Français du Canada - Français de France: Actes du quatrième Colloque international de Chicoutimi, Québec, du 21 au 24 septembre 1994 9783110936889, 9783484560123

The volume assembles papers by 27 scholars from Quebec, France, Germany and Russia on various problems posed by the lexi

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French Pages 411 [412] Year 1996

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Table of contents :
Présentation
Discours d'ouverture
I. Origine et apparentements dialectaux du vocabulaire québécois traditionnel
Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'Ile-de-France et de l'est canadien ?
Le Manuscrit de Pons et l'apport du saintongeais aux parlers français du Canada
Rapports lexicaux entre l'est québécois et l'ouest du domaine d 'oïl
Recherche sur les origines de la variation «vas, m'as, vais» en français québécois
II. Vues et données nouvelles sur le lexique québécois
Vin et bière: leurs désignations en français québécois
Les phytonymes de l'Histoire naturelle des Indes occidentales de Louis Nicolas: image du lexique botanique canadien à la fin du XVIIe siècle
Le parler populaire dans le manuscrit du père Potier
Description linguistique différentielle de la syntaxe à la sémantique
L'annuaire téléphonique de Québec: un surprenant gisement lexical
L'ALEC comme corpus du français parlé au Québec et les problèmes de description et de normalisation du langage
III. Problèmes actuels de la lexicologie québécoise
Dictionnaires français et dictionnaires québécois : différen¬ciations ou nuances micro structurelles ?
Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires : synthèse et proposition
Inclusion, reconnaissance et identification des francismes dans les dictionnaires québécois
Deux cousins de la famille Robert. Quelques observations sur le Dictionnaire québécois d'aujourd'hui et le Nouveau Petit Robert
Le traitement des mots à valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire québécois. Étude de cas
L'influence de la lexicographie dialectale française sur la lexico¬graphie québécoise de la fin du XIXe et du début du XXe siècle
IV. États des recherches lexicales dans trois régions du Québec
Étude géolinguistique de la rencontre des parlers de l'est et de l'ouest du Québec
Pour une approche lexicographique globale des anglicismes québécois courants
La recherche sur les parlers du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie
V. Travaux en cours sur le lexique acadien et manitobain
Temps forts de la lexicologie acadienne
Changements vocaliques initiaux dans le français de Terre-Neuve
Exploitation d'un corpus sociolinguistique acadien à des fins de recher¬ches lexicales
Les recherches lexicales sur le français du Manitoba
VI. Différences et convergences entre français régionaux
Québécismes et helvétismes: éclairages réciproques
Le vocabulaire d'origine française du Turtle Mountain Chip¬pewa Cree (Mitchif)
VII. Conclusions du Colloque
Conclusions
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Français du Canada - Français de France: Actes du quatrième Colloque international de Chicoutimi, Québec, du 21 au 24 septembre 1994
 9783110936889, 9783484560123

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CANADIANA ROMANICA publics par Hans-Josef Niederehe et Lothar Wolf Volume 12

FRANgAIS DU CANADA FRANgAIS DE FRANCE Actes du quatrieme Colloque international de Chicoutimi, Quebec, du 21 au 24 septembre 1994 publics par Thomas Lavoie

Max Niemeyer Verlag Tübingen 1996

Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme Frangai$ du Canada -frangais de France : actes du ... colloque international ... - Tübingen : Niemeyer. 4. De Chicoutimi, Quebec du 21 au 24 septembre 1994. - 1996 (Canadiana Romanica; Vol. 12) NE:GT ISBN 3-484-56012-6

ISSN 0933-2421

© Max Niemeyer Verlag GmbH & Co. KG, Tübingen 1996 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Printed in Germany Druck: Weihert-Druck GmbH, Darmstadt Einband: Hugo Nadele, Nehren

Table des matieres

Thomas Lavoie, Presentation Thomas Lavoie, Discours d'ouverture

l 3

I. Origine et apparentements dialectaux du vocabulaire quebecois traditionnel

5

Marie-Rose Simoni-Aurembou, Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'Ile-de-France et de l'est canadien? Brigitte Horiot, Le Manuscrit de P ans et l'apport du saintongeais aux parlers frangais du Canada Jean-Paul Chauveau et Thomas Lavoie, Rapports lexicaux entre l'est quebecois et l'ouest du domaine d'o'ü Raymond Mougeon, Recherche sur les origines de la variation «vas, m'as, vais» en fran^ais quebecois

7 35 47 61

II. Vues et donnees nouvelles sur le lexique quebecois

79

Beatrice Bagola, Vin et biere: leurs designations enfrangais quebecois Marthe Faribault, Les phytonymes de l'Histoire naturelle des Indes occidentals de Louis Nicolas: image du lexique botanique canadien ä lafin du XVIIe siede Peter W. Haiford, Le parier populaire dans le manuscrit du pere Polier Jacques Labelle, Description linguistique differentielle de la syntaxe a la semantique . Pierre Rezeau, L'annuaire telephonique de Quebec : un surprenant gisement lexical .. Lothar Wolf, L'ALEC comme corpus dufranfais parle au Quebec et les problemes de description et de normalisation du langage

81 99 121 127 137

III. Problemes actuels de la lexicologie quebecoise

167

Jean-Claude Boulanger, Dictionnaires frangais et dictionnaires quebecois : differenciations ou nuances microstructurelles ? Helene Cajolet-Laganiere et Pierre Martel, Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires : synthese et proposition Claude Verrault, Inclusion, reconnaissance et identification des frondsmes dans les dictionnaires quebecois

157

169 185 199

VI

Table des matieres

Elmar Schafroth, Deux cousins de la famille Roben. Quelques observations sur le Dictionnaire quebecois d'aujourd'hui et le Nouveau Petit Robert Jean-Marcel Leard et Geatane Dostie, Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quebecois. Etude de cas Louis Mercier, L'influence de la lexicographic dialectale franc^aise sur la lexicographic quebecoise de la fin du XIXe et du debut du XXe siede

IV. Etats des recherches lexicales dans trois regions du Quebec

209 225 239

257

Andre Cossette, Etüde geolinguistique de la rencontre des parlers de lest et de l'ouest du Quebec Pierre Cardinal et Jean-Pierre Jousselin, Pour une approche lexicographique globale des anglicismes quebecois courants Guy Simard, La recherche sur le s parlers du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspesie

273 281

V. Travaux en cours sur le lexique acadien et manitobain

285

Louise Peronnet, Temps forts de la lexicologie acadienne Patrice Brasseur, Changements vocaliques initiaux dans lefrangais de Terre-Neuve .... Karin Flikeid, Exploitation d'un corpus sociolinguistique acadien ä des fins de recherches lexicales Liliane Rodriguez, Les recherches lexicales sur lefrangais du Manitoba

287 295 307 321

VI. Differences et convergences entre franc,ais regionaux

331

Andre Thibault, Quebecismes et helvetismes: eclairages reciproques Hans-Josef Niederehe, Le vocabulaire d'origine franqaise du Turtle Mountain Chippewa Cree (Mitchif)

333

VII. Conclusions du Colloque

387

Jean-Denis Gendron, Conclusions

389

259

377

Thomas Lavoie Universite du Quebec a Chicoutimi

Presentation Le 4e colloque international «Fran^ais du Canada - fran^ais de France» s'est tenu ä Chicoutimi du 21 au 24 septembre 1994. Les objectifs scientifiques de ces rencontres sont toujours demeures les memes depuis leur lancement ä Treves en 1985. Ä chaque occasion, on a tente" d'approfondir les liens nombreux qu'entretiennent le fran9ais du Canada et le fran9ais de France. Cette fois-ci, le theme de reflexion a porte sur «La lexicologie du fran9ais canadien: d'hier ä aujourd'hui». En tout, vingt-six communications ont developpe ce sujet de comparaison linguistique. Comme le colloque se tenait pour la premiere fois en terre canadienne, les Conferenciers sont venus plus nombreux du Canada: 13 du Quebec, 2 de l'Ontario, 2 de l'Acadie et l du Manitoba. La participation europeenne a egalement etc tres representative: 4 Conferenciers d'Allemagne, 5 de France et l de Suisse romande. Ä cet egard, nous avons accueilli pour la lre fois un Conferencier representant le franijais de Suisse romande. Cette Ouvertüre vers d'autres francophonies a ete soulignee ä quelques reprises lors du colloque et, dans la mesure ou le point de depart de la comparaison demeurera essentiellement etude du fran9ais canadien, cette participation de collegues suisses ou beiges par exemple pourrait constituer un apport interessant ä l'avenir. Un colloque sans visite touristique risque de ne pas laisser le souvenir du lieu ou il s'est deroule et celui de Chicoutimi a ete guide par le theme de l'eau, omnipresente en terre d'Amerique. Une premiere visite nous a conduit, au soleil couchant, sur le site de la Pulperie ou on y a fabrique au debut du siecle de la päte ä papier (la «pulp») en utilisant le pouvoir (power) de la riviere Chicoutimi. Le lendemain, une excursion de quelques heures sur le fjord de la riviere Saguenay nous a permis d'admirer par un temps magnifique les couleurs automnales de l'ete des Indiens. Enfin, ä la brunante, dans l'ancien moulin du Pere Honorat, construit sur la riviere de Laterriere, Madame Helene Vincent, 1'actuelle proprietaire, nous a accueillis pour le souper de cloture. Et nous garderons longtemps en memoire la lumineuse et envoütante silhouette noire de Madame Vincent nous laissant vivre quelques heures au milieu des souvenirs d'une autre epoque. La publication des Ades des colloques «Fran9ais du Canada - fran9ais de France» est assuree par Niemeyer dans la collection Canadiana romanica. La preparation des Actes a ete effectuee en partie ä l'Universite du Quebec ä Chicoutimi et surtout ä l'Universite de Treves. Grace ä une subvention du Secretariat ä la politique linguistique du Gouvernement du Quebec, nous avons pu faire travailler une etudiante de la maitrise en linguistique de l'UQAC, Madame Nancy Cöte, au depouillement des enregistrements de la periode de questions. La preparation materielle du manuscrit a ete effectuee ä Treves, sous la supervision de Monsieur Hans-Josef

2

Präsentation

Niederehe. II nous est agreable de remercier tous ceux et celles qui ont participe, de pres ou de loin, a cette publication. Le regroupement des textes sous diffärentes rubriques n'etait pas facile ä etablir, mais nous avons adopte lOrdre de presentation suivi par Monsieur Jean-Denis Gendron dans les Conclusions du colloque. Ce classement sous sept themes principaux nous est apparu fort pertinent et nous avons adoptd: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

Le theme des origines et des apparentements dialectaux du vocabulaire quebocois traditionnel (4); Les vues et donnees nouvelles sur le lexique quebecois (6); Les problemes actuels de la lexicographic quebecoise, avec un apergu sur les pratiques des premiers lexicographes (6); L'etat des recherches lexicales dans trois regions du Quebec (3); Les travaux en cours sur le lexique acadien (3) et manitobain (1); Differences et convergences entre fra^ais regionaux (1); L'influence du franc.ais canadien sur les parlers amerindiens (1).

Enfin, en 1997, a l'occasion du 5e colloque international, nous sommes convies par notre collegue Marie-Rose Simoni-Aurembou dans le Perche des Canadiens. II nous plait dejä de rever et de revoir Mortagne, Tourouvre, Belleme, Remalard, La Chapelle Montligeon, Ste-Gauburge, etc. Pour de nombreux Canadiens, les retrouvailles devraient etre impregnees des nombreux souvenirs linguistiques qui ont marque les lointaines origines du franc.ais canadien au XVIP siecle.

Thomas Lavoie Organisateur du colloque

Discours dOuvertüre Je remercie Monsieur le Recteur Bernard Angers d'avoir bien voulu nous faire l'honneur d'inaugurer officiellement le 4e colloque international «Francais du Canada - francais de France». C'est en domaine galicien, dans la medievale cite des pelerinages de Santiago de Compostelle, lors du XIXe Congres de linguistique et philologie romanes de 1989, qu'en compagnie de quelques collegues linguistes j'avais evoque 1'idee un peu temeraire d'organiser la 4e rencontre ä Chicoutimi. Cette imprudente suggestion a du avoir des echos jusqu'en Baviere, dans la ville des Fugger, puisqu'en 1991, au 3e colloque tenu ä Augsbourg, on a pris la decision de confier lOrganisation du 4e colloque ä l'Universite du Quebec ä Chicoutimi. Je me rejouis aujourd'hui de pouvoir vous accueillir dans notre jeune Universite qui celebre cette annee ä peine ses vingt-cinq ans d'existence, dans ma ville d'origine de Chicoutimi qui n'est guere plus ägee puisqu'elle n'a vu le jour qu'en 1842. Mais la langue transcende les äges, les peuples aussi, et le fran9ais du Canada, ce fran£ais de la Romania Nova issu de la grande aventure coloniale fran9aise du 17e siecle, est ä la fois semblable et different de celui qui s'est implante ici il y a pres de 400 ans. C'est ce qu'ont tres bien compris nos collegues allemands, Hans-Josef Niederehe de Treves et Lothar Wolf d'Augsbourg, qui, en plus de creer des centres d'etudes quebecoises et canadiennes dans leurs universites respectives, ont egalement mis en place ces rencontres scientifiques triennales pour 1'etude comparative du fransais du Canada et du fran9ais de France. Qu'ils en soient aujourd'hui felicites et remercie's. LOrganisation d'un colloque semblable implique forcement la collaboration de plusieurs personnes et organismes dont il me fait plaisir de souligner le role. Je remercie d'abord les membres du comite scientifique qui m'ont fortement epaule lors des differentes phases preparatoires entourant toute la panic scientifique du colloque; je remercie encore le comite d'organisation et plus specifiquement le service des affaires publiques de l'UQAC, son directeur, Monsieur Jean Wauthier et son assistant Monsieur Jean-Marie Cote qui m'ont grandement facilite la täche dans lOrganisation materielle du colloque et aussi le Departement des arts et lettres, son directeur Monsieur Fernand Roy et tout le personnel du secretariat. Plus particulierement, nous remercions Madame Nancy Cote, etudiante ä la maitrise en linguistique, qui nous a assiste dans la phase finale de preparation du colloque et qui sera ä la disposition des congressistes durant toute la duree du colloque. Enfm, une teile rencontre n'aurait pas etc rendue possible sans le support financier de differents organismes qu'il me fait plaisir de remercier, soit le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, le Centre de cooporation interuniversitaire franco-quebecois, le Ministere des affaires 6trangeres de France, la Deutsche Forschungsgemeinschaft d'Allemagne, le Fonds

4

Discours d'ouverture

de developpement academique de l'Universite du Quebec, le Fonds institutionnel de l'Universite du Quebec ä Chicoutimi, l'Office de la langue frangaise, le Secretariat ä la politique linguistique du Quebec, le Consulat general de la Republique federate d'Allemagne et le Ministere des affaires municipales du Quebec. En terminant, je souhaite ä tous les participants un excellent colloque et de fructueuses rencontres de discussion en dehors des communications plus officielles qui deboucheront peutetre sur d'eventuelles collaborations.

I. — Origine et apparentements dialectaux du vocabulaire quebecois traditionnel

Marie-Rose Simoni-Aurembou CNRS, Paris

Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'lle-deFrance et de Test canadien? 1.

L'exp6rience de l'atlantographe

La preparation des cartes du tome III de Γ Atlas de l'lle-de-France et de l'Orleanais, Perche, Touraine (abr. ALEFO), plus de dix ans apres la parution du tome II, m'amene porter un nouveau regard sur la Strategie personnelle du chercheur de terrain. Quel est l'interet de la cartographic onomasiologique, quelles sont ses possibilites et ses limites? Quel est l'interet des cartes semasiologiques? Les enquetes ne sont jamais terminees, et chaque carte est 1'occasion d'une approche critique, inscrite dans une demarche d'interaction entre theorie et experimentation. Or, au cours de la redaction du chapitre sur le pain, j'ai ete frappee par la difficulte que je rencontrais dans la realisation de certaines cartes, tout particulierement celles qui concernent le "morceau de pain". Toute carte obeit deux contraintes: 1. les r6ponses doivent correspondre au meme signiιϊέ; 2. elles doivent etre spatialement homogenes, c'est- -dire contenir le moins possible de "donn6es nogatives". Dans le cas du "morceau de pain", les difficultes ont plusieurs causes. Tout d'abord 1'heterogene"ite des re"ponses, certaines questions ayant un "rendement" bien meilleur que d'autres, ce qui donne des "cartes a trous" (nous y revenons infra 2.1.). Une deuxieme source de difficultes est le polymorphisme, comme d'ailleurs c'est souvent le cas dans des regions dedialectalisees et/ou soumises la pression du frangais. Enfin, on observe une importante polysemie. L'ensemble des lexemes recueillis montre, une fois de plus, et tres nettement, un vocabulaire rogional issu du fran^ais et fonctionnant souvent parallelement lui. C'est pourquoi j'ai tres vite regarde le chapitre du pain dans Test du Canada fran^ais, en utilisant les ouvrages majeurs que sont Le parier populaire du Quebec et de ses regions voisines (abr. ALEC), et Les parlers fra^ais de Charlevoix, du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la C te-Nord (abr. Lavoie 1985). J'ai ete frappoe par les similitudes, mais aussi les differences. Malheureusement, en raison de la publication en cours des atlas regionaux fran9ais, on ne dispose pas encore des cartes sur le pain dans les atlas de l'Ouest, et Γόη ne peut done utiliser la "mothode comparative par comptage" de Chauveau / Lavoie 1993. J'ai travaille pour la France avec les mat riaux du futur ALIFOΙΠ, Γ Atlas du Centre (abr. ALCe), le FEW; et pour Test du Canada frangais, l'ALEC et Lavoie 1985.

8

Marie-Rose Simoni-Aurembou

2.

Richesse des questionnaires sur le pain

2.1

Rentabilite: du questionnaire ä la carte.

Le questionnaire d'ALIFO comportait 34 questions, dont 10 etaient ou sont devenues des questions multiples, soit un total de 49 questions. En sont issues 27 cartes et 17 listes, c'est- ädire un total legerement inferieur au nombre des questions. La raison en est l'heterogeneite des reponses: comme dans un certain nombre d'autres atlas franc.ais, les questions auxquelles moins de la moitie des points d'enquete avaient repondu ont donne lieu ä des listes. Parfois aussi, ces questions ont produit des cartes ä double entree, lorsque les notions sont voisines, ce qui permet souvent, d'ailleurs, d'y apprehender imm&liatement la polysemie (ex. "de la mie; une miette", "un petit morceau de pain; un gros morceau"). ALEC a un questionnaire de 18 questions (n' 171, n° 185-201), et un nombre egal de listes - la "liste'"etant, on le sait, celle de toutes les reponses obtenues et correspondant ä nos cartes. Lavoie 1985 a adopte la meme presentation et comporte 29 questions et 29 listes (n' 22432273).

2.2

Les causes de la rentabilite. L'enquete: realia et memoire

La notion de "morceau de pain" est complexe: on peut couper, casser, grignoter du pain, le morceau de pain peut etre gros ou petit, sec ou tendre, on le garde ou on le jette, etc. La comparaison de l'Ile-de-France et de Test du Canada s'est avoree tres fructueuse, ä commencer pour 1'ethnographie.

2.2.1 ALIFO Le questionnaire etait ä poser avec de grandes precautions, en tenant compte de trois facteurs determinants: la pratique, la forme des pains, 1'usage. La premiere question du chapitre sur le pain etait: "depuis quand ne fait-on plus le pain ä la maison?". Les roponses cartographiees ont donne la "carte matrice" pour la connaissance des diverses oporations: les dates s'y echelonnent entre 1900 et 1945 (Simoni 1993, 241). II est eVident que si les tomoins n'ont entendu parier que par om-dire de la confection du pain, leur vocabulaire sera plus pauvre que s'ils Tont fabrique jusqu'ä la demiere guerre. La forme des pains a elle aussi une grande importance. C'etaient de gros pains ronds ou longs, qui pesaient entre quatre et huit livres. A noter que la nature des cereales, en 1'occurence ble ou bleVseigle - le seigle seche moins vite - n'a aucune incidence. Le troisieme facteur est 1'usage, et c'est le respect que portait naguere au pain qui a conditionne" 1'ordre des questions relatives au morceau de pain. Voici dans quel ordre elles intervenaient: - "Couper (un morceau de pain): 1. terme general; 2. couper en perils morceaux; 3. Couper mal."

Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'Ile-de-France et de Fest canadien?

9

- "Un morceau de pain: 1. petit; 2. gros (terme general); 3. qu'est-ce qu'un creusiau (vieux mot)?". - "Un morceau de pain qu'on laisse ä table". La carte "Mal couper son pain" permet de reconstituer une attitude collective de respect envers le pain (Simoni 1993, 243). Elle a d'ailleurs deux entrees, "mal couper (son pain); tu le coupes mal", car on a souvent repondu par la phrase d'admonestation ä allure de dicton, tu le coupes comme tu le gagnes, puisque c'etait aux enfants que apprenait tres tot que le pain etait quasi sacre. Les reponses sont des verbes ä suffixe depreciatif coupasser, rognasser, sciotter, dorive de scier, et aussi sicoter et chicoter, de chicotlsicot. Le respect envers le pain se traduisait egalement par la croix que le maitre de maison trac. ait avec la pointe de son couteau sur la miche, avant de l'entamer, et meme par la croix sur le tas de semence, promesse du pain ä venir (ALIFO 29, commentaire).

2.2.2 ALEC Au Canada comme en France les enquetes ont ete faites aupres de ruraux äges, et dejä ä l'epoque des enquetes de l'ALEC, vers 1970, l'enqueteur interrogeait sur des souvenirs. Ni 1'ALEC ni Lavoie 1985 n'ont demande la "derniere date", mais on deduit des commentaires que la confection du pain ä la maison avait disparu. Pour comprendre ce qu'est un morceau de pain au Canada, il faut connaitre une technique de fabrication particuliere, qui le distingue fondamentalement de la France: le pain traditionnel etait fait dans un moule. Le commentaire d'ALEC 189 "Un pain", est eclairant (toutefois, il aurait e"te plus ä sa place ä 185 "Pains de menage", ou les reponses complementaires sont obscures pour le lecteur non initie): «D'une 3 generate, le moule ä pain traditionnel pouvait contenir deux pains ou deux miches qui s'accouplaient, se collaient lors de la cuisson. C'est ainsi que s'est habitue ä dire qu'un pain (le contenu du moule ä pain) etait fait de deux miches, deux "fesses", etc... ou de deux "morceaux". Meme cuits separement, dira qu'il faut "deux morceaux" pour faire "un pain"». Ce facteur semble le seul ä devoir etre pris en compte. Car on ne voit pas ä premiere vue de respect envers le pain, ni dans les commentaires ni dans les reponses: "rompre le pain" (ALEC 188, Lavoie 1985, 2261) ne donne que des termes neutres (casser, säparer, dechirer), et un contre-exemple: le verbe ocharogner , atteste de fa£on sporadique de la Gaspesie au sud de Trois-Rivieres. Pejoratif en France (FEW 2/1, 395 a-b *CARONIA), il ne semble pas 1'etre au Canada ou il n'est pas glose. Une seule indication - mais simplement d'economie? - : ALEC 194 "Miette (de pain)": "Fais pas de graines de pain!", au pt 104. Cependant cette attitude envers le pain a existe, comme en temoigne ce beau passage du roman Le Survenant, que m'a aimablement signale Claude Verreault: "Quand vint son tour, lui, Didace, fils de Didace, qui avait le respect du pain, de sa main gauche prit doucement pres de lui la miche rebondie, 1'appuya centre sa poitrine demi-nue encore moite des sueurs d'une longue journöe de labour, et, de la main droite, ayant racle" son couteau sur le bord de l'assiette jus-

10

Marie-Rose Simoni-Aurembou

qu' ce que la lame brill t de propreto, tendrement il se d6coupa un quignon de la grosseur du poing" (G. Guevremont, 1945,10-11).

2.2.3 Le morceau de pain benit En Ile-de-France et dans le Canada catholique, la coutume du pain bonit a έΐέ bien vivante. Mais, pour une 6tude quantitative comme celle-ci, nous n'avons pu utiliser les matoriaux des atlas car ils sont tres disparates. En effet, si les termes sont bien conserves dans l'ALIFO ( paraitre) et ALCe 768, les rdponses sont trop sporadiques dans le Canada fran9ais (ALEC 1770), et la comparaison n'6tait pas malheureusement pas possible.

3.

L'inventaire des classemes et des lexemes

3.1

L'inventaire dans ALIFO et ALEC

J'ai proc de" un inventaire complet des notions et du matoriel lexical rounis dans ALIFO ΙΠ et ALEC. Puis, avec l'aide de Fabrice Jejcic, que je remercie vivement ici, nous avons £tabli deux tableaux lexico-somantiques portant verticalement les notions les plus importantes, et horizontalement les signifiants - les tableaux sont regroupes in fine. Pour ALIFO (tableau n° 1), 5 notions apparaissent en tete: "morceau de pain", "petit morceau", "gros morceau", "crouton", "morceau de pain qu'on laisse", et 40 signifiants. Pour ALEC (tableau n" 2), il en va autrement, puisque Γόη trouve 3 notions principales et 8 notions secondaires: 1) "la moitio du pain cuit au moule" ; 2) "quignon de pain" (ou "gros morceau de pain") + 1 notion secondaire; 3) "crouton" et 7 notions secondaires). Et Γόη compte 35 signifiants.

3.2

La repartition dans ALIFO

Ensuite, Fabrice Jejcic a etabli un classement par ordre de frequence decroissante des formes designant le morceau de pain. Pour Γ Ile-de-France (tableau n" 3) se degagent 2 signifiants majeurs, crouton (78 occurences), et trop-sao l (67). Puis viennent chignon (25), grignon et morceau (19), quignon (13), cr te, cro te (10), chigne (9). Enfm, 14 formes comptent entre 5 et 2 occurences. Le tableau n°4, qui indique la ropartition des signifiants par rapport aux notions, complete par rhistogramme n° 1, montrent que le "crouton" est le signifi6 privile'gie, avec 125 d6nominations; certaines reponses sont done polymorphiques puisqu'il n'y a que 76 points d'enquete. Viennent ensuite le "morceau de pain qu'on laisse" (78 donominations), le "petit morceau" (40), le "gros morceau" (35). Le "morceau" n'a eveillo que peu d'interet (9 roponses). Les 18 hapax (tableau n° 5) sont repartis differemment (tableau n° 6 et Histogramme n" 2): c'est le "petit morceau" et le "crouton" qui en rassemblent, relativement, le plus grand nombre.

Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'Ile-de-France et de Test canadien?

11

Enfin, il a paru interessant de rechercher la dispersion du vocabulaire. Sur le tableau n° 7 on a note, pour chacune des 5 notions principals, le nombre de types lexicaux (formes) et le nombre de reponses. Ce tableau et l'histogramme n° 3 qui en est issu montrent que la dispersion est maximale pour les 3 notions les moins nominees, "morceau", "petit" et "gros morceau", et minimale pour ce ä quoi on porte le plus d'interet, le "crouton" et le "morceau de pain qu'on laisse".

3.3

La repartition dans ALEC

Le classement des formes par ordre de frequence decroissante appelle deux remarques pr61iminaires. D'une part on n'a pas retenu les syntagmes ä peine lexicalises ä partir de pain, tels que, pour "la moitie du pain cuit au moule", un demi pain, une de pain, pain simple, etc. D'autre part, certaines notions ont deux entrees dans le questionnaire: ex. au point 10, la reponse ä "boule de päte decorative..." (190, Vocabulaire de contexte) est la meme que celle qui a 6t6 donne"e ä "morceau de päte colle sur le pain ä cuire" (192, Commentaire). Une seule entree figure done dans le tableau n° 8. On observe immodiatement un ecart important entre les formes les plus utilisoes et celles qui le sont moins. Les 3 lexemes privilegies sont morceau (de pain) (173 occurences), chignon (de pain) (137) et crouton (de pain) (115). Apres quoi on trouve croüle (de pain) (30), miche (de pain) I pain en miche (24), grignon (de pain) (22), tapon (de pain) 19, grigne (de pain) (11); 11 formes ont entre 8 et 2 occurences. On retrouve une repartition semblable pour les notions auxquelles on porte le plus d'attention (tableau n° 9 et histogramme n° 4); 3 categories de morceaux de pain ont 160 denominations et plus: la "moitie du pain cuite au moule" (208), le "quignon" (176), et le "crouton" (160). La "päte qui deborde du moule" n'a que 26 noms, une "boule de mie fralche" 8, "rompre du pain" 3 (cette question figure ici car eile a fait apparaitre 3 substantifs), "l'entame du pain" 2. Les hapax sont peu nombreux relativement au nombre de points d'enquete et de reponses: 15 au total (tableau n* 10); us concement le "quignon" (5), la "moitie du pain" (4), la "päte qui d6borde" (3), le "crouton" (2) - "rompre le pain" n'a qu'un exemple - c'est-a-dire les 4 notions les plus productives, ce qui n'etait pas le cas pour ALIFO (tableau n° 11 et histogramme n° 5). Enfin, la dispersion du vocabulaire (tableau n° 12 et histogramme n° 6) est moindre que dans ALIFO, et les 3 notions principles ont un lexique tres homogene.

3.4

Ressemblances et differences

Chaque pays a ses principes de classification. Au Canada, c'est la cuisson au moule qui a entraine un champ notionnel riche et etendu. En Ile-de-France, le principe d'economie est ä gine de la creation du concept "morceau de pain qu'on laisse". Mais les deux pays se rejoignent pour 1'attention qu'ils portent ä un "crouton" et ä un "gros morceau" (ou "quignon"). Toute la civilisation rurale d'hier est la.

12

Marie-Rose Simoni-Aurembou

Quant la correspondance entre les deux ensembles lexicaux, eile est evidente et je terminerai par la.

4.

Un fond lexical commun

La place manque ici pour analyser l'ensemble des lexemes, et j'en soulignerai seulement deux aspects, d'une part le grand nombre de termes de frangais commun, et d'autre part le grand nombre de termes de frauds archaique. Si Γόη se reporte aux tableaux 3 et 4 (ALIFO) et 8 et 9 (ALEC), les formes les plus courantes sont crouton pour ALIFO, et morceau (de pain) pour ALEC. Mais ensuite viennent, dans ALIFO, trop-saoul (creation), chignon, grignon, et dans 1'ALEC, chignon, puis crouton, cro te, miche, grignon. Chigne est en 8e position dans ALIFO, dans 1'ALEC c'est un hapax; chantiau est lOe dans ALIFO et chanteau 12e dans ALEC; grigne est 18e dans ALIFO et 12e dans ALEC, etc. Le stock de mots est bien le meme. Prenons, par exemple; les ensembles grignelgrignon. Archa'iques aujourd'hui, ou techniques, ils sont attestos dans le fran9ais ge"n6ral (issu de rogionalismes de 1'Ouest?) avec leur sens actuel des le 16e s. (grignon 1553 Ronsard; grigne 1694 Me"nage); chignelchignon n'apparait l'6crit, en France, que dans le parier parisien du 19e s. (Sainean) et les parlers du Centre et de 1'Ouest, mais le semantisme franco-canadien est le meme, et Γόη peut presumer que la relation au pain existait avant le dopart des colons. II resterait dresser des cartes et des tableaux semasiologiques. Or, en Ile-de-France et r6gions voisines comme au Canada, le pain a une profonde relation avec la terre, de par 1'analogie, par exemple, entre la p te et la terre que Γόη travaille. Mais dans ALIFO, les exemples ne sont pas tres nombreux: les donominations secondaires goulael'gouliau et loriquette "petit morceau" dosignent aussi un "petit champ" (ALIFO 112). On a les sens de "residus de graisse" pour grigne, grignaude (ALIFO 560, ALCe 752), et "buche" pour bougau (ALIFO ΠΙ). Alors qu'au Canada c'est un aspect de la re"alit6 nouvelle qu'avaient decouverte les colons dans leur nouveau pays qui porte les nom d'un morceau de pain, savoir les "mottes de terre ge!6es". Elles ont pris le nom de grignons, et secondairement grignot et grigne (carte n° 1). La relation entre ces deux notions est tres etroite, et bourdignon, denomination secondaire du "quignon de pain", du "crouton", de la "p te qui deborde du moule pain", pourrait venir du sens de "motte geloe", car aucun sens relatif au pain n'est atteste en France. Signalons aussi une autre roalito de la vie quotidienne du paysan d'hier: "les crottes prises aux poils des vaches", qui portent des noms secondaires du morceau de pain, diminutifs de grigne: griguenaudes, grignaudes, grignot (carte n° 2). C'est ce qui permet de dire que, pour cette question, le lexique canadien a ete plus productif, plus innovant que le lexique des vieilles rdgions francaises.

Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'He-de-France et de Test canadien?

13

Orientations bibliographiques Chauveau, Jean-Paul / Lavoie, Thomas, "A propos des origines dialectales du lexique quibecois", RLiR 57 (1993), 373-420. Dubuisson, Pierrette, Atlas linguistique et ethnographique du Centre, Paris, CNRS, 3 vol., 1966-1978 (abr. ALCe). Dulong, Gaston / Bergeron, Gaston, Le parier populaire du Quebec et de ses regions voisines. Atlas linguistique de lest du Canada, Quobec, Editeur officiel du Qu6bec, 10 vol., 1980 (abr. ALEC). Fondet, Claire, Dialectologie de l'Essonne et de ses environs immldiats, Lille / Paris, Universitd de Lille / Champion, 2 vol., 1980. Lavoie, Thomas / Bergeron, Gaston / Goto, Michelle, Les parlers franc.ais de Charlevoix, du Saguenay, du LacSaint-Jean et de la Cöte-Nord, Qudbec, Les publications du Qu6bec, 5 vol., 1985 (abr. Lavoie 1985). Simoni-Aurembou, Marie-Rose, Atlas linguistique et ethnographique de l'Ile-de-France et de l'Orleanais, Per ehe. Touraine, Paris, CNRS, vol. 1,1973, vol. 2,1978 - (abr. ALIFO). Simoni-Aurembou, Marie-Rose, "La cartographic de la momoire", Milieux et memoire, 6d. Alvarez-Pereyre, Franck, Centre de recherche frangais de Jorusalem, diffusion Peelers, 1993,231-248.

Marie-Rose Simoni-Aurembou

14

Tableau n° 1. « Un morceau de pain » (ALIFO) signiflant notion

bouchee

petite bouchee

[kalotpe]

bougau

chantiau

morceau petit morceau

gros morceau

[bueo] 47, 68, 70, 61 72 [tniei]42

30

33

33

31,37,48

crouton morceau de pain qu'on laisse

Tableau 1/1 (Les numeros sont ceux des points ; entre parentheses : le nombre de reponses)

47

Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'Ile-de-France et de Test canadien?

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Crouton de pain qu' docollait de la casser

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La päte qui doborde moule ä pain + Päte renversee cui hors du moule ä pai

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Crouton de pain

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La moitie du pain ci au moule

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Une boule de mie fraiche

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Quignon de pain

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Qu'est-ce qu'un morceau de pain pour un paysan d'Ile-de-France et de Test canadien?

Tableau n° 2. « Un morceau de pain » (ALEC) signifiant notion

main

miche (de pain) ! pain en miche (23 pts)

La moitio du pain cuit au moule

morceau (de pain)

(172 pts) connu partout

38

Quignon de pain

3, 5, 10, 59

Une boule de mie fraiche

46, 133

Crouton de pain La päte qui doborde du moule ä pain + Pate renversee cuite hors du moule ä pain Crouton de pain qu'on docollait de la casserole Boule de pate decorative collee sur le pain ä cuire Croüte du pain Entame du pain Vieux pain Rompre (du pain)

Tableau 2/4

motion (de pain)

tirer une main de mie 82

prendre un morceau 63

23

•8

I

C —
Maskabina 2.2.2 Dattes: vin de dattes (Assiniwi 1994:138-139) -> vin exotique 2.2.6 Figues: vin defigues (Assiniwi 1994:135) Praises: vin de /raises (Mougeot 1946:72; Dulong/Bergeron 1980:417); vin de /raises (ou de framboises) (Cote 1994:8) Framboises: vin de framboises (Anonyme 1935:13; Mougeot 1946:69; 71; Dulong / Bergeron 1980:417); vin de framboises (ou de fraises) (Cote 1994:8); vin de framboises et de raisins sees (Mougeot 1946:71) -> vin bei anger 2.2.6 vin de framboises: Framboises 8 pintes, eau 2 gals., sucre 8 Ibs., sei V2 once, Creme de tartre {/2 once, Levure l/2 once. Dans 2 gallons d'eau, on verse huit pintes de framboises ecrasees, on ajoute le sucre, la creme de tartre, la levure et le sei; cette addition de sei a de l'importance pour la qualite et la plus longue conservation du vin. Lorsque la fermentation est terminoe, on filtre en se servant d'une toile ou d'une piece de coton.(Mougeot 1946:71) vin de framboises (ou de fraises): 3 Ib framboises ou 4 Ib fraises, 1 Kg sucre blanc granule, 1 gal (160 oz) eau, 1 c. ä nourriture de levure, l c. ä the melange acide, 2 tablettes Campden, !/2 c. ä th£ pectinase en poudre, levure de vin. Densito de d6part: 1.090 ä 1.095, Acide: 0.65%. Utiliser des fruits mfirs seulement. Ecraser les fruits et mettre les ingredients dans la cuve primaire, sauf la levure. Ajouter l'eau chaude et remuer pour dissoudre le sucre. Couvrir d'une feuille de plastique. Lorsque le mout est refroidi (70-75° F), ajouter la levure. Brasser le moüt chaque jour. Laisser fermenter pendant 5-6 jours ou

Vin et biere: leurs dosignations en franfais quebecois

87

jusqu'ä ce que la densito soil 1.040. Filtrer la pulpe de fruits et presser. Siphonner le vin dans des cruches ou des touries et fixer les bondes hydrauliques. Soutirer le vin apres trois semaines et de nouveau apres trois mois. Lorsque le vin est stabilise et clair, embouteiller. On peut, au temps de rembouteillage, ajouter un sirop de Sucre ( 2 parties de sucre, une d'eau) au gout. Ajouter trois tablettes du stabilisant Wine-Art, pour empecher un renouveau de fermentation. Faire vieillir 12 mois. (Cote 1994:8) Fruits melanges: vin de fruits m lang s (cassis (gadelles noires), groseilles rouges (gadelles rouges), cerises ä grappe, mures, framboises) (Mougeot 1946:82); vin de fruits mälangos et de raisins sees (Mougeot 1946:83); vin d'agrumes (raisins sees, pamplemousses, citrons, oranges) (Assiniwi 1994:138) -> champagne, vin de lajoie 2.2.6 Gadelles: vin de gadelles (groseilles) (Mougeot 1946:75; Boisvenue 1979:301; Dulong/Bergeron 1980: 417); vin de gadelles noires (Dulong/Bergeron 1980:417); vin de gadelles rouges (Anonyme 1935:13); vin de gadelles noires ou rouges (Anonyme 1935:16)-> Cassis 2.2.2 Graines: vin de graines douces (sorte de baies sauvages) (Dulong/ Bergeron 1980:418) Groseilles: vin de groseilles (Dulong/Bergeron 1980:417); vin de groseilles a Maquereau (Mougeot 1946:73, 74); vin de groseilles a Maquereau et raisins sees (Mougeot 1946:74); vin de groseilles rouges (gadelles) (Mougeot 1946:75, 76); vin de groseilles rouges et de raisins sees (Mougeot 1946:76); vin de groseilles vertes (Cote 1994:9) -> vin Frangois 2.2.6 Jus de fruits: vin de jus de fruits (Dulong/Bergeron 1980:418; Mougeot 1946:97,98) Maskabina: vin de maskabina (sorbier d'Amorique) (Dulong/Bergeron 1980:418) -> Cormes 2.2.2 Merises: vin de menses (cerises sauvages) (Dulong/Bergeron 1980:417 -> vin de cerises 2.2.2); vin de menses de Virginie (Cote 1994:10) Mures: vin de mures (Mougeot 1946:79, Assiniwi 1994:151-152); vin de mures (noires ou rouges) (Dulong/Bergeron 1980:418); vin de müres ou de ronces-framboises (Cote 1994:11); v/n des müres et de raisins sees (Mougeot 1946:80); vin de müres sauvages (ronces) (Anonyme 1935:18; Mougeot 1946:81) vin de müres: Müres 25 pintes, eau 4 gals., sucre 15 Ibs., sei 2 onces, levure 2 onces. Prendre des müres bien muries, ecraser dans un cuvier, ajouter une egale partie d'eau et laisser macerer trente-six heures. Au bout de ce temps, tamiser, ajouter sucre et autres ingredients; laisser fermenter, et, lorsque le vin se clarifiera, soutirer dans un füt propre. On laisse reposer environ deux mois avant de le mettre en bouteille. (Mougeot 1946:7980) Nectarines: vin de nectarines (Assiniwi 1994:139.140) -> Peches 2.2.2

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Beatrice Bagola

Oranges: vin d'oranges (Anonyme 1935:14; Mougeot 1946:90; Dulong/Bergeron 1980:418; Cote 1994:12); vin d'oranges et de raisins sees (Mougeot 1946:91) Pamplemouses: vin de pamplemousses (Dulong/Bergeron 1980:418; Assiniwi 1994:137-138)) Peches: vin depeches (Mougeot 1946:88); vin depeches ou d'abricots (Cote" 1994:13); vin depeches, d'abricots ou de nectarines (Assiniwi 1994: 139-140) Pimbina: vin depimbina (fruits rouges en grappe) (Dulong/Bergeron 1980:418) Poires: vin depoires (Assiniwi 1994:152) -> vin Colonel 2.2.6 Pommes; vin de pommes, cidre (Dulong/Bergeron 1980:418); vin de pommettes (Dulong/Bergeron 1980:418; Cote 1994:18); vin de pommes ou depoires (poire) (Cote 1994:15); cidre aux pommes; cidre aux pommes seches, cidre aux pommes gelaes (Anonyme 1935:11-12 ->vin d'Avignon, vin du verger, vin Rougemont 2.2.6) cidre de pommes (Anonyme 1935:12; Cote 1994:19); cidre de pommes (au bouquet de cidre) (Assiniwi 1994:150-151) Prunes: vin de prunes (Anonyme 1935:14; Mougeot 1946:86; Cote 1994:20); vin de prunes sauvages (Mougeot 1946:87); vin de prunes et depeches (Mougeot 1946:90) Les vins ä base de fruits, notons-le dejä maintenant, sont les plus frequents. Ces vins, comme les deux groupes suivants, sont caractdrise's par les produits de base. Les ingredients peuvent varier selon les recettes.

2.2.3

Vin ä base de plantes potageres Beans: vin de beans (Dulong/Bergeron 1980:418) Betteraves: vin de betteraves (Mougeot 1946:95; Boisvenue 1979:29; Dulong/Bergeron 1980:417) -> vinjardinier, vin Michel 2.2.6 vin de betteraves: 5 Ib de betteraves, 1 gallon d'eau, 8 lasses de sucre, l tasse de riz, 2 tasses de raisins sees, l enveloppe de levure seche. Laver les betteraves et enlever les queues; les couper en morceaux tres fins sans les peler. Cpuvrir d'eau et les faire cuire jusqu'ä ce qu'elles soient tendres. Couler et mesurer le liquide et ajouter assez d'eau pour faire un gallon. Verser dans une jarre de gres. Hacher finement les raisins sees et les ajouter en meme temps que le sucre, le riz et la levure. Laisser fermenter 30 jours; brasser tous les jours. Filtrer deux fois; laisser reposer 3 jours. Siphonner dans les bouteilles sterilisoes. Boucher. Laisser vieillir avant de consommer. (Boisvenue 1979: 298) Bettes: vin de bettes (Dulong/Bergeron 1980:417) Garottes: vin de carottes (Boisvenue 1979:299; Dulong/Bergeron 1980:418) -> vin Sorel 2.2.6

Vin et biere: leurs designations en fran?ais quobecois

89

Feves: vm defeves (haricots) (Dulong/Bergeron 1980:418) Panais: vm depanais (Mougeot 1946:95) Patates: vin de patates (pommes de terre) (Dulong/Bergeron 1980:418; Boisvenue 1979:301) Pois: vin depots (Dulong/Bergeron 1980:418) Tomates: vin de tomates (Anonyme 1935:16) -> vin du Mont 2.2.6

2.2.4 Vin ä base d'autres plantes Calumet: vin de calumet (variete de roseau) (Dulong/Bergeron 1980:418) Cereales: vin de ceraales (Dulong/Bergeron 1980:417); vm d'orge (Boisvenue 1979: 301; Assiniwi 1994:134-135); vm de ble (Anonyme 1935:12; Dawson 1960:91; Boisvenue 1979:298; Dulong/Bergeron 1980:417); vin de riz (Anonyme 1935:24) vm de bio : l pinte de ble, 1 gallon d'eau, 41b de sucre granule, 2 enveloppes de levure seche, 1 citron tranche, 2 tasses de raisins sees. Melanger tous les ingredients dans une jarre de gres et fermer la jarre ä moitie. Laisser fermenter dans un endroit chaud, 4 semaines. Filtrer deux fois; laisser reposer 3 jours. Siphonner dans les bouteilles sterilisees. Laisser vieillir avant de consommer. Conserver dans un endroit frais. (Boisvenue 1979:298) Ecorce: vm d'epinette (epicea 'aubopine'); vm de colon (Le livre du colon 1979:58) -> vm canadien 2.2.6 vin de colon: Prenez de l'£corce de merisier rouge - enlevez l'ecorce de dessus qui servira ä votre "vieille" pour allumer son poele. Quant ä la seconde ecorce, la rouge, vous la hachez en petits morceaux, et vous la faites bouillir dans un chaudron d'eau. Ordinairement, on met une terrinee d'ecorce frafche et un peu moins d'ecorce seche pour 8 ou 10 terrinees d'eau. Quand l'ecorce a bien bouilli, on laisse refroidir, on coule dans un linge blanc (toile ou laine), on verse 1'eau dans une cruche ou dans un seau ou dans une tinette bien propre, on met deux, trois ou quarre livres de sucre blanc, ou mieux, du sucre d'erable, gros comme un jaune d'oeuf de levain de pain, puis on place ce melange ä la chaleur et on laisse fermenter. Au bout de quelques jours, c'est-a-dire quand la preparation a fmi de travailler, le vin est pret. Si vous voulez lui donner une teinte plus claire, mettez-y un peu d'ecorce de pruche, que vous ötez le lendemain; mais ce n'est pas necessaire... (Le livre du colon 1979:58) Feuilles: vin defeuilles de vigne (Mougeot 1946:93) Pissenlits: vm de pissenlit (fleurs) (Anonyme 1935:19; Mougeot 1946:93, 94; Boisvenue 1979:302; Dulong/Bergeron 1980:417; Assiniwi 1994:145-146; Cote 1994:14) -> vm du priniemps 2.2.6 Rhubarbe: vin de rhubarbe (Anonyme 1935:17; Mougeot 1946:92, 93; Boisvenue 1979:303; Dulong/Bergeron 1980:417; Assiniwi 1994:146-147; Cote 1994:22) Roses: vin de roses (p6tales) (Assiniwi 1994:149)

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Beatrice Bagola

Salsepareilles: vin de salsepareilles (Dulong/Bergeron 1980:417) Vinaigrier: vin de vinaigrier (sumac) (Dulong/Bergeron 1980:418) Trefles: vin de trefle (fleurs) (Boisvenue 1979:303); vin de trifle rouge (Dulong / Bergeron 1980:418)

2.2.5 Vin ä bases diverses Cafe: vm de ca/ (Assiniwi 1994:141-142) vin de / : 15 grammes de cafo instantano (1 cuil. ä soupe), l V4 kilo de Sucre (2^/2 livres), 15 grammes d'acide citrique (l cuil. ä soupe), 4 l/2 litres d'eau (1 gallon), 1 cuil. ä the de phosphate d'ammonium, levure et nourriture de levure: l cuil. ä the et l sachet. A- Mettez le cafe", le Sucre, I'acide citrique et le phosphate d'ammonium dans un grand hol et couvrez-les de 2 litres d'eau bouillante. Melangez bien. Laissez refroidir jusqu'ä 24° C (75° F) et mettez dans la cruche de fermentation; remplissez avec de l'eau chaude ä 24° C (75° F), ajoutez la levure et la nourriture de levure et ajustez la bonde de fermentation. Apres 5 jours, remplissez la cruche jusqu'au bouchon et laissez fermenter jusqu'au bout. Des que la fermentation est terminee, vous pouvez embouteiller. Ce vin ne vieillira jamais. Buvez-le jeune. (Assiniwi 1994:141-142) Croütes de pain: vin de croütes de pain (Boisvenue 1979:300; Dulong/Bergeron 1980: 415) vin de croütes de pain : 4 tasses de croütes de pain, 1 gallon d'eau bouillante, 2 citrons tranche's, 2 oranges tranche'es, 2 tasses de raisins sees, l enveloppe de levure seche. De*poser les croütes de pain dans une jarre de gres; y verser l'eau bouillante. Laisser ti6dir. Hacher finement les raisins sees. Ajouter tous les autres ingredients et bien molanger. Fermer la jarre ä moitie" et laisser fermenter dans un endroit chaud, 15 jours. Brasser une fois tous les jours. Filtrer et laisser reposer 2 jours. Siphonner dans des bouteilles st6rilis6es. Laisser vieillir avant de consommer. Conserver au froid. (Boisvenue 1979:300) Gingembre: vm de gingembre (Gingembre moulu) (Mougeot 1946:91; Dulong / Bergeron 1980:418) Miel: vin demiel(hydromel) (Anonyme 1935:19; 26; Anonyme 1969:59; Dulong/Bergeron 1980:418); vm d'abeilles 'vin au miel' (Dulong/Bergeron 1980:415); Seve: vm de save de bouleau (Assiniwi 1994:143-144); vm d'erable (eau d'erable) (Assiniwi 1994:144)

2.2.6 Vin ä base non-pre"cisee Les vins nommes ci-dessous different des groupes pr6c6dents. L'intoret de ces vins ne reside pas dans le produit de base, mais dans la fabrication. est parfois impossible de defmir 1'ori-

Vin et biöre: leurs ddsignations en franfais quobocois

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gine de ces designations. Elles se referent entre autres aux Saisons, ä la nature et aux noms propres. Voici quelques exemples de ce groupe: vin syn. vin canadien (Dulong 1989:454) vm canadien syn. vin (Dulong 1989:454) vin de colon syn. vin, vin canadien -> Ecorce 2.2.4 vin d'habitant syn. vin, vin canadien (Dulong 1989:454) vin de maison syn. vin, vin canadien (Dulong 1989:454) Champagne (sorte de vin blanc aux fruits) (Dulong/Bergeron 1980:415); champagne aux fruits (Boisvenue 1979:304) Champagne aux fruits: 5 pintes d'eau chaude, 5 Ib de sucre, 3 oranges, 3 citrons, 3 pamplemousses, 3 bananes, 2 Ib de raisns sees, l enveloppe de levure seche. Deposer le sucre dans une jarre de gres; verser l'eau chaude et brasser pour dissoudre le sucre. Hacher finement les raisins sees. Peler les bananes et les ecraser. Couper les autres fruits en des. Ajouter les fruits et la levure et bien brasser. Fermer la jarre ä moite et laisser fermenter dans un endroit chaud, 20 jours. Brasser une fois par jour. Fermer completement la jarre et laisser reposer 30 jours, sans brasser. Filtrer plusieurs fois et siphonner dans des bouteilles sterilisees. Laisser vieillir avant de consommer. Conserver dans un endroit frais. (Boisvenue 1979:304). champagnette (sorte de vin blanc aux fruits) (Dulong/Bergeron 1980:415) vin champetre (fleurs de trefle rose, raisins sees) (Anonyme 1969:68) vin mousseux (vin qui contient du gaz carbonique: il mousse au moment oü bouche la bouteille. Peut etre rouge, blanc ou rose, 'champagne') (Cote 1994:29)

de-

vin du lac (myrtilles (bleuets), raisins sees) (Anonyme 1969:57) vm du Mont (tomates mures, raisins sees) (Anonyme 1969:63) vin d'Avignon (jus de pommes, raisins sees). (Anonyme 1969:61) (ban) vin genre Bourgogne (baies de sureau seche"es ou sureau frais, raisins de Corinthe seches, bananes) (Anonyme 1969:55) vm bei anger (framboises fraiches ou surgelees ou onces de framboises en conserve, raisins sees ) (Anonyme 1969:68) vm de la joie (jus d'orange frais ou reconstitue, prunes seches, bananes, dates) (Anonyme 1969:66) vm exotique (dates, raisins sees) (Anonyme 1969:64) vinjardinier (betteraves, raisin Welsh, dates) (Anonyme 1969:58) vin oriental (raisins sees, the) (Anonyme 1969:61) vm duprintemps (fleurs de pissenlit; raisins sees jaunes) (Anonyme 1969:56) vin du verger (pommes, raisins jaunes sees) (Anonyme 1969:63) vm victorieux (cassis (gadelles noires), raisins sees, bananes) (Anonyme 1969:64) vm Colonel (pokes mures, raisins sees jaunes) (Anonyme 1969:66) vin Demoiselle (cerises sauvages) (Anonyme 1969:59) vm Sorel (carottes, raisins sees) (Anonyme 1969:58) vin Rougemont (jus de pommes, raisins sees) (Anonyme 1969:70)

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Beatrice Bagola

vin Claude (raisins au choix, de raisins sees) (Anonyme 1969:54) vin Frangois (groseilles pas trop mures, raisins sees ou raisins verts Thompson) (Anonyme 1969:56) vin Marie (raisins bleus, bananes mures) (Anonyme 1969:54) vin Michel (betteraves, jus de raisin Welsh, dates, bananes) (Anonyme 1969:56) vin Stephanie (baies de sureau sochees, jus de citron, raisin Welsh) (Anonyme 1969:55) Le choix d'un nom dopend souvent du commerce. Les noms des nouveaux vins du Quebec en sont un bon exemple: ... in a province where most villages were named after saints one would have thought that such a designation would have worked well on a wine label. But not so... As Jean Legault, sales manger of Lebuc, explains, "We are not selling wine, we're selling the mood." And this sentiment is reflected in the brand names that grace so many Quebec wines today - La Nuit d'Amour, Plaisir d'Amour, La Nuit Volage ("Flighty Night"),... Plaisir Divin... (Aspler 1983:97)

3.

