besoin de reproduire ici l’écrit corrigé que déposa Jean de Serres, parce qu’il ferait double emploi après les explications IRXUQLHVSDUOXLDXFROORTXHGH6DLQW3DXOHWTXHQRXVYHQRQVGHWUDQVFULUHª Nous croyons quand même utile de le publier, car même si ce texte se rapproche plus que le premier de la Confession des Églises réformées, il ne le fait pas autant que les déclarations orales dont Serres l’a entouré à Saint-Paul.
17. K. BARTH, Dogmatique,WUDGIU*HQqYHS 18. Joannis Serrani, Pro vera Ecclesiæ catholicæ autoritate defensio adversus Joannem Hayi […], excudebat Jacobus Stoer, [Genevæ] 1594, in-8o. Il existe des exemplaires portant ©1HPDXVLªVDQVQRPG¶LPSULPHXU 19. Toute cette discussion du Colloque de Saint-Paul est publiée par Ch. DARDIER, « Jean de 6HUUHV KLVWRULRJUDSKH GX 5RL ª S S GX WjS PDLV DYHF TXHOTXHV IDXWHV GHOHFWXUHFRPPHLFLSDUH[HPSOH©HQODGLVSXWHGHODFRXUWHQXHSRXUVDLQWHªDXOLHX GH©GLVSXWHGHODFHQHWHQXHFRQWUH;DLQWHVªYRLU%LEOLRWKqTXHGH*HQqYHPVIU f. 14-16.
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4XRLTX¶LOHQVRLWjOD¿QGX&ROORTXHO¶DXWHXUDYDLWO¶LPSUHVVLRQMXVWL¿pHTXH VHV FROOqJXHV O¶DYDLHQW DSSURXYp HW LO SRXYDLW DYHF FRQ¿DQFH GHPDQGHU DX président d’envoyer son texte, avec le procès-verbal de la réunion, à Genève. En tout cas, ce texte devenait, nettement plus que le premier, absolument indigeste pour les lecteurs catholiques romains, comme on pourra en juger. Avis de Jean de Serres (envoyé le 4 décembre 1594 à la Compagnie des pasteurs de Genève) Bibl. de Genève, ms. fr. 412, f. 20-29, copie contemp. L’experience a monstré en ce Royaume que ny les armes ny les aigres disputes ne sont propres à composer les differens de la Relligion. Car quel succès y a-il en l’un et l’autre ? Les armes n’ont pas gagné les ames à Dieu, PDLVRQWIDLFWGHVERUGHUSDUWRXWXQGHOXJHLQ¿QLG¶LPSLHWp/HVGLVSXWHVQ¶RQW esté plus heureuses, ayans apporté du bruit sans fruict, beaucoup emeu et peu prouvé, desquelles, bien qu’il ne faille juger par le succès, si est il vray que comme la verité se treuve en la cerchant par douceur, aussi qu’elle se perd en la debatant par aigreur. Appres donc tous nos longs malheurs, peut on treuver mauvais de rechercher quelque raisonable moyen d’accord par la verité ? car si par raison et le commun consentement de tous, nous la treuvons, qui ne peut esperer par la verité la concorde ? Car la concorde est en la verité. Tu veux estre sauvé, et moy aussi. Tu esperes ton salut par Jesus Christ, HW PR\ DXVVL G¶R YLHQW GRQF TX¶D\DQV WRXV XQH ¿Q FRPPXQH QRXV QRXV treuvons divisés par si aspres et dangereux differens ? Certes nous prennons de diverses procedures et nous imaginons de divers fondements sur lesquels on bastit des diverses conclusions, mais si ayans un commun but nous prennons de communes maximes et suivons une commune procedure par la douceur, on peut avec raison esperer autant de bien, comme l’aigreur a apporté de mal. Comme il adviendra bien souvent qu’un long et ruineux procès sera composé et terminé par arbitrage, recerchons donc pied à pied le remede à nos malheureuses dissentions par ceste voye de paisible conferance.
20. /D¿QGHODSKUDVHFRUUHVSRQGjODVHQWHQFH1GH3XEOLXV6YRUS : « Nimium altercando YHULWDVDPLWWLWXUª 21. Comme au temps du colloque de Poissy, le rapprochement entre les confessions n’est envisagé que sous la forme de concorde, et aucunement sous la forme de tolérance, que le principe de l’unicité de la vérité rend impossible (sur toutes ces questions, voir M. TURCHETTI, Concordia o tolleranza ?, Genève – Milan 1984). 22. Ce paragraphe remplace à lui seul trois paragraphes de la première version, qui étaient, eux, FRQVDFUpVjO¶HUUHXUFRQVLVWDQWjFHQWUHUOHVGLVFXVVLRQVVXUOHVSRLQWVHQFRQÀLWDXOLHXGH FRPPHQFHUSDUFHX[RO¶RQHVWG¶DFFRUGSXLVjO¶XQLFLWpGHODYpULWpHWHQ¿QDXUHFRXUVj l’amiable composition pour résoudre les longs et ruineux procès, soit à un arbitrage. La nou-
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Pour faire un bon arbitrage, six choses sont requises : la necessité, l’intention, la qualité commune des parties, l’accord des arbitres, leur pouvoir HW OHXU MXJHPHQW /D QHFHVVLWp IUD\H OH FKHPLQ j O¶DUELWUDJH TXDQG OHV personnes sont lasses de plaider. Or peut on appres tant de malheurs nés de nos longues et furieuses dissentions, attandre plus grande necessité qui nous convie à la paix ? L’intention commune des parties peut aussi beaucoup pour faciliter l’arbitrage : quand chascun, content du sien, est disposé à l’accord. Or qui est chrestien et ne cerche son salut en Jesus Christ, et François et ne desire la paix de la France ? La qualité est de mesme necessaire en tout arbitrage, DI¿QTXHFHOX\TXLGHPDQGHDLWGURLFWGHGHPDQGHUFRPPHG¶HVWUHHQIDQVRX prochain lignager, avoir ung testament ou une donation, et semblables autres tiltres : nos qualités sont elles pas aussi remarquables ? Nous recognoissons tous un mesme Dieu pour père, un mesme redempteur duquel nous portons le nom et la livree au baptesme, une mesme Eglise catholique pour mere, une mesme parolle de Dieu contenue en l’Escripture. Et pour le regard de l’Estat, nous avons tous un commun interest de nous conserver dans le sein de nostre commune patrie, soubz l’obeissance d’un mesme prince. Les arbitres sont aussi de grande importance en l’arbitrage, car si les parties ont convenu d’arbitres gens de bien, sages, de bonne foy, agreables, peuvent elles pas esperer quelque bonne yssue de leur differans ? Leur pouvoir est de juger des differans qui naissent d’ung mesme testament ou aultre tiltre par ceux qui ont droit, et qui par eux estant exposé diversement, pour rendre à un chascun ce qui luy appartient. Leur jugement doibt estre reglé par la raison, pour juger du testament par la volonté du testateur, la volonté duquel est la premiere loy. Par l’equité naturelle et par la disposition du droict, qui ne peut estre contraire à l’equité. Par la premiere regle, ils exposent le testament en pesant les motz et UHOHYDQWOHVFLUFRQVWDQFHVSRXUHVFODUFLUODYRORQWpGXWHVWDWHXUDX[FODXVHV obscures ou ambigues.
velle version est beaucoup plus vivante ©7XYHX[HVWUHVDXYp«ªHWHOOHLQWURGXLWGLUHFWHPHQWOHUHFRXUVjO¶DUELWUDJH±'DQVOD©&RQFOXVLRQªGH'BOISSON, Y. KRUMENACKER, éd., La coexistence confessionnelle à l’épreuve. Études sur les relations entre protestants et catholiques dans la France moderne, Lyon 2009, p. 344, Olivier Christin évoque les notions G¶©DPLWLpªHWG¶©DUELWUDJHªFRPPHpOpPHQWVGHODFRH[LVWHQFHFRQIHVVLRQQHOOH-HDQGH Serres y pensait lui-aussi. 23. Ces quatre paragraphes, exposant les principes de l’arbitrage et les qualités des arbitres, ressemblent fort à ceux de la première version, mais sous une forme beaucoup plus condensée. La première version le développait en deux pages entières, et Serres était un peu trop SUHVVpG¶\LQWURGXLUHGHVpOpPHQWVGHODWKpRORJLH3DUH[HPSOHGDQVOD©SUHPLHUHUHJOHª LOLQWURGXLVDLWGpMjO¶LGpHTXHOHVDUELWUHV©H[SRVHQWOHWHVWDPHQWSDUOHWHVWDPHQWªFHTXL est une allusion à l’explication des passages obscurs de l’Écriture par l’Écriture, qu’enseigne saint Augustin dans son De doctrina christiana, et que l’on appelle l’analogie de la foi. Ici, il est devenu plus prudent (peser les mots, relever les circonstances : cela convient mieux à
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Par la seconde reigle, ils ordonnent à ung chascun ce que luy est deu tant par l’equité naturelle que par les termes expres du testament. Par la troisiesme, s’il y a quelque circonstance non esclarcie par termes formels, ils la ramenent à la praticque de la loy en gardant ce qu’il faut garder. Mais avant que d’applicquer ceste comparaison, je veux par un prealable bien expressement protester que par ce mot d’arbitrage, je ne veus entendre qu’il falle mettre l’eternelle et immuable verité de Dieu en compromis, comme on fera aux choses du monde ausquelles les arbitres pour le bien et paix retranchent des pretentions de part et d’autre pour faire une cotte mal taillee, car je tiens pour immuable maxime que mesler la verité aveq la vanité est un execrable adultere. Mais suivans les traces de ceste similitude, j’entens une douce et paisible conferance de la verité sans armes ni injures pour la traitter par des maximes communes et par des juges agreés de part et d’autre par la raison et la verité mesme, comme quand ung differans est vuidé par sentence arbitraire, à point de droit, sans aigreur ny despans. Le mot esclairci, voici l’application de ma similitude. Chascun allegue l’Escripture au faict de la Relligion. C’est le commun testamens des chrestiens, aussi est-elle diversement exposee par les uns et par les autres : de là naissent les differens de la religion chrestienne, non pas de la Parole de Dieu, qui est tousjours une et certaine, mais des divers jugemens de ceux qui neantmoings ne sont ne veulent estre estre tenus pour Turcs et payens. Pour composer ce[s] differans nous cherchons des arbitres qui, sans larmes ne aigreur, moyennent la concorde de l’Eglise, en ramenans les chrestiens à la verité en laquelle ilz puissent acquiesser d’ung commung consentement et par la voye de si communs principes qu’il n’i ait point d’appel. Comme personne ne peut contredire à ceus qui sont purement de l’equité naturelle : vivre honnestement et rendre à ung chascung ce qu’il luy appartient, et tels souverains principes cerchons nous en la Parole de Dieu seule et infallible UHJOHGHYHULWp Qui seront donc les arbitres de nos differans en la Relligion chrestienne ? Certes, pour les avoir revestus des qualités susdites, ilz ne peuvent estre autres que les Prophetes et Apostres, qui sont les secretaires et notheres autentiques de la verité, et les Docteurs de l’Eglise ancienne et catholique
des juristes), il se rappelle la critique de Daniel Chamier, « on trouve trop dur de mettre la 5HOLJLRQHQDUELWUDJHªFLWpHGDQVQRWUHLQWURGXFWLRQ 24. Le début de ce paragraphe est un ajout destiné à répondre à la critique de Daniel Chamier, citée à la note précédente. Mais le reste du paragraphe, ainsi que les paragraphes précédents (seconde et troisième règles) sont semblables ou analogues à la première version. 25. En France, nous apprend La Grande EncyclopédieW,,,SDUWLFOH©DUELWUHªOHVRUGRQnances de 1510 et de 1535 rendaient l’arbitrage à peu près illusoire, mais l’ordonnance de 1560 le releva. Le droit de le former était maintenu absolument, et les parties constituantes ne pouvaient y renoncer (une fois que les arbitres étaient désignés et consentant).
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comme interpretes et tesmoingtz de la doctrine apostolique, qui s’aprochans plus pres du temps des appostres ont esté mieux instruictz de leur intention, et peuvent mieux juger des differans de la verité, ayant vescu avant qu’ilz feussent nés et esmeus. Mais il faudra recognoistre leur authorité selon leurs degrés : les apostres ont les originaux de la verité comme la reigle. Et les Peres le commentaire, exposition ou tesmoignage, en tant qu’ils sont conformes à ceste regle. Ils protestent clairement ne vouloir estre receux qu’à ses conditions, et leurs protestations sont enregistrees dans le Canon en termes du tout expres. Et quel sera le pouvoir de ces arbitres ? D’assurer les chrestiens de la verité pour soustenir fermement que, comme il n’y a qu’un Dieu, aussi qu’il n’y a qu’une verité et une foy, en monstrant que telle est la vollonté de Dieu, à laquelle il faut que tous hommes acquiessent sans replique, pour avoir salut. Et leur jugement, comment est-il reglé ? Par des principes souverains, GHVTXHOVLOQ¶LDSRLQWG¶DSSHOGRQWOHYUD\HPHQWVRXYHUDLQHVWµOH6HLJQHXUO¶D dict’. C’est la source de l’antiquité à laquelle nous ramenons tous les Prophetes et Apostres, en nous assurant qu’ils nous enseignent la verité eternelle. Je ne vous escri pas un commandement nouveau, mais le commandement ancien, dict sainct Jean. Ilz protestent qu’ils ne disent rien de particullier, mais ce que Dieu leur a revelé par son Esprit. L’Escripture, dict sainct Pierre, n’est pas de revelation particuliere : pour monstrer qu’elle est vrayement catholique, venant du general commandement de l’autheur de verité et receu par un commun consentement de l’Eglise de tout temps. Rien d’incertain, rien d’ambigu. Rien d’interrompu. C’est la parolle de la foy, laquelle nous preschons. Mon esprit qui est en toy et les parolles qui sont en ta bouche QHSDUWLURQWGHWR\QHGHWHVHQIDQV. C’est le consentement cathollique et la succession perpetuelle de la verité en l’Eglise, à la creance de laquelle les Prophetes et Apostres nous convient. Et les saincts Peres ecclairés de ceste lumiere nous asseurent, comme bons interprettes et tesmoingtz que c’est la pure verité de salut. Qui sont donques ces souverains principes que nous ordonne l’Escripture comme seulle et infallible regle de la verité ? Quatre, àssavoir l’Antiquité, le consentement catholique, la succession perpetuelle, la certitude et l’evidence. Et tous en la verité, comme elle est le but de la concorde que nous cerchons. L’Antiquité se preuve par deux marques, par la verité et par le temps, et par consequent l’Escripture saincte est le premier degré de l’Antiquité. Tant par ce que Dieu Eternel en est l’autheur que parce qu’elle est plus ancienne que tous
26. 1 P 1, 12, et 2 P 1, 20. 27. &HVIRUPXOHVUDSSHOOHQWOHIDPHX[©FDWKROLFRQªGH9LQFHQWGH/pULQV©TXRGXELTXHTXRG VHPSHUTXRGDERPQLEXVFUHGLWXPHVWªCommonitorium II, 3, Ve siècle). 28. Es 59, 21.
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les peres. Et puis en suitte, il faudra recercher les escritz desdits Peres selon qu’ils ont vescu plus pres du temps des Apostres, avant les differans qui sont aujourd’huy. /HFRQVHQWHPHQWFDWKROLTXHHVWGH¿QLWDQWSDUFHTXH'LHX>HQ@HVWO¶DXWKHXU et n’est de revelation particulliere d’aucun homme, que d’autant que l’Eglise l’a receue d’un commun consentement. Ayant continué parmi les persecutions et les scandales en l’assemblee de ceux qui ont avoué Jesus Christ pour leur redempteur et ont eu le sainct baptesme pour signal de leur profession par tout le monde universel. La succession perpetuelle de la verité se monstre par la continuation d’une mesme verité, creue despuis Adam jusques aujourd’huy, et diverse en forme. Et toutesfois une mesme en substance : en un seul Jesus Christ, suject de la vraye Religion, despuis que le monde est monde. La certitude et l’evidence se manifeste par elle mesme, certaine, claire, sans ambiguité, sinon à ceux qui l’y apportent. Ce sont les principes de la verité, remarquables en l’Escripture et en toute la doctrine des peres, autant qu’elle est conforme à ceste reigle. Qui jugera donc des differens de la Religion ? L’authorité des principes, WKURQHVRXYHUDLQGHODYHULWpGXTXHOQ¶\DSRLQWG¶DSSHO/HV3URSKHWHVHW appostres ni les docteurs ne viendront pas du ciel pour nous prononcer un oracle, mais ilz parlent assés à nous par leurs immortelz escriptz. Ilz seront GRQFVXI¿VDQVDUELWUHVSRXUYXLGHUQRVGLIIHUDQVSDUFHVWHPDUTXHTX¶LOVRQW laissee de leur advis à la posterité. Pour fondement donc de l’arbitrage de verité que nous cerchons, il faudra poser la parole de Dieu premier appuy de tous les principes comme elle est contenue en l’Escripture saincte, pour bien entendre l’intention du testateur. Par le testament exposer le testament : assavoir l’Escripture par l’Escripture, par les rapportz d’un passage à l’autre et aux lieux obscurs ou ambigus il faudra prendre la certaineté et evidence de la doctrine ancienne et catholique pour juger du sens par la circonstance du passage. Ensuite il faut voir ce que les peres anciens ont dict pour l’exposition et intelligence de la doctrine dont on est en doubte, prenant ceux premierement pour bons interpretes et tesmoingz qui ont vescu les premiers avant nos
29. 'DQV OD SUHPLqUH YHUVLRQ 6HUUHV Gp¿QLVVDLW OD © UHOLJLRQ DQFLHQQH ª FRPPH © FHOOH TXL D esté creue et approuvee de tous les chrestiens d’une succession perpetuelle et d’un commun DFFRUGHWHQWRXWWHPSVHWHQWRXWHVQDWLRQVFKUHVWLHQQHVMXVTXHVjQRXVªRO¶RQUHPDUTXH qu’il n’y a pas de limite chronologique à cet accord doctrinal ancien. Ici, plus prudemment, il précise ©DYDQWOHVGLIIHUDQVTXLVRQWDXMRXUG¶KX\ªFHTXLGpVLJQHVDQVGRXWHDYDQWOD croissance du pouvoir de l’évêque de Rome. 30. 'DQVFHSDUDJUDSKHUpDSSDUDvWOH©MXVTXHVDXMRXUG¶KX\ªPDLVLOV¶DJLWGXF°XUPrPHGX christianisme : Jésus-Christ. 31. /HPDQXVFULWSRUWHGHX[IRLV©SDUOHWHVWDPHQWª,FL6HUUHVSHXWGLUH : le testament par le testament, puisqu’il a établi, entre temps, qu’il faut entendre par là l’Écriture.
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differans. Et par mesme ordre voir le consentement des plus anciens consiles, vrais registres de la volonté de l’Eglise. Le tout examiné à la regle de l’Escripture. Que s’il appert que l’Escripture a ainsi posé la verité et les docteurs l’ont ainsi exposee, et l’Eglise vrayement ancienne ainsi consenti, qui peut nier que ceste doctrine ne soit ancienne et catholique, et par consequent veritable ? Ce sont les maximes de la verité, commune à tous chrestiens, par lesquelles 'LHX OHV FRQYLH j FRQFRUGH 0DLV DI¿Q TX¶LO Q¶\ HXVW SRLQW G¶DPELJXLWp HQ la creance de ceste ancienne et catholique doctrine, laquelle tous chrestiens croyent veritable, non seulement Dieu a voulu laisser l’Escripture pour original authentique, mais aussi les communs symboles tirés de ce souverain registre, et escriptz en grandes et notables assemblees de son Eglise, et ung commun EDSWHVPHFRPPHXQVHDXHWVLJQDOGHFHVWHIRQGDPHQWDOHYHULWp Car nonobstant tous les changemens qui sont advenus en l’Eglise et par la doctrine nouvelle et particulliere qui y a esté introduite et par les diverses FHUHPRQLHVGRQWRQO¶DGLYHUVL¿HHLQ¿QLPHQWHWHQGLYHUVWHPSVHWHQGLYHUV peuples, si est-ce que tous chrestiens par tout le monde ont creu et croyent ce qui s’ensuit : Qu’il y a ung seul vray Dieu, le Père, le Fils, le Sainct Esprit. Que le Fils de Dieu, nostre Seigneur Jesus Christ est vray Dieu et vray KRPPH FRQFHX GX 6DLQFW (VSULW Qp GH OD YLHUJH 0DULH FUXFL¿p PRUW resuscité, monté au Ciel, assis à la dextre du Père, ayant parfaictement accompli tous les misteres de nostre redemption. Qu’il est redempteur, moyenneur, chef et souverain pasteur de l’Eglise. Qu’il a espandu son sang precieux pour la remission de nos pechés, faict et SDUIDLFWOHVHXOHWXQLTXHVDFULI¿FHGHQRVWUHUHGHPSWLRQ 4XHVRQVDQJHVWODYUD\HSXUJDWLRQGHQRVDPHVHWVRQVDFUL¿FHQRVWUH vray merite. Que par la foy nous sommes incorporés en luy pour estre participans de tous ses biens et vye eternelle. 4XHODYUD\HIR\TXLQRXVMXVWL¿HHVWFHOOHTXLQRXVVDQFWLI¿HRXYUDQWHSDU charité, comme un arbre produit de bons fruicts. Que la vie eternelle est un don de la grace et misericorde de Dieu. Qu’il a institué deux sacremens en son Eglise : le baptesme et l’eucharistie, que sainct Pol appelle Cene du Seigneur.
32. &H FUHGR VXLW j SHX SUqV OH 6\PEROH GH 1LFpH MXVTXHOj HQ DMRXWDQW © VRQ VDFUL¿FH HVW QRVWUHYUD\PHULWHªTXLQH¿JXUDLWSDVGDQVODSUHPLqUHYHUVLRQPDLVTXH6HUUHVDGLQVprer pour ajouter quelque chose de plus typiquement réformé OHVERQQHV°XYUHVTXHOH¿GqOH peut accomplir ne sauraient en aucun cas mériter le salut. On remarque aussi que Serres a DMRXWp©FKHIHWVRXYHUDLQSDVWHXUGHO¶eJOLVHªTXLQH¿JXUHSDVGDQVOH6\PEROHGH1LFpH
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Que l’enfant baptisé en la foy de ses parens doibt croire quand il est devenu grand pour estre sauvé. Et par mesme raison, la foy est necessaire pour recepvoir dignement le sacrement de communion en discernant le corps du Seigneur. Que Jesus Christ est vrayement en sa Cene et nous y donne vrayement, reelement et par effect, et non par pensee et imagination vaine, la substance de sa chair et de son sang pour en nourrir et repaistre nos ames à vie eternelle Et comme sa chair est vrayement viande, aussi que nous la mangeons vrayement, et son sang vrayement bruvage, que nous le beuvons aussi vrayement, de la façon qu’il parle au mesme lieu : Qui croit en moy a la vie eternelle, et comme l’expose l’antiquité : Croy et tu as mangé. Que Dieu nous a declaré sa volonté par sa parole, qu’il a volu estre escripte et HQUHJLVWUHHSDUVHVSURSKHWHVHWDSSRVWUHVD¿QTXHVXLYDQWOHFRPPDQGHPHQW du maistre, nous cerchions l’Escripture pour avoir salut. Que l’Eglise est colonne et fermetté de verité, heritiere de la remission des pechés et de la vie eternelle, comme mere de ceux desquels Dieu est le Père. Qu’il faut prier Dieu avec devotion en droicte affection de cœur, et par consequens avec intelligence. Qu’il faut honnorer les saincts en imitans leur saincte doctrine et bonne vie. Que le jeusne est utile pour nous disposer à bien prier Dieu.
33. Dans sa seconde version, Serres a développé un peu ce qui est dit des sacrements, tenant compte des remarques que le colloque de Saint-Paul avait faites. Ici, il réfute les objections des anabaptistes contre le baptême des enfants. La Confession de La Rochelle disait plus VLPSOHPHQW©3DUO¶DXWRULWpGH-pVXV&KULVWOHVSHWLWVHQIDQWVHQJHQGUpVGHV¿GqOHVGRLYHQW HVWUHEDSWLVpVªDUWLQ¿QH). 34. Par rapport à la première version, Serres a ajouté « la foy est necessaire pour recepvoir dignePHQWOHVDFUHPHQWGHFRPPXQLRQªUpSRQGDQWDLQVLjO¶REMHFWLRQTXH&KDPLHUDYDLWIRUPXlée à la première version : « Nous mangeons vrayement la chair du Christ et buvons vrayement son sang, est trouvé dur sans ceste suite 3DUIR\ª&K'ARDIER, « Jean de Serres, KLVWRULRJUDSKHGX5RLªS>SGXWjS@ 35. Jn 6, 47. 36. La formule est dans s. Augustin, In Joannem evang., tract. 26, cap. 1 (PL 35, col. 1607) : ©&UHGHUHLQ&KULVWXP!KRFHVWPDQGXFDUHSDQHPYLYXPª 37. Cf. 1 P 1, 10, et Ep 1, 13. 38. 1 Tm 3, 15. 39. Le symbole des Apôtres parlait de communion des saints. Serres a laissé sa formule de la première version, malgré la critique de Chamier contre « l’intercession des saincts et telles LQYHQWLRQVGH6DWKDQª&K'ARDIER©-HDQGH6HUUHVKLVWRULRJUDSKHGX5RLªS>S du t. à p.]). 40. Première version ©4XHOHMHXQHHVWQHFHVVDLUH«ª&KDPLHUDYDLWQRWp : « comme si cela ne SRXYRLWVHIDLUHVDQVMHXQHUªibid.). Serres a donc remplacé nécessaire par utile. La suite est sans changement, jusqu’à la n. 42.
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Qu’il faut user sobrement de viandes et s’habiller avec honesteté et modestie. Celebrer le jour de repos, honnorer le mariage et les sepultures, en esperance de la bienheureuse resurrection de nos corps. Qu’il faut que tout se face par ordre en l’Eglise de Dieu. Qu’à ceste creance est joincte la doctrine de la Loy de Dieu, regle de bien vivre, qui nous apprend de fuir le mal et faire le bien, en croyant que l’ame est immortelle, et que la bonne vie est le moyen de la rendre bienheureuse et le chemin certain de felicité. C’est le sommaire de la doctrine fondamentalle. Et qui ne voit que tous les chrestiens ont la creance de ceste ancienne et veritable doctrine, de mesme qu’un baptesme commun ? Je sçay bien que tous ceux qui recognoissent le Pape de Rome pour chef visible et souverain pasteur de l’Eglise, croyent quelque autre doctrine que nous ne croyons pas, mais sy est-il vray que tous ensemble croyons ceste foy ancienne et catholique et par consequent YHULWDEOH2UVLRQODFRQIHUHDYHFFHOOHTXHQRV(JOLVHVRQWUHSUHVHQWHHHQ leur Confession, on trouvera que c’est elle mesme, sur quoy les arbitres disant droict sur ce qui leur appert et dont les parties sont notoirement d’accord, pourront ordonner equitablement ce qui s’ensuit : Il n’est donc nullement raisonable qu’elles debatent plus de ce dont elles VRQW G¶DFFRUG HW SURYLJQHU XQ SURFqV LQ¿QL VDQV DXFXQH QHFHVVLWp Q¶HVWDQW chose ne plus deshoneste ni plus pernicieuse qu’un proces volontaire mesme entre parens, aussi que les chrestiens ne doibvent estimer rien plus indigne du nom qu’ils portent que de debatre entre eux de la veritable et fondamentalle doctrine, laquelle ilz appreuvent tous d’ung commung consentement. Que si nous prenons pour principe souverain de la verité, que toute doctrine ancienne et catholique est veritable, tout le proces est vuide, car en prouvant qu’elle est telle, nous prouvons qu’il la faut recepvoir, et au contraire, qu’il la faut rejeter.
41. 1 Co 14, 40. 42. &HODHVWDI¿UPpDXVVLSDU&DOYLQInst. Rel. Chrét., I, XV, 2. La Confession Helvétique postérieure aussi mentionne l’âme immortelle (Confessions et catéchismes de la foi réformée, éd. O. FATIO et al., Genève 1986, p. 219). Les théologiens modernes préfèrent parler de vie éternelle, don de Dieu, l’âme immortelle étant une notion platonicienne (Encyclopédie du protestantisme, 2epG3DULVDUW©0RUWHWYLHpWHUQHOOHªSsq.). 43. Ici, Serres introduit l’idée que les Catholiques romains ont ajouté quelque chose à chaque DUWLFOHGHOD©GRFWULQHDQFLHQQHHWFDWKROLTXHªTX¶LOYDGpYHORSSHUFLQTSDUDJUDSKHVSOXV ORLQjSDUWLUGH©/DQHFHVVLWpGRQFGHSURXYHU«ªSHQGDQWXQHSDJHHQWLqUHTXLHVWFRPPH ODSUp¿JXUDWLRQGHODSDJHFpOqEUHGH.DUO%DUWKVXUOD©WKpRORJLHGXµHW¶ªYRLUQRWUHLQWURduction et n. 13. 44. C’est-à-dire au cas où l’on prouverait que cette doctrine n’est ni ancienne ni véritable, il faudrait la rejeter.
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Or que celle-ci-dessus representee ne soit ancienne, il appert par toutes les dattes d’antiquité, car elle est bien posee en l’Escripture, avec autant de clarté et evidence qu’il n’i eschet aucune raisonnable replique. Et catholique par le consentement de tous les chrestiens d’une succession perpetuelle. Elle est donc veritable et par consequent recepvable. Et par mesme preuve, il est du tout apparant par nostre manifeste bien exposé en la confession de nos Eglises, que c’est la mesme doctrine que nous croyons. La nostre donc estant prouvee par des tesmoignages tant signallés, n’a plus besoing de preuve. Nous sommes deschargés de la peyne de preuver ce qui nous conserne et requerons que notre protestation soit escripte : que nous ne croyons autre chose que ce qui est contenu en la Parolle de Dieu sans rien adjouster ne diminuer, dont la doctrine susdicte est tiree. Et en appert au URROHGUHVVpjFHVWH¿Q La necessité donc de prouver est à ceux qui adjoustent quelque chose à ceste premiere et indubitablement ancienne et catholicque doctrine, comme appert par le confront de ces deux doctrines, comme s’ensuit. Nous croyons tous que Jesus Christ est nostre moyenneur et intercesseur, et ils adjoustent aussi que les sainctz sont aussi nos moyenneurs et intercesseurs envers Dieu. Nous croyons tous que Jesus Christ est le chef et souverain pasteur de l’Eglise, et ils adjoustent que le pape de Rome est aussi le chef et souverain pasteur et prince de l’Eglise catholique avec une tant pleine et absolue authorité qu’il peut damner et sauver les ames, juger de tous et de tout, sans qu’il puisse estre jugé de personne. 1RXV FUR\RQV WRXV VRQ VDFUL¿FH HVWUH OD UHPLVVLRQ GHV SHFKpV (W QHDQWPRLQVLO]GLVHQWTXHODPHVVHHVWXQVDFUL¿FHSRXUOHVYLIVHWSRXUOHV morts. Nous croyons tous que le sang de nostre Seigneur Jesus Christ est nostre vray purgatoire, et ils adjoustent qu’il y a un autre purgatoire en la puissance de son chef visible pour en disposer à sa volonté. Nous croyons tous qu’il faut croire en Jesus Christ pour estre sauvés. Que ODIR\TXLQRXVMXVWL¿HQRXVVDQFWL¿HHWSURGXLWHQQRXVGHERQQHV°XYUHV et neantmoings que nous sommes sauvés par la grace de Dieu, et que la vie eternelle est un don de Dieu. Et ils adjoustent que nous meritons et gagnons paradis par nos bonnes œuvres. Nous croyons tous que le baptesme et la Cene sont deux sacremens ordonnés par le Fils de Dieu à son Eglise, et ils adjoustent qu’il y en a cinq autres pour en faire sept.
45. À cause du pouvoir des clés, accordé à Pierre (Mt 16, 18, pouvoir supposé transmis à ses successeurs).
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Nous croyons tous la vraye presence et communication de nostre Seigneur Jesus en sa saincte Cene et que la foy est necessaire à la perception des sacremens, et neantmoings ilz disent que la presence de Jesus Christ est corporelle et sa communication, le pain et le vin estant transsubstantiés en la chair et au sang de Jesus Christ et que on le mange avec les dentz du corps. Bien que l’Escripture saincte en termes expres limite ceste communication : /HVSDUROHVTXHMHGLVRQWHVSULWHWYLHODFKDLUQHSURI¿WHSRLQW. Et l’Antiquité dict clairement que ceste communication est spirituelle et par foy, et tançant ceux qui y approchent leurs dentz, dict : à quoy apprestes tu les dentz et le ventre, croy et tu as mangé. Nous croyons bien tous que les sacremens sont signes des choses sacrees, et le canon avoue nommement et au baptesme et en la cene le signe visible de la chose invisible, et croyons bien tous que les signes ne sont vains et ne sont vaines imaginations ou paintures, mais ils adjoustent que les signes de l’eucharistie ne sont plus signes ains sont changés et convertis en la substance de la chair et du sang de Jesus Christ. Nous croyons bien tous que l’Escripture est la regle de la verité, à laquelle il faut croire sans delay ny doubte, car ce sont les motz du canon, mais ilz adjoustent qu’il y a une autre parole non escripte, de mesme authorité que O¶(VFULSWXUH Nous croyons tous que l’authorité de l’Eglise est grande, mais ils disent qu’elle est par-dessus et devant l’Escripture, bien qu’il apparoisse par termes expres qu’elle est fondee et bastie sur la doctrine des prophetes et appostres, et que le sens commun nous monstre que le fondement est premier que ce qui est basti dessus. Nous croyons tous qu’il faut honnorer les sainctz en leur doctrine et bonne vie, et il[s] leur attribuent des images pour signal d’honneur et reverence. Qu’il faut jeusner, mais ils adjoustent le merite, et ont de[s] jours certains. Et limiter, sans attandre la necessité, qu’il faut user sobrement des viandes, et ilz adjoustent qu’il ne faut manger de la chair et ce qui en depend en certains jours, pour marque de saincteté. Comme aussi des habillemens divers. 4X¶LOIDXWFHOHEUHUOHMRXUGXGLPDQFKHHWLO]DGMRXVWHQWXQJQRPEUHLQ¿QL de festes.
46. 47. 48. 49.
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Jn 6, 63. Voir n. 36. Symbole de Nicée : « et resurrexit tertia die, secundum Scripturasª Dans la dispute sur Église et Écriture de 1531 entre Tyndale et Thomas More, More, qui VRXWLHQWOHSRLQWGHYXHURPDLQDI¿UPHTXHO¶eJOLVHSUpFqGHO¶eFULWXUHSXLVTXHOHV$FWHV FRQWLHQQHQWOHUpFLWGHOD3HQWHF{WHYRLU()LESSEMAN VAN LEER, « The Controversy about 6FULSWXUHDQG7UDGLWLRQEHWZHHQ7KRPDV0RUHDQG:LOOLDP7\QGDOHªNederlands Archief voor Kerkgeschiedenis 43 (1959), p. 143-164.
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Qu’il faut honnorer le mariage et il[s] le defendent à ceux que par exelence ilz appellent gens d’Eglise pour signal de saincteté. Qui’il faut honnorer OHV VHSXOWXUHV HQ PpPRLUH GH OD UHVXUUHFWLRQ HW LO] DGMRXVWHQW XQH LQ¿QLWp d’obseques. EN SOMME, nous croyons tous qu’il faut faire tout par ordre en l’Eglise de Dieu, et ilz adjoustent qu’il faut que le pape commande absolument à toute la chrestienté, comme prince souverain des chrestiens, avec deux glaives, l’ung spirituel et l’autre temporel, pour instituer et destituer les Roys, damner et sauver les ames, ouvrir et fermer paradis et enfer. Que dirons-nous donques ? Certes que dans toute ceste nouvelle doctrine du pape de Rome, que nous ne croyons pas, est manifestement adjoustee à celle que nous croyons tous comme ancienne et catholique, et qu’il est raisonnable de la mettre à l’examen d’une mesme balance que la premiere, s’il est question d’examiner si elle est recevable. Que si elle est ancienne, il appera par l’Escripture, premiere datte de l’Antiquité, et ensuite par les tesmoignages des plus anciens Docteurs de l’Eglise, qui ont enseigné avant tous ces differans, et catholique, par ceux qui l’ont approvee et l’appreuvent, ou qui s’y opposent, la succession perpetuelle apperra par les mesmes preuves, qui sont les principes souverains de ce MXJHPHQWGHODYHULWp Mais si c’est au contraire, ce sera à ceux qui l’approuvent de considerer s’ils peuvent et doibvent croire à credit en chose tant importante, comme est celle qui concerne leur salut. Certes, l’examen de ceste seconde et nouvelle doctrine se fera avec do[u] ceur et fruit, si on se resout à bien garder les reigles susdictes par lesquelles nous avons prouvee la doctrine contenue en la Confession de nos Eglises de France estre ancienne et cathollique, et par consequent veritable. C’est chose qu’on peut plus souhaiter qu’esperer, mais en attendant de la bonté de Dieu ce dous et paysible moyen d’entrer en une conference si raisonnable, au moins de ce que dessus, il resulte maintenant ce qui s’ensuit. Que puisque nous consentons tous à ceste certaine verité, et indubitablement ancienne, catholique et veritable, en laquelle gist le salut de tous les chrestiens, que c’est un grand moyen d’abatre des cœurs des hommes ceste farouche et LQFLYLOHKDLQHVXEMHFWHWÀDPHVFKHGHQRVPDOKHXUHXVHVJXHUUHVSRXUQRXV DSSULYRLVHUO¶XQDYHFO¶DXWUHVDQVSOXVWURXEOHUOH5R\DXPH(WTX¶jFHVWH¿Q il importe que ceste verité soit songneusement enseignee par tous ceux qui parlent en public, pour faire retentir aux oreilles et cœurs des chrestiens Jesus &KULVWHWLFHOX\FUXFL¿p, exortans les hommes à fuir dissensions et noises, et suivre charité, concorde, modestie et toutes bonnes œuvres, et en refutant,
50. On remarque ici l’apparition nominale de la Confession de La Rochelle. De plus en plus, Serres s’adresse à ses coreligionnaires. 51. 1 Co 2, 2.
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en toute modestie et prudence, la faulse doctrine, employer au contraire leurs invectives contre les vices et vicieux, sans plus nourrir ceste haine trop inveteree soubs l’odieux et imaginé nom d’heretiques, en consideration duquel on a dispancé les peuples de l’obeissance deue au Roy. Leur enseigner que, comme il est commandé à tous d’obeir au Prince pour la conscience, en tant que qui desobeit à la puissance legitime desobeit à Dieu, que c’est une SHUQLFLHXVHKHUHVLHHQO¶(VWDWTXHGHGHVREHLUDX5R\ $¿QTXHVLOHUHPHGHGHYHULI¿HUOD5HOLJLRQFRPPHGLFWHVWQHSHXWHVWUH si tost applicqué, au moins que le zele de religion et pieté, qui a pour fruict singulier la charité et concorde, contiennent les esprits de part et d’autre en une franche et chrestienne douceur, aimee et honnoree de tous et en tous, pour nous conserver l’ung l’autre soubz l’obeissance de nostre Roy legitime et observation des loix communes, au sein de nostre commune patrie. La necessité nous contraint de souhaiter ce remede, la raison de le cercher, la Relligion et pieté de l’esperer, nous apprenans de croire qu’il n’i a rien impossible ni non impetrable qui soit à la gloire de Dieu, salut de l’Eglise et repos du Royaume. JAN DE SERRES. JE SUBMETS CE MIEN advis au jugement de l’Eglise reformee, laquelle je croi estre la vraye Eglise de Dieu, et la doctrine contenue en sa Confession estre l’ancienne et catholique, et par consequent veritable, avec mesme resolution d’obeir à sa discipline, comme j’ay fait dès ma jeunesse jusques ici, ayant seelee ceste verité par mon martyre, comme je suis tout prest de faire par mon propre sang. Ce 4e de decembre 1594. Jan de Serres.
52. Rm 13, 5. 53. Rm 13, 2. Malgré la remarque de Chamier, qui critiquait cette formule (« la plus dangereuse KHUHVLHHVWGHGHVREHLUDX5R\ª RQYRLWTXH6HUUHVODPDLQWLHQW 54. 3DUDJUDSKH ¿QDO LGHQWLTXH GDQV OH WH[WH GH VHSWHPEUH VDXI TXH OD FRSLH SRUWH LFL © QRQ LPSRUWDEOHªIDXWHPDQLIHVWHFDU©QRQLPSRUWDEOHªUHYLHQWjsupportable, qui ne corresSRQGSDVj©LPSRVVLEOHª1RXVUHWHQRQVGRQFODOHoRQGXWH[WHSUpFpGHQW
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A CONTINENTAL MISCONCEPTION IN 1603 OF KING JAMES VI & I AS AN ULTRA-PROTESTANT, WITH PARTICULAR REFERENCE TO A HUGUENOT TEXTUAL SUBTERFUGE
Ian HAZLETT Theology and Religious Studies, University of Glasgow
Background When in 1603 the king of Scots, James Stewart (1566-1625), also became king of England (and thereby ‘king of Great Britain’, as he personally preferred WRVW\OHKLPVHOI WZRLQWHUHVWJURXSVUHMRLFHG7KH¿UVWZDVFRQVWLWXWLRQDOOHJLtimists. In law, civil and canon, the status of James’ predecessor, Elizabeth I, had been dangerously insecure. Her father, Henry VIII, was a divorcee, and her mother, Anne Boleyn, had been executed. Accordingly, Elizabeth’s accession to the throne and rule had been tainted by a past of illegitimacy. In addition, her excommunication by the Pope in 1570 (renewed in 1580) detracted from her image and authority at home and abroad. Her cousin, Mary queen of Scots, had had a better claim to the English throne through her grandmother, Margaret, sister of Henry VIII. However, her role as an accessory to the murder of her second husband, Henry Darnley, her committed Catholicism and excessive Francophilia, made it impolitic. To resolve the problem she was executed in 1587. The ultimate outcome was that in 1603 Elizabeth was succeeded by James, the son of Mary Stewart and Darnley. This restored immaculate legitimacy to the new monarch of England. Since James’s accession secured a Protestant succession for the time being, the other interest elated about the new situation were the guardians of the Reformation. James was a committed Protestant, selectively Calvinist, schooled in humanism and theology, and an author whose range
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Ian Hazlett
included religious and theological tracts ,QÀXHQWLDO RQ KLV GRFWULQDO IRUmation in Scotland had been the Heidelberg Catechism and the Second Helvetic Confession. Yet while he placed himself within the broad Reformed consensus, he also subscribed to Genevan predestination doctrine and to episcopacy, so that he was relatively eclectic. Anyway, to Protestant observers of most kinds all was now well. The Reformation in the British nations (if not the polity of their Churches) was now much more stable – or so it seemed – and this was understandably perceived as an important boost by broader European Protestantism. A high status, pro-Reformation monarch was very welcome politically at a time when the Protestant cause was being systematically subverted by the Counter Reformation and by Spanish and Hapsburg superpowers. There was, however, a shadow side to this Protestant euphoria. In 1603, England was still technically at war with Spain, whose nearby base was the Spanish Netherlands. And ‘Spain’, of course, was a code word for the Counter Reformation by force. Militant Protestants hoped that James would resume hostilities in this respect. However, in the important domain of psychological warfare, Catholic propagandists at home and abroad fanned rumours that -DPHV¶3URWHVWDQWLVPZDVVXSHU¿FLDODQGWKDWKHPLJKWUHYHUWWR&DWKROLFLVP After all, while apparently hostile to the Roman Catholicism of his day, he was averse to religious persecution in the FDXVD¿GHL. He stated that “I will never allow in my conscience that the blood of any man shall be shed for the diversity of opinion in religion […] I ever did hold persecution as one of the infallible notes of a false Church”. In both England and Scotland he tolerated known crypto-Catholics in government and at the royal court – all to WKHGLVPD\RIWKH&KXUFKHVDQG3URWHVWDQWSXEOLFRSLQLRQ0RUHRYHUKLV¿UVW speech to the English parliament in 1603 caused some religious alarm bells to ring, since his tones were conciliatory. His reference to being open to a ‘mid-way’ in the area of religion was to a conceivable rapprochement between (ancient) Catholicism and Protestantism, a notion that had a long pedigree in various forms: “I wish from my heart that it would please God to make me one of the members of such a generall union in Religion, as [that] […]
1.
2.
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Cf. J. RICKARD, Authorship and Authority: the writings of James VI and I, Manchester – New York 2007, p. 60-95. See also D. FISCHLIN and M. FORTIER (ed.), Royal Subjects: Essays on the Writings of James VI and I'HWURLWS$3(ý$5, “Der König – Theologe XQG3URSKHW"%LEOL]LVWLVFKH6HOEVWGDUVWHOOXQJ-DNREV9,,LP6SLHJHOVHLQHU6FKULIWHQ´LQ Zeitschrift für Historische Forschung S A. STILMA, “King James VI and I as a religious writer”, in C. GRIBBEN and D. G. MULLAN (ed.), Literature and the Scottish Reformation, Farnham 2009, p. 127-141. In a letter of March 1603 to the English Secretary of State, Robert Cecil. Cf. G. V. P. AKRIGG (ed.), Letters of James VI and I, Berkeley, CA 1984, p. 204-205.
A Continental misconception of King James VI & I as an ultra-Protestant
we might meet in the middest”3. Anyway, not only had James a fair number of new subjects in England who were still Catholic, but also most of Ireland, whose monarch too he now was, was ¿rmly Catholic – even if he manifestly wished that it were otherwise. None the less, Catholic rumours, disinformation, hopes and expectations that James might return to what he called the ‘Mother Church’ were unfounded and were part of the fog of propaganda. Rejoining papist Rome was never on his agenda, but at the back of his mind, accommodation to a reformed or new Rome was. This was unsettling for progressive Protestants. The future James The predominant historiographical pro¿le of James relates to post-1603. This focuses on his role as king of Great Britain and as a peace seeker, the Rex paci¿cus4, preferring diplomacy to force, and relatively tolerant and irenical in religion – while remaining personally committed to Reformation beliefs and maintaining their public establishment. In international relations one of his ¿rst acts was to end the long Anglo-Spanish war in 1604, somewhat to the dismay of hard-line Protestant opinion. Apart from the force majeure of inherited ¿nancial depletion in England, James was no war-monger, at least not in the name of religion. Like his Catholic mother before him, Mary Stewart, he did not share the conventional Augustinian view that religious conscience can be legitimately coerced by physical force. The abortive attempt by English Catholic extremists to assassinate James through the ‘Gunpowder Plot’ of 1605 also failed to induce him to embark on a programme of anti-Catholic oppression beyond expelling Jesuits and other missionary priests, as well as the occasional execution of Catholics who had behaved treasonously. In the 1610s, one notable manifestation of James’s irenical predisposition was his active participation in initiatives for more solidarity and concord among all Churches of Reformation provenance. The basic idea had emanated from Germany and Poland (Sendomir Concordat) in the 1570s. It resurfaced at the French National Synod of Gap in 1603, and was now being strongly advocated by French Reformed thinkers and leaders, notably, Isaac Casaubon, Philippe Duplessis-Mornay, and Pierre du Moulin, especially after the assassination of the Protestant-tolerant Henri IV in 16105. They succeeded in enrolling James
3. 4. 5.
“Speach to the Parliament, March 1603”, in N. RHODES, J. RICHARDS and J. MARSHALL (ed.), King James VI and I: Selected Writings, Aldershot 2003, p. 301. Cf. M. SMUTS, “The Making of Rex Paci¿cus: James VI and I and the Problem of Peace in an Age of Religious War”, in D. FISCHLIN and M. FORTIER (ed.), Royal Subjects, p. 371-387. See W. B. PATTERSON, “James I and the Huguenot Synod of Tonneins of 1614”, Harvard Theological Review 65 (1972), p. 241-270; Idem, King James VI and I and the Reunion of Christendom, Cambridge 1997, p. 155-195; B. G. ARMSTRONG, “Pierre du Moulin and
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as the chief patron of a concrete plan for inter-church confessional union, foreseeing a two-phase process. First: an agreed confession of faith involving all Reformed churches including the Church of England. Secondly, a mechanism by which Lutheran Churches could associate with the agreement. The plan was adopted by the French National Synod of Tonneins (Lower Aquitaine) in 16146. The Synod consequently declared James to be “l’Étoile brillante dans le Ciel de l’Église de Dieu”7. However, the ‘Heroïque Dessein’ and ‘Sainte Oeuvre’ was to run into the sand, due ultimately to Lutheran scepticism, the outbreak of the Thirty Years War in 1618, the Calvinist exclusivism of the 1618 Synod of Dort, at which the Church of England also had delegates (bearing in mind that James too had published a work against Arminianism), and then the renewal of religious persecution in France from 1620. It would be hard to deny that general Protestant public opinion everywhere aspired to greater unity among Reformation Churches, if only for political reasons as a stronger mutual defence against the Counter Reformation. Yet with James’s promotion of the French scheme of pan-Protestant union, one should not overlook its small print, as it were. This was an item tagged on at the end of the project, as article 218. It effectively embodied the condition of James’s engagement. The ‘General Union of all Christians’9 included explicitly the hope of ultimate reconciliation with the Church of Rome, and was accepted by the Synod if with some reservations. The idea may have been prudential on James’s part, but if tantalizing, it reÀected his ulterior religious strategy – the reunion of Christendom. In fact, in 1603 he had Àoated the idea of a General Church Council10. Permanent confessionalization was not part of his vision in view of his irenical and ecumenical aspirations. James was apparently enigmatic, or maybe just diplomatic. Baptized a Catholic but brought up in the Reformed faith, his wife, Anne, was a Danish Lutheran of Catholic sympathy. He married his daughter Elizabeth to the Calvinist Elector Palatine in Heidelberg, Frederick V, leader of the Evangelical Union in Germany with which Britain was allied since 1612. And having failed to marry his son Charles to the Spanish Infanta, he succeeded, also controversially, in marrying him to Henriette Marie, the Catholic daughter of
James I: The Anglo-French Programme”, in M. MAGDELAINE, M. C. PITASSI et al. (ed.), De l’humanisme aux lumières, Bayle et le protestantisme, Oxford 1996, p. 17-29. 6. Cf. J. AYMON (ed.), Tous les Synodes Nationaux des Églises Réformées de France, La Haye 1710, II, p. 57-62; D. BLONDEL (ed.), Actes authentiques des églises réformées […] touchant la paix et charité fraternelle, Amsterdam 1655, p. 72-76; J. QUICK (ed.), Synodicon in Gallia reformata: or, the acts, decisions, decrees, and canons of those famous national councils of the Reformed Churches in France, London 1692, I, p. 434-437. 7. J. AYMON (ed.), Tous les Synodes, II, p. 64. 8. Ibid., p. 62; J. QUICK (ed.), Synodicon in Gallia reformata, I, p. 437. 9. J. QUICK (ed.), Synodicon in Gallia reformata, I, p. 437. 10. See W. B. PATTERSON, “King James VI and I and the Reunion of Christendom”, p. 40-41.
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the late Henry IV of France. In thought and in action James seemed to send confusing messages. It was more than diplomatic pragmatism. For James’ irenicism and inclusiveness arguably represents one stream in which Christian Humanism and the Reformation, Catholic or Protestant, merged. Currently, this phenomenon is being characterized as: the ‘discourse of religious ambiguity’, which is perhaps intrinsic to ecumenical or irenical theology. The earlier James Others saw, and had seen, James quite differently. The source of this lies in the now largely eclipsed pre-1603 picture of the king. It has been recently recalled that when king of Scots only and closely monitored by the zealously Reformed Kirk, Jame’s projected image at home and abroad was anything but a magnanimous Rex paci¿cus prepared to meet Catholicism half way11. Rather it was that of the lion rampant of Scotland, the Lion of Judah and Protestant crusader helping defend the European Israel of true believers against the axis of evil, namely the papacy and Islam. James’s own theological writings in 1588-89 at the height of the Spanish danger to the British Isles nourished the notion. These publications reÀect an awareness of an imminent apocalyptic day of reckoning. One was a meditation on Revelation 20, and the other a meditation on I Chronicles 15 (focussing on King David). The former was inÀuenced by a book in James’ library, Henry Bullinger’s 100 Sermons on the Apocalypse, and declared Rome as the ‘whore of Babylon’ and so the Antichrist. James appeals to “Warriors in one camp and citizens in one beloved city” to prepare for the ¿nal battle for Christian truth. This bellicose tract from the king’s Jugendzeit was translated into Latin (reprinted twice in 1603), French, and Dutch12. It thereby determined James’s initial European pro¿le as a kind of Protestant Messiah and the most godly monarch in Europe. To go back even earlier, to 1581, in Scotland that year a sharply antiCatholic supplement to the Scots Confession of 1560 was promulgated in the king’s name. Its title was A Short and General Confession. It is usually called either The King’s Confession, or the Negative Confession13. It arose out of
11. See A. J. STILMA, “‘As Warriouris in Ane Camp’ : The Image of King James VI as a Protestant Crusader”, in K. J. MCGINLEY and N. ROYAN (ed.), The Apparelling of Truth: Literature and Literary Culture in the Reign of James VI. A Festschrift for Roderick Lyall, Newcastle-onTyne 2010, p. 241-251; M. SMUTS, “The Making of Rex Paci¿cus”, p. 373-374. See also n. 19 below. 12. A. STILMA, “King James VI and I as a religious writer”, p. 135. 13. See text-critical edition by I. HAZLETT in A. MÜHLING and P. OPITZ (ed.), Reformierte Bekenntnisschriften, III/1: 1570-1595, Neukirchen 2012, p. 185-228. For an older edition see G. D. HENDERSON, Scots Confession 1560 (Confessio Scoticana) and Negative Confession, 1581 (Confessio Negativa), Edinburgh 1937, p. 101-111 (Scottish-English and Latin). For a modernized English version see J. PELIKAN and V. HOTCHKISS (ed.), Creeds and Confessions
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anxieties over suspected Catholic subversion and in¿ltration orchestrated by a conspiracy of foreign interests. There was also a belief that the Pope had granted closet Catholics a dispensation to conform externally to the Reformed Church as ¿fth-columnists. Further, there was awareness that although the Scottish Reformation was now twenty years old, evangelization was not effective, so that Catholicism had discreetly survived both at the popular level and among some of the gentry and aristocracy. The catalyst for the crisis in 1581 was the inÀuence in royal circles and the government of a recent incomer, a French cousin of the king, Esmé Stewart, Sieur d’Aubigny. The teenage James was so enamoured of him that Esmé was promoted as Scotland’s only duke, the Duke of Lennox. And he was a Catholic. His eventual prudential conversion to Protestantism did not dispel suspicions that the charming and highly inÀuential Frenchman was really an agent of the papacy, the Jesuits, the king’s exiled mother, and the French cousins, namely the powerful Guise family, all plotting to turn James to Catholicism. Nor did the presence of some known Scottish crypto-Catholics in high circles of the royal court and the Scottish administration help either14, so that the Reformed Kirk’s General Assembly was alarmed by the perceived threat. Reformation watchdogs urged that the monarch and the government should issue a declaration renewing the Protestant faith and specifying in detail all rejected Catholic beliefs and practices – something absent in the more generally formulated Scots Confession of 1560. The task fell to the royal chaplain, John Craig, a former Dominican in Italy and ex-prisoner of the Roman Inquisition. The ‘confession’ was promulgated in the king’s name in 1581, signed by him and 38 others at Holyrood Palace in Edinburgh, including Esmé Stewart. It was formatted also as an oath (or covenant), swearing to religious and political liberty from Rome and foreign powers– hence in later generations it famously formed the ¿rst part of the Scottish National Covenant (1638). The short text is not in the conventional confessional form of articles or heads. More of an anti-Catholic manifesto, it is a single block of text, although various internal sections can be identi¿ed. Section 2 is the largest – a detailed catalogue of blacklisted Catholic doctrines and usages. Much of it is counter anathemas of the decrees of the Council of Trent. There are about forty-two items, ranging from the Mass, the papacy, and the cult of the Virgin Mary on the one hand, to the use of images, making the sign of the cross and the use church bells on the other – all Catholic beliefs, traditions, and customs regarded as non-biblical and damaging to the Christian conscience. The tone
in the Christian Tradition, I, 4: Creeds and Confessions in the Reformation Era, New Haven – London 2003, p. 542-544. 14. Cf. W. B. PATTERSON, “King James VI and I and the Reunion of Christendom”, p. 19-20. James was reputed to enjoy the company of Catholics for the sake of informal debate at least, and as a relief from the strict admonitions of Church ministers.
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is uncompromising and pungent, but not especially ‘rabid’ or abusive – in this ‘Negative Confession’ the word ‘not’ appears only once, but the vocabulary of rejection and denigration is applied liberally. It is an Identikit of radically Protestant piety and culture. Since universal subscription to it was foreseen, it was designed to purge the nation of all traces of residual Catholicism and provide a prophylactic against relapse. The designation of ‘King’s Confession’ was highly political, although the only part in it played by the 14-year-old monarch was to sign it (although he did so again in 1590). It projected an image from which the later, maturer, post-1603 James distanced himself in view of his developing self-understanding and mission as a positive and unitive force in religious matters15. Reception of the Confession outside Scotland Between 1581 and 1603, this confession was published ¿ve times in Scotland, but eight times in England (usually in conjunction with other texts). The motive behind the predominance of English editions was to highlight the Scottish king’s Protestant credentials as anticipated inheritor of the English Crown after the end of Queen Elizabeth’s reign. For English public opinion and its religio-political parameters, a Protestant monarch was a sine qua non if the kingdom was to retain its independence from, for example, Spanish dominance, and if its reformed Church was to retain its freedom from papal subjection. Indeed, in 1603 the Confession was again published in London as a broadsheet to recon¿rm this and as a reminder of James’s strictly Protestant provenance – although hardly at the king’s request16. The Continental reception of the Confession can be gauged by its translations. The ¿rst was a manuscript-only French version just over a month of its appearance. Its title, accurately rendered with slight modi¿cation, was: Une briesve et générale confession de la vraie foy et religion chrestienne, conforme à la parole de Dieu et aux actes de nostre Parlement, soubssignée
15. At the London Hampton Court Conference in 1603-1604, a colloquium on tensions between puritans and conservatives within the Church of England presided over by James, he was reported by an anti-puritan clergyman, Barlow, as having disparaged the author of the 1581 Scottish Confession in his name, John Craig: the expression of religious belief should abandon the vocabulary of negativity, ‘abhorrence’, ‘denunciation’, and ‘detestation’. See W. BARLOW, The Summe and Substance of the Conference […] at Hampton Court. January 14. 1603, J. Windet, London 1604, p. 39. 16. Cf. Short Title Catalogue, 22024.3. In reproducing the title of the original, it erroneously puts ‘June 1580’ instead of ‘January 1580’ and misspells ‘Edinburgh’: A short and generall confession of the true Christian faith, and religion, according to Gods word, and acts of our Parliament: subscribed by the Kings Majestie and his houshold, with sundrie others, to the glorie of God, and good example of all men. At Edenburgh the twentith of Iune, 1580. And in the 14. yeere of his Majesties raigne.
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par la Majesté du Roy d’Escosse, son Conseil et aultres, à la gloire de Dieu et bonne exemple de touttes personnes, faicte à Édimbourg le 20e janvier 1581, et le 14e an du règne de Sadicte Majesté, traduict d’escossois en françois le dernier de mars17.
Where it was done, who did it, whom it was for and so on is still a matter of conjecture. The manuscript is in Paris (Bibliothèque nationale, Dupuy Collection, vol. 844, f. 342). Since it is among the papers deposited there of the French ambassador to England at the time, Michel de Castelnau, it looks as if the translation came to him in London via the French Reformed Church in the city. It was published in a documents collection in the nineteenth century, but with little comment18. At any rate, it must have conveyed to the French authorities the apparent religious stamp of the Scottish monarch, and would hardly have been a surprise. The second translation was into Dutch, evidently done in 158119 and adapted in 1603 as an appendix to the Dutch translation of James’s famous book on good kingship, Basilicon Doron20. This 1603 edition seem to have been checked with the broadside version of the confession that appeared in London that year. For the Dutch rendering on its second page of the original full title printed in the London copy replicates the error of ‘June’ instead of ‘January’, as well as the misspelling of ‘Edenbur[gh]21. In addition, various textual adjustments and emendations are taken over. For example, two references to the ‘Church of Scotland’ in the early parts of the text are missing. They are replaced with ‘the churches [scil. of Scotland and England] now under his authority’22. And then a degree of gender equality is manifested; the original’s rejection of the ‘canonisation of men’ is rendered as ‘canonisation of male and female saints’ (Kiii v). The translator of the confession was Vincent Meusevoet (d. 1624), a Dutch Reformed minister and proli¿c translator of English Protestant writings. Meusevoet had grown up in Norwich as part of the Dutch religious exiles community there.
17. From the quasi-of¿cial version published in 1581 along with ‘Craig’s Catechism’: A Short and General Confession of the True Christiane Faith and religion, according to Godis Worde, and actes of our Parliamentis, subscriued by the Kinges M. and his household, with sundry otheris, to the glorie of God, and good example of all men. At Edinburgh, the xx of Ianuarie, M.D. L X X X. and xiiii yere of his reigne. 18. A. TEULET (ed.), Papiers d’état, pièces et documents inédits ou peu connus relatifs à l’histoire de l’Écosse au XVIe siècle tirés des bibliothèques et des archives de France, tome second, Paris [c.1852], p. 436-440. 19. Cf. A. STILMA, A King Translated: The Writings of James VI & I and their Interpretation in the Low Countries, 1593-1603, Ashgate 2012, p. 174-180. 20. The Dutch title (short) of the confession is Eene corte Belijdenisse des Gheloofs Onderschreven by de Conincklijcke Majesteyt ende zijn huysghesin, C. Claesz and L. Jacobsz, Amsterdam [1603]. 21. See n. 16 above. 22. “[…] de Kercken die nu under zijne Heerschappye zijn.” f. Kii v.
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The King’s Confession had obvious resonance in the Netherlands, now in the throes of the Dutch Revolt and independence struggle against the Spanish rulers. Support from Protestant Scotland and England was eagerly sought, and in 1581 William of Orange corresponded with James. For the Calvinist Dutch resistance, the appeal of the King’s Confession to religious and national liberty evoked shared beliefs23. Accordingly, the Continental image of James as a militant Protestant dates from 1581, strengthened by his apocalyptic and prophetic tracts of 1589-90. The perception was recalled in 1603 with the reprints of one of those as well as of the confession in 1603, when James became King of England. The third translation was Latin. This was by William Chisholm, Carthusian and Scottish non-conforming Catholic bishop of Dunblane, now exiled in the south of France as bishop of Vaison24. In an erudite, line-by-line refutation (300 pages) of the confession published in 1601, Chisholm presents the original text accompanied by a good Latin translation25. It was dedicated to King James. Both the format and tenour of the entire book are designed to underline that the confession was the work of ‘Calvinist ministers’ alienated from patristic tradition. Ironically, Chisholm’s personal relations with James were amicable, and later the king even sent a reference to Rome supporting moves for Chisholm’s promotion in the hierarchy. However, the Latin version of the adversarial confession gave it wider publicity, especially in France whose Reformed theologians can have hardly failed to notice it. Huguenot version: dissimulation Two years later (1603), a new French translation was published in France. This was not from Chisholm’s bilingual text of 1601, but (like the Dutch version) the broadsheet published in London in 1603. There were two different printings of the French text (probably by the same publisher), but with different titles and with typesetting and other minor variations. It is not yet certain which is the ¿rst, although they are here designated as ‘A’ and ‘B’. Their titles are: A: Confession generale de la vraye Foy & Religion Chrestienne selon la parole de Dieu & les actes de nostre Parlement, signée par le Roy & ceux de son Conseil & Maison, & plusieurs autres, à la gloire de Dieu & edi¿cation de tous.
23. Cf. A. J. STILMA, “Justifying War: Dutch Translations of Scottish Books around 1600”, in A. HISCOCK (ed.), Mighty Europe 1400-1700: Writing an Early Modern Continent, Bern 2007, p. 67. 24. On him, see J. HOGG, “Chisholm, William”, in Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon, vol. 31 (2010), cols. 261-264. 25. Examen confessionis ¿dei Calvinianae quam Scotis omnibus ministri Calviniani subscribendam et iurandam proponunt. An rectius, propter innumeras vera[e] ¿dei detestationes catholicæ ¿dei conf[e]ssionem vocemus, J. Bramereau, Avignon 1601.
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Imprimée nouvellement à Londres par commandement du Roy le premier de Iuin26. 1603 [s.l. s.n.] B: Confession générale de la vraye foy et religion chrestienne selon la Parole de Dieu. Receve[e] et rati¿ee par les Actes de Parlement du Royaume d’Angleterre, iuree solennellement par le Roy, ceux de son Conseil & Maison, & plusieurs autres, à la gloire de Dieu & edi¿cation de tous. Traduicte de l’Anglois, iouxte la copie imprimee à Londres. Imprimee à la Rochelle, pour Daniel Vignier Libraire. MDCIII.
Being essentially the same text, this is an especially interesting version, since the anonymous translator, editor(s), or publisher took remarkable licenses with it to deceive or dissimulate deliberately. First: in ‘A’, the title is framed to make it appear that the 1603 London edition of the confession was published “par commandement du Roy”, which it was not. Secondly, deleted has been every indication of the original context that appears in all English versions including that of 1603, namely “Edinburgh”, the year “1580/81” and the reference to “the 14th year of His (Majesty’s) reign”27. These identity marks are also absent in ‘B’. Thirdly: in ‘B’, instead of the original’s “according to God’s Word and acts of our [Scottish] Parliament” there is substituted “Receve[e] et rati¿ee par les Actes de Parlement du Royaume d’Angleterre”, which is pure ¿ction, as the English parliament did no such things in 1603 or any other time. And as in the Dutch translation, the two mentions of the “Church of Scotland” early in the text are missing. One is simply deleted, and the other replaced by “les Eglises qui sont soubs nostre protection”. Also, the canonisation of “men” is widened to include “femmes”. Anyway, if the title of ‘A’ is economical with the truth, that of ‘B’ expands into explicit falsi¿cation. The aggressively Protestant Scottish confession of 1581 is presented now as a recent production of the new English king and parliament – a remarkable and clever, if short lived, propaganda coup. The apparent “La Rochelle” provenance is not surprising. The town was a stronghold of French Protestantism and a centre of associated publishing houses closely linked to England, Scotland, and The Netherlands28. Close relations with Protestant England helped protect the town’s Reformation. Also, the “La Rochelle” publisher of the Confession seems plausibly genuine, since there was a “Vignier” family of printers in the town at the time, even
26. In the 1603 London broadsheet, “June” is an error for “January” and is evidence that the French translator used that London edition; see n. 16 above. “[…] du Roy le premier de juin 1603” cannot mean “of the king on the ¿rst of June, 1603”, rather “of King [James the First (of England)]. June, 1603”. The German edition (see below) adjusts this. 27. See n. 16 & 17 above. 28. Cf. K. C. ROBBINS, City on the Ocean Sea: La Rochelle, 1530-1650. Urban Society, Religion, and Politics on the French Atlantic Frontier, Leiden 1997, p. 108. See also p. 173-182 there.
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if Nicolas rather than “Daniel” Vignier29. However, possibly even more intriguing is that there were some Scots in the region who served as ministers, or as teachers in the Reformed College there (as well as at Saumur). Notable among the former was the strict Calvinist and zealous Presbyterian exile, George Thomson, preacher, controversialist, and translator of English language works into French for La Rochelle publishers and others elsewhere30. Did he by any chance translate the Confession, and if so, was he a party to the dissimulation? It is not certain if James knew about this, but it is likely. In 1603, Henri IV conveyed to the French ambassador in London, Christophe de Harlay, his objection to the publication and circulation in France of a ‘confession of faith’ by ‘the King’ that was “pleine de mots injurieux contre le pape et la messe”, and that this had inÀamed French Catholic opinion against the new British monarch, especially in Bordeaux and Paris31. If James was embarrassed, one can surmise that he took speedy steps to rectify things and send out an updated, authentic picture of his stance on religion to counteract the disinformation. For in 1604, William Barlow’s account of the Hampton Court Conference and its conclusions32, at which James played the role of navigating as mediator between progressive Protestant and conservative reform-Catholic points on the compass, was published at London in French translation by the royal printer, Robert Barker – “Imprimeur […] du Roy”, as it says on the title page33. This translation has been rarely noticed in the literature, but it is surely a form of riposte or counter-publicity aiming to set the record straight and to ameliorate James’ standing in Catholic France. The publication’s veracity and authenticity are further corroborated on the title page with: “Publiez par l’autorité du Roy d’Angleterre et d’Escosse […] sous la grand sceau d’Angleterre”, so that the message is clear.
29. Cf. L. DESGRAVES, L’Imprimerie à La Rochelle, vol. 2: Les Haultin. 1571-1623, Genève 1960, p. 126, 129, 139. 30. Cf. E. HAAG, La France Protestante, entry “Thomson, George”, vol. 9, p. 381-382 ; J. QUICK (ed.), Synodicon in Gallia reformata, I, p. 253, 381, 424; F. X. MICHEL, Les Écossais en France / Les Français en Écosse, vol. 1, Londres 1862, p. 183-184; É. TROCMÉ, “L’Église Réformée de La Rochelle jusqu’en 1628”, BSHPF 98 (1951), p. 162 and n. 194; DESGRAVES, L’Imprimerie, entry “George Thomson” in Index; Idem, “Thomas Portau, imprimeur à Saumur (1601-1623)”, 1968 (“Bibliothèque de l’École des chartes” 126), p. 69; K. C. ROBBINS, City on the Ocean Sea, p. 131-132, 182. 31. Cf. M. SMUTS, “The Making of Rex Paci¿cus”, p. 374. Henry’s letter is in the British Library, King’s Mss. 124, f. 40v-41. 32. See note 15 above. 33. La Conference tenuë à Hamptoncour entre les Evesques Anglois & les Puritains en la presence du Roy[…]. See Early English Books Online, 1475-1640, no. 719:28. It was republished in 1605 in both Rouen (J. Osmont) and Paris (J. Richer). Signi¿cantly, it was also published in Dutch at Leiden in 1612 (Govert Basson).
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Postscript and Conclusion Later in 1603, the misleading claim made by the French edition of the confession was exposed from the Catholic side. This was by a Paris Dominican, Nicholas Coeffeteau, who published a Sorbonne-approved, French translation of William Chisholm’s entire Latin confutation34. Coeffeteau announces the ruse on page 1 of his book: “Il y a quelque temps que les ministres d’Escosse mirent en lumière une confession de foy: ains plutost une declaration contre la foy, qui est celle là mesme qui les huguenots de France riches en arti¿ces ont publiée sous le nom du Roy d’Angleterre.” The French text of the confession that he includes is not a translation of Chisholm’s English original or Latin, but the 1603 edition, that is, version ‘A’. And of course like Chisholm, he stresses that the king was not at all the original author, and so reproduces Chisholm’s pattern of thesis and antithesis throughout: “Le ministre escossois / Le docteur catholique”. Lastly, a German translation was published in Zurich around 160435. This was the work of the Zurich professor of Semitic Languages, Kasper Waser (1565-1625). He was very conscious of political and Counter Reformation dangers to Swiss Protestantism. Evidently, Zurich also was anxious about James’s religious pro¿le as new king of England in view of Catholic disinformation. Waser contacted a Scottish student friend he had had in Heidelberg, John Johnston (1565-1611), now professor of divinity at St Andrews36. He sent Johnston a draft German translation of the King’s Confession he had done asking that he check it over, and also ¿nd out if the king had “reaf¿rmed” the confession in London in 1603. Johnston replied that he did not know, but would send him a copy of the original, “free of interpolations”, plus his own Latin rendering – but they were not delivered, apparently. Yet Waser proceeded to publish his version. This is very signi¿cant for two reasons. First: as in the Dutch and French versions, the two references to the “Church of
34. William Cheisholme, Examen d’une Confession de Foy: Publiée n’agueres en France sous le nom du Roy d’Angleterre, & de son Parlement. Fait premierement en Latin par Reverend Père en Dieu Guillaume Cheisolme, Escossois, Evesque de Vaison: & puis en François, & plus au long, par F. N. Coeffeteau, Professeur en Theologie, Prieur du Convent des Freres Prescheurs, I. Gesselin, Paris 1603. Appropriately, it was dedicated to the Duke of Guise, a cousin of James. 35. Gemeine Bekanntnuß deß wahren Glaubens vnd der Christlichen Religion nach dem einigen wort Gottes Heyliger Prophetischer vnd Apostolischer Schrifft: Wie die durch die Acten deß Parlaments der Kron Engelland angenommen und rati¿ciert folgends durch jhr Königl. May. IACOBVM diß nammens den I. sowol auch durch sein Raht vnd Hauß vnd vil ander offentlich ist geschworen worden: Auß dem Engelländischen zu Londen getruckten Exemplar auffs treuwlichste verteütschet. Anno M.DC III. [s.l. s.n. 1604?]. Five copies are known to be extant, two in Zurich (Zentralbibliothek), Munich, Wolfenbüttel, and Augsburg. 36. See correspondence between Johnston and Waser in J. K. CAMERON, ed., Letters of John Johnston, c.1565-1611, and Robert Howie, c.1565-c.1645, Edinburgh – London 1963.
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Scotland” are omitted and so on, so that Waser’s ultimate English source text was also that of the emended 1603 London edition, as indeed indicated in his title. Secondly, he has edited the title, partly with his own insertions, and partly by incorporating the ¿ctitious elements in the title of the French La Rochelle version (‘B’ above). Thus he must have had a copy of that edition, which had been sent to Zurich by a merchant of Lyon called Pestalozzi, and so probably ‘Swiss’37. For the German title also makes it appear that the confession was con¿rmed in 1603 by the new English king and parliament – “angenommen und rati¿ciert” = La Rochelle’s “Receve[e] et rati¿ee”. While Waser was maybe a bit precipitous in view of his hesitations, one may presumably excuse him of intentional deceit. In conclusion one can say that the signals to which Continental Protestantism was being exposed about James in 1603 were out of date. He had developed well beyond his earlier projected image as a pugnaciously confessional anti-Catholic and as a potential Protestant crusader and liberator. Soon, a more nuanced picture was emitted: James was loyal to the tenets of the Reformation and was willing to take a lead in promoting pan-Protestant solidarity and union, but at the same time he had a middle-way vision of the reunion of all Christian Churches by peaceful and rational means only. This was despite the controversial afterlife of the 1581 Scottish Confession in his name. It became detached from its original context and migrated across the international Reformed community. Its accompanying presentational mutations manufactured a false identity engendering vain hopes and a temporary raising of the religious temperature.
