Epigraphie Et Soteriologie: L'epitaphier Des Portugais De Bordeaux (1728-1768) (Bibliotheque De L'ecole Des Hautes Etudes, Sciences Religieuses) (French Edition) 9782503511955, 2503511953


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Epigraphie Et Soteriologie: L'epitaphier Des Portugais De Bordeaux (1728-1768) (Bibliotheque De L'ecole Des Hautes Etudes, Sciences Religieuses) (French Edition)
 9782503511955, 2503511953

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ÉPIGRAPHIE ET SOTÉRIOLOGIE L’ÉPITAPHIER DES « PORTUGAIS » DE BORDEAUX (1728-1768)

BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES

SCIENCES RELIGIEUSES

VOLUME

180

Illustration de couverture : Sépulture de Sara Nuñes, 3 adar 5497 (3 février 1737). Cliché Béatrice Leroy. DR.

ÉPIGRAPHIE ET SOTÉRIOLOGIE L’ÉPITAPHIER DES « PORTUGAIS » DE BORDEAUX (1728-1768)

Gérard NahoN

La Bibliothèque de l’École des hautes études, sciences religieuses La collection Bibliothèque de l’École des hautes études, sciences religieuses, fondée en 1889 et riche de plus de cent soixante-dix volumes, reflète la diversité des enseignements et des recherches menés au sein de la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études (Paris, Sorbonne). Dans l’esprit de la section qui met en œuvre une étude scientifique, laïque et pluraliste des faits religieux, on retrouve dans cette collection tant la diversité des religions et aires culturelles étudiées que la pluralité des disciplines pratiquées : philologie, archéologie, histoire, philosophie, anthropologie, sociologie, droit. Avec le haut niveau de spécialisation et d’érudition qui caractérise les études menées à l’EPHE, la collection Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses aborde aussi bien les religions anciennes disparues que les religions contemporaines, s’intéresse aussi bien à l’originalité historique, philosophique et théologique des trois grands monothéismes – judaïsme, christianisme, islam – qu’à la diversité religieuse en Inde, au Tibet, en Chine, au Japon, en Afrique et en Amérique, dans la Mésopotamie et l’Égypte anciennes, dans la Grèce et la Rome antiques. Cette collection n’oublie pas non plus l’étude des marges religieuses et des formes de dissidences, l’analyse des modalités mêmes de sortie de la religion. Les ouvrages sont signés par les meilleurs spécialistes français et étrangers dans le domaine des sciences religieuses (chercheurs enseignants à l’EPHE, anciens élèves de l’École, chercheurs invités…). Directeur de la collection : Arnaud SéraNdour Secrétaires d’édition : Cécile Guivarch, Anna Waide Comité de rédaction : Mohammad Ali amir-moezzi, Jean-Robert armoGathe, Samra azarNouche, Marie-Odile BoulNoiS, Gilbert dahaN, Jean-Daniel duBoiS, Michael houSemaN, Christian JamBet, Ioanna rapti, Jean-Noël roBert.

© 2018, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2018/0095/23 ISBN 978-2-503-51195-5 e-ISBN 978-2-503-57951-1 10.1484/M.BEHE-EB.5.114971 Printed on acid-free paper.

LIMINAIRE

LA « RELIGION PORTUGAISE, AUTREMENT JUIVE » À la veille du Nouvel An 1729, l’après-midi du vendredi 31 décembre 1728, à Bordeaux en la salle capitulaire de l’Abbaye bénédictine Sainte-Croix, prennent place vingt-quatre religieux profès convoqués au son de la cloche. Le Révérend Père Dom Jean-Baptiste Floyrac, prieur de l’Abbaye, requiert leur accord pour une décision d’importance. « La Nation des Portugais établie à Bordeaux » vient d’acquérir une parcelle de terre à usage de cimetière, parcelle sise en la seigneurie de l’Ordre. Cela signifie que ce bien n’acquittera plus à l’avenir de droits de mutation ou de succession. En effet une congrégation religieuse, une corporation, une institution collégiale, douée du privilège de pérennité, par opposition aux individus, ne meurt jamais et les biens qu’elle acquiert « tombent en main morte ». En contrepartie, l’acquéreur se trouve devoir au seigneur un droit d’indemnité. Le cas advenant, l’Abbaye sera donc habilitée à percevoir sur la Nation un versement annuel de vingt livres au sujet duquel elle s’est entendue avec la Nation. La présente assemblée prend à l’unanimité une délibération pour approuver cet accord et nommer son mandataire en la personne du Frère Dom Bernard de Neys 1. Fondatrice, la délibération des moines de Sainte-Croix insère de facto la Nation juive tant dans le paysage bordelais que dans l’économie du système féodal. Si la délibération se garde d’insérer le terme « juif » dans le procèsverbal, les bons pères dressent à une date indéterminée des « extraits qui justifient la directe des Bénédictins sur le cimetière des Juifs » 2. Assimilée à une congrégation, privilégiée en tant que telle, la Nation possède légalement un cimetière « tombé en mainmorte » et, par là même, assuré de la perpétuité.

1.

2.

Sur l’abbaye dont seule subsiste aujourd’hui l’église classée monument historique cf. P.-A.-A. chauliac, Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, Abbaye de LigugéParis 1910 ; J. Gardelle, Bordeaux cité médiévale, s. l. 1989, p. 139-159. J.-P. méric, Abbaye Sainte-Croix de Bordeaux : aperçu historique & guide de visite, Bordeaux 2008. Archives départementales de la Gironde, registre H 664 f° 70, Abbaye de Sainte-Croix, acte communiqué et transcrit par M. A. chauliac dans Archives historiques du département de la Gironde XLVII (1912), p. 250-251, édition partielle dans G. cirot, Les Juifs de Bordeaux. Leur situation morale et sociale de 1550 à la Révolution, t. I, Bordeaux 1920, p. 49, n. 1. Texte complet infra dans l’Annexe V. Pour la mainmorte, cf. M. marioN, Dictionnaire des institutions de la France aux xviie et xviiie siècles, Paris 1972, p. 345-346. Archives départementales de la Gironde H 98.

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Liminaire Comment comprendre la hâte de nos Bénédictins à entériner, avant la fin de cette année 1728, cet accord passé avec la Nation portugaise ? Sous la conduite de leur prieur, ils gèrent comme ils l’entendent nombre d’entreprises au profit de l’abbaye : depuis le 29 septembre 1712 jusqu’à son décès le 17 août 1742, l’abbé François-Charles de Béringhen d’Armainvilliers leur laisse les mains libres, à charge pour eux de lui verser ses revenus 3. S’agit-il pour eux de préserver au plus tôt leur droit d’indemnité avant l’enregistrement des divers actes mettant la Nation en possession de son champ de repos ? En vertu de l’achat de la parcelle effectué par David Gradis le 22 octobre 1724, la Nation avait procédé sans attendre davantage, et ce depuis le 14 mars 1725, à des inhumations dans le terrain. En témoignent au moins les treize premières inscriptions de notre épitaphier tandis que d’autres sépultures, également antérieures au 31 décembre 1728, ont pu échapper à nos relevés. L’hypothèse selon laquelle ces défunts auraient été exhumés du petit ou du grand cimetière des Cordeliers et réinhumés dans le nouveau cimetière – le cimetière antérieur restant en place jusqu’à l’expropriation des terrains en 1748 – ne tient que si l’on admet que ce transfert s’opéra justement cette année-là 4. Jean-Baptiste Floyrac, pressenti par la Nation, aurait-il au contraire accédé aux sollicitations de ses syndics, soucieux de voir officialisée d’une certaine manière la première acquisition foncière de la Nation et surtout son affectation à usage de cimetière, affectation absente des actes antérieurs datés des 22 octobre 1724, 1er, 18, et 28 novembre 1728 ? En dépit des Lettres Patentes accordées par Henri II en 1550 et renouvelées par ses successeurs, l’édit d’expulsion des juifs du royaume du 17 septembre 1394, réactivé le 23 avril 1615 par une Déclaration qui expulse les juifs du Royaume de France, reste en vigueur et le restera en principe jusqu’à la Révolution. Cependant deux actes royaux en tempèrent l’application. Les « Lettres patentes du Roy pour les Portugais des Généralités de Bordeaux et d’Auch » rendues à Meudon en juin 1723 intronisent l’équation « les Juifs desdites généralités, connus et établis en notre royaume sous le titre de Portugais ». Mieux, cinq ans plus tard, le 15 juillet 1728 une ordonnance de Louis XV « défend aux communautés religieuses de recevoir des enfants des juifs, sous prétexte de religion avant l’âge de douze ans ». Surtout, elle motive sa teneur : « Sa Majesté, voulant que les Lettres Patentes portant établissement de la Nation Juive dans la ville de Bordeaux soient exactement exécutées et que ceux de cette

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A. chauliac, Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, p. 237-240 ; G. GuyoN, « Étude d’économie monastique, le temporel de l’abbaye bénédictine Sainte-Croix de Bordeaux, des origines à la Révolution française », thèse de droit, université Bordeaux I, 1971 ; Ph. loupèS, L’apogée du catholicisme bordelais 1600-1789, Bordeaux 2001 p. 84-86 ; sur les prieurs, cf. A.-L. (André) B. de laNteNaya, Les Prieurs claustraux de Sainte-Croix de Bordeaux et de Saint-Pierre de La Réole depuis la Réforme de Saint Maur, Bordeaux 1884. Pour ces travaux effectués en 1748, cf. S. SchWarzfuchS, Le Registre des Délibérations de la Nation juive Portugaise de Bordeaux l7l0-l787, Paris l98l, § 162-164, p. 209-212 et infra.

Liminaire Nation jouissent de tous les privilèges mentionnés ès dites lettres, sans qu’ils puissent y être troublés, tant en leurs personnes qu’en celles de leurs femmes et enfants… ». Enregistrée en Parlement à Bordeaux le 11 septembre 1728, imprimée par les soins de la Nation, présentée sans doute à Dom Floyrac, cette dernière ordonnance aurait aplani les scrupules éventuels de nos Bénédictins. Faut-il percevoir une ultime réserve à cet égard dans la délibération du 31 décembre 1728 qui s’en tient à une désignation implicite « la Nation des Portugais établie à Bordeaux » 5 ? La pratique des documents administratifs du temps, particulièrement de ceux compris dans les portefeuilles de l’Intendance, nous convainc que par « portugais », à Bayonne comme à Bordeaux, en Gascogne comme en Guyenne, on entend nécessairement « juif ». Tardivement, le 18 juin 1775, alors que feindre est passé de saison, testant à Saint-Esprit-lès-Bayonne pardevant le notaire Bertrand Forgues, Moyse Henriques de Castro, consent une rente à « ceux qui sont préposés à soutenir les points de la religion portugaise autrement juive » 6. Pour l’administration, pour le commun peuple, pour les intéressés eux-mêmes, portugais et juif sont des synonymes. Pour sa part l’historien, prenant en compte les antécédents péninsulaires chrétiens de la Nation portugaise établie en 1550 dans le royaume, plus encore le fait que nombre des familles de cette Nation ont vécu dans le catholicisme durant plusieurs générations avant de se réfugier en France en plein xviiie siècle, ne manquera pas de s’interroger sur le contenu effectif de leur religion ? S’il répudie le concept de marranisme quant à la religion des Portugais du sud-ouest – le judaïsme étant devenu visible sinon officiel – il peut en traquer les avatars, les vestiges, les influences. Inversement, ces Portugais éloignés dans le temps et dans l’espace des centres du judaïsme normatif, dans quelle mesure en reçoivent-ils des pratiques, des traditions, des idées, des superstitions ? À une telle problématique répond pour Amsterdam le concept de « Nouveaux juifs » proposé par Yosef Kaplan qui perçoit sous le vernis

5.

6.

Teneur de l’édit d’expulsion du 17 septembre 1394 dans B. leroy, Les édits d’expulsion des Juifs 1394-1492-1496-1501, Biarritz 1998, p. 13-18. Sur la problématique d’ensemble, cf. G. dahaN (dir.), avec É. NicolaS, L’Expulsion des juifs de France de 1394, Paris 2004 (Nouvelle Gallia Judaica). Pour l’expulsion de 1615, cf. G. NahoN, « Exception française et réponse au modèle ibérique : Marie de Médicis et la Déclaration qui expulse les juifs du Royaume de France du 23 avril 1615 », dans D. iaNcu (dir.), L’expulsion des Juifs de Provence et de l’Europe Méditerranéenne (xve-xvie siècles). Exils et Conversions, ParisLouvain-Dudley 2005, p. 111-128. Pour les Lettres Patentes, cf. G. NahoN, Les « Nations » juives portugaises du Sud-Ouest de la France (1684-1791) Documents, Paris 1981, § VIII à XIII p. 21-41. L’acte de 1728, Archives départementales, C 3790, a été publié à plusieurs reprises notamment dans G. cirot, Les Juifs de Bordeaux, p. 7. Archives départementales des Pyrénées Atlantiques III E 4576 n° 84, publié dans mon article « Pour une approche des attitudes devant la mort au xviiie siècle : sermon naires et testateurs juifs portugais à Bayonne », Revue des Études juives CXXXVI (l977), p. 1-123, voir p. 102.

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Liminaire orthodoxe de la Nation plus que des germes de modernisme. Dans cette perspective s’inscrivent les travaux de Cecil Roth, d’I.-S. Révah et d’autres chercheurs sur la « religion des marranes » – une religion distincte du judaïsme normatif –, travaux propédeutiques à notre enquête sur la vraie religion des Portugais du royaume de France. Encore qu’apparentés à ceux d’Amsterdam et à ceux des autres Nations de la Diaspora portugaise d’Occident, nos Portugais tirent leurs origines, les uns, d’un ensemble catholique fixé en France depuis 1550, les autres d’une immigration récente en provenance de l’Espagne ou du Portugal. Ayant subi des contraintes régionales voire locales à nulle autre pareilles, ils auraient par hypothèse secrété un modèle religieux spécifique, le modèle français du marranisme 7. De ce modèle, ils s’affranchissent notamment par l’acquisition d’un cimetière « confessionnel ». Tout en rejetant cet hypothétique modèle, la Nation peut-elle l’empêcher tout à fait de s’exprimer, fut-ce pour s’en libérer au moment de graver un discours funéraire sur les dalles de ses défunts ? À Bordeaux, les Portugais ont noué des relations durables avec les églises paroissiales Saint-André, Saint-Éloi, Sainte-Eulalie, Saint-Michel, Saint-Projet et les couvents des Augustins, des Carmes, des Cordeliers et des Minimes. Les curés procèdent-ils effectivement aux baptêmes de leurs enfants ou se contentent-ils de les coucher sur leurs registres paroissiaux ? Car ils y inscrivent bien les naissances, mariages et les décès des Portugais et ce, jusqu’en plein xviiie siècle. Les défunts portugais nantis sont longtemps inhumés dans les églises, les autres dans les cimetières paroissiaux. La Nation devra par la suite au bon vouloir des chapitres conventuels la permission d’enterrer ses morts dans les jardins appartenant à des monastères. À cet égard on peut considérer comme opérationnel le concept de marranisme. Outre Pyrénées le Saint-Office l’entend de la sorte : sa juridiction s’appliquant exclusivement à des individus baptisés, elle emprisonne, juge et condamne sur ce chef des Nouveaux Chrétiens bordelais ayant eu le malheur de s’aventurer dans la Péninsule. Cathalina de Reyna y Medina natural de Burdeos est « réconciliée » par

7.

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Y. K aplaN, Les Nouveaux Juifs d’Amsterdam. Essais sur l’histoire sociale et intellectuelle du judaïsme séfarade au XVIIe siècle, trad. J. H amoN et C. ASlaNov, Paris 1999 ; C. Roth, « The Religion of the Marranos », Jewish Quarterly Review 22 (1931), p. 1-33 ; I.-S. R évah, « La religion d’Uriel da Costa, marrane de Porto d’après des documents inédits », Revue de l’histoire des religions 161 (1962), p. 45-76 ; G. NahoN, « Le modèle français du marranisme : perspectives nouvelles », dans A. NoviNSky, M. L. tucci carNeiro (dir.), Inquisição. Ensaios sobre Mentalidade, Heresias e Arte, Rio de Janeiro 1992, p. 227265 ; R. roWlaNd, « New Christian, Marrano, Jew », dans P. BerNardiNi, N. fieriNG (dir.), The Jews and the Expansion of Europe to the West, 1450 to 1800, New York-Oxford 2001, p. 125-148.

Liminaire le tribunal de Tolède en 1691, Juan Baptista Rodriguez alias Samuel, natural de Burdeos est condamné par le tribunal de Llerena le 26 août 1725, Miguel de Soto y Herrera natural de Burdeos par celui de Cordoue en 1723 8. Pourtant des conversions volontaires ou abusives au catholicisme de Portugais survenues au xviiie siècle – conversions auxquelles le Roi imposa des limites – démontrent a contrario la réalité et la visibilité d’un judaïsme que l’Église entend toujours et encore convertir. L’affaire de Rachel Gomès Delbaille, une fillette de huit ans à peine, retenue en 1722 au couvent de l’Annonciade, fut même évoquée au Conseil de Conscience par Louis Phélypeaux de Saint Florentin, duc de La Vrillière, Secrétaire d’État de la Religion prétendue réformée et de la Maison du roi. Ses parents furent autorisés à lui rendre visite « pourvu que ce soit en présence de M. le Grand vicaire de Monseigneur l’Archevêque de Bordeaux et de quelques-unes des religieuses du couvent de l’Annonciade où elle est ». Âgées de quatorze, douze et dix ans, Rachel, Rica et Abigaïl de Mezes attirées au couvent des Ursulines, n’en purent sortir malgré la douleur et les sollicitations de leurs parents et de leur Nation. C’est pourtant à la suite de cette pénible affaire que fut rendue l’ordonnance royale du 15 juillet 1728. Inversement, la fille de Mardochée Mendes France et de Rachel Peixotto, Rébecca Mendes se convertit volontairement et adopta le prénom d’Armande à l’âge de trente-six ans 9. Son père, notable de la Nation était pourtant un des fondateurs de la Jevera, la pieuse confrérie du Dernier Devoir 10. Sensibles à cette proximité avec les institutions catholiques, des historiens considèrent comme superficielle la religion de nos juifs, peu regardants sur les pratiques, se gardant de tout débat doctrinal. Par ailleurs, ayant élagué l’enseignement dispensé dans la Nation, s’en tenant strictement à la Bible, ils ne feraient aucune place au Talmud. Frances Malino synthétise ainsi cette vision :

Cf. G. cirot, Recherche sur les Juifs espagnols et portugais à Bordeaux, l re partie, Bordeaux l908, chap. V : « Précisions sur la situation religieuse aux xviie et xviiie siècles », p. 154-180, et VI « Les cimetières », p. 100-143, Madrid, Biblioteca Nacional de España, Sección Incunables R 8560. Je dois les indications sur les Bordelais jugés par le SaintOffice à l’amabilité de M. Jean-Joseph Leblanc (lettre du 6 déc. 1976). Sur la répression inquisitoriale contre les juifs de Bordeaux, l’ouvrage classique de J. caro BaroJa, Los Judíos en la España moderna y contemporanea, Madrid 1978, fournit une information inquisitoriale d’une extrême richesse, cf. t. I, p. 497-498 ; t. II, p. 68, 72, 73, 75, 122, 123, 151, 152 ; t. III, p. 172, 207, 360, 365-368, 370-371. 9. À l’entreprise de conversion de juifs à Bordeaux au xviiie siècle et à ses moyens qu’il qualifiait d’odieux, Théophile Malvezin consacrait un long développement dans son Histoire des juifs à Bordeaux, Bordeaux l875 ; réimp. Marseille 1976, et Monein (Pyrénées-Atlantiques) 1998, p. 130-168. 10. Sur ce point cf. S. SchWarzfuchS, Le Registre, délibération du 29 septembre 1722, § 26 p. 103-104.

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Liminaire En rejetant le Talmud et le Midrash, et en mettant l’accent sur la Bible comme seule source de vérité divine, les Séfarades développaient un judaïsme compatible avec le rationalisme du xviiie siècle. La Nation n’était liée ni par les anciennes lois et coutumes ni par l’héritage politico-religieux et le destin qui unissait les communautés juives de par le monde. On chercherait en vain les traces d’une religiosité et d’une spiritualité profondes dans la vie de la nation. Il n’y a jamais par exemple de mention d’un débat religieux ; il n’y a jamais de développement d’une hétérodoxie religieuse ; il n’y a jamais, en fait, d’indication d’une crise spirituelle ou intellectuelle 11.

Dépourvus de traditions enracinées, ayant acquis la langue et la culture françaises, les goûts, les vêtements, les distractions de l’environnement, les juifs bordelais seraient donc en voie d’assimilation. Dans une telle perspective, vis-à-vis de leur passé dans la Péninsule, dans le catholicisme ou dans un judaïsme dissimulé, auraient-ils choisi à l’instar des Portugais d’Amsterdam d’oublier purement et simplement une expérience chrétienne abhorrée. Auraient-ils adopté sciemment une conduite amnésique comme le soutient Daniel M. Swetschinski 12. Dans toutes les hypothèses, refusant ou intégrant leur passé, quelle vision des fins dernières nourrissent-ils ? Attendent-ils ici-bas pour leur Nation et pour eux-mêmes une rédemption messianique ? In conspectu mortis, comment s’identifient-ils et comment définissent-ils le salut ? Nous nous proposons d’examiner ces problèmes à la lumière des épitaphes du cimetière tombé en mainmorte en 1728, rempli et, en conséquence, fermé en 1768. La pérennité que lui conférait le droit féodal ne le protégea qu’en partie d’une expropriation survenue le 19 décembre 1910. La ville de Bordeaux acquit alors une parcelle du terrain adjugée par jugement du Tribunal de Première instance de Bordeaux du 29 mai 1911 pour la somme de 26 600 francs. Sur cette portion expropriée fut construit un manège au nouveau quartier du 58e régiment d’artillerie 13. Par arrêté du 27 septembre 1995, le cimetière a été inscrit partiellement au supplément de l’Inventaire des Monuments Historiques (mur de clôture et porte d’entrée, sol et sous-sol, notice PADD 135175).

11. F. maliNo, Les Juifs sépharades de Bordeaux : assimilation et émancipation dans la France révolutionnaire et impériale, Bordeaux l984 = Les Cahiers de l’Institut Aquitain d’Études Sociales 5 (1984), p. 52. 12. D. M. SWetSchiNSki, « Un refus de mémoire, les Juifs portugais d’Amsterdam et leur passé marrane », dans E. BeNBaSSa (dir.), Mémoires juives d’Espagne et du Portugal, Paris 1996, p. 69-78 ; D. M. SWetSchiNSki, Reluctant Cosmopolitans, The Portuguese Jews of Seventeenth-Century Amsterdam, Oxford 2000, p. 318-322 13. Archives municipales de Bordeaux, Consistoire israélite 1 D 1. Le terrain est porté au plan cadastral n° 109 P, section X avec une superficie de 17 ares 69 centiares, soit 1769 m 2 à la matrice 18 a 35 ca, passage 75 ca.

10

Liminaire Auparavant en 1903 Georges Cirot avait entrepris, en compagnie d’Alfred Morel-Fatio, de relever les épitaphes dans l’intention d’en décrire la langue, l’espagnol et éventuellement le portugais. Nous lui empruntons sa description des lieux qui n’ont guère changé malgré des travaux sporadiques effectués depuis, la végétation se chargeant de remettre le décor en l’état 14.

Fig 1. Cimetière, perspective intérieure.

On accède à ce cimetière par une courte impasse qui donne sur le cours SaintJean [aujourd’hui cours de la Marne], n° 105. Il forme un rectangle à peu près

14. Le Consistoire Israélite de Bordeaux a récemment décidé de réhabiliter les sépultures. Édouard Bonilla responsable de la commission de cimetières a réalisé cette tâche sous la surveillance du Grand rabbin Marc Krief, avec un financement du Conseil Général de la Gironde. Le cimetière figure aujourd’hui [2011] sur le programme de restauration à effectuer avec le concours de bénévoles par l’Association Adichats, Maison Labat 7 rue Eugène Faivre 33.730 Villandraut, site internet www.assoadichats.net.dossier%20patrimoine.html (consulté le 12 octobre 2016).

11

Liminaire régulier. Le mur où est percée l’entrée a 45 mètres environ ; celui de gauche en a 63 ; dans l’encoignure des deux autres se trouve un pavillon en ruines. Les arbres poussent en liberté, et l’on fauche l’herbe une ou deux fois par an. Les tombes, à part une cinquantaine qui émergent de cette végétation, sont à peu près à ras du sol, quand elles n’y sont pas complètement enfouies. Elles se trouvent disposées assez peu régulièrement sur dix-sept rangs. Ces rangs sont perpendiculaires au mur de l’entrée et mesurent environ 2 m 50 de large (soit la longueur des tombes plus l’intervalle des rangs). Il peut y avoir de quarante à cinquante tombes sur chaque rang ; elles ont en moyenne un mètre de large et sont séparées par un intervalle de dix à trente centimètres. Au total 700 à 800 tombes. Presque toutes étaient recouvertes d’une épaisse couche de mousse. Toutes celles que j’ai pu dégager et nettoyer portent une inscription 15.

Depuis plus de trente ans, avec le concours amical de Béatrice Leroy, j’ai repris et poursuivi le travail de Georges Cirot. Après avoir présenté ailleurs l’espace funéraire, quelques-unes de ses sépultures et un premier Index des personnes inhumées, je publie aujourd’hui un épitaphier fort de 256 inscriptions tout en m’interrogeant sur la représentativité d’un tel recueil, le cimetière primitif ayant contenu de 700 à 800 sépultures. Les pertes résultent de l’érosion du temps, de l’impossibilité d’exploiter des dalles – certes sauvegardées de la section expropriée en 1911 mais renversées sur leur portion gravée –, des lacunes des relevés de Cirot et des nôtres. Cependant, certaines inscriptions de la partie expropriée et aujourd’hui disparues ayant été relevées par Cirot figurent dans l’épitaphier. J’ajoute que des inscriptions à ma connaissance inédites de Cirot me sont restées hors d’atteinte. Cirot écrivait : « J’ai pu y relever plus de trois cents inscriptions tumulaires, dont une soixantaine offrent de l’intérêt tant au point de vue de l’histoire de la « nation portugaise à Bordeaux qu’au point de vue linguistique ». Il précisait : « J’ai commencé le relevé de ces inscriptions en compagnie de M. Morel-Fatio, en 1903. Je compte publier à part, en fac-similé, les inscriptions hébraïques ». Cirot publiait en 1908 soixante-dix inscriptions et signalait vingt épitaphes supplémentaires avec les noms des défunts et les dates des décès. Par ailleurs, nous pouvons supposer que certaines sépultures n’ont pas été pourvues de dalle : le registre du cimetière portugais de Londres fait en effet état de quelque quatre-vingt tombes sin piedra pour 1706 décès enregistrés, soit 4,7 % 16. La confrontation

15. G. cirot, Recherches, p. 119, n. 1. 16. Cf. B. leroy, « Le cimetière du Cours de la Marne », Bulletin de la communauté israélite de Bordeaux (1980), p. 8-13 ; G. NahoN, « Un espace religieux du xviiie siècle : le premier cimetière des “Portugais” de Bordeaux, 105 cours de la Marne 1724-1768 », dans D. tollet (éd.), La mort et ses représentations dans le judaïsme, Actes du Colloque organisé par le Centre d’études juives de l’Université de Paris IV-Sorbonne en décembre 1989, Paris 2000, p. 243-272 ; G. cirot, Recherches, p. 121, n. 1, inscriptions transcrites p. 121-137. Nombreuses mentions « sin piedra » en regard des noms de défunts inhumés au cimetière de la Nation portugaise de Londres, cf. R. D. BarNett, The Burial Register of the Spanish

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Liminaire des épitaphes avec les notices du Registre des morts conforterait cette hypothèse. Notre matériel constitue donc un échantillon de quelque 30 % d’un ensemble tumulaire lui-même minoritaire par rapport aux décès enregistrés. Fig. 2. Laus Deo semper, Registre des morts de la Nation portugaise de la ville de Bordeaux.

and Portuguese Congregation Jews, London. 1657-1735 (with some later entries), Londres 1962.

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Liminaire Dans l’Ancien régime déjà la Nation s’était souciée de répertorier les personnes inhumées dans ses cimetières. Le 17 avril 1786 elle prenait une délibération à cet effet : Quoique les noms de toutes personnes ensevelies dans nos cimetières soient écrits sur leurs tombes, la recherche est devenue très difficile dans l’ancien cimetière ; pour en faciliter la connaissance, toutes les tombes seront numérotées et il sera fait un registre par lettres alphabétiques du nom des personnes inhumées dans ledit cimetière, du jour de leur décès et du numéro de leur tombe, lequel registre sera déposé à la confrérie de Guemilud Hazadim 17.

J’ignore si un tel registre fut jamais confectionné. Par contre subsiste un registre à l’incipit suivant : Laus Deo semper, Registre des morts de la Nation portugaise de la Ville de Bordeaux, registre tenu par la Nation à compter du 7 janvier 1739. Il précise l’État-civil des défunts, signalant parfois un prénom usuel différent de celui gravé sur la dalle funéraire, indiquant leur âge au décès 18. À quelques-unes de ses notices ne correspond aucune épitaphe ; inversement il est des inscriptions funéraires sans répondant au registre. Ces défauts peuvent s’expliquer certes par l’incurie du greffier, mais aussi – pour le deuxième – par le fait que des décès survenus hors la ville et partant non enregistrés à Bordeaux donnèrent lieu à des inhumations dans le cimetière. À ce dernier titre, notre épitaphier s’avère représentatif de la mentalité religieuse des Portugais de toute la région. Il reste qu’entre le 7 janvier 1739 et la dernière mention plausible d’une inhumation dans ce cimetière le 23 septembre 1768, le Registre des morts consigne 873 décès, tandis que notre épitaphier aligne seulement 172 inscriptions, soit 19,7 % des décès. Le niveau réel de représentativité de l’épitaphier se situerait entre le pourcentage des épitaphes par rapport aux notices soit 19,7 % et celui des épitaphes transcrites par rapport au nombre des sépultures calculé par Georges Cirot soit 30 % et en admettant qu’un contingent indéterminé de défunts n’eurent point de dalle gravée sur leur tombe. Aux inscriptions « intéressantes », seules retenues pour publication par Georges Cirot, je joins toutes celles que j’ai pu déchiffrer afin d’exploiter l’épitaphier sur un mode certes linguistique et biographique mais aussi sériel et sotériologique. Pour mon propos, les inscriptions lapidaires, au figuré comme, au propre façonnent le discours de la « religion portugaise, autrement juive » sur l’ici bas comme sur l’au-delà.

17. Délibération publiée dans G. cirot, Recherches, p. 29 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, n° 545, p. 568. 18. Archives municipales de Bordeaux GG 845.

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Liminaire La préparation de ce recueil a occupé plus de cinquante années de ma vie. J’en ai conçu le projet au mois d’août 1961 lors d’une tournée d’exploration à Bordeaux et dans l’Aquitaine que m’avait confiée le regretté Bernhard Blumenkranz. Les relevés in situ se sont succédé lors de missions du CNRS, de l’Institut des Langues et Civilisations Orientales (grâce au Professeur René-Samuel Sirat), du Centre interdisciplinaire de Recherches et d’Études Juives (CIREJ), URA D-Toulouse, par la suite Centre interdisciplinaire de Recherches et d’Études des Juifs et des Diasporas (CIREJED), Unité Propre de l’Enseignement Supérieur associée au CNRS-ESA 5057), dirigé par Mme Chantal Benayoun à l’Université de Toulouse-Le Mirail, de cours à l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux III (1977 à 1981), de soutenances de thèses et d’habilitation (Jean Cavignac, 1986 et 1988 ; Anne Benard-Oukhémanou 1999), de conférences au Centre Communautaire, Place Charles Gruet, durant la rédaction de Juifs et judaïsme à Bordeaux publié en 2003 chez Denis Mollat sur une idée du Docteur Alexis Banayan alors Président du Consistoire Israélite. Ma collègue et savante amie Béatrice Leroy, professeur à l’Université de Bordeaux puis de Pau a réalisé à mon intention nombre de relevés d’inscriptions et de photographies : une large portion de cet épitaphier lui appartient de droit. À cet égard j’ai plaisir à invoquer l’émouvant témoignage de notre collègue et ami commun Philippe Loupès : C’est à Bordeaux que nous avons fait parallèlement nos premières armes d’assistant. Déjà férue d’hispanisme et passionnée par les juifs portugais, elle m’avait entraîné dans le vieux cimetière israélite désaffecté du cours de la Marne où elle avait déjà ses entrées, preuve indubitable de reconnaissance scientifique. Là, maniant la pioche avec une ardeur et un enthousiasme que nous lui connaissions bien, elle avait dégagé, sous mes yeux ébahis, des dalles funéraires aux inscriptions intactes, miraculeusement protégées par la couche de terre accumulée consécutivement à un long abandon. Quelques jours plus tard, je recevais un lot de clichés que j’ai précieusement conservés. Toute la démarche de Béatrice Leroy, chercheur, est contenue dans cette anecdote : dynamisme fougueux, démarche scientifique, sens du partage. En se passionnant pour cet ancien cimetière israélite qui, avec sa végétation envahissante et ses tombes de rabbins à la forme si caractéristique, est un des sites méconnus les plus poétiques de Bordeaux, Béatrice Leroy s’inscrivait dans la droite lignée de Georges Cirot, pionnier de l’hispanisme français qui, en son temps, s’était passionné pour les juifs portugais de Bordeaux 19.

19. Ph. loupèS, « Aux origines de l’hispanisme français : Georges Cirot et Le Bulletin hispanique », dans J.-P. Barraqué, V. lamazou-duplaN (éd.), Minorités juives, littérature politique en péninsule ibérique, France et Italie au Moyen Âge. Études offertes à Béatrice Leroy, préface de M. zimmermaNN, Biarritz 2006, p. 511-522. Dans sa brillante synthèse parue en 1986, L’aventure séfarade de la péninsule ibérique à la diaspora (éd. 1991, p. 123, trad. allemande p. 129), Béatrice Leroy caractérisait par sa langue, son onomastique, son

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Liminaire Une intervention du Président Pierre Mendes France a rendu possible un premier dégagement intégral du champ de repos envahi par la végétation. À cette occasion, les travaux avaient été effectués par la municipalité de Bordeaux sur l’impulsion de M. Gilbert Leroi et sous le contrôle de M. Claude Maman, Grand rabbin du Consistoire Israélite de la Gironde. Sur le chantier même m’ont aidé Marcel et Emmanuel Dayan, Francis Étesse et Peter Brampton Koelle. À Bordeaux encore Erick Aouizerate, Président du Consistoire Israélite de la Gironde, Michel Benezech, Délie Muller m’ont assisté de leurs conseils et de leur savoir, Joan et Michel Mendes-France de leur intérêt et de leur amitié. Je dois à Meir Tangi l’accès au logiciel de Frank Yellin, longtemps unique outil ouvrant sur Mac une concordance des calendriers A.M. et A.D. Pour la quête de minutes notariales aux Archives départementales, je remercie tout particulièrement Agnès Vatican et Pierre Massé ainsi que JeanPaul Léon, ce dernier, tant pour son aide à Bordeaux que pour son excellent mémoire en vue de l’obtention du diplôme de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales Autour de quelques familles juives de Bordeaux (1700-1770) dirigé en 2005 par mon collègue et ami Maurice Kriegel. À Evelyne OlielGrausz et plus récemment à Nimrod Gaatone, à Philippe Pierret, à Anne Zink, je dois des échanges fructueux et amicaux. Que Dominique Bourgues pour Les attitudes des Juifs de Bordeaux devant la mort (l745-l786) à travers les clauses des testaments (Maîtrise d’histoire, Paris X Nanterre l978) et Caroline Dargelos pour son édition du « Thesoro de los circunsidados de Jacob de Mezas, l706-l742 » (Mémoire de Maîtrise, Université de Bordeaux III, l985) trouvent dans cet épitaphier un hommage rendu à leurs travaux pionniers. L’Institute for Advanced Studies de l’Université Hébraïque de Jérusalem qui m’a invité en 1981 a bien voulu acquérir à mon intention les microfilms de l’État-civil ancien des juifs de Bordeaux et notamment le Registre des morts de la Nation portugaise de la ville de Bordeaux (Archives Municipales GG 845) omniprésent dans les notices. Pour les problèmes linguistiques posés par nombre d’épitaphes, les professeurs Moshe Bar-Asher et Jacob Bentolila m’ont éclairé au cours de passionnants entretiens au fil des jours. M’ont beaucoup aidé, lors d’échanges de vive voix ou par email, Philippe Pierret à Bruxelles, Rachel Frankel à New York, Georges Dalmeyda à Bayonne, Gilbert Léon et Henri Sansy à Bordeaux et – in situ en dépit du froid – Jean-Pierre Illouz qui réalisa à mon intention les photographies les plus attendues, les plus authentiques. La mise au point des notices à partir de mes fiches et leur croisement avec Le Registre des Délibérations de la Nation juive Portugaise de Bordeaux l7l0-l787 édité par Simon Schwarzfuchs (Fondation Calouste Gulbenkian, Centre Culturel portugais, Paris l98l) et

temps « le cimetière sefarade de Bordeaux (acheté dans le quartier Saint-Jean par David Gradis) ».

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Liminaire un premier Index ont été effectués par Marie-Ignez Correia de Novaes avec l’appui de Geneviève Chazelas dans le cadre de l’Unité propre de recherche AO 208 « Nouvelle Gallia Judaica » du CNRS, aujourd’hui intégrée au Laboratoire d’études sur les monothéismes (LEM), UMR 8584-CNRS-EPHEParis 4-Université de Saint-Étienne. Daniel Tollet a accueilli dans son volume La mort et ses représentations dans le judaïsme, Actes du Colloque organisé par le Centre d’études juives de l’Université de Paris IV-Sorbonne en décembre 1989 (Paris 2000, p. 243-272), un prélude à ce corpus avec transcriptions de nombre d’épitaphes intitulé « Un espace religieux du xviiie siècle : le premier cimetière des « Portugais » de Bordeaux, 105 cours de la Marne 1724-1768 ». Des relevés postérieurs à cet article ont motivé le choix d’une numérotation neuve : l’index des personnes inhumées situé à la fin de cet ouvrage, permettra de les retrouver. La « Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences religieuses » a attendu avec patience la livraison de ce livre depuis trop longtemps annoncé : je lui exprime ma vive reconnaissance et particulièrement à Arnaud Sérandour, son directeur, à mon ami et collègue Jean-Robert Armogathe, à Laurent Garrigues pour ses conseils techniques, à Gilbert Dahan pour l’hebraica veritas. Cécile Guivarch et Anna Waide ont procédé à la mise au point définitive, attentives à la précision, à l’élégance des textes et des figures, à mes attentes : puissent-elles trouver ici l’expression de ma gratitude émue.

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CHAPITRE I

DE LA GENTE DE NAÇÃO À LA NATION PORTUGAISE L’acte notarié du 19 novembre 1728 consignant la cession finale du cimetière à David Gradis indique que la vente a été consentie à « la communauté de la Nation portugaise ». Il s’agit du « corps » auquel renvoie Le Registre des délibérations de la Nation portugaise depuis le 11 may 1710, Tiré des Anciens livres pour servir au besoin, lequel Registre servira pour y coucher toutes celles qui seront passées à l’avenir dans le corps, commencé du sindicat de sieur David Lameyra le 1er juin 1753. Le corps s’identifiant luimême « Nation portugaise » assume cette dénomination en toute clarté et en toute légitimité car l’expression peut se réclamer d’un emploi administratif de près de deux siècles. En effet, dès le 11 novembre 1574, la « Nation portugaise » figure explicitement dans les Lettres Patentes rendues en sa faveur par Henri III 1. Par « nation » on entend ici avec Littré « tous ceux d’une même nation qui vivent en pays étranger ». Dans le terme nation, les Portugais de Bordeaux entendent sans doute au surplus leur désignation au Portugal où Gente de nação signifie tout uniment juifs convertis 2. Notre enquête concerne un cimetière portugais. Or, comme le remarquait déjà Georges Cirot, « le portugais devait être peu parlé parmi les juifs de Bordeaux au xviiie siècle, puisque sur plus de trois cents inscriptions relevées au cimetière du cours Saint-Jean [le nôtre] nous n’en trouvons que deux qui soient rédigées en cette langue » 3. En fait la quasi-totalité des épitaphes comporte exclusivement de l’espagnol, en y joignant parfois de l’hébreu. Le Registre des Délibérations compile longtemps en espagnol les séances de la Nation. S’il passe au français dans le courant du siècle, il lui arrive de revenir à l’espagnol mais jamais au portugais.

1. 2. 3.

Registre conservé aux Archives départementales de la Gironde dans la série J et publié par S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 28 ; G. NahoN, Les « Nations juives portugaises, p. 28. Le Littré, le Dictionnaire de référence de la langue française, Cl. Blum (dir.), Paris 2007, t. XIII, p. 97, col. gauche ; D. de a zevedo, Grande Dicionário Português-Francês, 4e éd., s. d., Paris-Lisbonne, p. 948. G. cirot, Recherches, p. 125.

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Épigraphie et sotériologie Sur le plan linguistique tout au moins, les ressortissants de la Nation portugaise seraient davantage des Espagnols que des Portugais, en dépit de l’identité revendiquée par eux-mêmes et adoptée depuis des temps éloignés tant par l’environnement que par les pouvoir publics. Cette dualité identitaire des « Portugais » transpire dans les textes royaux dès le xvie siècle. L’expression « Les Espaignols et Portugais » apparaît à neuf reprises dans la « Sauvegarde octroyée par le roi aux Espaignols et Portugais de la ville de Bourdeaux » rendue le 11 novembre 1574 par Henri III. Par la suite, à l’exception de l’ordonnance royale du 15 juillet 1728 qui affecte de ne connaître que « la Nation Juive dans la ville de Bordeaux », les textes royaux oublient la qualité d’espagnol jusqu’à sa résurgence dans les Lettres Patentes de Louis XVI de juin 1776. On y retrouve « Les Juifs espagnols & portugais connus sous le nom de marchands portugais et de nouveaux chrétiens ». Enfin le décret de l’Assemblée Nationale du 28 janvier 1790 porte « que les Juifs, connus en France sous le nom de Juifs Portugais, Espagnols et Avignonnais, y jouiront des droits de citoyens actifs » 4. La qualité d’Espagnols se serait bien estompée dans l’usage officiel entre le xvie et le xviiie siècle. Mais sa réapparition atteste la persistance d’un élément espagnol ancien voire prédominant au sein de la Nation portugaise. Le phénomène tranche sur la réalité linguistique et ethnique de la diaspora des juifs portugais aussi bien en Europe que dans le Nouveau Monde. La langue portugaise l’emporte partout dans les registres de délibérations, dans les correspondances, dans l’épigraphie funéraire à Amsterdam, à Hambourg, à Londres, à Curaçao, à La Jamaïque, à New York, au Surinam. Ces grandes communautés usent du portugais comme langue vernaculaire. Herman Prins Salomon reconnaît que l’une des principales composantes de l’identité des « Nouveaux Juifs » était la langue portugaise. Il remarque aussi que dans les communautés séfarades françaises, « pour des raisons trop compliquées à exposer, l’espagnol l’emportait sur le portugais » 5. La spécificité espagnole des Portugais de Bordeaux, spécificité à laquelle participent les autres communautés portugaises de la France et particulièrement Bayonne, Bidache, Labastide-Clairence, Marseille, Peyrehorade, Rouen, requiert une explication.

4. 5.

20

G. NahoN, Les « Nations juives portugaises », doc. X (1574), p. 29-31, doc. XIII (1728), p. 39-41, doc. XIV p. 41-44, doc. XV p. 45-46. Cf. I.-S. emmaNuel, « El português en la sinagoga ‘ Mikve Israel’ de Curaçao », Tesoro de los Judíos séfardies vol. I (1959), p. XXV-XXXI ; « One of the principal components of the ‘New Jews’ identity was the Portuguese language » et « In French Sephardic congregations, for reasons too complex to set out in this note, Spanish gained the upper hand over Portuguese » ; H. P. SalomoN, « K.K. Shearith Israel’s First Language : Portuguese », Tradition 30/1 (1995), p. 74-84, voir p. 83 et n. 6.

De la gente de Nação à la nation portugaise Nous proposons une hypothèse tenant compte de la prégnance espagnole continue d’une part, de l’initiative originelle portugaise d’autre part, de l’ascendant portugais au xviie siècle et au xviiie siècle enfin. Certes nous connaissons mal les premières immigrations des nouveaux chrétiens en France avant les Lettres patentes accordées par Henri II en 1550. Expulsés d’Espagne en 1492 ou fuyant la conversion forcée en Portugal en 1497 ou encore l’expulsion suivie de conversion collective en Navarre en 1498, les juifs espagnols ont implanté, les premiers dans le Sud-Ouest de la France, une tradition espagnole, spécialement sur le mode linguistique et religieux. Plus tard, l’instauration de l’Inquisition portugaise en 1536 entraîne un courant continu d’émigration du royaume de juifs convertis dont beaucoup venus d’Espagne en 1492. Même si, plus fortunés parfois, plus au fait des rouages des pouvoirs, les nouveaux venus portugais mènent désormais la barque de la « Nation » et négocient avec l’administration royale, ils s’intègrent dans des communautés espagnoles consolidées. Ils adoptent – ou reprennent – la langue espagnole. Conforte cette hypothèse le récitatif espagnol de la prière du matin en la maison de Diego Rodriguez Cardoso faisant office de synagogue à Bayonne, fidèlement rapportée devant le Saint-Office de Tolède le 23 novembre 1661 par Diego Nuñez Silva. Le 9 février 1776 Jorje Medina Cardoso fournit à l’Inquisition de Tolède une relation espagnole inédite des « matines » bayonnaises 6. La littérature religieuse circulant sous forme de manuscrits et parfois d’imprimés à travers ces nations portugaises use de la langue espagnole. António Enríquez Gómez offre de cette littérature l’exemple le plus représentatif d’une production foisonnante en espagnol. Curieusement une légende de son portrait dans ses Academias morales de las Musas imprimées à Bordeaux en 1642 chez P. de la Court déclare : A Gallis habuit tua Portugallia nomen Clarum a te, Gomes Gallia nomen habet

Entend-il ainsi se revendiquer un portugais qu’il n’est point ? Il est vrai que dans un autre exemplaire des Academias, le même portrait surmonte une autre légende :

6.

Pour la conversion survenue en Navarre, cf. B. R. Gampel, The Last Jews on Iberian Soil, Navarrese Jewry 1479-1498, Berkeley-Los Angeles-Oxford 1989, p. 132-133. Pour la prière à Bayonne, Madrid, Archivo Histórico Nacional, Inquisition de Tolède, leg. 177, n° 703, 11, cf. J. caro BaroJa, Los Judios en la España moderna y contemporanea, t. II, p. 151, éd. de la déposition t. III § XXXVI p. 377-379 ; déposition de 1776, AHN, Inq. Tolède leg. 183, n° [barré] 769, éd. dans M. eScamilla et G. NahoN « Matines juives à Bayonne au xviie siècle au filtre du Saint-Office », dans M. del BiaNco, M. maSSeNzio, R. di SeGNi (dir.), Festschrift in onore del Professor Pier Cesare Ioly Zorattini, Florence 2014 (Storia dell’Ebraismo in Italia. Studi e testi, vol. 30), p. 295-343.

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Épigraphie et sotériologie Incumbit capiti Cœlo dimissa Corona Non alia uates Cingit Apollo suos 7.

Des expulsions de 1492 et de 1496 aux conversions de 1497 et de 1498 L’expulsion des juifs décrétée à Grenade le 31 mars 1492 par Isabelle la Catholique et Ferdinand d’Aragon détermine le départ des juifs se refusant à accepter le baptême. Dans des conditions pénibles, les familles s’embarquent de plusieurs ports espagnols en vue de rejoindre l’Italie, l’Afrique du Nord, l’Empire ottoman. D’autres passent, moyennant finance, dans le royaume limitrophe du Portugal. D’autres choisissent-ils de venir en France d’où les juifs ont été expulsés pour la dernière fois en 1394 ? Dans les semaines qui suivent la sortie des juifs d’Espagne, cent dix-huit d’entre eux en provenance de l’Aragon débarquent à Marseille : le capitaine d’un galion de Nice, Bartholomée Iaufredi les avait capturés en mer. Afin de payer leur rançon, la communauté juive de Marseille contracte le 21 août 1492 un emprunt de 1 500 écus. On ne sait ce qu’il en advint par la suite. Le contingent accueilli en Portugal par contre comprendrait quelque cent mille âmes. Même si cette estimation a été contestée, il reste qu’un fort élément espagnol se superpose à une population juive ancienne du Portugal. Emmanuel le Fortuné doit se résoudre à son corps défendant à purger son royaume de sa population juive afin d’épouser l’infante d’Espagne. Il rend à Muga le 16 décembre 1496 un édit d’expulsion des Juifs du Portugal. Mais à la différence de qui advint en Espagne, les obstacles s’accumulèrent pour empêcher la mise en œuvre de cette expulsion. Des manœuvres brutales d’intimidation entreprirent de contraindre les juifs à accepter le baptême. En avril 1497 le dimanche de Pâques le roi ordonna d’enlever les enfants des familles juives, de les répartir dans plusieurs localités, de les livrer à des familles chrétiennes. Le roi assigna ensuite aux plus obstinés des juifs trois ports d’embarquement pour les réduire au seul port de Lisbonne. Rendus à Lisbonne en octobre 1497, les plus entêtés furent parqués

7.

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A. eNríquez Gómez, El siglo pitagórico y Vida de Don Gregorio Guadaña, éd. critique avec introd. et notes Ch. amiel, Paris 1977, Pl. I ; T. oelmaN, Marrano Poets of the Seventeenth Century. An Anthology of the Poetry of João Pinto Delgado, António Enríquez Gómez and Miguel de Barrios, Londres-Toronto 1982, p. 137. Sur l’illustre poète, d’une abondante bibliographie détachons I.-S. révah, António Enríquez Gómez, un écrivain marrane (1600-1663), éd. établie, présentée et annotée par C. L. Wilke, trad. des sources espagnoles M. eScamilla-coliN et B. pérez, préf. G. NahoN, Paris 2003, et le récent ouvrage de K. BroWN, De la cárcel inquisitorial a la sinagoga de Amsterdam (edición y estudio del « Romance a Lope de Vera », de António Enríquez Gómez), Tolède 2007.

De la gente de Nação à la nation portugaise dans un entrepôt appelé les États, baptisés en masse et déclarés chrétiens. Un nombre infime de juifs quitta le Portugal, la quasi-totalité des Portugais et des Espagnols resta en Portugal en tant que Nouveaux Chrétiens 8. Cet énorme élément converti bénéficie en principe d’une sauvegarde royale du 30 mai 1497 qui le met à l’abri de toute poursuite pour fait de religion. Les plus fortunés d’entre ces convertis constituent l’ossature d’une bourgeoisie marchande. Des phénomènes de défiance, de rejet, de violences s’exercent à leur encontre. L’hostilité culmine avec un massacre de Nouveaux Chrétiens survenu à Lisbonne en 1506. À tort ou à raison l’opinion se convainc que la Gente de nação, les juifs convertis, conservent en secret leurs pratiques juives. On réclame des tribunaux d’inquisition pour les traquer et les juger. Des tractations s’engagent auprès de l’administration pontificale à Rome : la couronne portugaise s’affaire pour obtenir une inquisition nationale, des délégués des Nouveaux Chrétiens négocient en sens contraire. En 1536 le pape crée l’Inquisition portugaise qui désormais engage avec des méthodes efficaces le combat contre les Nouveaux Chrétiens soupçonnés de judaïser. Face aux arrestations, la seule parade possible reste l’évasion du royaume. Avec des pics et des accalmies, l’émigration des juifs portugais convertis et des Espagnols les ayant rejoints en 1492 se poursuivra pendant près de trois siècles 9. Les « derniers juifs sur le sol ibérique », ceux du royaume de Navarre – quelque 3 500 contribuables – bénéficient d’un répit. Selon le chroniqueur espagnol Bernáldez et le chroniqueur hébreu Joseph Ha Cohen, ils peuvent même se payer le luxe d’accueillir parmi eux des expulsés de Castille et d’Aragon. Au début de 1498 le roi Jean et la reine Catherine rendent à leur tour un décret d’expulsion, sous l’impulsion des souverains de Castille et d’Aragon. Hormis quelques familles qui parviennent à fuir la Navarre, les juifs de Navarre n’ont d’autre choix que de subir le baptême dans des conditions locales que des travaux récents ont mis en lumière. On pourrait admettre une certaine osmose de juifs convertis depuis du royaume de Navarre jusqu’à la

8.

9.

Bibliographie d’une richesse extrême sur l’expulsion des juifs d’Espagne, spécialement depuis les célébrations du cinquième centenaire en 1992, cf. B. leroy, L’expulsion des Juifs d’Espagne, préf. P. chauNu, Paris 1990. Pour l’épisode marseillais, cf. I. loeB, « Un convoi d’exilés d’Espagne à Marseille en 1492 », Revue des Études juives 9 (1884), p. 66-76, A. H. freimaN, « Un document concernant la rançon des captifs dans la France méridionale au xve siècle », Kobetz al-Yad VI (1966), p. 248-254 ; J. Shatzmiller, « La solidarité juive au Moyen-Age et ses limites : histoire et contre-histoire », dans P. tucoo-chala (dir.), Minorités et marginaux en Espagne et dans le midi de la France (viie-xviiie siècles) Actes du colloque de Pau, 27-29 mai 1984, Paris 1986, p. 412-427. Pour les évènements survenus au Portugal, cf. J. L. de azevedo, História dos Cristãos Novos Portugueses, Lisbonne 1975 p. 25-85, et l’ouvrage récent de C.-L. Wilke, Histoire des Juifs Portugais, Paris 2007, p. 65-76.

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Épigraphie et sotériologie Basse Navarre réunie au royaume de France : elle contribuerait à expliquer l’hispanisme des juifs portugais fixés dans le Sud-Ouest de la France au xvie et au xviie siècles 10. Espagnols expulsés et venus directement en France en 1492, espagnols immigrés après une brève escale au Portugal, espagnols réfugiés en Navarre ou ressortissants de la Navarre façonnent donc l’entité qui deviendra la Nation portugaise, chronologiquement la première de la diaspora portugaise d’Occident. L’inquisition portugaise et l’émigration continue des Nouveaux Chrétiens En avril ou mai 1531 le roi João III charge son envoyé à Rome, Vaz Neto, de solliciter de Clément VII une bulle papale lui octroyant les mêmes pouvoirs que ceux de l’Inquisition de Castille. Le 17 décembre 1531 le frère minime Frei Diogo de Silva est nommé Grand Inquisiteur. Cependant un délégué des Nouveaux Chrétiens portugais Duarte de Paz s’affaire auprès de la chancellerie romaine et les choses traînent en longueur. Finalement le 23 mai 1536 le pape Paul III signe la bulle Cum ad nihil magis instaurant le Saint-Office portugais et nommant trois inquisiteurs généraux, les évêques de Coimbra, de Lamego et de Ceuta. La bulle pontificale est publiée à Evora le 22 octobre 1536 en présence du roi, de l’Infant Don Henrique et du Grand Inquisiteur. Trois tribunaux, à Evora, à Coimbra et à Lisbonne, fonctionnent à plein, sollicitant les dénonciations, procédant aux arrestations, instruisant des procès, célébrant des autodafés. Ils s’ajoutent aux treize tribunaux du Saint-Office espagnol, Barcelone, Cordoue, Cuenca, Grenade, Logrono, Llerena, Madrid, SaintJacques, Séville, Tolède, Valladolid, Saragosse et Palma de Majorque. Les premiers autodafés sont célébrés à Lisbonne les 20 septembre et 23 octobre 1540. Entre 1548 et 1563, mille trois cent trente-huit personnes paraissent aux autodafés et cinquante-huit sont exécutées. D’Evora étaient originaires deux cent quarante-sept : dix-huit des condamnés perdent la vie. Lorsqu’en 1580 le Portugal est réuni à l’Espagne, des Portugais immigrent en Espagne, certains y voient leurs affaires prospérer. L’Inquisition espagnole entreprend de les réduire. À l’autodafé célébré à Séville en 1595 paraissent quatre-vingt-quinze judaïsants, presque tous d’origine portugaise 11.

10. B. R. Gampel, The Last Jews on Iberian Soil. Navarrese Jewry 1479/1498, University of California Press, Berkeley-Los Angeles-Oxford 1989, p. 128 : l’acte d’expulsion – aujourd’hui perdu – aurait été rendu par les souverains au début de l’année 1498. 11. Exposé précis et concis sur la création de l’Inquisition portugaise, cf. F. BetheNcourt, L’Inquisition à l’époque moderne. Espagne, Portugal, Italie xve-xixe siècles, Paris 1995, p. 25-28.

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De la gente de Nação à la nation portugaise Face à la persécution, les Nouveaux Chrétiens émigrent depuis le Portugal, plus directement depuis l’Espagne ; ils remontent vers le nord de l’Europe. Le 20 janvier 1545 Charles Quint enjoint au Conseil d’Utrecht de faire sortir les Nouveaux Chrétiens arrivés dans leur province. Vit alors à Anvers le banquier nouveau chrétien lisboète Francisco Mendez qui avait financé la mission à Rome de Duarte de Paz. L’émigration du Portugal, d’abord dirigée vers la France, les Pays Bas, les états allemands et surtout Hambourg, s’étendra vers Amsterdam, vers Londres, vers les établissements espagnols, portugais, hollandais et anglais du Nouveau Monde. Alors que l’émigration consécutive à l’expulsion d’Espagne visait majoritairement l’Empire ottoman, celle du Portugal visait l’Occident sans exclure pourtant tout à fait les contrées « espagnoles » de l’Orient. Des communautés portugaises se constituent ainsi à Smyrne, à Salonique, à Safed et dans les colonies portugaises de Goa. À la différence géographique se superpose la différence temporelle : la diaspora espagnole s’effectue dans le court terme tandis que la diaspora portugaise s’étale dans la longue durée 12. Les « marchands portugais » en France et les Lettres Patentes L’historiographie juive privilégie Amsterdam comme havre de grâce des Nouveaux Chrétiens portugais : son rang dans l’économie, sa production littéraire, la philosophie de Spinoza lui assurent une visibilité sans égale. À la province portugaise de la France, moins brillante, quasi ignorée, elle n’accorde qu’une portion congrue. Cependant, géographiquement et chronologiquement, son antériorité ne laisse aucune place au doute. Par voie terrestre ou maritime, les émigrés d’Espagne et du Portugal passent en tout premier lieu dans le royaume de France. De cette antériorité, Amsterdam fournira une preuve a posteriori. En 1615, la Nation juive d’Amsterdam établit une pieuse confrérie pour doter les orphelines et les jeunes filles pauvres. L’aire géographique de l’action de la Santa Companha s’étend de Dantzig à Saint-Jeande-Luz. En vue de recueillir davantage d’adhérents et de cotisations et de faciliter la constitution des dossiers de candidatures des postulantes, la direction de la confrérie nomme le 7 octobre 1615 des correspondants dans plusieurs foyers de la diaspora portugaise de l’Europe. Cette diaspora comprend

12. J. L. de a zevedo, História, p. 84-95. Parmi les travaux sur les Portugais à Anvers, citons A. de leoNe leoNi, The Hebrew Portuguese Nations in Antwerp and London at the time of Charles V and Henry VIII. New Documents and Interpretations, Jersey City 2004 qui contient une série de documents inédits en français sur les Nouveaux Chrétiens. Excellente perspective d’ensemble avec bibliographie dans Y. k aplaN, The Western Sephardi Diaspora, Ministère de la Défense, Tel Aviv 1994 [en hébreu] et id., art. « Diaspora », dans L. L. muczNik, J. A. E. S. tavim, E. muczNik, E. E. de a zevedo mea (dir.), Dicionário do Judaísmo português, Queluz de Baixo 2009, p. 192-26.

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Épigraphie et sotériologie essentiellement – si l’on excepte Hambourg – les communautés françaises. De la sorte, le champ d’action sociale de la confrérie à l’étranger concernait-il en premier chef la France : le Sud-Ouest avec un correspondant à Saint-Jeande-Luz, le père d’Éliau Valverde et un autre à Bordeaux, António Mendès, la Bretagne avec un correspondant à Nantes, Manuel Rodrigues Espinoza – un grand-oncle de Spinoza du côté maternel – la Normandie avec un correspondant à Rouen, António de Caceres, à Paris enfin avec son correspondant, António Pereira. Comme Miriam Bodian l’a montré, la majorité des bénéficiaires des dots hors d’Amsterdam vivent avec leurs proches dans les communautés portugaises de Bayonne, Bordeaux, Labastide-Clairence, Rouen 13. L’immigration espagnole puis portugaise en Europe secrète un système d’ensemble visant à obtenir des garanties politiques. À cette fin l’une et l’autre choisissent des mandataires pourvus de moyens qui négocient avec les chancelleries l’octroi de chartes écrites. Ainsi en usent les Espagnols avec le duché de Ferrare dès 1493. Leur succès majeur reste la Livornina, un corps de droits fondateurs de la communauté portugaise de Livourne octroyé le 15 juin 1593 par Ferdinand de Médicis, Grand duc de Toscane 14. Dans cette foulée, le modèle français précède tous les autres privilèges portugais. Dans un premier temps, des individus fortunés sollicitent des Lettres Patentes permettant à eux-mêmes et à leurs familles de vivre et de négocier dans le royaume. Dans un deuxième temps, ils négocient avec la couronne de France qui leur octroie à titre collectif des « Lettres de Naturalités et dispenses pour les Portugais appelés Nouveaux Chrétiens ». Ces Lettres, renouvelées et enrichies de règne en règne, garantissent leur statut en France jusqu’à la Révolution. Les Lettres Patentes rendues à Saint-Germain-en-Laye par Henri II en 1550 reprenant sans doute un texte préparé par les délégués des Nouveaux Chrétiens, énumèrent avec minutie les droits accordés, prévoyant même l’éventualité d’une expulsion. Afin d’assurer leur bonne exécution, ces

13. M. BodiaN, « The Portuguese Dowry societies in Venice and Amsterdam. A case study in communal differentiation within the Marrano Diaspora », Italia 6/1-2 (1987), p. 30-61, en part. p. 43, p. 59, n. 70. Le premier registre de la Santa Companha consigne la liste des correspondants français de la confrérie, Amsterdam Stadsarchief, PA, 334, 1141 f° 26, cf. I.-S. révah, « Le premier règlement imprimé de la “Santa Companha de dotar orfans e donzelas pobres” », Boletim internacional de bibliografia luso-brasileira 4 (1963), p. 650691, particulièrement p. 660-661. Sur la Companha on dispose maintenant de la thèse de M. BodiaN, « The ‘Santa Companha de dotar Orfans e doncelas pobres’ in Amsterdam 1615-1636 », Jérusalem 1988 (en hébreu) et de son livre Hebrews of the Portuguese Nation. Conversos and Community in Early Modern Amsterdam, Bloomington 1997, sur les filles françaises et Dotar, cf. p. 140-142. 14. G. GuarNieri, Livorno medicea : nel quadro delle sue attrezzature portuali e della funzione economica-marittima, Dalla fondazione civica alla fine della dinastia medicea, 1577-1737, Giardini, Livourne-Pise 1970, p. 47-80, et publication de la charte (Archives de l’État de Florence, Archivio Lorenese, Reggenza n° 650 f° 7 a), p. 261-268) ; cf. A. milaNo « La costituzione ‘Livornina’ del 1593 », Rassegna Mensile di Israel, 34/6 (1968), p. 394-390.

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De la gente de Nação à la nation portugaise textes rendus par le pouvoir royal sont soumis pour enregistrement aux Parlements et aux Cours dont ressortissent les villes et singulièrement au Parlement de Bordeaux. On apprend à cette occasion que François de Castro et Louys de Berga et vingt-trois impétrants les font enregistrer au Trésor des Chartes moyennant un versement de cent quinze écus d’or. Par ailleurs, sur la requête de l’espagnol Diego Mendes Dias et du portugais Simon Meyra, le Parlement de Bordeaux enregistre le 19 avril 1580, les Lettres Patentes de 1550 et la sauvegarde d’Henri III du 11 novembre 1574 15. La Nation portugaise Théophile Malvezin procure une préhistoire à la Nation portugaise de Bordeaux. Il compile à cet effet une liste d’illustres familles espagnoles et portugaises implantées à Bordeaux antérieurement à 1492, dont les frères Govea ainsi que des ascendants et alliés de Michel de Montaigne, familles qu’il range comme juives sans autre forme de procès. Il admet pourtant qu’il serait « difficile […] de fournir une preuve écrite, un document certain et authentique, démontrant que tel réfugié portugais ou espagnol, au commencement du seizième siècle, était réellement un juif » 16. Forte de ces Lettres Patentes, la Nation portugaise, à Bordeaux, à Bayonne, à Peyrehorade et dans d’autres localités regroupe marchands et négociants, élit ses syndics, assiste ses pauvres, acquiert des emplacements, voire un cimetière particulier pour inhumer ses défunts. À cet égard pourtant, la Nation juive bordelaise accuse un retard manifeste sur les communautés sœurs des Pyrénées et des Landes : alors que ces dernières disposent déjà de leurs cimetières propres au commencement du xviie siècle, elle ne parvient à cette autonomie funéraire qu’au xviiie siècle 17. Le crypto judaïsme des paroisses La façade catholique La mansuétude relative de l’administration royale quant au mode de vie des Portugais dépend de leur prudence en matière de religion. Juifs clandestins ou tièdes catholiques, ils présentent une façade catholique. Ils s’acquittent de

15. Enregistrement au Trésor des Chartes, Archives Nationales JJ 260 f° 150 et 151 n° 239, au Parlement de Bordeaux, Archives départementales de la Gironde 1 B 13 f° 181 v° et 182 r°. 16. Th. malveziN, Histoire des Juifs à Bordeaux, Bordeaux l875 (réimp. Marseille 1976), p. 105. 17. Sur les cimetières cf. H. leoN, Histoire des Juifs de Bayonne, Paris l893, p. 193-218 ; réimp. Marseille l976, Bayonne 1987 ; G. NahoN, « Inscriptions funéraires hébraïques et juives à Bidache, Labastide-Clairence (Basses Pyrénées) et Peyrehorade (Landes). Rapport de mission », Revue des Études juives CXXVII (l968), p. 223-252 et p. 347-365 ; CXXVIII (l969), p. 349-375 ; CXXX (l97l) p. l95-230.

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Épigraphie et sotériologie leurs devoirs religieux, assistent aux messes, célèbrent leurs mariages à Bordeaux dans les églises des paroisses Sainte-Eulalie, Saint-Éloi, Saint-Projet et Saint-Michel, présentent leurs enfants au baptême, déclarent leurs décès aux curés. Si nous manquons d’attestation écrite pour le xvie siècle, il appert des registres paroissiaux postérieurs que cette situation perdure au xviie siècle. À titre d’exemple transcrivons ici l’enregistrement d’un mariage célébré à Saint-Projet : Le vingt troisième du mois d’octobre de l’année 1668 j’ay imparti la bénédiction nuptiale, après avoir observé les ordres de l’Église et les règlements du diocèse, au sieur Anthoine Lopès du Pas, bourgeois et marchand de Bourdeaux, natif de la ville de Madrid, capitale du royaume des Espagnes, faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine… et damoiselle Claire Gomes, fille naturelle et légitime de Diego Lopes Crespo et Ysabeau Gomes, ses père et mère natifve de la dicte ville de Madrid dans les Espagnes, faisant aussi profession de la relligion catholique.

Un autre mariage, à Saint-Éloi en 1672 entre Melchior de Gama et Catherine Mendes, fait état d’une dispense de solennité des fiançailles de la publication des bans, délivrée par l’archevêque de Bordeaux. Le 15 septembre 1722 encore, à Sainte-Eulalie cette fois, lors du mariage d’Antoine du Campo bourgeois et marchand portugais avec Marie Lameyra, le registre mentionne « les fiançailles et proclamation des trois bans du futur mariage faite au prône des messes paroissiales les 6e 8e l3e septembre, mois courant ». Pourtant quelques semaines plus tard, le 2 novembre 1722, dans la même église, un formulaire similaire laisse pointer le bout de l’oreille de conjoints onomastiquement juifs, Abraham Lamego et Rika Lamego. À leur naissance, les parents présentent leurs enfants au curé de l’église Saint-André, Sainte-Eulalie, Saint-Éloi et Saint-Projet ne procédant pas aux baptêmes. On reconnaît ainsi sur les registres en 1682 un Jean, fils légitime de Me François Sylva médecin juré et de Catherine de Salazar damoiselle, parroisse Saint-Michel, parrain Mr Jean de Vignial, secrétaire du Roy, maison et couronne de France, marraine damoiselle Magdelaine de Vignal, en février-avril 1688 une Françoise, fille légitime de Fernandes Lopes et de Marie Cardose, paroisse Sainte-Eulalie, parrain Jean Tricaud, marraine Françoise Loustau, un Jean fils légitime d’Antoine Mendes Delisario et de Françoise Mendes, paroisse Saint Éloy. Les enterrements établissent le catholicisme de façade de nos Portugais : ils dépendent en effet, s’agissant d’enfants, des actes de catholicité accomplis par les défunts ou leurs parents. En 1693 le curé de Saint-Projet inscrit qu’un Emmanuel Sarran « marchand portugais, natif de la ville de Lisbonne, royaume de Portugal, a esté ensevely dans l’église Saint-Projet au-devant de la chapelle de Nostre Dame de Pitié en une sépulture que les ouvriers et moy

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De la gente de Nação à la nation portugaise lui avons donné pour luy seulement ». Un acte limite est transcrit par le curé de Saint-Éloi en 1687 ; « Thomas Mendes portugais, mourut dans les prisons de l’Hôtel de Ville et fut inhumé dans nostre église » 18. Les indices externes et internes de judaïsme La malveillance du pourfendeur de sorcières Pierre de Rostéguy de Lancre, conseiller au Parlement de Bordeaux, s’exerce avec prédilection à l’encontre des Portugais de Bordeaux dont il débusque le judaïsme dans son Incrédulité et mescréance du sortilège pleinement convaincues, au traité VIII des juifs, apostats et athées : « Et si les Juifs sont coupables, ceux-là le sont encore davantage qui, déguisant et falsifiant leur qualité de juifs, se disent chrétiens. Ils tiennent pour article de foi de pouvoir non seulement nier le nom et la qualité de juif, mais faire acte de fidèle chrétien, ouyr la messe, faire prendre le baptesme à leurs enfants, recevoir le saint sacrement et l’eucharistie, pourvu que devant leur rabbin, ils protestent vouloir garder leur foi, dans l’année » 19. Pour certains Portugais, des indices internes révèlent leur judaïsme. Le 4 octobre 1615 on trouve au sein d’une série de baptêmes de nouveau-nés portugais à Saint André celui d’un Grimaud, fils d’Antoine Mendes, marchand portugais et de Philippa [?] Adugos qui a pour parrain et marraine les portugais Jean Ferreira et Domeia Ignes. Nous découvrons par ailleurs que l’heureux papa est à ce moment le délégué à Bordeaux de la Santa Companha de dotar orfas y doncelas pobres de la Nation juive d’Amsterdam 20. Plus délicate apparaît la présomption de judaïsme fondée sur l’appartenance à une famille notoirement juive hors du royaume, surtout lorsqu’il s’agit d’un ecclésiastique. Une minute du notaire Ferrand en 1667 fixe la succession

18. G. cirot, Recherches, p. 154 (1668), p. 155 (1672), p. 170 (1688), p. 171 (1682), p. 104 (1687 et 1693), p. 157-158 (1722). Le couple d’Antoine Mendes Delisario – lecture probablement fautive de Cirot – et Françoise Mendes se rattacherait-il à la dynastie Mendes-Belisario magnifiquement mise en valeur par J. raNStoN, Belisario, Sketches of Character A historical biography of a Jamaican artist, Kingston 2008 ? Le revérend Isaac Mendes Belisario prêchera en 1765 un sermon pénitentiel dans une synagogue bordelaise et Isaac Mendes Belisario sera le peintre du xixe siècle jamaïcain, cf. M. H. SaBle, « Sermon of Penitence preached in Bordeaux in the Synagogue of Sha‘are Rahamim (Gates of Compassion) by R. Ishac Mendes-Belisario », International Sephardic Journal 23/1 (2009), p. 190. 19. P. de roStéGuy de l’aNcre, L’incrédulité et mescréance du sortilège plainement convaincue où il est amplement et curieusement traicté de la vérité ou illusion du sortilège… et d’une infinité d’autres rares et nouveaux subjects…, Paris 1622, cité par Th. malveziN, Histoire des juifs à Bordeaux, p. 119. 20. Th. malveziN, Histoire, p. 125-128, relève une longue série de baptêmes portugais à Bordeaux au commencement du xviie siècle. Pour la nomination d’Antonio Mendes comme délégué à Bordeaux de Dotar, cf. I.-S. révah, « Le premier règlement imprimé de la “Santa Companha de dotar orfans e donzelas pobres” », Boletim internacional de bibliografia luso-brasileira 4 (1963), p. 650-691.

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Épigraphie et sotériologie de feu François Lopés [Suasso], médecin à Bordeaux, époux d’Ysabeau Mendes. Parmi ses dix enfants figurent l’opulent notable de la Nation juive d’Amsterdam Don Antonio Lopes Suasso, né à Bordeaux en 1614, alias Isaac-Israel Suasso à Amsterdam – il mourut à La Haye en 1685 – et Hiérôme Lopès, professeur de théologie et chanoine théologal en l’église Saint André à Bordeaux (1617-1694), auteur de l’ouvrage devenu classique L’Église métropolitaine et primatiale de Bordeaux : de la noblesse, droit, honneurs et prééminence de cette église ; avec l’histoire de ses archevesques, et le pouillé des bénéfices du diocèse, Bordeaux 1668. À son ascendance portugaise, à sa parentèle juive, le savant chanoine joint une sérieuse connaissance de l’hébreu. Il dresse en effet à partir de la bibliothèque d’Arnaud de Pontac, conseiller du roi et premier président du Parlement de Bordeaux le Catalogue particulier des rabbins et livres hébreux dont les titres et argumens ont été traduits et dictés par M. Hiérosme de Lopès, théologal et chanoine de SaintAndré de Bordeaux au mois de novembre 1662 21. Les dénonciations par-devant l’Inquisition livrent un nombre impressionnant d’individus non seulement judaïsant à Bordeaux mais s’efforçant de convaincre des Nouveaux Chrétiens de la vérité de la Loi de Moïse. Le 15 mai 1635 Estevan de Ares de Fonseca dépose devant le tribunal madrilène. Il intercale dans le récit de ses voyages son passage en France Antes se bolvió a España y estuvó en Caragoça y en Pamplona, y alli aviendo tenido noticia que estava en Burdeos un pariente suyo que se llamava el D[octo]r Duarte Enriquez, torno a Bayona y alli topó a Miguel Fernandez de Fonseca Portugues vez[in]° que era entonces de Burdeos y, al presente, ha oydo decir que reside en estos Reynos de España en la ciudad de Cadiz, el qual le llevo consigo a la dicha ciudad de Burdeos y, por el camino, y despues que llegaron a la dicha Ciudad, le fue persuadiendo a que fuese Judío q[ue] dexase la ley de N[uest]ro S[eño]r Jesu Christo y q[ue] pasase a la ley de Moysen que era la verdadera en q[ue] se avia de salvar y no en otra, con lo qual y las persuasiones que le hicieron tambien el dicho D[octo]r Duarte Enriquez difunto y Miguel Gomez Bravo, su hermano y el l[icencia]do Diego Barbosa y Miguel Gomez Vitoria y Manuel de Serra, hermano de Fernando Montesinos que, a la sazon, eran todos vecinos de la dicha ciudad de Burdeos para que siguiese la d[ic]ha ley de Moysen 22.

21. Archives départementales de la Gironde, minute du notaire Ferrand, 1667, p. 1461, cité par Th. malveziN, Histoire, p. 137-138, n. 1 ; le catalogue se trouve à la Bibliothèque municipale, ms 830 f° 742-746 ; portrait sur toile de Jeronimo Lopes à Amsterdams au Joods Historisch Museum, reproduit dans D. SWetSchiNSki, L. SchöNduve, De familie Lopes Suasso financiers van Willem III, The Lopes Suasso family bankers to William III, Amsterdam 1988, p. 73. 22. Procès de Francisco Diaz Mendez Brito, Madrid, AHN, Inquisition de Tolède, leg. 42, n° 184, 6, J. caro BaroJa (éd.), Los Judios, t. III, p. 360.

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De la gente de Nação à la nation portugaise In conspectu mortis Une des charges accumulées contre l’opulent pourvoyeur Juan Nuñez Sarabia lors de son procès inquisitorial en 1638 révèle une particulière attention de l’inculpé en faveur de son père finissant ses jours à Bordeaux : « Habia mandado ir de Holanda a Burdeos a un rabino para que circuncidase a su viejo padre antes de que aquél muriera, dandole grandes cantidades para ello ». Comme nombre de Nouveaux Chrétiens, le vieil homme n’avait pas été circoncis. Pour le salut de son âme simplement, son fils avait-il tenu à lui procurer cette circoncision tardive ? S’agissait-il d’accomplir l’opération afin de mériter une sépulture juive à Bordeaux ? Plus généralement cette motivation rendrait compte des circoncisions très nombreuses pratiquées sur des adultes viniendo de España ou du Portugal, circoncisions consignées dans le Thezoro de los Circuncidados du péritomiste bordelais Jacob de Mezas. À Londres, un règlement exigeait des défunts qu’ils fussent circoncis pour être inhumés avec les rites juifs prescrits dans le cimetière de la Nation. Amsterdam alla jusqu’à priver des honneurs synagogaux les individus non circoncis. En plein xviiie siècle, il arrive que l’on pratique une circoncision sobre la sepultura, « c’est-à-dire sans doute au moment de descendre le corps dans la tombe » 23. Un particulier de la Nation fait-il un testament avec élection de sépulture, on admettrait qu’il a subi la circoncision dans les jours ou les semaines suivant sa venue à Bordeaux. Luis Mendes França fait son testament le 13 mars 1695 : « Premièrement a recommandé et recommande son âme, quand elle partira de son corps, au Dieu éternel, le suppliant de lui voulloir pardonner ses fautes et péchés qu’il a commis en ce monde, mettre et placer son âme au royaume des cieux avec bienheureux, veut et entend le dit sieur testateur que son d[i]t corps soit inhumé dans le couvent des Révérends Pères Cordelliers de la grande observance de la présente Ville, et, pour sa pompe funèbre, s’en remet à la vollonté d’Ester Mendes demoiselle son espouse » 24. Aux deux indices de judaïsme, l’invocation au Dieu éternel et la mention du prénom juif de son épouse, s’ajoute une élection de sépulture d’apparence chrétienne – un couvent – mais nous savons que les Cordeliers mettent à la disposition des juifs une pièce de terre attenant à leur couvent, que la chose est notoire à Bordeaux, que les juifs y gravent sur

23. Procès Sarabia, dans J. caro BaroJa, t. II, p. 75 ; C. darGeloS, « Édition du Thesoro de los circunsidados de Jacob de Mezas 1706-1742 », mémoire de maîtrise, Université de Bordeaux III, l985 ; ordonnance de Londres, L. BarNett, El libro de los Acuerdos, Being the Records and Accompts of the Spanish and Portuguese Synagogue of London from 1663 to 1681, Oxford 1931, p. 23, cf. M. BodiaN, Hebrews, p. 113, sur la circoncision de défunts, cf. G. cirot, p. 177. 24. Archives départementales de la Gironde 3 E 50.851 n° 32. Je dois à Joan Mendès France la découverte, la communication et l’autorisation de publier ce document. J’ai plaisir à lui exprimer ici ma gratitude.

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Épigraphie et sotériologie leurs dalles funéraires les dates selon le calendrier hébraïque. Dom Edmond Martène et Dom Ursin Durand de passage à Bordeaux écrivent dans leur Voyage littéraire de deux Bénédictins de la Congrégation de Saint Maur : « Les Cordeliers ont seuls le droit d’enterrer les juifs, dont on compte environ cent familles dans Bourdeaux, où ils n’ont point de synagogue ni aucune marque qui les distingue. Ils mettent sur les tombes de leurs morts des épitaphes, dans lesquelles ils comptent les années depuis la création du monde » 25.

25. E. martèNe, U. duraNd, Voyage littéraire de deux Bénédictins de la Congrégation de Saint Maur, Paris 1717-1724, 2e partie, p. 8.

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CHAPITRE II

ESPACES FUNÉRAIRES PORTUGAIS À BORDEAUX Le testament de Luis Mendes France fixe un jalon chronologique dans la suite funéraire portugaise. En 1695 déjà, soit plusieurs années avant la visite des deux Pères bénédictins, les juifs de Bordeaux disposent officieusement d’un cimetière propre dans la mouvance du couvent des Cordeliers. On souhaiterait remonter dans le temps afin de déterminer à quel moment fut établi un tel cimetière, première concession de la Nation, afin de savoir où se faisaient antérieurement ses enterrements et quelle manière se célébraient les obsèques de ses défunts. D’autant qu’à l’affirmation péremptoire de nos bons moines : « Les Cordeliers ont seuls le droit d’enterrer les juifs », si tant est qu’elle correspondît à la réalité lors de leur séjour à Bordeaux, les registres paroissiaux apportent leur lot de démentis. Les cimetières antérieurs des Portugais Georges Cirot a dépouillé plusieurs registres paroissiaux afin d’y repérer les décès et autorisations d’inhumer des Portugais. Il découle de ses recherches qu’existèrent au xviie, et même au commencement du xviiie siècle, plusieurs espaces funéraires concédés aux Portugais. À l’hypothèse de l’unicité du cimetière juif dans la perspective bénédictine, il faut donc substituer celle d’une multiplicité. Georges Cirot démontre qu’au xviie siècle, on enterre les Portugais dans des champs de repos analogues à ceux des catholiques : des églises, des cimetières paroissiaux avoisinant des églises, des cimetières appartenant à des couvents. À la question : enterre-t-on indifféremment les Portugais parmi les catholiques, ou dans des « carrés » portugais ? L’historien ne pourra vraiment répondre que s’agissant de la fin du xviie siècle : alors en effet la Nation dispose de cimetières propres, encore qu’appartenant à des couvents. Auparavant, la qualification de portugais sur le registre paroissial ne renvoyait pas nécessairement à un site collectif et séparé. L’inhumation d’un portugais dans une église postule sa catholicité individuelle : par analogie, l’inhumation d’un portugais dans un cimetière paroissial ou conventuel aurait impliqué – tout au moins dans les premiers temps – une même signification.

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Épigraphie et sotériologie Les églises Les églises accueillent, comme celle des catholiques, les dépouilles mortelles des Portugais de qualité tandis que les cimetières, alors non pourvus de clôture et souvent fort mal entretenus, reçoivent celles du commun peuple. Par permission spéciale du curé de la paroisse, certains défunts peuvent être transportés dans le cimetière d’un couvent. La localisation de l’église, du cimetière paroissial, du couvent recouvre naturellement le quartier des vivants. Les Portugais résidant majoritairement dans la nouvelle paroisse Sainte-Eulalie et ses abords – Saint-Projet, Saint-Éloi, Saint-Michel –, leurs morts reposent dans les cimetières attenants à ces églises. Les registres de Sainte-Eulalie s’ouvrent en 1618. Un nombre impressionnant de Portugais y sont couchés dont Messie Fernandes portugais en 1631, Rachel Lopes, fille d’un marchand espagnol en 1684, Toinette et Sara Gomes en 1689. Tous sont enterrés dans le cimetière paroissial mais jamais dans l’église. Aucun des Portugais habitant le quartier portugais n’aurait donc accompli les actes de catholicité ouvrant droit à une inhumation dans l’église. Cette particularité de la paroisse requiert une explication. Par hypothèse, la résidence dans ce quartier détermine, face à la mort, une identité religieuse portugaise plus forte que celle d’autres Nouveaux Chrétiens de même origine mais habitant dans d’autres quartiers 1. De la sorte comprendrons-nous le lapsus calami du curé de Sainte-Eulalie qui laisse échapper de sa plume le terme « juif » alors qu’officiellement ces étranges paroissiens n’auraient droit qu’à la qualification de portugais : connaissant parfaitement leur véritable religion, il a pu se lasser de feindre. À Saint-Projet par contre, on l’avait signalé précédemment, le curé inscrit en 1623 un Emmanuel Sarran « marchand portugais, natif de la ville de Lisbonne, royaume de Portugal [qui] a esté ensevely dans l’église Saint-Projet au-devant de la chapelle de Nostre Dame de Pitié en une sépulture que les ouvriers et moy lui avons donné pour luy seulement ». À Saint-Éloi pourrait même surprendre l’inhumation dans l’église de ce « Thomas Mendes portugais [qui] mourut dans les prisons de l’hôtel de ville et fut inhumé dans nostre église ». Avait-il pris des dispositions ad hoc avant son incarcération ? Dans l’église des Carmes on enterre en 1683 un Lopes, en 1696 une Isabeau Gomez, en 1684 un Henriquez marchand portugais, en 1698 une fille d’Antoine Carvailho marchand portugais.

1.

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« Autant que permet de l’affirmer un examen forcément incomplet des registres, aucun “Portugais” ne paraît avoir été enseveli dans l’église Sainte-Eulalie », G. cirot, Recherches, p. 103, 104.

Espaces funéraires portugais à Bordeaux Dans l’église des Cordeliers, dite aussi l’église des Révérends Pères de l’Observance, plusieurs Portugais comme Emmanuel Lopes en 1682 trouvent leur dernière demeure jusqu’en 1705 2. On admettra que ces défunts appartenaient à des familles portugaises, soit réellement catholiques, soit d’une excessive prudence dans le maintien d’un judaïsme clandestin. Les cimetières paroissiaux Les inhumations dans une église restent l’exception : dans les cimetières paroissiaux – et d’abord dans celui de Saint Eulalie, sur l’emplacement de l’actuelle Place Sainte-Eulalie – reposent la grande majorité des Portugais. Au cimetière Saint-Éloi Cirot n’a trouvé qu’un seul portugais, Pierre Rodrigues en 1668. À Saint-Michel il ne voit guère qu’une Jeanne Peyreire en 1687 3. Les couvents Par dérogation expresse accordée par le curé de la paroisse du défunt moyennant un dédommagement, un couvent peut accueillir une sépulture dans un enclos lui appartenant. La situation de ces monastères au cœur ou dans le voisinage immédiat du quartier juif – les abords de la rue Bouhaut, portion de l’actuelle rue Sainte-Catherine – conforte l’hypothèse selon laquelle la Nation juive a très tôt passé des accords avec les Augustins, les Carmes, les Cordeliers et les Minimes. Chacun de ces couvents concède aux Portugais représentés par leurs syndics une portion de ses terrains pour y placer un cimetière. Ces cimetières portugais servent dans la longue durée à telle enseigne que le curé de Saint-Projet couche sur son registre en 1695 une « Suzanne Lopes fille d’Antoine Lopes de Pas, marchant portugais et de Claire Tolède [portée] ches les Pères de l’Observance où elle a esté ensevelye dans la sépulture de ses ancestres qui est dans l’ormée qui est à l’entrée ». Cette notice pose le problème des Cordeliers, privilégiés à coup sûr dans les inhumations des Portugais, crédités de l’octroi à la Nation d’un terrain à usage de cimetière. Apparaissent à longueur de registres des notations y renvoyant manifestement comme « l’Observance de Saint-François dans le cimetière de Messieurs les Portugais », la « Sépulture des Portugais chez les Révérends Pères », « le lieu où celles de sa nation ont coutume de se faire ensevelir », « le cimetière de MM. les Portugais chez les Révérends Pères Cordeliers », « la sépulture des Portugais au cloître de la Grande Observance » « la sépulture des marchands portugais aux Cordeliers ». Au terme d’un long processus, le monopole funéraire des Cordeliers inspira à un nouveau curé de

2. 3.

G. cirot, Recherches, p 105, 107. Ibid., p. 103.

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Épigraphie et sotériologie Sainte-Eulalie un mode d’inscription concentré des Portugais sur un cahier distinct entre les 26 septembre 1716 et le 9 mars 1722. Georges Cirot opine à cet égard : « Le nouveau curé se fit peut-être un scrupule tout d’abord de confondre juifs et chrétiens » 4. Dans nos sources, les tractations entre la Nation et les bons moines ne transpirent que tardivement dans une délibération de la Nation juive du 11 mai 1710 véritablement fondatrice sur ce chapitre. La délibération vise un emprunt de six cents livres sollicité par les Révérends Pères à la Nation. Procédant à la répartition de ce montant parmi ses membres, la Nation adopte alors diverses dispositions concernant un nouveau cimetière commun à ceux de nostre Nation. Entre l’emprunt consenti aux Cordeliers et l’ouverture du nouveau cimetière sur leur domaine, il est tentant de subodorer une relation de causalité. Il existait donc chez les Cordeliers un cimetière portugais antérieur, de sorte qu’en 1710 la Nation gérait au moins deux cimetières chez les seuls Cordeliers 5. En fait, si le nouveau cimetière avait acquis un caractère quasi officiel, des inhumations se pratiquaient aussi ailleurs sous le contrôle et avec les bons offices de la Nation. À plusieurs reprises en effet la Nation dénie la sépulture aux particuliers qui refuseraient de contribuer aux frais communs : « et même de pouvoir estre ensevelis par nous dans nostre dit cimitiére ou ailleurs ». Provient de l’un des deux cimetières des Cordeliers une pierre de 50 cm de longueur, 47 cm de largeur, 8 cm d’épaisseur, une dalle conservée au « Musée lapidaire de Bordeaux » portant l’inscription SA de Iacob Lamego. F [alleci]) O 14 setiembre 1710. Georges Cirot identifiait le défunt avec le « marchand portugais » Antoine Lamego dont il reconstitue le ménage et la postérité 6. Entre les Cordeliers et la Nation portugaise une crise aurait éclaté après l’enterrement le 9 juillet 1722 d’Abraham fils de Manassé Assevedo marchand Portugais et de Rachel Castre, âgé de vingt mois. Le registre de Sainte-Eulalie en prend acte : « Ledit an 1722 et le lundy septiesme du mois de septembre est décédé un enfant du sieur Olivera âgé de deux ans en rue Bouhaut et a esté enseveli dans un jardin de dame Carasque en rue Bouhaut ainsi que le Sieur Gradis, sindic de Messieurs les Portugais, m’a déclaré, à cause que les Pères Cordeliers ne veulent plus accorder leur cimetière ». On s’employa sans doute à faire changer d’avis les Cordeliers qui autorisèrent bientôt de nouveaux enterrements, ceux d’Abraham France, fils de Jacob France et de Louise Alvares le 5 septembre 1723, un fils d’Abraham Rodrigues en janvier 1725,

4. 5. 6.

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Décès de Suzanne Lopès GG 583, acte 148 cf. G. cirot, Recherches, p. 106, n. 11 ; appellations diverses du cimetière chez les Cordeliers, ibid., p. 108, 114, n. 4, 112. G. cirot, Recherches, p. 109-110 ; S. SchWarzfuchS, Le Regist re, Délibérations des 11 mai et 13 juillet 1710, 25 mars 1711, n° 1, 2 et 3, p. 64-71. G. cirot, « Épitaphes de juifs bordelais au Musée lapidaire de Bordeaux », Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde 17 (1924), p. 225-234.

Espaces funéraires portugais à Bordeaux de Samuel Hata en mai 1727, de demoiselle Billet épouse de Joseph Petit le 6 mars 1729, de Rachel Gommes Silva le 8 mars 1729, de Mariane, âgée de onze mois, fille de Gabriel de Silva « bourgeois et marchand portugais », le 21 octobre 1729 7. Pourtant en cette année-là, fonctionne déjà le cimetière du cours SaintJean dont nous publions les épitaphes. Utilisés ou non après l’entrée en service du cimetière de la Nation, le petit et le grand cimetière chez les Cordeliers subsisteront avec leurs dalles et leurs grands arbres jusqu’au 9 septembre 1748. Cette année-là, le percement d’une rue contraignit les Cordeliers à renoncer à cette parcelle de leur propriété et la Nation juive à faire exhumer ses défunts par Abraham Dias et une équipe de vingt hommes au moins, employant de préférence pour cette œuvre pie des pauvres de la Nation, afin de les ré-inhumer dans son cimetière. La Nation dut en outre indemniser à la hauteur de huit cents livres les Révérends Pères – pour la perte des revenus afférant à ce cimetière – et leur abandonner les anciennes dalles, les arbres lui revenant 8. Les Avignonnais de la ville enterraient-ils leurs morts dans un de ces deux cimetières ? Utilisaient-ils au contraire un troisième cimetière à eux concédé par les Cordeliers ? Une note écrite vers 1750 concernant la famille Lange signale que « le père des Lange d’aujourd’hui est mort il y a quatorze ans. Leur grand-père y est mort aussy et a été enterré aux Cordeliers ». Au sujet de David Petit, une autre note signale que « son aïeul estoit étably à Bordeaux depuis environ quatrevingts ans, il a été ensevely aux Révérends Pères Cordeliers ». De Salon Dalpuget, on rapporte que « ses père et mère estaient habitans de Bordeaux depuis soixante-cinq ans et ensevelis aux Révérends Pères Cordeliers » 9. Natan Salom, un Avignonnais est encore enterré le 15 août 1729 chez les R. P. Cordeliers 10. Avec les Minimes la Nation avait-elle aussi conclu un accord au xviie siècle ? Lors de la crise de 1722, elle ouvrait un cimetière chez eux comme en témoignent plusieurs actes dont celui concernant le 9 novembre 1722 la veuve Hexcadillo dont « le corps a été inhumé dans le nouveau cimetière de Messieurs les Portugais chez les Révérends Pères Minimes » 11.

Sépulture de l’enfant d’Olivera, GG 348 n° 167, G. cirot, Recherches, p. 111 Actes de 1722 GG 348 n° 99 et 167 (G. cirot, Recherches, p. 111-112) ; actes des années 1723, GG 294 n° 155, 1725, GG 294 n° 277, 1727, GG 295 n° 52, 1729, GG 295 n° 52 et 54, cf. G. cirot, Recherches, p. 112, également GG 373, § 472 pour le dernier acte. 8. S. SchWarzfuchS, Le Registre, délibérations des 31 juillet, 8 et 18 septembre 1748, n° 162, 163, 164, p. 209-213. 9. Archives de la Gironde C 1092, cf. G. cirot, Les juifs de Bordeaux, leur situation morale et sociale de 1550 à la Révolution, p. 114 et 121. 10. Registre de Sainte-Eulalie, Arch. municipales GG 373 et 375. 11. Archives municipales GG 348 acte 249, G. cirot, Recherches, p. 117. Sur les Minimes à Bordeaux, cf. V. malaBirade, « Les Minimes et la province d’Aquitaine sous l’Ancien Régime : un cadre provincial pour un engagement intellectuel ? », thèse de doctorat,

7.

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Épigraphie et sotériologie Inhumés au fil des années depuis le xvie siècle dans des espaces multiples, églises, cimetières paroissiaux, cimetières conventuels, les défunts portugais reposent d’abord dans leur majorité dans le cimetière de la paroisse Saint Eulalie. Dans le courant du xviie siècle et au commencement du xviiie siècle, ils reposeront dans des cimetières concédés à leur Nation par les Cordeliers, puis dans un troisième concédé par les Minimes. On admettra que la pratique funéraire portugaise demeura longtemps fluctuante en fonction des temps, des quartiers, des familles. De cette préhistoire du cimetière de la Nation du ci-devant cours Saint-Jean, la transformation de l’urbanisme bordelais du xviiie siècle n’a rien laissé subsister. D’une certaine manière pourtant, l’espace sauvegardé du Cours de la Marne témoigne pour ceux qui disparurent. Les acquisitions entre le 22 octobre 1724 et le 1er novembre 1728 Le 29 décembre 1724 J. Marraquier curé de Sainte-Eulalie procède à un enregistrement extraordinaire exprimant tant un changement de mentalité qu’un transfert spatial des sépultures portugaises : « Ledit an 1724 et le vendredy vingt neufviesme du mois de décembre, dame Machaelle Lamegue iuive, âgée de quatre-vingt-quinze ans, femme de feu Alvaros Lamègue est décédée en la rue Bouhaut et son corps sera inhumé dans la terre hors ville près l’Hospital d’Arnaud Guiraud suivant la permission que Messieurs les Juifs obtiendront de Messieurs les Jurats ainsi que le sieur David Gradis a déclaré » 12. Le curé prend ainsi acte de l’existence d’un champ de repos spécifique aux Portugais, d’un corps social explicitement juif, de la dévolution à la Jurade du permis d’inhumer précédemment à sa discrétion. Est-ce à dire que la Nation juive a désormais pignon sur rue et cimetière à Bordeaux ? Répondent à cette question une série de quatre actes notariés retraçant un processus passablement compliqué. Par acte passé le 22 octobre 1724 devant les notaires Banchereau et Dubosq Jean Perpigna vend à David Gradis un jardin clos de mur sis en la paroisse Sainte Croix pour la somme de 6.300 livres payable en quatre ans, après versement immédiat de 300 livres. L’acte fait état, d’une part, d’une prise de possession en bonne et due forme du terrain par David Gradis, d’autre part d’un affermage antérieurement consenti pour neuf ans de cette parcelle à Jacob Fernandès, à compter du 25 janvier 1725. David Gradis a exercé le syndicat de la Nation en 1718 et celle d’adjoint en 1719. Il signe une délibération du 31 décembre 1724. On trouve un Jacob Fernandes à trois reprises parmi les contribuables de la Nation mais nous ignorons son rôle exact dans l’acquisition

Université Michel de Montaigne, Bordeaux 2013, p. 585. 12. Archives municipales GG 349, acte 540, G. cirot, Recherches, p. 118. La sépulture de cette défunte n’a pas été retrouvée dans le cimetière du cours Saint-Jean, notre épitaphier commençant le 14 mars 1725.

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux du cimetière. Georges Cirot écrivait : « Peut-être le Jacob Fernandès qui avait loué la propriété l’avait-il signalée à son coreligionnaire David Gradis. Le nom de Perpigna (Perpignan ?) était du reste celui d’une famille de juifs avignonnais ». David Gradis (1665-1751) n’est autre que le grand négociant et armateur père de l’illustre Abraham Gradis. Une rue de Bordeaux porte son nom entre la rue des Augustins et la rue Paul Broca 13. Quatre années s’écoulent durant lesquelles la Nation pratique des inhumations sur la parcelle nouvellement acquise. En témoignent les actes d’inhumations signés par le curé de Sainte-Eulalie et les premières épitaphes gravées in situ sur les sépultures. Le terrain avait-il été affermé préalablement à Jacob Fernandès et, par convention purement orale, pour usage de cimetière ? Selon les termes de l’acte, David Gradis fait son affaire de cette disposition. Par acte du 1er novembre 1728 par-devant les mêmes notaires, la Nation portugaise – qui n’intervient qu’à ce moment – habilite son syndic Abraham Lamego à acquérir en son nom la parcelle de terre appartenant à David Gradis. Signent cet acte [Samuel] Alexandre fils, Philipe Fernandes, Anthoine Francia, Gaspard Francia, David Gradis, Abraham Lamego, Alphonse Lameyra, Anthoine Lameyra, Phelipe Loppes de Paz, [Joseph] Medina, Leon Peixotto fils. L’élection au syndicat d’Abraham Lamego figure dans la délibération espagnole de la Nation du 15 mars 1728. Aucune délibération n’ayant été conservée du 19 mars au 31 décembre 1724 et du 17 octobre 1728 et au 27 mars 1729 concernant l’acquisition du cimetière, nous manquons d’éléments pour reconstituer et expliquer les transactions auxquelles renvoient les actes notariés 14. Une lecture naïve des actes ne tient pas la route : il semblerait plutôt que la Nation ait procédé avec prudence et par le biais d’acquisitions privées successives avant d’intervenir au grand jour au terme du processus. Par acte du 18 novembre 1728, par-devant les mêmes notaires et revêtu des mêmes signatures, David Gradis cède à la Nation la dite parcelle, étant entendu qu’une rente sera payée aux Révérends Pères Bénédictins de Sainte Croix, seigneurs directs de cette terre 15.

13. Acte de 1724, Archives départementales de la Gironde 3 E 400 ; David Gradis syndic, S. SchWarzfuchS, Le Registre, n° 15, p. 90, adjoint, n° 16, p. 90 ; délibération de 1724 n° 33 p. 109-110 ; remarque de Cirot Recherches… p. 120. Rappelons que Georges Cirot avait utilisé abondamment le Registre des délibérations manuscrit bien avant sa publication par S. SchWarzfuchS. Sur David Gradis, cf. J. de m aupaSSaNt, Un grand armateur de Bordeaux, Abraham Gradis (l699?-l780), Bordeaux l9l7, p. 5-20. Rôles d’imposition comprenant Jacob Fernandès en 1744, 1747 et 1761, Registre n° 107 p. 165, n° 135 p. 186, et n° 295 p. 311. 14. Archives de la Gironde 3 E 450. Cet acte avait été partiellement publié par G. cirot dans ses Recherches, p. 119-120, n. 3. Registre 15 mars 1728 n° 39, p. 114 ; pour les délibérations et les lacunes n° 32 et 33, p. 109, n° 42 et 43, p. 117, Actes notariés publiés pour la première fois in extenso dans les documents in fine du présent volume. 15. Archives de la Gironde 3 E 450 ; comme le précédent, cet acte avait été partiellement publié par G. cirot dans ses Recherches, p. 120 et p. 121, n. 3.

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Épigraphie et sotériologie L’acte du 28 novembre 1728 confirme l’entier règlement par Abraham Lamego de la somme due à Jean Perpigna 16. Le 31 décembre 1728 enfin, les religieux de Sainte-Croix entérinent l’acquisition effectuée par la « Nation des Portugais établie à Bordeaux » moyennant le paiement annuel d’une rente de vingt livres et chargent leur prieur Jean-Baptiste Floyrac de passer les actes nécessaires 17. La Nation portugaise, et non point juive, n’intervient en fait qu’en 1728. Quant à l’usage de cimetière affecté à la parcelle finalement retrocédée à la Nation, il relève du non-dit dans les quatre actes notariés. Par contre, dans leur délibération du 31 décembre 1731, les bons pères soucieux de se voir consolidé leur droit seigneurial concrétisé par une rente annuelle de vingt livres à percevoir sur la Nation, préfèrent que les choses soient dites :« sçavoir est que la ditte nation, pour raison de l’indemnité et à cause que ledit fonds tombe en main morte, payera annuellement pendant tout le temps qu’elle jouira dudit jardin destiné pour le cimetière de la ditte nation, la somme de vingt livres aux religieux de la ditte abbaye ». Signant un acte mortuaire le 29 décembre 1724 contenant l’expression Messieurs les Juifs, Marraquier curé de Sainte-Eulalie anticipait-il sur l’évolution des mentalités ou plus simplement écrivait-il au vrai alors que notaires et chapitre d’abbaye s’en tenaient à un langage aussi conventionnel que prudent ? On reconnaîtra pour le moins, aussi bien pour les sépultures individuelles que pour les sépultures collectives des Portugais, une connivence bienveillante des curés, et d’abord de ceux de la paroisse Sainte-Eulalie à l’égard de paroissiens portugais et manifestement juifs. Pour leur part, les Cordeliers et les Bénédictins de Sainte Croix firent un pas de plus vers la tolérance en accordant, pour les premiers, la disposition de leur terrain à des sépultures explicitement juives, pour les seconds en cédant à la Nation ès qualité une pièce de terrain à affectation de cimetière. Les uns et les autres y trouvèrent certes leur compte, percevant droits d’inhumation, prêts éventuels, rentes seigneuriales.

16. Archives de la Gironde 3 E 450 ; acte inédit publié dans les documents in fine. 17. Archives départementales de la Gironde H 644 (ancien 278), Abbaye Sainte-Croix, publié par A chauliac, « Procuration donnée par les Bénédictins de Sainte-Croix à dom Bernard de Neys pour passer un acte relatif au cimetière que la nation juive projetait d’établir dans la directe de l’abbaye » Archives historiques du département de la Gironde 47 1912, p. 250251. Je remercie vivement M. Jean-Paul Léon qui a eu l’amabilité de rechercher pour moi aux Archives de la Gironde les actes concernant l’achat des cimetières et de m’en adresser des photocopies, ainsi que Mme Agnès Vatican et M. Pierre Massé qui ont bien voulu m’adresser un scan d’un de ces actes.

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux La gestion des cimetières par la Nation Le nombre des champs de repos « portugais » découle de deux prescriptions majeures du judaïsme relatives aux sépultures. Pour la première, chaque défunt doit être inhumé dans une fosse privative en terre vierge. Pour la deuxième, un corps ne peut être déterré sinon pour être réinhumé dans un cimetière juif ou en Terre sainte 18. En conséquence, un cimetière se trouvet-il rempli, la communauté doit en acquérir un nouveau. Justement, dans les années soixante du xviiie siècle, le cimetière hors les murs se trouvant proche de la saturation, Édouard Brandon syndic de la Nation portugaise fait l’acquisition le 24 septembre 1764 d’une pièce de terre au Sablona où l’on enterre encore en notre xxie siècle les défunts de l’Association Consistoriale Israélite de Bordeaux 19. Désormais clos, le premier espace acquis au xviiie siècle enferme défunts et sépultures d’une période relativement brève, quelque quarante années des Portugais de Bordeaux. Antérieure à l’ouverture du cimetière « hors les murs », la délibération du 11 mai 1710 consacre l’autorité de la Nation sur les inhumations portugaises dans ses cimetières chez les Cordeliers et ailleurs. Encore que les cimetières – avant 1724 – appartiennent aux Cordeliers, leur gestion matérielle dépend de la Nation qui y assure « la bâtisse d’une muraille et autre réparations nécessaires pour un nouveau cimetière commun à ceux de notre Nation ». Cette décision postule une gestion analogue de l’ancien cimetière existant chez les Cordeliers 20. Un décès survenant, un cérémonial externe précède celui régi par la Nation. Un rapport tardif déclare parlant des juifs : « Autrefois, lorsqu’ils étaient morts, le Curé les alloit chercher et ils étaient enterrés avec la même cérémonie que les chrétiens. » Les registres paroissiaux abondent de notations de cette eau. Le curé de Saint-Éloi écrit ainsi en 1685 : « La femme de Gomes, marchand portugais a esté conduite le lendemain par moy chez les Pères Cordeliers en leur sépulture ». Les Cordeliers procédaient-ils aussi à la levée du corps ? Un incident fâcheux lors d’un convoi révèle : « Une juive étant morte rue Sainte-Catherine, les Cordeliers, qui alloient chercher les morts avec la croix, quoique Juifs [sic], furent insultés par la populace en passant la halle au poisson ; pour éviter de pareilles émeutes, on permit aux Juifs de faire l’acquisition d’un terrein pour y déposer leurs morts ». Les choses évoluent dans le courant du xviiie siècle : munis du permis d’inhumer, les juifs acquièrent

18. L’usage palestinien antique privilégiait les grottes et les caveaux ; l’usage babylonien de placer le défunt en terre, soit l’inhumation proprement dite, a prévalu. Le non déplacement d’un mort découle de Semaḥot XIII : « qui trouve un mort dans une tombe, ne le déplacera point ». Le Shulḥan ‘Arukh (Yore De‘ah § 363) détaille cette prescription et les exceptions permises. 19. Archives départementales de la Gironde, notaire Dugarry 3 E 15.384, n° 366. 20. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 1, p. 64-66.