Biere

3.1

L'histoire de la biere

Les colons n'etaient pas seulement familiers avec la fabrication du vin, mais aussi avec celle de la biere. Le vin a 6te longtemps en concurrence avec la biere, mais partir du 17eme siecle, l'art de brasser est devenu de plus en plus important. Pour le brassage de la biere, le houblon etait d6ja obligatoire des le 16eme siecle. (Hell 1990:61) Les dictionnaires du 17eme siecle attribuent au houblon aussi la function de donner la biere le go t du vin: BIERE. s. f. Signifie une boisson faite d'orge, de froment, & d'avoine, ou d'une autre sorte de ble. On y adjoute du houblon pour luy donner le goust du vin. On les brasse long-temps, & on les fai cuire dans des chaudieres: & cette boisson enyvre comme le vin [...]. Les Anglois pour la faire agreable, jettent dans les tonneaux apres qu'elle est brassoe, du sucre, de la canelle & des clous de girofle [...] (Furetiere T. I; 1690: s.v.) BIERE. s.f. Boisson faite d'orge, de frommem, d'avoine ou autre bled; quoy on ajoute du houblon, pour luy faire prendre le goust du vin [...] (Dictionnaire des Arts et des Sciences T. I; 1694:103b) II n'est done pas otonnant que les premieres brasseries en Nouvelle-France remontent au debut du 17eme siecle. Une tradition de brassage domestique n'a pas tarde s'installer chez les habitants, (cf. Dulong/Bergeron 1980:414) Mais contrairement au vin, une Industrie commerciale de brassage s'est etablie en meme temps. En 1668, Jean Talon fit construire la premiere brasserie (Brasserie du Roy). Talon «veut promouvoir la temperance, eviter que les capitaux sortent de la colonie et mettre profit les ressources du Nouveau Monde, ou les cereales sont abondantes». (Εη^ίορέάίε du Canada 1985:262b) Malgro ces efforts on ne peut pas parier d'un facteur important de I'oconomie jusqu'au 18eme siecle, car les colons frangais:

Vin et biere: leurs designations en fran^ais quebecois

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... buvait surtout du vin. Les colons anglais y apporterent, bien sur, plusieurs tonneaux de ale... Un jeune entrepreneur de 19 ans, John Molson, originaire du Lincolnshire, debarqua ä Montreal en 1782, oil il lanc,a une kyrielle d'entreprises,.... mais oil il donna surtout son nom, en 1786, ä ce qui allait devenir la premiere brasserie importante au Canada. (Biere MAG 1994:5)

Elle est la seule ancienne brasserie encore en operation sur le continent nord-americain. (D'Eer 1991:29) Parmi d'autres brasseries construites au Quebec se trouve aussi celle d'Eccles (plus tard Labatt). Ces deux brasseries controlent depuis les annees 1980 presque 99% du marche de la biere au Quebec, (cf. Eure MAC 1994:5) Les produits de base de la biere quebecoise sont comparables ä ceux d'autres pays. Etant donne que la biere fut commercialisee d6s le 17eme siecle et vu les habitudes des colons fransais, la fabrication domestique est moins frequente que celle du vin, mais eile existe quand meme.

3.2 Designations de la biere au Quebec Les disignations refletent d'un cote, les differentes sortes de biere, et de l'autre les variations de la production domestique. On peut distinguer les groupes suivants: biere ä base traditionnelle (orge, houblon, malt, etc.); biore a base de fruits; biere a base deplantes potageres, biere a base d'autres plantes, biere a bases diverses; biere ä base non-precisee.

3.2.1 Biere ä base traditionnelle (orge, houblon, malt, etc.) Houblon: biere au houblon (Dulong/Bergeron 1980:412) -> biere a bebites; biere de manage, biere de Normandie; petite biere desfermiers, porter 3.2.6; Racines 3.2.5 Malt: biere au malt (Dulong/Bergeron 1980:412) Orge: biere a Vorge (Lavoie/Bergeron/Cöte 1985a:945; Anonyme 1935:7); biere d'orge grille (Mougeot 1946:131); biere au barley (orge) (Lavoie/Bergeron/Cote 1985a:945) -> biere d'Alsace 3.2.6 Ble: biere au bla, biere de bla (Lavoie/Bergeron/Cöte 1985a:945) -> biere domestique; home brew 3.2.6 Son: biere au son (Lavoie/Bergeron/Cöte 1985a:945); biere de son (Mougeot 1946:135)-> Racines 3.2.5

3.2.2 Biere ä base de fruits Baies: biere de baies de genievre ou genevrette (Mougeot 1946:137) Cormier: biere au cormier (sorbier d'Amerique) (Dulong/Bergeron 1980:412) Gadelle: biere a la gadelle (Dulong/Bergeron 1980:412)

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Beatrice Bagola

Raisins: biere aux raisins On ajoute les raisins au moüt de cereales comme on le fait pour les pommes rapees' (Dulong/Bergeron 1980:412) Pommes: biere aux pommes rapaes (Dulong/Bergeron 1980:412)

3.2.3 Biere ä base de plantes potageres Beans: biere awe beans (Lavoie/Bergeron/Cöte 1985a:945) Patates: biere ä lapatate, biere awcpatates (Lavoie/Bergeron/Cote 1985:945)

3.2.4

Biere ä base d'autres plantes Trefles: biere auxfleurs de trifles (Dulong/Bergeron 1980:412) Pissenlits: biere aux pissenlits (Dulong/Bergeron 1980:412) -> Racines 3.2.5 Rhubarbe: biere a la rhubarbe (Dulong/Bergeron 1980:412)

3.2.5 Biere ä bases diverses Arbres, Ecorce: biere avec du buis (if du Canada) (Dulong/Bergeron 1980:412); biere d'epicea (Dulong/Bergeron 1980:412); biere d'epinette (ä base d'ecorce d'epicoa, le plus souvent bouillie'. Parfois le liquide sera ensuite reduit et mis ä fermenter normalement. Cependant, la biere d'6pinette peut ne pas etre alcolisee du tout) (Dulong/Bergeron 1980:412; 414); (Anonyme 1935:8; Boisvenue 1979:294. Lavoie / Bergeron / Cot6 1985a:945); biere d'ipinette ou sapinette (bourgeons d'epinette blanche, bourgeons de sapin, bourgeons de thuya du Canada (cedre), bourgeon de pin blanc (Mougeot 1946:138); biere d'epinette noire (epicea marial) (Dulong/Bergeron 1980:412); biere du colon (epinette, 'biere des premiers colons') (Le livre du colon 1979:59); biere aux prusses ; biere deprusse (tsuga) (Dulong/Bergeron 1980:412) -> Gingembre 3.2.5 biere d'apinette: Faites boullir ä peu pres une terrine de jeunes pousses d'epinette, (6pinette jaune, noire, grosse opinette), puis versez 1'eau dans une cruche ou un petit baril, sucrez avec 11/2 livres de Sucre blanc ou de Sucre du pays ou avec une pinte de molasse ou de sirop, un peu de levain, et laissez fermenter ä la chaleur. Si vous mettez cette biere en bouteilles, attachez bien les bouchons et tenez vos bouteilles au frais. (Le livre du colon 1979:59) Gingembre: biere au gingembre (gingembre en branches ecrase) (Anonyme 1935:9); biere de gingembre (sirop de malt, gingembre moulu) (Mougeot 1946:136); biere de gingembre (gingembre moulu) (Boisvenue 1979:294; Dulong/Bergeron 1980:412); biere blanche au gingembre (gingembre en branches) (Anonyme 1935:8); biere au gingembre et ä la melasse (Boisvenue 1979:294); biere d'epinette (melasse, gingembre moulu) (Anonyme 1935:8; Boisvenue 1979:294)

Vin et biere: leurs dosignations en frangais quobecois

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biere au gingembre,: 1 gallon d'eau bouillante, 2 c. ä soupe de gingembre moulu, l c. ä soupe de creme de tarte, 2 lasses de Sucre, 1 citron tranche, l c. ä soupe de levure. Deposer le gingembre, la creme de tarte et le Sucre dans un grand recipient. verser 1'eau bouillante et bien melanger. Laisser refroidir et ajouter la levure et le citron. Laisser fermenter au moins 24 heures. Couler et mettre en bouteille. Conserver au froid et attendre quelque temps avant de servir; biere au gingembre et a la melasse (Boisvenue 1979:294) Melasse: biere a la melasse (Boisvenue 1979:294) Racines: biere de ratine (son, houblon, petites branches d'epinette, petites branches de cedre, poignee de racines de pissenlit, melasse, gingembre moulu) (Boisvenue 1979:295)

3.2.6

Biere ä base non-precisee Voici quelques exemples de bieres dont les designations ne contiennent pas de reference aux produits de base mais entre autre ä celle de la fabrication ou ä la brasserie. biere (Dulong/Bergeron 1980:411; Lavoie/Bergeron/Cöte 1985a: 945) ale ; bitter ale, brown ale ; etc. syn. biere (Dulong/Bergeron 1980:414) beer syn. biere (Dulong/Bergeron 1980:414) buck syn. biere (Dulong/Bergeron 1980:414) stout syn. biere (Dulong/Bergeron 1980:414) biere a bebiteslbibites, biere a la bebite, biere aux bebites, biere de bebites 'sorte de biere faite avec du houblon, de l'orge, du riz et de la melasse' (Lorent 1977:31; Lavoie/Bergeron/Cote 1985a:945; Dulong/Bergeron 1980:412) biere blonde (Lavoie/Bergeron/Cöte 1985:945) biere du colon -> biire d'epinette 'biere des premiers colons'. 3.2.6 biere domestique -> home-brew (Dulong/Bergeron 1980:411) 3.2.6 biere maison (Lavoie/Bergeron/Cöte 1985:945) biere de manage (sirop de malt, houblon frais de l'annee ou sirop de ma'i's; houblon) (Mougeot 1946:129-130; Boisvenue 1979:295) biere de menage : l Ib de houblon, 5 gallons d'eau, 5 Ib de Sucre, 1 once de levure, 2 onces de gelatine neutre. Faire bouillir le houblon dans 1'eau, 30 min. Couler et verser dans un tonneau bien propre. Ajouter le scure et la levure et bien brasser. Mettre ä fermenter ä decouvert dans un endroit ou la temperature est constante: 75° F (24° C). A mesure que la biere fermente, enlever l'ecume et la remplacer par de 1'eau legerement sucree. Quand la fermentation est süffisante, 1'ecume s'affaisse. Ecumer; ne plus ajouter d'eau sucree. Faire fondre la gelatine neutre dans un peu d'eau chaude et verser dans la biere en remuant bien. Laisser reposer 48 heures. Siphonner pour embouteiller. Deposer une pincee de sucre dans le fond de chaque bouteille avant d'embouteiller. Bien boucher et conserver au frais. (Boisvenue 1979:295) Ginger Pop (citron, melasse) (Anonyme 1935:9-10) home brew (ble, raisins sees, melasse) (Anonyme 1935:7; Dulong/Bergeron 1980:412)

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Beatrice Bagola

homemade-brew (Dulong/Bergeron 1980:412) petite biere desfermiers (houblon) (Mougeot 1946:136) porter (houblon, orge grillee ou moitie houblon, moitie orge) (Anonyme 1935:10; Boisvenue 1979:295) nette 'sorte de biere preparee ä la maison (cf. biere ä bebites)' (Lorent 1977:145) biere supplementaire Service soir & samedi sans frais additionnels (42) Utilisez la publicite-annuaire "Pages jaunes" comme support additionnel de votre equipe de vente (83) [Cantonne naguere en France dans quelques syntagmes figes, l'adjectif s'entend de plus en plus dans la langue du showbusiness et des m6dias, oü il demarque l'angl. additional, mais les emplois du mot dans les contextes cit€s ici n'appartiennent pas ä l'usage courant en France; cf. Rezeau 1987] * asphalte n.f. Bardeau d'asphalte (270) toiture d'asphalte (271) R paration d'asphalte Terrassement Trottoir (635) [Selon les contextes, bitume, goudron ou macadam sont plus usuels en France; cf. Rezeau 1987 s.v. asphalte~\ * bouffe n.f. -» nourriture Magniflque terrasse Bouffe (774) [R6put6 "fam." des deux cotes de l'Atlantique, le mot semble banalise au Qu£bec,8 alors qu'il est assez marque en France et ne s'emploierait pas dans ce contexte oü il serait per$u comme depre"ciatif] * bris n.m. Remplacement de pare-brise (toutes marques) Raparation de bris de vitres (935) [Cf. Rezeau 1987] * broquette n.f. ->· semence Clous & broquettes (245) [En France, seul semence est d'emploi assez courant, encore est-il concurrenco par clou de tapissier] * caoutchouc n.m. Caoutchouc-Chaussures & vetements (199) [Le mot est vieilli en France aussi bien au sens d'"impermeable" que, au pluriel, de "chaussures" (NPR) ou, plus exactement, de "couvre-chaussures" (DQA), cette derniere realite etant tres peu utilisee] 4 carpette n.f. Tapis* & carpettes (861) Location de carpettes d'entree (861) [Var. carpet de laine (862)] [Semble etre vieilli en France oü prefere tapis] * chandail n.m. Impression de chandails S6rigraphie T-shirts et cotons* ouates (211) Chandails tricotus (509) Impression de vos photos personnelles sur chandails en 5 min. (667) [Le mot semble peu ä peu sortir de l'usage en France; il n'est pas sür d'ailleurs qu'il y ait etc egalement

D'ou, peut-etre, la moprise d'un "compte-renduteur" franfais dans la Revue de linguistique romane 56 (1992), p. 574, trouvant "choquante" I'utilisation d'une "expression populaire" (la bonne bouffe) dans une dofinition de G. Di Stefane, Dictionnaire des Locutions en Moyen Frangais, 1991. II reste cependani que, meme au Qudbec, l'expression est doplacee dans la motalangue lexicographique (cette derniere laissant d'ailleurs parfois ä dosirer, dans cet ouvrage qui ne manque pas par ailleurs de qualites).

L'annuaire toldphonique de Quebec: un surprenant gisement lexical

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repandu et le sens que lui donnent les locuteurs est un peu flottant. Bien vivant au Quebec, il y correspond des realites diverses] * chef n.m. chef de file -> leader Chef de file depuis 35 ans en assurance (67) Chef de file en telacopieurs (874) [Si chef de file est en usage en France, notamment dans le langage de la politique, il ne semble pas qu'on 1'y entendrait dans les contextes cites] * courtier n.m. courtier d'assurances -> assureur, agent d'assurances (mais au Quebec il peut etre intermediate aupres de plusieurs compagnies) Courtiers d'assurances ganerales (69) Courtier en actions & obligations, en aliments, en devises, en douanes, en entreprises, en fruits & legumes, en grains, en immeubles, en marchandises, en poissons, en rentes, en transport, en valeurs mobilieres (267-268) courtier en automobiles (89) courtier en banquets (903) courtier en placements (411) [C'est ici surtout la frequence du mot et s presence dans des syntagmes tres varies qui attire Γ attention par rapport la France, oil 1'extension d'emploi semble nettement plus restreint, le mot etant souvent remplace, selon les cas, par -> agent, commissionnaire ou representant] * creme n.f. creme glacee -> glace Gamme complete de machines a cr£me glacee et barbotine* (279) [La seule indication de metalangue de NPR est "ANGLIC.": mais il convient d'ajouter que la lexie est plut t rare en France dans 1'usage courant, au benefice de glace; cf. Rezeau 1987] foyer n.m. -> cheminee Faisons un feu de foyer (204) [Si dans certains contextes, foyer et chemin.ee sont parfois commutables en France, ce n'est pas le cas ici dans 1'usage courant; cf. aussi Rezeau 1987] » funerailles n.f.pl. -> obseques, enterrement Manages Baptemes Funerailles Graduations* (515) [En France, le mot a une connotation ceremonieuse et officielle] » fut n.m. -> bidon Huile a moteur en fat et en vrac (525) [Les seuls liquides envisagos par les trois dictionnaires sont le vin, la biere ou l'eau-de-vie; mais, en France, dans la langue courante, 1'huile se met en bidon, jamais en f t] * gens n.m.pl. -> personnes Organismes pour les gens de l'age* d'or (Pages vertes, 6) Les gens d'action font marcher leurs doigis (1) Les gens avisas et preis a acheter consultent I'annuaire "Pages Jaunes" (152) Nudistes Gens liberes (199) [Cf. R6zeau 1987] * gomme n.f. gomme (a mdcher) -> chewing gum Arachides* & gommes (332) [Gomme (a m cher) n'est pas d'usage courant en France, ce qu'indique trop indirectement NPR en le definissant par "chewing gum" et Γ article chewing gum avec cette indication "ANGLIC. COUR."] * joindre v.tr. -» atteindre Une annonce dans cet annuaire est efficace 24 heures par jour, Ι'αηηέε durant. Elle joint les gens* preis a acheter (749) [Semble inusite en France dans ce contexte et est peut-etre utilise ici par hypercorrection; cf. rejoindre Rizeau 1987] * jonc n.m. Bagues de fianqallies Jones de manage (159) [Le mot n'est pas d'usage courant en France; on dit habituellement selon les cas alliance ou bague] » ma'is n.m. mais souffle (537) -> pop corn. *Metropolitain pop corn Inc (537) [Mentionne sans marque dans NPR, ce syntagme n'est guere usuel en France, en partie en raison d'une consommation nettement moindre du produit; cf. Rozeau 1987. Pour le synon. ma'is έοΐαΐέ, voir infra 3.2.] » manufacturier n.m. -> fabricant Manufacturier de domarreurs-alternateurs (117) Manufacturier depones etfenltres de tous genres* (403) [Malgre" l'absence de marque dans NPR, le mot n'appartient pas 1'usage courant en France; cf. Rezeau 1987] * mets n.m. ->· cuisine Restaurant [..] Mets chinois Mets canadiens Mets Italiens (173) Mets fails maison (907) Table* d'hote Mets populaires (774) ->· plat Mets a emp rter (633). Synon. plats a emp rter (773) [Dans les deux cas, seul 1'equivalent est en usage en France dans ces contextes] *

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Pierre Rezeau

microphone n.m. -> micro [..] la sonorisation n'estpas une simple affaire de microphones [..] (840) [Dans les trois dictionnaires, micro et microphone sont presentes sans marque, mais microphone n'appartient pas en France la langue ecrite courante; cf. Rezeau 1987] * Operateur n.m. Faites vos travaux de terrassement et d'excavation vous-meme [en louant un engin] avec ou sans Operateur (524) [N'est pas habituel en France dans ce contexte o Γόη dirait peut-etre conducteur] * ouvrage n.m. -> travail Ouvrage garanti (398) [Ne semble pas usite en France dans ce contexte; cf. Rezeau 1987] placement n.m. Placement permanent, temporaire (8) agence de placement -> agence de recrutement (8) Placement de personnel de saisie, de secretariat et de Traitement de Textes (8) [Comme le suggere NPR, cet emploi a vieilli en France; c'est recrutement qui est aujourd'hui en usage dans ces contextes] * province n.f. la province ->· le Quebec Service* a trovers la province (524) Transport et installation de maisons* mobiles et prefabriq^es dans toute la province (911) [On aurait pu attendre cette precision du DQA (qui indique, par exemple, le fleuve -> le Saint-Laurent). Les dictionnaires s'en approchent seulement, en mentionnant "La province de Qtbec (aussi appelee la Belle Province)" (DFP et DQA) et "La Belle Province: le Quebec" (NPR)] * provincial adj. Service* provincial (760) [Cf. le precedent] * quille n.f. -> bowling 6 allees* petites quilles (735) 24 allies* de grosses quilles (735) Salle de quilles ultramoderne Ordinateur qui pointe vos parties (735) *Salon de quilles (735) [Le mot d'origine anglo-americaine est le seul en usage en France; seul DFP fait un lien (mais sens unique) entre les deux mots par une entree "bowling [..]. V. quille"] * reclame n.f. -> publicite A la recherche de nouveaux clients? Faites de la reclame la ου Us cherchent (84) [C'est 1'equivalent qui est aujourd'hui usuel en France; cf. Rezeau 1987] » rembourrage n.m. -» capitonnage Rembourrage de tous genres* 5ρέααΙϊίέ5 meubles de style antiques* & modernes (759) [Comme on peut 1'entrevoir par le mot rembourreur (atteste au Quebec, voir infra 3.2., et dont 1'existence en France est incertaine), rembourrage a peut-etre aussi pour equivalent partiel en France tapisserie] * residentiel adj. et n.m. "(propre Inhabitation privee (de luxe)" Spocialiste en renovation construction Rέsidentiel Industriel Commercial (258) Residentiel de prestige (45) [La trilogie rasidentiel, industriel, commercial, frequente au Quebec et que seul indique DQA, n'apas son equivalent en France] * restauration n.f. ->· reparation Inspection & restauration de bornes d'incendie Analyse de reseaux d'aqueducs* (42) Restauration d'armes (46) [L'usage est plus restreint en France ou le mot s'emploie habituellement en parlant de choses ayant une certaine valeur artistique ou historique] * sablage n.m. -> decapage, poncage Equipements pneumatiques et de sablage Nettoyage au jet de sable (522) Sablage au jet, au tonneau Sablage de planchers (805) [L'ambigui't6 vient du fait que cette operation ne correspond pas la meme rdalite; seul le sens correspondant au second sens de sableuse (voir infra) est en usage en France] * sabler v.tr. -> poncer Planchers non sables (683) [Le mot designe deux re"alit6s distinctes; seul le sens correspondant au second sens de sableuse (voir infra) est en usage en France] * sableuse n.f. -> ponceuse Cloueuses et sableuses (518) [II s'agit au Quebec d'une ponceuse ou d'une machine qui decape l'aide d'un jet de sable: seul ce dernier sens est Γβςυ en France] * suede n.m. -> daim Vetement de tous genres* Cuir & suede (269) [Var. s^de & cuir Voir Cuir & s^de (857)] [C'est le syntagme cuir et daim qui est en usage en France; cf. Rezeau 1987] * telephoniste n. -> standardiste Telephoniste 24

L'annuaire tildphonique de Quebec: un surprenant gisement lexical

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heures par jour (129) [Telephoniste (et operairice) semblent nettement moins utilises en France en ce sens, en raison notamment d'une organisation differente des telecommunications] * terme n.m. court terms -> courte duree [Location] Automobiles & fourgonnettes Court terme (98) long terme -> longue duree Longs termes Automobiles Camions (98) [Seuls les equivalents sont usuels en France dans ces contextes].

2.

Faits presents dans DFP et DQA et absents de NPR (ou presents dans ce dernier avec la mention "Canada" ou, plus rarement, "Quebec"; les mots dans ce cas ont etc ici soulignes)

Les quelques faits qui suivent pourraient donner ici ou la des idees aux lexicographes de France lorsqu'ils souhaitent ponctuer leurs nomenclatures de faits quebecois: ä peu de frais, ils pourraient engranger par exemple age d'or (d'autant mieux que la lexie a plus ou moins cours en France: Club de age d'or, panneau releve le 15 avril 1994 ä Montceau-les-Mines, Saöneet-Loire; ä Strasbourg, il existe un Bureau regional des loisirs et du tourisme de l'Age d'or, etc.), arachide, cretons, gens d'affaires, sous-marin, table d'hote, qui sont sans doute aussi representatifs du parier de tous les jours que chiropratique ou pruche enregistres par NPR. (En general, on n'a pas juge utile de donner, lorsqu'ils existent, les equivalents en France, dans la mesure ou ceux-ci figurent dans les dictionnaires de reference.) age d'or n.m. ->· troisieme age (946) [Cf. Rezeau 1987] * aide n.f. aide juridique (130) * alignement -> parallelisme Alignement & balancement* Redressement de chassis (87) » arachide n.f. (26, 229) ->· cacah(o)uete * arena n. (46) * arriere (en - de), loc.prep. (52) ->· derriere * autobus n.m. autobus scolaire (83) » bagel n.m. (169) » bain n.m. ->· baignoire (140) bain tourbillon (pi. bains lourbillons) (141) -» Jacuzzi * B.B.Q. n.m. poulet B.B.Q. (679) [Cf. Rezeau 1987] * beigne n.m./f. (150) * bingo n.m. (63) * bois n.m. bois franc (47, 518) » boyau n.m. -> tuyau Atelier d'usinage Soudure getärale Boyaux hydrauliques (80) Boyaux & tuyaux en caoutchouc & en plastique (172) Boyaux & tuyaux metalliques et souples (172) [Cf. Rezeau 1987] * breuvage n.m. (173) [Cf. Rezeau 1987] « cabane n.f. cabane ä sucre (183) [Cf. Rezeau 1987] * casse-croute n.m. (199) [Cf. Rezeau 1987] * centre n.m. centre d'achats (173) [Cf. Rezeau 1987] * chassis n.m. Chassis Voir Bois oeuvre-Produits (213) Chassis metalliques voir Fenetres de metal (212) Portes & chassis Fabrication de Portes & fenetres sur mesures Pose de chassis P.V.C. (404) * chaufferette n.f. Radiateurs Chaufferettes Reservoirs a essence (574) * chene n.m. chene bland rouge (165) * chiropraticien n.m. -> chiropracteur Chiropraticien selectionna par le Comite olympique de Calgary '88 (225) * chiropratique n.f. ->· chiropraxie Chiropratique generate industrielle et sportive (223) adj. *Centre chiropratique (223) cretons n.m.pl. (212) [Cf. Rezeau 1987] * croustilles n.f.pl. ->· chips *Yum yum Croustilles (279) Pommes de terres table Croustilles (435) * depanneur n.m. Depanneur Casse-croüte* Buanderie* (199) [Cf. Rezeau 1987] » diner n.m. -> dejeuner Diner pour gens* d'affaires Aussi ouvert tous les soirs (788). Synon. dejeuner (790) [Cf. Rezeau 1987] * epinette n.f. Produits forestiers en gros Specialite: pin &

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Pierre Rozeau

apinette (165) Bois d'epinette (547) * eoluchette n.f. De mars a octobre Epluchettes Parties de sucre* (183) feve n.f. Feves au lard a I'ancienne (169) * fournaise n.f. ->· chaudiere Huile* a chauffage (fournaise etäpoele*) (548) Fournaises Brüleurs a huile* (549) [Cf. Rezeau 1987] 4 francais adj. ->· ä la maniere fran9aise pain fran$ais Painfranqais veritable (169) ["vieilli" pour DQA] * füt n.m. biere en fut -> biere (ä la) pression Vaste choix de bieres en füt et en bouteilles (779) * gens n.m.pl. gens d'affaires -+ hommes/femmes d'affaires Pour les gens d'affaires, le personnel qualifio que vous recherchez (8) Gens d'affaires, U est bon de figurer dans I'annuaire "Pages Jaunes" (222) 4 Halloween n.m. Costumes Halloween Theatre Spectacle Perruques (264) 4 lave-auto n.m. *Lave-auto St-Louis (92) *Lave-auto a la main Bd Laurier 4 magasiner v.intr. (601, 741) * mille n.m. (573) * muffin (21) 4 nettoyeur n.m. ->· pressing Nettoyeur & cordonnerie Nous taillons* vos clefs sur place (262) [Cf. Rezeau 1987] pont n.m. -> bridge Dentisterie operatoire (...) Couronnes et ponts (304) * pourvoirie (719) [Cf. Rezeau 1987] 4 pourvoyeur n.m. (718) [Cf. Rezeau 1987] 4 prelart n.m. Tapis* Tuile* Prelart (866) [Cf. Rezeau 1987] 4 professeure n.f. Traitement contre la cellulite Consultation diatatique Professeures diplomaes (256) [Cf. Rezeau 1987] 4 pruche n.f. (57) 4 ratine n.f. Nappes, serviettes de table Produits sanitaires Serviettes de ratine (516) 4 regie de Passurance-maladie n.f. [..] le formulaire "Demande de remboursement" que vous pouvez vous procurer a la Ragie de l'assurance-maladie (Pages vertes, 15) 4 roulotte n.f. Reparation de roulottes (199) Location de roulottes motorisees (917) [Cf. Rezeau 1987] 4 semaine m.f. fin de semaine (95) ->· week-end 4 slush n.f. -> barbotine Distributrices* a cigarettes, a "slush" (332) [Cf. Rezeau 1987] 4 smoked meat n.m. Pour les 5 a 7 Smoked meat Biares importees Jeia de dards* (774) 4 soccer n.m. Filets de soccer (847) 4 solage n.m. Isolation des solages et sous-sols (505) [Cf. Rezeau 1987] 4 sous-marin n.m. Sous-marins Muffins* etc. (21) Pizza Pates Sous-marins Mets* canadiens Poulet (679) [Cf. Rezeau 1987] 4 stationnement n.m. -> parking Appartements de prestige [..] avec stationnement interieur (41) Vaste stationnement (145) [Cf. Rezeau 1987] 4 sucre n.m. partie de sucre Parties de sucre a I'annee* (183) 4 tabagie n.f. (41) [Cf. Rezeau 1987] 4 table n.f. table d'hote -> menu ä prix fixe Table d'hote le soir (172) [Cf. Rezeau 1987] 4 traversier n.m. (914) -> ferry 4 vadrouilie n.f. Vadrouilles et balais (176). Cf. moppe* 4 yogourt n.m. (941) [Yaourt est qualifie de "rare" par opposition ä yogourt par DFP; "La forme yaourt est plus frequente en France" (DQA)]

3.

Faits presents dans un seul dictionnaire quebecois

On n'a donne Equivalent usuel en France que dans les cas ou il ne ressortait pas nettement du dictionnaire de reference (sous allee, bane, etc.) ou dans le cas de polysemie (sous buanderie, calotte, etc.).

L'annuaire t£16phonique de Quobec: un surprenant gisement lexical

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3.1.DFP: ecaille n.f. ->· ecaillure Lavabos Reparations d^cailles (140) * gemmologiste n.m. (459) * gens n.m.pl. gens d'ici -> Quebecois Fournilures de mobilier de bureau... par des gens d'ici (179) Pour des gens d'ici par des gens d'ici (518). 3.2. DQA: accommodation n.f. *Accommodation J C Gauthier (92) *Accomodation [sic] Garneau (159) [Accommodation est "cache" sous depanneur, avec cet avertissement en forme de mise en garde: ne s'emploie pas au sens de "depanneur"; le mot semble en effet aujourd'hui remplace par depanneur*; cf. Rezeau 1987] * accordement voir infra 6. sous accordage 4 allee -> piste 7 allees de quilles* (735) * annee n.f. a I'annee longue Le vrai 2* pour I a I'annee longue (602). Synon. toute I'annee (605) a longueur d'annee (524), I'annee durant (749) * annoncer v. intr. -> passer une annonce, faire de la publicite Annoncez dans I'annuaire "Pages Jaunes" (151) 4 aqueduc n.m. Egouts & aqueducs (56) Tuyaux d'aqueduc (506) [Cf. Rezeau 1987] * arborite n.f. Malamine, bois, arborite (568) 4 balle n.f. balle motte Badminton Tennis Balle molle (846) * bane n.m. -> tabouret Plus de 25000 chaises neuves et plus de 2000 banes de bar neufs (799) * bar n.m. bar laitier (sous laitier) [Cf. Rezeau 1987] * barbotine n.f. [Le mot est "cache" sous sloche] Equipement de bar* laitier neufet remis a neuf Creme* glacee molle Barbotine (279) * bas n.m. bas-culotte 4 bicycle n.m. *Centre du bicycle (157). Synon. velo (157) bicyclette (846) * boite n.f. *boite a chanson (166) ["vieilli"] boite de lit boite de lit [d'eau] en melamine (517) * briqueteur n.m. Briqueteur Μαςοη Reparations generales (534). Synon. briquetier (535) * buanderie n.f. ["fam."] -> laverie (automatique) Buanderie libre-service Nettoyage a sec Ouvert 7 jours* (176) [DFP "lieu ou Γόη fait la lessive"] Synon. *lavoir (177), *lavotMque (176) * burn out n.m. Angoisse Anorexie Peurs Burn-out (725) * calotte n.f. ->· casquette (174) 4 campeur n.m. -»· camping-car (918) 4 carte n.f. carte d'affaires -> carte de visite (665) carte de sport (247) 4 chaine n.f. Chaines et trottoirs Paves en interbloc* Murs de soutenement (641) Tuiles* de parterre Chaines de trottoir (646) 4 chaise n.f. chaise roulante -> fauteuil roulant Chaises roulantes Bequilles Cannes Marchettes* (40). Synon. fauteuil roulant (40) 4 chandelle n.f. -* bougie Cartes de souhaits /voir carte infra 6.] et de Noel Papiers d'emballage & chandelles (203) ->· cierge Chandelles liturgiques (212) [seul le premier emploi figure dans DQA] 4 club n.m. club social Congas Gala Bal Soirle club social (612) 4 comptoir n.f. comptoir (de cuisine) ->· plan de travail Dessus de comptoir en corian (47) Ranovation d'armoires* de cuisine [..] Dessus de comptoir (51)4 coquetel n.m. Praparations pour coquetels Barbotine* (279) [En France, la graphic francisee la plus frequente semble coquetale] 4,colon n.m. colon ouate -> sweat-shirt T-shirts Colon ouale Casquettes (211) 4 coutellerie n.f. Tables Chaises Vaisselle Verrerie Coutellerie (522) [Cf. Rezeau 1987] 4 cuirette n.f. Rembourrage* de tous genres* Tissus & cuirette Matelas de caoutchouc mousse (757) 4 dactylo n.f. ["fam."] -> machine ecrire (527) [Cf. Rezeau 1987] 4 dard n.m. -> flechette Jeux de dards electroniques (27) 4 debosselage n.m. ->· carrosserie Vente et achat de voitures d'occasion Debosselage & peinture (89) [Cf. Rezeau 1987] 4 debris n.m.pl. -> gravats Evacuation des debris (en option) (152) [Mai explicite cependant dans DQA] 4 deductible n.m. Garantie 80,000 kilometres d'un pare-choc a I'autre sans deductible (101) 4 denturologiste n. -> prothesiste Bedard et Pelletier Denturologistes Jour* & soir Fabrication & reparation de protheses dentaires (318) 4 depot n.m. ->· acompte Aucun depot Aucun

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Kene Rizeau

Probleme de cradit (569) * distributrice n.f. ->· distributeur Machines* a boules Poker Distributrices a bonbons (27) Distributrices de cigarettes et d'arachides* (27). Synon. distributeur (27) * douillette n.f. Fabricant: douillettes couvre-lits rideaux cantonnnieres (270) Duvet Mousses Douillettes Couvre-lits (285) [Cf. R6zeau 1987] * encan n.m. *Encans d'animaux [..] Vente de bestiaux a l'ench re (28) [Cf. Rezeau 1987] * encanteur n.m. Encanteur-evaluateur de machineries lourdes (365) Service d'encanteur s pour tous types de commerces & d'industries (366) * epuisement n.m. epuisement professionnel Insomnie Epuisement professionnel (726) Depression, epuisement professionnel (727) [Seulement donne en exemple sous έpuisement et utilise dans la definition de burn-out] * estimation n.f. -> devis Estimation gratuite sur demande (1). Synon. devis (893). fardier n.m. Transports par fardiers (760) * filiere n.f. ["Emploi critique"] ->· classeur Filieres Etag res Bibliotheques vitrees (181) [Cf. Rezeau 1987] * finissant n.m. Bagues de finissants & apinglettes* (161) [Cf. Rezeau 1987] * fleuve n.m. le fleuve -> le Saint-Laurent Appartements de prestige [..] avec vue unique sur le fleuve (41) [Cf. Rezeau 1987] * frais n.m. (a) frais vires Appelez a frais vires (24) Frais vires acceptes (539) * graduation n.f. Solle de reception [..} Soirees sportives Graduations Conferences (145) Manage Portrait Familie Graduation (666) * gradue adj. Gemmologues gradues (160) Diamantaire gradue (160). Synon. Diamantaires diplomes (160) [Cf. Rezeau 1987] » grandeur n.f. ά la grandeur de + nom de pays -» partout en, dans tout le/toute la Grand regroupement de pharmaciens a la grandeur du Quebec (660) * gratteux n.m. Consultants en autofinancement depuis 1969 Gratteux brevetes Chocolat Nousfina^ons votre campagne 30 jours pour nous payer (229) » gypse n.m. Tuiles* acoustiques Cloisons sέches & amovibles Planches gypse (3) * huile n.f. huile (a chauffage) Produits petroliers Huile a chauffage Essence & Diesel (548) Huile a fournaise* Huile a poele* Huile a moteur Huile a chauffage (549) Huile a chauffage Huile a poele* (549). Synon. mazout (548-9) [Cf. Rezeau 1987] * identifier (s') v.pron. ["Emploi critique"] Identifiez-vous correctement (84) [Cf. Rezeau 1987] « infertilite n.f. -> sterilite Gynacologie Obstatrique Infertilite (553) * interbloc n.m. Briques Blocs de remblai Interblocs Bordures Blocs de beton (634) Paves de baton et en interbloc (641) Variante inter-bloc (645) * intercom n.m. Feu* Vol Vandalisme Cameras Systeme de surveillance a distance Exiincteurs vente & rechfarge] Eclairage d'urgence Intercomm [sic] (16) [Cf. Rezeau 1987] * joindre v.tr. Joignez nos rangs (86) * lettrage n.m. Affiches serigraphiees Quadrichromie Letlrage οοΐΐέ ou a la main (7) Lettrage de camions Enseignes de tous genres* Lettrage de vinyle autocollant (368) Lettrage de monuments [funeraires] (572) [Cf. Rezeau 1987] 4 louage n.m. louage de services -> control de travail Agences de placement-Louage de services (10) * ma'is n.m. ->· pop corn mai's eclate Equipement pour mats iclate (536). Synon. *M4tropolitain pop corn Inc. (537), mats souffle (voir supra 1.) * maison n.f. maison de chambres (536) maison mobile (537) [Cf. Rezeau 1987] maison unifamiliale (538) * marchette n.f. ->· deambulateur Chaises* roulantes Bequilles Cannes Marchettes (40) » massotherapeute n. L' Association des massotherapeutes du Quebec (541) * medium adj. -» moyen 1 petite frite [..] 1 frite mέdium (679) [Cf. Rezeau 1987] * mise, n.f. mise de cote n.f. -> reservation U n tres grand choix. de lits & matelas d'eau, de mobilier de chambre a coucher [..] Mise de cote sans frais Financement disponible* (543) * montre n.f. satte de monlre (25) -* Synon. salle d'expo-

L'annuaire telephonique de Quobec: un surprenant gisement lexical

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sition (24) [Cf. Rezeau 1987] * moppe n.f.9 Location de carpeltes* Location de vadrouilles* Location de moppes (861). Cf. vadrouille* * moulee n.f. Animalerie du Jardin [..] Tonte Pension Moulae (28) * mukluk n.m. Mocassins Mukluk pour & hiver (53) Mocassins & Mukluk Apres-ski (219) * mur ä mur loc. adj. tapis mur a mur Tapis* mur a mur Carpettes* (863) [Cf. Rezeau 1987] pagette n.f. (627) * papier n.m. papier sable [..] papiers sables et lames d diamants (1) « passe n.f. -> passe (n.m.)10 Tarifs competitifs [..] Billeterie aerienne Passes de Train/mondial* (14) 4 place n.f. place d'affaires -> centre d'affaires Pour bureaux et places d'affaires (187) * poele n.m. ["fam."] -» cuisiniere Cuisinieres. Voir Appareils electromenagers {...] Aussi Poeles & Cuisinieres (281) * p re-arrangement n.m. Pre-arrangements Mausolee Cimetiere Columbarium Crematorium (230). Synon. arrangement prealable (820) * pressage n.m. Nettoyage et pressage Reparation de vetements Buanderie* & cordonnerie Entreposage* de fourrures (593) * radio n.m. ["fam."] radio d'auto (429) * regulier adj. Manufacturier* de futons ^guliers et sur mesure (542) Arachides* roties* ä sec et regulieres (596) [Cf. Rezeau 1987] * rembourreur n.m. ->· tapissier Rembourreur [..] Reparation de meubles en tous genres* (758) 4 rotoculteur n.m. Am nagemen paysager [..] Service* de rotoculteur (640) · rouli-roulant n.m. (804) * spa n.m. Bains, douches, spas, saunas (691) * special n.m. ->· menu ou plat du jour/du mois Pizza Pätes Sous-marins* Spuciaux du mois (679) -> promotion Appelez-nous pour connaitre nos speciaux saisonniers* (386) * tente-roulotte n.f. Motorizes* [..] Roulottes* [..] Tentes-rouloltes (917) Rouhttes*, campeurs* & tentes-roulottes (918) [Cf. Rezeau 1987] * tire n.f. tire Sainte-Catherine Chocolat de Päques Bonbons assortis Tire Ste Catherine Cornets a la guimauve (229) * trappage n.m. Peche Chasse Trappage (845) * tuile n.f. Tuiles de parterre Chatnes* de trottoir Interbloc* (202) Tapis* Linoleum Tuiles (210) Le vrai spocialiste du linolaum et de la tuile (868) tuile acoustique Nettoyage des tuiles acoustiques (594) [Cf. Rezeau 1987] * usage adj. 1. -> d'occasion Vente d'appareils remis a neuf Places neuves et usagees (35) Vente & achat de voitures usagees (90) Livres neufs et usages (513). Synon. d'occasion (89) Livres d'occasion (513) [Cf. Rezeau 1987] EMPL. SUBST. -> occasion Service* d'aulos & pieces dans le neuf ou usage (101). 2. -* ancien Maisons neuves [..] Maisons usagees (268) * valet n.m. Chiens Chats Accessoires & Nourriture Pension avec service* de valet (28) Stationnement* gratuit Service* de valet (773) Valet de stationnement* (784) * vanite n.f. Baignoires Toilettes Meubles de salles de bains [..] Vanites en melamine (691) [Cf. R£zeau 1987] * vanne n.f. Finition iniörieure Vanne de loisirs Conversion de camion (917) * voiture n.f. voiture de courtoisie "voiture gracieusement pretee ä un client par un garage" Voitures de courtoisie disponibles (121). Synon. voiture de rempla9

10

Ce mot est d'introduction recente, et encore limitee, en France. Sous la forme mop m. (sans doute marque ddposee; ä noter pour le meme ustensile la denomination torsado, vue ä la Foire europeenne de Strasbourg en septembre 1994, sans doute une marque concurrente), une publicito d'aout 1994 prosente un type de balaiserpilli6re comme "la serpillifere de l'an 2000". Pour certains Quobecois, la moppe est de ce type, tandis que la vadrouille est seche, et equivaudrait alors ä l'O'Cedar (nom de marque) de France. Absent des dictionnaires frangais, le mot est cependant couramment utilise en France (cf. [...] une invitation et un "pass" autocollant, sesame indispensable pour beneßcier des 15 % de reduction sur tous les articles [...] dans Le Monde 13 avril 1993, p. 18, col. 4; pendant I'eto 1994,1'Office du tourisme de Strasbourg offrait aux touristes un Strasbourg Pass, qui donne acces ä prix reduit ä diverses manifestations.

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Pierre Rdzeau

cement (121) de service* (121) [Cf. Rezeau 1987; la lexie commence ä etre attestee en France (lu sur une voiture ä Strasbourg en mai 1994)] * voüte n.f. cueillette* & livralson [de fourrures] Voüte rifngirie (370) Entreposages* de meubles dans des voütes individuelles (371) Cueillette* & livraison [de fourrures] pour entreposage* sur place dans nos voütes refrigerees (427).

4.

Faits presents dans DFP et NPR

competiteur n.m. ->· concurrent Location d'autos et de camions Taux* plus bas que nos comp titeurs [..] Taux pour fins de semaine* et a la semaine (95) [Malgre NPR qui, seul, precise I'emploi dans le domaine economique, le mot n'est pas d'usage courant en France dans ce contexte] * garde-corps n.m. -> garde-fou Per* ornemental [...] Clötures Escaliers Gardecorps (407). Synon. garde-fou (407) * oculariste n. "fabricant de protheses oculaires" (600).

5.

Faits presents dans DQA et NPR (quand ce dernier mentionne "Canada" ou "Quebec", le mot a ete souligne)

epinglette n.f. ->· pin's Fabfricant] d'epinglettes & boutons* de revers (382) * evaluateur n.m. Evaluateurs agrees (390), d'entreprise, d'immeubles (391) [Cf. Rezeau 1987] millage n.m. Voitures de l'annee ä bas millage (90) [Cf. Rezeau 1987] * modele n.m. maison modele -> maison t6moin Maisons modeles ä visiter (268) [appartement modele dans NPR] » place n.f. -> endroit Dtnez-vous au restaurant? Si vous cherchez la place qui convient a votre gout ou ä votre appetit, consultez I'annuaire "Pages Jaunes" (12) La meilleure place en musique (611) [Cf. Rezeau 1987] » votation n.f. -> voteBoite* a scrutin (votation et tirage) (166) [NPR le donne comme un regionalisme de Suisse].

6.