37. For more on this, Cf. I. HAZLETT, “Cold War Theology: A controversial religious image of King James VI & I”, in Theology in Scotland 19/1 (2012), Papers from a Symposium in Honour of Professor James K. Cameron, p. 35-62 (here: 50-52).
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French text S>UHSHDWHGWLWOHEXWXVLQJVRPHVPDOOFDSLWDOV:] CONFESSION GENERALE DE LA VRAYE FOY ET REligion Chrestienne selon la parole de Dieu & les actes de nostre Parlement, signée࣠ par le Roy & ceux de son Conseil & Maison, & SOXVLHXUVDXWUHVjODJORLUHGH'LHX HGL¿FDWLRQGHWRXV [1] Nous tous en general et chacun de nous en particulier sous-signez, protestons qu’apres longue et deuë examination de nos consçiences en matiere de vraye et fausse religion, sommes maintenant entierement resolus GHODYHUwWpSDUOD3DUROHHW(VSULWGH'LHXHWSDUWDQWQRXVFUR\RQVHQQRV cœurs, et confessons de nous bouches, signons de nos mains, et affermons constamment devant Dieu et tout le monde, que c’est icy la seule et vraye Foy HW5HOLJLRQ&KUHVWLHQQHSODLVDQWHj'LHXHWSGRQQDQWVDOXWjO¶KRPPH – la quelle est maintenant par la grace de Dieu revelée au monde par la predication du Sainct Evangile, et est reçeuë, creuë et maintenuë par plusieurs notables Eglises et Royaumes – mais principalement par la Majesté du Roy, et les Seigneurs qui sont soubs luy – comme la verité de Dieu eternelle et seul fondement de nostre salut : comme plus particulierement il est porté par la FRQIHVVLRQGHQRVWUH)R\HVWDEOLHHWSXEOLFTXHPHQWFRQ¿UPpHSDUSOXVLHXUV actes de nostre Parlement, et dont longuement sa Majesté a faict profession publicque, ensemble tout le corps de ce royaume, tant par le peuple des villes qu’aux champs. A laquelle Confession et forme de Religion nos consçiences s’accordent de tous poincts, comme à la vraye et certaine Verité de Dieu, IRQGpHVHXOHPHQWVXUOD3DUROOHHVSFULWH [2] Et pourtant nous abhorrons et detestons toute espece de religion et doctrine contraire, mais principallement toute espece de papisme tant en general qu’en particulier, comme dès à present elle est damnée et confutée par la Parolle de Dieu et les Eglises qui sont soubs nostre protection Mais
38. This is version ‘A’, see p. 218 above. Version ‘B’ (La Rochelle, one extant copy at Auxerre, Bibliothèque municipale) has been reproduced with other text-critical notes in my edition of the 1581 original – see n. 13 above. Apart from the title, and apart from no colophon in ‘A’, the differences between the two versions are minor – typesetting, page-division, fewer catchwords in ‘A’, use of abbreviations, and a few capitalisation and orthographical variations (e.g. in ‘A’, duplication of some consonants such as often in Parolle). For the sake of convenience, I have subdivided the text into four sections, indicated by [1]-[4], and occasionally inserted a dash [–] to assist readability. Also I have rendered the consonants I and u as J and v. Unlike ‘B’, the text is also accessible in Early English Books Online. Extant copies are in London (The London Library), Edinburgh (National Library of Scotland), and Paris (Bibliothèque de la Sorbonne and Bibliothèque de la Société de l’Histoire du Protestantisme français). This text was also published in Coeffeteau’s Examen d’une Confession – see n. 34 above. 39. Page 1 is blank, p. 2 has title. 40. ‘B’ (La Rochelle): iuree. 41. Here has been omitted “the Church of Scotland”. 42. Substituted for ‘the Church of Scotland’.
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specialement nous detestons et refusons l’authorité de l’Antechrist romain sur l’Escriture de Dieu, sur l’Eglise, Le Magistrat Civil, et les Consciences des hommes, toutes les Loix tyranniques faites sur choses indifferentes contre la OLEHUWp&KUHVWLHQQHVDGRFWULQHH>U@URQQpHFRQWUHODVXI¿VDQFHGHOD3DUROOH HVFULWHODSHUIHFWLRQGHOD/R\O¶RI¿FHGX&KULVWHWVRQ6DLQFW(YDQJLOHVD doctrine corrompuë concernant le peché originel, nostre naturelle impuisVDQFHHWUHEHOOLRQjOD/R\GH'LHXVHVEODVSKHPHVFRQWUHMXVWL¿FDWLRQSDU OD)R\VHXOHQRVWUHLPSDUIDLFWHVDWLVIDFWLRQHWREHLVVDQSFHjOD/R\OD nature, nombre et usage des Saincts Sacrements. Nous detestons ses cinq bastards Sacrements, avec toutes les ceremonies accoustumées et fausse doctrine adjoustée à l’administration des vrais Sacrements sans la Parolle de Dieu, son jugement Cruel contre les enfans decedans sans le Sacrement, la necessité absoluë du Baptesme, son opinion pleine de blasphemes touchant la Transsubstantiation ou presence reele du corps de Christ au Sacrement et à la reception d’iceluy par les meschans, sa dispensation des vœux solemnels, parjurements et degrez de Mariage deffendus en la parolle, sa cruauté envers les innocens divorsez. Nos abhorrons sa Messe diabolique, sa Presbtrise pleine GHEODVSKHPHVVHVSURIDQHVVDFUL¿FHVSRXUOHVPRUWVHWSRXUOHVYLYDQVVHV canonisation de tant d’hommes que femmes, l’invocation des Anges et 6DLQFWVGHFHGGH]O¶$GRUDWLRQGHVS,PDJHV5HOLTXHVHW&URL['HGLFDWLRQ de Temples, Autels, Jours, voeux aux creatures, son Purgatoire, Prier pour les morts, la Priere en langage incogneu, sa Procession et Letanie detestable, sa multitude d’Advocats et Mediateurs, avec sa multitude d’Ordres, sa Confession oriculaire, sa Repentance desesperée et incertaine, sa Foy geneUDOHHWGRXWHXVHVD6DWLVIDFWLRQGHVKRPPHVSRXUOHXUSHFKH]VD-XVWL¿FDWLRQ par les œuvres, [son] opus operatum, œuvres de Supererogation, Merites et Pardons, Peregrinations et Stations. Nous detestons son Eauë beniste profane, Baptisation des Cloches, Conjurements de’Esprits, Chimagrées, Signes de Croix, Oignemens, Conjurements, sa Canonisation des Creatures de Dieu avec l’opinion superstiteuse qui y est adjoustée, sa Monarchie temporelle, sa maudite Hierarchie, ses tres voeus solemnels avec ses Couronnes et RaisementsGHWRXWHVVRUWHVVHVVDQJODQWVHWHURQSQH]'HFUHWVIDLFWV au Concile de Trente, avec tous ceux qui ont soubssigné et approuvé ceste EDQGH FUXHOOH HW VDQJODQWH FRQMXUpH FRQWUH O¶(JOLVH GH 'LHX ± HW ¿QDOHPHQW nous detestons toutes les vaines Allégories, Ceremonies, Signes et Traditions,
43. “que femmes” is an addition. 44. Text has erroneous hic (erratum for original English ‘his’). 45. = simagrées, that is, play acting. Cf. A. OUDIN, Curiositez françoises, Paris 1640, p. 507. It was an attempt to render the original Scots-English word, ‘saning’ (blessing rituals). 46. That is: “Unctions”. 47. )UHQFKPVKDV³VDQFWL¿FDWLRQ´(QJOLVKRULJLQDOµKDOORZLQJ¶ 48. Reference is to tonsured clergy.
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qu’il a fait glisser en l’Eglise, sans ou contre la Parolle de Dieu et doctrine de l’Eglise Reformée, a laquelle nous nous joignons volontairement en doctrine, foy, religion, discipline et usage des saincts Sacrements, commes vrays membres d’icelle avec Christ nostre Chef : promettant et iurant par le grand Nom de nostre Seigneur, que nous continuerons en l’obeissance de la doctrine et discipline de ceste Eglise, et la deffendrons selon nostre vocation et puissance tous les jours de nos vies soubs les peines continuës en la Loi, et danger tants du corps que de l’Ame au grand jour de Jugement. >@ (WG¶DXWDQWSOXVSOXVLHXUVHVWDQVSRXVVH]SDU6DWDQHWO¶$QWHFKULVWS URPDLQGHSURPHWWUHMXUHUHWVLJQHUHWSRXUTXHOTXHWHPSVXVHUGHVVDLQFWV Sacrements de l’Eglise frauduleusement et contre leurs consciences – esperant par ce moyen premierement soubs un pretexte estrange de religion, corrompre et subverter secrettement la vraye Religion de Dieu en l’Eglise, pour puis apres quand ils auroyent temps à propos devenir ennemis ouverts et presecuteurs d’icelle, soubs la vaine esperance de la dispensation du Pape, inventée contre la Parolle de Dieu, à sa grande confusion et leur double condemnation au jour de nostre Seigneur Jesus : Nous doncques desireux d’oster tout soupçon et hypocrisie, et toutes telles fuites devant Dieu et son Eglise, Protestons et appellons le [scrutateur] de tous cœurs à tesmoing, que nos cœurs et volontez accordent unanimement à ceste nostre Confession, Vœu et 6LJQDWXUHGHVRUWHTXHQRXVQ¶\VRPPHVSRLQWSSRXVVH]SRXUDXFXQUHVpect mondain, mais sommes seulement persuadez en nos consçiences par la cognoissance et amour de la vraye Religion de Dieu, imprimee en nos coeurs SDUOH6DLQFW(VSULWDLQVLTXHQRXVDYRQVjOX\UHVSRQGUHDX-RXUTXHWRXVOHV secrets des cœurs luy seront ouverts. [4] Et dautant que nous voyons que le repos et stabilité de nostre Religion, depend de la seureté et bon gouvernement de la Majesté du Roy, comme d’un instrument confortable de la faveur de Dieu octroyee à ce pays pour le maintien de son Eglise en l’administration de Justice parmy nous : Nous protestons et promettons de tous nos cœurs, que nous deffendrons et maintiendrons sa personne et authorité, avec le gage de nous corps, biens et moiens en la defense de l’Evangile de Christ, liberté de nostre pays, administration de Justice, et punissement des mechants contre tous ennemis, tant GHGDQVTXHGHKRUVFH5R\DXPHS(WDLQVLTXHQRXVSULRQVQRVWUH'LHX
49. Original has “this true reformed Kirk”. 50. Attempt to capture the original’s “double dealing”. 1581 French ms. has “double façons de faire”. 51. Instead of “Createur” (English original: “searcher”). Cf. Romans 8,27: Latin “scrutor cordium”. 52. Omission of the original’s “under the same oath, hand written, and penalties”, rendered in 1581 French ms as “soubs ce mesme serment, escript et plege”.
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nous estre [un] puissant et misericordieux deffenseur au jour de nostre mort et advenement de nostre Seigneur Jesus Christ, auquel avec le Pere et le Sainct Esprit soit honneur et gloire eternelle, Amen.
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LIGNES DE FRACTURE CONFESSIONNELLES À LA VEILLE DES GUERRES DE RELIGION
Francis HIGMAN Institut d’histoire de la Réformation, Université de Genève
Nous présentons un document peu connu mais qui met un peu plus en évidence la démarcation des positions religieuses à la veille des Guerres de Religion. Je le propose pour le présent volume avec d’autant plus de plaisir que c’est Bernard Roussel lui-même qui a d’abord attiré mon attention sur ce texte : Confession de la foy catholique, contenant en brief la reformation de celle que les Ministres de Calvin presenterent au Roy, en l’assemblée de Poissy : Addressée au peuple de France, par F. Claude de Sainctes, docteur en Theologie࣠. Il s’agit, à ma connaissance, de la toute première confession de foi en langue française qui présente les bases de la doctrine chrétienne du point de vue de l’Église catholique. Mais l’intérêt principal réside non dans son antériorité chronologique mais dans le rapport de ce texte à celui auquel il répond, c’est-à-dire la Confession de foy réformée de 1559, connue plus généralement
1.
2.
Claude Frémy, Paris 1561. Selon le catalogue French Vernacular Books/Livres vernaculaires français, livres imprimés en français avant 1601, A. PETTEGREE, M. WALSBY et A. WILKINSON (dir.), Leiden 2007. Frémy a réalisé au total sept éditions du texte (1561 deux fois, 1563, %HQRLVW 5LJDXG GH /\RQ WURLV &KULVWRSKH 3ODQWLQG¶$QYHUVXQH GHX[DXWUHVpGLWLRQVSDULVLHQQHVDSUqVODPRUWGH)UpP\-HDQ Boudin, 1585, et Daniel Périer, 1588. Au total donc, 13 éditions. Jusqu’au XVIe VLqFOH DYDLHQW VXI¿ FRPPH UpVXPp QRUPDWLI GH OD IRL OHV 6\PEROHV GHV Apôtres, de Nicée-Constantinople et d’Athanase. Les Confessions de foi proprement dites prennent naissance avec la Confession d’Augsbourg (1530, suivie de nombreux autres textes DX FRXUV GX VLqFOH GRQF GDQV XQ FRQWH[WH © SURWHVWDQW ª /HV Articles de la Faculté de Théologie de Paris (1543) servent à rejeter des doctrines réformées, et QHYLVHQWSDVjGp¿QLU globalement la foi (pas d’articles sur des sujets non controversés, comme La Trinité, la nature du Christ…).
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sous le titre de Confession de foi de La Rochelle. Nous avons déjà parlé, trop brièvement, de ce texte, dans une étude sur les emprunts transconfessionnels entre Réformateurs et théologiens catholiques. Nous cherchons ici à mettre plus clairement en valeur les points de divergence et de convergence entre les confessions réformée et catholique, en donnant une édition complète des deux textes, et en indiquant typographiquement ce qui est commun aux deux. Dans une préface de deux pages, Claude de Saintes explique l’origine de son texte : Par le commandement d’aucuns messeigneurs les prelats estants à Poissy, ay mis par ordre et articles une Confession de nostre foy catholique, par laquelle appert (sans aigreur) en quoy les Calvinistes se sont separez d’avec nous.
Et il ajoute : Je n’ay aucunement mué [= changé] ce qu’ils ont retenu de nostre religion en la confession presentée au Roy, et à l’assemblée des evesques, de peur qu’ils ne crient que rejectons le bon, et le mauvais indifferemment [A 2v].
Traduisons : de Saintes a gardé, dans le texte réformé, tout ce qui est accepWDEOHjXQHVHQVLELOLWpFDWKROLTXHLOLQWHUYLHQWTXDQGF¶HVWQpFHVVDLUHSRXU compléter ou corriger ou contredire le texte de l’adversaire. L’intérêt réside dans le détail de ces interventions, qui prennent plusieurs formes différentes. D’abord – et pour un non-spécialiste cela peut surprendre – il y a plusieurs articles dans lesquels de Saintes n’intervient pas du tout. Le théologien FDWKROLTXHLQFRUSRUHGDQVVRQWH[WHVDQVFKDQJHPHQWOHVDUWLFOHVGp¿QLVVDQW /D7ULQLWp ODFUpDWLRQ\FRPSULVOHV©HVSULWVªERQVHWPDXYDLV OD SURYLGHQFH OH SpFKp RULJLQHO O¶pOHFWLRQ OH U{OH GX
3.
6.
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Nombreuses éditions modernes, notamment dans Calvini Opera 9, col. 740-752 (version en DUWLFOHV Calvini Opera selecta 2, p. 297-324 (édition critique fondée sur la version en 40 DUWLFOHV Confessions et catéchismes de la foi réformée, O. FATIO (éd.), Genève 1986, p. 111127 (version en 40 articles, langue modernisée). Étude approfondie dans B. ROUSSEL, « Le texte et les usages de la Confession de foi des Églises réformées de France d’après les Actes des Synodes nationaux, 1559-1659ªGDQVCatéchismes et Confessions de foi. Actes du VIIIe Colloque Jean Boisset, M.-M. FRAGONARD et M. PÉRONNET (éd.), Montpellier 1995, p. 31-63. ©/XWKHU&DOYLQHWOHVGRFWHXUVªGDQV)+IGMAN, Lire et découvrir : la circulation des idées au temps de la Réforme, Genève 1998, p. 311-316. &ODXGHGH6DLQWHV GRFWHXUGHOD)DFXOWpSDULVLHQQHGqV¿JXUHSDUPLOHV douze docteurs envoyés aux dernières sessions du Concile de Trente (1562-1563). Il publie plusieurs ouvrages de controverse, surtout contre Calvin. Nommé évêque d’Évreux en 1575, il prend position contre l’accession d’Henri IV à la couronne. Condamné à la prison perpétuelle en 1591, il meurt peu après. Voir P. FÉRET, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, t. I, Paris 1900-1901, p. 123-130. Les articles sont numérotés dans les deux confessions. Je donne des références sous la forme ©ªTXLLQGLTXHOHVL[LqPHDUWLFOHGHODFRQIHVVLRQUpIRUPpHTXLFRUUHVSRQGDXKXLWLqPH de la confession catholique.
Lignes de fracture confessionnelles à la veille des guerres de religion
&KULVWPpGLDWHXU «(Q¿QOHVGHX[GHUQLHUVDUWLFOHVGHODFRQIHVVLRQ réformée (39-40) abordent la question du gouvernement civil : encore une fois, il y a accord presque parfait avec le texte catholique (56-57), à une exception près : là où la confession réformée met une condition à l’obéissance aux supéULHXUVLOIDXWDFFHSWHUOHXUGRPLQDWLRQPrPHV¶LOVVRQWLQ¿GqOHV©PR\HQQDQW TXHO¶HPSLUHVRXYHUDLQGH'LHXGHPHXUHHQVRQHQWLHUª>F¶HVWPRLTXLVRXligne]), le théologien catholique, moins révolutionnaire, porte : « encores […] TXHO¶HPSLUHGH'LHXQHGHPHXUDVWGXWRXWHQVRQHQWLHUª À l’autre extrémité on trouve des articles qui constituent une contradiction pure et simple, indiquée simplement par l’addition, ou l’omission, d’un QpJDWLI $LQVL O¶DUWLFOH VXU OD MXVWL¿FDWLRQ SDU OD IRL DI¿UPH FRPPH on aurait pu le prévoir) dans la confession réformée : « Nous croyons que QRXVVRPPHVIDLWVSDUWLFLSDQVGHFHVWHMXVWLFHSDUODVHXOHIR\ª/DFRQIHVsion catholique corrige : « Nous croyons que ne sommes faicts participans GHODMXVWLFHGHQRVWUHPHGLDWHXUSDUODVHXOHIR\«ª(WG¶DMRXWHUjOD¿QGH l’article que la justice de Dieu, avec ses promesses, « ne nous est appropriée par la seule foy sans les sacrements, et autres moyens de nostre salut, selon OD QHFHVVLWp GH QRVWUH FRQVFLHQFH ª 6XU OHV ERQQHV °XYUHV O¶DUWLFOH DI¿UPHFKH]OHVUpIRUPpVTXH©OHVERQQHV°XYUHVTXHQRXVIDLVRQVSDUOD FRQGXLWH GH VRQ (VSULW QH YLHQQHQW SRLQW HQ FRQWH SRXU QRXV MXVWL¿HU« ª chez les catholiques nous apprenons que « les bonnes œuvres que nous faisons par la conduite du sainct esprit, viennent en compte pour accomplir nostre MXVWLFH« ª 0rPH MHX VXU O¶LQYRFDWLRQ GHV VDLQWV O¶pJDOLWp GHV SDVWHXUV 6RXVXQHIRUPHSOXVGpYHORSSpHO¶DUWLFOHSDUOHGHVFULWqUHV qui établissent l’autorité des Écritures : chez les réformés cette connaissance vient « non tant par le commun accord et consentement de l’Eglise que par le WHVPRLJQDJHHWSHUVXDVLRQLQWHULHXUHGX6(VSULWª3RXUOHVFDWKROLTXHVRQ reconnaît cette autorité « par le don de grace que l’on experimentoit estre en aucuns de sçavoir discerner les esprits, et par le commun accord et consentePHQWGHO¶(JOLVHª3DUFRQWUH©UHMHFWRQVFHX[TXLIRQGHQWODFHUWLWXGHGHWHOV livres sur leur phantastique persuasion du S. Esprit, ou plus tost propre sens, HWLQFHUWDLQHSUHVXPSWLRQª2QUHWURXYHODPrPHWHFKQLTXHjO¶DUWLFOHTXL parle dans les deux textes de l’inspiration divine des Écritures – ce qui, chez les réformés, exclut toute autre intervention (conciliaire ou autre) dans l’interprétation des Écritures, tandis que chez les catholiques ces mêmes intervenWLRQVVRQWQpFHVVDLUHV&HWDUWLFOHHVWOHPHLOOHXUH[HPSOHSRXUOHOHFWHXU pressé, de voir le rapport complexe entre les deux confessions. Ajoutons que par moments le travail du théologien catholique devient presque ludique : l’arWLFOHGXWH[WHUpIRUPpV¶DWWDTXHDX[©DVVHPEOpHVGHOD3DSDXWpYHXTXH
7.
Dans l’édition en colonnes parallèles qui suit, nous mettons en caractères gras tout texte qui est commun aux deux confessions. Naturellement, dans les éditions de l’époque, cette LQGLFDWLRQQH¿JXUHSDVOHOHFWHXUQHSHXWSDVVDYRLUFHTXLHVWHPSUXQWHWFHTXLQHO¶HVWSDV
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la pure vérité de Dieu en est bannie, ausquelles les Sacremens sont corrompus, DEDVWDUGLV IDOVL¿H] RX DQHDQWLV GX WRXW« ª &ODXGH GH 6DLQWHV D EHDX MHX VLPSOHPHQWGHUHPSODFHU©DVVHPEOpHVGHOD3DSDXWpªSDU©OHVDVVHPEOpHV GHV&DOYLQLVWHVHWGHWRXWHVDXOWUHVVHFWHV«ªOHUHVWHGHODSKUDVHHVWUHFRSLp WHOTXHODYHFTXHOTXHVPRGL¿FDWLRQV Entre ces catégories de l’accord plus ou moins total et le rejet également WRWDOVHWURXYHFHTXHM¶DSSHOOHODFDWpJRULH©RXL«PDLVªTXLSRXUXQHVHQVLELOLWpSURWHVWDQWHHVWODSOXVJrQDQWH/¶DUWLFOHGpMjPHQWLRQQpVXUO¶DXWRrité des Écritures, en est un exemple : dans la version catholique, on remarque j SOXVLHXUV UHSULVHV GHV © WRXWHVIRLV ª GHV © QRQREVWDQW ª GHV © FRPELHQ TXHªTXLPRGL¿HQWFHTXLpWDLWDI¿UPDWLRQFODLUHHWVLPSOHSRXUHQIDLUHGHV remarques sans grande portée (lire l’ensemble de l’article 6 de la confession FDWKROLTXH 8Q DXWUH O¶DUWLFOH DI¿UPH YHUVLRQ UpIRUPpH TXH © WRXWH nostre justice est fondée en la remission de nos pechez […] Parquoy nous rejetWRQVWRXVDXWUHVPR\HQVGHQRXVSRXYRLUMXVWL¿HUGHYDQW'LHXª/DYHUVLRQ FDWKROLTXHPRGL¿HOpJqUHPHQW©WRXWHQRVWUHMXVWLFHFRPPHQFHjODUHPLVsion de noz pechez […] et ne rejectons une part des susdicts moyens pour telle UHPLVVLRQHWMXVWLFHGHYDQW'LHXª 6XUGHX[WKqPHVHQ¿QLO\DVLPSOHUHPSODFHPHQWG¶XQWH[WHSDUXQDXWUH – évidemment. Sur la structure de l’Église et de son ministère, la confession réformée donne un texte bref (29-30) mentionnant les pasteurs, les « surveilODQWVªHWOHVGLDFUHVODFRQIHVVLRQFDWKROLTXHOHUHPSODFHSDUXQH[SRVpEHDXcoup plus long (29-36) sur les ordres supérieurs et inférieurs, les évêques, l’imposition des mains et la succession apostolique, les conciles et assemEOpHVHWDLQVLGHVXLWH7RXWDXVVLpYLGHPPHQWODFRQIHVVLRQUpIRUPpHGp¿QLW les sacrements (34) et présente un exposé des deux sacrements du baptême et de la cène (35-36), plus deux articles sur la présence réelle (« realement et par HIIHWª PDLVVSLULWXHOOHGH-pVXV&KULVWGDQVOHVVDFUHPHQWV WDQGLV que le texte catholique remplace par plusieurs articles traitant des sept sacrements (39-55), avec une insistance particulière sur le sacrement de l’autel, la GRFWULQHGHODWUDQVVXEVWDQWLDWLRQODSUpVHQFH©UHDOOHPHQWHWGHIDLFWª HWXQ résumé détaillé de la liturgie de la messe (47). De part et d’autre, ce sont des exposés lucides et accessibles des doctrines en présence, mais sans contact l’un avec l’autre. 3DUFHTXHGHUULqUHOHVGp¿QLWLRQVHWOHVDI¿UPDWLRQVSRQFWXHOOHVGHVGHX[ FRQIHVVLRQVLO\DXQSULQFLSHDI¿UPpGqVOHVSUHPLHUVDUWLFOHVHWVRXYHQWUpLtéré par la suite, qui sous-tend l’ensemble des textes et de leur confrontation : ODTXHVWLRQGHO¶DXWRULWp/DFRQIHVVLRQUpIRUPpHGp¿QLW GHX[VRXUFHVGH la révélation de Dieu : l’univers (sa création et sa conservation) et l’Écriture sainte qui est la source suprême de notre connaissance de Dieu (5). La confession catholique ajoute d’autres sources de cette connaissance : les « spéciales LQVSLUDWLRQVªOHVPLUDFOHVHWOHVHQVHLJQHPHQWVQRQpFULWVHW &HTXL IDLWTXHO¶eJOLVHHVWVHXOHFRPSpWHQWHSRXUGp¿QLUHWpYDOXHUFHVVRXUFHVGH 228
Lignes de fracture confessionnelles à la veille des guerres de religion
connaissance, et est donc seule à détenir cette autorité (le mot magistère ne ¿JXUHSDVpWDQWG¶RULJLQHSOXVUpFHQWHPDLVO¶LGpHHVWSOHLQHPHQWSUpVHQWH Et tout le reste s’ensuit. Ce clivage est manifesté le plus simplement par le fait que la confession réformée est truffée de références bibliques en marge (entre crochets dans notre texte)&KDTXHDI¿UPDWLRQHVWEDVpHVXUXQHVRXUFHELEOLTXH(QOHYH] ces références – comme c’est le cas dans la confession catholique – et la FRQIHVVLRQGHYLHQWXQHVpULHG¶DI¿UPDWLRQVVDQVDXWUHIRQGHPHQWTXHO¶DXWRrité de l’Église qui les fait publier (même si Claude de Saintes ajoute souvent ODPHQWLRQ©VHORQOHVHVFULWXUHVªPDLVVDQVSUpFLVHU La présente introduction ne prétend nullement épuiser les leçons qui peuvent être tirées de nos deux textes. J’espère avoir assez dit pour éveiller l’intérêt du lecteur, et l’encourager à pousser plus loin ses recherches. Pour le reste, pour une analyse mieux informée et plus approfondie des questions souOHYpHVSDUFHVGHX[GRFXPHQWVMHODLVVHODSODFHjSOXVTXDOL¿pTXHPRL&¶HVW mon cadeau d’anniversaire à Bernard Roussel : avec mes meilleurs souhaits pour une retraite bien méritée et trop longtemps reportée, j’espère qu’il trouvera le temps et l’envie de porter sur ces textes la profondeur et l’acuité de son regard tant admiré.
8.
Bernard Roussel a attiré l’attention sur l’importance de ces références bibliques, art. cité, p. 45 et note 41.
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CONFESSION DE LA FOY C AT H O L I Q U E , CONTENANT EN BRIEF la reformation de celle que les Ministres de Calvin, presenterent Au Roy, en l’assemblée de Poissy : Addressée au peuple de France, par F. Claude de Sainctes, docteur en Theologie. A PARIS, Chez Claude Fremy, en la rue sainct Jaques à l’enseigne S. Martin. 1561. AVEC PRIVILEGE. [a 2r] L’AUCTEUR AU PEUPLE DE France. PEUPLE treschrestien, puis qu’il a pleu à Dieu de nous envoyer les tentations qu’il a predictes touchant la religion, pour experimenter si nous l’aymons, et sommes constants en nostre foy, c’est nostre devoir de ne croire facilement tous ceux qui nous diront : C’est icy Jesuchrist, ou icy en la confession d’Augsbourg, ou en celle des ministres de Calvin, mais devons nous souvenir qu’il nous est commandé de ne sortir point hors de la congregation de [a 2v] l’Eglise generale, qui a esté jusques à nostre temps, pour nous rendre à une secte parWLFXOLHUH $ FHVWH FDXVH DI¿Q TXH WX QH VRLV DEXVp IDXOWH G¶DGYHUWLVVHPHQW par le commandement d’aucuns messeigneurs les prelats estants à Poissy, ay mis par ordre et articles une Confession de nostre foy catholique, par laquelle appert (sans aigreur) en quoy les Calvinistes se sont separez d’avec nous. Je n’ay aucunement mué ce qu’ils ont retenu de nostre religion en la confession presentée au Roy, et à l’assemblée des evesques, de peur qu’ils ne crient que rejectons le bon, et le mauvais indifferemment. J’esperois enrichir et prouver amplement chacun article : mais pour la premiere instruction du simple peuple en tel trouble, a esté advisé meilleur de proposer le tout le plus briefvement, et populairement que faire se pourroit, en espoir d’adjouster [a 3r] tant qu’il sera necessaire. Dieu donne par sa grace à nostre Roy bon conseil, et de sa benediction accroissement en tout et par tout. Et nous face misericorde de perseverer HQSDWLHQFHHWVRXVWHQHPHQWGHQRVWUHIR\MXVTXHVjOD¿Q
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Confession de foy 1559
Confession catholique
1. Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu >'W &R 8,4.6] qui est une seule et simple esVHQFH>*Q([@VSLULWXHOOH>-Q &R@eternelle [Rm 1,20] , invisible [1 Tm 1,17], immuable [Ml 1E@LQ¿QLH, incomprehensible >5P$F$F@ ineffable, qui peut toutes choses [Jr /F@qui est toute sage [Rm 16,27], toute bonne [Mt 19,17], WRXWH MXVWH >-U 3V @ et toute misericordieuse [Ex 34,6-7].
[A 3v] ARTICLE PREMIER. Nous croyons, et confessons, qu’il y a un seul Dieu, qui est seul et simple esprit sans aucun corps, eternel, LQYLVLEOH LPPXDEOH LQ¿QL LQFRPprehensible, ineffable, qui peult toutes choses : qui est tout sage, tout bon et tout misericordieux.
2. Ce Dieu se manifeste tel aux hommes premierement par ses œuvres : tant par la creation que par la conservation et conduite d’icelles [Rm 1,19-20]. Secondement et plus clairement par sa parole >5P -Q +H @ laquelle au commencement revelee par oracle [Gn @ a esté puis apres redigee par escrit és livres que nous appellons Escriture saincte [Ex 24,35P@
2. Il se manifeste, et a manifesté depuis le commencement du monde aux hommes selon son bon plaisir ou par voye extraordinaire, comme par speciales inspirations, ou miracles : ou par moyens ordinaires, comme par la contemplation de ses œuvres, creation, conservation, et conduicte d’icelles, ou plus amplement [A 4r] et clairement par sa parolle : laquelle au commancement il declaroit aux hommes par revelations et instrucWLRQVGHSHUHj¿O]HWdepuis en partie a esté redigée par escrit, en partie a esté retenue et continue par tradition.
3. Toute ceste Escriture saincte est comprise és livres canoniques du vieil et nouveau Testament, desquels le nombre s’ensuit . Les cinq livres GH0RwVHVDYRLUHVWGenese, Exode, Levitique, Nombres, Deuteronome. Item, Josué, Ruth, le premier et second livres de Samuel, premier et second livres des Rois, premier et second livres des Chroniques, autrement dits Paralipomenon, le premier livre d’Esdras. Item, Nehemie, le livre d’Esther, Job, Psaumes de David,
3. Ce qui en a esté escrit, est compris és livres canoniques du vieil et nouveau testament, desquels le nombre pour le moins de ceux qui sont demeurez jusques à nous ensuit : Genese, Exode, Levitique, Nombres, Deuteron. Josué, Juges, quatre livres des Roys, deux des chroniques, autrement dit paralipomenom, Job, Tobie, Judith, Ester OHVGHX[OLYUHVG¶Esdras, les Pseaulmes de David, les trois livres de Salomon, qui sont les sentences ou proverbes, L’ecclesiaste dict prescheur, [A 4v] les Cantiques.
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Proverbes ou sentences de Salomon, le livre de l’Ecclesiaste, dit Prescheur, Cantique de Salomon. Item les livres d’Esaïe, Jeremie, Lamentations de Jeremie, Ezechiel, Daniel, Osée, Joel, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Item le sainct Evangile, selon sainct Matthieu, selon sainct Marc, selon sainct Luc, et selon sainct Jean. Item le second livre sainct Luc, autremement dit les Actes des Apostres. Item les epistres sainct Paul : aux Romains une, aux Corinthiens deux, aux Galates une, aux Ephesiens une, aux Philippiens une, aux Colossiens une, aux Thessaloniciens deux, à Timothée deux, à Tite une, à Philemon une. Item l’epistre aux Hebreux, l’epistre sainct Jacques, la premiere et seconde epistres sainct Pierre, la premiere, deux et troisieme epistres sainct Jean, l’epistre sainct Jude. Item l’apocalypse ou revelation sainct Jean.
Item la Sapience, L’ecclesiastique, Les livres D’esaye, Jeremie avec ses lamentations, Ezechiel, Daniel, Ozée, Joel, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahun, Abacuc, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie, et deux livres des Machabées : Les livres du nouveau testament, sont les sainctes evangiles, selon S. Mathieu, S. Marc, S. Luc, S. Jehan. Le second livre de S. Luc, autrement dit les Actes des apostres : les epistres de S. Paul : aux Romains une, aux Corinthiens deux : aux Galathes une, aux Ephesiens une, aux Philippiens une, aux Collossiens une : aux Thessaloniens deux : à Thimothée, deux : à Tite une, à Philemon une, et aux Hebrieux une. Item l’epistre de S. Jaques, La premiere et seconde epistre de S. Pierre, La premiere seconde et [A 5r] troisiesme epistre de S. Jehan. L’epistre de S. Jude. Item l’Apocalipse ou revelation de S. Jehan. Nous ne prenons nostre cathalogue selon les Juifz, car par la grace de Jesus Christ nous ne sommes plus desoubz la loy : mais le prenons selon le compte des Chrestiens, et l’Eglise catholique.
4. Nous cognoissons ces livres estre canoniques et reigle trescertaine de nostre Foy >3V 3V @ non tant par le commun accord et consentement de l’Eglise que par le tesmoignage et persuasion interieure du S. Esprit, qui les nous fait discerner d’avec les autres livres Ecclesiastiques. Sur lesquels, encores qu’ils soyent utiles, on ne peut fonder aucun article de Foy.
4. Ces livres ont esté premierement congneus estre canoniques et reigle certaine de nostre foy, par le don de grace que l’on experimentoit estre en aucuns de sçavoir discerner les esprits, et par le commun accord et consentement de l’Eglise, par lequel depuis les Chrestiens de tous temps ont soustenu l’auctorité desdicts livres. A ceste cause rejectons ceux qui fondent la certitude de tels livres sur leur phantastique persuasion du [B 1v] S. Esprit, ou plus tost propre sens, et incertaine presumption.
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5. L’on a cogneu la parolle de Dieu baillée de seule tradition par les disciples et successeurs, qui ont dit ce qu’ils avoyent ouy, et receu sans escriture de leurs maistres, par lesquels l’esprit de Dieu parloit : secondement par le mesme consentement, et accord de l’Eglise, par lequel nous est apparu de ce qui a esté escrit. 5. Nous croyons que la parole qui est contenue en ces livres est procedee de Dieu > 7P 3 3 @ duquel seul elle prend son authorité, et non des hommes >-Q7P 1,15]. Et d’autant qu’elle est reigle de toute verité, contenant tout ce qui est necessaire pour le service de Dieu et nostre salut >-Q$F 20,27], il n’est loisible aux hommes, ne mesme aux anges, d’y adjouster diminuer ou changer. Dont il s’ensuit que ne l’antiquité, ne la multitude, ne la sagesse humaine, ne les jugemens, ne les arrests, ne les edicts, ne les decrets, ne les conciles, ne les visions, ne les miracles ne doivent estre opposez à icelle Escriture saincte : ains au contraire toutes choses doivent estre examinees reigles et reformees selon icelle. Et suivant cela nous advouons les trois Simboles, assavoir des Apostres, de Nice et d’Athanase, pource qu’ils sont conformes à la parole de Dieu.
6. Nous croyons que la parolle qui est contenue esdicts livres canoniques et celle qui est laissée par tradition catholique, sont procedez de Dieu, duquel seul elles prennent leur force et authorité, et non des hommes : sans le continuel tesmoignage, desquels toutesfois nous ne croyrions [B 2r] qu’elles seroient parolles de Dieu : et combien que l’escriture soit la reigle de verité, toutesfois ne contient par le menu tout ce qui est necessaire pour le service de Dieu et nostre salut : car icelle mesme le proteste. D’avantage nonobstant qu’il ne soit loisible aux hommes, ny mesmes aux Anges adjouster, diminuer, ou changer aucune chose du texte de l’escriture, commander ou exposer chose contraire, toutesfois ne s’ensuit qu’il n’y ayt autre parolle de Dieu que celle qui est couchée par escrit : ne s’ensuit que l’antiquité, generalité, et consentement de l’eglise : que les conciles generaux, miracles, et visions, sans fraude : que la sagesse et authorité des hommes appuyée et reiglée de la promesse de Dieu, ne doibvent examiner, juger, et determiner de [B 2v] l’intelligence et vray sens des escritures, et estre creus des traditions Apostoliques, et de toute dispute et contention qui pourroit intervenir sur la congnoissance desdites escritures, et faict de la religion. Et suivant cela, nous advoüons les troys symboles, assavoir des Apostres, de Nice, et
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d’Athanase, tous les legitimes Conciles generaulx et leurs simboles, qui ont esté receuz et approuves de l’Eglise catholique, l’accord et union et succession des saincts docteurs, et l’authorité d’icelle HJOLVHJHQHUDOHGHWRXWOHPRQGHSRXU ce que ainsi nous commande la parolle de Dieu, escripte, et laissée par tradition. 7. Nous advertisons, et prions plusieurs, de ne s’abuser, qui se contentent des articles du Simbole des [B 3r] Apostres sans consideration de ce qu’ils contiennent, et à la façon des GHVYRLH]FULHQWLOVXI¿VWFURLUHOHV\Pbole sans adjouster articles sur articles, comme si la religion chrestienne estoit XQ HGL¿FH TXL QH IXVW MDPDLV DFKHYp Ausquels respondons en toute charité, que si toute nostre foy et salut estoient comprises au symbole expressement, le baptesme, ny aucun sacrement, ny le decalogue, ou les dix commandemens de la loy, ne generalement l’escriture ne seroit necessaire à salut ny article de foy : car ce qui est contenu es choses alleguées par le menu n’est expres au symbole. Et pource disons que tout ce qui depend de la parolle de Dieu, soit escriture, soit laissée par tradition, et de leurs principes, est article de foy, et que selon les troubles advenuz en la religion, [B 3v] il a esté proposé, ce qu’il se doit proposer, et tenir pour article de foy. 6. Ceste Escriture saincte nous enseigne qu’en ceste seule et simple essence divine, que nous avons confessee, il y a trois Personnes, le PereOH)LOVHWOH6(VSULW>'W 0W-Q@/H3HUH premiere cause, principe et origine de toutes choses, Le Fils, sa parole et sapience eternelle. Le S. Esprit,
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8. L’escriture saincte et tradition nous enseignent, que en la seule et simple nature divine, que nous avons confessée, il y a trois persones : le pere non engendré : OH ¿OV engendré eternellement du pere, le S. Esprit procedant eternellement des deux : les trois personnes non confuses, mais distinctes, et
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VDYHUWXSXLVVDQFHHWHI¿FDFHLe Fils toutesfois non divisées, mais d’une eternellement engendré du Pere. Le mesme essence, eternité, puissance S. Esprit procedant eternellement de et equalité. tous deux. Les trois personnes non confuses, mais distinctes, et toutesfois non divisées, mais d’une mesme essence, eternité, puissance et equalité >0W -Q -Q $F 5P-Q@(WHQFHOD advouons ce qui a esté determiné par les anciens Conciles et detestons toutes sectes et heresies qui ont esté rejettees par les saincts docteurs depuis S. Hilaire, Athanase, jusqu’à S. Ambroise et Cyrille. 7. Nous croyons aussi que Dieu, par sa vertu, sagesse et bonté incomprehensible, a creé toutes choses, non seulement le ciel, la terre et tout ce qui y est contenu, mais aussi les esprits invisibles >*Q -Q &RO+H@desquels les uns sont decheus et tresbuchez en perdition >3-XGH@OHVDXWUHV ont persisté en obeissance [Ps 103,2021]. Que les premiers s’estans corrumpus en malice sont ennemis de tout bien, et par consequent de toute l’Eglise [Jn 8,44]. Les seconds, ayant esté preservez par la grace de Dieu, sont PLQLVWUHV SRXU JORUL¿HU VRQ Nom, et servir au salut de ses eleus >+H3V@
9. Nous croyons que Dieu en trois personnes cooperantes, par sa vertu, sagesse et bonté incomprehensible, est une seule et simple cause de toutes choses, sans aucune distinction de [B 4r] premiere cause pour le pere, VHFRQGH SRXU OH ¿OV HW WLHUFH SRXU OH S. Esprit, de peur de Platoniser ou Arianiser : et qu’il a crée non seulement le ciel, la terre et tout ce qui y est contenu, mais aussi les esprits invisibles par ordres, depuis appellez Anges : desquels les uns sont decheus et trebuchez en perdition, et se sont corrompus en malice et rendus ennemis de tout bien, lesquels nous appellons communément diables : les autres qui n’ont abusé de leur perfection, et ont bien usé de la grace de nostre Seigneur, qui les a preservez, sont ministres pour en jouissance de leur felicité en Dieu, JORUL¿HUVRQsainct nom et servir au salut de ses esleuz.
8. Nous croyons que non seulement il a creé toutes choses, mais qu’il les gouverne et conduit, disposant et ordonnant selon sa volunté de tout ce qui advient au monde >3V 3U0W$F
10. Nous croyons que non seulement il a crée toutes choses, mais qu’il les [B 4v] gouverne et conduict, disposant et ordonnant selon sa volonté de tout ce qu’il advient au monde, non pas qu’il soit aucteur du mal,
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5P (S @ non pas qu’il soit autheur du mal ou que la coulpe luy en puisse estre imputee >3V2V-Q @ veu que sa volunté est la regle souveraine et infaillible de toute droiture et equité [Jb 1,22] : mais il ha des moyens admirables de se servir tellement des diables et des meschans, qu’il sçait convertir en bien le mal qu’ils font et duquel ils sont coulpables >$F 28]. Ainsi en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons en humilité les secrets qui nous sont cachez, sans nous enquerir par dessus nostre mesure [Rm @ mais plustost applicquons à nostre usage ce qui nous en est monstré en l’Escriture saincte, pour estre en repos et seureté, d’autant que Dieu, qui ha toutes choses sujettes à soy, veille sur nous d’un soin paternel. Tellement qu’il ne tombera point un cheveu de nostre teste sans son vouloir >0W/F 21,18] : et cependant tient les diables et tous nos ennemis bridez, en sorte qu’ils ne peuvent nous faire aucune nuisance sans son congé >*Q -E0W-Q@
ou que la coulpe luy en puisse estre imputée : veu aussi que sa volonté est la reigle souveraine et infaillible de toute droicture et equité : mais il a des moyens admirables de se servir, tellement des diables et des meschans qu’il sçait convertir en bien le mal qu’ils font et duquel ils sont coulpables : et ainsi en confessant que rien ne se faict sans la providence de Dieu, nous adorons en toute humilité les secrets qui nous sont cachez sans nous enquerir par dessus nostre mesure : mais plustost appliquons à nostre usaige ce qui nous est monstré en sa saincte parole pour estre en repos et seureté, d’autant que Dieu qui a [C 1r] toutes choses subjectes à soy, veille sur nous d’un soing paternel, tellement qu’il ne tombera point ung cheveux de nostre teste sans son vouloir, et ce pendant tient les diables et tous noz ennemis bridez, en sorte qu’ils ne nous peuvent faire nuysance aucune sans son congé.
9. Nous croyons que l’homme, ayant esté creé pur et entier et conforme à l’image de Dieu >*Q(FF Ep 4,24], est par sa propre faute decheu de la grace qu’il avoit receue >*Q5P(S@et ainsi s’est aliené de Dieu qui est la fontaine de justice et de tous biens : en sorte que sa nature est du tout corrompue >*Q@(WHVWDQWDYHXJOpHQVRQ esprit et depravé en son cœur, a perdu toute integrité sans en avoir rien de residu. Et combien qu’il ait encores quelque discretion du bien et du
11. Nous croyons que l’homme ayant esté creé pur et entier, de franc arbitre, et conforme à l’image de Dieu est par sa propre faute decheut de la grace qu’il avoit receuë, et ainsi s’est aliené de Dieu, qui est la fontaine de justice, et de tous biens, en sorte qu’il est demeuré en sa nature fort corrompu, non pas qu’il ait perdu toute integrité sans en avoir rien de residu : car il a encores quelque discretion de bien et de mal, et quelque [C 1v] liberté à l’un et à l’autre : mais elle est bien fort
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mal >5P @ QRQREVtant nous disons que ce qu’il a de clarté se convertit en tenebres, quand il est question de chercher Dieu, tellement qu’il n’en peut nullement approcher par son intelligence et raison [Rm &R@(WFRPELHQTX¶LODLW volunté par laquelle il est incité à faire cecy ou cela, toutesfois qu’elle est du WRXWFDSWLYHVRXVSHFKp>5P 8,6-7], en sorte qu’il n’ha nulle liberté à bien, que celle que Dieu luy donne >-U-Q 5P &R &R 3K 2,13].
navrée et depravée, laquelle toutesfois faict quelque chose avec la grace de Dieu, qui la guarist et conforte : de sorte que disons selon les escritures et l’Eglise catholique, qu’il y a en la nature de l’homme apres le peché, quelque liberté à bien avec celle que Dieu luy donne par Jesus Christ, sans laquelle l’autre ne peult rien mettre en execution de parfaict, et avecques laquelle l’autre peult tout.
10. Nous croyons que toute la lignée d’Adam est infectee de telle contagion, qui est le peché originel et un vice hereditaire >*Q -E 3V 0W 5P 18], et non pas seulement une imitation, comme les Pelagiens ont voulu dire, lesquels nous detestons en leurs erreurs. Et n’estimons pas qu’il soit besoin de s’enquerir comment le peché vient d’un homme à l’autre, veu que c’est bien assez que ce que Dieu luy avoit donné n’estoit pas pour luy seul, mais pour toute sa lignee : et ainsi qu’en la personne d’iceluy nous avons esté desnuez de tous biens, et sommes tresbuchez en toute povreté et malediction.
12. Nous croyons que toute la lignée d’Adam est infectée du peché originel, qui est un vice et contagion hereditaire. Et n’estimons pas qu’il soit besoing de s’enquerir comment le peché vient du premier homme aux autres, veu que c’est bien assez [C 2r] que ce que Dieu luy avoit donné, ne estoit pas pour luy seul, mais pour toute sa lignée. Et ainsi en la personne d’iceluy, nous avons esté denuez des graces de Dieu, et sommes tresbuchez en toute pauvreté, et malediction.
11. Nous croyons aussi que ce vice est vrayement SHFKp TXL VXI¿W j condamner tout le genre humain, jusques aux petis enfans dés le ventre de la mere, et que pour tel il est reputé devant Dieu >3V5P (S@PHVPHVTXH apres le Baptesme c’est tousjours peché, quant à la coulpe, combien que la condamnation en soit abolie és enfans de Dieu, ne la leur imputant point par sa bonté gratuite [Rm 7]. Outre cela
13. Nous croyons que ce vice est peFKpTXLVXI¿WjFRQGDPQHU, et separer de Dieu, et de sa gloire tout le genre humain jusques aux petis enfans des le ventre de la mere, et que pour tel il est reputé devant Dieu : mais nous disons qu’apres le baptesme, ce qui en reste, n’estre plus peché quant à la coulpe et condemnation qui en sont abolies aux enfans de Dieu. Outre cela nous confessons que de tel peché est sortie une debilité et perversité
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que c’est une perversité produisant tousjours fruits de malice et rebellion [Rm 7,5], tellement que les plus saincts, encores qu’ils y resistent, ne laissent point d’estre entachez d’in¿UPLWH] et de fautes pendant qu’ils habitent en ce monde >5P 2 Co 12,7].
en nostre chair, qui [C 2v] produict tousjours une rebellion à l’esprit, par laquelle les plus saincts encores qu’ils y resistent, ne laissent point G¶HVWUHWDFKH]G¶LQ¿UPLWp, et subjects à faillir pendant qu’ils habitent en ce monde : toutesfois nyons que telle LQ¿UPLWp VRLW SHFKp RX TXH HOOH QRXV soit laissée pour peché : ains pour nous donter, humilier, et nous servir d’exercice à vertu.
12. Nous croyons que de ceste corruption et condamnation generale en laquelle tous hommes sont plongez, Dieu retire ceux lesquels en son conseil eternel et immuable il a esleus par sa seule bonté et misericorde en nostre seigneur Jesus Christ, sans consideration de leurs œuvres >-U 5PHWWRXWOHFK(S 5P7P7W@laissant les autres en icelle mesme corruption et condamnation, pour demonstrer en eux sa justice >([ 5P 7P@comme és premiers il fait luire les richesses de sa misericorde >(S5P@ Car les uns ne sont pas meilleurs que les autres, jusques à ce que Dieu les discerne selon son conseil immuable, qu’il a determiné en Jesus Christ devant la creation du monde >(S 2 Tm 1,9]. Et nul aussi ne se pourroit introduire à un tel bien de sa propre vertu : veu que de nature nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement, affection ne pensee, jusques à ce que Dieu nous ait prevenus et nous y ait disposez >-U5P(S 7P3K7W@
14. Nous croyons que de ceste corruption et condemnation generale, en laquelle tous hommes sont plongez : Dieu retire ceux lesquels en son conseil eternel et immuable, il a choisy par sa seule bonté et misericorde en nostre seigneur Jesus Christ, sans consideration de leurs œuvres pour estre ou appellez ou esleuz à salut, laissant les autres en icelle mesme corruption [C 3r] et condemnation pour demonstrer en eux sa justice, comme es premiers il faict luyre les richesses de sa misericorde : car les uns ne sont point meilleurs que les autres, jusques à ce que Dieu les discerne selon son conseil immuable, qu’il a determiné en Jesus Christ devant la creation du monde : et nul aussi ne se pourroit introduire à un tel bien de sa propre vertu, veu que de nature apres le peché nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement, ny affection, ny pensée juste devant Dieu, jusques à ce qu’il nous ayt prevenuz et nous y ayt disposez.
13. Nous croyons qu’en iceluy Jesus Christ tout ce qui estoit requis à nostre salut nous a esté offert et communiqué : lequel nous estant
15. Nous croyons qu’en Jesus Christ tout ce qui estoit requis à nostre salut, nous a esté offert, et communiqué, lequel nous estant
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donné à salut, nous a esté quant et TXDQWIDLWVDSLHQFHMXVWLFHVDQFWL¿cation et redemption >&R(S &RO7P7W@ en sorte qu’en declinant de luy on renonce à la misericorde du Pere, où il nous convient avoir nostre refuge unique >-Q-Q@
donné [C 3v] à salut, nous a esté quant et quant fait sapience, jusWLFH VDQFWL¿FDWLRQ HW UHGHPSWLRQ En sorte qu’en declinant de luy, on renonce à la misericorde du pere, où il nous convient avoir nostre refuge unique par les moyens de luy ordonnez.
14. Nous croyons que Jesus Christ, estant la sagesse de Dieu et son Fils HWHUQHO D YHVWX QRVWUH FKDLU D¿Q d’estre Dieu et homme en une personne >-Q 3K @ voire homme semblable à nous [He 2,17], passible en corps et en ame, sinon entant qu’il a esté pur de toute macule [2 Co 5,21]. Et quant à son humanité, qu’il a esté vraye semence d’Abraham et de David >$F 5P+H@ combien qu’il ait esté conceu par la vertu secrete du sainct Esprit [Lc 0W@(QTXR\ nous detestons toutes les heresies qui ont anciennement troublé les Eglises, et notamment aussi les imaginations diaboliques de Servet, lequel attribue au Seigneur Jesus une Divinité fantastique, d’autant qu’il le dit estre idee et patron de toutes choses, et le nomme )LOVSHUVRQQHORX¿JXUDWLIGH'LHXHW ¿QDOHPHQWOX\IRUJHXQFRUSVGHWURLV elemens increés, et par ainsi mesle et destruit toutes les deux natures.
16. Nous croyons que Jesus Christ HVWDQW OD VDJHVVH GH 'LHX HW VRQ ¿OV HWHUQHO D YHVWX QRVWUH FKDLU DI¿Q d’estre Dieu et homme en une personne, voire homme semblable à nous, passible en corps et en ame, sinon en tant qu’il a esté pur de toute macule, et quant à son humanité, qu’il a esté vraye semence d’Abraham, et de David, combien qu’il aye esté conceu par la vertu secrette du sainct Esprit au ventre de sa bien heureuse et saincte mere vierge avant et apres l’enfantement. [C 4r] Nous croyons sa vie, sa mort, sa sepulture, sa descente aux enfers, sa resurrection, et son Ascension là hault au ciel, où il est assis à la dextre du pere, dont il ne bougera qu’il n’en vienne juger les vifs et les morts.
15. Nous croyons qu’en une mesme personne, à sçavoir Jesus Christ, les deux natures sont vrayement et inseparablement conjointes et unies, demeurant neantmoins chacune nature en sa distincte proprieté : tellement que comme en ceste conjonction la nature Divine retenant sa proprieté est demeuree increée, LQ¿QLH HW UHPSOLVVDQW WRXWHV FKRVHV aussi la nature humaine est demeuree
17. Nous croyons qu’en une mesme personne, à sçavoir Jesus Christ, les deux natures sont vrayement et inseparablement conjoinctes et unies, demeurant neantmoins chacune nature en sa distincte proprieté, tellement que comme en ceste conjonction, la nature divine UHWLHQW VD SURSULHWp LQFUHpH LQ¿QLH et remplissant toutes choses : Aussi la nature humaine est demeurée
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¿QLH D\DQW VD IRUPH PHVXUH et proprieté >0W /F -Q 5P 7P+H@et mesme combien que Jesus Christ en ressuscitant ait donné immortalité à son corps, toutesfois il ne luy a osté la verité de sa nature >/F5P 3K @ Ainsi nous le considerons tellement en sa Divinité que nous ne le despouillons point de son humanité.
¿QLHD\DQWVDIRUPHPHVXUHHWSURprieté. Et combien que Jesus Christ en resuscitant [C 4v] ayt donné immortalité à son corps, toutesfois il ne luy a osté la verité de sa nature. Et ainsi nous le considerons tellement en sa divinité, que nous ne le despouillons point de son humanité : mais seulement cognoissons toute qualité de perfection adjoustée au lieu des LQ¿UPLWH]QDWXUHOOHVjQRVWUHFRUSV
16. Nous croyons que Dieu envoyant son Fils a voulu monstrer son amour et bonté inestimable envers nous, en le livrant à la mort et le ressuscitant pour accomplir toute justice et nous acqueULUODYLHFHOHVWH>-Q-Q 5P7P@ 17. Nous croyons que par le sacri¿FH XQLTXH TXH OH 6HLJQHXU -HVXV a offert en la croix, nous sommes reconciliez à Dieu, pour estre tenus et reputez justes devant luy [2 Co (S+H WP @ pource que nous ne luy pouvons estre agreables ni estre participans de son adoption, sinon d’autant qu’il nous pardonne nos fautes et les ensevelit [1 P 2,2425]. Ainsi nous protestons que Jesus Christ est nostre lavement entier et parfait >(S 7W @ TX¶HQ sa mort nous avons entiere satisfaction pour nous acquiter de nos forfaits et iniquitez dont nous sommes coulpables, et ne pouvons estre delivrez que par ce remede >+H3 -Q5P@
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18. 1RXV FUR\RQV TXH OH VDFUL¿FH unique offert par nostre seigneur Jesus Christ en la croix, est le pris de nostre reconciliation avecques Dieu pour estre tenuz et reputez justes devant luy, pource que nous ne luy pouvons estre aggreables, ne estre participans de son adoption, sinon d’autant qu’il nous pardonne noz faultes, et les ensepvelist au sang et mort de nostre saulveur pour monstrer [D 1r] sa justice. Aussi nous protestons que Jesus est nostre lavement entier et perfaict : nous protestons que sa mort est nostre entiere satisfaction pour nous acquiter de noz faultes et iniquitez dont nous sommes coulpables, et ne pouvons estre delivrez que par ce remede. Ne s’ensuit toutesfois que tous soient reconciliez à Dieu, tous justez, et à luy aggreables, tous lavez, tous sans necessité d’autre satisfaction en leurs personnes : car est necessaire l’usage des moyens que Dieu par Jesus Christ nous a ordonnez pour
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avoir part et portion en ce pris, justice, lavement, remission des pechez et satisfaction de nostre redempteur : et tels sont les Sacremens, chacun en VRQ HQGURLFW OD IR\ YLYH OH VDFUL¿FH du corps et sang de Jesus en la Messe, l’oraison, l’aumosne, [D 1v] les fruicts de penitence, et l’execution des commandemens de la parolle de Dieu, et tous autres moyens que l’on pourra tirer par le menu d’icelle. 18. Nous croyons que toute nostre justice est fondee en la remission de nos pechez, comme aussi c’est nostre seule felicité, comme dit David [Ps 5P@3DUTXR\QRXVUHMHWtons tous autres moyens de nous pouYRLU MXVWL¿HU GHYDQW 'LHX >5P @ et sans presumer de nulles vertus ni merites nous nous tenons simplement à l’obeissance de Jesus Christ, laquelle nous est allouee tant pour couvrir toutes nos fautes que pour nous faire trouver faveur devant Dieu [Rm 7P-Q5P@ Et de faict nous croyons qu’en declinant de ce fondement tant peu que ce soit, nous ne pourrions trouver ailleurs aucun repos [Ac 4,12], mais serions tousjours agitez d’inquietude : d’autant que jamais nous ne sommes paisibles avec Dieu jusqu’à ce que nous soyons bien resolus d’estre aimez en Jesus Christ, veu que nous sommes dignes d’estre hays en nousmesmes.
19. Nous croyons que toute nostre justice commence à la remission de noz pechez, comme nostre felicité, selon que dit David : et ne rejectons une part des susdicts moyens pour telle remission et justice devant Dieu. Et à ¿Q G¶HYLWHU SUHVXPSWLRQ HQVXLYDQV OD saincte parolle, nous appuyons tout, VDFUHPHQW VDFUL¿FH YHUWX HW PHULWH en la promesse et ordonnance de Dieu, et sur le merite, pris, redemption, et satisfaction de Jesus Christ. A ceste FDXVH GLVRQV TXH FH QH VXI¿VW GH VH tenir simplement à l’obeissance qu’a faict à Dieu la personne de Jesus [D 2r] Christ, si n’obeissons en noz personnes à ses commandemens, et prenons les remedes qu’il a instituez : et combien qu’il nous soit proposé pour couvrir noz faultes, et pour nous faire trouver grace et faveur devant Dieu : toutefois fault adjouster les moyens pour participer de luy. Et de faict nos croyons qu’en declinant de ce fondement qui contient Jesus Christ, et ce qu’il a ordonné pour nostre salut, TXHQRXVÀDWRQVWURPSRQVHWSHUGRQV le monde, d’autant que laissons les moyens d’estre aymez en Jesus Christ, et faisons ouverture de hardiment pecher.
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19. Nous croyons que c’est par ce moyen que nous avons liberté et privilege d’invoquer Dieu, avec pleine ¿DQFH TX¶LO VH PRQVWUHUD QRVWUH Pere >5P 7P -Q 5P@Car nous n’aurions pas aucun acces au Pere, si nous n’estions adressez par ce Mediateur : et pour estre exaucez en son nom, il convient tenir nostre vie de luy, comme de nostre chef >-Q5P (S7P+H@
20. Nous croyons que par tel fondement nous avons liberté et privilege d’invoquer Dieu, avecques pleine ¿DQFHTX¶LOVHPRQVWUHUDQRVWUHSHUH Car nous n’aurions aucun acces [D 2v] au pere, si nous n’estions addressez par nostre mediateur Jesus, et pour estre exaucez en son nom, premierement il convient tenir nostre vie de luy, comme de nostre chef.
20. Nous croyons que nous sommes faits participans de ceste justice par la seule foy, comme il est dit qu’il a souffert pour nous acquerir salut, D¿QTXHTXLFRQTXHFURLUDHQOX\QH perisse point [Jn 3,16] : et que cela se fait, d’autant que les promesses de vie qui nous sont donnees en luy, sont appropriees à nostre usage, et en sentons l’effect, quand nous les acceptons, ne doutans point qu’estans asseurez par la bouche de Dieu, nous ne serons point frustrez. Ainsi la justice que nous obtenons par foy, depend des promesses gratuites par lesquelles Dieu nous GHFODUHHWWHVWL¿HTX¶LOQRXVDLPH[Rm *D 3K7P7W+H $F-Q@
21. Nous croyons que ne sommes faicts participans de la justice de nostre mediateur par la seule foy, combien qu’elle soit la premiere requise, pour le moins à ceux qui sont en aage de discretion : car il est dict, qu’il a esté faict cause de nostre salut à tous ceux qui luy obeiront. Et ainsi devons entendre que la creance deuë à nostre saulveur emporte envers luy toute REHLVVDQFH TXHOTXHVIRLV VLJQL¿pH SDU les mots de croire et de foy, comme quand il est escrit qu’il a souffert pour QRXV DFTXHULU VDOXW j FHOOH ¿Q TXH quiconque croyra en luy ne perisse [D 3r] point. Et nonobstant que par la foy apprehendions les promesses gratuites, par lesquelles Dieu nous GHFODUHHWWHVWL¿HTX¶LOQRXVD\PH, et que ne doubtions aucunement d’icelles, toutesfois ny elles ny la justice qui en depend, ne nous est appropriée par la seule foy sans les sacrements, et autres moyens de nostre salut, selon la necessité de nostre conscience.
21. Nous croyons que nous sommes illuminez en la foy par la grace secrete du S. Esprit >(S7K 3@tellement que c’est un don gratuit et particulier lequel Dieu depart à ceux que bon luy semble [Rm 9,16.18.24.25¸1 Co 4,7], en sorte
22. Nous croyons que nous sommes illuminez en la foy vive par la grace secrete du S. Esprit. Tellement que c’est un don gratuit et particulier que Dieu espart à ceux que bon OX\ VHPEOH HQ VRUWH TXH OHV ¿GHOOHV Q¶RQW HQ TXR\ V¶HQ JORUL¿HU HVWDQV
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TXH OHV ¿GHOHV Q¶RQW GHTXR\ V¶HQ JORUL¿HU [Ep 2,8], estans obligez au double, de ce qu’ils ont esté preferez aux autres : mesmes que la foy n’est pas seulement baillee pour un coup aux esleuz, pour les introduire au bon chemin, ains aussi pour les y faire continuer jusques au bout [1 Co 1,8-9]. Car comme c’est à Dieu de faire le commencement, aussi c’est à luy de parachever >3K@
obligez au double de ce qu’ils ont esté preferez aux autres, mesme que la foy n’est pas baillée seulement aux [D 3v] eleuz pour un coup, pour les introduire au bon chemin : ains pour les y faire aussi continuer jusques au bout. Car comme c’est à Dieu de faire le commencement, aussi c’est à luy de parachever avec le bon vouloir qu’avec sa grace nous continuons.
22. Nous croyons que par ceste foy nous sommes regenerez en nouveauté de vie, estans naturellement asservis à peché >7W35P &RO@2UQRXVrecevons par foy la grace de vivre sainctement et en la crainte de Dieu, en recevant la promesse qui nous est donnee par l’Evangile, assavoir que Dieu nous donnera son sainct Esprit. Ainsi la foy non seulement ne refroidit l’affection de bien et sainctement vivre [Jc 2,17.26], mais l’engendre et excite en nous, produisant necessairement les bonnes œuvres >*D -Q 3 @ $X UHVWH FRPELHQ que Dieu pour accomplir nostre salut nous regenere nous reformant à bien IDLUH>'W-Q@WRXWHVIRLVQRXV confessons que les bonnes œuvres, que nous faisons par la conduite de son Esprit, ne viennent point en conte SRXU QRXV MXVWL¿HU RX PHULWHU que Dieu nous tienne pour ses enfans >/F3V5P 5], pource que nous serions tousjours ÀRWWDQVHQGRXEWHHWLQTXLHWXGHVLQRV consciences ne s’appuyoient sur la satisfaction par laquelle Jesus Christ nous a acquitez [Rm 5,1-2].
23. Nous croyons que par ceste foy et baptesme, du commencement nous sommes regenerez en nouveauté de vie, estans naturellement asservis à peché : et par l’un et l’autre recevons la grace de vivre sainctement, et la promesse qui nous est donnée par l’evangile, à sçavoir que Dieu nous donnera son E. Esprit selon que requerra l’estat de noz consciences. Depuis le baptesme la foy joincte aux moyens de salut, produit semblable effect, et non seulement ne refroidist l’affection de bien et [D 4r] sainctement vivre, mais l’engendre et excite en nous : et parce que supposons estre foy vive, elle produict necessairement les bonnes œuvres. Au reste nous confessons que noz œuvres ne meritent pas, et ne sont point causes que Dieu nous face ses enfans et de peché nous MXVWL¿H QHDQWPRLQV GLVRQV TXH les bonnes œuvres que nous faisons par la conduite du sainct esprit, viennent en compte pour accomplir nostre justice et salut pour nous contenir entre les enfans de Dieu, et pour satisfaction GH QR] SHFKH] VDQV TXH ÀRWWLRQV HQ doute : ains par bonnes œuvres nous asseurons et rendons certaine nostre vocation par l’ordonnance et promesse de Dieu, sans que derogions en rien au merite de Jesus Christ : Car tout ce que nous faisons [D 4v] est fondé sur luy, et en luy, et de par luy perfaict.
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1RXVFUR\RQVTXHWRXWHVOHV¿JXUHV GHOD/R\RQWSULV¿QjODYHQXHGH-HVXV &KULVW>5P*DHW&RO-Q 1,17] : mais combien que les ceremonies ne soyent plus en usage, neantmoins la substance et verité nous en est demeuree en la personne de celuy auquel gist tout DFFRPSOLVVHPHQW>*D3 /F-F@$XVXUSOXVLOQRXVIDXW aider de la Loy et des Prophetes, tant pour regler nostre vie, que pour estre confermez aux promesses de l’Evangile >7P3@ 24. Nous croyons, puis que Jesus Christ nous est donné pour seul advoFDW>-Q7P$F@HW qu’il nous commande de nous retirer privément en son nom vers son Pere [Jn 16,23-24], et mesmes qu’il ne nous est pas licite de prier sinon en suyvant la forme que Dieu nous a dictee par sa parole >0WVV/FVV@ que tout ce que les hommes ont imaginé de l’intercession des Saincts trespassez n’est qu’abus et fallace de Satan, pour faire devoyer les hommes de la forme de bien prier [Ac 10,25$S@Nous rejettons aussi tous autres moyens que les hommes presument avoir pour se racheter envers Dieu, comme deroJDQV DX VDFUL¿FH GH OD PRUW HW SDVsion de Jesus Christ. Finalement nous tenons le purgatoire pour une illusion procedee de ceste mesme boutique, de laquelle sont aussi procedés les vœux monastiques, pelerinages, defenses du mariage et de l’usage des viandes, l’observation ceremonieuse des jours, la confession auriculaire, les indulgences, et toutes autres telles choses, par lesquelles on pense meriter grace HWVDOXW>0W$F 5P *D &RO 7P @ /HVTXHOOHV FKRVHV nous rejettons non seulement pour la
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24. Nous croyons que l’intercession et invocation des saincts en paradis ne sont abbus, ou fallace de Sathan, pour faire devoyer les hommes de bien prier : car si on les estime telles, par ce qu’elles semblent contrevenir à ce que Jesus est nostre advocat, à ce qu’il nous est commandé de nous retirer privément en son sainct nom vers son pere, à ce qu’il est illicite de prier sinon ensuyvant la forme que Dieu nous a dictée par sa parolle : par mesme raison le commandement GHSULHUOHVXQVSRXUOHVDXWUHVjD¿Q d’estre saulvez, seroit abusif, seroit fallace de Sathan, quand l’on se recommande aux oraisons des justes et meilleurs que soy. Et pour autant que par [E 1r] l’article de la communion des saincts nous croyons que les bien heuUHX[ DX FLHO HW QRXV SDXYUHV DIÀLJH] en terre, sommes une seule eglise et un seul corps : et que la liaison et charité d’un membre envers l’autre, consiste premierement en ce, que si l’un a mal, il invoque l’autre à son aide, et cestuy TXLHVWVDLQHWVDXILOVHFRXUWO¶DIÀLJp nous ne trouvons moyen par lequel ceste tant saincte et naturelle union se puisse recognoistre au corps de Jesus Christ, sinon par l’intercession des saincts, qui ne nous peuvent aider autrement, depuis qu’ils sont au ciel, et
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fausse opinion du merite qui y est attachee, mais aussi parce que ce sont inventions humaines qui imposent joug aux consciences.
nostre invocation qui est conforme à l’escripture saincte, et à la premiere antiquité Chrestienne. Et en cest esgard TXH WRXV ¿GHOHV VRQW XQ PHVPH FRUSV pour s’entresurvenir, comme nous invoquons ceulx desquels avons attestation qu’ils sont [E 1v] en repos hors de peine, et tourment : aussi prions nous par escriture et tradition des Apostres pour les trespassez, que nous pensons HVWUH HQ WUDYDLO HW DIÀLFWLRQ GX SXUJDtoire pour leurs pechez. 25. Nous croyons que ne sommes idolatres par la veneration et honneur que nous faisons aux saincts et à leurs images, que de longue antiquité les Chrestiens ont dressées par les eglises : car nous confessons de cœur et de bouche un seul Dieu en trois personnes estre nostre createur et Seigneur, duquel tout depend, et à qui tout est subject, et en ceste recognoissance d’esprit et verité, gist la vraye adoration qu’à luy seul rendons, et de corps et de toutes choses exterieures selon sa grace et nostre puissance la protestons. Nous honorons la [E 2r] memoire et reliques des saincts, par ce qu’ils sont ouvrages de Dieu, que seul nous adorons, et ainsi l’honneur ou le mespris d’iceux revient à l’ouvrier. Secondement par ce que nostre Seigneur et Saulveur les KRQRUHOX\PHVPHFRPPHVHV¿GHOHV amis, et loyaux serviteurs. Tiercement par ce qu’ils ont esté noz capitaines et maistres, qui ont frayé et applany les chemins de l’Evangile que nous devons suyvre. En quatriesme lieu par ce que vaillamment ils ont soustenu la foy, en laquelle nous esperons salut. Quant aux images nous sçavons tous qu’ils sont de pierre, ou de bois, ou d’autre matiere insensible, à laquelle ne nous devons arrester. A ceste cause nous ne prisons et reverons les images, sinon d’autant qu’ils nous representent
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ceux à la semblance desquels elles sont portraictes, [E 2v] et d’autant qu’ils nous advertissent de rememorer ceux que souvent nous oublirions sans advertissemens par lequel les images nous incitent aussi à imiter, honorer, et prier ceux, desquels ils nous admonestent. Et à raison que ce sont semblances des choses veritables, et que QRXVQ¶\¿FKRQVSRLQWQR]FRHXUVLOV ne sont idoles, et la veneration qu’on leur fait n’est idolatrie, mais honneur HWUHFRJQRLVVDQFHGHODFKRVHVLJQL¿pH par le moyen du signe. 26. Nous rejectons toutes personnes, qui comme choses derogeantes au saFUL¿FHGHODPRUWHWSDVVLRQGH-HVXV Christ EODVPHQW OH VDFUL¿FH GX FRUSV et sang de Jesus Christ en la Messe, les aulmosnes, les voeuz monastiques[1], de pauvreté, d’obeissance, de continence sans aucun mespris des [E 3r] autres, qui legitimement se sont mis en mariage : les jeusnes, abstinences, et toute discretion de viandes en temps et lieu, les saincts pelerinages, la devote observation des festes, la confession des pechez aux prestres, ausquels Jesus a donné la puissance de lier et deslier, absouldre et condamner, les pardons et indulgences, le purgatoire tant en ce monde qu’en l’autre, desquelles toutes choses nous appuyons la vertu, merite, et effect, pour remission et satisfaction de noz pechez et voye de mieux faire les commandemens de Dieu, sur la grace d’iceluy, et merite de nostre sauveur Jesus Christ, que croyons selon les escritures et tradition des Chrestiens, nous estre appliqué par ces moyens, comme par les autres desquels avons parlé, et d’icelles choses approuvons la sincerité tirée des escriptures entendues et [E 3v] expliquées par les saincts docteurs, et de la
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tradition apostolique, du consentement de l’eglise universelle, et des saincts conciles : et condamnons tous abbuz et heresies contraires à l’institution de telles choses. 25. Or pource que nous ne jouissons de Jesus Christ que par l’Evangile >0W5P@QRXV croyons que l’ordre de l’Eglise, qui a esté establi en son authorité, doit estre VDFUpHWLQYLRODEOH>0W(S 23] : et pourtant que l’Eglise ne peut consister sinon qu’il y ait des Pasteurs qui ayent la charge d’enseigner, lesquels on doit honorer et escouter en reverence, quand ils sont deuement DSSHOOH] HW H[HUFHQW ¿GHOHPHQW OHXU RI¿FH>0W-Q/F 5P (S @ 1RQ SDV que Dieu soit attaché à telles aydes ou moyens inferieurs, mais pource qu’il luy plaist nous entretenir sous telle charge et bride. En quoy nous detestons tous fantastiques, qui voudroyent bien aneantir, entant qu’en eux est, le ministere et predication de la parole de Dieu et des Sacremens. 26. Nous croyons donques que nul ne se doit retirer à part et se contenter de sa personne, mais tous ensemble doyvent garder et entretenir l’unité de l’Eglise, se soumettans à l’instruction commune et au joug de Jesus Christ >3V(S +H@HWFHHQTXHOTXHOLHX que Dieu aura establi un vray ordre d’Eglise, encore que les magistrats et leur edits y soyent contraires : et que tous ceux qui ne s’y rengent ou s’en separent contrarient à l’ordonnance de 'LHX>$F+H@
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27. Toutesfois nous croyons qu’il convient discerner soigneusement et avec prudence quelle est la vraye Eglise pource qu’on abuse par trop de ce titre >-U0W &R0L@ Nous disons donc, suyvant la parole de Dieu, que c’est la compagnie GHV ¿GHOHV TXL V¶DFFRUGHQW j VX\YUH icelle parole et la pure religion qui en depend, et qui SUR¿WHQWHQLFHOOHWRXW le temps de leur vie, croisssans et se confermans en la crainte de Dieu, selon qu’ils ont besoin de s’advancer, et marcher tousjours plus oultre >(S 7P Dt 31,12] : mesmes quoy qu’ils s’efforcent, qu’il leur convient avoir incessamment recours à la remission de leurs pechez [Rm 3]. Neantmoins nous QHQLRQVSRLQWTXHSDUPLOHV¿GHOHVLO n’y ait des hypocrites et reprouvez : desquels la malice ne peut effacer le titre d’Eglise >0W7P@
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27. Or pour ce que l’intention de nostre saulveur, estoit de commencer icy à assembler tous les siens en un, qui estoient espars en confusion, nous croyons qu’il a estably une vraye Eglise visible en ce monde, à laquelle se puissent retirer tous ceux qui desirent estre saulvez et incorporez en luy, mais pour ce que l’on abuse par trop de ce tiltre de l’eglise, et que ceux qui se separent et bandent contre elle ordinairement, sont les plus hardis à usurper le nom et puissance d’icelle. Nous croyons qu’il convient discerner soigneusement et avec prudence, quelle est ceste vraye Eglise. Nous [E 4r] disons donc suyvant la parole de Dieu que c’est la compaJQLHGHV¿GHOHV appellez à Jesuschrist, qui s’accordent à suyvre la doctrine et pure religion que les Apostres et leurs successeurs de tout temps et par tout jusques à nous, ont d’un accord tenuë et annoncée, et laissée depuis Hierusalem et Samarie jusques aux dernieres marches de la terre. Et disons qu’il ne faut avoir esgard si les appellez prouf¿WHQW HQ LFHOOH WRXW OH WHPSV GH OHXU vie, s’ils croissent et se conferment en la crainte de Dieu, et bonne vie : car cela est bien requis pour parvenir à salut, non pas pour estre du rolle de l’eglise, parce que les appellez ne sont tous esleuz, ny tous les esleuz ne vivent pas tousjours selon la grace et commandement de Dieu : toutesfois ne laissent à estre de l’eglise, en sorte que la malice ne des hypocrites ne des reprouvez, ne de tous autres ne peut effacer [E 4v] le tiltre d’eglise : mais ceux qui partiront de ce monde sans la grace du Seigneur, lors seront chassez hors de la vraye eglise, laquelle croyons estre icy conduicte par le sainct Esprit, qui ne la permet faillir en la doctrine ne de la foy et bonnes mœurs.
