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LA VULGATE AU XVIe SIÈCLE
BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES
SCIENCES RELIGIEUSES
VOLUME 186
Illustration de couverture : Biblia de Robert Estienne, Paris, 1532. Début de la Genèse. Cliché : Médiathèque Jacques Chirac, Troyes Champagne Métropole ©. Tous droits réservés.
LA VULGATE AU XVIe SIÈCLE LES TRAVAUX SUR LA TRADUCTION LATINE DE LA BIBLE
Études réunies par Gilbert Dahan et Annie Noblesse-Rocher
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La Bibliothèque de l’École des hautes études, sciences religieuses La collection Bibliothèque de l’École des hautes études, sciences religieuses, fondée en 1889 et riche de plus de cent quatre-vingts volumes, reflète la diversité des enseignements et des recherches menés au sein de la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études (Paris, Sorbonne). Dans l’esprit de la section qui met en œuvre une étude scientifique, laïque et pluraliste des faits religieux, on retrouve dans cette collection tant la diversité des religions et aires culturelles étudiées que la pluralité des disciplines pratiquées : philologie, archéologie, histoire, philosophie, anthropologie, sociologie, droit. Avec le haut niveau de spécialisation et d’érudition qui caractérise les études menées à l’EPHE, la collection Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses aborde aussi bien les religions anciennes disparues que les religions contemporaines, s’intéresse aussi bien à l’originalité historique, philosophique et théologique des trois grands monothéismes – judaïsme, christianisme, islam – qu’à la diversité religieuse en Inde, au Tibet, en Chine, au Japon, en Afrique et en Amérique, dans la Mésopotamie et l’Égypte anciennes, dans la Grèce et la Rome antiques. Cette collection n’oublie pas non plus l’étude des marges religieuses et des formes de dissidences, l’analyse des modalités mêmes de sortie de la religion. Les ouvrages sont signés par les meilleurs spécialistes français et étrangers dans le domaine des sciences religieuses (chercheurs enseignants à l’EPHE, anciens élèves de l’École, chercheurs invités…) Directrice de la collection : Vassa Kontouma Secrétaires d’édition : Cécile Guivarch, Anna Waide Comité de rédaction : Andrea Acri, Mohammad Ali Amir-Moezzi, Constance Arminjon, Jean-Robert Armogathe, Samra Azarnouche, Marie-Odile Boulnois, Marianne Bujard, Gilbert Dahan, Vincent Goossaert, Ivan Guermeur, Andrea-Luz Gutierrez-Choquevilca, Patrick Henriet, Christian Jambet, Séverine Mathieu, Gabriella Pironti, Ioanna Rapti, Jean-Noël Robert, Arnaud Sérandour, Judith Törzsök, Valentine Zuber. © 2020, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2020/0095/307 ISBN 978-2-503-59279-4 e-ISBN 978-2-503-59280-0 DOI 10.1484/M.BEHE-EB.5.121999 Printed in the EU on acid-free paper.
AVANT-PROPOS La Vulgate au xvie siècle
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ce volume, nous présentons le dernier volet d’une « trilogie » de travaux sur la Bible au xvie siècle, exploitant particulièrement les richesses des fonds anciens de la Médiathèque de Troyes. Les Hébraïsants chrétiens en France au xvie siècle faisait le point sur ce sujet 1 : tout en soulignant le rôle stimulant joué par les hébraïsants d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie, on montrait la richesse et la qualité de l’apport des hébraïsants français, notamment des Lecteurs enseignant au Collège royal (futur Collège de France) : édition de textes hébreux, création d’instruments de travail (grammaires, dictionnaires etc.), commentaires fondés sur une connaissance sûre de la littérature rabbinique ; leurs travaux, notamment les études kabbalistiques, avaient aussi des répercussions plus larges sur la littérature française 2. Puis La Bible de 1500 à 1535 étudiait cette période cruciale de l’histoire de l’Écriture sainte 3 ; l’invention de l’imprimerie, l’intérêt pour les langues anciennes suscité par l’humanisme, sans parler des exigences de retour à l’Écriture seule des premiers réformés, devaient révolutionner l’approche des textes bibliques : réalisations d’éditions polyglottes, monumentales (Alcala) ou limitées au Psautier, traductions nouvelles, tant latines (Santi Pagnini, Sébastien Münster) que vernaculaires (Lefèvre d’Étaples, Olivétan, Luther…), études critiques (notamment avec vec
1. Les hébraïsants chrétiens en France au xvie siècle, éd. G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Genève 2018 (Cahiers d’Humanisme et Renaissance, 153). 2. Ce volume était préparé par un fascicule richement illustré à partir du fonds des imprimés anciens de la Médiathèque : G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Les hébraïsants chrétiens en France au xvie siècle, Troyes 2013 (Histoires de livres, 6) 3. La Bible de 1500 à 1535, éd. G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018 (Bibliothèque de l’École des Hautes Études – Sciences religieuses, 181).
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La Vulgate au xvie siècle
Érasme mais pas seulement), édition majeure de la Bible hébraïque avec la traduction araméenne et les principaux commentaires juifs du moyen âge par Daniel Bomberg (Venise, 1523-1524) 4. Voici maintenant les résultats d’une autre recherche collective, sur la Vulgate au xvie siècle. Apparemment, il s’agit d’un thème plus pointu que les précédents, puisque limité aux seules éditions de la bible latine « standard ». Thème pointu mais sujet extrêmement vaste, tant il est vrai que le texte latin de la Bible a, dans la pensée et la culture occidentales du xvie siècle, une place centrale, y compris chez les Réformés, dont le latin continue a être la langue de culture et qui ne cessent de considérer la Vulgate comme le texte de référence en matière d’études bibliques 5. La Vulgate est le nom que l’on donne globalement depuis le xvie siècle aux traductions latines faites, pour l’Ancien Testament, sur les textes hébraïques originaux et non plus sur la traduction grecque des Septante, comme cela avait été le cas auparavant (les « vieilles latines »). Jérôme est l’auteur principal de cette traduction, au moins pour l’Ancien Testament (y compris les deutérocanoniques) et les évangiles 6. Cette traduction, qui date de la fin du ive siècle et du début du ve, se
4. Ici encore le fonds de la Médiathèque était exploité (notamment la superbe collection de bibles, dont la Polyglotte d’Alcala, l’édition de 1568 de la Biblia Rabbinica de Bomberg, la bible hébraïque de Sébastien Münster, les Psautiers de Lefèvre d’Etaples, Giustiniani ou Froben et bien d’autres merveilles) ; une exposition avait été montée, dont on trouve le contenu dans le volume, p. 329-352, avec 15 planches hors-texte. 5. Voir le panorama présenté par J.-P. Delville, « L’évolution des vulgates et la composition de nouvelles versions latines de la Bible au xvie siècle », dans Biblia. Les Bibles en latin au temps des Réformes, éd. M.-Chr. Gomez-GéRauD, Paris 2008, p. 71-106. L’utilisation de la Vulgate par les protestants apparaît bien dans l’étude de Pablo Toribio, ici-même, p. 143-163. 6. Bien sûr, cette définition rapide doit être nuancée ; les travaux suivants le permettront. Voir, en dehors de la notice ancienne mais toujours pertinente et d’une grande richesse, d’E. manGenot, « Vulgate », dans Dict. de la Bible, t. VIII, Paris 1912, col. 2456-2500, A. vaccaRi, « De versione latina vulgata », dans Institutiones Biblicae scholis accommodatae, t. I, 3e éd., Rome 1937, p. 297-321 ; B. FischeR, « Das Neue Testament in lateinischer Sprache », dans ses Beiträge zur Geschichte der lateinischen Bibeltexte, Freiburg i. B. 1986, p. 156-274 ; J. GRibomont, « Les traductions. Jérôme, Rufin », dans Initiation aux Pères de l’Église, t. IV, Les Pères latins, éd. A. di Berardino, trad. fr., Paris 1986, p. 294-300 ; La Bibbia ‘Vulgata’ dalle origine ai nostri giorni, éd. T. stRamaRe, Rome 1987 ; P.-M. boGaeRt, « La Bible latine des origines au moyen âge », Rev. théol. de Louvain 19 (1988), p. 137-159 et 276-314 ; b. KeDaR, « The Latin Translations », dans Mikra. Text, Translation, Reading and Interpretation of the Hebrew Bible, éd. M. J. Mulder et H. Sysling, Assen 1988, p. 299-338. Sur le nom de la Vulgate, voir E. T. sutcliFFe, « The Name “Vulgate” », Biblica 29 (1948), p. 345-352 ; A. allGeieR,
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Avant-propos
répand assez rapidement en Occident, Charlemagne la faisant adopter pour son Empire, dans sa révision par Alcuin 7. On verra plus loin tout ce qui rattache les bibles du xvie siècle à leurs équivalents médiévaux, notamment du xiiie siècle 8. Mais il est bien évident que la naissance de l’imprimerie (le premier texte important qui soit imprimé est bien une Bible latine) va modifier les processus de multiplication du texte et faciliter les comparaisons. Dans notre histoire, deux dates constituent des étapes majeures : celle de la session du 8 avril 1546 du concile de Trente, qui adopte un décret sur l’édition de la Vulgate et l’interprétation de l’Écriture, et celle de 1592, année d’édition de ce que l’on appelle la « sixto-clémentine », édition de référence de la Bible dans le monde catholique, jusqu’au xxe siècle. Nous considérerons ici ces dates comme des repères majeurs. Avant 1546, nous avons toute une série d’éditions de la Vulgate ; Gilbert Dahan en étudie quelques-unes et Max Engammare se penche plus spécifiquement sur celle de Venise 1511, en se demandant s’il s’agit de la première édition critique 9. Mais cette période est aussi celle des travaux d’Érasme ; la découverte des notes de Lorenzo Valla sur le Nouveau Testament l’incite à entreprendre une série d’éditions du texte du Nouveau Testament – l’ouvrage remarquable de Jerry H. Bentley fournissant un point très précieux sur ce sujet 10. Les notes et éditions d’Érasme provoquent plusieurs polémiques, notamment à
« Haec vetus et vulgata editio. Neue wort- und begriffsgeschichtliche Beiträge zur Bibel aud dem Tridentinum », ibid., p. 353-390. 7. Voir notamment S. beRGeR, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Nancy – Paris – Strasbourg 1893 ; B. FischeR, Lateinische Bibelhandschriften im frühen Mittelalter, Freiburg 1985. Pour une présentation rapide, voir G. Dahan, « L’invention de la critique textuelle de la Bible : le Moyen Âge », Foi et vie 110 (2011), p. 25-35 8. Ci-après, G. Dahan, « Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 » (notamment, p. 13-16 : « Des correctoires du xiiie siècle aux bibles de la première moitié du xvie »). 9. M. enGammaRe, « La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti d’Alberto Castellano ou de Castello (Venise 1511) : première édition critique de la Tralatio communis Latina ? ». Ci-après, p. 53-76. 10. J. H. bentley, Humanists and Holy Writ. New Testament Scholarship in the Renaissance, Princeton 1983, notamment p. 112-193. Voir également, du même : « Erasmus’ Annotationes in Novum Testamentum and the Textual Criticism of the Gospels », Archiv für Reformationsgeschichte 67 (1976), p. 33-53 ; « Biblical Philology and Christian Humanism : Lorenzo Valla and Erasmus as Scholars of the Gospels », Sixteenth Century Journal 8/2 (1977), p. 9-28. Voir aussi Basel 1516 : Erasmus’ Edition of the New Testament, éd. M. WallRaFF, S. seiDel menchi et K. von GReyeRz, Tübingen 2016, et,
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La Vulgate au xvie siècle
la faculté de théologie de Louvain, avec Frans Titelmans, mais aussi en Angleterre, avec Edward Lee, auquel Cecilia Asso a consacré une étude approfondie 11 ; ces polémiques sont présentées ici 12. La critique la plus rigoureuse est sans doute celle de l’Espagnol Stunica 13, lui-même collaborateur de l’entreprise majeure qu’était la Polyglotte d’Alcala (Complutensis). Il convient de rappeler ici l’importance des travaux de l’école espagnole autour de ce monument 14, qu’étudie ici José Manuel Cañas Reillo 15 (en même temps que l’autre grande entreprise comparable, la Polyglotte d’Anvers, 1568-1572). Il n’en demeure pas moins que les travaux d’Érasme auront une influence considérable, notamment dans les milieux réformés : par exemple, pour le Nouveau Testament, l’impression de Bâle 1538 donne face à face la Vulgate et le texte d’Érasme 16. Une autre étape importante est celle des éditions de Robert Estienne, à Paris, à partir de 1528 17 : il réunit manuscrits et impressions de la Vulgate et s’efforce de produire un texte sûr, en s’appuyant à la fois sur la collation des manuscrits latins entre eux et sur la consultation des textes originaux – son chef-d’œuvre étant sans doute ce que l’on appelle la « Nompareille », son édition de 1545, célèbre pour ne en dernier lieu, J.-F. cottieR, « Le travail d’Érasme sur le Nouveau Testament », dans La Bible de 1500 à 1535, p. 117-133. 11. C. asso, La teologia e la grammatica. La controversia tra Erasmo ed Edward Lee, Florence 1993. Voir également E. Rummel, Erasmus and his Catholic Critics, 2 volumes, Nieuwkoop 1989. 12. C. asso, « Erasmo e l’interpres. Le polemiche sulla Vulgata del Nuovo Testamento », p. 77-103. 13. Annotationes contra Erasmum Rotterdamum in defensionem tralationis Novi Testamenti, Alcala 1520 ; Erasmi Rotterdami blasphemiae et impietates, Rome, Antonius Bladus de Asula, 1522. Voir bentley, Humanists and Holy Writ, p. 200-211. 14. Voir notamment La Biblia Políglota Complutense en su Contexto, éd. A. alvaR ezqueRRa, Alcalá 2016 ; J. M. cañas Reillo, « La primera Biblia políglota de la historia. La Políglota de Alcalá (1514-1517) », dans La Bible de 1500 à 1535, p. 29-51 ; M. conDe salazaR, « Tradition et renouveau dans la Polyglotta Complutensis. La traduction interlinéaire de la Septante », ibid., p. 77-96. 15. « La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes », p. 165-219. 16. Biblia utriusque Testamenti iuxta vulgatam translationem et eam quam haberi potuit emendatissimam : cui in Nouo apposuimus Des. Erasmi Rot. uersionem, Bâle, Froben, 1538. 17. Cf. E. aRmstRonG, Robert Estienne, Royal Printer. An Historical Study of the Elder Stephanus, n. éd., Appleford 1986. Voir également B. Roussel, « La Biblia éditée par Robert Estienne à Paris, en 1532 », dans Biblia. Les Bibles en latin, p. 107-127. Et ici même l’étude d’E. shuali, « Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate (1528-1557) : pratique et conception d’une critique textuelle ».
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Avant-propos
comporter aucune coquille 18. Eran Shuali nous présentera les impressions de Robert Estienne et son apport critique. Mais, tout comme les travaux d’Érasme, ceux de Robert Estienne ne plaisent pas aux théologiens en place, notamment à Paris ; protégé d’abord par François Ier, il est obligé de se réfugier à Genève et opte pour la Réforme. Ce qui apparaît donc est l’absence d’un texte homogène et sûr : c’est la raison pour laquelle à Trente 19 non seulement il est décidé que la Vulgate est le texte authentique et que personne ne doit avoir l’audace de la rejeter mais le concile statue aussi qu’« elle sera imprimée après correction aussi précise que possible », cette édition devant être « approuvée par l’Ordinaire ». Même si avant le concile quelques bonnes éditions sont réalisées (notamment celle de Jean Benoît, à Paris, 1541), aussitôt les éditeurs-imprimeurs se mettent au travail. L’édition réalisée à Louvain en 1547 par Jean Hentenius marque une étape importante comme nous le montre Antonio Gerace 20. Mais, parallèlement, une commission chargée de corriger le texte de la Bible se réunit régulièrement, mandatée par l’autorité pontificale ; tout comme pour Trente 21, nous ont été conservés les comptes rendus des séances de travail ; malheureusement, il n’a pas été possible de bénéficier d’un spécialiste qui aurait dépouillé les archives du Vatican les contenant 22. Le beau livre de Xavier-Marie Le Bachelet 23 nous donne une idée de l’intérêt de ces discussions, notamment dans son étude des échanges entre Bellarmin
18. Voir notamment D. baRthélemy, « Origine et rayonnement de la Bible de Vatable » [il s’agit bien de la Nompareille], dans Théorie et pratique de l’exégèse, éd. I. bacKus et F. hiGman, Genève 1990, p. 385-401 [repris dans son recueil d’études Découvrir l’Écriture, Paris 2000, p. 109-122]. 19. Session IV, du 8 avril 1546, 2e décret ; texte et trad. fr. dans Les Conciles œcuméniques, t. II/2, éd. G. albeRiGo et al., tr. fr. A Duval et al., Paris 1994, p. 1352-1355. Voir également G.-M. vosté, « La Volgata al Concilio di Trento », Biblica 27 (1946), p. 301-319 ; W. FRançois et A. GeRace, « Trent and the Latin Vulgate : a Louvain Project », dans The Council of Trent : Reform and Controversy in Europe and Beyond (1545-1700), t. I, Göttingen 2018, p. 131-174 20. A. GeRace, « 1547-1592 : dalla Vulgata Lovaniensis alla Sisto-Clementina », p. 221-238. 21. Concilium Tridentinum. Acta, 20 volumes, Freiburg i. B. 1901-1972. Pour la session qui nous concerne, voir t. V, éd. St. ehses, Freiburg i. B., 1911. 22. Voir H. höPFl, Beiträge zur Geschichte der sixto-klementinischen Vulgata, Freiburg-i. B. 1913 – Il aurait été nécessaire de consulter les Archives de la Congrégation de la Doctrine de la Foi. Nous espérons pouvoir organiser une recherche collective, qui complèterait le présent ouvrage. 23. Bellarmin et la Bible sixto-clémentine. Étude et documents inédits, Paris 1911.
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et le cardinal Sirlet 24 et, surtout, de la dissertation de Bellarmin sur la Vulgate 25. On peut également consulter les notes de 1580 de François Luc de Bruges 26. De fait, la dissertation de Bellarmin est contemporaine d’un événement marquant : mécontent des travaux de la commission, le pape Sixte V décide de brusquer les choses et de donner lui-même à l’impression sa propre édition de la Vulgate 27 (1590). Elle suscite une réprobation assez générale, notamment de la part des membres de la commission, qui avaient œuvré en profondeur et avec sérieux. Or, le pape décède peu après. Des papes éphémères sont appelés à régner, Urbain VII (douze jours en septembre 1590), Grégoire XIV et Innocent IX : malgré tout, ils relancent la commission. Les exemplaires de la bible de Sixte-Quint sont retirés de la vente, rachetés et mis en réserve. C’est à Clément VIII (1592-1605) qu’il appartint de publier l’édition définitive et autoritative, en 1592, mais sous le nom de Sixte-Quint. C’est donc cette édition qu’on appelle « clémentine » ou « sixto-clémentine » et qui a donc servi de texte de référence jusqu’au xxe siècle. Le travail critique ne s’arrête pas pour autant et il faut encore mentionner les notes de François Lucas de Bruges sur la « correction romaine », publiées en 1608 à Anvers 28. Cette histoire ne concerne pas seulement le monde catholique : la Vulgate continue à être le texte de référence pour les protestants ; davantage, plusieurs éditions en sont réalisées par les réformés, non seulement à l’aube de la Réforme mais aussi tout au long du xvie siècle, comme nous le montre Annie Noblesse-Rocher 29. De plus les savants
24. Voir également H. höPFl, Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum Neuen Testament, Freiburg i. B. 1908. 25. le bachelet, p. 13-34 et p. 107-125 (texte). 26. Notationes in Sacra Biblia, quibus, variantia discrepantibus exemplaribus loca, summo studio discutiuntur, Anvers, Christophe Plantin, 1580. Voir A. GeRace, « Francis Lucas ‘of Bruges’ and Textual Criticism of the Vulgate before and after the Sixto-Clementine (1592) », Journal of Early Modern Christianity 3 (2016), p. 201-237. 27. Biblia sacra vulgatae editionis ad concilii Tridentini praescriptum emendata et a Sixto V p. m. recognita et approbata, Rome, Ex typographia apostolica Vaticana, 1590 : voir notamment l’avertissement liminaire du pape. Voir F. amann, Die Vulgata Sixtina von 1590. Eine quellenmässige Darstellung ihrer Geschichte, Freiburg i. B. 1912. 28. Romanae Correctionis in Latinis Bibliis editionis vulgatae iussu Sixti V pont. max. recognitis loca insigniora…, Anvers, Ex officina Plantiniana, apud Ioannem Moretum, 1608. 29. « Les “révisions” de la Vulgate dans les cercles protestants au xvie siècle », p. 123-141.
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réformés, y compris Martin Luther, Jean Calvin ou Miguel Servet, utilisent dans leurs travaux les textes de Jérôme, qu’ils modifient parfois, ainsi que nous le fait savoir Pablo Toribio 30. C’est donc une histoire complexe et passionnante que celle de la Vulgate au xvie siècle. On aura noté au passage le rôle majeur joué par les imprimeurs, qui sont aussi des éditeurs : on a mentionné Robert Estienne, il faudrait également parler de Froben à Bâle, de Simon de Colines à Paris ou de Christophe Plantin à Anvers. En n’intégrant pas les questions d’exégèse à notre problématique (elles sont bien étudiées par ailleurs 31), nous avons privilégié une approche philologique. C’était sans doute la meilleure manière d’entrer dans le sujet. Elle nous permet aussi de dépasser les enjeux liés à leur temps. Et on verra que les problèmes qui se posent au xvie siècle restent permanents aux yeux de ceux qui s’occupent de critique du texte biblique : quelles sont les méthodes à mettre en œuvre, quelle est la pertinence du recours aux textes-sources, quelle place laisser à la tradition ? À ces questions les réponses des savants d’aujourd’hui ne sont pas unanimes. En espérant que les résultats du présent travail pourront faire progresser la recherche, tant sur plan historique que sur le plan de la critique textuelle, nous terminerons en citant quelques travaux anciens qui nous ont inspirés, les uns ou les autres. Même si l’on n’est pas d’accord avec toutes ses options, il faut reconnaître que le Mémoire pour l’établissement du texte de la Vulgate, d’Henri Quentin 32, introduction à l’editio maior qu’il avait commencé à diriger 33, fournit un historique précis sur les impressions de la Vulgate au xvie siècle. De 30. « La utilización de la Vulgata en entornos protestantes : una primera aproximación a propósito de la controversias sobre la Trinidad », p. 143-163. – Dans une perspective différente, voir B. emmi, « Senso e portata del decreto tridentino sulla Volgata nelle due polemiche protestantico-cattoliche », Angelicum 30 (1953), p. 347-374. 31. En dehors du livre ancien mais toujours pertinent de S. beRGeR, La Bible au seizième siècle. Étude sur les origines de la critique biblique, Paris 1879, on citera notamment Histoire de l’exégèse au xvie siècle, éd. O. Fatio et P. FRaenKel, Genève 1978 ; Théorie et pratique de l’exégèse, éd. I. bacKhus et F. hiGman, Genève 1990 ; The Bible in the Sixteenth Century, éd. D. C. steinmetz, Durham et Londres 1990 ; Biblical Interpretation in the Era of the Reformation. Essays presented to D. C. Steinmetz, éd. R. A. mulleR et J. L. thomPson, Grand Rapids – Cambridge 1996 ; ainsi que les études du volume Le temps des Réformes et la Bible, éd. G. béDouelle et B. Roussel, Paris 1989 (Bible de tous les temps, 5). 32. Première partie (seule parue), Octateuque, Rome – Paris 1922 ; voir p. 75-208. 33. Biblia sacra iuxta Latinam vulgatam versionem, éd. des moines de Saint-Jérôme, 18 volumes, Rome 1926-1994.
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même, les travaux éparpillés de Dominique Barthélemy procurent des éléments très précieux 34. Enfin, en remontant bien dans le temps, on n’aurait garde d’oublier l’apport de Richard Simon même si, à première vue, son intérêt se porte davantage sur les textes originaux 35. Le présent volume rassemble les travaux du colloque organisé à Troyes, les 5 et 6 juin 2018, par le Laboratoire d’études des monothéismes/Institut d’études augustiniennes (CNRS-EPHE-Paris Sorbonne/PSL) et l’Équipe d’Accueil 4378 de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg avec la Médiathèque Jacques Chirac, Troyes Champagne Métropole et l’Institut universitaire Rachi. Nous remercions nos partenaires de la Médiathèque et de l’Institut Rachi, notamment Mmes Catherine Schmit, Emmanuelle Minault-Richomme, Géraldine Roux, M. François Berquet, aussi bien que les services culturels de la ville de Troyes de favoriser ainsi une recherche savante mais dont les fruits pourront être goûtés et appréciés par les non-spécialistes. Qu’il nous soit permis de rappeler les encouragements que Mme Véronique Saublet Saint-Mars, Vice-Présidente de Troyes Champagne Métropole en charge de la Culture, nous avait donnés à l’issue du colloque de 2016, paroles qui nous avaient incités à poursuivre nos efforts. Nous remercions Mme Cécile Guivarch pour sa collaboration de qualité et efficace.
34. Notamment Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. II, Isaïe, Jérémie, Lamentations, Göttingen 1986, p. 17-54 de l’introduction ; et plusieurs études recueillies dans Découvrir l’Écriture (cité supra n. 18). 35. Voir notamment son Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam 1685, notamment, livre II, ch. 11, « Des anciennes versions de la Bible… et principalement de la Vulgate d’aujourd’hui », p. 242-249, et « Catalogue des principales éditions de la Bible », p. 525-531, « Des Bibles Latines » ; et son Histoire critique des versions du Nouveau Testament, Rotterdam 1690, chapitres 7 à 12, p. 68-159.
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LES ÉDITIONS DE LA VULGATE DE 1500 À 1546 Gilbert Dahan CNRS-EPHE
Des correctoires du xiiie siècle aux bibles de la première moitié du xvie
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out au long du moyen âge, le texte de la Vulgate a été l’objet de travaux d’une grande qualité 1. Si la révision faite par Alcuin à la demande de Charlemagne ne satisfait que médiocrement nos exigences en matière d’édition de textes, au même moment les bibles préparées sous la direction de Théodulfe d’Orléans représentent une étape majeure dans l’étude du texte de la Vulgate 2 – même si c’est évidemment le texte d’Alcuin qui s’impose en Occident. Par la suite, les révisions sont surtout d’ordre individuel, qu’il s’agisse de la « Bible de Cîteaux » rédigée et corrigée par Étienne Harding en tenant compte du texte hébreu ou du travail remarquable fait par Nicolas Maniacoria, notamment sur les Psaumes. Au xiiie siècle, avec la naissance de l’Université et de chaires de théologie dont le programme est la Sacra pagina et les Sentences de Pierre Lombard, la multiplication des besoins en manuscrits entraîne les libraires-éditeurs, notamment à Paris, à reproduire, d’une manière que l’on peut qualifier d’industrielle, les textes de la Bible latine. Mais ce travail hâtif est rapidement l’objet de critiques
1. Voir toujours S. beRGeR, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Nancy – Paris – Strasbourg 1893. Ainsi que mes travaux : L’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval, xiie-xive siècles, Paris 1999, p. 161-238, et, pour une présentation d’ensemble, « L’invention de la critique textuelle de la Bible : le Moyen Âge », Foi et Vie 110/2 (2011), p. 25-35. 2. Voir notamment L. Delisle, « Les bibles de Théodulfe », Bibl. de l’École des Chartes 40 (1879), p. 5-47 ; S. beRGeR, Histoire de la Vulgate, p. 145-184 ; E. PoWeR, « Corrections from the Hebrew in the Theodulfian MSS of the Vulgate », Biblica 5 (1924), p. 233-258. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121966
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(celles, virulentes, de Roger Bacon sont plus tardives) : il semble que les dominicains aient voulu assurer une nouvelle édition de la Vulgate, c’est ce que l’on appelle la « Bible de Sens », qui n’a pas été identifiée à ce jour 3. En revanche, nous possédons les notes de critique textuelle faites d’abord par les dominicains de Saint-Jacques à Paris, puis par des franciscains, notamment Guillaume de Mara, qui semble avoir été un bon hébraïsant et un bon helléniste. Ces notes constituent ce que l’on appelle la littérature des correctoires 4. Certaines seront utilisées encore au xvie siècle, comme nous le verrons tout à l’heure. En tous cas, ce travail, qui se fonde sur les textes originaux (hébreux, araméens, grecs) et sur une documentation très riche concernant les bibles latines, constitue une série de chefs-d’œuvre de critique textuelle de la Bible latine. En tant que nouvelle édition, la « Bible de Sens » a été un échec (elle est désavouée par le chapitre général des dominicains en 1256 5) ; c’est que nul n’avait reçu mandat pour diffuser un texte corrigé autoritatif de la Vulgate : il faudra attendre le concile de Trente pour que soit prise une décision dans ce sens, qui amènera tout le travail de critique textuelle qui fait l’objet de notre colloque. Après le xiiie siècle, des correctoires continuent à être produits ; ils ont une importance moindre et me semblent moins riches que ceux du xiiie siècle. Néanmoins, il faut noter dans la première partie du xive siècle le traité de Nicolas de Lyre sur « la différence entre notre texte [c’est-à-dire la Vulgate] et le texte hébraïque 6 » – ce sont donc des notes sur l’Ancien Testament – puis, dans la première moitié du xve siècle, les notes sur le Nouveau 3. L’exégèse chrétienne, p. 180-181. 4. Voir H. DeniFle, « Die Handschriften der Bibel-Correctorien des 13. Jahrhunderts », Archiv f. Literatur- und Kirchengesch. des MAs 4 (1888), p. 264-311 et 471601 ; G. Dahan, « La critique textuelle dans les correctoires de la Bible du xiiie siècle », dans Langages et philosophie. Hommage à Jean Jolivet, éd. A. de libeRa, A. elamRani-jamal et A. GalonnieR, Paris 1997, p. 365-392 ; « La connaissance du grec dans les correctoires de la Bible du xiiie s. », dans Du copiste au collectionneur. Mélanges… André Vernet, éd. D. nebbiai-Dalla-GuaRDa et J.-F. Genest, Paris 1999, p. 89-109. 5. Cf. Acta capitulorum generalium ordinis praedicatorum, éd. B. M. ReicheRt, t. I, Paris 1898, p. 82 : « Correctiones biblie Senonenses non approbamus nec volumus quod fratres innitantur illi correctioni » ; je me demande maintenant si, plutôt que d’une « Bible de Sens », il ne s’agit pas seulement d’un correctoire fait à Sens (« les corrections de la Bible à Sens »). 6. Tractatus de differentia littere hebraice et nostre translationis (il y a plusieurs manuscrits ; j’utilise Paris, BnF lat. 3359, fol. 25-53v°). Voir G. Dahan, « Critique et défense de la Vulgate au xive siècle », dans Exégèse et critique des textes sacrés, éd. D. DelmaiRe et G. Gobillot, Paris 2007, p. 119-136.
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Testament de Lorenzo Valla 7. Dans les deux cas, il ne s’agit pas fondamentalement d’un travail de critique textuelle mais davantage d’une comparaison de la traduction latine avec les originaux. Pour ce qui est de Nicolas de Lyre, quel que soit l’intérêt immense de son traité, il utilise un texte biblique de qualité médiocre ; pour ce qui est de Lorenzo Valla, j’ai montré précédemment que l’essentiel de ses remarques visait la fidélité au texte grec et l’élégance (ou non) du latin de la Vulgate 8. On se rappelle cependant que la découverte de ces notes par Érasme en 1504 devait stimuler son approche du Nouveau Testament, et particulièrement la rédaction d’annotations qui firent l’objet de critiques acerbes, comme le montre également le présent colloque (et, déjà, les travaux de Cecilia Asso 9). Il faut noter aussi que Robert Estienne propose au début de sa Bible de 1528 une liste de corrections fondées sur les notes de Nicolas de Lyre et les remarques de Paul de Burgos (complétant ou critiquant les notes de Nicolas de Lyre), qu’il présente ainsi : En dehors de ce qui est corrigé dans cette impression de la Bible, Nicolas de Lyre et Paul notent qu’il faut aussi restituer ces leçons, d’après les manuscrits latins anciens, auxquels s’accordent les textes hébreux ; on les lit en partie corrompues et en partie corrigées dans nos livres anciens, mais nous ne les avons pas repérées pendant l’impression 10.
7. Collatio Novi Testamenti, éd. A. PeRosa, Florence 1970. Érasme avait donné une première édition, accompagnée de ses propres corrections (castigationes) : Laurentii Vallensis viri tam graecae quam latinae linguae peritissimi in Latinam Novi Testamenti interpretationem ex collatione Graceorum exemplarium Adnotationes apprime utiles, Paris, Jean Petit [et Josse Bade], 1505. Voir à la fin de ce volume, le catalogue des livres exposés. 8. « Les notes de Lorenzo Valla sur le Nouveau Testament et la critique textuelle médiévale », dans Lorenzo Valla. La riforma della lingua e della logica, éd. M. ReGoliosi, Florence 2010 (Opere di Lorenzo Valla. Strumenti, 3), p. 233-263 9. C. asso, La teologia e la grammatica. La controversia tra Erasmo ed Edward Lee, Florence 1993. Voir également J. H. bentley, Humanists and Holy Writ. New Testament Scholarship in the Renaissance, Princeton 1983, p. 194-218. 10. Biblia, Paris 1528, fol. *Vr° : « Praeter ea quae castigata sunt in hac bibliorum emissione, haec quoque restituenda annotat Lyranus et Paulus ex antiquis Latinis exemplaribus, quibus et Hebraea consentiunt ; quae partim corrupte leguntur in nostris illis veteribus exemplaribus, partim emendate, caeterum à nobis non fuerunt inter imprimendum deprehensa. »
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Ce qu’il faut retenir donc c’est que, contrairement à ce qu’imaginent ceux qui négligent les siècles médiévaux, un travail important de critique textuelle précède les entreprises du xvie siècle, souvent plus rigoureux que celles-ci. Nous verrons que les bibles latines du xvie siècle sont redevables à celles du moyen âge sur un autre point : leur présentation générale. La multiplication des textes bibliques au xiiie siècle à laquelle j’ai déjà fait allusion aboutit à la confection de bibles plus ou moins standard, comme nous allons le voir tout de suite. Je ne parle pas du texte – c’est une erreur de considérer qu’il y a eu un « texte parisien » de la Vulgate – mais d’un certain nombre d’éléments accompagnant le texte de la Bible, auxquels on donne le nom de « paratextes 11 ». Je commencerai par ceux-ci mon étude de la Vulgate entre 1500 et 1546 (date qui est donc celle du concile de Trente ; le décret sur la Vulgate datant précisément de la IVe session, 8 avril 1546). C’est dire que j’exclus de mon enquête toutes les bibles incunables, depuis celle de Gutenberg ; il va sans dire que les bibles du début du xvie siècle se situent dans le prolongement de ces bibles imprimées antérieures à 1500 12. Les paratextes J’étudierai donc pour commencer ces textes-annexes des bibles, dont l’existence va de certaines bibles manuscrites anciennes jusqu’à nos jours. Je distinguerai les éléments qui remontent au moyen âge des apports nouveaux des bibles imprimées entre 1500 et 1546. a. Éléments médiévaux La présentation des bibles se stabilise au xiiie siècle. Ces paratextes ont été étudiés il y a plus d’un siècle par J. P. P. Martin 13, et diverses études plus récentes ont enrichi cette matière (notamment les travaux de
11. Voir mon étude sous presse : « Les textes non bibliques dans les bibles latines du xiiie siècle », dans Les paratextes de la Bible latine, éd. N. toGni. 12. On trouvera de précieux renseignements dans l’ouvrage de H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, Rome 1922. Voir également les « excursus » de D. baRthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. II, Fribourg – Göttingen 1986. 13. J. P. P. maRtin, « Le texte parisien de la Vulgate latine », Le Muséon 8 (1889), p. 444-466 ; 9 (1890), p. 55-70 et 301-316.
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Donatien De Bruyne 14 puis ceux de Pierre-Maurice Bogaert 15). Il s’agit de l’ordre des livres, des prologues, de la capitulation, des sommaires, des index liturgiques et des interpretationes nominum hebraicorum. Bien entendu, je ne ferai pas un exposé complet mais me contenterai de rapprocher les bibles de 1500-1546 de celles du xiiie siècle. Le canon a été l’objet de discussions et de législation depuis l’époque patristique 16. Si, pour l’Ancien Testament, les écrits des théoriciens opposent la liste des vingt-deux (ou vingt-quatre) livres du canon juif décrit par Jérôme 17 aux listes plus ouvertes, accueillant notamment ce que nous appelons les deutérocanoniques, les bibles mêmes donnent presque toujours les livres dont la liste sera adoptée au concile de Trente : inclusion de Tobie et Judith entre Esdras et Esther, inclusion de la Sagesse et de l’Ecclésiastique après le Cantique, de 1 et 2 Maccabées après les Petits Prophètes ; pour le Nouveau Testament, les Actes sont placés entre les épîtres pauliniennes et les épîtres catholiques. Dans les bibles du xiiie siècle, la liste de ces livres est donnée sous forme d’annexe, dans une écriture différente de celle du texte biblique (souvent plus tardive). Au contraire, les bibles du xvie siècle donnent cette liste parmi les éléments initiaux. Par exemple, la Bible de Paris 1541 (Simon de Colines) donne un « Ordo, numerus et nomina librorum Veteris Testamenti iuxta Hebraeorum traditionem », avec les noms des livres en hébreu, regroupés dans les parties du canon juif (TaNaKh), les Prophètes étant subdivisés en priores et posteriores, comme en hébreu (neviim rishonim, neviim aharonim) ; en voici le début :
14. D. De bRuyne, Préfaces de la Bible latine, Namur 1920 (repr. sous le titre Prefaces to the Latin Bible, éd. P.-M. boGaeRt et T. o’louGhlin, Turnhout 2015). 15. En dehors de la bibliographie de ses travaux publiée dans Lectures et relectures de la Bible. Festschrift P.-M. Bogaert, éd. J.-M. auWeRs et A. Wenin, Louvain 1999, p. xiii-xxx, voir notamment « The Latin Bible, c. 600 to c. 900 », dans The New Cambridge History of the Bible, t. II, From 600 to 1450, éd. R. maRsDen et E. A. matteR, Cambridge 2012, p. 69-92 ; « The Latin Bible », dans The New Cambridge History of the Bible, t. I, From the Beginnings to 600, éd. J. caRleton PaGet et J. schaPPeR, Cambridge 2013, p. 505-526. 16. Voir notamment A. zieGenaus, Kanon. Von der Väterzeit bis zur Gegenwart, Freiburg – Bâle – Vienne 1990 (Handbuch der Dogmengeschichte, 1/3a[2]) ; Le canon de l’Ancien Testament, sa formation et son histoire, éd. J.-D. Kaestli et O. WeRmelinGeR, Genève 1984 ; Le canon du Nouveau Testament, éd. G. aRaGione, E. junoD et E. noRelli, Genève 2005. Pour le moyen âge, cf. L’exégèse chrétienne, p. 56-61. 17. Notamment dans le prologue aux livres de Samuel-Rois, « Viginti et duas esse litteras… »
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Gilbert Dahan Hebraei in librorum veteris testamenti distinctione alium quam Latini ordinem obseruant. Totum enim veteris instrumenti corpus vocant עשרים וארבע, hoc est Esrim vearba, quod est viginti quatuor. Tot enim in suo canone indubitatae authoritatis habent libros, quos in quatuor diuidunt partes, scilicet תורהlegem, נביאים ראשוניםprophetas priores, נביאים אחרונים prophetas posteriores et כתוביםscripta, hoc est hagiographa. תורהLex, quae חומשid est quinarius, Graece πεντάτευχον, in quinque Moysi libros diuiditur. בראשיתBeresith, id est In principio. 1. Genesis […]
L’ordre est bien celui des bibles hébraïques, avec les Lamentations dans les cinq megilot (qui ne sont pas nommées en tant que telles) ou Daniel dans les Hagiographes. Par rapport aux listes médiévales, l’utilisation de l’hébreu est notable (les bibles médiévales se contentent de donner dans les titres une transcription de l’hébreu 18). À cette liste en succède une autre de sept livres, « libri sequentes non sunt in Canone Hebraeo, ab Ecclesia tamen recepti Christiana » – il s’agit des deutérocanoniques. Puis est donnée la « diuisio ueteris testamenti secundum Latinos » et la division du Nouveau Testament, avec un classement legales (les évangiles), historici (les Actes, qui suivent donc les évangiles), sapientiales (les épîtres) et prophetici (l’Apocalypse seulement, malgré le pluriel). La liste de l’Ancien Testament se trouve déjà dans la Bible de Bâle 1538 (Froben) ; mais pour les deutérocanoniques sont ajoutées la Confessio regis Manasse, l’Oratio Salomonis, l’Epistola Ieremiae, les additions aux livres de Daniel et d’Esther. Un autre élément qui vient des bibles médiévales est la présence de prologues ; copiés dès le haut moyen âge, ils sont eux aussi fixés définitivement au xiiie siècle. Je serai bref, puisqu’ils ont fait l’objet d’assez nombreuses études 19. Il y a les grands prologues hiéronymiens 20, la lettre
18. Par exemple dans la bible du ms. BnF 15479 (xiiie s.) : « Incipit ellesnoth [sic] qui grece exodus dicitur », « Incipit uaiecra qui grece leuiticus dicitur », « Incipit uaiedaber qui grece numerus dicitur » etc. 19. En dehors de D. De bRuyne, Préfaces, voir S. beRGeR, « Les préfaces jointes aux livres de la Bible dans les manuscrits de la Vulgate », Mémoires présentés à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1e série, 11/2 (1904), p. 1-78. Voir également la série d’articles de T. ayuso maRazuelo, « Los elementos extrabíblicos de la Vulgata », Estudios biblicos 2 (1943), p. 133-187 ; 4 (1945), p. 35-60 et 259-296 ; 5 (1946), p. 5-40 et 429-458 ; 6 (1947), p. 187-233 et 347-402 ; et 7 (1948), p. 147-166. R. bRanneR, Manuscript Painting in Paris during the Reign of Saint Louis, Berkeley – Los Angeles – Londres 1977, p. 154-155, donne la liste standard des prologues des bibles du xiiie siècle. 20. Ils sont regroupés et traduits dans Jérôme. Préfaces aux livres de la Bible, éd.
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à Paulin, Frater Ambrosius, qui est utilisée comme introduction générale à la Bible, le prologue du Pentateuque, Desiderii mei, et les autres, notamment le prologue aux livres de Samuel-Rois, Viginti et duas. En l’absence de textes dus à Jérôme, ont été mis à contribution des auteurs du haut moyen âge, notamment Raban Maur. Pour le Nouveau Testament, ont été placés en tête des épîtres pauliniennes de courts prologues ou argumenta, dont l’origine est l’objet de discussions (on parle de prologues « marcionites »). Tous ces textes sont repris dans les bibles du xvie siècle, même si des éléments nouveaux y figurent parfois – on en parlera ; dans beaucoup de cas, les textes sont accompagnés de notes marginales, identifiant les passages scripturaires cités ou donnant les parallèles. On note que les prologues sont parfois regroupés, au lieu de précéder chaque livre : c’est le cas dans la Bible de Nuremberg 1530 (Frédéric Peypus). Dans ses bibles (1528, 1532, 1546) Robert Estienne donne avant Frater Ambrosius le prologue Viginti et duas, qui présente l’ensemble de l’Ancien Testament (selon le canon juif). La capitulation dite moderne date du début du xiiie siècle et est souvent attribuée à Étienne Langton 21. Elle s’impose en quelques décennies ; dans les bibles de la première moitié du xiiie siècle, on constate souvent dans la préparation du texte la survivance des anciens systèmes de division (j’ai rédigé une étude à ce sujet 22). La capitulation moderne est utilisée dans les bibles du xvie siècle (et il faut noter que les bibles hébraïques à destination des juifs ont également adopté ce système). Il n’y a rien de particulier à dire à ce sujet. En revanche, les subdivisions constituent un thème important. Au xiiie siècle, la confection d’outils de travail (concordances verbales etc.) avait nécessité l’adoption d’une subdivision virtuelle des chapitres en 7 parties (ou 4 pour les chapitres courts) identifiées par les lettres de a à g 23. J’insiste bien sur le fait que cette subdivision est virtuelle : je n’ai vu aucune bible du xiiie siècle l’insérer. Au xvie siècle, les bibles donnent plutôt une subdivision de chaque chapitre en 4 parties, les lettres ABCD apparaissant en marge. Le système ancien, de a à g ne
A. canellis, Paris 2017 (Sources chrétiennes, 592). 21. A. D’esneval, « La division de la Vulgate latine en chapitres dans l’édition parisienne du xiiie siècle », Revue des sciences philos. et théol. 62 (1978), p. 559-568. 22. G. Dahan, « Les divisions des bibles latines médiévales », dans Les divisions anciennes du Premier Testament, éd. G. baDy (sous presse). 23. Il ne semble pas que l’origine de ces subdivisions ait été étudiée ; elles remontent certainement à la confection d’« outils » bibliques, notamment les concordances et les recueils de distinctiones.
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semble pas totalement abandonné, puisqu’il continue à être utilisé pour les chapitres les plus longs (les lettres sont données en marge) et dans les concordances, y compris dans certains index internes aux bibles. C’est le cas dans les identifications des noms du recueil d’interpretationes de Robert Estienne : par exemple, pour Nathanias père d’Ismaël, la référence est 4. Reg. 25.f (ce qui correspond à 2 R 25, 23). La numérotation des versets est un sujet auquel je me propose de consacrer une étude. On affirme parfois qu’elle remonte à Santi Pagnini ; ce qui est à la fois juste et faux : juste dans la mesure où pour certains livres de l’Ancien Testament il numérote les versets à partir du découpage massorétique (dans le texte hébreu, les versets sont identifiés par le signe sof-pasuq, « fin de verset »), faux dans la mesure où cela n’est pas systématique et où dans le Nouveau Testament sa numérotation n’a aucun rapport avec le système actuel 24. Il semble que la première Bible à inclure la numérotation actuelle des versets soit celle de Robert Estienne en 1555 ; dans la page de titre, il affirme en effet que chaque chapitre est distingué en versets iuxta Hebraicorum versuum rationem ; mais les versets des deutérocanoniques et du Nouveau Testament sont numérotés de la même manière ; et Robert Estienne maintient la subdivision ABCDEFG ajoutée en marge. Une caractéristique importante des bibles médiévales est la présence de « sommaires », c’est-à-dire de résumés qui sont soit regroupés au début du manuscrit (comme dans le ms. BnF lat. 15475) ou à la fin, soit donnés en tête de chaque livre ; ils constituent une division ancienne de la Bible (antérieure donc aux chapitres « modernes ») et ont été édités par Donatien De Bruyne 25. Les bibles du xvie siècle perpétuent cette tradition mais il ne semble pas qu’elles reprennent les sommaires anciens, ne serait-ce que parce que ces résumés précèdent les chapitres « modernes ». Par exemple, voici les sommaires de Jonas dans la bible de Paris 1541 (Simon de Colines) :
24. Voir mon étude « La Bible de Santi Pagnini (1528) », dans La Bible de 1500 à 1535, éd. G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018 (BEHE-SR, 181), p. 261-281 (notamment p. 265). Par exemple, le chapitre 1 de l’épître aux Romains est ainsi subdivisé (numéros en marge, comme pour les versets des livres canoniques de l’Ancien Testament) : 1 (Paulus servus = 1, 1) ; 2 (Primum quidem = 1, 8) ; 3 (Nolo autem = 1, 13) ; 4 (Graecisque ac Barbaris = 1, 14) ; 5 (Reuelatur enim = 1, 18) ; 6 (Siquidem quae sunt = 1, 20) ; 7 (Quapropter tradidit illos = 1, 24) ; 8 (Quamobrem tradidit eos = 1, 26) ; 9 (Et quemadmodum non probauerunt = 1, 28). Dans la numérotation actuelle, le ch. 1 de Rm a 32 versets. 25. Sommaires, Divisions et Rubriques de la Bible Latine, Namur 1914.
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Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 Ionas missus in Niniuen ad praedicandum fugit in Tharsis, orta autem tempestate mittitur in mare et tempestas cessauit. Cap. I. Absorptus Ionas à ceto inuocando dominum exauditur, et in aridam euomitur. II. Niniuitas hortatur Ionas ad poenitentiam, ad cuius praedicationem populus conuertitur, et dominus illius miseretur, ac sententiam reuocauit. III. Ionas humanum quid passus dolet super arefacta hedera, quo probat ei dominus quia debuit amplius pro Niniue [sic] condolere. IIII.
On a donc un résumé fidèle du contenu du livre. On pourra comparer cela aux sommaires médiévaux 26, qui divisent le livre en 2, 6 ou 16 unités. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans les bibles traduites en langues modernes. Les bibles du xvie siècle fournissent parfois des index liturgiques. Là encore, c’est un élément que l’on trouve dans les bibles médiévales – mais il n’y est pas systématique et ne fait pas partie des paratextes constitutifs de la Bible du xiiie siècle. En revanche, les interpretationes hebraicorum nominum font partie de beaucoup de bibles médiévales et, au xiiie siècle, une liste devient quasiment autoritative, celle qui commence par Aaz apprehendens. J’ai étudié autrefois ces listes 27 et, après Matthias Thiel 28, Olivier Szerwiniack s’est intéressé plus spécialement à celles du haut moyen âge 29. On constate que presque toutes les bibles de la première moitié du xvie siècle continuent la tradition médiévale. En effet, la liste Aaz apprehendens est reprise dans plusieurs bibles de mon corpus (Lyon 1509, Venise 1511, Lyon, 1518), y compris dans celle d’Osiander. Voici les deux premières notices, avec, pour le xiiie siècle, celle du manuscrit BnF lat. 36 (elle existe dans de très nombreux manuscrits) ; il s’agit d’une liste strictement alphabétique ; les manuscrits médiévaux donnent un sous-classement à l’intérieur de
26. Éd. De bRuyne, Sommaires, p. 230-231. 27. « Lexiques hébreu-latin ? Les recueils d’interprétations des noms hébraïques », dans Les manuscrits des lexiques et glossaires, de l’Antiquité à la fin du moyen âge, éd. J. hamesse, Louvain-la-Neuve 1996 (Textes et études du moyen âge, 4), p. 481-526. 28. M. thiel, Grundlagen und Gestalt der Hebräischkenntnisse des frühen Mittelalters, Spolète 1973. 29. O. szeRWiniacK, « Des recueils d’interprétations de noms hébreux chez les Irlandais et le Wisigoth Théodulf », Scriptorium 48 (1994), p. 187-258.
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chaque lettre ; par exemple, « hic. b. post a., hic c. post a. etc. » ; pour le xvie s., je donne les textes de Lyon 1518 et d’Osiander (qui conservent les mêmes subdivisions) : BnF lat. 36 Aaz ‘apprehendens’ vel ‘apprehensio’ (il s’agit du nom du roi de Juda, אחז, qu’on transcrit Achaz) Ad ‘testificans’ vel ‘testimonium’ (je n’ai pas réussi à identifier ce personnage ; à moins qu’il ne s’agisse du nom commun ‘ed, « témoin »). Lyon 1518 (en fin de volume, non folioté) Aac ‘apprehendens’ vel ‘apprehensio’. Aad ‘testificans’ vel ‘testimonium’. Osiander 1523 (en fin de volume, non folioté) Aac ‘apprehendens’ vel ‘apprehensio’. Aad ‘testificans’ vel ‘testimonium’.
La transcription Aac montre qu’Osiander lui-même recopie la liste courante au début du xvie siècle. Cependant, ces interpretationes vont être un peu plus élaborées par la suite ; même si elles semblent partir d’une autre liste courante au moyen âge, Aaron mons fortitudinis, elles sont plus précises : pour les bibles médiévales, je donne la liste du manuscrit lat. 393 (qui n’est pas une bible mais fournit des commentaires d’Étienne Langton) : BnF lat. 393 Aaron ‘mons fortitudinis’ uel ‘mons fortis’ uel ‘mons eorum’ uel ‘montanus’. Abba ‘pater’. Cologne 1530 (la liste est précédée d’une préface ad lectorem et elle est intitulée Interpretationes nominum Hebraicorum Graecorumque quae in bibliis utriusque testamenti parsim inueniuntur). Aaron, Exo. 4, frater Mosi dictus est. Etymologia huius nominis uaria potest esse. Scribitur hebraice in secunda syllaba cum aspiratione leni, quae nunquam aut raro effertur aut transfertur apud Latinos. Vnde quidam pronuntiant Aharon, hoc est ‘montanus’, ab ar uel har, quod est ‘mons’. Quando deducitur ab arah, id est ‘concepit’, intepretatur ‘concipiens’ aut ‘conceptus’. Item ab iarah, id est ‘misit’, ‘proiecit’, et orah, id est ‘docuit’, interpretatur ‘missus’, ‘iacens’ aut ‘docens’. Sunt et qui ab on deficiente aleph, et ar componunt, sonatque ‘mons fortitudinis’ aut ‘uirtutis’. Abba, hoc est ‘pater’, Marc. 14.d., Roma. 8.c., Gala. 4.a. Chaldaicum est aut Syrum, ab Ab hebraico. Solent Caldeaei hebraicis nominibus addere aleph litteram illis familiarissimam. 22
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On observe donc que les personnages sont identifiés, accompagnés des références scripturaires (selon le système médiéval, avec la subdivision virtuelle de a à g). Le recours à l’hébreu est précis et témoigne d’une bonne connaissance de la langue. Toutes les possibilités étymologiques sont soigneusement examinées. Nüremberg 1530 (la liste est précédée d’une introduction, et est signée « Petrus Ubbellius Uormarius ») Aaron : vel rectius Aharon : potest interpretari ‘mons’ siue ‘montanus’ : si etymologia accipiatur ab har significante montem : quare etiam media syllaba aspiranda venit, cum scribatur per he. Exodi. 4. Abba chaldaice significat ‘patrem’. Marci 14. Bâle 1538 : Interpretationes praecipuorum propriorum Hebraicorum Chaldaicorumque nominum iuxta alphabeti seriem ad Hebraicam ueritatem accuratissime emendatae per Seb. Munsterum. Aaron, Heb. Aharon ‘mons’ aut ‘conceptio’. Ab et Chald. Abba, ‘pater’.
Les notices sont extrêmement courtes, dans la tradition médiévale ; mais, malgré la brièveté, les remarques précises concernant les formes hébraïques abondent – la présence de Sébastien Münster garantissant leur exactitude. Robert Estienne 1528 Hebraea, Chaldaea, Graecaque et Latina nomina virorum, mulierum, populorum… quae in Bibliis leguntur, restituta, cum interpretatione latina… (le titre, assez long, présente la liste) אהרוןAharon, Aaron, ‘Mons’ siue ‘montanus’ aut ‘docens’ siue ‘concipiens’. Filius Amram, Exod. 6.c. I. para. 6.a. אבאAbba, ‘Pater’. Syrum est. Mar. 14.d. Rom. 8.c. Gal. 4.a.
Les caractères hébreux sont munis des voyelles. Le personnage est identifié, les références scripturaires sont données. Paris 1541 Hebraea, Chaldaea, Graeca et Latina nomina virorum, mulierum, populorum… quae in Bibliis leguntur, restituta, propriis characteribus insignita… (le titre, assez long, présente la liste). אהרוןAharon, Aaron, ‘Mons’ siue ‘montanus’ aut ‘docens’ siue ‘concipiens’. Filius Amram, Exod. 4.d. I. para. 6.a. אבאAbba, ‘Pater’. Syrum est. Mar. 14.d. Rom. 8.c. Gal. 4.a.
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Les caractères hébreux sont munis des voyelles ; identification du personnage et références scripturaires. Il semble que la source soit la Bible de 1528 de Robert Estienne. Robert Estienne 1546 Hebraea, Chaldaea, Graecaque et Latina nomina virorum, mulierum, populorum… quae in Bibliis leguntur, restituta, cum interpretatione latina. Locorum item descriptio ex Cosmographis (préface importante de « Rob. Stephanus typographus regius Christiano lectori ») אהרוןAaron, Mons siue montanus aut docens siue concipiens. Filius Amram, Exod. 4.d. I. paralip. 6.a. אבאAbba, Pater. Syrum est. Mar. 14.d. Rom. 8.c. Gal. 4.a.
Dans sa préface, Robert Estienne affirme avoir corrigé les noms selon l’hébreu tout en suivant la traduction de la Polyglotte d’Alcala. Les noms de lieux sont identifiés d’après « les meilleurs auteurs », anciens : Pline, Pomponius Méla, Strabon, Josèphe, et récents : Jacob Ziegler, Wolfgang de Wissembourg (?) et Andrea Althamero. Les mots hébreux ne sont pas vocalisés. Ce coup d’œil jeté aux interpretationes semble montrer l’intérêt de cette partie des bibles ; elles méritent sans doute une étude spécifique 30. Mais déjà, nous entrevoyons l’importance de quelques-unes de ces éditions : celles de Cologne 1530, Bâle 1538, Paris 1541 et celles de Robert Estienne paraissent particulièrement remarquables. L’étude du texte nous confirmera cette impression. Nous constatons déjà un renouvellement du genre. Mais en dehors des paratextes issus de la tradition médiévale, les impressions procurent-elles des nouveautés ? b. Éléments nouveaux Même si les bibles imprimées du xvie siècle se présentent en continuité avec les bibles manuscrites du moyen âge, des éléments nouveaux n’en sont pas moins présents, y compris dans les paratextes. Bien que présents aussi dans les bibles médiévales, les indices semblent constituer une nouveauté dans les bibles du xvie siècle. On
30. Malheureusement, l’étude d’O. szeRWiniacK, « Les glossaires de noms hébreux dans les Bibles latines imprimées aux xve et xvie siècles », dans Biblia. Les Bibles en latin au temps des Réformes, éd. M.-Chr. Gomez-GéRauD, Paris 2008, p. 211-229, est par trop sommaire.
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remarquera tout d’abord qu’il n’y a pas de renvois aux pages, la pagination stable aurait pu permettre un repérage précis. Le premier index que je trouve est dans la bible de Venise 1511, parmi les éléments initiaux, « Tabula alphabetica ex singulis libris et capitulis totius biblie » ; il est donné sous le nom de Gabriel Bruno, franciscain de Venise, et est daté de novembre 1490 ; comme tous les index que nous rencontrerons, il est à la fois nominal et thématique ; la référence est faite au livre biblique et au chapitre (sans subdivision). La bible de Nüremberg 1530 (Frédéric Peypus) contient un Index locupletissimus rerum et sententiarum locorumque communium de quibus plerunque est controuersia. La référence aux loci communes nous situe dans le contexte réformé. Il s’agit donc d’un index à la fois nominal et thématique (il occupe 14 pages) ; voici, par exemple, l’entrée Agar : Agar Sare ancilla : concipit : fugit. Gen. 16. Eiicitur, 21.b.
Ou, pour un thème : Liberum arbitrium an homo habeat : ex hisce collige locis. Gen. 4.a. 8.d. Deut. 11. 30.c. (il y a 32 références, Ancien et Nouveau Testament).
On observe que le système ancien d’identification, utilisé d’abord dans les concordances du xiiie siècle, est maintenu, avec la division virtuelle des chapitres en 7 parties, de a à g. Dans la Bible de Bâle 1538 (Froben), l’index a pour titre : In universa bibliorum volumina syllabus copiosissimus, quicquid observatione dignum in ipsis tractatur, quanta potuit fieri breuitate complectens. C’est aussi un index nominal et thématique. Il est plus complet que celui de Nüremberg 1530 (il occupe 22 pages) ; les identifications sont faites aux chapitres des livres bibliques (sans subdivision). La Bible de Paris 1541 (Simon de Colines) offre un Index rerum et sententiarum Veteris et Novi Testamenti, dont voici les premières entrées : Aaron Moysi interpres eligitur, Exod. 4.d. Aaron a Deo vocatur, Num. 17. Heb. 5.a. consecratur. Exod. 28. 29.a. Leui. 8.a. … Abaris mons est Moabitarum, Nume. 27.c. Unde Moyses promissam terram prospexit, ibid. morte eius decoratus, Deut. 32.g.
Pour les noms propres, cet index fait parfois double emploi avec les interpretationes nominum. Mais il est d’une grande richesse thématique. Il est vraisemblable qu’il s’inspire des bibles de Robert Estienne, 25
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qui comportent de tels index mais qui au début (1528) séparent Ancien et Nouveau Testament. Robert Estienne et la bible de Paris 1541 continuent à donner des références selon l’ancien système (subdivision des chapitres de a à g). Parmi ces indices, il semble qu’on puisse considérer comme une nouveauté l’index des testimonia ; bien qu’il s’agisse d’un genre existant dès l’époque patristique 31 (Cyprien…), la présence dans les bibles est récente et il semble bien que le premier index de la sorte se trouve dans la bible de Robert Estienne de 1528 ; il comporte deux parties : d’une part un « Index des témoignages de l’Ancien Testament cités par le Christ et les Apôtres dans le Nouveau Testament, rassemblés ici pour que les pieux lecteurs puissent facilement comprendre ce qui a été transmis par le Christ, véritable interprète, et par son esprit, à travers les Apôtres, et qu’ils voient dans quel but les Apôtres et les Évangélistes les ont produits » ; d’autre part, un « autre index dans lequel nous avons noté les témoignages tirés de l’Acien Testament, sinon selon le mot à mot, du moins selon le sens ; de la comparaison avec ceux dont ils semblent tirés, le lecteur chrétien n’aura pas peu de lumière 32 ». Dans les deux cas, les testimonia sont donnés selon l’ordre des livres de l’Ancien Testament, avec référence aux passages du Nouveau, selon la présentation suivante : Genesis 1.d. Adam primus formatus est, deinde Eua, i. Tim. 2.d.
Les bibles de Paris 1540 et 1541 reprennent ces index. Un autre élément semble trouver son origine chez Robert Estienne, c’est l’Exhortatio ad lectores. Il s’agit d’un ensemble de versets scripturaires invitant à étudier et méditer la Bible 33. (Les huit citations de la Bible de 1528 sont reprises par la suite.) 31. Voir J. Daniélou, Les origines du christianisme latin, Paris 1978 [19912] (Histoire des doctrines chrétiennes avant Nicée, 3), p. 217-239. 32. Fol. *iiir°-iiiiv° : « Index testimoniorum a Christo et Apostolis in Novo Testamento citatorum ex Veteri, quae huc in id congesta sunt, ut pii lectores natiuam quorundam intelligentiam facile assequi valeant, quae ab ipso Christo vero interprete et spiritu eius per apostolos sit tradita ; perspiciantque in quem usum ea adduxerint Apostoli et Euangelistae »… « Index alter, in quo itidem Novi Instrumenti testimonia ex veteri excerpta annotauimus, si non ad verbum, certe iuxta sententiam, ex quorum collatione cum iis a quibus videntur desumpta, non parum lucis accedet Christianis lectoribus ». 33. Fol. *iiv°. Voici la liste de ces citations (dans l’impression, seuls le livre et le chapitre sont identifiés ; j’ajoute donc les versets) : Jos 1, 8 ; Dt 12, 8 et 32 ; Dt 4, 2 ; Pr 30, 5-6 ; Ac 3, 22-23 (renvoi à Dt 18, 18) ; Dt 18, 19 (qui verba Christi…) ; Ex 13, 8-9.
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Je rangerai parmi les nouveautés les textes de réflexion herméneutique, qui font souvent partie des éléments introductifs des bibles du xvie siècle. On peut être étonné de cette affirmation : la réflexion herméneutique est abondante au moyen âge mais elle n’est pas un élément constitutif des bibles. On se rappelle notamment qu’elle fait l’objet des principia, leçons d’introduction au cours de Bible du bachelier ou du maître ; de la sorte, le principium est intégré aux commentaires qui reprennent les cours de sacra pagina et, sauf erreur de ma part, ne figure jamais dans les bibles 34. Plusieurs bibles de mon corpus présentent des textes de réflexion herméneutique, que je me contenterai de signaler rapidement mais qui devraient faire l’objet d’une étude plus spécifique. La Bible de Venise 1511, après un exposé sur les traducteurs de l’Écriture, donne une introduction herméneutique, assez courte (moins d’une colonne) : « Modi intelligendi sacram scripturam sunt quatuor. Notandum quod omnis sacra scriptura quadriforme ratione distinguitur siue exponitur » – il s’agit donc d’un exposé des quatre sens. On retrouve le texte sur les traductions et celui sur les quatre sens dans la bible de Nüremberg 1515 et dans celles de Lyon 1515 et Lyon 1518. Les notes marginales Les notes marginales ne constituent pas vraiment un élément nouveau par rapport aux bibles médiévales ; mais dans celles-ci, il faut distinguer le texte primitif de l’annotation faite par les différents possesseurs ou lecteurs. Je signalerai simplement que les notes de critique textuelle, même si elles n’ont pas un caractère systématique dans les bibles du xiiie siècle, sont parfois bien présentes, notamment dans certaines « bibles de poche 35 ». Au xvie siècle cependant, ces notes font partie intégrante de l’édition et correspondent à nos « notes de bas de
34. Voir L’exégèse chrétienne, p. 405-409 ; A. sulaviK, « Principia and introitus in Thirteenth Century Bible Exegesis », dans La Bibbia del xiii secolo. Storia del testo, storia dell’esegesi, éd. G. cRemascoli et F. santi, Florence 2004, p. 269-321 ; Th. PRüGl, « Medieval Biblical principia as reflections on the nature of theology », dans What is ‘Theology’ in the Middle Ages ? Religious Cultures of Europe, éd. M. olszeWsKi, Münster 2007, p. 253-275. 35. Par exemple, dans la bible du ms. BnF lat. 198 (dont les dimensions sont 135 x 90 mm), on relève des notes marginales qui fournissent des variantes textuelles ; ainsi, sur 1 S 1, 7 le texte a ascenderunt ad templum domini ; sur templum une note dit « uel domum » ; de même sur 1 S 1, 9, texte super sellam ante postes templi, note « uel domus » ; sur 1 S 2, 6, texte ad infernum, note « uel inferos » etc.
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page ». Elles sont de différentes natures. En dehors des notes de critique textuelle, que nous étudierons séparément, on trouve surtout des renvois aux versets concordants, mais également des notes historiques et, dans plusieurs bibles, des concordances avec le droit canon. C’est le cas dans les quatre bibles que nous venons de voir regroupées : Venise 1511, Nüremberg 1515, Lyon 1515 et Lyon 1518. La présence de cet élément est indiquée dans le titre, comme à Nüremberg 1515, Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti et sacrorum canonum…, ou dans le colophon, comme à Venise 1511, Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti necnon et iuris canonici…, ou Lyon 1515, cum concordantiis non solum eiusdem sed et iuris canonici. Évidemment, les références au droit canon sont faites selon le système courant, familier aux lecteurs anciens. Voici par exemple, sur Gn 34, 1 (récit concernant Dina, qui sort pour voir les femmes du pays) ; la bible de Lyon 1518 a la note marginale suivante : De pe. dist. 5. c. i ; ante. fi.
Il s’agit de la causa 34, De penitentia, de la deuxième partie du Décret de Gratien, distinction 5, canon 1, vers la fin (ante finem), au § 9 de l’édition Friedberg ; il y est dit que « si Dina s’était maîtrisée, si elle était restée parmi les siens, elle n’aurait pas été corrompue par un ravisseur étranger 36 ». Cette relation entre Écriture sainte et droit canon ne manque pas d’intérêt. D’autres notes marginales contiennent des notes historiques et il est assez remarquable de constater la présence de parallèles avec la mythologie païenne ou l’histoire profane ; dans la bible de Lyon 1515 37, on a des notes sur Énée, sur la fondation de Toulouse et de Paris ; dans les pages précédentes, le passage sur les dissensions à la fin du règne de Jephté suscitait un rapprochement avec la guerre de Troie 38 (on retrouve cela dans la bible de Lyon 1518). Du reste, le titre même de Lyon 1515 indiquait : « … addite sunt marginales additiones, annales et gentis cuiusque secundum ea tempora hystorias notantes ». La Bible de 36. Corpus iuris canoni, t. I, Decretum magistri Gratiani, éd. E. FRieDbeRG, Leipzig 1879 [repr. Graz 1955], col. 1240 : « … Nam Dina, si se cohibuisset, si inter suos remansisset, ab extraneo raptore corrupta non esset… » 37. Voir dans l’Appendice la planche IV. 38. Fol. 94va, annotations marginales, en face de Jg 12, 1 : « Priamus, Hector, Paris et reliquii filii clarent » ; en face de 12, 4 : « Helena troiani belli causa rapitur » ; en face de 12, 5 : « Troia obsidione cingitur »… Il s’agit moins de parallèles avec le récit de Juges que de désir de situer l’histoire biblique par rapport à l’histoire profane.
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Lyon 1518 annonce, quant à elle, des concordances avec les ouvrages de Flavius Josèphe, les Antiquités judaïques et la Guerre des juifs 39. Les notes marginales, peu nombreuses, de la bible de Cologne 1530 ne comportent pas d’éléments historiques, mais il convient de relever le tableau chronologique qu’elle fournit : Chronographia summa breuitate complectens annos ab exordio mundi usque ad Christi natiuitatem ; divisée en six âges (le sixième étant l’ère actuelle, qui commence avec Jésus), elle donne parallèlement la chronologie selon le texte massorétique et selon les Septante. Elle est précédée d’une importante préface, rédigée par Franciscus Parvus Helsyngœrensis (d’Elsenora = Helsingör, au Danemark), carme, et est dédiée à son arrière-petit-neveu Petrus Parvus Rosaefontanus (Rosenbach ?) ; on y trouve un éloge de la « chronographie » et des rapprochements avec l’histoire profane et la mythologie grecque. Cependant, l’élément nouveau le plus caractéristique est la préface des imprimeurs. Préfaces et adresses des imprimeurs Comme le dit l’auteur de l’édition de Cologne 1530 C’est devenu une habitude, lecteur chrétien, que ceux qui éditent des livres imprimés mettent en valeur leur ouvrage ou son auteur et montrent aux savants l’ampleur de leur effort et de leur dépense 40.
En effet, la plupart des bibles que nous étudions ici contiennent une « adresse au lecteur », dans laquelle les imprimeurs/éditeurs justifient leur travail et son intérêt. On le verra dans un moment, ils soulignent la qualité du texte qu’ils offrent au public. Mais on voudrait d’abord rappeler les autres thèmes de ces pièces. Dans plusieurs bibles, l’adresse au lecteur commence par un éloge de l’Écriture : c’est le cas à Venise 1511 et, de là, dans les bibles de Nüremberg 1515, Lyon 1515 et Lyon 1518 (c’est le texte qui commence par ut/
39. Voici le titre de cette bible : Biblia cum concordantiis veteris et noui testamenti et sacrorum canonum ; necnon et additionibus in marginibus varietatis diuersorum textuum, ac etiam canonibus antiquis quatuor euangeliorum. Nouissime autem addite sunt concordantie ex viginti libris Iosephi de antiquitatibus et bello iudaico excerpte. 40. Fol. A iir°, Ad lectorem : « Usu receptum est, Christiane lector, ut his qui libros formulis excudunt, aliquo encomio vel opus ipsum vel auctorem efferant, atque adeo laboris et impensae rationem studiosis exhibeant. »
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qui terrenis opibus 41). Assez souvent, le contenu est énuméré : concordances, sommaires, divisions, prologues, comme à Bâle 1538, qui précise en outre que la traduction d’Érasme sera ajoutée pour le Nouveau Testament 42. Un élément très intéressant est le « mode d’emploi », qui est souvent une liste d’abréviations utilisées dans les notes marginales. Il semble que Robert Estienne donne le ton en 1528 (emploi de l’obèle, des astérisques…) ; la présentation est plus complète en 1532 et devient systématique en 1546, avec le tableau qui ajoute aux signes la liste des manuscrits et éditions consultés 43. La bible de Paris 1541 (préface de Jean Benoît), très influencée par Robert Estienne, résume cela 44. Bien sûr, le plus significatif est la présentation du travail critique, point que nous allons aborder maintenant.
41. Par exemple, Bible de Lyon 1515 : « Qui terrenis opibus divites fieri volunt, incidunt in tentationes et in laqueum diaboli et desideria multa et nociva, que mergunt homines in interitum et perditionem. […] Vos igitur literarum amatores, qui vere divites fieri cupitis, veras divitias amate, que nec corrumpi neque consumi neque auferri neque exhauriri poterunt. Illas querite, illas vobis thesaurizate. Hoc thesauriarius vester Iesus Christus, dives in omnes suadet. […] Que autem sint ille divitie propheta expressit, cum dicit : Divitie salutis : sapientia et scientia [Is 33, 6]… » 42. Biblia utriusque Testamenti iuxta uulgatam translationem et eam quam haberi potuit emendatissimam, cui in Nouo apposuimus Des. Erasmi Rot. uersionem. 43. Robertus Stephanus librarius regius Christiano lectori salutem, fol. *ii.v° : « … hic locus mihi opportune exigere videtur ut varia illa compendia, quibus vetera exemplaria designauimus, tibi explicemus, ne eorum obscuritas his legendis nauseam tibi concitet » ; voici quelques exemples : « V. = S. Victoris coenobitarum exemplaria scripta… Compl. = Complutensis siue Hispana editio… » 44. Io. Benedictus Lectori salutem : « Miror cur tanta scriptorum in tractandis, transcribendis sacris adeo scriptis diuinis hactenus fuerit incuria, ut tot reperiantur exemplaria quot codices. Quibus si non breui occurratur, rediens tandem Hieronymus, et quisque optimus interpretes, quae nobis integra tersaque reliquerunt, negabunt esse sua. Huic autem morbo utcunque mederi volentes, quos potuissimus vetustissimos et scriptos manu et impressos inter se codices, et illos tandem cum Hebraeis Graecisque contulimus, ut veriorem aeditionis nostrae sensum integritati suae restitueremus. Nec tamen tantum vetustati tribuimus, quin ecclesiae usum et qui passim legitur et cantatur in templis textum pro captu reformaremus. Collatis igitur Latinis codicibus cum Hebraeis qui nobis ex Hebraeo canone traduntur, atque cum Graecis, qui tantum Graece leguntur, differentias quibus antea Hieronymus annotauimus, asterisco * inquam, in quibus Latina à peregrina deficit aeditio ; obelo > in quibus abundat : et numeris 1. 2. 3. etc. in quibus illa dissidet : scholiis vero doctorum super difficilimis locis, alphabeticis literis a. b. c. d. etc. Annos praeterea a mundo creato et ante Christum natum ex textu selectos cuilibet historiae adiecimus. Consonantias rursum Iosephi, Ios. 2. 4., hoc est Iosephus secundo libro, cap. 4, decretorum et decretalium caeterorumque textus locorum, adiecto cuique capiti summario in studiosorum magnum subleuamen annexuimus. »
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Le travail d’édition Presque toutes les bibles publiées dans la période considérée se présentent comme le fruit d’un travail important d’émendation, ces intentions étant affirmées dans les titres ou les colophons, la méthode étant parfois décrite dans les adresses au lecteur ; l’étude des textes et les notes marginales permettent de vérifier si la réalisation est conforme aux intentions. Nous envisagerons donc successivement les déclarations d’intention, les méthodes et leur éventuelle mise en œuvre à travers l’examen de quelques cruces et l’étude systématique de trois textes. Dès le titre est affirmée l’intention de procurer un bon texte, soigneusement corrigé. Ainsi la Bible de Venise 1511 45 et celle de Nüremberg 1515 se présentent-elles comme « révisées, corrigées et émendées avec le plus grand soin », des annotations marginales permettant d’appréhender la diversité des textes ; ce travail est dû au dominicain de Venise Albert de Castello, comme l’indiquent les colophons 46. La bible de Lyon 1509 notait rapidement dans le colophon que le texte avait été récemment émendé par un « professeur très compétent de théologie sacrée », dont le nom ne nous est pas donné mais qui est sans doute ce même dominicain, auteur des éditions des bibles de Venise et Lyon 1506 et Venise 1519 47. Le titre de la Bible de Nüremberg 1515 annonce aussi un texte « révisé, corrigé et émendé avec soin 48 ». Osiander, 1523, affirme dès le titre ses options critiques : « Bible révisée et émendée ; de nombreux endroits qui étaient corrompus sont restaurés par une collation avec les livres en hébreu 49 ». Il en est de même pour la remarquable édition de Cologne 1530, « corrigée avec le plus grand soin 45. Sur cette Bible, voir ici-même l’étude de Max enGammaRe. 46. Venise 1511, p. 519 ; Nüremberg 1515, fol. 198ra (le colophon se trouve avant les interpretationes) : « Biblia cum concordantiis… per venerabilem patrem fratrem Albertinum Castellanum Venetum ordinis predicatorum studiosissime reuisa, correcta, emendata et ad instar correctissimorum exemplarium tam antiquorum quam nouorum incontrata comparata et collata… » 47. Lyon 1509, fol. 347va (avant les interpretationes) : « Immensas omnipotenti Deo patri et filio et spiritui sancto simulque toti militiae triumphanti gratiarum referimus actiones. Cuius iuuamine hoc sacrosanctum opus in presidium sancte fidei catholice recenter per prestantissimum sacre theologie professorem emendatum, claris litteris impressum, multis elucidationibus auctum… » Voir quentin, Mémoire, p. 96-98. 48. Biblia cum concordantiis veteris et noui testamenti et sacrorum canonum, necnon et additionibus in marginibus varietatis diuersorum textuum, ac etiam canonibus antiquis quattuor euangeliorum insertis, summa cum diligentia reuisa, correcta et emendata. 49. Biblia sacra utriusque Testamenti, diligenter recognita et emendata ; non paucis
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après consultation de nombreuses éditions et une collation avec les sources hébraïques et grecques mais aussi avec de nombreux manuscrits latins très anciens, de sorte que c’est l’édition même de saint Jérôme qui semble renaître 50 ». La bible de Bâle 1538, sortie de l’atelier de Froben, se définit plus rapidement comme émendée le plus possible et annonce l’adjonction de la version d’Érasme pour le Nouveau Testament 51. Par contraste, les titres de Robert Estienne sont beaucoup plus sobres : simplement Biblia. C’est dans les adresses au lecteur que celui-ci expose ses principes, de même que la plupart des autres éditeurs-imprimeurs. Nous allons tenter de les définir rapidement, toujours d’après les déclarations liminaires. On retrouve le leit-motiv médiéval de la corruption des textes due à l’incurie des copistes (maintenant, des typographes) ou à leur ignorance. Jean Benoît, dans la bible de Paris 1541, reprend une expression très courante au moyen âge : tot exemplaria quot codices, « autant de textes que de manuscrits ». Les deux grands aspects de l’étude critique sont, comme également au moyen âge (voir les auteurs de correctoires), la collation des textes latins (manuscrits et imprimés) entre eux et la comparaison avec les textes-sources, en hébreu, araméen ou grec 52. La bible de Cologne 1530 affirme bien cela 53 : il s’agit de recourir aux plus anciens manuscrits et d’utiliser les sources hébraïques et grecques ; le texte attribue le mérite de ces collations, pour l’Ancien Testament, à Gobelinus Laridius 54, qui aurait utilisé quinze volumes des « deux langues ». Sur le premier point, Osiander fait remarquer que locis quae corrupta erant, collatione hebraicorum voluminibus restitutis. Item in fronte libri ex Athanasio fragmentum de libris utriusque Testamenti. 50. Biblia latina iuxta diui Hieronymi Stridonensis tralationem, post multas hactenus editiones, non modo ad Hebraeorum Graecorumque fontem verumetiam multorum uetustissimorum codicum Latinorum consensum accuratissime castigata, ea quidem fide et diligentia, ut illa D. Hieronymi editio in hac plane renata uideri possit. 51. Voir ci-dessus n. 42. 52. Voir G. Dahan, « La critique textuelle dans les correctoires… » (cité supra n. 4). 53. Fol. A. iir°, Ad lectorem : « Curauimus itaque ut singula quaeque, praesertim ambiguae lectionis, ad fidem vetustissimorum aliquot codicum diligenti examine expenderentur, riuulos interim ad hebraicae et graecae liguae primordia, tanquam ad fontem reuocantes. Bonam huius onoris partem, nempe veteris instrumenti recognitionem, in se suscepit venerabilis vir Gobelinus Laridius, homo prater sacrarum literarum peritia et vitae morumque integritatem, in hebraicis apprime doctus… » 54. Sur lui, voir la belle étude d’A. vaccaRi, « Chi fu Gobelino Laridio, ottimo editore della Vulgata nel cinquecinto », Biblica 6 (1925), p. 211-217 (repris dans ses Scritti di erudizione e di filologia, t. II, Rome 1958, p. 439-447).