Faits absents des trois dictionnaires ou que ces dictionnaires ne permettent pas de decoder

Les faits releves sous cette rubrique n'appartiennent sans doute pas tous au quebecois de tous les jours et certains de ces emplois reputes non usuels en France ne sont pas davantage usites au Quebec. Mais la difficulte est grande, pour un etranger au pays, d'apprecier ce qui releve de 1'usage plus ou moins courant et ce qui est ä mettre au compte, comme on 1'a dit dans 1'introduction, d'une langue parfois mal maitrisee, artificielle, assez souvent influencee par anglais. Les lexicographes du Quebec n'auront pas trap de peine ä faire le tri de ce qui leur parait pertinent et ils auront du moins un echo qui leur indique que ces faits apparaissent souvent insolites ä un locuteur de France. (La encore, dans les contextes suffisamment clairs, on n'a pas donne de definitions.) La typologie que

peut dresser pourrait etre la suivante:

L'annuaire tdlophonique de Qudbec: un surprenant gisement lexical

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- faits quebecois d'un usage plus ou moins repandu: ancestral, antique, bain sauna, balancement, bar/comptoir a salades, bloc, carton ondule, fusil, etc. (sans oublier la forte productivite du suffixe -age: accordage, adressage, boudinage, entreposage, mouillage, plastifiage, etc.), - variantes ou mots assez peu representes au Quebec: acupuncteure vs acupunctrice (sous l'influence de feminins en -eure, du type auteure, professeure, etc.), arrosoir de rue, balai de rue, has tube, botte a scrutin (vs beute de scrutin), cinquiime roue (caique de Γ anglais fifth wheel), distinctif, exocutif, remisage a neuf, etc.; et si laminage est d'usage bien etabli, qu'en est-il de ses trois synonymes plastifiage, plastification et... plastiquage ? - faits qui appartiennent aussi au frangais de France: barre de panique (quoiqu'on utilise peutetre plutot barre anti-panique en France), ferme-porte,foin de mer (d'apres Frere MarieVictorin, Flore laurentienne, Montreal, 2e ed., 1964, p. 640), - faits qui semblent plus ou moins "inoui's" au Quebec et en France: bouton de revers, voiture d'experience ou mature... accordage n.m. Accordage & reparation de pianos (1) [mais accord (673) DFP, DQA, NPR et accordement (674) DFQ] * acquis, adj. Traitement [..] pour cicatrices, marques, laches acquises (386) [Get emploi, qui s'oppose ici de naissance, n'est pas usuel en France] * acupuncteure n.f. Yolande Lacourt acupuncteure (4) Acupuncteure certifiee, agreee (4) [mais acupunctrice (5) DFP, DQA, NPR] » adjacent adj. -> attenant Chiens Chats Oiseaux Poissons Moulee* [..] Service* de voterinaire adjacent (29) [Emploi non usuel en France dans ce contexte] * admissible adj. Essais gratuits pour les acheteurs admissibles (526) [Emploi non usuel en France dans ce contexte] * adressage n.m. Adressage d'enveloppes & de lettres (7) Adressage et mise sous enveloppes mέcanisees Triage et expedition postale (7) * affaire n.f. en affaires En affaires depuis plus de 100 ans (142) [mais carte*, gens*, heures*. maison*, place* d'affaires] » ancestral adj. -»· traditionnel, d'autrefois [Dans des annonces de restaurants] L'atmosphere chaleureuse d'une maison ancestrale Foyer* Terrasse (775). Terrasses Ambiance ancestrale (780) [Cf. Rezeau 1987] * animal n.m. animal de maison ->· animal de compagnie Aliments & accessoires pour animaux* de maison et de ferme (22) * annee n.f. par annee -> par an 365 jours par annee (9) Synon. par an (949) [Cf. Rezeau 1987] - antiballes adj. -» l'epreuve des balles Vitres antiballes (935) [Mais gilet pare-balles des deux c tes de l'Atlantique] * antique adj. -» ancien Vente d'abat-jour et de lampes (bases antiques) (1) Restauration de bijoux antiques (160) Meubles antiques et modernes (340) Mobilier usage* & antique (570) [Cf. Rezeau 1987] * approbation n.f. approbation des assureurs -* agree par les assurances Gamme complete de systemes [de surveillance] souples, adaptes a chaque entreprise et residence [..] Approbation des assureurs (16) [Syngtame inusite en France] * approuve adj. -> agree Cours αρρΓΟΜέζ de pilotage (128) Bains* tourbillons (acrylique) approuves (141) Βέίοη approuve (154) [Inusite en France] * armoire n.f. armoire de cuisine -> placard, elements Conception et fabrication d' armoires de cuisine (50) [Non usuel en France ou 1'armoire est un meuble independant] * arrosoir n.m. arrosoir de rue *· arroseuse Balais mecaniques Arrosoir de rue & stationnement Municipal Commercial Industrie! (142) * aspirateur n.m. aspirateur central Aspirateurs centraux & domestiques (58) Aspirateurs centraux & conventionnels* (62) [Non usuel en France (oil ce precede est

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Pierre R^zeau

rare); voir Rezeau 1987 s.v. balayeuse] * attention n.f. -> conditions, tarifs Location d'autobus [..] Croupes de tous genres* Attention speciale awe personnes de l'age* d'or (83) [Non usuel en France dans ce contexte] * autorise adj. -> agree Depositaire autorise (58) Concessionnaire autorise (115) Distributee autorise (141) Vendeur autorise (148) Centres de service autorisas (575) Marchands autorisas (576) [Inusite en France] bain n.m. bain sauna -> sauna *Bain Sauna Place St-Jean pour homm.es seulement (140) * balai n.m. balai de rue -> balayeuse Baiais de rues & citernes a I'eau (55) 4 balancement n.m. ->· equilibrage Freins, suspension, balancement, vidange d'huile, alignement* (698) Balancement electronique (699). Synon. equilibrage de roues (699) [Inusite en France] * bar n.m. bar a salades -> buffet Mets* chinois & canadiens Bar a salades & dessert (787). Synon. comptoir* a salades barre n.f. barre (de) panique "barre horizontale ä hauteur d'homme permettant d'ouvrir de I'interieur, sur simple poussee, une porte de secours" Ferme-porte et barre de panique (831) Ferme-porte Barre panique (831). Synon. barre de sürete (831) » bas n.m. bas tube Fabricant de bas tube et sport (147) * base n.f. base de douche -> bac ä/de douche Comptoirs* Vanites* Base de douche (51) * besoin n.m. vos besoins -* selon vos desirs Plan d'amenagement [paysager] a vos besoins (640) * biais n.m. de biais avec en lien avec, avec la participation de Coiffure & esthatique Ouvert le jeudi soir (de biais avec Tele-4) (817) * bleu n.m. Bleus-tirage (162) * bloc n.m. -* parpaing Pose de briques, pier res, blocs (535) Reparation de murs & tirage de joints Briques, pierres, blocs (535) * bois n.m. bois de longueur bois de longueur sable* & verni en usine [pour planchers] (686) * boite n.f. boite a fleurs -* bac (ä fleurs) Fabricant de paniers & banes pour rues, boites afleurs, etc. (285) boite a scrutin ->· urne Boite a scrutin (votation* et tirage) (166) * boudinage n.m. "reliure avec anneaux de plastique en spirale" Imprimerie [..] Assemblage Boudinage Pliage (664) * bouilloire n.f. "sorte de chaudiere" Poeles* & foyers* [..] Machinerie* lourde Bouilloires Chaudieres (78) * bouton n.m. bouton de revers -> insigne, badge Fabricants bagues definissants* Boutons de revers (161) Bouton de revers de m tal Epinglettes* Macarons Insignes (382) carreau n.m. -> panneau Tirage de joints Pose de gypse* Plafonds {..] Carreaux d'insonorisation (894). Synon. mile* * carte n.f. carte mortuaire "carte comportant au recto une photo du defunt et diverses indications (nom, age, lieu du deces, etc.) et au verso une priere ou quelques invocations, et qui est envoyee ä la famille proche apres renterrement" Faire-pan Cartes mortuaires (665) carte de souhaits "carte pour voeux d'anniversaire, de meilleure sante, etc." Serigraphie d'art Cartes de souhaits & affiches ä tirage limite (52) * carton n.m. carton ondule -> carton gaufre Boites en carton ondule usagees* (166) * cello abrev. de cellophane, en emploi adj. Variatas de bonbons & chocolat Vrac et cellos (166) * clinique n.f. -» centre Clinique professionnelle du bronzage (175) * collecte n.f. Location [de voiture] Tarifs avantageux et service amical Collecte et livraisons gratuites (94). Synon. ramassage (97) * communiquer v.intr. communiquer avec qqn -> prendre contact avec, se mettre en relation avec Pour plus d'information, communiquez avec [..] (266) Vous pourrez toujours payer plus eher... en communiquant avec nos comp titeurs* (526) [Meme si les trois dictionnaires de reference sont muets ä ce sujet (et particulierement le NPR, qui reste trop imprecis), cet emploi

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du verbe dans ces contextes n'est pas en usage en France; cf. Rezeau 1987] * complement n.m. complements sexuels -> accessoires erotiques Lingerie erotique Revues Complements sexuels Lotions diverses (172) [Inusite en France dans ce syntagme] * comptoir n.m. comptoir a salades -> buffet Le plus somptueux buffet oriental a Quebec A prix* populaire [...] Mets* chinois a la cane [..] Comptoirs a salades (789) Solle manger et comptoir (795). Synon. bar* a salades * continental adj. cuisine continental Cuisine continentale italienne & frangaise (791) * continuel adj. -> non-stop, permanent, en continu Spectacle continuel Danseuses (245) [Inusite en France dans ce syntagme; cf. Rezeau 1987] » conventionnel adj. -> classique, traditionnel Modules [d'aspirateurs] afiltrage conventionnel aussi disponibles* (61) Fauteuils roulants conventionnels ou motorises (401) coupe* conventionnelle [cf. NPR "ANGLIC. Armement conventionnel, non nucleaire"] * corporation n.f. corporation des medecins -> ordre des medecins Acupuncteure* inscrite au registre de la corporation des medecins (4) [..] la corporation professionnelle des medecins du Quebec [abrege, meme page, en C.P.M.Q.; on y lit aussi C.P.P.Q. = corporation professionnelle des psychologues du Quebec] (5) [Inusite en France dans ces emplois; dans le second cas, on dirait -> societe] * cote n.f. cote levee -> travers de pore (?) Les champions du poulet & cotes levees (775) » coupe n.f. [terme de boucherie] coupe franqaise Coupe frangaise Charcuterie ouvert 7 jours* (167) coupe conventionnelle -> coupe americaine Coupe frangaise & conventionnelle (167) * couvre-plancher(s) n.m. *Baligros Couvre-planchers Inc. (864) Specialist en couvreplancher (867) Synon. ρτέΐαη* -> revetements de sol * couvre-siege n.m. -> housse Couvresiέges Toit ouvrants [..] Pare-brise (92) * creme (glacee) molle n.f. -> glace ( l')italienne Crime glacee molle Laitfrappu Preparations pour coquetels* Barbotine* (279) * creuseur n.m. Creuseur de puits artesiens (735) * croissant n.m. croissant garni -* croissant fourre Pate's maison Croissants garnis Salades Cotes* levees (779) * cueillette n.f. -> collecte, ramassage Les splcialistes des camions & bennes pour la cueillette des dechets (192) Pour cueillette rapide [du courrier] appelez [..] (266) Cueillette & livraison Vente & confection Reparation de vosfourrures (370) Cueillette de meubles usagls (570) Specialists en cueillette de donnees Centre de recherche sur I'opinion publique (539) [cf. collecte*, levee*; Rezeau 1987] debarras n.m. Achetons autos accidentees & de debarras (120) [Inusite en France] * degelement n.m. Dέgέlement de tuyaux de toutes grandeurs* (915) * deux adj.num. deux pour un -> deux pour le prix d'un(e) 2 pour 1 sur les montures [de lunettes] (602) * directement adv. directement dufabricant, du manufacturier -» en direct du fabricant/de 1'usine Directement dufabricant (46) Directement du manufacturier* (713) [C'est Γ quivalent qui est usuel en France] * disponible adj. -> possible Plan de financement disponible Estimations* sans frais (19) Voitures dOccasion remises neufavec garantie disponible (90) Location a long terme* disponible (95) Livraison disponible dans tout le Quebec mltro* (627) financement disponible -> facilites de paiement (543) [Synon. programme* de credit] aussi disponible -> existe aussi avec/en Mod les [d'aspirateurs} afiltrage conventionnel* aussi disponibles (61) [Dans ces contextes, 1'adjectif n'est pas en usage en France; Γ influence de l'anglais available est probable] * distinctif adj. [sens incertain] Le premier motel distinctif pres de l'aeroport Petit

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dljeuner continental* (572) 4 dommage n.m. dommage par l'eau -> degät des eaux Dommagepar l'eau (588). Synon. degat d'eau (594) [C'est equivalent qui est usuel en France] eligibilite n.f. Informez-vous aupres de votre courtier* d'assurance de votre eligibility a un rabais d'assurance (18) * emission n.f. -> delivrance Voyages d'affaires Vacances individuelles Groupes Emission de billets (11). Synon. livraison* [Dans ce contexte, delivrance semble plus usuel en France] * emplacement n.m. -* point, agence Plus de 18,0000 emplacements fd'une entreprise de transferts defonds] au Canada et ä travers le monde (538) [Non usuel en France dans ce contexte] * entreposage n.m. Etageres matalliques. Etageres d'entreposage Comptoirs Vitrines (25) Entreposage de donnaes informatiques (824) [Syntagmes non usuels en France] EN PART. 1. entreposage defourrures (370) -> garde [Cf. Rezeau 1987] 2. -> garage ou hivernage (de bateaux) Vente Entretien Entreposage [de bateaux] (148) 3. -> gardemeubles D m nagement Entreposage Emballage Assurance (290) Entreposage de meubles (371) [Le mot est plus frequent et offre des emplois plus varies au Quebec qu'en France; cf. Rezeau 1987] * estampe n.f. -> cachet, tampon Estampes en caoutchouc (384). Var. etampe Marque de commerce, logo, signature sur etampes en caoutchouc ou pre-enc^es (384). Synon. timbre de caoutchouc (489) [Cf. Rezeau 1987, etampe} * europeen, adj. coulisse europeenne Charnieres et coulisses europlennes (49) ä l'europeenne Corbeilles funeraires a V europ£enne (415) [Syngtames non usuels en France] * executif adj. Avians exocutifs de tous genres* (127) * exemption n.f. -> franchise Les exemptions personnelles lorsque vous voyagez (Pages vertes, 14) [C'est l'equivalent qui est usuel en France] * experience n.f. d'experience -> experimente (d'une personne) Conseilleres d'experience vous aideront ä faire le bon choix rapidement (630); voir aussi gens d'experience infra. [En France, cet emploi est fige dans les syntagmes une personne (hommelfemme) d'exparience] -> d'occasion (d'un vehicule) Achetons et vendons vahicules d'experience (90). Synon. mature* facial adj. soins faciaux ->· soins du visage Lits solaires [..] Soins faciaux (175) [C'est l'equivalent qui est usuel en France] * fer n.m. fer ornemental -> fer forge Metaux ouvras* (fer ornemental) (407) * ferme-porte n.m. *Splcialiste du ferme-porte (408) * feu n.m. -> incendie Feu Vol Vandalisme (16). Synon. incendie (16) [Inusitd dans ce contexte en France] * fleuristerie n.f. Ecoles de fleuristerie & d'art floral (349) * foin n.m.foin de mer "zostere marine" Rotin, osier, jonc, corde de papier, foin de mer (569) * frais n.m. livraison sans frais ->· livraison gratuite (196) frais caches -> faux frais Taux* competitifs Pas de frais caches Pas d*intermadiaires (720) aucuns frais - composez [..] -> appel gratuit ou numero vert (1) [Dans ces divers contextes, ce sont les equivalents qui ont cours en France] * franc.ais adj. patisserie franqaise Gateaux d'anniversaire Patisserie frangaise (633) porte franqaise Fabricant de pones [..] Portes frangaises (712) » fusil n.m. -> pistolet Peintures Location de fusil ulectrique (647) Peinture au fusil (651). Synon. pistolet (691) gemmologue n. Alliances Montres Gemmologue Joaillier (159) * genre n.m. de tous genres -*· en tout genre/en tous genres Meubles sur mesure de tous genres (49) Constructions de courts de tennis de tous genres (55) Receptions de tous genres (172) Sacs de tous genres (807). Synon. de tous types (...) de toutes sortes (402) [Dans ces divers contextes, les equivalents sont plus usuels en France] * gens n.rapl. gens d'experience -» professionnels Faites de votre

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voyage un succes Confiez-le a des gens d'experience (11) [Voir experience ci-dessus] * glissade n.f. glissade d'eau -» toboggan (aquatique) [Dans un camping] Glissades d'eau (199) [Non usuel en France] * grandeur n.f. -> taille, dimension Degέlement* de tuyaux de toutes grandeurs (915) [Cf. Rezeau 1987] * gros adj. gros format -> en gros Aliments & accessoires pour animaux* de maison et deferme Ξρέοίαΐΐίέχ: gros format & vrac (22) ->· imponant Gros & petits dέmenagements (289) EMPL. SUBST. Nous sommes les plus gros de l'esl du Qu4bec (846) au gros -> en gros Reparation Pieces Pieces an. gros (102) [Emplois inusites en France dans ces contextes; cf. Rezeau 1987] habit n.m. habit de pluie -> vetement impermeable habits de pluie (539) Habits de pluie industriels (825) [C'est Γ equivalent qui est usuel en France dans ce contexte] * heure n.f. heures d'affaires ->· heures d'ouverture, heures de bureau (229). Synon. heures d'ouverture (659) identifle adj. non identifier banalise Voiture non identifiue (398) Patrouilles idenlifiees on non idenlifiees Specialite: surveillance (823) [C'est Γ equivalent qui est usuel en France dans ces contextes] * incluant prep. -> y compris Pieces de remplacement de toutes sortes incluant moustiquaire (935) [Non usuel en France; cf. Rezeau 1987] * inspection n.f. ->· contr le Silencieux Inspection gratuite Estimation* ecrite (838) [Synon. verification (836)] [Viandes] Sous inspection fedarale Portions controlees (167) [C'est 1'equivalent qui est usuel en France dans ces contextes; dans le second exemple ->· controle veterinaire] * institution n.f., au pi. -» collectivites Boucherie Gros Detail Livraison pour institutions & restaurants (166) [C'est Γ equivalent qui est usuel en France dans ce contexte] * institutionnel adj. en emploi subst. Charcuterie Institutional & datail Cretans* Saucisses (212) [Cf. le precedent] * introduction n.f. Offre gratuite d'introduction 100 tosses de cafέ (187) [Inusite en France ou Ton dirait par exemple -> offre gratuite d'achat] * inventaire n.m. -> stock Tres grand inventaire de pieces (177) Epinglettes* & cartes* de sport Plus de 1000,000 en inventaire (247) Vaste inventaire (570) [C'est Γ equivalent qui est usuel en France dans ces contextes] * investigateur n.m. -> detective (503) [Non usuel en France] * investigation n.f. -> agence de detective *Investigation (Eil defaucon (503) [Inusite en France] jour n.m. aujour -> la journee Location [de vehicules] aujour, a la semaine et au mois (99). Synon. a la journee (99) jour & soir Acupuncteure* certifiie Jour & soir sur rendez-vous (5) Dentistejour & soir (310) [Cf. Rezeau 1987] 7 jours 24 heures (521) 7 jours 7 soirs (553) laine n.f. laine a soufflerlsoufflee -»laine de verre Nous ulilisons [pour insonoriser] la laine a souffler (505) Laine minerale soufflee (505) » laminage n.m. -> plastification Lithographie Affiches Laminage Encadrement (53) Film a laminage plastique (203) Encadrement et laminage de petit et grand format (510). Synon. plastifiage*, plastification*, plastiquage* * lavetapis n.m. [Se dit aussi en France, mais shampouineuse y semble plus usuel] Balayeuse* Aspirateurs neufs et usagas* Location de love-tapis (60). Synon. laveuse* de tapis, shampooineuse (59) * laveuse n.f. -> machine laver, lave-linge Laveuses Voir [..] Machines a laver (511) Refrigeraieurs Laveuses Lave-vaisselle Sέcheuses Cuisinieres (533). Synon. machine laver (534) [Cf. Rezeau 1987] laveuse de tapis Laveuse de tapis* a la vapeur (520). Synon. lave-

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tapis*, shampooineuse (59) 4 levee n.f. -> ramassage Livraison & levee [de photocopies] (163). Synon. collecte*, cueillette* [Dans cet emploi, le mot est reserve en France levee du courrier] 4 livraison n.f. -> delivrance Voyages d'affaires Livraison de billets d'avion (13). Synon. emission* [Voir remarque sous emission] 4 local adj. Chauffeurs professionnels Local & Longue distance (217) Local, national, international (517) [Ne semble pas usuel en France dans ces syntagmes] * lunette n.f. ->· (paire de) lunettes Une lunette bien ajustee qui corrige au maximum et protege vos yeux (603) Une lunette c''est votre personnalite (606) machine n.f. machine a boules -> flipper Jeux video Machines a boules & poker Tables de billard (26) [Non usuel en France] 4 machinerie n.f. -> grosse machine, gros engin Location de machinerie (55) Transport de machinerie Local* & tongue distance (913) Vitres 5έοιιτίίαΪΓε5 pour machinerie lourde (938) [Non usuel en France dans ces contextes] 4 maison n.f. maison d'affaires ->· maison de commerce Livraison dans tout le Quebec motropolitain aux maisons d'affaires (670) maison motorisee (537) maison sectionnelle Vente de maisons mobiles et sectionnelles (537) 4 maitre n.m. maitre de chien -> maitre-chien Dressage de chiens en groupes & prives Instructeur maitre de chien diploma (30) [C'est 1'equivalent qui est usuel en France] 4 majeur adj. -> principal, le plus important Cartes de credit majeures, incluant* la carte Canadian Tire (99) 30 villes majeures au Canada (508). Synon. principal (99) [L'emploi de 1'adjectif dans ces contextes, non usuel en France, commence s'y introduire sous 1'influence de Γ anglais dans la langue des medias] 4 massotherapie n.f. Cours d'initiation & formation en massotherapie (541) 4 mature adj. -* d'occasion Achetons voitures matures Nous payons comptant! (90). Synon. d'experience* 4 metropolitain adj. (abrev. metro) adj. Funerariums dans tout le Q^bec matro (820) 4 mise n.m. mise en plan Reproductions de plans d'arpentage Mise en plan trace a I'encre (51) [Ne semble pas usuel en France] mise au point -> reglage Une mise au point du moteur de votre voiture en ameliore le rendement (780) Suspension Amortisseurs Mise au point (850) [C'est 1'equivalent qui est usuel en France dans ce contexte] 4 mondial adj. -> dans le monde entier Location de voitures [..] Reservations mondiales (94) [Non usuel en France] 4 motorise n.m. Entretien d'autobus, de camions & de motorises (93) Rembourrage* de tous genres* incluant* interieur de ηιοΐοη5έ et roulotte* (757) [Cf. Rezeau 1987] 4 mouillage n.m. mouillage de lit -> incontinence, pipi au lit Mouillage de lit-Syst mes de prevention Voir Lits-Incontinence d'urine (581) [Ce sont les equivalents qui sont usuels en France dans ce contexte] 4 neige n.f. neige concassee -> glace pilee Machines a glace [..] Neige concave (754) [Inusite en France, ou ce mode de refroidissement est peu utilise, mais au Quebec meme on dit plutot glace concassee] omnibus adj. Sondage omnibus (540) 4 Operateur n.m. Operateur de machines distributrices* a cigarettes (332) 4 opticien, -enne n. opticien d'ordonnances (601) [Inusite en France en raison d'une autre organisation des professions de santo] 4 ouvre adj. metal ouvre -> fer forge (cf. supra fer ornementaf) Soudure mobile et ge^rale Structure d'acier Metaux ouvres (1) Metaux ouv^s Charpente d'acier (2) page n.f. sur page opposee -> page ci-contre Pour plus de renseignemenfs voir I'annonce sur page opposee (28) [L'expression n'est pas usuelle en France] 4 papier n.m. papier a mains -> essuie-tout; sopalin [nom de marque] Produits & equipement d'entrelien menager Papier a

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mains & hygienique (586) * passeport n.m. photo passeport -> photo d'identite Photo passeport sur place (11) PAR ELLIPSE Manage Portrait [..] Passeport (665) Passeport 5 min. (666) * plafond n.m. plafond suspendu -> faux plafond Insonorisation & acoustique Plafond suspendu (4) * plaisir n.m. -> loisirs, detente Voyages Solange Goulet Affaires Plaisirs Groupe (11) Voyages plaisirs Voyages d'affaires (11) Votre voyage (plaisir ou affaires) (12) [Non usuel en France, ou Γόη a connu naguere les trains de plaisir, mais ou Γόη parle, dans ces contextes, de voyage d'agrement] 4 plan n.m. mise* en plan; plan americain Chasse & peche Plan americain (719) * plastifiage n.m. (162) » plastification n.f. (163) * plastiquage n.m. Plastiquage & laminage* (665) * podium n.m. Podiums de vitrines Etalages Presentoirs (25) * posage n.m. -> pose Posage de planches de gypse* (3) Posage de carreaux de ceramique (200) Vente et installation de silencieux Amortisseurs Posage gratuit (837). Synon. pose (837) [Cf. Rezeau 1987] * pose n.f. pose de tourbe -> apport de tourbe Tonte & aeration de gazon Pose de tourbe Amenagement paysager (641) [C'est Γ equivalent propose qui est habituel en France dans ce contexte] * potee n.f. -> fleurs en pots Arrangements floraux Potees fleuries Plantes vertes (415) * poulet n.m. pouletfrit -*· poulet r ti Delicieux poulet frit (679) [C'est 1'equivalent propose qui est habituel en France dans ce contexte] * pratique n.f. Pratique generale, particulierement en mauere de droit civil, commercial [..] (138) * prix n. m. prix defiant la competition -> prix defiant toute concurrence (209) au prix du manufacturier -> prix d'usine Matelas [..] au prix du manufacturier* (544) a prix populaire(s) Entrecotes Frites Desserts maison A prix populaires (777) [Ce sont les equivalents proposes qui sont usuels en France dans les deux premiers contextes; dans le dernier contexte, on aurait peut-etre -» prix interessants/modiques/avantageux] * programme n.m. programme de credit -> facilites de paiement (336). Synon. financement disponible* [C'est 1'equivalent propose qui est habituel en France dans ce contexte] reclamation n.f. Acceptons reclamations d'assurances (935) [Inusite en France] * recreatif adj. Vehicules racreatifs (917) [Cf. Rezeau 1987] * referer v.tr. Les Counters* que Γόη refere depuis 1958 (267) * relaxologue n. Relaxologue et massotherapeute diplome (541) * remisage n.m. remisage a neufdrage et nettoyeur de peinture Remisage a neufTraitement de peinture d'antirouille (93) * representant n.m. representant sur la route -> V.R.P. (voyageur representant placier) (732) * r ti adj. arachides roties -> cacah(o)uetes grillees (596) Φ roue n.f. cinquieme roue Carrosserie Freins Sieme roue (764) Roulottes* et 5e roue (918) [Caique de Yangl. fifth wheel, dispositif permettant d'accrocher une remorque un vehicule] sedan n.m. Luxueuses limousines allongees et sedans (515) [Cf. Rezeau 1987] * service n.m. 1. "mise disposition d'un client, prestation quelconque" Service de silencieux. [..] Alignement* par ordinateur (87) Service de traiteur sur place (145) Service de bar & de traiteur (145) Beton prepari Pierre concassee Gravier Service de laboratoire (154) Camions & automobiles [de dέmenagemenί] Service de couvertures et chariots (522) voiture de service "voiture gracieusement pretoe un client par un garage" Voir reference supra 3.2. sous voiture de courtoisie [En France, cette lexie a le sens de "voiture mise la disposition d'une personne pour son travail (synon. voiture de function) ou voiture d'une collectivite, utilisee pour diverses missions"] le service a la clientele -> le service clients ou le service clientele Le service a la

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clientöle de Bell Canada (745) 2. -»· entrctien, reparation; service apres-vente Vente et service pour toutes marques (142) Fabrication Vente & service de machines outils neuves - usagees (534) control de service -* contrat d'entretien (534) 3. etre de service loc.verb. -> etre serviable "On est d'service" (380) 4. service social B ache lie re en service social (11) [Ce sont les oquivalents proposos qui sont usuels en France; le dernier fait est un reflet des programmes scolaires et des diplömes propres au Quebec] * servir v.tr. Plus de quinze ans ä vous servir (669) -» ä votre service depuis plus de 15 ans [C'est l'öquivalent propose qui est usuel en France] 4 signaleur n.m. Agents de sacurita en uniforme Signaleurs routiers Preposes au stationnement [Pour ce dernier -* gardien de parking] (823) * social adj. danse sociale "danse du type salsa, rumba, mambo, cha-cha-cha ou diverses variantes de rock and roll, avec paillettes et froufrous, sur parquet cire"" -> danse de salon Disque pour danse sociale (331) soiree sociale [voir club social sous 3. 2.] Bapteme Reunion Soiree sociale Service* de traiteur disponible* (145) Salle de raception (reunion soiree sociale ou autre) (791) * supervision n.f. supervision medicate -> suivi modical Chambres et pensions completes pour personnes ägees autonomes Supervision modicale (208) [C'est Equivalent propose qui est usuel en France dans ce contexte] tailler v.tr. tailler une de -> "faire un double (d'une cle")" voir sous nettoyeur (supra 2.) * tapis n.m. -> moquette Tapis, Tuiles*, Linollums, Carpettes* (866) tapis mur ä mur (voir supra 3.2.) (Rozeau 1987) * taux n.m. -> tarif, prix Taux plus bas que nos competiteurs* Taux commerciaux disponibles* Tarifs 5 ^ de location pour longues distances (194) Comparez nos taux (290). Synon. tarif (813) * tissu n.m. tissu a la livre, au kilo -> tissu au poids Tissus [..] au metre et d la livre (894) Tissu au metre [..] Coupons au kilo (895) [C'est l'equivalent propose" qui est usuel en France dans ce contexte] » triporteur n.m. "vehicule motorise pour handicapo" Cannes, b quilles, marchettes*, chaises* roulantes, triporteur [..], accessoires sacuritaires pour salles de bains (401) true n.m. trucs (et) attrapes -> farces et attrapes Accessoires de mascarade Trucs, Attrapes (143) trucs et attrapes (914) [C'est l'equivalent propose qui est usuel en France] valence n.f. -> cantonniere Douillettes Valances [sic] (335) Couvre-lits Valences (335) [Cf. R6zeau 1987] * vision n.f. hasse vision -> vue faible, vue basse Loupes pour basse vision (602).

Lothar Wolf Universito d'Augsbourg

L'ALEC comme corpus du frar^ais parle au Quebec et les problemes de description et de normalisationdu langage I.

L'«Atlas linguistique de I'Est du Canada» (ALEC) et la description de la langue franchise au Quebec

Depuis Jules Gillieron, on salt qu'un atlas linguistique est une source precieuse de materiaux qui nous permet de tirer, en partant de faits synchroniques d'aujourd'hui, des conclusions d'ordre diachronique. A cöte de cette interpolation classique, et abstraction faite d'etudes concernant la repartition de phenomenes linguistiques et aussi de certains aspects s^mantiques contrastifs, on ne considere et n'etudie pas ires souvent un atlas en tant que document linguistique d'une societe ä une epoque donnie. Or, cet aspect n'est certainement pas dopourvu d'intoret au Quobec, puisqu'il existe plusieurs täches qu'on s'est propose de remplir dans ce pays au niveau linguistique, et pour lesquelles l'ALEC constitue sans aucun doute un corpus utile ä consulter. La täche principale consiste ä decrire de fa9on adequate le franfais ecrit et parle au Quebec afin de mieux cerner la Variante quebecoise exemplaire du fran^ais international. Tant de chercheurs quebecois se sont assignes cet objectif et essayent de l'atteindre dans le cadre officiel de l'amenagemeni de la langue. Aujourd'hui, la description vise surtout le vocabulaire. En phonotique, Jean-Denis Gendron (1966) a dejä docrit, il y a presque trente ans, la prononciation de cette nouvelle elite qui est apparue avec la Revolution tranquille et qui a donne" cette assise sociale ä la langue fran9aise dont eile avail besoin pour lutier avec succes conire la predominance de anglais el vaincre le doute qu'avaient les Quebdcois de leur propre existence linguistique en fran9ais. (Wolf 1987:132-134). En morphosyntaxe reigne encore, du moins au niveau de la normalisation du langage, une autre «paix ä la syntaxe», sans oublier, bien sur, quelques etudes failes dans le cadre de la description du fran9ais d'ici. La description, comme nous 1'avons dil, se concentre aujourd'hui avani lout sur le vocabulaire, sans aucun doute le domaine le plus complexe et, ä la fois, le plus otendu d'une langue. Or, pour illustrer ce que ALEC pourrail conmbuer ä celte description, nous en avons eludie quelques exemples du point de vue motalinguistique el onomasiologique. On dira loul de suile que ALEC s'appelle «Le parier populaire du Quebec el de ses regions voisines» el qu'il s'ecaite pour celte raison d'une description de la langue ä la recherche d'un langage exemplaire quebocois d'aujourd'hui. On pourrait dire aussi que les lemoins sont tous nes vers la fin du siecle dernier ou au debul de notre siecle et que les enquetes

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Lothar Wolf

ont faites entre les anne"es 1969 et 1973. Ce sont sans doute des raisons importantes dont il faut tenir compte dans notre discussion. Or, la notion de , employee dans le titre de l'atlas, n'a certainement pas la meme valeur sociolinguistique qu'elle a en France. Le nombre et la valorisation des parlers et des registres ainsi que la roalite linguistique sont bien differents des deux cotes de l'Atlantique, comme le sont les structures des deux societes en question. Pour autant qu'il y ait des etudes comparatives approfondies, du moins pouvons-nous dire que par exemple la dichotomic peu accusee entre langage parle et langage e"crit au Quebec diminue ici dejä d'une fagon fondamentale la hiorarchie des registres du fran9ais de France, quoiqu'il s'agisse, dans ce cas, toujours plutot d'hypotheses de travail que du resultat d'une s6rieuse analyse du paysage sociolinguistique fran9ais. En tout cas, sur ce fond s'explique sans doute en partie la collocation positive de «parier populaire» que les auteurs valorisent comme «la toile de fond de la realite linguistique au Quebec et dans les regions voisines» (p. 3). Pour Pierre Auger l'atlas est «le premier monument scientifique eleve ä l'honneur de notre langue» (on notera 1'expression «notre langue», qui inclut identification et qui exclut toute connotation pejorative!) (p. VII). Est-ce que ces fa9ons de s'exprimer representent le courant traditionnel qui voit dans le «parier franc.ais au Canada» du Glossaire des annees 1930 le fran9ais d'ici tout court? Puisque le parier fran9ais du Glossaire exclut le «fran9ais d'ecole», le «fran9ais academique» (Preface, p. VII), done aussi le fran9ais de France. Est-ce que 1'expression «parier fran9ais» du Glossaire a etc rempla90e aujourd'hui, du ä cette opposition entre les deux varietes, par 1'expression «parier populaire» (v. aussi, plus bas, la liste n° 2, sous C et FI) et ainsi devalorisee ideologiquement en face de ce que Jean-Denis Gendron appelle ? Celui-ci implique le rejet de ä environ 30 points de l'atlas, de meme cerne, clairons et signaux. Tous ces mots se trouvent egalement dans le Glossaire du parier franfais au Canada, c'est-ä-dire qu'ils sont bien authentiques, et que, ä l'epoque, ils ont ete juges dignes de representer le parier fran9ais non academique au Canada. Ce fait les oppose ä d'autres mots, comme (del) farci (d'etoiles) ou (la lune est) embrouillee etc., du groupe ?2, qui ne figurent nulle part ailleurs, sans parier de ces nombreux mots et expressions exclus de notre liste, parce que atlas ne les älteste que moins de 25 fois. Quoi qu'il en soit, la hierarchisation des mots, selon leur presence ou absence dans les ouvrages metalinguistiques, fait decouvrir maints problemes de description. Malgre tous les pieges dresses dans l'interpretation des cartes linguistiques, l'atlas, en tant que corpus et outil d'ordre statistique, permet de poser plusieurs questions concemant le choix lexicographique de mots qu'ils soient neutres ou marques du point de vue sociolinguistique. On n'oubliera pas non plus les problemes complexes de la lexicographic elle-meme, surtout ceux qui ne sont pas de nature linguistique. Toutes ces difficultes ne faussent pourtant pas la tendance hierarchique qu'on vient de degager. Dans le cadre d'une description du francais d'ici, l'ALEC apporte done, grace ä ses donnees «geo-quantitatives», une contribution qui permet d'eviter certaines lacunes, qui ne sont evidemment pas remplies par d'autres corpora. II s'agit ici de lacunes causees notamment par l'absence du groupe C, represente par chemin (de) St-Jacques, et par l'absence du groupe Fj, represente ici par oeil de bouc, bonhomme etc. Le probleme de savoir si ces mots sont eventuellement marques ou ä marquer du point de vue geo- et/ou sociolinguistique est methodologiquement tout a fait secondaire, seulement en fin de compte inevitable, dans le cadre du but assigne. II est vrai, le lexicographic doit operer un choix, le nombre de ses lemmata etant present, par exemple par la maison d'edition. Par ce choix, un dictionnaire est, eo ipso, normatif. Mais s'il existe des corpora qui permettent de hierarchiser les mots, comme l'ALEC ou le Dictionnaire de frequence, le choix deviendra plus facile dans le cadre d'une description. Ainsi les exemples que nous avons presentes montrent, grace ä l'atlas, leur frequence et/ou disponibilite, done leur utilite, leur pertinence pour la communication linguistique quebecoise du point de vue des 700 temoins de l'ALEC.

III.

L'atlas et la pertinence linguistique des concepts

La tendance hierarchique des mots que nous venons d'esquisser se joint ä une autre, qui est d'ordre onomasiologique. Un mot comme decours represente un concept, «fam. blair», alors qu'ä I'entrde blair, on qualifie ce mot d'«arg. fam.» (Thiboutot 1994:34).

En somme, il apparait que le Systeme des marques sociales est imparfait et, en cons£quence, meriterait d'etre revu, meme si nous savons, comme a dit Alain Rey, qu'il ne peut exister de Systeme parfaitement uniforme et rigoureux en ce domaine : [...] la science n'est pas capable de fournir un modele satisfaisant de la hiorarchie fonctionnelle qui va de l'idiolecte ä la langue, ni de son reperage au moyen de realisations fluides [...]. Et les oppositions binaires entre unitos lexicales du type «courant/non courant»; «g6n6ral/r6gional»; «populaire/soutenu» ne sont peutetre utilisables qu'intuitivement. Or, intuition (le sentiment linguistique du locuteur par rapport au lexique de sa langue matemelle) ne fournit que des donnees relatives, par rapport ä un idiolecte, et des oppositions (marqueYnon marqud) sans valeur taxinomique (Rey 1977:122).

D'autre part, on constate que les auteurs des deux plus recents dictionnaires du fran9ais quebecois (DFP et DQA) ont transpose ä peu pres tel quel le Systeme fran^ais de marques. Entre autres problemes suscit€s par la transposition de ce Systeme, les marques «familier», «populaire», «rural» et «argot» appliquees ä la situation sociolinguistique du Quebec, ne sont pas pleinement satisfaisantes. Voici des exemples tires de dictionnaires quebecois : MENTERIE : «Mensonge» Le traitement de ce mot dans les dictionnaires quobecois est inattendu, si on tient compte qu'il est encore vivant au Quobec, ä un niveau familier. Le Belisle en fait un mot neutre (non marqud) alors que le DFP et le DQA le disentfamilier. Ce qui est otonnant, c'est qu'il est absent du CEC, et que le PB le qualifie de vieux (Thiboutot 1994:33).

Holene Cajolet-Laganiere et Pierre Martel

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L'auteure constate 6galement des differences importantes ä cet egard entre les deux editons du DQA: TABLEAU Les niveaux de langue dans le DQA Capoter DQA1 fam.

Flyi anglic.

Partie fam.

Pogner courant

Quetaine courant

Schnout fam.

DQA2 tres fam.

anglic., tres fam.

vulg.

fam.

fam.

tres fam.

Tse fam. *

* mot qui n'apparait pas dans ce dictionnaire

Comme on le sait, la marque «populaire» renvoie d'abord ä une classe sociale et s'oppose ainsi ä «bourgeois»; toutefois, la variation de l'usage lexical quebecois ne correspond pas ä une teile repartition des classes sociales. De meme, le terme «argot»n'a pas de realite propre au Quebec et, pour les Quebecois, il est difficile de le distinguer de l'usage «familier» et «populaire». Enfin, le terme «Iitt6raire», applique au fran9ais d'ici, ne renvoie pas ä la meme roalite sociolinguistique. La littorature que"becoise, en effet, ne jouit pas du meme Statut ni de la meme autorite que la littörature fran9aise en France. Nous avons dejä demontre que la litterature jouale posait des problemes de marquage (Martel 1993). Par ailleurs, l'importance des marques a etc confirmee lors d'une enquete par sondage effectuee aupres d'une centaine de personnes constituant des consommatrices et consommateurs potentiels de dictionnaires. Les re"sultats de cette enquete indiquent que, meme si les dictionnaires servent d'abord ä la verification de l'orthographe puis du sens et de l'existence des mots, ils sont utilises en troisieme lieu pour verifier l'emploi correct d'un mot et de son niveau d'emploi. D'apres ce sondage, les marques de niveaux de langue ont une importance «moyenne», mais non negligeable, en ce qui a trait aux raisons pour lesquelles on consulte un dictionnaire (Cajolet-Laganiere 1994). Ä la suite de cette analyse comparative des dictionnaires frangais et quebecois et de la confirmation de l'importance des marques sociolinguistiques, il nous est done apparu necessaire d'etablir une nouvelle grille simplifiee, coherente et surtout adaptee ä la situation sociolinguistique du Quebec. Avec l'aide d'un etudiant de maitrise, Corneille Mbaga, nous avons mene, ä l'automne 1993, une enquete sociolinguistique aupres de 110 personnes. Notre objectif etait double : 1- verifier l'existence ou non d'un consensus de la part de locuteurs et locutrices du Quebec sur un certain nombre de mots du franfais quebecois; 2- connaitre leur opinion sur une proposition de grille sociolinguistique simplifiee des marques ayant trait aux niveaux de langue.

Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires: Synthese et proposition

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La methodologie utilisee fut la suivante. Nous avons consume" un groupe temoin de 110 personnes compose d'informateurs et informatrices provenant de Montreal, de Quebec, de l'Estrie et de Trois-Rivieres; il se repartissait ainsi : 27 enseignants, 5 agents de communication, 46 etudiants (cdgep et universite), 9 dcrivains et 23 autres personnes. Chaque repondant a re9u par courrier postal, de main ä main ou par une tierce personne, un exemplaire du questionnaire. Le travail pour l'informateur consistait ä etiqueter, selon son propre sentiment, chaque mot ou expression d'une liste prodtablie de 200 mots du fran9ais quebecois. Le choix de ces mots a ete fait au Hasard ä partir notamment de la Banque de donnees lextuelles de Sherbrooke (Mattel 1993), du DFP et du DQA. Notre souci etait de nous assurer que tous les «registres de langue» soient illustres par des mots; par contre, le pourcentage des mots appartenant ä Tun ou ä l'autre ne reflete pas n6cessairement la realite, encore inconnue, et ne peut done etre interpre"te comme representatif du portrait reel du vocabulaire du fransais quebecois. Pareille experience a et6 realisee dans le monde anglo-ame'ricain, notamment lors de la preparation du dictionnaire de anglais americain The Heritage Illustrated Dictionary of The English Language (1973). Pour sa confection, une equipe formee d'une centaine de membres de diverses categories socioprofessionnelles (joumalistes, ecrivains dans le domaine scientifique ou sportif, professeurs, essayistes, poetes, fonctionnaires, etc.) a et6 consultee. Aussi, ces personnes se sont prononc6es sur l'acceptabilite des expressions ä l'oral ou ä 1'ecrit. L'experience a donne des resultats en general satisfaisants, meme si quelquefois - rares, il est vrai eile a mis au jour de nettes divergences regnant entre les repondants (pour plus de dotails ä propos de cette expdrience, voir Mbaga 1994 et Thiboutot 1994). Nous nous sommes aussi inspires de la grille appliquee dans ce dictionnaire, qui se demarque des dictionnaires quebocois et fran9ais existants par l'economie de son Systeme de marquage, en plus d'avoir des definitions claires et precises des marques utilisees. En nous basant sur ce modele, nous avons elabore un Systeme simplifie de marques sociales et nous n'avons distingud que trois niveaux de registre de langue, que nous avons prosentes comme suit: -

standard : mot utilise dans la langue ocrite au Quöbec et employe gonoralement lors de communications institutionnalisees (Merits de toutes sortes, correspondance d'affaires, articles de journaux, etc.);

-

oral standard : mot employo dans des conversations publiques en prösence de tierces personnes inconnues, dans des reunions, tables rondes, entrevues radiophoniques et televisuelles, dans des echanges lors de reunions ou d'assembloes, etc.;

-

oral spontani : mot qui n'est employe que dans la langue orale entre parents on amis, et dans des circonstances d'intimiti ou de familiarite. Occasionnellement, dans le theatre, les romans populaires (dialogues), etc.

II est bien entendu que les appellations «standard ecrit», «oral standard» et «oral spontane» sont des Etiquettes retenues aux fins de cette recherche et devraient etre adaptees lors de la pro-

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Helene Cajolet-Laganiere et Pierre Martel

paration d'articles de dictionnaire. Nous y avons ajoute des marques d'un autre ordre, que nous avons d6finies traditionnellement: «vulgaire», «injurieux» et «anglicisme». La personne interrogee pouvait en outre ajouter un commentaire pour chacun des mots. La question posoe dtait la suivante : En vous basant sur la classification ci-dessus, et selon 1'utilisation que vous-meme vous en faites normalement, cochez les cases approprides (ou une seule selon le cas) pour chacun des mots suivants.

A cote" de chaque mot e"tait ajoute un equivalent fran9ais, un synonyme ou une breve definition qui pr6cisait le sens du mot propose. (Le lecteur trouvera ä 1'Annexe 1 la premiere page du questionnaire.) Chacun des 200 mots a fait 1'objet d'une analyse compte tenu des 110 reponses obtenues. A litre d'exemple, 1'Annexe 2 montre les effectifs et pourcentages obtenus pour les 25 premiers mots ou expressions. Ces donnees ont servi ä la confection des tableaux des pages suivantes. Nous ne prdsentons ici que les principaux resultats de cette enquete (voir Mbaga 1994 pour les rosultats complets). II importe de noter que les repondants pouvaient cocher plusieurs cases pour un meme mot, ce qui signifie qu'un mot peut appartenir ä plus d'un niveau ä la fois. Sur les 200 mots, 166 ont un pourcentage egal ou superieur ä 60 % dans 1'une ou 1'autre des categories; arbitrairement, nous avons fixe ä 60 % le seuil ä partir duquel nous estimions qu'il y avait consensus. Selon les resultats, 83 % des mots proposes obtiennent un consensus quant ä leur niveau d'emploi. La repartition est la suivante : 1- standard ecrit: 20 unites testoes ou 10 % des mots du corpus ont un pourcentage de 60 % ou plus. Voici ces mots : TABLEAU IV Mots classes standard £crit Pourcentages de repondants ayant dit les employer dans cette categorie inhalothorapie 84,5 covoiturage 73,6 auteure 72,7 81,8 C.L.S.C. bleuet 80,9 caribou 68,2 tdlecopier personne-ressource 80,9 67,3 perdrix 66,4 80,9 professeure 65,5 doyenne 77,3 cedre stationnement 77,3 croditiste 63,6 relationniste 76,4 beigne 62,7 chiropratique 74,5 orignal 62,7 noirceur motoneige 74,5 61,8

Rappelons que le pourcentage indique ne peut etre interprete comme celui des mots de ce niveau dans l'ensemble du vocabulaire du fran9ais quebecois et n'est tout au plus valable que pour notre ochantillon. II en va de meme pour les autres cat6gories. Nous remarquons que la liste des mots de cette premiere catogorie comprend la feminisation des litres de fonction (auteure, professeure, doyenne), des mots que nous qualifions d'«allure savante» (inhaloihorapie, personne-resssource, relationniste, stationnement, chiropratique, covoilurage, telecopier) et des mots ddsignant des realites proprement que"becoises, qu'elles soient institu-

Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires: Synthese et proposition

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tionnelles, sociales ou physiques, tels le climat, la faune, la flore, etc. (C.L.S.C, craditiste, bleuet, motoneige, caribou, perdrix, cedre, beigne, orignal). 2- oral standard : 13 mots ou 6,5 pourcentage de 60 % ou plus :

de l'ensemble des mots de 1'echantillon ont obtenu un

TABLEAU V Mots classed oral standard Pourcentages de rdpondants ayant dit les employer dans cette categoric bleuet 61,8 donner 1'heure juste 65,5 motoneige 61,8 covoiturage 65,5 relationniste 61,8 personne-ressource 64,5 63,6 stationnement 61,8 copam t£16copier 60,9 annoncer 62,7 bonjour 60,0 62,7 C.L.S.C. 62,7 lave-auto

Comme dans la categoric precedente, ce sont des innovations de formation fransaise (donner Γ heure juste, covoiturage, personne-ressource) et des mots designant des realites quebecoises (covoiturage, CL.S.C., motoneige). 3- oral spontane : 124 mots ou 62 % de l'ensemble de l'echantillon ont un pourcentage de 60 % ou plus. Les voici tous :

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Holene Cajolet-Laganiere et Pierre Martel TABLEAU VI

Mots c lassos oral spontanä Pourcentages de repondants ayant dit les employer dans cette catogorie achaler piler 90,9 78,2 pitonner 78,2 90 branleux ben 78,2 87,3 gougoune bavasser prendre une fouille 87,3 77,3 maganer 86,4 avoir du fun 77,3 placoter 86,4 poele 77,3 boucane 85,5 trälee 77,3 coudon barbouiüer 76,4 85,5 76,4 jambette 84,5 bobettes patenter 84,5 bourrasser 76,4 abrier caler 83,6 76,4 chicaner 83,6 enfirouäper 76,4 une couple de 83,6 raplomber 76,4 disabrier 83,6 renvoyer 76,4 s'encabaner 83,6 siffleux 76,4 rouleuse 83,6 s'accoter 75,5 serrer 82,7 s'atriquer 75,5 zigonner 82,7 ddbarrer 75,5 endormitoire bebelle 81,8 75,5 douze (n.) 81,8 flot ou flo 75,5 minoucher 81,8 gommer 75,5 minoune 81,8 racoin 75,5 piastre 81,8 bldd'Inde 74,5 ä 81,8 broue 74,5 capoter 81,8 capine 74,5 claques 81,8 chaudieroe 74,5 grafigner 80,9 dofächer 74,5 gricher 80,9 saper 74,5 momorer 80,9 veiller 74,5 wo 80,9 bardasser 73,6 adonner 80,9 fesser 73,6 se brancher 80.9 comprenable 72,7 croche 80.9 jongler 72,7 pocher 80 char 71,8 rester 80 doubler 71,8 bicycle 79,1 ne pas dorougir 71,8 siler pablum 79,1 71,8 tripant 79,1 -ti ou -tu 71,8 wow 79,1 chum 70,9 bouffe 79,1 gosser 70,9 mouiller 79,1 barrer 70 poigner ou pogner 79,1 courailleux 70

Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires: Synthese et proposition

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TABLEAU VI (suite) Mots oral spontani Pourcentages de repondants ayant dit les employer dans cette categoric 70 bädrcr seiner 63,6 giguer parier ä travers son chapeau 69,1 63,6 69,1 liqueur peanut ou pinotte 63,6 peinturer 69,1 niaiseux 63,6 pouceux 69,1 crouter 62,7 68,2 dpluchette (de bid d'Inde) balone 61,8 68,2 choquer pataugeuse 61,8 68,2 sniffer 61,8 clos 68,2 baver quelqu'un 60,9 correct 68,2 malle 60,9 nono 68,2 maringouin 60,9 prdlart sedesamer 67,3 maudit 60,9 67,3 noirceur 60,9 kaput ou kapout 67,3 60,9 magasinage pee- wee 66,4 sous-marin 60,9 party 66,4 barrure 60 suisse 60 compter un point 65,5 bercante 65,5 la haute gomme 60 creme ä glace skidoo 64,5 60 bine ou bean gomme (ä mächer) 64,5 64,5 t-bone

Ces mots sont des archai'smes de formation fransaise (piler, abrier, bebelle), des mots d'origine anglaise ou americaine (bicycle, chum, party), des caiques (creme a glace, compter un point) et des interjections (ben, wo). II importe de noter que l'ensemble des mots classes «oral spontane» ne peuvent etre traites globalement et d'une maniere uniforme. En effet, bon nombre d'entre eux se retrouvent aussi, avec une majorite de 60 %, dans d'autres niveaux. Certains, ä la fois «standard ecrit» et «standard oral»; d'autres, «standard oral» mais non «standard dcrit»; d'autres encore «vulgaire», mais eVidemment ni «standard ecrit» ni «standard oral». Nous savons, par ailleurs, que les mots queb€cois sont traditionnellement classos de niveau «familier» par beaucoup de Queb6cois, categorie correspondant globalement a notre «oral spontane». Aussi, des etudes complementaires s'imposent dans ce domaine.