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28. Sous ceste croyance nous protestons que là où la parole de Dieu n’est receue, et qu’on ne fait nulle profession de s’assujettir à icelle, et où il n’y a nul usage des Sacremens, on ne peut juger, à parler proprement, qu’il y ait DXFXQH (JOLVH >0W -Q &R(S@Pourtant nous condamnons les assemblees de la Papauté, veu que la pure verité de Dieu en est bannie, ausquelles les Sacremens sont corrompus, abastardis, IDOVL¿H]RXDQHDQWLVGXWRXW, et ausquelles toutes idolatries et superstitions ont la vogue. Nous tenons doncques que tous ceux qui se meslent en tels actes, et y communiquent, se separent et retranchent du corps de Jesus Christ >&R&R@7RXWHVIRLV pource qu’il reste encores quelque petite trace d’Eglise en la Papauté, et mesmes que la substance du Baptesme \ HVW GHPHXUHH MRLQW TXH O¶HI¿FDFH du Baptesme ne depend de celuy qui O¶DGPLQLVWUH >0W 0F $F&R 1,13] : nous confessons ceux qui y sont baptizez n’avoir besoin d’un second Baptesme. Cependant à cause des corruptions qui y sont, on n’y peut presenter les enfans sans se polluer.
28. Au moyen de quoy nous croyons que nul ne se doit retirer à part, et se contenter de sa personne ou secte particuliere : mais tous ensemble doivent garder et entretenir les limites de l’eglise catholique ou universelle, se submettant à l’institution ancienne, et commune, et au joug de Jesus Christ. Et soubs ceste croyance nous protestons que où telle doctrine et religion n’est receuë, quoy que l’on babille de la parolle de Dieu à son plaisir, et propre sens, on ne peult loger icelle eglise catholique. Pourtant [F 1r] nous condamnons les assemblées des Calvinistes, et de toutes aultres sectes, veu que la pure verité de Dieu continuée par les eglises du monde jusques à nostre temps en est bannye : et en icelles les sacremens sont corrompuz HWDEDWDUGLVIDOVL¿H], et aneantis du tout et nouvelles inventions et impietez ont la vogue. Nous ne blasmons toutesfois ce qu’ils retiennent et en leur doctrine et en leur vie et maniere de faire de l’eglise catholique, mais disons qu’ils travaillent en vain hors de l’eglise, car n’y a ailleurs salut par aulcune vertu ny sacrement, principalement depuis que l’on en est separé par malice, et propre congnoissance. 29. Pourtant que l’eglise ny aucun peuple ne peult consister longuement sans gouverneurs, nostre seigneur Jesus [F 1v] Christ montant au ciel nous a donné et laissé des pasteurs, evesques, docteurs, et aultres ministres pour nous conduire et surveiller au salut de noz ames, jusques à la consommation par suite des uns aux aultres. Et par ce qu’ils sont ordonnez de luy, l’on les doit honorer, et escouter en toute reverence, sans esgard à leur vie combien qu’elle soit de grande
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HGL¿FDWLRQ RX GH JUDQG VFDQGDOH moyennant qu’ils soyent en la legitime succession de la chaire qu’ils tiennent et continuent la doctrine d’icelle : car ainsi l’a commandé nostre saulveur. 1RXV FUR\RQV TXH O¶RI¿FH GHV pasteurs est d’enseigner la parolle de Dieu, et administrer les sacremens chascun en son ordre et degré, et generalement procurer en tout et par tout le salut de noz ames, desquelles [F 2r] ils rendront conte. 29. Quant est de la vraye Eglise, nous croyons qu’elle doit estre gouvernee selon la police que nostre Seigneur -HVXV &KULVW D HVWDEOLH >$F (S 7P7W&R@ c’est qu’il y ait des Pasteurs, des SurYHLOODQV HW 'LDFUHV D¿Q TXH OD SXUHWp de doctrine ait son cours, que les vices soyent corrigez et reprimez, et que les SRYUHV HW WRXV DXWUHV DIÀLJH] VR\HQW secourus en leurs necessitez, et que les assemblees se facent au nom de Dieu, DXVTXHOOHVJUDQVHWSHWLVVR\HQWHGL¿H] 30. Nous croyons tous vrays Pasteurs, en quelque lieu qu’ils soyent, avoir mesme authorité et esgale puissance sous un seul chef, seul souverain et seul universel Evesque Jesus Christ >0W&R (S &RO @ (W SRXU FHVWH cause que nulle Eglise ne doit pretendre aucune domination et seigneurie sur l’autre.
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31. Nous croyons que soubs Jesus Christ tous vrays pasteurs et ministres n’ont mesme auctorité, et esgalle puissance, ny sur l’administration de sacrements, ny sur la police de la doctrine et gouvernement du peuple : ains que le seul evesque peult imposer les mains pour le sacrePHQWGHFRQ¿UPDWLRQHWDXOWUHVVXSHrieurs ordres : que la seule qualité de prestre est institué par nostre seigneur pour consacrer son corps et sang, et l’offrir à Dieu en la Messe, et pour absouldre des pechez par le sacrement de confession : mais que les ordres inferieures par les Apostres ont esté adjoutez pour l’ayde, et secours de l’evesque, et Prestre en leurs charges :
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comme sont les diacres, soubsdiacres acolythes, conjurateurs des Diables, [F 2v] lecteurs, chantres, et portiers de l’eglise. Quant à la police, gouvernement et jurisdiction sur le peuple Chrestien, nous croyons que Jesus a mis sainct Pierre, et à cause de luy les successeurs du siege Romain chefs des autres en l’eglise catholique, ausquels depuis l’on a atribué le nom de Pape, TXL VLJQL¿H HQ WRXW KXPLOLWp SHUH HW que par les apostres ou peu apres, les patriarches, primats, archevesques ont HVWp HVWDEOLV DI¿Q TXH SDU RUGUH GX petit au grand tout fut reiglé comme requiert toute republique de grande estandue. 31. Nous croyons que nul ne se doit ingerer de son autorité propre pour gouverner l’Eglise, mais que cela se GRLWIDLUHSDUHOHFWLRQ>0W0F -Q$F5P 7W @ HQWDQW TX¶LO HVW SRVsible et que Dieu le permet. Laquelle exception nous adjoustons notamment pource qu’il a fallu quelques fois, et mesmes de nostre temps, auquel l’estat de l’Eglise estoit interrompu, que Dieu ait suscité gens d’une façon extraordinaire, pour dresser l’Eglise de nouveau, qui estoit en ruine et desolation. Mais quoy qu’il en soit nous croyons qu’il se faut tousjours conformer à ceste regle, que tous Pasteurs et Surveillans et Diacres ayent tesmoiJQDJHG¶HVWUHDSSHOOH]jOHXURI¿FH>*D 7P@
32. Nous croyons que nul ne se doit ingerer de son auctorité propre à telles fonctions et dignitez, tant capable qu’il puisse estre de vie et doctrine, mais que cela se doit faire en droicte succession des legitimes pasteurs, et [F 3r] par imposition des mains episcopales, avec l’election, nomination, et consentement de ceux à qui il appartient selon les causes, et conditions des temps : car ceste derniere condition entre les requises à la vocation d’un prelat, est la seule variable. Et parce que les ministres des heresies pour usurper peu à peu tout ministere, puissance domination, magistrat, et seigneurie du peuple catholique, ont de coustume au commancement comme faux prophetes de crier que l’estat de la vraye congnoissance de Dieu, et de l’eglise est interrompu, et que Dieu les a excitez d’une façon extraordinaire pour dresser l’eglise de nouveau qui estoit en ruine et desolation : c’est à nous de nous garder de croire à simple parolle sans effect, et aucun tesmoignage, car autrement serons trompez de jour en jour de
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nouveaux [F 3v] ministres, qui en pourront dire autant. Et nostre Dieu a eu de sa misericorde telle providence de nous, que jamais n’a envoyé reformateur extraordinaire, auquel il n’ayt donné marque et prouve supernaturelle de sa commission. 33. Et pour ce que les gouverneurs nous sont donnez pour nous duire et addresVHU DI¿Q TXH QH ÀRWWLRQV j WRXV YHQWV de toutes doctrines que l’on apportera. Nous croyons estre bon, utile, et souvent necessaire que les Evesques facent assemblées generales pour vuyder et appaiser les troubles qui seront intervenuz sur le faict de la religion, ou pour adviser quel chemin l’on tiendra pour corriger les abbuz, et contenir les estats du peuple en union, paix, et charité soubs l’obeissance de Dieu et des magistrats ordonnez par luy. [F 4r] 34. Nous croyons que les assemblées des prelats sont legitimes, quand pour dire en bref, l’on observe la forme intraduicte par les Apostres, et practiquée par les saincts quatre premiers conciles et autres semblables jusques nous, et en faulte d’icelle disons tous conciles de tant grande multitude qu’ils soient, estre nuls et illegitimes. 35. Nous croyons que les assemblées legitimes et universelles representent l’eglise Catholique, à la quelle Jesus a promis son sainct Esprit pour la guider et conduire en toute verité, qui nous fait croire qu’ils ne peuvent faillir, n’y en la foy, n’y en bonnes meurs, et que de faict n’ont encores failliz, quoy qu’on calomnie, et beaucoup moins ont commandé aucune chose contre la [F 4v] parolle de Dieu. Quant aux congregations nationales, ou provinciales, nous ne mettons aucune asseurance de nostre religion sur elles s’ils
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determinent quelque cas de nouveau au paravant qu’elles soient receuës et approuvées du moins par le commun accord, et usage de l’eglise universelle. 36. Nous nions que les decrets et ordonnances des conciles, soyent simples constitutions humaines, ains estimons que ceux qui les contemnent et sans conscience les transgressent, ne mesprisent point tant les hommes, que le sainct esprit, duquel ils ont esté organe et instrument. 32. Nous croyons aussi qu’il est bon et utile que ceux qui sont eleus pour estre superintendans avisent entr’eux quel moyen ils devront tenir pour le regime GHWRXWOHFRUSV>$F5P 12,6-8] : toutesfois qu’ils ne declinent nullement de ce qu’il nous en a esté ordonné par nostre Seigneur Jesus &KULVW>&R3@FHTXL n’empesche point qu’il n’y ait quelques ordonnances particulieres en chacun lieu selon que la commodité le requerra. 33. Cependant nous excluons toutes inventions humaines, et toutes loix qu’on voudroit introduire sous ombre du service de Dieu, par lesquelles on voudroit lier les consciences [Rm &R *D &RO 2,8] : mais seulement recevons ce qui fait et est propre pour nourrir concorde, et tenir chacun, depuis le premier jusques au dernier, en obeissance. En quoy nous avons à suyvre ce que nostre Seigneur a declaré quant à l’excommunication, laquelle nous approuvons et confessons estre necessaire avec toutes ses DSSHUWHQDQFHV>0W&R 1 Tm 1,20].
37. Oultre les statuz des Conciles nous croyons que sommes obligez à garder les mandements particuliers [G 1r] de noz superieurs qu’ils font selon que les personnes, les lieux et le temps le requierent pour nourrir concorde, et tenir chacun depuis le premier jusques au dernier en l’obeyssance de Dieu et de son eglise : ausquels qui desobeit follement et à son plaisir offense Dieu, et doit estre jugé et chassé comme Ethnique, et publicain. (W j FHVWH ¿Q FUR\RQV OH GURLFW G¶excommunication leur estre commis et donné par nostre saulveur Jesus Christ.
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38. Nous croyons que par icelle excommunication non seulement nous sommes dejectez hors de la conversation des Chrestiens, ains de toute grace et participation avecques Jesus Christ, et son corps qui est l’Eglise, pour autant elle est plus à craindre, que toute autre peine de mort, qui n’a [G 1v] puissance que sur nostre chair. 34. Nous croyons que les Sacremens sont adjoustez à la Parole pour plus DPSOHFRQ¿UPDWLRQD¿QGHQRXVHVWUH gages et marreaux de la grace de Dieu, et par ce moyen soulager et aider nostre foy, à cause de O¶LQ¿UPLWpHWUXGHVVH qui est en nous >([0W 5P &R @ HW TX¶LOV sont tellement signes exterieurs que Dieu besongne par iceux en la vertu GH VRQ (VSULW D¿Q GH QH QRXV \ ULHQ VLJQL¿HUHQYDLQ>$F*D Ep 5,26]. Toutesfois nous tenons que toute leur substance et verité est en Jesus Christ : et si on les en separe, ce n’est plus rien qu’ombrage et fumee.
39. Au surplus, comme il a pleu à nostre Seigneur pendant, qu’il est avecques nous en seule presence invisible nous donner soubs soy des maistres, precepteurs, et ministres que nous voyons, par le service desquels il nous appelle et parfait : aussi a il voulu nous impartir son esprit et ses graces invisibles par choses sensibles que nous appellons sacremens c’est à dire, signes de secret, pour asseurer O¶LQ¿UPLWp HW UXGHVVH qui est en nous à raison de nostre corps TXLVHGHI¿HGHVFKRVHVVSLULWXHOOHVV¶LO n’en a quelque attestation, et gaige exterieur : mais nous croyons que telles choses sensibles ne sont pas seulement signes ou gaiges de ce que Dieu nous donne, mais instrumens par lesquels il besongne, et vaisseaux qui contiennent ce qu’en eux il nous [G 2r] distribue. Nous croyons aussi que toute leur substance et verité est et depend de Jesus Christ, duquel si on les separoit, ils ne seroient plus qu’ombrages et choses terrestres. 40. Nous croyons que pour establir le nombre des sacremens, ne devons avoir esgard si ainsi sont nommez en l’escriture ou non : car les deux principaux, sçavoir est le baptesme, et la saincte Eucharistie ne le seroient pas attendu qu’ils ne sont appellez sacremens en l’evangile : mais nous disons qu’il fault regarder au nombre des choses visibles que trouvons instituez
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par nostre seigneur Jesus, par lesquelles il nous communique ses graces. Et par ce que és escritures et tradition de la parolle de Dieu, nous en lisons sept, nous en recognoissons autant pour vrays sacremens, et les appellons, [G 2v] baptesme, le sainct sacrement GH O¶DXWHO OD FRQ¿UPDWLRQ O¶LPSRVLtion des mains es sainctes ordres, le sacrement d’onction, la penitence ou confession, et le mariage. 35. Nous en confessons seulement deux, communs à toute l’Eglise, desquels le premier, qui est le Baptesme, nous est donné pour tesmoignage de nostre adoption, pour ce que là nous VRPPHVHQWH]DXFRUSVGH&KULVWD¿Q d’estre lavez et nettoyez par son sang, et puis renouvelez en saincteté de vie par son Esprit >5P$F 7W(S@1RXVWHQRQVDXVVL combien que nous ne soyons baptisez TX¶XQHIRLVTXHOHSURX¿WTXLQRXVHVW OjVLJQL¿pV¶HVWHQGjODYLHHWjODPRUW D¿QTXHQRXVD\RQVXQHVLJQDWXUHSHUmanente que Jesus Christ nous sera WRXVMRXUV MXVWLFH HW VDQFWL¿FDWLRQ >5P @ 2U FRPELHQ TXH FH VRLW un Sacrement de foy et de penitence >0W0F/F$F @QHDQWPRLQVSRXUFHTXH Dieu reçoit en son Eglise les petits enIDQVDYHFOHXUVSHUHV>0W&R 7,14], nous disons que par l’authorité de Jesus Christ les petis enfans engenGUH]GHV¿GHOHVGR\YHQWHVWUHEDSWLVH]
41. Nous tenons que le baptesme ne nous est pas seulement donné pour tesmoignage de nostre adoption, ains que par le lavement d’eau et la parolle de vie Jesus nous lave et netoye en merite et vertu de son sang, et que ainsi sommes renouvellez en saincte vie par le S. esprit qui là nous est donné. Et combien que la foy et penitence soient requises es personnes de jugement et discretion, toutesfois GLVRQV TXH O¶HI¿FDFH GX EDSWHVPH QH depend point de la foy, ny de la penitence. Mais du sacrement institué par nostre seigneur à cest effect. Pour ceste cause croyons qu’il a de soy [G 3r] autant de vertu pour saulver les petits enfans presentés par leurs parents ou ceux qui en ont la charge, comme les grands. D’avantage nous jugeons qu’il est si necessaire à toute creature humaine, que selon la loy ordinaire de la parolle de Dieu, sans luy Jesus n’a promis à aucun le royaume du ciel, si ce n’est en deux exceptions, desquelles la premiere est sans mespris GX VDFUHPHQW SDU VDQFWL¿FDWLRQ VSHciale, que Dieu donne sans loy à qui bon luy semble : par ce que sa puissance n’est point liée aux sacrements : la seconde est, par mort et martyre pour la cause de Jesus Christ : nous les appellons selon l’escriture, baptesme d’esprit, et baptesme de sang, et où il n’y a attestation n’y de l’un ny de
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l’autre, ny du tiers qui est sacrement de l’eau, nous ne pouvons asseurer specialement [G 3v] des enfans morts et nays, et autres non baptisez, qu’ils soient en estat de salut. 42. Nous croyons que la substance du baptesme gist et consiste en infusion, ou aspersion, ou immersion en eau naturelle, et en la pronunciation de ces parolles ordonnées par nostre seigneur : Je te baptise ou lave, au nom GXSHUHGX¿OVHWGXVDLQFWHVSULWHW croyons qu’en cas de necessité toutes personnes peuvent administrer ce sacrement. Quant aux autres cerimonies interrogatoires et responses accoustumées en l’eglise Catholique, nous les avons receuz des apostres, comme appert par les livres des premiers Chrestiens. Et combien qu’ils ne soient necessaires, toutesfois ceux qui les negligent et vituperent, contreviennent par rebellion et malice [G 4r] aux statuz Apostoliques et commun consentement de l’eglise. Ce qu’il leur sera imputé à condemnation, combien qu’il ne diminue rien de la verité du sacrement, et pour ceste cause ne rebatizons ceux qui ont receu baptesme sans telles ceremonies par les heretiques ou autres, mais ceux qui s’y produisent, ou leurs enfans, sont dignes de punition, comme schismatiques ou heretiques. 36. Nous confessons que la saincte Cene, qui est le second Sacrement, nous est tesmoignage de l’unité que nous avons avec Jesus Christ [1 Co @ G¶DXWDQWTX¶LO Q¶HVW pas seulement une fois mort et ressuscité pour nous, mais aussi nous repaist vrayement et nourrit de sa chair et de son sang, à ce que nous soyons un avec luy et que sa vie nous soit commune >-Q 5P @ 2U
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43. Pour autant que l’escriture nous WHVWL¿H OH FRUSV GH -HVXV &KULVW HVWUH au ciel et qu’elle mesme nous recite clairement et tant de fois sans varieté, que ce que Jesus bailla de ses mains à ses apostres, estoit ce que de sa bouche afferma disant : Cecy est mon corps. Cecy est mon sang : et qu’il commanda (en leur donnant la puissance) [G 4v] à ses apostres de faire ce qu’il avoit faict. Nous croyons l’un
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combien qu’il soit au ciel jusqu’à ce qu’il vienne pour juger tout le monde >0F$F@WRXWHVfois nous croyons que par la vertu secrete et incomprehensible de son (VSULW LO QRXV QRXUULW HW YLYL¿H GH OD substance de son corps et de son sang > &R -Q @ 1RXV WHQRQV bien que cela se fait spirituellement, non pas pour mettre, au lieu de l’effect et verité, imagination ne pensee, mais d’autant que ce mystere surmonte de sa hautesse la mesure de nostre sens et tout ordre de nature : brief pource qu’il est celeste, il ne peut estre apprehendé que par foy.
et l’autre, puisque la parole de Dieu nous asseure autant de l’un comme de l’autre, et disons que ceux qui nient par l’article de l’Ascension la presence reelle du corps de nostre Seigneur au sacrement ne sont non plus recevables, que ceux qui vouldroient nier et combatre que le corps de Jesus ne fust au ciel, par la creance que nous avons qu’il est en l’Eucharistie. A ceste cause nous croyons et confessons que le mesme corps qui demeure au ciel MXVTXHV j OD ¿Q HVW HQVHPEOH DSUHV la consecration du pain et du vin au S. sacrement de l’autel reallement et substantiellement soubs les especes de pain et de vin, par la vertu de la toute puissante parolle de Dieu prononcée par le prestre seul ministre ordonné à cest effect, selon l’institution et [H 1r] commandement de nostre Seigneur. Et à celuy qui nous demandera raison de nostre foy, qui semble estre contre la nature des corps qui ne peuvent estre en plusieurs lieux en un mesme temps, nous respondrons simplement pour la cause la toute puissance de Jesuschrist qui peult tout, et de laquelle il a faict instrument sa parolle prononcée par le prestre, et pour le faict, nous opposerons l’escriture si expresse, que quand nostre Seigneur viendroit du ciel visiblement pour juger les querelles que nous suscitons de ce mystere, il ne pourroit coucher son arrest plus apertement, que par ces mots, Cecy est mon corps, Cecy est mon sang.
37. Nous croyons, ainsi qu’il a esté dit, que tant en la Cene qu’au Baptesme, Dieu nous donne realement et par effet FHTX¶LO\¿JXUHHWSRXUWDQWQRXV conjoignons avec les signes la vraye possession et jouissance de ce qui nous est là presenté : et par ainsi tous ceux qui apportent à la Table sacree de Christ
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une pure foy, comme un vaisseau, reçoyvent vrayement ce que les signes y WHVWL¿HQWF¶HVWTXHOHFRUSVHWOHVDQJ de Jesus Christ ne servent pas moins de manger et de boire à l’ame, que le pain HWOHYLQIRQWDXFRUSV>0W-Q &R@ 38. Ainsi nous tenons que l’eau estant un element caduque ne laisse pas de QRXVWHVWL¿HUHQYHULWpOHODYHPHQWLQterieur de nostre ame au sang de Jesus &KULVW HW SDU O¶HI¿FDFH GH VRQ (VSULW >5P &R (S @ HW que le pain et le vin nous estans donnez en la Cene, nous servent vrayement de nourriture spirituelle, d’autant qu’ils nous monstrent comme à l’œil la chair de Jesus Christ nous estre nostre viande et son sang nostre bruvage [Jn &R @ (W UHMHWWRQV OHV fantastiques et Sacramentaires qui ne veulent recevoir tels signes et marques, veu que Jesus Christ prononce : Cecy est mon corps et ce calice est mon VDQJ >0W &R @
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44. Nous reprouvons toutes imaginations faites à plaisir, qui derogent à la declaration donnée par Jesus Christ de la chose qui est en ce [H 1v] sacrement, comme celles des Zuingliens en Souisse, qui au lieu de, Cecy est mon corps, disent : Cecy est la seule ¿JXUH GH PRQ FRUSV HW FRPPH FHOOH des Calvinistes, qui glosent : Cecy est le sacrement de mon corps sans qu’il y soit, combien qu’ils usent de merveilleuses illusions pour abuser le monde, auquel ils veulent persuader, que le corps de Jesuschrist est attaché au ciel sans qu’il puisse estre ailleurs par aucune puissance. Et neantmoins veulent faire à croire que nous le recevons reallement et de faict, sans qu’il soit icy, ou en aultre part qu’au ciel, choses du tout incompatibles. Car au paravant que nous le recevions reallement et de faict, soit en noz corps, soit en noz ames qui sont icy, il est necessaire qu’il soit icy reallement et de faict, [H 2r] non seullement au ciel, attendu que je ne puis recevoir icy reallement et de faict ce qui n’y est pas. Je ne puis aussi le recevoir au ciel, car je n’y suis que par apprehension et affection, non pas reallement et de faict. Or laissans ceste dispute à plus grand loisir disons que leur fantasie n’est fondée aucunement sur l’arrest de nostre Seigneur, Cecy est mon corps, qui en propres termes signi¿H TXH OH FRUSV TXH -HVXV GLVWULEXRLW et exhiboit par ce sacrement, estoit ce qu’il bailloit de ses mains : et que ce qu’il bailloit estoit son vray corps. A
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quoy les Calvinistes contreviennent du tout, et forgent sans escritures choses impossibles à toute puissance. Nous rejectons d’avantage les Lutheriens et confession d’Ausbourg en cest article, comme quasi en tous autres, combien qu’il[s] ne soyent [H 2v] departis de l’Eglise catholique, touchant la verité et presence du corps de Jesus Christ en l’Eucharistie, toutesfois ils ont commencé, et ont donné occasion à tous sacramentaires de gloser et renverser la sentence de nostre Seigneur, par ce qu’ils ont dit, en ce pain est mon corps, ou ce pain est mon corps, ou cecy quand vous le mangerez et userez, sera mon corps, au lieu du texte qui porte simplement, Cecy est mon corps. Ce que les anciens ont ordinairement entendu, et l’Eglise l’a jugé, que du pain que Jesus avoit prins, apres la benediction, par action de graces, il en avoit faict son corps, par transmutation de la nature du pain en celle de son corps : que depuis avons appellée transubsWDQWLDWLRQ SRXU VSHFL¿HU TXHOOH VRUWH de mutation estoit. Aussi depuis que nostre seigneur eut prononcé, cecy est mon corps, n’estoit [H 3r] necessaire que les Apostres le prinssent, comme si leur usage eust faict là le corps du Sauveur, non pas sa puissance et parole. Vray est, que ce sacrement tend j FHVWH ¿Q TX¶LO VRLW UHFHX HW PDQJp toutesfois la reception et manducation ne sont cause de tel miracle et presence de l’humanité de nostre Sauveur : car elle dependroit plus de nostre puissance que de la sienne. Nous croyons doncques qu’apres la consecration, la chair et sang de Jesus est en l’Eucharistie, soit qu’on la prenne ou non.
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45. Nous croyons puis que le naturel corps de Jesus Christ est au sacrement que sommes tenuz de l’adorer entre les mains du prestre, sans qu’il soit requis autre commandement que de discerner et avoir esgard que c’est le corps du Seigneur inseparable de [H 3v] la divine personne, qui pour ceste cause est là presente avecques luy, et à laquelle devons comme ses creatures, toute adoration, foy, et hommage en esprit et verité : toute reverence et service de corps et de toutes choses, comme au souverain seigneur de noz ames, de noz corps, et generalement de tout. Secondement en respect et consideration du bien et grace qu’il nous faict en ce sacrement, par lequel il se desmet si bas pour s’approcher si pres de nous, et nous de luy, jusques à estre incorporés en luy. Nous croyons que quand le commandement faict aux anges d’adoUHUOH¿OVGH'LHXHQVRQKXPDQLWpR elle se presentera n’obligeroit à plus forte raison les hommes, que serions neantmoins bien ingrats et mal recongnoissants, si d’autant qu’il s’humilie pour nous, nous ne l’exaltions et efforcions [H 4r] d’honorer à nostre possible. Nous ne pechons donques en adorant Jesus en l’Eucharistie, et ne sommes idolatres, ains au contraire pechons comme dict sainct Augustin en ne l’adorant pas, et sommes en FULPHG¶LQ¿GHOLWpHWLUUHYHUHQFHHQYHUV nostre Dieu saulveur, et bienfaicteur. 46. Nous croyons que le corps et sang de Jesuscrist est offert apres la consecration par le prestre en la Messe pour les vivans et pour les morts : et TXH WHOOH REODWLRQ SUR¿WH j FHX[ TXL y ont, ou ont eu la foy ou devotion : HW GLVRQV TXH FH VDFUL¿FH QH GLPLQXH rien des qualitez de celuy de la croix, non plus que l’oblation que Jesus faict
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assiduellement de son corps au ciel devant la face de Dieu son pere : car F¶HVW WRXVMRXUV XQ PHVPH VDFUL¿FH GX mesme corps du seigneur qui se continue jusques à la [H 5v] consommation, seulement la façon et maniere d’offrir est diverse, en la croix il a esté offert une fois en sang par les mains des bourreaux, et sans nouveau massacre au ciel est offert par la seule personne de Jesus, et en la terre par la vertu et operation de luymesme, pour estre soubs les especes du pain et du vin VDFUL¿FDWHXUHWHUQHOOHPHQWMXVTXHVjOD ¿QVHORQO¶RUGUHGH0HOFKLVHGHFKSDU le ministere des prestres, ausquels seuls nous croyons qu’il a donné la puissance en la personne de ses apostres de consacrer et offrir son corps, car ainsi nous ont instruicts tous les Chrstiens depuis les apostres. 1RXV FUR\RQV TXH WRXW O¶RI¿FH GH Messe est bon et sainct, et que quasi tout est venu des apostres comme l’on pourra recueillir des livres [I 1r] de ceux qui les ont prochainement suyvi. Premierement nous congnoissons que VRPPHV SHFKHXUV SDU QRVWUH FRQ¿WHRU nous demandons pardon pour estre SDUWLFLSDQV DX VDFUL¿FH 3XLV O¶RQ GLW quelque chose de David propre à l’intention de l’eglise, ou de ceux qui celebrent, ou font celebrer la Messe : L’on crie misericorde. L’on prie Dieu par les oraisons. L’on prononce quelque chose des sainctes escritures : et par ce que le plus souvent c’est de S. Paul, ou des epistres des autres apostres, nous l’appellons l’epistre. On louë et l’on glori¿H OHV QRP HW IDLFWV GX FUHDWHXU /¶RQ recite l’evangile, l’on confesse la foy catholique. Aux Messes publiques, l’on instruit et l’on admoneste le peuple de ce qu’il doit faire et de ses faultes, soit par predication ou par le prosne. Chacun faict son offrande à l’autel telle que
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bon luy [I 1v] semble. Le prestre recomPDQFH j ORXHU HW PDJQL¿HU 'LHX j OX\ rendre graces de toutes choses, qu’il a faictes pour l’homme, et en especial de la mort et passion de Jesus Christ. Il prie et recommande au Seigneur toute l’eglise, tout magistrat et en special les assistans et ceux lesquels il a en affection, et pour tous faict memoire des saincts, DI¿QTX¶LOVVRLHQWLQWHUFHVVHXUVHQSDUDdis. Il consacre le pain et le vin, et par les parolles de nostre seigneur en faict le corps d’iceluy. En invocant la grace de Dieu et le sainct Esprit, il offre ce corps à la majesté divine, et requiert estre accepté, pour les vivants et pour les morts. Il O¶DGRUHHWHVOHYHD¿QTXHOHSHXSOHIDFH son devoir de l’adorer en oraison. Puis il prie pour soy et tous autres : il reçoit le sacrement avecques action de graces et en distribue à ceux qui se presentent. [I U@3RXU¿QLOLQYRTXHODEHQHGLFWLRQGH Dieu sur le peuple. En quoy protestons n’y avoir chose bien entendue, que l’on puisse reprendre sans blaspheme : les ceremonies representent pour la plus part la passion, en memoire de la quelle ce mystere nous est recommandé. Ceux qui en font des farces et les comparent aux saFUL¿FHVGH1XPDHWDXWUHVMHOHVUHQYR\H à Justin le martyr, et à Tertulian, et autres qui disent, que tous noz sacremens ont esté calomniez : par ce que le diable les contrefaisoit, mesme le baptesme. Je me tais de ce que les Payens et Apostats de nostre foy, ont dict autresfois des sacri¿FHV GH 0R\VH SHQGDQW TX¶LOV HVWRLHQW aggreables à Dieu. 48. Nous croyons que la foy de ceux qui viennent à recevoir le corps [I 2v] de Jesus ne le rend point, et ne faict present en l’eucharistie, que par la seule DSSUHKHQVLRQG¶HVSULWYHUWXHWHI¿FDFH mais ce qui le fait present realement et de faict, c’est la toute puissance et parolle de Dieu : et tant s’en fault que la foy du communiant soit cause de la
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verité du corps, que quant n’aurions point de foy et serions en mauvais estat : toutesfois reallement et de faict nous recevons Jesus comme Judas le receut, et comme ceux qui le prennent indignement, n’ayants esgard qu’ils approchent et reçoivent le corps du Seigneur en leur indignité, qui est cause de leur damnation. Bien vray est que la foy et saine conscience sont requises, si voulons parcevoir dignement, et nous ressentir des fruicts que doit apporter la saincte Eucharistie, comme est toute grace, et YLH VSLULWXHOOH HW O¶HI¿FDFH GH OD >, U@ semence de la chair incorruptible de QRVWUHVHLJQHXUSRXUYLYL¿HUHWQRXUULU la nostre à immortalité, et gloire, et pour nous unir avecques nostre redempteur, non seulement par foy, et esprit, ains reallement et de faict, qui est le but de ce sacrement incomprehensible et ineffable. Pour ceste cause nous y devons diligemment disposer, approuver et armer noz consciences de vive foy, penitence et devotion, de peur d’estre frustrez d’un si grand bien, et au lieu de son salut prendre son jugement et damnation. 49. Nous croyons selon sainct Paul par imposition des mains episcopales de successeur à successeur depuis les apostres, la grace du sainct esprit estre communiquée pour la promotion ou ministere des sacremens, et en special de celuy de l’autel, et en general [I 3v] de tous ordres ecclesiastiques qui ne sont communs à tous. Et tel sacrement est appellé ordre, ou ordination. 50. Nous croyons selon l’escripture que les apostres imposoient les mains et selon la tradition apostolique enhuilloient les Chrestiens au front apres le baptesme, pour en signe visible donner le S. Esprit, de perseverance et constance en la foy, que nous appellons sacrement GHFRQ¿UPDWLRQVDLQFWHWXWLOHjWRXWHV manieres de gens, combien qu’il ne soit
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necessaire. Il se doibt bailler par le seul Evesque. 51. Nous croyons que par le signe exterieur de confession avec penitence et par absolution du prestre, noz offences nous sont remises par la grace de Dieu, au moyen de la vertu du S. [I 4r] Esprit, et commission que Jesus a donnee aux seuls prestres de lier, et delier selon les escritures entendues par la tradition et accord de l’eglise. Le nom de ce sacrement est de penitence, ou de confession. 52. Nous croyons puisque nostre saulveur a submis noz consciences au jugement des prestres, que sommes contraints de leur confesser un chacun de noz pechez que nous sçavons, et desquels nous demandons pardon à Dieu, comme si estions devant luy, non seulement par ce que les prestres sont ignorants de ce qui est en noz cueurs, mais aussi d’aultant que le seigneur veult que nous accusions nous mesmes, feusse en la presence qui cognoit tout : et oultre est fort raisonnable que confessions pour le moins la nature, la quantité, et la qualité de [I 4v] noz debtes, que l’on QRXV GRQQH j¿Q TXH QRXV HQWHQGLRQV quelle grace et misericorde, nostre pere qui est au ciel nous [donne], par le ministere du prestre. 53. Nous croyons que la vraye penitence ne consiste pas en la seule confession, mais en amendement, contrition et detestation de nostre mauvaise vie, retour à bien faire : satisfaction du passé, et fruicts de penitence en peine et punition de noz pechez. 54. Nous croyons selon la saincte escriture, tradition, et practique de l’eglise, que par l’onction visible que faict le prestre sur le malade, et par l’oraison de foy qu’il adjoute, le patient reçoit grace
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et remission de ses pechez, et de pouvoir mieux resister aux tentations qui adYLHQQHQWDX>.U@FRQÀLFWGHPDODGLHHW de mort et quelquesfois il recouvre santé de corps. Nous le nommons sacrement de derniere Onction, à cause que n’avons de coustume de le donner qu’au besoing, et en extremité de maladie. 55. Nous maintenons tout legitime mariage bien et sainctement gardé digne d’honneur, et le disons grand sacrement avec sainct Paul, qui consiste en ce que par l’interieur et exterieur accord des deux parties, Dieu leur inspire (s’ils ne mettent empeschement à sa grace) une affection reglée, et saincte de l’une à l’autre pour s’entr’aymer et garder comme soy mesme et sa propre chair sans macule, en memoire de la conjoncWLRQ LQGLVVROXEOH GX ¿OV GH 'LHX HW GH nostre nature, de laquelle le mariage est aussi le signe et le sacrement. 39. Nous croyons que Dieu veut que le monde soit gouverné par loix et polices, D¿Q qu’il y ait quelques brides pour reprimer les appetis desordonnez GXPRQGH>([0W 5P@HWDLQVLqu’il a establi les Royaumes, Republiques et toutes autres sortes de Principautez, soyent hereditaires ou autrement, et tout ce qui appartient à l’estat de justice, et en veut estre recognu autheur : à ceste cause il a mis le glaive en la main des magistrats pour reprimer les pechez commis, non seulement contre la seconde Table des commandemens de Dieu, mais aussi contre la premiere. Il faut donc qu’à cause de luy non seulement on endure que les superieurs dominent, mais aussi qu’on les honore et prise en toute reverence, les tenant pour ses OLHXWHQDQVHWRI¿FLHUVOHVTXHOV il a commis pour exercer une charge legitime et saincte >37P 2,2].
[K 1v] 56. Au reste comme Dieu a voulu mettre ordre au gouvernement de noz ames, aussi a il eu souvenance de noz corps et biens que nous tenons de luy. Et pource croyons qu’il veult que le monde VRLWUHJ\HWSROLFpDI¿QGHUHSULPHUOHV appetis desordonnez des mauvais, et maintenir les bons en paix, et seureté, et jFHVWH¿Qqu’il a establi les royaumes, republiques et toute autre sorte de principauté, soit hereditaire, ou autrement, et tout ce qui appartient à l’estat de la justice, et en veult estre recogneu aucteur. A ceste cause a mis le glaive en la main des magistrats pour empescher et punir les pechez commis, non seulement contre la seconde table des commandemens de Dieu, mais contre la premiere qui contient tout crime d’heresie, blaspheme et irreverence [K 2r] contre Dieu. Il fault doncq’à cause de luy, que non seulement on endure que les superieurs dominent : mais aussi qu’on les honore et prise en toute
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reverence, les tenans pour les lieuteQDQV HW RI¿FLHUV du seigneur, lesquels il a commis pour exercer une charge legitime et saincte. 40. Nous tenons doncques qu’il faut obeir à leurs loix et statuts, payer tributs, imposts et autres devoirs et porter le joug de subjection d’une bonne volunté et franche, encore qu’ils IXVVHQWLQ¿GHOHV, moyennant que l’empire souverain de Dieu demeure en son entier >0W$F@ Et par ainsi nous detestons ceux qui voudroyent rejetter les superioritez, mettre communauté et confusion de biens et renverser l’ordre de justice.
57. Nous tenons doncq’ qu’il fault obeir à leurs loix et ordonnances, payer tributs, imposts, et autres devoirs : et porter le joug de subjection d’une bonne et franche volonté, encores que les princes fussent naturels LQ¿GHOHV, et que l’empire de Dieu ne demeurast du tout en son entier. Par ainsi nous detestons ceux qui voudroient rejecter les superioritez, mettre Cantons et communautez à leurs plaisirs, introduire confusion de biens, et renverser l’ordre de justice. Nous [K 2v] rejectons aussi tous meurdriers, pistoliers, spadassins, et assummeurs louez et jurez pour suyvre et soustenir les sectes, et ceux qui declarent à leur plaisir dignes de mort sans jugement tous ceux qui leur deplaisent ou resistent, et qu’ils font assaillir les Roys seigneurs, eglises, et vil[l]es soubs le pretexte de la parolle de Dieu sans aucun droit, ou mandement de la puissance naturelle ou ordinaire. 58. Nous rejectons aussi toutes personnes qui font estat sans conscience de mentir et estre fausaires par escrits et publications de libelles diffamatoires, faux rapports et propos qu’il font courir contre verité et l’honneur de quelconque soit, pour avancer la parolle de Dieu (comme ils disent) comme si la vraye parolle ne reprouvoit tout mensonge et imposture. Nous [K 3r] rejectons G¶DYDQWDJH WRXV WUD¿TXHXUV DIIURQWHXUV des bons seigneurs, pauvres ou peu sage bourgeois des villes et marchans pour en IDLUHOHXUSURI¿WRXIRXUQLUjODERXUFH qui soudoie toute sorte de gens ramassez
1.
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L’original porte ‘pas’.
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pour estre protecteurs ou deffenseurs des sectes contre verité, et contre le prince naturel avec ses subjects : car se sont choses du tout contraires à la vraye religion que nous avons gardée jusques à huy. 3RXU¿QHWVRPPDLUHGHWRXWHQRVWUH confession, nous protestons en la forme que noz prelats de France et superieurs ont arresté à Poissi le quatorsiesme d’Octobre, mil cinq cens soixante et un, que les escritures sainctes du vieil et nouveau testament, sont procedées de Dieu, qu’il y a une seule saincte eglise et Apostolique, [K 3v] soubs un supreme pasteur vicaire de Jesus : de laquelle recongnoissons, embrassons et tenons fermement la foy, et doctrine, attendu qu’elle ne peult faillir : par ce qu’elle est gouvernée du sainct esprit. Nous reverons et maintenons sans aucun doubte l’auctorité des Conciles generaux, et ne voulons disputer des choses qui ont esté une fois arrestées par eux. Nous observons les traditions ecclesiastiques, comme choses mises entre noz mains pour les sainctement garder. Nous suyvons le sens et consentement des saincts docteurs en matiere de la religion. Nous obeissons en telle reverence qu’il appartient, aux ordonnances et commandemens de nostre mere saincte eglise. Nous recevons le nombre de sept sacremens, et approuvons l’usage, vertu, et fruict d’iceux, tout ainsi que l’eglise Catholique [K 4r] nous a enseigné. En somme nous retenons et ne pouvons departir de toutes les choses que noz ancestres et predecesseurs ont sainctement et devotement observez Au contraire nous fuyons comme une dangereuse peste, toute nouvelle doctrine, nous avons en hayne tout schisme et separation de l’eglise, et en horreur toute heresie nommément celles des maistres heretiques de nostre temps, sçavoir est Luther en Allemaigne, Zuingle en
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Francis Higman
Souisse, Oecolampade, et Bucere, de Calvin en France, et generallement de toutes autres sectes. 60. Et pour conclusion nous confessons que noz pechez et irreverences envers 'LHX VRQW FDXVH GHV DIÀLFWLRQV GX monde, et pource supplions de tous noz cœurs la misericorde de nostre seigneur nous donner grace [K 4v] d’amender QR] IDXOWHV HW TX¶LO OX\ SODLVH IRUWL¿HU consoler et ayder nostre foy, qu’elle ne defaille par aucune persecution qui nous puisse advenir. Amen.
268
LUTHER AND STAUPITZ: THE UNRESOLVED PROBLEM OF THE FORERUNNER
David C. STEINMETZ Divinity School, Duke University
Late in my career I was asked to say something new about Johann von Staupitz to a late medieval group reexamining the problem of the so-called forerunners of the Reformation. I was reluctant to accept. After all, I had written two books about Staupitz, some miscellaneous articles and reviews, and even a concluding postscript to his life and thought in the Oxford Encyclopedia of the Reformation. What possible use could it be, I wondered, WRUHKHDUVHYLHZVWKDWKDGEHHQODLGEHIRUHWKHVFKRODUO\ZRUOGLQWKHLU¿UVW form as long ago as 1968 and summarized in their mature form in 1996? :KDWHYHU,NQRZDERXW6WDXSLW]ZKDWHYHU,WKLQNDERXWKLVVLJQL¿FDQFHLV for the most part already in print. Aside from a brief comment on a few small points or a slight alteration of still others, I have almost nothing to add to that written record. +RZHYHULWRFFXUUHGWRPHRQIXUWKHUUHÀHFWLRQWKDW6WDXSLW]KDGUHSUHsented for me from the very beginning a series of troubling methodological problems. I had tried to resolve many of these problems but had never been FRPSOHWHO\VDWLV¿HGZLWKP\VROXWLRQV3HUKDSVLWPLJKWEHXVHIXOIRUPHWR lay out some of the issues that had concerned me as I was writing my books on Staupitz and to offer, if not a resolution of all worrying methodological
1.
The observations in this essay are based on previous essays and books, in which the evidence is detailed that lies at the foundation of my remarks. Readers are advised to consult those ZRUNVIRUPRUHVSHFL¿FNQRZOHGJHRIWKHWKHRORJ\RI6WDXSLW]DQGKLVUHODWLRQVKLSWR/XWKHU Especially important are D. STEINMETZ, Misericordia Dei: The Theology of Johannes von Staupitz in its Late Medieval Setting, Leiden 1968 (“ Studies in Medieval and Reformation 7KRXJKW´ Id., Luther and Staupitz: An Essay In the Origins of the Protestant Reformation, 'XUKDP 1& ³'XNH 0RQRJUDSKV LQ 0HGLHYDO DQG 5HQDLVVDQFH 6WXGLHV´ DQG “Staupitz, Johann von”, in Oxford Encyclopedia of the Reformation, vol. 4, New York – Oxford 1996, p. 109-111.
269
David C. Steinmetz
problems, at least a fair warning of their existence. Some of these problems ZHUHFUHDWHGIRUPHE\DQDO\WLFDOFDWHJRULHV,KDGLQKHULWHGRWKHUVE\WKHIX]ziness and ambiguity of the evidence with which I had to work. Johann von Staupitz was a middle-rank ecclesiastical functionary in the Order of the Hermits of St. Augustine and a professor at the newly-founded University of Wittenberg. He knew young Luther personally and acted from time to time as his confessor and patron. At the height of his career, he was the Provincial of Saxony for his order and the Vicar General of the Observant Augustinian cloisters throughout Germany. He died in 1524, while serving as the abbot of St. Peter’s Benedictine cloister in Salzburg. There are at least three reasons why he is or should be interesting to hisWRULDQV7KH¿UVWUHDVRQLVRIFRXUVHIDLUO\REYLRXVQDPHO\KLVSUR[LPLW\ to the young Luther, especially during the years 1505 to 1512 in which we have very little direct evidence about Luther’s early theological development. /LNH-RKQRI3DOW]ZKRZURWHDQLQÀXHQWLDOWKHRORJLFDOPDQXDOIRUSDVWRUV Staupitz was one of a very few of Luther’s contemporaries in the Augustinian Order in Germany to leave a substantial literary deposit, consisting in his case of letters, sermons, devotional tracts, and theological treatises. Unfortunately we have none of Staupitz’s university lectures from Tübingen or Wittenberg and can only guess at their content and method. Still we do have enough evidence to recreate to some extent the theological world of Johann von Staupitz EHIRUH KLV ¿UVW HQFRXQWHU ZLWK /XWKHU DV ZHOO DV GXULQJ WKH HDUO\ \HDUV RI Luther’s career as a lecturer on the Bible. The second reason why historians should have an interest in Staupitz is because he is genuinely interesting in his own right. We have learned, sometimes by bitter experience, that it is dangerous to measure the knowledge of the early Church fathers in the sixteenth century by comparing the knowledge of, say, Erasmus or Melanchthon with the information available in modern critical editions. In order to assess the quality of patristic learning in late medieval Europe we have to determine which texts were known at that time and in what editions or anthologies, We also need to know how they were commonly understood. In this respect Staupitz is an important witness for the understanding of the theology of St. Augustine in the Augustinian Order on the eve of the Reformation. His early sermons on Job are thick with citations from Augustine and his later treatise on predestination, while not offering much in the way of direct citation, nevertheless gives a strongly Augustinian reading of Paul. Staupitz also made some forays into scholastic theology. Anyone who KRSHVDV,RQFHGLGWR¿QGYHU\PXFKLQWKHZD\RIWHFKQLFDOWKHRORJ\LQ Staupitz is doomed to disappointment. However, scarcity of reference to the technical vocabulary of late scholasticism is not the same thing as a complete absence of any reference at all. Particularly interesting in this connecWLRQLV6WDXSLW]¶VUHGH¿QLWLRQRIVDQFWLI\LQJRUDV3URWHVWDQWVZRXOGSUHIHU 270
Luther and Staupitz: the unresolved problem of the forerunner
WR VD\ MXVWLI\LQJ JUDFH 7UDGLWLRQDO VFKRODVWLF WKHRORJ\ KDG GH¿QHG gratia gratum faciens (the grace that makes pleasing) as the grace that makes sinQHUVSOHDVLQJWR*RG6XFKDGH¿QLWLRQZDVLPSRVVLEOHIRU6WDXSLW]VLQFHKH was convinced that it was the logically prior act of divine predestination and not the subsequent infusion of divine love that made sinners pleasing to God. Gratia gratum faciens FRXOGWKHUHIRUHRQO\EHGH¿QHGE\KLPDVWKHJUDFH that made God pleasing to sinners, a sort of gratia deum peccatoribus gratum faciens. Needless to say, this was an untraditional reading of the term that broke sharply with common usage. 7KHWKLUGUHDVRQIRULQWHUHVWLQ6WDXSLW]LVFORVHO\UHODWHGWRWKH¿UVW/XWKHU FODLPHGWKDW6WDXSLW]KDGH[HUFLVHGDQH[WUHPHO\LPSRUWDQWLQÀXHQFHRQKLP going so far as to claim that Staupitz was the father of the new Protestant theology. He had, as Luther put it, “begun the doctrine”. If this claim is extravagant (as I think it is) or true only in an indirect, even Pickwickian, sense (as I am willing to concede), it nevertheless has fascinated historians for more than a century. Carl Ullmann, in a famous book published in 1842, labeled Staupitz “a reformer before the Reformation” and the label has stuck in some PRGL¿HGIRUPRURWKHUWRWKHSUHVHQWGD\. It was certainly in the framework RI6WDXSLW]¶VUHODWLRQVKLSWRDQGLQÀXHQFHRQ/XWKHUWKDW,¿UVWHQJDJHGKLP indirectly in Misericordia Dei, where I focused on Staupitz’s late medieval context, and more explicitly in Luther and Staupitz, where I examined the relationship itself. Did the surviving evidence, I wondered, allow me to describe that relationship more precisely? Could a credible case be presented that might survive rigorous cross examination by unsympathetic critics? ,WZDVH[DFWO\DWWKLVSRLQWWKDWGLI¿FXOWLHVEHJDQWRVXUIDFH7KH¿UVWGLI¿culty for me was largely a question of proper periodization. Was it appropriate to speak of Staupitz as a forerunner? The concept of “forerunner” has traditionally been embedded in an older Protestant narrative of the sixteenth century that regards medieval theology and practice as thoroughly wrongheaded, if not simply heretical. In this view the Reformation is a necessary, perhaps even inevitable, and certainly commendable correction of an inadequate Christian worldview and its replacement with a superior Christian theology and practice, whether Lutheran, Reformed, Anglican, or Anabaptist. A popular variation of this narrative, which makes the Enlightenment its ultimate if not its proximate goal, extols Protestants over Catholics and Erasmian humanists over both. In such narratives Protestantism is described as simultaneously an original and refreshing break with the Church’s medieval past, and as an historical phenomenon that in all its newness and originality is not completely unprecedented. 3URWHVWDQWV LQ WKHLU DWWHPSW WR ¿QG KLVWRULFDO DQWHFHGHQWV DSSHDOHG WR DQ informal tradition created by a small group of medieval theologians who had
2.
C. ULLMANN, Reformers before the Reformation, tr. R. MENZIES, Edinburgh 1855 (Hamburg 1841-1842)..
271
David C. Steinmetz
dissented from the majority viewpoint of their own time in ways that foreshadowed the views of the later reformers. For the most part these pre-reformers ZHUH ¿JXUHV RXWVLGH WKH RUWKRGR[ HVWDEOLVKPHQW SURPLQHQW GLVVHQWHUV OLNH -RKQ:\FOLIDQG-DQ+XVRUUHODWLYHO\PRUHREVFXUH¿JXUHVOLNHWKHFDWKHGUDO preacher John Ruchrath of Wesel, the chaplain John Pupper of Goch, or the former Parisian theologian Wessel Gansfort of Groningen. 7KHODWH6LU+HUEHUW%XWWHU¿HOGFDOOHGWKLVVRUWRIHYROXWLRQDU\QDUUDWLYHD Whig interpretation of history and it is with a kind of intellectual Whiggery that the concept of forerunner has usually been encumbered. Ironically, such a reading of the Christian past differs from the early Protestant self-undersWDQGLQJE\IRFXVLQJRQPLQRULW\YRLFHVLQWKHODWHPHGLHYDO&KXUFK¿JXUHV who were on one issue or another out of step with the dominant views of their times. But leaders of the new movement like Melanchthon and Calvin thought they were in step with the great Christian mainstream, supported by a broad consensus of ancient fathers as well as what Calvin called the sounder schoolmen. They spent a good deal of their time demonstrating just how mainstream they thought they were and how aberrational they considered the views of their opponents to be. They were happy to confess that they were out of step with the late medieval Church, a Church that never seemed to tire of innovations and amendments to ancient theology and practice. They wanted to be, in the happy phrase of the poet Peter Viereck, unadjusted to the age but adjusted to the ages. For them it was far more important to be governed by what they regarded as the plain sense of Scripture and the golden tradition of the undivided Christian Church. When Cardinal Sadoleto complained to the city of Geneva that the early Protestants had broken with ancient tradition and embraced theological innovation, Calvin turned the charge on its head. The so-called ancient tradition Sadoleto cherished and recommended to others was not ancient at all, but a relatively recent mixture of medieval innovations introduced over time through theological laxity and inattention. Evangelicals like Calvin and Melanchthon intended to sweep such innovations away and reintroduce the Church to its own authentic past. What Sadoleto called heresy and schism was in reality the evangelical recalling of the Church from the heresy and schism into which it had inadvertently fallen (and which Sadoleto mislabeled Catholic tradition) and toward the full recovery of its oldest and best traditions (which he improperly derided as innovation).
3.
4.
272
For a brief introduction to John Pupper of Goch, see my “Libertas Christiana: Studies in the Theology of John Pupper of Goch (d. 1475)”, Harvard Theological Review 65 (1972), p. 191-230. J. CALVIN, Opera Selecta, I, p. 437-89. Sadoleto’s text is printed in his Opera quae extant omnia, vol. 4, Verona 1737-1738.
Luther and Staupitz: the unresolved problem of the forerunner
,QKLVLQÀXHQWLDOFROOHFWLRQRIODWHPHGLHYDOWH[WVSXEOLVKHGLQDQG called Forerunners of the Reformation, Heiko Oberman attempted to rescue WKHFRQFHSWRIIRUHUXQQHUE\UHGH¿QLQJLW. At a time, now more than thirty years ago, when many historians were inclined, for whatever reasons, to emphasize the discontinuity between the middle ages and the Reformation DQGWR¿QGRQHYHU\KDQGQRWKLQJEXWGLIIHUHQFHV2EHUPDQSUHVVHGWKHFDVH for continuity and reinterpreted the so-called forerunners as important symbols of the strong and continuous bonds that existed between the sixteenth century and the age immediately preceding it. Forerunners were in his view participants in an ongoing conversation, “not necessarily” always “friendly,” that continued into the sixteenth century. I could not agree more with Oberman’s emphasis on continuity between the later middle ages and the Reformation. My own work in the history of ELEOLFDOLQWHUSUHWDWLRQKDVGHHSHQHGP\VHQVHRIKRZSHUYDVLYHDQGLQÀXHQWLDO those ties were and how dangerous it is to overlook or ignore them. In biblical LQWHUSUHWDWLRQWKHFRQWLQXLWLHVH[WHQGQRWRQO\WRWKHLGHQWL¿FDWLRQRIFHQWUDO theological themes and important exegetical problems in the biblical text but even to the smaller details of exegetical lore. However, the history of biblical interpretation can also make us wary about the category of forerunner, even when it is detached from the older Protestant narrative and given a careful and VRSKLVWLFDWHGUHGH¿QLWLRQ Who, for example, is the forerunner of Calvin’s exegesis of Romans 4? As a general rule Calvin does not tell us whom he has read or when he has read them, though he confesses a partiality for Augustine’s theology (although not his exegesis) and Chrysostom’s exegesis (although not his theology). We can only get some sense of the originality or lack of originality of Calvin’s exegesis by comparing it, not with the exegesis of a list of possible forerunners, but with the interpretation of the eighty or so authors, ancient and modern, whose commentaries on Paul were readily available in print in the sixteenth century. Moreover, we cannot specify in advance whose exegesis may prove more important for Calvin or whose less. When Calvin appeals in his explication of Romans 4 to the example of Phineas, who murdered a Midianite woman and her Israelite lover out of zeal for God, in order to deal with the sugJHVWLRQRI3VDOPWKDW3KLQHDVKDGEHHQMXVWL¿HGE\KLVZRUNV&DOYLQ was, of course, repeating a point made by his Strasbourg friend and associate, Martin Bucer in his Metaphrases et Enarrationes on Romans. However, it is a point also made by Brenz, Hemmingsen, Hyperius, Cornerus, Alesius, Selnecker, Vermigli, Salmeron, and the antecedent exegetical tradition. While we can rule out most of Calvin’s contemporaries except Bucer as a possible
5. 6.
H. A. OBERMAN (ed.), Forerunners of the Reformation: The Shape of Late Medieval Thought illustrated by Key Documents, tr. P. L. NYHUS, New York 1966. D. C. STEINMETZ, Calvin in Context, New York – Oxford 2010, p. 64-77.
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David C. Steinmetz
channel for the transmission of this exegetical detail to Calvin, it is clear that Bucer was repeating a medieval exegetical commonplace that Calvin could have learned elsewhere. No special explanation is required to account for its appearance in Calvin’s exegesis and none should be given. 6LPLODUO\ZKHQ&DOYLQLGHQWL¿HVWKHVSHDNHULQ5RPDQVFKDSWHUVHYHQDV a Christian under grace rather than a Jew under the law, he sides with the exegesis of the older Augustine against the exegesis of the younger. By doing VRKHLGHQWL¿HVZLWKWKHH[HJHVLVRI%XFHUDQG0HODQFKWKRQDQGEUHDNVZLWK the medieval tradition of Peter Lombard, Nicholas of Lyra, and Denis the Carthusian (though not of Thomas Aquinas). Yet the very same exegetical point is made in Calvin’s own day by such Catholic authors as Thomas de Vio Cardinal Cajetan OP, Girolamo Cardinal Seripando OESA, Ambrosius Catherinus Politus OP, and Domingo de Soto OP. Indeed, of Calvin’s contemporaries who wrote on Romans only Jacopo Cardinal Sadoleto, the antitrinitarian Fausto Sozzini, and the former Capuchin preacher turned radical 3URWHVWDQW %HUQDUGLQR 2FKLQR KDG PXFK HQWKXVLDVP IRU DI¿UPLQJ WKDW Romans seven describes a human being under the law. When Calvin identi¿HVWKH³,´RI5RPDQVVHYHQDVD&KULVWLDQXQGHUJUDFHKHLVXWWHULQJZKDWKDG become in his own day an exegetical commonplace. His exegesis was formed, not by a chain of dissident forerunners, but by the dominant exegetical tradition of the sixteenth century. As an interpreter of Paul, Calvin is clearly taking part in a conversation that began in the distant ecclesiastical past and that will continue long after his death into the indeterminate future. But it is a conversation for which the analytical category of forerunner is not of much practical help. In the end I am not certain whether the concept of forerunner can be separated entirely from the older Protestant narrative, though I applaud every effort to try to do so. After all, the word “forerunner” like the word “typology” suggests that something is coming which is more important that what is here already and that what is here already derives it full meaning and signi¿FDQFHIURPZKDWLVVWLOOIXWXUH,WGRHVQRW,DPDIUDLGVWULNHPHZLWKWKH force of self-evident truth that the sixteenth century is marked by greater zeal for the reform of the Church or more calamitous failures to maintain Christian unity than the preceding century. Talk of forerunners can obscure the fact of how remarkable the period from the Great Schism to the Fifth Lateran really was. During that century three popes were deposed and a scandalous division in Latin Christianity was resolved. The Hussites pressed their own dissident reform program through bitter religious wars to an uneasy accommodation with Catholic Christendom. The breach with Orthodox Christians in the East was temporarily if
7.
274
Ibid., p. 108-119.
Luther and Staupitz: the unresolved problem of the forerunner
unsatisfactorily and only partially resolved (a breach that involved far more Christians than were represented by the Protestant Reformation in the next century). The fall of Constantinople to the Turks isolated the Russians from the Greeks, from whom they were already alienated by the attempt of Constantinople to reach a last minute accommodation with Western Christians on (as the Russians judged) largely Western terms. All of which led to the independence of the Russian Church from the Greeks and the attempt by Russian Christians to create in Moscow a Third Rome to replace two that KDG IDOOHQ 7KH ¿IWHHQWK FHQWXU\ LV WKH FHQWXU\ RI -HDQ *HUVRQ DQG 3LHUUH d’Ailly, of Denis the Carthusian and Nicholas of Cusa, of Julian of Norwich and Margery Kempe, of Jan Hus and Wessel Gansfort, of Catherine of Genoa and Gabriel Biel, of Sir John Oldcastle and Thomas Netter, of Lorenzo Valla and Francesco Zabarella. It is a century of reforms attempted and reforms averted, of crusading Church councils and reluctant popes, of old quarrels concluded and new schisms entrenched, of luminous successes and miserable failures. We have to be very careful not to allow the concept of forerunner to obscure any of that rich diversity and to remember that every age is equidistant from God. And then there are the problems with the evidence concerning Staupitz himself. On this subject I can be relatively brief. Almost all of the direct evidence we have about their relationship comes from Luther himself. We have almost no corroborating evidence from Staupitz, from whom we do have protestations of affection and high regard. Since many of the conversations Luther had that were important to him took place during the sacrament of confession, it is not astonishing that we know nothing about them from Staupitz. To have left any written record about them would have broken the seal of the confessional, even if it were clear, as it is not, that these conversations were as memorable to Staupitz as they were to the young and impressionable Luther. The oldest piece of direct evidence we have from Luther dates from 1518 and is found in the dedication to Luther’s Resolutiones . There is a striking similarity in language between this early dedication and the preface to the 1545 Latin edition of his works. In 1545 Luther confesses to have been troubled as a young man by the word iustitia. In 1518 he claims that the word that really troubled him at the time was penitentia, a word that is not unrelated to iustitia but is also not the same. According to this early testimony Luther was struck during one of Staupitz’s colloquies with the friars at Erfurt with the observation that penitence begins with the love of God, whereas Luther had WKRXJKWXQWLOWKHQWKDWORYHEHORQJHGWRWKH¿QDOVWDJHRIUHSHQWDQFH:KDWGLG Luther mean by this observation? He provided no explanation at the time. We have to move therefore from direct to indirect evidence.
8.
WA 1.525.
275
David C. Steinmetz
The problem which this quotation poses for historians is to construct a credible picture of the theology of each man during the critical years 1505 to 1512 and to build on the basis of such a reconstruction a plausible explanation of the PHDQLQJRI/XWKHU¶VUHPDUN,Q/XWKHUHQWHUHGWKH$XJXVWLQLDQFORLVWHU in 1512 he was installed as a theological professor in Wittenberg. The likelihood that Luther had his most important conversations with Staupitz during WKLVSHULRGLVYHU\KLJK7KHGLI¿FXOW\LVWKDWZHKDYHYHU\OLWWOHIURPHLWKHU man during these crucial years. From Luther we have at least one sermon, and VRPHDQQRWDWLRQVRQ$XJXVWLQHDQGRQWKH6HQWHQFHVRI3HWHU/RPEDUGIURP Staupitz we have nothing at all. The reconstruction of Staupitz’s theology GHSHQGV WKHUHIRUH RQ VHUPRQV KH SUHDFKHG DW 7ELQJHQ LQ ZKLFK Luther did not hear and which were never published during his lifetime) and a series of sermons he preached at Nuremberg in 1516 (which were reworked and published in Latin and German as a treatise on predestination and its execution in time). Aside from these two sources we have one short legal treatise from 1500, a revision of the Augustinian constitutions from 1504, several collections of sermons in manuscript, and a few treatises on issues of spirituality, including a posthumous treatise on faith. The German sermons and spiritual writings date from 1512 or later. Unfortunately, the works we have from both are not readily comparable. The main documents we have from Luther are university lectures on the Psalms, Romans and Hebrews. Luther provides a running gloss and lengthier scholia that comment verse by verse on the entire text of each book. Although the pages of his lectures crackle with fresh ideas, the form is traditional and modeled on standard late medieval exegetical lectures. While Staupitz comments verse by verse on the opening sections of Job (alas, not the Psalms), he organizes the text topically for preaching in the modern style rather than following the older patristic model adopted by earlier preachers. Although his little book on predestination is more or less Pauline, it does not offer a verse by verse commentary on Paul but is marked rather by an allusive intertextuality. ,QDGGLWLRQWRWKHGLI¿FXOWLHV,H[SHULHQFHGZLWKWKHGLUHFWDQGLQGLUHFWHYLdence from Staupitz and Luther, I found problems in the historical literature as well. The secondary literature on Staupitz and Luther was both helpful in its content and troubling in its methodology. Reading this literature I became deeply skeptical of the methods commonly used by historians to demonstrate LQÀXHQFH*HQHUDOO\VSHDNLQJKLVWRULDQVKDYHRIWHQDSSHDOHGWRVLPLODULWLHV in thought with little or no supporting documentary evidence and with few safeguards against post hoc propter hoc reasoning. I discussed these issues fully in Luther and Staupitz and there is no time to repeat the arguments of that book here. I only want to repeat the two methodological principles I suggested there and to add, by way of conclusion to this brief essay, a third
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Luther and Staupitz: the unresolved problem of the forerunner
SULQFLSOH7KH¿UVWWZRSULQFLSOHVZHUHERWKQHJDWLYH WKDWDQKLVWRULDQKDV QRWGHPRQVWUDWHGLQÀXHQFHZKHQKHRUVKHKDVSURYHQVLPLODULWLHVLQWKRXJKW DQG WKDWLQÀXHQFHLVQRWDV\QRQ\PIRUDJUHHPHQW To those two negative principles may be added a third positive axiom: WKDWWKHEHVWZD\WRGHPRQVWUDWHLQÀXHQFHLVWRHVWDEOLVK¿UVWWKHODUJHU context. Historians frequently have gone in the opposite direction, neglecting WKHODUJHUFRQWH[WDQG¿[DWLQJRQTXHVWLRQVRILQÀXHQFH+RZRIWHQKDYHKLVtorians painfully traced in the dim half-light of the past an idea as it was transmitted from one thinker to another only to turn on the lights and discover that the idea they had traced with such effort and in such meticulous detail was in fact a commonplace idea held by almost everyone! Indeed, it would have been far more astonishing if thinker A had not held the position so carefully WUDFHGWKDQWKDWKHPLJKWKDYHOHDUQHGLW¿UVWIURPWKLQNHU%$VWKHROGDGDJH points out, when everyone is somebody then no one is anybody. Questions RI LQÀXHQFH DUH RI QR JUHDW LPSRUWDQFH ZKHQ WKH LGHDV LQYROYHG DUH FRPmonplaces. At the same time the discovery that an important idea was a commonplace is itself a discovery of considerable historical importance. ,VXSSRVHLWZDVLVVXHVOLNHWKLVWKDWVKLIWHGTXHVWLRQVRILQÀXHQFHWRWKH back burner of my mind and reoriented me toward questions of context. By examining all the commentators who wrote commentaries on John and whose writings were readily available in the sixteenth century in printed editions (sometimes in multiple editions), we can establish a cloud of forerunners (as RSSRVHGWRGLUHFWLQÀXHQFHV IRUDQ\WKHRORJLDQZKRFRPPHQWVRQ-RKQ/LNH a soil scientist who takes a core sample from the earth to examine its various levels, historians who examine the whole history of the interpretation of John 6 (or at least a very representative sampling of that history) will establish the boundaries set by the tradition of interpretation in the Christian churches. Such a procedure sets a necessary framework within which to assess the origiQDOLW\RIODWHUFRPPHQWDWRUVDQGHYHQWRWUDFHOLQHVRILQÀXHQFH,QKLVWRULFDO work as in navigation a straight line is not necessarily the shortest distance between two points. In the end I think we can only keep the idea of forerunners of the 5HIRUPDWLRQ LI OLNH 2EHUPDQ ZH UHGH¿QH LW 0\ VXJJHVWLRQ ZRXOG EH WR UHGH¿QHLWHYHQPRUHEURDGO\WKDQ2EHUPDQGLG\HDUVDJRDQGH[WHQGLWWR embrace everyone who took part in the long conversations in the Church, not always friendly, about issues that really mattered and who left written records that were accessible in the sixteenth century. It is the full debate and not merely pieces of it that set the framework for the wrenching arguments of WKHVL[WHHQWKFHQWXU\6XFKDUHGH¿QLWLRQVKLIWVWKHDFFHQWIURPIRUHUXQQHUDV LQÀXHQFHWRIRUHUXQQHUDVFRQWH[W,WPD\EHREMHFWHG,WKLQNZURQJO\WKDW VXFKDUHGH¿QLWLRQRIIRUHUXQQHUZRXOGGH¿QHWKHFDWHJRU\RXWRIH[LVWHQFH, do not myself think so. But even if it did, the gain would be worth it.
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DEFENDING THE DISCIPLINE Antoine de la Roche Chandieu and /DFRQ¿UPDWLRQGHODGLVFLSOLQHHFFOpVLDVWLTXH
Glenn S. SUNSHINE Central Connecticut State University
$QWRLQHGHOD5RFKH&KDQGLHX ZDVRQHRIWKHNH\¿JXUHVRI the French Reformation. Best remembered today as a poet, Chandieu was one of the principal architects of the Discipline ecclésiastique (1559), which provided the organizational structure of the French Reformed Churches, and later in life he would be one of the fathers of Protestant scholasticism. Yet despite his importance for the French Reformed Churches and his role in the development of later forms of Protestant thought, surprisingly little work has been done on his theological writings and his intellectual development. In particular, the early phases of his movement toward Protestant scholasticism have been completely unexamined. This paper looks at one of his earlier works, /D &RQ¿UPDWLRQ GH OD 'LVFLSOLQH HFFOpVLDVWLTXH (1566), a defense of the Discipline ecclésiastique against Jean Morély’s attacks on it, from a methodological perspective. It situates the work in the context of medieval scholasWLFLVP5HQDLVVDQFHKXPDQLVPDQG&KDQGLHX¶VODWHUGH¿QLWLRQRIVFKRODVWLF theology. In particular, the paper demonstrates Chandieu’s fundamental commitment to key elements of humanism (though not its rhetorical excesses) while at the same time showing a willingness to use medieval scholastic forms updated with humanist dialectic to build his case for the Discipline against critics both within and outside of the Huguenot community.
