Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes [Troisieme Edition Augmentee, Reprint 2021] 9783112537206, 9783112537190


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French Pages 154 [158] Year 1960

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Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes [Troisieme Edition Augmentee, Reprint 2021]
 9783112537206, 9783112537190

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ABHANDLUNGEN DER D E U T S C H E N A K A D E M I E D E R W I S S E N S C H A F T E N ZU B E R L I N Klasse für Sprachen,

Literatur

und

Kunst

Jahrgang 1958, Nr. 3

LE LATIN VULGAIRE DES I N S C R I P T I O N S P O M P É I E N N E S TROISIEME ÉDITION

AUGMENTÉE

PAR

VEIKKOVÀÀNÀNEN Professeur

de Philologie

romane à V Université

AKADEMIE-VERLAG 1966



de

Helsinki

BERLIN

Vorgelegt v o n H r n . H a r t k e in der Sitzung der Klasse für Sprachen, Literatur und K u n s t a m 23. J u n i 1 9 5 5

Z u m Druck g e n e h m i g t a m g l e i c h e n T a g e , a u s g e g e b e n a m 23. Oktober 1 9 5 8

Erschienen im Akademie-Verlag GmbH. 108 Berlin, Leipziger Straße 3—4 Copyright 1959 by Akademie-Verlag GmbH Lizenznummer: 202 • 100/150/66 Offsetdruck: VEB Druckerei „Thomas Müntzer", 582 Bad Langensalza Bestellnummer: 2001/58/IV/3 • ES 7 M Preis: 18, -

ma femme

AVANT-PROPOS Cette étude est le développement d'un travail sur quelques inscriptions pompéiennes que nous avions exécuté au séminaire latin sous la direction de M. E D W I N LINKOMIES. Encouragé aussi par M. 0 . J . TUULIO, nous avons entrepris de dépouiller tous les monuments épigraphiques de Pompéi et d'Herculanum, en tenant compte particulièrement de l'évolution du latin vers les langues romanes. Élève de MM. LÂNGFORS, TUULIO et LINKOMIES, nous avons pu, grâce à une bourse de l'État français, profiter en outre (pendant l'année scolaire 1932—1933) de l'enseignement substantiel de MM. ERNOUT et MAROUZEAU à l'École pratique des Hautes Études de Paris et de celui de MM. GRAMMONT et MILLARDET à l'Université de Montpellier. Un second voyage (1934—1935) nous a mené, cette fois comme boursier de notre Université, à Naples et aux villes exhumées de Campanie. Nous avons trouvé le meilleur accueil auprès de M. M . D E L L A CORTE, directeur des fouilles de Pompéi, et de MM. G I U S E P P E SPANO et EMILIO MAGALDI, professeurs à l'Institut d'Archéologie et d'Antiquités pompéiennes de Naples, ainsi que de MM. Ezio L E V I et V . B E R T O L D I , professeurs respectivement de philologie romane et de linguistique comparée à l'Université de Naples, qui nous ont fait généreusement bénéficier de leur compétence. M. DELLA CORTE nous a obligé d'une façon particulière en voulant bien mettre à notre disposition les inscriptions inédites enregistrées par lui. Nous tenons à exprimer ici notre profonde gratitude à M . 0 . J . TUULIO, qui par sa science et ses encouragements nous a guidé pour ainsi dire pas à pas dans nos études romanes. Il a lu le présent travail en manuscrit et nous a suggéré bon nombre d'additions et de corrections ; nous avons beaucoup profité aussi de ses conseils d'ordre méthodique. Nos remerciements vont aussi à M M . A. LÂNGFORS et E D W I N LINKOMIES, qui nous ont toujours prêté un précieux et bienveillant secours. M . LINKOMIES, qui a revu ce travail, nous a fait éviter diverses erreurs et imperfections. Helsinki, le 10 octobre 1937 Veikko Vàânânen

PRÉFACE A LA NOUVELLE ÉDITION Vingt ans se sont écoulés depuis la publication de la thèse de Helsinki portant le même titre que le présent volume des Mémoires de l'Académie des Sciences et des Lettres de Berlin. Après ce laps de temps, une mise au point nous semble justifiée, d'un côté, par l'accroissement des matériaux, de l'autre, par les progrès marqués ces vingt dernières années par les études latines et romanes, sans parler du fait que le tirage assez limité de la première édition est à présent épuisé. E t si les faits n'ont pas changé, les vues qui en ont été dégagées autrefois ont bien pu être modifiées par la suite. Cependant, Pompéi et Herculanum n'ont cessé de livrer leurs secrets au fur et à mesure qu'avancent les fouilles. Celles-ci, reprises aussitôt la guerre finie, sont de nouveau menées avec la science et le soin que l'on connaît aux archéologues italiens, en même temps qué se poursuivent les travaux de restauration nécessités par cette nouvelle épreuve qu'a fait subir à Pompéi, non point cette fois, la nature en convulsion, mais l'humanité en démence. Avec les insulae déblayées pendant ces années, plus d'un millier de nouvelles inscriptions ont été mises au jour. Ces matériaux épigraphiques, ainsi que les inscriptions pompéiennes publiées depuis 1910, à titre provisoire, dans les Notizie degli Scavi di Antichità (Atti dell'Accademia nazionale dei Lincei, Rome), doivent constituer pour le Corpus inscriptionum Latinarum dû aux soins de l'Académie des Sciences et des Lettres de Berlin, un 3 e supplément au tome IV, consacré à Pompéi. La rédaction du nouveau supplément a été confiée, comme de juste, à M . MATTEO DELLA CORTE, ancien directeur des fouilles de Pompéi, qui depuis cinquante ans recueille les inscriptions des villes exhumées avec une maîtrise éprouvée. A ce jour, ont paru les deux premiers fascicules, allant du n° 7116 au n° 9184, le 3 e et dernier fascicule (inscriptions sur poteries et les index) se trouvant sous presse. De plus, quelque 500 inscriptions gravées sont destinées à un futur supplément au CIL X, alors que parmi les trouvailles épigraphiques d'Herculanum, seulement un petit nombre de tablettes cirées ont été publiées 1 . Donc, des matériaux qui nous intéressent, il reste toujours bon nombre à publier. Or, de même que l'ouvrage de débutant qui vit le jour il y a quatre lustres, la réédition que voici a pu bénéficier d'un précieux concours nous permettant d'utiliser des matériaux inédits. En effet, deux nouveaux voyages subventionnés par l'État finlandais nous ayant ramené à Pompéi en 1952 et 1956, nous avons de nouveau eu accès aux fiches où M. DELLA CORTE a enregistré les plus récentes découvertes épigraphiques de Pompéi et d'Herculanum, concours agrémenté de l'accueil généreux que le nestor des pompéianistes réserve au confrère qui vient le consulter dans sa maison fleurie, toute voisine de la ville ancienne. Memori de pectore grates ! 1

V. K. SCHUBRING, Corpus Inscriptionum, Latinarum. Prosopographia Imperii Romani (Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Schriften der Sektion für Altertumswissenschaft, Heft 8. Berlin 1957. Pp. 79—86), p. 82sq.; M . B E L L A C O R T E , L'epigrafia pompeiana nell'ultimo quarantennio (extrait de Pompeiana. Raccolta di studi per il secondo centenario degli scavi di Pompei. Naples 1950), pp. 3 —5. — A l'occasion du même centenaire, l'auteur du Latin vulgaire des inscriptions pompéiennes s'est vu décerner la medaglia di benemerenza de l'État italien.

Préface à la nouvelle édition

7

Dans les remaniements, il sera tiré tout le parti des critiques constructives que des savants latinistes et romanistes 1 ont consacrées à la première édition du présent livre, tandis que dans un cadre plus ample des recherches linguistiques, on tâchera de faire état des études récentes, soit d'ensemble soit de détail, sur divers aspects du latin et de sa survie dans les idiomes romans. Nous tenons à exprimer notre vive gratitude à l'Académie des Sciences et des Lettres de Berlin pour avoir admis cet ouvrage dans ses Mémoires, ainsi qu'à M. W . H A R T K E , directeur de l'Institut für griechisch-römische Altertumskunde, qui a bien voulu en proposer la publication. Nous sommes également reconnaissant à M. K. SCHUBRING, rédacteur du Corpus inscriptionum Latinarum, qui a prodigué son appui efficace à notre travail à toutes ses phases, et à ses collaborateurs Mlle U . LEHMANN et M. H . KRUMMREY, qui se sont chargés de la tâche ingrate de vérifier nos exemples, citations et renvois au Corpus. Enfin, nos collègues et amis M . G . STRAKA et Mlle MONI QUE PARENT, professeurs à l'Université de Strasbourg, nous ont prêté leur précieux concours en lisant ce livre en épreuves et en nous permettant d'éviter nombre d'imperfections et de lacunes : qu'ils trouvent ici l'expression de notre sincère reconnaissance. Helsinki, septembre 1957 Veikko Väänänen

1

H . A R N T Z , M . B A R T O L I , M . D E L B O U I L L E , A . E R N O U T , E . G A M I L L S C H E G , R . G. K E N T , A . LABHARDX,

M . L E N C H A N T I N , M. L E U M A N N , E . L I N K O M I E S , J . MAROUZEAU, H . R H E I N F E L D E R , G . R O H L F S , W . S Ü S S , 0 . J. TUULIO, R . L. WAGNER, J. VIVES.

SIGLES ET ABRÉVIATIONS (Publications les plus fréquemment citées) N. B. Pour les titres en abrégé des ouvrages consultés, v. Bibliographie, 2: Principaux ouvrages consultés. AGI = Archivio glottologico italiano (dirigé par M . B A R T O L I , G. G O I D A N I C H et B . A. T E R R A C I N I ) . Torino, depuis 1873. ALLG = Archiv für lateinische Lexicographie und Grammatik (dir. par E. WÖLFFLIN). Leipzig, 1884 à 1908.

App. Pr. BSL CGL CIL CLE

= Appendix Probi, éd. W. F O E R S T E R , Wien, 1893, W. H E R A E U S dans ALLG X I p. 301 sqq. ot W. A. B A E H R E N S : V. Bibliographie. = Bulletin de la Société de linguistique de Paris. Paris, depuis 1871. = Corpus glossariorum Latinorum I—VII, éd. G. LOEWE —G. GOETZ. Leipzig, 1888 — 1923. = Corpus inscriptionum Latinarum. Berlin, depuis 1863. = Carmina Latina epigraphica, I et I I , éd. PR. BUECHELER, Leipzig, 1895 et 1897; I I I (Supplementira), éd. E. LOMMATZSCH, Leipzig, 1926.

Ephem. epigr. — Bphemeris epigraphica (Corporis inscriptionum Latinarum supplementum) I—IX. 1872 — 1913. Olotta — Glotta, Zeitschrift für griechische uni lateinische Sprache (publiée par P. KRETSCHMER). Göttingen, depuis 1909. IF = Indogermanische Forschungen. Straßburg 1892 — 1917, Berlin depuis 1920. K = H. K E I L , Grammatici Latini I—VII. Leipzig, 1857 — 1880. NSA = Notizie degli Scavi di Antichità. Atti della R. Accademia Nazionale dei Lincei. Roma, depuis 1876. PP = Parola del passato. Rivista di studi classici. Napoli, depuis 1946. BEL = Revue des études latines (publiée par la Société des Études Latines sous la direction de J . MAROUZEAU). Paris, depuis 1923. RLiR = Revue de linguistique romane. Lyon, depuis 1925. ZFSL = Zeitschrift für französische Sprache und Literatur. Oppeln und Leipzig, depuis 1879. ZRP = Zeitschrift für romanische Philologie. Halle (Saale), depuis 1877. ZVS . = Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung auf dem Gebiete der indogermanischen Sprachen (fondée par A. KUHN). Göttingen, depuis 1852. La transcription phonétique — mise en crochets [ ], sauf quand le signe du phonème et la lettre correspondante sont identiques — est celle de l'Association Phonétique internationale (v. Lautzeichen und ihre Anwendung in verschiedenen Sprachgebieten, von Fachgelehrten zusammengestellt unter Schriftleitung von M. HEEPE. Berlin, 1928; p. 18 sqq.). . Signes usités dans la reproduction des exemples épigraphiques: I I = E (dans les inscriptions en cursive, notamment dans les graffiti); J = 'I longa' (dans les inscriptions tantôt I, tantôt J ; v. ci-après p. 35); [ = indique la fin d'une ligne; 11 = indique la fin de l'inscription (ou la pausa) ; . . . = un ou plusieurs mots sautés; ( . . . ) = lacune non suppléée de l'inscription; ( . ? . ) = mot(s) indéchiffrable(s). O O E C I L I V M ( = Caecilium), OTOGIIWFOÂ ( = o(c)tôgentôs), etc.: mots mutilés; 1 D E F R I T ( Î I R A ) , etc.: mots abrégés et résolus.. 1

IVRE

DIC

(undo),

Les abréviations conventionnelles des programmata ne seront pas résolues. E n voici les plus usuelles: OVF = oro uos faciatis; i l V, II VIR = duumuirum; I D = iure dicundo; V B = uirum bonum; ~D R P = dignum re publica-, V A S P P = uiis aedibus sacris publicis pracurandis; ROG = rogat, rogarti; A = assis, asses, assibus; P = pondo-, -)f = denarius, -ii.

Sigles et abréviations — Bibliographie

9

Le chiffre seul accompagnant un exemple indique le numéro du CIL IV (numéros 1—3339) avec le Supplementum (numéros 33401—9184) ; X veut dire CIL X (v. Bibliographie, 1 : Les source«) ; t. c. — tabulae ceratae ; Tab(ulae) renvoie aux fac-similés publiés à la fin du CIL IV; add. = addenda, renvoie aux additions et corrections faites après coup dans CIL IV avec le Supplementum, I—II; a. u. c. = ab urbe condita-, s. u. — sub voce ; def. — defixio. Une inscription donnée s'entend graffio à moins d'être accompagnée de (p) = peinte, ou de (el) = électorale, ou d'une autre indication (gravée, empreinte sur une amphore ou un vase, etc.), excepté celles qui proviennent du CIL X, qui sont toutes gravées (exceptionnellement empreintes ou incrustées) ; v. Bibliographie. On admettra encore d'autres abréviations qui, courantes dans les ouvrages de philologie classique et romane, se passent d'explications.

BIBLIOGRAPHIE 1. Les sources a) CAROLUS ZANGEMEISTER, Inscriptiones parietariae Pompeianae Herculanenses Stabianae; CIL IV (Berlin, 1871), numéros 1 - 2 5 5 0 et 2881-3339. — Tabulae ceratae Pompeis repertae annis MDCCCLXXV et MDCCCLXXXVII; CIL IV Supplementum, pars I (1898), n. 3340 (I-CLV). b) RICHARDUS SCHOENE, Tituli uasis fictilibus inscripti; CIL IV, numéros 2551—2880. c) AUGUSTUS MAU, Inscriptiones parietariae et uasorum fictilium (de Pompéi et d'Herculanum) ; CILIVsuppl. I I (1909), numéros 3341-7115. d) MATTHAEUS DELLA CORTE, Inscriptiones Pompeianae parietariae et uasorum fictilium; CIL IV suppl. III, 1 (1952), numéros 7116—8303; 2 (1955), numéros 8304—9184; 3 (sous presse). e) THEODORUS MOMMSEN, Inscriptiones Bruttiorum Lucaniae Campaniae Siciliae Sardiniae Latinae; CIL X (1883). Contient les inscriptions gravées antérieures au VII e siècle a. u. c. : de Stabies et de Pompéi, numéros 769 — 1079, 8131—8157, 8347—8361; d'Herculanum, numéros 1401 — 1477, 8168; instrumentum domesticum (ustensiles, vases, amphores, lucernes, tessères, sceaux) de Pompéi et d'Herculanum, pp. 841—958 et 997 sqq. f) Rapports de fouilles de Pompéi dans NSA: G. SPANO, années 1910,1911,1916; M. DELLA CORTE, 1911 — 1916, 1919, 1921-1923, 1927—1929, 1933, 1936, 1939, 1946; G. SPINAZZOLA, 1917; A. MAIURI, 1927, 1932. g) G. PUGLIESE CARRATELLI, Tabulae

Herculanenses.

P P , 1, 1946, p p . 3 7 9 — 3 8 5 , 3, 1948, p p . 165—184 e t 8,

1953, pp. 455 —4632. Enfin, bon nombre d'exemples proviennent des inscriptions inédites que M. DELLA CORTE a bien voulu nous communiquer. Ces exemples seront marqués DELLA C. Les initiales I. F. désignent comme lieu de découverte la villa Iulia Felix, grand édifice dans la «Via dell'Abbondanza», déterré de nouveau en 1952—55. Le nom seul: ZANGEM(EISTER), MAU, MOMMSEN, DELLA C(ÒRTE), après une citation, renvoie à l'endroit où l'inscription dont il s'agit est publiée. Les abréviations des auteurs et des titres d'œuvres latines sont celles du Thesfaurus linguae Latinae).

2. Ouvrages consultés N. B. La liste qui suit ne contient que le plus important. Pour une bibliographie du 'latin vulgaire', v. C. BATTISTI, Avviamento allo studio del lat.vólg., pp. 1 — 19; G.ROHLFS, Sermo vulgaris Lalinus, p.XI sq. et en tête des divers extraits; TH. BOGEL, Vulgär- und Spätlatein. Bericht über das Schrifttum, der Jahre 1925 — 1936 (Jahresbericht über die Fortschritte der klass. Altertumswissenschaft, 270, 1940, pp. 256—412); J . COUSIN, Bibliographie de la langue latine 1880—1948, Paris 1951 ; A. KUHN, Latein, insbesondere Vulgär-, Spät- und Mittellatein (bibliographie), dans Z R P , suppl. 5 6 - 5 7 , 1940,pp. 2 7 - 3 1 (pour 1 9 3 6 - 3 7 ) , 5 8 - 5 9 , 1 9 4 3 , p p . 2 2 - 2 7 (pour 1 9 3 8 - 3 9 ) , 6 0 - 6 6 , 1 - 2 , 1 9 5 2 - 5 3 , pp. 70—91 (pour 1 9 4 0 - 5 0 ) . 1 2

Sous ce numéro, sont rangées les tablettes de cire, numérotées I—CLV; v. ci-après. C'est un choix, précédé d'un aperçu par M. A. MAIURI, des tablettes cirées trouvées à* Herculanum, dont

M M . PUGLIESE CARRATELLI e t ARANGIO R U I Z p r é p a r e n t l ' é d i t i o n i n t é g r a l e .

Sigles et abréviations — Bibliographie

9

Le chiffre seul accompagnant un exemple indique le numéro du CIL IV (numéros 1—3339) avec le Supplementum (numéros 33401—9184) ; X veut dire CIL X (v. Bibliographie, 1 : Les source«) ; t. c. — tabulae ceratae ; Tab(ulae) renvoie aux fac-similés publiés à la fin du CIL IV; add. = addenda, renvoie aux additions et corrections faites après coup dans CIL IV avec le Supplementum, I—II; a. u. c. = ab urbe condita-, s. u. — sub voce ; def. — defixio. Une inscription donnée s'entend graffio à moins d'être accompagnée de (p) = peinte, ou de (el) = électorale, ou d'une autre indication (gravée, empreinte sur une amphore ou un vase, etc.), excepté celles qui proviennent du CIL X, qui sont toutes gravées (exceptionnellement empreintes ou incrustées) ; v. Bibliographie. On admettra encore d'autres abréviations qui, courantes dans les ouvrages de philologie classique et romane, se passent d'explications.

BIBLIOGRAPHIE 1. Les sources a) CAROLUS ZANGEMEISTER, Inscriptiones parietariae Pompeianae Herculanenses Stabianae; CIL IV (Berlin, 1871), numéros 1 - 2 5 5 0 et 2881-3339. — Tabulae ceratae Pompeis repertae annis MDCCCLXXV et MDCCCLXXXVII; CIL IV Supplementum, pars I (1898), n. 3340 (I-CLV). b) RICHARDUS SCHOENE, Tituli uasis fictilibus inscripti; CIL IV, numéros 2551—2880. c) AUGUSTUS MAU, Inscriptiones parietariae et uasorum fictilium (de Pompéi et d'Herculanum) ; CILIVsuppl. I I (1909), numéros 3341-7115. d) MATTHAEUS DELLA CORTE, Inscriptiones Pompeianae parietariae et uasorum fictilium; CIL IV suppl. III, 1 (1952), numéros 7116—8303; 2 (1955), numéros 8304—9184; 3 (sous presse). e) THEODORUS MOMMSEN, Inscriptiones Bruttiorum Lucaniae Campaniae Siciliae Sardiniae Latinae; CIL X (1883). Contient les inscriptions gravées antérieures au VII e siècle a. u. c. : de Stabies et de Pompéi, numéros 769 — 1079, 8131—8157, 8347—8361; d'Herculanum, numéros 1401 — 1477, 8168; instrumentum domesticum (ustensiles, vases, amphores, lucernes, tessères, sceaux) de Pompéi et d'Herculanum, pp. 841—958 et 997 sqq. f) Rapports de fouilles de Pompéi dans NSA: G. SPANO, années 1910,1911,1916; M. DELLA CORTE, 1911 — 1916, 1919, 1921-1923, 1927—1929, 1933, 1936, 1939, 1946; G. SPINAZZOLA, 1917; A. MAIURI, 1927, 1932. g) G. PUGLIESE CARRATELLI, Tabulae

Herculanenses.

P P , 1, 1946, p p . 3 7 9 — 3 8 5 , 3, 1948, p p . 165—184 e t 8,

1953, pp. 455 —4632. Enfin, bon nombre d'exemples proviennent des inscriptions inédites que M. DELLA CORTE a bien voulu nous communiquer. Ces exemples seront marqués DELLA C. Les initiales I. F. désignent comme lieu de découverte la villa Iulia Felix, grand édifice dans la «Via dell'Abbondanza», déterré de nouveau en 1952—55. Le nom seul: ZANGEM(EISTER), MAU, MOMMSEN, DELLA C(ÒRTE), après une citation, renvoie à l'endroit où l'inscription dont il s'agit est publiée. Les abréviations des auteurs et des titres d'œuvres latines sont celles du Thesfaurus linguae Latinae).

2. Ouvrages consultés N. B. La liste qui suit ne contient que le plus important. Pour une bibliographie du 'latin vulgaire', v. C. BATTISTI, Avviamento allo studio del lat.vólg., pp. 1 — 19; G.ROHLFS, Sermo vulgaris Lalinus, p.XI sq. et en tête des divers extraits; TH. BOGEL, Vulgär- und Spätlatein. Bericht über das Schrifttum, der Jahre 1925 — 1936 (Jahresbericht über die Fortschritte der klass. Altertumswissenschaft, 270, 1940, pp. 256—412); J . COUSIN, Bibliographie de la langue latine 1880—1948, Paris 1951 ; A. KUHN, Latein, insbesondere Vulgär-, Spät- und Mittellatein (bibliographie), dans Z R P , suppl. 5 6 - 5 7 , 1940,pp. 2 7 - 3 1 (pour 1 9 3 6 - 3 7 ) , 5 8 - 5 9 , 1 9 4 3 , p p . 2 2 - 2 7 (pour 1 9 3 8 - 3 9 ) , 6 0 - 6 6 , 1 - 2 , 1 9 5 2 - 5 3 , pp. 70—91 (pour 1 9 4 0 - 5 0 ) . 1 2

Sous ce numéro, sont rangées les tablettes de cire, numérotées I—CLV; v. ci-après. C'est un choix, précédé d'un aperçu par M. A. MAIURI, des tablettes cirées trouvées à* Herculanum, dont

M M . PUGLIESE CARRATELLI e t ARANGIO R U I Z p r é p a r e n t l ' é d i t i o n i n t é g r a l e .

Bibliographie

10 BAEHRENS

= W. A.

BAEHRENS,

Sprachlicher Kommentar zur vulgärlateinischen Appendix Probi. Halle (Saale)

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INTRODUCTION 1. Le latin vulgaire «... quare mihi non inuenuste dici uidetur aliud esse latine, aliud grammatice loqui» (Quint. Inst. 16, 27).