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l’antiquité des manuscrits est garante de leur vérité et que leur diversité « non seulement indique l’erreur mais fournit une aide à la restitution de la vérité ». Parfois, les auteurs donnent des renseignements sur ces manuscrits ou ces éditions : on connaît bien l’exemple de Robert Estienne, qui trouve dans la Bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés un texte « d’une ancienneté admirable, d’une qualité exceptionnelle 55 » – il s’agit des manuscrits BnF lat. 11504 et 11505, Bible de Saint-Riquier, datée de 821-822 56. Le même Robert Estienne trouve à SaintDenis un autre manuscrit de qualité (qui n’est pas identifié). Il fait venir à ses frais un exemplaire de la Polyglotte d’Alcala, laquelle est aussi utilisée pour la bible de Nüremberg 1530. Et, surtout, il s’aide des correctoires fournis par le ms. BnF lat. 15554 57. Le second point de méthode est la collation avec l’hébreu et le grec. Cela a été reproché à son époque à Robert Estienne mais le reproche est également formulé dans l’ouvrage de dom Quentin introductif à la grande édition de la Vulgate, à propos de diverses entreprises du xvie siècle ; pour lui, l’hébreu n’a pas à entrer en considération dans une édition du texte latin de la Vulgate 58. Pourtant, aussi bien Théodulfe au ixe siècle, qu’Étienne Harding à Cîteaux au début du xiie siècle et les correctoires du xiiie, font de la confrontation avec les textes originaux de la Bible un moyen de parvenir à la « vérité » du texte latin et l’expérience montre qu’elle permet au moins d’éliminer les interpolations et de résoudre les ambiguïtés. C’est bien ce que disent plusieurs éditeurs du xvie siècle, en dehors même de Robert Estienne : Osiander, par exemple, affirme que la consultation de la vérité hébraïque et des Septante lui permet de « subodorer » ce qu’il faut lire 59. Du reste, ce n’est pas à une collation complète
55. Voir H. quentin, Mémoire, p. 104-116 (donne le texte de plusieurs préfaces). Voir ici même l’étude d’Eran shuali. 56. Voir S. beRGeR, Histoire de la Vulgate, p. 93-96. 57. Sur ce correctoire, Correctorium Sorbonicum chez Robert Estienne, voir mon étude « Sorbonne II. Un correctoire biblique de la seconde moitié du xiiie s. », dans La Bibbia del xiii secolo (cité supra n. 34), p. 113-153. 58. H. quentin, Mémoire, p. 460-464. 59. Pio lectori : « Cum essent apud nos sacra utriusque Testamenti Biblia typis excudenda, cuperentque uehementer ii, quorum sumptibus res agebatur, ut quam fieri posset, emendatissima in lucem proderent ; neque tamen omnia, quae laudabile hoc eorum studium requirebat, in promptu essent ; carebamus enim optimo, in hoc laboris genere, subsidio, nempe uetustis exemplaribus, quorum saepe uel antiquitas incorruptiorem seruat ueritatem uel diuersitas non modo indicat errorem, uerum etiam restituendae ueritati praebet ansam. In partem laboris ab eis sum inuitatus rogatusque, ut
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que se livrent les critiques médiévaux ni ceux du xvie s. mais, comme le faisait d’une manière intuitive Étienne Harding 60, c’est à partir du moment où il y a conflit entre les manuscrits que les textes hébreux (ou grecs) permettent de déterminer la bonne leçon – on se rappelle que dans la Bible de Cîteaux de nombreuses interpolations ont été érasées parce que ne correspondant pas au texte hébreu. La préface de la bible de Nüremberg 1530 dit cela clairement : après avoir utilisé la Polyglotte d’Alcala, l’auteur a collationné toutes les autres éditions et, « là où elles ne concordaient pas, nous avons suivi les sources mêmes de langue hébraïque et grecque, en faisant de nombreuses émendations 61 ». De même, l’adresse au lecteur de la superbe bible de Cologne 1530 résume ainsi les deux points de la méthode critique : Nous avons pris soin d’évaluer par un examen attentif chaque passage, notamment ceux qui ont une leçon ambiguë, à l’aune de quelques manuscrits très anciens, faisant parfois remonter les ruisseaux aux originaux de langue hébraïque et grecque comme à leur source 62.
Le problème est évidemment de savoir jusqu’où aller dans l’utilisation des originaux pour l’édition d’une traduction. Mais il me semble
expunctis erroribus, quos typographorum uel incuria uel rerum grammaticarum ignorantia inuexerat, simul etiam, sicubi barbaries uel aliud sermonis incommodum suspitionem faceret, consultis hebraea ueritate et septuaginta interpretibus, subodorer quid esset legendum… » Ce texte est-il bien d’Andreas Osiander ? Il figure sur un feuillet ajouté à un exemplaire de l’édition de 1523 conservé à Munich. Voir également, dans ce volume, l’étude d’Annie noblesse-RocheR, p. 129-131. 60. Voir M. cauWé, « La Bible d’Étienne Harding. Principes de critique textuelle mis en œuvre aux livres de Samuel », Revue bénédictine 103 (1993), p. 414-444 ; G. Dahan, L’exégèse chrétienne, p. 167-174. 61. Ad Christanum lectorem praefatio : « … Congessit ante aliquot annos Franciscus Symenius [Ximénez] sanctae Balbinae Cardinalis, uniuersos sacrae Scripturae libros, uariis linguis, Hebraea uidelicet, Chaldaea, Graeca et Latina interpretatos in unum, quibus et ueterem translationem, qua hucusque Latina utitur Ecclesia… Et quoniam sancte testatur eam se […] dedisse quam emendatissimam, qumque id ita esse res ipsa clamaret, eius aeditionem libenter sumus imitati, sed tamen non solam. Nam et reliquas omnes quotquot habere potuimus, cum hac contulimus et sicubi discreparunt… ipsos Hebraeae ac Graecae linguae fontes quam proxime accedebant sequuti sumus ; sic quoque multa emendantes quae aut illius diligentiam indigerant [?] aut chalcographorum incuria rursus deprauata fuerant. » 62. « Curauimus itaque ut singula quaeque, praesertim ambiguae lectionis, ad fidem vetustissimorum aliquot codicum diligenti examine expenderentur, riuulos interim ad hebraicae et graecae linguae primordia, tanquam ad fontem reuocantes. »
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que, tant au moyen âge qu’au xvie siècle, l’intelligence des correcteurs ou des éditeurs a permis d’aboutir à des textes d’une meilleure qualité que ceux du xxe siècle. Comme le fait observer dans la préface de 1528 Robert Estienne, saint Augustin avait déjà indiqué l’utilité de cette démarche, dans un texte repris dans le Décret de Gratien 63 : De même que pour les livres de l’Ancien Testament la fidélité [des leçons] doit être examinée à partir des ouvrages en hébreu, de même pour les livres du Nouveau Testament la vérité a besoin de la norme de la langue grecque 64.
Dans la préface de 1546, Robert Estienne cite d’autres textes de Jérôme et d’Augustin, qui le confortent dans son recours à l’hébreu et au grec 65. Signalons que, dans la préface de 1545, il identifie le « docte parmi les Hébreux » auquel il se réfère parfois, comme étant David Qimhi 66. Du reste, on a vu que, dans sa bible de 1528, Robert Estienne donne une liste de divergences d’après Nicolas de Lyre (complété par Paul de Burgos) ; celui-ci, dont la Postille sur l’ensemble de la Bible était devenue le commentaire classique dès le xive siècle, avait recueilli dans un opuscule séparé, les remarques qu’il avait faites dans son commentaire sur les différences entre l’hébreu et « notre traduction », c’est-àdire la Vulgate – travail extrêmement intéressant, antérieur d’un siècle à celui que Lorenzo Valla devait faire sur le Nouveau Testament 67. Le relevé de Robert Estienne se limite à une page ; les remarques de Nicolas de Lyre sont beaucoup plus nombreuses ; mais il n’était pas question de donner une nouvelle traduction, simplement de contrôler le texte de la Vulgate. On observera que Robert Estienne n’a pas choisi les exemples les plus significatifs 68.
63. Decr. I, dist. 9, c. 6, éd. FRieDbeRG, t. I, col. 17. Il s’agit en fait d’un texte de Jérôme, Ep. 71, 5, éd. et trad. fr. J. labouRt, t. IV, Paris 1954, p. 13. 64. « Ut veterum librorum fides de Hebraicis voluminibus examinanda, ita nouorum veritas Graeci sermonis normam desyderat. » 65. Il cite notamment la lettre de Jérôme à Sunia et Fretela et le livre II du De doctrina christiana d’Augustin. 66. Rob. Stephanus librarius regius lectori, fol. *ii.v° : « … Tantum hoc addemus, cum in annotationibus doctum inter Hebraeos nominamus, Rabbi Dauid Kimhi nos intelligere… » 67. Voir ci-dessus n. 7. 68. Nous préparons une étude qui détaillera ces exemples.
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Voyons maintenant d’une manière concrète en quoi consiste ce travail d’édition, dans les textes et dans les notes marginales. J’ai donc étudié quelques versets considérés comme posant problème et, d’une manière systématique, j’ai fait une collation sur trois chapitres Gn 1, 1 Sm 14 et Ga 3. Évidemment, je m’efforcerai de synthétiser les résultats de cette recherche le plus brièvement possible 69. Parmi les cruces, je commence par Gn 3, 15, le fameux « protévangile ». François Lucas, à la fin du siècle, consacrera une note importante à ce verset 70. Le problème est le genre du pronom sujet du verbe conteret : ipsa (renvoyant à mulier) ou ipsum (renvoyant à semen) ? C’est la leçon ipsa qui est le plus souvent retenue, avec fréquemment des annotations marginales : plusieurs renvoient à l’hébreu, qui a le masculin (il n’y a pas de neutre en hébreu) : ; הוה ישופך ראשcomme le remarque Robert Estienne en 1532 en 1545, les Septante ont traduit par un masculin, αὐτός σου τηρήσει κεφαλήν, qui pose problème et que, comme la tradition ancienne, il comprend comme désignant le Christ, leçon confortée en 1546 par le manuscrit de Saint-Germain des Prés 71. On observera la précision de la note brève de Paris 1541. J’ai retenu le texte de Zurich 1543, bien qu’il ne s’agisse pas d’une Vulgate ; le neutre est employé. Mon second exemple est également tiré de la Genèse (8, 7) ; nous sommes à la fin de l’épisode du déluge, Noé lâche un corbeau, « qui s’envola, allant et revenant jusqu’à ce que les eaux découvrent la terre ferme » (TOB 2010) ; l’édition Weber s’oppose à la Clémentine ; faut-il une négation avant revertebatur ? Le texte massorétique n’a pas de négation : « וישלח את הערב ויצא יצוא ושוב עד יבשת המים מעל הארץEt il envoya le corbeau. Le corbeau sortit et sortit, puis retourna, jusqu’à ce que fussent séchées les eaux de sur la terre », dans la traduction d’Edmond Fleg. Les éditions moins attentives ont la négation ; Robert Estienne 1532, Bâle 1538 ne l’ont pas (elle est dans un corps plus petit dans Cologne 1530). Plusieurs signalent en marge que la négation ne figure pas dans l’hébreu ; la bible de Paris 1541 donne en marge une traduction de l’hébreu : exiuit eundo et redeundo ; de même, en 1545, Robert Estienne :
69. Voir en annexe les collations. 70. Notationes in sacra Biblia, quibus, variantia discrepantibus exemplaribus loca, summo studio discutiuntur, Anvers 1580, p. 25-27. 71. Voir texte ci-après ; Ge. o. (Sangermanense oblongum correspondant au ms. BnF lat. 11504, fol. 4vb ; il semble que ipse soit corrigé en ipsa).
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ibat et reuertebatur. La négation provient de la Septante 72. Le manuscrit de Saint-Germain (BnF lat. 11504), que cite Robert Estienne en 1546 à l’appui de l’absence de la négation, ne la comporte pas en effet, mais à sa place il y a une érasure. Un autre verset est dans le deuxième livre de Samuel (2 S 4, 5) ; il s’agit du récit de l’assassinat d’Ishboshet, fils de Jonathan ; au v. 5, beaucoup de bibles ont une addition, absente du texte massorétique : les assassins d’Ishboshet entrent dans sa maison pendant qu’il dort ; l’ajout concerne « la femme qui gardait la porte, s’était endormie en nettoyant du blé » ; une grande partie de la tradition latine (notamment alcuinienne) a cette interpolation, présente dans de nombreuses bibles du xvie siècle, donnée en plus petit corps dans celle de Cologne 1530 ; dans la bible de Robert Estienne 1528, l’ajout est encadré des signes qui signalent une absence dans l’hébreu ; la longue note de la bible de 1545, qui n’a pas l’interpolation, ne la concerne pas. L’interpolation vient de la Septante (et est conservée dans la Vetus Latina) ; dans son étude de critique textuelle du verset, Dominique Barthélemy notait que le texte grec « est beaucoup plus satisfaisant 73 ». Pour le Nouveau Testament, j’ai choisi d’abord un verset de Matthieu (Mt 23, 13-14), qui comporte souvent (y compris dans la Clémentine) une addition, présente dans les versions anciennes (Vetus Latina, syriaque) ; il s’agirait d’une interpolation due au parallèle avec Mc 12, 40 et Lc 20, 47 ; les témoins du texte grec ne la possèdent pas 74. On relève les notes marginales des bibles de Nüremberg 1515, Lyon 1518 et le fait que l’addition soit absente de Paris 1541. On observe que Bâle 1538 donne, pour Érasme, un texte interpolé, légèrement différent 75.
72. καὶ ἀπέστειλεν τὸν κόρακα… καὶ ἐξελθὼν οὐχ ὑπέστρεψεν ἕως τοῦ ξηρανθῆναι τὸ ὕδωρ ἀπὸ τῆς γῆς. 73. D. baRthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. I, Josué-Esther, Fribourg – Göttingen 1982, p. 191. 74. Voir B. M. metzGeR, A Textual Commentary on the Greek New Testament, 3e éd., Londres – New York 1971, p. 60. 75. Bâle 1538, texte de la Vulgate : « Vos enim non intratis : nec introeuntes sinitis intrare. Vae uobis scribae et pharisaei hypocritae, qui comeditis domos viduarum, orationes longas orantes, propter hoc amplius accipietis iudicium. Vae vobis scribae et pharisaei hypocritae, qui circumitis mare et aridam… » ; texte d’Érasme : « uos enim non intratis, nec aduenientes sinitis intrare. Vae uobis scribae et pharisaei hypocritae, quia comeditis domos uiduarum. Idque praetextu prolixae precationis, propter hoc grauius puniemini. Vae uobis scribae et pharisaei hypocritae, quia circumitis mare et aridam… »
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Cependant, c’est à propos du Comma Iohanneum que l’influence d’Érasme est la plus sensible, puisqu’il semble que ce soit lui qui ait le premier mis en cause le texte reçu de 1 Jn 5, 7-8 76 (les trois témoins dans le ciel). Mais on observe qu’il y a peu de répercussion dans les bibles de notre corpus, puisque toutes, y compris celles de Robert Estienne, ont l’addition, avec une note marginale dans plusieurs, « De summa trinitate » ; il s’agit d’un renvoi aux Décrétales, livre I , tit. 1 (de summa trinitate et fide catholica), c. 2 damnamus, qui est une condamnation de Joachim de Flore et une démonstration de la Trinité, citant le passage de 1 Jn 77. De la collation systématique des trois chapitres-tests (Gn 1, 1 S 14, Ga 3) peuvent être tirées quelques conclusions. J’ai choisi comme texte de référence celui de l’édition Weber (qui reprend pour l’Ancien Testament l’editio maior des moines de Saint-Jérôme). On constate tout d’abord que ce texte Weber est purement artificiel : c’est une reconstitution théorique, qui évacue des siècles de tradition, selon des critères qui ne sont pas toujours pertinents. Mais cet aspect nous intéresse moins que le fait que nos bibles de la première moitié du xvie siècle soient, quant à elles, fidèles aux textes médiévaux, souvent de tradition alcuinienne. Il n’y a pas de texte homogène de la Bible au moyen âge (et ce qu’on appelle parfois le « texte parisien » du xiiie siècle est une pure fiction 78, quoi qu’en pensent les éditeurs de l’editio maior 79). Il y a des textes hétérogènes qui véhiculent néanmoins des traditions qui ont traversé tout le moyen âge : les textes de Gn 1 repris majoritairement dans les bibles de mon corpus en donnent une bonne idée ; retenons notamment en Gn 1, 2 l’addition erant après tenebrae, spiritus Domini, la leçon et divisit lucem a tenebris en Gn 1, 4, l’addition ad imaginem et similitudinem suam au v. 27. On relève encore la bonne qualité des notes
76. Voir H. J. De jonGe, « Erasmus and the Comma Johanneum », Ephemerides theologicae Lovanienses 56 (1980), p. 381-389 ; J. H. bentley, Humanists and Holy Writ, p. 95-97 et 152-153 ; et plus généralement l’article de A. lemonnyeR, « Comma Johannique », dans Dict. de la Bible. Supplément, t. II, Paris 1934, col. 67-73. 77. Corpus iuris canonici, éd. FRieDbeRG, t. II, col. 6. 78. Voir le résumé de mes conférences sur « Le ‘texte parisien’ de la Bible au xiiie siècle », Annuaire EPHE. Section des sciences religieuses 112 (2003-2004), p. 309-312. Mais les conclusions sont encore trop timides : le sujet fera l’objet d’un chapitre dans l’ouvrage que je prépare sur la Bible du xiiie siècle. 79. Les trois manuscrits censés représenter la famile Ω (« textus parisianus ») ont des textes hétérogènes, notamment la Bible de Saint-Jacques (Paris, BnF lat. 1671916722), dont le texte est corrigé.
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marginales de Nüremberg 1515, Lyon 1515 et 1518. La collation de 1 S 14 montre l’intérêt des notes marginales de Robert Estienne et de Paris 1541, qui relèvent les différences avec l’hébreu (je ne les ai pas toutes indiquées) ; cette collation met en valeur la qualité du texte de Cologne 1530. L’emploi de signes critiques est constant dans les différentes éditions de Robert Estienne. Le chapitre 3 de Galates confirme l’utilisation d’un texte courant, avec notamment les additions non obedire veritati au v. 1 (variante non credere veritati à Cologne 1530 et Nüremberg 1530), et in vobis au v. 1 également, scriptum est au v. 6 (avec un corps plus petit à Cologne 1530 et des signes critiques chez Robert Estienne), cognoscite au lieu de cognoscitis au v. 7 (avec une remarque de Paris 1540), partout la leçon irritum (au lieu de irritam choisi par Weber), les leçons promissione et repromissionem au v. 18 etc. L’édition de Paris 1541 (qui semble assez influencée par celles de Robert Estienne 1528 et 1532) multiplie les signes critiques. Il faut prendre garde que les notes marginales de Paris 1540 sont explicatives et non critiques. Il semble donc qu’on ait, à partir d’un texte courant hérité des manuscrits médiévaux, une étude attentive, relevant souvent des leçons intéressantes mais n’osant que rarement les incorporer au texte même – le cas de Cologne 1530 me paraissant le plus remarquable. On a donc, entre 1500 et 1546, un travail de critique textuelle assez consistant. Les éditions de Robert Estienne finiront par être condamnées ; mais elles exercent encore en 1541 une influence majeure 80. L’ensemble de ce travail critique explique les constatations du concile de Trente et le souhait d’une nouvelle édition de la Vulgate, qui éliminera, autant que faire se peut, les variae lectiones et fournira un texte homogène au monde catholique. Comme on le verra, la Vulgate sixto-clémentine de 1592 sera l’aboutissement de ces efforts et, surtout, sera la première édition autoritative du texte latin, ce qui n’avait pas été le cas pendant plus de six siècles – et encore si l’on considère que le texte d’Alcuin, commandé par Charlemagne et non par le pouvoir pontifical, est déjà un texte « autoritatif », ce qui est discutable. Mais les efforts de réflexion critique ne cesseront pas, même après 1592, puisque, on le verra ici, François Lucas de Bruges publiera dès 1608 un recueil de loca insigniora sur l’édition romaine. 80. Voir D. baRthélemy, « Origine et rayonnement de la Bible de Vatable », Découvrir l’Écriture, Paris 2000, p. 109-122 (paru d’abord dans Théorie et pratique de l’exégèse, Genève 1990, p. 385-401) ; Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. II, p. *29-*33 (excursus : « Robert Estienne éditeur de la Bible »).
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Comme j’ai essayé de le montrer souvent, le travail sur les Écritures saintes, qu’il s’agisse de critique textuelle ou d’exégèse, se doit de réunir les acquis de la tradition et les exigences du progrès. Il me semble que la règle se vérifie à propos des bibles du xvie siècle : si, d’une part, elles se situent par bien des aspects dans la continuité des bibles du moyen âge (notamment de celles du xiiie siècle), la révolution que constitue l’imprimerie et, surtout, les progrès faits dans la connaissance des langues bibliques (hébreu, araméen, grec) renouvellent considérablement l’approche même du livre et l’exactitude du texte.
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Annexes Sigles des bibles utilisées 81 BA38 = Bâle 1538 PA40 = Paris 1540 KO30 = Cologne 1530 PA41 = Paris 1541 LY09 = Lyon 1509 = Alberto da RE28 = Robert Estienne 1528 Castello RE32 = Robert Estienne 1532 LY15 = Lyon 1515 RE45 = Robert Estienne 1545 82 RE46 = Robert Estienne 1546 LY18 = Lyon 1518 VE11 = Venise 1511 NU15 = Nuremberg 1515 ZU43 = Zurich 1543 (n’est pas NU30 = Nuremberg 1530 une Vulgate) OS23 = Osiander 1523 Quelques cruces 1. Genèse 3, 15 Clem Weber inimicitias ponam inter te et mulierem / et semen tuum et semen illius / ipsa conteret caput tuum / et tu insidiaberis calcaneo eius LY09 VE11 NU15 LY18 KO30 RE28 ipsa LY15 Ipsa [? effacé et corrigé à la main : ipsum semen – pas de note mg.] NU30 ipsum BA38 *ipsa [mg. Hebr. ipsum] PA40 *ipsa [mg. *ipsum (sub. semen)] PA41 Ipsa [mg. Ipsum scilicet semen. Nam Hebraeum habet Hu, Ipse et ipsum, et non Hi, ipsa. Hiero.] ZU43 Ponamque inimicitias inter te, et inter ipsam mulierem, inter semen denique tuum et inter semen illius. *Ipsum conculcabit tibi caput, et tu conculcabis ei calcaneum. [mg. *Alii legunt pro calcaneo uestigium]
81. Comme éditions de références, sont utilisées la Bible sixto-clémentine, dans l’impression de Paris 1927 (Clem) et la Biblia sacra iuxta vulgatam versionem, éd. R. WebeR et al., 4e éd. préparée par R. GRyson, Stuttgart 1994 (Weber). – L’astérisque correspond aux divers signes de renvois dans les textes des bibles (à moins que ne soient utilisés d’autres signes). La barre oblique correspond aux alinéas dans Weber. 82. Dans sa Bible de 1545, Robert Estienne donne, sur deux colonnes, le texte de la Vulgate (v = vetus) et une nouvelle traduction latine (n = nova), celle de Leo Jud publiée à Zurich en 1543 ; voir D. baRthélemy, Critique textuelle, t. II, p. *32.
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Gilbert Dahan OS23 *et inter semen tuum et semen illius : ipsum [mg. Heb. conteres calcaneum : eius superest] RE32 ipsa [mg. ipsa/ipsum subaudi semen, qui est Christus. LXX ipse vertunt, Christum intelligentes ¶ insidiaberis calcaneo/conteres calcaneum] RE45 (v) ipsa [mg. semen Iesus promittitur saluator] (n) Ponamque inimicitias inter te, et inter ipsam mulierem, inter semen denique tuum et inter semen illius. Ipsum conculcabit tibi caput, et tu conculcabis ei calcaneum. [mg. Heb. ipsum conteret te in capite. Ipsum, subaudi semen, qui est Christus. LXX verterunt ipse, Christum intelligentes. Aut αὐτὸς refert non σπέρμα sed τὸν σπόρον quod sit eiusdem cum dictione σπέρμα significationis ; idque Hebraico more, Christus, inquit, filius virginis destruet opera tua et te victo liberabit Christianos a ditione tua, Rom. 16, Dominus conteret Satanam sub pedibus vestris.] RE46 ipsa [mg. Semen Iesus promittitur saluator. * ipse (Ve. Ge.o5)]
2. Genèse 8, 7 Clem (dimisit corvum) qui egrediebatur, et non revertebatur, donec siccarentur aquae super terram Weber (dimisit corvum) qui egrediebatur et revertebatur donec siccarentur aquae super terram LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 NU30 et non revertebatur KO30 et non reuertebatur [mg. non in hebraeo nec in antiquis] RE32 BA38 et reuertebatur PA40 et -non, reuertebatur PA41 qui egrediebatur et non reuertebatur] [mg. Exiuit eundo et redeundo] ZU43 qui egressus *ultro citroque uolitabat, donec siccarentur aquae super terram [mg. *Exibat et rediebat] OS23 et *non reuertebatur [mg. Non superest nec habetur in hebraeo] RE28 et non° reuertebatur [mg. Hebraei legunt, et reuertebatur] RE45 (v) et non reuertebatur [mg. dimittitur coruus] (n) qui egressus ultro citroque volitabat, donec siccarentur aquae super terram [mg. Heb. ibat et reuertebatur] RE46 et –non’ reuertebatur [mg. Vet. Di. o. Ge.o.l. Compl.]
3. 2 Samuel 4, 5 Clem ingressi sunt, fervente die, domum Isboseth ; qui dormiebat super stratum suum meridie. Et ostiaria domus, purgans triticum, obdormivit. Weber ingressi sunt fervente die domum Hisboseth / qui dormiebat super stratum suum meridie
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Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 KO30 NU30 BA38 PA40 PA41 ZU43 OS23 RE28 RE32 isboseth RE45 RE46 Is-boseth OS23 ingressique LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 KO30 [en petits caractères] BA38 RE32 et ostiaria domus purgans triticum obdormiuit PA40 PA41 et hostiaria domus purgans triticum obdormiuit]° RE46 [mg. °Et venientes ad medium domus, quasi triticum accepturi percusserunt eum in quinta costa] [mg. Vet. G. p. Compl.] NU30 def. ZU43 ingressi sunt, quum ferueret dies, domum Isboseth, qui super lectum suum °meridie quiescebat. Venerunt autem ad medium domus accepturi triticum, et percusserunt eum in ‘uiscera uitalia. [mg. °alii legunt in lecto meridiano ‘Vel sub quintam.] RE28 – Et ostiaria domus purgans triticum obdormiuit. RE45 ingressi sunt, quum ferueret dies, domum Is-boseth, qui °super lectum suum meridie’ quiescebat. *Venerunt autem ad medium domus accepturi triticum, et percusserunt eum in °°uiscera uitalia [mg. °Heb. in cubili meridiei, id est in quo solebat meridiano temporte. Vel dormiebat dormitionem meridianam. Chaldaeus paraph. vertit, dormitionem regum, id est tempore quo solent dormire reges. *Heb. ingressi sunt autem in medium domus, habitu mercatorum tritici, id est Ingressi sunt in penitiorem usque partem domus, habitu et specie mercatorum tritici. °°In inguine. Heb. in quintam costam.]
4. Matthieu 23, 13-14 Clem vos enim non intratis, nec introeuntes sinitis intrare. // Vae vobis scribae et pharisaei hypocritae, quia comeditis domos viduarum, orationes longas orantes ! propter hoc amplius accipietis judicium. // Vae vobis scibae et pharisaei hypocritae, quia circuitis mare et aridam… Weber vos enim non intratis nec introeuntes sinitis intrare // Vae vobis scribae et Pharisaei hypocritae / quia circuitis mare et aridam… LY09 LY15 NU15 [mg. alias non habet +ve vobis usque iudicium] LY18 [mg. alias non habet +ve vobis et qui comeditis usque usque iudicium] OS23 RE28 BA38 (Vg.) RE46 [mg. Comedentes domos viduarum], mar. 12.d (cf. Mc 12, 40) lu. 12.g (cf. Lc 11, 52) ; quia (Vc. DI. a. Ge. o. l. v. P. X.) qui comeditis domos viduarum, orationes longas orantes : propter hoc amplius accipietis iudicium
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Gilbert Dahan KO30 qui comeditis domos viduarum, oratione longa orantes, propter hoc amplius accipietis iudicium BA38 [Érasme] quia comeditis domos viduarum. Idque praetextu prolixae precationis, propter hoc grauius puniemini PA41 VE11 [mg. ve vobis et qui comeditis usque iudicium] quia comeditis domos viduarum, orationes longas orantes, propter hoc amplius accipietis iudicium BA38 [Érasme] nec aduenientes sinitis intrare ZU43 uos enim non intratis, neque °ingressuros sinitis intrare. †Vae uobis scribae et pharisaei hypocritae, quia comeditis domos uiduarum, idque praetextu, ut qui prolixe precemini, propter hoc grauius iudicium subibitis [mg. °Id est, eos qui conantur ingredi.]
6. 1 Jn 5, 7-8 Clem Quoniam tres sunt qui testimonium dant in caelo : Pater, Verbum, et Spiritus Sanctus ; et hi tres unum sunt. Et tres sunt qui testimonium dant in terra : spiritus, et aqua, et sanguis ; et hi tres unum sunt. Weber qui tres sunt qui testimonium dant in caelo / Spiritus et aqua et sanguis / et tres unum sunt LY09 VE11 LY15 NU15 LY 18 OS23 NU30 KO30 PA40 PA41 BA38 [v et n] RE28 RE46 Quoniam tres sunt qui testimonium dant in caelo. pater verbum et spiritus sanctus. et hi tres unum sunt. Et tres sunt qui testimonium dant in terra. spiritus aqua et sanguis. et hi tres unum sunt. [mg. LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 De summa trinitatis. C. damnamus. De cele. mis. c. in quadam] ZU43 Quoniam tres sunt, qui testimonium dant, spiritus et aqua, et sanguis : et hi tres unum sunt. [mg. Magna hic est codicum uarietas]. Cyrillus legit, quia tres sunt qui testimonium perhibent, spiritus, aqua et sanguis : et hi tres sunt. Quam lectionem iisdem fere uerbis in uetustissimo Tigurinae bibliothecae codice inuenimus. Hispana aeditio sic legit [texte grec], id est Tres sunt qui testimonium perhibent in coelo, pater, uerbum et spiritus sanctus, et tres unum sunt. Et tres sunt, qui testimonium perhibent in terra, spiritus, aqua et sanguis. Hic enim non additur quod haec tria, quae in terra testantur, unum sint. Vide Annot. Eras. Nos Cyrilli et aliorum ueterum lectionem, tum probatissimorum Graecorum codicum fidem sequi maluimus etc.
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Test sur trois chapitres * Genèse chapitre 1 Weber
bibles xvie s.
2 et tenebrae ° super faciem et spiritus °Dei
° + erant LY09 LY15 LY18 NU15 PA41 ° domini LY09 LY15 [mg. alias dei] LY18 [mg. id.] NU15 [mg. id.] PA41 4 °et divisit °° lucem ° om. LY09 °°LY15 [mg. alias + deus] LY18 [mg. id.] NU15 [mg. id.] °ac tenebras ° a tenebris LY09 LY15 LY18 NU15 PA41 5 et tenebras noctem et tenebras * noctem PA41 [mg. *vocauit] 7 ab °his quae erant ab °iis PA41 9 °factumque ° Et factum LY09 LY15 LY18 NU15 PA41 11 et °facientem semen ° LY15 LY18 NU15 [mg. alias ferentem] cuius °semen ° semem NU15 °sit super terram ° fit LY15 12 et °adferentem semen ° facientem LY09 LY15 LY18 NU15 PA41 et ° mane et * mane [mg. *Factum est] PA41 13 °factumque ° et factum LY09 LY15 LY18 NU15 PA41 14 °ut dividant ° et diuidant LY09 LY15 LY18 NU15 PA41 in signa et ° tempora et * tempora PA41 [mg. Incerta] 16 °magna luminaria ° luminaria magna LY15 LY18 NU15 PA41 17 et posuit eas ° in firma- ° LY15 LY18 NU15 [mg. aliass habet deus] mento eas * PA41 [mg. *Deus] 19 vespere et ° mane vespere et * mane PA41 [mg. *Factum est] 20 et volatile ° super terram volatile * super PA41 [mg. *volitans] 21 volatile °secundum genus *secundum g. s. PA41 [mg. secundum spesuum ciem suam] et * mane [mg. *Factum est] PA41 23 et ° mane ° LY09 dixitque quoque deus 24 °dixit quoque Deus ° om. et LY09 LY15 LY18 PA41 25 °et iumenta ° LY15 LY18 NU15 [mg. alias creature] 26 universaeque °terrae ° et similitudinem add. LY09 LY15 [mg. 27 ad imaginem ° suam alias non ponitur et similitudinem] LY18 [mg. id.] NU15 [mg. id.] PA41 31 cuncta quae °fecit ° fecerat LY09 LY15 LY18 NU15 PA41
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Gilbert Dahan
* 1 Samuel, chapitre 14 Weber
bibles xvie s.
ionathas LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 philistinorum LY09 VE11 LY15 OS23 Philisthim KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 °in agro gabaa LY09 VE11 LY15 BA38 2 quae erat °in Magron PA41 [mg. in Migron] in agro OS23 KO30 RE28 [mg. Heb. Magron] RE32 [mg. Magron] RE45 achias LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 3 Ahias PA41 RE28 RE32 RE45 iehabod LY09 I-chabod RE45 Ichabod phinees LY09 VE11 LY15 KO30 BA38 Finees RE28 RE32 RE45 phinehes OS23 Heli Eli OS23 qui ortus fuerat ex Heli sacer- qui o. f. ex H. s. PA41 [mg. Filius Heli, erat dote sacerdos] ephot LY09 VE11 [mg. alius ephod] LY15 ephod populus ignorabat °quod °°is- OS23 °quo VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 set Ionathan RE28 RE32 [mg. quod] RE45 °°esset LY09 stationes PA41 4 stationem °Sene [mg. °Senne] Sene machmas VE11 [mg. alias machimas] ma5 Machmas chinas LY15 ad meridiem LY09 VE11 LY15 OS23 BA38 a meridie PA41 RE28 RE32 RE45 salutare OS23 6 salvare in multo LY09 in multis VE11 (mg. alias in in multitudine multitudine) LY15 OS23 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 7 dixitque ei Dixit ei KO30 perge quo cupis° ero ° add. et LY09 VE11 [mg. alias ego] OS23 KO30 PA41 >et’ RE45 tecum °ubicumque volueris tecum °u. v. PA41 [mg. Iuxta cor tuum] ubicumque ubicumque VE11 [mg. al’s quocumque] 10 acendamus° quia tradidit ° add. ad eos LY09 VE11 OS23 PA41 >ad eos’ RE45 in m. nostris VE11 [mg. al’s israel] in manibus nostris praem. et BA38 RE28 hoc erit °suum BA38 RE28 12 ad armigerum °eius 1 Ionathan
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Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546
ostendemus LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 a. s. m. PA41 [mg. Ascende post me] ascendamus sequere me dominus eos OS23 PA41 RE28 RE32 eos Dominus °manus VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 in °manu Israhel RE28 RE32 RE45 13 reptans manibus et pedi- manibus et pedibus reptans LY09 VE11 LY15 OS23 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 bus ° add. cum vidissent faciem ionathe LY09 itaque° alii cadebant VE11 LY15 OS23 BA38 PA41 [mg. Et, ceciderunt illi coram Ionatha, armiger autem eius interficiebat post eum] RE28 [> ante… post] RE32 [mg. >,] RE45 [idem] °qua OS23 BA38 RE32 RE45 14 °quam percussit RE32 [mg. *fere] virorum* in media iugeris LY09 VE11 OS23 BA38 PA41 RE28 iugeri RE32 RE45 quam par boum in die arare quam p. b. in d. a. c. PA41 [mg. Spacio agriconsuevit culture duorum boum] 15 et factum est miraculum Et f. est m. PA41 [mg. Factus est horror] °per agros °praem. et LY15 OS23 PA41 >et’ RE45 conturbata est terra conturbata sunt castra LY09 VE11 LY15 OS23 PA41 [mg. Tremuit terra ob dei horrorem] >con. sunt c.’RE45 16 prostrata et huc illucque p. et h. i. d. PA41 [mg. Dissoluebatur et eundiffugiens do concutiebatur] 18 Ahiam achiam LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 arcam Dei archam domini LY09 arcam domini VE11 LY15 OS23 PA41 arcam °Domini’ RE45 archa domini LY09 arca domini VE11 LY15 arca Dei OS23 PA41 RE32 [mg. *adhuc] 19 Cumque loqueretur* resonabat LY09 VE11 LY15 OS23 BA38 reboabat PA41 RE28 RE32 [mg. > paulatim et clarius resonabat.] °resonabat’ RE45 20 conclamavit ergo clamauit ergo BA38 concl. ergo PA41 [mg. Et congregatus est.] et caedes magn PA41 [mg. Tumultus et caedes magna magnus] cum israel LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 21 cum Israehele BA38 RE28 RE45 ostendimus
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Gilbert Dahan
qui erant cum Saul et Ionathan 22 Ephraim sociaverunt se cum suis
et his qui erant cum saul et ionatha LY09 VE11 LY15 OS23 effraim LY09 VE11 LY15 soc. se cum s. PA41 [mg. Insequuti sunt et ipsi eos in illo] ° add. Et erant cum saul quasi decem miin proelio° lia virorum LY09 VE11 LY15 OS23 PA41 [ante > post /] RE28 [idem] RE45 [idem] 23 et salvavit Dominus in illa et saluauit dominus deus israel in die illa LY09 VE11 LY15 OS23 BA38 PA41 RE28 die Israhel Et s. Dominus °Deus’ in die illa Israel RE45 usque ad bethauem VE11 LY15 OS23 KO30 usque Bethaven BA38 PA41 [mg. ultra] RE28 usque ad Beth-auen RE32 RE45 24 et vir Israhel sociatus sibi Et viri israel sociati sunt sibi LY09 VE11 est LY15 OS23 est sibi RE28 KO30 RE32 RE45 PA41 [mg. Et cum viri Israel in illa die premerentur fame] vesperum VE11 LY15 OS23 RE28 RE32 vesperam Omnisque LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 25 omneque PA41 26 fluens flens LY09 27 in favo in fauum LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 et convertit Conuertit quoque KO30 28 maledictus° qui ° add. vir VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 29 vidistis ipsi quia v. ipsi quia PA41 [mg. Videte quaeso quomodo] 30 nonne maior facta fuisset Nonne maior plaga facta fuisset LY09 VE11 LY15 BA38 PA41 RE32 plaga machmis VE11 [mg. al’s machimas] Mach31 Machmis mas OS23 usque in (Ahialon) usque ad LY15 Ahialon haylon LY09 VE11 hailon LY15 PA41 Aialon OS23 RE28 BA38 RE45 ailon KO30 34 dispergimini Dispergamini LY09 VE11 PA41 vescimini vescimini VE11 [mg. alias vescemini] usque ad noctem u. ad. n. PA41 [mg. Nocte] 35 Domini1-2 domino VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 tuncque + primum PA41 RE28 RE32 RE45 VE11 [mg. alias superest + primum]
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Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546
aed. a. domino PA41 [mg. Vt esse altare domini] irruamur VE11 irruamus LY15 OS23 KO30 36 inruamus BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 nec relinquamus °ex eis °de LY15 OS23 37 Deum dominum LY09 VE11 add. dicens LY15 OS23 KO30 PA41 RE28 °Dominum’ RE45 persequar VE11 [mg. alias persequor] in °manu VE11 [mg. alias °manus] manus LY15 OS23 KO30 RE32 RE45 °illo LY15 OS23 KO30 in die °illa hoc p. VE11 PA41 38 peccatum hoc 39 si per Ionathan filium idem PA41 [mg. Fuerit in Ionatha filio meo, meum factum est absque re- morte.] tractatione morietur ero in parte altera LY09 VE11 LY15 OS23 40 ero in parte una KO30 BA38 PA41 RE28 RE45 respondit responditque LY09 VE11 LY15 BA38 PA41 RE28 RE45 populus° ° add. israel LY09 VE11 LY15 quod bonum° videtur ° add. tibi LY09 LY15 OS23 °tibi’ RE45 41 et dixit °Saul ad Dominum ° om. LY 09 VE11 [mg. alias + saul] PA41 [mg. °Saul] ° add. Domine deus israel ** OS23 praem. Israel° Deus KO30 add. Domine deus BA38 RE28 RE32 >Domine Deus Israel RE45 indicium iudicium et add. quod [quid VE11 LY15 OS23 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45] est quod non responderis seruo tuo hodie. Si in me aut in ionatha filio meo est iniquitas hec : da ostensionem. Aut si [hec add. LY15 OS23 BA38 PA41 RE32 RE45] iniquitas est in populo tuo da sanctitatem LY09 VE11 LY15 OS23 BA38 PA41 [ante > post /] RE28 [idem] RE32 [mg. >Domine… populo tuo, Haec verba ne in veteribus quidem exemplaribus legunutur] RE45 exiuit PA41 [mg. Euasit] exivit mitte LY15 42 mittite Hoc nephas est PA41 [mg. Absit] 45 hoc nefas est c. capitis KO30 capillus de capite Et Saul RE45 47 at Saul c. r. PA41 [mg. Tenuit regnum] confirmato regno aedificare altare Domini
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Gilbert Dahan
circuitum Suba 48 Amalech 49 Melchisua° Merob 50 Ahinoem filia Ahimaas et nomina principum patruelis 51 °Cis fuerat Abner Abihel
circumitum RE28 soba VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 amalec OS23 KO30 BA38 RE28 RE32 RE45 ° add. et LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 Melchi-sua RE32 RE45 merob VE11 [mg. alias merab] achinoem f. achimaas LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 PA41 RE28 RE32 RE45 Achinoam f. Achimaas BA38 Et nomen principis LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 patruelis PA41 [mg. Patrui] ° praem. Porro LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45 fuit LY09 VE11 OS23 KO30 PA41 RE28 RE45 Aner OS23 abiel LY09 VE11 LY15 OS23 KO30 BA38 PA41 RE28 RE32 RE45
* Galates, chapitre 3 Weber
Bibles xvie s.
1 insensati fascinavit
in mg. stulti PA40 add. non obedire veritati LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 RE28 BA38 PA40 PA41 [mg. credere] add. non credere veritati KO30 NU30 christus iesus LY15 NU15 LY18 OS23 NU30 BA38 in mg. praescriptus fuit PA40 add. et in vobis LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 KO30 NU30 BA38 PA40 [in mg. iter vos] PA41 RE28 a vobis volo LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 BA38 PA40 PA41 RE28 add. an OS23 in mg. vel praedicatione PA40 add. ut LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 BA38 PA40 >ut] PA41 RE28 sine causa ? in mg. Frustra PA41
Iesus Christus proscriptus est 2 volo a vobis discere ex auditu 3 stulti estis 4 sine causa1 50
Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546
add. scriptum est LY15 NU15 LY18 KO30 [corps + petit] BA38 PA40 PA41 [ante > post ¶] RE28 Abraam LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 Abraham OS23 BA38 Quemadmodum Abraam NU30 sicut Abraham °illi LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 reputatum est °ei KO30 NU30 BA38 PA40 PA41 RE28 Cognoscite LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 7 cognoscitis OS23 KO30 NU30 BA38 PA40 PA41 [mg. Vel Cognoscitis] RE28 in mg. praeuidens PA40 PA41 8 providens pronunciauit NU15 LY18 praenuntiavit benedicent NU15 benedicentur PA41 [mg. 9 benedicentur Benedicuntur] Quod KO30 PA40 RE28 11 quoniam ex f. viuet NU30 in mg. viuet PA40 PA41 ex fide vivit om. est PA41 12 non est° ex fide add. °homo KO30 PA40 RE28 in mg. Homo qui fecerit ea° PA41 15 secundum hominem dico in mg. vel humano more loquor PA40 irritum LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 OS23 17 irritam KO30 NU30 BA38 PA40 PA41 RE28 promissione LY09 VE11 LY15 NU15 LY18 18 repromissione OS23 KO30 NU30 BA38 PA40 PA41 RE28 repromissionem LY09 VE11 LY15 NU15 promissionem LY18 OS23 KO30 NU30 BA38 PA40 PA41 RE28 transgressionem LY09 VE11 LY15 NU15 19 transgressiones LY18 OS23 NU30 BA38 PA41 PA41 [in mg. transgressiones addita] RE28 in Christo [in mg. In Christum] PA41 24 in Christo 25 iam non sumus sub peda- iam sumus sub p. LY09 gogo add. que est LY09 LY15 LY18 OS23 KO30 26 per fidem NU30 PA41 RE28 om. Iesu LY09 >in Christo¶ PA41 in Christo Iesu ¶Quicunque> PA40 27 quicumque ° add. iesu LY09 LY15 Si autem vos unum estis in christo iesu, ergo in Christo° baptizati VE11 29 si autem vos Christi ergo semen abrae LY09 LY15 NU15 OS23 NU30 semen abrahe VE11 LY18 PA40 RE28 Abrahae semen 6 sicut
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LA BIBLIA CUM CONCORDANTIIS VETERIS ET NOVI TESTAMENTI D’ALBERTO CASTELLANO OU DE CASTELLO (VENISE, 1511) première édition critique de la Tralatio communis Latina ? Max enGammaRe Institut d’histoire de la Réformation Université de Genève
D
ePuis Dom Quentin, voici bientôt un siècle, la Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti et sacrorum canonum, necnon et additione in marginibus varietatis diversorum textuum ; ac etiam canonibus antiquis quatuor evangeliorum insertis ; et accentu omnium vocabulorum difficilium signato ; summa cum diligentia revisa, correcta et emendata, imprimée à Venise par Lucantonio Giunta (ou Giunti 1) en 1511, est considérée comme le premier essai critique d’édition du texte latin de la Bible 2 (cf. illustration I). Quentin rendait aussi un très bref hommage à un devancier d’Alberto, Bernardino Gadolo, camaldule, qui avait consulté « toutes les éditions imprimées » (sic) et cinq manuscrits 3 en éditant sa Biblia cum glosis ordinariis et inter-
1. Lucamantonio De Giunta au colophon daté du 28 mai 1511. 2. Cf. H. Quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate. Ière partie : Octateuque, Rome et Paris 1922 (Collectanea biblica latina, 6), p. 96-99 ; Le temps des Réformes et la Bible, éd. G. Bedouelle et B. Roussel, Paris 1989 (Bible de tous les temps, 5), p. 70 et 132. Voir aussi plus récemment E. KammeReR qui reprend les éléments de Quentin dans une thèse consacrée à Jean de Vauzelles : Jean de Vauzelles et le creuset lyonnais. Un humaniste catholique au service de Marguerite de Navarre entre France, Italie et Allemagne (1520-1550), Genève 2013 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 522), p. 222-230. 3. Ibid., p. 95s avec le passage de la préface : « Conquisivi itaque mihi haud parvo certe labore omnes iam antea impressos sacre scripture libros et manu scriptos ad quinque numero. » Sur Gadolo, G. béDouelle dans Le Temps des Réformes et la Bible, p. 51. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121967
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Biblia cum concordantiis… Page de titre de l’édition de Venise 1511.
linearibus […] simulque cum expositione Nicolai de Lyra qui porte le beau titre de Liber vite, titre sinon inventé du moins apposé par Paganino de’ Paganini sur une Biblia imprimée dès 1494, repris en 1495 4, 1501, etc. Alberto Castellano avait-il utilisé une édition amendée par Bernardino Gadolo ? Ce sera l’une de nos questions. Dans le livre de Dom Quentin, dévolu à l’Octateuque, on s’étonne toutefois que la quinzaine d’exemples du travail d’Alberto Castellano soient tirés des cinq
4. Cf. mon étude « Le titre de la Bible latine de Gutenberg (ca 1455) à la Sixto-Clémentine de 1492 », dans « Apta compositio ». Formes du texte latin au Moyen Âge et à la Renaissance, éd. par Chr. deloince-louette, M. FuRno et V. méot-BouRQuin Genève 2017 (Cahiers d’Humanisme et Renaissance, 146), p. 129-160.
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La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti
premiers chapitres du livre des Proverbes (je ferai un peu mieux, mais devrai aussi me limiter à une méthode de travail par sondages). En trois pages, dont la moitié s’intéresse à la veine lyonnaise de la destinée du travail d’Alberto Castellano, Quentin suppute que le dominicain a utilisé un correctoire de type B, publié jadis par Heinrich Denifle, dominicain du xixe siècle, plus connu en terres protestantes pour son Luther, mais peut-être aussi un autre correctoire. Un siècle après Quentin, il fallait rouvrir le dossier 5, et le dossier s’avère technique, ce que le sujet du colloque sur la Vulgate permettait, appelait même. Que le lecteur pressé aille directement aux pages conclusives, elles lui suffiront. En 1511, l’année de la parution de l’Éloge de la folie d’Érasme, il s’agit de la première édition de Castellano. La « pseudo » princeps de 1506 est absente de l’Universal Short Title Catalogue (USTC), de la bibliographie Delaveau-Hillard (comme celle de 1511), de la collection de bibles de la Württembergische Landesbibliothek de Stuttgart, du volume Biblia, Les Bibles en latin au temps des Réformes de Marie-Christine Gomez-Géraud 6, etc., de la plus insigne rareté, argumenterait un libraire de livres anciens. Il ne s’agit donc pas de la deuxième édition de Giunti, cinq ans après celle de 1506, texte « rivisto ed emendato a cura del domenicano Alberto Castellano 7 », mais de la première 8. L’erreur vient d’abord de l’imprimeur vénitien qui écrivit sur la page de titre cum diligentia revisa, correcta et emendata, mention publicitaire certes, mais qui se référait à une édition précédente qui avait été corrigée avec soin. Le Long et Masch crurent à cette première édition, selon la notice de la Bibliothèque nationale de France à la Biblia cum pleno apparatu summariorum concordantiarum et quadruplicis repertorii sive indicii numerique foliorum distinctione tersissime ac verissime impressa, [Lyon], Jacques Sacon, 1506, qui suit l’édition de Thielmann Kerver pour Jean Petit de 1504-1505 9. J’ai aussi consulté 5. Quelques mots rapides sur Alberto de Castello dans Le Temps des Réformes et la Bible, p. 70 et 132 (renvois aux textes du droit canonique). 6. Paris 2008. 7. Cf. La Bibbia. Edizioni del xvi secolo, éd. A. lumini, Florence 2000 (Biblioteca di bibliographia italiana, 162), p. 18s. On trouve là, une description précise de l’édition de 1511. 8. On pourrait retrouver un jour une Biblia imprimée par Giunti en 1506, mais elle n’aurait pas été éditée par Alberto Castellano. 9. Notice FRBNF36122639 de la BnF : « Suit le texte de l’éd. de Paris, Thielmann I Kerver pour Jean I Petit, 1504-1505, revue par Adrien Gémeau (ou Jumel). Baudrier reprend l’attribution erronée de Lelong-Masch à Alberto Castellano. Le colophon à la
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l’édition parisienne de 1507, Biblia cum pleno apparatu summarorium concordantiarum et quadruplicis repertorii sive indicii, imprimée par Philippe Pigouchet, aux dépens de Jean Petit 10, qui selon le catalogue de la Bibliothèque Sainte-Geneviève a eu pour collaborateur Castellano. On retrouve dans cette édition la quatrième table alphabétique des histoires, gros index des noms et des matières, compulsée par le franciscain vénitien Gabriele Bruno 11. Le premier colophon, à la fin de l’Apocalypse, précise « Recenter per prestantissimum sacre theologie professorem emendatum 12 ». Ce texte de 1507 reprend la même édition de 1504 imprimée par Thielmann Kerver pour Jean Petit, avec le même titre, le même paratexte et le même colophon. À la fin du second colophon, en 1504, on identifie ce très remarquable professeur en théologie, « nuperrime per præstantissimum virum magistrum Adrianum Gummelli, sacre theologie professorem recognita accuratissimeque castigata faustissimum sumpsit finem 13 ». Adrien Gémeau fut un météore dans le ciel parisien de l’édition corrigée de la Bible latine. Nous sommes maintenant certains que l’édition de 1511 est bien la princeps. Du dominicain Castellano (ou de Castello), en revanche, on ne connaît que peu de choses, quelques ouvrages édités, mais on sait surtout qu’il fut le rédacteur de la chronique officielle de l’ordre dominicain de 1504 à 1516 14, période pendant laquelle il édita cette Biblia à Venise en 1511. fin de l’Apocalypse mentionne sans le nommer le théologien A. Gémeau comme dans l’éd. de 1504-1505. Au titre, marque à la fleur de lys, celle du libraire vénitien Lucantonio Giunta ou de Barthélemy Trot, à Lyon, cf. Baudrier VI, p. 103. Marque de Jacques Sacon (Silvestre 546) au colophon. » Je dois la connaissance de cette notice à l’information généreuse de José Manuel Cañas Reillo, à Troyes. La notice de la Biblia cum pleno apparatu summariorum concordantiarum, Paris, Kerver, 1504, à la bibliothèque Mazarine (2° 617M) corrige de même. La pseudo-princeps de Castellano en 1506 est un fantôme. 10. In folio. Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, A 96, inv. 86. 11. Ibid., f° [Aviii]v°-Biiii v°. 12. Ibid., f° CCCXLVIIv°. Sans date en 1507 ; l’édition de 1511 précisera que Bruno acheva cette table le 1er novembre 1490, au couvent franciscain de Venise. La notice de la Bibliothèque Sainte-Geneviève précise que le texte suit celui de 1504, corrigé par Adrien Gémeau et Alberto Castellano, dont les noms n’apparaissent pas dans le paratexte de cette édition. 13. Cf. Biblia cum pleno apparatu summarorium concordantiarum et quadruplicis repertorii sive indicii, Paris, Thielmann Kerver pour Jean Petit, 1504, f° [CCvii]r°. 14. Cf. J. QuétiF et J. echaRd, Scriptores Ordinis Prædicatorum, t. II, Paris 1721, p. 48s. Je ne répète pas les titres de Castellano énumérés par Quentin.
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La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti
Nous avons donc à faire à une entreprise philologique vénitienne, Alberto Castellano, comme Gabriele Bruno, auteur de la quatrième table alphabétique des matières (déjà publiée au xve siècle) sont en effet tous deux mentionnés comme vénitiens, le premier dominicain (« fratrem Albertum Castellanum venetum ordinis predicatorum »), le second franciscain (« veneto ordinis minorum, ministro provincie terre sancte »), celui-ci, maître en théologie, dont le travail est repris par Castellano 15. Je commencerai par quelques remarques matérielles 16, avant d’entrer dans le museo d’Alberto Castellano, pour voir comment il travaillait et, surtout, de quelle manière il se référait au droit canon, au Decretum Gratiani qu’il cite souvent, avant d’étudier certaines variantes. Cette Biblia est tout d’abord imprimée dans le format rare pour une bible, celui de l’in-quarto, entre l’in-folio usuel et le petit in-octavo pour des éditions de la Bible sans prétentions ni philologiques ni iconographiques. On peut relever une particularité qui ne fera pas flores : les folios ne sont pas paginés ni foliotés recto-verso, mais en vis-à-vis (sauf pour les pages liminaires foliotées de manière usuelle). C’est-à-dire que les deux pages en vis-à-vis portent le même numéro de folio (je les distinguerai par l’ajout de ‘a’ et de ‘b’). Lors du colloque de Troyes, j’avais montré que l’illustration de la Biblia de Castellano relevait d’un programme prude, moins violent que les modèles allemands des années 1470 et 1480 : sans la mort d’Abel, la nudité de Noé, Joseph et la femme de Potiphar, David et Bethsabée, etc. Sur vingt ans, un bois manquant peut laisser penser qu’il a été cassé, non une série. La pudeur est de rigueur (cf. illustration II). Ce sera d’ailleurs un signe identitaire des éditions philologiques de la Bible au xvie siècle : une illustration moins narrative et plus « scientifique »,
15. La mention d’Alberto Castellano apparaît au colophon de la Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti, imprimé par Jacques Sacon pour Anton Koberger, à Lyon en1513, f° CCCXVIIv° ; celle de Gabrielle Bruno, dans la petite notice au début de la « Tabula quarta alphabetica ex singulis libris et capitulis totius biblie : tam ex veteri quam novo testamento : a reverendo in sacra scriptura magistro Gabriele Bruno : veneto ordinis minorum, ministro provincie terre sancte, summa cura et sollicitudine composita ac ordinata » (ibid., f° [aavi]v°). Dans la réédition de 1515, le nom d’Alberto Castellano a disparu. 16. Pour une description bibliographique, voir la notice d’A. lumini, dans La Bibbia. Edizioni del xvi secolo, p. 18s.
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Biblia, Venise 1511, les trois anges apparaissent à Abraham, Gn 18, 1-2
c’est-à-dire tournée vers l’archéologie savante, la représentation sciographique de la Bible, comme je l’ai appelée après Sixte de Sienne au xvie siècle 17. Les petits bois sont de facture italienne, eux aussi vénitiens, repris des bois de la Bibbia imprimée à Venise par Giovanni Ragazzo pour Lucantonio Giunta en 1490. Les cadres intérieurs sont souvent cassés, raison d’avoir ajouté en 1511 des cadres floraux épais et sans cassure. En 1490, Giunta avait certainement financé la confection des illustrations 18. Tout n’est pas original et le modèle est allemand, chez Heinrich Quentel, à Cologne, en 1478 pour une bible allemande, gravures copiées à Nuremberg, chez Anton Koberger (1483 en allemand ; 1495
17. Cf. mon étude « L’Illustration de la Bible voulue et réalisée par Sébastien Castellion », Journal de la Renaissance 3 (2005), p. 19-40. 18. Cf. E. BaRBieRi, Le Bibbie italiane del Quattrocento e del Cinquecento, Milan 1992, t. I, Testo, n. 11, p. 219-221, et t. II, Tavole, B 1 – B 363.
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en latin), sans que la copie italienne soit servile et surtout, comme je l’ai mentionné, le programme iconographique s’éloigne d’un goût germanique plus cru. L’entreprise vénitienne de 1511 est immédiatement copiée à Lyon l’année suivante par un imprimeur local qui a des relations avec son confrère vénitien Lucantonio Giunta, le tout financé par un grand libraire et imprimeur allemand, Anton Koberger de Nuremberg. Comme l’a rappelé Elsa Kammerer 19, Lyon marque alors sa place de plaque tournante européenne, tant dans le débat humaniste que dans la sphère éditoriale. Paratexte On retrouve la table alphabétique du franciscain Gabriele Bruno (« Tabula alphabetica ex singulis libris et capitulis totius biblie ») datée du 1er novembre 1490, après la « Tabula super Bibliam per versus composita ». Une première longue remarque initiale commence par Notandum, que la critique a négligée, à l’exception d’Henri Quentin 20, et qui porte, en 1496, dans la Biblia cum concordantiis de Brescia, le titre de « Translatores biblie », comme en 1495 avec Gandolo, puis à Paris dans les éditions financées par Jean Petit. Elle aurait paru pour la première fois à Bâle en 1487. Elle n’est évidemment pas attribuable à Castellano. On y fait mention du grand nombre de traducteurs et d’interprètes de la Bible : « Notandum quod translatores et interpretes biblie multi fuerunt sicut dicit magister in historiis » (citant donc Petrus Comestor, Pierre le Mangeur, aujourd’hui Pierre de Troyes 21, qualifié souvent de Magister in historiis), et on énumère les traductions grecques : Septante, Aquila, Théodotion, Symmaque, et la quinta finie en 215 : « Deinde post annos octo inventa est quædam translatio hierosolymis, cuius auctor ignoratur, quæ dicta est vulgata translatio vel quinta editio. » Il est intéressant de relever que la vulgata translatio qualifie une traduction grecque de l’Ancien Testament, même si en rendant translatio par traduction j’appauvris la présentation lumineuse de Gilbert Dahan – on devrait parler de transfert grec de la Parole de Dieu 22. En soulignant 19. Cf. E. KammeReR, Jean de Vauzelles et le creuset lyonnais (cité supra, n. 2). 20. Quelques mots dans Quentin, Mémoire, p. 84. 21. Cf. Pierre le Mangeur ou Pierre de Troyes, maître du xiie siècle, éd. G. dahan, Turnhout 2013 (BHCMA, 12). 22. Cf. G. dahan, L’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval, xiie-xive siècle,
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cette vulgata translatio, je milite toutefois pour qu’on ne parle de Vulgate qu’avec la version sixto-clémentine de 1592 23. Partant de cette pluralité, l’auteur de cette mise en garde honore Origène qui, le premier, chercha à corriger les erreurs de ces traductions imparfaites (« videns istas translationes imperfectas »). Ce quidam anonyme explique ensuite l’usage de l’astérisque pour les ajouts (« astericum vel asteriscum ») et de l’obèle pour les lettres ou interpolations à supprimer (« signans per hoc [obelos] quod litera ibi superflua erat »), usage d’Origène dans ses Hexaples. Il nomme ainsi les outils des variantes philologiques. Il termine enfin ce premier texte avec Jérôme « peritus in tribus linguis hebraica, greca et latina 24 ». Cette note historique et critique est importante, car l’éditeur de la translatio (ou tralatio) communis inscrit son travail de correcteur et d’éditeur dans la chaîne des traducteurs et éditeurs de la Bible en grec et en latin depuis l’Antiquité. Suivent les quatre méthodes (« quadriformi ratione ») d’interprétation de l’Écriture, les Modi intelligendi sacram scripturam souvent reproduits dans des bibles imprimées de la fin du xve siècle et au début du suivant. Le Decretum Gratiani Ce qui frappe dans cette Biblia de 1511, ce sont les nombreuses références marginales au Decretum Gratiani. Nombreux sont ceux qui mentionnent cet emploi, sans toutefois ouvrir l’imposant corpus juridique médiéval, si je ne fais erreur 25. Comment Castellano cite-t-il le Decretum Gratiani ? Telle est la question essentielle qui m’a intéressé et que je ne fais qu’aborder. Il n’est pas inutile de rappeler que selon une longue tradition, aujourd’hui critiquée, Gratien, compilateur vers 1130-1140, aurait été moine camaldule au monastère des saints Nabor et Félix à Bologne 26. Paris 1999, « La translatio », p. 45-55. 23. Cf. mon étude « Le titre de la Bible latine de Gutenberg » (citée supra n. 4). Un exemple sur cent, quand en 1528 Robert Estienne parle de l’édition de la Bible latine, dans la préface de sa première édition, il la qualifie de nostra tralatio. Quentin, Mémoire, p. 106, avait relevé la particularité. 24. Cf. Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti, Venise 1511, f° [2viii]r°. 25. Voir cependant dans ce même volume, p. 28. 26. Cf. R. metz, « Regard critique sur la personne de Gratien, auteur du Décret (11301140), d’après les résultats des dernières recherches », Revue des Sciences religieuses 58 (1984), p. 64-76. Discussion d’un article important de J. T. noonan, « Gratian slept
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Je prendrai deux exemples. Le premier en Gn 1, 24, au début du sixième jour : « 35. di. cap. sexto die. » Il s’agit déjà de la troisième référence au Decretum Gratiani en Genèse 1. On résout l’abréviation en « distinctio 35 ; casus “Sexto die”, article a. » Je lis le Decretum, dans une édition imprimée à Paris en 1501 27, f° XLr°.a. « Sexto die. In die veneris, nam dominico die dominus cepit facere mundum, ut lxxv di[stinctio] quod die. Alii dicunt quod omnia simul creavit, unde Salomon, qui vivit in eternum omnia simul creavit, sed licet simul facta fuerint non simul dici omnia poterant et ideo scriptura utitur tali distinctione extra de summa trini. ca. 1. » Le 6e jour de la Création, le vendredi, alors que certains, dont Salomon, croient que Dieu a créé toutes choses en un jour. La mention vient de Siracide 18, 1 : Qui vivet in æternum, creavit omnia simul. La référence au droit canon chez Castellano vient d’une association verbale sur le sixième jour : Dieu fit-il le monde en six jours ou, selon Salomon, le créa-t-il en une seule fois ? La référence vient donc en discussion critique avec le texte de la Bible, soulignant une contradiction des sources bibliques, sans la préciser ni la résoudre. La seconde occurrence que j’étudie ici provient de 2 S 11, parce que je m’intéresse aux amours funestes entre David et Bethsabée (f° 119a). Elle est double et suit la variante du verset 3, « bersabeé. Dans la marge : Alias ✠ bethsabee. » v. 4 : dormivit cum eaa. [Dans la marge] a. De pe. di. 2. § exponitur in fine 31. q. 1, § sed obiicitur.
Il s’agit du Decretum, Secunda pars, causa 33, « De penitentia », distinctio 2, « in fine dicit Ambrosius » (f° cccxcviv°). Au sujet de la vraie pénitence, mais sans mention de David ni de Bethsabée. En revanche, toujours dans la distinction II du « De penitentia », on lit une longue citation d’Ambroise, De paradiso, avec la mention de l’adultère de David et Bethsabée, ainsi que la mort d’Urie (« Idem iudica me Domine […] nullus ignoratus qui Bersabeep adulterium, et Urie homicidium admisit, cuius penitentiam, si sine charitate Domino obtulit, veram cordis contritionem non habebat »), avec la note ‘p’ qui renvoie à une note marginale : « p. Bersabee. secundum distinctionem I, § e here : the changing Identity of the Father of the systematic Study of Canon Law », Traditio 35 (1979 [1980]), p. 145-172. Aucun témoignage sur Gratien ne vient d’un témoin qui l’a rencontré ou qui l’a vu au travail. 27. Paris, à l’usage de Université de Paris (« in alma Parisiensi achademia »), aux dépens et imprimé par Udalricus Gering et maître Berthold Rembolt, 1501.
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contra 28. » Voir également Decretum, Secunda pars, causa 31 (« Uxorem cuiusdam alius constupravit », « Celui qui a déshonoré l’épouse d’un autre »), question 1, article « mais on oppose ». Il s’agit d’accepter le mariage quand l’homme a d’abord déshonoré la femme par un adultère : « Licet alicui ducere in matrimonio quam prius polluit adulterio » (f° ccclviir°), mais on oppose (v°) : « Sed obiicitur. Hec est secunda pars .q. In qua quæritur utrum sit peccatum contrahere contra secundas nuptias, et est dicendum quod non. Licet litera videatur aliter sonare, sed est exhortatio castitatis, non autem reprobatio nuptiarum. Io. def. ». Le cas qui suit renvoie à la mort d’Urie avec le parallèle biblique de 2 S 11 (« II. Reg. XI. a ») : « Casus : Dictum est secundum in casum si quis quod aliquis possit ducere in uxorem quam prius polluit per adulterium, nisi vir vel mulier utrum qui mortuus est occidisse notetur. Sed obiicit Gra. Dicens quod David machinatus est in mortem urie [in margine : II. Reg. XI. a.] et Bersabee uxorem eius cum qua prius adulteratus fuerat in uxorem accepit. Sed statim respondet dicens quod multa permittebantur in vete testa causa infirmitatis qua hodie non permittuntur, sicut libellus repudii olim permittebatur qui hodie prohibetur. » Le point de droit est qu’il est permis à un homme d’épouser une femme mariée qui fut d’abord séduite ou violée, sauf si le conjoint a été assassiné. Cela aurait donc dû empêcher David d’épouser Bethsabée. Gratien objecte que David a ourdi la mort d’Urie et que Bethsabée, qui fut d’abord adultère, a été prise comme épouse légitime par David. La référence marginale renvoie aux premiers versets de 2 Samuel 11. Gratien reprend incontinent son propos pour le corriger et ajouter que de nombreuses choses avaient été permises dans l’Ancien Testament qui ne le sont plus aujourd’hui. Ainsi la lettre de répudiation (libellus repudii), permise autrefois qui est aujourd’hui interdite. Le droit canon permet de porter un jugement moral fort sur un texte de la Bible, mais la foi ou le dogme viennent corriger la critique. À la fin du xviie siècle, Pierre Bayle s’arrêtera au seul jugement moral contre David, Voltaire et le baron d’Holbach après lui, mais c’est une autre histoire. Dans le reste du chapitre 11 de 2 Samuel 11, on trouve d’autres références au Decretum Gratiani. v. 14 : scripsit David bepistolam. [Dans la marge] b De offi. dele[ga.] c. cum olim. 28. Decretum, Paris 1501, f° cccxciiv°.
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La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti v. 21 : Nonne mulier misit super eum ✠ fragmen mole de muro. [Dans la marge] Alias ✠ fragmentum. v. 27 : cTransactoque luctu misit David et introduxit eam in domum suam. [Dans la marge] cDe pen. di. 1 § item cum David et c. si peccatum. di. 2. § opponitur di. 3. ca. totam. di. 4 § fi in fi. 56. di. ca. dominus in prin[cipio]. in q. 7. ca 2 § si. 31 q. 1 § sed obiicitur.
Le deuil achevé, David envoya chercher Bethsabée et la fit entrer dans sa maison. Les références au Decretum Gratiani sont nombreuses, toutes au « De penitentia » de la seconde partie, car le cas est sensible, et même ignoble. L’atelier du correcteur de la Biblia latine En entrant dans le museo d’Alberto Castellano, je n’ai pas tant cherché la source unique d’Alberto Castellano, élément qui échappe, que sa méthode de travail. Pour ce faire, j’ai consulté les éditions suivantes de la Bible, que je citerai ensuite par leur millésime : 1491 : Biblia integra, summata, distincta, superemendata, utriusque testamenti concordantiis illustrata, la première édition de la bible imprimée in octavo par le tout jeune Johann Froben à Bâle, avec un titre en forme de réclame publicitaire hyperbolique : cette bible serait parfaitement corrigée (superemendata) ! 1495 : Liber vite. Biblia cum glosis ordinariis, et interlinearibus, excerptis ex omnibus ferme Ecclesiæ sancte doctoribus, simulque cum expositione Nicolai de Lyra, et cum concordantiis in margine, Venise, 1495 [= 1496].
Une source possible d’Alberto Castellano pourrait être Bernardino Gadolo qui corrigea le latin d’une bible latine qui parut en 1495. Né en 1463 (et mort en 1499), Gadolo était prieur du couvent camaldule de San Michele de Murano, originaire de Brescia 29. Souvenons-nous que Nicolò Malerbi (1422-1481 ou 1482), le premier traducteur de la Bible en italien, était également moine camaldule (ordre religieux fondé par Romuald de Ravenne au xie siècle, qui suit la règle de Benoît), alors
29. Cf. D. BaRthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. II Isaïe, Jérémie, Lamentations, Fribourg et Göttingen 1986, p. *29s ; G. béDouelle, « Le tournant de l’imprimerie », dans Le Temps des Réformes et la Bible, p. 51. Voir maintenant C. caby, « Bernardino Gadolo ou les débuts de l’historiographie camaldule », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen-Âge, Temps modernes 109/1 (1997), p. 225-268.
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que je n’oublie pas que Fra Mauro qui créa en 1450 une mappemonde remarquable, l’une des plus célèbres de la Renaissance italienne, fut également frère camaldule, à Murano 30. Le milieu camaldule était intellectuellement très actif dans la Venise de la seconde moitié du xve siècle. Gadolo publia sa traduction avec les Gloses ordinaire et interlinéaire, augmentées des Postilles de Nicolas de Lyre, à Venise, en 1495, chez Paganino de Paganinis [= De’ Paganini] (dédicace datée du 27 janvier 1495 a. s. 31). Il explique dans sa dédicace au cardinal Francesco Piccolomini qu’il s’est procuré tous les livres de la Bible déjà imprimés, ose-t-il avancer, ainsi que cinq manuscrits 32. Il n’a corrigé que ce qu’il considérait comme erroné en s’appuyant sur un ancien ouvrage, jamais de son jugement propre. Le résultat du travail de collation de Gadolo est la Biblia au beau nom de Liber vite. Elle compte les deux Gloses, ordinaria et interlinearis, nous verrons que ce fut essentiel aux premiers biblistes humanistes, correcteurs plus qu’éditeurs du texte latin. Les notes apparaissent au-dessus du texte avec un obèle d’appel, renvoyant à la glose interlinéaire. 1496 : Biblia cum Concordantiis in margine, necnon Hebraicorum nominum Interpretationibus, Brescia, les frères Angelo et Jacopo Britannico, 1496. Le texte seul de la Bible latine avec de nombreuses références bibliques en marge. 1497 : Biblia [avec le grand bois « Tu es Petrus »], Venise, Hieronymus de Paganinis de Brescia, 1497 (in octavo). Le colophon précise : « Correcta insupera ac studiosissime emendata par doctissimum in sacris litteris Baccalarium Petrum Angelum de monte ulmi, ordinis minorum seraphici Francisci. » Il s’agit d’une nouvelle correction de la Tralatio communis par le licencié en théologie Pierangelo du couvent Monte dell’Olmo.
30. Cf. A. cattaneo, Fra Mauro’s World Map and Fifteenth-Century Venetian Culture, Turnhout 2010. 31. Liber vite. Biblia cum glosis ordinariis et interlinearibus […] cum concordantiis in margine, Venise, Paganino de Paganinis, 1495, édité par Bernardino Gadolo, Eusebius Hispanus et Secundus Contarenus. Comme l’année commençait à Venise le 1er mars, il faut dater cette dédicace de janvier 1496. Je note toutefois ici les éditions par les millésimes imprimés pour éviter les confusions. 32. Ibid., f° aiir°. « Conquisivi itaque mihi haud parvo certe labore omnes iam antea impressos sacre scripture libros et manu scriptos ad quinque numero ; et percurrens codicem quo ernt pro archetypo usuri […] diligentissime singulos codices inspectavi. »
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La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti 1498 : Prima [-sexta] pars Biblie cum glosa ordinaria et expositione Lyre litterali et morali ; necnon additionibus ac replicis, Bâle, Johannes Froben et Johannes Petri, 1498. Il s’agit à nouveau d’une édition de la Biblia avec les gloses, mais imprimée à Bâle. 1504 : Biblia cum pleno apparatu summarorium concordantiarum et quadruplicis repertorii sive indicii, Paris, Thielmann Kerver pour Jean Petit, 1504 33. 1507 : Biblia cum pleno apparatu summarorium concordantiarum et quadruplicis repertorii sive indicii, imprimée par Philippe Pigouchet, aux dépens de Jean Petit, 1507. 1509 : Biblia cum pleno apparatu summarorium concordantiarum et quadruplici repertorii sive indicii, Bâle, Johannes Petri et Johannes Froben, 1509. Le titre correspond à celui des bibles imprimées à Paris en 1504 et 1507 pour Jean Petit. Surtout, cette bible contient des références au Décret de Gratien, ce que le titre ne dit pas, mais ce que le colophon précise : « Explicit Biblia diligentissime emendata, cum concordantiis, non solum eiusdem, sed et iuriscanonici, summariis omnium capitum, divisionibus, quattuor repertoriis prepositis, numerique foliorum destinctione, una cum vera nominum hebraicorum interpretatione » (f° cccxlviiv° 34).
Ce sont quasi les mêmes références au droit canonique de 1509 qu’on trouve en 1511, mais pas de manière exclusive. Avant « 35. dist. c. », avant le sixième jour, on trouve, en face de Gn 1, 22, « 32. q. c. nuptie ». Surtout, l’édition de 1511 comporte beaucoup plus de références au Décret de Gratien (ainsi en Genèse 1 et 2). Je n’ai pas repéré une utilisation identifiée du Decretum Gratiani avant cette bible de Froben en 1509. On découvre aussi de nombreux résumés marginaux, non seulement au début des chapitres. Au début de 2 S 12, on lit : « De reprehensione parabolica David per Nathan prophetam propter homicidium Urie et adulterium cum Bethsabe » (f° lxxxiiv°). Le texte biblique au verset 4 a Bethsabee, avec deux ‘e’.
33. Exemplaire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, Rés. A 94, inv. 84, avec la mention d’un premier (?) acheteur en 1506 au colophon, Laurentius Hachetan[us], médecin qui acheta cette bible à Toulouse en datant son achat. 34. L’exemplaire se termine aussi au f° cccxlvii, mais ce n’est pas une réimpression page à page. Déjà repéré par Quentin, Mémoire, p. 88s (que le bénédictin Quentin n’at-il pas vu ?).
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Max Engammare 1515 : Biblia diligentissime emendata, cum concordantiis non solum eiusdem, sed et juriscanonici, summariis omnium capitum, Lyon, Jacobus (Jacques) Sacon, 1515. Depuis 1512, la Biblia d’Alberto Castellano a été reproduite à Lyon. Il s’agit d’un témoin précoce.
Un correctorium, celui de Goudanus Comme il est indéniable que Castellano a utilisé un correctorium, je mentionne celui que j’ai consulté, contemporain de celui utilisé par notre éditeur vénitien, qui a l’avantage d’être imprimé, mais qui s’est fondé sur une source manuscrite. J’ai aussi consulté un correctorium manuscrit conservé à la BnF (ms. latin 15554). Magdalius Jacobus Goudanus, dominicain originaire de Gouda (Pays-Bas, d’où son patronyme) est mort en 1520. En étudiant ses pages consacrées au Cantique des Cantiques, j’avais montré que, en 1508, il se référait très souvent à l’hébreu et qu’il utilisait déjà le De rudimentis hebraicis de Reuchlin, publié deux ans auparavant. Il connaissait donc un peu d’hébreu, ainsi que du grec, puisqu’il traduisit par ailleurs Flavius Josèphe en latin. Il consulta encore Nicolas de Lyre, mais aussi Servius, le commentateur de Virgile au ive siècle et, pour le Cantique des Cantiques, Horace, Plaute et quelques autres poètes classiques 35. Les chapitres 11 et 12 du livre 2 de Samuel, sans offrir de leçons remarquables, donnent quelques variantes partagées en son temps. Dans son correctoire, Correctorium Biblie cum difficilium quarundam dictionum luculenta interpretatione, publié à Cologne en 1508 36, Goudanus reprend d’abord une partie du verset biblique à gloser, neuf occurrences dans ces deux chapitres, et les corrige ou les explique en se référant six fois de manière explicite à l’hébreu, deux fois de manière implicite, seule la dernière remarque sur l’extermination sauvage de la population de Rabbah à laquelle se livre David (le terrible verset 31 de 2 Samuel 12, que Pierre Bayle recensa au rôle des erreurs de David, la manière dont l’Oint du Seigneur traite les vaincus) ne fait
35. Cf. M. engammaRe, Qu’il me baise des baisiers de sa bouche. Le Cantique des Cantiques à la Renaissance, Genève 1993 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 277), p. 509-511. 36. Aujourd’hui en ligne à la Bayerische Staasbibliothek (voir le site daten.digitale. sammlungen).
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pas mention de l’hébreu. Je donne en note tout le passage, dans le texte, je traduis le début des corrections, énonce des remarques générales et revient sur la mention de Bethsabée. Chapitre 11. [verset 1] À cette époque, les rois avaient l’habitude de faire la guerre. On lit en hébreu : « À cette époque les rois faisaient la guerre. » Il faut noter qu’en hébreu, quand un nom [complément] est ajouté, on écrit Rabbath ; sans ajout d’un nom, on n’écrit pas Rabbath, mais Rabba 37.
En 2 S 11, 1, l’hébreu porte sè’th hammelakhîm et l’idée d’habitude (solebant) n’est en effet pas dans l’hébreu, traduction de la Bible que conserve Reuchlin en traduisant et commentant mâlak, « régner », inattentif à l’hébreu ou se souvenant du texte latin plutôt que de le relire en hébreu 38 ; c’est aussi que l’emendatio, la correction de la Bible latine, ne va pas de soi. Rabbah avec le dagesh dans le beth demande le redoublement de la lettre, ce qu’écrit Goudanus. On note qu’ici et en plusieurs autres occurrences que Goudanus ne marque pas ce hé final (en 2 S 12, 25, Goudanus écrit Yedîdîâ sans le hé final [h]). Ce n’est donc pas une faute, plutôt un mode de translittération. Goudanus se pique d’un renvoi quasi-permanent à l’hébreu. Les références à l’hébreu ne sont pas absurdes, mais ce ne sont pour la plupart que des emprunts à la Glose interlinéaire. Comme Érasme,
37. « Ca. XI. [v. 1] Eo tempore quo solebant reges ad bella procedere] In hebreo legitur : Eo tempore quo reges ad bella processerant. Notandum quod in hebreo quoniam cum adiectione nominum ponitur Rabbath scribitur. Quoniam vero sine adiectione nominum non rabbath, sed rabba scribitur ; sicut et maspha et masphath scriptum reperimus in diversis sacre scripture passibus [sic]. [v. 3] Bethsabee, nomen proprium mulieris scribi dum in prima syllaba cum th aspirato. Bersabee autem nomen est regionis scriptum cum r in eadem. Filia heliam etc.] Heliam cum m in ultima scribitur et est dictio bisyllaba apud hebreos. [v. 21] Quis percussit abimelech filium Ierobaal.] in hebreo legitur ierobesethel. Ca. XII. [v. 14] Verumtamen quia blasphemare fecisti inimicos nomen domini, propter verbum hoc etiam et filius qui natus est tibi morte morietur] In hebreo ita legitur. Verumtamen quia blasphemando blasphemasti inimicos domini propter verbum hoc etiam et filius qui natus est tibi morte morietur. [v. 25] Et vocavit nomen eius amabilis domino] Hebraice legitur iedidia, hoc modo .ie.did.ia. [v. 30] Et tulit diadema melchom etc.] Et dum scribi melchom cum m in ultima. [v. 31] Divisitque cultris] Quidam vertunt, et divisit cuneis ferreis, alii serris, alii pugionibus. » Cf. Goudanus, Correctorium, f° Hiiiv°. 38. « Secundo Regum .xi. Quo tempore solent reges ad bella procedere, est enim quoddam singulare in biblia sicut illic insinuat adnotatio hebraica. » Cf. Reuchlin, De rudimentis hebraicis, p. 286.
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Goudanus ou Castellano utilisent la Glose, ordinaire ou interlinéaire 39. Une consultation effective du texte massorétique, avec l’aide d’un hébraïsant ou d’un juif, n’est toutefois pas dénuée d’erreur. En effet, au verset 21, le nom hébreu est yerubbéshéth. En ajoutant ‘el’ au nom (ierobesethel), Goudanus a ajouté par erreur le début de l’expression suivante halo’- ’ishah, « n’est-ce pas une femme… », montrant un usage pour le moins inattentif, sinon déficient de l’hébreu, qu’on ne peut mettre ici sur le dos du typographe. En revanche, en 2 S12, 14, dans le jugement donné par Nathan de la mort de l’enfant adultérin, Goudanus modifie fecisti blasphemare (« tu as fait blasphémer ») en blasphemando blasphemasti (« en blasphémant tu as blasphémé ») rendant un peu lourdement la structure originale avec le redoublement fréquent en hébreu ni’ès ni’aseththâ. En 2 S 12, 30, il translittère malkkâm (qui se prononce malkom), qui était compris comme « son roi » ou « leur roi » (Alberto Castellano en 1511, regis eorum ; Olivétan en 1535, « leur Roy »), que certains traducteurs ont conservé comme nom propre (mais pas Reuchlin sous la vedette mâlak). Le dernier et terrible verset du chapitre 12 voit encore une remarque de Goudanus sur le découpage par des couteaux, donnant plusieurs lectures du passage, par des coins de fer, des scies ou des poignards : la panoplie du parfait tyran. Le nom de Bethsabée révèle une même méthode critique lacunaire : [Verset 3] Bethsabee est un nom propre de femme dont la première syllabe s’écrit avec un th aspiré ; tandis qu’on trouve dans certaine région (regionis) Bersabee écrit avec un ‘r’ dans cette même syllabe.