1. 2.
This essay is based on a paper given at the Sixteenth Century Studies Conference, October, 2002. D. SINNEMA wrote an important article on his later, more explicit movement toward Protestant scholasticism, “Antoine de Chandieu’s Call for a Scholastic Reformed Theology (1580),” in W. F. GRAHAM (ed.), Later Calvinism: International Perspectives (“Sixteenth Century Essays and Studies” 22), Kirksville, Missouri, 1994, p. 159-194.
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Glenn S. Sunshine
7RXQGHUVWDQGWKHPHWKRGRORJLFDOLVVXHVLWZLOOEHKHOSIXO¿UVWWRGH¿QH a few key terms. In the Middle Ages, the term “scholasticism” referred priPDULO\WRDPHWKRGRIVWXG\UDWKHUWKDQWRDVSHFL¿FVFKRRORISKLORVRSK\RU theology. Scholastic methods can be and were used in virtually all curricula, from the arts to law to medicine to theology. The method consists of four basic VWHSV¿UVWDVNDTXHVWLRQVHFRQGOLVWDXWKRULWLHVSURDQGFRQ²WKHPRUHWKH EHWWHUWKLUGDQDO\]HWKRVHDXWKRULWLHVWRWU\DVPXFKDVSRVVLEOHWRUHFRQFLOH differences between them using closely reasoned logical and linguistic anaO\VLVRIWHQIRFXVLQJRQ³GH¿QLWLRQVDQGGLVWLQFWLRQV´RIZRUGVDQGODVWO\SUHsent the “resolution.” After this, the author would add a series of objections to the proposed solution, the stronger and more convincing the better, and then respond to these objections in an effort to demonstrate that the answer presHQWHGZDVVXI¿FLHQWIRUDQ\FKDOOHQJH One consequence of this approach is that texts were always studied in light of their larger intellectual context by using the Glossa ordinaria and earlier commentaries as the foundation for analysis. This was crucial to the success of the scholastic method: it was designed to integrate the “New Aristotle” of the twelfth and thirteenth centuries into the worldview of the cathedral schools. On the other hand, as time went on the number of supporting mateULDOVJUHZVRPXFKWKDWLWZDVGLI¿FXOWWRZDGHWKURXJKDOOWKHDFFUHWLRQVWR let the text speak for itself. Renaissance humanists objected to this entire approach and regularly attacked the scholastics for abusing the texts and obfuscating rather than illuminating the truth. First, they famously thought that dialectic was not the best DSSURDFK IRU ¿QGLQJ WUXWK ,QVWHDG WKH\ IRFXVHG RQ UKHWRULFDO DQDO\VLV DQG emphasized clarity over logic in developing their arguments. Second, they stripped texts of the glosses and commentaries, preferring instead to focus on the text itself and only adding grammatical and linguistic notes to help get at its intended meaning. But despite the attacks by humanists and many early Protestant writers on the scholastics, the differences between them can be overdrawn. As Richard Muller points out, the term “scholastic” was in many ways comparable to our word “academic” : sometimes it is a negative term, as in “ivory tower academics,” but at other times, it is neutral, simply a term to describe what happens in schools. Further, both humanists and early Protestants made use of scholastic forms, while building their cases using humanist reforms of logic and argumentation. This approach would lead to Protestant Scholasticism in the late sixteenth and seventeenth centuries, a movement which was pioneered by Chandieu, among others. /D&RQ¿UPDWLRQ de la Discipline ecclésiastique represents an early step toward this hybrid
3.
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R. A. MULLER, The Unaccommodated Calvin: Studies in the Foundation of a Theological Tradition, New York – Oxford 2000 (“Oxford Studies in Historical Theology”), p. 43.
Antoine de la Roche Chandieu
VFKRODVWLFKXPDQLVWDSSURDFKWRWKHRORJ\%HIRUHH[DPLQLQJ/D&RQ¿UPDWLRQ, however, it will be helpful to review some elements of Chandieu’s biography as well as the early stages of the Morély controversy. The son of a noble family, Antoine de la Roche Chandieu developed Protestant sympathies early in life. After studying law at the University of Toulouse and theology in Geneva, he traveled to Paris in 1555, where he was quickly pressed into service at the tender age of twenty as co-pastor with François Morel of the underground Reformed Church in the city. As a result of a meeting held in Poitiers in 1558, Chandieu and Morel realized that the time was ripe to unite the previously amorphous Protestant movement in WKH NLQJGRP LQWR D VLQJOH RUJDQL]DWLRQ ZLWK D XQL¿HG GRFWULQH DQG SROLW\ so they prepared a confession of faith and a church order for the Reformed churches of the kingdom. The following year (1559), the founding synod of the French Reformed Churches was held in Paris, and the Gallican Confession and the Discipline ecclésiastique were adopted, the latter apparently drafted by Chandieu. Some provisions of the Discipline would soon be challenged by another French nobleman, Jean Morély, sieur de Villiers. Morély studied law and possibly theology in France before converting to Protestantism. He then traveled to Zurich, Wittenberg where he met Melanchthon, and Lausanne where he developed friendships with Viret and Calvin, the latter acting as godfather for 0RUpO\¶V¿UVWFKLOG+HEHFDPHDUHVLGHQWRI*HQHYDLQDQGFRQGXFWHG a number of diplomatic missions for the city to England and France. All was well between him and the Genevan pastors and city council until 1560. He had returned from France some months after the Conjuration of Amboise (March 18, 1560) and reported that Chandieu had been sent by the pastors of Geneva to Paris with a message that approved of taking action under the direction of the First Prince of the Blood in response to the renewed persecutions in WKH FRXQWU\ KH DOVR LQGLFDWHG WKDW %H]D KDG VSHFL¿FDOO\ JLYHQ KLV VXSSRUW and consent to the project. Word of Morély’s remarks made its way to Beza and Calvin, who brought the matter before the Small Council of Geneva. For the Small Council, this was an alarming development: the French government already suspected Genevan involvement in the events at Amboise, and
4.
5.
The best biographical sketches of Chandieu remain A. BERNUS, “Le ministre Antoine de Chandieu d’après son journal autographe inédit, 1534-1591,” Bulletin historique et litéraire de la Société de l’Histoire du Protestantisme français 37 (1888), p. 2-13, 57-69, 124-136, DQG (XJqQH DQG ePLOH +AAG, La France Protestante, ou vies des protestants français, revised by H. BORDIER, Paris 1877-1888 (184618591). The meeting issued a proposed church order which may be found in “Un synode dès 1557? Texte intégral des ‘Articles Polytiques pour l’Église Réformée selon le S. Evangile, fait à Poitiers, 1557,’” Bulletin d’information de l’Eglise Réformée de France 2FWREHU 1956), p. 2-4.
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if Morély’s words became public, it could cause severe problems for the city. Because of the sensitivity of the matter, Morély was put on trial secretly. Calvin, Beza, and Chandieu all denied involvement in the plot, and so Morély was censured for speaking lightly about serious matters and for calumny. He was ordered to pay a 500 écus¿QHDQGWRDFNQRZOHGJHKLVHUURUZKLFK Morély did, saying he never intended to defame the ministers of Geneva. Two years later, in 1562, Morély published his Traicté de la discipline et police chrestienne. The treatise is analyzed in detail by Rott and Denis. 7KHUHLVQRQHHGKHUHWRJRLQWRDOORIWKHGHWDLOVRIKLVDUJXPHQWLWLVLPSRUtant, however, to highlight some of his key points, in order to make sense RI&KDQGLHX¶VUHVSRQVH)LUVWDQGPRVWIDPRXVO\0RUpO\YHVWHG¿QDODXWKRrity over doctrine and discipline in the hand of the “members” of the church, GH¿QHGHVVHQWLDOO\DVDGXOWPDOHVZKRPHWFHUWDLQSURSHUW\TXDOL¿FDWLRQVDQG who had signed the Confession of Faith. The members were responsible for GHFLGLQJ DOO TXHVWLRQV RI GRFWULQH DQG KDG WKH ¿QDO VD\ LQ DOO GLVFLSOLQDU\ proceedings as well. These responsibilities could not be delegated to anyone else, whether the civil government or the leaders of the church. Morély thus stripped the consistory of its most basic function in Calvinist polity, that of DGPLQLVWHULQJFKXUFKGLVFLSOLQHLWVUROHZDVUHGXFHGWRDGPLQLVWUDWLYHPDWters, such as preparing the agenda for and running church meetings, and to carrying out the church’s decisions. Further, the consistory only served at the pleasure of the people: the church as a whole was responsible for selecting and deposing its ministers, including both pastors and elders. $VHFRQGLVVXHZKLFKÀRZVGLUHFWO\IURPWKH¿UVWFRQFHUQHGWKHSURYLsions for collective government. Morély recommended the creation of a provincial synod to meet annually if possible, and biennially if not. Such synods, which were to be held in the “metropolitan church” in the province, were essential for maintaining the unity of the churches. In addition to adminisWUDWLYHGXWLHVWKHSURYLQFLDOV\QRGZDVWRGLVFXVVGLI¿FXOWLVVXHVFRQFHUQLQJ doctrine, discipline, or liturgy, and to write remonstrations and exhortations to political rulers about their duties as Christians. Higher-level synods could be called at great need, with national synods summoned by the Prince. These national and even ecumenical synods performed much the same functions as the provincial synods. In no case, however, did any of these synods have the ULJKW WR SDVV ODZV RU GHFUHHV ZKLFK ZHUH ELQGLQJ RQ WKH ORFDO FKXUFKWKH\ were purely deliberative and advisory, with no real authority. Once again, the PHPEHUVRIWKHFKXUFKHVKDGWKH¿QDOULJKWWRGHWHUPLQHGRFWULQDODQGGLVFLplinary questions by a plurality of the vote.
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P. DENIS and J. ROTT, Jean Morély (ca. 1524 – ca. 1594) et l’Utopie d’une Démocratie dans l’Église©7UDYDX[G¶+XPDQLVPHHW5HQDLVVDQFHª *HQHYD
Antoine de la Roche Chandieu
Morély’s treatise presented a serious challenge to the French Reformed Churches. The entire synodal structure had been established just three years earlier, and was intended to unify doctrine and practice among the diverse 3URWHVWDQW FKXUFKHV LQ WKH NLQJGRP WKH V\VWHP ZDV GHVLJQHG LQ ODUJH SDUW to provide a mechanism for settling issues of “mutual concern” that affected more than one church. In this context, continuing to allow congregations complete autonomy in doctrine and discipline would undermine the entire purpose RIHVWDEOLVKLQJWKH'LVFLSOLQHLQWKH¿UVWSODFH0RUpO\¶VSURJUDPWKXVIDFHG stiff opposition within the leadership of the French Reformed Churches, and the book was scheduled to be brought up before the next national synod. Morély had substantial backing within the churches, however, and in particular he may have been counting on the support of Pierre Viret, who seemed to have had some sympathy for Morély’s ideas. Unfortunately, however, the conditions under which the next national synod met worked against Morély: &DWKROLFDQG3URWHVWDQWDUPLHVZHUHPRELOL]LQJIRUWKH¿UVWZDURIUHOLJLRQ and the synod was being held in Orléans, where Condé’s armies were massing. The turmoil prevented many deputies, including Viret, from attending the synod.. To make matters worse, Beza and Chandieu – neither of whom had particularly fond memories of Morély – both managed to make it to Orléans. With Beza’s support, Chandieu was elected moderator of the synod, with the result that the environment less than hospitable for Morély’s ideas. It was not an open-and-shut case, however: Morély’s book was debated extensively, and Beza and Chandieu both worked hard to change the minds of his supporters. They succeeded, and the book was condemned in a simple and terse statement recorded in the acts of the synod: As to the book entitled, Treatise on Christian Discipline and Polity, composed and published by Jean Morély, the Council judges that, with respect to the points concerning the Discipline of the Church by which he pretends to condemn and overturn the accustomed order of the churches founded on the Word of God, that the aforementioned book contains wrong doctrine tending to the confusion and dissipation of the Church, and thus the Council exhorts all the faithful to be on guard against its doctrine.
7. 8.
See P. DENIS, “Viret et Morély: Les Raisons d’un Silence,” Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, 54 (1992), p. 395-409. “Quant au livre intitulé ‘Traitté de la Discipline et Police chrestienne’, composé et publié par Jean Morely, le concile est d’avis, quant aux points concernant la discipline de l’eglise par lesquels il pretend condamner et renverser l’ordre accoutumé des eglises, et fondé sur la parole de Dieu, que ledit livre contient mauvaise doctrine et tendant a confusion et dissipaWLRQGHO¶HJOLVHHWSRXUWDQWOHFRQFLOHH[KRUWHWRXV¿GHOHVGHVHGRQQHUJDUGHGHODVXVGLWH doctrine”. Acts of the Third National Synod (Orléans 1562), Faits particuliers 13, Rawlinson MS D638 (b), Bodleian Library, Oxford, transcribed by Bernard Roussel.
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This was not the end of the Morély affair. For present purposes, the rest RI WKH VWRU\ FDQ EH WROG EULHÀ\ 2Q VHYHUDO RFFDVLRQV SURYLQFLDO V\QRGV LQ the Île de France attempted to rehabilitate Morély and even got him to admit that there were errors in his book, but these attempts always fell apart due to *HQHYDQLQWUDQVLJHQFHDQGWKHLQÀXHQFHRI&KDQGLHX7KHQDWLRQDOV\QRGV continued their involvement in the controversy. The fourth (Lyon, 1563), presided over by Viret, did not address the Morély affair, but three others did: the ¿IWK3DULV WKHVHYHQWK/D5RFKHOOH SUHVLGHGRYHUE\%H]DDQG the eighth (Nîmes, 1572). Predictably, they condemned Morély’s program at every opportunity. For the topic of this paper, the most important of these was WKH¿IWKV\QRGKHOGLQ3DULVLQZKLFKFRPPLVVLRQHG&KDQGLHX²WKH man who seems to have drafted the Discipline in its earliest form — to write a refutation of Morély. The refutation appeared in 1566 as /D&RQ¿UPDWLRQ de la Discipline ecclésiastique, observée es églises réformées du Royaume de France. As the title itself suggests, Chandieu’s defense of French Reformed polity addressed not simply Morély, but other critics of the Discipline as well. He divides these up into four categories, each addressed by one part of the book. 7KH¿UVWRIWKHVHLQYROYHVWKRVHZKRZDQWWRDEROLVKWKH'LVFLSOLQHDOWRJHWKHU 7KHVHIDOOLQWRWZRVXEKHDGLQJV¿UVWWKRVHZKREHOLHYHZHVLPSO\QHHGWR IROORZWKH*RVSHODQGVHFRQGWKRVHZKREHOLHYHLWLVWKHUHVSRQVLELOLW\RIWKH civil magistrate to enforce proper behavior. Chandieu evidently did not think these groups needed a detailed response: he devotes a total of about nine pages to these two issues combined. The next part discusses Catholic attacks on the Discipline. The argument in this case deals with the legitimacy of the Reformed ministry, their adversaries claiming that because Reformed pastors could not trace themselves back to the Apostles through an unbroken succession of bishops, their ordination LVQRWYDOLG&KDQGLHXVDZWKLVDVDPRUHVHULRXVLVVXHWKDQWKH¿UVWKHVSHQW about 26 pages on it, divided into four arguments. The third part of the book deals with a subject well known to students of the acts of the national synods, the problem of people who “intrude themselves” (“s’ingerer”) into the ministry without a legitimate call by the FKXUFKHV 7KLV SUREOHP LOOXVWUDWHV WKH GLI¿FXOWLHV &KDQGLHX IDFHG LQ GHIHQding the Discipline: on the one hand, he had to allow for ministers not ordained via a normal system of succession to respond to Catholic objections to the Discipline, but on the other he had to limit these callings to establish controls on the ministry within the Églises Reformées. Chandieu recognized the problem himself and handled it in his 28 pages discussion of this subject.
9.
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The sixth may have as well: article 11 indicates that the deputies were each asked if their FKXUFKHVKDGDQ\GRXEWVDERXWWKH'LVFLSOLQHDOOUHVSRQGHGWKDWWKHLUFKXUFKHVDJUHHGZLWK it and that those who disrupt the order of the churches should be censured.
Antoine de la Roche Chandieu
This section is particularly interesting because of its structure. Chandieu laid out his argument in three parts, then raised a series of three objections and refuted them. This is an approach taken directly from medieval scholasticism, and Chandieu would use it far more extensively in the next section. In the fourth part of the book, Chandieu turns his attention squarely on Morély in the person of those who wanted to establish a different form of church government than that laid out in the Discipline. This is the real heart of the book, taking up 165 pages of the discussion. Chandieu’s principal concern here is to establish that the consistory, composed of pastors, elders, and deacons, is responsible for governing the church, rather than it being governed by a plurality of votes from the church members as a whole. &KDQGLHXGLYLGHVWKLVFKDSWHULQWRWZRDUWLFOHV7KH¿UVWSUHVHQWVIRXUDUJXments why the “general conduct” of the church is properly in the hands of the consistory, and not the people. He then raises and refutes an objection to KLVDUJXPHQWEHIRUHPRYLQJRQWRWKUHHVSHFL¿FDUHDVZKHUHWKHFRQVLVWRU\ has the sole authority to make decisions. First, Chandieu presents four arguments that the consistory is responsible for handling doctrinal questions, then raises and refutes eleven different objections to his argument. This is the longest section of the book, with the initial arguments and the responses to objections covering 65 pages, a mark of how important this particular issue was to Chandieu. Second, Chandieu presents four arguments to show that the consistory is responsible for censuring scandalous behavior, and then adds six more arguments that pastors and elders rather than the people as a whole have the right to make decisions on excommunication. Chandieu then raises three REMHFWLRQVWRKLVDUJXPHQW7KH¿UVWRIWKHVHFRPHVIURP0WWKHlocus classicus for discussions of disciplinary procedures within the church. Jesus tells us that when all other steps fail, we are to “tell it to the church.” Chandieu gives seven reasons why this really means “tell it to the consistory”. The next two objections come from 1 Cor 5,2, which involves excommunicating an immoral member of the church. Chandieu argues that this does not mean that people voted on the excommunication, and further that the decision to discipline was not made by the people as a whole but by the leaders of the church in the person of the Apostle Paul. This completes the second point of this section, accounting for another 55 pages of the book. In the third point, Chandieu DUJXHVWKDWHOHFWLRQVWRDQGGHSRVLWLRQVIURPFKXUFKRI¿FHVSURSHUO\VKRXOG
10. (G2QWKHSODFHRIGHDFRQVLQWKHFRQVLVWRU\ZKLFK&KDQGLHXDI¿UPVVHHDOVRWKHFKDSWHU here by Mentzer. 11. Bernard Roussel has pointed out that in cases of church discipline, the Discipline ecclésiastique will use the terms “church” and “consistory” interchangeably. See “La Discipline des Eglises réformées de France en 1559: un Royaume sans clergé?” in M. MAGDELAINE, M.-C. PITASSI et al. (ed.), De l’Humanisme aux Lumières. Bayle et le protestantisme, Mélanges en l’honneur d’Élisabeth Labrousse, Paris – Oxford 1996, p. 176.
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be done by the consistory, and not by the people. He then raises three more REMHFWLRQVDQVZHULQJWKH¿UVWZLWKRQHUHVSRQVHWKHVHFRQGZLWKIRXUDQG the third with two. &KDQGLHX¶V FRQFOXGLQJ ³SDUWLH´ FRQVLVWV RI ¿IWHHQ SDJHV ZKLFK UHIXWH WKUHH¿QDOHUURUVRI0RUpO\¶VSDUW\DQGZDUQRIWKHGDQJHUVRIKLVSURJUDP He also responds to those who fear that the consistories will enslave congregations by restricting Christian freedom, and to those who fear that ambition ZLOO OHDG WKH FRQVLVWRU\ WR DEXVH LWV SRZHU LQ RWKHU ZD\V +H WKHQ ¿QLVKHV with exhortations to Morély’s party not to cause any more trouble and to the Huguenot faithful to remain loyal to the doctrine and discipline of the church. Chandieu’s refutation of Morély thus centers on the fundamental issue at stake in the discussion: Morély’s insistence on the sole authority of the members of the church to decide matters of doctrine or discipline, vs. the focus of the Discipline ecclésiastique on the authority of the consistory and synods. In terms of content, the absence of synods from Chandieu’s discussion, except during a brief summary of the polity of the French Reformed Churches, has been noted by several authors, including Denis and Rott. The most common explanation for this has been the fact that synods were illegal at that point, a fact which Morély attempted to use to his advantage on occasion. This is undoubtedly the case, though in Chandieu’s defense, it should also be noted WKDWWKHSHUYDVLYHDQWLFOHULFDOLVPRQ0RUpO\¶VSDUWKLVGLVWUXVWRIFKXUFKRI¿cers of whatever stripe, was in fact the true heart of the issue. Without resolving this question, synodal authority is a moot point. Methodologically, what is perhaps most interesting about the book is its combination of scholastic forms with humanist logic and rhetoric. Although /D&RQ¿UPDWLRQ is clearly not a scholastic piece, the pattern of raising a challenge, then answering it, then raising objections to the answer, then countering them, had long been a staple of medieval scholastic argumentation. At the same time, this method of argumentation is placed within a humanist matrix. Chandieu’s humanist training is particularly evident in his handling of sources. Thus, for example, in approaching Mt. 18 or 1 Cor 5, Chandieu does not line up various authorities for and against different interpretations and then attempt to harmonize them. Instead, his argument in these sections focuses almost entirely on an analysis of the text itself, rather than of commentators and glosses on the text. To be sure, he does use logic in this analysis, but not the syllogistic logic of the scholastics. Rather, logic is harnessed as a tool for his rhetoric. The overall outline of the work is built around careful distinctions between opponents of the Discipline, and even on sub-divisions within the various types of opponents. This in itself could be a holdover from
12. P. DENIS and J. ROTT, Jean MorélyS5.INGDON, Geneva and the Consolidation of the French Protestant Movement, 1564-1571, Geneva 1967 (“Travaux d’humanisme et Renaissance 92 ”), p. 70.
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VFKRODVWLFPHWKRGRORJ\\HWLWFRXOGHTXDOO\ZHOOUHÀHFWWKHXVHRIKXPDQLVW UHIRUPV RI ORJLF ZKLFK DOVR HPSKDVL]HG GH¿QLWLRQV DQG GLVWLQFWLRQV DV DQ essential element of their goal of clarity of argumentation. In making his case, Chandieu used informal, almost common-sense logical arguments to show that the texts taken on their own terms support his position rather than that of than Morély. Logic is thus subservient to his rhetorical purpose, that is, to making his case as clear and convincing as possible. This is, of course, LQ NHHSLQJ ZLWK KXPDQLVW SULRULWLHV WKRXJK ZLWK YHU\ IHZ UKHWRULFDO ÀRXrishes. Chandieu would later note that although rhetorical approaches to theology had their place, rhetorical excesses could be used to hide poor thinking and argumentation, and thus could confuse rather than clarify. In contrast, he would come to identify “scholastic” theology with a more analytical approach that laid out its case clearly and directly. This thinking pitted the humanist emphasis on clarity against the tendency to indulge in the allusions and other ornamentation with which Renaissance oratory was all-too-frequently encrusted. /D&RQ¿UPDWLRQ follows this analytic approach, and thus shares some of the aesthetic of the later English Puritans, who wanted “plain and simple” exposition of the Bible. In addition to his approach to textual analysis, Chandieu also used sources very differently than did the medieval scholastics. He neither presents a list of all the authorities pro and con for his position, nor is he interested in demonstrating how widely read he is. Rather, he only cites authors who support his points. Not surprisingly, he concentrates primarily on biblical texts, citing Scripture over 280 times in the book. But he also cites church fathers frequently, using a total of 90 citations from eighteen different church fathers, plus one provision of canon law and one quotation from Cicero. 6LJQL¿FDQWO\DODUJHSHUFHQWDJHRIFLWDWLRQVRIWKHIDWKHUVRFFXUUHGLQMXVWWZR or three places in the book where Chandieu was making an argument for speFL¿FHOHPHQWVRI)UHQFK5HIRUPHGSROLW\EDVHGRQKLVWRULFDOSUHFHGHQWV+H does not use the fathers as an autonomous authority apart from Scripture nor as a guide for biblical exegesis, except for the occasional comment that Jerome or some other father agreed with his conclusions. His concept of authority is thus grounded in the Protestant principle of sola scriptura, which itself comes from the humanist desire to return ad fontes applied to Christianity. /D &RQ¿UPDWLRQ thus contains a number of elements of later Protestant Scholasticism. Chandieu is very much in the Protestant humanist camp, but he also feels free to borrow elements of scholasticism when it suits his purpose. As a result, many of Protestant scholasticism’s essential elements — the use of scholastic forms, an emphasis on dialectic (as reformed by the humanists),
13. D. SINNEMA, “Chandieu’s Call for a Scholastic Reformed Theology,” p. 166-173. 14. &KDQGLHXIRXQG&KU\VRVWRPWKHPRVWXVHIXORIWKHIDWKHUVFLWLQJKLPVL[WHHQWLPHV&\SULDQ was next with thirteen, and then Eusebius with eleven.
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humanistic methods of studying texts, etc. — are present in this work. And this should not be a surprise. The scholastic method developed initially as a tool for integrating the New Aristotle into the worldview of the twelfth cenWXU\ FDWKHGUDO VFKRROV DQG IRU GHIHQGLQJ WKH UHVXOWLQJ V\QWKHVLV 3URWHVWDQW scholasticism would perform a similar function for integrating Protestant reforms with the orthodox theological tradition of the ecumenical creeds and defending the results. Furthermore, Chandieu’s later distinction between rhetorical theology and scholastic (that is, analytical) theology would also make WKLVZRUNDQHDUO\H[DPSOHRI3URWHVWDQWVFKRODVWLFLVPE\KLVRZQGH¿QLWLRQ Of course, /D&RQ¿UPDWLRQ is a polemical work, not an academic treatise. Its intended audience is not professional theologians, but the laymen and pastors who were involved in the Morély controversy. The fact that the book is in French suggests that much by itself. But in seeking to defend his vision of a biblically informed polity, Chandieu operated within his own intellectual milieu of Protestant humanism, while reaching back to the long-established structures of argumentation and debate from the Universities that continued to be a valuable tool in refuting challenges to doctrine and practice. Despite its non-academic audience, the work is an early example of the intellectual trends DQG VSHFL¿F PHWKRGRORJLHV WKDW ZRXOG HPHUJH DV 3URWHVWDQW VFKRODVWLFLVP Over the next decades, Chandieu would appropriate more and more of that scholastic heritage of the medieval past and the humanism of the Renaissance in his on-going work as a theologian, pastor and reformer.
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WHO WAS THE MORE LOYAL CALVINIST? The use of Calvin in the La Place – Garissoles controversy on the non-imputation of Adam’s sin
Michael HEYD The Hebrew University, Jerusalem
The relationship between Calvin and Reformed Orthodoxy on the one hand, and between Calvin and the critics of that Orthodoxy on the other, has been at the center of a number of debates in recent years. To what extent were Calvin’s “orthodox” disciples loyal followers of him? Did they indeed radically diverge from his teaching in aims, methodology and terminology, as traditional historiography has argued, or was there at most a shift of emphasis between Calvin and his followers? Were the critics of Orthodoxy in the sevenWHHQWKFHQWXU\MXVWL¿HGLQFODLPLQJWKDWthey were the loyal Calvinists, rather than their orthodox opponents?
1.
2.
I got to know Bernard Roussel many years ago at the Institut d’Histoire de la Réformation in Geneva. Although coming from different backgrounds, we soon found much common language and common academic interests. I have always much appreciated his intellectual broadmindedness, and even more so – his political, moral and human sensitivities. It is a privilege for me to participate in this volume in his honor. This article is based on a paper given originally at the quincentennial conference to Calvin’s birth, held in Geneva in May 2009. I am grateful to my friend, Professor Philip Benedict, current director of the Institut d’Histoire de la Réformation, who invited me to this important conference, and to all the colleagues at the IHR for their hospitality, as well as to the participants in the conference for their helpful comments following my lecture. For the traditional historiography which stressed the differences between Calvin and his Orthodox followers, see E. DOWEY, The knowledge of God in Calvin’s theology, New York rd paperback edition, Grand Rapids 1994 B. G. ARMSTRONG, Calvinism and the Amyrault Heresy: Protestant Scholasticism and Humanism in Seventeenth-Century France, Madison – Milwaukee – London 1969. The classical study which has dealt with the relationship between the Reformation and Protestant Orthodoxy, stressing the differences between them, is H. E. WEBER, Reformation, Orthodoxie und Rationalismus, Güttersloh 1937-1951. For the “revisionist” view, see especially, R. A. MULLER, After Calvin: Studies in the development of a theological tradition, Oxford 2003.
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Michael Heyd
One obvious place to examine these questions is the controversies surrounding the theology of Saumur in the seventeenth century. The Huguenot Academy of Saumur was probably the most vibrant Calvinist center in France at that time. The theologians teaching at Saumur, beginning with John &DPHURQ DQG ODWHU ± 0RwVH $P\UDXW -RVXp GH OD 3ODFH /RXLV &DSSHO DQG ¿QDOO\&ODXGH3DMRQ±HOLFLWHGVRPHRIWKHPRVWKHDWHGDQGLQWHUHVWLQJWKHRlogical debates in the 17th century Reformed world. The controversies around the question of “hypothetical universalism” (the notion that Christ’s sacri¿FHDQGGLYLQH*UDFHKDGEHHQhypothetically of universal import, but that in fact were limited to the pre-destined elect by the hidden will of God), the dating of the Hebrew vowel points in the Bible, or the relationship between Will and Reason in the act of conversion have all received extensive scholarly attention. One debate, however, has been relatively less known: the controversy concerning the non-imputation of Adam’s sin, an issue raised by the Salmurian theologian Josué de la Place in the 1640’s and 50’s. It was an issue ZKLFK FRQWLQXHG WR ¿JXUH SURPLQHQWO\ LQ WKH 5HIRUPHG FRPPXQLW\ HVSHcially in France and Switzerland, up to the Formula Consensus in the 1670’s, a formula which stated, as is well known, the rejection of this doctrine (the non-imputation of Adam’s sin) as a precondition for accepting candidates to the ministry or to chairs of theology. The issue of imputation referred to the means by which Adam’s sin was transmitted to his descendents. Was it by potential participation of all human kind in Adam, or by natural inheritance that all human beings became sinful following the sin of Adam? In both these alternatives, they “realistically” VKDUHG$GDP¶VVLQIXOQDWXUH2UZDV$GDP¶VVSHFL¿FVLQDQGJXLOW GLUHFWO\ imputed by God to all future generations? This problem, as well as many others relating to the doctrine of Original Sin, is a fascinating one and I cannot go into details of it here. I shall return to some of the developments concerning
3.
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5.
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See in addition to Brian Armstrong, mentioned above, F. LAPLANCHE, Orthodoxie et prédication: L’Oeuvre d’Amyraut et la querelle de la grâce universelle, 3DULV-33ITTION, “Intellectual Life in the Académie of Saumur, 1633-1685: a Study of the Bouhéreau &ROOHFWLRQ´ 3K ' 7KHVLV 7ULQLW\ &ROOHJH 'XEOLQ DQG ¿QDOO\ 3 VAN STAM, The Controversy over the Theology of Saumur, 1635-1650: Disrupting Debates among the Huguenots in Complicated Circumstances,$PVWHUGDP 0DDUVVHQ Josué de La Place was born in 1596 to a respectable Huguenot family in Bretagne. His father and all his brothers pursued ecclesiastical careers. He himself studied at Saumur and became a theology professor there in 1633. He died in Saumur in 1655. See Eugène and Émile HAAG, eds., La France Protestante, Paris 1856, vol. 6, p. 309-312. On the controversies leading up to the formulation of the Formula Consensus Helvetica of the 1670’s, particularly in Geneva, see the old, but still useful work of G. KEIZER, François Turretini: Sa Vie et ses écrits et le Consensus, /DXVDQQHDQGWKHPRUHPRGHUQGLVVHUtation of D. D. GROHMAN, “The Genevan Reactions to the Saumur Doctrine of Hypothetical Universalism: 1635-1685”, thesis, Toronto School of Theology, 1971, as well as Van Stam’s study cited above.
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the doctrine of imputation later on$WWKLVVWDJHVXI¿FHLWWRQRWHWKDWE\WKH 1630s, the dominant Reformed Orthodox view was that Adam’s sin had been transmitted both by natural inheritance and by divine imputation. Adam was considered a representative of the entire human species and his acts therefore implicated all of his descendents. This, for example, was the view stipulated by Marc-Friedrich Wendelin in his Christianae Theologiae Libri II, a book ¿UVWSXEOLVKHGLQZKLFKVRRQEHFDPHDVWDQGDUGWH[WERRNLQ5HIRUPHG Academies of the period. It was against this view that De la Place, who was nominated a Professor of theology in Saumur in 1633, voiced his critique in 1640, in theses sustained by several of his students, theses which were published in 1641 together with other theology theses sustained in Saumur. In the third disputation of La Place’s theses, “On the state of fallen man before grace”, sustained by his student Jacques Alpée, De la Place and his student rejected the Pelagian view according to which Adam’s sin was transmitted to future generations only by imitation. On the other hand, they came out explicitly against the idea of imputation. Men were inherently sinful from birth as the result of Adam’s fall. +LVFRUUXSWQDWXUHZDVWUDQVPLWWHGWRWKHPE\JHQHUDWLRQEXWQRVSHFL¿FVLQ had been imputed to them. The idea of imputation could be neither defended on the basis of Scripture, nor was it congruent with right reason. Furthermore, LWDWWULEXWHGWR*RGFKDUDFWHULVWLFVZKLFKFRXOGKDUGO\¿W+LV-XVWLFH We cannot go into La Place’s arguments in detail here. Nor can we survey KHUHWKH¿HUFHGHEDWHWKDWGHYHORSHGLQWKH+XJXHQRWFRPPXQLW\DQGODWHULQ the Reformed camp in general following the publication of these theses. While some theologians like Jean Daillé were initially more concerned to maintain
6.
For a short, though somewhat tendentious, survey of this theological issue throughout the ages, see J. MURRAY, The Imputation of Adam’s Sin, Phillipsburg, repr. Grand Rapids 1959. 7. M.-F. WENDELIN (1584-1652) acquired a Master of Theology from Heidelberg in 1607 and was headmaster of the gymnasium at Zerbst since 1612. His Christianae theologiae systema maius ¿UVWDSSHDUHGLQLQ+DQRYHUDQGLQPDQ\VXEVHTXHQWHGLWLRQVLQFOXGLQJ*HQHYD in 1645. 8. Theses theologicae in Academia Salmuriensi variis temporibus disputatae, Sub Praesidio D. D. Virorum S. Theologicae Professorum, Lud. Cappelli, Mos. Amyraldi, Ios. Placaei, Studiosorum nomina qui Theses eas defenderunt initio cujusque disputationis habentur, Pars Prior, Saumur 1641. I have used the copy at Cambridge University Library E*.10.27. The copy at the Bibliothèque nationale, Paris, is D2 888. 9. “Theses Theologicae de Statu hominis lapsi ante Gratiam”, Praeside D. Josue Placeo, Respondente Iacobo Alpaeo, Gallo-Campano, ibid., p. 205-211. These theses were sustained on March 16, 1640. 10. There were also two previous disputations sustained under de la Place that same year, one on the state of Adam before the Fall, the other on Adam’s Fall itself: “Theses Theologicae de Statu Adami ante Lapsum”, Praeside D. Josue Placeo, Respondente I. Monerio, Montalbanensi, ibidS³7KHVHV7KHRORJLFDHGH/DSVX$GDPL´3UDHVLGH'-RVXH Placeo. Respondente Augusto Arbaldo. Parisino, ibid., p. 198-205.
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the peace within the Huguenot camp and found it more important that La Place develop his critique of Pelagianism and Socinianism, others viewed his critique of the doctrine of imputation as a real threat. Chief among them was Antoine Garissoles, a theology professor from Montauban who also served as the moderator of the national Synod of Charenton in December 1644 – January 1645 7KDW 6\QRG ZDV WKH ¿UVW RI¿FLDO 6\QRG WR GHFODUH the doctrine of the imputation of Adam’s sin as Orthodox and as a matter of consensus among all Reformed Churches, requiring subscription to this tenet from all students training for the ministry. Garissoles on his part had written already a rebuttal of La Place before the Synod (the so-called manuscriptum prius, now lost). Once again, we cannot go here into the various reactions to the decision of the Synod in subsequent years, interesting as they are. They have been well analyzed by scholars like Van Stam, and earlier by Jean-Paul 3LWWLRQ6XI¿FHLWWRPHQWLRQWKDW*DULVVROHVZURWHDQH[WHQGHGGHIHQVHRIWKH Charenton decisions (the manuscriptum posterius) in response to one of De La Place’s supporters, a tract which he published in 1648, and that De la Place on his part had written detailed answers to each of Garissoles’ arguments.
11. See on these debates, the dissertation by J. P. PITTION, “Intellectual Life in the Academie of Saumur”, p. 78-89, and P. vAN STAM, p. 178-181, 208-212, 248-257, 318-321. 12. On Garissoles, see E. and É. HAAG, eds., La France protestante, 1856, vol. 6, p. 309-313. There is now an interesting study of Garissoles, focusing however on his earlier doctrine of election and his sermons and catechisms of 1637: D. BOLLIGER, “Donner forme à la doctrine de l’élection: “La voie du salut” d’Antoine Garissoles (Montauban 1637)”, Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires 5 (2009), mis en ligne le 18 novembre 2010, FRQVXOWp OH DRW KWWSFHUULUHYXHVRUJ 7KH DUWLFOH VWUHVVHV WKH LQÀXHQFH RI Zabarella on the method of his sermons and the modern, “subjective” perspective he adopts concerning the “way” to salvation, alongside the traditional “objective” one. In this respect, Bolliger presents a more open-minded image of Garissoles, and tends to belittle his controversy with La Place. 13. See Les Actes, Canons, Decisions et Decrets du XXVIIIe Synode National des Églises Reformées de France et du Bearn […] Assemblé Dans la Ville de Charenton, proche de Paris (1645), in Jean AYMON, Tous les Synodes Nationaux des Eglises Reformées de France, t. II, La Haye 1710, p. 620 ff. The decision concerning the imputation of Adam’s sin is in chapter ;,9DUWLFOH,S 14. This lengthy text, the so-called manuscriptum posterius (over 800 octavo pages in all!), was published in 1648 under the title Decreti Synodici Carentoniensis De Imputatione Primi Peccati Adae, Explicatio & Defensio, Montauban 1648. It was preceded by C. DAUBUZ’s shorter tract, De Imputatione Primi Peccati Adae Epistola et Carmen propemticum, written at the end of 1647, which had been addressed to Garissoles, a text that was mainly a survey RIWKHYDULRXVSURQRXQFHPHQWVLQIDYRURIWKHGRFWULQHRI,PSXWDWLRQIURPWKH¿UVWFHQWXU\ onwards. Interestingly, the whole book was dedicated by Garissoles to the Ministers and Doctors of Zurich, Bern, Basel and Schaffenhausen.
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These responses, however, together with extracts from Garissoles’ lengthy tract were published only in 1655, probably by one of La Place’s disciples, since La Place himself died that same year. It is in this latter text, entitled De Imputatione Primi Peccati Adami Josue Placaei… Disputatio (henceforward referred to as Disputatio) that De la Place (or his disciple) seem to have retracted somewhat. De la Place stressed that he had not denied that Adam’s vice, that is, his habitual original sin (“primum peccatum habituale”) was imputed to his descendents together with the propagation of his corrupt nature. Even with respect to the imputation of Adam’s actual RULJLQDO VLQ KLV VSHFL¿F DFW RI GLVREHGLHQFH ³SULPXP SHFFDWXP actuale”), La Place claimed that he had only argued that it was a mediate imputation, namely, an imputation which followed the transmission of Adam’s corrupt nature. Adam’s sin was imputed to us as a consequence of our own sins, which were in turn the inevitable result of our inherited corruption. He therefore merely rejected immediate and direct imputation, an imputation that had been prior to our own sins, which in turn, he conceded, had been the result, of our corrupt nature. Calvin as a point of reference Our main purpose, however, is to focus on the reliance on Calvin as an authority by both La Place and Garissoles in order to substantiate their contrasting views of the manner by which Adam’s sin was transmitted to posterity. La Place referred explicitly to Calvin already in his 1641 theses, more precisely, to Calvin’s silence with respect to imputation. He argued that for Calvin, Original Sin was transmitted only by inheritance, and that nowhere did Calvin refer to imputation as the manner by which all humans are essentially sinful from birth. La Place developed this reliance further in his answers to Garissoles in his longer tract, published in 1655. He called Calvin an “incomparable person” (“venio ad Calvinum, virum incomparabilem”) who clearly was not of that view (the view that Adam’s sin was actually imputed to future generations: “eum nego in tua illa sententia fuisse”). Moreover, La Place made a lot of a fact that historians should not neglect either: that the doctrine of the imputation of Adam’s sin had been originally broached by two Roman-Catholic theologians in the years preceding the Council of Trent: Ambrosius Catharinus and, even more sharply, Albertus Pighius, primarily in
15. De Imputatione Primi Peccati Adami Josue Placaei […] Disputatio (1655). It included in its ¿UVWSDUWS DQLQWHUSUHWDWLRQRIWKH&KDUHQWRQ'HFUHHRIDQGDVXUYH\RIWKH debate. The second part, and the longer one (p. 154-480) consisted of a detailed examination of Garissoles’ manuscriptum posterius, and included both extracts from his book, and De la Place’s responses to each extract. 16. Ibid., p. 454.
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order to rehabilitate human nature per se and to defend the Erasmian emphasis on human free-will. Original Sin, according to both these Catholic thinkers was transmitted to Adam’s descendents by divine imputation rather than by inheritance. Quoting Garissoles saying, in connection with the notion of children being born sinful prior to any sins performed by themselves, “I don’t see how the imputation of Adam’s sin can be in anyway negated”, La Place asked ironically: “Potuisset-ne Pighius suam sententiam exprimere clarius?” – could Pighius have expressed that sentence in any way more clearly? Relying on imputation meant, by implication, according to La Place, ignoring the Calvinist (and Augustinian) emphasis on the inheritance of Original Sin. 7KLV ZDV LQGHHG D GLI¿FXOW FKDOOHQJH IRU *DULVVROHV /D 3ODFH¶V OLQH RI argument also shows – and this is one of my main points – that the personal authority of Calvin carried quite a bit of weight in 17th century theological controversies within the Reformed camp. Garissoles had to admit that Calvin may have slighted the idea of the imputation of Adam’s sin, or at least, said very little about it. Nevertheless, Garissoles claimed, Calvin clearly implied the idea of imputation. In forcefully rejecting the views of the Pelagians and Socinians, and in stressing the utterly corrupt nature of all human beings
17. Ambrosius Catharinus, or Lancelot Politi, as he was originally called, was born in the 1480’s in Siena and died in 1553. After extensive legal studies, he joined the Dominican order, but also served as a Professor of Law at Siena. The text relevant to our concerns, De casu hominis et de peccato originaliZDVDSSDUHQWO\ZULWWHQLQWKH¶VDLPHGFKLHÀ\DJDLQVWWKH Lutherans, but published only in the early 1540’s. There is now a detailed and authoritative biography of Catharinus, focusing especially on his legal career: G. CARAVALE, Sulle Tracce dell’Eresia: Ambrogio Catarino Politi (1484-1553), Firenze 2007. I am grateful to my former student, Dr. Tamar Herzig, for turning my attention to this work. A detailed study concerning Catharinus’ view of Original Sin is: D. L. SCARINCI, Giustizia Primitiva e Peccato originale secondo Ambrogio Catarino, O.P. in Studia Anselmiana, Fasc. ;9,,5RPD,DPLQGHEWHGWR3URIHVVRU&DUDYDOHIRUKLVUHIHUHQFHWRWKLVROGEXWLPSRUtant study. On Albertus Pighius (c. 1490-1542), see the recent article by N. S. LANE “Albert Pighius’s Controversial Work On Original Sin”, Reformation and Renaissance Review 4 (2000), p. 29-61, which summarizes the main points in Pighius’s career and cites the scholarship to date on Pighius, his life, his writings and his theological views, particularly in connection with the pre-Tridentine controversies. PIGHIUS published his Controversy on Original Sin DV WKH ¿UVW SDUW RI KLV Controversiarum præcipuarum in Comitiis Ratisponensibus tractatarum… explicatio (Cologne 1542) published in connection with the Ratisbon (Regensburg) Colloquy of 1541. 18. The whole passage, relating to De la Place’s claim that children were born sinful because they inherited vice and depravity, not because it had been imputed to them, reads as follows: “tu [i.e., Garissoles] hanc responsionem cavillumDSSHOODVWL FRQWUjVLFFRQFOXVLVWLsi pueri in utero matrum, aut recens nati, sunt peccatores, ideò sunt, vel quòd actu peccaverint, vel quòd primum peccatum primi parentis ipsis imputetur. Tertium siquidem dari non potest, quod illos FRQVWLWXDWSHFFDWRUHV1DPSHFFDWRUTXLVGLFLWXURESHFFDWXP1HFXOOXPDOLXGSHFFDWXP potest imputari, nisi illud primum.5HOHJHVLSODFHWTXDHVHTXXQWXU&DS,;PHQWHPWXDP plenius aperis. Non video, inquis quid sit peccatum originis si negetur ejusmodi imputatio. Potuissest-ne Pighius suam sententiam exprimere clarius?” (Disputatio, p. 156).
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(Christ excepted) after the Fall, Calvin ipso facto subscribed, according to Garissoles, to the concept of direct and immediate imputation of Adam’s sin. Garissoles brought numerous quotations and allusions from Calvin’s Institutes and Commentaries to substantiate his view. Thus, Garissoles referred to many of the key statements in Book II, Chapter I of the Institutes, devoted to Original Sin, but picked up what was convenient for him. He quoted Calvin as saying in Section 5 of that chapter: “There was much contention over this matter, inasmuch as nothing is farther from the usual view than for all to be made guilty by the guilt of one, and thus for sin to be made common”. Yet, this was precisely the challenge which Calvin (and the orthodox upholders of the doctrine of Original Sin) had faced – mostly from the Pelagians at whom this whole section aimed, and to which Calvin’s answer was given in the preceding sentence and at the end of that section: This is the inherited corruption, which the church fathers termed “original sin”, meaning by the word “sin” the depravation of a nature previously good and pure […] Therefore all of us, who have descended from impure seed, are born infected with the contagion of sin. In fact, before we saw the light of this life we were spoiled and spotted in God’s sight.
19. “De Peccato originali multa fuit Veteribus concertatio, cûm à communi sensu nihil sit PDJLVUHPRWXPTXjPREXQLXVFXOSDP¿HULRPQHVUHRV LWDSHFFDWXP¿HULFRPPXQH´ (GARISSOLES, De Imputatione primi peccati Adae, p. 768). In the Latin original of 1559: “Qua de re multa fuit illis concertatio, quum à communi sensu nihil magis sit remotum quàm ob XQLXVFXOSDP¿HULRPQHVUHRVHWLWDSHFFDWXP¿HULFRPPXQH´Institutio christianae religionis, Geneva 1559, in Calvini Opera, vol. II, Corpus Reformatorum, vol. 30, col. 179. The second part of the sentence, from “quum” was added only in the 1559 edition. In the French translation of 1560: “Or ils ont soutenu grans combats sur ceste matière, pource qu’il n’y a rien plus contraire au sens comuun, que de faire tout le monde coupable pour la faute d’un seul homme, et ainsi faire le péché commun”, Jean CALVIN, Institution de la Religion Chrétienne, Nouvelle Édition revue et corrigée sur l’édition Française de 1560 par Frank Baumgartner, Paris 1888, p. 113. The English translation is from John CALVIN, The Institutes of the Christian Religion, ed. John T. MCNeill, tr. Ford Lewis Battles, vol. I, Philadelphia 1967, p. 246. All further English translations will be taken from this edition. 20. “Haec est haereditaria corruptio, quam peccatum originale veteres nuncuparunt, Peccati voce intelligentes naturae antea bonae puraeque depravationem… Omnes ergo qui ab impuro semine descendimus, peccati contagione nascimur infecti: imò, antequam lucem hanc vitae aspicimus, sumus in Dei conspectu foedati et inquinati.” Institutio christianae religionis, ibid., col.179-180 In the French version of 1560: “C’est la corruption héréditaire que les anciens ont nommé Péché originel, entendans par ce mot de Péché, une dépravation de la nature, laquelle estoit bonne et pure auparavant… Nous tous donc qui sommes produits de semence immonde, naissons souillez d’infection de péché : et mesme devant que sortir en lumière, nous sommes contaminez devant la face de Dieu.” Institution de la Religion Chrétienne, p. 113-114. The English translation from The Institutes of the Christian Religion, ibid. p. 246, 248.
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For Calvin the inherited corruption seemed to be the essence of Original Sin, as he said further on, in Section 8: Original sin, therefore, seems to be a hereditary depravity and corruption of RXUQDWXUHGLIIXVHGLQWRDOOSDUWVRIWKHVRXOZKLFK¿UVWPDNHVXVOLDEOHWR God’s wrath, then also brings forth in us those works which Scripture calls ³ZRUNVRIWKHÀHVK´.
More important and telling, in my view, is another quotation which Garissoles brings from Section 5: If the cause is sought, there is no doubt that they are bearing the part of the punishment deserved by man, for whose use they were created. Since, thereIRUHWKHFXUVHZKLFKJRHVDERXWWKURXJKDOOWKHUHJLRQVRIWKHZRUOGÀRZHG hither and yon from Adam’s guilt, it is not unreasonable if it is spread to all his offspring.
Garissoles brings this quotation in order to prove that Adam’s guilt was spread (or imputed) to all his offspring, yet the subject “they” at the beginning of the sentence refers to all creatures on earth. In fact, the thrust of the paragraph is to indicate that the whole creation was corrupted following
21. ³9LGHWXUHUJRSHFFDWXPRULJLQDOHKDHUHGLWDULDQDWXUDHQRVWUDHSUDYLWDV FRUUXSWLRLQRPQHV animae partes diffusa : quae primùm facit reos irae Dei, tum etiam opera in nobis profert quae Scriptura vocat opera carnis”, Institutio christianae religionis, col. 182. In the French of 1560: “Nous dirons donc que le péché originel est une corruption et perversité héréditaire de notre nature, laquelle estant espandue sur toutes les parties de l’âme, nous fait coupables premièrement de l’ire de Dieu, puis après produit en nous les oeuvres que l’Escriture appelle Œuvres de la chair”. Institution de la Religion Chrétienne, p. 115. English trans. from Institutes,YRO,S:LWKVOLJKWGLIIHUHQFHVWKLVGH¿QLWLRQDSSHDUVDOUHDG\LQWKH¿UVW 1536, edition of the Institutes. See CALVIN, Institutio&5FROInstitutes of the Christian Religion, 1536 edition, translated and annotated by Ford Lewis Battles, Grand Rapids 1986, ch. IV, § 16, p. 97. 22. “Non dubium est quin omnes creaturae partem sustineant ejus poenae, quam promeritus est KRPRLQFXMXVXVXPFRQGLWDHIXHUDQW&PHUJRVXUVXP GHRUVXPH[HMXVFXOSkÀX[HULW maledictio, quae grassatur in omnes mundi plagas, nihil à ratione alienum, si propagata fuerit in totam ejus sobolem”, De Imputatione primi peccati Adae, p. 768. In the Institutio christianae religionis of 1559, the same with slight variation in the order of words: “ [Si causa quaeritur,] non dubium est quin partem sustineant eius poenae quam promeritus est homo, in FXLXVXVXPFRQGLWDHIXHUDQW4XXPHUJRVXUVXP GHRUVXPH[HLXVFXOSDÀX[HULWPDOHGLFWLR qua grassatur per omnes mundi plagas, nihil à ratione alienum si propagata fuerit ad totam eius sobolem”,. Institutio christianae religionis, col. 179. In the French version of 1560: “Si on cherche la cause, il n’y a doute que c’est d’autant qu’elles souffrent une partie de la peine que l’homme a mérité, pour l’usage et service duquel elles ont esté faites. Puis donques que la malédiction de Dieu s’est espandue haut et bas, et a la vogue par toutes les régions du monde à cause de la coulpe d’Adam, ce n’est point merveilles si elle est descoulée sur toute VDSRVWpULWpªInstitution de la religion chrétienne, p. 113. English tr. from Institutes, vol. 1, p. 246.
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Adam’s Fall (Calvin referring here to Romans 8:21). This cosmological argument is very different from Garissoles’ “legal” point that Adam’s sin had been imputed to all his future descendents. Garissoles had a somewhat stronger case when it came to Calvin’s pronouncements on the subject of the Fall in the context of Predestination. Thus, he quoted from Book III, Chapter 23, section 7 of the Institutes where Calvin states [Yet predestination, whether they will or not, manifests itself in Adam’s posterity. For] it did not take place by reason of nature (“Neque enim factum est naturaliter”) that, by the guilt of one parent, all were cut off from salvation [What prevents them from admitting concerning one man what they unwillingly concede concerning the whole human race? For why should they fritter away their effort in such evasions?] Scripture proclaims that all mortals were bound over to eternal death in the person of one man. Since this cannot be ascribed to nature, it is perfectly clear that it has come forth from the wonderful plan of God.
Here indeed guilt and punishment are transmitted to Adam’s descendents on the basis of God’s decree. The quote is taken from the 1559 edition of the Institutes, and in the previous year, Calvin expressed himself in a similar way in his response to the Calumniae nebulonis cuiusdam adversus doctrinam Iohannis Calvini de occulta Dei providentia. That text was written as an answer to Castellio’s attack against Calvin’s doctrine of predestination. In UHVSRQVHWRWKH¿UVWDUWLFOHRI&DVWHOOLR¶VFULWLTXHDVFULELQJWR&DOYLQWKHGRFtrine that “God of his pure and mere will created the greatest part of the world to perdition”, Calvin asked sarcastically:
23. “[Atqui praedestinatio, velint nolint, in posteris se profert.] Neque enim factum est naturaliter ut à salute exciderent omnes, unius parentis culpâ. [Quid eos prohibet fateri de uno homine quod inviti de toto humano genere concedunt ? Quid enim tergiversando luderent operam ?] Cunctos mortales in unius hominis personâ morti aeternae mancipatos fuisse sacra Scriptura clamat. Hoc cum [quum] naturae adscribi nequeat, ab admirabili Dei consilio profectum esse minimè obscurum est”, De Imputatione primi pecati Adae, p. 769. Phrases in parenthesis are those omitted by Garissoles, words in italics, those added or supplanted by Garissoles in comparison to the Institutio christianae religionis of 1559, Cf. CR, vol. 30, col. 704. In the French version of 1560 the full version reads as follows: “Tant y a que maugré leurs dents la predistination de Dieu se demonstre en toute la lignée d’Adam, car il n’est pas advenu naturellement que tous decheussent de leur salut par la faute d’un. Qu’est ce qui les empesche de confesser du premier homme, ce qu’ils sont contraints en despit d’eux, accorder de tout le genre humain ? Car pourquoy perdroyent-ils leur peine à tergiverer ? L’Escriture prononce haut et clair, que toutes creatures mortelles ont esté asservies à la mort en la personne d’un homme. Puis que cela ne peut estre attribué à nature, il faut bien qu’il soit provenu du conseil admirable de Dieu”, Institution de la religion chrétienne, p. 442. English tr. from Institutes, vol. 2, p. 955.
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What have you to say to this noble Teacher and Judge? Will you accuse the blessed God of cruelty, because He has thus precipitated all His offspring into ruin by the Fall of one man? For although Adam destroyed both himself and all his offspring, yet the corruption and the guilt of that Fall of one man must necessarily be ascribed to the secret counsel and decree of God! For the fault of one man could have had nothing to do with us, had not our heavenly judge been pleased to consign us to eternal destruction on that account!
And a few lines below Calvin further asked: Whence arises this miserable condition of us all, that we are subject not only to temporal evils, but to eternal death? Does it not arise from the solemn fact that, by the Fall and fault of one man, God was pleased to cast us all under the common guilt?
Garissoles naturally quoted these texts too. Calvin, as is well known, was less interested in the precise mechanism by which sin and guilt were passed on from Adam to future humanity, and refrained from delving into it too deeply. The important point for him was that this transmission had been the consequence of Divine decree. On this, Garissoles could indeed build his case. Yet, it is important to note that for Calvin, corruption and guilt went hand in hand and the former, i.e., the radical pollution of human nature, could not be separated from the latter, the consequent guilt. This is true also with respect to Calvin’s commentaries on which Garissoles relied. One clear example are the famous verses from Ezekiel, chapter 18:1-5, where the prophet declares “The Life of the parent as well as the life of the child is mine: it is only the person who sins that shall die.”These verses, indeed, were often brought against the notion of imputation. Calvin explained these verses to mean that all souls are in fact sinful, and therefore there was no contradiction between Ezekiel’s pronouncement and the principle from Exodus 20:5 according to which God was visiting the iniquity of
24. “[Quid tu ad hoc, bone censor ? An Deum crudelitatis damnabis, quia suos omnes foetus preacipitaverit in exitium, unius hominis lapsu ?] Etsi [enim] se et suos perdidit Adam, corruptionem tamen et reatum arcano Dei judicio adscribere necesse est : quia nihil ad nos unius hominis culpa, nisi nos coelestis iudex aeterno exitio addiceret… Unde haec conditio, ut non solùm temporalibus miseriis, sed morti quoque aeternae simus obnoxii, nisi quia unius homiQLV FXOSk 'HXV LQ FRPPXQHP UHDWXP QRV FRQMHFLW"ªDe Imputatione primi peccati Adae, p. 771. Cf. Calumniae nebulonis cuiusdam adversus doctrinam Iohannis Calvini de occulta Dei providentia, Iohannis Calvini responsio, in Opera CalviniYRO,; CR, vol. 37, col. 289, 290. Phrases in parentheses have been omitted by Garisolles. English translation has been taken from Calvin’s Calvinism: Treatises on the Eternal Predestination of God the Secret Providence of God, trans. Henry Cole, Grand Rapids 1987, p. 269-270, which may be found DW KWWS??ZZZUHIRUPHGRUJGRFXPHQWVFDOYLQFDOYLQBSUHGHVWLQDWLRQKWPO , KDYH QRW EHHQ able to put my hand yet on the recent edition of that same text, The Secret Providence of God, ed. Paul Helm, transl. Keith Goad, Wheaton 2010.
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the fathers upon the children unto the third and fourth generation. Garissoles took Calvin’s commentary to support the idea of imputation, yet Calvin had emphasized the corruption of all of humanity that has been spoiled by Adam’s Fall, and for that reason each person was in fact punished for his own sins. The most pertinent example, of course, was Calvin’s commentary on the locus classicus of the doctrine of Original Sin: Romans 5:12-19. Not surprisingly, Garissoles quoted Calvin’s comment on verse 17 of that chapter in which Calvin did mention imputation: … by Adam’s sin we are not condemned through imputation alone, as though ZHZHUHSXQLVKHGRQO\IRUWKHVLQRIDQRWKHUEXWZHVXIIHUKLVSXQLVKPHQW EHFDXVHZHDOVRRXUVHOYHVDUHJXLOW\IRUDVRXUQDWXUHLVYLWLDWHGLQKLPLWLV regarded by God as having committed sin.
While Calvin mentioned in passing the role of imputation, the whole emphasis of his commentary on that verse was to deny that we were condemned because of the sins of someone else. Moreover Calvin’s point was to distinguish between Adam’s sin, which had caused actual corruption of the whole human race, and the Righteousness of Christ, which indeed is “imputed” only to the elect and independently of any righteousness that in any case no human being possesses since the Fall. More of Garissoles’ references to Calvin’s pronouncements on Original Sin could be brought, did space permit. Yet these few examples are enough to show that Garissoles could hardly have proven that “imputation” was for Calvin an independent means of the transmission of Original Sin, separate from, and unconditioned by, inherited corruption. Garissoles went further, however, and offered an extremely interesting historical H[SODQDWLRQ IRU &DOYLQ¶V UHWLFHQFH RQ WKH VSHFL¿F QRWLRQ RI ³LPSXWDtion”. Confronted with the proposition, voiced by Roman-Catholic thinkers like Catharinus and Pighius, according to whom imputation should serve as the sole explanation of the transmission of Original Sin, instead of the inheritance of
25. CALVIN, OperaYRO;/&5YROFRO)RUDQ(QJOLVKWUDQVODWLRQRI&DOYLQ¶VFRPmentary on these verses, see Calvin’s Commentaries, vol. 23: Ezekiel, Part II, Chapter 18, WUDQVO -RKQ .LQJ DW KWWSZZZ6DFUHGWH[WVFRPFKUFDOYLQFFFF htm. 26. CALVIN, OperaYRO;/,;&5YROFRO³«VLQRXVVRPPHVGDPQpVSDUOHSpFKp d’Adam, ce n’est point par imputation seulement, comme si on nous faisait porter la peine GXSpFKpG¶DXWUXLPDLVQRXVSRUWRQVVDSHLQHSDUFHTXHQRXVDXVVLVRPPHVFRXSDEOHVHQ tant que notre nature, corrompue en lui, est trouvée devant Dieu coupable d’iniquité et enveloppée dans la condemnation de celle-ci”. Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, tome IV, Geneva 1960, p. 130. The English translation quoted above is from Commentaries on the Epistle of Paul the Apostle to the Romans by John Calvin, translated and edited by the Rev. John Owen, in Christian Classics Ethereal Library, Grand Rapids, KWWSZZZFFHORUJFFHOFDOYLQFDOFRPL[L[KWPO
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total corruption, Calvin naturally tended to emphasize inheritance rather than imputation. This explanation is surely not unfounded. As is well known, Calvin ZURWHLQD¿HUFHUHEXWWDORI3LJKLXVRQSUHFLVHO\WKHLVVXHRIKXPDQIUHH will. The question is whether, as Garissoles claimed, Calvin’s relative reticence on “imputation” was merely a tactical matter, or whether for him, inherited corruption and the guilt it entailed inseparably constituted the transmission of Original Sin to posterity, a transmission decreed by God. No less interesting was Garissoles’ second historical argument: Calvin at this time was not confronted yet with the Socinian, and especially, with the Arminian views which, as Garissoles pointed out, completely denied the imputation of Adam’s sin. Arminius, indeed, denied explicitly the concept of imputation in his famous Apologia of 1609. His disciple and successor, Simon Episcopius similarly rejected the notion of imputation altogether, as has been recently shown by Mark Ellis. Indeed, the spread of the concept of “imputation” and its increased centrality in the eyes of Reformed orthodox WKHRORJLDQVLQWKH¿UVWGHFDGHVRIWKHVHYHQWHHQWKFHQWXU\PD\ZHOOEHXQGHUstood as a reaction to the Arminian critique. In their view, as expressed by Garissoles, these theologians were only emphasizing a doctrine that had been posited already by Calvin himself, though, in the circumstances of his time, Calvin did not feel that it had been so important to insist upon it. Josué de la Place was hardly convinced by any of these arguments, including the historical ones. If indeed imputation was such an important dimension of the doctrine of Original sin, is it conceivable that Calvin would not elaborate on it at all?(YHQLQ&DOYLQ¶VGH¿QLWLRQRI2ULJLQDO6LQ/D3ODFHDGGHGWKHUHZDVQR hint at the idea of the imputation of Adam’s actual sin. By now, I hope, many readers may realize the fascinating parallels between this debate and our contemporary historiographical controversy concerning the relationship between Calvin and his successors – the orthodox theologians on the one hand and their critics on the other. Historians of the
27. Defensio doctrinae de servitude humani arbitrii contra A. Pighium, in Opera Calvini, vol. VI, CR, vol. 34, see especially, p. 305, 351-352. For an English translation see J. CALVIN, The Bondage and Liberation of the Will: A Defence of the Orthodox Doctrine of Human Choice against Pighius, ed. Anthony N. S. Lane, transl. G. I. Davies, Grand Rapids 2002, see especially, p. 105, 172-173. 28. For the original text of the Apologia, see J. ARMINIUS, Opera Theologica, Leiden 1629, p. 107-146. An English translation of the ApologiaLVDOVRLQFOXGHGLQWKH¿UVWYROXPHRIThe Works of James Arminius, transl. James Nichols, London 1825, p. 277-389. 29. M. A. ELLIS, Simon Episcopius’ Doctrine of Original Sin, New York 2006. 30. ³6LLOODPLPSXWDWLRQHPFUHGLGLWVLSXWDYLWGRJPDHVVH WUDGLWXPLQVDFULVOLWHULV FUHGHQGXP¿GHOLEXVLGTXHSHFFDWXPDFWXDOHLPSXWDWXPHVVHDXWLSVXPSHFFDWXPRULJLQDOHDXW LOOLXVSDUWHPSULPDULDPDFSUDHFLSXDPQRQHGHEXLWHDPGRFHUH SUREDUH"´'E LA PLACE, Disputatio, p. 454. 31. IbidS)RU&DOYLQ¶VGH¿QLWLRQRI2ULJLQDO6LQVHHQRWHDERYH
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previous generation like Brian Armstrong and Jean-Paul Pittion have clearly taken the side of the Saumur theologians. Like La Place they have argued that the Saumur theologians were the true and loyal disciples of Calvin. In WKHVSHFL¿FFDVHRQZKLFKZHDUHIRFXVLQJLQWKLVSDSHU/D3ODFHKDGLQGHHG argued that he rejected a notion which was foreign to Calvin himself. In fact, he claimed Calvin had explicitly come out against the concept of imputation which had been emphasized in Calvin’s generation by Roman-Catholic theologians of Erasmian leanings. Garissoles, by contrast, with impressive historical sensitivity reproduced almost verbatim arguments we have recently heard again from prominent historians like Professor Richard Muller. Reformed 2UWKRGR[\ WKH\ DUJXH GLG QRW GLYHUJH VLJQL¿FDQWO\ IURP &DOYLQ¶V RULJLQDO teaching by any means. The view of an older generation of historians who took an “existentialist” perspective upon Calvin’s theology misreads both Calvin and his Orthodox followers. At most, one can detect slight shifts of emphasis as the result of minor changes in historical circumstances and changing opponents – precisely the point Garissoles was making over 350 years ago! Who was right then? And who is right today? Antoine Garissoles (and by implication Richard Muller) is correct in reminding us of the historical context of Calvin’s views. Calvin was indeed deeply bothered by Roman-Catholic humanist theologians like Catharinus and Pighius who insisted on the existence of human free-will and who therefore regarded Original Sin primarily as the consequence of direct divine imputation, rather than as the consequence of hereditary and absolute corruption. This was clearly one reason why Calvin insisted on inherited corruption as the explicit and foremost means by which Adam’s sin was transmitted to all of the human species. How exactly does such transmission occur? What was the “genetic” mechanism by which sin and guilt (clearly moral characteristics) were passed from one generation to the next? Here, Calvin was obviously and explicitly circumspect and reticent. As with so many other metaphysical issues, Calvin preferred to avoid delving into matters which he considered beyond human apprehension. He WKXVUHIUDLQHGIURPDGGUHVVLQJPDQ\RIWKHTXHULHVDQGGLI¿FXOWLHVUDLVHGE\ late medieval scholastic theologians concerning the “genetic” account of the WUDQVPLVVLRQRI2ULJLQDOVLQGLI¿FXOWLHVZKLFKZHUHWROHDGKLVIROORZHUVWR add the imputation account to that of inheritance. Calvin’s paramount interest was, after all, to emphasize the utter and absolute corruption of both man’s Will and his Reason following the Fall. His utterances concerning Original Sin, in the Institutes, in the theological Treatises and in his Commentaries should indeed be seen in the context of the debate with the humanist-Erasmian view, most clearly expressed by Roman-Catholic theologians like Pighius. What then about imputation? If Calvin tended to dismiss it as an independent factor in the transmission of Original Sin, how did it come to constitute such an important role in Orthodox Calvinism as represented by Garissoles almost a hundred years later? Was it just a small shift of emphasis, 301
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as Garissoles and the current interpretation of the rise of Orthodoxy would seem to imply? The topic is vast and complicated and I approach it with some trepidation. Nevertheless, I believe that more than just a slight shift of emphasis is involved. For Calvin, the natural inheritance of corruption also implied the inheritance of guilt. He was not bothered by the exact “mechanism” involved in such transmission. Nor was he concerned with the bodysoul distinction in this matter, or with the question how could moral traits be “genetically” transmitted. For that reason, he tended indeed to play down, or even ignore altogether, the notion of direct imputation. Herein, I have tried to show, La Place read him correctly. Some of Calvin’s disciples, by contrast, were very much aware of these GLI¿FXOWLHV 7KHRULHV RI ELRORJLFDO LQKHULWDQFH LQ WKH ODWH 0LGGOH$JHV DQG the Renaissance and a growing emphasis on the distinction between mind and body, made it increasingly hard to invest moral characteristics into processes of inheritance. This was the reason, it seems to me, why Reformed theologians in the late sixteenth century began to rely on divine imputation as an independent factor in transmitting Adam’s sin to future generations. Furthermore, they sometimes (though not necessarily) linked this concept with the emerging theory of divine Covenants. It was as a representative of WKHKXPDQUDFHWKDW$GDP¿UVWUHFHLYHGDQGWKHQORVWWKHVXSHUQDWXUDOTXDOities of immortality, moral innocence and the recognition of God the creator. His loss necessarily implicated all his descendents because he functioned as their representative. Once again, recent historians like Bierma, Lillback and Muller have argued that Covenant theology was rooted in Calvin’s own thought. I am not competent enough to pass judgment on this issue, but as far as I can see, the idea of imputation and its incorporation into Covenant theology had been a distinct contribution of second and third generation of Reformed theologians. Interestingly enough, Covenant theology hardly plays a role in Garissoles’ arguments with La Place. Yet the former’s insistence on direct divine imputation as a crucial means by which Original Sin had been transmitted to Adam’s descendents is a manifestation, I would argue, of new concerns in the late VL[WHHQWKDQGWKH¿UVWKDOIRIWKHVHYHQWHHQWKFHQWXULHVWKHQHHGWRUHVSRQG to growing skepticism with respect to biological inheritance as the means
32. For a short, though polemical discussion of that topic, see J. MURRAY, The Imputation of Adam’s Sin, p. 36-41. I hope to deal with this topic in greater detail in a future study. 33. L. D. BIERMA, “Federal theology in the Sixteenth Century: Two Traditions?”, Theological Journal 45 S 3$ /ILLBACK, The Binding of God: Calvin’s Role in the Development of Covenant theology*UDQG5DSLGV5$0ULLER, After Calvin, Chapter 11. 34. I have tried to delve into the question of the emergence, in Reformed Orthodoxy, of the idea of direct divine imputation of Original Sin in a separate study, to be published hopefully in the future.
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by which moral characteristics (or more precisely moral depravity and guilt) could be transmitted. For that reason, he (as well as other Reformed orthodox theologians like Rivet) viewed with alarm La Place’s doctrine of the non-imputation of Adam’s Sin. Such a denial, it seemed to them, threatened the basic Reformed tenet of the damned condition in which all human beings were born. Relying on inheritance as the sole means by which Adam’s sin and guilt had been transmitted to his descendents was no longer enough to sustain that tenet. Indeed, strict Orthodox theologians like Garissoles were not completely mistaken. Viewed from an historical perspective, “conservative” intellectuals are often more sensitive than their opponents to the innovative, even radical implications of the revisions the latter suggest. La Place claimed to be a loyal disciple of Calvin in rejecting the notion of direct imputation and relying primarily on the natural inheritance of depravity. Up to a point, we have tried to argue, he was right. Herein we tend to agree with the older generation of historians who see the Salmurian theologians as reacting against an Orthodoxy that has diverged from the original Calvinist message. Yet, in the context of the mid-Seventeenth century, such a turn back to Calvin had far-reaching and subversive implications. In relying on inheritance, La Place avowedly followed Calvin, but in fact his purpose was to neutralize, or at least, to weaken the moral dimension of Original Sin and the individual responsibility for human depravity – just the opposite of Calvin’s original aim. Such a change is most noticeable in La Place’s denial that inherited corruption could be considered as a punishment. Punishment was only due, he argued, for sins committed personally and individually. Our fallen nature was indeed a state and an irremediable one. In this respect he agreed with Calvin, and he similarly insisted, as against the Arminians (and the Catholics), that there was no room for freewill, no possibility for man to act morally without the help of divine Grace. His depraved state necessarily led to man’s sins. Nevertheless, by divesting this corrupt state from the association with punishment, La Place diverged significantly from Calvin and Reformed (indeed, Augustinian) religious consciousness. In claiming that punishment is only due to personal deeds, and that sinful deeds, though an unavoidable consequence of a depraved nature, were nevertheless personal deeds, La Place clearly points to the “moralistic” sensitivities which will characterize the opponents of Orthodoxy in the second half of the seventeenth Century. Let me conclude: The historian’s role, I believe, is neither to condemn nor to justify. He should be primarily concerned with changing circumstances and has to be sensitive to subtle changes in the meaning of concepts, and this is true with regards to both sides of a theological controversy such as the one we have tried to analyze in this paper. Both La Place and Garissoles tried to enlist &DOYLQLQVXSSRUWRIWKHLUYLHZVDQGWKLVLQLWVHOILVDVLJQL¿FDQWKLVWRULFDO phenomenon. But both of them interpreted Calvin through a mid-seventeenth 303
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century prism. Josué de la Place could rightly claim that Calvin had not incorporated direct divine imputation into his account of Original Sin, that the concept itself was an unwarranted innovation of some later theologians. But he ignored (whether consciously or not) the deep difference between his “neutral” view of inheritance, and Calvin’s heavily loaded one. Garissoles, on his part, rightly claimed that Calvin’s avoidance of the explicit use of “imputation” should be historically explained by the background of his debate with Roman-Catholic theologians such as Catharinus and Pighius. He may even have been right in arguing that “imputation” was in fact implied in Calvin’s view of Original Sin, especially as it is found in some of his commentaries on Scripture. Yet, Garissoles ignored the fact that imputation did not serve as an independent factor for Calvin, and that this doctrine was essentially developed later, by Orthodox Reformers facing new challenges concerning the more traditional account of inheritance. Having no theological commitments whatsoever myself, I believe that the Salmurian controversy concerning the QRQLPSXWDWLRQRI$GDP¶VVLQUHYHDOVVLJQL¿FDQWDQGIDVFLQDWLQJFKDQJHVLQ religious sensibilities in the course of the Seventeenth century.