L'objet particulier de notre enquête sur la langue des inscriptions provenant de Pompéi et d'Herculanum pourrait se définir justement par l'exclusion des faits qui se conforment aux règles du grammatice loqui ; son but est de dégager des matériaux étudiés l'évolution spontanée du latin livré à lui-même, dénué de toute affectation littéraire : c'est ce qu'on peut, à bon droit, qualifier avec Quintilien de latin tout court. Si nous avons néanmoins gardé le terme consacré de latin vulgaire, c'est, d'abord, pour céder à l'usage, remontant d'ailleurs à Cicéron, qui désigne sous le nom de sermo plebeius (Epist. I X 21,1 ) ou de sermo uulgaris (Ac. 15) l'emploi d'expressions familières ou populaires qui ne répugnaient pas à sa propre plume dans les lettres familières. D'un autre côté, Cicéron et Quintilien lui-même opposent avec insistance le bon usage de Borne, la bona consuetudo (Brut. 74, 258) ou l'urbanitas, à ce qu'ils appellent rustica uox (De or. I I I 11, 42) ou soni rusticitas (Inst. XI 3, 10), enfin à tout ce qui est absonum, agreste, inconditum, peregrinum (ibid. VI 3, 107): ils visent certains faits de prononciation (tel que ë pour ae, ô pour au, chute de s final), de morphologie ou de vocabulaire dus surtout à des provinciaux, Prénestins, Sabins, Étrusques, Osques, et autres 1 ; traits populaires et provinciaux qui, bannis de l'usage classique et, avec plus ou moins de rigueur, de la tradition littéraire postérieure, n'en subsistent pas moins dans le parler des classes inférieures et moyennes de la population, et dont les plus viables survivront à l'Empire romain pour devenir autant d'éléments constitutifs des idiomes nouveaux issus du latin. Le terme de latin vulgaire, tout vague et inadéquat qu'il est, nous l'appliquons, plus particulièrement, à l'ensemble des tendances qui, dès avant la fixation de la langue littéraire et en se jouant d'elle, «se sont réalisées à des degrés divers suivant la condition et l'éducation des divers sujets parlants, suivant les temps et suivant les lieux»2. C'est la grammaire comparée qui, seule, permet de constater l'aboutissement de ces tendances ; seule la voie comparative révèle, en définitive, la transformation capitale du rythme qu'a subie le latin, c'est-à-dire le passage de l'accent mélodique à l'accent d'intensité accompagné de la perte de l'opposition quantitative des voyelles, ainsi que la réduction des systèmes flexionnels nuancés, et d'autres innovations encore qui ont dû se produire avant la dislocation linguistique de la Romania. Mais l'étude comparative des langues romanes ne saurait retracer la préhistoire de celles-ci. Veut-on établir la genèse ou la chronologie des traits populaires intéressant le roman commun, leur répartition locale, ou les facteurs qui ont déterminé la différentiation du latin? Consultée, 1 1

V. MAROUZEAU, Formation du latin littéraire, p. 7 sqq. ; D E V O T O , Storia ddla lingua di Roma, p. 146 sqq. Esquisse, p. 230; of. B A T T I S T I , Avviamento allo studio del latino volgare, p. 23.

MEILLET,

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

13

la grammaire comparative ne livre qu'hypothèses et reconstructions peu sûres1. Sur ces points capitaux, l'utilisation raisonnée des documents latins qui reflètent à quelques égards l'usage populaire — inscriptions, glossaires, textes de caractère populaire ou de décadence —, étude commencée, il y a près d'un siècle, par H. SCHUCHARDT, n'a pas manqué de jeter un jour nouveau. Ainsi, on a pu reculer de beaucoup le déclenchement de divers phénomènes romans, et en circonscrire le milieu social ou ethnique. Propres au parler populaire ou paysan, ces tendances, que le latin avait du reste héritées de l'indo-européen, s'accentuent à mesure que la langue des Romains devient la koïnê entre les populations disparates assimilées par l'Empire : «Servant en quelque sorte de 'lingua franca' à un grand empire, le latin a tendu à se simplifier, à garder surtout ce qu'il avait de b a n a l . . . Le latin vulgaire est devenu quelque chose que les hommes les plus variés et les moins cultivés pouvaient manier, un outil commode, bon pour toutes mains2.» En tirant parti des études portant sur les documents latins 'vulgaires', la grammaire comparative des langues romanes a gagné d'être appelée véritablement historique. C'est en tenant compte des données historiques qu'elle peut prétendre à tracer l'évolution réelle des faits qu'elle étudie et d'en fixer les étapes successives, tout en se débarrassant de quantité de formes hypothétiques que les romanisants d'hier forgeaient à plaisir3. 2. Les inscriptions pompéiennes On sait les difficultés que rencontre quiconque se propose de rassembler les éléments propres à la langue parlée dans des documents latins donnés : à part les citations de grammairiens et de glossateurs, personne n'écrit consciemment en vulgaire ; il n'y a pas jusqu'aux barbouilleurs de murs qui ne s'efforcent d'utiliser une langue et une orthographe correctes. Il s'ensuit que les sources les plus fécondes du latin vulgaire doivent être celles qui proviennent des ignorants et qui portent un caractère improvisé et désinvolte. Or se sont là précisément les caractéristiques des graffiti, des inscriptions tracées au trait. Les milliers de graffiti enregistrés à Pompéi et à Herculanum constituent un monument unique de la vie quotidienne dans l'antiquité : par un cas extraordinaire, le provisoire qui leur est propre dure encore près de deux mille ans plus tard. Le train journalier du menu peuple d'une petite ville de province s'y manifeste dans toute sa bigarrure: nous y apprenons les rations distribuées aux esclaves (CIL IV numéros 1507, 5380), la somme gagnée au jeu de dés par un veinard (ibid. n° 2119), la date de naissance d'un ânon (ibid. n° 1555), etc., etc. Mais les murs de Pompéi ont été surtout dépositaires des sentiments humains : amour, affection, haine, rancune, jalousie, joie, tristesse s'y épanchent en acclamations, salutations, imprécations, moqueries adressées à «celui qui le lira», et ainsi de suite. Rien d'étonnant si l'esprit proprement vulgaire, enclin à la grossièreté, n'y est hélas! que trop prononcé. Des Pompéiens eux-mêmes devaient s'offenser de la graphomanie de leur concitoyens, témoin le fameux distique: Admiror, paries, te non cecidisse ruinis, qui tôt scriptorum taedia sustineas4. 1

V. ROBERT A . HALL J s . , The Reconstruction

of Proto-Romance

(tiré à part de Language, 2 6 , 1 , 1 9 5 0 , p. 6—27).

Tout en donnant quelques précisions utiles concernant les notions de latin populaire et de roman commun, l'auteur nous semble cependant avoir une foi excessive en la méthode comparative en la tenant pour capable de restituer des systèmes linguistiques antérieurs. 1 MEILLET, Esquisse, p. 273; cf. LÔFSTEDT, Syntactica, II, chap. XII Stilarten und Sprachschichten. 3 Cf. CHRISTINE MOHRMANN, Les formes du latin dit «vulgaire». Essai de chronologie et de systématisation de Pépoque augustéenne aux langues romanes, dans Actes du 1er Congrès de la Fédération intern. des Associations d'études classiques. Paris 1950, pp. 207 —220. 4 CIL IV 1904 add. p. 2 1 3 et 466.

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VEIKKO VAANANEN

Si les graffiti sont éminemment susceptibles de nous renseigner sur le latin vulgaire du haut Empire, le reste du fonds épigraphique 1 conservé sous les cendres du Vésuve 11e manque pas non plus d'intérêt linguistique. Il est vrai que d'abord les tituli gravés sur les monuments, mais aussi les inscriptions murales peintes — programmata électoraux, edicta munerum, ordres émanant des édiles, annonces de location, etc. — de même que les quittances sur tablettes de cire du banquier L. Caecilius Iucundus consistent, pour une partie, en des formules consacrées qui reviennent et sont de plus ordinairement rédigées par des scriptores professionnels; mais lorsque apparaît, dans celles-ci, une forme ou une construction étrangère à l'usage classique, cette particularité est par cela même attribuée au latin parlé à Pompéi ; c'est le cas du vocatif GRAPICHAE (pour Graphice) dans un programma (v. plus bas p. 24), de la forme PRESVS pour prehënsus dans un ordre édilitaire (v. p. 39 et 68), de LVCRV = lucrum mot incrusté dans une mosaïque (v. p. 74), et ainsi de suite. Le grand avantage que possèdent tous les documents épigraphiques de Pompéi et cl'Herculanum, c'est d'avoir un terminus ad quem absolument fixe, c'est-à-dire l'an 79 ap. J.-C., date de l'éruption fatale du Vésuve. En outre, l'espace de temps dans lequel rentrent les graffiti est très limité, en raison du rapide dépérissement des tracés souvent capillaires sous l'action de l'atmosphère ; de même les inscriptions peintes s'effacent dans un nombre relativement restreint d'années, comme on peut le constater aujourd'hui au cours des fouilles de Pompéi. Du reste, on sait qu'une bonne partie de cette ville fut détruite par un tremblement de terre en 62 ap. J.-C. 2 et reconstruite pendant les dernières années de son existence. Aussi peut-on affirmer que les inscriptions pompéiennes, à de rares exceptions près, sont de peu d'années antérieures à la catastrophe fatale. Dans le nombre des tablettes cirées de Pompéi, au total 155, 64 portent la date de la rédaction, qui va de l'an 52 à l'an 62 (excepté les numéros I et I I qui sont des années 15 et 27 et peut-être le n. III, attribué à 52 ou à 33). Cette chronologie des inscriptions pompéiennes constitue un fait d'autant plus important que les inscriptions 'vulgaires' provenant de Rome ou des diverses parties de l'Empire sont en général très difficiles à dater. Pour tout dire : c'est aux cendres vésuviennes que nous devons le premier monument en date du latin spontané 3 . Le mérite d'avoir introduit dans l'étude du latin vulgaire le dépouillement des inscriptions revient à H. S C H U C H A R D T , dont le Vokalismus des Vulgärlateins (1866—68), tout vieilli qu'il soit — les matériaux s'étant multipliés depuis cette date —, reste toujours fondamental. Dans la suite, à mesure que la publication progressive du monumental Corpus inscriptionum Latinarum, notamment celle du tome IV (1871) contenant les inscriptions pompéiennes, rendait les matériaux épigraphiques plus accessibles, on voyait avec enthousiasme dans ceux-ci la documentation immédiate et ingénue du latin parlé, dont latinistes et romanistes s'empressaient de tirer parti pour fixer surtout la prononciation du latin 4 . Dans les ouvra ges de ce genre de la fin du siècle, on ne se méfiait pas des exemples épigraphiques trop isolés ou trop peu sûrs, pour en tirer des conclusions hasardeuses, voire pour étayer telle hypoth èse plus ou moins préconçue. Surtout, on a négligé le caractère essentiel de l'unité que possède un milieu linguistique tel que le représentent les inscriptions pompéiennes. Il importe de les traiter comme un tout, au lieu d'en glaner des exemples isolés6. 1

Pour la répartition des inscriptions de divers genres dans les sources utilisées, v. Bibliographie, p. 9. Et non en 63, comme on croyait devoir interpréter Tac. Ann. 15, 22; v. M. HAMMOND, dans Mem. Amer. Acad. in Borne, 15, p. 29 sqq. 3 V. D E V O T O , Storia délia lingua di Roma, p. 203 sq. 4 Citons, pour mémoire, A. C O R S S E N , Über Aussprache, Vokalismus und Betonung der lateinischen Sprache. 2e éd., Leipzig 1 8 6 8 — 1 8 7 0 ; E. S E E L M A N N , Die Aussprache des Lateins nach physiologisch-hist, Grundsätzen. Heilbronn 1885. 5 Les éditeurs du Corpus ont pris soin de mettre le lecteur en garde contre cet abus. Z A N G E M E I S T E R écrit en tête de l'index, intitulé Qrammatica quaedam, relatif aux tablettes de cire (CIL IV Suppl. p. 449) : «Ad uulgarem a

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

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L'exploitation indiscrète des inscriptions ne tarda cependant pas à être contrebalancée par l'étude méthodique des particularités linguistiques qu'elles présentent. A la monographie De M finali epigraphica de E. DlEHL (1899), qui donne le modèle de la critique épigraphique, succéda toute une série de travaux qui portent sur la langue des inscriptions provenant des diverses régions de l'Empire 1 . La langue des inscriptions pompéiennes avaient fourni, il est vrai, le sujet d'une thèse De linguae uulgaris reliquiis apud Petronium

et in inscriptionibus

parietaribus

Pompeianis

par A. v. G U E R I C K E dès 1875, donc peu après la publication du CIL IV. Nous regrettons de n'avoir pu voir ce travail, qui toutefois, à en croire M . W I C K (o. c. p. 5), n'a pas été exécuté avec le discernement requis. Il n'y a par conséquent à tenir compte, en fait d'études linguistiques des épigraphes pompéiennes, que de la Fonetica de W I C K , et des Pompeianische Wandinschriften de D I E H L ; ce dernier toutefois, bien que muni d'un index grammatical, n'est qu'un choix, compilé très judicieusement il est vrai, au même titre que ses autres recueils épigraphiques 2 . IJ nous reste à résumer les résultats acquis par W I C K et à nous demander sur quels points son travail est susceptible d'être complété. La tâche que se proposa W I C K était d'examiner «se alcuna reliquia italica [c.-à-d. osque] o alcun precoce accenno alla evoluzione romanza generale o locale si celi nella parlata latina di Pompei qual'è tramandata dalle iscrizioni graffite» (p. 5). Une telle recherche s'imposait d'autant plus que sur les survivances osques comme sur les éléments 'romans' des inscriptions pompéiennes avaient été émises certaines opinions qui «solo quando sottopongasi ad esame tutto il complesso dei casi consimili rischiano di apparire in parte fallaci» (ib. p. 6).— Pompei, ville osco-samnite, qui avait subi de façon durable l'influence culturelle des Étrusques et des Grecs, était depuis 290 av. J.-C. alliée de Rome et ne tarda pas à s'assujettir à la civilisation romaine, tout en gardant la constitution nationale osque. La Guerre Sociale (90—88) mit fin à l'autonomie de Pompéi: assiégée par Sylla en 89 et puis de nouveau (83—82) assaillie par ses troupes, la ville reçut en 80 av. J.-C. une colonie de vétérans et fut incorporée à l'Empire romain. Cependant, pour avoir reçu l'administration et les institutions romaines, y compris la langue qui en était l'instrument, les Osco-Samnites n'ont pourtant pas abandonné d'emblée leur langue et surtout leurs habitudes linguistiques. Encore dans un temps très proche de la catastrophe, la langue osque semble avoir subsisté à Pompéi, comme il résulte des graffiti en cette langue découverts sur des murs dont la décoration est du dernier style 3 ; il est vrai que les graffiti osques sont très peu nombreux et très fragmentaires, les inscriptions plus importantes en langue osque étant toutes, d'après ce que l'on croit généralement, antérieures à l'établissement de la colonie 4 . L'étude critique des matériaux (comprenant, dans le travail de W I C K , les inscriptions pariétaires et les tablettes de cire, mais pas les inscriptions gravées, etc., publiées dans le CIL X), comporte, comme opération préliminaire, le départ entre les inscriptions dont la sermonem ac praesertim pronuntiationem cognoscendam ea [soil, les chirographes rédigés par des esclaves ignorants] non parui sunt pretii. Sed ab hoc omnino cauendum est, ne quis ad res grammaticas his tabellis promiscue et discrimina susque deque habens utatur uel potius abutatur, a qua re cum in toto hoc Corpore tum uel maxime in huius uoluminis inscriptionibus sunt qui parum abstineant.» 1

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VEÌKKO VÄÄNÄNEN

leçon est sûre et celles qui sont douteuses, ainsi que la distinction entre celles qui impliquent un fait véritablement linguistique et celles qui s'expliquent comme erreurs graphiques ou lapsus purs et simples. Pour ce triage, les Index du Corpus ne sauraient être ni assez complets ni assez exacts ; se reporter plutôt aux fac-similés pour les inscriptions qui en sont accompagnées. Quand le ductus d'un graffito est très défectueux, il est juste de se demander si telle particularité linguistique de celui-ci n'est pas plutôt une erreur d'écriture. Ces critères, exposés et suivis par W L C K , sont en fait ceux qui s'imposent le plus naturellement. Or, le classement des faits étudiés, bien trop sommaire et confus, aussi bien que l'interprétation des détails, qui est entachée de nombreuses erreurs matérielles, ne laissent pas de porter préjudice à la valeur probante des résultats obtenus par W L C K . Les conclusions que W I C K formule à la fin de son étude, en ce qui concerne les deux questions principales, l'élément osque et l'élément roman, se réduisent essentiellement à poser un grand problème nouveau (p. 47) : à savoir si les particularités linguistiques les plus saillantes des inscriptions pompéiennes, du genre de HABIAT pour habeat, de FACES, LEGET pour facis, legit, de EXMVCCAVT pour exmuccâuit, de AVTIGNE pour auctiône, de ISSE pour ipse, et la chute de -t final, qui selon W L C K sont des formes décidément osquisantes, représenteraient en même temps les origines des développements correspondants en roman commun, qui en ce cas seraient des substrats osques. La question des substrats ethniques constitue dans la linguistique un vieux point de controverse sur lequel les opinions sont encore loin de s'accorder 1 . Les dialectologues romans d'aujourd'hui, forts de l'appui fourni par la géographie linguistique, se préoccupent, en reprenant la vieille thèse d'AscoLi, d'identifier l'aire des particularités de tel ou tel autre parler roman avec le domaine de tel noyau ethnique préromain: pareille idèntité établie, on est enclin à faire remonter les faits ainsi déterminés aux habitudes linguistiques de la population supplantée. D'un autre côté, cette doctrine n'a pas laissé de soulever des contestations sérieuses. On a objecté que ce sont surtout les faits de syntaxe et de vocabulaire que les sujets parlants gardent de la langue indigène après l'acquisition d'une langue nouvelle. La prononciation par contre est assimilée la première; s'il y a influence d'une langue à l'autre dans cet ordre, c'est d'ordinaire la langue envahissante qui impose ses habitudes phoniques à l'idiome originaire du pays. Pour ce qui est des idiomes italiques, les romanistes ont considéré, depuis M E Y E R - L Ü B K E , l'assimilation de nd en nn (et de mb en mm) qui caractérise les parlers de l'Italie méridionale comme un substrat osque : cf. osq. úpsannam 'operandam' ; à Pompéi même, on trouve un VERECVNNVS (CIL 1768). Or M . R O H L F S , le plus résolu des antagonistes de la théorie de substrats, fait valoir que la même assimilation se produit dans des parlers romans où l'influence osque est exclue (sarde, catalan, rhéto-roman, espagnol du nord), et que les documents médiévaux de Naples même l'ignorent 3 . 2

Une pareille division parmi les linguistes ne recommande-t-elle pas la plus grande circonspection vis-à-vis des substrats ethniques? On sait que les Romains ont subi une certaine influence culturelle des Italiques; les emprunts dialectaux du vocabulaire latin, dont plusieurs termes de civilisation4, ainsi que les atellanes, genre dramatique indigène osque emprunté par les Romains, en portent un témoignage suffisant. Or rien ne nous empêche, a priori, d'admettre que simultanément avec les échanges d'ordre culturel, certaines des tendances inhérentes aux parlers italiques ont pu se greffer sur le latin populaire, dès avant leur extinction. 1

2

V. en dernier lieu, W. v. W A R T B U R G , Die Ausgliederung der roman. Sprachräume, pp. 5 — 12. Gramm. I , § 649; M E N É N D E Z P I D A L , Origenes del espanol, p. 303 sqq.; W. v. W A R T B U R G ,

' Ital. Sprache, I, § 253. 4

ERNOUT,

ÈlémenU dialectaux, p. 89;

DEVOTO,

Storia della lingua di Soma, p. 80 sqq.

O. C.,

p. 8 sq.

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

17

A nous de demander à nos matériaux des renseignements éventuels sur la question de savoir si les cas de parallélisme entre le latin et l'osco-ombrien sont à interpréter comme substrats prélatins, ou s'il ne s'agit pas plutôt de tendances convergentes propres à des idiomes apparentés. Autre question non moins importante : quelle apparaît, à la lumière des données pompéiennes, la force centripète et assimilatrice de Rome, en face des éléments provinciaux et hétéroglosses s'infiltrant dans le latin d'une bourgade de Campanie? Pour répondre à ces questions, nous soumettrons à l'examen tous les matériaux épigraphiques provenant de Pompei et d'Herculanum, en respectant autant que possible l'unité linguistique qu'ils constituent, afin d'y rechercher t o u s les phénomènes qui s'écartent de l'usage classique ou littéraire en général : faits de phonétique, de morphologie, de lexicologie et de syntaxe.

2 V&ânSnen

Première partie : Phonétique I. VOCALISME A. LA Q U A N T I T É V O C A L I Q U E Le rythme latin consistait tout d'abord en une alternance de syllabes longues et brèves, sans l'intervention de l'accent tonique, qui était fixé par rapport à la fin du mot. L'opposition des longues et des brèves constituait un élément à valeur sémantique: cf. leuis — lêuis, malum — mâlum, legit — lëgit, uincis — uincis ... Ces distinctions sont strictement observées dans la métrique ancienne et classique, aussi bien que dans les clausules cicéroniennes. Puis au cours du III e siècle survient, à ce qu'il paraît, une révolution brusque dans le système phonique du latin. Le grammairien Sacerdos établit sous le règne de Dioclétien une nouvelle clausule, dont la structure rend évidente l'action de l'accent et la disparition de celle de la quantité. Les poètes commencent à négliger les quantités des voyelles ; Commodien a une foule de fins hexamétriques du type perspicere possit1. Dès lors, l'opposition de voyelles longues et brèves en latin est abolie. La syllabe accentuée sert de sommet rythmique; brève, elle s'allonge ; les voyelles atones s'abrègent par voie de conséquence : tous faits que les grammairiens de l'époque constatent en termes très précis 2 . L'opposition quantitative cède à une opposition qualitative ; ce qui, désormais, différencie solum de sôlum, c'est le timbre: [so-Zw], [so-lu]. A l'époque où les sujets parlants ont pris conscience nette de cette transformation capitale, elle devait être non seulement très avancée, mais plus ou moins achevée. Aussi peut-on affirmer que les origines en remontent bien haut et résident dans les tendances inhérentes à la langue même. Dès le début, la tranche finale d'un mot latin était plus débile que le reste du mot, d'où il résulte qu'à la finale les voyelles sont d'une durée moindre qu'à l'intérieur d'un mot; qu'on se rappelle seulement la loi des mots ïambiques. Qui plus est, les différences de quantité des voyelles latines comportaient une différence de timbre : ë était plus fermé que ë, ô plus fermé que o, etc. (cf. ci-après pp. 20 et 26 sq.) 3 . Dans le parler populaire, ce développement semble être amorcé à une date relativement reculée. En effet, nos matériaux pompéiens déjà renferment des particularités phonétiques qui dénoncent l'état périmé du rythme quantitatif. Cette preuve capitale, croyons-nous, est livrée notamment par nombre d'exemples attestant la confusion entre ae et è, ainsi que, d'une manière moins probante, par quelques inscriptions en vers négligeant la quantité des voyelles. 1. ae pour e: v. ci-après p. 24 sq. (graphies inverses, d). Le Pompéien qui écrit ADVAENTV pour Adventu ou VICINAE pour uïcïne, montre par là indirectement que dans sa prononciation les sons de ae et ê se confondaient. Ces graphies nous permettent de déduire non seulement que l'ancien ae était dès lors une mono1

V. M.

Roma,

NICOLAU,

L'origine

du cursus rythmique,

Paris 1930, p. 135;

p. 287 sqq.; STURTEVANT, p. 177 sqq.

2

N I C O L A U , O. C., p .

3

Cf. R I C H T E R , p . 1 2 8 s q q . e t STURTEVANT, p p . 1 1 1 s q . e t 1 1 8 s q .

69.

DEVOTO,

Storia délia lingua di

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

19

phtongue ou quasi-monophtongue dont le timbre était ouvert (les contrépels AE pour ë étant très peu nombreux, v. plue bas p. 24, c), mais encore que l'opposition de timbre commençait déjà à l'emporter sur l'opposition de quantité des voyelles, puisque cette monophtongue issue de ae, et qui par origine était une voyelle longue, se confond, comme nous venons de le voir, plutôt avec ë (bref et ouvert) qu'avec ë (long et fermé)1. 2. Quantité classique négligée dans des inscriptions en vers : SVPSTENET AMICOS 4456 = CLE 929; fin d'hexamètre 2 . VT VIDIIRIIS VIINIIRIIM (avec la syllabe ue- à l'arsis) 5092 = CLE 44 («eleganter scripta optimeque conseruata»MAU) ROGO PVNGII JAMVS [ro- à l'arsis, ia- (pour eà-) à la thesis] ib. VBI DVLCIS IIST AMOR (où u- de ubi est à l'arsis) ib. A la finale; abl. -a: /VTVII FORMOSA(m) FOrMA• PVELLA(wi) 1516 = CLE 955 [cf. acc. -a(m): PVPA(m) MIlA(m) ASPICIAT 6842 = CLE 2057 ; par contre -a(m) compte pour longue dans NIGRA(m) CVM VIDEO 6892 = CLE 2056]. Il faut toutefois admettre que la valeur probante des négligences sporadiques de quantité commises par quelque versificateur ignorant est douteuse, bien inférieure en tout cas à celle des clausules rythmiques dont il vient d'être question. B. T I M B R E D E S V O Y E L L E S N O N E N H I A T U S 1. a

C'est la voyelle qui résiste le mieux. A noter seulement la variation a —e dans le nom Caesar: CAIISERIS 2308 CIISIIRII t. c. X X X I I I 1 (57 ap. J.-C., chirographe très fautif); cette voyelle e est enfin syncopée: CAIISRJ 2124, cf. p. 44. — Autres exemples de Caeser- dans S C H U C H A R D T , I, p. 195. A écarter CAIISIIR 3027, qui est sans doute Caeser(nlnus) non achevé, nom qui se lit sur des murs voisins (1209 et 1217). Caesar, où l'absence d'apophonie dénote l'origine dialectale3, doit son doublet Caeser- à la tendance qu'a eue le latin populaire à changer -ar- en -er- : cf. cithara non citera App. Pr. 23, comperâre pour comparare (it. comp(e)rare, esp. comprar), sëperâre pour separare (fr. sevrer), hilera pour hilara4. 2. ë

D'une manière générale, le latin a gardé intact l'e bref, en vertu de la grande aperture qu'a eue cette voyelle. Nous savons en effet par le témoignage des grammairiens nationaux 8 et des 1 Vue adoptée par D E V O T O , Storia délia lingua di Roma, p. 208 et par G . STRAKA, dans RLiB, 20, p. 255. (La dislocation linguistique de la Romanía et la formation des langues romanes à la lumière de la chronologie relative des changements phonétiques, ib. pp. 248—267.) 2 Le voici en entier: SEMPER • M TERENTIVS EVDOXSVS | VNVS • SVPSTENET AMICOS • ET • TENET | ET • TVTAT • SVPSTENET • OMNE • MODV. «Distichon est, nisi quod supstenet e pentámetro etiam in hexametrum irrepsit, et quod in nomine proprio prosodia neglecta est» MAU; d'après celui-ci, il faudrait donc supprimer le premier supstenet et lire: Sémper Marcus Teréntius Eudoxsus ûnus amicos. Cf. G. BONFANTE, dans PP, 11, 1956, p. 350 sqq., qui relève plusieurs cas de quantité négligée dans des inscriptions métriques à Pompéi. 3 V. E R N O U T , Éléments dialectaux, p. 42 ; y corriger la citation du n. 2308 du CIL IV : Caesarem, lisez Caeseris. 4 V. SCHUCHARDT, I, p. 195; CÀRNOY, p. 17. D'autre part, des noms latins en -er semblent avoir eu de.s doublets 'vulgaires' en -ar, provenant, ceux-ci, d'une assimilation vocalique: anser — ansar App. Pr. 129 et 164, carter — carcar ib. 43 (cf. got. karlcara), passer — passar ib. 163 (d'où esp. pájaro, port, passaro); B A E H R E N S , p. 29 sqq. ; cf. d'ailleurs fr. par, marché de mercâtu, etc. 5

V . STURTEVANT, p. 107 s q .