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Épigraphie et sotériologie à terme la maîtrise complète de leurs obsèques. En 1711 lors du décès d’Esther Lopes, une fillette d’environ six ans, le registre paroissial porte que la défunte « a esté portée le soir ches les Pères Cordeliers de la présente ville, de mon consentement et par ma permission, sans autre cérémonie pour estre ensevelye après soleil couché dans le lieu où ceux et celles de sa nation ont coutume de se faire ensevelir ». En 1733 Jean Pudeffer, aide Major de la Ville note dans un rapport d’ensemble sur les juifs : « Les Juifs ont acquis depuis deux ou trois ans deux ou trois terrains hors les murs de la porte Saint Julien. Ils les ont fait revestir. Ce sont les lieux de la sépulture de leurs morts. Ils font leurs enterrements très publiquement. Il est même très souvent jour, et quand ils craignent que le peuple les insulte, ils se font escorter par un des chevaliers du guet avec quelques soldats » 21. La Nation possède la maîtrise des cimetières et des obsèques. Le syndic de la Sedaca – littéralement : la charité et par extension la caisse de la Nation – délivre l’autorisation d’inhumer et perçoit les droits afférents. La Nation délègue en fait ses pouvoirs à la Hebra, la confrérie par excellence, qui assure toilette du mort, office funèbre, convoi, creusement de la fosse, inhumation 22. La Hebra compte des Frères hospitaliers et des « fondateurs » qui ont versé un droit d’entrée de cinquante livres. La gestion des cimetières, des cérémonies mortuaires, des inhumations découle de décisions adoptées par plusieurs assemblées tenues entre le 11 mai 1710 et le 28 mai 1753, encore le Registre ne préserve-t-il pas toutes les délibérations. Ainsi une délibération du 4 avril 1730 nomme-t-elle Alphonse Lamego régisseur financier du bedajaim (hébreu : maison des vivants, cf. Job 30 :23), le cimetière. Celle du 11 juillet 1733 vérifie les comptes del dinero que recivio por el intiero. Le 21 mars 1751, une autre assemblée décide une passation des fonds du cimetière à Jacome Alexandre 23. Extrêmement codifié, formaliste à l’extrême, le cérémonial donne lieu à des conflits internes qui en révèlent certains aspects. La confrérie dite hevra qadisha possède en effet statuts, règlements et modus operandi qui n’appartiennent qu’à elle et que seuls connaissent ses adhérents, même s’il lui arrive de produire ses livres et ses statuts 24. Une autre confrérie la Jesiva de Guemilud Hasadim s’occupe aussi du Dernier Devoir (fig. 3) et la Nation veille à

21. G. cirot, Recherches, p. 113-114 ; Beaufleury, L’établissement, p. 34, n. 17 ; rapport Pudeffer, cf. S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 604. 22. Sur cette institution à travers les anciennes communautés juives, cf. I. BeN-a mi, « Deat h, Burial and Mourning Customs among Sephardic Jews in London » dans D. Noy, I. BeNa mi (dir .), Studies in the Cultural Life of the Jews in England, Jérusalem 1975, p. 11-36 ; S.-A. GoldBerG, Les deux rives du Yabbok. La maladie et la mort dans le judaïsme ashkénaze, préface de Y. H. yéruShalmi, Paris 1989, et From this world to the next. Jewish Approaches to Illness, Death & the Afterlife, New York, 2000, p. 20-55. 23. S. SchWarzfuchS , Le Registre, § 51 p. 122-123, § 68, p. 133-134, § 183, p. 222. 24. On se reportera à S.-A.GoldBerG, Les deux rives du Yabbok, p. 101-131.

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux répartir équitablement les attributions de l’une et de l’autre. Lorsque le 29 septembre 1722 le Registre mentionne pour la première fois la Hevra, elle en prononce l’exclusion des frères Mezes et les somme de restituer le matériel qu’ils détiennent : la Hevra fonctionne donc depuis longtemps. Une délibération du 17 juin 1766 évoque à cet égard « linceuls, serviettes, accommodage des outils et achat des neufs, de même que de tout ce qui sera nécessaire » 25.

Fig. 3. Guémilouth Hassadim, 1937.

Pour enterrer un défunt, la famille doit acquitter des droits ordinaires entre les mains du syndic de la Sedaca c’est-à-dire de l’administrateur de la Nation qui délivre « un billet », une autorisation écrite. Les obsèques proprement dites dépendent – sous son contrôle – du syndic de la Hebra, dit aussi des enterrements – en 1710 il s’appelle Alexandre Mezes – qui procède

25. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 351, p. 367-368 : cette délibération traite justement des démêlés opposant les deux confréries.

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Épigraphie et sotériologie avec le concours des « fraires hospitaliers » à la toilette mortuaire et à l’inhumation. De toute manière la Nation détient les clefs du cimetière : elle n’en permet l’accès qu’aux personnes en règle avec leurs obligations financières, tant pour les obsèques elles-mêmes que pour les prières dites à l’issue des sept jours, du mois, des onze mois du deuil. Par ailleurs les « honneurs funéraires » c’est-à-dire les services religieux se déroulent uniquement en la Hebra, c’est-à-dire en la synagogue de cette confrérie du dernier devoir 26. Un décès survenant, après en avoir reçu l’autorisation du syndic de la Sedaca, la Hevra convient de l’heure de la levée du corps. Ses membres se rendent à la maison mortuaire, récitent les prières appropriées, procèdent à la toilette mortuaire, revêtent le mort d’un linceul, préparent et conduisent le convoi. Les « pauvres de la Nation » affluent vers la maison mortuaire afin de compléter le minyan, quorum requis pour la prière publique, et pour recueillir des aumônes. Une délibération du 20 mars 1719 prévoit que, dans le cas où la famille du défunt ne serait pas en règle de ses obligations financières, elle serait astreinte à régler leurs arrérages augmentés de cent livres « pour chaque défaillant de leur famille, petits ou grands ». Quant au pauvre qui se rendrait à la maison mortuaire de personnes passibles de ces peines, « il sera sur le champ biffé du rôle de notre charité sans pouvoir y être admis pour quelque cause ou prétexte que ce soit » 27. Tous les membres de la Hevra et la famille conduisent le corps jusqu’à la fosse, selon un cérémonial convenu. Ils procèdent à mise en terre et accomplissent sept processions auteur de la tombe, tout en récitant prières et eulogies. À l’intérieur des cimetières de la diaspora portugaise se trouve un local affecté à la tahara, ou toilette mortuaire, une « maison de purification » autour de laquelle tournent ces processions ou rodeamentos : l’édicule lui-même est dit casa de rodeamentos. Édifiée en 1705 la casa de rodeamentos d’Ouderkerk a été restaurée en 1963 28. Aucun vestige d’une telle structure ne subsiste dans notre cimetière. Une autre pieuse confrérie, la Jessiba de Guemiluth Hassadim revendique, on l’a signalé supra, rôle et prérogatives dans les devoirs envers les morts. Le 1er octobre 1747, Hebra et Jessiba représentée par Isaac Mendes France prétendant assurer les obsèques du sieur Machado 29, la Nation, sans préjuger du fond, procède à un compromis provisoire. L’arbitrage sera rendu en six articles le 18 juin 1752. La Hebra restera la donneuse d’ordres et ses membres « conserveront tous les droits qu’ils ont eus jusqu’à présent de porter les corps jusqu’à la sépulture ». Pour autant, l’heure des obsèques sera réglée entre les

26. 27. 28. 29.

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id., Registre § 45, p. 118-120 S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 16 p. 90-92 L. alvareS v eGa, Het Beth-Haim van Ouderkerk, Assen-Amsterdam 1975, p. 7 et p. 22-23. Il s’agit du prédicateur David Machado de Sequeira (c. 1671-1747) auteur du Sermão funèbre nas exequias dos trinta dias do Senhor David Ergas La Cour, composto e predigado em Bordeus por David Mendes de Sequeira, imprimé à Amsterdam en 1734.

Espaces funéraires portugais à Bordeaux personnes en deuil et la Jessiba et, « attendu que les frères de la Jessiba font la fosse, le corps leur sera remis pour l’y mettre lorsqu’il sera arrivé au dit lieu, bien entendu supposé que le parnas de la Hebra refusât de le faire luy même, la préférence lui étant réservée » La cachine, c’est-à-dire le tronc de la charité reste aux mains de la Jessiba 30. La délibération du 1er avril 1753 fait la part de l’œuvre pie par excellence, la mise en terre : Que les parnas, gabay et fondateurs de la Hebra jouiront, comme ils ont fait par le passé, du droit et privilège d’entrer dans la sépulture, pour y placer le mort, et que, dans le cas où ils y seront, il sera loisible aux fondateurs de la Hebra de prendre le mort par la tête et ailleurs pour l’y mettre et un frère de la Jesiba le prendra par les pieds pour aider celui qui sera dans la sépulture, sans qu’il y ait que celui qui le prendra par les pieds qui s’en mêle 31.

La Guemilud hazadim guidait-elle les visiteurs en quête de sépultures ? Une délibération tardive – du 17 avril 1786 – la chargera de confectionner un Index détaillé pouvant l’aider dans cette mission : Quoique les noms de toutes personnes ensevelies dans nos cimetières soit écrit sur leurs tombes, la recherche est devenue très difficile dans l’ancien cimetière ; pour en faciliter la connaissance, toutes les tombes seront numérotées et il sera fait un registre par lettres alphabétiques du nom des personnes inhumées dans ledit cimetière, du jour de leur décès et du numéro de leur tombe, lequel registre sera déposé à la confrérie de Guemilud hazadim 32.

Présents lors des obsèques et assurant le service après obsèques, les confrères – non seulement ceux de la Hevra et de la Jesiba de Guemiluth Hassadim (Comble de Grâces) mais encore ceux de Bikur Holim (Visitation des malades) et de Tipheret Zalom (Parure de paix ) – le sont encore sur dix de nos épitaphes : Aron Henriques, fundador de la H[evr]a, 29 juin 1741(§ 94), Israël Jacob de Mezes fundador de la S[ an ]ta Hevra, 12 mars 1742 (§ 97), Ézéchias-Joseph Dacosta, Fundador de la He[b]ra Tifferet Zalom n° 3, 7 janvier 1749 (§ 143), Abraham Albourquerque f[undado]r de B[iku]r Holim siendo P [arnas] P [residente], 25 mai 1749 (§ 151), Israël Gomes-Henriques, primer f[undado]r de la Hevra, 20 décembre 1752 (§ 169), Isaac Lopes Pereira, fondador de B[ikur].H [olim] Jahid (?), 3 août 1751 (§ 163), Jacob Pinelo, fundador de Biqur Jolim, 20 avril 1753 (§ 176), Moïse Saldagno siendo hermano de G [emilut] H [assadim], 29 juin 1763 (§ 221), Daniel-Gabriel d’Anavia, hermano de la jesiva de Guimelut Hazadim, 16 août 1765 (§ 230).

30. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 148, p. 197, § 203, p. 236-238. 31. id., Registre § 210, p. 243-246. 32. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 545 p. 568 ; j’ignore si la délibération fut suivie d’effet ; quoi qu’il en soit, d’un tel registre qui m’eut été fort utile, je n’ai trouvé aucune autre trace

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Épigraphie et sotériologie Une sépulture féminine se réclame de la Hevra dont le mari fut ministre du culte : Abigaïl épouse d’Abraham Gomes-Fonseca Hazan de la Hevra de Bordeos, 13 octobre 1767 (§ 243). Une autre confrérie « établie le 17 juin 1724 pour le soulagement des pauvres malades » sous le nom de Tipheret Bajurim, « Parure des jeunes gens », ou encore « frérie des pauvres malades », manque à l’appel. De même la Yesiba de Mishenet Holim qui dispensait son soutien aux convalescents et la yesiba y caxeytas que corre por los pobres pelegrinos, vouée au secours des pauvres pèlerins n’apparaissent pas dans l’épitaphier. Les œuvres pies de ces confréries, consignées dans le registre des délibérations ont été décrites – avec celles de nos inscriptions – par le regretté Jean Cavignac 33. Les confréries placèrent ou offrirent au moins trois dalles funéraires : celles d’Ézéchias Daniel Gomes pu[es]ta por los her [man]os de la He [vr] a n° 4, 19 novembre 1742 (§ 102), de Jacob Lopes Pena p[ues]ta p[o]r la her[mand]at de Gemilut Hasadim, 3 mai 1745 (§ 117), d’Isaac Dias da[da] por la hermandad de Bikur Holin, décembre 1745 (§ 126). Précédée d’un numéro d’ordre n° 1, l’épitaphe de Rébecca-Esther Lopes-Pereira, 12 novembre 1739 (§ 83), proviendrait aussi de la munificence de l’une de nos confréries. Sur plusieurs épitaphes, les abréviations désignant les confréries – nous les développons entre parenthèses carrées – montrent assez combien elles étaient familières à tout un chacun au sein de la Nation. Hermétique pour un visiteur non averti, le sigle à vocation sotériologique SSAAEADLVA = sea su alma atada en atadero de las vidas amen, que son âme soit ensachée au sachet de la vie, inspiré de 1 S 25,29, de trois de nos épitaphes des années 1765, 1766 et 1767 (§ 231, 235 et 239), apparente décidément le discours épigraphique bordelais à celui de la diaspora portugaise. Les cimetières de la diaspora séfarade d’Occident Ouvert tardivement, le Bedajaim bordelais s’insère dans une vaste géographie d’espaces funéraires portugais de l’Atlantique à la Mer Baltique, et des Caraïbes au continent américain. Les Nouveaux Chrétiens sortis de la Péninsule Ibérique et revenus au judaïsme ont essaimé à travers l’Europe occidentale et le Nouveau Monde et fondé des communautés neuves. Négociants, armateurs, assureurs maritimes, ils tissent des réseaux familiaux et marchands, transportent au loin leurs parlers espagnol ou portugais, récupèrent des modes de vie juifs, entretiennent des contacts par-delà les frontières terrestres et l’Océan, acquièrent des champs de repos. Rabbins ou lettrés y gravent en l’honneur de leurs défunts un discours immédiatement accessible

33. J. caviGNac, « L’assistance chez les Juifs de Bordeaux au XVIIIe siècle », dans Actes du 108e Congrès National des Sociétés Savantes. Colloque sur l’histoire de la Sécurité Sociale, Grenoble, 5, 6 et 7 avril l983, Paris l983, p. 27-35.

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux à tout Portugais de la Nação. Dans cette perspective, notre cimetière « hors les murs », portion de la grande nécropole virtuelle de la diaspora portugais, se lira à la lumière et aux résonnances de ses homologues dans l’Ancien et le Nouveau Monde. Inégalement représentés dans les travaux existants, les cimetières portugais restent mal connus à l’exception de ceux de Hambourg, d’Amsterdam et de Curaçao proposés cette année pour un projet tri-national du Programme Culturel Mondial de l’UNESCO. Aussi ne pourrons-nous en dresser qu’une liste incomplète et pour plusieurs d’entre eux défective. Le cimetière des Portugais de Hambourg sis sur Königstrasse à Altona remonte à un premier achat de terrain effectué le 31 mai 1611 par Andreas Falero, Fernandus Cardoso et Albertus Dinis. Il comprend un nombre considérable de sépultures gravées en portugais et en hébreu, pourvues parfois de sculptures figuratives. Il a fait l’objet de descriptions et de publications de tout premier plan et tout particulièrement par Michael Studemund Halévy. Les pouvoirs publics ont entrepris ces dernières années un ambitieux programme de restauration et de mise en lumière du site 34. Dans la cité de Glückstadt, danoise jusqu’en 1664, une communauté portugaise, proche de celle de Hambourg ouvrait en 1622 un cimetière aux mêmes caractéristiques, mais qui reçut dans la suite des temps aussi des sépultures ashkénazes 35. Amsterdam n’accorda pas immédiatement une résidence légale aux Portugais. Ils durent d’abord acquérir un cimetière à Alkmaar avant d’ouvrir en 1614 à Ouderkerk aan der Amstel le Beth Haïm immortalisé par une toile de Jacob van Ruysdael. On y transportait les morts sur des bateaux depuis Amsterdam. Y reposent plus de 27 000 défunts exclusivement séfarades, répertoriés pour la plupart par David Henriques de Castro. Plusieurs études historiques ont été consacrées au cimetière d’Ouderkerk, dont la publication intégrale du registre tenu à son sujet en portugais par la Nation durant les premières années suivant son entrée en fonction 36.

34. Complétant à la perfection le travail pionnier de M. GruNWald, Portugiesengräber auf deuscher Erde. Beiträge zur Kultur-und Kunstgeschite, Hambourg 1902, M. StudemundHalévy a consacré au cimetière un nombre impressionnant de travaux dont le prodigieux dictionnaire Biographisches Lexikon der Hamburger Sefarden, Die Grabinschriften des Portugiesenfriedhofs van der Königstrasse in Hambourg-Altona, Hambourg 2000. 35. Sur Glückstadt cf. J. fauSt, M. StudemuNd-h alévy, Betahaim Sefardische Gräber in Schleswig-Holstein, Glückstadt 1997. 36. D. heNriqueS de caStro, Keur van Grafsteenen op de Nederlansche Portugee-Israëlietische Begraafplaats te Ouderkerk aan den Amstel, Leyde 1883 ; L. alvareS-v eGa, Het Beth Haim van Ouderkerk, Beelden van een Portugees-Joodse begraafplaats, Ouderkerkaan-de-Amstel 1999 ; The Beth Haim of Ouderkerk aan de Amstel, Images of a Portuguese Jewish cemetery in Holland, Assen-Amsterdam 1975 ; L. haGoort, Het Beth Haim in Ouderkerk aan de Amstel. De begraafplats van de Portuguese Joden in Amsterdam 1614-1645, Hilversum 2005 ; W. C. pieterSe, Livro de Bet Haim do Kahal Kados de Bet

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Épigraphie et sotériologie À Londres, peu après la réadmission officieuse des juifs en Angleterre, les Portugais acquirent un premier cimetière sur Mile End Road, dit le Velho lorsqu’en 1724 un deuxième terrain s’y ajouta, le Novo. En 1684, la Nation faisait graver sur le mur l’enserrant une inscription commémorant la pose de la première pierre. On dispose de travaux historiques sur ces cimetières ainsi que la publication partielle de leurs registres mais non celle des inscriptions 37. Amsterdam et Londres font figure de modèle, tant par le gouvernement de leur Nation que par la physionomie de leur cimetière, pour les Nations portugaises des Amériques dans l’aire néerlandaise comme Curaçao et le Surinam d’une part, dans l’aire anglaise comme La Jamaïque et La Barbade d’autre part. Le premier cimetière juif du Nouveau Monde s’ouvrit au Brésil lors de la brève période « flamande » (1630-1654). De Jodse Begraef Plaets protégé par une solide palissade se trouvait dans les parages éloignés de Recife audelà du rio Capibaribe sur lequel on transportait les défunts depuis Mauricia. Il desservait deux communautés portugaises, celle de Recife même et celle de Mauricia, peuplée l’une et l’autre de juifs venus d’Amsterdam ou issus

de Nouveaux Chrétiens, communautés nommées Sur Israël, Rocher d’Israël (2 S 23,33 et Is 30,29) et Magen Abraham, Bouclier d’Abraham, qui s’unirent en 1646. La reconquête portugaise entraîna l’exode de la communauté et la fermeture de son cimetière 38. Dans les Caraïbes plusieurs communautés naquirent au xviie siècle, en partie à la suite de l’exode du Brésil en 1654. Celle de Curaçao prit le nom de Miqveh Israel, Espérance d’Israël (Jr 14,8 et 17,13). À Curaçao, dès 1659 un cimetière fonctionnait aux abords de la plantation Blenheim, pourvu d’une casa de rodeos, maison des processions autour des défunts. Il reçut des accroissements en 1726, en 1750, en 1800, en 1879 et en 1879, couvrant ainsi une superficie de 11 300 m2. Comme à Bordeaux l’adjoint, le vice-président du Mahamad arborait de droit le titre de parnas de la Hevra. En plein xviiie siècle les sépultures pouvaient rivaliser avec

Yahacob, Assen 1970. 37. A. S. diamoNd, « The cemetery of the resettlement », The Jewish Historical Society of England. Transactions 19 (1960), p. 163-190, 24 (1975), p. 139 sqq. ; R. D. BarNett, The Burial Register of the Spanish and Portuguese Congregation Jews, London. 1657-1735 (with some later entries), Londres 1962.

38. A. WizNitzer, « The synagogue and cemetery of the Jewish community in Recife, Brazil (1630-1654) », Proceedings of the American Jewish Historical Society 43 (19531954), p. 127-130 ; J. A. riBemBoi, J. L. M. meNezeS, Primeiro cemiterio jueu das Americas, Recife 2005.

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux

celles d’Amsterdam pour leurs splendides calligraphies portugaises ou hébraïques – 225 épitaphes ont été publiées – et surtout pour leurs sculptures figuratives à thèmes bibliques et maritimes 39. Apparue autour de 1650 dans la colonie anglaise de La Barbade, une communauté portugaise prit l’appellation de Nidḥe Israel, Déportés d’Israël (Cf. Is 11,12 ; 56,8 ; Ps 147,2). Un de ses fondateurs, Joseph Jessurun Mendes, alias Lewis Dias, avait vécu à Recife entre 1649 et 1652. Restaurée en 1987 la synagogue est « une des sept merveilles de La Barbade ». À Bridgetown, le cimetière se trouve aux abords immédiats de la synagogue sur Synagogue Lane et Magazine Lane. Cinq cimetières juifs auraient en fait fonctionné sur l’île dont – à l’exception du principal – seuls subsistent des vestiges. Des juifs vécurent également dans d’autres localités de l’île, notamment à Speightown, mais leurs cimetières n’ont pas été dégagés. Les 374 inscriptions publiées par Eustace-M. Shilstone représentent donc un simple échantillon d’un immense trésor épigraphique 40. Encore son ouvrage, précieux à bien des égards, ne comprend-il ni photographie ni description extensive des sépultures. Au xviie siècle les Hollandais établirent des plantations à Saint Eustache, mais l’île essuya à plusieurs reprises des attaques et des occupations française et anglaise avant de revenir définitivement aux Hollandais. L’assaut français de 1781 mit fin à une présence juive attestée dès 1660 mais formalisée vers 1739 seulement par l’inauguration à Oranjestad, la capitale de l’île, d’une imposante synagogue appelée Honen Dalim, compatissant pour les pauvres (cf. Pr 28,8) que dévasta un ouragan en 1772. Le cimetière est attesté pour la première fois en 1730. Encore que préservées par les autorités de l’île, les sépultures n’ont été que très partiellement dégagées. Vingt-deux seulement ont été identifiées et publiées par Johan Hartog. Certaines d’entre elles comportent des gravures figuratives rappelant celles d’Amsterdam ou de Curaçao 41. Écrivant en 1688 une Historial Real de Gran Bretaña, Miguel de Barrios, le poète par excellence de la Nation Juive d’Amsterdam évoque parmi seis juntas de Israel sagradas, celle de Nevis, une des Iles Leeward, aujourd’hui État de Saint Christopher et Nevis. Liée à la production et au commerce de sucre, la population juive de Nevis déclina au xviiie siècle. On situe malaisément sa synagogue sur le Jew’s Walk. Le vestige encore visible de la communauté est le site de son cimetière à Charlestown sur Government Road, site squatté par

39. I. S. emmaNuel, Precious Stones of the Jews of Curaçao, Curaçaon Jewry 1656-1957, New York 1957, p. 34-40. 40. E.-M. ShilStoNe, Monumental Inscriptions in the Burial Ground of the Jewish Synagogue at Bridgetown, Barbados, Londres 1956. 41. J. hartoG, The Jews and St Eustatius, The Eighteenth Century Jewish Congregation Honen Dalim and Description of the Old Cemetery, St Maarten 1976, p. 17-.65.

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Épigraphie et sotériologie des esclaves émancipés qui y bâtirent des maisons. Une plaque signale le site : « Jews’ Burial Ground 5444-5528 1684-1768 » où subsistent dix-neuf tombes. Mordechay Arbell a publié l’inscription d’une des premières en hébreu et en anglais datée de 1684. Le site fait l’objet de travaux utilisant une technique de résistivité électrique en vue de localiser les tombes enfouies 42. Une tradition consignée par des historiens des Indes occidentales britanniques fait remonter à 1530 l’établissement des juifs à La Jamaïque. Plus tangible, notre information date la venue des juifs portugais de la reddition espagnole face à l’assaut anglais du 17 mai 1655. Pratiquement, de la dispersion des cimetières juifs à travers l’île, on déduit leur présence non seulement dans les villes de Port Royal, Spanish Town – avec la synagogue mère Neweh Shalom, Oasis de Paix (Is 32,18) – , Kingston – avec la synagogue Shaar ha Shamaim (Gn 28,17) érigée en 1744 –, Montego Bay, Savanna la Mar, Lucea, Port Antonio, Falmouth, Brown’s Town, St Moran Bay, Saint Thomas, Saint Elizabeth, Linstead, Old Harbour, mais aussi dans des hameaux, des villages, des plantations isolées. Aux côtés des communautés séfarades, des communautés ashkénazes virent le jour dès l’ère coloniale. Du recueil des 1 446 inscriptions préparé par le regretté Richard Barnett, nous détachons les cimetières portugais antérieurs au xixe siècle établis à Hunt’s Bay, paroisse St Andrews, à Kingston (entre North Street, Charles Street, Love Lane et Mark Lane), à Spanish Town, paroisse Sainte Catherine (jonction de White Church Street et Burke Road), à Falmouth, paroisse de Trelawny (Duke Street), à Lucea, paroisse de Hanover (jardin de Glenmore, Cressy Lane), à Savanna-la-mar, paroisse de Westmoreland (22 Beckford Street), soit six cimetières. De cette communauté, la plus considérable sans doute de l’époque coloniale, subsistent des sépultures exceptionnelles visibles pour une large portion sur la toile grâce au projet exemplaire de l’United Congregation of Israelites in Jamaica, the ancient and lively Jewish Community at the heart of the Caribbean 43.

42. M. a rBell, The Jewish Nation of the Caribbean. The Spanish-Portuguese Jewish Settlements in the Caribbean and the Guianas, Jérusalem-New-York 2002, p. 218-224 ; M. terrell, « Examining a colonial period. Jewish Cemetery in the Caribbean, 31rst Annual Meeting of the Society for Historical Archaelogy, Atlanta, January 6-10 1998 », en ligne www.tc.umn.edu/~terre011/Resistivity.html (consulté le 1er mars 2017). 43. R. D. BarNett, P. WriGht, The Jews of Jamaica. Tombstone Inscriptions 1663-1880, Jérusalem 1997 ; site internet www.ucija.org ; M. delevaNte, The Knell of Parting Day. A History of the Jews of Port Royal and the Hunt’s Bay Cemetery, Kingston (Jamaïque) 2008. J’ai plaisir à remercier ici M. Ainsley Henriques qui m’a invité au colloque « The Jewish Diaspora of the Caribbean », organisé du 12 au 14 janvier 2010 à Kingston et à participer à une visite émouvante des participants du colloque dans l’ancien cimetière de Hunt’s Bay. Les actes de ce colloque sont édités par J. S. GerBer, sous le titre The Jews in the Caribbean, Oxford-Portland (Oregon) 2013,

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux Dans les colonies françaises de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint Domingue, l’Ancien régime n’accorda aux juifs que des résidences précaires en dépit des Lettres Patentes dont bénéficiaient en principe les juifs portugais depuis Henri II. Dans son premier article le Code Noir prononçait leur exclusion. Cependant, des familles se maintinrent au xviiie siècle. En novembre 1984 William Hodges et Jennifer Hamilton mirent au jour un petit cimetière juif au Cap Haïtien : trois épitaphes françaises des années 1789-1790-1791 gravées sur des sépultures y révèlent le judaïsme des défunts par le sigle SAGDEG (= Sua Alma Goze de Eterna Gloria) cher aux cimetières de la Diaspora portugaise 44. Dans les îles danoises (aujourd’hui américaines) de Saint-Thomas, patrie de Camille Pissarro, et de Sainte-Croix, des familles portugaises prirent pied dès la fin du xviie siècles. En 1796 seulement s’organisa à Saint-Thomas – avec sa synagogue – une communauté dite Beraha ve-Salom ve-Gemilut Hasadim. Le cimetière est attesté en 1750 ; tardives, ses inscriptions publiées couvrent une partie du xixe siècle, révélant les patronymes portugais des familles de l’île : d’Azevedo, Fonseca, Henriques, Lindo, Maduro, Moron, Pereira. À Sainte-Croix auraient fonctionné une synagogue sur Dorningade et un cimetière à l’Ouest de Christianstad 45. Au Suriname, britannique jusqu’en 1667 puis hollandais à la suite du traité de Breda, des juifs portugais venus de Cayenne établirent d’abord une synagogue et un cimetière à Torarica. Par la suite se développèrent une quarantaine de plantations juives de canne à sucre à l’intérieur des terres dans un territoire situé à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Paramaribo. L’ensemble des plantations juives ayant adopté des toponymes bibliques, constitua la Jodensavanne, un village juif avec sa synagogue Beraha ve Shalom (1685), prospère au xviiie siècle. Deux cimetières s’y ouvrirent, les Juifs fortunés importaient des marbres d’Italie gravés à Gênes puis expédiés d’Amsterdam pour honorer les sépultures de leurs chers disparus. Conscients du caractère unique de leur expérience, les dirigeants de la Nation juive publièrent à Paramaribo en 1780 en français un Essai historique sur la colonie de Surinam, sa fondation, ses révolutions, ses progrès, depuis son origine jusqu’à nos jours, ainsi que les causes qui depuis quelques années ont arreté le cours de sa prospérité ; avec la description & l’état actuel de la Colonie, de même que ses revenus annuels, les charges & impôts qu’on y paye, comme aussi plusieurs autres objets civils & politiques ; ainsi qu’un tableau des mœurs de ses habitans en général avec l’Histoire de la

44. M. arBell, «Jewish Settlements in the French Colonies in the Caribbean (Martinique, Guadeloupe, Haiti, Cayenne) and the “Black Code” », dans P. BerNardiNi, N. fieriNG (dir.), The Jews and the Expansion of Europe to the West, 1450 to 1800, New York-Oxford 2000, p. 287-313 ; M. arBell, The Jewish Nation of the Caribbean, p. 291-292. 45. M. arBell, The Jewish Nation, p 268-287 ; J. marGoliNSky, 299 Epitaphs from the Jewish Cemetery of St Thomas WL, 1837-1916, Copenhague 1957 ; B. heller, Epitaphs in the Jewish cemetery at Christiantad, St Croix 1958, ms.

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Épigraphie et sotériologie Nation Juive Portugaise & Allemande y Établie, leurs Privilèges, immunités & franchises : leur État politique & moral, tant ancien que moderne : la part qu’ils ont eu dans la défense & dans les progrès de la Colonie. Le tout rédigé sur des pieces authentiques y jointes, & mis en ordre par les Régens & représentans de la dite Nation Juive Portugaise. Depuis 1971 la Stichting Jodensavanne, « Fondation de la savane juive », a entrepris de restaurer le site et de l’ouvrir aux visiteurs. Le travail proprement épigraphique a porté sur 452 inscriptions transcrites et étudiées pour la période 1666-1873. Rachel Frankel et Aviva Ben-Ur se sont penchées tant sur les textes des inscriptions que sur les motifs ornementaux et la symbolique des sépultures, prenant en compte les emprunts d’origines diverses, africaines comprises. Le site internet www.jodensavanne.sr.org permet de visionner une traduction anglaise des épitaphes en attendant la publication des textes originaux 46. Les possessions anglaises d’Amérique du Nord accueillirent dès le xviie siècle des Juifs portugais et ashkénazes qui créèrent des communautés de rite uniquement séfarade tout au long de la période coloniale. À New York en 1682 Joseph Bueno de Mesquita acquit de William Merret et de son épouse Margery une parcelle de terre qui devint le premier cimetière juif de l’Amérique du Nord – le mieux documenté –, celui dit Chatam Square ou Oliver Street au Sud de Manhattan en usage jusqu’en 1830. Cent soixante-dix-neuf biographies et épitaphes de défunts reposant à Chatam Square dont les inscriptions ont souffert des atteintes du temps figurent dans l’ouvrage emblématique que David da Sola Pool avait consacré aux pères fondateurs de la communauté juive de New York 47. À Newport, Rhode Island, le 28 février 1677 Nathanael Dickins vend à « Mordecay Campanal et Moses Pacheco, Juifs et à leur Nation, société et amis une pièce de terre pour lieu d’inhumation ». Ces premiers juifs, originaires de La Barbade, adonnés au négoce, rencontrèrent des difficultés pour obtenir des droits de résider et de commercer. Ce n’est qu’en 1763 que fut édifiée à Newport la première synagogue de l’Amérique du Nord, dite aujourd’hui synagogue Touro. Remontant à 1677, le cimetière immortalisé par un poème de Longfellow et monument national, renferme des tombes dont les inscriptions comprennent de l’anglais, de l’espagnol, du latin, du portugais et

46. A. BeN-ur, R. fraNkel, Remnant Stones : The Jewish Cemeteries and Synagogue of Suriname, Cincinnati 1993 et id., Remnant Stones : The Jewish Cemeteries Suriname, Epitaphs, Cincinnati 2009, et Remnant Stones : The Jewish Cemeteries and Synagogue of Suriname, Essays, Cincinnati 2012 ; A. BeN-ur, « Still life : Sephardi, Ashkenazi and West African art and form in Suriname’s Jewish cemeteries », American Jewish History (2004), et « Distingués des autres Juifs : les Sépharades des Caraïbes », dans S. triGaNo (dir.), Le monde sépharade : histoire et civilisation, I. Histoire, Paris 2006, p. 279-328 ; sur le syncrétisme afro-sépharade, voir p. 303-304. 47. D. de Sola pool, Portraits Etched in Stone : Early Jewish Settlers, 1682-1831, New York 1952, p. 187-485.

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux s’accompagnent d’une ornementation d’une sobriété certaine, fort éloignée de l’exubérance figurative de Hambourg, d’Amsterdam et de Curaçao. Les plus anciennes ont été transcrites à plusieurs reprises, quarante-deux d’entre elles sont publiés dans l’histoire de la communauté du rabbin Morris A. Gutstein. Le sigle SAGDG (= su Alma Goze de Gloria) clôt celle d’Abraham Rodrigues Rivera décédé en 1765 48. Filiale de la communauté Shearith Israël de New York, la communauté juive de Philadelphie, vola bientôt de ses propres ailes dans la ville la plus peuplée de l’Amérique du Nord anglaise. Elle acquit en 1740 son cimetière de Spruce Street en face de l’Hôpital de Pennsylvanie – aujourd’hui monument national – avant d’édifier sa synagogue qui prit le nom de Mikveh Israel, Espérance d’Israël 49. À Charleston, Caroline du Sud, la communauté juive célèbre son premier office de Rosh ha shana en septembre 1749 dans sa synagogue et selon le rite séfarade. Elle prend le nom de Beth Élohim, Maison de Dieu (Gn 28,17), et enterre ses morts dans une parcelle de terre acquise vers 1754 dans Coming Street par Isaac da Costa puis cédée le 13 mars 1764 à la communauté Beth Élohim 50. Le 15 mars 1964 une cérémonie de « redédication » y fut célébrée. Les premiers juifs de Géorgie s’étaient embarqués en Angleterre sur le William and Sara en janvier 1733. Hispano-portugais pour la majorité, allemands aussi, ils arrivaient dans une colonie se voulant un modèle mais mal disposée à leur égard. Le colonel Oglethorpe leur accorda pourtant des parcelles de terre en ville, des petites fermes à l’extérieur et un cimetière. Des dissensions entre Séfarades et Ashkénazes, et surtout la guerre avec l’Espagne en Floride, poussèrent les juifs à émigrer après cette tentative de colonisation restée sans lendemain 51. Considérés dans leur ensemble, ces cimetières portugais des Temps Modernes innovent en ce sens qu’ils gravent des épitaphes en langue vulgaire, espagnol et plus souvent portugais, anglais et français. Ils usent de sigles abrégeant un formulaire portugais commun à plusieurs cimetières. Ils se conforment aussi à la tradition médiévale en gravant un discours rabbinique

48. Sur le cimetière et sa sobriété, cf. J. R. marcuS, The Colonial American Jew 1492-1776, Detroit 1970, vol. I, p. 315, vol. II, p. 895-896. Inscriptions dans M. A. GutSteiN, The story of the Jews of Newport. Two and half centuries of Judaism 1658-1908, introd. de D. de Sola pool, New Yor k 1936, p. 298-321. 49. G. A. kohut, « The oldest tombstone-inscriptions of Philadelphia and Richmond », Publications of the American Jewish Historical Society 6 (1897), p. 107-111. S. milGrim, The Story of Mikveh Israel Cemetery, éd. M. yoelSoN, L. et H. GilBert, Philadelphie 1988. 50. B. A. elzaS, The Old Jewish Cemeteries at Charleston, S.C. A Transcript of the Inscriptions on Their Tombstones, 1762-1903, Charleston 1903 ; Th. J. thoBiaS, « The Cemetery we rededicate », American Jewish Historical Quarterly LIII/4 (juin 1964), p. 352-370. 51. B. H. levy, Savannah’s old Jewish community cemeteries. Including short genealogies and biographies of persons there interred, Macon (CA) 1983.

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Épigraphie et sotériologie analogue à celui usité au Moyen Âge tant dans la péninsule ibérique que dans l’aire ashkénaze. Les déplacements de personnes entre ces communautés éloignées dans l’espace mais que rapprochent des liens familiaux et économiques ainsi qu’une commune destinée contribuent à homogénéiser les modes de vie et de penser mais également à façonner des différences. Les spécificités régionales et locales Tard venu, le cimetière bordelais hors les murs, s’ajoute à d’autres cimetières portugais du Sud-Ouest, ceux de Labastide-Clairence, de Peyrehorade, de Bidache et surtout de Saint-Esprit-lès Bayonne. La comparaison met en valeur les aspects qu’il partage avec ses devanciers comme ses particularités provenant soit de ses propres champs de repos antérieurs aujourd’hui disparus, soit d’une tradition importée. En premier lieu, chacun de ces cimetières se trouve dans la proximité de la ville et du quartier où résident les juifs. À Labastide-Clairence et à Bayonne, il voisine avec le cimetière catholique. Les inhumations peuvent de ce fait susciter des troubles de la part de la population chrétienne. Les visites au cimetière font aussi plus aisément partie de la vie quotidienne. Pour des raisons de sécurité, le cimetière est clos d’un mur et, jusqu’à ce jour, le Consistoire de Bayonne doit procéder à son entretien et à sa réparation. En second lieu, l’espagnol l’emporte sur la quasi-totalité de inscriptions, le portugais étant inexistant à la différence de tous les cimetières de la diaspora où il domine. L’hébreu s’emploie rarement seul, souvent en composition, parfois en transcription latine pour des termes très familiers. S’il se fait discret à Peyrehorade et à Bidache, il est totalement absent à LabastideClairence. L’hypothèse d’une tradition marrane due à l’ouverture précoce de ce cimetière rendrait compte d’une telle absence. En troisième lieu, marqueur par excellence de judaïsme, l’ère de la Création, fournit les dates de pratiquement tous les décès, sans pour autant évincer l’ère chrétienne, la correspondance étant généralement signalée. Là encore, Labastide-Clairence fait exception : jusqu’en 1669, la datation chrétienne reste exclusive. En quatrième lieu, à de rares exceptions près, le programme épigraphique révèle une grande économie. Il se réduit à « Sépulture de … qui décéda le … qui correspond à … ». La sobriété française tranche sur la luxuriance des inscriptions d’Amsterdam, de Curaçao, de Hambourg, de La Jamaïque. Cependant, les publications de ces grands cimetières retiennent seulement les inscriptions « intéressantes », les éditeurs spécifiant que nombre de défunts n’eurent droit qu’à un piquet de bois tôt disparu. Nous avons voulu, pour les cimetières français, publier toutes les inscriptions et nous y sommes parvenus

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Espaces funéraires portugais à Bordeaux pour le deuxième cimetière de Peyrehorade 52. Henry Léon évoque à l’égard du cimetière de Bayonne une « uniformité désespérante et triste, instituée sans doute comme symbole de l’égalité de tous devant la mort » 53. Certes il exagère car il est des sépultures aux inscriptions disertes et gravées à la perfection et d’autres concises à l’extrême et d’une gravure rudimentaire. Mais enfin une dalle recouvre chacune des milliers de sépultures subsistant à ce jour. Plausible pour Bayonne, le principe vaut absolument pour Peyrehorade II où les dalles emplissent tout le cimetière. Distinct en cela des communautés de son ressort, le cimetière de Bayonne offre, parmi une quantité d’inscriptions lapidaires, certains exemples d’épitaphes très littéraires caractérisées par un réemploi de versets ou de fragments de versets bibliques appliqués à la personnalité du défunt. Notre cimetière bordelais suivrait le modèle bayonnais avec une modestie plus sensible qu’à Bayonne quant au dernier point considéré. On ne trouve de discours littéraire qu’en faveur des rabbins, alors que Bayonne se montrait plus généreuse en faveur de laïcs, voire de dames d’une grande vertu. Par l’emploi de sigles dans l’envoi de l’épitaphe, Bordeaux se distingue par contre absolument de tous ses homologues régionaux et s’apparente aux cimetières de la diaspora portugaise. L’apparition tardive, le 12 octobre 1765 sur l’épitaphe d’Abigaïl de Ishak Mendes (§ 231) du sigle SSAAEADLVA – précédemment développée en Sea Su Alma Atada en Atadero De Las Vidas d’après I S 25,29 sur l’épitaphe de Miriam Mezes Penso le 14 juin 1765 (§ 229) concrétiserait un emprunt à la tradition d’Outre Atlantique. Peut-on enfin soutenir, vu la période assez brève d’utilisation de ce cimetière 1728-1768, la pertinence d’un modèle bordelais ? Une visite dans le cimetière des Avignonnais de Bordeaux, 48 rue Sauteyron, me suggère une réponse positive. Alors que j’escomptais y rencontrer un formulaire spécifique aux Comtadins, j’ai déchiffré exactement le discours espagnol de notre cimetière, comme le révèle cette épitaphe :

52. Sur ces cimetières, cf. A. levi, Les vestiges de l’espagnol et du portugais chez les Israélites de Bayonne. Le cimetière israélite de Labastide-Clairence, Bayonne l933 ; G. NahoN, « Inscriptions funéraires hébraïques et juives à Bidache, Labastide-Clairence (Basses-Pyrénées) et Peyrehorade (Landes) », Revue des études juives CXXVII (1968), p. 223-252, p. 347-365 ; CXXVIII (l969), p. 349-375 ; CXXXI (1972), p. 195-230 ; id., « Inscriptions funéraires du Cimetière des Juifs à Bayonne. Note préliminaire sur les résultats d’une mission du CNRS effectuée en juillet-août l97l », Notre Communauté 4 (l97l), p. 7 ; m. BeNquet, « Le premier cimetière juif de Peyrehorade 1628-1739 », T.E.R. de maîtrise d’histoire moderne sous la direction de Philippe Loupès, Université Michel de Montaigne Bordeaux III, 1996, J.-P. BriSSet, Bidache : le cimetière israélite, Bidache 2008. Prenant la suite de ma mission effectuée en 1971 avec le concours de Daniel Lévy, de Patricia Hidiroglou, de mon épouse Maryvonne et de mes enfants, Myriam, Jacques, Ariel et Elisabeth, Philippe Pierret, conservateur au Musée juif de Belgique, a mis en chantier la transcription de toutes les inscriptions du cimetière de Bayonne antérieures au Premier Empire. 53. H. léoN, Histoire des Juifs de Bayonne, Paris l893, p. 208-209.

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Épigraphie et sotériologie S(epultur)a del bienavent(ura)do Moseh bar Semuel Roget Hermano de G(emilut H(asadim) F(alleci)° a 4 tebet 5548 q(ue) cor(respon)de a 7 enero 1788 SAGDGA (= Su alma goze de Gloria, Amen).

Le mode portugais de Bordeaux s’avère opérationnel hors de son contexte : en ce sens il constitue vraiment un modèle.

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CHAPITRE III

LE PROGRAMME ÉPIGRAPHIQUE Sobre ou diserte, l’épitaphe livre un message. Commandé par la famille du défunt au lapicide, ce message s’insère dans un programme comportant plusieurs éléments. Le message s’exprime en une langue, identifie le défunt, date son décès, ajoute éventuellement une précision spatiale ou institutionnelle, plus rarement un motif ornemental, s’achève sur une eulogie. La langue et l’incipit L’espagnol Dans leur quasi-totalité, les épitaphes se déclinent en espagnol. Sur nos deux cent cinquante-six notices – soustraction faite des nos 11, 191, 223 et 253 (textes lacunaires) – deux cent cinquante-deux affichent une formulation espagnole ou contiennent de l’espagnol. Que la Nation portugaise grave en espagnol ses inscriptions funéraires requiert explication : les autres nations portugaises de l’hémisphère occidental emploient le portugais ou l’espagnol mais privilégient le portugais. Certes – et les plus anciennes délibérations du Registre de la Nation l’attestent – l’espagnol s’identifie comme la langue vernaculaire de la Nation. Tout naturellement, elle ferait graver en cette langue les inscriptions funéraires. Cependant, le fait que les Avignonnais parlant, soit le français, soit une forme de provençal, gravent en espagnol leurs épitaphes suggère une autre hypothèse. Cecil Roth conférait à l’espagnol un statut de deuxième langue sacrée, statut renforcé par l’adoption et la pratique de la Bible espagnole de Ferrare ainsi que des traductions espagnoles de la liturgie par la diaspora d’Occident. Dans cette hypothèse, reste à éclaircir pourquoi les Nations portugaises de la France, et elles seules, conférèrent un statut hégémonique à l’espagnol au détriment du portugais 1.

1.

C. roth, « The role of Spanish in the Marrano Diaspora », dans F. W. pierce, Hispanic Studies in honor of Gonzáles Llubera, Oxford 1959, p. 1-10 ; id., « These liturgical and biblical translations, being of a sacred or semi-sacred character, and following moreover very closely upon the model set by their prototypes, were all in Spanish », dans C. roth, A History of the Marranos, Philadelphie 1960, p. 327. Sensible à la difficulté, H.-P. Salomon remarquait : « In the French sephardic congrégations, for reasons too complex to set out in this note, Spanish gained the upper hand over Portuguese » (H.-P. SalomoN,

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Épigraphie et sotériologie Espagnol, l’incipit « Sepultura de » abrégé la plupart du temps en « S.A de » l’est-il vraiment ? Visitant le cimetière jouxtant Saint-Bruno, Stendhal signale en 1838 « les inscriptions de la Nécropole de Bordeaux infiniment moins ridicules que celles du Père Lachaise. Cela tient à la formule généralement adoptée : Tombeau ou Sépulture de la famille telle » 2. Anodine certes, l’expression calque aussi l’hébreu masevet qevura de Gn 35,20 comme un rappel de la sépulture de la matriarche Rachel ensevelie à Bethléem et non dans la grotte de Makhpéla à Hébron. Exceptionnellement l’incipit rejoint celui de l’épitaphe chrétienne aquy yase (§ 13, 73), voire Ci git (§ 255). L’hébreu Gravé implicitement dès l’incipit de nos sépultures, l’hébreu se décline explicitement sur quatre modes différents dans cinquante-trois inscriptions, soit 26,28 % de l’ensemble funéraire 3. Ces modes se décomposent comme suit : 1. Trois défunts ont droit à une épitaphe exclusivement hébraïque, le rabbin Aaron Sasportas le 19 décembre 1727 (§ 11), le scribe David Soreph le 13 juin 1756 (§ 191), le chantre Joseph Paes de Leon le 10 août 1757 (§ 193). 2. Un texte hébraïque précède une inscription espagnole ou s’y ajoute pour la traduire ou la compléter sur les dalles funéraires d’Isaac de Abraham Benjamin Francia le 15 février 1731 (§ 25), d’Aaron Ézéchias de Aguilar le 27 mai 1731 (§ 31) 4, du rabbin Joseph Falcon le 2 décembre 1738 (§ 79), de Sara Esther Mendes Gradis le 10 juin 1739 (§ 82), d’Abraham-Benjamin de Francia le 10 décembre 1739 (§ 85), du péritomiste Israël Jacob de Mezes le 12 mars 1742 (§ 97), du rabbin Jacob Haim Hatias le 15 septembre 1760 (§ 200) et d’Abraham de Oliveira le 22 décembre 1767 (§ 245) 5. L’eulogie hébraïque ‫נפשו בטוב‬ ‫ תלין‬que son âme dorme dans la félicité [et que sa postérité hérite de la terre] 6, premier hémistiche de Psaume 25,13, surmonte l’épitaphe d’Isaac Rodrigues Pereira le 22 septembre 1742 (§ 101). Sur la sépulture de Jana-Esther Gomes

2. 3.

4. 5. 6.

58

« K.K. Shearith Israel’s First Language : Portuguese », Traditions (Rabbinical Council of America) 30/1 (1995), p. 74-84, n. 6 p. 74. L. deSGraveS, Voyageurs à Bordeaux du dix-septième siècle à 1914 suivis d’extraits du « Voyage dans le midi de Stendhal », Bordeaux 1991, p. 146. Nous renvoyons d’une manière générale aux multiples articles et au grand livre de M. BaraSher, Les traditions de l’hébreu des communautés juives du Sud-ouest de la France, Jérusalem 2006, t. I. Études linguistiques, t. II. Les rituels d’Isaac Arthur Pereyre, et son édition française, Les communautés juives du Sud-Ouest de la France. Priéres et traditions linguistiques, Paris 2013. Portion hébraïque signalée mais non transcrite par Cirot, sépulture non retrouvée in situ. Indiquée mais non retrouvée ni transcrite comme supra. Traduction préférée à celle de la Bible du Rabbinat Français : « Son âme vivra dans le bonheur et sa postérité prendra possession du pays ». Rashi explique en effet s. l. : quand il dormira dans la tombe, son âme dormira dans la félicité.

Le programme épigraphique Athias l’acronyme traditionnel ‫ תנצב׳׳ה‬inspiré de 1 S 25,29 – l’âme 7 de mon seigneur restera ensachée au sachet de la vie que protège le Seigneur, ton Dieu –, est gravé in fine (§ 185). 3. Transcrit en caractères latins, l’hébreu figure dans vingt-neuf épitaphes, compte non tenu de la mention d’un mois de l’année juive : celles d’Élie Manassé Pereira de Azevedo le 19 avril 1726 (§ 4), de Jacob Pereira Brandon le 30 août 1733 (§ 46), de Jacob Acosta y Amesquita le 3 septembre 1733 (§ 47), d’Ézéchias Jacob Gradis, le 25 janvier 1736 (§ 55), d’Ézéchias David Benjamin Pinto le 11 octobre 1738 (§ 77), de Joseph Falcon le 2 décembre 1738 (§ 79), d’Abraham-Benjamin de Francia le 10 décembre 1739 (§ 85), d’Aaron Henriques le 29 juin 1741 (§ 94), du péritomiste Israël Jacob de Mezes, le 12 mars 1742 (§ 97), d’Isaac Lameyre le 16 mai 1742 (§ 99), d’Ézéchias Daniel Gomes le 19 novembre 1742 (§ 102), de Jacob Lopes-Peña, le 3 mai 1745 (§ 117), d’Isaac Delcampo le 3 décembre 1745 (§ 124), d’Isaac Dias le 15 décembre 1745 (§ 126), d’Isaac Rodrigues-Pereira le 2 juin 1746 (§ 128), d’Isaac Lopes Pereira, le 3 août 1751 (§ 163), de David Henriquez Hibarra, le 16 août 1751 (§ 164), d’Abraham Jacob Pinelo le 20 avril 1753 (§ 176), de David de Bargas le 6 mai 1753 (§ 178), de Jacob de Leon le 15 janvier 1755 (§ 186), d’Ézéchias-Isaac Sasportas le 31 octobre 1760 (§ 203), d’Abraham Rodrigues-Peinado le 30 mars 1761 (§ 204), du chantre Jacob Fernandes de Leon le 17 novembre 1762 (§ 214) d’Abraham Rodriguez-Pereyra le 2 septembre 1764 (§ 227), de Moïse Vaz le 25 juillet 1766 (§ 234), d’Ézéchias David Esteves le 5 juillet 1767 (§ 239), d’Abigaïl épouse Abraham Gomes Fonseca le 13 octobre 1767 (§ 243), d’Isaac Rodrigues-Henriques le 15 novembre 1767 (§ 244). Le lexique hébreu translittéré s’avère lapidaire au propre comme au figuré. Il comprend quinze termes ou expressions : Abaiur ou abajur, héb. Bahur, jeune, jeune étudiant (§ 77, 127), Aiasis anihbad, âgé et vénéré (§ 55) avec des variantes notamment ayasis veanihbad (§ 47, 97, 99, 164, 204), voire ayasis be anybad où la réalisation du vav par b suit une habitude hispanique (§ 124, 126, 178, 186, 203) ou encore ayasis veanijbad où le khaf est réalisé par la jota (§ 227). Devenue tellement usuelle, l’expression se réduit à l’abréviation A.S A.D. (§ 94) voire à l’acronyme A.V. (§ 239). Amaskil Beanabon, l’intelligent et savant (§ 4) avec la réalisation b du vav comme indiqué supra. Bikur holin, visite des malades (§ 126), biqur Jolim (§ 176), et l’acronyme B.H. (§ 163). Gabay, trésorier (§ 46) ou gavay (§ 55) Gemilut hasadim, bonnes actions (§ 117) ou gemilut hazadim (§ 214).

7.

« L’existence », dans la Bible du Rabbinat Français.

59

Épigraphie et sotériologie Haham, sage, rabbin dans la communauté séfarade (§ 79). Hazan, chantre (§ 243). Hevra, confrérie (§ 243), également Jebra (§ 97) abrégé en hea (§ 102) voire en H.A (§ 94). Iesiva, académie (§ 79), yesiba (§ 85). Ierusalaim, Jérusalem (§79), Yerusalaim (§ 85). K. [ahal] K. [ados], communauté sainte (§ 79), seule occurrence sous cette forme abrégée. Moel, péritomiste (§ 97, 244). Nzj, acronyme pour Ne‘im zemirot Israel, Chantre aimable d’Israël, désignation traditionnelle d’un ministre officiant d’après 2 S 23,1 (§ 193, 234). Riby, maître d’école (§ 79, 214, 234). Particulièrement significatives les variantes peuvent renvoyer à une hésitation du lapicide. Elles peuvent aussi transcrire une prononciation propre à une famille, spécialement en ce qui touche au rendu du bet, du vav ou du het. Dans cette dernière hypothèse, elles traduisent une familiarité certaine avec des fonctions institutionnelles d’une part, avec les appellations honorifiques abaiur, aiasis anihbad, amaskil beanabon d’autre part. Les épitaphes masculines usent de façon quasi exclusive de ces deux formes d’hébreu. En effet seule Sara Esther Mendes Gradis a droit à une épitaphe hébraïque (§ 82). Seule l’épitaphe de Jana-Esther Gomes Athias se clôt sur le sigle traditionnel ‫ תנצב׳׳ה‬qui tire sa source, il est vrai, de la bénédiction féminine prononcée par Abigaïl à l’intention de David en I Sam. 25,29 (§ 185). Aux dames échoit une portion plus congrue encore dans le lot des épitaphes à hébreu translittéré. Une seule en comporte, celle d’Abigaïl épouse Abraham Gomes Fonseca, à cette réserve près que les termes hazan et hevra concernent son époux (§ 243). Cela signifie-t-il que les femmes ignorent l’hébreu dont l’enseignement reste l’apanage des garçons ? Certainement, les hommes remplissant seuls les fonctions communautaires mentionnées dans les épitaphes, la quasi-totalité des termes hébraïques du langage de nos pierres y renvoyant, tout naturellement la gravure s’en ressent. Pourtant, les dames auraient pu revendiquer une appellation honorifique comme ayasis ve anihbad dont raffolent les épitaphes masculines. Faut-il considérer que la ré-hébraïsation des ci-devant marranes bordelais s’effectua beaucoup plus lentement chez les femmes ? L’hébreu transparaît encore sous un formulaire espagnol calque dans quinze occurrences, soit 7,5 %, la date n’étant pas prise en compte. On le discerne ainsi dans les épitaphes d’Isaac de Abraham-Benjamin Francia, le 15 février 1731 (§ 25), du rabbin Joseph Falcon le 2 décembre 1738 (§ 79), d’Abraham-Benjamin de Francia le 10 décembre 1739 (§ 85), d’Esther Cardose Lameyra le 11 mai 1762 (§ 210), d’Esther Lindo le 21 mai 1762 (§ 211), de Jacob Fernandes de Leon le 17 novembre 1762 (§ 214), d’Abraham Alvares de Pas, le 2 janvier 1763 (§ 215), d’Ézéchias Benjamin Rodrigues-Carrasco 60

Le programme épigraphique (§ 219), de Debora-Myriam Mezes (§ 229), d’Abigaïl d’Isaac Mendes (§ 231), de Jacob Israël Latad le 11 août 1766 (§ 235), de Jacob Aguilar, le 28 janvier 1767 (§ 236), d’Esther épouse David Lameyra, le 4 juin 1778 (§ 252). Dans l’épitaphe d’Isaac de Abraham-Benjamin Francia, mancebo traduit l’hébreu bahur, adolescent étudiant, déjà gravé dans sa portion hébraïque (§ 25) et rendu par joben dans l’épitaphe d’Aaron-Ézéchias de Aguilar (§ 31). L’épitaphe du rabbin Falcon offre la jolie traduction de l’hébreu moreh sedeq (maître de justice, cf. Os 10,12) : amostran iustidad et de rosh (chef) : cabeza (§ 79). L’épitaphe du chantre Jacob Fernandes de Leon traduit l’hébreu ne‘im zemirot d’après 2 S 33,3 en suabe a salme (§ 214). Les autres épitaphes de cette série se terminent – avec des variantes – sur l’eulogie traditionnelle Sea su alma atada (ou colocada, ou colocada y atada) en ligadero de las vidas, Amen « que soit son âme placée et ensachée au sachet de la vie » d’après 1 S 25,29 in extenso à une exception près, celle d’Abigaïl d’Isaac Mendes qui la réduit à l’acronyme SSAAEADLVA (§ 231). L’épitaphe d’Esther épouse David Lameyra offre avec Sea su bendita alma colocada en la gloria un mixage de « [son âme] restera ensachée au sachet de la vie » en 1 S 25,19 avec « sa résidence sera entourée de gloire » en Is 11,10 (§ 252). Quant à la formule finale d’Esther Lindo DPSDMAIBSSO, nous sommes tributaires du relevé de Cirot qui écrivait : « Je n’ai pu arriver à reconstituer la phrase qui doit être représentée par ces initiales ». Corrigeant sa lecture en deSempaiSSo, soit Des(canse) em P (ar) aisso, nous subodorons l’hébreu médiéval ‫ נוחה עדן‬qu’elle repose en paradis (§ 211). L’incipit pedra de sepulcro d’Abraham Benjamin de Francia calque la masevet qevura de l’hébreu en Gn 35,20, tandis que, glorifiant ses mérites avec yesiba en Yerusalaim estableció para gozar de la morada del cielo (§ 85), la suite de l’épitaphe joue sur les deux acceptions de l’hébreu ‫ ישיבה‬demeure d’une part, académie rabbinique d’autre part. L’expression la morada del cielo, demeure du ciel calque l’hébreu médiéval ‫ישיבה של מעלה‬ demeure (ou académie) céleste 8. L’hébreu traduit en espagnol obtiendrait un meilleur score que l’hébreu transcrit ou translittéré dans les épitaphes féminines, celles d’Esther Cardose Lameyra (§ 210) d’Esther Lindo (§ 211), de Debora-Myriam Mezes (§ 229), d’Abigaïl d’Isaac Mendes (§ 231), d’Esther épouse David Lameyra (252). Encore remarquera-t-on qu’il n’apparaît ainsi qu’in fine dans l’eulogie rituelle et seulement à compter du 11 mai 1762. Cette nuance va dans le sens d’une réhébraïsation tardive, non seulement de la portion féminine de la Nation, mais de la Nation elle-même.

8.

R. marGoliuth (éd.), Sefer Hassidim, she hibber R. Yehuda hassid, Jérusalem 1960, § 1164, p. 576.

61

Épigraphie et sotériologie Le portugais Notre épitaphier ne compte que deux gravures en portugais. La S(epultur)a de la bienav(entura)da/ Ester Lindo/ Mulher de Da/vid Lindo que/ foy Deos bendito seruido/recolher para/ sy em 30 yiar/ 5522 que cor(espon) de/21 mayo 1762/dpsdmaibsso (§ 211) renvoie à une famille lusophone notable de Bordeaux. Encore l’épithète bienav(entura)da de la première ligne demeure-t-elle espagnole. L’époux de la défunte, David Lindo recevait deux lettres en portugais datées des 1er septembre et 18 décembre 1741 du bayonnais Jacob Pereyre Brandon 9. La S(epultur)a/ do bemaven(tura)do/ Ab(raha)m de Oliveira / f(alleci)° a 1° de tebet / 5528 (§ 245) ne se distingue que par la forme portugaise de l’épithète signifiant bienheureux. On perçoit ailleurs des lusismes comme le redoublement de l’s du verbe fallessio dans l’inscription de Jacob Nunes Pereyre (§ 10), la préposition em dans celle d’Esther Lindo (§ 211), du participe bendita pour bendicha dans Sea su bendita alma colocada en la gloria dans celle d’Esther Lameyra (§ 252). Conclure de la discrétion portugaise dans les inscriptions funéraires à la disparition du portugais au sein de la Nation serait une erreur : des prédicateurs délivrent parfois en portugais des sermons dans une synagogue bordelaise. Un des deux sermons bordelais du xviiie siècle qui nous sont parvenus est en portugais, celui de David Machado de Sequeira, Sermão funebre nas Exequias dos trinta Dias do Senhor David Ergas La Cour, composto e prégado em Bordeus, imprimé à Amsterdam en 1734. Le sermonnaire mourut à Bordeaux, âgé de soixante-seize ans le 1er octobre 1747, mais je ne trouve pas sa sépulture dans ce cimetière 10. Le français Le français entre très tardivement dans le cimetière de la Nation sous l’aspect d’une gravure placée au bas d’une inscription espagnole qu’elle traduit. Ainsi la Sépulture du bienheureux Jacob Coen Pexotto décédé le 26 de tisdri 5521 qui correspond au 4 octobre 1760 (§ 201) va jusqu’à préférer à la transcription hébraïque Jahacob de l’inscription espagnole qui la précède la forme usuelle

9.

Lettres publiées dans G. NahoN, « From Bayonne to Bordeaux : Two Portuguese Letters of 1741 », The Sephardic Scholar 1977-1978, p. 48-63, et Les “Nations” juives portugaises, § 137 p. 417, § 142, p. 424-425. 10. Unicum, sauf erreur de ma part, à la British Library sous la cote 4033 f. 42 ; décès Archives de Bordeaux GG 790, n° 190. Un troisième sermon signalé par M. kaySerliNG, Biblioteca española-portugueza-judaica and other Studies in Ibero-Jewish Bibliography by the author, and by J. S. da Silva Rosa : with a bibliography of Kayserling’s publications by M. Weisz, New York l97l. p. 88 : « Pereyra de Andrade, Jacob, rabbin à Bordeaux, Sermão em portuguez (traduit en espagnol), Burdigale, Jac. De Metz 5406 = 1706 (37 pp.) 4° », m’est resté inaccessible.

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Le programme épigraphique française Jacob. De même la Sépulture du bienheureux Salomon de Francia alias Antoine décédé le premier de hesvan 5521 qui correspond au 10 octobre 1760 francise l’hébreu Selomo de la portion initiale de l’épitaphe (§ 202). S’agissant de l’éminent dirigeant de la Nation Ézéchias-Abraham Francia, le supplément français se contracte en une courte notice Ab (raham) Francia fils de Ge(eorge) décédé le 5 avril 1764 (§ 224) laissant deviner le prénom français du père du défunt. Après une épitaphe dithyrambique en son honneur, Abigaïl Mendes de Castro veuve de David Mendes a droit à un service minimum en français : Ci-git l’épouse de David Mendes (§ 226). De même trouvons-nous une notice lacunaire non datée Ci-git Carras.. la fleu (§ 255). La Sa de la bien. Heureuse & vertueze. Hana Rachel Jsabeau Lopes de Pas épouze de feu s(ieur)r Salomon Ant(oin)e. Francia décédé le 23 kisleu 5525 que correspont a 17 décembe [sic] 1764 concrétise l’apogée de la francisation : elle traduit en effet les prénoms Isabel, Selomo et Antonio de la portion espagnole initiale de l’épitaphe en Isabeau, Salomon, Antoine. Elle conserve pourtant l’incipit espagnol Sepultura de, une orthographe française hésitante, le pronom relatif espagnol que (§ 228). Les défunts Onomastique espagnole et portugaise des patronymes Dans leur quasi-totalité, les patronymes sont espagnols ou portugais. Cirot remarque « des apellidos franchement portugais » à propos de la S (epultur) a del bien av (entura)do Isaac Roiz Alpalhão que f (alleci) ° a 21 tebet 5526 que conrresponde a 2 enero 1766 (§ 232). À ce patronyme ajoutons – seuls ou en composition – Lopes représenté vingt-sept fois, Rodrigues vingt-cinq fois, Pereira seize, Costa et Henriques dix, Gomes neuf, Fernandes et Nunes huit, Dias et Lameyra sept, Carballo et Gradis six, Alvares, Peixoto, Mendes et Silva cinq, Pas quatre, Fonseca trois, Azevedo, Cardoso, Miranda et Silveyra deux, Albouquerque, Correa, Delvaille, Froy, Lamego, Lindo et Oliveira une. Ces noms tireraient leur origine de l’adoption de patronymes de leurs parrains à la suite des conversions, forcées ou non, de leurs ancêtres. Saint-Simon brocardait cette coutume en ces termes : Ce qui ajoute encore avec indécence à cette obscurité est l’ancienne coutume de donner aux Maures et maintenant encore aux juifs qui se convertissent et que les grands seigneurs tiennent au baptême, non seulement leur nom de baptême, mais celui de leur maison, avec leurs armes, qui passent pour toujours dans ces familles infimes, et qui, avec le temps, les confondent avec les

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Épigraphie et sotériologie véritables, et les leur substituent encore plus aisément lorsqu’elles viennent à s’éteindre » 11.

Ces noms résultent fréquemment du choix d’un alias destiné à échapper aux poursuites du Saint-Office, plus simplement – selon l’usage portugais – de l’adjonction ou de la substitution du nom de la mère à celui du père. Anita Novinsky a intitulé son étude sur les noms des Nouveaux Chrétiens du Brésil « Le mythe des noms marranes ». En effet les chrétiens portent ces mêmes noms que d’aucuns considèrent comme juifs. Anita Novinsky a établi, à partir d’un Rol dos Culpados confectionné par le Saint-Office portugais et couvrant le Portugal et son empire, une liste de noms fréquemment mentionnés. À partir de cette liste, elle propose une hiérarchie des patronymes des Nouveaux chrétiens du Brésil inculpés de judaïsme entre 1700 et 1761. La séquence obtenue par Anita Novinsky s’apparente à la nôtre sans pour autant s’y identifier. Elle range en ordre décroissant les Rodrigues, Nunes, Henriques, Mendes, Correa, Lopes, Costa, Gomes, Pereira, Cardoso, Silva, Fonseca, Paredes, Alvares, Miranda, Azevedo, Valle, Barros, Dias, Ximenes et les Furtado. Pratiquement dans la séquence bordelaise des dix premiers noms figurent sept patronymes également présents dans la séquence brésilienne homologue : Rodrigues, Nunes, Henriques, Lopes, Costa, Gomes, Pereira. Opérationnel, le modèle brésilien dégagé par Anita Novinsky met en lumière le caractère décidément portugais de la nécropole bordelaise. Il révèle encore une parenté onomastique surprenante entre une communauté revenue en France au judaïsme et un ensemble de nouveaux chrétiens soupçonnés de judaïsme au Brésil 12. Les patronymes typiquement juifs figurent sur un nombre restreint d’inscriptions : Semuel Aboab de Fonseca, 1 de oct [ obre ] 1731 ( § 33), S (epultur) a de la bien ab(enturad)a Rachel Cados-Pacencia f (alleci) o a 22 de nisan 5515 que cor (es) p (on) de a 2 abril 1755 (§ 187), Jaïm Bar Josef, 10 de avril [1762] (§ 2O9), l’épitaphe d’el sabio J (ahaco) b Haim Hatias (§ 200) ou de Jaim Moseh Atias f° a 11 de sivat 5496 ( § 54), S (epultur) a de la bienaventu(ra) da Miryam Ester Yesvrvn Lopes mujer de Reuben Yesvrun Lopes f (alleci )° a 12 de nisan 5509 que cor (espon) de a 7 de avri1 1749 (§ 149) ou encore le rabbin Aaron Sasportas le 19 décembre 1727 et David Soreph le 19 février 1756 sur des épitaphes exclusivement hébraïques (§ 11 et 191). Encore deux de ces patronymes Cados et Yesurun entrent-ils en composition avec des noms

11. Pour les parrains chrétiens, cf. J.-S. da Silva roSa, Geschiedenis des Portugeesche Joden te Amsterdam, Amsterdam 1925, p. 3. Mémoires de Saint-Simon, nouvelle éd. collationnée sur le manuscrit autographe, augm. des additions de Saint-Simon au Journal de Dangeau, t. IX, notes et appendices par A. de BoiSliSle, Paris 1879-1928, p. 168-169. 12. Sur les alias, Cf. i. S. emmaNuel, Precious stones, p. 101-104 ; A. NoviNSky, « Uma fonte inédita para a História do Brésil », Revista de História 94 (1973), p. 563-572 ; id., « The Myth of the Marrano Names », Revue des Études juives 165 (2006), p. 445-456.

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Le programme épigraphique hispaniques. Ressortissant en principe de la titulature sacerdotale des descendants d’Aaron, Cohen – sous la forme Cohen, Coen ou a Coen – s’insère dans la série des patronymes, soit seul (§ 60 et 104), soit en composition avec cinq Coen-Peixotto (§ 5, 113, 126, 192, 201). Les prénoms bibliques Par opposition à la patronymie hispanique, la gravure des prénoms s’inspire d’une palette exclusivement biblique dans une graphie hébraïque translittérée avec des variantes, et, les années passant, dans la graphie française commune. Les occurrences abondantes de prénoms chrétiens sur les premières épitaphes de Labastide-Clairence, Peyrehorade et Bidache au xviie siècle trahissaient une contrainte marrane qui appartient à un passé révolu dans la nation bordelaise après 1728. Certes nous ignorons si tous les défunts inhumés dans ce cimetière portaient dans la vie courante et dans les actes officiels les prénoms bibliques gravés sur leurs sépultures. Ainsi trouvons-nous une défunte déclarée « Anne Toulède, veuve de Jacob Toulède, marchand portugais » sur le registre paroissial de Saint-Éloi et ensevelie le 17 décembre 1730 sous le nom de Raquel-Ester Cardosa de Tholedo 13. Par ailleurs, sur le Registre des Délibérations en plein xviiie siècle, des prénoms chrétiens surviennent fréquemment même chez les membres du Conseil de la Nation : il n’est que de mention ner Anthoine Francia en 1711, Gaspart Francia en 1713, Pierre Gomes Silva en 1714, Phelippe Fernandes en 1717, Georges Francia en 1729, François Lopes de Paz en 1731, Henrique Ibarra en 1742, Édouard Brandon en 1747, Blaise Dacosta en 1745 14. L’inscription funéraire retient généralement le prénom biblique seul : celle d’Isaac Delcampo en 1745 (§ 124) omet le prénom Dominique qu’inscrit le Registre des morts de la Nation portugaise de la Ville de Bordeaux et que ce même registre rappelle lors du décès de son fils Abraham le 23 janvier 1753 (§ 171) 15. Elle ajoute un prénom français comme Moseh-Louis de Mercado (§ 107) ou un alias espagnol comme Selomo de Francia alias Antonio (§ 202) ou français – en troisième prénom – comme Hana-Rachel-Isabeau Lopes de Pas, elle-même épouse de Fernando-SelomoAntonio Francia (§ 228). Les prénoms masculins les plus répandus se répartissent entre Jacob – Iacob, Iahcob, Iahacob, Jahacob, Yacob –, avec trente occurrences (§ 9, 10, 22, 24, 26, 27, 36, 42, 46, 47, 51, 55, 64, 68, 80, 86, 92, 97, 104, 117, 128, 131, 137,

13. Archives de Bordeaux GG 294 acte § 389, cf. G. cirot, Recherches, p. 118 n. 4 ; sépulture § 23. 14. On trouvera une liste des syndics et adjoints de la Nation juive de Bordeaux (1710-1789) dans S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 607-611. 15. GG 845 acte § 161 et 325.

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Épigraphie et sotériologie 148, 157, 176, 186, 214, 235, 236), Isaac – Isaque, Ishac, Ishack, Ishak, Ishaq, Jshac, Jshaq, Yshac, Yshak –, avec vingt-six ( § 1, 6, 18, 49, 65, 69, 71, 99, 101, 113, 116, 123, 125, 127, 144, 163, 165, 179, 196, 203, 232, 233, 242, 244, 247, 251), Ézéchias – Hisquiyau, Hisqiahu, Hiskiav, Iesquiyau, Hisquilyav, Hisquiyahu, Hyzkiahu, Yehisquiau – avec vingt-quatre ( § 1, 6, 27, 31, 36, 40, 55, 64, 68, 77, 102, 112, 116, 138, 160, 172, 203, 205, 217, 219, 223, 224, 239, 242), Abraham avec vingt-trois (§ 14, 49, 66, 63, 67, 85, 96, 100, 108, 112, 115, 126, 138, 151, 171, 172, 189, 204, 215, 223, 224, 227, 245), David avec dixsept (§ 28, 30, 77, 112, 114, 142, 152, 164, 173, 178, 191, 192, 217, 239, 241, 253, 254), Moïse – Moiseh, Moseh, avec huit ( § 30, 35, 54, 107, 173, 190, 205, 221), Daniel avec cinq (§ 102, 167, 222, 230, 249), avec quatre Aaron – Aron, Haron – (§ 31, 94, 139, 156) et Benjamin – Beniamin, Binyamin – ( § 44, 77, 85, 219), avec trois Haîm – Aym, Jaim – (§ 54, 139, 227), Joseph – Ioseph – (§ 79, 143, 193), Gabriel (§114, 222, 230) et Israël – Ysrael – (§ 97, 169, 235), avec deux Samuel – Semuel – ( § 33, 88) et Salomon – Selomo, Selomoh – (§ 180, 202). Mardochée – Mordohai –( 182) n’apparait qu’une fois. Nombre de défunts ont deux, voire trois prénoms, d’où notre attribution du même numéro d’inscription à plusieurs prénoms. Nous reviendrons infra sur la fréquence et la motivation de la double prénomination des défunts.

À l’exception d’Ézéchias qui ne survient qu’en composition et sur lequel nous reviendrons infra, ces prénoms reprennent en tout premier choix ceux des patriarches en privilégiant Jacob, ancêtre éponyme de la Nation, en accordant curieusement la primauté à Isaac au détriment de son père Abraham. L’épitaphier honore certes le roi David, mais se montre chiche à l’égard de Moïse et d’Aaron, des fils de Jacob – Joseph et Benjamin exceptés –, des prophètes. La restriction de la palette onomastique aux trois patriarches s’expliquerait par le parcours religieux et familial de Nouveaux Chrétiens revenant au judaïsme. Les individus, à leur rentrée dans la communauté juive adoptent une appellation patriarcale. Selon l’usage séfarade, le petit-fils ainé reprend le prénom de son grand-père, du vivant même de ce grand-père. Le léger avantage d’Isaac sur Abraham exprime-t-il une réminiscence du sacrifice d’Isaac, auquel s’identifiaient les martyrs de l’Inquisition ?

Les prénoms féminins se répartissent entre Rachel – Rahel, Raquel – avec trente-sept occur rences (§ 5, 19, 23, 34, 37, 39, 43, 50, 58, 60, 73, 87, 89, 90, 95, 103, 109, 118, 130, 133, 140, 145, 146, 147, 150, 153, 168, 174, 175, 187, 188, 197, 198, 199, 228, 237, 256), Sara – Sarah – avec vingt-six (§ 5, 17, 21, 32, 45, 50, 56, 61, 74, 75, 76, 82, 91, 98, 121, 124, 129, 141, 159, 161, 170, 175, 177, 195, 213), Esther – Ester – avec vingt-cinq (§ 19, 21, 22, 48, 52, 53, 57, 82, 83, 106, 130, 134, 149, 152, 158, 177, 181, 183, 185, 194, 210, 211, 218, 220, 252), Abigaïl – Abiqail – avec treize (§ 29, 78, 84, 106, 120, 155, 208, 225, 226, 231, 243, 248, 250), Rébecca – Ribca, Ribka, Rique – avec treize (§ 3, 45, 59, 81, 93, 111, 122, 136, 141, 195, 206, 207, 216), Judith – Ieudic, Ieudit, Jeudid, 66

Le programme épigraphique Judiq, Judique, Yehud, Yeudit –, avec huit (§ 72, 103, 119, 132, 159, 162, 238, 240), avec sept Anne – Hana, Jana, Yana – (§ 110, 210, 161, 220, 185, 225, 228) et Léa – Leah – (§ 15 20, 41, 70, 90, 105, 246), avec six Myriam – Miriam, Merian, Miryam – (§ 52, 110, 135, 149, 184, 229). N’apparaissent qu’une seule fois Debora (§ 229), Luna (§ 256) et Simha (§ 38). On ne trouve parmi les prénoms féminins de l’épitaphier – et en composition – qu’un seul prénom français Isabeau signalé supra (§ 228). Si les matriarches Rachel et Sara remportent la préférence sur Rébecca et Léa, Rachel, l’épouse bien aimée de Jacob l’emporte sur Sara épouse d’Abraham. La dilection pour Esther reflète l’identification « marrane » avec l’héroïne biblique qui « n’avait fait connaître ni son peuple, ni son origine » (Est 2,10). La première impression « marrane » des Portugais en France s’ouvre sur son histoire dans l’ouvrage de João Pinto Delgado, Poema de la Reina Ester. Lamentaciones del Profeta Jeremias. Histoire de Rut y varias poesias, Rouen, David du Petit Val 1627. La première composition rabbinique du Grand siècle français s’en inspire encore : Yshak de Acosta, ministre du culte à Peyrehorade imprime Historia sacra real. Glosa paraphrastica sobre la meguila o volumen de Ester. Compuesta de las mas ciertas y probables opiniones de Ha[ha]mim (s. l. 545l [l69l) 16. S’attachant à l’iconographie d’Esther, Elisabetta Limardo révèle ses parcours spatiaux : « La floraison des représentations de l’histoire d’Esther suit en effet le parcours historico géographique des marranes à travers la France, les Pays-Bas et l’Italie, en se concentrant dans des villes qui en constituent des points nodaux dont Rouen, Anvers, Amsterdam, Gênes, Venise » 17. La prise en considération du prénom du père d’un enfant perturberait quelque peu cette hiérarchie. En effet, sur onze garçons, le père se prénomme Samuel (§ 9, 57, 67), Abraham (§ 147, 246), Moïse (§ 86, 182), Aaron ( § 167), David (§ 190), Isaac (§ 63), Joseph (§ 35), Mardochée (§ 36), Noé (§ 148), Concernant les filles, on en retiendra aussi deux manifestement adultes (§ 15) et l’une d’elles en puissance d’époux (§ 45). Sur huit filles, le père se prénomme Aaron (§ 130), Benjamin (§ 15), Moïse (§ 81), Salomon (§ 45, 153), Samuel (§ 57).

16. Cf. G. NahoN, « L’Historia Sacra Real d’Yshak de Acosta (Peyrehorade l69l) », Mélanges André Neher, Paris l975, p. 33l-345. 17. Nouvelle éd. du livre de João Pinto Delgado par I.-S. révah, Lisbonne 1954 ; extraits avec trad. anglaise dans T. oelmaN, Marrano Poets of the Seventeenth Century. An Anthology of the Poetry of João Pinto Delgado, António Enríquez Gomez and Miguel de Barrios, Londres-Toronto 1982, p. 82-97. Sur les acceptions multiples du prénom d’Esther cf. E. limardo-daturi, « Esther : motifs iconographiques chrétiens et juifs xvie-xviie », thèse de doctorat de l’École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences religieuses, 18 février 2002, publiée sous le titre Représentations d’Esther entre écritures et images, Berne-Berlin-Bruxelles-Francfort-New-York-Oxford-Vienne 2004, p. 236.

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Épigraphie et sotériologie De même constatons-nous que le prénom du conjoint d’une défunte : Abraham (§ 45, 140, 188, 225, 243) l’emporte sur Moïse (§ 177, 183, 210, 250) et David (§ 82, 155, 210, 252) avec respectivement cinq et quatre occurrences, un Moïse beau-père d’Abigaïl Silva survenant en outre dans son signalement (§ 45). Les autres conjoints s’appellent Isaac (§ 141), Jacob (§ 52), Mardochée (§ 50), Ruben (§ 149), Salomon Antoine (§ 228). Ces deux dernières séries traduisent-elles une prédilection d’une génération antérieure pour Abraham et Moïse ? Leur modestie numérique justifierait-elle leur omission dans notre onomastique ? Il reste – pour ne retenir que nos grandes séries – que le modèle Jacob/Rachel – le mariage d’amour (cf. Genèse 29:20) – triomphe à Bordeaux. Ce modèle reproduit celui de Labastide-Clairence, mais non celui de Bidache ou de Peyrehorade I qui lui préfère Abraham/Esther, tandis que Peyrehorade II préfère Jacob/Esther et Curaçao Jacob/Sara 18.

Épithètes, titres, fonctions Précède ou suit le nom de certains défunts une épithète, un titre, une fonction au sein de la Nation ou d’une confrérie. L’épithète ha-maskil ve a-navon, l’intelligent et le savant énonce certes une qualité, mais vraisemblablement aussi la participation à une confrérie d’études (§ 4, 193, 214). Le bahur – et son calque mancebo – jeune qualifie autant un étudiant à la Yeshiva qu’un adolescent (§ 77, 104, 187). Ayasis ve anikbad, l’âgé et le vénéré, serait l’apanage de notables ayant appartenu au Conseil de la Nation (§ 47, 55, 94, 96, 97, 99, 124, 126, 164, 169, 178, 186, 193, 2303, 204, 215, 219, 224, 227). Renvoie à la fonction para rabbinique d’un maître d’école Riby (§ 11, 79, 214) tandis que nzj développé supra en ne‘im zemirot Israel, chantre aimable d’Israël (2 S 23,1) – et son calque castillan suabe salme amientos (§ 214) – renvoie à la fois à la qualité, au titre et à la fonction d’un ministre du culte (§ 193, 234) et que moel désigne le péritomiste qui opère les circoncisions (§ 97, 244). Une dizaine d’épitaphes louent le dévouement d’un défunt au service de la Nation. Ainsi Jacob Pereira Brandon remplissait-il la charge de gabay general lors de son décès (§ 46). L’épitaphe de Jacob Gradis le célèbre comme aviendo pasado por todos los cargos, siendo su hijo Binjamin gavay general

18. Pour Bidache, Labastide-Clairence et Peyrehorade, cf. mes « Inscriptions funéraires hébraïques et juives à Bidache, Labastide-Clairence (Basses-Pyrénées) et Peyrehorade (Landes). Rapport de mission REJ CXXVII (l968), p. 223-252, p. 347-365 ; CXXVIII (1969), p. 349-375 ; CXXX (l971), p. l95-230 ; J.-P. BriSSet, Bidache : le cimetière israélite, Bidache 2008 ; pour Curaçao, cf. I.-S. emmaNuel, Precious Stones of the Jews of Curaçao. Curaçaon Jewry 1656-1957, New York 1957.

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Le programme épigraphique (§ 55). L’adjectif general s’applique au trésorier, non point d’une confrérie ou d’une synagogue, mais de la Nation. L’épitaphe d’Ézéchias Abraham Francia rappelle aussi que paso por todos los cargos de la Nacion (§ 224). D’autres signalent des membres fondateurs de confréries : Aaron Henriques fondateur de la Hebra, la confrérie du dernier devoir (§ 94), Israel-Jacob de Mezes, fundador de la Santa Jebra (§ 97), Israël Gomes Henriques, premier fondateur de la Hebra (§ 169), Ézéchias Joseph Da Costa de la Hebra dite Tifferet zalom (§ 143), Abraham Albourquerque de Biqur Holim, visitation des malades (§ 151), Jacob Pinelo fondateur de cette même Biqur Holim (§ 176), Isaac Lopes Pereira, de Biqur Holim Jahid [neuve ?], confrérie vouée aussi aux malades (§ 163), Jacob Fernandes de Leon hazan de Gemilut hazadim (§ 214), Moïse Saldana siendo simplement hermano de G.H. [= Gemilut hazadim ] tandis que Daniel Gabriel d’Anavia est h(erma)no de la jesiva de Guimelut Hazadim (§ 230). Sublimado, Abraham Benjamin de Francia bénéficie d’un discours énumérant ses œuvres pies : sa charité annuelle envers les pauvres de sa ville, son appui financier au mariage des orphelines, sa fondation d’une yeshiva à Jérusalem (§ 85). Plaucible generoso Ézéchias-Benjamin Rodrigues-Carrasco mérite aussi l’énumération de ses œuvres pies : l’appui financier à l’étude de la Loi et le maintient des lieux saints – à Bordeaux ou en Terre sainte ? – (§ 219). Seule une profession médicale mérite un rappel dans une épitaphe, encore Daniel Gabriel d’Anavia cumule-t-il les mérites : médecin au service des pauvres de la Nation, il appartenait à la yeshiva de Guimelut Hazadim, l’académie de la charité (§ 230). D’une manière générale, nos épitaphes collectent-elles des formules convenues gravées quasi uniformément sur les dalles funéraires ? Laissentelles un choix personnel aux familles des défunts ? Une formule à la fois banale et déviante vis-à-vis de notre épitaphier plaiderait pour une réponse positive à cette question, l’épithète del prudente R(iby) Yahacob Ysrael Latad que fallecio con buena fama ( § 235). Encore n’est-ce qu’un calque de l’hébreu she-niftar be-shem tov min ha-‘olam, qui s’en fut en bon renom du monde 19. Les familles puisaient ou non au catalogue des formules conventionnelles ce qu’elles entendaient graver. L’épitaphe féminine se charge beaucoup moins d’épithètes de titres et de fonctions sans pour autant les ignorer absolument. La gravure qualifie volontiers une défunte d’hondrada y virtuosa (§ 5), de muy dichoza (§ 110), d’humilde y honesta (§ 159), de caritativa (§ 155), ou garitatiba (§ 226), de virtuosa y devota (§ 231) de temerosa del señor (§ 240). Exceptionnellement elle signale une date de naissance (§ 252). Esther Cardose-Lameyra a droit à une notice biographique comportant les dates et heures de sa naissance et de son décès ainsi

19. Cf. Midrash Tanhuma, péricope Wa-Yaq’el § 1.

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Épigraphie et sotériologie que la somme chiffrée de sa postérité – madre de 59 individuos – et naturellement le prénom et le nom de son époux, Moïse-David Lameyra (§ 210). D’une manière générale, le prénom et le nom du mari vivant (§ 45, 50, 52, 82, 140, 141, 149, 155, 177, 183, 188, 210, 225, 228, 243, 250, 252) ou décédé (§ 162, 226) constituent le plus clair de la notice signalétique d’une défunte. La dernière occurrence prolonge la référence au mari avec un éloge de sa piété el magnanino, generoso y birtuoso mantedor de Su Santa Ley (§ 226). Dans la même perspective, un autre mari trouve place dans l’épitaphe de son épouse, en tant que Hazan de la Hevra de Bordeos (§ 243). Une femme célibataire se signale par la préposition de suivie du prénom et du nom de son père comme la donzella onesta virtuosa y devota Abigail de Ishak Mendes (§ 231). Filiation La filiation n’intervient qu’en cas de nécessité : Hijo de (§ 9, 26, 35, 63, 67, 86, 148, 167, 182, 190), hija de (§ 57, 81, 130, 147, 153, 181, 246), simplement de (§ 15, 45, 231). Gravée à la suite du nom d’un défunt, elle confirme ou remplace l’indication fournie par la dimension réduite de la dalle (§ 27, 66, 92, 190) : il s’agit d’une tombe d’enfant. À l’égard de la mortalité enfantine, on négligera notre matériel épigraphique par trop réduit. On admettra l’inexistence ou la disparition de dalles funéraires enfantines même si, exceptionnellement, une dalle recouvre une mère et sa fillette Abigail Gradis-Silva i su hiia Raquel Gradis (§ 155), tandis qu’une autre recouvre deux enfants, chacun Esther et Abraham Alexandre ayant sa propre inscription gravée au chevet et au bas de la pierre (§ 57 et 67). Le temps du cimetière Ère de la Création, ère vulgaire À en croire Dom Edmond Martène et Dom Ursin Durand visitant le cimetière du couvent des Cordeliers aujourd’hui disparu et antérieur au nôtre, les juifs « mettent sur les tombes de leurs morts des épitaphes, dans lesquelles ils comptent les années depuis la création du monde » 20. Bien loin d’innover dans son champ de repos, la Nation ne peut que persévérer dans son temps, l’ère juive de la Création. En fait, s’inscrit normalement sur les sépultures une date selon le calendrier hébraïque, férie, mois, année. La norme s’infléchissant parfois, la datation s’effectue suivant l’un des trois modes :

20. E. marteNe, U. duraNd, Voyage littéraire de deux religieux de la Congrégation de SaintMaur, Paris 1717, II, p. 8.

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Le programme épigraphique 1. Le recours au millésime A.M. et à la date juive exclusivement sur vingtneuf épitaphes (§ 1, 2, 4, 6, 8, 9, 11, 15, 16, 18, 20, 21, 22, 27, 35, 39, 41, 48, 54, 59, 63, 66, 81, 90, 92, 167, 191, 200, 245 ) soit 11,3 %. Dans l’hypothèse selon laquelle les treize premières sépultures proviendraient d’un cimetière antérieur, on constaterait un léger avantage du recours à l’ère de la Création seule : nos deux Bénédictins n’auraient remarqué que les inscriptions datées de la sorte. 2. L’emploi minoritaire de la seule datation civile A. D. sur douze épitaphes (§ 32, 33, 34, 42, 52, 57, 67, 82, 152, 207, 209, 240) soit 4,5 %. Il convient de minorer ce pourcentage, qui prend en compte sept relevés lacunaires – ici en italique – de Georges Cirot. Le temps féminin s’inscrit à six reprises selon l’ère vulgaire seule (§ 32, 34, 52, 82, 207, 240) sur douze sépultures donc à égalité avec le temps masculin. Par contre le temps masculin selon l’ère de la Création l’emporte avec vingt et un recours (§ 1, 2, 4, 6, 9, 11, 18, 22, 27, 35, 41, 48, 54, 57, 63, 66, 92, 167, 191, 200, 245) contre huit sur vingt neuf sépultures, soit 72,4 % contre 27,5 %. 3. S’impose la gravure largement majoritaire d’une date signalée selon les deux calendriers (§ 3, 5, 7, 10, 12, 13, 14, 17, 19, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31, 36, 37, 38, 40, 43, 44, 45, 46, 47, 49 21, 50, 51, 53, 55, 56, 58, 60, 61, 62, 64, 65, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89 22, 91, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111 23, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 124, 125, 126, 127, 127, 128, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 139, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 162, 163, 164, 165, 166 , 168, 169, 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 192, 193, 194, 195, 196 , 197, 199, 201, 202, 203, 204, 205, 206, 208, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 224, 225, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 241, 242, 243, 244, 246, 247, 248, 249 , 250, 251, 252), soit 83,9 %. À l’expression « millésime double » qui traduirait une sorte d’égalité entre la datation A. M. et A. D. on préférera celle de datation juive avec équivalence, la date juive précédant la date vulgaire à deux exceptions près, les inscriptions d’Isaac Francia et Aaron d’Aguilar (§ 25 24 et 31). Détachons à titre d’exemple, Moisen David Lameira fallecio el dos de Ros Hodes Yiar que

21. 22. 23. 24.

Emplacement prévu pour le millésime resté vide à la suite du mois de tisdri. Millésime non gravé par suite apparemment d’un manque de place. Millésime non gravé. Encore que la date juive figure au premier rang sur la gravure hébraïque surmontant la gravure espagnole.

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Épigraphie et sotériologie corresponde a vulgar a 18 mayo 1731 (§ 30) 25. On observe un seul cas d’équivalence appuyée : la Sepultura de Iahacob Pereyre Falecio en 14 de adar 5495 que son 7 marso 1735 (§ 51). La gravure de l’année juive traduit une affirmation identitaire précisée à l’occasion par des épitaphes privilégiées. Seules trois épitaphes désignent explicitement l’ère de la Création, en hébreu la-Yesirah, celles des rabbins Aaron Sasportas et Joseph Falcon, celle du notable Isaac Francia (§ 11, 79, 25). Expressionniste à cet égard, la portion espagnole de l’épitaphe du rabbin Falcon spécifie a la creación del mundo. Les épitaphes d’Aaron Sasportas, de David Soreph et de Joseph Paes de Leon – trois lettrés – usent de l’acronyme rabbinique li-ferat qatan, selon le Petit Comput, soit l’année de la Création sans l’indication du millénaire (§ 11, 191, 193). Le quantième Anno Mundi Anno Domini L’inscription du quantième s’effectue selon le mois hébraïque transcrit en caractères latins d’une manière assez uniforme, les déviances observées survenant rarement. Les épitaphes datent ainsi seize décès en tisdri ou tisdry [italique pour cette graphie] (§ 13, 21, 48, 49, 77, 89, 128, 135, 141, 158, 195, 200, 201, 213, 231, 243), quinze en hesban, hesvan ou marheban mar hisban (§ 22, 41, 83, 84, 102, 103, 112, [136], 181, 196, 197, 202, 203, 206, 244), vingt-quatre en kislev, quisleb ou quislev (§ 3, 10, [11], 35, 43, 50, 60, 69, 78, 79, 85, 86, 90, 95, 104, 120, 123, 124, 125, 126, 129, 120, 159, 183, 214 , 228), vingt en tebet ou teveth (§ 23, 24, 36, 44, 70, 71, 105, 113, 142, 143, 160, 165, 169, 170, 184, 185, 216, 232, 245, 246), vingt et une en sebat ou sivat (§ 17, 25, 37, 53, 54, 55, 80, 91, 106, 114, 144, 153, 171, 186, 199, 215, 217, 218, 219, 236, 247), dix en adar ( § 1, 18, 38, 51, 72, 109, 126, 145, 146, 174), sept en adar rison ou risson, soit le premier mois d’adar d’une année embolismique (§ 61, 96, 115, 116, 172, 173, 237), onze en adar seni, veadar ou beadar 26 , deuxième dans une année embolismique (§ 26, 27, 28, 62, 97, 98, 154, 155, 175, 204, 238), vingt-six en nisan, nissan ou nizan (§ 2, 4, 5, 31, 63, 81, 82 27, 87, 107, 138, 147, 148, 149, 150, 156, 157, 161, 176, 177, 182, 187, 208, 224, 248, 249), dix-sept en Iyar yiar ou hijar, (§ 6, 19, 29, 30, 64, 65, 73, 99, 117, 178, 179, 188, 189, 190, 210, 211, 250), seize en siban ou sivan (§ 12 66 92 118 127 132 133 151 180 191 212 220 225 229 251 252), seize en tamuz ou tamuz (§ 7 14 39 45 57 88 93 94 110 111

25. Curieusement, le relevé de Cirot – le seul dont nous disposons pour cette inscription – omet l’année juive. 26. Sur cette graphie, cf. M. Bar-aSher, « La composante hébraïque dans les langues parlées par les descendants des Marranes dans le Sud-Ouest de la France », dans Sh. moraG, M. Bar-aSher, M. m ayer-modeNa (éd.), Vena Hebraica, Proceedings of the 2nd International Conference on the Hebrew and Aramaic Elements in Jewish Languages (Milan, October 23-26, 1995), Milan 1999, p. 119-152, spéc. p. 142 n. 41. 27. Seule la portion hébraïque de l’inscription comporte la datation juive.

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Le programme épigraphique 134 139 162 166 221 239), dix-neuf en ab (§ 20 40 58 68 74 75 108 119 120 121 163 164 192 194 205 222 226 230 233) appelé une fois menahem, consolateur (§ 234), seize en elul (§ 8 15 16 46 47 59 76 100 101 122 140 193 227 235 241 242). Une seule inscription mentionne ros hodes, la néoménie (§ 30). La mortalité sévit durant les mois d’hiver, kislev, tebet, sebat, mais aussi au printemps en nisan. Elle se relâche en adar – le mois où l’on fête Purim –, même en tenant compte des années embolismiques qui comportent deux mois d’adar. L’adage mi-she-nikhnas adar, marbim be-simha, on augmente la joie dès le début du mois d’adar (Ta‘anit 29 a) se vérifierait-il dans l’indice de mortalité ? Par son recours complémentaire mais quasi-rituel au calendrier vulgaire accolé à celui de la Création, la Nation bordelaise s’apparente aux communautés de la Diaspora séfarade d’Occident. Elle se distancie aussi des communautés ashkénazes qui ne gravent – et exclusivement en hébreu – que le calendrier lunaire de la Création 28. Moderne, notre Nation grave en caractères latins le calendrier vulgaire. Traditionnelle, elle grave le calendrier liturgique juif, en hébreu parfois, en caractères latins la plupart du temps. De la sorte, la nomenclature des mois hébreux, l’adjonction des ordinaux risson et seni au mois d’adar, le signalement d’un ros hodes, la substitution de mar hesvan à hesvan et de menahem à ab révèlent une familiarité des personnes avec ce glossaire hébreu. Les variantes graphiques – et spécialement tisdri et beadar – vont dans le même sens : une connaissance des noms de ces mois que l’on réalise en fonction de données personnelles ou familiales 29. La commande de gravure montre que nos Bordelais usaient couramment des noms des mois hébraïques, qu’ils les prononçaient selon leur origine linguistique, beadar pour les hispanophones, tisdri pour les lusophones. Leur graphie découlait de leur prononciation. Ceci va à l’encontre de l’hypothèse de Georges Cirot pour qui

28. M. Avraham Malthète me confirme que dans les cimetières alsaciens d’Ettendorf, de Jungholtz et de Rosenwiller au xviiie siècle, il n’est de gravure qu’hébraïque et de calendrier que selon le comput de la Création, cf. A. malthète, Registre du cimetière israélite de Rosenwiller (1753-1980), Paris 2004. 29. Le professeur Yakov Bentolila me communique les précisions suivantes : « Il est plus aisé d’articuler dri que sri, ainsi que bra vs. “mra”. Cela s’explique par le principe de sonorité : il y a des consonnes plus “sonores” que d’autres. Par exemple R est très sonore, les voyelles sont plus sonores que les consonnes. Les fricatives, chuintantes, etc. sont plus sonores que les plosives. Les voisées (vibration des cordes vocales) sont évidemment plus sonores que les non-voisées. Une syllabe est constituée d’une progression de sonorité du moins sonore au plus sonore. Donc, il est plus aisé d’articuler dri (plosive, vibrante, voyelle) que sri, car D (plosive) est moins sonore que S (chuintante). Pour la même raison il n’est pas aisé d’articuler une séquence comme RDI, car la progression de sonorité est interrompue par une chute dans D (moins sonore que î et que I. On introduit donc parfois une consonne parasite pour améliorer la séquence de sonorité progressive, comme dans Amram > Ambran, Ezra > Esdras et aussi Tishri, Tisri > Tisdri. Normalement cette consonne de transition est homorganique : M et B sont toutes les deux labiales, S et D sont toutes les deux alvéolaires ».

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Épigraphie et sotériologie l’espagnol, le portugais et l’hébreu se trouvaient en voie d’extinction dans la communauté juive : l’épigraphie funéraire reflète le parler quotidien des gens de la Nation. Les espaces urbains et institutionnels Bordeaux Des épitaphes gravent les espaces, géographique d’une part, institutionnel d’autre part, de la Nation juive, la Nation elle-même, concrétisant d’une certaine manière son ancrage bordelais. La ville apparaît sous trois formes, en espagnol la hevra de Bordeos le 13 octobre 1767 (§ 243), en français (?) dans el K.K. de Bordeux le 2 décembre 1738 (§ 79) et en hébreu dans la même épitaphe. Jérusalem est présente en hébreu et en hébreu translittéré Ierusalaim pour rappeler la patrie du rabbin Joseph Falcon (§ 79). En hébreu translittéré dans sa portion espagnole, l’épitaphe d’Abraham Benjamin Francia crédite le défunt de la fondation d’une yesiva à Yerusalaim, la portion hébraïque de l’épitaphe gravant ‫ בארץ הקדושה‬en Terre sainte (§ 85). La Hebra L’espace institutionnel de l’épitaphier s’identifie d’abord à la Hebra, confrérie par excellence, autorité tutélaire et effective des cimetières, des inhumations, des prières. Plusieurs défunts en furent hazan (§ 243), hermanos ou fondadores (§ 169). Certaines sépultures porteuses de numéros d’ordre renvoient à une série de sépultures dont une confrérie aurait assumé le coût et la pose, comme celle de Joseph Dacosta N° 3 (§ 143). Les confréries Biqur holim (§ 163, 176), Guemilut Hazadim (§ 214) et Tifferet Zalom (§ 143) revendiquent aussi leur pieuse mission. La Nation, Jérusalem et ses confréries Quant à la Nation – le K [ahal] K [dos] de Bordeux gravé sur le monument du rabbin Joseph Falcon (§ 79) –, l’épitaphe souligne à l’envi les fonctions remplies en son sein par un défunt ayant bien mérité de la Nation, celle de Gabay general (§ 46), voire todos los cargos de la Nacion (§ 55 et 224). Benjamin Gradis qui tient en 1736 à insérer su hijo Biniamin gavay general, c’est-à-dire son propre mandat, dans l’inscription funéraire de son père Jacob (§ 55). La Nation affirme sa propre dignité sur un mode expressionniste dans les hommages dithyrambiques qu’elle grave en l’honneur de ses rabbins Joseph Falcon et Jacob Haim Hatias. Du premier, el señor Haham. El perfecto. Pio I humilde, el jues senalado, el maestro afamado Tehologo divino Riby Ioseph Falcom de Ierusalaim. elle porte aux nues la science juridique, théologique et kabbaliste. Du second elle retient principalement la contribution politique du 74

Le programme épigraphique pastor fiel que nos engracio con el Rey (§ 79 et 200). Bénéfiques les prières que composa Jacob Haim Hatias eurent l’oreille de la Cour et consolidèrent le statut et le bon renom de la Nation dans le royaume. L’iconographie : formes, images, symboles gravés La luxuriance figurative des sépultures d’Amsterdam au xviie siècle et de Curaçao jusqu’en plein xviiie siècle – personnages et scènes bibliques – n’a pas déteint sur les cimetières portugais de la France. Convient-il d’en créditer un respect littéral du deuxième commandement interdisant toute représentation figurée (Ex 20,4) 30, un parti pris de discrétion, une moindre aisance matérielle ? En dépit de leur sobriété à cet égard, à compter de l’année 1732 chez les dames, de l’année 1737 chez les messieurs, cent vingt-six sépultures, soit 49,2 % de l’ensemble soit 256, se parent d’une ornementation comportant un ou plusieurs motifs – l’italique signalant un cœur –. Il s’agit des sépultures § 5, 10, 11, 16, 25, 29, 37, 38, 45, 46, 49, 51, 50, 53, 54, 55, 61, 63, 64, 65, 68, 69, 70, 71, 74, 75, 77, 79, 80, 81, 82, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 93, 94, 95, 97, 98, 99, 107, 108, 110, 111, 112, 113, 116, 117, 118, 128, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 136, 139, 140, 142, 143, 144, 145, 146, 150, 151, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 163, 164, 165, 166, 169, 171, 173, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 183, 184, 187, 188, 189, 196, 197, 199, 203, 204, 205, 208, 210, 213, 216, 218, 220, 222, 223, 224, 227, 230, 233, 236, 237, 238, 239, 241, 243, 244, 245, 247, 249, 250, 252, 254, 256, au total : cinquante-six sépultures féminines et soixante-neuf masculines. Le cœur Le motif du cœur ouvre tardivement une longue série – soixante-neuf sépultures – dont 32 masculines, soit 46,3 %, 37 féminines, soit 53,6 % des sépultures à motifs pictoriaux. Signalons d’entrée de jeu que la spécificité de notre cimetière réside dans la fréquence de ce motif, pratiquement inexistant dans tout autre cimetière juif en Europe et dans le Nouveau Monde 31. On le trouve gravé pour la première fois le 13 février 1732 sur la tombe de Rachel de Silvera (§ 37). Quelle signification symbolique pouvons-nous lui attribuer ?

30. Nous renvoyons à l’ouvrage à paraître de la regrettée S. SitBoN, Interdit de la représentation dans le judaïsme et création artistique : leçons des bibles médiévales de l’Espagne, E. Peeters, Louvain-Paris-Walpole. 31. Évoquant le symbole du cœur affixé sur des pieux surmontant des sépultures afro-américaines au Suriname, A. BeN-u r et R. fraNkel remarquent : « The heart-or spade-like finials have not, to our knowledge, been observed in any European Jewish cemetery », Remnant Stones. The Jewish Cemeteries and Synagogues of Suriname. Essays, Cincinnati 2012, p. 103.

