Ordre langagier, champ spatial et emplois ‹figurés›: Prépositions, cas et verbes en allemand et en français [Reprint 2017 ed.] 9783111594101, 9783484301436

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French Pages 286 [288] Year 1984

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Table of contents :
SOMMAIRE
Hinweis für den Leser - Avertissement
Abréviations employées dans le texte
Avant-propos
Introduction
CHAPITRE 1 : Métalangue et langue-objet
CHAPITRE 2: Bilan des recherches antérieures et prises de position critiques (par classes d'éléments)
CHAPITRE 3: Rapports entre les constituants de l'énoncé (surtout le SP) et le lexème verbal : membres "spécifiques" et "nonspécifiques"
CHAPITRE 4: Le problème des emplois dits "figés" des prép. : les "objets prépositionnels" (PO)
CHAPITRE 5: Rapports entre PO et LO , entre . non-spatial et spatial: la querelle du localisme . Problème des sens dits "figurés"
CHAPITRE 6: Articulation des champs spatiaux
CHAPITRE 7: Vue générale sur les champs non-spatiaux en rapport avec les champs spatiaux
CHAPITRE 8: Synthèse de nos prises de position
ANNEXE
RÉFÉRENCES DES OUVRAGES CITES
Index terminologique
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Ordre langagier, champ spatial et emplois ‹figurés›: Prépositions, cas et verbes en allemand et en français [Reprint 2017 ed.]
 9783111594101, 9783484301436

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Linguistische Arbeiten

143

Herausgegeben von Hans Altmann, Herbert E. Brekle, Hans Jürgen Heringer, Christian Rohrer, Heinz Vater und Otmar Werner

Raymond Savary

Ordre langagier, champ spatial et emplois < figurés > Prépositions, cas et verbes en allemand et en français

Max Niemeyer Verlag Tübingen 1984

CIP-Kurztitelaufnahme der Deutschen Bibliothek Savary, Raymond: Ordre langagier, champ spatial et emplois (figurés) : prépositions, cas et verbes en allemand et en français / Raymond Savary. - Tübingen : Niemeyer, 1984. (Linguistische Arbeiten ; 143) NE: G T ISBN 3-484-30143-0

ISSN 0344-6727

© Max Niemeyer Verlag Tübingen 1984 Alle Rechte vorbehalten. Ohne Genehmigung des Verlages ist es nicht gestattet, dieses Buch oder Teile daraus photomechanisch zu vervielfältigen. Printed in Germany. Druck: Weihert-Druck GmbH, Darmstadt.

SOMMAIRE

Hinweis fiir den Leser - Avertissement Abréviations employées dans le texte Abréviations employées pour les renvois à des ouvrages souvent cités Avant-propos Introduction 1. Commentaire du titre 2. Termes généraux désignant l'espace 3. Essai de délimitation de SPA pour des critères langagiers 3.1. Critères applicables aux SP et aux adverbes 3.2. Critères applicables aux verbes 3.3. Critères applicables aux substantifs, aux prép. et aux adjectifs de dimension 4. Comment se pose le problème des rapports entre SPA et n-SPA? 5. Contribution de Benveniste. Concept d& terme-charnière . 6. Plan général CHAPITRE 1 : Métalangue et langue objet 1.1. Eléments de la métalangue utilisée : entité, repère module, e.hamp , groupe sémantique 1.2. Ordre praxique et ordre langagier 1.2.1. Comparaison avec d'autres concepts 1.2.2. Degrés de correspondance entre les deux ordres 1.2.3. Les groupes sémantiques charnières (GPC) 1.3. La langue étudiée CHAPITRE 2 : Bilan des recherches antérieures et prises de position critiques (par classes d'éléments).. ¿.l. Théorie générale des relations 2.2. Prépositions, SP et adverbes 1. Brandal - 2. SP et adverbes en général - 3. Les prép. mixtes de l'ai. - 4. SP et adverbes en rapport avec l'espace - 5. Champs temporels et abstraits. 2.3. Les préfixes 2.4. La deixis 2.5. Les "adjectifs de dimension" ¿.o. Verbes de mouvement ou de déplacement 2.7. Substantifs en rapport a^ec l'espace ¿.8. Etudes générales sur SPA et les rapports SPA/n-SPA 2.9. Conclusion '

VITI IX XI

XI1

1 2 \ ° 8 9 13 15

17 19 21 21 27 28 32 33 35 38 39 41

65 66 67 68 70 7.1 72

VI CHAPITRt. 3 : Rapports entre les constituants de l'énoncé (surtout le SP) et le lexème verbal spécifiques" et "non-spécifiques"

: membres

J.l. Les germanistes français 3.2. Notre position sur l'étude du SP". o.j. Les "cas profonds" et leurs limites : la'¿¿tira'd'' Intervenant 3.4. Les Intervenants et leur expr(Lssiori ' langagière ' ! 1 ! CHAPITRE 4 : Le problème des emplois dits "figés" aes prép.• les "objets prépositionnels" (PO) .. ' 4.1. Hésitations de certains linguistes allemands'à'¿rôpos aes PO ^ 4.2. Examen des critères servant à délimiter les PO ... 4.3. Démantèlement et "resémantisation" de la catégorie des PO 4.4. Conclusion CHAPITRE 5 : Rapports entre PO et LO, entre non-spatial et spatial : la querelle du "localisme". Problème des sens dits "figurés" 5.1. Problème de la délimitation entre PO et LO 1. Wahrig - 2. Kleines Valenzlexikon - 3. Engelen ... 5.2. Cas "spatiaux" et cas "grammaticaux", la querelle du localisme 1. Blake - 2. Hjelmslev - 3. Kuryiowicz - 4. Pottier 5. Lyons, Anderson, Groussier - 6. Les germanistes français - 7. Conclusion 5.3. Sens "propre" et sens "figuré" 1. Pri.nautê du sens propre, aiscussion - 2. Primauté du sens figuré - 3. "Métaphores vives" et "métaphores mortes" - 4. Pour une étude non des "sens',' mais des "environnements" du lexème, de ses "propriétés langagières" - 5. Vers une catégorisation sémantique des substantifs 5.4. Intermédiaires entre SPA et n-SPA 1. Passage progressif entre concret et abstrait - 2. Constituants concrets et champ n-SPA - 3. Rôle des constituants non-verbaux de l'énoncé - 4. Ambiguïtés et passerelles 5.5. Conclusion :1e concept de ahavnière CHAPITRE 6 : Articulation des champs spatiaux 6.1. La non-partition 6.2. Les bipartitions du champ spatial 1. L'opposition Wo ?/Wokin ? déborde l'opposition PMd/ PMa - 2. L'opposition PMa/PMa déborde l'opposition Wohin ?/Wo ? et vaut pour TEM et NTL - 3. Utilisation de la bipartition par les partisans de la valence 4. Catégorisation des SP spatiaux an moyen des trois oppositions binaires - 5. Conclusion sur les bipartitions de SPA : lieu et changement de lieu

76 77

79

gQ ! 85 88 «Q 90

T8 109

111 112 119 12 8 128

13 9 141

148 150 153 154 155

187

VII 6.3. La quadripartition du champ spatial 191 1. Problème du stade initial : 1'interrogatif Noher ? 2. Problèmes du stade médian - 3. Problèmes du stade terminal - 4. Les stades INI e^t MED dans le non-spatial - 5. Notation statique et notation dynamique dans les trois stades. Groupes sémantiques charnières et para-repères. - 6. La quadripartition des SP et des V. Problème du translinguistiquf211 CHAPITRE 7 : Vus générale sur les champs non-spatiaux en rapport avec les champs spatiaux 7.1. Champ des stades et des formas ce procès 1. Stades du procès - 2. Formes du procès 1.¿. Champ des forces agissantes (champ causal) et modalités 7.3. Macro-champ ds l'appartenance et du changement d' appart.enancs 1. Champ inclusionnel, champ de 1 a manière - 2. Champ transactionnel - 3. Champ informationnel. Tableau sur les Intervenants - 4. Champ sensoriel 7.4. Chainp cogn.itif et affectif 7.5. Conclusion - schéma récapitulatif CHAPITRE 3 : Synthèse de nos prises de position 8.1. Complexité du langage : les charnières, symboles des interactions 8.2. Les deux ordres : ordre praxique et ordre langagier.. 8.3. Contre l'"cbjet prépositionnel" : les termes-charnières 8.4. Contre le "sens figuré" : spécification sémantique des modules 8.5. Analyse sémique et "distributionnalisme iiémantique". Pour une systémique de la"variété d'emplois" ("polysémie") 8.6. Statut du SP. Contre les "cas conceptuels" et la "structure profonde" : les Intervenants 8.7. Localisation et direction. Prép. mixtes, stades du DPL et alternance haben/sein 8.8. Le concept d'alternance et les groupes sémantiques charnières. Nos trois méthodes 8.9. En guise de péroraison : "mot" et individu, jeu, langage, bricolage et liberté ANNEXA

217 219 22C 221

223 225 225 227 227 229 230 232 234 236 238 23S 243

: Sommaire de l'ouvrage d'application sur la prép. an.246

Référence des ouvrages cités : A. Grammaires et syntaxes B. Dictionnaires C. Ouvrages et articles Index terminologique

251 252 255 268

VIII

Hinweis für den Leser - Avertissement

Das vorliegende Buch ("Sprachliche Ordnung, lokale Felder und 'figürlicher1 Gebrauch der Präpositionen und Verben im Deutschen und im Französischen", Savary 1984a) ist die überarbeitete und gekürzte Fassung des theoretischen und kritischen Teils einer "Thèse de Doctorat d'Etat" (Habilitationsschrift) in französischer Sprache, die am 8. Januar 1983 an der Universität von ParisSorbonne vorgelegt wurde. Diese Arbeit trägt den Titel : "Lokale und nicht-lokale Felder im Deutschen. 'Eigentlicher' Sinn und 'figürliche' Sinne. Der Relator an. Vergleich mit dem Französischen". Sie wird hier mit "Savary 1983a" bezeichnet. Eine gekürzte Fassung des praktischen Teils der "Thèse" soll in französischer Sprache beim Verlag Peter Lang (Bern) erscheinen unter dem Titel : "Neue Methoden zur Untersuchung der Präpositionen : die deutsche Präposition an , lokaler und 'figürlicher' Gebrauch" (Savary 1984b). In diesem praktischen Teil werden die hier dargestellten Begriffe und Methoden angewandt. Dies ermöglicht eine grundliche und anschauliche Darstellung der Verwendung der Präposition an und eine neuartige Untersuchung der Beziehungen von an mit den anderen deutschen Präpositionen und mit den französischen Präpositionen. Am Ende des vorliegenden Buchs steht (vor der Literaturverzeichnis) ein Inhaltsverzeichnis dieser anderen Veröffentlichung.

La présente publication (Savary 1984a) est la version remaniée et légèrement condensée de la partie théorique et critique d'une thèse de Doctorat d'Etat soutenue le 8 janvier 1983 à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) sous le titre : "Champs spatiaux et non-spatiaux en allemand. Sens "propre" et sens "figurés". Le relateur an. Rapports avec le français". Cette thèse dactylographiée, déposée à la Bibliothèque de la Sorbonne, sera désignée ici sous le sigle : "Savary 1983a". Une version quelque peu réduite de la deuxième partie de cette Thèse doit paraître aux Editions Peter Lang (Berne) sous le titre : "Nouvelles méthodes pour l'étude des prépositions : l'allemand an, emplois concrets et "figurés"". Cet autre ouvrage (Savary 1984b) applique à la préposition an,dans ses divers emplois et dans ses rapports avec les autres prépositions allemandes et avec les prépositions françaises,les méthodes élaborées dans la partie théorique . On trouvera, à la fin du présent livre, avant la référence des ouvrages cités, un sommaire détaillé de cette autre publication.

IX ABREVIATIONS EMPLOYEES DANS LE TEXTE

acc.

(dans ANa, INa...) accusatif .

IPT

: stade initial ou parcours ou terme.

Syntagme nominal à l'accusatif, dans les formules de module.

jm

: jemandem, jn : jemanden js : jemandes.

LO

: complément d'"objet" local" (s'oppose à PO) (ch.5) . : stade intermédiaire du déplacement ou du procès (6.3.2).

accusatif, dans le texte courant.

al.

: allemand (e)s.

CH.C

: "changement de cadrage" (SN employé avec une PMa) (s'oppose à n-CH.C)(6.2.4.) MV

d

: (dans ANd, INd...) datif.

D

: SN au datif, dans les formules de module.

dat.

: datif, dans le texte courant.

DIR

: terme ou syntagme exprimant une direction.

n-CH.C: non-"changement de cadrage" (SN employé avec une PMd)(s'oppose à CH.C).

DPL

: déplacement (s'oppose à n-DPL) (v.6.3.6.2.).

n-DPL : non-déplacement (s'oppose à DPL). nomin. : nominatif, dans le texte courant.

DYN

: dynamique (s'oppose à STA)

fr.

: français(e)s.

G

: SN au génitif dans les formules de module.

(geh.): gehoben (niveau de langue soutenu) gén.

: génitif, dans le texte courant.

GSC

: "groupe sémantique charnière" (1.2.3.).

h

: haben, auxiliaire des temps composés.

¿NI

: stade initial du déplacement ou du procès (s'oppose à MED ou TER) (6.5.4).

MED

N

: mouvement (souvent employé comme équivalent de DPL). : SN au nominatif dans les formules de module.

n-SPA : champ non-spatial ou emploi non-spatial d'un terme (s'oppose à SPA). NTL

: champ notionnel ou emploi notionnel d'un terme .

prép. : préposition (s), prépositionnelle (s) , prépositionnel (s) . P

: syntagme prépositionnel dans les formules de module .

PM

: préposition "mixte".

X PMa

¡préposition mixte régissant l'accusatif (s'oppose à PMd).

PMd

¡préposition mixte régissant le datif.

PO

STA

: statique OÏN) .

TEM

: champ temporel ou emploi temporel d'un terme, s' oppose à SPA et NTL) .

:"Präpositionalobjekt" (s'oppose à LO)(Ch.4).

UBERp

: UBER de parcours (^ DURCH).

qc

: quelque chose

TER

qn

: quelqu'un

qp

: quelque part

: stade terminal du déplacement ou du procès (6.3.3) .

s

: sein3 auxiliaire des temps composés.

(ugs)

: umgangssprachlich : (familier).

SN

: syntagme nominal.

SNP

: syntagme nominal inclus dans un syntagme prépositionnel.

SP

: ¿yntagme prépositionnel

SPA

: champ spatial ou emploi spatial d'un terme, (s'oppose à n-SPA).

V

(s'oppose à

: "emploi verbal", ne correspond en général qu'à une "construction" d'un verbe, construction souvent repérée par un chiffre tiré de SD., sauf indication contraire.

Les verbes allemands sont cités sans le suffixe d'infinitif, sauf seintun

et parfois haben. Les préverbes

(séparables ou non) sont,

en principe, ¿éparés de la base verbale par un trait d'union. • Emploi des parenthèses - Le contenu des parenthèses dans les exemples représente un mot ou un groupe facultatif. - Si les parenthèses renferment un ou plusieurs traits obliques, les expressions séparées par ces traits peuvent s'employer alternativement dans le contexte indiqué. • Emploi de = Il évite dans les schémas et parfois dans les exemples de répéter une préposition. •Emploi des trois tirets : Les trois tirets relient deux constructions syntaxiques en correspondance sémantique.

XX

ABREVIATIONS EMPLOYEES POUR LES RENVOIS A DES OUVRAGES SOUVENT CITES (La référence complète est donnée dans la Bibliographie). BD

BUSSE, DUBOST ¡Französisches Verblexikon.

Beh

BEHAGEL Band II.

BGL

BOONS, GUILLET, LECLERE La structure des phrases simples en français. BERTAUX, LEPOINTE: Dictionnaire allemand-français et français-allemand.

BL DFC DU

Deutsche Syntax,

Dictionnaire du français contemporain. Der große Duden. DU,2 : Stilwörterbuch (le plus souvent abrégé en SD: Stilduden) DU,4 : Gramma tik. DU,8 : Sinnverwandte Wörter (1964) DU, ii : falle. Sprachliche ZweifelsENGELEN: Untersuchungen zu Satzbauplan und Wortfeld... Band 2.

GR Gr Gre W HB HP

Grand Robert. GRAPPIN :Dictionnaire moderne. GREVISSE : Le bon usage. Das große Wörterbuch der deutschen Sprache (Duden). HELBIG, BUSCHA : Deutsche Grammatik. Paul Hermann : Deutsches Wörterbuch.

HS

: HELBIG, SCHENKEL : Worterbuch zur Valenz und Distribution...

K

: KLAPPENBACH, STEINITZ.. Wörterbuch der deutschen Gegenwartssprache.

KVL : Kurzes Valenzlexikon, von ENGEL, SCHUMACHER. MS

: MURET, SANDERS : Wörterbuch der englischen und deutschen Sprache.

PR

: Le Petit Robert 1 : Dictionnaire de la langue française. : Stilduden, \/olr DU, z.

SD SV

: SACHS-VILLATTE: Grand dictionnaire allemandfrançais . SVF : même ouvrage, mais français-allemand.

SyD : voir DU,8 TLF : Trésor de la langue française. Wa

: WAHRIG : Deutsches WSrterbucn. WaT : WAHRIG:Wörterbuch der deutschen Sprache, Taschenausgabe . WS

: Schmitz W.:Der Gebrauch der deutschen Präpositionen .

WW

: Wörter und Wendungen, Wörterbuch zum deutschen Sprachgebrauch (Agricola).

Une lettre soulignée au début d'an mot dans un exemple indique à quelle entrée il faut rechercher l'ex, dans un ouvrage indiqué en référence.

XII AVANT-PROPOS " N o u s a v o n s v o u l u m o n t r e r sur un e x e m p l e que, d a n s l'étude d e s p r é p o s i t i o n s , q u e l s que s o i e n t l ' i d i o m e et l ' é p o q u e c o n s i d é r é s , u n e n o u v e l l e t e c h n i q u e de la d e s c r i p t i o n e s t n é c e s s a i r e e t d e v i e n t p o s s i b l e p o u r r e s t i t u e r la s t r u c t u r e de c h a c u n e des p r é p o s i t i o n s e t i n t é g r e r ces s t r u c t u r e s d a n s u n s y s t è m e g é n é r a l . L a tâche e n t r a î n e l ' o b l i g a t i o n de r é i n t e r p r é t e r t o u t e s les d o n n é e s a c q u i s e s e t de r e f o n d r e les catégories établies". ( E . B e n v e n i s t e , P r o b l è m e s de l i n g u i s t i q u e g é n é r a l e , 1 9 6 6 : 1 3 9 ) .