C’est un peu court pour le nom de la belle ! Goudanus ne donne pas l’étymologie du nom Bethsabee ni la graphie hébraïque, se contentant de reprendre la graphie latine traditionnelle et d’ajouter la variante Bersabee, variante latine également. Des manuscrits latins et des incunables portaient en effet l’alternative avec un ‘r’. Goudanus aurait pu dire que cela venait du grec et de la Septante. Sa note est minimaliste. Faudrait-il rappeler ici que son correctorium est celui d’un dominicain qui rencontre une femme adultère ? Toujours est-il que Goudanus est un
39. Cf. H. J. de Jonge, « À propos des premiers apparats critiques dans la Bible latine imprimée », Nederlands Archief voor Kerkgeschiedenis / Dutch Review of Church History 57 (1977), p. 145-147 (et renvoi à un article de 1975 dans la même revue).
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témoin intéressant des premières utilisations de l’hébreu au début du xvie siècle par des amateurs autodidactes qui n’ont pas été formés par des rabbins ou des juifs fraîchement convertis. Goudanus (1508) utilisait donc Reuchlin (1506), alors que deux années encore plus tôt, le dictionnaire élémentaire de Conrad Pellican avait paru (1504) 40. Des grammaires hébraïques et grecques, des dictionnaires parurent au début du xvie siècle et le contexte d’un retour massif à la langue hébraïque est à souligner, même en Italie, qu’on pense aux éditions de Felix de Prato ou de Giustiniani dans les années 1510. Quelques variantes de la Biblia de 1511 Si Henri Quentin n’a pris des références que dans le début du livre de Proverbes, j’ai augmenté le nombre et les lieux d’analyse, mais en n’appliquant comme lui que la méthode par sondage : Genèse 49, en particulier le verset 21, la biche hébraïque versus le térébinthe grec ; 2 Samuel 11 et 12 ; Psaume 22 ; Cantique des Cantiques ; 1 Jean 5, 7s (le comma johannique), ainsi que quelques autres versets, en suivant mes intérêts exégétiques. On ne peut inférer des variantes marginales de son édition de la Bible latine que Castellano connaissait l’hébreu, ni même qu’il se référait au texte massorétique. Ainsi, en Gn 3, 15, il laisse ipsa conteret caput tuum, sans annoter d’un « Alias ipse ». Il est vrai qu’il adopte la graphie Bethsabee en 2 Samuel 11, annotant « Alias Bersabee », mais quand Münster traduira en latin à partir de l’hébreu, il transcrira Bathsæba. Avec le nom de la maîtresse de David, Castellano a simplement adopté une variante de la graphie offerte par Gabriele Bruno dans sa Tabula alphabetica imprimée au début de l’édition vénitienne. On ne peut lui en vouloir de ne pas avoir regardé un manuscrit grec du Nouveau Testament, publiant avant Érasme et la Polyglotte d’Alcalà 41. Ainsi le Comma Joanneum de 1 Jn 5, 7, l’interpolation trinitaire célèbre, est bien présent : Quoniam tres sunt qui testimonium dant in celo : pater, verbum, et spiritus sanctus : et hi tres unum sunt (Biblia,
40. Le De modo legendi et intelligendi hebræum de Konrad Pellikan fut imprimé en 1504 à Strasbourg, le De rudimentis hebraicis de Johann Reuchlin parut à Pforzheim en 1506, tous deux après l’alphabet hébreu imprimé à Venise par Aldo Manuzio en 1501. 41. Difficile de voir déjà des emprunts au travail en cours du cardinal Ximenes et de son équipe avec les moines bénédictins de Venise, Gadolo et Castellano.
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1511, f° 510b ; Biblia, 1513, f° cccxiiv°). Les variantes qu’Alberto Castellano offre sont d’une autre nature : elles relèvent d’un correctorium qui cherche à amender les fautes de copie déposées pendant des siècles dans le texte latin de la Bible par des scribes parfois inattentifs. Dans les deux premiers chapitres de la Genèse, on peut relever les variantes suivantes : – Gn 1, 11 : Germinet terra herbam virentem et ✠ facientem semen. [Dans la marge] Alias ✠ ferentem. Absent de Biblia 1495 (Venise), 1496 (Brescia) et 1498 (Bâle). 1504 (Paris) ou 1509 (Bâle) ont aussi facientem sans note. Il en est de même avec 1497 (Venise). – Gn 1, 17 : et posuit eas ✠ in firmamento celi. [Dans la marge] Alias ✠ his deus. Absent de Biblia 1495 (Venise), 1496 (Brescia), mais en 1498 (Bâle) le texte donne sans variante de la glose interlinéaire : “et posuit eas Deus in firmamento cæli”. Biblia 1504 (Paris) n’a pas davantage l’ajout de Deus ; de même Biblia 1509 (Bâle). – Gn 1, 26 : et bestiis universeque ✠ terre, omnique reptili. [Dans la marge] Alias ✠ creature. « Sur toute la terre » devient « sur toutes créatures ». Biblia 1495 (Venise) : et bestiis terre. Universeque creature. Biblia 1496 (Brescia) : et bestiis universeque terre, omnique reptili = 1511 = 1497 (Venise) Biblia 1498 (Bâle) : et bestiis universeque terræ. Biblia 1509 (Bâle) : et bestiis universæque terræ, omnique reptili. Soit Castellano fait un mixte, soit il a à disposition une autre édition, lui reprenant toutes ses variantes. – Gn 1, 27 : Et creavit Deus hominem ad imaginem ✠ et similitudinem suam. [Dans la marge] Alias ✠ non poitur et similitudinem. Correction de l’attraction de Gn 1, 26 42. Biblia 1495 (Venise) : Et creavit Deus hominem ad imaginem et similitudinem suam. Plusieurs notes venant de la glose interlinéaire dont pour le second ad imaginem : « repetit, ut confirmet ex quales facti simus diligentius inculcet. » Biblia 1496 (Brescia) reprend la répétition ad imaginem et similitudinem suam = 1497 (Venise). Biblia 1498 (Bâle) : Et creavit Deus hominem ad imaginem et similitudinem suam. Avec les mêmes notes de la Glose interlinéaire. Biblia 1504 (Paris) : Et creavit Deus hominem ad imaginem et similitudinem suam. Biblia 1509 (Bâle) : Et creavit Deus hominem ad imaginem suam.
42. La Vulgata sixtine de 1590 conservera encore cette interpolation fautive
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La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti Cela nous assure que Castellano avait une autre édition à disposition, peut-être la bâloise de 1509, la seule qui n’ait pas l’ajout et similitudinem, et en tout cas faisait attention à la Glose interlinéaire. – Gn 2, 2 : et requievit die septimo ab ✠ universo opere. [Dans la marge] Alias ✠ omni. Biblia 1495 (Venise) : ab univeso [sic] opere, sans note. Biblia 1496 (Brescia) : ab universo opere = Biblia 1497 (Venise), Biblia 1504 (Paris), mais aussi Biblia 1509 (Bâle). Biblia 1498 (Bâle) : et requievit Deus die septimo ab omni opere quod patrarat, sans note. La différence est faible « œuvre universelle ou générale » ou « toute son œuvre ». – Gn 2, 6 : irrigans universam ✠ superficiem terre. [Dans la marge] Alias ✠ faciem. Biblia 1495 (Venise) : irrigans universam superficiem terre. Biblia 1496 (Brescia) : irrigans universam superficiem terre. Biblia 1498 (Bâle) : irrigans universam superficiem terre. Biblia 1504 (Paris) et Biblia 1509 (Bâle) ont aussi superficiem. Superficie ou face, ici encore la différence est faible et ne vient pas d’un regard sur l’hébreu.
En Genèse 49, Castellano offre quelques variantes, mais minimales : au verset 10, le fameux bâton de commandement/décret, traduit et dux de ✠ femore eius ; la variante marginale se contente d’un « Alias ✠ femoribus » (f° 21a). La mise au pluriel est absente de 1491, 1495, 1498, 1504, 1507 et 1509. L’hébreu donne mibbèyn ragelâyw, « d’entre ses cuisses », et la référence pourrait venir du texte massorétique. Au verset 26, sur le chef du consacré (nazir), rendu et in ✠ vertice naçarei inter fratres, avec la variante marginale : « Alias ✠ cervice. » 1495 et 1498 donnent comme texte : et in cervice naçarei, avec un obèle devant cervice en 1495 et la note Glose interlinéaire : « alias vertice » ; un appel de note au-dessus de cervice en 1498 et la même note tirée de la Glose interlinéaire. 1491, 1504, 1507 et 1509 donnent vertice. Au verset 31, là où sont enterrés Isaac et sa femme Rébecca : cum Rebecca coniuge ✠ sua. La marge se charge de : « Alias ✠ superest sua », la femme qui lui restait. L’hébreu ne possède pas cet ajout. 1495 ne donne aucune variante ni renvoi (variante non présente dans 1491, 1504 ni 1507), mais 1498 ajoute un obèle après sua et ajoute en marge : « † 13. q. 2. c. in hebron. De sepul. c. 1. » Il faut comprendre Decretum Gratiani, Secunda pars, causa XIII, questio II, casus « in Hebron » (f° ccxxxiiir°). C’est Jérôme qui a la parole : « Ebron dicitur esse civitas trium virorum, quia in ea sepulti sunt tres parrochie [ad corrigendum 71
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patriarche] in spelunca duplici cum tribus uxoribus suis. » Jérôme a dû visiter la double grotte pour les trois couples. La note en bas de page reprend Ebron et ajoute le cas : « Ebron. Casus. Dicit in hoc .c. Hiero[nymus] uxores esse sepeliendas in sepulchris virorum suorum et hoc probat exemplo quisque virorum, scilicet Abrahe, Ysaac et Jacob. Ade et Thobie [ch. 4]. » Le renvoi au droit canon donne un commentaire ou une glose pertinente, voire impertinente, puisque l’ensevelissement d’Isaac et Rebecca en Gn 49 renvoie au champ d’Ephron à Mamré, et qu’il s’agit d’Hebron. Jérôme dit que les femmes devaient être ensevelies dans les tombeaux de leur mari et cela est prouvé par l’exemple de ces hommes, à savoir Abraham, Isaac et Jacob. Le Décret ajoute un extrait d’Augustin qui avance qu’Adam a été enterré dans la ville d’Arbee avec la note : « h. Arbee, id est Ebron” (f° ccxxxiiiv°), et ne s’intéresse qu’aux hommes, précisant quand même que Rachel n’a pas été enterrée à Hébron (« Rachelk quoque non est in Ebron » « k. Rachel, uxor Jacob »). Au Psaume 22, rien au verset 17 (foderunt manus meas et pedes meos), mais au verset 18, inspexerunt est chargé dans la marge d’un « Alias ✠ conspexerunt » ; au verset 21 : « Alias non habet ✠ Deus », la répétition du nom de Dieu dans la demande de sauver son âme de la lance (a framea) ; au verset 23, laudabo, « Alias ✠ cantabo » ; au verset 24 : universum semen Jacob ✠ glorificate eum, [dans la marge] « Alias ✠ magnificate » ; etc. Pas même un point de Wortphilologie, à peine une hampe, celle de l’obèle. 1491, 1504, 1507 et 1509 ont inspexerunt, n’ont pas la répétition de Deus, et proposent laudabo et glorificate. 1509 ajoute en face du verset 19, mais cela peut se rapporter au verset précédent, au partage des vêtements et au tirage au sort de la tunique, une référence au Décret : « [Distinctio] 16 q. 7 c. sicut domini. » En Juges 9, 2, la mention d’Abimelek qui s’adresse à tous les habitants de Sichem, pour leur demander s’ils préfèrent être dominés par soixante-dix hommes ou par un seul, Alberto Castellano a annoté en marge : « Dedalus atheniensis artifex mirabilis. » Le verset 3 qui rapporte la répétition de ces paroles est marqué en note par « Icarus dedali filius a quo mare icareum ». Petite remarque étymologique sur la mer icarienne. Suivent d’autres renvois à Dédale ou à Jason (« Jason claret et troiam primo capit »). Au début du ch. 10, c’est une référence à Médée (« Medea maga claret malificiis »), peut-être appelée par la mention de Jason au chapitre précédent, puis ce sont des références aux vaticinations de cinq sibylles dans les marges du chapitre 11, référence au rapt d’Hélène, « troiani belli causa » en face de 12, 5… En revanche, les 72
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marges de la terrible histoire de la femme du Lévite, aux chapitres 19, et ses conséquences au chapitre 20, qui auraient pu porter une référence à Médée, ne donnent que peu de variantes, un renvoi à Genèse 19, bien sûr, et une référence au Decretum Gratiani en face de Jg 19, 20s 43 : « De pe.[nitentia] dist.[inctio] 1, post c.[asus] recusatus in ver[sum] belial. » Cette référence est absente de l’édition bâloise de 1509. À nouveau un élément tiré du « De penitentia ». Il s’agit d’un passage de la Secunda pars du Decretum Gratiani, causa XXXIII, quaestio III, appelé « Tractatus de penitentia », et précisément la distinctio prima, qui traite sur plus de vingt-cinq pages grand in-folio de la contrition secrète du cœur, sans confession auriculaire nécessaire (f°ccclxxvv°-ccclxxxviiiv°). Belial était une idole des Ninivites mentionnée en Jg 19, 22, et ceux qui en veulent au Lévite sont appelés filii Belial, en hébreu benèybelîa‘al. Dans le Décret, le passage vient d’Augustin commentant le psaume 62/63 : « Nulla enim (ut ait Apostolusc [c. Apostolus in epistola secunda ad Corinthios]) conventiod [d. Conventio. Id est communicatio] Christi ad Beliale, nulla participatio lucis ad tenebras. » La note e précise : « Belial, apostata interpretatur. » Le renvoi au Décret éclaire donc le sens de Bélial sans grand commentaire dans la marge de la Bible, mais précisant que les fils de Bélial en Juges 19 sont des apostats, pour Augustin et Gratien. Dans cette même première distinction du traité “De penitentia”, Grégoire le Grand est cité longuement au sujet de graves pécheurs, Moïse et les quatre formes de lèpre (Lévitique 13), Saül saisi d’un esprit mauvais (1 Samuel 16, 14) et guéri par la harpe de David (v. 23), mais encore David adultère, avec la référence marginale “II. Reg. XI. a.” : “David quoque cum adulterium commisisset et homicidium : non ante audivit a prophetaz transtulit te peccatum tuum Dominus antequam ipsum peccatum confiteretur, prius enim prophetæ pecccatum redarguenti confessus est, et postea audivit transtulit Dominus peccatum tuum a te.” (Decretum, édition citée, f° ccclxxxiiir°-v°). La note ‘z’ identifie le prophète Nathan : « A propheta, id est Nathan. » Il faut d’abord confesser son péché à haute voix pour entendre la parole de pardon « Le Seigneur a endossé ton péché ». En 1 Samuel 9, 26, quand Saül fait la sieste. Castellano en 1511, repris par Sacon (lu dans l’édition de 1515) : « ✠ Hebrei non habent
43. Cf. Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti, Venise 1511, f° 97b, écrit par erreur 95.
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stravitque Saul in solario et [d]ormivit, sed greci addunt 44. » La sieste de Saül n’est pas latine, seulement grecque. La correction et son explication ne se trouvent pas en 1495 et 1498, ni chez Goudanus (1508), mais le Liber vite de 1495 connaît l’ajout (marqué d’un obèle), sans donner son origine. La mention ne doit pas tromper. Castellano n’a pas fait une collation de la Tralatio communis avec le texte massorétique d’un côté et la Septante de l’autre, mais il s’est servi de plusieurs éditions latines antérieures, d’un ou de deux correctoria, de la Glose interlinéraire qui renvoie souvent à l’hébreu, et du Decretum Gratiani. Le colophon le précise, après les vers « Fontibus ex grecis hebreorum quoque libellis », « studiosissime revisa, correcta, emendata et ad instar correctissimorum exemplarium tam antiquorum quam novorum incontrata, comparata et collata » (f° 519a). La distance critique est encore faible. Conclusion Malgré ses imperfections et quelques bons principes non appliqués avec zèle, l’édition vénitienne de 1511 marque la naissance de la critique moderne du texte biblique, ce que Quentin avait entraperçu sans ouvrir le Decretum Gratiani. La diffusion de ce premier texte amendé à touches légères revient à des imprimeurs lyonnais et à un grand libraire allemand : Anton Koberger finançant d’abord les éditions de Jacques (Jacobus) Sacon à Lyon, à partir de 1512. On avait évidemment imprimé des bibles corrigées au xve siècle, les Italiens étant les premiers à le faire, et avant cela on avait composé des correctoria, mais Alberto Castellano donne des variantes en marge. Avec lui on garde la trace d’un texte différent. Ce ne sont encore que de simples corrections sans aucune valeur dogmatique sur la mariologie (Gn3, 15) ou la Trinité (1 Jn 5), mais elles ouvrent la porte aux corrections importantes qui vont apparaître dans les décennies suivantes. Cela justifie de revenir à lui avec précision. La correction du texte latin de la Tralatio communis n’est pas davantage née avec la Réforme, pas même avec l’Humanisme (qu’on pense à nouveau aux correctoria médiévaux), mais l’Humanisme dans sa
44. Cf. Biblia, Venise, Marcantonio Giunta, 1511, f° 104a ; Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti, Lyon, Jacques Sacon, 1515, f° ciiiiv°. On remarque que l’édition lyonnaise a repris très servilement la coquille ormivit sans ajouter le d initial.
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volonté inquiète de retourner ad fontes, seul chemin de la philologie, a répandu et diffusé l’aspiration au Ur-text, en vilipendant le travail perfectible des copistes. Le premier élan humaniste qui conduisit à l’hébreu à la fin du e xv siècle fut suscité par un désir de comprendre la Kabbale. Au xvie, mis à part Guillaume Postel et quelques autres qui perpétuent la tradition kabbaliste chrétienne, ainsi que les polémistes qui vitupèrent la confusion entre hébraïser et judaïser, l’intérêt de ceux qui traduisent et commentent la Bible se concentre sur la philologie : il s’agit d’élucider le texte original de la Bible juive, l’Ancien Testament, de revenir ad fontes, de rechercher le témoignage le plus ancien, afin de mieux comprendre le message des Écritures, comme l’expriment un Sebastian Münster ou un Philip Melanchthon. Johann Reuchlin manifeste aussi son plaisir de pouvoir lire et comprendre la Bible dans sa langue originale et, ce faisant, d’entendre Dieu lui-même parler. D’autres hébraïsants chrétiens soulignent encore la beauté et la douceur de cette langue, tels Agazio Guidacerio ou Pierre Robert Olivétan. À l’instar de Gadolo qui l’avait annoncé dans son édition de 1495, Alberto Castellano, sans le dire, a utilisé plusieurs éditions imprimées, et surtout une vénitienne de 1495, le Liber vite achevé d’imprimer à Venise au tout début de 1496, qui contenait la Glose ordinaire, mais surtout pour lui la Glose interlinéaire qui, nous l’avons vu, est souvent une manière rapide et peu critique de se référer à l’hébreu, en particulier chez Goudanous. Castellano a encore utilisé une Biblia bâloise de 1509 qui fut la première à donner des références marginales au droit canon, enfin un correctorium, présent alors à Venise, que Quentin identifiait au ‘B’ inventorié par Denifle (Paris, BnF, ms. latin 16719-16722 45). Castellano est encore un homme médiéval qui inscrit la Bible dans le contexte mythologique et dans le droit ecclésial, la Bible couvrant tous les savoirs, sacrés et profanes, jusqu’à Dédale et Icare, Jason et Médée. Castellano a repris un matériel qui s’était construit au cours des siècles et qui s’était consolidé au cours du xve siècle. Avant les nouveaux Jérôme qui retraduiront toute la Bible en latin (dès la polyglotte d’Alcalà et sa traduction interlinéaire latine de la Septante [1514-1522], Santi Pagnini [1527], Sebastian Münster [15341535], Leo Jud et les Zurichois [1543], Sébastien Castellion [1551]…), il y eut les nouveaux Origène qui ont légèrement corrigé le texte,
45. Cf. Quentin, Mémoire, p. 97.
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indiqué interpolations et oublis, donné les premières variantes, en s’appuyant sur un ou des correctoria et aussi sur la Glose interlinéaire qui faisait des renvois à l’hébreu et qui fut la grande négligée de la critique biblique 46. Je ne peux affirmer que Richard Simon n’ait pas utilisé l’expression, mais il n’en a pas traité 47. La critique biblique humaniste (1490-1520) a été légère, presque frileuse, considérant la traduction latine attribuée in toto à Jérôme comme inspirée et sacrée, alors que le concile de Trente se satisfera du qualificatif « authentique ».
46. Guy loBRichon dans son chapitre « Les gloses de la Bible », dans Le Moyen Âge et la Bible éd. P. Riché et G. loBRichon, Paris 1984 (Bible de tous les temps, 4), p. 95-114, n’a que quelques mots pour la Glose interlinéaire qui explique des mots (p. 98). Le modèle est perfectionné à Paris au milieu du xiie siècle et atteint sa perfection un siècle plus tard. Voir aussi Cf. G. dahan, L’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval, p. 123-129. La pratique juridique de la glose a influencé l’exégèse chrétienne de la Bible (p. 124) ; quelques mots sur la Glossa interlinearis, p. 125-127, dans la distinction dans la Glossa ordinaria de gloses littéraires, historiques et archéologiques, théologiques ou philosophiques (plus rares) et lexicographiques. Il n’est pas parlé des renvois à l’hébreu dans la Glose interlinéaire, mais il s’agit bien de gloses lexicographiques. 47. Cf. Richard Simon, Histoire critique du vieux Testament, « Suivant la copie imprimée à Paris » [Amsterdam, Daniel Elzevier], 1680.
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ERASMO E L’INTERPRES. LE POLEMICHE SULLA VULGATA DEL NUOVO TESTAMENTO Cecilia asso
Introduzione
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è il rapporto tra la Vulgata del Nuovo Testamento e san Girolamo*? Oggi gli studiosi ritengono che il padre latino abbia semplicemente riveduto il testo dei Vangeli alla luce dell’originale greco e che i rimanenti libri (Atti, Epistole paoline, Epistole cattoliche e Apocalisse) non abbiano niente a che fare con lui 1. Ma non è sempre stato così. Secondo la tradizione medievale, Girolamo aveva riveduto sugli originali greci il latino di tutto il Nuovo Testamento – come egli stesso dichiara nell’ultimo capitolo del De viris illustribus: « Novum Testamentum Graecae fidei reddidi, Vetus iuxta Hebraicum transtuli 2 » – e dunque questa parte della Sacra Scrittura gli apparteneva tanto quanto i libri dell’Antico Testamento che egli aveva tradotto dall’originale ebraico. Questa convinzione rimase ferma fino al xv secolo 3. ual
*. Ringrazio i curatori del volume, Annie Noblesse-Rocher e Gilbert Dahan, per avermi offerto l’occasione di riflettere su questo tema. E ringrazio Piero Capelli, Benedetto Clausi e Federico Del Bo per alcune preziose informazioni. Ogni errore o cattiva interpretazione sono naturalmente di mia esclusiva responsabilità. 1. Jérôme, Préfaces aux livres de la Bible, dir. a. canellis, Paris 2017, schema a p. 225. Per la parte del Nuovo Testamento latino non riveduta da Girolamo si sono ipotizzati diversi traduttori o revisori, fra i quali Rufino il Siro, discepolo di Girolamo, per le Epistole paoline e cattoliche, e Pelagio per le Epistole paoline (Ph. buRton, « The Latin version of the New Testament », in The Text of the New Testament in Contemporary Research, ed. B. D. ehRman e M. W. holmes, Leiden – Boston 2013, p. 182; vedi anche E. F. Rice, Saint Jerome in the Renaissance, Baltimore e London 1988, p. 258, nota 13). 2. CXXXV, 5 (PL 23, col. 717B). Ed. critica in Gerolamo, Gli uomini illustri. De viris illustribus, a cura di A. ceResa-GastalDo, Firenze 1988, p. 232. 3. E. F. Rice, Saint Jerome in the Renaissance, p. 173-175. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121968
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D’altra parte, la Bibbia latina, la vulgata editio 4, era stata tramandata insieme alle prefazioni a una buona parte dei libri biblici, prefazioni che alla fine del Medio Evo erano tutte attribuite a Girolamo 5. Tra di esse si trovava la famosa epistola a papa Damaso premessa ai Vangeli, ancora oggi considerata autentica e databile intorno al 484 6. Da essa si ricava che il Padre latino aveva intrapreso il lavoro di revisione dei quattro Vangeli per incarico del papa. È utile rileggere qui la prima parte di questo testo, perché fornì molto materiale argomentativo e linguistico a coloro che, soprattutto in epoca umanistica, si sarebbero occupati del testo sacro. E sorprendentemente, pur essendo stato tramandato insieme alla vulgata editio, esso fu di ispirazione per chi quell’edizione si dedicò a criticare e correggere. Beato Papae Damaso Hieronymus. Novum opus facere me cogis ex veteri ut post exemplaria Scripturarum toto orbe dispersa quasi quidam arbiter sedeam et, quia inter se variant, quae sint illa quae cum Graeca consentiant veritate decernam. Pius labor sed periculosa praesumptio, iudicare de ceteris ipsum ab omnibus iudicandum, senis mutare linguam et canescentem mundum ad initia retrahere parvulorum. Quis enim doctus pariter vel indoctus, cum in manus volumen adsumpserit et a saliva quam semel imbibit viderit discrepare quod lectitat, non statim erumpat in vocem, me falsarium, me clamans esse sacrilegum qui audeam aliquid in veteribus libris addere, mutare, corrigere? Adversum quam invidiam duplex causa me consolatur: quod et tu qui summus sacerdos es fieri iubes et verum non esse quod variat etiam maledicorum testimonio comprobatur. Si enim Latinis exemplaribus fides est adhibenda, respondeant quibus! Tot sunt paene quot codices. Sin autem veritas est quaerenda de pluribus, cur non ad Graecam originem revertentes ea quae vel a vitiosis interpretibus male edita vel a praesumptoribus imperitis emendata perversius vel a librariis dormitantibus aut addita sunt aut mutata corrigimus? […]
4. Sulla storia del nome vulgata si veda Jérôme, Préfaces, p. 216-217 (dove peraltro si parla erroneamente di una « édition d’Érasme (1538) » riferendosi alla Bibbia latina stampata a Lione da Ugo della Porta) e l’introduzione al presente volume, con i relativi riferimenti bibiografici. 5. Oggi solo alcune di esse sono considerate geronimiane: Jérôme, Préfaces, p. 201 e ss. 6. Jérôme, Préfaces, p. 89-90; B. M. metzGeR, The Early Versions of the New Testament, Oxford 1977, p. 333. La tradizione del testo delle prefazioni geronimiane ai libri biblici coincide con quella della Bibbia latina, dunque la loro editio princeps è da considerarsi la Bibbia di Johann Gutenberg (Magonza 1454-1455 ca).
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Le polemiche sulla Vulgata del Nuovo Testamento De Novo nunc loquor Testamento […]. Hoc certe cum in nostro sermone discordat et diversos rivulorum tramites ducit, uno de fonte quaerendum est 7.
Girolamo – leggiamo dunque – ha intrapreso il suo lavoro di revisione sul testo latino del Nuovo Testamento pressato dalle richieste di papa Damaso, che gli ha chiesto di porsi quasi quidam arbiter per decidere quali degli esemplari latini che si sono sparsi toto orbe e che sono ormai diversi gli uni dagli altri corrispondano all’originale greco (cum Graeca consentiant veritate). È un lavoro pio, ma temerario. Si tratta infatti di giudicare gli altri, quando l’autore è egli stesso meritevole di giudizio. Si tratta di cambiare, da vecchi, la propria lingua e di costringere un mondo che incanutisce a tornare ai primi passi degli infanti. Come i bambini che vengono svezzati col pane masticato dalle nutrici e, abituati al sapore di quella saliva, rifiutano inizialmente il cibo che abbia un sapore diverso 8, così gli uomini adulti, anche dotti, che leggeranno per la prima volta il testo sacro nel latino corretto da Girolamo si scandalizzeranno, e lo accuseranno di essere un falsario e un sacrilego, perché ha osato addere, mutare, corrigere i libri tramandati dagli antichi. Di fronte a questi attacchi, Girolamo si sente tutelato dall’incarico ricevuto dal papa e anche dalla certezza che verum non esse quod variat, cioè che un testo che presenta delle varianti non è veridico 9. Dunque, se bisogna fidarsi degli esemplari latini, che questi accusatori spieghino quali sono questi esemplari: ci sono infatti quasi altrettante versioni differenti del testo quanti sono i codici! Se invece dobbiamo cercare la verità in mezzo a molteplici fonti (de pluribus), perché non ci rivolgiamo all’originale greco per correggere i passi che aut addita sunt aut mutata a causa della mala fede, della presunzione o della neghittosità di traduttori, correttori e copisti? Il testo del Nuovo Testamento, che in latino non è coerente (discordat) e si divide in diversi canali, deve essere attinto ad un’unica fonte 10.
7. Jérôme, Préfaces, p. 470-474. 8. Per fare un solo esempio della fortuna umanistica di questa immagine (oltre a quello che rileveremo più avanti), cfr. l’adagium 1319, Salivam imbibere: Des. Erasmi Roterodami Opera omnia, Amsterdam […] Tokyo (d’ora in poi ASD), II/3, ed. M. szymansKi 2005, p. 334-335. 9. Cfr. Jérôme, Préfaces, p. 473, nota 6: « C’est l’univocité d’un texte qui fonde sa verité. » 10. Per la metafora della fonte e dei canali derivati, che ritroveremo più avanti, vedi Jérôme, Préfaces, n. 3 a p. 475.
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Questa lettera, dunque, si poteva leggere nei codici della Bibbia latina quando Lorenzo Valla, spinto evidentemente, come vedremo, anche dalle parole di Girolamo, intraprese la sua indagine critica sul testo del Nuovo Testamento e cominciò a dubitare che la versione latina potesse essere frutto della revisione del grande Padre. Come ben sappiamo grazie al fondamentale lavoro di Eugene Rice, nel corso del Medioevo il culto di Girolamo aveva aggiunto alla venerazione per la figura del santo eremita l’ammirazione per il dotto Padre che si era dedicato agli studi sacri, rinnegando – secondo alcuni – gli studi profani. Non possiamo qui fermarci sulle polemiche che gli umanisti sostennero a proposito del « ciceronianesimo » di Girolamo 11. Sta di fatto che al volgere del Quattrocento egli veniva venerato anche come protettore degli studia humanitatis 12. Sembra che Valla sia stato il primo a negare ogni legame tra Girolamo e la Vulgata del Nuovo Testamento 13, aprendo la strada a una serie di autori che condivisero questa convinzione. Questo è un fatto interessante non solo e non tanto per la storia della filologia, ma anche e soprattutto per la storia della cultura e della religione. Negare infatti che l’autore del testo sacro che era comunemente accettato e largamente usato nella liturgia e nelle scuole fosse il santo Padre che tutti potevano vedere ritratto sulle pareti delle chiese con la penna in mano, nell’atto di svolgere la sua missione divina di traduttore 14, significava non solo mettersi contro una tradizione millenaria, ma anche interrogarsi (come vedremo) su una nuova idea di autorità e, in ultima analisi, su cosa veramente fosse la Rivelazione cristiana e in cosa consistesse. Cancellare il ruolo di Gerolamo come autore della traduzione latina rendeva inoltre possibile rivedere il testo del Nuovo Testamento senza mancare di rispetto al venerato Padre. Nello stesso tempo, già nell’opera del Valla cominciava a delinearsi la figura di un non meglio identificato interpres, vero responsabile di quella discutibile traduzione. Anche in questo caso Girolamo fece da ispiratore, perché nei suoi scritti si trovano severe critiche contro l’interpres autore del testo che egli
11. Si veda in Rice, Saint Jerome in the Renaissance, il cap. 4 (« Divus litterarum princeps »), p. 84-115. 12. Ibidem. 13. J. H. bentley, Humanists and Holy Writ. New Testament Scholarship in the Renaissance, Princeton 1983, p. 50. 14. Rice, Saint Jerome in the Renaissance, p. 189-199.
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stava correggendo 15. Questo oscuro personaggio divenne l’idolo polemico degli umanisti che si occuparono del testo sacro. Sebbene in più di un caso emerga l’idea che la Vetus Latina, come poi la Vulgata, fosse il frutto di diversi interventi e contaminazioni, sembra chiaro che la configurazione di un singolo uomo responsabile delle traduzione facesse gioco alla letteretura polemica di cui qui ci occupiamo. Considerato inetto e illetterato, per più di un secolo egli venne fieramente accusato non solo di ignoranza ma anche di empietà, per aver osato tradurre indegnamente la Parola di Dio, arrivando ad assumere l’aspetto di una sorta di anti-Girolamo. Anche Erasmo sposò in pieno la tesi che Gerolamo non poteva essere l’autore del Nuovo Testamento latino, né come traduttore né come revisore, e fu nei confronti dell’interpres non meno aggressivo dei suoi predecessori, tanto che tra i molti argomenti di polemica che la sua edizione suscitò si inserì, come vedremo, anche questo. Ma l’attribuzione della versione latina del Nuovo Testamento a uno sconosciuto interpres invece che a Gerolamo non fu fatta propria solo dagli umanisti. Molti teologi ‘romani’ (che attaccarono Erasmo in difesa della tradizione e che lo accusarono di aver portato a termine, con la sua edizione del Nuovo Testamento, un’impresa eretica) accettarono, in realtà, la sostituzione dell’interpres a San Gerolamo. Ma ne diventarono accesi paladini nell’arco di tutto il Cinquecento, fino e oltre il Concilio di Trento, trasformando quest’uomo umbratile in un simbolo della tradizione ecclesiastica e in un modello di pietas. In questo saggio esamineremo dunque prima, cursoriamente, le posizioni di Valla e di Lefèvre d’Étaples nei confronti dell’interpres, per passare poi, più approfonditamente, a quelle di Erasmo. Come in molti altri casi, queste ultime assumono chiarezza e consistenza alla luce delle critiche rivoltegli dagli avversari ‘romani’ (a questa data, preferisco questa denominazione rispetto a quella di ‘cattolici’ 16). Esamineremo perciò di seguito i punti delle polemiche con Lee, Stunica e Titelmans che riguardano l’interpres, il che ci porterà a considerare da un ulteriore punto di vista i due metodi di approccio alla Sacra Scrittura,
15. Cfr. avanti, p. 9 e nota 35. A questo proposito (non avendo effettuato una ricerca che darebbe certamente interessanti risultati), posso citare solo due passi dei Commentarii in Epistulam Pauli Apostoli ad Titum, ed. F. bucchi, Turnhout 2003 (CCSL 77C), p. 27, ll. 575-578 e p. 54-55, ll. 421-426. 16. Cfr. C. asso, « La stoltezza e la follia. Erasmo catholicus e altri equivoci », in Religione e politica in Erasmo da Rotterdam, ed. E. A. balDini e M. FiRPo, Roma 2012.
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radicalmente diversi, che presero forma nei primi anni del Cinquecento e che sarebbero diventati nel corso di quel secolo le colonne portanti delle due nuove versioni del cristianesimo. Oltre a questo, emergeranno in modo a mio parere netto e particolarmente interessante i due differenti modi di concepire la tradizione e, tutto sommato, il rapporto con la storia, che determineranno la cultura europea dei secoli seguenti. Nascita dell’interpres: Lorenzo Valla e Jacques Lefèvre d’Étaples Le vicende delle Annotationes al Nuovo Testamento di Lorenzo Valla (1407-1457) sono ben note agli studiosi. La prima stesura dell’opera risale, con tutta probabilità, al 1442, ma solo nel 1448 il libro fu trascritto in una stesura quasi definitiva a Roma, e dedicato al papa Niccolò V 17. Più di cinquant’anni dopo, Erasmo trovò un manoscritto della stessa opera (sebbene appartenente a una diversa tradizione) e lo fece stampare per la prima volta a Parigi nel 1505 18. In estrema sintesi, possiamo dire che conosciamo due versioni di quest’opera, alquanto diverse fra loro: quella erasmiana, che ha continuato a essere stampata nei secoli seguenti, e una rimasta manoscritta, scoperta e pubblicata solo nel xx secolo da Alessandro Perosa (1970). In entrambe queste versioni è possibile trovare passi dai quali emerge con chiarezza che secondo Valla Girolamo non poteva essere l’autore della vulgata del Nuovo Testamento. Ma egli non sembra aver scritto niente di sistematico a questo proposito 19 e nell’epistola dedicatoria a Niccolò V (che si trova a prefazione della stesura rimasta inedita fino all’edizione Perosa) sembra accogliere l’attribuzione della revisione del Nuovo Testamento a Girolamo, o forse mostrare di darla per scontata, senza volerne discutere apertamente. In quell’epistola (con uno stile che riecheggia
17. Lorenzo Valla, Collatio Novi Testamenti, redazione inedita, ed. a. PeRosa, Firenze 1970, p. xviii-xlix e in generale tutta l’Introduzione. Sulla storia del testo delle Annotationes valliane vedi S. DoneGà, « Per l’edizione critica delle Adnotationes in Novum Testamentum », in Pubblicare il Valla, ed. M. ReGoliosi, Firenze 2008, p. 243-261. Sul problema in generale, Lorenzo Valla. La riforma della lingua et della logica, ed. M. Regoliosi, Firenze 2010. 18. Laurentii Vallensis […] In Latinam Novi Testamenti interpretationem ex collatione Graecorum exemplarium Adnotationes apprime utiles, Parrhisiis, Jean Petit, 1505. Nel presente saggio citerò quest’opera dalla segunete edizione : Laurentii Vallae […] In Novum Testamentum Annotationes apprime utiles, Basileae, per Balthasarem Lasium, 1541. 19. J. H. bentley, Humanists and Holy Writ, p. 50.
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fortemente l’epistola di Girolamo a papa Damaso che abbiamo visto sopra) Valla giustifica il proprio lavoro presentandolo come una ripulitura delle corrutele che si erano inevitabilmente create nel corso dei secoli. Se Girolamo, leggiamo, aveva dovuto rivedere un testo sacro già gravemente corrotto quattrocento anni dopo la sua formazione originaria, a maggior ragione Valla era autorizzato a farlo mille anni dopo la revisione di Girolamo: Quello che mi salva da ogni critica è che, se dopo quattrocento anni la fonte da cui scorrevano i ruscelli [del testo] era tanto intorbidata, è verisimile che dopo mille anni – tanti infatti ne sono quasi passati dal tempo di Girolamo – questo nostro ruscello, che non è mai stato ripulito, abbia raccolto in parte della sporcizia e del fango 20.
E quando, in un attacco complessivo contro di lui, l’umanista fiorentino Poggio Bracciolini lo accusò di aver diffamato san Gerolamo criticando la sua traduzione latina del Nuovo Testamento, Valla si difese facendo riferimento a un testo molto simile all’epistola prefatoria a Niccolò V 21. È interessante tuttavia osservare che in quest’ultimo testo Valla appare deliberatamente ambiguo, facendo sospettare al lettore che egli di fatto rifiuti l’attribuzione della traduzione/revisione a Gerolamo, ma non voglia dichiararlo in uno scritto di carattere generale. Ecco cosa leggiamo nell’Antidotum in Pogium. Nelle Annotationes in Novum Testamentum Valla aveva criticato la traduzione vulgata « sermonem quem audistis non est meus » di Gv 14, 24, che secondo le regole del latino letterario classico avrebbe dovuto essere: « sermo quem audistis non est meus. » E aveva commentato che l’interpres aveva preferito parlare Latine piuttosto che grammatice, usando cioè la lingua parlata invece della lingua letteraria codificata dalle grammatiche. Poggio lo aveva duramente redarguito (in un passo che Valla stesso riporta nell’Antidotum) accusandolo di voler correggere, nella sua presunzione, anche san Gerolamo. « Che male c’è – risponde Valla – se ho detto che l’interpres (va bene: avrei dovuto dire ‘Gerolamo’) ha preferito parlare
20. Collatio Novi Testamenti, p. 6 : « At me omni invidia liberat […] quod si intra quadringentos omnino annos ita turbidi a fonte fluebant rivi, verisimile est post mille annos – tot enim fere ab Hieronymo ad hoc evum sunt – hunc rivum nunquam repurgatum sordes aliqua in parte ac limum contraxisse. » La traduzione, come tutte le seguenti in questo saggio, è mia. 21. Antidotum primum. La prima apologia contro Poggio Bracciolini, ed. A. WesselinG, Assen – Amsterdam 1978, p. 118 (liber I, par. 153).
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Latine 22? » Ci saremmo aspettati qui che Valla si difendesse sottolineando che, appunto, egli aveva parlato di un generico e sconosciuto interpres, e che dunque non aveva affatto criticato il venerato Padre. Invece egli corregge pubblicamente il suo (presunto) errore, mettendolo così in evidenza, e si difende con altri argomenti 23. Questo vuole forse dire che egli considerava più compromettente dichiarare apertamente che Gerolamo non era il traduttore (e forse neanche il revisore) del Nuovo Testamento latino, piuttosto che ammettere di averlo criticato? Quel che è certo è che all’interno delle Annotationes le sue affermazioni in proposito sono ben più esplicite. Nel corso dell’opera Valla usa toni molto polemici nei confronti dell’interpres, anche in passi in cui la corruttela dovuta alla trasmissione del testo non sembra essere in causa 24, passi che dunque in teoria dovevano aver avuto il beneplacito di Girolamo. Ma dalle note di Valla sembra emergere la convinzione, che sarà apertamente sostenuta da Lefèvre d’Étaples, che san Gerolamo non abbia niente a che fare con questo testo, né come traduttore, né come revisore. Vediamole. In Mt 3, 8 (Facite ergo fructum dignum poenitentiae) si stigmatizza l’uso di dignum col genitivo, mentre in latino classico dignum regge l’ablativo. Ma l’interpres, commenta Valla nella stesura edita da Perosa, qui come altrove è stato ingannato dal genitivo che si trova in greco 25. E nel commento allo stesso passo che si trova nel testo pubblicato da Erasmo si ripete la stessa affermazione e si ribadisce, seppure in modo più sfumato, una netta distinzione fra l’interpres e Girolamo (la cui traduzione dei Salmi iuxta Hebraeos è sempre stata indiscussa) : 22. Lorenzo Valla, Antidotum primum, p. 116 (liber I, par. 148-149). Questo passo delle Annotationes non sembra corrispondere a nessuna delle due redazioni note: cfr. Lorenzo Valla, Collatio Novi Testamenti, p. 139, ll. 15-18 e Lorenzo Valla, Annotationes, p. 104r. Vedi anche qui avanti, p. 85-86. 23. Non è il caso in questa sede di seguirlo. Anche a questo proposito però è interessante rilevare che, mentre a Poggio Valla dice che parlare Latine è meglio che parlare grammatice e che dunque non ha inteso affatto offendere il traduttore (ovvero Gerolamo), dalla nota corrispondente nella redazione erasmiana risulta piuttosto il contrario, come si vedrà più avanti. 24. J. H. bentley, Humanists and Holy Writ, p. 49-50. 25. Collatio Novi Testamenti: « ‘Penitentia’ dicendum est. Dignus enim pena vel premio aliquis dicitur, non penae vel premii. Sed interpretem decepit genitivus grecus, neque hic tantum sed in Luca quoque » (p. 21, ll. 24-27). Per facilitare la nostra analisi, ripristino qui e dove lo ho trovato opportuno la desinenza – ae al posto della desinenza –e, quest’ultima usata nella perfetta edizione Perosa per rispettare la grafia del manoscritto quattrocentesco.
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« Casu genitivo pro ablativo usus est quia graece sic legebat interpres μετανοίας, quemadmodum alibi, ut in Psalmis, si modo idem fuit interpres 26. » Nella nota a 1 Co 2, 9 ([…] nec in cor hominis ascendit quae praeparavit Deus iis qui diligunt illum) di nuovo l’interpres è accusato senz’altro di violentare la grammatica latina (edizione Perosa) 27, ovvero di « non aver fatto caso al verbo greco », secondo la versione più blanda dell’edizione Erasmo, dove peraltro si dichiara apertamente che Girolamo, in un’altra opera, non commette questo errore citando Paolo, « ut appareat aut non esse hunc interpretem Hieronymum, aut eius interpretationem fuisse corruptam 28. » Anche a proposito di Lc 16, 1-2 ([…] Homo quidam erat dives, qui habebat villicum; et hic diffamatus est apud illum quasi dissipasset bona ipsius. Et vocavit illum et ait illi: Quid hoc audio de te? Redde rationem villicationis tuae; iam enim non poteris villicare) il testo dell’edizione Perosa ha un tono più aggressivo rispetto al testo pubblicato da Erasmo 29, ma quest’ultimo risulta molto più esplicito : « Che non sia stato Girolamo a tradurre in questo modo il Nuovo Testamento risulta chiaro anche dal fatto che egli nell’epistola ad Algasia traduce questo passo diversamente 30. » Al contrario (e per finire questa serie di esempi) a proposito del già citato Gv 14, 24 ([…] Et sermonem quem audistis non est meus, sed eius qui misit me, Patris), nel testo Perosa troviamo una nota che rileva la
26. Annotationes, p. 9 r o-v o. Cfr. M. coRtesi, « Lorenzo Valla, Girolamo e la Vulgata », in Motivi letterari ed esegetici in Gerolamo, Brescia 1997, p. 281. 27. Collatio Novi Testamenti, p. 197, l. 22: « Iniuria fit grammaticae hoc loco ab interprete. Est quidem in hunc modum grece, sed numerus singularis in verbo, cum refertur ad neutrum genus, vim habet pluralis, ut sic potius transferendum fuerit : nec in cor hominis ascenderunt. » 28. Annotationes, p. 149r o: « Interpres non animadvertit verbum Graecum, etsi numeri singularis, tamen fuisse transferendum pluraliter, ut fecit Hieronymus in epist. super Pentateuchum, nec in cor hominis ascenderunt, ut appareat aut non esse hunc interpretem Hieronymum, aut eius interpretationem fuisse corruptam […]. » Cfr. M. coRtesi, « Lorenzo Valla », p. 278. 29. Collatio Novi Testamenti: « Pro eo nomine quo nunc vilicum vocat superius dixerat Quis erit fidelis dispensator et prudens. Nunquid igitur vilicus idem erit et dispensator, quem utrunque dixi grece iconomum appellari? Non opinor. Nec idem latine vilicus quod grece iconomus – idest non bene translatum – neque enim si iconomus, ut verbis Hieronymi utar, […] » (p. 122, l. 27-123, l. 17). 30. Annotationes, p. 85v o: « Non fuisse Hieronymum utique qui Novum Testamentum ita interpretatus est vel hinc patet quod ad Algasiam aliter hunc locum transfert, inquiens ‘Redde rationem dispensationis tuae, non enim ultra poteris mea dispensare’. Ergo commodius vocabulum dispensator quam villicus […]. »
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scorrettezza grammaticale (sermonem dovrebbe essere al nominativo, sermo) senza riferimenti personali all’autore della traduzione 31; mentre nell’edizione erasmiana c’è un nuovo attacco contro l’interpres, che a questo punto non può più confondersi con Girolamo: « Non riesco a convincermi che l’interpres sia arrivato a un punto tale di spudoratezza da permettersi un’espressione che a stento si tollera in Virgilio 32. » Questo è quanto, a mia conoscenza, sappiamo delle opinioni di Valla sull’autore del Nuovo Testamento latino 33. Apparentemente, non molto, ma i frutti che i semi del suo lavoro produssero nel Cinquecento furono, anche in questo caso, molto abbondanti. Così, prima di addentrarci nei testi che Erasmo, principale erede della critica neotestamentaria di Valla, dedicò a questo problema, esamineremo rapidamente l’opera del primo autore che criticò apertamente e radicalmente l’attribuzione a Gerolamo della vulgata del Nuovo Testamento. Nel 1512 Jacques Lefèvre (Étaples 1450ca. – Nérac 1536) pubblicava a Parigi il suo san Paolo. L’edizione lefevriana constava, come si sa, di tutte le epistole paoline nel testo latino vulgato, affiancata dalla intelligentia ex Graeco, cioè da una versione dal greco al latino fatta dal curatore 34. In essa il testo della Vulgata veniva presentato onorevolmente in carattere maggiore, ma l’obiettivo dell’opera era presentare al lettore una traduzione latina il più vicina possibile all’originale greco, posta sulla sinistra, dalla quale risultava chiaro quanto
31. Collatio Novi Testamenti, p. 139, ll. 15-18: «Melius legitur in iis editionibus que habent sermo quem audistis et ita grece legitur, quod secus fit in illo Matthei, quod e Psalmo sumptum est: Lapidem quem reprobaverant edificantes hic factus est in caput anguli. » Cfr. M. coRtesi, « Lorenzo Valla », p. 272. 32. Annotationes, p. 104r o-v o : « Non possum adduci ut credam interpretem eo licentiae pervenisse ut quod in Vergilio vix toleratur dicente ‘Urbem quam statuo vestra est’ ipse sibi permittat dicere. Nam illud in Psalmo quod apud Matthaeum reperitur, Lapidem quem reprobaverunt aedificantes hic factus est in caput anguli, et nonnihil diversum est et ita Graece legitur, de quo genere sermonis alio in loco disputavimus. Astipulatur opinioni meae quod aliquot vetustos codices legi in quibus scriptum est sermo, non sermonem, καὶ ὁ λόγος, ut Graece habetur. » 33. Ma non ho effettuato un’indagine sistematica. 34. Epistola ad Rhomanos […] Epistola ad Hebraeos. Ad has 14 adiecta intelligentia ex Graeco. Epistola ad Laodicenses. Epistolae ad Senecam sex. Commentariorum libri quatuordecim. Linus de passione Petri et Pauli, Parisiis, ex officina Henrici Stephani, 1512. Su Lefèvre e il suo progetto di edizione delle fonti cristiane antiche vedi E. F. Rice, « The humanist idea of Christian antiquity. Lefèvre d’Étaples and his circle », Studies in the Renaissance 9 (1962), p. 126-160.
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la versione corrente fosse distante dalla fonte originaria della Parola di Dio (figura 1). « Forse alcuni si meraviglieranno – dice Lefèvre nella dedicatoria a Guillaume Briçonnet – che io abbia osato mettere accanto alla traduzione di san Girolamo la traduzione letterale dal greco (intelligentiam graecam). Avrebbero ragione, se le cose stessero come molti pensano. Ma ci perdoneranno quando capiranno che io non sono intervenuto sulla traduzione di san Girolamo, ma sull’edizione vulgata (vulgatam aeditionem), che esisteva molto tempo prima di lui e che egli stesso critica severamente 35. » Ad amplificazione di queste affermazioni, alla dedicatoria segue l’Apologia quod vetus interpretatio epistolarum beatis Pauli quae passim legitur non sit tralatio Hieronymi 36. La prova di questo sta – spiega Lefèvre – nei commenti di Girolamo alle Epistole di Paolo, nei quali egli si riferisce al traduttore latino come ad una persona diversa da sé. Inoltre, Girolamo critica e stuzzica (vellicat) frequentemente lo sconosciuto interpres, accusandolo di ignoranza 37. E non è vero che tutti credono che l’edizione vulgata sia di Gerolamo : le persone dotte e di buon senso condividono l’interpretazione esposta da Lefèvre 38. È vero – continua Lefèvre – che alla fine del De viris illustribus Girolamo dichiara
35. Epistola ad Rhomanos […], p. aii r o: «Nonnulli etiam forte mirabuntur non parum quod ad tralationem Hieronymi intelligentiam graecam adiicere ausi fuerimus, id nimis insolenter factum arbitrantes et me temeritatis et audaciae notam accusabunt quin damnabunt. Quibus nichil succensemus. Nam iuste id quidem facerent si ita res haberet ut et ipsi coniectant et iam quamplurimis est persuasum. Verum nos bona venia dignabuntur cum plane intelligent nos ad sacri Hieronymi tralationem nichil ausos, sed ad vulgatam aeditionem quae longe fuit ante beatum et gloriosum ecclesiae lumen Hieronymum et quam nobiscum ipse suggillat, carpit et coarguit et quam veterem et vulgatam appellat aeditionem. » 36. « Spiegazione e difesa dell’affermazione che l’antica traduzione delle Epistole di Paolo che si legge abitualmente non è la traduzione di Girolamo », in Epistola ad Rhomanos […], p. aii v o-aiiii r o. 37. Apologia in Epistola ad Rhomanos […], p. aii v o: «Enimvero, si sacer Hieronymus huius aeditionis interpretem ut alium citat ‘Latinumque interpretem’ appellat et interpretationem ipsam nominat ‘vulgatam’, nonne egregie conficitur non esse Hieronymi tralationem? Si Latinum interpretem frequenter vellicat et inscitiae accusat, si frequentius dictam taxat aeditionem, quis inficias ibit, quis haesitabit sacrum Hieronymum et se negare fuisse interpretem et ipsam ut suam refutare aeditionem? » 38. Ibid., p. aiii r o: « Sed inquies : Omnes tenent aeditionem vulgatam esse Hieronymi. Id refutamus omnes tenere. Imo vero singuli quique docti et qui incolumi pollent iudicio probe norunt non esse Hieronymianum opus, utpote qui eam confutat, redarguit, damnat, ut ex dictis iam satis patet et apertius commentarios eius legentibus dilucet ».
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Fig. 1. Epistola ad Romanos […] Epistola ad Hebraeos […], [ed. Jacques Lefèvre d’Étaples], Paris, Henri Estienne, 1512, p. ai r (incipit dell’Epistola ai Romani).
di aver fatto la traduzione del Vecchio Testamento dall’ebraico e di aver riveduto il Nuovo alla luce del greco. Ma è chiaro che non si tratta della versione corrente, perché questa evidentemente non è fatta in base alla Graeca fides 39. Qualcuno dice poi che è possibile che Girolamo abbia in 39. Ibid., p. aiii r o: «Sed rursum, ex Hieronymo tibi ipsi suades Hieronymi esse. Nam in calce libri quem De viris illustribus compegit hunc in modum de se scripsit : ‘Novum Testamentum Graecae fidei reddidi, Vetus iuxta Hebraicam transtuli’. In Novo autem Testamento epistolae Pauli continentur: eas igitur traduxit. Quas si traduxit, quaenam alia possit esse traductio nisi ea quae vulgata nuncupatur aeditio et quae est in ecclesiarum usu? Quin potius contra ex beatissimi pariter et doctissimi Hieronymi verbis argumentari debueras. Sacer Hieronymus Novum Testamentum, in quo et hae Epistolae
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effetti fatto quella traduzione/revisione e che in seguito l’abbia corretta nei commenti al Nuovo Testamento. Ma questa idea – dice Lefèvre – è completamente insensata. Perché infatti avrebbe dovuto permettere che continuasse a circolare una versione scorretta del testo sacro, mentre la correggeva nei commenti 40? Ma ammettiamo che egli abbia fatto una traduzione latina del Nuovo Testamento : questo non significa che essa sia la stessa che conosciamo oggi 41. È possibile – continua – che, non avendo incontrato l’approvazione dei vertici della Chiesa, a cominciare da Agostino, essa sia stata messa da parte e quindi sia andata perduta 42. Per sempre? Forse, a meno che il tempo, prima o poi, non la restituisca ai nostri nipoti 43. E Lefèvre conclude che, sebbene abbia voluto parlare soltanto della vulgata delle epistole paoline, le stesse considerazioni si potrebbero fare per il corrente testo latino dei Vangeli che risulta continentur, Graecae fidei reddidit, verum vulgata aeditio adeo multiplici vicio scatet ut non tam fidei Graecae reddita sit quam reddi indigeat. Non est igitur Hieronymi, alioqui pro dignitate reddita esset Graecae fidei. Quod et falsum est et falsum esse ipse ostendit. » 40. Ibid., p. aiii r o-v o: «At forsitan adiices: ‘Prius traduxit, et eam traductionem in posterioribus scriptis eius corrigit’. O caput pertinax et morose cavillator, sophista improbior! Nonne vides te sancto viro iniuriam facere ut tuum defendas errorem? Nonne vides te sanctissimo viro pariter et doctissimo non modo impingere inscitiam, verum insuper praesumptionem et temeraritatis audaciam, qui antequam sciret traducere praesumpsit? Numquid si vulgatae aeditionis prius interpres fuisset, de se ipse diceret ‘Latinus interpres verbi ambiguitate deceptus pro pudico prudentem transtulit’, quod paulo supra dictum est in commentariis Epistolae ad Titum dixisse? Si de se, suam prodit ignorantiam. Si traduxit et dissimulat alium simulans traductorem, alterum suum impingit errorem. Quorum utrunque a Hieronymo cum doctissimo tum san-/ctissimo viro, immo haeroi et plusquam viro alienissimum est. ». 41. Ibid., p. aiii v o: « Sed esto traduxerit. Nunquid continuo fit “ergo traductio Hieronymi ea est qua passim utuntur ecclesiae?” » 42. Ibid., p. aiii v o: « Adde insuper quod neque id magnopere in Scripturis canonicis ea tempestate requirebant ii qui gravi in Ecclesia erant authoritate. Quod ex Aurelio Augustino ad Hieronymum scribente vel apertissime constat […] Quo modo igitur in ecclesiis universo ecclesiarum usu ubivis gentium (quod omnium factu difficillimum est) mutato recepissent quod summi et qui prima erant authoritate non probabant? Non igitur tunc recepere. Et quando postea receperint mutatusque sit ubique locorum omnium ecclesiarum usus, non est inventu facile. Approbatas tamen Hieronymi (quotquot repertas sunt) Scripturas non ierim inficias. Verum, si Epistolas Pauli traduxerit, si Apostolorum catholicas, si Evangelia, si Actiones apostolicas, nondum ea in lucem emerserunt publico usui ecclesiarum recepta, neque etiam earum Scripturarum eius ad integrum recognitionem. » 43. Ibid., p. aiii v o: « Quid igitur : perieruntne? Fortasse, nisi tempus, bonus repertor rerum, nepotibus restituat. »
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anch’esso, a suo parere, non essere opera di Girolamo 44. Abbiamo dunque perduto tutta questa preziosa opera del grande Padre, almeno finché a qualcuno dei nostri posteri non capiti la fortuna di ritrovarla : Per cui, è tanto più doloroso che le fatiche, così grandi e così illustri, di quel beatissimo e santissimo uomo – fatiche che egli aveva intrapreso per la pubblica utilità di tutti gli uomini devoti e di tutti gli studiosi – siano andate perdute. E se così fosse, e Cristo signore, luce vera e indefettibile, illuminasse qualcuno dei posteri perché restauri ciò che, un tempo restaurato, è andato per noi perduto, quell’uomo non dovrà essere perseguitato dall’invidia e dalla malevolenza, ma in lui (chiunque sarà) andrà onorata la grazia di Cristo 45.
Erasmo Quattro anni dopo l’edizione del san Paolo latino di Lefèvre uscì, come sappiamo, l’intero Nuovo Testamento curato da Erasmo 46. Sulla sinistra delle pagine di testo c’era questa volta il greco, ma sulla destra non c’era più la Vulgata. C’era una versione latina che solo nella prima edizione poteva sembrare una Vulgata « corretta » sul greco, ma che nelle edizioni seguenti si rivelò sempre più la versione letterale del testo 44. Ibid., p. aiiii v o: « Et quamvis propositum nostrum fuerit hoc ostendere de usitata traductione epistolarum beatissimi Pauli, quod et fecimus, dolentes tamen quod ita esset et non potius traductionem Hieronymi haberemus, qui volet […] plane intelliget […] non modo epistolarum Pauli, sed nec evangeliorum traductionem qua nunc utuntur ecclesiae esse Hieronymianam. » 45. Ibid., p. aiii v o: « Unde magis dolendum est tantos ac tam claros beatissimi viri et sanctissimi ecclesiae doctoris labores quos ipse ad publicam omnium et piorum et studiosorum utilitatem insumpserat periisse, si omnino et nobis et posteris periere. Quod si ita sit et quempiam de posteris Christus dominus lux vera et indeficiens illuminet ad ea restituenda quae nobis periere olim restituta, non invidia, non malevolentia aliqua insectandus erit, sed in eo (quisquis is demum fuerit) gratia Christi honoranda. » 46. Novum Instrumentum omne diligenter ab Erasmo Roterodamo recognitum et emendatum, non solum ad Graecam veritatem, verumetiam ad multorum utriusque linguae codicum […] fidem, Basileae, in aedibus Ioannis Frobenii, 1516. L’espressione Novum Instrumentum fu cambiata in Novum Testamentum in tutte le edizioni seguenti in vita di Erasmo: 1519, 1522, 1527, 1535, tutte stampate a Basilea dai Froben. L’edizione critica di quest’opera in ASD è quasi completa. Le parti mancanti (di prossima pubblicazione) vanno ancora consultate nel volume VI degli Opera omnia erasmiani curati da Jean Le Clerc e pubblicati i primi del Settecento a Leida : Novum Testamentum Graece et Latine, ex versione et cum adnotationibus, singulis paginis subiectis, Desiderii Erasmi Roterodami, Lugduni Batavorum, cura et impensis Petri Vader Aa, 1705 (d’ora in poi LB).
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greco, proprio come quella che Lefèvre aveva messo sulla sinistra della sua pagina (figura 2). La Vulgata era sparita e fu questo in realtà a fare scandalo. Basti pensare che nella Bibbia di Alcalá, la Polyglotta Complutensis 47, pubblicata in quegli stessi mesi, si poteva certo trovare il testo greco, ma affiancata ad esso, e con pari dignità, si trovava la versione tradizionale (figura 3).
Fig. 2. Novum Instrumentum omne diligenter ab Erasmo Roterodamo recognitum et emendatum […], Basel, Johannes Froben, 1516, p. 1 (incipit del Vangelo di Matteo).
47. Vetus [-Novum] Testamentum multiplici lingua nunc primo impressum […], in […] Complutensi universitate […], de mandato et sumptibus […] Francisci Ximenez de Cisneros […], industria et solertia […] Arnaldi Guillelmi de Brocario […], 1517, 6 volumi.
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Fig. 3. Vetus [-Novum] Testamentum multiplici lingua nunc primum impressum […], de mandato et sumptibus Francisci Ximenez de Cisneros, Alcalá de Henares, Arnao Guillén de Brocar, 1517, vol. 5, p. Ai r (incipit del Vangelo di Matteo).
Era invece chiaro che per Erasmo la Scrittura Divina era il testo greco, e la versione latina era un semplice strumento per capirlo. In pratica, secondo Erasmo la Vulgata poteva uscire dalla storia della teologia. Quanto a san Girolamo – che Erasmo, come è noto, venerava come un modello intellettuale e morale – egli era a questo punto certo che non fosse l’autore della versione latina del Nuovo Testamento, come emerge con chiarezza nella lettera del 26 agosto 1518 ad Antonio Pucci (1484-1544), nipote del cardinale Lorenzo Pucci (1458-1531), tanto più significativa in quanto destinata alla pubblicazione e indirizzata a un importante personaggio della curia romana: 92
Le polemiche sulla Vulgata del Nuovo Testamento Non ho rivoluzionato l’attuale edizione vulgata (vulgatam hanc aeditionem) – sebbene non sia certo chi ne sia l’autore, pur essendo stato provato che non è né di Cipriano, né di Ambrogio, né di Ilario, né di Agostino, né di Girolamo – ho soltanto indicato i luoghi in cui essa è corrotta, avvertendo il lettore nei luoghi in cui il traduttore (interpres) ha clamorosamente sonnecchiato (dormitavit) e spiegando ciò che risultasse involuto o spinoso 48.
È vero che, in una prima fase, anche Erasmo sembra condividere la valutazione ambigua di Valla. Dalla dedicatoria a Christopher Fisher delle Annotationes in Novum Testamentum dell’italiano 49 (1505) sembra di capire che anch’egli ritenesse che il testo latino tradizionale fosse quello riveduto da Girolamo, sebbene l’espressione dormitante interprete (« il traduttore sonnacchioso ») che ricorre a un certo punto (e che verrà ricordata polemicamente da Stunica 50) faccia pensare che già a questa data egli avesse dei dubbi che riteneva opportuno dissimulare. Più avanti infatti leggiamo : « Girolamo più che tradurre corresse, e lo fece moderatamente, lasciando (come testimonia egli stesso) da parte quelle parole che in particolare ha trattato Lorenzo Valla 51. » Cioè, Valla avrebbe corretto i passi lasciati deliberatamente intatti da Girolamo. E comunque Erasmo qui sottolinea che l’importante è correggere un testo che si è corrotto : « Le buone traduzioni si corrompono. Girolamo ha corretto, ma le correzioni si sono a loro volta corrotte 52. » Ma nelle Annotationes al Nuovo Testamento la sua posizione risulta cambiata ed è probabile che causa di questo cambiamento sia stata l’opera di Lefèvre. Già in una delle tre prefazioni al Lettore del secondo
48. « Vulgatam hanc aeditionem non convellimus – quae tamen cuius sit incertum est, etiamsi compertum est nec Cypriani esse nec Ambrosii nec Hilarii nec Augustini nec Hieronymi – sed indicavimus ubi sit depravata, submonentes sicubi insigniter dormitavit interpres, explicantes si quid involutum ac spinosum » (Ep. 860 ad Antonio Pucci, Basilea 26 agosto 1518, ll. 44-49, in Des. Erasmi Roterodami Opus epistolarum, ed. P. S. allen (et alii), Oxford 1906-1958 [d’ora in poi allen]). Questa epistola fu pubblicata da Erasmo stesso nella raccolta Farrago nova epistolarum, Basilea, J. Froben, 1519, sulla quale vedi allen, Appendix VII, t. I, p. 595. 49. Vedi sopra, nota 18. La dedicatoria a Fisher è pubblicata in allen come Ep. 182. 50. Ep. 182, l. 123 (cf. Orazio, Arte poet., v. 359). Cfr. avanti, p. 98-100. 51. allen, Ep. 182, ll. 149-151: « Quod quidem Hieronymus non tam vertit quam emendavit, idque modice, relictis (ut ipse testatur) verbis quae potissimum excutit Laurentius. » 52. Ibid., ll. 152-154: « Sed bene versa pervertuntur. Emendavit Hieronymus, at rursum depravantur emendata. »
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volume degli Opera omnia di Girolamo (Basilea, Froben, 1516), due estratti della quale sono pubblicati da Allen come Ep. 326, si trova un passo molto interessante in proposito: C’è qualcosa di più diffuso dell’attuale edizione [cioè la Vulgata] del Nuovo Testamento? Ma è stata forse sminuita la verità evangelica perché Lorenzo Valla, uomo esperto più di retorica che di teologia, ha corretto alcuni luoghi tradotti male dall’interpres? Forse che la epistole paoline vengono lette con minor fede perché Jacques Lefèvre d’Étaples, uomo encomiabile per integrità non meno che per erudizione, ha affermato che l’edizione di cui ci serviamo comunemente [la Vulgata] non è di Girolamo, e perché, seguendo l’esempio di Valla, ha cambiato molti passi, o perché erano corrotti, o perché erano tradotti male 53?
E nell’Apologia premessa al Novum Instrumentum del 1516 dichiarava apertamente : « Ormai ritengo che sia convinzione diffusa, non solo tra gli eruditi, ma anche fra i non dotti che questa edizione [latina] del Nuovo Testamento non è di Girolamo 54. » È interessante rilevare che a partire dall’edizione del 1535 fu inserita la frase cautelativa « quemadmodum ab ipso fuit emendatum », che fu poi accolta negli Opera omnia di Basilea (1540) e nell’edizione Le Clerc (1705) 55. Ma è improbabile che ciò sia dipeso dalle dispute coi teologi filoromani,
53. allen, Ep. 326, ll. 82-90: « An quicquam est hac Novi Testamenti editione vulgatius? At quid decessit de pondere veritatis evangelice quod Laurentius, homo rhetoricus magis quam theologus, locos aliquot reprehendit perperam ab interprete redditos? An minore fide iam epistole Paulinae leguntur quod earum editionem hanc qua vulgo utimur Iacobus Faber Stapulensis, vir non minus integritate vite quam eruditione probandus, negavit esse Hieronymi, quod Laurentium imitatus permulta mutavit vel depravata vel male reddita? » Cfr. Rice, Saint Jerome in the Renaissance, p. 178 e nota 16 a p. 259. 54. « Iam illud quemadmodum extra controversiam est apud eruditos ita indoctis etiam multorum libris persuasum esse reor hanc Novi Testamenti editionem Hieronymi non esse » (Apologia, in Des. Erasmus Rot., Ausgewählte Werke, ed. H. holboRn e A. holboRn, München 1933, p. 165, ll. 26-29; cfr. Novum Instrumentum, Basilea, Io. Froben, 1516 p. [bbb6 v o]; Novum Testamentum, 1519, p. [Ff2 v o]; Novum Testamentum, 1522, p. B v o; 1527 p. A4 r o; l’edizione ASD dell’Apologia e degli altri scritti introduttivi al Nuovo Testamento si troverà nel t. VI/11, di prossima pubblicazione). 55. Novum Testamentum, 1535, p. α r o; Des. Erasmi Roterodami Omnia opera. Sextus tomus, Novum Testamentum complectens, Basileae (in officina Frobeniana, per Hieronymum Frobenium et Nicolaum Episcopium, mense septembri) 1540, p. α4 r o; LB, p. **2.
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poiché, come vedremo, il nocciolo delle polemiche non stava nella distinzione tra Girolamo e l’interpres, bensì nel valore attribuito all’opera di quest’ultimo. A partire dal 1519, inoltre, nell’insieme degli scritti introduttivi alla terza edizione del Nuovo Testamento (Novum Testamentum) comparvero tre titoli in cui l’interpres veniva esplicitamente chiamato in causa : soloecismi per Interpretem admissi manifestarii et inexcusabiles, e plurimis pauci decerpti (« pochi esempi, scelti fra molti, di solecismi manifesti e inescusabili introdotti dall’interpres 56 »); quae per Interpretem commissa (« errori che l’interpres ha osato commettere 57 »); ubi Interpres ausus sit aliquid immutare de verbis Apostolorum aut Evangelistarum (« luoghi in cui l’interpres ha osato cambiare le parole degli Apostoli o degli Evangelisti 58 »). E ancora nel 1529, in una lettera a Hubert Barland, destinata alla stampa, dichiarava : « Che questa edizione vulgata [del Nuovo Testamento] sia quella che san Girolamo corresse per ordine di papa Damaso è cosa talmente controversa da potersi annoverare tra le opinioni manifestamente false 59. » È possibile perciò affermare che Erasmo riteneva che l’autore del Nuovo Testamento latino non fosse Girolamo, e che il testo vulgato che aveva attraversato il Medioevo per giungere fino ai suoi tempi non fosse neanche quello corretto dal Padre latino. Sebbene da un passo che vedremo più avanti emerga la consapevolezza che il testo latino del Nuovo Testamento potesse essere il risultato di una stratificazione di interventi di autori diversi (iam millies versum 60), egli sembra accettare, forse per praticità, la personificazione dell’interpres come personaggio storico. E non ci stupisce dunque che all’interno delle Annotationes questa figura indefinita diventi un vero e proprio idolo polemico e sia largamente maltrattata fin dalla prima edizione, tanto da dar vita
56. Novum Testamentum, 1519, p. [Gg6] r o; LB, p. *5 r o-v o. Solecismo: « Forma linguistica scorretta; costrutto improprio o errato; errore di grammatica o di sintassi » (Vocabolario della lingua italiana, Roma 1994). 57. Novum Testamentum, 1519, p. [Hh6] v o-Ii r o; LB, p. *[1] r o. 58. Novum Testamentum, 1519, Ii r o; LB, p. *[1] v o. 59. « Porro hanc editionem vulgatam eam esse quam divus Hieronimus iussu Damasi castigavit, sic est controversum ut inter manifesto falsa numerari possit » (allen, Ep. 2172 a Hubert Barland, Friburgo, 8 giugno 1529, anch’essa pubblicata da Erasmo nella raccolta Opus epistolarum, Basilea, H. Froben, J. Herwagen & N. Episcopius, 1529). 60. Vedi avanti, polemica con Lee, p. 96-97.
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a specifici interventi in proposito da parte dei polemisti filo-romani. È attraverso questa letteratura che è opportuno passare se si vuole cogliere appieno la sostanza del complicato commento erasmiano. I paladini dell’interpres Edward Lee. – Fra le Annotationes che l’inglese Edward Lee (1482? – 1544) scrisse contro l’edizione erasmiana del Nuovo Testamento 61 ce ne sono sei dedicate a questo tema : una su di un passo del Vangelo di Luca, quattro sul Vangelo di Giovanni e una sugli Atti degli Apostoli. Vediamo rapidamente alcuni punti della prima. Commentando Lc 9, 5, In testimonium supra illos, Erasmo sottolinea il latino scorretto della Vulgata: « Perché non piuttosto adversus illos? Ci teneva tanto a esprimersi scorrettamente 62? » Ed ecco la nota di Lee: Merita dunque di essere aggredito solo perché non ha tradotto bene in latino? Un uomo con cui la chiesa latina ha un debito tanto grande, secondo soltanto a quello che essa ha con Girolamo? È grazie a lui che essa ha il Vangelo latino, e che lo ha avuto per così tanti anni. Chiunque egli fosse, ha fatto quello che ha potuto, e ai suoi tempi probabilmente ha fatto più di chiunque altro. Era infatti raro allora che qualcuno nella chiesa latina studiasse il greco. E costui, dopo che ha reso un servigio tanto pio alla santa chiesa merita di essere calunniato come fosse un impostore, o non merita piuttosto una gloria immortale 63?
61. Edouardi Leei Annotationes in Annotationes Novi Testamenti Desiderii Erasmi, Parigi, Gilles Gourmont, 1519; cito dalla più diffusa edizione con lo stesso titolo curata da Erasmo per i tipi di Froben, Basilea 1520. Sulla polemica in generale vedi C. asso, La teologia e la grammatica. La controversia tra Erasmo ed Edward Lee, Firenze 1993, dove peraltro non mi sono soffermata sulle annotationes relative all’interpres. Su Erasmo e Lee si veda anche R. cooGan, Erasmus, Lee and the correction of the Vulgate. The shaking of the foundations, Génève 1993. Le apologie di Erasmo a Lee si trovano in ASD IX/4, ed. E. Rummel e E. Rabbie, 1996. 62. LB, t. VI, col. 267F; cfr. Novum Instrumentum 1516, p. 334: « Quaeso, cur non potius adversus illos? Adeone studio fuit corrupte dicere? » 63. « Quid, si non Latine reddit, num meretur incessi? Cui uni tantum debet ecclesia Latina, quantum post Hieronymum nulli alteri? Quippe, per quem habet evangelium Latinum et habuit multos iam annos. Quisquis is erat, praestitit quod potuit et ea forte aetate plusquam quisquam alter potuit. Nam tunc rarus erat Graecitatis assectator in ecclesia Latina. At hic cum tam pie impartitus sit officium sactae ecclesiae num exibilandus est ut impostor aliquis, et non magis meretur gloriam nullo seculo intermorituram? » (E. Leei Annotationes in Annotationes, p. 53).
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Dalla tua difesa – risponde Erasmo – del sacrosanto interpres sembrerebbe che gli dobbiamo il vangelo latino, che invece ha conosciuto miriadi di versioni 64. Ma Lefèvre arriva ad accusarlo di empietà, mentre io mi limito a correggergli la lingua. E nessuno può difenderlo al punto da negare che fosse un uomo privo di discernimento (supinum). Non c’è stato secolo tanto ignorante da non avere uomini più eruditi di lui 65. Tu ti diverti – risponde Lee – a schernire l’interpres chiamandolo « sacrosanto ». Ma è ragionevole pensare che Girolamo corresse della sua versione quello che era necessario. E non credo che dopo di lui tu abbia alcunché da emendare. Non so [infatti] con quale coraggio tu osi, dopo tanti santissimi e dottissimi uomini, correggere la lingua della Chiesa, quando sai che Paolo dice che le sue parole sono semplici e non sublimi e che preferisce cinque parole di senso comune a diecimila parole in forma elegante. Se il testo va bene riguardo al significato, perché correggi la lingua? C’è il pericolo che, cambiando la parola, cambi anche il significato. È proprio quello che hai fatto, come ho scritto : tu non hai corretto, ma piuttosto hai corrotto alcuni passi. Dici che egli fu uomo senza discernimento (supinum). Io certo non escludo che abbia potuto sbagliare come tutti, ma non oserei dire che fu senza discernimento in un lavoro così sacro, che è empio affrontare se non ci si dedica completamente ad esso. Preferisco che tu lo accusi di ignoranza piuttosto che di essere senza discernimento (di supinità) 66.
64. Vedi sopra, p. 95. 65. « Sic tueris sacrosanctum interpretem quasi illi debeamus evangelium Latinum, iam millies versum. At Faber audet hunc etiam impietatis reum facere, ego tantum linguam emendo. Neque quisquam ita tuebitur hunc quin fateatur fuisse hominem supinum. Nec ullum fuit seculum tam indoctum quin habuerit hoc eruditiores. » Si tratta di uno dei biglietti privati scritti da Erasmo a Lee in una prima, non polemica, fase del loro rapporto, e pubblicati poi dall’inglese all’interno del suo libro: Annotationes in Annotationes, p. 53 (cfr. ASD, t. IX/4, nota alla l. 53, dove il testo non viene riportato per intero). Vedi in proposito C. asso, La teologia e la grammatica, p. 34. Erasmo ripubblicò questi biglietti insieme alle Annotationes di Lee, lamentandosi dell’indiscrezione dell’ex amico, e questo appare come un riconoscimento di paternità. 66. « Hic placet tibi ridere interpretem dum ‘sacrosanctum’ appellas. […] Consentaneum est emendasse Hieronymum quantum sat erat. Neque post illum puto par esse ut quicquam emendes. […] Et non satis miror qua fronte audes, post tot sanctissimos ac doctissimos viros, linguam ecclesiae emendare, cum audias Paulum sermonem suum profitentem esse in simplicitate non in sublimitate et malle quinque verba sensu suo quam decem milia verborum in lingua. Si sensu bene habet, quid linguam emendas? Periculum est ne mutato verbo mutes et sensum. Id quod annotavi te fecisse, et non emendasse, sed corrupisse potius quaedam. Hominem dicis fuisse supinum. Ut illum
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Non voglio soffermarmi qui sulla risposta di Erasmo, ma sul punto messo a fuoco da Lee, che ci illumina sulla cultura che il nuovo metodo erasmiano stava mettendo in discussione : la Parola di Dio è contenuta nella tradizione ecclesiastica, non nell’originale greco. E incontriamo qui anche il concetto di « corruzione » usato in maniera antitetica a Erasmo : corrompere per Lee significa alterare qualcosa di esistente, che va bene così com’è. Se la ricerca filologica arricchisce questo esistente, va bene, altrimenti essa diventa corruttrice. Secondo questo ragionamento, l’attendibilità del presente è garantita proprio dallo scorrere del tempo, dal tot saeculorum consensus, in modo diametralmente opposto all’idea di Erasmo e Valla (e di Girolamo) che invece, come il corso di un fiume, lo scorrere del tempo porti con sé corruzione e alterazione del divino originario. Stunica. – Il primo attacco di Diego López Zúñiga (Stunica, m. 1531) contro Erasmo, stampato nel 1520, poco dopo le Annotationes di Lee, fu molto più energico ed esplicito di quello del giovane e rispettoso teologo inglese. Stunica infatti proveniva dalla cerchia del cardinale Ximenez de Cisneros e aveva collaborato all’edizione della Polyglotta Complutensis. Conosceva non solo il latino e il greco, ma anche l’ebraico, l’aramaico e l’arabo, ed era molto sicuro di sé 67. Le Annotationes contra Erasmum Roterodamum in defensionem tralationis Novi Testamenti furono stampate ad Alcalá da Arnaldo Guglielmo de Brocario, lo stesso stampatore della Polyglotta Complutensis 68. Nel Prologus Stunica dice di aver letto attentamente la nuova versione di Erasmo e le sue Annotationes e dichiara che, essendo il lavoro di Erasmo dettato da pura vanità, dall’orgoglio di poter correggere, dall’alto dei suoi studi letterari, l’autore della vetus Ecclesiae traductio, egli si è sentito in dovere di prendere le difese dell’interpres 69. Cosa che aveva fatto
non eximo a communi hominum sorte quin interdum labi potuerit, ita non audeo dicere supinum esse in re tam sacra, quam prope impium est tractes, ni totus incumbas. Malo illi imputes ignorantiam quam supinitatem » (Annotationes in Annotationes, p. 53-54). 67. Vedi la voce « Diego López Zúñiga » in Contemporaries of Erasmus. A Biographical Register of the Renaissance and Reformation, Toronto 2003 (1a ed., vol. II, 1986); ASD IX/2 (Apologia ad Stunicam, ed. H. J. De jonGe, 1983); ASD IX/8 (Apologia contra Sanctium Caranzam et quatuor apologiae contra Stunicam, ed. H. J. De jonGe, 2015). 68. Iacobi Lopidis Stunicae Annotationes contra Erasmum Roterodamum in defensionem tralationis Novi Testamenti, in Academia Complutensi Toletanae provinciae, per Arnaldum Guillielmum de Brocario, 1520. 69. « Quoniam vero non ex charitatis affectu, ut res ipsa plane indicat, neque ut sacrarum
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tanto più volentieri in quanto vedeva che quello non solo veniva rimproverato ingiustamente da Erasmo, ma veniva da lui aggredito e insultato e addirittura espulso dal consesso degli eruditi, laddove era invece chiaro che egli aveva tradotto in maniera corretta ed elegante i libri del Nuovo Testamento dal greco al latino 70. Se infatti – continua Stunica – Erasmo si era accorto che la versione vulgata (veterem tralationem) discrepava dai codici greci che ci sono oggi a disposizione (quae passim circumferuntur) e che degli errori erano penetrati col tempo nei codici latini (nostri codices) per incuria o ignoranza dei copisti, egli avrebbe dovuto annotare a parte quelle discrepanze e non tradurre di nuovo l’intero corpus della sacra Scrittura, non cambiare la vecchia lezione, non capovolgere così sfrontatamente un testo che era stato usato per tanto tempo. In poche parole, non avrebbe dovuto condannare così apertamente la traduzione ecclesiastica (ecclesiastica traductio) 71. E certo chi condanna l’interpres, lo chiama « sonnacchioso » (dormitantem) e lo insulta con tutti gli epiteti con cui i dotti scherniscono gli illetterati condanna anche la traduzione 72. Il lavoro sul testo biblico condotto per molti anni ha invece insegnato a Stunica a rispettare la tralatio ecclesiastica. Che, anche se il suo autore è oscuro, va onorata anche solo perché è stata riveduta da Girolamo, cosa che Stunica dà per certa. E
scripturarum studiosis quoquomodo prodesset ad id operis Erasmus videtur accessisse, sed laudis potius cupiditate ductus atque eo imprimis animo ut veterem Ecclesiae traductionem eiusdemque auctorem captata occasione libere posset reprehendere, necessarium mihi visum fuit ut ego ecclesiastici interpretis partes tuendas susciperem » (I. Lopidis Stunicae Annotationes, p. Ai v o). 70. « Quod eo libentius feci quod videbam non solum immerito ab Erasmo illum reprehendi, verum etiam contumeliosissime passim compellari atqui ex eruditorum virorum corona penitus explodi atque id nullo quidem iure quantum ego arbitror utpote quem constet et latine et eleganter sacros Novi Testamenti codices ex graeco in latinum traduxisse » (ibid., p. Ai v o). 71. « Quod si aliquibus in locis a graecis exemplaribus quae passim circumferuntur veterem tralationem discrepare Erasmus senserat, si quae per librariorum aut incuriam aut inscitiam errata progressu temporis codices nostros subintrarunt reformanda videbantur, extrarium id operis futurum erat, seorsum illa erant annotanda, non totum sacrae scripturae corpus denuo transferendum, non immutanda vetera, non quae tandiu usitata fuerat tam licenter invertenda, non denique, ut unica oratione complectar omnia, tam aperte ecclesiastica traductio damnanda » (ibid., p. Ai v o). 72. « An non damnat qui interpretem illius damnat? Qui dormitantem appellat? Qui absurditatis affectatorem, qui latinitati vim afferentem, quique iisdem titulis ac cognominibus non veretur illum insignire quibus ineruditi illiteratique homines ludubrii causa a doctioribus notari solent? » (ibid., p. Ai v o). Cfr. sopra, p. 93.