20

V E I K K O VAANANEN

langues romanes que l'é latin avait un son ouvert, en tout cas nettement distinct de celui de l'ê, voyelle relativement fermée. Si l'on fait abstraction de l'e devant voyelle, qui présente une altération de grande conséquence, et dont nous discuterons plus bas à propos de voyelles en hiatus, les changements de è enregistrés à Pompéi sont de peu d'importance ou seulement apparents. a) ae pour « : v. plus bas (p. 24 sq., d), à propos de e pour ae, graphies inverses. b) i pour ê devant consonne. a) devant r : VALJRIVS 2157 VINIRIVS = Venerius 4514 VIRNA 1480? 4023 PONIRET X 825. A comparer les formes dialectales STIRCVS CIL I 2 401 (de Luceria), MIRCVRIOS, MIRQVRIOS ib. 564 et 553 (de Praeneste), connues aussi de Varron (Velius Longus K. VII 77, 12 où de plus un commircium est attribué aux 'antiqui'; cf. encore osq. amiricatud '*immercato'), où cependant le traitement de e en i semble déterminé par le groupe rc qui suit (SOMMER, p. 58). On peut en rapprocher toutefois une forme osque Tirentium'Terentiorum' (BUCK, § 3 1 ) .

fi) i pour e devant consonnes autres que r : I S = ei 1234 I T = et 4862 MIDVSII 4196 OCILLI1780 SIMPRONIVS? 4794: il s'agit sans doute de fautes d'écriture, I pour I I ( = e). -aes > -ais ; 2° développement d'une consonne transitoire : v. fr. baer > fr. mod. bayer (à côté de béer, d'où béant), lat. uictuâlia > it. vettovaglia, et ainsi dans divers parlera romans (v. MEYER-LÙBKE, Gramm., I , §381); 33 réduction des deux voyelles 1 Quand la versification proscrit l'hiatus plus ou inoins formellement, c'est précisément parce que le langage lui-même manifeste une répulsion pour la rencontre de deux voyelles; cf. G. MILLARDET, Linguistique et dialectologie romanes, Montpellier 1923, p. 322.

S

VMnSnen

M

VEIKKO VAANANEN

en u n e seule, soit p a r leur fusion ou ' c o n t r a c t i o n ' en voyelle longue ou d i p h t o n g u e , lorsqu'elles sont de m ê m e t i m b r e ou p r e s q u e : lat. co(h)orte > côrte (Varron chorte), d ' o ù f r . cour, etc., -il > -ï; soit, q u a n d il s'agit de voyelles hétérogènes, p a r simple suppression ou 'élision' d e la voyelle en h i a t u s ; d a n s ce dernier cas, l ' a m u i s s e m e n t est en règle générale conditionné p a r la présence d ' u n g r o u p e de consonnes, parfois d ' u n e s o n a n t e seule, q u i précède, e t q u i p r é v i e n t la consonification de la voyelle en h i a t u s t r o u b l a n t ainsi la n o r m e s y l l a b i q u e ; c'est le cas de quiêtus > quitus (v. ci-après), battuö > battö (it. batto, esp. bato, etc.), v. fr. meiir (de mâtûru) > mûr, etc. 1. Fermeture ou consonification de la voyelle on hiatus E n règle générale, les voyelles i e t e a t o n e s en t a n t que suivies i m m é d i a t e m e n t d ' u n e voyelle a y a n t u n e a p e r t u r e plus g r a n d e , o n t a b o u t i à la s p i r a n t e c o r r e s p o n d a n t e [7], évolution n e t t e m e n t opposée à celle que ces voyelles subissaient n o r m a l e m e n t . Or c o m m e d a n s les m o t s des t y p e s fïlia e t palea la voyelle en h i a t u s a subi u n t r a i t e m e n t e x a c t e m e n t pareil, on se d e m a n d e s'il n e f a u t p a s a d m e t t r e p o u r e voy ' u n s t a d e intermédiaire i v o y , d o n c -palea > *palia > [palja] ; ce qui revient à dire que la série e voy ' a u r a i t d û ê t r e absorbée p a r la série ivoy~ a v a n t d ' é v o l u e r à [?] voy '. E n t o u t cas, l'e en h i a t u s a a b o u t i à i (à moins de s ' a m u i r ) lorsque la p a l a t a l i s a t i o n é t a i t contrecarrée p a r la consonance p r é c é d e n t e ou p a r la position t o n i q u e : creäre > v . it. criare, esp. criar, v. f r . crier, mea > it. mia, etc. a) Consonification de i. D u p o i n t de v u e physiologique, la consonification d ' u n i e n h i a t u s est u n p h é n o m è n e assez n a t u r e l , p o u r p e u que le d é b i t soit dégagé ou négligé. C'est ce qui s'est passé en français, où les groupes ia, ie, ieu, io, qui c o m p t a i e n t autrefois p o u r d e u x syllabes, sont prononcés a u j o u r d ' h u i en u n e seule (sauf, s p o r a d i q u e m e n t , d a n s le vers). Aussi est-il vraisemblable q u ' e n l a t i n la p r o n o n c i a t i o n yod de i v o y a existé, a c c i d e n t e l l e m e n t , dès le d é b u t d e l à t r a d i t i o n littéraire. Les indices a u x q u e l s n o u s faisons allusion sont d e d e u x ordres : 1° le t é m o i g n a g e d e la m é t r i q u e , savoir les synizèses chez les poètes dactyliques, et 2° celui que f o u r n i t la graphie, c'est-à-dire l'usage d a n s les inscriptions d e l ' / longa c o m m e n o t a t i o n de [j], p o u r i v o y ', ainsi que le redoublem e n t de la consonne p r é c é d a n t u n ivoy' : ce r e d o u b l e m e n t serait d û à la p a l a t a l i s a t i o n causée p a r yod. i voy par ailleurs2. Il en est de même de -iolus 1

Cette dernière transcription mérite d'être signalée comme le plus ancien témoignage du déplacement d'accent survenu dans -iolus (de même que dans muliere pariete; voir TALLGREN-TUULIO, article précité; V. P I S A N I , Altes ië im Lat. und rom. abéte muljéra filjólo, dans IF, 54, p. 209—213). Il est vrai toutefois que o et to sont parfois confondus dès avant notre ère (HIRT, Handbuch der griech. Laut- und Formenlehre, 2e éd., p . 159), ce qui rend un peu suspecte la valeur de cette inscription en ce qui concerne la place de l'accent dans Puteoli. - On a également P V T E O L J S C I L X 1889 (inscr. non datée). 2 On a VINIAS et VINIEIS sur une inscription archaïque CIL l 2 1853, puis l'App. Pr. proscrit uinia, cauia, bratlia, coclia avec le dérivé cocliarium (pour cochlea et cochleare), lancia, solia, calcius, ti(nia), baltius, lintium, voire dolium qui pourtant est la forme correcte, ainsi que les 'contrépels' aleum, lileum, noxeus. Cf. Gramm, suppl. 187, 9 «a calcete uel calciis potius calceoli uel calcioli»; voir G R A N D G E N T , § 2 2 4 .

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VEIKKO VAANANEN

pour -eolus, échange qui est attesté très fréquemment dans les inscriptions et les gloses 3 . La prédominance de -iolus sur -eolus dans le latin populaire peut d'ailleurs s'expliquer aussi par une tendance à renchérir sur la dissimilation préventive qui empêchait l'évolution de -o- en -u- dans -eolus, -iolus (cf. plus haut p. 27). La même cause, outre la confusion des thèmes -eo- et -io-, a pu intervenir dans les désinences -iâlis, -iânus pour -eâlis, -eânu-s. Le passage de evoy à ï voy dans les désinences verbales (/?) ne saurait s'expliquer, lui, par une confusion des thèmes à suffixe e avec ceux à suffixe i, si ce n'est facultativement dans les subjonctifs du verbe ire et des composés (JAMVS, ADIAS, PERIAS, P I I R I A T ; cf. aussi la notice du grammairien Caper, citée p. 37), où ¿pourrait à la rigueur provenir de Ire, ïmus, ïtis,iëbam,îbô, etc. Nous sommes pourtant enclin à mettre ces formes sur le même plan que les autres exemples ayant i pour e devant la désinence verbale, et où une confusion des conjugaisons 2 e et 4 e ne saurait intervenir. Les formes en -ta- pour -ea- au subjonctif présent de la 2e conjugaison sont en effet très rares par ailleurs avant la basse époque 2 . Quant à MIA (y), c'est bel et bien la forme que postulent v. fr. moie, rhéto-rom. meia, roum. mea, sarde, it. mia, en regard du masc. \meu\ postulé par toutes les langues romanes. Notre exemple est pourtant sujet à caution, étant trop isolé et provenant d'un graffito entaché de barbarismes 3 (cf. MAEAE 1684, v. plus haut p. 24). Enfin les deux gentilices qui constituent le dernier groupe (ô) ne renseignent guère sur le passage evoy' > i voy ' en latin vulgaire, puisque ces noms ont l'air étranger ou dialectal. Nous venons de voir que le traitement i — et, accidentellement, même [j]? cf. JAMVS — de l'evoy' est attesté à Pompéi non seulement pour -ius = -eus, -iohts = -eolus, caractéristiques pour le latin vulgaire de l'époque impériale, mais encore dans d'autres cas (notamment dans les formes verbales de la 2e conjugaison) qui préfigurent l'évolution romane. Le dialecte autochtone osque, nous l'avons vu, a connu un traitement analogue de evoy' : substrat, dans l'un, ou développement convergent, dans les deux? Il est plus prudent de s'en tenir à cette dernière supposition c) wvoy- et ovoy'. De même que devant consonne (cf. plus haut p. 26), les voyelles M et o se sont développées devant voyelle d'une manière parallèle à l'évolution subie par t e t e : Mvoy- tend à se changer en semi-voyelle [«;], ovoy' (cas assez rares) se ferme en u (puis en [«;]). Une première étape de la consonification de lV' o y ' est le passage de luvoy', ruvoy' en \lwY"y', [rwY°y dès le début de l'époque classique: solûô > soluô, lârûa > làrua. Dans d'autres positions elle pouvait se produire accidentellement, cf. les synizèses comme tenuia Lucr. IV 66, genua Verg. A en. V 432 (cf. i consonifié en synizèse, p. 34); en roman, wvoy' finit en général par s'amuir (à part anc. fr. anvel, tenve de annuale, tenue)11. Seulement, ce changement ne se laisse pas constater dans les textes latins, V étant le signe de u et de [w]. Même les 1 Voir SCHUCHARDT, I, p . 4 2 4 ; dans Pline se trouve un terme populaire ardióla diminutif de ardea 'héron', de même passiolus, cf. App. Pr. 141 «fasseolus non fassiolua», de phasèlus — rpáorj/.oc, avec substitution de suffixe. 2 On a P A R I A T = pareat dans la Lex Baritina (territoire osque!) CIL I 2 582, 10 (env. 125 av. J.-C.); A B I A S , A B I A T = habeos, habeat, E X I A T , VALIAT dans des tablettes d'exécration provenant d'Afrique, non antérieures à 100 av. J.-C., et de mêm: un POLLICIARVS = polliceâris (noter la terminaison dialectale, cf. plus bas p. 87) du I e r siècle av. J.-C. ; cependant le terme d'imprécation doleat, qui revient fréquemment sur ces tablettes, y est toujours correctement écrit (JEANNERET, p. 15; pour un aperçu, voir G. K. MEADOWS, Hiatus and Vocalic Quality in Classical and Vulgar Latin, dans Classical Philology, 41, Chicago, pp. 226—229). 3 SOMMER, p. 56 note 1, a tort d'attribuer la fermeture de l'e dans ce MIA à l'emploi proclitique du mot; c'est au contraire ce pronom qui porte l'accent d'insistance dans la phrase: non m i a est. . . 4 BOURCIEZ, § 52 ; ROHLFS, Ital.Sprache, I, § 293. On a le contrepied livresque en v. fr. soëf, it. soave < suave.

Le latin vulgaire dos inscriptions pompéiennes

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graphies Q.V pour eu, sont suspectes, vu l'usage archaïsant de Q pour c devant M (p. ex. C O N T I Q V E R E plusieurs fois à Pompei, v. plus bas p. 53, note): PASQVA t. c. C X L V I I 13, PASQVORVM ib. 27 S V P E R V A Q V A X 8071, 5 (vase d'argent); cf. App. Pr. 14 «uacua non uaqua». L a fermeture de o voy ' est confirmée par it. quagliare, esp. cuajar, fr. cailler de coagulare, par quag(u)lâre. A Pompei : ACRVAMATIS = acroamatibus X 1074(751/2 a. u. c.) QVACTILIARI = coâctiliâril 7800 (el). 7838 (el); cf. QVAGLATOR = coag(u)lator CIL X I V 25, quacliliaris Cass. Fel. 42 p. 97, etc. (Thés.). Contrépel? AMAC I P P E I I I O E P V | 8968 = amas (H)irrei (pour Hirrn) pueru(m)'. 2. Insertion d'une consonne transitoire f j j et [it>J V. plus bas p. 48, à propos de i et u consonnes. 3. Contraction a) MI = mi(h)i 1877.1928. 2254. 2776. D E L L A C. N I L = ni(h)il 814 (p). 2409\ 4509. 4579; cf. le pentamètre N I H I L D V R A R E P O T E S T T E M P O R E P E R P E T V O 9123, où malgré la graphie il faut lire ml. P R I I N D I I = pre(h)ende 5092, P R E S V S = pre{h)è{n)sus 7038 (p). Ces formes contractes sont courantes dans toute la tradition latine

(STOLZ-LEUMANN,

p . 1 0 6 ; RICHTER, p . 33).

b) Contraction de -ii- dans les formes fléchies des noms en -iâ-, -io- et des verbes en -iô. a) Génitif singulier. La terminaison -î se contracte régulièrement avec l't du radical. Ce n'est que depuis l'avènement de l'Empire qu'on trouve épigraphiquement -iî, sous l'influence des autres cas ( S O M M E R , p. 338 sqq.). A Pompéi, la contraction est de règle 1 ; de même OLI = olel 4610, O R D Ì = hordel 6722, où el > l, ou plutôt il > l, en p a r t a n t du nominatif oliu-m, hordium (cf. plus haut p. 36). /?) Nominatif pluriel des thèmes en -io-: A L I A R J 3485 CAECILI 3433 CLIBANAR1 677 F A B I 3592 G A L L I N A R I 373 add. p. 194 L I B R A R I 3376 L I G N A R I 485. 951. 960 P L O S T R A R I 485 POMARI 149. 180. 183. 202. 206 QVACTILIARI 7809. 7838 SACCARI 274. 497 SAGARI 753 T E G E T T A R J 7473 V E N E R I 1146 V N G V E N T A R I 609 (. . .)ARI 3368 2 . E n latin archaïque, la contraction (-î = -il < -iei) paraît être évitée; elle est rare dans la prosodie de l'époque classique (SOMMER, p. 3 4 7 ) , mais a dû être courante dans la langue parlée. y) Datif-ablatif pluriel des thèmes en -iâ-, -io- : A L I S t . c. CLV 3 F A B I S 1087 (p). 1095 (p). 2503. 8503 I N P O S I T I C I S t.c. X X I I I 9 (56 ap. J.-C.) IVDICIS 670 (p). 1612. 3525 (p). 3726 (p). 7625 (p), I V D I C J S 528 (p) I V L I S 9108, I V L J S 138 (p) IVNIS? 4982 L A T R V N C V L A R I S 7851 (el) ?naNCIPEIS t. c. L X X I V 2 O P I I R A R I S 6877 P R A E D J S 1136 (p) SEMVNCIS 3864 (p) S I I S T I I R T I S t.c. CLV 6 (61 ap. J.-C.) SOCIS VICIISVMARIS 4411 ; mais G A L L I N A R I I S 241 ( p ) F A B I I S 1089 (p). 1

Génitifs -ii: CAIICILII t. c. LU 4 CAS SU 4378 CELEMII 5584 (amphore) CLAVD1J t. c. L X X V i l 6 F1L1L gén. sing. ou nom. pl.î 1852« MAIJ t. c. LXXVII 5 SEXTII 5538 (amphore) SORNIJ t. c. LXIX 8 TERENTIJ ib. 9. 2 Tous ces noms désignent des rogantes sur des programmes électoraux.

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VEIKKO

VAANANEN

Dès que la terminaison -eis (issue soit de *-ais, dans la l ère déclinaison, soit de -ois, dans la avait abouti à -is, un i précédent pouvait se contracter avec cette terminaison (après l'époque archaïque, semble-t-il1; cf. gratis de grâliïs). 2e)

d) Parfait -il, -ii- : P I I R I T (parf.) 8997 P E R I S T J 3133 P E R I S T J S 1293; P E R E J = péril? 3001 (p) P E R E I T 64 (p. parmi les «programmata antiquissima») R I I D I I J 2246: dans ces exemples -ei équivaut sans doute à -1, contraction de -iï, -ii-. Les parfaits composés -il, -ii- sont contractés sporadiquement en vieux latin ; des formes en -Is- de -Us- sont très usitées dès l'époque classique (SOMMER, p. 588). c) Formes contractes du parfait en [-ÎOT]2: COMMODASTI 3502 (p) I V R A S T I 2015 N e G A S T ( ^ ) 1547» P R O B A S T I S 597 (el) SPECTASTIS DELLA C. (tombe 1) C O M P E R E N D I N A R V N T 2440 CVRAR(MWÎ) X 819 (époque de Sylla) C O E R A R V N T X 787 (temple de Vénus; antérieur à 751 a. u. c.) AaBITArVNT 2421 L O C A R V N T X 829 (époque de Sylla?), LOCAR(MM- (cf. osque staflatas 'statutae', proprement '*stabulatae') et -c(u)lo- de *-tlo- (cf. v. breton hoetle < *sai-tlom 'saeculum'; v. SOMMER, p. 228) ont développé en latin dès les origines de la langue littéraire une voyelle épenthétique : on lit p. ex. POCOLO, POCOLOM sur toute une série de vases archaïques ( E R N O U T , Recueil de textes lat. arch., p. 5 1 sqq.). Plus tard la langue stabilise les formes À épenthèse pour ces mots, tout en continuant à user des formes originaires brèves, ces dernières étant courantes encore chez Plaute (qui n'affecte guère des formes en -culo- qu'en fin de vers ou d'hémistiche, SOMMER, p. 1 4 0 ) . Par la suite, il sera difficile de décider si tel mot en -bio- ou en -clo- est la forme héritée ou s'il ne s'agit pas plutôt d'une syncope, à l'égal des autres désinences cons ul- qui en latin vulgaire sont sujettes à perdre la voyelle médiane. Parmi celles-ci la désinence secondaire -culo- issue de *-c-elo- servant à former des diminutifs de certains thèmes (cf. plus bas p. 100), n'a sans doute pas tardé à se confondre en latin parlé avec -c(u)lo- de *-tlo-. Ceci a pu augmenter la diffusion de la forme brève des désinences mn3 (u)l-, sans distinction d'origine. Ici comme ailleurs, il y a eu toutefois des cas réfractaires, au témoignage du roman commun (v. M E Y E R - L Ù B K E — CASTRO, § 133). a) -b(u)lo- de *-dhlo-, -c(u)lo- de *-tlo- sans épenthèse (ou syncopé après coup) : SVBLA 17121; < *s(y)û-dhlâ., cf. polon. szydlo, suéd. syl et de l'autre côté it. subbia,, roum. sula, sarde sub ; la forme sj'ncopée de ce mot est aussi dans CGL I I 524, 33. L'App. Pr. proscrit stablum 142, tabla 130, tribla 200. 1 «In hac ipsa taberna, quae sutoris uel sutoria cerdonis officina fuit, praeter alia instrumenta sutoria reperta sunt duo scalpra lunata . . . et subula» Z A N G E M .

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VEIKKO VAANANEN

Avec l'épenthèse usuelle: ACÏITABVLA, ACIITABIILA (sic, leçon fausse pour -VLAî) 2029 PABV(Zttm?) 6897 CeNACVLA 138 (p), OENACVLA 1136 (p) CV|BICV|LVM 4049 SAIICVLARIIS 2023 TOrCVLA 5429 VINCVLIS 1997.

/?) eom'ul- de

con5

'*eZ- (ou d'origine inconnue) avec syncope:

(1 ) -bui- : BVBLA 1550; de bôs, bonis, de formation obscure (WALDE, S. U. ; cf. Plaut. Cure.

367 assa bubula, v. plus bas p. 108). (2) -cul-: A P K A A C = arculae 4 9 0 1 ; gén. grec de arcula MAU ASCL(A) = Asc{u)lai. 8 8 6 5

COLICLO = caulic(u)lu(m) 4888 (côliclus se retrouvant chez Commodien, Chiron Apicius, Dioscoride; Thés. s. u.) FELICLA = Fëlïc(u)la 2199. 2200. 4023. 4066. NSA 1910 p. 415, FIILICLA 8917, FIILICLAM même graff., OHAIKAA 6839 (mais FELICVLA, -AE, -E 4048. 4477 deux fois) FVRVNCLAI? 1319 [mais FVRVNCVLE 1715. 1949, FVRVNCVLI 576 (p)] MASCLVS 8169, MASCL(os) 3890 (cf. maslus App. Pr. 4, it. maschio, esp. macho, fr. mate) PROCLVS 1281, IIPOKAOC 1543. 4843, PROCLE 2098, pROCLI t.c. XLVI16, PROCLO 88 (p). 2208. 5781 (amphore), proCLO 1785; ailleurs Proculus, 28 fois (cf. le doublet Aulus — Olus plus haut p. 31) SPECLA 7167 (el); = Specula, cogn.? (DELLA CORTE, Case ed abitanti, 581). — App. Pr.: speclum 3, articlus 8, iuuenclus 35, oclus 111, facla 133, nepticla 171, anucla 172. Mais OSCVLA 5296 PISCICVLO, -VM 4447. 5380, 5 nDICVLE 2399» SACCVLVM 2040 SVCVLA 159 (el) VASCVLVM 2034. (3) -gul-, -ngul-: sans syncope: LIGVLAE 1560 (cf. roum. lingurâ) PERGVLAE 1136 (p), PERGVLIS 138 (p) SINGVLOS 2450 (roum. singur, campid. singra; cf. iuglus App. Pr. 11).

(4) -mul-\ ROMLVS 2326: sans doute un lapsus; cf. ANIMVLA 425 (el). 4239. (5) -pul-: MANVPLOS 2070; cette désinence -p(u)lo-, plutôt rare, a été plus tard remplacée par -c(u)lo-, voir ci-dessus; cf. App. Pr. 215 mapulo non baplo». (6) -tul-, -ntul- : MIINTLA 1391. 3103. 4246, MIINTLAM 760 (p); it. minchia, logoud. miniera-, ailleurs, pas de syncope: MVSTVLA 1405 add. p. 207 VETVLA 1892; cf. App. Pr. ueclus 5 (de *uetlus, uetulus), d'où les formes romanes. c) g —l (cf. -gui- ci-dessus) : S T R I G L E S DELLA C. (Herc.); striglium se lit dans Vitruve, striglibus dans Juvénal (GEORGES).

d) d - r : SVSPENDRE 1864; cf. *uendre, *perdre, *crëdre postulés par le fr., le prov. et le cat. e) p(h)~ r : AMPHRAS 4811 ; cf. AMPVRA 6711 ; v. h. ail. ambar. f) » — ri: CAIISRJ 2124; de Caeser- pour Caesar-, v. plus haut p. 19; c'est un cas unique de la syncope s — r, et pour cela sujet à caution. g ) s - f .

POSTAS 8203; Verg. A en. VI 24 suppostaque furto-, panroman. h) g—d, t—c (avec réduction du groupe résultant) : FRIDAM = fri(gi)dam (se. aquam) 1291 (p). Cf. App. Pr. 54 «frigida non frieda». C'est le point de départ pour esp. frido, frîo (mais cat. fred, qui va de pair avec it. freddo, fr. froid supposant l'abrègement de i de la pénultième) 1 . La forme syncopée a été sans RICHTER, p. 73, prend pour point de départ une prononciation frijidam avec palatalisation du g; cf. LABHARDT, dans Z R P , 61, 3 / 4 , p. 357, et J . JUD, dans Vox Romanica, 11, p. 2 5 8 .