U n livre e t d a v a n t a g e e n c o r e u n o u v r a g e s c i e n t i f i q u e n ' e s t q u ' e n a p p a r e n c e une o e u v r e i n d i v i d u e l l e

. Il fait e n t e n d r e u n c h œ u r

fois d i s c o r d a n t de s o n o r i t é s d i v e r s e s a u m i l i e u

desquelles

par-

il

essaie d'ajouter quelques variations individuelles qu'il espère h a r m o n i e u s e s e t o r i g i n a l e s à la fois d'orchestre

le m e i l l e u r de l u i - m ê m e

, de s o u t e n i r ceux q u ' i l e n t e n d

, a v e c c o m m e seul b u t de p a r v e n i r

res r é u n i s

, e n t r e tous ces

, n o n à u n c o m p r o m i s sans c o u l e u r

phonie chamarrée

chef

instrument

. Il ne c r a i n t p a s de r a b r o u e r les a u t e u r s

de n o t e s q u ' i l juge fausses juste

. P r o m u p o u r un i n s t a n t

, l ' a u t e u r e s s a i e de faire r e n d r e à c h a q u e

jouer

partenai-

, m a i s à une

sym-

, p o r t é e p a r sa b a g u e t t e de m a e s t r o d ' u n jour q u i

i m p r i m e un tempo p e r s o n n e l a u g r a n d c o n c e r t

(tintamarre?) de la

science . C ' e s t d i r e t o u t ce q u e je d o i s à tous m e s d e v a n c i e r s m e n t c i t é s d a n s le p r é s e n t t r a v a i l

d o n t j'ai suivi les s é m i n a i r e s à la S o r b o n n e lais

, abondam-

, à commencer par Jean

Fourquet

, puis au Grand-Pa-

, jusqu'à la fin de s a c a r r i è r e u n i v e r s i t a i r e . .

Eernard

P o t t i e r a a c c e p t é de d i r i g e r m o n t r a v a i l p o u r la l i n g u i s t i q u e

géné-

rale t a n d i s q u e Paul V a l e n t i n l ' é p a u l a i t p a r la suite p o u r la ling u i s t i q u e alleitancie, ils. ne m ' e n v o u d r o n t p a s de m e d é m a r q u e r fois des p o s i t i o n s q u ' i l s o n t d é f e n d u e s d a n s des é c r i t s

par-

antérieurs.

Je r e m e r c i e t o u s les p a r t i c i p a n t s aux s é m i n a i r e s d u G r a n d P a lais e t de la H a l l e aux V i n s

, e n p a r t i c u l i e r ceux qui o n t a p p o r -

té c o n t r a d i c t i o n o u c o n f i r m a t i o n à m e s e x p o s é s et i n t e r v e n t i o n s

ou

les o n t p r o l o n g é s p a r d e s d i s c u s s i o n s e n p r i v é . J1a gratitude v a aussi

XIII à mes collègues linguistes de Nanterre , notamment à Yves Bertrand et J.M.Zemb , et de Reims , surtout à Jean Petit . J'ai fort apprécié les multiples services rendus par tous les collaborateurs de 11 -Institut redaktion

für. deutsche Sprache - et de la Duden-

à Mannheim qui ont mis leurs fichiers à ma disposition

et dont certains ont eu la gentillesse de jouer le rôle d'informateurs . L'évolution de ma recherche a fait que je n'ai utilisé qu'une partie de l'abondante documentation recueillie là-bas dans la forme actuelle de l'ouvrage et je le regrette sincèrement. En dehord de Ulrich Engel et de Paul Grebe que j'ai rencontrés à Mannheim , j'ai eu des contacts fructueux avec de nombreux collègues étrangers , je ne citerai que E.Coseriu à Tübingen, H.Happ, professeur à Tübingen , au cours de son séjour à Paris,ainsi que Gerhard H elbig qui enseigne à Leipzig. Je ne peux mentionner par le détail les multiples et patients informateurs que j'ai interrogés inlassablement à Mannheim , à Tübingen et surtout à Paris . Sans eux , beaucoup d'exemples n'auraient pu être discutés , grâce à eux , certaines hypothèses hasardeuses ont pu être remises en question . Je suis naturelle ment seul responsable des erreurs qui peuvent subsister dans les pages qui suivent . Je remercie enfin mes étudiants de Nanterre et de Reims , en particulier ceux qui , à Reims , ont entrepris et achevé sous ma direction des travaux en vue de la Maîtrise . Ils m'ont permis d'expérimenter et de mettre au point certains éléments de la méthode exposée ici.

1

INTRODUCTION

Bien que notre travail soit centré sur les rapports entre relations spatiales et non-spatiales dans la mesure où ces relations sont exprimées par les prép., nous serons amené , pour situer correctement notre problème, à envisager,dans une perspective générale, les rapports entre relations spatiales (crue nous engloberons sous le terme de ahamp

spatial,

tions non-spatiales ( ahamp non-spatial,

abrégé en SPA) et

rela-

abrégé en n-SPA) . Dans un

premier temps, nous incluons dore dans notre recherche les divers moyens d'exprimer ces relations sans nous limiter ai$çprép. sur lesquelles se concentrera par la suite notre étude. Nous nous intéressons donc aussi aux substantifs , verbes ou adjectifs en rapport avec l'espace et nous n'oublierons pas le rôle des cas grammaticaux dans l'expression des relations spatiales et non-spatiales. Notre introduction, en précisant les termes du titre retenu, pose le problème préalable à toute étude sémantique : quels sont les rapports entre le regroupement, par l'expérience humaine, des informations internes et externes qui parviennent à l'homme (regroupement que nous proposons d'appeler ordre praxique)

et l'or-

ganisation de cette expérience par une langue particulière (ordre langagier

)? L'examen des termes généraux qui désignent l'espace

et le lieu en fr. et en al. amène à se demander si le champ spatial peut être délimité, dans son ensemble, par des critères langagiers. Ce double examen suggère que, contrairement aux positions soutenues par plusieurs théories dominantes, mais en accord avec la conception unitaire des relateurs développée surtout par B. Pottier, les champs spatiaux ne peuvent pas être considérés comme un ensemble à part, isolé des champs non-spatiaux.Benveniste indique une voie d'accès aux rapports entre SPA et n-SPA en tentant de rétablir la continuité entre les divers emplois de la prép. latine prae . En prolongeant très largement la méthode utilisée par Benveniste, nous proposons le concept de terme-charnière

qui crée une sorte

2 de lien matériel entre les divers emplois, notamment SPA et n-SPA, d' une même prép.. Cette exploration devant être détaillée ne peut porter que sur un domaine étroitement circonscrit, elle se réduira par conséquent à l'examen d'une seule prép.(Savary, 1984 b). Nous pensons donner ainsi une impulsion nouvelle à la description ordonnée des relateurs terme commode pour englober les cas morphologiques, les prépositions et les préfixes). Par là-même, nous contribuons à mettre en évidence la catégorisation langagière des lexèmes (verbes, substantifs..) que ces termes mettent en relation. L'introduction se termine par une explication du plan suivi au cours de cette étude.

1.

Commentaire du titre

Nous expliquerons dans le premier chapitre nos choix terminologiques et en particulier celui du mot champ , terme qui a suscité de grandes discussions en linguistique. Pour le moment, disons simplement que nous prenons le terme dans son acception naïve de domaine, secteur d'investigation et plus précisément ensemble des termes se rapportant à un aspect de l'activité humaine. La question de savoir si on peut délimiter un champ selon des critères langagiers ou uniquement dans l'ordre de l'expérience(ordrepraxique> sera abordée un peu loin quand nous essaierons de rassembler les critères linguistiques proposés pour circonscrire les termes du champ spatial SPA), c'est-à-dire ceux relatifs à l'espace,et les opposer à ceux appartenant aux autres relations exprimables que nous rassemblons sous l'étiquette non-spatial (n-SPA). Le non-spatial peut se diviser en champ temporel (TEM) et champ abstrait ou notionnel (NTL) pour reprendre le terme proposé par B. Pottier. Parler de relations spatiales, c'est évoquer un secteur de l'expérience humaine qui paraît intuitivement bien précis à l'homme ordinaire. Il pense d'emblée à la position, aux mouvements des "objets" (au sens très général d'entités matérielles) par rapport à un ou plusieurs repères, à la situation ou aux mouvements d'une partie de l'objet par rapport aux autres parties, aux dimensions à.'un objet.

3

On peut essayer d'aller plus loin que cette première intuition et abstraire quelques données fondamentales. Le concept de mouvement (MV) ou de déplacement (DPL) est relativement aisé à préciser une fois admises les notions de point et d'instant. Si un objet se trouve au point pl à l'instant tl et au point p2 (différent de pl) à l'instant t2, il est réputé avoir effectué un DPL entre pl et p2. Inversement, on peut définir le non-mouvement, l'immobilité. Cet état caractérise un corps qui, entre l'instant tl et l'instant t2, n'a pas effectué un DPL : il est resté dans la même au même endroit,

à la même

situation,

place.

A partir de ces précisions, l'expérience oppose le dynamique (DYN) : ce qui se rapporte au DPL, au statique au non-mouvement. Entre

( S TA) : ce qui se rapporte

le DPL et non-DPL se situe le MV sur

place

(MV.P1) : ou bien l'objet entier s'écarte du point pl et y revient à l'instant t2 (MV oscillants, de va et vient, tournants...), ou bien l'ensemble de l'objet restant à la même place, certaines de ses parties (membres, yeux, engrenages) effectuent un MV. Nous ne ferons pas de différence fondamentale entre MV et DPL, bien que la notion de mouvement soit plus générale que celle de déplacement

(puisqu'il

existe des mouvements sur place). Notre étude ne portera pas sur tous les champs non-spatiaux , ce qui serait une tâche immense , mais seulement sur les champs non-spatiaux qui peuvent s'exprimer par les mêmes termes (en particulier les prép.) que les champs non-spatiaux. C'est pourquoi le n

le

ii

"

n

titre parle d'emplois figurés des prépositions. Le mot figuré

est mis à dessein refuserons

entre guillemets car c'est un terme que nous

dans le corps de l'ouvrage en le démasquant comme sous-

produit des théories hyper - localistes.

(v.chap.5).

Nous aurions pu , en approfondissant les travaux antérieurs , nombreux tout au moins pour SPA , procéder à un examen approfondi de la manière dont l'ai, et le fr. expriment les diverses relations spatiales puis étudier ceux des champs non-spatiaux que nous venons de délimiter , mais c'est moins cette étude successive de deux champs plus ou moins opposés qui nous intéressait que l'examen des rapports

entre ces deux champs comme le suggère le et

titre qui n'exprime pas une simple juxtaposition.

de notre

4 La limite entre SPA et n-SPA est moins facile à déterminer qu'on ne pourrait croire. Nous nous servirons d'abord pour le montrer des termes les plus généraux qui, dans les deux langues, désignent l'espace puis nous tenterons, malgré cette frontière imprécise, de délimiter le champ spatial par des critères langagiers.

2. Termes généraux désignant l'espace Les termes généraux qui servent à désigner l'espace et le lieu en al. et en fr. ( Raum, Ort, espace, lieu) ne véhiculent-ils que des valeurs spatiales ? Espace et spatial Il est piquant de constater (et ce fait attesté devrait faire réfléchir les linguistes pour qui TEM et NTL sont dérivés de l'espace)

que le mot fr.

espace

-bien que tiré du latin spatium (car-

rière , champ de course , espace) - désignait surtout jusqu'au XVIe siècle un espace de temps (PR) : Voyez comme en peu d'espace ... (Ronsard) . On dit encore aujourd'hui: deux fois en l'espace d'un an et espacer ses visites comme mot

espacer les arbres d'une allée.C' est que le

espace désigne un intervalle entre deux limites aussi hien

qu'une étendue sans limites perceptibles , il renvoie à ENTRE comme à DANS.Spatial est plus restreint , il s'applique à l'étendue en général et s'oppose atemporel. Depuis peu , spatial renvoie à l'exploration de l'espace interplanétaire et interstellaire (vaisseau spatial, rendez-vous spatial} tandis que spacieux inclut des limites mais les trouve convenablement éloignées. Raum Raum est le terme al. le plus proche du fr. espace. Sauf dans Zwischenraum, il ne s'applique pas à l'intervalle entre des limites mais désigne par contre les diverses pièces d'une maison tout en se référant comme espace à l'espace interstellaire (Raumschiff : vaisseau spatial). Il couvre par ailleurs une partie de la surface sémantique de place pour

5 désigner le volume occupé par un meuble, une personne,etc. (a) diese Möbel nehmen viel Raum

ces meubles occupent beaucoup de •place

(b) jm Raum schaffen

faire de la place à qn.

Il s'applique aussi comme plaae à 1'"étendue" occupée par un sentiment, une activité : er hat keinen Raum in seinem Leben für Geselligkeit (K)

il n'a pas de plaaefa.nssa vie pour des contacts sociaux.

A un niveau plus abstrait encore, einer Saahe Raum geben sert à exprimer une possibilité de réalisation : einem Gedanken Raum

geben

laisser le ahamp libre à une pensée, accepter l'idée de

einer Bitte Raum geben

Céder à une prière

der Hoffnung Raum geben...

nourrir

l'espoir (de).

Assez proche de cette possibilité de réalisation est la notion d'occasion d'agir où Raum est parfois voisin de Ort et rejoint les emplois non-concrets de lieu : hier ist nicht ( derRaum/ der Ort), darüber zu sprechen

Ce n'est pas le lieu de parler de cela. cf. aussi l'expression : donner lieu à (fournir l'occasion de).

C'est finalement le concept de liberté de mouvement et d'action qui paraît le dénominateur commun de tous ces emplois de Raum. Contrairement à

espace, Raum ne touche au domaine temporel que par les emplois

abstraits où l'occasion est proche de la cause, du motif.

Lieu Lieu, dans son emploi spatial, s'oppose au sens matériel de espace came particulier au général : il s'agit d'un localisant partiel

le

comme

endroit et place mais, comme le paragraphe précédent l'a fait pressen-

6 tir, le terme lieu déborde de l'espace matériel. Il s'applique à une instance administrative ( en haut lieu). Il permet d'exprimer la réalisation d'un événement : les.'jeux olympiques ont lieu tous les quatre ans ainsi que l'occasion, le motif (AnlaB, Grund) : avoir lieu de se plaindre, il y a lieu de s'inquiéter, donner lieu à une fête. Ort Ort est plus proche de plique comme

lieu que ne l'est

lieu à une portion d'espace

Raum de espace ; il s'aplà où le fr. préfère

parfois endroit ou place) et à- une instance administrative élevée : Emplois SPA et non-SPA de espace, Baum, lieu, Ort. der Plan ist höheren Ortes genehmigt

le projet est approuvé en haut lieu.

Ort désigne encore par euphémisme le "petit coirf', ce que nos ancêtres appelaient les lieux (d'aisance) mais s'éloigne de lieu quand il dénomme une localité : sie verbrachten ihren Urlaub in einem Ort an der See (SD)

ils passèrent leur congé dans une "localité située au bord de la mer. Bien sûr, les termes centraux du vocabulaire spatial des deux

langues, tout en se recouvrant assez largement, ne désignent pas exactement les mêmes expériences. Mais ce qui est commun à ces quatre termes, c'est qu'ils ont tous quatre des emplois situés hors du champ spatial, en particulier dans le domaine temporel (espace) et dans divers domaines notionnels {Baum, espace, lieu, Ort). La démonstration pourrait aisément se poursuivre avec d'autres substantifs du vocabulaire spatial (Platz, Stelle, Feld..., place, endroit, champ..'.). Partout, nous constaterions qu'aucun des termes centrés sur l'espace matériel ne s'épuise dans ce cadre restreint.

3. Essai de délimitation de SPA par des critères langagiers Malgré la conclusion pessimiste de la partie précédente, nous présentons une série de critères qui permettent, dans une certaine mesure, de "filtrer" les SP, les verbes, les substantifs et les

7

Raum

espace g é n é r a - voler dans l'e.

étendue le

espace interstellaire

S

conquête de l'e.

pièce d'habitation

p îtendue

"petit

Zeit und R.

Raumschiff

der R. Köln

limitée

jm

endroit"

intervalle

e. entre 2 points

étendue relle

en l'e. d'un an

tempo-

étendue nonspatiale N

T

L

possibilité de réalisation, occasion, motif instance administrative

en tous lieux an allen Orten

R. schaff

localité

T E M

Ort

Haus mit 10 Räumen

place occupée par un meuble, une personne A

lieu

les lieux

der gewisse 0.

(lieu-dit)

ein 0. an der See

(Zwischen-r.)

e.littéraire, der R. der Kirche, R. pictural , für Geseléconomique ligkeit hier ist nicht der R. ..., R. geb

ce n'est oas le l. de..., avoir l. i donner l.

hier ist nicht der 0., darüber zu sprechen

en haut l.

höheren Ortes

8 a d j e c t i f s en r a p p o r t a v e c

l'espace.