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dunque permettersi di correggere un testo che è stato già corretto da Girolamo, che vi fu oltretutto costretto da un ordine del papa stesso, è cosa quanto mai impudente 73. Stunica intende dimostrare in dettaglio nelle sue Annotationes la fondatezza di questo principio generale. Non lo seguiremo, ma nell’opera di un altro teologo, pubblicata una decina di anni più tardi, troviamo, in questa stessa direzione, un’esposizione teorica più estesa del punto di vista del fronte antierasmiano. Titelmans. – Frans Titelmans (1502-1537), francescano e insegnante di sacra Scrittura all’università di Lovanio, e allievo di Jacques Masson (Latomus) 74, pubblicò anch’egli, ad Anversa nel 1529, un’opera contro i principi e la pratica del lavoro neotestamentario di Erasmo, ma non lo scrisse nel titolo. Esso recita infatti così : « Cinque contributi sull’Epistola ai Romani di san Paolo Apostolo nei quali vengono trattati e spiegati con la massima diligenza i luoghi più difficili di quell’Epistola, soprattutto quelli che sembrano presentare delle difficoltà in base alla tradizione greca, in modo che anche coloro che non sanno il greco possano capire l’autentico significato delle espressioni greche, e allo stesso tempo viene difesa con argomenti razionali l’edizione latina della Chiesa. E ciò in base all’autorità degli antichi interpreti e degli altri fidatissimi Padri, latini e greci, ad opera di frate Francesco Titelmans di Hasselt, dell’ordine dei frati minori, docente (praelector) di Sacre Scritture all’Università di Lovanio 75. »
73. « Longa igitur lectione ac experientia iampridem edocti, quantum tralationi huic ecclesiasticae Novi Testamenti deferendum sit, nisi fallor, novi optime. Quae si, ob auctorem qui in incerto est, non tanti momenti alicui videbatur, recognitoris tamen eiusdem ac solertissimi emendatoris divi Hieronymi autoritas intemeratam quidem illam atque ab omni calumnia immunem servare debuisset. Neque quisquam tam audax futurus erat qui in eo se opere disertum ac eruditum monstrare niteretur in quod divus ipse Hieronymus nunquam ex professo manus mittere ausus est donec Apostolicis tandem iussionibus coactus, quibus refragari nequaquam poterat, emendandi atque ad graece veritatis lineam illud redigendi officium suscepit » (ibid., p. Aii r o). 74. Su Titelmans e i suoi rapporti con Erasmo, oltre alla voce « Frans Titelmans », in Contemporaries of Erasmus (1a ed., vol. III, 1987), vedi P. saRtoRi, « La controversia neotestamentaria tra Frans Titelmans ed Erasmo da Rotterdam (1527-1530 ca.) : linee di sviluppo e contenuti », Humanistica Lovaniensia 52 (2003), p. 77-135, con dettagliata esposizione dei testi e ampia bibliografia. Vedi anche E. F. Rice, Saint Jerome in the Renaissance, p. 259, nota 21. L’edizione ASD degli scritti di Erasmo contro Titelmans (vol. IX/12) è prevista per il 2020. 75. Collationes quinque super Epistolam ad Romanos beati Pauli Apostoli, quibus loca eius Epistolae difficiliora, ea potissimum quae ex Graecis aliquid habere videntur difficultatis diligentissime tractantur atque explicentur, ita ut etiam a graece nescientibus
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Considerata l’importanza che il commento all’Epistola ai Romani di Lutero (1515-1516) aveva assunto nella crisi religiosa di quegli anni, può sembrare singolare che gli obiettivi polemici di Titelmans, un professore di teologia leale a Roma in tutto e per tutto, fossero Valla, Lefèvre d’Étaples ed Erasmo. Il suo obiettivo polemico emerge nel Prologus apologeticus dell’opera, ma inserito in un’ampia panoramica di cosa egli intendesse per rivelazione scritturistica. È per noi molto interessante seguirlo, anche se per grandi linee. La Bibbia ebraica, leggiamo, fu tradotta in greco (traduzione dei Settanta) per volontà divina, all’avvicinarsi della venuta di Cristo, perché anche i Gentili potessero leggere i testi che lo avevano preannunciato 76. È facile vedere – dice Titelmans – come l’autenticità (veritas) della Scrittura sia sempre stata strettamente connessa alla retta fede (cum fidei rectitudine) e come essa (la veritas Scripturae) sia solita seguire quest’ultima 77.
È per questo motivo – continua più avanti il Prologus – che Titelmans si è convinto che la vecchia edizione ecclesiastica del Nuovo Testamento, della quale la chiesa latina si serve da più di 1200 anni sia un frutto della divina provvidenza, donato alla chiesa latina come fondamento della sua fede (veritas), che serve a tenerla unita e a confutare e respingere gli eretici 78. L’interpres mandato da Dio alla Chiesa per tradurre ai nuovi fedeli i misteri del Vangelo espressi in una lingua sconosciuta va venerato quanto Girolamo, o anche di più, poiché egli è comprensibile a un maggior numero di orecchie, ma non è meno
facile capi valeat emphasis graecarum dictionum, simul et Ecclesiastica novi Testamenti latina aeditio rationabiliter defenditur. Idque ex authoritate veterum interpretum caeterorumque probatissimorum patrum, latinorum pariter atque graecorum, per fratrem Franciscum Titelmannum Hassellensem, ordinis fratrum minorum, sanctarum scripturarum apud Lovanienses Praelectorem, Antverpiae, apud Guilielmum Vorstermannum, maggio 1529. 76. Collationes quinque, Prologus apologeticus, p. a3 r o. 77. « Facile videmus quemadmodum cum fidei rectitudine connexa semper fuerit scripturae veritas et cum illa haec velut demigrare sit solita » (ibid., p. a3 v o). 78. « […] Unde veterem illam ecclesiasticam Novi Testamenti aeditionem qua ab annis supra mille plus minus ducentis latina utitur Ecclesia mihi persuasum habeo non nisi divina providentia et ex Dei munere Ecclesiae latinae in suae veritatis fundamentum atque unitatis stabilimentum benigne donatam qua ad suorum dogmatum astruendam veritatem et haereticorum retundendas insanias fidenter atque secure uti possit » (ibid., p. [a4] r o).
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abile e competente 79. È dunque chiaro che in Titelmans le traduzioni entrano a pieno titolo a far parte della Rivelazione scritta. È stupefacente – continua il francescano – che ai nostri tempi non pochi novarum rerum curiosi mostrino tanto disprezzo verso questa versione, considerandola indegna e spregevole, e quasi da calpestare. E quel che è peggio, questo disprezzo si è diffuso non solo tra gli uomini eruditi, ma anche tra il popolo illetterato 80. Sono alcuni anni che degli uomini che si sono coperti di gloria in ambito letterario e hanno acquisito un buon nome anche in campo teologico, e cioè Lorenzo Valla, Jacques Lefèvre d’Étaples ed Erasmo da Rotterdam hanno cominciato a screditare la versione corrente confrontandola con i codici greci. E hanno fatto una nuova versione direttamente dal greco (novam de graeco fonte versionem facere) 81. Il giudizio negativo sulla versione tradizionale da parte di [due] uomini così illustri getta discredito su di essa, anche se i due autori dicono di non volerla sostituire con le proprie versioni, ma di lavorare solo per gli studiosi privati. Tanto più che essi insultano spesso apertamente l’antico traduttore 82. L’opportunità di correggere la versione latina sui codici greci – dice Titelmans – l’ha avuta Girolamo, in un tempo in cui i codici latini mostravano moltissime varianti (come è detto nell’Ep. a Damaso), mentre la tradizione dei codici greci era più integra e concorde : « Graecorum potissimum vetustiorum veritas erat incorruptior et firmior 83. » Se dunque il risultato del lavoro di Girolamo sulla versione latina è quello che abbiamo oggi, vuol dire che non si poteva fare di più. Rispetto al secolo di Girolamo, oggi la situazione è rovesciata. I codici latini più antichi sono sostanzialmente concordi e non presentano gravi corruttele. Quelle che ci sono sono dovute soltanto alla distrazione dei copisti o alla presunzione di qualche saputello e per emendarle non è necessario cambiare tutto :
79. « Ego sane […] sic iudico […]: virum illum quem nobis Deus piissimus designavit destinavitque interpretem eorum quae fuerant peregrino idiomate aliis Ecclesiis ab Evangelistis descripta super ineffabilibus verbi incarnati mysteriis, illum – inquam – virum sic habeo, sic colo et sic veneror ut Hieronymo vel superiorem, secundum meum iudicium, vel parem, propterea quod hoc plurimorum auribus sit tolerabilius, arte nulla ratione inferiorem » (ibid., p. [a6] v o). 80. « Hinc vero illud apud imperitos et expers iudicii literatorum vulgus erga Ecclesiasticam interpretationem odium et plane contemptum exorta fuisse satis est evidens » (ibid., p. [a5] r o). 81. Ibid., p. [a5] r o. 82. Ibid., p. [a5] r o-v o. 83. Ibid., p. [b5] r o.
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Le polemiche sulla Vulgata del Nuovo Testamento Nostris temporibus non est in latinis exemplaribus vetustioribus, nisi in paucissimis et minimis, differentia, neque sunt mendae ullius ponderis, nisi vel librariorum incuria vel sciolorum presumptione admissae, pro quibus emendandis nihil est opus innovari omnia 84.
Invece i codici greci sono oggi a tal punto corrotti, e presentano tante varianti, che sarebbe forse più sicuro correggere i greci in base ai latini piuttosto che il contrario : « Et adeo videntur nostra hac tempestate corrupta atque variantia Graecorum exemplaria ut forsitan modo sit tutius ex latinis graeca quam ex graecis latina corrigi 85. » Poiché dunque abbiamo la nostra vecchia e affermata edizione corretta dal dottissimo e santissimo Girolamo, è del tutto inutile – conclude Titelmans – che nuovi correttori si rimettano a cercare le lezioni giuste nei corrotti codici greci, rischiando forse di reinmettere nei latini le lezioni false che aveva eliminato. Coloro infatti che ai nostri giorni cercano di correggere i latini in base ai greci riportano in luce tutta quella varietà di lezioni che al suo tempo costrinse Girolamo ad assumersi quel pesante incarico. Sicché sarà necessario farlo tornare tra noi per eliminare le varianti : Nam qui nostris temporibus adnitituntur ex graecis latina corrigere eandem varietatem reducunt quae Hieronymum coegit onus illud suscipere, ita ut necesse habeat iterum ille ad nos reverti et variantes ab invicem suo iudicio comprimere 86.
Lasciamo da parte le considerazioni critico-testuali sulla situazione dei codici latini del Nuovo Testamento all’inizio del xvi secolo. Non sarei in grado di parlarne, ma non è escluso che Titelmans avesse ragione. Ma quel che ci interessa qui è la totale assenza del concetto di « originale ». A proposito della tradizione latina si parla in effetti, come abbiamo visto, di « codici più antichi » (exemplares vetustiores), ma l’idea che il testo greco, in quanto stesura originaria della Parola di Dio, abbia la precedenza per motivi storico-testuali è assente. È il momento di cercare di valutare (provvisoriamente) dove ci ha portato questa spero non troppo noiosa maratona testuale. Di fronte alle oggettive difficoltà dello studio delle origini cristiane possiamo vedere che fra gli studiosi e i teologi del Cinquecento emergono due reazioni 84. Ibid., p. [b5] r o-v o. 85. Ibid., p. [b5] v o. 86. Ibid., p. [b5] v o.
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intellettuali ben distinte, che saranno alla base dello scisma religioso di metà secolo e che, sebbene su fronti contrapposti, continueranno a convivere in Europa per molto tempo. Possiamo parlare di due « partiti » non solo per praticità, ma anche perché ben presto queste due posizioni sostanzieranno l’ideologia dei due tipi di cristianesimo che si affermeranno alla fine del xvi secolo. A lungo si è pensato che le polemiche fra Erasmo e i teologi a proposito dell’edizione del Nuovo Testamento fossero sterili dispute di frati ignoranti e oscuri che avevano inutilmente cercato di ostacolare l’inevitabile progresso del moderno pensiero storico e filologico, e che non sopravvissero ai loro autori. Ma quando (come mi è capitato di recente) si cerca di studiare quale fosse realmente la posizione della chiesa Romana a proposito della sacra Scrittura a partire dal Concilio di Trento, e si cerca, per esempio, di rispondere a qualcuna delle tante domande che suscita il famoso decreto sulla Vulgata dell’aprile 1546, allora ci si rende conto che esiste una forte continuità tra questo tipo di letteratura e il cattolicesimo controriformato 87. E questi testi ci permettono allora di capire in che modo la chiesa di Roma sia riuscita ad elaborare, in funzione antiprotestante, una cultura che partendo dal campo dell’erudizione influenzò considerevolmente, con tutta probabilità, anche i concetti di autorità e di potere. Gli uomini del « partito dei codici latini » non erano affatto ignoranti e ottusi, come sosteneva polemicamente Erasmo. Essi erano in realtà ben consapevoli del rischio di minare l’intera struttura dogmatica della Chiesa se si eliminava il testo sul quale essa era da secoli fondata. La Verità (con la V maiuscola) è frutto della continuità, essa si trova nel presente, come risultato delle trasformazioni che Dio ha permesso nella storia. E quando i codici greci si discostano dai latini, si sostiene, è perché la tradizione greca è corrotta a causa degli scismi e delle eresie. D’altra parte, il « partito dei codici greci » non è certo motivato da un problema estetico, dalla pretesa cioè di rendere elegante il testo sacro alla luce delle regole umanistiche, come dicevano i suoi avversari. L’obiettivo primario degli uomini che ne fanno parte è la fonte originaria della Verità, che consiste nella Scrittura.
87. Ho affrontato recentemente questo problema in c. asso, « Lampas clarissima, Appunti su Sirleto e la Bibbia », in Il “sapientissimo calabro”. Guglielmo Sirleto nel V centenario della nascita (1514-2014). Problemi, ricerche, prospettive, ed. b. clausi e s. lucà, Roma 2018, p. 221-282.
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Le polemiche sulla Vulgata del Nuovo Testamento […] Mi era molto chiaro davanti agli occhi che la speranza più salda di riformare e restaurare la religione cristiana stava in questo: che tutti coloro che nel mondo professano la filosofia cristiana si immergano, fino a trasudarne, nei decreti del loro fondatore, che si ricavano dagli scritti evangelici e apostolici. In questi scritti il discorso (sermo) celeste, che un tempo uscì dal cuore del Padre per venire fino a noi, vive ancora per noi, respira, agisce e parla in modo tale che non è mai stato – a mio parere – in nessun luogo e in nessun tempo più efficace e più presente. E poi, poiché mi rendevo conto che quella salvifica dottrina si poteva attingere più pura e più fresca alle fonti originarie piuttosto che dagli stagni e dai canali secondari, ho restaurato tutto il Nuovo (come lo chiamano) Testamento sulla base del testo greco originario 88.
La venerazione profonda che Erasmo nutre per il testo del Nuovo Testamento sembra considerare questo specifico testo sacro come la unica, vera e veramente efficace incarnazione del Verbo (che lui chiama Discorso) di Dio. È in sostanza il programma di riforma del cristianesimo che troviamo negli scritti più famosi, quali l’Enchiridion e la Ratio. In Erasmo il lavoro filologico è sostenuto dalla fede nel Logos che si rivela agli uomini incarnandosi nella Parola scritta. Se essa è oscura e richiede un lavoro lungo e faticoso per interpretarla, ciò è frutto della volontà di Dio : questo è in qualche modo uno dei prezzi che dobbiamo pagare per la Caduta originaria e l’allontanamento volontario da Lui. Paradossalmente, se si pensa all’innegabile antigiudaismo di Erasmo, questo ci fa pensare a un cristianesimo ebraizzante, in cui la divinità tende a coincidere con la Scrittura 89. Allo stesso tempo, la scelta del testo greco obbliga i fedeli studiosi a un’assidua ricerca della storia del testo e fa di loro i pionieri del moderno metodo storico-critico. Per loro, la Verità si trova nel passato, o meglio in un presente sepolto dalle stratificazioni della storia, che invece di arricchirla l’hanno corrotta e sfigurata. Compito dello studioso cristiano è scavare per trovare questo tesoro nascosto. In gioco, è la salvezza stessa dell’anima sua e di coloro che useranno il suo lavoro.
88. Ep. a Leone X, prefatoria al Novum Instrumentum e a tutte le seguenti edizioni (allen Ep. 384, ll. 42-53; vedi anche Novum Instrumentum, 1516, p. aa v o; LB VI, p. *2). 89. Si veda M. iDel, « Infinities of Torah in Kabbalah », in Midrash and Literature, ed. G. H. haRtman e S. buDicK, New Haven – London 1986, p. 141-157.
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LE TRAVAIL DE ROBERT ESTIENNE SUR SES ÉDITIONS DE LA VULGATE (1528-1557) Pratique et conception d’une critique textuelle Eran shuali Faculté de Théologie protestante, UR 4378, Université de Strasbourg
R
obeRt Estienne publie sa première édition de la Vulgate en 1528, deux ans après être devenu un imprimeur indépendant s’étant séparé de l’imprimerie de son beau-père, Simon de Colines 1. Son travail sur cette édition, raconte-il dans la préface, a commencé dès 1524. Jusqu’à la fin de sa carrière à Paris et ensuite à Genève, il publiera encore huit nouvelles éditions de la Bible latine. Celles-ci paraîtront, à intervalles de quelques années, en 1532, 1534, 1540, 1541 (seulement le Pentateuque), 1545, 1546, 1555 et 1556-1557 2. Dans les préfaces de ses éditions, Estienne explique que son objectif était de fournir un texte de la Vulgate corrigé à l’aide de manuscrits anciens qu’il a trouvés et de bonnes éditions parues récemment. Ainsi, dit-il dans la préface de la première édition :
Lecteur chrétien, quand nous avons décidé de publier la sainte Bible avec ses deux Testaments dans notre imprimerie, il nous a semblé utile, avant d’entreprendre cela, d’examiner des exemplaires anciens, afin d’en extraire l’authentique lecture, et, soutenus par leur autorité, de rétablir les choses qui seraient déformées et de satisfaire un certain nombre de lecteurs scrupuleux, offensés même par la modification 1. E. aRmstRonG, Robert Estienne Royal Printer. An Historical Study of the Elder Stephanus, Cambridge 1954, p. 10-11 ; A.-A. RenouaRD, Annales de l’imprimerie des Estienne, ou histoire de la famille des Estienne et de ses éditions, première partie, Paris 1837, p. 25 et suivantes. 2. H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate. Ire partie : Octateuque, Rome – Paris 1922 (Collectanea Biblica Latina, 6), p. 104. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121969
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Eran Shuali d’un seul petit mot. En effet, en l’an 1524 nous avons parcouru les très anciennes bibliothèques de cette ville, surtout celle de Saint-Germain-des-Prés, quand un certain exemplaire extraordinairement ancien nous est tombé dans les mains. Il était écrit par une main très scrupuleuse et aussi soigneusement relu par des hommes savants, comme il était possible de le voir […]. Les dirigeants de cette bibliothèque nous ont volontiers donné accès à cet exemplaire, et nous en avons reçu de leur part un autre rédigé avec un soin presque semblable […]. Or, non contents de ceux-ci, nous avons parcouru aussi la bibliothèque de SaintDenis, dans laquelle nous avons trouvé un exemplaire unique qui s’approchait de la fidélité de ceux mentionnés précédemment […]. Nous avons comparé ceux-ci avec les imprimés connus alors comme étant les plus justes, notant en quoi ils différaient des imprimés […]. À nos frais a été apportée cette Bible espagnole, tellement louée par le Pape Léon X [c’est-à-dire, la Polyglotte d’Alcalà] 3.
Dans les éditions suivantes, Estienne mentionne d’autres manuscrits et éditions sur lesquels il s’est fondé dans l’établissement de son texte : entre autres, plusieurs manuscrits supplémentaires trouvés dans les bibliothèques de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis, des manuscrits trouvés à Saint-Victor, un correctoire de la Sorbonne, une édition publiée à Mayence en 1462 par Johannes Fust et Peter Schoiffher et une édition publiée à Bâle en 1495 par Johann Froben 4. 3. « Cum sacratissima utriusque Testamenti Biblia typis nostris exprimere statuissemus, Christiane Lector, operae pretium facturos esse arbitrati sumus, si prius, quam aggrederemur rem ipsam, vetera exemplaria consuleremus, inde germanam lectionem excerpturi, quo authoritate eorum fulti et quae depravata essent, restitueremus, et scrupulosis quibusdam lectoribus satisfieret, quos vel unius verbuli immutatio solet offendere. Cum itaque anno m.D.xxiiii, huius urbis peruetustas Bibliothecas euolueremus, eam maxime quae est apud D. Germanum a pratis, in manus tandem nostras peruenit exemplar quoddam mirae vetustatis, quod ut manu diligentissime scriptum, ita et a viris doctis, ut videre licet, accurate perlectum erat […]. Eius nobis copiam libenter fecerunt qui illi Bibliothecae praeerant. a quibus et alterum, simili prope diligentia conscriptum mutuo accepimus […]. Nec his quidem contenti, euoluimus et Bibliothecam s. Dionysii : in qua unicum exemplar reperimus, quod ad fidem praedictorum accederet […]. Contulimus ea cum iis quae tunc ut emendatissime impressa circunferebantur, adnotantes in quibus illa discreparent ab impressis […]. Nostris sumptibus allata sunt Biblia illa Hispaniensia, a Leone X Pontifice Maximo tantopere laudata. » R. Estienne, éd., Biblia, Paris 1528, fol. *ii v°. 4. Robert Estienne, éd., Biblia. Hebraea, Chaldaea, Graeca et Latina nomina virorum, mulierum, populorum, idolorum, urbium, fluviorum, montium, caeterorumque locorum quae in Bibliis leguntur, restituta, cum Latina interpretatione. Locorum descriptio e Cosmographis. Index praeterea rerum et sententiarum quae in iisdem Bibliis continentur.
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Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate
À partir du milieu des années 1540, les éditions de la Vulgate publiées par Estienne rencontrent une vive opposition de la part de la Faculté de Théologie de l’Université de Paris, qui aboutit à leur condamnation dans l’Index de 1549 5. Cela poussera Robert Estienne à quitter Paris et à s’installer à Genève auprès de Jean Calvin en 1550 6, comme Estienne l’explique dans un ouvrage qu’il publie deux ans plus tard, en 1552, et qui est intitulé : Les censures des theologiens de Paris, par lesquelles ils auoyent faulsement condamne les Bibles imprimees par Robert Estienne imprimeur du Roy : auec la response d’iceluy Robert Estienne : Parquoy, i’ay este contrainct de me retirer en lieu plus seur, d’ou ie peusse accomplir la promesse que i’auoye faicte. Car qui est celuy qui peust consister devant ces cruelles bestes, sil veult faire profession de Chrestiente ? Voyla, Lecteur Chrestien, le dernier acte de ce ieu 7. D’ung nombre infini des tours qu’ils m’ont iouez, i’en ay touche bien peu. […] Combien que m’a este force de quitter la place pour une autre raison. Car oultre la grande despense qu’il me falloit faire a fuyure la court, et que i’estoye contrainct d’abandonner les lettres : toutesfois ie ne pouoye fuir que tout ce qu’imprimeroye ne fust soubiect a leur censure. Mais que m’eussent ils permis d’imprimer, sinon les sommes de Mandreston, la logique d’Enzinas, les morales d’Angest, la physique de Maioris, leur Breuiaire et Messel. Par ce moyen il m’eust fallu perdre toute la peine que iusques a present ie me suis efforce d’employer en la saincte Escripture et bonnes lettres, et qu’ay de ferme propos delibere y dedier iusques a la fin de ma vie 8.
His accesserunt schemata Tabernaculi Mosaici, et Templi Salomonis, quae praeeunte Francisco Vatablo Hebraicarum literarum Regio professore doctissimo, summa arte et fide expressa sunt, Paris 1540, fol. *ii v°. Sur les éditions de Mayence et de Bâle : H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 77, 82-83. 5. E. aRmstRonG, Robert Estienne Royal Printer, p. 200-207 ; M. enGammaRe, « Introduire une édition humaniste de la Bible. Les prologues des Bibles de Robert Estienne (1528-1560) », dans Entrer en matière : les prologues, éd. J.-D. Dubois et B. Roussel, Paris 1998, p. 394. 6. E. aRmstRonG, Robert Estienne Royal Printer, p. 211-220. 7. « Jeu », c’est-à-dire, pièce de théâtre. 8. Robert Estienne, Les censures des theologiens de Paris, par lesquelles ils auoyent faulsement condamne les Bibles imprimees par Robert Estienne imprimeur du Roy : auec la response d’iceluy Robert Estienne. Traduictes de Latin en Francois, [Genève] 1552, fol. 25-26 ; voir E. aRmstRonG, Robert Estienne Royal Printer, p. 207, n. 3.
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Plusieurs travaux ont été consacrés aux éditions de la Vulgate publiées par Robert Estienne : un chapitre dans le Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate d’Henri Quentin (1922) ; plusieurs développements dans la monographie d’Elizabeth Armstrong, Robert Estienne Royal Printer (1954) ; un excursus dans la Critique textuelle de l’Ancien Testament de Dominique Barthélemy (1986) 9 ; une étude de Max Engammare sur « Les prologues des Bibles de Robert Estienne (1528-1560) » (1998) ; une étude de Bernard Roussel consacrée à la seule édition de 1532 (2008) 10 ; et une seconde étude de Max Engammare sur l’édition de 1528 11. Dans la présente contribution, je voulais participer à l’examen du travail de Robert Estienne sur la Bible latine en adoptant une approche légèrement différente de celle mise en œuvre dans les travaux mentionnés. Je souhaitais me focaliser non pas sur les paratextes et notamment les riches introductions rédigées par Estienne, notamment pour présenter la démarche entreprise dans ses éditions, mais sur les choix eux-mêmes souvent infimes qu’il a faits dans l’établissement du texte de la Vulgate. Ayant choisi deux échantillons : Genèse 9 et Marc 1, j’ai effectué donc une collation des neuf éditions publiées par Estienne ainsi que de certains témoins textuels qu’il avait utilisés et qui ont été identifiés par John Wordsworth et Henri Quentin 12, et ceci dans le but de comprendre comment Estienne procédait concrètement dans ce travail d’édition et aussi peut-être comment il le concevait. Les résultats de cette étude seront présentés, d’abord, sous la forme de trois observations générales, qui seront illustrées ensuite à travers quelques exemples. 9. D. baRthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. II, Isaïe, Jérémie, Lamentations, Fribourg (Suisse) – Göttingen 1986 (« Orbis Biblicus et Orientalis », 50/2), p. *29-*33. 10. B. Roussel, « La Biblia éditée par Robert Estienne à Paris, en 1532 », dans Biblia : Les Bibles en latin au temps des Réformes, éd. M.-Ch. Gomez-GéRauD, Paris 2008, p. 107-127. 11. M. enGammaRe, « Robert Estienne et sa première bible latine de 1528. Du privilège et des index de l’éditeur », dans Strasbourg, ville de l’imprimerie. L’édition princeps aux xve et xvie siècles (textes et images). Tradition et innovations, éd. E. KaRaGiannis-mazeauD, Turnhout 2017 (Bibliologia. Elementa ad librorum studia pertinentia, 44), p. 141-159. 12. J. WoRDsWoRth, Old-Latin Biblical Texts: No. I. The Gospel According to St. Matthew, from the St. Germain Ms. (g1), Now Numbered Lat. 11553 in the National Library at Paris, with Introduction Descriptive of the Manuscript and Five Appendices, Oxford 1883, p. 47-51 ; H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 111-113.
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Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate
Travail unifié avec une certaine évolution La première chose qui se remarque quand on compare en détail les neuf éditions de la Vulgate publiées par Estienne est que les choix textuels faits par l’éditeur sont, en général, les mêmes dans toutes ses éditions, même si une certaine évolution existe, notamment dans la deuxième édition parue en 1532, dans la quatrième édition de 1540 et dans la dernière édition publiée en 1556-1557, une évolution que j’illustrerai par la suite lors de l’examen des exemples. Les leçons textuelles considérées par Estienne comme étant les meilleures restent, le plus souvent, les mêmes au cours des trente années où il a travaillé sur le texte de la Vulgate. Ce qui change considérablement, en revanche, est la manière dont Estienne présente ses choix. Ainsi, les trois premières éditions, celles de 1528, 1532 et 1534, comportent un texte latin dans lequel les leçons alternatives ne sont pas indiquées et qui ne permet donc pas de constater les choix faits par l’éditeur dans l’établissement du texte. À partir de la quatrième édition publiée en 1540, le texte biblique qu’Estienne fait figurer est présenté par lui comme étant celui des « plus anciens manuscrits produits » (antiquissimos quosque codices excusos) 13, et Estienne développe un système de signes diacritiques qui indiquent des mots isolés ou des groupes de mots qui doivent, selon lui, être omis, ajoutés ou modifiés 14. Estienne explique deux des trois signes diacritiques qu’il utilise dans la préface de l’édition de 1540 : Imitant Origène et Jérôme, nous avons utilisé l’obèle, c’est-à-dire, une petite pique, et l’astérisque, c’est-à-dire, une petite étoile. L’obèle indique qu’une chose doit être amputée et critiquée, car elle ne se trouve ni dans les manuscrits anciens ni dans les livres hébraïques ou grecs authentiques. En revanche, l’astérisque signale une chose venant des anciens manuscrits latins, hébraïques et grecs qui manque dans la traduction commune (vulgata translatione) 15.
13. Robert Estienne, éd., Biblia, Paris 1540, fol. *ii r°. 14. En fait, le même système de signes diacritiques se trouve déjà dans l’édition de 1534. Or, dans cette édition, ces signes servent pour indiquer des différences entre le texte de la Vulgate et les textes originaux hébraïque et grec ; « Robertus Stephanus Christiano lectori », dans Biblia, éd. Robert Estienne, Paris 1534, fol. *ii r°. 15. « Imitati Origenem et Hieronymum, obelo, id est veru : et asterisco, id est stellula, usi sumus. Obelus ostendit iugulandum esse et confodiendum quod neque in veteribus Latinis codicibus, neque in Hebraeis aut Graecis libris authenticis inuenitur. Asteriscus vero in medium profert ex antiquis Latinis codicibus, et Hebraicis, ac Graecis quod in vulgata tranlatione desyderatur. » Robert Estienne, éd., Biblia, Paris 1540, fol. *ii v°.
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Estienne utilise également des guillemets doubles penchés vers la droite pour signaler un mot ou un groupe de mots qui doit être modifié. Dans les cas où Estienne estime qu’une omission ou une modification est nécessaire, une apostrophe arrondie indique la limite du champ sur lequel porte la critique. Une note dans la marge intérieure indique, si nécessaire, le mot ou les mots qui doivent, selon Estienne, figurer dans le texte, et dans tous les cas, les témoins textuels – manuscrits et éditions – sur lesquels se fonde le jugement de l’éditeur. Ceux-ci sont cités au moyen d’abréviations expliquées dans l’introduction 16. Les quatre éditions suivantes présentent le texte biblique d’une manière semblable. Dans l’édition du Pentateuque parue en 1541, les notes abondantes qui suivent chaque péricope indiquent, entre autres, les leçons textuelles à préférer ainsi que les témoins qui les attestent. L’édition de 1546 comprend des signes diacritiques et un apparat identiques à ceux de l’édition de 1540. Les éditions de 1545 et de 1555, quant à elles, comportent les signes diacritiques, mais leurs apparats ne citent pas de témoins textuels. On précisera que, dans les cinq éditions présentant le texte de cette manière, si l’on applique ce que prescrivent les signes diacritiques omettant, ajoutant ou modifiant les mots selon les indications fournies par l’éditeur, on obtient un texte presque identique à celui des premières éditions. De plus, il me semble important de souligner que je n’ai pas trouvé une édition antérieure de la Vulgate dont le texte comprend toutes les leçons qui figurent dans l’édition 1540 et les éditions suivantes et dont Estienne estime qu’elles sont erronées. Cela me semble suggérer que le texte de départ établi par Estienne dans ces éditions est un texte comportant un nombre maximal de leçons critiquables à ses yeux, ayant pour but de rendre ainsi plus patente l’utilité de la méthode critique mise en œuvre. Enfin, il est intéressant de noter que, dans la dernière édition de la Bible latine publiée par Estienne en 1556-1557 à Genève, le texte de la Vulgate figure, de nouveau, sans signes diacritiques et sans apparat. Dans cette édition, les choix textuels effectués par l’éditeur sont intégrés dans le corps du texte et ne sont soulignés d’aucune manière 17.
16. Ibid. 17. Dans l’introduction, Estienne renvoie le lecteur aux éditions de 1540 et 1546 pour les noms des manuscrits qu’il avait utilisés ; Robert Estienne, éd., Biblia Vtriusque Testamenti. De quorum nova interpretatione et copiosissimis in eam annotationibus lege quam in limine operis habes epistolam, [Genève 1556-]1557, fol. i r°.
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Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate
Retour aux textes originaux hébraïque et grec comme principe de l’édition La deuxième évidence qui se dégage d’une étude du texte établi par Estienne est que le principe qui régit les différents choix textuels est toujours celui de rapprocher la traduction latine des textes originaux hébraïque et grec 18. Loin d’être surprenante, cette observation confirme ce qu’Estienne ne cesse de dire dans ses préfaces, par exemple, dans le passage suivant de la préface de la première édition : Nous avons comparé ceux-ci [c’est-à-dire, les manuscrits trouvés à Saint-Germain-des-Prés et à Saint-Denis] avec les imprimés connus alors comme étant les plus justes, notant en quoi ils diffèrent des imprimés, notant, dis-je, […] l’authentique lecture, qui s’accorde assurément avec l’hébreu 19.
Ce principe directeur du travail d’Estienne semble se fonder sur la conception bien connue selon laquelle la traduction de saint Jérôme est particulièrement fidèle aux textes originaux et notamment à l’hébreu. Cette conception est exprimée aussi par Estienne lui-même, par exemple, dans la préface de la deuxième édition publiée en 1532 : Certaines choses rendues très clairement par le traducteur sont obscures en hébreu. Nous les avons notées mot-à-mot, pour que le lecteur voie à quel point notre traducteur avait rendu clairement et savamment les choses qui sont très obscures chez les Hébreux 20.
18. Pour ce qui concerne le Nouveau Testament, Estienne suit un texte semblable à celui établi par Érasme. Il fera de même dans ses editions du Nouveau Testament en grec ; A.-T. yi, « The Critical Apparatus of Stephanus’ Greek New Testament of 1550 : Early Printed Editions and Textual Scholarship », dans The Future of New Testament Textual Scholarship: From H. C. Hoskier to the Editio Critica Maior and Beyond, éd. G. V. allen, Tübingen 2019 (Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament, 417), p. 305-332. 19. « Contulimus ea cum iis quae tunc ut emendatissime impressa circunferebantur, adnotantes in quibus illa discreparent ab impressis, adnotantes inquam seorsum in scheda quadam ad tempus, non autem in margine librorum qui paulo post opera nostra excusi fuerunt, germana lectione, quae nimirum cum Hebraeis conveniret, contenti. » Robert Estienne, éd., Biblia, Paris 1528, fol. *ii r°. 20. « Quaedam clarissime reddita erant ab interprete : quorum Hebraea quia obscura erant, ad verbum annotauimus : ut videret lector quam clare quae obscurissima erant apud Hebraeos, et docte reddidisset noster interpres. » Robert Estienne, éd., Biblia. Breves in eadem annotationes, ex doctiss. interpretationibus, et Hebraeorum
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Jérôme avait donc, selon cette affirmation, une compréhension de l’hébreu telle qu’il pouvait rendre justement et clairement même les expressions obscures se trouvant dans les textes. D’autres éléments attestent la place importante accordée aux textes bibliques originaux hébraïque et grec dans les éditions de la Vulgate publiées par Estienne. Dans la deuxième édition publiée en 1532, un grand nombre de notes figurant dans la marge ont pour but d’informer le lecteur du sens exact du mot ou de l’expression hébraïque ou grecque rendu dans la Vulgate. Par exemple, une note portant sur le mot firmamentum en Gn 1, 6 stipule : vox hebraea sonat extensionem et expansionem 21, « le mot hébraïque signifie extension et expansion ». En Gn 1, 22, le verbe crescite, « croissez » (dans l’expression « soyez féconds et prolifiques ») est éclairé par une note contenant un seul mot : fructificate 22, « produisez des fruits », qui semble vouloir rendre littéralement le verbe hébraïque pěrû dérivé lui aussi de la racine du mot signifiant « fruit » : פרי. Dans l’édition du Pentateuque latin publiée par Estienne en 1541 ainsi que dans les éditions complètes de 1545 et de 1556-1557, on trouve de nombreuses notes portant principalement sur les textes hébraïque et grec. Ces notes sont dues notamment à François Vatable, lecteur d’hébreu au Collège Royal 23. Dans les éditions de 1545 et de 1556-1557, Estienne inclut, dans une colonne parallèle à celle comprenant le texte de la Vulgate, des nouvelles traductions latines réputées pour rendre les textes originaux de la Bible avec plus d’exactitude. Dans l’édition de 1545, il s’agit de la traduction latine parue à Zurich en 1543 sous la direction de Léo Jud 24, tandis que, dans l’édition de 1556-1557, c’est la traduction de l’Ancien Testament par Santi Pagnini et celle du Nouveau Testament par Théodore de Bèze 25.
commentariis. Interpretatio propriorum nominum Hebraicorum. Index copiosissimus rerum et sententiarum utriusque testamenti, Paris 1532, fol. *ii v°. 21. Robert Estienne, éd., Biblia, Paris 1532, fol. a.i. r°. 22. Ibid. 23. Voir les introductions des trois éditions ainsi que M. enGammaRe, « Introduire une édition humaniste de la Bible », p. 398-399. 24. J.-P. Delville, « L’évolution des Vulgates et la composition de nouvelles versions latines de la Bible au xvie siècle », dans Biblia : Les Bibles en latin au temps des Réformes, p. 88-89. 25. M. enGammaRe, « Introduire une édition humaniste de la Bible », p. 398-399.
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Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate
En comparant les éditions d’Estienne avec les manuscrits et les éditions sur lesquels il s’est fondé dans l’établissement de son texte, on constate que les leçons variantes qui se trouvent dans ces sources, mais qui ne servent pas à rapprocher le texte latin des textes originaux hébraïque et grec, ne sont pas mentionnées, de manière générale, par Estienne. Par exemple, en Gn 9, 1, on trouve dans toutes les éditions d’Estienne la phrase : Crescite et multiplicamini, et replete terram, « Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre ». Au moins l’un des témoins utilisés par Estienne, le manuscrit qu’il nomme S. Germani exemplar oblongum, qui est l’actuel manuscrit latin 11504 de la Bibliothèque nationale de France 26, contient la leçon : et implete terram. Cette leçon n’est mentionnée par Estienne nulle part dans ses éditions, certainement parce que le verbe implete ne lui semble pas préférable au verbe replete comme traduction du verbe correspondant du texte hébraïque ûmilʾû, « et remplissez » 27. De la même manière, Estienne ne mentionne pas les variantes orthographiques se trouvant dans les témoins ni les variantes touchant à l’ordre des mots, tant qu’elles n’ont pas d’incidence sur la proximité entre le texte latin et les textes originaux hébraïque et grec. Par exemple, pour Gn 9, 3, il n’indique pas que, dans le manuscrit lat. 11504, on trouve le mot holera, « des légumes », écrit avec un H, en non pas olera comme dans toutes les éditions d’Estienne. Il ne dit pas que dans le même manuscrit, en Gn 9, 23, on trouve la phrase faciesque eorum erant auersae, « leurs faces étaient détournées », et non pas faciesque eorum auersae erant, comme dans ses propres éditions. Préférence pour les leçons bien attestées La dernière observation générale qui doit être faite sur l’établissement du texte de la Vulgate par Robert Estienne est qu’il retient plutôt des leçons textuelles attestées dans plusieurs témoins. Cela se constate le plus aisément en parcourant l’apparat critique figurant dans les éditions de 1540 et de 1546, qui, comme nous l’avons mentionné, cite
26. J. WoRDsWoRth, Old-Latin Biblical Texts: No. I, p. 49. 27. Aux yeux de la critique textuelle moderne, la leçon implete est préférable en raison de son originalité : elle ne se trouve pas dans les témoins textuels de Gn 1, 22 et 28 où figure une expression semblable crescite et multiplicamini et replete… Cette leçon sera retenue dans l’édition critique moderne : R. WebeR, R. GRyson, éd., Biblia Sacra iuxta Vulgatam Versionem, 4e éd., Stuttgart 1994.
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Eran Shuali
systématiquement les témoins textuels sur lesquels se fonde chaque critique du texte. À titre indicatif, les 157 notes de critique textuelle se trouvant dans l’édition de 1540 pour le livre de la Genèse citent en moyenne 4,5 témoins par note. Dans certains cas, cependant, Estienne se fonde tout de même sur un témoin textuel isolé, si la leçon qu’il comporte constitue un rapprochement significatif avec le texte original hébraïque ou grec. 16 notes citant un seul témoin se trouvent parmi les 157 notes sur le livre de la Genèse dans l’édition de 1540. Il est intéressant que l’une des premières de ces notes, qui porte sur Gn 6, 6, se lise : Haec verba non leguntur in Hebreo neque in editione Complutensi 28, « Ces mots ne se lisent pas dans l’hébreu ni dans l’édition d’Alcalá ». Semblant gêné de ne pouvoir justifier son choix textuel que par un seul témoin, la Polyglotte d’Alcalá, Estienne donne aussi comme référence le texte hébraïque, contre sa pratique habituelle dans cette édition. Quelques exemples Quatre exemples choisis dans Genèse 9 et Marc 1 sont proposés afin d’illustrer les différentes observations sur le travail d’édition du texte de la Vulgate effectué par Robert Estienne. Dans chaque cas, le texte de la première édition publiée par Estienne en 1528 figure en tête. Celui-ci est suivi par des indications sur les leçons se trouvant dans les sources utilisées par Estienne qui ont été identifiées et qui sont toujours accessibles, à savoir, deux manuscrits anciennement conservés à la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés 29, trois éditions antérieures de la Vulgate 30, ainsi que le texte massorétique de la Bible hébraïque et
28. Robert Estienne, éd., Biblia, Paris 1540, fol. a.ii. v°. 29. BnF lat. 11504-11505 : c’est le manuscrit appelé par Estienne S. Germani exemplar oblongum ; BnF lat. 11553 : manuscrit appelé par Estienne S. Germani exemplar latum (seule la partie du manuscrit comportant les livres suivants est conservée : Pr, Si, 1-2 Ch, Esd, Est, Jdt, Tb, 1 M, tous les livres du NT ; Le pasteur d’Hermas). J. WoRDsWoRth, Old-Latin Biblical Texts: No. I, p. 49. 30. « Presens hoc opusculum suntum ac completum et ad eusebiam dei industrie in civitate Maguntina per Iohannem fust civem et Petrum schoiffher de gernsheym clericum diotesis eiusdem est consummatum. Anno incarnacionis dominice. M. cccc.lxii. In vigilia assumpcionis gloriose virginis marie » (colophon ; cette édition ne comporte pas de page de titre), Mayence 1462. Biblia integra summata distincta accuratius reemendata utriusque testamenti concordantiis illustrata, Bâle, J. Froben, 1495. Polyglotte d’Alcalá, vol. I et V : Haec tibi pentadecas tetragonon respicit illud Hospitium petri
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Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate
le texte grec du Nouveau Testament figurant dans l’édition publiée par Érasme en 1516 ainsi que dans celles publiées ensuite par Estienne luimême 31. Enfin, des indications sont données concernant le texte figurant dans les huit éditions suivantes de la Vulgate publiées par Estienne de 1532 à 1557. Les informations fournies dans les apparats critiques au moyen de sigles sont explicitées. Certains mots sont écrits en italiques par moi afin de souligner des différences entre les versions. Des remarques de synthèse sont proposées pour chaque exemple. Genèse 9, 11 Estienne 1528 : « neque erit deinceps diluuium dissipans terram. » BnF lat. 11504 (= Saint-Germain oblongum), polyglotte d’Alcalá, Bâle 1495 : comme Estienne 1528. Mayence 1462 : « neque erit deinceps diluuium dissipans omnem terram. » ָָארץ ֶ ׁשחֵת ה ַ ( וְֹלא־י ִ ְהי ֶה עֹוד מַּבּול ְלEt il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre) Estienne 1532, 1534 : comme Estienne 1528. Estienne 1540 : « neque erit deinceps diluuium dissipans ►omnemʾ terram. » Apparat : ►omnem doit être retiré selon Saint-Denis oblongum et latum, Saint-Germain oblongum (= BnF lat. 11504) et latum, polyglotte d’Alcalá, Bâle 1495.
et pauli ter quinque dierum. Namque instrumentum vetus hebdoas innuit : octo. Lex noua signatur. ter quinque receptat utrunque. Vetus testamentum multiplici lingua nunc primo impressum. Et imprimis Petateuchus Hebraico Greco atque Chaldaico idiomate : Adiuncta unicuique sua latina interpretatione, Alcalá de Henares 1515 ; Nouum testamentum grece & latine in academia complutensi nouiter impressum, Alcalá de Henares 1514. 31. Novum instrumentum omne, diligenter ab Erasmo rotErodamo recognitum & emendatum, non solum ad graecam ueritatem, uerumetiam ad multorum utriusque linguae codicum, eorumque ueterum simul et emendatorum fidem, postremo ad probatissimorum autorum citationem, emendationem et interpretationem, praecipue, Origenis, Chrysostomi, Cyrilli, Vulgarii, Hieronymi, Cypriani, Ambrosii, Hilarii, Augustini, una cum Annotationibus, quae lectorem doceant, quid qua ratione mutatum sit, Bâle 1516 ; Robert Estienne, éd., Τῆς καινῆς διαθήκης ἅπαντα. Novum Testamentum. Ex bibliotheca regia, Paris 1546, 1549 ; Robert Estienne, éd., Τῆς καινῆς διαθήκης ἅπαντα. Εὐανγγέλιον κατὰ Ματθαῖον, κατὰ Μάρκον, κατὰ Λουκᾶν, κατὰ Ιωάννην, Πράξεις τῶν ἀποστόλων. Novum Iesu Christi D. N. Testamentum. Ex bibliotheca regia, Paris 1550.
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Eran Shuali Estienne 1541, 1545, 1546 et 1555 : comme Estienne 1540 (avec des notes à la place d’un apparat dans l’édition de 1541 ; avec un apparat réduit dans les éditions de 1545 et 1555). Estienne 1556-1557 : comme Estienne 1528.
À partir de l’édition de 1528, Estienne choisit la leçon dans laquelle l’adjectif omnem, « toute », ne figure pas. Cette leçon se trouve dans la plupart des témoins utilisés par Estienne et correspond au texte massorétique. Au moins l’un de témoins employés par Estienne : l’édition de Mayence de 1462, comporte la leçon omnem terram, « toute la terre ». À partir de l’édition de 1540, Estienne fait figurer l’adjectif omnem dans le corps du texte, mais indique dans l’apparat que ce mot doit être retiré en s’appuyant sur six témoins. Dans la dernière édition, celle de 1556-1557, l’adjectif omnem n’apparaît plus, comme dans les premières éditions. Genèse 9, 16 Estienne 1528 : « Eritque arcus in nubibus, et videbo illum, et recordabor foederis sempiterni quod pactum est inter deum et omnem animam viuentem […] » BnF lat. 11504 : « Eritque arcus meus in nubibus et uidebo illum. Et recordabor foederis sempiterni quod pactum est inter deum et inter omnem animam uiuentem […] » Mayence 1462, Bâle 1495 : « Eritque arcus meus in nubibus : et videbo illum et recordabor federis sempiterni : quod pactum est inter deum et omnem animam viuentem […] » Polyglotte d’Alcalá : « Eritque arcus in nubibus : et videbo illum, & recordabor federis sempiterni : quod pactum est inter deum et omnem animam viuentem […] » ּוראִיתִ י ָה ִלזְּכ ֹר ּב ְִרית עֹולָם ּבֵין אֱֹלהִים ּובֵין ּכָל־נֶפֶׁש ַחּי ָה ְ ְו ָהי ְתָ ה ַה ֶּקׁשֶת ֶּב ָענָן (Et l’arc sera dans la nuée et je le regarderai pour me souvenir de l’alliance éternelle entre Dieu et entre toute âme vivante) Estienne 1532, 1534 : comme Estienne 1528. Estienne 1540 : « Eritque arcus ►meusʾ in nubibus, et videbo illum, et recordabor foederis sempiterni quod pactum est inter deum et *omnem animam viuentem […] » Apparat : ►meus doit être retiré selon la polyglotte d’Alcalá ; *inter doit être ajouté selon Saint-Denis oblongum et latum, Saint-Germain oblongum et latum. Estienne 1541, 1545, 1546, 1555 : comme Estienne 1540 (avec des notes à la place d’un apparat dans l’édition de 1541 ; avec un apparat réduit dans les éditions de 1545 et 1555). 118
Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate Estienne 1556-1557 : « Eritque arcus in nubibus, et videbo illum, et recordabor foederis sempiterni quod pactum est inter Deum et inter omnem animam viuentem […] »
Dans la plupart des témoins utilisés par Estienne, figure la leçon arcus meus, « mon arc ». L’emploi de l’adjectif possessif dans cette leçon ne correspond pas au texte massorétique. En effet, dès l’édition de 1528, Estienne ne retient pas l’adjectif meus. À partir de l’édition de 1540, cet adjectif est introduit dans le corps du texte, mais l’apparat indique qu’il doit être retiré selon un seul témoin : la polyglotte d’Alcalá. L’édition de 1540 comporte aussi une évolution par rapport aux éditions précédentes : on y indique que la préposition inter doit être ajoutée devant animam viuentem, et cela selon quatre témoins. Cet ajout correspond lui aussi au texte massorétique, où la préposition bên, « entre », figure à cet endroit. Dans l’édition de 1556-1557, les deux consignes qui ont figuré dans les apparats critiques depuis 1540 sont appliquées : l’adjectif meus n’apparaît plus, et la préposition inter figure dans le corps du texte. Marc 1, 6 Estienne 1528 : « Et erat Iohannes vestitus pilis cameli » BnF lat. 11505 : « Et erat iohannes uestitus pilis cameli » BnF lat. 11553 : « Et erat iohannes uestitus pilos cameli » Mayence 1462, Bâle 1495, polyglotte d’Alcalá : « Et erat iohannes vestitus pilis camelorum » Érasme 1516, Estienne NT grec 1546, 1549, 1550 : ἦν δὲ ὁ ἰωάννης ἐνδεδυμένος τρίχας καμήλου Estienne 1532, 1534 : comme Estienne 1528. Estienne 1540 : « […] vestitus pilis ‘camelorum’ ». Apparat : “cameli” doit figurer à la place de camelorum selon trois manuscrits cités dans les Annotationes in Novum Testamentum d’Érasme (aureum, constantinense, donatianum) 32, Saint-Denis oblongum et latum, Saint-Germain oblongum et latum, deux manuscrits non identifiés : parvum exemplar et taurinense exemplar.
32. Des. Erasmi Roterodami in Novum Testamentum Annotationes, ab ipso autore iam quartum recognitae, et ex Graecis codicibus quos postea nactus est auctario neutiquam poenitendo locupletatae, Bâle 1522, p. 110. Sur l’usage de ces témoins par Estienne à travers les Annotationes d’Érasme, voir J. WoRDsWoRth, Old-Latin Biblical Texts: No. I, p. 51.
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Eran Shuali Estienne 1545, 1546, 1555 : comme Estienne 1540 (avec un apparat réduit dans les éditions de 1545 et 1555). Estienne 1556-1557 : comme Estienne 1528.
Dans les témoins utilisés par Estienne, on trouve soit cameli au singulier, soit camelorum au pluriel. Dès l’édition de 1528, Estienne choisit d’écrire ce mot au singulier, tel qu’il figure dans le texte grec. À partir de l’édition de 1540, camelorum est écrit au pluriel dans le corps du texte et l’apparat indique que ce mot doit être remplacé par cameli au singulier, et cela en s’appuyant sur neuf témoins. Dans l’édition de 1556-1557, on retrouve cameli au singulier dans le corps du texte, comme dans les premières éditions. Marc 1, 45 Estienne 1528 : « Et egressus coepit praedicare et diffamare sermonem : ita ut iam non posset manifeste introire in ciuitatem » BnF lat. 11505 : « At ille egressus coepit p[rae]dicare et diffamare sermonem ita ut iam non posset manifeste in ciuitatem introire » BnF lat. 11553 : « At ille egressus coepit praedicare et diffamare sermonem. Ita ut non posset manifeste in ciuitatem introire » Mayence 1462 : « Et egressus cepit p[rae]dicare et diffamare sermonem : ita vt non posset manifeste introire in ciuitatem » Bâle 1595 : « Et egressus cepit p[rae]dicare et diffamare sermonem : ita ut iam non posset manifeste introire in ciuitatem » Polyglotte d’Alcalá : « Et egressus cepit predicare : et diffamare sermonem ita ut non posset manifeste introire in ciuitate » Érasme 1516, Estienne NT grec 1546, 1549, 1550 : ὁ δὲ ἐξελθὼν ἤρξατο κηρύσσειν πολλὰ, καὶ διαφημίζειν τὸν λόγον, ὥστε μηκέτι αὐτὸν δύνασθαι φανερῶς εἰς πόλιν εἰσελθεῖν Estienne 1532 : comme Estienne 1528. Estienne 1534 : « At ille egressus coepit praedicare […] » Estienne 1540 : « “Et” egressus coepit praedicare et diffamare sermonem : ita ut iam non posset manifeste introire in ciuitatem ». Apparat : “At ille” doit figurer à la place de Et selon Saint-Denis oblongum, Saint-Germain oblongum et latum, taurinense exemplar, des manuscrits de Saint-Victor, parvum exemplar. Estienne 1545, 1546, 1555 : comme Estienne 1540 (avec un apparat réduit dans les éditions de 1545 et 1555) 1556-1557 : « At ille egressus, coepit praedicare & diffamare sermonem : ita ut iam non posset manifeste introire in ciuitatem »
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Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate
Dans les éditions de 1528 et de 1532, ce verset commence par : Et egressus. Une autre leçon est adoptée dans l’édition de 1534 : At ille egressus. Cette leçon semble plus proche du grec ὁ δὲ ἐξελθὼν, où l’article défini sert de sujet du participe. Dans l’édition suivante, celle de 1540, on retrouve Et egressus dans le corps du texte, mais l’apparat indique qu’il faut remplacer et par at ille, en se fondant sur plusieurs témoins. Dans l’édition de 1556-1557, la leçon At ille retouve sa place dans le corps du texte. En outre, ce verset permet de voir qu’Estienne ne relève pas toutes les leçons variantes se trouvant dans les témoins qu’il consulte. Ainsi, ses éditions ne permettent pas de voir que l’adverbe iam n’est présent que dans certains témoins, ni que l’ordre des mots dans la dernière partie du verset citée ci-dessus n’est pas toujours le même : on trouve à la fois in ciuitatem introire et introire in ciuitatem. Conclusion Robert Estienne a œuvré sur l’édition de la Vulgate pendant trente ans, depuis le début de sa carrière d’imprimeur et jusqu’à sa fin, durant presque toute sa vie. Et, dans ce travail, Estienne n’a jamais cessé de chercher à innover. Il a, tout d’abord, mis au point une méthode novatrice pour établir le texte même de la Bible latine et a progressé dans l’application de cette méthode au fil des années. Il a développé des mécanismes astucieux pour présenter le texte biblique de manière plus accessible et maniable – notamment, l’apparat critique, dans son édition de 1540, et la numérotation des versets, dans l’édition de 1555 33 – des mécanismes qui ont connu une réception extraordinaire et qui font maintenant partie de notre conception même du texte biblique. Enfin, ses éditions ont constitué une vitrine pour les sciences bibliques progressistes de son époque : pour les annotations de François Vatable et pour les nouvelles traductions latines de la Bible. En général, le travail d’Estienne sur l’édition de la Vulgate atteste une confluence de conceptions caractéristiques de son époque : une passion pour la Bible et cela, d’abord, dans sa forme la plus habituelle, à savoir, dans sa traduction latine traditionnelle ; une passion nouvellement répandue pour les textes originaux de la Bible en hébreu et en grec ; une croyance qu’un rapport privilégié existe entre la traduction
33. H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 111.
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Eran Shuali
latine de saint Jérôme et les textes originaux, notamment le texte hébraïque ; et enfin, une compréhension poussée du phénomène de la transmission des textes, des erreurs qui adviennent au cours de cette transmission et des manières d’y remédier. Ces conceptions où l’ancien et le moderne se côtoient font sentir combien Robert Estienne et le milieu auquel il appartenait constituaient un point de transition dans l’histoire de l’Occident.
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LES « RÉVISIONS » DE LA VULGATE DANS LES CERCLES PROTESTANTS AU XVIe SIÈCLE
Annie noblesse-RocheR Faculté de théologie protestante, Université de Strasbourg
l
’un des objectifs majeurs des Réformateurs protestants, toutes tendances confondues, fut la transmission du texte biblique aux fidèles, dans leur langue 1, afin qu’ils le comprennent et se l’approprient. Dans ce but, les théologiens réformés engagèrent une vaste entreprise de traduction des écrits bibliques en langue vernaculaire 2. C’est là le socle de la Réforme, son bien commun, même si l’on ne cesse aujourd’hui de mettre en évidence sa diversité et sa multipolarité dans ses aspirations théologiques et ecclésiologiques 3. Amorcé en 1522 et amplifié dans les années 1530, ce mouvement de traduction en langue vernaculaire a permis la production de monuments exégétiques et littéraires. Il suffit de rappeler ici la traduction allemande de la Bible, entreprise par Martin Luther et ses collaborateurs à partir de 1522 et qui paraît en une première édition complète en 1534, à Wittenberg chez Peter Iordan, sous le titre de Biblia, das ist, die gantze Heilige Schrifft Deutsch 4. Suit en 1530, à Anvers, La saincte Bible en françoys par Jacques Lefèvre d’Etaples 5, puis à Zurich, en 1531, est éditée Die gantze Bibel der
1. Voir M. ARnolD, Luther, Paris 2017, p. 259. 2. Cet intérêt pour la production vernaculaire est bien attesté par la somme des bibles françaises éditées au xvie siècle dans le répertoire de B. T. ChambeRs, Bibliography of French Bibles. Fifteenth- and Sixteenth-Century French-Language Editions of the Scriptures, Genève 1983 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 192). 3. Voir Th. KauFman, Geschichte der Reformation in Deutschland, Munich 2016. 4. D. Martin Luthers Werke, kritische Gesammtausgabe, Deutsche Bibel [WA 6-12], Weimar 1903-1934. 5. B. T. ChambeRs, Bibliography of French Bibles, p. 70-72. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121970
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Annie Noblesse-Rocher
ursprünglichen Ebraischen und Griechischen waarheyt, nach aller treüwlichest verteütschet 6. En 1535, paraît la bible de Converdale, la Biblia. The Bible that is the holy scripture of the olde and new Testament faithfuly and truly translated out of the Douche and Latyn in to Englishe 7 et bien sûr la même année la première traduction française de toute la bible sur l’hébreu et le grec opérée par Robert Olivetan, La Bible qui est toute la saincte escripture en laquelle sont contenus, le Vieil Testament et le Nouveau, translatez en Francoys. Le Vieil, de Lebrieu : et le Nouveau, du Grec 8, prototype des bibles genevoises. Nous ne mentionnons ici que les entreprises les plus célèbres. Mais pour autant, les théologiens réformés n’abandonnèrent pas l’usage de la Bible en latin, soit à travers de nouvelles traductions latines, souvent créatives comme celles de Sébastien Münster 9, Sébastien Castellion 10, Immanuel Tremelius 11 ou Théodore de Bèze 12, soit 6. Die gantze Bibel der ursprünglichen Ebraischen und Griechischen waarheyt, nach aller treüwlichest verteütschet, Zurich 1531. 7. La Biblia est publiée à Cologne ou Marbourg, chez E. Cervicornus et J. Soter. 8. La Bible qui est toute la saincte escriture. En laquelle sont contenus le Vieil Testament et le Nouveau, translatez en Francoys. Le Vieil, de Lebrieu : et le Nouveau, du Grec, Neufchâtel 1535. 9. Hebraica Biblia Latina planeque nova Sebast. Munsteri tralatione, post omneis omnium hactenus ubivis gentium aeditiones evulgata, et quoad fieri potuit, hebraicae veritati conformata : adiectis insuper e Rabinorum commentariis annotationibus, Bâle 1534. Voir G. Dahan, « Sebastian Münster. Extrait de la Préface de la Bible hébraïque (1534) », Études théologiques et religieuses 92 (2017), p. 237-248. Voir également, E. Shuali, « La Bible hébraïque de Sébastien Münster (1534-1535) », dans La Bible de 1500 à 1535, éd. G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018 (BEHE-SR, 181), p. 283-298 10. Biblia interprete Sebastiano Castalione una cum eiusdem annotationibus, Bâle 1551. La bibliographie sur Castellion, et sur Castellion traducteur, est très abondante ; voir notamment C. sKuPien DeKens, Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555, Genève 2009 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 456). 11. Testamenti veteris Biblia sacra sive libri canonici priscae Iudaeorum Ecclesiae a Deo traditi, Latini recens ex Hebraeo facti, brevibusque scholiis illustrati ab Immanuele Tremellio et Francisco Junio, Hanovre 1596. Sur la vie et le travail biblique d’Immanuel Tremellius, voir K. austin, From Judaism to Calvinism the life and writings of Immanuel Tremellius, c. 1510-1580, Londres – New York 2007 (St. Andrews Studies in Reformation History). 12. Iesu Christi D. N. Novum Testamentum, sive foedus, Graecè & Latine, Theodoro Beza interprete…, Genève 1565. Cf. B. Roussel, « Le Novum Testamentum de Théodore de Bèze, l’édition, la traduction et l’annotation de l’épître de Jude », dans Théodore de Bèze (1519-1605), éd. I. bacKus, Genève 2007, p. 85-186.
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Les « révisions » de la Vulgate dans les cercles protestants
à travers la version commune, dite Vulgate, que le Concile de Trente (1546) devait reconnaître comme seule autorisée 13, version qu’ils vont s’attacher à réviser selon diverses modalités. C’est à ces vulgates remaniées que nous nous attachons ici. Réforme et latinitas Les premières générations de Réformateurs sont formées intellectuellement dans les ordres religieux traditionnels ou par l’humanisme renaissant et conservent, par ce fait, la culture de la latinité. Le latin reste pour elles la langue des lettrés et s’impose comme la langue vernaculaire d’une sodalitas transconfessionnelle. Ainsi, le Réformateur zurichois Theodor Bibliander 14 considère le latin comme le langage unifiant l’humanité soumise à la dispersion linguistique depuis Babel ; par sa précision sémantique et sa richesse lexicale, le latin prévient la confusion épistémologique des disciplines 15. De plus, la langue latine est porteuse d’une pietas litterata. Pour l’humaniste Juan Luis Vives, la méconnaissance du latin, comme d’autres langues anciennes, conduit à l’incompréhension des leçons transmises par les grands maîtres antiques et à l’impossibilité de suivre leurs traces 16. Cette pietas litterata est d’ailleurs le projet éducatif explicite
13. Session du 8 avril 1546 ; voir ci-dessus, « Avant-propos », p. 9, n. 19. 14. J. esKhult, « Latin Bible Translations in the Protestant Reformation. Historical Contexts, Philological Justification, and the Impact of Classical Rhetoric on the Conception of Translation Methods », dans Shaping the Bible in the Reformation. Books, Scholars and Their Readers in the Sixteenth Century, éd. B. GoRDon et M. mclean, Leyde 2012 (Library of the written Word, 20), p. 168. 15. « [Latina lingua] diffusa est iam per complures nationes hominum, tum artes pene omnes illius sunt literis mandatae ; est etiam copiosa, quia exculta et aucta multis scriptorum ingeniis, sono insuper suavi, tum gravitatis cuiusdam non ferinae et agrestis, ut in aliis nonullis ; sed fortis et prudentis viri in civitate bene instituta nati ac educati nefas esset non coli eam et conservari. Quae si amitteretur, et magna confusio sequeretur disciplinarum omnium, et magnum inter homines dissidium atque aversio propter linguarum ignorantiam », Théodore Bibliander, De Ratione communi omnium linguarum et literarum commentarius [1548], éd. et trad. angl. H. amiRav et H.-M. KiRn, Genève 2011 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 475), p. 108. 16. « Ita ignoratis magnorum scriptorum linguis quid nobis praeciperent, qua eundum et quo suaderent, non intelleximus ; ueterum authorum cognitionem, qui graeca aut latina lingua monumenta ingeniorum suorum consignassent ac posteris tradidissent, ademit prorsum nobis ignoratio harum linguarum », Juan Luis Vives, De disciplinis. Savoir et enseigner, éd. et trad. fr. T. viGliano, Paris 2013, p. 30-31.
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des humanistes passés à la Réforme, comme le montre l’œuvre de cet autre humaniste que fut Jean Sturm à Strasbourg 17. Pendant tout le xvie siècle, la Bible latine continue d’être un support pour l’apprentissage du latin : nous en verrons un exemple avec la Biblia germanolatina de Paul Eber 18. La Vulgate, dans cette perspective, n’est pas lettre morte : c’est encore avec un grand respect de la bible traditionnelle que sont entreprises les révisions. Prévenant certaines critiques, la Bible de Zurich (1543-1544) maintient ainsi la validité de la version hiéronymienne : quiconque n’apprécie pas la nouvelle traduction pourra toujours se référer à la Vulgate, bien qu’elle ne soit pas toujours fidèle à l’hébreu et au grec 19. Un autre objectif affiché est l’étude savante au moyen de bibles latines révisées, en vue de l’exégèse, par des lettrés mais exclusivement dans la sphère privée. La Vulgate reste, quant à elle, une version destinée à un large public, considérée comme insuffisante pour l’étude approfondie. Nous trouvons ce motif dans la révision de la Vulgate attribuée à Martin Luther en 1529 20. Ces révisions ne sont pas toutes de même teneur. Nous proposons ici, à partir d’exemples significatifs, une typologie de ces remaniements, auxquels ont procédé les Réformateurs. Typologie des remaniements à partir de quelques exemples La Vulgate conserve donc sa place, mais son texte est considéré souvent comme corrompu (corruptus) et devant être corrigé. Les Vulgates éditées par les protestants sont ainsi nommées le plus souvent Biblia
17. P. mesnaRD, « La Pietas litterata de Jean Sturm et le développement à Strasbourg d’une pédagogie œcuménique », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français 111 (1965), p. 281-302 (ici : p. 298) ; Johannes Sturm (1507-1589) : Rhetor, Pädagogue und Diplomat, éd. M. aRnolD, Tübingen 2009 (Spätmitteltalter, Humanismus, Reformation / Studies in the Late Middle Ages, Humanism and the Reformation, 46). 18. Voir ci-après. 19. « Quibus enim haec nostra displicet, iis manet integra et intacta vetus vulgaris et recepta illa sua, quam nos haec nostra minime damnamus : etsi interim aperte fateamur ipsam non ubique et semper cum Hebraica et graeca veritate congruere », Biblia sacrosancta Testamenti Veteris et Novi, e sacra Hebraeorum lingua Graecorumque fontibus, consultis simul orthodoxis interpretibus, religiosissime translata in sermonem Latinum, Zurich 1543, « ad lectorem » (non paginé). 20. Voir ci-après.
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sacra emendata 21. Mais l’expression emendata recouvre des réalités très différentes et les types de révision sont variés, en fonction du contexte de production et parfois des enjeux que cette correction représente. Si l’on prend comme base de référence le texte de la Vulgate clémentine, la plus proche de la majorité des Vulgates médiévales et modernes, on constate que le texte hiéronymien peut être laissé quasiment indemne ou que les transformations peuvent aller de la plus minime correction à une refonte laissant la place à un texte très renouvelé. La Vulgate, mais avec des paratextes juifs L’intervention minimale se rencontre, par exemple, dans la Biblia publiée chez l’éditeur Jean Schott, à Strasbourg. Minimale est même un bien grand mot, tant il semble que Jean Schott ait repris le texte le plus courant de la Vulgate, sans tenir compte des révisions récentes. En effet, bien que rallié à la Réforme dès 1520 22, il édite, en 1535, une Vulgate, sans notes marginales ni révisions, semble-t-il. Par exemple, l’interpolation en 2 Samuel 14, 41 23 très courante, présente dans les vulgates publiées à Venise (1511), Lyon (1515), dans la version révisée d’Andreas Osiander (1523), dans la Biblia parue à Bâle en 1538 et dans les vulgates éditées par Robert Estienne (1528 et 1532), n’est pas reprise par l’imprimeur strasbourgeois. Afin de séduire sans doute à la fois un public protestant et catholique, celui-ci propose des paratextes
21. L’on trouve également par exemple ad veritatem hebraicam restituta, en titre de la Biblia parue à Bâle en 1538. 22. Apparenté au premier imprimeur alsacien Johann Mentelin, qu’il tente de faire passer pour l’inventeur de l’imprimerie, fils de l’imprimeur Martin Schott, Jean Schott étudie dans les universités de Fribourg-en-Brisgau, Heidelberg (où il obtient le titre de bachelier en 1493) et Bâle. Il succède à son père en 1499. Il s’établit temporairement à Fribourg-en-Brisgau en 1503. De retour à Strasbourg, il est mentionné comme imprimeur dans un édit du Grand Conseil de février 1504. Il travaille d’abord en collaboration avec Johann I Knobloch de 1504 à 1508, avant de s’installer à son compte vers 1509. Partisan de la Réforme, il publie de nombreux écrits réformateurs à partir de 1520, étant en relations personnelles avec les cercles de Wittenberg. Son activité connut des heures sombres au cours desquelles il publia trois éditions de la Margarita philosophica de Gregor Reysch. Mais d’autres années furent plus lumineuses, lorsqu’il édita les humanistes rhénans, comme Hutter, ou les écrits d’Otto Brunfels, son Gebetbuch et son Kraüterbuch. Voir K. steiFF, « Schott, Johannes », Allgemeine Deutsche Biographie, t. XXXII, Leipzig 1891, p. 402-404. 23. Voir dans ce même volume G. Dahan, « Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 », p. 49.
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pouvant satisfaire les deux communautés. Après l’ordre traditionnel des livres de la Vulgate, vient l’ordre des livres de la Bible hébraïque, mais aussi une liste des écrivains bibliques empruntée explicitement à Moïse Qimhi 24. Les prologues traditionnels de Jérôme sont maintenus : épître à Paulin, prologues sur le Pentateuque, Josué, les livres des Rois, etc. La Vulgate avec des annotations marginales Un type plus engagé de révision consiste à annoter en marge les corrections à apporter à certains termes de la Vulgate après vérification sur l’hébreu, le texte hiéronymien restant indemne. À cette catégorie appartient la Biblia parue à Bâle en 1538. Dans sa préface, l’éditeur (Jérôme Froben) cite sa référence, « l’édition parisienne », c’est-àdire la Bible de Robert Estienne – dans l’édition de 1528, selon nos investigations ; cependant cette édition parisienne, introduisant des idiomatismes hébraïques, ne doit pas être imitée, prévient-il. L’éditeur souhaite proposer une nouvelle version intégrale notamment des Prophètes et la plus grande correction possible pour le reste 25. Mais l’entreprise s’avère en fait beaucoup moins audacieuse et consiste surtout à intégrer quelques très rares révisions, sous la forme de notes marginales 26. Par exemple, en Genèse 3, 15, crux récurrente, une note marginale mentionne que l’hébreu donne ipsum (hu, un masculin dans le texte massorétique) au lieu d’ipsa, leçon très courante, notamment dans la Biblia parue à Lyon en 1509 et dans celle parue en 1515 dans la
24. « A quibus scriptoribus divina volumina verteris testamenti conscripta fuisse opinentur Iudaei, ex rabbi Moyse Kymhi fragmentum […]. Moyse scripsit legis quinarios, hoc est Pentateuchum, praeter octo versus, ab Et mortuus est, usque ad finem legis. Et librum Iob… », Biblia veteris et Novi Testamenti, iuxta Vulgatam aeditionem, ad Hebraicam veritatem candori pristino restituta, Strasbourg, Johann Schott, 1535, non paginé. 25. « Consultavimus cum viris eruditis, tam Theologiae quam hebraei sermonis scientissimis, quonam pacto liceret quam optima conficere Biblia : eisque Lutetianem editionem, quae tunc postrema omnium, ac magno studio cum scholiis tum diversis hinc inde iuxta Hebraeos lectionibus elaborata erat, excutiendam commisimus : ibi uno ore omnes candide eius Typographi laudavere diligentiam, nec tamen nobis censuerunt imitandam quod sacrae linguae exprimendo in ipsis idiomati nullae satisfaciant marginales annotatiunculae imo nova potius de integro opus sit versione, in prophetis potissimum », Biblia utriusque Testamenti iuxta vulgatam translationem et eam quam haberi potuit emendatissimam : cui in Novo apposuimus Des. Erasmi Rot. versionem, Bâle, Jérôme Froben, 1538, « lectori », fol. a2r°. 26. Voir ici même G. Dahan, « Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 », p. 33-35.
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même ville, mais surtout dans la Biblia parue Robert Estienne (1528) 27. Les noms des livres bibliques sont donnés selon leur titre hébreu. Les préfaces de Jérôme sont maintenues, comme dans la plupart des vulgates protestantes révisées d’ailleurs. Pour le Nouveau Testament, la révision d’Érasme est livrée en regard de la versio vulgata. L’humaniste fait ici office de réviseur authentifié. La Biblia d’Andreas Osiander (Nuremberg, 1522) représente une étape supplémentaire dans ce type de révision 28. Elle est non seulement la matrice d’autres bibles latines corrigées par la famille Osiander, nous y reviendrons, mais aussi représentative de ces premiers essais de correction par annotations marginales, dans le premier tiers du siècle. Dans sa préface Andreas Osiander précise qu’il a utilisé ces « vieux exemplaires » dont soit l’antiquité assurait, il est vrai, la fiabilité, soit la diversité non seulement révélait l’erreur mais aussi la nécessité d’une révision 29. Il a pallié l’incurie des typographes – motif récurent dans les préfaces des vulgates protestantes mais aussi dans beaucoup de bibles corrigées, y compris au moyen âge –, ou l’ignorance de la grammaire, des barbarismes ou des expressions inadéquates, en consultant le texte massorétique et la Septante 30, mais avec prudence pour ne pas heurter son lecteur 31. Il n’a pas hésité à transcrire les noms de personnes ou de lieux avec une certaine liberté 32. Les livres de Genèse à Nombres
27. Ibidem, p. 41. 28. Andreas Osiander, Biblia sacra utriusque Testamenti, diligenter recognita, emendata, non paucis locis, quae corrupta erant, collatione hebraicorum voluminum restitutis…, Nuremberg 1522. Voir H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, Rome – Paris 1922, p. 100-101. 29. « Carebamus enim optimo, in hoc laboris genere, subsidio, nempe vetustis exemplaribus, quorum saepe vel antiquitas incorruptiorem servat veritatem, vel diversitas, non modo indicat errorem, verum etiam, restituendae veritati praebet ansam », Andreas Osiander, Biblia sacra utriusque Testamenti, « Prio lectori » (s’agit-il vraiment d’une préface d’Andreas Osiander ? La page qui contient ce texte a été ajoutée à un exemplaire de l’édition de 1523). 30. « In partem laboris ab eis sum invitatus, rogatusque ut expunctis erroribus, quos typographorum vel incuria, vel rerum grammaticarum ignorantia invexerat, simul etiam, sicubi barbaries, vel aliud sermonis incommodum suspitionem faceret, consultis hebraea veritate, et septuaginta interpretibus, subodorarer quid esset legendum », ibidem. 31. « Senes vero morosos aequanimiores redderem, iis, si qui forte Erasmi exemplum imitati novam veteris Testamenti translationem molirentur, nonnulla vero prudens dissimulavi… », ibid. 32. « In propriis nominibus, vel hominum, vel locorum restituendis paulo fuimus
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sont annotés en marge, en référence au texte massorétique, avec une fréquence décroissante. Les premiers chapitres de Genèse sont particulièrement annotés. Systématiquement, Osiander précise ce que propose le texte massorétique pour tel ou tel terme de la Vulgate qui lui semble trop éloigné du sens littéral du texte hébraïque. Présentons ici les notes marginales du premier chapitre de la Genèse. Ainsi pour « ciel » (caelum) en Gn 1, 1, Osiander précise qu’en hébreu le terme (shamayim) est toujours au pluriel. Vulgate : In principio Deus creavit caelum. Note marginale : Hebrei celos ubique pluraliter enunciant. En Gn 1, 4, Osiander rétablit beyn (inter). Vulgate : Et divisit lucem a tenebris. Note marginale : Hebrei : et divisit inter lucem et inter tenebras (= hébreu : wa-yavdel beyn ha-’or u-beyn ha-hoshekh). En Gn 1, 5, il précise qu’en hébreu on utilise fréquemment unus et non primus comme certaines traductions latines le font. Vulgate : Factum est mane dies unus. Note marginale : Heb unum pro primo frequenter usurpant (= hébreu : ehad). En Gn 1, 12, la note marginale restitue l’hébreu littéralement pour donner le redoublement de la racine zr‘, « germer ». Vulgate : Germinet terra herbam virentem. Note marginale : Heb germinet terra germen herbam facientem. En Gn 1, 20, là encore Osiander précise une expression littéralement depuis l’hébreu. Vulgate : Producant aquae reptile animae viventis et volatile volans super terram sub firmamento caeli. Note marginale : Super faciem firmamenti celorum (= hébreu : ‘al-peney reqiya‘ ha- shamayim). La très courante interpolation, provenant de la Septante (qui propose « sortons dans le champ »), reprise dans beaucoup de vulgates par Egrediamur foras, en Gn 4, 8, dans l’épisode du conflit entre Caïn et Abel, est rejetée par Osiander : « Egrediamur foras non est in hebreo 33. » Andreas Osiander propose donc des annotations qui rendent le sens littéral hébreu. Nous en avons encore deux exemples significatifs au chapitre 38 de la Genèse. Au verset 18b dans l’affaire de la prostitution de Thamar, la Vulgate évoque une mulier (Ubi est mulier ?) qui ne rend pas le sens de « prostituée sacrée » de l’hébreu qedeshah. Osiander note en marge : Hebrei. meretrix, ce qui rend mieux en effet le sens
audaciores », ibid. 33. Andreas Osiander, Biblia sacra utriusque Testamenti, fol. 1v.