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Épigraphie et sotériologie Le modèle fut-il emprunté à Hambourg où l’on reconnaîtrait un cœur au pied d’une « stele mit herzförmigen » à l’épitaphe N° z 55 yShac NuNeS faleSio eN 4 fa B 15 de kiSlev a[NN]° 5405 [mercredi 14 décembre 1644] (fig. 4) ? Le modèle provient-il plutôt de Curaçao où l’épitaphe portugaise d’Aaron Lévy Maduro du 20 tamuz 5487, 9 juillet 1727 est gravée entièrement à l’intérieur d’un cœur (fig. 5) ? Dans son chapitre consacré à l’art funéraire des juifs de Curaçao, Isaac Emanuel éditeur de l’épitaphe ne propose aucune explication 32.

Fig. 4. Isaac Nunes, Hambourg 1644.

Fig. 5. Aaron Lévy Maduro, Curaçao 1727.

32. Photographie dans M. StudemuNd-h alévy, G. zürN, Zerstört die Erinnerung nicht. Der Jüdische Friedhof Königstrafle in Hamburg, Hambourg 2002, p. 40 ; notice M. StudemuNd -h alévy, Biographisches Lexikon der Hamburger Sefarden, Die Grabinschriften des Portugiesenfriedhofs van der Königstrasse in Hambourg-Altona, Hambourg 2000, p. 707708 ; I. S. emmaNuel, Precious stones, fig. 24, h. t., p. 208-209, sans commentaire et sans transcription de l’inscription.

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Le programme épigraphique Le regretté Robert Weyl m’avait signalé un cœur sur une stèle juive d’Ettendorf de 1836. Il notait : « On ne (le) trouvera jamais en pays catholique car il évoque par trop le “Sacré-Cœur de Jésus Christ” mais qui, en pays luthérien n’est porteur d’aucune valeur symbolique religieuse. Les Mennonites, une autre branche issue de la Réforme, orneront de ce symbole les stèles de leur cimetière de Salm » 33. Il signale, toujours à Ettendorf, la stèle d’Isaac Cerf, rabbin de Bouxwiller datée de 1844 parée d’un cœur. L’hypothèse d’une influence catholique diffuse à Bordeaux apparaît bien ténue même si « le culte du Sacré-Cœur […] fleurit au couvent des Visitandines situé sur les fossés de l’Hôtel-de-Ville », même si les crieurs de rues diffusent le livre du Cœur de Jésus, même si « le cœur devient le symbole de l’être intérieur » 34. L’hypothèse d’un emprunt au Nouveau Monde suggérée par l’exemple de Curaçao renvoie à une problématique complexe. Ayant étudié les sépultures juives du Surinam au xviiie siècle, Rachel Frankel et Aviva Ben-Hur rencontrent le motif du cœur sur des sépultures d’esclaves noirs. Il s’agirait d’un cœur dessiné avec des clous reproduisant le symbole du sankofa en usage chez les Akans du Ghana, donc une composante et une survivance d’une culture africaine que les juifs auraient adoptée. Dans une étude suggestive et fondée sur une immense bibliographie et des trouvailles archéologiques récentes, Erik R. Seeman réexamine le problème à partir de sépultures de l’African Burial Ground de New York affichant effectivement un cœur. Cependant la présence du même motif dès 1727 chez des Anglo-Américains chrétiens l’amène à reconsidérer l’hypothèse d’un emprunt : « Les New Yorkais blancs se servaient du cœur pour symboliser l’âme et son ascension au ciel chrétien : le cœur était là où l’âme était censée résider ». Il conclut qu’il s’agit « plus vraisemblablement d’un emblème mortuaire anglo-américain que du symbole Akan du Sankofa ». Les noirs auraient donc emprunté cet usage mortuaire aux chrétiens 35.

33. R. Weyl, « De l’in fluence du milieu catholique ou luthérien sur l’art funéraire des Juifs en Alsace de la fin du xvie siècle au xixe siècle », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire XXXIII (1990), p. 207-216, voir p. 209 et 215. 34. R. Weyl, Patrimoine d’Alsace, Richesse artistique et spirituelle des cimetières juifs d’Alsace, s. l. n. d. [Strasbourg], p. 5 ; Ph. loupèS, L’apogée du catholicisme bordelais 16001789, Bordeaux 2001, p. 205-208. 35. R. fraNkel, « Antecedents and Remnants of Jodensavanne : The Synagogues and Cemeteries of the First Permanent Plantation Settlement of New World Jews », dans P. BerNardiNi, N. fieriNG (éd.), The Jews and the Expansion of Europe to the West, 1450 to 1800, New York 2001, p. 394-436, en part. p. 425-426 ; A. BeN-u r, « Still Life : Sephardi, Ashkenazi, and West African Art and Form in Suriname’s Jewish Cemeteries », American Jewish History 9/1 (mars 2004), p. 31-79. « White New Yorkers used the heart to symbolise the soul and its ascension to the christian heaven, the heart was where the soul was believed to reside » : E. R. SeemaN, « Sources and Interpretations. Reassessing the “Sankofa Symbol” in New York’s African Burial Ground » William and Mary Quarterly, 3rd Series, Vol. LXVII, N° 1 (janvier 2010), p. 101-122, citation p. 118. Je remercie de tout

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Épigraphie et sotériologie Pour notre propos, la signification chrétienne à laquelle renvoie Erik Seeman évoque la tradition rapportée par Georges Dalmeyda fondée sur Dt 4,11 ‘ad lev ha-shamaïm, jusqu’au cœur de cieux, où l’âme du défunt est censée s’élever. Dans un e-mail récent, Rachel Frankel, à propos de la sépulture de Samuel Navarre décédé le 11 juin 1740 à Bordeaux (§ 88), exprime sa surprise d’y trouver un cœur escorté de deux étoiles. La présence de ces étoiles localiserait bien, à mon sens, le cœur dans l’espace stellaire, c’est-à-dire aux cieux vers lesquels l’âme opère son ascension. Cette interprétation rejoint de toutes manières celle de la tradition bayonnaise, sans exclure pour autant un emprunt à un style chrétien à signification analogue outre Atlantique. Reste posé le problème de l’apparition du motif à Bordeaux à partir de 1732. Des voyageurs l’auraient-ils rapporté d’Amérique, investi de son espérance céleste ? Curieusement, le prédicateur bordelais David Machado de Sequeira, dédicaçant en 1734 aux Parnassim de la Nation portugaise d’Amsterdam son Sermão funebre nas exequias dos trinta dias do Senhor David Ergas La Cour, composto e pregado em Bordeus (Amsterdam 5494 [1734]), leur rend grâce de l’avoir nommé à Surinam : « Hé tão Eminente a obrigação, em que V. Ms, por sua benevolencia, forão servidos poorme, na eleyção que da minha pessoa para Surinam fizerão. » Aurait-il séjourné à Surinam avant de se fixer définitivement à Bordeaux ? Nos données lacunaires sur l’histoire intérieure de la Nation juive portugaise du Surinam laissent cette question ouverte 36. Créditer enfin – partiellement – l’engouement pour le cœur dans les arts et les lettres au xviiie siècle de l’adoption du motif par nos Portugais de Bordeaux constituerait une option possible. Monique Lise Cohen s’interroge quant au « cœur comme passion » : « Quel texte gravé supporte le cœur ?» 37. Nos sépultures lui fournissent une réponse aussi littérale que lapidaire. À l’examen, il s’avère que la présence d’un cœur sur nos sépultures paraît exclure la formule finale attendue sur l’épitaphe. Cette apparente lacune accrédite l’hypothèse selon laquelle le cœur tiendrait lieu d’explicit sotériologique. Cette hypothèse serait confortée, sauf pour les épitaphes dans lesquelles la formule figure explicitement ou en initiales, articulant ainsi un pléonasme (§ 236 et 239, 210) – par l’absence de la formule finale inspirée de 1 S 25:29 (§ 37, 61, 63, 81, 87, 88, 89, 90, 93, 95, 97, 98, 99, 107, 133, 136, 143, 146, 150,

cœur Rachel Frankel qui m’a communiqué l’étude d’Erik Seeman et a réagi avec finesse à mon interrogation sur l’épitaphe de Samuel Navarre. 36. D. machado de Sequeira, Sermão funèbre cité supra, Dedicatoria. Sur les juifs à Surinam cf. R. coheN (dir .), The Jewish Nation in Surinam. Historical Essays, Amsterdam 1982, et i d., Jews in Another Environment : Surinam in the Second Half of the Eighteenth Century, Leyde-New York 1991. 37. M.-L. coheN, Les juifs ont-ils du cœur ? Discours révolutionnaire et antisémitisme, précédé d’un texte de H. meSchoNNic, Vent Terral, 81350 Andouque, 1992, chap. 5 : « Les juifs n’ont pas de cœur », p. 119-128, citation p. 122.

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Le programme épigraphique 155, 157, 158, 159, 160, 161, 163, 164, 165, 166, 169, 171, 173, 175, 176, 177, 178, 179, 180, 183, 184, 187, 188, 189, 196, 197, 199, 213, 216, 218, 220, 222, 223, 224, 227, 230, 233, 237, 238, 241, 243, 244, 247, 249, 250, 252). Des familles de marranes revenues au judaïsme, auraient-elles tenu à mettre en exergue l’observance du cœur de leurs chers disparus, en peine d’observer effectivement les préceptes de la loi en terre d’infidélité ? L’observance du cœur était déjà implicite dans une homélie de Jacob ben Hananel Sikili qui vécut à Cordoue et à Damas au xive siècle. Il aurait consigné une tradition en ce sens remontant au Moyen Âge andalou, tradition qu’aurait recueillie le milieu portugais de Bordeaux. Jacob Sikili composa un recueil d’homélies sur le Pentateuque, le Sefer Torat ha-minha, resté inédit jusqu’en 2000 et qui expose l’interprétation suivante : Il se trouve que, par la foi du cœur et de la profession de la foi véridique, l’homme mérite de s’attacher à la splendeur sublime. C’est le cœur des cieux, les cieux eux-mêmes, un site de bien-être et de félicité duquel il est dit « que l’âme de mon seigneur soit ensachée au sachet des vies avec le Seigneur ton Dieu » (1 S 25,29) 38.

Une tradition régionale transmise oralement assimile le cœur à Jacob, la sefira tiferet, ligne médiane de l’arbre séfirotique. Jacob conserva ses douze fils, alors que les deux fils d’Abraham et d’Isaac se trouvèrent en conflit. Symbolisant aussi « la voie royale du milieu » et la transmission, la gravure d’un cœur sur une sépulture « honore une personne ayant rendu des services à la communauté ». Dans cette ligne de pensée, lors des obsèques d’hommes « ayant atteint un âge avancé et un certain niveau de sagesse », on conduit sept processions autour de la tombe 39. L’inhumation est, dans notre tradition portugaise, précédée par le cérémonial des sept tours autour du cercueil, et le septième tour s’accompagne de la récitation du passage commençant par ‫ תהי נפשך צרורה בצרור החיים‬ton âme soit ensachée au sachet de la vie, dont les initiales ‫ תנצב׳׳ה‬figurant sur nos plaques tombales, et ce passage fait allusion aux sept classes de saints et de justes et au Gan Eden. Or le Sifre Devarim, dans sa première partie, s’appuie sur le Ps 24 : « sept classes de justes sont destinées à demeurer au jardin d’Eden » [céleste] » … La sixième consiste en ceux qui s’élèvent sur la montagne d’Hachem, et la

38. B. A. mordekhay hafetz, J. b. haNaNel Sikili (éd.), Torat Hamincha homiletic discourses (Derashot) on the Torah and festivals, Jérusalem 2000 (en hébreu), péricope Yitro, homélie 24 39. Dans un entretien téléphonique du 5 mai 2010, M. Georges Dalmeyda a bien voulu me faire connaître ces traditions transmises oralement dans sa famille et qui valent tant pour Bordeaux que pour Bayonne. J’ai plaisir à lui en exprimer ici ma vive reconnaissance.

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Épigraphie et sotériologie septième en ceux qui se tiennent au lieu de « Sa sainteté », ce qui correspond au verset 3 du psaume, le verset 4 les définissant comme ‫נקי כפים ובר לבב‬ ayant les mains nettes et le cœur pur, c’est-à-dire irréprochables en actes et en pensées » 40.

Moins localisée, technique d’une certaine manière, l’interprétation de Jacob Sikili rendrait compte de la substitution du cœur à la formule finale de nombre d’épitaphes, tout en préservant l’esprit de la coutume des sept tours. Par contre le caractère seulement élitiste de la gravure du cœur évoqué supra, s’il rend compte du pourcentage modeste de sa fréquence à Bordeaux, – quelques 28 % – laisse posé le problème de l’élision de la formule finale lorsque la dalle se pare d’un cœur. Notre compréhension s’avère donc tributaire d’une exégèse du motif. Elle renverrait en dernière analyse à la procession et à sa liturgie, elle-même comprenant les hémistiches de Ps 24,3 et de 1 S 25,29. À la question que nous posions supra sur une possible allusion au passé marrane de certains défunts, la réponse sera négative : on imagine mal une famille endeuillée insérer une réserve de cet ordre dans l’épitaphe d’un cher disparu. Louange du défunt, le cœur se veut promesse de félicité dans l’au-delà. Inversement est-il permis de créditer une intention mystique remontant au Moyen Âge, intention explicitée dans le Sefer ha-Bahir : Et que signifie « son cœur » ? Il leur répondit : Quand Ben Zomah était dehors, vous ne vous trouviez pas auprès de lui. Le mot LeB, cœur, fait allusion aux trente-deux qui étaient cachés et avec l’aide desquels le monde fut créé. Et que sont ces « trente-deux ». Il leur répondit : Ce sont les trente-deux sentiers 41. Et qu’est le cœur. C’est ce dont parle le verset (Dt 4,11) « jusqu’au cœur des cieux« dans lesquels sont contenues les trente-deux sentiers merveilleusement cachés de Hokhmah (sagesse) 42.

On mentionnera une tradition – encore que sans rapport avec la tombe – recueillie à Bordeaux par Evelyne Blum, chargeant le cœur d’une aura aussi bénéfique que mystérieuse. Elle touche un cœur, en forme de pierre précieuse, serti sur une lampe familiale de Hanouca. Un informant présente comme suit un autre objet [sans reproduction photographique] : « Voici un cœur d’origine franc-maçonnique, mais avec d’un côté : Shaddaï, Adonaï. C’était un laissez-passer. Mes ancêtres voyageaient énormément dans les îles et lorsqu’ils

40. J’emprunte ce paragraphe à une lettre de M. Henri Sansy du 28 octobre 2002 – lettre dont le contenu rejoint le propos de M. Dalmeyda – et lui redis ici ma profonde gratitude. 41. Le Bahir, Le Livre de la Clarté, trad. J. GottfarSteiN, Lagrasse 1983, n° 63, p. 54. 42. Ibid., p. 85.

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Le programme épigraphique montraient ce cœur, automatiquement, la communauté devait les accueillir. Ils se sont transmis ça de génération en génération » 43. À travers cette confidence, nous respirons des parfums exotiques et nous retrouvons l’hypothèse américaine formulée précédemment. Les palmes Quelque quarante-quatre champs épigraphiques s’adjoignent un motif végétal qu’affectionnent les autres cimetières portugais de l’ancien et du nouveau monde 44. La préférence va aux rameaux croisés formant une double paire de palmes (§ 5, 10, 25, 37, 38, 45, 46, 50, 51, 65, 81, 85, 94, 97, 98, 107, 108, 110, 111, 112, 113, 116, 117, 128, 130, 131, 132, 134, 140, 142, 144, 145 156, 164, 222). On rencontre par deux fois deux paires de palmes (§ 45 et 222). L’une de ces palmes entoure un cœur (§ 107), une autre y joint un cercle avec losange (§ 128). Plus rarement figure un arbre (§ 16, 54, 77, 80, 187, 223) : sur deux sépultures il renferme un losange médian (§ 77 et 80). Un motif floral orne trois sépultures (§ 108, 204, 208). Sur la première, celle du jeune Abraham Dacosta du 22 juillet 1743, trois fleurs y furent gravées. Sur la deuxième, celle du vénérable Abraham Rodrigues-Peinado du 30 mars 1761, Georges Cirot crut voir une marguerite. La dernière, celle d’Abigaïl Lopes Navaro du 25 mars 1762 est certainement la plus joliment, la plus savamment fleurie. Sans exclure l’attention mise à pourvoir d’une pure décoration la tombe d’un être cher, le choix du symbole puise dans l’Écriture et son commentaire, particulièrement s’agissant de palmes. Citant Lv 23,40 « Vous prendrez le premier jour, du fruit de l’arbre hadar, des branches de palmier, des rameaux de l’arbre aboth et des saules de rivière ; et vous vous réjouirez en présence de l’Éternel votre Dieu, pendant sept jours », Moïse Alcheikh (xvie siècle) explique : « La Tora a dit : Prends deux palmes pour louer avec le Saint Béni soit-il » 45. Le Midrash Rabba sur ce même verset indique que les branches de palmier, c’est le Saint Béni soitil [selon Ps 92,12] : « Le juste fleurit comme le palmier ». Ce verset rendrait compte encore du motif floral, tant pour des défunts à la fleur de l’âge que pour ceux parvenus à un âge avancé, sur la foi du même psaume au verset 15 « Jusque dans la haute vieillesse, ils donnent des fruits ».

43. E. Blum, « Construire la mémoire. Les Juifs portugais de Bordeaux », Mémoire de DEA d’Anthropologie sociale et Historique de l’Europe, Université de Toulouse-Le Mirail, 1998, p. 16 v° et p. 18. 44. Notamment sous la rubrique Dekor des notices détaillées de l’extraordinaire dictionnaire de M. StudemuNd-h alévy, Biographisches Lexikon. 45. M. alcheikh, Sefer Rav Peninim, Beur Mishlé Shlomoh, Commentaires sur les Proverbes, Jessnitz 1722, f° 70 d (en hébreu).

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Épigraphie et sotériologie Le même psaume compare les justes à des arbres « plantés dans la maison du Seigneur » (verset 14). Cependant les arbres présents sur cinq sépultures citées supra peuvent également s’identifier à la Tora car, selon le Midrash Etz ha-Hayyim zu Tora, l’arbre de vie c’est la Tora (Lévitique Rabba, Péricope Tsav, § 9, 3) 46. Ils préfigurent aussi l’arbre de la vie auprès duquel reposera l’âme du défunt méritant parmi « les soixante compagnies de justes qui demeurent dans le jardin d’Eden sous l’Arbre de vie et s’occupent de Tora » (Cantique Rabba, péricope 6 [sur Ct 6,8]). Les verges fleuries sur la tombe d’Ishaq Coen du 17 mai 1737 (§ 104) renvoient incontestablement à la verge déposée par Aaron dans la tente de Lévi et qui fleurit pour témoigner de son élection divine au sacerdoce (Nb 17,23). Cet emblème sacerdotal appellerait la gravure des mains des cohanim bénissant l’assemblée. L’absence de ce motif gravé sur les sépultures des autres cimetières portugais pose un problème : nous y reviendrons plus loin. Les étoiles Moins fréquents que les motifs végétaux – quelque vingt-six occurrences – les motifs stellaires seraient l’apanage du cimetière portugais de Bordeaux. Leur présence s’insère dans une tradition remontant à l’Antiquité d’Israël 47. Pratiquement toutes les étoiles ont cinq pointes (§ 29, 49, 50, 53, 63, 65, 68, 69, 70, 71, 75, 79, 86, 110, 131, 151, 189, 205, 224, 237, 254). Une seule, inscrite dans un cercle, comporte six branches (§ 173). Georges Cirot écrivait : « L’étoile représente sans doute le Maguen David (bouclier de David), symbole très courant chez les Israélites ». On se gardera pourtant de l’identifier à notre Maguen David, Gershom Scholem ayant démontré sans appel son origine toute récente en tant que symbole du judaïsme 48. Sur trois sépultures (§ 88, 89, 93) figurent des motifs à quatre pointes : étoiles ou fleurs ? Seule, l’étoile surmonte fréquemment l’épitaphe (§ 49, 68, 70, 71, 131, 151, 224, 254) ou le cœur (§ 63) ; sur une tombe elle se place au pied sous un cœur (§ 53, 237), sous un croissant de lune (§ 75) au pied sur deux palmes (§ 110). Sur six tombes brillent deux étoiles : soit qu’elles enserrent un cœur (§ 88, 89, 205), soit que l’une occupe le chevet, l’autre le pied (§ 29), soit qu’elles parent – inscrites dans un cercle – chacun des angles d’un cadre (§ 50, 189), soit qu’elles surmontent deux verges fleuries (§ 65). Deux étoiles s’inscrivent

46. Cf. I. huBermaN, Living Symbols : Symbols in Jewish Art and Tradition, trad. M. ShleSiNGer, Ramat Gan 1988, p. 31-32 ; Z. ameiSeNoWa, « The Tree of Life in Jewish Iconography », Journal of the Warburg Institute 2-4 (1939), p. 326-345. 47. E. R. GoodeNouGh, « That the religion of early Israel was filled with solar and astral éléments is now a commonplace », dans id., Jewish Symbols in the Greco-Roman Period, éd. abrégée avec un avant-propos de J. NeuSNer, Princeton (NJ) 1988, p. 147. 48. G. cirot, Recherches, p. 124 ; G. Scholem, Le messianisme juif, Paris 1974, chap. « L’étoile de David, histoire d’un symbole ».

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Le programme épigraphique dans un petit cercle sous un cœur au pied de la sépulture d’Ishaq de Robles Garcias du 2 janvier 1752 (§ 165). La sépulture de Jacob Gradis a trois étoiles à cinq pointes (§ 86). Deux étoiles ouvrent l’épitaphe de Ribca Lopes Gradis du 29 juin 1741 ; deux autres la referment au-dessous d’un cœur (§ 93). Ces étoiles renvoient-elles au monde céleste de l’ascension des âmes ou plus concrètement à un thème patriarcal, scripturaire avec la promesse divine à Abraham d’une postérité nombreuse ? Renvoient-elles au thème midrashique d’Abraham contemplant les étoiles, Abraham astronome accompli ? Face au doute d’Abraham Il [Dieu] le fit sortir en plein air, et dit : « Regarde le ciel et compte les étoiles : peux-tu en supputer le nombre ? Ainsi, reprit-il, sera ta descendance » (Gn 15,5). Rashi commente : « Selon le sens littéral, Il le fit sortir de sa tente au dehors pour voir les étoiles. Selon le midrash Il lui dit : « Sors de ton astrologie qui t’a fait voir dans les astres que tu n’es pas destiné à obtenir un fils ; Abram n’a point de fils, mais Abraham a un fils… Autre interprétation : « Il le fit sortir de l’espace de monde et le fit s’élever au-dessus des étoiles ». Après l’épreuve de la ligature d’Isaac Dieu renouvelle sa promesse : « Je te comblerai de mes faveurs ; je multiplierai ta race comme les étoiles du ciel et comme le sable du rivage de la mer, et ta postérité conquerra les portes de ses ennemis » (Gn 22,17). Pour le sermonnaire David Machado de Sequeira, Dieu lui-même comparerait son peuple saint aux étoiles : « Pois, porque compara Deos primeyro à seo santo Povo, a o pô da terra, que à Estrellas do Ceo ? Que Deos multiplique quais as Estrellas do Ceo à semente du Patriarca Abraham : E multiplicarey a tua semente como as Estrellas do Ceo. » Isaac S. Emmanuel remarquait qu’à Curaçao « On the tombs of people with the name Abraham, The Patriarch is seen contemplating the stars » 49. À Bordeaux, l’adjonction d’une étoile à une épitaphe concerne un défunt prénommé Abraham dans seulement cinq occurrences (§ 49, 151, 189, 224). Si l’on tient compte de ceux prénommés Isaac pourvus eux aussi d’une étoile (§ 49, 63, 65, 69, 71, 165), la filiation abrahamique directe apparaît mieux pourvue en étoiles. Même si le nombre des sépultures féminines étoilées (§ 29, 50, 53, 70, 89, 93, 110, 237) n’atteint pas celui des sépultures masculines, il reste que la promesse divine à Abraham, symbolisée par une ou plusieurs étoiles concerne indistinctement les défunts de ce cimetière. La lune Insolite avec quatre occurrences, le motif lunaire se présente sous la forme d’un croissant de lune placé sous un cœur (§ 158), surmontant une épitaphe à gauche d’une étoile (§ 131), au pied accolé à une étoile (§ 74), pourvu d’un 49. I. S. emmaNuel, Precious Tombs of the Jews of Curaçao, p. 127.

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Épigraphie et sotériologie profil humain (§ 75, 129). Peut-on y discerner le cycle lunaire déterminant le calendrier hébreu par opposition au calendrier chrétien ? La Mishna III : 3 de ‘Avoda zara interdit explicitement de tracer une tzurat ha-levana, une image de la lune. Cependant Raban Gamliel avait sur un mur de sa chambre haute un tableau représentant la lune dans ses diverses phases, afin – expliquait-il – de montrer aux paysans comment signaler la nouvelle lune et partant la date des fêtes 50. Les deux occurrences masculines du motif accompagnant les épitaphes de Jahacob Nabarro et de Jacob Faxardo (§ 129 et 131) évoquent irrésistiblement la connivence midrashique du patriarche Jacob avec la lune en Genèse Rabba 6,3. Selon Rav Nahman « C’est de bon augure ! Esaü fonde ses comptes sur le soleil qui est grand, par conséquent tel le soleil qui règne le jour et non la nuit, Esaü a part à ce monde-ci mais non au monde à venir ; Jacob fonde ses comptes sur la lune qui est petite, par conséquent, telle la lune qui règne la nuit et le jour, Jacob a part à ce monde-ci et au monde à venir. » 51 L’élégie de la ligature d’Isaac du rituel de Rosh ha-Shana, le Nouvel An ‘Et sha‘are ratson soupirant ‫ אל נא יהי עולם בלי ירח‬qu’il n’y ait point de monde sans lune, identifierait pour sa part Isaac à la lune. Le motif figuré cité plus haut (§ 75, 129), d’une certaine manière personnalisé évoquerait, encore Ps 89 : ‫ « כירח יכון עולם‬tel la lune, il sera affermi pour toujours », selon l’interprétation d’Abraham Ibn Ezra pour lequel l’astre mineur et le verbe « sera affermi » renvoient à la postérité messianique de David comme l’entend Rabbi en Rosh ha-shana 25a ‫דוד מלך ישראל חי וקיים‬ David roi d’Israël vit et demeure. Les trois occurrences féminines comprennent une Esther. La figure biblique d’Esther qui, par son intervention auprès d’Assuérus – telle la lune ménageant la lumière aux ténèbres –, illumina son peuple menacé d’extermination, s’identifie encore à la lune en Exode Rabba 15,6. « C’est ainsi qu’au temps d’Assuérus lorsque l’on décréta de détruire, de massacrer, de perdre [Israël], Esther vint éclairer Israël comme il est dit : “Pour les juifs il y eut lumière et joie” » (Est 8,17). Il est écrit en effet : « aussi belle que la lune dans l’exil de Médie ». Et si tu veux savoir pourquoi Esther est assimilée à la lune, de même que la lune nait en trente jours, Esther avait dit : « Or moi, je n’ai pas été invitée à venir chez le roi voilà trente jours » (Est 4,11). Ainsi est-elle aussi belle que la lune dans l’exil de Médie » 52. Quant aux dames prénommées sim-

50. Rosh ha-shana 24 a, ‘Avoda zara, 42 b-43 a, cf. E. GoodeNouGh, p. 152-153. 51. Midrach Rabba, t. I. Genèse Rabba, trad. de l’hébreu B. maruaNi, A. coheN-a razi, not es et introd. B. maruaNi, Lagr asse 1987, p. 90. 52. Est 4,11, trad. du Rabbinat français ; verset précédent et fragment midrashique traduits sur l’hébreu.

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Le programme épigraphique plement Sara, Sara Lopes Siera et Sara Lopes Silva (§ 74 et 75), furent-elles aussi belles que la lune à l’instar de la Sulamite du Cantique des Cantiques (6,10) 53 ? La parenté des défunts aurait-elle souhaité graver aussi l’appartenance du défunt au port de Bordeaux, au large méandre en croissant de lune qu’y décrit la Garonne, à son appellation « Port de la lune » ? Le croissant de lune flotte en effet sur « mer d’azur ondoyée de sable et d’argent » sur le champ inférieur du blason de Bordeaux 54. Les motifs familiaux et individuels « Un certain nombre de pierres – écrit Georges Cirot – portent des figures symboliques, dans lesquelles on peut, au moins quelquefois, reconnaître des armoiries. De nombreux juifs de Bayonne s’étaient payé ce luxe. Leurs frères de Bordeaux ne pouvaient faire moins ». Effectivement, en exécution de l’édit d’août 1696, dix-sept juifs fortunés de Bayonne et deux de Peyrehorade – outre « la Communauté de la Nation Judaïque ou Portugaise du Port Saint-Esprit de Bayonne [sic]» – avaient dû acquérir des armoiries, armoiries dûment dessinées et enregistrées dans le volume Guyenne du Grand Armorial de France 55. Les juifs de Bordeaux paraissent avoir été exemptés de cette obligation. Les sépultures du rabbin Aaron Sasportas (§ 11) et de son fils ÉzéchiasIsaac (§ 203) se parent d’un cartouche circulaire bordé de volutes, enserrant six portes (du catalan seis portas). Ce motif reproduit à l’identique les armoiries dessinées au bas d’un portrait de la sommité rabbinique du xviie siècle Jacob ben Aaron Sasportas (Oran 1610-Amsterdam 1698), gravure sur cuivre de Pieter van Gunst (1659-1724 ?) exposée au Joods Historisch Museum à Amsterdam, Collectie Jaap van Velzon sous le numéro 7358 (fig. 6) 56. Mais Simha, l’épouse [?] du rabbin bordelais se contentera de deux palmes (§ 38).

53. Mentionnons pour mémoire la dérivation alléguée de Sara de l’akkadien Sarrat, une des appellations de la déesse de la lune Ishtar et de l’araméen Seharah ou Saharah en Shabbat 66 b. 54. Le 28 juin 2007, le Patrimoine de l’Humanité a inscrit le Port de la Lune à Bordeaux au titre d’ensemble urbain exceptionnel (Réf. UNESCO 1256). 55. Pour les armoiries bayonnaises, BnF, manuscrit français 32.240 f°. 686 n° 165, f° 965 n° 165 ff 1143 à 1146, n° 115 à 131, 1214, n° 114 et 119. G. cirot, Recherches, p. 124) ; H. léoN, Histoire, p. 157-160 ; J. taiSNe de la Bruyère, « Armoiries attribuées d’office aux marchands de la nation judaïque ou portugaise de Saint-Esprit de Bayonne à la suite de l’Édit du 20 novembre l696 », Revue française d’héraldique et de sigillographie VIII (l952), n° l8, p. 24-30, « Armorial des marchands portugais de Saint-Esprit. Contribution à l’héraldique juive », Bulletin de la Société de Borda 86 (l959), p. 66-76. 56. Cf. J. SchaGeN, « Sasportas’ portraits. The final Word? », Studia Rosenthaliana 33/2 (1999), p. 190-194 ; M. zell, Jews and the Christian Image in seventeenth Century Amsterdam, Los Angeles 2002, p. 22 ; id., Rembrandt et la nouvelle Jérusalem. Juifs et chrétiens à Amsterdam au siècle d’or, Paris 2007, p. 192, n° 87.

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Épigraphie et sotériologie

Fig. 6. Jacob ben Aaron Sasportas, gravure sur cuivre de Pieter van Gunst (1659-1724 ?).

La sépulture de Moiseh-David Lameira (§ 30) arbore un cartouche en forme d’écusson contenant trois étoiles à six branches (fig. 7). Il pourrait s’agir d’un blason rappelant celui du padouan Meshullam del Banco sur sa sépulture au cimetière de Padoue : quatre étoiles à six branches dans un cartouche de même forme 57.

57. C. roth, « Stemmi di famiglie ebraiche italiane », dans D. carpi, A. milaNo, A. rofé, Scritti in memoria di Leone Carpi, Milan-Jérusalem 1967, p. 175-184, fig. p. 177, selon la description p. 178, « Tre rose e un stella (con lo zodiaco dei pesci) ».

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Le programme épigraphique

Fig. 7. Moïse-David Lameira, 18 mai 1731 cf. infra épitaphe § 30, p. 145.

Unique dans cette nécropole, un motif figurant la balance de la justice avec deux plateaux inclinés perpétue l’attribut rabbinique par excellence du rabbin Joseph Falcon ‫ מורה צדק‬amoStraN iuStedad (§ 79). Un cercle, dont le contour ouvre en son chevet et à sa base deux volutes, enchâsse le motif surmontant une étoile. Entre ces volutes, un fin cartouche, circulaire au chevet, en forme de blason [?] à la base. Dans un esprit analogue, le décor funéraire du péritomiste Ishac Rodrigues Henriquez moel, du 15 novembre 1767 (§ 244) aligne neuf dessins gravés : « un cartouche où sont représentés – écrit Cirot – les couteaux, flacons et autres ustensiles de son nécessaire » (fig. 8).

Fig. 8. Isaac Rodrigues Henriques cf. infra épitaphe § 244, p.333.

La sépulture de Daniel-Gabriel de Silva du 17 juillet 1763 (§ 222) inscrit sur le registre supérieur la date du décès entre deux cœurs, dessine sur le registre médian un flacon [d’encre] entre deux doubles palmes, figure sur le registre inférieur une main tenant un stylet sur une feuille à gauche et un rectangle [un livre ?] à droite (fig. 9) 58. Négociant bien connu et dirigeant communautaire par excellence de la Nation juive, le défunt avait-il des talents d’écrivain ou simplement de teneur de livres et d’épistolier ?

58. Pour la gravure d’un livre, cf. A. SchWarzmaN, Graven Images: Graphic Motifs of the Jewish Gravestone, New York 1993, p. 14 : « a bookcase is a motif used to represent a person of Learning, such a rabbi a writer ».

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Épigraphie et sotériologie

Fig 9. Daniel-Gabriel de Silva, 1763 cf. infra épitaphe § 222, p. 311.

Dans la même veine, mais plus sobrement a été gravée sur la tombe d’Abraham de Oliveira du 22 décembre 1767 (§ 245) « une main tenant un stylet et appuyée sur un feuillet formant cartouche ». Faut-il porte à son crédit des écritures au profit de la Nation ? La main largement ouverte gravée sur la sépulture de Sara Ribca de Castro le 13 octobre 1757 se comprend mieux comme un hommage à sa pratique de la charité en référence à Pr 31,20 : ‫ « כפה פרשה לעני‬elle tendait la main au pauvre », qu’à une possible ascendance sacerdotale (§ 195). À cet égard on ne relève dans le cimetière aucune sépulture pourvue de mains que les cohanim étendent vers les fidèles lorsqu’ils récitent la bénédiction sacerdotale (Nb 6,24-26) au cours des offices du matin et de l’après-midi. L’absence de ce motif iconographique – de rigueur dans nombre de cimetières – sur les sépultures d’Isaac Coen-Peixoto (§ 65), de Jacob Acohen (§ 104), de David CoenPeixoto (§ 192), de Jacob Coen-Peixoto (§ 201 s’explique par la récitation à Bordeaux, de cette bénédiction, non point par un Cohen mais par le rabbin ou le ministre du culte. En effet la Nation manque d’information suffisante quant à l’ascendance, voire la moralité des personnes portant le titre de Cohen 59. Deux motifs conservent pour nous leur mystère : « une sorte de pyramide surmontée d’un cercle » sur la sépulture de Jacob Ramos de Acosta le 9 mai 1737 (§ 64) et une fiole surmontée d’une étoile à six pointes sur celle de HaimHaron Gomes Baeza le 7 juillet 1748 (§ 139).

59. Je dois cette explication à M. Gilbert Léon qui me confirme dans un entretien du 3 févier 2016 que cet usage a subsisté jusqu’à nos jours dans la communauté de Bordeaux. Sur la bénédiction sacerdotale, cf. I. elBoGeN, Der Jüdisches Gottesdienst in seiner geschichtlichen Entwicklung ( Leipzig 1913) dans la traduction hébraïque de Y. amir, Ha-tefila beIsrael be-hitpathuta ha-historit, Tel Aviv 1972, p. 54-57.

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Le programme épigraphique Les ohalim Ressortit d’une certaine manière du programme épigraphique l’architecture prismatique de quatre monuments, constitués chacun de deux dalles se rejoignant en leur sommet et ménageant deux triangles à leurs extrémités. Décrites parfois comme pyramidales, ces tombes privilégiées définissent la catégorie dite ohalim, hébreu littéralement des tentes. Au relief du monument s’ajoute « un supplément d’âme » procuré par un doublement de la surface du champ épigraphique offert à l’éloge du défunt. On affecte cette forme tumulaire à des rabbins et à des personnalités réputées pour leur savoir et leur piété. Seuls quatre défunts de notre cimetière bénéficièrent d’un ohalim, le rabbin Joseph Falcon, le 2 décembre 1738 (§ 79), Sara-Esther Mendes Gradis, le 10 juin 1739 (§ 82), Abraham Benjamin de Francia, le 10 décembre 1739 (§ 85), le rabbin Jacob Haïm Hatias, le 15 septembre 1760 (§ 200). Plus élaboré ailleurs le type est particulièrement représenté au cimetière de Hasköy à Istanbul par 40 % des sépultures. À Hambourg, Michael Studemund-Halévy en compte vingt-neuf réservés à des rabbins, des chantres, des bienfaiteurs dont quatre dames : il en établit une liste nominative. Décrivant l’ancien cimetière juif de Pise, Michele Luzzati retient deux sépultures de ce type. Dans le cimetière de Cassipora Kreek au Suriname, Rachel Frenkel remarque « two prism-shaped slabs known in Hebrew as Ohalim (tents) ». Emblématique à cet égard, le cimetière des juifs portugais d’Amsterdam à Ouderkerk en aligne une longue série. Rochelle Weinstein soutient que « the original form of the Ohel, described as early as the Babylonian Talmud, sprad throughouth the Near East and Europe, assuming characteristic Sephardic and Askenazi appearance » 60. Pour étayer cette assertion, je ne trouve pas de référence dans le Talmud de Babylone. Par ailleurs le professeur Moshe Bar Asher me confirme que la tombe de type ohalim appartient exclusivement au domaine séfarade. Le terme ohalim renvoie à l’interprétation traditionnelle de ‫יעקב איש תם‬ ‫ ישב אהלים‬Jacob homme inoffensif vécut sous la tente (Gn 25,27, traduction du Rabbinat). Le Targum entend : Jacob était un homme paisible fréquentant l’école. Rashi explique : dès qu’ils eurent atteint leurs treize ans, l’un [Jacob] s’en fut aux écoles et l’autre [Esaü] au paganisme. Habitant des tentes : « la tente de Sem et la tente de Eber », commente Rashi. Obadia ben Jacob Sforno

60. M. rozeN, Hasköy Cemetery, Typology of Stones, Tel Aviv 1994, p. 34, 38, 44 ; M. StudemuNd -h alévy, Biographisches Lexikon, p. 115 et 116, et Pl. III, VI, XIII ; M. luzzati, « Anticho cimiteri ebraici in Pisa », dans La Casa dell’Ebreo, Saggi sugli Ebrei a Pisa e in Toscana nel Mediovo e nem Rinascimento, Pise 1985, pl. 1V ; A. BeN-u r, R. fraNkel, Remnant Stones, p. 101 ; R. WeiNSteiN, Sepulchral monuments of the Jews of Amsterdam in the seveteenth and eighteenth centuries, Ann Arbor l979, Ph. D., p. 48.

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Épigraphie et sotériologie (c. 1470-c. 1550) distingue deux sortes de tentes, la première du berger (Is 38,12), la deuxième – qu’on ne lève point 33,20) – « dans laquelle il [le disciple] se dispose à connaître son Créateur et se sanctifie en Sa gloire ». Apanage du savoir acquis à l’école, d’une supériorité intellectuelle reconnue, la pose d’un monument en forme d’ohalim requiert pourtant une justification. Le rabbin hongrois Haim Eleazar ben Zvi Hirsch Shapira (1872-1937) la fournit dans un responsum : « Pourquoi avait-on coutume d’ériger des ohalim et des monuments sur les tombes des justes plus que ce que l‘on en use pour les simples gens ? Parce que le verset écrit : « Jacob éleva un monument sur sa tombe : c’est le monument du Tombeau de Rachel, qui subsiste encore aujourd’hui » (Gn 35-20) 61. Par cette élection et cette sélection d’ohalim, notre cimetière suit la norme du cimetière juif séfarade traditionnel. Conférant à une défunte un brevet de savoir, Bordeaux pourrait avoir suivi l’exemple de Hambourg où Ribca Senior de Matos, Rahel Ester Abensur, Sara Senior, Ester Senior reposent sous des ohalim. Les relations qu’entretinrent ces deux communautés portugaises étayeraient une telle hypothèse 62. Quant à Sara-Esther Mendes Gradis, épouse d’un des personnages les plus en vue de la Nation bordelaise, elle avait certainement reçu une éducation soignée et une instruction exceptionnelle pour son temps : Elle était remarquablement intelligente, active et dévouée. Douée d’énergie, de sens pratique, apte aux affaires, elle avait été pour David l’associée fidèle des bons et des mauvais jours, pour ses enfants une mère affectueuse, mais sans faiblesse. Les quelques lettres d’elle qui sont conservées nous montrent son caractère et l’on songe en les lisant à la femme forte de l’Écriture 63.

Conclusion L’onomastique majoritairement portugaise, quant aux patronymes, entièrement hébraïque pour les prénoms, le recours marqué mais non exclusif aux caractères latins, une proportion significative d’hébreu, en caractères hébraïques, en transcriptions latines, en calques espagnols, la datation selon le calendrier hébreu avec équivalence dans le calendrier courant, l’emploi

61. H. E. b. Zvi Hirsch Shapira, Sefer Minhat Eleazar, New York 1996, IIIe partie § 37 (en hébreu). 62. M. coheN, « Beziehungen zwischen den Juden in Hamburg und Bordeaux », Jahrbuch fûr die jüdischen Gemeinden Schleswig-Holsteins und der Hansestädte 9 (1937-1938), p. 84-87. 63. J. de maupaSSaNt, Un grand armateur de Bordeaux, Abraham Gradis (l699 ?-l780), Bordeaux l9l7, p. 23. La personnalité de Sara Gradis, qui mérita – outre l’unique ohalim féminin du cimetière – une épitaphe hébraïque, reste à décrire.

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Le programme épigraphique d’abréviations aussi familières que pieuses, la présence de quatre ohalim dans un paysage uniforme de dalles, sont autant de traits qui apparentent le programme épigraphique de Bordeaux à ceux de la diaspora portugaise de l’Europe et de l’Amérique. Les vestiges prévisibles d’une l’époque marrane à peine révolue à Bordeaux s’avèrent aussi rares que peu probants. Ils se réduisent en fait à la gravure en composition de quatre prénoms extérieurs au florilège biblique : Antoine (§ 44 et 228), George (§ 224), Isabel (§ 228), Louis (§ 107). Encore pourrait-on les porter au crédit d’un timide, d’un tardif passage au français par ailleurs gravé sur cinq épitaphes. Vont dans le sens d’une spécificité certaine l’hégémonie scripturaire de l’espagnol dans une communauté officiellement définie comme portugaise, les vingt-quatre occurrences du prénom Ézéchias transcrit selon la prononciation hébraïque, la relative sobriété du décor funéraire contrastant avec la fréquence – ailleurs inégalée – du cœur gravé. Cette spécificité se décline donc sur trois registres, linguistique, onomastique, iconographique ou plus justement symbolique. La rareté, la sobriété, extrême de la décoration funéraire, l’absence d’iconographie figurée se démarquent de la luxuriance d’Amsterdam au xviie siècle et de Curaçao au xviiie siècle. Une fortune moindre, une discrétion prudente, une uniformité imposée par la Nation expliqueraient la retenue bordelaise. À cet égard écoutons le soupir d’Henry Léon à Bayonne « au milieu de cette uniformité désespérante et triste, instituée sans doute comme symbole de l’égalité de tous devant la mort » 64. Intériorisées par les proches des défunts présents à leurs obsèques et leur rendant visite, ces caractéristiques à ce point prononcées affectaient-elles déjà les cimetières antérieurs de la Nation et singulièrement celui des Cordeliers et celui des Minimes ? Pour celui des Cordeliers, les Bénédictins de Saint-Maur signalant qu’« ils [les juifs y] mettent sur les tombes de leurs morts des épitaphes, dans lesquelles ils comptent les années depuis la création du monde » plaident pour une réponse positive 65.

64. H. léoN, Histoire, p. 209 : italiques de notre fait. 65. E. martèNe, U. duraNd, Voyage littéraire de deux Bénédictins de la Congrégation de Saint Maur, Paris 1717-1724, 2e partie, p. 8.

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CHAPITRE IV

LE DISCOURS SOTÉRIOLOGIQUE Concise à l’extrême, l’épitaphe se montre fort discrète sur ce qu’une sensibilité chrétienne conçoit comme le salut. Le concept même de salut serait-il étranger aux préoccupations du judaïsme davantage axé sur l’existence d’icibas que sur l’au-delà ? Partant de ce présupposé, j’ai voulu pousser dans son retranchement ultime le discours de ces pierres bordelaises, jusqu’au dévoilement de traits implicites de mentalité. En préliminaire à l’aspiration au salut céleste, j’ai recherché les indices d’une quête d’un salut ici-bas. Pour autant, la quête du salut céleste figure explicitement dans les préoccupations de nos Portugais : en témoigne le traité rabbinique composé à Bayonne vers 1700 Via de Salvación por seis transitos penitenciales para exhortar los agonizantes, compuesto por el señor H[aham] H[asalem] Ishac Acosta para uso y practica de esta misva y alivio de las almas, en honra y gloria de su Creador. L’illustre rabbin d’Amsterdam Saül Lévi Mortera gravait sur son épitaphe au cimetière d’Ouderkerk en 1660 Mi alma se gozara en Dios y deleitarse ha en su salvación 1. Les leçons apprises à Amsterdam du maître par excellence Isaac Aboab de Fonseca ouvraient le chemin du salut : Si miro à su Mahalá predicando el Camino de la Salvación, no sé en que se detenga mas mi Veneración, écrit son disciple bayonnais Abraham Vaez, lui dédicaçant vers 1690 ses Discursos predicables y avisos espirituales 2. Le contenu de ce salut céleste sera envisagé dans la perspective de notre épitaphier. Le salut terrestre par la mutation onomastique Le modèle bordelais Vingt-quatre occurrences dans nos inscriptions du prénom Ézéchias sous diverses transcriptions de l’hébreu Hisquiyau, Hisqiahu, Hiskiav, Iesquiyau, Hisquilyav, Hisquiyahu, Hyzkiahu, Yehisquiau (§ 1, 6, 27, 31, 36, 40, 55, 64, 68, 77, 102, 112, 116, 138, 160, 172, 203, 205, 217, 219, 223, 224, 239, 242) ne peuvent que surprendre. En effet on ne trouve de ce prénom aucune

1. 2.

Photographie de cette sépulture, H.-P. SalomoN, « Haham Saul Levi Mortera en de Portuguese Nieuw-Christenen », Studia Rosenthaliana X/2 (juillet 1976), p. 127-141. Dédicace dans mes Nations juives portugaises, p.338-341 ; Mahala, hébr., éminence.

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Épigraphie et sotériologie occurrence parmi les individus connus par ailleurs de la Nation : nul ne s’appelle Ézéchias. De plus, dans nos épitaphes ce prénom survient toujours en composition avec un autre plus conforme à la palette onomastique restreinte de la Nation, comme Abraham, Isaac ou Jacob. L’adjonction du prénom Ézéchias à un prénom usuel fournit ici, par hypothèse, un indice de la pratique du changement de nom effectuée lors d’une maladie grave, pratique élaborée en vue de tromper l’ange de la mort 3. Une sentence de mort ayant été prononcée contre un individu, celui-ci ayant changé de nom, l’exécuteur se trouve dans l’impossibilité d’appliquer la sentence. Il a bien repéré l’adresse indiquée, mais à cette adresse aucune personne ne répond au nom figurant sur sa liste. Bien que le Talmud en Shabbat 67 b range cette pratique au nombre des superstitions païennes, une baraïta de Rosh hashana 16 b en admet la licéité : « R. Isaac dit : quatre actes déchirent la sentence d’un individu, ce sont la charité, la supplication, le changement de nom, le changement de conduite ». Habituellement on adopte le nom d’Azriel, Dieu l’a aidé, de Hayyim, vivant, de Raphaël, Dieu l’a guéri, de Shalom, qu’il vive en paix. On fait la charité au nom du malade et on récite un Mi-she-bérakh, une invocation à l’incipit Celui qui a béni, avec une formule spéciale : « Et même s’il a été prononcé au tribunal de justice une sentence de mort, indiquant qu’il mourra de cette maladie, nos saints maîtres ont dit que trois choses déchirent la sentence d’un homme et l’une d’elles est le changement de nom, que l’on change le nom du malade et que s’accomplissent leurs paroles : « son nom a changé car il est devenu un autre et si, à l’encontre d’un tel, a été rendue la sentence, sur un tel, fils d’un tel, elle n’a pas été rendue, car c’est un autre et ce n’est pas lui qui porte l’ancien nom. De même que son nom a été changé, de même que la sentence s’appliquant à lui soit commuée de la rigueur à la miséricorde, de la mort à la vie, de la maladie à la guérison complète à un tel fils de un tel, que Tu rallonges au mieux ses jours et ses années et qu’il passe bien ses jours avec vigueur et paix, d’à présent et pour toujours, Amen, Sélah ». Les kabbalistes ont développé à l’extrême cette coutume qui acquiert droit de cité dans nos familles bordelaises. Rare en d’autre lieux, l’adjonction du nom Ézéchias renvoie au fils d’Achaz roi de Juda ainsi nommé (-727-699). Atteint d’une maladie mortelle, Ézéchias invoqua le Seigneur et bénéficia d’un sursis de quinze années (2 R 20,6). Le milieu néo-chrétien a-t-il subi l’influence de la prière d’Ézéchias dite Canticum Ezechiæ (Is 38,9-20) qui

3.

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Sur ce rituel, cf. J. Z. lauterBach, « The Naming of Children in Jewish Folklore, Ritual and Practice », Studies in Jewish Law, Custom and Folklore, New York 1970, p. 31-74, particulièrement p. 42-44 ; E.-R. Samuel, « New light on the Selection of Jewish Childrens’ Names », Transactions of the Jewish Historical Society of England 23 (1979-1970), p. 64-96. Pour le formulaire, cf. J.-D. eiSeNSteiN, Ozar Dinim u-Minhagim. A Digest of Jewish Laws ad Customs in alphabetic order, réimp. Tel Aviv 1975 [en hébreu], p. 428. Y. M. GriNtz, C. roth, « Hezekiah », Encyclopædia Judaica, 8, col. 450-455.

Le discours sotériologique figure dans les Laudes de l’Office des défunts – le roi arguait en 2 R 20,3 de sa conduite be-emet u-be-lev shalem, en vérité et d’un cœur sincère – et plus généralement l’emphase des représentations artistiques de la prolongation miraculeuse de la vie du roi relatée en Is 38,1-21 ? Dans la perspective du retour des anciens marranes à la pratique ancestrale, la figure royale incarnait, après une longue période d’idolâtrie, le retour au divin service (2 Ch 29 à 32). Reste la valorisation du roi Ézéchias par Rabbi Hillel en Sanhédrin 98 b et 99a ‫אין משיח לישראל שכבר אכלוהו בימי חזקיה‬. Il n’y aura pas de Messie pour Israël, l’époque messianique a déjà été « consommée » [s’est déjà réalisée] au temps du roi Ézéchias, sur laquelle revient Emmanuel Levinas 4. Les rabbins de la région insèrent dans leur prédication l’épisode du salut terrestre du roi Ézéchias. Yshak de Acosta, rabbin à Peyrehorade puis à Bayonne (1697-1728) écrit dans un bréviaire à l’usage des proches des agonisants « y alcanzando el perdón de Dios le alargó mas la vida », « aquel maravilloso succeso del santo rey Hizquiahu », « a imitación del santo rey Hizquiahu ». Le même rabbin reprend dans son grand commentaire sur les Premiers Prophètes la réponse que fit Dieu à la prière d’Ézéchias : « Y aumentaré sobre tus dias quinze años » 5. Dans la Bible, l’adoption d’un nouveau nom remonte à Abraham auquel Dieu dit : « Ton nom ne s’énoncera plus désormais Abram : ton nom sera Abraham, car je te fais le père d’une multitude de nations » (Gn 17,5) et à Sara : « Saraï, ton épouse, tu ne l’appelleras plus Saraï, mais bien Sara » (Gn 17,18). Alors seulement, le couple aura une descendance. On retrouvera ces deux noms sur certaines épitaphes parce qu’ils avaient rempli une fonction salutaire 6. On prendra en compte aussi Myriam guérie de la lèpre consécutive à sa médisance à l’encontre de Moïse (Nb 12) et Anne guérie d’une stérilité prolongée qui donna naissance à Samuel (1 S 1,1-20). Dans le Talmud (Sanhédrin 94 a) le nom d’Ézéchias est déjà considéré comme un surnom car le pieux roi possédait déjà huit noms : « À propos d’Ézéchias il est écrit : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, la souveraineté repose sur son épaule et son nom est décliné : Pélé, Yoetz, El,

4. 5.

6.

E. leviNaS, Difficile Liberté, Essais sur le judaïsme, Paris 1963, p. 114-116 ; M. hadaSleBel, « Il n’y a pas de Messie pour Israël car on l’a déjà consommé au temps d’Ézéchias, (TB Sanhédrin 99a) », Revue des Études juives 159 (2000), p. 357-367. Y. de acoSta, Via de Salvación por seis transitos penitenciales para exhortar los agonizantes, compuesto por el señor H[aham] H[asalem] Ishac Acosta para uso y practica de esta misva y alivio de las almas, en honra y gloria de su Creador, éd. A. caplaN, Bayonne l874, p. 14, 30 et 47 ; du même rabbin, Conjeturas sagradas sobre los prophetas primeros colegidas de las mas celebres expositores y dispuestas en Contexto paraphrastico, Leyde 1722, p. 872. Pour cette thématique et pour les rituels à Hambourg et dans la diaspora portugaise on se reportera à l’excellent article de M. StudemuNd-h alévy, « La Mort de Sara et le Puits de Miriam », cité supra.

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Épigraphie et sotériologie Gibor, Avi, Ed, Sar, Shalom (Is 9,5). Mais il porte aussi le nom d’Ézéchias ! Ce n’est [qu’une indication] que Dieu l’avait renforcé. Autre explication du mot Ézéchias : c’est lui qui «renforçait « Israël dans sa fidélité à Dieu » Vingt-quatre occurrences sur 133 épitaphes masculines, soit 18,04 % expriment une préférence absolue pour Ézéchias dans le changement de nom, en face des cinq occurrences de Haïm, soit 3,75 %. Additionnés ces deux pourcentages renvoient à une proportion minimale de changement de nom des défunts masculins à Bordeaux, soit 21,79 %. Encore ne prenons-nous pas en compte le Hiskiau résultant d’un premier changement de nom effectué en faveur du vénéré rabbin Jacob Haim Athias décédé le 15 septembre 1760 (§ 200). L’élection sotériologique d’Ézéchias va de soi à Amsterdam : le chroniqueur David Franco Mendes signale : « Em sabat a noite 11 tamus 5489 [8 juillet 1729] disse o K[ahal] K[ados] rogativa p[e]lo Hazan Is[hac] Acohen de Lara mudandolhe o nomem no de Hisquiau » 7. Pour les défuntes, aucun prénom de substitution ne s’imposant aussi fortement, on retiendra comme indice d’un changement, la présence d’un nom composé. On compte ainsi sept Anne (§ 110, 185, 210, 220, 225, 228) pour 123 épitaphes soit 5,6 %. On compte trois Myriam (§ 52, 149, 229), soit 2,43 %. Le pourcentage féminin atteint ainsi 8,12 %. Faut-il tenir compte – en l’absence d’une prééminence d’un second prénom – l’extrême fréquence du double prénom dans l’épitaphier féminin (§ 3, 5, 19, 21, 23, 45, 50, 58, 82, 83, 90, 103, 106, 109, 130, 141, 158, 159, 161, 175, 177, 229, 256), soit vingt-trois hors Anne et Myriam, soit 18,69 % ? Dans cette hypothèse le changement de nom aurait affecté 26,81 % des défuntes, un nombre supérieur à celui des défunts. Dans cette série prédomine Sara avec treize occurrences (§ 5, 21, 23, 45, 50, 58, 82, 109, 141, 158, 159, 175, 177) soit 10,56 %. De la sorte Anne, Myriam et Sara totaliseraient-elles 18,68 % et la moyenne s’établirait entre 26,81 % et 18,68 % soit 22,79 %, un pourcentage à peine supérieur au pourcentage masculin. Les exemples extérieurs : Curaçao, La Barbade Sur les épitaphes portugaises de Curaçao, Hisquiyahu survient en composition vingt-deux fois (§ 3, 6, 23, 28, 42, 45, 58, 60, 62, 90, 99, 102, 103, 113, 125, 132, 139, 144, 145, 159, 171, 186) pour 173 épitaphes masculines, soit une proportion de 12,71 %. Cette proportion moindre s’expliquerait par un

7.

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D. fraNco m eNdeS, Memorias do estabelecimento e progresso dos Judeos Portuguezes e Espanhoes nesta famosa citade de Amsterdam, A Portuguese Chronicle of the History of the Sephardim in Amsterdam up to 1772, éd. L. fukS, R. G. fukS-m aNSfeld, B. N. teeNSma = Studia Rosenthaliana IX/2 (1975), p. 111 = D. fraNco m eNdeS, J. meNdeS doS r emédioS, Os judeus portugueses em Amsterdão, éd. fac-similé des éditions de 1911 e 197, étude introductive de M. cadafaz de m atoS et H. P. SalomoN, Lisbonne 1990.

Le discours sotériologique dépérissement relatif de la coutume au xixe et au xxe siècle, puisqu’Isaac S. Emmanuel conduit son relevé jusqu’en 1957 8. En ce sens l’épitaphier bordelais est plus représentatif de la période pré-moderne. Expressionniste, l’épitaphier de La Barbade fournit une confirmation de notre hypothèse. Huit épitaphes explicitent en effet la pratique du changement de nom : § 11 Ester-Sarah Louzada, 20 octobre 1744, dans une épitaphe hébraïque rimée‚ ‫ שמה אסתר ונשתנית שרה‬son nom est Esther elle s’est changée en Sara. § 20 Abraham-Israël-Ézéchias Valverde, 17 juillet 1746, deuxième et troisième lignes de l’épitaphe hébraïque ‫אברהם ישראל וחזקיה שמות שנשתנו בזה הגבר‬ Abraham, Israël et Ézéchias, noms qui furent changés pour cet homme ; deuxième ligne de l’épitaphe espagnole : que fue mudado su nombre. § 301 Sara-Judith Frois, 13 décembre 1753. Cinquième ligne et incipit de la sixième de l’épitaphe espagnole : que fue mudado su nombre en Sara. § 302 Anne-Rebecca Massiah, 2 mars 1749, deuxième ligne de l’épitaphe hébraïque rimée ‫ רבקה ששם חנה היתה בוחרת‬Rebecca laquelle avait choisi le nom d’Anne ; quatrième ligne de l’épitaphe espagnole que fue mudado su nombre en Hana. § 306. Moïse-Jacob-Haim Carvallo, 30 juin 1749, deuxième et troisième lignes de l’épitaphe hébraïque rimée : ‫יעקב וחיים שם זה גברה במשה נשתנה בחלותו‬ et Jacob et Haim était le nom de cet homme, il s’est changé en Moïse lors d’une maladie ; quatrième et incipit de la cinquième ligne de l’épitaphe espagnole : cuio nombre fue mudado en Mosseh. § 314. Jaël-Léa Baruh Louzada, 21 novembre 1751, troisième ligne de l’épitaphe hébraïque rimée ‫ מיעל שהיתה שמה בלאה שמה נשתנה‬de Jaël qui était son nom, en (celui de) Léa son nom fut changé. § 320. Jacob-Abraham Lindo, 11 février 1763, deuxième et troisième lignes de l’épitaphe hébraïque rimée ‫אברהם איש תמים שנשתנה יעקב שמו בחלותו‬ Abraham homme simple, dont le nom se changea en Jacob lors d’une maladie. Quatrième et incipit de la cinquième ligne de l’épitaphe espagnole : que en su enfermedad fue mudado su nombre en Jahacob. § 340. Josué-Abraham Pinheiro, 5 mars 1755. deuxième et troisième lignes de l’épitaphe hébraïque rimée ‫ אברהם איש תמים שנשתנה ביהושע שמו בחלותו‬Abraham homme simple, dont le nom se changea en Josué lors d’une maladie. Cinquième et sixième lignes de l’épitaphe espagnole : que, en su enfermedad, fue mudado su nombre en Jehosua 9.

8. 9.

I. S. emmaNuel, Precious Stones of the Jews of Curaçao, Curaçaon Jewry 1656-1957, New York 1957. E.-M. ShilStoNe, Monumental Inscriptions in the Burial Ground of the Jewish Synagogue at Bridgetown, Londres 1956.

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Épigraphie et sotériologie Ces exemples explicitent la pratique implicite de Bordeaux. Ils révèlent aussi une palette plus large de noms de substitution : Ézéchias, Jacob, Moïse, Josué, pour les défunts, Anne, Léa, Sara (deux occurrences) pour les défuntes. Ils font ressortir a contrario l’omniprésence d’Ézéchias à Bordeaux. Nous pouvons donc admettre que Bordeaux possède un modèle spécifique de substitution onomastique. Le cérémonial et sa signification pour la « religion portugaise » Dans le milieu marranique et post-marranique des Nations juives portugaises du Midi de la France s’agit-il de la résurgence communautaire d’une coutume ancestrale ? L’observance requiert en effet une intervention rabbinique impensable en l’absence d’une communauté juive de plein droit. Le changement s’effectue en effet lors d’une cérémonie dite grande rogativa décrite par Isaac Emmanuel : Le hazzan accompagné du Hakham, des parents, du parnas de la Hebra, des parnassim, des membres de la confrérie à laquelle appartient le malade, les amis, les maîtres d’école avec leurs élèves innocents se tiennent devant les quatre [?] portes ouvertes de l’Arche Sainte. Ils prient comme le fit le roi David et l’on procède au changement de nom. Après quoi tous les assistants font un don pour la guérison du malade et l’argent est distribué aux pauvres 10.

Le rituel amstellodamois en usage à Bordeaux préserve en hébreu et en espagnol l’invocation ad hoc : il appert que la mutation s’accomplit avec la permission divine, con manifesto, en déclaration face à la cour de justice céleste et à la cour de justice terrestre. La gravité de la cérémonie rappelle la récitation synagogale du Kol nidré, l’annulation des vœux de la veille de Kippour, à ceci près que Kol nidré s’ouvre en la yeshiva shel ma‘alah et la yeshivah shel mata, l’académie céleste et l’académie terrestre, lesquelles se peuvent ériger en tribunal, tandis que lors du changement de nom, interviennent explicitement les juridictions céleste et terrestre.

10. Pour une description de la cérémonie, outre l’article cité supra, cf. I. S. emmaNuel, Precious Stones of the Jews of Curaçao, p. 76, et surtout M. StudemuNd-h alévy, G. z ürN, Zernstört die Erinnerung nicht. Der Jüdische Friedhof Königstrasse in Hamburg, Hambourg 2004, p. 82 ; E. Samuel, At the End of the Earth. Essays on the History of the Jews in England and Portugal, Londres 2004, p. 18-19.

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Le discours sotériologique El mudar del nombre Dezimos en Roshasana capitulo prim. Quatro cozas rompen decreto de juizio del hombre, caridad, oracion, mudar el nombre y mudar de obras, y por esto uzaron de mudar el nombre de el enfermo que huviere peligro 11. Despues de haver dicho lo de arriba en lugar de El Dio el Rey, dira lo siguiente. Con licencia de Rey de Reyes de los Reyes, con manifiesto del criador Bendito el, y con manifiesto de caza de juizio el superior y con manifiesto de caza de juizio el inferior, nos mudãtes y trocantes y bolvientes y voltantes nombre del enfermo el este, que ya fue su nombre (hulano), y desde oy y adelante, no sera llamado su nombre (hulano) que salvo (hulano) sera llamado su nõbre en nombre (hulano) sera, mudado y en nombre (hulano) sera llamado y en nombre (hulano) sera dicho y en nombre (hulano) ser alcuñado, assi como que fue mudado su nombre de muerte para vidas y su planeta de muerte para vidas y de enfermedades y de dolor pra melesina de cura y de herida doloriosa por melesina soldada y de coraçon tajado y de quebrantado a melesina y salud y de angustias y dolores a piadades buenas y sercanas. Sea voluntad de delante de ti A. mi D. y D. de mis padres que sea mudamiento de su nombre para vidas buenas y para longura de dias como esta escrito longura de dias lo hartare y mostrarlo con mi salvación 12 ; y es dicho que longura de dias y años de vidas y paz añadiran a ty 13 : y fue dicho que en mi se muchiguaran tu dias y añadiran a ti años de vidas 14, Ruego R. piadozo y gracioso melesina toda criatura y maravilla para por hazer, embia melesina perfeta a (hulano) este, y cuentalo con los contados para vidas y justifica a el en tu juizio de justedad y contrapezalo a palma de merecimiento y enclina a el a parte de misericordia y de las piadades que D. R. piadozo y gracioso tu ; el Rey con tus piadades apiadalo y embia tu palavra y melesinalo y affirma en el el verso que esta escrito melesiname A. y sere melesinado, salvame y seré salvo que mi loor tu 15, y dize que hare subir melesina a ti y de tus heridas te melesinare, dicho de A. 16 y todo Israel, en compendio de las piadades y la paz y melesina perfeta. Amen Y diran Kadis sea rebida como esta en el fin de las rogativos Promesa para Sedaca y Tierra Santa 17.

11. 12. 13. 14. 15. 16. 17.

Rosh ha-Shana 16 b. Ps 91,16. Pr 3,12. Pr 9,11. Jr 17,14. Jr 30, 17. ‫ מאה ברכות‬Orden de Bendiciones y las ocaziones en que se deven dezir, En la Estampa de Albertus Magnus, Amsterdam 5441 [1681] f° 359-261. Kadis, Kadish, prière cardinale de la liturgie,cf. D. da Sola pool, The old Jewish Aramaic prayer, The Kaddisch, Leipzig 1909, New York 1964 ; Sedaca, charité, ici caisse de charité.

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Épigraphie et sotériologie Nos pourcentages distincts traduisent un retour progressif à cette tradition ; pour le xviie et le début du xviiie siècle confondus, Labastide-Clairence ignore Hizquiau mais pratique des changements révélés par la gravure d’une onomastique double sur les pierres tombales : Yacob-Jaim de Paz en 1724 (§ 31), Sara-Rakuel de Pas en 1746 (§ 36), Hana-Ester de Paz en 1746 (§ 37), Hayim-Ribca [?] en 1748 (§ 38), Abraham-Yahacob de Paz en 1760 (§ 41), Abraham-Rephael de Pas en 1765 (§ 43). Peyrehorade I n’en aligne que 3,44 %, Bidache 6 %, Bayonne 6,25 %. À Bordeaux, par contre où l’épitaphier ne concerne que le xviiie siècle, la proportion de Hizquiau seul s’élève à 18,04 %. L’observance du changement de nom, marqueur certain du retour en force du judaïsme rabbinique, s’expliquerait plutôt par une tradition empruntée à l’extérieur et enseignée par les rabbins. Cette pratique aurait acquis droit de cité d’autant plus aisément que nos Portugais adoptaient volontiers plusieurs noms dans l’espoir d’échapper aux recherches et aux poursuites du Saint-Office. Parmi nombre d’occurrences retenons ici un exemple : un Portugais de Biarritz Manuel Rodriguez dénonce à l’Inquisition de Tolède entre 1637 et 1638 un autre Portugais de Labastide Clairence : « Daniel Enrriquez, vezino de La Bastida y anda por Madrid, mudado el nombre 18 ». Une certaine convergence se fit jour entre les impératifs existentiels du marranisme et l’ancienne coutume juive. Certes, l’épigraphie seule nous autorise à affirmer la pratique du changement de nom à Bordeaux. Pour Bayonne nous disposons d’une attestation explicite de son observance précédant d’une génération l’ouverture du cimetière bordelais. Le 5 décembre 1693, un prédicateur y délivra une Oración funèbre en las obsequias de la muy noble y Virtuosa señora Dona Rahel Mendes da Costa que faleció en 7 de Kisleb Año 5454, y murió Rahel, y fue enterrada en carrera de Efrat ella Bet Lajem (cf. Gn 35,19). L’orateur y déplorait en ces termes son décès prématuré : En este espectáculo presente que Dios nos pusó delante no le valió la mosedad 34 años fue cumplir à la tierra, no le valio la virtud, pues su nombre era Sarah que en la lengua Sancta quiere dezir Señora, y se le mudó el nombre en Rajel, que quiere dezir oveja, Sarah en lo Señor, Rajel en lo umilde y en la virtuoso : ni tan poco le valieron los bienes del mundo que es esto 19.

La prédilection marquée pour Ézéchias à Bordeaux et dans la diaspora portugaise d’Occident serait un marqueur parmi d’autres de son identité.

18. Madrid, Archivo Histórico Nacional, Inquisición de Toledo, legajo 189 n° 889, 35, cf. J. caro BaroJa, Los Judíos en la España moderna y contemporanea, Madrid 1978, Apéndice XXX, vol. III, p. 366. 19. Ce sermon imprimé – un unicum – provient de la collection bayonnaise Salzedo ; il appartient aujourd’hui à M. Gilbert Léon, qui a eu l’extrême amabilité de m’en communiquer une photocopie.

100

Le discours sotériologique Nous avons pressenti à cet égard la métropole espagnole par excellence, Salonique. Au chapitre de ses coutumes, celle-ci est expédiée en deux phrases : « Un hombre que ha estado gravemente enfermo, en el periodo de convalescencia cambia su nombre por el Hayyim (vidas) o Rafael. Igualmente una mujer enferma toma, al curar, el nombre de Vida ». Sur les 1858 inscriptions funéraires saloniciennes qu’Isaac S. Emmanuel transcrivit sur une période commençant en 1503 et finissant en 1918, les indices de changements de nom s’avèrent peu nombreux et rarement explicites. Pour l’adjonction de Haïm, nous comptons Haïm-Samuel Gattegno, le 9 kislev 5436 (27 novembre 1675, § 887), Haïm-Juda Leoni le 3e jour de Hol ha-Mo‘ed de Pessah 5519 (16 avril 1759, § 1513), Haïm-Joseph Ha-Cohen Ibn Ardut le 27 ab 5587 (20 août 1827, § 1693), un autre Haïm-Samuel Gattegno, le 18 tishri 5593 (12 octobre 1832, § 1699). Pour l’adjonction de Raphaël entrent en ligne de compte Raphaël-MeirMoïse le 9 nissan 5507 (20 mars 1747, § 1439), Raphaël-Juda Kalay le 21 tebet 5542 (7 janvier 1782, § 1659), Raphaël-Haïm Abraham Covo le 11 ab 5552 (30 juillet 1792, § 1673), Raphaël-Asher Covo le 17 tevet 5635 (25 décembre 1874, § 1737). Ézéchias figure comme nom de famille avec Baruch Hizqya le 27 sivan 5484 (18 juin 1724, § 1228), Menahem Hizqiya le 9 tamuz 5473 (3 juillet 1713, § 1171). Un seul individu pourrait avoir reçu le prénom Ézéchias lors d’un changement de nom – un hapax – il s’agit d’Ézéchias-Joseph Ha-Lévi qui offre la dalle du rabbin Hayyim ben Élie Nissim le 7 elul 5520 (19 août 1760, § 1532 ). M. Mordechay Arbell me signale que lors d’un changement de nom à Salonique et dans les Balkans, on nommait l’intéressé Mercado, c’est-à-dire racheté. Effectivement deux Mercado sont présents dans l’épitaphier salonicien : Nathan, mitkane, appelé ou plutôt surnommé Mercado Benveniste le 4 nissan 5644 (30 mars 1884, § 1750) et Jacob mitkane Mercado Berakha le 23 nissan 5663 (20 avril 1903 § 1779) 20. La pratique, à la fois superstitieuse et normative, du changement de nom s’observe donc davantage dans la Diaspora portugaise d’Occident et des Amériques que dans la Diaspora espagnole de l’Orient. Quant au choix d’Ézéchias on peut affirmer qu’il n’appartient qu’aux Portugais car Salo W. Baron ne le rencontrait qu’une seule fois lors de son attribution à un juif italien lors d’une maladie 21. Encore convient-il de souligner la prédilection

20. M. molho, Usos y costumbres de los Sefardies de Salonica, Madrid-Barcelone 1950, p. 69 ; I. S. emmaNuel, Precious stones of the Jews of Salonica, Jérusalem 1963-1968 (Publications of the Ben-Zvi Institute, The Hebrew University, Studies and Texts), deux vol. [en hébreu]. Nous traduisons en français et indiquons entre parenthèses notre conversion de la date juive vers le calendrier grégorien et le numéro de l’épitaphe dans l’ouvrage. 21. S. W. BaroN, « A Communal Conflict in Verona », Sefer HaYovel le-Professor Shmuel Krauss, Jérusalem 1937 [en hébreu], p. 217-254, mention p. 218.

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Épigraphie et sotériologie bordelaise dans la diaspora portugaise. En effet, s’il figure une fois comme prénom unique dans le cimetière de Königstrasse à Hambourg-Altona 22, il ne se trouve en composition – donc comme trace de changement de nom – qu’en 30 occurrences sur 1536 sépultures comptées pour 768 afin de tenir compte d’une répartition entre hommes et femmes, soit un pourcentage de 3,90 %. La Bible gravée Dans un programme épigraphique concis, réduit à l’essentiel, l’inscription biblique stricto sensu affecte dix-neuf sépultures (§ 11, 25, 82, 85, 97, 101, 113, 200, 210, 215, 219, 229, 231, 234, 235, 236, 239, 252). Du Pentateuque, l’épitaphier retient deux mots de la Genèse, la mention d’une péricope ainsi que deux versets du Deutéronome. La Genèse fournit l’incipit technique ‫ מצבת קבורת‬qui se réfère à la stèle érigée par Jacob pour marquer la sépulture de Rachel en Gn 35,20 de six épitaphes (§ 11, § 25, § 85 sous la forme pedra de sepulcro, § 97, § 193, § 200). Au Deutéronome la gravure recourt pour indiquer le millésime selon l’ère de la Création 5488 ainsi que le prénom du défunt ‫ ובני ישראל נסעו מבארת שם מת אהרן‬Or les enfants d’Israël partirent de Béérot, où mourut Aaron (Dt 10 ; 6, § 11). Elle y recourt encore pour indiquer – outre le millésime 5528 – explicitement la péricope ‫ ראה‬lue en la synagogue la semaine où survint le décès, soit Dt 11,26–16,17 § 193) ‫ בסדר ובשנה אל הנחלה ואל המנוחה‬en la péricope et en l’année vers la possession tranquille, l’héritage que [le Seigneur ton Dieu te réserve, selon le Petit Comput] (Dt 12,9). Aux prophètes l’épitaphier emprunte à Samuel deux périphrases stéréotypées, à Isaïe et à Habacuq deux renvois implicites à la félicité de l’âme. La périphrase de 2 S 23,11 désignant traditionnellement un ministre du culte, ‫נעים‬ ‫זמירות ישראל‬, chantre aimable d’Israël, survient une fois en hébreu (§ 193), une fois sous une forme espagnole suave a salme (§ 214) et une fois sous l’acronyme en caractère latins nzi des termes hébreux la constituant, indice certain de son emploi courant dans la Nation (§ 234). La bénédiction d’Abigaïl à David en 1 S 25,29 ‫ והיתה נפש אדוני צרורה בצרור החיים‬que la Bible du Rabbinat traduit : « l’existence de mon seigneur restera liée au faisceau des vivants (que protège l’Éternel) » s’inscrit dans une douzaine d’épitaphes à partir de 1732. Il s’agit de l’eulogie gravée quasi universellement sur les sépultures juives du Moyen Âge à nos jours sous la forme de l’acronyme ‫תנצב׳׳ה‬. Le verset biblique

22. M. GruNWald, Portugiesengräber auf deuscher Erde. Beiträge zur Kultur-und Kunst-geschichte, Hambourg 1902, Table des inscriptions, p. 94-127 : comme prénom unique Hisquiyau Hanilho, p. 111, n° 841 ; comme prénoms ajoutés et inscriptions validées (pour exclure les mentions de conjoints ou géniteurs) nos 65, 120, 135, 175, 279, 280, 334, 365, 376, 505, 510, 514, 568, 676, 622, 626, 671, 685, 727, 739, 755, 854, 877, 896, 927, 1070, 1093 (Simon Hisquiyau Machorro), 1153, 1227, 1314.

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Le discours sotériologique s’est chargé, en son réemploi funéraire, d’une interprétation sotériologique : elle aspire au salut de l’âme du défunt. Les occurrences de l’épitaphier dictent une traduction spécifique du verset. En effet, exception faite de deux inscriptions en hébreu (§ 82 et 97), nous avons des gravures espagnoles in extenso sur six épitaphes : sea su alma colocada en atadero de las vidas (§ 210), sea su alma colocada y atada en atadero de las vidas (§ 214), sea su alma colocada y atada en atadero de las vidas (§ 215), sea su alma atada en atadero de las vidas (§ 219), sea su alma atada en atadero de las vidas (§ 229), sea su alma atada en atadero de las vidas (§ 236) et en abrégé sur trois épitaphes s.s.a.a.e.a.d.l.v.a. (§ 231 s.s.a.a.e.a.d.l.v.a. (§ 235), s.s.a.a.e.a.d.l.v.a. (§ 239), Faut-il entendre littéralement : « Que son âme soit ensachée au sachet des vies » – celles d’ici-bas et celle de l’au-delà – pour rendre le pluriel de vidas ? Haïm-Vidal Sephiha propose deux interprétations. Pour l’une – ontologique – : « La vie est plurielle comme chacune de ses étapes » ; pour l’autre – prosaïque – : [les rabbins] recourront purement et simplement à des pluriels dans ce mot à mot fidèle (à des fins pédagogiques) de l’hébreu en espagnol ». Effectivement trente-six versets des traductions judéo-espagnoles du Pentateuque rendent l’hébreu ‫ חיים‬par vidas à l’exception de Gn 23,1 et Lv 18,18. Plus précisément, partant du souci littéraliste du judéo-espagnol de calquer la forme plurielle du terme hébraïque hayyim, vie, on proposera d’entendre « puisse son âme être ensachée au sachet de la vie ». L’hébreu bet-ha-hayyim, euphémisme médiéval coutumier s’entend ainsi dans un splendide ouvrage récent intitulé sur les cimetières juifs Houses of Life 23. Unique dans l’épitaphier, Sea su bendita alma colocada en la gloria (§ 252) se souvient de 1 S 25,29 mais lui adjoint une formule traditionnelle dans un contexte funéraire, encore que moins fréquente, empruntée à Is 11,10, ‫ « והיתה מנחתו כבוד‬et sa résidence sera entourée de gloire » selon la Bible du Rabbinat. Nous proposons une traduction littérale adaptée au contexte : « que son repos soit gloire ». L’antiquité grecque conditionne l’accès du défunt vers la gloire (kleos) à la célébration des honneurs funèbres 24. Gloire s’entendra ici dans une économie individuelle du salut, soit celle du séjour paradisiaque promis au bienheureux. À cet égard, en 1630 Marguerite de Laborde, chambrière à Saint-Esprit-les-Bayonne chez Jean Rodrigues Faro rapporte par-devant le notaire Pierre Harran au sujet d’un jeûne observé par ses maîtres : « disoient lorsqu’ils font ledit jeûne que le Messie n’est poinct encore venu au monde et qu’ils sont en ceste croyance et espérance que, faisant ledit jeûne, ils seront

23. H.-V. Sephiha, « La vie en hébreu et en ladino », dans J.-P. Bardet, M. foiSil (dir.), La vie, la mort, la foi, le temps. Mélanges offerts à Pierre Chaunu, Paris 1993, p. 225-228. J. JacoBS, Houses of Life : Jewish Cemeteries of Europe, Londres 2007. 24. Cf. A.-F. Jaccottet, « Antigone : La création d’une tragédie pour le théâtre athénien », dans M. GilBert (dir.), Antigone et le devoir de sépulture, Actes du colloque international de l’Université de Lausanne (mai 2005), Genève 2005, p. 33.

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Épigraphie et sotériologie ravis et emportés en corps et âmes en la gloire ». Anne Zink rapproche à juste titre le terme final de la formule gravée sur les tombes portugaises « Que son âme réside en la gloire ». Néanmoins, nous ne la suivons pas dans son interprétation messianique, eschatologique, collective : « La phrase entière, écrit Anne Zink, évoque la résurrection des morts, c’est-à-dire la venue du Messie qui aura lieu, dit-on, à Pessah et qui s’accompagnera de la résurrection des morts » 25. Orthodoxe certes, l’argument vaut, mais sur un autre registre. Rare, tant dans l’épitaphier bordelais que dans le formulaire juif traditionnel, que goze de Dios (§ 113) renvoie à Ha 3,18 ‫ « אגילה באלהי ישעי‬Je me délecterai en Dieu mon sauveur ». Il dénote une originalité certaine dans la formulation sotériologique. Les hagiographes apparaissent dans la gravure hébraïque d’un verset des Psaumes, d’un verset de l’Ecclésiaste et d’un renvoi espagnol à l’Ecclésiaste. ‫ « נפשו בטוב תלין‬Son âme vivra au sein du bonheur » selon la Bible du Rabbinat en Ps 25,13 (§ 101) appartient au répertoire traditionnel ashkénaze comme séfarade. Il convient de compléter le verset : le deuxième hémistiche « et sa postérité prendra possession du pays », lequel, encore qu’implicite, renvoie au salut des vivants. Le dit d’Ec 12,5 ‫כי הלך האדם אל בית עלמו‬, car déjà l’homme se dirige vers sa demeurée éternelle, apparaît adapté dans deux épitaphes. Celle du rabbin Joseph Falcon, le 2 décembre 1738, use de la formule – ailleurs traditionnelle – ‫ שנפטר לבית עולמו‬qui partit pour sa demeure éternelle (§ 79). Celle de David Soreph, le 13 juin 1756, rétrécit le verset ‫ שנפטר והלך לעולמו‬qui décéda et partit vers son monde (§ 191). Que fallecio con buena fama (§ 235) calque la liturgie synagogale du rappel du défunt ‫ « שנפטר בשם טוב מן העולם‬qui a quitté ce monde avec un bon renom », empruntée au Midrash Qohelet Rabba sur Ec 7,1 « Un bon renom est préférable à l’huile parfumée, et le jour de la mort au jour de la naissance ». Le paradis des bienheureux Le Diccionario de la Real Academia Española entend l’adjectif bienaventurado « que goze de Dios en el cielo » 26, soit le vœu explicite cité supra et renvoyant à Ha 3,18. Le terme figure sur la majorité de nos sépultures, soit in extenso (§ 5, 7, 12, 20, 21, 25, 29, 30, 37, 38, 40, 41, 43, 44, 49, 54, 55, 56, 60, 61, 62, 64, 68, 69, 71, 78, 80, 82, 84, 86, 88, 91, 95, 99, 100, 104, 105-108, 110, 111, 113, 114, 116, 117, 118, 122-129, 131, 132, 134, 144, 146, 148, 155, 156, 160,

25. A. ziNk, « Être juif à Bayonne en 1630 », Annales du Midi, revue de la France méridionale t. 108, n° 216 (1996), p. 461-460, une étude tirée de minutes notariales bayonnaises, d’un extraordinaire intérêt pour la pratique alors clandestine du judaïsme ; pour le concept de gloire et son élucidation cf. p. 446 et 454. 26. Real Academia Española, Diccionario manual e ilustrado de la Lengua Española, Madrid 1950, p. 215.

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Le discours sotériologique 164, 168, 170, 181, 183, 194, 198, 201, 202, 204, 205, 222, 252, 254, 256), soit diversement abrégé (§ 4, 8, 17, 22, 24, 36, 45, 46, 50, 53, 74, 83, 87, 89, 90, 93, 94, 98, 101, 102, 103, 109, 112, 120, 133, 136, 138-143, 145, 147, 149-151, 154, 157-159, 161-163, 165, 166, 169, 171-180, 184-186, 189, 192, 199, 206, 208, 210, 214, 216, 218, 220-222, 224, 225, 214, 221, 224, 225, 227, 228-230, 232, 233, 239, 241, 242, 244, 247, 248, 250, 251). L’abréviation peut revêtir une forme ultra courte comme Bdo (§ 4), courte comme BieNaa (§ 171), moyenne comme BNaveNda (103), longue comme BieNav do (§ 251). Pouvons-nous vraiment subodorer ici un parfum chrétien ? Dans la Bible de Ferrare, la Bible phare de la Diaspora portugaise, Bienaventurado traduit constamment l’hébreu ‫ אשרי‬du Psautier et spécialement le verset 15 du Ps 144 omniprésent dans le service synagogal en prélude au Ps 145, lui-même leitmotiv de la liturgie, Bienauenturado el pueblo que assi a el, bienauenturado el pueblo que Adonay su Dio, Heureux le peuple qui jouit d’un tel sort ! Heureux le peuple qui reconnaît l’Éternel comme son Dieu (Bible du Rabbinat français). Invocation certes, remise de l’âme à Dieu encore, marqueur assurément. La première gravure de l’adjectif s’effectuant en 1726 (§ 4), la dernière en 1778 (§ 252), son emploi s’avère constant. En effet, pour 256 sépultures 182 – soit 71 % de l’ensemble –, recouvrent un « bienheureux » ou une « bienheureuse » avec une fréquence plus forte – 103 soit 39,5 % – des formes abrégées sur les formes complètes – 79 soit 30,8 –. Plus encore que la forme complète, la forme abrégée témoigne tant de son usage quasi rituel que de sa familiarité dans la Nation. Ces défunts trouvent-ils place simplement au séjour des bienheureux, au paradis, à la manière et avec la terminologie chrétienne ? Répondent à cette interrogation les épitaphes d’Esther Lindo – descanse em paraisso – le 21 mai 1762 (§ 211) et celle d’Abigaïl Gomes Fonseca – su alma sea colocada en el paraiso – le 13 octobre 1767 (§ 243). La première calque en fait l’eulogie hébraïque médiévale ‫ נוחה עדן‬qu’elle repose en paradis. Dans cette logique, les parents du défunt souhaitent son accès au paradis immédiatement après le décès. Ils rejoindraient ainsi la première formulation médiévale du judaïsme ashkénaze lequel, dans une deuxième temps, optera majoritairement au xive siècle pour une formule inspirée de 1 S 25,29 27. Au paradis se réfère explicitement le sermon prêché à Bordeaux par David Machado de Sequeira vers 1734 lors des trente jours du décès de David Ergas La Cour. Il s’interroge sur la possibilité que deux vivants soient entrés en

27. Sur ce point l’excellente analyse effectuée à partir des épitaphes récemment mises à jour à Wurzbourg par A. (Rami) reiNer, « Du Gan Eden au Seror ha-hayyim : bénédictions des morts sur les stèles ashkénazes au Moyen Âge », Zion LXXVI (2011), p. 5-28 [en hébreu]

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Épigraphie et sotériologie Paradis : « è Como hé possivel, contra huma sentença final, que Deos à o homem deo no Parayzo entrarem no Parayzo dous en vida ? Não estâ à porta hum Cherub com huma espada de fogo defendendo a porta ? » La littérature hébraïque s’avère assez pauvre quant aux descriptions du paradis qu’aurait pourtant visité Yehoshua ben Lévi (premier tiers du iiie siècle) 28. On dispose essentiellement de celle insérée dans le Mahzor Vitry, attribué à Simha de Vitry disciple de Rashi, le rituel médiéval par excellence du monde ashkenaze au début du xiie siècle. Il est écrit : « Ah ! qu’elle est grande ta bonté que tu tiens en réserve pour tes adorateurs, que tu témoignes à ceux qui ont foi en toi, en face des fils de l’homme ! » (Ps 31,20). Rabbi Yehoshua ben Lévi a dit : « Le jardin d’Eden s’ouvre sur deux portiques de rubis que [gardent] soixante myriades de compagnies d’anges du service. Le visage de chacun d’eux resplendit comme la splendeur du firmament. À l’heure où le juste les rejoint, ils lui retirent les vêtements dans lesquels il a été relevé du sépulcre et l’habillent de sept costumes de nuées de gloire. Ils le coiffent de deux couronnes, l’une de pierres précieuses et de perles et l’autre d’or de Parvaïm. Ils déposent des myrtes sur sa main. Ils le glorifient et lui disent : « Mange dans la joie ! ». Ils l’introduisent dans un lieu bordé de cours d’eau où poussent huit cent essences de roses et de myrtes. Chacun des justes dispose d’un dais qui lui est propre selon ses mérites. Car il est dit : « Oui, tout endroit vénéré sera abrité par un dais » (Is 4,5). Et de chaque dais coulent quatre rivières, l’une de lait, l’une de vin et l’une de baume, l’autre de miel. Au-dessus de chacun des dais s’accroche une vigne d’or. Trente perles y sont serties. Chacune d’elles resplendit comme la brillance de l’aurore. Sous chacun des dais se dresse une table de pierres précieuses et de perles. Trente anges se tiennent sur la tête de chacun des justes. Ils lui disent : « Mange du miel, toi qui t’es adonné à la Tora comparée au miel comme il est dit : plus doux [que le miel, que le suc des] rayons (Ps 19,11). Bois le vin fermenté de ses raisins, toi qui t’es adonné à la Tora comparée au vin, comme il est dit : « Je te ferai boire le vin parfumé (Ct 8,2) ». Et son visage ressemble à celui de Joseph ; il est à l’image de Rabbi Yohanan. Comme des pépins de grenades dans une coupe d’argent dressée face au soleil et il n’est plus pour eux de nuit, comme il est dit : « La voie des justes est comme la lumière de l’aurore, dont l’éclat va croissant jusqu’en plein jour (Pr 4,18). C’est un jour entièrement neuf qu’ils contemplent. Il y a quatre compagnies. À la première on devient petit ; on y rentre dans l’enclos des petits et on s’y réjouît de la joie des petits. À la deuxième compagnie on devient adolescent on y rentre dans la clôture des adolescents et on s’y réjouit de la joie des adolescents. À la troisième on devient moyen, on y entre dans l’enclos des moyens et on s’y réjouit de la clôture des moyens. À la quatrième compagnie on devient ancien, on y rentre dans l’enclos des anciens et on s’y réjouit de la joie des anciens.

28. Cf. Ketubot 77 b,

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Le discours sotériologique Au jardin d’Eden poussent quatre-vingt myriades d’essences d’arbres. La moindre d’entre elles est meilleure que tous les arbres odoriférants. Ainsi en est-il de ses quatre coins. À chaque coin soixante myriades de compagnies d’anges du service chantent d’une voix suave. L’arbre de vie est au milieu. Son corps recouvre tout le jardin d’Eden. Il contient huit cents mets et aucun ne ressemble à un autre. Et le goût de l’un ne ressemble pas à celui de l’autre. Le parfum de l’un ne ressemble pas à celui d’un autre. Et sept nuées de gloire le surmontent et quatre brises lui prodiguent leur souffle. Son parfum se répand d’une extrémité à l’autre du monde. Au dessous de lui sont assis des disciples des sages qui expliquent la Tora. Chacun d’eux a deux dais, l’un d’étoiles, l’autre de soleil et de lune. Soixante tentures de nuées de gloire séparent les dais. En face se trouve l’Eden. Il comprend trois cent dix mondes pour chacun des justes comme il est dit : « Donnant à ceux qui m’aiment des biens en partage, remplissant leurs trésors » (Pr 8,21). Il comprend sept sections de justes. Une première section : les martyrs de l’Empire romain comme Rabbi Aqiba et ses collègues ; la deuxième : les noyés en mer ; la troisième : Rabban Yohanan ben Zakkai et ses collègues. Quelle fut la vertu de Rabban Yohanan ben Zakkai ? – Il disait : « Si tous les jours étaient de l’encre, les cieux et la terre des parchemins et tous les hommes des copistes, ils ne suffiraient pas pour écrire ce que j’ai appris de mes maîtres. Je n’ai pas manqué une seule lettre de ce qu’un chien recueille en lapant l’eau de mer ». Une quatrième section : ceux sur qui la nuée est descendue pour les envelopper. Une cinquième section : les pénitents – où se tiennent les pénitents, les justes ne peuvent se tenir –. Une sixième section : les célibataires qui de leur vie n’ont goûté au péché. Une septième section des humbles et des saints pratiquant l’Écriture, la Mishna et les bonnes mœurs. D’eux l’Écriture dit : « Alors se réjouiront tous ceux qui s’abritent en toi, ils jubileront à jamais » (Ps 5,12). Le Saint Béni soit-Il siège parmi eux et leur explique la Tora. C’est à leur sujet que l’Écriture dit : « J’ai les yeux tournés vers les hommes loyaux du pays [pour les faire demeurer avec moi] » (Ps 101,6). Mais Il n’a pas annoncé à la créature la gloire qui leur est préparée. C’est à leur sujet que l’Écriture dit : « En aucun temps, on n’avait appris, ni ouï dire pareille chose ; jamais œil humain n’avait vu un autre dieu que toi agir de la sorte en faveur de ses fidèles » (Is 64,3) 29.

29. Londres, British Library Ms hébr. Add. 27.200 et 27.201(= Jérusalem, Institute for Hebrew microfilmed Manuscripts 5872 et 5873) publié dans S. halévy h urWitz, Mahzor Vitry le-Rabbénu Simha, Nuremberg 1927, réimpr. New York 1960, t. II, p. 785-786 § 532 (en hébreu) ; cf. mon article « Épigraphie hébraïque et sotériologie en Provence médiévale », La mort et l’au-delà en France méridionale (XIIe-XIIIe siècle), Cahiers de Fanjeaux, coll. d’histoire religieuse du Languedoc au Moyen Âge 33 (1998), p. 269-282. Sur l’incursion en paradis de Yehoshua ben Lévi cf. A. SteiNfeld, « R. Yehoshua ben Levi’s Final Account as a Model Tikkun Hanefesh », Journal for the Study of Judaism 43 (2012), p. 369-379, notre texte, p. 373.

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Épigraphie et sotériologie Nos Bordelais se représentent-ils le paradis selon l’image qu’en brosse en terre ashkénaze au Moyen Âge le Mahzor Vitry ? Deux épitaphes expriment le décès par la formule biblique et talmudique ‫ נפטר לעולמו‬ou ‫נפטר לבית עולמו‬ parti vers son éternité, pour David Soreph le 13 juin 1756 (§ 191) ou sa maison d’éternité, pour le rabbin Joseph Falcon le 2 décembre 1739 (§ 79). Le Talmud entend cette destination comme une demeure privative dans l’au-delà : « Lorsqu’un homme s’en vers sa maison d’éternité (Ec 12,5), Rabbi Isaac a dit : ceci enseigne qu’à chacun des Justes on donne une résidence digne de lui » (Shabbat 152 a). Les tossafot précisent à cet égard : « s’il n’est pas écrit vers la maison d’éternité, c’est parce que chacun rejoint la maison qui lui est préparée » 30. L’eulogie traditionnelle inspirée de 1 S 25,36, « l’âme de mon seigneur ensachée dans le sachet des vivants avec le Seigneur ton Dieu », rendue par l’acronyme ‫תנצב״ה‬, renverrait à une demeure, certes privilégiée mais non privative au pied du trône divin. En Shabbat 152 b, Rabbi Éliézer dit : « Les âmes des Justes sont cachées sous le trône de gloire comme il est dit “l’âme de mon seigneur ensachée dans le sachet des vivants” ». Rashi entend ici la fin du verset « avec le Seigneur ton Dieu » : « avec Lui, sur Son trône », soit dans une proximité divine parfaite. Ces mêmes Bordelais ressentaient-ils une distinction entre paradis terrestre et séjour céleste ? Pour sa part, le prédicateur bayonnais Abraham Vaez opine délibérément pour une ascension de l’un vers l’autre ; En la Gemara de Ketuboth se dice, en como Ribi Yeosuah hijo de Levi, llegando su hora para morir, se ordenó el Angel de la muerte le hiziesse su voluntad. Se le apareció, y le pedió le mostrasse antes de su muerte el lugar, que le tenian aparejado en el Parayzo terrestre, donde las almas suben al celeste 31.

Certes Abraham Vaez suit l’interprétation de Rashi selon laquelle l’ange conduit Rabbi Yehoshua ben Lévi au Gan Eden, au paradis terrestre. Mais, de son propre chef [?] il complète sa référence au paradis céleste – implicite

30. Cf. J.-J. lavoie, « Étude de l’expression beit ‘olamo dans Qo 12,5, à la lumière des textes du Proche-Orient ancien », dans J.-Cl. petit (dir.), Où demeures-tu ? (Jn 1,38). La maison depuis le monde biblique. En hommage au professeur Guy Couturier à l’occasion de ses soixante-cinq ans, Québec 1994, p. 213-226. L’exégèse médiévale s’écarte de la paraphrase d’Onkelos traduisant bet ‘olamo par beit qevurteh, sa sépulture. Commentaire tardif, la Mesudat David de David ben Aryeh Loeb Alschuller ( xviiie s.) revient à cette interprétation aussi terre-à-terre que désolante – déjà énoncée par Abraham Ibn Ezra : « bet ‘olamo, c’est la tombe où il reposera éternellement ». 31. A. vaez, Discursos predicables, p. 37, cf. Ketubot 77 b [Jacob ben Salomon Ibn Haviv], Aggadoth du Talmud de Babylone, La Source de Jacob-‘Ein Yaakov, traduit et annoté par A. elkaïm-Sartre, Introduction à la littérature talmudique par M.-A. ouakNiNe, Lagrasse 1982 (collection Les Dix Paroles), p. 649.

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Le discours sotériologique seulement sur le folio talmudique – : « d’où les âmes montent au [séjour] céleste ». Cet ajout rendrait compte de l’ascension céleste promise au bienheureux, ascension représentée par un cœur sur nombre de sépultures, ascension entendue ‘ad lev ha-shamaïm selon Dt 4,11. Dans cette optique le bienaventurado jouira d’un double salut, au paradis terrestre d’abord, dans une résidence céleste ensuite. Résidence céleste, Académie céleste La morada del cielo, la résidence céleste fait écho à la yeshiva fondée à Jérusalem par Abraham-Benjamin de Francia (§ 85). Le défunt mérite la morada del cielo en récompense pour cette fondation. Au sens littéral yeshiva signifie résidence, assise, avant de désigner l’académie talmudique. Cette morada doit-elle s’entendre comme l’Académie céleste ? En vertu de quel droit le défunt y aurait-il accès ? Il importe au préalable d’écarter la signification aujourd’hui reçue du terme yeshiva en tant qu’institution d’enseignement dispensé à des jeunes gens, pour l’obtention d’un titre rabbinique ou pour une étude permanente tenant lieu de profession. À ce type de yeshiva, proprement yeshivat-talmidim, collège d’étudiants, fait face le yeshivat-hakhamim, – principalement séfarade – un collège de Sages composés de savants rabbins qui y conduisent leurs recherches propres et confèrent avec leurs pairs. Elle se réclame de la yeshiva des époques talmudique et geonique, l’académie où les Sages tenaient séance et débats, développant et commentant la halakha ou norme rabbinique. Le défunt avait fondé – sans doute par l’intermédiaire d’un émissaire de Jérusalem en mission à Bordeaux – une yeshiva-Hakhamim. Au terme de son existence, il pouvait espérer intégrer la yeshiva shel ma‘alah, l’académie d’en haut, continuation de l’académie talmudique. Le Talmud et le Midrash usent de deux dénominations Yeshiva shel ma’alah, académie d’En haut et metivta de-raqiy‘a, Collège du firmament, pour désigner cette institution qui calque la yeshiva shel mata, l’académie d’ici-bas ou metivta de-Ar‘a, Collège terrestre. Les deux dénominations figurent sur le même feuillet de Baba Metsia 86 a. Aussi professe-t-on dans le Yalqût, péricope be-ha‘alotekha 336, « qu’il n’est pas d’homme siégeant dans une yeshiva d’En bas qui ne siège dans la yeshiva d’En haut ». Les Sages y poursuivent leurs études et leurs débats. Ainsi des Sages s’opposent-ils au Collège du firmament sur la question de savoir si une tâche blanche-vermeille précédant le poil blanc [sur la peau] est impure (Baba Metsia 86 a, cf. Lv 13,25-26). Dieu prend part occasionnellement à leurs discussions, mais sans voix prépondérante. Asmodée, roi des démons y prend part également et « Chaque jour il monte au firmament, étudie au collège du firmament ; il redescend sur terre pour étudier au collège terrestre » (Gittin 68 a).

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Épigraphie et sotériologie Le faire-part de décès de Rabba bar Nahmani en Baba Metsia 86 a s’énonce en ces termes : « Rabba bar Nahmani a été requis en la yeshiva shel ma‘alah ». Ce faire-part vaut en principe pour tous les Sages de l’Académie d’ici-bas. Un Sage quittant ce monde entre en effet de plein droit dans l’Académie céleste, encore que son admission puisse rencontrer des obstacles, s’il a fait en quelque sorte l’école buissonnière en ne fréquentant pas le collège de son affectation. Pareille mésaventure aventure retarda de plusieurs années l’installation d’un Lévi pour avoir boudé la metivta de Rabbi Aphès (Berakhot 18 b). Quant à Juda, encore qu’il eut reconnu ses torts envers sa bru Tamar (cf. Gn 38), on ne le laissait pas entrer li-metivta di-reqiy‘a, au collège du firmament Aussi bien « ne savait-il pas débattre des enseignements avec les Sages » (Sota 7 b). Hors du cénacle des Sages, un laïque pourra être admis à titre exceptionnel s’il a enseigné la Tora au fils de son condisciple (Baba Metsia 85 a) ou s’il aide des Sages à gagner leur subsistance afin de poursuivre plus aisément leurs études (Pesahim 53 b). Rabbi Yohanan a dit : Quiconque place un bénéfice dans la bourse d’un Disciple des Sages mérite de siéger dans l’Académie d’En Haut comme il est dit « à l’ombre de l’argent, à l’ombre de la Sagesse » (Ec 7,12). À la traduction convenue du Rabbinat : « Précieuse est la sagesse avec un patrimoine Car ainsi on est sous la protection de la sagesse et sous la protection de l’argent ; toute fois la sagesse l’emporte, car elle prolonge la vie de ceux qui la possèdent », on substituera ici l’interprétation du Targum : « Vois, autant [vaut] quelqu’un qui s’abrite à l’ombre de la sagesse que s’il s’abrite à l’ombre de l’argent quand il en prélève la charité : le surplus, le savoir de la sagesse de la Tora l’extrait du cimetière vers le monde à venir ». La dernière portion du Targum revêt ici une portée eschatologique, laquelle n’est qu’implicite dans le dossier Abraham-Benjamin de Francia, candidat à la morada del Cielo. Encore l’épitaphe propose-t-elle timidement la candidature du défunt en jouant sur yeshiva et morada : pour avoir mis en application le principe posé par Rabbi Yohanan, il obtiendra a minima la résidence à défaut d’académie 32. Personnalité de premier plan encore que laïque (?), ambassadeur du Maroc aux Pays Bas, Don Samuel Pallache eut droit à une gravure poétique exceptionnelle sur sa sépulture au cimetière des Juifs Portugais d’Amsterdam à Ouderkerk le 28 janvier 1616. Son épitaphe décline le récitatif en son entier ‫ אשר נתבקש בישיבה של מעלה‬qui fut requis en l’Académie d’En Haut 33.

32. Sur ce concept, cf. H. freedmaN, « Academy of High », dans Encyclopædia Judaica 2 c. 208-209, sans changement dans la nouvelle éd. vol. 1, 2007, p. 353. Et surtout le chapitre « La yeshiba d’En-haut » de J. coSta, dans son ouvrage L’au-delà et la résurrection dans la littérature rabbinique ancienne, Paris-Louvain 2005 p. 463-466. Pour les définitions et pour l’histoire de la yeshiva, cf. M. Breuer, Oholei Torah (The Tents of Torah) The Yeshiva, Its Structure and History, Jérusalem 2003 (en hébreu). 33. Photographie en hors texte dans L. alvareS v eGa, Het Beth Haim van Ouderkerk, Beelden van een Portugees-Joodse begraafplaats, The Beth Haim of Ouderkerk aan de Amstel,

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Le discours sotériologique La résurrection Le riche épitaphier ashkénaze de Würzburg étudié par Rami Reiner ne comprend que deux épitaphes de 1249 évoquant la résurrection. On y trouve la formule : « Il fut réuni à son peuple jusqu’au jour où il se relèvera à la résurrection de son monde et la gloire de son repos sera dans le jardin d’Eden » 34. Notre épitaphier se montre aussi discret sur ce thème. Pourtant dans chacune des trois prières quotidiennes, la deuxième bénédiction se clôt sur « Sois Béni ô Éternel, qui ressuscites les morts ». Chaque fidèle proclame encore dans le cantique Yigdal, « qu’Il soit magnifié », paraphrase poétique composée par Daniel ben Juda de Rome vers 1300 des treize articles de foi selon Maïmonide, à la fin de l’office du vendredi soir : « Dieu fait revivre les morts dans son infinie bonté » 35. La prédication rabbinique dans le milieu portugais du Sud-Ouest de la France paraphrase volontiers cette profession de foi. Ainsi dans sa Via de Salvación, le rabbin bayonnais Ishac de Acosta déclare-t-il : Finalmente creo que has de resucitar los muertos de Tu pueblo Israel, y algunos de los naciones del mundo, para que desengañen á su propria nación del abuso en que vivieron, manifestándoles la verdad que averiguaron en sus tormentos ; y los muertos de Tu pueblo Israel, que fenecieron en esta cautiverio, han de resucitar, para gozar del bien que no vieron en vida ; y que, por medio de ellos, sea reconocida Tu grandeza, y celebrado Tu santisimo nombre. O Dios de nuestra salvación ! ayudanos, por causa de la gloria de Tu nombre ; que sea santificado y sea aunado por medio de nosotros, para siempre y siempre, amen 36 !