4- Mots autour desquels il ne s'est pas forme de consensus II y a 34 mots de la liste soumise qui n'obtiennent pas le pourcentage de 60 % dans aucune categoric. En voici la liste :

Holöne Cajolet-Laganiere et Pierre Martel

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TABLEAU

Mots autour desquels il n'y a pas eu de consensus Mots

Locuteurs (en pourcentages) et categories d'usage Standard Oral ocrit standard

appartement ardna bände bas-culotte

bois franc briqueler brülot chambreur chaudron chercheuse coquerelle

44.5 55,5 55,5 50 53,6 30 38,2 50 53,6 48,2 50,9 1,82 41,8

Oral spontano 41,8 44,5 32,7 48,2 58,2 41,8 55,5 57,3 56,4 51,8 56,4 41,8 20

46,4

51,8 19,17 49,1 34,5 1,82 55,5

51,8 52,7 42,7 55,5 36,4 55,5

40,9

39,1

29,1

3,64 2,73

6,36 1.82 6,36 27,3 22,7 52,7 56.4 25,5 45,5 7,27 53,6 45,5 40 28,2

44,5 52,7 48.2 10 54,5 54,5 50,9 51,8 42,7 58,2 59,1 57,3 44.5 56.4

45,5 56,4 50,9 57,3 55,5 30 38,2 32,7 43,6 40,9 54,5

flfl

francophonisation funeraille.sg gadelles gramophone grand-pere guidoune horloge gr.-pere joujoutheque limoner morver newfie nordicito pardessus piquetage pita pow-wow radio-roman ressoudre tuque

vente verglasser vitement

42,7 50 11,8 59,1 28,2

52,7 18,2 59,1 54,5 29,1 34,5 5,45 55,5 44,5 31,8 19,1

Vulgaire

5,45 0,91

Injurieux

2,73

Anglicisme

18,2 7,27 2,73 3,64

3,64 3,64 40

56,4 0,91

2,73 48,2 13.6

3,6 0,9

17,3 10

1,8 2,7 1,8 0,9

6,36

1,8

1,82

30,9

2,7 2,7

1,82

9,09 24,5 2,73 12,7

1,8 1,8 1,8 0,9 1,8

26,4

1,8

45,5 5,45

2,7 2,7 0,9 0,9 5,5

5,45 2,73 1,82 1.82 55,5

1,82 0,91

9,09 47,3

2,73 8,18 51,8

Non utilise

2,73

5,45 1,82

Mot inconnu

0,91 1,82

36,4

10

8,18 0,91 0,91 17,3 0,91 0,91

39,1 17,3 1,82 5,45 15,5 17,3 26,4

0,9 1,8 4,5

0,91 1,82 4,55

12,7 0,91 0,91

15,5 11,8

1,8 3,6

1,82 1.82

0,91

Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires: Synthese et proposition

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Ces mots peuvent se repartir en deux groupes : -

le Ier comprend des mots inconnus de bon nombre de locuteurs; il s'agit de mots vieillis que les plus jeunes n'entendent presque plus (limoner, ressoudre, radio-roman), des mots rares ou specialises (gadelles, brulot) et des innovations (francophonisation, nordicite, chercheuse, joujoutheque);

-

le 2e groupe est constitue de mots pour lesquels nous ne voyons pas bien pourquoi ils n'ont pas ete classes. Le manque de consensus ä leur egard confirme que pour un certain nombre de mots en fransais quebecois la «norme» n'est pas encore bien etablie.

Enfin, dans la derniere partie du questionnaire, la personne interrogee etait invitee ä se prononcer sur l'interet et la pertinence de cette grille. La question etait formulee ainsi: Que pensez-vous d'une teile grille des marques d'usage? (Est-elle complete? Permet-elle de rendre compte adoquatement du franfais que'be'cois? La modifieriez-vous ou y ajouteriez-vous d'autres marques? Si oui, lesquelles?)

En reponse ä cette question, personne n'a mis en cause le Systeme de marquage propose. La tres grande majorite des repondants etait en accord avec la classification; parmi eux, certains n'avaient rien ä redire; quelques-uns, par centre, ont emis des avis et remarques qui peuvent se resumer en deux points : 1- fusionner les categories «vulgaire» et «injurieux»; 2- ajouter une categoric entre l'«oral spontane» et le «vulgaire». Rappelons que nous avions volontairement eviter les marques «populaire» et «familier», ces dernieres etant remplacees par «oral spontane». Selon quelques repondants, dans certaines circonstances, il y a des mots utilises qui ne sont pas de l'«oral spontane» au sens oü on 1'a decrit, mais qui ne sont pas «vulgaires» pour autant. En plus, la categorie «oral spontane» ne recouvre pas toujours la notion de «familier». Voici, parmi d'autres, trois commentaires retenus: -

[...] Par exemple : coudon ou gougoune ne sont pas choquants. Ce sont des mots plutot amusants mais d'origine «populaire». [...] Exemple : placoter est populaire, mais non choquant. «Viens, on va placoter un peu». Crime ä glace est «populaire», et non «vulgaire». II y a une categorie absente entre l'«oral spontane» et le «vulgaire». Je l'ai appelee «familier». Dans certaines circonstances, il y a des mots qui ne sont pas de «oral spontane»[...] mais qui ne sont pas «vulgaires» pour autant (ex. : cräme a glace : je n'emploie pas ce terme mais je ne le considere pas «vulgaire» pour autant). II faudrait peutetre simplement changer l'appellation de cette categorie : «vulgaire» a une connotation pejorative. Dans cet ordre d'idee, devierger me parait «vulgaire». Peut-on (doit-on) comparer creme a glace ä deviergerl

II faudrait done, selon quelques repondants, creer une nouvelle categorie susceptible de remplir ce vide ressenti entre l'«oral spontane» et le «vulgaire».

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H61ene Cajolet-Laganiere et Pierre Martel

Comme on le voit, le fait de marquer les mots selon la classe sociale des usagers demeure actuel. Mais, comme le dit Josette Rey-Debove, nous pensons qu'il vaut mieux eviter etiquette «populaire», car «il devient difficile, dans ce brassage du lexique, de caracteriser un mot par la classe de personnes qui 1'emploient» (1971:38). Pour conclure, nous croyons qu'un nouveau Systeme de marques de niveaux de langue est possible et souhaitable. Ce Systeme doit etre simplifie et bien defini afin que les utilisateurs de dictionnaires s'y retrouvent plus facilement. Selon 1'enquete sociolinguistique que nous avons menee, il existe un consensus social sur la repartition, selon des niveaux de langue, d'un tres grand nombre de mots quebecois. S'il est permis d'extrapoler, nous pouvons etendre certains de nos resultats ä des ensembles reprosentant des categories de mots; par exemple, nous croyons que bon nombre d'innovations lexicales de formation fran9aise ainsi que la feminisation des litres et fonctions correspondraient chez les Quebecois aux niveaux «standard ecrit»et «standard oral», alors que les mots d'origine anglaise ou americaine seront considered au niveau «oral spontane», etc. Enfin, nos re"pondants se sont prononces majoritairement en faveur d'une grille sociolinguistique simplifie"e des marques de niveaux de langue. Le Systeme de marquage que nous avons adopte se base sur la situation de communication et non sur une quelconque classe sociale des locuteurs. Comme le faisait remarquer JeanClaude Corbeil, «la langue commune varie selon certains registres, et ces registres semblent comcider avec des situations de paroles» (1975:7). La grille ä trois niveaux que nous avons experimentee a satisfait dans 1'ensemble les gens interroges. Des ajustements, comme celui d'un niveau intermediaire entre «oral spontane» et «vulgaire», devront cependant etre apportes. Des enquetes complementaires devraient nous permettre d'en arriver ä marquer ces mots de maniere plus precise. Aux fins de cet expose, nous avons limite notre proposition ä cette grille sociolinguistique des marques de niveaux de langue. II va sans dire qu'il faudra ensuite traduire ces niveaux par diverses marques appropriees et adaptees au discours lexicographique quebecois, en incluant, bien entendu, la marque zero pour les unites lexicales utilisees ä tous les niveaux. Cette dimension est compl6mentaire ä l'etude dejä menee et devrait etre poursuivie dans les mois ä venir.

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Les marques de niveaux de langue dans les dictionnaires: Synthese et proposition

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Claude Verreault Universito Laval

Inclusion, reconnaissance et identification des francismes dans les dictionnaires quebecois : problemes et methodes ä la lumiere de experience du Dictionnaire quebecois d'aujourd'hui1

Depuis le colloque La lexicographic quabecoise: bilan et perspectives, tenu ä l'Universite Laval en 1985 et dont les actes ont etc publics 1'annee suivante (Boisvert, Poirier et Verreault 1986), la production dictionnairique quebecoise a connu un essor et une evolution remarquables. Elle a ete marquee non seulement par la parution de nouveaux repertoires differentiels (par exemple Dulong 1989, Robinson et Smith 1990, Proteau 1991), de nouveaux recueils de locutions toutes faites et d'expressions figurees (par exemple das et Seutin 1989, Dugas et Soucy 1991) ou de nouveaux ouvrages de difficultes (De Villers 1988), mais surtout par la parution de deux dictionnaires d'usage presentant une nomenclature plus complete: le Dictionnaire dufrangais plus (DFP) en 1988, puis le Dictionnaire quebecois d'aujourd'hui (DQA) en 1992.2 Jusqu'ä present, ces deux dictionnaires ont retenu 1'attention surtout par les quelques milliers de quebecismes qu'ils ont integres ä leur nomenclature, et par le fait que ces mots et ces emplois particuliers au frar^ais du Quebec n'y ont pas ete marques comme tels, contrairement au dictionnaire de Belisle (1957) dans lequel tous les quebecismes etaient clairement identifies. Un autre aspect extremement novateur du DFP et du DQA est passe presque inapergu ou comme allant de soi, au Quebec tout au moins: celui de l'inclusion, de la reconnaissance et de identification d'un certain nombre de francismes, c'est-ä-dire d'un certain nombre de mots et d'emplois consideres comme particuliers au fran9ais de France.3 Si l'inclusion de francismes dans les dictionnaires quebecois peut sembler aller de soi (ce qui pose neanmoins dejä le probleme de leur selection, question que je n'aborderai pas ici), leur reconnaissance et leur identification ne vont pas sans soulever un certain nombre de problemes lexicographiques beaucoup Je remercie Esther Poisson, chercheuse au Tresor de la langue frangaise au Quebec, qui a eu I'amabilite de lire et de commenter mon texte; ses remarques eclairees m Ont ameno ä preciser et ä nuancer ma pensoe sur plusieurs points. Sur les principes qui ont sous-tendu la redaction de chacun de ces deux ouvrages, voir Mercier 1992 et Boulanger 1994. Pour designer les particularites linguistiques du fran9ais de France par rapport ä d'autres varietes nationales de francais, Hausmann (1986:8) semble avoir eto le premier ä recourir au terme francisme qui a ete repris par la suite par de nombreux auteurs, dont ceux du DFP (1988:XVin; figure en outre ä la nomenclature, voir p. 705b) et ceux du DQA (1993:XXI; absent neanmoins de la nomenclature). Le terme meme de francisme n'est cependant pas recent; dejä au XVIe siecle, il etait utilisd par le grammairien Ramus pour designer des emplois et des constructions propres au francais par rapport ä d'autres langues, au latin et au grec notamment, c'est-a-dire pour d£signer des gallicismes (Huguet 1925-1967, sous francisme; Trudeau 1992:102 et suiv.).

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plus complexes qu'il n'y parait ä premiere vue, ce que je me propose de demontrer ä partir de l'examen du DQA, ouvrage qui est alle beaucoup plus loin que le DFP, ce dernier ayant ete le premier ä s'engager veYitablement dans cette voie.4 Ä cette fin, j'ai recouru ä la deuxieme 6dition revue et corrigie de 1993 et j'ai precede au depouillement systematique des articles commensant par les lettres A, B, C, G, H, J, L, M, N, O, P (jusqu'aphare), Q, S, T, U, V, W, , et Z - ce qui reprosente 771 pages sur un total de l 273, c'est-ä-dire un peu plus de 60 % de la partie langue du dictionnaire - afin de reperer tous les mots et tous les emplois presents comme des francismes au moyen de l'une ou de l'autre des deux marques topolectales suivantes: France ou Surtout en France.5 Ce travail de depouillement a permis de relever 933 mots ou emplois doclaros etre des francismes. De ce nombre, 752 (80,6 %) sont accompagnes de la marque France, c'est-ä-dire qu'ils sont presentes comme «particuliers ä la France» (DQA 1993:XXI); plus precisement, il s'agit, selon la formulation des auteurs du dictionnaire, de mots ou de sens qui «sont en general connus ici mais [dont l']emploi est plutöt passif, c'est-ä-dire que l'utilisateur du dictionnaire peut les entendre, grace ä la television, la radio, au cinema, etc., ou les lire, grace aux journaux, aux revues, ä la litterature, etc., mais il les integrera rarement ä son usage actif, sauf s'il veut creer un effet rhetorique» (p. XXI). Quant aux 181 (19,4 %) autres francismes releves, us sont accompagnes de la marque Surtout en France, c'est-a-dire qu'ils sont presentes comme «usuel[s] en France tout en ayant une certaine frequence active au Quebec, le plus souvent [...] dans le registre soutenu» (DQA 1993: XXI).6 L'importance accordde aux differences de l'autre est done considerable, ce qui est d'autant plus etonnant que le DQA se presente avant tout comme un ouvrage qui vise ä repondre au «pressant besoin [...] d'une description complete - et non plus partielle ou differentielle» (p. IX) de l'usage quebecois, dont il veut par ailleurs refleter «la realite fonctionnelle» (p. X). Voici, choisis au hasard, des exemples de mots ou d'emplois reconnus comme francismes et identifios comme tels au moyen de la marque France: agent (de police) «policier» (sous agent 2), chasseurs alpins «troupes specialisees dans la guerre de montagne» (sous alpin), aoütien «personne qui prend ses vacances en aout» (sous aout), arrondissement «circonscription administrative», se barrer «partir, s'enfuir» (sous barre), bateau-mouche «bateau trans-

Selon M. Cormier (1993:114), cette pratique remonterait ä la deuxieme odition du Dictionnaire CEC Jeunesse, parue en 1986, ce qui morite d'etre nuance1. En effet, le Dictionnaire CEC Jeunesse n'identifie pas les francismes ä strictement parier; il se limite tout au plus ä faire ressortir le trait /en France/ dans la dofinition de quelques termes designant des roalitos typiquement hexagonales (par exemple lycee defini par «En France, etablissement d'enseignement secondaire»), selon une procedure tout ä fait semblable ä celle utilisee par Belisle dejä en 1957 (cf. lycee dofini par «Nom des etablissements publics destruction secondaire, qui, en Europe, correspondent aux collages classiques canadiens»). Les dtudiants qui ont suivi mon cours d'initiation ä l'otude du lexique qu6b6cois au trimestre d'hiver 1994 oni ogalement participo ä ce travail de dopouillement et je profite de 1'occasion pour les remercier de leur collaboration. Le dopouillement a permis en outre de relever quatre mots qui sont prosentos comme des rogionalismes frangais et dont je ne tiendrai pas compte ici; il s'agit de cabanon «petite maison de campagne» (sous cabane) qui est comme provenfal, de coron «ensemble d'habitations identiques dispos6es rdgulierement et construites pour les mineurs» qui est doclaro etre en usage dans le nord de la France et dans les pays miniers, de palombe «pigeon-ramier» qui est signal^ comme particulier au sud-ouest de la France, et de peuchere «exclamation exprimant une commisoration affectueuse ou ironique» qui est donno comme particulier au sudest.

Inclusion, reconnaissance et identification des francismes dans les diclionnaires quobecois

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portant des passagers sur la Seine ä Paris» (sous bateau et sous mouche), beigne n. f. «coup, gifle» (sous beigne 2), billetterie «distributeur de billets de banque fonctionnant avec une carte magnetique» (sous billet), blatte «insecte nocturne au corps aplati», bouquiner «lire» (sous bouquin), box-office «echelle de succes [par exemple d'un film] d'apres le montant des recettes», se earner «se droguer», cancre «ecolier paresseux et nul», canton «division territoriale d'un arrondissement», cassoulet «ragout prepare avec de la viande (confit d'oie, de canard, mouton ou pore) et des haricots blancs», l'Ecole des Charles «ecole institute pour preparer des specialistes des documents anciens» (sous charte), chewing-gum «gomme ä mächer», choper «attraper [une maladie]», cite ouvriere et cito universitaire (sous cite), citudortoir (sous eile et dortoir), cong^re «amas de neige entassee par le vent», la Constituante « Assemble frangaise de 1789» (sous constitution 2), gaminerie «comportement, actes, propos dignes d'un gamin» (sous gamin), garrigue «terrain aride et calcaire de la region moditerraneenne; v6getation de chenes verts et de buissons aromatiques qui couvre ce terrain», glace «vitre fixe ou mobile d'une voiture, d'un wagon» et «plaque de verre etamee» (sous glace 2), hachis Pannentier «hachis de boeuf melange ä de la puree de pommes de terre» (sous hache), hi-fi (prononce ['ifi]) «haute-fidelite», hospice «etablissement public ou prive ou re$oit et entretient des vieillards et des infirmes dans le besoin», jules «homme, amoureux, man», lombric «ver de terre», lycae «etablissement public d'enseignement secondaire (classique, moderne ou technique)», le Premier mal «le jour de la fete des travailleurs» (sous mai), mamie «nom donno par les enfants ä leur grand-mere», marron adj. invar, «d'une couleur brune et foncee» (sous marron 1), matheux «qui etudie les maths; fort en maths» (sous math matique), mistral «vent violent qui souffle du nord ou du nord-ouest vers la mer, dans la vallee du Rhone et sur la Mediterranee», mitraille «petite monnaie de metal», passer ses vacances a la montagne (sous mont), nana «jeune fille, jeune femme», papillon «avis de contravention», «parapluie» (sous/^pw 3), quittance «attestation ecrite de remboursement d'une somme due» (sous quitte), sapeur-pompier «nom administratif des pompiers», sous-prolitariat «classe sociale urbaine ou rurale la plus pauvre, vivant d'emplois pre"caires et dans des conditions miserables» (sous sous-), stop «auto-stop», T.G.V. «abreviation de train a grande vitesse» et voiturier «employe d'un hotel ou d'un casino charge de garer les voitures des clients» (sous voiture). Voici maintenant des exemples de mots ou d'emplois toujours reconnus comme francismes mais identifies au moyen de la marque Surtout en France: ardoise «compte de merchandises, de consommations prises ä credit», aubergine adj. invar, «de la couleur violet fonce de aubergine», autocar «grand vehicule automobile pour le transport interurbain de plusieurs dizaines de personnes», biere (a la) pression «biere mise sous pression en recipients, et tiree directement dans les verres, ä la brasserie, ä la taverne, etc.» (sous biere 1; aussi sous pression 1, mais sans aucune marque), hol de cafe au lait (sous bol 1), se branler «se masturber», braquer «mettre en joue (qqn); attaquer ä main armee», mon brave «appellation condescendante ä l'egard d'un inferieur» (sous brave), building «vaste immeuble moderne, ä nombreux etages», chiper «attraper [une maladie]», chope «recipient cylindrique ä anse, pour boire la biere», coing «fruit du cognassier, ayant la forme d'une poire, de couleur jaune», coquin «personne, surtout enfant, qui a de la malice, de 1'espieglerie», gale «maladie contagieuse de la

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peau, produite par un parasite animal, caracterisee par des demangeaisons», gamin «enfant ou adolescent», gargonniere «petit appartement pour un homme seul» (sous gargon), glagage «fine couche de Sucre fondu, parfois aromatisee» et glacer «recouvrir [une patisserie] de Sucre transparent» (sous glacer 2), nom de jeunefille «[nom qu'une femme mariee] portait avant le manage» (sousjeune), madame «titre donne ä une femme qui est ou a etc mariee» (par ex. dans Bonjour, madame), «titre donne par respect ä certaines femmes, mariees ou non» (par ex. dans Madame la Directrice) et «la maitresse de maison» (par ex. dans Madame est servie), se magner «se depecher, se remuer», malotru «personne sans education, de manieres grossieres», mansarde «toit brise ä quatre pans», mec «homme, individu», niais «dont la simplicite, inexperience, l'ignorance va jusqu'ä la betise», la Noel «la fete de Noel» (sous noel), showbusiness «Industrie, metier du spectacle» (sous show), tartine «tranche de pain recouverte de beurre, de confiture», toubib «medecin», valoche «valise», vasouiller «etre hesitant, peu sür de soi, maladroit (dans une reponse, etc.)» et week-end «conge de fin de semaine, comprenant le samedi et le dimanche». Si la majorite des francophones ayant la variete quebecoise comme langue maternelle (ou seconde) peuvent effectivement reconnaitre comme francismes - done comme etrangers ä leur propre variete - des mots et des emplois comme aoütien, ardoise, se barrer, beigne (n. f. «coup, gifle»), billetterie (dans la variete quebecoise, on dit plutöt guichet automatique), bouquiner (dans la variete quebecoise, bouquiner a plutot le sens de «passer du temps dans une librairie pour regarder, acheter des livres»), se camer, jules, se magner, mitraille (dans la variete quebecoise, on dit plutöt change, emploi qui est critique - ce qui ne signifie pas qu'il soit forcement familier comme le pr6tend le DQA), toubib, valoche, vasouiller ou voiturier (dans la variete quebecoise, on dit plutöt valet - donne ä tort comme familier dans le DQA), il en va tout autrement pour des mots et des emplois tels agent (de police), autocar, biere (a la) pression, box-office, se branler, gale, gamin, hospice, niais, la Noel, quittance, sapeur-pompier, sousproletariat, tartine et week-end, qu'aucun Quebecois ne percevra comme etrangers ä sä propre variete de frangais, sans compter tous les autres mots et emplois du type cassoulet, l'Ecole des Charles, hachis Parmentier, lycee et mistral, lesquels ne sont pas necessairement non plus per£us comme etrangers du seul fait qu'ils referent ä des realites typiquement hexagonales. C'est done dire que la reconnaissance et identification des francismes dans le DQA font difficulte.

Caractere incoherent de l'entreprise De fait, les mots et les emplois doclares etre des francismes par les auteurs du DQA n'en sont pas tous. Pour reprendre des exemples dejä cites, c'est le cas notamment de agent (de police), de autocar, de biere (a la) pression et de tartine qui appartiennent tous sinon ä la langue courante du moins ä la langue soignoe dans la variete quebecoise, de box-office qui est usuel dans la bouche ou sous la plume des chroniqueurs artistiques, de gale qui concurrence serieusement grattelle (ce dernier 6tant peut-etre per?u comme davantage populaire ou familier), de niais qui prend resolument le pas sur niaiseux dans la langue soignee, de quittance qui est courant dans le vocabulaire du droh, de sapeur-pompier qui est souvent prefere au simple pompier dans la langue des medias, de week-end qui - que cela plaise ou non - vole de plus en

Inclusion, reconnaissance et identification des francismes dans les dictionnaires quebecois

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plus la vedette a fin de semaine dans la langue soignee, de sous-proletariat qui appartient au vocabulaire de la sociologie, de gamin et de la Noel qui relevent tous deux de la langue plutot litteraire (ce qui n'en fait pas des francismes pour autant). C'est encore le cas de bateaumouche (on sait que de telles embarcations existent maintenant ä Montreal et ä Quebec, au grand plaisir des touristes d'ailleurs) et de T.G.V. (le Canada ne dispose pas encore de ce moyen de transport mais il y a longtemps que politiques et hommes d'affaires discutent de l'opportunite de sa mise en service dans le corridor Quebec - Windsor), de blatte et de lombric qui sont les termes utilises par les specialistes pour designer respectivement ce que nomme plus communement coquerelle et ver de terre, de cancre, de gaminerie, de malotru et de passer ses vacances a la montagne qui relevent tous de la langue plutöt litteraire, de se branler auquel un certain nombre de Quebecois n'hositeront pas ä recourir ä la place de se crasser per?u comme plus vulgaire, du Premier mai qui est une fete celebree egalement au Quebec (meme si eile n'y est pas chomee), de glace «vitre fixe ou mobile d'une automobile» qui releve de la langue soignee ou litteraire (vitre etant le terme courant) et de glace «plaque de verre etamee» qui releve egalement de la langue soignee ou litteraire (miroir 6tant le terme courant), de citeouvriere et de cite-dortoir qui s'emploient respectivement en concurrence avec ville ou banlieue ouvriere et avec ville- ou banlieue-dortoir, de mamie qui est en voie de supplanter grandmatnan dans la langue de bien des petits Quebecois, de hol de cafe au lait, de die universitaire, de hi-fi (prononce cependant ['ajfaj] et non [Mfi] comme en France), de hospice, de nom de jeunefille, de madame, de mansarde et de nombreux autres qui se passent de commentaire. Ä quoi faut-il attribuer de telles inexactitudes, qu'il est difficile de passer sous silence? Ä une demarche davantage differentielle que fonctionnelle de la part du lexicographe? Ä un corpus encore inapte ä bien rendre compte du fonctionnement reel de tous les mots en usage au Quebec, en particulier de ceux qui ne constituent pas a priori des quebecismes? En revanche, il subsiste encore trop de mots et d'emplois qui n'ont pas etc identifies comme des francismes et qui auraient pourtant merite de l'etre; c'est le cas par exemple dt jus de chaussette «mauvais cafe» (sous chaussette), de crampon «personne importune et tenace», de mochete n. f. «personne laide» (sous moche), de neneüe «tete» (sous nenette /), de tomber sur le paletot de qqn «se jeter sur lui (pour le prendre ä partie)» (sous paletot), de pave «gros livre indigeste» (sous paver; dans la variete quebecoise, on dit plutot brique, emploi absent du DQA) et de trinquer «subir des desagrements, des pertes», du moins d'apres les corpus que j'ai pu consulter. Certes, le DQA reconnait et identifie davantage de francismes que le UFP (Thibault et Thibault 1993:580; Pellerin 1994:19),7 mais il s'agit d'une pratique qui temoigne d'encore trop d'incoherence, comme on n'a pas manqu€ de le souligner ä propos du DFP (Faribault 1989:19, et Cormier 1993:114). En reconnaissant et en identifiant comme francismes des mots et des emplois qui n'en sont pas et en omettant d'en reconnaitre et d'en identifier de nombreux autres qui en sont, le DQA livre une image qui n'est pas toujours juste du fran9ais en usage au Quebec,

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Des 933 mots et emplois reconnus et identifies - ä tort ou ä raison - comme des francismes dans le DQA, seulement 114 (12,2 %) 1'ont dans le DFP; par exemple agent de police (sous agent), chasseurs alpins (sous alpin), aoütien, ardoise, beigne n. f. «gifle» (sous beigne 2) et se magner.

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ce qui est de nature ä accentuer l'insecurite linguistique des utilisateurs quebecois ä qui il est d'abord destine, et ä induire en erreur les utilisateurs etrangers.

«France» et «Surtout en France» La distinction entre les marques France et Surtout en France pour identifier les francismes reste problematique. Ainsi, tout utilisateur quebecois ne manquera pas de se demander pourquoi nana a la marque France, tandis que son equivalent masculin mec a regu plutöt la marque Surtout en France. Dans le meme ordre, pourquoi marron «d'une couleur brune et foncee» a-t-il regu la marque France, tandis que aubergine «de la couleur violet fonce de l'aubergine», dont 1'usage est comparable dans la variete quebecoise, a regu la marque Surtout en France? Pourquoi choper «attraper [une maladie]» a-t-il regu la marque France tandis que chiper, de meme sens et tout autant inusite au Quebec, s'est vu attribuer la marque Surtout en France? Qu'est-ce qui justifie encore quepapillon «avis de contravention» ait regu la marque France alors que ardoise «compte de marchandises, de consommations prises ä credit», qui n'est pas davantage usite au Quobec, a eu droit quant ä lui ä la marque Surtout en France? Dans l'esprit des auteurs du dictionnaire, nana, marron, choper etpapillon seraient d'un «emploi [...] plutöt passif» au Quebec alors que mec, aubergine, chiper et ardoise auraient quant ä eux «une certaine frequence active» (DQA 1993:XXI), ce qui pose la question de savoir comment le caractere plus ou moins actif ou passif de ces unites a ete mesure. Compte tenu que le Quebec ne dispose actuellement d'aucune base de donnees süffisantes pour etablir de telles mesures, il est permis de penser que ce jugement repose davantage sur l'intuition personnelle du lexicographe plutöt que sur 1'observation d'un corpus representatif de la multiplicite et de la diversite des usages quebecois. Quoi qu'il en soit, idee de chercher ä distinguer deux sortes de francismes au moyen de deux marques libellees differemment - France pour marquer ceux dont l'«emploi est plutöt passif» et Surtout en France pour marquer ceux qui ont «une certaine frequence active» - peut paraitre seduisante, mais eile s'avere inapplicable. D'une part, il n'existe aucune difference appreciable entre des mots comme nana et mec, choper et chiper, oupapillon et ardoise dans 1'usage quebecois, au-delä du fait qu'ils soient tous pergus comme caracteristiques avant tout du frangais de France; cette extraneite ne les empeche cependant pas, etant donne le prestige traditionnellement associe ä la variete de France et 1'ascendant qu'elle exerce sur les autres varietes nationales de frangais, de pouvoir etre connus passivement de tout locuteur quebe"cois et meme de se rencontrer ä tout moment dans son discours. C'est le cas par exemple d'un mot comme toubib qui est accompagne de la marque Surtout en France dans le DQA et que j'ai releve dans le litre d'un article d'un quotidien de Quebec,8 mais dont 1'extraneite n'est pas moindre que se earner ou valoche, mots pour lesquels je n'ai trouve" aucune attestation semblable. Par ailleurs, il va de soi que cette extraneite n'a rien «Toubibs ä la rescousse. Un motoneigiste victime d'une violente embardoe sur le lac des Sables, ä environ 45 kilometres au nord de la Malbaie, a eu la chance d'etre secouru par deux medecins qui pratiquaient, eux aussi, le sport de la motoneige, vers 15h30, hier.» (Le Journal de Quebec, 13 fevrier 1994, p. 2).

Inclusion, reconnaissance et identification des francismes dans les dictionnaires quobocois

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d'immuable puisque certains mots et emplois d'abord perc.us comme des francismes par les Quebecois flnissent par s'integrer completement ä leur variete et ä ne plus etre consideres comme tels; pour s'en convaincre, il suffit de penser ä des mots comme con «imbecile, idiot» et deconner «dire des absurdites, des betises», qui font maintenant partie du vocabulaire courant des jeunes generations de Quebecois mais qui, hier encore, etaient perfus comme des francismes et qui le sont peut-etre toujours par les generations plus ägees; c'est sans doute egalement le sort que sont en train de connaitre braquer «attaquer ä main armee» et braquage «attaque ä main armee», mots qui ont re9u la marque Surtout en France dans le DQA mais qui se rencontrent de plus en plus dans la langue des journaux quebecois. D'autre pan, ä partir du moment oil un francisme commence ä connaitre une certaine frequence - et aussi une certaine repartition - dans 1'usage quebecois, il ne s'agit plus d'un francisme. Dans la perspective d'une description fonctionnelle et non plus differentielle de la variete quebecoise, il incombe alors au lexicographe de decrire le fonctionnement reel de cette nouvelle unite, notamment en en precisant le domaine d'emploi et en la situant par rapport aux autres unites qui fonctionnent ä l'interieur du meme reseau. Ainsi, I'attribution d'une marque comme Surtout en France ä week-end donne I'impression que ce mot n'a pas vraiment d'assise dans 1'usage quebecois - ce qui n'est pas le cas - et eile occulte le fait que week-end est de plus en plus prefere a. fin de semaine dans la langue soignee. En optant pour une remarque d'ordre fonctionnel - Surtout dans la langue soignoe, par exemple - plutot que pour une marque de nature differentielle - Surtout en France -, le lexicographe ne repondrait-il pas mieux ä l'objectif qu'il s'est lui-meme fixe, celui de refleter «la realite fonctionnelle» (DQA 1993:X) du fran9ais usite au Quebec? Tout bien considere, il faudrait done faire preuve de davantage de prudence dans la reconnaissance et dans identification des francismes. Compte tenu de la dynamique et du rapport de force existant entre le franc.ais du Quebec et celui de France, il est legitime de se demander si la marque France est la plus appropriee; ne vaudrait-il pas mieux lui preferer une marque comme Surtout en France ou, pour reprendre une proposition recente de ma collegue Annette Paquot (1995), D'abord en France? Par ailleurs, dans la mesure ou les mots et les emplois per9us comme etrangers par les Quebecois sont pour la plupart en usage non seulement en France mais aussi dans ces deux pays limitrophes que sont la Belgique et la Suisse, ne faudrait-il pas envisager, le cas echeant, de recourir egalement ä une marque plus large, Surtout en Europe par exemple?

Francismes et mots designant des realties hexagonales Le concept de francisme est issu de la reflexion generate sur la variation geographique du fran9ais et sur les regionalismes. Traditionnellement, on a inclus parmi les regionalismes les mots designant des realites specifiques ä une region donnee. C'est ce qui explique que les Quebecois aient et6 habitues ä considorer comme des queb6cismes des mots tels cegep, parc et polyvalente, pour n'en nommer que quelques-uns parmi ceux qui figurent dans Dubuc et Boulanger (1983:65, 71 et 88). C'est aussi ce qui a amene les auteurs du DQA ä attribuer la marque France ä des mots et ä des emplois comme arrondissement, cassoulet, chasseurs alpins, l'Ecole des Chartes, hachis Parmentier, lycae et mistral, done ä les presenter comme des fran-

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cismes.9 Dans la mesure ou la regionalite n'est pas fondee ici sur le signifiant linguistique mais sur le referent, on ne peut, comme l'a dejä souligne Pierre Rezeau (1986:44), «parier de regionalismes [et a fortiori de quebecismes ou de francismes] qu'en un sens elargi: 1'ecart renvoie ici d'abord au referent avant de se ropercuter dans la langue». Comme Rezeau 1'a encore signa!6, «[c]es mots ou ces sens sont bien evidemment ä inventorier, mais lorsqu'on les retient dans un dictionnaire general, etiquette regional [ou France, dans le cas present] n'est guere adequate: le caractere regional fait ici partie de la denotation et il devrait entrer dans la definition». Ainsi, pour s'en tenir ä des mots qui designent des realites typiquement hexagonales, ne serait-il pas plus juste et aussi plus explicite de definir arrondissement par quelque chose comme «dans les döpartements et les grandes villes de France, subdivision administrative», cassoulet par «ragout typique de la cuisine fran^aise, prepare avec de la viande (confit d'oie, de canard, mouton ou pore) et des haricots blancs», chasseurs alpins par «troupes de I'armee fran9aise specialisees dans la guerre de montagne», l'Ecole des Charles par «institution francaise destinee ä preparer des specialistes des documents anciens», hachis Parmentier par «mets typique de la cuisine frangaise, fait d'un hachis de boeuf melange ä de la puree de pommes de terre», lycle par «dans le Systeme scolaire franijais, etablissement public d'enseignement secondaire» et mistral par «vent violent qui souffle sur la France mediterraneenne», plutot que de leur attribuer une marque topolectale qui n'a au fond aucune portee veritablement geolinguistique?

En guise de conclusion Apres avoir fait e"tat des difficultes quasi insurmontables que l'identification des quebecismes pose au lexicographic du fran£ais du Quebec, Claude Poirier (1990:91) en est arrive ä penser que «[l]a seule politique coherente, dans un dictionnaire d'usage quebecois, est de ne pas distinguer les quebecismes mais bien plutot d'identifier les francismes, c'est-a-dire les usages de France qui n'ont pas cours dans notre variete de fran£ais et qu'on juge utile de rappeler afin de donner acces ä un large ensemble de discours francophones». Cette politique, qui a ete adoptee par les auteurs du DQA, n'est cependant pas simple ä appliquer. En effet, comment faire vraiment et justement la part entre ce qui a cours et ce qui n'a pas cours dans la variete qu£b£coise? Si la reconnaissance et identification des francismes peut paraitre a priori plus facile que celle des quobocismes, il n'en est cependant rien dans la pratique, surtout dans la perspective d'une description qui se veut non plus differentielle mais avant tout fonctionnelle

La logique d'une teile pratique, qui a aussi conduit les auteurs du DQA ä utiliser la marque Afrique devant sirocco «vent du sud-est extremement chaud et sec, d'origine saharienne», n'aurait-elle pas exigo d'utiliser la meme marque devant simoun «vent violent, chaud et sec, accompagnd de tourbillons de sable, qui souffle sur les rogions dosertiques de l'Arabie, de l'Egypte, du Sahara», la marque Canada devant chinook «vent chaud et sec des montagnes Rocheuses, qui souffle sur les Prairies et vers les cötes des Etats de Washington et d'Orogon» et la marque Asie devant mousson «vent tropical regulier d'Asie du Sud et du Sud-Est qui souffle alternativement pendant six mois de la mer vers la terre et de la terre vers la mer»? N'aurait-elle pas exigc de recourir aussi ä des marques comme Maghreb ou Arabic devant couscous, Afrique devant girafe ou Japon devant hara-kirfl

Inclusion, reconnaissance et identification des francismes dans les dictionnaires quebecois

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de la variete de frangais en usage au Quebec.10 Comme le montre l'examen du DQA, une teile entreprise fait surgir de nouveaux problemes que le lexicographe quebecois ne setnble pas toujours en mesure de bien rosoudre, faute d'une solide documentation et en raison d'une reflexion generale sans doute encore insuffisante sur la variation geographique du fransais et sur la representation que peut se faire non seulement de cette langue mais aussi de chacune des varietes nationales qui la composent.

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10

Ce point de vue rejoint celui dejä exprimo par Allen Walker Read (1962) ä propos de la reconnaissance et de identification des americanismes et des briticismes dans les dictionnaires anglais.

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Elmar Schafroth Universite d'Augsbourg

Deux cousins de la famille Robert Quelques observations sur le Dictionnaire quebecois d'aujourd'hui et le Nouveau Petit Robert Notre contribution se veut synchronique et constitue une etude comparative de deux dictionnaires de fran9ais parus chez le Robert, Tun au Quebec,1 l'autre en France, ä partir d'un corpus de mots extraits du Dictionnaire de frequence des mots dufrangais parle au Quebec (Diet, de frequence).

Base de donnees, methode de depouillement et buts de Fanalyse Le Diet, de frequence presente un point de depart ideal par son corpus de Ian gage parle etabli selon les criteres de la statistique lexicale. En partant de cette base de recherche, tous les mots ayant un nombre d'occurrences de 15 au minimum2 - c'etaient plus de deux mille vocables (corpus elargi), c'est-a-dire lemmes - ont etc soumis ä une comparaison dans les deux dictionnaires de la maison Robert, le Dictionnaire quebecois d'aujourd'hui (DQA), dans sa deuxieme edition de 1993, et le Nouveau Petit Robert (NPR) de la meme annee. C'etait done une simple verification des signifiants listes dans le Diet, de frequence. Le deuxieme pas consistait ä examiner de plus pres dans les deux dictionnaires les microstructures de la moitie de ces deux mille lemmes (corpus reduit). Le premier but principal de ce travail plutöt statistique etait de voir dans quelle mesure le Nouveau Petit Robert inclut des mots, des significations ou des usages propres au francais quebecois (parle) et comment le taux d'integration de quebecismes, relativement ä notre corpus depouille, a evolue depuis l'edition de 1977. En second lieu nous interessait la question de savoir si le DQA reflete d'une maniere fidele la realite linguistique du fran9ais parle au Quebec. D'autres observations, des resultats en marge pour ainsi dire, portant par exemple sur les anglicismes, s'y ajouteront. En dernier lieu, pour ne pas abandonner tout ä fait notre idee initiale de considerer aussi des textes litteraires, nous avons examine une ocuvre quebecoise, le roman D'Amour, P. Q. de Jacques Godbout, dans le but de "lire" ce texte ä l'aide du DQA et du NPR.

1 2

Cf. I'aper^u sur les dictionnaires du fran^ais (parle) quobecois dans Beauchemin (1993). Les froquences absolues des mots choisis s'etendent de 63 979 (le, article) jusqu'au chiffre 15 (occupe par plusieurs mots, en ordre alphabotique, dont le demier est voile, f.).

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II n'est pas ne"cessaire d'introduire les trois ouvrages lexicographiques3 dont il est question. Nous allons noanmoins jeter un coup d'reil dans le NPR et le Diet, de frequence dont les principaux traits caracteristiques seront brievement resumes.

Le Nouveau Petit Robert et les criteres d'integration des particularismcs non-hexagonaux La preface du Nouveau Petit Robert montre, en ce qui concerne la consideration des regionalismes, que l'objectif du NPR est reste celui du Petit Robert (qu'il prolonge), c'est- dire "la description d'un franc.ais general, d'un fran9ais commun l'ensemble de la francophonie, colore par des usages particuliers" (NPR 21993, ΧΙΠ), mais "seulement lorsque ces usages pr sentent un interet pour tout le monde" (ib.). Le dictionnaire s'applique done a inclure "certains rogionalismes de France et d'ailleurs pour souligner qu'il existe plusieurs 'bons usages' definis non par un decret venu de Paris, mais par autant de reglages spontanes ou de decisions collectives qu'il existe de communautes vivant leur identite en frangais. C'est pourquoi les helvetismes ont ete choisis par des Suisses, les belgicismes par des Beiges, les quebecismes par des Quebecois, et ainsi pour chaque selection de vocabulaire" (ib., XIV). Par ailleurs, le NPR ne nous donne pas de criteres explicites selon lesquels un mot ou un emploi propre au fran^ais quebecois, ou meme un anglicisme largement repandu au Quebec, est "digne" d'avoir acces au dictionnaire. L'aspect de l'interet pour tout le monde n'est certainement pas objectif et meme le jugement de temoins quebecois quant au degre de la diffusion et de l'usage d'une forme ou d'une acception suit des facteurs intuitifs et est, en definitive, peu fiable. II manque done un recueil de quebecismes base sur des donnees objectives. Grace au Diet, defraquence, paru en 1992, la linguistique dispose maintenant d'une source objective et systomatique du lexique du franc.ais parle au Quebec.

Le "Diet, de frequence des mots du frangais parle au Quebec" comme corpus linguistique L'ouvrage pr sente, sur la base de dix sous-corpus differents du franc,ais parle quebecois, entre autres, l'identification des quelque onze mille vocables, leur frequence dans chacune des dix tranches et dans l'ensemble du corpus, leur indice de dispersion et leur coefficient d'usage. Les onze mille vocables correspondent un million de mots-occurrences, chaque sous-corpus comptant 100 000 mots-occurrences. L'ensemble des textes et des discours depouilles se presentent comme fort representatif de la langue parlee au Quebec. II s'agit d'un vaste corpus lexical qui inclut aussi bien les quebecismes que les mots du fransais commun l'ensemble de la francophonie. Le probleme de notre demarche etait le fait que les quebecismes n'ont pas τεςυ, sauf dans quelques cas d'homographie et de mots rares ou difficilement comprehensibles, d'indice particulier. Pour la notation des anglicismes, les auteurs ont suivi la norme du Petit Roben. En cons6quence, les mots marques comme anglicismes dans le Petit Robert ont

3

Pour une caractorisation du DQA , v. Boulanger (1994), pour \&Dict. de frequence, cf. Beauchemin (1993, 154) et, d'une fa^on plus ddtaillee, le compte rendu de Boulanger (1994).

Deux cousins de la famille Roben

211

1'indice (a) dans le Dictionnaire de frfquence; mais aussi ceux qui ne sont utilises qu'au Quebec et dont 1'origine etait attestee dans le Glossaire du parier franqais au Canada ou qui, faute d'une teile affirmation, etaient consideres comme anglicismes par les auteurs. II depasserait certainement les limites de cet article de presenter en detail les methodes de la statistique lexicale. C'est pourquoi nous nous limitons ä expliquer les trois notions principales qui caracterisent la valeur quantitative d'un mot. Prenons l'exemple du mot maganer. Pour quantifier un mot il ne suffit pas de prendre en consideration sa frequence absolue (35 pour maganer); il convient aussi de regarder 1'indice de dispersion, "qui rend compte de la plus ou moins grande stabilite d'un vocable entre les dix sous-corpus" (Diet, de frequence, XXX). Dans le cas de maganer il s'eleve ä 72.98, ce qui signifie que les occurrences de ce vocable sont assez bien reparties entre les dix tranches (si 1'indice etait 100, la repartition serait parfaitement reguliere, s'il prenait la valeur 0, les occurrences se trouveraient toutes dans une seule tranche). Enfin, il y a 1'indice Zusage qui consume la valeur fundamentale parce qu'il rend "1'utilite d'un mot dans la moyenne de la parole [...]" (VII). L'usage, c'est la frequence d'un vocable multipliee par la dispersion, divisee par 100 - done 25.5 pour l'exemple de maganer. C'est pourquoi nous avons ajoute ä quelques vocables auxquels nous nous referons ici non seulement la frequence, mais aussi la dispersion et l'usage. La raison pour laquelle nous avons tout de meme pris comme point de depart la liste des frequences absolues decroissantes et non la liste des indices d'usage, qui refleterait mieux la valeur statistique d'un mot, resulte de la simplicite et de la plus grande intelligibilite de la premiere valeur par rapport ä la deuxieme. Par ailleurs, il n'y a que tres peu de cas ou la dispersion, qui est exprimee aussi par 1'indice d'usage, est zero, done pas representative.

Aspects methodologiques 1) Avant de presenter les resultats, il est necessaire de signaler quelques aspects methodologiques. Si un vocable fransais ou un anglicisme pris du Diet, de frequence est consigne dans le DQA, et ne figure pas ä la nomenclature du NPR, il s'agit alors, selon toute probabilite d'un quebecisme. La meme remarque vaut pour des significations, syntagmes et usages de mots fransais et pour les anglicismes semantiques et des caiques. L'idee de chercher les quebecismes dans le Dictionnaire quebecois nous est d'ailleurs venue alors que nous regrettions qu'il ne soit pas differentiel, ne revele done pas l'usage propre au fran9ais canadien. 2) En partant des mots les plus frequents du quebecois parle listes dans le Diet, de frequence, les indications de frequence se referent ä la forme du mot, au signifiant, et non ä des significations ou des syntagmes. Si par exemple nous avons decouvert le caique prendre une chance dans le DQA, qui manque evidemment dans le NPR, la frequence absolue de presque trois mille vaut pour le verbe prendre et non pour ce syntagme en question. C'est dire que nous n'avons pas recueilli les significations et usages les plus frequents, mais les significations et usages des mots, des vocables les plus frequents.