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– III –
Liturgie et anthropologie
LA TRADUCTION FRANÇAISE DE LA LITURGIE ANGLICANE PAR JEAN BELLEMAIN (1553)
† Guy BEDOUELLE Université de Fribourg (Suisse)
Nous savons peu de choses sur Jean Bellemain même si Gustave Masson a réuni les éléments épars de son activité. Il fut le maître de français du futur Édouard VI d’Angleterre, comme l’attestent plusieurs mentions de documents FRQFHUQDQW O¶DQQpH ,O HVW O¶DXWHXU GH OD WUDGXFWLRQ YHUVL¿pH GX ORQJ poème que rédigea la reine Catherine Parr, The Lamentacion of a Sinner, qu’il intitule Complainte de l’âme pécheresse et que j’ai publiée à partir des deux manuscrits autographes existants. Bellemain avait obtenu ses lettres de naturalisation en 1551 et épousé une nièce de Sir John Cheke, le célèbre humaniste anglais dont il fait l’éloge dans la lettre qu’il écrivit à Calvin, le 29 mai 1552. On ignore où il se réfugia durant le règne de Mary Tudor mais, en 1572, il se trouve en France, marie VD¿OOHj&KDUOHV/HSULQFHGHYLHQWVHLJQHXUGHOD1RUYLOOHYLOODJHVLWXpSUqV d’Arpajon, et meurt en 1583. Il est l’auteur en 1533 d’un glossaire français, acquis en 2000 par la British Library, et on possède sa Préface à la traduction de la lettre de Saint Basile le Grand à Saint Grégoire de Nazianze sur la vie solitaire, dédiée à la princesse Élizabeth. Ce goût de la traduction s’est aussi exercé sur un texte hautement VLJQL¿FDWLIGHOD5pIRUPHUHOLJLHXVHPHQpHDSUqVODPRUWGXURL+HQU\9,,, avec le second Book of Common Prayer de 1552. Bellemain l’a en effet traduit dans son intégralité, et on en trouve le texte dans le manuscrit Royal 20 A ;,9GHOD%ULWLVK/LEUDU\GH/RQGUHV
1. 2. 3.
G. MASSON,©-HDQ%HOOHPDLQPDvWUHIUDQoDLVGXURLeGRXDUG9,ªBulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français 15 (1866), p. 138-145. C. PARR, Œuvres spirituelles. Textes originaux et traductions françaises inédites du e XVI siècle, G. BEDOUELLE (éd.), Paris 2006 (sur Bellemain, p. 173-176). Lettres diverses à Calvin, Bibliothèque publique et universitaire, Genève 1537-1564, l. 109, fol. 39-40.
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Guy Bedouelle
La Réforme anglicane s’est largement opérée par la liturgie, sous l’impulsion de Thomas Cranmer, nommé au siège de Cantorbéry dès 1532 par +HQU\9,,,TXLHQ¿WOHPDvWUHG¶°XYUHGHODWUDQVIRUPDWLRQGHO¶eJOLVHG¶$Qgleterre, dont l’un des instruments fut le Book of Common Prayer. Cette refonte de la liturgie des Heures, de la célébration eucharistique et autres cérémonies, fut publiée en 1549 et imposée par un Acte d’uniformité voté par le Parlement. Les critiques furent nombreuses de la part des théologiens protestants continentaux, alors en Angleterre comme Pierre Martyr Vermigli et Martin Bucer. Leurs remarques contribuèrent à l’élaboration du second Book of Common Prayer de 1552. La théologie de livre, à la fois missel et bréviaire, convenait à Jean Bellemain qui dédia, le 18 avril 1553, sa traduction au jeune roi Édouard, « defendeur de la foy, et, en terre, après Dieu, chef principal des (JOLVHVG¶$QJOHWHUUHHWG¶,UODQGHªFRPPHLOO¶DSSHOOHGDQVODVXVFULSWLRQGH la lettre-dédicace à sa transposition en français. Cette dédicace y voit en effet « que cette religion [anglicane] approche à plus près qu’il est possible de celle que Dieu meme institua en son Testament GHGHUQLHUHYRXORQWpHQWDQWTX¶HOOHVHUWEHDXFRXSjO¶HGL¿FDWLRQG¶XQFKDFXQ et à vraye intelligence de sainte parolle, qu’elle ne fait à externes ceremonies HWYDLQHVXSHUVWLWLRQª0HWWUHjGLVSRVLWLRQOHWH[WHIUDQoDLVGHFHWWHOLWXUJLH pGL¿HUDOHVYUDLVFKUpWLHQVHWSRXUUDFRQYDLQFUHFHX[TXLVRQWHQFRUHHQGXUFLV GDQVGH©JUDQVDEXVª Bellemain ne s’est permis aucun de ces changements qui seraient acceptables pour la traduction d’un texte profane mais, comme on fait pour l’ÉcriWXUH VDLQWH HOOHPrPH LO D SUpIpUp © WUDGXLUH ¿GHOHPHQW HW TXDVL PRW SRXU mot, suivant tousjours au plus pres qu’ay peu, l’intention de ceux qui l’ont PLVHQOXPLHUHª,OSUpFLVHDXVVLTX¶LOQ¶DSDVUHSURGXLWOHVWH[WHVGHVOHoRQV bibliques, indiquant les références et les quelques mots de l’incipit en franoDLV©VHORQOD%LEOHGHUQLHUHPHQWLPSULPpHj*HQqYHªGRQFSUREDEOHPHQW la révision, parue chez Crespin en 1551, de la Bible d’Olivétan. Cette traduction, dont Bellemain s’excuse auprès d’Édouard VI de l’avoir écrite dans la hâte – prémonitoire puisque le jeune Roi mourut le 8 juillet suivant –, est contenue dans les 119 folios du manuscrit, d’ailleurs non numérotés (la pagination a été ajoutée ensuite au crayon). La lettre dédicace est de l’écriture de Bellemain, comme les titres et les sous-titres.
4. 5. 6.
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E. C. WHITAKER, Martin Bucer and the Book of Common Prayer, Great Wakering 1974 ©$OFXLQ&OXE&ROOHFWLRQVª F. PROCTOR – W. H. FRERE, A New History of the Book of Common Prayer, Londres 1907, p. 66-85. Elle a été reproduite dans J. G. NICHOLS (éd.), The Literary Remains of King Edward VI, Londres 1857, I, cccxxxvi sq., et dans C. PARR, Œuvres spirituelles, p. 273-275.
La traduction française de la liturgie anglicane par Jean Bellemain
Le titre en est : « Livre des prieres ecclesiastiques et administration des Sacremens et autres Ceremonies et façon de faire dont on use en l’Eglise d’AnJOHWHUUHª/HFRQWHQXVHUpSDUWLWGHODPDQLqUHVXLYDQWH/HWWUHGpGLFDFHUo2vo7LWUHHWVRPPDLUHUo-vo3UpIDFHYo-6vo'HVFHUHPRQLHVSRXUTXR\ aucunes sont abolies et les autres reservées, 6vo-9ro/DWDEOHHWFDOHQGULHUVXLvant l’ordre des psalmes et l’oraison qu’on doit dire à matines et vespres tout au long de l’année…, 10ro-11ro/¶RUGUHFRPPHRQGRLWOLUHOHUHVWHGHODVDLQWH Ecriture sans le psautier, 11vo-12 ro3VDOPHVHW/HoRQVSURSUHVSRXUDXFXQHV festes et autres jours tant à Matines qu’à Vespres, 12 vo-21vo /¶(GLFW IDLFW pour l’uniformité des prieres ecclesiastiques et administration des sacremens, 21ro-24ro 6¶HQVXLW O¶RUGUH FRPPHQW HW HQ TXHO OLHX RQ GRLW GLUH 0DWLQHV HW Vespres, 24 vo-33vo/¶RUGUHGHV9HVSUHVSRXUWRXWHO¶DQQpHUo-37ro6¶HQVXLW la letanie qu’on doit dire aux dimanches, mercredis et vendredis et autres jours qui sont commandez par l’ordinaire, 37vo-43ro/HVRUDLVRQVHSLVWUHVHWHYDQgiles qu’on doit dire par toute l’année à la celebration de la Cene et sainte communion, 43vo-67ro /¶RUGUH SRXU O¶DGPLQLVWUDWLRQ GH OD &HQH HW VDLQWH communion du Seigneur, 67vo-84ro 'H O¶DGPLQLVWUDWLRQ GX EDSWHVPH GRQW on doit user en public qu’à part, 84vo-90ro&RQ¿UPDWLRQRHVWDXVVLFRQWHQX un Cathechisme pour les enfans, 90ro-99vo/DIRUPHGHFHOHEUHUOHPDULDJH 99vo-105 vo/¶RUGUHSRXUODYLVLWDFLRQGHVPDODGHVYo-111ro/¶RUGUHSRXU l’enterrement des mortz, 111ro-114 ro/HVPHQDVVHVTX¶RQIDLWDX[SHFKHXUV avec oraisons qu’on doit dire souvente fois en l’an, 114ro-119ro. Nous savons qu’une des dispositions les plus controversées du Book of Common Prayer de 1552 fut la Black Rubrick, qui y fut insérée sans que le Parlement en ait discuté. Elle concerne l’agenouillement prescrit après les paroles de la Cène sur le pain et le vin, et implique nécessairement une conception de la présence du Christ dans l’Eucharistie. Elle demandait dès lors une explication, fournie dans ce texte que Bellemain traduit ainsi : 7RXWHVIRLVDI¿QTXHSDUV¶DJHQRXLOOHURQQ¶LQWHUSUHWHDXWUHPHQWTXHQHO¶HQtendons, nous declarons qu’on ne veult pas dire par cela qu’on adore ou doive adorer le pain et le vin sacramentel qui y est reçu ou quelque reelle ou essentielle presence qui y soit du corps naturel et sang de Christ, car touchant les pains et vins sacramentaux, ilz demeurent en leur mesme naturelle substance et SRXUWDQWQHGRLYHQWHVWUHDGRUH]FDUVHVHURLWLGRODWULHTXHWRXV¿GHOHVGRLYHQW abhorrer, et touchant le corps et sang naturel de nostre sauveur Jesuschrist ilz sont au ciel et nompas icy car c’est encontre la verité du vray naturel corps de Christ qu’il fust en plus de places qu’une à la fois (fol. 83 vo-84ro).
3RXU GRQQHU XQH LGpH VXI¿VDPPHQW ODUJH PDLV KRPRJqQH GX WH[WH GH Bellemain, j’ai choisi de reproduire la partie concernant les oraisons du service de communion pour les dimanches, les fêtes du Christ, de la Vierge Marie et de certains saints. Elles sont une adaptation anglaise, et ici française, dans la belle langue de Bellemain, qui a réussi à garder la concision et la densité des
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oraisons du Missel romain, qui elles-mêmes ont été éditées critiquement. On pourra comparer le texte qui suit l’anglais mot à mot avec les paraphrases françaises que, treize ans plus tard, la dominicaine Anne de Marquets, moniale à Poissy, composa à la suite des poésies latines que Claude d’Espence publia en s’inspirant de ces textes liturgiques. Jean Bellemain contribuait ainsi, en artiste de la langue française et en théologien, à la mise en valeur de ce trésor de la tradition chrétienne. Mais sa traduction n’ayant eu aucune diffusion, ne IDOODLWLOSDVSUR¿WHUGHO¶RFFDVLRQG¶KRQRUHUXQDPLWHOTXH%HUQDUG5RXVVHO si proche des textes de cette époque, pour la faire connaître ? Les oraisons, espistres et evangiles qu’on doit dire par toute l’année à la celebration de la cene et sainte communion (fol. 43vo-67vo) 1 Avent Dieu tout puissant donne nous grace que puissions delaisser les œuvres de tenebres et nous armer du harnois de lumiere, et pendant que sommes en ce PRQGHDXTXHOWRQ¿OV-HVXVFKULVWQRXVYLVLWHHQJUDQGHKXPLOLWpDI¿QTX¶DX dernier jour, quand il viendra juger les vifz et les mortz, puissions resusciter en vie immortelle par luy qui vit et regne avec toy et le saint esprit, maintenant et à jamais. 2 Avent 26HLJQHXU'LHXTXLDFDXVpOHVVDLQWHVHVFULWXUHVHVWUHPLVHVHQOXPLHUHDI¿Q de nous apprendre, offres nous que les puissions tellement ouyr, lire, noter et apprendre et interieurement savourer, qu’en patience et par confort de la parolle puissions embrasser et tousjours tenir ferme la benoiste esperance de la vie eternelle, que tu nous as donnée en nostre Seigneur Jesus christ. 3 Avent O Seigneur nous te supplions prester l’oreille à noz oraisons et que ta visitation illumine l’obscurité de noz cueurs par nostre Seigneur Jesus christ. 4 Avent O Seigneur nous te prions, amene ton pouvoir, et viens entre nous autres : TXHWDJUDQGHSXLVVDQFHQRXVD\GHDI¿QTXHOjRQRXVVRPPHVHPSHVFKH] SDUQR]SHFKH]WDJUDFHHWPHUF\SDUODVDWLVIDFWLRQGHWRQ¿O]QRWUHVHLJQHXU nous puisse maintenant delivrer, auquel avec toy et le saint esprit soit honneur et gloire.
7. 8.
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P. BRUYLANTS, Les oraisons du missel romain. Texte et histoire, 2 vol., Louvain 1952. Collectarum ecclesiasticarum liber unus ad D. Margaritam christianissimi Regis sororem, per Claudium Espencaeum Parisiensem Theologum, apud viduam Guilelmi Morelli, Paris 1566. Voir G. BEDOUELLE, « La dominicaine Anne de Marquets et ses paraphrases OLWXUJLTXHVªArchivum Fratrum Praedicatorum 78 (2008), p. 309-336.
La traduction française de la liturgie anglicane par Jean Bellemain
Jour de Noël 'LHX WRXW SXLVVDQW TXL QRXV DV GRQQp WRQ VHXO ¿O] SRXU SUHQGUH QDWXUH humaine et, à tel jour qu’il est auiourdhuy, estre nay d’une pure vierge : ottroye nous qu’estant regenerez et faitz tes enfans par adoption et grace, puissions journellement estre renouvellez par ton saint esprit, en l’honneur de luy, nostre seigneur Jesuschrist qui vit et regne à touiours et à jamais. Amen. S. Étienne O Seigneur donne nous grace que puissions aymer nos ennemys par l’exemple de ton martyr saint Estienne, lequel prioit pour ses persecuteurs, qui vis et regnes etc. S. Jean l’Évangéliste O Dieu plein de misericorde nous te supplions d’espandre tes rayons de OXPLHUHGHVVXVWRQHJOLVHDI¿QTX¶HVWDQWLOOXPLQpVSDUODGRFWULQHGH-DQWRQ apostre et evangeliste, puisse obtenir tes dons eternelz, par Jesuschrist nostre seigneur. Amen. Innocents Dieu tout puissant duquel les Innocens ont auiourdhuy confessé et annoncé ODORXDQJHQRQSDUSDUROOHVPDLVHQPRXUDQWPRUWL¿HQR]SHFKH]HQQRXV DI¿QTXHSDUFXHXUVQRVWUHYLHSXLVVHGHFODUHUODIR\TX¶DYRQVHQWR\ODTXHOOH confessons de bouche par Jesuschrist nostre seigneur. Amen. Le dimanche après Noël Dieu tout puissant qui nous as donné etc comme au jour de Noel. Au premier jour de l’an 'LHX WRXW SXLVVDQW TXL IDLV FLUFRQFLU WRQ FKHU ¿O] HW OH UHQGV REHLVVDQW en la loy pour l’amour du genre humain : donne nous la circoncision de ton HVSULWDI¿QTXHQR]FXHXUVHWPHPEUHVHVWDQVPRUWL¿H]GHWRXVSODLVLUVPRQGDLQVSXLVVHQWHQWRXWHVFKRVHVREHLUjWRQVDLQWYRXORLUSDULFHOX\WRQ¿O] Jesuschrist nostre seigneur. Épiphanie 2'LHXTXLSDUODFRQGXLWHGHO¶HVWRLOOHPDQLIHVWDLVWRQVHXO¿O]DX[JHQtilz : ottroye nous qu’ayant maintenant par foy congnoissance de toy, puissions après nostre vie mortelle avoir fruition de ta glorieuse divinité par Jesuschrist nostre seigneur. 1 Épiphanie O Seigneur nous te supplions que reçoive en pitié les prieres de ton peuple qui t’appelle, et permetz qu’il puisse apercevoir et congnoistre quelle chose il GRLWIDLUHDYHFSRXYRLUHWJUDFHGH¿GHOHPHQWO¶DFFRPSOLU$PHQ 2 Épiphanie O tout puissant Dieu eternel qui gouvernes toutes choses au ciel et en la terre : escoute les requestes de ton peuple et nous donne la paix pour tousjours. 311
Guy Bedouelle
3 Épiphanie 7RXW SXLVVDQW 'LHX HWHUQHO UHJDUGH HQ SLWLp QR] LQ¿UPLWH] HW HQ WRXV dangers et necessitez, estens ta main droite pour nous ayder et deffendre par Jesuschrist nostre sauveur. 4 Épiphanie O Dieu qui congnois que sommes au milieu d’un si grand peril, et qu’à cause de la fragilité de l’homme ne sçaurions tousjours cheminer droit, donne QRXVVDQWpGHFRUSVHWG¶DPHDI¿QTXHWRXWHFKRVHTXHQRXVVRXIIURQVSRXU noz pechez, nous les puissions par ton ayde surmonter, par Jesuschrist nostre seigneur. 5 Épiphanie O Seigneur nous te supplions de tousjours preserver ton eglise et famille HQODYUD\HUHOLJLRQDI¿QTXHFHX[TXLVHXOHPHQWV¶DSSXLHQWVXUO¶HVSHUDQFH de ta grace celeste par ton puissant pouvoir puissent touiours estre deffendus par Jesuschrist nostre seigneur. Septuagésime O Seigneur nous te prions de benignement recevoir les oraisons de ton SHXSOHDI¿QTXHQRXVTXLVRPPHVjERQGURLWSXQLVSRXUQR]RIIHQVHVSXLVsions par la bonté et gloire de de ton nom estre delivrez par Jesuschrist nostre sauveur qui vit et regne etc. Sexagésime 6HLJQHXU'LHXTXLYR\VTXHQRXVQHQRXV¿RQVHQFKRVHTXHIDLVRQVIDLV que par ton pouvoir puissions est deffendus de toute adversité par Jesuschrist nostre seigneur. Quinquagésime O Dieu, qui nous as enseigné que toutes nos œuvres, sans charité, ne vallent rien, envoye ton saint esprit et espends en noz cueurs le tres excellent don de charité, vray lien de paix et de toutes vertus sans lequel quiconque vit, est comme mort devant tes yeux, donne nous le donc, o Seigneur, pour O¶DPRXUGHWRQVHXO¿O]-HVXVFKULVW Premier jour de Carême Tout puissant Dieu eternel qui ne hays rien qu’ays fait et pardonne les SHFKH]DX[SHQLWHQVIDLVTXHD\RQVFXHXUUHSHQWDQWDI¿QTX¶HQODPHQWDQWQR] pechez, et congnoissans nos miseres puissions obtenir de toy, o Dieu de pitié, remission et pardon de noz pechez par Jesuschrist nostre seigneur. 1 Carême O Seigneur qui pour l’amour de nous jeunas quarante jours et quarante nuitz : donne nous grace de faire telle abstinence qu’ayant asserviets [?] nostre chair à l’esprit, puissions tousjours obeir à tes inspirations en toute justice et vraye sainteté à ton honneur et gloire qui vis et regnes etc. 312
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2 Carême Dieu tout puissant qui voys bien que de nousmesmes n’avons pouvoir de QRXVD\GHUJDUGHWDQWQR]FRUSVTXHQR]DPHVDI¿QTXHSXLVVLRQVHVWUHSUHservez de toutes adversitez qui peuvent survenir aux corps, et de toutes mauvaises pensées qui peuvent affaiblir et blesser l’ame, par Jesuschrist nostre seigneur. 3 Carême O Seigneur Dieu tout puissant nous te supplions regarde le vray desir de tes humbles serviteurs, estend la main droite de ta majesté pour servir de defence à l’encontre de nos ennemys par Jesuschrist nostre seigneur etc. 4 Carême O Dieu tout puissant, fais que nous qui, pour nosz mesfaits sommes à bon droit punis, puissions par le confort de ta grace estre relevez par nostre seigneur Jesuschrist. 5 Carême O Dieu tout puissant nous te supplions que regardes ton peuple en pitié DI¿QTXHSDUWDJUDQGHERQWpOHXUVFRUSVHWDPHVSXLVVHQWHVWUHWRXLRXUVJRXvernez et preservez par Jesuschrist nostre seigneur. Dimanche de devant Pâques O tout puissant Dieu eternel, qui pour la grand amour que portes à l’homme as envoyé nostre seigneur Jesuschrist prendre chair humaine et souffrir mort HQODFURL[DI¿QTXHWRXWJHQUHKXPDLQVXLYLVVHO¶H[HPSOHGHVDJUDQGHKXPLlité : ottroys nous que puissions suivre l’exemple de sa passion et estre faitz participans de sa resurrection par iceluy Jesuschrist etc. Trois oraisons du Vendredi saint Dieu tout puissant nous te supplions de benignement regarder ta famille pour laquelle nostre seigneur Jesuschrist fut content d’estre trahi et mis entre les mains des meschans en souffrant mort sur la croix, qui vit et regne etc. Tout puissant Dieu eternel par l’esprit duquel le corps universel de l’eglise HVWJRXYHUQpHWVDQWL¿pUHoR\QRVSULHUHVHWRUDLVRQVTXHQRXVW¶RIIURQVSRXU WRXWHVVRUWHVGHJHQVHQWDVDLQWHFRQJUHJDWLRQDI¿QTXHFKDFXQHQSDUWLFXlier selon sa vocation et ministere puisse servir en toute verité et sainteté par nostre seigneur Jesuschrist. O Dieu misericors qui as creé tout homme et ne hayt rien qu’ayes fait ny ne veux la mort du pecheur mais plustot qu’il se convertisse et vive, ayez pitié GHWRXV-XLI]7XUF],Q¿GHOHVHWKHUHWLTXHVHWOHXURVWHWRXWHLJQRUDQFHGXUHWp de cueur et nonchallance de ta parolle et les amene à ton trouppeau tellement qu’ils puissent estre sauvez avec le reste des vrays Israelites et estre faits un mesme trouppeau sous un mesme berger Jesuschrist notre seigneur qui vit et regne etc.
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Au jour de Pâques 'LHX WRXW SXLVVDQW TXL SDU WRQ VHXO ¿O] -HVXVFKULVW DV VXUPRQWp OD PRUW et nous as ouvert l’entrée à vie eternelle : nous te supplions treshumblement qu’ainsy que par ta grace especiale nous prevenant, tu inspires en noz entendemens bonnes et saintes affections, qu’ainsy par ton ayde continuelle puissions mettre icelles en effort, par Jesuschrist nostre seigneur, qui vit et regne etc. Lundi de Pâques 'LHXWRXWSXLVVDQWTXLSDUWRQVHXO¿O]-HVXVFKULVWDVVXUPRQWpODPRUW et nous as ouvert l’entrée à vie eternelle : nous te supplions treshumblement qu’ainsy que par ta grace especiale en nous prevenant, tu inspires en noz entendemens bonnes et saintes affections que par ton ayde continuelle puissions mettre nous en effect par Jesuschrist nostre seigneur. Mardi de Pâques 23HUHWRXWSXLVVDQWTXLDVHQYR\pWRQVHXO¿O]PRXULUSRXUQR]SHFKH] HWUHVXVFLWHUSRXUQRVWUHMXVWL¿FDWLRQRWWUR\VQRXVTXHWHOOHPHQWSXLVVLRQV delaisser le levain du malin et manifester que te servions tousjours en verité et pureté de vie par Jesuschrist nostre seigneur qui vit et regne etc. 1 Pâques O Dieu tout puissant etc comme à la communion du jour de pasques. 2 Pâques 2'LHXWRXWSXLVVDQWTXLQRXVDVGRQQpWRQEHQRLVW¿O]WDQWSRXUVDFUL¿FH de noz pechez que pour exemple de bien vivre : donne nous grace que puisVLRQVWRXVMRXUVUHFHYRLUFHVWX\VLHQLQHVWLPDEOHEHQH¿FHHWTXHSDUO¶H[HPSOH de sainte vie facions nostre devoir de le suivre. 3 Pâques Dieu tout puissant qui monstres à ceux qui sont en erreur la lumiere de WD YHULWp DI¿Q TX¶LOV SXLVVHQW UHWRXUQHU HQ OD YR\H GH MXVWLFH GRQQH JUDFH à tous ceux qui sont admis en la compagnie de la religion du Christ, qu’ilz puissent fuir les choses qui sont contraires à leur profession et suivre celles qui accordent à icelle par nostre Seigneur Jesuschrist. 4 Pâques 'LHX WRXW SXLVVDQW TXL IDLV TXH OHV FXHXUV GHV ¿GHOHV VRQW G¶XQ PHVPH vouloir, ottroye à ton peuple qu’il puisse aymer la chose que tu commandes HWGHVLUHUFHTXHWXSURPHW]DI¿QTX¶HQWUHWDQWGHFKDQJHPHQVGHFHPRQGH QR] FXHXUV SXLVVHQW HVWUH VHXUHPHQW ¿[H] Oj R RQ WURXYH SDUIDLWH MR\H SDU Jesuschrist nostre seigneur qui vit et regne etc.
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5 Pâques O Seigneur duquel toute bonne chose procede, ottroye nous, tes humbles serviteurs, que par ta sainte Inspiration puissions penser aux choses qui sont bonnes, et en nous guidant les puissions accomplir par Jesuschrist nostre seigneur qui vit et regne etc. Ascension 2WWUR\H QRXV R 'LHX SXLVVDQW TX¶DLQV\ TXH QRXV FUR\RQV WRQ VHXO ¿O] nostre Seigneur estre monté au ciel, que puissions pareillement en cueur et en esprit y monter et avec luy continuellement demourer. Amen. Dimanche après l’Ascension 2'LHXUR\GHJORLUHTXLDVH[DOWpWRQVHXO¿O]-HVXVFKULVWMXVTXHDXFLHOHQ grand triumphe nous te supplions ne nous laisser sans aucune sainte consolation mais donnes nous ton saint esprit pour nous conforter et exalter jusques au lieu où nostre seigneur Jesuschrist est monté, qui vis et regne lassus au siecle des siecles. Pentecôte O Dieu qui à tel jour qu’auiourdhuy as instruit les cueurs de ton peuple ¿GHOHHQWDQWTXHOHXUHQYR\DVODOXPLHUHGHWRQVDLQWHVSULWRWWUR\VQRXV qui par celuy mesme esprit avons vray jugement en toutes choses, et nous resjouissions tousjours en sa sainte consolation, par les merites de Jesuschrist nostre sauveur, qui vit et regne en l’unité d’iceluy esprit de Dieu a tout jamais. Lundi O Dieu qui à tel jour qu’aujourd’huy etc comme au jour de la Pentecoste. Mardi O Dieu qui à tel jour etc comme au jour de la Pentecoste. Trinité Tout puissant Dieu eternel qui par la confession de vraye foy donnes à nous tes serviteurs grace de congnoistre la gloire de la trinité eternelle et en pouvoir de la divine majesté, honorer l’unité, nous te supplions que par la fermité d’icelle foy nous puissions tousjours estre deffendus de toute adversité, qui vis et regnes à jamais. 1 Trinité 2'LHXTXLHVODIRUFHGHWRXVFHX[TXLVH¿HQWHQWR\DFFHSWHQRVSULHUHV en pitié : et pour ce que la foiblesse de nostre nature mortelle ne peut rien IDLUHGHERQVDQVWR\GRQQHQRXVO¶D\GHGHWDJUDFHDI¿QTX¶HQJDUGDQWWHV commandemens nous te puissions complaire tant en penser qu’en fait, par Jesuschrist etc.
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2 Trinité O Seigneur fais nous avoir perpetuelle crainte et amour en ton saint nom car tu ne faux jamais gouverner ceux que tu nourris en ferme amour, ce dont nous te supplions en l’honneur de nostre seigneur Jesuschrist. 3 Trinité O Seigneur nous te supplions de nous ouyr en pitié et amour, à qui tu as donné ardant desir de te prier, ottroys que par ton ayde ilz puissent estre deffendus par Jesuschrist nostre seigneur. 4 Trinité 'LHXSURWHFWHXUGHWRXVFHX[TXLVH¿HQWHQWR\VDQVOHTXHOULHQQ¶HVWIRUW Q\VDQFWL¿pDFUUR\VHWPXOWLSOLHWDPHUF\HQQRXVDI¿QTX¶HVWDQWQRVWUHJRXYHUQHXUHWJXLGHSXLVVLRQVWHOOHPHQWSDVVHUFHVFKRVHVWHPSRUHOOHVTX¶HQ¿Q ne perdions les eternelles. O Pere celeste nous te supplions en l’honneur de nostre seigneur Jesuschrist. 5 Trinité O Seigneur nous te supplions que le discours de ce monde soit par ton gouvernement si paisiblement reglé que ta congregation se puisse former joyeusement en tout repos et sainteté par Jesuschrist nostre seigneur. 6 Trinité O Dieu, qui a preparé à ceux qui t’ayment, choses si bonnes et grandes qu’elles passent l’entendement humain, espands en nos cueurs telle amour envers toy, que, t’aymant en toutes choses, puissions obtenir les promesses qui excedent tout ce que nous pourrions souhaiter par Jesuschrist nostre seigneur etc. 7 Trinité O Seigneur de toute force et puissance qui est autheur et donneur de toutes bonnes choses, ente l’amour de ton nom en noz cueurs, augmente vraye religion en nous, nourris nous en la bonté, et par ta mercy garde nous en icelle. 8 Trinité O Dieu duquel la providence n’est jamais derous nous te supplions humblement que veuilles oster de entre nous toutes choses dangereuses et donner FHOOHVTXLQRXVVRQWSURXI¿WDEOHVSDU-HVXVFKULVWQRVWUHVHLJQHXU 9 Trinité O Seigneur Dieu nous te prions que nous donnes l’entendement de penser HWGHWRXVMRXUVIDLUHFKRVHVTXLVRLHQWMXVWHVDI¿QTXHQRXVTXLQHSRYRQVVDQV toy, puissions vivre selon ton vouloir, par Jesuschrist nostre seigneur. 10 Trinité O Seigneur que tes pitoyables oreilles soyent ouvertes aux prieres de tes KXPEOHV VHUYLWHXUV HW DI¿Q TX¶LO] SXLVVHQW REWHQLU OHXU GHPDQGH IDLV OHXU demander choses qui te plaisent, par Jesuschrist nostre seigneur. 316
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11 Trinité O Dieu qui declares ton puissant pouvoir principalement en monstrant ta PHUF\HWSLWLpGRQQHQRXVWDJUDFHDERQGDPPHQWDI¿QTXHVXLYDQWWHVSURmesses puissions estre faits participans de ton tresor celeste, par Jesuschrist nostre seigneur. 12 Trinité Tout puissant Dieu eternel qui es tousjours plus prest d’ouyr que nous de prier et accoustumer de donner plus que ne sçaurions desirer ne deservir espand sur nous l’habondance de ta mercy, nous pardonnans le remors de noz consciences, en nous donnant ce que nostre priere ne s’ose ingerer te demander par Jesuschrist nostre seigneur etc. 13 Trinité Dieu tout puissant et misericors par le seul don duquel advient que ton SHXSOH¿GHOHVHIDLWOR\DOHWORXDEOHVHUYLFHQRXVWHVXSSOLRQVWHOOHPHQWVXLYUH WHV SURPHVVHV FHOHVWHV TXH ¿QDEOHPHQW QH IDLOOLURQV GH OHV DWWHLQGUH SDU Jesuschrist nostre sauveur etc. 14 Trinité Tout puissant Dieu eternel donne nous accroyssement de foy, esperance et FKDULWpHWDI¿QTXHSXLVVLRQVREWHQLUFHTXHWXSURPHW]IDLVQRXVD\PHUFH que tu comandes par Jesuschrist nostre seigneur. 15 Trinité O Seigneur nous te supplions que par ta misericorde preserver ton eglise et pour autant que la fragilité de l’homme, sans ton ayde, ne peut de soymesmes sinon tomber, preserve nous tousjours par ton ayde et QRXVFRQGXLVHQWRXWHVFKRVHVSURXI¿WDEOHVjQRVWUHVDOYDWLRQSDU-HVXVFKULVW nostre seigneur. 16 Trinité Seigneur nous te supplions que ta pitié continuelle defende et nettoye ta congregation et pourtant qu’elle ne sçauroit estre à sauveté sans ton secours preserve la tousjours par ton ayde et bonté par Jesuschrist nostre seigneur. 17 Trinité O Seigneur nous te prions que ta grace soit tousjours avec nous et fais que continuellement soyons adonnez à bonnes œuvres par Jesuschrist nostre seigneur etc. 18 Trinité O Seigneur nous te supplions que donnes grace à ton peuple d’eschouer les LQIHFWLRQVGXGLDEOHHWWHVXLYHHQSXUHFRQ¿DQFHHWHVSULW2VHXO'LHXTXL UHJQHVVDQV¿Q$PHQ
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19 Trinité O Dieu, pourtant que sans ton ayde nous ne sçaurions te plaire, fais que l’operation de ta mercy puisse en toutes choses adresser et gouverner noz cueurs, par Jesuschrist nostre seigneur. 20 Trinité Tout puissant Dieu misericors, garde nous par la honte de toutes choses TXH QRXV SRYRQV PDO IDLUH DI¿Q TX¶HVWDQV SUHVWV WDQW OH FRUSV TXH O¶DPH puissions d’un vray cueur accomplir les choses que tu veux qu’on face par Jesuschrist nostre seigneur. 21 Trinité 26HLJQHXUPLVHULFRUVRWWUR\VSDUGRQHWSDL[jWRQSHXSOH¿GHOHDI¿QTX¶LO puisse estre nettoyé de ses pechez et te servir en repos d’esprit, par Jesuschrist nostre seigneur. 22 Trinité O Seigneur nous te supplions de garder ton eglise en continuelle sainWHWpDI¿QTXHSDUWDSURWHFWLRQHOOHSXLVVHHVWUHGHOLYUpHGHWRXWHVDGYHUVLWH] et devotement adonnée à te servir en bonnes œuvres à la gloire de ton nom par Jesuschrist nostre seigneur. 23 Trinité O Dieu nostre force et refuge, qui est autheur de toute sainteté, sois prest d’ouyr les devotes prieres de ton eglise et permetz que les choses que demanGRQV ¿GHOHPHQW QRXV OHV SXLVVLRQV REWHQLU HIIHFWXHOOHPHQW SDU -HVXVFKULVW nostre seigneur. 24 Trinité Seigneur nous te supplions que veuilles absoudre ton peuple de leurs SHFKH]DI¿QTXHSDUWDERQWpSXLVVLRQVHVWUHGHOLYUH]GHVOLHQVG¶LFHX[OHVquelz par nostre fragilité avons comis. Ce dont te supplions en l’honneur de nostre seigneur Jesuschrist. 25 Trinité 26HLJQHXU'LHXHVOHYHOHYRXORLUGHWRQSHXSOH¿GHOHDI¿QTXHSURGXLsant en toute abondance le fruit de bonnes œuvres, il puisse [recevoir] de toy abondamment recompense par Jesuschrist nostre seigneur. S. André Dieu tout puissant qui donnas telle grace à ton apostre saint andry qu’il REHLWSURPSWHPHQWTXDQGWRQ¿O]-HVXVFKULVWO¶DSSHOODHWOHVXLYLWLQFRQWLQHQW ottroy nous qu’estans appelez par ta parolle, puissions promptement en toute obeissance nous adonner à suivre tes commandemens par Jesuschrist nostre seigneur.
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S. Thomas l’apôtre 7RXWSXLVVDQW'LHXHWHUQHOTXLSRXUSOXVJUDQGHFRQ¿UPDWLRQGHIR\VRXIULVWRQVDLQWDSRVWUH7KRPDVGRXWDGHODUHVXUUHFWLRQGHWRQ¿O]RWWUR\VQRXV TXHSDUIDLWHPHQWHWVDQVGRXWHSXLVVLRQVFURLUHHQWRQ¿O]-HVXVFKULVWDXTXHO avec toy et le saint esprit sont tout honneur et gloire a jamais. Conversion de saint Paul O Dieu qui as instruit tout le monde par la predication de ton apostre saint Paul nous te supplions que nous, qui avons sa merveilleuse conversion en souvenance, puissions suivre et accomplir ta sainte doctrine qu’il a enseignée par Jesuschrist nostre seigneur. 3XUL¿FDWLRQGHOD9LHUJH0DULH Tout puissant Dieu eternel nous supplions treshumblement ta majesté que WRXWDLQV\TXHFHMRXUF\WRQVHXO¿O]IXWSUHVHQWpDXWHPSOHHQODVXEVWDQFH de nostre chair fais que pareillement nous te soyons presentez en pure et nette FRQ¿DQFHSDU-HVXVFKULVWQRVWUHVHLJQHXU$PHQ S. Mathias Dieu tout puissant qui au lieu du traistre Judas choisit Mathias ton serviWHXU¿GHOHSRXUHVWUHGXQRPEUHGHVGRX]HDSRVWUHVIDLVTXHWRQHJOLVHHVWDQW tousjours preservée de faux prophetes puisse estre gouvernée par loyaux et ¿GHOHVSDVWHXUVSDU-HVXVFKULVWQRVWUHVHLJQHXU Annonciation Nous te supplions o Seigneur de respandre ta grace en noz cueurs et TX¶DLQV\TXHSDUOHPHVVDJHG¶XQDQJHDYRQVFRQJQHXO¶LQFDUQDWLRQGHWRQ¿O] Jesuschrist, ainsy par sa croix et passion puissions estre menez en la gloire de sa resurrection par iceluy Jesuschrist nostre seigneur Amen. S. Marc Dieu tout puissant qui as instruit la sainte eglise par la doctrine de saint marc ton evangeliste, donne nous grace que par ton saint evangile soyons tellement establis que ne soyons comme enfans emportez par chacun tourbillon de mauvaise doctrine par Jesuschrist nostre seigneur. SS. Philippe et Jacques Dieu tout puissant lequel parfaitement congnoistre est vie eternelle fais TXHSDUIDLWHPHQWFRQJQRLVVLRQVWRQ¿O]-HVXVFKULVWHVWUHODYR\HYHULWpHWYLH ainsy que tu as enseigné à saint philippe et autres tes apostres par Jesuschrist nostre seigneur Amen. S. Barnabé Seigneur Dieu tout puissant qui as doné ton saint apostre barnabé d’excellens dons de ton saint esprit : fais que ne soyons destituez de la diversité de WHVGRQVQ\DXVV\GHJUDFHDI¿QG¶HQXVHUWRXVMRXUVjWRQKRQQHXUHWJORLUHSDU Jesuschrist nostre seigneur. 319
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S. Jean-Baptiste Dieu tout puissant par la providence duquel ton serviteur Jan baptiste QDTXLW PHUYHLOOHXVHPHQW HW IXW HQYR\p SUHSDUHU OD YR\H GH WRQ ¿O] QRVWUH sauveur en preschant penitence, fais que tellement suivions sa doctrine et sainte vie que puissions vrayment nous repentir selon sa doctrine et selon son exemple, constamment dire verité hardiment, reprendre les vices et patiemment souffrir en maintenant verité par Jesuschrist nostre seigneur Amen. S. Pierre 'LHXWRXWSXLVVDQWTXLSDUWRQ¿O]-HVXVFKULVWDVGRQQpSOXVLHXUVH[FHOOHQV dons à ton apostre saint Pierre et luy as enchargé expressement de paistre ton trouppeau, nous te supplions fais que tous evesques et pasteurs preschent GLOLJHPPHQWODSDUROOHHWTXHOHSHXSOHODVXLYHHQWRXWHREHGLHQFHDI¿QTX¶LO puisse recevoir la couronne de gloire eternelle par Jesuschrist nostre seigneur. S. Jacques l’apôtre O Dieu misericors ottroye nous que tout ainsy que ton benoist apostre jacques laissant son pere et tout ce qu’il avoit sans aucun delay fut obedient TXDQGWRQ¿O]-HVXVFKULVWO¶DSSHOODHWOHVXLYLWLQFRQWLQHQWDLQV\TXHGHODLVsant toutes mondanités et charnelles affections puissions tousjours estre prests de suivre tes commandemens par Jesuschrist nostre seigneur etc. S. Barthélemy O tout puissant Dieu eternel qui as donné [à] ton apostre barthelemy de veritablement croire et prescher ta parolle, nous te supplions fais que ton eglise ayme ce qu’il croyoit et presche ce qu’il enseignoit par Jesuschrist nostre seigneur. S. Matthieu 'LHXWRXWSXLVVDQWTXLSDUWRQEHQRLVW¿O]DSSHOOD0DWKLHXG¶HQWUHOHVXVXriers pour estre apostre et evangeliste, donne nous grace que delaissions toute DYDULFHHWGHVRUGRQQpDPRXUGHULFKHVVHHWVXLYLRQVWRQ¿O]-HVXVFKULVWTXL YLWHWUHJQHVDQV¿Q S. Michel et tous les anges Dieu eternel qui as ordonné et constitué le service de tous anges et hommes en merveilleux ordre, ottroye nous par ta mercy que ceux qui te servent au ciel puissent en terre par ton ordonnance nous secourir et deffendre par Jesuschrist nostre seigneur. S. Luc Dieu tout puissant qui appelles Luc le medecin (qui est loué en l’evangile) pour estre medecin de l’ame plaist toy par tes saintes medecines de ta sainte GRFWULQHJXHULUWRXWHVOHVPDODGLHVGHQR]DPHVSDUWRQ¿O]-HVXVFKULVWQRVWUH seigneur.
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La traduction française de la liturgie anglicane par Jean Bellemain
SS. Simon et Jude 'LHX WRXW SXLVVDQW TXL DV HGL¿p WD FRQJUHJDWLRQ VXU OH IRQGHPHQW GHV apostres et prophetes, Jesuschrist estant le chef et pierre angulaire, fais que par leur doctrine soyons tellement jointz ensemble en saint esprit que puissions estre faitz un saint temple qui te soit acceptable par Jesuschrist nostre VHLJQHXUTXLYLWHWUHJQHVDQV¿Q Toussaint Dieu tout puissant qui as conjoint tes esleus en une communion et compaJQLHDXFRUSVPLVWLTXHGHWRQ¿O]-HVXVFKULVWGRQQHQRXVJUDFHGHWHOOHPHQW suivre tes saints en toute vertu et sainteté de vie que puissions parvenir à l’immortelle joye que tu as preparée pour tous ceux qui t’ayment sans feinte par Jesuschrist nostre seigneur.
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UNE CÈNE INCONNUE : MORCEAU CHOISI DE LA LITURGIE BERNOISE EN VERSION FRANÇAISE (1537)
Marianne CARBONNIER-BURKARD Institut protestant de théologie, Faculté de Paris
La maniere, ordre &/ fasson G¶HVSRXVHU FRQ¿UPHUOHVPDULDJHVGHYDQWODFRPSDLJQLHHWDVVHPEOHHGHV¿GHOHV Aussy de bayller/ les Sacremens du Baptesme, et/ de la saincte Cene de nostre/ Seigneur Jesus Christ. En/semble des autres Cere/moniez, selon la parol/le de nostre seigneur/ observee & usi/sitee [usitee] aux/ Eglises qui sont/ es pays et Seignouries/ de Berne. Imprimé à Genève, par Wigant Köln allemant. L’an 1537.
En découvrant par hasard cet imprimé inconnu, serré depuis cent cinquante-cinq ans à la bibliothèque municipale de Châteauroux, resurgi grâce au plan de numérisation des fonds anciens porté par le CESER, j’ai aussitôt pensé à Bernard Roussel, passionné chasseur de textes et exégète des sources GHVPLOLHX[©pYDQJpOLTXHVªUpIRUPDWHXUVGX XVIe siècle : il s’agit là en effet d’un des tout premiers guides liturgiques réformés en français, traduit de la liturgie de Berne, publié en 1537 pour les nouvelles Églises du pays de Vaud, si proches de Genève. Mais j’ai plus encore pensé à lui en faisant connaissance avec le sympathique auteur de la préface de l’ouvrage : Johannes Rhellican, KXPDQLVWHKpEUDwVDQWHWKHOOpQLVWHSDVWHXUHWSURIHVVHXUj%HUQH TXLIXWHQ
1.
2.
À la Médiathèque de Châteauroux, le petit ouvrage fait partie d’une collection de livres reçue par legs d’un bibliophile genevois, Jean-Louis Bourdillon (1782-1856). – Le fac-similé de la Manière, ordre et fasson est accessible sur le site des Bibliothèques humanistes virtuelles >%+9@ZZZEYKXQLYWRXUVIU&RQVXOWLQGH[DVS"QXP¿FKH /¶pGLWLRQFRPSOqWHGHFH texte est en préparation. Dans la lettre-préface du livre, le nom du signataire est estropié par une coquille (reproduite dans une mention manuscrite sur une page de garde de la reliure « Jean Pellikan = Kürschner, DPLGH=ZLQJOLª G¶RXQHHUUHXUGDQVODQRWLFHELEOLRJUDSKLTXHLQLWLDOHVXUOHVLWHGHV%+9
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Marianne Carbonnier-Burkard
même temps un alpiniste, l’un des premiers à monter sur le Stockhorn des Alpes bernoises, en 1536, pour herboriser, composant au retour un poème didactique sur cette excursion. C’est donc un aperçu de cette liturgie transmise par Rhellican aux réformés francophones que je me propose de présenter ici, en guise d’hommage à notre collègue, en sélectionnant pour lui la partie sur la cène, au cœur de tant de ses recherches. Coena Rhellicani, pourrait-on dire – à défaut de la Gymnadenia Rhellicani ou Nigritelle de Rhellican, cette orchidée aux pétales de couleur grenat, exhalant un parfum de vanille chocolatée, que j’aurais voulu cueillir pour mon ami Bernard (mais n’est pas herborisateur des sommets qui veut). La Manière, ordre et fasson Le titre complet du petit ouvrage est presque une table des matières : La 0DQLqUH RUGUH HW IDVVRQ G¶HVSRXVHU HW FRQ¿UPHU OHV PDULDJHV >«@ $XVV\ de bayller les Sacremens du Baptesme, et de la saincte Cene […]. Ensemble des autres Ceremonie […]. On retrouve les éléments habituels des guides liturgiques évangéliques suisses (et strasbourgeois) depuis 1525 : mariage, EDSWrPHFqQHHW©DXWUHVFpUpPRQLHVªjVDYRLULFLODSULqUHDYDQWOHVHUPRQ OD YLVLWDWLRQ GHV PDODGHV O¶DQQRQFH GHV GpIXQWV j OD ¿Q GX VHUPRQ GHX[ prières pour avant et après le repas. Le tout en vingt feuillets dans un format petit in-8o (sign. A-B8, C4). Avant d’en venir au texte précis de la liturgie de la cène, situons le livre : son histoire et ses usages. Histoire du livre /D OHWWUH© SUpIDFH ª VLJQpH GH © -HKDQ 3HOOLFDQ > 5KHOOLFDQ@ QDWLI GH =XULFªHQGDWHGXVHSWHPEUH, tout à la fois éclaire les circonstances de l’édition et appelle des éclaircissements. -RKDQQHV0OOHURX GLW©5KHOOLFDQXVªRX©5KHOOLFDQHVª car originaire de Rellikon, petite bourgade du canton de Zurich, n’était pas un inconnu à l’époque : savant humaniste, il était proche ami de Caspar Megander (1495-1545), ce zurichois zwinglien à tous crins, professeur et pasteur de la FROOpJLDOHGH%HUQHGHSXLVLODYDLWVXLYLFHOXLFLj%HUQHHWRUJDQLVpXQH ©KDXWHpFROHªRLOHQVHLJQDLWIDLVDQWDXWRULWpHQPDWLqUHG¶pGLWLRQGHWH[WHV grecs ou latins.
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Joannis Rhellicani Stockhornias […], 1555 (voir Biographisch-bibliographisches Kirchenlexikon ZZZEDXW]GHEENO La Manière, ordre et fasson…, f. A2r-A3r. Quelques éléments de la biographie de Rhellican : de 1525 à 1528, il fut à Zurich, proche de Zwingli, Leo Jud et Caspar Megander. Il dut suivre Megander à Berne en janvier 1528 (dis-
Une cène inconnue : morceau choisi de la liturgie bernoise en version française
5KHOOLFDQV¶DGUHVVHDX[©IUHUHVSUHVFKHXUVªGHO¶eYDQJLOHGDQVOD©SURYLQFH HW FRQWUpH GH 6DYR\H ª © GH SUHVHQW >«@ VRXV OD SXLVVDQFH HW REHLVVDQFH GH 0HVVLHXUV GH %HUQH ª DXWUHPHQW GLW OH 3D\V GH 9DXG YDVWH WHUULWRLUH francophone conquis par Berne sur la Savoie entre janvier et mars 1536. Qui pWDLHQWFHV©SUHVFKHXUVª"¬FHWWHpSRTXHXQHSRLJQpHG¶KRPPHVG¶DQFLHQV religieux ou curés, souvent réfugiés de France, ou de jeunes recrues de Farel tel Pierre Viret, son plus proche disciple, devenu pasteur à Lausanne. La conquête des Bernois ouvrait aux nouveaux prédicateurs-pasteurs un vaste champ de mission dans ces terres catholiques mais travaillées par les ferments réformateurs depuis le passage de Berne à la Réforme en janvier 1528. Une © GLVSXWH ª YHQDLW G¶rWUH FRQYRTXpH SRXU OH erRFWREUH j /DXVDQQH D¿Q G¶RI¿FLDOLVHUOD5pIRUPHGDQVO¶HQVHPEOHGX3D\VGH9DXG(QDWWHQGDQWOD situation dans beaucoup de paroisses était confuse : là où la messe et les anciens rituels étaient supprimés, la manière de faire le prêche, la cène, les mariages, OHVEDSWrPHVpWDLWODLVVpHjO¶LQLWLDWLYHGHV©SUrFKHXUVª. Le Conseil et les pasteurs de Berne poussaient à l’uniformisation confessionnelle du territoire. C’est au nom de la paix voulue par le Christ, entretenue par une « conformité HWVLPLOLWXGHWDQWHQGLFW]TXHIDLFW]ªTXH5KHOOLFDQMXVWL¿HODGpPDUFKHGH Megander de communiquer aux pasteurs du Pays de Vaud le catéchisme et la liturgie de Berne. Après leur avoir envoyé sa traduction latine du catéchisme de Berne, de Megander, il leur adresse le 15 septembre 1536 sa traduction de la liturgie (aussi en latin).
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SXWHGH%HUQH HQWRXWFDVHQPDUVLORUJDQLVDj%HUQHXQHpFROHGHOHWWUHVHWG¶H[pgèse biblique, sur le modèle de celle de Zurich. Début 1538, après le départ de Megander HQFRQÀLWDYHFOHVDXWRULWpVGH%HUQHDXVXMHWGXFDWpFKLVPH LOUHWRXUQDj=XULFK,O¿QLW pasteur à Bienne, où il mourut en 1542 (Biographisch-bibliographisches Kirchenlexikon voir aussi la postface de Rhellican au plan général des études à l’École de Berne (1533), dans A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française, Genève 1866-1897, t. VI, p. 470-471). Voir H. VUILLEUMIER, Histoire de l’Eglise réformée du Pays de Vaud sous le régime bernois, La Concorde, Lausanne 1927, t. I, p. 132-148. Pour une perspective renouvelée de cette histoire, voir Michaël W. BRUENING, /H SUHPLHU FKDPS GH EDWDLOOH GX FDOYLQLVPH &RQÀLWV HW Réforme dans le Pays de Vaud, 1528-1559 (éd. originale en anglais, 2005), Lausanne, éditions Antipodes, 2011. ©«,ODDXVV\VHPEOHERQHWH[SHGLHQWj*0HJDQGHUTXHQRXV¿VVLRQVSDUWGHODIRUPHTXH tenons en espousant et en baillant et administrant les sacremens et sainctz signes et symboles. Par l’advis conseil et admonition duquel jay mis la main à la plume pour vous declarer, transODWHUHWLQWHUSUHWHUO¶RUGUHHWPDQLHUHGHQR]FHUHPRQLHVªLa manière, ordre et fasson…, f. A2r). ©«QRVWUH&DWHFKLVPHFHVWDG\UHLQVWLWXWLRQSRXUOHVHQIDQVªODWUDGXFWLRQODWLQHGX catéchisme en langue allemande de Megander (publié vers juin 1536, à Zurich, puis à Bâle), faite par Rhellican, a été publiée la même année à Bâle sous le titre : Catechismus, id est, Christiana juventutis institutio (renseignement aimablement communiqué par Reinhard Bodenmann que je remercie ici). Sur les avatars de ce catéchisme, voir R. HENRICH, « Ein Berner “Kunzechismus” von 1541. Bucers verloren geglaubte Bearbeitung des
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La liturgie de Berne en langue allemande était l’œuvre de Berchtold Haller († 1536) et Franz Kolb (†1535), les deux pasteurs de la collégiale, rédacteurs des thèses réformatrices zwingliennes de la Dispute de Berne (janvier 1528), qui s’étaient inspirés des modèles existants de Zurich et de Bâle. Elle avait d’abord eu la forme de deux cahiers séparés, le premier imprimé en février, l’autre, pour la cène, prêt en mars 1528. Ces formulaires liturgiques avaient été réunis et publiés en 1529, sous le titre Cancell unnd Agendbüchly der Kilchen zu Baern…. Dès le 31 mars 1528, les Bernois avaient envoyé leurs liturgies du baptême, de la cène et du mariage à Guillaume Farel, qu’ils avaient installé comme pasteur à Aigle, territoire francophone annexé par Berne un demi-siècle plus tôt : il s’agissait déjà d’uniformiser la pratique OLWXUJLTXH©pYDQJpOLTXHªSDUGHOjOHVGLIIpUHQFHVOLQJXLVWLTXHV. On ne sait comment Farel put s’approprier le texte allemand d’origine. Toujours est-il que dès 1529 le Dauphinois avait rédigé sa liturgie, adaptation libre, non pas traduction, de celle de Berne, et qu’après l’avoir fait circuler en copies
0HJDQGHUVFKHQ.DWHFKLVPXVªZwingliana 24 (1997), p. 81-94. À partir du latin, une traduction a été faite en français : Instruction observée par la ville, baillage et pais de Berne, >*HQqYH-HDQ*LUDUG@>"@VDQVH[HPSODLUHFRQVHUYpVRXVXQDXWUHWLWUHDYHFOHVPRGL¿FDWLRQVGH%XFHUExposition chrestienne des dix commandemens, des articles de la Foy, de l’oraison de nostre Seigneur, Reiglée et moderée selon la capacité et entendement des enfans, avec l’explication des sacremens… [Jean Girard, Genève] 1540. 9. Liturgie de Zurich (de Zwingli et Leo Jud) : Ordnung der christenlichenn Kilchenn zuo Zürich Kinder zetouffen, die Ee zebestäten, die Predig anzefahen und zuo enden, Gedächtnus der Abgestorbnen, das Nachtmal Christi zuo begon, Zurich, Christoph Froschauer [1525], 8o I H[HPSODLUH QXPpULVp VXU OH VLWH HUDUDFK /LWXUJLH GH %kOH G¶2HFRODPSDGH Form und gstalt wie der kinder tauff, Des Herren Nachtmal, und der Krancken heymsuchung/ jetzt zu Basel von etlichen Predicanten gehalten werden [Thomas Wolff, Bâle] 1526. 8o, 31 f. VXU HUDUDFK ± 6XU OD OLWXUJLH GH %HUQH YRLU 0JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes bei der elsässischen und schweizerischen Reformatoren, Zwingli Verlag, Zurich 1968, p. 89-94, et A. EHRENSPERGER, « Der Gottesdienst in Bern Stadt und /DQG LP XQG -DKUKXQGHUW ª ZZZOLWXUJLHNRPPLVVLRQFK2ULHQWLHUXQJ,,,B)BB %HUQB-K 10. Autre impression à Zurich, en mars 1529, sous le titre : Ordnung und Satzung dess Eegrichts, straff dess Eebruchs und der Hury zue Bernn.Ouch form und gestalt der Eelüten ynfurung, dess Touffs unnd Herren Nachmal, wie es ze Bernn gebrucht wirdt. [Zurich, Froschauer, 8 mars 1529]. Ce titre place en priorité l’institution d’un tribunal matrimonial (copié de celui de Zürich), précédant le cérémonial du mariage. 11. Cf. la lettre de MM. de Berne à Felix de Diesbach, lieutenant à Aigle, du 31 mars 1528 : “Voulons aussy que… ils toutellement vivent comme nous, touchant la foy evangelique, et obeissant aux prescheurs que leur monstrent les vrays chemins de la vie eternelle. Touchant OHVEDSWHVPHVVDFUDPHQWGHODWDEOHGHQRVWUH6HLJQHXUHWFRQ¿UPDWLRQGHVPDULDJHVYRXlons qu’ilz l’observent comme nous. Des quelles choses leur envoyons instruction seellée” (A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs, II, p. 130). 12. Il est possible que le formulaire pour la cène reçu de Berne par Farel en mars 1528 ait été un peu différent de celui publié en mars 1529 (voir M. JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes, p. 90, 92, 96-99).
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manuscrites pendant quelques annéesLOOD¿WLPSULPHUHQj1HXFKkWHO par Pierre de Vingle, sous le titre : La Manière et fasson qu’on tient en baillant le sainct baptesme…. Une liturgie en français dérivée de celle de Berne existait donc déjà, utilisée dans les nouvelles Eglises de Neuchâtel, de Morat HWDXWUHVEDLOOLDJHVFRPPXQVj%HUQHHW)ULERXUJ©pYDQJpOLVpVªSDU)DUHO et les prédicateurs proches de lui. Mais en 1536, après la conquête du Pays GH9DXGOHV%HUQRLVHQWHQGDLHQWSDWURQQHURI¿FLHOOHPHQWXQHOLWXUJLHTXLIW celle de Berne. Non pas que ceux-ci aient voulu imposer des formulaires rituels intangibles, traduits mot à mot depuis l’allemand. D’après sa lettre-préface, Rhellican explique qu’il n’a pas simplement traduit le texte allemand d’origine, mais qu’il l’a abrégé, certainement avec l’aval de Megander : « J’ay seulement touché HWSRXUVXLY\OHVSRLQW]SULQFLSDXO[ª$MRXWDQWTXHFKDTXHSDVWHXUHVWOLEUH G¶DMRXWHUGHVSDUROHV©W\UHHVGHVVDLQFWHVHVFULSWXUHVªRXG¶DEUpJHUHQFRUH OHWH[WHVHORQO¶XWLOLWpGHVRQ(JOLVHODVHXOHQRUPHpWDQWO¶©HGL¿FDWLRQª.
13. Par la postface à sa réédition du Summaire de 1542, on sait que Farel s’était acquitté de cette tâche dès avant la parution de l’édition princeps (à ce jour inconnue) de son Summaire (Lyon 1529) : voir R. BODENMANN, « Les vaudois et la production du livre évangélique franoDLV ªGDQVLibri, biblioteche e cultura nelle Valli valdesi in età moderna. Atti del XLIV Convegno di Studi sulla Riforma e sui movimenti religiosi in Italia, Torre Pellice, 28-29 agosto 2004, éd. M. FRATINI, Turin 2006, p. 21-59. – En août 1530, le prédicant Jacob Würben, à Erguel, alla deux fois à Morat (chez Farel) pour « faire écrire en français les livres sur la cène du Seigneur et sur le baptême des enfants, lesquels livres furent envoyés DX[SUpGLFDQWVGHODYDOOpH>G¶(UJXHO@ªGuillaume Farel, 1489-1565. Biographie nouvelle, Neuchâtel 1930, p. 200, 282). Il s’agissait sans doute de copier la liturgie (manuscrite) de Farel. 14. La maniere et fasson qu’on tient en baillant le sainct baptesme en la saincte congregation de Dieu : et en espousant ceulx qui viennent au sainct mariage, et à la saincte Cene de nostre seigneur, es lieux lesquelz Dieu de sa grace a visité, faisant que selon sa saincte parolle ce qu’il a deffendu en son eglise soit rejecté, et ce qu’il a commandé soit tenu. Aussi ODPDQLHUHFRPPHQWODSUHGLFDWLRQFRPPHQFHPR\HQQHHW¿QLWDYHFOHVSULHUHVHWH[KRUtations qu’on faict à tous et pour tous, et de la visitation des malades. [Neuchâtel, Pierre de Vingle], 29 août 1533, 8o, 44 f. Ouvrage cité infra selon l’édition donnée par J.-G. BAUM, éd., La maniere et fasson,… : première liturgie des Eglises réformées de France de l’an 1533, publiée d’après l’original, Strasbourg 1867. L’ordre des éléments, avec en tête le mariage SXLVOHEDSWrPHHWjOD¿QOHVSULqUHVGXSUrFKHHVWFHOXLGXSUHPLHUIRUPXODLUHOLWXUJLTXH EHUQRLVGLW©7DXIIEFKOLªGHPDLVODFqQHHVWDMRXWpHHWODYLVLWHGHVPDODGHVUHPplace l’annonce des défunts (cf. liturgie de Bâle, Form und gstalt…, 1526). 15. Même avec des perspectives optimistes, les destinataires potentiels de la liturgie de Farel pWDLHQWWURSSHXQRPEUHX[HQ6XLVVHURPDQGHSRXUMXVWL¿HUXQHLPSUHVVLRQGHSOXVLHXUVFHQtaines d’exemplaires. D’où l’hypothèse convaincante de Reinhard BODENMANN (« Les vauGRLVHWODSURGXFWLRQGXOLYUHpYDQJpOLTXHIUDQoDLV ªS HQDSUqV le synode de Chanforan, les « lieux lesquelz Dieu de sa grace a visité » étaient aussi, pour Farel, chez les vaudois de Provence. 16. La manière, ordre et fasson…, f. A2r.
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Entre l’envoi de la traduction latine par Rhellican, en septembre 1536, et la publication à Genève de La Manière, ordre et fasson en 1537, il s’est écoulé plusieurs mois. Dans ce laps de temps, les événements se sont précipités. La dispute de Lausanne a eu lieu (1er-8 octobre 1536), où se sont illustrés les pasteurs de Suisse romande, en particulier Pierre Viret, installé à Lausanne, et Pierre Caroli, alors à Neuchâtel, et ceux de Genève, Guillaume Farel et le nouveau venu Jean Calvin. Après la victoire du camp évangélique, un mandement de Berne interdit l’exercice de la religion catholique dans le Pays de Vaud (19 octobre 1536). L’abolition des rites traditionnels exigeait à brève échéance une solution de remplacement stable. Aussi Berne avait demandé ODWHQXHG¶XQ©V\QRGHªGHSDVWHXUVj/DXVDQQH&DUROLQRPPpSDU%HUQH premier pasteur de Lausanne (il était docteur en théologie de Paris, ancien ©ELEOLHQªGH0HDX[FRPPH)DUHO FRQYRTXDFHV\QRGHSRXUOHQRYHPEUH 1536. Entre autres points de l’ordre du jour du synode, la question des ©FpUpPRQLHVªDLQVLGHVMRXUVGHIrWHHWGHVIRUPXODLUHVSRXUOHVVDFUHPHQWV (baptême et cène) et le mariage, outre le catéchisme. Il est probable que les nouveaux ministres utilisaient la Manière et fasson de Farel, en usage aussi à Genève depuis l’arrivée de Farel en 1535. Cependant d’autres formulaires devaient circuler, ainsi celui de Jean Le Comte de la Croix, autre ancien ©ELEOLHQªGH0HDX[SDVWHXUGH*UDQGVRQGHSXLV. Il semble que Caroli, brouillé avec Farel depuis son séjour genevois du printemps 1535, critiquait la liturgie de son ennemi et souhaitait un alignement sur les formulaires et les SUDWLTXHVEHUQRLVHV(QWRXWFDVOHV©IUqUHVGH*HQqYHªV¶pPXUHQWSODLGDQW pour le statu quo, et la majorité du synode conclut en ce sens, d’autant que %HUQHDQQRQoDLWXQSURFKDLQ©pGLWGHUpIRUPDWLRQªSRXUOHVWHUULWRLUHVGX pays de Vaud. /¶© pGLW GH UpIRUPDWLRQ ª HQ GDWH GX GpFHPEUH SXEOLp HQ janvier 1537, établit comme à Berne, trois jours de cène, à Pâques, Pentecôte et Noël, et ordonna que pour le baptême, la cène et le mariage « une même IRUPHªVRLWREVHUYpHTXLGHYDLWrWUHHQYR\pHDX[SDVWHXUVO¶pGLWDQQRQoDLW DXVVLXQFDWpFKLVPHSRXUOHVHQIDQWVHW¿[DLWGHVMRXUVGHIrWHFK{PpVD¿Q GH©PD[LPpPHQWRXwUODSDUROHGH'LHXªOHVPrPHVTX¶j%HUQHRXWUHOHV
17. Entre autres dispositions, ordre « d’abattre sans délai toute image et idole, ainsi que les autels GHVGLWHVpJOLVHVHWPRQDVWqUHVWRXWHIRLVDYHFERQRUGUHHWVDQVWXPXOWHª+VUILLEUMIER, Histoire de l’Eglise réformée, I, p. 188). 18. Sur la liturgie, sans exemplaire conservé, de Le Comte de la Croix, voir H. VUILLEUMIER, ©4XHOTXHVSDJHVLQpGLWHVG¶XQUpIRUPDWHXUWURSSHXFRQQXªRevue de théologie et de philosophie (1886), p. 313-339. 19. Lettre des pasteurs de Genève et pays voisins, aux frères de Lausanne, 21 novembre 1536 (A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs, IV, p. 104-106). 20. Allusion au synode de Lausanne et aux hésitations et questions de pasteurs concernant les cérémonies dans le Pays de Vaud dans une lettre de Christophe Fabri à Farel, 20 décembre 1536 (A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs, IV, p. 143-144).
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dimanches, les jours de Noël, Circoncision, Annonciation et Ascension. Une lettre du Conseil de Berne aux ministres du Pays de Vaud, du 5 janvier 1537, pYRTXDQWOHVUpVLVWDQFHVGHFHUWDLQV©WRXFKDQWOHVFpUpPRQLHVHWVDFUDPHQWVª leur enjoignit de se conformer à l’édit et annonça la venue de commis qui devaient le communiquer et veiller à son application. Là-dessus éclata, en IpYULHUXQYLROHQWFRQÀLWHQWUH&DUROLG¶XQF{Wp9LUHW)DUHOHW&DOYLQGH O¶DXWUHDFFXVpVG¶KpUpVLHDULHQQHSDU&DUROL FRQÀLWVRXPLVjO¶DUELWUDJHGHV Bernois. L’affaire occupa les esprits jusqu’en juin 1537, avec le départ forcé de Caroli. Néanmoins, depuis janvier 1537, la question de l’imposition des cérémonies bernoises dans les Eglises du Pays de Vaud revint périodiquement sur le tapis, y compris à Genève, comme le laisse entendre une lettre des pasteurs de Genève à leurs collègues de Berne, autour du 20 février 1537. Au même moment, dans une lettre à Megander, Calvin évoque une liturgie YHQDQWGHOXL©WRQOLYUHWGHIRUPXODLUHVGHFpUpPRQLHVªDpWp©WUDGXLWj QRWUHGHPDQGHSDU0DXUXVª©FRPSDUpDXQ{WUH>La Manière et fasson de )DUHO@LOHQGLIIqUHjSHLQHVDXISDUODEULqYHWpªHWG¶DMRXWHUTX¶LOFRPSWDLW lui montrer cette traduction à Berne. Ne s’agit-il pas là de la traduction en français de la version latine de Rhellican ? Reconstituons un scénario vraisemblable. La traduction latine de Rhellican n’était pas destinée à l’impression, puisqu’elle n’était que le support provisoire d’une traduction en français. En VHSWHPEUHOHPDQXVFULWQ¶DGrWUHHQYR\pTX¶jO¶XQGHV©SUrFKHXUVª du Pays de Vaud, sans doute à Viret, pasteur à Lausanne, qui l’a sans doute communiqué à Farel, l’auteur de la liturgie en usage dans les Églises du Pays de Vaud. Il se peut aussi que Farel, collègue et ami de Megander depuis des années, en poste à Genève, mais toujours en lien avec Berne, l’ait reçu directement de Megander ou de Rhellican. En effet, Farel était un intermédiaire utile, dans la mesure où ce livre ne pouvait être publié qu’à Genève, faute d’imprimeur à Lausanne (et faute d’imprimeur francophone à Berne). Depuis 1536, l’imprimeur Wigand Koeln, Allemand installé à Genève, avait mis ses presses au service de la Réforme. C’est lui qui avait imprimé l’édit de convocation pour la dispute de Lausanne (août 1536), puis les conclusions GHODGLVSXWHOXLHQFRUHDXTXHO)DUHOHW&DOYLQVHVRQWDGUHVVpVSRXUSXEOLHU
21. Théodore de Grenus, Documents relatifs à histoire du Pays de Vaud dès 1293 à 1750, Genève 1817, no 113, p. 203-204. 22. A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs, IV, p. 151. 23. A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs ,9 S FI Ioannis Calvini… Epistolae, I, éd. C. AUGUSTIJN, F. P. VAN STAM, Genève 2005, no 32, p. 176. 24. Ioannis Calvini… Epistolae, I, no 33, p. 182 : « Libellum tuum ceremonialem a Mauro rogatu QRVWURYHUVXPFXPQRVWURFRQWXOLPXVDTXRQLKLOSHQLWXVQLVLEUHYLWDWHGLIIHUWª
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les textes normatifs de la nouvelle Église de Genève : la Confession de la foy de Farel (1536, rééditée le 27 avril 1537) et le catéchisme intitulé Instruction et confession de foi (1537), de Calvin. Occupés par leurs propres textes, sans compter leurs soucis avec Caroli, et peut-être réservés ou insatisfaits au sujet de la liturgie bernoise, en dépit de leur respect pour Megander, Farel et Calvin ont veillé sur l’entreprise de traduction en français. Ils ont chargé de cette traduction Antoine Morelet du 0XVHDX©0DXUXVª KXPDQLVWHHWGLSORPDWHMRXLVVDQWGHODFRQ¿DQFHGX réseau évangélique franco-suisse et résidant alors à Genève. Étant en contact avec Megander depuis la dispute de Lausanne, Calvin en a informé celui-ci. Dans sa lettre de février 1537, il aborde prudemment le sujet de la liturgie, assurant que la traduction donne un texte très proche de celui de la liturgie en usage à Genève, La Manière et fasson de Farel. Le message est clair : inutile de songer à imposer aux Genevois la liturgie bernoise en français, puisque celle de Farel est si concordante. On sait qu’un an plus tard, le sujet des FpUpPRQLHV EHUQRLVHV UHERQGLW j *HQqYH RFFDVLRQ G¶XQ FRQÀLW RSSRVDQW OH tandem Calvin-Farel aux Conseils de Genève sur la ligne de Berne. Les usages du livre Mises en regard, les pages de titre de la Manière, forme et fasson et de la Manière et fasson de Farel, paraissent jumelles : même disposition typographique, mêmes caractères gothiques, presque même titre. Koeln a copié l’impression de Vingle, prenant ainsi un risque calculé de confusion. Cependant, La Manière, forme et fasson est bien présentée au titre comme un OLYUHWjO¶XVDJHGHVVHXOVVXMHWVGH%HUQHFHTXHFRQ¿UPHODOHWWUHSUpIDFHGH 5KHOOLFDQDXWKHQWL¿DQWOHFDUDFWqUHRI¿FLHOGHODOLWXUJLH À Genève, c’est toujours La manière et fasson de Farel qui avait cours. Le petit livre sera d’ailleurs réimprimé en 1538 par le successeur de Pierre de Vingle tout juste installé à Genève, Jean Michel, sous un titre un peu PRGL¿pL’ordre et manière qu’on tient en administrant les sainctz sacremens,
25. Voir J.-F. GILMONT et W. KEMP, « Wigand Koeln libraire à Genève (1516-1545), éditeur du Pater Noster GH *XLOODXPH )DUHO ª *HQqYH © %LEOLRWKqTXH G¶+XPDQLVPH HW 5HQDLVVDQFHª/;; S 26. $QWRLQH0RUHOHWGX0XVHDX ©0DXUXV0XVDHXVªGDQVODFRUUHVSRQGDQFHGHV UpIRUPDWHXUVKXPDQLVWHpYDQJpOLTXHGHJUDQGHIDPLOOHSURFKHGHV©ELEOLHQVªGH0HDX[HQ contact avec Oecolampade dès 1524, puis avec Bucer et Capiton. Devenu diplomate auprès GHV/LJXHVVXLVVHVLODYDLWpWpHQ©GHVFKDVVpGH)UDQFHªFRPPH©IDYRULVDQWDXVDLQFW (YDQJLOHªV¶pWDLWUpIXJLpj%kOHHQFRORFDWLRQDYHF&DOYLQ HWDYDLWVXLYLO¶HQWUHSULVHGHWUDduction de la bible en français par Olivétan. Le 11 juillet 1536, MM. de Berne annoncent sa venue à Genève et le recommandent aux Genevois (A.-L. HERMINJARD, Correspondance des réformateurs, IV, p. 76). Il séjourne à Genève entre le 16 juillet 1536 et le 7 août 1537, avant de rentrer en France, pour des missions diplomatiques avec la Suisse et les princes allemands (Ibid.SFIIoannis Calvini… Epistolae, I, p. 140, note 3).