Images of a Portuguese cemetery in Holland, Assen-Amsterdam 1975, p. 28 ; W. Ch. pieterSe (éd.), Livro de Bet Haim do Kahal Kados de Bet Yahacob, Original Text, Assen 1970, p. 113. Fautive, l’épitaphe a substitué un ‫ ל‬lamed au ‫ ק‬qof dans ‫נתבקש‬. Sur Samuel Pallache, cf. M. Garcia-a reNal, G. WieGerS, Entre el Islam y Occidente, vida de Samuel Pallache, judίo de Fez, Madrid 1999, et A Man of Three Worlds : a Maroccan Jew in Catholic and Protestant Europe, Baltimore 2003. L’épitaphe lui accorde le titre rabbinique de ‫ חכם‬Sage, lequel confère légitime accès à l’Académie d’En haut. 34. Mis au jour récemment, le riche trésor funéraire de Würzburg attend une publication complète. Parmi plusieurs travaux sur sa découverte et son contenu, cf. A. (Rami) reiNer, « Du “paradis” au “sachet de la vie” : bénédictions des morts sur les stèles hébraïques de l’Allemagne au Moyen Âge », Zion 76e année (2011), p. 5-26 (en hébreu). 35. Texte du Yigdal dans ‫ חרב פיפיות‬L’Arme de la parole, Sidour, Prières journalières, traduction et commentaire de C. Brahami, Gagny 2000, p. 17. Sur l’adaptation des treize articles énoncés par Maïmonide dans l’introduction à son commentaire du traité Sanhédrin, chapitre X in fine, cf. I. elBoGeN, Der Jüdische Gottesdienst in seiner Geschichtlichen Entwicklung. Leipzig 1913, éd. hébraïque Ha-tefila be-Israël be-hitpathutah ha-historit, Tel Aviv 1972, p. 68-69. 36. Via de Salvación por seis transitos penitenciales para exhortar los agonizantes, compuesto por el Sr H. H. Ishac de Acosta para uso y practica de esta misva y alivio de almas, en honra y gloria de su Criador en Nefuzoth Yehuda en el año 5460, édité pour la première fois par M. caplaN de Minsk (Russie), A. Lamaignère, 39 rue Chegaray 39, Bayonne l874,

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Épigraphie et sotériologie Un siècle plus tôt, en 1636 à Amsterdam, à l’intention de marranes revenus au judaïsme et tentés de rejeter, comme un héritage chrétien, le dogme de la résurrection, Menasseh ben Israel publiait son traité De la resurrección de los muertos, libros III. En los quales contra los Zaduceos, se prueba la inmortalidad del alma 37. Au xviiie siècle à Bordeaux comme à Amsterdam, l’orthodoxie l’ayant emporté, la gravure du dogme ne s’impose plus. Par contre la pertinence d’un souhait pour l’accès – non universellement garanti – au paradis peut expliquer le discours en ce sens des épitaphes bordelaises. On subodore une allusion à des lieux – et partant des temps – postulant la résurrection des morts, dans l’épitaphe du hazan Joseph Paez de Leon du 10 août 1757 (§ 193) gravant le verset « vers la possession tranquille, l’héritage que [le Seigneur ton Dieu te réserve », selon le Petit Comput] (Dt 12,9). En effet Rashi s. l. assimile la « possession tranquille » à Shilo, « l’héritage que le Seigneur ton Dieu te réserve » à Jérusalem. Le premier se rapporte au Messie selon Gn 49,10, le deuxième à la Jérusalem rebâtie des temps messianiques. Seule la résurrection offrira au défunt revivifié cette surabondance de grâces 38. Le renvoi implicite au verset prophétique d’Ha 3,18 cité supra se charget-il – aussi et au contraire – de l’exégèse première d’Onqelos : « Ainsi, sur le miracle et la délivrance que tu opéreras pour ton Messie et pour ton peuple qui restera, on rendra grâce en ces termes : «Je me réjouirai dans le Seigneur, je me délecterai en Dieu qui opère ma délivrance », ainsi que de la personnalisation du sujet selon Rashi Wa-ani Knesset Israël, et moi, l’assemblée d’Israël, soit le corps mystique d’Israël. L’incipit de la quasi-totalité des épitaphes Sepultura de, apparemment superflu – l’indication du nom du défunt suffirait – implique que la sépulture appartient de jure au défunt jusqu’au temps de son ouverture, au temps de la résurrection ‫ עד עת יאמרו קמה‬jusqu’au temps où l’on dira : « lève-toi ! »

p. 96-98. 37. Notre maître regretté I.-S. Révah écrivait au sujet d’Uriel da Costa : « Il fut à coup sûr désagréablement surpris de constater que l’immortalité de l’âme et la résurrection des morts étaient des croyances fondamentales du judaïsme rabbinique », I.-S. révah, Uriel da Costa et les Marranes de Porto, Cours au Collège de France 1966-1972, éd. présentée et annotée par C. L. Wilke, Paris 2004, p. 63. 38. Pour une mise au point exhaustive du concept de résurrection cf. A. marmorSteiN, « The Doctrine of the Resurrection of the Dead in Rabbinic Theology », Studies in Jewish Theology (1950), p. 145-161, et J. coSta, L’au-delà et la résurrection dans la littérature rabbinique ancienne, Paris-Louvain 2005, p. 133-233. Sur une perspective magique de 1 S 25,26 cf. A. marmorSteiN, « I Sam.26, 29 », Zeitschrift für die altestamentliche Wissenschaft 43 (1925), p. 119-124 et plus généralement sur ce verset, J. coSta, cité supra sub Index p. 629.

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Le discours sotériologique expression gravée en explicit de l’épitaphe d’Abraham Cohen Herrera à Ouderkerk le 4 février 1735. On perçoit ici la motivation sotériologique de l’impératif absolu de sauvegarde et d’intégrité de la sépulture 39. Le recours à l’eulogie traditionnelle inspirée de 1 S 25,26 dans quatre inscriptions (§ 82, 85, 185, 193) comprend le terme ‫ נפש‬entendu comme une personne. Il implique la résurrection corporelle suivant l’interprétation d’Isaïe de Trani : « Tout endroit mentionnant ‫( הנפש‬la personne) signifie ‫( הגוף והנפש‬le corps et l’âme) et non l’âme exclusivement en fonction du verset ‫נפש אשר תאכל‬ la personne qui mangerait en Lv 7,20 et ‫ על נפש מת‬sur une personne morte, en Nb 6,6. Ceci s’applique à deux formules en hébreu (§ 82 et 97), à six gravures en espagnol in extenso (§ 210, 214, 219, 229, 236, 252) et trois en abrégé (§ 231, 235, 239), sous la réserve du rendu espagnol alma de l’hébreu ‫ נפש‬entendu : l’âme et le corps. L’entendit-elle ainsi dans sa déposition du 6 juillet 1630 Marguerite de Laborde, chambrière à Bayonne chez Jean Rodrigues Faro et sa famille : « disoient lorsqu’ils font ledit jeûne que le Messie n’est poinct encore venu au monde et qu’ils sont en ceste croyance et espérance que, faisant ledit jeûne, ils seront ravis et emportés en corps et âmes en la gloire ». L’interprétation d’Anne Zink retient le motif messianique évoqué dans la déposition : L’expression « en la gloire » figure sur les tombes portugaises dans la phrase « Que son âme bénite réside en la gloire ». Elle revient à de nombreuses reprises dans le rituel de Pessah. La phrase entière évoque la résurrection des morts, c’est-à-dire la venue du Messie qui aura lieu, dit-on, à Pessah et qui s’accompagnera de la résurrection des morts. Il est donc normal qu’elle ait été prononcée à l’occasion de cette fête » 40.

À mon sens, en corps et âme renvoie bien à une résurrection physique autant que spirituelle. Par contre l’eulogie « Que son âme bénite réside en la gloire » inspirée d’Is 11,10 – effectivement comprise sous plusieurs formes espagnoles, hébraïques, acronymiques – dans nos épitaphes exprime une prière des vivants pour le salut personnel de leur proche défunt. Ishac de Acosta énonçait ainsi l’essence de la rétribution : « el premio principal es la gloria del alma en el otro » 41. Dans cette perspective, le motif messianique, impersonnel parce que national, n’interviendrait-il qu’une seule fois et individualisé dans l’épitaphe citée supra du hazan Joseph Paez de Leon du 10 août 1757 (§ 193) et à condition de l’entendre selon le commentaire de Rashi. Il

39. Cf. N. yoSha, Myth and Metaphore : Abraham Cohen Herrera, Philosophic interpretation of Lurianic Kabbalah, Jérusalem 1994 (en hébreu), p. 21-23. 40. Notaire Pierre Harran, Archives des Pyrénées Atlantiques, III E 3606 : déclarations publiées et analysées par A. ziNk, « Être juif à Bayonne en 1630 », Annales du Midi, revue de la France méridionale, t. 108, n° 216 (1996), p. 446, 454. 41. I. de acoSta, Via de Salvación, p. 93.

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Épigraphie et sotériologie pourrait aussi figurer implicite dans le motif lunaire pourvu de visage gravé sur les sépultures de Sara Lopès Silva et de Jacob Nabarro signalées dans notre section iconographique (§ 75 et 128). L’immortalité Le Révérend A. P. Mendes écrivait, à propos de la croyance en la vie outre-tombe gravée sur les épitaphes du cimetière juif de Newport (Rhode Island) : « This belief you will find emphasized in the initial letters which commence or terminate every epitaph, “May his soul be bound in the bands of life – life here, meaning immortality” » 42. Le concept philosophique d’immortalité – implicite selon lui dans l’épigraphie funéraire juive – figure-t-il légitimement dans notre cimetière ? Le concept lui-même fait difficulté. Comment concilier en effet résurrection corporelle et immortalité spirituelle ? Comment assimiler, sinon juxtaposer le concept grec d’immortalité de l’âme au paradis des bienheureux cher au judaïsme comme au christianisme ? Contentons-nous ici de renvoyer aux multiples études, philosophiques, théologiques et sotériologiques et aux réponses qu’elles ont voulu donner à ces problèmes 43. Ecoutons le sermonnaire portugais David Machado de Sequeira prêchant dans une synagogue à Bordeaux en 1734 l’oraison funèbre de son ami David Ergas La Cour. Il s’interroge sur l’Adam primordial exclus pour son péché du paradis terrestre et s’écrie dans une envolée lyrique : Senhores ? Não hera Adam immortal ? sim era. Pois come teme a Espada, como a flama teme ? Porque pasou ja de hum a outro. De inosente a culpado : de justo a pecador, de santo a sacrillego, et de immortal à mortal. Asim tambem de mortal à immortal o justo ; tambem asim a immortal de mortal o santo ; por que por santo, porque por justo, tem a graça que Adam perdeo. Santos sereis, diz Deos a o seo Povo santo, que santo em A. vosso Deos. Deos he immortal, Deos justo hê, Deos hé santo. Logo, quem sempre hê justo, sempre santo, qual Adam outro antes de pecar, immortal hê.

42. A. P. meNdeS, « The Jewsih Cemetery at Newport, R.I. A paper read before Newport Historical Society, June 23 1885 », The Rhode Island Historical Magazine 2 (1885), vol. 6, p. 105. 43. Pour une introduction concise à ces problématiques, cf. J. Barr, Eden et la quête de l’immortalité, Paris 1995 ; pour un exposé aussi précis qu’érudit et pertinent d’une théologie rabbinique dépourvue d’intérêt pour l’immortalité de l’âme, cf. J. coSta, L’au-delà et la résurrection dans la littérature rabbinique ancienne, Paris-Louvain 2005. Évoquant le Fons vitae de Salomon Ibn Gabirol, M. R. hayouN cisèle la formule : « La science procure l’immortalité, donc la vraie vie », L’exégèse philosophique dans le judaïsme médiéval, Tübingen 1992, p. 117.

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Le discours sotériologique Et plus loin le prédicateur explique : « Porque depois do pecado de Adam, sô Deos inmortal hê » 44. Ainsi depuis le péché d’Adam, seul Dieu est immortel, L’occasion, offerte à l’Adam primordial d’atteindre l’immortalité ayant bel et bien disparu, seule demeure l’espérance du paradis des bienheureux. On trouvait à Bayonne, une génération à peine avant l’oraison funèbre bordelaise une perspective sensiblement différente. Dans son Desengaño que enseñan los difuntos a los vivos le rabbin bayonnais Abraham Vaez déclarait : « Devemos querer la muerte que nos haze immortales y nos saca del yugo de la fortuna, dexa el alma libre de la pençion de la flaqueza, miseria, y calamidad de las culpas », Nous devons chérir la mort qui nous rend immortels 45. Simple envolée rhétorique sur l’âme libérée des contraintes, des vicissitudes, des maux de la vie ici-bas, consolation convenue, glissement du discours ? Le rabbin poursuit sur sa lancée, sans chercher à fonder l’idée d’immortalité, sans faire état d’un appui scripturaire invoqué en ce sens Pr 12,28 ainsi rendu par la Bible du Rabbinat : « Sur le chemin de la vertu se trouve la vie, et son sentier aboutit à l’immortalité » qui note pourtant : « ‫ אל מות‬sens douteux, mais conforme à la tradition ». La tradition ? Disons un courant qui glissa subrepticement du monde à venir des rabbins vers l’immortalité des Grecs. Gersonide glosait le verset cité : « Sur la voie du juste et du droit dans les pratiques et les opinions ils [les bons] parviendront à la vie éternelle et il marche sur une route où il n’est pas de mort, car la vie qui sera atteinte ne connaîtra pas la mort ». Ainsi, dans son système bâti tant sur son exégèse de Pr 12,28 que sur un parfait cheminement philosophique, Gersonide parvenaitil à fonder l’immortalité à laquelle peut parvenir l’âme, qui, au moyen de ses propres acquisitions intellectuelles, opère sa jonction avec l’intellect agent. Dans un chapitre intitulé « L’immortalité de l’intellect », Charles Touati développe avec netteté et sûreté l’itinéraire suivi par Gersonide face aux théories grecques et arabes contre Al Farabi, avec Averroès. Dans la conclusion de sa synthèse Charles Touati retient que les individus intellectuellement méritants « peuvent accéder à l’immortalité personnelle » 46. Abraham Vaez, pour sa part, avait acquis son savoir théologique à Amsterdam. Les rabbins de la métropole portugaise investirent une énergie considérable dans la formulation et la prédication du dogme de l’immortalité de l’âme. Il leur fallait convaincre les Nouveaux Chrétiens faisant retour au judaïsme et rejetant parfois en bloc la théologie chrétienne que la croyance

44. D. machado de Sequeira, Sermão funebre nas exequias dos trinta dias do Senhor David Ergas La Cour, composto e pregado em Bordeus, Amsterdam 5494 (1734), p. 8 et 9. 45. A. vaez, Discursos predicables y avisos espirituales. s. l. 5470 [1709-l7l0], p. 116. 46. Commentaire figurant dans la Bible rabbinique que nous traduisons au plus près de l’hébreu cf. Ch. touati, La pensée philosophique et théologique de Gersonide, Paris 1992, p. 434442 et p. 562.

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Épigraphie et sotériologie en la vie outre tombe était légitimement fondée. Il leur fallait en fait combattre des cénacles sadducéens bien réels au sein de la Nation juive portugaise comme l’a montré Yosef Kaplan, lesquels cénacles professaient – à l’instar des Sadducéens de l’Antiquité – un refus déclaré du dogme de la résurrection accrédité par les Pharisiens. Ils devaient enfin présenter au monde chrétien des positions juives en conformité sur ce point avec la foi dominante. Des tendances averroïstes mettant en cause l’au-delà existaient déjà dans certaines communautés juives de l’Espagne chrétienne. Des procès du SaintOffice font dire à des nouveaux chrétiens qu’il n’est ni paradis ni enfer et que la destinée de l’homme se résume à « nacer e morir como bestias ». De telles attitudes se manifestent selon Francisco Márquez Villanueva jusqu’à la veille du xviiie siècle dans les communautés constituées, comme celles d’Amsterdam et de Hambourg, de nouveaux chrétiens revenus au judaïsme 47. Très tôt s’élabore une théologie de l’immortalité de l’âme, en réaction à ces déviances. Paradigmatique, le traité de Samuel de Silva délimite explicitement sa cible. Il s’intitule en effet Tratado de la Immortalidade da alma, composto pelo Doutor Samuel da Silva, em que tambem se mostra a ignorancia de certo contrariador de nosso tempo, que entre outros muytos erros deu neste delirio de ter para si & publicar, que a alma do homem juntamente com o corpo. Paulo de Ravesteyn, Amsterdam 5383 (1623). Menasseh ben Israel s’emploie savamment à développer le dogme de la résurrection des morts et celui de l’immortalité de l’âme dans son traité espagnol De la resurrección de los muertos libri tres en los quales se prueve la inmortalidad del alma y resurrección de los muertos, Amsterdam 1636 et dans son dernier livre en hébreu Nishmat Hayim, sous-titré en latin Libri quatuor De Immortalitate animæ In quibus multæ insignes & jucundæ quæstiones ventilantur uti videre est ex argumento operis, Amsterdam 1652. Assez curieusement une longue dédicace latine à l’empereur Ferdinand III et un Argumentum operis de alma immortalitate présentent au lecteur chrétien une conception juive apparemment en phase avec la sienne 48. Le terme entra par la suite subrepticement dans la phraséologie rabbinique moderne à la suite de la publication par Moïse Mendelssohn de son Phaedo oder die Unterblichkeit der Seele en 1787 49.

47. F. márquez villaNueva, « ‘Nacer e morir como Bestias’ Criptojudaísmo y criptoaverroísmo », dans A. NoviNSky, M. L. tucci carNeiro (dir.), Inquisição. Ensaios sobre Mentalidade, Heresias e Arte, Rio de Janeiro 1992, p. 11-34. 48. Cf. G. NahoN, « De Safed à Amsterdam, Nishmat Hayyim de Menasseh ben Israël (1651) », Magic and Folk Medicine = El Prezente, Studies in Sephardic Culture 5 (2011), p. 55-79. 49. M. meNdelSSohN, Phédon ou entretiens sur l’immortalité de l’âme, trad. M. JuNker, Paris 2000. Le travail ancien du docteur G. Brecher, L’immortalité de l’âme chez les Juifs, trad. de l’allemand, introd. I. caheN, Paris 1857, réimp. sous le titre L’immortalité de l’âme chez les Juifs selon la Bible et la Kabbale, Roquevaire (Bouches du Rhône) 2004, reste un utile compendium, encore que parfois péremptoire. Sur le développement historique du concept

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Le discours sotériologique Perçoit-on dans les inscriptions funéraires des expressions de cette théologie ? Le révérend A. P. Mendes cité supra, impressionné par le discours gravé du cimetière de Newport, livrait une réflexion apparemment sans appel : Be it noticed that the word « died » never appears in the Hebrew inscription graven on an Jewish sepulchre 50.

Notre épitaphe d’Aaron Sasportas du 8 décembre 1727 (§ 11) emploie pourtant le verbe hébreu ‫ למות‬mourir en référence au décès d’Aaron frère de Moïse (Dt 10,6). Le cimetière portugais de Hambourg savamment étudié par Michael Studemund Halévy dans de très nombreux travaux, si expressionniste qu’il soit, se montre discret sur ce thème. L’épitaphe de Jacob Oeb alias João Francisco Brandon décédé le 24 mars 1624 s’achève sur l’eulogie Goze sua alma da gloria e vida eterna, où l’on pourrait à la rigueur voir une allusion implicite à l’immortalité. Y fera écho Abraham Vaez qui prêche aux pécheurs la voie de la repentance para conseguir la salud eterna de la gloria 51. L’adjectif inmortal est certes gravé sur la tombe de Menasseh ben Israel au cimetière des juifs portugais d’Amsterdam à Ouderkerk, dans la portion portugaise de l’épitaphe : No murio por que en el cielo / vive con svprema gloria / y su plvma a su memoria / inmortal dexa en el suelo 52.

Il ne mourut point parce qu’il vit dans le ciel avec une suprême gloire et sa plume laisse sa mémoire immortelle sur le sol. Si immortalité, il y a c’est celle de son souvenir ici-bas, sans plus. Sur une épitaphe de l’ancien cimetière des juifs portugais de La Villette aujourd’hui à Paris (46 avenue de Flandre, 19e arrondissement) sera gravée tardivement une épitaphe en français explicite, elle, pour notre propos : L’Être Suprême/ m’a appelé/ l’an vingt-/troisième de mon âge/.J’aime mieux/ ma situation que/ l’esclavage./ O âme immortelle, / cherche à vivre/libre ou suis-moy/ comme un bon /Républicain./ Ici est le repos /du bienheureux/Samuel-Fernandes Patto de/Bayonne, décédé /le 28 prairial/ an 2 de la République/ française une et/ Indivisible.

est en ligne J. dereNBourG, « L’immortalité de l’âme chez les Juifs », Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 26/2 (1882), p. 213-219. 50. Cf. A. P. meNdeS, supra, n. 42. 51. M. StudemuNd h alévy, Bibliographisches Lexikon der Hamburger Sefarden, Hambourg 2000, p. 717 ; A. vaez, Discursos, p. 118. 52. L. alvareS-v eGa, Het Beth Haim van Ouderkerk, Beelden van een Portugees-Joodse begraafplaats ; The Beth Haim of Ouderkerk aan de Amstel, Images of a Portuguese Jewish cemetery in Holland, Amsterdam 1975, p. 33 ; J.-H. coppeNhaGeN, Menasseh ben Israel. Manuel Dias Soeiro 1604-1657 ; A Bibliography, Jérusalem 1990, p. 338.

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Épigraphie et sotériologie Il s’agit de Samuel-Fernandes Patto, né à Saint-Esprit-lès-Bayonne – donc dans notre mouvance portugaise – en juillet 1771 d’Abraham Fernandez Patto et de Mirian Nuñes et décédé le 16 juin 1794 53. La gravure insolite du concept d’« âme immortelle » traduisait-elle une tardive influence des leçons du rabbinat d’Amsterdam ? Pour nous, elle adopte une phraséologie révolutionnaire, tout en préservant dans sa forme française le bien aventurado de nos épitaphes bordelaises traditionnelles. Conclusion Quel modèle épigraphique ? Quelles perspectives sotériologiques ? Encore que portugais, si l’on admet la titulature officielle de la Nation, le cimetière révèle une épigraphie presque exclusivement espagnole, alors que tous les cimetières de la diaspora portugaise affichent la prédominance du portugais. Son lusisme s’inscrit pourtant dans les sigles portugais du type SAGDEG (= Sua Alma Goze de Eterna Gloria) caractéristiques des cimetières portugais d’Amsterdam, de Hambourg et des Caraïbes, mais absents des cimetières du Sud-Ouest de la France, Bayonne, Bidache, LabastideClairence, Peyrehorade. Par ailleurs, la gravure de termes et d’expressions hébraïques accorde à ce cimetière sa place de droit dans la tradition funéraire juive. Le fait que l’hébreu apparaisse statistiquement davantage transcrit en caractères latins s’entendrait par un souci d’économie couplé à une connaissance plus coutumière que scripturaire de la langue sainte, à une familiarité certaine avec le vocabulaire religieux. Le discours rabbinique forgé au Moyen Âge – avec des variantes et une traduction espagnole – demeure l’apanage de rabbins et de ministres du culte. Marqueur certain, ce discours – des versets bibliques s’insèrent parfois dans des épitaphes – inscrit le champ de repos bordelais dans le paysage funéraire traditionnel du peuple juif. Dans ce « modèle français », la langue française émerge tardivement et timidement ; aussi bien le discours rituel lithique ne se prête-t-il guère à l’innovation. Pourtant, juxtaposée à une datation fidèle au calendrier de la Création, la correspondance avec la datation commune s’inscrit explicitement sur la plupart des sépultures : concession à l’entourage ou souci de clarté ? En regard de le temporalité juive qu’elle revendique partout, la gravure ne fait place qu’occasionnellement à l’implantation dans l’espace bordelais (§ 79 et 243).

53. Épitaphe publiée par L. kahN, Le comité de bienfaisance, l’Hôpital, l’Orphelinat, les cimetières, Paris l886, p. 170, n°3 ; naissance – quantième lacunaire – Archives communales de Bayonne GG supplément Israélites 15(3).

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Le discours sotériologique Exclusivement biblique, l’onomastique des prénoms ne laisse planer aucune équivoque sur l’identité juive gardée ou retrouvée des défunts. Il reste que, de leur vivant, certains d’entre eux répondaient habituellement à un prénom chrétien, tel notre Dominique Delcampo (§ 123). Par exception, deux épitaphes gravent – en composition avec des prénoms bibliques – Georges (§ 85) et Isabeau (§ 228). À cet égard, l’acculturation onomastique s’avère ténue au possible. Conventionnel, dépourvu de mélancolie baroque ou pré-romantique, le discours épigraphique s’avère-t-il d’aventure personnel ? On repère une seule notation biographique hors norme distinguant Hana Ester Cardose Lameyra, virtuosa madre de 69 individuos (§ 210). S’il retient à plusieurs reprises les fonctions exercées par le défunt au sein de la Nation ainsi que ses bonnes œuvres, ce discours se garde de toute expression sentimentale. Confirme la règle l’expression de la gratitude de la Nation envers le rabbin Jacob Haim Hatias el pastor fiel que nos engració con el rey (§ 200). La sépulture elle-même – la dalle coutumière en terre séfarade alors que la stèle est de rigueur en terre ashkénaze – se conforme à la tradition qui réserve le monument dit ohalim aux rabbins et par exception à un personnage d’une dévotion hors du commun comme Abraham-Benjamin de Francia (§ 85). Les représentations gravées de personnages ou d’épisodes de la Bible, l’apparat baroque des cimetières d’Amsterdam, de Hambourg, de la Jamaïque, de Curaçao n’ont leur pendant dans aucun cimetière juif du Sud-Ouest de la France. Cependant, à la différence des autres cimetières portugais de la région, nombre d’épitaphes s’agrémentent de motifs décoratifs, de préférence mais pas uniquement végétaux ou floraux au symbolisme discret. Elles affectionnent surtout le cœur gravé dont l’intention profonde nous échappe encore. Redisons que ce motif, sporadique dans d’autres cimetières juifs du xviiie siècle, omniprésent ici, distingue et caractérise absolument ce cimetière. Réserve, sobriété, modestie du langage comme du décor face à l’exubérance du discours et de l’iconographie baroque à Hambourg et à Curaçao, reflètent une aisance matérielle moindre, une culture limitée à l’essentiel, voire une réglementation voulue par la Nation en vue de proscrire toute ostentation moralement et politiquement déplacée. À cet égard, pourrait étayer cette hypothèse une méditation d’Henry Léon au cimetière de Bayonne sur « cette uniformité désespérante et triste, instituée sans doute comme symbole de l’égalité de tous devant la mort » 54.

54. H. léoN, Histoire des juifs de Bayonne, p. 209 ; c’est nous qui soulignons.

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Épigraphie et sotériologie Identitaire d’abord, l’épitaphe cible implicitement toujours, explicitement parfois le salut du défunt. Dès son incipit l’épitaphe se veut celle d’un bien aventurado, d’un bienheureux promis à la félicité dans l’au-delà. Au stéréotype de l’incipit, peut s’adjoindre parfois une eulogie finale explicite du type que goze de Dios. Caractéristique du site, l’onomastique funéraire d’Ézéchias révèle la pratique courante dans la Nation du changement de nom opérée lors d’une maladie grave. Ce cérémonial commun à d’autres communautés trouve à Bordeaux une spécificité absolue dans l’élection privilégiée d’Ézéchias adopté comme nom de substitution destiné à tromper l’ange de la mort. L’œuvre de retour à l’observance religieuse accomplie par le pieux roi lui valut un supplément de vie de quinze années. Le retour au judaïsme d’individus de la Nation issus des terres d’idolâtrie d’Espagne ou du Portugal rendrait compte d’un tel choix. À la vérité, l’épigraphie révèle d’autres prénoms, notamment Hana ou Sara pour des dames, adoptés lors de changements de noms. Statistiquement, encore qu’implicite – la juxtaposition avec l’épigraphie funéraire explicite de La Barbade établissant sa certitude – le « salut des vivants » tient le premier rang dans la sotériologie de notre épitaphier. Explicite, le salut promis au défunt fait appel à des versets bibliques promettant au bienheureux la gloria, un concept bénéfique imprécis quant au séjour du défunt dans l’au-delà. Plus localisé, le paradis est censé accueillir l’âme du disparu. Si les occurrences du paradis dans nos épitaphes sont limitées, on sait par le Sermão funebre de David Machado de Sequeira en 1733 que le paradis – terrestre ou céleste ? – demeure la destination de l’âme par excellence. La familiarité que suppose la gravure des sigles sur la destinée bienheureuse des âmes est un indice certain de la croyance en l’efficacité de l’eulogie en vue du salut. Le recours tardif à la bénédiction d’Abigaïl (1 S 25,29) à entendre suivant la traduction espagnole atadero de las vidas, « sachet de la vie » plutôt que « faisceau des vivants », une eulogie quasi universelle sur la sépulture juive depuis le Moyen Âge, traduirait une inflexion vers une tradition plus poussée. Anne Zink décelait des traces de messianisme dans les professions de foi des marranes bayonnais rapportées au xviie par une domestique. Notre épitaphier n’en révèle guère ; aussi bien le salut auquel est censé aspirer un défunt est-il personnel et son âme promise à la félicité dans l’au-delà. La rédemption messianique, par essence nationale, est censée s’accomplir en ce monde. Personnelle, l’agrégation à la yeshiva shel ma‘ala, l’académie (ou la résidence, morada) céleste accueillera-t-elle Abraham Benjamin de Francia fondateur d’une yeshiva à Jérusalem (§ 85) ? Personnelle encore, la résurrection, article de foi cardinal, reste encore implicite au niveau dans nos épitaphes.

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Le discours sotériologique Hapax dans notre épitaphier, ‫( נפשו בטוב תלין‬Ps 25, 13) son âme vivra au sein du bonheur [‫ וזרעו ירש ארץ‬et sa postérité prendra possession du pays] gravé en l’honneur d’Isaac Rodrigues Pereira (§ 101) intronise une troisième catégorie de salut, dont le mérite du défunt gratifie sa postérité, le salut des survivants, un salut terrestre. Enclave juive en lisière du Bordeaux catholique du siècle des Lumières, acquise du clergé régulier, demeure dernière d’hommes et de femmes issus de Nouveaux Chrétiens d’Espagne et du Portugal fuyant l’Inquisition, espace religieux du xviiie siècle préservé en l’état jusqu’au xxie, le cimetière des juifs portugais du Cours de la Marne constitue un modèle spécifique, distinct des espaces funéraires de la diaspora portugaise. Sotériologiques, comme il se doit, explicites ou implicites, le discours et le décor de ses pierres vouées aux défunts, aux vivants et aux survivants, déclinent un programme spirituel enté sur une tradition recréée.

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* Notre numérotation suit la chronologie des inhumations. Les dimensions sont indiquées en mètres et centimètres. Les caractères liés des épitaphes sont séparés et soulignés dans nos transcriptions.

CHAPITRE V

ÉPITAPHES*

1 Ézéchias-Isaac Péres, 14 mars 1725 G. cirot, Recherches, p. 121 a. B. leroy, « Le cimetière », p. 9. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Six lignes. Sa

hiSquiyav iShac pereS f° a 2(9) de a dar 548(5)

S(epultur)a / Hisquiau / Ishac Peres / f(alleci)o a 29 de / adar / 5485 Trad.: Sépulture d’Ézéchias-Isaac Peres, décédé le 29 adar 5425 Cirot remarque qu’il s’agit de « la plus ancienne inscription, parmi celles qu’il est possible de lire ». Cette première épitaphe atteste que la coutume du changement de nom se pratique à Bordeaux. Cependant le nouveau nom n’élimine pas l’ancien : il entre avec lui en composition et le précède. 2 Dias, 24 mars 1725 G. cirot, Recherches, p. 121 b. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Quatre lignes. Sa diaS f° a 10 de NiSaN

5485

S(epultur)a / Dias, f(alleci)o a 10 / de nisan / 5485 Trad.: Sépulture Dias, décédé le 10 nisan 5485 123

Épigraphie et sotériologie 3 Ribca-Israel Nuñes, 28 novembre 1725 G. cirot, Recherches, p. 121 b. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Huit lignes. Sa de. r iBca. iSrael. N vNeS f° a. 23. de k iSlev. 5486 y. 28. NoviemBr( e) 1725.

S(epultur)a de / Ribca./ Israel/ Nuñes / f(alleci)o a. 23. de / kislev. 5486 / y. 28. noviembre/ 1725. Trad.: Sépulture de Rébecca Israel. Nuñes décédée le 23 kislev. 5486 et le 28 novembre 1725. L’épitaphe adopte la première datation double A. M. et A. D. du cimetière. 4 Élie-Manassé Péreira de Azevedo, 19 avril 1726 G. cirot, Recherches, p. 122 j. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Neuf lignes. Sa

del Bdo.

amaSkil. BeaNaBoN

eliav. meNaSSeh. pereira.de. a zevedo. f°.a 18 de NiSaN 5486

S(epultur)a / del bienaventurado. /amaskil. / beanabon / Eliav./ Menasseh. Pereira. de. / Azevedo. / f(alleci)o a 18 de nisan / 5486 Trad.: Sépulture du bienheureux, l’instruit et le perspicace Élie-Manassé Pereira de Azevedo décédé le 18 nisan 5486. La datation n’admet que le comput de la Création et l’épitaphe renferme deux adjectifs hébreux ‫ המשכיל והנבון‬en transcription latine qualifiant traditionnellement un homme sage et perspicace. La transcription adoptée suit, non la grammaire, mais une prononciation locale familière au milieu portugais, 124

Épitaphes encore que teintée d’hispanisme lorsqu’elle réalise par un b le waw de l’hébreu et ignore le h aspiré de l’article défini hébreu ha-. Il s’agit probablement de Manassé d’Azevedo dont les fils Jacob et Moïse sont courtiers ou agents de change 1. 5 Rachel-Sara Cohen-PeixoÒto, 23 avril 1726 G. cirot, Recherches, p. 136 bw. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1, 80, largeur : 0,70. Le côté droit jouxte le mur d’enceinte du cimetière. Cadre au chevet formé par deux arcs convexes et surmonté d’un bouquet de 0,10 sur 0,14. Seize lignes. Hauteur des lettres : 0,04. Au bas, arc concave au dehors duquel s’inscrit la date A.D. Au-dessous de la date chrétienne, un motif composé de deux rameaux croisés. Plusieurs lignes ornementées de crochets simples ou doubles après l’explicit : lignes 2, 8-11. À gauche de la ligne 11, un x décoratif ; un double crochet entre les lignes 14 et 15. Sa de la BieN aveNtvrada hoNdrada y Birtuoza Sa

r ahel Sarah coheN peixot° m vGer de a BrahaN BeNiamiN fraNcia f° eN 22 de NiSaN 5486 coreSpoNde a

23 aBril 1726

S(epultur)a / de la bien / aventurada / hondrada y / birtuoza s(eñor)a / Rahel Sarah / Cohen Peixoto / muger de / Abrahan / Beniamin / Francia / f(alleci)o en 22 de / nisan 5486 / coresponde a / 23 abril /1726.

1.

Cf. J. caviGNac, Dictionnaire du judaïsme bordelais aux xviiie et xixe siècles, Biographies, généalogies, professions, institutions, Bordeaux 1987, p. 16-17.

125

Épigraphie et sotériologie Trad. : Sépulture de la bienheureuse honorée et vertueuse dame RachelSara Cohen-Peixoto, épouse d’Abraham-Benjamin Francia, décédée le 22 nisan 5486, correspond au 23 avril 1726. Retour à la datation double. Ligne 10, Cirot lit Beiamin ; la réalisation du n par un tilde est un procédé courant en portugais. La défunte demeurait dans la paroisse Saint-Éloi. Son mari portait aussi le prénom George comme indiqué dans son acte de décès sur le registre paroissial de Saint-Éloi : « le 24 du même mois [avril 1726] mourut dans ma paroisse demoiselle Pechotte, femme du sieur George Francia portugais » 2. La graphie Peychotte réalise la prononciation effective du patronyme portugais : c’est indûment que certains parlent de francisation. Ligne 15, quantième et mois, aujourd’hui illisibles, restitués d’après G. Cirot, quantième en retard d’un jour sur la date du registre paroissial. La restitution correspond bien à la date juive. On admettra une déclaration tardive au curé de la paroisse : on se conformait à l’obligation de déclarer le décès, mais sans empressement. Appartenant à une famille qui défraya la chronique à Bordeaux, fille de Léon-Isaac Peixotto (c. 1657-18 décembre 1744), bourgeois et marchand de Bordeaux, syndic de la Nation du 7 avril 1715 au 21 avril 1716, la défunte avait donc épousé le 30 octobre 1707 Georges alias Abraham-Benjamin de Francia qui signe nombre de délibérations de la Nation juive du 11 mai 1710 au 10 août 1711. Nommé syndic le 20 mars 1719, il cédera la fonction à Anthoine Lameira le 14 avril 1720. Un fils de ce couple prénommé Isaac mourra jeune le 15 février 1731 (infra § 25). Le mari mourra le 10 décembre 1739 (infra § 85). Avec cette épitaphe apparait pour la première fois une titulature sacerdotale plus tard revendiquée par le fameux banquier Paul Peixotto 3. 6 Ézéchias-Isaac Gradis, 26 mai 1726. G. cirot, Recherches, p. 136 bu. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,00, largeur : 0,71. Tombe à moitié décapée, usée, aujourd’hui illisible. Cinq lignes ; hauteur des lettres 0,055.

2. 3.

126

Archives municipales de Bordeaux GG 294, acte 389, cf. G. cirot, Recherches, p. 118 n. 4, cf. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 95. Th. malveziN, Histoire des Juifs à Bordeaux, Bordeaux 1875 (réimpr. Marseille 1976). p. 230 ; M. de SaiNt-GeorGeS, Généalogie curieuse et remarquable de Monsieur Peixotto, Juif d’origine,chrétien de profession, et banquier de Bordeaux, ouvrage destiné à prouver aux Mécréans que M. Peixotto descend en ligne directe, d’Adam, de Noé, d’Aaron, & de tous les Cohens de l’univers, Avignon 1783.

Épitaphes Sa de hiSqvi yav iShaq GradiS f¨a 25 de i yar 5486

S(epultur)a de Hisqui / yau Ishaq / Gradis / f(alleci)o a 25 de iyar /5486 Trad. : Sépulture de Ézéchias Isaac Gradis, décédé le 25 de iyar 5486 Inhumé sous son prénom hébraïque, fils de Diego-Jacques-Jacob RodrigueGradis et de Anna Bocarro, ce premier défunt de la dynastie Gradis s’appelait Anthoine Rodrigues-Gradis. Né vers 1661, il épousa le 15 avril 1695 Agnès (Esther) Mendes-Moreno. Il exerçait la profession de marchand détailliste. Sa fille Esther s’étant convertie au catholicisme en 1714, l’Intendance prétendit obliger Antoine à la doter afin de lui permettre d’épouser Coustau, procureur au Parlement. Il s’ensuivit une longue correspondance avec l’évêché et le ministère. L’affaire reprit après la mort d’Antoine : en 1728, son frère David dut finalement verser 8 000 livres 4. Nommé ajunto le 21 avril 1716, Antoine signait J. Gradis parnas, Izac Gradis le 30 mars 1722, Antonio Gradis s.d., Izac Gradis, I. Gradis le 25 mars 1723, Antoine Gradis le 13 avril 1723 5. 7 Raquel Lameira, 6 juillet 1726 G. cirot, Recherches, p. 128 am. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Huit lignes. Sa de la. BieNaveNtvrada r aqvel. lame… Ba de yoSeh.cardoSe f°. eN.13. de tamvz a ño. 5486. qve coreSpoNde a.6.de ivlio.

1726.

S(epultur)a de la. bienaventurada / Raquel. Lameira / B(iud)a de Yoseh. Cardose. / f(alleci)o en.13. de tamuz / Año. 5486. que /coresponde / a.6.de iulio. / 1726. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Rachel Lameira, veuve de Joseph, Cardose, décédée le 13 de tamuz l’an 5486 qui correspond au 6 juillet 1726.

4. 5.

Th. malveziN, Histoire des Juifs à Bordeaux, p. 158-160. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 52, 152 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 11, p. 83-85, § 24, p. 101-102, § 25, p. 102-103, p. 105, § 28, p. 105-106, § 29, p. 106-107, § 30, p. 107-108.

127

Épigraphie et sotériologie Ligne 1 faute de gravure : explicit do au lieu du féminin G. Cirot. Identification problématique.

da

signalée par

8 Ester Lopes de Pas, 13 septembre 1726 G. cirot, Recherches, p. 136 bv. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Six lignes. Sa

de la Bda

S. eSter lopeS.de. paS. f° .a. 16. de [e] elul (Sic) 5486

S(epultur)a / de la b(iud)a / Señora Ester / Lopes.de. Pas. / Fallecio .a. 16. de elul / 5486. Trad. : Sépulture de la veuve Dame Ester Lopes de Pas Décédée le 16 d’elul 5486. Le 24 novembre 1722 (15 kislev 5483), Esther Lopes de Pas est, avec Abraham Lamego, marraine d’un Abraham fils de Daniel de Rojas et, le 13 février 1723 (9 adar 5483), marraine de son propre petit-fils Moshe Lopes de Pas. Quatre jours après, elle marraine encore un autre petit-fils, David, fils de son autre fils Noah Lopes de Pas, parrain David Gradis. C’est le dernier acte rédigé en espagnol par le péritomiste qui passe au français avec le n° 246. Son fils Noah, sous le nom de Louis-Noé Lopès de Pas, propriétaire à Saint-Domingue, épouse Rébecca Lopes-Gradis décédée le 29 juin 1741 (infra § 93) 6. 9 Jacob de Samuel Alexandre, 6 novembre 1726 G. cirot, Recherches, p. 14 n. 1. C. darGeloS, Thezoro, p. 136, n° 237, 244, 245 ; p. 138, n° 258. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. JahacoB hiJo de Semuel a lexaNdre 1 de quiSleB 5487

Trad.: Jacob fils de Samuel Alexandre 1er kislev 5487.

6.

128

J. caviGNac, Dictionnaire, p. 52, 152 ; C darGeloS, « Édition du Thezoro de los circuncidados de Jacob de Mezas 1706-1742 », Mémoire de maîtrise, Université de Bordeaux III, 1985, p. 136, n° 237, 244, 245.

Épitaphes Probablement tombe d’enfant. De l’acte de circoncision d’un frère de Jacob le 16 janvier 1724 (20 tevet 5484), il appert que le père du défunt était le fils d’Isaac Alexandre et l’époux de Rachel Gradis, fille de David Gradis. Les parrains sont la mère et le grand-père David Gradis. Samuel Alexandre est gabay en 1725 7. 10 Jacob Nuñes-Pereyre, 25 novembre 1727 Relevée en 1979. Longueur : 2,05 ; hauteur : 0,70. Hauteur des lettres 0,11 ; majuscules en initiale des mots. Chevet bombé. Motif végétal au pied de la dalle (fig. 10). S a de yacoB N uNeS pereyre faleSSio eN 15 kiSlev 5488 qve SoN 25 NoB 1727

Fig. 10. Jacob Nuñes-Pereyre, 1727.

7.

Cf. S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 110, n° 34.

129

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a de Yacob/Nunes-Pereyre/ falessio en/ 15 kislev 5488/que son 25/ nob (iembre) 1727. Trad. : Sépulture de Jacob Nuñes Pereyre. Décédé le 15 kislev 5488 qui sont le 25 novembre 1727. ligne 3 : le redoublement du s trahit un lusisme. Ce défunt ne figure ni dans les délibérations ni dans le Dictionnaire de Cavignac. 11 Aaron Sasportas, 8 décembre 1727 Inscription inédite mais signalée par G. cirot, Recherches, p. 121e : « Plusieurs inscriptions sont entièrement en hébreu ; l’une d’elles se trouve sur une tombe placée vers le milieu, à gauche et supportée par six pieds. Elle comporte un cartouche constitué par un cercle au milieu duquel sont alignées en deux rangs superposés, six portes, emblème des Sasportas » 8. Dalle calcaire blanc avec encadrement arrondi au chevet et au pied conforme à la description de Cirot qui ne transcrit pas sa teneur entièrement en hébreu. Hauteur : 2 m 17, largeur : 0, 65. Hauteur des lettres 0,06 (fig. 11 et 12). ‫מצבת קבורת‬ ‫החכם השלם‬ ‫מורינו הרב רבי אהרן‬ ‫ששפורטאש שנ‬ ‫פטר בכ״ה לחדש‬ ‫כסלו בשנה ובני‬ ‫ישראל נסעו מב‬ ‫ארת (בני יעקן) שם מת אה‬ ‫רן לפ״ק התפ״ח‬ ‫ליצירה‬

Masevat qevurat…/He-Hakham ha-shalem / Morénu ha-rav Rabbi Aharon / Sasportas she-nif/tar be-kaf-het le-Hodesh / kislev ba-shana u-vene / Israël nasseu mi-Be- / erot (Bne-Ya‘aqan) sham met Aha- / ron li-frat qatan he-tav-pe-het / la-Yesira. Trad.: Stèle funéraire du Sage parfait Notre maître le rabbin Rabbi Aaron Sasportas qui s’en fut le 24 du mois de kislev en l’année « Et les enfants d’Israël partirent de Beerot. Là mourut Aaron », du Petit Comput [!] 5488 de la Création.

8.

130

Sur ce décor, cf. supra chapitre III.

Épitaphes

Fig. 11 et 12. Aaron Sasportas, 1727. Fragment supérieur (ci-dessus), et fragment inférieur (à droite).

Lignes 1 et 2 : portions indéchiffrables ; ligne 6 peu lisible, restituée grâce au repérage d’une citation biblique (Dt 10,6) appliquée au défunt prénommé Aaron comme le frère de Moïse. Quelques lettres de cette ligne et de la suivante sont surmontées de signes indiquant que leur valeur numérique doit être prise en compte pour donner l’année du décès suivant le Grand Comput en dépit de l’indication épigraphique du Petit Comput. La date du 8 décembre 1727, jour de Hanucca, calculée d’après celle – hébraïque – de l’épitaphe diffère de celle du 6 décembre figurant sur sa table généalogique 9. Inspiré de Ta‘anit 11 a, ‫ שנפטר לבית עולמו‬qui s’en fut vers sa maison d’éternité (cf. Ec 12,5) revient à satiété dans les sources midrashiques (cf. Lév. Rabba 2,3, Prov. R. 10,2, Lament. R. Intr. 24, passim) et s’appliquerait à l’éternité bienheureuse promise au Juste. Cependant ‫ קיבל עולמו‬appliqué en Arakhim 16 b au méchant récompensé en ce monde pour ses menus mérites, permet d’entendre le vocable ‫עולמו‬ au sens de récompense et ‫ בית עולמו‬comme signifiant la demeure de sa récompense, en l’occurrence le paradis assorti de la résurrection promise au juste. Le titre ‫ חכם‬Sage désigne le rabbin dans les communautés séfarades. Le défunt avait été l’un des premiers rabbins nommément signalés de la communauté. Le 15 mars 1725 il signe aux côtés de son collègue Joseph Falcon une délibération de la Nation qui partage entre ses deux rabbins le produit de

9.

J. caviGNac, Dictionnaire, p. 195

131

Épigraphie et sotériologie la taxe de cinq livres perçue sur chaque tonneau de vin casher. Nous n’avons aucune délibération entre celle du ler nissan 5487 (23 mars 1727) et celle du 15 mars 1728 où n’apparait désormais qu’un seul rabbin, Joseph Falcon 10. Le rabbin Aaron Sasportas pourrait être un des quatre fils – Abraham, Aaron, Moïse, Samuel – de l’illustre rabbin oranais Jacob ben Aaron Sasportas (1610-1698) 11. La gravure à l’identique des armoiries figurant sur le portrait de Jacob Sasportas par Pieter Stevens van Gunst (1698) en fournirait un indice probant (cf. supra, fig. 6, p. 86). Cependant mourut à Hambourg le 5 janvier 1670 un Aaron Sasportas, fils de l’illustre rabbin né vers 1662. Il fut inhumé au cimetière d’Altona. L’hypothèse de la naissance d’un enfant « de remplacement » après ce décès pourrait autoriser l’identification de notre défunt avec un deuxième fils également prénommé Aaron. À l’appui de cette hypothèse, on allèguerait un contrat d’édition passé le 16 septembre 1699 à Amsterdam pardevant le notaire P. Schabelje entre l’imprimeur Moses ben Abraham MendesCoitinho avec un Aaron Sasportas 12. Un Moïse Sasportas déclarera le 9 février 1729 au curé de Sainte-Eulalie le décès d’un enfant de David Lopès. Est-ce le Riby Moseh Sasportas dont le Registre des morts consigne le décès le 26 juin 1741 à l’âge de quarante-six ans 13 ? Un cinquième fils de Jacob Sasportas, Isaac eut un fils prénommé Salomon, rabbin à Nice où il mourut le 2 octobre 1724 et dont le livre posthume ‫ שש שערים‬Sex portae. Memoria de los 613 Preceptos de la Ley y siete de Sabios, traducido del hebraico parut à Amsterdam

10. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 20, p. 98-99 ; § 37, p. 112 ; § 38, p. 113-114 . 11. Cf. Jacob Sasportas, Sefer Zizat Novel Zvi, éd. Z. SchWartz, I. tiShBi, Jérusalem 1954 [en hébreu] p. 70 ; voir aussi M. GoldiSh, Rabbi Jacob Sasportas defender of Torah authority in an age of change, Jérusalem 1991 et É. moyal, Rabbi Yaakov Sasportas, Jérusalem 1992 [en hébreu], p. 46 n. 52 et 65, en attendant la publication de l’ouvrage annoncé de Y. dWeck (Princeton University), A Study of Jacob Sasportas (1610-1698) . 12. Ce portrait se trouvait à Londres dans la salle du conseil de la Spanish and Portuguese Jews’ Congregation, cf. M. GaSter, History of the Ancient Synagogue of the Spanish and Portuguese Jews, the Cathedral Synagogue of the Jews in England, situated in Bevis Marks, A Memorial Volume Written spécially to Celebrate the Two-Hundredth Anniversary ot its Inauguration 1701-1901, Londres 1901. Il existe un autre portrait – sans écusson – de l’illustre rabbin peint par Isaac Luttichuys et aujourd’hui conservé au Musée d’Israël à Jérusalem. Cf. M. StudemuNd-halevy, Biographisches Lexikon der Hamburger Sefarden, Hambourg 2000, p. 778-779. Contrat publié par M. M. kleerkoper, De boekhandel te Amsterdam voornamelijk in de 17 e eeuv. Biografische en geschiedkundige aanteekeningen, Amsterdam 1914-1916, p 830-831, cf. L. fukS, R. G. fukS-m aNSfeld, Hebrew Typography in the Northern Netherlands 1585-1815. Historical Evaluation and Descriptive Bibliography, t. II, p. 425. 13. GG 373 § 129.

132

Épitaphes en 1727) 14. Notre Aaron Sasportas eut au moins quatre enfants : Moïse, également rabbin, qui meurt à Bordeaux le 26 juin 1741, à l’âge de quarante-six ans 15 donc né en 1695, Joyeuse qui épousa Juda Montezinos, Isaac qui épousa Rébecca alias Rachel Pinto et mourut le 30 octobre 1760 (infra § 203), et Judith 16. Le mercredi 13 tamouz 5507, 21 juin 1747, à Bordeaux, Isaac fils de he-Haham ha-shalem Aaron Sasportas ‫ נ׳׳ע‬épouse Rébecca fille d’Abraham Pinto ‫נ׳׳ע‬. La ketuba comporte un renvoi à un contrat passé chez le notaire Ferrainez et les signatures d’Isaq Sasportas novio declaro afirmar lo contenido en esta presenta Ketuba, de Moïse Azevedo testigo, d’Aaron Rodriguez testigo ainsi que de ‫ דוד ן׳ יעקב חיים עטיאש עד‬David b. Jacob-Haïm Atias témoin. Décor floral 17. On ne sait quelles relations de parenté pouvaient exister entre ce défunt et Simha Sasportas décédée le 7 mars 1732 (infra § 38). 12 Esther R., 15 mai 1728 Relevée par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1, 21, largeur : 0,68. Tombe très endommagée, épitaphe presque illisible ; cassure à gauche en haut, à droite, à la hauteur des trois premières lignes, celles-ci entièrement illisibles. Onze lignes. Hauteur des lettres 0,04. a BeNtvrada SeNora eSter r. …qve f° eN 7 SivaN de 5 …qve correSpoNde a

… maio de 1728

Abenturada /Señora Ester/ R. qve f°/en 7 sivan de / 5(488) que/corresponde/ a (15) maio de /1728. Trad.: Bienheureuse Dame Esther R. décédée le 7 sivan de 5488 qui correspond au 15 mai 1728.

14. Sans nom d’imprimeur selon H. deN Boer, La literatura sefardi de Amsterdam, Alcala de Henares 1995, chez Naphtali Hirtz ben Alexander Susskind Levi selon M. K aySerliNG, Biblioteca Española- Portugueza-judaica, New York 1971, p. 30. 15. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 55. 16. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 118-119 et 195. 17. Paris, Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle, Manuscrit n° 491.

133

Épigraphie et sotériologie La défunte ne figure ni dans les délibérations ni dans le Dictionnaire de Cavignac. 13 Rachel da Silva, ler octobre 1728 Tombe très mutilée, épitaphe illisible. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,28, largeur : 0,62. Neuf lignes. Hauteur des lettres : 0,4. L’inscription est tout entière sur un des trois morceaux brisés de la dalle. …vy.yaS… S… r ahel d. oS da Silva qve f° eN … e… 5.. que co rreSpoNde primero… oBre

1728

.(Aq.) vy.yas(e)/S(enora). Rahel D./os da Silva/qve fallecio en ../.e…/5.. que co-/rresponde/primero… (oct) obre/1728. Trad. : Ci-gît. Dame Rachel D..os da Silva qui décéda le [ 28 tishri 5489] que correspond au premier octobre 1728. Bien que lacunaire, la date comprend un élément du Comput hébraïque de la Création. La défunte ne figure ni dans les délibérations ni dans le Dictionnaire de Cavignac. 14 Abraham Sola 24 juillet 1729 G. cirot, Recherches, p. 143 n. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,91, largeur : 0,67. Hauteur des lettres : S : 0,10 ; autres lettres : 0,065. Sa de

a Braham Sola f° a 28 de tamvS 5489 qve coreSpoNde a

134

24 de… 172.

Épitaphes S(epultur)a de / Abraham / Sola, f(alleci)o a / 28 de tamuz / 5489 qve / coresponde / a 24 de [Iulio]/ 172[9]. Trad. : Sépulture d’Abraham Sola, décédé le 28 tamuz qui correspond au 24 juillet 1729. Nous restituons les chiffres effacés lignes 7 et 8 in fine. Le décès eut lieu après la tombée de la nuit du 24 juillet 1729, la date hébraïque du 28 tamuz correspondant autrement au 25 juillet. Bien connue dans d’autres communautés portugaises, la famille Sola n’apparait pas dans nos sources bordelaises. 15 Léa Francia, 3 septembre 1729 Relevée le 20 avril 1978, révisée le 21 mars 1980 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,79, largeur : 0,68. Gravée au chevet de la sépulture de Rahel Cohen-Peixoto épouse d’Abraham Benjamin Francia Sa de lea de a Braham BeNJamiN fraNcia f° eN 9 de elvl 5489

S(epultur)a de Lea de /Abraham / Benjamin / Francia f(alleci)o / en 9 de elul / 5489. Trad. : Sépulture de Léa de Abraham Benjamin Francia, décédée le 9 elul 5489. La défunte, fille de Rachel-Cohen Peixoto, décédée le 23 avril 1726 (supra §° 5) fut-elle inhumée dans le même caveau que sa mère ? Son père, George Francia jeune alias Abraham Benjamin Francia, lui survécut dix ans. Il mourut le 10 décembre 1739 (cf. infra § 85) 18. M. Jean-Paul Léon m’indique que sa mère se prénommait Esther (Rachel-Sara) Cohen-Peixotto, et que la défunte était l’un des deux enfants décédés après le second mariage de leur père le 2 juin 1729 et avant la rédaction de son testament en octobre 1737. 16 Sara Tinoca, 9 septembre 1729 G. cirot, Recherches, p. 129 av. Révisée par Béatrice Leroy.

18. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 41.

135

Épigraphie et sotériologie Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,50, largeur : 0,70. Quatre lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,06. Au-dessus de l’inscription, motif arbre, haut. 0,22, larg. : 0,30. Sa de Sara tiNoca f° eN 19 de eleur 1729

S(epultur)a de Sara / Tinoca f(alleci)o / en 19 de / eleur [sic ] 729. Trad.: Sépulture de Sara Tinoca, décédée le 19 d’elul 1729. Date exprimée par le quantième du mois hébraïque bizarrement orthographié eleur. G. Cirot signale la gravure féminisée du nom de famille suivant un usage autrefois habituel en Espagne ainsi qu’au Portugal. Aucune mention de cette famille dans le Dictionnaire de Cavignac. 17 Sara Gomes-Ybarra, 3 février 1730 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Simple référence, sans transcription. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,29, largeur : 0,67. Huit lignes. Hauteur des lettres, S : 0, 08, autres : 0, 055, dates : 0,08. Tombe d’une adulte de très petite taille (fig. 13).

Fig. 13. Sara Gomes Ybarra, 1730.

136

Épitaphes Sa de la BieN Sara mvGer qve fve. de. ySac GomeS. y Barra f° eN 16 de Sevat 5490 qe coe a 3 feBrer° 1730 avea

S(epultur)a de la bien / aventurada Sara muger / que fue de. Ysac / Gomes. Ybarra / f(alleci)o en 16 de sevat / 5490/ que coresponde a 3 febrero /1730. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara qui fut l’épouse (= veuve) d’Isaac Gomes-Ybarra, décédée le 16 sevat 5490 qui correspond au 3 février 1730. 18 Isaac Dias-Mirandela, 22 février 1730 G. cirot, Recherches, p. 14, n. 1. Simple mention. iSaac diaS-miraNdela, 5 de adar 5490.

19 Esther-Rachel Mendes, 1er mai 1730 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Révisée le 14 mai 1979 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,31, largeur : 0,67. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,07, année : 0,09. Chevet arrondi en forme de cippe. S.a eSter r ahel. me NdeS. f°. a 15. diyar. 5490 qve. de

coreSpoNde a

31 avril 1730.

Sepultura /de Ester- / Rahel. Me/ ndes, fallecio a/ 15 d’Iyar/ 5490 que / coresponde/ a 31 avril [sic !]/ 1730. Trad : Sépulture d’Esther-Rachel. Mendes, décédée le 15 iyar 5490 qui correspond au 31 avril 1730. 137

Épigraphie et sotériologie Lecture assurée mais datation impossible, non seulement parce qu’avril n’a que trente jours, mais encore parce qu’au 15 iyar 5490 correspond cette année le 2 mai 1730. Nous supposerons qu’Esther-Rachel mourut le 1er mai 1730 après la tombée de la nuit, donc déjà le 15 iyar et que, par étourderie, le graveur ajouta un jour au mois d’avril. 20 Lea Serão-Henriques, 30 juillet 1730 G. cirot, Recherches, p. 123 r. Révisée par Béatrice Leroy le 14 mai 1779. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,92, largeur : 0,66. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,07. Sa de la BieN aveN tvrada

lea Sera° heNriqveS f° a 21 de a B 5490

Sepultura de la/ bien aven/ turada Lea Serao/ Henriques/ fallecio a 21 de / ab 5490. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Lea Serano-Henriques, décédée le 21 ab 5490. Le patronyme Serrão est très courant en Portugal. 21 Esther-Sara de Pinto, 22 septembre 1730 G. cirot, Recherches, p. 123 s. Relevée le 19 avril 1978, révisée le 14 mai 1979 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc, portion supérieure droite éclatée. Hauteur : 2,06, largeur : 0,68. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,07. Sa de la BieNaveNt vrada

eSter Sara de piNto f° a 11 de tiSdri 5491

138

Épitaphes Sepultura de la / bienavent /urada / Ester-Sara / de Pinto / fallecio a 11 de / Tisdri / 5491. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther-Sara de Pinto, décédée le 11 tishri 5491. 22 Jacob Lopes, 16 octobre 1730 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,76, largeur : 0,72. Quatre lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,07. Sa del B° i aha coB lopeS f° eN 5 de heSvaN 5491

Sepultura del b(ienventurad)o Iaha / cob Lopes fallecio/ en 5 de hesvan / 5491. Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob Lopes, décédé le 5 hesvan 5491. Il peut s’agir de Jacob, fils de David Lopes, venu du Portugal et circoncis le 10 décembre 1710 ou de Jacob Lopes, parrain avec sa femme Abigaïl Francia du fils de Aaron Lopes, circoncis le 29 mai 1709 19. 23 Rachel Esther Cardosa de Tholedo, 17 décembre 1730 G. cirot, Recherches p. 123 o. Incomplet. Relevée le 14 mai 1979 par Béatrice Leroy, revue le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,65, largeur : 0,70. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,07, millésime : 0,09, N gravé à l’envers. Sra. r aqvel eSter. cardoSa. de. t holedo. fcio. a. 8 de teBet 5491 qve coreSpoNde 17. dcBre

a.

1730

19. C. darGeloS, Thezoro, n° 50, p. 122 et n° 39, p. 121.

139

Épigraphie et sotériologie Sepultura (de) Raquel-Ester Cardosa de Tholedo, fallecio a 8 de tebet 5491 que coresponde a 17 deciembre 1730. Trad. : Sépulture (de) Rachel-Esther Cardosa de Tholedo, décédée le 8 tebet 5491 qui correspond au 17 décembre 1730. Tholedo (Tolède) fait partie du patronyme d’une famille mentionnée comme telle dans les documents communautaires. La défunte figure à la même date, dans la notice « Anne Toulède, veuve de Jacob Toulède, marchand portugais [qui fut] inhumée hors les murs », couchée sur le registre paroissial du curé de Saint-Éloi. Un autre Jacob Toulède, élu syndic le 12 avril 1739, participe au gouvernement de la Nation jusqu’au 14 juin 1770 20. 24 Jacob Lopes-Laguna, 23 décembre 1730 Relevée par Béatrice Leroy le 18 mai 1778. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,48, largeur : 0,60. Neuf lignes dont une lacunaire. Hauteur des lettres : 0,06, millésime : 0,08. La racine d’un arbre recouvre le côté gauche du chevet. Cadre supérieur aux coins arrondis (concaves). … BieN aB° h acoB lopeS la

GuNa qve f° eN 23 de teBet 5511 qve cor de 23 x Bre

1730

[Sepultura del / bienabenturado [Ya]/ hacob / Lopes-La / guna que fallecio / en 23 de / tebet 5511 / que coresponde / 23 deciembre / 1730. Trad. : [Sépulture du] / bienheureux Jacob Lopes-Laguna qui décéda le 23 tebet 5511 qui correspond au 23 décembre 1730.

20. Archives municipales de Bordeaux GG 294, acte 389, cf. G. cirot, Recherches, p. 118, n. 4 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, n° 87, p. 152 et n° 388, p. 404. Nous renvoyons à l’Index du Registre p. 620 pour sa participation quasi permanente aux délibérations.

140

Épitaphes Un Jeuda Lopes-Laguna figurera le 5 septembre 1760 parmi les signataires d’une pétition pour que « la viande soit augmentée d’un sol par livre afin de pouvoir de son produit établir un Talmud Thora ». On ignore sa parenté avec ce défunt 21. 25 Isaac de Abraham-Benjamin Francia, 15 février 1731 G. cirot, Recherches p. 128 aq, signale mais ne transcrit pas un texte hébreu. Relevée le 14 mai 1979 par Béatrice Leroy, revue le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,93, largeur : 0,63. Cinq lignes d’hébreu, dix d’espagnol. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,065. Au pied, rameaux croisés, hauteur : 0,17, largeur : 0,35. ‫מצבת קבורת הבחור‬ ‫יצחק בן אברהם בנימין‬ ‫פרנסייא נפטר ביום ו׳‬ ‫לחדש שבט שנת התצ״א‬ ‫ליצירה‬

Translittération : Masevat Qevurat ha-bahur/ Yishaq ben Abraham-Biniamin/ Francia, niftar be-yom waw/ le-hodesh shevat shenat.h.t.ts.a/ la-yesira. Trad. : Stèle funéraire (Gn 35,20) de l’adolescent Isaac fils d’Abraham Benjamin Francia, décédé le 6 du mois de shevat l’an 5.496 de la Création. Sa del BieN aveNtvrado maNceBo

iShac de a Braham BiNiamiN fraNcia. f° eN 15 h° 1731 qve correSpde a

8 de SeBat 5491

Sepultura del bien/ aventurado/ mancebo/ Ishac de Abraham/ Biniamin/ Francia. fallecio /en 15 henero 1731/ que corresponde/ a 8 de sebat / 5491. Trad. : Sépulture du bienheureux jeune homme Isaac de Abraham-Benjamin Francia, décédé le 15 janvier 1731 qui correspond au 8 sebat 5491.

21. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 400, p. 418-401.

141

Épigraphie et sotériologie Veuf de Rachel Cohen-Peixoto décédée le 13 avril 1726 (supra § 5), le père de cet l’adolescent fauché en sa prime jeunesse, Georges alias AbrahamBenjamin de Francia mourra le 10 décembre 1739 (infra § 85). Décédé à l’âge de seize ans, Isaac avait été circoncis le 13 shevat 5477 (25 janvier 1717) ; l’avaient parrainé Isaac Cohen-Peixoto et Abigaïl-Rachel Lopes 22. 26 Jacob de Mardochée Mendes France, 11 mars 1731 B. leroy, « Le cimetière du Cours de la Marne », p. 13. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,80, largeur : 0,72. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05. Encadrement aux angles arrondis concaves. Sa de. i ahacoB mordeh ay m eNdeS fraNce f° a 3 de v eadar 5491 qv hiJo de

e correSpoNde a… de marco

1731

Sepultura de. Iahacob/ hijo de Mordeh/ ay Mendes/ France fallecio a 3 de/ veadar 5491 qu / e corresponde/ a [11] de marco 1731. Trad.: Sépulture de Jacob fils de Mardochée Mendes France, décédé le 3 veadar 5491 qui correspond au 11 mars 1731. Sépulture d’un garçonnet âgé de neuf ans. Le quantième de la date vulgaire n’a pas été gravé. Março, lusisme. L’enfant avait été circoncis le 4 juillet 1722 : le parrainaient ses pére et mère Mardochée Mendès France et Rachel Peixoto. Jean-Mardochée Mendès France (c. 1687-1764) était marchand de toile rue des Augustins. Parmi la nombreuse progéniture du couple, retenons ici Isaac (1720-1785) qui deviendra armateur puis colon à Saint-Domingue et Moïse ancêtre de Pierre Mendes France 23 La mère de l’enfant décèdera le 23 décembre 1734 (infra § 50). 27 Ézéchias-Jacob da Costa, 12 mars 1731 Dalle calcaire blanc. Hauteur 0,66, largeur 1,08. Quatre lignes. Hauteur des lettres : S 0,10 autres 0,06, Date civile lacunaire. Sépulture d’enfant atypique.

22. C. darGeloS, Thezoro, n° 124, p. 127 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 294. 23. C. darGeloS, Thezoro, n° 232, p. 136 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 85.

142

Épitaphes Sa de hiSqviyav JahacoB dacoSta f° a 4 de Beadar 5491

S(epultur)a de Hisquiyau / Jahacob da Costa / f° a 4 de beadar / 5491. Trad., Sépulture d’Ézéchias Jacob Dacosta, décédé le 4 veadar 5491. 28 David Nuñes-Tinoco, 13 mars 1731 G.cirot, Recherches, p. 143, n. 1, simple mention. Inscription inédite, relevée en 1970 et révisée par Béatrice Leroy le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,72. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,06, millésime de l’ère vulgaire 0,12 (fig. 14).

Fig. 14. David Nuñes Tinoco, 1731.

Sa de david N vNeS tiNoco f°. a. 4. de a der SeNi.5491 qve.correSp.de a.13.de. marco 1731

Sepultura de David / Nunes Tinoco/ Fallecio. a. 4. de ader / seni. 5491/ que. corresp(on)de/ a.13.de. março / 1731. Trad. : Sépulture de David Nunes Tinoco, décédé le 4 adar second 5491 qui correspond au 13 mars 1731. 143

Épigraphie et sotériologie ligne 3 in fine ; ader pour adar, mais le graveur a ébauché un a sous le e ; ligne 6 : março, lusisme pour marzo. Le 30 juillet 1708 un David Nonnes Tinoques parraine avec Esther Pechote la circoncision d’un petit David de Abraham Lopes. Le 23 septembre 1718 David Nunes Tinoque parraine encore avec Esther Garsia David fils de Moshe Dias 24. 29 Abigaïl de Cordova, 12 mai 1731 Inscription inédite, relevée le 19 avril 1978, révisée le 12 juin 1980 par Béatrice Leroy Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,60, largeur : 0,65. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,06. Ornementation : deux étoiles à cinq branches de 0, 15, l’une au chevet de l’épitaphe, l’autre au pied. Encadrement : lignes droites brisées aux angles. Dalle calcaire blanc. Haut. 1,72 ; larg.: 0,72 ; sept lignes ; hauteur des lettres : S : 0,12, autres : 0,06, millésime de l’ère vulgaire 0,12 (fig. 15). S.a de.la.B ieN aveNt vrada

aB

iGail de.co

rdova.f° a 6. de. i yar. 5491. qve. cor.de a. 12 de.mayo. 1731

Sepultura de la b/ienavent/urada Ab/igail de Co/rdova F° a/ 6 de. iyar /5491 que/corresponde a.12/ de.mayo/ 1731. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Abigaïl de Cordova ; décédée le 6 iyar 5491 qui correspond au 12 mai 1731. La famille de Cordova venait probablement de Londres : dans notre généalogie concernant la deuxième moitié du xviiie siècle, nous trouvons deux Abigaïl mais point cette défunte 25.

24. C. darGeloS, n° 28, p. 120 et n° 143, p. 129. 25. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 139.

144

Épitaphes

Fig. 15. Abigaïl de Cordova, 1731.

30 Moïse-David Lameira, 18 mai 1731 G. cirot, Recherches, p. 124 v. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Dix lignes. Au pied : un blason avec trois étoiles de David surmontant deux palmes. Sa del.BieN a BeNtvrad° moiSeh.david lameira.fa°. el. JJ. de.roSho deS.y iar.qve. correSpoNde a. uvlGar a. 18 m ayo 1731

S(epultur)a del bien/Abenturado/ Moiseh.David/ Lameira f(alleci)o el II de Rosho / des yiar que corresponde/ a vulgar/ a 18 mayo/ 1731. Trad. : Sépulture du bienheureux Moïse David Lameira, décédé le deuxième jour de la néoménie de iyar qui correspond à la date commune du 18 mai 1731. 145

Épigraphie et sotériologie Georges Cirot interprète comme des armoiries le blason à trois étoiles complétant l’épitaphe. La famille Lameira était une des familles dirigeantes de la Nation ; elle comportait, outre sa branche bordelaise, une branche rochelloise. Sous le syndicat de David Lameyra le 1er juin 1753 commence la compilation du Registre des délibérations de la Nation portugaise depuis le 11 may 1710. La délibération du 11 mai 1710 ouvrant le registre se tient pendant le syndicat de Joseph Lameire 26. L’absence de dimension ne nous permet pas de savoir s’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte. Notre défunt pourrait être Moïse-Antoine Lameyra fils de Fernandès Lameyra qui reçut le 21 juillet 1660 des lettres de bourgeoisie 27. Il épouse le 28 mai 1703 Élisabeth-Anne-Esther Cardoze qui décéde le 11 mai 1762 (cf. infra § 210), laissant cinquante-neuf descendants. Il signe sur le Registre la première fois le 11 mai 1710 et la dernière, le 4 avril 1730. Le couple avait eu au moins huit enfants : Abraham qui décédera le 28 décembre 1768, David dont l’épouse Esther Lameyra décédera le 4 juin 1778, (infra § 252), Salomon, Rachel, Esther, Ribca, Sara et Judique. 31 Aaron-Ézéchias de Aguilar, 27 mai 1731 G. cirot, Recherches, p. 128 sp. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Sept lignes en espagnol sans mention du quantième ni de l’année hébraïque. Cirot signale un texte hébraïque mais ne le transcrit pas. Sepoltura del JoBeN a roN iheSqvi yau de aGuilar qve falleceo eN 27 m ayo 1731 qve correSpoNde a de N iSaN Naico eN 8 de aGoSto 1724

Sepoltura del / Joben Aron-Iesqui / yau de Aguilar que / falleceo en 27/ mayo 1731 qve / corresponde a de nisan, naico [sic]/ en 8 de agosto 1724. Trad. : Sépulture du jeune Aaron-Ézéchias de Aguilar qui décéda le 27 mai 1731 qui correspond au [ ] nisan, né le 8 août 1724. ligne 1 : graphie bizarre, sepoltura pour sepultura. ligne 2 : N en finales gravés à l’envers.

26. Ibid., p. 61-62, 154 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 1, p. 64-66 27. Livre des bourgeois de Bordeaux (XVIIe-XVIIIe siècles), Bordeaux 1898, p. 151.

146

Épitaphes ligne 3 : idem pour tous les n. ligne 4 : également. ligne 4 : falleceo pour fallecio ; sans doute un lusisme car au xviiie siècle on écrit en portugais faleceu ou faleceo. ligne 6 : le mois hébraïque du décès est impossible : au 27 mai 1731 correspond le 21 iyar 5491. L’erreur provient soit de Cirot soit de la gravure originale que nous n’avons pu vérifier. Une lecture marso pour mayo renverrait au 19 adar II 5491, cette année étant embolismique. Il s’agit ici d’un garçonnet âgé de moins de sept ans prénommé Aaron. L’adjonction d’un second prénom Ézéchias s’explique par la mise en pratique de la coutume du changement de nom. 32 Sara de Castro Matos, 7 juin 1731 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Simple mention. Sara de caStro m atoS - 7 de JuNio 1731.

Trad.: Sara de Castro Matos, 7 juin 1731. 33 Samuel Aboab de Fonseca, 1er octobre 1731 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Simple mention. Semuel a BoaB de foNSeca, 1 de oct[oBre] 1731.

Trad. : Samuel Aboab de Fonseca, 1er octobre 1731. 34 Rachel Alvares-Pereira, 26 novembre 1731 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Simple mention. r ahel a lvareS-pereira, 26 de Novie [m] Bre 1731

Trad. : Rachel Alvares-Pereira, 26 novembre 1731 35 Moïse fils de Joseph de Medina, 10 décembre 1731 Relevée par Béatrice Leroy le 12 juin 1980.

147

Épigraphie et sotériologie Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,94, largeur : 0,65. Quatre lignes. Hauteur des lettres : 0,04. S de moSeh hiio de ioSeph de m ediNa f° a 11 k iSlev 5492

S(epultura) de Moseh / Hiio de Ioseph / de Medina, f(alleci)o a 11 / kislev 5492. Trad. : Sépulture de Moïse, fils de Joseph de Medina, décédé le 11 kislev 5492. Datation relativement rare indiquée selon le Comput de la Création seul. Le père de l’enfant Joseph de Medina exerce la fonction de gabay ou trésorier de la Nation, à compter de son élection le 6 avril 1726 jusqu’au 23 mars 1727 28. Par la suite il signe régulièrement les délibérations du mahamad jusqu’en 1763. 36 Ézéchias-Jacob Gomes, 12 février 1732 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,81, largeur : 0,72. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres 0,07, millésime : 0,11. Tombe basculée : épaisseur de la dalle 0,20. Sa del BieN aveNo hiSqviyav i aha coB G omeS f° a 15 de t eBet 5492 qve coreSpoNde a

12 de feBrero 1732

S(epultur)a del bien aventurado / Hisquiyau Iaha /cob Gomes, f(alleci)o/ a 15 de tebet/ 5492 qve / coresponde a/12 de febrero/1732. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias-Jacob, décédé le 15 tebet 5492 qui correspond au 12 février 1732.

28. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 35-37, p. 111-112.

148

Épitaphes 37 Rachel de Silvera, 13 février 1732 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription. Relevée le 20 avril 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,42, largeur : 0,67. Cadre aux angles arrondis inversés. Largeur : 0,49. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,05, date vulgaire : 0,08, millésime : 0,11. Au pied motif : un cœur surmontant deux palmes croisées, sommet à 0,34 de la base. Sa de la BieN aBeNtvr ada.

r ahel de Silvera f° a 18 de SeBat 5492 qve coreSpoNde a13 de feBrero

1732

S(epultur)a de la/ bien abentur/ada. Rahel de/ Silvera f(alleciào a 18/ de sebat 5492/ que coresponde/ a 13 de febrero/ 1732. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Rachel de Silvera, décédée le 18 sebat 5492 qui correspond au 13 février 1732. Première apparition du motif du cœur. 38 Simha Sasportas, 7 mars 1732 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription. Relevée le 20 avril 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,45, largeur : 0,73. Six lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres 0,06. Au pied motif : deux palmes croisées, hauteur : 0,20, largeur : 0,33. Sa de la BieN a BeNtvrada Simha SaSportaS f° a 10 de a dar 5492 qve coreSpoNde a

7 marco 1732.

S(epultur)a de la bien/ Abenturada/ Simha Sasportas/ f(alleci)o a 10 de adar 5492/ que coresponde/ a 7 março 1732.

149

Épigraphie et sotériologie Trad. : Sépulture de la bienheureuse Simha Sasportas, décédée le 10 adar 5492 qui correspond au 7 mars 1732. En dépit de la petitesse de la dalle et partant de la défunte, il pourrait s’agir d’une adulte en l’occurrence de Simha Sasportas, épouse d’Aaron Sasportas – le rabbin décédé en 1727, supra § 11 – qui parrainent le 10 novembre 1721 la circoncision de leur petit-fils Aron de Abraham Lopes Cordova 29. 39 Rachel da Costa, 6 juillet 1732 Relevée le 18 avril 1978, révisée par Béatrice Leroy 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,10, largeur : 0,66. Trois lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres 0,06. Sa de r ahel da coSta f° a 13 de tamvS 5492

S(epultur)a de Rahel/ da Costa f(alleci)o a 13/ de tamus 5492. Trad. : Sépulture de Rachel da Costa décédée le 13 tamus 5492. 40 Ézéchias-Daniel Alvares-Lamego 3 août 1732 Relevée le 23 novembre 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,65. Cadre arrondi. Dix lignes. Hauteur des lettres 0,06. Sa del BieN aveNt vurado de

y ehiSquiav daNiel a lva reS lameGo f° a 12 de aB 5492 qve coreSpoNde a

3 de aGoSto 1732

S(epultur)a del/ bienavent/ urado de/ Yehisquiav/ Daniel Alva/ res Lamego,/ f(alleci)o a 12 de ab / 5492 que/ coresponde/ a 3 de agosto 1732

29. C. darGeloS, Thezoro, n° 221, p. 135.

150

Épitaphes Trad.: Sépulture du bienheureux de Ézéchias-Daniel Alvares-Lamego, décédé le 12 ab 5492 qui correspond au 3 août 1732. Le 29 avril 1731 la Nation invite un Daniel Lamego à participer à la Junta 30. 41 Léa Henriques, 3 novembre 1732 Relevée par Béatrice Leroy le 14 mai 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,79, largeur : 0,70. Cinq lignes. Hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,06, millésime : 0,13. Sa de la BieN a BeNtvra d. lea heNriqveS f° a 15 de heSBaN 4593

S(epultur)a de la bien/ Abentarad(a) Lea/ Henriques f(alleci)o/ a 15 de hesban / 4593. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Lea Henriqves, décédée le 15 hesban 4593. 42 Jacob de Leon, 8 novembre 1732 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription ; sépulture non retrouvée JahacoB de leoN-8 Novre 1732.

Jahacob de Leon, 8 noviembre 1732. Trad. : Jacob de Leon, le 8 novembre 1732. Faute de dimensions, nous ne pouvons déterminer s’il s’agit d’un adulte. Deux circoncis portent le même nom et le même prénom : un bébé de huit jours, Jacob fils d’Isaac de Leon, circoncis le 12 décembre 1709 et un adulte âgé de quarante-cinq ans, venu d’Espagne, circoncis le 10 avril 1721 31.

30. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 57 p. 125. 31. C. darGeloS, Thezoro, n° 41, p. 121 et n° 200, p. 133.

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Épigraphie et sotériologie 43 Rachel de Sossa, 11 décembre 1732 G. cirot, Recherches, p. 128 an. Relevée le 8 avril 1978, révisée par Béatrice Leroy le 14 mai 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,12, largeur : 0,43. Huit lignes. Hauteur des lettres : 0,055. Sa de la BieN a Betvra da r aqvel de SoSSa. q f° eN 24 de kiSlev

5492

qve codr a

11

x Bre 1732

S(epultur)a de la bien / Abe(n)tura/da Raquel/de Sossa. q(ue) f(alleci)o/en 24/ de kislev /5492/ que co(rrespon)dr a 11/Xcembre/ 1732. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel de Sossa, décédée le 24 kislev 5492 qui correspond au 11 décembre 1732. La dimension réduite de la dalle indique le décès d’une fillette. La correspondance année juive année courante est inexacte. Si le millésime commun est déterminant, le millésime A.M. doit être 5493. Une erreur a dû survenir au niveau de la gravure. Par ailleurs au 24 kislev 5493 correspond le 12 et non le 11 décembre 1732. On admettra que le décès survint, la nuit tombée alors qu’un nouveau jour hébraïque venait de commencer. 44 Benjamin-Abraham alias Antonio Alvares, 28 décembre 1732 G. cirot, Recherches, p. 124 u. Sépulture non retrouvée : aucune dimension. Neuf lignes. Sa. del BieN aveNtvrado BeNJamiN.ham (aliaS) a Nt° a lvareS f° eN 10 tereth. 5493 coreSp] a. 28 SoBre 1733

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Épitaphes S(epultur)a. del bien / aventurado/ Benjamin. (Abra)ham/(alias) Anto-nio / Alvares f(alleci)o en/10 tebeth. 5493/ coresponde / a.28 / diciembre 1733. Trad. : Sépulture du bienheureux Benjamin.(Abra)ham alias Antonio Alvares décédé le 10 tebeth. 5493, correspond au 28 décembre 1733. Ligne 3 Ham : peut-être Haïm. Ligne 6 : étrange graphie tereth , faute du lapicide ou de l’éditeur ? Ligne 9 : G. Cirot faisait suivre le millésime d’un (sic) superflu, la nouvelle année juive ayant commencé à l’automne 1732. Avant de transcrire cette épitaphe, Georges Cirot remarque : « Au xviiie siècle, beaucoup de juifs de Bordeaux, d’origine espagnole, portent encore des prénoms chrétiens reçus sans doute au baptême. Mais ils avaient aussi leurs prénoms bibliques et même parfois un autre nom inconnu des étrangers ». Effectivement, se présente ici la première occurence d’un prénom chrétien, Antonio, dans notre épitaphier. Certes nombre de particuliers – le registre des délibérations en fait foi – portent encore un prénom chrétien au début du xviiie siècle mais il n’apparaît pas sur les sépultures. Un Anthoine Alvares – peut-être le nôtre – soumettait un placet au mahamad le 10 août 1711 : empêché de verser plus tôt sa contribution aux dépenses relatives au cimetière, il offrait de s’en acquitter 32 . 45 Rébecca-Sara de Salomon alias Antoine Francia, épouse Abraham Rodrigues-Silva, 26 juin 1733 G. cirot, Recherches, p. 124 w. Relevée le 20 avril 1978. Dalle calcaire blanc. Encadrement aux coins arrondis au chevet surmonté d’une bosse. Dimensions omises lors du relevé. Onze lignes. Deux paires de palmes croisées entre la sixième et la septième ligne, soit entre la date hébraïque et la date commune.

32. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 5 p. 77.

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Épigraphie et sotériologie Sa de la

BieN aveN da r iBca Sara de

Selomoh a liaS a N° fraNcia m vGer de a Braham rodriGveS Silva f° eN 12 tamvS 5493 correS a 26 ivNio 1733

S(epultur)a de la/ bien aven(tura)da/ Ribca Sara de/ Selomoh alias/ Antonio Francia/ muger de Abraham/ Rodrigues/ Silva f(alleci)o en 12/ tamus 5493/ corres( ponde) a 26/ ivnio 1733 Trad.: Sépulture de la bienheureuse Rébecca-Sara de Salomon alias Antoine Francia, femme d’Abraham Rodrigues-Silva, décédée le 12 tamus 5493, correspond au 26 juin 1733. Deuxième mention d’un alias dans notre épitaphier. Sa présence s’explique par le fait que le père de la défunte était bien connu sous le prénom d’Antonio. Troisième fils de Georges Francia, Antoine-Salomon Francia (1680-1760) était dit le « banquier ». Il avait épousé Rachel-Isabeau Lopès-Depas. Il participa largement au gouvernement de la Nation. Le 25 mars 1711, le mahamad l’élisait syndic. Le 6 juin 1717 il le nommait adjoint au gabay. Le 30 septembre 1731, en compagnie de son fils ainé, Antonio Francia aurait agressé le syndic dans la boucherie de la Nation, ce qui lui valut une exclusion du Conseil où on le réintégra le 31 mars 1740. Adjoint au syndic le 5 avril 1745, il obtient de nouveau le syndicat le 30 mars 1746. Le 3 août 1751 – fort contribuable – il contribue pour la somme de cent livres sur un total de 1085 livres 14 sols aux dépenses occasionnées par l’enregistrement des Lettres Patentes de juin 1723 à la Cour des Aides. Il mourut le 10 octobre 1760 (infra § 202) et sa veuve Hana-Rachel-Isabeau Lopes de Pas le 17 décembre 1764 (infra § 228). Le 25 mars 1764, demeurant rue du Mirail, elle dépose une lettre de son gendre Joseph Depas, datée du Cap (Ile Saint-Domingue) le 8 novembre 1763 33. Le 12 mars 1723 Jacob de Mezas procédait à la circoncision d’un frère de la défunte, David, une circoncision enregistrée pour la première fois en français 34. De même trente-sept ans plus tard apparaîtra dans le cimetière pour la

33. Mariage d’Anthoine-Salomon Francia, cf. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 41, ses fonctions dans S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 3, p. 69-71, § 13, p. 87-90, § 59, p. 126, § 93, p. 156157, § 115, p. 177, § 129, p. 181, § 191, p. 229-230. Archives départementales de la Gironde, notaire Perrens (Claverie déposant), cartons Pierre Mendès France à la Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle, boîte XVI : Saint Domingue au xviiie s. 34. C. darGeloS, Thezoro, § 246, p. 137.

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Épitaphes première fois dans l’épitaphe de son père un texte français à la suite du texte espagnol (§ 202). On trouvera une résurgence du français dans l’épitaphe de sa mère (§ 228). 46 Jacob Péreira-Brandon, 30 août 1733 Relevée le 19 avril 1978, revisée par Béatrice Leroy le 26 février 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,82, largeur : 0,73. Cadre arrondi au chevet. Un demi soleil rayonnant surmonte l’inscription. Neuf lignes. Hauteur des lettres : 0,04. Au pied : motif : rameaux entrecroisés, hauteur : 0,24, largeur 0,42. Le pied de la dalle touche le mur de clôture. Sa

del BieN aveN° yahacoB pereira BraNdoN f° SieNdo GaBay GeNeral eN 26 elvl 5493 qve coreSpoNde a

30 aGoSto 1733

S(epultur)a /del bien aven(turad)°/ Yahacob Pereira/ Brandon, f(alleci)o siendo / gabay general / en 26 elul 5493 /que coresponde / a 30 agosto / 1733. Sépulture du bienheureux Jacob Pereira-Brandon, décédé étant trésorier général le 26 elul 5493 qui correspond au 30 août 1733. Première apparition dans notre épitaphier d’une titulature interne à la Nation : le défunt mourut dans l’exercice de ses fonctions. Déjà en 1722 et en 1723 il avait exercé la charge de gabay adjoint. En 1730, avec quatre autres notables, il se charge de calculer la taxe de la contribution annuelle et des secours hebdomadaires alloués aux pauvres. Le mahamad le nomme « unanimement » adjoint au syndic le 23 mars 1732. Le 7 janvier 1733, à titre d’ancien de l’administration, il signe les résolutions sur le pain et les confitures cachères pour la Pâque. Le 2 mars de la même année il signe le premier l’approbation des comptes de M. Alexandre. Ce même 2 mars 1733, il est élu gabay et signe plusieurs délibérations à ce titre. Le 21 mars son fils Isaac Brandon est nommé trésorier à sa place avant de remplacer Samuel Gradis en tant qu’adjoint au syndic. On nommait adjoint le trésorier sortant « parce qu’il connaît mieux les pauvres et leur état » 35.

35. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 37, p. 112, § 30 p. 107, § 50 p. 122, § 61 p. 127, § 63, p. 129-131, § 64, p. 131, p. 131-132, § 70, p. 135.

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Épigraphie et sotériologie 47 Jacob Acosta y Amesquita, 3 septembre 1733 Relevée par Béatrice Leroy le 11 février 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,67, largeur : 0,72. Six lignes préservées. Hauteur des lettres : 0,06. Chevet contre le mur de cloture. ayaSiS

NiBad i ahacoB

acoSta y a meSqvita f° a 2 de elvl 5493 qve cor de de 7 Bre1733

Ayasis/ (ve-a) nibad Iahacob/Acosta y Amesqvita/ f(alleci)o a 2 de elul / 5493 que cor(respon) de/ (a 3) de septembre 1733. (Sépulture) du vénérable et honoré Jacob Acosta y Amesquita, décédé le 2 elul qui correspond au 3 septembre 1733. ha-yashish· we-ha-ni(kh)bad, hébreu le vénérable et l’honoré : qualifie habituellement un administrateur de la Nation, d’une synagogue ou d’une confrérie. Il s’agirait ici d’une synagogue ou d’une confrérie car Jacob Acosta y Amesquita ne figure pas dans la liste des syndics et adjoints de la Nation 36. Quantième de septembre illisible restitué ici par calcul. 48 Esther Rodrigues, 2 octobre 1733 Épitaphe inédite relevée le 20 avril 1978. Dimensions omises. Dalle calcaire blanc. Quatre lignes. Sa de eSter rodriGveS f° a 23 de tiSri 5494

S(epultur)a de Ester/ Rodrigues/ f(alleci)o a 23 de / tisri 5494. Trad. : Sépulture d’Esther Rodrigues, décédée le 23 tisri 5494.

36. S. SchWarzfuchS, Le Registre, Appendice III, p. 607-611.

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Épitaphes 49 Isaac-Abraham Abila, 23 septembre 1734. B. leroy, « Le cimetière du Cours de la Marne », p. 13. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,69 ; largeur : 0,67. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,05. Encadrement aux angles arrondis inversés. Motifs au chevet : une étoile 0,12 en diagonale. Au pied, deux palmes, haut. 0,10, larg. 0,27. S.ra del BieN a BeNtvrad° iShak a Br ah am

a Bila 14 de

qve f° eN

tiSdri qve

correSpoN Nde a

23

SetiemBre

1734.

S(epultu)ra / del bien a / benturado / Ishak Abrah /am Abila / que f(alleci) o en 14 de / tisdri / que /correspon / de a 23 / setiembre /1734. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac-Abraham Abila, décédé le 14 tisri qui correspond au 23 septembre 1734. 50 Sara-Rachel, épouse Mardochée Mendes France, 3 décembre 1734 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,18, largeur : 0,72. Douze lignes ; hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,07. Encadrement terminé au chevet par deux volutes ; au pied angles concaves. À côté de chaque angle une étoile, hauteur : 0,09. Au pied deux rameaux croisés surmontés d’une étoile, hauteur : 0,23, largeur : 0,58.

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Épigraphie et sotériologie Sa de la virtuoSa y BieN aveNda Sara r ahel m vGer de mordehai m…deS fraNce f° a 28 de kiSleu 5495 que coreSp. a 23 x Bre 1734

S(epultur)a de la / virtuosa y / bienaven(tura)da / Sara Rahel / Muger de / Mordehai M[en]des / France, f(alleci)o a / 28 de kisleu / 5495/ que coresp (onde)/ a 23 X(dem)bre / 1734 Sépulture de la vertueuse et bienheureuse Sara Rachel, femme de Mardochée Mendès-France, décédée le 28 kislev 5495 qui correspond au 23 décembre 1734. Il s’agit de Rachel Peixotte, née vers 1707 de Henri Peixotto banquier-armateur et d’Esther Alence, épouse en premières noces de Jean-Mardochée Mendès-France, né le 17 juillet 1687 à Agen, décédé le 19 mars 1764 à Bordeaux, lui-même fils de Luis Mendès-France, né à Lisbonne vers 1680 qui se suicida à Bordeaux le 15 août 1695, et de sa deuxième épouse Esther alias Marie Vives 37. Jean-Mardochée se remaria avec Lea Mendes-Noble. Les huit enfants proviennent du premier lit : Abraham (5 juin 1714-13 avril 1748), RébeccaArmande (c. 1719-25 avril 1776), Isaac (26 décembre 1720-15 novembre 1785), Jacob (mai 1722-11 mars 1731 (supra § 26), Moïse (28 juillet 17251er frimaire an XIII ?), Aaron (octobre 1726-10 novembre 1787), David (c. 1728-1791). En conséquence Mendes-France ou Mendes-France pére figurant dans les délibérations des 29 septembre 1722, 27 janvier 1744, 23 janvier 1746 et 15 janvier 1747 38 n’est autre que notre Jean-Mardochée.

37. Cf. Archives de Bordeaux GG 893, acte 169 = G. cirot, Recherches, p. 108, J. caviGNac, Dictionnaire, p. 175.Sur Luis Mendes France cf. H. P. SalomoN, « Jargon et perversion : le procès inquisitorial de Luís de França (Lisbonne, 1683), ancêtre direct de Pierre Mendès France », dans D. i aNcu-aGou, C. i aNcu (dir.), L’écriture de l’histoire juive, Mélanges en l’honneur de Gérard Nahon, Paris-Louvain 2012, p. 392-418 ; M. BéNezech, S. chapeNoire, « A case study of the suicide of Luis Mendes France in Bordeaux in 1695 », The American Journal of Forensic Medicine and Pathology 35 (2004), p. 345-350. Je dois à Joan et à Michel Mendes France, issus de la lignée de Moïse, nombre de données sur les enfants de Jean-Mardochée et de Rachel Peixotto. 38. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 26, p. 104, 107, p. 164 ; § 128 p. 180 ; § 135 p. 186

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Épitaphes 51 Jacob Péreyre, 7 mars 1735 G. cirot, Recherches, p. 183, q. Signalement sans transcription Relevée le 19 avril 1978, révisée par Béatrice Leroy le 26 février 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,93, largeur : 0,81. Côté gauche et base de la dalle près des murs. Dalle couronnée par deux volutes décoratives. Huit lignes. Hauteur des lettres : 0,06. Au pied motif à 0,46 de la base, deux rameaux, hauteur : 0,24. Cirot signale que le prénom a « les extrémités des jambages de l’H et des A jointes comme celles du C par des lignes ». Sa de

i ahacoB pereyre falecio eN 14 de adar 5495 qve SoN 7 marSo 1735

S(epultur)a de/ Iahacob/ Pereyre/ Falecio en/ 14 de adar / 5495 qve/ son 7 marso/ 1735. Trad.: Sépulture de Jacob Pereyre, décédé le 14 adar 5495 qui sont le 7 mars 1735. Identification possible avec un Jacob Pereira, arrivé du Portugal et circoncis à l’âge de trente ans par Jacob de Mezas le 22 janvier 1711 39. Seul cas dans l’épitaphier d’une équivalence explicite entre les dates A. M. et A. D. 52 Myriam-Esther, épouse de Jacob Fernandes, septembre 1735 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1 Signalement sans transcription. Non retrouvée. miriam eSter muGer de i acoB ferNaNdeS 7Bre 1735

Trad. : Myriam-Esther, épouse de Jacob Fernandes, septembre 1735. Quantième du mois lacunaire.

39. C. darGeloS, Thezoro, § 53, p. 122.

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Épigraphie et sotériologie Fils d’Abraham Fernandes, venu d’Espagne et circoncis à l’âge de vingt ans le 2 avril 1719, son mari Jacob Fernandes parraine à plusieurs reprises des jeunes gens arrivant d’Espagne ou du Portugal et deux fois des nouveaunés. Il avait affermé pour neuf ans à compter du 25 janvier 1725 le jardin vendu à David Gradis par Jean Perpigna, appelé à accueillir les sépultures de la Nation, celui même où repose son épouse. Le 18 novembre 1728, lors de la circoncision de Jacob fils d’Aron Carrion, les parrains sont Jacob Fernandes « et Ester Fernandes son épouse ». Jacob Fernandes figure parmi les contribuables de la Nation le 27 janvier 1744 40. 53 Esther Henriques-Medina, 17 janvier 1736 Relevée par Béatrice Leroy, s. d. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,45, largeur : 0,66. Cadre aux angles arrondis, concaves. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0, 09, autres : 0,05. Au pied deux motifs : cœur surmontant une étoile, hauteur : 0,44. Sa de la BieN a a eSter

heNriqveS mediNa f° a … SeBat 5516 qve corpe a 17 heNero 1736

S(epultur)a /de la bien/ a(venturad)a Ester/ Henriques/ Medina f(alleci)o/ a [4] sebat/ 5516 que/ cor(es)p(ond)e a 17/ henero 1736. Trad. : Sépulture / de la bien / heureuse Esther / Henriques-/ Medina, décédée/ le 4 sebat / 5516 qui / correspond au 17/ janvier 1736. Quantième du mois hébraïque illisble, restitué ici par calcul. 54 Haïm-Moïse Atias, 13 janvier 1736 Relevée par Béatrice Leroy, s. d.

40. Circoncision, C. darGeloS, Thezoro, § 162, p. 130 ; parrainages, ibid., § 180, 185, 202, 203, 230, 242, 265, 313 ; acte du 22 octobre 1724, Archives départementales de la Gironde, 3E 400 (texte dans l’Annexe I, p. 347-349), rôles d’imposition concernant Jacob Fernandès en 1744, 1747 et 1761, S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 107 p. 165, § 135 p. 186 et 295 p. 311.

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Épitaphes Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,70. Inscription largement effacée, lecture problématique. Six lignes. Hauteur des lettres, première ligne : 0, 08, autres : 0,045. Au pied, motif un arbre, hauteur : 0,46, largeur : 0,24. Sa del BieN aveNturado …..Jaim moSeh atiaS f° a 11 de Sivat 5496

S(epultur)a del bien/ Aventurado/ …..Jaim/ Moseh Atias/ f(alleci)o ° a 11 de sivat / 5496. Trad.: Sépulture du bienheureux ….Haïm Moïse Atias, décédé le 11 sebat 5496. 55 Ézéchias-Jacob Gradis, 25 janvier 1736 G. cirot, Recherches, p. 131 bh. Relevée le 20 avril 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,08 ; largeur : 0,71. Cadre arrondi au pied et au chevet complexe. Quinze lignes. Motif décoratif à gauche de la première ligne ainsi qu’à droite et à gauche de la dixième. S a del BieNaveNtvrado

a iaSiS aNihBad hiSqviav i ahacoB GradiS f° a 11 de SeBat 5496 qve correSpoNde a

25 de heNero 1736

avieNdo paSado por todoS loS carGoS i SieNdo Su hiio BiNiamiN Gavay GeNeral

S(epultur)a del/ bienaventurado /Aiasis anikhbad / Hisqviav/ Iahacob Gradis / f(alleci)o a 11 de sebat/ 5496 /que corresponde / a 25 de henero/ 1736 / aviendo pasado/ por todos los/ cargos siendo/ su hijo Biniamin/ gavay general.

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Épigraphie et sotériologie Trad. : Sépulture du bienheureux le vénérable, honoré Ézéchias-Jacob Gradis, décédé le 11 de shebat 5496 qui correspond au 25 janvier 1736, ayant passé par toutes les charges, étant son fils Benjamin trésorier général. Georges Cirot remarque que le défunt dût exercer toutes les charges nationales avant 1710 parce que le Registre n’en comporte pas de trace. Notons pourtant qu’il signe Jacob Gradis d’autres délibérations les 19 mars 1724, 18 mars 1725, 23 mars 1727, 15 mars 1728. Il signe encore le Règlement non daté – probablement début janvier 1736 – en même temps que son fils Benjamin qui fait suivre sa signature du mot gabay. Benjamin mourra le 29 janvier 1771 ; son épitaphe suivra le même formulaire espagnol y joignant une épitaphe hébraïque 41. Nous ne trouvons pas Jacob Gradis décédé en 1736 dans la « généalogie simplifiée » de Jean Cavignac. Selon Richard Menkis, il s’identifie à Samuel Gradis qui signe ainsi nombre de délibérations. Reste bizarre l’absence dans l’épitaphe – même en composition – du prénom Samuel sous lequel le défunt était généralement désigné et se désignait lui-même 42. Le 22 octobre 1724 son frère David faisait l’acquisition de ce terrain qui devait servir de cimetière à la Nation 43. 56 Sara de Solas, 1er juillet 1736 G. cirot, Recherches, p. 131 ao. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Cinq lignes. Sa de la BieN aveNtvrada Sara de SolaS f.d a 22 de tamvS. 5496 qve cor.de a p.ro de i vlio 1736.

S(epultur)a de la bienaventurada / Sara de Solas f(alleci)d(a) / a 22 de tamus. 5496 que corresponde a primero de ivlio/1736. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara de Solas, décédé le 22 tamus. 5496 qui correspond au 1er juillet 1736. 41. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 32, 34, 37 et 39, p. 109, 112, 114, § 74, p. 138-142, épitaphe tardive que je publierai ultérieurement. 42. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 152 ; R. meNkiS, « Patriarchs and Patricians : the Gradis Family of Eighteeenth-Century Bordeaux », dans F. maliNo, D. SorkiN, From East to West, Jews in a Changing Europe, 1750-1870, Oxford-Cambridge, Mass., 1991, p. 24, n. 39 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 53-57, 59, 61-64, 68, 70-72. 43. Archives départementales de la Gironde 3 E 400 notaire Pierre Banchereau, publication in extenso dans les Annexes in fine.

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Épitaphes ligne 2 : G. Cirot voir une erreur dans la graphie fd pour Fa : il s’agit ici du participe passé fallecida, décédée. Le 25 janvier 1722 une Sara de Sola parrainait le petit Jacob, fils de David Machado 44. 57 Esther de Samuel Alexandro, juillet 1736 G. cirot, Recherches, p. 125 x. Relevée le 22 mars 1979 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,07, largeur : 0,69. Deux inscriptions séparées par un espace (cf. infra § 67). Inscription supérieure, quatre lignes. Hauteur des lettres, première ligne : 0,07, autres : 0,055 (fig. 16). Sa de eSter hJa de.Samvel a lexaNdro f° a ivlio 1736

Fig. 16. Esther Alexandro, 1737.

44. G. cirot, Recherches, p. 18 ao ; C. darGeloS, Thezoro, § 224, p. 135, orthographié par erreur : Morehado.

163

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a de Ester h(i)ja/ de Samuel/ Alexandro f(alleci)o a/ iulio 1736. Trad.: Sépulture d’Esther, fille de Samuel Alexandro, décédé le … juillet 1736. Le quantième n’a pas été gravé. C’est l’unique occurrence d’une dalle recouvrant deux sépultures. Samuel Alexandre (c. 1697/1700-1768) avait épousé Rachel-Ester Gradis en 1719 : la défunte, décédée à l’âge adulte si l’on se fie à la dimension de la dalle, ne figure pas parmi les enfants du couple répertoriés dans le tableau généalogique de Jean Cavignac 45. 58 Sara-Rachel Paez de Leon, 4 août 1736 Relevée le 22 mars 1979 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,82, largeur : 0,73. Encadrement avec bosse en haut et deux interruptions aux flancs. Huit lignes. Hauteur des lettres : 0,05. Sa de Sara r aqvel paez de leoN f° a 4 aGoSto 1736 qve correSpoNde a

27 de la lvNa de aB 5495

S(epultur)a de/ Sara Raquel/ Paez de Leon/ f(alleci)o a 4 agosto/ 1736 que/ corresponde/ a 27 de la luna/ de ab 5495. Trad. Sépulture de Sara-Rachel Paez de Leon, décédé le 4 août 1736 qui correspond au 27 de la lune d’ab 5495. Un Joseph Payes de Leon est parrain d’un fils de David Payes de Leon entre mars et mai 1709 peut-être décédé le 27 août 1767 (infra § 241). Le 23 avril 1719 un Paez de Leon signe une délibération en tant que parnas de la hevra. Un Abraham Payes de Leon fait circoncire son fils David le 3 décembre 1730 46. On ne sait si l’un d’eux s’identifie à François paez de leoN, auteur d’une Nouvelle arithmétique pour l’utilité des négocians, publié à Bordeaux chez Abegou en 1692 et du Le miroir des négocians contenans cinq tarifs des

45. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 128. 46. C. darGeloS, Thezoro, § 38, p. 121, § 329, p. 144 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 16, p. 90-92.

164

Épitaphes réductions des changes pour Angleterre, Hollande, Hambourg et Paris avec une explication de chaque tarif, publié à Bordeaux chez Guillaume Boudé en 1712. 59 Rique Lopes, 30 août 1736 B. leroy, « Le cimetière », p. 13 Relevée le 20 avril 1978, revue par Béatrice Leroy le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,96, largeur : 0,41. Sept lignes. Hauteur des lettres : première ligne : 0,08, autres : 0,05. S a de r ique lopeS qve f° a 23 elvl 5496

S(epultur)a de/ Rique/ Lopes/ que f(alleci)o / a 23 / elul / 5496. Trad. : Sépulture de Rique Lopes qui décéda le 23 elul 5496. 60 Rachel Garsia, 20 novembre 1736 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription Relevée par Béatrice Leroy le 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur 1,83, largeur : 0,71. Mur à la base. Cadre droit. Huit lignes. Hauteur des lettres, première ligne : 0,065, autres : 0,055. Sa de la BieN aveN tvrada

r ahel GarSia octor lopeS f°. a 17 de qviSleB 5497 qve cor.p. a 20 de 9 Bre. 1736

S(epultur)a de la bien/ aven / turada/ Rahel Garsia/ Octor Lopes/ f(alleci)o a 17 de qvisleb / 5497 que coresponde a/ 20 de 9(viembre) 1736. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Garsia, Octor Lopes, décédée le 17 quisleb 5497 qui correspond au 20 de novembre. 1736. 165

Épigraphie et sotériologie Rien ne manque à la ligne 4 mais le texte reste curieux : la défunte est-elle l’épouse, la veuve ou la fille d’un Octor Lopes, lequel conserve ici un prénom chrétien ? 61 Sara Nuñes, 3 février 1737 G. cirot, Recherches, p. 143 n. 1. Signalement sans transcription. Relevée par Béatrice Leroy le 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,97, largeur : 0,68. Sept lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,06. Au pied, grand cœur, hauteur 0,46, largeur : 0,46, enserrant l’année commune et un arbuste à losange central (fig. 17).