Elmar Schafroth

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Resultats I)

Synthese des resultats de la comparaison systematique du DQA et du NPR ä partir du "Dictionnaire de frequence" Vue d'ensemble

inclus dans le NPR et marquos comme...

Nombre de mots sur 2325 vocables du Dia. de frequence Nombre de quobecismes (mots) sur 2325 vocables du Diet, defraquence Nombre d'anglicismes (mots) sur 2325 vocables du Dia. de fraquence Nombre de lemmes dont les microstructures contiennent des "particularismes" du fr. queb£cois (sens, emplois). Le nombre de lemmes se rofere aux 1 163 vocables choisis d'apres IcDict. de frequence Nombre de lemmes dont les microstructures contiennent des anglicismes quibicois (sens, caiques). Le nombre de lemmes se rötere aux 1 163 vocables choisis d'apres le Diet, de frequence

II) .1)

non inclus dans le NPR 21 (dont 8 anglicismes) (v. II. 1. a et II.l.c)

non inclus dansle DQA

non inclus ni dans le NPR ni dans le DQA

1 (v. II.2.C)

23 (dont 18 anglicismes) (v.II.l.b)

Canadian./Quebec

5

(v. .2.3) Anglic./Mol angl.

9 (v. II.2.b.) Canadian ./Quebec.

30

122

(v. II.2.a)

(v.II.l.d)

45

(v. Il.l.e)

Les resultats en detail Mots, significations, emplois ou marques qui manquent dans le NPR

a) Parmi les 2 325 premiers lemmes ordonnes selon la frequence decroissante (corpus £largi) il y en avait 13 qui ne figuraient pas dans le Nouveau Petit Robert. Ce sont les mots suivants (frequence; dispersion; usage): ti (520; 67.82; 352.6), poigner (227; 76.74; 174.2), pantoute (181; 83.62; 151.3), revirer (120; 59.14; 70.9), amancher (55; 61.74; 33.9), maganer (35; 72.98; 25.5), achaler (33; 65.58; 21.6), croche adj. (30; 68.97; 20.6), garrocher (27; 72.37; 19.5), bebelle (22; 65.58; 14.4), paqueter (22; 65.58; 14.4), niaiser(2l\ 65.63; 13.7) et wo (19; 55.31; 10.5).

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II faut signaler que la particule interrogative -ti n'est pas un quebecisme proprement dit, parce que ce n'est que dans le NPR qu'elle n'est plus mentionnee. Les editions precedentes la notaient comme appartenant au langage populaire. On devrait peut-etre parier, dans ce cas-la, d'une question de diffusion, d'usage, pas d'existence ou de non-existence. Les mots restants, abstraction faite de l'interjection wo qui releve plutöt de la dimension universelle du langage parle, sont des lexemes de tres grande ou assez grande frequence et de röpartition assez equilibree, comme le montre l'indice de dispersion. b) Le groupe suivant comprend des mots (23) qui sont egalement absents dans le dictionnaire quobecois (cf. 1'annexe, n° 1). II s'agit notamment d'anglicismes (17)4 qui disposent, pourtant, dans quelques cas, d'une assez grande frequence et d'une dispersion relativement stable: par exemple shop, ou les derives de verbes anglais, watcher, tqffer, dairer et feeler.5 La forme coudons (pour ecoute done) montrant le plus d'occurences dans ce groupe figurait encore dans la premiere edition, munie d'une microstructure de cinq significations. Qu'importe les raisons pour la non-consideration de quelques-uns de ces mots dans le DQA, on ne peut certainement pas imputer leur non-lemmatisation au Nouveau Petit Robert. La on irait evidemment trap loin! c) La categoric suivante contient 8 anglicismes marques comme tels par le Dictionnaire de frequence, qui manquent dans le NPR. (Dans un seul cas, smart, le lemme est consigne, mais pas au sens 'gentil, sympathique' du quebecois): chum (ami) (a) (119; 72.23; 85.9), parry (a) (62; 66.10; 40.9), gas (a) 'essence' (41; 63.93; 26.2), sleigh (a) (36; 43.80; 15. ), peanut (a) (27; 54.12; 14.6), smart (a) 'gentil, sympathique' (25; 54.88; 13.7), tough, track (15; 33.89; 5.0). Les rdsultats suivants (v. les n° 2 ä 4 en annexe) portent sur les fruits de notre depouillement des microstructures relatives ä notre corpus "reduil", c'est-ä-dire ä un millier de lemmes (1163 exactement) - la moitie done de notre corpus "elargi" -, pris du Dictionnaire de frequence et verifies dans les deux ouvrages. Lesquels de ces lemmes avons-nous choisi? Nous avons verifie systematiquement les 432 premiers vocables, done un tiers, selon la frequence decroissante, ceux qui atteignent une frequence de 169; pour le reste nous avons soit cherche la ou nous pouvions attendre oventuellement un anglicisme (ä cause d'un signifiant fransais proche de 1'anglais), soit cherch6 au hasard. d) Les deux premieres categories (n° 2 et 3 de 1'annexe) incluent des significations, syntagmes, usages et variantes se referant ä 122 vocables du Dictionnaire de frequence. CeuxLe moiflybean n'est pas marque comme anglicisme mais il en est un sans aucun doute. Cependam, il n'est pas reprosentatif, parce que son indice de dispersion est zoro (c'est-ä-dire que les occurrences se trouvent toutes dans une seule tranche). "[...], les listes qudbecoises contiennent un tres grand nombre de verbes totalemenl absent du F.F. [fra^ais de France], et cela est notamment vorifiable pour les plus froquemment employed dans notre corpus ou [...] on trouve watcher, runner, feeler, toffer, dairer, slacker, swinguer, caller, flyer el puncher" (Theoret 1993,222).

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ci ne sont pas enregistres dans le NPR (n° 2) ou sont accompagnes d'une marque "vieilli" ou "vieux", ou d'une notion dont la reference au Canada n'est pas evidente (n° 3). La selection d'exemples classifios selon differentes tranches de frequence et reunis en annexe sous le numero 2 presente les sens ou les emplois (au nombre de 108) qui semblent constituer des quebecismes sömantiques ou syntagmatiques. Nous disons "semblent" parce qu'il faudrait verifier ces cas dans d'autres dictionnaires francais pour arriver avec certitude ä une teile conclusion. Prenons quelques exemples de chaque tranche de frequence: /ait que (Bollee 1993, 147-149), icitte, chambre de bains, bicycle 'bicyclette', ou bien mouiller 'pleuvoir', balayeur 'aspirateur'. En plus, ü y a des cas - au nombre de 14 - (v. le n° 3 de l'annexe) suivis d'une marque qui Signale le mot ou le sens comme appartenant ä une epoque anterieure du franfais (par exemple a cause que,jaser, catiri), ou d'une marque dont la reference au Canada n'est pas evidente (comme astheure, quasiment, esperer). e) Enfin, le dernier groupe de cette categoric (n° 4) concerne les anglicismes lexicaux, sdmantiques ou de structure, c'est-ä-dire les caiques de l'anglais. Cette categorie contient surtout les significations et emplois d'un mot qui ne sont pas inclus dans le NPR et qui sont tous consignos dans \tDQA avec la marque "anglicisme" (ou "mot anglais", "caique de l'anglais"). Une selection d'attestations (au total 45), reparties encore une fois en tranches relatives aux frequences des lemmes du Dictionnaire de frequence, est ici presentee. II s'agit d'usages comme prendre une chance, amie de fille, ami de gargon, sauver 'economiser, epargner', avoir du trouble, pratiquer au sens de 's'entrainer ä un sport' ou pouding, camping, stop.

.2)

Mots, significations, emplois ou marques consignee dans le NPR

Les autres rosultats que nous avons obtenus ne se definissent pas ex negative, mais portent sur les usages particuliers du fransais quebecois ou canadien ou concernent les anglicismes dans le Nouveau Petit Robert. a) Commen9ons par les 35 lexemes (n° 5 en annexe) qui sont mentionnes comme quebecismes ou canadianismes, en ce qui concerne le niveau des mots (piastre; cent; Cegep; avant-midi; magasiner'), ou quant ä une ou plusieurs significations ou emplois (fin, fun, diner, souper, dajeuner, tire, chalet; blonde, marier 'epouser'), ou pour ce qui est des syntagmes, surtout des mots composes (fin (de semaine); (des Sauvages, des Indiens); television (communautaire); ble (d'Indes)). On voit que souvent un canadianisme est simplement du ä une realite specifiquement nordamericaine ou canadienne. II n'est done pas etonnant, mais au contraire, il est tout a fait normal qu'un dictionnaire comme le NPR qui repertorie pres de 60.000 mots considere un certain nombre d'usages d'une communaute francophone hors de la France.

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b) II y a ensuite la categoric suivante qui comprend les anglicismes ou mots anglais mentionnes dans le NPR. s'agit d'une part d'anglicismes marques comme tels dans le Diet. de frequence (n° 6.1), par exemple/im, job, show, jean, d'autre part (n° 6.2) d'anglicismes marques comme tels dans le DQA, mais pas dans le Diet, de frequence: il n'y en a que trois: o.k, gang ou plutöt gagne, et lunch. c) Le dernier groupe, finalement, ne contient qu'un seul mot que le DQA ä la difference du NPR ne repertorie pas: boss.

Quebocismes et canadianismes dans des editions precedentes du Petit Robert Ce qui nous interesse ici, c'est la quantite des quebecismes consignee et la qualite de leurs definitions dans le NPR. Or, que pouvons-nous dire ä propos de integration de canadianismes ä travers les editions du Petit Robertl Nous avons expose ci-dessus le principe, si tant est qu'il y en ait un, que le Petit Robert a toujours pris en compte dans sa politique les soi-disants regionalismes. Concretement, de nos quebecismes releves dans le NPR, combien en sont nouveaux, combien d'entre eux sont des constantes lexicales depuis une vingtaine d'annee? La reponse en est: il n'y a que peu de differences par rapport aux editions du Petit Robert de 1977, 1981 et 1991: - les mots fun, niaiseux ainsi que les sens qu6b6cois de blonde et claque ne s'y trouvent pas encore. - Les mots suivants sont repertories sans marque relative au Quebec ou au Canada: souper v., diner v., cent ([sen(t)] ou cenne [sen]), diner n., dejeuner n. En d'autres termes, la majorite de nos canadianismes trouves dans le NPR etait dejä presente dans les editions precedentes. Ceci ne temoigne pas d'une veritable mise ä jour du Nouveau Petit Robert ä l'egard des usages propres au Quebec. Cette insuffisance se reconnait aussi au nombre considerable de mots frequents du quebecois parle comme poignerp pantoute, revirer, amancher, maganer, achaler que le cousin fransais semble ignorer. Ainsi en est-il d'un bon nombre d'anglicismes de haute frequence (chum, party, gas, tough).

Definitions et marques des quebecismes et canadianismes dans le NPR Voici quelques observations ä l'egard de l'exactitude des definitions et des marques dans le NPR qui concement les quebecismes ou canadianismes. En general, elles correspondent ä celles donnees dans le DQA, ä quelques exceptions pres ou le NPR ne semble plus etre au courant ou n'est pas assez exact. Nous citons quelques exemples:.

Pour le verbepogner v. Beauchemin (1994).

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- La dofinition depharmacie dans le NPR semble montrer quelques lacunes: NPR: 'Etablissement commercial comprenant une pharmacie, un debit de tabac, et parfois un comptoir o Γόη seit des rafraichissements, des repas legers, et o Γόη vend des produits de beaute et de menus articles' - et le DQA: 'Magasin o Γόη vend des medicaments, des produits, objets et instruments destines surtout aux soins du corps et o Γόη fait executer les ordonnances medicales'. - Le mot habitant au sens 'fermier, cultivateur' est vielli pour le DQA, le sens 'colon qui s'dtablissait demeure sur une terre donnoe par Γ administration royale' relevant en outre de s dimension historique, alors que le sens 'personne ignorante, sans education, peu degourdie' semble constituer l'usage actuel. Le NPR, en revanche, n'indique que la definition 'personne qui exploite la terre'. - Γέίέ des Indiens est note comme "vieilli" dans le DQA, ce qui n'est pas le cas dans le NPR - L'indica on des synonymes niais et sot pour niaiseux dans le NPR ne couvre pas l'etendue semantique de ce mot. Le DQA consigne p. ex. aussi 'maladroit', 'tres simple faire'. - Les synonymes maitresse, fiancoe donnes par le NPR pour blonde sont quelque peu vieillis selon le DQA, qui donne comme acceptions actuelles 'femme, jeune fille, qu'on frequente ou avec laquelle on vit maritalement' et 'femme avec laquelle on est marie'. - Une tourtiere n'est pas seulement une 'tourte base de pore' (c'est la definition du NPR) mais aussi un 'gros p te profond compose de plusieurs sortes de viandes coupees en morceaux et de pomme de terre'. - Une taveme sert generalement des boissons - selon le NPR - et est reservee aux hommes encore aujourd'hui, tandis que le DQA tient ce qu'elle serve uniquement de la biere et ne soit plus interdite aux femmes depuis 1988. II y a encore d'autres aspects resultant de notre analyse qui meriteraient d'etre mentionnes. Pour des raisons compre"hensibles nous nous bornerons un bref choix, comprenant par exemple des observations l'egard des differentes marques attribuees aux seuls et memes mots et emplois dans les deux differentes editions du Dictionnaire quebecois d'aujourd'hui.

Les marques dans les deux editions du DQA relatives aux microstructures de 256 lemmes Le tableau suivant montre des differences fondamentales dans revaluation des mots quebecois et des anglicismes. Les chiffres se rapportent un ensemble de 256 cas que nous avons repartis dans les catogories decrites ci-dessus.

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1 22 14 1 4 35 3 17 1

DQA 11992

DQA 21993

Cour. Fam. Fam. Tres fam. Remarque

Fam. Fam.

Tres fam. Vulg. Vulg.

Anglic. Mot angl. Remarque normative Remarque normative

II ressort de notre comparaison qu'il y a eu 42 cas de devalorisation de mots, 38 mentions 'anglicisme' ou 'mot anglais' qui sont nouvelles, et 18 remarques normatives supplemental res. La deuxieme 6dition semble done avoir change fondamentalement le cadre de reference pour marquer le lexique du frari9ais quebecois.

Une oeuvre de la litterature quebecoise en tant que corpus linguistique: Jacques Godbout, D'amour, P.Q. (1972) Pour ne pas negliger completement les textes litteraires, nous aimerions brievement exposer les resultats du depouillement lexicologique du roman D'amour P.Q. de Jacques Godbout, public en 1972 et accompagne d'un dossier de Jean-Marie Klinkenberg dans edition de 1991 qui contient aussi un glossaire. Ce repertoire comprend 116 usages particuliers (mots, significations, emplois, syntagmes)7 consideres comme caracteristiques du registre de langage parle decrit par Godbout. La liste suivante comprend le nombre de mots et usages inclus dans les trois ouvrages lexicographiques en question: Des 116 usages particuliers sont consignee dans le: -

DQA: 77 Diet, defrlquence (vocables): 66 NPR: 17 (sacre, bleuet, conciergerie,fin 'aimable, gentil',/w/i 'amusement', c'est lefun!; REGION. (Canada), ble d'Inde VX OU REGION. (Canada); piastre (Canada); dore Au Canada, ...; gagne (Quebec) shooter ANGLIC.; bran de scie, galerie, maudit, pousser 'exagerer'.premire 'exiger, employer', rendu 'arrive ä destination').

Lexemes qui manquent dans le NPR: poigner (227; 76.74; 4.2\ pantoute (181; 83.62; 151.3), shop (41; 60.93; 24.9), maganer (35; 72.98; 25.5), achaler (33; 65.58; 21.6), peanut (27; 54.12; 14.6), can (26; 38.19; 9.9), tough (20; 75.28; 15.0), bean (14; 74.49; 10.2), bibite (13; 55.52; 7.2), chequer (9)

7

Les 1 16 cas se referent ä 100 plusieurs significations ou emplois.

glossaire, quelques vocables englobant deux ou

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On remarque que beaucoup d'attestations dans le Nouveau Petit Robert concement aussi bien notre corpus litteraire que le fran9ais parle repertorie dans le Dictionnaire de frequence. Ainsi en-est il pour des lacunes comme p. ex. achaler, crisse, maganer. Ce n'est pas etonnant puisque l'ceuvre döpouillee de Godbout est tres proche du langage parle authentique.

Conclusion Au total, on peut dire qu'entre un cinquieme et un quart des 1163 lemmes du Diet, de frequence dont les microstructures etaient verifiees montrent des "particularites" du frangais quebecois (quebecismes, canadianismes, anglicismes, caiques). Les "particularites" se definissent soit explicitement, par des marques trouvees dans le NPR, soit ex negativo, par 1'absence d'un mot, d'une signification, d'un syntagme ou d'un usage dans le fran9ais de France tel qu'il est decrit dans le NPR, alors que ces elements font partie de la nomenclature du Diet, de frequence ou sont repertories dans le DQA. L'analyse minutieuse d'un millier de microstructures dans les deux dictionnaires fournissait done des resultats pour 256 lemmes et leurs articles. De ces 256 cas ne sont consideres qu'environ 18% dans le NPR, c'est ä dire ce dictionnaire a enregistre et marque comme quebecismes, canadianismes ou anglicismes des informations relatives ä 45 lemmes du Diet, de frequence (v. les resultats listes sous II.2). Inversement la grande majorite (82%) sont des emplois qui ont cours en fran^ais du Quebec, mais sont apparemment inconnus en fran9ais de France - aujourd'hui, il faudrait peut-etre preciser, du moins en ce qui concerne la documentation du NPR, qui est apres tout la plus riche parmi les dictionnaires frangais en un volume. Comme dejä dit, une de nos idees initiales etait de montrer comment le Dictionnaire quebecois pourrait etre depouille comme dictionnaire differentiel. D'une certaine maniere, quelques-uns de nos resultats repondent ä cette question. Ainsi il etait tres instructif de decouvrir dans quelle mesure se manifestaient des differences semantiques entre les deux fran9ais au sein de notre corpus. Nous etions, de plus, etonnes de constater que les anglicismes semantiques et structurels se presentaient en assez grand nombre. La conclusion des auteurs du Dictionnaire de frlquence sur le taux des anglicismes en frangais quebecois porte evidemment sur les anglicismes lexicaux, partant du signifiant du mot: ainsi les anglicismes sont-ils "peu nombreux dans les textes depouilles: 2 occurrences en moyenne par 1 000 mots de texte. Au niveau du vocabulaire, leur pourcentage est plus eleve car ils representent 6% du vocabulaire en general" (XLVII).8 Cependant, le taux augmenterait sans doute considerablement si ajoutait encore 9 les nombreux sens et caiques empruntes ä l'anglais. De ce qui precede nous ne voulons pas formuler des revendications ä l'adresse des lexicographes du Petit Robert, d'autant moins que notre etude ne touche que la langue parlee. Pour En France, les anglicismes s'dleveraient (d'apres J. Rey-Debove) ä 2,5% du vocabulaire. "En tenant compte de leur frequence d'emploi, la proportion descend ä 0,6%" (Thooret 1993,219). Pour les verbes empruntes ä l'anglais Theoret (1993, 221) a calculd pour le franc,ais quebecois un taux de 16%, le pourcentage total de verbes par rapport ä l'ensemble du corpus (de Sherbrooke) s'ötablissant ä 21%. "On peut done dire que le F.Q. est ä peu pres aussi ä l'aise dans l'emploi de verbes empruntes que dans celui de verbes 'normaux'" (ib.).

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pouvoir parier d'une negligence de quebecismes dans le Nouveau Petit Robert, il faudrait partir d'un corpus de mots beaucoup plus vaste que 2 300, et il faudrait inclure aussi la langue ecrite, litteraire et les langues de specialite. Par ailleurs, nous croyons avoir montre que de futures editions de dictionnaires frangais, qu'ils proviennent du Quebec ou de la France, devront consulter le Dictionnaire defraquence et le reconnaitre comme miroir de la realite linguistique au Quebec. Esperons qu'il en sera de meme pour les specialistes en linguistique ou didactique qui travaillent sur le franc.ais quebecois.

Bibliographie Beauchemin, Normand. "A propos du vocabulaire du fran^ais parlo au Quebec," in: Niederehe / Wolf (6d.) (1993), 153-161. Beauchemin, Normand. ""Pogner" un verbe qui ne pogne pas chez les lexicographes", in: Manel / Maurais (ed.) (1994), 231-243. Bollee, Annegret. "Frangais parlo au Qudbec - franjais parle en France", in: Niederehe / Wolf (ed.) (1993), 139152. Boulanger, Jean-Claude. Compte rendu du Diet, de frequence, in: Revue de linguistique romane 58, 1994, 224231. Boulanger, Jean-Claude. "Peut-on "dictionnariser" le franfais du Quobec?", in: Terminogramme, n° 71, hiver 1994,1-5. Diet, de frequence = Beauchemin, Nonnand / Mattel, Pierre / Theoret, Michel. Dictionnaire de frequence des mots du franQais parle au Quebec: frequence, dispersion, usage, ecart reduit (= American University Studies, Series ΧΠΙ: Linguistics; 26) New York, Peter Lang, 1992. DQA = Dictionnare quebecois d'aujourd'hui. Redaction dirigee par Jean-Claude Boulanger. Nouvelle edition, Paris, Dictionnaires Le Robert, Montreal, DicoRobert, 1992,21993. Godbout, Jacques, D'amour, P.Q, Paris, Editions du Seuil (points), 1972 et 1991 pour le dossier en annexe. Martel, Pierre / Maurais, Jacques (6d.). Langues et societes en contact. Melanges offerts a Jean-Claude Corbeil. (= Canadiana Romanica; 8) T bingen, Niemeyer, 1994. Niederehe, Hans-Josef / Wolf, Lothar (6d.). Frangais du Canada - franfais de France. Actes du troisieme Colloque international d'Augsbourg du 13 au 17 mai 1991. (= Canadiana Romanica; 7) T bingen, Niemeyer, 1993. NPR = Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabetique et analogique de la langue franQaise. Nouvelle edition remaniee et amplifiee sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey du Petit Robert, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993. Rey, Alain. A la recherche de la norme: un dictionnaire quebecois, in: Martel / Maurais (6d.) (1994). Theoret, Michel. L'emprunt en France et au Quebec: a causes differentes, effets differents. Le cas particulier des verbes, in: Niederehe / Wolf (ed.) (1993), 217-227.

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Annexes (Listes de mots)

1)

L'absence de mots dans le NPR et le DQA (dont 17 anglicismes (a) selon le Diet, de frequence, plus le mot fly bean = 18 anglicismes)

23 cas: COUDONS* (ocoute done) (95; 70.13; 66.6), SHOP (a) (41; 60.93; 24.9), PAN (a) (40; 20.77; 8.3), FLYBEAN (adv./onomatopo6es/mots inclassables) (31 = RAD.)**, FOREMAN (a) (30; 31.51; 9.4), HON (29; 43.35; 12.5), JOBBER (a) (29 = SLSJ), RUNNER (a) (29; 62.77; 18.2), WATCHER (to watch) (a) (29; 75.64; 21.9), SHOWER (a) (28; 28.22; 7.9), JERIBOIRE (27 = TLRM.), CAN (a) n. (26; 38.19; 9.9), LUNISTE (secte) adj. (26 = TLRM.), TRUCK (a) (23; 50.62; 11.6), TOFFER (de tough) (a) (22; 66.26; 14.5), STEADY (a) adj. (19; 58.15; 11.0), CLAIRER (to clear) (a) (18; 64.09; 11.5), FEELER (to feel) (a) (18; 62.23; 11.2), TAGUE (a) (17; 54.39; 9.2), HELL (a) interj. (16 = TLRM.), RUBBER (caoutchouc) (a) (16; 13.00; 2.0), SLACKER (to slack) (a) (16; 51.41; 8.2), BOUGRINE (15 = RAD.) (bougrine d'affaire) Ce mot figurait encore dans la premiere Mtion: coudon interj. Fam. 1.... 5.... Les abroviations RAD. ('Textes radiophoniques'), SLSJ ('Saguenay-Lac-Saint-Jean'), TLRM ('T616romans'), etc. se i&erent aux difffirents sous-corpus du Diet, de frequence (tranches) et servent ä indiquer que toutes les attestations d'un mot se trouvent dans une seule tranche.

2)

L'absence de significations, emplois ou variantes d'un mot (du Diet, de frequence) dans le NPR qui sont tous consignee dans le DQA

(108 cas) Quelques exemples: Occurrences des VOCABLES selon le Dictionnaire defraquence: plus de 500: FAIRE (fa fait que), EN (en + now. souvent un juron, un sacre), ICI (icitte), APRES (etre apres + infinitif), COUP (un coup que), CHANGER (changer un cheque) entre 100 et 500: EAU (eau durable), CHAMBRE (chambre de bains), VOYAGE (avoir son voyage), CCEUR (une crise de (du) cceur), CHAR ('automobile'), POINT ('pointure', biere point(-)cinq), DUR (faire dur), FEU (feu sauvage 'herpes labial'), COMPTE (Sports. 'Resultat, nombre de points'; 'facture'), EMBARQUER ('monter dans un vohicule'; 'monter sur'), SUCRE (sucre a la creme, sucre (durable), les sucres,...), MISERE (avoir de la

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entre 50 et 100: CHRIST (crisselchrisse interj. (Sacre, juron)), BICYCLE ( 'bicyclette'), CHOQUER (faire choquer qn, se choquer, etre choqua '(se) fächer, etre fachi'), ADONNER ('convenir (bien ou mal), arriver ä propos ou non, se präsenter (bien ou mal)', 'tomber, arriver', Vharmoniser avec, aller ensemble"...), COOLER ('echouer, rater') entre 15 et 50: TRAINE ('voiture sur patins', traine sauvage),MOUILLER ('pleuvoir'), CIBOIRE ([sibwER] interj. (Sacre, juron)), FETER (V. intr. 'faire la fete'), MERITER (se m riter (qc) Obtenir, remporter (un prix, une modaille)'), COLLET ('mousse d'un verre de biere'), MANGER ('attraper, recevoir (des coups)'; manger des betises), FESSER (fesser qn dans le visage; 'frapper sur qc (avec autre chose)'; ...), TRICOTER (Hockey 'Dojouer des adversaires...'), CASSE ('faucho'), CHIALER ('se plaindre sans cesse'), CHAUDIERE ('Seau'), JONGLER ('r£fl6chir en pesant le pour et le contre'; 'songer, etre songeur'), BARRE (la bar re du jour), TABERNACLE ([tabaRnak] interj. (Sacre, juron)), TANNANT ('(choses) fatigant, monotone'; un(e) tannant(e) de 'tres vrai'), ANNONCEUR ('speaker'), CATIN ('poupee'), ACCOTER (s'accoter 'vivre en concubinage'), CHALOUPE ('couvre-chaussures'), COUVERTE ('couverture'), CARROSSE ('voiture d'enfant ä caisse suspendue'), MAGASINER (magasiner les prix..., une nouvelle auto), BALAYEUR ('aspirateur'), FILER ('marcher sur, dans'), CANOT ('couvre-chaussures'), VENTE ('Fait de vendre une marchandise au rabais').

3)

Significations et emplois enregistres dans le NPR (et le DQA) mais muni d'une marque "vieilli" ou "vieux", ou dont la reference au Canada n'est pas evidente

14 cas: ASTHEURE 'maintenant, prdsentement' (DQA: Tres fam.; NPR: s. v. heure: A cette heure [astoeR] LOG. VIEILLI ou REGION. (Belgique)), QUASIMENT 'presque, ä peu pres' (NPR: FAM. ou REGION.), a CAUSE que 'parce que' (DQA: Fam.; NPR: vx), ESPERER 'attendre' (NPR: REGION.), JASER (NPR: VIEILLI 'babiller sans arret'), GROUILLER (DQA: Fam. 'bouger'; NPR: vx ou REGION, 'bouger, remuer'), PEINTURER (NPR: vx 'couvrir de couleur'), CATIN (DQA: Vulg. etpej.; NPR: VIEILLI 'prostituee', le sens 'poupie' n'6tant pas consigne), ACCOTER (DQA: Fam.; NPR: vx 'soutenir en appuyant'), DESENNUYER (NPR: LITTER, 'faire cesser l'ennui de'), SAUCER (NPR: vx 'tremper la sauce'), bien, mal tduquo (EDUQUER) (NPR: VIEILLI ou REGION, 'qui a, qui n'a pas d'dducation'), JAQUETTE (NPR: VIEILLI 'veste de femme', le sens 'longue chemise de nuit' n'itant pas consign^), MENTERIE (DQA: Fam.; NPR: VIEILLI ou REGION, 'mensonge').

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4)

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L'absence de mots, significations ou emplois dans le NPR qui sont tous consignee dans le DQA avec la marque "anglicisme" (ou "mot anglais", "caique de Panglais")

(45 cas) Quelques exemples: Occurrences des VOCABLES selon le Dictionnaire de frequence: plus de 500: POUR (pour un 'quant moi, de mon cote"'), PRENDRE (prendre une chance, le risque de 'tenter sa chance, courir le risque de'), PAR ('sur' une chambre de 4 m par 4 m) entre 100 et 500: AMI (amie defille, ami de gargori), PLACE ('lieu geographique' De quelle place venezvous?; ...), DEDANS (en dedans de 'en moins de'), SUITE ('local, bureau'), LONG (un (appel) longue distance), AMOUR (etre en amour, tomber en amour), SAUVER ('economises epargner') entre 50 et 100: CLUB (club (de nuit)), LIGNE (les lignes 'la frontiere', special! la frontiere canadoamencaine), VUE (vieiin 'Film'; aller aux vues 'au cinema'), MARCHE (prendre une marche 'se promener'), PLANCHER ('etage'), TROUBLE (avoir du trouble, faire du trouble, ...), SUPPOSE (etre ίφροχέ de 'etre cense de') entre 15 et 50: SKIDOO ('motoneige' [manque comme lemme dans le NPR], LARGE ('grand, en parlant de la taille de qc'), BIEN-ETRE (bien-etre (social) 'aide economique...'), BLANC n. m. (blanc de mamoire 'trau de mimoire'), LIQUEUR ('boisson gazeuse'), PRATIQUER ('s'entramer un sport'), VIOLON (jouer les seconds violons), CONTROLER ('maitriser, dominer'), MOYEN (' point'), POSITION ('situation dans la societe'), SYSTEME (systeme de son 'chaine storeOphonique'), POUDING/PUDDING, CAMPING, STOP.

5)

La consideration explicate de quebecismes/canadianismes dans le NPR

35 cas: Mots: piastre, cent, Cέgep, avant-midi, magasiner Significations ou emplois: fin adj. 'aimable, gentil',/im angiic. 'amusement'; diner nom et verbe, souper nom et verbe, dljeuner nom, tire 'sirop d'erable/confiserie', chalet, niaiseux 'niais, sot', blonde 'maitresse, fiancee', lot hist, palate, towtiere 'tourte', pharmacie, sou, claque, fournaise 'appareil de chauffage central', taverne; chaloupe 'petit bateau rames', habitant, canot,feve 'haricot'), marier v. tr. 'epouser' Syntagmes, mots composes: fin (de semaine), έΐέ (des Sauvages, des Indiens); ίέΐένϊζΐοη (communautaire), camp (α'έΐέ, de peche, de chasse, de b cherons), erable (du Canada, a sucre), btt (d'Indes)).

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6)

La consideration explicite d'anglicismes/de mots anglais dans le NPR

6.1)

Anglicismes marques comme tels dans le Dictionnaire de frequence

223

6 cas:/w/j (171; 82.19; 140.5), job (125; 67.80; 84.7), show (27; 38.76; 10.4), steak (23; 66.92; 15.3), jean (22; 19.03; 4.1), break (18; 23.74; 4.2) 6.2) Anglicismes marques comme tels dans le DQA, mais pas dans le Dictionnaire de frequence 3 cas: o.k. (266; 68.77; 182.9), gang (gagne) (191; 71.82; 137.1), lunch (27; 69.73; 18.8)

Jean-Marcel Leard et Gaetane Dostie Universite de Sherbrooke

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quebecois. Etude de cas. 1.

Position du probleme

Nous avons 6tudie, dans les annees passoes, certains mots complexes (ben, ben ben, coudon, mets-en, don(c), bon, tiens, voyons, penses-tu, ucoute, regarde...) ou etaient en cause des valeurs grammaticales et pragmatiques. Plusieurs de ces mots etaient quebecois et nous pensons qu'il est temps d'attirer l'attention des lexicographes qui etudient cette variete de fran9ais sur leur traitement. Ce faisant, nous nous proposons deux buts, 1'un negatif, 1'autre positif: - montrer le vide, le caractere aleatoire et parfois incoh6rent du traitement reserve ä ces mots dans les dictionnaires d'usage courant; - faire quelques suggestions susceptibles d'amener les lexicographes ä les decrire de fa9on plus rigoureuse et systematique. Notre intervention ne vaut que dans la perspective d'un dictionnaire qui decrit le franc.ais quebecois oral spontane, tel qu'il est produit et compris par tout locuteur qui s'exprime en respectant le code de la communaute. Nous ecartons done les filtres qui resultent de situations formelles (productions orales des professionnels, conferences, etc.), ainsi que de considerations commerciales et normatives. Nous envisageons un Dictionnaire voritable du quabecois d'aujourd'hui, ni plus ni moins, et non un Dictionnaire du qu b cois censuro, produit ä des fins commerciales. La censure nous priverait de morceaux de choix (comme coudon dans la version 1994 du DQA) et contribuerait ainsi ä eliminer de la description une part substantielle du quebecois. En effet, plusieurs mots familiers n'ont jamais pe"netre dans la langue ecrite et ont done 6te considores comme etant sans valeur stable et sans regie d'emploi. La raison sociale de cette situation deborde le theme de ce colloque. Cependant une meilleure description lexicographique de champs lexicaux delicats ferait taire de nombreux detracteurs des dictionnaires quebecois et des mots d'ici. II existe aussi une explication linguistique ä tous ces manques dans les dictionnaires: les difficultos spicifiques Hies ä la description de mots ä valeur grammaticale et pragmatique. Par exemple, certains lexemes (regarde, acoute, bon, etc.) changent de Statut et sont utilises pour structurer les echanges. D'autres, deviennent des morphemes qui jouent le role de specificateurs dans un syntagme nominal (ben des N, ben ben de N, affaire de N, gros de N, gros des N) ou un syntagme verbal (venir pour INF, venir qu'a INF). On ne peut esperer une amelioration des descriptions sans tenir compte d'un certain nombre d'acquis en somanrique, en pragmatique, ainsi qu'en lexicographic theorique. Nous reviendrons sur cette question plus loin (section 3).

226

2.

Jean-Marcel Loard et Gaetane Dostie

Exemples de traitement de mots valeur grammaticale et pragmatique dans quelques dictionnaires d' usage courant

Examinons d'abord quelques dictionnaires d'usage courant. Les exemples sont representatifs de l'6tat dans lequel se trouve la lexicographic traditionnelle et ne constituent pas des accidents. De ce fait, les r6ferences au DQA 1993 ne signifient surtout pas qu'il est pire que les autres. Simplement, il devrait enregistrer des fails quebecois.

2.1

Absence de plusieurs emplois frequents

En premier lieu, des emplois tres frequents, soumis quelques exemples: •

une affaire de, marqueur grammatical d'approximation et devaluation en (1) ainsi que st'affaire, marqueur illocutoire en (la), sont absents du DQA; (1) (la)



J'aime pas ben ben ca. A -Je pars B -Bien / A - Tu pars? B- Ben... [allonge], j'hesite.

le quantificateur gros qu'on trouve en (4) en est egalement oublie. (4)

2.2

A -I neige p(l)u(s) B -On peut partir d'abord. Τοέ d'abord!

ben ben, comme en (3), typique du quebecois car il est associe la negation, n'y est pas non plus enregistre'. D faut dire que les emplois discursifs de bien/ben qu'on trouve en (3a) sont ogalement ignores du Petit Robert. (3) (3a)



Une affaire de vingt piasses / Une affaire de r che pas croyable. A -Tu viens? B -St'affaire, oui.

d'abord n'est signale qu'avec O.K., alors que ses emplois inferentiels en dialogue, comme en (2), sont caractoristiques; Γ usage avec un pronom personnel pour faire une menace, comme en (2a), est ogalement absent du DQA; (2) (2a)



des regies rigides, sont ignores. Voici

J'aime $a gros/£a rapporte gros/Y avail gros du monde.

La categoric syntaxique

La classification des unitos lexicales en cause dans les traditionnelle s parties du discours, qui constitue un voritable ecueil dans les grammaires scolaires, trouve un echo en lexicographic. •

Par exemple, 1'emploi de acoute en (5) est considere dans le Petit Robert comme un emploi verbal puisqu'il est enregistre, sans mention additionnelle, sous ecouter. Or differents tests montrent vite que ce έεοιιίε differe de 1'emploi du verbe ecouter employe l'imperatif.

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quebecois

227

Retenons simplement que ecoute connait une seule variation morphologique, celle qui correspond au tutoiement/vouvoiement du destinataire (ecouielecoutez), et qu'il n'a plus d'arguments externes (X ecoute Y). (5) •

Ecoute, viens done souper ä la maison ce soir.

Condon pour sa part est decrit comme une interjection dans le DQA. Or, selon la definition de 1'interjection, dans le Robert et le DQA, celle-ci seit ä exprimer une emotion ou une attitude affective (comme exclamation). y a done de quoi s'etonner lorsqu'on lit, dans le DQA, que I'lnterjection-exclamation coudon "marque interrogation et 1'etonnement".

En fait, la notion d'interjection est un fourre-tout qui seit pour coudon, tse, eh bien... Un grand nombre de mots dont le traitement appelle des considerations d'ordre pragmatique sont classes parmi les interjections. On releve pourtant des exceptions. Ainsi, OK et correct, qui jouent le meme role que bon dans certains contextes, sont generalement traites comme des adverbes. On trouve des cas encore plus curieux: -ill-tu sont decrits dans le DQA, comme des "elements associes au verbe et toujours employes ä 1'oral". Aucune categoric grammaticale n'est signalee, mais on peut supposer que les lexicographes ne sont pas ici les seuls ä blämer...

2.3

Les definitions

C'est surement le point capital, mais aussi le plus decevant. Les definitions sont souvent absentes; quand on les trouve, elles sont sans rapport entre elles, voire contradictoires.

2.3. l L'absence de definition On peut poser qu'en ce qui concerne les mots ä valeur grammaticale et pragmatique, 1'absence de d6finition est la regle. Ä la place, on trouve souvent: • des synonymes proches. Par exemple, ä propos tient lieu de definition pour un des emplois de coudon dans le DQA; • des considerations pragmatiques. Le cas de coudon dans le DQA est interessant: COUDON [ linterj.Fam. 1. Marque rinterrogation, 1'etonnement; 3. Seit ä attirer l'attention de l'interlocuteur; 4. Marque I'embarras, la resignation [seul ou elliptique parfois]; 5. Marque I'impatience, la hate de faire qqch. Le sens du mot n'est pas decrit, seul son usage est recense (cf. "marque" et "sen ä"). Cette situation decoule d'une erreur claire: la confusion, ou absence d'articulation, entre semantique et pragmatique.

228

2.3.2

Jean-Marcel Loard et Gaotane Dostie

Dofinitions sans liens ou contradictoires

Les usages pragmatiques de coudon que nous venons de recenser, et qui ne sont pas des dofinitions, sont en plus sans rapport entre eux: quel lien entre rembarras et la hate? Trois autres exemples illustreront ce point particulierement delicat. a)

bon dans le Robert et le DQA 9° Interj. Bon! - marque la satisfaction, notamment apres une affaire terminee. - marque la surprise. -Iron. Marque le mecontentement". C'estbon! Celasuffit.

Quel rapport entre satisfaction et surprise? A la lirnite, un lien entre surprise et mecontentement est envisageable, mais 1'astuce qui consiste ä se"parer au moyen de la surprise deux valeurs contradictoires comme la satisfaction et le mecontentement ne doit pas tromper: sur le plan pragmatique, ces interjections signifient n'importe quoi... et leur contraire! Un recours ä la prosodie, insuffisant, pourrait au moins donner 1'impression que le resultat n'est pas aleatoire. b)

don(c) dans le Petit Robert: 1° Conjonction qui sen ä amener la consequence, la conclusion de ce qui precede. Transition pour revenir ä un sujet, apres une digression. 2° S'emploie pour exprimer la surprise causee par ce qui precede ou ce que constate, I'incrodulite. (DQA: Exprime le doute) Pour renforcer une assertion, une injonction. (DQA : injonction seulement)

Ä nouveau, on ne voit pas tres bien comment Her les sens repertories. Quel est le lien entre le fait de renforcer une injonction et celui d'exprimer le doute? c) bien dans le Robert et le DQA. Si bien discursif est ignoro du DQA et du Petit Robert, certains composes sont retenus, en particulier Eh bien. Dans le Petit Roben, la presentation est la suivante: BIEN 7° EH BIEN! Interjection marquant interrogation Marquant l'6tonnement Marquant la resignation En remplasant la resignation par acquiescement, \eDQA marque encore mieux les contradictions, mais il est en bonne compagnie avec le Lexis, pour qui Eh bien "indique 1'etonnement, I'admiration, I'indignation, etc., d'une maniere assez vive". Le probleme de la coherence des diverses valeurs est done bien general.

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quobecois

2.4

229

Liens avec les emplois lexicaux

Si les definitions sont telles que nous les presentons, il ne faut pas s'attendre ä ce que les liens entre les emplois grammaticaux, pragmatiques et lexicaux, soient etablis et presentes de fagon explicite. Par exemple, acoute qui s'emploie, selon le Petit Robert, pour "...attirer l'attention de I'interlocuteur...", est glisso sous Icouter. Or la "definition" proposee ne permet pas de voir si un lien existe entre Icoute et acouter. Avec la meme definition (sens 3), coudon a droit ä une enträe inde"pendante dans le DQA.

2.5

Sens et contexte

La prise en compte des contextes joue un röle de premier plan dans la description des mots qui nous occupe. La encore, bien peu est dit sur ce sujet dans les dictionnaires d'usage courant. On peut pourtant imaginer que, lorsque coudon ouvre le discours, il n'a ni la meme fonction, ni la meme valeur que lorsqu'il sen ä räpondre ä une question. De meme, lorsqu'un adjectif s'emploie comme spocificateur nominal, il est important de preciser que seule la fonction epithete anteposee est possible. Cela est note pour vrai dans le DQA et le Petit Robert, mais ne Test pas pour moyen, mechant, dont les valeurs typiquement qu6becoises sont relevees sans qu'apparaisse aucune indication sur la fonction epithete et sur la distribution. Pour des emplois comme S'i pouvait venir qu'a mouiller (non releve dans le DQA), sur le bora de partir (releve dans le DQA), on est aussi en droit d'attendre une indication sur la construction infinitivale.

3.

Vers un meilleur traitement lexicographique: les acquis et les appuis

3.1

La lexicographic theorique

Les observations precedentes suscitent plusieurs questions. En nous inspirant de MePc&uk (1984-1992), de Wierzbicka (1991) et de Dostie (1991, 1992a-b), nous sommes en mesure de räpondre ä un certain nombre d'entre elles: • Comment donner une döfinition des mots ä valeurs grammaticales et pragmatiques et non des synonymes? La definition doit repondre ä plusieurs exigences, dont les trois suivantes: • eile doit etre substituable, dans tous les contextes, au mot decrit. Elle doit etre teile qu'aucun risque de confusion avec les synonymes ne soit possible; • eile doit präsenter, de facon explicite, les liens qui existent avec les autres acceptions du mot docrit; • eile doit respecter l'appartenance de l'unite decrite ä 1'une ou 1'autre des classes que nous allons präsenter ci-dessous (voir le point 3.2, la pragmatique). Par exemple, tout comme la definition d'un verbe doit inclure l'ensemble de ses arguments (X aime Y, X accuse d'avoir Z- ), celle d'un marqueur illocutoire doit comporter un certain nombre de termes

230

Jean-Marcel Le"ard et Gaotane Dostie döictiques ('je', 'tu', 'ce que tu viens de dire/ce. que je vois' etc.) qui representent les actants de 1'echange conversationnel. s'agit done d'actants particuliers.

-

Comment rendre compte des glissements grammaticaux et pragmatiques de mots qui, au depart, fonctionnement comme lexemes? Lorsqu'un lien semantique est perceptible entre les emplois lexicaux et les emplois non lexicaux d'un meme mot, celui-ci doit egalement etre präsente" de faqon explicite dans les d6fmitions. Ainsi, Dostie (1994) a propose quelques liens, qui permettent de rattacher les differents emplois pragmatiques de ecoute ä cenains emplois lexicaux de ecouter. Cela etant, on peut envisager d'un point de vue theorique, 1'existence d'une seule entree ou de deux entrees pour des cas comme celui-la, selon I'importance qu'on accordera ou non ä la morphologic. Le critere semantique incite ä reunir dans une meme entree acoute et ecouter. Le critere morphologique incite ä les presenter dans deux entries, un peu comme on separe reproche, reprocher et irriprochable, meme s'il est evident, par ailleurs, qu'ils sont semantiquement lies. Nous ne sommes pas en mesure, pour le moment, de trancher cette question. Cependant, un principe nous semble incontournable: rfunir deux emplois dans une meme entree, c'est supposer 1'existence d'un lien entre eux et celui-ci doit etre präsente de fa9on explicite dans les definitions. Ce principe ne signifie pas que deux emplois morphologiquement relies, mais qui apparaissent dans des entrees separees, sont consideres sans lien semantique.

-

Que faire des donnees contextuelles (pause, actes de langage environnant 1'unite decrite, intonation, etc.)? C'est la un point capital qui joue ä deux niveaux. Premierement, les donnoes contextuelles aident ä separer les emplois lexicaux des autres emplois, grammaticaux et pragmatiques. Ensuite, elles permettent souvent de separer les differentes acceptions grammaticales et pragmatiques d'un meme mot (par exemple, les differents sens de coudori). Ces informations doivent prendre place ä la suite des differentes definitions 6labor£es pour chacun des emplois.

3.2

La pragmatique

Au meme titre qu'il existe une typologie des categories et des fonctions dans la grammaire scolaire, on peut envisager un classement pour les marqueurs discursifs. Trois groupes, qu'il est possible de scinder en deux ou trois sous-classes, doivent etre distingues: 1) les marqueurs d'interaction, qui servent: a) ä maintenir le contact, ä l'etablir (O.K., d'accord, hum, hum...); b) ä vorifler qu'il se maintient (dis, n'est-cepas?, hein? ok?); 2) les marqueurs illocutoires qui: a) accomplissent un acte illocutoire (je comprends,! penses-iu,! mets-en!...); b) precisent l'orientation et 1'interpretation d'un autre acte qu'ils accompagnent (vois-tu, comprends-tu...); 3) les marqueurs de structuration de la conversation, qui permettent: a) des enchainements globaux dans le discours, situant les diverses etapes du discours ou de l'e"change (d'abord, ensuite...)

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quebecois

231

b) des liens locaux entre actes illocutoires, ce qu'on appelle argumentation (done, ainsi, car, puisque...). On peut les separer des marqueurs de pertinence discursive, vaguement argumentatifs (la, tu sais /tsais...).

3.3

Les operations enonciatives et la grammaticalisation

Dans le domaine grammatical, en plus des categories habituelles, comme N, V, ADJ, ADV, on rencontre des emplois qu'il serait bon d'isoler. On peut conserver etiquette categorielle originale, mais il conviendrait de signaler la construction (par exemple: suivi de l'infinitif; toujours opithete ante"pos6) et de faire une definition qui mette en evidence le fait que le lexeme s'est grammaticalise et s'applique ä un autre lexeme ou ä une proposition. Nous retenons trois types d'op6rations: 1) les operations de reference dans le SN ou SV: dans les deux cas, elles donnent la quantite ou la partie (se meitre a courir, un morceau de pain, un bon I'gros'J steack); 2) les oporations de qualification, qui portent surtout sur le SN (Une espece de bureau); 3) les ope"rations de validation d'une notion ou de assertion (Un vrai ami, une espece defou, J'irai certain, en queb6cois).

4.

Etude de cas : coudon, bon, donc(c)

4.1

Coudon

II importe, apres la critique et la theorie, d'illustrer de quelle fa£on nous envisageons la description de mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quebecois. Etant donn6 l'ampleur de la täche, nous limiterons notre expose ä l'examen de problemes semantiques qui touchent le Systeme des definitions. Nous examinerons, en premier lieu, I'illustre coudon. Apres avoir effectui le dicoupage des difförents sens exprim6s par le marqueur examine sur la base de criteres formels, on precede ä l'olaboration d'une definition pour chacun des sens identifies (sur le probleme du decoupage des differents sens de coudon, voir Dostie et Leard 1993). 1) L'emploi de coudon en debut de discours, note coudonl, comme en (6) et (7), combine deux roles ou Statuts categoriels: marqueur de structuration et de pertinence discursive. II sera defini comme suit: 1. Coudon, E = Etant donno les regies g£n6ralement acceptoes, il est normal que j'amorce la conversation comme je le fais, en produisant I'ononce" E. (6) (7)

Coudon, t'es-tu decide? Coudon, avance!

232

Jean-Marcel L6ard et Gaotane Dostie

2) Lorsque coudon clot le discours (= coudonl), comme en (8), il partage le meme Statut catogoriel ambigu que coudonl. II sera ddfini comme suit: 2. [E], coudon = Etant donne" les regies gonoralement acceptees concemant 1'enonce E, il est normal que je ne justifie pas davantage mon comportement et que je cesse d'en parier. (8)

Puisque personne m'ecoutait, coudon.