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du terme hébreu. De même au verset 24 du même chapitre, dans le même épisode, la Vulgate évoque le ventre gonflé de Thamar, enceinte : Et videtur uterus illius intumescere, alors que le texte hébreu est plus direct : harah li-zenunim, « enceinte des prostitutions » ; la note marginale rend ce sens : Et ecce concepit ex fornicationibus 34. Les annotations marginales se raréfient après le vingtième chapitre de la Genèse, Osiander n’ayant pas eu le temps d’achever sa révision, dans le contexte tourmenté de la réforme nurembergeoise 35. Nous renvoyons à l’étude de Gilbert Dahan, dans ce même volume. Les révisions sous forme d’annotations La révision au moyen d’annotations, jointes au texte biblique, est présente dans la bible bilingue, la Biblia germanolatina de Paul Eber 36, dédiée à Alexandre (1554-1565), prématurément disparu, à 11 ans, fils d’Auguste Ier Électeur de Saxe, chef de file de la ligue évangélique dans l’Empire allemand. Il s’agit, selon l’éditeur, d’« un petit commentaire bref ou de petites annotations » pour rendre plus clairs et plus faciles le texte biblique, les circonstances, les personnes et les lieux 37. La teneur de ces annotations, présentes à la fin de presque tous les chapitres, vise à redonner le sens littéral ou le sens allégorique à dominante christologique ou ecclésiologique. En ce sens, elles sont proches, bien qu’elles n’en portent pas le nom, des glossae (sens littéral) et des scholiae (sens théologique) des premiers commentaires luthériens, comme les Dictata super Psalterium (1513-1516) 38, par exemple. Chaque annotation est signalée dans le texte latin par un oblèle (†), précisé en marge intérieure par une lettre entre deux oblèles (par exemple †a†) qui renvoie à la fin du chapitre.
34. Ibid., fol. ix r i. 35. Voir G. seebass, « Die Reformation in Nürnberg », dans Reformation in Nürnberg. Umbruch und Bewahrung. 1490-1580, Nuremberg 1979, p. 105 36. Biblia germanolatina, Wittenberg 1574. Voir Paul Eber (1511-1569), Humanist und Theologe der zweiten Generation der Wittenberger Reformation, éd. D. GehRt et V. lePPin, Leipzig 2014, p. 275-277. 37. « …cum brevi commentariolo vel annotatiunculis explicantibus obscuriora vocabula et dicta scripturae, indicatis occasionibus eorum, et explicatis circumstantiis […] [ut] res possent clarius et facilius intelligi », non paginé. 38. D. Martin Luthers Werke, Gesammtausgabe, t. III, Weimar 1885 (pour les psaumes I à 83 = WA 3) et Gesammtausgabe, t. IV, Weimar 1886 (pour les psaumes 84 à 150 = WA 4).
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L’objectif de cette bible double est de faciliter la progression du jeune duc 39, mais cette bible n’est pas seulement destinée à l’apprentissage du latin, elle peut être utile aussi à tous les membres de l’Empire, toutes classes confondues, comme aux érudits étrangers qui souhaiteraient pratiquer l’allemand 40. Paul Eber dit avoir ajouté à la traduction latine [de la Bible] la traduction allemande par Martin Luther 41, sans aucune modification et avec les notes marginales et les préfaces, générales et particulières à chaque livre, du Réformateur 42, et avoir purgé sa Biblia des erreurs des typographes et des fautes trouvées dans les éditions récentes 43. Cette bible double est composée sur deux colonnes, dans sa première édition de 1565, comme dans la seconde en 1574. Le texte latin de la Bible, proposé dans une version vulgate courante, se présente sur la colonne de gauche, le texte allemand sur la colonne de droite, et cela en dix volumes. C’est Georg Major, une figure marquante des milieux universitaires wittenbergeois, qui est chargé d’éditer le texte latin. Nous reproduisons ici le double texte de Genèse, uniquement les versets objets d’annotations :
39. « Eam maxime ob causam, ut cum illustrissima Celsitudo ipsius singulari studio discendae linguae latinae inflammata esset, cuius mediocria initia assiduitate studii perceperat, posset in illo foeliciter tentato conatu facilius progredi et proficere », Biblia germanolatina, p. a2v. 40. « Neque vero suam tantummodo utilitatem quaesivit illustrissimus Elector, sed aliis simul servire voluit, tum omnium ordinum hominibus in Germania, qui linguae Latinae usum expetunt, ut huius operis adminiculo eam perdiscans facilius, tum praecipue exterarum Nationum incolis, qui latinae linguae peritiam adepti, ad vernaculam linguam etiam Germanicae intellectum et usum adiungere cupiunt », Biblia germanolatina, p. a2v-a3r. 41. « Illustrissime princeps… mittimus tandem ad Celsitudinem vestram geminata Biblia, in quibus versioni Reverendi Domini D. Martini Lutheri proxime adiuncta est latina versio… », Biblia germanolatina, p. a2r. 42. « Propter hasce et alias plures causas illustrissimus Elector iussit suo sumptu quam accuratissime excudi Latinum textum Bibliorum, cui ad latus adiungeretur Germanica Lutheri versio sine omni illius mutatione, quam certissime et syncerissime una cum omnibus scholiis marginalibus et praefationibus in universos et singulos libros Biblicos », Biblia germanolatina, p. a3r. 43. « Nobis vero Theologiae Professoribus clementissime iniunxit, non solum ut linguae utriusque textum, antequam excudendus daretur officinis, emendaremus et ab erratis typographicis repurgaremus, et vicia recentis editionis corrigeremus », Biblia germanolatina, p. a3v.
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Gn 1, 1 In principio creavit Deus coelum et terram / Terra autem erat inanis et vacua, et tenebrae / Erant super faciem abyssi / Et spiritus† dei ferebatur super aquas / †a†
Am Anfang schuff Gott Himel und Erden. Und die Erde war wust und leer, und es war finster auff der Tieffe Und der Geist Gottes schwebet auff dem Wasser.
Gn 1, 4 Et vidit Deus lucem/ Quod† esset bona, †b† Et divisit Deus lucem a tenebris
Und Gott sahe das das Liecht† gut war Da scheidet Gott das Liecht vom Finsternis
Voici les annotations pour le premier chapitre de la Genèse. Elles concernent spiritus (Gn 1, 2), bona (Gn 1, 4) et subiicite (Gn 1, 28). Elles sont bien exégétiques, au sens où elles éclairent effectivement le texte biblique, mais proposent aussi une perspective théologique, comme ici en affirmant l’unité des deux testaments 44. †a† esprit] le vent n’existait pas encore, donc il est nécessaire que le nom d’esprit signifie ici l’Esprit saint 45. †b† bonne] c’est-à-dire utile, belle, éminente 46. †c† soumettez-la] tout ce que vous acquerrez par votre culture et votre travail, ce sera votre bien propre, et la terre vous servira en portant [des fruits] et en donnant du rendement 47. Plus rarement, les annotations peuvent être marginales, comme l’annotation sur le Déluge en Gn 7, 12, qui vise à préciser le sens historique : « Le Déluge a eu lieu le 27 juin 1656 après la Création, en 2306 avant l’ère chrétienne 48 ».
44. Sur cette conception globalisante de la Bible, caractéristique des milieux monastiques, mais qui se confirme dans l’exégèse luthérienne et calvinienne, au xvie siècle, voir G. Dahan, « Herméneutique et procédures de l’exégèse monastique », dans L’exégèse monastique au moyen âge (xie-xive s.), éd. G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Paris 2014 p. 115-142. 45. « †a † spiritus] Ventus nunc nondum fuit, ergo necesse est nomen Spiritus hic significare Spiritum sanctum », Biblia germanolatina, p. A4v. 46. « †b † bona] id est utilis, pulchra, praestans », ibidem. 47. « †c † subiicite eam] quicquid cultura et labore vestro acquiritis, erit vobis proprium, et terra ad hoc vobis serviet ferendo et redendo », ibid. 48. « Diluvium invaluit die. 27. iunii anno 1656 post conditum mundum, annis [sic] 2306 ante Christum natum », ibid., p. E5r. Pierre le Mangeur, Historia scholastica,
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La Germanolatina de Paul Eber inspirera directement un autre monument biblique de la fin du siècle, la Biblia de Lucas Osiander, nous l’évoquerons dans notre troisième partie. La révision-remplacement Un autre type d’intervention plus important consiste à remplacer dans le texte même de la Vulgate des termes par d’autres plus conformes au texte massorétique, pour un sens plus littéral. Le Pentateuchus de Martin Luther, paru à Wittenberg, en 1529 49, appartient à ce type de révision. Parfois, les corrections peuvent prendre des proportions que n’avait pas envisagées le réviseur dans un premier temps. C’est le cas pour Martin Luther, dont le travail porte sur le Pentateuque, les livres de Josué, des Juges et des Rois et sur le Nouveau Testament d’Érasme, dont Luther est mécontent. Avant le xvie siècle, écrit Luther dans sa salutation au lecteur, aucune version de la Bible n’a été corrigée et les érudits ont livré, de façon inconséquente, aux mains de typographes les volumes sacrés, au point que l’on constate la dépravation de nombreux textes, la mutilation d’autres, entraînant une réelle incertitude concernant le texte 50. Il ne s’agissait, au tout début de cette entreprise, que de pallier l’incurie des imprimeurs. Mais le Pentateuque, en particulier, s’est révélé tellement « déformé » par cette incompétence qu’il devint nécessaire de reprendre l’édition selon le texte hébreu original, d’autant que Luther n’avait pas accès aux vieux codices. Le travail de révision, c’est-à-dire de correction sur l’hébreu, prit une telle ampleur qu’en naquit quasiment une nouvelle traduction latine fidèle à l’hébreu 51. TouPL 198, col. 1081, propose aussi une datation du déluge mais elle est différente ; nous n’avons pas pu identifier la source de Paul Eber. 49. Martin Luthers Deutsche Bibel, [Text der Vulgata – Revision (1529)] [= WA DB 5], Pentateuchus, Liber Josue, Liber Iudicum, Libri Regum, éd. E. nestle et E. Restle, Weimar 1914. 50. « Cum ante sexennium nulla extarent emendata biblia, versarenturque in manibus studiosorum sacri codices neutiquam religiose tractati a chalcographis, saepe rogati sumus, ut emendacionem eorum susciperemus ; neque vero dissimulari poterat, multos locos depravatos, quosdam etiam mutilatos esse, ad haec ubique membra sententiarum ita confusa esse, ut alicubi certa sentencia nulla colligi posset », WA DB 5, p. 1. 51. « Inicio autem nihil decrevimus in traslatione mutare, tantum errata librariorum correcturi eramus. Sed cum ita deformatus esset Moses, ut non posset emendari nisi collatus ad Ebraicam lectionem, praesertim cum deessent nobis antiqui codices, hic obiter inter conferendum animavertimus, interdum etiam interpretem non satis oculatum fuisse. Quare paulatim crevit labor, et cum interpretatio plerisque locis mutanda esset,
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tefois, la préface de Martin Luther appelle à la prudence. Ce travail effectué est destiné aux lettrés et non fait pour être lu en public dans les églises. Ceux qui voudraient l’utiliser doivent le laisser en bibliothèque, comme le faisaient les anciens Grecs, qui n’utilisaient qu’une seule traduction bien qu’en possédant plusieurs 52. Pour établir cette version savante, Martin Luther a utilisé un arsenal impressionnant d’outils comme la Biblia avec concordance (Lyon, 1521) dont on a conservé un exemplaire fort annoté par le réformateur, les Annotationes d’Érasme (1505) et la Postille de Nicolas de Lyre 53. L’examen du premier chapitre de la Genèse montre le parti-pris du réformateur, à savoir le retour au texte massorétique, mais de façon non systématique. Ainsi Luther préfère-t-il en Gn 1, 2 : « sur l’abîme (super abyssum) », alors que la Vulgate, suivant en cela le texte hébraïque propose : « sur la face de l’abîme (super faciem abyssi) ». Le premier jour (dies primus, Gn 1, 5) est moins fidèle au texte hébreu que le « jour un » (dies unus) de la Vulgate. Luther restitue certains mots que la Vulgate économise, notamment le verbe « être » quand il est présent en hébreu (Gn 1, 8). Il traduit, de façon récurrente wa-yhi (Vg : factum est, « cela fut fait ») par fiebat, « cela était fait », restituant ainsi l’aspect inaccompli du verbe en hébreu. Luther reproduit un hébraïsme, en Gn 1, 11 proposant germinet gramen « fasse germer un germe 54 », pour traduire l’hébreu tadshe, « fasse germer », et deshe, « germe, herbe », plutôt que la leçon courante des vulgates : la terre germera de l’herbe verdoyante (terra germinet herbam virentem). Mais il ne conserve pas le second hébraïsme mazria‘ zera‘, « produisant semence ». Le projet « idéologique » du Réformateur semble bien être de revenir au texte hébraïque source mais sans s’y enfermer : trop s’adonner au sens littéral en s’inspirant des sources juives est en effet le reproche que les Wittenbergeois adresseront aux hébraïsants rhénans dès les années 1530, reproche
nova propemodum translatio nata est, ut per omnia responderet latina lectio Ebraicae », ibidem. 52. « Illud etiam monendi sunt lectores, nos quidquid hoc est laboris sumpsisse ad utilitatem discentium sacras literas, non ut haec nostra edicio reciperetur in templis et publice pro veteri legeretur. Si qui volent uti, in Bibliothecis retineant, sicut olim apud Graecos, cum essent multae translationes, tamen una legebatur », ibid., p. 1-2. 53. A. noblesse-RocheR, « “Ce bon Nicolas de Lyre” ; quelques postures de Martin Luther à l’égard du Postillator », dans Nicolas de Lyre, franciscain du xive siècle, exégète et théologien, éd. G. Dahan, Paris 2011, p. 335-357. 54. WA DB 5, 13.
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matérialisé par la querelle entre Johann Forster, professeur d’hébreu dans la ville saxonne, et Sebastian Münster à propos de l’emploi systématique des commentaires rabbiniques 55. Le même type de révision caractérise la Biblia, éditée à Zurich, en 1543-1544, par Conrad Pellican, conçue par Leo Jud, puis Theodor Bibliander, dans le cadre de la Prophezei, mais les révisions-remplacements s’avèrent plus fréquentes, au point que puisse se poser la question de savoir si le texte de Zurich est encore une Vulgate modifiée ou une nouvelle traduction. Le texte hiéronymien dans ce cas disparaît en partie sous un nouveau texte qui, pourtant, ne se revendique pas encore comme tel. Leo Jud, le principal traducteur de cette Bible, selon le préfacier supposé, Henri Bullinger, a particulièrement réfléchi aux enjeux d’une traduction de la Bible. Il a consulté plusieurs exemplaires hébraïques, la Septante et plusieurs éditions latines à propos de « lieux » difficiles et ambigus 56. Il respecte le latin cicéronien mais il revient aux termes consacrés par l’usage. Il préfère ainsi evangelizare à laetum nuntium affere, benedicere à fortunare, benedictus à laudandus, fides à fiducia. Pourquoi proposer une nouvelle version, se demandet-on en préface ? Si ces innovations devaient en choquer certains, le préfacier renvoie son lecteur à la Vulgate, considérée comme une bonne version certes, mais pas assez fidèle à l’hébreu et au grec ; il exprime cependant un doute : la Vulgate transmise n’est peut-être pas exactement celle de Jérôme 57. Donnons ici quelques exemples de révision. En Genèse 1, 5, il ajoute le nom de Dieu (Elohim) que la Vulgate avait omis. Le terme expansio est préféré à firmamentum (Vg), pour conserver le double sens du terme de raqiya‘ (Gn 1, 6). Mais il existe aussi quelques exceptions dans cette fidélité au texte massorétique : comme dans la révision de Luther, dont on s’inspire sans doute ici, supra abyssum ne traduit pas fidèlement, en Gn 1, 2, ‘al peney tehom. Les innovations de la Bible zurichoise dans le premier chapitre de la Genèse qui nous sert de test sont nombreuses.
55. J. FRieDman, The Most Ancient Testimony. Sixteenth Century Christian-Hebraica in the Age of Renaissance Nostalgia, Athens (Ohio) 1983, p. 165-176. 56. Biblia sacrosancta Testamenti Veteris et Novi. 57. Ibidem.
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Une synthèse : la bible de Lucas Osiander (1599) Lucas Osiander est le fils d’Andreas Osiander, le réformateur nurembergeois, éditeur de la Biblia de 1523, dont nous avons parlé plus haut. La Biblia de Lucas Osiander est une Vulgate révisée sur l’hébreu pour l’Ancien Testament et sur le grec pour le Nouveau. Lucas dit avoir utilisé, en regard de la version latine, la Bible allemande de Luther en allemand, dans la version « autorisée », c’est-à-dire celle qu’il a révisée de son vivant, avant 1545. Dans sa préface, Lucas Osiander justifie son entreprise par le fait qu’il n’existait qu’une bible en circulation dans les régions de Thuringe et de Saxe, la Biblia, parue en 1544, à Leipzig (il s’agit en fait de la Vulgate révisée par Robert Estienne en 1532 58). Lucas précise encore que la version de Martin Luther, la Biblia de Leipzig et la Vulgate annotée par son père, Andreas, en 1523, convergent en grande partie 59. La bible de Lucas Osiander propose, dans les paratextes, les préfaces de Martin Luther et celles de Jérôme aux livres vétérotestamentaires ainsi que les résumés bibliques et la petite « Somme » attribués à Johannes Brenz dans la Biblia parue à Leipzig en 1544 60. Dans cette préface, Lucas Osiander précise que le texte biblique a été établi sur la version d’Andreas Osiander et qu’ont été ajoutées des lettres en plus petits caractères pour signaler, par rapport à la version d’Andreas : a) ce qui manque ou est sous-entendu, b) ce qui est redondant, c) par un signe de croix ce qui est traduit plus rigoureusement, notamment dans l’Ancien Testament ; d) enfin ce qui peut être dit de façon plus explicite que dans la version paternelle. Lucas Osiander ajoute des annotations empruntées à la Germanolatina de Paul Eber. En voici un exemple pour Gn 1, 2. « L’esprit du Seigneur était porté sur les eaux » est l’objet de deux annotations. La première précise, à propos de « était porté sur les eaux » (ferebatur super aquis) : « en hébreu : était couvé par les eaux (incubabat aquis) » ; bien
58. J.-F. Gilmont, Le livre et ses secrets, préf. F. hiGman et M. munD-DoPchie, Genève – Louvain 2003, p. 245-250. 59. Nous reproduisons cette préface en annexe. 60. « Summa totius sacrae Scripturae, librorum videlicet Veteris et Novi Testamenti » ; ce texte s’inspire de celui que donne Robert Estienne dans sa Bible de 1532, « Haec docent sacra Bibliorum scripta », dont il conserve les articulations mais modifie le texte. Cf. J.-F. Gilmont, « Le Sommaire des livres du vieil et nouveau testament de Robert Estienne, ou l’étrange périple d’une confession de foi », Revue de l’histoire des religions 212 (1995), p. 175-218.
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que l’expression soit présente dans la Glossa interlinéaire 61, Osiander s’inspire probablement ici du commentaire de Rashi sur la Genèse. La seconde annotation concerne « esprit du Seigneur » (spiritus Domini), le terme hébreu ruah signifiant à la fois « vent » et « esprit ». L’annotation précise que, le vent n’ayant pas encore été créé, il faut comprendre ici spiritus (« esprit », ruah) dans le sens d’Esprit saint 62. En Gn 1, 4 (« Et Dieu vit que la lumière était bonne »), bonne (bona) est explicité : « c’est-à-dire utile, belle, supérieure 63 ». La Latinogallica, Bible Francoiselatine La réception de la bible de Zurich est importante, notamment dans les bibles bilingues comme la Latinogallica, parue à Genève en 1568, chez Jacques Bourgeois. Le texte latin est lui fortement remanié, reprenant quelques options de la Bible de Zurich (expansio, appellavit, Deus), que nous avons citées supra, mais introduisant aussi quelques nouveautés, comme vorago en Gn 1, 2, issues de la Biblia de Santi Pagnini 64, mais via le commentaire de Calvin sur la Genèse : Gn 1, 1-5 1 In principio creavit deus caelum et terram. 2 Terra autem erat desolata et inanis : tenebraeque erant in superficie voraginis et spiritus Dei agitabat sese in superficie aquarum. 3 Dixitque Deus, Sit lux : et fuit lux. 4 Viditque Deus lucem quod esset bona : et divisit Deus lucem a tenebris. 5 Vocavitque Deus lucem Diem, et tenebras vocavit Noctem : fuitque vespera et fuit mane dies unus. Gn 1, 1-5 Dieu créa au commencement le ciel et la terre. 2 Et la terre estoit sans forme et vuide : et les tenebres estoyent sur les abymes, et l’Esprit de Dieu estoit espandu par-dessus les eaux. 3 Et Dieu dit, Qu’il ait lumière : et la lumière fut. 1
61. Et antérieurement de Jérôme, Hebraicae quaestiones in Genesim, dans CCSL 72, Turnhout 1959, p. 3. 62. « Spiritus] Ventus tunc nondum fuit, ergo necesse est nomen spiritus hic significare Spiritum sanctum. » Cf. le texte cité supra, note 45. 63. Biblia sacra Veteris et Novi Testamenti secundum Vulgatam versionem, Leipzig 1599, fol. 1r°. 64. Voir G. Dahan, « La Bible de Santi Pagnini (1528) », dans La Bible de 1500 à 1535, p. 261-281.
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Les « révisions » de la Vulgate dans les cercles protestants 4 Et Dieu vid que la lumiere estoit bonne : et Dieu separa la lumiere des tenebres. Et Dieu appela la lumiere, Iour : et les tenebres, Nuict. Lors fut fait du soir et du matin le premier jour. 5 Et Dieu appela la lumière, Jour : et les tenebres, Nuict. Lors fut fait du soir et du matin le premier Iour.
Gn 1 (Santi Pagnini) In principio creavit deus cœlum, et terram. 2 Et terra erat desolata, et inanis : et tenebrae erant in superficie voraginis, et spiritus dei sufflabat in superficie aquarum. 3 Et dixit deus. Sit Lux. Et fuit Lux. 4 Et vidit deus lucem quod esset bona, et divisit deus lucem, a tenebris. 5 Et vocavit deus lucem diem, et tenebras vocavit noctem. Et fuit vespera, et fuit mane dies unus. 1
La Gallicolatina reprend littéralement la traduction latine du commentaire de Jean Calvin sur la Genèse (1554) 65. Quant à la traduction française, elle propose le texte de la Genèse dans ce qu’Edouard Reuss appela « la Bible de Calvin », c’est-à-dire la reconstitution du texte de la Genèse, exceptionnellement homogène, effectué par le savant strasbourgeois à partir des commentaires de la Genèse en français du Réformateur, en 1564 66. On notera que dans la Gallicolatina, en Gn 2, 4, l’emploi de « l’Éternel Dieu » et de « Iehouah Deus » est inspiré là aussi du commentaire latin de Calvin 67. Citons enfin l’entreprise la plus audacieuse, dans le domaine des polyglottes protestantes : la Biblia sacra d’Elias Hutter 68 (1599), qui propose, en trois volumes, les versions hébraïque, araméenne, grecque, latine, allemande (version luthérienne) et saxonne (allemand de Saxe) dans l’édition parue à Hambourg en 1596 puis à Nuremberg en 1599. C’est le même éditeur qui publie une Via sacra 69, texte hébreu de 65. Ioannis Calvini Opera quae sunt supersunt omnia, t. XXIII, Opera exegetica et homiletica, t. I/1, Commentariorum in quinque libros Mosis pars I, éd. G. baum, E. cunitz et E. Reuss, Brunschwig 1882 (« Corpus Reformatorum », 51), col. 13. 66. La Bible française de Calvin. Livres des Saintes Ecritures, traduite ou révisée par le Réformateur, tirée de ses œuvres et accompagnée de variantes d’autres versions du xvie s., éd. E. Reuss, t. I, Paris 1897, p. iii-x. 67. Ioannis Calvini Opera quae sunt supersunt omnia, Commentariorum in quinque libros Mosis, cité supra, col. 30 68. Voir G. M. ReDslob, « Hutter, Elias », Allgemeine Deutsche Biographie, t. XIII, Leipzig 1881, p. 475-476. 69. Via sacra sive Biblia Sacra eleganti et maiuscula characterum forma, Hambourg 1587.
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Genèse à Ruth, précisant pour chaque terme hébreu sa racine trilitère en caractères gras, à des fins pédagogiques 70. Augustin Calmet identifie les quatre premières langues de la Biblia sacra, dont la latine, avec les versions proposées par la Polyglotte d’Anvers 71. La sixième colonne, dans d’autres éditions, peut donner une traduction slavonne ou française. Cette bible polyglotte sert de modèle à la bible éditée par David Wolder en quatre volumes 72, qui propose avec la version Vulgate courante la nouvelle traduction de Santi Pagnini en regard, signe de la réception de celle-ci en milieu protestant, avec la traduction allemande de Martin Luther (1545). Loin d’être abandonnée ou sacrifiée sur l’autel des conflits confessionnels, la Vulgate continue d’être une référence majeure dans les cercles protestants au xvie siècle. Mais, bien avant la fixation des fronts confessionnels au milieu du siècle, les protestants s’attachent à remanier ce monument patrimonial pour investir le champ de l’érudition biblique, y imprimer leur marque, plus que pour accomplir un réel travail philologique, il faut bien en convenir. Le retour au texte hébreu pour réviser le texte de l’Ancien Testament, le réemploi de la traduction d’Érasme pour le nouveau, contestée à Wittemberg toutefois, sont autant de marqueurs d’une reprise en mains de la production biblique. Contrairement aux apparences, la production de bibles latines en vue de l’érudition perdure, en même temps que celle de bibles latines à destination de l’étude du latin. Se dessine une filiation qu’une étude plus approfondie que celle-ci pourrait faire apparaître, notamment en provenance de la famille Osiander. L’École rhénane, son utilisation de la Biblia rabbinica et ses travaux sur l’exégèse rabbinique semblent ici remisés au magasin des accessoires. Dès la fixation confessionnelle, l’autorité de Martin Luther et de l’école wittembergeoise investit le champ ecclésial.
70. E. van staalDuine-sulman, Justifying Christian Aramaism. Editions and Latin Translations of the Targums from the Complutensian to the London Polyglot Bible (1517-1657), Leyde 2017, 162. 71. Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bibl, t. IV, Paris 1730, p. 99. 72. Opera Davidis Wolderi, Biblia Sacra, graece, latine et germanice : in usum ecclesiarum germanicarum praesertim earum quae sunt in ditionibus Illustrissimorum Ducum Holsatiae, Hambourg 1596.
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Annexe Lucas Osiander, Biblia sacra (1599), Praefatio Pio, candido et benevolo lectori s Placuit illustrissimo et generosissimo Principi ac Domino, Domino Friderico Wilhelmo, duci ac prolectori Saxoniae, ut Latina Biblia, sub Celsitudinis ipsius privilegio ad annos octo, hac forma, typis Ienensibus ederentur : hanc potissimum (ut aliae omittantur) ob causam : quod ex hisce regionibus latina Biblia, excepto unico Lipsensi exemplari, quod anno 44 editum est, hactenus non prodierint. Assumata est (ut quid lectori haec praeter caeteras spondeat editio, paucis ostendatur) hic primo vetus et vulgata versio, quemadmodum ea ad Ebraeam in veteri, ad Graecam in novo Testamento, a D. Luca Osiandro perpurgata est ; ita quidem, ut etiam ad D. D. Lutheri versionem Germanicam, et memoratum exemplar Latinum, Lipsiae anno 44 editum (cui etiam cum Osiandrico et Wittembergico exemplari maxima ex parte convenit) collata sit. Secundo Argumenta capitum brevia et summulae, quae D. Brentio tribuuntur, ex Lipsensi in hunc codicem translatae. Tertio Textui ipsi, ex D. Osiandri Bibliis, litera exiliori sunt addita, quae in vulgata versione, si ad fontes excutiatur, I. desunt vel subaudienda, II. redundant, III. rectius verti, quae interdum, praesertim in Veteri Testamento, repraesentat signum † : IV. explicatius non numquam dici posse videbantur. Quarto Capita singula in versus secta : versus suum numerum exacte singuli profitentur. Quinto praefationes denique et scholia pleraque in libros Biblicos D. D. Lutheri, atque ea duntaxat, quae in postremis Bibliis, ipso vivo, anno 45 editis leguntur, suis sunt inserta locis, ex versione Latina, quam Dux et Elector Saxoniae, vere Augustus, suis sumtibus suoque privilegio, cum Germanica coniunctam, tomis decem Witebergae typis mandari iussit. Utatur sane hoc labore qui volet, modo candide velit : et si qua vel Typographica, vel alia in hac editione σφάλματα occurrerint, quae sub titulo Correcturae ad calcem addito, non contineantur : qua par est pietate et qua decet, humanitate, corrigat haud gravate. Neque enim oculatissimi in operis hisce Typotheticis, nunquam offendunt, neque, si absit προαίρεσις aut malitia, venia non digni iudicantur. Τὸ λίαν ἀκριβές, ut Graeci sapientes pronuntiant, συκοφάντας ποιεῖ, quibus et aliis sanam Deus largiatur mentem. Bene vale, mense Ianuario anni 1599. 141
LA UTILIZACIÓN DE LA VULGATA EN ENTORNOS PROTESTANTES Una primera aproximación a propósito de las controversias sobre la Trinidad Pablo toRibio ILC, CSIC (Madrid)
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presente capítulo 1 examina en qué grado la Vulgata se mantuvo de hecho como texto bíblico de referencia en el discurso teológico protestante del siglo xvi cuando éste se expresó en lengua latina. Para esta somera aproximación al tema he partido de una selección de autores y de pasajes bíblicos que he elegido en función de su implicación en las controversias sobre la Trinidad; este criterio de selección, tan válido como podrían haberlo sido muchos otros, permite cubrir sectores del protestantismo bastante alejados entre sí, tanto geográfica como ideológicamente. En concreto, el corpus está constituido por obras de los siguientes autores: Juan Ecolampadio (1482-1531), Martín Lutero (1483-1546), Alexander Alesius (1500-1565), Francesco Lismanini (ca. 1504-1566), Matteo Gribaldi (ca. 1505-1564), Juan Calvino (1509-1564), Miguel Servet (1509/1511-1553), Sebastián Castelión (1515-1563), Ferenc Dávid (1520-1579), Jacobo Paleólogo (ca. 1520-1585), Johann Wigand (ca. 1523-1587), Petrus Gonesius (ca. 1525-1563), Lelio Sozzini (15251562) y Fausto Sozzini (1539-1604). En cuanto a los pasajes bíblicos examinados, son tres del Antiguo Testamento (Ps 110 [Vg. 109]; Is 9, 6; Is 53, 3-8) y tres del Nuevo (Jn 1, 1-14; l
1. Este trabajo se enmarca en el proyecto “Edición y estudio de textos bíblicos y parabíblicos” (FFI2017-86726-P), financiado por el Ministerio de Ciencia, Innovación y Universidades de España. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121971
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Rm 11, 33; Ph 2, 5-11); adicionalmente, se señalan los casos en que se encuentra citado el célebre comma Johanneum (1 Jn 5, 7-8). Para la Biblia he tomado como texto de referencia, por un lado, ediciones críticas actuales – las de la Abadía de San Jerónimo para Salmos e Isaías 2, las de Wordsworth y White para Juan y las epístolas paulinas 3 –, y por otro una selección amplia de las ediciones de la Biblia en latín que los autores del siglo xvi tenían a su disposición, tanto ediciones totales o parciales de la Vulgata como otras traducciones latinas. En el primer grupo se incluyen el Psalterium Quincuplex de Lefèvre d’Étaples (París 1513), la Políglota de Alcalá (1514), la Biblia de Osiander (Núremberg 1522), el texto de la Vulgata editado por Erasmo (Basilea 1527), el Nuevo Testamento y Pentateuco o “Vulgata de Wittenberg” (1529), la edición “non pareille” de Robert Estienne o “Biblia de Vatablo” (París 1545), la Vulgata de Johannes Brenz (Fráncfort – Tubinga 1564), la Biblia de Lovaina (1584) y la Sixto-Clementina (Roma 1590-1592) 4. En cuanto a traducciones latinas modernas, he consultado la traducción de Erasmo del Nuevo Testamento (edición de Basilea 1527), la traducción de toda la Biblia de Pagnini (Lyon 1528), la del Antiguo Testamento de Leo Jud en la versión publicada por Estienne (París 1545) y la traducción total de Castelión (Basilea 1551) 5, así como la que Calvino intercala en sus comentarios a los libros bíblicos (Estrasburgo 1540, Ginebra 1548-1557).
2. Biblia sacra iuxta latinam vulgatam versionem… cura et studio monachorum Abbatiae Pontificiae Sancti Hieronymi in urbe ordinis Sancti Benedicti edita: vol. X, Liber Psalmorum, Roma 1953; vol. XIII, Liber Isaiae, Roma 1969; Sancti Hieronymi Psalterium iuxta Hebraeos, ed. H. de sainte-maRie, Roma 1954. 3. Novum Testamentum Domini Nostri Iesu Christi latine secundum editionem Sancti Hieronymi, ed. J. WoRDsWoRth y H. J. White, vol. I, Quattuor Evangelia, Oxford 18891898; vol. II/1, Epistula ad Romanos, Oxford 1913; vol. III, Actus Apostolorum, Epistulae canonicae, Apocalypsis Iohannis, Oxford 1954. 4. Para estas biblias, que no constituyen de por sí el objeto de este estudio y que he consultado en las mencionadas ediciones del xvi a través de reproducciones digitales, remito a las demás contribuciones al presente volumen, así como a J.-P. Delville, “L’évolution des vulgates et la composition de nouvelles versions latines de la Bible”, en Biblia: les Bibles en latin au temps des Réformes, ed. M.-Chr. Gomez-GéRauD, París 2008, p. 71-106. 5. Además de a Delville, “L’évolution des vulgates”, remito para estas traducciones a J. esKhult, “Latin Bible translations in the Protestant Reformation”, en Shaping the Bible in the Reformation: books, scholars and their readers in the sixteenth century, ed. B. GoRDon y M. mclean, Leiden 2012, p. 167-185, así como al reciente volumen La Bible de 1500 à 1535, ed. G. Dahan y A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018.
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A la hora de reproducir las citas bíblicas de los autores en cuestión, se marcarán en negrita los cambios con respecto a las mencionadas ediciones críticas actuales: por ejemplo, iis qui credunt de Lutero frente a his qui credunt de las ediciones de referencia; cuando dicho cambio consiste en una omisión, se incluye en el lugar correspondiente la palabra omitida tachada: por ejemplo, hoc enim sentite de Lutero frente a hoc enim sentite de las ediciones actuales. Es necesario insistir por adelantado en el carácter provisional de las conclusiones que se extraerán de este trabajo, y al mismo tiempo señalar una grave carencia de base con la que se encuentra aquí la investigación filológica: la mayor parte de las fuentes – tanto de las ediciones de la Vulgata como de las nuevas traducciones latinas y de los textos teológicos en que ambas se citan – no son accesibles en un formato electrónico que permita búsquedas de texto avanzadas y exhaustivas; para muchas de ellas ni siquiera existen ediciones críticas en el formato tradicional, y cuando existen, no siempre incorporan el necesario índice de citas bíblicas. De ese modo, el presente trabajo, de por sí condicionado por las limitaciones de su planteamiento, se ve muy dificultado por el deficiente estado de procesamiento textual de las fuentes. Más allá de los pequeños límites de este estudio, dicha carencia implica que preguntas de investigación como la que aquí se plantea – hasta qué punto estuvo presente la Vulgata en la producción latina protestante –, es decir, cualquier pregunta que se refiera al vasto corpus textual neolatino, en las condiciones actuales no puede responderse. A mi juicio, esta constatación debería subrayar la evidencia de una línea de trabajo imprescindible para las próximas décadas de filología latina, ahora que las tecnologías digitales la hacen posible. Citas de la Vulgata en autores protestantes El primer Lutero (1517-1521) En los principales escritos latinos publicados por Lutero entre 1517 y 1521, es decir, en el periodo crítico de su ruptura con Roma – más de una década antes de que comenzara el estruendo de las controversias trinitarias con la primera publicación de Miguel Servet –, no se encuentran más que dos citas latinas de los pasajes bíblicos en cuestión, ambas en el Tratado sobre la libertad cristiana (1520) 6. Lutero cita ahí Jn 1,
6. Martín Lutero, Tractatus de libertate christiana (1520): D. Martin Luthers Werke:
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12 sin alejarse apenas de la Vulgata: dedit eis potestatem filios dei fieri, iis qui credunt in nomine eius (WA 7, p. 53, 22). La preferencia de iis en lugar de his, aunque banal, no se encuentra atestiguada en el aparato crítico de Wordsworth y White ni en ninguna de las Biblias latinas del siglo xvi consultadas. Un poco más adelante (WA 7, p. 65, 10-14), Lutero cita el himno cristológico de Filipenses (Ph 2, 5-8) igualmente con diferencias mínimas con respecto a la Vulgata: hoc enim sentite in vobis… sed exinanivit semet ipsum formam servi accipiens, in similitudinem hominum factus et habitu inventus ut homo… factus oboediens usque ad mortem.
La omisión de enim tras hoc (hoc enim sentite), que refleja mejor el original griego – la razón, sin duda, por la que es la lectura adoptada en la Neovulgata 7 – está bien documentada en la tradición manuscrita de la Vulgata, pero no se encuentra en las Biblias del siglo xvi. Del mismo modo, la inversión del orden de semet ipsum exinanivit está bien documentada en este caso por la tradición indirecta, pero no se encuentra en ninguna de las ediciones consultadas del siglo xvi. Estos dos ejemplos iniciales, extraídos de uno de los llamados “grandes manifiestos” de 1520, sugieren una elevada fidelidad al texto de la Vulgata entre los protestantes, que la continuación del presente análisis habrá de confirmar o negar provisionalmente. El primer Servet (1531) En el polémico primer libro de Miguel Servet, Sobre los errores de la Trinidad 8, se encuentran, por supuesto, citas del prólogo de Juan; en varios casos puede observarse que el escritor aragonés prefiere la Vulgata a la traducción de Erasmo, cuyo uso por parte de Servet está por lo demás bien documentado 9. Al citar Jn 1, 1 escribe Verbum caro factum
kritische Gesamtausgabe, 7. Band (WA 7), ed. P. Pietsch, Weimar 1897, p. 39-73. 7. Nova vulgata Bibliorum Sacrorum editio, Sacros. Œcum. Concilii Vaticani II ratione habita, iussu Pauli PP. VI recognita, auctoritate Ioannis Pauli PP. II promulgata, Roma 1979. 8. Miguel Servet, De Trinitatis erroribus libri septem (1531): Sept livres sur les erreurs de la Trinité, ed. R.-M. bénin y M.-L. Gicquel, Paris 2008. Téngase presente además: Miguel Servet, De errores acerca de la Trinidad, intr., trad. y notas de A. Gómez Rabal con la colaboración de Á. alcalá, en Miguel Servet. Obras completas: Primeros escritos teológicos, t. II/1, ed. Á. alcalá, Zaragoza 2004, p. 115-381. 9. Véase C. Gilly, Spanien und der Basler Buchdruck bis 1600: ein Querschnitt durch
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est (fol. 10v, 73v) y no sermo ille caro factus est, así como (Jn 1, 9) omnem hominem venientem in hunc mundum (fol. 17r), de acuerdo con el uso general en el siglo xvi, en lugar de in mundum, como había traducido Erasmo y como prefieren los editores actuales. Algunos autores han afirmado que Servet se basó cuando compuso Sobre los errores de la Trinidad en la Biblia latina de Pagnini 10, una traducción que de hecho Servet editaría algunos años más tarde (1542) 11. Sin embargo, estos dos ejemplos invitan a matizar ese juicio, pues en ellos el español se aparta tanto de Pagnini 12 como del humanista de Róterdam para mantenerse fiel a la Vulgata de su tiempo. Por lo demás, fue la versión de la Vulgata del prólogo de Juan la base de las discusiones teológicas que mantuvieron Servet y Ecolampadio en Basilea en 1530 13. Por el contrario, en el caso de Jn 1, 5, Servet escribe: et tenebrae eam non apprehenderunt (fol. 89r), como Erasmo y como Pagnini, y aunque, como se ha visto, prefiere la traducción Verbum (cf. fol. 110v), no obstante suenan ecos de la traducción erasmiana de logos en alguna paráfrasis: in principio erat ille sermo, illud oraculum (fol. 115r). En cuanto a la interpolación de 1 Jn 5, 7, el comma Johanneum famosamente eliminado por Erasmo en su primer texto griego revisado (1516), el español lo incluye en la discusión sin cuestionar su autenticidad textual y en la versión de la Vulgata corriente en su siglo: tres sunt qui testimonium dant in coelo, pater, Verbum, et Spiritus sanctus, et hi tres unum sunt (fol. 22v) 14.
die spanische Geistesgeschichte aus der Sicht einer europäischen Buchdruckerstadt, Basel – Frankfurt am Main 1985 (Basler Beiträge zur Geschichtswissenschaft, 151), p. 278-279. 10. Véase recientemente la nota de la editora en Miguel Servet, Restitution du christianisme, ed. R.-M. bénin, Paris 2011, vol. I, p. 144, n. 2, relativa a De Trinitatis erroribus. 11. No debe confundirse esta edición de la traducción de Pagnini con la edición de la Vulgata en octavo publicada también por Servet ese mismo año de 1542 (véase Gilly, Spanien und der Basler Buchdruck, p. 294, con bibliografía), como las confunde por ejemplo K. ReinhaRDt, Bibelkommentare spanischer Autoren (1500-1700), Madrid 1999, vol. II, p. 310. 12. Pagnini traduce Jn 1, 14 como Verbum illud caro factum est. 13. Véanse las cartas de Ecolampadio (1530) incluidas en las Actes du procès de Michel Servet, en Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. VIII, ed. G. baum, E. cunitz y E. Reuss, Brunsvigae 1870 (Corpus Reformatorum, 36), col. 721-872: verbum caro factum est (col. 858 et 861), in principio erat et erat apud Deum (col. 860), in principio erat verbum et verbum caro factum est (col. 861). 14. De las ediciones del xvi consultadas, la llamada Vulgata de Wittenberg es la única
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En cuanto al himno de Filipenses, del que Servet ofrece una exégesis detallada (fol. 11v-20r), lo más cercano a una cita literal se encuentra en su paráfrasis de Ph 2, 9: et dare ei nomen quod sit super omne nomen (fol. 11v). La forma dare ei en lugar de donare illi no se halla en ninguna de las ediciones consultadas; el uso del verbo dare, en cambio, sí se encuentra atestiguado en la tradición indirecta de la Vulgata. En cuanto al “nombre que está sobre todo nombre”, los editores actuales prefieren nomen super omne nomen en vez de nomen quod est super omne nomen, que es la lectura que subyace a la paráfrasis servetiana y también la lectura común en las ediciones del siglo xvi, con la única excepción de la Políglota de Alcalá, que imprime nomen quod est supra omne nomen – coincidiendo aquí con Erasmo; por el contrario, pocas páginas después (fol. 19v), Servet parafrasea cum esset in forma Dei (Ph 2, 6) como quod in specie Dei constitutus, lo que permite sospechar el reflejo de la traducción erasmiana del versículo siguiente: in similitudine hominum constitutus 15. En cuanto a Ps 110 (Vg. 109), Servet cita el primer versículo: Dixit Dominus Domino meo (fol. 20v), como ejemplo de que “la ignorancia de los nombres de la divinidad ha engañado a los filósofos”, pues al traducir mediante la misma palabra latina, Dominus, dos palabras hebreas distintas, Yahve y Adoni, se da motivo para entender erróneamente una igualdad de naturaleza entre las dos personas mencionadas. El aragonés cita también Ps 110 (Vg. 109), 3, de una manera peculiar: ex utero ab aurora tibi ros geniturae tuae (fol. 51r) 16. Esto no se corresponde ni con la versión según el hebreo (de vulva orietur tibi ros adulescentiae tuae) ni según el griego (ex utero ante luciferum genui te); en esta ocasión sí puede decirse que Servet muy probablemente se inspiró en la traducción de Pagnini: ex utero ab aurora fuit tibi ros nativitatis tuae. En lo que se refiere a los pasajes de Isaías, Servet se refiere más de una vez a Is 9, 6: puer natus est nobis, vocabitur nomen eius Deus fortis (fol. 10r; cf. fol. 11v et 13v), apartándose de la Vulgata sólo en la sustitución de parvulus por puer; esta sustitución es por otra parte prácticamente unánime entre los autores examinados que citan el pasaje, aunque no se encuentra en ninguna de las ediciones del siglo xvi consultadas y
que no contiene la interpolación. Gilly, Spanien und der Basler Buchdruck, p. 278-279, señala la proveniencia erasmiana de la exégesis de Servet para este pasaje. 15. Por su parte, Pagnini traduce: in similitudine hominum factus. 16. Esta cita no está identificada en el índice de bénin.
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tampoco en la tradición de la Vulgata. Puer es también la palabra escogida en la traducción atribuida a Leo Jud, pero no es la empleada por Pagnini, que mantiene parvulus. Servet habla también del novissimum virorum, virum dolorum (fol. 4v) de Is 53, 3, con palabras literales de la Vulgata, y más adelante (fol. 51r) se mantiene próximo a ella en su paráfrasis de todo el pasaje (Is 53, 3-8): abiectus ille inter viros vir dolorum, tanquam agnus ad occisionem ducetur, quasi ovis coram tondente se obmutescet, generationem eius quis enarravit, abscissus enim de terra viventium, propter praevaricationem populi mei plaga fuit ei.
En algunas de las variaciones puede, de nuevo, sospecharse la influencia de Pagnini: en efecto, éste traduce abiectus inter viros et vir dolorum; cambia, como Servet, el orden de agnus y ovis (Pagnini: sicut agnus… et sicut ovis) y, más reveladoramente, da la misma traducción del final del pasaje: propter praevaricationem populi mei plaga fuit ei. En todo caso, puede constatarse que el español no toma sin más la traducción de Pagnini, sino que la utiliza de forma puntual y parcial, mientras que el texto de la Vulgata constituye de forma clara su base. Más adelante comprobaremos si esta conclusión provisional se mantiene también para la obra mayor de Servet, Restitución del cristianismo (1553), publicada veinte años más tarde. Siguiendo el orden cronológico examinaremos primero la forma que adoptan las citas bíblicas seleccionadas en las obras latinas de los dos grandes reformadores publicadas en las décadas de 1530 y 1540. Lutero y Calvino (1537-1544) El grado de implicación de Lutero en las controversias antitrinitarias fue reducido 17. Se diría que el reformador de Wittenberg encuentra su respuesta a las objeciones de Servet en Rm 11, 33, donde el apóstol se maravilla de “la profundidad de la riqueza, de la sabiduría y de la ciencia de Dios”, y de sus “juicios insondables”; del misterio, por tanto. De hecho, es éste el pasaje que elige Lutero para su sermón del día de la Trinidad de 1537. En las notas para este sermón, donde se mezcla de
17. Para la trinitología de Lutero y las obras en que se muestra, véase Chr. helmeR, The Trinity and Martin Luther: a study on the relationship between genre, language and the Trinity in Luther’s works (1523-1546), Maguncia 1999.
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manera característica el alemán con el latín, Lutero se distancia de la Vulgata al citar: o profunditatem 18, en lugar de: o altitudo. La elegida por el reformador es la traducción de Erasmo y también la de Pagnini. Los editores Wordsworth y White documentan una variante próxima en la tradición indirecta de la Vulgata: profundum. Tres años después de este sermón de Lutero, Calvino publica en Estrasburgo su Comentario a la Epístola a los Romanos. Como en todos sus comentarios a los libros bíblicos, Calvino va intercalando su propia traducción latina del texto, no publicada nunca por separado 19. En el pasaje de Romanos se observa la tendencia que quedará confirmada, con ciertos matices, en los casos siguientes: un compromiso entre la Vulgata y la traducción de Erasmo. La primera parte del versículo (Rm 11, 33) coincide literalmente con esta última: O profunditatem divitiarum et sapientiae et cognitionis Dei 20. En cambio, en la segunda parte Calvino prefiere incomprehensibilia, como la Vulgata, en lugar de inscrutabilia como Erasmo, aunque a su vez escoge impervestigabiles, como el humanista de Róterdam, en lugar de investigabiles. Debe señalarse que impervestigabiles es la traducción preferida por la unanimidad de los autores considerados, incluso Servet, que muy probablemente tenía este versículo en la cabeza cuando hablaba de las impervestigabiles divitias Christi (De Trinitatis erroribus, fol. 46v); irónicamente, esta traducción no está documentada en absoluto en la tradición textual de la Vulgata, mientras que todas las demás variaciones de la traducción de Erasmo sí: inscrutabilia existe como variante de incomprehensibilia, al igual que la conjunción et antes de sapientiae; por su parte la variante agnitionis por scientiae se documenta en la tradición indirecta. De todas éstas, sólo la variante et sapientiae está atestiguada en alguna de las ediciones del siglo xvi consultadas (Lovaina 1584). El orden cronológico nos obliga ahora a volver brevemente a Lutero. En 1544, dos años antes de su muerte, presidió en Wittenberg
18. Martín Lutero, Predigt am Trinitatstage (27. Mai 1537): D. Martin Luthers Werke: kritische Gesamtausgabe, 45. Band (WA 45), ed. O. bRenneR, Weimar 1911, p. 89-93 (p. 92, 34). 19. Esto vale también para el Antiguo Testamento, como se verá más adelante, y no sólo para el Nuevo, pese a lo que da a entender Delville, “L’évolution des vulgates”, p. 90. 20. Juan Calvino, Ioannis Calvini commentarii in Epistolam Pauli ad Romanos (1540): Ioannis Calvini opera exegetica et homiletica, vol. 27, ed. E. Reuss, A. eRichson y L. hoRst (Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. 49 = Corpus Reformatorum, 77), Brunsvigae 1892, col. 1-292 (col. 230).
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la disputación doctoral de Georg Major y Johannes Faber, cuyas tesis escribió por supuesto el mismo Lutero 21. Pese a que el tema de disputación era precisamente la Trinidad, sólo se encuentra en ellas una de las citas seleccionadas, Jn 1, 14, con la forma Verbum est factum caro (WA 39/2, p. 306, 26). Por lo demás, es relativamente sorprendente constatar el uso del comma Johanneum por parte de Georg Major en sus notas preparatorias para esta disputación (WA 39/2, p. 324, 1-2), pese a que antes de que comenzaran las controversias antitrinitarias los luteranos habían aceptado sin problemas la seclusión erasmiana de esta interpolación, y en consencuencia, como se ha mencionado, no se incluyó en la llamada Vulgata de Wittenberg 22. Major cita el comma en la forma estándar en que ya lo hemos encontrado citado por Servet. Calvino y Servet (1548-1553) En 1548 publica Calvino su Comentario a Filipenses, tres años más tarde el Comentario a Isaías (1551), y en 1553, el mismo año de la Restitución del cristianismo de Servet y de la trágica muerte en la hoguera de su autor, el Comentario al Evangelio de San Juan. Examinaremos ahora la presencia de las citas bíblicas seleccionadas en el conjunto de esas cuatro obras. Servet cita condensadamente Is 9, 6 como puer natus est nobis, vocabitur deus fortis (p. 15) 23, manteniendo el uso de puer en lugar del parvulus de la Vulgata. Calvino, por su parte, se mantiene también muy próximo a la Vulgata en su traducción completa del pasaje 24:
21. Martín Lutero, Die Promotionsdisputation von Georg Major und Johannes Faber (12. Dezember 1544), WA 39/2, ed. G. bebeRmeyeR, Weimar 1932, p. 284-336. 22. Véase G. mcDonalD, Biblical criticism in early modern Europe: Erasmus, the Johannine comma and trinitarian debate, Cambridge 2016, p. 76. 23. Me baso para el análisis de las citas presentes en Miguel Servet, Christianismi restitutio (1553), en la ya referida edición francesa de Servet, Restitution. Téngase en cuenta asimismo la anterior edición: Miguel Servet, Restitución del cristianismo, 1: Siete libros sobre la Trinidad, trad. de Á. alcalá, en Miguel Servet. Obras completas, vol. V, Restitución del cristianismo, Zaragoza 2006, p. 1-479; Miguel Servet, Restitución del cristianismo, vol. II, Tres libros sobre la fe y la justicia, cuatro libros sobre la regeneración, trad. L betés y Á. alcalá, en Miguel Servet. Obras completas, vol. VI, Zaragoza 2006, p. 831-1261; Miguel Servet, Restitución del cristianismo, 3: Treinta cartas a Calvino, Sesenta signos del Anticristo, Apología contra Melanchthon, trad. Á. alcalá, en Miguel Servet. Obras completas, vol. IV, Servet frente a Calvino, a Roma y al luteranismo, Zaragoza 2005. 24. Juan Calvino, Ioannis Calvini commentarii in Isaiam prophetam (1551), primera
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Pablo Toribio quia puer natus est nobis, filius datus est nobis, et constitutus est principatus super humerum eius: et vocabitur nomen eius, Admirabilis, Consiliarius, Deus fortis, Pater saeculi, Princeps pacis (col. 187).
En los pocos cambios introducidos se advierte una preocupación estilística propia; es lícito sospechar una razón teológica en la traducción saeculi en lugar de futuri saeculi 25. En cuanto a Is 53, Servet habla en la Restitución (p. 7) del novissimum virorum, vir dolorum de la Vulgata, y asimismo parafrasea Is 53, 3-8 de una manera muy próxima a como lo había hecho en Sobre los errores de la Trinidad, donde hemos constatado la influencia de Pagnini, aunque esta vez con una nueva diferencia con respecto a la Vulgata, aevum o progeniem en lugar de generationem 26: abiectus ille inter viros vir dolorum, tanquam agnus ad occisionem ducetur, quasi ovis coram tondente se obmutescet, aevum eius, seu progeniem eius, quis enarrabit? Quoniam abscissus est de terra viventium (p. 52).
La traducción de Calvino se aparta en mayor grado de la Vulgata, aunque ésta sigue constituyendo claramente su base 27: Despectus et reiectus inter homines, vir dolorum, peritus infirmitatis; quasi abscondimus faciem ab eo, et nihili reputavimus eum. Sane languores nostros ipse tulit et dolores nostros ipse portavit, et nos existimavimus, eum percussum, vulneratum a Deo et humiliatum. Atqui ipse vulneratus est propter iniquitates nostras, attritus est propter peccata nostra. Castigatio pacis nostrae super eum, et in livore eius sanatio [in mg.: vel medela] nobis. Omnes nos tanquam oves erravimus, quisque in viam suam declinavit. Et Iehova traduxit in eum nostras omnium iniquitates. Mulctatus est, et afflictus [in mg.: vel oppressus], nec aperuit os suum. Quasi pecus ad mactationem ducetur, et tanquam ovis
parte (1-39): Ioannis Calvini opera exegetica et homiletica, vol. 14, ed. E. Reuss, A. eRichson y G. balDensPeRGeR (Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. 36 = Corpus Reformatorum, 64), Brunsvigae 1888. 25. La traducción de Leo Jud publicada por Estienne en 1545 lee pater aeternitatis; Pagnini había traducido pater in perpetuum. 26. Tanto Pagnini como Jud mantienen generationem en sus traducciones. 27. Juan Calvino, Ioannis Calvini commentarii in Isaiam prophetam (1551), segunda parte (40-66): Ioannis Calvini opera exegetica et homiletica, vol. 15, ed. E. Reuss, A. eRichson y G. balDensPeRGeR (Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. 37 = Corpus Reformatorum, 65), Brunsvigae 1888, col. 1-454.
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La utilización de la Vulgata en entornos protestantes coram tonsoribus suis obmutescet, nec aperiet os suum. E carcere et iudicio sublatus est. Et generationem eius quis enarrabit? Quoniam succisus est e terra viventium: propter transgressionem populi mei plaga illi (col. 254).
Es notable la semejanza e incluso la identidad con la traducción de Leo Jud en algunas frases: existimavimus (Jud: existimabamus); mulctatus est et afflictus; pecus ad mactationem; quoniam succisus est, y también en el empleo de transgressionem en lugar de scelus; incluso se puede sospechar en este caso la influencia directa de la anotación marginal que se encuentra en la edición de Estienne de 1545: Heb. A transgressione populi mei plaga erit illi. Por otra parte, castigatio (Vg.: disciplina) pacis nostrae se asemeja a la castigatio pro pace nostra de Pagnini; Pagnini traduce además oppressus (oppressus est et afflictus est), que Calvino incluye como alternativa a afflictus. Este ejemplo nos permite calificar la versión latina de Calvino como una revisión de la Vulgata que tiene en cuenta las traducciones latinas modernas existentes además de las propias preocupaciones estilísticas, filológicas y en menor medida teológicas. Al mismo tiempo, no se trata de una traducción fija que el teólogo adopte de forma sistemática para sus citas bíblicas: esto puede comprobarse al examinar la cita de Is 53, 4-5 que hace en su Defensa de la fe ortodoxa de la Trinidad contra los monstruosos errores de Servet (1554) 28: Vere languores nostros ipse tulit, et dolores nostros ipse portavit, vulneratus est propter iniquitates nostras, attritus est propter peccata nostra. Castigatio pacis nostrae super eum, et livor eius nobis fuit sanitas (col. 497).
Calvino cita el pasaje para criticar la anotación exegética que había incluido Servet al respecto en su edición de la Biblia de Pagnini (1542); sin embargo, la cita que hace Calvino de este pasaje en su Defensa no se corresponde al pie de la letra ni con la traducción de Pagnini editada por Servet, ni con su propia traducción en el Comentario a Isaías, ni con el texto de la Vulgata.
28. Juan Calvino, Defensio orthodoxae fidei de sacra Trinitate contra prodigiosos errores Michaelis Serveti Hispani (1553), en Calvini opera omnia, vol. VIII, col. 453-644.
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La forma de proceder de Calvino como compromiso entre la Vulgata y las traducciones modernas se muestra una vez más en su traducción del prólogo de Juan 29: In principio erat Sermo, et Sermo erat apud Deum, et ille Sermo erat Deus. Hic erat in principio apud Deum. Omnia per ipsum facta sunt, et sine ipso factum est nihil, quod factum est. In ipso vita erat, et vita erat lux hominum. Et lux in tenebris lucet, et tenebrae eam non comprehenderunt. Fuit homo missus a Deo, cui nomen Ioannes. Hic venit in testimonium, ut testificaretur de lumine, ut omnes crederent per eum. Non erat ille lux, sed ut testificaretur de luce. Erat lux vera, quae illuminat omnem hominem venientem in mundum. In mundo erat, et mundus per ipsum factus est et mundus eum non cognovit. In sua venit, et sui eum non receperunt. Quotquot autem receperunt eum, dedit eis potestatem ut filii Dei fiant: iis scilicet qui credunt in nomen eius. Qui non ex sanguinibus, neque ex voluntate carnis, neque ex voluntate viri, sed ex Deo nati sunt (col. 1-7).
Calvino incorpora aquí varias palabras y frases de la traducción erasmiana, de forma muy visible en sermo en lugar de verbum, pero también in mundum en lugar de in hunc mundum, e in sua en vez de in propria; sin embargo, puede comprobarse que retiene mucho más de la Vulgata de lo que lo había hecho Erasmo, y en ocasiones se aparta de ambas versiones, o bien para aproximarse a la traducción de Jud (ut testificaretur), o bien para un introducir un estilo personal: ut filii Dei fiant: iis scilicet qui credunt in nomen eius – aunque también aquí probablemente inspirado por Jud: ut filii Dei fierent: credentibus scilicet in nomen ipsius; ut filii Dei fierent es también la elección de Castelión y es además una variante atestiguada en la tradición tanto directa como indirecta de la Vulgata 30. En lo que respecta a Servet, se comprueba el mismo equilibrio entre Vulgata y traducciones modernas que veíamos en Sobre los errores de la Trinidad: por un lado, retiene la frase omnem hominem venientem in hunc mundum, así como fuit homo missus a Deo, cui nomen erat
29. Juan Calvino, In Evangelium secundum Iohannem Commentarius Iohannis Caluini (1553): Ioannis Calvini opera exegetica et homiletica, vol. 25, ed. E. Reuss, A. eRichson y L. hoRst (Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. 47 = Corpus Reformatorum, 75) Brunsvigae 1892, col. 1-458. 30. Véase además, para la comparación con la traducción de Erasmo, la edición crítica de Juan Calvino, In Evangelium secundum Johannem commentarius pars prior, ed. H. FelD, Ginebra 1997 (Ioannis Calvini opera exegetica, 11/1), p. 11-29.
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Ioannes (p. 18); por el otro, prefiere decir, como Erasmo: et tenebrae eam non apprehenderunt (p. 97; cf. p. 210). Podría sugerirse también la influencia de Erasmo en la paráfrasis: Lux ipsa Dei est, qua naturaliter illuminatur omnis homo natus in mundo (p. 180), así como en su traducción condensada de Jn 1, 14: Et Ioannes ipse ait, Verbum illud caro extitit, et vidimus gloriam eius (p. 92). Por lo demás, Servet desarrolla una teología particular sobre el logos de Jn 1, 1 que tiene en cuenta la traducción erasmiana: escribe que logos significa propiamente internam rationem et externum sermonem (p. 47); más tarde ofrece su traducción glosada del pasaje: in principio erat ratio, in principio erat sapientia, in principio erat existentia filii, quae caro facta est (p. 732). Las citas de Filipenses en la Restitución son poco numerosas: se encuentra una casi literal de la Vulgata: In nomine Iesu omne genu flectitur caelestium, et terrestrium et infernorum (p. 248), pero también paráfrasis y traducciones que se acercan a Erasmo: inferni in eius nomine genu flectunt (p. 238); in summam sit sublimitatem exaltatus (p. 339). Por su parte, la traducción de Calvino revela una vez más su compromiso entre la Vulgata y las traducciones contemporáneas 31: Hoc enim sentiatur in vobis quod et in Christo Iesu: qui quum in forma Dei esset, non rapinem [sic] arbitratus esset, Deo aequalem se esse, sed se ipsum exinanivit, forma servi accepta, in similitudine hominum constitutus, et figura repertus ut homo. Humiliavit, inquam, se ipsum, factus obediens usque ad mortem, mortem vero crucis. Quamobrem et Deus illum superexaltavit et dedit illi nomen quod esset super omne nomen, ut in nomine Iesu omne genu flectatur caelestium, et terrestrium et infernorum, et omnis lingua confiteatur quod Dominus Iesus in gloriam est Dei Patris (col. 24).
Se puede comprobar la influencia de Erasmo en las frases forma servi accepta (Erasmo: forma Dei sumpta), in similitudine hominum constitutus et figura repertus, y podría sospecharse también en la opción de Calvino por el acusativo de in gloriam, donde Erasmo traduce ad gloriam. En los demás casos, Calvino tiende a acercarse a la Vulgata, a
31. Juan Calvino, Commentarius in epistolam ad Philippenses, en Ioannis Calvini commentarii in quatuor Pauli epistolas: ad Galatas, ad Ephesios, ad Philippenses, ad Colossenses (1548): Ioannis Calvini opera exegetica et homiletica, vol. 30, ed. E. Reuss, A. eRichson y L. hoRst (Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. 52 = Corpus Reformatorum, 80), Brunsvigae 1895, col. 1-76.
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veces con la posible influencia de Pagnini – que traduce hoc enim sentiat unusquisque in vobis donde Calvino traduce hoc enim sentiatur in vobis –, y siempre con una preocupación estilística propia 32. Calvino se muestra más libre en el último caso que se examinará de él, su traducción del Salmo 110, incluida en sus Comentarios a los Salmos de 1557 33: Psalmus Davidis. Dixit Iehova Domino meo, Sede a dextris meis, donec ponam inimicos tuos scabellum pedibus tuis. Sceptrum potentiae tuae emittet Iehova e Sion: dominare in medio inimicorum tuorum. Populus tuus cum voluntariis oblationibus in die exercitus tui, in pulcritudine sanctitatis, ex utero ab aurora: tibi ros adolescentiae tuae. Iuravit Iehova, et non poenitebit eum, Tu es sacerdos in saeculum secundum rationem Melchisedec. Dominus ad dexteram tuam confregit in die irae suae reges. Iudicabit in gentibus, implebit ruinis, confringit caput super terram magnam. E torrente in via bibet, propterea exaltabit caput (col. 159, 163, 165).
La primera variación que se encuentra, el genitivo Davidis, no atestiguado en la tradición textual de la Vulgata, parece de orden teológico, pues condiciona la lectura del salmo como si fueran palabras dichas por David, haciéndose así más fácil la interpretación cristológica del texto. Sólo se encuentra ese genitivo en la traducción de Jud publicada por Estienne (Davidis hymnus) y en la Biblia latina de Castelión (Davidis cantio). Con Castelión coincide también en la elección de la palabra sceptrum, así como en la traducción del primer Dominus como Iehova (Iova en Castelión); esta distinción entre los dos domini refleja por otra parte la mencionada preocupación por el original hebreo expresada por Servet en Sobre los errores de la Trinidad. En otros lugares la traducción de Calvino se muestra original: toda la frase Populus tuus cum voluntariis oblationibus in die exercitus tui (Ps 110, 3), así como el ablativo ruinis, el presente confringit y el sintagma super terram magnam (Ps 110, 6). Curiosamente, confringit está atestiguado en la 32. Véase además, para la comparación con la traducción de Erasmo, la edición crítica de Juan Calvino, Commentarii in Pauli epistolas ad Galatas, ad Ephesios, ad Philippenses, ad Colossenses, ed. H. FelD, Ginebra 1992 (Ioannis Calvini opera exegetica, 16), p. 319. 33. Juan Calvino, In librum Psalmorum Iohannis Caluini commentarius (1557), segunda parte (Ps 91-150): Ioannis Calvini opera exegetica et homiletica, vol. 10, ed. E. Reuss y P. lobstein (Ioannis Calvini opera quae supersunt omnia, vol. 32 = Corpus Reformatorum, 60), Brunsvigae 1887, col. 1-442.
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tradición manuscrita de los salmos secundum LXX; para el ruinis de Calvino, ha de notarse que ruinas es la lectura habitual de la Vulgata en el xvi, de la Políglota de Alcalá a la Sixto-Clementina. Por otra parte, se encuentran también reflejos de Pagnini (pedibus tuis: tuis pedibus Jud; in pulcritudinibus sanctitatis, ex utero ab aurora, sacerdos in seculum) y de Jud (tuae potentiae, e Zion). Es interesante notar, sin embargo, que la variante pedibus tuis, aunque no esté atestiguada en los aparatos críticos de las ediciones actuales, es la impresa en la Políglota de Alcalá. Controversias después de la muerte de Servet (1554-1564) Las controversias antitrinitarias comenzaron a multiplicarse casi inmediatamente después de la ejecución de Servet en Ginebra. El autor polaco Petrus Gonesius escribió en torno a 1560 dos tratados, Sobre Dios y su hijo y Sobre el único Dios verdadero, donde puede constatarse su cercanía a la traducción de Erasmo en su cita de Filipenses 34: Is idem affectus sit in vobis, qui fuit et in Christo Iesu, qui cum esset in forma Dei, non rapinam arbitratus est, ut esset aequalis Deo, sed semetipsum inanivit forma servi sumpta, similis hominibus factus et figura repertus ut homo. Humilem praebuit semet ipsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. (p. 57) (quia datum est) illi nomen quod est supra omne nomen, ut in nomine eius omne genu flectatur caelestium et terrestrium et infernorum (p. 51, 3; 57, 3-4; 85, 18-19; 93, 9-12).
Se observa la misma proximidad a Erasmo más que a la Vulgata en su alusión a Rom 11, 33 35: quod tanta sit profunditas divitiarum et sapientiae et cognitionis Dei, ut etiam inscrutabilia sint iudicia eius et impervestigabiles viae eius… Otro antitrinitario, el italiano Matteo Gribaldi, se muestra en esa época igualmente próximo a Erasmo al citar Filipenses 36:
34. Petrus Gonesius, De Deo et Filio eius (ca. 1560): Antitrinitarische Streitigkeiten: die tritheistische Phase (1560-1568), ed. K. DauGiRDas (Controversia et confessio, 9), Gotinga 2013, p. 19-68, y Petrus Gonesius, De uno vero Deo, Patre Domini nostri Iesu Christi (ca. 1560): ibid., p. 69-96. 35. Antitrinitarische Streitigkeiten, p. 75, 16-17. 36. [Matteo Gribaldi], Michaelis Serveti Tarraconensis de vera Dei et filii ejus cognitione sermo antequam Genevae combureretur, conservado por Stanislaus Lubieniecki, Historia Reformationis Polonicae, Freistadii [Ámsterdam] 1685, p. 99-105. Traducción
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Pablo Toribio ipse se summisit factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis, quapropter Deus ipsum in summam extulit sublimitatem ac omnia caelestia terrestria ac inferna eidem subjecit (p. 104) 37.
Por el contrario, los adversarios teológicos de los antitrinitarios se muestran más fieles a la Vulgata. Es el caso de esta cita de Ph 2, 10-11 hecha por el teólogo reformado Francesco Lismanini en su Breve explicación de la doctrina de la Trinidad (1565) 38: ut in nomine Iesu omne genu flectatur caelestium et terrestrium et infernorum, et omnis lingua confiteatur quia Dominus Iesus Christus in gloria est Dei Patris (p. 209, 12-14), así como en las citas de Is 53 y Ps 110 hechas por el luterano Johann Wigand en su tratado Sobre Dios (1566) 39: livore eius sanati sumus (p. 546); generationem eius quis enarrabit (p. 500); dixit Iehova Adonai Dominus Domino meo (p. 471, cf. p. 473). Es notable que en el último caso Wigand se da por enterado de las precauciones expresadas por Servet y otros en relación a las dos palabras distintas del original hebreo, pero al mismo tiempo asume la traducción de la Vulgata. Se encuentran, con todo, desviaciones: el luterano Alexander Alesius cita Ps 110, 1 en su Afirmación de la doctrina de la Trinidad (1564) 40 como sede ad dextram meam (p. 149-150), una variación banal que, sin embargo, no está atestiguada en la tradición textual de la Vulgata ni en las ediciones del xvi, pero que se acerca mucho a la Biblia latina de Castelión (ad meam dextram) y a la de Jud (mihi ad dextram); Lismanini, en la obra citada, modifica ligeramente Jn 1, 9 con un sinónimo atestiguado en los manuscritos de la Vulgata: erat lumen verum, quod illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum (p. 202, 37-38); Wigand manifiesta un fuerte condicionamiento teológico al final de su cita de Is 9, 6, donde amplía la traducción de Jud: puer natus, filius en Stanislaus Lubieniecki, History of the Polish Reformation, ed. G. H. Williams, Minneapolis 1995, p. 161-165. Asumo la autoría de Gribaldi defendida por Gilly, Spanien und der Basler Buchdruck, p. 308-311. 37. En una cita anterior del mismo pasaje bíblico allí mismo (Lubieniecki, Historia, p. 104), Gribaldi se muestra más libre: Quapropter Deus summo extulit illum honore, et dedit illi nomen super omne nomen, ut in nomine Jesu omne nomen curvetur caelestium, terrestrium et infernorum. 38. Francesco Lismanini, Brevis explicatio doctrinae de sanctissima Trinitate (1565): Antitrinitarische Streitigkeiten, p. 175-222. 39. Johann Wigand, De Deo, contra Arianos novos nuper in Polonia exortos (1566): Antitrinitarische Streitigkeiten, p. 417-559. 40. Alexander Alesius, Assertio doctrinae catholicae et orthodoxae Ecclesiae Jesu Christi de sancta Trinitate (1563): Antitrinitarische Streitigkeiten, p. 133-174.
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datus (…) vocatumque est nomen eius admirabilis (…) consiliarius (…) Deus fortis (…) pater aeternitatis ab effectu (…) princeps pacis (p. 474). Es seguro, por otra parte, que la Vulgata no quedó en absoluto como patrimonio exclusivo de la ortodoxia: encontramos esta invocación dirigida a Cristo con las palabras exactas de la Vulgata de Is 9, 6 en la antología Sobre si debe perseguirse a los herejes (1554): o Deus fortis, o pater futuri seculi, o princeps pacis! (p. 129). El responsable general de la obra es Sebastián Castelión, y él mismo es, o bien el autor, o bien el traductor del texto en concreto donde se encuentra esta línea 41; sin embargo, no escoge las palabras de su propia traducción latina de la Biblia, aparecida tres años antes, sino la de la Vulgata. La Vulgata conoce, además, usos mucho más radicales en el siglo xvi: es el caso de la Explicatio primae partis primi capitis Johannis de Fausto Sozzini, escrita hacia 1563 42. Sozzini pasa por el fundador del socinianismo, el movimiento antitrinitario que alcanzará mayor difusión en el siglo xvii y que, entre otras doctrinas tenidas por fundamentales, niega la existencia antemundana de Cristo y su naturaleza divina. Pues bien, la primera obra cristológica de Sozzini utiliza como base textual de esta exégesis radical la versión de la Vulgata del prólogo de Juan, sin apartarse de ella en lo más mínimo 43. Es curioso observar que, por el contrario, el tío de Fausto, Lelio Sozzini, el autor de la Brevis explicatio (1561) que inspiraría la obra de su sobrino, mezcla la versión de la Vulgata con la traducción de Erasmo: In principio erat Verbum… et Sermo ille erat Deus… Et Verbum caro factum est (vel Verbum caro fuit) 44. 41. Se trata del texto bajo el seudónimo de “Georg Kleinberg” en [Sebastián Castelión], De haereticis an sint persequendi, [Basilea] 1554, p. 125-152, de cuyo texto latino sigue sin existir otra edición moderna más que la facsímil de Sebastián Castelión, De haereticis an sint persequendi, ed. S. van DeR WouDe, Ginebra 1954. Para un resumen de la cuestión de la autoría del texto de “Kleinberg” – o bien el propio Castelión o bien David Joris – véase Sebastián Castelión, Sobre si debe perseguirse a los herejes, trad. P. toRibio, Villanueva de Sijena 2018, p. 17-18. 42. Para la fecha y la obra en sí véase K. DauGiRDas, Die Anfänge des Sozinianismus: Genese und Eindringen des historisch-ethischen Religionsmodells in den universitären Diskurs der Evangelischen in Europa, Gotinga 2016 (Veröffentlichungen des Instituts für Europäische Geschichte Mainz, 240), p. 57-58. 43. La obra se imprimió póstumamente en Fausto Sozzini, Explicatio primae partis primi capitis Johannis scripta a Fausto Socino Senense, Racoviae [Raków] 1618, y más tarde en la edición de referencia, Fausti Socini Senensis opera omnia in duos tomos distincta, Irenopoli [Ámsterdam] post annum Domini 1656, p. 77-85. 44. Cito a partir de la versión impresa en el manifiesto colectivo De falsa et vera
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Controversias en Transilvania (1574-1582) Más radical aún que la versión sociniana del cristianismo, pero al mismo tiempo condenada a la marginación en los debates teológicos del siglo xvii, fue la vertiente contraria a la adoración de Cristo que se desarrolló en Transilvania en los años 70 del siglo xvi. Clave para el desarrollo de esta teología fue la obra del ex dominico griego Jacobo Paleólogo, quien en su Catecismo cristiano (1574) se declara varias veces partidario de modificar la letra del texto bíblico cuando esto permite esclarecer el sentido 45. En su obra del año siguiente, Disputación escolástica (1575) 46, esta convicción de Paleólogo se pone de manifiesto en la ironía con la que caricaturiza a Pío V, el papa inquisidor, quien considera su deber castigar a los que dicen in principio erat sermo en lugar de in principio erat verbum (p. 27); el caricaturizado papa Ghislieri equipara este “error” a comenzar un sermón diciendo “padre nuestro” en lugar de “ave María” o a no arrodillarse cuando suenan las campanas de una iglesia. De hecho, Paleólogo prefiere por lo general el sermo erasmiano cuando se refiere al prólogo de Juan 47; es posible encontrar la cita literal de la Vulgata: in principio erat Verbum (Catechesis, p. 253), pero en un contexto en que se está criticando la intromisión de la filosofía platónica en la exégesis bíblica. Esto no le impide mantenerse muy fiel a la Vulgata de Jn 1, 10, que cita de forma literal en un par de ocasiones (Catechesis, p. 158: mundus per ipsum factus est, et mundus eum non cognovit 48; cf. p. 55), y que está en la base de su paráfrasis de ese mismo versículo, cum in propria venisset (p. 480). También se mantiene fiel a la Vulgata al aducir Ph 2, 6, aequalem Deo (Disputatio, p. 128), pero al
unus Dei Patris, Filii et Spiritus Sancti cognitione libri duo (Albae Juliae 1568), ed. A. PiRnát, Budapest 1988, p. 297-324; cf. M. balázs, Early Transylvanian antitrinitarianism: from Servet to Palaeologus, Baden-Baden – Bouxwiller 1996 (Bibliotheca Dissidentium: scripta et studia, 7), p. 23. 45. Jacobo Paleólogo, Catechesis christiana dierum duodecim (1574), ed. R. Dostálová, Varsovia 1971, p. 367, 381, 468 (como indica la propia editora en su prefacio). Ésta es la única edición de las consideradas en este estudio que muestra una preocupación sistemática por determinar el grado en que las citas bíblicas reflejan la Vulgata. 46. Jacobo Paleólogo, Disputatio scholastica (1575), ed. J. DománsKi y L. szczucKi, Varsovia 1994 (Bibliotheca Unitariorum, 3). 47. Paleólogo, Disputatio, p. 27: sermo, qui erat Deus apud Deum, est caro factus; p. 100: a Joanne dicitur Sermonem Deum; p. 144: in principio erat sermo apud Deum Deus; p. 168: in initio erat Deus apud Deum. 48. Con un inciso teológico fundamental tras factus est: recuperatus scilicet.
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mismo tiempo cita con libertad Ph 2, 10-11: ut omne genu illi se flectat et omnis lingua eum pro rege agnoscat (Catechesis, p. 479). Por lo demás, Paleólogo alude en diversas ocasiones al comma Johanneum sin entrar en el problema de su autenticidad textual 49. En cuanto a los pasajes del Antiguo Testamento, Paleólogo deja claro al citar Ps 110, 1 qué palabra original hebrea designa a las personas implicadas (Catechesis, p. 40: vocat Adonai suum; Disputatio, p. 125: Iehovah dixit Adonai meo), como hemos visto que es habitual en las disputas trinitarias desde Servet; como Alesius, cita sede ad dextram meam (Catechesis, pp. 329, 480) en lugar de a dextris meis, y donec posuero omnes hostes tuos scabellum pedum tuorum (Catechesis, p. 480) en lugar de donec ponam inimicos tuos, en una variación propia cercana a Castelión (donec tuos hostes effecero scabellum pedum tuorum). Finalmente, en su cita de Is 53, 8 coincide plenamente con Jud: succisus est de terra viventium (Catechesis, p. 263). El antitrinitarismo transilvano vivió el momento más crítico de su historia intelectual en 1579, cuando el obispo de Kolozsvár (hoy Cluj-Napoca, en Rumanía), Ferenc Dávid, fue encarcelado por innovación teológica y murió en prisión. La condena se produjo tras un debate formal con Fausto Sozzini y tras solicitarse el parecer de la iglesia antitrinitaria de Polonia, que censuraba la postura contraria a la adoración de Cristo de Dávid. En su Refutación de la respuesta de Sozzini 50, Dávid cita el himno de Filipenses basándose en la fraseología de la Vulgata y con algún eco de Erasmo (assumsit, supra): aequalitatem non rapuit, formam servi assumsit, habitu inventus ut homo, hanc ob causam illum Deus exaltavit et donavit illi nomen supra omne nomen (p. 98) 51. La tendencia a aproximarse a Erasmo se confirma también en la cita Ph 2, 11 (p. 86-87): ut omnis lingua confiteatur quod dominus est Jesus Christus ad gloriam Dei patris – la única diferencia con Erasmo está en est en lugar de sit –, citado por lo demás de forma idéntica a la empleada por su oponente 52.
49. Paleólogo, Catechesis, p. 178; Paleólogo, Disputatio, p. 21, 104, 126. 50. Ferenc Dávid, Confutatio responsionis Faustinae, en Defensio Francisci Davidis and De dualitate tractatus Francisci Davidis (Cracoviae 1582), ed. M. balázs, Budapest 1983, p. 23-120. 51. La fraseología de la Vulgata es observable también en la recapitulación ofrecida un poco antes, Dávid, Confutatio, p. 86: exinanivit se, humililavit se, formam servi assumsit, factus est obediens. 52. Fausto Sozzini, Responsio Fausti Socini, en Defensio, p. 4-23 (p. 17).
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Las Iglesias antitrinitarias de Polonia a las que se pidió su parecer sobre el caso de Dávid muestran en su cita de Ph 2, 9-10 una ligera cercanía a Erasmo con variación discursiva propia 53: in nomine Jesu omne genu se flectat, et omnis lingua confiteatur, Jesum Christum esse dominum (p. 212). Al citar Jn 1, 14 siguen a Erasmo sólo a medias: vidimus gloriam ejus, gloriam (inquam) ut unigeniti a Patre, plenum gratia et veritate (p. 136; cf. 300), donde persiste el vidimus de la Vulgata frente al conspeximus de Erasmo, pese a que siguen al humanista de Róterdam en la corrección del caso del complemento de plenum. Por su parte, Jacobo Paleólogo cita Jn 1, 12 según la Vulgata y no según Erasmo en su furibunda Refutación del juicio de las Iglesias polacas 54: dedit eis potestatem filios Dei fieri (p. 395-396). En su mismo Juicio, las Iglesias polacas citan Isaías de una manera muy fiel a la Vulgata: Is 53, 6: omnes nos sicut oves erravimus, unusquisque in viam suam (p. 173) – sicut, en lugar de quasi de la Vulgata, no coincide ni con Pagnini ni con Jud (ambos: tanquam); Is 9, 6: Parvulus enim natus est nobis, et filius datus est nobis, et factus est principatus super humerum eius, et vocabitur nomen eius, admirabilis, consiliarius, Deus fortis, pater aeternitatis, princeps pacis (pp. 134135) 55. La adición de et es general en la Vulgata del siglo xvi; por su parte, en la cita condensada del pasaje que hace Paleólogo en su Refutación mantiene la sustitución de futuri saeculi por aeternitatis: parvulus filius datus est nobis, vocabitur nomen eius pater aeternitatis (p. 298), en coincidencia con la traducción de Leo Jud. En este estudio he preferido examinar pocas citas de un abanico amplio de autores de distintas confesiones protestantes en vez de ofrecer un examen exhaustivo de las citas encontradas en uno solo, o incluso en una sola obra 56. Con todo, los resultados obtenidos pueden dar una idea provisional de lo que cabe esperar de un estudio a fondo sobre la cuestión del empleo de la Vulgata entre los protestantes – un estudio no emprendido todavía, que requerirá los esfuerzos y la dedicación de un 53. Iudicium ecclesiarum Polonicarum, en Defensio, p. 121-219. 54. Jacobo Paleólogo, Confutatio vera et solida judicii ecclesiarum Polonicarum (ca. 1580), en Defensio, p. 220-408. 55. La cita incluye a continuación Is 9, 7, con pocas y ligeras variaciones con respecto a la Vulgata. 56. Para un estudio similar centrado en un único autor, también de ámbito protestante, véase P. toRibio y J. manuel cañas, “La Biblia latina de Seidel y la filología de su tiempo : el caso de Isaías 52-53”, Bruniana & Campanelliana 25 (2019), p. 51-64.