Fig. 17. Sara Nuñes, 1737.

Sa. de la BieN aveNtvrada Sara N v NeS. f°. a. 3. de a dar riSSoN. 5497. qve. correSp. de a. 3. de fevrero. 1737

166

Épitaphes S(epultur)a de la bien/ Aventurada Sara/ Nvnes, f(alleci)o a 3 de/ adar risson / 5497 que/ corresp(on) de a 3 de/ fevrero/1737. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Nunes, décédée le 3 de adar premier 5497 qui correspond au 3 février 1737. Pour le motif du cœur, voir supra § 37, 53. 62 Isaac Alexandro-Lopes, 11 mars 1737 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1, citation sans transcription. Relevée par Béatrice Leroy le 23 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,02, largeur : 0,69. Treize lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, première ligne : 0,08, autres : 0,06, millésime : 0,07. Sa del BieN a

BeNtvrado yShac a lexaNdro lopeS qve f° eN 8 de la lvNa de

Be adar 5497 qve coreSpoNde a

11 de m arco de 1737.

S(epultur) a del / Bien a / benturado/ Yshac /Alexandro / Lopes que/ f(alleci)o en 8/ de la luna de/ be adar/ 5497 que/ coresponde/ a 11 de março/ de 1737. Trad.: Sépulture du bienheureux Isaac Alexandro-Lopes, qui décéda le 8 de la lune de ve-adar 5497 qui correspond au 11 mars 1737. Março, lusisme pour marzo. 63 Abraham fils de Isaac Souza-Henriques, 20 avril 1737 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,18, largeur : 0,72. Encadrement droit sur les côtés, cippe au chevet, coupe concave au pied. Au chevet sous la cippe, une étoile à cinq branches de 0,07 placée au-dessus d’un cœur d’une hauteur de 0,20 surmonte l’épitaphe. Cinq lignes. Hauteur des lettres : 0,075, du millésime : 0,115 (fig. 18). 167

Épigraphie et sotériologie Sa de a B.m hiJo de iShac Souza heNriqveS f°. a. 19 de. N iSaN 5497

S(epultur)a de Ab(raha)m hijo/ de Ishac Souza/ Henriques f(alleci)o/a. 19 de Nisan / 5497. Trad. : Sépulture d’Abraham fils d’Isaac Souza-Henriques, décédé le 19 nisan 5497. Sépulture d’enfant.

Fig. 18. Abraham Souza Henriques, 1737.

64 Ézéchias-Jacob Ramos d’Acosta, 10 mai 1737 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription. Relevée en 1970, révisée par Béatrice Leroy le 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,71 ; largeur : 0,60. Inscription et dessin encadrés, angles droits au pied, arrondis au chevet aboutissant à une petite pointe, en haut, au centre. Au pied motif pyramidal surmonté d’un cercle, hauteur : 0,45, largeur : 0,35. Bordure extérieure de la dalle, légèrement moins élevée que celle-ci. Onze lignes. Hauteur des lettres : initiales : 0,08, autres : 0,05 (fig. 19). 168

Épitaphes

Fig. 19. Ézéchias Jacob Ramos de Acosta, 1737.

Sa del BieN aBeNtvrado

hiSkiav yahacoB r amoS de acoSta f° a 10 de i yar 5497 de qve cor. a 9 de mayo 1737

S(epultur)a del / bien abenturado/ Hiskiav/ Yahacob / Ramos / De Acosta/ f(alleci)o a 10 de iyar/ 5497/ que cor(respon) de/ a 9 de mayo/ 1737. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias-Jacob Ramos de Acosta, décédé le 10 de iyar 5497 qui correspond au 9 mai 1737. La correspondante des dates pose problème : le 10 iyar tombe un samedi, le 9 mai le jeudi précédent. Le décès survint probablement le vendredi 10 mai correspondant au 9 iyar. Un Ramos de Acosta signe une requête transcrite le 6 septembre 1760 47.

47. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 400, p. 418-420

169

Épigraphie et sotériologie 65 Isaac Coen, 17 mai 1737 G. cirot, Recherches, p. 124 (décor), et p. 143, n. 1. Simple signalement. Relevée le 19 avril 1978, révisée par Béatrice Leroy le 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,61, largeur : 0,71. Au pied, motif : deux verges fleuries, un cœur d’où partent deux verges également fleuries, surmontées chacune d’une étoile, hauteur : 0,80, largeur : 0,48, étoiles, haut. : 0,11. Cinq lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,08, autres : 0,06. Sa de iShaq coeN f° a 16 de i yar 54…qve corde a 17 de mayo 1737

S(epultur)a de Ishaq/ Coen f(alleci)o a 16 de/ iyar 54[97] que/ Cor(repon) de a 17 de mayo/1737. Trad. : Sépulture d’Isaac Coen, décédé le 6 de iyar 54[97] qui correspond au 17 mai 1737. Un Isaac Coen parraine par trois fois une circoncision, dont celle de son fils Abraham en 1707, et celles de deux autres garçonnets en 1719 et en 1725 48. Sur cette sépulture apparait la première désignation sacerdotale explicite, accompagnée du motif également sacerdotal, la verge fleurie d’Aaron, frère de Moïse. Le défunt est-il le premier cohen du cimetière ou seulement le premier dont le patronyme s’identifie à la titulature ? Convient-il de dévoiler la qualité aaronide d’autres défunts dont les dalles funéraires portent gravés les mêmes motifs ? 66 Abraham Fagardo 2 juin 1737 G. cirot, Recherches, p. 125, t. 1 n. Relevée par Béatrice Leroy le 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,22 ; largeur : 0,70. Quatre lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,055. Sa de a Braham faGardo f° a 3 de SiBaN 5497

48. C. darGelos, Thezoro, § 15, p. 119 ; § 281, p. 140.

170

Épitaphes S(epultur)a de Abraham / Fagardo f(alleci)o a/ 3 de siban / 5497. Trad. : Sépulture d’Abraham Fagardo, décédé le 3 siban 5497. Venu d’Espagne, un Abraham Fajardo Delvalle est circoncis le 1er juin 1722. Lui-même parraine ses fils Isaac, Jacob, Aaron, David et Salomon le ler juillet 1723. Il s’agit manifestement ici d’un adolescent portant un nom et un prénom voisins 49. 67 Abraham, fils de Samuel Alexandro, juillet 1737 G. cirot, Recherches, p. 125 y, Relevée le 22 mars 1979 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,07, largeur : 0,69. Deux inscriptions séparées (cf. supra § 57) par un espace. Inscription inférieure, quatre lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,055. Sa. de. a Brm hJo. de.Samvel a lexaNdro f° a. ivlio 1739

S(epultur)a de Abr(aha)m h(i)jo/ de Samuel/Alexandro f(allci)o : A Iulio 1737 Trad. : Sépulture d’Abraham, fils de Samuel Alexandro, décédé le … juillet 1737. Le quantième n’a pas été gravé. C’est l’unique occurrence d’une dalle recouvrant deux sépultures. Samuel Alexandre (c. 1697/1700-1768) avait épousé Rachel-Esther Gradis en 1719 : le défunt – probablement un frère d’Esther décédée en juillet 1736, supra § 57, disparu à l’âge adulte si l’on se fie à la dimension de la dalle (?) – ne figure pas parmi les enfants du couple répertoriés dans le tableau généalogique de Jean Cavignac. Samuel Alexandre remplit les fonctions de gabay de la Nation 50. 68 Ézéchias-Jacob de Francia, 9 août 1737 G. cirot, Recherches, p. 143, n. 1. Signalement sans transcription Relevée le 26 février 1979 par Béatrice Leroy.

49. C. darGeloS, Thezoro, § 52, § 225, 226, 227, p. 135 ; § 252, 253, 254, p. 138. 50. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 128 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, Index, p. 615.

171

Épigraphie et sotériologie Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,81 ; largeur : 0,74. Cadre droit avec bosse au chevet. Neuf lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,06. Une étoile à cinq branches, hauteur et largeur 0,12 surmonte l’épitaphe. Sa del BieNaveNtvrad° hiSqviyav JacoB de fraNcia. f° a 15 de a B 5497 qve correSp.de a 9 de aGoSto 1737

S(epultur)a del / Bienaventurado/ Hisqviyav /Jacob de/ Francia. f(allecio)/ a 15 de ab 5497/ que corresp(on)de/ a 9 de agosto/ 1737. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias-Jacob de Francia, décédé le 15 ab 5497 qui correspond au 9 août 1737. Il s’agirait du premier fils de Georges Francia I bourgeois de Bordeaux, dit Gaspard-Jacob né avant 1672. Il épousa le 8 décembre 1707 Rachel-Louise Alvares. Leur fils Samuel-Gaspard (1727-1775) épousera en 1769 Esther sœur de Salomon Lopès-Dubec. Son frère cadet Georges alias Abraham-Benjamin de Francia mourra le 10 décembre 1739 (infra § 85). Le troisième frère, le « banquier”, Salomon de Francia alias Antonio mourra le 10 octobre 1760 (infra § 202). Il fut un des acquéreurs du cimetière le 18 novembre 1728. Pour d’autres sépultures Francia cf. supra § 5, 15, et 25 et infra § 85, 202 et 224 et pour l’histoire de la famille on se reportera aux travaux de Jean Cavignac 51. 69 Isaac Gradis, 12 décembre 1737 Inscription inédite, relevée par Béatrice Leroy le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,65. Encadrement avec bosse au chevet. Huit lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,065, autres : 0,045. Au pied trois étoiles à cinq branches dont une à l’intérieur de chaque angle de l’encadrement, la troisième au-dessus entre les deux autres, hauteur de la première : 0,12, autres : 0,18 ; tracé irrégulier.

51. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 41-45.

172

Épitaphes Sa del BieNaveNtvr ado

iShac GradiS 16 de quiSleB 5498 qve

f° a

correSpoNde 12 de x Bre

a

1737

S(epultur)a del/ bienaventurado/ Ishac Gradis/ f(alleci)o a 16 de quisleb / 5498 que/ corresponde/ a 12 de x (cem)bre/ 1737. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Gradis, décédé le 16 quisleb 5498 qui correspond au 12 de décembre1737. Le 1er janvier 1711 Isaac Gradis et sa fille Sara parrainaient le petit Isaac, fils d’Isaac Dias 52 (voir supra § 6 et 55). 70 Léa Pereyra, 25 décembre 1737 G. cirot, Recherches, p. 123 p. Relevée le 26 février 1979 par Béatrice Leroy. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,78 ; largeur : 0,68. Encadrement aux angles brisés au chevet, arrondis (concaves) au pied. Largeur de l’oblique : 0,24, de l’angle arrondi : 0, 055. Sept lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,06. Surmonte l’inscription une étoile à cinq branches, hauteur et largeur : 0,20. Fragment supérieur droit de la dalle détruit. Sa de lea pereyra. f° eN 3 de lvNa de t eBet 5498 eN 25 deSyemBre

1737

S(epultur)a de Lea/ Pereyra. F(alleci)°/ en 3 de luna/ de tebet 5498/ en 25/ desyembre/1737. Trad.: Sépulture de Léa Pereyra, décédée le 3 de la lune de tebet, le 25 décembre 1737.

52. C. darGeloS, Thezoro, § 51, p. 122 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 52 sq. ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, Index p. 617.

173

Épigraphie et sotériologie S’agit-il de l’épouse de Nunes Pereyre, seigneur de la Menaude prénommée Ester sur une demande d’inhumation visée le 24 décembre 1737 et dont voici la teneur : Suplie humblement David Azevedo, marchand juif de cette ville dizant que Ester Pereyre, femme de Nunes-Pereyre, seigneur de la Menaude, âgée de soixante-cinq ans est décédée la nuit dernière, et comme le dit seigneur désire la faire inhumer aux formes ordinaires, il vous présente sa requette. Ce considéré, il vous plaise de vos grâces permettre audit de fer inhumer le corps de la dite Pereyre dans le lieu acoutumé et aux formes ordinaires et fairez bien. David Azevedo, Theuret. Soit communiqué au Procureur syndic, à Bordeaux dans l’hôtel de ville, le 24 décembre 1737. Galibert jurat. N’empêchons la permission requise en observant ce qui se pratique en pareil cas, à Bordeaux le vingt-quatre décembre mil sept cens trente-sept (non signé). Les maire, soumaire & jurats. Gouverneurs de Bordeaux, juges criminels et de police, du consentement du procureur syndic de la ville, faisant droit aux conclusions de la présente requête, ont permis et permettent au supliant de faire inhumer dans le lieu ordinaire le corps d’Ester Pereyre, femme de Pereyre, juifve, âgée de soixante-cinq ans, décédée la nuit dernière, en observant ce qui se pratique en pareil cas, fait à Bordeaux dans l’hôtel de ville le vingt-quatre décembre mil sept cens trente-sept, Galibert, jurat 53.

Il s’agirait de Joseph Nunes Péreire « qui se rendit adjudicataire le 7 septembre 1720 de la vicomté de la Ménaude et de la baronnie d’Ambés, saisies sur les héritiers de M. de La Chèze, conseiller au Parlement, et qu’à partir de ce jour, il se titra : seigneur vicomte de La Ménaude et baron d’Ambès ». Son fils qui, selon Théophile Malvezin « s’était fait catholique », Jacques Nunes Pereyra, « écuyer, seigneur-vicomte de la Ménaude, baron d’Ambès, seigneur de la Colineyra en Portugal et autre lieux, [qui] a représenté ses lettres de bourgeoisie du 26 janvier 1760 » 54. L’acte de mariage de « messire Jacques

53. Acte publié par G. cirot, Recherches p. 140-141, n. 4. 54. Livre des Bourgeois de Bordeaux (xviie-xviiie siècles, Société des Archives Historiques de la Gironde, Bordeaux 1898, n° 255, p. 207 (année 1762). Sur cette seigneurie, cf. Th. malveziN, Histoire, p. 231-232, qui cite les Lettres patentes accordées au fils à Metz en août 1744 par Louis XV d’après l’enregistrement au Parlement de Bordeaux du 10 décembre 1744, Archives départementales, Parlement vol. 87, f° 19 (à vérifier) et reprend avec de sérieuses réserves l’affirmation de Fr. michel, Histoire du Commerce et de la Navigation à Bordeaux principalement sous la domination anglaise, Bordeaux 1867-1870, II, p. 436 selon laquelle ce seigneur « avait le droit de présenter aux cures de sa seigneurie ». Acte de mariage de Jacques Nunes Pereyre, Archives municipales GG 361 § 270, partiellement transcrit par G. cirot, Recherches, p. 161 et n. 3, qui renvoie pour l’acte de baptème de Guillaume-Urbain à l’Inventaire sommaire des Archives départementales de la Gironde E suppl. 809. L’étude d’E. oliel-GrauSz « Résolutions de litiges commerciaux et circulations transnationales au début du xviiie siècle : l’affaire Pimenta-Nunes Pereira », Archives juives 47/2 (2014), p. 77-90, projette une lumière neuve sur cette famille.

174

Épitaphes Nunes Pereyre écuyer advocat en Parlement seigneur vicomte de la Menaude, baron d’Ambès, seigneur de Colmeire en Portugal et autres lieux… fils légitime de Joseph Nunes Pereyre écuyer et de dame Éléonore Josephe de Morales, avec Marie Pontet » porté au registre de la paroisse Sainte-Eulalie le 5 août 1739 renvoie-t-il à un autre prénom de la défunte ou à celui d’une première épouse de son père ? D’un frère de Jacques, prénommé Guillaume-Urbain, un registre d’Ambarès préserve la mention d’un baptème le 4 décembre 1735. La datation du décès – et partant l’identification de la défunte – présente deux difficultés : au 3 tevet 5498 correspond le 26 décembre 1737 ; le décès serait donc survenu le 25 décembre après la tombée de la nuit. La demande d’inhumation fait état, le 24 décembre, d’un décès survenu la veille, soit le 23 décembre : il faudrait admettre que, faute de pouvoir dater le permis d’inhumer le 25 décembre, jour de Noël on aurait antidaté le formulaire réglementaire. 71 Isaac Lameira, 8 janvier 1738 Relevée le 19 avril 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,91, largeur : 0,72. Encadrement aux angles arrondis (concaves), hauteur de l’angle : 0,10. Huit lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,06, autres : 0,05. Au chevet, une étoile. Sa del BieN aveNtvrado

iShaq lameira f° a 14 de teBet 5498 qve correSpoNde a

8 de heNero 1738

S(epultur) a del bien/ aventurado/ Ishaq Lameira/f(alleci)° a 14 de tebet / 5498 que/ corresponde/ a 8 de henero/ 1738. Trad.: Sépulture du bienheureux Isaac Lameira, décédé le 14 tebet 5498 qui correspond au 8 janvier 1738. S’agit-il d’Isaac Lameira de La Rochelle, circoncis à l’âge de quatorze ans le 27 mars 1713 ? Nous ne retrouvons pas d’Isaac parvenu à l’âge adulte dans les nombreux porteurs du patronyme Lameira dans la Nation au xviiie siècle 55.

55. C. darGeloS, Thezoro, § 75, p. 124 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 61-62 et 154 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, Index p. 630.

175

Épigraphie et sotériologie 72 Judith Fernandez de Medina, 20 mars 1738 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,17, largeur : 0,34. Huit lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,06, autres : 0,045. Sa de ievdic fz de mediNa f° a 28 de a dar 5498 qve cor de a 20 marco

1738

S(epultur)a de Ieudic/ F(ernande)z de Medina/ f(alleci)° a 28 de/ adar / 5498 que/ cor(respon) de a 20/ marco/1738. Trad.: Sépulture de Judith Fernandez de Medina, décédée le 28 adar 5498 qui correspond au 20 mars 1738. 73 Rachel de Sossa-Silva, 4 mai 1738 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,06, largeur : 0,61. Neuf lignes. Hauteur des lettres : 0,05. Sépulture endommagée : ni quantième ni mois hébraïque. aqvy yaSe la Sa r ahel de S oSSa Silva qve fallecio eN…. 5498 qve co rreSpoNde a

4 mayo 1738

Aqvy yase la/ S(eñor)a Rahel de S/ossa-Silva/ que fallecio/ en (14 iyar) / 5498 que co/ rresponde/ a 4 mayo/1738. Trad.: Ci-gît Dame Rachel de Sossa-Silva, qui décéda le (14 iyar) 5498 qui correspond au 4 mai 1738. Incipit déviant pouvant s’expliquer par l’influence du formulaire français. Adulte puisque Señora, Dame, la défunte était de très petite taille.

176

Épitaphes 74 Sara Lopes-Siera, 21 juillet 1738 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,40 (?) ; largeur : 0,60. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,05. Au pied, lune, hauteur 0,11. Sa de la BieN a a B Sara

lopeS Siera. f° a.6.de a B 5498 qve corpde a

21 Jvlio 1738

S(epultur)a/ de la bien/ Ab(enturad) a Sara/Lopes/ Siera f(alleci)o/ a 6.de ab / 5498 que/cor(res)p(on)de a/ 21 julio/1738. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Lopes Siera, décédée le 6 ab 5498 qui correspond au 21 juillet 1738. 75 Sara Lopes-Silva, 21 juillet 1738 Relevée le 2 avril 1978. Dalle calcaire blanc arrondie au chevet. Hauteur : 1,22, largeur : 0,50. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,06. Au pied, croissant de lune avec profil humain et une étoile, hauteurs respectives : 0,13 et 0,08. 0,11. Sa de Sara lopeS Silva f° a 6 de a B 5498

qve coreSpde a

21 Jvlio 1738.

S(epultur) a de/ Sara Lopes/ Silva f(alleci)° a 6 / de ab 5498 / que coresp(on) de /a 21 julio/1738. Trad. : Sépulture de Sara Lopes Silva, décédée le 6 ab 5498 qui correspond au 21 juillet 1738. Deux Sara Lopes moururent le 21 juillet 1738 : nous n’identifions aucune des deux. 177

Épigraphie et sotériologie 76 Sara de Robles, 24 août 1738 Relevée le 2 avril 1978, révisée par Béatrice Leroy le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,04 ; largeur : 0,64. Six lignes. Hauteur des lettres : première ligne : 0,07, autres : 0,06. S .a de Sara de. roBleS. f° a. 8 .de. lvNa. de. elvl .5498 de qve corp . a .aGto. 1738

S(epultur)a de Sara/ de Robles F(alleci)° a/ 8 de luna de/ elul 5498/ que cor(res)p(on)de a/(24) .agosto 1738. Trad. : Sépulture de Sara de Robles, décédé le 8 de la lune d’elul 5498 qui correspond au (24) août 1738. L’espace prévu pour le quantième civil n’a pas reçu de gravure. Sépulture d’une fillette. 77 Ézéchias-David-Benjamin Pinto, 11 octobre 1738 G. cirot, Recherches, p. 122 k. B. leroy, « Le cimetière du cours de la Marne », p. 13. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,70. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Neuf lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,06. Motif complexe, arbre avec losange central, hauteur : 0,47, largeur : 0,41 (fig. 20). Sa de

aBaivr.

hiSqvieyav.david

BeNJamiN piNto. f° a.28 de tiSdri

5499.qve. Bre cor.de a. 11.de. 8 1738

S(epultur)a de/ abaivr./ Hisqvilyav.David/ Beniamim/ Pinto. F(alleci)° a.28/de tisdri / 5499.que./cor(respon).de a. 11.de. octobre / 1738. Trad. : Sépulture de l’adolescent Ézéchias-.David-Benjamin Pinto, décédé le 28 tisri 5499 qui correspond au 11 octobre 1738. 178

Épitaphes Abaiur (le i a valeur et prononciation de jota) = ‫ הבחור‬hébreu adolescent, désignant souvent un étudiant de Yeshiva. Le motif Es Hayyim, l’arbre de vie – équivalent de la Tora : « Elle est un arbre de vie pour ceux qui s’en rendent maîtres, s’y attacher, c’est s’assurer la félicité » (Pr 3,18) – confirmerait cette hypothèse.

Fig. 20. Ézéchias David Benjamin Pinto, 1738.

179

Épigraphie et sotériologie 78 Abigaïl Silvera de Mates, 29 novembre 1738

Fig. 21. Abigaïl Silvera de Mates, 1739.

Inédite, révisée le 24 avril 1978. Dalle calcaire blanc. Dimensions omises. Angles coupés (fig. 21). Sa de la BieN aveNtvrada

a BiGail Silvera de m ateS f° a 17 de qviSlev 5499 qve corp.de a. 1739 (sic )

S(epultur)a / de la/ bienaventurada/Abigail / Silvera/ de Mates f° F(alleci)° a 17/ de quislev 5499/ que cor(es)p(on)de/ a. 1739 (sic). Trad.: Sépulture de la bienheureuse Abigail Silvera de Mates, décédée le 17 quislev 5499 qui correspond au (29 novembre)1738 (gravé 1739 par erreur). L’erreur sur le millésime chrétien surprend : du fait que l’année juive nouvelle commençait à l’automne, le graveur appliquait-il automatiquement la correspondance par addition du nombre 240 au petit comput de la Création ? Ignorait-il vraiment l’année courante 1738 ?

180

Épitaphes 79 Joseph Falcon, 2 décembre 1738

Fig. 22. Joseph Falcon, 1738, monument dit Ohalim.

G. cirot, Recherches, p. 131-132 bk. Hébreu non transcrit. Dimensions omises. Pyramide calcaire blanc dite ohalim, hébreu littéralement : tentes 56. Sur une face, gravure espagnole, sur l’autre, gravure hébraïque avec motif : cartouche circulaire avec envasements supérieur et inférieur renfermant les balances de la justice. Vingt-quatre lignes espagnoles, douze lignes hébraïques suivies de trois lignes espagnoles signalant que la dalle funéraire fut offerte par David Lindo (fig. 22, 23, 24).

56. Cf. M. StudemuNd-h alévy, Biographisches Lexikon der Hamburger Sefarden, Die Grabinschriften des Portugiesenfriedhofs an der Königstasse in Hambourg-Altona, Hambourg 2000, p. 110 ; on trouvera dans cet ouvrage d’une extrême richesse des exemples plus élaborés de pyramides du cimetière portugais de Hambourg, pl. hors texte III et VI, entre les p. 151 et 152.

181

Épigraphie et sotériologie Sepvltvra del Sr. h aham.el. perfecto. pio.

i hvmilde el JveS SeNalado.el. m aeStro.a famado.t eholoGo diviNo.r iBy. ioSeph.falcom de i ervSalaim.Sr. del lvGar iamoStraN iuStedad.i caBeSa.

de la ieSiva.eN.el kk de. Bordevx. falecio.eN.21. del meS de kiSlev aNo

5409 a la criacioN.del. m vNdo.qve. corde xBre.1738 Sv. alma. atada.eN.el atadero.de.laS vidaS.

Sepultura del/señor Haham. el. / perfecto. Pio./I humilde el jues/ senalado. el./Maestro.a/famado.Tehologo/divino.Riby./Ioseph.Falcom/ de Ierusalaim.señor. del / lugar i amostran / iustedad.i cabesa./ de la iesiva. en.el/ K (aha) K (ados) de. Bordeux./Falecio.en.21. del/ mes de kislev año/ 5409 a la criacion.del./ Mundo. que. cor(repon) de (a) [ 2] / decembre 1738/ Su. alma./ Atada.en.el/ Atadero.de.las/ Vidas./ Trad. : Sépulture du seigneur Haham, le parfait, pieux et humble, le juge signalé, le maître renommé, théologien divin, Riby Joseph Falcon de Jérusalem, seigneur du lieu et dispensateur de justice et chef de la Yeshiva en la Sainte Communauté de Bordeaux. Décédé le 21 du mois de kislev, l’an 5499 de la Création du Monde qui correspond au [2] décembre 1738. [Puisse] son âme [être] ensachée au sachet de la vie.

182

‫‪Épitaphes‬‬ ‫מצבת קבורת‬ ‫החכם השלם‬ ‫הדיין המצויין‬ ‫הרב המקובל‬ ‫האלהי רבי יוסף פאלקון‬ ‫מירושלים מריה‬ ‫דאתרא ומורה‬ ‫צדק וריש מתיבתא‬ ‫בק״ק בורדיאוס‬ ‫נפטר לב(ית) (עולמו)כ״א‬ ‫לחדש כסליו‬ ‫שנת תצ״ט‬ ‫ליצירה תנצב״ה‬ ‫‪dada pr el‬‬

‫‪liNdo‬‬

‫‪Sr.‬‬

‫)‪FIg. 23 et 24. Joseph Falcon, 1738, versant hébraïque (à gauche‬‬ ‫‪et versant espagnol (à droite).‬‬

‫‪183‬‬

Épigraphie et sotériologie Translittération : Masevat qevurat/ he-hakham ha-shalem/ ha-dayyan ha-mesuyyan/ ha-rav ha-mequbbal/ ha-elahi Rabbi Yosef Falcon/ m-Irushalayyim mareh/ de-atra u-moreh/ sedeq resh metivta/be-Q(ahal) Q(ado·) Burdeus/ niftar le-v(et) ‘(olamo) ‘esserim we-ehad/le-hodesh kislev/ shnat hetav-sade-tet/ la-yesira, tav-nun-sade-beyt- he. Trad.: Stèle funéraire du Haham parfait, pieux, le juge signalé, le rabbin kabbaliste divin, Riby Joseph Falcon de Jérusalem, seigneur du lieu, dispensateur de justice et recteur de la Yeshiva en la Sainte Communauté de Bordeaux. Parti vers sa maison d’éternité le 21 du mois de kislev, l’an 5409 de la Création [Puisse] son âme [être] ensachée au sachet de la vie (1 S 25,29). Donnée par le seigneur Don sieur David Lindo. Plusieurs expressions espagnoles calquent des expressions hébraïques : haham el perfecto : ‫ החכם השלם‬pio y humilde : ‫( חסיד ועניו‬celle-ci ne figure pas dans l’épitaphe hébraïque), el jues señalado : ‫ הדיין המצויין‬el maestro afamado ‫( המורה המפורסם‬celle-ci ne figure pas dans l’épitaphe hébraïque), amostran justedad ‫מורה צדק‬, señor del lugar ‫מריה דאתרא‬, cabesa de la iesiba ‫ריש מתיבתא‬. Dans l’espagnol le calque de l’explicit ‫חיים‬, les vivants ou : la vie, s’avère parfait puisqu’il rend le pluriel de l’hébreu par vidas, les vies : en ce monde et dans l’autre. Né à Jérusalem comme le gravent les épitaphes hébraïque et espagnole, Joseph Falcon est-il le fils du hakham Jacob Falcon dont la veuve émarge au rôle des allocataires dressé en 1706 en faveur de Jérusalem par la Nation portugaise d’Amsterdam 57 ? Joseph Falcon avait épousé Rachel Gomes qui mourut à soixante-huit ans le 15 mai 1754 58. Le couple faisait circoncire le 7 janvier 1715 un fils prénommé Jacob-Jeuda – peut-être d’après le nom de son grand-père le rabbin décédé à Jérusalem avant 1706. Ce fils mourait à l’âge de trente ans le 1er juillet 1745 59. Joseph Falcon avait fait circoncire le 27 juillet 1717 un deuxième fils prénommé Abraham et le 30 mars 1721 un troisième fils prénommé Isak-AbrahamBenjamin 60. Il avait eu aussi une fille prénommée Rachel. Deux ans après le décès de son père en octobre 1740, Rachel Falcon (c. 1722-14 novembre 1788) épousait en effet un marchand de toile nommé Abraham Léon qui exerçait également une fonction rabbinique et ouvrait la lignée dont descend M. JeanPaul Léon 61.

57. Amsterdam, Stadsarchief, PA 334 20 p. 416, document publié dans mon livre Métropoles et périphéries sefarades d’Occident. Kairouan, Amsterdam, Bayonne, Bordeaux, Jérusalem. Paris 1993, n° 65, p. 226 58. Archives municipales, GG 845 § 370. 59. Archives municipales, GG 845 § 122. 60. C. darGeloS, Thezoro, § 101, p. 126, § 129, p. 128, § 198, p. 133. 61. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 249.

184

Épitaphes Joseph Falcon prend part à nombre de délibérations de la Nation à partir du 21 avril 1716 : sur la fabrication sous son contrôle du vin kasser le 27 août 1719, sur sa rétribution pour ce contrôle le 10 juillet 1719, sur la destitution d’un maître d’école le 25 décembre 1731, sur la fixation du prix du pain azyme le 7 janvier 1733, sur les secours accordés à la cité de Hébron le 11 septembre 1733, sur les mesures coercitives contre les mariages clandestins le 20 janvier 1736. La même année sans doute il consent une approbation au recueil de consultations rabbiniques de Simon ben Sémah Duran à la demande de l’éditeur du recueil, le rabbin algérois Méir Cresques ben Nathanael, approbation imprimée à Amsterdam en 1739 et figurant en tête du volume – la seule composition hébraïque imprimée que nous connaissions de lui –. Les 7 avril 1737 et 5 janvier 1738 la Nation lui concède ainsi qu’à Jacob Athias le contrôle de la fabrication de vins. Après le décès de Joseph Falcon survenu le 2 décembre 1738, la Nation accorde à sa veuve une pension annuelle de trois cents livres. La Nation choisit pour lui succéder Jacob Athias avec lequel il partageait en fait ses fonctions rabbiniques depuis plusieurs années 62. La pieuse confrérie Guemilouth Hassadim aurait été fondée le 13 août 1730 par « le vénérable grand rabbin Falcon » auquel la communauté bordelaise attribue en outre certaines coutumes liturgiques issues de Jérusalem 63. David Lindo, le généreux bienfaiteur qui prit en charge le monument du rabbin vénéré, passait pour un négociant fortuné spécialisé en vins et produits coloniaux. Sa famille comptait une branche opulente à La Jamaïque dont l’histoire a fait l’objet d’un ouvrage récent. On dispose des papiers commerciaux de la maison David Lindo pour les années 1730 à 1742 64. Trois ans après le décès de Joseph Falcon, David Lindo mit son fils en pension à Bayonne chez Jacob Pereyra-Brandon afin d’y parfaire son éducation religieuse 65. L’épouse de David Lindo, Esther Lindo mourut le 21 mai 1762 et fut inhumée dans le même cimetière (infra § 211).

62. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 11, p. 86, § 19 p. 96-97, § 20, p. 98-99, 58, p. 125-126, §63, p. 129-131, § 168 p. 133-134, § 74-75, p. 138-142, Simon b. Simah duraN, Sefer haTashbas, Amsterdam 1739 ; S. SchWarzfuchS, Registre, § 79 et 80, p. 144-146, § 85, p. 85, p. 140-150. 63. Déclaration de la confrérie en 1903, Archives de la Gironde, I V 285. En-tête imprimé de correspondance au xxe siècle Guemilouth-Hassadim, Société de Secours Mutuels Israélite libre de Bordeaux (N°2) Fondée en 1730 par M. le Grand Rabbin Falcon, supra, p. 43, fig. 3. 64. Cf. Th. malveziN, Histoire, p. 162 et 287 ; C. roth, Encyclopaedia Judaica II, col. 259260 ; J. raNStoN, The Lindo Legacy, Londres 2000. F. Giteau (dir .), A. BetGé-Brezetz, Répertoire numérique du Fonds des négociants (7 B 1001 à 3154), Bordeaux 1960, cf. 7 B 1590-1623, p. 20-212. 65. G. NahoN, « From Bayonne to Bordeaux : two Portuguese Letters of 1741 », The Sephardic Scholar, 3e série (1977-1978), p. 48-62.

185

Épigraphie et sotériologie Avec cette sépulture apparaissent pour la première fois à Bordeaux, un monument « rabbinique » classique, une titulature rabbinique complète, l’eulogie finale traditionnelle empruntée à la bénédiction d’Abigaïl au jeune David en 1 S 25,29, « l’existence de mon seigneur restera ensachée au sachet de la vie que protège le Seigneur ton Dieu ». 80 Jacob Gomes-Silba, 14 janvier 1739 G. cirot, Recherches, p. 124. Épitaphe non transcrite : décor seulement. Relevée par Béatrice Leroy le 26 février 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,86, largeur : 0,72. Dix lignes. Motif : deux s inclinés de chaque côté du mot qve. Au pied, arbuste surmonté de losange, de deux petits cercles, d’un petit triangle ; une étoile de chaque côté de l’arbuste. Hauteur du motif : 0,50, largeur : 0,46 ; hauteur et largeur des étoiles : 0,15. Bordure arrondie au chevet, s’ouvrant au milieu sur deux crochets. Dalle à côté du mur (fig. 25).

Fig. 25. Jacob Gomes Silba, 1739.

186

Épitaphes Sa del

BieNaveNtvrad°

i ahacoB GomeS SilBa f° a 5 de SeBat de 5499 qve correSpoNde

14 heNer 1739 a

de

S(epultur) a del / bienaventvrado / Iahacob Gomes / Silba f(alleci)° a 5 de / sebat de 5499 / qve /corresponde / a 14 / de Hener(o) / 1739. Trad.: Sépulture du bienheureux Jacob Gomes Silba, décédé le 5 sebat 5499 qui correspond au 14 janvier 1739. Symbole possible de l’arbre de vie identifié à la Tora dont le défunt aurait été un étudiant zélé ; encore que fort âgé. Jacob Gomes Silva, dit Silva jeune, mourut à l’âge de quatre-vingt-dix ans selon la notice du Registre des morts de la Nation portugaise de la Ville de Bordeaux, commencé le 9 janvier 1739, l’État-civil particulier de la Nation qui dispense les familles de déclarer leurs décès au curé de leur paroisse 66. 81 Rébecca Lopes de Pas, 24 avril 1739 Dalle calcaire blanc brisée, date illisible. Premier fragment, hauteur : 0,14 deuxième : 0,71, largeur des deux fragments : 0,49. Chevet arrondi angles arrondis (concaves) au pied. Cinq lignes. Hauteur des lettres, première ligne : 0,55, autres : 0,045. Au pied motif un cœur, hauteur et largeur : 0,25. r iBca lopoS de paS hiJa de moSeh lopeS de paS, f° a. de NiSaN

Sa de

S(epultur)a de Ribca Lopes/ de Pas hija de / Moseh Lopes/de Pas, f(alleci)° a (16) de/nisan. Traduction : Sépulture de Rébecca Lopes de Pas, fille de Moïse Lopes de Pas, décédée le 16 de nissan [5499].

66. Archives Municipales de Bordeaux GG 845 § 4.

187

Épigraphie et sotériologie Nous rétablissons les dates lacunaires de l’épitaphe au moyen du Registre des morts qui signale qu’elle mourut le 24 avril 1739 « dans la troisième année de son âge » 67. 82 Sara-Esther Mendes Gradis, 10 juin 1739 Ohalim (double dalle). Hauteur : 1,69, largeur : 0,53. Cadre rectiligne. Dix lignes. Au pied motif : deux rameaux croisés. Inscription hébraïque sur l’autre dalle (fig. 26).

Fig. 26. Sara Esther Mendes Gradis, 1739, portion hébraïque.

Sa de la BieN aveNtvrada

SeNora Sara eSter meNdeS GradiS mvGer de david GradiS fallecio eN dieS de J vNio aNo 1739

67. Archives Municipales de Bordeaux GG 845 § 13.

188

Épitaphes S(epultur)a de la bien/aventurada/ Señora Sara/Ester Mendes/ Gradis muger/ de David/Gradis/ Fallecio / en dies de junio/ año 1739. Trad. Sépulture de la bienheureuse Dame Sara-Esther Mendes-Gradis, femme de David Gradis. Décédée le 10 juin l’an 1739. ‫מצבת האשה‬ ‫הכבודה והצנועה‬ ‫והנכבדת מרת‬ ‫שרה אסתר גראדיש‬ ‫מינדיש אשת דוד‬ ‫גראדיש יצ״ו‬ ‫נפטרת בארבעה‬ ‫ימים לחדש ניסן‬ ‫שנת ליצירה‬ ‫התצ״ט תנצב״ה‬ ‫אכי״ל‬

Ligne 8 in fine, gravure erronée du mois de ‫ ניסן‬nissan, corriger ‫ סיון‬sivan. Trad. Stèle « de la femme honorable et chaste et vénérée Dame SaraEsther Gradis-Mendes épouse de David Gradis – Que son Rocher et Rédempteur le garde –, décédée le quatre du mois de nissan, l’an de la Création 5499. [Puisse] son âme [être] liée au faisceau des Vies (1 S 25,29). Amen. Ainsi soitil à jamais. Dans la portion espagnole de l’épitaphe, le patronyme composé de la défunte suit l’usage portugais qui place en premier lieu le patronyme de jeune fille, celui du mari venant après, l’hébreu restituant au patronyme de l’époux un premier rang. Prénommée Sara alias Marie Mendes-Moreno, elle avait épousé le 15 avril 1695 David Gradis, fondateur de la firme D. Gradis et Fils. Elle lui donna deux fils, Abraham et Samuel et et cinq filles Sara, Hana, Rachel, Esther et Rébecca. Son fils ainé Abraham devint l’armateur bien connu de la marine royale 68. Son mari avait acquis en son propre nom le 22 octobre 1724 cette parcelle à usage de cimetière, parcelle qu’il rétrocéda à la Nation quatre ans plus tard le 18 novembre 1728. David Gradis exerçait le syndicat de la Nation en 1718 et la charge d’adjoint l’année suivante. Il signe plusieurs délibérations avant d’être élu en lieu et place de Jacob Lopes de Paz dont l’élection est invalidée pour cause de parenté avec les autres élus 69.

68. J. de maupaSSaNt, Un grand armateur de Bordeaux, Abraham Gradis (l699 ?-l780). Bordeaux 1917, p. 5 et 22. 69. Actes publiés supra, S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 15 p. 28, § 16 p. 90, § 40 p. 116.

189

Épigraphie et sotériologie Esther avait perdu ses beaux-frères Ézéchias alias Antoine Gradis le 26 mai 1726 (supra § 6) et Ézéchias-Jacob alias Samuel Gradis le 25 janvier 1736 (supra § 55). Isaac Gradis décédé le 12 décembre 1737 (supra § 69) manque au tableau généalogique des Gradis dressé par Jean Cavignac 70. Apparaissent pour la première fois dans le cimetière les sigles traditionnels ‫ יצ׳׳ו‬pour ‫ ישמרהו צורו וגואלו‬Que son Rocher et Rédempteur le garde ‫אכי׳׳ר‬ pour ‫ אמן כן יהיה רצון‬Amen, qu’ainsi soit la volonté divine, ici plus rare ‫ אכיל‬qui pourrait s’interpréter Ainsi soit Sa volonté pour toujours. Elle mourut à l’âge de soixante-quatre ans 71. 83 Rébecca-Esther Lopes-Pereira, 12 novembre 1739 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,80, largeur : 0, 055. Hauteur des lettres : 0, 05, N inversé (fig. 27). N° 1 Sa de la BN aBar iBca eSter lopeS pere ira faleSio a 11 heSBaN 5500 que c oreSpoNde a

12 NoBre 1739

N° 1/ S(epultur)a de la b(ie)n ab(enturad)a R / ibca Ester / Lopes Pere / ira. Falesio / a 11 hesban / 5500 que c/oresponde a / 12 no (viem)bre 1739. Trad. N° 1. Sépulture de la bienheureuse Rebecca-Esther Lopes-Pereira, décédée le 11 hesban 5500 qui correspond au 12 novembre 1739. En dépit de sa petite taille, il s’agit bien d’une sépulture d’adulte, celle de Ribeka de Torres, épouse d’Izaac Lopez Pereyra dit Soya, qui décéda à trente quatre ans 72. Le numéro initial pourrait renvoyer à une série de dalles de taille modique offertes par la Hebra, la pieuse confrérie du Dernier Devoir ou par la pieuse confrérie Tifferet Salom « Parure de paix ». Par la suite nous trouverons deux dalles numérotées 4 par la Hebra le 19 novembre 1742 (§ 102) et 3 par la Hebra Tifferet Zalom le 7 janvier 1749 (§ 143).

70. J. caviGNac, Dictionnaire p. 152. 71. Archives municipales de Bordeaux, GG 845 § 17. 72. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 22.

190

Épitaphes

Fig. 27. Rébecca Esther Lopes Pereira, 1739.

84 Abigail de Fonsequa, 25 novembre 1739 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,84, largeur : 0,55, Hauteur des lettres : 0,05. Cassure en haut à gauche. Lettre N inversée. Neuf lignes. Tombe de fillette (fig. 28). Sa de la BieN a BeNtvrad da a Biqail de foNSeqv a f° a 25 he SBaN 5500 q ve coreSpo

25 1739

Nde a NBre

S(epultur) a de la bien / Abentura / da Abiqail / de Fonsequ/a, f(alleci)° a 25 he /sban 5500 q / ue corespo / nde a 25 / n(oviem) bre 1739. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Abigaïl de Fonsequa, décédée le 25 hesban 5500 qui correspond au 25 novembre 1739. Comme la précédente cette épitaphe coupe les mots, peut-être pour souligner qu’une jeune vie était trop tôt fauchée. Pas de mention au Registre des Morts.

191

Épigraphie et sotériologie

Fig. 28. Abigaïl de Fonsequa, 1739.

85 Abraham-Benjamin-George [II] de Francia, 10 décembre 1739 G. cirot, Recherches, p. 130-131 bg. Inscription hébraïque signalée mais non transcrite par Cirot. Pierre retrouvée le 20 mai 2011, clichés P 1010175 (ensemble) P 1010177 ( hébreu) P 1010176 (espagnol); aucune dimension. Vingt-cinq lignes en espagnol, dixhuit en hébreu. « Sépulture en dos d’âne », dite ohalim (fig. 29, 30). ‫מצבת קבורת‬ ‫הגביר הנעלה‬ ‫אברהם בנימין‬ ‫די פראנציאה‬ ‫לעניי עירו בכל‬ ‫שנה בשנה‬ ‫נתן זהב וכסף‬ ‫מוצא בצדקתו‬ ‫להשיא יתומות‬ ‫ההוא גברא נטע‬ ‫אהל לתת בארץ‬ ‫הקדושה להיות‬ ‫ישיבה במעלה‬ ‫נפטר בחדש‬ ‫כיסלו בתשעה‬ ‫בשנת ת״ק‬ ‫ליצירה‬ ‫תנצב״ה‬

192

Épitaphes Traduction de l’hébreu : Stèle funéraire De l’éminent notable Abraham-Benjamin De Francia. Aux pauvres de sa ville, en toute Année et année Il donna or et argent. Il trouva dans sa charité A marier des orphelines. Cet homme planta Une tente pour donner en Terre Sainte qui soit Une demeure d’en Haut. Il s’en fut au mois De kislev le neuf En l’an 5.500 De la Création Que son âme soit ensachée au sachet de la vie. pedra.de Sepvlcro.del SvBlimado. a Bm. BiNyamiN.de. fraNcia.a.Nval. meNte.a.loS preS de.Sv.civdad.coN maNo.amplia. r epartia. Sv.caridad.eN.caSar. GverfaNaS.Se. eSforço, y eSiBa.eN y ervSalaim eStaBlecio para GoSar de la mor da del.cielo.eN

9 de k iSlev. fallecio.aNo.de 5500 a. la. creacioN.del.mvNdo Sea.Sv.alma.atada. eN liGadero.de la. vidaS.qve.corrde. a 10.deciemBre. 1739 la.lvNa.de

193

Épigraphie et sotériologie

Fig. 29 et 30. Abraham Benjamin de Francia, 1739. À gauche, versant espagnol et à droite, versant hébreu.

194

Épitaphes

Pedra de/ Sepulcro del/ Sublimado. Ab(aha)m/ Binyamin de/ Francia. Anual/ mente a los p(ob)res/ de su ciudad con/ mano amplia/ repartia/ su caridad. En casar/ guerfanas se/ esforçó./ Yesiba en Yerusalaim / estableció para/ gosar de la mor(a)da/ del cielo. En 9 de/ la luna de kislev/ fallecio año de/ 5500 a la/ Creacion.del.mundo/ sea su .alma atada/ en ligadero de las/ Vidas que corr(espon) de/ a 10 deciembre/ 1739. Traduction de l’espagnol Pierre de sépulture de l’éminent Abraham-Benjamin de Francia. Annuellement aux pauvres de sa ville d’une main large il distribuait sa charité. De marier les orphelines il s’efforça. Une académie à Jérusalem il établit pour jouir de la résidence du ciel. Le 9 de la lune de kislev, il décéda, l’an 5500 de la Création du Monde – Que son âme soit liée au faisceau des Vies –, qui correspond au 10 décembre 1739. Le tableau généalogique procuré par Jean Cavignac place sans autre précision son décès vers 1733 73. Le défunt se prénommait George comme son père qui obtint des lettres de naturalité en 1667 et de bourgeoisie le 16 juin 1670 74 et qui avait épousé Marie Gonzales. Devenue veuve, Marie Gonzales recevait la dédicace du traité de commerce de François Paez de Leon « portugais résidant à Bordeaux, Nouvelle arithmétique mise au jour pour l’utilité des négocians où toutes les règles nécessaires pour le commerce sont expliquées avec les changes pour les païs étrangers Bordeaux nouvelle édition Abegou 1692 : « Dédicace à Mademoiselle la veuve et Messieurs les héritiers de George Francia, bourgeois et banquier de Bordeaux, signé : Francisco Paez » 75. Il se faisait appeler George Francia jeune. Il épousa le 30 octobre 1707 Rachel-Sara Cohen-Peixotto qui mourut le 23 avril 1726 (supra § 5). Le 17 novembre 1724 il faisait circoncire son fils Jacob 76. Je ne sais ce que devint ce garçon. Il perdit le 3 septembre 1729 une fille prénommée Léa (supra § 15) et le 15 février 1731 un fils prénommé Isaac (supra § 25). Un autre de ses fils Abraham lui survécut heureusement et marcha sur ses traces dans le gouvernement de la Nation.

73. L. S. fraNcia de Beaufleury, L’établissement des Juifs à Bordeaux et à Bayonne, préface de J. caviGNac,Bayonne 1985, hors-texte. 74. Cf. G. cirot, Recherches, p. 35 ; id., Livre des Bourgeois, n° 867, p. 113 75. Bibliothèque Centrale Mériadeck, Bordeaux, A 4948. 76. C. darGeloS, Thezoro, § 269, p. 139.

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Épigraphie et sotériologie Il épousa en deuxièmes noces le 2 juin 1729 Rachel Ibarra fille de [David] Henriques Ibarra qui lui donna trois enfants d’après son testament en date du 29 novembre 1737 passé chez le Notaire Banchereau 77, dont l’un prénommé Moïse mourut à seize ans en 1748. Homme de la Nation, George Francia signe la plupart des procès-verbaux des séances du Mahamad depuis le 11 mars 1710 jusqu’au 12 avril 1739. Il assume par deux fois la charge de syndic, à compter du 20 mars 1719 d’abord et à compter du 25 novembre 1729 – à cette occasion il signe exceptionnellement Ab(raha)m-Benjamin Francia 78. Le 25 juin 1712 George alias Abraham-Benjamin de Francia avait parrainé son neveu, un fils de son frère Salomon Francia et le 10 février 1725 un Moshe de Éliau Damesquitte venu du Portugal 79. Personnalisée pour la première fois dans notre épitaphier, l’inscription inscrit au crédit du défunt sa générosité annuelle envers les pauvres, sa diligence à pourvoir au mariage des orphelines, l’établissement par ses soins d’une yeshiva à Jérusalem, le nom de la Ville sainte étant orthographié suivant sa forme hébraïque. Cette fondation doit lui valoir la morada del cielo, la résidence céleste. Le graveur joue ici manifestement sur les deux acceptions de l’hébreu ‫ ישיבה‬yeshiva, académie et résidence ; de la sorte la ‫ישיבה של מטה‬, la yeshiva d’ici-bas, conduit à la ‫ישיבה של מעלה‬, celle d’en haut. Plus qu’une intention sotériologique, c’est proprement une conduite sotériologique. L’eulogie sea su alma atada en ligadero de las Vidas calque l’hébreu de la formule traditionnelle empruntée à la bénédiction d’Abigaïl (I S 25,29) ‫היתה נפש‬ ‫ אדני צרורה בצרור החיים‬Mais alors qu’elle apparaissait dans l’épitaphe du rabbin Joseph Falcon (supra § 79) sous la forme du sigle funéraire coutumier ‫תנצב׳׳ה‬, elle traduit ici entièrement et littéralement le modèle en espagnol Sea alma de mi señor ligada en liguadero de la Vidas de la Bible de Ferrare. La charité du défunt se manifeste encore dans ses dispositions testamentaires : « Je donne et lègue aux pauvres de ma nation à Bordeaux la somme de trois cents livres payable en quatre pactes égaux sçavoir un quart le jour de mon décès, un autre quart huit jours après, un autre quart un mois après et l’autre quart à la fin des onze mois, et je veux que treize mois après les onze mois il soit payé aux mêmes pauvres de ma Nation à Bordeaux la somme de cinquante livres chaque année que je leur donne et lègue et ce pendant dix années seulement.

77. Archives départementales de la Gironde, Contrat de mariage George Francia-Rachel Ibarra 3 E 457, testament de Georges Francia, 3 E 584, courtoisie de M. Jean-Paul Léon. Deux autres contrats de mariage Isaac Dacosta-Rika Ibarra du 2 novembre 1723 et Jacob Fernandes-Ester Ibarra du 15 novembre 1723, sont conservés sous la même cote chez Banchereau 3 E 345. 78. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 16, p. 93 sqq., § 45, p. 120. 79. C. darGeloS, Thezoro, § 66, p. 123, § 271, p. 139.

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Épitaphes Je donne et lègue aux pauvres de ma nation qui sont en Terre Sainte, cent cinquante livres chaque année pendant cinq années seulement à commencer du jour de mon décès ». Il mourut à cinquante-huit ans 80. 86 Jacob fils de Moïse Gradis, 13 décembre 1739 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,62, largeur : 0,49. Hauteur des lettres : 0,04. Neuf lignes. Au pied trois étoiles à cinq pointes, hauteur : 0,14 (fig. 31).

Fig. 31. Jacob Gradis, 1740.

80. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 23.

197

Épigraphie et sotériologie Sa del. BieN. aBeNturado

i acoB.GradiS. hiJo de. moSeh. GradiS.f°.a.12 k iSlev.5500. qve.coreSpoNde. a.6.eNero 1740

S(epultur) a del. bien. / abenturado / Iacob.Gradis./ Hijo de. Moseh./ Gradis f(alleci)°.a.12/ kislev. 5500./que.coresponde./ a. 6. enero/ 1740. Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob Gradis, fils de Moïse Gradis, décédé le 12 kislev 5500 qui correspond au 6 janvier 1740. Erreur d’équivalence de date : au 12 kislev 5500 correspond le 13 décembre 1739, date transcrite sur le registre des décès 81. La date civile pourrait coïncider avec celle de la gravure : ainsi s’expliquerait l’erreur du lapicide. Non signalé dans le Dictionnaire de Jean Cavignac, cet adolescent âgé de quatorze ans était un fils du banquier Moïse Gradis, lui-même fils de Samuel Gradis inhumé le 25 janvier 1736 (supra § 55). Son grand oncle paternel Antoine Gradis était enterré le 26 mai 1726 (supra § 6). Il avait un frère prénommé David de Moïse Gradis qui perdra son épouse Abigaïl et sa fille Rachel le 6 avril 1750 (infra § 155). Son oncle paternel Benjamin Gradis lui survivra jusqu’au 29 janvier 1771. 87 Rachel Mendes-Caldes, 13 avril 1740. G. cirot, Recherches, p. 127 aj. Révisée en 1980 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,77, Largeur : 0,69. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet, angles droits au pied. Sept lignes. Hauteur des lettres S initiale : 0,06, autres : 0,04. Cœur gravé au pied de l’inscription, transpercé d’une flèche, hauteur : 0,30, largeur : 0,27. Intervalle entre l’encadrement et le pied de la dalle : 0,50 (fig. 32).

81. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 24.

198

Épitaphes Sa.

de la. BieN. aveNtv.ra S.ra r achel. m.deS

cal.deS qve fa.co a 13 a Bril. a 1740 qve coN.r.eSp.oN a 15 NizaN. a° 5500

S(epultur)a/de la bien aventura(da)/S(eño)ra Rachel M(en)des/ Caldes que fa(lle)c(i)o a 13/Abril a(ño) 1740 que/conrespon(de) a 15/ nizan a(ño) 5500. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Dame Rachel Mendes-Caldes qui décéda le 13 avril l’an 1740 qui correspond au 15 nissan l’an 5500. Est-ce l’épouse du Moshe Mendes Caldes qui parraine le 7 décembre 1739 David de Abraham Seba ? Elle mourut à cinquante-quatre ans 82.

Fig. 32. Rachel Mendes Caldes, 1740.

82. C. darGeloS Thezoro, § 434, p. 153 ; Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 33.

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Épigraphie et sotériologie 88 Samuel Navarre, 25 juin 1740 Relevée par Béatrice Leroy le 22 mars 1979. Dalle calcaire blanc, hauteur : 1,82; largeur : 0,70. Encadrement aux angles arrondis inversés. Huit lignes. Hauteur des lettres : 1 et 0,9. Au pied cœur – hauteur : 0,35, largeur : 0,30 –, entouré de deux étoiles, surmontant un motif floral stylisé lui-même encerclant un losange un losange hauteur : 0,20, largeur : 0,013 (fig. 33).

Fig. 33. Samuel Navarre, 1740.

Sa del BieN ave Ntvrado Se

m vel Navarre f° eN 11 de tamv S del aNo de

5500 correSpo Nde a 25 de iv Nio de 1740

S(epultur)a del bien ave/ nturado Se/ muel Navarre/ f(alleci)o en 11 de tamu/s del año de/5500 correspo/nde a 25 de iu/nio de 1740 Trad. : Sépulture du bienheureux Samuel Navarre, décédé le 11 tamuz de l’an 5500, correspond au 25 juin 1740.

200

Épitaphes La première assemblée de la Nation transcrite sur le Registre se tient le 11 mai 1710 « dans la maison de Monsieur Samuel Navarre », lequel signe « Samuel Navarro pour les pauvres ». Par cette mention il accepte la dévolution en faveur des pauvres des remboursements de sa part d’un prêt consenti aux Cordeliers. Se tiennent encore dans sa maison les assemblées des 25 mars 1711, 4 avril 1712, 20 mars 1713 et 20 mars 1719. Le 29 mars 1711, il remporte l’adjudication de la viande pour un paiement de 465 livres ; cette ferme est reconduite dans les mêmes conditions le 4 avril 1712 83. Le 6 juin 1717 il est nommé adjoint. Le 10 avril 1718, il parraine lors de leur circoncision Abraham Cardoso, âgé de quarante ans venu d’Espagne et le 19 mars 1720 Isak de Moshe Depas, âgé de vingt-cinq ans, également venu d’Espagne 84. Le 11 février 1728, il reçoit avec Abraham Coen-Pexotto, Fereira et Gabriel de Léon deux lettres de Safed et d’Amsterdam dénonçant des dames de la Nation manquant à leur obligation de se plonger dans le bain rituel prescrit par la Loi. Après le 8 avril 1731 il est nommé taxateur. Il signe par la suite la plupart des délibérations jusqu’à la dernière le 7 décembre 1738. Sur le rôle de la capitation et du dixième établi le 27 janvier 1744 par la Nation ses héritiers sont taxés pour une somme de huit livres 85. Il mourut à l’âge de quatre-vingtcinq ans 86. Son fils Jacob lui survécut six ans et mourut le 25 septembre 1746 (infra § 129). 89 Rachel Lopes-Rodrigues, 2 octobre 1740 Relevée par Béatrice Leroy le 12 juin 1980. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,66. Encadrement aux angles arrondis inversés. Sept lignes. Hauteur des lettres : 0,055. Au pied : un cœur entre deux étoiles. Au chevet, sorte de crochet double. Étoiles, hauteur : 0,07, largeur : 0,08. Cœur, hauteur : 0,32, largeur : 0,37.

83. S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 64-66, § 1 ; p. 69-72, § 3 ; p. 72-74, § 4 ; p. 78-80, § 7 ; p. 91, § 8 ; p. 87-90, § 12 ; p. 90-92, § 16 ; sur la ferme de la boucherie, cf. J. caviGNac, « Le coin de l’archiviste : une boucherie cachère à Bordeaux au xviiie siècle », Euroviande 94 (1976), p. 37-46. 84. C. darGeloS Thezoro, p. 128, n° 137 et p. 13, n° 177. 85. S. SchWarzfuchS, Le Registre, p.113-114, § 38 ; p. 124-125, § 56 ; p. 150, § 85 ; p. 166, § 107. 86. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 38.

201

Épigraphie et sotériologie a

S de la Bda r aqvel lopeS f.rS° eN 22 thirSi qve correSpo

2 8 Bre 1740

Nde a

(Sepultu)ra de la b(ienaventura(d)a/ Raquel Lopes/ F.R(odrigue)s f(alleci)° / en 22 thirsi [sic]/ que correspo/ nde a 2 8 bre/1740. Traduction : Sépulture de la bienheureuse Rachel Lopes F. Rodrigues décédée le 22 tishri qui correspond au 2 octobre 1740. La veuve Rachel Rodrigues Lopes était âgée de soixante et onze ans 87. 90 Léa-Rachel Gomez-Cazeres, 23 novembre 1740 Dalle calcaire blanc, posée à la verticale, encastrée entre des tombes horizontales. Partie inférieure de la dalle lisible jusqu’à la première ligne de la date seulement. Hauteur : 0, 96, largeur : 0,42. Encadrement droit. Sept lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,03, autres : 0,05. Cœur, hauteur : 0,27. Sa de la Bda lea r ahel Gomez… cazereS f°. a 4 de kiSlev

5501

S(epultur)a de la B(ienaventura) da/ Lea Rahel/ Gomez…/ Cazeres f(alleci) °./ A 4 de/ kislev/ 5501 Trad. : Sépulture de la bienheureuse Lea Rahel Gomez…Cazeres décédée le 4 kislev 5501. Elle était âgée de soixante-dix ans 88. 91 Sara Faxardo, 28 janvier 1741 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,63. Encadrement droit. Sept lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,06, autres : 0,05.

87. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 40. 88. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 42.

202

Épitaphes Sa de la BieN aveNtura a

Sara faxardo 12 de SeBat aNo 5501 que correSpde a 28 heNero de 1741

f° a

S(epultur) a de la / bien aventura(d)a/ Sara Faxardo /F(alleci) o a 12 de sebat /año 5501 que/ corresp(o n)de a 28 / Henero de 1741. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Faxardo décédée le 12 sebat l’an 5501 qui correspond au 28 janvier 1741. Ligne 5 : anõ, le tilde surmonte la lettre o au lieu de la lettre n. Patronyme rare dans la Nation : un Faxardo l’ainé est taxé à douze livres sur l’annuel du 27 janvier 1744, le même ou un autre est taxé à vingt-trois livres le 15 janvier 1747. Veuve, Sara Faxardo était âgée de soixante ans 89. 92 Jacob Lopes, 18 mai 1741 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,81, largeur : 0,30. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05. Sa de i a coB

lopeS f° a 3 SeBaN

5501 1741.

S(epultur) a de Ia /cob/ Lopes / F(alleci)o a 3 / seban /5501 /1741. Trad. : Sépulture de Jacob Lopes, décédé le 3 sivan 5501, 1741. Sépulture d’enfant, ni mois, ni quantième courant. Ne figure pas au Registre des Morts.

89. S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 165 et 187. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 47.

203

Épigraphie et sotériologie 93 Rébecca Lopes-Gradis, 29 juin 1741 Cliché Béatrice Leroy le 26 juin 1978, révisée en 1979. Dalle calcaire blanc. Encadrement arrondi au pied, angles supérieurs arrondis (concaves). Au chevet deux étoiles à quatre branches. Au pied un cœur très arrondi surmonté d’un losange encadré de deux étoiles à quatre branches. Hauteur : 1,65, largeur : 0,64. Huit lignes. Hauteur des lettres : 0,06. Étoiles : 0,06 x 0,06. Cœur, hauteur : 0,38, largeur : 0,46 (fig. 34).

Fig. 34. Rébecca Lopes-Gradis, 1741.

Sa de la BieN a da riBca

lopeS GradiS 16 de tamvS 5501 qve corpde a 29 de i v Nio 1741

f° a

S(epultur)a de la bien a(ventura)/ da Ribca / Lopes Gradis / /F(alleci)o a 16 de tamus/ 5501 que/ cor(es)p(ond) e a 29/ de iunio 1741 Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rébecca Lopes Gradis, décédée le 16 tamus 5501 qui correspond au 29 juin 1741. 204

Épitaphes La défunte était une des cinq filles de David Gradis et de Marie-Sara Mendes-Moreno décédée le 10 juin 1739 (§ 82) et une des sœurs de l’illustre armateur Abraham Gradis. Née en 1701, elle avait épousé Louis Lopez de Paz et mourut à l’âge de quarante ans 90. 94 Aaron Henriques, 29 juin 1741 G. NahoN, « Un espace religieux du xviiie siècle : Le premier cimetière des “Portugais” de Bordeaux, 105 cours de la Marne 1724-1768 », dans D. tollet (éd.), La mort et ses représentations dans le judaïsme, Actes du Colloque organisé par le Centre d’études juives de l’Université de Paris IV-Sorbonne en décembre 1989, Paris 2000, n° 1, p. 257-258. Dalle calcaire blanc. Encadrement aux angles arrondis inversés. Dalle basculée. Hauteur : 1,66, largeur : 0,63, épaisseur : 0,14. Sept lignes. Hauteur des lettres, première : 0,06, autres : 0,045. Palmes, hauteur : 0,40, largeur : 0,33. Débuts des lignes 4, 5 et 6 brisés. Sa del BN.aB.o aS.ad. haroN heNriqS. f.or de la h a. f°. a. 16. de. [t]amvS.aN.° 5501 [qv[e cor.pde a29. [ivN]Nio 1741

S(epultur)a del b(ie)n ab(enturad)o/ a(yasi)s a(nihba)d Haron/ Henri(ue) s f(undad)or de / la H(evr)a, f(alleci] o a 16 de/ tamus, año 5501 /que cor(es) p(on)de a 29/ Iunio 1741. Trad. : Sépulture du bienheureux le vénérable et honoré Aaron Henriques, fondateur de la confrérie, décédé le 16 tamus, l’an 5501 qui correspond au 29 juin 1741. En deuxième ligne les mots hébreux ha-yashish· we-ha-nikhbad désignant un membre du conseil de la Nation, probablement ici de la confrérie car son nom ne figure pas à la suite des délibérations conservées. En troisième ligne, un des « fondateurs », c’est-à-dire un des membres de la confrérie des morts

90. R. meNkiS, « Patriarchs and Patricians : the Gradis Family of Eighteenth-Century Bordeaux », dans F. maliNo, D. SorkiN, From East to West, Jews in a Changing Europe, 17501870, Oxford-Cambridge (Mass.) 1991, p. 91. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 57.

205

Épigraphie et sotériologie acquittant un droit d’entrée de cinquante livres « que neul ne sera receu agrégé fondateur de la Hebra qu’en payent réelement la somme de cinquante livres conformément aux Règlements anciens de la Hebra » 91. Ligne 4 nous développons entre parenthèses H(evr)a, hébreu hebra d’après la graphie figurant dans l’épitaphe d’Abigaïl épouse d’Abraham Gomes Fonseca hazan de la hevra du 13 octobre 1763 (infra § 243). La confrérie administre le cimetière et prend en charge les inhumations et en particulier la toilette mortuaire et le convoi. Aaron Henriques mourut à l’âge de soixante-dix ans 92. 95 Rachel Rodrigues-Pereira, 19 novembre 1741 Dalle calcaire blanc. Chevet contre le mur d’enceinte. Encadrement aux angles arrondis inversés. Hauteur : 1,79, largeur : 0,66. Sept lignes. Hauteur des lettres, première : 0,07, autres : 0,05. Au pied, cœur transpercé d’une flèche sur un socle, hauteur : 0,64. Sa de la BieNaveNturad r ahel rS pereira

f° a 11 de qviSleB 5502 e qve cor a 19 de 9 Bre 1741

S(epultur)a de la/ bienaventurad(a)/Rahel R(odrigue)s Pereira/ F(alleci)o a 11 de quisleb / 5502/ que core(espond)e a 19 de 9 bre/ 1741. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Rodrigues-Pereira ; décédée le 11 kislev 5502 qui corresspond au 19 novembre 1741. Identification d’autant plus malaisée que ce décès ne figure pas au Registre des morts de la Nation. La défunte pourrait être une des sœurs de Jacob Rodrigues Pereire, Blanca, Mariana ou Ysabel. Mais Jacob Rodrigues Pereire et les siens arrivent tout juste dans la ville en cet automne 1741. 96 Abraham de Robles-Castro, 19 février 1742 G. cirot, Recherches p. 123 m. Aucune dimension. Dix lignes.

91. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 203 p. 236. 92. Archives municipales GG 845 § 58

206

Épitaphes Sa del pio

vmilde.virtuoSo

y piadoSo.ayaSiS

aNihBad.

a Braham. roBleS. caStro f°. a. 12.de. a dr. r iSSoN. 5502 q correSpoNde. a.16.de fevrero 1742 de.

S(epultur)a del pio/ vmilde.virtvoso/ y piadoso. ayasis /anihbad. Abraham./ de. Robles. Castro/ F(alleci) °.a. 12. de. ad(ar)r. risson./ 5502/ q(ue) corresponde./ A.16.de fevrero/ 1742. Trad. : Sépulture du pieux, humble, vertueux et charitable le vénérable et honoré Abraham de Robles Castro. Décédé le 12 de adar premier 5502 qui correspond au 16 février 1742. Expression consacrée, l’appellation ha-yashish·we-ha-nikhbad, le vénérable et honoré, abrégée supra au § 94, développée ici, désigne habituellement un membre du conseil de la Nation. Cependant sa signature ne figure à la suite d’aucune des délibérations conservées. La titulature mortuaire se réfère-t-elle à une fonction remplie au sein de la confrérie des morts ? Il s’agit peut-être du père d’un « Ishak de Abraham Castro venu d’Espaigne [à l’âge de] 24 ans » circoncis le 13 juillet 1727 93. Il meurt âgé de quatre-vingtsix ans 94. 97 Israël-Jacob de Mezes 12 mars 1742 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,95, largeur : 0,70. Cadre aux angles arrondis (concaves). Motifs décoratifs aux quatre concavités. Sept lignes d’inscriptions hébraïques, hauteur des lettres : 0,04. Un motif sépare les deux inscriptions : un cœur parmi des rameaux. Inscription espagnole : onze lignes, hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,04. De chaque côté de la ligne 11, motif floral.

93. C. darGeloS, Thezoro, § 307 p. 142. 94. Archives municipales, GG 845, § 67.

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Épigraphie et sotériologie ‫מצבת קבורת החסיד‬ ‫והעניו הרחמן הישיש‬ ‫והנכבד ישראל יעקב‬ ‫דימיזה מוהל ויסוד‬ ‫מהחברה קדושה נפטר‬ ‫יום ו׳ לחדש אדר שני‬ ‫שנת התק״ב תנצב״ה‬

Trad. de l’hébreu : Stèle funéraire du pieux et humble, le charitable vénérable et honoré Israël-Jacob de Mezas, péritomiste et fondateur de la confrérie sainte. Décédé le sixième jour du mois d’adar deuxième l’an 5502. Que son âme soit liée au faisceau des vies (cf. 1 S 25,29). S.a del pio vmilde.virtvoSo y piadoSo.ayaSiS aNihBad.ySrael. yahacoB. de mezeS moel.y f vNdador de la. S.ta J eBra. f°. a. 6.de. a dar. SeNi. 5502 qve coreSpoNde. a.12.marco 1742

S(epultur)a/del pio/ umilde.virtuoso/ y piadoso. ayasis /anihbad Ysrael./ Yahacob de Mezes/ Moel y fundador/de la S(an)ta Jebra/ F(alleci) °.a. 6. de. / adar seni./ 5502/ que coresponde./ A.12 marco 1742. Trad.: Sépulture du pieux, humble, vertueux et charitable le vénérable et honoré Israël-Jacob de Mezes. Péritomiste et fondateur de la Sainte Confrérie. Décédé le 6 adar deuxième 5502 qui correspond au 12 mars 1742. Expression consacrée, l’appellation ayasis anihbad abrégée au § 94, développée ici, désigne habituellement un membre du conseil de la Nation. Transcription latine de l’hébreu ‫מוהל‬, moel désigne un péritomiste – le registre le qualifie du titre de chirurgien 95. Né vers 1681, décédé à l’âge de soixante et un ans, le défunt avait opéré et enregistré quatre cent soixante et une circoncisions entre le 28 février 1706 et le 24 mars 1742. Magnifiquement relié en velours rouge, titre frappé or, son registre conservé aux Archives municipales sous la cote GG 842, registre qui ouvre la série des registres bordelais de circoncisions, avait été étudié par Jean Léon Cardozo de Béthencourt et par Georges Cirot avant d’être édité in extenso par Caroline Dargelos. Il s’intitule Thezoro de los circumsidados que haze Iahacob de Mezas empesando en

95. Archives municipales, GG 845 § 68.

208

Épitaphes edad de 25 años. El todo sea por honra [ici un cœur], gloria y loor del Eterno Dios d’Izerael, suplicando humildemente Su Divina Majestad que circonsida nuestros corasones para servirlo con amor y temor allegando todo Iserael a los dias del Bien prometido. Amen. Que sea en nuestros dias. Bordeaux a 14 de Adar anno 5466 que corresponde a 28 fevrero 1706 96. Son épouse née Dacosta lui donna sept enfants : Abraham, né en 1699, époux d’Esther Miranda, pére d’Imanoel-Jacob-Moshe né en 1706, Jacob, né en 1729, Raquel en 1732, Rica en 1735, Sara en 1738 et Isaac en 1747. 98 Sara del Campo, 26 mars 1742 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,81, largeur : 0,69. Cadre aux angles brisés au chevet. Six lignes ; hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,045. Au bas motif : un cœur au-dessus de deux rameaux croisées hauteur : 0,30, largeur : 0,54. Sa de la BieN aBda Sara del campo f° a 20 de a dar SeNy 5502 qve coreSpoNde a

26 marco 1742

S(epultur)a de la bien ab(entura)da/Sara del Campo, f(alleci)o/a 20 de adar seny / 5502/ que corresponde/ a 26 marco 1742. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Sara del Campo, décédée le 20 adar deuxième 5502 qui correspond au 25 mars 1742. Fille d’Isaac Dominique de Campo qui lui survécut jusqu’au 3 décembre 1745 (infra § 124), elle était âgée de quarante-quatre ans 97. 99 Isaac Lameyre, 16 mai 1742 G. cirot, Recherches, p. 124. Motif seulement.

96. J.-L. cardozo de BétheNcourt, « Le Trésor des Juifs sephardim. Notes sur les familles françaises israélites du rit’ portugais », Revue des Études juives XX (1890), p. 287-300 ; XXV (1892), p. 97-110, 235-245 ; XXVI (1893), p. 240-256. G. cirot, Recherches, p. 23, p. 174-180. C. darGeloS, « Édition du Thezoro de los circuncidados de Jacob de Mezas 1706-1742 ». 97. Archives municipales GG 845 § 69.

209

Épigraphie et sotériologie Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,97, largeur : 0,68. Cadre droit arrondi au chevet. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,05. Au pied motif : un cœur percé d’une flèche. Sa del BieNaBeNtvrado ayaSiS aNihBad iShaq

lameyre f° a 11 de i yar 5502 qve coreSpoNde a 16 mayo 1742

S(epultur)a del / bienabenturado/ ayasis anihbad Ishaq / Lameyre f(alleci) o/a 11 de / iyar 5502 que / corresponde a 16/mayo 1742. Trad. : Sépulture du bienheureux le vénérable et honoré Isaac Lameyre, décédé le 11 iyar 5502 qui correspond au 16 mai 1742. Le Registre des morts le nomme Isaac-Louis. Peut-on l’identifier à Joseph Lameyre, frère de Moïse-Antoine décédé le 18 mars 1731 (supra § 30) qui épousait le 30 mai 1703 Jeanne Mendès. Syndic en 1710, il signe le registre entre le 11 mai 1710 et le 25 mars 1723. Il décède à l’âge de quatre vingt quinze ans. Le cœur percé d’une flèche évoque certes le rite maçonnique de réception avec « la pointe d’une épée sur le cœur » qui « rappelle que j’ai consenti à ce que ma poitrine soit trouée si je deviens traître à la maçonnerie », mais l’hypothèse de l’affiliation du défunt à une loge n’est guère plausible 98. 100 Abraham, fils de Jacob Telles da Costa, 15 septembre 1742 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,65. Cadre aux angles arrondis (concaves). Huit lignes. Hauteur des lettres, première ligne S : 0,06, autres : 0,045. Sa del.BieN. a. de a Braham t.llS da coSta hiJo de JacoB telleS da coSta f° eN 15 de elvl 5503 eN 15 7Bre 1742 BeNtvrado.

98. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 71, D. liGou (dir.), Dictionnaire de la FrancMaçonnerie, Paris 1987, p. 269.

210

Épitaphes S(epultur)a del bien a/ benturado de / Abraham Telles / Da Costa hijo de / Jacob Telles/ f(alleci)o en 15 / de elul 5503 en / 15 7(tiem)bre 1742. Trad.: Sépulture du bienheureux Abraham Telles Da Costa fils de Jacob Telles Da Costa, décédé le 15 elul 5503 le 15 septembre 1742. Le millésime A. M. est erroné, corriger : 5502. Fils de Jacob alias Blaise Da Costa, circoncis le 8 janvier 1715 à l’âge de huit jours, donc né le 1er janvier 1715, il devait décéder à l’âge de vingt-quatre ans, le 7 septembre selon le Registre des morts 99. 101 Isaac Rodrigues-Pereira, 22 septembre 1742 B. leroy, « Le cimetière », p. 9. G. NahoN, « Un espace religieux… » (cf. supra § 94) n° 2, p. 257-258. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,84, largeur : 0,72. Encadrement au pied, angles concaves. Huit lignes. Hauteur des lettres, trois premières lignes : 0,065, autres : 0,045. ‫נפשו בטוב תלין‬ S.a del BN.a do yShak rodriG.S pereira f° de 68 a SaBat 23 de elvl de 5502 q cor de a 22 de Sept Bre de 1742

Nafsho be-tov talin / S(epultur)a / del b(ie)n ab(entur)ado Yshak / Rodrig.s Pereira / f(alleci)o de 68 a(ños) / Sabat 23 de elul de/ 5502 q(ue) cor(espon) de a 22 / sept(tiem)bre de 1742. Trad.: Que son âme sommeille dans la félicité [et que sa postérité hérite de la terre] (Ps 25,13). Sépulture du bienheureux Isaac / Rodrigues Pereira, décédé le sabbat 23 elul 5502 qui correspond au 22 septembre 1742. Né vers 1674 le défunt était l’oncle de Jacob Rodrigues-Péreire comme le révèle I.-S. Révah, d’après une note manuscrite sur la page de garde d’un volume :

99. C. darGeloS, « Édition du Thezoro de los circuncidados de Jacob de Mezas 1706-1742 », § 102, p. 126. Archives municipales GG 845 § 76.

211

Épigraphie et sotériologie « El sabat dia 23 de la luna de elul del año de 5502 que corresponde al 22 de sepbre de la era comun de 1742, llevo el Señor para si a mi tio el sr Yshac Rodriguez Pereira, a las 12 del dia justamente ; Su Magestad por sus piedades apiade sobre su alma. Amen. Fue enterrado a las 10 de la noche de dicho dia ». « Sobre este asunto, Soneto Tu trancito dichoso, y admirable, (o amado tio mio ! o digno objecto, del filial amor, del leal afecto, que el corazon te tributó, honorable !) Causa es de, alegre ya, ya inconsolable (y grave siempre) duplicado afecto del alma an las potencias : nunca esepto el pecho de un conbate variable. Luto ofrece tu ausencia a la memoria, Gozo, tu goza dá al entendimiento, Neutral quedando entre ambos la victoria ; Difine, o voluntad : mas mal lo yntento ; Pues siempre el gusto fiesta hará a tu gloria Y exequias a tu muerte et sentimiento. Por Jahacob Rodriguez Pereira en Bordeaux 100 . » Le décès ne figure pas au Registre des morts de la Nation.

100. Sur la même fiche ; « A la intempestiva muerte de mi Sta madre la mui virtuosa Sra Abigail Ribka Pereira que fallecio en Bordeaux à a las siete de la mañana de el dia juebes, va de la luna de Kisleo, e el año de 5512 que corresponde a…»= Leonor Rodriguez Pereira., Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle, Fonds I.S. Révah, boite 24.

212

Épitaphes 102 Ézéchias-Daniel Gomes, 19 novembre 1742 Dalle calcaire blanc, contre le mur d’enceinte. Hauteur : 1,74, largeur : 0,65, Cadre aux angles arrondis (concaves) en bas. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,05, N de N° : 0,10. Sa del BieN hiSqav daNiel GomeS f° a 22 heSBaN 5503 cor de a 19 9 re 1742 pv.ta por loS heroS de. la-h e.a N° 4 aveNt°.

S(epultur)a del bien/Avent(urad)°. Hisqiav/ Daniel Gomes/F(alleci) ° a 22 hesban / 5503 cor(epon)de a 19 9 bre/ 1742/ pv(es)ta por los her(man)os/ de. la-He(vr).a / n° 4 Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias-Daniel Gomès. Décédé le 22 hesban 5503 (qui) correspond au 19 novembre 1742. Posé par les frères de la Confrérie, n° 4. S’agit-il de Daniel Gomes arrivé d’Espagne et circoncis un jour de Pourim le 16 mars 1710 (15 ve-adar 5470) 101. La sépulture porte le numéro 4, probablement des dalles offertes ou fixées par la Jebra, la pieuse confrérie. Le premier numéro de la série avait été gravé le 12 novembre 1739 sur la sépulture de Rébecca-Esther Lopes-Pereira (§ 83). Deux des fondateurs de la confrérie furent inhumés respectivement le 29 juin 1741, Aron Henriques (§ 94) et le 12 mars 1742 Israël-Jacob de Mezes (§ 97). Ce Daniel Gomes Burgette (?) avait trente-huit ans 102. 103 Rachel-Judith Rodrigues-Pereira, 26 novembre 1742 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,88, largeur : 0,65. Côté droit de la tombe contre le mur d’enceinte. Encadrement avec bosse au chevet et angles brisés au pied. Cinq lignes. Hauteur des lettres : 0,06.

101. C. darGeloS, Thezoro, § 45 p. 21. 102. Archives municipales GG 845 § 78.

213

Épigraphie et sotériologie S.a de la BN.aveNda r ahel ieudic r.S p.a f° a 29 de h eSBaN 5503 qve corpde a 26 de 9 Bre 1742

S(epultur)a / de la b(ie)n aven(tur)ada / Rahel-Ieudic R(odrig.)s P(ereir) a / f(alleci)o a 29 de hesban / 5503 que cor(es)p(on)de/ a 26 de 0(viem)bre de 1742. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Rachel-Judith Rodrigues Pereira, décédée le 23 hesban 5503 qui correspond au 26 novembre 1742. À l’évidente parenté épigraphique qu’entretient cette sépulture avec celle d’Isaac Rodrigues-Pereira (supra § 101) correspond certainement une proximité familiale que nous ne pouvons préciser. Épouse de Moseh Rodrigues Pereira, elle avait quarante-huit ans 103. 104 Jacob Cohen, 30 novembre 1742 Relevée par Béatrice Leroy le 26 juin 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,93, largeur : 0,675. Encadrement angles arrondis au pied ; chevet surmonté d’une bosse. Six lignes ; hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,045. S.a del BieN aveNtvrado aBaivr a

iacoB a coeN f° 3 de qviSleB 5503 qve corpd a 30

9 Bre 1742

S(epultur)a del bien / aventurado Abaiur/ Iahacob a Coen f(alleci)o / a 3 de quisleb 5503 / que cor(es)p(on)de a 30 / noviembre 1742. Trad. : Sépulture du bienheureux l’adolescent Jacob ha-Cohen, décédé le 3 kislev 5503 qui correspond au 30 novembre 1742. ligne 2 : abaiur, transcription – fautive – de l’hébreu ‫ הבחור‬ha-bahur, l’adolescent, désignant parfois un étudiant de yeshiva. La logique espagnole donnerait la graphie habajur.

103. Archives municipales GG 845 § 79.

214

Épitaphes ligne 3 : hébreu ha-Cohen, littéralement le prêtre que le français rend par le patronyme Cohen. Ce patronyme est rare (cf. supra § 5 Rachel-Sara CoenPeixoto) dans une communauté issue du marranisme : faut-il admettre une substitution de la titulature sacerdotale ancestrale à un patronyme ibérique abandonné ou une origine extérieure au milieu « portugais » local ? Notre bahur n’avait que vingt-quatre ans 104. 105 Léa de Castro, 17 janvier 1743 Relevée par Béatrice Leroy le 21 mars 1980. Dalle calcaire blanc. Épitaphe presque effacée et d’une lecture malaisée. Hauteur : 1,18, largeur : 0,64. Encadrement arrondi au chevet. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,04. S.a de la BieN aveNtvrada

caStro 22 de teBet

leah de f° a

5503 qve coreSpde a 17 de eNero 1743

S(epultur)a / de la bien / aventurada / Leah de Castro / f(alleci)o / a 22 de tebet / 5503 que coresp(on)de / a 17 de enero 1743. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Léa de Castro, décédée le 22 tebet 5503 qui correspond au 17 janvier 1743. N’apparaît pas dans le Livre des morts de la Nation. 106 Abigaïl-Esther Nuñes-Campos, 9 février 1743 Relevée par Béatrice Leroy le 16 novembre 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,00, largeur : 0,65. Cadre aux angles arrondis au chevet, une bosse. Sept lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07, autres : 0,045.

104. Archives municipales GG 845 § 80.

215

Épigraphie et sotériologie S.a de la BieN a BiGail.eSter. NvNeS.campoS-f° a 2 SeBat 5503 qve coreSpoNde a. 9 feBrero 1743 aveNtvrad0

S(epultur)a de la bien / aventurada A / bigail Ester/Nunes-Campos f(alleci)o / a 2 sebat 5503 que / coresponde a 9 / febrero 1743. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Abigaïl-Esther Nunes-Campos, décédée le 2 sebat 5503 qui correspond au 9 février 1743. ligne 2 : l’adjectif est bizarrement au masculin. La taille réduite de la dalle signale la tombe d’une fillette. N’apparaît pas sur le Registre des morts de la Nation. 107 Moïse-Louis de Mercado, 21 avril 1743 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,67. Cadre aux angles arrondis au chevet, brisé au pied. Huit lignes. Hauteur des lettres S et deuxième ligne : 0,06, autres : 0,04. Au pied, motif : cœur entre deux rameaux sur un socle, hauteur : 0,30, largeur : 0,47. S.a BieN aBeNtvrad° moSeh del

loviS de mercado f° a 27 de NiSaN 5503 qve coreSpoN.de a 21 aBril 1743

S(epultur)a / del bien / abenturado Moseh / Louis de Mercado / F(alleci)o a 27 de nisan/ 5503 que coresponde / a 21 abril/ 1743. Trad. : Sépulture du bienheureux Moseh Louis de Mercado, décédé le 27 nisan 5503 qui correspond au 21 avril 1743. Il avait soixante-huit ans. Le 17 juin 1715, dans sa trente-neuvième année, Moseh Louis de Mercado terminait à Bayonne une copie forte de 480 pages du traité théologique de l’illustre rabbin d’Amsterdam Saül levi mortera, Tratado de la verdad de la ley de Moseh, y providencia de Dios con su pueblo, copie qu’il signait : « Este 216

Épitaphes libro es de Moseh Luis de Mercado escrito de su mano y pluma 17 junio 1715 […en Bayona] ». Ce manuscrit est conservé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, cf. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Départements, tome XL Supplément 770 bis, 1185-1563, Paris 1902, p. 603 n° 1484 105. 108 Abraham Dacosta, 23 juillet 1743 Relevé par Béatrice Leroy le 16 novembre 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,73, largeur : 0,66. Chevet contre le mur d’enceinte. Cadre aux angles arrondis au pied. Sept lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,06, autres : 0,05. Deuxième ligne à droite, petit motif : un rameau. Au pied, autre motif : trois fleurs aux tiges se rejoignant en bas, hauteur : 0,15, largeur : 0,21. del

BieN

aveNtvrado

a BaJur a Braham da coSta f° a 2 de aB 5503 qve coreSpde a 22 de Jvllio 1743

del bien / aventurado / abajvr Abraham / Dacosta F(alleci)o a 2 de ab/ 5503 que coresponde / a 22 de jullio / 1743. Trad. : [Sépulture] du bienheureux l’adolescent Abraham / Dacosta, décédé le 2 ab 5503 qui correspond au 22 juillet 1743. La graphie jullio réaliserait la prononciation portugaise de julho. Notre bahur était âgé de trente-cinq ans ce qui en fait, sinon un adolescent du moins un célibataire 106.

105. Archives municipales GG 845 § 84. Je dois l’information concernant ce manuscrit à Mme Mercédès Zunder que j’ai plaisir à remercier ici. Pour les manuscrits de Mortera, pour l’auteur et pour son œuvre, on se référera à l’édition monumentale par H.-P. Salomon de Saul Levi Mortera, Tratado da verdad da Lei de Moisés escrito pelo seu próprio punho em Português em Amesterdão 1650-1660, Edição facsimilada e lettura do autographo (1659), Introdução e comentario, Braga 1988. 106. Archives municipales GG 845 § 88.

217

Épigraphie et sotériologie 109 Rachel-Sara Carballo, 27 février 1744 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,71, largeur : 0,68. Cadre aux angles arrondis au pied. Huit lignes. Hauteur des lettres S et deuxième ligne : 0,20, autres : 0,05. Motif hauteur : 0,15, largeur : 0,50. Sa

BieN aBeNda r ahel Sara carBallo f° a 14 de adar 5504

de la

qve coreSpoNde a

27 de feBrero 1744

S(epultur)a / de la bien aben(tura)da / Rahel /Sara Carballo F(alleci)o / a 14 de adar 5504 / que coresponde / a 27 de febrero / 1744. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Sara Carballo, décédée le 14 adar 5504 qui correspond au 27 février 1744. Veuve, Rachel Sara Carballo avait soixante-douze ans 107. 110 Anne-Myriam Delvaille, épouse Moïse Loppes-Salsedo, 11 juin 1744 G. cirot, Recherches, p. 129 as. Revue par Béatrice Leroy le 26 juin 1978. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,02, largeur : 0,74. Cadre au chevet arrondi en deux arcs qui se touchent au centre, surmonté à cet endroit d’un petit cercle. Au pied des angles arrondis (convexes) réunis aux côtés du cadre par deux petits angles droits. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,05. Au pied motif : deux rameaux croisés surmontés d’une étoile, hauteur : 0,25, largeur : 0,50.

107. Archives municipales GG 845 § 91.

218

Épitaphes Sa de la mvi dichoza BieN aBeNtvrada

yaNa meriaN del vaille movJer de

moShe loppeS SalSedo f° a primero de tamvS 5504 qve coreSpde a 11 de JvNio 1744

S(epultur)a / de la mui dichoza/ bien abenturada / Yana Merian Del- / vaille, moujer de/ Moshe Loppes/ Salsedo F(alleci)o a/ primero de tamuz / 5504 que coresp(on)de / a 11 de junio 1744. Trad. : Sépulture de la très heureuse, bienheureuse Anne-Myriam Delvaille, épouse de Moïse Loppes-Salsedo, décédée le premier tamuz 5504 qui correspond au 11 juin 1744. ligne 5 moujer, influence de la réalisation en phonétiqure française du u espagnol. Moïse Loppes-Salsedo, parraine par trois fois un jeune circoncis : David Pimentel le 3 avril 1726, Moshe Dias le 18 novembre 1731, Alhanan fils d’Isaac bar Alhanan le 19 janvier 1735. L’acte du 18 novembre 1731 révèle l’origine ou la résidence bayonnaise du mari. Elle avait vingt-sept ans 108. 111 Rébecca de Léon, 12 juin 1744 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,71, largeur : 0,72. Cadre au chevet aux angles brisés et arrondis (concaves) au pied qui se joignent au centre, surmonté à cet endroit d’un petit cercle. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,07. Au pied motif : deux rameaux croisés, hauteur : 0,35, largeur : 0,50. L’année hébraïque manque. Sa de la BieN aBeNtvrada riBca de leoN f° a

2 de tamvS 12. JvNio 1744

coreSpoNde a

108. C. darGeloS, Thezoro, p. 141 n° 290, 145 n° 339, 148 n° 376. Archives municipales GG 845 § 94,

219

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / de la bien abenturada / Ribca de Leon /F(alleci)o a 2 de tamus / coresponde a 12 junio 1744. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rébecca de Léon, décédée le 2 tamus qui correspond au 12 juin 1744. Sœur de David Henriques Ibarra (cf. infra § 164), la défunte était l’épouse de Jacob de Léon. Le registre l’inscrit comme « sœur à Ibarra ». Le 2 juin 1729, elle signait chez le notaire Banchereau le contrat de mariage de sa nièce, Raquel Ibarra avec Georges Francia sous le nom de Rica Gomes Ibarra. Elle était âgée de soixante-quatorze ans 109. 112 Ézéchias-Abraham-David Pinto, 2 novembre 1744 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,98, largeur : 0,73. Cadre aux angles brisés au pied, au chevet une bosse. Huit lignes ; hauteur des lettres S : 0,17, autres : 0,08. Au pied, motif : branchages, hauteur : 0,24, largeur : 0,48. Le mois lunaire est gravé au-dessus de l’année lunaire. S.a

del

BieN av e.d0

hiSqviav david piNto f° a 27 de mar hiSBaN 5505 aB.m

qve coreSpde a 2 de 9 Bre

1744

S(epultur)a / del bien / aventurado / Hisquiyav David / Abraham Pinto F(alleci)o / a 27 de marhisban 5505 / que coresponde / a 2 de 9 bre/ 1744. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias-Abraham-David Pinto, décédé le 27 marhesban 5505 qui correspond au 2 novembre 1744. Le Registre des morts date le décès du 1er novembre 1744 : la correspondance gravée sur l’épitaphe étant correcte, il en découle qu’il se produisit dans la soirée du 1er novembre. Le défunt y est prénommé Abraham-David, ce qui s’explique incontestablement par un changement de nom effectué lors d’une maladie, peut-être même de celle qui devait l’emporter. Il avait cinquante neuf ans 110.

109. Archives municipales GG 845 § 96, Archives départementales, Notaire Banchereau 3 E 457, cf. J.-P. léoN, « Autour de quelques familles juives de Bordeaux (1700-1770) », Mémoire de diplôme, Paris, EHESS, 2005, p. 29 110. Archives municipales GG 845 § 101.

220

Épitaphes 113 Isaac Cohen-Peixoto, 14 décembre 1744 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,60, largeur : 0,65. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,05. Au pied, motif, hauteur : 0,43, largeur : 0,23. S.a BieN

del

aveNtvrado

iShack coeN peixoto qve Goze de dioS f° eN

9 teBet 5505 qve

correSpoNde

14 dicemBre 1744

S(epultur)a / del bien / aventurado / Ishack Cohen / Peixoto que / Goze de Diosf. / f(alleci)o 27 en 9 tebet / 5505 que /corresponde / 14 dicembre/ 1744. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Coen-Peixoto, qu’il se réjouisse en Dieu (cf. Ha 3,18), décédé le 9 tebet 5505 qui correspond au 14 décembre 1744. Léon-Isaac Peixotto était né vers 1657. Bourgeois et marchand, il aurait été le premier syndic de la Nation du 28 avril 1699 au 27 décembre 1701 111. Il avait épousé Esther Lameyre qui lui survécut six ans et mourut le 25 octobre 1750 (infra § 158). Sa fille Rachel épousa le 30 octobre 1707 Georges Francia et elle décéda le 23 avril 1726 (cf. supra § 5). Son fils Jacob né vers 1690-1695, négociant et banquier, marié plusieurs fois 112, décède le 4 octobre 1760 (infra § 201). Son fils Abraham né entre 1692 et 1694, négociant, armateur, syndic de la Nation, décède le 28 janvier 1767 ; je ne trouve pas sa sépulture. Son fils David (c 1702-1706), marchand de toile puis courtier de change, épouse en 1734 Rébecca Armande Mendès-France. Il aurait épousé auparavant Esther Fonsèque (1707-1714) décédée le 14 janvier 1773 113 : aurait-il divorcé d’Esther Fonsèque pour épouser Rebecca Armande Mendès-France ? Leon-Isaac Peixotto était un des signataires de l’achat du cimetière à David Gradis le 18 novembre 1728. Il mourut à quatre-vingt-sept ans 114.

111. L.-S. fraNcia de Beaufleury, Histoire de l’établissement des juifs de Bordeaux depuis 1550, Paris an VIII (1800), nouvelle éd. J. caviGNac, Bayonne 1985, p. 29. 112. Pour Jacob, cf. E. perreau, « La maison carrée d’Arlac et ses propriétaires », Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux LXV (1963-1969, 1971), p. 303-326. 113. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 95. 114. Ibid., p. 95-97. Archives municipales GG 845 § 103

221

Épigraphie et sotériologie 114 David-Gabriel de Paz, 22 janvier 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,85, largeur : 0,66. Six lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,07 autres : 0,04. Au chevet une bosse. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au pied. S.a del BieN david GaBriel de paz f° a 19 SeBat 5505 qve coreSpoNde a 22 heNero 1745 aBeNtvrado

S(epultur)a del bien / abenturado David / Gabriel de Paz f(alleci)/ a 19 sebat 5505 que /coresponde a 22/ Henero 1745. Trad. : Sépulture du bienheureux David / Gabriel de Paz décédé le 19 sebat 5505 qui correspond au 22 janvier 1745. Le Registre des morts indique la date du 21 janvier : le décès survint donc dans la soirée. David-Gabriel de Paz avait soixante-quatorze ans 115. 115 Abraham-fils d’Isaac Montesinos, 12 février 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,92, largeur : 0,34. Dix lignes ; hauteur des lettres : 0,03. Sépulture d’enfant. S.a de a Bm hiio de JShaq moNteSi NoS d° a

10 de adar riSSoN

5505 qve corpde a 12 de feBrero

1745

S(epultur)a de Ab(raha)m hijo/ de Isaac/Montesi/nos f(alleci)° a/ 10 de adar / risson / 5505 que/ co(es)p(on)de a12/ de febrero/ 1745.

115. Archives municipales GG 845 § 106.

222

Épitaphes Trad.: Sépulture d’Abraham, fils d’Isaac Montesinos, décédé le 10 adar premier 5505 qui correspond au 12 février 1745. Absent du Registre des morts. 116 Ézéchias-Isaac Rodrigues-Henriques, 18 février 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,79, largeur : 0,65. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0, 11, autres : 0,06. Motif au pied, hauteur : 0,21, largeur : 0,45. Cadres aux angles arrondis (concaves) au chevet. S.a del BieN aveNturado

hiSqviav iShac rSS heNriqueS f° a 16 adar riSSoN 5505 qve coreSpde a

18 feBrero 1745

S(epultur)a / del bien/ aventurado/Hisquiyau/Ishac R(odrigue)s/ Henriques f°/ a 16 adar/ risson 5505 /que coresp(on)de / 18 febrero/ 1745. Trad.: Sépulture du bienheureux Ézéchias Isaac Rodrigues-Henriques décédé le 16 adar premier 5505 qui correspond au 18 février 1745. On rencontre plusieurs fois des individus dénommés Isaac RodriguesHenriques. L’un d’eux notamment parraine le 24 janvier 1738, avec son épouse leur propre fils 116. Le nôtre, distingué comme « jeune » avait cinquante ans. 117 Jacob Lopes-Peña, 3 mai 1745 B. leroy, « Le cimetière du cours de la Marne », p. 11 et 12. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,64, largeur : 0,68. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0, 09, deuxième ligne : 0,07, autres lignes : 0,05. Motif au pied : branchages, hauteur : 0,24, largeur : 0,52, au dessous, numérotation : n° 5. Cadres aux angles arrondis (convexes).

116. C. darGeloS, Thezoro, n° 416, voir aussi les numéros 109, 153, 156, 190, 218. Archives municipales GG 845 § 108.

223

Épigraphie et sotériologie S.a del BieN aveNturado

i ahacoB lopeS peNa. f° a 3 de i yar 5505 qve corrpde a 3 mayo 1745 pa pr la her. at de Gemilut haSadim

S(epultur)a / del bien/ aventurado/Iahacob Lopes/Pena f° a 3 de / iyar 5505 que /corr(es)p(on)de a 3 mayo/ 1745/p(uesta) p(o)r la Her(man)dat/ de Gemilut Hasadim. Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob Lopes Pena décédé le 3 iyar 5505 qui correspond au 3 mai 1745. Posée par la confrérie de Gemilud Hasadim La terminaison at de Hermandat renverrait à une influence catalane Encore que placée par la confrérie charitable avec le numéro d’ordre 5 – nous ne trouvons pas les sépultures antérieures – cette dalle parait exécutée avec un grand soin et pourvue d’un décor. Dit Louis Salvador, le défunt avait cinquante ans 117. 118 Rachel Lopes-Torres, 2 juin 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,40, largeur : 0,52. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,04. Au pied, motif rameaux croisés, hauteur : 1,21, largeur : 0,33. Sa de la BieN aveNtvrada

r ahel lopeS torreS f° a 2 de SiBaN 5505 qve d corp a 2 de J vNio 1745

S(epultur)a / de la bien / aventurada / Rahel Lopes / Torres f(alleci)° a 2 de siban 5505 que cor(res)p(on)d)e a 2 de Junio 1745

117. Archives municipales GG 845 § 111.

224

Épitaphes Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Lopes Torres décédée le 2 sivan 5505 qui correspond au 2 juin 1745. Décès manquant au Registre des morts. 119 Judith Lopes-Peña, 4 août 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,65. Cinq lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,055. Sa ievdit lopeS peNa. f° a 6 de a B 5505 qve coreSpde a …aGoSto 1745

S( epultur)a/Ievdit Lopes/Pena. f(alleci)° a 6 de ab / 5505 qve coresp(on) de/ a [ 4 ] agosto 1745. Trad. : Sépulture de Judith Lopês Pena, décédée le 6 d’ab 5505 qui correspond au 4 août 1745. Il s’agit de la fille âgée de dix-huit ans de Jacob Lopes Pena dit Louis Salvador décédé le 3 mai de la même année (supra § 117) 118. Illisible, le quantième de l’année civile est restitué grâce au logiciel de Frank Yellin. 120 Abigail Zeballos, 15 août 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,38, largeur : 0,49. Six lignes. Hauteur des lettres S : 0,05, autres : 0,04. Sépulture probable d’une fillette (fig. 35). Sa da de la B a BiGail zeBalloS f° a 15 aGoSto de 1745 qve coreSde a 15 a B de 5505

S(epultur)a / de la b(ienaventura) da Abigail/Zeballos/ f° a 15/ agosto de 1745/ qve cores(pon) de a 15/ ab de 5505.

118. Archives municipales GG 845 § 131,

225

Épigraphie et sotériologie Trad. : Sépulture de la bienheureuse Abigaïl Zeballos, décédée le 15 août 1745 qui correspond au 15 ab 5505. Ne figure pas au Registre des morts.

Fig. 35. Abigaïl Zeballos, 1745.

121 Sara Lopes-Peñ(a), 25 août 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,58, largeur : 0,42. Cadre aux angles arrondis au pied (convexes). Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,05 (fig. 36). Sa Sara lopeS peN… a 27 de a B 5505 qve correSp de a de

de aGoSto 1745

S(epultur)a/ de Sara Lopes/ Peñ(a)( fallecio) a 27/ de ab 5505 qve / corres(pon) de a / de agosto/ 1745. Trad.: Sépulture de Sara Lopes Peña (décédée le 27 ab 5505 qui correspond au 25 août 1745. `

226

Épitaphes Fille de Jacob Lopes Peña Salvador, décédée à l’âge de vingt-deux ans, Sara était une sœur de Judith Lopes Peña (supra § 117 et 119) 119.

Fig. 36. Sara Lopes Peña, 1745.

119. Archives municipales GG 845 § 135.

227

Épigraphie et sotériologie 122 Rébecca Lopes-Leal, 3 septembre 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,81, largeur : 0,70. Six lignes. Hauteur des lettres, première ligne : 0,07, autres : 0,04. Chevet de la dalle contre le mur d’enceinte. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au pied. Sa de la BieN r iBca lopeS, leal.f° a 6 elvl 5505 qve coreSpoNde a 3 7 Bre 1745 aBeNtvrada

S(epultur)a de la bien / abenturada Ribca/ Lopes Leal. f(alleci)) ° a 6/ elul 5505 qve/ coresponde a 3 7 bre/1745. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Rébecca Lopes Leal, décédé le 6 elul 5505 qui correspond au 3 septembre 1745. Dite Coteverte, la défunte avait soixante-cinq ans 120. 123 Sara Carballo Coitino, 17 novembre 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,30, largeur : 0,72. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,05. Cadre aux angles arrondis (concaves) (fig. 37). Sa de la BieN aBeNtvrada Sara carBallo coitiNo f° a

3 de 5506 coreSpoNde a 27 de 9 Ber 1745 qviSleB de

S(epultur)a / de la bien / abenturada/ Sara Carballo / Coitino f(alleci)o a 3 de/ quisleb de 5506/ coresponde a 17/ de 9 ber 1745. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Carballo Coitino, décédée le 3 kislev 5506 qui correspond au 17 novembre 1745. Épouse d’Aron Coitino, elle avait quarante ans 121.

120. Archives municipales GG 845 § 138. 121. Archives municipales GG 845 § 149.

228

Épitaphes

Fig. 37. Sara Carballo Coitino, 1745.

124 Isaac Delcampo, 3 décembre 1745 G. cirot, Recherches, p. 122 1. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,99, largeur : 0,67. Hauteur des lettres S : 0,085, autres : 0,07. Cadre aux angles arrondis (concaves) au pied, surmonté d’une bosse complexe. Sa del BieN aBeNtvrado aiaSiS BeaNiBad iShac

delcampo f¨° a 9 de qviSleB 5506 qve coreSpoNde a 3 de x Bre

1745

S(epultur)a / del bien abenturado / aiasis / beanibad Ishac / Delcampo f(alleci)° a / 9 de quisleb / 5506 /que coresponde / a 3 de Xbre / 1745.

229

Épigraphie et sotériologie Trad. : Sépulture du bienheureux, vénérable et honoré Isaac Delcampo, décédé le 9 kislev 5506 qui correspond au 3 décembre 1745. Ha-yashish we-hanihkbad, le vénérable et honoré, désigne habituellement un notable ayant pris part à l’administration de la Nation. Pourtant il ne figure pas dans la liste des syndics 122. Isaac-Dominique Delcampo avait quatre vingt quinze ans 123. 125 Sara Leal, 3 décembre 1745 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,82, largeur : 0,66. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,04. Cadre arrondi au chevet, angles arrondis au pied (concaves) au pied. Sa

dela. BieN aBeNtvrada

Sara leal. f° a 9 de qviSleB de

5506 qve coreSpoNde a 3 de x Bre

1745

S(epultur)a / de la. bien / abenturada/ Sara/ Leal. f(alleci) ° a 9/ de quisleb de/5506/ que coresponde/ a 3 de x[ deciem] bro /1745. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Leal, décédée le 9 kislev 5506 qui correspond au 3 décembre 1745. S’agit-il d’une proche de Rébecca Lopes Leal décédée le 3 septembre de la même année (supra § 122)? Le Registre des morts date le décès du 2 décembre : elle mourut dans la soirée puisque la correspondance des dates juive et chrétienne est exacte. Veuve, Sara Lopes Leal avait quatre-vingts ans 124.