3.1. C r i t è r e s a p p l i c a b l e s aux SP e t aux Les i n t e r r o g a t i f s

adverbes

Wo ? et Wohin ? et le Où ? fr.

délimitent

assez b i e n q u e l q u e s s e c t e u r s d u champ s p a t i a l al. et fr. m a i s il n ' e n e s t p l u s de m ê m e pour les r e l a t i f s

wo et s u r t o u t où

et

encore m o i n s p o u r les s u b s t i t u t s , d u m o i n s en fr. car e n al. dort

et. dorthin

f o n c t i o n n e n t comme

Wo ? et Wohin ?. Le p r o n o m -y s ' a p -

p l i q u e à tous les c o m p l é m e n t s i n t r o d u i t s par à, en, dans, sur

sauf,

en g é n é r a l , si le SN d é s i g n e une p e r s o n n e . P a r a l l è l e m e n t f en

con-

v i e n t à tous les c o m p l é m e n t s , spatiaux ou non, i n t r o d u i t s p a r avec la m ê m e

r e s t r i c t i o n p o u r les p e r s o n n e s

B i e n c o n n u e e s t la c o m m u t a t i o n e n t r e u n s y n t a g m e p r é p . et s y n t a g m e

"subjonctionnel"

de

(Gre : 447). (SP)

(introduit par une c o n j o n c t i o n de

s u b o r d i n a t i o n ) , p a r f o i s m ê m e u n g r o u p e i n f i h i t i v a l .Cette c o m m u t a tion, jointe à celle a v e c l ' a d v e r b e , a m ê m e a m e n é J. F o u r q u e t à p a r l e r d e groupe adverbial

p o u r c o i f f e r les a d v e r b e s , les

syntagmes

p r é p . et les s y n t a g m e s s u b j o n c t i o n n e l s . Or, c e t t e c o m m u t a t i o n syntagme prép. et syntagme subjonctionnel est possible pour SP t e m p o r e l s e t n o t i o n n e l s , m a i s elle ne f o n c t i o n n e pas p o u r Les

SP

entre

les

précisément

spatiaux. E x e m p l e s :

- SP t e m p o r e l : Bei A n b r u c h der D u n k e l h e i t g i n g e n wir A l s es d u n k e l w u r d e , g i n g e n w i r

A la t o m b é e de la n u i t , nous partîmes lorsque la n u i t fut t o m b é e , nous partîmes.

- SP n o t i o n n e l : A u s F u r c h t k a m e n sie n i c h t Weil sie s i c h f ü r c h t e t e n , k a m e n sie n i c h t

Par c r a i n t e , ils ne v i n r e n t pas comme ils a v a i e n t p e u r , ils ne v i n r e n t p a s .

- SP n o t i o n n e l m a i s p r é p . e n r a p p o r t a v e c le v e r b e : C a r o l a freut s i c h ü b e r i h r e n E r f o l g bei der P r ü f u n g C a r o l a freut sich (darüber), daB' sie die Prüfung b e s t a n d e n h a t . C a r o l a f r e u t s i c h (darüber), die P r ü f u n g bestanden zu h a b e n .

C a r o l a e s t c o n t e n t e de son succès à l ' e x a m e n Carola est contente d'avoir passé son e x a m e n ,

9 - SP spatial: die Kinder spielen an der Abbiegung des Weges

les enfants jouent au tournant du chemin.

La seule commutation possible est la commutation avec une tive : die Kinder spielen (dort) ,wo der Weg abbiegt (Exemples On

rela-

les enfants jouent là où le chemin tourne •

tirés de Sowinski : 170)

dispose là d'un critère négatif pour distinguer les SP spa-

tiaux des autres , mais il est parfois en défaut car certains

SP

notionnels n'admettent pas non plus la commutation (cf. critique de Faucher à

Steinitz). Inversement , les compléments spatiaux

à l'acc. (ou sans prép. en fr.) et au dat. ne peuvent être repérés par ce critère. 3.2. Critères applicables aux verbes Pour les verbes , nous présentons quelques critères limités : auxiliaires de l'accompli , combinaison avec l'infinitif sans prép. , alternance de l'objet combinaison du participe fléchi

II

direct pour les verbes transitifs, avec komm , emploi impersonnel ré-

, puis la combinabilité

avec les compléments spatiaux.

3.2.1. Critères limités En al. , on dispose en principe d'un critère combinatoire -curieusement, peu utilisé jusqu'à présent (voir cependant , dans une perspective différente ,

Treig

1977) - pour sélectionner

les verbes intransitifs de MV , c'est-à-dire intéressent. Il s'agit de l'emploi de

ceux qui nous

sein (s) comme auxiliaire

de l'accompli . Il faut bien sûr éliminer les verbes de changement d'état et naturellement seinet bleib. Ce critère peut rendre effectivement de grands services. Un autre critère , proposé par

M.Gross (1975) dans sa " Table 2"

est la combinabilité avec l'infinitif sans prép. ; ce critère a 1' avantage de s'appliquer aussi bien aux intransitifs (entrer, sortir, courir...) qu'aux transitifs

(amener, conduire , emmener , envoyer...).

Il permet à M.Gross de sélectionner à partir de cette "propriété

10 syntaxique" une classe importante de verbes fr. qu'il appelle "verbes de mouvement". Pour éliminer de cette liste les verbes de modalité et les verbes d'état

(s'arrêter , demeurer , rester) ,il

propose de ne retenir que les verbes qui peuvent entrer dans le dialogue suivant: {Où court-il?- yoir Marie'ou qui acceptent comme substitut de voir Marie: il y court. Ce critère

y

a l'inconvé-

nient , signalé par Gross lui-même (1975 : 165) d'éliminer d'authentiques verbes de DPL ver.

comme

venir , revenir , s'en revenir , arri-

En al. , ce critère sélectionne un nombre très restreint de

verbes intransitifs de

DPL mais peut servir à les différencier

de leurs synonymes. Boons , Guillet , Leclère (1976) (abrégé en BGL) ont observé, pour bon nombre de verbes transitifs de DPL , un "changement d'objet"

qui s'inscrit chez eux dans une perspective trans-

format ionnelie : Paul charge des oranges sur le camion et Paul charge le camion d ' oranges. Cette

correspondance existe aussi en al.

("Objektumsprung" noté par

Kûhnhold : 182)

pour le deuxième emploi , adjonction de de

ver- : ex.

ver- deck. Ce

avec , normalement,

be- ou plus rarement

be- lad ¡-mal , -streu , -bau , -schmier ,

ver- schmier,

critère , intéressant , ne convient cependant pas

à de nombreux verbes de

DPL transitifs , notamment à

(tourner) , schuttel (secouer) , schieb

dreh

(pousser) etc.., et , in-

versement , il retient des verbes , en plus petit nombre , qui sont à la limite du spatial comme

(be-)pflanz (planter)

, (be-)lie-

fer (livrer) et d'autres qui ne sont pas des verbes de DPL comme (be-)antwort (répondre) , (be-)zahl (payer) , (be-)grund (fonder, justifier). Une autre propriété bes

de DPL

syntaxique sélectionne bon nombre de ver-

al., du moins ceux qui admettent un sujet animé , il

s'agit de la forme: er kommt geflogen, gelaufen etc.

il vient en volant, en courant, etc.

où le verbe de MV apparaît au participe II comme complément de komm. Souvent, l'approche est précisée par an- : er kcmmt angesegelt

il arrive à pleines voiles.

11 Ces mêmes verbes se combinent avec ab- pour le MV d' éLoignement. Malheureusement, ce critère sélectionne également de nombreux termes extérieurs au champ spatial : termes de bruit comme brumm, donner, keuch, peitsch... (dont £

beaucoup se conjugent par ailleurs avec

s'ils sont accompagnés d'un complément dynamique) et termes

indiquant la particularité du MV : er kommt angeschwänzelt

il arrive en remuant la queue.

La tournure impersonnelle et réfléchie : es fährt sich gut auf dieser StraBe

on peut bien rouler sur cette route

sélectionne elle aussi un certain nombre de verbes en rapport avec l'espace, verbes de DPL : geh, flieg, reit... ou ture : sitz

verbes de pos-

(être assis...). Mais cette tournure s'applique aussi

avec des verbes très généraux comme leb (vivre), sahreib (écrire)... Les critères présentés jusqu'ici (sauf le choix de l'auxiliaire de l'accompli en al.) sont de portée limitée et certains

(emploi

impersonnel réfléchi) impliquent déjà la présence d'un complément spatial. Nous allons examiner à présent de plus près ce critère beaucoup plus général. 3.2.2.

Combinabilité avec les repères spatiaux

Un moyen assez évident pour sélectionner les verbes de situation ou de posture est la possibilité de les combiner avec un complément spatial statique. Pour les verbes de posture al. (steh, sitz...) un critère efficace est constitué par

hab + infinitif.

Parallèlement, les verbes de DPL doivent pouvoir se combiner au moins avec un complément exprimant le départ, le parcours, le MV dans un lieu, la direction, le but ou le terme du DPL, mais l'application de ce critère suppose qu'on dispose d'un procédé opératoire pour sélectionner les compléments spatiaux. Comme nous l'avons vu plus haut, les critères de commutation ne sont pas entièrement satisfaisants. Seuls, les termes al. Wohin ?, dorthin fonctionnent bien à ce ooint de vue pour le terme de DPL, de même que

Wo ?

et dort pour les compléments statiques ou notant

le MV dans un lieu. On peut ajouter la non-commutation des SP spatiaux avec un syntagme subjonctionnel.

En supposant qu'on se soit mis d'accord sur une classe de repères spatiaux prép., la combinatoire de ces repères avec les verbes est à la fois trop large et trop étroite pour filtrer les verbes de notre champ. Les repères spatiaux statiques peuvent se combiner avec pratiquement tous les verbes. On obtient naturellement une meilleure sélection si l'on ne retient que les verbes avec lesquels le repère spatial statique f'mit lokalem statischen Adverbiale" dan's la terminologie de Engelen) est très attendu comme les verbes de posture : sitz,

lieg,

on peut ajouter : hoak, kauer à genoux), Lehn

steh,

häng,

steak,

auxquels

(être accroupi, blotti), knie

(être appuyé), kleb,

haft

(être collé, attaché).

Se rattachent encore à ce groupe des verbes d'état : sein s. befind

(se trouver), bleib

(être (être),

(rester) ainsi que les verbes de

résidence : wohn, haus, siedel,

residier.

Bien sûr, la plupart des V de DPL peuvent se combiner avec un complément spatial dynamique mais cette propriété appartient à de nombreux verbes qui ne sont pas spécialement des verbes de DPL. Comme l'ai, distingue le plus souvent le complément spatial dynamique au niveau du SP - soit par l'acc. pour les PM, soit par des prép. distinctes (par ex. ZU opposé à BEI) si l'opposition de cas ne joue pas - ce complément peut exprimer le DPL même en l'absence de verbe : Ins Wasser mit ihm ! (Qu'on le jette à l'eau !) . Ce type de repère fonctionne aussi en présence de verbes qui n'expriment pas eux-mêmes un MV, par exemple sein de modalité auxquels on peut ajouter niaht

brauch

et les verbes (ne pas avoir

besoin de). Les combinaisons avec de nombreux verbes de bruit ( r a s s e l , saus,

braus,

klatsch,

etc.)

sont répertoriées par les dictionnaires

et donnent souvent lieu à la substitution de s à h

à l'accompli.

Il est encore naturel que les verbes de lumière ( funkel, leucht,

etc.)

glänz,

et les verbes d'attention visuelle et auditive puissent

se combiner avec des repères dynamiques mais la présence de ce repère n'entraîne pas le passage de h à

s.

Il en est de même dans les groupes suivants dont le signifié est de moins en moins spatial mais qui acceptent ou réclament un repère dynamique. Il s'agit des verbes de MV imaginaire comme rag

(dépasser (DE qc)), häng

de monstration ( d e u t , zeig...)

(pendre, intransitif)... des verbes

, de visée (ziel),

d'adaptation à un

13

lieu (gehör,

pase) , des verbes qui n'expriment pas précisément un

DPL comme bau

(construire) etc. et même.des verbes qui n'ont plus

rien de spatial : heirat

sauber

(se marier),

(faire des tours de

magie). De très nombreux verbes peuvent donner lieu à des combinaisons occasionnelles comme ; der Professeur hat den Doktoranden unter den Tisch qetrunken (cité par Valentin 197 5)

le professeur a mieux supporté la boisson que le candidat docteur ("a fait rouler l'étudiant sous la table (à force) de boire".

La forme syntaxique du repère dynamique al. est si engagée dans une relation sémantique précise qu'un verbe imaginaire comme knorah (Engelen 1975 : 223) est immédiatement interprété comme intransitif de DPL si on l'introduit dans la construction : Er ist

in den Garten

geknorcht.

Si l'on avait : Er hat

in

serait à des verbes du type

den

Ga-rten

seh, zeig,

geknorcht, rag.,..

le lecteur pen-

A l'inverse (nous

l'avons signalé plus haut), certains verbes qui appartiennent sans conteste au champ des verbes de DPL sont écartés par le critère de combinabilité avec un repère spatial, notammant ceux qui appellent la détermination du lieu à l'acc. ou au dat.. Le filtrage des substantifs et des prép. en rapport avec l'espace est aussi laborieux que celui des verbes.

3.3. Critères applicables aux substantifs, aux prép. et aux adjectifs de dimension La plupart des prép. courantes sont très polysémiques et ne peuvent donc être utilisées pour sélectionner les substantifs susceptibles de se combiner avec elles pour former des repères spatiaux. Même HINTER qui ¡semble à première vue une prép. très concrète a des emplois NTL et d'autres à la limite du temporel. Mais certaines prép. plus rares et de sens très restreint peuvent peut-être avoir un pouvoir différenciateur plus élevé. Schweisthal (1971) avait proposé pour l'ai, une des rares prép. à être exclusivement "spatiale" ; seitlich

(sur le côté) mais cette

14

prép. est si peu usitée qu'elle n'est même pas citée dans la plupart des grammaires. Quelques autres prép. discontinues termes), plus courantes que

(à deux

seitlich peuvent isoler les substantifs

dont un emploi au moins se réfère à une réalité matérielle et qui font partie du champ spatial. Nous pensons en particulier à : ANd... vorüber bien qu'il y ait : AN den Tatsachen vorubergeh (méconnaître les faits), mais

ANd.,. vorïïber

est une forme plus sélective que

ANd... vorbei, de sens plus large, cf. ANd jrrt vorbeired. ANd.. .entlang peut être retenu aussi, mais cette prép. suppose que l'objet désigné a une certaine longueur. Cette forme est préférable à ANd parce qu'elle sélectionne aussi les termes du type

vorbei

Weg, Strecke qui

apparaissent dans l'acc. de l'espace parcouru. L'avantage de ces prép. discontinues est qu'elles sélectionnent non seulement les substantifs pouvant servir à former des compléments spatiaux, mais aussi qu'elles sont compatibles avec, semblet —il, la plupart des verbes non-préfixés, sauf ceux, relativement rares, qui expriment de manière trop exclusive le stade initial comme scheid rmind

(partir),

quell (jaillir), ou terminal, notamment

(déboucher DANS) .

A partir des substantifs repérés par la combinatoire avec ces prép. discontinues, on peut reconnaître la possibilité d'avoir des emplois spatiaux aux prép. pouvant s'associer à ces substantifs pour exprimer des rapports matériels, tangibles. Plus généralement, on pourrait attribuer le statut de repères spatiaux aux syntagmes où les prép. se combinent avec des substantifs concrets sélectionnés par les critères précédents

( ANd.. .vorbei/entlang).

Mais la polysémie conjugée des substantifs et des prép. fait qu'on risquerait de retenir des syntagmes qui peuvent ou doivent être pris dans un sens autre que spatial : Sie geht ZUM Theater

Elle se fait comédienne

Er fährt ZUR

II est marin.

See

Les adjectifs dits "de dimension" peuvent être groupés par couples d'oppositions : groß/klein, lang/kurz, breit, weit/eng, schmal, dick/dünn

grand/petit, long/court, large, vaste/étroit, épais/mince.

15

Dans les emplois spatiaux (qui ne constituent qu'une partie trop souvent privilégiée aux dépens des autres emplois) l'un au moins des termes de l'opposition supporte une interrogation du type : Wie breit ist dieser X ?

Quelle largeur a cet X ?

et une réponse comportant une indication de dimension : Dieser X ist zwei Meter breit

Cet X a 2 mètres de large.

On peut donc circonscrire à l'aide de critères langagiers certaines parties, mais certaines parties seulement et non l'ensemble du champ spatial.

4. Comment se pose le problème des rapports entre SPA et n-SPA ? Au problème des rapports entre champs spatiaux et non-spatiaux, il y a deux réponses traditionnelles quoique profondément divergentes : la théorie de l'objet prépositionnel (PO) creuse un fossé entre les deux emplois des prép., la théorie localiste du "sens figuré" admet bien qu'il existe des rapports entre les deux champs mais les emplois non-spatiaux de termes conçus comme "primitivement" spatiaux sont pour elle des "dérivés" ou le produit d'une " métaphorè" Nous examinerons et apprécierons ces deux théories. Jetons pour le moment un premier coup d'oeil sur la manière dont se pose, dans le fonctionnement des langues, ce problème des rapports entre SPA et n-SPA. Il est plus que probable que toutes les langues du monde -et a fortiori l'ai, et le fr.- sont capables d'exprimer les oppositions spatiales fondamentales : repos/mouvement, intérieur/extérieur, proximité/éloignement, placement et position sur et sous un repère, devant ou derrière, à droite ou à gauche de ce repère, partir d'un endroit pour se diriger vers un autre et l'atteindre en passant par un lieu intermédiaire. Les langues ne se distinguent donc pas par la possibilité d'exprimer toutes ces relations avec plus ou moins de précision. On ne peut pas, par conséquent, se contenter de recenser les moyens dont dispose chaque langue pour rendre tel rapport spatial précis. Ce qui sépare les langues les unes des autres, c'est

16

la répartition des relations à exprimer sur les diverses unités dont elles disposent : un même élément linguistique peut être apte à couvrir l'intériorité et la position

sur un repère (latin

in ). C'est un des aspects de la divergence entre l'ordre langagier et l'ordre pratique qui correspond à l'organisation de l'expérience que 1 1 homme a du monde. A l'intérieur d'une même langue, cette répartition se modifie au cours du temps, preuve d'un certain "jeu" entre le "monde" et la langue. La prép. fr. EN et l'ai. AN pouvaient, à une époque ancienne, exprimer des rapports qui utilisent normalement à présent SUR et AUF, mais des locutions figées témoignent encore, dans la langue actuelle, de l'état ancien : toque EN tête, genou EN terre, AM Boden liegen. Les situations auxquelles la vie nous confronte chaque jour sont extrêmement variées et les mots dont dispose le locuteur moyen pour y faire face en nombre fort restreint par rapport à cette multitude. On peut donc supposer que, dans toutes les langues du monde, un grand nombre d'éléments (surtout verbo-nominaux ou prépositionnels) sont aptes à exprimer, non seulement des rapports concrets de mouvement ou de situation dans l'espace, mais encore des rapports temporels (antériorité, concomitance, postériorité, etc.) et très souvent des rapports "abstraits" : origine, domination, cause, moyen, conséquence, rapports affectifs, échanges divers, (de biens, d'informations), etc., etc.. Nous en avons la preuve pour les langues indo-européennes et les travaux de linguistes qui travaillent sur le chinois et les langues africaines

(notam-

ment C. Hagège 1980) nous incitent à cette généralisation. Les divergences entre langues qui se marquent déjà dans la diversité des situations concrètes que peuvent recouvrir tel élément d'une langue voisine (disons pour faire simple : l'ai. AUF et le fr. SUR) s'amplifient souvent si l'on examine les situations temporelles ou abstraites dans lesquelles chacun de ces éléments peut s'employer. Etant donné ce champ d'application très vaste des relateurs (cas,prép. et préfixes),il était naturel

que notre

intérêt se porte sur les rapports entre les relations spatiales et les relations non-spatiales car l'étude de ces rapports nous a paru plus innovante et plus passionnante que la structuration des

17 relations spatiales sur laquelle d'abondants travaux avaient déjà été effectués. De fait, l'étude des emplois non—spatiaux permet, non seulement de mieux caractériser tel élément d'une langue par rapport â l'élément correspondant de la langue voisine, mais encore d'éclairer la variété des emplois spatiaux eux-mêmes et de mieux "sentir" les différences dans le domaine concret entre les éléments comparables de deux langues voisines. C'est par l'ensemble des situations (ou du moins des types de situations) qu'un élément est apte à exprimer qu'il se distingue des éléments voisins de la même langue et des éléments plus ou moins "correspondants" de la langue voisine. On peut même raisonnablement émettre 1'hypothèse que - hors les cas d'homonymie un élement

linguistique forme un tout, la place occupée par cet

élement dans les emplois abstraits n'est par conséquent pas sans rapport avec ses emplois concrets. Cette hypothèse est confirmée par l'existence de nombreux

termes-charnières entre SPA et n-SPA,

concept central dans notre recherche . Ce concept

prolonge et

gstématise la méthode employée par Benveniste dans son étude d'une prép. latine (1949) que nous citons au § suivant. Le lecteur pensera peut-être que les principes qui viennent d'être énoncés sont de pures évidences et pourtant, malgré l'abondance des recherches consacrées aux domaines mentionnés plus haut (du moins au domaine spatial) - abondance dans notre bibliographie donne une idée - cette recherche "globale" esquissée plus haut sur les éléments servant à l'expression des relations spatiales n'a été que très rarement pratiquée et nous ne disposons le plus souvent, dans ce domaine, que de classements empiriques établis soit pas les dictionnaires unilingues ou bilingues, soit par des guides pratiques à l'intention des étudiants "non-natifs".