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assavoir, le Baptesme, et la Cene de nostre Seigneur. Item, en la celebration du Mariage, et en la Visitation des malades (ce titre, ainsi que la mise en page de la page de titre, et les mêmes caractères gothiques, ne dissipe guère la confusion avec la Manière, forme et fasson concurrente). Dans cette nouvelle édition, on relève, outre un changement dans l’ordre des matières, quelques YDULDQWHV WH[WXHOOHV VLJQL¿FDWLYHV YHQDQW SUREDEOHPHQW G¶XQH UpYLVLRQ GH Farel/HVPRGL¿FDWLRQVVRQWFHSHQGDQWPLQLPHVDORUVTXHOHV©$UWLFOHV GHVSUrFKHXUVªDGRSWpVSDUOHV&RQVHLOVGH*HQqYHHQMDQYLHUSRUWDQW sur la cène et la place des psaumes, auraient dû conduire à de plus substantiels changements dans la liturgie. Mais depuis mars 1538 Farel et Calvin, à couteaux tirés avec les Conseils nouvellement élus, étaient déjà sur le départ. Il se peut que Jean Michel ait réimprimé la liturgie de Farel – qu’il avait dans son stock – pour la faire relier à la suite du Nouveau Testament dans la traduction d’Olivétan, qu’il imprime à son arrivée à Genève en 1538, en très petit format, toujours en caractères gothiques. L’assemblage des deux textes est en tout cas attesté dans l’un des rares exemplaires conservés (au XVIIIe siècle) de l’Ordre et la manière࣠. La liturgie de Farel, truffée de références bibliques, surtout néotestamentaires, en marge, conviait d’ailleurs ses lecteurs au rapprochement avec un Nouveau Testament. Même sans cet DSSHOjGHVYpUL¿FDWLRQVVFULSWXUDLUHVXQ1RXYHDX7HVWDPHQWGHSRFKHVXLYL du guide liturgique en vigueur présentait un intérêt pour les ministres encore fréquemment en déplacement d’une Église à l’autre dans le Pays de Vaud. L’exemplaire de la Manière, forme et fasson de la bibliothèque de Châteauroux se trouve en effet relié lui aussi à la suite du même Nouveau Testament de
27. L’ordre et manière qu’on tient en administrant les sainctz sacremens, assavoir, le Baptesme, et la Cene de nostre Seigneur. Item, en la celebration du Mariage, et en la Visitation des malades. Avec la forme quon observe es predications principallement quant aux exhortations et prieres quon y faict. Es lieux lesquelz Dieu de sa grace a visité, faisant que selon sa saincte parolle ce qu’il a deffendu en son eglise soit rejetté, et ce quil a commandé soit tenu. Jean Michel, [Genève] 1538. 8o, 32 f. Sur l’imprimeur Jean Michel, repreneur du matériel typographique de Pierre de Vingle († c.1536), arrivé en 1538 à Genève, voir G. BERTHOUD, « Les LPSUHVVLRQVJHQHYRLVHVGH-HDQ0LFKHO ªCinq siècles d’imprimerie genevoise, éd. J.-D. CANDAUX – B. LESCAZE, p. 55-88. 28. Variantes relevées dans l’ouvrage de M. JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes, p. 101, 170-178, et dans le recueil Coena Domini, I, Die Abendmahlsliturgie der Reformationskirchen im 16./17. Jahrhundert, éd. I. PAHL, Fribourg 1983, p. 341-346. 29. Voir la notice bibliographique de T. DUFOUR dans Le catéchisme français de Calvin publié en 1537«*HQqYHS&&;/9&&;/9,,, 30. Catalogue de la vente Du Fay, 1725 (Bibliotheca Fayana : seu catalogus librorum bibliothecae ill. viri D. Car. Hieronymi de Cisternay Du Fay, no 115).
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Jean Michel, 1538. La relative homogénéité typographique (mêmes caractères gothiques) assure la continuité entre les deux textes, renforcée par la particularité d’exemplaires réglés, signe d’un livre précieux. Alors que la liturgie bernoise de 1529 a été rééditée plusieurs fois, à l’identique, ainsi en 1541 et dans les années suivantes, la traduction française de la liturgie bernoise pour le Pays de Vaud semble être quasi mort-née, en tout cas nulle part signalée. En 1537-1538, elle était en concurrence avec la OLWXUJLH QRQ RI¿FLHOOH PDLV GpMj ELHQ LQVWDOOpH GH )DUHO ¬ SDUWLU GH Pierre Viret à Lausanne, s’est fait le promoteur de la nouvelle liturgie de l’Église de Genève, mise au point par Calvin, la Forme des prières et chants ecclésiastiques (imprimée par Jean Girard en 1542). Cette dernière semble en effet être devenue la liturgie usuelle dans le Pays de Vaud jusqu’à une reprise en main par Berne, avec une nouvelle traduction de la liturgie bernoise, par Nicolas Zurkinden, en 1551. Cependant, quelques bribes de la Manière, forme et fasson ont été reprises telles quelles par Calvin lui-même : on en retrouve dans la Forme des prières et chants ecclésiastiques pour le mariage et pour la visitation des malades. Déjà dans la Manyere de faire prières, liturgie de Calvin pour l’Église française de Strasbourg (dont on connaît une édition de 1542), plusieurs passages – pour le baptême et pour le mariage – sont des réemplois directs de la Manière, forme et fasson. Calvin avait donc emporté dans ses bagages d’exilé, de Genève à Strasbourg, via Berne, Zurich HW%kOHOHSHWLWOLYUHLVVXGHO¶HQYRLGH5KHOOLFDQDX[©SUrFKHXUVªIUDQoDLV depuis les alpages bernois. La liturgie de la cène La liturgie de la cène, en forme de guide pour les ministres, occupe cinq feuillets recto verso au centre de la Manière, ordre et fasson de 1537. Le titre GXIRUPXODLUHGHODFqQHSUHVTXHFDOTXpVXUFHOXLTXL¿JXUHGDQVODOLWXUJLH de Berne (1529), précise le temps de la cène :
31. L’assemblage devait préexister à la reliure du XIXe siècle, car les deux imprimés portent l’un HWO¶DXWUHVRXVOHWLWUHOHVPrPHVLQLWLDOHVPDQXVFULWHV©'7ªFHOOHVG¶XQSRVVHVVHXUVDQV doute l’un des ministres du Pays de Vaud en poste en 1538 ou dans les années suivantes. Ce pourrait être Jean de Tournay (c. 1487-1562), ex-augustin d’Alençon, réfugié sur les terres de Berne, pasteur à Aigle de 1536 à 1553. 32. À partir de 1541, les rééditions portent le titre : Cancell unnd Agendbüchly der Kilchen zu Baern (un exemplaire de l’édition de Berne, Matthias Apiarius, 1541, mais incomplet, sur le VLWHHUDUDFK 33. Voir H. VUILLEUMIER, Histoire de l’Eglise réformée, I, p. 314-319.
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La forme et ordre de celebrer la Cene de nostre seigneur Jesus Christ, laquelle se faict trois foys l’année en la ville et pays de Berne. C’est ascavoir, le jour de la Nativite de nostre Seigneur. Le jour de Pasques, et le jour de Penthecouste.
La mention des trois jours de cène, en usage à Berne, comme à Bâle, depuis les débuts de la Réforme, marque un écart avec la pratique genevoise (d’abord zurichoise) des quatre temps (les mêmes plus le premier dimanche de septembre), et surtout un écart avec le désir de Farel et de Calvin de ne pas limiter les dimanches de cène. Dans la Maniere, ordre et fasson, le prêche dominical – occupant une partie qui suit celle de la cène, est d’ailleurs clairement autonome par rapport à la cène (ce qui est aussi le cas dans la liturgie de Berne et dans celle de Farel). De plus, la liturgie GH OD FqQH SDUDvW FRQVWLWXHU XQ RI¿FH VSpFL¿TXH TXL VXLW HW UHGRXEOH OH prêche, concernant peut-être un public plus restreint. C’est du moins ce que semble indiquer l’introduction : « Les parolles du Ministre à ceux qui sont assembles pour convenir ensemble et prendre et rompre le Pain du Seigneur. “Mes treschiers Freres et seurs, nous sommes assemblez pour celebrer la &HQHGX6HLJQHXU«´ª. La comparaison avec la liturgie de Berne permet d’éclairer ce point. 'DQVODOLWXUJLHGH%HUQHOD©SUDWLTXHGHODFqQHªFRPPHQFHSDUXQH ORQJXHLQVWUXFWLRQVXUODFqQHjODIRLVSRXUOHV©VHUYLWHXUVGHOD3DUROHª HWSRXUOHV¿GqOHVDFKHYpHSDUXQDYHUWLVVHPHQWDX[©LQGLJQHVªTXHVRQW
34. Traduction du sous-titre dans la liturgie de Berne, 1529 : « Bruch des Herren Nachtmal, wie HVIUKLQLQXQVHU6WDWWXQG/DQGVRO]X2VWHUHQ3¿QJVWHQXQG:LHQDFKWHQGXUFKGDV-DDU JHEUXFKWZHUGHQª/HWH[WHGHFHWWHSDUWLHGHODOLWXUJLHGH%HUQHHVWpGLWpGDQV0JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes, p. 159-168, et dans Coena Domini, p. 229-236. 35. 9RLUOHV$UWLFOHVGX6\QRGHGH%HUQH FK;;,,©9RQGHV+HUUHQ1DFKWPDOªGDQV E. BUSCH, H. FAULENBACH, H.-H. ESSER, éd., Reformierte Bekenntnisschriften%G15231534, Neukirchener 2002, p. 541. 36. Cf. Manière et fasson : « Le temps, le nombre ou quantesfois nous debvons faire la cene HWSUHQGUHOHSDLQQHQRXVHVWSRLQWHVFULSWFDUFHODHVWIUDQFDOHJOLVHGHQRVWUHVHLJQHXUª (J.-G. BAUM, éd., La maniere et fasson, p. 48-49). Dans la nouvelle édition, de 1538, on remarque une addition à cet endroit : « … combien qu’il est certain quelle a esté ordonne GH QRVWUH 6HLJQHXU SRXU HVWUH VRXYHQW FHOHEUHH HQWUH QRXV ª $GGLWLRQ j UDSSURFKHU GHV ©$UWLFOHVGHVSUrFKHXUVGH*HQqYHªGH)DUHODYHF&DOYLQ SUpVHQWpVDX&RQVHLOOHMDQvier 1537 : « Il seroyt bien à désirer que la communication de la saincte cene de Jesuchrist fust tous les dimenches pour le moins en usage, quand l’esglise est assemblee en multitude, YHXODJUDQGHFRQVRODWLRQTXHOHV¿GqOHVHQUHoRLSYHQWHWOHIUXLFWTXLHQSURFHGHHQWRXWH PDQLqUH>«@0D\VSRXUFHTXHO¶LQ¿UPLWpGXSHXSOHHVWHQFRUHWHOOHTX¶LO\DXUR\WGDQJLHU que ce sacré et tant excellent mistere ne vint en mespris, s’il estoyt si souvent celebré, ayant esgard à cela il nous a semblé bon que, en attendant que le peuple qui est encores aucunement debile sera plus confermé, ceste saincte cene soyt usitee une foys chascun moys en l’ung des WUR\VOLHX[RVHIRQWPDLQWHQDQWOHVSUHGLFDWLRQVª&HWDUWLFOHDpWpDGRSWpSDUOH&RQVHLO GH *HQqYH DYHF XQH PRGL¿FDWLRQ © /D FHQH GHPHXUH D TXDWWUHV IRLV O¶DQQpH ª Ioannis Calvini… Epistolae, I, p. 153, 157, 160-161). 37. La Manière, ordre et fasson, f. B4r.
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les pécheurs impénitents. Cette instruction est bien distincte de la suite, intiWXOpH©ODIRUPHGHODFqQHªDYHFODIRUPXOHG¶LQWURGXFWLRQ©1RWUHDLGHVRLW DXQRPGH'LHX«ªLPPpGLDWHPHQWVXLYLHGHODFRQIHVVLRQGHVSpFKpV. À Berne, du moins dans les débuts de la Réforme, le prêche rassemblait donc XQHIRXOHSOXVpWHQGXHTXHOHFHUFOHGHV©IUqUHVHWV°XUVªYUDLV©PHPEUHV GXFRUSVGX&KULVWªTXLVHUpXQLVVDLHQWDSUqVOHSUrFKHSRXUODFqQH. La liturgie de Farel en 1533 et la liturgie de 1537 gardent la trace de cette pratique. Cependant la Manière, forme et fasson se présente sans le long préambule (Rhellican, dans sa préface, avait bien prévenu qu’il avait procédé à des coupes) : le prêcheur entre tout de suite en matière, commençant par une SDUWLHG¶LQVWUXFWLRQDX[¿GqOHV. 0LVHjSDUWO¶LQWURGXFWLRQOD©IRUPHHWRUGUHGHFHOHEUHUODFqQHªGHOD liturgie de 1537 est structurée suivant la liturgie de Berne (elle-même dérivée de celle de Bâle, mais sans chant), comme celle de Farel : Introduction : instruction Confession des péchés Oraison dominicale Symbole des apôtres Paroles de consolation Récit d’institution de la cène Explication, prière et invitation Distribution (communion) Conclusion
L’instruction suivie de la confession des péchés, de l’Oraison dominicale, du Symbole des apôtres et des paroles de consolation forme un prêche préliminaire à la cène proprement dite. Le second temps est marqué par « à SUpVHQWR\RQVª: le récit d’institution, suivi d’une explication qui invite à la FRPPXQLRQSXLVODFRPPXQLRQHQ¿QOD©FRQFOXVLRQª
38. Coena Domini, S YRLU DXVVL 0 JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes, p. 90. – La Manière et fasson de Farel (1533) a hérité de cette subdivision. La partie sur la FqQHV¶RXYUHSDUXQH©GpFODUDWLRQEULHIYHªVXUODFqQHGHVWLQpHDX[©VHUYLWHXUVGHO¶(JOLVHª (J.-G. BAUM, éd., La maniere et fasson,S FHWWHGpFODUDWLRQHVWVXLYLHGH©/DFqQH GHQRVWUH6HLJQHXUªTXLFRPPHQFHSDUXQHORQJXHLQVWUXFWLRQH[KRUWDWLRQibid., p. 50-60), préparant la confession des péchés. 39. Voir M. JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes, p. 100. – Sur le modèle de cène séparée du prêche, et sa genèse (à partir du modèle du prône), œuvre d’Oecolampade dans les conditions de la Réforme à Bâle, voir Ibid., p. 76-86. 40. Dans la Manière et fasson de Farel (1533), l’instruction suivie de l’avertissement est placée comme dans la liturgie bernoise dans une première partie qui sert d’introduction, mais elle est aussi redoublée dans le formulaire de la cène, en prélude à la confession des péchés. 41. Il s’agit là des éléments constitutifs du prône traditionnel (M. JENNY, Die Einheit des Abendmahlsgottendienstes, p. 76-86). 42. ©$SUpVHQWªGDQVOHFDVRODFRPPXQDXWpXWLOLVHXQHpJOLVHRXXQHFKDSHOOHODIRUPXOH marque peut-être le moment où le pasteur descend de la chaire et s’approche de la table de
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L’instruction en tête de la liturgie de la cène de 1537 est extraite, non du texte de Berne, mais de celui de Farel. Elle met en évidence leur commune inspiration. D’une part, la doctrine zwinglienne de la cène, déclinée en deux thèmes : la cène repas du Seigneur, mémorial de son amour, du don de son corps et de son sang ©SRXUQRXVHQODFURL[>«@HQUHPLVVLRQGHQR]SHFKH]ªODFqQHFRQIHVVLRQ GH IRL HW HQJDJHPHQW GH ¿GpOLWp GHV FUR\DQWV '¶DXWUH SDUW FRUROODLUH GH FHV deux thèmes, la pratique de la discipline selon Œcolampade : l’exclusion des LQFUR\DQWVHW©PpFKDQWVªGHODFqQH. La Maniere, forme et fasson se contente d’une mise en garde générale, alors que l’instruction de Farel, suivant les guides liturgiques de Bâle et de Berne, déroule une liste de pécheurs à exclure (celle de %HUQH\DMRXWHODUpIpUHQFHj&RULQWKLHQVOD©FRPPXQLRQGHVLQGLJQHVªHW jOD©FRUUHFWLRQIUDWHUQHOOHªVHORQ0DWWKLHX). Cette instruction, qui est aussi exhortation et mise en garde, conduit sans solution de continuité à la confession des péchés (Offene Schuld). Alors que dans la liturgie de Berne, il s’agit d’une brève confession dite à la première personne du singulier, la version française, presque tout entière reprise de Farel, est surdéveloppée et en forme collective. Les paroles de pardon, DPSOL¿DQWOHWH[WHGH%HUQHVRQWGHPrPHFRSLpHVGH)DUHODYHFOHSDUGRQ mutuel préalable à la cène. ¬SDUWLUGXUpFLWG¶LQVWLWXWLRQLQWURGXLWSDU©¬SUHVHQWR\RQVªTXLRXYUH la séquence eucharistique proprement dite, le texte de La Manière, ordre et fassonVXLWDVVH]¿GqOHPHQWFHOXLGH%HUQHWDQGLVTX¶LOV¶pFDUWHGHFHOXLGH Farel.
communion. 43. La Manière, forme et fasson…, f. B4 r et v. 44. La Manière, forme et fasson…, f. B5 r et v. – Cf. J.-G. BAUM, éd., La maniere et fasson, p. 55-56 (cf. p. 46-47). 45. Rien n’est précisé dans la liturgie de Berne au sujet de la liste des pécheurs publics exclus de la communion. Dans les Articles du Synode de Berne (1532), à propos de la liturgie de la cène, l’institution du Chorgericht (autre nom du Ehegericht, créé dès 1528) est évoquée (art. ;;,,GDQVReformierte Bekenntnisschriften%G, p. 541). Mais avec cette juridiction, à compétence matrimoniale et morale, il n’était pas question d’introduire à Berne le Bann ou discipline d’excommunication, telle que pensée par Oecolampade et reprise dans les Articles des prêcheurs de Genève (janvier 1537). S’explique d’autant mieux l’extrême discrétion de la Manière, ordre et fasson VXUFHSRLQWVHQVLEOH2QQRWHTXH)DUHOQ¶DULHQPRGL¿pVXUFH point dans la réédition de sa liturgie en 1538. 46. Le pardon mutuel dans le rituel de la cène est signalé dans le récit d’un témoin de la première cène réformée en Suisse romande, après un prêche de Farel, à Orbe, à la Pentecôte 1531 (voir B. ROUSSEL©'HVULWXHOVOXWKpULHQVjODOLWXUJLHUpIRUPpHªGDQVeGL¿HURXLQVtruire ? Les avatars de la liturgie réformée du XVIe au XVIIIe siècle, éd. M.-C. PITASSI, Paris 2000, p. 22-23). A rapprocher du rituel de la cène dans les communautés anabaptistes depuis 1525, dont témoigne le livret de Balthasar Hubmaier, Eine Form des Nachtmahls Christi (trad. et éd. N. BLOUGH©/D5pIRUPHXQUHJDUGQRXYHDX9LOOHVSD\VDQVHWDQDEDSWLVWHVª Théologie Evangélique,>@S
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6XLYDQW OD OLWXUJLH EHUQRLVH O¶© KLVWR\UH GH O¶LQVWLWXWLRQ GH OD FqQH ª fait référence aux Évangiles de Matthieu, Marc et Luc et à la 1re épître aux Corinthiens. De fait, elle est recomposée sur la base du récit paulinien (1 Co 11, 23-25), avec quelques notes venant des Évangiles synoptiques, en particulier la présence des disciples, nécessaire à l’exhortation qui suit. /¶H[KRUWDWLRQGXPLQLVWUHjVHV©ERQVIUHUHVHWVHXUVªHVWHQHIIHWXQH explication de ce récit d’institution de la cène, associant ces différentes sources scripturaires. La prémisse présente la cène comme le repas des disciples de Christ, c’est-à-dire de ceux qui veulent « estre de tout [leur] cueur à la SDUROOHG¶LFHOOX\ª'HOjGpFRXOHXQHPLVHHQJDUGHFRQWUHOHVIDX[GLVFLSOHV DVVLPLOpVDX[©LQGLJQHVªGHO¶pSvWUHDX[&RULQWKLHQVV¶LOVSDUWLFLSDLHQWj ODFqQHLOVVHUHQGUDLHQW©FRXOSDEOHVGXFRUSVHWGXVDQJGH-HVXV&KULVWª (1 Co 11, 27). De là aussi l’ordre « que l’homme s’esprouve (1 Co 11, 28), DVFDYRLUV¶LOFUR\Wª©SDUFHUWDLQHHWLQGXELWDEOHIR\ªTXHOHFRUSVHWOHVDQJ de Christ ont été donnés pour luiSRXUVRQVDOXW&HWWHIRLFRQ¿DQFHGXF°XU HVWLGHQWL¿pHjOD©YUDLHªPDQGXFDWLRQGHODFKDLUHWGXVDQJGX&KULVWGDQV la communion (référence implicite à Jean 6, dont la lecture fait partie de la liturgie zurichoise de la cène) : « iceluy [qui croit cela] vrayement mange la FKDLUGH&KULVWHWER\WVRQVDQJª(QSDUWLFLSDQWjODFqQHLO©H[SpULPHQWHª VRQHI¿FDFHODFqQHjODIRLVQRXUULWO¶kPHGXFUR\DQW©UDVVDVLHHQODYLH HWHUQHOOHª WKqPHPRLQV]ZLQJOLHQTXHEXFHULHQHW©HQÀDPPHª©O¶DPRXU HQYHUV'LHXHWHQYHUVVRQSURFKDLQª. L’exhortation-explication devient exhortation à la prière. Celle-ci est d’abord de demande, dans la suite du thème de la manducation : que la « foy VRLWDXJPHQWHHHQQRXVDI¿QTXHQRXVH[SHULPHQWLRQVODGRXOFHXUHWODIRUFH GHODYLDQGH>QRXUULWXUH@TXLQRXVHVWVLJQL¿HHSDUOH3DLQHWOH&DOLFHª/jHVW JOLVVpHXQHEUqYHH[SOLFDWLRQ]ZLQJOLHQQHGH©&HFLHVWPRQFRUSVªOHSDLQ HWOHFDOLFH©VLJQL¿HQWªOHFRUSVHWOHVDQJGX&KULVWGRQQpV©SRXUQRXVHQ
47. /DPLVHHQJDUGHDX[©LQGLJQHVªQH¿JXUHSDVjFHWWHSODFHO¶H[KRUWDWLRQSUpFpGDQWODFRPmunion) dans la Manière et fasson de Farel (1533, 1538), mais seulement dans l’instruction préliminaire. 48. Ordnung der christenlichenn Kilchenn zuo Zürich…, 1525, f. E i-ii (éd. dans Coena Domini, p. 192). 49. Dans la liturgie bernoise de la cène, Haller et Kolb, proches des réformateurs de Bâle et de Strasbourg, autant que de Zurich, ne s’arrêtent pas aux divergences doctrinales entre ceux-ci, proposant en quelque sorte une piété paulinienne du cœur. Cette souplesse a permis à la liturgie bernoise de traverser indemne la crise de 1537 qui divisa le corps pastoral de Berne entre OHV]ZLQJOLHQV0HJDQGHU HWOHV©EXFHULHQVªIDYRUDEOHVjXQUDSSURFKHPHQWDYHF/XWKHU sur la cène.
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ODUHPLVVLRQGHVSHFKHªSOXVSUpFLVpPHQWFHVRQWOD©IUDFWLRQGXSDLQª HWO¶©HIIXVLRQGXEUHXYDJHªTXLIRQWVLJQHTXL©UHSUpVHQWHQWªOH©FRUSV URPSXEULVpHWFUXFL¿pªOH©VDQJHVSDQGXSRXUQRXVª. La prière passe alors à la louange, à laquelle les freres et sœurs sont appelés GLUHFWHPHQW©5HQGH]JUDFHV>«@DQQRQFH]HWFpOpEUH]>«@PDJQL¿H]VD PRUWª/DPpPRLUHGHODPRUWGX&KULVWRSqUHGDQVOHFUR\DQWPHPEUHGX FRUSV GX &KULVW XQH LGHQWL¿FDWLRQ DFWLYH j OD PRUW HW j OD UpVXUUHFWLRQ GH son Seigneur, où sont fondus l’Évangile johannique (Jn 6) et les épîtres SDXOLQLHQQHV&R5P ©0DJQL¿H]VDPRUWHQYR]FXHXUVDI¿Q que vous mouriez à vous mesmes, et soyez ung corps et Pain vif avec luy, et GRUHVQDYDQWYLYH]ª L’exhortation s’achève en prière doxologique et ouvre à l’invitation à la cène adressée à tous ceux qui veulent être « disciples [de Jésus Christ] et PHPEUHVGHVRQFRUSVª©9HQH]MR\HXVHPHQWHWDYHFTXHVDODFULWpjPDQJHU du Pain et boyre du Calice, protestant et tesmoignant une pure foy, sincere FRQFRUGHHWFKUHVWLHQQHFKDULWpOHVXQJVHQYHUVOHVDXOWUHVª&HWWHLQYLWDWLRQ directe à la cène, comme à une fête, traduite de la liturgie de Berne, est tout HQWLqUH©HXFKDULVWLTXHªVRXOLJQDQWODGLPHQVLRQDFWLYHjODIRLVFRQIHVVDQWH et charitable, de la cène, en réponse au don du Christ. Après la communion, le ministre s’adresse à nouveau à ses « freres et VHXUVªSRXU©FRQFOXUHWRXWOHUHPHUFLHPHQWHWDFWLRQGHJUkFHVªHXFKDULVWLH . En fait, il s’agit moins d’une prière de louange que d’une exhortation aux ¿GqOHVOHXUUDSSHODQWO¶DFWLRQTXLYLHQWG¶DYRLUOLHX©HQFHPLVWHUHHWDFWLRQ GHJUDFHVªjVDYRLUODFRQIHVVLRQGXVDOXWJUDWXLWSDUOH©PpULWHªGHOD Passion et l’engagement de foi et de charité envers le prochain. La nouvelle exhortation devient prière pour garder la mémoire du sens de la cène et de la Passion. En effet, cette mémoire (modalité de la foi) est liée au salut : que OHPpULWHGHOD3DVVLRQ©QHQRXVHVFKDSSHOHPHWWDQWHQRXEO\ª(QPrPH WHPSVHOOH©QRXVJDUGHHWUHWLUHGHSpFKpªHWQRXV©HVJX\OORQQHHWLQFLWHj IDLUHELHQjQRVWUHSURFKDLQª
50. Dans la Manière et fasson de Farel, la marque zwinglienne de l’exhortation est plus accenWXpHDYHFODUpIpUHQFHj&RO©6XUVXPFRUGDª pYRTXDQWO¶$VFHQVLRQOHJUDQGpFDUW entre le pain et le corps du Christ. (J.-G. BAUM, éd., La maniere et fasson, p. 64-65). 51. Tout ce paragraphe, traduit de la liturgie de Berne 1529, est la copie du dernier paragraphe de la liturgie de la cène de Zurich, Ordnung des christenlichenn Kilchenn zuo Zürich…, 1525, f. F iii (éd. Coena Domini, p. 198). 52. /DIRUPXOHHVWGLIIpUHQWHGDQVODOLWXUJLHGH%HUQHPDLVOHPRW©JHKH\PQXVVªDVVRFLpDX PRWpTXLYDOHQWGH©6DFUDPHQWªHVWHPSOR\pGDQVODSDUWLHLQWURGXFWLYH$QRWHUTXH)DUHO TXLDYDLWpYLWp©P\VWqUHªGDQVVDOLWXUJLHGHO¶DDMRXWpGDQVO¶pGLWLRQGHFI l’Instruction et confession de la foy de Genève de Calvin [1536, 1537] et les « Articles des SUrFKHXUVª>MDQYLHU@ 4XDQWDXPRW©VDFUHPHQWªLOQ¶HVWSDVXWLOLVpGDQVODManiere, forme et fasson, sauf au titre et dans la préface de Rhellican, qui l’explique : « Sacremens et VDLQFW]VLJQHVHWV\PEROHVªFIConfessio helvetica priorDUW;;©VLJQD«UHUXP DUFDQXPV\PERODª
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La bénédiction est un peu différente de celle de la liturgie de Berne et de celle de la Manière et fasson de Farel. 0DLVOD¿QDOHFRQVHUYHGH%HUQH l’exhortation à l’amour fraternel avec sa dimension sociale, exprimée aussi chez Farel : « Aymez l’ung l’aultre comme Christ vous a aymez. Et ayez les SRXYUHVHQERQQHVRXYHQDQFHHWUHFRPPDQGDWLRQª Entre le texte de Berne 1529 sur la cène et celui de la Manière, ordre et fasson, les différences ne sont pas toutes négligeables. Que Rhellican pour sa traduction en latin ait largement taillé dans le texte allemand, il l’a luimême reconnu. Que le traducteur de Rhellican en français se soit servi de l’adaptation déjà existante de Farel est compréhensible. Mais l’attraction du texte de Farel n’explique pas certaines libertés de la traduction par rapport j OD OLWXUJLH EHUQRLVH TX¶LO V¶DJLVVH G¶DMRXWV DPSOL¿FDWLRQ RX H[WHQVLRQ RX de choix de mots. Est-ce Rhellican qui est intervenu sur le texte ? C’est peu SUREDEOH YX OH EXW GH 0HJDQGHU HW GH VRQ ¿GqOH DPL G¶XQL¿HU OHV IDoRQV de dire et faire le culte dans les terres de Berne. Morelet du Museau ? On SHXW V¶pWRQQHU TXH &DOYLQ HW )DUHO OXL DLHQW FRQ¿p OD UHVSRQVDELOLWp G¶XQH traduction destinée à devenir la norme liturgique dans toutes les Églises du Pays de Vaud : Morelet était certes lettré, mais ni pasteur ni théologien, ni traducteur habituel. N’aurait-il pas été le prête-nom de Farel, lequel préférait ne pas apparaître mêlé à cette traduction sur ordre de Berne ? Ou du moins )DUHOQ¶DWLOSDVSULVHQPDLQOD©WUDGXFWLRQªGHODSDUWLHVXUODFqQH"$LQVL s’expliqueraient les réemplois sélectifs de la liturgie de Farel et quelques-unes GHVLQÀH[LRQVLQWURGXLWHVGDQVOHWH[WH
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Une cène inconnue : morceau choisi de la liturgie bernoise en version française
De la saincte Cene de nostre Seigneur [B4r] LA FORME ET ORDRE DE celebrer la Cene de nostre seigneur Jesus Christ, laquelle se faict trois foys L’année en la ville et pays de Berne. C’est ascavoir, le jour de la Nativité de nostre Seigneur. Le jour de Pasques, et le jour de Penthecouste. LES PAROLLES DU MINISTRE À CEUX qui sont assembles pour convenir ensemble et prendre et rompre le Pain du Seigneur. [Instruction] Mes treschiers Freres et seurs, nous sommes assemblez pour celebrer la Cene du Seigneur, selon qu’il l’institua au dernier repas qu’il feit en ceste vie mortelle, voulant que en icelle Cene en memoyre de sa tresgrande charité par laquelle il a donné son corps pour nous en la croix, et espandu son sang en remission de noz pechez [,] Nous prinsions et mangissions d’ung mesme pain et beussions d’un mesme Calice sans aucune difference. Comme indifferemment il est mort [B4v] pour tous et à tous il a dict de prendre [,] menger et boyre en sa Cene.
53. ©'HODVDLQFWHFHQH'HQRVWUH6HLJQHXUªWLWUHFRXUDQWUpSDUWLVXUOHVGHX[SDJHVHQUHJDUG des f. B4-B8 de la Manière, ordre et fasson reproduits ici. Règles de l’édition : – Pour faciliter la lecture, nous avons systématiquement transcrit les u et i à valeur de consonne respectivement en v et j, développé les abréviations, rétabli les apostrophes (absentes de l’imprimé), accentué les é ¿QDO GH PrPH à, où, dès). – 3RQFWXDWLRQ OHV EDUUHV REOLTXHV RQW pWp WUDQVFULWHV HQ YLUJXOHV j O¶RFFDVLRQ QRXV DYRQV ajouté des virgules ou remplacé deux points ou un point par des virgules, en les signalant entre crochets. – Orthographe : nous avons laissé tels quels, sans les signaler, les nombreux ÀRWWHPHQWVTXLODLVVHQWSHQVHUTXHOHW\SRJUDSKHGH.RHOQpWDLWpWUDQJHURXWUDYDLOODLWVRXV ODGLFWpH±7\SRJUDSKLHTXHOTXHVDOLQpDVRQWpWpLQWURGXLWVVLJQDOpVSDUOHVFRXSXUHVGH ligne ne sont pas indiquées (la reproduction photographique de l’édition est disponible en ligne), mais les lignes en gras et en corps supérieur sont reproduites en petites capitales. – Les passages repris de La Manière et fasson de Farel sont signalés en italiques. – Pour faciliter le repérage dans le texte, nous avons ajouté des sous-titres entre crochets. 54. ©'HUGLHQHUGHUNLOFKHQªGDQVODOLWXUJLHGH%HUQHHVWWUDGXLWSDU©OHPLQLVWUHªcf. Farel, Manière et fasson©OHVHUYLWHXUªGDQVO¶pGLWLRQGH©OHPLQLVWUHª 55. ©0HVWUHVFKLHUVIUHUHVHWVHXUVªIRUPXOHUHSULVHGHODManière et fasson de Farel. Dans la OLWXUJLHGH%HUQH©LUOLHEHQQ%UXGHUXQQGVFKZHVWHUHQªCoena Domini, p. 234, 235), IRUPXOHWUDGXLWHDSUqVOHUpFLWG¶LQVWLWXWLRQHWGDQVODVXLWHSDU©0HVERQVIUHUHVHWVHXUVª VDQVVRXFLG¶XQL¿HUODIRUPXODWLRQ 56. C’est le début de la seconde partie (Die Form des Nachtmals) dans la liturgie de Berne, ©DSUqVDYRLUUDVVHPEOpODFRPPXQDXWp«SRXUO¶HXFKDULVWLH©'DQNVDJXQJª «OH serviteur de l’Eglise doit se tourner vers le peuple et dire : ‘Diewyl wir das Nachtmal dess +HUUHQEHJRQZHOHQG«¶ªCoena Domini, p. 233). 57. ©6DQVDXFXQHGLIIpUHQFHª©LQGLIIpUHPPHQWª©SRXUWRXVªFHWWHQRWHGLVFUqWHPHQWDQWLFOpULFDOH©ODFRXSHDX[ODwFVª DEVHQWHGHODOLWXUJLHEHUQRLVHYLHQWGH)DUHOFLWDQW0W 27 (Manière et fasson, p. 53).
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Marianne Carbonnier-Burkard
Tous ceulx doncq qui vrayement croyent d’avoir salut en nostre seigneur Jesus christ [,] voulans vivre et mourir en l’obeissance de sa saincte parolle doibvent venir à ceste saincte table. Mais au contraire ceulx qui n’ont telle foy, et qui veulent perseverer à vivre meschamment et contre les sainctz commandemens de dieu, ne voulans suyvre la sainte loy de dieu, et vivre selon sa parolle, ensuyvant le sainct evangille comme vrays enfans de Dieu, qu’ilz ne presument point de venir à ceste saincte table. Car s’ilz y viennent, ce sera à leur jugement et condemnation. [Confession des péchés] 2U SRXUWDQW TXH OH 6HLJQHXU UHFRLW j PLVHULFRUGH WRXV FHXO[ OHVTXHO] de vray cueur se convertissent à luy, renonceans à leur meschante vie et conversation [,] quelques grandz pecheurs qu’ilz ayent esté, et pardonne WRXWHVRIIHQVHVHQVRQ¿O]QRVWUH6HLJQHXU-HVXVjWRXVFHXO[TXLYUD\HPHQW estans desplaisans d’avoir offensé cherchent et requierent d’affection de FXHXUPHUF\GHFHWUHVERQ3HUHDXQRPHWSDUOHPR\HQGHVRQWUHVFKLHU¿O] Jesus, en attendant [B5] d’avoir par luy grace et misericorde, et ayant tout leur desir de ne plus desobeir à ce bon pere, mais de suyvre par sa grace sa saincte parolle, en se gardant de tout ce qui y est contraire. Aussy pourtant que cependant que nous conversons en ce monde environnez de ce corps de mort et de peché , nous sommes tous pouvres pecheurs, et ne pouvons dire que soyons sans peché, avant que nous viennons à ceste saincte table faisant memoyre de nostre sauveur qui est mort pour noz pechez, et est resuscité SRXU QRVWUH MXVWL¿FDWLRQ, en cueur humilié et abbatu, congnoissans noz faultes, nous noz presenterons et nous jecterons devant la haulte Majesté de QRVWUH'LHXHQSOHLQHFRQ¿DQFHHWYUD\HIR\SDUQRVWUHVDXYHXUHWUHGHPSWHXU Jesus, luy demandant grace [,] confessans devant luy, que tresgriesfvement et grandement l’avons offensé par pensee et dictz et faictz contrevenant à sa saincte loy. D’aultant que ne avons aymé ce bon dieu de tout nostre cueur, de toute nostre ame et de toutes noz forces, et par dessus toutes choses. Et que n’avons aymé [B5v] nostre prochain comme nous mesmes : [,] n’ayant estudié de faire par charité fraternelle à autruy ainsi comme à nousmesmes, parquoy nous avons deservy l’yre et indignation de nostre Dieu, plus que ne pouvons exprimer ne dire par si grande ingratitude, faisant contre sa saincte volunté. Pourtant de toutes noz faultes et pechez que ne scaurions nombrer, à cause de leur multitude, humblement et de cueur abbatu en demandons mercy et misericorde a nostre tresbon Pere [,] le priant qu’il ne regarde
58. 59. 60. 61.
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Référence de Farel à Rm 7. Référence de Farel à Rm 4 [,25]. Allusion à Mt 22, 36-40. Deservy : mérité.
Une cène inconnue : morceau choisi de la liturgie bernoise en version française
point noz faultez [,] ignorances et iniquites [,] mais qu’il regarde la justice, VDLQFWHWpSXUHWpHWLQQRFHQFHGHVRQWUHVFKLHU¿O]QRVWUHVHLJQHXU-HVXVTXL pour nous est mort, nous pardonnant pour l’amour de luy, toutes noz offenses HWPHIIDLFW]QRXVJDUGDQWGHSOXVWRPEHUHQSHFKpPDJQL¿DQWHQQRXVVRQ sainct nom, regnant en nous et nous donnant ce que le doulx sauveur nous a aprins de demander, en dysant. NOSTRE PERE QUI ES ES CIEULX, SANCTIFIÉ SOIT TON NOM ETC. [B6r] NOUS PRIERONS À NOSTRE PERE QU’IL nous donne ferme, vive et parfaicte IR\O¶DFFUR\VVDQWHWDXJPHQWDQWHQQRXVDI¿QTXHSDULFHOOHSXLVVLRQVYDLQFUH toute la malice de nostre ennemy, en laquelle foy desirons vivre en faysant confession d’icelle, dysant. JE CROY EN DIEU LE PERE TOUT PUISSANT, CREATEUR DU CIEL ET DE LA ETC. [Paroles de consolation] Mes treschiers freres et seurs, c’est une certaine parolle (dict sainct Paul) et digne que receivons et embrassions en toutes manieres que Jesus Christ est venu en ce monde pour sauver les pecheurs . Et nous a promis ce bon sauveur, que tout ce que nous demanderons en son nom nous l’obtiendrons et que si nous pardonnons aux autres leurs pechez, les nostres nous seront pardonnez du Pere. Croyez doncq que en demandant mercy à Dieu, au nom de nostre Seigneur Jesus, en pardonnant de bon cueur ung chascun a son prochain, que nostre seigneur nous [B6v] pardonne, et que par la foy que nous avons en Jesus Christ noz cueurs sont purgez . [INSTITUTION DE LA CÈNE] A PRESENT OYONS COMMENT NOSTRE seigneur Jesus Christ institua et en quel ordre il feit sa Cene avecq ses disciples, et quelles promesses il nous presente et donne en icelle, et ce qui appartient et est necessaire pour la celebrer deuement.
62. Référence de Farel à I Jn 5. 63. /¶RUDLVRQ GRPLQLFDOH HW OH V\PEROH GHV$S{WUHV pOpPHQWV GX SU{QH WUDGLWLRQQHO ¿JXUHQW plus haut dans la liturgie du mariage (f. A6r et B2v). L’un et l’autre sont dans la version de la Manière et fasson de Farel (1533). 64. I Tim. 1,15. La citation ne suit pas exactement la Manière et fasson de Farel, mais la traduction du Nouveau Testament de Lefèvre d’Étales. 65. Cf. Jn 14, 13 et Mt 6, 14 (cité par Farel). 66. Référence de Farel à Act. 15 [, 9]. 67. ©4XHOOHVSURPHVVHVLOQRXVSUHVHQWHHWGRQQHHQLFHOOHªDMRXWSDUUDSSRUWj%HUQHHW par rapport à Farel).
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Marianne Carbonnier-Burkard
LE MINISTRE LIST L’HISTOYRE de L’institution de la Cene, contenue et prinse du 26. de sainct Mat. [,] Marc. 14. [,] Luc 22. et de la I. des Corinth. 11. Chap. EN CESTE NUICT, EN LAQUELLE NOSTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST FUT TRAHY ET LIVRÉ ESTANT ASSIS EN UNE TABLE AVECQUES SES DISCIPLES, IL PRINT DU PAIN ET APRES AVOIR RENDU GRACES LE ROMPIT, ET LEUR DONNA DYSANT. PRENEZ ET MANGEZ, CE EST MON CORPS, QUI SERA LIVRÉ POUR VOUS [B 7r] FAICTEZ CE EN MEMOYRE DE MOY. SEMBLABLEMENT PRINT LE CALICE APRES QUIL EUT SOUPPÉ LEUR BAILLA ET TOUS BEURENT D’ICELLUY. ET DISOIT CHRIST. LE CALICE EST LE NOUVEAU TESTAMENT EN MON SANG QUI SERA POUR VOUS ESPANDU, TOUTES ET QUANTESFOIS QUE VOUS BEUREZ DE CE CALICE, FAICTEZ LE EN MEMOYRE DE MOY. [EXPLICATION – PRIÈRE] Mes bons freres et seurs [,] vous avez icy premierement ouy que le seigneur a faict sa cene avecques ses disciples : et pour ce nul n’est digne de ceste table, sinon qu’il desire et veuille estre disciple de Christ et estre de tout son cueur à la parolle d’icelluy [,] aultrement il est convaincu coulpable du corps et du sang de Jesus christ, en ce qu’il se presente pour un vray disciple de Christ [,] et pour ung qui luy rend graces, combien qu’il ne soit rien moingz. A ceste cause que l’homme s’esprouve, ascavoir s’il croyt le corps du Seigneur avoir esté Livré à mort, et son sang avoir esté espandu pour luy, et s’il a ung couraige prompt et deliberé [B7v] à luy en rendre graces : desirant estre en tout et par tout au Seigneur. Car celuy qui par certaine et indubitable foy croyt le corps de Christ avoir esté livré pour soy et son sang espandu en la croix, en la remission de ses pechez, et que par le nouveau Testament eternel de la grace divineLOHVW¿O]HWKHUHWLHUGH'LHX : [,] icelluy vrayement mange la chair de Christ et boyt son sang, dont il cognoist par experience son ame estre forti¿HHHWUDVVDVLpHQODYLHHWHUQHOOH. Finablement l’amour envers Dieu et envers VRQSURFKDLQHVWUHIDLFWSOXVDUGHQWHWLQÀDPPp.
68. Mt 26, Marc 14, Luc 22, I Cor. 11. La liturgie de Berne 1529 donnait le choix du texte DXPLQLVWUH©«XVVGHQGU\HQ(YDQJHOLVWHQHLQHQQDPOLFK0DWWK;;9,0DUFLDP;,9 &DS/XF;;,,oder3DXOXV&RULQWKª(Coena Domini, p. 234). Le texte ne correspond pas à une traduction précise de l’un de ces passages du Nouveau Testament, même s’il se rapSURFKHGHODWUDGXFWLRQGH/HIqYUHG¶eWDOHVGHVYHUVHWVSDXOLQLHQVLOQ¶HVWSDVQRQSOXVFHOXL GHODOLWXUJLHGH)DUHOHQIDLWF¶HVWVLPSOHPHQWXQHWUDGXFWLRQGHODOLWXUJLHGH%HUQH qui agglutine I Cor. 11, 23-25, Mt 26, 20 et 26, Mc 14, 23 et Luc 22, 20. 69. Cf. I Cor 11, 27-28. 70. Reprise libre de Mt 26, 27. 71. Cf. Rm 8, 17. 72. Cf. Berne 1529 : « der isset waarlich, das ist, rechtgschaffenGDVÀH\VFKXQQGWULQFNHWGDV blut Christi im hetzen ªCoena Domini, p. 235). Cette brève paraphrase de Jean 6, 53-56 introduit paradoxalement un accent réaliste dans l’interprétation de la cène. 73. ©«HWHQYHUVVRQSURFKDLQªDMRXWSDUUDSSRUWj%HUQHWDQGLVTX¶HVWVXSSULPpGHOD WUDGXFWLRQ©PLWWEHJLUGDOOHVJXWHQXQQGKDVDOOHVERVHQª(ibid.).
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Une cène inconnue : morceau choisi de la liturgie bernoise en version française
3RXUODTXHOOHFDXVH>@PHVERQVIUHUHVHWVHXUVQRXVIDXOWELHQSULHUTXH WHOOHIR\VRLWDXJPHQWHHHQQRXVDI¿QTXHQRXVH[SHULPHQWLRQVODGRXOFHXU HWODIRUFHGHODYLDQGHTXLQRXVHVWVLJQL¿HHSDUOH3DLQHWOH&DOLFH&DUSDU ODIUDFWLRQGXSDLQVRQFRUSVURPSXEULVpHWFUXFL¿pQRXVHVWUHSUHVHQWpHW par l’effusion du breuvage son sang espandu pour nous en la remission des pechez3RXUFHJUDQGEHQH¿FHUHQGH]JUDFHVj'LHXDQQRQFH]HWFHOHEUH] VHVKRQQHXUV>%@JORLUHHWPDMHVWpSDUGLJQHVORXDQJH]PDJQL¿H]VDPRUW HQYR]FXHXUVDI¿QTXHYRXVPRXULH]jYRXVPHVPHVHWVR\H]XQJFRUSVHW Pain vif avec luy, et doresnavant vivez en telle sorte que luy soyez à honneur et à tous hommes bon exemple. Laquelle chose veuille faire nostre seigneur Jesus Christ, qui a porté et enduré pour nous, la peine et mort de la croix. Auquel soyt honneur, gloire, et louange eternellement. Ainsy soit il. [INVITATION] DONQUES VOUS TOUS QUI ESTES DE ce vouloir desirans estre de ses disciples HWPHPEUHVGHVRQFRUSV¿QDEOHPHQWTXLOX\YRXOOH]UHQGUHJUDFHVSRXUOD redemption du gendre humain, et celebrer et honnorer par grandes louanges, venez joyeusement et avecques alacrité à manger du Pain et boyre du Calice, protestant et tesmoignant une pure foy [,] sincere concorde et chrestienne FKDULWp OHV XQJV HQYHUV OHV DXOWUHV DI¿Q TXH OH QRP GH 'LHX SDU YRXV VRLW VDQFWL¿pHWTX¶LOQHVRLWSDUYRVWUHIDXOWHEODVSKHPpHWHQPDXYDLVHHVWLPH entre les gens.
74. ©«SRXUQRXVHQODUHPLVVLRQGHVSHFKH]ªUDFFRXUFLSDUUDSSRUWj%HUQH©XQGGDV der Herr für unns alle syn lyb unnd blut Gott synem himmelischen vatter geopferet hat, uff GDVLUHZLJOlEWLQGª(ibid.). 75. ©3DLQYLIªFIODWUDGXFWLRQGH-HDQGDQVOH1RXYHDX7HVWDPHQWG¶2OLYpWDQ©-HVXLV OHSDLQYLITXLVXLVGHVFHQGXGXFLHOª±%HUQH©:HUGHQGPLWLPXQWHUHLQDQGHUH\Q OHLEXQGEURWªibid.). 76. ©«TXLDSRUWp«ODFURL[ªDPSOL¿FDWLRQSDUUDSSRUWj%HUQH©GHUIUXQVJHVWRUEHQ LVWªibid.) 77. &HWWHGR[RORJLHFLWDWLRQLPSOLFLWHG¶$SRFDPSOL¿H%HUQHTXLLQGLTXHVLPSOHPHQW©GHPV\HORELQHZLJNH\W$PHQªibid.) 78. Berne 1529 ajoute : « und im mit allen Christen ewigklich lob unnd danck zesagen, das er syn O\EXQGEOXW]XZHUHUO|VXQJLQWRGJHEHQQKDWª(ibid.). 79. %HUQHDMRXWH©XQGYHUNQGHQGXQQGSU\VHQGGHQWRGGHVV+HUUHQ«ªCoena Domini, p. 235-236). 80. ©HWTX¶LOQHVRLWSDUYRVWUHIDXOWHEODVSKHPp«HQWUHOHVJHQVªDMRXWSDUUDSSRUWj%HUQH 1529 (Coena DominiS 3DUOjHVWVRXOLJQpHODVLJQL¿FDWLRQGHWpPRLJQDJHSXEOLFGHOD FqQHLPSOLTXDQWO¶H[FOXVLRQGHVSpFKHXUVSXEOLFVGDQVOHVHQVGHV©$UWLFOHVGHVSUrFKHXUVª de Genève, 1537).
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[DISTRIBUTION] [B8v] EN APRES LE MINISTRE DISTRIBURA le Pain et le Calice à l’eglise, C’est jGLUHDX[¿GHOHVOjDVVHPEOH]>@DYHFJUDQGHPRGHVWLHRUGUHHWKRQQHVWHWp. [CONCLUSION] LA CONCLUSION DE TOUT LE REMERCYEMENT et action de graces apres la Cene. Reste à ceste heure, mes bons freres et seurs, que considerions diligemment ce qu’avons faict ensemble, c’est que en ce mistere et action de graces, avons confessé et tesmoigné que sommes pouvres et miserables pecheurs, nectoyez WRXWHVIR\VGHQR]SHFKH]HWLQLTXLWH]SDUOHFRUSVGH-HVXVFKULVWVDFUL¿pHQOD croix, et son sang là espandu et rachaptez de la damnation et mort eternelle. En apres que avons promis, juré et protesté une foy et mutuelle dilection envers nostre prochain : laquelle chose pour autant que ne la pouvons accomplir ny executer sans l’ayde de Dieu. [,] Prions l’auteur et collateur de tout bien que le merite de sa mort et passion ne nous soyt osté ou nous eschappe le mettant en oubly. Aussy que la memoyre de celle nous [C1] garde et retire de peché, ains nous provocque [,] esguyllonne et incite à faire bien à nostre prochain. /H'LHXPLVHULFRUGLHXO[HWQRVWUH3HUHYRXVJDUGHGHWRXWPDOHQOXPLQH voz cueurs par son sainct Esperit, et vous soit propice. Allez en paix, aymez l’ung l’aultre comme Christ vous a aymez. Et ayez les pouvres en bonne souvenance et recommandation.
81. 9LUJXOH DMRXWpH DSUqV © DVVHPEOH ª SRXU UDSSURFKHU OD WUDGXFWLRQ GX VHQV GH O¶RULJLQDO « Demnach sol er mitt zucht unnd eersame das brot unnd den kelch, der gmeynd Gottes darUH\FKHªibid.). 82. ©(QFHPLVWHUHHWDFWLRQGHJUDFHVªDXOLHXGH©P\VWqUHªYRFDEOHHQSULQFLSHWHFKQLTXH pTXLYDOHQWGH©VDFUHPHQWªOHWH[WHGH%HUQHpYRTXHOD©PpPRLUHGHODIRLª©PLW GHUGDQFNEDUHQJHGDFKWQXVVXQVHUVJORXEHQª (ibid.). 83. ©'DPQDWLRQªFHGRXEOHWGH©PRUWpWHUQHOOHªSRLQWQHXWUHHVWXQDMRXWGXWUDGXFWHXU 84. ©O¶DXWHXUHWFROODWHXUGHWRXWELHQª%HUQHGLWVLPSOHPHQW©*RWWªCoena Domini, ibid.). 85. 2QSHXWQRWHUXQHWUDFHGHFHWWHSULqUH¿QDOHSRXUODPpPRLUHGHODFqQHWUDGXLWHGHODOLWXUgie bernoise, dans l’Ordre et manière (la nouvelle édition de la liturgie de Farel, 1538) : « … qu’il luy plaise imprimer fermement en noz cueurs la memoire de ce sainct mystere auquel QRXVDYRQVFRPPXQLFTXp>«@DI¿QTXHHQOHVUHFRJQRLVVDQVQRXVDFFURLVVLRQVMRXUQHOOHPHQWHQVHXUHFRQ¿DQFHGHVDERQWpªCoena Domini, p. 346). De même dans les « graces DSUqVODFqQHªGHVOLWXUJLHVGH&DOYLQLa Manyere de faire prieres…, Strasbourg 1542 et La Forme des prieres…, Genève 1542) : « que jamais nous mettions en oubly ces choses : Mais plustost, les ayant imprimees en noz cœurs, nous croissions et augmentions assiduellement HQOD)R\ªYRLUDXVVLjO¶DUWLFOHGHODFqQHGDQVO¶Instruction et confession de foy de Genève 1537). 86. Formulation libre de la bénédiction d’Aaron (Nombres 6, 24-26) dans Berne 1529 (Coena Domini, ibid.).
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LES MUTATIONS DU SENTIMENT RELIGIEUX EN AFRIQUE DU SUD AU TEMPS DU SIDA
Philippe DENIS Université du KwaZulu-Natal
Que le sida, comme toute épidémie, soit un phénomène social et culturel, et non pas seulement médical, est une évidence, reconnue par les chercheurs et les organismes de santé publique depuis le début des années 1990 en dépit de la dominance du paradigme biomédical. Plus récente est la prise en compte du facteur religieux dans la compréhension et la prise en charge du sida. Pendant les deux premières décennies de l’épidémie, la religion apparaissait essentiellement comme un frein aux campagnes de prévention et un obstacle à la mise en place des programmes de santé publique. Mais les FKRVHVRQWFKDQJp6XLYDQWO¶H[HPSOHGXJRXYHUQHPHQWDPpULFDLQTXL¿QDQFH depuis 2003, les associations religieuses ( faith-based organisations) engagées dans la lutte contre le sida, la plupart des grands organismes de santé publique et, à l’échelon national ou provincial, les ministères de la santé reconnaissent désormais le travail des agents pastoraux, en Afrique subsaharienne surtout. Qu’il s’agisse des services de soins à domicile (home-based care), des traitements antirétroviraux ou de la prise en charge des orphelins, les institutions religieuses, chrétiennes ou musulmanes principalement, sont devenues incontournables. Non que la religion joue nécessairement un rôle positif dans
1.
2.
3.
P. DENIS©3RXUXQHKLVWRLUHVRFLDOHGXVLGDHQ$IULTXHVXEVDKDULHQQHªGDQV3DENIS et C. BECKER (dir.), L’épidémie du sida en Afrique subsaharienne, Paris 2006, p. 20-21. Voir aussi C. BECKER, J.-P. DOZON, C. OBBO et M. TOURÉ, Vivre et penser le sida en Afrique. Experiencing and understanding AIDS in Africa, Dakar-Paris 1999. J. OLIVIER et G. PATERSON, « Religion and medicine in the context of HIV and AIDS. A landVFDSLQJUHYLHZªGDQV%HADDAD (dir.), Religion and HIV and AIDS. Charting the Terrain, Pietermaritzburg 2011, p. 28. Sur les liens entre President’s Emergency Fund for AIDS Relief (PEPFAR) et les mouvements religieux, voir E. EPSTEIN © *RG DQG WKH )LJKW$JDLQVW$,'6 ª GDQV The invisible FXUH$IULFDWKH:HVWDQGWKH¿JKWDJDLQVW$,'6New York 2007, p. 185-201.
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Philippe Denis
la lutte contre le sida. En de nombreux lieux, elle demeure un facteur d’exclusion par un discours excessivement moralisateur et des pratiques discriminantes. Quel que soit le jugement que l’on porte sur leur action, cependant, il HVWFODLUTXHOHVLQVWLWXWLRQVUHOLJLHXVHVH[HUFHQWXQHLQÀXHQFHVXUOHFRXUVGH l’épidémie du sida en Afrique subsaharienne. Je voudrais, dans ce court essai écrit en hommage à Bernard Roussel, FRPSDJQRQGHURXWHHWDPL¿GqOHGHSXLVSOXVLHXUVGpFHQQLHVSRVHUODTXHVtion inverse : dans quelle mesure le sida a-t-il changé le sentiment religieux ? Ce point a été rarement étudié. Je limiterai mon enquête à l’Afrique du Sud et, plus précisément, à la région de Pietermaritzburg où nous menons, un groupe de collègues, quelques étudiants et moi, un projet d’histoire orale sur l’expérience du sida chez les agents pastoraux et les travailleurs humanitaires depuis le début de l’épidémie dans les années 1980. Je privilégierai quinze témoignages oraux recueillis entre 2009 et 2011 par Molly Longwe, une doctorante en sciences religieuses, auprès d’animatrices de groupes de soutien aux personnes vivant avec le sida (HIV/AIDS support groups). Toutes les femmes interviewées sauf deux étaient membres d’une Église HQWUHWHQDQWGHVOLHQVDYHFOH&RPPXQLW\&DUH3URMHFWXQSURJUDPPH9,+ sida de la Pietermaritzburg Christian Fellowship, une Église pentecôtiste de 3LHWHUPDULW]EXUJ/HVWDWXWHFFOpVLDOGHFHWWHFRQVWHOODWLRQG¶eJOLVHVHVWGLI¿FLOHjGp¿QLUSDUOHXUIRQGDPHQWDOLVPHELEOLTXHOHXULQYRFDWLRQGHO¶(VSULWHW leurs pratiques de guérison, elles font penser à des Églises pentecôtistes, mais par leur genèse et leur mode d’organisation elles se rattachent au groupe des Églises africaines indépendantes. Elles sont, dans tous les cas, majoritaires dans le pays. En 2001, les Église pentecôtistes et africaines indépendantes représentaient ensemble 40 % de la population sud-africaine, davantage que toutes les autres Églises chrétiennes combinées, l’Église catholique comprise. Les deux seules femmes non-pentecôtistes à être interviewées étaient DQJOLFDQHV/¶XQHHWO¶DXWUHLQ¿UPLqUHVHOOHVpWDLHQWPHPEUHVGHOD0RWKHU¶V Union, une association féminine anglicane.
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6.
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Je développe ce point dans « HIV, AIDS and Religion in sub-Saharan Africa: An historical VXUYH\ªGDQVReligion and HIV, p. 57-77. Pour un aperçu des travaux récents sur religion et sida en Afrique, voir The Cartography of HIV and AIDS. A Partially Annotated Bibliography, December 2010 (accessible en ligne sur le site du centre de recherche CHART : www.chart. ukzn.ac.za). ,QDXJXUpHQFHSURMHWEpQp¿FLHGXVRXWLHQGHOD1DWLRQDO5HVHDUFK)RXQGDWLRQ15) le fonds de recherche sud-africain, et du South African Netherlands research Programme on Alternatives in Development (SANPAD). À la conclusion, plus de 150 témoignages oraux seront mis à la disposition des chercheurs. Statistics South Africa, Census 2001. Les entretiens d’histoire orale utilisés pour cette étude ont été menés en anglais. Les personnes interviewées ont donné par écrit aux organisateurs GXSURMHWODSHUPLVVLRQG¶XWLOLVHUOHXUVWpPRLJQDJHVjGHV¿QVGHUHFKHUFKH
Les mutations du sentiment religieux en Afrique du Sud au temps du sida
Dieu, maître du destin des hommes En première analyse, le discours tenu dans ces interviews apparaît conventionnel. Dieu, est-il dit, sait mieux que nous ce qui nous convient. Faisons-lui FRQ¿DQFH/D%LEOHPRQWUHOHFKHPLQ Ainsi Amanda : victime de deux viols, elle était séropositive et avait perdu en quelques années quatre membres de sa famille, vraisemblablement pour cause de sida. Quand, après beaucoup de temps et d’hésitation, elle mit sa mère au courant de sa séropositivité, celle-ci lui répondit qu’il n’y avait rien à IDLUHSXLVTXH©F¶HVW'LHXTXLOXLDYDLWGRQQpXQHQIDQWVpURSRVLWLIª Interrogée sur ce qu’elle pensait de la Bible, Amanda répondit sur le mode de la confession de foi : Je sais que tout est dans la Bible parce que Dieu a écrit la Bible et je sais que quand nous faisons ce que Jésus nous demande de faire, nous sommes bénis et suivons le droit chemin de Dieu. Dieu nous guérira quelle que soit notre maladie. Je crois que c’est dans la Bible et dans l’Église. Je crois que c’est Dieu qui dit au pasteur ce qu’il doit dire.
Ayanda, une mère de quatre enfants, tous de père différent, ne doutait pas non plus de l’intervention de Dieu dans sa vie. Elle découvrit sa séropositivité en 2006 à la naissance de son deuxième enfant, qui était aussi porteur du virus. L’infection était antérieure car son premier-né était également séropositif. À la naissance de son troisième enfant, en 2007, ayant été aux soins intensifs, elle était convaincue que son bébé serait séropositif. « Mon Dieu, GLVDLWHOOHYRXVP¶DYH]DEDQGRQQpª¬FHWWHGDWHHOOHQHYR\DLWSDV©O¶XWLOLWpG¶rWUHFKUpWLHQQHª0DLVO¶HQIDQWpFKDSSDjO¶LQIHFWLRQ4XDQGVXUYLQWXQH quatrième grossesse, s’y étant prise trop tard pour recourir à un avortement, elle pria de tout son cœur pour que le bébé ne soit pas séropositif. Le médecin, de son côté, la mit sous traitements antirétroviraux. Au test il se révéla séronégatif. Pour Ayanda, c’était l’œuvre de Dieu. Ce deuxième miracle la déterPLQDjVH©FRQYHUWLUªDXFKULVWLDQLVPH : « Je me suis demandé ce que j’avais fait pour mériter deux enfants sans sida. Je voyais que Dieu m’accordait ses faveurs et je ne lui répondais pas. Il fallait que je devienne chrétienne et que je le remercie pour ce qu’il avait fait pour moiª Nous avons ici une compétition ouverte entre deux systèmes de croyance. D’un point de vue médical, les antirétroviraux – ou la chance tout simplePHQW ± VXI¿VDLHQW j H[SOLTXHU O¶DEVHQFH GH WUDQVPLVVLRQ 6DQV WUDLWHPHQW entre 15 et 45 % des enfants nés de mères séropositives sont infectés durant
7. 9.
Amanda M., 10 juin 2009. ,OV¶DJLWG¶XQHFRQYHUVLRQDXVHQVGH©QRXYHOOHQDLVVDQFHªborn again). Ayanda était probablement membre d’une Église missionnaire avant cette expérience spirituelle. Ayanda M., 11 juin 2009.
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la grossesse et l’accouchement. Dans les pays en développement, ce taux peut être réduit à 5 % sinon moins après traitement de la mère et l’enfant. Mais pour Ayanda, la séronégativité de ses deux derniers-nés avait une autre cause. C’est Dieu, qu’elle refusait jusqu’alors d’honorer, qui les avait épargnés. En remerciement, elle lui offrit ce qu’elle appelle sa conversion. La suite du récit lui donnait raison. L’Église dont elle devint membre, His Grace Tabernacle, lui accorda un entier soutien et elle s’y sentit pleinement à O¶DLVH¬SHLQHpWDLWHOOHUHoXHTX¶RQOXL¿WGRQGHODQJHVSRXUVHVGHX[SOXV jeunes enfants. Quand sa maison brûla, des membres de l’Église lui offrirent des vêtements et des couvertures. 8QHGHVFDUDFWpULVWLTXHVOHVSOXVLQWpUHVVDQWHVGHFHWWH©FRQYHUVLRQªHVW qu’elle n’entraîna aucunement une remise en question du mode de vie maritale d’Ayanda. Quand Molly lui demanda quel passage de la Bible l’avait impressionnée le plus, elle donna pour réponse les dix commandements, mais dans VRQ LQWHUSUpWDWLRQ GX WH[WH HOOH QH UHOHYD GH IDoRQ VLJQL¿FDWLYH TXH GHX[ commandements : le quatrième, sur le repos dominical, et le huitième, sur le vol. Le fait qu’elle eut au moins quatre partenaires sexuels sans qu’il fût jamais question de mariage n’entrait pas en considération. L’Église l’acceptait telle qu’elle était : sans mari et avec quatre enfants aux pères absents. Le mariage, piège mortel Comment expliquer que le mariage occupe une place aussi réduite dans l’imaginaire chrétien ? La première raison est économique. En Afrique du Sud, le mariage suppose une stabilité professionnelle et un niveau de revenu auxquels seules les classes moyennes ont accès. Pour la majorité des hommes et des femmes, il est complètement hors d’atteinte. Entre 1995 et 1999, selon une enquête, 59 % des femmes de la tranche 15-49 ans n’avaient jamais été mariées et ne cohabitaient pas. Ce chiffre concernant la population tout entière, la proportion des femmes célibataires était plus élevée encore dans la population noire. Et tout porte à croire qu’elle a continué à augmenter la décennie suivante. Le cas d’Ayanda, on le voit, est loin d’être isolé.
10.
Dans les pays disposant d’une bonne infrastructure médicale comme la France, ce taux est quasiment nul. 11. M. HUNTER, Love in the Time of AIDS. Inequality, Gender, and Rights in South Africa, Bloomington 2010. 12. D. BUDLENDER, N. CHOBOKOANE et S. SIMELANE, « Marriage patterns in South Africa : 0HWKRGRORJLFDO DQG VXEVWDQWLYH LVVXHV ª Southern African Journal of Demography (juin 2004), p. 1-26.
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Les mutations du sentiment religieux en Afrique du Sud au temps du sida
Mais le mariage est problématique pour une autre raison. Dans une société où les relations entre hommes et femmes sont marquées par la violence, ce PRGHG¶XQLRQIDLWDXWDQW¿JXUHGHULVTXHTXHG¶RSSRUWXQLWpVXUWRXWTXDQGOHV rapports sexuels sont susceptibles de provoquer une contamination. Cette réaOLWpDSSDUDvWHQ¿OLJUDQHGDQVFHUWDLQHVLQWHUYLHZV Sur la question du préservatif, Irène, qui fréquentait la Baptist Bible Church, avait sa propre opinion. Quand son pasteur parlait du sida, ce qu’il IDLVDLW FHUWDLQV GLPDQFKHV LO SUrFKDLW O¶DEVWLQHQFH PDLV QH VRXIÀDLW PRW GX préservatif. Elle, en revanche, était d’avis que des couples mariés discordants SRXYDLHQWXWLOLVHUOHSUpVHUYDWLI)DOODLWLOGRQFHQSDUOHU"©2XLªUpSRQGLW elle. Puis après un silence : « Mais le pasteur n’en a jamais parléª Janet était du même avis. À la différence de son pasteur qui « n’aimait pas GLUHDX[JHQVTX¶LOVGHYDLHQWXWLOLVHUOHSUpVHUYDWLIªHWUHFRPPDQGDLWO¶DEVtinence, elle pensait que « quand quelqu’un est marié, il doit utiliser un préVHUYDWLI HW SUDWLTXHU XQ VH[H VU ª 4XDQW DX[ MHXQHV TXL © FRXFKHQW DYHF Q¶LPSRUWHTXLªLOIDOODLWSULHUDYHFHX[OHXUSDUOHUOHVQRXUULUHWOHVRFFXSHU pour qu’ils pensent à autre chose. Ce qu’Irène et Janet ne disaient pas, c’est la raison pour laquelle elles différaient de leur pasteur. Dans la société africaine contemporaine, les hommes et les femmes ont une expérience contrastée du mariage. Il est couramment admis que les hommes, même actifs au sein d’une Église, aient des relations extraconjugales. Les femmes s’en rendent compte, mais ne se sentent pas autorisées à en parler. Le niveau d’information sur le sida augmentant, elles savent que leurs maris mettent leur vie en danger. Comme l’écrivait la théologienne féministe Isabel Phiri, le mariage africain est au centre d’un système patriarcal qui fonde la position de subordination des femmes. Leur situation les rend incapables de négocier l’acte sexuel. Il y aurait plus d’infections au VIH chez les femmes mariées que dans n’importe quelle autre catégorie de femmes 6L O¶LQVWLWXWLRQ GX PDULDJH HVW GHYHQXH © XQ SLqJH PRUWHO ª, peut-être faut-il le désacraliser, suggère une autre théologienne africaine, Madipoane Masenya. Une nouvelle lecture de la Bible, écrit-elle, devrait perPHWWUHDX[eJOLVHVFKUpWLHQQHVGH©GpLGROkWUHUªde-idolise) le mariage.
13. 14. 15.
Irène M., 14 mai 2009. Janet G., 14 mai 2009. I. PHIRI©$IULFDQ:RPHQRI)DLWK6SHDN2XWLQDQ+,9$,'6(UDªGDQV,PHIRI, B. HADDAD et M. MASENYA (dir.), African Women, HIV/AIDS and Faith Communities, Pietermaritzburg 2003, p. 10. 16. E. CHITANDO, Acting in Hope. African Churches and HIV/AIDS, vol. 2, Genève 2007, p. 10. 17. M. MAPOENA, « Trapped Between Two ‘Canons’ : African-South African Christian Women LQWKH+,9$,'6(UDªGDQVAfrican Women, p. 126.
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Le dilemme de la prévention Les interviews donnent par ailleurs une idée de la manière dont le message diffusé dans les Églises chrétiennes sur la sexualité est reçu. Le débat sur le préservatif sert, de ce point de vue, de révélateur. À en juger par les interviews, le message dominant dans les Églises était FHOXL GH O¶DEVWLQHQFH HW GH OD ¿GpOLWp 'DQV OD -LP 5HHI *UDFH &KXUFK SDU exemple, l’usage du préservatif était un sujet tabou. « Nous n’autorisons pas le SUpVHUYDWLISDUFHTXHQRXVVRPPHVFKUpWLHQVªUHOHYDLW1RPNKRVL0DLVHOOH comprenait très bien que d’autres personnes, celles qui ne fréquentaient pas son Église, l’utilisent. Dieu seul savait comment répondre à l’épidémie. « Les gens ne changent pas à cause de ce que nous leur disons, des conseils que nous leur donnons ou de quoi que ce soit, observait-elle, c’est Dieu seul qui change la personneª Dans les témoignages recueillis lors des entretiens, il existait cependant d’intéressantes variations. Nous avons déjà vu que, aux yeux de certaines des personnes interviewées, il était légitime pour un couple marié d’utiliser le préservatif. Pour sa part, le pasteur de Zandile, un membre du Community Care Centre et à ce titre en contact avec des milieux théologiques plus libéraux, prêchait l’abstinence jusqu’au mariage, mais il ajoutait que « pour ceux qui ne YRXODLHQWSDVHQWHQGUHªOHVSUpVHUYDWLIVpWDLHQWDXVVLXQHVROXWLRQ,OUHOHYDLW toutefois que ceux-ci « n’étaient pas sûrs à cent pour centª 1ROZD]LXQHLQ¿UPLqUHPHPEUHGHOD0RWKHU¶V8QLRQGHO¶eJOLVHDQJOLcane, exprimait de façon plus éloquente encore le dilemme de la prévention : le préservatif ne devrait pas être nécessaire, surtout chez les jeunes, mais, les choses étant ce qu’elles sont, il est impossible de ne pas l’utiliser : /HSUpVHUYDWLIF¶HVWXQVXMHWGLI¿FLOH3HUVRQQHOOHPHQWHQWDQWTXHFKUpWLHQQH MHQHVRXKDLWHSDVTX¶RQOHVXWLOLVHVSpFLDOHPHQWOHVMHXQHV¿OOHV-HYRXGUDLV qu’elles ne pratiquent pas le sexe, mais s’abstiennent au contraire parce que, pour commencer, quand on n’est pas marié, on n’est pas censé coucher avec un homme. Mais la situation a changé avec les jeunes générations. Quant aux IHPPHVPDULpHVFRPPHOHXUVPDULVQHVRQWSDV¿GqOHVHWHOOHVPrPHVQHOH sont pas quelquefois non plus, il vaut mieux qu’elles utilisent le préservatif, surtout quand elles savent bien qu’elles n’en feront qu’à leur tête. Mais s’il V¶DJLWGHMHXQHV¿OOHVYUDLPHQWjPRQDYLVQRQMHQHSHX[SDVGLUHTX¶HOOHV QHSHXYHQWSDVO¶XWLOLVHU&¶HVWWHUULEOHSRXUXQHMHXQH¿OOHGHWUHL]HDQVRX même dix ans ou plus de coucher avec un garçon. Si elles ne couchaient pas, elles n’auraient pas besoin d’utiliser un préservatif. Pourquoi n’attendent-elles pas jusqu’au mariage ? Mais aujourd’hui les gens sont au courant, et nous
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Nomkhosi Khumalo, 9 juin 2009. Zandile H., 11 mai 2009.
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déposons des préservatifs dans les tiroirs pour que si un garçon pense qu’il peut en avoir besoin, il le prenne.