3) L'usage de coudon?» pour accomplir un acte illocutoire de type expressif, comme en (9), est facile ä analyser du point de vue catogoriel. Sur le plan s6mantique cependant, on trouve ä coudon deux valeurs, suivant qu'il est ou non accompagne de ben. Pour la premiere, nous proposons la definition suivante: 3a. Coudon! = Etant donn6 les regies g6ne"ralement acceptees, il est normal que j'exprime mon etat psychologique face ä ce qui se passe, comme je le fais ä ce moment-ci. (9)

A: Avance don! B: Coudon! (T'es-tu malade?)

Quant ä l'emploi ou coudon, precodö de ben, seit ä roagir une information inattendue sur laquelle le locuteur n'a aucune prise, comme c'est le cas en (10), nous proposons la definition qui suit: 3b. Ben coudon = Etant donno les regies gene"ralement accepters, il est normal que j'exprime mon acceptation devant ce qui se passe, comme je le fais ä ce moment-ci. (10)

A: Je peux pas y aller. B: Ben coudon. (On fera sans toi.)

4) Enfin, lorsque coudon est argumentatif et lie deux propositions, comme en (11) et (12), la definition portera sur la structure " . Coudon, P" et inclura ces deux variables: 4. Q. Coudon, P= Etant donno les regies g6n£ralement acceptoes, il est normal que je dise que P, P otant Q par une relation de cause ä effet, ou d'effet ä cause. (11) (12)

ä

On va manger de la dinde. Coudon, c'est Noel. C'est Noel. Coudon, on va manger de la dinde.

L'elaboration des dofinitions correspondant aux differents sens du marqueur conformement aux principes pre"sente"s plus haut (substituabilito dans tous les contextes, liens explicites entre les diff€rents sens, etc.), permet de passer ä 1'otape suivante qui consiste ä "abstraire" la composante commune ä ces difforentes dofinitions. Nous 1'appellerons "composante somantique g6n6ralisie", car eile rosulte d'une goneralisation que peut faire, une fois terminees les descrip-

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quobecois

233

tions somantiques de detail. Notre travail nous amene ä proposer pour coudon la composante genoralisee qui suit: Composante somantique g6neralis6e de coudon = E tan t donn6 les regies genoralement acceptees, il est normal que X. La valeur de la variable "X" est facilement doterminee, puisqu'elle correspond ä une composante prosentoe de fac.on explicite dans chaque definition.

4.2

Bon

Meme si ban n'a pas uniquement des emplois quebecois, on peut le prendre comme exemple en raison de son large e"ventail de sens (voir Amyot 1994, pour un decoupage et une description detailloe des differents sens). Seuls deux emplois lexicaux nous concernent ici (idee de haut degre" de plaisir; idoe de haut degro de qualite dans le domaine envisage, car ils permettent le passage ä la valeur de haut degre en quantito et de terme). II faut d'abord tenir compte du fait que bon entre dans le domaine des operations d'enonciation, lesquelles gardent un lien somantique avec les emplois lexicaux: - dans le SN, et done exclusivement comme epithete (13), la definition fera ressortir une opdration de simple quantification ou de validation d'un SN de mesure ('une quantito qui atteint un haut degre"'). Le lien semantique apparaitra dans la definition sous la forme 'haut degre-'; - dans le SV, et done avec I'infinitif (14), surgit l'idee que le döveloppement a mene ä un haut degro de qualite ou de non-qualite qui justifie une action ('nous sommes rendus au terme ou une action s'impose'); un cas particulier avec sujet anime indique que les sujets ont franchi la limite ou une punition est justifiee par le haut degre de valeur d'une action accomplie (15). (13) (14) (15)

H a mang6 une bonne assiettee de 16gumes. Les pommes sont bonnes ä cueillir. La, on est bon pour une engueulade.

Par ces derniers sens aspectuels, illustres en (14, 15), il est facile de lier le bon discursif au bon lexical. Puisque l'expression ambigue "C'est bon" contient dejä la valeur de terme, on peut envisager un lien simantique entre les acceptions lexicales, grammaticales et discursives. II reste ä produire des dofinitions pour chacun des emplois discursifs, ce qui est ici notre but. 1) Comme marqueur d'enchainement global, bon a trois sens (notes bonla, bonlb et bonlc). -

Bonla, qui ouvre le discours, sera defini comme suit en (16): la. Bon = Je suis arrivo au terme de l'action que j'accomplis, je passe ä une autre action ou ä des paroles autres.

234

Jean-Marcel Leard et Gaotane Dostie

(16) -

Bon. Le dessert maintenant.

Bonlb, qui donne une indication de changement de theme, de domaine comme en (17) recevra la dofinition suivante:

Ib. Bon = J'ai termini une itape et je poursuis sur autre chose. (17) -

Finalement, il s'en est tire. Bon. Parlons des enfants maintenant.

Bonlc, qui indique que arrive au terme du discours ou d'une phase de la conversation et permet de donner la parole ou de poser une question comme en (18) signifie:

Ic. Bon = Considorant que le discours ou cette partie de la conversation est terminee, je signale que je change de niveau ou te laisse la parole. (18)

Bon, ä toi / Bon, qu'est-ce qu'on fait?

2) Dans une autre serie d'emplois, ban sert ä realiser differents actes illocutoires centres, la encore, sur l'idee de terme. Ces emplois, qui seront enregistres sous bon2 (puis separes en bon2&, bon2b, bon2c, etc.), peuvent etre definis comme suit (nous les regroupons ici, afin de simplifier 1'expose"):

2. Bon = Etant donne ce qui se passe ou ce que tu me dis: 2a. 2b. 2c. 2d. 2e. (19) (20) (21) (22) (23)

je te signale que I'ochange en est ä la phase ultime et que j'accepte ce que tu me dis [exemple(19)]; je te signale que je suis au terme du supportable dans une serie qui n'en finit pas [exemple (20)]; jete signale que je suis rendu au terme que j'attendais, cequi me satisfait [exemple (21)]; je te demande d'arreter tes requetes car je me resigne [exemple (22)]; je te signale que je comprends enfm [exemple (23)]. A: Je m'en vais. B: Bon. Ä demain. Bon [allonge, grave]. Encore lui! I manquait plus que ?a!. Bon [allongo, plus aigu]. Tu vois que c'etait facile. A -Avance don B -Bon bon [redouble, grave), ?a va. J'avance. A: Johnson estreelu. B: (Ah) bon [allonge, aigu]. Je comprends pourquoiles gens sont si bruyants!

3) Lorsque bon accompagne un acte illocutoire qu'il renforce et le declare non negociable comme en (24) et (25), il seit grosso modo ä exprimer le sens suivant:

3. Bon = Je te signale que ma decision est definitive et que toute argumentation est superflue.

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quibocois

(24) (25)

235

A: Viens don. B: J'irai pas, bon. A: Qu'est-ce que je t'ai dit? B: De me taire A: Bon ben hein!

La prosodie permet souvent de faire varier les resultats pragmatiques ä partir de 1'idee semantique de terme contenue dans bon, en particulier quand il accomplit des actes illocutoires. Mais il est vain de penser qu'elle donne un sens au mot. II n'y a pas de mot en quete de sens. Les descriptions semantiques de detail de bon discursif dtant terminees, on peut passer ä identification de la composante semantique göneralisee, centroe cette fois sur l'idee de terme. C'est dire que ce qui etait presente de fagon secondaire dans le Petit Robert, (cf. "notamment apres une affaire terminoe"), devient 1'essentiel. Cette composante semantique rend compte des multiples valeurs pragmatiques, en particulier des actes illocutoires varies et opposes exprimes par bon. Composante s6mantique generalisee de bon = Je signale que je suis arrive ä un terme.

4.3

Don

Le mot done est intoressant en ce que le point de depart des usages comme marqueur discursif est un emploi de connecteur argumentatif, considori abusivement comme un coordonnant dans les grammaires, ce que sa syntaxe exclut (position, combinaison avec et). 1) L'emploi le plus etudie de done est sans doute celui ou il fonctionne comme un connecteur argumentatif. Voici une definition qui correspond ä ce premier emploi de done, illustre par 1'exemple (26): l.P,doncQ= Etant donn£ p, il est naturel que q. (26)

est grand, (et) done on le remarque.

2) Dans les emplois ou done fait un enchainement entre ce qui etait attendu et ce qui est dit au debut d'un discours ou lors du retour ä un theme attendu, comme en (27), il sera defini ainsi: 2. Done = Etant donn6 ce qui 6tait prevu, il est naturel que je me mette ou me remette ä parier de ce sujet. (27)

Je voulais done vous parier de la production, dans un dictionnaire, de definitions s6mantiques qui expliquent les faits pragmatiques varies, permettent de voir la categoric et montrent les liens entre les emplois. Mais je vais trop vite et je reprends. Je vous disais done que...

236

Jean-Marcel L6ard et Gadtane Dostie

3) Donc3 sert, quant ä lui, ä accompagner des ^nonce's qui accomplissent des actes comme Tordre, la demande ou un acte expressif. L'idoe de renforcement, souvent suggerde pour rendre compte de l'apparition de don, est juste dans ce dernier cas, mais eile s'estompe et apparait illusoire dans les autres emplois, Orientes vers le caractere naturel de l'acte. -

Dans des emplois comme (28), done correspond a la d6finition suivante: 3a. Done = Etant donn6 la situation, il est naturel que je formule la prosente demande. (28)

-

Qui es-tu done? / Tais-toi don(c). / Entre don(c) un moment.

Pour rendre compte des emplois ou done est nocessaire de dofinir donc3b.

ä une exclamation, comme en (29), il sera

3b. Don(c) = Etant donne* la situation, caractorisee par un evenement ou une information qui atteint un haut degrö de qualite, il est naturel que je formule mon otonnement. (29)

Que tu es done maladroit! [rdaction ä un acte de maladresse]

Apres cette description, il devient possible d'abstraire une "composante semantique goneraIis6e" ä partir des difinitions proposoes pour le marqueur done : Composante s6mantique ge"n6ralis6e de don(c) = Etant donno X, il est naturel que Y. Dans un dictionnaire refl6tant usage qu6b6cois, il conviendra de signaler que don peut etre utilise* sans que pour faire une exclamation. II exprime simplement le haut degre', sans faire röförence ä une situation qui serait la source naturelle de 1'etonnement face au haut degre de qualit6 (30). II faut dans ce cas abandonner la composante semantique generalisee au profit d'une intersection de sens qui justifie une entroe commune (30). La definition serait: "Je formule mon 6tonnement devant le haut degre de qualite". (30)

5.

A -JPai rencontre" Jean hier. B bonne job.

a don (ben) de la chance lui. I s'est trouve une

Conclusion

Nous avons pr£sent6 de sommaire quelques principes qui guident le travail de description mis en route ä Sherbrooke sur le lexique quobecois. Malgre la difficulte de l'entreprise, nous constituons une banque de donn^es ou les mots ä valeur grammaticale et pragmatique sont re"pertori£s et dofinis en function des principes signals. Cela nous contraint ä faire une fiche par acception pour donner une dofinition, mettre en ovidence les liens somantiques entre les definitions, preciser les contextes, donner les synonymes et antonymes, etc. Ayant commenci par la critique, nous finirons sur une note positive. Personne n'est responsable de la nature des dictionnaires, outils podagogiques plus que descriptifs: la structure in-

Le traitement des mots ä valeur grammaticale et pragmatique dans un dictionnaire quobocois

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terne des articles n'est pas appuyoe sur des principes clairs; les definitions sent souvent onuses dans le cas de mots dont la denotation n'est pas 6vidente... y a quelques annees, en raison de l'otat de la somantique, de la pragmatique et de la grammaire en goneral, on n'avait pas conscience de ces faits. Mais la somantique (formelle ou 6nonciative) et la pragmatique ont ouvert des horizons nouveaux et il serait dommage que les lexicographes ne sachent pas tirer profit de tous ces acquis.

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Louis Mercier Universite de Sherbrooke

L'influence de la lexicographic dialectale franchise sur la lexicographic quebecoise de la fin du XIXe et du debut du XXe siecle «Adrei, au Canada comme dans le Berry et l'Anjou, s'entend non seulement de la dexterile, mais aussi de l'intelligence et du savoir: Ce medecin-lä est ben adret.» (GPFC)

Des qu'ils ont pris conscience qu'ils ne s'exprimaient pas tout ä fait comme les Fran9ais de France, les Canadiens fran9ais ont cherche ä identifier leurs panicularismes linguistiques et ä les inventorier. Cette prise de conscience remonte ä la premiere moitie du XIX e siecle et la publication du premier repertoire lexicographique ä faire etat d'un certain nombre de particularismes canadiens date de 1841. II s'agit d'un ouvrage de nature prescriptive, d'un petit dictionnaire des difficultes de la langue francaise que son auteur, Thomas Maguire, destinait aux ecoliers canadiens.1 Le nombre relativement restreint d'«erreurs de langage particulieres au Canada» signalees par Maguire nous donne ä penser que les lettres canadiens du milieu du X£Xe siecle n'avaient qu'une id6e bien mince, bien approximative de l'ecart qui separait leur fran9ais du fran9ais «academique» europeen, du «bon usage» de Paris. Sans doute auraient-ils ete bien etonnes d'apprendre que, quelques decennies plus tard, en 1930, la Societe du parier fran9ais au Canada (SPFC) allait publier un volumineux repertoire de plus de 700 pages consacre exclusivement ä la portion differentielle du fran9ais canadien. On sait qu'ä l'epoque, la communaute canadienne-fran9aise n'avait que tres peu de contacts directs avec la communaute francophone europeenne, ce qui ne favorisait pas la comparaison des usages necessaire ä l'identification des particularismes, contrairement ä la situation actuelle oü, avec la radio, la tele, le tourisme, etc., les Quebocois sont rogulierement amenes ä comparer leur usage avec l'usage europeen. Malgre ces conditions relativement peu favorables, on doit constater que la lexicographic quebecoise «Le besoin d'un Manuel Lexique des difficultes de la langue fra^aise, se fait vivemenl sentir dans nos ecoles de grammaire; et a ä regretter que le commerce ne nous fournisse pas les ouvrages de ce genre, qui se multiplient, depuis quelques annees sur l'ancien continent. C'est pour remedier en partie ä ce defaut, que le prosent travail, ne de circonstances purement fortunes, a et6 prepare pour la presse, et en Foffrant au jeune äge, l'Auteur n'a garde de se presenter sous d'autre titre, que celui d'humble compilateur, titre qui doit lui demeurer entier, malgrd quelques articles de sä croation, devenus indispensables pour signaler les erreurs de langage particulieres au Canada.» («Avertissement», p. [ ]).

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s'est rapidement doveloppee ä partir du dernier quart du XIXe siecle ou plus precisement ä partir de 1880, date de la publication du Glossaire franco-canadien d'Oscar Dünn (v. le document n2 1). Ma communication portera sur ce qui me parait l'une des causes principales de ce deVeloppement rapide, soit la decouverte par nos lexicographies des glossaires ou dictionnaires dialectaux fran9ais (dictionnaires des parlers normand, picard, ppitevin, etc.) et leur utilisation ä la fois comme modöle lexicographique et comme outils de reperage des emplois «non-academiques» du francais du Canada, comme on disait ä l'epoque.2 La frequemation de plus en plus assidue de ces dictionnaires par nos lexicographies de la fin du XIXe et du debut du XXe siecle n'a pas manqud d'influencer fortement leurs travaux. II me semble important que cette influence soit connue de ceux qui s'interessent ä la genese de la lexicographie quebecoise ou encore ä Telaboration de la representation traditionnelle du fransais quebecois. II n'est pas question ici de faire le bilan de cette influence, mais plutöt d'en illustrer quelques facettes et de soulever un certain nombre de questions auxquelles on ne saura repondre de fa9on satisfaisante qu'apres un examen approfondi. Mon intention est de montrer l'interet de ce champ d'investigation. * * *

Au profit de ceux qui ne sont pas familiers avec les debuts de la lexicographie quebecoise, rappelons brievement que c'est d'abord sous l'impulsion d'un mouvement de rectification langagiere que celle-ci a pris naissance dans la premiere moitie du XIXe siecle. Ce premier mouvement 6tait principalement engago dans la lütte contre l'anglicisme, mais il s'attaquait egalement ä tout ce qui pouvait entacher la reputation du francais canadien, mettre sä purete en doute et, conse"quemment, le mettre dans une position de faiblesse vis-ä-vis de l'anglais. C'est ä ce mouvement puriste que nous devons les principaux dictionnaires correctifs qui sont signales dans la colonne de gauche du document ns 2. Une quarantaine d'annees apres la publication du Manuel de Thomas Maguire, la lexicographie que*be"coise allait connaitre l'impulsion d'un deuxieme mouvement d'importance, le mouvement glossairiste initio par Oscar Dunn. Dunn a etc le premier ä reagir fortement contre les exces des puristes qui avaient tendance ä condamner tout ce qui s'ecartait du «bon usage parisien», le premier ä rappeler les liens historiques qui unissaient le fran9ais canadien au fran9ais europoen, le premier enfin ä roafftrmer son droit legitime ä creer les mots fran9ais necessaires ä la description de la specificito nord-americaine (relative ä la nature, au mode de vie, etc.). Meme si le repertoire qu'il nous a laisse est de nature hybride, ä la fois descriptif et prescriptif, comme le montre bien son double titre, Glossaire franco-canadien et vocabulaire de locutions vicieuses ustäes au Canada, Oscar Dünn est reconnu comme celui qui a ouvert la

Comme Findique clairement l'avertissement par Maguire au debut du premier repertoire lexicographique publio au Canada (v. note precedente), les lexicographies quobocois ont aussi puiso aux dictionnaires de difficultos ou de fautes produits en France. On peut done croire que la description du francais quobecois a ogalement subi l'influence de cette autre pratique lexicographique frangaise. L'ovaluation de cette influence complomentaire reste ä faire.

L'influence de la lexicographic dialectale francaise sur la lexicographie quobocoise

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voie ä la lexicographie descriptive et historique. Dunn et ceux qui se sont engages apres lui dans cette voie - Sylva Clapin, Narcisse-Eutrope Dionne et le Comite d'etude de la Sociote du parier fran9ais au Canada - sont generalement designes sous le nom de glossairistes et les repertoires qu'ils nous ont laisses - ceux de la deuxieme colonne - sont generalement designes sous le nom de glossaires. Dans la suite de mon expose, je parlerai exclusivement de ces quatre repertoires quebocois puisque c'est precisement dans ce type de sources que se manifeste rinfluence de la lexicographie dialectale, c'est-a-dire l'influence des glossaires patois de France.

A lui seul, le mot glossaire est dejä revelateur des liens qui unissent la lexicographie quebecoise ä la lexicographie dialectale fran9aise. Historiquement, ce mot a d'abord ete applique, en France, ä des repertoires de «gloses» ou notes explicatives destinees ä faciliter la lecture de textes anciens en permettant le decodage des mots obscurs et passages difficiles contenus dans ces textes. II a commence ä etre associe aux parlers dialectaux ou regionaux lorsqu'avec l'avancoe du fran9ais dans les grandes villes de province et le recul des dialectes locaux, on s'est mis ä rodiger des glossaires explicatifs de textes dialectaux importants ou encore de textes fran9ais fortement colores de regionalismes. Des que sont apparus, au XVIII6 siecle, les premiers dictionnaires consacres ä des parlers regionaux, le mot glossaire a commence ä etre utiliso, en concurrence avec dictionnaire, lexique et vocabulaire pour designer ce type de repertoires. Avec le XIXe s., qui a connu une tres forte production de dictionnaires regionaux, il allait devenir de plus en plus etroitement associe ä ce genre lexicographique. Pour la clarte de mon expose, je reserverai le mot glossaire aux repertoires canadiens et je continuerai ä designer les repertoires rogionaux fran9ais ou glossaires patois sous le nom de dictionnaires dialectaux, reprenant 1'expression utilisee par Pierre Rezeau dans 'Encyclopedic internationale de lexicographie. Le mot glossaire figure dans le titre des dictionnaires de Dunn (Glossaire franco-canadien ou vocabulaire...), de Clapin (Dictionnaire canadien-frangais ou Lexique-glossaire...) et de la Societe du parier fran9ais (Glossaire du parier frangais au Canada). II ne fait aucun doute qu'en faisant figurer ce mot dans le titre de leurs repertoires et en designant eux-memes leurs repertoires sous le nom de glossaire, Dunn, Clapin et la Societe du parier fran9ais entendaient se situer ouvertement dans le prolongement de la lexicographie dialectale fran9aise qui etait avant tout de nature descriptive. Leurs prefaces sont assez claires sur ce point, notamment celle de Clapin dont 1'extrait suivant est particulierement eloquent: «Les mots en usage parmi les Canadiens-Franfais, et qui ne se trouvenc pas dans les dictionnaires usuels, peuvent [/] fournir amplement mauere ä un nouveau glossaire, venant s'ajouter ä la liste dejä longue de tous ceux auxquels on a confie, en France, le dopöt des differents dialectes et patois francais. De fait, par le lien de la langue, le Canada n'est-il pas toujours une province eloignee de la France? Et ce glossaire meme, qu'est-ce, apres tout, sinon I'otude particuliere d'une phase, traversee prosentement par la langue frangaise en un certain coin d'Amirique?» (p. VII-VIII)

Le fran9ais canadien pouvait done etre decrit en termes neutres comme les parlers regionaux de France avec lesquels il £tait etroitement apparente.

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Oscar Dunn a ete" le premier ä mettre en evidence le cote conservateur du franc.ais canadien et ä declarer qu'il n'y avail rien de honteux ä se montrer fidele ä ses engines, fussent-elles dialectales ou patoisantes. Les phrases suivantes, extraites de la preface de son glossaire, sont assez claires sur ce dernier point: «Nous employons un bon nombre de mots qui, rejetes par 1'Academie, nous sont venus toutefois de France; us appartiennent ä quelque patois. On trouvera dans ce glossaire le premier releve qui en a ete fait. [...] Toutes ces expressions prouvent notre origine; elles sont autant de certificats de nationalite. Aussi je me flaue qu'au point de vue ethnologique, ce travail aura un certain interet.» (p. XIX-XX)

Tout en otablissant les origines anciennes ou dialectales d'un certain nombre d'emplois canadiens «non-academiques», le glossaire de Dunn demontrait que les puristes ou etrangers avaient eu tort de voir dans ces emplois la marque d'une degenerescence et contribuait ainsi ä la revalorisation du francais canadien. Son idee que le frangais canadien etait un parier conservateur a si bien fait son chemin qu'en 1901, le journaliste Jules-Paul Tardivel, l'auteur du celebre texte intitulo L'Anglicisme, voila l'ennemi et Tun des fondateurs de la SPFC, declarait, dans une conforence sur la langue fran9aise au Canada, qu'en matiere de langue, les Canadiens n'avaient pratiquement rien invente: «Tres souvent, on entend dire: tel mot, teile expression, ce n'est pas franfais, c'est du canayen. Eh bien! quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, on se trompe. Ä part quelques tres rares vocables qu'ils ont du crfer pour designer certains objets qui n'existent pas en France, les Canadiens n'ont rien invente en fait de mots et d'expressions. Us ont soigneusement conserve la langue teile que leurs ancetres Font apportee au pays. Avec un peu de patience, un peu de recherches, on pourrait retrouver presque tous les mots dont les Canadiens se servent, presque toutes \esfautes meme qu'ils commettent, signales dans quelques vieux dictionnaires ou dans quelque glossaire de teile ou teile partie de la France, ou meme dans les dictionnaires modernes complets. Voilä une otude tres interessante ä faire: je la recommande aux jeunes gens studieux. En la poursuivant, ils seront convaincus de l'exacte vorite de cette proposition: La langue parlee encore aujourd'hui dans nos campagnes reculees, la ou I'anglicisme n'a pu penetrer, nous est venue de la France teile qu'elle esi. Nous n'y avons pour ainsi dire rien change, ni dans la pronunciation, ni dans les mots: et nous n'y avons ajoute que bien peu de chose.» (p. 43-44)

Suit I'onum6ration d'une vingtaine d'emplois, reperes par Tardivel dans le Glossaire du Centre de la France de Jaubert, comme amiquie pour amitie, arbe pour herbe, barbot pour designer une categoric d'insectes, acarter au sens de «egarer», etc. * * *

Nous nous intoresserons maintenant aux deux questions suivantes: quels dictionnaires dialectaux nos glossairistes ont-ils consultes et comment les ont-ils exploites? Identifions d'abord les ouvrages consultes. Dans leur bibliographie respective, tous nos glossairistes font reference a un certain nombre de sources dialectales. Comme on peut le constater ä partir du document ne 3, Dunn en cite sept, portant sur sept rogions dialectales differentes; Clapin en donne six, toutes nouvelles par rapport ä la liste de Dunn et toutes, sauf une, portant sur le parier normand; Dionne en signale

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six dont deux seulement avaient dejä ete consultees par ses predecesseurs. Quant ä la Societe du parier fran9ais, eile en enumere plus d'une cinquantaine couvrant routes les regions dialectales qui pouvaient etre apparentees de pres ou de loin au franfais du Canada, sans doute tous ceux dont eile connaissait l'existence et qu'il lui a ete possible de se procurer. Elle etait particulierement bien documentoe sur le parier normand pour lequel eile disposait d'une bonne douzaine de dictionnaires. On sait qu'Adjutor Rivard, le principal responsable de la fondation de la Societ6 du parier fran9ais et de la mise en chantier de son glossaire, avait, au debut de ses travaux, fait appel aux lettres de Normandie pour identifier les sources normandes les plus importantes. On retiendra de ce tableau (1s) que tous les glossairistes quebecois ont consulte des dictionnaires dialectaux pour realiser leur repertoire, (29) que chacun d'eux a contribue ä faire augmenter rapidement le nombre absolu de sources consultees, et (3a) qu'avec la SPFC qui est en quelque sorte venu repondre ä appel que Tardivel avait lance aux «jeunes gens studieux» en 1901-, la consultation de ces sources est devenue systematique. Voici en quels termes Stanilas Lortie, qui a ete archiviste de la Societe du parier francais au Canada et responsable de ses fichiers de 1902 ä 1912, decrivait la methode de travail des rodacteurs de la Societe en ce qui a trait ä la consultation des dictionnaires dialectaux: «Un comito special oludie d'abord chaque forme au point de vue dialectal. Apres avoir pris connaissance d'une suite de mots canadiens, commengant par exemple par les lettres ca, nous parcourons, dans chacun des vingt-huit glossaires des patois fran^ais que renferme actuellement notre bibliotheque, la serie des mots commengant par les memes lettres. Lorsque nous y rencontrons les vocables canadiens, nous enrcgistrons sur chaque fiche portant ce vocable les notes que nous jugeons interessantes sur I'otyrnologie, usage de ce mot dans les provinces de France. Les revues rogionalistes [comme le Bouals-Jan, la Revue des parlers populaires, etc.] et les Oeuvres des patoisants sont aussi mises ä contribution. » (BPFC IV, janv. 1906, p. 162)

Cette citation de Lortie nous amene directement ä notre deuxieme question: Comment ces sources dialectales ont-elles ete exploitees par nos glossairistes? Le document ns 4 presente quelques articles tires des repertoires de Dunn, de Clapin et de la Societo du parier francais au Canada dont un certain nombre contiennent des references dialectales. Ä la lecture de ces articles, on peut voir comment les informations puisees aux dictionnaires dialectaux ont ete integrees aux repertoires quebecois. On constate que les glossaires quebecois ne pr6cisent gen6ralement pas de quelles sources proviennent leurs informations; ils se contentent de signaler la ou les regions(s) dialectale(s) qui connaissent les memes emplois que le fransais canadien, qui pourraient en etre la source. Dans la premiere version de son glossaire, qu'elle a commence ä publier des 1902 dans son bulletin mensuel sous le titre de Lexique canadien-frangais, la Societe avait pris 1'habitude d'identifier ses sources; mais toutes ces references bibliographiques ont ete biffees du manuscrit du Glossaire juste avant son impression, vraisemblablement par souci d'economie. Si je ne donne aucun exemple tire du glossaire de Dionne, c'est tout simplement parce que cet ouvrage ne contient pratiquement aucune reference dialectale, ce qui a de quoi etonner compte tenu du fait que Dionne signale une bonne demi-douzaine d'ouvrages dialectaux dans sa bibliographic... On a generalement tendance ä croire que nos glossairistes ont consulte les dictionnaires dialectaux frar^ais dans le seul but d'etablir l'origine des emplois qu'ils avaient dejä inventories. II est difficile d'admettre que c'etait la la seule motivation de Dionne etant donne son silence sur cette question. En fait, il semblerait plutot que c'est dans le but premier

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d'accroitre son inventaire que ce lexicographe a consulte les dictionnaires dialectaux signales dans sä bibliographic. Selon toute vraisemblance, Dionne savait qu'en parcourant la nomenclature de ces inventaires diffe"rentiels, il rencontrerait une serie d'emplois «non-academiques» qui avaient 6galement cours ä Topoque en fra^ais canadien, mais qui n'avaient pas encore etc identifios comme tels. Et il s'en est servi comme outils de repe"rage. II est ovident que les dictionnaires dialectaux ont joue le meme röle aupres des autres glossairistes canadiens, meme si ce n'etait pas lä leur seul röle. Prenons le cas de la Societe du parier frangais au Canada qui, comme nous l'avons vu, a consulte le plus grand nombre de dictionnaires dialectaux et qui nous a laisse le glossaire le plus volumineux. Rappeions que le Glossaire de la SPFC a ete redige par un comite compose d'une quinzaine de personnes, que sä redaction s'est eta!6e sur plus d'un quart de siecle, soit de 1902 ä 1927, periode pendant laquelle la Sociote a procede ä une enquete par correspondance aupres de ses collaborateurs. Je m'intoresse depuis quelques annees ä la genese de ce glossaire et, ä partir de la documentation de travail qui a 6te conserv6e dans le fonds d'archives de la Societe du parier fra^ais, j'ai maintes fois pu constater que l'equipe de redaction et ses collaborateurs s'etaient servi d'inventaires dialectaux pour faire progresser leur description du fransais canadien. Par exemple, dans le dossier de correspondance, j'ai trouve une lettre d'un collaborates du Bas-St-Laurent qui, pour docrire l'usage de sä region, avait pris comme point de depart deux inventaires normands parus dans la Revue des parlers populaires? Tout en signalant les emplois communs aux parlers normand et canadien, le collaborateur ajoute bien quelques commentaires personnels d'ordre frequentiel ou goolinguistique; il Signale bien quelques variantes formelles particulieres au fran9ais canadien; mais il n'en demeure pas moins que son temoignage est entierement conditionne" par le contenu des inventaires normands. Dans le cas pre"cis du Glossaire de la SPFC, pour lequel nous disposons de plusieurs versions successives plus ou moins completes, il est possible de verifier l'incidence directe des depouillements de sources dialectales auxquels procedaient les redacteurs sur le developpement de la nomenclature du r6pertoire (Mercier 1992, 436-453). La comparaison des diverses versions successives de la premiere tranche alphabetique du Glossaire, celle des mots en A, est particulierement eloquente. Comme la Societe prevoyait publier son glossaire par fascicules aussitot que ses finances le lui permettraient, eile procedait ä des revisions de cette tranche alphab€tique chaque fois qu'elle entrevoyait la possibilite de publier un premier fascicule. Et ä ces occasions, eile procedait au depouillement des dictionnaires regionaux recemment acquis (v. le document ns 5). C'est lors de l'une de ces revisions, effectuee autour de 1909, que l'inventaire de la Sociote s'est enrichi, entre autres, des emplois suivants: absulument pour absolument, prendre en advarsito pour prendre en grippe, par affaires au lieu de pour affaires, affarmer et affarmir pour affermer et affermir, dans les äges de pour a peu pres de l'äge de, allonger au sens de «passer de main en main» et en emploi intransitif au sens de «devenir plus long (comme dans les jours allongent)», ampothiquer pour hypothequer, landen temps pour le «Dans les patois de la rogion de Vire, [...] je trouve les mots suivants: Champlure, employe presque toujours dans la langue du peuple - Harouille, tracasso, entendu ä Rimouski - Mequeurdi pour mercredi [...] Vieullotte, petite meule de foin (Bas de Quobec, veuillotte ou plus souvent veuilloche) - cri comme un sassier - en Canada on dit: - comme un sorcier [...]» (lettre de J.-E. Pouliot, 27 mai 1903)

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ban vieux temps, architique pour architecte, arranger au sens de «chätrer», aitaquer au sens de «interpeller, apostrother», et enfin la prononciation avare. Ces emplois n'avaient encore signalds par aucun dictionnaire canadien et, au cours des enquetes par correspondance de 1904 et 1905 qui avaient port6 sur la premiere tranche alphabotique, personne ne les avait releves. Or, tous ces emplois figurent dans le Glossaire atymologique et historique des patois et des parlers de l'Anjou de Verrier et Onillon qui date de 1908 et qui a 6t6 depouille lors de cette revision de 1909. Je m'arreterai ä ces exemples pour illustrer les emplois qui ont e"te" introduits ä la nomenclature du Glossaire ä l Occasion de ces revisions successives, mais je pourrais en citer encore un tres grand nombre dont les emplois qui ont 6t6 ajoute's par Louis-Philippe Geoffrion, le deuxieme secretaire de la Societe, entre 1927 et 1930, alors qu'il procodait ä la rovision finale du manuscrit et qui lui ont etc suggeres vraisemblablement par le Dictionnaire historique du parier neuchätelois et suisse romand de W. Pierrehumbert, publio en 1926. En somme, il ne fait aucun doute que les glossairistes quebecois ont tenu compte du contenu des dictionnaires dialectaux qu'ils avaient ä leur disposition pour etablir leur nomenclature. Et quand on pense au deVeloppement rapide qu'a connu la lexicographic quebecoise entre 1880 et 1930, on est meme en droit de penser qu'il y a un lien entre l'accroissement du nombre absolu de dictionnaires dialectaux consultes et l'accroissement du nombre absolu d'emplois canadiens identifie"s par nos glossairistes.

* * * Ceci otant dit, il ne faudrait pas croire que l'influence de la lexicographic dialectale fransaise sur la lexicographic qu£b6coise se limite au processus d'identification des emplois ä inventorier. Quand on s'amuse ä comparer quelques pages d'un glossaire quebecois avec les pages correspondantes de la s6rie de dictionnaires dialectaux consultes par son auteur, on decouvre rapidement que cette influence s'etend ä tous les aspects de la description lexicographique (ä la faqon d'icrire un mot, de le definir, d'illustrer un emploi, de le commenter, etc.), comme on pourra le constater ä partir des exemples rounis dans les documents ns 6 et 7. De toute övidence, l'influence de la lexicographic dialectale francaise sur les debuts de la lexicographic quobecoise est loin d'etre ndgligeable et merite de faire l'objet d'une etude approfondie. Le constat de cette influence suscite quelques interrogations dont la principale porte sur la pertinence ou la fiabilito des donnees que nos glossairistes ont transferees d'un objet de description ä un autre. Peut-on etre sur qu'ils n'ont pas ete trompes par de faux «airs de famille»? Plusieurs parlers gallo-romans, 6troitement apparentes au francais quebecois, connaissent des emplois qui, sans etre attestos au Quebec, ne detonneraient pas vraiment dans la bouche d'un Quiböcois... Peut-on faire entierement confiance au tomoignage de nos lexicographes de la Fm du XIXe siecle et du d6but du XXe siecle? etre sür que leur description n'a pas ete biaisee par leurs lectures? Permettez-moi d'emettre quelques doutes ä ce sujet. Prenons le cas des formes aigladon et aigledon que la SPFC presente comme des variantes du mot ödredon et qui sont signalees comme telles dans maints dictionnaires dialectaux. Leur

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existence en fran^ais quebecois peut effectivement etre mise en doute si tient compte des 9 deux fails suivants: I ) le fait que le mot edredon au sens de «couvre-pied de plume» n'est signaM en frangais que depuis le milieu du XIXe siecle et 2s) le fait que le fichier historique du Tresor de la langue fran9aise au Quebec et les atlas quebecois nous apprennent que ce couvrepied etait plutöt connu au Canada franfais sous les noms de comforter et comfortable. Autre exemple, celui de l'adjectif amorphose que la SPFC definit par «absorbe dans ses pensees, immobile», exactement comme le dictionnaire normand de Dubois. Pourtant, aucune des occurrences de l'adjectif amorphose qui ont ete relevees dans la documentation linguistique quebocoise par l'equipe du Tresor de la langue fran9aise au Quebec ne permet de confirmer cette ddfinition. Le mot est bien atteste dans la langue des conteurs, mais seulement au sens de «ensorcele"» ou «transforme sous l'effet de la magie». II n'y a qu'un pas entre 1'emploi qui a ete atteste dans la langue des conteurs quebecois et celui que decrit le Glossaire de la SPFC, mais peut-on etre sür que le fran9ais quobecois a franchi? Tout bien considere, l'utilisation que nos glossairistes ont fait des dictionnaires dialectaux fran9ais n'a pas eu que des effets positifs sur leurs produits lexicographiques. Leur temoignage en est rendu moins sür et il faut etre prudent lorsqu'on les consulte. Le fait de puiser des elements de description ä gauche et ä drohe a egalement eu comme cons6quence negative de nuire ä la coherence de leur description. Par exemple, c'est ce qui explique en partie pourquoi le Glossaire de la SPFC a souvent recours ä deux ou trois transcriptions graphiques differentes pour rendre le meme trait phonetique. Prenons le cas de la pronunciation [wer] - Variante de [war] - qui est ecrit -oir dans accrochoir, -ouere dans arrosouere et assommouere et enfin -oere dans asparsoere.; citons egalement le cas de la pronunciation du t final que n'est pas note graphiquement dans adroet ou etroit, qui est note par 1'ajout d'un apostrophe final dans adret' et archet' et par le redoublement du t et l'ajout d'un e final dans toupette et tourniquette. Dans bien des cas, ces images graphiques divergentes temoignent de l'influence de dictionnaires dialectaux presentant des habitudes de transcriptions graphiques differentes. Bien evidemment, l'influence de ces techniques graphiques differentes (a c' t'heure, astheur, astheure) aura comme autre consequence I'accroissement artificiel de la nomenclature. * * *

Plus on est sensibilise ä l'influence de la lexicographic dialectale sur la lexicographic quebocoise, plus on docouvre ä quel point eile a profondement Oriente et colore la description du fran9ais quobecois, la construction de sa representation. Pourquoi nos glossairistes ont-ils accordo autant d'importance aux variantes phonetiques ou morphologiques sans les dissocier vraiment des variantes lexicales? Pourquoi ont-ils focalise leur attention sur les multiples variantes des mots ahurir, almanack, annouillere, antechrist, etc. et, d'un autre cote, neglige les memes variantes chez d'autres mots? Pourquoi ont-ils rendu compte de la palatalisation dans leurs graphics d'entree, un phenomene phonetique dejä decrit par plusieurs dictionnaires dialectaux, alors qu'ils ne 1'ont pas fait pour 1'assibilation, un phenomene phonetique plus proprement quobecois? De toute evidence, c'est parce qu'ils ne se sont pas affranchis du genre

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lexicographique qu'ils avaient adoptes comme modele, celui du dictionnaire dialectal frar^ais traditionnel qui n'a pas encore etc clairement degage, mais que represente assez bien le Glossaire du Centre de la France de Jaubert. Ce genre lexicographique, secondaire dans 1'histoire de la lexicographie franc.aise, prend une importance toute particuliere quand on s'interesse aux dobuts de la lexicographie quebecoise. Aussi meriterait-il qu'on y prete davantage attention.

Bibliographie Bolisle, Louis-Alexandre. 1957. Dictionnaire general de la langue/ra/ifaise au Canada. Quebec: Belisle editeur. Blanchaid, Etienne. 1914. Dictionnaire de ban langage, Paris: Librairie Vic et Amat. BPFC: Bulletin du parier fra^ais au Canada, publid par la Societe du parier francais au Canada. Quebec, vol. 116,1902-1918 (intitule Le Parier frangais partir du vol. 13,1914). Caron, N. 1880. Petit vocabulaire ά Γ usage des Canadiens-frangais contenant les mots dont U faul repandre I'usage et signalant les barbarismes qu'ilfaut eviter pour bien parier notre langue. Trois-Rivieres: Journal des Trois-Rivieres (impr.). Clapin, Sylva. 1974 [= 1894]. Dictionnaire canadien-franqais ou Lexique-glossaire des mots, expressions el locutions ne se trouvant pas dans les dictionnaires courants et dont ΐ usage appartieni surtout aux Canadiens-franfais. Montroal-Boston: C.O. Beauchemin & Fils- Sylva Clapin, 1894 [reproduction en facsimil6: Quebec: Les Presses de 1'Universite Laval, 1974 (Langue francaise au Quebec, 3e section, 2)]. De Villers, Marie-Eva. 1988. Multidictionnaire des difficultes de la langue fra^aise. Montreal: QuebecAm orique. Dionne, Narcisse-Eutrope. 1974 [= 1909]. Le parier populaire des Canadiens fra^ais ou Lexique des canadianism.es, acadianismes, anglicismes, americanismes, mots anglais les plus en usage au sein des families canadiennes et acadiennes franqaises. Qudbec: Laflamme & Proulx imprimeurs, 1909 [reproduction en fac-simi!6: Qudbec: Les Presses de l'Universiti Laval, 1974 (= Langue francaise au Quebec, 3e section, 3.)]· DFP: Dictionnaire dufranςais Plus, α Γ usage des francophones d'Amarique, Edition etablie sous la responsabilite de A. E. Shiaty, avec la collab. de Pierre Auger et de Normand. Beauchemin. Montreal: Centre Educaiif et Culturel inc., 1988. DQA: Dictionnaire quebocois a"aujourd hui. Langue franqaise, histoire, geographic, culture generate, redaction dirigoe par Jean-Claude Boulanger, supervisee par Alain Rey, Saint-Laurent. DicoRobert Inc., 1992. Dulong, Gaston. 1989. Dictionnaire des canadianismes. Septentrion el Larousse. Dunn, Oscar. 1976 [= 1880]. Glossaire franco-canadien et vocabulaire de locutions vicieuses usiiees au Canada. Quebec: Imprimerie A. C6t6 et Cie, 1880 [reproduction en fac-simile: Quebec, Les Presses de l'Universite Laval, 1976 (= Langue francaise au Quebec, 3e section, 4.)]. [Gingras, J.-F.]. 1860. Recueil des expressions vicieuses et des anglicismes les plus frequents par un membre de la Βούέίέ typographique de Quebec. Qu6bec, E. R. Frochette (impr.). GPFC: La Sociolo du parier franfais au Canada, Glossaire du parier franfais au Canada. Quobec: L'Action sociale limitoe, 1930 [reproduction en fac-similo: Quobec, Les Presses de l'Universitd Laval, 1968]. Jaubert, [Hyppolite-Francois]. 1970 [= 1864-1869]. Glossaire du Centre de la France, 2e ed. Paris, 1864-1869 [roimpression: Geneve, Slatkine Reprints, 1970]. [Maguire, Thomas]. 1841. Manuel des difficultes les plus communes de la langue francaise, adapte aujeune age, et suivi d'un recueil de locutions vicieuses. Quobec: Frechette & Cie. Manseau, J.-A. 1881. Dictionnaire des locutions vicieuses du Canada avec leur correction suivi d'un dictionnaire canadien.Qu6\xc: J. A. Langlois libraire-6diteur. Mercier, Louis. 1992. Contribution a l'ltude du «Glossaire du parier fra^ais au Canada» (1930). Analyse de 1'enquete h'nguistique (1902-1922) de la Socioti du parier francais au Canada et de ses liens avec la genese du dictionnaire, these de doctoral. Universit6 Laval. Moisy, H. 1969 [= 1887]. Dictionaire de patois normand indiquant particulierement tous les termes de ce patois en usage dans la rlgion centrale de la Normandie. Caen, 1887 [roimpression: Geneve, Slatkine Reprints, 1969].

248

Louis Mercier

Pierrehumbert, W. 1926. Dictionnaire historique du parier neuchätelois et suisse romand. Neufchätel: Editions Victor Atünger. Revue des parlers populaires, sous la direction de Charles Guerlin de Guer. Paris: H. Welter dditeur, 2 vol., 19021903. Rdzeau, Pierre. "Le dicüonnaire dialectal: l'exemple fransais." in Dictionnaires. Encyclopedic internationale de la lexicographic - Dictionaries. An International Encyclopedia of Lexicography - Wörterbücher. Ein internationales Handbuch zur Lexikographie, ddite par Franz Josef Hausmann, Oscar Reichmann, Herbert Erst Wiegand et Ladislav Zgusta: Berlin-New York: de Gruyter, t. 2, p. 1467-1475. Rinfret, Raoul. 1896. Dictionnaire de nos faules centre la languefranc.aise. Montreal: Librairie Beauchemin. Tardivel, J.-P. 1901. La langue /ranfaise au Canada. Montreal: La Compagnie de publication de la Revue canadienne.

L'influence de la lexicographic dialectale franchise sur la lexicographic quebecoise

Documents

DOCUMENT n8 l

COMPARAISON DU CONTENU DE LA PREMIERE TRANCHE ALPHABE^IQUE DES PRINCIPAUX GLOSSAKES QUEBECOIS (1880-1930) (Mercier 1992, tableau 24, p. 140)

64% Nouveaux emplois repertories

Emplois classes sous la lettre A

36% Emplois deji repertories

Nombre d'emplois inventories Nombre d'emplois repris dans leGPFC

Dionne (1909)

Ehinn (1880)

Clapin (1894)

120 (7^ %)

443 (27%)

94 (78 % Dunn)

313 (71 % Clapin)

592 (70 % Dionne)

(5,5% GPFC)

(19 % GPFQ

(36 % GPFC)

846 (513%)

GPFC (1930)

1641 (100 %)

249

250

Louis Mercier

DOCUMENT n12

Dictionnaires correctifs

EVOLUTION DE LA LEXICOGRAPHIE QUEBECOISE

Glossaires

I

Dictionnaires generaux

Maguirc 1841 Manuel des difficultos les plus com munes de la langue francaise, adapti au jeune äge, et suivi d'un recueil de locutions vicieuses

Gingras 1860 Recueil des expressions vicieuses et des anglicismes les plus froquents

Caron 1880

Dunn 1880

Petit vocabulaire ä l'usage des Canadiens-francais

Glossaire franco-canadien et vocabulaire des locutions vicieuses usitees au Canada

Manseau 1881 Dictionnaire des locutions vicieuses du Canada avec leur correcuons

Clapin 1894 Dictionnaire canadien-fran^ais ou Lexique-glossaire des mots, expressions et locutions ne se trouvant pas dans les dictionnaires courants et dont usage appartient surtout aux Canadiens francais

Rinfret 1896 Dictionnaire de nos fautes centre la langue francaise

Dionne 1909 Le parier populaire des Canadiens francais ou Lexique des canadianismes, acadianismes, anglicismes, ameiicanismes, mots anglais les plus en usage au sein des families canadienns

Blanchard 1914 Dictionnaire de bon langage

Societe du parier fransais 1930 Glossaire du parier franQais au Canada

Belisle 1957 Dictionnaire general de la langue francaise au Canada

Multidictionnaire De Villers 1988

Dulong 1989 Dictionnaire des canadianismes

DFP 1987 DQA 1992

251

L "influence de la lexicographic dialectale franchise sur la lexicographie qu6be~coise

DOCUMENT if 3

SOURCES DIALECT ALES FRAN£AISES SIGNALEES PAR LES GLOSS AIRISTES QUfiBECOIS

Consultation de 58 sources diffeientes

DUNN 1880

CLAPIN 1894

DIONNE. 1909

SPFC 1930

7 sources [7]

6 sources [+6]

6 source s1 [+4]

55 sources [+41]

NORD-EST Champagne Lorraine

1 [1] Tarbe" 1851

5 2 3

[+4] [+1] [+3]

= 5

NORD Picardie Wallonie

2 [2] Corblet 1851 Grandgagnage

6 4 2

[+5] [+3] 1+2]

= 7

NORD-OUEST Anjou Bretagne Maine Normandie

2 [2]

21

[+ 13]

= 23

5 [+ 5]

5 [+ 3] Verrier 1908

1

5 [+4] 2 [+2] 13 [+7]

Le Gonidec 1850 Dubois 1856 Delboulle 1876 Dumeril 1849 Fresnay 1881 Kelham 1779 Motivier 1870 Moisy 1887

QUEST Aunis/ Poitou/ Saintonge CENTRE Berry /Nivemais Bourbonnais Orleanais Touraine

Moisy 1887 Moisy 1889 1[+1] Favre 1867

6

[+3]

= 6

1 [1]

1

7

[+6]

= 7

Jaubert 1855

Jaubert 1855

3

1[1]

1[+1] Jonain 1869

Rousseau 1869

[+2]

1 [+1] 2 [+2] 1

[fl]

EST Bourgogne Franche-Comti

4 2 2

[+4] [+2] [+2]

= 4

DOMAINES D'OC et du FRANCO-PROVEN£AL Auvergne Forez/Lyonnais Suisse romande

6 2 3 1

[+6] [+2] [+3] [+1]

= 6

1. Diorme signale en outre une Flore populaire normande (Joret 1881) et un Melanges sur les tongues, diaiecles el patois (pubW a Paris, en 1831).