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muy elevado número de investigadores, además de un ingente trabajo previo de procesamiento electrónico de los textos implicados: la Vulgata se mantiene muy viva en el curso de las controversias teológicas del siglo xvi en los entornos protestantes y no parece que sea el patrimonio exclusivo de un grupo o de otro, sino que hacen uso de ella, en mayor o menor grado, autores pertenecientes a distintas confesiones. En los casos examinados, los autores toman de la Vulgata buena parte de la fraseología de sus citas latinas, aunque acusan la lectura, a veces de forma muy notable, de las nuevas traducciones de Erasmo y de Jud – en menor medida de Pagnini; sin embargo, éstas no sustituyen por completo a la Vulgata cuando se trata de citar la Biblia en latín en el discurso propio: las citas presentan por lo general una versión revisada ad hoc de la Vulgata, y revisada no sólo teniendo en cuenta las mencionadas traducciones, sino también las preferencias discursivas y la latinidad propia de cada autor. Por otra parte, la coincidencia, como hemos visto, de algunas modificaciones individuales con lecturas documentadas en la tradición antigua revela cómo en algunos casos la sensibilidad lingüística latina del siglo xvi fue capaz de proponer traducciones idénticas o muy cercanas a las propuestas por hablantes nativos en la Antigüedad. El texto de la Vulgata no impide las exégesis más diversas y radicales; así pues, pocas veces puede encontrarse una motivación teológica clara para los cambios. La clave de esta diversidad en las citas parece que debe buscarse en el hecho de que no se trataba de citar un texto sagrado escrito en una lengua propia y exclusiva de éste, sino de citar un texto sagrado en una lengua, el latín, que no es la lengua original de ese texto, sino la lengua de cultura que sus creyentes tenían en común – la única lengua común del cristianismo europeo en la Edad Moderna –, y también la lengua que los había guiado a todos ellos en su acercamiento a la Biblia: no es de extrañar, por tanto, que la Vulgata salga continuamente a flote en sus citas, modulada por todas las posibilidades expresivas que los materiales eruditos ponían a su disposición – políglotas, comentarios, etc. –, así como por las innovaciones que les permitía su propia competencia lingüística.
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LA VULGATA EN LAS POLÍGLOTAS DE ALCALÁ Y DE AMBERES José Manuel cañas Reíllo Instituto de Lenguas y Culturas del Mediterráneo y Oriente Proximo, CSIC 1
Introducción
a
comienzos del siglo xvi la Vulgata ya tenía una rica y compleja tradición impresa 2. Una idea equivocada es que tal tradición que arranca en la B42 es unitaria, inamovible, casi monolítica, pero tal percepción no es cierta cuando se examinan con detalle algunas de las ediciones de la época, como las venecianas, las de Froben o las de Amerbach. Se perciben intentos, si bien es cierto muy tímidos, de corrección de los textos, aunque en general no podemos considerar que haya habido una labor de crítica textual tal y como la entendemos 1. Este trabajo se ha llevado a cabo en el marco del proyecto de I+D titulado Edición y estudio de textos bíblicos y parabíblicos (Referencia: FFI2017-86726-P), financiado por el Ministerio de Ciencia, Innovación y Universidades de España. 2. Abreviaturas utilizadas: B42 = Biblia de 42 líneas: [Johann Gutenberg y Peter Schöffer], Mainz: Impresor de la Biblia de 42 líneas, 1454/55 o 1455/56, in folio (GWD 04201); BS = Biblia Sacra iuxta latinam vulgatam versionem ad codicum fidem, 18 volúmenes, Romae: Typis Polyglottis Vaticanis, 1926-1995; citada con el número de volumen; GWD + número = Número en el Gesamtkatalog der Wiegendrucke Datenbank. Staatsbibliothek zu Berlin. Preussischer Kulturbesitz; cf. también Gesamtkatalog der Wiegendrucke herausgegeben von der Kommission für den Gesamtkatalog der Wiegendrucke, Band IV, zweite Auflage, Stuttgart – New York 1968; W-W = I. WoRDsWoRth, h. i. White, Nouum Testamentum Domini Nostri Iesu Christi Latine secundum editionem Sancti Hieronymi, 3 vols., Oxford 1889-1954. En la cita de textos tomados de la Políglota Complutense mantengo la grafía y la puntuación de los originales. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121972
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hoy. La evolución atañe más que al texto bíblico en sí a los elementos extrabíblicos que lo acompañan con la finalidad pedagógica de facilitar al lector el manejo de las ediciones 3. A comienzos del siglo xvi comienzan a percibirse cambios en el panorama editorial de la Vulgata, tiempos de apego a la tradición de ediciones anteriores, pero también tiempos de búsqueda de nuevos modelos, de nuevos métodos de acercamiento a aquel texto latino que salió de las manos de Jerónimo de Estridón. Hasta entonces la Vulgata se había impreso exenta, como correspondía a una versión que tenía tan gran status de autoridad y prestigio heredado de la Edad Media como ella. Con la publicación de la Biblia Políglota Complutense en la imprenta de Arnao Guilllén de Brocar en Alcalá de Henares, entre los años 1514 y 1517 4, se produce una revolución de consecuencias inmensurables en la historia del texto bíblico en general y sus ediciones, y de la Vulgata en particular 5. La Políglota Complutense es el primer gran logro del humanismo bíblico español en el que se fusionan las tradiciones judeoespañola y la cristiana de interpretación de la Biblia. Por primera vez se publican en paralelo las fuentes bíblicas fundamentales, la hebrea, la griega, la latina y la aramea; por primera vez el lector que sólo tenía acceso a la Biblia en latín podía tener acceso a las otras versiones, gracias a las traducciónes latinas hechas ad hoc para todos los textos no latinos, es decir, para la Septuaginta en el Antiguo Testamento 6 y para el Targum Onqelos en el Pentateuco 7; pero el que también sabía hebreo o griego podía comparar versiones, y podía hacer su 3. Para un panorama completo de esta cuestión, remito en este mismo volumen a G. Dahan, « Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 », p. 13-51. 4. Vetus Testamentum multipli lingua nunc primo impressum. Et imprimis Pentateuchus Hebraico Greco atque Chaldaico idiomate. Adiuncta unicuique sua latina interpretatione, 6 vols., Alcalá de Henares, 1514-1517. 5. Para una visión general de la aportación de las dos políglotas a la historia textual de la Biblia, cf. m. v. sPottoRno Díaz-caRo, « The Textual Significance of Spanish Polyglot Bibles », Sefarad 62 (2002), p. 375-392. Para una descripción de la Biblia Políglota Complutense y bibliografía actualizada sobre ella remito a j. m. cañas Reíllo, « La primera Biblia Políglota de la historia: La Políglota de Alcalá (1514-1517) », en La Bible de 1500 à 1535, eds. G. Dahan y A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018 (Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences Religieuses, 181), p. 29-51. 6. Para una visión general sobre la versión latina interlineal de Septuaginta, cf. m. conDe salazaR, « Tradition et renouveau dans la Polyglotta Complutensis. La traduction interlinéaire de la Septante », en La Bible de 1500 à 1535, p. 77-96. 7. Sobre la traducción latina del Targum Onqelos, cf. j. m. cañas Reíllo, « Traditions
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La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes
crítica del texto comparando unas y otras versiones. Pero, no hay que olvidarlo, la Vulgata es el eje principal de la Políglota Complultense, por así decirlo la excusa de todo el proyecto, y por ello se puso un extraordinario cuidado en su edición guardando la fidelidad a la tradición impresa anterior pero dejando hueco también para la innovación, para una incipiente crítica textual que comparando fuentes manuscritas e impresas latinas con las versiones griega y hebrea, buscaba acercarse lo más posible al texto de esa Vulgata, hasta entonces no llamada así, que se atribuía en bloque a Jerónimo y se consideraba traducción fidedigna del hebreo en el Antiguo Testamento y del griego en el Nuevo Testamento. La Políglota Complutense se publicó en un tiempo en que aún se podía hacer una crítica textual con una cierta libertad y convivían diferentes modelos de aproximación a la edición de la Vulgata. Cincuenta años después el humanismo bíblico español vuelve a conseguir otro logro, en este caso de la mano de Benito Arias Montano, cuyo proyecto de Políglota salió de la imprenta de Cristóbal Plantin en Amberes entre los años 1568 y 1572 8. Entre la publicación de ambas políglotas median, como se ha dicho, unos cincuenta años. Una y otra surgieron en contextos muy diferentes, tanto en lo que se refiere al status de la Vulgata como texto sagrado para la Iglesia, como en lo que se refiere al aspecto textual, en particular a la situación de la crítica textual en una y otra época. Es precisamente, en el intervalo que hay entre ambas, cuando la crítica textual de la Vulgata vive el que quizá se puede considerar su primer periodo de esplendor, gracias especialmente a las ediciones publicadas por Robert Estienne en su imprenta de París entre 1527-1528 y 1545 9 y en Ginebra entre 1555 y 1557 10, por Gobelinus Laridius en 1530 11 y por Jean Henten y los lovanienses en la segunda mitad del siglo xvi. La Políglota Regia tiene como modelo básico la Complutense, pero introduce muchas innovaciones, como el aumento del número de textos, et traductions dans la Polyglotte d’Alcalá. La traduction latine du Targum Onqelos », en La Bible de 1500 à 1535, p. 53-76. 8. Biblia Sacra, hebraice, Chaldaice, Graece, et Latine, 8 vols., Amberes 1568-1572. 9. Se publicaron con los siguientes títulos: Biblia, Paris: Robert Stephanus, 1528; Biblia, Paris: Robert Stephanus, 1532; Biblia, Paris: Robert Stephanus, 1534; Biblia, 3 vols., Paris: Robert Stephanus, 1538-1540; Biblia, Paris: Robert Stephanus, 1545. 10. Biblia, [Ginebra]: Robert Stephanus, 1555; R. Stephanus, Biblia utriusque Testamenti: 2 vols., Ginebra: Rob. Stephanus, 1556-1557. 11. Gobelinus Laridius (y F. Parvus Helsyngoerensis), Biblia iuxta divi Hieronymi Stridonensis tralationem, Colonia: Eucharius Cervicornus, 1530.
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la incorporación de nuevas versiones bíblicas, como la Peschitta para el Nuevo Testamento, o el targum arameo para todo el Antiguo Testamento hebreo y no sólo para el Pentateuco, como ocurría en la Políglota Complutense. Para la columna de la Vulgata se reimprime, con pequeños retoques, la columna de la Complutense, incluidos sus elementos extrabíblicos, aunque se introducen otros nuevos. Sin embargo, la prioridad de la Vulgata quedaba comprometida por la incorporación de dos novedades que se podrían considerar una seria competencia en la época. Una es la traducción del Antiguo Testamento de Santi Pagnini revisada por Arias Montano, que se imprime como versión literal del texto hebreo; la otra es la edición de la Vulgata como versión interlineal del griego en el Nuevo Testamento corregida también por Arias Montano. Así, para la Vulgata la novedad de la Políglota Regia no viene dada por el texto mismo, sino por los paratextos en los que, curiosamente, centró su atención toda la controversia que siguió a su publicación dejando a un lado todo lo novedoso que en ellos se aportaba. La Vulgata y la imprenta a comienzos del siglo xvi Cuando se publica la Políglota de Alcalá, en el panorama de la Vulgata domina mayoritariamente el textus receptus transmitido desde la B42 en cientos de ediciones incunables y postincunables. Por textus receptus entiendo un tipo de edición estandarizada en lo que se refiere al canon, al orden de libros, al texto bíblico establecido y a la selección de elementos extrabíblicos 12. La base de este textus receptus es una biblia manuscrita del siglo xiv que se copió sobre un modelo relacionado con el tipo de biblias usado en la Universidad de París en el siglo xiii (sigla Ω en BS) 13. La mayor parte de peculiaridades de estas biblias manuscritas pervivió en las
12. Véase en este mismo volumen, G. Dahan, « Les éditions », p. 16-21. 13. En BS las siglas no designan textos ni filiaciones textuales, sino tipos y formatos de biblia relacionados con una época y región determinadas. Véase para más detalle y para la identificación del manuscrito bíblico que pudo haber sido utilizado por Gutemberg, R. WebeR, « Der Text der Gutenbergbibel und seine Stellung in der Geschichte der Vulgata », en Johannes Gutenbergs zweiundvierzigzeilige Bibel: Faksimile-Ausgabe nach dem Exemplar der Staatsbibliothek Preussischer-Kulturbesitz Berlin, Kommentarband, ed. W. Schmidt, F. A. Schmidt-Künsemüller, Múnich 1979, p. 11-31. Sobre su texto, cf. P. neeDham, « The Text of the Gutenberg Bible », en Trasmissione dei testi a stampa nel periodo moderno. II Seminario Internazionale Roma-Viterbo 27-29 giugno 1985, ed. G. cRaPulli, Roma 1987 (« Lessico Intellettuale Europeo », 44), p. 43-84.
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ediciones impresas desde la B42, a saber: el canon y el orden de los libros en el Antiguo Testamento (Pentateuco, Libros Históricos, Poéticos y Sapienciales, Profetas, 1-2 Macabeos) y en el Nuevo (Evangelios, Epístolas de Pablo, Hechos, Epístolas Católicas, Apocalipsis) con la división de capítulos de Stephen Langton. El salterio es en la B42 el Galicano, al igual que en las Biblias de París, pero a diferencia de éstas incluye la Oratio Manasse y 1-4 Esdras. Frente a las Biblias de París, la B42 tiene una selección de elementos extrabíblicos más reducida, y carece de capitula y del glosario Aaz apprehendens. La edición de la B42 se convirtió en textus receptus de la Vulgata, es decir, en modelo a seguir por ediciones posteriores con pocos cambios. Ello no quiere decir que en las ediciones posteriores se siga férreamente el modelo. Al contrario, desde la Biblia de 36 líneas (Mainz o Bamberg, 1458, en todo caso no antes de 1461 14) se detectan correcciones del texto bíblico y se fue ampliando progresivamente la selección de elementos extrabíblicos. Éstos forman parte del textus receptus de la Vulgata, tanto como su texto, y son fundamentales a la hora de trazar un árbol genealógico de ediciones que arrancaría de la B42 y llegaría hasta las ediciones de Kesler o Sacon, a comienzos del siglo xvi. En general, la tradición textual posterior a la B42 es más o menos estable y uniforme, a excepción de dos ediciones que parecen apartarse del modelo de la B42. Una es la de 1475 (Piacenza: Johannes Petrus de Ferratis 15); la otra la de 1476 (Vicenza: Leonardus Achates 16), aunque no hay dependencia entre ambas 17. La difusión de la imprenta por Alemania, Francia e Italia en la segunda mitad del siglo xv no aporta muchos cambios al texto bíblico, pero sí a los elementos extrabíblicos. La selección de elementos extrabíblicos de la B42 se fue progresivamente ampliando con la incorporación de elementos que estaban destinados a facilitar al lector el uso de las ediciones. Ejemplos de ello son la edición de Konrad Sweynhein y
14. GWD 04202. 15. GWD 04217. 16. GWD 04224. 17. Para una historia de la evolución de las ediciones incunables de Vulgata remito a K. jensen, « Printing the Bible in the Fifteenth Century. Devotion, Philology and Commerce », en Incunabula and Their Readers: Printing, Selling and Using Books in the Fifteenth Century, ed. K. jensen, Londres 2003, p. 115-138, 236-55 (notas). Para la evolución de los elementos extrabíblicos en este periodo, remito en este mismo volumen a G. Dahan, « Les éditions », p. 16-27.
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Arnoldd Pannartz en 1471 18, el llamado grupo de « Menardo » a partir de la biblia de Francisco Renner de Heilbronn y Nicolaus de Frankfurt (Venecia, 1475-1476 19), el grupo de biblias de Venecia (1475-1488) 20, el grupo Fontibus ex graecis (Basilea, 1479-1493) 21 o las biblias de Froben (Basilea, 1491-1510) y las de Kerver y Sacon (1504-1518). A ello hay que añadir que desde la edición de 1480 (Estrasburgo: Adolf Rusch para Anton Koberger 22), comienza a imprimirse la Vulgata acompañada de comentarios, como la Glossa ordinaria 23, las Postillae y el tratado Contra Perfidiam Iudaeorum, obras ambas de Nicolás de Lyra 24, las Expositiones Guillelmi Britonis in omnes prologos S. Hieronymi, las Additiones Pauli Burgensis replicisque Mathiae Doering, concordancias marginales con el Decreto de Graciano, las Postillae Hugonis de Sancto Charo y otras. Como se ha dicho, en las ediciones incunables hubo pocos cambios en el texto. Sin embargo, a finales del siglo xv se aprecian tendencias que apuntan a un cambio de perspectiva sobre la inmutabilidad del texto de la Vulgata. Se dieron entonces los primeros ensayos de
18. GWD 04210. 19. GWD 04216. 20. GWD 04216, 04222, 04223, 04231, 04233, 04238, 04241, 04245, 04247, 04253, 04254, 04255, 04256, 04263 21. Así llamadas porque incorporan la siguiente inscripción métrica que se encuentra en la edición de Basilea (Johan Amerbach, 1479; GWD 04236): «Fontibus ex graecis Hebraeorum quoque libris / Emendata satis et decorata simul. / Biblia sum praesens, superos ego testor et astra. / Est impressa nec in orbe mihi similis. / Singula quaeque loca cum corcondatibus extant / Ortographia simul quam bene pressa manet » (texto tomado de h. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, 1re partie: Octateuque, Roma – París 1922 [« Collectanea Biblica Latina », 6], p. 80). La inscripción se encuentra en las ediciones GWD 04236, 04246, 04248, 04249, 04251, 04252, 04254, 04255, 04257-04266, 04268, 04272. 22. GWD 04282. 23. Cf. j. P. GumbeRt, « The Layout of the Bible Gloss in Manuscript and Early Print », en The Bible as a Book. The First Printed Editions, eds. P. saenGeR, K. van KamPen, Londres – New Castle 1999, p. 7-13; K. FRoehlich, « An Extraordinary Achievement. The Glossa ordinaria in print », p. 15-21, en The Bible as a Book, p. 15-21. 24. Para un listado de ediciones de Vulgata acompañadas de comentarios de Nicolás de Lyra, cf. e. a. Gosselin, « A Listing of the Printed Editions of Nicolaus de Lyra », Traditio 26 (1970), p. 399-426.
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corrección de su texto sobre manuscritos latinos y sobre los originales hebreos y griegos. El más conocido es el de Alberto Castello (o Castellano), del que Le Long y Boerner 25 dicen que fue: … primus emendandorum Bibliorum periculum fecit. Margini enim varias adscripsit lectiones, quas potissimum ex aliis editionibus collegit, addiditque annotaciones Synchronisticas ex profana historia, sive annales et gentis cujusque secundum ea tempora historiae incidentes.
En el prólogo de su edición salida de la imprenta de Lucantonio Giunta en Venecia en 1511 26, se dice que su texto había sido enmendado y corregido sobre la base de manuscritos y ediciones impresas. Por ello se considera que esta biblia es el primer ensayo de edición crítica de la Vulgata, aunque ciertamente faltan estudios de detalle sobre su texto y sobre el procedimiento seguido para corregirlo y enmendarlo. Precisamente la misma observación, es decir, que el texto se había enmendado sobre la base de manuscritos, la encontramos en el Prólogo al Lector de la Políglota Complutense en relación al texto de su columna de la Biblia latina. A este respecto hay una cuestión aún no resuelta: ¿Cuál se puede considerar la primera edición crítica de la Vulgata? Tengamos en cuenta antes qué entendemos por edición crítica. En nuestro caso, aplicamos tal caracterización a una edición que contiene un texto diplomático o ecléctico, acompañado de un aparato crítico con lecturas y variantes tomadas de otros testimonios, de forma que se proporcionan al estudioso instrumentos para ejercer una crítica del texto con una base fidedigna, es decir, para que valore por sí mismo el valor de las lecturas. En la Vulgata la primera edición crítica de acuerdo con estos parámetros es la de Castellano; hay autores que incluyen en el grupo también la columna latina de la Políglota Complutense. Pero realmente hay que esperar a Robert Estienne, Jean Henten y Lucas de Bruges para
25. j. le lonG, c. F. boeRneR, Bibliotheca Sacra… iteras curas ordine disposita, emendata suppleta, continuata ab Andrea Gottlieb Masch, Partis secundae de versionibus sacrorum, volumen tertium de versionibus latinis, Halae: Sumtibus Joannis Jac. Gebaveri, 1783, p. 47. Estos autores atribuyen esta primera edición al año 1506, en Venecia. 26. Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti et sacrorum canonum, Venecia: apud Lucam Antonium de Giunta, 1511. Véase sobre ella en este mismo volumen: M. enGammaRe, « La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti d’Alberto Castellano ou de Castello (Venise 1511): première édition critique de la Tralatio communis Latina?», p. 53-76.
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encontrar las primeras auténticas ediciones críticas de la Vulgata. Otra cuestión es cuál fue el primer texto ecléctico de la Vulgata, es decir, aquel en el que se busca restituir el texto a un punto determinado de su historia, preferentemente el texto salido de las manos de Jerónimo, a partir de la tradición manuscrita. En este caso, la Vulgata de la Políglota Complutense puede considerarse, como se verá más adelante, la primera edición ecléctica impresa de esta versión. Otro grupo de ediciones de la Vulgata entran en el marco de los textos corregidos sobre los originales hebreo y hebreo, práctica muy extendida a lo largo del siglo xvi pero con resultados, en general, poco satisfactorios 27. En la gestación de la Vulgata de la Políglota Complutense encontramos esta tensión entre las alternativas posibles para llegar a un texto mejor, es decir, la opción por un texto latino basado en el textus receptus y revisado sobre los manuscritos o la opción por un texto corregido sobre las versiones hebrea y griega, casi a un paso de una nueva traducción alejada del testimonio de la tradición manuscrita latina. Esta diatriba no se dio en la Políglota Regia. En ella se optó por reimprimir el texto de la Vulgata de la Complutense, pero la incorporación de la traducción latina de Santi Pagnini, hecho que nos recuerda mucho a la decisión tomada por Estienne para su edición ginebrina de 1557, puso en peligro su difusión en ámbito católico. Después del Decreto sobre la Vulgata de 8 de abril de 1546, cualquier posible cuestionamiento de la legitimidad de la Vulgata era visto con recelo. La columna latina en el marco de la Biblia Políglota Complutense En la Políglota Complutense la versión latina ocupa el lugar central en las páginas del Antiguo Testamento; en el Nuevo se imprime en columna paralela a la griega. Aunque la prioridad aparente es para el texto hebreo en el Antiguo Testamento y para el griego en el Nuevo, es evidente que la Vulgata es el eje de todo el proyecto y que todo el conjunto de la Políglota se modela sobre la Vulgata en lo que se refiere a canon (con la excepción de 3 Macabeos, incluido en la Políglota pero ausente de la Vulgata), orden de libros y elementos extrabíblicos, que son los del textus receptus de la Vulgata. En el primer prólogo de la 27. Para una visión general sobre la cuestión, véase j.-P. Delville, « L’évolution des Vulgates et la composition de nouvelles versions latines de la Bible au xvie siècle », en Biblia. Les bibles en latin au temps des Réformes, ed. M.-C. Gomez-GeRauD, París 2008, p. 71-106.
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Políglota 28 se expresa la necesidad de recurrir a los originales para conocer bien la Biblia, puesto que las traducciones son incapaces de expresar todos sus matices (« … quarum totam vim non possit quamtumlibet absoluta traductio prorsus exprimere »). Pero había además otra justificación que se expresa más abajo en el mismo prólogo y tiene a la Vulgata como protagonista. Accedit quod vbicumque latinorum codicum varietas est: aut deprauatae lectionis suspitio (id quod librariorum imperitia simul et negligentia frequentissime accidere videmus) ad primam scripturae originem recurrendum est: sicut beatus Hieronymus et Augustinus ac caeteri ecclesiastici tractatores admonent, ita ut librorum Veteris testamenti synceritas ex Hebraica veritate: Noui autem ex Graecis exemplaribus examinetur. Vt ipsa igitur originalia in promptu haberet quicumque diuinarum litterarum studiosus: possetque non solis riuulis esse contentus: sed ex ipso fonte salientis aquae in vitam aeternam sitim pectoris extinguere: iussimus archetypas sacrae scripturae linguas cum adiunctis variarum linguarum translationibus impressioni mandari Sanctitatis tuae nomini dedicandas.
Se consideraba, por tanto, que la Vulgata no era suficiente para quien quisiera adentrarse en los secretos de la Biblia. A ello había que sumar, como se sigue diciendo, los defectos del texto heredado de la Vulgata. Hay que ver seguramente en esto una alusión a las ediciones impresas que circulaban en su época, que en su mayor parte, como se ha dicho, se limitaban a reimprimir un textus receptus sin más preocupaciones críticas de mejora de los textos. Pero no hay que olvidar que la Vulgata era el texto utilizado y conocido en la Cristiandad Occidental, por lo cual su pureza era cuestión de máxima importancia. En el siglo xvii este lugar central de la Vulgata en la Políglota se reinterpretó a la luz de un nuevo contexto religioso en el que proliferaban los ataques a esta versión. Había quien ponía en cuestión su fidelidad a los originales y la
28. Título completo: Ad sanctissimum ac clementisssimum dominum nostrum. D. Leonem Decimum diuina prouidentia Pontificem Maximum Reueriendissimi in Christo patris ac domini. D. F. Francisci Simenii de Cisneros Sacrosanctae Rromanae ecclesiae tituli. S. Balbinae Presbyteri Cardinalis Hispaniae Archiepiscopique Toletani ac regnorum Castellae Archicancellarii & in libros veteris ac noui testamenti multiplici lingua impressos.
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exactitud de la traducción de Jerónimo. Pero un autor de aquel tiempo, Pedro de Quintanilla y Mendoza, sale al paso y da otra razón que justificaría la publicación de la Políglota 29: Ponderar pues el amor, el afecto que N. Fundador [Cisneros] tenia à la sagrada Escritura, y Historia sagrada, fuera desacierto, quando no ay cosa mas sabida, que era su mayor aliuio, en los mayores trabajos, en las penas, y amarguras grandes en tomando la Biblia en sus manos era todo gloria, y el refrigerio mayor los Santos Padres, que escriuian sobre ella. De aqui le nacio el deseo de hazer en beneficio de la Escritura Sagrada, vna cosa insigne, y lo que pensó fue: comprouar, y calificar la traslacion latina, que con titulo de Bulgata, hizo aquel dotorazo grande de la Iglesia S. Geronimo, no sin grande estudio, y trabajo, y mayor asistencia del Espiritu Santo; y por eso salio tan literal, y con tanto espiritu ponderada. Mouido el sieruo de Dios, de la mormuracion que algunos herejes hazian desta Traslacion, si auia salido justa, ò no, segun los originales Hebreos, y Griegos, quiso hazer vna junta de todas las lenguas, puniendo en primer lugar los Originales, y lengua en que se escriuieron los libros sagrados, y luego las demas lenguas que comprueuan lo mismo: haziendo vna combinacion misteriosa de vnas lenguas, à otras que no dan lugar à la murmuración dicha, y es en apoyo de la Traslacion latina, confusion de los herejes, que an torçido à sus falsas doctrinas, la Sagrada Escritura. Y como dicen todos los testigos de la Beatificación: « à quejado el Santo Cardenal Don Fr. Francisco Ximenez de Cisneros de los enemigos, que se auian de lebantar contra la Iglesia, con la version, y deprauada inteligencia de la Sagrada Escritura, juntò los mas doctos de Europa, para escriuir, y imprimir la Biblia Complutense, milagro del mundo, para que con esto fuesse entendida nuestra Vulgata, en su rigor y pureza, mostrando en esto auer tenido, iluminacion celestinal y don de profizia […] » (dize Alu. Gomez de Castro, merecen toda ponderacion, y que aqui se trasladen).
Es decir, el objetivo habría sido, en opinión de Quintanilla, callar los ataques de quienes acusaban a la Vulgata de ser una traducción inexacta de los originales. Y, como dice más adelante Quintanilla, tal fin se habría conseguido 30:
29. P. De quintanilla y menDoza, Archetypo de virtudes, espejo de prelados, el venerable padre, y siervo de Dios, F. Francisco Ximenez de Cisneros, Palermo 1653, p. 136. 30. P. De quintanilla y menDoza, Archetypo de virtudes, p. 139.
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La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes De los autores referidos, y de los testigos de la informacion, se infiere no solo, la autoridad de la Biblia Complutense, y vtilidad, que à dado à la SS. Iglesia, si no que fue la primera, y lleuo la primacia à todas las del orbe, con tal estremo, que de la Biblia Complutense como Fuente, an emanado la de Justiniano, Sanctes Pagnino, Vatablo, Arias Montano, y las demas. Con ella an confudido à los Herejes mas atreuidos: y por eso le dan al Sieruo de Dios Ilustrissimo Fr. Francisco Ximenes, titulo de Segundo Origenes, Tolomeo, y Esdras.
Con la Políglota es la primera vez que la Vulgata se publica completa junto a las versiones originales hebrea y griega, y con la misma autoridad que éstas. Había habido proyectos que nunca se llevaron a cabo, como la Biblia Hebraica, Graeca & Latina de Francisco Tissardo Gallo en 1508, la Biblia Hebraica, Graeca & Latina que Aldo Manucio pensaba publicar antes de 1516, o la Biblia Hebraea, Chaldaea, Latina & Arabica junto con gramáticas hebrea, caldea y árabe que había planeado publicar Agustín Justiniani desde 1514 31. Como mucho hubo precedentes de ediciones de libros bíblicos por separado o conjuntos de libros en ediciones bilingües latín-griego tanto en la tradición manuscrita medieval como en época incunable, aunque en la mayor parte de los casos el texto latino no era el de Vulgata, sino el de Vetus Latina. En la tradición manuscrita los casos conocidos se limitan casi exclusivamente al Salterio 32 y a libros del Nuevo Testamento. Ejemplos de libros del Nuevo Testamento son los bien conocidos Codex Bezae Cantabrigiensis (Cambridge, University Library Nn II.41, ca. año 400) 33, que contiene texto bilingüe de los Evangelios, Hechos y 3 Juan con algunas lagunas, el Codex Laudianus (Oxford, Bodleian Library Laud. gr. 35 [1119], del siglo vi/vii), con texto de Hechos 34, el Codex Claromontanus (París, BnF gr. 107 + 107A + 107 B, siglo v), con texto de las Epístolas Paulinas 35, y su copia el Codex Sangermanensis (San Petesburgo, Gosudartsvennaja Publičnaja Biblioteka im. M. E. Saltykova-Ščedrina F. v. XX Graeco-Latinus, s. IX) 36, el Codex Boernerianus (Dresde, Sächsische Landesbibliothek
31. j. le lonG, Bibliotheca Sacra, t. I, Parisiis: Apud F. Montalant, 1723, p. 1-3. 32. Para ejemplos, cf. j. m. cañas Reíllo, « La primera Biblia Políglota », p. 35-36. 33. R. GRyson, Altlateinische Handschriften / Manuscrits vieux latins, Freiburg 1999 (« Vetus Latina: Die Reste der altlateinischen Bibel » 1/2A), p. 25-26. 34. Ibid., p. 77-78. 35. Ibid., p. 119-121. 36. Ibid., p. 122-123.
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A. 145b, siglo ix) 37, el Codex Augiensis (Cambridge, Trinity College B. 17.1, siglo ix) 38, los fragmentos del Codex Waldeccensis (Mengeringen, Stiftsarchiv s. n. y Marburg, Hessisches Staatsarchiv Best. 147, siglo x) 39, o los restos de la Biblia de Monza (Biblioteca Capitolare i-2/9, siglo ix) 40. En época incunable no hay ejemplos de textos bilingües greco-latinos para el Nuevo Testamento. Sí encontramos casos de ediciones plurilingües para el Salterio anteriores a la Políglota Complutense, como el Psalterium graece-latine ex recensione Joannis Crastoni Placentini (Milán: Bonus Accursius, 1481) de Johannes Crastonus (o Crastone) que publica en columnas paralelas el texto griego de Septuaginta y el Salterio Galicano 41, y el Quincuplex Psalterium Gallicum, Romanum, Hebraicum. Vetus Conciliatum (París: Ex officina Henrici Stephani, 1509; 2ª edición: París: per Henricum Stephanum, 1513). En la época en que estaba ya en pleno proceso de producción la Políglota, se publicaron las ediciones políglotas del Salterio de Agustín Giustiniani 42 y el de Amerbach / Froben 43. Como era costumbre en la tradición manuscrita de la Vulgata en la Edad Media y aún lo seguía siendo a comienzos del siglo xvi, en las ediciones impresas no se encuentra la palabra Vulgata para identificar a esta versión de la Biblia Latina. En la Políglota, se encuentra la designación « latina beati Hieronymi translatio » dos veces en el segundo prólogo al lector 44. En la edición la columna latina está encabezada por la fórmula Transla(tio) B(eati) Hiero(nymi) en el Antiguo Testamento,
37. Ibid., p. 124-126. 38. Ibid., p. 127-128. 39. Ibid., p. 133. 40. Ibid., p. 137-139. 41. GWD M36246. Sobre esta edición, véase c. linDe, « Johannes Crastonus’s 1481 Edition of the Psalms », The Library 13 (2012), p. 147-163. La mayor parte de los ejemplares consultados a partir del listado de digitalizaciones que se puede encontrar en el GWD tienen en efecto la disposición en columnas paralelas del texto griego y del latino. Un ejemplar, en cambio, conservado en la Biblioteca Vaticana, tiene además en la parte inferior de la página el texto hebreo impreso. 42. Psalterium Hebraeum, Graecum, Arabicum, et Chaldaeum, cum tribus latinis interpretationibus et glossis, Génova 1516. 43. Appendici huic inest quadruplex Psalterium videlicet Hebraeum, et Hebraica Veritas, Divo Hieronymi interprete, Graecum, et Aeditio Vulgata Latina authore incerto, Basilea 1516. Sobre esta edición y la de Giustiniani, cf. G. hobbs, « The Two Polyglot Psalters of 1516 », en La Bible de 1500 à 1535, p. 97-116. 44. Prologus ad lectorem. De his que ad lectionem Veteris Testamenti diuersis linguis nunc primum impressi sunt praenotanda.
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pero no en el Nuevo, donde no se incluye ninguna identificación para el texto latino. Tal procedimiento está de acuerdo con la tradición incunable y postincunable, pues ninguna edición, ni siquiera la mayor parte de las que se sucederían a lo largo del siglo xvi, llama a esta versión Vulgata a excepción de la de Isidoro Clarius (Venecia: Petrus Schoeffer y Maguntinus Germanus, 1542), cuyo título es Vulgata aeditio Veteris ac Novi Testamenti. Los títulos más usuales para la Vulgata eran Biblia, Biblia Latina, o Biblia Sacra y raramente Biblia Sacrosancta o incluso ninguno, puesto que se entendía que ésta era la versión bíblica por excelencia, la usada y conocida por todos, y sobraba toda identificación. El canon y el orden de los libros de la columna latina en la Políglota es, con pequeñas diferencias, el del textus receptus de la B42. En consecuencia, encontramos que el texto griego no sigue el orden de libros de Septuaginta, sino el del textus receptus de la Vulgata, y lo mismo ocurre con el hebreo. El canon y orden del textus receptus es como sigue: Antiguo Testamento: 1. Pentateuco 2. Libros históricos (a): Josué – Jueces – Rut – 1-4 Reyes (= 1-2 Samuel y 1-2 Reyes) – 1-2 Crónicas – Oración de Manasés – 1 Esdras, Nehemías con la nota Neemie qui est esdre secundus (= 2 Esdras) – 2 Esdras (= 3 Esdras) – 3 Esdras (= 4 Esdras) – Tobit – Judit – Ester 3. Sapienciales: Job – Salmos – Proverbios – Eclesiastés – Cantar de los Cantares – Sabiduría – Eclesiástico – Oración de Salomón (= Eclesiástico, cap. 52) 4. Profetas: Mayores (Isaías – Jeremías – Lamentaciones – Baruc – Ezequiel – Daniel) y Menores 5. Libros históricos (b): 1-2 Macabeos. Nuevo Testamento: 1. Evangelios: Mateo – Marcos – Lucas – Juan 2. Epístolas Paulinas: Romanos – 1-2 Corintios – Gálatas – Efesios – Filipenses – Colosenses – 1-2 Tesalonicenses – 1-2 Timoteo – Tito – Filemón – Hebreos 3. Hechos 4. Epistolas Católicas : Santiago – 1-2 Pedro – 1-3 Juan – Judas 5. Apocalipsis
En este canon, textos como la Oratio Manasse y el libro de Baruc, cuyo status en la tradición medieval de la Vulgata es muy inestable, adquieren carta de naturaleza y entran a formar parte de las biblias impresas sin discusión. En la columna latina de la Políglota faltan, 177
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en cambio, la Oratio Salomonis (= Eclesiástico, capítulo 52) y 3 y 4 Esdras. La Oratio Salomonis, aunque escrito deuterocanónico en la Biblia Latina, está presente en la mayor parte de ediciones incunables de Vulgata. El aparato crítico de BS XII para el cap. 52 de Eclesiástico, muestra que su omisión se da también en una parte de la tradición manuscrita (CΣΘHAΩ) 45 así como en ediciones impresas posteriores, como las de Gobelinus Laridius (Colonia, 1530), Estienne (París, 1532 y 1540), la Biblia de Lovaina (Amberes, 1583) y las ediciones Sixtina (Roma, 1590) y Clementina (Roma, 1592). La Políglota no es, pues una excepción, aunque es una de las primeras ediciones impresas que no incluye este texto. Los libros 2-3 Esdras del textus receptus (= 3-4 Esdras) son también apócrifos 46. Llama la atención que no se imprimiese en la Complutense al menos el libro de 4 Esdras, puesto que estaba incluido en uno de los manuscritos complutenses 47. El Salterio del textus receptus es el jeronimiano ex graeco, es decir, el Galicano, generalizado en la Vulgata desde la edición de Alcuino. Pero en este aspecto, como se verá más adelante, la Políglota aporta una novedad importante respecto al textus receptus, pues como Salterio de la Vulgata se eligió el jeronimiano ex hebraico, reservándose el Galicano como traducción latina interlineal del texto griego de Septuaginta. Como consecuencia de esta decisión, la Políglota es la primera edición impresa que tiene el Salterio hebraico como salterio de la Vulgata en lugar del Galicano, lo que no implica que sea editio princeps del primero, puesto que el salterio hebraico ya se había impreso anteriormente exento o como parte de la obras de Jerónimo. La Políglota incorpora la división del texto en capítulos, en cada uno de los cuales se distinguen cuatro secciones marcadas con letras mayúsculas de la A a la D. Tal práctica no se encuentra en la B42 ni en otras ediciones tempranas, pero sí en ediciones posteriores, por ejemplo, la de Johan Reinhard Grüninger (Estrasburgo, 1497 48). Sin embargo, a diferencia de todas ellas, tal división de secciones en la Políglota no es exclusiva de la Vulgata, sino que es válida también para el texto hebreo
45. Véase BS 12, p. 141-142 para las correspondencias de las siglas de los manuscritos. 46. Para su distribución en la tradición manuscrita de la Vulgata, cf. BS 8, X. 3-4 Esdras no se han impreso en BS pero sí, a modo de apéndice en R. WebeR et alii, Biblia Sacra iuxta Vulgatam versionem, 4ª edición preparada por R. GRyson, Stuttgart 1994, p. 1910-1974. 47. Complutense 1: Madrid, Biblioteca de la Universidad Complutense, 31, siglo x. 48. GWD 04277.
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y para el griego, pero no para el Targum Onqelos en el Pentateuco, que está impreso en la parte inferior de la página. Una novedad muy interesante y acorde con la intención pedagógica que hay en el trasfondo del proyecto de la Políglota es que cada palabra de la Vulgata tiene una pequeña nota que remite al texto hebreo en el Antiguo Testamento, para que el lector pueda seguir la correspondencia entre las dos lenguas. Lo mismo ocurre para la Vulgata del Nuevo Testamento en relación con el texto griego. Tal proceder es la primera vez que se da en la historia de la Vulgata, por lo cual queda patente la vocación pedagógica de la Políglota. Elementos extrabíblicos Si hay una característica que diferencia a la Vulgata de otras versiones bíblicas es la abundancia de prólogos, prefacios y argumentos como encabezamiento a los libros 49. A lo largo de la Edad Media la tradición latina fue incorporando más y más elementos extrabíblicos tomados, preferentemente, de obras de Jerónimo, aunque también de otros autores tardoantiguos y medievales. Las biblias de París hicieron una drástica reducción de ellos, tendencia que siguió también la B42. Sin embargo, en ediciones posteriores, especialmente entre las venecianas, hubo un proceso de recuperación de prólogos, prefacios y argumentos medievales no incorporados en la B42, sin llegar a la excesiva acumulación que encontramos en algunos manuscritos. Es precisamente esta selección ampliada la que encontraremos en la Políglota. Una novedad importante es que si en las ediciones de Vulgata anteriores estos prólogos pertenecían sólo a la Biblia latina, en la Políglota tendrán una función diferente, pues introducen no sólo el texto latino, sino todas las versiones involucradas en su caso, es decir, la griega, la latina, la hebrea y la aramea en el Pentateuco; la griega, la latina y la hebrea en los Libros Históricos, los Sapienciales y los Proféticos; o la griega y la latina en el Nuevo Testamento. Salvo los prólogos de los editores hechos ad hoc para la Políglota, todos los restantes pertenecen a la tradición textual de la Vulgata. Veamos ahora cuáles son los elementos extrabíblicos de la Políglota.
49. Es importante distinguir entre elementos extrabíblicos que son herencia de la tradición bíblica medieval y elementos extrabíblicos incorporados en las ediciones impresas. Remito a G. Dahan, « Les éditions », p. 16-27.
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La Políglota no incluye algunos de los aditamentos que se fueron incorporando poco a poco a ediciones posteriores a la B42, como el appendix sobre los sentidos de los libros bíblicos del monje cisterciense Menardo, que se imprimió por primera vez como parte de la Vulgata en la edición de Bernhard Richel (Basilea, 1474 50); tampoco incluye sumarios, capitula, registrum librorum, capitulationes ni casus summarii, elementos que se fueron incorporando a las ediciones de Vulgata a medida que se difundía la imprenta por Alemania, Suiza, Francia e Italia. Tampoco se encuentran los versos fontibus ex graecis propios de ediciones impresas en Basilea (Johann Amerbach, 1479-1493 51). En cambio, la Políglota tiene concordancias marginales para toda la Biblia, práctica que incluyó por primera vez en una Vulgata Johann Froben en su edición de 1491 (Basilea 52). Al final del volumen quinto, la Políglota incluye las Interpretationes hebreorum chaldeorum grecorumque nominum noui testamenti. Et primo in euangelium secundum Mattheum, y al final del volumen sexto las Interpretationes hebraicorum, chaldeorum, grecorumque nominum veteris ac noui testamenti secundum ordinem alphabeti. Con esto, la Políglota Complutense mantiene la tradición de incorporar listados de nombres en ediciones impresas de la Vulgata inaugurada por Sweynheym y Pannartz en su edición de Roma (1471 53) que se mantuvo en la gran mayoría de ediciones posteriores 54. Los elementos extrabíblicos de la Políglota son, al igual que en el textus receptus de tres tipos: prólogos, prefacios y argumentos, y la mayor parte de ellos son de origen jeronimiano. He aquí la su selección en relación con la B42 y otras ediciones de la época. Antiguo Testamento. Encontramos primero la Epistola Beati Hieronymi ad Paulinum presbyterum de omnibus diuinae hystoriae libris 55, como introducción a toda la Biblia; en B42 aparece con el título Epistola sancti iheronimi ad paulinum presbiterum de omnibus diuine
50. GWD 04212. 51. Especialmente GWD 04236, 04246, 04248, 04269, 04275. 52. GWD 04269. 53. GWD 04210. 54. El listado de ediciones de Vulgata de los siglos xv y xvi que incorporan este listado se encuentra en o. szeRWiniacK, « Les glossaires de noms hébreux dans les bibles latines imprimées aux xve et xvie siècles: quelques jalons », en Biblia. Les bibles en latin au temps des Réformes, p. 211-229, p. 217-221. 55. BS 1, p. 4-37: Epistola LIII Sancti Hieronymi ad Paulinum Presbyterum.
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historie libris. Sigue el Prefatio Sancti Hieronymi praesbyteri in Pentateuchum Moysi 56 como prólogo al Pentateuco (cf. B42 Prologus in pentateucum moisi). Viene a continuación el prólogo a Samuel y Reyes, libros que aparecen numerados, igual que las ediciones impresas anteriores, como I-IIII Regum (Prologus sancti hieronymi presbyteri in libros Regum 57). Para 1-2 Crónicas, la Políglota tiene dos prólogos. El primero es el Praefatio sancti Hieronymi in librum dabreiamin, qui est paralipomenon, quod nos dicere possumus verba dierum 58. Presenta la versión extendida con la adición al comienzo « Tantus ac talis est liber… » extraída de la epístola 53 de Jerónimo a Paulino, que entre los manuscritos de Vulgata se encuentra, por ejemplo, en el Vaticano, BAV lat. 5729 (siglo xi). La B42, en cambio, tiene la versión abreviada sin la adición inicial. También hay una variación en el título entre la Políglota y la B42. Esta última atribuye este prólogo sólo al libro primero (prologus in librum paralipomenon primum). El segundo tiene por título Item alius prologus con el incipit Evsebius Hieronymus Dommonni et Rogatiano suis in Christo Iesu salutem 59. No está impreso en la B42. Al igual que en el textus receptus impreso mayoritario, la Políglota coloca detrás de 1-2 Crónicas la Oratio Manasse. Sigue 1 Esdras, encabezado por el Prologus beati Hieronymi presbyteri in librum Esdre 60 (cf. B42: Prefatio beati ieronimi prespiteri [sic] in librum Esdre) y con el título Esdre primus. Viene a continuación el Liber Neemie, pero falta la adición de B42 qui est esdre secundus, que además distingue 3 Esdras (liber esdre tercius) y 4 Esdras (liber esdre quartus), omitidos en la Complutense. También en los prólogos a Tobit, Judit y Ester coincide la Políglota con el textus receptus, aunque con diferencias de forma respecto a la B42. Así, para Tobit la Políglota tiene el Prologus B. Hiero.
56. BS 1, p. 63-69: Sancti Hieronymi Presbyteri praefatio in Pentateuchum. 57. BS 5, p. 3-11: Prologus Sancti Hieronymi in libro Regum. 58. BS 7, p. 3-7: Prologus Sancti Hieronymi in libro Paralipomenon. 59. BS 7, p. 7-10: Item alia praefatio. 60. BS 8, p. 3-7: Praefatio Sancti Hieronymi in libro Ezrae.
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in librum Tobie 61 (cf. B42 Prologus in librum Tobie), para Judit el Prologus B. Hieronymi presbyteir (sic) in librum Judith 62, y para Ester el Prologus beati Hieronymi presbyteri in librum Hester 63. Ya entrando en el grupo de libros poéticos y sapienciales, Job está encabezado en la Políglota por dos prólogos en coincidencia con la B42: Prologus primus in Iob secundum translationem LXX 64 (cf. B42 Prologus in librum Iob primus) y Secundus prologus in Iob secundum hebraicum 65 (cf. B42 Prologus secundus). Añade a continuación el Argumentum in librum Iob 66, que algunos manuscritos medievales sitúan al final del libro. No está incluido en la B42 ni en ediciones sucesivas; tampoco se ha impreso en la edición crítica de BS 9. Tal argumentum se incorpora por primera vez en ediciones impresas en Italia a partir de 1475, como las de Franciscus Renner de Heilbronn y Nicolaus de Frankfordia (Venecia, 1475 y 1476 67), de Johannes Petrus de Ferratis (Piacenza, 1475 68), de Mathias Moravus y Biagio Romero (Nápoles, 1475 69), de Nicolaus Jenson (Venecia, 1476 70), y de Leonardus Achates (Vicenza, 1476 71); posteriormente, se extiende a ediciones fuera de
61. BS 8, p. 155-156: Prologus Tobiae, con el incipit Cromatio et Heliodoro episcopis Hieronymus in Domino salutem. 62. BS 8, p. 213-214: Prologus Iudith, con el incipit Apud Hebreos liber Iodith inter Agiografa legitur. 63. BS 9, p. 3-4: Prologus Hester, con el incipit: Librum Hester variis translatoribus constat esse vitiatum. 64. BS 9, p. 69-74: Prologus Sancti Hieronymi in Libro Job. 65. BS 9, p. 74-75: Item alius prologus iuxta emendationem grecam. 66. s. beRGeR, « Les préfaces jointes aux livres de la Bible dans les manuscrits de la Vulgate », Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 11 (1902). Su texto en la Políglota Complutense es como sigue: «In terra quidem habitasse Iob utisidi in finibus idumeae et arabiae fertur: et erat ei ante nomen iobab. Et accepit uxorem arabissam: et genuit filium quem uocauit ennon. Erat autem ipse filius quidem zareth de esau filiis filius: de matre uero Bosra: ita ut sit quintus ab abraam. Et hi sunt reges qui regnauerunt in edom: in qua & ipse regnauit. Sed primus in ea regnauit balach filius beor et nomen eiusdem ciuitatis denaba. Post hunc autem barich. Post eum iobab qui uocatur Iob. Post iob autem hussan: qui erat dux ex themanorum regione. Et post illum regnauit adar filius bedath: qui excidit madiam in campo moab: et nomen ciuitatis eius auith. Explicit argumentum ». 67. GWD 04216 y GWD 04223 respectivamente. 68. GWD 04217. 69. GWD 04220. 70. GWD 04222. 71. GWD 04224.
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Italia, como las de Gabriel Bruno (Estrasburgo, 1497 72), la encontramos también en la última Vulgata incunable, que es la de Jean Pivard (Lyon, 1500/1501 73) y en ediciones impresas coetáneas a la Políglota, como la de Sacon (Lyon, 1515). Entre las posteriores a la Políglota se encuentra en la de Estienne (París, 1532). Respecto al texto, la Políglota presenta algunas variantes como utisidi, seguramente una errata a partir de usitidi, que es una lectura muy abundante en ediciones impresas anteriores, muy común en manuscritos de la Vulgata de los siglos xii y xiii 74, y también presente en la edición de Castellano (Venecia, 1511) (cf. también la edición de Estienne, 1532: Husitidi). La convivencia de dos salterios jeronimianos en la Biblia Latina justifica que en la Políglota Complutense, al igual que en las ediciones anteriores, se encabece este libro con dos prólogos. Uno es el Prologus beati Hieronymi presbyteri in psalterium lxx 75; el otro es el Prologus B. Hieronymi presbitery (sic) in psalterium quod transtulit in latinum iuxta Hebraicam ueritatem 76. Al comienzo de los Libros de Salomón se halla una de las mayores acumulaciones de elementos extrabíblicos. A la cabeza está la Epistola sancti Hieronymi presbyteri ad Chromacium et Heliodorum Episcopos de libris Salomonis 77, y siguen el Prologus in libros eosdem 78 y otro titulado Alius Prologus, que no es otro que el Praefatio Hieronymi de Translatione Graeca 79, en el que está incluido el Appendix Peregrini. El Eclesiastés y el Eclesiástico tienen en la Políglota sendos prólogos. El primero el Prologus beati Hieronymi in librum Ecclesiasten 80. Su íncipit es « Memini me ante hoc ferme quinquenium cum adhuc Rome essem ». El segundo es el Prologus Libri Iesu filii Sirach: Qui Ecclesiasticus appellatur 81.
72. GWD 04277. 73. GWD 04281. 74. s. beRGeR, « Les préfaces », nº 58, p. 40. 75. BS 10, p. 3-4: Praefatio Sancti Hieronymi, con el incipit: Psalterium Romae dudum positus emendaram. 76. BS 10, p. 4-7: Item alia eiusdem praefatio, con el íncipit « Eusebius Hieronymus Sophronio suo salutem dicit ». 77. BS 11, p. 3-5: Prologus Hieronymi in Libris Salomonis. 78. BS 11, p. 7-9: Item alia praefatio Hieronymi, con el íncipit « Tribus nominibus vocatum fuisse Salomonem ». 79. Así en BS 11, p. 6-7. 80. No está incluido en BS 11. 81. Con el escueto título Prologus en BS 12, p. 145-147.
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El conjunto de los Profetas Mayores está encabezado por Isaías, que tiene en la Políglota el Prologus in Esaiam prophetam 82 y un argumentum 83 que no está incluido en la B42, pero sí en algunas ediciones italianas desde 1475, como la de Francisco Renner de Heilbronn y Nicolaus de Frankfurt (Venecia, 1475 84), y la de Mathias Moravus y Biagio Romero (Nápoles, 1476 85), pero no en la de Johannes Petrus de Ferratis (Piacenza, 1475 86). Se encuentra también en la última edición incunable, la de Jean Pivard (París, 1500/1501 87). Sigue el libro de Jeremías, que está encabezado por cuatro elementos extrabíblicos: el primero es el Prefatio in hieremiam prophetam 88, que no está incluido en la B42; el segundo es el Prologus in eundem, con el íncipit « Hieremias propheta, cui hic prologus scribitur » 89; el tercero aparece sin título con el incipit « Ioachim filius iosse… » 90. En cuarto lugar encontramos el 82. Con el título Prologus en BS 13, p. 3-5. 83. beRGeR 151. No está incluido en BS 13. Su texto en la Políglota Complutense es como sigue: «Incipit argumentum. Esaias in hierusalem nobili genere ortus est: ibique prophetauit. Sub manasse rege sectus in duas partes: occubuit. Sepultusque est sub quercu rogel: iuxta transitum aquarum quas olim ezechias rex iacto obstruxerat puluere ». 84. GWD 04216. 85. GWD 04220. 86. GWD 04217. 87. GWD 04281. 88. No está incluido en BS 14. Su texto en la Políglota Complutense es como sigue: «Incipit Prefatio in hieremiam prophetam. Hec interpretatio hieronymi est. Si quid in ea noui erit: secundum hebraeos codices exploretur. Alia est septuaginta interpretum ecclesiis vsitata. Quae quamuis nonnulli aliter habeat quam in hebraeis codicibus inuenitur: tamen vtraque idest secundum septuaginta: & secundum hebraeam apostolica autoritate firmata est: non errore neque reprehensione superiori: sed certo consilio Septuaginta nonnulli aliter dixisse vel contexuisse intelliguntur. Quod ideo praemonemus: ne quicquam alteram ex altera velit emendare. Quod singulorum in suo genere veritas obseruanda est ». 89. Prologus en BS 14, p. 5-6. 90. No está incluido in BS 14. Su texto en la Políglota Complutense es como sigue: «Ioachim filius iosie: cuius tertio decimo anno prophetare ortus est hieremias sub quo et olda mulier prophetauit ipse est qui alio nomine appellatur eliachin et regnauit super tribum iuda et hierusalem annis vndecim. Cui successit in regnum filius ioachim cognomento iechonias qui tertio mense regni eius die decima captus a ducibus nabuchodonosor ductus est in babylonem: et in loco eius constitutus est sedechias filius iosie patruus eius. Cuius anno vndecimo hierusalem capta atque subuersa est. Nemo igitur putet eundem in danielis principio ioachin qui in ezechielis exordio ioachim scribitur. Iste extremam syllabam chim habet: ille chin. Et ob hanc causam in euangelium secundum matheum vna videtur deesse generatio: quia secunda thesseredecas
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Argumentum in eundem 91. Estos dos últimos, al igual que el primero, no están incluidos en la B42. El conjunto de los cuatro y en el mismo orden se encuentra en ediciones desde 1475, como la de Francisco Renner de Heilbronn y Nicolaus de Frankfurt (Venecia, 1475 92); en ésta el tercero de los prólogos tiene por título Item alius prologus in eundem. También la misma selección y con los mismos títulos se encuentra en la edición de Pivard (París, 1500/1501 93). A Jeremías siguen Lamentaciones y Baruc, el primero sin prólogo ni prefacio, el segundo encabezado por el Prefatio in librum Baruch 94. Vienen a continuación el libro de Ezequiel con el Prologus in Ezechielem prophetam 95, y Daniel con el Prologus sancti Hieronymi in Danielem prophetam 96. El conjunto de los doce profetas menores tiene dos prólogos. Uno es el Prologus in Librum Duodecim prophetarum 97; el otro tiene por título Item alius prologus 98. Los textos de los profetas menores van encabezados por un prólogo que está tomado de las explanationes 99 a cada profeta y un breve argumento con textos tomados de las Praefatiunculae ex epistula LIII Hieronymi desumptae 100. Además, Joel tiene en la Políglota un prólogo que corresponde al scholium de BS 101, y Amós tiene el Prologus in Amos ex commentariis Hieronymi de BS con el título Item alius prologus 102.
en ioachim desinit filius iosie: et tertia incipit a ioachin filio ioachim. Quod ignorans pohphyrius calumniam instruit ecclesie: suam ostendens imperitiam: dum euangelistam mattheum arguere nititur falsitatis. Quodque traditum scribitur ioachim monstrat: non aduersariorum fortitudinis fuisse victoriam: sed domini voluntatis. » 91. No está incluido en BS 14. Su texto en la Políglota Complutense es como sigue:« Incipit argumentum in eundem. Ieremias anathothites: qui est viculus tribus a hierosolymis distans milibus apud taphnas in aegypto a populo lapidibus obrutus occubuit. Iacet vero in eo loco sepultus quo dudum pharao rex habitauerat. Et quoniam postulatione sua defugatis ab eodem loco searpentibus aegyptios a tactu aspidum facit esse securos: magna eum ibi religione aegypti venerantur. Explicit argumentum. » 92. GWD 04216. 93. GWD 04281. 94. BS 14, p. 7: Praefatiuncula in libro Baruch. 95. BS 15, p. 5-6: Prologus Hiezechielis prophetae. 96. BS 16, p. 5-10: Prologus Danihelis prophetae. 97. BS 17, p. 7-8: Prologus duodecim prophetarum. 98. BS 17, p. 16. 99. BS 17, p. 17-39. 100. BS 17, p. 8-13. 101. BS 17, p. 1. 102. BS 17, p. 16.
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Finaliza el texto latino del Antiguo Testamento con 1-2 Macabeos. El conjunto está encabezado por dos prólogos. Uno es el Prologus beati Hieronymi presybteri (sic) in libros Machabeorum 103, el otro tiene por título Item alius prologus 104. Recapitulando en lo relativo al conjunto de elementos extrabíblicos del Antiguo Testamento podemos relacionar la Políglota Complutense no directamente con la B42 y sus descendientes centroeuropeos, sino con el grupo de biblias italianas impresas desde 1475, en particular las venecianas. Así, su selección de prólogos y argumentos coincide exactamente con la que se encuentra en la edición de Francisco Renner de Heilbronn y Nicolaus de Frankfurt (Venecia, 1475 105) que se generalizará en época posterior en ediciones publicadas en Francia, Suiza, Alemania e Italia. Además, en lo que se refiere a sus títulos, muestra una especial proximidad con la edición de Jean Pivard (París, 1500/1501 106). Añadamos una novedad más en lo que se refiere a los elementos extrabíblicos de la Políglota. En las ediciones impresas anteriores eran propios y exclusivos de la Biblia latina; en la Políglota, sin embargo, sirven como encabezamiento no sólo a la Vulgata sino también a las otras versiones impresas no latinas, por lo cual en este nuevo contexto son susceptibles de una nueva lectura e interpretación a la luz de las referencias que hacen también muy frecuentemente al texto griego y al hebreo. Nuevo Testamento. Como introducción al Nuevo Testamento la Políglota Complutense imprime un texto redactado ad hoc en griego por los editores acompañado de su traducción latina, situándose en este aspecto fuera de la tradición de la Vulgata impresa y también fuera de la tradición textual del Nuevo Testamento griego. El texto griego, redactado en forma de carta, tiene por título Πρὸς τοὺς ἐντευξομένους, y va seguido de su correspondiente traducción latina con el título Precedens Greca prefatiuncula in latinum versa. Ad lectorem 107. Sigue otro prólogo, también en griego con el título Εὐσέβιος καρπιανῷ ἀγαπητῷ ἀδελφῷ ἐν
103. BS 18, p. 5: Prologus in Libros Macchabeorum. 104. BS 18, p. 5-6: Prologus ex Isidori Prooemiis depromptus, (BS 18, 5-6). 105. GWD 04216. 106. GWD 04281. 107. Para su contenido, véase la descripción en M. Revilla Rico, La Políglota de Alcalá. Estudio histórico-crítico, Madrid 1917, p. 63.
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κυρίῳ χαίρειν 108 (versión latina: Eusebii epistula ad Carpianum 109), pero faltan los cánones eusebianos del mismo modo que también faltan en la B42, a pesar de que en la tradición de la Vulgata solían seguir a esta carta. Esta carencia sería observada, años después, en la carta del 25 de marzo de 1568 de Felipe II a Arias Montano con recomendación de incluirlos en la Biblia Políglota Regia 110, aunque al final tampoco se incluyeron. En los restantes prólogos la Políglota Complutense tiene la misma selección que la B42, aunque con muchas variaciones en sus títulos. Los cuatro evangelios tienen como introducción común la Epistola beati Hieronymi ad Damasum pappam (sic) in quattuor euangelistas 111 y a continuación Alius prologus, con el íncipit « Plures fuisse qui euangelia scripserunt » 112. A continuación cada evangelio tiene sus propios elementos introductorios. Para el Evangelio de Mateo, encontramos el Prologus in Mattheum, con el íncipit « Mattheus cum primo predicasset », no impreso en la edición de Wordsworth-White y también ausente en la B42, y el Argumentum in euangelium per Mattheum 113; en Marcos el Prologus sancti Hieronymi in euangelium secundum Mattheum (sic, en lugar de Marcum) 114; en Lucas el Prefatio beati hieronymi presbiteri in euangelium secundum Lucam 115, y en Juan el Prologus in euangelium secundum Johannem 116. Los tres últimos se encuentran también en la B42. El conjunto de las Epístolas de Pablo tiene por encabezamiento tratados en griego que no forman parte de la tradición de la Vulgata 117 y un prefacio latino con el título Prefatio sancti Hieronymi presbyteri in
108. En opinión de m. Revilla, La Políglota, p. 63, la edición de esta carta en la Políglota es la primera impresa. 109. W-W 1, p. 6-7. 110. j. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano. Correspondencia, vol. I (1560-1570), Madrid 2017, carta 5A, p. 45: «Y por la misma causa haueys de hazer que en el Testamento Nueuo se pongan los Canones de Euseuio Cesariense para el vso que él los instituyó ». Para la versión latina, cf. carta 5B, p. 54. 111. W-W 1, p. 1-4: Epistula ad Damasum: Beato Papae Damaso Hieronymus. 112. W-W 1, p. 11-14: Prologus quattuor euangeliorum ex commentario S. Hieronymi in Mattheum. 113. W-W 1, p. 11-14. 114. W-W 1, p. 171-173. 115. W-W 1, p. 269-271. 116. W-W 1, p. 485-487. 117. Sobre ellos, cf. m. Revilla, La Políglota, p. 64.
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omnes epistolas beati Pauli Apostoli 118. Respecto a las Epístolas Paulinas se distinguen dos grupos atendiendo a los elementos introductorios que presentan: por una parte está el grupo que incluye de Romanos a Corintios para cada una de las cuales se incluye un prólogo y un argumentum 119 que también se encuentran en la B42; por otra parte está el grupo de Gálatas a Hebreos, en el que cada carta está precedida con un breve argumentum 120. Hechos de los Apóstoles tiene dos prólogos: el Prefatio beati Hieronymi presbyteri in librum actuum apostolorum, con el incipit « Canit psalmista » 121, y Alius prologus con el íncipit « Lucas antiochensis natione syrus ». 122. Las Epístolas Católicas van precedidas por dos elementos introductorios: el Prologus in septem epistolas canonicas 123 y un Argumentum in easdem 124, y cada una de ellas tiene un breve argumentum 125. El libro del Apocalipsis tiene tres introducciones: el Prologus in Apocalypsim beati Johannis apostoli, con el íncipit « Omnes qui pie volunt vivere in christo: sicut ait apostolus » 126, a continua-
118. W-W 2, p. 1-5: Prologus in epistulas Pauli a quibusdam Pelagio adscriptus. 119. Para Romanos el Prologus specialis in epistolam ad Romanos (= W-W 2, p. 35-38: Argumentum Pelagii in epistulam ad Romanos) y un argumentum (W-W 2, p. 41-42: Argumentum Marcioniticum in epistulam ad Romanos). Para 1 Corintios el Prologus in primam epistolam ad Corinthios (W-W 2, p. 154) y un argumentum (W-W 2, p. 153). Para 2 Corintios el Prologus in secundam epistolam ad Corinthios (W-W 2, p. 281) y un argumentum (W-W 2, p. 279). 120. Gálatas: W-W 2, p. 355; Efesios: W-W 2, p. 406; Filipenses: W-W 2, p. 455; Colosenses: W-W 2, p. 490; 1 Tesalonicenses: W-W 2, p. 523; 2 Tesalonicenses: W-W 2, p. 555 (en este caso la Políglota tiene una forma abreviada del argumentum, que concluye en onesimum acolythum); 1 Timoteo: W-W 2, p. 573; 2 Timoteo: W-W 2, p. 615; Tito: W-W 2, p. 646; Filemón: W-W 2, p. 668; Hebreos: W-W 2, p. 679. 121. W-W 3, p. 4. 122. W-W 3, p. 1: íncipit « Lucas natione Syrus cuius laus ». La Políglota tiene en común con las restantes ediciones impresas la adición antiochensis que no está atestiguada en la tradición manuscrita. 123. W-W 3, p. 230: Praefationes in septem epistulas canonicas. 124. W-W 3, p. 231: Praefationes in septem epistulas canonicas. 125. Santiago: W-W 3, p. 232; 1 Pedro: W-W 3, p. 267; 2 Pedro: W-W 3, p. 310; 1 Juan: W-W 3, p. 334; 2 Juan: W-W 3, p. 380; 3 Juan: W-W 3, p. 387; Judas: W-W 3, p. 394: Aliud argumentum in epistulam Iudae, con el íncipit « Iudas Apostolus fratres ». 126. No incluido en W-W 3.
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ción Alius prologus in apocalypsim, con el íncipit « Johanes apostolus et euangelista a christo electus » 127, y en último lugar un breve argumentum con el íncipit « Apocalypsis iohannis tot habet sacramenta » 128. En los márgenes se incluyen notas gramaticales referidas al Nuevo Testamento, especialmente para explicar pasajes en los que la Vulgata presenta traducciones ambiguas y es necesario recurrir al texto griego para despejar dudas. Estas notas no son muy abundantes y atañen casi siempre a los mismos problemas lingüísticos, preferentemente la ambigüedad temporal de ciertas formas del verbo uenio, como uenit o uenimus, que tanto pueden ser presente como perfecto, o a hic, que tanto puede ser adverbio como pronombre demostrativo. Veamos algunos ejemplos de ello en notas marginales del Evangelio de Mateo: 2, 2. Texto: «vidimus enim stellam eius in oriente et venimus adorare eum ». Nota marginal referida a venimus: «Venimus praeteriti temporis » (cf. ἤλθομεν en griego). 3, 1. Texto: «in diebus illis venit iohannes baptista ». Nota marginal referida a venit: «Venit presentis temporis » (cf. παραγίνεται en griego). 5, 24. Texto: «relinque ibi munus tuum ante altare: et vade prius reconciliare fratri tuo ». Nota marginal referida a reconciliare: «Reconciliare imperativi modi passive vocis » (cf. διαλλάγηθι en griego). 8, 3. Texto: «et extendens iesus manum tetigit eum dicens. Volo. Mundare ». Nota marginal referida a mundare: «Mundare imperativi modi passive vocis » (cf. καθαρίσθητι en griego). 12, 6: Texto: «Dico autem vobis: quia templo maior est hic ». Nota marginal referida a hic: «hic aduerbium loci » (cf. ὧδε en griego). 13, 38. Texto: «Ager autem est mundus. Bonum vero semen: hi sunt filii regni: Zizania autem: filii sunt nequam ». Nota marginal referida a nequam: «Genitivi casus, id est iniqui » (cf. τοῦ πονηροῦ en griego). 21, 28. Texto: «Quid autem vobis videtur: Homo quidam habebat duos filios: et accedens ad primum dixit. Fili vade hodie operare in vineam meam ». Nota marginal a operare: «Operare imperativi modi » (cf. ἐργάζου).
Estas notas gramaticales no eran una novedad. Ya las encontramos, del mismo tipo y con la misma finalidad, en la edición de Alberto Castello (Venecia, 1511), aunque su cantidad y distribución es diferente a las de la Políglota.
127. W-W 3, p. 407-408. 128. W-W 3, p. 409.
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Las fuentes de la columna latina La cuestión de las fuentes utilizadas por los editores de la Vulgata de la Políglota es uno de los principales problemas que presenta la investigación ya desde antiguo. Sus editores se limitan a proporcionar una breve referencia en el Prologus ad lectorem. De his que ad lectionem Veteris testamenti diuersis linguis nunc primum impressi: sunt praenotanda, que dice así: Latinam itidem beati Hieronymi translationem contulimus cum quamplurimis exemplaribus venerandae vetustatis: sed his maxime: quae in publica Complutensi nostrae vniversitatis Bibliotheca reconduntur: quae supra octingentesimum abhinc annum litteris gothicis conscripta: ea sunt synceritate: vt ne apicis lapsus possit in eis deprehendi.
Han sido muchos los intentos de identificar los manuscritos utilizados en la edición, aunque todos han sido infructuosos. Revilla aporta el testimonio de Pablo Coronel, según el cual se habrían utilizado dos manuscritos llamados por él Biblia nostra antiqua, escritos en letra gótica de los siglos vii-ix, además de otros manuscritos posteriores 129. Franz Delitzsch en su estudio de 1871 sobre la Políglota hace referencia a los intentos de búsqueda o, al menos, de identificación, de los manuscritos usados como base, casi siempre en la biblioteca de la Universidad Complutense, antes y después de su traslado a Madrid en 1837 130. En su estudio de 1886 131, en cambio, Delitzsch hace referencia a tres manuscritos citados en el Catálogo de Manuscritos de la Biblioteca Complutense con los números E.2.C.1.N., E.2.C.1.N.2 y E.3.C.1.N.2. que Samuel Prideaux Tregelles había examinado en julio de 1860 para el texto griego del Comma Joanneum. Tregelles había escrito lo siguiente: There were three Latin MSS belonging to Cardinal Ximenes, all of which I examined at 1 John V, 7.8 so as to see if they contained the passage in the same manner as the Complutensian text has it. […] Thus in
129. m. Revilla Rico, La Políglota, p. 138-139. 130. F. Delitzch, Studien zur Entstehungsgeschichte der Polyglottenbibel des Cardinals Ximenes, Leipzig 1871, p. 39 y ss. 131. F. Delitzsch, Fortgesetzte Studien zur Entstehungsgeschichte der Complutesischen Polyglotte, Leipgiz 1886, capítulo « Verhältniss zu den drei Biblia Latina », p. 51-52.
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La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes the Latin of this passage the Complutensian editors followed none of the MSS of Ximenes, but rewrought it (as appears from their note) on the authority of St. Thomas Aquinas.
La nota a que se refiere Tregelles se encuentra impresa en el margen del texto de 1 Juan 5, 7-8 (vol. 5) 132. Mariano Revilla en su estudio de 1914 completa la historia de investigación que encontramos en Delitzsch e incorpora testimonios bibliográficos de gran interés sobre la cuestión, como el de P. Coronel 133: P. Coronel da a estos manuscritos el título de Biblias antiguas por antonomasia (Biblia nostra antiqua), y dice de ellos que habían sido escritos en tiempo de la invasión de los árabes en España y que concordaban admirablemente con el texto hebreo en muchos lugares en que discrepaban los manuscritos comunes. Además, los editores de la Políglota, según atestigua el mismo P. Coronel, tuvieron a su disposición otros códices algo menos antiguos que los góticos del siglo viii, pero que estaban muy conformes con ellos y algunos códices modernos más correctos que los que habían servido de originales a las ediciones hasta entonces publicadas.
Lo cierto es que se desconoce el número de manuscritos que se utilizaron, sigue diciendo Revilla. Su identificación de los tres manuscritos conservados en la entonces Biblioteca de la Universidad Central, hoy Biblioteca Histórica « Marqués de Valdecilla » de la Universidad
132. Ésta es una de las pocas notas marginales que se incluyen en la Políglota. Su texto dice: «Sanctus Thomas in expositione secunde decretalis de suma (sic) trinitate et fide catholica tractans istum passum contra abbatem Joachim videlicet Tres sunt qui testimonium dant in celo. pater: verbum: et spiritus sanctus: dicit ad litteram verba sequentia. Et ad insinuandam vnitatem trium personarum subditur et hii tres vnum sunt. Quod quidem dicitur propter essentie vnitatem. Sed hoc Joachim peruerse trahere volens ad vnitatem charitatis et consensus inducebat consequentem auctoritatem. Nam subditur ibidem: et tres sunt qui testimonium dant in terra. scilicet spiritus: aqua: et sanguis. Et in quibusdam libris additur: et hii tres vnum sunt. Sed hoc in veris exemplaribus non habetur: sed dicitur esse appositum ab hereticis arrianis ad peruertendum intellectum sanum auctoritatis premisse de vnitate essentie trium personarum. Hec beatus thomas vbi supra. » El texto latino tiene una versión del comma Ioaneum más breve que la B42. La Políglota tiene: «Quoniam tres sunt qui testimonium dant in celo: pater: verbum: et spiritus sanctus: et hi tres vnum sunt. Et tres sunt qui testimonium dant in terra: spiritus: aqua. et sanguis. » La B42 añade: «et tres unum sunt ». 133. m. Revilla Rico, La Políglota, p. 138-139.
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Complutense, en Madrid, sigue la de Tregelles a la que hacía referencia Delitzsch, aunque no excluye que se utilizaran además otros. La designación de los manuscritos que hace Revilla es como sigue 134: Biblia Latina Complutense nº 1 (signatura moderna 115-Zº 7), del siglo viii-ix. Biblia Latina Compl. nº 2 (sign. moderna 115-Zº 6), del siglo ix-x. Biblia Latina Compl. nº 3 (sign. moderna 115-Zº 4 y 5), del siglo xii-xiii.
El segundo está incompleto, el tercero muy mutilado y el primero tiene algunos libros con texto de Vetus Latina. Ninguno de ellos coincide con la Políglota en el orden de los libros. Así, el Compl. 1 sigue en el Antiguo Testamento el orden de la Biblia Hebrea; en el Nuevo Testamento el orden es el mismo que en la Políglota con la diferencia de que sitúa las Epístolas Católicas antes de Hechos 135. El Compl. 2 presenta el orden Proverbios, Eclesiastés, Cantar, Daniel, 1-2 Paralipómenos, Esdras, Nehemías, Ester, Sabiduría, Eclesiástico, Tobit, 1-2 Macabeos en el Antiguo Testamento, mientras que en el Nuevo Testamento también sitúa las Epístolas Católicas antes de Hechos. Tiene, además, ante las Epístolas Paulinas, el Proemium S. Peregrini episcopi y los Canones in Pauli Apostoli Epistolas 136, ninguno de los cuales forma parte del textus receptus impreso ni de la Políglota. El Compl. 3 tiene para el Antiguo Testamento el orden Pentateuco – Reyes – Isaías – Jeremías – Baruch – Epístola de Jeremías – Lamentaciones – Ezequiel – Profetas Menores – Job – Salterio – Proverbios – Eclesiastés – Cantar – Sabiduría – Eclesiástico; y en el Nuevo, como en los casos anteriores, sitúa las Epístolas Católicas antes de Hechos 137. Revilla concluye que estos manuscritos fueron la base principal del trabajo de los editores de la Complutense, aunque no en exclusiva. En su opinión 138, los editores siguieron el Compl. 1 excepto en Tobit, Judit, Ester y 1-2 Macabeos; para ellos se siguió el Compl. 2; el Salterio difiere de todos los complutenses citados; el Galicano, que se imprimió como interlineal de la versión griega de Septuaginta, fue corregido para adaptarlo con más literalidad al griego; para el Nuevo Testamento habrían seguido el Compl. 2.
134. Ibid., p. 139-142. 135. Ibid., p. 141-142. 136. Ibid., p. 141. 137. Ibid., p. 142. 138. Ibid., p. 143.
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Pocos años después de la publicación del estudio de Revilla, Henri Quentin 139 siguió la identificación de manuscritos que había hecho éste en su Mémoire sur l’établissement de la Vulgate. Sin embargo, puesto que Quentin sólo se limitó al Octateuco, sólo pudo colacionar el Compl. 1, que es el único de los tres complutenses que contiene ese grupo de libros. Quentin hizo una selección de lecturas de la Complutense (sigla X en su estudio) y del Compl. 1 para el cap. 18 de Génesis y el cap. 2 de Éxodo. Como resultado, Quentin demostró que no había relación entre ambos textos, sino que prevalecía la coincidencia de la Políglota con el textus receptus. Según Quentin, el texto de la Políglota difiere muy poco de las vulgatas de su tiempo 140. Su texto está acorde con el textus receptus incluso en contra de los manuscritos. Duda de que haya habido una verdadera tarea de edición del texto. En consecuencia establece que no tiene interés para la crítica textual de la Vulgata, lo que llevaría a excluirla de las ediciones impresas colacionadas en los volúmenes de la BS. Sin embargo, Quentin reconoce que en algunos casos, como la lectura de Génesis 18, 28 la lectura propter quinque es una corrección acertada 141. Quentin, sin embargo, no tiene en cuenta que realmente no podemos estar seguros de que los manuscritos identificados por Revilla sean efectivamente los utilizados por los editores de la Políglota. Lo único seguro respecto a ellos es que se encontraban en la Biblioteca de la Universidad Complutense, que tienen marcas que avalan su uso en época de Cisneros, y que quizá se utilizaran en la edición, pero no que realmente sus lecturas se incorporasen al texto. Del mismo modo, cabe la posibilidad de que se utilizaran otros manuscritos que en otro tiempo pertenecieron a la Biblioteca Complutense y actualmente se encuentran perdidos o en otras ubicaciones, como la Biblioteca del Real Monasterio de El Escorial. La investigación más reciente es heredera del trabajo de Revilla Rico en lo que se refiere al intento de identificación de los manuscritos utilizados en la Políglota con las tres biblias complutenses de la Biblioteca de la Universidad Complutense. Los ejemplos más ilustrativos son
139. h. quentin, Mémoire, p. 99-100. 140. Ibid., p. 100. 141. Ibid., p. 100.
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los de Javier Fernández Vallina y Luis Vegas Montaner (1987 142) y el de Luis Vegas Montaner (2014) que recoge en parte los resultados del artículo de 1987 143. Poco más se ha hecho sobre este tema. La edición de la columna latina Caracterización de la edición. No es la cuestión de las fuentes la única dificultad que plantea la investigación sobre la Políglota Complutense. Tampoco se sabe mucho sobre quiénes fueron los responsables de la edición de la columna latina de la Políglota, y mucho menos se sabe sobre los criterios editoriales seguidos. Respecto a los responsables de la edición, es seguro que se contó al principio de la empresa con Antonio de Nebrija hasta 1505, en que abandonó 144. Volvió al proyecto en 1513 o 1514 y parece que gran parte del Antiguo Testamento se le puede atribuir, aunque no se sabe exactamente qué parte 145. El Nuevo Testamento latino parece haber sido obra de Diego López de Zúñiga, Demetrio Ducas y El Pinciano 146, pero es difícil saber cuál fue la función de cada uno de ellos. Poco o muy poco sabemos de los criterios que se siguieron en la edición del texto de la Vulgata, porque, lamentablemente, sus prólogos son muy parcos en esta cuestión y únicamente hacen referencias, muy inseguras, al uso de unos manuscritos latinos que, a pesar de las teorías actuales, son muy difíciles de identificar en los fondos conservados en bibliotecas. Al respecto, se echan de menos prólogos al modo de los que Robert Estienne incluyó en sus ediciones; en ellos no solo daba cuenta de los testimonios utilizados, sino que también explicaba con gran detalle los criterios seguidos para establecer el texto 147.