1

A.

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

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doute appuyée par cal{i)da. TRICI = trï(ti)cl 4811; cf. esp. port, trigo, logoud. trigu (v. MENÉNDEZ PIDAL, Orígenes del español, § 31, 2). i)

g — nix PRIMIGNI (vocat.) 1357; cf. PRIMIGNTA 4270, pnmIGNIAM? 8301; sans doute lapsus, le scriptor ayant eu l'illusion que G vaut ge; cf. l'inverse dans .siGIINATARV(m) t. c. XXVI 30.

j) n — et: TVNCA = tun(i)caî 4428 (cf. all. Tünche)-, exemple douteux, la syncope n — c appartenant à une époque très avanoée ( R I C H T E R , p. 1 4 4 ; STRAKA, art. cité, pp. 2 6 1 et 2 9 6 ) .

2. En dernière syllabe La terminaison du parf. -äu(i)t : ABIIRAVT 8938 IIXMVCCAVT = exmuccäu(i)t (cf. ci-après p.107) 1391PEDICAVT? 1691 add. p. 211. DELLA C . (Herc.) PEDICAVD 2048; cf. hors de Pompéi: CVRAVT CIL III 12700 DONA VT CIL VI 24481 EDV | KAVT CIL XI 1074; DIEHL, Vulgärlat. Inschr., p. 19. Voilà déjà amorcées les désinences de passé romanes, v. it. -ao, sicil. -au, it. mod. -o, esp. -ó, port. -ou. Du point de vue phonétique, c'est là un cas spécial de chute vocalique et qui ne se range pas sur le même plan que la syncope proprement dite: la quasi triphtongue [a:wï\ devant consonne finale est simplifiée de façon que la semi-voyelle [w] devient u voyelle et forme avec a une diphtongue, laquelle absorbe l'i ; cf. cautus de cauitus, auca de *auica (cf. RICHTER, p p . 37 sqq. e t 70).

3. A la prétonique A toute époque, les matériaux relatifs à la syncope prétonique sont relativement peu nombreux. HERCLANIO 4299, HERCLAN . . . 5720 (amphore); cf. herc(u)lë ANGLATO 1712 (cf. anglus App. Pr. 10, mais it. angolo, esp. ángulo) CVBICLARIVS 7755 (p) FIGLINÏs NSA 1911 p. 350 (peluis); c'est la forme syncopée figltnus qui prévaut de tout temps (Thes., s. u.) PRIMGIINIA 1621 a l'air d'une erreur SIIDLATVS 2426 (cf. SEDVLATws 2451; SCHULZE, p. 154 note 2); lapsus? VAPLA | BIS 4208; cf. baplo App. Pr. 215 VRBLANENSES 7676 (el); cf. VRBVLANENSES (avec métathèse; voir ci-après pp. 81 et 98) 7706 (el), VRB VL ANE SES 7747 (el), et osq. ueru urubla(rew) NSA 1916 p. 156. Tous ces exemples peuvent s'expliquer comme des formes dérivées ou fléchies avec l'absorption d'une voyelle survenue déjà dans le radical, en syllabe posttonique. Il en est autrement de MALDIXI 2445; cf. calfacere (calfacio Cato Agrie. 157), qui à l'époque de Quintilien (Inst. 16, 21) avait complètement fait sortir de l'usage la forme pleine calefacere dans le langage de tous les jours. C'est le type de syncope contrefinale (surtout après sonantes), qui, au point de vue physiologique, se produit le plus spontanément : cf. äridus — ârdëre, posterus — postñdie, etc. Elle est panromane (cf. it. cervello de cerebellu, bontà de bonitâte, etc.) 1 . D". R é d u c t i o n de quicons- (guicom ) en eu (gu). CVSCVS = qu(i)squ(i)s 3199, QVSQVIS 3074, QVISCVS 8745 CVS = qu{i)s 8368 M E Y E R - L Ü B K E , Oramm. I, § 341 sqq. On ne voit pas bien pour quelles raisons R I C H T E R (pp. 34 et 89) considère la syncope dans cal(e)fació comme un type primaire en face de celle qui se produit dans mal(e)dïcô. 1

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QVD = qu(i)d 8855; cf. QVS = quia sur le cippe de Spolète, CIL I 2 366, X I 4766, ERNOUT, Recueil de textes lat. arch., p. 38 (qui transcrit qu[i]s); QVD == qu(o)d 5213 lapsus? E X S A N G V N I = ex sanguine 1410. 1411 (de la même main); v. plus bas p. 106. Ces formes ne sont pas expliquées. Ce ne sont peut-être que des graphies pures et simples ou bien des épels grécisants de qui- (et de gui-1): cf. KYCKYC, AKYAAC, AKYAINOC (transcriptions usuelles dans les inscriptions grecques pour quisquis, Aquila, Aquilïnu,s'1). E. H A P L O L O G I E On appelle haplologie le phénomène qui consiste à ne prononcer que l'une des deux syllabes (consécutives) semblables. Il y a lieu de distinguer deux espèces d'haplologie: 1. type fasUdium issu de *fasti-Udium ; la forme pleine n'a jamais existé, le mot a été créé sous la forme fastïdium, en chargeant la syllabe -ti- du second élément d'une fonction double; c'est ce que l'on appelle quelquefois aussi superposition syllabique. C'est donc un expédient d'ordre psychologique, et qui ne se produit que dans la composition et la dérivation (GRAMMONT. Traité de phonétique, p. 330). 2. Type quïndecim de *quïnque-decim ; «les organes éprouvent l'impression que c'est par une sorte de bégaiement qu'ils répéteraient la même syllabe et ils rectifient d'une manière intempestive» (GRAMMONT, O. C., p. 336)®. Ce dernier type seul nous intéresse ici. Dans les graffiti il convient de compter avec la possibilité d'avoir affaire, plutôt qu'à une haplologie, à une haplographie, c'est-à-dire une simple faute d'écriture. CANDA = can(di)da 3040 est sans aucun doute un lapsus, le graffito suspendu (CANDA ME DOCV) répétant le début d'un vers qui se lit au n. 1520: Candida nie docuit nigras odisse puellas ... DIIDVCXSTIS = dêdûx(i)stis 4966 ( = CLE 934) FVTOR = fu(tû)tor 2248 RIISTVTVS 3951 (ib. RIISTITVTA? graffito assez embrouillé). Le cognomen (d'esclaves ou d'affranchis) Restitûtus, Restitûta, est assez commun à Pompéi (22 fois) et ailleurs en Campanie (v. l'Index du CIL X, p. 1085). Cet exemple par lui-même pourrait être une simple faute d'inadvertance. Mais il y a plus. L'hexamètre RIISTITVTVS MVLTAS DIICIIPIT S I I P I I PVIILLAS 5251 ( = CLE 355) montre que l'on a bien prononcé Restûtiis : en effet, ôtons la syllabe -ti-, il reste un hexamètre impeccable 3 . Cette déduction est du reste confirmée par les nombreuses graphies RESTVTVS, RESTVTA enregistrées hors de Pompéi, notamment en Campanie 4 . DIIDVCXSTIS (CXS vaut ici [fo], v. plus bas p. 64) présente un cas d'haplologie assez commun dans les parfaits en -s- (ERNOUT, Morphologie, p. 336). 1 ECKINGER, p. 123 sq. On ne saurait penser, avec SOMMER, p. 69, à un contrépel amené par une prononciation grécisante [ky\ de eu, dont l'existence n'eat nullement prouvée. — E X S A N G V N I est trop isolé pour

être rapproché de cat. sangonos < *sanguinôsu, sangonital 'consanguinité', sangemera, sangonella 'sangsue', O . J . TALLGREN ( - T U U L I O ) , Neuphilol. Mitteil. X I I I ( 1 9 1 1 ) , p. 1 7 0 et X V I ( 1 9 1 4 ) , p. 86. D'après M E Y E R L U B K E , DOS Katalanische, p. 21, sangonos serait le résultat d'une assimilation régressive; mais cette explication ne rend pas compte des sangonera, etc. (que M E Y E R - L U B K E ne cite pas). 2 Certains manuels considèrent, il est vrai, quïndecim comme résultat d'une syncope (SOMMER, p. 1 3 4 ,

etc.;

NIEDERMANN, p. 4 1 , STOLZ-LEUMANN, p . 92). 3

Cf. toutefois

Semper M. Terentius Eudoxsus unus supstenet amicos, Et tenet et tutat, supstenet omne modu 4456 (CLE 929) où le nom propre gâte le mètre, Y. plus haut p. 19. 4 Voir, outre l'Index du CILX, OTTO dans Jahrbiicher

De titulis Afrieae, p. 20.

fur klass. Philologie, Suppl.

24,

p. 8 3 7 et

HOFFMANN,

.Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

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F. APOCOPE L'apocope, ou retranchement d'une portion finale d'un mot, qui comporte la perte d'une ou plusieures syllabes, est un accident dû, comme la syncope, à un débit plus ou moins rapide ou désinvolte du discours. Nous enregistrons dans une defixio de Pompéi un cas d'apocope qui intéresse le roman commun : COMO 9251 (NSA 1916 p. 305) (def.) (ibid. COMODO) = quômo(do) (pour l'initiaie, v. ci-après p. 55). C'est le plus ancien exemple de cette forme abrégée, passée inaperçue, que postulent les langues romanes : v. it. como, v. fr. com(e), esp. cuemo, como, port, como, roum. cum, prov. co(n) (cf. MEYER-LUBKE, R E W

s. u.

quômodo).

G. A N A P T Y X E Outre les cas d'anaptyxe préhistorique, à savoir entre occlusive et l (cf. ci-dessus p. 43), et peut-être dans les groupes -kn-, -in- (-ginis de *-gnis, *-cnis, -tudinis de *-dnis, *-tnis; THURNEYSEN dans ZVS 26, p. 305 sqq.), le latin a connu à l'époque historique l'insertion d'une voyelle parasite ou svarabhakti sporadiquement dans les groupes sourde + nasale et sourde - f liquide, phénomène limité dans la littérature aux seuls mots d'origine grecque, tels Alcumena-, drachuma, techina, mina qui se trouvent chez les comiques. Dans les inscriptions de l'époque impériale, on trouve un certain nombre de mots latins et empruntés avec svarabhakti, mais ce sont plutôt des accidents ou des barbarismes ; le latin vulgaire montre, nous l'avons vu (p. 42), une propension croissante à la syncope, qui est directement à l'antipode de l'anaptyxe. Aussi n'y a-t-il pas d'anaptyxe commune à la Romania 1 . La diffusion considérable de ce phénomène dans les dialectes de l'Italie méridionale serait une habitude physiologique héritée de la population osque qui avait autrefois occupé cette région. En effet, l'osque a donné à l'anaptyxe une extension considérable, mais dans des conditions assez différentes de celles que montre le latin 2 . 1. Mots latins : TI CVLAVDI DELLA C. (Herc.); la voyelle épenthétique dans le groupe cl- initial semble être ordinairement e, mais a et M devant a et M de la syllabe consécutive (cf. CELODIA CIL V l l f 3 5 2 0 , CELEMENTINVS deux fois CIL II 5 3 5 0 , etc. ; DE GRÔOT, o. c., p. 69 sq.). Au point de vue physiologique, u dans cette position paraît assez naturel. - EBVRIOLVS, EBVRIOLO = Ëbriolus 8 2 2 7 ; à part un Heburus = Hebrus Verg. Oe.org. IV 463, cod. Rom., l'épenthèse du groupe br est E; cf. heberiacus = ëbriacus Charisius, K. I 83, 17N (ebriacus C) et notre ex. suivant (DE GROOT, o. c., p. 7 7 ) ; addendum lexicis. - LIBIIR(am?) = lïbramï 4 2 2 7 PETERVLA = Petrulla? 4 5 6 2 (DIEHL, Pomp. Wandinschr., 7 4 9 ; cf. DE GROOT, O. C., p. 7 5 ) ; cf. osque paterei'patri' siGIIN AT AR V ( M ) t. c. XXVI 3 0 ( 5 6 ap. J.-C.); cf. DE GROOT, O. C., p. 7 2 TIIRIIBIV | M 7 4 0 3 . 2. Mots d'origine grecque : DAPHINE X 1053 (autres ex. épigraphiques dans Thes.Onom. s. u. Daphnê) ICHIMAS, ICHIMADIS t. c. XXII 7, 10 (56 ap. J.-C.) (ICHMADI ib. 1); cf. techina de Plaute 1

MEYER-LUBKE, Oramm., I, § 387. Cf. W. DE GROOT, Die Anaptyxe im Lateinischen, dans Forschungen zur griech. und lat. Ctrammatik, éd. par P. KRETSCHMER et W. KROLL, 6. Heft, p. 41 sqq. 2 BUCK, p. 34 sqq.; DE GROOT, l. c., p. 43 sqq. L'opposition de l'osque, dialecte affectant l'anaptyxe, et de l'ombrien, qui ne la connaît pas, dépendrait, selon M. DEVOTO (OU antichi italiei, p. 173), du fait que celui-là avait, sous l'influence des Opico-Ausoniens et des Grecs, affaibli l'accent d'intensité, tandis que l'ombrien avait subi l'influence de l'étrusque qui manifestait la syncope; c'est ainsi que s'expliquerait, à Capoue, cité étrusque, les formes osques gakrfm, sakrafir, à côté des sakarakltim etc., connus par ailleurs.

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TRICHILINIVM, TRICHILINIO 5 2 4 4 ; de même Varro Rust. I I I 13, 2 et dans les inscriptions passim, DE GROOT, O. C., p. 7 0 ZMYRINA = Zfivova

tricilinium 7863

(el).

7 8 6 4 (el).

H. P R O T H È S E L'adjonction d'un i (parfois c) parasite ou prothétique devant s 'impure' (c'est-à-dire, suivie de c, p, t et, dans des mots d'origine grecque, de m ; de même devant zm des mots grecs), apparaît dans des inscriptions latines à partir du II e siècle1. Pompéi nous offre un exemple prématuré de prothèse : L POPIDIVM • AED • ISMVRNA • ROG 7 2 2 1 (el) ; il s'agit d'une rogans du nom de ZfivQva (cf. ZMYRINA, ci-dessus). Le même nom apparaît avec prothèse dans CIL VI 6 7 9 2 (IZMVRNA) et Année épigraphique 1 9 5 5 , 45, inscr. de Tanger, Maroc (ISMYRNA), de plus IZMARAGDIS CIL VI 2 6 0 1 0 . C'est le plus ancien exemple de prothèse que l'on connaisse. Le groupe initial sm étant inconnu du latin, on conçoit que la voyelle prothétique apparaisse ici plus tôt qu'ailleurs. II. CONSONANTISME A. C O N S O N N E S S I M P L E S N O N F I N A L E S 1. Les semi-voyelles [j] et [WJ] Les semi-voyelles remplissent mal la fonction de 'frontière syllabique' c'est-à-dire de consonne en tant qu'élément constitutif de la syllabe, en raison de leur aperture relativement grande 2 . Aussi sont-elles en règle générale destinées soit à s'amuir soit à se renforcer, le renforcement étant surtout le sort de \w\ qui devient v labiodental ou bilabial (cf. va du germanique). a

) D] et [w] sons transitoires (cf. voyelles en hiatus, p. 33). En prononçant la séquence i (voyelle) -f voyelle de timbre différent, u (voyelle) + voyelle de timbre différent ou inversement, on intercale spontanément un faible son de transition [j] ou [w] à la suite de i et u : ainsi le mot fr. crier, (il) cria, est véritablement prononcé avec un [7] très légèrement articulé: [kri'e], [krtfa]. Ce son est si peu appréciable qu'en général l'orthographe courante néglige de le rendre. Aussi les Romains orthographiaient-ils PATRIVS PIVS DVO STATVO, tout en prononçant [patri'us] [pi*us] [duwo] \statuwo\3. Par extension on commençait à noter par I et V simple les groupes \jï], \jj~] et [uw] étymologiques : de là les graphies EICIO CONICIO MAIVS EIVS, etc., qui sont de règle, et par ex. IVENTA CIL I 2 1603, FLVIO ib. 584, 9 (cf. ci-après). Cependant les graphies des inscriptions, en particulier des graffiti, peu soucieuses des règles, traduisent accidentellement des faits de prononciation que l'écriture conventionnelle dissimule. a) i ( = [?']) 'transitoire' : J J A S = las 2 1 7 4 ; «prior J fortasse temere facta est» ZANGEM. 1

Voir O. P R I N Z , Zur Entstehung der Prothese vor s impurum im Lateinischen, dans Olotta 26, p. 97sqq.; p. 7 8 aq. ; M E Y E R - L Ù B K E , Oramm., I , §29. — Sur les causes physiologiques qui ont provoqué l'apparition de cette voyelle additionnelle, y. 6 . M I L L A R D E T , Études de dialectologie landaise, Paris 1910, p. 141 sqq. 2 GRAMMONT, Traité de phonétique, p. 99, distingue huit degrés d'aperture (0—7); il donne aux semi-voyelles le degré 4. Leur aperture peut même dépasser celle des voyelles i et u, v. G. STRAKA, dans le Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 21, p. 3 sqq., et 32, p. 211 sqq. s L'orthographe osco-ombrienne est plus phonétique, à cet égard: cf. osq. fakiiad 'faciat', suuad 'sua', ombr. tuues 'duôbus'. RICHTER,

Le latin vulgaire des inacriptions pompéiennes

49

Inversement : POMPIIO t. c. CXLI 23; cf. cependant POMPIIS t. c. XXXII 11 et XXXIII15, où il y a II pour I I I ( = ei) par distraction du scriptor. fi) V ( = [w]) 'transitoire': Chloë 4 4 3 0 P O V E R I = pueri (pour o, v. plus haut p. 28) 3730 (el) P V V I I (cette leçon nous semble décidément préférable À D V O W I R I S , alternative proposée par MAU); cf. P O V I I R O C I L I I I p. 962 X X V I I 2 F V | V I S S E t. c. Herc. X X I I I , P P 3, 1948, p. 1 7 7 : dittographie? P E R F R V V I t. c. Herc. I V , P P 1, 1946, p. 381 P A E V O N I A M = paeôniam 8 5 4 4 ; fr. pivoine (a. fr. pyone) a sans doute développé un -v- indépendamment. GLOVII = R I S ? 4707

Inversement u, o simple pour un, ou ([w], [ow]) : IVENIS 1373. 1755 IVENTVS 932 (p) IVEN|ILLA 294 (p) NOEM&res 4606, NVEMBRES 2455; ailleurs, on a NOEM(6res) CIL I 2 1024, NVEM(ères) ib. 1082, NOEMB(res) CIL VI 2120, ib. 8775 VITRVI = Vitruuîl 4616. Du moins quant à IVENIS, etc., it. giovane, v. fr. juefne, etc., confirment le maintien de v (\w~\) dans ce mot: par conséquent, V représente ici [«»]; cf. cependant ci-après, p. 50. b) [j] intervocalique. L'i consonne intervocalique, bien que noté dans l'orthographe courante avec I simple, représente en latin la géminée [jj] (issue de ij, gj, dj\ SOMMER, p. 155), sauf dans ëiciô, etc.; [?'] simple était tombé entre voyelles dès l'époque préhistorique. Aussi la notation I I n'est-elle pas rare; au dire de Quintilien (Inst. IV 11), Cicéron aurait affecté d'écrire aiio, Maiia. Nous avons à Pompéi: BOMPEIIANA (sic) 538 (p), poMPEIIANIS 9144; cf. osq. Pûmpaiians 'Pompeianus'. c) [?'] pour Ç: IOSIMVS deux fois 4599; pour Zôsimus, Zéoi/uoç (nom qui se lit plusieurs fois sur des amphores de Pompéi, v.CIL IV Index, p. 754, en outre 8317); le même nom se retrouve écrit avec I initial dans DIEHL, Inscr. Lat. christ. 3822 (an 394) et 3804 D (IOSIMA). Il ne faut certes pas déduire de notre exemple que la semi-voyelle [j] aurait été 'assibilée' (c.-à-d. en [dz\) déjà dans la prononciation pompéienne (ainsi SOMMER, p. 156). Il est plus naturel d'y voir une substitution du son étranger que représentait £ I pour Z marque sans doute \dj~\, qui du reste se confondait, en latin populaire, avec [;] (v. plus bas p. 63), et qui rendait approximativement [tfej: cf. le contrépel A| ZVTORIBVS CIL VIII 18224, OZE = hodie ib. 8424 (milieu du II e siècle). Les langues romanes enfin attestent \df\, [;] pour £: la désinence verbale -t£etv est adaptée en -idiâre (cf. baptidiâre dans le lat. chrétien, v. Thes. s. u. baptizo), d'où esp. -ear, it. -eggiare, fr. -OYER (MEYER-LUBKE, Gramm., I , § 17; RICHTER, § 59; ROHLFS, liai. Spracke, I, § 276 sqq.). d) [w>] devant voyelle homorgane (o, u). La semi-voyelle [w]1 s'est amuie phonétiquement devant o, sauf à l'initiale, à une époque archaïque (précisément au moment où la diphtongue ei en était à l'étape intermédiaire ë dans sa monophtongaison, comme il résulte de deus issu de deiuos, ce dernier attesté dans des inscriptions archaïques: cf.Onaeus de Gnaiuos (GNAIVOD CIL I 2 7); parum de paruom; deorsum, seorsum de *dë-, *sê-uorsum. Par voie de conséquence, nouos, -om, aurait dû aboutir 1

Sur la nature de u cône, en latin, v.

4 Vkinânen

STURTEVANT,

p. 140 sqq.

50

V E I K K O VAANANEN

à nous, -um, saluos, -om à salus, -um. Toutefois l'analogie des formes où [tu] se trouvait devant une voyelle autre que o(nouï, noua, saluî, salua, etc.) a vite fait de restituer [w] dans les formes en -os, -om. Or après que o final fut devenu u, on n'en rencontre pas moins des épels -Vpour [ » ] dans les inscriptions. A V S T V V S D E L L A C. C A L V M = caluum\ 1377 N O V M X 8053, 5 (lucerne de Portici)

OTAVS = Octauus 4870 SALVS = saluus 5386. X 8146 (dans le pavement). 9158 (par contre SALVOS, nom. 1837) SERVS 1638, SIIRVS 1839 (par contre S I I R W S 2038, S U R V O S n o m . 4719, S I I R V O n o m . 6864, S E R V O M 1899).

A l'initiale: YLTEIVS 1127 (p) (cf. VOLTIIJ 1782). Il est légitime de suspecter la valeur probante de ces exemples. En effet, étant donné les cas des types IVENIS, VLTEIVS et SERVOS qui perpétuent des graphies anciennes, il y a lieu de se demander si un SERVS ne découle point de la répulsion qu'avaient les Romains pour le redoublement des lettres V et I dans l'écriture (v. plus haut p. 48). Cependant si le témoignage des épels épigraphiques est dans ce cas sujet à caution, il n'en est pas de même des avertissements des grammairiens: les formes proscrites dans l'App. Pr., aus 29, Flaus 62, rius 174, devaient s'entendre plus ou moins couramment. Il paraît donc que dans les paradigmes en [-wus], [-wum], le rétablissement de la semi-voyelle n'a pas été universel ( N I E D E R MANN, p. 153; cf. RICHTER, p. 38), ou bien [w] s'est amui de nouveau dès que -os, -om fut devenu -us, -um (SOMMER, p. 162). — En roman, les succédanés des noms latins en [-unis], [-wum] montrent en général la réintégration de [w] (v) ; cf. toutefois it. port, rio, esp. rio, v. fr., prov. riu, etc., it.natio, esp. vacio, radio (de errâtluus), fr. clou < cla(u)u, etc. ( M E Y E R L Ï I B K E , Gramm., I , § 250; R O H L F S , Ital. Sprache, I , § 215). Pâcuuius —Pâquius et Vesuuius — Vesuius ( Vesbius). A part P A C W I V S X 930 et PACVVI? t. c. CIX 4, ce gentilice, assez commun à Pompéi (53 fois dans CIL IV, v. Index I et X), y apparaît toujours sous la forme brève Pâquius. Ce doublet à la réduction [uw] > se retrouve en osque : TlanFrjiç 'Paquii, Pacuuii' (cf. SOLMSEN, Studien zur lat. Lautgeschichte, Strassburg, 1894, p. 158 sqq. ; SCHULZE, p. 476). De même, le nom du volcan et gentilice Vesfajuius1 est connu à Pompéi surtout sous la forme réduite : M V E S V I V M 52 (el). 71 (el) V E S V I ( . . . ) 237 (p)

V E S V I N A ( . . . ) 2512,

VESVINI

2557, VESVIN(I) 2558 (VESVVIÎJI2559; amphores, 75 ap. J.-C.); M VESBI 19 (el) VESBINVS cognomen 636 (el). 1190 (p). 2319b c . 3114. 3115. 3116. 6700. Quant à Vesbius, c'est sans nul doute, nous semble-t-il, une forme refaite sur Béofiiov, nom grec du Vésuve plus courant que Oveaoviov2. e) u consonne et b. a) b pour [w] : BACCVLEIVS = Vacculeius? 9256 (NSA 1921 p. 466, 4) (cf. VACCVLA 175 (el). t. c. VI 5, 17 et 20. X 818) con8 è a abouti partiellement, savoir après r en italien et en roumain toujours, en français à la position protonique (cf. it. corbo, roum. corb, v. fr. corf de coruu, fr. corbeau de *coruellu, *corbellu; it. serbare de seruâre, roum. çerb de seruu, fr. courber de curuâre, etc.); [lxv\ > Ib en roumain: salbie de saluia (cf. ail. Salbei). A l'initiale enfin le flottement entre [w] et 6 a fini par s'effacer, l'occlusive et la spirante originaire se restituant d'une manière générale, excepté en espagnol (où les deux sont devenus 6 3 , occlusif ou fricatif selon les sons voisins) et dans les dialectes de l'Italie méridionale (où l'on a v pour [w] et 6 initiaux), ainsi qu'en gascon et dans les parlers septentrionaux du Portugal. Pour expliquer le flottement entre [w] et

6 , P A R O D I (O.