5. Contribution de Benveniste - Concept de terme-charnière Bien qu'il n'aborde

pas dans cet article le problème général des

relations entre SPA et n-SPA, Benveniste avait pourtant dès 1949 esquissé le projet de cette recherche globale sur les prép. et plus généralement sur les relateurs à propos d'une étude sur la prép.

18 latine

prae. Il m o n t r e la c o n t i n u i t é entre l'emploi spatial de

cette p r é p .

("en a v a n t de") et ses e m p l o i s a b s t r a i t s

c o m p a r a i s o n ) . Il é t u d i e r a p a r la suite

(1972)

(cause et

la p r é p . al.

vor

-

qui pose des problèmes analogues. B e n v e n i s t e é c r i t e n 1949 ; "Il f a u t i n s i s t e r sur ce p o i n t q u e c h a q u e p r é p o s i t i o n d ' u n i d i o m e d o n n é , dessine, dans ses emplois d i v e r s , une certaine figure où se coordonnent son sens et ses fonctions et qu'il importe de restituer si l'on veut d o n n e r d e l ' e n s e m b l e d e ses p a r t i c u l a r i t é s s é m a n t i q u e s e t g r a m m a t i c a l e s u n e d é f i n i t i o n c o h é r e n t e " (1966 : 132) (c'est nous qui soulignons). C e t t e i n s i s t a n c e sur l'étude g l o b a l e et d é t a i l l é e d e s p r é p . n ' a g u è r e fait

école.

C e r t e s , P. M a r c q c r o y a i t p o u v o i r faire "dériver" les e m p l o i s a b s t r a i t s des p r é p . a l l e m a n d e s des e m p l o i s " s p a t i a u x " ment étudiés

(1972) m a i s ces p r é p . é t a i e n t aussi

soigneuse-

soigneusement

c o u p é e s de tous l e u r s e m p l o i s h o r s d u d o m a i n e s p a t i a l . C e r t e s , B e r t r a n d , é t u d i a n t de son c ô t é les " p r é p o s i t i o n s a b s t r a i t e s " l'ai.

(1975) s i g n a l e à p l u s i e u r s r e p r i s e s le l i e n a v e c les

Y.

de

emplois

spatiaux. M a i s a u c u n des d e u x ne s i g n a l e - d o n c a u c u n des d e u x

n'ex-

p l o i t e - l e fait c a p i t a l q u ' u n e m a s s e énorme de t e r m e s , e n p a r t i c u lier de v e r b e s , s ' e m p l o i e a v e c la m ê m e p r é p . d a n s le c h a m p e t d a n s le d o m a i n e

non-spatial(temporel e t / o u n o t i o n n e l )

v r a i a u s s i q u e B. P o t t i e r d o n n a i t , d è s 1962, d e s

spatial

. Il

est

représentations

u n i t a i r e s des p r é p . l a t i n e s e t fr. m a i s il ne m e t t a i t g u è r e ces r e p r é s e n t a t i o n s u n i t a i r e s en r a p p o r t avec le d é t a i l des dans les d i v e r s

emplois

champs.

M ê m e B e n v e n i s t e n ' a p a s s u f f i s a m m e n t s o u l i g n é le f a i t e s s e n t i e l qui s o u s - t e n d r a n o t r e r e c h e r c h e

: la f r o n t i è r e e n t r e le, spatial

et l ' a b s t r a i t p a s s e le p l u s s o u v e n t à l'intérieur d u m ê m e v e r b e (réputé s o u v e n t "concret" comme s. stiïtz, s'appuyer)

c o m b i n é avec la

m ê m e p r é p . . Ce v e r b e f o u r n i t a l o r s u n e sorte d e p a s s e r e l l e , "charnière" e n t r e SPA et n - S P A et il s u f f i t , d a n s ce m ê m e m e n t , q u e le s u b s t a n t i f i n c l u s d a n s le s y n t a g m e p r é p .

de

groupe-

(SNP) ne s o i t

p l u s m a t é r i e l p o u r que la c o m b i n a i s o n r e c o u v r e u n e s i t u a t i o n

dif-

férente : s. A U F stiitz

(einen T i s c h / e i n e Tatsache)

L a r e c h e r c h e e t l ' u t i l i s a t i o n des

s ' a p p u y e r SUR fait) .

(une t a b l e / u n

termes~oharnières

exige qu'on

19

étudie systématiquement les multiples combinaisons du relateur avec notamment les verbes et les substantifs. Benveniste ajoutait en 1949 : "Il va de soi qu'une description guidée par ce principe doit embrasser, pour prendre sa force démonstrative, la totalité des prépositions et la totalité des relations casuelles d'un état de langue" (1944 : 132) . Nous souscrivons en théorie à cette deuxième partie de la citation mais il faut reconnaître qu'elle propose une tâche gigantesque que Benveniste lui-même n'a pas poursuivie. Le titre de son article annonce Le système sublogique des prépositions en latin mais en fait, il étudie un peu la prép. pro et s'attarde surtout sur la prép. prae. Plus de trente ans après l'article de Benveniste, la tâche qu'il proposait

reste un voeu

pieux. Eien que nous ayons travaillé sur tous les relateurs

al.

et sur plusieurs relateurs fr., nous publierons d'abord les résultats de l'application de nos méthodes à une seule prép. (an) (Savary 1984b) car l'examen de tous les relateurs prendrait une place et un temps considérables .

6. Plan général Ayant déterminé les domaines à explorer et suggéré le type d'outils dont nous nous servirons pour cette exploration, nous pouvons préciser le chemin que nous suivrons pour atteindre ce but, autrement dit, le plan général de cette étude. Après avoir précisé les termes de la métalangue que nous employons dans cette recherche ainsi que le type de lanoue étudiée et les sources de nos exemples (chapitre 1) notre"bilan par classes d'éléments" (ch. 2) fait une revue critique des études sur la théorie des relations et sur les diverses classes de mots qui les expriment. Ce bilan esquisse déjà les positions théoriques qui sont développées dans les chapitres suivants. L'examen et la discussion des principaux ouvrages qui, à notre connaissance, ont traité ces problèmes nous amènent ensuite à prendre une position nette sur les questions abordées. Les différents chapitres s'emboîtent entre eux comme des poupées russes, chaque chapitre développant un aspect par-

20

ticulier du problème traité dans le chapitre précédent. Comme les relations spatiales sont très souvent exprimées par des syntagmes prépositionnels (SP), nous sommes amenés à discuter le problème du rapport du SP(et

plus qénéralement des constituants

non-verbaux de l'énoncé) avec

le

verbe-prédicat

(ch, 3).

La plupart des SP non-spatiaux étant souvent catalogués par les linguistes al. comme "Präpositionalobjekte" (PO), nous nous interrogeons sur le bien-fondé de la catégorie

des PO gui est souvent liée à la notion de prép, non-commutable et souvent qualifiée de "vide" (ch. 4). Les PO abstraits sont généralement opposés aux compléments

spatiaux (dont les "LO", compléments d'objets locaux) pour lesquels

PO/LO touche donc directement au coeur du débat sur les rapports entre SPA et n-SPA (ch. 5) et ses divers aspects sont étudiés de près pour cerner la véritable nature de ces relations. Nous évoquons la position des localistes (5.2.) qui, dans une optique opposée à la théorie des PO, reprennent la notion de "sens figuré" pour justifier la présence d'un même élément à la fois dans SPA et n-SPA (5,3,), Pour fonder notre opinion, nous faisons appel à de nombreux exemples montrant comment l'ai, et le fr. établissent des ponts entre les deux macrochamps (5.4.) et nous développons la notion de termecharnière esquissée dès l'Introduction, concept opératoire peu utilisé jusqu'à présent en linguistique (5,5.), on reconnaît un "sens" à

la prép.. Cette distinction

Nous pénétrons alors à l'intérieur du champ spatial

pour établir

son organisation interne (ch. 6). D'une manière plus succinte, les multiples rubriques notionnelles

proposées par les grammaires et les

dictionnaires sont ensuite regroupées en quelques grands champs non-spatiaux qui permettent un exposé ordonné des emplois des relateurs. Ce regroupement se limite bien entendu aux champs non-spatiaux que les relateurs mettent en rapport avec les champs spatiaux (ch. 7).Le dernier chapitre (ch. 8) résume et précise les concepts méthodologiques et les prises

de position

évoqués dans les chapitres précédents.

sur les divers problèmes

CHAPITRE 1 : Métalangue

et

langue-objet

1.0

Plan du c h a p i t r e

Ce p r e m i e r c h a p i t r e p r é c i s e d ' a b o r d l e s termes de l a métalanaue que nous employons dans c e t t e r e c h e r c h e l l . l ) e t tion entre

et: ordre langagier

ordre pratique

exemplifie

l'opposi-

(1.2). I l indique ensuite l e

type de lanaue étudiée pour l e f r . e t l ' a i , ainsi que les sources u t i l i s é e s Dour fournir à nos investigations la langue-objet sur laquelle e l l e s vont se fonder (1.3). 1.1.Eléments de la métalangue u t i l i s é e : Nous précisons l ' u t i l i s a t i o n que nous faisons de certains termes quand cet enploi ne coïncide pas avec l'usage habituel . Nous expliquons ainsi l e sens que nous donnons à

entité

, repère ,et

module , champ e t

groupe sémantique.

Entité N ous ne prenons pas l e terme B.Pottier

(1974 : 44)

entité

dans l e sens que l u i

, n i dans sa s i g n i f i c a t i o n

b i e n que n o t r e emploi s o i t a s s e z proche de c e t t e d e r n i è r e . nous , c ' e s t ciser

si

Pour

simplement une f a ç o n p r a t i q u e de n ' a v o i r pas à p r é -

le "réfèrent"

discutable)

donne

philosophique

( a u t r e terme commode b i e n que hautement

d'un groupe nominal e s t une personne

c o n c r e t ou a b s t r a i t

, un o b j e t

. Nous posons en p r i n c i p e que l e mot

entité

e n g l o b e t o u t e e s p è c e de p o r t i o n de l ' e x p é r i e n c e humaine q u i peut r e c e v o i r un nom . Nous a u r i o n s pu c h o i s i r le substantif

existant

p h i l o s o p h i q u e l e sens d ' il

, comme H e i t z l e r

s i ce terme n ' a v a i t p r i s dans l a "être vivant"

(PR) e t s i

, de t o u t e

é t a i t d i f f i c i l e à a p p l i q u e r à des e n t i t é s a b s t r a i t e s ou

gendaires entité,

(1975) ,

langue façon,

lé-

. Si nous nous sommes é c a r t é du sens h a b i t u e l du terme

c ' e s t que nous n ' a v o n s t r o u v é aucun mot f r . q u i

au d e s s e i n que nous avons énoncé p l u s h a u t . Nous avons t é après coup que n o t r e emploi de ce mot r e j o i n t

convienne consta-

sensiblement

l ' u s a g e q u ' e n f a i t Lyons dans ses p r o p o s i t i o n s pour c l a s s e r entités ( Sémantique l i n g u i s t i q u e

1980 :

77).

les

22

Repère Nous employons

"repère" dans un sens assez élastique. Tantôt

c'est le "réfèrent"

(lieu, objet, ou parfois humain ou abstrait)

du substantif employé avec des prép. comme AUS, VON, DE ; IN, DANS; GEGE.N, CONTRE; NACH, ZU, VERS, à ; DURCH, UBËRa servant à exprimer le parcours , PAR ; tantôt, mais plus rarement, car nous n'étudions pas spécialement ce type de prép,, c'est la portion d'espace délimitée par rapport au réfèrent de ce substantif par des prép. comme MOR, DEMANT ;HINTER, DERRIERE... . Dans ce dernier cas, il peut y avoir ambiguïté car le mot repère peut désigner aussi l'entité représentée par le groupe nominal du SP, mais le contexte suffit à lever l'ambiguïté.

Module Nous étudions toujours le relateur dans un énoncé pour observer les interactions entre ce relateur et les autres éléments de l'énoncé. C'est pourquoi nous sommes intéressé à l'étude des relations entre les constituants de l'énoncé. Une Analyse qui part des cooccurrences syntagmatiques dans l'énoncé doit prendre en considération le module

des verbes dans lequel se trouve insérée la

prép. . Ce module fournit une base à la catégorisation sémantique des constituants non-verbaux qui peuvent entrer dans cette construction . Nous ne pouvons discuter ici en détail cette notion de module et renvoyons à notre étude de 1973 et à notre article de 1975,

Nous avons repris, en partie seulement, le terme proposé par B. Pottier

(1974 : 120) qui est module

aasuel et le contexte

montre que Pottier entend ici sous le mot aasuel

les cas

concep-

tuels liés à l'emploi de ce verbe tandis que nous pensons qu'il faut maintenir le module

au niveau langaaier,

celui de la struc-

ture dite "superficielle", la seule que nous connaissons directement.

23

Pottier semble hésiter entre les deux niveaux car il définit d'abord le module (43) comme "structure mémorisée du comportement " qu'il exprime par des ex.donnés réfléchir

à qc

, mettre

qc qpart

directement en langue naturelle :

. On peut se demander si le locuteur

mémorise les "traits casuels" des actants d'un verbe (327) ou s'il retient les types d'environnements langagiers de sa langue maternelle. C'est pourquoi nous avons choisi le terme de module (sans l'ad-f jectif

casuel

qui voudrait le plonger dans la "profondeur") pour

recouvrir le terme al. de Satzbauplan

que nous avions d'abord

rendu , avant la parution du livre de Pottier , par modèle d'

é-

nonaé (V.Savary 1973 et 1975). En effet , même si l'on n' adhère pas vraiment à la théorie de la valence qui sous-tend la plupart des études sur les plane

Satzbau-

, il est difficile de ne pas reconnaître qu'il y a dans ces

travaux , relativement peu connus en France , une remarquable étude des classes d'environnements possibles pour de nombreux verbes. Nous nous sommes beaucoup inspiré des ouvrages parus sur la question , surtout en Allemagne , mais avec un regard critique qui remet en question la sacro-sainte limite entre

Ergänzung

et Angabe (complément "spécifique" et "non-spécifique" du verbe), héritée de la distinction de Tesnière entre Aatants tants(V.ch.3)

et

Circons-

. Nous expliquons au ch.8 pourquoi nous n'avons pas

utilisé l'appellation "Construction verbale" qui,chez Gross et dans l'équipe du LADL , correspond en gros à ce que nous appelons module . Ce que J.M Zemb nomme "profil de valence" (1978) inclut notre conception des modules

mais y ajoute la combinatoire de la

base verbale avec les préfixes (47). champ et groupe

sémantique

Tout au long de ce travail , nous utiliserons sans cesse les termes de champ, de micro-champ, de macro-champ être que nous ne

et on s'étonnera peut-

discutions pas en détail cette notion que

nous nous n'avons fait que de situer dans notre Introduction. Nous n'ignorons pas les interminables querelles et les innom-

24 brables ouvrages et articles que ce terme a suscités depuis la parution de l'ouvrage célèbre de Trier (1931) et depuis que les tenants de la "Sprachinhaltsforchung"

(qu'on pourrait rendre par

"science du contenu du langage") , tels Weisgerber , en ont fait leur cheval de bataille. La mise au point de Hoberg

(1970) , qui résume surtout les

conceptions de Trier et de Weisberaer , date déjà un peu , mais elle ne contient pas moins de vingt pages de bibliographie , soit plus de trois cents références , dont une à l'article de Fourquet de

1959

(v.aussi Geckeler 1971 - plus général). C'est dire l'im-

portance de la controverse à laquelle presque tous les linauistes allemands d'avant 1970 ont apporté leur contribution. Dans les autres pays , la notion de champ paraît moins controversée , sans doute parce que moins liée à ces perspectives néohumboldtiennes si critiquées pour leur "idéalisme" , par les linguistes de Leipzia ou de Berlin-Est

(v. notamment Schlppan 1975 :

154- 156 et Diersch 1972 : 23 - 25) . Divers champs ont été étudiés : termes de parenté (CLounsbury 1 964, Dubois-Irigaray 1966) , animaux domestiques

(Mounin 1965 b) , habitations

etc... , sans que les

auteurs

(Mounin 1965 a),

de ces études se demandent tou-

jours à quel niveau exact se situe la notion de champ (v. cependant ci-dessous la citation de Mounin). Les difficultés commencent en effet au moment où l'on se pose le problème du rapport entre ordre praxique et ordre langagier et notamment

la question de savoir comment délimiter linguistique-

ment un champ . Notre introduction a montré qu'il était pratiquement impossible de délimiter le champ spatial dans son ensemble par des critères purement langagiers et nous pouvons faire nôtre la remarque de F.François ".... des caractérisations comme spatial, non-spatial ne constituent nullement une dichotomie obligatoire de base sous-jacente au maniement du lanaage" (1980 : 222). Ce manque de critères langagiers ne vaut pas que pour le champ spatial . Mounin (1965 a) , étudiant le champ sémantique formé par la démonstration des animaux domestiques en fr. , le reconnaît honnêtement:

25 "Ne jamais oublier le point de départ non linguistique de cette structuration du lexique : quand on réunit les signifiants cheval, hongre , étalon , jument , poulain dans un champ , on le fait unique ment sur la foi de l'expérience non-linguistique qu'on possède des relations biologiques entre les signifiés correspondants"

(cité

d'après Mounin 1972 : 131) . Situant le ahamp dans l'ordre pratique et non dans

l'ordre langa-

gier , nous pensons contourner les graves problèmes que pose l'utilisation de ce terme dans l'ordre langagier .Pour notre conception naïve , le

ahamp sera tout simplement une généralisation de ce

que B.Pottier appelle "ensemble d'expérience" maine d'expérience"

(1974 : 63) , "do-

(68) ou "taxème d'expérience"

(97). A partir

de cet ensemble donné par l'expérience non-linguistique

, B.Pottier

peut examiner les relations que le fr. établit entre les termes qui désignent , par exemple , les sièges (63) , les cris d'animaux (62) ou les moyens de transport urbains B.Pottier voit dans le

ahamp

(63) , etc..,

une notion arbitraire quand elle

consiste à rassembler , à partir de dictionnaires qui désignent "les couleurs , l'affectivité

, les termes

, ou les poissons"

car ils ne"correspondent pas à un type situationnel usuel"

(98).