142. j. FeRnánDez vallina, l. veGas montaneR, « El texto latino », en Anejo a la edición facsímile de la Biblia Políglota Complutense, Madrid 1987, p. 53-60, p. 54. 143. l. veGas montaneR, « Las versiones latinas en la Políglota Complutense », Estudios Bíblicos 72 (2014), p. 177-202, p. 180. 144. Para las razones y circunstancias del desencuentro entre Nebrija y Cisneros, cf. m. bataillon, Érasme et l›Espagne, París 1937 (reimpresión: Ginebra 1998), p. 36-42. 145. Sobre la participación de Nebrija en el proyecto, cf. t. jiménez calvente, « Quidnam heres stupidusque manes? La Biblia en manos de los grammatici: Antonio de Nebrija y otros eruditos complutenses », en La Biblia Políglota Complutense en su contexto, coord. A. alvaR ezqueRRa, Alcalá de Henares 2016, p. 239-260, p. 249-259. 146. j. FeRnánDez vallina, l. veGas montaneR, « El texto latino », p. 56. Sigue a M. Revilla Rico, La Políglota. 147. Cf. m. enGammaRe, « Introduire une édition humaniste de la Bible. Les prologues
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En el caso de la Políglota Complutense, la única información sobre la Vulgata es el breve párrafo en el prólogo al lector al que hemos hecho referencia. De la interpretación que se haga de él depende la caracterización de la edición de la columna latina. Para Le Long, Boerner y Masch, dos siglos y medio después de la publicación de la Políglota, su Vulgata es resultado de una emendatio, es decir, una « corrección » resultado de la comparación con manuscritos 148: Emendatio Complutensis Post Castellanum. Theologi Compluti, vel Alcalae in Hispania congregati feliciori successu, et pluribus eisque melioribus subsidiis instructi emendandae versioni latinae curam impenderunt. Cum enim sub auspiciis Cardinalis Ximenis Biblia Complutensia Polyglotta praelo adaptarentur, ut et Biblia Latina in pristinam integritatem restituerentur, ipsi Cardinali, et quibus usus est, Theologis cure cordique fuit. Antiquissima ipsis ad manus erant Manuscripta, tum Roma cum aliunde conquista, quorum ope textum multis a mendis liberarunt. Verum editionum cum Castellani emendationibus auctoritas tantopere invaluerat, ut nisi Iohannes Petreius de edenda versione Latina ex Opere Complutensi cogitasset, vix quisquam emaculatiorem textum seorsim exponere ausus fuisset. Sed preeuntem Petraeum alii, nihilo tamen minus perpauci, sequuti sunt.
La caracterización del texto latino de la Vulgata como texto corregido la encontramos también en la investigación más reciente, por ejemplo en el estudio de J.-P. Delville, quien lo incluye en el grupo de ediciones de la Vulgata corregidas sobre el hebreo y el griego, grupo en el que también estarían las ediciones de Erasmo y de Lutero 149. Sin embargo, si tenemos en cuenta el desacuerdo entre Antonio de Nebrija y el Cardenal Cisneros en lo referente a los criterios de edición de la columna latina de la Políglota, consideramos quizá sería más apropiado caracterizarla como edición ecléctica, aunque nos sean desconocidos los criterios editoriales con los que se hizo. De esta opinión era también Revilla, a juzgar por sus palabras 150:
des Bibles de Robert Estienne (1528-1560) », en Entrer en matière. Les prologues, eds. J.-D. Dubois, B. Roussel, París 1998, p. 393-425. 148. le lonG, boeRneR, masch, Bibliotheca Sacra II, 3, p. 48. 149. j. P. Delville, « L’évolution », p. 73-74. 150. m. Revilla Rico, La Políglota, p. 138.
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José Manuel Cañas Reíllo Los primeros que trataron seriamente de purificar y fijar el texto de la Vulgata a base de antiguos y correctos manuscritos fueron los editores de Alcalá.
En su opinión, los editores de la Políglota eligieron, entre las variantes que les proporcionaban los manuscritos, las más acordes con el texto hebreo y, cuando consideraron que el texto latino estaba corrupto, lo corrigieron sobre el hebreo; en el Nuevo Testamento tal tendencia, en este caso la armonización con el texto griego, no estaría tan presente 151. También se ha caracterizado este texto como « edición crítica », en particular, la primera edición crítica de la Vulgata 152. Sin embargo por « edición crítica » entendemos la edición de un texto, que puede ser ecléctico, diplomático o semidiplomático, pero que necesariamente tiene que ir acompañado de un aparato crítico. Un intento de edición crítica anterior a la Políglota es la edición de Alberto Castello (Venecia, 1511), que incorporó en los márgenes de la página variantes próximas al Correctorium B (París, BnF lat. 16719-16722) introducidas por Alias 153. Es con posterioridad a la Políglota cuando se publican ya ediciones que podemos considerar críticas desde los parámetros actuales, como las de Robert Estienne (París, 1528, 1532, 1540, 1545), la de Jean Henten (Lovaina: Bartholomaeus Gravius, 1547) o la de Francisco Lucas de Bruges (Amberes: Cristóbal Plantin, 1574). En ellas, el texto latino (que puede ser ecléctico o diplomático) va acompañado de un aparato de variantes tomadas de manuscritos y ediciones. Éste no es el caso de la Políglota Complutense, a no ser que consideremos los textos de las otras versiones que acompañan impresas junto a la Vulgata como una fuente de información de carácter crítico. Ello estaría de acuerdo con la función pedagógica que estuvo siempre en el trasfondo de su proyecto editorial. Volvamos al desacuerdo entre Nebrija y el Cardenal, porque nos aporta una pista de gran valor para caracterizar este texto. En la época en que se estaba preparando la Políglota comenzó a proliferar 151. Ibid., p. 143-144. 152. Entre otros, por ejemplo, F. PéRez De castRo, « Biblias políglotas y versiones no españolas », Scripta Theologica 2 (1970), p. 513-547, p. 520; F. PéRez De castRo, l. voet, La Biblia Políglota de Amberes, Madrid 1973, p. 18; b. macías RosenDo, La Biblia Políglota de Amberes en la correspondencia de Benito Arias Montano (Ms. Estoc. A902), Huelva 1998, p. xx. 153. Cf. h. quentin, Mémoire, p. 97 para ejemplos.
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la corrección de la Vulgata sobre el hebreo y el griego en un camino que al final no tendría salida y que no daría lugar a mejoras en su texto. Ejemplo de ello es la Vulgata corregida que publicó Erasmo en el marco de las obras completas de Jerónimo (Basilea: Froben, 1516). Precisamente este procedimiento, a saber, la corrección del texto sobre el hebreo y el griego, parece ser la idea que tenía Nebrija para la edición de la Vulgata de la Políglota y la que le enfrentó con Cisneros, que buscaba una edición dentro del marco del textus receptus pero revisada sobre manuscritos latinos con el apoyo de las versiones como medio para devolver la pureza al texto. Al final prevaleció la idea de Cisneros y Nebrija abandonó el proyecto 154. No habría sido, al final, necesario este enfrentamiento para acabar corrigiendo el texto de la Vulgata sobre el hebreo y sobre el griego, como una parte de la investigación tradicional ha sostenido 155. Relación con el textus receptus. La Vulgata de la Políglota no es exactamente el textus receptus, pero éste es su base mayoritaria. En un estudio textual de la Vulgata de la Políglota queda en evidencia que hay que salvar las estrechos límites del grupo de los tres manuscritos complutenses identificados por Revilla y dejar hablar a los aparatos críticos de las ediciones modernas, es decir, BS para el Antiguo Testamento y W-W para el Nuevo. La Políglota tiene muchas las lecturas que muestran coincidencias con manuscritos españoles que no son los citados por Revilla, es decir, los tres complutenses. Hay lecturas que ponen en relación a la Políglota con manuscritos del grupo de León, sigla Λ, especialmente con el manuscrito ΛH, hoy conservado en la Biblioteca de la Academia de la Historia de Madrid, pero también hay coincidencias únicas con el Codex Cavensis (Cava, Arch. della Badia 14, sigla C), en ocasiones también con manuscritos italianos, especialmente del grupo de biblias atlantes italianas, y también con manuscritos de la Biblia de París, en todos estos casos en contra del textus receptus. Lo que encontramos en la Vulgata de la Políglota es, en fin, una mezcla textual difícil de explicar sin conocer los criterios explícitos de los editores, pero seguramente se comprende mejor si se considera que realmente se buscó una edición ecléctica para restaurar la originalidad de la traducción jeronimiana con el « textus receptus » como base. Uno 154. m. v. sPottoRno Díaz-caRo, « The Textual », p. 383. 155. m. Revilla Rico, La Políglota, p. 145-146.
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de los manuscritos hoy conservados en la Biblioteca « Marqués de Valdecilla », de la Universidad Complutense de Madrid, sigla X en las ediciones de la Vulgata de Roma, ha sido considerado uno de los que son citados en el prólogo de la Biblia Políglota; sin embargo, rara vez se da la coincidencia sólo con él, como ya demostró Quentin. En esos casos, el texto de la Políglota forma parte de una amplia base textual atestiguada por manuscritos que suele tener el apoyo de la B42 y de otras ediciones posteriores, como la de Gobelinus Laridius, las de Estienne, las de Lovaina y la Clementina y la Sixtina. Por supuesto, no se puede demostrar que realmente se utilizara este manuscrito en la edición de la Vulgata de la Políglota, puesto que en la mayor parte de los casos su texto coincide también con el textus receptus. La crítica textual. Una prueba de que posiblemente hubo un trabajo editorial cuyo alcance no podemos calibrar la encontramos en lecturas con fuerte apoyo en la tradición manuscrita que aparecen por primera vez en una edición impresa en la Políglota. Veamos algunos ejemplos de ello a partir de la colación que publicó Quentin 156 con el texto de la Sixtina como base 157.
156. h. quentin, Mémoire, p. 11-73 para la colación de manuscritos y ediciones de capítulos de Génesis 18, Éxodo 2, Levítico 5, Números 6, Deuteronomio 2, 1-23, Josué 2, Jueces 2 y Rut 2, y p. 90-93 para la colación específica de ediciones. Cf. h. quentin, Mémoire, p. 8-9, para el listado de ediciones colacionadas. Quentin designa con la sigla H a la edición de 1476 de « [Bâle, Sensenschmied] », con atribución insegura. En el GWD no aparece referencia alguna a tal edición, por lo que consideramos que puede tratarse de la que tiene el número 04421, edición de Johann Sensenschmidt y Andreas Frisner (Núremberg 1476). De hecho, en Mémoire, p. 77, esta edición aparece citada como: «1476. [Nuremberg, Sensenschmied] », y en consonancia con esto la cito precedida de un * ante la duda. Lo mismo ocurre con la edición que Quentin cita como correspondiente al año 1489, de « [Bâle, Amerbach] », es decir, de atribución insegura (Mémoire, p. 80: «Ce type qui ne porte ni nom de lieu d’origine ni nom d’imprimeur, mais seulement une date, a longtemps été un problème pour les bibliographes. On sait aujourd’hui qu’il provient des presses de Bâle »). En el GWD sólo se recogen las ediciones correspondientes a los años 1479 (GWD 04236), 1481 (GWE 04246), 1482 (GWD 04248), 1486 (GWD 04258), 1491 (GWD 04267), 1494/95 (GWD 04270) y 1498-1502 (GWD 04285). Puesto que el único dato seguro es la fecha 1489, podría tratarse de dos ediciones citadas en el GWD, ambas también sin nombre de editor ni lugar de edición. Una es la edición de Peter Drach, en Speyer (GWD 04264) y la otra es la de Johann Prüss, en Estrasburgo (GWD 4265). Ante la duda, mantengo la referencia de Quentin antecedida de un * en ambos casos. 157. Cito las ediciones de forma abreviada con el año de publicación, según las siguientes correspondencias: 1462 = 1462 Mainz, GWD 04204; 1466 = 1466 Estrasburgo,
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En Génesis 18, 28 la Sixtina tiene propter quadraginta. En la Políglota encontramos propter quinque, en coincidencia con un buen número de manuscritos. Lo interesante es que la Políglota es el primer testimonio impreso de esta lectura que después se difundirá a otras ediciones como las de 1530B, 1530C y las de Estienne (París, 1532; París, 1534 y Ginebra, 1557). En los márgenes de las ediciones de Estienne queda en evidencia que la Políglota es una de las fuentes de esta lectura. Así, en las ediciones de 1528 y 1540 el texto tiene quadraginta quinque, pero en el margen se lee: «‘quinque’ V et Ge. o. Compl. »; la de 1541 tiene en el margen la nota « In codice oblongo S. Germani et Complutensi editione legitur: Propter quinque universam urbem ». En Números 6, 20 la Sixtina tiene rursum, pero la Políglota uniuersa. Tal lectura se encuentra por primera vez impresa en la Políglota; después se imprime en las ediciones de 1527 y 1536. Respecto a Petreius, no hay duda de que conoció la Políglota y que la utilizó en su corrección de la Vulgata, tal y como se puede deducir de lo que escribe en su prólogo 158: In emendando quid secuti simus paucis accipe. Congessit ante aliquot annos Franciscus Symenius Sanctae Balbinae Cardinalis, universos sacrae scripturae libros, variis linguis, Hebraea videlicet, Chaldaea, Graeca et Latina interpretatos, in unum, quibus et veterem translationem, qua hucusque Latina utitur Ecclesia, quamque Hieronymi esse nonnulli hactenus arbitrati sunt, immiscuit. Et quoniam sancte testatur, eam se (sumptis ex Pontificia Bibliotheca pluribus, iisque antiquissimis, ac fide dignis exemplaribus) dedisse quam emendatissimam, quumque id ita esse res ipsa clamaret, eius aeditionem libenter sumus imitati, sed tamen non solam.
GWD 04205; 1471 = 1471 Roma, GWD 04210; 1476 = 1476 Vicenza, GWD 04224; *1476 = *1476 [Núremberg: Sensenschmidt], GWD 04221; 1478 = Núremberg, GWD 04232; 1479 = 1479 Basilea: Amerbach, GWD 04236; 1483 = 1483 Venecia, GWD 04254; *1489 = 1489 [Basilea: Amerbach]; 1491F = 1491 Basilea: Froben, GWD 04269; 1491K = 1491 Basilea: Kesler, GWD 04268; 1495 = 1495 Basilea, GWD 04275; 1496 = 1496 Brescia, GWD 04276; 1497 = 1497, Estrasburgo, GWD 04277; 1504 = 1504 París: Kerver; 1506 = 1506 Sacon: Lyon; 1511 = 1511 Giunti: Venecia; 1513 = 1513 Sacon: Lyon; 1519 = 1519 Giunti: Venecia; 1520 = 1520 Moylin: Lyon; 1522E = Knobloch: Estrasburgo; 1522L = 1522 Guenar: Lyon; 1522N = 1522 Peypus: Núremberg; 1527 = 1527 Petreius: Núremberg; 1530B = 1530 Froben: Basilea; 1530C = 1530 Colonia: Cervicornus; 1536 = 1536 Giunti: Lyon. 158. h. quentin, Mémoire, p. 102.
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En otros casos, la Políglota está de acuerdo con ediciones impresas que muestran enmiendas del modelo más antiguo, es decir, el de la B42. Algunos ejemplos son: – Génesis 18, 4: la B42 con 1462 y 1466 tiene paxillum, pero la lectura pauxillum de la Complutense concuerda con el resto de ediciones impresas a excepción de 1522L, que tiene pauxilulum. – Gn 18, 25: facies es la lectura de la Sixtina de acuerdo con la B42. La Políglota tiene facias de acuerdo con ediciones impresas después de 1489, como *1489, 1491K, 1497, 1506, 1511, 1513, 1519, 1522E, 1522L, 1522N, 1530B, 1536 y las de Estienne de 1528, 1532, 1534. – Gn 18, 28: la políglota tiene dominum con la mayor parte de las ediciones impresas; la adición deum se encuentra en la B42 y en las ediciones de 1466 y *1489. – Ex 2, 5: la Políglota tiene papyrione con la mayor parte de ediciones, incluida la Sixtina. Sin embargo, la forma papirione es la atestiguada en la B42, y en las ediciones de 1462, 1466, *1476, 1478, *1489, 1495, 1519 y 1522N. – Ex 2, 12: La Políglota tiene circumspexisset con la mayor parte de los testimonios; conspexisset es la lectura de la B42, con 1462, 1466, 1471, *1476 y 1478. – Ex 2, 18: La Políglota tiene Raguel con buena parte de los testimonios. Ietro es la lectura de algunos manuscritos y de B42 con 1462, 1466, 1471, 1475, *1476, 1478, 1522E y 1522L. – Ex 2, 24: La Políglota tiene pepigit, que es la lectura mayoritaria. La mayor parte de la tradición manuscrita tiene pepigerat con el apoyo de las ediciones 1476, 1483, 1495, 1520, 1522E, 1522L, 1522N, 1527, 1530C, 1536 y ediciones de Estienne (1528, 1532 y 1534). A partir de estos ejemplos parece evidente que la Vulgata de la Políglota está más cercana a una versión ligeramente revisada del texto de las ediciones impresas más antiguas, como la B42, 1462, 1466 y *1476. El modelo se puede encontrar en una biblia veneciana o posterior. Retomemos ahora la observación hecha anteriormente sobre los elementos extrabíblicos de la Políglota, cuya selección está más cercana a una versión ampliada que a la de la B42 y ediciones que dependen de ella, redundando así en esta vinculación que hemos establecido con las biblias venecianas. El tratamiento de los nombres propios. Volvamos de nuevo al Prologus ad Lectorem de la Políglota. Después de la referencia a los manuscritos utilizados se nos explica qué criterios se siguieron para la fijación de la grafía de los nombres propios: 200
La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes Aliqua tamen nomina propria vitio scriptorum aliter scripta quam in originalibus vtriusque testamenti habentur: intacta dimisimus: atque id quidem consulto. Nam si nunc in eis litteram aliquam mutassemus: nequaquam possent reperiri in tractatu interpretationum: quem iuxta vulgatam horum nominum scripturam alphabetico ordine pridem confeceramus. Adnotauimus tamen in ipsis interpretationibus eadem nomina propria non solum ponentes ea sicut communiter scribuntur: sed etiam prout habentur ad litteram in suis originalibus.
Los editores de la Políglota se enfrentaron a la fijación de la grafía de los nombres propios, cuestión que aún constituye uno de los problemas más acuciantes para la crítica textual de nuestros tiempos. El procedimiento expresado en el prólogo se llevó a la práctica dando lugar a lecturas que difieren del textus receptus y de buena parte de la tradición textual medieval. Un ejemplo es la forma Delbora, en lugar de Debbora en el capítulo 5 del libro de Jueces 159. Tal lectura se encuentra atestiguada mayoritariamente en manuscritos del grupo español Λ. No es la lectura del textus receptus, aunque ciertamente se encontraba muy extendida cuando se hizo la Políglota Complutense. Así lo puso en evidencia Antonio de Nebrija en el capítulo 14 de su Aelii Antonii Nebrissensis ex grammatico rhetoris in complutensi gymnasio atque proinde historici regii in quinquaginta sacrae scripturae locos non vulgariter enarratos tertia quinquagenia, impresa en 1516 en Alcalá en la imprenta de Guillen de Brocar, es decir, la misma de la que salió la Políglota. Sobre Delbora Nebrija dice lo siguiente: Debora non delbora Quae reperiuntur in sacra scriptura foeminae cognomines, utraque uocata est debora. Altera rebeca uxoris isaac nutrix: de qua Genesis cap. xxxv. Eodem inquit tempore mortua est debora nutrix rebecae: & sepulta est ad radices bethel subter quercu. Altera prophetis uxor lapidoth: quae post aioth iudicauit populum israel cum barach. de qua in Iudicum libro multa scribuntur. Sed in libris recentioribus utrobbique [sic]. l. interiecta delbora legitur: quod nulla ratione defendi potest. Tum quod apud hebraeos in hac particula. l. nusquam est. quibus astipulantur omnes codices graeci aut qui ex translatione graeca ad nos uenerunt: atque etiam antiqui omnes libris latinis longobardis gothicisque inter poenos scripti. Tum quod omnes ecclesiastici autores debora in apem interpretantur: cum debora per. l. litteram interiectam
159. Véase al respecto, t. jiménez calvente, « Quidnam », p. 241.
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José Manuel Cañas Reíllo nichil tale: sed neque alius quicquam apud hebraeos significet. Est et alia ratio: cui nemo inuenire potest quid respondere queat. Remigius in hebraicorum nominum interpretatione: in quibus disponendis alphabetarium ordinem exactissime prosequitur: post particulam debon gad e uestigio subiungit debora. tum subdit decla. hoc est post nomina habentia. b. post. e. apponit habeniia. c. post. e. ut nullus relinquatur locus ei quod delbora per l. litteram: quod est quemadmodum diximus nihili uerbum. Quare dispungendum est. l. ex hac particula uelint nolint: qui uitiosa lectione tantopere delectantur.
Por supuesto, los editores de la Políglota eran conscientes de esta anomalía. Un año antes de la publicación de la obra de Nebrija que acabamos de citar, salía de la imprenta el volumen sexto de la Políglota, exactamente el 31 de mayo de 1515. En él se incluyeron las Interpretationes hebraicorum: chaldeorum: grecorumque nominum: veteris ac noui testamenti secundum ordinem alphabeti, y si buscamos en ellas el nombre Delbora encontramos en el margen la forma hebrea vocalizada y la entrada correspondiente, que dice: Delbora apes: vel verbum: aut res. siue subictio: vel syriace ductrix. heb. debbora. Del mismo modo, también en el volumen sexto se recoge « Delbora » en el listado titulado: Nomina que sequuntur sunt illa que in vtroque testamento vicio scriptorum sunt aliter scripta quam in hebreo et greco et in aliquibus bibliis nostris antiquis. In primo autem ordine ponuntur ipsa nomina sicut sunt in bibliis nostris modernis: in secundo vero ordine vel e regione ponuntur sicut sunt in hebreo et greco et in prefatis bibliis nostris antiquis: et hoc per ordinem alphabeti.
Y entre ellos encontramos de nuevo Delbora, pro debbora. El listado de tales palabras es muy largo, lo que nos permite apreciar hasta qué punto llevaron los editores de la Políglota su respeto a las grafías de nombres propios que encontraron en sus fuentes. Hay otros muchos ejemplos referentes a la grafía de los nombres propios en la Complutense. En Gn 18 se usa sistemáticamente la forma abraam en lugar de abraham. La colación de Quentin 160 muestra que la lectura abraam tiene el apoyo de un buen número de manuscritos, como Roma, BAV, Ott. 66; París, BNF, ms. 11504; Zúrich, Bibl. Cant. ms. C 1; Montecassino, Abadia, ms. 35; Montecassino, Abadia, ms. 520; 160. Mémoire sur l’établisement, p. 13. Cito las ediciones según las abreviaturas de la nota 145.
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Montecassino, Abadia, ms. 759; Vaticano, BAV, Vat. 7634; y Madrid, BNE, Ms. A.2. Entre las ediciones impresas anteriores a la Políglota, encontramos abraam en las de 1476, *1476, 1479, 1483, 1491F, 1491K, 1495, 1496, 1497, 1504, 1506 y 1513. Entre las posteriores a la Políglota se encuentra en las ediciones de 1527N, 1530B y 1536. En cambio, uno de los manuscritos que presuntamente se habría utilizado como base para la Políglota, el Compl 1, tiene habraam. Los salterios de la Políglota Como ya se ha dicho, el Salterio del textus receptus de la Vulgata es el Galicano, es decir, la traducción jeronimiana a partir del texto griego hexaplar. La decisión de los editores de la Políglota de editar como salterio de la Políglota el hebraico, es decir, la traducción de Jerónimo a partir del hebreo, rompe con la tradición textual ya bien asentada en ediciones impresas desde la B42. La Políglota contiene la primera edición impresa de la Vulgata completa cuyo salterio es el Hebraico y no el Galicano. Sin embargo, no se excluye el Salterio Galicano, sino que se llega a una solución de compromiso, tal y como se explica en el segundo prólogo al lector: Demum in libro psalmorum illud est admonendum: communem translationem latinam: qua utimur: positam esse pro interlineari supra graecam septuaginta interpretum editionem: quia ei de verbo ad verbum fere correspondet. Eam autem quam beatus Hieronymus iuxta hebraicam transtulit veritatem in medio duarum columnarum fuisse locatam.
Es decir, el Salterio Galicano se edita como versión latina interlineal del texto griego de Septuaginta; para los otros libros de Septuaginta se hicieron traducciones latinas interlineales ad hoc. La referencia al Salterio ex graeco como versión qua utimur nos indica que es la versión del textus receptus, la impresa en todas las Vulgatas desde la Biblia de 42 líneas. En consecuencia, en la Políglota antes del Salterio se imprimen los prólogos, correspondientes a cada uno de los salterios. Ambos son los que se encuentran en el textus receptus para el Salterio Galicano, pero en el caso de la Políglota adquieren todo su sentido, puesto que el Prologus Beati Hieronymi presbiteri in Psalterium LXX hace referencia al interlineal y el Prologus Beati Hieronymi presbyteri in Psalterium quod transtulit in latinum iuxta Hebraicam veritatem remite al salterio principal.
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El Salterio Galicano como versión latina interlineal de Septuaginta. Volvamos de nuevo a lo que se dice en el prólogo sobre el Salterio griego « quia ei de verbo ad verbum fere correspondet », es decir, que cada palabra latina corresponde a cada palabra griega. Siguiendo la práctica en todo el Antiguo Testamento de la Políglota, la versión latina interlineal se imprime de forma que cada palabra latina se sitúe sobre la griega correspondiente. Esto solo es posible cuando la traducción latina interlineal se ha hecho ad hoc para tal fin. Más complicada era la situación para conseguir tal simetría entre un texto como el Salterio Galicano y el texto griego de Septuaginta. Para conseguirla se corrigió el Salterio Galicano para hacer coincidir cada una de sus palabras con el texto griego correspondiente. No hay estudios sobre los dos salterios de la Políglota. Tampoco han sido colacionados en las ediciones modernas. El hecho de que en el Galicano de la Políglota se hayan detectado correcciones de los editores, le ha podido restar interés para la crítica textual. Veamos ahora algunos ejemplos de tales correcciones para los Salmos 2, 3 y 4. Designo el texto del Salterio Galicano con la sigla XG; para el Salterio Hebraico uso la sigla XH. El texto base es el de BS 10: – 2, 6. BS: praeceptum eius, pero praeceptum domini en XG para que se corresponda con el griego πρόσταγμα κυρίου; XH tiene dei preceptum. – 2, 10. BS: erudimini qui iudicatis terram, pero erudimini omnes qui iudicatis en XG con el griego παιδεύθητε πάντες οἱ κρίνοντες; cf. XH: erudimini iudices terre. – 3, 7. BS: non timebo milia populi circundantis me, pero non timebo milia populi circundantia me en XG para hacerlo concordar con el griego οὐ φοβηθήσομαι ἀπὸ μυριάδων λαοῦ τῶν κύκλῳ συνεπιτιθεμένων μοι. – 4, 1. BS: in finem in carminibus psalmus david, pero in finem in hymnis psalmus dauid en XG con el griego Εἰς τὸ τέλος ἐν ὕμνοις ψαλμὸς τῷ Δαυιδ. La variante hymnis está atestiguada en la tradición manuscrita 161, aunque el título del salmo en BS es diferente: in finem in hymnis canticum huic dauid. – 4, 2. BS: cum inuocarem, pero cum inuocarem ego en XG con el griego ἐν τῷ ἐπικαλεῖσθαί με. En cambio, en otros casos se esperaría una adecuación como las que hemos visto, pero no se da, como ocurre en el título de Salmo 3. XG
161. Manuscritos R (= Reginensis, Vaticano, Reg. lat 11) y M (= Ambianensis 18). Para más detalles, véase BS 10, p. viii-ix.
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tiene Psalmus dauid: cum fugeret a facie absalom filii sui, aunque se esperaría abesalom con el griego ἀβεσαλωμ. Abesalom es la lectura de la BS. El Salterio hebraico. Al igual que para los restantes textos de la Vulgata de la Políglota, tampoco para el Salterio hebraico existen estudios de tipo textual ni colaciones. No se tuvo en cuenta en la edición de Sainte-Marie 162, y tampoco en la de Teófilo Ayuso Marazuela 163. Como ya hemos dicho, con la inclusión del Salterio hebraico como salterio de la Vulgata, la Políglota se desmarca claramente de la tradición de las Vulgatas impresas. La decisión responde muy coherentemente al plan de la obra, pues en el Antiguo Testamento se concibe la Vulgata como traducción literal del texto hebreo. Esto no habría sido posible si se publicaba el Salterio griego en la columna central. Esto explica tal decisión. A ello tenemos que añadir que el Salterio hebraico está muy presente en los manuscritos españoles de la Vulgata, en una ratio muy por encima del Galicano, junto al Salterio mozárabe o visigótico, de raíz veterolatina 164. Cuando se publicó la Políglota el Salterio hebraico también había llegado a la imprenta, casi siempre en el marco de las obras de Jerónimo 165.
162. h. De sainte-maRie, Sancti Hieronymi Psalterium iuxta Hebraeos, Roma 1954 (« Collectanea Biblica Latina », 11). 163. t. ayuso maRazuela, Psalterium S. Hieronymi de hebraica ueritate interpretatum, Madrid 1960 (« Biblia Polyglotta Matritensia », series VIII. Vulgata Hispana, L. 21). 164. El Codex Cavensis (Cava Archivo della Badia 14[1], siglo ix) tiene los dos salterios, pero el Complutense (Madrid, Biblioteca de la Universidad Complutense, 31, siglo x) sólo tiene el mozárabe. El hebraico es el salterio de la Vulgata en numerosos manuscritos españoles de los siglos x-xiv, como los siguientes: Madrid, BNE, Tol. 2,1 (Vitr. 4), siglo x; Madrid, Acad. de la Historia, F. 186, siglo x; León, San Isidoro 2, siglo x; Burgos, Seminario Mayor, siglo x; Madrid, Acad. de la Historia, 20, siglo x; Toledo, Bibl. Capitular 2,2, siglo x; Madrid, BNE 2, siglo x; Urgel, Arch. Capitular, siglo x; León, San Isidoro 3, siglo xii; Madrid, Museo Arqueológico Nacional 485, siglo xii; Calahorra, Bibl. Capitular, siglo xii; Madrid, Acad. de la Historia, Emilianense 2-3, siglo xii/xiii; Lérida, Bibl. Capitular, siglo xii; El Escorial, Bibl. del Monasterio, P. II. 15, siglo xiii; El Escorial, Bibl. del Monasterio, S. I. 19, siglo xiv; Tarazona, Bibl. Catedralicia, siglo xiv. A ellos se unen los manuscritos del grupo teodulfiano (Θ), que no son españoles pero sí están relacionados con España. Forman parte de este grupo, entre otros, los manuscritos de Londres, BL, Add 24142, siglo ix; París, BnF lat. 11937, siglo ix, y Copenhague, N. K. S. 1, siglo ix. 165. Para las referencias a ediciones del Salterio hebraico he seguido a h. De sainte-maRie, Sancti Hieronymi, p. LXIV-XV.
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La editio princeps es la de Günter Zainer (Augsburg, 1471-1473 166). Años después Bernardinus Gadolus lo publicó en el volumen 3 de su edición de la obras de Jerónimo (Venecia: Johannes and Gregorius de Gregoriis, 1497-98 167). La primera edición del Salterio hebraico (con cánticos) en España es la Paulus Hurus (« impresor de Turrecremata ») en Zaragoza (1481). Ya en el xvi Johannes Gisser (o Gysser) publicó otra edición en Salamanca (1506) 168. El Salterio hebraico se había publicado como parte de los salterios múltiples, como el caso del Psalterium Quincuplex de J. Lefèvre d’Étaples (París, 1509) 169. Sin embargo, la Políglota es el primer caso en que se incorpora en una edición de la Vulgata impresa como Salterio principal. Más o menos también en la época en que estaba en elaboración la Políglota, Amerbach publicó su Salterio hebraico (Basilea, 1516-1518). Otras ediciones siguieron a partir de los años treinta del siglo xvi en Basilea (1531, 1553 y 1565), Lyon (1530) y París (1533 y 1545). A partir de 1565 aparecen ediciones sobre la primera publicada por Erasmo de Rotterdam en Amberes (1579), como las de Colonia (1618), París (1580, 1609, 1623 y 1643) y Frankfurt (1684) 170. En el caso del Salterio hebraico de la Políglota, la labor de identificación de las fuentes es cuestión muy compleja. Su texto presenta numerosas diferencias con la editio princeps de Zainer, y en muchos casos se aprecian contaminaciones que tienen su origen en el Salterio Galicano. En general, parece que el texto del Salterio hebraico de la Políglota está muy próximo a un texto de tipo teodulfiano y a manuscritos relacionados con el tipo de biblias de León (sigla Λ). Ofrecemos a continuación una comparación entre el Salterio hebraico de la Políglota (XH) y la
166. GWD M36010. Günter Zainer publicó también ediciones de otras obras de Jerónimo, como el De viris illustribus en un volumen misceláneo (Augsburg, no después de 1470: GWD 12451), así como biblias en alemán (Augsburg 1475/76, GWD 04298; y Augsburg 1477, GWD 04300). 167. GWD 12419. 168. Psalterium iuxta hebraycam veritatem in latinum per Sanctum Hieronymum traductum, Salmanticae: Arte atque industria Ioannis Gisser Theutonici, 1506. Cf. l. Ruiz FiDalGo, La imprenta en Salamanca (1501-1600), 3 vols., Salamanca 1994, vol. I, p. 205. 169. Quincuplex Psalterium, Gallicum, Romanum, Hebraicum, vetus, conciliatum, Paris 1509. Sobre él, cf. G. beDouelle, Le « Quincuplex Psalterium » de Lefrèvre d’Etaples: Un guide de lecture (« Travaux d'Humanisme et Renaissance », 171), Ginebra 1979. 170. j. le lonG, c. F. boeRneR, Bibliotheca Sacra, II, 3, p. 22.
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edición de Zainer (Z) limitada a los salmos 5 y 6 en relación con la edición de Sainte-Marie (H). Otros manuscritos y ediciones citados corresponden también al aparato crítico de esta edición 171. 5, 1 cantauit dauid Z: psalmus dauid XH = f ΘG(marg) RMG. Cf. canticum David H 5, 2 audi Z = H: exaudi XH 5, 2 murmur Z = H: rugitum XH 5, 2-3 meum 3 rex meus et deus meus Z = H: meum aduerte ad uocem clamoris mei 3 rex meus et deus meus XH = ΘΛL fm, Ro Mo Ga 5, 5 quia Z: quoniam XH = H 5, 5 tu Z = H: + es XH 5, 7 operantes Z = H: qui operantur XH 5, 7 abhominaberis domine Z = AKGO: abominabitur dominus XH = H 5, 8 multitudine tue Z: multitudine misericordie tue XH = H 5, 8 domum Z = C2BΘG2Gm: pr in XH = H con C*ΘG* 5, 8 in templo sancto tuo Z = H: ad templum sanctum tuum XH 5, 10 eorum ueritas respectu interiora Z: eorum rectum interiora XH = H 5, 11 leuificant Z = H: lenificant XH = ΘG2m 5, 11 decidant Z = H: excidant XH 5, 11 prouocauerunt te domine Z = AKIGO Ro Mo Ga: prouocauerunt te XH = H 5, 12 laudabunt Z = K: + et XH = H 5, 13 scuto bone Z: scuto XH = H 6, 1 uictori in psalmis super octauo canticum dauid Z: uictori in psalmis super octauam psalmus dauid XH; cf. uictori in psalmis super octava canticum dauid H 6, 3 ossa Z: + mea XH = H
171. Para las abreviaturas de manuscritos y ediciones citadas mantengo las de la edición de h. De sainte-maRie, Sancti Hieronymi, p. vi-xii. Para manuscritos: A = Florencia, Laurent. Amiatinus 1, siglo vii-viii; b = Burgos, Seminario Mayor, siglo x; G = Saint Gall, Abb. 19, siglo ix; ΘG = París, BNF lat 11937, siglo ix; I = Rouen, Bibl. Municipale 24 (A. 41), siglo x; K = Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, Aug. xxxviii, siglo ix; ΛL = León, San Isidoro 2, siglo x; O = Oxford, Bodl. Auct. E inf. 2, siglo xii; Para ediciones: f = j. leFèvRe D’étaPles, Psalterium Quincuplex, París, imprenta de Henri Estienne, 1513; m = Edición de j. maRtianay, Sancti Eusebii Hieronymi… opera omnia, París 1693-1706. No incluyo las lecturas de las ediciones de Paul de Lagarde (Leipzig 1874) y de J. M. Harden (Londres 1922) porque aportan poco al objetivo de este examen textual. Para las otras formas textuales del Salterio: Ro = Salterio Romano; Mo = Salterio Mozárabe; Ga = Salterio Galicano. La abreviatura marg hace referencia a correcciones en el margen de los manuscritos, y el signo * a una lectura original corregida posteriormente, que aparece señalada con 2 a la derecha de la sigla del manuscrito.
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José Manuel Cañas Reíllo 6, 5 reuertere Z = H: conuertere XH 6, 9 iniquitatem Z: + quia XH = H 6, 10 suscepit Z: suscipiet XH = H 6, 11 conturbentur Z: + uehementer XH = H
Los ejemplos muestran que el texto de XH es muy ecléctico. En muchos casos preserva buenas lecturas, como muestra su acuerdo con H; en otros casos, se aparta del texto mayoritario para coincidir, especialmente, con un manuscrito de tipo teodulfiano como es ΘG y con el manuscrito español de la familia leonesa ΛH. La Vulgata entre la Políglota Complutense y la Políglota Regia Los años que siguen a la impresión de la Biblia Políglota Complutense fueron de inmensa efervescencia editorial en lo que se refiere al texto de la Vulgata 172. Entre 1527 y 1556 tiene lugar la más importante revolución de la crítica textual de la Vulgata de la historia, y fue sobre todo gracias a dos impresores/editores: Robert Estienne y Gobelinus Laridius. El primero recurrió para su edición a manuscritos latinos (al igual que afirmaba haber hecho Castello para su edición de 1511), así como a ediciones ya impresas, entre las cuales otorgaba un gran valor a la Políglota Complutense. El resultado fue su primera edición de la Vulgata publicada en París en 1527-1528, que muestra un texto de Vulgata corregido, que ya no es el textus receptus, en una edición que ya se puede considerar crítica. Estienne buscó mejorar esta edición con la de París de 1532, aunque la más influyente en la historia posterior de la Vulgata sería la de 1540, también impresa en París. En 1545, un año antes del decreto del Concilio de Trento sobre la autenticidad de la Vulgata, Estienne imprimió su última edición parisina, la comúnmente llamada como la « nonpareille » o también, aunque impropiamente, « Biblia de Vatablo », que en 1552 acabó engrosando las listas de libros prohibidos de la Inquisición Española. Como
172. Para una visión general sobre la Vulgata en este periodo, remito a m.-c. Gomez-GéRauD, « Entre tradition et modernité. Les bibles en latin au xvie siècle », en Biblia. Les bibles en latin, p. 7-16; a. GeRace, « Francis Lucas ‘of Bruges’ and Textual Criticism of the Vulgate before and after the Sixto-Clementine (1592) », Journal of Early Modern Christianity 3 (2016), p. 201-237; y en este mismo volumen G. Dahan, « La Vulgate de 1500 à 1546 », p. 13-51; e. shuali, « Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate (1528-1557) : pratique et conception d’une critique textuelle », p. 107-122; a. GeRace, « 1547-1592: dalla Vulgata Lovaniensis alla Sisto-Clementina », p. 221-238
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consecuencia de las críticas que suscitó esta edición de 1545, Estienne se refugió en Ginebra, y allí publicó en 1557 su última edición de la Vulgata. En ella, sin embargo, la Vulgata misma pierde su lugar preponderante en ediciones anteriores, siendo el texto principal en el Antiguo Testamento la traducción latina de Santi Pagnini revisada por Estienne con anotaciones de Vatablo. Curiosamente un proceso similar encontramos en las dos políglotas españolas. En la Complutense la Vulgata ocupa un lugar central a lo largo de toda la Biblia, como una versión más a la altura de la hebrea y griega en el Antiguo Testamento, y del griego en ambos testamentos. En la Políglota Regia, en cambio, sufre la competencia de la traducción latina de Santi Pagnini, exactamente igual que había ocurrido con la edición de Estienne impresa en Ginebra en 1557. El segundo editor/impresor al que nos referíamos es Gobelinus Laridius (Colonia, 1530). Según Henri Quentin, su edición de 1530 se puede considerar la primera y mejor edición crítica de la historia de la Vulgata. Sin embargo, tuvo poca repercusión en el panorama crítico-textual de la Vulgata en su tiempo. En paralelo a las ediciones críticas y eclécticas ya citadas, hubo un gran desarrollo de ediciones corregidas sobre el hebreo y el griego, especialmente en el ámbito protestante, donde tienen gran proliferación en el periodo que va de los años veinte del siglo xvi hasta comienzos del xvii. Destacan las ediciones de Andreas Cratander (Basilea, 1522), las de la saga de los Osiander (Andreas Osiander: Núremberg, 1522 y 1523; su hijo Lucas Osiander: Tübingen, 1547-1586; Tübingen, 15891592; Tübingen, 1597; y su nieto Andreas Osiander « El Joven », Tübingen, 1600; Tübingen, 1606; Frankfurt, 1609-1619), de Johannes Petreius (Núremberg, 1527), la de Martín Lutero o « Vulgata de Wittemberg » (1529), el texto de Vulgata incorporado en el comentario de la Biblia de Conrad Pellican (Zúrich, 1532-1540), las ediciones de Nicolaus Bryling (Basilea, 1544; Basilea, 1551 y reimpresiones de los años 1554, 1557, 1562, 1569 y 1578) y la de Paul Eber (Wittemberg, 1574). En el ámbito católico destaca Erasmo de Rotterdam, que publicó un texto de Vulgata corregido en el marco de su edición de las obras de Jerónimo (Basilea, 1516), y posteriormente en las de Johannes Rudelius (Colonia, 1527), Franciscus Gryphius (París, 1541 y reed. de 1542), de Sebastianus Gryphius (Lyon, 1542; Lyon, 1550; Lyon, 1556) Johannes Benedictus (París, 1541 y 2ª ed. París, 1549 con reimpresiones imprentas de Carola Guillard y herederos, de Guillelmus Desboys, de Sebastián Nivellus, Guilielmus Merlin y Johannis Macaeus en 1552, 1558, 1564, 1565, 1566, 1567, 1573) e Isidorus Clarius (Venecia, 1542, 209
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con 2ª ed. en 1557 y 3ª ed. en 1564). Aunque el Decreto del Concilio de Trento sobre la autenticidad de la Vulgata del 8 de abril de 1546 marcó el declive de esta vía de edición de la Vulgata en el ámbito católico, muchas de las ediciones citadas fueron reimpresas en años posteriores. Sin embargo, mientras que las ediciones de Estienne, especialmente la de 1540, marcaron el futuro textual de la Vulgata debido a su influencia en la Biblia de Henten (Lovaina, 1547), en la Biblia de Lovaina publicada por un equipo dirigido por Francisco Lucas de Brujas en Amberes en 1574, e, indirectamente, en la edición Sixtina, por el contrario las ediciones corregidas llegaron a un punto muerto ante un problema fundamental: ¿Hasta qué punto tenía que corregirse la Vulgata sobre el griego y el hebreo y si tales correcciones no estarían desvirtuando su texto? Lo más importante es que hasta Trento apenas hay restricciones para la intervención editorial en el texto de la Vulgata, lo que explica que estuviesen en circulación simultáneamente un « textus receptus » mayoritario, heredado del periodo incunable, junto a ediciones corregidas, ediciones eclécticas e intentos de edición crítica. La mayor parte de estas ediciones habían engrosado ya en la segunda mitad del siglo xvi el Índice de libros prohibidos 173. Cincuenta años después de la publicación de la Políglota Complutense otro proyecto editorial, en este caso a cargo de Benito Arias Montano, buscó colmar la laguna que había dejado la escasa difusión de la Biblia Políglota Complutense y la carestía de sus ejemplares provocada por avatares como el naufragio del barco que trasladaba un cargamento de ellas a Italia. Arias Montano buscó revivir el proyecto sobre las bases de los materiales de Alcalá, pero introdujo cambios y novedades, olvidando que la prudencia de Cisneros respecto a la edición del texto de la Vulgata fue un factor decisivo del éxito de la Complutense. Arias Montano no fue capaz de prever que su decisión de incluir en la Políglota Regia la traducción de Santi Pagnini corregida por él y por su equipo,
173. Por ejemplo, Hadrianus Junius expresa su tristeza al comprobar que, en efecto, la mayor parte de los más prestigiosos editores de la Vulgata en el siglo xvi aparecen en el Índice de Libros Prohibidos que había impreso Plantin a comienzos de 1570. Es en la carta que dirige a Arias Montano, fechada en Haarlem, el 1 de mayo de 1570: «Perlectus est a me Prohibitorum librorum index operosus, in quo mirifice me torquet, quod primi impressores, et quorum officinis optimos utriiusque linguae authores prodiisse constat, damnatos legam, cum quiibus pariter et authorum ipsorum abolitio sanciri videtur », en j. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano, carta 61, p. 410, y sobre el índice y la edición de Plantin, ibíd., nota 6.
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lo que en el fondo era la más temida competencia para la Vulgata en medios católicos, fue un factor desencadenante de las dificultades que tendría que afrontar la difusión de la Políglota Regia. No tuvo en cuenta Arias Montano lo que se podía considerar un precedente a menor escala de lo que ocurriría con su Políglota Regia a causa de la traducción de Pagnini. Fue lo ocurrido en 1555 cuando Andrea de Portonariis quiso imprimir en Salamanca la mal llamada « Biblia de Vatablo » que no era sino la edición de la Vulgata publicada por Estienne en París, en 1545, que incorporaba notas del hebraísta François Guasteblé, conocido como « Vatablo » revisadas por él. La edición salmantina fue censurada por la Inquisición y sus ejemplares destruidos. Evidentemente, el papel del texto de la Vulgata en esta época era la piedra de toque, la traducción de Santi Pagnini era considerada su competencia, y las notas de Vatablo su enemigo. A pesar de todo, al mismo tiempo que se publicaba la Políglota Regia hubo un segundo intento de publicar la « Biblia de Vatablo ». Fue en 1584 en la imprenta del Gaspar de Portonariis, hijo de Andreas, también en Salamanca 174. Una triquiñuela consiguió que esta Biblia, con sus notas de Vatablo revisadas por Estienne, superase la censura de la Inquisición sin demasiadas correcciones 175. La Vulgata en la Biblia Políglota Regia Entre 1568 y 1572 Benito Arias Montano 176 dirigió el proyecto de publicación de la Políglota de Amberes, o Biblia Regia, así llamada por el apoyo que tuvo del rey Felipe II. Éste vio oportuno publicar una
174. Biblia sacra cum duplici translatione et scholiis Francisci Vatabli, Salamanca: apud Gasparem a Portonariis, suis et Gulielmi Rouilli et Benedicti Boyerii expensis, 1584. Cf. l. Ruiz FiDalGo, La imprenta, vol. III, p. 962-964. 175. Cf. D. baRthélemy. « Origine et rayonnement de la “Bible de Vatable”», en Théorie et pratique de l’éxègese. Actes du troisième colloque international sur l’histoire de l’éxègese biblique au xvie siècle, eds., I. bacKus, F. hiGman, Genève 1990, p. 385-401 (aquí p. 389-390). 176. Para una semblanza biográfica de Arias Montano y su contexto cultural, cf. b. ReKeRs, Benito Arias Montano (1527-1598), Londres – Leiden 1972; e. FeRnánDez tejeRo, « Cipriano de Huerga, Luis de León y Benito Arias Montano: Tres hombres, tres talantes » en Anatomía del Humanismo: Benito Arias Montano 1598-1998, ed. L. Gómez canseco, Huelva 1998, p. 181-200; m. v. sPottoRno Díaz-caRo, « The Textual », p. 386-387. Sobre los orígenes del proyecto de la Políglota Regia, cf. m. asunción sánchez manzano, Benito Arias Montano. Prefacios de Benito Arias Montano a la Biblia Regia de Felipe II, León 2006, p. xlvi-lxvi.
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nueva políglota que sustituyera a la de Alcalá, que, como ya se ha dicho, era por aquel entonces difícil de encontrar 177. En este sentido se expresa el rey en una carta dirigida a Arias Montano fechada en Madrid, el 25 de marzo de 1568, trasladando la opinión de Plantin 178: Por lo que con vos se ha comunicado de palabra y papeles que se os han mostrado, teneys entendido cómo Christoforo Plantino, impressor y mercader de libros residente en la dicha villa de Anuers, ha hecho cortar diuersas suertes de caracteres latinos, griegos, hebreos y chaldeos muy perfectos para estampar la Biblia que en estas lenguas con mucho gasto, trabajo e industria hizo imprimir en Alcala de Henares el quondam cardenal fray Francisco Ximenez siendo arçobispo de Toledo, diziendo que, aunque aquella fue vna de las obras más insignes que en nuestros tiempos han salido a la luz, ay ya tam pocos libros della que apenas se hallan por ningun dinero.
A diferencia de la falta de información sobre el proceso de gestación de la Políglota Complutense, en el caso de la Políglota Regia la información es muy abundante y rica gracias fundamentalmente a sus prólogos 179 y a la correspondencia de Arias Montano, para la mayor parte de la cual disponemos de ediciones de gran calidad 180. Gracias a esta correspondencia es posible seguir con gran detalle el proceso de publicación de la Políglota Regia, desde los comienzos del proyecto, hasta su puesta a la venta 181. Arias Montano además tuvo la ventaja de poder disponer de todos los materiales utilizados en la Políglota de Alcalá, tanto los editados
177. Sobre el contexto en el que se publicó la Políglota Regia y los preparativos, cf. m. v. sPottoRno Díaz-caRo, « The Textual », p. 387-389. 178. j. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano, carta 5A, p. 39-40; cf. carta 5B, p. 51 para el mismo pasaje en la versión latina de la carta. 179. Los prólogos han sido editados y traducidos al español por a. sánchez manzano, Benito Arias Montano. Prefacios de Benito Arias Montano a la Biblia Regia de Felipe II, León 2006. 180. Por ejemplo: j. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano; b. macías RosenDo, La Correspondencia de Benito Arias Montano con el Presidente de Indias Juan de Ovando, Huelva 2008 (« Bibliotheca Montaniana », 15); a. Dávila PéRez, Benito Arias Montano. Correspondencia conservada en el Museo Plantin-Moretus de Amberes, II vols., Alcañiz – Madrid 2002. 181. Cf. especialmente, a. Dávila PéRez, Benito Arias Montano, cartas 68 02 14 (p. 4-8), 68 03 18 (p. 10-11), 68 03 26 (p. 14-20), 70 02 03 (p. 22-24), 70 05 23 (p. 26-28), 72 01 04 (p. 50-53), 72 06 21 (p. 68-75), 72 07 05a (p. 78-83), [72 07 16] (p. 90-97), [72 11 01] (p. 134-146).
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como los inéditos, y de contar con colaboraciones de los más excelentes biblistas y traductores de textos bíblicos de su época. A los textos publicados en la Complutense se incorporaron nuevos textos como el targum de Profetas y de otros libros, la versión siriaca para el Nuevo Testamento con un estudio de Andreas Masius, la traducción latina de Santi Pagnini revisada por Arias Montano y un buen monto de tratados, diccionarios y estudios que arropaban el estudio del texto bíblico con nociones de lingüística, teología e historia. En consecuencia, de los seis volúmenes de los que constaba la Políglota Complutense, se pasó a ocho en la Políglota Regia. De los ocho, los cinco primeros constituyen el conjunto de textos, mientras que los tres últimos constituyen el Apparatus 182. La Vulgata ocupa un lugar central también en la Políglota Regia, como ocurría en la Políglota Complutense. En el Antiguo Testamento acompaña a los textos hebreos, griegos y arameos. Su texto es una reimpresión del publicado en la Complutense con algunos cambios menores que atañen a: 1. El uso sistemático de mayúsculas al comienzo frase y en inicial de nombres propios. 2. La incorporación de la numeración de capítulos y versículos utilizada por primera vez en una Vulgata en la edición de Robert Estienne de 1555, aunque se mantiene la división del capítulo en cuatro partes señaladas con letras mayúsculas de la A a la D que ya se encuentra en la Complutense. 3. Correcciones gráficas, como la sustitución de pappa en la Políglota Complutense por papa en el prólogo de Jerónimo a los Evangelios, y, en el texto bíblico, de Delbora de la Complutense por Debora en el capítulo 5 de Jueces, o ejemplos de 1 Crónicas, como caynan en la Complutense, Cainan en la Regia (v. 1, 2), o Arfaxat en la Complutense frente a Arphaxat de la Regia (1, 17.18.24). Hay un cambio mucho más importante que atañe al orden de los libros en el Nuevo Testamento. En la Políglota Complutense el orden es el del textus receptus, es decir Evangelios – Epístolas Paulinas – Hechos – Epístolas Católicas – Apocalipsis. En la Políglota Regia el orden es Evangelios – Hechos – Epístolas Paulinas – Epístolas Católicas – Apocalipsis.
182. F. PéRez De castRo, l. voet, La Biblia Políglota, p. 14.
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Respecto a los elementos extrabíblicos, la Biblia Regia prácticamente tiene los mismos que la Complutense, aunque se incorpora un gran número de nuevos elementos elaborados ex novo para esta edición, como series de capitula y prólogos de Arias Montano. Hay, sin embargo, notables diferencias en los títulos de los prólogos y prefacios jeronimianos entre la Complutense y la Políglota, como encontramos, por ejemplo, en el prólogo de Jerónimo a 1-2 Crónicas. En la Complutense encontramos Praefatio sancti Hieronymi in librum dabreiamin…, mientras que en la Regia el título es B. Hieronymi in librum dibre-haiamin… Este prólogo, sin embargo, es el primero de los dos que encabezan 1-2 Crónicas en la Complutense; en la Regia ocupa el segundo lugar. El otro prólogo tiene por título en la Complutense únicamente Item prologus y a continuación como parte del texto de la carta encontramos su comienzo (« Evsebius Hieronymus Dommoni et Rogatiano suis in Christo Iesu Salutem »). En la Políglota Regia, en cambio encontramos para este prólogo el título Eusebius Hieronymus Dommoni et Rogatiano suis in Christo Iesu salutem. Poco más podemos decir aquí sobre este texto de Vulgata en la Políglota Regia, a excepción de que en el vol. VIII (1572) se publicó un anexo elaborado por los doctores de la Universidad de Lovaina con prefacio de Johannes Harlemius que contenía variantes latinas y lecturas de otras versiones en una disposición que podemos considerar auténtico aparato crítico del texto latino 183. Sin embargo la gran novedad de la Políglota Regia respecto a la Vulgata no radica en su texto, sino en suspicacia que generó la presencia de otros textos latinos. El Nuevo Testamento de la Políglota Regia presenta dos novedades. Una de ellas es que se imprime manteniendo las dos columnas (griega y latina) de la Complutense y se añade, además, el texto siriaco de la Peschitta con traducción latina de Guy Lefèvre de la Boderie, a pesar de las advertencias al respecto que había hecho Andreas Masius a Arias Montano en una carta fechada el 10 de octubre
183. Variae lectiones in latinis bibliis editionis Vulgatae, ex vetustissimis manuscriptis exemplaribus collectae, et ad textum hebraicum, caldaicum, graecum et syriacum examinatae, vol. II, Amberes 1572. Tal y como se dice en el prefacio, se citan manuscritos y ediciones utilizados en la edición de Henten, algunos de los cuales se conservaban en la biblioteca de la Universidad de Lovaina, a los que se suman los que había proporcionado Agustín Hunneo y los tomados de los textos hebreo, arameo y griego en el Antiguo Testamento y del griego y del siriaco en el Nuevo de la misma Políglota Regia.
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de 1568 184. La otra es la publicación del texto griego del Nuevo Testamento con la Vulgata como versión interlineal en el volumen VI 185, idea que Agustinus Hunnaeus, Cornelius Reyneri Goudanus y Iohannes Wilhelmi (Willemsz) Harlemius alaban en una carta a Arias Montano fechada en Lovaina, el 22 de febrero de 1570 186: Placuit nobis vehementer consilium tuum, vir doctissime, ut, quemadmodum in Veteri Testamento pro Bibliorum Regiorum complemento seorsim in uno volume imprimitur textus Hebraeus, adiunctis difficilioribus thematibus in margine et imposita versione Latina Pagnini, sic et textus Graecus Novi Testamenti in eodem volumine habeat in margine difficiliora themata et superimpositam ad verbum Latinam translationem; unde fiet ut hinc Latini Graece et Graeci Latine discere possint.
En esta edición, cuando la Vulgata no es traducción literal del griego, se imprime en el margen el pasaje en cuestión y se sustituye en la posición interlineal por una versión literal de Arias Montano marcada por una tipografía diferente de la utilizada en el texto de la Vulgata 187. Podemos aducir seguidamente algunos ejemplos referidos a pasajes del Nuevo Testamento elegidos al azar en los que la corrección de Arias Montano tiene la intención de acercarse lo más literalmente posible al original griego:
184. j. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano, carta 14, p. 118: «Sed et suam Syro Latinam interpretationem Galli cuiusdam viri, ut audio, docti, verum etiamnum iuvenis admodum, adiungere te constituisse addit Plantinus. Hic vero, mi domine, etiam atque etiam monendus mihi es, ne temere ei interpretatione fidas, sed accurate cum Graeco contendas prius quam probes. Nosti enim quanti momenti sit vel verbulum unum, praesertim in Paulli epistolis, quod a recepta per orbem sententia vel minimum discrepet, et quidem hac temporum diritate, qua tot haereses tam anxie inhiant omnibus occasionibus vetustam Ecclesiae consensionem dirumpendi ». 185. El título es Novum Testamentum Graece cum vulgata interpretatione Latina Graeci contextus lineis inserta: Quae quidem interpretatio, cùm à Graecarum dictionum proprietate discedit, sensum, videlicet, magis quàm verba exprimens, in margine libri est collocata: atque alia BEn. ariaE montani HispalEnsis operâ è verbo reddita, ac diuerso characterum genere distincta; lovaniEnsium verò Censorum iudicio & totius Academiae calculis comprobata; in eius est substituta locum, Antverpiae: Excudebat Christophorus Plantinus Regius Prototypographus, 1572. 186. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano, carta 55, p. 363. 187. F. PéRez De castRo, l. voet, La Biblia, p. 14. Sobre el procedimiento de revisión de la Vulgata del Nuevo Testamento por Arias Montano, cf. n. FeRnánDez maRcos, e. FeRnánDez tejeRo, « Arias Montano, traductor: filosofía, técnicas de traducción y praxis multilingüe », Sefarad 72 (2012), p. 101-122, p. 109-110.
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José Manuel Cañas Reíllo Mt 1, 18. Texto: desponsata enim matre eius Maria; cf. griego μνηστευθείσης τῆς μητρὸς αὐτοῦ Μαρίας. Margen: Cùm esset desponsata mater eius Maria. Jn 11, 6. Texto: quo erat loco duos dies; cf. griego: ᾧ ἦν τόπῳ δύο ἡμέρας. Margen: eodem loco duobus diebus. Hch 11, 1. Texto: accedens principi; cf. griego: προσελθὼν τῷ ἀρχιερεῖ. Margen: accessit ad principem. 2 Co 6, 5. Texto: custodiis; cf. griego: φυλακαῖς. Margen: carceribus. Flp 4, 10. Texto: communionem; cf. griego: τὴν κοινωνίαν. Margen: societatem. 1 Pe 2, 6. Texto: credens in eo, non pudefiet; cf. griego: ὁ πιστεύων ἐπ᾽αὐτῷ οὐ μὴ καταισχυνθῇ. Margen: qui crediderit in eum, non confundetur. 1 Jn 5, 7. Texto: illi testantes; cf. griego: οἱ μαρτυροῦντες. Margen: qui testimonium dant.
En el mismo volumen se encuentra otra novedad respecto a la Políglota Complutense, en este caso en el Antiguo Testamento. Es el texto de la Biblia Hebrea acompañado de la traducción latina interlineal de Santi Pagnini 188 (1528) en la cual, a pesar de su calidad, Arias Montano reconocía ciertas deficiencias 189. Ello explica que el texto impreso en la Políglota sea una revisión hecha por Arias Montano, Francisco Raphelengius y los hermanos Lefèvre de la Boderie 190. Fue esta última una solución de compromiso, pues la primera intención de Arias Montano había sido imprimir la traducción de Santi Pagnini en lugar de la Vulgata. Por ello envió al rey de España un ejemplo de páginas con esta traducción en lugar de la Vulgata, pero los teólogos de Alcalá impidieron que se publicara. El rey se lo comunicó así en su carta de 25 de marzo de 1568 191:
188. O Sanctes Pagnini. Para una visión actualizada sobre Santi Pagnini, remito a G. Dahan, « La Bible de Santi Pagnini (1528) », en La Bible de 1500 à 1535, p. 261-281. 189. n. FeRnánDez maRcos, e. FeRnánDez tejeRo, « Arias Montano », p. 106. 190. El título es Hebraicorum Bibliorum Veteris Testamenti Latina interpretatio, opera olim Xantis Pagnini Lucensis: nunc verò Benedicti Ariae Montani Hispalensis, Francisci Raphelengii Alnetani, Guidonis, et Nicolai Fabriciorum Bodereianorum fratrum collato studio, ad Hebraicam dictionem diligentissimè expensa, censorum Lovaniensium iudicio examinata, et academiae suffragio comprobata. 191. j. F. DomínGuez DomínGuez, Benito Arias Montano, carta 5A, p. 44; cf. la versión latina, carta 5B, p. 53.
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La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes Y para que se haga y salga con la perfection que la qualidad de la obra requiere, haueys de yr aduertido de las particularidades siguientes, para las hazer cumplir como aqui se ponen y se han platicado y apuntado con vos. En la muestra que aca embió Plantino hauia puesto la ediçion de Xantes Spagnino [sic], como haueys visto, en lugar de la Vulgata, que en la impression Complutense está junto al texto hebrayco. Y porque ha paresçido que en esto no conuiene que aya mudança ni se altere ni quite lo de hasta aqui, direyslo assi al Plantino y hareys que la dicha ediçion Vulgata se ponga y quede en el mismo lugar que está en la Biblia Complutense por la auctoridad que tiene en toda la Yglesia vniuersal, y porque siendo commo es la mas prinçipal de todas las versiones, no fuera justo que faltara ni se dexara de poner en vna obra tan insigne y en el prinçipal lugar della.
La decisión de imprimir aparte el texto hebreo con la versión de Santi Pagnini, permitió a Arias Montano preservar la Vulgata en la Regia con la misma importancia que tenía en la Complutense tanto para el Antiguo Testamento (vols. 1-4), como para el Nuevo (vol. 5). La versión latina de Santi Pagnini fue incluida en el lugar ya dicho, no sin que la Universidad de Lovaina autorizase antes a Arias Montano a que revisara su texto para adecuarlo más al hebreo 192. Traigo a continuación algunos ejemplos elegidos al azar en el Antiguo Testamento. Ofrezco el texto de la interlineal con las correcciones de Arias Montano, seguidas del texto hebreo con el que se quería establecer una correspondencia literal. Al final incluyo la traducción de Santi Pagnini desplazada al margen. – Gn 1, 27. Texto: in imagine sua in imagine; cf. hebreo: בצלמו בצלם. Margen: ad imaginem suam, ad imaginem. – Gn 4, 24. Texto: occidi; cf. hebreo: הרגתי. Margen: occidero. – Jos 2, 1. Texto: silentio explorantes; cf. hebreo: מרגלים חרש. Margen: exploratores clam. – 1 Cro 12, 37. Texto: uasis militiae belli; cf. hebreo: כלי צבא מלחמה. Margen: cum instrumentis pugnae bellicis. – Ne 11, 13. Texto: capita; cf. hebreo: ראשים. Margen: principes. – Jb 1, 17. Texto: ad indicandum; cf. hebreo: להגיד. Margen: vt nunciarem. – Sal 35, 13: Texto: uolens uitas; diligens; cf. hebreo: החפץ חיים אהב. Margen: qui vult vitam, diligit. 192. n. FeRnánDez maRcos, e. FeRnánDez tejeRo, « Arias Montano », p. 108.
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– Pr 14, 8. Texto: stultorum quisque palliabit delictum; cf. hebreo: יליץ אולים. Margen: Stultus loquetur verbi delicti. – Is 40, 10. Texto: dominans; cf. hebreo: משלח. Margen: Dominium dabit. – Ez 3,18. Texto: in iniquitate sua; cf. hebreo: ונבעו. Margen: propter iniquitatem suam. Algunos de estos ejemplos muestran que las correcciones de Arias Montano han buscado dar una traducción extremadamente literal del hebreo; se intentan reproducir en latín todos y cada uno de los elementos presentes en el hebreo. Por ejemplo, se traducen participios hebreos por participios latinos, los tiempos verbales por los equivalentes latinos, y el infinitivo, que siempre en hebreo tiene la preposición ל, se traduce por la expresión latina ad + gerundio, frente al infinitivo usado sistemáticamente por Pagnini para estos casos. La publicación de esta versión latina de Santi Pagnini y de la versión de la Vulgata del Nuevo Testamento revisada por Arias Montano estuvo entre los principales factores desencadenantes de la polémica que suscitó en medios católicos la Biblia Políglota Regia 193. La Biblia Regia estaba ya acabada en 1572, pero su aprobación por el Papa tuvo sus vicisitudes, a pesar de las presiones de la diplomacia española en Roma 194. En el trasfondo había razones por las que el Papa dudaba dar la aprobación sin examinar detalladamente esta Biblia, en particular lo que se había añadido, especialmente la versión interlineal de la Vulgata en el Nuevo Testamento revisada por Arias Montano, el texto siriaco y su traducción, también en el Nuevo Testamento, algunos de los tratados incluidos, como el De arcano sermone et simbolis rerum y el De ponderibus et mensuris, la traduccion de Santi Pagnini y una carta de Andreas Massius dirigida a Arias Montano 195. Al fin y a pesar de todas las dificultades, la Políglota Regia obtuvo el motu proprio papal el 1 de septiembre de 1572 196, pero hasta 1573 no se pudo poner en venta. Vino a continuación una etapa muy dura en la vida de Benito Arias Montano, pues tuvo que dedicar mucho tiempo y esfuerzo a defender su Políglota de los contínuos ataques que sufriría, fundamentalmente de
193. Cf. e. FeRnánDez tejeRo, n. FeRnánDez maRcos, « La polémica en torno a la Biblia Regia de Arias Montano », Sefarad 54 (1994), p. 260-270. 194. Cf. a. sánchez manzano, Benito Arias Montano, p. lxvii-lxviii. 195. a. sánchez manzano, Benito Arias Montano, p. lxviii-lxix: Documento del Archivo de Simancas, Legajo 919, 1572, con cartas del embajador Zúñiga. 196. Ibid., p. lxxii.
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La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes
León de Castro y del Padre Mariana, y a defenderse a sí mismo de los ataques de la Inquisición 197. Tal situación se prolongaría mucho en el tiempo, como muestra, por ejemplo la polémica de Andrés León contra Pedro de Valencia y Juan Moreno Ramírez, ya en el siglo xvi 198. Ello no supuso, sin embargo, una dificultad para que perviviese su influencia posterior, como por ejemplo en las políglotas de París y de Londres, de forma que aquel texto establecido para la Complutense, se reimprimió en la Políglota Regia, luego en la de Heidelberg y en la de E. Hutter. Sus variantes sirvieron de base para la edición de los teólogos de Lovaina, encabezados por Francisco Lucas de Bruges, impresa en Amberes, en la imprenta de Plantin, en 1573 199. Es innegable, pues, que la Políglota Regia desempeña un papel fundamental en la pervivencia de la columna latina de la Políglota Complutense y le proporciona su propio capítulo en la historia de la Vulgata. La Vulgata de la Complutense es resultado de la época en la que está naciendo la crítica textual de esta versión. Seguramente, sin la Políglota Regia, sus logros textuales habrían quedado como un ensayo más de edición entre otros muchos de su época. La Políglota Regia fue el eslabón fundamental que conecta la Complutense con la Políglota de París y posteriormente con la de Londres, y también con otras muchas que reimprimieron después el texto de la Vulgata a partir de la Complutense o a partir de la Regia. De esta forma la columna latina de la Políglota Complutense sobrevivió a su época y mantuvo su protagonismo junto a las influyentes ediciones de Estienne y a las Biblias de Lovaina a pesar de las polémicas que surgieron en torno a ella, incluso después de que se estandarizase el texto de la Vulgata en la edición Sixto-Clementina de 1592.
197. Para una visión general, cf. a. sánchez manzano, Benito Arias Montano, p. lxxvi-lxxvii. 198. e. FeRnánDez tejeRo, n. FeRnánDez maRcos, « La polémica », supra n. 193. 199. F. PéRez castRo, « Biblias políglotas », p. 520.
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1547-1592 DALLA VULGATA LOVANIENSIS ALLA SISTO-CLEMENTINA Antonio GeRace Fondazione per le Scienze Religiose « Giovanni XXIII », Bologna Katholieke Universiteit Leuven
Introduzione
I
nsuper eadem sacrosancta Synodus […] statuit et declarat, ut haec ipsa vetus et vulgata editio, quae longo tot saeculorum usu in ipsa ecclesia probata est, in publicis lectionibus, disputationibus, praedicationibus et expositionibus pro authentica habeatur, et quod [= ut] nemo illam reiicere quovis praetextu audeat vel praesumat […] decernit et statuit, ut posthac sacra scriptura, potissimum vero haec ipsa vetus et vulgata editio quam emendatissime imprimatur 1.
Con queste parole, l’8 aprile 1546, il Concilio di Trento dichiara che la Vulgata è la versione da considerarsi autentica, e quindi ufficiale, per la Chiesa Cattolica, da usarsi nelle lezioni pubbliche, nelle disputazioni, nei sermoni e nei commentari biblici. La ragione di questa scelta è da rintracciarsi nel suo uso secolare da parte della Chiesa latina. Sin dal xvi secolo, tuttavia, si è molto discusso sul valore da dare alla parola authentica, se questa debba essere intesa in senso giuridico o se debba essere considerata tale anche in senso critico-testuale 2. Tale
1. Concilium Tridentinum: diariorum, actorum, epistularum, tractatuum nova collectio [= CT], Friburgo i. B. 1911, vol. V, p. 91-92. 2. th. P. letis, « The Vulgata Latina as Sacred Text: What Did the Council of Trent Mean 10.1484/M.BEHE-EB.5.121973
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Antonio Gerace
questione può essere sciolta grazie a un’attenta lettura del decreto, tenendo bene a mente la Congregazione Generale del 17 marzo 1546. In questa occasione, infatti, viene affrontato il primo e annoso abusus riferito alle Sacre Scritture: l’impiego di varie edizioni latine della Bibbia « in publicis lectionibus, disputationibus, expositionibus et praedicationibus ». Per porre rimedio a questo problema, i Padri conciliari stabiliscono che nel mondo cattolico debba usarsi una sola edizione authentica, ed è tale rispetto alle altre edizioni latine 3. In questo, anche Bellarmino è molto chiaro: Editio hebraica et graeca, in iis quae ab ipsis sacris scriptoribus hebraice vel graece scriptae sunt, non minus sunt authentica quam vulgata latina editio, immo magis, cum illae sint fontes, ista rivus… hebream et graecam cum sint ipsi fontes, per se esse authenticas, neque egere Concilii approbatione; latinam quia est versio, approbatione indiguisse. Praeterea Vulgatam ideo authenticam fieri debuisse, ut discerneretur ab aliis innumeris versionibus latinis; hebream et graecam, quia unicae sunt, non eguisse tali signo discretivo 4.
Dunque, proprio perché le edizioni latine del testo sacro si sono moltiplicate, specie nella prima età moderna – si pensi al Novum Instrumentum di Erasmo (1516) 5 o alla traduzione di Santi Pagnini When it Claimed Jerome’s Bible was Authentica? », Reformation 7 (2002), p. 1-21; B. emmi, « Il decreto tridentino sulla Volgata nei commenti della seconda polemica protestantico-cattolica », Angelicum 30 (1953), p. 107-130 e 228-272; A. allGeieR, « Haec vetus et vulgata editio. Neue wort- und begriffsgeschichtliche Beiträge zur Bibel auf dem Tridentinum », Biblica 29 (1948), p. 353-390; S. muñoz iGlesias, « El decreto tridentino sobre la Vulgata y su interpretación por los teólogos del siglo xvi », Estudios Biblicos 5 (1946), p. 137-169; J.-M. vosté, « La Volgata al Concilio di Trento », Biblica 27 (1946), p. 301-331; A. allGeieR, « Authentisch auf dem Konzil von Trient. Eine Wort- und Begriffsgeschichtliche Untrersuchung », Historische Jahrbuch 60 (1940), p. 142-158; H. RonGy, « La Vulgate et le concile de Trent », Revue ecclésiastique de Liège 19 (1927/28), p. 19-31. 3. « Primus abusus est habere varias editiones sacrae scripturae et illis velle uti pro authenticis in publicis lectionibus, disputationibus, expositionibus et praedicationibus. Remedium est, habere unicam tantum editionem, veterem scilicet et vulgatam, qua omnes utantur pro authentica in publicis lectionibus, disputationibus, expositionibus et praedicationibus et nemo illam reicere quovis praetextu audeat vel praesumat », CT V, p. 29. 4. R. bellaRmino, De editione Latina Vulgata, quo sensu a Concilio Tridentino definitum sit, ut pro authentica habeatur, in x.-m. le bachelet, Bellarmin et la Bible Sixto-Clémentine. Étude et documents inédits, Paris 1911, p. 114-115. 5. J.-F. cottieR, « Le travail d’Érasme sur le Nouveau Testament : du Novum
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Dalla Vulgata Lovaniensis alla Sisto-Clementina
dell’Antico Testamento (1528) 6 – la Vulgata viene scelta quale versione ufficiale. Posto ciò, tuttavia, i padri conciliari si scontrano con un secondo e altrettanto grave abusus: la corruzione testuale della Vulgata, causata dalla serie di innumerevoli copisti che si sono susseguiti nel corso dei secoli 7. Nuove lectiones, infatti, si erano addossate le une alle altre, per semplici errori di trascrizione, per ignoranza del singolo copista, per l’emendazione (scorretta) del testo o perfino per un cambiamento voluto, che desse un altro significato al testo. Ecco perché, consci di tali limiti, i padri conciliari richiedono che la Vulgata sia stampata emendatissime, dando avvio a un lungo lavoro di correzione che si concluderà solo dopo 46 anni, quando nel 1592 verrà pubblicata dalla tipografia vaticana la Sisto-Clementina. Risulta dunque evidente che la Vulgata non poteva essere considerata authentica da un punto di vista critico-testuale, altrimenti non si sarebbe resa necessaria una sua attenta revisione. Inoltre, l’aggettivo authenticus era utilizzato in ambito prettamente giuridico per indicare « id exemplar, non exemplum, quanquam saepe confundantur, et exemplar idcirco, quod possint multa exempla ex eo iterum deduci 8. » In senso stretto, quindi, authentica è solo la traduzione di Girolamo: l’ambizione del Concilio di Trento è proprio quella di rendere conforme a originale (e di riflesso authenticum) l’exemplum rispetto all’ipotetico e incorrotto exemplar 9.
Instrumentum aux Paraphrases », in La Bible de 1500 à 1535, ed. G. Dahan e A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018, p. 117-133. 6. G. Dahan, « La Bible de Santi Pagnini (1528) », in La Bible de 1500 à 1535, p. 261-281. 7. « Secundus abusus est nonnulla incorrectio codicum qui circumferuntur vulgatae huius editionis. Remedium est, ut expurgatis et emendatis codicibus restituatur Christiano orbi pura et sincera vulgata editio a mendis librorum qui circumferuntur », CT V, p. 29. 8. A. matthaeus, De probationibus, de testibus, de fide instrumentorum et recognitione chirographi tractatus, Leida 1686, p. 214-215. 9. In merito all’aggettivo authentica, Vostè specifica che il « giureconsulto Giuliano » considerava « authenticum… scriptum aliquod quod ex se fidem facit in iudicio et supremae est auctoritatis, ut a nullo reici vel in quaestionem vocari debeat ». Questa affermazione dovrebbe trovarsi nel Tractatus de fide instrumentorum, e la stessa definizione, sempre riferita a Giuliano, è stata messa in relazione con la Vulgata anche da C. PRuneR, Dissertatio de scripturae sacrae Vulgata editione, Ratisbona 1748, fol. C1v° e da A. canisius, Encyclopaedia Sacrae Scripturae, Venezia 1747, p. 28, proprio per indicare l’autenticità giuridica della Vulgata. In effetti, nello spiegare l’espressione « si scripturam authenticam non videmus, ad exemplaria nihil facere possumus » nei Decretales di Gregorio IX (1170-1241), titulus XXII, de fide instrumentorum affirma
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Antonio Gerace
Nel cinquantennio 1546-1592, un ateneo di ‘recente’ istituzione, quello di Lovanio (1425), si dimostra particolarmente attento a soddisfare le richieste del Concilio. Subito dopo l’approvazione del decreto e ricevuto il beneplacito imperiale, infatti, la Facoltà di Teologia lovaniense affida allo stampatore Bartholomeus van Grave la pubblicazione di una nuova edizione della Vulgata e il gerolamino Johannes Henten (1499-1566) viene incaricato di curare il lavoro di revisione del testo. L’impresa riesce in pochissimo tempo: già nel 1547 la sua edizione viene data alle stampe, a cui si aggiungono due traduzioni della stessa Vulgata nelle lingue nazionali dei Paesi Bassi asburgici 10, francese e fiammingo 11. Il testo di Henten sarà poi la base sulla quale le commissioni pontificie lavoreranno per dare infine alla luce la Sisto-Clementina. Vi è dunque uno stretto rapporto fra Lovanio e Roma nella seconda metà del xvi secolo, una relazione che sarà oggetto di particolare attenzione in questo contributo e i cui prodromi sono da rintracciarsi già nel secondo quarto del ’500. Infatti, nel 1533 il teologo Johannes Driedo (1480-1535) pubblica a Lovanio un testo fondamentale per la storia della Vulgata, il De Ecclesiasticis Scripturis et dogmatibus. Già René Draguet nel 1946 e Beniamino Emmi nel 1949 avevano mostrato l’influenza che questo trattato aveva avuto nelle discussioni che portarono alla stesura del decreto Insuper e, più recentemente, nel 2018, insieme a Wim François si è potuto approfondire ulteriormente la questione 12. Nel De Ecclesiasticis Scripturis, Driedo affronta vari temi
che « authentica scriptura est quam per manum publicam vel per iudicem cum trium testium vel duorum ad minus subscriptione vel testimonio facta est », Gregorio IX, Decretales, Parigi 1547, p. 232. La glossa, generalmente riportata nei testi a stampa, è assente nell’edizione critica di Emil Friedberg, cf. Decretalium collectiones, lib. II, tit. 22, c. 1, ed. E. FRieDbeRG, Lipsia 1879 [repr. Graz 1955], vol. II, col. 344. 10. Dopo che Massimiliano d’Asburgo sposa Maria di Borgogna nel 1477, i Paesi Bassi divengono ‘asburgici’, questo fino al 1556, quando passano a Filippo II diventando ‘spagnoli’. A causa della Guerra degli Ottant’anni (1568-1648), l’estensione geografica che inizialmente corrisponde in gran parte al ‘Benelux’ subisce un’importante contrazione, corrispondente all’area dell’attuale Belgio e al lembo nordorientale della Francia (i dipartimenti del Nord e del Pas-de-Calais). 11. W. FRançois, « Augustine and the Golden Age of Biblical Scholarship in Louvain (1550-1650) », in Shaping the Bible in the Reformation: Books, Scholars and Their Readers in the Sixteenth Century, ed. B. GoRDon e M. mclean, Leida 2012, p. 235. 12. R. DRaGuet, « Le maître louvaniste Driedo inspirateur du décret de Trente sur la Vulgate », in Miscellanea historica in honorem Alberti De Meyer, Lovanio 1946, 836854; B. emmi, « Il posto del de ecclesiasticis scripturis et dogmatibus nelle discussioni Tridentine », Ephemerides Thologicae Lovanienses 25 (1949), p. 588-597; W. FRançois
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relativi alla Scrittura e in particolare analizza il concetto di autenticità, riferito alle fonti in ebraico, greco (ovvero la Settanta) e latino (vale a dire la Vulgata), le lingue sacre per eccellenza dal momento che queste apparivano sul titulus crucis 13. Questa argomentazione, insieme a molte altre, viene ripresa integralmente nel cosiddetto Tractatus 65, attribuito a Battista Castiglione, un teologo francescano al Concilio. Questo documento rappresenta un sunto delle discussioni portate avanti nella congregazione dei teologi l’8 o il 9 marzo 1546; tuttavia, comparando il Tractatus con il primo capitolo del secondo libro del De Ecclesiasticis si può notare una netta corrispondenza fra i due testi. Ciò accade anche in un altro prezioso documento, il De Libris Sanctis di Girolamo Seripando 14, scritto fra maggio 1545 e aprile 1546, in cui l’allora Generale degli Agostiniani sosteneva la necessità di usare le Scritture in greco ed ebraico per avere una migliore comprensione del testo latino 15. Anche in questo caso, la fonte da cui le argomentazioni vengono tratte (quasi verbatim) è il primo capitolo del secondo libro del De Ecclesiasticis 16. 1547-1574. Da Henten a Luc, le due edizioni della Vulgata Lovaniensis Come detto, Henten riuscì nell’arco di pochissimo tempo – circa un anno – a pubblicare un’edizione riveduta e corretta della Vulgata, sotto l’attenta supervisione di due teologi lovaniensi, Ruard Tapper (1480-1559) e Peter de Corte (1491-1567). Le ragioni di tale efficienza e A. GeRace, « Trent and the Latin Vulgate: A Louvain Project? », in The Council of Trent: Reform and Controversy in Europe and Beyond (1545-1700), vol. 1: Between Trent, Rome and Wittenberg, ed. W. FRançois e V. soen, Gottinga 2018, p. 131-174. 13. « Sub Apostolorum temporibus tota Christi Ecclesia [habuit] aeditionem… septuaginta… tamquam autenticam, et tamquam scripturam sacram aeditam in suo fonte, suaque origine »; « Sciendum est quod triplex est scripturae sacrae sermo, Hebraicus videlicet, Graecus, et Latinus… unde et titulus in cruce erat Hebraice, Graece, et Latine », J. Driedo, De Ecclesiasticis Scripturis et Dogmatibus, Lovanio 1533, p. 53; p. 56. 14. De Libris Sanctis. Collecta Tridenti in Concilio sub Paulo III, Biblioteca Nazionale di Napoli, ms. Vind. Lat. 66, fol. 123v°-127v°. 15. Fol. 126r°: « Licebit adhuc divinos libros studiose eos examinare recurrendo ad suos fontes graecos seu hebraeos, iam nulla possit esse translatio tam luculenta tam clara quae non alia contineat, vel ambigua », G. Seripando, De Libris Sanctis. Collecta Tridenti in Concilio sub Paulo III, Biblioteca Nazionale di Napoli, ms. Vind. Lat. 66, fol. 126 r°. 16. FRançois e GeRace, « Trent and the Latin Vulgate: A Louvain Project? », p. 142-146.