122. S. SchWarzfuchS, Le Registre, p. 607-609. 123. Archives municipales GG 845 § 151. 124. Archives municipales GG 845 § 150,

230

Épitaphes 126 Isaac Dias, 15 décembre 1745 G. cirot, Recherches, p. 135 br. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,78, largeur : 0,67. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,45. Cadre arrondi en arc au chevet. Sa del BieN aBeNtvrado aiaSiS BeaN° JShac diaS f° a 21 de qviSleB 5506 coreSpoNde a 15 x Bre 1745 da por la hermaNdad de Bikur holiN

S(epultur)a / del bien / abenturado / aiasis bean°/ Jshac Dias f(alleci)° a / 21 de quisleb / 5506 coresponde / a 15 de Xbre 1745/ Da (da)por la hermandad / de Bikur Holin. Trad. : Sépulture du bienheureux, vénérable et honoré Isaac Dias, décédé le 21 kislev 5506, correspond au 15 décembre 1745. Donné par la confrérie de Bikur Holin (visite des malades). Bikur Holin hébreu Biqur Holim était la confrérie qui regroupait les pieuses personnes rendant visite aux malades. Le 1er janvier 1711 est circoncis un Isaac, fils de Isaac Dias. Le parrainent Sara Gradis et son père Isaac Gradis 125. Vénérable comme le signale son épitaphe – il avait soixante-quinze ans 126 – le défunt aurait-il pu être le père de ce garçon ? 127 Abraham Mendes, 27 février 1746 G. cirot, Recherches, p. 129 at. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,37, largeur : 0,64. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,05. Cadre droit arrondi en arc au chevet. M de Abraham au dessus de la ligne. A stylisé. Le défunt était de petite taille.

125. C. darGeloS, Thezoro, § 51 p. 122. 126. Archives municipales GG 845 § 153,

231

Épigraphie et sotériologie Sa del BieN aBeNtvrado a Braham meNdeS f° a

7 de adar 5506

qve coreSpoNde a

27 de fevrere 1746

S(epultur)a del bien / abentvrado / Abraham Mendes/ f° a 7 de adar / 5506 que coresponde / a 27 de fevrere/ 1746. Trad. : Sépulture du bienheureux Abraham Mendes, décédé le 7 adar 5506 qui correspond au 27 février 1746. Bizarre, l’orthographe fevrere est-elle influencée par le français? Abraham Mendes avait soixante-dix-huit ans 127. 128 Isaac Rodrigues-Pereira, 2 juin 1746 G. NahoN, « Un espace religieux du xviiie siècle : le premier cimetière des “Portugais” » (cf. supra, § 94), n° 3, p. 258. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,82, largeur : 0,64. Huit lignes. Hauteur des lettres première ligne : 0,06, autres : 0,05. Au pied motif hauteur : 0,46, largeur : 0,30) ; deux roseaux entrecroisés, cercles et losanges au-dessus. Bordure aux angles arrondis (concaves) (fig. 38). Sa del BieN aveNtvrado

a BaJvr iShaq rodriGueeS pereira f°. a 14. de. SiBaN 5506 qve correSpde

a

2 de ivNho 1746

S(epultur)a del / bien aventvrado / Abajvr Ishaq / Rodriguees/ Pereira f(alleci) ° a 14/ de siban 5506 / que coresponde / a 2 de iunho 1746. Trad. : Sépulture du bienheureux l’adolescent (ou l’étudiant) Isaac Rodrigues Pereira, décédé le 14 sivan 5506 qui correspond au 2 juin 1746.

127. Archives municipales GG 845 § 156.

232

Épitaphes lire ha-bahur, hébreu, l’adolescent : iunho, lusisme pour Junio. Daté sur le registre du 1er juin, le décès survint dans la soirée. Fils d’Abraham Rodrigues Raphaël ainé, le défunt avait quinze ans 128.

Fig. 38. Isaac Rodrigues Pereira, 1746.

129 Jacob Nabarro, 25 septembre 1746 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,67. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,06. Cadre aux angles arrondis (concaves) avec un arc au chevet. Au pied motif : lune au profil humain (?) hauteur : 0,16. Sa del BieN aveNtvrado

JahacoB NaBarro f°. a 11 de tiSdri 5507 qve correSpoN de 25 de 7 Bre

a

1746

S(epultur)a / del bien / aventurado / Jahcob Nabarro / f(alleci) ° a 11 de tisdri / 5507 que / coresponde / a 25 de setiembre/ 1746. Trad. Sépulture du bienheureux Jacob Nabarro décédé le 11 tishri 5507 qui correspond au 25 septembre 1746.

128. Archives municipales GG 845 § 158.

233

Épigraphie et sotériologie La réalisation tisdri est propre au judéo-espagnol. Le Registre des morts date au 24 septembre le décès qui survint donc dans la soirée. Agé de cinquante six ans 129, le défunt était fils de Samuel Nabarro décédé le 25 juin 1740 (supra § 88).

130 Esther-Rachel, fille de Aaron Lopes, 28 novembre 1746 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,05, largeur : 0,34. Huit lignes. Chevet contre le mur. Hauteur des lettres S : 0,05, autres : 0,03. Motif : deux branches croisées, hauteur : 0,30, largeur : 0,28. Sépulture de fillette. Sa de

eSter rahel hiJa de h aroN lopeS. f° a 16 de qvileB 5507 q. cor.de a 28 9 Bre 1746

Sepultur)a de/ Ester Rahel/ Hija de Haron / Lopes. f° a / 16 de qvileb / 5507 q. cor.de /a 28 9 bre / 1746. Trad. : Sépulture d’Esther-Rachel, fille d’Aaron Lopes, décédée le 16 kislev 5507 qui correspond au 28 novembre 1746. Fille d’Aron Lopes et d’Esther Mendes France Lopes, elle avait sept ans 130. 131 Jacob Faxardo, 16 février 1747 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,84, largeur : 0,73. Neuf lignes. Chevet contre le mur. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,06. Cadre aux angles arrondis (concaves) au chevet. Motif au pied : végétal, hauteur : 0,25, largeur : 0,45. Le premier mot de l’inscription est entouré d’une lune et d’une étoile, hauteurs respectives : 0,12 et 0,07.

129. Archives municipales GG 845 § 163. 130. Archives municipales GG 845 § 171.

234

Épitaphes Sa del BieN

a BeNtvrado JacoB faxardo f° a 1 de adar 5507 qve coreSpoNde a

10 fevrero 1747

S(epultur)a /del bien/ Abenturado/Jacob Faxardo/ f(alleci)° a 1 de adar / 5507/ qve coresponde/ a 10 fevrero/1747 Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob Faxardo, décédé le 1er adar 5507 qui correspond au 10 février 1746. Un Salomon Faxado teste le 28 août 1746 par-devant le notaire Milhaud 131. Dit ainé, ce Jacob Faxardo avait soixante ans 132. 132 Jeudid de Suiza, 14 mai 1747 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,84, largeur : 0,60. Neuf lignes. Cadre avec bosse reliée par deux petits arcs à la partie haute. Hauteur des lettres : 0,055. La lettre J a une petite boucle en haut. Au pied deux branches croisées, hauteur : 0,25, largeur : 0,40. Le quantième de la date hébraïque est douteux. Sa de la BieN

a BeNtvrada

J evdid de Suiza f° a 9 de SiBaN 5507 qve coreSpoNde a

14 de mayo 1747

S(epultur) a / de la bien/ Abenturada/ Jeudid de Suiza/ f(alleci)° a 9 de siban / 5507/ que coresponde / a 14 de mayo /1747 Trad. : Sépulture de la bienheureuse Jeudid de Suiza, décédée le 9 siban 5507 qui correspond au 14 mai 1747.

131. Archives départementales de la Gironde 3 E 23486, répertorié dans D. BourGueS, « Les attitudes des juifs de Bordeaux devant la mort (1745-1786) à travers les clauses des testaments. Maîtrise d’histoire », Paris X Nanterre 1978, annexe, p. IV. 132. Archives municipales GG 845 § 177 soixante ans.

235

Épigraphie et sotériologie Deux particularités : Jeudid pour Judith et Suiza pour le patronyme portugais Souza. La date du Registre des morts, le 13 mai, signale le décès survenu dans la soirée d’une Sara Roza de Souza âgée de soixante quatorze ans 133. 133 Rachel Flois, 23 mai 1747 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,50, largeur : 0,51. Huit lignes. Cadres aux angles brisés au chevet. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,06. Au pied motif : un cœur encadré. Encadrement aux angles arrondis inversés, cadre hauteur : 0,50, largeur : 0,30. Sa de la BieN a Ba r aqvel a

floiS f° 15 de SiBaN

qve cor de a

23 de 1747

maJo

S(epultur) a de / la bien / Ab(enturad)a Raqvel / Flois f(alleci)° / a 15 de siban / que cor(espon)de/ a 23 de majo /1747 Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Flois, décédée le 15 sivan [5507] qui correspond au 23 mai 1747. L’année hébraïque manque. le patronyme Frois est plus vraisemblable. Ce décès ne figure pas au Registre des morts. 134 Esther Garsias, 18 juin 1747 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,68. Neuf lignes. Cadres aux angles arrondis (concaves) au pied, brisés au chevet. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05. 0,055. Au pied motif : deux branches croisées, hauteur : 0,30, largeur : 0,53.

133. Archives municipales GG 845 § 181.

236

Épitaphes Sa de la BieN

a BeNturada eSter GarSiaS f° a 10 de tamovS 5507 qve coreSpoNde a

18 de J vNio 1747

S(epultur) a / de la bien / Ab(enturad)a / Ester Garsias / f(alleci)° a 10 de tamouz / 5507 / qve coresponde/ a 18 de Junio / 1747 Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther Garsias, décédée le 10 tamouz qui correspond au 18 juin 1747. La graphie tamouz trahit une influence du français. La correspondance des dates est correcte mais le Registre des morts date le décès du 11 juin. Esther Vaz, veuve Garsie, avait soixante-dix-sept ans 134. 135 Myriam Coen-Pexotto, 27 septembre 1747 Aucune dimension. S.a

miryam. coeN pexotto.f° a 23/ de tiSdry 5508 qve. coreSpoNde a 27 de 7 Bre de 1747

de

S(epultur)a / de Miryam.Coen/ Pexotto.f° a 23/ de tisdry 5508/ que. Corresponde / a 27 de 7 bre de/ 1747. Trad. : Sépulture de Miryam Coen Pexotto décédée le 23 tisri 5508 qui correspond au 27 septembre de 1747. Fille d’Abraham Peixotto, elle avait quatorze ans. Le Registre des morts indiquant la date du 26 septembre, elle mourut dans la soirée 135.

134. Archives municipales GG 845 § 183. 135. Archives municipales GG 845 6 189.

237

Épigraphie et sotériologie 136 Ribca de Robles Castro, 28 juin 1747 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,67, largeur : 0,69. Huit lignes. Au chevet encadrement aux angles arrondis inversés. Au pied motif : cœur, hauteur : 0,26, largeur : 0,25. Hauteur des lettres, S : 0,10, autres ; 0,05. Sa

de la BieN a a

r iBca de roBleS caStro f° a de

5508 qve cor de 28 de 1747

S(epultur) a / de la bien A(benturad)a / Ribca de Robles/ Castro f(alleci)° a / de …/ 5508 que /cor(espon)de/ a … de / 1747. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Ribca de Robles Castro, décédée le [24 hesvan] 5508 qui correspond au 28 [octobre] 1747. Quantième, mois hébraïque et mois chrétien illisibles, date du 27 octobre 1747 inscrite au Registre des morts : le décès se produisit donc dans la soirée. Agée de quarante ans, la défunte était l’épouse d’Isaac Robles Castro dit [illisible] 136. 137 Jacob fils d’Isaac Rodrigues-Henriques, 9 février 1748 G. NahoN, « Un espace religieux » (cf. supra, § 94), n° 4, p. 258-259. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,33, largeur : 0,50. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,045. Forme spéciale du J. Sa

de. JahacoB. hiJo. de iShac rSS.

heNriqveS.f° a. 10 de. adar.riSoN. 5508. qve core.de a. 9.de. fevrero 1748

136. Archives municipales GG 845 § 191.

238

Épitaphes S(epultur) a / de Jahacob hijo / de Ishac R(odrigue)ss / Henriques f(alleci)° a 10 / de adar rison / 5508 qve /core(spon)de/ a 9 de fevrero / 1748 Trad. : Sépulture de Jacob fils d’Isaac Rodrigues-Henriques, décédé le 10 adar premier qui correspond au 9 février 1748. Décès inscrit au 7 février sur le Registre des morts. Le défunt avait neuf ans 137. 138 Abraham-Ézéchias Fernandes, 2 avril 1748 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,98, largeur : 0,68. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,06. Au chevet, encadrement aux angles arrondis inversés. Sa del Bie, a B aBraham-hiS qviav ferNaN deS f° a.

4 NiSaN 5508.

qve coreSpoNde a

2 avril 1748

S(epultur) a del bien ab(enturado)/ Abraham-His/quiau Fernan / des f(alleci)° a 4 nissan / 5508 / qve coresponde a 2 avril 1748 Trad. : Sépulture du bienheureux Abraham-Ézéchias Fernandes décédé le 4 nissan qui correspond au 2 avril 1748. La graphie avril trahit l’influence du français. Un Jacob fils d’Abraham Fernandes et de Sara Fernandes épousait le 15 novembre 1723 Esther Ibarra. Le défunt était âgé de soixante-seize ans 138. 139 Haim-Aron Gomez-Baeza, 7 juillet 1748 G. cirot, Recherches, p. 195. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Neuf lignes. Gravure d’un flacon surmonté d’une étoile à six pointes en dernière ligne.

137. Archives municipales GG 845 § 197. 138. Archives municipales GG 845 § 203.

239

Épigraphie et sotériologie Sa

del BieN a Bdo h aim

h aroN GomeS Baeza f° a 11 de tamuS 5508. p qve correS de a

7 ivlio 1748

S(epultur) a / del bien / ab(entura)do Haim / Haron Gomes / Baeza f(alleci)° 11 de/ tamus 5508 / qve corres)p(on)de / a 7 Iulio/ 1748. Trad. : Sépulture du bienheureux Haim Haron Gomes Baeza, décédé le 11 tamus qui correspond au 7 juillet 1748. Négociant, le défunt testait trois jours avant son décès le 4 juillet 1748 pardevant le notaire Brignet 139. Selon le Registre des morts le décès survint le 6 juillet, donc en soirée. Le défunt avait cinquante-huit ans 140. 140 Rachel Garcia de Campos, épouse d’Abraham de Campos, 21 septembre 1748 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,92, largeur : 0,67. Huit lignes. Au chevet cadre aux angles arrondis (concaves). Au pied deux branches croisées, hauteur : 0,26, largeur : 0,42. Motif en haut (première ligne) : lune anthropomorphe, hauteur : 0,12. Hauteur des lettres S : 0,105, autres : 0,055. Sa

de la BieN aveNtda

r ahel Garcia de campoS mvGer de a Bm de campoS f° a 29 d elvl 5508 qve coreSpe a 21 de

7 Bre 1748

S(epultur) a / de la bien Avent(ura)da / Rahel Garcia/ de Campos muger/ de Ab(raha)m de Campos f(alleci)° / a 29 d’elul 5508 / que coresp(one/ a 21 / de septembre 1748.

139. Archives Gironde 3 E 17.835, repertorié dans D. BourGueS, Attitudes, annexe p. IV 140. Archives municipales GG 845 § 215.

240

Épitaphes Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rahel Garcia de Campos épouse d’Abraham de Campos, décédée le 29 elul qui correspond au 21 septembre 1748. Est-ce l’épouse d’Abraham Campos, fils de feu Dominique Campos, décédé à l’âge de quarante ans le 24 janvier 1759, mais dont nous n’avons pas trouvé la sépulture ? Elle avait vingt-huit ans 141. 141 Sara-Rébecca Soares-Silva, épouse d’I. Gomès-Silva, 25 septembre 1748 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,69. Au chevet : cadre droit oblique. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,055. Sa de la

BieN aveNt. Sara riBca SoareS

Silva mvier de i. GomS Silva f° a 3 de tiSri 5509 qve corrpe a 25 de SetBre de

1748

S(epultur) a de la / bien Avent(urada ) Sara / Ribca Soares/ de Silva muier de I. / Gom(e)s Silva f(alleci)° a 3 /de tisri 5509 / qve corr(espond)e a 25 de set(em)bre 1748. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Ribca Soares de Silva muier de I. Gom(e)s Silva décédée le 3 tisri 5509 qui correspond au 25 septembre 1748. Ce décès ne figure pas au Registre des morts. 142 David Henriques, 6 janvier 1749 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,78, largeur ; 0,61. Huit lignes. Au cheve cadre droit avec bosse. Au pied, branches stylisées, hauteur : 0, 47, largeur 0,34. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,06.

141. Archives municipales GG 845 § 218 ; décès d’Abraham Campos, GG 845 n° 325.

241

Épigraphie et sotériologie Sa a BeNtvdo david heNriqueS f° eN 16 teBet 5509

del BieN

qve correSde

a

6 de heNero 1749

S(epultur) a / del bien abentu(ra)do / David Henriques / f(alleci)° 16 tebet / 5509 / que corres(pon)de / a 6 de Henero/ 1749 Trad. : Sépulture du bienheureux David Henriques, décédé le 16 tebet 5509 qui correspond au 6 janvier 1749. Ce décès ne figure pas au Registre des morts. 143 Ézéchias-Joseph Dacosta, 7 janvier 1749 G. cirot, Recherches, p. 131 bj. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,83, largeur : 0,65. Encadrement arrondi aux angles. Au pied de l’épitaphe, un cœur, hauteur : 0,22, largeur : 10,20. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,6, du chiffre (dernière ligne) : 0,10 (fig. 39). Sa del BieN aBeNtdo J eav JoSeph. da coSta. fvNdador. de la h eBa tifferet zalom f° a. 15 teBet.5509. corr de.a.7 heNero.1749 N°3

S(epultur)a / del bienabent(ura)do/ Je(hezqui)au Joseph / da Costa / Fundador / de la Heb(er) /a Tifferet / Zalom f(alleci)° a.15/tebet. 5509./ corr(espon) de.a.7 / henero.1749 / n° 3 Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias-Joseph da Costa, fondateur de la Hebera ( confrérie) Tifferet Zalom ( parure de paix) décédé le 15 tebet 5509, correspond au 7 janvier 1749 n° 3.

242

Épitaphes

Fig. 39. Joseph Da Costa, 1749.

Le premier prénom du défunt doit se lire Je(hezqui)au (= Ézéchias) survient rarement dans notre onomastique. Le titre de fondateur peut certes s’entendre littéralement, mais peut aussi désigner un titre d’honneur accordé par la confrérie à un membre ayant acquitté une cotisation de fondateur comme il arrive dans des sociétés. Quoi qu’il en soit, la sépulture s’insère dans une série dont nous n’avons pas retrouvé les précédents numéros. Erreur de datation : au 15 tevet 5509 correspond le 5 janvier 1749 ; l’erreur porte probablement sur la date hébraïque, le graveur ne pouvant ignorer la date civile du décès. Pas d’occurrence biblique pour Tifferet Zalom, parure de paix ; par contre Tifferet bahurim désigne une confrérie charitable réservée aux jeunes gens non mariés, Thipheret Bajurim parure de jeunesse (cf. Proverbes 20,29), établie le 17 juin 1724 pour « assister les pauvres malades, tant tous ceux attaqués de maladies chroniques, habituelles et autres ». Le 13 septembre 1774, la Nation rendra une délibération réglant un différend entre les « frairies » Guemilud Hazadim et Tipheret Baxurim et autorisant cette dernière à rendre les honneurs funéraires à ses confrères. La dernière délibération couchée sur le registre le 18 mars 1787 délègue à Tipheret Baxurim la distribution des secours aux pauvres malades, distribution qui jusqu’à cette date, incombait au 243

Épigraphie et sotériologie Syndic de la Nation 142. Outre leurs vocations propres, les confréries accomplissaient peut-être des tâches dévolues à la Nation. Hapax dans notre nomenclature des confréries, Tifferet Zalom s’ajoute à ses homologues, sans que nous sachions quelles étaient ses attributions. Agé de soixante-huit ans, donc né en 1681, le défunt était « fils du feu le haham Isaac da Costa », Yshak de Acosta rabbin à Bayonne, décédé en 1728 143. 144 Isaac Montesinos, 2 février 1749 G. cirot, Recherches, p. 127 ak. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,72, largeur : 0,50. Au chevet cadre aux angles arrondis (concaves). Encadrement arrondu aux angles. Au pied motif : deux rameaux, hauteur : 0,38, largeur : 0,20. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,055. Sa del BieN aveN tvrado

iShaq moNteziNoS f° a

21 SeBat 5509 qve cor.p.ed a 9 de feBro 1749

S(epultur)a del / bienaven/ turado/ Ishaq / Montezinos / f(alleci)° a 21 sebat / 5509 que/ cor(es)p(on)de/ a 9 de febr(er)o / 1749 . Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Montezinos décédé le 21 sebat 5509, qui correspond au 9 février 1749. Selon le Registre le décès survint le 8, donc dans la soirée. Le défunt serait le pére d’un enfant circoncis le 27 juillet 1740 et portant – fait assez rare – son propre prénom Isaac. Il avait soixante-deux ans 144.

142. S. SchWarzfuchS, Le Registre, n° 426, p. 455-456, n° 521, p. 574-575. 143. Archives municipales GG 845 § 227. Sur ce rabbin bayonnais, cf. G. NahoN, « L’Historia Sacra Real d’Yshak de Acosta (Peyrehorade l691) », Mélanges André Neher, Librairie d’Amérique et d’Orient, Adrien-Maisonneuve, Paris 1975, p. 331-345. 144. C. darGeloS, Thezoro § 443 p. 153) ; Archives municipales GG 845 § 228.

244

Épitaphes 145 Rachel de Soiza-Dias-Miranda, 24 février 1749 G. cirot, Recherches, p. 128 al. Révisée en 1979. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,97, largeur : 0,69. Neuf lignes. Au chevet encadrement angles brisés. Décor : à droite, croissant de lune, hauteur : 0,055, largeur : 0,12. Au pied, motif, deux rameaux stylisés croisés hauteur : 0,33, largeur : 0,42. Au dessous, une autre branche stylisée. Hauteur des lettres S : 0,11, autres ? (fig. 40).

Fig. 40. Rachel de Soiza-Dias-Miranda, 1749.

Sa de la

BieN aveNtda

r ahel de Soiza diaS miraNda, f°. a 6 de adar 5509. qve. cor.pde a 24. de feBro

1749

S(epultur) a de la / bien avent(ura)da / Rachel de Soiza / Dias Miranda/ f(alleci)° 6 de adar / 5509 que / cor(es)p(on)de a 24 / de feb(re)ro / 1749. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel de Soiza Dias Miranda décédée le 6 adar qui correspond au 24 février 1749. 245

Épigraphie et sotériologie Le décès survint dans la soirée du 23 février. La veuve Esther Mirande couchée sur le Registre des morts avait soixante douze ans 145. 146 Rachel Mendes Nunes, 2 mars 1749 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,26, largeur : 0,63. Sept lignes. Au chevet Encadrement aux angles arrondis inversés. Au pied, un cœur, hauteur : 0,30, largeur : 0,27. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,06. Sa de la

BieN aveNtvr da

r ahel meNdeS N vNeS f°. a. 13 adar 5509 qve cor.p.de a 2 m arco 1749

S(epultur) a de la / bien aventur(a)da / Rahel Mendes / Nunes f(alleci)° a 13 / adar 5509/ que cor(es)p(ond)e a / 2 marco 1749. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Mendes Nunes décédée le 13 adar 5509 qui correspond au 2 mars 1749. Marco pour março = marzo, lusisme. La veuve Rachel Mendes Nunes avait quatre-vingt-deux ans, elle mourut le 1er mars au soir, selon le Registre des morts 146. 147 Rachel Dias, fille d’Abraham Dias, 26 mars 1749 G. cirot, Recherches, p. 127 ah. Pierre non retrouvée : aucune dimension indiquée. Sept lignes. Sa de la BieN aBa r ahel diaS iya de

aBr m diaS f°

a 8 de NiSaN 5509. 26 m arS 1749

145. Archives municipales GG 845 § 230. 146. Archives municipales GG 845 § 231.

246

Épitaphes S(epultur) a / de la bien / ab(enturad)a / Rahel Dias iya de / Abr(aha)m Dias f(alleci)° / a 8 de nisan / 5509 26 mars 1749. Trad. . Sépulture de la bienheureuse Rachel Dias, file d’Abraham Dias, décédée le 8 nisan. 26 mars 1749. ligne 4, iya, lusisme pour fia, forme archaïque populaire ? l. 7, mois gravé en français. Un Abraham Dias – le père de la fillette décédée ? – se porte entrepreneur chargé par la Nation du transfert des ossements du grand cimetière des Cordeliers au présent cimetière, sur un devis accepté de neuf cents livres et sur son engagement d’employer vingt hommes au moins et « par préférence des pauvres de notre Nation autant qu’ils se comporteront bien » 147. S’agitil d’Abraham, fils d’Isaac Dias circoncis le 13 janvier 1713. Le Registre des morts prénomme la défunte Esther, signale le patronyme Dacosta de sa mère, date son décès du 28 mars, 1749 et indique son âge : dix ans 148. 148 Jacob, fils de Noah Loppes de Pas, 3 avril 1749 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,97, largeur : 0,63. Double cadre droit. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05. Sa del

BieN aBeNtvr do

JacoB hiJo de Noah loppeS de paS. f° a 15 de NiSaN 5509 qve cor.de a 3 de aBril 1749

S(epultur)a del / bienaventur(ad)o / Jacob fils de/ Noé Loppes/ de Pas f(alleci)° a 15 de / nisan 5509 / qve cor(spon)de a 3/ de abri1 1749 . Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob hijo de Noah Loppes de Pas. décédé le 15 nissan 5509, qui correspond au 3 avril 1749. Circoncis le 28 octobre 1735, ses parrains étaient Samuel Gradis et Jana Lopes de Pas. Décédé à quatorze ans révolus, le garçonnet était de petite taille. Le père du garçonnet, Noah, connu sous le nom de Louis-Noé Lopès de Pas, propriétaire à Saint-Domingue 149 était un des enfants d’Esther Lopes de Pas

147. S. SchWarzfuchS, Le Registre, n° 162, 163 et 164 p. 209-211. 148. Archives municipales GG 845 § 232. 149. C. darGeloS, Thezoro § 389 p. 149 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 41

247

Épigraphie et sotériologie décédée le 13 septembre 1726 (supra § 8). Il avait épousé Rébecca Gradis décédée le 29 juin 1741 (supra § 93) qui lui avait donné, outre ce petit garçon, Anna-Rachel-Isabeau Lopes de Pas (1686-17 décembre 1764, infra § 228) qui épousa le banquier Antoine-Salomon Francia (1680-10 octobre 1760, infra § 202). Le garçonnet avait quatorze ans 150. 149 Miryam-Ester Yesurun-Lopes, épouse de Ruben Yesurun-Lopes, 7 avril 1749 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,89, largeur : 0,64. Au chevet double cadre arrondi. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,045. Sa de la

BieN aveNtv da miryam.eSter yeSvrvN lopeS mvJer.de.revBeN yeSvrvN lopeS f° a

12 de NiSaN 5509 qve cor.de a 7 de avril 1749

S(epultur)a de la / bienaventu(ra)da / Miryam Ester / Yesvrvn Lopes / mujer de Reuben / Yesvrun Lopes / f(alleci)° a 12 de nisan / 5509 que cor(spon) de / a 7 de avri1/ 1749 . Trad. : Sépulture de la Myriam Esther Yesvrvn Lopes, épouse de Ruben Yesurun Lopes décédée le 12 nissan 5509, qui correspond au 7 avril 1749. ligne 9 : mois français ou habituelle hésitation en espagnol entre b et v ? Ce décès ne figure pas au Registre des morts. 150 Rachel Froy, 13 avril 1749 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,64, largeur : 0,65. Encadrement aux angles arrondis inversés. Au pied, un cœur, hauteur : 0,30, largeur : 0,28. Huit lignes, Hauteur des lettres : 0,065.

150. Archives municipales GG 845 § 234.

248

Épitaphes Sa de la BieN aBa r ahel

froy.f° 21 de NiSaN 5509 qve corp.de a 13 a Bril 1749

a

S(epultur)a / de la bien / ab(entura)da Rahel / Froy f(alleci)° / a 21 de nisan / 5509 que / cor(es)p(on)de a 13 / abri1 1749. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Froy, décédée le 21 nissan 5509, qui correspond au 13 avril 1749. ligne 4 : variante du patronyme Frois ou Froes? Ce décès ne figure pas au Registre des morts. 151 Abraham Albourquerque, 25 mai 1749 G. cirot, Recherches, p. 135 bq. Révisée en 1970. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,68, largeur : 0,69. Huit lignes. Encadrement aux angles arrondis inversés. Étoile en ligne 1. Hauteur des lettres : 0,055 (fig. 41). Sa

del BieN a B° a Bdo, a lBovr qverqve fr. de Br. holim SieNdo prS. f°. a 8 SivaN 5509. 25 .mayo. 1749

S(epultur)a / del bien ab(enturad)o / Abr(aha)m Albourquerque, f(undado) r de/ B(iqu)r Holim siendo p(arnas) p(residente), f(alleci)° a 8 sivan / 5509 / 25 mayo 1749. Trad. : Sépulture du bienheureux Abraham Albourquerque, fondateur de Biqqur Holim (visite des malades), étant parnas (syndic) président, décédé le 8 sivan, 25 mai 1749.

249

Épigraphie et sotériologie La confrérie Biqqur Holim a pour vocation la visite des malades. Abraham Albourquerque avait cinquante huit ans à son décès daté du 26 mai sur le Registre des morts 151. Sa veuve émargea longtemps au rôle de la sedaka. Le 25 avril 1769, les vaches maigres entraînèrent une diminution de douze livres de sa pension 152.

Fig. 41. Abraham Albouquerque, 1749.

152 David Rodrigues-Sarzedas, 5 janvier 1750 G. cirot, Recherches, p. 123 n. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Trois lignes.

151. Archives municipales GG 845 238. 152. Sur le fonctionnement de la confrérie cf. G. cirot, Recherches, p. 9-4, 98,99, S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 127 p. 179, J. caviGNac, « L’assistance chez les Juifs de Bordeaux au xviiie siècle », dans les Actes du l08e Congrès national des sociétés savantes. Colloque sur l’histoire de la Sécurité sociale, Grenoble, 5, 6 et 7 avril l983, Paris l983, p. 34. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 378 p. 391.

250

Épitaphes david.rod riGveS.Sa rzedaS (5 eNero 1750)

David. Rod /rigues. Sa/rzedas (5 enero 1750) Trad. : David Rodrigues Sarzedas, (5 janvier 1750) Cirot remarque de nombreuses dalles « ne portant autre chose que les noms du défunt avec la date du décès ». Il note aussi l’omission de l’incipit Sa. La date suit le calendrier civil seul. Le Registre des morts couche la date du 4 janvier et l’âge du défunt, soixante-quatorze ans 153. 153 Rachel fille de Salomon Penso-Felix, 29 janvier 1750 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,85, largeur : 0,40. Au chevet double cadre avec arc. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,045. de

Sa r ahel

hiJa de Selomoh peNSo felix f° a

22 de

SeBat

5510 qve 29 heNero 1750 cor.de a

S(epultur)a / de Rahel / hija de / Selomoh / Penso Felix f(alleci)° / a 22 de/ sebat / 5510 que / cor(esponde a 29 / henero 1750. Trad. : Sépulture de Rachel, fille de Salomon Penso Felix, décédée le 22 Sebat 5510 qui correspond au 29 janvier 1750. Absente du Registre des morts. 154 Esther Soysa-Tinoca, 12 mars 1750 Dalle calcaire blanc, hauteur : 0,90, largeur : 0,65. Cadre avec bosse au chevet. Sept lignes visibles. Hauteur de lettres S : 0,07, autres : 0,06. Tombe encastrée sous d’autres basculées : lecture lacunaire de ce fait.

153. Archives municipales GG 845 § 252.

251

Épigraphie et sotériologie Sa de la BieN aBa eSter

SoySa tiNoc f° a 4 de adar SeNy

5510 qve

S(epultur)a/ de la bien/ ab(enturad)a Ester/ Soysa Tinoc/ f(alleci)° a 4 de/ adar seny/ 5510 qve… Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther Soysa Tinoca, décédée le 4 adar second 5510 qui… La défunte était d’une très petite taille. Veuve, Esther Soysa Tinoca avait soixante-dix-huit ans 154. 155 Abigaïl Gradis-Silva et sa fille Rachel Gradis, épouse de David de Moïse Gradis, 6 avril 1750 G. NahoN, « Un espace religieux » (supra, § 94), p. 259-260, n° 5. Dalle calcaire blanc. Aucune dimension. Encadrement aux angles arrondis concaves. Quatorze lignes. Au pied un cœur (fig. 42). Sa.de.la BieN.aBeNtv

rada.aBiGail

GradiS.Silva

i Sv hiia raqvel GradiS.moGer eiia.de.david

de.moiSe.Gra

diS. f°. a

29 de

la lvNa.de a

dar.SiNi.aN° 5510. qve. corp e d .a. 6. aBril 1750

S(epultur) a de la / bien abentu / rada Abigail / Gradis Silva/ i su hiia Raquel / Gradis. moger/ eiia de David / de Moise Gra / dis. f(alleci)°. a 29 de/ la luna de a/dar sini an°/ 5510. que cor(es)p(on)/ de a 6. abril /1750

154. Archives municipales GG 845 § 258.

252

Épitaphes Trad. : Sépulture de la bienheureuse Abigail Gradis Silva et de sa fille Rachel Gradis, épouse [quant à] elle, de David de Moise Gradis. décèdée le 29 de la lune d’adar seni (adar second) l’an 5510 qui correspond au 6 avril 1750. Exceptionnellement, cette dalle recouvre une double sépulture, la mère étant morte en mettant au monde sa fille ou l’une et l’autre furent-elles emportées le même jour par une épidémie ? Le Registre des morts omet le décès de l’enfant et l’âge de la maman mais donne son patronyme complet Rodrigues-Silva ainsi que le surnom illisible de son mari. Il couche la date du 5 avril 1750, le décès étant survenu dans la soirée 155.

Fig. 42. Abigail Gradis Silva, 1750.

155. Archives municipales GG 845 § 261.

253

Épigraphie et sotériologie 156 Aaron Campos, 8 avril 1750 Inédite. Dalle calcaire blanc. Aucune dimension. Encadrement aux angles arrondis concaves. Au pied, deux rameaux d’olivier croisés. Dix lignes (fig. 43).

Fig. 43. Aaron Campos, 1750.

Sa del BieN aveNtvrado

a aroN camp oS falecio a 2 de NiSaN 5510 qve correSpoNde a

254

8 aBril 1750

Épitaphes S(epultur)a/del bien/aventurado/Aaron Camp/os Falecio a /2 de nisan / 5510/qve/corresponde/a 8 abril/ 1750. Trad. : Sépulture du bien heureux Aaron Campos, décédé le 2 nisan qui correspond au 8 avril 1750. Le 11 août 1739 une délibération de la Nation mentionne un Aaron Campos parmi les shohatim. Agé de soixante-dix ans, il mourut le mercredi à dix heures du matin 156. 157 Jacob Mendes-Gabriel, 29 avril 1750 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,60, largeur : 0,54. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, J : 0,12, autres : 0,06. Au pied motif : cœur, hauteur : 0,25, largeur : 0,27. Sa del BieN

a° JacoB meNdeS GaBriel f° a 28 de NiSaN 5510 qve corp. de a 29 aBril 1750

S(epultur)a/ del bien/A(venturad)° Jacob/Mendes/ Gabriel/ F(alleci)° a 28 de nisan / 5510 qve/ cor(es)p(on).de a 29/abril 1750. Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob Mendes Gabriel, décédé le 28 nisan 5510 qui correspond au 29 avril 1750. Ne figure pas au Registre des morts. 158 Esther Peixoto, 25 octobre 1750 G. cirot, Recherches, p. 130 ba. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,90, largeur : 0,70. Au chevet encadrement aux angles arrondis inversés. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,07. Au pied, date gravée dans un cœur surmontant une lune. Le motif est

156. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 89 p. 153-154. Archives municipales GG 845 § 262.

255

Épigraphie et sotériologie encadré : ligne droites de trois côtés, une bosse au chevet. Hauteur du cadre : 0,77, largeur : 0,56, hauteur du cœur : 0,33, largeur : 0,30, hauteur de la lune : 0,15. Sa de la mvi virtvoz

a

caritativa vmilde y BieN aB.a Sra eSter

peixoto f° 25 de tiSry 5511 qve cor de a 25 de 8Bre 1750 a

S(epultur)a de la / mvi virtuoza / caritativa / umilde y bien / ab(enturad)a s(eño)ra Ester / Peixoto f(alleci)° / a 25 de tisry / 5511 que cor(respon)de / a 25 de 8 [octu] bre / 1750. Trad. : Sépulture de la très vertueuse, charitable, humble et bienheureuse Dame Esther Peixoto, décédée le 25 tishri 5511 qui correspond au 25 octobre 1750. Le Registre des morts inscrit : « Ester Lameyra-Peixotto, femme de feu Isaac Leon Coen Peixotto, décédée le 24 octobre 1750, âgée de 90 ans, le samedy à 9 heures du matin » 157. Son mari était décédé le 14 décembre 1744 (supra § 113). 159 Sara-Judica Mendes, 23 décembre 1750 G. cirot, Recherches, p. 129-130 az. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,83, largeur : 0,70. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,065. Au pied, cœur dans un cadre aux angles concaves arrondis, hauteur du cadre : 0,34, largeur : 0,50, hauteur du cœur : 0,20, largeur : 0,23.

157. Archives municipales GG 845 § 268.

256

Épitaphes Sa m uJ

de la

homilde hoNeSta y BieN aB.a Sra Sara Jvdica me NdeS f° a

26

qviSleB 5511 qve cor de a 23 de x Bre 1750

S(epultur)a / de la Muj / homilde/ honesta / y bien ab(enturad).a/ s(eño) ra Sara /Judica Me/ndes f(alleci) ° a 26 / quisleb 5511 que / corde a 23 de /x[ deciem] bre 1750 Trad. : Sépulture de la très humble, honnéte et bienheureuse Dame SaraJudica Mendès, décédée le 26 kislev 5511 qui correspond au 23 décembre 1750. Ne figure pas au Registre des morts. 160 Ézéchias-Daniel de Torres, 3 janvier 1751 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,65, largeur : 0,67. Cadre aux angles arrondis concaves. Neuf lignes. Hauteur des Lettres : 0,06. Au pied motif cœur, hauteur : 0,28, largeur : 0,27. Sa del aveNtv

BieN

rado hiSqvi yav daNiel

f° 6 de teBet 5511 qve cor de a 3 de heNe 1751 de torreS a

S(epultur)a del / bien aventu /rado Hisqui /yau Daniel / de Torres. F(alleci)° / a 6 de tebet / 5511 que cor(es)p(on)de / a 3 de hene(ro) / 1751. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias Daniel de Torres, décédé le 6 tebet 5511 qui correspond au 3 janvier 1751.

257

Épigraphie et sotériologie Shohet, c’est-à-dire sacrificateur des bêtes selon les règles de la cacherout, Daniel de Torres-Montanes mourut à 76 ans 158. 161 Anne-Sara da Costa, 9 avril 1751 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,96, largeur : 0,68. Au chevet : encadrement aux angles arrondis inversés. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,055. Au pied : un cœur dans lequel la date chrétienne est gravée pour la deuxième fois, hauteur : 0,58. Sa de la BieN aB.a haNa Sa ra da coS ra f° a NiSaN

1 5511

qve corpde a

9 aBril 1751

S(epultur)a / de la bien / ab(enturad)a Hana Sa/ra da Cos/ta f(alleci)° a 1/ nisan 5511/ que cor(res)p(on)de / a 9 abril / 1751. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Hana Sara da Costa, décédée le 1er nisan 5511 qui correspond au 9 avril 1751. Ne figure pas au Registre des morts. 162 Judith Ximenes, 20 juillet 1751. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,48, largeur : 0,50. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,16, autres : 0,06.

158. Archives municipales GG 845 § 274 ; sur la viande cachère dans la Nation juive cf. J. caviGNac, « Le coin de l’archiviste : une boucherie cachère à Bordeaux au xviiie siècle », Euroviande 94 (1976), p. 37-46.

258

Épitaphes Sa de la virtvSa

y BiN aB.a

J vdiq xi meNeS mvGer

qve fve ed Semvel xi meNeS f° a

27 tamv 5511 cor de a 20 Jvlio 1751

S(epultur)a de la / virtusa / y bin / ab(enturad)a / Judiq Xi /menes / muger / que fue de/ Semuel Xi/menes/ f(alleci)° a / 27 tamu / 5511 cor(respon)de a / 20 julio 1751. Trad. : Sépulture de vertueuse et bienheureuse Judith Ximenes veuve de Samuel Ximenes, décédée le 27 tamuz 5511, correspond au 20 juillet 1751. Hana Judique Ximenes Marchena mourut à l’âge de soixante-quatre ans le 19 juillet, donc dans la soirée, selon le Registre des morts 159. 163 Isaac Lopes-Pereira, 3 août 1751 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,94, largeur : 0,64. Cadre aux angles brisés au chevet. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,55. Au pied motif cœur, hauteur : 0,33, largeur : 0,32. Sa

a B° yShac lop

del BiN

eS pereira

f° a 13 de aB 5511 qve cor de a 3 aGoSto

1751 foNd ador de B.h. Jahid

159. Archives municipales GG 845 § 285.

259

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / del bin ab(enturad)o / Yshac Lop/es Pereira / F(alleci)° / a 13 de ab / 5511 que / cor(espon)de / a 3 / agosto/ 1751 fond/ador de/ B.(icur) H.(olim) Jahid. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Lopes Pereira, décédé le 13 ab 5511 qui correspond au 3 août 1751, fondateur de Biqur Holim [Visite des malades] Jahid. Le défunt pourrait être le père du jeune David circoncis à l’âge de dix-sept ans à son arrivée d’Espagne le 13 juillet 1724 160. Le dernier terme hébreu yahid signifie unique. Le 23 janvier 1746 s’était tenue une assemblée générale de la Nation refondant une confrérie de visitation des malades. Elle stipule in fine « Et atendeu qu’il y a une sosietté plus encienne que celle des dits fraires, seur le nom de Bicur Holim, la dite sosiétté prendra à l’avenir le nom de Bicur Holim Jadide pour la distinguer de l’autre ». Simon Schwarzfuchs et Moshe Bar-Asher interprêtent l’épithète : « nouvelle en arabe » 161. Notre lecture épigraphique est certaine. Par ailleurs Jahid ne peut désigner ici un membre distingué de la confrérie ou de la Nation puisqu’il est déjà gratifié du titre de fondateur. La confrérie s’intitulerait Bicur Holim Jahid, Visitation des malades « particulière » par opposition à son homologue publique. Cette ancienne société offrait le 15 décembre 1745 une dalle funéraire à Isaac Dias (supra § 126). Sur l’épitaphe d’Abraham Albouquerque, fondateur et parnas président du 25 mai 1749, elle s’intitule la hermandad de Bikur Holim (supra § 147) sans adjectif, preuve qu’il s’agit toujours de l’ancienne. Le défunt avait cinquante ans 162. 164 David Henriques-Hibarra, 16 août 1751 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,90, largeur : 0,60. Dalle basculée et encastrée sous d’autres. Huit (?) lignes. Hauteur des lettres S : 0,055, autres : 0,08. Au pied, motif : un cœur au dessus de deux branches, hauteur : 0,55, largeur : 0,29.

160. C. darGeloS, Thezoro, § 211 p. 134. 161. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 128 p. 180, M. Bar-aSher, Les communautés juives du Sud-Ouest de la France. Prières et traditions linguistiques, Louvain-Paris-Walpole 2013 p. 276. 162. Archives municipales GG 845 § 285.

260

Épitaphes del BieN (aBeNturado) (ayaSiS ?( NihBad david heNriqvez hiBa ..ra f° a 25 de aB 5511 qve coreSp. a 16 aGoSto 1751

(Sepultura)/del bien/ (aventurado)/ (ayasis)/ (veanihbad David/ Henriquez Hiba/rra fallecio a 25/ de ab 5511 que/coresponde a 16 agosto/ 1751. Trad.: Sépulture du bienheureux, le vénérable et honoré David Henriquez Hibarra, décédé le 25 ab 5511 qui correspond au 16 août 1751 Un David Ybara parraine le 23 décembre 1719 avec son épouse Ribka son neveu David de Jacob de Léon. Le 12 juin 1744, notre David perdait sa sœur, Rébecca de Léon (supra § 111). Son épouse se prénommait Rachel Gomes ; elle décède le 27 mai 1742 âgée de soixante-dix ans. Le couple eut quatre enfants : Isaac, circoncis le 10 décembre 1706 – décédé à l’âge de douze ans le 17 avril 1718, inhumé au cimetière des Cordeliers selon l’enregistrement du curé de Sainte-Eulalie –, et trois filles, Ribca, Esther et Rachel. La première se marie le 2 novembre 1723 avec Isaac da Costa. Esther se marie le 15 novembre 1723 avec Jacob Fernandes. La troisième épouse le 2 juin 1729 Georges Francia. Selon le Registre des morts le décès survint le 15 août, donc dans la soirée ; le défunt avait quatre-vingt-un ans 163. 165 Isaac de Robles-Garcias, 2 janvier 1752 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,86, largeur : 0,67. Cadre aux angles arrondis (concave) au chevet. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,07, Au pied : motif cœur enchâssant l’année commune et surmontant une étoile inscrite dans un cercle, de chaque côté, hauteur : 0,30, largeur : 0,28 ; étoiles, diamètre : 0,13.

163. Décès de l’épouse, Archives municipales GG 845 § 72, son propre décès § 286 ; circoncision d’Isaac en 1706, C. darGeloS, Thezoro § 14, p. 119, circoncision de David de Jacob de Leon, ibid., p. 131, § 171. Décès d’Isaac Ibar (sic), Registre de Sainte-Eulalie, décès de l’épouse, GG 368, n°1832, Je dois ces renseignements à M. Jean-Paul Léon que j’ai plaisir à remercier ici.

261

Épigraphie et sotériologie Sa del BieN

a B° JShaq de roBleS GarciaS

f° a 15 de teBet 5512 qve cor de

a

2 de he Nero 1752

S(epultur)a / del bien /ab(enturad)o Jshaq /de Robles / Garcias/ / F(alleci)° a 15 de /tebet 5512/ que cor(espon)de / a 2 de henero/ 1752. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac de Robles Garcias, décédé le 135 tebet 5512 qui correspond au 2 janvier 1752. Il avait soixante-huit ans 164. 166 Judith Rodrigues, 10 juillet 1752 Dalle calcaire blanc. Encadrement arrondi au chevet. Bosse médiane limitée de chaque côté par un angle droit. Hauteur : 1,82, largeur 0,67. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,09 autres. Au pied : un cœur, hauteur : 0,36, largeur : 0,33 (fig. 44). Sa BieN aveNtdo J eudiq rodriGueS f° a .28. de .tamuS 5512 . qve corpde a 10. de. J vllio 1752 de la

S(epultur)a / de la bien / avent(ura)do [sic] Jeudiq/ Rodrigues f(alleci)o /a 28 de tamus / 5512 que cor(res)p(on)de / a 10 de jullio / 1752 . Trad. : Sépulture de la bienheureuse Judith Rodrigues décédée le 28 tamuz 5512, correspond au 10 juillet 1752. La graphie jullio est un lusisme, julho.

164. Archives municipales GG 845 § 297.

262

Épitaphes Le décès survint le 9 juillet 1752 au soir ; épouse de David Rodrigues, la défunte avait soixante-cinq ans 165.

Fig. 44. Judith Rodrigues, 1752.

167 Daniel fils d’Aaron Mendes, 23 septembre 1752 Dalle calcaire. Aucune dimension. Sept lignes. Sa daNi el hiyo

h aroN meNdeS f° a 15 d. tiSdry 5513 de

S (epultura)a / Dani / el hiyo / de Haron / Mendes / f(alleci)° a 15 de / tisdry 5513 [ 23 septembre 1752] Trad.: Sépulture [de] Daniel fils d’Aaron Mendes, décédé le 15 tishri 5513 [23 septembre 1752]. Ne figure pas au Registre des morts.

165. Archives municipales GG 845 § 312.

263

Épigraphie et sotériologie 168 Rachel Fernandes Medina, 24 novembre 1752 G. cirot, Recherches, p. 130 bb. Dalle calcaire blanc. Encadrement arrondi (concave) au chevet. Hauteur : 1,73, largeur : 0,68. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,06. Cirot indique le mois hébraïque de kislev et le mois civil d’avril, ce qui n’est pas possible. Sa de la BieNaBe Ntvrada rah el ferNaNd eS mediNa f° a

17 [kiSlev] 5513 qve poNde a

1752

S(epultur)a / de la bienabe/ nturada Rah / el Fernand / es Medina/ f(alleci) o a 17 de kislev / 5513 que / (corres)ponde a / 1752 . Trad., Sépulture de la bienheureuse Rachel Fernandes Medina décédée le 17 kislev 5512, qui correspond au [24 novembre] 1752. Décédée le 25 novembre, elle avait soixante ans 166. 169 Israël Gomes-Henriques, 20 décembre 1752 G. cirot, Recherches, p. 131 bi. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,90, largeur : 0,67. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet. Quinze lignes. Hauteur des lettres S : 0,105, autres : 0,055. Au pied : un cœur enchâssant l’année commune, hauteur : 0,28. Sa

del BieN aB°

ayaSiS BeaNyBad iSrael Go meS h eN riq primer°

166. Archives municipales GG 845 § 319.

264

Épitaphes

fvNdador

heBra f° a 13 de t eBet 5513 qve

de la

cor p de a 20 x Bre

1752

S(epultur)a/ del bien ab(enturad)°/Ayasis / Beanybad /Israel Go/mes Hen/ riq(ues) primer°/fundador/de la Hebra /F(alleci)° a 13/de tebet /5513 que/ cor(es)p(on) de a/20 x(deciem)bre/1752. Trad. : Sépulture du bienheureux, âgé et honoré Israël Gomes Henriquez, premier fondateur de la confrérie, décédé le 13 tébet 5513 qui correspond au 20 décembre 1752. Ayasis / Beanybad, hébreu pour ha-yashish we-ha-nikhbad, le vénérable et honoré, appellation fréquente d’un membre du Conseil de la Nation. Hebra, hébreu, société, désigne la Confrérie par excellence, celle du dernier devoir. S’agit-il vraiment du premier fondateur de la confrérie ? Auquel cas, la confrérie aurait été créée assez récemment. Le titre de premier fondateur revient-il de droit – nous opterions pour cette lecture – au plus fort cotisant en faveur de la confrérie? Antoine Israël Henriques décédé le 19 décembre, donc en soirée, avait quatre vingt-six ans 167. 170 Sara Fernandes-Medina, 22 décembre 1752 Dalle calcaire blanc. Encadrement arrondi (concave) au chevet. Hauteur : 1,74, largeur : 0,70. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,06. Sa BieN

de la

aBeNtvra da… oNeSta

Sa

ra ferN(a) NdeS medi Na

167. Archives municipales GG 845 § 322.

265

Épigraphie et sotériologie f°

… teBet 5513 qve

coreSpoN

22 dec 1752

de a

iemBre

S(epultur)a / de la bien/ abentura /da (virtuosa y h) / onesta Sa / ra Ferna / ndes Medina / f(alleci)o (a 15) de tebet / 5513 que / corespon / de a 22 dec/ iembre 1752. Trad. : Sépulture de la bienheureuse (vertueuse et h)onnête Sara Fernandes Medina décédée le 15 tevet 5512, qui correspond au 22 décembre 1752. Elle avait cinquante huit ans 168. 171 Abraham de Campos, 23 janvier 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,55, largeur : 0,05. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,14, autres : 0,05. Au pied, un cœur enchâssant l’année commune, hauteur : 0,26. Sa del BieN aB°

aBm campoS f° a 20 de

de

SeBat a

5513 qve cor de a 23 de heNero

1753

S(epultur)a/del bien ab(enturad)o Ab(raha)m/ de Campos/ F(alleci)° a 20 de/ sebat a(ño)/ 5513 que/ cor(espon)de a 23/ de henero/ 1753. Trad. : Sépulture du bienheureux Abraham de Campos, décédé le 20 shevat 5513 qui correspond au 23 janvier 1753. Par erreur probablement, le Registre des morts date le décès au 24 janvier 1753. Le défunt était fils de feu Dominique Campos, il avait soixante ans 169. Sa sœur, Sara de Campos, était décédée le 25 mars 1742 (supra § 98).

168. Archives municipales GG 845 § 323. 169. Archives municipales GG 845 § 325.

266

Épitaphes 172 Ézéchias-Abraham Cardozo de Paz, 13 février 1753 G. cirot, Recherches, p. 122 g. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Onze lignes. Sa

del.

virtvoSo.y.BeN aB° hiSqviav a Braham. cardozo de paz. f° a. 9. de. adar riSoN 5513 qve cor de a. 13 feBrero 1753

S(epultur)a/del virtuoso y ben/ Ab(enturad)° Hisquiyau/ Abraham/ Cardozo/ de Paz, f(alleci)° a / 9 de adar / rison 5513/ que cor(espon)de a/ 13 febrero/ 1753. Trad. : Sépulture du vertueux et bienheureux, Ézéchias-Abraham Cardozo de Paz, décédé le 9 adar premier 5513 qui correspond au 13 février 1753. Il avait soixante-seize ans 170. 173 Moïse-David Dias-Mirande, 20 février 1753, Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,97, largeur : 0,68. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,14, autres : 0,05. En fin des lignes 8 et 10, petit crochet décoratif. Au pied, deux cadres superposés avec bosse au chevet, celui du haut enchâssant l’année commune, celui du bas enchâssant un cœur surmontant une étoile, elle-même inscrite dans un cercle ; hauteur du motif : 0,69. Sa del BieN aB° moSeh david diaS

miraNde f° 16 de adar riSoN 5513

a

170. Archives municipales GG 845 § 326.

267

Épigraphie et sotériologie qve corpde a

20 de

feBrero

1753

S(epultur)a /del bien / ab(enturad)o Moseh/ David Dias /Mirande F(alleci)° /a 16 de adar / rison 5513 / que cor(es)p(on)de / a 20 de febrero/ 1753. Trad. : Sépulture du bienheureux Moïse David Dias Mirande, décédé le 16 adar rison 5513 qui correspond au 20 février 1753. Il avait cinquante-huit ans 171. 174 Rachel Dacosta de Silva, 26 février 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,89, largeur : 0,68. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,16, autres : 0,08. Sa

de la BieN aBa r aqv el da co ta Sil va f°a

22 de a 5513

adar

qve cor d a

26 de

feBrero

1753

S(epultur)a / de la bien / ab(enturad)a Raqu / el Da Co / sta Sil/ va f(alleci) o a / 272 de a / dar 5513 / que / (corres)ponde / a 28 de/ febrero/1753 . Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Dacosta Silva décédée le 22 adar 5513, qui correspond au 26 février 1753. Décès survenu le premier mars selon le registre des morts : elle avait cinquante ans 172.

171. Archives municipales GG 845 § 327. 172. Archives municipales GG 845 § 328.

268

Épitaphes 175 Sara-Rachel Pereira de Azevedo, 17 mars 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,48, largeur : 0,48. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05. Au pied un cœur enchâssant l’année commune, hauteur : 0,34. Sa

de la BieN ava Sara

r ahel pe reira de

(azeve)do f° a… de adar SeNi… qve cor de a… 1753

S(epultur)a / de la bien / av(enturad)a Sara / Rahel Pe / reira de / (Azeve)do f(alleci)o / a ,,, de adar / seni,,, / que cor(es)pon)de / a ,,, / 1753 . Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Rachel Pereira de / (Azeve) do, décédée le [6] adar deuxième qui correspond au [17 mars] 1753. Le Registre des morts signale le décès d’une Ribeca Azevedo fille de veuve Menazeh Azevedo âgée de trente deux ans : est-ce la nôtre dont le prénom aurait été transcrit ainsi par erreur 173 ? 176 Jacob Pinelo, 20 avril 1753, Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,01, largeur : 0,67. Treize lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,06. Au pied : un cœur, hauteur du motif : 0,24, largeur : 0,23. Ligne 8 in fine, petit crochet horizontal. Sa del BieN aB° yaha

coB,piNelo fvNdador de Biqvr Jolim f° a

24 de 5513

NiSaN

173. Archives municipales GG 845 § 329.

269

Épigraphie et sotériologie qve corpde a

20 de

aBril

1753

S(epultur)a /del bien / ab(enturad)o Yaha/ cob Pinelo / fundador/ de Biqur Jolim F(alleci)° /a 24 de/ nisan 5513 / que cor(es)p(on)de / a 20 de / abril / 1753. Trad. : Sépulture du bienheureux Jacob Pinelo, fondateur de Visitation des malades décédé le 24 nisan 5513 qui correspond au 20 avril 1753. Un autre membre fondateur de la confrérie, Abraham Albourquerque était décédé le 25 mai 1749 (supra § 151). Jacob Pineyro dit Don Blas avait soixante-dix ans 174. 177 Sara-Esther Henriques, épouse de Moïse Henriques, 27 avril 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,04 ; largeur : 0,70. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,17, autres : 0,065. Au pied cœur, hauteur : 0,26 Sa de la BieN a a Sara

eSter heN riqveS mv Ger de mo ySe heNri qveS f° a

23

de NiSaN

5513 qve 27 aBril 1753

cor de a

S(epultur)a / de la bien / a(benturad)a Sara / Ester Hen / riques mu / ger de Mo/ yse Henri /ques f(alleci)o a 23 de nisan / 5513 que/ cor(es)pon)de a 27 / abri1753 . Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Esther Henriques, épouse de Moïse Henriques, décédée le 23 nisan 5513 qui correspond au 27 avril 1753.

174. Archives municipales GG 845 § 333.

270

Épitaphes Le Registre des morts laisse son âge en blanc mais signale que le mari de la défunte était surnommé Penamacor 175 : il devait être originaire de Penamacor, localité portugaise située dans le district de Castelo Branco. 178 David de Bargas, 6 mai 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,00 ; largeur : 0,71. Encadrement aux angles brisés au chevet, arrondis (concaves) au pied. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,06. Au pied : un cœur surmonté de l’année commune, L’ensemble s’inscrit dans un cartouche surmonté d’une bosse, hauteur : 0,64, largeur : 0,53. Le quantième de la date commune n’a pas été gravé. Sa del BieN aB° ayaSiS Be aNyBad david de

f° 2 de iyar 5513 qve

BarGaS a

cor p de a de mayo

1753

S(epultur)a/ del bien /ab(enturad)°Ayasis / Beanybad / David de / Bargas, f(alleci)° / a 2 de iyar / 5513 qve /cor(es)p(on) de a /de Mayo /1753. Trad. : Sépulture du bienheureux, âgé et honoré Israël David de Bargas, décédé le 2 iyar 5513 qui correspond au [6] mai 1753. Ayasis Beanybad, hébreu pour ha-yashish· we-ha-nikhbad, le vénérable et honoré, appellation fréquente d’un membre du Conseil de la Nation, d’une confrérie ou d’une synagogue. Nous ne trouvons pas le nom du défunt parmi les signataires des délibérations de la Nation : il appartint sans doute aux corps des dirigeants d’une confrérie ou d’une synagogue. Décédé le 5 mai, David Bargas avait quatre-vingt-trois ans 176.

175. Archives municipales GG 845 § 332. 176. Archives municipales GG 845 § 335.

271

Épigraphie et sotériologie 179 Isaac Carvalho, 9 mai 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,06, largeur : 0,68. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,19, autres : 0,06. Au pied, un cœur, hauteur : 0,33, largeur : 0,31. Sa del BieN aB° iShac carvalho

f° a 5 de 5513

iyar

qve cor de a

9 de may° 1753

S(epultur)a /del bien / ab(enturad)o Jshac/ Carvalho /F(alleci)° a 5 de Iyar 5513 / que cor(espon)de / a 9 de mayo/ 1753. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Carvalho, décédé le 5 Iyar 5513 qui correspond au 9 mai 1753. Décès survenu le 8 mai. Surnommé Cuaresma (?), le défunt était âgé de soixante-quinze ans 177. 180 Salomon Penso-Felis, 22 juin 1753 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,06, largeur : 0,68. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,19, autres : 0,06. Au pied, Encadrement aux angles arrondis inversés enchâssant un cœur, hauteur : 0,66, largeur : 0,51. Sa del BieN

aB° Selomoh peNco feliS

f° a19 de 5513

SiBaN

qve cor de

a

177. Archives municipales GG 845 § 336.

272

22 JuNio 17..

Épitaphes S(epultur)a /del bien / ab(enturad)o Selomoh / Penço Felis / F(alleci)° a 19 de siban 5513 / que cor(espon) de / a 22 de junio / 17.. Trad. : Sépulture du bienheureux Salomon Penso Felis, décédé le 19 sivan 5513 qui correspond au 22 juin 17(53). Orthographe du patronyme restituée d’après l’épitaphe de sa fille Rachel Penso-Felix décédée le 29 janvier 1750 (supra § 153). « Fils de feu Reby Penso Felix », il mourut à quarante-trois ans 178. 181 Esther fille de … Fernandez, 10 novembre 1753 Aucune dimension. Dix lignes. Sa de la BieN

eSter hiJa de …

aveNturada

ferNaNdez f° a … heSBaN 5514 corde a 10 9Bre 1753

S(epultur)a de la bien / aventurada Ester / Hija de/… /Fernandez / f(alleci) o a … /hesban / 5514 cor(espon)de /a 10 9bre 1753. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther fille de … Fernandez, décédée le (13) hesban 5514 correspond au (10) novembre 1753. Pas de mention au Registre des morts. 182 Mardochée, fils de Moïse Mendes France, 27 mars 1754 Sépulture inédite photographiée par Délie Muller (Musée d’Aquitaine n° 914352 et 62) aucune dimension. Dix lignes.

178. Archives municipales GG 845 § 339.

273

Épigraphie et sotériologie

de

S.a mordohai hiJo de

moSeh meNdeS fraNce f° eN 3 de NiSaN

5514 que corp. de al 27 marc° 1754.

Sepultura/ de Mordohai / hijo de / Moseh / Mendes France / fallecio en 3 / de nisan / 5514 que / cor(es)p(on) de / al 27 marc° / 1754. Trad. : Sépulture de Mardochée fils de Moïse Mendes France décédé le 3 nissan 5514 qui correspond au 27 mars 1754. Né le 29 septembre 1751 de Moïse Mendes France – lui-même fils de Jean Mardochée Mendes France et de Sara-Rachel Peixotto décédée le 22 décembre 1734 (supra § 50) –, courtier en change, et de Rachel Lopes-Mendes, fille de Jacob Lopes et d’Esther Campos. L’enfant décède à l’âge de trente mois 179. 183 Esther Carvallo-Lameyra, épouse de Moïse Carvallo, 18 novembre 1754 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,93, largeur : 0,76. Encadrement à angles arrondis au chevet, droits au pied, surmonté d’une bosse à l’intérieur de laquelle une étoile s’inscrit dans un cercle. Quatre cœurs : deux de chaque côté de la bosse au chevet et deux au pied, transpercés de deux flèches brisées. Seize lignes, hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,06. Cœurs, hauteur : 0,07, largeur : 0,10 ; cercle, diamètre : 0,10 (fig. 45). Sa

de.la.BieN aveNtvra da y. virtuoSa eSter carvallo lameyra

179. Archives municipales GG 845 § 365 et J. caviGNac, Dictionnaire, p. 175.

274

Épitaphes

muGer de moSeh carvallo f° a

4 de kiSlev 5515 qve corr.Sp. a 18 NoviemBre 1754

Fig. 45. Esther Carvallo Lameyra, 1754.

275

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / de la bien / aventurada / Ester / Carvallo/ Lameyra/ muger / de Moseh / Carvallo / f(alleci)o a 14 de kislev / 5515 que/ cor(e)sp(onde) a / 18 noviembre / 1754. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther Carvallo Lameyra, épouse de Moïse Carvallo, décédée le 4 kislev 5515 qui correspond au 18 novembre 1754. Le Registre porte la date du 16 novembre. La défunte avait quarantecinq ans 180. 184 Myriam Nuñes de Pas, épouse de Moïse Carvallo, 16 décembre 1754 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 2,02, largeur : 0,72. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Au pied un cœur inscrit dans un cartouche aux angles arrondis inversés, hauteur 0,32. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,16, autres : 0,06. Année hébraïque et quantième civil lacunaires. Sa de la BieN aBa verto vza y ho milde Se Nora miri am NuNeS de paS f° a

2 de teBet qve corpde. a x Bre 1754

S(epultur)a / de la bien / ab(enturad)a verto/ uza y ho / milde se/ ñora Miri/ am Nuñes / de Pas f(alleci)o a / 2 de tebet / que/ cor(es)p(on)de a / X [deciem] bre 1754. Trad. : Sépulture de la bienheureuse vertueuse et humble Myriam Nuñes de Pas, décédée le 2 tebet [5515] qui correspond au [16] décembre 1754. Ne figure pas au Registre des morts.

180. Archives municipales GG 845 § 381.

276

Épitaphes 185 Jana-Esther Gomes-Athias, 28 décembre 1754 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,41, largeur : 0,50. Encadrement aux angles arrondis (convexes) au chevet. Onze lignes, hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,04. Sa

de la BieN aBa JaNa eSter GomeS athiaS. f°

14 de teBet 5515 qve corpde. a 28 xBre 1754 ‫תנצבה‬

a

S(epultur)a / de la bien / ab(enturad)Jana / Ester Gomes / Athias. f(alleci) o / a 14 de tebet / 5515 que/ cor(es)p(on)de a / 28 X deciem[bre] 1754 ‫תנצבה‬. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Jana Ester Gomes Athias, décédée le 14 tebet 5515 qui correspond au 28 décembre 1754. Que son âme soit liée au sachet des vies (cf 1 S 25,29). Fille de Moïse Atias et de Sara Atias, la défunte avait dix-huit ans 181. 186 Jacob de Léon, 15 janvier 1755 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,53, largeur : 0,63. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,06. Bordure à angles arrondis au chevet, droits au pied (fig. 46). Sa

del BieN aB°

aJaSiS

Be aNiBad JacoB de leoN f° a

3. de. SeBat 5515. qve cor de a 15 de eNero 1755

181. Archives municipales GG 845 § 383.

277

Épigraphie et sotériologie

Fig. 46. Jacob de Léon, 1755.

S(epultur)a/ del bien ab(enturad)°/ Ajasis / Be anibad / Jacob/ de Léon, f(alleci)° a / 3 de sebat / 5515 qve /cor(espon)de a 15 de / enero 1755. Trad. : Sépulture du bienheureux, âgé et honoré Jacob de Léon, décédé le 3 shevat 5515 qui correspond au 15 janvier 1755. Ajasis Beanibad, hébreu pour ha-yashish· we-ha-nikhbad, le vénérable et honoré, appellation fréquente d’un membre du Conseil de la Nation, d’une confrérie ou d’une synagogue. Nous ne trouvons pas le nom du défunt parmi les signataires des délibérations de la Nation : il appartint sans doute au corps des dirigeants d’une confrérie ou d’une synagogue. Jacob de Leon Correa avait quatre-vingt-seize ans 182.

182. Archives municipales GG 845 § 385.

278

Épitaphes 187 Rachel Cados-Pasencia, 2 avril 1755 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,35, largeur : 0,66. Encadrement aux angles arrondis (convexes) au chevet. Dix lignes, hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,06. Ligne 9 pourvue d’un crochet décoratif précédée et suivie de deux autres. Au pied : un cœur avec un arbre (?) Sa

de la BieN aBa rachel cadoS paSeNcia f° a

22 de 5515

NiSaN

qve corp a

2 aBril 1755

S(epultur)a / de la bien / ab(enturad)a Rachel / Cados / Pasencia/ f(alleci)o a 22 de /nisan 5515 / que cor(es)p(on)de) a / 2 abril / 1755. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel Cados Pasencia décédée le 22 de nissan 5515 qui correspond au 2 avril 1755. Veuve de Jacob Cados, prénommée Sara sur le Registre des morts, elle décède le 1er avril, donc en soirée, à l’âge de cinquante ans 183. 188 Rachel Mendes, épouse d’Abraham Mendes, 14 avril 1755 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,48, largeur : 0,64. Encadrement droit, dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,06. Au pied de chaque côté de l’année commune : s couché et allongé surmontant un cœur, hauteur et largeur : 0, 15. Sa

de la BieN aBa raqvel meNdeS mvGer de aBm meNdeS

183. Archives municipales GG 845 § 388.

279

Épigraphie et sotériologie f° a

3 de iyar 5515 qve cor a 14 aBril 1755

S(epultur)a / de la bien / ab(enturad)a Raquel / Mendes / Muger de / Ab(raha)m Mendes / f(alleci)o a 3 de iyar / 5515 que cor(esponde) /a 14 abril / 1755. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Raquel Mendes, muger de Ab(raha)m Mendes, décédée le 3 iyar 5515 qui correspond au 14 avril 1755. Elle avait soixante-douze ans 184. 189 Abraham de Robles-Garcia, 24 avril 1755 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,73, largeur : 0,68. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,14, autres : 0,06. Au chevet, des angles arrondis, une étoile à cinq branches inscrite dans un cercle. Au pied de chaque côté de l’année commune : s couché et allongé surmontant un cœur, hauteur : 0,28. Sa del BieN aB° a Bm de roBleS

Garcia f° a 13 de iyar 5515 qve corpde a,, aBril

1755

S(epultur)a /del bien / ab(enturad)o Ab(raha)m /de Robles / Garcia, F(alleci)°/ a 19 de iyar / 5515 que /cor(es)p(on)de a … / abril / 1755. Trad. : Sépulture du bienheureux Abraham de Robles Garcia décédé le 19 iyar 5515 qui correspond au [24] avril 1755. Sur le Registre des morts à cette date s’inscrit le nom d’Isaac Garcia fils d’Abraham Garsia, âgé de vingt-quatre ans 185.

184. Archives municipales GG 845 § 390. 185. Archives municipales GG 845 § 391.

280

Épitaphes 190 Moïse de Daniel Anavia, 1er mai 1755 Dalle calcaire blanc, très érodée et de lecture difficile. Hauteur : 0,83, largeur : 0,39. Encadrement à angles arrondis au chevet, droits au pied. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,04. Ligne 6, motif : s couché (fig. 47).

FIg. 47. Moïse d’Anavia, 1755.

Sa de moSeh

de dl aNN avia f° a

,,de

hiJar

5515 core a 1 m ayo 1755

S(epultur)a /de Moseh/ de D(anie)l Ann/ avia, f(alleci)° / a .. de / hiyar / 5515 cor(espond)e / a 1 mayo/ 1755. Trad. : Sépulture du bienheureux Moïse [fils de] Daniel Annavia, décédé le 20 iyar 5515 [qui correspond] au ler mai 1755.

281

Épigraphie et sotériologie Sépulture d’un enfant du docteur en médecine Daniel Anavia, époux de Rachel Anabia, médecin de la Nation jusqu’à son décès survenu le 16 août 1765 (infra § 230). L’enfant avait huit ans et son décès n’est pas couché sur le Registre des morts 186. 191 David Soreph dit Soffer, 13 juin 1756 Dalle calcaire blanc, brisée en sa portion inférieure. Hauteur : 1,30, largeur : 0,57. Inscription uniquement en hébreu. ‫מצבת קבורת‬ ‫הנכבד דוד‬ ‫צורף שנפטר‬ ‫והלך לעולמו‬ ‫ביום ט״ו לחדש סיון‬ ‫בשנת תקט״ז‬ ‫לפ״ק‬

Trad. : Stèle funéraire du vénéré David Soreph qui s’en fut et partit pour son éternité le 15e jour du mois de sivan en l’année [50(16)] du Petit Comput. Le défunt était honoré et donc avancé en âge. Était-il lié aux Soreph copistes à Bordeaux au début du XIXe siècle ? Un Isaac Soreph fils ainé calligraphia, ‫ סדר הגדה של פסח עם פירוש יפה וציורים נאים‬Haggada de la Pâque ornée de figures, Bordeaux 5573, 1813, Édition en fac-similé, Éditions Nahar-Stavit s.d. Nous restituons le quantième de la date juive d’après celle du Registre des morts, pour lequel il mourut à quatre-vingts ans 187, ce qui pose problème parce que le 19 février 1739 son épouse Ester aurait mis au monde un fils prénommé Jacob. 192 David Coen-Peixotte, 16 juillet 1757 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 1,67. Encadrement à angles arrondis (concaves) au chevet, droits au pied. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,05, terminaison otte : 0,025.

186. Archives municipales GG 845 § 392. 187. Cf. J. caviGNac, Dictionnaire p. 121 ; I. Soreph, Haggada de la Pâque ornée de figures par J. Soreph ainé l’an 5573, qui est l’an 1813, Paris 1987, Tel Aviv 1998. Présentation d’A. moldovaN en français, en anglais et en hébreu, La Hagada de Bordeaux, fac-similé 1813, Paris 1987. Archives municipales de Bordeaux GG 845 § 414.

282

Épitaphes Sa

del BieN av do david coeN peixotte f. eN

19 aB 5517 qve corp. eN 6 Jvlio 1757

S(epultur)a /del bien av(entura)do / David Coen / Peixotte f(allecio) en /19 ab 5517 que /cor(es)p(onde) en 6 / julio 1757 Trad. : Sépulture du bienheureux David Coen Peixotte, décédé le 19 ab 5517 [!] qui correspond au 6 juillet 1757. Il pourrait s’agir de David Coen Pexotte qui, le 25 août 1737, parrainait son neveu Joseph de Abraham Coen Pexotte. La correspondance des dates est incorrecte : le Registre des morts donne le 6 juillet, soit le 18 tamouz. Il avait soixante-cinq ans 188. 193 Joseph Paez de Léon, 10 août 1757 Dalle calcaire. Hauteur : 1,81, largeur : 0,70. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet. Huit lignes. Hauteur des lettres : 0,07. Inscription hébraïque seulement. Sépulture à ne pas confondre avec celle incomplètement transcrite par G. cirot, Recherches, p. 134 bm) (fig. 48).

Fig. 48. Joseph Paez de Léon, 1766.

188. C. darGeloS, Thezoro, § 411 p. 151). Archives municipales GG 845 § 445.

283

Épigraphie et sotériologie ‫מצבת קבורת‬ ‫הישיש והנכבד החכם‬ ‫והעניו משכיל ונבון נעים‬ ‫זמירות ישראל יוסף פאיש‬ ‫דיליאון שנפטר בשם טוב‬ ‫מן העולם בסדר ובשנת אל‬ ‫המנוחה ואל הנחלה אשר‬ [‫]ה׳אלהיך נתן לך‬ ‫לפ״ק תנצב״ה‬

Trad. : Stèle funéraire du Vénérable et honoré le sage, modeste, érudit et avisé « chantre aimable d’Israël » (2 S 23,11) Joseph Paes de Léon qui s’en fut en bon renom du monde en la péricope (Reeh = Dt 11,26–16,17) et en l’année « Vers la possession tranquille, [l’héritage que le Seigneur ton Dieu te réserve » (Dt 12,9)] du Petit Comput. Que son âme soit liée au sachet des vies (cf. 1 S 25,29). Ligne 2, le titre ‫ חכם‬Sage désigne le rabbin dans les communautés portugaises. Le défunt mérita sans doute ce titre honorifique. Il est parnas de la Hebra le 23 avril 1719. Sous le rabbinat officiel de Jacob Atias qui avait succédé à Joseph Falcon décédé le 2 décembre 1738 (supra § 79), une délibération du 7 décembre 1738 lui attribue une portion des célébrations de mariages, le charge de la tenue l’État Civil et la garde des archives de la Nation, lui allouant pour ces fonctions un traitement annuel de cent livres payable par trimestre 189. À la suite du contrat de mariage – ketuba et traduction française – d’Isaac Rodrigues et de Judique Lopez Dias du 24 décembre 1748, il écrit : Je soussigné, nommé par la Nation, pour donner la sainte Bénédiction du sacré mariage et faire les contrats en hébreu que notre Loy ordônne, certifie avoir traduit le contrat de la langue hébraÿque, en la françoise. En foy de quoy je signé le présent A Bordeaux le 24 décembre 1748 Joseph Paez de Léon 190,

189. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 16 p. 92, § 85 p. 149-150. 190. Jérusalem, National Library of Israel, The David and Fela Shapell Family Digitalization Project-Ketubbot Collection, Gross Family Collection, Tel Aviv n° 035.012.007B, ketuba hébraïque et française accessible sur internet http :// jnul.huji.ac.il/dl/ketoubot/gross/085 ; texte publié dans G. NahoN, Juifs et judaïsme à Bordeaux, Bordeaux, Mollat 2003, p. 113-114.

284

Épitaphes Lignes 3 et 4, ‫ « נעים זמירות ישראל‬chantre aimable d’Israël » (2 S 23,11) indique qu’il exerce encore la fonction de ministre officiant dans une synagogue, peut-être la « synagogue de Paëz » rue Bouhaut – appelée aussi ‘Ateret zeqenim, couronne des anciens d’après Pr 17,6 – qui eut l’insigne honneur d’accueillir les princes de Condé et de Bourbon le 30 juin 1780 191. Lignes 5 et 6 le formulaire traditionnel pour désigner un décès ‫שנפטר בשם‬ ‫ טוב מן העולם‬est empruntée à Qohelet Rabba péricope 7 dans l’édition de Vilnius. Lignes 6-8 le décès survint durant la semaine du seder, c’est-à-dire de la péricope Reeh (Dt 11,26–16,17) contenant un verset cité partiellement (Dt 12,9) dont la somme des lettres majeures signale l’année du décès selon le Petit Comput, c’est-à-dire sans l’indication du millénaire. Le Registre des morts date son décès du 10 août 1757 et signale qu’il était ancien Kazan de la Nation et qu’il mourut à quatre-vingt-six ans 192. Le décès eut donc lieu dans la semaine de la péricope Reeh, soit du 7 au 13 août 1757. 194 Esther Paez de Leon, 10 août 1757 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,60, largeur : 0,64. Centre de la dalle surélevé. Onze lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,07. Ni année juive ni quantième chrétien. Sa de la BieN aBeNtvrada eSter paez de leoN qve fallecJo el

24 de la

lvNa de aB qve correSpoNde de aGoSto

1757

S(epultur)a / de la bien / abenturada / Ester Paez / de Leon que / fallecjo / el 24 de la / luna de ab que / corresponde/ de agosto / 1757. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Ester Paez / de Leon, décédée le 24 de la lune d’ab [5517] qui correspond au [10] août 1757.

191. Pour l’identification de la synagogue, cf. A. freimaNN (éd.), R. Chajim Josef David Asulai, Ma‘gal-Tob ha-salem. Itinerarium (1753-1794), Berlin-Jérusalem 1921-1934, p. 117. Pour la réception des princes, cf. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 479 p. 505-506. 192. Archives municipales GG 845 n° 448.

285

Épigraphie et sotériologie Décès survenu le 9 août, donc dans la soirée. Il s’agit peut-être de la marraine le 2 novembre 1735 d’un Abraham-Jaym fils de Joseph Jaym. Esther Paez veuve de David Paez avait quatre vingt douze ans 193. 195 Sara Rébecca de Castro, 13 octobre 1757 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,56, largeur : 0,50. Encadrement à angles droits au chevet ; au centre bosse ; au pied une main, hauteur : 0,24, largeur : 0,20. Neuf lignes, hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,05 (fig. 49). Sa

de. la. BieN av da i Birt voSa Sara riBca de ca Stro f° a de tiSri

30 5518

qve. cor de

a.13.

8Bre 1757

Fig. 49. Sara Rébecca de Castro, 1757. 193. C. darGeloS, Thezoro § 390 p. 149 ; GG 845 § 447.

286

Épitaphes S(epultur)a / de la bien / av(entura)da y birt/ tuosa Sara / Ribca de Cas/ tro f(allecj)o a 30 / de tisri 5518 / que cor(respon)de/ a 13 octobre 1757. Trad. : Sépulture de la bienheureuse et vertueuse Sara Ribca de Castro, décédée le 30 de tisri 5517 qui correspond au 13 octobre 1757. Au 30 tishri 5518 correspond le 14 octobre 1757. Le motif de la main renvoie à celle de la « femme forte » de l’Écriture en Pr 31,20) : ‫ כפה פרשה לעני‬elle tendait sa main au pauvre. Le Registre des morts inscrit le 15 octobre 1757 une Sara Roxas de Castro âgée [blanc] 194 . 196 Isaac Rodrigues, 15 novembre 1757 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,52, largeur : 1,47. Encadrement à angles arrondis (concaves) au chevet, droits au pied. Au pied : un cœur, hauteur : 0,32, largeur : 0,23 Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,06, autres : 0,04 (fig. 50).

Fig. 50. Isaac Rodrigues, 1757.

194. Archives municipales GG 845 n 452.

287

Épigraphie et sotériologie Sa

del BieN. av do

iShac. rodri 1 de mar.heSBaN 5518 qve cor de a 15 9Bre 1757 GveS.f°.a

S(epultur)a del bien av(entura)do / Ishac Rodri / gues, f.(alleci)o a 1 de / marhesban / 5518 que/cor(espon )de) a 15 / noviembre 1757 Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Rodrigues, décédé le 1er marheshvan 5517 qui correspond au 15 novembre 1757. La transcription marhesban s’expliquerait par une hésitation de la prononciation espagnole entre le b et le v avec une préférence pour le b en dépit de la consonne hébraïque waw qu’elle recouvre. Le défunt avait soixante (?) huit ans 195. 197 Rachel de Mattos, novembre 1757 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,26, largeur : 0,50. Encadrement à angles droits au chevet. Huit lignes. Hauteur des lettres : 0,04. Au pied : un cœur, hauteur : 0,21, largeur : 0,25. Sa

de la BieN av da rahel de mattoS f° a

..de

heSBaN…. qve cor de a

..x Bre 1757

S(epultur)a / de la bien / av(entura)Rahel/ de Mattos/ f(allecj)o a ..de / Hesban …. / que cor(respon)de a / .. deciembre 1757. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel de Mattos, décédée le … de heshvan 5518] qui correspond au .. décembre 1757.

195. Archives municipales GG 845 n 451.

288

Épitaphes L’absence de quantième lisible dans les deux calendriers et surtout l’impossibilité, cette année-là de les accorder – au 29 heshvan correspond le 12 novembre – nous contraignent à admettre une erreur du lapicide sur le mois de l’année civile, erreur impossible à redresser faute de mention sur le Registre des morts. 198 Rachel de Leon da Costa, 24 janvier 1759 (?) Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,07, largeur : 0,64. Encadrement en demiellipse au chevet. Cinq lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,055. Sa de la BieN aBeNtvrada

r achel de leoN dacoSta f° de

S(epultur)a de la bien / abenturada / Rachel de Leon / Dacosta f(alleci)°/de Trad. : Sépulture de la bienheureuse Rachel de Leon Dacosta décédée le .. de… Identification possible de Rachel Dacosta décédée le 24 janvier 1759 âgée de soixante-quatre ans, selon le Registre des morts 196. 199 Rachel Rodrigues-Pereire, 11 février 1759 G. cirot, Recherches p. 136 bt. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Neuf lignes. Au pied, un cœur. Sa

de.la.BieN av da mvy.hoNe

Sta.y.BirtvoSa

r ahel rodriG

veS.pereire.f°

a

14. de SeBat 5519 11 de feBrero.1759

qve cor de. a

196. Archives municipales GG 845 § 486

289

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / de la bien av(entura)da / muy hone/ sta y birtuosa / Rahel Rodrig/ues Péreire, f(alleci)° / a 14 de sebat 5512/ que cor(espon)de a 11 de / febrero 1759. Trad. : Sépulture de la bienheureuse, très honnête et vertueuse Rachel Rodrigues Péreire, décédée le 14 shebat 5519 qui correspond au 11 février 1759. Cirot suppose que la défunte était la sœur et l’élève de Jacob Rodrigues Péreire, premier instituteur des sourds-muets et agent de la Nation à Paris. Il s’agirait alors de Mariana Rodrigues Pereira alias Mariana Josepha née à Chacim le 10 mars 1696. L’année juive 5512 qu’indique Cirot est impossible, car elle correspondrait au 30 janvier 1752. Par contre à la date civile du 11 février 1759 correspond bien celle du 14 shebat 1759. Nous corrigeons une erreur imputable au lapicide ou à la transcription de Cirot. L’acte de décès « Rachel Rodrigues Pereira décédée le 11 février âgée de quarante-huit ans », alors que Mariana aurait soixante-trois ans renverrait plutôt à à une autre sœur Isabel Rodrigues alias Ribca née à Berlanga le 22 novembre 1713 197. 200 Jacob Haim Hatias, 15 septembre 1760 G. cirot, Recherches, p. 133-134 et cliché in fine. Pyramide calcaire blanc. Hauteur : 1,75, largeur : 0,56 ; tranche 0,08. Triangle hauteur : 0,48, base : 0,65. Hauteur des lettres : 0,04 (fig. 51). a

S

de NueStro.veNer

aBle maeStro q.SaB

ioS.decipuloS.form°

eNtre.NoS.de cierto

eS el SaBio.J B h aim h atiaS.el.paStor fiel.q.NoS.eNGrac coN el.r ey y el Sr del lvGar.y N° SaBer eN loS preceptoS del criador.apeGo el peNSameNto.de.Su eSprito.BueNo fve SeNalado al pueBlo

197. Archives municipales GG 845 n° 491. Pour Mariana, nous renvoyons au tableau généalogique VI d’E. E. Guerra SalGueiro, Jacob Rodrigues Pereira, homem de bem, judeu português do sec. XVIII, primeiro reeducador de crianças surdas e mudas em França, Lisbonne 2010.

290

Épitaphes

Fig. 51. Jacob Haim Hatias, 1760.

291

Épigraphie et sotériologie No Biudo.fueGo.de la.ley.eN SuS cor acoNeS.eNceNdio el amBrieNto.lo ha lo.proNto.como pa( dre) GracioSo.Sv cieNcia eNtre el Bacio el m al.q fve ocvltado coN Su zelo i Su fer vor.Se.recoNocio.Se Sv alma GlorioSa.y deleitoSa. a meN.fv Su f° el 5 tiSry 5521

S(epultur)a de nuestro.vener/able maestro q(ue).sab / ios.decipulos.formo / Entre.nos. De cierto / es el sabio. J(ac)b Haim / Hatias el Pastor / Fiel.q(ue). nos.engrac(io) / Con el.Rey. Y el (eño)r / del lugar. y n(uestr)o saber / en los preceptos / del Criador.apego el / pensamento.de.su / esprito.bueno fue / senalado al pueblo / no biudo ; fuego.de / La.ley.en sus cor / acones.encend(io). / El ambriento.lo ha / lo.pronto.como pa(n) / Gracioso.su ciencia / entre el bacio el / mal.q(ue) fve ocultado / con su zelo i su fer / vor.se.reconocio. Se(a) / Su alma gloriosa.y / deleitosa. Amen.fu(e) / Su f(alleciment)o el 5 tisry 5521. Trad. : Sépulture de notre vénérable maître qui forma des disciples parmi nous. Véritablement, c’est le Sage Jacob Haim Hatias, le Pasteur fidèle qui nous obtint la faveur du Roi. Et le seigneur du lieu et notre savoir dans les préceptes du Créateur. La pensée de son bon esprit fut signalée au peuple non veuf. Le feu de la Loi en leurs cœurs il alluma, le trouva vite comme du pain gracieux. Sa science entre le vide le mal qui y fut caché avec son zèle et sa ferveur il se reconnut. Que son âme soit glorieuse et bienheureuse. Son décès survint le 5 tishri 5521 (15 septembre 1760). Ligne 12, pensamento, lusisme pour pensamiento Ligne 13, esprito, forme archaïque populaire portugaise pour espirito (espagnol espiritu). Jacob Haîm Attias avait quatre-vingt-deux ans à son décès : il naquit sans doute en 1678 198. Bien que ceci n’apparaisse pas sur l’épitaphe, un premier changement de [pré]nom avait eu lieu lors d’une maladie : celui ordinairement attribué à Bordeaux : Hiskiau (Ézéchias) avait été ajouté à celui de Jacob. Haim gravé sur l’épitaphe résultait sans doute d’un deuxième changement de [pré]nom. Une

198. Archives municipales GG 845 n° 523 : cf. Th. malveziN, Histoire, p. 222-223,

292

Épitaphes lettre d’Amsterdam à Bayonne du 10 juin 1748 évoque en effet un libelle diffamatoire contre el s[eño]r H[a]H[am] R[iby] Jacob Hiskiau Athias de Bordeaux livré à l’impression à Bayonne et diffusé à Amsterdam par Moseh de Robles 199. Lignes 7 et 8, allusion aux compositions de prières à l’intention du roi Louis XV et la famille royale. Ecrite en hébreu, la première fut traduite par ses soins en espagnol sous le titre Oración hecha por los judios portugueses de Bordeos, para pedir a Dios la restauración de la salud del Rey nuestro señor Luis XV. Compuesta en Hebreo por el Sr H.H. Rabino Yb. Athias y por el traducida en Español, en 20 de Agosto de 1744. Traduite en français sous le titre Prière faite par les Juif[s] de Bordeaux pour demander à Dieu le rétablissement de la santé du Roy. Composée en Hébreu par son Rabin H.H. Athias, & Traduite de l’Hébreu le 20 août 1744, cette prière fut envoyée à la Cour où elle reçut le meilleur accueil. Les 16 et 19 septembre 1744 le lieutenant de police d’Argenson et le premier ministre le duc de Bourbon adressèrent à l’Intendant des lettres de remerciements à l’intention de la Nation, une reconnaissance politique de facto du judaïsme de la Nation portugaise. La prière inspira encore une Ode tirée de la prière faite par les Juifs Portugais de Bordeaux Pour demander à Dieu le rétablissement de la Santé du Roy, P. G. Simon, Paris 1744, 8 pages in 4° 200. Une deuxième prière obtint également les honneurs de l’impression sous le titre Prière faite par les juifs portugais de Bordeaux pour obtenir de Dieu le rétablissement de la santé de Monseigneur le Dauphin le 9 août 1752, jour auquel ils ont observé pour cet effet un jeûne général, & fait des aumônes publiques, composée en hébreu par leur Rabin HH. Athias & traduite par M.*** 201. Notre rabbin composa encore une prière hébraïque lors de l’attentat perpétré le 5 janvier 1757 à Versailles par Robert-François Damiens contre Louis XV, prière traduite et imprimée en français sous le titre Prière faite par les Juifs Portugais de Bordeaux le 13 janvier 1757, jour par eux arrêté, à l’occasion de l’attentat commis sur la personne sacrée du Roi et action de grâces pour son heureuse convalescence 202. Une autre édition de cette prière s’inti-

199. Amsterdam Stadsarchief PA 334 92 p. 227. 200. BnF, YE 1602, consultable en ligne sur Gallica. 201. Ader Nordmann, mardi 27 novembre 2012, Judaïca, Collection Marc Gordon, Expert Élie Szapiro, n° 86 p. 19 qui attribue la traduction à Jacob Rodriguez Pereire. 202. Prière de 1744, traduction espagnole imprimée, Bordeaux, Bibliothèque Centrale Meriadeck, Réserve Br 6195, également Archives de la Gironde C 3618 ; traduction française, imprimé –in 4°, BnF Lb38-458 ; également BnF Ms Hébreu 1415 « Prière pour la guérison de Louis XV par Jacob Hayim Gomez Athias, à Bordeaux », cf. B. BlumeNkraNz, Documents modernes sur les juifs XVIe-XVIIIe siècles I Dépôts parisiens, Toulouse 1979. BN M271, p. 499. Prière de 1752 BnF Lb 38-631. Pour les remerciements officiels, Th. malveziN, Histoire, p. 222-223, sans référence. Prière hébraïque inédite à l’occasion de l’attentat contre Louis XV en 1757, Manuscrit [autographe ?], Heildelberg, Universitätsbibliothek,

293

Épigraphie et sotériologie tule Prière… sur la personne sacrée de Sa Majesté Louis XV, & pour demander à Dieu de le garantir de toute mauvaise entreprise. Composée en hébreu par le rabin Athias, & traduite en Français 203. Durant son ministère, le patrocinio, la tutelle religieuse de la Nation juive Portugaise d’Amsterdam sur celle de Bordeaux dépérit au point que, consulté sur cas de mamzerut – statut d’un enfant né d’une union interdite par la Tora –, le mahamad d’Amsterdam considérait dans une lettre du 24 juillet 1755 « que no hallamos necessario n[uest]ra intervención en dicho caso, pues S[u] Mala representando en essa kehila la cabesa de la religion, esta en su mano de hazer lo que ordena la Ley y dicta su concensia » 204. ‫מצבת‬ ‫קבורת מורינו ורבינו‬ ‫החכם השלם יעקב חיים‬ ‫אשר תלמידים‬ ‫עשה יריאה‬ ‫בתוכנו‬ ‫והוא‬

Trad. : Stèle funéraire (Gn 3,20) de notre maître et notre rabbin le Sage Parfait Jacob Haîm qui des disciples…parmi nous fit, et il… 201 Jacob Coen-Pexotto, 4 octobre 1760 G. cirot, Recherches, p. 126 ac. Aucune dimension. Douze lignes en français, treize en espagnol.

Or. 490/4 = Jérusalem, Institute of Microfilmed Hebrew Manuscripts 34.411 et photostat 412. Sur l’aspect politique de cette liturgie, cf. P. BirNBaum, Prier pour l’État : les juifs, l’alliance royale et la démocratie, Paris 2005. 203. BnF Lb 39-727. 204. Amsterdam, Stadsarchief PA 334, 93 f° 266-267, cf. E. oliel-GrauSz, « A Study in intercommunal Relations in the Sephardi Diaspora : London and Amsterdam in the Eighteenth Century », dans Y. kaplaN, C. BraSz (éd.), Dutch Jews as Perceived by Themselves and by Others. Proceedings of the 8th International Symposium on the History of the Jews in the Netherlands, Leyde-Boston-Cologne 2001, p. 41-58, voir p. 57, et id., « Patrocinio and Authority : Assessing the Metropolitan Role of the Portuguese Nation of Amsterdam in the Eighteenth Century », dans Y. kaplaN (éd.), The Dutch Intersection : The Jews and the Netherlands in Modern History, Leyde-Jéusalem-Boston 2008 p. 149-172.

294

Épitaphes Sepulture (Sic) del. BieN a BeNtura do JahacoB coeN.pex

otto.que

falecio.eN 26. de tiSdri 5521. que. coreSpoN de.a.4. octuBre 1760

Sepulture /del bien bentura/ do Jahacob/ Coen Pex/otto que/ falecio en / 26 de Tisdri/ 5521 que/ corespon/de a 4/ octubre/ 1760. Texte français à droite de l’espagnol : Sepulture du. BieN. heureux. JacoB. coeN. pexotto. decede. le. 26. de tiSdri 552. qui correSpoNd au.4. octoBre 1760

Le père du défunt Isaac Coen Peixotto décèda le 14 décembre 1744 (supra § 113). Banquier, notre Jacob Peixotto testait le 5 avril par-devant le notaire Perrens 205. Un des fils du défunt, Samuel (22 janvier 1749 -12 juillet 1805), devenu le 18 avril 1781 par son baptême Charles-Joseph-Paul Peixotto de Beaulieu, défraya la chronique avec sa conversion, son divorce (1778), ses prétentions aristocratiques. Le Registre des morts rappelle qu’il fut « ancien syndic de la Nation portugaise » et qu’il avait soixante-douze ans 206.

205. Archives de la Gironde, 3 E 17.573 répertorié dans D. BourGueS, Annexe p. VII. 206. M. de SaiNt GeorGeS, Généalogie curieuse et remarquable de Monsieur Peixotto, Juif d’origine, chrétien de profession, et banquier de Bordeaux, ouvrage destiné à prouver aux Mécréans que M. Peixotto descend en ligne directe, d’Adam, de Noé, d’Aaron, & de tous les Cohens de l’univers, Avignon 1783, Archives municipales Bordeaux GG 845 § 524.

295

Épigraphie et sotériologie 202 Salomon alias Antoine de Francia, 10 octobre 1760 G. cirot, Recherches, p. 126 ad. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Texte français quatorze lignes, texte espagnol, quinze. Sepultura del BieN

a BeNturad Selomo de fraNcia aliaS aNtoNio que falecio eN primero de heSvaN

5521 que co rreSpoNde a.10 octuBre 1760

Sepultura / del bien / abenturado / Selomo de / Francia / alias Antonio / que falecio / en primero / de hesvan / 5521 / que co / rresponde / a 10 / octubre 1760. Trad. de l’espagnol et transcription du français : Sépulture du bien heureux Salomon de Francia alias Antoine décédé le premier hesvan 5521 qui correspond au 10 octobre 1761. Sepulture du BieN heureux Salomo de fraNcia aliaS aNtoiNe decede le premier de heSvaN

5521 qui coreSpoNd au.10. octoBre

1760

Texte français gravé sur la portion gauche de la dalle. Le défunt était le père de Rébecca-Sara, épouse d’Abraham Rodrigues Silva décédée le 26 juin 1733 (supra § 45). Sa veuve, Anne-Rachel-Isabeau Lopes de Pas mourra le 296

Épitaphes 17 décembre 1764 (cf. infra § 228). Il fit partie des acquéreurs du cimetière rétrocédé à la Nation par David Gradis le 18 novembre 1728. Le Registre des morts rappelle qu’il fut « ancien syndic de la Nation portugaise » et qu’il avait quatre-vingts ans 207. 203 Ézéchias-Isaac Sasportas, 31 octobre 1760 G. cirot, Recherches, p. 195. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Texte français, neuf lignes ; texte espagnol, neuf lignes. Motif gravé : six portes, armoiries des Sasportas, cf. supra fig. 6 et 12, § 11. Sa del BieN av

do

ayaSiS BeaN Bad hiSqiahu

SaSportaS f° a 21 de

iShac

heSvaN

5521 que corde a 31 de 8 Bre 1760

S(epultur)a /del bien av(enturad)o/ ayasis bean/ bad Hisqiahu /Ishac Sasportas/ f(alleci)o a 21 de / hesvan / 5521 que cor(espon)de a / 31 de octubre 1760. Trad. : Sépulture du bienheureux, le vénérable et honoré Ézéchias-Isaac Sasportas, décédé le 21 heshvan 5521 qui correspond au 31 octobre 1760. Notable de la Nation, fils d’Aaron Sasportas décédé le 8 décembre 1727 (supra § n° 11). Décédé à l’âge de cinquante-six ans, le défunt naquit à Amsterdam en 1704. Il épousa Rébecca alias Rachel Pinto qui lui donna six enfants : Esther, Aaron, Abraham, Jacob, Rachel et une deuxième Rachel. Il exerça les professions de commissionnaire de change, d’armateur et de marchand détailliste s’il était bien l’auteur du testament passé le 6 octobre 1760 chez Me Perrens 208.

207. Archives municipales GG 845 § 525. Pour l’achat du cimetière cf. infra, Annexe III, p. 350-352. 208. Archives municipales GG 845 § 529 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 195.

297

Épigraphie et sotériologie 204 Abraham Rodrigues-Peinado, 30 mars 1761 G. cirot, Recherches, p. 124. Ne trancrit pas l’épitaphe ; il écrit seulement : « L’ayasis ueanichbad Abr. Peinado (1761) a une fleur (une marguerite) sur sa tombe ». Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,78, largeur : 0,64. Cadre aux angles arrondis (concaves). Treize lignes. Hauteur des lettres : 0,05. Au pied motif, hauteur : 0,25, largeur : 0,35. Sa del BieN aBeNtvrado

ayaSiS ve aNihBad aBm rodriGueS peiNado a

24



de adar SeNi

5521 qve coreSpoNde a

30 marSo 1761

S(epultur)a/ del bien /abenturado/ Ayasis / Ve anihbad / Ab(raha)m Rodrigues/ Peinado f(alleci)°/ a 24/ de adar seni / 5521 que /coresponde / a 30 marso / 1761. Trad. : Sépulture du bienheureux, âgé et honoré Abraham Rodrigues Peinado, décédé le 24 adar second 5521 qui correspond au 30 mars 1761. Né c. 1686-1690, il avait épousé Judic née c. 1715, qui lui donna en 1750 un fils prénommé Isaque, lequel mourut à la fleur de l’âge le 28 janvier 1768 209 (infra § 247). Lui-même mourut à soixante-quinze ans 210. 205 Ézéchias-Moïse Dias, 2 août 1761 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,90, largeur : 0,55. Encadrement avec bosse au chevet, droits au pied. Au pied, un cœur entre deux étoiles, hauteur 0,55. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,06. Il manque le quantième du calendrier hébraïque et celui du calendrier civil.

209. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 183. 210. Archives municipales GG 845 § 544.

298

Épitaphes Sa del BieN aveNtvra do hyzkiav moSeh

diaS

f°.a.2.de rh aB qve co reSpoNde a..aGoSto

1761

S(epultur)a /del bien/ av(enturado / Hyzkiau/ Moseh Dias/ f.(alleci)o a 2 de R(os) H(odes)/Ab que coresponde/a agosto/ 1761. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias Moïse Dias, décédé le 2 de la néoménie d’ab qui correspond au 2 août 1761. Il peut s’agir de Moshe de Jacob Dias, circoncis à huit jours le 19 heshvan 5492 (18 novembre 1731) 211. Ne figure pas au Registre des morts. 206 Rébecca Fereyra, 13 novembre 1761 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,81, largeur : 0,65. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet, Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,05. Sa de.la.BieN av da r iBca fereyra f°a 16. de la luNa de marheSBaN

5522 qve cor de a 13 de de 9Bre 1761

S(epultur)a / de la bien av(entura)da/ Ribca Fereyra/, f(alleci)° a 16 de la luna / de marhesban / 5522 que cor(espon)de / a 13 de 9 (novem)bre 1761. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Ribca Fereyra décédée 16 de la lune de marheshvan 5522 qui correspond au 13 novembre 1761.

211. C. darGeloS, Thezoro § 339 p. 145.

299

Épigraphie et sotériologie S’agit-il de Rachel Fereyre, marraine de son cousin Samuel de Abraham Cardos Depas circoncis le 3 octobre 1736 et de Raphaël de Moshe Lopes Dias, circoncis le 30 décembre 1734 ? Le Registre des morts inscrit une Ester Ferreyra morte à quatrevingts ans le 6 novembre 1762 212. 207 Rébecca Rodrigues-Peynada, 21 mars 1762 G. cirot, Recherches, p. 129 aw. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Cirot n’indique pas la ventilation des lignes et donne une date entre parenthèses. Transcription sans doute incomplète r iBka rodriGueS-peyNada (21 marco 1762).

Le Registre des morts inscrit au 23 mars 1762 une Ribca Fernandes âgée de cinquante ans 213. 208 Abigaïl Lopes-Navaro, 25 mars 1762 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,65, largeur : 0,70. Encadrement aux angles arrondis au chevet avec une bosse au centre ; motif floral de chaque côté de la bosse. Sous le texte autre motif floral stylisé, hauteur : 0,65. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,095 (fig. 52). Sa de.la.BieN av da a BiGaïl lopeS Navaro

f° eN 5 de NiS SaN 5522 qve So cde a 25 m 1762

S(epultur)a / de la bien / av(entura)da Abigaïl / Lopes Navaro / f(alleci)° en 5 de nis / san 5522 que / c(orespon)de a 25 m(ar)so, 1762. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Abigaïl Lopes-Navaro décédée le 5 nissan 5522 qui correspond au 25 mars 1762. Décès daté du 26 mars 1762 d’Abigaïl Laura Navaro âgée de soixante-cinq ans 214.

212. C. darGeloS, Thezoro § « 96 p. 140, § 373 p. 147 Archives municipales GG 845 § 554. 213. Archives municipales GG 845 § 564. 214. Archives municipales GG 845 § 567.

300

Épitaphes

Fig. 52. Abigaïl Lopes Navaro, 1762.

209 Haïm Bar Josef, 10 avril 1762 G. cirot, Recherches, p. 129 av. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Cirot n’indique pas la ventilation des lignes et donne une date entre parenthèses. Transcription sans doute incomplète : Jaïm Bar JoSef, 10 de avril

Dargelos transcrit une circoncision de Isak Jain, fils de Jacob Bar-Joseph, de huit jours, le 8 juillet 1737, et celle de Joseph Hain, de huit jours fils de Jacob Bar Joseph le 7 février 1740. À cette date le Registre des morts inscrit un Joseph Dalber (?) âgé de soixante ans 215. 210 Anne-Esther Cardose-Lameyra, épouse de Moïse-David Lameyra, 11 mai 1762 G. cirot, Recherches, p. 130 bf. B. leroy, « Le cimetière… », p. 11

215. C. darGeloS, Thezoro, § 408 p. 150, § 437, p. 153, Archives municipales GG 845 § 568.

301

Épigraphie et sotériologie Pierre non retrouvée, aucune dimension. Vingt et une lignes. Motif : un cœur de chaque côté du mot Amen. Sa

de.la. veNeraBle y BieN da.

h aNa eS cardoSe la meyra, muGer. de moze. david. la meyra. virtuoSa madre. de. 59 iNdi viduoS. Nacio eN marteS. 10. horaS de la Noche. el 13 mayo. 1681. y merecio Bivir. aSta. el .mar teS. a 11 horaS. de. la Noche. el 11 mayo 1762. que. coreSpde a. 19 Jyar. 5522. ter

Gozo la Gracia de. lleGar eN la SeNitud .a.