C., p. 194) a tenté d'établir une loi

» VIISBIVS = Ves(u)uius 1493,1496, M V E S B J 1 9 (p), VESBINVS 636 (el) et passim ne doivent pas entrer en ligne de compte; v. ci-dessus. • A Pompéi par ex. OYIKKIOY gén. grec de Viccius 9803 (NSA 1914, p. 111, 20; amphore). * La distinction de v (issu de [u>]) et b initiaux semble avoir été encore observée dans le castillan du moyen ≥ cf. M E Y E R - L Ü B K E , Oramm., I, §416, F. H A N S S E N , Gramática histórica de la lengua castellana (réédition), Buenos Aires 1 9 4 5 , p. 4 9 , et en dernier lieu, A. A L O N S O , De la pronunciación medieval a la moderna en español. I. (Madrid 1955, ouvrage posthume achevé et publié par B. L A P E S A). 1. La B y la V (pp. 23—71 ). — Dans les inscriptions latines d'Espagne et de Gaule, l'échange de [w] et b est relativement peu répandu, v . CARNOY, p . 1 3 5 e t P I R S O N , p . 6 2 .

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VEIKKO VÀÂNANEN

de sandhi d'après laquelle [w\ subsiste lorsqu'une voyelle précède, mais devient b après consonne, aussi bien à l'intérieur qu'à l'initiale d'un mot 1 . Cependant, cette théorie ne tient pas compte des données historiques, notamment quant au passage [w] > 6. Pour ce dernier, B A E H R E N S (p. 79) constate que dans des circonstances données, il résulte d'une assimilation régressive, telle dans balbae (ualuae), berbex (verbex, ueruex ; cf. fr. brebis, etc.), bôbîs (uôbïs). Dans d'autres cas, le changement b > [w] à l'initiale serait dû, d'après B A E H R E N S , à l'influence de la voyelle homorgane suivante, ainsi dans bctum pour uôtum, byr —• uir, byrgo = virgo : cf. v. it. boto, boce de uôtu, uôce ( M E Y E R - L U B K E , Gramm., I, § 416). Mais le gros des cas attestés de \w\ > b restent en dehors de ces catégories. Les manuels de phonétique latine se contentent en général d'une explication ex abstracto : vers une même époque, [w] et b l'un comme l'autre se sont convertis en fricative labiale [/}], \w\ étant devenu entre temps fricatif (v). L a distinction a été rétablie au début d'un mot, où b serait resté toujours occlusif en tant que précédé d'une consonne. Après liquide, il y a eu tendance à changer [iw] en b (v. N I E D E R M A N N , §§ 42 et 5 8 ; S T O L Z - L E U M A N N , p. 116; RICHTER, p. 61 sq.). En principe nous jugeons bon de nous en tenir à cette manière de voir. Par contre, les vues de M. T E R R A C I N I (article cité plus haut), voulant attribuer la substitution de b à \w] à un substrat osco-ombrien, ne sauraient nous satisfaire 2 . En revanche, M. T E R R A C I N I a raison d'insister sur le fait qu'à la position intervocalique, le passage b > [/?] > v est un développement spontané 3 qui dérive d'un relâchement articulatoire du même ordre que la sonorisation des occlusives sourdes intervocaliques (cf. plus bas). Cet affaiblissement de -b-, confirmé par des contrépels (type abëna) a achevé de confondre b et [w] intervocaliques. Au commencement d'un mot, la confusion de b et [w] était sans doute plus fatale lorsqu'une voyelle précédait. f ) Vocalisation de [w] à la suite de l'absorption de la voyelle suivante (dans -âuit > -aut) : v. plus haut p. 45. 2. Les occlusives

a) Sourdes et sonores. La tendance normale, au point de vue physiologique, est de sonoriser les sourdes intervocaliques. C'est là un des relâchements de l'articulation qui se produisent dans toutes les langues à certaines époques, notamment dans les langues à accent d'intensité, «où ils sont la rançon des renforcements que l'accent demande par ailleurs» ( G R A M M O N T , Traité de •phonétique, p. 170; cf. RICHTER, pp. 111 et 136). C'est ainsi que les occlusives sourdes intervocaliques p, t et, dans une étendue moindre, [&] sont devenues sonores dans l'Ouest de la Romania, cf. esp. ptg. mudar et v. fr. muder de mutare, esp. saber de *sapëre, esp. seguro de sëcûru, etc. Cette tendance semble remonter au latin vulgaire. a) Vélaires. Avant d'examiner les cas de permutation c — g, il y a lieu de se rappeler l'histoire des lettres latines C et G. C dérivait du gamma de l'alphabet grec et désignait donc originairement la 1

Théorie adoptée et développée par M E Y E R - L U B K E ( — C A S T R O , § 149), qui suppose en outre que h initial devient [10] après voyelle. 2 E n effet, on ne voit pas comment h initial de l'osco-ombrien opposé à [ui] du latin seulement en tant qu'issu de gw indo-européen (ombr. benust 'uenerit', osq. biuus 'uiui') aurait pu transformer [w-] du latin en b, pas plus que Vf intervocalique dés parlera italiques n'a pu se substituer à b en latin, sauf dans les mots empruntés : bòa, rûfus, tta/er, etc. Du reste ce changement ne se rencontre avec une certaine fréquence qu'à partir d'une époque'où les dialectes italiques ne subsistent plus. Les cas de 1b, rb pour [Iw], [rte] sont encore plus difficilement des substrats, ces groupes consonantiques n'existant point en osco-ombrien. I l vaut mieux y voir un développement phonétique spontané, déterminé par le voisinage de la liquide (cf. M E Y E R - L U B K E , Oramm., I, § 499). 3

L e même phénomène s'est produit dans d'autres langues, cf. angl.

live,

suéd.

leva en face d'ail, leben.

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

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vélaire sonore. Par la suite, sous l'influence de l'étrusque, qui ne distinguait pas dans l'orthographe entre g et [A], C vint à noter en latin la sourde aussi, d'abord devant e et i, ensuite ailleurs, supplantant de plus en plus K qui était usité anciennement devant a, et Q, qui désignait la vélaire sourde devant les voyelles o et M1. Comme cet état de choses prêtait à l'équivoque, on introduisit une nouvelle lettre G (en modifiant légèrement la lettre C) pour marquer l'occlusive vélaire sonore. La notation C pour g a persisté dans les deux abréviations C = Gains et CN = Onaeus. De nombreuses confusions épigraphiques montrent en outre que le peuple avait de la peine à faire la distinction entre C et G, ou bien que l'on ne s'en souciait pas (cf. SOMMER, p. 26 sqq.). (1) g pour c: PAGATVS 1486 (leçon sûre, v. facs. Tab. X X X 25; ib. PACATVS). 1638? SIG 6641 (p); cf. G = Gains 1090 (p). 2109", GN = Gnaeus 1997. 2993k. Dans les noms grecs : A G G R A T V S = "AXÇATOÇ 1613 («altéra littera de industria fortasse erasa» Z A N G E M . ;

cf. A C R A T V S 6783. 6864, A C R A T E 3908) I I V G I I = Euckè 1590: lapsus? (IIVCII 1591. 1592 add. p. 704, E V C H E 5345, E V C H I I 5346) G L O V I I = CMoë, XÂÔt] 4 4 3 0 E G L O G E 2148 A R P O G R A = 'Aonoxnâç 2 4 0 0 add. p. 221 e t p. 4 6 5 (cf. A R P H O C R A S 2193, A R I I O K R A 2481 A ).

(2) c pour g : ACIIRII trois fois 9251 (NSA 1916 p. 305) (def.) AVCVSTIANI 1379, AVCVSTIANII 1380, AVCVSTIANA, AVCVSTIAna 1384, AVCVSTIarca? 1382 ECO 1877, IICO 1397. 3494 (p) deux fois CAIVS 2250. 2286, CAJ 1267 CALLVS 3980 CAMVS 23101 (cf. GAMVS 1445. 4513) CARV = garu(m) 5666 (urceus) CIINIALIS 1592? add. p. 209. 1666 CIINTIVS 1425 CRANIO 2062. 2950 (GRANIVS 2117, rRANIVS 6878) LINCIIT 1383, HCE=li(n)ge 8335, QVNVLICE = cunnu(m) li(n)ge ou cunnuli(n)ge (v. plus bas p. 105) 8380 NICIDI 4696 PRIMICIINIII 3976 ROCA = roga(t) 7091 ; C pour G dans les alphabets : ABCDIIFC... 2521. 5463. 5496, AXBVCTDSIIRFQC... 5499, AYBVCTDSIIRFQC... 6907. Les graphies G pour G sont sans doute de simples erreurs d'écriture. Il en est de même de g pour c dans S I G , et on ne saurait ajouter foi à un P A G A T V S isolé (cf. BOURCIEZ, § 171 et RICHTER, p. 1 5 9 ; les matériaux illustrant ce phénomème que donne SCHUCHARDT, I , p. 126 sq., datent du VI E siècle). Les noms grecs AG(G)RATVS, ARPOGRA(s) et GLO k. 2

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/?) C pour [i"] : VSCE 2437 (37 av. J.-C.): Il peut y avoir substitution de suffixe: -ce pour -que, v. SOMMER, p. 450. COMO, COMODO = quômodo 9251 (NSA 1910, p. 305) (de/.) COT = quoM 8492. Inversement : QVOSERVIS = consentis 1241 COLLIQVIA = collicia(s) 7124 (p): forme collatérale fréquente dans les mss. (Thes. s. u. colliciae). La chute de l'appendice labiale de qu devant o est une réduction apparentée à l'amuissement de \w\ devant voyelle homorgane (v. plus haut p. 49). Cette réduction de la labio-vélaire en vélaire simple était régulière devant 6 et û, cf. secundus de *sequondos ; cocus se lit dans Plaute, cocorum, ecus dans Varron (v. RICHTER, p. 49). Or le latin vulgaire l'a connue aussi devant ô, comme l'atteste COMO(DO), forme retrouvée sur des tablettes d'exécration de Rome du II E /III E siècle de notre ère (JEANNERET, p. 32), d'où v. it., esp., port, como, prov., v. fr. com, ioum. cum. — Pour les graphies archaïsantes quo- dans le thème pronominal, v. plus haut p. 28. y) Q pour [ f ]: Q I Q I I = quï(n)q(u)e 4227 (graffito plein d'erreurs) QVIN QAGIGIINTA quïnq(u)âginta 6819 VLLVLAQII = ululaq(u)e 4112 OBIQE = ubique? 2288.

pour

Ce sont des simplifications d'ordre graphique, sans doute par erreur. En tout cas, on ne doit pas y voir la réduction qu > k, qui devant voyelles autres que u, o est postérieure à l'époque qui n o u s occupe (cf. RICHTER, p. 109 sq. e t BAEHRENS, p. 66).

6) CQ pour q: NVNCQVAM 6884, NVNC QVAM (à côté de NVNQVAM) 1837; PACQVI | A S526. nunc-quam est une fausse décomposition (SOMMER, p. 204 c). s) eu pour qui : v. plus haut p. 45. c) Occlusives aspirées. Le latin n'avait pas d'occlusives aspirées du type û, t que l'on connaît (SOMMER, p. 2 4 0 : COATOR CIL V 4 5 0 5 , VITORIA CIL I 2 550, de Préneste) sont en nombre très minime et peuvent être attribués aux erreurs du scriptor. La rareté de la réduction de et en t dans les documents latins ne doit pas surprendre, si l'on se rappelle que ce traitement n'est point confirmé par les idiomes néo-latins ; l'italien et le rhéto-roman assimilent et en tt, le roumain remplace c devant t (et s) par la labiale p, tandis que la majeure partie de la Rornania palatalise c implosif: nocte > it. notte, roum. noapte, fr. nuit, esp. noche, port, noite; tectu > it. tetto, fr. toit, esp. techo, port, teito3. L'évolution romane de et rappelle singulièrement celle que cette combinaison a subie en osco-ombrien, où kt a abouti à ht = [%t\: il y a eu augmentation d'aperture de l'élément 1 C'est une quittance dressée par le créancier Blaesius Fructio. Son ignorance ressort pleinement de la signature 6LIISIVS FRVCTIO (ib. 25). 2 Thes. ignore les formes sans c de auctiô qui se rencontrent sur les tablettes de cire de Caecilius Iucundus. 3 V. BOURCIEZ, § 180. Sur le remplacement du groupe et par les substituts phonétiques PI ou ft dans l'Est de la Romania, v. A. GRAUR et A. ROSETTI, Sur le traitement des groupes latins et et es en roumain, dans Bulletin linguistique de la Faculté des Lettres de Bucarest, 1935, p. 65 sqq.

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vélo-palatal au point qu'il devint spirant; osq. Ûhtauis 'Octavius', ombr. uhtur 'auctor', osq. elitrad de *ek-tr-, 'extra', développement tout à fait parallèle avec le traitement de et dans les idiomes romans occidentaux (fr. fait, esp. hecho, etc. supposant un stade intermédiaire avec spirante vélo-palatale; v. BOURCIEZ, l. c.). Nous avous vu que la réduction de et en t en latin n'est attestée avec une fréquence probante que pour les mots au(c)tiô, a,u(c)tor, au(c)tôritâs. Or, c'est sans doute l'action de la diphtongue au — non monophtonguée en raison du caractère technique de ces termes — qui explique pourquoi le traitement t de et est limité au groupe auct-; à comparer la simplification de U après diphtongue. Cette hypothèse est d'ailleurs renforcée par le rapprochement populaire de autumnus avec augeô (Paul. Fest., p. 23) et le contrépel avetumnus (v. Thes. s. u.). Les formes à réduction autor, autôritds ont fini par prévaloir dans la basse latinité [cf. fr. auteur, autorité, ail. Autor(itât), angl. author(ity), mots 'savants'; esp. otorgar, v. fr. otroier, etc. < *au(c)tôricâre, également sans trace de c devant t, ce dernier restant sourd en raison du caractère demi-savant du mot] 1 . Quant aux autres cas de t pour et enregistrés à Pompéi (FATA, OTAVS, VITORIVS), ils proviennent sans doute — quant il ne s'agit pas de simples erreurs — d'une influence osco-ombrienne, avec amuissement de la spirante implosive issue de c, phonème étranger au système latin 2 . d) ks (x)s. a) xs (exs) pour x: ALEXSANDRINJ t. c. C 2 AXSIOCI t. c. LXXIII 8, AXSIOC- t. c. XL 19 (57 ap. J.-C.) CRIXSVM 1916 DECOXSTIS, LINXSIIRIS DELLA C. (I. F.) DIIDVCXSTIS 4966 DIXSIT régulièrement (20 fois; DIXIT I 9. V 4 DIX • XXXIII 12) dans les tablettes de cire, DIXSIIRVNT t. c. XLVIII 8 (dans la formule . . . se dïxit, së dïxërunt) DVXSERVNT 2450 EVDOXSVS 4456 EXSEGISSE t. c. Herc. XVI P P 3, 1948, p. 171 EXSI, NOXSI | A, RIXSATIS 3494 (p) EXSCELL(eiWî) 2596 = 5621. 5646 (amphores) PINXSIIT 1847 SAXSO, SAXSA 1895 EXSEMPLO X 1401 (Herc., tablette de bronze) SIIXSAGINTA t. c. X X I I I 14 (56 ap. J.-C.) SEXSTO 5788 (amphore) MAXSIMVS t. c. XLIX 10, MAXSIMJ t. c. XXXVIII 15. t. c. XLIX 18. t. c. LXXX 5. t. c. LXXXIV 3 FELIXS 1356. 2075. 5118 MORDAXS 5120 PROXSIMas t. c. LXXI 2 SEXS X 846, 4. t. c. XXI 8 (56 ap. J.-C.) VXSOR 8697, VXSORE t. c. Herc. X X I I I P P 3, 1948, p. 177, VX • SO | RI DELLA C. (épitaphe). La notation xs pour x est assez courante dans l'épigraphie latine depuis le sénatus-consulte des Bacchanales. Elle relève de la préoccupation de marquer la consonne double par deux lettres, l'orthographe latine désignant par ailleurs chaque phonème par une lettre distincte; cf. CX dans IVNCXIT CIL VIII 8692, et, par redondance, CXS (dans DII1 RICHTER, p. 72, pose comme étymon *auttoricare, dont nous ne voyons pas le bien fondé. E n tous cas, 0 est erroné d'attribuer au latin de Pompéi u n otto pour octo comme le fait RICHTER, p. 71, alléguant notre OTOGIl(ntos). M. A. LABHARDT, dans son compte rendu, par ailleurs très pertinent (ZRP, 61, p. 356), se méprend en nous prêtant l'hypothèse auctor > *auttor > autor: faute de preuves, nous n'admettons pas de forme intermédiaire à tt, pas plus que la présence à Pompéi de *.otto-, *fatta, qui seraient sommairement rendues par OTO-, FATA. M . M . L E U M A N N ( Vox Romanica, 5, p. 1 9 0 ) voudrait faire intervenir, pour autor-, l'attraction de gr.

av&e vzixwç.

2 E n ombrien, cette spirante était caduque dès l'origine, comme l'indique l'emploi de h comme signe d'allongement dans amprehtu 'ambito' à côté de etu, eetu 'ito' (BUCK, § 59; A. BUSE, dans Olotta X X I I I , p. 248 aqq.). 8 Nous étudierons dès maintenant aussi les destinées de x final.

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Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes D V C X S T I S \ voire V C X S O R C I L X I I 5 1 9 3 ; SOMMER, p. 2 4 8 ; cf. fr. -aux

-ax, où x équivalait à -us)2.

= -aus,

d'abord

/?) s pour a; à la finale : FIILATRIS = fella tri x 1388. 2292 DOYTOYTRIC 2204 CACATRI S? 2125 add. p. 215 MORDAS = mordaxl 8826 3. Cf. App. Pr. 147 «meretrix non menetris», 166 «obstetrix non ops(etrisrì)t> ; CO | NIVS CIL V I I I 3 6 1 7 ; les formes milex, ariex, poplex, locuplex bannies dans l'App. Pr. (BAEHRENS, p. 91 sq.) semblent attester indirectement le changement -x > -s. — L'osco-ombrien réduit ks final régulièrement en s (s) : osq. meddiss, meddis 'meddix'. Quant aux exemples pompéiens, il est légitime d'y voir une influence de l'osque. y) x pour £ dans BYXANTICE 1364 repose sans doute sur une confusion des lettres X et Z. e) ps > ss. Assimilation attestée à Pompéi pour le seul mot ip.se : paRIS I S S E I S S E PARIS 148 (p). 1085 (p). 1294. 2133? SECVNDVS PRIME SVAE VBI | QVE I S S E SALVTE ROGO DOMINA VT ME AMES 8364: ipse ou plutôt ipsae, dat., pour ipsî, cf. le suiv. HABITVS ISSAE SAL 8954 (p), ABITVS ISSAE SAL?, NATVS ISSAE SAL 1457 add. p. 207 (de leçon douteuse, v. Tab. X X I X 8) APRODITII J S S A 1589 IIVGII J S S A 1590, IIVCII JS(sa) 1591 (pour Euchë) VA le ISSA FABIA 2239 M CERRINIVM | VATIAM A E D O F SCIl-(ipsit) ISSVS | DIGNVS EST 234 (el) SCRIPSIT ISSVS 225 (el) PARIS ISSVS 2133 (douteux) ISSVS LI 4124 [(Narc)issus li(bertus)ï interprétation de SOGLIANO, NSA 1884, p. 244], La combinaison ps, qui est assez rare dans des mots populaires, finit par assimiler la labiale à la sifflante: cf. it. cassa, fr. châsse de capsa; it. esso, logoud. issu, isse, v. fr. es, esp. ese, port. esse de ipse, ipsu. Pour l'osco-ombrien, l'assimilation est établie par ombr. ossiins 'obsint', et notamment par osque essuf, esuf, ombr. èsuî 'ipse'. En latin — si l'on fait exception d'un exemple isolé SCRISERVNT VI 22579 qui ne prouve pas grand chose — le pronom ipse seul entre en ligne de compte. Suétone, Aug., 88 rapporte l'anecdote d'un légat consulaire «rudis et indoctus» que l'empereur aurait destitué pour avoir écrit ixi pour ipsî. Mais il peut n'y avoir qu'une faute d'orthographe: le pauvre homme se sera mépris sur la valeur de la lettre x (la confondant avec gr. fi). Nos matériaux de Pompéi sont plus instructifs. Il convient d'appeler l'attention sur la valeur spéciale qu'ont les pronoms en question. Il s'agit, en effet, d'un pronomen honoris attaché au nom d'un acteur acclamé (Paris), et qui d'autres fois est combiné avec le qualificatif étranger et t:i même temps familièrement affecté calôs ( = XOÎÀMÇ), ce qui est significatif; ou encore c'est un terme de galanterie (issa) avec le même sens que domina (cf. l'exemple de 8364, où tous deux figurent). Pareillement, issula désigne la patronne dans Plaut. Cist. 450; Issa est le nom d'une chienne dans Mart. Epigr. I 109 (six fois). Quant à ISSVS, on a voulu le prendre pour un cognomen (ainsi dans l'Index du CIL IV, p. 750). De fait »il figure dans le n° 234 à la place usuelle du nom de scriptor. Or un cognomen Issus n'est pas connu par ailleurs. Par contre, une forme populaire ipsus à côté 1 On pourrait analyser le groupe CXS dans ce mot aussi de la façon suivante: CX équivaut à x = [£«], tandis que S doit en quelque sorte représenter la syllabe -is- tombée par haplologie (v. plus haut p. 46). 2 JEANNERET, p. 47 et RICHTER, p. 42 supposent que xs résulte d'une tendance à faire prévaloir la sifflante sur l'occlusive. WICK, p. 40, va jusqu'à supposer que xs «conservi in qualche modo la grafia tradizionale di fronte a.lla pronunzia ss». Or, la notation xs est usitée de tout temps; puis, l'assimilation de ks à l'intervocalique, très mal attestée en latin vulgaire (VISIT = uîxit CIL VI 2 6 6 2 . VIII 8 1 1 2 add. p. 1879, SOMMER, p. 2 4 8 ; de plus VSORE, VSVRE = uxôrem, tabi, d'exécr., JEANNERET, p. 4 7 ) , n'est confirmée que pour une faible partie de la Romania ( M E Y E R - L U B K E , Gramm., I , § 4 6 3 sq.). 3 Pour NVGAS 5282, interprêté à tort = nûgâx, v. plus bas p. 116.

S VâânSneil

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V E I K K O VAANANEN

de ipse est attestée dans Plaute, Térence, Caton et autres (v. Thes.). Mais, interpréter ISSVS dans le programma en question pour ipsus, ce serait identifier le candidat et le rogans ! Ceci est vrai; mais on ne doit pas s'en offenser, vu que le citoyen M. Cerrinius Vatia, qui est ici le candidat, jouit dans la campagne électorale de Pompei d'une publicité fort singulière: une fois nous le voyons soutenu par les dormientes universi (n. 575), une autre fois par les furunculi (576), encore par les seribibi universi (581), enfin par les sicari (? 246) 1 , recommandations à rebours et qui proviennent sans doute d'individus mal disposés pour ce candidat. E n dernière analyse, le pronom isse, issus, issa semble être un doublet familier de ipse (ipsus), ipsa, ayant une valeur hypocoristique, plutôt que représentant l'aboutissement phonétique de ce dernier. Que l'assimilation y soit due à l'influence osque ou non, nous en laissons à juger. 2. Occlusive + spirante + occlusive SVSTVLIT 1274, mais SVPSTVLIT 5296

SVPSTENET 4456 deux fois.