&HWpPRLJQDJHFRQ¿UPHXQSURSRVUpFHQWG¶$OLVRQ0XQURODGLUHFWULFHGX EXUHDX9,+VLGDGHOD&RQIpUHQFHpSLVFRSDOHFDWKROLTXHG¶$IULTXHDXVWUDOH « Le choix d’utiliser ou non le préservatif, écrit cette sœur dominicaine, n’a pas grand-chose à voir avec ce que les responsables religieux peuvent en dire. Les gens qui ont recours au préservatif y voient une façon d’empêcher l’infection au VIH, quelles que soient leurs convictions religieuses et qu’ils soient ou non dans une relation stableª Un système de croyances à plusieurs niveaux Si le discours ecclésial sur le caractère spirituel de l’épidémie change peu, dans les Églises pentecôtistes tout au moins, on observe chez certaines des personnes interviewées un questionnement inédit sur la nature de la maladie. Nous venons de voir que, chez beaucoup de femmes touchées par le sida, le SUpVHUYDWLIDSSDUDLVVDLWFRPPHXQPR\HQ¿DEOHGHSURWHFWLRQ&¶HVWFHPRUceau de caoutchouc et non un quelconque Deus ex machina, pour citer Dietrich Bonhoeffer, qui devait leur épargner l’infection, pourvu bien sûr qu’elles réussissent à persuader leur partenaire masculin de l’utiliser. Foi chrétienne et FRQ¿DQFHGDQVODWHFKQRORJLHPpGLFDOHQHV¶RSSRVDLHQWSDVQpFHVVDLUHPHQW Sans pour autant tourner le dos aux Églises – ni aux croyances traditionnelles, souvent associées au christianisme – les femmes de Pietermaritzburg intégraient le mode de penser biomédical à leur conception du monde. Très frappant de ce point de vue, par l’élaboration du raisonnement, est le témoignage de Lungisile. À Molly qui lui demandait si, selon elle, le sida était un châtiPHQWGH'LHXHOOH¿WFHWWHUpSRQVH Pour moi ce n’est pas un châtiment de Dieu. Au temps de nos grands-parents, on souffrait d’une maladie appelée la lèpre. Il n’existait aucun traitement mais, DYHFOHWHPSVRQD¿QLSDUWURXYHUXQUHPqGH2QQHSHXWSDVGLUHTXHODOqSUH est un châtiment de Dieu. Prenons le VIH. Pendant longtemps, nous n’avions rien qui ressemble aux antirétroviraux que nous avons aujourd’hui. Il a fallu
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Nolwazi Z., 11 mai 2011. A. MUNRO©3UDFWLWLRQHUUHVSRQVHªGDQVReligion and HIV, p. 79. Du même auteur voir : © 5HVSRQVLELOLW\ WKH 3UHYHQWLRQ RI +,9$,'6 ª GDQV 6BATE (dir.), Responsibility in a Time of AIDS. A Pastoral Response by Catholic Theologians and AIDS Activists in Southern Africa, Pietermaritzburg 2003, p. 32-51. En 2001, les évêques catholiques d’Afrique ausWUDOH¿UHQWFDPSDJQHGDQVA Message of Hope, une lettre pastorale très controversée, contre l’usage du préservatif, accusé d’encourager la promiscuité et de nuire à la dignité du mariage. Ils concédaient cependant son usage dans le cas de couples mariés discordants. Voir à ce propos P. DENIS©6H[XDOLWpHWVLGDHQ$IULTXHGX6XGªRevue d’éthique et de théologie morale (Le Supplément) 223 (décembre 2002), p. 63-79.
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combien de temps ? Aussi bien, je crois que, puisque nous avons les antirétroYLUDX[QRXV¿QLURQVSDVWURXYHUXQUHPqGH,ODIDOOXORQJWHPSVSRXUWURXYHU les antirétroviraux et de la même façon il faudra longtemps pour trouver un remède.
&KDFXQHjVDIDoRQOHVIHPPHVLQWHUYLHZpHV©EULFRODLHQWªXQpTXLOLEUH entre savoir biomédical, foi chrétienne et croyance aux ancêtres. De ce travail d’élaboration le témoignage de Zama fournit un excellent exemple. Zama découvrit sa séropositivité à la naissance de son premier enfant en 1998. Elle était alors au lycée. Son bébé mourut neuf mois plus tard. Sa sœur était également séropositive. Sa sœur aînée et son frère étaient décédés, peutêtre à cause du sida. Ses deux plus jeunes sœurs, sans emploi, habitaient avec elle. Un deuxième enfant, séronégatif celui-là, était né en 2006. Les premières années, Zama vécut mal sa séropositivité. La conseillère qui lui révéla son statut manquait complètement de tact et elle pensa au suicide. Les membres de son Église, à qui elle avait révélé sa situation, l’isolèrent, accroissant son sentiment d’aliénation. Elle ne dit rien à son oncle, un pasteur GH O¶$SRVWROLF )DLWK 0LVVLRQ TXL DSSRUWDLW XQ VRXWLHQ ¿QDQFLHUj OD IDPLOOH parce qu’elle avait peur de sa réaction. &HSDVVDJHGLI¿FLOHFHSHQGDQWUHQIRUoDVDIRLFKUpWLHQQH©'LHXSULDLW elle, vous êtes le maître. Si je n’ai plus que la peau sur les os, c’est à cause de ODPDODGLH5HQGH]PRLPDFKDLUHWPDEHDXWpª©,OVGLVHQWTXHFHWWHPDODGLH tue, disait-elle encore. Je sais qu’elle tue, mais vous, Dieu, vous êtes le seul TXLSHXWPHJXpULUª Dieu, selon le témoignage de Zama, la guérit « avant même la venue des DQWLUpWURYLUDX[ª'HODPrPHPDQLqUHHOOHLQWHUSUpWDLWODVpURQpJDWLYLWpGH son second enfant comme un signe de la faveur divine : Dieu est un guérisseur. Si vous croyez en lui, il vous guérira. Mais c’est seulement si vous croyez en lui, comme moi, qui suis toujours en vie aujourd’hui et ai un enfant qui porte témoignage, qui est négatif. Beaucoup de gens me GHPDQGHQW2DYH]YRXVWURXYpFHWHQIDQWHVWFHYRWUH¿OV",OVQHYHXOHQW SDV FURLUH TX¶LO HVW PRQ ¿OV ,OV PH GHPDQGHQW R MH O¶DL WURXYp HW MH OHXU UpSRQGV TXH F¶HVW PRQ ¿OV &RPPHQW SRXYH]YRXV DYRLU FHW HQIDQW SXLVTXH vous êtes une pécheresse ? Non, je réponds, Dieu n’est pas comme vous. J’en porte témoignage. Il montre au monde qu’il est le Dieu des dieux. Il a le pouvoir de me donner un enfant qui est séronégatif.
Comme Ayanda, dont le témoignage est cité plus haut, Zama savait que le médecin lui avait administré ainsi qu’à son enfant une dose de Nevirapine, le médicament antirétroviral qui empêche la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Elle commença du reste un traitement antirétroviral elle-même peu
22. 23.
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Lungisile M., 11 mai 2009. Zamaswazi N., 15 avril 2010
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après la naissance, vraisemblablement parce que son taux de CD4 était tombé en dessous de la barre des 200 par millilitre. C’est durant cette période qu’elle devint conseillère au Community Care Centre, une position rémunérée qu’elle occupait au moment de l’interview. À ce titre, elle participa à diverses formations à l’accompagnement des malades du sida. Elle était donc informée des aspects biomédicaux du sida, mais cela ne l’empêchait pas d’interpréter sa propre survie et la séronégativité de son enfant comme une réponse de Dieu à ses prières. Un passage de l’interview montre que le système de croyance de Zama était moins univoque qu’une lecture rapide du texte ne pourrait le faire SHQVHU5pÀpFKLVVDQWVXUOHVFLUFRQVWDQFHVTXLO¶DYDLHQWFRQGXLWHjFRQWUDFWHU le virus, elle admettait que la cause en était ses rapports avec des boyfriends. Cependant, loin de décrire cette situation en termes moraux, comme on aurait pu l’attendre d’une personne aussi proche de la position des Églises, elle en donnait une explication sociale : Ce n’était pas mon but d’avoir des boyfriends, c’était à cause de la pauvreté. Je me suis dit alors que les problèmes auxquels je faisais face étaient à cause de la pauvreté, parce que nous n’avons personne qui puisse nous donner conseil sur cette maladie et sur la vie.
Le lien entre pauvreté et sida est bien établi. Une anthropologue sud-afriFDLQH6X]DQQH/HFOHU0DGODODDIRUJpO¶H[SUHVVLRQ©VH[HWUDQVDFWLRQQHOª (transactional sex) pour décrire l’échange de faveurs sexuelles entre partenaires d’âges et niveaux socio-économiques différents contre de l’argent ou des avantages matériels dans l’intention d’échapper à la pauvreté ou d’accéder à des biens de consommation &HWWH Gp¿QLWLRQ FRUUHVSRQG j FH TXH QRXV savons de la situation de Zama : adolescente, sans parents, avec deux sœurs à charge, elle avait des besoins matériels qu’une relation avec un boyfriend, probablement plus âgé et disposant de revenus, pouvait couvrir. La dernière partie de l’interview ajoute à sa complexité. Formellement, comme il était de règle dans les Églises pentecôtistes et les Églises de la mouvance évangélique en général, Zama refusait toute référence à la religion traditionnelle africaine. À en juger par ses déclarations, elle n’attendait pas GHVHVDQFrWUHVOHV©PRUWVYLYDQWVªGHODFXOWXUHDIULFDLQH qu’ils la proWqJHQW FRQWUH OD PDODGLH HW OD PDXYDLVH IRUWXQH 'LHX OXL VXI¿VDLW 0DLV OD manière dont elle pratiquait sa foi fait irrésistiblement penser à la religion
24.
S. LECLER-MADLALA©7UDQVDFWLRQDO6H[DQGWKH3XUVXLWRI0RGHUQLW\LQ6RXWK$IULFDª Social Dynamics S 25. J. MBITI, Introduction to African Religion, New Work 1975.
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traditionnelle africaine. De manière constante quoique non délibérée, elle donnait un contenu chrétien à des comportements et des pratiques traditionnelles africaines. ©-HVXLVXQHFRPEDWWDQWHGHODSULqUHXQH¿GqOHDXFXOWHHWXQHSURSKpWHVVHªFRPPHQoDWHOOH0ROO\TXLSDUWDJHDLWODPrPHFXOWXUHOXLGHPDQGD VLHOOHSULDLWGDQVODPRQWDJQH=DPDUpSRQGLWSDUO¶DI¿UPDWLYH8QHIRLVSDU mois environ, l’après-midi, elle se rendait à Table Mountain, à une dizaine de kilomètres de Pietermaritzburg, en réponse à l’appel de Dieu : Je n’y vais pas de moi-même, mais seulement quand Dieu dit : Je veux te parler dans la montagne. Quand je suis assise quelque part, comme je suis assise avec vous, il dit : Zama, il y a quelque chose que je voudrais te dire. Il n’est pas facile de reconnaître cette voix, quand Dieu veut me dire quelque chose. Ce n’est pas facile, mais dans mes oreilles, je l’entends parler. Et si j’ignore cette YRL[MHPHWURXYHHQGLI¿FXOWp
Quand elle refusait d’écouter Dieu, Zama devenait malade. Elle entendit l’appel pour la première fois au terme d’un jeûne de quarante jours organisé par son Église en l’an 2000. Elle comprit que Dieu lui demandait d’être prophétesse et se consacra depuis cette date à la prière et à l’évangélisation. Elle continua à jeûner, seule cette fois, et, comme nous l’avons vu, se rendit régulièrement sur la montagne pour prier. Les homologies entre ce type d’expérience spirituelle et la religion traditionnelle africaine sont remarquables. Quand une jeune femme devient mystérieusement malade, le devin (sangoma) appelé à son chevet lui explique, après être entré en communication avec ses ancêtres, qu’elle est appelée à devenir sangoma elle-même et doit, toute affaire cessante, se rendre dans une école d’initiation. Sa maladie disparaît aussitôt. En contexte africain, jeûner, entendre des voix et monter au sommet d’une montagne pour prier sont choses communes. Zama reproduisait spontanément ces pratiques, mais en leur donQDQWXQHVLJQL¿FDWLRQFKUpWLHQQH Conclusion Le sida change-t-il les croyances et les comportements religieux, nous demandions-nous au début de cet article ? La réponse est oui. Nous ne parlons pas ici du travail théologique, que le drame de l’épidémie a incontestablement
26.
J’ai abordé l’étude de ce phénomène dans un autre article : « Chrétiennes et africaines : le GLOHPPHG¶XQJURXSHGHIHPPHVVXGDIULFDLQHVªRevue théologique de Louvain 35 (2004), p. 54-74. 27. Un site homonyme, de même structure géologique, existe au Cap. 28. A.-I. BERGLUND, Zulu Thought Patterns and Symbolism, Londres 1976, p. 136-161.
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stimuléQLGHVHIIRUWVPHQpVSRXULQFOXUHXQHUpÀH[LRQVXUOHVLGDGDQVOHV programmes théologiquesPDLVGHODIRLGHVFKUpWLHQV©RUGLQDLUHVªDIIHFWpV ou infectés par le sida, dans les quartiers pauvres d’une grande ville sudafricaine. Les témoignages oraux que nous avons analysés émanent presque WRXVGHPHPEUHVG¶eJOLVHVSHQWHF{WLVWHVXQJURXSHVRXYHQWGLI¿FLOHjGLVWLQguer de celui des Églises africaines indépendantes, qui rassemble la majorité des chrétiens en Afrique du Sud. Les résultats n’auraient sans doute pas été très différents si l’échantillon avait inclus des méthodistes, des anglicans, des luthériens ou des catholiques. Toutes les personnes interviewées étaient des femmes, un trait qui s’explique par le fait que les groupes de soutien aux personnes vivant avec le sida sont essentiellement constitués de femmes. L’irruption de l’épidémie du sida dans la vie quotidienne, la nécessité de se protéger contre le virus et le souhait de guérir en cas de contamination contraignirent ces femmes à intégrer le facteur biomédical dans leur conception du monde davantage qu’elles ne l’avaient jamais fait auparavant. Elles le ¿UHQWLQGpSHQGDPPHQWGHO¶RSLQLRQGHOHXUVSDVWHXUVHQTXLHOOHVFRQVHUYDLHQW FHSHQGDQWXQHJUDQGHFRQ¿DQFH6¶DJLVVDQWGXSUpVHUYDWLIHOOHVVDYDLHQWELHQ que les hommes d’Église y voyaient une porte ouverte à la licence sexuelle et à la promiscuité. Elles y voyaient, de leur côté, le moyen de ne pas être infectées par leurs partenaires. Elles souhaitaient que leurs enfants pratiquent l’abstinence mais s’ils en décidaient autrement, elles préféraient qu’ils utilisent le préservatif, quoi qu’en dise le pasteur. De la même façon elles ne pouvaient s’empêcher d’observer les effets des traitements antirétroviraux sur la santé des personnes atteintes par le virus. Ce prodige médical ne remettait pas nécessairement en question la toute-puissance de Dieu. Il révélait plutôt en œuvre une sorte de double vérité : Dieu et la médecine agissaient concurUHPPHQW)DXWHG¶LQIRUPDWLRQVXI¿VDQWHSOXVLHXUVGHVIHPPHVLQWHUYLHZpHV considéraient la naissance sans infection d’une mère séropositive comme le résultat d’une intervention divine. Mais elles observaient quand même qu’une dose de Nevirapine avait été administrée à la mère et l’enfant.
29.
Pour un aperçu, voir l’ouvrage Religion and HIV. S’inspirant d’un propos du théologien VXGDIULFDLQ7LQ\LNR0DOXOHNH(]UD&KLWDQGRGpSORUHFHSHQGDQWOD©ULJLGLWpWKpRORJLTXHª observée dans les questions relatives au sida (Acting in Hope, vol. 1, p. 21-26). 30. M. DUBE, HIV/AIDS and the curriculum: methods of integrating HIV/AIDS in theological programmes, Genève 2003.
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TEXTUAL PRESCRIPTION AND ECCLESIASTICAL PRACTICE IN THE REFORMED CHURCHES OF FRANCE: MYTHS AND REALITIES SURROUNDING THE CONSISTORY
Raymond A. MENTZER University of Iowa
The consistory, whether at Geneva, in France or elsewhere across Europe and the wider Atlantic world, was an ecclesiastical institution which, in popular opinion, has served more than any other feature to characterize the Reformed tradition. At the same time, scholars have proposed a variety of GH¿QLWLRQVUHJDUGLQJWKHFRQVLVWRU\DQGLWVIXQFWLRQV:ULWLQJLQWKHV Robert Kingdon maintained that the consistory was an institution created at Geneva by John Calvin “for controlling as closely as possible Christian behavior”. Several decades earlier, William Monter was even more emphatic when he asserted that the consistory was the “most distinctive institution of &DOYLQ¶V*HQHYDDQGWKHHIIHFWLYHPRWRUEHKLQGWKHHVWDEOLVKPHQWRIWKH¿UVW ‘Puritan’ society”. Kingdon and Monter offer somber interpretations that emphasize the coercive aspects of consistorial activity. Still, they carefully limit their analyses to Geneva. Other scholars have not always been so precise. An American historian, for instance, in a study of Florimond de Raemond published in the early 1990s, fails to make adequate distinction between the consistories in France and Geneva, supposing that those established by French Protestants beginning around 1560 closely replicated the Genevan institution in their structure and function. Understandably, French historians have been more sensitive to differing consistorial models. The Musée Virtuel du 3URWHVWDQWLVPHLQDGYDQFLQJDGH¿QLWLRQRIWKHFRQVLVWRU\IRUHDUO\PRGHUQ
1. 2. 3.
R. M. KINGDON, “Consistory,” in H. J. HILLERBRAND (ed.), The Oxford Encyclopedia of the Reformation, 4 vols., New York 1996, t. 1, p. 416. E. W. MONTER, “The Consistory of Geneva, 1559-1569,” Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 38 (1976), p. 467. B. S. TINSLEY, History and Polemics in the French Reformation. Florimond de Raemond: Defender of the Church, Selinsgrove, London – Toronto 1992, p. 121-123.
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France, notes that “aux XVIe et XVIIe siècles, c’est le conseil des anciens qui, avec le pasteur, dirige la paroisse ou l’Église locale”. The explanation is accurate and succinct, but it leaves aside the rich variety of consistorial activities and their evolution over the course of time. These several examples point up two great myths that continue to permeate a common and widespread understanding of the Reformed consistory, HVSHFLDOO\LQ)UDQFHGXULQJWKH\HDUVEHWZHHQWKHHVWDEOLVKPHQWRIWKH¿UVW churches in the late 1550s and the revocation of the Edict of Nantes in 1685. 7KH¿UVWP\WKLVWKDWWKHFRQVLVWRU\ZDVDPRQROLWKLFDQGKRPRJHQRXVLQVWLtution that extended from Geneva to France, The Netherlands and Scotland. In this rendering, the Genevan model had been more or less faithfully reproduced throughout the Reformed world. Tied to this view of the consistory as a uniform institution within Western Europe is the notion that it was, above all, a morals court devoted almost exclusively to the punishment of erring members of the faithful. It is a perception that has existed from the very beginning of the Reformation. In this interpretative viewpoint, the consistory was an instrument for the control and restraint of human sociability. Indeed, during Calvin’s own lifetime, some Genevans actively criticized the consistory for what they perceived to be its overly repressive nature. Its existence and actions have given rise to an enduring tendency to view sixteenth-century Geneva as a Calvinist “theocracy.” According to this assessment, Calvin created and utilized the consistory with an eye toward the tyrannical supervision of Genevans and their everyday lives. The brief essay that follows seeks to explore these two intertwined questions. Firstly, to what extent was the Genevan model of the consistory duplicated in France? What, furthermore, was the role that the consistory assumed in the daily life of the local churches? In responding to these and related queries, let us begin with an examination of the structure of the consistory, turning afterwards to a discussion of its administrative, semi-judicial and pastoral responsibilities within the French Reformed Churches. I. A Genevan model? Scholars of the Reformed tradition have frequently characterized the consistory as an institution with near-universal juridical status and whose VWUXFWXUHH[WHQGHGDOPRVWLPPXWDEO\ZHOOEH\RQGWKHSROLWLFDOFRQ¿QHVRIWKH Genevan city-state. In reality, the consistory during the Reformation era was DQHFFOHVLDVWLFDOERG\WKDWFRXOGEHFRQ¿JXUHGLQDYDULHW\RIZD\V&OHDUO\ the institution that Calvin founded in Geneva was a model for the consistory
5.
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KWWSZZZPXVHHSURWHVWDQWRUJ W. G. NAPHY, Calvin and the Consolidation of the Genevan Reformation, Manchester 1994, p. 93-100 and 167-207.
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in France, presbytery in Germany and The Netherlands, and kirk-session in Scotland. Nonetheless, each of these consistorial arrangements retained its own character in conformity with the particular cultural and ecclesiastical, political and social conditions of the national territory in which it was located. In France, furthermore, a number of important regional differences emerged at the very onset of the Reformation. When John Calvin returned to Geneva from Strasbourg in September 1541, he asked for and received a free hand to organize the church there. He EHJDQE\GUDIWLQJDEDVLFFRQVWLWXWLRQIRUWKHUHQHZHGDQGUHIRUPHGFKXUFKLW was founded on the ancient Biblical model as he understood it. The result was the Ordonnances ecclésiastiques ZKLFK FUHDWHG IRXU HFFOHVLDVWLFDO RI¿FHV or ministries – pastor, doctor (or teacher), elder and deacon – along with a consistory, which had responsibility for the establishment and maintenance of moral discipline and ecclesiastical order. The Genevan consistory, which ZDVFRPSRVHGRI¿YHSDVWRUVDQGWZHOYHOD\PHQVHUYLQJDVHOGHUVPHWHYHU\ Thursday. The elders, selected from among the municipal councilors, were in the majority and, as such, they wielded considerable power in the ambitious endeavor to supervise closely people’s religious beliefs and moral conduct. The fact that Geneva was an independent city-state inevitably colored the character of the Genevan consistory. The close cooperation between ecclesiastical and political authorities toward the reform of Geneva profoundly marked the nature of its consistory. According to Robert Kingdon, the Genevan consistory was, in effect, a permanent committee of the municipal government. It was directly responsible to the Small Council, which governed Geneva on a daily basis. The twelve elders were laymen “députés par la Seigneurie au consistoire” to “prendre garde sur la vie de chacun” and to “faire les corrections fraternelles”. They were selected from the membership of the Genevan municipal councils: two from the Small Council, four from the Council of Sixty, and six from the Council of Two Hundred. Thus, when the elders met each week with the pastors “pour voir s’il n’y a nul désordre en l’église et […] traiter des remèdes,” they represented both the ecclesiastical and civil powers. This conjunction was reinforced by the fact that the moderator for the session was not a pastor such as Calvin, but an elder and, in particular, one of the four municipal syndics, who exercised executive power within the city. The elders ZHUH¿UVWDQGIRUHPRVWPHPEHUVRIWKHFLW\¶VSROLWLFDODQGVRFLDOHOLWH7KH\ ZHUHLQDGGLWLRQGHGLFDWHGWRWKHGHOLFDWHDQGGLI¿FXOWWDVNRILPSOHPHQWLQJ a religious and moral transformation within their community.
6.
7.
R. M. KINGDON, “Nostalgia for Catholic Rituals in Calvin’s Geneva,” in O. MEUFFELS (ed.), Grenzgänge der Theologie Professor Alexandre Ganoczy zum 75. Geburtstag, Münster 2004, p. 209. “Ordonnances ecclésiastiques,” in J.-F. BERGIER (ed.), Registres de la Compagnie des Pasteurs de Genève au temps de Calvin, Geneva 1964, t. 1, p. 6-7 and 11.
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If, at Geneva, the magistrates watched closely over the process of reform, developments surrounding the Reformation in France were distinguished by the near total absence of support from the monarchal state. It was, in this sense, the magisterial Reformation without magisterial backing, with the exception of certain communities where the municipal councilors or local nobles were sympathetic to the Protestant movement. The lack of a mutually supportive relationship between the French Reformed Churches and the royal government resulted in a consistorial organization different from that of Geneva. French Protestants, while wholly sympathetic to the ecclesiastical arrangePHQWVHVWDEOLVKHGE\&DOYLQDW*HQHYDPRGL¿HGDQGDGDSWHGWKHV\VWHPWR the particular circumstances of the kingdom. 7KH )UHQFK FRQVLVWRU\ ZDV ¿UVW DQG IRUHPRVW DQ HFFOHVLDVWLFDO FRXQFLO ZKRVHFRPSRVLWLRQDQGUHVSRQVLELOLWLHVGLIIHUHGLQVLJQL¿FDQWZD\VIURPWKDW which Calvin envisioned and the Genevan political authorities inaugurated. According to the national Discipline des Églises Réformées de France… En chaque Église il y aura un Consistoire composé de personnes qui en auront la conduite, à savoir des pasteurs et anciens. Et doivent en cette compagnie présider les pasteurs…
This passage underscores an important adjustment to the so-called Genevan model. In France, a pastor rather than an elder presided over the consistory’s meetings. A “Mémoire de l’ordre qu’on tient au Consistoire de 1vPHV´FRPSRVHGLQWKHVRIIHUVIXUWKHUYLWDOFODUL¿FDWLRQ,QFKXUFKHV such as that of Nîmes where there were several pastors, they presided “à leur tour et par ordre”. Other churches followed a similar practice. At Castres in the 1640s, the town’s three pastors acted as moderator in the consistory’s meetings according to a simple, structured sequence. Each presided every third week. The national Discipline’s critical explanation of the role of pastor and elders was immediately followed by an elaboration of the place and responsibilities of deacons. Quant aux diacres, vu que les Églises pour la nécessité du temps les ont jusques ici heureusement employés au gouvernement de l’Église […] [ils] se trouveront ordinairement […] au Consistoire.
8.
F. MÉJAN, Discipline de l’Église réformée de France annotée et précédée d’une introduction historique, Paris 1947, p. 228. 9. Archives Départementales (hereafter AD), Gard, 42 J 28, Registre de délibérations du consistoire de l’Église réformée de Nîmes, fol. 272. 10. AD, Tarn, I 1 and I 2, Registres des délibérations du consistoire de Castres. 11. MÉJAN, Discipline, p. 228-229.
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The deacons, who were not present at the gatherings of the Genevan consistory and did not participate in its deliberations, were admitted to its sesVLRQVLQ)UDQFHEXWWKH\ZHUHFOHDUO\UHOHJDWHGWRVHFRQGDU\VWDWXV7KHVWDture and authority of the deacons in France never matched that of pastors and elders. Churches had six or eight, ten or twelve elders, but far fewer deacons. Even a large church such as that of Nîmes maintained a ratio of no more than one deacon for every two elders. The far smaller Church of Mas-Grenier had three or four elders, but only a single deacon. At Saint-Gervais, a village in the Cévennes Mountains, there were only three elders and one deacon. 7KHQHLJKERULQJFRPPXQLW\RI%pGDULHX[KDGVL[HOGHUV\HWWKHFRQVLVWRU\ minutes make no mention of a deacon. The far more substantial Church of Castres had sixteenth elders, but no deacons. There, the elders assumed responsibility for what was normally the deacons’ task of providing assistance to the poor. $OWRJHWKHU WKH QXPEHU DQG QDWXUH RI RI¿FLDOV VHUYLQJ RQ WKH consistory varied considerably from one church to another. Conditions within the kingdom of France were such that they gave rise to an ecclesiastical structure that differed in important ways from the organization that Calvin and the municipal councilors created at Geneva. France was a JHRJUDSKLFDOO\YDVWNLQJGRPLWDOVRFRQWDLQHGUHPDUNDEOHFXOWXUDOGLYHUVLW\ France was the largest, most populous and most bureaucratically integrated of WKH:HVWHUQ(XURSHDQG\QDVWLFVWDWHV7KHNLQJSRVVHVVHGHQRUPRXV¿QDQcial resources and exercised immense diplomatic and military power. In addition, the great majority of his subjects were Catholic. While Protestants were a WHQDFLRXVDQGGH¿DQWPLQRULW\WKH\QHYHUUHSUHVHQWHGPRUHWKDQVL[RUVHYHQ SHUFHQWRIWKHWRWDOSRSXODWLRQ2QWKHRWKHUKDQGWKHFRQVWDQWDQG¿HUFHDQWDgonism between the crown and the Reformed Churches “liberated” Reformed church authorities to a certain extent. They were relatively free of magisterial control as they went about making the changes they deemed necessary to purify a church that had been polluted by misguided medieval papists. (FFOHVLDVWLFDO RI¿FLDOV FRXOG DV WKH\ WKRXJKW EHVW UHVWRUH WKH FKXUFK WR LWV SULPLWLYHVSOHQGRU7KLVVLWXDWLRQDOVRFRQWULEXWHGVLJQL¿FDQWO\WRWKHUHLQIRUcement of the presbyterian-synodal system within the Reformed Churches of France with its heavy emphasis upon the local church and its consistory. While wholly cognizant and observant of the articles contained in the national Discipline DGRSWHG E\ WKH ¿UVW QDWLRQDO V\QRG DVVHPEOHG DW 3DULV in 1559, some local churches, particularly during the early years of the Reformation, composed their own “Disciplines.” These church orders occasionally displayed consistorial adaptations that unquestionably responded to ORFDOGHPDQGVIRUVSHFL¿FJXLGDQFHLQWKHFRQGXFWRIFKXUFKDIIDLUV7KXV
12. J. GARRISSON, Protestants du Midi, 1559-1598, Toulouse 1980, p. 100. 13. Archives Nationales, TT 234, dossier 6. Registre de consistoire de l’Église réformée de %pGDULHX[DQG77GRVVLHU5HJLVWUHGXFRQVLVWRLUHGH6W*HUYDLV$',,,
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the “Police de l’Église réformée de Bayeux,” composed in 1563 begins with a long and detailed explanation of the “quatre ordres de ceux qui ont charge publique”. It then elucidates and explicates the role of pastors or “ministres GX 6DLQW eYDQJLOH´ WKDW RI HOGHUV ZKR ³SUpVLGHQW VXU OHV P°XUV DYHF OHV PLQLVWUHV´RIGHDFRQVZKR³RQWVRLQGHVSDXYUHV´DQG¿QDOO\WKHWHDFKHUV or “précepteurs qui instruisent les enfants tant en rudiments de la religion qu’en langues”. Other articles of the Bayeux “Police” discuss Baptism, the Lord’s Supper, censure, marriage, visiting the sick, and burial of the dead. As another example, the “Discipline de l’Église de Saint-Lô”, also written in 1563, differs “assez sensiblement” according to Michel Reulos from the text of the national Discipline of 1559. Among the most novel aspects is the stipulation that “Singulièrement les Ministres et Anciens veilleront et s’enquerront des scandales de l’Église pour les reprendre et censurer […]”. The deacons, who in other French Reformed churches typically attended and participated in the gatherings of the consistory, were explicitly excluded. The “Discipline” of Saint-Lô is also unusual because it appears to be the only one in France to GHVLJQDWHWKHRI¿FHRIPDJLVWUDWHDVRQHRIWKHIRXUPLQLVWULHV7KHPDJLVtrate was the “protecteur de la paix et tranquillité publique”. Finally, the text of the “Mémoire de l’ordre qu’on tient au consistoire de Nîmes” dealt with similar questions of organization and fonction, but in a more succinct manner. This difference may be due to the fact that the “Mémoire” was written twenty years later, during the 1580s after a series of successive national synods had resolved many of the initial problems. As noted earlier, the Nîmes “Mémoire” established the order by which the pastors presided over the consistory meetings, described the duties of each member of the consistory, outlined the processes for the collection and distribution of funds for the poor, and explained the procedures for the monthly visits to the municipal school by one of the pastors and two deacons. In the end, these three surviving local disciplinary texts served to satisfy the needs of the provincial churches which composed them, all the while maintaining conformity with the directives contained in the national Discipline.
14. R. M. KINGDON, R. A. MENTZER, and M. REULOS, “‘Disciplines’ réformées du XVIe siècle français : une découverte faite aux Etats-Unis,” Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français 130 (1984), p. 69-86. 15. M. REULOS, “Police et discipline de l’Église de Saint-Lô (1563),” appended to “Les débuts des Communautés réformées dans l’actuel département de la Manche (Cotetin et Avranchin),” in Réforme et Contre-réforme en Normandie, special issue of Revue du Département de la Manche 24 (1982, fascicules 93-94-95), p. 50. 16. Ibid., 36 and 48-48. 17. AD, Gard, 42 J 28, fol. 372-375.
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II. A morals tribunal? A second aspect of the mythology surrounding the consistory focuses on the notion that it was the vehicle for the introduction of a repressive puritanism. To be sure, the enforcement of church discipline was the principal task of the Genevan consistory. Indeed, discipline was fundamental for Calvin and his fellow reformers. In the Institutes of the Christian Religion, he declared that WKHUHDUHWZRPDUNVRIWKHWUXHFKXUFKVSHFL¿FDOO\QRWLQJWKDW³QRXVDYRQV mis pour enseignes de l’Église, la prédication de la parole de Dieu, et l’administration des sacrements”. He also insisted upon discipline, although it was more a mark of the Christian than of the church. No matter. Discipline contributed to the well-being of the terrestrial church. In his polemical exchange with Cardinal Jacopo Sadoleto in 1539, Calvin expounded on the apostolic model of the church, arguing that “there are three things upon which the safety of the Church is founded, namely, doctrine, discipline, and the sacraments”. Still, when Reformed communities outside of Geneva set about establishing consistories, their charge extended beyond morals control and disciplining the faithful. Consistorial responsibilities broadened to include other matters, QRWDEO\ FKXUFK DGPLQLVWUDWLRQ PDQDJHPHQW RI ¿QDQFLDO DIIDLUV DQG DVVLVtance to the poor. In France, the consistory became the essential institution for the administration and governance of the local, semi-independent churches. To begin, the French consistory had the right to elect its own members. The national Discipline of 1559 stipulated that pastors be “élus au consistoire par les anciens et diacres” and then “présentés au peuple”. The system conferred considerable power and autonomy on the local church and its consistory. The elders and deacons, for their part, were selected each year by a system of cooption in which the incumbents chose their successors. The arrangement contrasts sharply with procedures at Geneva where, according to the “model” created by Calvin, the members of the municipal councils controlled the process. The Genevan Small Council hired the pastors and retained the right to dismiss them. Calvin himself was, in this sense, a municipal employee and civil servant, as were the Genevan deacons who had charge over the management of the Hôpital-Général and the administration of funds for poor relief. The elders, however, were chosen from among the members of the various municipal councils and thus were elected by the political authorities.
18. J. CALVIN, Institution de la religion chrétienne. 4.1.10. Calvin observed: “Symbola ecclesia dignoscendae, verbi praedicationem sacramentorumque observationem posuimus.” Ioannis Calvini Opera quae supersunt omnia, G. BAUM, E. CUNITZ, et E. REUSS (ed.), 59 vols., Brunswick 1863–1900, t. 2, col. 754 et t. 4, col. 577. 19. J. CALVIN and J. SADOLETO, A Reformation Debate, J. C. OLIN (ed.), New York 1966, p. 63. “Quum tribus partibus constet ac fulciatur potissimum ecclesiae incolumitas, doctrina, disciplina, et sacramentis…” CALVIN, Calvini Opera, t. 5, col. 394.
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A second category of consistorial endeavor and obligation in France that differed from Geneva centered on the resources necessary to support DQGPDLQWDLQWKHFKXUFK(DFKFRQVLVWRU\ZDVDFFRXQWDEOHIRUWKH¿QDQFLDO welfare of its own church. It had responsibility for the payment of the pastor’s salary, the construction and upkeep of the temple, collection and disbursement of funds for social welfare and charity, reimbursement of the costs incurred by pastors and elders who attended meetings of the colloquy and synod, and the subsidies to the various academies that trained future pastors. Because they existed independently of the state, the French churches had the right, for instance, to select their pastors without seeking approval from government authorities. On the other hand, each church was obliged to pay the pastor’s salary from its own coffers. The arrangement led to interminable disputes between pastors and elders by the seventeenth century when WKH FKXUFKHV IRXQG WKHPVHOYHV LQFUHDVLQJO\ LPSRYHULVKHG DQG WKH SDVWRUV were rarely paid in a timely fashion.$QRWKHUIDFHWRIWKHVH¿QDQFLDOREOLgations that weighted heavily on the consistory was assistance to the poor. The elders and deacons devoted enormous energy and resources to aiding the impoverished. The funds to support these activities derived principally from WZRVRXUFHVDVVHVVPHQWVOHYLHGRQWKHPRUHDIÀXHQWDPRQJWKHIDLWKIXODQG pious legacies. The consistory was especially attentive to the need to draw up lists of the “taxable” members of the congregation – men, and occasionally women (mostly well-off widows) – who could be called upon to contribute toward meeting the expenses for the maintenance of the church. %H\RQGWKHVH¿VFDOUHVSRQVLELOLWLHVWKHFRQVLVWRU\RUJDQL]HGWKHVHUPRQ and prayer services, prepared the four annual celebrations of the Lord’s Supper at Easter, Pentecost, mid-September and Christmastide, and on a less regular basis arranged for the collective fasts that were an important feature of worship in the Reformed tradition. The overall role that the elders played in the Reformed liturgical practices was central. They, for instance, furnished the bread and the wine for the Supper. They also assisted in its distribution at the service. More importantly, in order to avoid profanation of the Eucharist, the elders, in their capacity as moral watchdogs over the community, issued the communion méreaux – typically small metal tokens, richly decorated with biblical scenes and verses, or representations of the bread and wine – to those congregants whom they judged worthy, by reason of correct religious belief
20. See, for example: Archives Communales de Mazères (Ariège), 9 GG 1, Registre des délibérations du consistoire concernant la comptabilité de l’Église réformée de Mazères (1632-1652). 21. 7KH*HQHYDQ6PDOO&RXQFLOPDQDJHGFKXUFK¿QDQFHVWRLQFOXGHERWKWKHFROOHFWLRQRIUHYenues and payment of pastors’ salaries. R. M. KINGDON, “Catechesis in Calvin’s Geneva,” in J. VAN ENGEN (ed.), Educating People of Faith, Grand Rapids 2004, p. 298. 22. %LEOLRWKqTXHGHOD6RFLpWpGHO¶+LVWRLUHGX3URWHVWDQWLVPH)UDQoDLV0V5HJLVWUHGHV délibérations de l’Église réformée de Castelmoron, fol. 53, 69.
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and proper moral behavior, to participate in the sacrament. During the several weeks leading up to the Supper’s celebration, all adult men and women were obliged to attend catechism lessons. They had to demonstrate knowledge of basic prayers, namely the Lord’s Prayer and Apostles Creed. The consistory ZDVLQWKLVVHQVHKLJKO\DWWHQWLYHWRWKHUHOLJLRXVHGL¿FDWLRQRIWKHFRQJUHJDQWV8SRQYHUL¿FDWLRQRISDUWLFLSDWLRQLQFDWHFKLVPDQGWKHFRQGXFWRIGDLO\ life in accordance with approved Christian standards, each member of the congregation received a communion token from her or his elders. No one could participate in the Supper without the token, which was presented to yet another elder at the entrance to the temple or upon approaching the communion table. The preparations for the Supper were closely tied to matters of morals control and the consistory’s exercise of church discipline. To the extent that VRPH5HIRUPDWLRQVFKRODUVKDYHLGHQWL¿HGWKHHQFRXUDJHPHQWRIYLUWXHDQG the punishment of vice as the consistory’s primary function, they have discerned in its diverse expressions – Genevan, French, Dutch and Scottish – a certain similarity. In keeping with this perspective, historians have traditionally regarded the consistory as a tribunal – a religious court dedicated to the discovery and chastisement of sinners. Recently, other scholars – Robert Kingdon and Heinz Schilling, for instance – have argued that the pastors and elders who sat on the consistory sought to modify and refashion the conduct of their neighbors and fellow believers in a more positive fashion. They have emphasized the consistory’s pastoral role. It would, in their view, be more accurate to think of it as a compulsory counseling service for the strengtheQLQJ RI WKH PDUULDJH ERQGV EHWZHHQ VSRXVHV DQG WKH UHVROXWLRQ RI FRQÀLFW within the family. Despite this more sympathetic version of the consistory’s mission, it remains obvious that the institution was an agent for the moral correction and “improvement” of the community, notably in the restraint of unlicensed sociability, the regulation of sexuality and the repression of violence. Pastors and elders summoned and censured hundreds of men and women for failing to attend worship, engaging in contaminating contact with “papists” and “popery,” ignoring irregularities regarding their marriages, recourse to magic and witchcraft, disputes and quarrels, offensive language, sexual misconduct, dancing, playing games, and frequenting taverns. These sorts of morals offenses dominated the consistories’ weekly deliberations everywhere in France until the end of the sixteenth century. Then, over the course of the seventeenth century, consistorial interests and preoccupations evolved dramatically.
23. R. M. KINGDON, Adultery and Divorce in Calvin’s Geneva, Cambridge, Mass., 1995, p. 4. – H. SCHILLING, “Reform and Supervision of Family Life in Germany and the Netherlands,” in R. MENTZER (ed.), Sin and the Calvinists: Morals Control and the Consistory in the Reformed Tradition, Kirksville 1994, p. 15-59.
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During the 1640s, for instance, the consistory of Castres summoned relatively few individuals for moral shortcomings, with the exception of those who PDUULHG³SDSLVWV´RUZKRFRQWLQXHGWR¿JKWDQGDUJXHZLWKWKHLUQHLJKERUV and relatives. Instead, the pastors and elders were increasingly occupied with ¿QDQFLDOGHDOLQJVSRRUUHOLHIPDWWHUVUHODWLQJWRWKHFROORTX\DQGSURYLQFLDO synod, and relations with external authorities. Thus, the Castres ecclesiastical RI¿FLDOVODERUHGPDQ\\HDUVWRREWDLQUR\DOSHUPLVVLRQIRUWKHFRQVWUXFWLRQRI a second temple. And once they received the long withheld authorization, they confronted a second obstacle: the scarcity of funds to undertake the project. In his study of the Church of Saint-Jean-du-Gard from the promulgation of the Edict of Nantes in 1598 until the Revocation of 1685, Didier Poton presents a detailed account of the gradual yet distressing transformation of consistorial concerns. Although he does not ignore the issues of religious and moral misconduct that came to the attention of the consistory, Poton is especially attentive to questions of church administration. He has meticulously examined the efforts of the pastors and elders of Saint-Jean-du-Gard to orgaQL]HWKHYDULRXVOLWXUJLFDOFHOHEUDWLRQVPDQDJHWKHFKXUFK¶V¿QDQFLDODIIDLUV and, perhaps most critically, direct the myriad complicated dealings with the world beyond this mountainous community. As time wore on, the members of the consistory had increasing contact with Reformed ecclesiastical institutions such as the colloquy and synod on the one hand and the agents of the Catholic royal monarchy on the other. As the mid-seventeenth century approached, consistorial attention at Saint-Jean-du-Gard focused more and more on administrative and political matters. The change was especially noticeable following the “strict” applicaWLRQRIWKH(GLFWRI1DQWHVWKDWEHJDQZLWK/RXLV;,9¶VSHUVRQDOUXOHLQWKH early 1660s. Issues of religious comportment and moral shortcomings dominated the consistory’s deliberations at Saint-Jean-de-Gard until the end of the 1620s. Afterwards, in the decades between 1628 and 1660, the pastors and elders dealt with problems of ecclesiastical administration as often as those centering on moral misconduct. Then, starting in 1661 and extending to the Revocation of 1685, they were wholly preoccupied by the Sun King’s alarming efforts to crush and eliminate the Reformed Churches. Responding to the increasing persecution by the Catholic monarchy quickly became the consistory’s highest priority. Ecclesiastical discipline and the close supervision of the faithful faded into the background. The survival of the church and the community was now the major preoccupation.
24. AD, Tarn, I 1 and I 2. 25. D. POTON©'HO¶eGLWjVD5pYRFDWLRQ6DLQW-HDQGH*DUGRQQHQTXHªYROV Thèse de doctorat d’Etat, Université Paul Valéry, Montpellier 3, 1988.
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Textual Prescription and Ecclesiastical Practice in the Reformed Churches
Before concluding, it is important to add a few words on a frequently overlooked aspect of consistorial activity. The faithful, especially women, who had few options for redress of their grievances in the normal judicial system, found that the consistory could be a ready and legitimate forum to resolve their disputes. It could act as arbiter between the contesting parties and repair the honor of the aggrieved individuals. Take for example the case of a servant woman who, upset by her dismissal, appealed to the consistory, accusing the woman who was her former employer of malice and slander. The wronged servant woman asked the consistory to intervene with her former employer and restore her honor. Two women from Saint-Amans, to offer another example, became embroiled in a bitter quarrel. One called the other a “drunkard” and a “whore.” Deeply offended, the woman appeared before the consistory and requested that the pastor and elders censure her ill-mannered detractor and, at the same time, restore her injured pride and tarnished reputation. Historians such as Lyndal Roper have argued that the Reformation was profoundly gendered and led, among other things, to the reinforcement of patriarchy. According to this view, some medieval women – Ropers’s primary examples are nuns in the convent and prostitutes in the brothel – possessed a remarkable degree of economic independence and control over their lives. Protestant reformers, however, saw marriage and close control by a husband as the only suitable situation for women. The ideals of wifehood and motherhood were reshaped and adjusted to assure male dominance. Other historians have since sought to reevaluate this interpretation of the Reformation’s FRQVHTXHQFHVIRUJHQGHUUHODWLRQVDQGKDYHGRQHVRZLWKVSHFL¿FUHIHUHQFHWR the consistory. Suzannah Lipscomb’s examination of the women who appeared before the consistory of Nîmes demonstrates that the Reformed disciplinary V\VWHPRIIHUHGZRPHQXQH[SHFWHGRSSRUWXQLWLHVWRH[HUFLVHWKHLULQÀXHQFH In Lipscomb’s reading of the evidence, the consistory often depended upon women’s agency. The surveillance and control that pastors and elders exercised relied, for instance, on information from women’s networks of gossip and rumor. Women for their part adopted strategies to use the consistory to their own ends – the restitution of their sexual honor or the resolution of ¿QDQFLDOGLVSXWHVZLWKWKHLUHPSOR\HUV$FFRUGLQJWR/LSVFRPEDOWKRXJKWKH HOGHUVZRUNHGGLOLJHQWO\WRDI¿UPWKHLUSDWULDUFKDOPRUDODXWKRULW\3URWHVWDQW women at Nîmes subtly but effectively set limits for consistorial power.
26. AD, Tarn, I 8, le 16 décembre 1590, le 9 janvier 1591, le 5 avril 1602, le 28 août 1602. 27. L. ROPER, The Holy Household: Women and Morals in Reformation Augsburg, Oxford 1989, p. 1-5. 28. S. LIPSCOMB, “Refractory Women: The Limits of Power in the French Reformed Church,” in R. MENTZER, P. CHAREYRE and F. MOREIL (ed.), Dire l’interdit: The Vocabulary of Censure and Exclusion in the Early Modern Reformed Tradition, Leiden 2010, p. 13-28.
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Raymond A. Mentzer
III. Some concluding remarks The consistory in France was the primary institution for administering and directing the local church. The system vested substantial authority and considerable autonomy with the local church, all the while maintaining an elaborate presbyterial-synodal organization. At this basic level, pastors were responsible for the inculcation and maintenance of correct Christian belief through regular sermons and ongoing catechism lessons. The elders, who ZDWFKHGRYHUWKH³WURXSHDX[GX6HLJQHXUªKDGWKHGLI¿FXOWWDVNRIWUDQVforming popular culture and reforming the everyday life and behavior of the faithful. The deacons, in those local churches that had them, ministered to the poor and, to the extent possible, helped to alleviate their suffering. Still, the consistories at Castres, Montauban, Nîmes and elsewhere in France were never identical with that of Geneva, the kirk-session at St. Andrews, or the presbytery at Emden. Clear differences existed in the role of the pastor, the provenance of the elders, the status of the deacons, and especially the relaWLRQVKLSWRWKHVWDWH&DOYLQ¶V*HQHYDQPRGHOZDVVXEVWDQWLDOO\PRGL¿HGWR meet the needs of the French Reformed Churches and even within the French kingdom there was a diversity of practices among local churches. Consistorial duties and responsibilities, moreover, were more varied and extensive than many scholars have thus far recognized. The consistory at Geneva dealt principally with the moral reform of society or, to assess it in more pastoral and slightly less austere tones, acted as a compulsory counseling service. By way of contrast, consistories throughout the French realm exercised the HQWLUHUDQJHRIDGPLQLVWUDWLYHGLVFLSOLQDU\¿QDQFLDODQGOLWXUJLFDOIXQFWLRQV that are typically associated with the community’s church. In the end, the Reformed consistory was neither a monolithic institution, nor a blunt implement for forcing change. It adapted to differing circumstances and had a variety of objectives. The image of the consistory as an instrument of repression whose institutional form was near universal has long held sway. Yet this interpretation is no longer in accord with recent analyses based on the rich manuscript sources found in France, at Geneva and in other archival repositories stretching from Transylvania to Scotland and ultimately across the Atlantic to the Americas.
29. A sentiment expressed by the pastor and elders of Gordes in 1656. AD, Vaucluse, 1 J 601, Livre des comptes de l’Église réformée de Gordes, fol. 69.
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“I WONDER WHY IT IS THAT I CANNOT DANCE” EARLY-MODERN FRENCH SUGGESTIONS FOR BERNARD ROUSSEL
Marianne RUEL ROBINS Westmont College, Santa Barbara, California
Long ago, in the corridors of the École Pratique des Hautes Études, Bernard Roussel simply stated: “I wonder why it is that I cannot dance”. This essay is an attempt to answer his question. Saint Ephrem offers his own diagnosis: The art of dancing sprang from the mouth of the Old Serpent, and not from any human hand. The same Serpent that taught us fornication and idolatry, also taught us how to dance. Dance is a ring with the devil at its center and fallen angels on its circumference. One cannot both serve God and dance with the devils.
From the 15th through much of the 18th century, Protestant and Catholic pamphleteers alike echoed St. Ephrem’s perspective and attacked dancing on the ground that it fostered depravity, and sexual depravity in particular. Based on such criticism, most historians have argued that the prohibition of dancing resulted mostly from a fear of the body. Consequently they have approached the topic in strictly individualistic terms. To be sure, particular perceptions of
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“Ce ne sont point les hommes, dit saint Ephrem, qui ont enseigné l’art de danser, mais le serpent. Celui qui leur a appris la fornication et l’idolâtrie est celui-là même qui leur a appris à danser. Et celui-là ne s’est point trompé, qui a dit que la danse est un cercle dont le diable fait le centre et le milieu, et ses anges qui l’environnent en dansant, font le circonférence. On ne peut servir Dieu, dit-il ailleurs, et danser en même temps avec les diables.” A. PACCORI, Règles pour travailler utilement à l’éducation chrétienne des enfants, Paris 1726, p. 224-225. See for instance A. WÉRY, /DGDQVHpFDUWHOpHGHOD¿QGX0R\HQÆJHjO¶ÆJHFODVVLTXH Paris 1992, and A. WAGNER, Adversaries of Dance: From the Puritans to the Present, Urbana, Illinois, 1997. For further details on this topic, see M. RUEL, Les chrétiens et la danse dans la France moderne, XVIe-XVIIIe siècle, Paris 2006.
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the individual human body did lead to the rejection (or equally, the promotion) of dancing. Yet early-modern sources strongly suggest that the dancing body needs to be apprehended in its social and religious understandings as well. I would like to argue that, behind traditional condemnations of dancing, lay different visions of the social body and that dancing functioned as a ritual WKDWUHÀHFWHGHQKDQFHGDQGSURMHFWHGYLVLRQVRIWKHVRFLDORUGHU$VDIRUP of courtship, it aided the social body to reproduce itself. As a social organizing experience, it provided a profound means of building community, and of expressing the tensions inherent to this community. Finally, dancing as religious ritual expressed an inclusive understanding of the realms of the living and the dead, and a familiarity with God and the saints that opponents of dance read as irreverence. Methodologically, we need to connect the discourse on dancing with the OLWWOHZHNQRZRILWVDFWXDOSUDFWLFHDQGVLJQL¿FDQFHWRWKHGDQFHUV7KLVZLOO require that we connect “clerical culture” (which produces most of our written documents) with “low culture”, that of the people who do indeed dance but who leave only indirect traces of their existence. I. Depravity or Courtship? The link between dancing and sexuality was not purely imaginary. Although dancing could serve many functions, it did bring men and women WRJHWKHUDQGVHUYHGDVDIRUPRIFRXUWVKLS,WLVH[WUHPHO\GLI¿FXOWWRGHWHUmine, however, exactly what happened during dances. On the one hand, antidance literature depicted social dances as sexual chaos and moral disorder. The concerns raised by dancing centered around the fear of premarital or illicit sexual relations, and rape in particular. Such concerns were not unfounded: villages were a far cry from peaceful havens, and young men were frequently perpetrators of crimes. On the other hand, however, the same arguments were used against upper-class dances, and by the late 17th century, much of these social strata had adopted the kind of restrained bodily and social behavior we
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The focus of this paper is limited to a particular section of society, and will only occasionally appeal to practices within the upper class. See for instance, J. CALVIN, “Sermon 38 sur le Deutéronome,” in W. BAUM, E. CUNITZ and E. REUSS (ed.), Opera Calvini, Brunswick et Berlin 1863-1900, vol. 26, p. 340-341. L. DANEAU, Traité des Danses auquel est amplement Résolue la Question, assavoir s’il est Permis aux Chrétiens de Danser, n.l. 1580. J. TAFFIN, Traicté de l’Amendement de Vie Comprins en Quatre Livres, n.l. 1596. A. L. VARET, Advis Touchant les Bals, les Danses et les Assemblées, 0RXOLQV F. L. GAUTHIER, Traité contre les Danses et les Mauvaises Chansons 3DULV P. VIRET, Instruction Chrestienne en la Doctrine de la Loy et de l’Evangile, *HQqYHDQGInstructions Morales et Populaires sur les Spectacles et les Dances. Recueillies de Quelques Sermons Prêchés par un Missionnaire, Cologne n.d.
“I wonder why it is that I cannot dance”
QRZDVVRFLDWHZLWKJHQWLOLW\DQGUH¿QHPHQW+ROLQHVVLQWKDWFDVHFRQVLVWHG in the self-control acquired through the exercise of dancing, not in the rejection of it. ,WLVWKHUHIRUHGLI¿FXOWWRDUJXHWKDWRSSRQHQWVRIGDQFLQJVLPSO\ZDQWHG to impose a semblance of moral order on rural and urban popular communities, where there had been none before. The 16th century canon Toinot Arbeau argued precisely the opposite: Dancing is practiced to reveal whether lovers are in good health and sound of limb, after which they are permitted to kiss their mistresses so that they may touch and savour one another, thus to ascertain if they are shapely or emit an unpleasant smell, as of bad meat… From this standpoint, quite apart from the many other advantages to be gained from dancing, [dancing] is essential to a well-ordered society.
When the various perspectives are compared, it appears that the issue had to do less with order versus disorder, than with the question of what constiWXWHGRUGHULQWKH¿UVWSODFHDQGZKLFKSDUWLFXODUJURXSVZHUHEHVWDEOHWR bring that order about. Judging from Arbeau, two essential questions were at VWDNHKRZZHUHVSRXVHVWREHVHOHFWHGDQGZKRH[DFWO\KDGWKH¿QDOVD\LQ choosing one’s husband or wife? In one respect, then, the debate over dance was a debate over the criteria for marriage and control over the match-making process. Dance reformers may not have liked the criteria for choosing a life-partner in operation at dances (they argued that young men and women should certainly meet and talk, but not touch) but these standards did make sense in an early-modern context. The common person’s greatest concern in marriage
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T. ARBEAU, Orchesographie et Traicté en Forme de Dialogue par lequel toutes Personnes Peuvent facilement Apprendre et Practiquer l’Honneste Exercice des Danses, Langres 1589 (reprinted Hildesheim 1989), p. 2. “Il y a bien plus car les dances sont practiquées pour cognoistre si les amoureux sont sains et dispos de leurs membres […] de façon que de cest endroict, oultre plusieurs commoditez qui reüsissent de la dance, elle se treuve necessaire pour bien ordonner une societé.” See L. DANEAU, Traité des danses, p. 76. In the 17th century see for instance, F. LEJEUNE, “Sermon LXII”, in Le Missionnaire de l’Oratoire ou Sermons pour l’Avent, le Carême et les Fêtes, Lyon 1846, p. 16. M. GALIEN, Traitté des Danses du Temps Present Composé par Mathieu Galien, D. th. Prof en l’Université de Douay, Douai 1577. M. SEGALEN, Nuptialité et Alliance. Le Choix du Conjoint dans une Communauté de l’Eure, Paris 1972, p. 23: “La vigueur physique et la santé sont les atouts premiers d’une société fondée sur le travail manuel en force et en qualité.” She mentions the peculiarities of this courting code that includes punches instead of kisses, and forceful twisting of hands. JeanLouis Flandrin observes that beauty is not valued in popular sayings, but that these sayings may express the concerns of parents who are concerned about their children’s future. J.-L. FLANDRIN, Les Amours paysannes. Amour et sexualité dans les campagnes de l’ancienne France (XVIe-XIXe), Paris, 197, p. 166. See also the jumps included in Basque dancing in J.-M. GUILCHER, La tradition de danse en Béarn et Pays Basque Français, Paris 1984, p. 46
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was that it lead to procreation, producing heirs to the family name and to whatever property was there to be owned. Life expectancy was short (particularly for women) and infant mortality was often one out of two. Consequently, spiritual attributes and physical beauty held less attraction than endurance and a sturdy constitution. Both received a vigorous test in early-modern dances. Popular dances were very athletic, featured boisterous leaping and jumping, and could last all night. Many masculine dances involved competitive elements that allowed the audience to compare the prowess of the dancers. These exercises were deemed to be of such value that the Huguenot poet Auger Gaillard swore that he would not “choose a wife unless he could see her dance.” Well into the 19th century, courtship routinely included rough play: a harsh slap on the back, a hand-shake stout enough to crack the knuckles. Arbeau’s suggestion that one should sniff one’s partner before marriage is reminiscent of petty bourgeoisie customs of appraisal, the marriage market as a transaction in which the buyer, “to be sure of the quality of his merchandise, would inspect it closely, handle it, almost pry open the mouth to check the teeth.” This did not mean that partners entirely neglected love as an important element of marriage, but it did mean that the criteria for love and married life were quite different from our own and from those of the religious reformers who tried to impose changes. As a form of courtship, then, dancing served the need of the social body to reproduce itself. Fertility, in fact, was considered to be so fundamental to marriage that in some regions families waited for the maiden to become pregnant before celebrating the wedding. Although premarital sex went far beyond dancing, the two activities remained associated because, in the reformers’ minds, one led inevitably to the other. By the second half of the 17th century, however, dance had become increasingly differentiated along class lines. Different dances featured different physical
and 71. See also the chapter devoted to sword dances in M. LOUIS, Le Folklore et la Danse, Paris 1963. Among the dances popular in the 16th century, the gaillardes include many jumps: G. PRUDOMMEAU, Histoire de la danse, Paris 1989, v. 2, p. 24. A. WÉRY, La Danse Écartelée, p. 268f. 8. A. GAILLARD, “Dialogue à Mathely, violon de Thoulouze sur l’abus que se commet a los dansos,”, Montauban 1579, in E. NÈGRE (ed.), Oeuvres complètes, Paris 1970, p. 56-73. 9. H. SKILES, “Rival Discourses of Dancing in Early Modern England,” Studies in English Literature 36 (1996), p. 36. 10. J.-M. Gouesse and A. Burguière have debated the questions of prenuptial practices and the segregation of sexes. Gouesse emphasized the relative sexual freedom of engaged couples in the Old Regime French countryside, while André Burguière argued that a more austere model or relationships dominated. See J.-L. FLANDRIN, Les Amours paysannes, p. 135 f. and F. LEBRUN, La Vie conjugale sous l’Ancien Régime, Paris 1975, p. 90 f. See also M. SEGALEN, Nuptialité et alliance, p. 20 f.
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attributes, which corresponded to different criteria for the choice of one’s marriage-partner: endurance and sturdiness in rural communities, grace among the upper-class. Yet the controversy about dancing was not limited to questions of criWHULDLWDOVRKDGWRGRDVPDQ\DQWLGDQFHWUHDWLVHVFODLPHGZLWKWKHGHFLsion-making process and the question of authority over choosing candidates IRU PDUULDJH 7KLV FRQFHUQ ¿UVW DURVH LQ WKH th century, when pamphlets accused gifted dancers of seducing young aristocratic women and drawing them into marriages out of their rank. It appeared repeatedly in 18th-century complaints against the desire of youth to decide these weighty matters on their own. Dancing, if we are to believe its critics, pitted parents against their children by allowing the young to chose their spouses without parental consent. That argument, to an extent, was valid. As ritualized forms of sociability, dances facilitated and lent structure to relationships between young men and women who occupied distinct spheres and had little opportunity for interaction otherwise. To prohibit dancing was to further reduce this already meager degree of interaction, leaving the young very little say in deciding whom they should marry. Interestingly enough, however, parents often sided with their children against the critics. Parents themselves supported some reasonable level of interaction among the youth and often considered dancing to be a legitimate part of this process. Furthermore, what we know of popular dances indicates that parents were not altogether absent from dances: depending on the region, they may have participated in organizing a ball, or have attended it as observers. In Provence, fathers themselves led groups of male dancers. In certain cases, then, parental control might be imposed through dancing, not in spite of it. Yet in other cases, women and their children (both sons and daughters) united to challenge paternal authority: mothers were accused of organizing balls without the formal consent of their husbands, and they seem to have acted, more so than fathers, as facilitators of marriage (“entremetteuses”), which may explain why they were so often accused of “displaying so as to
11. On the differentiation of dance forms along class lines, see J.-M. GUILCHER, “Aspects et problèmes de la danse populaire traditionnelle,” Ethnologie française 1, no. 2 (1971), p. 7-48. 12. M. GALIEN, Traitté des danses, S ³/D ¿OOH HW OD VRHXU G¶XQ &RPWH G¶$QJOHWHUUH s’amouracha d’un fort simple gentilhomme, pour l’avoir veu danser en la cour : je l’appelle JHQWLOKRPPHGHVDQJPDLVGHIDLFWYLOODLQHQVHVPRHXUVHWFRQGLFLRQVOHTXHOHOOHLPSULPD si bien en son entendement, que contre le vouloir de père et mère, elle l’espousa. […] On me dira, qu’elle ne monstra pas sa sagesse d’avoir choisi son mary à sa seule danse […]” 13. A. COLLOMP, La maison du père. Famille et village en Haute Provence aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris 1983, p. 336. In the small towns of Provence, for instance, heads of households, men of “good reputation and even consuls” led the dance.
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better sell their daughters in the dance.” In this way, the polemic against dance constituted a blow against feminine intervention in matrimonial decisions. At a time when women were being progressively excluded from public VSDFHVDQGFRQ¿QHGWRWKHGRPHVWLFVSKHUHWKHGDQFHKDOOUHPDLQHGRSHQWR their active participation and public display (they were allowed not only to GDQFHEXWDOVRWRVSHDNWKHUH 7KHGDQFHÀRRUPD\KDYHEHHQRQHRIWKHIHZ public spheres in which Early Modern women could exercise a measure of control. The prohibition of dancing, then, reduced the power of mothers who organized such gatherings in upper-class circles, and it reduced the power of young women who commanded attention in the dance as in no other arena. 7RVXPLWXSFRQWURYHUVLHVDERXWGDQFLQJPD\DW¿UVWDSSHDUWRKDYHEHHQ contests between different moral standards, with reformers attempting to impose more rigorous sexual norms on their lax congregations. But on closer examination, we can see that dancing promoted its own moral order, one GH¿QHGE\WUDGLWLRQDOFRGHVRIKRQRUDQGGHWHUPLQHGE\JURXSVRWKHUWKDQWKH clergy, a moral order that lent prominent roles to women and the community’s youth. More than a contest between competing moral standards, the controversy over dance represented a contest between competing moral authorities. II. Building or Breaking the Social Body? The disruptive potential that religious reformers perceived in dancing was not limited to sexual depravity, but also included various forms of violence, from mob violence to individual crimes. Here again, the context may be helpful in explaining the grounds as well as the limits of such claims. To EHJLQZLWKPRVWGH¿QLWLRQVRIGDQFLQJXQWLOWKHODWHth century presupposed that it was a group activity. Another word for dance was “assembly,” the same term used for a church gathering. To conceive of dance in terms of individual
14. The matchmaking function of dancing provoked the ire of most pamphleteers who blamed PRWKHUV LQ SDUWLFXODU ³PHUHV LPSUXGHQWHV TXL \ FRQGXLVH] YRV ¿OOHV RX TXL SHUPHWWH] qu’elles y aillent […] [prennez garde que] les y ayant menées chastes, vous ne les rameniez pas telles et qu’elles y aient perdu, comme disait un ancien, sinon la chasteté du corps, à tout le moins celle du coeur.” P. VINCENT, Procès des danses débattu entre Philippe Vincent, ministre du Saint Évangile en l’Église réformée de La Rochelle, d’une part, et aucuns des Sieurs Jésuites de la mesme ville…, La Rochelle, s.d. [1646], 168 p., p. 16. The comments are derived from John Chrysostom, for instance in LE MAÎTRE DE CLAVILLE, Traité du Vrai Mérite de l’Homme Considéré dans tous les Âges et dans toutes les Conditions, Paris 1761, p. 283. 15. J.-P. DESAIVE³/HV$PELJXwWpVGX'LVFRXUV/LWWpUDLUH´LQ1ZEMON DAVIS and A. FARGE, Histoire des femmes, Paris 1991, t. 3, p. 301.
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dancers is to miss entirely the point of dancing in an Early Modern context. Precisely because it was a collective activity, dancing did have the potential to generate public disorder. Priests and pastors frequently condemned the disorderly and immoderate behavior of dancers, the screams and jumps, the rude gestures and impudence of the mocking crowd. And indeed, dances could be rowdy and exuberant. Mid-winter festivals, for instance, included late-night dances that blared WKURXJKWKHVWUHHWV¿OOLQJWKHQLJKWDLUZLWKEODVSKHPRXVVRQJVDQGJHQHUDOO\ keeping the whole town awake. Fortunately, this transgressive behavior was usually restricted to certain times and seasons: in the cycle of the day, night-time, and in the cycle of the \HDUVSHFL¿FRFFDVLRQVOLNHWKHWHQGD\ZLQWHUF\FOHRU3HQWHFRVW3HUKDSVIRU that reason, this behaviour was not only accepted, but encouraged by parents who seem to have considered such occasions to be an appropriate time for youthful disorder: “il faut bien que jeunesse se passe,” (roughly translated “the NLGVKDYHWRVRZWKHLUZLOGRDWV´ SDUHQWVZRXOGVD\DQGVRVSHFL¿FWLPHV and places were set aside within which disorder could reign. Early-Modern youth in fact, could be viewed as “guardians of disorder” whose provocative behavior ultimately underscored what was moral and acceptable in society. The line between a ritually-constructive contestation of norms and plainROGYLROHQFHZDVDWWLPHVGLI¿FXOWWRSHUFHLYH7KHLQYDVLRQRIDKRPHE\EHOligerent dancers, for instance, publicly humiliated its owner, and May festivals LQFOXGHGUDXFRXVGDQFHSOD\ZLWKWHUUL¿HGZRPHQWKDWFRXOGRQO\EHVWRSSHG by paying off the dancers. Dances were accompanied, in southeastern France, E\WKHVRXQGRIJXQ¿UHDVZHOODVRIVRQJVGUXPVDQGEHOOV$OORIWKHVHHOHPHQWVFRXOGVHUYHDVWKHNLQGRIEHQH¿FLDOPRFNUHEHOOLRQWKDWUHOHDVHGWHQVLRQ and immunized a community against the real thing. But they could also lead
16. See for instance, L. DANEAU, Traité des Danses,SDWH[WDWWULEXWHGWR&%ORROMÉE, Traité contre les danses et les comédies3DULV39INCENT, Procès des Danses, p. 37. 17. P. ARIÈS and G. DUBY (ed.), Histoire de la vie privée, Paris 1986, p. 562. See for instance REGUIS, Discours XV sur les Divertissements de Carnaval, in abbé MIGNE, Collection Intégrale et Universelle des Orateurs Sacrés, Paris 1844-1866, t. 95, c.1037. 18. On the licence granted to the youth see N. and Y. CASTAN, Vivre ensemble: ordre et désordre en Languedoc, Paris 1981, p. 37. The youth presided at both dances and nightly merriments. D. FABRE, “Familles. Le privé contre la coutume,” in P. ARIÈS and G. DUBY (ed.), Histoire de la vie privée, 3, p. 561. On night dances, see M. GALIEN, Traité des Danses, p. 156, L. DANEAU, Traité des Danses, p. 13, and Cas de conscience sur les Danses Décidé par Messieurs les Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris, Paris 1721, p. 26. Night dances ZHUH VSHFL¿FDOO\ SUREOHPDWLF IRU WKH UHIRUPLQJ &DWKROLF ELVKRSV LQ WKH th century, for instance Louis de Nogaret de la Vallette, bishop of Carcassonne. See Oeuvres de Messire Antoine Arnauld, Docteur de la Maison et Société de Sorbonne, Paris 1775-1783, vol. 35, Brussels 1967, p. 489-490. In the 19th century, reformers exiled dances to the outskirts of the city, in the faubourgs. F. GASNAULT, Guinguettes et Lorettes. Bals et Danse Sociale à Paris entre 1830 et 1870, Paris 1986, p. 13-16, and D. FABRE, “Familles”, p. 559.
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WRYLROHQFHSDUWLFXODUO\LQDVRFLHW\ZKHUHFRQÀLFWZDVVRRIWHQSUHGLFDWHGRQ a traditional code of honor, that is, on public perception: to turn one’s back on one’s neighbor or to touch another person’s hat could be taken as an act of provocation, with potentially fatal consequences. Some dances, such as the gaillarde, featured displays of virility and masculinity (an important component RIKRQRU DQGVRZHUHHVSHFLDOO\OLNHO\WRIRVWHUFRQÀLFWEHWZHHQPHQ6KRXOG someone mock this display, or steal one’s partner, honour demanded a response. Dances gave occasion for duels among the upper-class and sometimes sparked murderous battles. &RQÀLFWV LQVWLJDWHG E\ GDQFH GLG QRW RQO\ SLW LQGLYLGXDO DJDLQVW LQGLYLdual. They also pitted group against group. In his Table Talks, for instance, Noël du Fail describes a confrontation between two villages: peasants from Vindelles entered their neighbors’ village and started dancing without uttering a word or greeting anyone. Immediately, they were accused of having offended their neighbors, who felt that they would forfeit their honor if they did not respond in kind to this provocation. Dancing, in this case, served as a ritual of aggression in which one village invaded another, insulting its inhabitants on their very doorsteps, or, as the villagers themselves put it, on their very “tas de fumier,” or “manure pile.” Dancing, then, could signify possession of space. 6XFKFRPSOH[LW\PDNHVLWGLI¿FXOWWRGUDZJHQHUDOFRQFOXVLRQVDERXWWKH precise relation between dancing and violence. Because of its fundamental ambiguity, dance, even as a ritual expression of hostility, challenged order without actually overthrowing it. But it could go further, and pass from display to actual rebellion. The tenuous line between protest and rebellion, between UHSUHVHQWDWLRQDQGDFWLRQPDNHVLWGLI¿FXOWWRMXGJHZKHWKHURUQRWDVWKH Huguenot Auger Gaillard claimed, “the bransles et voltes – both 16th-century dances – [caused] many revolts.” Especially in popular contexts, where the physical body was understood to be an agent active in transforming the world, doing and representing were even less distinguishable. Only the most subtle and tenuous boundaries separated dancing, demonstration and rebellion. Yet the divisive nature of dance can also obscure its socially-unifying QDWXUHZKLFKZDVLQIDFWWKHSUHFRQGLWLRQIRUJURXSFRQÀLFW'DQFHVEURXJKW together different social groups, and even different social strata, with at least as much opportunity for communication and mutual understanding as for
19. R. MUCHEMBLED, La violence au village (XVe-XVIIe)3DULV*9IGARELLO, Histoire du viol. XVIe-XXe,3DULVSII1&ASTAN, Justice et répression en Languedoc à l’époque des Lumières,3DULVDQG)/EBRUN, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris 1971. 20. N. DU FAIL, 3URSRV5XVWLTXHVGH0DLVWUH/HRQ/DGXO¿, J. BOULENGER (ed.), Paris 1921, p. 114 ff. 21. A. GAILLARD, Dialogue, p. 71. 22. R. MUCHEMBLED, La violence au village, p. 92.
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FRQÀLFW7KHULFKQHVVDQGFRPSOH[LW\RIGDQFHLVQRZKHUHEHWWHUVHHQWKDQ in its potential to sharpen simultaneously social distinctions (distinctions of age, sex, class, village, region) and bridge those very same distinctions. Dance constructed boundaries, and it encouraged the transgression of the very boundaries that it constructed. 'DQFLQJ SURYLGHG DQ H[XEHUDQW DI¿UPDWLRQ RI WKH FRPPXQDO ERG\ ,Q competitive dances, for instance, groups of young men asserted their identity as a coherent and close-knit youth group, a sub-culture. But they also represented their local community (their parish or neighborhood) against other communities. In the 16th century, confraternities organized dances intended to “reconcile spirits inclined to division and separatism.” Dance’s uncanny capacity to create a bond among its participants turned it into a powerful force for consolidation. ,QGHHGWKHIRUPDQGVWUXFWXUHRIFRQIUDWHUQLWLHV¶GDQFHVUHÀHFWKRZGDQcing challenged social and sexual segregation. Closed ring-dances, which included both men and women, expressed the mutual bonds connecting each and every member of the circle, and minimized individual status. The Holy Sacrament Confraternity of Draguignan made that symbolism explicit by writing its members’ names in a circle, eliminating any indication of primacy. Similarly, the fool in Guyot Marchand’s dance of death declares that in death, all those who were formerly enemies now agree to dance together (as if making peace). Dancing, then, was not simply a private amusement or a physical exercise. It was a bodily ritual that brought the individual into community. At its best, dancing produced that sense of communal union that Victor Turner called communitas: a state of perceived oneness in which every member felt a sense of equality and belonging, regardless of their assigned status in a world that was so deeply divided by social inequalities and by religious and ecoQRPLF FRQÀLFW Those profound moments of communitas could occur at many levels: a parish, a confraternity, an age group, or even across each and every demarcating line, just as death united all in that last grand round dance, the dance of death.
23. “à rallier les esprits […] enclins à division et partialité,” Anonyme, Apologie de la Jeunesse, sur le Fait & Honneste Recreation des Danses : Contre les Calomnies de Ceux qui les Blasment, Anvers 1572, p. 8a. 24. M.-H. FROESCHLÉ-CHOPARD, Espace et Sacré en Provence, XVIe-XXe siècle : cultes, images, confréries, Paris 1994, p. 526. 25. J. SAUGNIEUX, Les danses macabres de France et d’Espagne et leurs prolongements littéraires, Paris 1972, p. 163. Saugnieux cites G. MARCHAND’s Dance of Death published in 1486. 26. P. SPENCER, Society and the Dance, London 1985, p. 27-28.