81. año

cumplidoS. Sea. Su alma colocada eN atadero de laS vidaS

a meN

S(epultur)a/de la venerable y bien(aventur)da Hana Es/ter Cardose La/ meyra, muger de/Moze David La/meyra virtuosa/madre de 59 indi/viduos. Nacio en/martes 10 horas/de la noche el 13/ mayo 1681 y merecio/bivir asta el mar/ tes a 11 horas de/la noche el 11 mayo/ 1762 que coresp(on)de/ a 19 jyar 5522/ gozo la gracia/de llegar en la senitud a 81 año/ cumplidos sea su/ alma colocada en atadero de las vidas/Amen. Trad.: Sépulture de la vénérable et bienheureuse Anna-Esther CardoseLameyra, épouse de Moïse-David Lameyra, vertueuse mère de 59 individus, née le mardi à 10 heures du soir le 13 mai 1681 et elle mérita de vivre jusqu’au mardi à 11 heures du soir du 11 mai 1762 qui correspond au 19 iyar 5522. Elle eut la grâce d’arriver en sa vieillesse à 81 ans accomplis ; que son âme soit liée au faisceau de la vie. Amen. Élisabeth Cardoze dite Esther avait épousé le 28 mai 1703, donc à vingtdeux ans, Moïse-Antoine, marchand, fils de Fernandes Lameyra, bourgeois et marchand de Bordeaux et d’Annette Blanc Rodrigues. Huit enfants de la défunte et bon nombre – moins de cinquante-neuf pourtant – de ses petits enfants ont été répertoriés par Jean Cavignac. Antoine participe à la première délibération du Registre le 11 mai 1710 sous le syndicat de son frère Joseph, le 6 juin 1717, le 20 mars 1719, M. Anthoine Lameire est nommé syndic le 14 avril 1720 et adjoint l’année suivante. Il signe désormais la plupart des 302

Épitaphes délibérations jusqu’au 4 avril 1730 216. Il décède le 18 mai 1731 (cf. supra § 30). La défunte avait testé par-devant le notaire P. Brun le 5 avril 1756 sous le nom d’Izabeau Cardoze, veuve d’A. Lameyra, négociant 217. Décès daté du 12 mai sur le Registre des morts qui signale que son mari fut un ancien syndic de la Nation et qu’elle avait quatre-vingt-deux ans 218. 211 Esther Lindo, épouse de David Lindo, 21 mai 1762 G. cirot, Recherches, p. 125 z. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Dix lignes. Sa de. la .BieNavda eSter liNdo m ulher.de. da vid. liNdo. que foy. deoS. BeNdito. Seruido recolher. par a. Sy. em 28 yiar 5522 que cor de 21. mayo. 1762 dpSdmaiBSSo

S(epultur)a de la bienav(entura)da/ Ester Lindo/ Mulher de Da/vid Lindo que/ foy Deos bendito seruido/recolher para/ sy em 30 yiar/ 5522 que cor(espon) de/21 mayo 1762/dpsdmaibsso. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther Lindo, femme de David Lindo qu’il a plu au Saint Béni soit-Il de rappeler à Lui le 30 iyar 5522 qui correspond au 21 mai 1762. Qu’elle repose en paradis. Seule la première ligne est en espagnol : portugaise, cette épitaphe témoigne avec deux autres de la persistance du portugais au sein de la Nation, encore que l’épigraphie se conforme généralement à l’emploi rituel de l’espagnol. ligne 5 : Deos dénoterait une influence de l’espagnol Dios (portugais Deus). Ligne 7 : Cirot donnait le quantième comme 30 iyar, ce qui est impossible, ce mois n’ayant que vingt neuf jours : nous corrigeons en suivant la correspondance de la date civile. ligne 9 l’absence de la préposition de entre le quantième et le mois trahit un gallicisme.

216. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 1 p. 64-66, § 13, p. 87-90, § 16 p. 90-92, § 21- 23, p. 99 et suiv. 217. Archives de la Gironde 3 E 23.056. Testament répertorié dans D. BourGueS, Attitudes, p. 111. 218. Archives municipales GG 845 § 570.

303

Épigraphie et sotériologie Ligne 10 Cirot confesse : « Je n’ai pu arriver à reconstituer la phrase qui doit être représentée par ces initiales ». Corrigeant la lecture de Cirot, nous proposerions deSempaiSSo, Des(canse) em P(ar)aisso, calque de l’hébreu ‫נוחה‬ ‫ עדן‬qu’elle repose en paradis, dans le style de l’épitaphe d’Abigaïl épouse d’Abraham Gomes Fonseca du 13 octobre 1767 (infra § 243). Né vers 1713, David Lindo convola en justes noces le 27 août 1733 et décéda le 30 octobre 1767, âgé de cinquante quatre ans 219. Le 11 octobre 1734. David Lindo et son épouse parrainent à sa circoncision David de Isaak Montezinos del Castillo 220. Le 14 septembre 1735 les frères Salzedo de Bayonne écrivent à David Lindo et le 19 septembre 1741 Jacob Péreyre Brandon écrit aussi à David Lindo pour lui donner des nouvelles de son garçonnet qui est en pension chez lui 221. Le 15 juillet 1737, il parraine à sa circoncision Moshe fils de David Azogue 222. En 1738 il offre le monument funéraire du rabbin Joseph Falcon, comme le signale la gravure dada por el señor David Lindo (supra § 79). Le 8 avril 1740 David Lindo fait circoncire un fils prénommé comme lui David 223. Le D. Lindo figurant pour 500 livres sur la souscription d’un vaisseau de ligne offert au roi le 9 juin 1782 224 est peut-être le fils de David Lindo dont la circoncision est mentionnée supra en 1740. Le Registre des morts indique, avec la date du 23 mai, le nom de jeune fille de la défunte : Lopès de Paz et son âge, quarante-deux ans 225. 212 Léa Dias-Dacosta épouse de Moïse Telles-Dacosta, 19 juin 1762 G. cirot, Recherches, p. 122 h. Dimensions non indiquées : pierre non retrouvée. Onze lignes. Sa

de la BieNavda

diaS dacoSta.

le ha

muJer de

telleS dacoSta f°

moize

219. D. SteiN, Le mariage dans la Nation judéo-portugaise, § 357 et 119, Paris 1983-1984, p. 120 et 154, d’après Archives municipales GG 845. 220. C. darGeloS, Thezoro § 367 p. 147. 221. G. NahoN, Les « Nations » juives portugaises, § 137 p. 417, § 142, p. 424-425. 222. C. darGeloS, Thezoro § 409 p. 150. 223. Ibid., § 438 p. 153. 224. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 505, p. 533, 225. Archives municipales GG 845 § 572.

304

Épitaphes a 28 de SiBam 5522. qe.cor de a 19 de JvN io 1762

S(epultur)a / de la bienav(entura)da/ Leha Dias / Dacosta Mujer de/ Moize Telles/ Dacosta F°/ a 27 de sibam/5522.q(u)e.cor(espon)de/ a 14 de jun/ io 1762. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Léa Dias / Dacosta épouse de/ Moïse Telles Dacosta, décédée le 27 sivan 5522 qui correspond au 14 juin 1762. Lignes 3 et 4 Cirot transcrivait al ze aharia / h.r. Nous proposons une lecture tant des noms que des dates en suivant les indications du Registre des morts. Cette défunte avait vingt-deux ans 226. 213 Sara Lopes-Laguna, 26 septembre 1762 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,48, largeur : 0,50. La dalle est basculée. Sept lignes. Au pied motif : un cœur, hauteur : 0,21, largeur : 0,24. Sa

de la BieN av da

Sara lopeS laGvNa f° a 9 tiSry 5523 qve cor de a 26 de 7Bre 1762

S(epultur)a / de la bienav (entura)da/ Sara Lopes / Laguna f° a / 9 tisry 5523 / que cor(espon)de a 26 / de 7(tem)bre 1762. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Sara Lopes Laguna décédée le 9 tishri 5523 qui correspond au 26 de septembre 1762. Décès inscrit au 24 septembre ; elle avait quatre-vingts ans 227. 214 Jacob Fernandès de Leon, 17 novembre 1762 G. cirot, Recherches, p. 195. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Quatorze lignes ; texte espagnol.

226. Archives municipales GG 845 § 574. 227. Archives municipales GG 845 § 684.

305

Épigraphie et sotériologie Sa del. BieN avdo eNteNdido y S vaBe.a.Salme a mieNtoS r iBy i acoB. ferNaN de de leoN. ha zaN. de Gemiluth azadim f° a 1 de quiSlev 5523 corde a 17. 9Bre 1762 Sea. Sv alma. colocada y atada

eN atadero. de laS vidaS. a meN

S(epultur)a / del Bien av(entura)do / Entendido y s/uabe. a.salme /Amientos Riby/ Jacob Fernan / De de Leon ha / zan de Gemilut-/Hazadim / fallecio a 1/ de quislev 5523 / Cor(respon)de a 17 9bre 1762/ Sea su alma. co-/locada y atada/ En atadero de/ las vidas- Amen. Trad.: Sépulture du bienheureux avisé et suave aux fervents de psaumes Riby Jacob Fernande de Leon, hazan de Gemilut Hassadim décèdé le 1er kislev 5523 qui correspond au 1er novembre 1762. Que son âme soit placée et attachée au sachet des vies. Amen Cirot remarque à propos des attributs et de la titulature du défunt : « Le titre de Riby, on le voit, était donné à un simple chantre ». À noter les épithètes entendido, suave, asalme (hébr. aschalem, « le sage » selon Georges Cirot)). Nous proposons : suave aux fervents de psaumes. Dans les communautés sefarades, Riby désignait bien un chantre tandis que l’on appelait hakham le rabbin. Dans l’expression suabe a salmos, un calque de l’hébrcu ne‘im zemirot, agréable aux cantiques (2 S 23,1), psalmodiant à ravir. Cirot identifiait le défunt au fondateur de la synagogue des Avignonnais Sha‘are Rason (« Portiques de la Volonté » [divine]). Il s’agit probablement du maître d’école compris dans le recensement de 1751 qui avait épousé Ester Fernandes Medina, et non Jacob Fernandes qui épousait Ester Ibarra le 15 novembre 1723, par-devant le notaire Banchereau 228. Ce dernier Jacob Fernandes serait le fermier du terrain signalé dans l’acte de vente de Jean Perpigna à David Gradis le 22 octobre 1724 (infra Annexe I, p. 347-349).

228. Courtoisie Jean-Paul Léon qui doit vérifier la cote de la minute notariale.

306

Épitaphes Remarquons pourtant qu’un Jacob Fernandes de Léon figure parmi les signataires d’une pétition des Pauvres de la Nation non datée mais antérieure au 5 septembre 1760 en vue du financement du Talmud Tora par l’augmentation d’un sol par livre du prix de la viande 229. Confrérie charitable, la Yesiba de Gemilut Hassadim s’occupait du Dernier Devoir. Selon cette épitaphe, elle entretenait une synagogue où le défunt avait officié comme chantre, synagogue encore non localisée. À cette Yesiba, son local et ses prérogatives, le Registre consacre plusieurs délibérations. Le samedi 15 novembre 1777 l’émissaire de la Terre Sainte Hayyim Joseph David Azulay visite la confrérie après la prière de l’après-midi 230. Décès inscrit au 16 novembre, donc survenu en soirée ; Jacob Fernandes de Léon avait cinquante ans 231. 215 Abraham Alvares de Pas, 2 janvier 1763 B. leroy, « Le cimetière du Cours de la Marne », p. 13. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,84, largeur : 0,66. Cadre aux angles arrondis (concaves) au chevet. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,08 (fig. 53). Sa del veNeraBle virtvoSo aBm

a lvareS de paS 17 de SeBat 5523 qve corde a 2 eNero 1763 Sea. Sv alma colocada. y a tada eN atade ro de laS vidaS. a meN

f° a

S(epultur)a /del venerable/virtvoso Ab(raha)m/ Alvares de Pas/ f(alleci)o a 17 sebat / 5523 que Cor(respon)de / a 2 enero 1763 / Sea. su alma/ colocada y a / tada en atade/ ro de las vidas / Amen.

229. S. SchWarzfuchs, Le Registre, § 400 p. 420. 230. Ibid., § 150. p. 198-199 § 210, p. 243-247 § 351, pp. 367-368, § 382, p. 394, p. 400, 426, p. 455-456, § 523, p. 549-550, § 545, p. 567-568, 591. 231. Archives municipales GG 845 § 689.

307

Épigraphie et sotériologie Trad.: Sépulture du vénérable, vertueux Abraham Alvares de Pas, décédé le 17 shebat 5523 qui correspond au 2 janvier 1763. Que son âme soit placée et attachée au faisceau des vies. Amen. Il avait soixante dix neuf ans 232.

Fig. 53. Abraham Alvares de Pas, 1755.

216 Rébecca Lopes, 5 janvier 1763 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,50, largeur : 0,48. Encadrement aux angles brisés au pied et arrondis (concaves) au chevet. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,07, autres : 0,04. Au pied : un cœur, hauteur : 0,23. Sa

de la BieN av da

r iBca lopeS f° a 20 de teBet 5523 qve cor de a 5 de eNero 1763

232. Archives municipales GG 845 § 693.

308

Épitaphes S(epultur)a / de la bien av(entura)da/ Ribca Lopes / F° a 20 de / tebet / 5523 que cor(espon)de / a 5 de enero / 1763. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Rébecca Lopes, décédée le 20 tebet 5523 qui correspond au 5 janvier 1763. Rébecca Lopes Gonzales, décédée le 4 janvier à vingt-et-un ans 233. 217 David-Ézéchias Silva-Vale, 17 janvier 1763 Inédite. Dalle calcaire blanc. Encadrement avec arrondi au chevet. Sept lignes. Dimensions lacunaires. Sa de deavide hiSqviahv Silva vale f°.a.3 .SeBat

5523 y 17 hro.1763

S(epultur)a de /de Davide/ Hisqviahu / Silva Vale/ f.(alleci)o a 3 sebat / 5523 y 17/H(ene)ro 1763. Trad. Sépulture de David Ézéchias Silva Vale, décédé le 3 sebat 5523 et 17 janvier 1763. La datation espagnole trahit un léger gallicisme dans la suppression de la préposition de entre le quantième et le mois. Ne figure pas au Registre des morts. 218) Esther Mendes Quiros, 4 février 1763 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,50, largeur : 0,51. Cadre aux angles arrondis inversés au chevet. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,065, autres : 0,04. Au pied, un cœur, diamètre : 0,26.

233. Archives municipales GG 845 § 694.

309

Épigraphie et sotériologie Sa

de. la. BieN. av da eSter meNdeS qviroS f° a

21 de

SeBat 5523 qve cor de a 4 feBrero

1763

S(epultur)a / de la bien av(entura)da/ Ester Mendes / Quiros f(alleci)° a 21 de / sebat 5523 que / cor(espon)de a 4 de febrero / 1763. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Esther Mendes Quiros, décédée le 21 sebat 5523 qui correspond au 4 février 1763. Nous corrigeons Quiros d’après le Registre : décédée le 3 février, la défunte était une fille d’Aaron Quiros, elle avait vingt ans 234. 219 Ézéchias-Benjamin Rodrigues-Carrasco, 6 février 1763 G. cirot, Recherches, p. 129 sy. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Quatorze lignes. Sa

del v Ble plavciBle GeNeroSo.por el

eStudio. de.la.ley

viGilaNte.al avmeNto.de.loS.SaGra doS. lvGareS,virt

voSo.hiSquiyav.BiN

yamiN rodriGueS carraSco.f° el 23 SeBat.5523 q.cor de a 6 feBrero 1763 Sea.Sv alma.atada eN.atadero.de laS. vidaS.a meN.

S(epultur)a / del v(enera)ble plaucible / generoso.por el / estudio. de.la. ley / vigilante.alaumento.de.los. sagra / dos lvgares, virtvoso. Hisquiyav. Bin / yamin Rodrigues / Carrasco. F° el 23 / sebat. 5523 q.cor(espon)de /a 6 febrero 1763/ sea.sv alma.atada / en.atadero.de las / Vidas. Amen.

234. Archives municipales GG 845 § 696.

310

Épitaphes Trad.: Sépulture du vénérable, honoré, généreux pour l’étude de la Loi, attentif à la dotation des lieux sacrés, vertueux Ézéchias-Benjamin Rodrigues Carrasco décédé le 23 shevat 5523 qui correspond au 6 février 1763. Que son âme soit liée au sachet des vies. Amen. ligne 3, por au lieu de para trahit un gallicisme. Les lieux saints des lignes 5 et 6 se trouvent-ils à Bordeaux ou en Terre Sainte ? Le 23 novembre 1740, Benjamin Rodrigues Carrasque et sa fille Sara Carascque parrainent lors de sa circoncision un petit Aaron fils d’Isaac Alvares 235. Le défunt avait quatre vingts ans 236. 220 Anne-Esther Lopes, 29 mai 1763 G. cirot, Recherches, p. 129 au. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Onze lignes. Au pied motif : un cœur. Sa

de. la. BieNav.da y uirtvoSa.

haNa.eSter

lopeS. qve. f°.el.14.de SivaN.5523 qve coreS..pe a 29. mayo.

1763. a qvieN dioS hayGa reSeuido coN piadad

S(epultur)a / de la bienav(entura)da/ y virtuosa/ Hana Ester / Lopes que/ f(alleci)° el 14 de/ sivan 5523/ que coresp(ond)e/ a 29 mayo /1763. A quien Dios hayga / resevido con piadad. Trad. : Sépulture de la bienheureuse et vertueuse Anne Esther Lopès, décédée le 14 sivan 5523 qui correspond au 29 mai 1763. Que Dieu l’ait reçue avec pitié. lignes 10 et 11 : N inversés. Cirot remarque : « Cette inscription est la plus curieuse par les archaïsmes hayga, resevido (pour recebido), piadad ».

235. Archives municipales GG 845, C. darGeloS, Thezoro § 450 p. 154. 236. Archives municipales GG 845 § 697.

311

Épigraphie et sotériologie Ester Lopes, fille d’Abraham Lopes dit Barbade mourut le 30 mai 1763 à 21 ans 237. 221 Moïse Saldagna, 29 juin 1763 G. cirot, Recherches, p. 129 bp Pierre non retrouvée, aucune dimension. Dix lignes. Sa

del BieN av do

moSeh.SaldaG Na.q ff a 8 tamu z 5523. q corSpo Nde. a 29 JvNio 1763 SieNdo herma No.de.G.h.

S(epultur)a/ del bien av(entura)do/ Moseh Saldag/na q(ue) ff(alleci)° a / 8 tamu/z 5523 q(ue) cor(e)spo/nde a 29 junio / 1763/ siendo herma/ no de G(emilut) H(assadim). Trad. : Sépulture du bienheureux, Moïse Saldagna qui décéda le 8 tamuz 5523 qui correspond au 29 juin 1763, étant confrère de G(emilut) H(assadim). ligne 2 : distraction du lapicide qui a gravé un a superflu après del. lignes 3 et 4 : influence française sur la graphie de l’anthroponyme portugais Saldanha. ligne 9 : s inversé. Le défunt, fils de la veuve Saldagna, avait quarante trois-ans 238 . 222 Daniel-Gabriel de Silva, 17 juillet 1763 G. cirot, Recherches, p. 127 ai. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Dix lignes. Motifs : un cœur de chaque côté de l’année civile ; au dessous un vase entouré de deux rameaux croisés ; au dessous, une main dessinant un cadre ; à droite un rectangle.

237. Archives municipales GG 845 § 709. 238. Archives municipales GG 845 § 710.

312

Épitaphes Sa

del. BieN. aueNturado

daNiel. GaBriel.de. Silua.f°. a. 7 de.aB.5523. que coreS poNde. a.

17. i uillet. 1763

S(epultur)a/ del bien aventurado/ Daniel/Gabriel de/ Silva, f(alleci)° a 7 /de Ab 5523 / que cores/ ponde a 17/ iuillet / 1763. Trad. : Sépulture du bienheureux Daniel Gabriel de Silva décédé le 17 / Ab 5523/ qui correspond au 17 juillet 1763. ligne 9 : indication du mois en français. Le défunt avait pour père le médecin François Silva – lui-même fils de Pedro Gomes Silva alias Bras da Costa et de Leonor Gomes alias Iñes da Silva et décédé le 20 avril 1734 – et de son épouse Catalina alias Blanca de Salazar selon une lettre de Semuel Roiz Pereire du 6 janvier 1755 239,. Ce couple mit au monde au moins six enfants : Gabriel de Silva né c. 1683-1685, Abraham de Silva-Salazar, Sara de Silva-Chacon, le médecin Jean-Baptiste Silva né le 13 janvier 1682 et décédé le 14 janvier 1742, David Silva et Marianne Silva qui épousera Abraham Gomes-Chacon. Le 21 janvier 1728, par-devant le notaire Banchereau, Gabriel de Silva épousait Elisabeth Henriques Hierro fille du négociant Pierre Hierro et de Blanche Dalbin alias Enrique Siquero. Un factum des 17 et 30 septembre 1739 déclare : « Il ne s’est jamais trouvé dans la Nation Juifve un Banquier aussi hardi & téméraire que l’est ledit Gabriel Silva ». Les papiers du banquier Gabriel de Silva, conservés dans le fonds des négociants fournissent une documentation extrêmement riche sur ses affaires, ses correspondants, sa famille 240.

239. Archives départementales de la Gironde 7 B 2094. 240. F. Giteau, sous la dir. de A. BetGe-Brezetz, Archives départementales de la Gironde, Répertoire numérique du Fonds des négoiants (7 B 1001 à 3154), Bordeaux 1960, 7 B 2021 à 2174, p. 32-35. Grâce à M. Nimrod Gaatone, j’ai pu avoir communication de la thèse de J. do NaScimeNto r apoSo, « Don Gabriel de Silva, A Portuguese-Jewish banker of eighteenth Century Bordeaux », Toronto, 1989 qui exploite ces documents ainsi que des sources inquisisitoriales et décrit la carrière du banquier dans une large perspective européenne d’histoire de l’économie. On la complétera par des factums répertoriés par Z. SzaJkoWSki, Franco-Judaica, an Analytical Bibliography of Books, Pamphlets, Decrees, Briefs and Other Printed Documents Pertaining to the Jews in France l500-l788, New York l962, § 835, 971, 972, 988 (cité supra), 994, 996, 1161.

313

Épigraphie et sotériologie Nous en détachons une note de sa main enregistrant les naissances de ses six enfants : Le 5 septembre 1728 est née ma fille Marianne à deux heures du matin un jour de vendredy. Le 21 d’octobre 1729 elle est morte vers les 9 heures du matin. Le 20 décembre 1729 est née ma fille Blanche entre sept et huit heures du matin un jour de mardy. Le 31 janvier 1737 est née ma fille Riqua entre 7 et 8 heures du soir un jour de mercredy. Le 18 septembre 1733 est né mon fils Salomon entre neuf et dix heures du soir un jour de vendredy entrada de Kipur, mon père parrain et ma belle-mère marraine. Le 11 mars 1735 est né mon fils Joseph à neuf heures du matin un jour de vendredy, le même qui faisait le 11e mois par la lune 241 que mon père est mort, mon beau-frère Abraham Henriques Hierro parrain et ma femme marraine. Le 13 juillet 1748 est né mon fils Moize à huit heures du matin un jour de samedy, circoncis le 20, moy parrain et ma belle mère-marraine 242. Gabriel de Silva accèda à la charge de syndic de la Nation le 5 mars 1752. Sous son syndicat, la Nation prit en charge le remplacement du puits de la Place Saint Augustin par une fontaine à robinets. Elle mit fin au différend opposant la Hebra à la la Yesiva et défendit jalousement son droit à percevoir une taxe sur l’exportation des vins cacher 243. En 1753 Gabriel de Silva officia en tant que premier adjoint 244. Médecin du roi, Jean-Baptiste Silva, frère de Gabriel vivait à Paris, entretenait une étroite correspondance avec Gabriel et soutenait financièrement sa parenté pauvre vivant à Bidache 245. Jacob Rodrigues-Péreire écrivait régulièrement à Gabriel de Silva et lui exprimait sa

241. Naissance de l’enfant le 17 adar 5495, décès du grand-père le 17 nissan 5434, 20 avril 1734. S’agit-il de Joseph Gabriel de Silva que l’on trouve parmi les cinquante-deux membres de la Nation contestant le 24 juin 1764 par-devant le notaire Rauzan la gestion des administrateurs de la Nation ? Cf. Z. SzaJkoWSki, « Internal conflicts within the eighteenth century sephardic communities of France », Hebrew Union College Annual XXXI (l960), p. l69-l80, spéc. p. 276, n° 27. 242. Archives départementales de la Gironde 7 B 2117. 243. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 196-212, p. 233-247. 244. Ibid., § 213-223, p. 247-256. 245. Lettres dans mes Nations juives op. cit., doc CXXXVIII et CXXXIX p. 418-420. Sur le médecin cf. R.C., « Le bordelais J.-B. Silva, médecin du roi Louis XV », Bulletin phylomatique de Bordeaux et du Sud-Ouest (1910), p. 172-174.

314

Épitaphes reconnaissance et son affection. Le Registre des morts signale que Gabriel de Silva fut un ancien syndic de la Nation. Il avait quatre-vingts ans à son décès 246. 223 Ézéchias-Abraham Correa de Sylva, 1764 G. cirot, Recherches, p. 124. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Les seules indications concernent le motif : un arbre avec un cœur au-dessous. 224 Ézéchias-Abraham Francia, 5 avril 1764 G. cirot, Recherches, p. 126 ae. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Teste français, quatre lignes, texte espagnol, neuf lignes. Motifs : au dessus du texte espagnol une étoile à cinq pointes dans un cercle ; à droite de la première ligne également. Au dessous du texte français un cœur. Sa .del virtuoSe y.BieN.aveNdo yehiSquiyau

a Bm. fraNcia.q pâSo.por.todoS loS. carGoS.de la.NacioN.f°. a. 3 de N iSSaN 5524 a B.fraNcia.filS de.Ge. décédé le.5 avril 1764

S(epultur)a/ del virtuose/ y bien aven(tura)do /Yehisquiyau /Ab(aha)m Francia. q(ue) paso por todos/ los cargos de/ la Nacion f(alleci)o / a 3 de nissan/ 5524. Ab(aham) Francia fils/de G(eorg)e/le 5 avril/ 1764. Trad.: Sépulture du vertueux et bienheureux Ézéchias Abraham- Francia. qui passa par toutes les charges de la Nation. Décédé le 3 nissan 5524. Abraham Francia, fils de George le 5 avril 1764.

246. Archives municipales GG 845 § 714. Tableau généalogique dans J. caviGNac, Dictionnaire du judaïsme bordelais p. 196.

315

Épigraphie et sotériologie ligne 2 ; virtuose, calque français de l’espagnol virtuoso, vertueux. ligne 8 : les deux i du mois hébraïque pourraient rendre le hiriq gadol hébreu, un i long. Seul le texte français précise[!] le prénom – en fait célèbre – du père du défunt, George Francia, inhumé avec son prénom hébraïque Abraham-Benjamin (supra § 85), sépulture du 10 décembre 1739. Abraham de Georges Francia épouse Abigaïl Fernandes-Alexandre de Bayonne le 11 novembre 1736 247. Elle décèdéra deux mois plus tard le 13 juin 1764 (§ 225). Le défunt assuma la charge de syndic le 19 mars 1741 puis celle de taxateur le 23 septembre 1744. Il signe nombre de délibérations sous le nom d’Abraham Francia fils de Georges 248. Il meurt le 5 avril 1764 après « avoir passé par toutes les charges de la Nation », pasó por todos los cargos de la Nación, selon son épitaphe espagnole qui l’appelle Yehisquiyau-Abraham Francia, avec exceptionnellement un complément en français qui garantit son identification comme Ab(raham) Francia fils de G(eorg)e. Cirot fait observer qu’il y avait un autre Abraham Francia, fils d’Antoine et il relate les mésaventures de ce riche négociant – le deuxième sur le rôle des contribuables, après Gradis –, accusé et condamné par contumace entre 1750 et 1753 après un double naufrage et perte de cargaison 249. Abraham fils de Georges Francia, participa avec treize anciens à la rédaction des règlements de la Nation juive autorisés par le roi le 14 décembre 1760 250. Abraham Francia est le grand-père de Salomon Francia, alias Louis de Beaufleury, auteur de L’Établissement des Juifs à Bordeaux et à Bayonne depuis 1550, édité en l’an VIII, à Paris, réédité à Bayonne en 1985 par Jean Cavignac. Le Registre des morts rappelle qu’il fut un ancien syndic de la Nation et signale qu’il avait quarante-cinq ans 251. 225 Anne-Abigaïl Alexandro, épouse d’Ézéchias-Abraham Francia, 13 juin 1764 G. cirot, Recherches, p. 129 ar. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Douze lignes.

247. 248. 249. 250.

Je dois cette information à M. Jean-Paul Léon. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 94, p. 157, § 111 p. 170 G. cirot, Recherches, p. 56-58. Th. malveziN, Histoire, p. 211-212 ; sur les activités « nationales » du défunt cf. S. SchWarzfuchS, Le Registre, Index, p. 616 et 628 251. Archives municipales GG 845 § 731.

316

Épitaphes Sa de la dichoSa

virtvSSa. y

BieN.aueN.da

haNa a BiGa i l alex do muier de.h au a Bm

fracia( sic

).f° a 13.

SiBaN.5524. qve. coreSpde a .13 de iuNio

1764

S(epultur)a / de la dichosa/ virtussa y / bienaven(tura)da/ Hana Abigaïl / Alex(an)d(r)o mujer /de H(isqui)au Ab(raha)m / Fra(n)cia f(alleci)° a 13 d/ siban 5524 que / coresp(ond)e a 13 / 1764. Trad. : Sépulture de l’heureuse, vertueuse et bienheureuse Anne-Abigaïl Alexandro, épouse d’Ézéchias Abraham Francia, décédée le 13 sivan 5524 qui correspond au 13 juin 1764. Veuve depuis le 5 avril de la même année (supra § 224), elle avait cinquante-deux ans 252. 226 Abigaïl Mendes de Castro, épouse de David Mendes, 10 août 1764 G. cirot, Recherches, p. 129 af. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Treize lignes en espagnol, deux en français. Sa de. la. m vy hoNrada.y Bi irtvSSa.. y.caritativa.a BiGa i l.meNdeS.de caStro.mvGer qve fve.de david meNdeS.el maN GaNimo GeNeroSo.y.Birtvo So maNtedor. de Sv.SaNta.

252. Archives municipales GG 845 § 735.

317

Épigraphie et sotériologie ley.qve.f.el.9 BeaB.de..5524 . q. cor. a .7 aGoSto 1764

S(epultur)a / de la muy/ honrada. y bi/irtussa y caritativa A/ bigaïl Mendes de Castro, muger/ que fue de David /Mendes el man / gnanimo generoso y birtuo/so mantedor/ de su santa/Ley que f(allecio) el 9/ de ab 5524/ q(ue) cor(esponde) a 7 agosto 1764. Trad. : Sépulture de la très honorable et vertueuse et charitable Abigaïl Mendes de Castro, veuve de David Mendes le magnanime, généreux et vertueux soutien de Sa sainte Loi, décédée le 9 av 5524 qui correspond au 7 août 1764. ci Git lépouSe david meNdeS

de

Ligne 5 : T de Castro dépassant largement les autres lettres. Ligne 7 : manganimo pour magnanimo. Ligne 9 : mantedor pour mantenedor. Ligne 12 : die pour de. Nous corrigeons le 10 août, quantième de Cirot, tant à cause de la correspondance date hébraïque, date civile, qu’à cause de l’inscription au Registre des morts à la date du 6 août, donc en soirée. Elle avait quatrevingts ans 253. 227 Haïm-Abraham Rodriguez-Pereyra, 2 septembre 1764 Inédite. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,78, largeur : 0,62. Dalle basculée. Encadrement aux angles arrondis (concaves) au chevet. Onze lignes. Cassure depuis la sixième ligne jusqu’au pied. Hauteur des lettres S : 0,12, autres : 0,05. Au pied, motif : un cœur placé de travers, en partie sous les autres tombes (?), largeur : 0,32. de

Sa BieN av. ayaSiS

veaNiJBad aym

a Brah

rodriG.

pereyra

253. Archives municipales GG 845 § 740.

318

Épitaphes 5 de elu qve cor

2 de 1764

a

S(epultur)a / de bien av(enturado)/, ayasis/ veanijbad/ aym Abrah/ Rodrig./ Pereyra/ 5 de elul / que cor(esponde) / a 2 de / 1764. Trad. : Sépulture du bienheureux Le vénérable et l’honorable [Ha]ym Abrah[am] Rodrig[ues] Pereyra [décédé le ] 5 elul [ 5524] qui correspond au 2 [septembre ] 1764. Il avait soixante-dix ans 254. 228 Anne Rachel Isabelle Lopes de Pas, épouse de Salomon Antoine Francia, 17 décembre 1764 G. cirot, Recherches, p. 126 ag. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Neuf lignes en espagnol + onze lignes en français. Sa

de. la. BieN.au da virtuoza.haNa rachel. JSaBel

lopeS.de paS.mvGer del.de f.do Selomo

a Nt° fraNcia.f°

el.13.de.kiSleu.5525 que correSpde al

17 deziemBre. 1764 Sa de la BieN.hvreuSe & uertuvze.haNa r achel.JSaBeau lopeS.de paS epouze de.feu.Sr SalomoN a Nte. fraNcia decede le 23 kiSleu 5525 que. correS poNt a 17 decemBe (Sic) 1764

254. Archives municipales GG 845 § 743.

319

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / de la bien av(entura)da/ Virtuoza Hana/ Rachel Isabel / Lopes de Pas, muger del def(un)do Selomo/ Ant(oni)o Francia, f(alleci)o / el 13 de kislev 5525/ que corresp(on)de) al / 17 deziembre 1764. S(epultur)a/ de la bienhureuse/ & uertuvze Hana/ Rachel Isabeau/ Lopes de Pas épouze/ de feu s(ieu)r Salomon / Ant(oin)e. Francia/ décédé le 23 kisleu /5525 que corres/ pont a 17 decemb(r)e/ 1764. Traduction de l’espagnol ; Sépulture de la très bienheureuse et vertueuse Anne Rachel Isabel Lopes de Pas, épouse du défunt Salomon Antoine Francia, décédé le 13 kislev 5525 qui correspond au 17 décembre 1764. Texte espagnol, ligne 4 : nous proposons de corriger la lecture de Cirot f.do en f.to soit del defunto (espagnol difunto) que suggère le texte français ; ligne 8, noter l’influence du français au sur al alors que l’usage est a. Texte français, ligne, le sigle Sa initial reste espagnol. Rachel Janna de Lopes, veuve de feu Salomon Francia avait soixante-dixhuit ans 255. L’époux de la défunte, Salomon alias Antoine de Francia, était décédé le 10 octobre 1760 (supra § 202). 229 Débora Myriam Mezes-Penso, 14 juin 1765 Inédite. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,82, largeur : 0,69. Dalle renversée. Epaisseur : 0,21. Treize lignes. Hauteur des lettres S : 0,14, autres : 0,06. Sa de la oNeSta y oNrada BieN av da deBora

mezeS peNSo qve f° 25 SivaN 5525 qve cor de a 14 JvNio 1765 myriam

Sea Sv alma atada eN a tadero de laS vidaS

S(epultur)a / de la onesta /y onrada Bien / av(entura) da Debora / Myriam Mezes / Penso que f(alleci)°/25 sivan 5525 / que correspon)de a 14/junio 1765/ sea su alma / atada en a / tadero de las / vidas

255. Archives municipales GG 845, § 747.

320

Épitaphes Trad. : Sépulture de l’honnète et honorée bienheureuse Debora Myriam Mezes Penso, décédée le 25 sivan qui correspond au 14 juin 1765. Que son âme soit liée au sachet des vies. À la même date le Registre des morts inscrit Janna Ester Mezes veuve de Jacob Felis Penso, âgée de soixante ans. Sans doute faut-il corriger les prénoms du Registre en fonction de ceux de l’épitaphe 256. 230 Daniel-Gabriel d’Anavia, 16 août 1765 C. cirot, Recherches, p. 135 bo. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Onze lignes. Au pied un cœur. Sa del. BieN. av do daNiel.GaBriel da Navia, dr. eN mediciNa. y varoN vitvoSo.h No de la. JeSiva. de de (Sic) Gvimelvt hazadim. f° el 29 de aB.aNNo 5525.vierNeS 16 aGocto 1765

S(epultur)a/ del bien ab(enturad)o/ Daniel-Gabriel/ d’Anavia, D(octo)r.en/ medicina. y varon/ Virtvoso. H(erma) no/ de la jesiva de/de (sic) Gvimelvt/ Hazadim. f(alleci)° el/ 29 de ab. anno 5525.viernes / 16 agocto 1755. Trad. : Sépulture du bienheureux Daniel-Gabriel d’Anavia docteur en médecine et homme vertueux, confrère de la jesiva (académie) de/de (sic) Gvimelvt / Hazadim. (accomplissement de bonnes œuvres), décédé le 29 ab, l’an 5565, vendredi 16 août 1765. Ligne 10 : latin anno. Indication exceptionnelle de la férie du décès sans doute pour souligner qu’il mourut la veille du Sabbat, un privilège accordé à peu de justes. Dernière ligne, année 1755 dans la transcription de Cirot. Nous corrigeons en fonction, tant de la correspondance exacte du vendredi 16 août 1765 correspondant bien au 29 ab 5525, que de la délibération du 6 avril 1766 accordant à son fils David sa fonction et son traitement.

256. Archives municipales GG 845 § 756.

321

Épigraphie et sotériologie Probablement fils de Moïse Annavia décédé le 9 février 1729, âgé de trente-deux ans et donc né vers 1698. Époux de Rachel Anavia, il perdait le 1er mai 1755 un fils âgé de huit ans, prénommé Moïse (supra § 190). Médecin de la Nation affecté aux pauvres, il touche un traitement annuel de cent livres en vertu d’une délibération du 11 avril 1745. Outre ce traitement : il reçoit, par délibération du 4 juillet de la même année une livre et demie de bœuf par semaine de gratification pour son dévouement aux pauvres malades. À une date indéterminée il soumet à la Nation juive portugaise d’Amsterdam une candidature assortie d’un curriculum vitae et d’un engagement à soigner les pauvres. Est-ce alors que – le ler juillet 1750 – sa Nation porte son traitement à deux cents livres et sa gratification en nature à deux livres et demie de viande ? Cependant la Nation ayant résolu le 22 avril 1760 de n’allouer de la viande « qu’à ceux qui auront un certificat du médecin de leur état de malade », le médecin recevra, en lieu et place de ce salaire en nature, vingt-cinq livres tous les trois mois 257. Il mérite l’attribut de vertu non seulement pour le soin avec lequel il soigne ses patients mais aussi pour son expertise en matière de cacherout ; sur délibération du 31 août 1739, il fait partie d’une commission d’examen des shohatim. En tant que confrère de la Yeshiva, il signe une délibération du 1er octobre 1747 relative au différend opposant la Hebra à la Yeshiva et procède en tant que tel, conjointement avec les fondateurs de Hebra, aux obsèques du sieur Machado. Parnas de la Yeshiva, il signe le 1er avril 1753 une longue délibération règlant les attributions respectives des deux confréries rivales 258. Le médecin Daniel Anavia avait soixante-douze ans 259. Son fils David-Gabriel, qui lui succéda comme médecin de la Nation, se serait par la suite embarqué à une date indéterminée pour Surinam où il exerça brillamment la profession médicale au sein de la Nation juive à Paramaribo. Il y décède le 22 novembre 1781 et repose sous une épitaphe hébraïque, française et anglaise extrêmemement élogieuse dans l’ancien cimetière séfarade de Paramaribo : « Ci cit [sic] de sa Nation la lumière et l’honneur, de l’amitié le plus parfait modèle, de la santé, conservateur fidèle. Il fut chéri, savant sincère et bienfaiteur. Obiit le XXII novb 1781» 260.

257. S. SchWarzfuchs, Le Registre, § 117 p. 174 (11 avril 1745), § 125, p. 178 (4 juillet 1745), § 179 p. 220 (1er juillet 1750), § 271, p. 287 (22 avril 1760), § 274, p. 363-364 (6 avril 1766). Candidature à Amsterdam, Stadsarchief Amsterdam PA 334 990 p. 35, cf. T. levie BerNfeld, Poverty and Welfare Among the Portuguese Jews in Early Modern Amsterdam, The Littman Library of Jewish Civilization, Oxford-Portland, Or., 2012, p. 202 et notes 229 et 246. 258. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 89, p. 153-154 (31 août 1739), § 148, p. 197 (1er octobre 1747), § 210, p. 243-246 (1er avril 1753). Nous ne trouvons pas la sépulture de ce défunt. 259. Archives municipales GG 845 § 762. 260. Épitaphe hébraïque et française dans A. BeN-u r, R. fraNkel, Remnant Stones : The Jewish Cemeteries and Synagogues of Suriname, Epitaphs, Cincinnati 2009, n° 610, p. 447. Aviva Ben-Ur remarque que c’est l’unique épitaphe française de ce cimetière, « The Cultural

322

Épitaphes 231 Abigaïl de Isaac Mendes, 12 octobre 1765 G. cirot, Recherches, p. 129 bc. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Douze lignes. Sa de. la. doNzella oNeSta virtvoSa y devota.aBiGa i l

de. iShak.meNdeS qve f°.el.26.

de tiSri.de.5526 qve. coreSpde a

.12.8Bre 1765

S.S.a.a.e.a.d.l.v.a.

S(epultur)a / de la /donzella / onesta / virtuosa y/ devota Abigaïl de Ishak Mendes / que f(alleci)o el 26 / de tisri de 5526 / que coresp(on)de / a1 12 8(to) bre 1765 / s(ea) s(u) a(lma) a(tada)e(n) a(tadero) d(e) l(as) v(idas) a(men). Trad. : Sépulture de la demoiselle honnète, vertueuse et dévote Abigaïl (fille) d’Isaac Mendes décédée le 26 tishri 5526 qui correspond au 12 octobre 1765. Que son âme soit liée au faisceau des vies. Amen. Un Isaac Mendes parraine un Isaac fils d’Isaac Montezinos le 17 juillet 1740 : il pourrait être le père de la défunte, Isaac Gabriel Mendes né vers 1712 de David Mendes et d’Abigaïl de Castro, décédé le 5 septembre 1794. Il épouse le 13 août 1740 Esther Peixotto qui lui donne quatre enfants, Abigaïl, Miriam, Judith, David. Négociant, il exercera le syndicat de la Nation à la suite de l’élection du 18 mars 1779 et la charge de premier adjoint à compter du 4 avril 1780 261. « Abigaïl Mendes, fille de Isaac Gabriel Mendes et d’Ester Peixoto Mendes » avait vingt-quatre ans 262.

Heritage of the Eurafrican Sephardi Jews in Suriname », dans J. S. GerBer (éd.), The Jews in the Caribbean, Oxford-Portland (Oregon) 2014, p. 180, n. 71 261. C. darGeloS, Thezoro, § 443 p. 153 ; J. caviGNac, Dictionnaire, p. 169 ; S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 467 p. 496 ; § 477 p. 502-503. 262. Archives municipales GG 845, § 769.

323

Épigraphie et sotériologie 232 Isaac Roiz Alpalhão, 2 janvier 1766 G. cirot, Recherches, p. 125 ab. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Neuf lignes. Sa

del. BieNav do

iSaac roiz alpalhao

qve. f°. a.

21

teBet.5526

qve coNrre SpoNde. a. eNero.

2 1766

S(epultur)a/ del bien av(entura)do/ Isaac Roiz /Alpalhao / que f(alleci)° a 21 / tebet 5526 / que conrresponde a 2/ enero 1766. Trad. : Sépulture du bienheureux Isaac Roiz Alpalhão décédé le 21 / tebet 5526 qui correspond au 2 janvier 1766. Cirot remarque le nom typiquement portugais du défunt et considère – à tort – cette épitaphe comme portugaise. Certes un pourcentage des anthroponymes révèlerait une majorité de portugais en même temps qu’une épigraphie preque exclusivement espagnole. Roiz est une contraction de Rodrigues, Alpalhão transcrit un Arpalhão qui apparait sous la graphie Rodrigues Arpalham parmi les particuliers consentant un prêt à une personne demeurant à Paris le 17 avril 1755 en exécution d’une délibération du 12 décembre 1754. Sa veuve serait-elle tombée dans le besoin au point de figurer pour 1 livre 4 sols par semaine sur le rôle des allocataires de la Nation le 11 avril 1784 263 ? Sur le Registre des morts Jacques Roiz Arpalham est âgé de soixante-douze ans 264. Cette inscription permet de l’identifier avec un des sept enfants de Pedro Rodrigues Alpalhão, originaire de Bordeaux, passé à Leyria en Portugal où il épousa Dona Hieronima Josepha Pestana. Son autre fils, Carlos quitta le Portugal pour l’Angleterre ; sa gouvernante Catherine Alplaha lui donna deux enfants et il mourut à Aigre (Charente).

263. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 228, p. 258-259, § 236, p. 263, § 520, p. 547. 264. Archives municipales GG 845 § 781.

324

Épitaphes Héritière testamentaire du défunt, Raquel Dasilva Alpalhão interjette appel contre une sentence rendue le 4 septembre 1766 par le sénéchal de Guyenne en faveur de Francisco (Joseph) Da Silva Correa Alpalhão quant à sa prétention à l’héritage de Carlos 265. 233 Isaac Henriques-Raba, 17 juillet 1766 G. cirot, Recherches, p. 137 bx. Pierre non retrouvée : aucune dimension. Huit lignes. au pied, motif : un cœur. Sa

del. BieN av do

iShac

heNriqveS

r aBa. f°. a. 11 5526 qve corSpde. a.17 Jvlio. 1766

de aB

S(epultur)a/ del bien av(entura)do/ Ishac / Henriques /Raba f(alleci)° a 11 / de ab 5526 que /cor(e)sp(on)de a 17/ julio 1766. Trad. : Sépulture du bienheureux Ishac Henriques Raba décédé le 11 ab 5526 qui correspond au 17 juillet 1766. Fils de Francisco Henriques-Nunes et de Luiza Maria Bernade, le défunt naquit à Bragance le 7 avril 1731 et reçut le prénom de Bernard. En 1749 il est arrêté par l’Inquisition en même temps que sa mère et son frère Jozé. Il est condamné à la prison et au port de l’habit a arbitrio après avoir abjuré le judaïsme. Avec sa mère et ses sept frères, il s’enfuit du Portugal par Lisbonne et débarque à Bordeaux le 24 juin 1763 après une escale à Londres. Le 7 juillet 1763 il est circoncis par le péritomiste Oliveira et adopte le prénom d’Isaac. Marchand resté célibataire, il meurt trois ans plus tard à l’âge de trente-cinq ans 266.

265. Précis du procès pendant au Parlement, entre Francisco (Joseph) Dasilva Correa Alpalhao, Juif portugais, exposant, intimé sur l’appel d’une sentence du Sénéchal de Guyenne, du 4 septembre 1766, d’une part. Et Raquel Dasilva Alpalhao, héritière testamentaire de Jacques Rodrigues son frère, appellante de cette sentence. Pour servir de réponse à la requête en griefs de ladite Raquel, Factum Bordeaux, 1768, cf. Z. SzaJkoWSki, FrancoJudaica, an Analytical Bibliography of Books, Pamphlets, Decrees, Briefs and Other Printed Documents Pertaining to the Jews in France l500-l788, New York l962, p. 89, n° 1024. 266. Cf. G. NahoN, « Un portugais se penche sur son passé : la note didactique de Benjamin Raba (1821) », dans G. NahoN et Ch. touati (dir.), Hommage à Georges Vajda, Études

325

Épigraphie et sotériologie 234 Moïse Vaz, 25 juillet 1766 G. cirot, Recherches, p. 134 bm. Transcrit l’épitaphe espagnole et signale une inscription hébraïque. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Sa del NzJ. riBy

meS vaz. f° a 19. meNahem 5526 q.ce a 25 ivlio 1766

S(epultur)a/ del n(eim) z(emirot) J(srael) Riby / M(os)es Vaz, f(alleci)o a/ 19 menahem / 5526 / q(ue) c(orespond)e a 25 Iulio 1766. Trad.: Sépulture du chantre aimable d’Israël (2 S 23,11) Riby Moïse[?] Vaz, décédé le 19 menahem 5526 qui correspond au 25 juillet 1766. Riby, fréquent chez les Portugais renvoie aussi à une personne exerçant un office liturgique tandis que Ruby désigne un maître d’école. L’expression verbale hébaïque ne‘ im zemirot Israel est devenue tellement courante dans le parler ordinaire de la Nation que l’acronyme transcrit en caractéres latins NZL suffit pour l’évoquer. Étrangement, le décès de ce ministre du culte, que nous ne connaissons pas par ailleurs, manque au Registre des morts. 235 Jacob-Israël Latad, 11 août 1766 G. cirot, Recherches, p. 121-122 f. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Sa del prvdeNte

r. yahacoB ySrael. latad

qe f° coN BueNa fama el

5526 qe corpde a 10 aGto 1766

5 elv

SSaaeadlva

d’Histoire et de pensée juives, Louvain 1980, p. 505-529, J. caviGNac, Dictionnaire, p. 185.

326

Épitaphes S(epultur)a / del prudente / R(abi). Yahacob / Ysrael. Latad /q(u)e f(alleci)° con buena fama el 5 elul / 5526 q(u)e cor(es)p(on)de / a 10 ag(os) to 1766 /s(ea) s(u) a(lma) a(tad)a e(n) a(tadero) d(e) l(as) v(ida) a(men). Trad. : Sépulture du prudent Rabbi Jacob Israël Latad décédé en bonne renommée le 7 elul 5526 qui correspond au 11 août 1766. Que son âme soit liée au sachet des vies. Amen. Nous avons corrigé les quantièmes et le millésime 1776 indiqué par erreur chez Cirot. Con buena fama rend l’hébreu be-shem tov usité dans le rappel des défunts : she-niftar be-shem tov min ha-‘olam, qui est parti en bon renom du monde, reminiscence d’Ec 7,1 ‫ טוב שם משמן טוב‬un bon renom est préférable à l’huile parfumée. Le défunt avait cinquante-cinq ans 267. 236 Jacob Aguilar, 28 janvier 1767 B. leroy, « Le cimetière du Cours de la Marne », p. 12-13. G. NahoN, « Un espace religieux » (cf. supra § 94), n° 6, p. 260. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,78, largeur : 0,58. Encadrement aux angles arrondis inversés. Treize lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,05. Un cœur gravé au pied de l’épitaphe, hauteur : 0,23, largeur : 0,23. Sa

del. BieN. av do yahacoB aGvilar qve. f°. a.

28

SeBat.5527 qve. coreSp.de a 28.eNero 1767.Sea.Sv alma.ada eN atadero de laS vidaS ameN

S(epultur)a/ del bien av(entura)do/ Yahacob /Aguilar / que f(alleci)° a 28 / sebat 5527 / que coresponde / a 28 enero/ 1767. sea.sv/ alma a(ta)da/ en atadero / de las vidas/ Amen. Trad. : Sépulture du bienheureux Yahacob Aguilar décédé le 28 sevat 5527 qui correspond au 28 janvier 1767. Que son âme soit liée au sachet des vies.

267. Archives municipales GG 845 § 811.

327

Épigraphie et sotériologie In fine, traduction de l’eulogie hébraïque traditionnelle inspirée de 1 S 25,29. Le pluriel espagnol las vidas calque l’hébreu haïm, la vie dont la forme est plurielle. Décès survenu le 29 janvier selon le Registre des morts. Le défunt avait soixante-seize ans 268. 237 Rachel d’Abraham Telles, 4 février 1767 Inédite. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,87, largeur : 0,59. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05. La lettre U est gravée telle qu’elle, un A mal effacé parait sous la U de muy. Au pied, un cœur surmontant une étoile, cœur : 0,28, étoile : 0,14. Bordure aux angles arrondis (concaves) (fig. 54). Sa de .la. muy virtuoSa Sa. rahel aBam telleS f°.eN.5.adar roN 5527 que coreSpde. 4 feBro

1767

Fig. 54. Rachel Telles, 1767. 268. Archives municipales GG 845 § 827.

328

Épitaphes S(epultur)a / de la muy / virtuosa / s(eñor)a Rahel /[d’] Ab(rah)am Telles / f(alleci)o en 5 adar / r(is)on 5527 que / coresp(on)de 4 / feb(re)ro 1767. Trad. : Sépulture de la très vertueuse Rachel, épouse (?) d’Abraham Telles, décédée le 5 adar premier 5527 qui correspond au 4 février 1767. Le sigle initial de la ligne 6 ABam encore que parfaitement gravé s’interprète malaisèment Abraham d’autant que manque un d indiquant la qualité d’épouse de la défunte. Un Abraham Telles est répartiteur des impôts de la Nation en 1784 269. La date du Registre – il prénomme la défunte Ribca –, le 29 février est impossible, l’année n’étant pas bissextile et la correspondance de l’épitaphe étant exacte. La défunte du Registre avait soixante-seize ans 270. 238 Judith Lopes Nones, 30 mars 1767 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,81, largeur : 0,62. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,10, autres : 0,05. Encadrement aux angles arrondis inversés. Au pied : un cœur, hauteur et largeur : 0,25. Sa

de la BieN av da yeudit lopeS NoNeS f°a

29

de adar SeNi

5527 que coreSpde a 30 marco

S(epultur)a / de la bien a(ventur)da / Yeudit Lopes/ Nones f(alleci)o a 29 / de adar seni / 5527 que / coresp(on)de a 30 / marco (1767). Trad. : Sépulture de la bienheureuse Judith Lopes Nones, décédée le 4 adar second 5527 qui correspond au 3 mars 1767. La veuve Nones – décès daté du 28 mars sur le Registre – avait cinquante-deux ans 271, décès survenu dans la soirée.

269. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 448, p. 477 ; Archives municipales GG 845 § 521 p. 548. 270. Archives municipales GG 845 § 829. 271. Archives municipales GG 845 § 830.

329

Épigraphie et sotériologie 239 Ézéchias-David Esteves, 5 juillet 1767 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur : 0,65. Douze lignes. Hauteur des lettres S : 0,15, autres : 0,06. Au pied : un grand cœur, hauteur et largeur : 0,25. Bordure arrondie aux angles, convexe en haut, concave en bas (fig. 55).

Fig. 55. Ézéchias David Esteves, 1767.

Sa del. BieN. av do y virtvoSo a.v. hiSquiav david eSteveS q f°. el

3 de

Jvlio

1767

tamvz.5527 q. coreSpde a 5 S.S.a.a.e.a.d.l.v. a.

S(epultur)a / del bien av(entura)do/ y virtuoso / a(yasis) v(eanihbad) Hisquiyau / David / Esteves q(ue) /f(alleci)° el 3 de / tamuz 5527 / q(ue )coresponde a 5 / julio 1767. s(ea).s(v) a(lma). a(tada) e(n) a(tadero )/ d(e) l(as) v(idas) / A(men) 330

Épitaphes Trad. : Sépulture du bienheureux âgé et honoré Ézéchias David Esteves, décédé le 3 tamuz 5527 qui correspond au 5 juillet 1767. Que son âme soit liée au sachet des vies. ligne 4 av ne peut signifier, vu l’âge du défunt, soixante-seize ans inscrit sur le Registre des morts, que a(yasis) v(eanihbad hébreu ha-yashish· we-hanikhbad, âgé et honoré 272. 240 Judith Mendes-Campos, 17 août 1767 G. cirot, Recherches, p. 130 bd. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Sept lignes. Sa de la temeroSa

del S y caritati va y devota yehud meNdeS campoS

19 aGoSto 1767

S(epultur)a / de la temerosa / del S(eñor) y caritativa/ y devota Yehu(dit) / Mendes Campos/ 19 agosto 1767. Trad.: Sépulture de la craignante du Seigneur et la charitable Judith Mendes Campos, 19 août 1767. Pas de date hébraïque, ce qui surprend compte tenu de la piété affirmée de la défunte, date chrétienne transcrite en italique et entre parenthèses par Georges Cirot. Par ailleurs le fait que le prénom soit incomplet laisse supposer que la transcription n’a pu être menée à bien. Décès inscrit au 21 août sur le Registre des morts. La défunte avait quarante ans 273. 241 David Paes de Leon, 27 août 1767 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,85, largeur : 0,63. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,13, autres : 0,06. Au pied : un grand cœur, hauteur ; 0,25, largeur : 0,32. Bordure arrondie aux angles, convexe en haut, concave en bas.

272. Archives municipales GG 845 § 833. 273. Archives municipales GG 845 § 840.

331

Épigraphie et sotériologie Sa

del BieNav do y virtvoSo

david paeS de leoN f° eN 2 de elul 5527 qve coreSpde .a 27 aGoSto 1767

S(epultur)a/ del bien av(entura)do/ y virtuoso/ David Paes/ De Leon f(alleci)°/ en 2 de elul/ 5527 que/ coresp(on)de/ a 17 agosto/ 1767. Trad. : Sépulture du bienheureux et vertueux David Paes de Leon, décédé le 2 elul 5527 qui correspond au 27 août 1767. Il avait soixante-dix-huit ans 274. 242 Ézéchias-Isaac de Torres, 11 septembre 1767 Inédite. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,42, largeur : 0,48. Huit lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, autres : 0,55. Au pied bordure aux angles brisés au chevet au centre, une demi-ellipse recouvre l’abréviation SA. Sa

del BieNa do h u iShac de torreS f° el

17 elvl 5527 qe cor de a 11 Sepe 1767

S(epultur)a / del bien a(ventura)do/ H(isquiy)u Ishac/ de Torres /f(alleci)°el 17 elul/ 5527/ q(u)e /cor(espon)de a 11 sep(tembr)e/ 1767. Trad. : Sépulture du bienheureux Ézéchias Isaac de Torres, décédé le 17 elul 5527 qui correspond au 11 septembre 1767. Décès daté sur le Registre au 13 septembre. Le défunt avait soixantehuit ans 275.

274. Archives municipales GG 845 § 836. 275. Archives municipales GG 845 § 842.

332

Épitaphes 243 Abigaïl, épouse d’Abraham Gomes-Fonseca, 13 octobre 1767 G. cirot, Recherches, p. 234 bn. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,80, largeur 0,59. Quatorze lignes. Hauteur des lettres S : 0,17, autres : 0,06. Un cœur entoure le mot Amen, hauteur 0,22, largeur 0,26. Encadrement à angles arrondis concaves (fig. 56).

Fig. 56. Abigaïl Gomes Fonseca, 1767.

333

Épigraphie et sotériologie Sa

aqui.yaze la prudeNte y virtuoza aBiGaïl.muJer de aBm. GomeS

foNSeca.haza N de la hevra de BordeoS f° a

20 de tiSri 5528. Su alma Sea. colocada eN. el. paraiSo a meN

S(epultur)a/ Aqui yaze/ la prudente/ y virtuoza/ Abigaïl mujer/ de Ab(raha) m Gomes/ Fonseca hazan/ de la Hevra/ de Bordeos/ f(alleci)° a 20 de tisri/ 5528 su alma/ sea colocada/ en el paraiso/ Amen. Trad. : Sépulture. Cy git la prudente et vertueuse Abigaïl, épouse d’Abraham Gomes Fonseca, chantre de la confrérie de Bordeaux, décédée le 20 tishri 5528, que son âme soit placée au paradis. Amen. ligne 8 : la hevra est la pieuse confrérie vouée à la charité et au dernier devoir. Elle dispose d’une synagogue et d’un ministre officiant. Plusieurs sépultures renvoient à cette confrérie (supra § 94, 97, 102, 117, 169). ligne 13 : pour le paradis, on se reportera à l’eulogie énigmatique d’Ester Lindo épouse de David Lindo du 21 mai 1742 ( supra § 211). Abigaïl Fonseque Delvaille avait cinquante-deux ans 276. 244 Isaac Rodrigues-Henriques, 15 novembre 1767 G. cirot, Recherches, p. 136 bs. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Dix lignes. Motif : « un cartouche où sont représentés les couteaux, flacons et autres ustensiles de son nécessaire ».

276. Archives municipales GG 845 § 844.

334

Épitaphes Sa

del. BieN. aueN do iShac.rodriGueS heNriqueS moel f°. a.

23 de heSBaN 5528 qve. correSp.de a 15.NouiemBre 1767

S(epultur)a/ del bien auen(tura)do/ Ishac Rodrigues/ Henriques / moel / f(alleci)° a 23 de hesban / 5528 / que corresponde a / 15 noviembre / 1767. Trad. : Sépulture du bienheureux Ishac Rodrigues Henriques, péritomiste, décédé le 23 heshvan 5528 qui correspond au 15 novembre 1767. Notre péritomiste aurait testé, en tant qu’agent de courtage, le 3 août 1766 par-devant le notaire Lavau 277. Le registre date le décès du 14 novembre et signale son âge, soixanteseize ans 278. 245 Abraham de Oliveira, 22 décembre 1767 G. cirot, Recherches, p. 125 aa. Pierre non retrouvée, aucune dimension, Texte hébreu non transcrit précédant le texte portugais. Quatre lignes. Date hébraïque seulement : « au dessus : une main tenant un stylet et appuyée sur un feuillet formant cartouche ». Sa

do BemaveNo Bm a de oliveira f° i° teBet a°

5528

5528

S(epultur)a/ do bemaven(tura)do/ Ab(raha)m de Oliveira / f(alleci)° a 1° de tebet / 5528 . Trad. : Sépulture du bienheureux Abraham de Oliveira, décédé le 1er tebet 5528. Ligne 4, l’abréviation f° pourrait accréditer l’orthographe archaïque faleceo pour faleceu dans une des rares inscriptions portugaises du cimetière.

277. Archives de la Gironde 3 E 24.260 cf. Dominique BourGueS, Les attitudes, annexe p. VIII. 278. Archives municipales GG 845 § 846.

335

Épigraphie et sotériologie Le 24 janvier 1723 fut circoncis un Abraham de Olivera, âgé de dix-huit ans, arrivé du Portugal, parrainé par Jacob Rodrigues Pereira. Le 26 novembre 1729 il parraine un petit Isaac fils de Jacob Dias 279. Le défunt avait quarante ans 280. 246 Léa, fille d’Abraham Miranda, 13 janvier 1768 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,96, largeur : 0,47. Neuf lignes. Hauteur des lettres : 0,06. Encadrement aux angles arrondis inversés au chevet (fig. 57).

Fig. 57. Lea Miranda, 1768.

279. C. darGeloS, Thezoro, § 243, p. 137 et § 319, p. 143. 280. Archives municipales GG 845 § 84.

336

Épitaphes S.a de lea hiia de. aBm

miraNda f° 23 teBet

eN.

5528

q.cor de. a 13 heNero

1768

S(epultur)a / de Lea hiia / de Ab(raha)m/ Miranda f(alleci)° / en 23 tebet / 5528 / q(ue) cor(espon)de a/ 13 henero / 1768. Trad. : Sépulture de Léa fille d’Abraham Miranda, décédée le 23 tebet 5528, qui correspond au 13 janvier 1768. Sépulture d’enfant. Ligne 2 : la graphie hiia est distincte de la forme admise hija. Lignes 3 et 4 : Abraham Miranda, père de la fillette décédée, élu syndic de la Nation le 4 mars 1755 intervient dans pratiquement toutes les délibérations. Le 21 mars 1756 David Mendes Vega père lui succède mais il conserve la fonction d’adjoint. Le 28 août 1760, il entre dans la direction collective du Talmud Tora avec David Lameyra, Benjamin Gradis et Jacob Peixotto et se charge d’un très grand nombre de fonctions jusqu’au 9 juillet 1776 281. Pas de mention au Registre des morts. 247 Isaac Rodrigues-Peynado, 28 janvier 1768 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,44, largeur ; 0,50. Dix lignes. Hauteur des lettres S : 0,095, autres : 0,05. Au chevet encadrement aux angles arrondis inversés. Au pied, un cœur : 0,15 (fig. 58). S.a del virtuoSo u BieNau do

iSaque rSS peyNado

f° a

9 SeBat 5528

q. cor de a

28 eNero 1768

281. S. SchWarzfuchS, Le Registre, § 232 p. 260, § 246 p. 273-274, § 273, p. 288, § 442, p. 470-471.

337

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / del virtuoso/ u bien av(entura)do/ Isaque R(odrigue)ss /Peynado /f(alleci)°a 9 sebat / 5528 / q(u)e /cor(espon)de a /28 enero / 1768. Trad. : Sépulture du vertueux et bienheureux Isaac Rodriguess Peynado, décédé le 9 shebat 5528 qui correspond au 28 janvier 1768. 3e ligne : ce u insolite transcrit-il phonétiquement l’article portugais o ou la conjonction de coordination hébraïque vav ponctuée u devant un bet ? Faut-il incriminer simplement une erreur du graveur ? Né en 1750 d’Abraham Rodrigue Peinado rentier (c. 1686/90-30 mars 1761, supra § 204) et de son épouse Judic, il mourut à l’âge de dix-huit ans selon Jean Cavignac, seize selon le Registre des morts240 .

Fig. 58. Isaac Rodrigues Peynado, 1768.

338

Épitaphes 248 Abigaïl Gonsales-Gabriel, 7 avril 1768 G. cirot, Recherches, p. 130 be. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,42, largeur : 0,49. Dalle brisée en trois morceaux. Neuf lignes. Hauteur des lettres S : 0,11, autres : 0,05. Sa de la BieN

da

y hoNeSta tem

Sa S

a BiGail GoNS GaBriel f° 20 NiSSaN 55(28) q c a 7 avril 1768

S(epultur)a / de la bien(aventura)da / y honesta tem(ero)sa/ Abigail Gons(ale)s / Gabriel f(alleci)°/ 20 nissan 55(28)/ q(ue) c(orresponde) a 7 avril / 1768 Trad. : Sépulture de la bienheureuse et honnête craignant (Dieu) Abigail Gonsales Gabriel décédé le 20 nissan 55(28) qui correspond au 7 avril 1768. Inscription douteuse au Registre des morts ; Abigaïl Rodrigues-Paynado le 6 avril 1768 282. 249 Daniel, fils d’Abraham Nones-Lopes, 18 avril 1768 Dalle calcaire blanc. Hauteur : 0,98, largeur : 0,47. Huit lignes. Hauteur des lettres, un S : 0,07, autres : 0,05. Au chevet encadrement aux angles arrondis inversés Au pied, un cœur – hauteur : 0,20 – formant cartouche enserrant le millésime courant. S.a de daNiel hiJo de a Bm NoNeS lopeS f° el

26 NiSaN 5528 q. coreSe a 18 avril 1768

282. Archives municipales GG 845 § 855.

339

Épigraphie et sotériologie S(epultur)a / de Daniel / hijo de Ab(aha)m /Nones Lopes / f(alleci)° el 26 nisan / 5528 q(ue) /cores(pond )e / a 18 avril / 1768. Trad. : Sépulture de Daniel fils d’Ab(aha)m Nones Lopes, décédé le 26 nissan 5528 qui correspond au 18 javril 1768. Né le 24 février 1763 d’Abraham Nones-Lopes – ce dernier né à La Haye c. 1738, mort à Bordeaux le 26 janvier 1801, négociant puis cultivateur –, et de Rachel Gantes selon Cavignac, de Ribca Nones selon le Registre des morts il meurt à l’âge de neuf ans 283. 250 Abigaïl Rodrigues, épouse de Moïse Atihas, 22 avril 1768

Fig. 59. Abigaïl Rodrigues, 1768.

Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,45, largeur : 0,48. Sept lignes. Hauteur des lettres S : 0,09, autres : 0,05, année civile : 0,07. Un cœur entoure l’année civile : 0,22, 0,26. L’abréviation initiale Sa est surmontée d’une ligne droite horizontale, brisée par deux arcs de cercle, à droite de l’arc droit la lettre a (fig. 59).

283. J. caviGNac, Dictionnaire, p. 177, Archives municipales GG 845 GG 845 § 856.

340

Épitaphes Sa a de la BieN av aByGail rodriSS muGer de me

atihaS q f° 5 yiar 5528 q.c.de. a 22 avril 1768

S(epultur)a a / de la bien av(enturada) / Abygail Rodrig(gue)ss/ muger de M(os)e)/ Atihas q(ue)f(alleci)° / 5 yiar 5528 / q(ue) c(orespon)de a 22 avril/ 1768. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Abigaïl Rodrigues épouse de Moïe Athias, décédée le 5 Iyar 5528, qui correspond au 22 avril 1768. Le a du coin supérieur droit correspond à la finale d’aventurada. La graphie surprenante Atihas résulterait d’une erreur du lapicide. En effet en fin 5515 (septembre 1755), un sieur Moseh Hatias fait fonction de sacrificateur : l’émissaire d’Hébron invalide son couteau et lui interdit d’égorger le bétail 284. La défunte avait quarante ans 285. 251 Isaac Rodrigues-Alvares 22 mai 1768 G. cirot, Recherches, p. 122 l. Pierre non retrouvée, aucune dimension. Huit lignes. Sa

del BieNav do aS veaNich iShac rodriSS alvareS f°.

a 6 SivaN 5528 q cde a 22 mayo 5528

S(epultur)a/ del bien av(entura)do/ a(yasi)s veanich(bad) / Ishac Rodri(gue) ss/ Alvares f(alleci)° a / 6 sivan 5528 / q(ue) c(orespon)de a 22 mayo / 1768. Trad. : Sépulture du bienheureux le vénérable et honoré Isaac RodriguesAlvares décédé le 6 sivan 5528 qui correpond au 22 mai 1768.

284. Registre § 242 p. 271. 285. Archives municipales GG 845 § 857.

341

Épigraphie et sotériologie Á propos de la titulature hébraïque translittérée ayasis veanichbad, le vénérable et honoré, Cirot remarque : « Il est bien possible que les mots hébreux ne fussent plus compris à la longue, c’est ce que ferait supposer cette inscription où on lit veanich pour veanichbad. Il s’agit plus simplement de l’abréviation « économique » d’un terme que tout un chacun connaissait à merveille. Le défunt avait rempli des fonctions dirigeantes au sein de la Nation mais nous ne le retrouvons pas sous le prénom d’Isaac parmi les signataires des délibérations. Lecture difficile de l’âge au décès, quatre-vingts ans (?) 286. 252 Esther Lameyra épouse de David Lameyra, 4 juin 1778 G. cirot, Recherches, p. 121 d. Dalle calcaire blanc ; Hauteur : 1,79, largeur : 0,81. Cadre aux angles arrondis (convexes) ; Treize lignes. Hauteur des lettres S : 0,08, patronyme : 0,07, autres : 0,045. Au pied, motif : un cœur. Tombe basculée, épaisseur : 0,15. Sa

de la BieNaveNturada

eSter, muGer de david lameyra fallecio a 9 SivaN 5538 que correeSpoNde a

4 JuNio. 1778. Nacio el. 30. eNero. 1730 Sea Su BeNdita al ma colocada eN la. Gloria.

S(epultur)a /de la bienaventurada / Ester, muger de /David Lameyra /fallecio. a. 9 sivan / 5538/ que corresponde a / 4 junio. 1778 / Nacio el. 30. Enero /1730 /Sea su bendita al/ma colocada en/ la. gloria. Trad. : Sépulture de la bienheureuse Esther, épouse de David Lameyra, décédée le 9 sivan 5538 qui correspond au 4 juin 1778. Elle naquit le 30 janvier 1730. Que son âme bénie soit placée dans la gloire. En bendita on perçoit un lusisme pour bendicha.

286. Archives municipales GG 845 § 860.

342

Épitaphes En dépit de sa datation basse, cette sépulture trouva place exceptionnellement dans l’ancien cimetière fermé, le caveau ayant probablement été acquis par le mari de la jeune femme. Le Registre des morts l’honore en signalant qu’elle est l’épouse de l’adjoint actuel du syndic et qu’elle a quarante-huit ans 287. L’eulogie finale est un mixage de « [son âme] restera liée au sachet des vies » en 1 S 25,19 et de « sa résidence sera entourée de gloire » en Is 11,10. 253 David Lameyra, 29 octobre 1788 G. cirot Recherches, p. 143. Simple signalement. Le Registre des morts précise qu’il fut « négociant, doyen des syndics notables de la Nation portugaise, fils de Moïse Antoine Lameyra et de Hana Ester Cardoze, inhumé dans le vieux cimetière de la Nation où il s’était réservé de son vivant la sépulture ». Il avait soixante-douze ans. Le 15 mars 1751 les parnassim de la Nation juive portugaise d’Amsterdam adressent une lettre au « señor D. Lameyra como gabay de la jesiba del H[a]H[am] Ab[raha]m Ben Aser… a Jerusalaim, para la jesiba que instituyo en aquel lugar ». David Lameyra avait-il institué lui-même cette yeshiva hiorosolymite dont il régissait le financement à Bordeaux, ou gérait-il seulement les dons destinés à une yeshiva fondée par ce rabbin? Lequel rabbin – par ailleurs émissaire de la Terre Sainte et plus tard Rishon le-Sion, « Primat en Sion » – séjourna à Bordeaux en 1743. Il y régla au mieux l’épineux épisode du mariage « clandestin » d’Abraham Roblès et Sara Rodrigues de Bayonne. Il apparaît dans une liste de 1758 comme recteur de la la yeshiva Yefaer ‘Anavim (cf. Ps 149,4), une fondation livournaise 288.

287. Archives municipales GG 845 § 1229. 288. Archives municipales GG 845 § 1722. Lettre d’Amsterdam, Stadsarchief Amsterdam, PA 334 93 p. 23 ; sur Abraham ben Asher et sa yeshiva cf. A.-L. frumkiN, Livre de l’histoire des rabbins de Jérusalem depuis l’an 5250 [1490] jusqu’à l’an 5630[1870] de la Création, Imprimerie Salomon, Jérusalem 1929, réimp. Tel Aviv 1969 [en hébreu], t. III p. 98-99 ; sur ses missions, A. yaari, Émissaires de la Terre Sainte. Histoire de la mission du pays vers la diaspora de la destruction du Second Temple au xixe siècle, Jérusalem 1951, réimpr. 1977 [en hébreu], p. 389-392 ; G. NahoN, Métropoles et périphéries séfarades d’Occident. Kairouan, Amsterdam, Bayonne, Bordeaux, Jérusalem. Les Paris 1993 p. 378-380 ; sur son passage à Bordeaux cf. G. NahoN, « Verts paradis et gras pâturages : le mariage d’Abraham Robles (1741) », dans P. hidiroGlou (dir .), Entre héritage et devenir : la construction de la famille juive. Mélanges offerts à Joseph Mélèze-Modrzejewski, Paris 2003, p. 113.

343

Épigraphie et sotériologie 254 David Gradis s.d. Inédite. Dalle calcaire blanc. Inscription inachevée. Chevet arrondi surmonté d’un demi-cercle renfermant une étoile à cinq pointes. Sept lignes. Hauteur : 0,81, largeur : 0,49. Hauteur des lettres S et première ligne : 0,07, autres : 0,05 ; étoile : 0,14. S. a del BieN aBeNtvrado

david GradiS icho de BiNiamiN GradiS fallecio

S(epultur)a del bien/ abenturado/David Gradis/ Icho de/ Biniamin Gradis / fallecio/ Trad.: Sépulture du bienheureux David Gradis, fils de Benjamin Grafis décédé le l. 4 icho pour hijo, ladinisme. Il s’agit probablement d’un enfant de Benjamin, frère de David I 289. 255 Rodrigues-Carrasco, s.d. Inédite. Dalle calcaire blanc. Hauteur : 1,03, largeur : 0,48 à 0,78, ligne courbe, changement de langue. Douze lignes. Sa de la muy

..e.. … rS ca[raSco] delicioSa

que fallecio

.. .. ..

ci Git carraS.. la flev.

289. R. meNkiS, « The Gradis Family of Bordeaux, A Social and Economic History. A Dissertation », Thèse, Brandeis University, Waltham-Boston, Mass., 1988, p. 91.

344

Épitaphes S(epultur)a/de la muy/ deliciosa ..e../ …/ R(odrigue)s Carrasco/ que fallecio .. Trad.: Sépulture de la très délicieuse.. Rodrigues Carrasco décédée… Ci git Carras(co) la Flev. ? 256 Luna Rachel Esther s.d. Dalle calcaire blanc. Angles brisés au chevet avec encadrement aux angles arrondis (concaves). Quatre lignes surmontées d’une étoile de David. Sa de la Bi eN aveNtv

lvNa r ahel eSter rada

S(epultur) a de la bi /en abentu /rada Lvna/ Rahel Ester. Trad.: Sépulture de la bienheureuse Luna Rachel Esther.

345

ANNEXES

I 22 octobre 1724 Vente de terrain par Jean Perpigna à David Gradis Archives départementales de la Gironde, notaire Pierre Banchereau 3 E 400. Édition partielle par Georges Cirot, Recherches sur les juifs espagnols et portugais à Bordeaux, Première partie, Bordeaux 1908, p. 119-120, n. 3. Par devant les notaires royaux à Bordeaux et en Guienne soussignés, a esté présent sieur Jean Perpigna, bourgeois et marchand à Bordeaux, y demeurant près la porte de la Grave, parroisse Saint Michel. Lequel a volontairement vendu, cédé, quitté, alliéné, délaissé et transporté par ces présentes purement et simplement, à perpétuité et pour toujours, à sieur David Gradis, négotiant audit Bordeaux y d[emeur]ant sur les Fossés de ville, parroisse Sainte Eulalie, à ce présent et acceptant pour luy et les siens ou ayans cause à l’avenir, sçavoir est un jardin renfermé de muraille avec la maison qui est dans icelluy, scittué hors et près les murs de cette ville, parroisse Sainte Croix, confrontant d’un costé du Levant de long en long à la terre labourable des héritiers des Ruiers, d’autre costé du Couchant aussy de long en long à la terre en jardin de Dupoujau Sacquier, juré à Bordeaux d’un bout du midi aux jardins desd[its] héritiers des Ruiers et en partie aux possessions des héritiers de Labarthe, et d’autre bout du nort au chemin qui conduit de la porte Saint Jullien de Bordeaux à l’hospital d’Arnaud Guiraud, sauf les plus vrayes et légitimes confrontations sy aucunnes en y a, ensemble a vendu led[it] sieur Perpigna aud[it] s[ieu]r Gradis le lieu, fonds et sol du susd[it ] jardin, maison, puits, arbres fruitiers et générallement tout ce qui est dans icelluy attaché au fond, sans en rien réserver, ensemble toutes ses entrées, issues, passages, servitudes et autres appartenances et déppendances sans en rien réserver, dont du tout il s’est entièrement demis, devestu et desaizy, et en a vestu, saizy et mis en la possession utille led[it] s[ieu]r David Gradis, acquéreur, consent qu’il en jouisse, fasse et dispose dès ce jour à son plaisir et volonté comme de chose à luy sienne et propre, et en conséquence, led[it] s[ieu]r Gradis, estant sur les lieux, a tout présentement pris la possession réelle du susdit jardin et maison en déppendante, en 347

Annexes ce qu’il a pris dans led[it] jardin des poignées de terre, rompu des branches de poirier, abricotier, figuier, seps de vigne et autres arbres, le tout jetté au vent ; dans la maison a ouvert et fermé les portes et fenestres, y a allumé et éteint du feu et fait plusieurs autres actes possessoires au veu et sceu de tous ceux qui l’ont voulu voir et sçavoir sans aucun trouble ny empeschement de personne, le tout en signe de lad[ite] vraye possession réelle et actuelle et corporelle. Laquelle vente du susd[it] jardin, maison et toutes leurs appartenances et déppendances, sans en rien réserver ny excepter, a esté ainsy faite moyenant le prix et somme de six mille trois cents livres que led[it] sieur Gradis acquéreur promet et s’oblige de payer aud[it] sieur Perpigna vendeur ou à son ordre en cette ville, en bonnes espèces d’or ou d’argent, et non autrement, dans quatre ans à compter de ce jour, et cependant l’intérêt à la fin de chacque année, à raison du denier vingt, attandu qu’il s’agit de vente de fonds, ce qui est une des conditions qui fait partie de la vente et sans laquelle elle n’auroit esté faite, lequel intérêt ne commencera pourtant à courir que le vingt cinquiesme janvier prochain, attandu que led[it] s[ieu]r Perpigna vendeur a receu le prix de la ferme dudit jardin jusqu’au d[it] jour, et que c’est de ce jour seullement que led[it] s[ieu]r Gradis acquéreur pourra commencer sa jouissance, et jusqu’au payement de lad[ite] somme de six mille trois cents livres de principal et intérêts d’icelle, ledit jardin et maison vendus demeureront spéciallement affectés et hypotéqués aud[it] s[ieu]r vendeur, et nonobstant le susd[it] délay, il sera loisible aud[it] s[ieu]r Perpigna de pouvoir exiger son payement de lad[ite] somme principalle et intérêts qui en seront deus, quand bon luy semblera en avertissant par acte un mois auparavant led[it] sieur Gradis ; auquel cas led[it] sieur Gradis promest et s’oblige de faire led[it] payement à la fin dud[it] mois d’avertissement, mais il ne sera pas permis aud[it] sieur Gradis de se libérer dudit principal avant le susd[it] délay de quatre ans si bon ne semble aud[it] s[ieu]r Perpigna, ce qui fait aussy une des conditions de la vente sans laquelle led[it] s[ieu]r Perpigna ne l’auroit consentie, promettant led[it] s[ieu]r Perpigna vendeur de faire et laisser pleinement et paisiblement jouir led[it] s[ieu]r Gradis acquéreur du susdit jardin, maison et toutes ses appar[tenan]ces et deppendances, le tout luy garantir et deffendre envers et contre tous de tous troubles, dettes, hypotèques, procès, différans, substitutions et autres empeschemens, même de tous cens, rentes, arrérages, lots, ventes et autres droits et devoirs seigneuriaux du passé jusqu’à ce jour, et led[it] s[ieu]r Gradis acquéreur sera teneu de payer les lots et ventes de la présente acquisition et d’[aujour]huy en avant la rente dont led[it] jardin et maison se trouveront chargés envers le seigneur de fief qu’il appartiendra que les parties n’ont sceu déclarer ; au surplus est convenu que led[it] sieur Perpigna remettra au premier jour aud[it] s[ieu] r Gradis un extrait du testament de feus sieur Jean Dordé et de dem[oise] lle Marie Croizet, de la succession desquels il a recuilly lesd[ites] maison et jardin, et comme led[it] sieur Perpigna a affermé lad[ite] maison et jardin à s[ieu]r Jacob Fernandès avec affectation de fonds et sol pour le temps de 348

Annexes neuf années qui doivent commencer le vingt cinquième janvier prochain, il est encore convenu que, suppozé que led[it] s[ieu]r Fernandès fut en droit de demander quelques domages et intérêts contre led[it] sieur Perpigna pour raison de sa non jouissance, réparations ou augmentations qu’il pourroit avoir faites dans lad[ite] maison et jardin, led[it] sieur Gradis demeurera chargé du tout et en garantira et relèvera indemne led[it] sieur Perpigna vendeur, lequel ne luy a fait lad[ite] vente que sous cette condition. Finallement il a esté convenu que led[it] s[ieu]r Gradis acquéreur payera comme d’effet il a payé réellement et d’effet sur ces présentes aud[it] s[ieu]r Perpigna vendeur la somme de trois cents livres en louis d’or de seize livres pièce, louis d’argent de vingt cinq sols huit deniers aussy pièce et monnoye ayant cours à concurrence de la susd[ite] somme de trois cents livres que led[it] s[ieu]r Perpigna a comptée, prise et receue au veu de nous notaire et d’icelles s’est contanté et tient quitte led[it] sieur Gradis en déduction desd[ites] six mille trois cents livres du prix de lad[ite] vente. Et pour l’exécution et entretien des présentes à peyne de tous depens, domages et intérêts, les parties obligent chascun le concernant tous leurs biens meubles et immeubles présens et à venir et par exprès et spécialité d’hypotèque led[it] s[ieu]r David Gradis la susd[ite] maison et jardin par luy acquis jusqu’au parfait payement de la somme de six mille livres restante du prix d’icelle et des intérêts qui en pourront courir, qu’ils ont le tout sousmis à toutes rigeurs [sic !] de justice. Fait et passé hors et près les murs de cette ville dans la d[ite] maison et jardin vendus, parroisse Sainte Croix, led[it]jour vingt deuxiesme du mois d’octobre mille sept cents vingt quatre après midi et ont signé, Perpigna vendeur, David Gradis acquéreur, Banchereau, Dubois. Controllé et insinué à Bordeaux le vingt trois octobre 1724, fol. 2 R[eceu] pour le controlle, trente huit livres huit sols et pour le 100e denier soixante quinze livres douze sols compris. les 4 sols p[ou]r livre. Leclerc. II 1er novembre 1728 Pouvoir donné par la Nation portugaise à Abraham Lamego. Archives départementales de la Gironde, notaire Pierre Banchereau 3 E 450. Acte inédit. Nous soussignés, avons délibéré de donner, comme nous donnons par ces présentes, plain pouvoir au sieur Abraham Lamego nostre sindic, d’acquérir de sieur David Gradis un jardin et maison sçitués hors et près les meurs de cette ville, paroisse S[ain]te Croix, pour la somme de six mille trois cens livres, lequel jardin et maison appartiendra à ceux de nostre communauté qui ont contribué au paiemant du prix d’iceux et qui en raporteront quittance, sur laquelle somme ledit sieur David Gradis a reçeu la somme de trois cens livres et le s[ieu]r Abraham Lamego audit nom, paiera les six mille livres restantes du prix de l’acquisition à la décharge dud[it] sieur David Gradis au s[ieu]r Jean 349

Annexes Perpigna, auquel la dite somme est dhûe pour reste du prix de la venthe qu’il en avoit faite audit sieur Gradis et le d[it] s[ieu]r Lamego au dit nom prendra la possession dud[it] jardin et maison, et pour cet effect, aceptera et passera les actes necess[aires], approuvant dhors et déjà tout ce qui sera fait à ce sujet par led[it] sieur Lamego auquel nous prometons de passer en dépence le prix et frais de la ditte acquisition et ce sur le compte qu’il doit nous rendre de son sindicat. A Bord[eau]x le premier novembre mil sept cens vingt huit. Anth[onio] Francia, David Gradis, Alphonce Lamego, Phelipe Fernandes, Anthoine Lameyra, Medina, Phelipe Loppes de Pas, Alexandre fils, Léon Peixotto fils, Gaspard Francia, David Gradis ne variateur. Ab[ra]h[a]m Lamego aud[it] nom ne variateur 1. III 18 novembre 1728 Cession du cimetière à la Nation portugaise par David Gradis. Archives départementales de la Gironde, notaire Pierre Banchereau 3 E 450. Extraits publiés par Georges Cirot, Recherches sur les juifs espagnols et portugais à Bordeaux, Première partie, Bordeaux 1908, p. 120-121, n. 121, n. 3. Par devant les notaires royaux à Bordeaux et en Guienne soussignés, a esté présent s[ieu]r David Gradis, négotiant à Bordeaux y demourant sur les fossés de l’Hostel de Ville, parroisse Sainte Eulalie. Lequel volontairement a vendu, cédé, quitté, allienné, délaissé et transporté par ces présentes purement et simplement et pour toujours, en faveur de la Communauté de la Nation Portugoise de cette ville, c’est à dire de ceux de la d[ite] Communauté qui ont contribué au payement du prix du fonds cy après expliqué, vendeu, sieur Abraham Lamego negotiant au d[it] Bordeaux y demeurant rue Bouhaut susd[ite] par[roisse] Sainte Eulalie, & vu d’yceux, à ce présent et acceptant, tant pour luy que pour les autres et leurs successeurs à l’avenir en qualité de leur sindic et en vertu du pouvoir qu’ils luy ont donné par l’acte du premier de ce mois qu’il a remis pour estre anexé à ces présentes. Signé : Anthoine Francia, David Gradis, Alphonse Lamego, Anthoine Lameyre Medina, Philippe Fernandes, Philipe Lopes Depaz, Alexandre fils, Leon Peyxotte et fils et Gaspard Francia, et qui a este contresigné en nos présences ne varietur tant par le d[it] s[ieu]r Abraham Lamego que par le d[it] s[ieu]r David Gradis, le d[it] acte

1.

350

Compte rendu le 27 mars 1729, délibération dans Simon SchWarzfuchS, Le Registre des Délibérations de la Nation juive portugaise de Bordeaux ( 1710-1787), Paris 1981, n° 43 p. 117. Les signataires de cet acte signaient aussi une délibération du 15 mars 1728, du 27 mars 1728, ou du 17 octobre 1728 à l’exception d’Abraham Lamego, de Phelipe Loppes de Pas et d’Alexandre fils.

Annexes con[tro]llé à Bordeaux ce jour par Misonet ; sçavoir est un jardin renfermé de muraille avec la maison qui est dans icelluy, scittué hors et près les murs de cette ville, parroisse Sainte-Croix, confrontant d’un costé du levant de long en long à la terre labourable des héritiers de Rives, d’autre costé du couchant aussy de long en long à la terre et jardin de [ blanc] Dupouyau d’un bout du midi aux jardins des héritiers de Rives et en partie aux possessions des héritiers de Labarthe et d’autre bout du nort au chemin qui conduit de la porte S[ain]t Jullien à l’hospital d’Arnaud Guiraud, sauf les plus vrayes et légitimes confrontations si aucunnes en y a. Ensemble a vendu le d[it] s[ieu]r David Gradis le lieu, fonds et sol du susd[it] jardin et maison, leurs entrées, issues, passages, servitudes, appartenances et deppend[an]ces, tiltre, possession et tous autres droits, noms, raisons et actions qu’il a et peut avoir à cause des d[dits] lieux vendeus, et tout ainsy qu’ils luy appartiennent en conséq[uen]ce de la vente qui luy en a esté faite par s[ieu]r Jean Perpigna, bourgeois et marchand au d[it] Bordeaux par contract du vingt-troisiesme octobre mille sept cents vingt quatre passé devant Banchereau, l’un des notaires sous[sig]nés et son confrère. controllé et insinué à Bordeaux le même jour par Leclerc sans en rien réserver, dont du tout il s’est entièrement démis, devestu et desaisy et en a vestu, saizy et mis en la possession utille la dite communauté de la Nation portugoise de cette ville. Consent qu’elle en jouisse, fasse et dispose dès ce jour à son plaisir et volonté comme de chose à elle sienne et propre et que le d[it] s[ieu]r Abraham Lamego en la ditte qualité de leur sindic en prene la possession réelle, actuelle et corporelle sur les lieux quand bon luy semblera en présence du d[it] s[ieu]r David Gradis vendeur. Lequel, cependant et jusqu’à ce s’est constitué tenir lesd[ lieux] vendeus au nom de précaire proffit et utillité de la d[ite] communauté de la d[ite] Nation portugoise, et non autrement. Laquelle vente des sus[dits] jardin et maison avec toutes leurs appartenances sans en rien réserver, a esté ainsy faite moyenant le prix et somme de six mille trois cents livres, en déduction de laquelle led[it] sieur David Gradis vendeur reconnoist en avoir receu avant ces présentes des deniers de la ditte communauté et nation portugoise celle de trois cents livres en bonnes espèces d’or et d’argent dont il la tient quitte, et à l’esgard des six mille livres restantes, le d[it] sieur Abraham Lamego au d[it] nom de sindic promet et s’oblige de les payer des deniers de sad[ite] communauté à l’acquit et descharge du d[it] sieur David Gradis vendeur au d[it] s[ieu]r Perpigna auquel la d[ite] somme est deüe pour reste du prix de la vente cependant et jusqu’à ce auquel la dite somme est deue pour reste du prix de la vente qu’il a faite du d[it] jardin et maison au d[it] sieur Gradis, suivant le contract cy dessus datté, et d’en faire tenir quitte le d[it] sieur Gradis, ensemble des intérêts qui pourront courir à compter de ce jour et du tout en raporter quittance incessemment aud[it] sieur Gradis, à peyne de tous dépens, domages et intérêts et jusqu’au d[it] payement, les d[its] lieux vendeus demeureront spéciallement affectés et hypotèqués au d[it] s[ieu]r Gradis vendeur à peyne de tous depens, domages et intérêts et jusqu’au 351

Annexes dit payement les dits lieux vendeus seront speciallement affectés et hypotéqués au dit s[ieur] Gradis. Lequel promet et s’oblige d’en faire et laisser paisiblement jouir la ditte communauté de la d[ite] Nation portugoise, yceux luy garantir et défendre envers et contre tous de tous troubles, dettes, hypotèques, procès, différans, substitutions et autres empeschemens, même de tous cens, rentes, arrérages, lots, ventes et autres droits et devoirs seigneuriaux du passé jusqu’à ce jour de son chef particulier seullement, et non de celluy du d[it] Perpigna son vendeur, à cauze que le d[it] sieur David Gradis ne fait la d[ite] vente que pour faire plaisir à la d[ite] communauté à de la d[ite] Nation portugoise, laquelle sera tenue de payer les lots et ventes de la présente acquisition et d[’aujourd]huy en avant, la rente dont les d[its] lieux vendus sont chargés envers les R[évérends] P[ères] Bénédictins du couvent de cette ville, seigneurs fonciers et directs d’yceux, et comme le d[it] s[ieu]r Abraham Lamego pour sa d[ite] communauté et en la d[ite] qualité de sindic d’icelle désire prendre la possession réelle, actuelle et corporelle du susd[it] jardin et maison vendeus, nous nous sommes à l’instant rendus avec luy et à sa réquisition sur les lieux où estant led[it] s[ieu]r Lamego au d[it] nom a pris la d[ite] possession en ce qu’il est entré dans le d[it] jardin et maison en deppendante, en a ouvert et fermé des portes, y a allumé et éteint du feu, a pris des poignées de terre, rompeu des branches d’arbres fruitiers, le tout jetté au vent, s’est promené dans les d[its] lieux et y a resté autant de temps que bon luy a semblé et fait plusieurs autres actes possessoires au veu et ceu de tous ceux qui l’ont voulu voir et sçavoir sans aucun trouble ny empeschement, le tout en signe de la d[ite] vraye possession réelle, actuelle et corporelle, de laquelle et de tout ce dessus a esté requis et octroyé acte, les parties ayant obligé pour l’exécution et entretien, chascun les concernant, sçavoir le d[it] sieur Abraham Lamego en la d[ite] qualité de sindic, tous les biens meubles et inmeubles présens et à venir de sa d[ite] communauté et par exprès et spécialité d’hypotèque, les d[its] lieux par luy acquits jusqu’à l’entier payement du prix d’yceux et le d[it] sieur David Gradis vendeur, tous ses biens présens et à venir qu’ils ont sousmis à toutes rigeurs [sic] de justice. Fait et passé hors les murs, susd[itt]e parroisse Sainte Croix, dans le susd[it] jardin et maison vendeus le dix huitiesme du mois de novembre mille sept cents vingt huit avant midi et ont signé : David Gradis vandeur, Ab[raha]m Lamego acquéreur au d[it] nom, Dubosq, Banchereau. Controllé et insinué à Bordeaux le 18 novembre 1728 fol[i]° 156, reçu pour le controlle, trente huit livres huit sols, pour le centième denier soixante quinze livres, douze sols compris les dits deniers p[our] L[ivre] Misonet.

352

Annexes IV 18 novembre 1728 Règlement de la vente par Abraham Lamego en faveur de Jean Perpigna. Archives départementales de la Gironde, notaire Pierre Banchereau 3 E 450 Acte inédit. Par devant les notaires royaux à Bordeaux et en Guienne soussignés, a esté présent sieur Jean Perpigna bourgeois et marchand à Bordeaux y demeurant près la porte de la Grave, parroisse Saint Michel, lequel a receu réellement et de fait sur ces présentes de sieur Abraham Lamego, négotiant audit Bordeaux, y demeurant rue Bouhaut parroisse Sainte Eulalie, à ce présent et délivrant en qualité de sindic de la communauté de la Nation Portugoise de cette ville, en vertu du pouvoir qu’ils luy ont donné par l’acte du premier de ce mois, controllé à Bordeaux ce jour par Misonet, des deniers de sa communauté, la somme de six mille livres de principal qui estoit deüe aud[it] sieur Perpigna par sieur David Gradis, bourgeois et marchand aud[it] Bordeaux, pour le restant du prix de la vente faite par led[it] sieur Perpigna aud[it] sieur Gradis d’un jardin et maison, par contract du vingt-troisiesme octobre mille sept cents vingt, passé devant Banchereau l’un des notaires soussignés et son confrère, controllé et insinué à Bord[eau]x le même jour par Leclerc, du payement de laquelle somme de six mille livres ledit sieur Lamego aud[it] nom a esté chargé par led[it] sieur David Gradis par le contract de vente qu’il a consenti en faveur de la communauté de la Nation Portugoise du même jardin et maison par contract de ce jour passé devant Banchereau, l’un des notraire soussignés et son confrère, controllé et insinué à Bordeaux ce jour par Misonet, lequel payement a esté fait en mille escus de six livres pièce faisant justement la susdite somme de six mille livres que led[it] sieur Perpigna a comptée, prise et receue au veu de nous notaires, d’ycelles s’est contanté et en tient quitte led[it] sieur David Gradis, led[it] sieur Lamego aud[it] nom et tous autres, pour tout reste et final payement du prix de la vente par luy faite aud[it] sieur David Gradis, le surplus qui estoit trois cents livres luy ayant esté payé au passement dud[it] contract. Lequel demeure cancellé et sans effet ny valeur en ce qui concerne l’obligation de lad[ite] somme de six mille livres portée par icelluy en faveur dud[it] sieur Perpigna et dans son entière force et vertu pour tout le surplus sans que led[it] sieur Perpigna soit teneu à aucunne restitution de deniers envers led[it] sieur Lamego ny sa communauté, à quoy led[it] sieur Lamego a expressement renoncé et sans quoy led[it] sieur Perpigna n’auroit receu son payement que des mains dud[it] sieur Gradis son débiteur, De quoy a esté requis et octroyé acte et quittance. Fait à Bordeaux dans la maison dud[it] sieur Lamego, le dix huitiesme du mois de novembre mille sept cents vingt-huit après midi, et ont signé : Perpigna pour avoir receu la dite somme Abraham Lamego au dit nom 353

Annexes Dubosq, Banchereau Controllé à Bordeaux le 18 novembre1728 f° 158 trente six livres douze sols compris les 4 sols pour livre. Misonet. V 31 décembre 1728 Procuration donnée par les Bénédictins de Sainte-Croix à dom Bernart de Neys pour passer un acte relatif au cimetière que la nation juive projetait d’établir dans la directe de l’abbaye. Archives départementales de la Gironde, registre H 644, Abbaye de Sainte-Croix, f° 70. Communiqué et transcrit par M. A. Chauliac dans Archives historiques du département de la Gironde, XLVII 1912, p. 250-251. Édition partielle dans G. cirot, Les Juifs de Bordeaux. Leur situation morale et sociale de 1550 à la Révolution t. I, Bordeaux 1920, p. 49 n. 1. Le trente-un du mois de décembre mil sept cens vingt-huit, le Révérend Père dom Jean-Baptiste Floyrac, prieur de l’abbaye Sainte Croix de Bordeaux, ordre de Saint-Benoit, Congrégation de Saint-Maur, ayant fait assembler capitulairement au son de la cloche, après midy, en la manière accoutumée, tous les religieux profés de la ditte abbaye, leur a représenté que la nation des Portugais établie à Bordeaux, ayant acquis du sieur Gradis, de la même nation, un jardin entouré de murailles au plantier de Longueborgne, dans la paroisse de Sainte-Croix de Bordeaux, dans le fief et directe de l’office claustral de sacristin uni à la masse conventuelle de l’abbaye Sainte-Croix, il est expédient d’en faire passer incessament une reconnaissance par ladite nation, aux termes et conditions convenues entre les religieux du chapitre de la ditte abbaye et la ditte nation, sçavoir est que la ditte nation pour raison de l’indemnité, et à cause que ledit fonds tombe en main morte, payera annuellement pendant tout le temps qu’elle jouira dudit jardin destiné pour le cimetière de la ditte nation, la somme de vingt livres aux religieux de la ditte abbaye, sans à ce comprendre le droit d’exporle et autres cens portés par les anciennes exporles, et qu’à ce sujet il est expédient de donner procuration pour le faire, à un religieux de la ditte communauté et chapitre. La chose mise en délibération, il a été unanimement conclu qu’on nommeroit à cet effet, et que par la présente délibération seroit réellement et véritablement nommé dom Bernard de Neys nour faire passer la ditte reconnaissance, établir les susdites rentes, percevoir les droits et faire tous autres actes en tel cas requis et nécessaires, en foy de quoy le Révérend père prieur m’a ordonné de dresser le présent acte capitulaire qu’il a signé avec les Religieux et moy secrétaire dudit chapitre, le jour et an que dessus : 354

Annexes Fr. Baptiste Floyrac ; Fr. H. d’ Auga, soupr.; Fr. Pierre Gautier, Fr. Bernard La Borde, Fr. Jean Berjon, Fr. Pierre Lavaud, Fr. Andriette, Fr. Remy Comberieu, Fr. L. Delhomme, Fr. Pierre De Soliere, Fr. Joseph-Sicaire Camus, F. Gaspar Borelly, Fr. de Neys, Fr. Blatt-Lauvergnac, Fr. Philippe Duffaut, Fr. Bte Vergely, Fr. Joseph Goudar, Fr. Antoine Simon P. Castencau, Fr. P. L. Lavastre, Fr. N. Estevenon, Fr. J. Palis, Fr. Joseph Livarés, Martial de La Chassalgne, Fr. Gabriel Lagorrée, secrétaire du chapitre. VI 24 septembre 1764 Adjudication par Édouard Brandon du bourdieu du chemin des Sablons. Archives départementales de la Gironde, notaire Jean-Joseph Dugarry 3 E 15.384 n° 366. Édition partielle Georges Cirot, Recherches sur les juifs espagnols et Portugais à Bordeaux, première partie, Bordeaux 1908, p. 144, n. 2. Par devant les conseillers du Roy notaires à Bordeaux soussignés fut présent le sieur Moyse Henriques Fastio, nég[ocian]t habitant de cette ville rue des Augustins parroisse S[ain]t Eloy, Lequel, en conformitté de la déclaration qu’il a fourni sous seing privé le dix-sept de ce mois à suite de l’expédition de la sentence d’adjudication qui luy a été faite par le Sénéchal de Guienne le onze du courant du bourdieu et ses dépendances situé sur le chemin du Sablonat parroisse S[ain]te Eulalie, dépendant de la succession du feu sieur Guillaume Baylle, moyennant onze mille livres, a dit et déclaré qu’il n’a aucune prétantion, droit de proprietté ny autre sur led[it] bourdieu, que l’adjudication ne luy en a été faite que pour et au nom du sieur Edouard Brandon comme sindic de la Nation portugaise, n’ayant fait que luy pretter le nom, consentant led[it] sieur Fastio que lad[ite] Nation jouisse, fasse et dispose dud[it] bourdieu et ses appartenances à son loisir et volonté, et que led[it] sieur Brandon en prenne la pocession réelle et personnelle quand bon luy semblera, luy faisant cession de tous ses droits et actions et le subroge en ses lieu et place, à la charge d’assumer sur la Nation toutes les charges, clauses, conditions et obligations auxquelles led[it] sieur Fastio est tenu par lad[ite] adjudication. Ce que led[it] sieur Edouard Brandon, sindic habitant de cette ville, rue du Mirail parroisse S[ain]t Eloy icy présent a accepté. En conséquence, il assume sur sa Nation toutes les charges, clauses et conditions portées par lad[ite] adjudication, et notament d’aquitter la somme de onze mille livres, prix dud[it] Bourdieu, conformèment à lad[ite] adjudication, promettant d’y garantir et relever indemne led[it] sieur Fastio qui, à raison de ce, ne sera [illisible] recherché ny inquietté, à peine de tous dépens, domages et intérêts, et au moyen des présentes, les déclaration et acceptation faites le dix sept de ce mois sous seing privé par lesd[its] sieurs 355

Annexes Fastio et Brandon demurent pour nulles et comme non avenues, ou bien partant, que de besoin seroit, ne font avec les présentes qu’un seul et même titre pour la Nation, De quoy et de ci-dessus nous, acte requis, acte octroyé, fait et passé à Bordeaux dans l’étude de Dugarry, l’un desd[its] notaires l’an mille sept cens soixante quatre et le vingt-quatre du mois de septembre avant midy et ont signé : M. Henriquez-Fastio, Brandon sindic, Rauzan, Dugarry. Controlé et insinué à Bordeaux le 25 7bre 1764, fol. 94 r° art. 2. Reçu cent quatre vingt quatre livres, douze sols, savoir con[tro]lle : cinquante deux livres, centième de receu sur le pie de neuf mille livres d’immobilier : quatre vingts dix livres, et perçu les quarante deux livres douze sols, Bon pour cent quatre vingt quatre livres douze sols. VII 27 septembre 1764 Prise de possession du Bourdieu. Archives départementales de la Gironde, notaire Jean-Joseph Dugarry 3 E 15.384, n° 369 Édition partielle Georges Cirot, Recherches sur les juifs espagnols et Portugais à Bordeaux, Première partie, Bordeaux 1908, pp. 144-145 n. 2. Aujourd’huy vingt cinq du mois de septembre mil sept cent soixante quatre après midy, les conseillers du Roy, notaires de Bordeaux soussignés, sur la réquisition qui leur a été faite par le sieur Edouard Brandon nég[ocian] t de cette ville, au nom et comme sindic de la Nation Juive Portugaise, se sont transportés dans la maison du bourdieu et biens situés sur le chemin du Sablona, parroisse S(ain)te Eulalie dépendant de la succession de feu Guillaume Labadie, où étant parvenus, a comparu led[it] s[ieur] Brandon, au nom signé, a dit que, par sentence du sénéchal de Guienne du onze du courant, led[it] bourdieu où nous sommes a été adjugé au s[ieur] Moyse Henriques Fastio nég[ocian]t pour ce, moyennant la somme de onze mille livres dont neuf mille livres pour les immeubles et deux mille livres pour les vaisseaux vinaires, que par acte du vingt quatre de ce mois retenu par Dugarry, duement con[tro]llé et insinué led[it] s[ieur] Fastio a déclaré n’avoir aucune prétantion, droit de proprietté ny autres sur led[it] bourdieu, que l’adjudication ne luy a été faite, que pour et au nom du sieur Edouard Brandon comme sindic de la Nation portugaise, n’ayant fait que luy pretter le nom, consentant que la Nation en jouisse, fasse et dispose à son loisir et volonté, et que led[it] sieur Brandon en prenne la pocession réelle et personnelle quand bon luy semblera, qu’en vertu de cet acte led[it] sieur Brandon nous requiert en sa qualité de sindic, de le mettre en sa pocession réelle, actuelle et corporelle du[dit] bourdieu, ses appartenances 356

Annexes et dépendances, les limittes et confrontations préalablement prises, ce que luy avons accordé. En conséquence, donnons acte aud[it] s[ieu]r Brandon de ce que led[it] bourdieu consiste premièrement en une maison pour le maître, logement de paysan, chay, cuvier, deux jardins dont le principal, dans lequel est une chambre, est entouré de muraille et une pièce de vigne, le tout en un tenant, confrontant au couchant au grand chemin du Sablona, du midy au chemin de traverse, haye entre deux, du levant au grand chemin nouvellement pratiqué qui conduit de la porte des Capucins au Sablona, et par un second à la vigne de la d[emoise]lle Touyoy, et du nord à sa vigne. En deuxième et dernier lieu, en trois autres pièces de vigne dans le plantier de Terre-Nègre parroisse S[ain]te Eulalie, l’une bordant le chemin neuf qui conduit de la porte des Capucins au Sablona, confrontant du couchant aud[it] grand chemin, du midy au même chemin de traverse, haye entre deux, du levant, partie à deux autres pièces de vigne cy-après confrontées, et autre partie à une pièce appartenante au sieur Dubouilh. La seconde qui borde le chemin de traverse confronté du couchant à la pièce qui vient d’être confrontée, du midy aud[it] chemin de traverse, haye entre deux, du levant à la vigne du s[ieur] Alary entrepreneur, et du nord à celle du dit sieur Dubouilh. Et la troisième et dernière confrontée du couchant à la pièce de vigne premièrement confrontée du midy à celle du dit sieur Dubouilh, du levant à celle de Bertrand Meu, vigneron, et du nord à celle du s[ieur] Alary, une borne entre deux, sauf tous les[dits] fonds mieux limittés, désignés et confrontés si besoin est, desquels avons mis et introduit led[it] s[ieur] Brandon, tant pour luy que pour ses adjoints, anciens et autres de la Nation portugaise, en la pocession réelle et personnelle, par l’entrée qu’il a faite dans la maison du maître, logement de paysan, chay, cuvier, dans tous lesquels battimens il a ouvert et fermé des portes et fenêtres, y a allumé et éteint du feu, pour être ensuite allé dans les jardins, pièces de vigne contigue et séparée, où il a pris des poignées de terre, arraché de l’herbe, rompu des pampres de vigne et branches d’arbres, pour s’être promené, demuré et séjourné sur lesd[its] lieux, autant de tems que bon luy a semblé, et fait divers autres actes pocessifs, requis et nécessaires, au veu et sceu de tous ceux qui l’ont vouleu voir et savoir sans aucune opposition, trouble ny empechement de personne, en signe de légitime pocession du[dit] bourdieu, ses appartenances et dépendances, desquels led[it] s[ieur] Brandon nous a requis acte et luy avons octroyé. Fait et passé hors les murs dans la maison du[dit] bourdieu et sur les fonds et dépendans led[it] jour que dessus et ont signé. Contrôlé à Bordeaux le 8 8bre 1764 fol. 108 art. 8 reçu seize livres dix huit sols, comp.s trois livres dix huit sols pour les centièmes.