Contrépel : ÓPSCVLTAT 2360 add. p. 219, OBSCVLTaT 4008; v. plus haut p. 31. Réduction qui se produit normalement en latin, bien que l'orthographe restitue souvent le groupe consonantique originaire (cf. STOLZ-LEUMANN, p. 164). 3. Nasale + consonne (nasales implosives) a) Assimilation (sandhi). La consonne nasale représente en latin les trois points d'articulation : bilabial (m), dental (n) et vélaire ([??]) ; la nasale vélaire était marquée par n devant les occlusives vélo-palatales (c, qu, g, gu, p. ex. dans ancus, fingo, lingua, linquô, sanguis), par g devant la nasale dentale n (agnus, dignus). «) Nasale + occlusive: IM BALNEVM 2410 TAN DVRVM 1895 QVIIN QVISQVII 1997 CVN F I L I I T O 2402; VERECVNNVS 1768, werecVNNVS? 3369 (p). Graphies inverses ou 'étymologiques' : ANPIILVS DELLA C. 2 fois CANPANI 1216, CANPAm? 4099, CANPANVS 4121 CONLIIGAE 1852 INPeNSA t. c. CLV 30 (60 ap. J.-C.) INPIIRATOR 6838 INPO SITICI S t. c. X X I I I 9 (56 ap. J.-C.) S I N P L I I X 5450. Il y a d'abord une série de notations phonétiques montrant l'assimilation du point d'articulation de la nasale: elle est bilabiale devant b: IM B . . ., dentale devant d: TAN D . . . 2 , vélaire (notée par n) devant l'occlusive vélopalatale: QVIIN QV . . ., dentale encore devant /, consonne fricative labiodentale: CVN P . . . (cf. Quint. Inst. X I I 10, 29; parfois c'est au contraire le caractère labial de f qui l'emporte, cf. IM FRONTE CIL I 2 1420). Le cas de nn pour nd représente une assimilation qui se fait régulièrement en osque, par exemple upsannam 'operandam'; elle est courante de même dans les parlers modernes de l'Italie méridionale surtout, cf. napol. quanno de quando, scennere de scendere, etc. (v. ROHLFS, Ital. Sprache, I, § 253; v. Introduction, plus haut p. 16). Dans les inscriptions latines, elle est faiblement attestée: INNVLGENim CIL X 1211 (d'Atella; donc toujours du territoire osque); de plus ORIVNNA VI 20589, SECVNNVS CIL X I I I 5191. Or en face des nombreux cas d'amuissement de la nasale devant dentales qui seront énumérés ci-après, 1

V. plus bas pp. 9 i , 101, 106,111. Y ajouter les drapetae omnes 'esclaves fugitifs' 7389 (el; le nom du candidat est omis)? 2 Cf. Cic. Fam. 9, 22, 2 : les mots an illam dicam dans un discours choquaient les auditeurs, à cause de la ressemblance avec landicam.

Le latin vulgaire (les inscriptions pompéiennes

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le seul V E R E C V N N V S demeure fort isolé. C'est sans doute une forme osquisante (avec un jeu dè mots?), mais qui pour cela ne prouve encore rien en faveur du substrat osque que l'on a voulu voir dans l'assimilation nn de nd dans les parlera italiens du sud. /?) Occlusive + nasale: I N G N I I S 3121; R I I G N A T V S = renâtus 4107; C V N N V L I G G E T I I R 4699: graphie grécisante. Une occlusive vélo-palatale devant nasale s'est nasalisée. Notre I N G N I I S est une tentative de figurer la nasale vélaire, vis-à-vis de l'orthographe usuelle qui à ce point de vue était très peu satisfaisante; cf. S I N G N I F E R C I L V I 3637, D I N G N I S S I M E C I L X I V 1386 (SOMMER, p. 234). — La graphie R I I G N A T V S serait-elle susceptible de dénoter indirectement la réduction de [r}ri\ en n? Cf. C O N A T I = cognâtî tabl. d'exécration de Carthage ( I F / I I F siècle), cONOSCAs tabl. d'exécration de Rome ( I I I e siècle), JEANNERET, p. 47; it. conoscere, fr. connaître, etc. Mais une autre explication nous semble plus plausible: c'est probablement une décomposition de renâtus, avec rétablissement graphique de l'ancienne forme gnâtus, l'analogie de agnâius, cognâtus, prognâtus aidant. b) Amuissement de nasales implosives 1 . a) Devant occlusives : I L A C = il(l)a(n)c 9251 ( N S A 1916 p. 305) (def.) L I G E T , L I G I I T = lingit 8698. 8940, L I G I S 8512, L I C I I T = lingit 8877. DELLA C. (Hercul.), L I C E = linge 8335. 8380, C V N V L I G V S 1331 add. p. 206, O B L I G E 760 add. p. 196 (p. ; ib. E L I N G E S ) quadrlGIINTOS t. c. X X I I 28 (56 ap. J.-C.) M I X I M V S 4957 N V C 1517 C A P A PA*NVS = Ca(m)pa{pa)nusl 4122 PRICIP(TS) 1932, P R I C I P I S 1945 V C I A S , Q I Q I I , S I I M V C A = u(n)ciâs, q(u)l(n)q(u)e, sêmu{n)c{i)a 4227 D V P V D I V 5123 I V C V D O t. c. X X V I 26 M I I D A C I A , V I I D I I S = me(n)dâcia, ue(n)dis 3948 Q V O D A M = quô(n)dam 5242 S I I C V D O 8270 S P I I D V S A 4184 add. p. 704. 7086 ( S P E N D V S A 1403. 4639) D V C I I T O S t. c. X X X I V 23 F R O T O 2257 I N V E T V S | P O M P E . . . Inue(n)tus MAU; lire sans doute Iuue(n)tus 4294 M E R C A T I I S 6902 M I I T V L A 7089 O L I T H V S 4051 SI la; A G I T A t. c. V I I 30 S I L I I T I O L L V S 4110. 4111, S I L I I T I O L V S =

Silentiolus'1.

( D I E H L , Pomp.

Wandinschr.,

n ° 369) 4116 S V R -

R I I T I N A S 4668 (ib. S V R R I I N T I N A S ) L A B I I = la{m)be ou la{m)bi(t) 8380 D I I C I I | B R U S 2 fois 8986 ( w ) O V E B R I I ( s ) 8822 N Y P H I I 8897, N Y P I I 4833. X 8071, 1 (bracelet d'or), N V P H E 2495. X 8349 (pierre carrée), N V P I I = Ny(m)phë 3580 (p) P O P I I I S = Po(m)peïs N S A 1929 p. 472, 245. t. c. X X V I 31 (56 ap. J.-C.), POP I I J s t. c. X X X V I I I 30 (57 ap. ,T.-C.), P O P I I I A N I S 1121 (p). Les cas où le thème li(n)g- apparaît sans nasale peuvent s'expliquer comme des formes collatérales dépourvues d'infixé nasal; cf. ligur{r)iô et ligula, et irl. ligim 'lingo' ( D E L s. u.). — L e parfait M I X I M V S est probablement dû à l'analogie des verbes qui perdent leur infixe nasal dans le thème du parfait tels findô — fidï, linquô — lïqui ; ou bien à celle du participe mictus. — L e nom Nv(/>i)q>r] se retrouve sans nasale dans des textes grecs également (SOMMER, p. 238, note 1). L a chute de nasales devant occlusives est abondamment attestée — soit directement, soit par des graphies inverses — dans des documents 'vulgaires', en particulier devant dentales, 1 M . GAMILLSCHEG (Zeitsqhrift fur jranz. Sprache u. Literatur, L X I V , 1, 2, p. 125) se demande ai, dans beaucoup de cas, l'absence de n devant consonne ne serait pas due à l'omission du trait indiquant la nasale au-dessus de la voyelle précédente. Or pareille conjecture est infirmée par le fait queles inscriptions pompéiennes ignorent cette manière de marquer la consonne nasale, à part à la finale (deux ex.) : SINCERV 2776 sur un vase (v. C I L I V , pp. 264 et 783), et, cas très douteux, P L V P J M A 3905 (cf. G. FIORIÏLLI, Descrizione di Pompei, Napoli 1875, p. 41).

5*

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v. SOMMER, p. 238. La même réduction des groupes nasale + occlusive s'observe sporadiquement en osco-ombrien : osq. saahtum 'sanctum', ombr. ustetu, à côté de ustcntu, ostendu 'ostendito'; l'osque réduit en outre les désinences verbales -ent en -et (BUCK, § 87). Nos exemples qui attestent la chute de nasale devant occlusive ne traduisent sans doute pas l'amuissement total de la nasale, mais plutôt une occlusion lâche de celle-ci; à comparer le relâchement de l'occlusion de k devant t, qui a déclenché l'évolution de la vélo-palatale vers la fricative. Aussi les idiomes néo-latins ont-ils maintenu intactes les combinaisons de nasales et occlusives, si ce n'est que dans une partie de la Romania (notamment dans la Gaule) la nasalité s'est étendue sur la voyelle qui précède, développement qui a pu être amorcé dès le latin vulgaire 1 . /?) Devant spirantes: ns > s. C'est là un phénomène latin 'vulgaire' dont la constance tient d'une loi phonétique. Fréquente dans les inscriptions de tous genres dès l'épitaphe de L. Cornélius L. f. Scipio: COSOL, CESOR (CIL I 2 8, 9; III« siècle av. J.-C.), la chute de n devant s est confirmée 1° par des prononciations ou graphies hypercorrectes avec un n à rebours (v. ci-dessus) ; 2° par les notices formelles des grammairiens romains (Varro, L. I. 108 mesa, Quint. Inst. I, 7, 29 cosul, App. Pr. 76 asa, 152 mesa); 3° enfin, par le témoignage unanime des idiomes romans. Les cercles urbains se piquaient de restituer l'articulation de n dans cette position, à la suite de préoccupations étymologiques. Mais Cicéron lui-même aurait prononcé, au dire de Velius Longus, K. VII, 79, foresia, Megalesia, Hortesia. ASAS

DELLA

C.

(Herc.)

funéraire)

QVOSERVIS =

XXXVIII

23 (57 ap.

J.-C.)

8870 C I I S V 4210 C O N S E S V X 1026 (stèle cô(n)seruïs 1241 C O S I D E R A T E 2416 COSVL(I'6ws) t. c. C O S V M A = cô(n)suma{t) 4207 add. p. 704 M A S I T 8660, ASIIR

M A S I M V S N S A 1 9 2 9 p . 4 7 2 , 2 4 5 M A S V E T A DELLA C . ( H e r c . ) M A S V ? 1 3 1 4

MESA

8310 M E S O R X 879 (mosaïque) M O S T R A T Q V I I 1928 P I I S V sept fois, P I I S A trois fois 1507 add. p. 208, P E S V D E L L A C . (Herc.) P R E S V S 7038 (p) T O S O R I 8619a T R A S E A = trâ(n)seâ(s) 6641 (p). Désinence -ë(n)sis: CAPRES = Caprë(n)s{is)'i 8476b CASTRESIS 1646. 1661. 2150 trois fois. 2413d, CASTRESII (ZANGEM. CASTRESIT; cf. Tab. IV 1; v. DIEHL Pomp. Wandinschr., 34) 1679, 1, CASTRESJ ib. 13 (CASTRENSIS 2180. 2290) DIANESIS 2993, DIANIISIS 7021 (où DIANISIS; cf. NSA 1910, p. 390). 8486 HIIRCVLANIISIIS DELLA C. (Herc.) HORTIISSI 2240 MIMIICIANIISIS, VILLANIISIS DELLA C. NIIRONIISI 2152, NIIRONIIS(w) 6841 (où NIIRONIISII; cf. NSA 1908 p. 64, 23) ROMANIISIS 2140, ROMANESES 815 (p) (cf. ROMANESIS X 8053, 173a - f. 174, lucernes de Pouzzoles, Naples et Sicile) SALINESIBVS 1611. 4106 SALINIIS( . . . ) 8099 (cf. SALINIENSES 128 [p]) SARNIISIS 2267 ¿EANESIS 8884 VRBVLANESES 7747 (el) VTICESE 9455a (NSA 1914 p. 198, 8a) (amphore). Participes présents (et adjectifs en -ans, -ëns): C L I I M I I S 2 3 4 7 . 2 4 7 9 . DELLA C. 2 C O N D I S C E S 2 2 5 8 " C O N S T A S 4 6 9 0 . 4 6 9 3 (cf. Thés. Onom. s. u.) C R E S C E S 4 2 fois contre 11 C R E S C E N S dans C I L I V (v. Index, p. 7 4 9 ) ; C R E S C E S en outre 8 9 1 6 et X 8 0 4 8 , 4 8 (abrevoir) ( C R E S C E N S 7 9 0 9 (el). 7 9 1 0 (el). 8 9 1 5 ) ; très commun dans les inscr. {Th.es. Onom. s. u.) F R I I Q V I I S 4 3 3 2 I N F A S cognomen 7 3 7 4 (el) I N N O C E S 1 G. LOTE, dans les Annales de la Faculté des Lettres d'Aix, 23, pp. 145—170, faisait remonter la nasalisation-des voyelles françaises jusqu'au latin classique, théorie qui a été combattue par G. STRAKA, dans RLiR, 19, p. 252 sqq. 2 Dont 13 proviennent du foulon L. Quintilius Crescens. C'est un nom donné généralement aux esclaves.

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Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

1080 (p). 4079 N O C I I S 4080 L I B E S 882 (p). 1241. X 1409 (Herc.) M I I D I T A S 5296 O M N I P O T I I S 6864 P R O F I C I S C E S 1241 P R V D E S deux fois 538 (p) S I T I E S 89 (p) T I I N I I S 1939 V A L E S 1313. 2076. 5364. 6741. Contrépels : G A N G E N S 2398 add. p. 221 P A R J E N S = paries 1904 /ORMONSA 6885, FORMONS I O R I I M 8259; formônsus hors de Pompéi: Ephem. epigr. I p. 54 ( = CLE 940, de Rome). CIL I I 6278. V I 8553 ( = CLE 1179). X I 3163 ( = CLE 1151). X I 6080 ( = CLE 1823); dans les mss., Ter. Eun. 730 A, Virg. passim, tardifs; App. Pr. 75 «formosus non formunsus» (2'Aes.). J u x t a p o s é nô(n)scïre : NOSCIT 3199, N | O S C I ( 0 1173 add. p. 204(p); v. plus bas p. 108. Le suffixe -ësis pour -ènsis a eu dès les temps reculés une grande diffusion, cf. Albesia Paul. Fest. p. 4, Alliesis ib. p. 7 (STOLZ-LEUMANN, p. 1 2 1 ; cf. le doublet totiëns — totiês, quïnquië(n)s. etc.). On notera t o u t particulièrement les nom. sing. de participes présents qui, résistant à l'analogie des cas obliques, laissent tomber n devant s final. Le 'contrépel' formônsus donne lieu à quelques observations. Cette forme est trop bien attestée (cf. ci-dessus) pour n'être qu'une simple graphie inverse, ou même une prononciation hyper correcte. Des grammairiens (Caper, K. V I I 95, 18, Scaurus, K . V I I 1 6 0 , 12) font remarquer expressément que formosus doit être écrit sans n. De plus, u n formunsus de l'App. Pr. 75 et de glossaires (v. B A E H R E N S , p. 55) semble indiquer que n y était véritablement prononcé, non seulement écrit, à > û dans le suffixe -ôsus é t a n t tardif et à peu près limité à la Gaule (SCHUCHARDT, I I , p. 106), tandis que u pour o devant n -)- dentale est assez fréquent (cf. plus h a u t p. 29 sq.). Pour expliquer cet n intempestif, qui semble limité, ou peu s'en faut, à l'adjectif formosus (v. SKUTSCH dans Glotta, 2, p. 243), on a proposé l'analogie soit de spônsa, -us, soit de intônsus ( ! ) (SKUTSCH, l. c., p. 246); mais le peuple ne faisait sûrement pas entendre l'n dans ces mots, donc ceux-là ne peuvent nullement avoir influencé formô(n)sus. Il v a u t mieux se demander avec B A E H R E N S , p. 56, s'il n ' y a pas un facteur négatif en jeu. E n effet, à force d'indiquer la présence chez quelqu'un d'une chose ou d'une qualité à profusion, la dérivation en -ôsus, quelle qu'en soit l'origine 1 , venait facilement à désigner l'excès, et par là recevait u n sens dépréciatif, cf. uïnôstis, mulierôsus, rabiôsus, furiôsus, ëbriôsus (distingué de êbrius)2. Or de tout temps formosus a signifié 'beau' ; c'est pourquoi, au f u r et à mesure que la désinence -ôsus était prise en mauvaise part, le peuple a éprouvé le besoin de différencier cet adjectif en y a j o u t a n t (accidentellement) un n parasite, afin d'en prévenir toute association dépréciatrice 3 . 4. Liquide + consonne4 Chute de r devant consonne: H E M E T E 5532

(amphore)

MATAL =

Martiale,

t . c. X X X V I I I 2 3 F O T V K A T ( M S ) i b . 2 4

SIISTIITA

'= seste.rtia ib. 25 MATIALIS 4550 STECVS 1754: ce sont sans doute des lapsus purs et simples. 1

V. en dernier lieu, A. ERNOUT, Les adjectifs latins en -ôsus et en -ulentus (Paris 1949), p. û sq. La remarque d'Aulu-Gelle I V 9, 12 (en parlant des adj. en -ôsus) est très instructive à ce sujet: nngeniosus et formosus ... numquam in culpam, sed in laudem dicuntur» ! Cf. A. ERNOUT, O. C. p. 80 sq. 3 A comparer le représentant moderne de ce mot en italien, où formosus 'beau' a été supplanté par bellus: it. formoso, lié inséparablement à forma, «vale non soltanto di belle forme. . . ma detto specialmente di donna, include l'idea di ricche carni e di prestante aspetto» (PANZINI, Dizionario italiano, 7e éd., s. u.). Par contre, roum. frumos, esp. hermoso, port, formoso, prov. cat. formos, n'impliquent point d'équivoque. 4 II faut se résigner à rejeter MVNTV pour multu(m), que ZANGEMEISTER lit au no. 1593 et qui, par la suite, figure dans divers manuels, par ex. STOLZ-LEUMANN, p. 167; v. plus bas, p. 74, note. 2

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VEIKKO VAANANEN

D. C O N S O N N E S

FINALES

1. Occlusives dentales d final après voyelle longue s'étant amui (lupô, estô < v. lat. lupôd, e-stôd) au cours du I I I e siècle av. J.-C., le latin possédait des dentales finales de deux ordres: les désinences verbales primaires -t et -nt issues de *-ti et *-nti et (archaïquement) la désinence secondaire -d de *-t ; les finales de mots invariables (prépositions, conjonctions) et de certains pronoms neutres: ad, apud, illud; et (< *eti), ut (< uta), etc. a) -t pour -d : A T Q V E M 1880 A T Q Y I N T I V M 9167

A T P O R T A 2013

Q V I T E G O 1 8 2 4 a d d . p.

464, et 704 (dans un vers; «quit est qui, cui ad evitandum hiatum additum est t» (sic) MAU p. 704; mais le contexte admet très bien quid — cûr) QVIT V Id | VS, QVIT F ( . ?.) 8986 e.? 8 4 9 2

Q V I T N E G A S T ( . . .) 1547 A

S E T I N T R A 2400

Q V O T S C R I P S I 1860

COT I I S T I S =

quod

S E T L V T V S 1516.

En raison de leur emploi proclitique, les mots grammaticaux comme ad, apud, sed, etc., exposent leurs finales à l'action du sandhi. C'est ainsi que le -t dans AT QVEM et AT PORT A ^ ) provient d'une assimilation ayant porté sur la sonorité. Des cas ainsi conditionnés, les formes à finales sourdes se sont étendues ailleurs (surtout at = ad et aput sont fréquents, v. Thes.). Aussi les grammairiens (entre autres Quint. Inst. I 7, 5, Velius Longus, K. V I I 11 —12) s'efforcent-ils de rétablir la distinction entre at et ad, quit et quid, quot et quod. — Dans une phase postérieure du latin, les occlusives finales des mots de ce type ont fini soit par s'assimiler complètement à la consonne suivante, soit par s'amuir, tandis que devant voyelle elles étaient traitées comme à l'intervocalique : cf. it. e, a, o devant consonne, en regard de ed, ad, od facultatifs devant voyelle (de et, ad, aut). b) -d dans les désinences verbales : ATCIISID? 1486 add. p. 208 DICIID 1700 INQVID? 1351 PEDICAVD 2048 add. p. 215 ROGAD 2388. Une alternative se présente : ou c'est la désinence primaire -t (issue de *-ti) qui s'affaiblit en -d, devenant caduque (cf. ci-après) ; ou bien il faut y reconnaître la terminaison secondaire -d (< *-t), connue du latin archaïque (FECED, S I E D CIL I 2 4, etc.) et de l'osque (deded, kûmbened 'convenit', fusid 'foret', fakiiad 'faciat', etc.). Or comme il n'y a pas, à part les mots proclitiques, d'indices d'une confusion de t et d finaux à Pompéi (confusion qui a bien produit les formes verbales en -d à basse époque, v. SOMMER, p. 274), nous sommes porté à accepter cette dernière supposition, et à admettre en outre une influence osque. c) Chute d'occlusives dentales à la finale. a) Dans les désinences verbales : AMA | 8745. 8776», AMA VALIA | P I I R I A QVIN | OSCI AMAre, P I I R I A QVISQV | IS, VOTA || ama(t), ualea(t), nô(n)sci{t), uota{t) 1173 add. p. 204 (p) COSVMA 4207 add. p. 704 I I D I I B A || 4986 F E L A || 4434. 5095 DIIDICA || 4603 ROCA || = roga(t)l 7091 MOVE || 8496 R I I L I N Q V I I | PVTR- = relinqui{t) 1391 HABITAII || = habitait) 8314 TABIFICANQVII 4966 (époque de Sylla ou de Cicéron, BUECHELER, CLE 934) V I D I V I I N I I R I I M = uldi(t) 6842 VINCA VINCA PANTORGANA = vinca(t)\ 8873. Il semble que la dentale finale des désinences verbales, soit primaires en -t, soit secondaires en -d, ait été débile (sans doute seulement implosive, cf. RICHTER, p. 73) ou franchement caduque dès l'époque archaïque; cf. D E D E 'dédit' CIL I 2 47. 377. 477; DEDRON ib. 30, voire dEDERO ib. 61, DIIDRO ib. 379 (de Pisaurum). La condition initiale est encore ici la

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position devant consonne, comme par exemple dans TABIFICANQVII. — Des idiomes néolatins, seuls le v. fr., le prov. et le sarde ont des traces de -t final dans les formes verbales (exception faite de est et sunt ; MEYER-LUBKE, Gramrn., I, § 550 sqq.). /S) En dehors des désinences verbales, la chute de -t n'apparaît à Pompéi que dans pos(t) : P O S F A T A 6820 P O S PRVJraam? 6826

P O S Q V A M 4966 P O S I D V S 2058.

Cet amuissement de finale est de même conditionné originairement par la phonétique syntactique. On se demande si POS- dans POS IDVS n'est pas une abréviation. — La note de Cicéron (Or. XLVII 154) est instructive: «. . . posmeridianus quadrigas quam postmeridianus quadriiugas libentius dixerim». La forme pos a fini par prévaloir, cf. it. roum. poi, esp. pues, prov. pos, v. logoud. pus. 2. Chute de c final? HICACAT = hic eacat 3146; sans doute un cas d'haplographie, d ' a u t a n t plus que les deux mots ne sont pas séparés l'un de l'autre (ib. H I C CACAT).

3. Chute de m final Il n'y a pas de phénomène 'vulgaire' qui soit plus répandu dans les inscriptions latines que la chute de m final. Elle se constate dès l'époque archaïque dans les tituli de caractère officiel même, comme les épitaphes des Scipions, du III e siècle av. J.-C. Qu'il ne s'agisse pourtant pas d'un retranchement total de -m, c'est ce que précise Quintilien (Inst. IX, 4, 40) : dans multum ille et quantum erat «(-m) parum exprimitur . . ., adeo ut paene cuiusdam nouae litterae sonum reddat; neque enim eximitur, sed obscuratur, et tantum in hoc aliqua inter duas vocales velut nota est, ne ipsae coeant». Dans la prosodie, cette finale réduite, tout en faisant position devant consonne, comptait pour nulle devant l'initiale vocalique; à comparer les composés contractes du type animadverto < animum adverto, circuitus < circum-itus. A l'époque classique, le parler urbain restitue l'rn final plus ou moins complètement, tandis que le vulgaire continue à l'articuler faiblement, ou à le laisser tomber franchement. En roman, il ne subsiste que dans des monosyllabes. Pour trier nos matériaux relatifs ù l'omission de m final — ainsi que de s final —, nous nous conformerons aux principes de critique épigraphique qu'a formulés E . D I E H L dans sa monographie capitale De M finali epigraphica (1899) 1 . On écartera les cas où la finale est omise par manque d'espace (marge, obstacle matériel, etc.) ou par mutilation; ensuite les omissions où l'on peut soupçonner une abréviation 2 (dans des listes tracées à la hâte, sur Vinstrumentum domesticum, dans les salutations et autres formules consacrées); de même on m e t t r a à p a r t les cas de -m omis devant m- (comme haplographies possibles) et les chutes de -m en synalèphe. Des omissions enfin qui ne se laissent ramener à aucune des catégories énumérées, on cherchera à éliminer les cas qui ne sont qu'apparents, tel l'emploi éventuel du nominatif, du datif ou de l'ablatif là où l'on s'attendrait à un accusatif. 1

Bien entendu, les données provenant de Pompéi qui figurent dans l'étude de D I E H L ne sont qu'une partie minime des matériaux dont on dispose aujourd'hui. 2 A noter que le point n'est, d'ordinaire, pas un signe d'abréviation. D I E H L , p. 216 a eu tort, nous semblet-il, de voir une abréviation dans VNCV- CIL IV 2183. — Lorsque la même inscription contient plusieurs mots non terminés ou des ligatures, il y a lieu de présumer une abréviation dans le retranchement même d'une seule consonne finale. Également, si tel mot qui revient souvent sur les murs de Pompéi, se présente abrégé de diverses façons, il convient de prendre pour une abréviation même l'absence de la lettre finale seule (p. ex. le mot salutem, v. ci-après). Un mot est enfin abrégé plus facilement en fin de ligne ou in pttusa qu'ailleurs. Cependant les omissions de -m en marge ne sont faites à dessein que dans des tituli de caractère officiel, selon la coutume qu'ont eue les lapicides romains de suspendre le mot à la dernière ou à l'avant-dernière lettre en fin de ligne rnurgine urgente ou par le désir de maintenir la symétrie de l'inscription (v. D I E H L , O. C., p. 220).