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III. Dead Serious The dance of death was a motif familiar to readers and non-readers alike, EHFDXVHLWDSSHDUHGERWKLQSULQWHGERRNVDQGOHDÀHWVDQGRQFKXUFKZDOOV,W usually consisted of a group of people being unwillingly dragged by a corpse into a dance. Traditional interpretations, however, do not fully explain why dancing was such a powerful metaphor at the time. Why is death dancing around and not, as in Bosch’s painting Death of the Miser knocking on the door and peeking inside as if to check that everyone is ready? Popular practices of dancing may provide part of the answer, particularly if one considers that the cemetery constituted the foremost dance hall in the late middle ages. 7KHYDULRXVIRUPVRIWKH'DQFHRI'HDWKVKRZKRZWKHGH¿QLWLRQRIFRPmunity changed according to the intended audience. In printed depictions of the dance of death (directed therefore at an urban, literate audience) the relative social status of the dancers was clearly displayed. Dancers appeared in separate vignettes, in the order of their rank, with kings and popes coming ¿UVWFKLOGUHQDQGZLGRZVEULQJLQJXSWKHUHDU Yet the Dance of Death depicted in frescos at the rural parishes of La Ferté and La Chaise-Dieu, was somewhat different: the living, still arranged in their graduated ranks, were dragged along by death, but they moved as a group. The Dance of Death, in both cases, shared strong similarities to a procession, in that each served as a conspicuous ritual display of status and importance, and promoted the ideal of a sharply-ordered society. In La Ferté, however, the Dance of Death draws our attention to the communal body. The most compelling explanation for the differences between Guyot Marchand’s Dance of Death and that portrayed at La Ferté is found in the nature of the audience. In an urban setting, the dance addressed the anxiety generated by individual GHDWKLQWKHYLOODJHRI/D)HUWpLWUHÀHFWHGDFROOHFWLYHXQGHUVWDQGLQJRIWKH dead. In addition to its representation of social order, the dance of death has often been thought to deliver a symbolic sermon, a macabre homily intended to frighten each and every viewer into a better life. Most modern viewers cerWDLQO\¿QGWKHVSHFWDFOHFKLOOLQJLIQRWGRZQULJKWJURWHVTXH%XWZKLOHWKH Dance of Death evokes fear or revulsion in us, it most likely had a very different effect on a 15th or 16th century audience. That audience would have been far more familiar with the dead than we are today. In the early 16th
27. J. SAUGNIEUX, Les danses macabres, S + 5OSENFELD, Mittelalterliche Totentanz: Enstehung, Entwicklung, Bedeutung, 3te. Beiheft zum Archiv für Kulturgeschichte, Münster ±&RORJQHS-'ELUMEAU, Le péché et la peur. La culpabilisation en Occident, XIIIe-XVIIIe siècle, Paris 1983, p. 84 and 92-96. 28. See reproductions in J. CHIFFOLEAU³/DUHOLJLRQÀDPER\DQWH´LQ-LE GOFF and R. RÉMOND (ed.), Histoire de la France religieuse, 3DULVSIRU/D)HUWpDQGIRU*X\RW Marchand, J. SAUGNIEUX, Les danses macabres, p. 163.
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century, corpses were often openly exposed in cemeteries, and the living circulated among the dead freely, often going about their daily business without paying them any particular mind. Outdoor bread ovens could be found in cemeteries cohabitating with the bones of the dead in a way that we would ¿QGVKRFNLQJEXWWKDWZDVSHUIHFWO\DFFHSWDEOHWRWKFHQWXU\VHQVLELOLWLHV In such a context, the various Dances of Death can in fact be read as an expression of familiarity with the dead, depicting as they all do a union of the dead and the living through the common movement of dance. The portrayals of this dance, moreover, often mix irony and bonhommie, sometimes expressing not only the resigned attitude of the departing souls, but death’s compassion for its victims. Although they are led against their will in a dance they would rather postpone, the living ultimately accept their fate without too much resistance and sometimes even enter the dance with grace, like the village woman in Guyot Marchand’s “Women’s Dance”: I take death for better or for worse With patience and good grace…
The connection between dance and death went far beyond its use as an artistic motif in the Dance of Death. The Dance itself may have been inspired by churchyard (that is to say graveyard) dances, which were still practiced in the 16th century. That would seem to be the setting in which the dance of GHDWKZDV¿UVWVWDJHGDQGSDLQWHG Christians also danced at funerals, and the night of the wake was an occasion of feasting and merriment. Christians danced in cemeteries on other occasions as well, especially for important rites of passage (such as marriage) where prudence advised securing the goodwill of the dead. The dance stressed, not only familiarity with the dead and a desire to win their favor, but also the cohesiveness of a community that spanned life and death. In many rural settings, in fact, the living ZHUHYHU\PXFKGH¿QHGE\WKHLUUHODWLRQVKLSZLWKWKHGHDGWKHUHIRUHLWPDGH VHQVH WKDW WKH FRPPXQLW\ VKRXOG DI¿UP DQG UHQHZ LWV FRKHVLYHQHVV LQ WKH
29. P. ARIÈS, L’Homme devant la Mort, Paris 1985, p. 73. 30. P. ARIÈS, ibid., p. 118-121. 31. P. ARIÈS, ibid. SDQG-:ISMAN, “Un miroir déformant : hommes et femmes des Danses macabres de Guyot Marchand”, Journal of Medieval and Renaissance Studies 23, 2 (1993), p. 275-299. 32. M. SAHLIN, Étude sur la Carole médiévale. L’origine du mot et ses rapports avec l’Église, 8SVDOD S / %ACKMAN, Religious Dances in the Christian Churches and in Popular Medicine, London 1952, p. 150. Joël Saugnieux adds that “macabre” comes from Judas Maccabees. Folkloric records connect Judas Maccabees with the wild hunt led by the souls of the dead: J. SAUGNIEUX, Les danses macabres, p. 325.
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graveyard, surrounded by their bones and under their watchful gaze. The graveyard became, especially with the wide diffusion of the doctrine of purgatory, a public place where the living and the dead interacted. This rather unsettling mixture, the blending of levity and death, or in some cases of levity and worship, despite the fact that we (following the Reformers) might consider it incongruous and irreverent, was commonplace in early-modern folk-culture. This association of laughter and death, although somewhat alien to us, was central to the peculiar function of the dance. Dance, then, did not merely serve as entertainment, nor simply as a way to reproduce and maintain the coherence of the communal body. It allowed for the integrity of that body to be maintained through time, and beyond death. %XW GDQFLQJ VLJQL¿HG FKDQJH DV ZHOO DV FRQWLQXLW\ WKH HYROYLQJ DV ZHOO DV the static nature of the communal body. That is why the Dance of Death is perhaps best understood as an expression, not so much of the fact that dance leads to death (that is, of our fallen nature), but of the fact that to dance IS to die, as a child’s lament suggests: “I,” says the child, “who had not even learned to walk, I now must dance”. To understand dance in general and the Dance of Death in particular as a rite of passage helps us interpret the message it conveyed for its audience. The Dance of Death, as ritual, does not terrorize. Rather, it facilitates a transition. The death depicted there did not imply that one ought to be afraid. Instead, it helped one to overcome fear, and to accept fate. It taught one to die, and functioned – like a salutary mirror – as a kind of prevision of the inevitable. It quite literally opened a dialogue between the living and the dead, just as, in popular minds, it opened a dialogue with God and the saints in heaven. Because most dances occurred on religious occasions, there was some semantic confusion between dance and feast. For instance, the expression “fête balladoire” implies both feast and dancing and can be used equally of the one, the other, or both. The term “assembly” is equally ambivalent. This confusion is important for understanding the clerical opposition to dancing: when bishops cracked down on youth dances, they were attempting to assert their authority over a religious celebration (the feast) and to impose their own vision of proper worship. Similarly, when clergy and laity clashed over dances held on Christian feast days, at issue was not simply moral standards, but the meaning of worship, the nature of the religious realm, and who after all had a right to control them.
33. J. CHIFFOLEAU ³/D UHOLJLRQ ÀDPER\DQWH´ S ³/HV GDQVHV GDQV OHV FLPHWLqUHV interviennent dans le cadre de rites d’initiation, quand la caution des morts est une nécessité […]. Les morts sont les garants de la cohésion de la communauté, il est normal que ce soit sous leur regard, dans leur territoire que […] s’exécutent les actes importants de la vie sociale >«@´/%ACKMANN, Religious Dances, p. 152. 34. J. DELUMEAU, Le péché et la peur, p. 112.
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Dance as an act of worship is well-attested in many locations, but it is GLI¿FXOWWRUHFRYHULWVLQWHUSUHWDWLRQIURPWKHSHUIRUPHUV¶RUEHOLHYHUV¶SHUVpective, because we usually learn about it from the testimony of its critics, who described it as sheer profanation: of space, of person, and of time. Since WKH PLGGOH DJHV WKH &KXUFK KDG DWWHPSWHG WR GH¿QH WKH FKXUFK EXLOGLQJ and its immediate vicinity as sacred space, a process that included the eradication of dancing from both the sanctuary and the cemetery. The sacredness of clerical persons was also to be guarded, and so priests were likewise forbidden to dance. Finally, sacred times were in need of protection, since dances on Sunday disturbed the mass and prevented parishioners from attaining a contemplative mindset. Reformed pastors, of course, had an even more encompassing notion of sacred time, and banned dancing as a diversion that the Christian, whose every hour and day should be entirely devoted to serving God, could ill-afford. Priests and pastors condemned dance on moral and theological grounds. But they further legitimized their prohibition of this practice by insisting on its pagan origins. Though easy to assert, such claims are hard to assess. It LVGLI¿FXOWHQRXJKWRWUDFHGDQFHVEDFNWR(DUO\0RGHUQWLPHVOHWDORQHWR verify their relation to the worship of pagan divinities. In fact, the defenders of dance claimed just the opposite, namely that their dances were performed to the honour of God. They implicitly assumed that God and the angels took pleasure (as much pleasure, they presumed, as they themselves would take) in watching them dance. This is the theme that underlies the medieval story of the jester of Notre Dame who, not knowing with what words or gestures to honor Mary, prayed to her instead by dancing, much to her delight. A few Protestant reformers (such as Martin Bucer) and a few layleaders came to the defense of religious dancing in early-modern Europe. But most regarded the familiarity with God and the saints expressed by dance as a sign of paganism at worst, irreverence at best. The Catholic clergy gradually substituted processions for dances, slowly (very slowly considering the dancing processions recorded well into the 18th century) taming religious demonstration and imposing its own sense of order and propriety on religious ritual. The repressive measures directed against dancing did not succeed in ridding the French of their ingrained habit of dancing. But they did generally succeed in convincing the faithful that dancing was irreverent and inappropriate for worship. The French Protestant reformers for their part had wanted to exclude dance from all of life. But they only
35. M. BUCER, Du Royaume de Jésus-Christ, in F. WENDEL (ed.), Martini Buceri Opera Latina, 3DULV YRO ELV FKDS/,9 0GH %EAULIEU, La première atteinte contre ceux qui accusent les comedies, 3DULV5GH0ANLEY, Apologie pour la Danse aux Dames de Maastrecht,$QYHUV)UDQoRLVGH/AUZE, Apologie de la Danse et la Parfaicte Méthode de l’Enseigner tant aux Cavaliers qu’aux Dames, 1623.
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succeeded in excluding it from religious ritual. For Catholics and Protestants alike, then, the effect was to increase the gap between the sociability of believers and their ritual behavior, segregating the two as they had never been segregated before. Rousseau and the Republic were savvy enough to reunite ideology and sociability and thereby to construct a community of faith of a very different character. In his Letter to D’Alembert, Rousseau unfolds his vision: 3ODQWDVWDNHFURZQHGZLWKÀRZHUVLQWKHPLGGOHRIDVTXDUHJDWKHUWKHSHRSOH WRJHWKHUWKHUHDQG\RXZLOOKDYHDIHVWLYDO'REHWWHU\HWOHWWKH6SHFWDWRUV EHFRPH DQ (QWHUWDLQPHQW WR WKHPVHOYHV PDNH WKHP DFWRUV WKHPVHOYHV GR it so that each sees and loves himself in the others so that all will be better united.
3HUKDSV%HUQDUG5RXVVHOZLOO¿QGWKLVEULHIDUWLFOHKHOSIXOLQDQVZHULQJ his question. But Paul Willis’ words might better remedy the slight regret implicit in his puzzlement. Paul, who, after years of hearing his parents claim WKDWGDQFHÀRRUVZHUHQRW³>SODFHV@IRUD&KULVWLDQWRPDLQWDLQKLVZLWQHVV´ joined the dance one evening: After the eighth or ninth dance,… all of a sudden a sliver of boredom entered my mind… Dancing was not evil, just dull. I was astounded, elated even. It was not a moral choice after all. The world was a different place than I ever thought it – a good place, on the whole, and I would choose the best parts, and conscience would not equally matter for every choosing. Or maybe conscience did matter, and the most important moral choice was to separate strong pleasure from weak, the good from the banal. The trick was to enjoy something a long time – maybe forever.
36. J.-J. ROUSSEAU, Lettre à d’Alembert, 1758, in A. BLOOM, C. BUTTERWORTH and C. KELLY, ed., The Collected Writings of Rousseau, Hanover, v. 10, p. 344. 37. P. WILLIS, “Care to Dance?,” in Bright Shoots of Everlastingness. Essays on Faith and the American Wild, La Porte 2005, p. 37-38.
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THIEVES, DRUNKARDS, AND WOMANISERS? PERCEPTIONS OF CHURCH MUSICIANS IN EARLY REFORMATION STRASBOURG
Daniel TROCMÉ-LATTER Homerton College, University of Cambridge
In 1526, two years after the beginning of the Strasbourg Reformation, the reformer Martin Bucer announced that ,W EH¿WV DXWKRULW\ WR DSSRLQW MXVW DV 'DYLG GLG WKH PRVW KRO\ DQG SLRXV WR oversee such singing [in church], and on no grounds to appoint lechers, the miserly, idol worshippers, slanderers, drunkards, thieves, or those with disorderly lives.
He continues: $XWKRULW\PXVWWKHUHIRUHVSHFL¿FDOO\DSSRLQWDQGLQVWDOOVRPH&KULVWLDQ*RG fearing men over Christian song and practice, such as the ones who can, God willing, be found in the chapters, so that the praise of God may not be blasphemous.
1.
2.
o
“[…] so gepürt doch der oberkeit, das sy wie Dauid die geistlichsten vnd frumbsten yber sollch gesang verordne, vnd vmb keiner vrsach willen buler, geytzige, götzendiener, schelter, trunckenböltz, reuber, vnd die sunst ouch vnordelich leben”. Manuscript in the Archives du chapitre Saint-Thomas, held in the Archives de la Ville et de la Communauté XUEDLQH6WUDVERXUJ $67 S Dr. Buceri Rhatschlag deß Gottesdiensts halber, in R. STUPPERICH and G. SEEBASS (eds.), Martini Buceri Opera Omnia: Deutsche Schriften, 17 vols., Gütersloh 1960 – (hereafter: BDS), vol. II, p. 470-471. N.B.: all manuscripts cited are, unless otherwise stated, held in the Archives de la Ville et de la Communauté urbaine, Strasbourg. Translations are my own unless otherwise stated. “Darumb wirt von nöten sin, das die oberkeit yber solch christlich gesang vnd ybung sunderlich verordne vnd sötze etlich Christliche gotzförchtige menner, wie man die noch wol vff den stifften, ob gott will, fünden würdt, domit nit vß dem lob gottes ein lösterung gottes ZHUGH´$67SBDS, II, p. 471.
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Bucer strongly implies that those who up to that time had sung in church were immoral characters who could not be more unsuited to the task of singing God’s praises. But were there any grounds for such an insulting attack? In fact, this condemnation of church singers is by no means unique. Numerous documents from Strasbourg make it clear that choral clerks, as well as monks and nuns, were held in low esteem by the Protestant reformers. The three main criticisms of singers were: 1) the quality of their singing, 2) their lack of morals, and 3) in the case of the church singers, the payment they received for their work. I. The example of Strasbourg Strasbourg provides a fascinating case study of approaches to music and musicians at the beginning of the Reformation. There was not a great musical presence among the Protestant leadership in the city (in contrast to Zurich and Wittenberg, whose church leaders, Zwingli and Luther, were both musical), but the reformers nevertheless made their opinions on music heard. The large number of manuscripts held in the Strasbourg city archives contain a wealth of information on the subject. ,WLVDZHOONQRZQIDFWWKDWGXULQJWKH0LGGOH$JHVWKHFKXUFKEHQH¿FH system had become rife with abuse. Priests commonly held positions in more than one church, neglecting their duties at all but the best-paid posts. It had become increasingly popular for families to donate money for regular Masses to be sung for relatives who had passed away. This in turn provided a frequent and easy income for singers. The bad reputation of church musicians was exacerbated by the fact that they were often also monks or ordained priests. Erasmus of Rotterdam was considerably more direct than Bucer in his criticism of professional church singers, making the latter’s complaint look polite in comparison. The dregs of humanity, the vile and unreliable (as a great many are drunken revelers), are kept on a salary, and because of this pernicious custom the church is burdened with heavy expenses. I ask you to consider, how many paupers, dying in want, could be supported on the salaries of singers?
3. 4.
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See F. RAPP, Réformes et Réformation à Strasbourg, Paris 1974, p. 95-106. “Alitur sordidorum ac levium, ut plerique sunt Dionysiaci, hominum colluvies, ac tantis sumptibus oneratur Ecclesia ob rem pestiferam etiam. Quæso te ut rationem ineas, quot pauperes de vita periclitantes poterant ali cantorum salariis?”. D. ERASMUS, “Epistola Pauli &DS;,9´LQDesiderii Erasmi Roterodami Opera Omnia, J. CLERICUS (ed.), 10 vols., Leiden 1703-1706, vol. VI, cols. 731-732. Translated and quoted in C. MILLER, “Erasmus on Music”, The Musical Quarterly, 52 (1966), p. 332-349 (p. 339).
Perceptions of church musicians in early Reformation Strasbourg
He also preceded the Protestant reformers in claiming that those who sung WKH2I¿FHDQG0DVVLQFKXUFKRIWHQKDGQRFRPSUHKHQVLRQRIZKDWWKH\ZHUH singing, “yet according to priests and monks it [i.e. singing] constitutes the whole of religion”. Just as Clement A. Miller commented in 1966 that Erasmus’s observations on music are normally “peripheral in the sense that they are usually part of other subject matter”, the same can be said of the Strasbourg reformers’ writings on music. With the exception of Bucer’s preface to the Strasbourg Gesangbuch (1541), and perhaps one or two other writings, all mentions of music, the conduct of singers, and their attitude to their work were often points of criticism within the wider framework of reform. Examples of this can be found before the beginning of the Reformation in Strasbourg. In his Christeliche Verantwortung (1523), Matthias Zell critiFLVHGWKHVLQJLQJRIWKHFDQRQLFDOKRXUVDQGWKHEHQH¿FHV\VWHP. Bucer, too, having himself been a monk, was a staunch critic of the monastic lifestyle after his conversion. In 1523, he complained that monks and nuns claimed their singing and muttering, which they did not even understand, to EHZRUNVOHHSLQJKDOIWKHGD\ZDVDYLJLODQG¿OOLQJWKHPVHOYHVXSZLWK¿VK was to fast […] A Christian must make his vigil not as a monk says Matins, getting up in the middle of the night and howling away for an hour or two […] but the Christian must really break his sleep and spend the time in prayer or other useful exertion.
Bucer may have felt that his point had been proven when, during a sermon he was giving at the cathedral on 13th February 1524, a Franciscan friar attempted to disrupt the event by chanting the Mass over Bucer’s preaching.
6. 7.
8.
9.
³)HUHQGXP KRF QLVL YXOJXV 6DFHUGRWXP DF 0RQDFKRUXP LQ KXMXVPRGL UHEXV VXPPDP constitueret pietatem”. D. ERASMUS, Opera Omnia, vol. VI, col. 731. Translated and quoted by J. FROUDE, Life and Letters of Erasmus, London 1894, p. 130. C. MILLER, “Erasmus on Music”, p. 333. e Gesangbuch / darinn begriffen sind / die aller furnemisten vnd besten Psalmen / Geistliche Lieder / vnd Chorgeseng / aus dem Wittembergischen / Strasburgischen / vnd anderer Kirchen o e Gesangbuchlin zuVDPHQEUDFKWYQGPLWEHVRQGHUHPÀHLVFRUULJLHUWYQGJHGUXFNHW, Köpfel 0HVVHUVFKPLGW 6WUDVERXUJ $ IDFVLPLOH ZDV SURGXFHG LQ 6WXWWJDUW LQ 7KH preface is available in BDS, VII, p. 577-582, and is translated in C. GARSIDE Jr., “The Origins of Calvin’s Theology of Music: 1536-1543”, Transactions of the American Philosophical Society SS M. ZELL, Christeliche verantwortung M. Matthes Zell von Keyserßberg, Köpfel, Strasbourg 1523, M. WEYER (ed.) “L’Apologie Chrétienne du réformateur strasbourgeois Matthieu Zell (“Christeliche Verantwortung”, 1523)”, 3 vols., Doctor ès Sciences Religieuses diss., Université des Sciences Humaines de Strasbourg, 1981, esp. vol. I, p. 231-236, 321-327. M. BUCER, An ein christlichen Rath un[nd] Gemeyn der Statt Weissenburg Summary seiner Predig daselbst gethon6FKRWW6WUDVERXUJSULQWHGLQBDS,SDQGTXRWHGDQG translated in M. CHRISMAN, Strasbourg and the Reform: A Study in the Process of Change, New Haven and London 1967, p. 125.
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It is said that no-one else joined in, but instead a riot was caused. Just eight days later, on 21st February, two men entered the Dominican church during WKHPRQNV¶VLQJLQJRIWKHRI¿FHRI&RPSOLQH2QHRIWKHPHQEHJDQWRZKLVWOH like a nightingale (]XS¿IIHQZLHHLQQDFKWLJDOO), whereupon the men were asked to leave the church, and did so, but not before one of the monks had been knocked to the ground and the pulpit had sustained damage. The common people were no doubt already used to hearing such verbal criticisms of the clergy. These had been plentiful even in pre-Reformation times. Robert Scribner notes that towards the end of the 15th century monks were popularly depicted in a state of drunkenness. This and “gluttony were held to be typical vices of monks, while the association of monks and nuns in such depictions alluded to sexual immorality”. In 1511, Erasmus wrote: Most of them capitalize on their dirt and poverty by whining for food from door to door. They push into inns, ships, and public conveyances, to the great disadvantage of the regular beggars. These smooth fellows simply explain that E\WKHLUYHU\¿OWKLJQRUDQFHERRULVKQHVVDQGLQVROHQFHWKH\HQDFWWKHOLYHV of the apostles for us […] Christ will condemn all of this and will call for a reckoning of that which He has prescribed, namely, charity.
Even earlier, the satirist and preacher Sebastian Brant, in chapter 91 of Das Narrenschiff (1494), complained that many came to church only to commit avarice, and because there was money in the choir. In May 1525 the reformers asked the Strasbourg authorities to close certain drinking establishments, to introduce sermons in women’s convents and to allow the preaching of the Gospel in such sermons, and to ban the singing
10. J. SMEND, Der erste evangelische Gottesdienst in Straßburg 6WUDVERXUJ S A. STRAUB, Geschichtskalender des Hochstiftes und des Münsters von Strassburg, Rixheim 1891, p. 36. 11. The Imlin’schen Familienchronik suggests instead that the man imitated a quail (zu schlagen wie eine wachtel). 12. L. DACHEUX (ed.), “Annales de Sébastien Brant”, Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 2nd VHU S S 5REUSS (ed.), “Strassburg im sechszehnten Jahrhundert, 1500-1591: Auszug aus der Imlin’schen Familienchronik”, Alsatia, 10 (1873-74), p. 363-476 (p. 395-396). 13. R. SCRIBNER, For the Sake of Simple Folk, Oxford 1981, p. 37. 14. “Et sunt ex his nonnulli, qui sordes ac mendicitatem magno vendunt, proque foribus magno PXJLWX SDQHP HIÀDJLWDQW LPR LQ QXOOLV GLYHUVRULLV YHKLFXOLV QDYLEXV QRQ REWXUEDQW non mediocri profecto reliquorum mendicorum jactura. Atque ad eum modum homines suavissimi, sordibus, inscitia, rusticitate, impudentia, Apostolos, ut ajunt, nobis referunt […] Christus contemtis his omnibus, suum illud sit exacturus præceptum, nempe caritatis”. D. ERASMUS, “Stultitiæ Laus”, in Opera Omnia, vol. IV, cols. 471 and 473. Translated in L. DEAN’s edition of D. ERASMUS, The Praise of Folly, Chicago 1946, p. 101-102. e 15. “von schwetze[n] jm chor […] Vil kaPHQQLWWU\EQLWGHUJ\GW_9QGGDVPDQJHOWJHEMQ GHPFKRU_6XQVWZHUHQV\RQGLHNLUFKYLOMRU´6BRANT, Das Narrenschiff, D. WUTTKE (ed.), Baden-Baden 1994 (facs. of the 1494 Basel original), p. 241-242.
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of monks and nuns. They were to remain silent (ihrem singen still zu ston) to avoid a revolt (witters vffrur zu verhütten). The suppression of such activities, however, was far from straightforward. Records show that in 1527, the Mass was still being sung or read, and money was still available for this to happen. Some convents and monasteries continued to resist long after the establishment of Protestantism. II. Church musicians The situation was slightly different for those employed to sing in church. %HQH¿FHV ZHUH DQ H[SHGLHQW DQG HIIHFWLYH PHDQV RI SURYLGLQJ LQFRPH IRU those who worked for the church, and so musicians were often given nominal posts as chaplains, deacons, or helpers in return for their services in music. But there was growing sympathy with the idea that musicians should provide their services free of charge. For example, in a manuscript from November 1523, the objection to sung vigils and masses is not that they contain music, but that the singers receive a payment (Präsenz) for their work. The writer does not indicate whether the same services, if spoken rather than sung, would be deemed more acceptable. In his 1524 work, Grund und Ursach auß gotlicher schrifft der neüwerungen, Bucer makes the following comment about services sung for payment: It has been customary, and continues to be so, that many prescribed songs DQGSUD\HUVDUHXVHGLQWKH0DVVHVDQGDWWKH'LYLQH2I¿FHVIRUSD\PHQWRI money, and this is done by those who do not yet know Christ, and is done in many places contrary to the Scriptures, and drawn out of fables.
16. Manuscript IV 98, C. (N.B.: this document is for some reason numbered ‘f. 2’, although there is no corresponding fol. 1.) Printed in J. ROTT et al. (eds.), Correspondance de Martin Bucer, 5 vols., Leiden 1979- (hereafter: CorrBucer), vol. II, p. 21-22. 17. $67 IROV YU FRQFHUQLQJ WKH QXQV RI 6W 0DUJXHULWH $67 IRO U concerning the Order of St John: “Herr Johann von hattstadt Sant Johanns ordens Meister -PP 7HXWVFHQ ODQGHQ VFKUHLEW GHP &RXHQWKXU ]X 6DQW -RKDQQV EH\ DOWHP JHSUDXFK GHV VLQJHQV YQQG OHVHQV RXFK GHU &HUHPRQLHQ SOHLEQ ]HODVVHQ MW>HP@ GHU %XUJHUOLFKHQ EHVFKZHUGHQ]XHQWODGHQYRQGHQQXZHUXQJQDE]HVWDQRXFKGLHIXUJHQRPHQHQSHQVLRQHQ den abtrinngen zegebn dem Couenthur nit zebringen”. 18. See A. LEONARD, Nails in the Wall – Catholic Nuns in Reformation Germany, Chicago and London 2005, p. 99, incl. n. 82. 19. ³-WHP 1DFKGHP MQQ GHU 5RPLVFKHQQ NLUFKHQQ YHURUGQHW YQQG ODQQJ KHUNRPHQ GDV SULVWHUYQQGSIUXQGHQJHVWLIIWGLHHWOLFKWDJYQG]HLW0HQDFK5RPLVFKHU2UGQXQJPLW 2SIHUXQJGHOHLEVYQQGSOXWV&ULVWMIXUGLHOHEHQGLQJ>HQ@YQQGYHUVWRUEHQQJHKDOOWHQ DXFKYLJLOLHQJHVXQJ>HQ@YQQG6XQVWHQQGDUQHEHQGHUJOHLFK>HQ@0HVRSIHUYQQGJHEHWH YPESUHVHQW]JHKDOOWHQYQGJHWKDQGDVDEHULHW]RQLWDOODLQIXUYQQXW]VRQQGHUDXFKDOV VROWHVYQWULVWOLFKVHLQ9RQQHWWOLFK>HQ@RIIHQQWOLFKDQJHIDFKWHQQZXUGHW´$67S 20. “Man hat vil geordnet geseng und gepet in den Messen und siben zeiten umbs gelts willen, e bißher getriben und treibents noch, die Christum noch nit kennen. Wolchs in vilen orten
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The opposition to “fables” is not original to Bucer. In 1523, Luther complained of the “unchristian fables and lies” used in church in “legends, songs, and sermons”. Bucer and the Strasbourg reformers were, it must be stressed, not opposed to the use of music in church. On the contrary, they were particularly in favour of it. Singing had been a feature of the early Church, and Bucer constantly reminds his readers of this fact. In Grund und Ursach, he writes: “those who discard singing in the congregation of God know little, either about the conWHQWVRI6FULSWXUHRUWKHFXVWRPRIWKH¿UVWDSRVWROLFFKXUFKHVDQGFRQJUHgations, who always praised God with singing”. This was a direct attack not only on the Papacy, but also on any Protestants who were erring on the side of abolishing congregational singing (as Zwingli did in Zurich in 1525). Anyone who discarded congregational singing was therefore guilty of being untrue to the practices of the early Church. Bucer backs up these assertions by citing Paul (who advocates singing in his epistles to the Colossians and to the Ephesians), the Christian “historians” (unsern hystorien), and also pagan writers such as Pliny the Younger. For Bucer, the crucial point was that song helped the Word penetrate the heart more deeply. But Bucer’s criteria for what was acceptable to be sung in the presence of God left no room for Latin, polyphony, or plainchant. Latin choral singing, in some sense, was seen by the Strasbourg reformers as a superstitious and VDFUL¿FLDORIIHULQJWR*RG±RUHYHQDZD\RIPDNLQJPRQH\ – rather than an act of thanksgiving and praise. Bucer’s colleague, Wolfgang Capito, had also criticised Rome’s “service and ordinances, such as the Mass, vigils, [and] the
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wider die schrifft und auß fabeln herzogen”. BDS, I, p. 274. Translated by O. CYPRIS, in “Basic Principles: Translation and Commentary of Martin Bucer’s Grund und Ursach, 1524”, Ph.D. diss., Union Theological Seminary, New York 1971, p. 208. “da Gottis wort geschwygen gewesen ist, sind neben eyn komen so viel unchristlicher fabeln und lugen, beyde ynn legenden, gesange und predigen, das greulich ist tzu sehen”. J. C. F. KNAAKE et al. (eds.), D. Martin Luthers Werke: Kritische Gesamtausgabe, 65 vols., :HLPDUYRO;,,S “Deshalb wissen die, so das gesang in der gemein gottes verwerffen, wenig weder umb der schrifft inhalt noch den brauch der ersten und Apostolischen kirchen und gemeinden, die alweg got auch mit gesang gelobet haben”. BDS, I, p. 276. Translated in O. CYPRIS, “Basic Principles”, p. 211. (SK&RO BDS, I, p. 276. Translated in O. CYPRIS, “Basic Principles”, p. 211. See Pliny’s letter to the HPSHURU7UDMDQ;LQ-LIGHTFOOT (ed.), The Apostolic Fathers, pt. II, vol. I, London 1889, p. 50-54. R. BORNERT, La Réforme protestante du culte à Strasbourg au XVIe siècle (1523-1598), Leiden 1981, p. 470. See also Bucer’s Rhatschlag, in BDS, II, p. 470-471. 7KH SUH5HIRUPDWLRQ FOHULFDO EHQH¿FH V\VWHP FRPSULVHG PXOWLSOH VRXUFHV RI LQFRPH 6HH F. RAPP, Réformes et Réformation, p. 265-279.
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singing, reading, and piping of the hours”. Rather than abolishing singing altogether, it was the way in which music was used in church which was in need of reform. Song had to be in the vernacular, so that it could be understood by all, and melodies had to be easy to sing and learn. With a few exceptions, very little is known about the personal lives of musicians in Strasbourg. These exceptions include Wolfgang Dachstein (organist at St Thomas’s Church and later at the cathedral), Maternus Kreis (cathedral organist), and Matthias Greiter$VLJQL¿FDQWDPRXQWRIELRJUDSKLFDOGHWDLOV H[LVWVLQWKHIRUPRIOHWWHUVDQGRI¿FLDOGRFXPHQWVIRU*UHLWHUDPRQNDQGDQ ordained priest who was also the most important musician in Strasbourg at this time. In 1524 he chose to leave the monastic life and married a local woman. +HFRQWLQXHGWRZRUNDWWKHFDWKHGUDODVWKHFLW\¶V¿UVW3URWHVWDQWFDQWRUFRPposing congregational melodies, and the fruits of his labour are to be found in the many liturgical orders and hymn books which subsequently appeared in Strasbourg. It would probably also have been Greiter’s job to teach the new songs to the congregation. Clearly, Greiter’s contributions to the reforms were enough to keep him in place for a very long time. This is despite holding bene¿FHVRIWKHW\SHDJDLQVWZKLFK%XFHUDQGWKHRWKHUUHIRUPHUVSHWLWLRQHG*UHLWHU received income from the cathedral and from several churches), having an adulterous affair, and composing not only church melodies but also popular songs of which the reformers must surely have disapproved. He was also accused of absenting himself from the Lord’s Supper, of reading books during the sermon, and of a lack of diligence in his schoolteaching. Indeed, a celibate religious life in the Roman Church seems as though it would not have suited
27. “Gottes dinst und ordnungen, als Meß, Vigilien, horas singen, lesen, pfeiffen”. Was man halten unnd antwurten soll von der spaltung zwischen Martin Luther und Andreas Carolstadt, Köpfel, Strasbourg 1524. Text available on the website of the Electronic Capito Project, ed. E. RUMMELKWWSCfLWHUJDWHZD\RUJFDSLWR/HWWHUSGISSDUDJUDSK 28. Eugène WAGNER surveyed and copied out a great number of documents on music and musicians in 16th-century Strasbourg in the series 90 Z of the Strasbourg Archives de la Ville. 29. C. YOUNG, “School Music in Sixteenth-Century Strasbourg”, Journal of Research in Music Education SS 30. See chapter 2 of D. TROCMÉ-LATTER, “The Singing of the Strasbourg Protestants, 1523-1541”, Ph.D. diss., University of Cambridge, 2011. 31. Cantors are also known to have been appointed before and during the Reformation at St Thomas Church, one of the bigger chapters of Strasbourg (Laurentius Schenkbecher was cantor there from 1521 to 1524). See document 90 Z 13, p. 4. 32. See M. SCHMID, Mathias Greiter: Das Schicksal eines Deutschen Musikers zur Reformationszeit, Aichach 1976, p. 125-132. 33. See Ibid. S 7 *ÉROLD, Les plus anciennes mélodies de l’Église protestante de Strasbourg et leurs auteurs, Paris 1928, p. 16-19. The main archival documents that discuss WKLVFDVHDUH$67$67$679,,, 34. These include: “Ich weiß ein hübsche Graserin”, “Des spils ich gar keyn glück”, “Es wolt ein jäger jagen”. 35. M. SCHMID, Mathias GreiterS$67S
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him, as he was constantly requesting more money to support his ever-growing family. In 1540 he wrote requesting a higher salary in order to be able to support his wife and ten children. “God our Father”, he says, “has given me the gift of many children”. However, his allegiance to the Protestant cause must also be doubted, as with the return of Catholicism to Strasbourg in 1549 in the form of the Augsburg Interim he swore loyalty to the Pope once more, and by doing so managed to retain his posts in city and church until his death in 1550. Dachstein, too, encountered problems with the city and church authorities in Strasbourg. As a young man he had joined the Dominicans, but with the beginning of the Reformation he too married. Having apparently stayed out of trouble until the return of Catholicism to the city in 1549, he then seems to have asked for money several times to support his family. As Théodore Gérold observed: “Si Greiter est mauvaise tête et frondeur, Dachstein est mauvaise langue et menteur”. In 1550 he complained that he was being paid OHVVWKDQKLVSUHGHFHVVRUVDQGZDVDFFXVHGRIKDYLQJSXEOLVKHGLQÀDPPDtory pamphlets against the council. He was also charged with failing to give his music lessons. III. Musical reforms One manuscript in the Strasbourg archives, entitled “Conclusiones Jacobj”, carries no date other than that estimated by the archivists in Strasbourg: “début des années 1520”. Thomas Brady has suggested that this document could be by Jacob Sturm, a noble of the city, although he acknowledges that it could equally have another origin. In ten points on a variety of matters, this very Lutheran text defends several things which would not have been acceptable in Strasbourg once the Reformation had been formally established, several years after. 7KH¿UVWSRLQWHQGRUVHVWKHXVHRIWKHYHUQDFXODULQFKXUFKZKLOHDWWKH same time stressing the need to retain foreign languages. The second point FULWLFLVHVWKHQRWLRQRIWKH0DVVDVDVDFUL¿FH7KHIRXUWKSRLQWUHLWHUDWHVWKH
36. ³$EHU*RWWYQVHUYDWWHUKDWWPLFK>«@PLWYLONLQGHQEHJDEHW´$67IROU Z 13, p. 304. 37. M. SCHMID, Mathias Greiter, p. 179. 38. T. GÉROLD, Les plus anciennes mélodies, p. 30. 39. Ibid., p. 27-30. 40. Written in pencil on the document. 41. T. BRADY, “‘Sind also zu beiden theilen christen, des Gott erbarm’ : Le mémoire de Jacques Sturm sur le culte publique à Strasbourg (août 1525)”, in M. de KROON and M. LIENHARD (ed.), Horizons européens de la Réforme en Alsace, Mélanges offerts à Jean Rott pour son 65e anniversaire, Strasbourg 1980, p. 69-79 (p. 71, n. 21).
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¿UVWDVVHUWLQJWKDWWKHFHOHEUDWLRQRIWKH0DVVLQ/DWLQRULQRWKHUODQJXDJHV as long as there is someone present in church to interpret (vßlegen), is right DQGJRRG&UXFLDOO\LQWKH¿IWKDQGVL[WKSRLQWVZHUHDGWKDW 5. Choir singing, in all churches where it has happened on Sundays until now, QRWIRUWKHVDNHRISUR¿WEXWIRUWKHVDNHRIWKHKRQRXURI*RGLVQRWEODVSKHP\ but rather praise to God. 6. The Introit, Kyrie eleison, Gloria in excelsis, Epistle, Gospel, Gradual, $OOHOXLDHWFDSDUWIURPWKHVDFUL¿FHDQGFDQRQHYHU\WKLQJHOVHFRQFHLYHG in the Sunday Mass is not an insult to the honour of Christ but a proclamation and a dissemination of his honour.
This is therefore a defence of the Mass in its current form, with the use of a FKRLU±VRORQJDVWKHVLQJLQJLVDVSLULWXDOUDWKHUWKDQSUR¿WPDNLQJH[HUFLVH Another of the most important documents of its time is a work penned by Bucer, following a complaint to the Imperial Government lodged by the canons who had left Strasbourg in 1524 at the advent of the Reformation. A petition had been sent to a group of Strasbourg authorities, which called for them to take action against the changes. In return, Bucer submitted an apology in February 1525, entitled Der predicanten verantwortten vff die verclagung der vßgedreiten pfaffen an keyserlich Regiment (The answer of the preachers to the accusation sent to the Imperial Government by the priests who have resiJQHG ,QWKHGRFXPHQWWKHSUHDFKHUVVHHNWRDQVZHU¿IWHHQSRLQWVUHODWLQJ to the teachings of Luther, clerical marriage, the monastic life, communion, and images. The eleventh point concerns song, and repeats several familiar complaints, but in addition attempts to prove that the singing and reading of the Papists is anti-Christian, while, on the contrary, the Strasbourg preachers are using it for the improvement of the community. Apparently, Bucer saw the chance to turn the situation back around on the canons. He writes: $OOVLQJLQJDQGUHDGLQJZKLFKLVQRWGRQHIRUWKHHGL¿FDWLRQRIWKHFRQJUHJDWLRQRI*RGGRHVQRWFRPHIURPWKH6SLULWRI*RGOHWHYHU\WKLQJWKHQEHFDUried out for the honour of God and for the building up of one’s neighbour.
42. “5 Daß korgsang byßher sonder am sontag in allen kÿrchen wo es nit vmß gwÿns wÿllen sonder YPGHUHKUH*RWWHVZ¹OOHQJHVFKHKHQLVWLVWQLWHLQ*RWWVOHVWHUXQJVRQGHU*RWWVORE__-QWURLW .\ULHOH¹VRQJORULDLQH[FHOVLV(SLVWHO(XD>Q@JHOLX>P@JUDGXDODOO>HOXL@D F9JHQR>P@HQGLH oppfren vn[nd] Canon sonst alles begriffen jn der sontag meß jst nit ein schmelerung der ehre Christj sonder ein vßrüeffen vn[nd] vßbreÿtten seiner ehre”. 1 AST 75, 3. 43. The complainants were Sixt Hermann, Diebold Balthener, and Jakob Schultheiss, all former canons of St Thomas Church. 44. 1 AST 170, 4. Text printed in BDS, II, p. 434-460. 45. See also BDS ,, S ( RUMMEL, ed., The Correspondence of Wolfgang Capito, 2 vols., Toronto 2005 – (hereafter: CorrCapito YRO ,, S DQG CorrBucer, II, p. 14-16. 46. See 1 Cor 14: 3-5, 12, 26.
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Furthermore, singing and reading which is not from the heart is but a mockery to God. Therefore it is certainly devilish.
The use of words such as “mockery” (verspottung) and “devilish” (tuffelich) leaves no doubt as to the opinion in which Bucer held singing which was not heartfelt. To his mind, the singers were not only inexcusable and insinFHUHWKH\ZHUHIXQGDPHQWDOO\HYLO+HFRQWLQXHVE\GUDZLQJDWWHQWLRQWRWKH hypocrisy of the singers, who sing passages such as: “I delight in your law, and forget not your word” (Bucer’s reading of Ps 119:16). If these words are sung sincerely, from the heart (mit hertzen), then their integrity will be revealed. Bucer gives a damning conclusion on this matter: “Yea, in one hundred of them there is not one who understands a tenth of their song”. Furthermore, he declares, choirs sing too quickly. That which should take a week to recite or sing, the choir singers like to “babble” (schlappern) in a GD\ RU HYHQ DV OLWWOH DV ¿YH KRXUV 7KLV LV FOHDUO\ FRQWUDU\ WR &KULVW¶V RZQ commandment: “And when you pray, do not keep on babbling like pagans, for they think they will be heard because of their many words”. In other words, quality of prayer – and not quantity – will assure the faithful of their salvation. Those who pray with heartfelt sincerity, and not by “wailing and mumbling” o (geplerre vnd gemurmel) are going to be saved. %XFHU¶V¿QDOFULWLFLVPLVRIWKHEHKDYLRXURIWKHVLQJHUV1RQHRIWKHPKH complains, wants to translate the Latin which is being sung, and instead the words are sung hurriedly so that they can collect their payment and join their
47. “alles singen vnd lesen, So nit zuor besserung der gemeinde gottes beschicht, kompt nit vom JHLVWJRWWHVGHUGDQDOOHGLQJ]XUHHUJRWWHVYQGYIIEXZXQJGHUQHFKVWHQDQVWHOWPHU>QRFK@ E\ ZHOFKHP VLQJHQ YQG OHVHQ GDV KHUW] QLW LVW :XUW GDGXUFK JRW QXU YHUVSRWWHW GHKDOE VROLFKVJHZLOLFKWXIIHOLFKVLQPX´$67IROVUYBDS, II, p. 450. 48. Given in Bucer’s German text as: “jch hab lußt an dinem recht vnd vergisse diner wort nicht”. BDS, II, p. 450. 49. See Mt 7:16. 50. “Ja, vnder hundertten ist nit einer, der den zehenden theil irs gesangs verstande”. 1 AST 170, IROYBDS, II, p. 450. 51. Mt 6:7. Bucer seems to contradict himself by using this citation which refers to the number of words recited, rather than the speed at which they are recited. It is therefore not clear at this point whether Bucer was happy with the number of psalms being recited, or whether he felt that they should be fewer in number. 52. The language used by Bucer here and in other places is remarkably similar to that of Girolamo Savonarola, the Italian friar who attacked polyphony at the end of the 15th century. See P. MACEY, %RQ¿UH 6RQJV ± 6DYRQDUROD¶V 0XVLFDO /HJDF\, Oxford 1998, p. 91-98. Michel WEYER has also observed that such language was often used by other reformers. See M. LUTHER, De abroganda missa privata (Wittenberg, Lotter, 1522), in WA 8, p. 454, and also Zell in M. WEYER, “L’Apologie Chrétienne”, vol. I, p. 103 and 234 (incl. n. 6).
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maid behind the stove! They lead a wanton life to please their stomachs instead of honouring God they shame him while thinking of earthly things. He also refers to the Decretum of Canon Law, which commands that deacons VKRXOGQRWVLQJDVSDUWRIWKHLURI¿FH Whence there are many elected to the sacred mystery, while a sweet voice bewails seductive things, the appropriate life is neglected, and the cantor – minister of God – incites morality, while he delights the people with his voice. On which present topic I am inclined to this decision: that they who are in the position of this sacred ministry at the altar ought not to sing… They who have not been ordained to do so by the bishop shall not sing psalms or read in the pulpit. Singing psalms or reading in the pulpit is not allowed, except by those who are ordained readers by the bishop.
The citing of such a serious authority of the Church could not fail to add weight to Bucer’s argument, and in doing so, he exposes his opponents’ apparent hypocrisy in having violated the very laws they claim to have upheld. In short, the wailing of those who sing in church (and who have not been ordained to sing in church) is, according to Bucer, blasphemous, done for money, and not understood by those who do it. It is contrary to God’s commandments and to Canon Law. On the other hand, the singing of the reformed congregations is commendable, because it is done in the vernacular so that the people can understand, to build up the church and improve God’s people, and because it comes from the heart, as is commanded in Scripture.
o
53. “zu dem allem begerts nyemants vßzulegen, das doch ieman ein besserung dauon prechte, sonder nur vffs ylendtsts vbereinander geworffen, Vnd mit der presentz vß der kirchen zur PDJWKLQGHUGHQRIIHQ´$67IROVYUBDS, II, p. 451. 54. This is a reference either to Rom 16:18 (“For such people do not serve our Lord Christ, but WKHLURZQDSSHWLWHVDQGE\VPRRWKWDONDQGÀDWWHU\WKH\GHFHLYHWKHKHDUWVRIWKHVLPSOH minded”) or to Phil 3:19 (“Their destiny is destruction, their god is their stomach, and their glory is in their shame. Their mind is set on earthly things”). See also the accusation under point eight, that their opponents’ singing and services give pleasure to nothing but their own bellies (Darumb irs gesangs vnd gotsdiensts niemants erfrewet wurt, dan ire Beuch, Bauchdiener vnd dienerin $67IROUBDS, II, p. 448. 55. “Vnd so ir gesang widder das hell wort gottes ist, als ob bewert vnd am tag leit, Haben wir solichs dem heiligen geist nit mogen zuschriben. vnnd so alles ir ding dahin zihet, dassie vil o feußter pfrunden hetten, ein feig, gemachsam leben zufuren, musen wir ye veriehen, das er got der bauch ist, vnnd ir eer zu schaden wurt, Dwil sie vffs irdisch gesandt sint, philip. 3 >@´$67IROYBDS, II, p. 452. 56. ³8QGH¿WSOHUXPTXHXWLQVDFURPLQLVWHULRGXPEODQGDXR[TXHULWXUFRQJUXDXLWDQHJOLJDWXU et cantor, minister Deum moribus stimulet, cum populum uocibus delectet. Qua de re presenti decreto constituo, ut in sede hac sacri altaris ministri cantare non debeant […] Qui ab episcopo non ordinantur, in pupito non psallant uel legant. Non liceat in pupito psallere aut legere, nisi qui ab episcopo ordinati sunt lectores”, Ia pars, dist. 92, c. 2, in A. RICHTER and E. FRIEDBERG (eds.), Corpus Iuris Canonici, Graz 1959, vol. I, col. 317.
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Von drey Straßburger Pfaffen, und den geüsserten Kirchen güttern (Concerning three Strasbourg priests and the removal of the church goods) was written by Capito in August 1525 in response to a Catholic broadsheet posted in Strasbourg earlier that month. This broadsheet was compiled by the same canons who had complained about the Strasbourg reforms to the Imperial Government. Capito’s response is centred around the removal of items from Young St Peter’s Church. He acknowledges that on Monday 7th March 1524, the items were removed, but claims that an uprising occurred PXFKODWHURQD6XQGD\ZKHQWKHFKRLUDW6W3HWHUEHJDQWRVLQJ>WKHRI¿FH of Prime] during the Lord’s Supper, which appeared to go against the people’s inclination. Several of the congregation went into the choir and told the priests to be silent, whereupon a part of them left. The others, however, remained in their seats, keeping silent until the service had ended. No one desired to harm them, nor were any of them driven out of the choir by force. They were told to be silent, not to leave the choir. The images, which were the object of ungodly adoration and attention, were removed only after the canons left.
This account is useful for several reasons. First, it suggests that the choir ZDVDFWLQJLQGH¿DQFHVDERWDJLQJDQDFWRIZRUVKLSZKLFKWKHSHRSOHFRQVLdered to be of value, in the same way as the friar’s singing over Bucer’s sermon had done so the month before. Second, it again demonstrates the tense divisions between the clergy and congregation at this time. Furthermore, this letter contains possibly the most comprehensive attack on the singing of the Roman Church in Strasbourg at this time. Although most of the arguments are similar, if not identical, to those found in Bucer’s Der
57. Strasbourg, Köpfel, 1525. The German text is available on the website of the Electronic &DSLWR 3URMHFW KWWSCfLWHUJDWHZD\RUJFDSLWR/HWWHUDSGI DFFHVVHG th November 2010), and an English translation by Erika RUMMEL is given in CorrCapito, II, p. 123-153. 58. Warhafftige verantwurt dreyer Summissarien zu Sant Thoman auf doctor Wolfgang Capito jüngst unwarhafftige, nichtige ußgangene protestation (True response of three summissaries of St Thomas to Dr Wolfgang Capito’s recently published false and groundless protestation). When Capito asked for permission to post his response in Freiburg, where the broadsheet had also been distributed, the authorities refused, and saw to it that copies of his response was burned. See CorrCapito, II, p. 124, and 187-198. 59. See CorrCapito, II, p. 123-124. o 60. “So hat sich lang hinach zügetragen, das uff ein sontag als der gantz Chor zum jungen sant Peter, under des herren nachtmal, angefangen primzyt zesingen, das ein schein hatte, als ob o es dem volck zuwider beschehe. Sind etlich uß dem volck in den chor gangen, die die priester haben schwigen heissen, uff das sy eins teils selb hinauß gegangen. Die übrigen aber sind stillschweigend sitzen pliben, biß die pfarlichen ämpter auß waren. Den hat niemant kein leid o begert zethun, und ist iren keiner ungestümer wyse auß dem Chor ye getriben worden. Man hat sy heissen schwigen, und nicht auß dem chor gan. Die bildnussen, so in einer ererbietung und o gotloßen anbettung waren, sind erst nach abweichung der ThuPKHUUHQ´KWWSCf.itergateway. th RUJFDSLWR/HWWHUDSGIDFFHVVHG November 2010), p. 3. Translated in CorrCapito, II, p. 132.
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predicanten verantwortten, Capito goes into much more detail on most points. Another crucial difference is that Capito’s response does not acknowledge the singing of the Protestants. It is simply a detailed criticism of Latin choir singing. Capito questions the value of “our so-called clergy’s singing and piping” (unnsers gepffess singen und pfeyffen). Claiming to be using holy words is not enough. Latin is of no use to the congregation. Voicing a similar concern to that found in Der predicanten verantwortten, Capito, surely exaggerating for effect, writes that “It would take a month for a person experienced in spiritual exegesis to study in depth the meaning of the psalms and scriptural passages that they burble out in a day”. Another point is that singers accept generous payment for their work, “like a merchant for his goods and merchandise” (wie ein kauffman umb sein war und kauffmans gutter). This in itself is an abuse. Capito laments that singers are much more eager to hear sad requiems and songs for the dead than the joyful Gaudeamus. For although the organ pipes sound good in both cases, the fee and the holy penny make the sad song for the dead a happy occasion for the servant of the belly, whose devotion evaporates when the holy penny declines.
He also makes a familiar observation – one also made by Bucer in Der predicanten verantwortten: that once they have received their payment, the singers “hurry out of the church, toss their choir robe behind the door and join the maid behind the stove”. Capito and Bucer thereby bring another dimension to the attack by making such accusations against the singers: not only do these people blaspheme in their church singing, but they also lead immoral, XQFKULVWLDQOLYHV RXWVLGHRIFKXUFK7KH\DUHWKHUHIRUHXQ¿WWR VHUYH LQ WKH House of God.
61. “Ein geübter mensch im geyst, hette ein monat zeschaffen, biß er im grund beschawet, was allein die psalmen und geschrifft vermöchten, die sye in eim tag herauß ploddern”. KWWS CfLWHUJDWHZD\RUJFDSLWR/HWWHUDSGIDFFHVVHGth November 2010), p. 10. Translated in CorrCapito, II, p. 144. 62. KWWSCfLWHUJDWHZD\RUJFDSLWR/HWWHUDSGI DFFHVVHG th November 2010), p. 9. Translated in CorrCapito, II, p. 143. 63. ³'DQQV\VLQGWDOOHPDOYLOOJHÀLVVHQHUEH\GHPWUDXULJHQ5HTXLHPXQGGHPWRGWHQJHVDQJ weder by dem frölichen Gaudeamus. Ob schon nach als woll die orgelpfeyffen lautten, also macht die presentz und der heylig pfennig das unholdtselig todtengesang anmütig dissen bauch dienern, dero andacht verloschen ist, wa der andächtig pfennig abnimpt”. KWWSCfLWHUJDWHZD\RUJFDSLWR/HWWHUDSGI DFFHVVHG th November 2010), p. 10-11. Translated in CorrCapito, II, p. 144-145. 64. “Ir hertz und synn tracht nach der presentz, wenn die erlangt ist, so lauffent sye zur kirchen hienauß, werffen den chorrock hinder die thür und mit der magt hinder den offen”. KWWS CfLWHUJDWHZD\RUJFDSLWR/HWWHUDSGIDFFHVVHGth November 2010), p. 11. Translated in CorrCapito, II, p. 145.
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Daniel Trocmé-Latter
IV. Abolishing the Mass The Mass was abolished in all but the city’s four collegiate churches shortly after Easter 1525. Later that year, the preachers wrote to Klaus Kniebis, Ammeister of Strasbourg, asking that any remaining “clerical song” (pfaffen gesang) be abolished. This, they say, is for the honour of God, and for the good of weak-willed people. Such people should abstain from the Lord’s Supper until they have been strengthened by the Word of God. Around the same time, Jacob Sturm was writing about a multitude of matters including Latin, the use of scripture, payments, the Mass, and services for the deceased,QWHUHVWLQJO\WKH¿UVWPDMRUDVSHFWWREHGLVFXVVHGLQWKH UHSRUWLVVRQJ+HSHUFHLYHVWKUHHSUREOHPVZLWKWKHVRQJVRIWKH&KXUFK¿UVW WKDWWKH\DUHWRROHQJWK\DQGWRRQXPHURXVVHFRQGWKDWPDQ\DUHXQVFULSWXUDODQGWKLUGWKH\DUHSHUIRUPHGE\LJQRUDQWXQVFKRODUO\SHRSOH. Songs for the dead, sung at vigils and over graves, should not be used, as these are VHHQWREHFDUULHGRXWIRUWKHEHQH¿WRIWKHOLYLQJUDWKHUWKDQIRUWKDWRIWKH dead. “Instead, at someone’s departing, whosoever desires may pray silently to God, and ask for his merciful judgement”. The next paragraph addresses the Präsenz: the stipend received by the singers. Sturm acknowledges that in WLPHVSDVWWKHFKDSWHUGHDOWZLWKSD\PHQWDVLWVDZ¿WXVXDOO\E\GLYLGLQJWKH money between those present at the service. Sturm’s proposal is that payment should instead be distributed at a later date.
65. 66. 67. 68.
$67BDS, II, p. 462-465. $67IROUBDS, II, p. 465. $67IROYBDS, II, p. 464. These thoughts appear in a document from August 1525: 1 AST 166, 8.5 (fols. 128v-129v). Printed in T. BRADY, “Sind also zu beiden theilen christen”, p. 73-76. N.B.: Unless they are considered drastic misreadings, Brady’s spellings have been retained here. 69. “Nemlich die lenge und vile des gesangs und dannoch, das ettlich gesang nit schrifftlich sonder wider schrifft durch unverstendig, ungelert leut ussgericht, mochten die selben JHEHVVHUW ZHUGHQ´ $67 IRO Y 7 BRADY, “Sind also zu beiden theilen christen”, p. 74. 70. “Vigilien, selmessen, gesang über den grebern und ander dotten gesang, dweyl es für gesichtig und eigennutzug angesehen werden will und den abgestorbenen nit hoch furtreglich, mocht PDQ JDU XQGHUODVVHQ VRQGHU VR \HPDQV DEVFKLGW GHU GHV EHJHUW PLW HLQHP LQQHUOLFKHQ JHEHWWJRWWGHPKHUUQXQGVLQHUEDUPKHUW]LJHQXUWH\OEHYHOKHQ´$67IROU T. BRADY, “Sind also zu beiden theilen christen”, p. 75. N.B.: Brady reads the fourth word as “üzer”. 71. ³'RFKGDVXPEYHUOHW]XQJZLOOHQHWWOLFKHUXQJHVWLPPHQVLHQLWLQGHUNLUFKHQXPJHWKHLOHW sonder die, so zugegen weren, durch einen in ein tafel uffgezeigt und als dann all wochen RGHUWDJLQGHQKXVHUQXVVJHWHLOWZXUGHQ´$67IROU7BRADY, “Sind also zu beiden theilen christen”, p. 75.
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Perceptions of church musicians in early Reformation Strasbourg
During the summer of 1528, the preachers wrote to the Strasbourg authorities to remind them that the new evangelical teaching was founded on the Bible. The topic of singing is approached at the end of the letter. The preachers say they must speak “against that church song” through which the people are promised the remission of sins. Only Christ is able to absolve the people. Church songs contain much which is contrary to scripture, and this is in a language that does not improve the Church. Furthermore, the singers themselves do not know what they are singing. However, when Christian singers are used (who are not avaricious, or drunks, or fornicators), psalms and other scriptures can be sung in Latin, so long as there is an interpreter present. Unfortunately, though, a great number of church singers are like asses with a lute (esel die lauten geben) who do not know what they are doing, and have nothing to do with Christ. On 20th February 1529, the Mass was abolished throughout the city. In one last dig at the Roman rite, the preachers state that the new service would not consist of a service of nourishment for the bellies (bauchdienst) of the prebendaries. They suggest that, instead, the prebendaries should earn their income by providing Bible study in Latin before the morning and evening sermons. Citizens who up to that point had attended Mass would just have to get used to the fact that it had been abolished, and they would eventually be won over to the Evangelical cause. Exegesis, the reformers continue, is much more useful than song and prayer which does not come from the heart.
72. Manuscript VI 701a, 15, fols. 24r-25r (modern fols. 402r-403r). Printed in CorrBucer, III, p. 185-187. 73. That is to say they are uncultured people, unable to do their work properly. See CorrBucer, III, p. 187, n. 1. 74. “Also müßen wir auch wider daß kirchen gesang reden, dan man domit verheißt den leuten der synden ab vnd zw der frombkeit zw helfen, daß allein Christus thut. Do zw singet man vil daß wider gschrift ist vnd singet in der sprach dovon die Kirch nit mag gebessert werden vnd die senger selbst nicht wissen waß sy syngen. Auch geschicht es alles on geist vmb e gelts willen vnd wurdt von leuten vff die vsserlichen wort vnd gethoen eyn vertruwen gesezet. Wo die senger aber christen weren, vnd begereten Gottes, weren nicht geytzyg oder truncken böltz, hurer vnd der gleychen, möchte man wol auch in latinischer sprach auch etlich psalmen vnd ander gschrift in der kirchen singen oder leßen, Sover doch daß auch zvm volk ein vßlegung beschehe, wie Paulus leret, vnd daß solchs mit ernst beschehe vnd besserung, deßhalb dan wenig vff einmol vnd mit verstandt müste gehandlet werden. Doch vor allem müste man nicht dem esel die lauten geben, daß ist zw göttlichem gesang ordenen die nicht mechten mit Gott zw schaffen haben, als leyder ein großer teyl der kirchen senger VLFKHU]H\JHQ´0DQXVFULSW9,DIROUPRGHUQIROU CorrBucer, III, p. 187. 75. C. WILSDORF et al., La Musique en Alsace, Hier et Aujourd’hui 6WUDVERXUJ S T. BRADY, Ruling Class, p. 167. 76. 1 AST 80, 26. Printed in BDS, II, p. 538-545. 77. See Rom 16: 18 and Phil 3: 19.
397
Daniel Trocmé-Latter
V. Conclusions Although relatively little is known about individual musicians in Strasbourg at this time, it is clear that their reputation preceded them. It is also clear from FRPPHQWVE\¿JXUHVVXFKDV(UDVPXVWKDWWKHSUREOHPZDVQRWLVRODWHG WR Strasbourg. Their notoriety was partly linked to the impressions people had of monks and nuns during the late 15th and early 16th centuries. It is not completely clear how the congregations initially learnt the psalms. As Gerald Hobbs has observed, some congregations were certainly singing by 1525. They would not have been taught by the old polyphonic choirs who were the receipt of so much verbal abuse from Bucer and his colleagues. Some documents suggest that they were taught by a cantor, or else by a group of pious singers, who were not paid in the same way that choirs were. Others, from the 1530s, suggest that the singing was led by school children from the front of the church, as was the case in Geneva from the 1540s onwards. It is likely that all these methods – and others – were used. The reformers of Strasbourg were pioneers in this respect. We also have very little idea of where the old singers went and where the reformers found new, “God-fearing” singers. In all likelihood, these were not two distinct groups of people. There must have been some who were willing to “reform” their lives (if indeed they were as shocking as the reformers ZRXOGKDYHXVEHOLHYH DQGZRUNIRUWKHQHZFKXUFKRUGHUHYHQLIWKH¿QDQFLDO UHZDUGV ZHUH QRW DV VLJQL¿FDQW 6RPH PD\ ZHOO DOVR KDYH UHWXUQHG WR the Catholic fold during the years of the Augsburg Interim in the 1550s, as did Mathias Greiter. However, Greiter was in many ways the stereotypical musician of whom the reformers were so wary. His faith was not solid (that is, it seemed merely to be a necessity of his employment as a church musician), he wrote lascivious songs, and he was convicted of immoral conduct. Without evidence we cannot conclude either way whether every musician in Strasbourg led a similar lifestyle. Following the abolition of the Mass in 1529, complaints about church singers are much less frequent, which suggests that the problem disappeared along ZLWKWKH0DVV$VWKHFLW\EHFDPHLQFUHDVLQJO\LQÀXHQFHGE\/XWKHUDQLVP Bucer’s opposition to choral music and singers waned. This manifests itself in a variety of ways, including the appearance of a greater number of nonscriptural songs in the hymn books of the later 1530s. In Bucer’s preface to the 1541 Gesangbuch there is not a hint of bitterness towards church singers. In fact, Bucer is extremely complimentary:
78. R. G. HOBBS, “‘Quam Apposita Religioni Sit Musica’: Martin Bucer and Music in the Liturgy”, Renaissance and Reformation Review SS 79. See T. GÉROLD, Les plus anciennes mélodies, p. 52, 54-55. 80. For example, 1 AST 75, nos. 9, 10 and 11.
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Perceptions of church musicians in early Reformation Strasbourg
It is acknowledged by all who read the Holy Bible that from the beginning the pious and truly believing custom has been to proclaim God’s praise with singing, and in doing so, to give voice to the great pleasure, delight, and joy with ZKLFKWKHLU>LHWKHVLQJHUV@KHDUWVZHUH¿OOHGWREXUVWLQJLQDQGIURP*RGVR full, moreover, that they could no longer contain within themselves such pleasure, delight, and joy. Thus their listeners would also be attracted to, reminded of, and made happy by the acknowledgment of, and thankfulness for, God and His goodness […] And they have always desired right earnestly to bring their godly attitude into the hearts of others, and to make them [i.e., others] desirous and eager for the same.
81. ³(VLVWDOOHQVRGLH+HLOLJH%LEHOOHVHQNXQGWOLFKGDVGHUJRWVHOLJHQYQGZDUJOHXELJHQ o EUDXFKYRQDQIDQJJHZHVHQLVW*RWWHVOREPLWVLQJHQ]XSUHLVHQYQGLQQGHPVHOELJHQ o auszuODVVHQMUHJURVVHOXVWZXQQHYQGIUHXGHPLWZHOFKHQMUHKHUW]HQLQQYQGYRQ e e e *RWJDQW]XberschuWWHWYQGDOVRHUIXOOHWZDUHQGDVVLHVROFKHOXVWZXQ>Q@HYQGIUHXGH o e o EHLMQHQVHOEQLFKWPHKUKDOWHQNXQGWHQ'DGXUFKGDQQDXFKMUH]XhoUHU]X erkantnis vnd e e GDQFNEDUNHLW*RWWHVYQGVHLQHUJXWHDQJHUHLW]HWHULQQHUWYQGOXVWLJJHPDFKWZXrden […] o o e e DXFKDOOHPDOUHFKWHUQVWOLFKEHJHUHWMUJRWOLFKVIUKDEHQDQGHUHQ]X hertzen zu fuUHQYQG o o zu solchem erhitzigen vnd begirig zu machen”. GesangbuchIRO$UBDS, VII, p. 577-578. Translated in C. GARSIDE, “Calvin’s Theology of Music”, p. 29. My emphasis on “always”.
399
TABLE DES MATIÈRES
Avant-Propos Bibliographie de Bernard Roussel I. Autour de l’Écriture
7 11 23
La persécution, preuve paradoxale de l’élection. Lectures huguenotes GX©YLHX[WHVWDPHQWªHQFRQWH[WHGHUpSUHVVLRQ Hubert BOST
Les sources médiévales du commentaire de Cornelius a Lapide sur le Cantique des Cantiques Gilbert DAHAN
Castellion et Calvin. Duo lectores ad Davidis lyram Max ENGAMMARE
71
Lefèvre against a “judaized” Psalter : a new look at the preface to his Quincuplex psalterium in the late-mediaeval context. R. Gerald HOBBS
91
©(WFRPELHQTX¶LO\DXQHVLJUDQGHDERQGDQFHHQODODQJXHKpEUDwTXHª Bucer traducteur de l’hébreu dans le Tzephaniah epitomographus (1528) Annie NOBLESSE-ROCHER 111 II. Confession de foi et doctrine
131
Que faire de la parole qui sauve ? Trois versions de la ¿GHVH[DXGLWX Philippe BÜTTGEN
Balthasar Hubmaier et le baptême Catherine DEJEUMONT
/H©PpGLDWHXUª-HDQGH6HUUHVHWVHVWHQWDWLYHV pour convaincre Théodore de Bèze en 1594-1595 Alain DUFOUR
189
$FRQWLQHQWDOPLVFRQFHSWLRQLQRI.LQJ-DPHV9, , as an ultra-protestant, with particular reference to a Huguenot textual subterfuge Ian HAZLETT
207
Lignes de fracture confessionnelles à la veille des guerres de religion Francis HIGMAN
Luther and Staupitz : the unresolved problem of the forerunner David C. Steinmetz
269
Defending the Discipline. Antoine de la Roche Chandieu and /DFRQ¿UPDWLRQGHODGLVFLSOLQHHFFOpVLDVWLTXH Glenn S. SUNSHINE
279
Who was the more loyal calvinist? The use of Calvin in the La Place – Garissoles controversy on the non-imputation of Adam’s sin Michael Heyd
289
III. Liturgie et anthropologie
305
La traduction française de la liturgie anglicane par Jean Bellemain (1553) † Guy BEDOUELLE
Une cène inconnue : morceau choisi de la liturgie bernoise en version française (1537) Marianne CARBONNIER-BURKARD
Les mutations du sentiment religieux en Afrique du Sud au temps du sida Philippe DENIS
345
Textual Prescription and Ecclesiastical Practice in the Reformed Churches of France : Myths and Realities Surrounding the Consistory Raymond A. MENTZER
“I wonder why it is that I cannot dance”. Early-Modern French Suggestions for Bernard Roussel Marianne RUEL ROBINS
Thieves, Drunkards, and Womanisers ? Perceptions of Church musicians in early Reformation Strasbourg Daniel TROCMÉ-LATTER
BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES, SCIENCES RELIGIEUSES vol. 140 A. A. Nagy 4XLDSHXUGXFDQQLEDOH"5pFLWVDQWLTXHVG¶DQWKURSRSKDJHVDX[IURQWLqUHVGHO¶KXPDQLWp 306 p., 155 x 240, 2009, PB, ISBN 978-2-503-53173-1 vol. 141 (Série “Sources et documents” no 1) C. Langlois, C. Sorrel (dir.) /H WHPSV GHV FRQJUqV FDWKROLTXHV %LEOLRJUDSKLH UDLVRQQpH GHV DFWHV GH FRQJUqV WHQXV HQ )UDQFHGHjQRVMRXUV 448 p., 155 x 240, 2010, PB, ISBN 978-2-503-53183-0 vol. 142 (Série “Histoire et prosopographie” no 5) M. A. Amir-Moezzi, J.-D. Dubois, C. Jullien et F. Jullien (éd.) 3HQVpHJUHFTXHHWVDJHVVHG¶RULHQW+RPPDJHj0LFKHO7DUGLHX 752 p., 156 x 234, 2009, ISBN 978-2-503-52995-0 vol. 143. B. Heyberger (éd.) Orientalisme, science et controverse : Abraham Ecchellensis (1605-1664) 240 p., 156 x 234, 2010, ISBN 978-2-503-53567-8 vol. 144. F. Laplanche (éd.) $OIUHG /RLV\ /D FULVH GH OD IRL GDQV OH WHPSV SUpVHQW (VVDLV G¶KLVWRLUH HW GH SKLORVRSKLH religieuses) 735 p., 156 x 234, 2010, ISBN 978-2-503-53182-3 vol. 145 J. Ducor, H. Loveday /H VnjWUD GHV FRQWHPSODWLRQV GX EXGGKD 9LH,Q¿QLH (VVDL G¶LQWHUSUpWDWLRQ WH[WXHOOH HW LFRQRJUDSKLTXH 474 p., 156 x 234, 2011, ISBN 978-2-503-54116-7 vol. 146 N. Ragot, S. Peperstraete, G. Olivier (dir.) /DTXrWHGX6HUSHQWj3OXPHV$UWVHWUHOLJLRQVGHO¶$PpULTXHSUpFRORPELHQQH+RPPDJHj Michel Graulich 491 p., 156 x 234, 2011, ISBN 978-2-503-54141-9 vol. 147 C. Borghero /HVFDUWpVLHQVIDFHj1HZWRQ3KLORVRSKLHVFLHQFHHWUHOLJLRQGDQVODSUHPLqUHPRLWLpGX XVIIIe siècle 164 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54177-8
vol. 148 (Série “Histoire et prosopographie” no 6) F. Jullien, M. J. Pierre (dir.) 0RQDFKLVPHVG¶2ULHQW,PDJHVpFKDQJHVLQÀXHQFHV+RPPDJHj$QWRLQH*XLOODXPRQW 348 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54144-0 vol. 149 P. Gisel, S. Margel (dir) /HFURLUHDXF°XUGHVVRFLpWpVHWGHVFXOWXUHV'LIIpUHQFHVHWGpSODFHPHQWV 244 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54217-1 vol. 150 J.-R. Armogathe +LVWRLUHGHVLGpHVUHOLJLHXVHVHWVFLHQWL¿TXHVGDQVO¶(XURSHPRGHUQH 4XDUDQWHDQVG¶HQVHLJQHPHQWjO¶eFROHSUDWLTXHGHVKDXWHVpWXGHV 227 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54488-5 vol. 151 C. Bernat, H. Bost (dir.) eQRQFHU'pQRQFHUO¶DXWUH'LVFRXUVHWUHSUpVHQWDWLRQVGXGLIIpUHQGFRQIHVVLRQQHO jO¶pSRTXHPRGHUQH 451 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54489-2 vol. 152 N. Sihlé 5LWXHOVERXGGKLTXHVGHSRXYRLUHWGHYLROHQFH/D¿JXUHGXWDQWULVPHWLEpWDLQ 374 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54470-0 vol. 153 J.-P. Rothschild, J. Grondeux (dir.) $GROSKH)UDQFN3KLORVRSKHMXLIVSLULWXDOLVWHHWOLEpUDOGDQVOD)UDQFHGXXIXeVLqFOH 234 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54471-7 vol. 154 (Série “Histoire et prosopographie” no 7) S. d’Intino, C. Guenzi (dir.) $X[DERUGVGHODFODLULqUHeWXGHVLQGLHQQHVHWFRPSDUpHVHQO¶KRQQHXUGH&KDUOHV 0DODPRXG 295 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54472-4 vol. 155 B. Bakhouche, I. Fabre, V. Fortier (dir.) '\QDPLTXHVGHFRQYHUVLRQPRGqOHVHWUpVLVWDQFHV$SSURFKHVLQWHUGLVFLSOLQDLUHV 205 p., 156 x 234, 2012, ISBN 978-2-503-54473-1 vol. 156 (Série “Histoire et prosopographie” no 8) C. Zivie-Coche, I. Guermeur (dir.) +RPPDJHVj-HDQ