Mais 1' "ensemble expérience" comme le ahamp critiqué par B.Pottier se situent tous deux dans l'univers situationnel , seulement à des degrés différents de généralisation. Dans un stade antérieur de notre recherche nous parlions , comme nombre de linguistes , de système par ex. système spatial, système temporel etc...mais nous avons remplacé par ahamp le terme de système qui laissait supposer derrière ces ensembles d'expérience une organisation langagière systématique qui , en réalité , fait le plus souvent défaut. Cette carence fait paraître abusive l'utilisation du terme Le

système.

groupe sémantique est en général pour nous un groupe de termes

très voisins sémantiquement , donc un ensemble plus restreint que le micro-champ mais il nous arrivera d'employer ces deux termes l'un pour l'autre par souci de variété . Nous évitons sciemment groupe synonymique car il n'y a pour nous de synonymie que contextuelle , deux termes voisins sémantiquement n'ont pratiquement

26

jamais une distribution identique ou s'emploient dans des conditions de discours différentes. Pour nous,le terme

champ couvrira aussi bien tel domaine d'ex-

périence précis (micro-champ du contact brusque) que de vastes ensembles comme le champ spatial oule champ non-spatial. Ce qui fait l'intérêt de ces termes , ce n'est pas le mot champ

que nous prenons

au sens commun du terme en linguistique mais la détermination qui l'accompagne (du contact brusque , spatial , affectif..,) et qui décrit la situation ou l'ensemble de situations que nous avons dans l'esprit , même si les contours de ce cfemp demeurent très flous , comme les limites des "ensembles d'expérience". Notre conception est donc plus large que celle de Engelen (1975 : 227 - 234) pour qui le champ lexical (Wortfeld) est , comme pour Coseriu (1973) , défini par un"paradigme"et se limite à l'ensemble des termes qui ont le même (ou sensiblement le même)"environnement structurel"

(231) . L'environnement structurel d'une forme

verbale (Umgebungsstruktur )

de Encrelen correspond à peu près à

ce que nous appelons module si l'on y adjoint les spécifications sémantiques. Mais Engelen signale lui-même , sans s'y arrêter toutefois , l'inconvénient d'une telle primauté reconnue à la syntaxe (231) : si elle rapproche bien les termes qui ont même module et des contenus voisins , cette procédure empêche de comparer ce premier ensemble avec les termes du même groupe sémantique qui entrent dans des modules différents . C'est le même reproche qu'on peut adresser à

Apresjan (1966) avec celui d'accueillir

dans le champ des termes de même structure mais de contenu différent , inconvénient inhérent à tout distributionnalisme qui se prétend asémantique. Or , c'est précisément dans le va-et-vient constant entre syntaxe (termes du groupe sémantique se construisant de la même façon

, par ex. avec la même prép. ) et sémantique (termes du même

groupe entrant dans une structure différente) , et ceci , en général , dans les deux langues , que notre méthode.

réside la particularité de

27

1.2. 1.2.0 Les

Ordre praxique et Ordre langagier:

difficultés

qui viennent d'être évoquées à propos du champs

sémantique ne sont qu'un aspect d'un problème plus vaste : l'expérience nous fait réunir éducation et enseignement , Erziehung et Unterricht

, mais rien dans la forme linguistique ne rapproche les

deux termes . L'étude du langacre peut cependant , dans une certaine mesure , établir entre eux un type de relations montrant une sorte de parallélisme dans leur "distribution" , leur environnement langagier . C'est la conception du champ comme "paradigme" que professent Coseriu et Engelen . Il n'en reste pas moins que tous les termes d'un champ n'entrent pas dans les mêmes paradigmes et c'est un des faits qui illustrent le divorce relatif entre 1' ordre praxique et l'ordre langagier. Une autre illustration de ce divorce est cette particularité rappelée plus haut : de très nombreux éléments du langage renvoient, non à une seule situation précise ', mais à un nombre souvent important de situations variées qui sont , par exemple , tantôt spatiales , tantôt sans rapport avec l'espace . (C'est un des as pects du phénomène qu'on dénomme souvent , de manière un peu simpliste , la "polysémie") . On peut

par ex. aussi se demander

si l'opposition SPA / n-SPA n'appartient pas plutôt à 1' ordre praxique qu'à l'ordre langagier.

Nous avons nommé ces deux concepts sans

les expliciter dans notre introduction générale . Nous allons maintenant préciser notre pensée sur ce point. Il existe au moins deux modes d'organisation de la "réalité" , souvent confondus par le locuteur naïf et dont l'étude parallèle doit faire ressortir l'originalité respective : -d'un côté , l'ordre praxique , celui de la "praxis" , constitué par l'organisation de l'expérience humaine à l'intérieur d'une société donnée (situations concrètes , séquences de comporrements standardisés , rites , institutions , sciences , techniques, arts , croyances collectives , mythes , etc...) . Cet ordre est très largement semblable chez les peuples d'une même culture et il vaudrait mieux l'appeler "praxéo-culturel" , mais nous gardons "praxique" parce que le terme est plus court. -d'un autre côté , utilisant , doublant , ignorant, contredi-

28 sant ce premier ordre en une sorte de fugue d'une extrême complexité , un ordre plus langagier que linguistique , c'est-à-dire spécifique de telle oü telle langue naturelle et qui ne se rëtrouve dans aucune autre , même si des parentés ( "translinguistiques") peuvent exister entre langues de peuples voisins . L'ordre langagier est la manière particulière qu'a chaque langue de rassembler les données de l'expérience. 1.2.1

Comparaison avec d'autres concepts

Pour éclairer encore davantage le sens de notre opposition , nous pouvons la comparer S des concepts voisins utilisés par d'autres lincruistes comme de Saussure , Hjelmslev , B.Pottier , J.M Zemb , A.Culioli

ou P. Valentin.

masse amorphe et valeur chez de Saussure Nous citons les lignes fort contestables de de Saussure pour indiquer que l'idée d'un ordre praxique ou de "structures con ceptuelles" indépendants du langage lui demeure étrangère , tout au moins dans ce passage : "Prise en elle-même , la pensée est comme une nébuleuse où rien n'est nécessairement délimité .11 n'y a pas d'idées préétablies , et rien n'est distinct avant l'apparition de la langue... la langue produit ses unités en se constituant entre deux masses amorphes". (Cours 155 - 157). Ce n'est pas dans cette affirmation hasardée que nous aurions pu puiser l'idée de notre

ordre praxique. En revanche , cet or-

dre a quelque analoaie avec certains des "rapports associatifs" (171) ou "paradigmatiques", ceux que de Saussure voit entre enseignement , instruction , apprentissage , éducation... Si 1' "ordre langagier" est aux antipodes de cette "masse amorphe" dont parle le linauiste gênevois , serait-il préfiguré par la "valeur"? : "La langue est un système dont tous les termes sont solidaires et où la valeur de l'un ne résulte que de la présence simultanée des autres" (159) . En fait , cette "valeur" saussurienne renvoie plutôt à cette part de signifié qui résulte de la place d'un terme dans le champ sémantique. Cette 'Valeur" a un certain rapport avec l'ordre langagier mais seulement si elle renvoie , non à des différences intuitives ,

29 mais à un faisceau de ressemblances et de différences dans le comportement langagier, exemple : partir, qui se combine notamment avec

à et pour, se différencie ainsi de

s'en aller qui accepte

à et refuse pour. Malgré la conscience qu'a de Saussure de l'interaction des mots d'un champ, il recourt, lorsqu'il est question de parler de la signification des rapports entre les deux faces du "signe" : "signifiant"

(imaae acoustique) et "signifié"

(concept) à l'image

trompeuse du recto et du verso de la feuille de papier. Nous avons rappelé cette image parce qu'elle exprime exactement le contraire de ce que nous voulons donner à entendre par notre concept d'ordre : il n'y a pas pour nous de correspondance terme à terme entre un lexème et son contenu mais seulement correspondance entre ensemble de situations ( ordre praxique ) et ensemble d'énoncés (ordre langagier) . Cette correspondance terme à terme est une illusion d'optique à laquelle les dictionnaires mal faits donnent un semblant de réalité. "Substance du contenu" et "système sublogique" chez Hjelmslev Hjelmslev oppose la substance du oontenu à la forme que prend ce contenu dans les lanaues naturelles. Cette forme pourrait avoir quelque rapport avec notre ordre langagier. La substance du. contenu correspond-elle à notre ordre praxique ? On a l'impression en lisant Hjelmslev que cette substance du contenu est une sorte de masse informe, non encore organisée et qui ne recevra cette organisation qu'en se coulant dans les formes de telle ou telle lanaue. Hjelmslev reprend sciemment à son compte des formules analogues à celles de de Saussure. "Chaque langue, écrit-il, établit ses frontières dans la "masse amorphe de la pensée" en mettant en valeur des facteurs différents pris dans un ordre différent"

(1978 : 76).

D'après les contextes où Hjelmslev emploie ces expressions, il se réfère presque toujours au contenu d'un lexème (ou au plus d'un énoncé) et suggère comme de Saussure une sorte de correspondance terme à terme entre un lexème et un contenu alors que nous mettons l'accent sur les principes d'organisation de deux ordres distincts.

30 C'est moins à la '¡Substance du contenu" de Hjelmslev que pour— rait faire penser notre "ordre langagier" qu'à un autre concept qu'il emploie dans son travail sur les cas et qu'il dénomme "système sublogique" , formule reprise par Benveniste dans son article de 1949 que nous rappelions plus haut. Pour Hjelmslev, ce système sublogique est à l'oeuvre dans les langues, en particulier dans la manière dont elles rassemblent dans un cas grammatical ou une prép. des données que la "logique"

(nous traduisons "l'expérience humai-

ne") ne rapproche pas obligatoirement. Alors que la logique oppose A à non-A, le langage, dit Hjelmslev, utilise constamment des relations non-logiques ou "pré-logiques". Hjelmslev explique clairement ces différences en se référant aux travaux de Lévv-Bruhl. ; "Il n'y a pas d'opposition entre A et non-A, il n'y a que des oppositions entre A d'un côté, et A + non A de l'autre"

(1935 : 102) , "L'un de ces termes est défini

comme intensif, l'autre comme extensif"

(113). Br0ndal

(1945)

expose des conceptions analogues. On pourrait citer l'exemple classique de jour ou Tag qui tantôt comprend

nuit ou Naoht et

tantôt en constitue le contraire. Pour Hjelmslev, le système sublogique est la base commune du système de la logique formelle (A opposé à non-A) et du système "pré-logique" à l'oeuvre dans le langage (127). Si nous comprenons bien, il s'agit d'introduire une certaine organisation logique dans un langage qui est "pré-logique". Le

système sublogique de Hjelmslev ne correspond donc pas exac-

tement, lui non plus, à notre

ordre langagier , ce dernier n'est

pas "pré-logique" mais il désunit simplement ce que l'expérience rassemble et regroupe souvent ce que la "praxis" actuelle sépare. "Lexe", "structure d'entendement" chez B. Pottier (1974)

et "niveau conceptuel"

B. Pottier lui-même semble reprendre l'adjectif employé par de Saussure ou Hjelmslev quand il écrit : "Nous appelons lexe le "concept informe" par exemple //EAU QUI TOMBE DU CIEL//. Selon les langues, il va être informé dans la catégorie nominale ou verbale par exemple". (1974 : 44). Ailleurs, Pottier emploie la for-

31 mule plus acceptable de structure d'entendement très profonde, lieu de la connaissance, par nature déliée des langues naturelles" (1974 : 21) ou "niveau

conceptuel, indépendant des langues naturelles"

(332). Il est en effet évident pour les psychologues que l'expérience que

les animés ont du monde n'attend pas le langage pour

être organisée, elle se structure avant et dans une certaine mesure indépendamment de lui. Le niveau informatif de Zemb Notre ordre praxique se rapproche-t-il de ce que Zemb (1978) appelle "niveau dés classes informatives" ou "niveau du contenu informatif" (49 / 104) ? Dans les "niveaux d'analyse", Zemb oppose ce niveau au "niveau des foncteurs grammaticaux" (sujet, objet, attribut...) (607) et à celui des "constituants logiques" (fonction prédicative, thématique, Thématique) (401, 607) sans parler du "niveau rhétorique" ou niveau de la "stratégie de la communication" (ordre des éléments dans le Thème) (527). Comme notre ordre langagier ne gorrespond à aucun des autres "niveaux" que Zemb oppose au "niveau informatif", on voit bien que notre ordre praxique ne se situe pas sur le même plan que le "contenu informatif" de Zemb. Pour Zemb, il s'agit de "niveaux d'analyse", nous envisageons au contraire dans l'ordre praxique les principes d'organisation du monde perçu et "agi" par l'homme. Nous n'avons pas repris les formules de nos devanciers, ni l'expression "relations primitives" (A. Culioli 1970) qui semble avoir quelque rapport avec notre ordre praxique. Nous préférons le vocable ordre pour souligner qu'il n'y a pas de correspondance entre des termes isolés mais entre deux modes d'organisation, deux types de classement et de fonctionnement différents. Nous ne parlons pas de 'désigné" (Zemb 1972, Valentin. 197 5) ni de "référence au monde" ni de "réalité", termes qui pourraient faire penser que les éléments du langage se réfèrent à des entités stables, objectives alors que l'ordre praxique lui-même, comme l'ordre langagier, se construit, se déforme et se désagrège constamment, dans certaines de ses parties, par la praxis elle-même et par le jeu des influences sociales, les deux ordres réagissant d'ailleurs sans cesse l'un sur l'autre, au niveau lexical surtout.