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VEIKKO VÂÀNÀNEN

a) Cas d'omission de -m admettant une explication non phonétique. a) Absence de -m due au manque d'espace ou à la détérioration du mur ou de la tablette de cire : OB AVCTIONII11. c. VII 31. XXVI 28. X X X I I 5 (57 ap. J.-C.). X X X V 30 (57 ap. J.-C.). X X X I X 4 (57 ap. J.-C.) NOVII | t. c. XLV 8 AD AMPITHEATRV | (cannelure de colonne) 1421 add. p. 207 ANTIOCV | LVSCV | (bord de colonne) 1427 CVLV (M mutilé?) 4954 CVra sVRREXIT (inscr. mutilée) 1902 CVNNV | (bord de cannelure) 1425 FAIINV | ALATV | faenu(m) àllâtu(m), avec les finales mutilées? 1239 add. p. 205 AIITATIIM PIIRPIITVA | (mutilé) 4987 PVBLICV | t. c. CXLVII 26 (59 ap. J.-C.) AED PROCV (mot suspendu dev. l'ornement) M CASELIV | 2352 add. p. 219 siG(II)NATARV- | t. c. XXVI 30 TABIILL | ARV 11. c. X X X V 31 (57 ap. J.-C.) M TVLLIV | 42 (el) SEVERV | IIVIR (inscr. partiellement recouverte de crépi) 730 (el) VIINIIRII [ dll MARMORI | FACTAM (.?.) (bord du rectangle qui circonscrit l'inscr.) 3691 (p). /?) Abréviations présumables : ANNV | NOVM FAV | STVM FEL | ICEM X 8053, 5 (lucerne de Portici; premier mot abrégé par besoin de symétrie?) OB AVCTIONII Mil SVP STI | PVLATV = auctiône(m) me(am) par abréviation? t. c. X X I 21 (56 ap. J.-C.) AVSPICIV j DIIXTRFIILIC = auspiciu(m) dextr(um) fëlïc(issimum) abréviations 4496 COLICLO ou COLICLV? (v. facs. ib.) = caulic(u)lu(m) 4888; cf. ib. PAN(em), BE(tam), SINA(:pim), MIIN(tam) SITTIVS RIIS | TITVIT | ELEPAN | TV | 806 (p., enseigne d'auberge) LOMENT «—» = lômentum, -um par ligature 5737 (urceus) SCR | AEMILIVS | CELERSING | AD LVNA || 3884 (mots ajoutés à une annonce de jeux de gladiateurs) PIISV huit fois (dont trois en fin de ligne) 1507 add. p. 208; cf. ib. Pll(swm) deux fois, PIIS(«m) deux f. SALVTIIM . . . PLVRIMA (A signe abréviatif pour ami) 3905 (où se lit PLVRIMA; cf. G. FIORELLI, Descrizione di Pompei, Napoli 1875, p. 41) POPIDIV | SECVNDVM 421 (el) VIINIIRII POMPIIIANAM PROPYTIA > (signe abréviatif?) 4007 SALVTII(ra) 1237 (in jxiusa). 1593 (en fin de ligne). 1684 (fin de ligne; ib. SALVTEM). 1695 (fin de 1.). 1892 (fin de 1.). 2015 (in •pausa). 4109 (fin de 1.). 5094 (fin de 1.). 7351 (fin de 1.). 8175 (fin de 1.). 8364 (fin de 1.). 8915 (fin de 1.). DELLA C., SALVTII PLVRIMA 3976. 8270. DELLA C., PLVRIMA SALVTE 8883, PLVRIMA SALVT 4447 (PLVRMA). 4596, PLVRIMA SAL 8903; vu les formes suspendues SALVT(em) 4447. 4596. 4753, SAL(wiew) très fréquemment (v. CIL IV, Index p. 764), la graphie SALVTII est susceptible, elle aussi, d'être une abréviation. SINCERV 2776 (vase) (. . .)VIVS • DVX • VXORII || = . . . dûx(it) uxôre(m) 1887". y) Omissions de -m devant m-1: OB | AVCTIONII M ALLei? | HYGNI («utrum m praenomen sit an ad auctione pertineat, ex scriptura dignosci nequit» ZANGEM.) t. c. XLVI 5 OB AVCTIONII M LVCRII | TI t. c. X 6 (55 ap. J.-C.) CVMIIDIA = cu(m) mediâ 5296 deCIIMILIA t. c. XXVIII 25 (57 ap. J.-C.) FRVMIINTV M I (.?.) = frumentu(m) m(odius) I 1858 add. p. 213 toCVMONVMENTO DELLA C. (tombe) PVPA MUA ASPICIAT = j>upa(m) mea(m) a. 6842 VITA MELLITAM 8408.

ô) Synalèphe dans des inscriptions en vers: NON EST HIC TVTVM CVLV APERIRE TIBI 8899 (écrit à l'encre) LAVDATA 1

La possibilité d'haplographie est exclue lorsqu'il y a un point après le mot dont l'm final est retranché, p. ex. OB AVCTIOlNII • MIIA(m) IIX . . . t. c. XXVIII 27.

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Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

A MVLTIS = laudata(m). . . 1516 (cf. ib. /VTVII FORMOSA FORMA PVELLA, v. ci-après) PRIINDII LORA HT IIXCVTII 5092 MAGNA •HABIITPIICVNIAM 1597 SEPTE INGENTIA 8630 (citation de Verg. Aen. I, v. 192-193) SPARGII MILIV IIT COL| LI GII 2069 PVPA MIIA ASPICIAT 6842 VITA MELLITA. EXIGVNT 8408. s) Nominatif pour accusatif (dépendant d'un verbe sous-entendu) ou facultativement -m omis à l'accusatif: C I S S O N I A L A P A 4 7 0 7 : sans doute unacc., cf. C V R I O S O R E S T E 6 6 4 0 (p), V N C V P O M P I I J A N I S 2 1 8 3 , v. ci-après p. 116 V I D I I A N T H V S A 1 2 3 0 A X V N G I A P CC (cf. ib. A L I V M A N V P L O S , v. ci-après) 2 0 7 0 N B A R C H A I L V V B O V F . . . = N(umerium) Barcka{m) IIu(irum) u(irum) b(onum) ô(rô) u(ôs) f(aciâtis) . . . 26 (p, parmi les «progr. antiquissima») C A P E L L A IT I V R 2 9 5 1 (el), C A P E L L A N V I R 3 6 2 7 (el), K A P E L L A

II VIR

3 5 8 2 (el): cf. C A P E L L A M N V I R O V F 2 9 4 9 ( e l ) ;

(el); listes de provisions etc. : C I I P A |, F A B A M V U 6 7 2 2 [cf. ib. S I I M I I N T I I ( m ) ] C I I P A ? 4 4 2 2 H A L I C A deux fois, B V B I I L L A T w o ' C V L V D I G N R E I S O R DELLA C. 5 3 8 0 (cf. ib. P I S C I C V L V M ,

CIIPAS,

PALMAS,

F V R F V R I I ( m ) o u ( - s ) ] S I I M V C A = sëmu(n)c(i)a(m)

PANII)

P A L I I A 4000

[cf. ib.

4 2 2 7 [cf. ib. V C I A S Q I Q I I

=

u(n)ciâs q(u)î(n)q(u)e], £) Ablatif (datif) pour accusatif, ou facultativement -m omis à l'accusatif: I N C O N V I I N T V V I I N I 3888 V E N I E S I N G A B I N I A N V - 1314 (DIEHL, De M finali, p. 71 : I N quo + a b l . ) I N S T I P V L A T V V E N I T t . c. V 1 ( 5 4 a p . J . - C . ) , I N S T I P V L A T V I I I V S R I I D I I G I t . c. V I 1 2

V E N L P V T E O L O S I N V I C O | T I M N I A N O DELLA C.

(Here.) I N L V D O S A V T I N M O N V M E N T O I C O N S V M E R E X 829 (DIEHL, O. C., p . 6 8 : a b l . ) R E F E R A S I N V R G V L A N A 1 6 0 7 (DIEHL, O. C., p . 71 : a b l . ) I T V R E D I T V P A S S J : abl.? 1714 I N P E R P E T V O abl.? 3678 (el) R O G A D P R O B O | V I M (.?.) 2388 «'rogare' casum regere uidetur tertium» DIEHL, O. C., p. 264; lire R O G A ( ¿ )

X

A PROBO?

r¡) Cas particuliers : CRETARIA FECISTJ, SALSAMENTARIA FECISTJ, LAGVNCVLARIA NVNC FACIS DELLA C. (I. F.): le scripteur a pu prendre ces féminins collectifs pour des neutres pl., d'autant plus que le même graffito a AERE MINVTARIA FECISTJ (v. plus bas pp. 89 et 99) SALII I = sale(m), ou sale neutre? 4888. -m omis sans raison apparente. a) Accusatifs en -a(m): SVMO AQVA II 9080 SVCCIISSVS . . . AMAT . . . ANCILLA , 8259 INTI1R BIITA IIT BRASSICA || 4533 OB AVCTIONEM BVXIARIA C IVLI t. c. V 2 (54 ap. J.-C.) CAECILIVM j CAPELLA IIVIR 588 (el), CAECILIVM CAPELLA IVCVND(WM) 3473 (el) FAC MI COPIA DELLA C. AD FAVSTILLA 8203. 8204 FELICLA EGO F(utui) 2199, FELICLA EGO FVTVI 2200 /VTVII FORMO SA FOrMA PVELLA-LAVDATA A-MVLTIS 1516 OB FVLLONICA (espace vide) t. c. CXLII8 (58 ap. J.-C.) FIGVLVS | AMAT | IDAIA | 3131 MIINTLA | IIXMVCCAVT 1391 LINGAS MENTVLA || 2400 add. p. 221 LINGe MIINTVLA | 5278 MIINTLA | LINGe 3103 LIGIS «iIINTVLA || 8512 OB AVCTIO | NILMIIA IIX t. c. XXVIII 27 FVTVI MVLA HIC 2203 add. p. 215 SI QVI MVRIA | BONA VOLET 4287 AMAT • NIGRA • NIGRIS, NIGRA CVM VIDEO 6892 POIINA-1 PATIARII • 7038 (p) ABIAT • VENERE • BOMPEIIANA • IRATAM 538 (p) AT PORTA | DHDVCHS

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2013 AD PORTA ROMANA | 8356 EXTRA • PORTA | INTRA • PORTA • | 2400 add. p. 221 ME SCIRE PVELA | IYSTA D Q A t. c. Here. XVI P P 3, 1948, p. 171, ME ScIRE PVELLAM | LIBERTA CALATORIAE t. c. Here. XXIV P P 3, 1948, p. 179 RVTA • QVI ODIIRAT TISANA IIDIIBA(i) 4980 SELLA COMMODASTI 3502 (p) MARCVS SPIIDVSA AMAT 7086 KONTEMNÌ2 AHPEIAIÌ2 AATÌ2NA TOYA CA ABI AAA = contemnô dërideô Lâtôr.a(m) lua(m) Saluilla(m)? 8384 P U R VINDIIMIA | TOTA-1 1391 IANVARIVS AMAT VENERIA | DELLA C. (i) Accusatifs masc. et neutres et nominatifs neutres en -u(m), -o(m): acTV P O P I I J = âctu(m) Po(m)peî(s) t. c. X X X V I I I 30 (57 ap. J.-C.) ALIV • MANVPLOS 2070 APPVLEIV II = Appuleiu(m) 3417 (el) (cf. APPVLEIVM I I VIR 3421, même maison) AVRV P X 8071, 1 BELLISSIMV/«TVERVNT = bellissimu(m) (v. ci-après p. 116) 4884 CASIV (suit un nombre) = caseu(m) 1761. 4422 CHIrOGRapu- P R I V A I t. c. CXLII 21 (58 ap. J.-C.) CIIRIIBRV • FLATVS, ODIV • V (. . .) 9251 (NSA 1916 p. 305) (def.) CVNNV suivi de lingis, lingit, etc. 1383. 2081. 8877 (deux fois). 8898. 8939. 8940. DELLA C. (I. F.) AOYKION AI CVNNV || = li{nge) ou li(ngit) cunnu(m) 5267 DATV | TYRANO PANIIVM I = datu(m) . . . pane(m)ì 4906 Q • DECIV • Q • L • HILARVM auT L (. . .)VM • L L AmpRlONEM • 3864 (p) PANII DIINARIV || 6877 DORMITV || 1533 («sub larario», c'est la suite de ITE LARES 1539 «ante 1533») DVPVDIV 5123 CARV • FLOS = garu(m) 5666 (urceus) COMMVNIANV || = (uïnum) Commûniànu(m) 5575 (amphore) NOLI | AMARE | FORTVNATV |[ 4498 SIIRIINA | ISIDORV | FASTIDIT 3117 ITIIRV • L • CALPVRNIO t. c. X X X I I I 2 (57 ap. J.-C. ; quittance très fautive, dressée par le créancier lui-même) C • LOLLIV | OVF 1067 (el) LVCRETIV || 92 (el) LVCRV • ACIPE X 876 SALVE • LVCRV || X 874 (mosaïque) LVCVBRATORIV | VNVM DELLA C. (Here.) CAVE | MALV || X 8067, 6b (poids de plomb). 3832 (p) OMNE • MODV = omne{m) modu(m) 4456 (v. plus bas p. 116) NON MVZTV-1 CVRO 1593 wAVIGIV CELERIS 8991 PESV DELLA C. (Here.) OS PLIINV | 1391 POSTERV NONAS = posteru(m) pour postridië? 9116, NONAS | POSTErV|| 9132 nOEPV | = pueru(m)l 8968 OB VIICTIGAL PVBLICV| PASQVORVM t. c. CXLVII 26 C. SATRIV || 6623 (el) SVENTINV | = (uïnum) Su{rr)entlnu(m) 5514 (amphore) TANTV | IN 2013 T TERENTIV || 808 (el) TRIFOLINV | TIBVRTIANVM 5518 (amphore) TVMVLTV | PARIET1410 VINV | nON BIBIIT 4276 VINV y 8958 VNCV • POMPIIJANIS 2183 (cf. uncum minari Suét. Tib. 75); -o{m): ALLIO A U = alliu(m) a{ssibus) I I 5246 (cf. ALIV(w) 2070) QVINTIO • SIQVI • RECVSAT 2887 «Quin(c)tio{m) intellegendum esse puto» ZANGEM. PVTEOLOS • ANTIVM • TEGEANO • = Tegeânu{m) 3525 (p) VETIO CL 2426a (cf. ib. IVLIVM, L. PLOTIVM, noms de gladiateur) VINO A VS, VINO (. . .) (ou VINV? v. facs. ib.) 4422 (liste de provisions négligemment tracée). y) Gén. pl. en -u(m) : NVMMO | = nummu{m)i. t. c. CXLIII 9 (59 ap. J.-C.). Ó) Accusatifs en -e(m) : P • A D I P I I | CXXVI 1678 add. p. 210 ANTE AEdE MArtis t. c. Here. XV P P 3, 1948, p. 170 (ib. ANTE AEdES (sic) Morii S) OB AVCTIO | N I I • MUA t. c. X X V I I I 27 HABIAS • PROPITIVM CAESARE || 2083 IVRAVIQVE . . . M I H I | SEMPER DOMESTICHIATE F V | VISSE t. c. Here. X X I I I P P 3, 1948, p. 177 1 Z A N G E M E I S T E R donne MVNTV il est vrai; mais dans l'apographe du graffito, Tab. XV 9, la troisième lettre de ce mot nous semble plutôt L que N.

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

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Q V 1 I A M A S | F I I L I C I O N I I || 2013 F V R F V R I I A V I == furfure(m) ou furfurë(s)? 4000 H A B E A S | I O V E • I R A T V M 7716 (p) D I G N I S S I M V M I V V E N E | 7579 (p) M E S C I R E M V L I E R E . . . I N G E N V A M t. c. Here. X X P P 3, 1948, p. 176 H A E C (sic) N A V E P I N X S I I T 1847 N E P O T E • A E D = Nepote(m) aed{llem) (ôrô uôs facialis) 3823 (el) D I X I T O N O R I I || ( « O N O R I I i. e. (h)onore{?n) uidetur fuisse» ZANGEM.) 1396 P A N E | F E C I 8973 P A N I I G V S T A S 8903 P A N I I A U 8566, P A N I I 14 fois 5380 (chaque fois au milieu de la ligne; cf. ib. C A S I V M , O L I I V M , V I N V M , PVLTARIVM, FIIMININVM, TRIDICVM, BOTIILLVM, PORRVM, INLTYNIVM? P I S C I C V L V M ; B V B I I L L A , H A L I C A ; v. ci-après p. 117) P A N I I F A C T V M 2 fois DELLA C. (Here.) D A T V | T Y R A N O P A N I I V M = datu(m) . . . pane{m) . . .? 4906 C V R I O S O R E S T E 6640 (p., avec un dessin de deux cordes et trois clous; «quod

quid sibi uelit nescio» MAU; cf. Atimeto lib(erto) cuius dob filiam amisi, restem et clauom, unde sibi collum alliget C I L V I 126491), F I R M I O L O a ? N I A R E S T E || 8306 S I I M I I N T I I | M ( = modii) V I I 6722 V I I N I I R I I P O M P I I I A N A M 4007 R O G A T V I I N I I R I I | 1839 R I I L I N Q V I I | P V T R • V I I N T R I I || 1391.

e) Génitifs en -âru(m), -ôru(m) : h C O L L E G I O R V | DELLA C. (tombe 8) P O M P I I J A N O R V || 2413 PVIILLARIV • (sic) D O M I N V S 8916 P V P A R R V ( s i c ) D O M N V S 4356 T A B I I L L A R V SIGRRAATARV || t . c. X X V I I I 28, T A B I I L L | A R V 11. c. X X X V 31 (57 a p . J . - C . ) .

Ç) Désinences verbales en -a (m), -e(m): D E B V E R A • A N N I t . c. C X L V 3 5 (58 a p . J . - C . ) I N Q V A • N V L I I = inqua(m) [in quâ (rë) (sic) ZANGEM.] 1261 S A I I P I I - I I G O C V M I I D I A | V I G I L A R I I • P I I R D I T A N O C T I I 5296.

rj) Mots invariables, suffixes : a C V A M I I C I S 3152 E A N D E || (leçon douteuse) 4199 I A V O L C A N V S 8873 I A N O X 8361 I N D I D E || 7124 (p) I T | E E T = ite{m) 1679 M I N V T A T I Q V I I M ? t. c. V I 13 (54 a p . J . - C . ) S Y R V S N I I Q V A || 4831, S I I R V O N I I Q V A || = seruu(s) nequa{m) 6864, M V S N I I Q V A il, (. . .) N I I Q V A |j DELLA C. N O V I I | N V M M O S t. c. V I 9 (54 ap. J . - C . ) Q V I D A || 3067 Q V I • Q V A • A G I I R I I 9251 ( N S A 1916 p. 305) {def.) Q V O N D A || DELLA C. T A N D E E V M DELLA C. ( H e r e . ) .

c) Contrépels: X K FEBRA VRSA P E P E R Î T DIEM | IOVIS die(m) pour d m 8820 NEC STne DVLCISSIMAM PHILOTH(. . .) 3710 (p) [cf. SINE CVRAM CIL VIII 2728 (ca 150 ap. J.-C.), SINE CRIMEN CIL VI25668, etc., DIEHL, O. C. p.51 ; v. plus bas p.121] OB PASQVAM-1. c. CXLV 10 (58 ap. J.-C.) [ib. 27 OB PAS QVA (. . .) («post PAS QVA uidetur V aut I I exstare. An sunt uestigia litterae M?» ZANGEM.), 32 OB PAS QVA], t. c. CXLVI 2 (58 ap. J.-C.), ob pASQVAM ib. 18; cf. OB VIICTIGAL PVBLICVl PASQVORVM t. c. CXLVII 26; un féminin pascua, -ae ne paraît pas être usité avant la basse époque (GEORGES S. U.) perMISSVM A E D I L n m | OCCVPAVIT 1096a add. p. 202 (p); cf. PERMISSV | AEDILIVM • CN ANINIVS • FORTV | NATVS • OCCVP(auit) (scil. locum in spectaculis) 1096 HIC DOMVS PAPIRIV SABINIVM = Papiriû Sabiniû{m), gén. grécisants (v. plus bas p. 84) 5065. Le groupe a) a) dans notre classification des omissions de -m final à Pompéi est à écarter définitivement. Les cas où -m est retranché par abréviation (a, P) sont sujets à caution. 1

CHRISTIANUS H U E L S E N ,

1911, P . 171 sqq.

Satura Pompeiana, dans Sumbolae Litterariae in honorem lulii de Petra, Napoli

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Toutefois, la plupart n'en sont que des abréviations facultatives, et peuvent reposer sur la prononciation réelle. Au même titre, les cas d'haplographie possibles et de synalèphe seront mis à part. La situation dans les accusatifs dépendant d'un verbe non énoncé (a, e) est instructive. Il s'agit d'exhortations électorales où la formule ôrô uôs faciâtis est à sous-entendre, ainsi que de souhaits ou invectives du type cûriôsô reste(m) et enfin de listes d'objets domestiques (provisions achetées ou distribuées), où un verbe défini quelconque n'est guère plus à suppléer, si bien que l'accusatif arrive presque à équivaloir à un partitif (v. plus bas p. 117). Or dans ces propositions nominales, les noms de la l ê r e déclinaison sont régulièrement dépourvus de m final, tandis que la désinence -uni est généralement complète ; cf. le graffito n° 5380 où il y a HALICA, BVBIILLA, mais BOTIILLVM, CASIVM, PISCICVLVM, etc., les noms en -Mira ayant toujours m. Cette divergence n'est sans doute pas fortuite, et une explication n'est pas difficile à trouver. C'est qu'au sing. de la l i r e déclinaison toute distinction entre cas sujet et cas régime était effacée après l'amuissement de -m, tandis que dans les thèmes en -o- cette distinction était nettement sentie, puisque l's final du nom., comme nous le verrons bientôt, était stable. C'est pourquoi tel scriptor a pu écrire, sur des programmata, un CAPELLA I I VIR, ou même CAECILIVM CAPELLA I I VIR. Dans les cas pareils, il a songé d'autant moins à mettre Vm final exigé par la correction orthographique que le verbe était seulement sous-entendu. De même s'explique le contraste entre HALICA, BVBIILLA et BOTIILLVM, CASIVM, PISCICVLVM, etc., dans la liste de provisions du n° 5380 qui est tracée avec une certaine application (v. CIL IV Suppl., p. 595). Sur cette même inscription 5380 le mot P A N I I apparaît 14 fois, toujours sans -m. D I E H L , De M finali, p. 213, appelle l'attention sur le fait que la forme P A N E ( V I N V ) revient avec une fréquence considérable sur les inscriptions, même sur celles qui ne présentent pas d'omissions de -m pour le reste. Ce serait là, pense M . D I E H L , soit une simple abréviation conventionnelle, soit une graphie traditionnelle gardée par une sorte de piété («quasi sacrosanctae uoees»). Cependant, en présence des nombreuses omissions de -m dans pareilles conditions, nous croyons que c'est bien un fait phonétique. Il ressort des considérations précédentes que l'w final aurait été plus résistant après u qu'ailleurs, ou que, plus exactement peut-être, après M il y a eu facultativement réduction ou amuissement total, tandis qu'après n'importe quelle autre voyelle l'amuissement était à peu près définitif 1 . E n tout cas m final a dû être caduc en toute position à Pompéi, c'est incontestablement la conclusion qu'imposent nos matériaux abondants. L'm y est omis sur des inscriptions de caractère officiel, où il faut certes toujours être en garde contre les abréviations, mais auxquelles il convient d'autre part de conférer une valeur probante toute particulière. Nous pensons aux avis muraux portant un MALV, et aux inscriptions en mosaïque avec un LVCRV. Mais c'est surtout la quantité imposante des omissions de -m sur les graffiti d'empreinte vulgaire ou ingénue, d'où l'usage d'artifices orthographiques est exclu, qui ne laissent pas de convaincre 2 . Le témoignage en est enfin confirmé par les contrépels. La tendance ainsi établie du parler latin de Pompéi à laisser tomber tout -m final ressort plus nettement encore du fait que les inscriptions pompéiennes en langue os que présentent 1

L'App. Pr. donne des exemples de chute de -m aprèB diverses voyelles: triclinu 143, passi 217, numqua 219,

pride 223, oli 224, ide 226, exemples pris sans doute au hasard. M. G A M I L L S C H E G (ZFSL, 64, p. 125) pense qu'il y aurait eu allongement et fermeture de u devant -m, antérieurement à la chute de ce dernier, ce qui expliquerait la métaphonie, dans certains dialectes italiens, des mots du type mêcum en face de pectus, etc. sans métaphonie. z Plus un document donné a le caractère 'vulgaire', plus les omissions de -m y sont fréquentes. Sur le3 tablettes d'exécration, M. J E A N N E R E T n'en a pas réuni moins de 650.