252

Document n» 4

Louis Merrier

EXTRATTS DE GLOSSAIRES QUEBECOIS FAISANT REFERENCE AUX DIALECTES FRANCAIS

DUNN 1880 (p. 1) A. Elle. Nor. et Ctre. de la Fr. A va venir, pour Elle va venir. Abimer. Fr. dans le sens de Gäter, endommager beaucoup. Abouler. Arg. Venir, aboutir, en finir. Abre. Pour Arbre, est du patois nor. Montaigne 1'emploie souvent. Abrier. Vieux mot qui signifiait Mettre ä 1'abri. Est encore usito en Normandie et en Bretagne pour Couvrir, et S'abrier pour Se mettre ä couvert. Nous 1'avons aussi conserve dans 1'acception de Se couvrir, lorsqu'on est au lit. CLAPIN 1894 (p. 6) Acertainer, v. a., Affirmer, assurer. Vieux mot francais, encore usit£ en Normandie, et d'oü deüve 1'ang. to ascertain : —J'peux t'acertainer qu'i va venir. Us s'en retournerent hativemenl devers le roy, et luy acertainerent que le ait de Betfort COUSINOT, Chronique de la Pucelle, p. 329. Achalant, ante, adj., Qui harcele, fatigue, ennuie outre mesure. Qui importune, jusqu'ä faire haleter d'impatience. A rapprocher de chalant, substantif encore usit6 en Saintonge pour signifier le "poursuivant tenace d'une jeune fille." BPFC 1903 (vol. l,p.92) «Lexique canadien-fran(ais» dans \t Bulletin du parier frangais au Canada Adret (pron. a-dre-t) adj. Arch. /Adroit U Adroit ( drectum -> dreit -> droit) se pronon9ait encore "adre" et "adret" aux XVIe et XVTJe s. (DARM.). Dans Involution phonotique de Ye tonique latin + j, "dret" correspond ä l'otape immddiatement anterieure ä 1'otape fnm9aise moderne "adrwa". — Cette forme a persist6 dans le Bas-Maine (DOTTIN), dans le centre de la France (JAUBERT), et dans la Normandie (BUTET-HAMEL, Patois de Vire, Bull, des Parlers normands, p. 304). — Adret, au Canada, cotnme dans le centre de la France, s'entend non seulement de la dextoritd, mais aussi de intelligence et du savoir: Ex.: C'm6decin-lä est ben adret (JAUBERT). GPFC 1930 (p. 16) Adret', ette (adret) adj. /Adroit, habile. Ex.: Ce menuisier-la est ben adret' = il est bien adroit. Vx fr. - Au XVIIe s., on ecrivait adroit, adroite, mais on prononcait adret, adrete. Cf. Tartuffe de Molifere, , 3: «D'abord, j'approhendais que cette ardeur secr6te Ne füt du noir esprit une surprise adroite.» La pronunciation adret est fort ancienne (Chiffet). Dial. - M. s. Anjou, Bas-Maine, Berry, Bretagne, Nivemais, Normandie, Orloanais, Touraine. Can. - Adret, au Canada comme dans le Berry et Anjou, s'entend non seulement de la dextorito, mais aussi de l'intelligence et du savoir: Ce m6decin-la est ben adret.

L'influence de la lexicographic dialectale franfaise sur la lexicographie quebecoise

DOCUMENT na 5

LISTE DES DICTIONNAIRES DIALECTAUX CONSULTES PAR LES RfiDACTEURS DU GLOSSAIRE

Dictionnaires dialectaux citos dans la premiere tranche alphabotique du fichier de travail de la SPFC

Autres dictionnaires dialectaux figurant dans la bibliographic du GPFC

lre serie

2e serie

3e serie

Ouvrages consulted entre 1902 et 1903, lors de l'otablissement de la lre version du GPFC

Ouvrages dopouilles un peu apres 1908

Ouvrages depouilles un peu apres 1912

Ouvrages depouilles apres 1912, lors de revisions ulterieures

Corblet(1851) Delboulle (1876-1877) Dottin (1899) Dubois (1856) Eveillo (1887) Favre (1867) Jaubert (1864-1869) Mignard (1870) Moisy (1887) Montesson (1899) Grain (1886) Robin (1879)

Beaucoudrey (s.d.) Chambure (1878) Dumeril (1849) Fenouillet (1902) Haigner6(1903) Jonain (1869) MarteUiere (1893) Thibault(1892) Verrier (1908)

Decorde(1852) Joret(1881) Meyer (1870) Romdhal (1881) Rouge (1912) Rousseau (1869)

Adam (1881) Clouzot(1923) Dauzat(1915) Deseille (1884) Duchon (1904) DuPuitspelu(1926) Fleury(1886) Grammont(1901) Gras (1863) GuerlindeGuer(1915) GuUlemaut (1894-1902) Hecart(1826) Henry (1900) Lapaire(1903) LeGonidec(1850) Loth (1895) Maze (1903) Mege(1861) Motivier (1870) Ono£rio(1864) Pierrehumbert (1926) Raynaud (1876) Remade (1857) Rousset(1894) Saubinet(1845) Tarb6(1851) Vautherin (1896) Z61iqzon( 1922- 1924)

253

254

Louis Mercier

DOCUMENT na 6

EXEMPLES D'ARTICLES MONTRANT QUE LES GLOSSAIRISTES QUEBECOIS SE SONT DIRECTEMENT INSPIRES DES DICTIONNAIRES DIALECTAUX FRANCAIS QU'ILS AVAIENT λ LEUR DISPOSITION

Dictionnaires dialectaux fran;ais

Glossaires quebecois

H.-F. Jaubert, Glossaire du. Centre de la France, 1864

GPFC 1930

ADRET, adj. AdroiL S'emend non-seulement de la

ADRET', ETTE (adret) adj.

dexterite, mais aussi de Γ intelligence et du savoir.

Adroit, habile. Ex.: Ce menuiser-l est ben adret =

οϊη-ΐβ est ben adret.»

il est bien adroit. Vxfr.-[...] Dial. - M. s. Anjou, Bas-Maine, Berry Bretagne, Nivemais, Normandie, Qrlcanais, Touraine Can. - Adret, au Canada comme dans le Berry et 1'Anjou, s'entend non settlement de la dextiriti, mais aussi de l'intelligence et du savoir : Ce medecin-la est ben adret.

H. Moisy, Diet, du patois normand..., 1887

Clapin 1894

ABORDER, v. a.. Toucher, heurter par accident:

ABORDER, v. a., Toucher, heurter par accident:

I n'tait pas a s6 ch'vax; sa querette a abordai

- Sa voiture a aborde la mienne au tournant d'la

la mienne, v. ABITER, BrTER.

rue. Se dit aussi dans le sens de s'approcher de. v. ACCOSTER

GPFC 1930 ABORDER (aborde), v. tr. Toucher, heurter par accident. Ex.: Sa voiture a aborde la mienne = sa voiture a heurte la mienne.

P. Martelliere, Glossaire du vendomois, 1893

GPFC 1930

ABOMINABLE (a-bo-mi-nab"). adj. Extraordinaire, merveilleux. Υ a-ti des pommes c't'armee, c'est

ABOMINABLE (abominab), adj. Extraordinaire, merveilleux. Ex.: II y a des

abominab'. Terrible s'emploie aussi dans le meme

pommes cette annee, c'est abominable'.

sens en francais: il y a terriblement de fourrage.

Dial. - M. s. Orleanais.

A. Verrier et R. Onillon, Glossaire etymol. et hist, des patois et porters de Γ Anjou, 1908

GPFC 1930

ACCORDER (Mj.), v. a. - Battre en mesure avec le fleau;

ABORDER (ak rde), v. tr. et intr.

saisir le rythme du mouvement du battage.

Is [...] 2" intr. Frapper en cadence. Ex. Accorder sur la

musique, avec le violon = [...]. -Accorder en battani au fleau = saisir le rythme du mouvement du battage au fleau. Dial. - M. s. Anjou, Bas-Maine.

L'influence de la lexicographic dialectale frar^aise sur la lexicographic qudbecoise

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r Ihesu. WAGE, Roman DFV 1972; ALEC 1175; Nie 1990; DQA 1992; Lengert 1994). Part. pass6 fern, substantive de fr. bourrer v. tr. "remplir completement (qch)", mais aussi "maltraiter". Le type est aussi atteste dans les dialectes (v, GPSR loc. cit. et FEW 1, 642a, BURR A III). La substantivation du part, passe de ce verbe a donne lieu plusieurs creations en fr. reg. de France, essentiellement en domaine francoprovenfal: cf. Grand'Combe bourree "coup qui peut renverser quelqu'un" (BoillotGrCombe 1929), Savoie bourrae n. f. "rebuffade, rdprimande faite avec iclat; vole"e de coups; travail acharno, mais de courte dur6e (avoir une bourroe a la fin de l'annue, travailler par bourroes); averse accompagne"e d'un grand vent et de coups de tonnerre; bourrasque" (ConstD6sSav 1902), Beaujolais "pluie d'orage" (VurpasMichelBeauj 1992), Lyon "pluie froide, bruine"

Qudbdcismes et helv&ismes: oclairagcs rociproques

345

(MolardLyon 1803; VurpasLyon 1993), Pilat "poussee douloureuse" (MartinPilat 1989), Poncins "crise douloureuse dans une maladie" (GononPoncins 1984). — Ce mot et sä constellation de sens derives sont ä distinguer de frm. bourree n. f. "fagot de menues branches" (vx. ou reg.), qui releve d'une motivation tres specifique (proprement, "ce avec quoi on bourre un fagot"; v. TLF). garder v. tr. "regaixler" ('vulg. ou enfant.' Pier; GPFC 1930; FEW 17, 510a, *WARDON I 1 a; MassignonAcad, n° 1498; BergeronQuob 1980; ChambonPrenostic). L'att. la plus recente au fichier du Centre de dialectologie de Neuchätel date de 1970 («'Garde voir dans la poche du gilet [...].» G. Clavien, Un hiver en Arveche, p. 98); 1'apostrophe montre que 1'auteur interprete cette forme comme le resultat d'une aph£rese, ce qui correspond probablement assez bien au sentiment linguistique des locuteurs. En effet, nous n'avons peut-etre affaire ici qu'ä un simple phenomene de phonetique syntaxique. Quoi qu'il en soil, cette forme est attestee en afr. jusqu'ä 1310 (FEW); on rencontre encore deux att. au 16e s. (Huguet; ChambonPrenostic). Dans les dialectes toutefois, on retrouve ce type lexical en Picardie, dans 1'Ouest, en francoproven5al et en occitan pyreneen (FEW). gribiche, grebichen. f. "femme acariätre" (HumbGen 1852; CalletVaud 1861; BonNeuch 1867; Pier; GPFC; FEW 16, 386a et 762b, KRIBBICH; BergeronQueb 1980; 'vieux cheval' ALEC, q. 420, pt 121; 'en Suisse' PLi 1989; DQA 1992). En SR, encore connu par quelques temoins dans VD, VS, GE, NE; semble tomber peu ä peu en desuetude. Derniere att. ecrite au fichier CD: 1973 («Victorine Magnenat, une fille de chez nous, servit un certain temps chez cette gribiche.» A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, p. 82). Encore tres courant au Quobec. Type lexical largement atteste dans 1'Ouest fran9ais, en part, en Normandie mais aussi dans le Maine et 1'Anjou. Plus ä 1'est, on le trouve en Bourgogne, dans la Moselle et dans les Vosges (FEW). musique a bouche n. f. "harmonica" (Clapin; FEW 6, III, 264b, MUSICA 11 b et 265b, note 14; MeijerEnq 1962, p. 30, 58, 137; MassignonAcad, n° 1887; PoirAngl 1978, p. 66; PoirCreol 1979, p. 414; BrassChauvSPM 1990; Lengert 1994; 0 Frantext). Nombreuses att. litteraires au fichier de Neuchätel. Type egalement älteste" en Franche-Comte" (DromardFrComt 1991), en Savoie (GuichSavoy 1986), en Häute-Provence («II dressa en face de mes yeux une de ces musiques a bouche qu'on achete dans les foires: du fer et du bois.» J. Giono, Un de Baumugnes, 1929, p. 119), ainsi qu'en creole reunionnais. L'attestation de Saint-Pierre et Miquelon est ä rattacher aux attestations nord-americaines. Le syntagme pourrait etre ne ä partir d'emplois du mot musique designant n'importe quel instrument ou un instrument en particulier, usage bien attesto dans de nombreux parlers et dialectes galloromans ('bnorm. hmanc. maug. saint, morv. Mäcon, Moselle, Pierrec., PuyD. Vinz.', v. FEW; v. encore MazaMariac 1992 et BrasseurNantes 1993). tralee n. f. "ribambelle, grand nombre" (PeterCacol 1842; Pier; FEW 13, II, 175b, *TRAGULARE 2 b a; DFQPros). Type lexical attesto dans les parlers du Nord, du Nord-Ouest et

346

Andro Thibault

de 1'Ouest, ainsi qu'en bourguignon et en champenois. Demiere attestation 6crite au fichier CD: 1982 («II y a de faux fedoralistes, comme Denis de Rougemont et bien sür une tratte de gauchistes.» Tribune de Lausanne, 24 Janvier 1982). Encore courant en fran^ais quebecois. trappe a souris n. f. "piege ä souris, ratiere, souriciere" (Littre 1872; Gdf 8, 22a; Pier; FEW 17, 353ab, TRAPPA; PoirAngl 1978, p. 59; PoirCrool 1979, p. 414; DQA 1992; Lengert 1994). En fran^ais central, hapax du XVe s. (E. Deschamps). trempe adj. "trempe"" (Dev 1808, n° 259; GuilleDial 1825, p. 38; PeterCacol 1842; CalletVaud 1861; BonNeuch 1867; OdinBlonay 1910, p. 584a; Pier, GPFC 1930; FEW 13,1, 169b-170a, TEMPER ARE I 1; MassignonAcad, n° 8; 'Saint-Etienne' RLiR 40, 1976, p. 366; ALEC 694, 1213; Had 1983; Pid 1983, 1984; BourquinPays 1985, p. 51; DQA 1992). Encore tres usitf de nos jours, autant en Suisse romande qu'au Quobec. Atteste dans un tres grand nombre de parlers galloromans, v. FEW.

3.2.2 Dialectalismes phonetiques ceusses pron. d6m. m. pi. "ceux" (GPFC 1930; 'Paris, pik. norm, hbret. loch. Cher, verdch.' FEW 4, 552b-553a, ILLE V l a ; IttCons, p. 62; BergeronQueb 1980; StRobert 1993). L'attestation parisienne du FEW est tiree de Sain6anParis 1920, p. 101 (qui cite en fait un texte de 1751, et un autre de 1909); on y trouve aussi eusses pour eux. Sainoan interprete ces prononciations comme des «parisianismes [qui] ont dans les parlers provinciaux»; il cite ä ce propos VerrOnillAnjou 1908: «eusses, eux. C'est une prononciation affectee qui nous est venue recemment des villes; les vrais patoisants n'en usent pas». Le classement de cette forme pose probleme. On pourrait ä bon droit considdrer qu'il s'agit d'un archai'sme, puisqu'elle n'est attestoe ä Paris que jusqu'au d6but du XXe siecle, alors qu'on 1'atteste encore au Quobec et en Suisse romande dans des sources beaucoup plus r£centes. D'autre part, le concepteur de cette grille d'analyse, Claude Poirier, prefere classer d'office parmi les dialectalismes tous les phonomenes qui n'ont jamais acc6d6 au fran9ais des dictionnaires.10 Sans vouloir rosoudre ici ce probleme, nous nous contenterons d'attirer 1'attention sur le fait que la distinction entre une forme «fransaise» et une forme «dialectale de 1'ile-de-France» (ou, pis encore, «dialectale de Paris»), est ä peu pres impossible ä otablir sur la base de criteres linguistiques internes (phon6tique ou grammaire historique, etc.); le recours ä un critere extralinguistique, ä savoir la representation d'un mot dans la lexicographic generale, offre le grand avantage theorique de respecter la nature ä vrai dire plus socio-culturelle que purement lin-

10

«[...] de fa^on gdnorale, il est bien difficile de faire le partage entre ce qui releve du "francais" et ce qui releve du "patois". [...] C'est pourquoi je propose de regrouper provisoirement sous appellation de dialectalismes, en attendant qu'on trouve un terme plus adequat, les emplois qu'on relfcve dans les parlers de France, qu'on les appelle patois, dialectes ou parlers, incluant le francais populaire de Paris.» Cl. Poirier, "Les variantes topolectales du lexique frangais: propositions de classement ä partir d'exemples quobecois", communication presentee aux IIes Journees scientifiques de AUPELF-UREF, Louvain-la-Neuve, 1994.

Quobicismes et helvotismes: eclairages rociproques

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guistique de la distinction entre langue et dialecte, mais il nous laisse ä la merci des (nombreuses) lacunes des dictionnaires. siau n. m. "seau" (Pier - qui renvoie ä toutes les cacologies rotnandes du XIXe s.; FEW 11, 66la, *SITELLUS I; DFPlus, v. comm. historique s.v. seau). Un cas de figure semblable se presente ici: cette forme est attestee dans de nombreux dialectes (v. FEW), mais aussi en fran9ais parisien populaire (v. SaineanParis 1920 pour des ex. de 1555, 1821 et 1891; v. encore BauchePop 1928). Le probleme de classement ne se pose pas de la meme 3 pour le Quebec et la Suisse romande; si, au Quebec, on peut supposer que cette forme depend tout autant des Substrats dialectaux de l'Ouest que du fran9ais populaire parisien de 1'epoque coloniale, en Suisse romande toutefois il s'agit d'une forme importee car le substrat dialectal aurait fourni une forme se (v. Pier). II ne s'agit done pas, pour la Suisse romande ä tout le moins, d'un veritable dialectalisme, c'est-a-dire d'un emprunt au substrat patois, mais bien plutöt d'un emprunt ä une forme qui fut extremement repandue dans le fran9ais regional et/ou populaire d'une certaine epoque.

3.2.3 Dialectalismes semantiques bee n. m. "baiser, becot" (GrangFrib 1864; BonNeuch 1867; WisslerVolk 1909, p. 146; FEW 1, 305a, BECCUS; Pier, GPSR 2, 305a s.v. bee et 306b s.v. becquer, BiseHBroye 1939, p. 304; MassignonAcad 1962; IttCons 1970 > DFV 1972; TLF 4, 336a s.v. bee IIA 2 c; Had 1983; Pid 1983, 1984; GR 1985 s.v. bee 3; DFPlus 1988; DQA 1992; DHLF 1992; Lengert 1994). En Franche-Comte, le fran9ais regional de Ronchamp (J.-P. Chambon, comm. pers.) et de Pontarlier (CollinetPontarlier 1925) connait aussi bee "baiser"; le mot est en outre atteste en Normandie (LepelleyNormandie 1993) et ä Saint-Pierre et Miquelon (BrassChauvSPM 1990). II semble done que puisse tracer deux aires independantes, Tune ä Test englobant la Suisse romande et la Franche-Comte, l'autre ä l'Ouest reliant la Normandie au Quebec en passant par l'Acadie et Saint-Pierre et Miquelon. Dans les dialectes, le mot est atteste dans de nombreux parlers d'o'il, avec une concentraton dans le Nord-Ouest ('pik. boul. Creq. Dem. norm, havr.' FEW loc. cit.); les patois romands connaissent le type sous la forme be (v. GPSR loc. cit.). cadre n. m. "tableau, illustration, gravure (encadre ou non)" (Pier, PierSuppl; GPFC 1930; DitchyLouisiane 1932; GPSR 3, 26a s.v. cadre 2°; 'fam.' DQA 1992; Lengert 1994). Extension metonymique ä partir du sens de "bordure entourant un tableau"; egalement atteste dans le parier populaire parisien ainsi que dans de nombreux parlers et dialectes galloromans (Belgique, Picardie, Normandie, Orleanais, Ardennes, Lorraine, Doubs, Savoie, Cöte-d'Or; v. entre autres FEW); on a aussi relevee en fran9ais d'Algerie. II pourrait bien s'agir d'un cas typique de mot (ou de sens) dont la restriction d'emploi releve davantage des niveaux de langue que de la geographic; son absence de la grande majorite" des dictionnaires d'usage justifie toutefois sa presence parmi nos materiaux. — JaubertCentre 1864; BauchePop 1928; BoillotGrCombe

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1929; FEW 2,1404a, QUADRUS II1 b; Pohl 1950; GLLF 1971; TLF; RouffiangeMagny 1983; GR 1985; GuichSavoy 1986; TamineArdennes 1992; DuclosAlgerie 1993. couvert n. m. "couvercle" (Pier - qui renvoie ä toutes les cacologies romandes du XIXe s.; FEW 2, 1145a, COOPER1RE l b ß; GPSR 4, 487a; IttCons 1970). Le FEW atteste ce mot dans de nombreux parlers de l'Ouest, du Centre et de l'Est ('kan. loch, verdch. louh. ardch. moz. argonn. Florent, Vouth, frcomt. GrCombe, Pontarlier, PtNoir, Waadt, mars.', pour ne citer que les formes homographes). Encore atteste dans RLiR 1978, 167 (pour l'Isere et la Savoie), TuaillonVourey 1983, GononPoncins 1984, DurafHJura 1986, BrassNorm 1990, LanherLitLorraine 1990, DromardFrComte 1991, CampsRoussillon 1991, TamineArdennes 1992, MazaMariac 1992, TamineChampagne 1993, DuchetSFrComte 1993, MartinFrechVelay 1993, GagnySavoie 1993. cru adj. "froid et humide". Type lexical atteste dans une grande partie de la moitie septentrionale de la Galloromania. Dans les dialectes, on le releve en Wallonie, en Ardenne, dans le Nord, en Picardie, en Ille-et-Vilaine, dans les Vosges, en Suisse romande et en Savoie; en fransais rdgional, en plus de la Suisse romande et du Canada, on le trouve ä Bruxelles, en Wallonie, en Ardenne, dans le Nord, en Lorraine, dans le HautJura, dans le Doubs et en Savoie. II est attestd pour la premiere fois sous la plume de Froissart (XIVe s.), auteur originaire de Valenciennes (Nord). En Suisse romande, il n'est atteste qu'ä partir de 1910 (Odin; absent de tous les glossaires du XIXe s.). — Littre; ConstDesSav 1902; OdinBlonay 1910, p. 296a; Pier, PierSuppl; CollinetPontarlier 1925; BoillotGrCombe 1929; GPFC 1930; FEW 2, 1369ab, CRÜDUS 12; GPSR 4, 618a s.v. cm 5°; IttCons 1970 (> DFV 1972); BaetensBruxelles 1971; TLF; PoirAngl 1978, p. 59-60; PoirCreol 1979, p. 413; ALEC 1186; HanseChasse 1980; Had 1983; Pid 1983, 1984; Hanse 1983, 1987; GR 1985; DurafHJura 1986; GuichSavoy 1986; MassionBelg 1987; Nie 1987, 1990; FuchsBelg 1988; PLi 1989; LanherLitLorraine 1990; CartonPouletNord 1991; BessatGMtBl 1991; TamineArdennes 1992; ColinParlComt 1992; DQA 1992; DuchetSFrComte 1993; GagnySavoie 1993; Lengert 1994; Belg 1994. marbre n. m./f. "bille ä jouer" (GuilleNeuch 1829-32, p. 326; PeterCacol 1842; BonNeuch 1867; CalletVaud 1861; 'dans plusieurs provinces' LiSuppl; OdinBlonay 1910, p. 338; Pier, PierSuppl; GPFC 1930; BiseHBroye 1939; MassignonAcad 1962, n° 1843; FEW 6,1, 364b365a, MARMOR; IttCons 1970; ALEC 2043x; Seutin; Had 1983; Nie 1987, 1990; DFreQ 1992; Lengert 199411). Type relev€ dans un tres grand nombre de dialectes; les donnees du FEW permettent d'identifier une immense zone incluant, d'ouest en est, la Saintonge, le Poitou, 1'Anjou, la Bretagne romane, la Normandie, la Picardie, la Wallonie, les Ardennes, la Lorraine, la Franche-Comt6, la Suisse romande et le Dauphine. En fr. reg. de France, atteste ä Nantes (BrasseurNantes 1993), dans le Nord-Pas-de-Calais ("bille de terre" CartonPouletNord 1991), dans l'Ouest (RozeauOuest 1984; RezeauBibl 1986), en Saöne-et-Loire (Mäcon 1926) et en 11

Get auteur donne ä tort comme premiere attestation "1827 (Nicollier)". La date de 1827 dans cette source renvoie ä GaudyGen et ne conceme que la forme marbron (classe s.v. rnapis; la forme marbre ne s'y trouve pas).

Quobdcismes et helvötismes: eclairages rdciproques

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Franche-Comie (BoillotGrCombe 1929). Donne sans marque regionale dans GLLF 1975, qui le presente comtne 'peu usite', et l'illustre avec un exemple non reference de Cherau, ecrivain dont les romans sont «presque tous consacres ä la peinture de la vie provinciale et terrienne de la Vendee ou du Berry» (Lar 1960).

3.2.4 Dialectalisme grammatical poison adj. "veneneux" (Pier; GPFC; FEW 9, 256b, POTIO I 2 a; DQA 1992; Lengert 1994; AresParler 1994). Aussi älteste dans le dialecte de Fougeres (Ille-et-Vilaine) ainsi qu'en hautmanceau (v. FEW). En fr. reg. de France, älteste en Normandie (BrasseurNorm 1990). L'emploi quebecois est probablement ä rattacher aux attestations relevees dans les parlers de l'Ouest; quanl ä l'emploi suisse romand, il trouve son correspondanl palois dans le parier de Saviese (v. FavreSaviese). Cela dil, le mouvemeni ne s'esi pas necessairemeni fait du dialecie vers le fransais regional; pourrail aussi loul simplemenl avoir affaire ä des innovations independantes, l'emploi d'un substanlif en fonciion adjective n'ayant rien d'exceptionnel en frangais (v. Grevisse13, § 545 c).

3.2.5

Dialectalismes phraseologiques

cause? loc. adv. "pourquoi?" (GaudyGen 1827; PeterCacol 1842; BonNeuch 1867; GPFC 1930; FEW 2, 542b, CAUSA II l b; 'fr. reg. VD, VS, GE, NE, BE' GPSR 3, 154a; ALEC, q. 2310, pls 16, 18 [= Chicoulimi, Charlevoix-Esl]). V. encore a cause que loc. conj. "parce que" (supra 3.I.5.). Type bien älteste dans les dialecies de l'Ouesi, du Centre el de l'Esi du domaine galloroman (v. FEW); en fr. reg. de France, cf. Villeneuve de Marc (Isere) a cause? loc. intern "pourquoi?" («usuel au-dessus de 50 ans, encore bien connu ä 20» BlancRouatVill 1993). SR avoir les bleus loc. verb. — Pierrehumbert allesie pour la premiere fois (1921) les synlagmes avoir les bleus el donner les bleus, mais sans les definir el en les preseniani comme appanenanl au franc.ais populaire. Le GPSR älteste la locution ovouo by&(prop, avoir les bleus) en patois jurassien el glose par "broyer du noir" (GPSR 2, 421ab s.v. bleu II 8°). En fransais de reference, on rrouve diables bleus "idees noires" (dp. 1831, v. FEW; «vx» TLF), emprunt ä l'anglais americain blue devils, de meme sens, qui a donne lieu ä (the) blues "melancolie, cafard" (empr. par le fr. dp. 1970, v. GR), puis "forme musicale elaboree par les Noirs americains" (empr. par le fr. dp. 1927, v. TLF). Le frangais quebecois connait bien avoir les bleus "etre melancolique, triste, deprimo" (FichierTLFQ; v. encore infra 3.3.5.); au Quebec, cetle locution esl tenue generalemenl pour un anglicisme. Toutefois, la locution suisse romande n'a probablement pas de lien genotique avec les emplois du francais de reference ou du fran9ais quebecois, tous emprunles ä l'anglais; la locution paioise £vou£ byx. a aussi le sens de "resseniir le malaise du lendemain de libations copieuses"; on trouve encore dans d'auffes paiois (FR, JU) la locution idra din bios, (propr. etre dans les bleus) qui signifie "etre ivre", ainsi que fer byz (JU; propr. faire les bleus) avec le sens de "causer des apprehensions, des

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transes qn". Cette richesse de metaphores dans les parlers dialectaux suggere que la locution du fran9ais regional pourrait provenir en fait des dialectes et non de l'anglais. Pour un emploi similaire dans une autre langue romane, cf. roum. albastra adj. "bleu" qui connote la melancolie et la tristesse (KristolColor 1978, p. 259). — FEW 18, 27a, BLUE; TLF 4, 610b s.v. blues et 7, 141a s.v. diable Π C 4; GR 1985 s.v. blues 3. brasser la salade loc. verb. (H. Walter, "Un sondage lexical en marge de l'enquete phonologique sur les fran9ais regionaux", dans Actes du XVII' congres de linguistique et Philologie romanes, Universite d'Aix-en-Provence, 1986, vol. VI, p. 261-268, partiellement repris dans Le frangais dans tous les sens, Paris, Laffont, 1988, p. 166 sqq.; DQA 1992; Lengert 1994). La loc. brasser la salade est attested sur une aire continue qui relie le domaine francoprovengal au grand Quest en passant par le Centre et le Limousin (avec en plus un isolat en Roussillon). Comme eile n'a pas ete rec.ue dans la lexicographic generate (peut-etre parce que Paris ne fait pas partie de son aire de diffusion), nous devons la classer parmi les dialectalismes, bien qu'en fait il s'agit d'une tournure commune plusieurs millions de francophones, originaires de regions dont les Substrats dialectaux n'ont rien voir entre eux (parlers d'ofl du grand Quest, parlers nord-occitans, dialectes francoproven9aux, et meme dialectes Catalans pour le Roussillon). II faut peut-etre plutot chercher l'origine de cet emploi dans la diversity interne de la langue fran9aise elle-meme, qui dispose ici de plusieurs verbes pour exprimer un meme concept; on ne saurait guere expliquer par des Substrats dialectaux aussi varies la repartition geographique observee par H. Walter. faire boucherie loc. verb. Type tres courant en Suisse romande, en fran9ais regional comme dans les dialectes (GuilleNeuch 1829-32; PeterCacol 1842; CalletVaud 1861; GrangFrib 1864; BonNeuch 1867; Pier; GPSR 2, 589a-592a; IttCons 1970 > DFV 1972; Alpha 1982; Lengert 1994). En France, n'a 6te releve que dans 1'Ouest (cf. faire la boucherie, regionalisme involontaire donno comme dofmissant de boucharder dans le Glossaire des parlers du BasMaine, G. Dottin, Paris 1899; faire boucherie est atteste en 1971, 1980 et 1981 dans le fran9ais regional de l'ouest de la France, cf. RezeauOuest; v, encore ALO 571 pour des attestations dialectales dans les dopartements d'Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Vendee, Deux-Sevres, Vienne, Charente-Maritime et Charente). La locution est tres bien attestee au Quebec (Clapin 1894; Dionne 1909; GPFC 1930; 'rural' DQA 1992), ainsi qu'en Acadie (v. MassignonAcad § 454, qui fournit avec un exemple de 1747 la plus ancienne attestation), et jusqu'en Louisiane (DitchyLouisiane 1932). II se pourrait bien que 1'on ait affaire un cas de conservation, en aires latorales, d'un archaisme du fran9ais general qui n'a jamais ete re9u dans la lexicographic centrale; cela dit, faute de preuves tangibles de son existence dans la langue centrale il convient de le classer parmi les dialectalismes. — FEW 1, 587b, *BUCCO-; PR 1984; GR 1985; NPR 1993.

Quobecismes et helvotismes: eclairages reciproques

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mener l faire du train loc. verb, "faire du bruit" (Pier; FEW 13, II, 164b, *TRAGINARE 2; PoirCreol 1979, p. 413). Aussi atteste dans le parier de Cancale (Bretagne).12

3.3

Adstratismes (anglicismes et germanismes)

Le frangais de Suisse romande et celui du Quebec se trouvent tous les deux en contact avec une langue germanique: I'allemand ecrit et les dialectes suisses alemaniques en Suisse, 1'anglais nord-americain au Quebec. Dans certains cas, les deux langues d'adstrat ont en commun des types lexicaux tres proches, qui, une fois transposes en frangais regional, donnent lieu ä des mots ou ä des locutions identiques (ou semblables) en Suisse romande et au Quobec (cf. academique, hydrant). Dans d'autres cas, le frangais du Quebec et le frangais de Suisse romande ont tous les deux emprunte le meme type lexical ä 1'anglais (cf. body check, choke, drafte, puck, set), langue de diffusion planetaire; l'influence de rail, de Suisse, qui emprunte beaucoup lui aussi ä 1'anglais, peut avoir contribue indirectement ä emergence de ce phenomene.

3.3.1 Adstratismes lexematiques V. encore ci-dessous 3.5.4.2. assist n. m./f. "passe (au hockey sur glace)" («Trois buts et un assist: Wayne Gretzky a litteralement offert aux Los Angeles Kings leur premiere finale dans le championnat de la NHL.» Nouvelliste et Feuille d'Avis du Valais, ler juin 1993, p. 33; «Largement le temps, sans doute, de decrocher un dernier record: pour 1'instant, Gordie Howe totalise encore 1850 "assists".·» Le Matin, 22 mars 1994, p. 19; aussi courant dans 1'usage oral en SR.) Le Bureau des traductions du Secretariat d'Etat du Canada (Bulletin de terminologie n° 137, octobre 1969) propose pour assist le fran9ais assistance. DallaireHockey 1983 propose aide, assistance ou passe pour traduire ce mot anglais. L'usage oral informel au Quobec connait une assiste, mais cette forme n'apparait jamais ä l'ecrit ou dans 1'usage oral formel. body check n. m. («Le juge Franco Verda qui se leve pour mimer un body check: le hockey sur glace etait vraiment, vendredi, au centre des debats de la cour correctionnelle de Bellinzone.» Le Nouveau Quotidien, 25 octobre 1993, p. 25.) Au Quebec, on dit mise en echec. Le syntagme anglais est connu et employe dans la langue parlee informelle mais considere comme impropre dans 1'usage formel oral et dans la langue ecrite.

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PoirCreol cite en outre 1'expression mener le diable, bien connue au Quobec, et qu'il a relevoe dans DFV 1972 pour la Suisse romande; or, on ne sail d'ou DFV tire cette attestation, qui n'est confirmoe par aucune autre source (0 fichier CD); Dep 1988 et Merc 1990, des sources de troisieme main, ont repris cette locution ä DFV, mais cela ne prouve ovidemment rien sur la vdritable existence du mot en Suisse romande. Jusqu'ä nouvel ordre, on considorera qu'il s'agit en fait d'un fantome lexicographique.

352

Andre Thibault

choke n. m. "starter" (Colpron 1970,1982; Nie 1987,1990; PLi 1989). Emprunts independants ä l'anglais. En franQais de reference, choke designe im "etranglement ä rextremite du canon d'un fusil de chasse pour regrouper les plombs" (FEW 19, 42b, CHOKE-BORE; NPR 1993). L'emploi quobocois et suisse romand est aussi atteste en Belgique (v. Belg 1994). drafte adj. "choisi, engage (d'un joueur de hockey)" («Drafte par les Los Angeles Kings, le gardien du HC Ambri-Piotta aurait pu rejoindre le club de Wayne Gretzky l'an dernier dejä.» 24 heures, 17 fovrier 1993, p. 31.) Au Quebec, le mot est compris mais on ne l'emploierait jamais dans l'usage oral formel ou la langue ecrite; on lui prefere repeche. hydrant n. m. "borne d'incendie". En Suisse romande, emprunt ä l'all. Hydrant n. m., de meme sens. Le francais d'Alsace connait le meme emprunt (P. Rezeau, comm. pers.). L'anglais hydrant "id." a jadis donne lieu ä canad. hydrant [idrä] (GPFC 1930), mais celui-ci est aujourd'hui vieilli; on lui prefere borne-fontaine. — LittroSuppl 192c et 368c; Pier; GPFC 1930; HumbAmel 1957; FEW 16, 278b, HYDRANT; FichFrBE; DFV 1972; TLF; PR 1984; GR 1985; DFPlus 1988; PLi 1989; DQA 1992; NPR 1993; Lengen 1994. puck n. f. (Q), m. (SR) "palet (au hockey sur glace)". Emprunts independants ä l'anglais. Au Quebec, le mot puck est connu et usite dans l'usage oral informel, mais se prononce [pok] et est du genre feminin; il subit la concurrence de rondelle, seul usite dans l'usage formel. En Suisse romande, puck, de genre masculin, se prononce [pak] et s'emploie tout autant ä l'oral qu'ä l'ecrit, dans des situations formelles ou informelles. Le francais regional de Saint-Pierre et Miquelon connait puck [pok] n. m. "palet de hockey". — RobSports 1982; DallaireHockey 1983; DFPlus 1988; BrassChauvSPM 1990; DQA 1992; DFreQ 1992. set n. m. "ensemble, assortiment" (GPFC; ALEC, v. index passim; DQA 1992). En fr. de ref., n'est atteste que dans le syntagme set de table (v. par ex. NPR 1993); le TLF fournit en outre le sens de "assortiment", illustre par le syntagme set de pelleterie et marque 'vx', ainsi qu'un emploi technique 'dans le domaine de la peche' (set d'anneaux, sei de mouches). Au Quebec, on le releve dans de nombreux syntagmes: set de cuisine, de salon, de chambre; set de vaisselle, set a cafe; set de voyage; set d'outils; set de des; etc. Le mot n'a pas de tradition lexicographique en Suisse romande, mais au fichier CD il est atteste dans plusieurs constructions: set de coquetiers (catalogue Jelmoli I, 1976, p. 295), set de voyage (ibid., p. 162), set de valises (Cooperation, 21 juillet 1977), sei de couvre-sieges pour auto, set de tapis pour auto, set de ciseawc, set de tapis de solle de bains, set de casseroles (depliant publicitaire, Janvier 1993), set de coussins (Jardin '94 [catalogue], printemps 1994). L'usage quebecois reprosente un emprunt ä l'anglais; l'usage suisse romand a lui aussi emprunte ä cette langue, mais peut-etre sous influence de l'allemand de Suisse (ou set est aussi tres frequent; v. depliants publicitaires bilingues au fichier du Centre de dialectologie de Neuchätel).

QuebeOismes et helv6tismes: oclairages rdciproques

3.3.2

353

Adstratismes phonetiques

Nous n'avons releve aucun exemple d'adstratismes phonetiques communs au Quebec et ä la Suisse romande.

3.3.3 Adstratismes semantiques academique adj. "universitaire". Les 6tablissements d'enseignement superieur en Suisse romande s'appelaient autrefois Academic (1537-1890 ä Lausanne, 1550-1873 ä Geneve; 18401909 ä Neuchätel; v. GPSR 1, 85b). Le substantif a ete remplaco par Universite, mais 1'adjectif (non atteste dans GPSR et Pier, mais dont il est raisonnable de supposer 1'existence avant le XXe siecle) est reste. Comme cet emploi du mot coincide avec all. akademisch adj. "universitaire", on a souvent interprete comme un germanisme; il est vrai que le contact avec 1'allemand a certainement contribue ä son maintien. Au Canada (ou il peut avoir en outre le sens de "scolaire"; v. DFPlus, DQA), on 1'explique habituellement par l'influence de l'anglais academic. — TLF 1, 299a, academique IVc; FEW 24, 64b-5a, ACADEMIA; Alpha 1982; GR 1985; DFPlus 1988; PLi 1989; DQA 1992; Lengert 1994. bloc n. m. "grand immeuble d'habitation". Ce mot appartient en fait au franc.ais general; TLF donne le sens de "(p. ext.) immeuble groupant plusieurs appartements", et la base Frantext en fournit de nombreux exemples («Presque toutes les fenetres des grands blocs neufs, de l'autre cote de l'Avenue, etaient eclaire"es.» C. Rochefort, Les petits enfanis du siecle, 1961, p. 23; v. encore pp. 10, 48, 49, 50 el passim). Une des raisons pour lesquelles nous avons tenu ä le garder dans cet expose est qu'il sert ä illustrer le parallelisme entre deux situations linguistiques minoritaires: au Quebec, le mot est denonce comme anglicisme (v. par ex. ColpronAngl 1982), alors qu'en Suisse romande on I'interprete comme germanisme (v. Lengert 1994). Plutot qu'un emprunt ä all. (Wohn)block n. m. "päte ou ilot de maisons; grand immeuble d'habitation", I'emploi suisse remand doit simplement participer de 1'usage fra^ais general (representant luimeme un emprunt ä l'anglais); l'allemand, qui du reste a lui aussi emprunte ce mot ä l'anglais, n'a peut-etre joue ici qu'un role secondaire. Une autre raison milite en faveur du maintien de ce mot dans notre expose: sa representation dans la lexicographic generate etant tres mauvaise (seul TLF donne le sens de "immeuble"), il importe d'attirer l'attention des lexicographes sur les ameliorations qu'il conviendrait d'apporter ä la description de ses differents sens dans les dictionnaires contemporains. Faute de quoi, les chroniqueurs de langue, au Quebec tout comme en Suisse, continueront encore longtemps d'interpreter ce mot comme un regionalisme ä bannir.

3.3.4 Adstratismes grammaticaux Nous n'avons releve aucun exemple d'adstratismes grammaticaux communs au Quebec et ä la Suisse romande.

354 3.3.5

Thibault Adstratismes phraseologiques

Quobec avoir les bleus loc. verb. (ALEC 268x, 2173s, 2259b, 2260x, 2310; ColpronAngl 1982; 'fam.' DQA 1992). V. supra 3.2.5.

3.4

Innovations

Le fait que le Quobec et la Suisse romande partagent un certain nombre d'innovations releve simplement de convergences fortuites; les ressources de la langue en matiere de neologie (derivation, mdtaphores, metonymies) peuvent tres bien donner naissance ä des creations identiques, sans qu'il y ait eu influence reciproque ä la base. On notera toutefois que certains des mots qui ont et6 classes dans cette categoric relevent peut-etre en fait du fran9ais general, mais ils ont en commun de ne pas avoir ete repertories, jusqu'ä maintenant, par la lexicographic francaise. Peut-etre eut-il aussi fallu classer certains de ces elements parmi les dialectalismes, mais encore une fois l'absence de donnees pertinentes dans les ouvrages de reference nous oblige ä les considerer plutot comme des innovations.

3.4.1

Innovations Iex6matiques

assermentation n. f. "prestation de serment". Derive d'assermenter, suff. -ation. En Suisse romande, atteste indirectement pour la premiere fois en 1885, sous une forme patoise empruntee au fransais regional (v. GPSR 2, 62a; DFV 1972; Alpha 1982; PLi 1989). Au Canada, att. dp. 1909, Dionne; cf. encore DFPlus 1988 et DQA 1992. Atteste egalement en Saintonge (v. FEW 11, 35b, SACRAMENTUM11). case posiale n. f. On trouve le syntagme casepostale dans Rob 1951 et GR 1985 sans marque, mais TLF le donne comme «rare», et cite une romanciere canadienne; en effet, il est d'un emploi courant au Canada, tout comme en Suisse romande. NPR 1993 note correctement «Suisse, Quibec». II ne semble pas y avoir de lien genotique entre les deux emplois. En France, on dit plutot boite posiale. Les deux syntagmes manquent dans FEW 2, 45Ib, CASA II l b ß et 9, 164b, PONERE II 3. — Rob 1951; DagenaisDiff 1967; Corbellari 1968 (> Nie 1987, 1990); DFV 1972; Pid 1983, 1984; GR 1985; WidmerVocPost 1986; PLi 1989; DQA 1992; NPR 1993; Lengert 1994. chambreur n. m. (TLF 5, 479a s.v. chambre; DFPlus 1988; DQA 1992; Lengert 1994). D'apres DFPlus 1988, le mot queb. serait derive de chambrer v. intr. "loger dans une maison de chambres; avoir une chambre dans une maison privee", 'probabl. d'ap. 1'angl. roomer'. II n'y a done pas lien gen6tique avec le mot romand, qui lui est pourtant tout ä fait identique, en forme et en sens.

Quebecismes et helvetismes: eclairages reciproques

355

cristi! interj., christi! (P. Budry et S. Chevallier, Le quart d'heure vaudois, 1942, p. 54 et 238; BergeronQueb 1980; Seutin; Had 1983). Vraisemblablement emprunts independants au latin ecclesiastique Christi (cf. par ex. Corpus Christi); pergu au Quebec comme un euphemisme pour Christ [kris], plus expressif (v. BergeronQueb). cuisinette n. f. "petite cuisine". Der. sur cuisine, suff. dim. -ette. Atteste en Suisse romande depuis 1957 (B. Hasselrot, v. TLF) et au Quebec depuis 1920 (fichier TLFQ; v. par ex. ALEC 28, 273x). Dans la lexicographic franc.aise, cuisinette est le plus souvent donne (ä panir de Lexis 1975) comme recommandation officielle (v. aussi DictTermOff 1994) pour remplacer 1'anglicisme kitchenette. L'apparition du mot dans les differents pays francophones a pu se realiser de facon independante, le processus de derivation ä l'oeuvre etant toujours disponible en rouleau a pate n. m. "rouleau ä patisserie". Sans tradition lexicographique en Suisse romande, mais bien connu des temoins , et älteste dans la metalangue definitionnelle de OdinBlonay (p. 464a) et UsteriPd'Enh (p. 113a); 1'att. la plus recente au fichier CD date d'octobre 1994 (Le The d'octobre, Journal des vendanges regional, Boudry, canton de Neuchätel, p. 8). Au Quebec, le mot est älteste dp. 1819 (v. fichier TLFQ; DFPlus 1988 s.v. pate; Vox romanica 90/91, p. 548; DQA 1992). Le compose est aussi connu ä Saint-Pierre et Miquelon (v. BrassChauvSPM 1990). Si les attestations quebecoises et miquelonnaises sont probablement ä rapprocher, 1'usage suisse romand doit avoir vu le jour de fa?on independante. Le fran9ais de reference ne connait que rouleau a patisserie pour designer ce referent.

3.4.2 Innovations phonetiques Nous n'avons repere aucun exemple d'innovations phonetiques communes au Quebec et ä la Suisse.

3.4.3 Innovations semantiques. blanc n. m. "trou de memoire". Seule attestation lexicographique en Suisse romande: avoir un blanc (fig. et fam.) "avoir une absence de memoire" (Alpha 1982; cet ouvrage, diffuse dans toute la francophonie mais realise ä Lausanne, recele de nombreux helvetismes). Au Quebec, blanc et surtout blanc de memoire sont tres bien ältestes depuis 1935 (cf. FichierTLFQ), mais selon certains auteurs (cf. par ex. ColpronAngl 1982) il s'agirait d'un emprunt ä l'anglais blank; cf. par ex. Aw mind went blank "il a eu un passage ä vide, un trou" et my mind was a blank "j'avais la tete vide, j'ai eu un passage ä vide" (RobColl 1978). Quoi qu'il en soit de 1'hypothese d'un emprunt ä l'anglais pour le franco-quebecois, il semble improbable que puisse expliquer de la meme fa?on 1'emploi suisse romand; ce dernier resulte plus vraisemblablement d'une innovation semantique independante, le blanc connotant 1'absence, le vide (cf. par ex. le sens du fran9ais general de "Intervalle, espace libre qu'on laisse dans un ecrit" et

356

Andre Thibault

au fig. "espace vide, temps mort" GR 1985; cf. encore un blanc dans la conversation "un silence" TLF 4, 561b). Enfin, nous avons releve chez un auteur suisse romand un emploi metaphorique oü l'adj. blanc semble connoter la perte de momoire: «Amnesie totale. II connait le vertigineux trau blanc redoute des acteurs.» (B. Chapuis, Une de Bonfol, 1985, p. 66). bouteitte n. f. "biberon". Le mot biberon au sens de "petite bouteille pour faire boire un enfant" n'apparait en frangais qu'en 1777, comme terme specialise, puis ä partir de 1835 dans la lexicographic fran9aise. Mot d'origine savante, il semble avoir eu de la peine ä se diffuser dans les dialectes (v. FEW 1, 350a, BIBERE II 1; GPSR 2, 384a s.v. biberon2) et dans le frangais de certaines zones peripheriques: en Lorraine, en Suisse romande et au Quebec, il est concurrence par bouteille, moins precis mais tire de la langue courante (et aussi atteste avec ce sens en patois vaudois, v. GPSR). — Acad 1835; GPSR 2, 690a s.v. bouteille 1; Voillat 1971, p. 227; ALEC 1808; LanherLitLorraine 1990; DHLF 1992. camisole n. f. "maillot de corps". Get emploi du mot camisole etant commun ä la Suisse romande, ä la Belgique et au Quebec, on peut raisonnablement supposer qu'il a dejä eu cours en France, ä tout le moins dans certaines regions, mais il est tres difficile de attester dans la lexicographic. Les attestations les plus anciennes (16e s., v. GdfC) ne nous aident guere ä regier le probleme du sens. Littre parle d'une "sorte de vetement ä manches et court qui se porte sous ou sur la chemise"; Lar 1899 definit camisole comme un "vetement neglige de femme (en toile, lainage, etc.), taille ä peu pres comme la chemise, par-dessus laquelle il se porte, mais ne descendant guere plus bas que les reins"; en picard, le mot est atteste avec le sens de "petit vetement de nuit" et en saintongeais, avec celui de "corsage de femme" (v. FEW); le frangais d'Afrique connait le sens de "vetement feminin ä manches courtes couvrant le haut du corps". Ces definitions restent toutes assez eloignees de l'acception qui nous interesse (la camisole n'a goneralement pas de manches et ne se porte que sous la chemise). Les attestations dialectales dans GPSR sont difficiles ä interpreter semantiquement (v. le commentaire); toutefois, un des exemples est glose «les camisoles se mettent sous la chemise». Quant au mot de frangais regional objet de cet article, il est entierement absent de l'article du GPSR. En l'absence de donnees pertinentes, nous choisissons de classer ce mot parmi les innovations: une innovation qui aurait eu lieu simultanement dans le frangais des zones peripheriques que sont la Romandie, la Wallonie et le Quebec, et reposant sur un sens archai'que legerement different ("sorte de vetement ä manches et court qui se porte sous ou sur la chemise" Littre). II ne nous semble pas legitime de classer cet emploi parmi les archai'smes, comme le font certains auteurs (v. par ex. MassionBelg, Lengert); le sens de "maillot de corps" n'a jamais fait partie du frangais de reference, ä aucune 6poque. — Littre 1863; GdfC 8, 417a; FEW 2, 142a, CAMISIA I 2; GPSR 3, 50b-51a; IFA 1983; Hanse 1983, 1987; MassionBelg 1987; DFPlus 1988; Nie 1990; DQA 1992; Corbeil 1992; DFreQ 1992; NPR 1993; AresParler 1994; Lengert 1994; Belg 1994.