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a Bila, Isaac-Abraham 1734, § 49. aBoaB de foNSeca, Samuel 1731, § 33. acoSta y a meSquita, Jacob 1753, § 47. aGuilar, Aaron-Ezéchias de, 1724, § 31. aGuilar, Jacob 1767, § 236. alBouquerque, Abraham 1749, § 151. alexaNdre, Jacob, 1726, § 9. alexaNdro, Abraham de Samuel 1737, § 67. alexaNdro, Anne-Abigaïl 1764, § 225. alexaNdro, Esther de Samuel 1736, § 57. alexaNdro-lopeS, Isaac 1737, § 62. alvareS, Benjamin-Haïm alias Antoine 1732, § 44. alvareS-lameGo, Ézéchias-Daniel 1732, § 40. alvareS de paS, Abraham 1763, § 215. alvareS-pereira, Rachel 1731, § 34. aNavia, Daniel-Gabriel, de 1765, §230. aNavia, Moïse de Daniel, 1755, § 190. atiaS, Haïm-Moïse, 1736, § 54. BarGaS, David de 1753, § 178. Bar JoSef, Haïm, 1762, § 209. cadoS-paSeNcia, Rachel, 1755, § 187. campo, Isaac del, 1745, § 124. campo, Sara del, 1742, § 98. campoS, Aaron, 1750, § 156. campoS, Abraham de 1753, § 171. carBallo, Rachel-Sara 1744, § 109. carBallo-coitiNo, Sara 1745, § 123 cardoSa de tholedo, Rachel-Esther 1730, § 23.

385

Index des personnes inhumées cardoSe-lameyra, Anne-Esther 1762, § 210. cardozo de paz, Ézéchias-Abraham 1753, § 172. Carvalho, Isaac 1753, § 179. carvallo-lameyra, Esther 1754, § 183. caStro, Léa de 1743, § 105. caStro, Sara-Rébecca de 1757, § 195. caStro-matoS, Sara de 1751, § 32. coeN, Isaac 1737 § 65. coheN, Jacob ha- 1742, § 104. coeN-peixotte, David 1757, § 192. coeN-peixoto, Isaac 1744, § 113. coeN-pexotto, Jacob 1760, § 201. coeN-pexotto, Myriam 1747, § 135. coheN-peixoto, Rachel-Sara 1726, § 5. cordova, Abigaïl de 1731, § 29. correa de Sylva, Ezéchias-Abraham 1764, § 223, coSta, Abraham da 1743, § 108. coSta, Anne-Sara da 1751, § 161. coSta, Ézéchias-Jacob da 1751, § 27. coSta, Ézéchias-Joseph da 1749, § 143. coSta, Rachel da 1732, § 39. coSta de Silva, Rachel da 1753, § 174. delcampo, Isaac 1745, § 124. delcampo, Sara 1742, § 100. delvaille, Anne-Myriam 1744, § 110. diaS, 1725, § 2. diaS, Ézéchias-Moïse 1761, § 205. diaS, Isaac 1745, § 126. diaS, Rachel de Abraham 1749, § 147. dias, da coSta, Léa 1762, § 212. diaS-miraNde, Moïse-David 1753, § 173. diaS-miraNdela, Isaac 1730, § 18. eSteveS, Ézéchias-David 1767, § 239. faGardo, Abraham 1737, § 66. falcoN, Joseph 1738, § 79. faxardo, Jacob 1747, § 131. faxardo, Sara 1741, § 91. fereyra, Rébecca 1761, § 206.

386

Index des personnes inhumées ferNaNdeS, Abraham-Ézéchias 1748, § 138. ferNaNdeS, Myriam-Esther 1735, § 52. ferNaNdeS, de leoN, Jacob 1762, § 214. ferNaNdeS-mediNa, Rachel 1752, § 168. ferNaNdeS-mediNa, Sara 1752, § 170. ferNaNdez, Esther 1753, § 181. ferNaNdez-mediNa, Judith, 1738 § 72. floiS, Rachel 1747, § 133. foNSequa, Abigaïl de 1739, § 84. fraNcia, Abraham-Benjamin de-George, 1739, § 85. fraNcia, Ézéchias-Abraham 1764, § 224. fraNcia, Ézéchias-Jacob de, 1737, § 68. fraNcia, Isaac de Abraham-Benjamin 1731, § 25. fraNcia, Léa 1729, § 15. fraNcia, Rébecca-Sara de Salomon alias Antoine 1733, § 45. fraNcia, Salomon de alias Antonio 1760, § 202. froy, Rachel 1749, § 150. Garcia de campoS, Rachel 1748, § 140. GarSia-octor-lopeS, Rachel 1736, § 60. GarSiaS, Esther 1747, § 134. GomeS, Ézéchias-Daniel 1742, § 102. GomeS, Ézéchias-Jacob 1732, § 36. GomeS-athiaS, Anne-Esther 1754, § 185. Gomez-Baeza, Haïm-Aaron 1748 § 139. Gomez-cazereS, Léa-Rachel 1740, § 90. GomeS-foNSeca, Abigaïl 1767, § 243. GomeS-heNriqueS, Israël 1752, § 169. GomeS-SilBa, Jacob 1739, § 80. GomeS-yBarra, Sara 1730, § 17. GoNSaleS-GaBriel, Abigaïl 1768, § 248. GradiS, David, s.d. § 254. GradiS, Ézéchias-Isaac 1726, § 6. GradiS, Ézéchias-Jacob 1736, § 55. GradiS, Isaac 1737, § 69. GradiS, Jacob de Moïse 1740, § 86. GradiS, Rachel 1750, § 155. GradiS-Silva, Abigaïl 1750, § 155. hatiaS, Jacob-Haïm 1760, § 200.

387

Index des personnes inhumées heNriqueS, Aaron 1741, § 94. heNriqueS, David 1749, § 142. heNriqueS, Léa 1732, § 41. heNriqueS, Sara-Esther 1753, § 177. heNriqueS-hiBara, David 1751, § 164. heNriqueS-mediNa, Esther 1736, § 53. heNriqueS-r aBa, Isaac 1766, § 233. iSraël-NuñeS, Rébecca 1725, § 3. lameira, Isaac 1738, § 71. lameira, Moïse-David 1731, § 30. lameira, Rachel 1726, § 7. lameyra, David 1788, § 253. lameyra, Esther 1778, § 252. lameyre, Isaac 1742, § 99. latad, Jacob-Israël 1766, § 235. leal, Sara 1745, § 125. leoN, Jacob de 1732, § 42. leoN, Jacob de 1755, § 186. leoN, Rébecca de 1744, § 111. leoN da coSta, Rachel de 1759 (?), § 198. liNdo, Esther 1762, § 211. lopeS, Anne-Esther 1763, § 220. lopeS, Esther-Rachel 1746, § 130. lopeS, Jacob 1730, § 22. lopeS, Jacob 1741, § 92. lopeS, Rébecca 1736, § 59. lopeS, Rébecca 1763, § 216. lopeS-GradiS, Rébecca 1741, § 93. lopeS-laGuNa, Jacob 1730, § 24. lopeS-laGuNa, Sara 1762, § 213. lopeS-leal, Rébecca 1745, § 122. lopeS-Navaro, Abigaïl 1762, § 208. lopeS-NoNeS, Judith 1767, § 238. lopeS de paS, Anne-Rachel-Isabelle 1764, § 228. lopeS de paS, Esther 1726, § 8. lopeS de paS, Rébecca 1739, § 81. lopeS-peña, Jacob 1745, § 117. lopeS-peña, Judith 1745, § 119.

388

Index des personnes inhumées lopeS-peña, Sara 1745, § 121. lopeS-pereira, Isaac 1751, § 163. lopeS-pereira, Rébecca-Esther 1739, § 83. lopeS-rodriGueS, Rachel 1740, § 89. lopeS-Siera, Sara 1738, § 74. lopeS-Silva, Sara 1738, § 75. lopeS-torreS, Rachel 1745, § 118. loppeS de paS, Jacob 1749, § 148. Luna-Rachel-Esther s.d., § 256. mattoS, Rachel de 1757, § 197. mediNa, Moïse de 1731, § 35. meNdeS, Abigaïl 1765, § 231. meNdeS, Abraham 1746, § 127. meNdeS, Daniel 1752, § 167. meNdeS, Esther-Rachel 1730, § 19. meNdeS, Rachel 1755, § 188. meNdeS, Sara-Judith 1750, § 159. meNdeS-caldeS, Rachel 1740, § 87. meNdeS-campoS, Judith 1767, § 240. meNdeS de caStro, Abigaïl 1764, § 226. meNdeS-fraNce, Jacob de Mardochée 1731, § 26. meNdeS-fraNce, Mardochée de Moïse 1754, § 182. meNdeS-fraNce, Sara-Rachel 1734, § 50. meNdeS-GaBriel, Jacob 1750, § 157. meNdeS-GradiS, Sara-Esther 1739, § 82. meNdeS-NuNeS, Rachel 1759, § 146. meNdeS-quiroS, Esther 1763, § 218. mercado, Moïse-Louis de 1743, § 107 mezeS, Israël-Jacob de, 1742 § 97. mezeS-peNSo, Débora-Myriam 1765, § 229. miraNda, Léa 1768, § 246. moNteSiNoS, Abraham 1745, § 115. moNteSiNoS, Isaac 1749, § 144. NaBarro, Jacob 1746, § 129. Navarre, Samuel 1740, § 88. NoñeS-lopeS, Daniel 1768, § 249. NuñeS, Ribca-Israel 1725, § 3. NuñeS, Sara 1737, § 61.

389

Index des personnes inhumées NuñeS-campoS, Abigaïl-Esther 1743, § 106. NuñeS de paS, Myriam 1754, § 184. NuñeS-pereyre, Jacob 1727, § 10. NuñeS-tiNoco, David 1731, § 28. oliveira, Abraham de 1767, § 245. paez de leoN, David 1767, § 241. paez de leoN, Esther 1757, § 194. paez de léoN, Joseph 1757, § 193. paez de leoN, Sara-Rachel 1736, § 58. paz, David-Gabriel de 1745, § 114. peixoto, Esther 1750, § 158. peNco-feliS, Salomon 1753, § 180. peNSo-felix, Rachel 1750, § 153. pereira de a zevedo, Élie-Manassé 1726, § 4. pereira de a zevedo, Sara-Rachel 1753, § 175. pereira-BraNdoN, Jacob 1733, § 46. pereS, Ezéchias-Isaac 1725, § 1, pereyra, Léa 1737, § 70. pereyre, Jacob 1735, § 51. piNelo, Jacob 1753, § 176. piNto, Esther-Sara de 1730, § 21. piNto, Ézéchias-David-Abraham 1744, § 112. piNto, Ézéchias-David-Benjamin 1738, § 77. R[odriGueS] (?) Esther 1728, § 12. r amoS de acoSta, Ézéchias-Jacob 1737, § 64. roBleS, Sara de, 1738 § 76. roBleS-caStro, Abraham de 1742, § 96. roBleS-caStro, Ribca 1747, § 136. roBleS-Garcia, Abraham de 1755, § 189. roBleS-GarciaS, Isaac de 1752, § 165. rodriGueS, Abigaïl 1768, § 250. rodriGueS, Esther 1733, § 48, rodriGueS, Isaac 1757, § 196. rodriGueS, Judith 1752, § 166. rodriGueS-alvareS, Isaac 1768, § 251. rodriGueS-carraSco, s. d., § 255. rodriGueS-carraSco, Ezéchias-Benjamin 1763, § 219. rodriGueS-heNriqueS, Ezéchias-Isaac 1745, § 116.

390

Index des personnes inhumées rodriGueS-heNriqueS, Isaac 1767, § 244. rodriGueS-heNriqueS, Jacob 1748, §137. rodriGueS-peiNado, Abraham 1761, § 204. rodriGueS-pereira, Isaac 1742, § 101. rodriGueS-pereira, Isaac 1746, § 128. rodriGueS-pereira, Rachel 1741, § 95. rodriGueS-pereira, Rachel-Judith 1742, § 103. rodriGueS-pereire, Rachel 1759, § 199. rodriGueS-pereyra, Haïm-Abraham 1764, § 227. rodriGueS-peyNada, Rébecca 1762, § 207. rodriGueS-peyNado, Isaac 1768, § 247. rodriGueS-SarzedaS, David 1750, § 152. rodriGueS-Silva, Rébecca-Sara 1733, § 45. roiz-alpalhão, Isaac 1766, § 232. SaldaGNa, Moïse 1763, § 221. SaSportaS, Aaron 1727, § 11. SaSportaS, Ézéchias-Isaac 1760, § 203. SaSportaS, Simha 1732, § 38. Serão-heNriqueS, Léa 1730, § 20. Silva, Daniel-Gabriel, 1763, § 222. Silva, Rachel da 1728, § 13. Silva-vale, David-Ezéchias 1763, § 217. Silvera, Rachel de 1732, § 37. Silvera de mateS, Abigaïl 1739, § 78. SoareS-Silva, Sara-Rébecca 1748, § 141. Soiza-diaS-miraNda, Rachel de 1749, § 145. Sola, Abraham 1729, § 14. SolaS, Sara de 1736, § 56. Soref, David 1756 § 191. SoSSa, Rachel de 1732, § 43. SoSSa-Silva, Rachel da 1738, § 73. Souza-heNriqueS, Abraham de Isaac 1737, § 63. Soyza-tiNoca, Esther 1750, § 154. Suiza, Judith de 1747, § 132. telleS, Rachel 1767, § 237. telleS da coSta, Abraham 1742, § 100. tiNoca, Sara 1729, § 16. torreS, Ézéchias-Isaac 1767, § 242.

391

Index des personnes inhumées vaz, Moïse 1766, § 234. ximeNeS, Judith 1751, § 162. yeSuruN-lopeS, Myriam-Esther 1749, § 149. zeBalloS, Abigaïl 1745, § 120.

392

INDEX GÉNÉRAL Orthographe des prénoms conforme à l’usage français, s’agissant des défunts. Ne sont pas retenues dans l’Index les entrées Bordeaux, cimetières, France, juifs, Nation, Portugais.

Aaron (Bible), 65, 82, 102, 117, 126, 130, 131, 170 a BeGou 164 a BeNSur, Rachel Esther 90 Abigaïl (Bible) 60, 102, 120, 186, 196 a Bila, Isaac-Abraham 157 aBoaB de foNSeca, Isaac 93 aBoaB de foNSeca, Samuel 64, 147 Ader Nordmann 293 Abraham, patriarche 79, 83, 94, 95 aBraham iBN ezra 108 achaz roi de Juda 94 acoheN, Jacob 88, acoheN de lara, Isaac 96 acoSta, Isaac de 67, 93, 95, 111, 113, 244 acoSta y a meSquita, Jacob 59,156 Adam (Bible) 114, 115, 126 Adichats, Association 11 aduGoS, Philippa [?] 29 African Burial Ground 77 Agen (Lot-et-Garonne) 158 aGuilar, Aaron-Ezéchias de 58, 61, 71, 146 aGuilar, Jacob 61 327 Aigre (Charente) 324 Akans du Ghana 77 alary 357 alBourquerque 6 alBourquerque, Abraham 45, 69, 249, 250, 260, 270 alcheikh, Moïse 81 aleNce, Esther 158 alexaNdre fils, 350 alexaNdre, Abraham 70, 171

alexaNdre, Esther 70, 163, 164 alexaNdre, Isaac 129 alexaNdre, Jacob 128 alexaNdre, Jacome 42 alexaNdre, m. 155 alexaNdre, Samuel 39, 128, 129, 163, 164, 171 alexaNdro, Anne-Abigaïl 316, 317 alexaNdro-lopeS, Isaac 167 al faraBi, 115 alhaNaN, Isaac 219 Alkmaar, 47 alplaha, Catherine 324 alpalhão, Isaac 233 Alsace 77 alSchuller, David ben Aryeh Loeb 108 Altona 47, 76, 102, 132, 181 Atlantique 46 alvareS, 63, 64 alvareS, Aaron 311 alvareS, Benjamin-Abraham alias Antonio 152, 153 alvareS, Isaac 311 alvareS, Rachel-Louise 36, 172 alvareS de paS, Abraham 60, 307, 308 alvareS-lameGo, ézéchias-Daniel 150, 151 alvareS-pereira, Rachel 147 alvareS-veGa, l. 44, 47, 110, 117 Ambarès (Gironde) 175 Ambés, baronnie d’ 174, 175 ameiSeNoWa, Zofja 82 Amérique 78, 90, 101 a meSquitte, Élie 196

393

Index général a meSquitte, Moïse 196 amiel, Charles 22 amir, Y. 88 Amsterdam 7, 8, 10, 20, 22, 25, 26, 30, 31, 44, 47- 49, 51, 53, 54, 62, 64, 67, 75, 78, 85,89, 91, 93, 96, 98, 99, 110, 112, 116-119, 133, 184, 201, 216, 293, 294, 297, 322, 343, aNaBia, Rachel 22, 282, 322 aNavia, Daniel-Gabriel d’ 45, 69, 281 282, 321, 322 aNavia, David 322 aNdriette Fr. 255 Angleterre 42, 48, 49, 53, 98, 132, 165, 324 aNNavia, Moïse 281 322 Anne (Bible), mère du prophète Samuel, 96, 98 aNNoNciade 9 Antigone 103 Antoine 91 Anvers 25, 67 aouizerate, Erick 16 aphèS, Rabbi 110 aqiBa, Rabbi 107 Aquitaine 15, 37 Aragon 23 arBell, Mordechay 50, 51, 101 areS de foNSeca, Estevan de 30 arGeNSoN d’ 293 Arlac, « la maison carrée » d’, Mérignac (Gironde) 221 armoGathe, Jean-Robert 17 aSlaNov, Cyril 8 Asmodée, 109 aSSevedo, Abraham 36 aSSevedo, Manassé 36 Assuérus (Bible) 84 Association Consistoriale Israélite de Bordeaux 11 16 alSchuller, David ben Aryeh Loeb 108 ‘Ateret zeqenim 285 athiaS, Jacob-Haim 133 atiaS, David 133 atiaS, Haïm-Moïse 64, 160, 161 atiaS, Sara 277 atihaS, Moïse 277, 340, 341

394

auGa, Fr. H d’, 355 Augustins, 8, 35, 39, 355 averroèS 115 Avignonnais, 37, 55, 57, 306 a zevedo 51, 63, 64 a zevedo, D. de 19 a zevedo, David 174 a zevedo, David seigneur de la Menaude 174 a zevedo, Domingos de a zevedo Jacob 125 a zevedo, João-Lucio de 23, 25 a zevedo, Manassé 125 a zevedo, Moïse 125, 133 a zevedo-mea, Elvira de 25 a zoGue, David 304 a zoGue, Moshe 304 a zulay, Hayyim-Joseph-David 285, 307 Bahir, Le 80 Balkans, 101 Baltique 46 BaNayaN, Alexis 15 BaNchereau, notaire 38, 162, 196, 220, 306, 313, 347, 349-352, 354 BaNco, Meshullam del 86 Bar-aSher, Moshe 16, 58, 72, 89, 260 Barbade, La 48, 49, 52, 97 BarBoSa, Diego 30 Barcelone, 24 Bardet, Jean-Pierre 103 BarGaS, David de 59, 271 Bar JoSef, Haïm 64, 301 Bar JoSef, Isaac 301 BarNett, Lionel 31 BarNett, Richard D. 12, 48, 50 BaroN, Salo W. 101 Barr, James 114 Barraqué, Jean-Pierre 15 BarrioS, Miguel de 49, 67 BarroS 64 Baylle Guillaume 355 Bayonne, 7, 20, 21, 26, 27, 30, 54, 55, 62, 79, 85 93, 100, 103, 104, 111, 115, 117120, 185, 216- 219, 293, 316 Beaufleury, Louis de, alias Salomon Francia 42, 316

Index général Béérot, 102, 130 Belgique 55 Bélisario, 29, BeN-a mi, Issachar 42 BeN-aSher, Abraham 343 Ben-Zomah, 80 Bénédictins, 39, 40, 71, 91, 352, 354 BéNezech, Michel 158 BeN-ur, Aviva 52, 75, 77, 89, 322 BeNard-oukhémaNou, Anne 15 BeNayouN, Chantal 15 BeNBaSSa, Esther 10 BeNezech, Michel 16 BeNquet, Marc 55 BeNtolila, Jacob 16, 73 BeNveNiSte, Nathan-Mercado 101 Beraha ve Shalom 51 Beraha ve-Salom ve-Gemilut Hasadim 51 Berakha, Jacob-Mercado 101 BerGa, Louys de 27 BériNGheN d’armaiNvillierS, FrançoisCharles de 6 BerJoN Jean 354 Berlanga, Espagne, province de Badajoz 290 BerNade, Luiza-Maria 325 BerNáldez , Andrés 23 BerNardiNi, Paolo 8, 51, 77 BetGé-Brezetz, André 185, 313 Beth Elohim, 53 Bethléem 58, 100 BetheNcourt, Francisco 24 BiaNco, Maddalena del Biarritz 100 Bidache, 20, 27, 54, 55, 65, 68, 100, 118, 314 Bikur Holim 45, 46, 69, 74, 231, 249, 250, 259, 260, 269, 270 Billet, demoiselle 37 BirNBaum, Pierre 294 BlaNc rodriGueS, Annette 302 Blatt-lauverGNac 355 Blum, Claude 19 Blum, Evelyne 80, 81 BlumeNkraNz, Bernhard 15, 293 Bocarro, Anna 127

BodiaN, Miriam 26, 31 BoNilla, Edouard 11 Borelli, Gaspar 355 Boudé, Guillaume 165 Bouhaut, rue 35, 36, 38, 285, 353 BourBoN, duc de 293 BourBoN, Prince de 285 BourGueS, Dominique 16, 235, 240, 295, 303, 335 Bouxwiller (Bas-Rhin) 77 Bragance, Portugal, Haut Trás-osMontes 325 Brahami, Claude 111 BramptoN koelle, Peter 16 BraNdoN, édouard 41, 65, 355, 356, 357 BraNdoN, Isaac BraS da coSta, Pedro 65, 313 BrazS, C. 294 Brecher, Gideon 116 Breda 51 Brésil 48, 64 Bretagne 26 Breuer, Mordechai 110 Bridgetown, La Barbade 49, 97 BriGNet notaire 240 BriSSet, Jean-Pierre 55, 68 Broca, rue Paul 39 BroWN, Kenneth 22 Brown’s Town 50 BruN, notaire P. 303 BueNo de meSquita, Joseph 52 cacereS, António de 26 Cachine 45 cadafaz de matoS, Manuel 96 Cadix, Espagne 30 cadoS, Jacob 279 cadoS-paceNcia, Rachel-Sara 64, 279 caheN, Isidore 116 campaNal, Mordecay 52 campo, Antoine du 28, campo, Dominique de 209, 241, 266 campo, Isaac del 209, 229 campo, Sara del 209, 266 campoS, Aaron 254, 255 campoS, Abraham de 65, 240, 241, 266 campoS, Esther 274

395

Index général campoS, Sara de 209 camuS Joseph-Sicaire 355 Cap Haïtien, Le, anciennement CapFrançais, République d’Haïti 51, 154 Capibaribe, 48 caplaN, Abraham 95, 111 Capucins 357 Caraïbes 46, 48, 50-52, 118, 323 caraSque, dame 36 carBallo, 63 carBallo, Rachel Sara 218 carBallo-coitiNo, Sara 228 cardoS de paS Abraham 300 cardoS de paS, Samuel 300 cardoSa de tholedo, Rachel-Esther 65, 139, 140 cardoSe, Joseph, 127 cardoSe, Marie 28 cardoSe-lameyra, Elisabeth-Izabeau alias Anne-Esther 60, 61, 69, 119, 146, 301, 302, 303, 343 cardoSo, 63, 64 cardoSo, Abraham 201 cardoSo, Fernandus 47 cardozo de BétheNcourt, Jean-Léon 208, 209 cardozo de paz, ézéchias-Abraham 267 Carmes 8, 34, 35 Caroline du Sud 53 caro BaroJa, Julio 9, 21, 30, 31, 100 carpi, Daniel 86 carpi, Leone 86 carrioN, Aron 160 carrioN, Jacob 160 carvailho, fille d’Antoine 34 carvalho, Isaac surnommé Cuaresma 272 carvallo-lameyra, Esther 274, 275, 276 carvallo, Moïse-Jacob-Haim 97, 274- 276, Casa de rodeamentos 44 Cassipora Kreek, Suriname 89 Castelo Branco, district de, Portugal 271 caSteNeau, Antoine Simon P. 355 Castille 23, 24 caStre, Rachel 36

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caStro, Abigaïl de 323 caStro, Abraham 207 caStro, François de 27 caStro, Isaac 207 caStro, Léa de 215 caStro, Sara-Rébecca-Roxas de 88, 286, 287, caStro matoS, Sara de 147 catheriNe, reine de Navarre, 23 caviGNac, Jean 15, 46, 125-128, 131-136, 142, 154, 162, 173, 184, 190, 195, 198, 201, 206, 221, 247, 250, 258, 282, 298, 302, 315, 316, 340, Cayenne 51, 164, 171 172, 175, 326, 338 cerf, Isaac 77 Ceuta 24 Chacim, Portugal, paroisse du conseil de Macedo de Cavaleiros. 290 chapeNoire, Stéphane 158 chaSSalGNe, Martial de La, 355 Charles Quint 25 Charleston, Caroline du Sud 53 Charlestown à Nevis 49 Chatam Square 52 chauliac, p. a, 5, 6, 40, 354 chauNu, Pierre 23, 103 chazelaS, Geneviève 17 chèze, M. de La 174 Christianstad, Sainte-Croix, les Îles Vierges des États-Unis (avec Saint John et Saint Thomas) 51 cirot, Georges, 5, 7, 9, 11, 12, 14, 19, 33, 34-36, 38, 39, 42, 58, 65, 71-73, 81, 82, 85 122, 124, 126-128, 130, 135141, 143, 146-149, 151-153, 158, 159, 161-163, 166-168, 170, 171, 173, 174, 178, 181, 186, 192, 195, 198, 208, 209, 218, 229, 231, 239, 242, 244, 246, 249251, 255, 256, 264, 267, 283, 289, 290, 296-298, 300, 301, 303-306, 310-312, 315-317, 319, 321, 324, 325, 327, 331, 333, 334, 335, 339, 341-343, 347, 350 , 354-356 claverie, notaire Bayonne 154 Clément VII 24 Code noir, 51 coeN, Abraham 170

Index général coeN, Isaac 82, 170 coeN-herrera, Abraham 113 coeN-pexotto, Abraham 201, 237 coeN-peixotto, 65 coeN-peixoto, David 221, 282, 283 coeN-peixoto, Léon-Isaac 88, 256, 295 coeN-peixotto, Jacob 62, 294, 295 coeN-pexotte, Abraham 283 coeN-pexotte, Joseph 283 coeN-pexotto, Myriam 237 Cohanim, 65, 82, 88, 126, 295 coheN, Jacob ha- 214, 215 coheN, Monique-Lise 78 coheN, Robert 78 coheN-arazi, Albert 84 coheN-peixoto, Abraham 221 coheN-peixoto, Esther-Rachel-Sara 125, 126, 135, 195, 215 coheN-peixoto, Jacob 221 coheN-peixoto, Léon-Isaac 142, 221 coheN-peixoto, Rachel 135, 142, 221 Coimbra, Portugal 24 coitiNo, Aron 228 Colineyra, La ou Colmeire Portugal 174, 175 comBerieu Rémy 355 Coming Street 53 Comtadins 55 coNdé, Prince de 285 coppeNhaGeN, J.- H. 117 Cordeliers 8, 33, 35-38, 40-42, 70, 91, 261 Cordoue 9, 24 79 cordova, Abigaïl de 144, 145 correa 63, 64 correia de NovaeS, Marie-Ignez 17 correa de Sylva, ézéchias-Abraham 315 coSta 63, 64 coSta, Abraham da 81, 208 coSta, Blaise da 65 coSta, Bras da 65, 313 coSta, ézéchias-Jacob da 45, 69, 142, 143 coSta, ézéchias-Joseph da 74, 242, 243 coSta, Anne-Sara da 258 coSta, Isaac da 53, 196, 261

coSta, Isaac da, haham 222 coSta, Jacob alias Blaise da 65 coSta, José 110, 112, 114 coSta, Rachel da 150 coSta, Uriel da 8, 112 coSta-Silva, Rachel da 268 couStau, procureur au Parlement 127, couturier, Guy, 108 covo, Raphaël-Asher 101 covo, Raphaël-Haïm Abraham 101 creSqueS, Méir ben Nathanael, 185 croizet, Marie 348 Cuenca, Espagne, capitale de la province de Cuenca, dans la communauté autonome de Castille-La Manche 24 Curaçao, 20, 47, 48, 49, 53, 54, 68, 75-77, 83, 91, 96-98, 119 dacoSta, Abraham 217 dacoSta, Blaise alias Jacob 65, 211 dalBiN, Blanche alias eNrique Siquero. 313 dalmeyda, Georges 16, 78, 79, 80 dalpuGet, Salon 37 Damas 79 damieNS, Robert-François 293 daNGeau, Philippe de courcilloN de 64 daNiel BeN Juda de Rome 111 Dantzig 25 darGeloS, Caroline 16, 31, 128, 139, 142, 151, 154, 160, 163, 164, 170-173, 175, 184, 195, 196, 199, 201, 207-209, 211, 219, 223 231, 244, 247, 260, 261, 283, 286, 299, 300, david, roi d’Israël 84, 102, 186, 301, 304, 311, 323, 336 dayaN, Marcel et Emmanuel 16 del BiaNco, M. 21 delcampo, Isaac alias Dominique 59, 65, 118, 229, 230 delevaNte, Marilyn 50 delhomme Fr. 355 delvaille, 63 delvaille, Anne-Myriam 218, 219 deN Boer, Harm 133, dereNBourG, Joseph 117 deSGraveS, Louis 58

397

Index général diamoNd, Arthur S. 48 diaS, 63, 123 diaS, Jacob 299 diaS, Abraham 37, 246, 247 diaS, David fils de Moïse 144 diaS, ézéchias-Moïse 298, 299 diaS, Isaac 59, 173, 231, 247, 260, 336 diaS, 64, diaS, Jacob 299, 336 diaS, Moïse, 219, 299 diaS, Rachel 246, 247 diaS, da coSta Léa 304, 305 diaS-miraNde, Moïse-David 267, 268 diaS-miraNdela, Isaac 137 diaS-Soeiro, Manuel 117 diaz-meNdez-Brito, Francisco 30 dickiNS, Nathanaël 52 diNiS, Albertus 47 Discursos predicables y avisos espirituales 108 domeia, Ignes 29 dordé, Jean 348 Dorningade 51 duBoiS 349 duBoSq, notaire 38, 352, 354 duBouilh 357 Duffaut Philippe 355 duGarry, Jean Joseph notaire 41, 355-357 dupouJau Sacquier, 347, 351 duraN, Simon ben Sémah 185 duraNd, Ursin 32, 70, 91 dWeck, Yaacob 132 Eber (Bible) 89, Ecclésiaste (Bible) 104 Efrat 100 ‘Ein Yaakov, 108 eiSeNSteiN, J.-D. 94 elBoGeN, Ismar 88, 111 éliézer, Rabbi 108 elkaïm-Sartre. Arlette 108 elzaS, Barnett Abraham 53 Emmanuel le Fortuné 22 emmaNuel, I.-S. 20, 49, 64, 68, 76, 83, 97, 98, 101 eNriquez, D[octo]r Duarte 30

398

eNríquez-Gómez, António 21, 22, 67 eNrriquez, Daniel 100 erGaS la cour, David 44, 62, 78, 105, 114, 115 Esaü, (Bible) 84, 89 eScamilla, Michèle 21, 22 Espagne 8, 10, 22-25, 28, 30, 31, 53, 75, 100, 116, 120, 121, 136, 151, 160, 201, 207 eSteveNoN, N. 355 eSteveS, Ezéchias-David 59, 330, 331 Esther (Bible), 67 eteSSe, Francis 16 Ettendorf, 73, 77 Evora, Portugal 24 Ézéchias, roi de Juda (Bible) 66, 91, 93-98 100, 101, 120 faGardo, Abraham 170, 171 faJardo-delvalle, Aaron 171 faJardo-delvalle, Abraham 171 faJardo-delvalle, David 171 faJardo-delvalle, Isaac, 171 faJardo-delvalle, Jacob, 171 faJardo-delvalle, Salomon 171 falcoN, Abraham 184 falcoN, Isaac-Abraham-Benjamin 184 falcoN, Jacob 184 falcoN, Jacob-Juda 184 falcoN, Joseph, 43, 58-61, 72, 74, 87, 89, 104, 108, 131, 132, 181, 182, 184, 185, 196, 284, 304 falcoN, Rachel 184 falero, Andreas 47 feliS peNSo, Jacob 321 Falmouth 50 fauSt, Jürgen 47 faxardo ainé , 203 faxardo, Jacob 84, 234, 235 faxardo, Salomon 235 faxardo, Sara 202, 203 Ferdinand III 116 Ferdinand d’Aragon 22 fereira 201 fereyra, Esther 300 fereyra, Rébecca 299, fereyre Rachel 300

Index général ferNaNde de leoN, Riby Jacob 306 ferNaNdeS 63 ferNaNdeS, Abraham 160, 239 ferNaNdeS, Abraham-Ezéchias 239 ferNaNdeS, Esther 160 ferNaNdeS, Jacob 38, 39, 159, 160, 196, 239, 261, 349 ferNaNdeS, Messie 34 ferNaNdeS, Myriam-Esther, 159 ferNaNdeS, Philipe 39, 65, 350 ferNaNdeS, Ribca 300 ferNaNdeS, Sara 239 ferNaNdeS-alexaNdre, Abigaïl de Bayonne 316 ferNaNdeS de leoN, Jacob 59-61, 69, 305-307 ferNaNdeS-lopeS, Françoise 28 ferNaNdeS-mediNa, Esther 306 ferNaNdeS-mediNa, Rachel 264 ferNaNdeS-mediNa, Sara 265, 266 ferNaNdeS-patto, Samuel 117, 118 ferNaNdez, Esther fille de 273 ferNaNdez de foNSeca, Miguel 30 ferNaNdez de mediNa, Judith 176 ferNaNdez-patto, Abraham 118 ferraNd, notaire 30 ferraiNez, notaire 163 Ferrare 26, 57, 105, 196 ferreira, Jean 29 ferreyra, Esther 300 fieriNG, Norman 8, 51, 77 floiS, Rachel 236 Florence 26 Floride 53 floyrac, Jean-Baptiste, 5, 7, 40, 354 foiSil, Madeleine 103 foNSeca 51, 63, 64 foNSequa-delvaille, Abigaïl de 191, 192 foNSèque, Esther 158, 221 forGueS, Bertrand 7 Franc-Maçonnerie 210 fraNce, Abraham, fils d’Antoine 36, 316 fraNce, Jacob 36 fraNcia, Abigaïl 139 fraNcia, Ab(raham) fils de G(eorge) 195, 316

fraNcia, Abraham Benjamin 58, 74, 125, 126, 135, 141 fraNcia, Abraham Benjamin de 58-60, 69, 89, 109, 119, 126, 142 fraNcia, Anthoine 39, 65, 154, 350 fraNcia, Antoine-Salomon de, alias Antonio le « banquier » 154, 248 fraNcia, Ezéchias-Abraham 63, 69, 315, 316, 317 fraNcia, Ezéchias-Jacob de 171 172, fraNcia, George 119, 172, 220 221 261 fraNcia, Gaspard-Jacob 39, 65, 172, 350 fraNcia, Georges alias Abraham-Benjamin de 59, 61, 65, 110, 172, 192, 193-196 fraNcia, Isaac d’Abraham Benjamin de 60, 61, 71, 72, 126, 141, 142, 195 fraNcia, Jacob 195 fraNcia, Léa de Abraham-Benjamin 135, 195 fraNcia, Moïse 196 fraNcia, Rébecca-Sara de Salomon alias Antoine Francia 153, 154, 296 fraNcia, Fernando-Salomon de, alias Antonio 63, 65 fraNcia, Salomon alias Antoine 154, 172, 196, 296, 319, 320 fraNcia, Salomon alias Louis de Beaufleury, 195, 221, 316 fraNcia, Samuel-Gaspard 172 fraNco meNdeS, David 96 fraNkel, Rachel 16, 52, 75, 77, 78, 89 freimaN, A. H. 23, 285 freedmaN, Harry 110 froiS, Sara-Judith 97 froy, 63, froy, Rachel 248, 249, frumkiN, Arie-Loev 343, fukS, Leo 132 fukS-maNSfeld, r. G. 96, 132 furtado, 64 GaatoNe, Nimrod 16, 313 Gabay 45, 74, 154 155, 161, 162, 343 GaliBert, jurat. 174 Gama, Melchior de 28 Gamliel, Raban 84

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Index général Gampel, Benjamin R. 21, 24 Gan Eden 79, 82, 105-108, 111, 114 GaNteS, Rachel 340 Garcia-areNal, Mercedes 111 Garcia de campoS, Rachel 240, 241 Gardelle, Jacques, 5 Garonne 85 GarSiaS, Esther 144, 236, 237 GarSia, Rachel 165 Gascogne 7 GaSter, Moses 132 GatteGNo, Haïm-Samuel 101 Gautier, Pierre 354 Gênes 51, 67 GeorGe 91 Géorgie 53 GerBer, Jane S. 50, 323 GerSoNide 115 Ghana, 77 GilBert, Lilian et Harold 53 GilBert, Muriel 103 Gironde 11, 19, 36 Giteau, Françoise 313 Glückstadt 47 Goa 25 GoldBerG, Sylvie-Anne 42 GoldiSh, Matt 132 GomeS 63, 64, GomeS, femme de 41 GomeS, Claire 28 GomeS, ézéchias-Daniel 46, 59, 213 GomeS, ézéchias-Jacob 148 GomeS, Leonor alias Iñes de Silva I313 GomeS, Rachel épouse du rabbin Joseph falcon 184 Gomes, Rachel épouse de David heNriquez-h iBarra, 261 GomeS, Toinette et Sara 34 GomeS, Ysabeau 28 GomeS-athiaS, Anne-Esther 58-59, 60, 277 GomeS-Baeza, Haim-Aaron 88, 239, 240 GomeS-BurGette, Daniel 213 GomeS-chacoN, Abraham 313 GomèS-delBaille, Rachel 9 GomeS-foNSeca, Abigaïl 46, 59, 60, 105, 206, 304, 333, 334

400

GomeS-foNSeca, Abraham 46, 59, 60, 206, 334 GomeS-heNriqueS, Antoine-Israël 45, 69, 264, 265 GomeS-iBarra, Isaac 137 GomeS-iBarra, Sara 136, 137 GomeS-iBarra, Rébecca 220 GomeS-SilBa, Jacob 186, 187 Gom(e)S-Silva,I. 241 GomeS-Silva, Pierre, alias Pedro, alias Bras da coSta 65, 313 GomeS-yBarra, Sara, veuve Isaac Gomez, Isabeau 34 Gomez-Bravo, Miguel 30 Gomez-cazereS, Léa-Rachel 202 Gomez-vitoria, Miguel 30 GommeS-Silva, Rachel 37 GoNSaleS-GaBriel, Abigail 339 GoNzales, Marie 195 GoodeNouGh, Erwin R. 82, 84 Gordon, Marc, collection 293 GottfarSteiN, Joseph 80 Goudar, Joseph 355 Govea 27 GradiS, 36, 63 GradiS, Abigaïl 198 GradiS, Abraham 39, 90, 189, 205 GradiS, Anne, 189 GradiS, Benjamin 74, 162, 198, 337, 344 GradiS, David 6, 16, 19, 38, 39, 90 127129, 160, 162, 188, 189, 198, 205, 221, 252, 253, 297, 306, 344, 347-354 GradiS, Esther 189 GradiS, ézéchias-Isaac, alias Antoine 126, 127, 190, 198 GradiS, ézéchias-Jacob alias Samuel 59, 161, 162, 190 GradiS, Isaac 172, 173, 190, 231 GradiS, Jacob 68, 74, 83, 162, 197, 198 GradiS, Moïse 197, 198, 252, 253 GradiS, Rachel 70, 129, 189, 198, 252, 253 GradiS, Rachel-Esther 164, 171 GradiS, Rébecca 189, 248 GradiS, Samuel 155, 162, 189, 198, 247 GradiS, Sara 173, 231 GradiS-Silva, Abigaïl 70, 252, 253

Index général Grave, porte de la 347, 353 Grenade, 22, 24 GriNtz, Yeoshuah M. 94 GruNWald, Max 47, 102 Guadeloupe, La 51 GuarNieri, Gino 26 Guemilud Hasadim 14, 42-46, 56, 69, 74, 185, 224, 243, 306, 307, 312, 321 Guerra-SalGueiro, Emilio-Eduardo 290 Guiraud, Arnaud 38, 351 Gulbenkian, Calouste 17 GutSteiN, Morris A. 53 Guyane 50 Guyenne 7, 85 325, 347 GuyoN, Gérard, 6 Habacuq (Bible) 102 hadaS-leBel, Mireille 95 hafetz, Baruch-Avigdor ben Mordekhay 79 Hayyim 94, 96, 101, 103 Haggada de la Pâque haGoort, Lydia 47 Haiti 51 Hakham 98, 306 ha-lévi, Ezéchias-Joseph 101 halévy hurWitz, Simon 107 hamiltoN, Jennifer 51 Hambourg, 20, 25, 26, 47, 53, 54, 76, 89, 90 95, 98, 102, 116-119, 132, 165, 181 hamoN, Jocelyne 8 haNilho, Ezéchias 102 Hanouca 80, 131, harraN, Pierre 103, 113 hartoG, Johan 49 Hasköy 89 hata, Samuel 37 hatiaS, Ezéchias-Jacob-Haim 58, 64, 74, 75, 89, 96, 119, 185, 284, 290-294 hatiaS, Moïse 341 hayouN, Maurice-Ruben 114 Hazan 46, 60, 69, 70,74, 96, 98, 112, 113, 206, 285, 334 Hebra, 42-46, 60, 69, 70, 74, 98, 190, 205, 206, 208, 213, 265, 284, 314, 322, 334 Hébron 58, 185, 341

Heildelberg 293 heiNemaN, Joseph 8, 111 heller, Bernard 51 Henri II 6, 21, 23, 26, 51 Henri III 19, 19, 20, 25 Henrique, Don 24 heNriqueS, 51, 63, 64 heNriqueS, Aaron 45, 59, 69, 205, 206, 213 heNriqueS, Ainsley 50 heNriqueS, David 241, 242 heNriqueS, Léa 151, heNriqueS, Esther-Sara 270, heNriqueS, Moïse dit Penamacor 270 heNriqueS de caStro, David 47 heNriqueS de caStro, Moyse 7 heNriqueS faStio, Moyse 355, 356 heNriqueS-hierro, Abraham 314 heNriqueS-hierro, Elisabeth 313 heNriqueS-mediNa, Esther 160 heNriqueS-NuNeS, Francisco, alias Isaac 325 heNriquez, 34 heNriquez-hiBarra, David 59, 196, 220, 260, 261 heNriquez-hiBarra, Esther, 261 heNriquez-hiBarra, Isaac 261 heNriquez-hiBarra, Rachel, 261 heNriquez-hiBarra, Rébecca, 261 heNriqueS-r aBa, Isaac 325 heNriqueS-r aBa, Jozé 325 Henry VIII hexcadillo, veuve 37 hidiroGlou, Patricia 55, 343 hierro, Pierre 313 Hillel 95, hirSch Shapira, Haïm Eléazar ben Zvi 90 hizqiya, Menahem Historia Sacra Real 67 hodGeS, William 51 Honen dalim 49 huBermaN, Ida 82 Hunt’s Bay (La Jamaïque) 50 iaNcu, Carol 158 iaNcu-aGou, Danielle 7, 158

401

Index général iaufredi, Bartholomée 23 iBarra, Henrique 65 iBarra, Esther 196, 239, 306 iBarra, Rachel 196, 220 iBarra, Rébecca 196 iBN ardut, Haïm-Joseph Ha-Cohen 101 iBN ezra Abraham, 84 iBN GaBirol, Salomon 114 iBN haviv, Jacob ben Salomon 108 illouz, Jean-Pierre 16, Inquisition 8, 9, 21, 23, 24, 30, 31, 64, 100, 116, 121, 325 Isaac, Patriarche 79, 83, 84, 94 Isaac, Rabbi 108 Isabeau 119 Isabel 91 Isabelle la Catholique 22 leclerc 349 iSaïe 102 iSaïe de traNi 113 Ishtar 85 iSrael-NuñeS, Rébecca Istanbul 89 Italie, 15, 22, 24, 51, 67, 86 Jaap van Velzon, Collectie 85 Jaccottet, Anne-Françoise 103 Jacob, Patriarche 79, 84, 89, 90, 94, 98, 102 JacoBS, Joachim 103 Jamaïque, La 20, 48, 50, 119 Jaym, Abraham-Haîm fils de Joseph 285 Jaym, Joseph 285 Jean, roi de Navarre 23 Jérusalem 16, 60, 61, 69, 74, 112, 120, 132, 182-185, 193, 195, 196, 284, 343, Jessiva, 44, 45, 109, 182-184, 193, 195, 196 João III 24 Jodensavanne, 51, 77 Joods Historisch Museum, Amsterdam 30, 85 JoSef, Jaïm Bar 64, 301 Joseph 106 JoSeph ha-coheN, 23 Josué (Bible) 98 Jungholtz 73

402

JuNker, M. 116 Jurade 38 Kabbale 113, 116 Kaddish 99 k ahN, Léon 118 k alay, Raphaël-Juda 101 k aplaN, Yosef 7, 8, 25, 116, 294 k aySerliNG, Meyer 62, 133 Ketubbot 133 284 Kingston, La Jamaïque, 50 Kippour, 314 k leerkoper, M. M. 132 Knesset Israel 112 Königstrasse 102, 181 kohut, George Alexander 53 Kol nidré, 98 k rauSS, Shmuel 101 k rief, Grand rabbin Marc 11 k rieGel, Maurice 16 laBadie Guillaume 356 laBarthe 347, 351 Labastide-Clairence, 20, 26, 27, 54, 55, 65, 68, 100, 118 laBorde, Bernard 354 laBorde, Marguerite de 103, 113 laGorrée Gabriel 355 La Haye 30, 340 lamazou-duplaN, Véronique 15, lameGo 24, 63, lameGo, Abraham 39, 40, 128, 349, 350-353 lameGo, Abraham et Rébecca 28 lameGo, Alphonse 42, 350 Lamego, Antoine 36 lameGo. Jacob 36 lamèGue, Alvaros 38 lameGue, Machaelle 38 lameira, Isaac 175 lameira, Moïse-David 71, 86, 87, 145, 146 lameira, Rachel 127 lameire, Anthoine350 lameire, Joseph 146, 210 lameyra, 63 lameyra, Abraham 146

Index général lameyra, Alphonse 39 lameyra, Anthoine 126, 303, lameyra, David 19, 61, 146, 337, 342, 343 lameyra, Esther 61, 62, 146, 342 lameyra, Fernandès 146, 302 lameyra, Judique 146 lameyra, Marie 28 lameyra, Moïse-Antoine 146, 210, 343 lameyra, Moïse-David 70, 301, 302 lameyra, Salomon 146 lameyra, Rébecca 146 lameyra, Sara 146 lameyra-peixotto, Esther 256 lameyre, Esther 221 lameyre, Isaac-Louis 59, 209, 210 laNcre, Pierre de roStéGuy de 29 laNGe, 37, laNteNaya, Antoine-Louis (André) Bertrand de, 6 La Rochelle 175 latad, Rabbi Jacob-Israël 61, 69, 326, 327 Laudes 95 Lausanne 103 lauterBach, Jacob Z. 94 lavau, notaire 335 lavaStre P.L. 355 lavaud, Pierre 355 lavoie, Jean-Jacques 108 Léa, matriarche 98 leal, Sara 229 leBlaNc, Jean-Joseph 9 leclerc 351 Leeward, îles 49 Le Grand, 9 léoN, Abraham léoN, Gilbert 16, 88, 100 léoN Henry 27, 55, 85 91, 119 léoN, Gabriel de 201 léoN, David de Jacob de 261 léoN, Jacob de 59, 151, 220 261 leoN, Jacob fils d’Isaac de 151 léoN, Jean-Paul 16, 40, 135, 184, 196, 220, 261, 306, 316 leoN, Rébecca de, 219, 220, 261 leoN-correa, Jacob de 277, 278

leoN da coSta, Rachel de 289 leoNe leoNi, Aron de 25 leoNi, Haïm-Juda 101 leroi, Gilbert 16 leroy, Béatrice 7, 12, 15, 23, 123, 133, 135, 137, 139--144, 147, 150-152, 155157, 159-160, 163-168, 171-173, 178, 186, 200, 201, 211, 215, 217-218, 223 301, 307, 327 Lettres Patentes 19, 20, 25, 26, 27, 51, 154 Lévi (Bible) 82, lévi, Albert 55 levie BerNfeld, Tirtsah 322 lévi-mortera, Saül léviNaS, Emmanuel 95 levy, Beryl Harold 53 lévy, Daniel 55 lévy-maduro, Aaron 76 Leyria 324, liGou, Daniel 210 limardo-daturi, Elisabetta 67 liNdo, 51, 63 liNdo, David 62, 181, 184, 185, 303, 304, 334 liNdo, Esther 60, 61, 62, 105, 185, 303, 334 liNdo, Jacob-Abraham 97 Linstead, 50 Lisbonne 22, 23, 24, 28 158, 325 livareS Joseph 355 Livornina, 26 Livourne 26 Livre des bourgeois de Bordeaux 174, 195 Llerena 9, 24 lluBera, Gonzáles 57 loeB, Isidore 23 Logrono, Espagne 24 Londres 12, 13, 20, 25, 31, 42, 48, 132, 144, 294, 325 loNGfelloW, Henry Wadsworth 52 Longueborne 354 lope de vera, 22 lopeS 34, 63, 64 lopeS, Aaron 139, 234 lopeS, Abigaïl-Rachel 142

403

Index général lopeS, Abraham dit Barbade 311 lopèS, Anne-Esther 311 lopes, David 132, 139 lopeS, David de Abraham 143-144 lopeS, Emmanuel 35 lopeS, Esther 42, 234 lopeS, Esther-Rachel, 234 lopèS, Hiérôme 30 lopeS, Jacob 139, 203, 274 lopeS, Octor ( ?) 165, 166 lopeS, Rachel 34 lopeS, Rébecca 308, 309 lopeS, Rébecca 165 lopeS, Suzanne 35, 36 lopeS-cordova, Aaron 150 lopeS-cordova, Abraham 150 lopeS-creSpo, Diego 28 lopèS de paS, Anthoine 28, 35 lopeS de paS, David 128 lopeS de paS, Esther 247, 248 lopeS de paS, Hana-Rachel-Isabeau 63, 65, 154, 248, 296, 319, 320 lopeS de Pas, Moïse 128, 187 lopeS de paS, Noah dit Louis-Noé 128, 247 lopeS de paS, Rébecca 187 lopeS de paz, Esther 128, 304 lopeS de paz, Jacob 247 lopeS de paz, François 65 lopeS-diaS, Moïse 300 lopeS-diaS, Raphaël 300 lopèS-duBec. Esther 172 lopèS-duBec, Salomon 172 lopeS-GoNzaleS, Rébecca 309 lopeS-GradiS, Rébecca 83, 128, 204 lopeS-laGuNa, Jacob 140 lopeS-laGuNa, Juda 141 lopeS-laGuNa, Sara 305 lopeS-leal, Rébecca dite Coteverte 228, 229 lopeS-meNdeS, Rachel 274 lopeS-Navaro, Abigaïl alias Laura 81, 300, 301 lopeS-NoNeS, Judith 329 lopeS-peNa, Jacob dit Louis Salvador 46, 59, 223-225, 227 lopêS-peNa, Judith, 225, 227

404

lopeS-peNa, Sara 226, 227 lopeS-pereira, Isaac 45, 59, 69, 190, 259, 260 lopeS-pereira, Rébecca-Esther, alias Rébecca de torreS 46, 190, 191, 213 lopeS-rodriGueS, Rachel 201, 202 maGNuS, Albertus 99 lopeS-Siera, Sara 85, 177 lopeS-Silva Sara 85 114, 177 lopeS-SuaSSo, Antonio alias Isaac-Israël SuaSSo 30 lopeS-torreS, Rachel 224, 225 lopéS-[SuaSSo], Antonio, 30, lopéS-[SuaSSo], François 30, lopez-diaS, Judique 284 lopez-pereyra, Isaac dit Soya loppeS de paS, Jacob 189 loppeS de paS, Noah lopez de paz, Louis 205 loppeS de paz, Phelipe 39, 350 loppeS-SalSedo, Moïse 218, 219 Louis 91 Louis XV 6, 174, 293, 294, 314 Louis XVI 20 loupèS, Philippe 6, 15, 55, 77 louStau, Françoise 28 louzada, Esther-Sarah 97 louzada, Jaël-Léa Baruh 97 Lucea, 50 lvNa-Rachel-Esther. 345 luttichuyS, Isaac 132 luzzati, Michele 89 machado de Sequeira, David 44, 62, 78, 83, 105, 114, 115, 120, 163, 322 machorro, Simon-ézéchias 102 Madrid, 9, 24 28, 30, 100 maduro, 51 Maguen Abraham 48 Maguen David 82 Mahamad 48, 154 155, 294 Mahzor Vitry 106, 107, 108 maïmoNide 111 Makhpéla 58 malaBirade, Valérie 37 maliNo, Frances 9, 10, 162, 205 malthète, Avraham 73

Index général malveziN, Théophile 9, 27, 126, 127, 174, 185, 291, 293, 316 mamaN, Grand rabbin Claude 16 Mamzerut 294 Manhattan 52 marcuS, Jacob Rader 53 marGoliuth, Reuven 61 marGoliNSky, Julius 51 marioN, Marcel 5 marmorSteiN, Arthur 112 Marne, cour de la 11, 12, 17, 38, 121 Maroc 110 márquez villaNueva, Francisco 116 Marranes 8, 26, 64, 65, 67, 72, 95, 112, 120 marraquier, J. 38, 40 Marseille, 20, 22, 23, 27 martèNe, Edmond 32, 70, 91 Martinique, La 51 maruaNi, Bernard 84 maSSé, Pierre 16, 40 maSSeNzio, Marcello 21 maSSiah, Anne-Rébecca 97 mattoS, Rachel de 288 maupaSSaNt, Jean de 39, 90, 189 Maures 63 Mauricia, Brésil 48 mayer-modeNa, Maria 72 Médicis, Ferdinand de 26 Médicis, Marie de, 7 Médie 84 mediNa [Joseph] de 39, 147, 148, 350 mediNa, Moïse de, 147, 148 mediNa-cardoSo, Jorje 21 mélèze-modrzeJeWSki, Joseph Menahem 101 Menasseh ben Israel 112, 116, 117 Menaude, La, 174, 175 meNdelSSohN, Moïse 116 meNdeS, 63, 64 meNdeS a.p. 114, 117 meNdeS, Aaron 263 meNdes, Abigaïl de Isaac 55, 61, 70, 323 meNdeS, Abraham 231, 232, 279, 280 meNdeS, António 26, 29 meNdeS, Armande 9 meNdeS, Catherine 28

meNdeS, Daniel 263 meNdes, David 63, 317, 318, 323, 323 meNdeS, Esther 31 meNdeS, Esther-Rachel. 137, 138, 279, 280 meNdeS, Francisco 25 meNdeS, Françoise 28 meNdeS, Grimaud 29 meNdeS, Isaac-Gabriel 323 meNdeS, Jeanne 210 meNdeS, Joseph Jessurun alias Lewis dias 49 meNdeS, Judith 323 meNdeS, Myriam 323 meNdeS, Rachel 246 meNdeS, Rébecca 9 meNdèS, Sara Judith 256, 257 meNdeS, Thomas 29, 34 meNdeS, Ysabeau, 30 meNdeS-BeliSario, Isaac 29 meNdeS veGa, David 337 meNdeS-caldeS, Rachel 198, 199 meNdeS-campoS, Judith 331 meNdeS-coitiNho, Abraham 132 meNdeS-coitiNho, Moïse 132 meNdeS da coSta, Rachel 100 meNdeS de caStro, Abigaïl 63, 317, 318 meNdeS dos r emédioS, Joaquim 96 meNdeS-deliSario, Antoine, 28 meNdeS-diaS, Diego, 27 meNdeS-fraNça, Luis de 31, 33, 158 meNdeS fraNce, Abraham 158 meNdeS fraNce, Aaron 158 meNdeS fraNce, David 158 meNdeS fraNce, Esther alias Marie viveS 158 meNdeS fraNce, Isaac 142, 158 meNdeS fraNce, Jacob 142, 158 meNdeS fraNce, Jean-Mardochée 9, 142, 157, 158, 274 meNdeS fraNce, Joan et Michel 31, 158 meNdeS fraNce, Luis 31, 33, 158 meNdeS fraNce, Moïse 142, 158, 273, 274 meNdeS fraNce Mardochée 273, 274 meNdeS fraNce, Pierre 16, 142, 154, 158

405

Index général meNdeS fraNce, Rébecca-Armande 158, 221 meNdeS fraNce, Sara-Rachel 157, 158 meNdeS fraNce lopeS, Esther 234 meNdeS-GaBriel, Jacob 255 meNdeS-GradiS, Sara Esther 58, 60, 89, 90, 188-190, meNdeS-moreNo, Agnés (Esther) 127 meNdeS-moreNo, Sara alias Marie 189, 205 meNdeS-NoBle, Léa 158 meNdeS-NuNeS, Rachel 246 meNdeS-quiroS, Esther 309, 310 meNdeS-veGa, David 337 meNdez, Francisco 25 meNezeS, J. L. M. 48 meNkiS, Richard 162, 205, 344 Mennonites 77 mercado 101 mercado, Moïse-Louis de 65, 216, 217 merret, William et Margery 52 meSchoNNic, Henri 78 meSquitte, Moshe de Eliau da 196 Mesudat David 108 Metz, 174 Metz, Jacob de 62 Meudon 6 meyra, Simon 27 mezaS, Abraham, 209, mezaS, Israêl-Jacob de 59, 154, 159, 211, 213 mezeS, Abigaïl de 9 mezeS, Alexandre 43 mezeS, Anne-Esther 321 mezeS, Debora-Myriam 61 mezeS, frères 43 mezeS, Emmanuel-Jacob-Moïse 209 mezeS, Israël-Jacob de 31, 45, 58, 69, 128, 207, 208, 211 mezeS, Jacob 209 mezeS, Rachel de 9, 209 mezeS, Rébecca de 9, 209 mezeS, Sara de 9, 209 mezeS-peNSo, Debora-Myriam 320, 321 mezeS-peNSo, Myiam 55 michel, Francisque 174 Midrash 10, 82

406

Midrash Qohelet Rabba 104 Midrach Rabba 81 Midrash Tanhuma 69 milaNo, Attilio 26, 86 milGrim, Shirley 53, milhaud, notaire, 235 Miqveh Israel, 20, 48, 53 Minimes 8, 35, 37, 38, 91 Minsk 111 Mirail, rue du 355 miraNda 63, 64, miraNda, Abraham 337 miraNda, Esther 209 miraNda, Léa 337 Mi-she-bérakh 94 Mishenet Holim 46 miSoNet 351-354, Moel, 60, 68, 87, 208, 335, Moïse 95, 98, 117, 131, 170, 216, 217 moldovaN, Alfred 282 modrzeJeWSki, Méléze 343 molho, Michael 101 mollat, Denis 15 moNtaiGNe, Michel de 27, moNtaiGNe, Université Michel de 38, 55 Montego Bay, 50 moNteSiNoS, Abraham 222, 223 moNteSiNoS, Fernando 30 moNteSiNoS, Isaac 222, 223 244, 323 moNteziNoS del caStillo, David moNteziNoS del caStillo, Isaac 304 moNteziNos, Joyeuse épouse de Juda 133 moNteziNos, Juda 133 moraG, Shelomo 72 morales, éléonore-Josèphe de 175 morel-fatio, Alfred 11, 12 moroN 51 mortera, Saül Lévi 93, 216, 217 mota-meNezeS, Jose Luis moyal, Elie 132 muczNik, Esther 25 muczNik, Lúcia Liba 25 Muga 22 muller, Délie 16, 273 Myriam, sœur de Moïse 95, 96 NaBarro, Jahacob 84, 114, 233, 234

Index général NaBarro, Samuel 234 NahmaN, Rav 84 Nantes, 26 NaScimeNto r apoSo, José do 313 Navaro, Abigaïl-Laura 300 Navarre 21, 23, 24 Navarr e, Jacob, 201 Navarr e, Samuel 78, 200, 201 Nefuzoth Yehuda 111 Néher, André 67, 244 NeuSNer, Jacob 82 Nevis 49 Neweh Shalom 50 Newport, Rhode Island, 52, 53, 114, 117 New York 20, 52, 53, 58, 77, NeyS, Bernard de, 5, 40, 354, 355 Nice, 132 NicolaS, Elie 7 Nidhe Israel, 49 Nishmat Hayim 116 NiSSim, Hayyim ben Elie 101 Noé, 126 NoNeS, Ribca 340 NoNeS-lopeS, Abraham 339, 340 NoNeS-lopeS, Daniel 339, 340 Normandie 26 NoviNSky, Anita 8, 64, 116 Noy, Dov 42 NuNeS 63, 64 NuNeS, Isaac 76 NuñeS, Myriam 118 NuNeS, Ribca-Israel 124 NuNeS, Sara 166, 167 NuNeS-campoS, Abigaïl-Esther 215, 216 NuñeS de paS, Myriam 276 NuNeS-pereyra, Guillaume-Urbain, 174, 175 NuNeS-pereyra, Jacques 174, 175 NuNeS-pereyre, Esther 174 NuNeS-pereyre, Jacob 62, 129, 130 NuNeS-pereyre, Joseph seigneur de la Menaude 174 NuNeS-pereyre, Guillaume-Urbain 174 Nuñez-SaraBia, Juan 31 Nuñez-Silva, Diego 21 NuNeS-tiNoco, David 143, 144

oeB, Jacob alias João Francisco BraNdoN 117 oelmaN, Timothy 22, 67 oGlethorpe, colonel 53 Ohalim, 89, 90, 119, 188, 192 Old Harbour, 50 oliel-GrauSz, Evelyne 16, 174, 294 oliveira, Abraham de 58, 62, 88, 335, 336 oliveira, péritomiste 325 Oliver street, 52 olivera 36, 63, 325 oNkeloS 112 Oración funèbre 100 Oran 85 Oranjestad, Saint Eustache 49 ouakNiNe, Marc-Alain 108 ouderkerk aaN der a mStel 43, 47 89, 93, 110, 113, 117 pacheco, Moïse 52 Padoue 86 paeS de leoN, Abraham Haïm 286 paeS de leoN, David 331, 332, paeS de leoN, Joseph 58, 72, 112, 113, 164, 283, 284, 285 paez, David 286 paez de leoN, Esther 285 paez de Leon, François 164, 195 paez de leoN, Sara-Rachel 164 paliS J. 355 pallache, Don Samuel 110, 111 Palma de Majorque 24 Pampelune, 30 Paradis 106 Paramaribo, Suriname 51, 322 paredeS 64 Paris 26, 117, 118, 165, 324 Parlement de Bordeaux 27 Parnas 45, 48, 98, 249, 260, 284, 322, 343 Parvaïm 106 paS, 63, paS, Abraham-Raphaël de 100 paS, Moïse de 20 paS, Isaac de 20 paS, Joseph de 154,

407

Index général paS, Sara-Rakuel de 100 Patrocinio, 294 Pau, 15, 23 Paul III 24 payeS de leoN, Abraham 164 payeS de leoN, David 164 Pays Bas 25, 31, 67, 110, 132, 165, 294 paz, Abraham-Jacob de 100 paz, Anne-Esther de 100 paz, David-Gabriel de 222 paz, Duarte de 24, 25 paz, Jacob-Haim de 100 pechote Esther 144 peixotto, 63 peixotto, Esther 84, 255, 256, 323 peixotto, Henri 158 peixotto, Jacob 337 peixotto, Leon fils 39, 350 peixotto, Léon-Isaac 126 peixotto, Paul 126 peixotto, Sara-Rachel 9, 142, 158, 274, peixotto de Beaulieu, Samuel alias Charles-Joseph-Paul 295 peixoto-meNdeS, Esther 323 Penamacor, Portugal, district de Castello Branco 271 peNSo-feliS, Reby Salomon 251, 272, 273 peNSo-felix, Rachel, 251, 273 Pennsylvanie 53 Pére Lachaise 58 pereira 63 pereira-BraNdoN, Jacob 68, 155 pereira de a zevedo, Elie-Manassé 59, 124, 269 pereira de a zevedo, Rébecca pereira de a z evedo, Sara-Rachel 269 pereS, Ezéchias-Isaac 122 pereira 51, 64 pereyra, Léa 173, pereyra de aNdrade, Jacob 62 pereyra-BraNdoN, Jacob 59, 185 pereyre, Isaac-Arthur 58 pereyre, Jacob 72, 159 péreyre-BraNdoN, Jacob 62, 304 pérez, Béatrice 22

408

perpiGNa, Jean 38-40, 160, 306, 347, 348-353 perreNS, notaire 297 perreau, E. 221 perreNS, notaire 154, 295 Pessah 113 peStaNa, Hieronima-Josepha 324 petit, David 37 petit, Jean-Claude 108 petit, Joseph 37 petit val, David du 67 Peyrehorade (Landes) 20, 27, 54, 55, 65, 67, 68, 85 95, 100, 118 peyreire, Jeanne 35 Pharisiens 116 phélypeaux de SaiNt floreNtiN, Louis, duc de La Vrillière 9 Philadelphie 53 pierce, Francis William 57, pierret, Philippe 16, 55 pieterSe, Wilhelmina Christina 47, 111 Pimenta-Nunes-Pereira, affaire 174 pimeNtel, David, 219 piNelo, Abraham Jacob 59 piNelo, Jacob 45, 69, 269-270 piNeyro, Jacob dit Don Blas 269-270 piNheiro, Josué-Abraham 97 piNto, Esther-Sara de 138, 139 piNto, Ezéchias-Abraham-David 220 piNto, Ezéchias-David-Benjamin 59, 178, 179 piNto, Rébecca alias Rachel 133, 297 piNto-delGado, João 22, 67 Pise, 89 piSSarro, Camille 51 poNtac, Arnaud de 30 poNtet, Marie 175 Port Antonio, La Jamaïque 50 Port Royal, La Jamaïque 50 Porto 8, 112 Portugal 8, 10, 19, 23-25, 28, 31, 64, 98, 120, 121, 136, 139, 159, 160, 174, 196, 270, 324, 325, 336 Provence 107 Proverbes 81 Psaumes 82 pudeffer, Jean 42

Index général Purim 73 quiroS, Aaron r aBa, Benjamin 325 Raban Gamliel 84 r aBBa bar NahmaNi 110 r aBBi 84 Rachel 58, 90 102 Raphaël 94, 101 r aShi 83, 89, 108, 112, 113 Rochelle, La 175 r amoS d’acoSta, Ezéchias-Jacob 168, 169 r amoS de acoSta, Jacob 88 r aNStoN, Jackie 29, 185 r auzaN, notaire 314, 356, 357 Recife, Brésil 48, 49 r eiNer, Abraham (Rami) 105, 111 r emBraNdt, 85 r évah, I.-S. 8, 22, 26, 67, 112, 211, 212 r eyNa y mediNa, Cathalina de 8 Rhode Island 52, 114 r iBemBoi, Alexandro 48 Riby, 68, 306, 326, 327 Richmond 53 Rishon le-Sion 343 r iveS 351 roBlèS, Abraham 343 roBlèS, Moseh de 293 roBleS, Sara de 178 roBleS-caStro, Abraham de 206, 207 roBleS-caStro, Isaac 207, 238 roBleS-caStro, Ribca de 238 roBleS-Garcia, Abraham de 280 roBleS-GarciaS, Isaac de 83, 261, 262, 280 rodriGue-GradiS, Diego-Jacques-Jacob 127 rodriGueS, 63, 64 rodriGueS, Abigaïl 340, 341 rodriGueS, Abraham 36 rodriGueS, David 263 rodriGueS, Esther 156 rodriGueS, Isaac 284, 287, 288 rodriGueS, Jacques 325 rodriGueS, Judith 262, 263

rodriGueS, Pierre 35 rodriGueS, Sara de Bayonne 343 rodriGueS-alpalhão, Carlos 324, 325 rodriGueS-alpalhão, Pedro 324 rodriGueS-alvareS, Isaac 341 rodriGueS-carraSco (dame) 344, 345 rodriGueS-carraSco, ézéchias Benjamin 60, 69, 310, 311 rodriGueS-caraScque, Sara 311 rodriGueS- eSpiNoza, Manuel 26 rodriGueS-faro, Jean 103, 113 rodriGueS-GradiS, Anthoine 127 rodriGueS-heNriqueS, ézéchias-Isaac 87, 223 rodriGueS-heNriqueS, Isaac 59, 238, 239, 334, 335 rodriGueS-heNriqueS, Jacob 238, 239 rodriGueS-peiNado, Abraham 59, 81, 298, 338 rodriGueS-peiNado, Isaac 298, 337, 338 rodriGueS-peiNado, Judic 298, 338 rodriGueS-pereira, Isaac 58, 59, 121, 211, 212, 214, 232, 233 rodriGueS-pereira, Mariana alias Mariana Josepha 206 rodriGueS pereira, Moïse 214 rodriGueS-pereira, Rachel 206, 289, 290, rodriGueS-pereira, Rachel-Judith 213, 214 rodriGueS-pereira, Ysabel alias Rébecca 206, 290 rodriGueS-péreire, Abigaïl-Rébecca alias Leonor 212 rodriGueS-pereire Blanca 206 rodriGueS-pereire, Jacob 206, 211, 212, 290, 293, 314, 336 rodriGueS-pereire, Mariana 206, 290 rodriGueS-péreire, Rachel 206 rodriGueS-pereyra, Haïm Abraham 59, 318, 319 rodriGueS-peyNada, Rébecca 300 rodriGueS payNado, Abigaïl 339 rodriGueS-peyNado, Isaac 337-338 rodriGueS-r aphaël, Abraham 233 rodriGueS-r ivera, Abraham 53 rodriGueS-SarzedaS, David 250, 251

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Index général rodriGueS-Silva, Abraham 153, 296 rodriGueS-Silva, Rébecca-Sara 153, 154 rodriGuez, Aaron 133 rodriGuez, Juan Baptista alias Samuel, 9 rodriGuez, Manuel 100 rodriGuez-cardoSo, Diego 21 rodriGuez-pereyra, Abraham 318 rodriGuez-pereyra, Rachel 206 rofé, Alexander 86 Rogativa 98 roGet, Moïse 56 roGet, Moïse Samuel 56 roiz-alpalhão, Isaac 63, 324 roiz-pereire, Samuel 313 Rojas, Abraham de 128 roJaS, Daniel de 128 Rome 23, 24, 25 Ros Hodesh 58 Rosenwiller (Bas-Rhin) 73 Rosh ha-Shana, 99 Rostéguy de Lancre 29 roth, Cecil 8, 57, 86, 94, 185 Rouen, 20, 26, 67 roWlaNd, Robert 8 roxaS de caStro, Sara-Rébecca 287 rozeN, Minna 89 Ruby, 326 Ruiers 347 Ruysdael, Jacob van 47 SaBle, M. H. 29 Sablona 41, 355-357 Sadducéens 112, 116 Safed 25, 201 Saint-André, 8, 28-30 Saint Andrews à Kingston, Jamaïque 50 Saint-Augustin, Place 314 Saint-Benoit 354 Saint-Bruno 58 Saint Christopher et Nevis 49 Saint-Domingue, 51, 128, 142, 154, 247, Saint-Elizabeth, (La Jamaïque) 50, Saint-Éloi 8, 28, 29, 34, 35, 41, 65, 126, 140 SaiNt-eSprit-lèS-BayoNNe 53, 85

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Saint-Eustache, île des Caraïbes néerlandaises 49 Saint-François 35 SaiNt-GeorGeS, Marie de 295 Saint-Germain-en-Laye 26 Saint-Jacques 24 Saint-Jean, cours 11, 16, 19, 37, 38 Saint-Jean-de-Luz 25, 26 Saint Julien, porte 347, 351 Saint Maur 70, 91, 354 Saint-Michel 8, 28, 34, 35, 347, 353 Saint Moran Bay à La Jamaïque 50 Saint-Projet 8, 28, 34, 35 SaiNt-SimoN, Louis de rouvroy, duc de 63, 64 Saint-Thomas, île danoise (aujourd’hui américaine) 51 Saint-Thomas, ville à La Jamaïque 50, Sainte Catherine, rue 35, 41, Sainte-Croix, Abbaye 5, 6, 39, 40, 347, 349, 351, 352, 354 Sainte-Croix, île danoise (aujourd’hui américaine) 51 Sainte-Eulalie 8, 28, 34, 35-38, 40, 132, 175, 261, 347, 350, 353, 355-357 Salazar, Catherine alias Blanca de 28, 313, SaldaGNa, Moïse 45, 69, 311, 312 Salom, Natan 37 SalomoN, Herman Prins 20, 57, 93, 96, 158, 217 Salonique, 25, 101 Salvador, Louis 224 Salzedo, Collection 100 Salzedo, frères de Bayonne 304 Samuel, prophète 95, 102 Samuel, Edgar-R. 94, 98 Sankofa 77 SaNSy, Henri 16, 80 Santa Companha 25, 26 29 Sara, matriarche 95, 96, 98 Sarabia, 31 Saragosse 24 30 SarraN, Emmanuel 28, 34 SaSportaS, Aaron 117, 130-133, 150, 297 SaSportaS, Abraham, 132, 297 SaSportaS, Esther 297,

Index général SaSportaS, Ézéchias-Isaac 59, 85, 297 SaSportaS, Isaac 132, 133 SaSportaS, Jacob ben Aaron 85, 86, 132, 297 SaSportaS, Joyeuse 133 SaSportas, Moïse 132, 133 SaSportaS, Rachel 297 SaSportaS, Salomon 132 Sasportas, Samuel 132 SaSportaS, Simha 85 133, 149, 150 Sauteyron, rue 55 Savanna la Mar 50 Savannah 53 SchaBelJe, P. 132 SchaGeN, Judy 85 Schleswig-Holstein 90 Scholem, Gershom 82 SchöNduve, Loeki 30 SchWartz, z. 132 SchWarzfuchS, Simon 9, 14, 16, 19, 36, 39, 41- 45, 65, 127, 129, 132, 140, 141, 146, 148, 151, 154-158, 160, 162, 169, 173, 175, 189, 196, 201, 203, 206, 230, 244, 247, 250, 260, 284, 285, 303, 304, 307, 314, 316, 322324, 329, 337 350 SchWarzmaN, Arnold 87 SeBa, Abraham 199 SeBa, David 199 Sedaca 42, 43, 99 SeemaN, Erik R. 77, 78 Sefer ha-Bahir 80 Sefer Hassidim 61 Sefer ha-Tashbas 185 Sefer Minhat Eleazar 90 Sefer Rav Peninim 81 Sefer Torat ha-minha 79 SeGNi, Riccardo di 21 Sem, Bible 89, Semahot XIII, 41 SeNior, Ester 90 SeNior, Sara 90 SeNior de matoS, Rébecca 90 Sephiha, Haïm-Vidal 102 103 Serano-Henriques, Léa 138 SéraNdour, arNaud 17 Seror ha-hayyim 58-61

Serra, Manuel de 30 Séville, 24 SforNo, Obadia ben Jacob 89 Sha‘ar ha Shamaim 50 Sha‘are Rahamim 28-29 Sha‘are Rason, synagogue des Avignonnais 306 Shalom 94 Shapell, David and Fela family 284 Shapira, Haim Eleazar ben Zvi Hirsch 90 Shatzmiller, Joseph 23 Shearith Israël 20, 53, 58 Shilo 112, ShilStoNe, Eustace-M. 49, 97 ShleSiNGer, m. 82, Shohatim 255, 258, 341 Shulhan ’Arukh, 41 Sifre 79 Sikili, Jacob ben Hananel 79, 80 Silva, Abigaïl 68 Silva, 63, 64 Silva, Blanche 314 Silva, Daniel-Gabriel de 312-315 Silva, David 313 Silva, Frei Diogo de 24 Silva, François 313 Silva, Jean-Baptiste 313, 314 Silva, Joseph 314 Silva, Joseph-Gabriel de 37, 87, 88 Silva, Mariane de 37 Silva, Marianne 313, 314 Silva, Moïse 68, 314 Silva, Rachel da 134 Silva, Rébecca 314 Silva, Salomon 314 Silva, Samuel de 116 Silva-alpalhão, Rachel da 325 Silva-chacoN, Sara de 313 Silva-correa-alpalhão, Francisco (Joseph) da 325 Silva-roSa, J. S. da 64 Silva-Salazar, Abraham de 313 Silva-vale, David-Ézéchias 309 Silvera, Rachel de 75, 149 Silvera de mateS, Abigaïl 180, 241 Silveyra 63

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Index général Simha de Vitry 106 Sirat, René-Samuel 15 SitBoN, Suzy 75 Smyrne, 25 SoareS de Silva, Sara-Rébecca 241 Société de Secours Mutuels Israélite libre de Bordeaux 43 Soiza-diaS-miraNda, Rachel (Esther) de 245, 246 Sola, Abraham 134, 135 SolaS, Sara de 162, 163 Sola pool, David da 52, 53, 99 SolierS, Pierre de 355 Soreph, David 58, 64, 72, 104, 108, 282 Soreph, Esther 282 Soreph, Isaac 282 Soreph, Jacob 282 Soreph, I. ainé 282 SorkiN, David 162, 205 SoSSa, Rachel de 152 SoSSa-Silva, Rachel de 176 Soto y herrera, Miguel de 9 Souza, Sara-Roza de Souza-heNriqueS, Abraham 167, 168 Souza-heNriqueS, Isaac 167, 168 SoySa-tiNoca, Esther 251, 252 Spanish Town, La Jamaïque 50 Speightown La Barbade 49 SpiNoza 25, 26, Spruce Street, 53 St Moran Bay, La Jamaïque 50 SteiN, Daniel, 304 SteiNfeld, A. 107 SteNdhal 58 Stichting Jodensavanne 52 StudemuNd-halévy, Michael 47, 76, 81, 95, 98, 117, 132, 181 Suiza, Judith de 235, 236 Suiza, Sara Rosa de 236 Sulamite 85 Sur Israël, 48 Suriname 20, 48, 51, 52, 75, 77-89, 114, 322, 323 SuSSkiNd-levi, Hirtz ben Alexander Naphtali 185 SWetSchiNSki, Daniel M. 10, 30 Sylva, François 28

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Sylva, Jean 28 Synagogue 21, 22, 32, 44, 49, 62, 69, 102, 156, 271, 278, 285, 307, 334 Szapiro, Elie 293 SzaJkoWSki, Zosa 313, 314, 325 taiSNe de la Bruyere, Jean 85 Talmud 9, 10 Talmud Thora 307, 337 Tamar 110 Tangi, Meir 16 tavim, José Alberto rodriGueS da Silva 25 teeNSma, B.N. 96 telleS, Abraham 328, 329 telleS, Rachel-Rébecca 328, 329 telleS da coSta, Abraham 210, 211 telleS da coSta, Jacob 210 telleS da coSta, Moïse 304, 305 Terre Nègre 357 Terre Sainte 41, 69, 74, 99, 192, 193, 310, 343 terrell, Michelle 50 theuret 174 thoBiaS, Thomas J. 53 Thomas, Th. J. 53, tiNoca, Sara 136 Tipheret Bajurim 46, 243 Tipheret Zalom 45, 74, 190, 242- 244 tiShBi I. 132 Tolède 9, 21, 24, 30, 100 tolède, Claire 35 tollet, Daniel 12, 17, 205 Torarica. 51 Torat Ha-minha 79 torreS, Ezéchias-Isaac de 332 torreS, Rébecca de 190 torreS-moNtaNeS, Ezéchias-Daniel de 257, 258 Toscane 26 89 Tossafot 108 touati, Charles 115, 325 toulède, Anne 65, 140 toulède, Jacob 65, 140 Touro 52 Touyoy 357 Trelawny, La Jamaïque 50

Index général tricaud, Jean 28 triGaNo, Shmuel 52 tucci carNeiro, Maria Luiza 8, 116 tucoo-chala, P. 23 UNESCO 47 Utrecht 25 vaez, Abraham 93, 108, 115, 117 vaJda, Georges 325 Valladolid, 24 valle, 64 valverde, Abraham-Israël-Ezéchias 97 valverde, Élie 26 vaN GuNSt, Pieter Stevens 85 132 vaticaN, Agnès 16, 40 vaz, Esther veuve GarSie, 237 vaz, Riby Moïse 59, 325 vaz-Neto 24 Venise 26, 67 vera, Lope de 22 verGely, Baptiste 355 Vérone 101 Versailles 293 Via de Salvación 93, 111 viGNial, Jean de 28 viGNal, Magdelaine de 28 Villandraut, 11 Villette, La 117 Visitandines 77 viveS, Marie, épouse de Luis meNdèS fraNce 158

ximeNeS-marcheNa, Anne-Judith 258, 259 yaari, Abraham 343 yBara, david 261 yBara, Rébecca 219, 220, 261 Yefaer ‘Anavim 343 yehoShua ben lévi 106-108 yelliN, Frank 16, 225 yéruShalmi, Yosef Hayim 42, Yesiba 60, 68, 69, 74, 120, 178, 184, 214, 314, 322, 343 yeSuruN-lopeS, Miryam-Esther 64, 248 yeSuruN-lopeS, Ruben 64, 248 Yigdal 111 yoelSoN, Martin 53 yohaNaN, Rabbi 106, 110 yohaNaN ben zakkai 107 yoSha, Nissim 113 zeBalloS, Abigaïl, 225, 226 zell Michael 85 ziNk, Anne 16, 104, 113, 120 zorattiNi, Pier Cesare Ioly 21 zuNder, Mercédès 217 zürN, Gaby 76, 98

WeiNSteiN, Rochelle 89 WeiSz, M. 62 Westmoreland, La Jamaïque 50 Weyl, Robert 77 WieGerS, Gerard 111 Wilke, Carsten L. 22, 23, 112 William III, 30 William and Sara 53 WizNitzer, Arnold 48 WriGht, P. 50 Würzburg 105, 111 ximeNeS, 64, ximeNeS, Samuel 259

413

TABLE DES FIGURES

1. Cimetière, perspective intérieure, cliché Jean-Pierre Illouz. DR. 2. Laus Deo semper, Registre des morts de la Nation portugaise de la ville de Bordeaux, Archives municipales de Bordeaux GG 845. DR. 3. Guémilouth Hassadim, 1937, Archives municipales de Bordeaux, Consistoire israélite. DR. 4. Isaac Nunes, Hambourg 1644, cliché Michael Studemund-Halévy, cf. Michael StudemuNd-halévy, Gaby zürN, Zerstört die Erinnerung nicht. Der Jüdische Friedhof Königstrafle in Hamburg, Dölling und Galitz Verlag, Hambourg 2002 p. 40. DR. 5. Aaron Lévy-Maduro, Curaçao, 1727, Isaac S. emmaNuel, Precious Stones of the Jews of Curaçao, Curaçaon Jewry 16561957, New York 1957, h. t. 24, p. 208-209. DR. 6. Jacob ben Aaron Sasportas, gravure sur cuivre de Pieter van Gunst (1659-1724 ?), Amsterdam, Joods Historisch Museum, Collectie Jaap van Velzon, n° 7358. DR. 7. Moïse-David Lameira, 18 mai 1731, cf. infra épitaphe § 30 : transcription de motif par Georges cirot, Recherches sur les juifs espagnols et portugais à Bordeaux, Bordeaux 1908, p. 124. DR. 8. Isaac Rodrigues Henriques, cf. infra épitaphe § 244 : transcription de motif par Georges cirot, Recherches sur les juifs espagnols et portugais à Bordeaux, Bordeaux 1908, p. 136 bs. DR. 9. Daniel-Gabriel de Silva, 1763, cf. infra épitaphe § 222 : transcription de motif par Georges cirot, Recherches sur les juifs espagnols et portugais à Bordeaux, Bordeaux 1908, p 127 ai. DR. 10. Jacob Nuñes Pereyre, 1727, § 10, cliché Béatrice Leroy. DR.

11

13 43

76

76

86

87

87

88 129

415

Table des figures

11. Aaron Sasportas, 1727, § 11, fragment supérieur, cliché Béatrice Leroy. DR. 12. Aaron Sasportas, 1727, § 12, fragment inférieur, cliché Béatrice Leroy. DR. 13. Sara Gomes-Ybarra, 1730, § 17, cliché Béatrice Leroy. DR. 14. David Nuñes-Tinoco, 1731, § 28, cliché Béatrice Leroy. DR. 15. Abigaïl de Cordova 1731, § 29, cliché Béatrice Leroy. DR. 16. Esther Alexandro 1737, § 57, cliché Béatrice Leroy. DR. 17. Sara Nuñes 1737, § 61, cliché Béatrice Leroy. DR. 18. Abraham Souza-Henriques 1737, § 63, cliché Béatrice Leroy. DR. 19. Ézéchias-Jacob Ramos de Acosta, 1737, § 64, cliché Béatrice Leroy. DR. 20. Ézéchias-David-Benjamin Pinto, 1738, § 77, cliché Gérard Nahon. DR. 21. Abigaïl Silvera de Mates 1738, § 78, cliché Gérard Nahon. DR. 22. Joseph Falcon, 1738, monument dit Ohalim, § 79, cliché JeanPierre Illouz. DR. 23. Joseph Falcon, 1738, versant hébraïque, § 79, cliché Jean-Pierre Illouz. DR. 24. Joseph Falcon, 1738, versant espagnol, § 79, cliché Jean-Pierre Illouz. DR. 25. Jacob Gomes-Silba, 1739, § 80, cliché Béatrice Leroy. DR. 26. Sara-Esther Mendes-Gradis, 1739, portion hébraïque, § 82, cliché Béatrice Leroy. DR. 27. Rébecca-Esther Lopes-Pereira, 1739, § 83, cliché Béatrice Leroy. DR. 28. Abigaïl de Fonsèque, 1739, § 84, cliché Béatrice Leroy. DR. 29. Abraham-Benjamin de Francia, 1739, monument ohalim, § 85. DR. 30. Abraham-Benjamin de Francia, 1739, versant hébraïque, § 85, cliché Gérard Nahon. DR. 31. Jacob Gradis, 1740, § 86, cliché Béatrice Leroy. DR. 32. Rachel Mendes-Calde, 1740, § 87, cliché Béatrice Leroy. DR. 33. Samuel Navarre, 1740, § 88, cliché Béatrice Leroy. DR. 34. Rebecca Lopes-Gradis, 1741, § 93, cliché Béatrice Leroy. DR. 35. Abigaïl Zeballos, 1745, § 120, cliché Gérard Nahon. DR. 416

131 131 136 143 145 163 166 168 169 179 180 181 183 183 186 188 191 192 193 193 197 199 200 204 225

Table des figures

36. Sara Lopes-Peña, 1745, § 121, cliché Gérard Nahon. DR. 37. Sara Carballo-Coitino, 1745, § 123 cliché Gérard Nahon. DR. 38. Isaac Rodrigues-Pereira, 1746, § 128, cliché Gérard Nahon. DR. 39. Ézéchias Joseph Da Costa, 1749, § 143, cliché Gérard Nahon. DR. 40. Rachel de Soiza Dias-Miranda, 1749, § 145, cliché Gérard Nahon. DR. 41. Abraham Albuquerque 1749, § 151, cliché Gérard Nahon. DR. 42. Abigail Gradis-Silva, 1750, § 155, cliché Gérard Nahon. DR. 43. Aaron Campos, 1750, § 156, cliché Gérard Nahon. DR. 44. Judith Rodrigues, 1752, § 166, cliché Béatrice Leroy. DR. 45. Esther Carvallo-Lameyra, 1754, § 183, cliché Béatrice Leroy. DR. 46. Jacob de Leon, 1755, § 186, cliché Béatrice Leroy. DR. 47. Moïse d’Anavia, 1755, § 190, cliché Béatrice Leroy. DR. 48. Joseph Paez de Leon, 1766, § 193, cliché Béatrice Leroy. DR. 49. Sara Rébecca de Castro, 1757, § 195, cliché Béatrice Leroy. DR. 50. Isaac Rodrigues, 1757, § 196, cliché Béatrice Leroy. DR. 51. Jacob-Haim Hatias, 1760, § 200, cliché Béatrice Leroy. DR. 52. Abigaïl Lopes-Navaro, 1762, § 208, cliché Béatrice Leroy. DR. 53. Abraham Alvares de Pas, 1755, § 215, cliché Béatrice Leroy. DR. 54. Rachel Telles, 1767, § 237, cliché Béatrice Leroy. DR. 55. Ézéchias-David Esteves, 1767, § 239, cliché Béatrice Leroy. DR. 56. Abigaïl Gomes-Fonseca, 1767, § 243, cliché Béatrice Leroy. DR. 57. Léa Miranda, 1768, § 246, cliché Béatrice Leroy. DR. 58. Isaac Rodrigues-Peynado, 1768, § 247, cliché Gérard Nahon. DR. 59. Abigaïl Rodrigues, 1768, § 250, cliché Délie Muller. DR.

226 228 232 242 244 249 252 253 262 274 277 280 282 285 286 290 300 307 327 329 332 335 337 339

417

TABLE DES MATIÈRES

Liminaire : La « religion portugaise, autrement juive »

5

Chapitre I De la gente de Nação à la nation portugaise Des expulsions de 1492 et de 1496 aux conversions de 1497 et de 1498 L’inquisition portugaise et l’émigration continue des Nouveaux Chrétiens Les « marchands portugais » en France et les Lettres Patentes La Nation portugaise Le crypto judaïsme des paroisses La façade catholique Les indices internes et externes In conspectu mortis

19 22 24 25 27 27 27 29 31

Chapitre II Espaces funéraires portugais à Bordeaux Les cimetières antérieurs des Portugais Les églises Les cimetières paroissiaux Les couvents Les acquisitions entre le 22 octobre 1724 et le 1er novembre 1728 La gestion des cimetières par la Nation Les cimetières de la diaspora séfarade d’Occident Les spécificités régionales et locales

33 33 34 35 35 38 41 47 54

Chapitre III Le programme épigraphique La langue et l’incipit L’espagnol L’hébreu Le portugais Le français

57 57 57 58 62 62 419

Table des matières Les défunts Le temps du cimetière Les espaces urbains et institutionnels L’iconographie : formes, images, symboles gravés Conclusion

63 70 74 81 90

Chapitre IV Le discours sotériologique

93

Le salut terrestre par la mutation onomastique Le cérémonial et sa signification pour la « religion portugaise » La Bible gravée Le paradis des bienheureux Résidence céleste, Académie céleste La résurrection L’Immortalité Conclusion

93 99 99 104 109 111 114 118

Chapitre V Épitaphes

123

ANNEXES I. Vente de terrain par Jean Perpigna à David Gradis II. Pouvoir donné par la Nation portugaise à Abraham Lamego III. Cession du cimetière à la Nation portugaise par David Gradis IV. Règlement de la vente par Abraham Lamego en faveur de JeanPerpigna V. Procuration donnée par les Bénédictins de Sainte-Croix à dom Bernart de Neys VI. Adjudication par Édouard Brandon du bourdieu du Chemin des Sablons VII. Prise de possession du Bourdieu

345 347 348

Sources

357

Bibliographie

361

Épigraphie hébraïque et juive Morphologie, iconographie, symbolique 420

351 352 353 354

361 361

Table des matières Sépulture et sépultures La mort et le salut Bordeaux, l’Aquitaine L’Ancien régime et les juifs en France Péninsule Ibérique et diaspora portugaise Cimetières de la diaspora portugaise

364 365 368 374 375 379

Index des personnes inhumées

385

Index général

393

Table des figures

415

421

BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES, SCIENCES RELIGIEUSES

vol. 105 J. Bronkhorst Langage et réalité : sur un épisode de la pensée indienne 133 p., 1999, ISBN 978-2-503-50865-8 vol. 106 Ph. Gignoux (dir.) Ressembler au monde. Nouveaux documents sur la théorie du macro-microcosme dans l’Antiquité orientale 194 p., 1999, ISBN 978-2-503-50898-6 vol. 107 J.-L. Achard L’essence perlée du secret. Recherches philologiques et historiques sur l’origine de la Grande Perfection dans la tradition ìrNying ma pa’ 333 p., 1999, ISBN 978-2-503-50964-8 vol. 108 J. Scheid, V. Huet (dir.) Autour de la colonne aurélienne. Geste et image sur la colonne de Marc Aurèle à Rome 446 p., 176 ill. n&b, 2000, ISBN 978-2-503-50965-5 vol. 109 D. Aigle (dir.) Miracle et Karâma. Hagiographies médiévales comparées 690 p., 11 ill. n&b, 2000, ISBN 978-2-503-50899-3 vol. 110 M. A. Amir-Moezzi, J. Scheid (dir.) L’Orient dans l’histoire religieuse de l’Europe. L’invention des origines. Préface de Jacques Le Brun 246 p., 2000, ISBN 978-2-503-51102-3 vol. 111 D.-O. Hurel (dir.) Guide pour l’histoire des ordres et congrégations religieuses (France, xvie-xixe siècles) 467 p., 2001, ISBN 978-2-503-51193-1 vol. 112 D.-M. Dauzet Marie Odiot de la Paillonne, fondatrice des Norbertines de Bonlieu (Drôme, 1840-1905) xviii + 386 p., 2001, ISBN 978-2-503-51194-8

423

vol. 113 S. Mimouni (dir.) Apocryphité. Histoire d’un concept transversal aux religions du Livre 333 p., 2002, ISBN 978-2-503-51349-2 vol. 114 F. Gautier La retraite et le sacerdoce chez Grégoire de Nazianze iv + 460 p., 2002, ISBN 978-2-503-51354-6 vol. 115 M. Milot Laïcité dans le Nouveau Monde. Le cas du Québec 181 p., 2002, ISBN 978-2-503-52205-0 vol. 116 F. Randaxhe, V. Zuber (éd.) Laïcité-démocratie : des relations ambiguës x + 170 p., 2003, ISBN 978-2-503-52176-3 vol. 117 N. Belayche, S. Mimouni (dir.) Les communautés religieuses dans le monde gréco-romain. Essais de définition 351 p., 2003, ISBN 978-2-503-52204-3 vol. 118 S. Lévi La doctrine du sacrifice dans les Brahmanas xvi + 208 p., 2003, ISBN 978-2-503-51534-2 vol. 119 J. R. Armogathe, J.-P. Willaime (éd.) Les mutations contemporaines du religieux viii + 128 p., 2003, ISBN 978-2-503-51428-4 vol. 120 F. Randaxhe L’être amish, entre tradition et modernité 256 p., 2004, ISBN 978-2-503-51588-5 vol. 121 S. Fath (dir.) Le protestantisme évangélique. Un christianisme de conversion xii + 379 p., 2004, ISBN 978-2-503-51587-8 vol. 122 Alain Le Boulluec (dir.) À la recherche des villes saintes viii + 184 p., 2004, ISBN 978-2-503-51589-2 vol. 123 I. Guermeur Les cultes d’Amon hors de Thèbes. Recherches de géographie religieuse xii + 664 p., 38 ill. n&b, 155x240, 2005, ISBN 978-2-503-51427-7

424

vol. 124 S. Georgoudi, R. Koch-Piettre, F . Schmidt (dir.) La cuisine et l’autel. Les sacrifices en questions dans les sociétés de la Méditérrannée ancienne xviii + 460 p., 23 ill. n&b, 155 x 240. 2005, ISBN 978-2-503-51739-1 vol. 125 L. Châtellier, Ph. Martin (dir.) L’écriture du croyant viii + 216 p., 2005, ISBN 978-2-503-51829-9 vol. 126 (Série “Histoire et prosopographie” n° 1) M. A. Amir-Moezzi, C. Jambet, P. Lory (dir.) Henry Corbin. Philosophies et sagesses des religions du Livre 251 p., 6 ill. n&b, 2005, ISBN 978-2-503-51904-3 vol. 127 J.-M. Leniaud, I. Saint Martin (dir.) Historiographie de l’histoire de l’art religieux en France à l’époque moderne et contemporaine. Bilan bibliographique (1975-2000) et perspectives 299 p., 2005, ISBN 978-2-503-52019-3 vol. 128 (Série “Histoire et prosopographie” n° 2) S. C. Mimouni, I. Ullern-Weité (dir.) Pierre Geoltrain ou Comment « faire l’histoire » des religions ? 398 p., 1 ill. n&b, 2006, ISBN 978-2-503-52341-5 vol. 129 H. Bost Pierre Bayle historien, critique et moraliste 279 p., 2006, ISBN 978-2-503-52340-8 vol. 130 (Série “Histoire et prosopographie” n° 3) L. Bansat-Boudon, R. Lardinois (dir.) Sylvain Lévi. Études indiennes, histoire sociale ii + 536 p., 9 ill. n&b, 2007, ISBN 978-2-503-52447-4 vol. 131 (Série “Histoire et prosopographie” n° 4) F. Laplanche, I. Biagioli, C. Langlois (dir.) Autour d’un petit livre. Alfred Loisy cent ans après 351 p., 2007, ISBN 978-2-503-52342-2 vol. 132 L. Oreskovic Le diocèse de Senj en Croatie habsbourgeoise, de la Contre-Réforme aux Lumières vii + 592 p., 6 ill. n&b, 2008, ISBN 978-2-503-52448-1 vol. 133 T. Volpe Science et théologie dans les débats savants du xviie siècle : la Genèse dans les Philosophical Transactions et le Journal des savants (1665-1710) 472 p., 10 ill. n&b, 2008, ISBN 978-2-503-52584-6

425

vol. 134 O. Journet-Diallo Les créances de la terre. Chroniques du pays Jamaat (Jóola de Guinée-Bissau) 368 p., 6 ill. n&b, 2007, ISBN 978-2-503-52666-9 vol. 135 C. Henry La force des anges. Rites, hiérarchie et divinisation dans le Christianisme Céleste (Bénin) 276 p., 2009, ISBN 978-2-503-52889-2 vol. 136 D. Puccio-Den Les théâtres de “Maures et Chrétiens”. Conflits politiques et dispositifs de reconciliation (Espagne, Sicile, xvie-xxie siècle) 240 p., 2009, PB vol. 137 M. A. Amir-Moezzi, M. M. Bar-Asher, S. Hopkins (dir.) Le shīʿisme imāmite quarante ans après. Hommage à Etan Kohlberg 445 p., 2008, ISBN 978-2-503-53114-4 vol. 138 M. Cartry, J.-L. Durand, R. Koch Piettre (dir.) Architecturer l’invisible. Autels, ligatures, écritures 430 p., 2009, 978-2-503-53172-4 vol. 139 M. Yahia Šāfiʿī et les deux sources de la loi islamique 552 p., 2009, PB vol. 140 A. A. Nagy Qui a peur du cannibale ? Récits antiques d’anthropophages aux frontières de l’humanité 306 p., 2009, ISBN 978-2-503-53173-1 vol. 141 (Série “Sources et documents” n° 1) C. Langlois, C. Sorrel (dir.) Le temps des congrès catholiques. Bibliographie raisonnée des actes de congrès tenus en France de 1870 à nos jours. 448 p., 2010, ISBN 978-2-503-53183-0 vol. 142 (Série “Histoire et prosopographie” n° 5) M. A. Amir-Moezzi, J.-D. Dubois, C. Jullien et F. Jullien (éd.) Pensée grecque et sagesse d’orient. Hommage à Michel Tardieu 752 p., 2009, ISBN 978-2-503-52995-0 vol. 143. B. Heyberger (éd.) Orientalisme, science et controverse : Abraham Ecchellensis (1605-1664) 240 p., 2010, ISBN 978-2-503-53567-8

426

vol. 144. F. Laplanche (éd.) Alfred Loisy. La crise de la foi dans le temps présent (Essais d’histoire et de philosophie religieuses) 735 p., 2010, ISBN 978-2-503-53182-3 vol. 145 J. Ducor, H. Loveday Le sūtra des contemplations du buddha Vie-Infinie. Essai d’interprétation textuelle et iconographique 474 p., 2011, ISBN 978-2-503-54116-7 vol. 146 N. Ragot, S. Peperstraete, G. Olivier (dir.) La quête du Serpent à Plumes. Arts et religions de l’Amérique précolombienne. Hommage à Michel Graulich 491 p., 2011, ISBN 978-2-503-54141-9 vol. 147 C. Borghero Les cartésiens face à Newton. Philosophie, science et religion dans la première moitié du xviiie siècle 164 p., 2012, ISBN 978-2-503-54177-8 vol. 148 (Série “Histoire et prosopographie” n° 6) F. Jullien, M. J. Pierre (dir.) Monachismes d’Orient. Images, échanges, influences. Hommage à Antoine Guillaumont 348 p., 2012, ISBN 978-2-503-54144-0 vol. 149 P. Gisel, S. Margel (dir) Le croire au cœur des sociétés et des cultures. Différences et déplacements. 244 p., 2012, ISBN 978-2-503-54217-1 vol. 150 J.-R. Armogathe Histoire des idées religieuses et scientifiques dans l’Europe moderne. Quarante ans d’enseignement à l’École pratique des hautes études. 227 p., 2012, ISBN 978-2-503-54488-5 vol. 151 C. Bernat, H. Bost (dir.) Énoncer/Dénoncer l’autre. Discours et représentations du différend confessionnel à l’époque moderne. 451 p., 2012, ISBN 978-2-503-54489-2 vol. 152 N. Sihlé Rituels bouddhiques de pouvoir et de violence. La figure du tantrisme tibétain. 374 p., 2012, ISBN 978-2-503-54470-0

427

vol. 153 J.-P. Rothschild, J. Grondeux (dir.) Adolphe Franck. Philosophe juif, spiritualiste et libéral dans la France du xixe siècle. 234 p., 2012, ISBN 978-2-503-54471-7 vol. 154 (Série “Histoire et prosopographie” n° 7) S. d’Intino, C. Guenzi (dir.) Aux abords de la clairière. Études indiennes et comparées en l’honneur de Charles Malamoud. 295 p., 2012, ISBN 978-2-503-54472-4 vol. 155 B. Bakhouche, I. Fabre, V. Fortier (dir.) Dynamiques de conversion : modèles et résistances. Approches interdisciplinaires. 205 p., 2012, ISBN 978-2-503-54473-1 vol. 156 (Série “Histoire et prosopographie” n° 8) C. Zivie-Coche, I. Guermeur (dir.) Hommages à Jean Yoyotte 2 tomes, 1190 p., 2012, ISBN 978-2-503-54474-8 vol. 157 E. Marienberg (éd. et trad.) La Baraïta de-Niddah. Un texte juif pseudo-talmudique sur les lois religieuses relatives à la menstruation 235 p., 2012, ISBN 978-2-503-54437-0 vol. 158 Gérard Colas Penser l’icone en Inde ancienne 221 p., 2012, ISBN 978-2-503-54538-7 vol. 159 A. Noblesse-Rocher (éd.) Études d’exégèse médiévale offertes à Gilbert Dahan par ses élèves 294 p., 2013, ISBN 978-2-503-54802-9 vol. 160 A. Nagy, F. Prescendi (éd.) Sacrifices humains… 274 p., 2013, ISBN 978-2-503-54809-8 vol. 161 (Série “Histoire et prosopographie” n° 9) O. Boulnois (éd.) avec la collaboration de J.-R. Armogathe Paul Vignaux, citoyen et philosophe (1904-1987) suivi de Paul Vignaux, La Philosophie franciscaine et autres documents inédits 452 p., 2013, ISBN 978-2-503-54810-4

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