32 1.2.2. Degrés de correspondance entre les deux ordres, prépositions mixtes et groupe-charnière La correspondance entre les types d'organisation langagière et l'ordre praxique peut être plus ou moins étroite. On pourrait utilement classer les structures qu'on découvre dans les langues selon l'intensité de ce parallélisme. Pour illustrer notre propos, nous citerons des exemples de degré faible (les genres des substantifs) et de parallélisme souvent conçu comme assez étroit et qui nous intéresse particulièrement : celui fourni par les prép. "mixtes" de l'ai.. 1.2.2.1

Exemple de parallélisme très faible : le genre grammatical

Dans beaucoup de langues, les substantifs appartiennent à des genres ou à des classes qui commandent leur comportement morphologique. A part une petite sous-catégorie à l'intérieur de l'ensemble des êtres vivants où "masculin" et "féminin" se confondent respectivement avec "mâle" ou "femelle", les deux genres du français, les trois genres de l'allemand, du latin ou du russe semblent, en synchronie, sans aucun rapport avec l'expérience concrète. Tout se passe comme si le fonctionnement d'une langue naturelle dotait de nombreux groupes de termes de cette langue de "propriétés" spécifiques dont il est souvent difficile de rendre compte aux usagers d'une autre langue. Autrement dit, cette langue opère, par telle ou telle de ces propriétés, des regroupements de termes en sous-ensembles qui ne se justifient que partiellement,ou pas du tout, du point de vue praxique. 1.2.2.2. Exemple d'un certain parallélisme tions 'tnixtes" de l'allemand

: les préposi-

Les prép. "mixtes" de l'ai, semblent présenter un cas de parallélisme assez étroit entre l'ordre praxique et l'ordre langagier : elles régissent deux cas et, lorsqu'elles s'utilisent dans le charrp spatial, un certain nombre de grammairiens associent l'acc. à la notion de but ou de changement de lieu et le dat. à celle de lieu ou de non-changement de lieu. Le problème est complexe et nous aurons l'occasion de l'évoquer à plusieurs reprises

(ch. 2 et 6) car les prép. mixtes sont

33

précisément au centre des rapports entre champs spatiaux et nonspatiaux. Néanmoins, pour le moment, nous pouvons accepter qu1 elles offrent l'exemple d'un certain parallélisme entre un ordre langagier évident et un ordre praxique à préciser. i Si nous nous en tenons provisoirement à l'opposition du lieu et du but, nous voyons que cette opposition, si elle paraît proche de l'ordre langagier en al., ne se retrouve nullement dans l'ordre langagier fr., tout au moins au niveau des prép.. La plupart des prép. fr. ( dans, en, à, sur, sous, devant, eontve, etc.) s'emploient pour introduire les deux types de complément et c'est très souvent au niveau du verbe seulement (aller, se trouver) que le fr. peut exprimer cette distinction. L'interrogatif Oiï?et le prénom y confirment l'indifférence du fr. quant à cette opposition. Il en résulte que les Français ont beaucoup de peine à assimiler complètement cette opposition et commettent de nombreuses erreurs dans l'emploi des prép. al. et des cas qu'elles régissent. 1.2.3. Les groupes sémantiques charnières (GSC) L'emploi spatial des prép. "mixtes" fournit un bon exemple d'une structure langagière qui entretient un certain rapport, que cette étude se propose de préciser, avec l'ordre praxique. Il nous permet d'esquisser dès à présent les grandes lignes d'un des conceptsclés de notre méthode dont l'exposé sera développé plus largement par la suite (notamment au ch. 2). Si l'opposition PMa/PMd a été bien étudiée dans le domaine des prép. et si les grammaires mentionnent la possibilité pour les verbes dits "imperfectifs" de MV (fahr, geh, lauf...) de se combiner à la fois avec INa... et INd..., il n'existe, à notre connaissance, pratiquement qu'une étude d'ensemble

(Meyer 1928), que

nous n'avons pu consulter, sur le groupe des verbes dits "perfectifs" qui possèdent cette propriété (type : et. ANa/d an-bind : attacher qc à qc ; V. Savary

1976). Or, c'est à partir de ce groupe

que s'est élaborée la notion, centrale dans notre thèse, de Groupe sémantique charnière ( GSC ) . Au lieu de considérer cette propriété comme une simple curiosité, une fâcheuse imprécision de la langue, nous l'avons utilisée

34

comme principe de classement, comme manifestation de l'ordre langagier, en recherchant pour quels verbes le groupe cessait d'être une charnière, c'est-à-dire quels verbes n'admettaient qu'une des possibilités sur les deux qui étaient caractéristiques du groupe charnière. Une fois cette méthode éprouvée pour le groupe de verbes terminatifs admettant deux cas après les prép. mixtes (type an-bïnd ) , elle a été étendue aux verbes pouvant se combiner avec deux prép. pour donner deux syntagmes de sens voisin : einen Stein (AUF jn/NACH jm) werf (WW,1)

jeter une pierre (SUR/APRES) qn.

Nous avons remarqué ensuite que telle prép. ou groupe de prép. pouvait servir à sélectionner, non seulement des groupes de verbes, mais aussi des groupes de substantifs : (a) der Hund wälzte sich (AUF/AN)le chien se roulait (à/PAR) der Erde (WW, 1) terre (b) ihr Schatten fiel (AUF/AN) die Wand (WW, 5)

son ombre se projetait (SUR le/ AU ?) mur.

Là aussi, nous avons pu vérifier l'efficacité de notre concept de "groupe sémantique charnière" pour mettre en évidence les structures de l'ordre langagier. La méthode proposée met au premier plan l'étude des termes-charnières entre SPA et n-SPA et l'utilisation des groupes-charnières qui servent de passerelles entre les relateurs. Jamais elle n'envisage un relateur- en soi, il est toujours dans un contexte, ce qui permet de tenir compte du sémantisme du verbe et/ou du SN et de replacer le relateur dans un jeu d'interactions, conformément aux principes de la systémique qui définit le "système" plus précisément que de Saussure comme un "ensemble d'éléments en interaction dynamique , or ganisés en fonction d'un but" (de Rosnay, cité par D. Durand 1979). Si évidente que paraisse cette méthode quand il s'agit de relateurs qui, d'après leur nom-même, mettent d'autres éléments en relation, il est rare qu'elle soit employée systématiquement, aussi bien dans l'étude des relateurs (V. cependant Schildt, Schweisthal, Moilanen) que dans celles des verbes (Orthen fait exception) ou

35

des substantifs. 1.3. La langue étudiée Les linguistes savent bien, quand ils parlent d'une "langue" comme "le français" ou surtout "l'allemand", qu'il s'agit là d'entités idéales et abstraites impossibles à matérialiser avec exactitude. Il n'est donc pas Inutile de préciser sur quelle langue nous avons fait porter nos investigations. Notre réponse concernera le type de langue étudié et les sources dont nous avons pu disposer. 1.3.1. Le type de langue étudiée Notre étude se limitera au fr. actuel et à la langue al. d'aujourd'hui dans la mesure où elle est commune aux divers pays de langue allemande. Il nous arrivera exceptionnellement de faire quelques incursions dans les usages régionaux et dans les époques passées (jusqu'à la langue de Luther et même celle du treizième siècle), mais dans l'ensemble, notre travail se veut résolument "synchronique" et ne fait appel aux états de langue anciens que pour confirmer certaines hypothèses. Il en est de même pour les divers "niveaux de langue". La grande majorité de nos exemples appartiennent au niveau "normal" et quand nous empruntons des ex. situés à d'autres niveaux ou dans des secteurs spécialisés (langages techniques), nous signalons les indications fournies par le dictionnaire d'où l'ex. est tiré. Le caractère subjectif de ces indications ne nous échappe pas : nous savons que certains ouvrages cataloguent "salopp" (relâché) ce qu'un autre appelle "umgangssprachlich" (langue familière, abrégé en "ugs"), ce que les uns notent "gehoben" (langue soignée, abrégé en " geh!') est considéré comme normal par les autres. Dans cette perspective synchronique que nous avons choisie, nous sortons rarement de la norme "supra-régionale" que certains linguistes (notamment Clément-Thummel) appellent "l'ai, standard". Cependant, lorsque des formes régionales sont citées par les grands dictionnaires al. (K, GW, SD...) et qu'elles peuvent éclairer cer-

36 tains emplois ou élargir quelques alternances, nous les incluons dans nos recherches. 1.3.2. Les sources utilisées Un problème plus épineux est celui du "corpus". Nous avons fait appel, dans des proportions très variables, à trois sources : les ouvrages en prose, les dictionnaires et les informateurs germanophones et francophones. Oeuvres en prose Nous avions commencé à

collationner des exemples dans des oeuvres

littéraires al. et parfois dans leur traduction fr.. A Mannheim, nous avons pu utiliser le "Mannheimer Corpus" et les imposants fichiers de la "Dudenredaktion", et certains chapitres de notre travail se fondent en partie sur ce type d'exemples. Mais l'étude approfondie d'un domaine sémantique précis, si elle veut reposer sur l'utilisation de sources en prose littéraire où non-littéraire, exigerait le dépouillement d'un nombre considérable d'ouvrages pour explorer les divers environnements d'une prép. ou d'un verbe, surtout s'ils ne sont pas très courants. Engelen (1975 : 17) rappelle le fait bien connu que le dépouillement de textes rassemble surtout les termes fréquents (20 verbes constituant le noyau de 31% des quelques 30 000 exemples du corpus mis en fiche par Engelen) et que beaucoup de verbes moins fréquents n'apparaissent que si l'on allonge le corpus de manière incommensurable, donc peu économique. Les dictionnaires Cette difficulté justifie le recours à notre seconde source, les dictionnaires de langue fournissant de nombreux exemples. Nous citons dans notre Bibliographie tous les dictionnaires que nous avons consultés. Outre les ouvrages traditionnels, nous avons eu la chance d'avoir à notre disposition dans la première phase de notre travail : Wörter

und Wendungen (1963) ,lè

Synonymwörtejrbuoh

de chez Duden (1964), le Wahrig (1967), la nouvelle édition, complètement remaniée, du

Stilduden

(1970), puis, au fur et à

mesure de nos recherches, le dictionnaire en six volumes de

37 Klappenbach (dernier tome vers 1976) et le Wahrig de poche (1978) présenté sous une forme entièrement nouvelle par rapport au Wahrig de 1968. Le Große

Wörterbuch

de Duden en six volumes (1976-fin

1981) est trop récent pour que nous ayons pu utiliser toutes ses ressources. Pour le fr., nous disposons du Grand Fbbert Petit

Bobert

et du

(nous avons utilisé la "nouvelle édition" de 1977).

Depuis 1971, le Dictionnaire

du français

contemporain

nous a été utile

ainsi que divers dictionnaires publiés chez Larousse ces dernières années : Synonymes

(1977), Dictionnaire

Trésor de la langue française

analogique

(1980). Le

est encore malheureusement limité aux

premières lettres de l'alphabet. Les dictionnaires donnent des exemples de contextes existants même pour les verbes qu'on trouverait difficilement dans un corpus ordinaire mais ils n'explorent pas les limites du possible et s'intéressent rarement aux nuances qui séparent deux formes sémantiquement voisines. Les informateurs C'est là que peuvent intervenir les informateurs francophones et surtout germanophones que nous avons amplement mis à contribution pour vérifier la possibilité d'une combinaison non fournie par les dictionnaires ou mesurer l'importance du changement sémantique apporté par la substitution d'un élément à un autre. (V. notamment l'alternance ANa/ZU). Malgré les heures passées à interroger des informateurs (généralement) patients, il n'a pas été possible de vérifier une à une les centaines d'hypothèses et d'interprétations qui émaillent notre étude détaillée de plusieurs relateurs et d'un nombre considérable de verbes et de substantifs . (Savary 1984 b). Il est donc tout à fait possible que certaines de ces interprétations soient partiellement ou totalement erronées et qu'elles doivent faire l'objet d'une révision ultérieure en fonctbn des observations recueillies.

CHAPITRE 2 Bilan des recherches antérieures et prises de position critiques

(par classes d'éléments)

2.0. Introduction

: relativité de la notion de "classe de

mots" Les relations spatiales et non-spatiales peuvent s'exprimer dans de très nombreuses langues au moyen de relateurs (cas, prép., préfixes). Les préfixes, comme des désinences casuelles sont des éléments d'un niveau inférieur au "léxème" mais ils jouent souvent un rOle sémantique comparable à celui des adverbiaux

(syntagme prépo-

sitionnel, adverbe ) qui sont généralement des groupes

fonctionnels.

Donnons un ex. dans le champ spatial : f'r. : pré céder qn, marcher DEVANT al. : hinauf -geh,

qn, marcher en avant.

IN die.H.b'he geh , aufw&rts

geh .

La plupart des "classes de mots" f'catégories" de B. Pottier) renferment un effectif plus ou moins important d'éléments aptes à exprimer des relations. En dehors des classes déjà citées plus haut, on trouve ces éléments aussi bien dans les adverbes que dans les verbes, les substantifs et leurs désinences ainsi que dans les adjectifs et, pour les relations n-SPA, dans les conjonctions. Il ne faut pas surestimer l'importance de l'appartenance à une "classe de mots" dans une langue donnée, le passage d'une langue à l'autre entraîne souvent en effet le recours à une autre classe. On trouve par exèmple dans Doll

(1967) l'étude des transpositions

auxquelles doivent recourir le fr. et l'italien pour rendre les préverbes al. indiquant la direction. Plusieurs chercheurs et notamment C. Hagège, dans un ouvrage récent

(1975) sur les prép. chinoises

(mais qui se réfère à un

nombre imposant de 171 langues), montrent d'ailleurs que, si l'on examine la diachronie, la circulation est constante entre ces diverses classes morpho-syntaxiques. Il est admis par ex. que

39

"les désinences casuelles du latin sont en réalité

des post-

positions". (350). Le chinois, selon C. Hagège, donne l'exemple de prép. d'origine verbale et de post-positions d'origine nominale, ce passage se retrouve dans de très nombreuses langues citées par C. Hagège dont certaines ont aussi des prép. qui sont en même temps des noms. J. Bastuji (1978) montre que ce sont des nominaux qui, en turc, jouent le rôle de prép.. Hagège donne l'ex. du créole fr. de la Dominique où l'ancien verbe bailler, bay , pour,

représenté aujourd'hui par

peut être, selon le contexte, un verbe : donner à

(1975 : 173). Certaines prép. fr. viennent d'un substantif

( m a l g r é ) , d'autres d'un adjectif ( p l e i n , proche, adjectives du verbe ( excepté, pendant)

ou une prép.:

hormis,

passé)

sauf),

de formes

ou de participes (durant,

(Wagner et Pinchon 1962 : 434). Il en est de même en al.

pour plusieurs prép. et conjonctions qui peuvent dériver d'un substantif (dank ) , d'un adjectif Q>eziiglioh ) , de formes verbales toute l'expression devient ce que la linguistique traditionnelle appelle une "métaphore figée" (et on ne peut admettre d'exclure de la langue étudiée ces innombrables énoncés non-littéraux) : (6) es liegt AUF der Hand

c'est évident ("c'est sur la main")

(7) ich habe es AUF dem Herzen

je l'ai SUR le coeur.

Jung , dans sa grammaire (1967 : 58) , avait déjà indiqué le recours à 1'interrogatif pour distinguer le PO des adverbiaux mais il avait reconnu que c'était une règle approximative (Faustregel) et cité lui-même des cas-limites ou les deux types de question sont possibles : (8) wir kämpfen FÜR den Frieden (Wofür ? Zu welchem Zweck?); (9) die Bemühungen führten ZU einem Ergebnis (Wozu?Wohin?)

nous combattons POUR la paix (Pour quoi?Dans quel but?) ; tes efforts conduisirent á uri résultat (à quoi? ) .

97

Jung avait vu également que la frontière entre PO et LO passait souvent à l'intérieur d'un seul et même verbe selon que le substantif du SP était abstrait ou concret : (1 0) (LO) ich bleibe BEI meinen

Eltern

schluß.

(PO) ich bleibe BEI meinem Ent-

(1 1) (LO) er pocht AUF den Tisch (PO) er pocht

A UF sein

Recht

je reste CHEZ mes pa-

rents

j'en reste à ma décision il frappe

SUR la

table

il fait valoir son droit

Jung avait donc aperçu l'existence des termes-(h ornières

entre

SPA et n-SPA mais n'en avait pas souligné l'importance ni découvert

le

parti qu'on pouvait en tirer pour la constitution de

"réseaux langagiers" . Les ex , du genre cité plus haut sont en effet légion du fait même que la plupart des prép. courantes s'appliquent aussi bien au domaine notionnel qu'au domaine spatial et que beaucoup de verbes conviennent eux aussi aux deux domaines . Ces exemples posent

sérieusement le problème , sur lequel

nous reviendrons , de savoir s'il est légitime de tracer une frontière stricte entre l'abstrait et le concret , entre PO et LO , quand il s'agit des mêmes prép. et que , peut-être , leur comportement dans l'abstrait pourrait éclairer leur combinatoire dans le concret . 3. Correspondance du SP avec une proposition C'est le troisième critère proposé par Engelen :si le substantif du PO est un abstrait , il peut être transformé - tout au moins en "Système" - en proposition-membre (Gliedsatz) . Ce critère est naturellement plus satisfaisant et nous l'avons indiqué dans notre Introduction pour circonscrire a contrario les SP spatiaux . Fàute d'avoir précisé comme Engelen que le substantif doit être abstrait et faute aussi d'avoir éliminé comme lui une bonne partie des verbes de la combinatoire avec les PO , Steinitz prête le flanc à la critique de Fäucher (1 971 : 1 22) qui n'a aucune peine à prendre ce critère en défaut en citant un verbe mentionné par Steinitz ellemême : (12) sie angelt NACH einem Mann

elle cherche à décrocher un mari .

98

La difficulté , quand on dispose de plusieurs critères , c'est que chaque critère ne délimite pas exactement le même ensemble . Pour échapper aux critiques trop faciles sur la non-commutabilité de la prép. des PO , Enaelen a crée la catégorie intermédiaire des compléments non-conjoints spécifiques du verbe (verbspezifische Prâpositionalangaben , \EPA) . Il est alors conduit logiquement à admettre que cette nouvelle catégorie ne répond pas non plus au critère de transformation en propositionmembre . Or , de nombreux exemples , cités par lui-même et que nous avons rappelés plus haut , montrent que beaucoup de membres de cette catégorie admettent la transformation . 4.2.3.Aucun des critères servant à délimiter les PO ne résiste à une critique sérieuse . Le critère de transformation tient plus solidement ner

parce que Engelen a commencé par

élimi-

de la catégorie des PO traditionnels la plupart des groupes

de verbes

qui faisaient problème (chez Steinitz notamment)

en créant une catéaorie intermédiaire , c'est-à-dire en entreprenant lui-même un démantèlement de la catégorie des PO dont nous allons suivre l'effritement dans la partie suivante . 4.3.Démantèlement et "resémantisation" de la catégorie des PO : 4.3.0. S'il s'agit simplement d'opposer le concret à l'abstrait ou le spatial et le non-spatial , on peut se demander si la catégorie des PO est justifiée . Il est d'ailleurs symptomatique que même les linguistes allemands qui utilisent'cette catégorie

l'appliquent actuellement à un nombre de plus en plus

restreint de SP . On assiste à une expulsion en masse hors de la catégorie (Engelen) et à ce qu'on pourrait appeler une "resémantisation" (à laquelle Engelen apporte une contribution décisive) de nombreux SP auparavant classés dans les PO . Tout en maintenant la catégorie des PO , Engelen est un de ceux qui se sont employés à démontrer que leur prép. n'était nullement "vide", qu'elle avait "une fonction distinctive et qu'elle n'était en aucun cas plus ou moins aléatoire , comme on l'a le plus souvent admis jusqu'à maintenant . ("....daB bei den

99 Satzbaupiänen mit PO auch die Präposition eine distinktive Rinktion hat und keineswegs mehr oder weniger zufällig ist , wie man bislang meistens angenommen hat". Engelen 1970 : 11) .Dès 1 970 , Engelen démontrait vigoureusement cette idée en prouvant que les groupes homogènes constitués à partir de certains verbes ayant en al. la même prêp. dans leur PO se retrouvaient le plus souvent en anglais , en russe et , dans une moindre mesure , en français (à cause de la prédominance de

de et à )