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si possono evincere molto facilmente dalla praefatio ad lectorem. In primo luogo, Henten fa riferimento al suo illustre collega Robert Estienne (1503-1559) « regius apud Lutetiam typographus (quem honoris causa nomino) ut accuratissima et castigatissima nobis Biblia traderet… quem ob id etiam in multis sequuti sumus 17 ». In effetti, Henten sembra aver basato la propria edizione su quella che Estienne aveva pubblicato nel 1540, sia da un punto di vista formale – il carattere tipografico è molto simile e identico è l’indice Hebraea, Chaldaea, Graeca et Latina nomina in calce a entrambe le edizioni – sia testuale: le lectiones scelte da Henten seguono sostanzialmente quelle di Estienne, nonostante i teologi lovaniensi avessero inserito le edizioni parigine nell’Index Librorum Prohibitorum nel 1546 18. In effetti, il Concilio si era espresso solamente sull’autenticità della Vulgata, quindi del testo latino, Estienne invece aveva fatto ampio uso di fonti greche ed ebraiche, un buon motivo quindi per considerare ‘proibite’ le sue edizioni. Pur riconoscendo i meriti dello studioso parigino, Henten decide di non confrontare il testo latino con le fonti ebraiche e greche, affidandosi solo a quei codici a lui accessibili contenenti il testo della Vulgata, tutti indicati in calce alla praefatio 19. In totale, il gerolamino riporta 26 manoscritti e un incunabolo. La maggior parte delle fonti utilizzate era conservata nei Paesi Bassi asburgici, in particolare a Lovanio (16 manoscritti e l’incunabolo), a Saint-Omer (1), nell’abbazia di Tongerlo (1), in quella di sant’Egidio a Liegi (2), nell’abbazia d’Aulne, nei pressi di Thuin (1), nell’abbazia ‘Jardinet’ a Walcourt (1), ad Affligem (1) e a Gembloux (1). Pare, inoltre, che l’abbazia degli Olivetani di Lecce abbia inviato ben due codici, tuttavia di difficile identificazione 20.
17. Biblia. Ad vetustissima exemplaria nunc recens castigata… [= Biblia 1547] ed. Johannes Henten, Lovanio 1547, fol. ii v°. 18. FRançois, « Augustine and the Golden Age » p. 238; J.-P. Delville, « L’évolution des Vulgates et la composition de nouvelles versions latines de la Bible au xvie siècle », in Biblia: Les Bibles en latin au temps des Réformes, ed. M.-Chr. Gomez-GéRauD, Parigi 2008, p. 78. 19. « summo studio curavimus… non solum quae castigatius excusa erant exemplaribus, vero aliis quoque plus minus viginti… ex horum collatione restituiremus, quoad fieri posset, veterem ac vulgatam editionem synceritati suae atque puritati: non miscentes nos interim quaestioni, Num Graecis et Hebraeis ubique respondeat », Biblia 1547, fol. ii v°. 20. « Similiter et Abbatia Litiensis, ordinis Divi Benedicti, duo misit exemplaria », Biblia 1547, fol. iii r°.
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Insieme alla Facoltà di Teologia, a Lovanio un altro centro di ricerca era molto attivo nel campo della critica testuale biblica: lo studium theologicum dei francescani, profondamente riformato da Amandus di Zierikzee (1450-1524/34), il quale avvia lo studio delle lingue sacre nel 1506, non solo latino, greco ed ebraico, ma anche siriaco e aramaico 21, anticipando l’avvento del Collegium Trilingue, istituito nel 1517, in accordo alle ultime volontà di Jerome de Busleyden (1470-1517). 22 Fin da subito, i francescani di Lovanio si mostrano contrari alle edizioni di Erasmo, che riceve le prime critiche dal celebre Frans Titelmans (15021537) 23, a cui si aggiungono presto quelle del suo discepolo Nicholas Tacitus Zegers (c. 1495-1559). Questi infatti pubblica a Colonia nel 1555 le Epanorthotes, sive Castigationes in Novum Testamentum, in cui mostra le varianti testuali del Nuovo Testamento che egli considera più fedeli all’originale grazie al confronto dei manoscritti latini con le fonti greche. Nell’epistola dedicatoria a Giulio III, inoltre, il francescano anticipa la prossima edizione corretta e riveduta del Nuovo Testamento: Sed et aliud est, quod isti tuae humiliter offero ac dicando transmitto sublimitati: nimirum Castigatorem hunc novi Instrumenti, una cum nova quadam atque per nos emendata eiusdem Instrumenti editione si tamen digna et catholica uti speramus iudicabitur, adprobare et apostolica autoritate roborare confirmare, et pro germana atque authentica ubique terrarum legendam committere, post habitis iis editionibus, quae huic adversantur. Haec enim est genuina, germana et emendata veteris nostri interpretis versio seu translatio, qua hactenus semper a tempore fere apostolorum… ab innumeris tum mendis, tum adulterinis adiectiunculis, non sine magnis et multis molestiis repurgavimus, et pristino nitori et integritati, quatenus fieri potuit, divina iuvante gratia restituimus 24.
Nella terminologia impiegata, traspare chiaramente il bersaglio polemico della sua opera, Erasmo appunto, dal momento che il testo
21. J. A. De KoK, Acht eeuwen minderbroeders in Nederland: een oriëntatie, Hilversum 2007, 110; B. De tRoeyeR, « Amandus van Zierikzee », Franciscana 20 (1965), p. 14-19. 22. H. De vocht, History of the Foundation and the Rise of the Collegium Trilingue. Lovaniense, 1517-1550, Lovanio 1951-1955. 23. P. saRtoRi, « La controversia neotestamentaria tra Frans Titelmans ed Erasmo da Rotterdam (1527-30 ca.). Linee di sviluppo e contenuti », Humanistica Lovaniensia 52 (2003), p. 77-135. 24. N. T. Zegers, Epanorthotes, sive Castigationes in Novum Testamentum, Colonia 1555, p. 9 r°-v°.
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viene presentato quale castigator novi Instrumenti, ‘correttore’ sì del Nuovo Testamento, ma soprattutto nella sua prima edizione erasmiana del 1516. Inoltre, Zegers dimostra la sua volontà di soddisfare pienamente la richiesta del Concilio, affermando di aver restituito il Nuovo Testamento alla sua originale integrità; pertanto, richiede al Papa, in virtù della sua autorità apostolica, di dichiarare ubique terrarum la sua edizione germana et authentica, vale a dire ‘sorella’, nel senso di conforme da un punto di vista critico-testuale all’originale, e ‘ufficiale’. Nello stesso anno della sua morte, il 1559, Zegers riesce a dare alle stampe la sua edizione del Nuovo Testamento, che tuttavia non ha una grande diffusione, ricevendo una sola edizione 25. La Vulgata di Henten, invece, ha maggiore fortuna; ha, infatti, diverse ristampe ad Anversa, nel 1559, 1563, 1565, 1567, 1569 e nel 1570, varcando inoltre i confini nazionali, essendo pubblicata anche a Lione (1569 e 1573) e a Francoforte sul Meno (1571). 26 La fortuna di questa edizione non può essere spiegata se non alla luce di un altro progetto editoriale anversese molto importante, vale a dire la Bibbia poliglotta o Regia (1568-1573), il cui curatore, Arias Montano (1527-1598), considera la Vulgata totalmente inaffidabile e, non a caso, propone la traduzione latina di Pagnini dall’ebraico quale quella di riferimento 27. Henten, invece, aveva offerto un testo completamente in linea con le richieste del Concilio, basato su poche fonti e tutte latine. Proprio per questo suo minimalismo viene molto apprezzata da Girolamo Seripando, ormai cardinale, che il 25 giugno 1561 scrive al suo amico e collega Marco Antonio da Mula, detto ‘Amulio’: Non lasserò di dire, che tra l’altre Impressioni si potrebbe haver qualche aiuto: à me assai soddisfà la Lovaniense la quale è quella che io ho più familiarmente usata. Contiene semplicemente l’Edittione vulgata corretta con circa XX Esemplari Antichi, et mette in margine qualche Varietà di lettioni col numero de libri antichi che convengono in quella lettione 28.
25. Le uniche due copie esistenti si trovano ora a Mons, in Belgio, e ad Aberdeen, in Scozia. 26. Questo almeno è quanto sono riuscito a trovare nell’Universal Short Title Catalogue. 27. R. J. WilKinson, The Kabbalistic Scholars of the Antwerp Polyglot Bible, Leiden 2007, 67-75; L. voet, The Plantin Press (1555- 1589): A Bibliography of the Works Printed and Published by Christopher Plantin at Antwerp and Leiden, Amsterdam 1980, vol. I, p. 280-315. 28. Lettera di Seripando ad Amulio, Trento, 25 giugno 1561 in H. höPFl, Beiträge zur
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Questa lettera non è solo importante per il chiaro riferimento alla Vulgata lovaniense, ma anche e soprattutto per l’anno in cui è stata inviata e per la persona a cui è stata indirizzata. Proprio nel 1561, infatti, Pio IV riunisce la prima delle cinque commissioni per l’emendazione della Vulgata, avviando quel lungo lavoro che porterà alla Sisto-Clementina nel 1592. In quella commissione figurano Giovanni Gerolamo Morone (1509-1580), Gianbernardino Scotti (1478-1568), Vitellozzo Vitelli (1531-1568) e appunto Marco Antonio da Mula (1506-1572) 29. Questa prima congregazione non riesce nel suo intento, ma Pio V dà nuovo impulso all’impresa di riportare la Vulgata alla sua forma originale, riunendo una nuova commissione nel 1566, formata da Jérôme Souchier (1508-1571), Guglielmo Sirleto (1514-1585), Cristoforo Madruzzo (1512-1578), e Antonio Carafa (1538-1591). I lavori della commissione pontificia si arrestano nel 1572 senza successo; nonostante ciò, Sirleto, a capo della Biblioteca Apostolica Vaticana, continua in solitaria il suo lavoro di emendazione del testo proprio su una copia del 1547 della Vulgata di Henten, tuttora conservata nella stessa biblioteca e conosciuta come Codex Vaticanus 9517 30. La Facoltà di Teologia di Lovanio intanto decide di pubblicare una nuova edizione della Vulgata, affidando questo arduo compito a un giovane e promettente studioso, François Luc di Bruges (1548/49-1619), discepolo di Johannes Willemsz di Haarlem – per questo detto generalmente ‘Harlemius’ – un gesuita brabantino particolarmente ferrato nelle lingue semitiche. Professore di ebraico nel biennio 1568-1569 al Collegium Trilingue Lovaniense 31, è proprio grazie alla sua guida
Geschichte der Sixto-Klementinischen Vulgata, Friburgo i. B. 1913, p. 307-308. 29. Sulle commissioni pontifice, vedi F. anDReu, « Il teatino Antonio Agellio e la Volgata Sistina », in La Bibbia ‘Vulgata’ dalle origini ai nostri giorni. Atti del simposio internazionale in onore di Sisto V. Grottamare, ed. T. stRamaRe, Città del Vaticano 1987, p. 68-97. 30. FRançois e GeRace, « Trent and the Latin Vulgate: A Louvain Project? », p. 151; I. bacKus, et B. Gain, « Le cardinal Guglielmo Sirleto (1514-1585), sa bibliothèque et ses traductions de saint Basile », Mélanges de l’école française de Rome 98 (1986), p. 916. 31. « John Willems, Guilielmius, of Haarlem, who, after his studies at the Trilingue, was appointed as professor of Hebrew in 1568; besides the ‘three’ languages [viz. Latin, Greek and Hebrew], he also knew Chaldaic, Syriac and Arabic… He entered the Jesuit Company in 1569 », De vocht, Collegium Trilingue Lovaniense, vol. II, p. 156-157.
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sapiente che nel 1574 Luc riesce a pubblicare ad Anversa, presso Christopher Plantin, la sua edizione della Vulgata Lovaniensis, la prima di una copiosa serie di opere di critica testuale. 1574-1592. Dalla Vulgata Lovaniensis di Luc alla Sisto-Clementina Nonostante dovesse essere una ‘nuova’ edizione, probabilmente per precauzione, Luc preferisce ripubblicare quella di Henten, che sapeva essere apprezzata a Roma – come in effetti già proposto da Henri Quentin (1922) 32 –: producendo un testo differente avrebbe potuto attirarsi le critiche della seconda commissione pontificia per l’emendazione della Vulgata. Forte però delle proprie competenze filologiche, il giovane curatore decide di indicare a margine i loci biblici la cui lectio offerta da Henten non è a suo dire convincente 33. Pur non volendo alterare il testo della Vulgata, Luc aveva in effetti intenzione di mostrare le diverse lectiones che aveva trovato grazie alla consultazione delle fonti ‘originali’ in latino, greco, ebraico, siriaco e aramaico, confrontando anche le lectiones tramandate dalle citazioni dei Padri della Chiesa. Opta quindi per la compilazione di una nuova opera, le Notationes in sacra Biblia, originariamente pensata per essere inclusa in calce alla sua Vulgata, ma ritardata a causa di molteplici fattori, fra cui la mole del lavoro e – per nulla secondaria – la crisi geopolitica che stavano attraversando le Fiandre sin dal 1566, quando i calvinisti iconoclasti cominciarono la loro ribellione contro la cattolicissima corona spagnola con il Beeldenstorm, ovvero la ‘tempesta delle immagini’, distruggendo moltissime opere d’arte sacra. Questo non fu altro che il prodromo della guerra degli Ottant’anni (1568-1648), che nel 1578 comportò la chiusura dell’ateneo lovaniense, quando il 2 febbraio le truppe mercenarie scozzesi di Guglielmo d’Orange fecero ingresso in città. Inoltre, Luc non poteva nemmeno fare ritorno nella sua città natale, essendo
32. H. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate. Première partie. Octateuque, Parigi – Roma 1922 33. « In primis minime ignorandum est, illum hac editione prodire Bibliorum Textum, qui a Domino Hentenio castigatus, et Lovanii anno 1547 est excusus… Deinde observandum est, eas lectiones, paene omnes, quas in margine Hentenius collocaret, qualescumque essent, a nobis relictas et examinatas. Nam etsi earum multae tolli merebantur: tamen, ad aliorum codicum emendationem, eas relinqui, et reiectionis signo notari utile videbatur », Biblia. Ad vetustissima exemplaria nunc recens castigata… [= Biblia 1574] ed. François Luc, Lovanio 1574, fol. 2.
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divenuta una repubblica calvinista (1578-1584) 34. Un’altra ragione, tuttavia, spingeva Luc alla prudenza, ed era la medesima che lo aveva indotto a non mutare il testo di Henten: i lavori della seconda commissione e la correzione in autonomia che Sirleto stava effettuando dal 1572 in poi proprio su una copia lovaniense del 1547. Conscio di ciò, Luc invia una bozza di preparazione delle sue Notationes a Sirleto, lo Specimen 5 Locorum ex variis lectionibus, contenente l’analisi di cinque versi: Gn 3, 15; Ps 5, 9; Sir 10, 27; Is 6, 1; Mt 3, 16. Questo documento è tuttora conservato presso la Biblioteca Apostolica Vaticana (Vat. Lat. 6236, 128r°-129v°) 35. Purtroppo, non è possibile datarlo con precisione, ma dovrebbe essere stato inviato fra il 1574 e il 1576, ovvero tra la pubblicazione della ‘sua’ Vulgata e una lettera che Luc aveva inviato a Baldassarre Ansidei, datata 23 novembre 1576, nella quale lo studioso fiammingo fa appunto riferimento allo specimen che aveva mandato a Sirleto 36. In effetti, la prudenza di Luc era ben motivata: Sirleto, nella sua censura, aveva sistematicamente espunto il nome dello stampatore parigino, Robert Estienne, sostituendolo a margine con la più vaga espressione Parisienses 37. Allo stesso modo, nel carteggio con Ansidei, Luc ci informa che Sirleto non aveva apprezzato le citazioni fatte da Erasmo e Munster, data la loro discutibile fama; tuttavia, il lovaniense aveva comunque ritenuto opportuno inserire le loro lectiones, se queste si mostravano plausibili, benché avesse dovuto farlo non nominatim 38. Fatte le dovute correzioni, nel 1580 Luc riesce a pubblicare le sue Notationes in sacra Biblia ad Anversa, presso Plantin, mostrando solide competenze filologiche, che possono essere riassunte in una frase dello stesso Luc, che commentando le due possibili varianti voluptas / voluntas in Ps 26, 4 afferma: « Minime vero, aut probandus est error, quia constans est; aut recipiendus, quia antiquus 39 ». In sostanza, una lectio non 34. J. isRael, The Dutch Republic: Its Rise, Greatness, and Fall 1477-1806, Oxford 2005, p. 194. 35. a. GeRace, « Francis Lucas ‘of Bruges’ and Textual Criticism of the Vulgate before and after the Sixto-Clementine (1592) », Journal of Early Modern Christianity 3 (2016), p. 214-18. 36. Lettera di Luc ad Ansidei, 23 novembre 1576, in höPFl, Beiträge zur Geschichte der Sixto-Klementinischen Vulgata, 317; GeRace, « Francis Lucas ‘of Bruges’ and Textual Criticism of the Vulgate », p. 214. 37. GeRace, « Francis Lucas ‘of Bruges’ and Textual Criticism of the Vulgate », p. 214. 38. höPFl, Beiträge zur Geschichte der Sixto-Klementinischen Vulgata, p. 317-18. 39. F. Luc, Notationes in sacra Biblia, Anversa 1580, p. 114-115
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deve essere accettata semplicemente perché costante nei manoscritti e/o perché antica. Piuttosto, Luc determina il valore di una lectio sulla base di un attento confronto fra le fonti latine, greche, ebraiche, siriache e aramaiche, facendo inoltre riferimento a quelle tramandate negli scritti dei Padri della Chiesa. Solo attraverso questo attento scrutinio, infatti, è possibile per Luc determinare la lectio più plausibile. In ogni caso, il lovaniense rimane dell’avviso che la versione di riferimento sia la Vulgata, proprio perché tale era stata giudicata dal Concilio di Trento; ciò non toglie, però, che le sue Notationes siano un valido strumento per quel lavoro di pulizia che lo stesso concilio aveva richiesto 40. Nel 1583, infine, Luc riesce a pubblicare la Vulgata che probabilmente aveva in mente già nel 1574, vale a dire l’edizione di Henten corredata da un solido apparato critico: le Notationes vengono incluse in appendice, divenendo un valido aiuto per altri studiosi, specie per i revisori romani. In effetti, nel 1586 Sisto V avvia i lavori della terza commissione per l’emendazione della Vulgata, affidando al cardinale Antonio Carafa il coordinamento di cinque filologi: Flaminio de’ Nobili (1530-1590), Antonio Agelli (1532-1608), Lelio Landi († 1609), Bartolomeo de Valverde, Pietro Morino (n. 1531). L’edizione di Luc del 1583 viene utilizzata come testo di riferimento, su cui vengono annotate in modo scrupoloso tutte le correzioni da apportare al testo biblico: la copia su cui i revisori lavorarono è ancora conservata presso la Biblioteca Apostolica Vaticana ed è conosciuta come Codex Carafianus (Vat. Lat. 12959-60), appunto perché corretta dalla commissione presieduta da Carafa. Nella correzione – come mostrato da Quentin 41 – spesso è stato fatto riferimento al Codex Amiatinus, del vii secolo, benché altri codici antichi quali l’Ottobonianus, il Vallicellianus e il Paulinus furono ugualmente usati 42. Dopo tre anni, Carafa consegna a Sisto V i frutti di quell’intenso lavoro, che il papa dimostra di non apprezzare affatto:
40. « Qua in re ut Synodi [scil. Tridentini] desiderio satisfaceret Theologica Facultas [scil. Lovaniensis] et D. Hentenio olim, et post nobis, hoc operis demandavit, quanquam a nobis, textus, ut ab Hentenio est editus, verbis neutiquam mutatus sit. Nam enim, ex Hebreo, Graeco, Chaldaeo, aut Syro, vulgatam emendare studuimus versionem: sed cum variare reperta essent vulgatae versionis exemplaria, adhibita sunt Hebraea et Graeca, plerumque etiam Chaldaea et Syra, ut dignosci posset quae Exemplaria lectionem servarent germanam », Luc, Notationes in sacra Biblia, p. 8. 41. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 173-180; vedi anche h. De saint-maRie, « Sisto e la Volgata », in La Bibbia ‘Vulgata’ dalle origini ai nostri giorni, p. 62-63. 42. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 203.
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troppi cambiamenti – circa diecimila – apparentemente inutili, perché legati allo stile 43. Non volendo pubblicare una Vulgata così diversa da quella a cui il popolo era abituato, Sisto V inizia a lavorare direttamente sul testo biblico, nuovamente prendendo come riferimento una Vulgata lovaniense del 1583. Così, il 1 marzo 1590, Sisto V emana la bolla Aeternus ille, dichiarando authentica la propria edizione, nota come Vulgata Sixtina 44. Fra l’altro, in questo stesso periodo fa chiamare da Lovanio Henri van Grave, figlio di quel Bartholomeus che aveva pubblicato la Vulgata di Henten, per assumerlo nella stamperia vaticana, intrecciando ulteriormente i rapporti con Lovanio 45. Tuttavia, pochi mesi dopo, il 27 agosto 1590, Sisto V muore il 5 settembre, la congregazione dei cardinali ordina di revocare la bolla e ritirare la Sixtina dal mercato 46. Ciò fu in effetti possibile grazie a un vero e proprio cavillo burocratico: dal momento che non erano trascorsi sei mesi dall’emanazione della bolla, quest’ultima non risultava a tutti gli effetti promulgata essendo intercorsa la morte del papa 47. La stampa della Vulgata authentica subisce quindi un ulteriore ritardo e nel 1591 Gregorio XIV riunisce una nuova commissione di cardinali, la quarta, composta da Marco Antonio Colonna (1523-1597), William Allen (1532-1594), Federico Borromeo (1564-1631), Agostino Valier (1531-1606). Nello stesso anno, verranno poi aggiunti altri membri, costituendo la quinta e ultima commissione 48. Inoltre, Gregorio XIV si avvale della collaborazione di Bellarmino, il quale, saggiamente, raccomanda al papa di non creare una sorta di scandalo per il ritiro dal mercato della Sistina, e di giustificare tale atto attribuendolo alla festinatio con cui la Sistina era stata data alle stampe, fretta che aveva quindi determinato un gran numero di errori tipografici. Bellarmino indica poi la Vulgata lovaniense quale testo di riferimento fino a quando l’edizione ufficiale non viene messa sul mercato 49. Dopo 43. anDReu, « Il teatino Antonio Agellio e la Volgata Sistina », p. 84. 44. D. balboni, « L’edizione a stampa della ‘Vulgata’ di Sisto V », in La Bibbia “Vulgata” dalle origini ai nostri giorni, p. 107-117; De saint-maRie, « Sisto e la Volgata », ibid., p. 65. 45. E. Reusens, « De Grave, Henri », Biographie Nationale de Belgique, vol. V, (1876), p. 127-131. 46. quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 190. 47. anDReu, « Il teatino Antonio Agellio e la Volgata Sistina », p. 91-92, specie nota 82. 48. anDReu, « Il teatino Antonio Agellio e la Volgata Sistina », p. 68-97; quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 147-208. 49. « Anno 1591, cum Gregorius XIV cogitaret quid esset agendum de Bibliis a Sixto V
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un attento lavoro di revisione, con circa cinquemila correzioni 50, il 9 novembre 1592, sotto il pontificato di Clemente VIII, viene finalmente pubblicata la Vulgata Sixto-Clementina, così chiamata proprio perché da considerarsi quale revisione della Sistina. 1592-1603. Il monopolio decennale e la ‘pietrificazione’ della Vulgata La Vulgata authentica era finalmente stata data alle stampe: ora, il cattolicesimo romano aveva il testo ufficiale delle Scritture, come richiesto dal Concilio nel 1546. Nella praefatio ad lectorem, Clemente VIII dichiara che il testo biblico era stato « restitutus… accuratissime mendis expurgatus 51 ». La Vulgata non gode quindi solamente di ‘autenticità’ giuridica, stabilita appunto dai padri conciliari, ma anche di quella critico-testuale, essendo ormai stata conforme all’exemplar originale. Il testo non deve più essere sottoposto a modifiche e proprio perché non cambi il papa stabilisce un rigido controllo sulla sua stampa e vendita. Per dieci anni, si legge nella prefazione alla Sisto-Clementina, solo la tipografia vaticana ha il diritto di stampare la Vulgata, dopodiché sarà possibile riprodurla altrove solamente dopo averne ricevuto una copia stampata a Roma e in nessun modo il testo potrà essere alterato, benché vengano tollerati evidenti errori tipografici 52. Le pene, che
editis, in quibus erant permulta perperam mutata, non deerant viri graves, qui censerent, ea Biblia esse publice prohibenda. Sed N. [Bellarminus] coram Pontifice demonstravit, non esse biblia illa prohibenda, sed ita corrigenda, ut salvo honore Sixti Pontificis, biblia illa emendata prodirent. Quod fieret, si quam celerrime tollerentur quae male mutata erant et biblia recuderentur sub nomine eiusdem Sixti, et addita praefatione, qua significaretur, in prima editione Sixti, prae festinatione irrepsisse aliqua errata vel typographorum vel aliorum… Placuit consilium N. Gregorio Pontifici, et iussit ut Congregatio fieret ad recognoscenda celeriter biblia Sixtina et revocanda ad ordinaria biblia, praesertim Lovaniensia », x.-m. le bachelet, Bellarmin avant son cardinalat (15421598). Correspondance et documents, Paris 1911, p. 457-458. Vedi anche quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 191-192. 50. Delville, « L’évolution des Vulgates », p. 79-80; quentin, Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, p. 192-201; höPFl, Beiträge zur Geschichte der Sixto-Klementinischen Vulgata, p. 158-186. 51. Biblia sacra Vulgatae editionis, Roma 1592 [= Biblia 1592]. 52. « Nos, ut in posterum idem textus incorruptus, ut decet, conservetur, opportune providere volentes, auctoritate apostolica, tenore præsentium districtius inhibemus ne intra decem annos a data præsentium numerandos, tam citra quam ultra montes, alibi quam in nostra Vaticana typographia, a quoquam imprimatur… Elapso autem præfato
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vanno dalla requisizione di tutti i libri posseduti fino alla scomunica, sono molto severe per gli stampatori e i librai che vendono o pubblicano la Vulgata prima che il monopolio vaticano si esaurisca oppure che diffondano, in seguito, copie non conformi all’originale: Si quis vero typographus… hanc eamdem sacrarum Scripturarum editionem intra decennium præ dictum quoquo modo, elapso autem decennio, aliter quam juxta hujusmodi exemplar, ut præfertur, imprimere, vendere, venales habere, aut alias edere vel evulgare: aut si quis bibliopola a se vel ab aliis quibusvis, post datam præsentium, hujus editionis impressos libros, seu imprimendos a præfato restituto et correcto textu in aliquo discrepantes, seu ab alio, quam a typographo Vaticano, intra decennium excusos, pariter vendere, venales proponere, vel evulgare præsumpserit, ultra amissionem omnium librorum, et alias arbitrio nostro infligendas poenas temporales, etiam majoris excommunicationis sententiam eo ipso incurrat: a qua nisi a Romano Pontifice, præterquam in mortis articulo constitutus, absolvi non possit.
Inoltre, nel 1594 oltre a essere ritirata dal mercato, la Sistina subisce una sorta di damnatio memoriae: le copie esistenti vengono requisite e bruciate. Solo poche fra queste sono giunte fino a noi: Balboni nel 1987 riporta una lista di 40 esemplari 53. La stamperia vaticana non era tuttavia in grado di far fronte alla produzione della Vulgata Urbi et orbi, per cui l’11 marzo 1597 il papa si deve affidare a uno stampatore di fiducia a nord delle Alpi, che potesse diffondere il testo ufficiale nelle diocesi settentrionali. La scelta ricade su Jan Moretus, successore di Plantin, che aveva appunto curato la stampa della Vulgata lovaniense del 1583. Oltre a essere l’unico editore nordico a ricevere questo privilegio, il papa gli concede anche un monopolio decennale sulla stampa e sulla vendita della Vulgata. Ricevuta dunque una copia 1593 che servisse da exemplar, la stamperia anversese pubblica nel 1599 la prima Sisto-Clementina d’oltralpe. Tuttavia, François Luc si accorge che sia la Sisto-Clementina del 1593 sia quella del 1599 presentavano diversi errori tipografici. Il teologo lovaniense intraprende così un lungo lavoro di revisione, ma non volendo in nessuno modo contravvenire decennio, eam cautionem adhiberi præcipimus, ut nemo hanc sanctarum Scripturarum editionem typis mandare præsumat, nisi habito prius exemplari in typographia Vaticana excuso: cujus exemplaris forma, ne minima quidem particula de textu mutata, addita, vel ab eo detracta, nisi aliquid occurrat, quod typographicæ incuriæ manifeste ascribendum sit, inviolabiliter observetur », Biblia 1592. 53. balboni, « L’edizione a stampa della ‘Vulgata’ di Sisto V » p. 110-114.
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alle volontà del papa, decide opportunamente di non alterare Vulgata. Opta dunque per la stampa di un testo che possa essere incluso come appendice nelle future edizioni di Moretus, dove il lettore avrebbe potuto trovare i vari corrigenda da apportare 54. Attendendo quindi che il monopolio vaticano finisca, Luc pubblica nel 1603 le Romanae correctionis… loca insigniora 55. Nonostante possa sembrare che quest’appendice sia simile alle Notationes, in realtà Luc non si avventura in una vera e propria analisi filologica, ben conscio del fatto che il testo della Sisto-Clementina non può più essere soggetto ad alcuna miglioria. Luc si limita, invece, a mostrare solo quelli che considera evidenti errori tipografici 56: come ben dice Delville, la Vulgata subisce una sorta di « pétrification », cosicché la Bibbia rimanga inalterata 57. Luc insomma non poteva permettersi di modificare o quanto meno proporre una variante testuale differente da quella ufficiale, a meno di evidenti errori tipografici, comunque da affidare a un’appendice, quindi al di fuori della Vulgata. Luc è perfino costretto a cambiare il suo approccio filologico alle fonti, come si può riscontrare nelle Notae ad varias lectiones che pone in calce al suo commentario ai quattro vangeli, pubblicati ad Anversa fra il 1606 e il 1616, in cui analizza ogni singolo verso sia in latino, preso ovviamente dalla Sisto-Clementina, sia in greco, affidandosi alla Bibbia poliglotta di Anversa (1568-1573) 58. Allo
54. In una lettera a Moretus, Luc mostra il suo intento programmatico : « mitto libellum de Romana correctione, qui serviet ornandis Sixtinis Biblis… ad calcem additum… ut et ii qui nondum habent Sixtina Biblia et ii qui, etiamsi habeant, assueverunt aliis exemplaribus, sua Biblia ex hoc libello possint corrigere et Sixtinis accomodare; denique alii intelligere, quo differant Sixitina Biblia ab aliis Bibliis, id quod plerique nesciunt etiamsi Sixtina Biblia habeant », François Luc a Jan Moretus, 1 maggio 1602, in A. C. De schRevel, « Documents pour servir à la biographie de François Lucas », Annales de la Société d’Émulation pour l’étude de l’histoire et des antiquités de la Flandre 39 (1891), p. 224. 55. F. Luc, Romanae correctionis… loca insigniora, Anversa 1603. 56. Luc, Romanae correctionis… loca insigniora, A2-A4. 57. Delville, « L’évolution des Vulgates », p. 80. 58. « In primis… versiculatim progredientis, versiculum tractandum et Graece et Latine proponimus… Cum enim statutum nobis sit, ad investigandum sensum maxime proprium, etiam ea explicare quae ad literam faciunt editionis utriusque tam Graecae quam Latinae, adeoque non minus Graecam enarrare quam Latinam, sicubi se mutuo discrepent, non inconsulto utraque se coram spectandam offert. Ex Graecis porro textibus, pro integerrimo elegimus, eum qui in Regiorum Bibliorum opera exstat… Inter versiones autem Latinas, veterem vulgatamque potius quam aliam quamvis proposuimus, moti auctoritate oecumenici Concilii Tridentini, quod hanc in publicis lectionibus et
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stesso modo, le Notae sono divise in greco e latino: proprio analizzando il primo locus in assoluto che prende in esame, Mt 1, 11, Luc afferma che « temerarium est, ex unius, ejusque alieni, nec visi fortasse, codicis, auctoritate, veterem et quidem constantem mutare sacrae scripturae lectionem 59 ». Questa frase è l’esatto opposto di quanto lo stesso Luc aveva detto nelle sue Notationes nel 1580, prima che la Vulgata divenisse authentica anche da un punto di vista critico-testuale: « Minime vero, aut probandus est error, quia constans est; aut recipiendus, quia antiquus. » Risulta evidente che nelle Notae la vetus et constans lectio è da identificarsi con quella della Sisto-Clementina, a cui tutta la cristianità cattolica deve affidarsi, almeno fino al 1979, quando verrà stampata la Nova Vulgata. Conclusione Fra il 1546 e il 1592, Lovanio e Roma conoscono uno stretto rapporto, teso alla correzione del testo della Vulgata. Per esempio alcuni membri del Concilio, vale a dire Battista Castiglione e Girolamo Seripando, sono fortemente influenzati dal De Ecclesiasticis Scripturis et dogmatibus di Johannes Driedo. Quando nel 1547 esce l’edizione di Henten, questa diviene subito il testo di riferimento, anche per le prime commissioni per l’emendazione della Vulgata, come si può evincere dall’opera di correzione che Sirleto fa proprio su una copia del 1547. Nel 1574 esce poi l’edizione di Luc e, nuovamente, Lovanio e Roma si incontrano, con l’invio dello Specimen a Sirleto per l’approvazione delle future Notationes (1580). Nel 1583, il sogno di Luc di avere la propria Vulgata corredata con le Notationes diviene realtà, e questa nuova edizione viene subito utilizzata come testo base dalle restanti commissioni romane. Il Codex Carafianus è una testimonianza tangibile del lungo lavoro di correzione, che tuttavia Sisto V non apprezza e di suo pugno fa pubblicare un testo ancora più simile alla Vulgata lovaniense
expositionibus pro authentica hebendam definivit… ex variis Latinae vulgataeque editionis exemplaribus, illud merito praetulimus, quod Sixti Quinti Pontificis Maximi cura recognitum… iussu Clementis Papae Octavi », F. Luc, In sacrosanta quatuor Jesu Christi Evangelia, Anversa 1606, p. ii; A. GeRace, « Francis Lucas of Bruges’ Gospels Commentaries and the Controversy on Predestination, Grace and Free Will », Annali di Storia dell’Esegesi 35 (2018), p. 191. 59. F. Luc, « Notae ad varias lectiones », in F. luc, In sacrosancta quatuor Jesu Christi Evangelia, p. 1025.
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di quanto non lo fosse la versione preparata dai cardinali. Infine, dopo la morte del papa, nel 1592 viene finalmente stampata la Sisto-Clementina, la Vulgata authentica, e che rimarrà tale per altri 400 anni.
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APPENDICE La vulgate au xvie siècle Quelques documents de la Médiathèque Jacques Chirac de Troyes
Comme pour le colloque sur la Bible de 1500 à 1535 1, une exposition permettait d’admirer un certain nombre d’ouvrages en relation avec le thème de nos recherches. Ces ouvrages sont conservés dans le fonds ancien de la Médiathèque Jacques Chirac, Troyes Champagne Métropole. Grâce à la générosité de la Médiathèque, il nous est possible de reproduire ici les pages des livres présentés dans les vitrines de l’exposition. Nous remercions vivement Mme Catherine Schmit, Directrice de la Médiathèque, Mme Emmanuelle Minault-Richomme, Directrice-adjointe, ainsi que Mme Antje Prüfig et M. Étienne Naddeo, à qui l’on doit l’ensemble des photographies. Les notices ont été rédigées par Gilbert Dahan et Annie Noblesse-Rocher, avec le concours précieux de M. François Berquet. Planche 1 Laurentii Vallae… in Novum Testamentum Annotationes avec une préface et des corrections d’Érasme Bâle, Balthasar Lasius, 1541 Ex libris : Collège des Oratoriens de Troyes Sur la page de titre, note : Liber prohibitus nisi corrigatur, « Livre interdit, à moins d’être corrigé » Les corrections (castigationes) d’Érasme sont en fin de volume, fol. 237v°-243r°.
1. La Bible de 1500 à 1535, éd. G. Dahan et A. noblesse-RocheR, Turnhout 2018 (BEHE-SR, 181), p. 329-352. 10.1484/M.BEHE-EB.5.121974
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La vulgate au xvie siècle
Lorenzo Valla (1407-1457) est un représentant précoce de l’humanisme italien. Ses notes sur le Nouveau Testament ont connu deux rédactions. Érasme découvre la seconde d’entre elles à Louvain en 1504 et, enthousiasmé, en assure une édition dès 1505 (à Paris, chez Jean Petit). Il republiera ce texte, en le complétant par des « corrections » (castigationes). L’exemplaire exposé est une réédition faite à Bâle en 1541. Les notes de Lorenzo Valla sont essentiellement d’ordre philologique : outre quelques notes de critique textuelle, il s’agit surtout de comparaisons entre le grec et la version de la Vulgate, ainsi que d’observations sur le style. Ces notes ont eu une grande importance sur le travail d’Érasme sur le Nouveau Testament. Le volume est ouvert au fol. 200v°-201r° : chapitre 1 et début du chapitre 2 de la première épître de Paul à Timothée. Comme on le constate, le texte grec est constamment cité. Cote B.9.5148
Planche 2 Érasme, In Novum Testamentum Annotationes Bâle, Froben, 1527 Ex libris : Jacobus Hennequin, doctor. Le texte est précédé d’une importante préface (fol. a2r°-a4v°).
Les Annotations d’Érasme (1469-1536) accompagnent sa première édition du texte grec du Nouveau Testament (Bâle, Froben, 1516), dédiée au pape Léon X. Quatre autres éditions, révisées et augmentées, paraissent de 1519 à 1535. Les notes sont souvent développées et, en dehors des problèmes philologiques et critiques, concernent aussi des questions théologiques et historiques. La Médiathèque en possède plusieurs éditions ; le volume présenté est donc la 4e, qui utilise le texte de la Bible Polyglotte d’Alcala (1514-1517), présentée au colloque de Troyes (juin 2016). Le volume est ouvert à la première page du texte, préface d'Érasme. Cote D.5.425
240
Appendice
Planche 3 Biblia cum summariis, concordantiis, divisionibus, quattuor repertoriis prepositis D’après le colophon, imprimée en 1500 par Iohannes Piuard Ex libris : Frater Guillermus Hugnot a Ioniuilla
Le volume est ouvert fol. 2r°, prologue de Jérôme sur l’ensemble de la Bible Frater Ambrosius. Cote Inc. 213 [catalogue : B.2.1195]
Planche 4 Biblia cum concordantiis veteris et novi Testamenti necnon et iuris canonici, « Bible avec des concordances de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que du droit canon » Lyon, Jacques Sacon, Lyon, 1515 (d’après le colophon)
Le volume est ouvert fol. 50v°-54r° : chapitres 11 à 15 des Juges. On remarque quelques notes critiques. Le plus étonnant est les parallèles faits avec l’histoire occidentale : d’une part, la mythologie grecque est mise à contribution (par exemple, l’histoire de Jephté suscite un rapprochement avec la guerre de Troie). Dans les pages ouvertes, on relèvera les notes marginales sur Énée, sur la fondation de Toulouse et de Paris. Cette Bible est également intéressante par la concordance faite avec le droit canon. Cote A.3.38
Planche 5 Biblia sacra utriusque testamenti iuxta veterem translationem qua hucusque Latine utitur Ecclesia, ex antiquissimis ac recentioribus exemplaribus diligentissime collatis et, sicuti dissentiebant, consultis fontibus, hoc est Hebraeis et Graecis voluminibus adhibitis, fidelissime restituta, « Bible sacrée de l’un et l’autre Testament selon la traduction ancienne dont l’Église latine fait usage jusqu’à présent, restituée le plus fidèlement, d’après les exemplaires les plus anciens et ceux plus récents collationnés avec le plus grand soin et, quand ils étaient en désaccord, une consultation des sources, c’est-à-dire des volumes en hébreu et en grec » Nuremberg, Frederic Peypus, 1530
241
La vulgate au xvie siècle
Le volume est ouvert fol. s.ii.r° : 2 Chroniques (Paralipomenon) 28, 10-29, 32 ; on remarque avant le numéro du chapitre le bref sommaire. Cote A.3.42
Planche 6 Biblia utriusque testamenti iuxta vulgatam translationem et eam quam haberi potuit emendatissimam, cui in Novo apposuimus Des. Erasmi Rot. versionem, « Bible de l’un et l’autre Testament selon la traduction vulgate et la mieux corrigée qu’il a été possible ; nous lui avons joint la traduction de Désiré Érasme de Rotterdam » Bâle, Froben, 1538 Ex libris : Jacobus Hennequin doctor
Le volume est ouvert p. 230 (du Nouveau Testament) : début de l’épître aux Romains. Dans la colonne de gauche, texte d’Érasme ; dans la colonne de droite, Vulgate. Cote B.2.111
Planche 7 Biblia Lyon, Jean Crispin, 1539
Le volume est ouvert fol. 219v°-220r° : fin de Matthieu, début de Marc. Trois gravures : les trois Maries au tombeau ; Marc rédige son Évangile ; guérison du paralytique. Cote A.3.41
Planche 8 Biblia picturis illustrata. Breves in eadem annotationes ex doctissimis interpretationibus et Hebraeorum commentariis, « Bible illustrée par des images. Avec des notes brèves tirées des interprétations les plus savantes et des commentaires des Hébreux » Paris, Pierre Regnault, 1540
Le volume est ouvert fol. 322r° : début du Cantique des cantiques, avec une belle gravure. Titre : Canticum Canticorum Salomonis quod 242
Appendice
hebraice dicitur Sirhasirim, « Cantique des cantiques de Salomon, qui en hébreu est appelé Sir hasirim [= Shir ha-shirim, “Chant des chants”] ». Le texte est précédé d’un bref argumentum (prologue) qui donne l’interprétation christique habituelle. Dans les notes marginales, on relève un renvoi à l’hébreu, sur le v. 9, Pulchrae sunt genae tuae sicut turturis, « Tes joues sont belles comme d’une colombe » : la note retraduit « d’une colombe » d’après l’hébreu : propter thorim, id est ornamenta faciei, « à cause des ornements du visage ». Cote B ouest 1.149
Planche 9 Biblia sacra iuxta vulgatam quam dicunt editionem, « Bible sacrée selon l’édition appelée Vulgate » Paris, Charles Guillard et Guillaume Desboys, 1552 Ex libris : Oratorii Trecensis Spiritus sancti
C’est encore une réimpression de la Bible de Jean Benoît. Le volume est ouvert p. 231 : fin du livre des Juges et début de Ruth. Gravure représentant la moisson. On remarque dans le texte, en Ruth 1, 1, un obèle (signe ayant à peu près cette forme ‡>) pour signaler que les mots unius iudicis, « d’un juge » ne se trouvent pas dans l’hébreu. Les autres notes sont exégétiques. Cote A.6.1290
Planche 10 Biblia. Ad vetustissima exemplaria nunc recens castigata. Hebraea, Chaldaea, Graeca et Latina nomina virorum, mulierum populorum, idolorum, urbium, fluviorum, montium caeterorumque locorum quae in Bibliis leguntur, restitua, cum Latina interpretatione, ac locorum è Cosmographis descriptione, « Bible. Corrigée récemment selon les plus anciens exemplaires. Les noms hébreux, chaldéens [= araméens], grecs et latins des hommes, femmes, peuples, idoles, villes, fleuves, montagnes et autres lieux qui sont lus dans la Bible, restitués, avec leur traduction latine et une description d’après les cosmographes » Louvain, Barthélemy Gravius, 1547
Le volume est ouvert à la page de titre. On remarque au-dessous du titre l’indication, « Ce qui a été effectué dans la correction de cette 243
La vulgate au xvie siècle
bible est indiqué dans la préface qui suit ci-après », et la citation du Psaume 18 (hébreu 19), In sole posuit tabernaculum suum, « Il a posé sa tente dans le soleil ». Il s’agit d’une bible d’une grande importance, préparée et imprimée juste après le concile de Trente, sous la direction de Jean Henten (15001566) ; elle servira de modèle à de nombreuses éditions de la Bible par la suite, avant l’édition de la sixto-clémentine (1592). Cote A.3.48
Planche 11 Biblia, ad vetustissima exemplaria castigata, « Bible corrigée d’après des exemplaires très anciens » Anvers, Christophe Plantin, 1565 Ex libris : Egidius Hoppin, canonicus (puis Bouhier).
Il s’agit d’une autre édition, en petit format, de la Bible de Jean Henten (voir n° 11). Le volume comprend le Pentateuque, Josué, les Juges et Ruth. Il est présenté fermé : la couverture et la tranche sont remarquables. Cote A.17.2671
Planche 12 Biblia sacra. Quid in hac editione a theologis Lovaniensibus praestitum sit eorum praefatio indicat, « Bible sacrée. Ce qui a été effectué dans cette édition par les théologiens de Louvain est indiqué dans leur préface » Anvers, Christophe Plantin, 1583
Le volume est ouvert au fol. o1v° : fin de Josué, début du livre des Juges. On remarque avec les titres courants de brèves indications sur le contenu de la page. Les notes marginales donnent des concordances scripturaires mais sont surtout de critique textuelle. Dite « Bible de Louvain », cette bible constitue une étape importante entre le concile de Trente et l’édition sixto-clémentine (1592). La préface comporte deux parties : dans la première, le point est fait sur le travail fourni par les éditeurs, notamment à la suite de diverses
244
Appendice
impressions, notamment celle publiée par Jean Henten ; la seconde constitue un mode d’emploi, avec explication des choix éditoriaux et développement des abréviations employées. Cote A.3.53
Planche 13 Biblia Paris, Robert Estienne, 1528 Ex libris congregate missionis domus Trecensis.
Le volume est ouvert au fol. Hr°, préface au lecteur. Cette première édition effectuée par le savant libraire qu’était Robert Estienne est d’une importance capitale. Dans sa préface, Robert Estienne affirme son intention de donner un texte corrigé de la Vulgate ; il se sert pour cela de manuscrits conservés dans les abbayes de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denys, ainsi que d’un correctoire du xiiie siècle conservé à la Sorbonne. Cependant, les notes marginales restent peu nombreuses : c’est dans ses éditions suivantes qu’il rendra plus visible son travail de critique textuelle. L’exemplaire de cette édition assez rare conservé à Troyes est d’une grande beauté. Robert Estienne (1503-1559) est l’un des grands imprimeurs-éditeurs du xvie siècle. On lui doit une dizaine d’éditions de la Vulgate, dont la plus ancienne est celle de 1528. Les théologiens de la Sorbonne s’opposeront à elles et tenteront de les faire interdire par le Roi. Leurs réactions à l’édition de 1545 (voir ci-après n° 17) obligeront Robert Estienne à quitter Paris ; il se réfugiera à Genève, où il rouvrira son imprimerie. Cote A.3.40
Planche 14 Biblia. Breves in eadem annotationes, ex doctissimis interpretationibus et Hebraeorum commentariis, « Bible. Annotations brèves inteprétations les plus savantes et des commentaires des Hébreux » Paris, Robert Estienne, 1532
245
La vulgate au xvie siècle Ex libris monasterii Cellensis congregationis SS. Victoris et Hydulphi ordinis S. Benedicti.
Le volume est ouvert au fol. 1r° : début de la Genèse, chapitre 1 et début du chapitre 2. Dans la marge de gauche les notes sont de critique textuelle ou des explications, notamment d’après l’hébreu : ainsi, la première note porte sur le mot ferebatur, « était porté » ; le verbe est expliqué « soufflait ou volait ou couvait » (la dernière explication provient de l’exégèse juive). Dans la marge de droite, il y a une brève analyse du contenu et les parallèles scripturaires. Plus encore que l’édition de 1528, celle-ci devait provoquer le mécontentement des théologiens de la Sorbonne : on reproche à Robert Estienne de trop se fier au texte hébreu, au détriment parfois des leçons traditionnelles de la Vulgate. Cote A.3.45
Planche 15 Biblia Paris, Robert Estienne, 1540
Le volume est ouvert au fol. 34v° : texte du chapitre 40 de l’Exode, avec en face une gravure représentant le Tabernacle et les tribus dans le désert. On considère que cette édition est la première à offrir un véritable apparat critique dans les notes marginales. Elle fut approuvée par quinze maîtres de la Sorbonne mais l’affichage public d’un texte des Dix Commandements et d’une Somme de toute la sainte Écriture suscita encore la colère de la Faculté de théologie. Cote A.3.46
Planche 16 Biblia. Quid in hac editione praestitum sit, vide in ea quam operi praeposuimus, ad lectorem epistola, « Bible. Ce qui a été effectué dans cette édition, voyez dans la préface au lecteur que nous avons mise en tête de cet ouvrage » Paris, Robert Estienne, 1545
246
Appendice
Le volume est ouvert au fol. 166r° : début du livre d’Esther. On remarque qu’il y a deux traductions latines : en face de la Vulgate, une traduction nouvelle, qu’on a parfois attribuée à Santi Pagnini, auteur en effet d’une nouvelle traduction sur l’hébreu à visée pédagogique (Lyon, 1528). Il semble plutôt qu’elle soit due à Leo Jud, collaborateur de Zwingli, donc à un protestant. Les notes nombreuses sont parfois inspirées par les cours de François Vatable, professeur d’hébreu au Collège Royal (le futur Collège de France) ; on parle d’elle comme de la « Bible de Vatable ». Cette Bible est en deux volumes, de petit format (in-8°). On la considère comme un chef-d’œuvre typographique, notamment du fait de l’absence de coquilles ou d’erreurs de copie : d’où son surnom de « Nompareille ». Encore une fois, les théologiens de la Sorbonne s’insurgent contre cette édition : ils considèrent que l’abondance des notes en fait un véritable commentaire ; or l’exégèse de l’Écriture sainte était réservée aux maîtres de la Sorbonne et non aux professeurs du Collège Royal. Comme d’autres éditions, elle fera l’objet de censures, aussi bien en France qu’en Espagne. Cote A.10.5011 [2 volumes]
Planche 17 Biblia sacra vulgatae editionis, Sixti V pontificis maximi iussu recognita atque edita, « Bible sacrée selon l’édition de la Vulgate, élaborée et éditée sur l’ordre du pape Sixte V ». Anvers, Ex officina Plantiniana, apud Ioannem Moretum, 1603 Ex libris : Aux Capucins de Troyes.
C’est une Bible en deux volumes. Une importante préface rappelle les vœux du concile de Trente (plus loin est donné le texte du décret relatif à cette question) d’une édition améliorée de la Vulgate. Une commission s’était réunie durant de longues années pour préparer cette édition mais le pape Sixte V, mécontent de la lenteur des travaux et de leurs résultats, donna à l’impression en 1590 sa propre édition. Elle suscita la réprobation des savants, et la mort du pape arriva à point nommé. Une commission se réunit rapidement et proposa une édition, qui vit le jour en 1592 et que l’on appelle la « sixto-clémentine ». Les exemplaires de l’édition de 1590 furent retirés de la vente, rachetés dans la mesure du possible. La « sixto-clémentine » fut l’édition de référence de l’Église 247
La vulgate au xvie siècle
catholique, jusqu’au xxe siècle, où une équipe de bénédictins réunis à Rome, au couvent Saint-Jérôme, procura une édition critique de l’Ancien Testament (elle comporte 18 volumes et a été publiée de 1926 à 1994). Bien entendu, les défauts de l’édition de Sixte V ne furent jamais dénoncés publiquement et les éditions postérieures sont faites sous son nom, comme celle-ci. Cependant, à la fin du tome II, on trouve une liste de corrections dues à François Lucas de Bruges. Cote A.3.54
248
Appendice
Planche 1. Laurentii Vallae … in Novum Testamentum Annotationes, fol. 200v°-201r° : chapitre 1 et début du chapitre 2 de la première épître de Paul à Timothée
249
La vulgate au xvie siècle
Planche 2. Érasme, In Novum Testamentum Annotationes, première page du texte, préface.
250
Appendice
Planche 3. Biblia cum summariis, concordantiis, divisionibus, quattuor repertoriis prepositis, fol. 2r° : prologue de Jérôme sur l’ensemble de la Bible Frater Ambrosius.
251
La vulgate au xvie siècle
Planche 4. Biblia cum concordantiis veteris et novi Testamenti necnon et iuris canonici, fol. 50v°-54r° : chapitres 11 à 15 des Juges.
252
Appendice
Planche 5. Biblia sacra utriusque testamenti iuxta veterem translationem qua hucusque Latine utitur Ecclesia…, fol. s.ii.r° : 2 Chroniques (Paralipomenon) 28, 10-29, 32.
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La vulgate au xvie siècle
Planche 6. Biblia utriusque testamenti iuxta vulgatam translationem et eam quam haberi potuit emendatissimam…, p. 230 (du Nouveau Testament) : début de l’épître aux Romains.
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Appendice
Planche 7. Biblia, fol. 219v°-220r° : fin de Matthieu, début de Marc.
255
La vulgate au xvie siècle
Planche 8. Biblia picturis illustrata…, fol. 322r° : début du Cantique des cantiques.
256
Appendice
Planche 9. Biblia sacra iuxta vulgatam quam dicunt editionem, p. 231 : fin du livre des Juges et début de Ruth.
257
La vulgate au xvie siècle
Planche 10. Biblia. Ad vetustissima exemplaria nunc recens castigata. Hebraea…, page de titre.
258
Appendice
Planche 11. Biblia, ad vetustissima exemplaria castigata, couverture et tranche.
259
La vulgate au xvie siècle
Planche 12. Biblia sacra. Quid in hac editione a theologis Lovaniensibus praestitum sit eorum praefatio indicat, fol. o1v° : fin de Josué, début du livre des Juges.
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Appendice
Planche 13. Biblia, fol. Hr° : préface au lecteur.
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La vulgate au xvie siècle
Planche 14. Biblia. Breves in eadem annotationes, ex doctissimis interpretationibus et Hebraeorum commentariis, fol. 1r° : début de la Genèse, chapitre 1 et début du chapitre 2.
262
Appendice
Planche 15. Biblia, fol. 34v° : chapitre 40 de l’Exode.
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La vulgate au xvie siècle
Planche 16. Biblia. Quid in hac editione praestitum sit, vide in ea quam operi praeposuimus, ad lectorem epistola, fol. 166r° : début du livre d’Esther.
264
Appendice
Planche 17. Biblia sacra vulgatae editionis, Sixti V pontificis maximi iussu recognita atque edita, page de titre.
265
INDEX DES AUTEURS ANCIENS JUSQU’AU XVIe SIÈCLE
Cet index comprend les auteurs anciens, médiévaux et du xvie siècle ; nous avons également ajouté quelques imprimeurs importants, sans être exhaustifs sur ce point. Nous avons renoncé à relever les mentions de Jérôme, qui est au centre des études. Les références en italiques correspondent aux mentions dans les notes. Pour le classement des auteurs médiévaux est pris en compte le « prénom », pour les auteurs du xvie siècle le « patronyme ». Agelli, Antonio Alcuin Alesius, Alexander Allen, William Althamero, Andrea Ambroise Aquila Arias Montano, Benito Augustin
232 7, 13, 39 143, 158, 161 233 24 61, 93 59 167, 168, 175, 187, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 218, 228 35, 72, 73, 89, 93, 173
Bellarmin, Robert Benoît, Jean Bèze, Théodore de Bibliander, Theodor Bomberg, Daniel Borromeo, Federico Bracciolini, Poggio Brenz, Johannes Brunfels, Otto Bruno, Gabriel Bullinger, Henri Busleyden, Jérôme de
9, 10, 222, 233, 234 9, 30, 32, 209, 243 114, 124 125, 136 6 233 83 137, 144 127 25, 56, 57, 59, 183 136 227
Calvin, Jean Carafa, Antonio Castellion, Sébastien Castello, Alberto de
11, 109, 138, 139, 143, 144, 150, 151-157 229, 232 75, 124, 143, 144, 156, 158, 159, 161 31, 41-51, 53-76, 171, 189, 195, 196, 208
267
La Vulgate au xvie siècle Castiglione, Battista Cisneros, Franciscus Ximenez de Clarius, Isidoro Colines, Simon de Colonna, Marco Antonio Coronel, Pablo Corte, Peter de Cyprien
237 34, 91, 92, 98, 173, 174, 193, 194, 195, 197, 210, 212 177, 209 11, 17, 20, 25, 107 233 190, 191 225 26, 93
Dávid, Ferenc David Qimhi Décrétales Driedo, Johannes Ducas, Demetrio
143, 161 35 223 224, 237 194
Eber, Paul El Pinciano Érasme
126, 131-134, 137, 209 194 6, 7, 9, 30, 32, 37, 38, 55, 69, 77-105, 113, 117, 119, 129, 134, 135, 140, 144, 147, 148, 150, 154, 155, 156, 157, 159, 161, 162, 163, 195, 206, 209, 222, 227, 231, 239, 240, 242 176, 207 8, 9, 11, 15, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 30, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 41-51, 107-122, 127, 128, 129, 137, 144, 156, 167, 171, 172, 183, 194, 196, 198, 199, 200, 208, 209, 211, 213, 219, 225, 231, 245-247 13, 33, 34 19, 22, 169
Estienne, Henri Estienne, Robert
Étienne Harding Étienne Langton Faber, Johannes Flavius Josèphe Froben, Jérôme Froben, Johann Forster, Johann
151 24, 29 128 6, 11, 18, 25, 32, 63, 65, 90, 91, 93, 94, 108, 170, 176, 180, 197, 240, 242 136
Gadolo, Bernardino Gémeau (Jumel), Adrien Giunta, Lucantonio Giustiniani, Agostino Glossa ordinaria Gonesius, Petrus Goudanus, Magdalius Jacobus Gratien Grave, Henri van Gribaldi, Matteo
53, 54, 59, 63, 64, 69, 75 55, 56 59 6, 69, 176 64, 67, 71, 74, 75, 76, 138, 170 143, 157 66, 67, 68, 69, 74 28, 35, 57, 60-63, 65, 71, 72, 73, 74, 170 233 143, 157
268
Index des auteurs anciens jusqu’au xvie siècle Guidacerio, Agazio Guillaume de Mara
75 14
Harlemius, Johannes Hentenius, Jean 244 Hilaire Horace Hugues de Saint-Cher Hutter, Elias
214, 215, 229 9, 167, 171, 196, 210, 224, 225-229, 230, 231,
Joachim de Fiore Joris, David Jud, Leo
38 159 75, 114, 136, 144, 149, 152, 153, 154, 156, 157, 158, 161, 162, 246
Kerver, Thielmann
55, 56, 65
Landi, Lelio Laridius, Gobelinus Lee, Edward Lefèvre de la Boderie, Guy Lefèvre d’Étaples, Jacques
232 32, 167, 178, 198, 208, 209 8, 81, 96-98 214, 216 5, 6, 81, 82-90, 91, 93, 94, 97, 101, 102, 123, 144, 206, 207 143, 158 10, 36, 39, 171, 196, 210, 219, 229, 230-234, 235, 236, 237, 248 5, 11, 101, 123, 126, 131, 132, 134-136, 137, 140, 141, 143, 145-146, 149-151, 195, 209
Lismanini, Francesco Lucas [ou Luc], François Luther, Martin
93 66, 93 170 127, 139
Madruzzo, Cristoforo Major, Georg Malerbi, Nicolò Manucio, Aldo Masius, Andreas Masson, Jacques (Latomus) Matthias Doering Melanchthon, Philip Moïse Qimhi Morino, Pietro Morone, Giovanno Gerolamo Münster, Sébastien Mula, Marco Antonio da
229 132, 151 63 175 213, 214, 218 100 170 75 128 232 229 5, 6, 23, 69, 75, 124, 136, 231 228, 229
Nebrija, Antonio de Nicolas de Lyre Nicolas Maniacoria Nobili, Flaminio de
194, 195, 196, 197, 201, 202 14, 15, 35, 64, 66, 135, 170 13 232
269
La Vulgate au xvie siècle
Œcolampade, Jean Olivétan, Robert Origène Osiander, Andreas Osiander, Lucas
143, 147 5, 75, 124 60, 111 22, 31, 32, 33, 34, 41-51, 127, 129-131, 137, 144, 209 134, 137-138, 141, 209
Pagnini, Santi
5, 20, 75, 114, 138, 139, 140, 144, 147, 148, 149, 150, 152, 153, 156, 157, 162, 163, 168, 172, 175, 209, 211 , 213, 215, 216, 217, 218, 222, 228, 246 Paleologo, Jacobo 143, 160-161, 162 Parvus Helsyngœrensis, Franciscus 29, 167 Paul de Burgos 15, 35, 170 Pélage 77 Pellican, Conrad 69, 136, 209 Peypus, Fédéric 19, 25, 241 Pierre Lombard 13 Pierre le Mangeur 59, 133 Pivard, Jean 183, 184, 185, 186 Plantin, Christophe 11, 167, 212, 217, 219, 230, 231, 235, 244 Plaute 66 Pline 24 Pomponius Méla 24 Postel, Guillaume 75 Prato, Félix de 69 Quintanilla y Mendoza, Pedro de
174-175
Raban Maur Rashi Rémi d’Auxerre (pseudo-) Reuchlin, Johann Reysch, Gregor Richel, Bernhard Roger Bacon
19 138 202 66, 67, 69, 75 127 180 14
Sacon, Jacques Schott, Jean Scotti, Gianbernardino Seripando, Girolamo Servet, Miguel Servius Sirlet, Guillaume Souchier, Jérôme Sozzini, Fausto Sozzini, Lelio Strabon
55, 56, 57, 66, 73, 74, 169, 170, 183, 199, 241 127 229 225, 228, 237 11, 143, 145, 146-149, 150, 151-157, 158, 161 66 10, 229, 231, 237 229 143, 159, 161 143, 159 24
270
Index des auteurs anciens jusqu’au xvie siècle Stunica (Diego López Zúñiga) Sturm, Jean Symmaque
8, 81, 93, 98-100, 194 126 59
Théodotion Théodulfe d’Orléans Thomas d’Aquin Tissard, François Titelmans, Frans Trapper, Ruard Tremelius, Immanuel
59 13 191 175 8, 81, 100-104, 227 225 124
Valier, Agostino Valla, Lorenzo Valverde, Bartolomeo de Vatable, François Vauzelles, Jean de Virgile Vitelli, Vitellozzo Vives, Juan Luis
233 7, 15, 35, 80, 81, 82-90, 93, 94, 101, 102, 239-240 232 114, 121, 175, 209, 211, 247 53 66 229 125
Wigand, Johann Wolder, David Wolfgang de Wissembourg
143, 158 140 24
Zainer, Günter Zegers, Nicholas Tacitus Ziegler, Jacob Zierikzee, Amandus di Zwingli, Huldreych
206 227-228 24 227 246
271
INDEX DES AUTEURS CONTEMPORAINS
Alberigo, G. Alcalà, A. Allen, P. S. Allen, G. V. Allgeier, A. Alvar Ezquerra, A. Amann, F. Amirav, H. Andreu, F. Aragione, G. Armstrong, E. Arnold, M. Asso, C. Asunción Sánchez Manzano, M. Austin, K. Auwers, J.-M. Ayuso Marazuelo, T.
9 146, 150 93, 94, 105 113 6, 222 8, 194 10 125 229, 232, 233 17 8, 107, 109, 110 123, 126 8, 15, 81, 96, 97, 104 211, 212 124 17 18, 205
Bady, G. Backus, I. Balázs, M. Balboni, D. Baldensperger, G. Baldini, E. A. Barbieri, E. Bataillon, M. Barthélemy, D. Baum, G. Bayle, P. Bebermeyer, G. Bedouelle, G. Bénin, R.-M. Bentley, J. H. Berger, S. Bernardino, A. di Boerner, C. F. Bogaert, P.-M.
19 9, 11, 124, 211, 229 160 233, 235 152 81 58 194 9, 12, 16, 37, 39, 41, 63, 110, 211 139, 147 62, 66 151 11, 53, 55, 63, 206 146, 147, 148 7, 8, 15, 38, 80, 82, 84 7, 11, 13, 18, 33, 182, 183, 184 6 171, 206 6, 17
273
La Vulgate au xvie siècle Branner, R. Brenner, O. Bucchi, F. Budick, S. Burton, Ph.
18 150 81 105 77
Caby, C. Cañas Reillo, J. M. Canellis, A. Canisius, A. Carletin Paget, J. Cattaneo, A. Cauwé, M. Ceresa-Gastaldo, A. Chambers, B. T. Clausi, B. Coogan, R. Conde Salazar, M. Cortesi, M. Cottier, J.-F. Crapulli, G. Cresmacoli, G. Cunitz, E.
63 8, 56, 162, 166, 175 19, 77 223 17 64 34 77 123 104 96 8, 166 85, 86 8, 222 168 27 139, 147
Dahan, G.
5, 7, 13, 14, 19, 20, 32, 33, 34, 35, 38, 59, 76, 124, 127, 128, 133, 135, 138, 144, 166, 168, 169, 179, 208, 216, 223, 239 26 157, 159 212 17, 18, 20, 21 38, 68, 98 227 55 13 190 54 14 6, 114, 144, 150, 172, 195, 226, 234 14, 55, 75 227, 229 160 187, 210, 212, 215, 216 82 160 224 195 9
Daniélou, J. Daugirdas, K. Dávila Pérez, A. De Bruyne, D. De Jonge, H. J. De Kok, J. A. Delaveau, M. Delisle, L. Delitzch, F. Deloince-Louette, Chr. Delmaire, D. Delville, J.-P. Denifle, H. De Vocht, H. Dománski, J. Domínguez Domínguez, J. F. Donegà, S. Dostálová, R. Draguet, R. Dubois, J.-D. Duval, A.
274
Index des auteurs contemporains
Ehrman, B. D. Ehses, St. Elamrani-Jamal, A. Emmi, B. Engammare, M. Erichson, A. Eschard, J. Eskult, J. Esneval, A. d’
77 9 14 11, 222, 224 7, 31, 54, 58, 60, 66, 110, 114, 171, 194 150, 152, 154, 155 56 125, 144 19
Fatio, O. Feld, H. Fernández Marcos, N. Fernández Tejero, E. Fernández Vallina, J. Firpo, M. Fischer, B. Fraenkel, P. François, W. Friedberg, E. Friedman, J. Froehlich, K. Furno, M.
11 154, 156 215, 216, 217 211, 215, 216, 218, 219 194 81 6, 7 11 9, 224, 225, 226, 229 28, 35, 38, 224 136 170 54
Gain, B. Galonnier, A. Gehrt, D. Genest, J.-F. Gerace, A. Gicquel, M.-L. Gilly, C. Gilmont, J.-F. Gobillot, G. Gómez Canseco, L. Gomez-Géraud, M.-Ch. Gomez Rabal, A. Gordon, B. Gosselin, E. A. Greyerz von, K. Gribomont, J. Gryson, R. Gumbert, J. P.
229 14 131 14 9, 10, 208, 225, 229, 231, 237 146 146, 147, 148, 158 137 14 211 6, 24, 55, 110, 172, 208, 226 146 124, 144 170 7 6 41, 115, 175, 178 170
Hamesse, J. Harden, J. M. Hartman, G. H. Helmer, Chr.
21 207 105 149
275
La Vulgate au xvie siècle Higman, F. Hillard, D. Hobbs, G. Holbach d’, P. T. Holborn, A. Holborn, H. Holmes, M. W. Höpfl, H. Horst, L.
9, 11, 137, 211 55 176 62 94 94 77 9, 10, 231 150, 154, 155
Idel, M. Israël, J.
105 231
Jensen, K. Jiménez Calvente, T. Junod, E.
169 194, 201 17
Kaestli, J.-D. Kammerer, E. Kaufman, Th. Karagiannis-Mazeaud, E. Kedar, B. Kirn, H.-M.
17 53, 59 123 110 6 125
Labourt, J. Lagarde de, P. Le Bachelet, X.-M. Le Clerc, J. Le Long, J. Lemonnier, A. Leppin, V. Letis, Th. P. Libera de, A. Linde, C. Lobrichon, G. Lobstein, P. Lumini, A.
35 207 9, 10, 222, 234 94 55, 171, 175, 206 38 131 221 14 176 76 156 55, 57
Macías Rosendo, B. Mangenot, E. Marsden, R. Martianay, J. Martin, J. P. P. Matter, E. A. Matthaeus, A. McDonald, G. McLean, M. Méot-Bourquin, V.
196, 212 6 17 207 16 17 223 150 125, 144 54
276
Index des auteurs contemporains Mesnard, P. Metz, R. Metzger, B. M. Mulder, M. J. Muller, R. A. Mund-Dopchie, M. Muñoz Iglesias, S.
126 60 37, 78 6 11 137 222
Nebbiai-Dalla-Guarda, D. Needham, P. Nestle, E. Noblesse-Rocher, A. Noonan, J. T. Norelli, E.
14 168 134 5, 10, 20, 34, 124, 133, 135, 144, 166, 223, 239 60 17
O’Loughlin, T. Olszewski, M.
17 27
Pérez de Castro, F. Perosa, A. Pietsch, P. Pirnát, A. Power, E. Prügl, Th. Pruner, C.
196, 213, 215, 219 15, 82, 85 146 160 13 27 223
Quentin, H. Quétif, J. Quintanilla y Mendoza de, P.
11, 16, 33, 53, 54, 55, 56, 59, 60, 65, 69, 74, 75, 107, 109, 110, 121, 129, 170, 193, 196, 198, 199, 202, 230, 232, 233, 234 56 174
Rabbie, E. Rekers, B. Redlob, G. M. Regoliosi, M. Reichert, B. M. Reinhardt, K. Renouard, A.-A. Restle, E. Reusens, E. Reuss, E. Revilla Rico, M. Rice, E. F. Riché, P. Rongy, H. Roussel, B. Ruiz Fidalgo, L.
96 211 139 15, 82 14 147 107 134 233 139, 147, 150, 152, 154, 155, 156 186, 187, 190, 191, 194, 195, 197 77, 80, 86, 94, 100 76 222 8, 11, 53, 55, 110, 124, 195 206, 211
277
La Vulgate au xvie siècle Rummel, E.
8, 96
Saenger P. Sainte-Marie de, H. Sánchez Manzano, A. Santi, F. Sartori, P. Schapper, J. Schrevel de, A. C. Seebass, G. Seidel Menchi, S. Skupien Dekens, C. Simon, R. Shuali, E. Soen, P. Spottorno Díaz-Caro, M. V. Steiff, K. Steinmetz, D. C. Stramare, T. Sulavik, A. Sutcliffe, E.T. Sysling, H. Szczucki, L. Szerwiniack, O. Szymanski, M.
170 144, 205, 207, 233 212, 218, 219 27 100, 227 17 236 131 7 124 12, 76 8, 9, 124, 208 225 166, 197, 211 127 11 6, 229 27 6 6 160 21, 24, 180 79
Thiel, M. Thompson, J. L. Togni, N. Toribio, P. Troeyer de, B.
21 11 16 6, 11, 159, 162 227
Vaccari, A. Van der Woude, S. Van Kampen, K. Van Staalduine-Sulman, E. Vegas Montaner, L. Vigliano, T. Voet, L. Voltaire (Arouet, F.-M. dit) Vosté, G.-M.
6, 32 159 170 140 194 125 196, 228 62 9, 222
Wallraff, M. Weber, R. Wenin, A. Wermelinger, O. Wesseling, A. White, H. J.
7 39, 41, 115, 168, 178 17 17 83 144, 165
278
Index des auteurs contemporains Wilkinson, R. J. Williams, G. H. Wordsworth, J.
228 158 110, 115, 116, 119, 144, 165
Yi, A.-T.
113
Zainer, G. Zegers, N. T. Ziegenaus, A.
206 227, 228 17
279
SOMMAIRE
Avant-propos
5
Les éditions de la Vulgate de 1500 à 1546 Gilbert daHan
13
La Biblia cum concordantiis veteris et novi testamenti d’Alberto Castellano ou de Castello (Venise, 1511) : première édition critique de la Tralatio communis Latina ? Max EngammarE
53
Erasmo e l’interpres. Le polemiche sulla Vulgata del Nuovo Testamento Cecilia asso
77
Le travail de Robert Estienne sur ses éditions de la Vulgate (1528-1557) : pratique et conception d’une critique textuelle Eran sHuali
107
Les « révisions » de la Vulgate dans les cercles protestants au xvie siècle Annie noBlEssE-rocHEr
123
La utilización de la Vulgata en entornos protestantes : una primera aproximación a propósito de las controversias sobre la Trinidad Pablo toriBio
143
La Vulgata en las políglotas de Alcalá y de Amberes José Manuel canas rEillo
165
1547-1592 : dalla Vulgata Lovaniensis alla Sisto-Clementina Antonio gEracE
221
Appendice : La vulgate au xvie siècle. Quelques documents de la Médiathèque Jacques Chirac de Troyes
239
Index des auteurs anciens jusqu’au xviie siècle
267
Index des auteurs contemporains
273
BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES, SCIENCES RELIGIEUSES
vol. 105 J. Bronkhorst Langage et réalité : sur un épisode de la pensée indienne 133 p., 1999, ISBN 978-2-503-50865-8 vol. 106 Ph. Gignoux (dir.) Ressembler au monde. Nouveaux documents sur la théorie du macro-microcosme dans l’Antiquité orientale 194 p., 1999, ISBN 978-2-503-50898-6 vol. 107 J.-L. Achard L’essence perlée du secret. Recherches philologiques et historiques sur l’origine de la Grande Perfection dans la tradition ìrNying ma pa’ 333 p., 1999, ISBN 978-2-503-50964-8 vol. 108 J. Scheid, V. Huet (dir.) Autour de la colonne aurélienne. Geste et image sur la colonne de Marc Aurèle à Rome 446 p., 176 ill. n&b, 2000, ISBN 978-2-503-50965-5 vol. 109 D. Aigle (dir.) Miracle et Karâma. Hagiographies médiévales comparées 690 p., 11 ill. n&b, 2000, ISBN 978-2-503-50899-3 vol. 110 M. A. Amir-Moezzi, J. Scheid (dir.) L’Orient dans l’histoire religieuse de l’Europe. L’invention des origines. Préface de Jacques Le Brun 246 p., 2000, ISBN 978-2-503-51102-3 vol. 111 D.-O. Hurel (dir.) Guide pour l’histoire des ordres et congrégations religieuses (France, xvie-xixe siècles) 467 p., 2001, ISBN 978-2-503-51193-1 vol. 112 D.-M. Dauzet Marie Odiot de la Paillonne, fondatrice des Norbertines de Bonlieu (Drôme, 1840-1905) xviii + 386 p., 2001, ISBN 978-2-503-51194-8
vol. 113 S. Mimouni (dir.) Apocryphité. Histoire d’un concept transversal aux religions du Livre 333 p., 2002, ISBN 978-2-503-51349-2 vol. 114 F. Gautier La retraite et le sacerdoce chez Grégoire de Nazianze iv + 460 p., 2002, ISBN 978-2-503-51354-6 vol. 115 M. Milot Laïcité dans le Nouveau Monde. Le cas du Québec 181 p., 2002, ISBN 978-2-503-52205-0 vol. 116 F. Randaxhe, V. Zuber (éd.) Laïcité-démocratie : des relations ambiguës x + 170 p., 2003, ISBN 978-2-503-52176-3 vol. 117 N. Belayche, S. Mimouni (dir.) Les communautés religieuses dans le monde gréco-romain. Essais de définition 351 p., 2003, ISBN 978-2-503-52204-3 vol. 118 S. Lévi La doctrine du sacrifice dans les Brahmanas xvi + 208 p., 2003, ISBN 978-2-503-51534-2 vol. 119 J. R. Armogathe, J.-P. Willaime (éd.) Les mutations contemporaines du religieux viii + 128 p., 2003, ISBN 978-2-503-51428-4 vol. 120 F. Randaxhe L’être amish, entre tradition et modernité 256 p., 2004, ISBN 978-2-503-51588-5 vol. 121 S. Fath (dir.) Le protestantisme évangélique. Un christianisme de conversion xii + 379 p., 2004, ISBN 978-2-503-51587-8 vol. 122 Alain Le Boulluec (dir.) À la recherche des villes saintes viii + 184 p., 2004, ISBN 978-2-503-51589-2 vol. 123 I. Guermeur Les cultes d’Amon hors de Thèbes. Recherches de géographie religieuse xii + 664 p., 38 ill. n&b, 155x240, 2005, ISBN 978-2-503-51427-7
vol. 124 S. Georgoudi, R. Koch-Piettre, F. Schmidt (dir.) La cuisine et l’autel. Les sacrifices en questions dans les sociétés de la Méditérrannée ancienne xviii + 460 p., 23 ill. n&b, 155 x 240. 2005, ISBN 978-2-503-51739-1 vol. 125 L. Châtellier, Ph. Martin (dir.) L’écriture du croyant viii + 216 p., 2005, ISBN 978-2-503-51829-9 vol. 126 (Série “Histoire et prosopographie” no 1) M. A. Amir-Moezzi, C. Jambet, P. Lory (dir.) Henry Corbin. Philosophies et sagesses des religions du Livre 251 p., 6 ill. n&b, 2005, ISBN 978-2-503-51904-3 vol. 127 J.-M. Leniaud, I. Saint Martin (dir.) Historiographie de l’histoire de l’art religieux en France à l’époque moderne et contemporaine. Bilan bibliographique (1975-2000) et perspectives 299 p., 2005, ISBN 978-2-503-52019-3 vol. 128 (Série “Histoire et prosopographie” no 2) S. C. Mimouni, I. Ullern-Weité (dir.) Pierre Geoltrain ou Comment « faire l’histoire » des religions ? 398 p., 1 ill. n&b, 2006, ISBN 978-2-503-52341-5 vol. 129 H. Bost Pierre Bayle historien, critique et moraliste 279 p., 2006, ISBN 978-2-503-52340-8 vol. 130 (Série “Histoire et prosopographie” no 3) L. Bansat-Boudon, R. Lardinois (dir.) Sylvain Lévi. Études indiennes, histoire sociale ii + 536 p., 9 ill. n&b, 2007, ISBN 978-2-503-52447-4 vol. 131 (Série “Histoire et prosopographie” no 4) F. Laplanche, I. Biagioli, C. Langlois (dir.) Autour d’un petit livre. Alfred Loisy cent ans après 351 p., 2007, ISBN 978-2-503-52342-2 vol. 132 L. Oreskovic Le diocèse de Senj en Croatie habsbourgeoise, de la Contre-Réforme aux Lumières vii + 592 p., 6 ill. n&b, 2008, ISBN 978-2-503-52448-1 vol. 133 T. Volpe Science et théologie dans les débats savants du xviie siècle : la Genèse dans les Philosophical Transactions et le Journal des savants (1665-1710) 472 p., 10 ill. n&b, 2008, ISBN 978-2-503-52584-6
vol. 134 O. Journet-Diallo Les créances de la terre. Chroniques du pays Jamaat (Jóola de Guinée-Bissau) 368 p., 6 ill. n&b, 2007, ISBN 978-2-503-52666-9 vol. 135 C. Henry La force des anges. Rites, hiérarchie et divinisation dans le Christianisme Céleste (Bénin) 276 p., 2009, ISBN 978-2-503-52889-2 vol. 136 D. Puccio-Den Les théâtres de “Maures et Chrétiens”. Conflits politiques et dispositifs de reconciliation (Espagne, Sicile, xvie-xxie siècle) 240 p., 2009, PB vol. 137 M. A. Amir-Moezzi, M. M. Bar-Asher, S. Hopkins (dir.) Le shīʿisme imāmite quarante ans après. Hommage à Etan Kohlberg 445 p., 2008, ISBN 978-2-503-53114-4 vol. 138 M. Cartry, J.-L. Durand, R. Koch Piettre (dir.) Architecturer l’invisible. Autels, ligatures, écritures 430 p., 2009, 978-2-503-53172-4 vol. 139 M. Yahia Šāfiʿī et les deux sources de la loi islamique 552 p., 2009, PB vol. 140 A. A. Nagy Qui a peur du cannibale ? Récits antiques d’anthropophages aux frontières de l’humanité 306 p., 2009, ISBN 978-2-503-53173-1 vol. 141 (Série “Sources et documents” no 1) C. Langlois, C. Sorrel (dir.) Le temps des congrès catholiques. Bibliographie raisonnée des actes de congrès tenus en France de 1870 à nos jours. 448 p., 2010, ISBN 978-2-503-53183-0 vol. 142 (Série “Histoire et prosopographie” no 5) M. A. Amir-Moezzi, J.-D. Dubois, C. Jullien et F. Jullien (éd.) Pensée grecque et sagesse d’orient. Hommage à Michel Tardieu 752 p., 2009, ISBN 978-2-503-52995-0 vol. 143. B. Heyberger (éd.) Orientalisme, science et controverse : Abraham Ecchellensis (1605-1664) 240 p., 2010, ISBN 978-2-503-53567-8
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Réalisation : Cécile Guivarch École pratique des hautes études