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de nombreuses omissions de -m, tandis que par ailleurs l'osque a maintenu cette finale d'une manière générale, fait significatif que WICK (p. 4 2 ) a justement mis en relief. Or comme l'absence de -m s'observe surtout dans les inscriptions osques datant d'une époque plus avancée, il est légitime d'admettre que les chutes de -m dans les inscriptions osques sont dues à une influence du latin local qui peu à peu a prévalu sur l'idiome indigène. Les inscriptions pompéiennes, pas plus que les documents 'vulgaires' de n'importe quelle provenance, ne donnent la clef pour trouver le point de départ du phénomène phonétique qui nous occupe. D'un autre côté, il n'y a rien non plus qui contredise la théorie généralement acceptée, d'après laquelle c'est à la pause que l'-m se serait réduit d'abord. On admet en outre que l'amuissement de -m a été de même à peu près total devant une initiale vocalique (cf. l'observation de Quintilien citée plus haut); appuyé, c'est-à-dire devant consonne, Y m final a pu se conserver plus longtemps, à l'état réduit, si l'on veut ; c'est ce qui l'a sauvegardé pour le langage littéraire; cf. SOMMER, p. 3 0 2 , STOLZ-LEUMANN, p. 175, et MEYERLUBKE, Gramm., I , § 4 0 3 , g. Cependant l'hypothèse d'une nasalisation de la voyelle qui aurait précédé l'amuissement de -m, et que les savants précités sont enclins à admettre, ne trouve pas de confirmation dans nos matériaux. En effet, si la chute de -m comportait une nasalisation de ce genre, on s'attendrait à rencontrer quantité de confusions entre m et n finals: or à Pompéi, à notre connaissance, il n'y en a point (excepté un CVN FILIITO 2 4 0 2 , qui s'explique par le sandhi, v. ci-dessus). 4. Chute de n final N O I I C O 4 1 3 3 (ib. N O N I I G O ; il s'agit d'un fragment de vers ovidien, Her. I V 17 non ego nequitia socialia foedera rumpam) N O B I I L L I I 4 1 8 5 L I Q V A M E | O P T I M V M DELLA C. (urceus).

Le latin vulgaire a eu le doublet non et nô, dont la forme sans -n s'est sans doute développée dans la proclise, bien que la répartition des deux formes soit bien autre en roman (cf. it. et v. esp.: no négation absolue, non négation conjonctive; MEYER-LÛBKE, Gramm., I , § 5 5 0 ; pour le v. esp., v. MENÉNDEZ PIDAL, Cantar de Mio Cid, I (Madrid 1 9 0 8 ) , p. 192 sq.). Notre second exemple s'expliquerait du reste par la phonétique syntactique : nômb-, 5. Chute de s final Comme m, la sifflante s aussi apparaît caduque à la finale d'un mot, sur les inscriptions latines dès la phase archaïque. Cependant les destinées de ces deux consonnes en tant que finales ont été nettement divergentes. L'effacement de -m était, nous l'avons vu, une tendance constante en latin populaire de tout temps. Il n'en est pas de même de -s. A l'aide de données épigraphiques, CAROLA PROSKAUER a pu- établir dans sa solide monographie Das auslautende s auf den lateinischen Inschriften (Strassburg, 1910) que la chute de -s était à peu près limitée à la désinence -ôs (-us) ; les omissions après voyelle brève autre que o (u) sont si rares qu'on a le droit de les attribuer à l'analogie des désinences -ô(s); après voyelle longue l's final présente une stabilité à peu près absolue. La terminaison -ôs, dans les inscriptions anciennes, apparaît plus souvent sans -s qu'avec s écrit. Postérieurement à 2 0 0 av. J . - C . , c'est-à-dire après que it. pecchia, prov. abelha ( > fr. abeille), etc." fonticulus: FONTICVLVSPISCICVLO SVO | PLVR(i)MA SALVT(em) 4447; raillerie inintelligible pour nous, les deux diminutifs devant sans doute contribuer à l'effet voulu. furunculus : FVRVNCVLE (seul) 1715 («prima autem etiam A esse potest» ZANGEM.) VATIAMAED | FVRVNCVLI ROG 3 576 (el) OPPI-EMBOLIARLFVR-FVRVNCLE 1949; cf. Cic. Pis. 66 olim furunculus, nunc uero etiam rapax (Thes.). hamula: HAMVLA VNA DELLA C. (Herc.); 'petit seau', de (h)ama emprunt au gr. â/irj ; reparaît en bas latin (v. Thes. s. u.) et survit dans les dialectes italiens et en provençal (REW s. u.). muriolaï : SI-QVI-MVRIA | BONA VOLET | PETAT? A LASICIO ( . . . ) SCITO MVRIOLA ES 4287 ; de muria 'saumure' (on connaît un autre mot muriola, 'sorte de piquette'), ou cognomen inconnu? mustulaï: MVSTVLA à la fin d'un graffito abimé 1405; 'fillette'? de mustus, -a, -um 'nouveauté)'? nummulusl : ONVMMVIVM (sic) 5025 ( = 3323); douteux. pisciculus: v. fonticulus,' ci-dessus. 1

Cf. App. Pr. 50 «catulus non catellusu, prescription pédantesque (BAEHRENS, p. 121 sq.). Une étude sur l'évolution du diminutif en latin vulgaire est toujours à faire. Les ouvrages d'ensemble no tiennent pas compte des données linguistiques d'aspect populaire (inscriptions, textes tardifs): R. HAKAMIES, Étude, sur Vorigine et l'évolution du diminutif latin et sa survie dans les langues romanes, Helsinki 1951, apporte des précisions concernant l'emploi du diminutif dans la période ancienne; la partie «survie» est un peu théorique, faute de dépouillement de textes; J. S. TH. HANSSEN, Latin Diminutives, A Semantic Study, thèse de Bergen, 1 9 5 1 (analyse pénétrante des valeurs sémantiques). Pour un coup d'oeil général, v. E R N O U T , Aspects du vocabulaire latin, Paris 1954, pp. 189—192. 3 Pour la candidature singulière de Cerrinius Vatia, v. plus haut p. 66. D E L L A CORTE, Case ed abitanti, 330, suppose que le local où se trouve ce programma était une prison privée pour esclaves voleurs (f). 2

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Pompeiânuhis: P O M P I I I A N Q L V S D E L L A C . pupula: I NVNC VIINTIS TVA GAVDIA PVPVLA CRIIDII 5296; 'fillette, ma mie', cf. pupa ci-après p. 109; terme d'affection, cf. Apul. Metam. VI 16 mea pu,pula ; survit dans des patois de l'Italie du nord (REW). sacculus: I I X IDVS IANVAR | SACCVLVM 2040 ( . . . ) SACCVLI ( . . . ) (le reste, illisible) 5019; sacculus est attesté avec des sens variés: 'sac à blé' (Apul.), 'filtre de vin' (Lucil.), 'porte-monnaie' (Catulle, Sén., etc.; GEORGES). scaphiolum: SCAPHEOLA (sic) DVA D E L L A C. (Herc.), 'petit bassin, coupe', de scaphium emprunté au gr. axdcpiov, Vitr., Cic., etc. (GEORGES). sucula, succida: MCERRINIVMAEDj ( . . . ) SVCVLAROG 159 (el); cognomen, sans doute tiré du nom d'étoile Hyades, que l'on dérivait par erreur de vç (cf. Cic. de nat. deor. II, 111) = sus, dont sucula est dimin. ; NIYCHIIRATIIV | ANA SVCCVLA | QVII AMAS j FIILICIONII 2013; 'truie', terme d'injure; les deux formes sucula et succula subsistent, celle-là en prov. sulha 'jeune truie' (REW), celle-ci en napol. zoccola 'grosso topo che vive nelle fogne e nei luoghi immondi', E. MAGALDI, Noter elle etimologiche. Memoria presentata all' Accademia Pontaniana di Napoli, 1933, p. 8 (pour la géminée, v. plus haut p. 61). uâsculum : M VASCVLVM | XIX K FIIBRVARIAS 2034/2035 («fortasse una est inscriptio» Z A N G E M . ) ; Caton, Quint., etc. ( G E O R G E S ) . b) -ellus, -a, -um: anellus: PRO | AN1ILO- | XI (sic) 1761; Plaute, Hor., etc.; c'est ce double diminutif qui passe dans les langues romanes (fr. anneau, it. anello, esp. anillo, port, elo, roum. inel), tandis que le diminutif primaire anulus disparaît. asellus: P P P I I VIR ASELZws? 227 add. p. 193 (p.; «intellegendum est ni fallor asel(lus)» Z A N G E M . ) LNONIO ASPRENATE | APLOTIO COS ASSELLVS (sic) NATVS | P R I D I E NONA S • CAPRATINAS 1 (sic) 1555; de asinus-, ancien et classique. botellus: BOTIILLVM I 5380, 24 (liste de provisions); de botulus 'boudin'; gloss., Martial, Apic., Sidoine (Thes.); it. budello, fr. boyeau. bûbella : BVBIILLA I 5380, 22 ; de bûbula (scil.carô, v.plus bas p.108) ; Not.Tir.103, 11"(Thes.). camelia: VASA IN CAMIILLA 2030; de camera? Laberius, Ovide, Pétrone; it. gamella (d'où fr. gamelle), esp. gamella, port, gamella-, v. COROMINAS, Dicc. etimol. de la lenguà cast., II, p. 649. labellum : O VTINAMLICIIATCOLLOCOMPLIIXA T I I N I I R I I BRACIOLA I I T TIINIIRIS | OSCVLAFIIRRIILABIILLIS 5296 = CLE 950 2 ; les deux diminutifs ont une valeur manifestement hypocoristique, comme souvent dans la poésie amoureuse (Plaute, Catulle, Ovide). muscella: MVLVS HIC MVSCIILLAS DOCVIT2016; 'mulasse'? CGL I I 373, 29 muscella fiovMgiov; cf. mUscellus traduisant ôvoç dans Y Itala-, dimin. de mulus, qui remonterait à *mîikslo-sï (DEL s. u., cf. W A L D E S. u.). ocellus : QVIDFACIAMVOBISOCILLI LVSCI 1780 (sans doute par erreur OCILLI pour OCIILLI) QVID AGIT TIBI DEXTER OCELLVS 8347; «Italice occhio destro de homine praedicatur ualde caro» D E L L A C. patella: PORRVM I PRO PATULLA I 5380, 7; de patera 'patère'; Varron, Pline; it. padella, esp. padilla, fr. poêle. c) -illus, -a, -um: pëniciïlus: IIPAPHRA RIIDDII PIINICILLVM 1787 add. p. 212; 'pinceau', de péniculus 'brosse', dimin. de pénis 'queue'; Cic. etc. (GEORGES). 1 2

Le 6 juillet 29 ap. J.-C. fait observer que l'on restitue le mètre en substituant

MAU

labrls

à

labellis.

Le latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

pistilla: PRIMIGIINIINIVS (sic) | SYCCIISSII SALVTII | VAL(e) MUA PISTILLA 5094, fém. formé sur pistillum, dimin. de pïlum 'pilon', ou cognomen? jmsillum: DA FRIDAM PVSILLVM (frl(gi)dam scil. aquam) 1291 ; 'un petit peu', de pusus, pïïsa 'garçon, fillette'; Sénèque le rhéteur, Pline, Quint., etc. (GEORGES). d) Cognomina diminutifs : Apriculus 2 4 7 7 , Arbuscula 7 0 6 8 , Aureolus 1 8 0 5 , Auriolus 4 2 8 2 et passim, Capreolus 4 3 8 8 , Catulus 1 8 4 2 (le consul Q . Catulus), Corbula 3 0 8 1 , Eburiolus trois fois 8 2 2 7 , Decimilla, X 1 0 3 6 , Felicula 4 0 4 8 . 4 4 7 7 deux fois, Felicla 2 1 9 9 et passim, Firmiolus 8 3 0 6 , Fumiolus 4 7 6 7 , Hinnulus 3 3 6 7 , Infanticulus 7 6 6 5 , Innulus 2 9 9 3 D A . 2993*", Ladicula 477G, Lentulus 2 5 5 2 (le consul Cn. Lentulus). 4 1 8 2 (le consul Cossus Lentulus Cossi fîlius). 2 4 5 0 (le consul L. Lentulus), Libella. X 1 0 3 6 , Masculus 1 8 7 0 A . 2 0 3 4 ? 4 2 7 0 . 4 4 8 9 . 6 7 7 3 , Nucula 2 9 8 7 . 4 9 9 6 , Porcellus 2 3 4 7 ? 6 8 8 9 . DELLA C. deux fois, Proculus, Proclus passim, Procula 7 0 6 5 , Regulus 5 5 1 9 (le consul C. Regulus), Sile{n)tiolus 4 1 1 0 . 4 1 1 1 . 4 1 1 6 , Spiculus 1 4 7 4 . 6 6 2 4 , Teriolus 5 4 1 7 ? , Tullulus 2 3 0 4 ? , Vaccula 1 7 5 . t. c. V I 5. 1 7 . 2 0 , Virgula 1 7 8 8 . 1 8 0 5 . 1 8 8 1 . 1946 deux fois; Capella (L. Caecilius, candidat) 536 et passim, Gemellus 88. 90. 549, Gemella 1 3 2 0 . 5 3 7 7 , Libella 7 0 1 4 , Marcellus passim, Ocella 1 0 9 3 . 7 9 9 3 ; Catillus 4 2 2 7 . 4 2 2 8 , Faustilla 1 4 8 7 . 2 2 8 8 . 4 5 2 8 , Firmilla 3 9 7 1 . 3 9 7 3 , Firmil(l)us 4 1 5 5 , Florillus 8 0 3 , Iu{u)enilla1 2 9 4 , Lucilla 1 9 4 8 , Plotilla 1 9 9 1 , Primilla 7 2 3 0 . 8 3 6 0 , Priscillus 2 3 7 4 , Quartil(l)a 4 0 3 4 , Rufilla 1 6 5 1 , Saluillus 1 7 9 0 , Saluil(l)a 8 9 2 6 , Sextillus 3 1 3 3 ? 5 6 6 4 ? ; Cuculla 7 8 4 1 . B. S U F F I X E S

VERBAUX

Ici les données sont beaucoup moins abondantes que dans l'ordre de la dérivation nominale, ce qui tient pour une part au nombre relativement inférieur des verbes dans nos matériaux1. 1. Dénominatifs cn -are: largificâre: ( . . . )TVJMIIOCVLIIJ POSQVAMDIIDVCXSTISINIGNIIM | ( . . . ) VIMVIISTRIIJS LARGIFICATIS GIINIIJS 4966 = CLE 934; 'répandre largement', de largificus (Pacuve, Lucr.), hapax. similâre : ZETEMA | MVLIERFEREBAT FILIVM SIMILEM SVJ | NEC MEVSESTNECMI SIMILAT SED | VELLEMESSET MEVS 1877; similâre se trouve en outre Schol. Iuu. XIV 50; Diom. K. I 365, 20 «similat non dicimus sed similis est» (GEORGES); d'où roum. a sâmâna, a semâna, fr. sembler, prov. semblar (d'où it. sembrare), cat. semblar (d'où v. esp. semblar-, REW s. u.). tâbificâre: ( . . . ) COS INCIINDVNTTABIFICANQVIIANIMVM 4966; 'liquéfier, consumer', de tâbificus (Lucr., Cic., Sén., Suét., Pline; cf. tâbificâbilis Accius; GEORGES), hapax. 2. Déverbatiîs a) Fréquentatifs ou diminutifs : clausâre : CLAVSAT | CLAVSAT | ( . . . ) | ( . . . ) aRCARIVS 4417; ce serait le fréquentatif, inconnu par ailleurs de claudere (manque au Thes.). ustulâre : CHIE • OPTO TIBI VT REFRICENT SE FJCVS TVAE | VT PEJVS VSTVLENTVR-QVAM | VSTVLATAE SVNT 1820; Ustulâre diminutif de urere, 'brûler légèrement', Catulle, Vitruve, priapées (GEORGES); cependant le sens est ici comme dans Catulle 36, 8 plutôt celui de urere 'brûler' (au figuré il est vrai); cf. roum. a ustura, v. fr. usler, prov. usclar 'brûler', it. ustolare, ostolare 'désirer ardemment' (REW s. u.). 1

Pour la confusion de conjugaisons, v. Morphologie, p. 87 sq. ; verbes rares, v. Vocabulaire, p, 109.

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b) Désidératifs : cacatuñre: VBI CACATVRIERO VENIAM | CACATVM 5242; CGL I I 95, 19 cacaturii %eÇrjTiâ; Martial XI 77, 3 (où se trouve de même cënâturit ; Thes.). C. S U B S T I T U T I O N D E

SUFFIXES

cat(h)ecra = cathedra {y.adéòqa) : QVISQVIS IN CATECRA SEDERIT DABIT VINI OU 82301 (cf. QVISQVIS|INCATIIDRA 8196). La combinaison dr, à peu près étrangère au latin, était changée anciennement en tr (cf. taeter de *taitros < *taidros, à rapprocher taedet), exception faite de quadrâgintâ et autres dérivés et composés avec quadr-, où il ne tarda pas à se produire une assimilation (on lit QARRANTA dans CIL X I I I n. 7645, cf. it. quaranta, esp. cuarenta, etc.). Quintilien signale (Inst. I 4, 16) les formes Âlexanter, Cassantra «(in) uetustis operibus urbis nostrae et celebribùs templis»; le mot cathedra est arrangé en cathetra dans le Fragmentum Muratorianum (II e siècle ap. J.-C.). Dans notre exemple caiecra, c'est sans doute le suffixe -eh-, -ero- des noms d'instrument qui a été substitué à la terminaison étrangère -dra, à cause du consonantisme gênant de celle-ci. — Que ce ne soit pas une formation fortuite, c'est ce que prouve la survivance de catecra dans it. carrega 'séggiolone, carrozza* (ZINGARELLI, Vocabolario della lingua it., 4 E éd. 1 9 3 1 — 3 2 , s. u.) ; on trouve carega 'seggio' dans l'Orlandino franco-veneto, MONACI, Crestomazia it. dei primi secoli (nouv. éd. p . p . F. ARESE, 1 9 5 5 ) , n. 1 6 7 , 5 4 ; MEYER-LÜBKE (REW s. u.) donne de plus les formes dialectales milan, kadrega, v. venit. charegla, cadegla, cadrigla, engad. kadraa. Or ce carrega s'explique fort bien comme sorti de catecra, *cadecra, d'où par métathèse *cadrega, carrega. Il faut donc réfuter l'hypothèse d'une dissimilation de -d- — -d- en -d- — -gr- proposée par MEYER-LÜBKE (l. c.). Le type categra se retrouve en gallo-roman, v. W . v. WARTBURG, Franz, etymol. Wôrterb., II, p. 5 0 6 , et note 2. II. C O N T A M I N A T I O N L E X I C A L E

Hëracinthus : HERACHINTHVS MVR(millo) 4 3 2 7 ; pour Hyacinthus (cf. IACINTVS = Hyacinthus 1400)? MAU, ou Aracynthus (nom d'esclave, mais inconnu à Pompéi, cf. Thes. s. u.; DIEHL, Pomp. Wandinschr., p. 6 2 ) . L'initiale Hëra- sera toujours due à 'HQaxkrjç. Kalandae: EK KAAANAAC OKTOBP(etç) 6 7 3 0 : la forme vulgaire Kalandae, attestée épigraphiquement, résulte d'un rapprochement de calâre (de xaÀelv) 'convoquer' 2 (SOMMER, p. 60). Kalendae présuppose un doublet *caleô, cf. ombr. karetu (v. DEL s. u. calò)3, sortilogus: v. plus bas p. 106. III. COMPOSITION

On a l'habitude de distinguer 1° la composition proprement dite, par laquelle on entend les combinaisons de deux thèmes (nominaux le plus souvent) dont seul le deuxième est fléchi — 1

H est vrai que dans le Suppl. I I I , 1 p. 865, D E L L A C O R T E imprime C\TEDRA, bien que dans NSA 1933, p. 277, 1 il eût reproduit ce m o t : CATECRA. 2 Cf. Varr. L. I. VI 27 «primi dies mensium nominati Kalendae, quod his diebua calantur eius menais Nonae a pontificibus, quintanae an septimanae sint futurae, in Capitolio in curia Calabro sio dictae quinquies: 'calo I u n o Couella'». 3 STOLZ-LEUMANN, p. 100, dérive au contraire Kalendae de * Kalandae (de calo) ; la forme tardive Kalandae proviendrait de l'accusatif Kalandâs, où il y aurait assimilation vocalique.

L e latin vulgaire des inscriptions pompéiennes

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d'où le nom de composition thématique dont on use parfois —, p. ex. agri-cola, tri-pes (cf. gr. Toi-Tiovç, sanskr. tri-pad), uëli-uolus; et 2° la composition apparente ou juxtaposition, où des groupes de mots liés syntaxiquement entre eux ('composition syntaxique' ou 'par phrases') ou réunis par le hasard de l'usage, se sont fixés par l'effet de l'unité sémantique qu'ils constituent, comme dans rëspûblica, ûsusfructus, ex cônsule, maledïcere, potest (de pote-est), magnopere, etc.1. La composition proprement dite répugnait au génie de la langue latine, c'est ce dont les Romains eux-mêmes étaient conscients (Quint. Inst. 15, 70 et V I I I 3, 30). En dehors des composés qui avaient fini par être sentis comme simples (pauper, prïnceps) ou comme dérivés (ibenignus, opijex), on se servait de la composition occasionnellement2 et pour des besoins particuliers, soit pour forger des dénominations du langage technique, soit pour des effets stylistiques chez les poètes (souvent à l'imitation des Grecs) ou dans la langue populaire (v. MAROUZEAU, Stylistique, p. 134 sqq.). En revanche, la juxtaposition, soudure plus ou moins solide de deux termes unis par un rapport syntaxique, est un procédé spontané qui répond à la conscience linguistique des sujets parlant latin. A. C O M P O S É S

NOMINAUX

1. Composition proprement dite

culibonia : ( . ? . ) MATRo?NA CVLIBONIA 8473 ; sens? cunnulingus, -ilingus: MARTIALIS | CVNVLIGVS (sic, v. plus haut p. 67) 1331 add. p. 206 L E N A S | C V N N V L I N G V S 5263 S E R V I L J | C V N N V L E % E 4304 S V L I I M N I S |

CVNV L I N G I I = cunnulinge ou cunnu{m) linge 4995 L CVNNILINFAWS) 5365; dérivé cunnulingiter: PVTIOLANVS | CVNNVLIGGETIIR 4699; le terme reparaît dans les priapées et chez Martial sous la forme cunnilingus [Thes.; v. LANDGRAF dans A L L G 12 (1902), p. 456], fuluunguis? : C J V L I V M P O L Y B I V M | I I V I R | F V L B V N G V I S R O G 7345 (el); DIEHL,

Pomp. Wandinschr. 874; cognomen Fuluunguis de fuluus et unguis, 'aux ongles fauves', bahuvrihi du même type que siccoculus, auricomus, magnanimus'1. lânifricârius: v. plus haut p. 93. lujnnipôlus: PROCVLVM | AEDFELICIO | LVPINIPOLVS ROG 3483 (el); cf. L C S I I VIR|FELICIOLVPINARIVS|ROG 3423 (el); 'vendeur de lupins'? -pôlus pour -pôla (— TuhXrjç, cf. myropola Plaut. Trin. 408, bibliopola Gloss.)? Hapax. pilicrepus: AMmNTHVM PILICREPVM C O N ( . . . ) 1905 A • VETTIVM FIRM VM | AEDO V F D R P O V F P I L I C R E P J FACITE 1147 (el) EPAPHRAPJLICREPVSNONEST 1926; 'joueur de paume', de pila et crepô; Sen. Ep. 56, 1 (GEORGES). piscicapus : P O P I D I V M R V F V M A E D | PISCICAPI FAC ( . . . ) 826 (el); hapax; cf. urbicapus Plaut. Mil. 1055; formations artificielles et récentes, s'opposant aux composés en -ceps, -cipium. scordopordônicus : S C O R D O P O R D O N I C V S H I C B I I N I I | FV(ÎM)IT Q V I I M V O L V I T 2 1 8 8 ;

'pète-ail', hapax; de gr. OXOQ(O)ÔOV et HÔQÔCOV. scymnicolust : SCVMNVCOLVS (mot isolé) DELLAC. ; de Scymnis cognomen 7658, ou scymnus, axéfivoç 'petit d'un animal' + colerel 1

L a classification des composés latins et romans élaborée par A. DARMESTETER, dans son remarquable

Traité de. la formation

des mots composés dans la langue fr. comparée aux autres l. rom. et au lat., 2 e éd., Paris

1894, ne saurait plus satisfaire sur tous les points. Pour un nouveau groupement des composés, voir A . TOLLEMACHE, Le parole composte nella lingua italiana. Borna 1945. 2

A noter l'absence d'apophonie dans la plupart de ces composés, ce qui prouve qu'il s'agit de formations

récentes.

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sëribibus : MCERRINIVM VATIAMAEDO V F S E R I B I B I | V N I V E R S I R O GANT 581 (el) 1 ; 'buveur nocturne', hapax; cf. multibibus, merobibus Plaut. Cure. 77. sortilogus : S SORTILOGVS 5182; pour sortilegus par rapprochement des composés grecs en -?.dyoç; cf. SACRILOGVS CIL VI 9659 et 33814. sparitundiolus:

P R I M A CVM S P A R I T V N D I O L O HAC DELLA C. (I. F . , trois fois); de

sparus 'épieu', ou nom de poisson (anàçoç) et tundereî trimembris: GERYONES | TRIMEMBRE S 2440; 'aux membres triples', ici et Hyg. Tab. 30 (GEORGES).

uïgintïcipitus: VIGINTICIPITVM S | VITALIS 2413k add. p. 465; 'à vingt têtes' (cf. uigintiangulus Apulée), hapax. ululitremulus: CCVSPIVMPANSAM-ET | LPOPIDIVM L F SECVNDVM AED OVF | FABIVS VLVLJTREMVLVS CVM SVLA ROG 7963 (el) ; de ulula et tremulus, sans doute le sobriquet d'un foulon, le chat-huant étant le fétiche de cette corporation placée sous le patronage d'Athéna 2 . 2. Composition syntaxique

â balneô : R V F V M D V I D | ABALNEO | ROG(aw

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