, avec une

prép. analogue . Il soulignait avec raison le grand intérêt pédagogique de sa démonstration . Dans son travail de 1975 , il parvient le plus souvent , à l'intérieur des rubriques consacrées à chaque prép. des PO , à regrouper les verbes

en

quelques groupes sémantiquement homogènes . Il s'abstient cependant de définir abstraitement ce contenu sémantique . Engelen ne parvient pas toujours à se dégager de la conception traditionnelle du PO et , après ses affirmations très claires de 1970 , on est fort surpris de lire sous sa plume en 1975 (mais on apprend p.l 5 que son manuscrit était terminé en 1 970) qu'il y a une coupure radicale entre LO et PO ("sie haben miteinander nichts zu tun" : ils n'ont rien de commun) . La prép. du PO n'a dans la plupart des cas aucun contenu qu'on puisse indiquer avec précision ("in den meisten Fällen keinen präzis angebbaren Inhalt" Engelen 1 975 : 95) . A la p.21 6 , il reconnaît cependant un sens précis aux PO en FXlR et GEGEN . Fburquet l'avait précédé dans cette tentative de "sémantisation" des PO . Dès 1 952 , il avait adopté une position de compromis sur ce sujet épineux . Dans son annexe sur la rection des verbes (p.256-8) , il admettait implicitement la catégorie des PO qu'il appelait "compléments prépositionnels voisins d'un complément d'objet" mais il la limitait à une trentaine de verbes régissant : ANa : denk , glaub..., ANd : (ver)zweifel , AUFa : folg , acht, FOR : sorg , NACH : frag , greif , streb , ziel... OBER : herrsch , verfüg , UM : s.kümmer . En même temps , il introduisait une catégorie intermédiaire de verbes pour lesquels il précisait le sens de la prép.. De

1Û0 ces verbes , il disait qu'ils "s'emploient de façon plus libre , à mi-chemin entre un complément circonstanciel et un complément d'objet" (p. 257) . 'Voici quelques interprétations sémantiques : UPERa marque le sujet de joie ou de tristesse (lach , wein > s.ärger , klag...) . \DRdi..objet d'une crainte (s.furcht , Angst hab...) ; objet menaçant (warn , schütz , s.hüt...) NACH : but d'une recherche (s. um-seh , s. er-kundig , forsch..) UM : objet d'une lutte (kämp , s. streit , s. zank...) ZU : fin vers laquelle tend l'action (dien , nütz , taug , bei-trag , genüg , hin-reich , treib;..). VDN : objet auquel on échappe (befrei , rett , heil , trenn...). MIT * objet dont on pourvoit (be-deck, füll , ver-seh , versorg...) , verbes de début et de fin (beginn , an-fang , end). Cette position intermédiaire peut sembler satisfaisante mais , pour certaines prép. , en particulier NACH , on ne voit pas très bien la limite entre les deux groupes de verbes : n'y a-t-il pas une "recherche" dans forsch

ou s. er-kundig

frag , streb

, ziel

aussi bien que dans

? Il est dommage en tout cas que les

autres grammaires de l'allemand pour les français (Chassard et Weil 1966 ; Pastré 1976 ; Niemann et Kühn 1979) se soient contentées depuis de donner des listes de verbes avec "prép. fixe" sans aucune interprétation sémantique . Nous étudierons

ce problème d'assez près car la remise en question

de la catégorie des PO nous permettra d'améliorer notre compréhension des rapports entre le spatial , le spatial non-littéral et le notionnel et , par là même , de mieux appréhender le spatial grâce à la "resémantisation" de cette catégorie des PO trop longtemps considérée comme purement "syntaxique" (Heringer) . La 'tesémantisation" de Wahrig ( WSrterbuài

des PO est l'oeuvre d'Engelen lui-même,

der deutschen

Sprache 1 978 , abrégé en WaT) et

d'autres chercheurs comme Droop (1 977) et Schleier (1 975) . the contribution inattendue à ce travail est fournie par les articles que les dictionnaires récents (K et WaT lui-même) consacrent aux prép. . 4 . 3.1. Engelen (1 975) 0. Quand on lit le chapitre de Engelen consacré aux listes de V construits avec des PO , on est frappé de sa minceur ( 38 pages sur 314 pour l'ensemble des verbes al.) et on y cherche en vain

101

de nombreux V qu'on était habitué à considérer comme appelant des PO qui sont encore étiquetés comme tels dans la Grammaire de Duden , de Helbig-Buscha

(HB) , ou dans le KVL .

Nous ne pouvons citer tous les groupes de Vqu'Engelen expulse ainsi

(avec raison) de la catégorie des PO et nous ne mention-

nerons que les principaux

. La catégorie qui reçoit le plus fort

contingent des ex-PO est naturellement celle des V comportant des "verbspezifische Präpositionalangaben"

( VSPA) dont nous avons dé-

jà parlé . Alors que Engelen s'abstient généralement de tout commentaire sémantique pour les V à PO qu'il classe pourtant en listes sémantiquement homogènes , il est relativement prolixe sur le contenu sémantique de la plupart des groupes comportant une \EPA . Ih contingent moyen de V se retrouve dans la rubrique des verbes se combinant avec des "Direktionale" tingent est reclassé dans "Gleichgröße" jet ou de l'objet) et "Artergänzung"

, "E6" et un fort con, "E7" (attribut du su-

("E8")

(complément conjoint

qualitatif ou de manière) . 1. Tferbspezifische Präpositionalangaben

(VSPA)

M i s à part les V avec M IT pour lesquels il propose des critères susceptibles de différencier cette rubrique des Angaben , Engelen fait une place importante aux "V de parole" dont il étudie les combinaisons avec ce qu'on pourrait appeler les "compléments de propos" introduits par : ÜBERa , VDNj ZU i,

, HINSICHTLICH , BEZÜGLICH ,

GEGEN .D'autres prép. introduisent l'interlocuteur

(Zl^»

GEGENÜBER , VDRd) , la personne qui fournit le renseignement l'occasion du propos

(\0N2),

(BEI , ANLÄßLICH, AUS ANLAß).

Il existe des affinités , que Engelen ne note pas et sur lesquelles nous reviendrons , entre l'emploi de ces prép. dans la transmission d'informations et leurs emplois spatiaux . Un autre groupe que Engelen expulse de la catégorie des PO à la faveur d'une interprétation sémantique est constitué par les V construits avec une certaine acception de ANd qu'il appelle "Pertinenz-AN"

(ANd d'appartenance) qui introduit le tout

dont on considère les parties ou l'aspect sous lequel on considère le tout :

102

(1) er kritisierte AN Ernst vor allem sein miserables Benehmen

EN Ernest,il critiqua surtout sa conduite pitoyable

(2) er nahm zu AN Alter und Weisheit (Engelen , 1:175)

il grandissait EN âge et EN sagesse.

A côté de ce AN d' appartenance, Engelen fait état d'un "AN causal" mieux connu et rangé souvent comme le précédent dans les PO , notamment par HB (61) avec des V comme sterb (souffrir DE , pêcher PAR) erJcrank breoh

(mourir) ,

( tomber malade DE)

krank zer-

(être anéanti moralement PAR) . 2. "Direktionale"

Un groupe important nous concerne au plus haut point , c'est celui des V du type de geb

(donner) où ANa , alternant souvent avec le

dat. , introduit le destinataire ou le bénéficiaire . Ce groupe , Engelen ne le classe pas avec les "verbspezifische Präpositionalangaben" , il le range carrément dans les "Direktionale" c'est-àdire qu'il reconnaît à cette construction un caractère spatial. Ce glissement nous intéresse particulièrement car nous proposerons nous-même

d'aller beaucoup plus loin dans l'interpéné-

tration entre le spatial et le notionnel . En particulier , on ne voit pas bien , par ex. , pourquoi Engelen classe ce ANa dans le spatial alors que son symétrique , appelé VON 3 (p.176) , qui introduit l'agent de la transmission d'objets (V du type : er-halt,

be-komm) , est laissé dans les "verbspe-

zifische Präpositionalangaben" . Il nous paraît en être de même pour le UM qui introduit une différence de mesure : (3) jn 1® einen Kopf überrag et le GEGEt^- d'échange (aus-tausch)

dépasser qn D'une tête

3. "Gleichgröße" et "Artergänzung" lh autre contingent important de V à PO se retrouve sous l'étiquette 'V; leichgröße" qu'on peut rendre très approximativement par "attribut" (du sujet , de l'objet) mais que Engelen comprend d'une manière très large puisqu'il y inclut notamment tous les V qui admettent comme archilexèmes ""werden

ZU'

ou "machen ZU' , c'est-à-dire

les V de transformation subie ou provoquée . Nous avons déjà indiqué que Engelen reconnaît devoir recourir à un critère sémantique,

103 la "référence partiellement ou totalement identique" (149) pour circonscrire cette rubrique par rapport aux catégories voisines. Se retrouvent ainsi dans cette rubrique de très nombreux V construits avec : -ALS : fungier , gelt...(265) , ver-kleid (282) -INa ou Z U : V en ' zer - (267,277 -279) , zusammen - (268) , auf- (268,273,281 ) , aus - (273) , ver- (276) , um- (280) -avec ZU et AIE : V en zusammen - (274-275 , V du type back/ verback (282). A ce groupe surtout "résultatif" s'ajoute le groupe "estimatif" (exis^ timatorisch,p.283) où l'on trouve surtout FÜR et ALS : an -s eh..., preis ... (p.28 3) : (4) man hatte ihn FUR seinen Bruder angesehen

on l'avait pris POUR son frère (SV).

the autre rubrique : "Artergänzung" imparfaitement rendue par "complément conjoint qualitatif ou de manière" accueille en partie les mêmes V que ceux avec ALS et FUR de la rubrique précédente mais construits cette fois en général avec un adjectif : gelt ALS/FÏÏE: (5) das gilt ALS vornehm

c'est considéré comme distingué (SV).

Enfin , on trouve dans cette rubrique un groupe où le SP en NACH peut alterner avec un adjectif qualificatif : (6) aus-seh,duft,kling,riech, avoir l'air DE,avoir le schmeck, etc. (p.189) parfum DE,ressembler â, avoir une odeur DE,avoir un goût DE. 4. .Dans cette réduction de la catégorie de V à PO , il s'agit surtout , semble-t-il , pour Engelen , d'expulser les V qui ne répondent pas exactement définir cette catégorie . Mais

aux critères qu'il a posés pour en fait , nous pensons l'avoir

montré , cette expulsion revient tr.ès souvent à charger d'un sens définissable par rapport à des types de relations praxiques (transmission d'informations , d'objets , rapport du tout et de la partie , activité transformatrice , etc.) des prép. qui étaient réputées n'en avoir aucun . C'est encore paradoxalement le cas quand Engelen rattache à la catégorie "Akkusativobjekt" des constructions du type : (7) er schreibt AN einem Roman (herum) (Engelen:l08)

II travaille à un roman

qui alternent souvent avec un objet à l'accusatif . Cet accusatif

104

arbeit (travailler) et nag (ronger) aui n'admettent que la construction avec ANd . (Nous citons cependant,. un emploi de nag avec l'acc.: V.Savary 1984b) . En effet , Engelen donne une interprétation sémantique de cette forme en ANd : elle exprime ou souligne une composante durative (nous dirons plutôt : itérative ou répétitive) et constitue une sorte de "forme progressive" (Engelen: 109) . n'est pas toujours possible . Engelen cite le cas de

4 . 3. 2. Wahrig (1 978) (abrégé en WaT) Sans s'y référer expressément , Wahrig (1978) et Brockhaus-Wahrig (à partir de 1981) semblent continuer le travail de remodelage sémantique de la catégorie des PO commencé par Engelen en remplaçant , dans d'importants secteurs , le sigle PO par des notations sémantiques et en utilisant notamment une conception beaucoup plus large de la notion d'objet locai (LO) . Malheureusement , on a l'impression que l'ancienne conception des PO est demeurée très vivace chez certains des collaborateurs de Wahrig et le résultat actuel , tel qu'on le trouve dans WaT , présente une certaine confusion . Täute d'une introduction théorique présentant et justifiant le choix des nouvelles rubriques sémantiques , il est difficile de s'en faire une idée d'ensemble autrement qu'en comparant le tableau de présentation des modules (Satzmuster für Verben , 30-33 ) avec l'étiquetage de chaque

V dans le corps du

dictionnaire . Les inconséquences abondent , mais , comme il s'agit d'une première édition , on peut espérer qu'elles seront rectifiées dans les éditions ultérieures . Présentons d'abord les nouveautés de WaT par rapport à Engelen en conservant les sigles PO et LO bien que Engelen et Wahrig emploient des notations différentes . Wahrig affirme certes (p.10) que les catégories utilisées (Objekte und Adverbialbestimmungen) pour classer les modules se fondent sur des critères purement formels et grammaticaux ("nach rein formal-grammatischen Kriterien") . Ces critères ne sont pas , hélas, explicités . Tout en conservant la catégorie des PO , Wahrig donne (p.l0) la liste des adverbiaux qui seront mentionnés dans les modules . Beaucoup étant notionnels (à part Ivk : lieu et temp .-temps) cette procédure revient à limiter d'autant la catégorie traditionnelle

105 des PO . On trouve en effet art fin

:

: manière , kaus : cause , motif ,

but concret (Ziel) ou abstrait (Zweck), ins tr

instrument , junkt

: cooccurrence au sens habituel

: moyen , (gemeinsames

\brkommen) et non au sens particulier que Marcq donne à ce terme, âquiv

: équivalence (Gleichsetzung) . Il faut ajouter que WaT pré-

voit avec prudence une rubrique générique : Adl:

adverbial , pour

les V qui ont un complément adverbial conjoint de nature diverse. Exemple : (1) es geschah (heute/aus Liebe/ hier/raffiniert)

c'est arrivé (aujourd'hui/ par amour),cela s'est passé (ici,de manière rusée).

Wat met entre parenthèses les compléments conjoints facultatifs, ce qui est d'usage courant ,mais il n'opère ainsi que pour les objets (aux 3 cas obliques) et pour les PO, jamais pour les adverbiaux , ce qui est évidemment une grave lacune si de toute façon on retient l'opposition obligatoire/facultatif . pas le même degré d'intimité avec ein-s voiture) qu'avec wohn

teig

Lok par exemple n'a

: monter (en train , en

: habiter . De même , kaus

ne paraît pas

absolument indispensable dans l'exemple cité p.31 : (2) er fand keine Worte

vor Ùberraeàhung

il ne trouva rien à dire,tant sa surprise était grande.

Mais ce sont là des détails . L'important est d'avoir tenté de "resémantiser" (mais , curieusement , sans le dire , et même en affirmant le contraire) , bien des PO , encore que cette tentative reste entachée de nombreuses incohérences . Bien sûr , certains choix ne posent pas de problèmes : ( 3) kaie pour: sie besticht durah ihre Eleganz (4) instr pour: sie blinkt mit den Augen (5) junkt pour; er geht mit ihr

elle séduit par son élêganae elle cligne des yeux il sort avec elle , il la 'fréquente?'.

0'autres sont plus discutables : (6) kaus pour: wir versprechen uns einiges von diesen Maßnahmen C'est surtout pour

fin

nous nous promettons quelques résultats de ces mesures.

qu'on aimerait avoir des précisions sur les

critères employés . Les exemples suivants : (7) er gibt sich zu dieser Sache her . (p.31 ) (8) laJJ dich nicht zu dieser Entsaheidung drängen

il consent à cela ne te laisse pas contraindre à prendre cette décision

106

le problème de la délimitation entre fin

posent

et les nom-

breux SP introduits par ZU que WaT continue à noter PO comme avec : auf- forder

.-"inviter (instamment) à faire qc" , bestimm :

"destiner à" , brauch : "avoir besoin zieh

:

de qc pour faire qc" ,

"éduquer qn pour en faire..." , fuhr

ver-anlass:

er-

: "aboutir à qc" ,

"amener qn à faire qc" , ver - führ:

"entraîner qn à

faire qc (de mal)" . D'autres sont notés comme demandant simplement un objet à l'accusatif : treib curieusement art

Z V :"pousser

à" ; dien

: "servir à" est noté

(manière) ou instr(moyen»instrument)

Ihe autre série de classements dans fin

ne laisse pas d'intri-

guer . On peut admettre de classer dans f i n (9) er zieht ( AUF Aben teu e r/ ZUM K anpf ) aus (30 et 110) mais alors pourquoi noter aus -geh

.

:

il va courir les ai) en U res/ il part au.œmbat

-

AUFa , qui a le même sens , avec

PO (p.105) . On s'attendrait aussi à voir dans la même rubrique fin

les nom-

breux V de visée , de recherche construits avec AUFa : abziel,brenn,lauer,spekulier

viser à,brûler de,guetter, spéculer sur< chasser,se languir de,aspirer à,s'efforcer d'at-

et surtout avec NACH comme: jag, lechz,s.sehn,streb alors que VfaT les note "PO" .

teindre qc

WaT n'utilise pas non plus aussi largement que Engelen les possibilités fournies par

¿K?«£v(Gleichsetzung, équivalence) qui corres-

pond à peu près à "Gleichgröße" chez Engelen . Il range bien h a l t

FÜR

(tenir POUR), dans cette catégorie mais

transformer EN) se retrouve bizarrement dans fin homonymes

s.aïuf-lbs

, e r—s ta rr , zev_- fall,

V avec PO . Le classement dans fin mach ZU

(se

tandis que ses

etc. sont classés dans les

se justifierait davantage pour:

(transformer EN) mais ce dernier V retombe simplement dans

les V avec PO comme ses hyponymes zer-reiß (nommer) , e rque ktön

werdZU

zieh

(éduquer) , be-fôrder

(couronner) et

täkl

(déchirer) , er-nenn (promouvoir) etc., tandis

(élire) , etc. sont simplement indiqués

comme appelant un objet à l'accusatif . Il semble donc que WaT se soit engagé dans la bonne voie mais qu'il n'ait pas maintenu fermement le cap. La même impression se dégagera plus loin lorsque seront étudiés les rapports entre PO

Iu7 et LO que WaT traite de manière assez peu conséquente si l'on compare des V de sens voisins ou les emplois concrets et les emplois abstraits d'un même verbe . 4 .3,3.Droop (1977) Bien que traitant un sujet fort différent (Das p raposi Attribut

tLonale

) et s'intéressant donc au complément prép. du substantif,

Droop (1977) contribue lui aussi à montrer , sans le dire expressément , que la prép. employée dans ces compléments (prép. qui correspond souvent , pour les déverbaux , à celle utilisée avec les V correspondants) est loin d'être "vide" . Droop parvient en effet à ranger ces compléments dans des classes sémantlquement motivées (semantisch motivierte Klassen , p.171-221) . La supériorité de Droop sur WaT , c'est qu'il définit expressément des critères formels ou des paraphrases caractéristiques qui permettent de regrouper les SP dans ces diverses classes et de les distinguer là où l'identité formelle (de la prép. , par exemple) risquerait de poser des problèmes d'identification . Seules , les classes qui ont quelque rapport avec les PO retiendront pour le moment notre attention . On n'est pas étonné que , dans cet effort de sémantisation, Droop rejoigne en partie WaT et se serve pratiquement des mêmes abréviations : FIN

(Finalia)(174),INS(Instrumentalia),KAU(Kausalia),PAR(Partner)

BED(Bedarf),PRO(Produzent),THE(Thema),WUN(Wunsch),(V.Exemples: Savary 198 3a). Nous laissons de côté les autres rubriques qui s'appliquent plutôt à ce qui correspond aux compléments disjoints . Le travail de Droop , bien que limité aux compléments prép. du substantif (et un peu de l'adjectif ) montre que la différenciation sémantique des PO , déjà bien engagée par la réflexion de Engelen sur les VSPA et ses travaux antérieurs sur les PO (Engelen: 1970) , précisée (avec beaucoup de flottement) par WaT , doit comporter des rubriques

encore plus différenciées que celles proposées par

Droop . Au lieu de les présenter en vrac , on devrait les rapprocher et les opposer dans des "ensembles praxiques" limités et se demander quels relateurs peuvent introduire en al. ou en fr. tel Intervenant

de

'l'ensemble

praxique" . Ce procédé ferait mieux

108

apparaître les interrelations au sein des ensembles notionnels et, en même temps , il préparerait à percevoir les affinités entre le spatial et le notionnel et à ébaucher une valeur unitaire des prép.. 4.3.4. Dictionnaires récents et grammaires Une contribution inattendue à la "sémantisation" des PO est fournie par les dictionnaires récents , par ex. K et WaT et certaines grammaires , dans la mesure où ils fournissent une analyse sémantique plus foùillée des prép. . En lisant leurs rubrique consacrées aux prép. , on constate avec étonnement que les prép. réputées "vides" des PO prennent place tout naturellement au milieu des diverses significations attribuées aux prép. quand elles ne se combinent pas avec les V auprès desquelles elles sont "figées" . Dans les cas les plus défavorables à notre thèse (par ex. pour UM)/ les PO donnent lieu à des paragraphes spéciaux mais le lexicologue n'a aucune

neine à rassembler les verbes,substantifs et adjectifs

concernés en groupes sémantiques cohérents , même si on peut discuter le détail du groupement . Nous pouvons relever dans K , 3865 , article UM: -mobile (Grund) surtout pour les mots relatifs aux émotions : s. eopg j s .'ängstig —but d'une activité (Zweck oder Ziel) : bi tt, an-fleh... (objet d'une demande) , tt , spiely kämpf... (enjeu d'une activité) -sujet concerné (Thêma) : es handelt si fort, Rede. Semantische Strukturen des deutschen Satzes - Herder. 1972 - Cas et préposition (ronéoté)- Institut d'allemand d'Asnières). Deutsch -

19 78 - Vergleichende Grammatik, Französisch Dudenverlag.

1979 - Participation à la discussion sur l'exposé de C. TOURATIER (18 mars 1978) sur l'Accusatif, BSLP Tome 74, i, XVIII-XX. ZIFONUN Gisela 19 73 - Zur Theorie der Wortbildung am Beispiel deutscher Präfixverben -(Linguistische Reihe 13) München. ZOEPPRITZ Magdalena 19 76 - Kasus ftir Deutsch - Grammatik : Akten des 10. linguistischen Kolloquiums, Tübingen, 1975. Band 2 (Hrsg. BRAUNMÜLLER (K.) und KÜRSCHNER (W.) (Linguistische Arbeiten 32) 199-208.

Index terminologique

Dans cet index terminologique, nous avons défini le vocabulaire qui nous est propre ou que nous employons dans un sens particulier, et renvoyé, pour de plus amples explications, aux pages où les termes sont introduits et illustrés. On trouvera, entre guillemets, quelques termes proposés par d'autres linguistes dont le nom figure entre parenthèses comme "sas conceptuels" (B. Pottier), "dimension" (Hjelmslev).

"cas conceptuels""(B. Pottier), "aas profonds" : 30-84 (s' opposent à "cas grammaticaux" ou "cas linguistiques"): regroupements des participants au procès dénoté par un énoncé autour de quelques rubriques générales comme "agentif", "final", "causal" , "bénéfactif","sociatif", etc... tJous préférons parler d'Intervenants que nous spécifions par des dénominations ad hoc qui conviennent à un groupe d'énoncés sémantiquement voisins : 236-237. champ : groupe de termes ou de sémèmes ("acceptions ") se rapportant à des situations analogues. Nous prenons le terme dans sa signification usuelle en linguistique, généralisant ce que B. Pottier appelle "ensemble d'expérience", "domaine d'expérience". Le champ est pour nous une manifestation de l'ordre praxique" : 23-26.

champ causal ;V. champ des forces agissantes : 220. champ cognitif : champ des opérations de l'esprit : 225. champ de l'appartenance : plus exactement : "macro-champ de 1' appartenance et du changement d'appartenance". C'est un très vaste domaine sémantique que nous avons subdivisé en : 1. Champ inclusionnel et de la manière, 2. Champ transactionnel 3. Champ informationnel, 4. Champ sensoriel : 221-224. champ ds la manière : (Art und Heise) : rattaché au "champ inclusionnel" : 221.

champ des forces agissantes : dénomination que nous avons préférée à "champ causal" pour indiquer que ce champ comprenait non seulement les Intervenants champ affectif: ; termes en rapport qui provoquent le procès (agent, avec les sentiments, leurs causes cause,raison, conditions déterminantes, occasion, Anlaß )mais et leurs effets : 225. aussi les Intervenants qui le

269 facilitent (moyen, instrument, "adjuvant"), ou le gênant ("opposant") et enfin les Intervenants vers lesquels le procès est orienté (but abstrait, destination abstraite, finalité, enjeu) : 220. champ des modalités lité d'utilisation, obligation : 220.

: possibipossibilité,

champ des staâgs et des formes de procès .•('"Aktionsart", aspectivité) comprend, comme 1" "Aktionsart", les stades de procès (inchoactif, cursif, terminatif, résultatif) et les formes de procès (ponctuel/duratif, atténué/amplifié, repris, inversé; itératif, fréquentatif) : 218-220. Dans le champ spatial, les stades de procès correspondent au "stade initial" : 195198, "stade intermédiaire" : 198-202 , et "stade terminal": 202-205. champ inclusionnel : il concerne les rapports Tout/Partie et Ensemble/Eléments ainsi que l'entrée dans un ensemble ou la sortie d'un ensemble, donc l'inclusion ou l'adjonction ainsi que l'exclusion ou l'extraction (.choisit) : 221-222. champ informationnel : celui des échanges d'informations : 222. champ notionnel : s'oppose au champ spatial et au champ temporel : 168-172 et 217-226. champ sensoriel ; variante du "champ informationnel" dans lequel l'accent est mis, non sur l'émission de l'information, mais sur le canal (l'organe sensoriel) par lequel s'effectue

la réception et sur l'opération active de réception, de perception : 223 . champ spatial : s'oppose à "champ non spatial" ou "champ abstrait" qui comprend les champs temporels et les champs notionnels : 2-4 et ch. 6. champ temporel : regroupe les relations temporelles, s'oppose à la fois au "champ spatial" et au "champ notionnel" : 163-167 et 217-218.

champ transactionnel : concerne le changement d'appartenance, l'échange, etc... : 222. "cohérence"

(H jeimslev) : 205.

co-Intervenant

co-repère

: V."Intervenant" ;

: V."repère" .-210,238.

correspondance : ce concept se rapproche de la notion de "transformation" (GGT) mais seulement dans le cas où la "transformation" ne change pas le contenu sémantique de l'énoncé. La "correspondance" suppose, comme 1'alternarle, un lien paraphrastique mais elle note de plus une "transposition", c'est-à-dire une différenciation syntaxique entre les deux énoncés plus profonde que le simple remplacement d'un relateur par un autre :243. La "correspondance" entre deux énoncés est parfois marquée par trois tirets : ( - - - ) : d.

270 distributionnalisme sémantique: étude combinée des "propriétés langagières" ( 234 ) d'un lexème et de son appartenance à un "groupe sémantique" : 234-236 . "dimension" (au sens de Hjelmslev) : 121 , comme nombre de phonologues et de sémanticiens, nous prenons nous aussi ce terme dans un sens qui déborde largement le champ spatial et qui rejoint ce que Greimas appelle "axe sémantique". Ex. l'opposition blanc-noir manifeste la dimension : "absence de couleur" ; l'opposition mâle-femelle manifeste la dimension ou l'"axe" : "sexe": 40. "direction" (au sens de Hjelmslev) : 121. Pour nous, ce terme a son sens habituel ( ). Nous notons toutefois que son extension sémantique, en français, est moins large que celle de son homologue allemand Richtung : 177. entité : concept générique qui englobe les objets physiques et tout ce qui peut être exprimé par un substantif : 21 . groupe sémantique : ensemble de termes ou de sémèmes (acceptions) proches par le sens et appartenant à la même classe grammaticale (verbes ou substantifs ou adjectifs...! Ce concept permet d'éviter l'appellation "groupe synonymique": 25 . Nous parlons aussi de "micro-champ". groupe sémantique charnière (GSC) : ce concept, plus restreint que celui de "groupe sémantique", rassemble les termes sémantiquement voisins qui peuvent se combiner avec deux

relateurs différents pour former des énoncés proches par le sens. Ex. les verbes allemands qui expriment un transfert de possession (verkauf : vendre) et qui présentent le bénéficiaire soit au datif, uoit au moyen de la préposition ANa : 33-34, ¿40242 . Intervenants : diverses entités qui "interviennent" dans la situation évoquée par l'énoncé et dont l'expression langagière (constituants non-verbaux) peut être plus ou moins liée à l'emploi du verbe-prédicat dans cet énoncé. Ce concept permet, comme celui de "repère", d'éviter le choix binaire entre "Actants" et "Circonstants" (Tesnière) ou entre Ergänzung et (freie) Angabe. Il nous paraît aussi plus souple que les diverses dénominations proposées pour les "cas conceptuels" :236-239 . Sur la chaîne continue qui va des "co-Intervenants" (très liés à l'emploi verbal) aux "péri-Intervenants" (sans lien sémantique spécifique avec l'emploi verbal), on peut éventuellement tenter de discerner des "para-Intervenants", proches des "co-Intervenants", et des "médio-Intervenants", situés entre les "para-Intervenants" et les "péri-Intervenants" : 239. (V. aussi les types parallèles de "repères"). ihicro-champ : j'apparente à la notion de "groupe sémantique" (V. ce terme) mais le microchamp n'est pas restreint aux lexèmes d'une même classe grammaticale, il peut contenir des substantifs, des verbes, etc... médio-Intervenant nant : 33, ¿38. médio-repère

: V. Interve-

: V. repère : ¿3 8.

modalité : V. "champ des modalités" : 220 .

271

module : modèle abstrait correspondant à un emploi verbal déterminé spécifiant un certain nombre de constituants non-verbaux et leur catégorisation sémantique. Nous avons repris le terme à B. Pottier pour l'appliquer en gros à ce que les grammaires de dépendance appellent Satzbauplan ou Satzmuster : 22-23

cement (mouvement) et du repère: rubrique que nous avons proposée pour soustraire des syntagmes prépositionnels tels que : AM Rathaus vorbei (en passant à côté de l'hôtel de ville) ou : sich UM die eigene Achse dreh (tourner autour de son axe) au "stade intermédiaire" eu à 1' "espace parcouru" dans lequel on les range habituellement : 200.

ordre langagier (s'oppose à : "ordre praxique") : manière particulière selon laquelle chaque langue rassemble les données de l'expérience vécue. Cet ordre apparaît, par ex., dans les genres des substantifs, les classes morphologiques de substantifs ou de verbes, dans les comportements syntaxiques (classes combinatoires) et dans le regroupement d'expériences diverses au sein d'un même lexème("polysémie") : 27-31.

procès : notion qui regroupe, pour le classement des verbes, les "processus", qui se réfèrent à un simple devenir (bliih, fleurir) et les "actions", qui relient ce devenir à un agent (s tell, mettre) (V. Lyons 1980) . "Procès" s'oppose donc à "état" comme "dynamique" à "statique", mais si le contexte n'est pas équivoque, il arrive que nous utilisions "procès" au sens plus restreint de "processus" (al. Vorgang) : 219. (V. aussi : champ des stades et des formes de procès).

ordre praxique (s'oppose à : ordre langagier) : organisation de l'expérience humaine à l'intérieur d'une société donnée (groupes de situations concrètes induisant le même comportement, rites, institutions, mythes, arts...): 2 et surtout 2 7-31. para-Intervenant venant : 239. para-repère 210,238.

: V.

: V. Inter-

repère :

péri-Intervenant : V. Intervenant : 83, 239. péri-repère 210, 238. positions

: V. repère :

respectives du dépla-

propriété langagière ; caractéristique tirée du comportement d'un terme donné ou d'un groupe de termes dans les énoncés d'une langue qui permet de le(s) différencier de ses (leurs) voisins sémantiques : ainsi la combinaison avec POUR isole, dans le champ de la direction et du but, quelques verbes comme s 'embarquer par rapport à partir qui accepte à et POUR, et par rapport à s'en aller qui se construit avec à . Dans un autre secteur de la combinatoire/Certaines constructions verbales acceptent à la fois une complétive, un infinitif complément et une interrogative indirecte, pour d'autres constructions de sens voisin, la combinatoire est plus réduite. Ex.: remarquer accepte l'interrogative indirecte que s 'apercevoir introduit difficilement. Les propriétés langa-

272 gières sont une manifestation de 1'"ordre langagier"(V. ce terme). Les "propriétés langagières" rappellent les "propriétés syntaxiques" , étudiées par Maurice Gross et les chercheurs de son laboratoire mais elles s'en distinguent par une plus grande attention portée aux groupements sémantiques, ce qui explique notre abandon de l'adjectif "syntaxique" : 234. ?elateur : concept générique qui englobe, dans ce travail, les prépositions, les préfixes et les désinences casuelles : 16, 34. repère : ' entité (physique ou non) par rapport à laquelle se situe un procès ou un état (22 ). Au niveau langagier, les repères peuvent éventuellement se classer, selon leur degré de spécificité (proximité sémantique) par rapport au verbe-prédicat dans un énoncé donné, en oo-, et péri-repère : para-,médio238 . Le ao-repère est très spécifique d'un sémème verbal, c'est le cas par exemple d'un syntagme prépositionnel contenant une préposition mixte suivie de l'accusatif accompagnant un verbe de mouvement; le corepère est proche de ce que les grammaires de dépendance appellent Ergänzung. La notion de para-repère (210,238 ) nous a été suggérée par l'alternance, pour beaucoup de verbes terminatifs allemands entre un syntagme prép. contenant une prép. mixte et le même syntagme contenant la même prép., mais cette fois suivie du datif: sein Pferd AN (einen/einem) Baum anbind (attacher son cheval à un arbre): 239. (V. aussi la hiérarchie parallèle des "Intervenants", puisque nous ne prenons pas le mot "repère" dans un sens purement spatial). Le médio-repère est

moins spécifique d'un emploi verbal que le para-repère ou le aorepère et plus spécifique que le péri-repère. Le péri-repère n' est nullement spécifique d'un emploi verbal, il correspond, avec d'importantes réserves, à la freie Angabe des grammaires de dépendance : 210, 23 8. resémantisation des PO : évolution, récente en linguistique allemande, qui amène les grammairiens à ne plus accepter l'idée que la préposition contenue dans les "objets prépositionnels" (PO) (ich verzichte AUF jn/ etwas : je renonce à qn/qc) est sémantiquement "vide" sous prétexte qu'elle n'est pas commutable : "sens propre" et "sens figuré" : nous prenons ces termes dans leur emploi habituel, mais nous préférons à cette opposition, inutile en synchronie (et pour les lexèmes verbaux), une catégorisation sémantique précise des constituants non-verbaux de l'énoncé : 128-150. stade initial (INI): début du procès, correspond au "départ" dans le champ spatial : 125-19 8. stade médian ou intermédiaire (MED) : procès en cours, correspond au "parcours" dans le champ spatial : 198-202. stade terminal (TER): dernière phase du procès, correspond à l'atteinte du but, du terme ou de l'obstacle, ou à 1'"arrivée" dans le champ spatial : 202-205 terme-aharnière .-lexème (ou groupe de lexèmes) qui, selon les contextes, peut avoir des em-

273 plois spatiaux et non-spatiaux. Nous avons retenu par ex. les verbes qui, avec la même préposition suivie du même cas, s'emploient dans les deux macrochamps et qui assurent ainsi une "charnière" entre les verbes du même groupe sémantique limités aux emplois concrets et ceux réservés aux champs abstraits; ainsi, AUFa hinweis sert de charnière entre le concret AUFa zeig et l'abstrait AUFa verweis; de même, buter SUR (une pierre/une difficulté) relie frapper SUR (la table) et achopper SUR (un problême) : 17-19 et surtout 150-152. translangagier : on peut parler d'"ordre translangagier" si 1' on prend en compte, dans un secteur d'une langue naturelle A, des rapports qui ne se manifestent pas morphologiquement dans ce secteur mais qui sont fondés sur l'observation d'alternances formelles dans un secteur voisin de la même langue A. Ex.: à partir du lien morphologique entre lait et laitier, on associera livre et librairie, où le lien est obscurci, et même viande et boucher où il est inexistant : .175.

translinguistique : appartient à la recherche d'un ordre "translinguistique" le procédé (contesté par les "fonctionnalistes" comme A. Martinet) qui consiste à appliquer à une langue B, disons le français ou l'allemand, qui ne les possède pas dans ses formes, des oppositions fondées morphologiquement dans une autre langue A, disons le latin (Ubi?/ Unde?/Qua?/Quo?) le russe (perfectif/imperfectif) ou les langues ouraliennes (cas élatif, prosécutif, illatif) : 176, 214, 239 .