Quebecismes et helvetismes: eclairages reciproques

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glace n. f. "patinoire" (DFPlus 1988; DQA 1992). Metonymie courante au Quebec tout comme en Suisse romande.13 lutrin n. m. "support ä hauteur reglable sur lequel 1'instrumentaliste pose sa partition". Att. dp. 1914-15 au Quebec, BPFC; att. dp. 1946 en Suisse romande (A. Rivaz, Comme le sable, pp. 136, 183,194); v. encore VinDict, DQA 1992 (ou Ton trouvera le syntagme lutrin de musicien) et Alpha 1982. Get emploi serait aussi connu en Belgique (comm. pers., Laurent Robert). Nombreuses attestations lexicales dans Suistext; au Quebec, le mot est frequent dans la presse contemporaine, et designe en outre d'autres supports de meme type, ä l'usage des orateurs ou des Conferenciers (DFQMs). Le fransais general a cree, ä partir du sens premier de "pupitre sur lequel on met les livres de chant, ä la messe ou ä l'office", le sens de "pupitre sur pied pour lire et consulter les ouvrages de grande taille", puis enfin "support oblique, sans pied, pour appuyer un livre et le consulter" (v. par ex. NPR 1993); le franc, ais du Quebec et celui de Suisse romande, de maniere independante, ont pousse plus loin 1'extension semantique en utilisant le mot lutrin pour designer d'autres types de support, en particulier celui employe par les musiciens pour leurs partitions. En fran£ais de reference, c'est le mot pupitre (cf. pupitre a musique, v. NPR 1993) qui est charge de designer ce referent.

3.4.4 Innovations grammaticales suff. -eure (v. annexe s.v. pasteure; cf. encore procureure DictFemMasc). Les formes pasteure et procureure sont des innovations suisses romandes (on ne les trouve pas, en effet, dans les sources quebecoises consultees), mais le mode de formation de feminins en -eure est une innovation grammaticale quebecoise passee en fran^ais de Suisse romande (v. infra 3.5.4.1.).

3.4.5 Innovation phraseologique faire du pouce loc. verb, "faire de l'auto-stop, du stop" (0 Frantext; 0 TLF; 0 CaradecArgot 1978; 0 ReyChantreau 1979; 0 CellardRey 1980, 1991; 0 GR 1985; DFPlus 1988; 0 BernetRezeau 1989; 0 DunetonBouquet 1990; 0 ColinArgot 1990; DQA 1992; 'Canada' NPR 1993). Absent de toutes les sources disponibles pour la Suisse romande, mais connu de la plupart des temoins interroges. La communaute d'usage entre le Quebec et la Suisse romande semble ici fortuite.

13

Quelques exemples ricents tires de la presse romande: «Lorsque les deux dquipes etaient ä egalite sur la glace, ce sont les Vaudois qui firent le jeu.» L'Express, 8 fevrier 1993, p. 27; «Oui, comme mardi, face ä Sierre, la formation des Montagnes a remarquablement domind le dobat sur la glace de Merges, s'octroyant une victoire largement meritoe, de l'avis meme des spectateurs genevois.» L'Express, 26 fevrier 1993, p. 35; «Ce sont en realite les Neuchätelois qui ont dicto 1'allure sur la glace morgienne, signant un premier tierstemps de reve, sur le plan du jeu comme sur celui de la productiviti.» Ibid.; «Crispes, empruntes, ses joueurs, dont 1'ex-intemational Peter Jaks en perdition, semblaient incapables de se trouver sur la glace.» Tribune de Genive, 10 mars 1993, p. 15.

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3.5

Andro Thibault

Problfcmes de classement

Comme toutes les grilles d'analyse, celle que nous avons presentee ici pose un certain nombre de problemes. Nous avons en effet releve des cas de figure ou la nature des materiaux ä classer nous oblige ä preciser les criteres de classification retenus (cf. 3.5.1., archai'smes et dialectalismes; 3.5.2., regionalismes et mots du fr. pop.), ou meme carrement ä revoir 1'applicabilite de la grille (rdgionalismes de frequence, 3.5.3.; mots Importes du Quebec, 3.5.4.).

3.5.1 La frontiere entre archai'smes et dialectalismes II n'est pas toujours facile de determiner si un type lexical donne doit etre classe parmi les archai'smes ou les dialectalismes. Le seul fait qu'un mot soit atteste en ancien frangais ne constitue pas en soi une raison süffisante pour qu'on le classe automatiquement parmi les archai'smes. La veritable question qu'il convient de se poser est la suivante: le frangais du Quebec ou de Suisse romande tient-il ce mot du frangais (moderne, c.ä-d. dp. env. la fin du XVIe s.), ou des dialectes? Le Quebec ayant ete colonise au XVIIe s., il ne serait pas pertinent d'identifier comme archai'sme un mot qui n'est atteste en frangais central que jusqu'au XIVe s., mais qui a vecu dans les dialectes de l'Ouest jusqu'au debut du XXe. Ceci dit, un certain nombre de cas posent probleme: il s'agit des mots qui sont tout aussi bien attestes en frangais classique que dans les dialectes (de l'Ouest comme de l'Est). Dans ce cas, la frontiere entre archai'smes et dialectalismes s'estompe et on ne peut que classer ces mots dans les deux categories ä la fois (c'est le cas de se nayer, v. supra 3.1.2.; blonde, butin, convene, venir, v. supra 3.1.3.; a bonne heure, v. supra 3.1.5.), ou creer une categorie ad hoc que appellerait «archai'smes-dialectalismes» (v. la communication de Cl. Poirier citee supra note 3).

3.5.2 La frontiere entre regionalismes et mots appartenant au frangais populaire general Ce probleme, de nature plus pratique que theorique, ne remet pas vraiment en cause 1'applicabilite de la grille; il met simplement en relief le fait qu'une mauvaise documentation rend difficile la classification d'un element lexical donne. Nous avons affaire en l'occurrence ä des mots qui appartiennent peut-etre davantage au frangais populaire general qu'au frangais regional ä proprement parier. La seule fagon de regier ce probleme est d'etre tres accueillant, en tant que lexicographe des varietes regionales du frangais, envers ces mots souvent mal representes dans la lexicographic generate, mais que les francophones connaissent peut-etre tous.14 Les faits de langue populaire meritent aussi d'etre cartographies. En outre, on notera qu'il ne s'agit pas qu'un mot soit releve dans le parier populaire parisien pour qu'on en tire automatiquement la conclusion qu'il appartient au frangais populaire de toute la francophonie, ou de toute la France. Comme principe general, on retiendra qu'il vaut mieux ratisser large dans la collecte de regionalismes. Comme exemples de ce cas de figure, cf. serrer v. tr. (v. supra

14

C'est ce que P. Rozeau appelle «lancer une bouteille ä la mer» (RezeauReg 1986, p. 45).

Qu6b6cismes et helvotismes: oclairages reciproques

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3.1.3.). par expr&s loc. adv. (v. supra 3.1.5.) et cadre n. m. (v. supra 3.2.3.). La definition du concept de dialectalisme, selon qu'elle inclut ou non les mots ältestes en fransais populaire parisien, peut aussi avoir une influence sur le classement (cf. ceusses et siau, ci-dessus 3.2.2., et encore une fois cadre, ci-dessus 3.2.3.).

3.5.3

Les regionalismes de frequence

Les regionalismes de frequence, c'est-ä-dire les mots qui se distinguent par une frequence comparativement beaucoup plus elevee15 qu'en fr. de France, posent un veritable probleme theorique lorsqu'il s'agit de leur assigner un emplacement dans la grille. Sur 1'axe differentiel, il est assez clair qu'ils appartiennent aux particularismes de Statut; sur Taxe historique en revanche, il semble qu'on ne puisse les classer aussi facilement. En effet, les regionalismes de frequence sont d'abord et avant tout des mots du frangais general, qui n'ont pour toute particularite que d'etre plus frequents dans 1'usage regional. II ne convient done pas de se demander d'oü ils viennent (archai'sme, dialectalisme, etc.), puisqu'ils sont simplement des mots du frangais general, mais bien plutöt pour quelle raison ils s'averent plus frequents dans 1'usage extra-hexagonal. Nous avons identifie deux catogories, l'une repondant ä un facteur intra-linguistique et l'autre ä un facteur extra-linguistique: les regionalismes de frequence auxquels correspond un regionalisme negatif (3.5.3.1.), et les regionalismes de frequence relies au referent (3.5.3.2.).

3.5.3.1 Les regionalismes de frequence auxquels correspond un regionalisme negatif (facteur intra-linguistique) Certains mots sont plus frequents dans 1'usage rogional parce qu'ils ne subissent pas, au sein d'un micro-champ semantique donne, la concurrence d'un autre mot du fran$ais hexagonal. Pour pouvoir classer ces regionalismes dans la grille, il faut envisager les deux faces du probleme. Chaque cas est ä considerer isolement et peut mener ä des interpretations differentes: brun adj. (marron est plutöt rare en Suisse romande et au Quebec dans 1'usage oral informel). Frm. marron adj. "couleur approchant celle du marron [chätaigne]" est d'apparition relativement recente: le FEW (6,1, 371b, *MARR- II) 1'atteste depuis 1765 seulement. II ne faut done pas s'etonner de sa relative rarete en fransais peripherique. La frequence relativement elev6e de adj. brun au Quebec et en Suisse romande est en fait le resultat d'une innovation centrale qui ne s'est pas bien diffusee en peripherie. Nous nous trouvons done dans une situation ou c'est le mot du fransais central qu'il faudrait classer dans la grille (c'est-a-dire, 15

Les mots se distinguant par une frequence anormalemeiU basse pourraient eux aussi s'appeler, theoriquement, «rdgionalismes de frequence»; mais comme leur frequence est souvent presque nulle, certains auteurs parlent plutöt d'«ecarts nogatifs»; cf. P. Martel, "Les ecarts nogatifs du francais quebecois parle", du Canada - Fransais de France, Actes du Colloques [sie] de Treves du 26 au 28 septembre 1985, publies par H.-J. Niederehe et L. Wolf, Tübingen, Niemeyer, 1987, p. 291-306.

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dans le cas qui nous occupe, parmi les innovations) pour bien rendre compte du phenomene. Les emplois de brun dans certains contextes ou les locuteurs de l'Hexagone n'emploient desormais plus que marron seraient d'ailleurs en fait classer parmi les archa'ismes. On ajoutera pour terminer que l'influence de l'angl. brown et de Γ all. braun a pu contribuer, de fa9on toutefois secondaire, au maintien de fr. brun dans tous les contextes ou Γ usage de France prefere marron. On aurait done alors affaire une influence adstratique. grand-maman n. f.; grand-papa n. m. (mamie, meme etpapi, ρέρέ sont d'un emploi plus generalise en France qu'au Quebec et en Suisse romande). Frm. mamie n. f. "grand-mere (t. hypocoristique)" est en fait un anglicisme (cf. ReyDeboveAngl) qui ne s'est pas aussi largement rdpandu au Quebec16 et en Suisse qu'en France. C'est done encore une fois le mot du francais hexagonal qu'il faudrait classer dans la grille, en 1 Occurrence parmi les anglicismes. Quant merna, il s'agit en fait d'une Variante dialectale de memere (v. FEW 6,1, 47 Ib, MATER l i d pour un tres grand nombre de localisations), passee en fran9ais central. Cette fois-ci, il faut done classer le mot du fran9ais hexagonal parmi les dialectalismes. Frm. papi n. m. "grand-pere" serait une creation analogique d'apres mamie (GR 1985), done classer parmi les innovations, de meme que ρέρέ id., forme par redoublement de la premiere syllabe de pere (GR 1985, TLF). Encore une fois, si les termes du francais de France en venaient faire completement disparaitre grand-maman et grand-papa de l'usage hexagonal, ces mots seraient alors analyser comme des archa'ismes s'etant maintenus au Quebec et en Suisse. soulier(s) n. m. (pi.) (chaussures est seulement generique en Suisse romande et au Quebec et soulier s'y maintient comme le terme le plus courant). La restriction semantique que connait souvent le mot chaussures dans 1'emploi hexagonal (ou on 1'emploie volontiers comme synonyme de soulier et pas seulement comme generique) est moins frequente en Suisse romande et au Quebec, ou soulier reste encore le terme le plus courant pour designer des chaussures rigides couvrant le pied mais non la cheville. II faut done classer 1'emploi hexagonal comme une innovation semantique. yogourt (Quebec [-ur], Suisse romande [-urt]) n. m. (yaourt est plut t inusite en Suisse, tout comme au Quebec). Bien que les dictionnaires francais soient muets sur la question, la Variante yogourt est beaucoup plus rare en France (sept attestations de yog(h)oun au XXe siecle dans Frantext pour 33 attestations de yaourt dans la meme periode), alors qu'elle est peu pres la seule usitde au Quebec et en Suisse romande. On remarquera seulement que l'influence des adstrats (angl. yogurt, all. Yogurt) explique peut-etre cette situation, ce qui permettrait alors de classer ce regionalisme de Statut dans la catogorie des adstratismes. En recapitulant, Γόη retiendra que la seule fa9on de rendre compte de certains de ces regionalismes de frequence est de classer dans la grille, non pas le regionalisme, qui participe tout simplement du francais general, mais bien le neologisme du fran9ais hexagonal, qui peut 16

Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y est pas du tout usite, loin de l : de nombreux temoins nous ont assure qu'ils 1'entendaient rdgulierement chez les jeunes enfants.

Quobecismes et helvotismes: eclairages reciproques

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lui aussi appartenir, comme c'est le cas des regional!smes, ä differentes categories sur 1'axe historique (et differentiel). En effet, il n'y a aucune raison pour ne pas appliquer aux particularites du fran9ais de France les memes criteres de classement que ceux utilises dans 1'etude des regionalismes extra-hexagonaux.

3.5.3.2 Les regionalismes de frequence relies au referent (facteur extra-linguistique) Certains mots sont plus frequents en Suisse romande et au Quebec en raison de considerations extra-linguistiques; en lOccurrence, nous avons relev€ deux syntagmes qui semblent tout ä fait banals dans le fransais de pays qui connaissent des hivers plus rigoureux que ce ä quoi est habituo sur les bords de la Seine: vieille neige n. f., et plaque de neige n. f. (v. Lengert 1994). Ces syntagmes sont tout simplement nes des ressources expressives de la langue franfaise generate; nous proposons done de les classer parmi les innovations. Nous avons de toute fa$on affaire ä une categoric de mots qui meritent ä peine d'etre consideres comme regionaux, en ce que leur caractere regional releve davantage du referent que du signe linguistique.

3.5.4 Les mots Importes du Quobec II existe une autre categoric de mots qui trouvent difficilement leur place dans la grille proposee: il s'agit des mots originaires du Quebec, et qui se sont diffuses en Suisse romande. L'axe historique ne prevoit en effet que des emprunts ä des langues d'adstrat (anglais, allemand), et pas d'emprunts internes ä la francophonie. Nous proposons done d'elargir le concept d'adstrat en lui faisant englober les autres varietes regionales de fran9ais. Nous ne sommes pas les premiers ä relever des exemples de quebecismes s'etant diffuses ailleurs dans la francophonie; on trouve dans Vlnventaire des particulartäs lexicales dufranQais en Afrique noire des termes quebecois ayant ete implantos par des cooperants de l'aide internationale (cf. par ex. budg ter v. intr. "budgotiser", op. cit.). Les belgicismes sont par ailleurs tres frequents en Afrique noire. Get ajustement ä la grille de Cl. Poirier offre l'avantage de presenter la langue francaise comme une langue "ä plusieurs centres" (c'est ainsi que considere aussi anglais, l'espagnol, etc.), une conception qui correspond mieux ä la realite des echanges linguistiques et au Statut de chaque communauto francophone dans le monde d'aujourd'hui.17 Les mots Importes du Quebec, ou dus ä son influence, se repartissent en deux categories: les formes feminisees (3.5.4.1.) et les mots du hockey sur glace (3.5.4.2.). 3.5.4.1 Les formes fominisees Les gouvernements quebecois et canadien font figure de pionniers dans le monde francophone en matiere de feminisation des litres et professions. Des le debut des annees 1980, un grand nombre de termes feminises s'installaient dans l'usage. S'inspirant des experiences quebecoise 17

V. Clyne, Michael (6d.), Pluricentric Languages: Differing Norms in Different Nations, Berlin-New York, Mouton de Gruyter, 1992 (v. en part. G. Liidi, "French as a pluricentric language", p. 149-178).

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et canadienne, un groupe de travail (mandate par le Bureau de l'egalite des droits entre hommes et femmes, le Bureau de la condition feminine du Canton du Jura, et la Cellule informatique du Departement de economic publique de Geneve) publia en 1991 (soit quelque dix ans apres les debuts de la feminisation au Quebec) le Dictionnaire feminin-masculin des professions des litres et des functions. Plusieurs des termes proposes, qui reprennent en grande partie des usages devenus courants au Quebec dans la derniere decennie, se sont rapidement diffuses dans la presse et l'administration romandes: cf. agente, auteure, deputee, acrivaine, juge, ministre, professeure; cf. encore mairesse n. f. "femme qui exerce la function de maire" (recommandation officielle de 1'OLF au Quebec, v. DFPlus 1988 et DQA 1992; une att. orale et une att. ecrite18 au fichier du Centre de dialectologie de Neuchätel). Le phenomene le plus frappant reside toutefois dans l'existence de nouvelles formes feminisees qui, au-delä de tout dirigisme linguistique, semblent etre nees spontanement dans 1'usage romand, en s'appuyant sur un mode de formation venu d'outre-Atlantique: il s'agit des feminins en -eure (cf. pasteure, v. annexe). Le Quebec semble avoir exporte ici plus que de simples formes, mais aussi un nouveau suffixe formateur de substantifs feminins. Depuis 1994, la Communaute fransaise de Belgique est egalement entree dans la ronde avec son Guide de feminisation des noms de metier, function, grade ou titre.19 Nous aimerions replacer dans un contexte plus large le phenomene de la feminisation des titres en fran9ais, en nous demandant s'il n'y a pas lieu de voir dans les demarches quebecoise, romande et wallone le resultat de I'lnfluence d'une sorte d'adstrat culturel en provenance des pays voisins. Ce n'est un secret pour personne que le feminisme nordamericain est Tun des plus dynamiques du monde occidental; le Quebec, de par sa position geographique, ne pouvait manquer d'etre influence par ce mouvement social d'ampleur continentale. Quant ä la Suisse romande, 1'exemple de la Suisse alemanique ou, en accord avec le reste du monde germanophone, la feminisation des titres est entree dans les mceurs, pourrait bien avoir exerce une certaine influence: on voit mal comment Madame Ruth Dreifuss, membre du gouvernement collegial suisse, pourrait se faire appeler Frau Bundesrätin en allemand et *Madame le Conseiller federal en fransais. En ce qui concerne les Wallons, nous ne saurions nous prononcer quant ä 1'influence flamande, mais l'exemple du Quebec, de la Suisse et de plusieurs autres pays occidentaux y est probablement pour quelque chose dans leur volonte collective de feminisation. On peut retenir deux choses de cette situation: d'abord, que Paris n'a plus le leadership absolu en matiere de norme (ce qui n'a pas manque de faire souffler un vent de panique sur Academic franchise, ä la suite de la parution du Guide de feminisation de la Communaute franc.aise de Belgique); ensuite, qu'il ne faut pas hesiter ä franchir les frontieres de la francophonie pour expliquer certaines tendances evolutives de la langue contemporaine. 3.5.4.2 Les mots du hockey sur glace Le Quebec et la Suisse romande ont en commun, outre un climat plus rigoureux que celui de la plupart des autres regions francophones, une passion pour les sports d'hiver. Parmi ceux-ci, le 18 19

«Une mairesse brigue un nouveau mandat» Le Quotidien jwassien, 1 octobre 1993, p. 11). Cette source recommande toutefois de trailer les noms en -eur comme des opicenes, sans en changer la forme: un auteur, une auleur.

Quobecismes et helvotismes: eclairages r&iproques

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hockey sur glace occupe une place de choix. Non seulement les equipes de hockey amateur se rendent-elles visite lors de voyages d'echange entre les deux pays, mais les professionnels quebecois engages comme joueurs d'elite ou comme entraineurs dans les clubs romands sont legion. Cette situation a contribue ä diffuser en Suisse romande des termes jusque la inconnus en fra^ais d'Europe: baton n. m. (v. annexe s.v. canne), pee-wee n. m. "categorie sportive pour les jeunes de 11 et 12 ans, spe"cialement au hockey sur glace" (DQA 1992; connaissance sporadique en Suisse romande, dans les milieux du hockey sur glace, comme terme nordamericain20) et rondelle n. f. (v. annexe s.v. puck). Ceci dit, le phenomene le plus frappant pour un locuteur franco-quebecois est la valeur stylistique tout ä fait neutre en Suisse romande de certains termes empruntes ä l'anglais, connus et compris au Quebec mais confines ä l'usage oral informel. On trouve couramment dans la presse romande assist, body-check, puck, drafte (v. supra 3.3.1.), play-off et auttes fore-checker, fore-checking, goal average, score et scorer. Les noms propres ne semblent pas connaitre d'equivalents frangais: Equipe Canada et la Ligue Nationale de Hockey restent irremediablement le Team Canada et la National Hockey League. De meme pour les Pittsburgh Penguins, les New York Rangers, les Los Angeles Kings et la Norris Division, rebelies ä toute francisation syntaxique (on aurait au Quebec, respectivement, les Pingouins de Pittsburgh, les Rangers de New York, les Kings de Los Angeles et la Division Norris). Cette difference docoule du fait que 1'adstrat anglais est pergu comme beaucoup plus mena9ant au Quebec qu'en Suisse romande (ou, du reste, qu'en France). En outre, les locuteurs franco-quebecois ont appris les mots anglais dans la rue, en contexte informel, et les equivalents frangais ä la television, en contexte formel; les Suisses romands considerent le hockey sur glace comme un sport anglo-saxon et n'ont pas ressenti le besoin de franciser toute la terminologie. II n'existe d'ailleurs absolument aucun consensus entre pays francophones sur le vocabulaire du hockey sur glace; chaque pays a developpe, chacun de son cote, sa terminologie propre, ä une epoque ou on ne se souciait pas encore de concertation en matiere de creation terminologique.

4.

Conclusion

Nous esporons avoir demontre, exemples ä l'appui, que notre connaissance des frangais regionaux (et du frangais tout court) ne peut que s'enrichir d'une comparaison entre les particularismes, parfois tres apparentes, des differentes communautes linguistiques qui composent la francophonie. On ne saurait se permettre de faire I'economie d'une demarche aussi fructueuse. Le discours dictionnairique francophone, en particulier, aurait interet ä porter une attention toute speciale aux renvois formels et conceptuels qui tendent des ponts entre francophones, en soulignant differences et ressemblances. La comparaison des particularites lexicales communes au Quobec et ä la Suisse romande revele que de nombreuses convergences entre ces deux 20

Alt. rocentes dans la presse romande: «La Election romande des "pee-wees" a bien entamo sa tournee canadienne.» L'Express, 13 fovrier 1993, p. 23; «La selection romande des "Pee-Wees" n'a pas fait dans le dotail lors de son 8e de finale de Quobec face ä l'equipe canadienne de Chicoutimi.» 24 heures, 17 fovrier 1993, p. 31.

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varie'te's, a priori si e'loigne'es, sont attestöes ä tous les niveaux: elements lexomatiques, phonotiques, s6mantiques, grammaticaux ou phrasoologiques s'expliquant comme archa'ismes, dialectalismes, adstratismes ou innovations. Les problemes rencontrds dans le classement des unit6s lexicales relev6es nous ont amene ä proposer quelques ajustements theoriques ä la grille de Cl. Poirier. Dans le cas des regionalismes de frequence, nous avons conclu que c'est en fait le mot concurrent du frangais de France qu'il faudrait classer dans la grille (comme dialectalisme, anglicisme ou innovation); le rogionalisme de frequence appartenant en fait au fran9ais g6n6ral, il n'y a pas lieu de le classer de force dans une grille conQue pour l'analyse de particularismes. Dans le cas des mots originaires du Quobec et s'e"tant diffusos en Suisse, nous avons constate que la grille n'avait pas preVu cette situation et nous avons proposo d'ölargir le catogorie des adstratismes aux mots qu'une communaut6 francophone emprunte ä une autre, independamment de l'usage hexagonal. Nous aimerions exprimer l'espoir que des etudes semblables ä celle-ci se multiplient, et qu'elles soient prises en charge par la lexicographic de langue ftanfaise, pour que nous puissions en arriver un jour ä de veritables dictionnaires francophones dignes de ce nom.

Qu6b6cismes et helvetismes: eclairages reciproques

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ANNEXE ECHANTTLLONS ϋ'ΑΚΉΟίΕ5 DU FUTUR «DFSR», COMPORTANT DES RENVOIS AU FRAN£AIS NORD-AMERICAIN ACADiMIQUE adj. * Qui conceme l'universite et les etudes universitaires. Carriere academique; branche* acadlmique; calendrier acadlmique; rlsultats academiques; le monde academique; vacances academiques. =^ acadamiclen; dies academicus. «Pour les autres branches* academiques, les universitos sont autonomes.» La Liberia, 26-27 novembre 1983. «Et malgr£ le non cruel ΓΕΕΕ [= Espace Oconomique Europaen], la decision n'a nulletnent signifi6 rimmobilisme academique, preuves en sont les multiples et recentes conventions signees entre plusieurs universites suisses et etrangeres dans le but de faciliter les echanges de piofesseurs et de susciter la curios^ et la mobilito des etudiants.» L'Impartial, 25 Janvier 1993, p. 17. «A.B.D., medecin adjoint en medecine nucliaire au CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois), de!6gu6e de l'Universit aux questions feminines, note que pour une femme mari£e il est ires difficile de mener une carriere academique, celle-ci comportant recherche, publications, enseignement et activit s annexes.» Femina, 31 Janvier 1993, ρ. 16. «La revue qui paiait aux Equinoxes sert de courroie de transmission. Son objectif: diffuser les travaux des jeunes chercheurs romands. La plupart de ces ecrits acadέmiques, qui ne sont parfois que des exercices, finissent crop souvent entassis dans les sous-sols des bibliotheques.» La Liberia, 20-21 fevrier 1993, p. 23. «La fauche academique existe. Les hautes ecoles [= etablissements d'enseignement universitaires] la vivent au quotidien. Meubles, argent, mais surtout materiel informatique et audiovisuel sont la proie des voleurs dans les universites.» Le Nouveau Quotidien, 28 mai 1993, p. 23. «Vous avez interrog£ 3200 personnes de six professions [...]. Risultat, on ne trouve aucune correlation entre russite professionnelle et resultats acadέmίques.» L'Hebdo, 3 juin 1993, p. 51. 0 Annie academique, poriode de Tadministration universitaire qui s'otend gonoralement d'octobre septembre. «Pour Vannee acadlmique 1993-94 notre universit6 a depos6 14 demandes Bruxelles; le resultat de celles-ci ne sera connu que dans le courant du printemps 1993, vraisemblablement k fin mai.» UniNelnf, Kvrier 1993, p. 12. «La F£d£ration des associations d'etudiants propose d'organiser Υαηηέε acadέmique en trois trimestres, dont deux obligatoires, afin d'utiliser les

infrastructures aussi en έΐέ.» La Liberia, 18 fevrier 1993, p. 11. «D'abord, il parait que, meme avec huit heures d'enseignement, le temps disponible pendant la semaine et pendant les longues vacances acad miques reste s ffisant pour mener des recherches consequentes (meme dans la perspective d'une αηηέε acadlmique trois trimestres [...].» L'Auditoire, n9 82, avril 1993, p. 6. 0 Liberte acadlmique, droit de l'otudiant de choisir ses cours; droit de l'6tudiant de ne pas assister ses cours. «Un autre dliment qui limite les possibilites d'adaptation est celui des cours obligatoires, principe qui, meme s'il est parfois necessaire, va l'encontre de la libert^ academique et du libre choix de l'etudiant [...].» L'Auditoire, n° 82, avril 1993, p. 7. «Le temps de la libertl academique, que j'ai beaucoup apprecioe, est malheureusement termini. A la maniere des ecoles polytechniques, les universitis vont etre beaucoup plus structurees.» L'Hebdo, 28 octobre 1993, p. 54. 0 Quart d'heure academique, pdriode qui procede le d6but effectif d'un cours. (Fig.) Rdpit, sursis: «Mais le soir son adjoint devait, lui, courir la gare supplier et emberlificoter les contr leurs afin d'obtenir un sursis d'horaire, un quart d'heure academique du petit train bleu.» M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1976 (Ire ed. 1965), p. 152. 0 Societl acadlmique, dont l'objectif est de recolter des fonds pour une universito (cf. all. de Suisse Hochschulverein). Se dit aussi de sociotos qui regroupent des otudiants (cf. all. de Suisse akademische Verbindung): «La Societa academique Fryburgia, une section de la Socie^ des etudiants suisses l'Universit£ de Fribourg, fete son 75e anniversaire et propose une table ronde [...].» La Liberte, 15 mai 1993, p. 16. Rem.: Le mot du francais commun, universitaire, est aussi employo en Suisse romande (mais comme substantif il a un sens plus large; v. ce mot la nomenclature). — Cf. firm, quart-d' heure acadlmique n. m. "retard" («d. [= d6but] XX e » DunetonBouquet, sans rdforences). Q Les otablissements d'enseignement supdrieur s'appelaient autrefois Acadlmie en Suisse romande (1537-1890 Lausanne. 1550-1873 Geneve; 18401909 Neuch tel; v. GPSR l, 85b). Le substantif a

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έΐέ remplac6 par Universite, mais l'adjectif (non attesto dans GPSR et Pier, mais dont il est raisonnable de supposer l'existence avant le XXe siecle) est rest6. Comme cet emploi du mot coincide avec l'all. akademisch adj. "universitaire", on l'a souvent interpret comme un germanisme; il est vrai que le contact avec l'allemand a du contribuer son maintien. Cf. encore ital. du Tessin accademico "id." (Lurati 1976). Egalement en usage au Canada (o il peut avoir en outre le sens de "scolaire"; DFPlus 1988, DQA 1992) et en Bclgique (MaTsionBelg, FuchsBclg), sous 1'influence respective de Γ anglais et du flamand (cf. les syntagmes annee, libertl acadamique DFQMs; αηηέε, libene, quart d'heure acadέmiaue MassionBclg; grades acadlmiques FuchsBelg). Le sens de "relatif une division territoriale et administrative de l'universito" (TLF s.v., sens IVa) est un statalisme fran^ais qui n'a pas cours dans les autres pays francophones. — TLF l, 299a, acadέmique IVc; FEW 24, 64b-5a, ACADEMIA; Lurati 1976; Alpha 1982; GR 1985; MassionBelg 1987; Hanse 1987; FuchsBelg 1988; DFPlus 1988; PLi 1989; DunetonBouquet 1990; DPA 1992: Lengcrt 1994; Belg 1994. AUTOMATE n. m.

• Appareil public qui distribue des denroes, des objets ou des tickets apr&s introduction de pieces de monnaie (ou eVentuellement de billets, d'une carte magndtique) dans une fente. Acheter des cigarettes, des timbres, un billet de train a I' automate. Automate a boissons, a billets. L' automate ne rend pas la monnaie. «Plus personne au guichet, mais un automate billets sur le quai: les gares perdent leur me. Et aussi leurs automates a bonbons et leurs toilettes...» LaLiberta, 18 mais 1983. vL,' automate devient roi! / Les grands distributees de carburant nous l'assurent. L'avenir est aux colonnes [= distributeurs] d'essence integralement automatiques. Qu'elles soient billets, a cartes de pr6paiement ou de postpaiement, voire la carte eurocheque.» La Suisse, 26 aout 1985. «Comme rien n'est plus crevant que d'errer dans un magasin sans savoir ce qu'on vient y cherchei, on a privu des lieux de repos avec des automates boissons et bient t des journaux feuilleter, [...].» «Devinette: comment se faire plumer sans jamais rencontrer le moindre voleur? D suffit que votre route croise des appareils a monnaie, cette armada d' automates qui peuple une ville helvetique moyenne et s'avere indispensable la vie quotidienne de tout consommateur. Τέΐέρηοηβ, salon-lavoir, distributeur de cigarettes, WC publics ou encore photomaton vous obligent possoder de la menue monnaie et payer souvent plus que votre du. [...] Uniques engins

pouvant se targuer d'une honnetete irreprochable: les distributeurs de vivres places dans les gares et les automates billets des CFF*, lesquels vous rendent placidement la monnaie lorsqu'ils ont daigni fonctionner.» Le Nouveau Quotidien, 30 aout 1993, p. 16. «Ils [des malfaiteurs] ont egalement demoli des automates boissons et cigarettes, ainsi que des vitrines destin6es a des expositions [...].» Le Nouveau Quotidien, 14 mars 1994, p. 22.

0 (En part.) Appareil qui distribue des billets de banque apres introduction d'une carte magnetique pourvue d'un code d'accfcs personnalise. Aller retirer deux cent francs a Γ automate. => bancomat. «Ils sont 1'objet de convoitise ou suschent la crainte. Depuis les annees 80, les automates billets ont revolution^ le rapport des clients leur banque. Et celui des consommateurs l'argent.» Le Nouveau Quotidien, 14 avril 1993, p. 1. «Si UBS [= Union de Banques Suisses] et SB S [= Soci6t£ de Banques Suisses] enregistrent aujourd'hui sur toute la Suisse une moyenne de 60% de retraits effectuos a Γ automate, les caissiers n'ont pas pour autant disparu. [...] Contrairement ceux qui apprecient 1'anonymat de Γ'automate, une frange de gens recherche justement la relation privilfigioe avec une personne.» LeNouveau Quotidien, 14 avril 1993, p. 3. «Bons connaisseurs de la technique, le ou les voleurs se sont introduits dans les systemes d'exploitation des automates de distribution de billets.» Journal de Geneve et Gazette de Lausanne, 14 avril 1993, p. 15. «Les voleurs se sont altaque [sic] onze appareils distributeurs d'argent dans les cantons de Lucerne, Schwytz et Nidwald. Sans utiliser de cartes bancaires. S implement en s'introduisant dans les systemes d'exploitation des automates.·» Tribune de Geneve, 14 avril 1993, p. 1. «Nous devons done tenir compte non seulemeni des prestations offenes [...], mais aussi du rdseau de distribution - automates et guichets - et du nombre d'etablissements qui acceptent teile ou teile carte de credit.» L'Hebdo, 3 juin 1993, p. 31.

Rem.: Le terme automate dosigne encore la machine de la laverie automatique, la pompe essence, et le tunnel de lavage automatique des voitures (Corbellari 1968; Had 1983). — L'oquivalent ίΊτ3ης3ΐ8 distributeur automatique (cf. aussi distributeur automatique de billets, abre"v. DAB. ou DAB; v. GR 1985 et NPR 1993) est plutot rare en Suisse romande («Vingt milliards de francs ont έιέ retires 1'an dernier des distributeurs automatiques de billets en Suisse» Le Nouveau Quotidien, 14 avril 1993, p. 3). Cf. aussi appareil distributeur d'argent (Tribune de Genive, 14 avril 1993, p. 1; v. encore ici s.v. bancomat). Le distributeur de billets de banque, de train ou de mdtro s'appelle aussi en France billetterie (automatique), v. NPR 1993. Au Qu6bec,

Dictionnaire des particularity lexicales contemporaines on appelle guichet automatiaue le distributeur de billets de banque (v. DQA 1992); cette appellation se rencontre sporadiquement en Suisse romande et en France. Q Premiere attestation (au sens general): Corbellari, Vie et langage n° 200, novembre 1968. S'entend parfois en France, mais n'a pas έΐέ relevd dans la lexicographic francaise. Le mot consume de toute facon un helvetisme de frequence, probablement du l'influence de l'all. Automat n. m. "distributeur automatique". — Corbellari 1968; FichFrBE; DFV 1972; Had 1983; GR 1985; PLi 1989; DQA 1992; NPR 1993.

BEC n. m.

» (Fam.) Baiser, becot. Un petit bee sur la joue. Faire un bee, envoy er un bee, recevoir un bee. Donne un bee a ta tante! «Elle m'a donni un bon bee.» MeijerEnq 1962, p. 102. «Je donne un gros bee ma tante.» Ibid., p. 175. «Le coeur battant, on se regardait, Γοεϋ tendre, on se disait des mots doux, on cherchait sur le chemin du retour un coin pas crop eclaire, on se donnait un petit bee... sur la joue.» Ιαζά, 1975, p. 241. «Chaque soir, avant d1 aller me coucher, je donne un petit bee a mes seize pensionnaires, des horrunes et des femmes qui me font confiance. J'ai compris que les vieux avaient surtout besoin de tendresse.» Lausanne-Soir, 8 decembre 1975, p. 16. «Novembre 1945. Je fete aujourd'hui mes onze ans. La petite voisine m'a fait un bee hier soir sur la bouche.» La Dzapate (journal satiiique ριΛΙίέ pendant le carnaval), Valais, 1977 (Ire ed.), p. 1. «Coucou, je m'appelle / C.-J. / Mes parents G. et D. me couvrent de bees depuis le 13 mai 1993» Avis de naissance, L'Express, 15 mai 1993, p. 19. «II le lui a encore τέρέιέ 1'autre jour la r6cr6 quand Valerie lui a, une nouvelle fois, couru apres dans tout le preau pour lui faire des bees.» L'Hebdo, n° 21 (27 mai-2 juin 1993), p. 54. V. encore s.v. chiard.

0 (Comme formule de congo, la fin d'une lettre) Gros bees! Gros bisons, grosses bises. Bons bees! Bons baisers. Q Premiere attestation: 1864 (bet, forme d'origine dialectale, v. GrangFrib); 1867 (bee, BonNeuch). Deverbal de becquer "donner des baisers" (attest^ dans Pier; aujoord'hui desuet). Le francos regional de Ronchamp (J.-P. Chambon, comm. pers.) et de Pontarlier connait aussi bee "baiser"; on 1'atteste egalement en Normandie. Au Quobec. en Acadie et Saint-Pierre et Miquelon, le mot est trfes ropandu. — GrangFrib 1864; BonNeuch 1867; WisslerVolk

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1909, p. 146; FEW 1. 305a, BECCUS; CollinetPontarlier 1925; Pier; GPSR 2,305a s.v. bee et 306b s.v. becquer, BiseHBroye 1939, p. 304; MassignonAcad 1962; IttCons 1970 (> DFV 1972); TLF 4, 336a s.v. bee 11 A 2 c; Had 1983; Pid 1983, 1984; GR 1985 s.v. bee 3; DFPlus 1988; BrassChauvSPM 1990; DQA 1992; DHLF 1992; LepelleyNormandie 1993; Lengert 1994. BOQUER v. intr. (rare BOCKER, BOCQUER)

* (fam.) Bouder, faire la tete. // boque dans sa chambre. Tasfini de boquer comme ςα! => boc. «Si tu savais ce que tu deviens laide, quand tu boques de cette facon!» Enq. CD/U, 1975-1981 (VD Amex). «Oh! regarde. Le v'l qui se met boquer. On va le laisser dans son coin.» Enq. CD/U., 1975-1981 (NE Colombier). «Elle a mauvais caractere, eile boque tout le temps.» Enq. CD/H, 1975-1981 (NE Fenin). «T'as pas besoin de boquer. espece de boc*!» Enq. CD/Π, 1975-1981 (BE Moutier). «Ηέ bien, va-t'en boquer dans ton coin, sale gamin!» Enq. CD/Π, 1975-1981 (BE Tavannes). «Tiens, [...], un verre de vin pour que tu arretes de bocker...·» BourquinPays 1985, p. 106.

Local.: Mot de Tare jurassien (VD, NE, BE, JU). Q Transposition en francais regional du type dialectal bdka. Tappolet voit dans ce mot un emprunt au suisse aldmanique bocke(n), dont les nombreux sens (entre autres celui de "bouder") coincident souvent avec ceux de bdka; mais le FEW classe ce mot avec la famille de frm. bouquer "bouder", lteste« dans plusieurs parlers galloromans (cf. par ex. Qu6bcc boquer "bouder", qui ne doit certainement rien l'allemand). Le GPSR prosente les deux hypotheses, sans prendre parti. Les donnees galloromanes prouvent qu'il n'est pas nocessaire d'avoir recours des influences exogenes pour expliquer l'origine de none mot, qui releve de l'une des nombreuses motaphores inspirdes par le comportement du bouc; mais d'autre part, on ne saurait nier qu'il y a eu tout le moins contact et probablement aussi influence r6ciproque entre suissal. bocke(n) et les reprosentants de bdka. — TappoletAlem; Pier, PierSuppl; FEW 1, 588a, »BUCCO-14; BiseHBroye 1939; GPSR 2, 464b-465a s.v. bdka; IttCons 1970 s.v. bocquer (> DFV 1972; CuenVaud 1991); MassIG 1978. p. 321; PoirAngl 1978. p. 6263; ALEC 1833, 2252; BourquinPays 1985, p. 72, 106; GrafBern 1987; ChapuisMots 1988.

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Απατέ Thibault

CANNE n. f.

CANTINE1 n. f.

• Long manche de bois l'extromito plate et 16gerement recourboe, faisant angle avec la hampe, servant manipuler le puck* au hockey sur glace. Un bon coup de canne. => puck; play-ofT(s).

* Contenant compartments, en fer blanc ou en fer 6rnaiU6, pour transporter des repas. Une cantine en fer blanc.

«us y vont, la paire de patins passee sur 1'epaule, la canne de hockey la main [...].» W. Dubois, En poussant nos cladars, 1959, p. 194. «Les Genevois esperaient peut-etre avoir affaire avec des Chaux-de-Fonniers* fatigues par les efforts causes par le match de mardi. Dans ce cas, ils se mettaient la canne dans l'oeil!» L'Express, 26 fevrier 1993, p. 35. «Le porteur du puck* tire dans toutes les positions et, pour le gardien, il faut apprendre plus jouer avec la canne qu'en Suisse.» Le Matin, 21 septembre 1993, p. 21. «L'exemple le plus frappant s'est produit la 20e minute, quand 1'arbitre a εηνονέ St. en prison, apres que le capitaine biennois* ait recu un coup de canne de Seh. a la figure [...].» Le Matin, 20 fevrier 1994, p. 39. «[...] le coeur de C. balan(ait en effet entte la simple satisfaction d'avoir marqu le deuxieme des trois points qui lui ouvriront les portes des demifinales et une colere amplement justifi6e envers certains joueurs qui se sont contentes de jouer du bout de la canne.» Le Matin, 21 fevrier 1994, p. 29. «us sont legion ces gosses qui, une fois au moins dans leur existence, ont chauss6 une paire de patins a roulettes. Un peu moins nombreux en revanche sont ceux qui ont completfi leur equipement d'une canne de hockey sur glace et d'une balle de tennis, histoiie de disputer, dans la nie, de folles parties contre les copains du quartier.» Le Nouveau Quotidien, 30 mars 1994, p. 27.

Rem.: En France, on dit crosse (v. RobSports); au Quebec, on dit baton (de hockey) (DallaireHockey; DFPlus; DQA). Ces deux termcs, par aillcurs, sont aussi attestos en Suisse romande mais s'y font plus rares («Toutefois, une crosse cassee trainant sur la glace aurait αένΐέ le shoot et aurait en principe du entrainer l'annulation du but.» L'Impartial, 25 janvier 1993, p. 9; «Dominos dans tous les domaines, R. et ses coequipiers ne savaient souvent plus o donner de la tete et du baton, se montrant meme incapables de menacer J.-L. S. lors des supenoritos numeiiques.» L'Express, 26 fdvrier 1993, p. 35). O Creation motaphorique, peut-etre issue d'une analogic avec canne de golf (v. NPR 1993 s.v. golf), dont l'extension semble limitee la Suisse romande. — RobSports 1982; DallaireHockey 1983: DFPlus 1988; DQA 1992.

0 (par moton.) Contenu d'une cantine; repas tout fait que Γόη se procure dans le commerce. Prendre la cantine. «II prend la cantine midi.» Enq. CD/Π, 19751981 (NE Val-de-Ruz). «Depuis qu'il est veuf, il va toujours chercher s cantine la Migros [= nom d'une chalne de supermarchis].» Enq. CD/I, juillet 1976 (NE Neuch tel). «Elle ne peut plus cuisiner, on lui apporte la cantine.» Enq. CD/D. 1975-1981 (FR La R che). «Bernard, j'ai pris la cantine pour mes pensionnaires.» Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [Journal de camaval ajoulot], n° 17,1993, p. 29.

Rem.: En francais dereTorence, cantine dosigne (en plus du sens de "dtablissement o Γόη sert manger") une "caisse divisoe en compartiments, et servant a transporter des vins, des liqueurs (vx)", un "coffre de voyage utiliso par les officiers, les soldats", ou une "malle d'aspect rudimentaire (en bois, metal)" (v. GR 1985). — L'oquivalent de cantine serait en France gamelle (v. par ex. NPR 1993) et au Qa&xcbo e a lunch(v. DQA 1992). O Premiere attestation: 1867. Specialisation somantique, propre la Suisse romande, du mot du fran^ais de rdforence. — BonNeuch 1867; GrangFrib 1868; Pier; FEW 2,232a, CANTHUS II 2 a; GPSR 3,64a s.v. cantine 5°; Pid 1983, 1984; GR 1985; Nie 1987,1990. CUISINETTE n. f.

* Petite cuisine moderne, trap exigu pour servir en outre de salle manger, coin cuisine, dans un studio. Cuisinette separie. Cuisinette agencle*. ^habitable (cuisine). «A louer meub!6 / 3 pieces et cuisine tie, quartier tranquillc et agroable.» Tribune de Geneve, 29 juin 1971, p. 22. «A la Cito universitaire de Neuch tel, il y a deux types de chambres: celles des etudiants, oquipees chacune d'une douche et disposant d'une cuisinette communautaire, et celles du personnel de la ούέ, depourvues de douche etne disposant pas de cuisinette.» Bulletin cfficiel des άέΐ&έ^ίοης du Grand Conseil, Neuch tel, 27 fevrier 1973, p. 1191. «Dans sa roulotte, il a am6nag£ une petite chambre avec cuisinette qui occupe la moitie de 1'habitacle [...].» 24 heures, 7-8 ao t 1976, p. 9.

Dictionnaire des particularitos lexicales contemporaines «STUDIO AUX MOUSQUINES / Avec cuisinette, salle de bains, ä louei de suite ou ä convenir.» 24 heures, 29-30 Janvier 1977, p. 25. «A LOUER / magnifique appartement de 2 pieces comprenant: un grand sejour, une cuisinetle siparoe, un bain [= une salle de bain].» Tribune de Geneve, 15 novembre 1979, p. 14. «A LOUER immecliatement ou pour date ä convenir au faubourg de l'Hopital / studio avec cuisinette agencie*.» L'Express, 26 fovrier 1993, p. 16. V. encore s.v. aisance; carnotzet. Rem.: Dans la lexicographic franchise, cuisinette est le plus souvent donno (ä partir de Lexis 1975) comme recommandation officielle (v. aussi DictTermOff) pour remplacer I'anglicisme kitchenette, mot ä peu pros inusitd en Suissc (tout commc au Quobec. ou cuisinette est aussi tres courant [bien qu'il ne Figure que comme hapax dans DFroQ 1992] et attests depuis 1920 [fichier TLFQ]; v. par ex. ALEC 28.273xY

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Q Premiere attestation en Suisse romande: 1957 (B. Hasselrot, v. TLF). D6r. (suff. dim. -ette) de cuisine. L'apparition du mot dans les differents pays francophones s'est probablement roalisee de fa^on indopendante. — FEW 2, 1168a, COQUINA; GPSR 4, 646a; TLF 6, 586b s.v. cuisine D6r.; GR 1985; DictTermOff 1994.

HYDRANT n. m. * Borne d'incendie, bouche d'incendie; prise d'eau. => hydrante. «[...] le pompier m'a dit "Je voudrais un hydrant pour arroser cette calebasse et ses admirateurs!» B. VaUonon, Pendant la fete, 1932, p. 68. «Oh les verrees* des pompiers apres 1'exercice aux hydrants, les litres qui descendant, les bramees* quand on se sent les coudes ä la pinte, meme uniforme, meme scene ä la maison quand on s'y pointera, passi minuit, le casque bleu de travers et le verbe haut!» J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 169. «Pour permettre aux agriculteurs de s'approvisionner aux hydrants publics, afin d'avoir 1'eau disponible pour le traitement des cultures, des hydrants equipes specialement ont etc designes aux quatre coins du village.» L'Ajoulot. 27 mai 1971. «INCENDIES / Us furent en somme rarissimes et pas Hop divastateurs; heureusement, car il fallut bien des annees avant de convaincre administration el population de la necessite absolue d'hydranis et d'assurances incendie.» V. Darbellay et al., Liddes, 1976, p. 42. «Un important dispositif de lütte contre le feu a mis en action [...]. A part les hydrants, on a pompe de l'eau du canal qui se trouvait ä proximite.»

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Nouvelliste et Feuille d'Avis du Valais, 6 aoüt 1976, p. 22.

«Pour un bon entretien de la pelouse par periode seche, la seule solution reste 1'arrosage par Vhydrant, pomper l'eau du lac itant interdit.» Courrier Neuchatelois, 7 juillet 1993, p. 8. Rem.: Semble alterner librement avec hydrante (ou borne hydrante); v. ce mot. — Tour ä tour considerd par les chroniqueurs de langue comme acceptable (HumbAme! 1957) ou ä rejeter (FichFrBE). Q Premiere attestation: 1897 (Pier). Emprunt ä l'all. Hydrant n. m., de meme sens. L'attestation de 1872 donnde dans LittroSuppl ne semble pas provenir d'une source suisse (malgro FEW 16, 278b), mais franchise; il s'agit d'un article sur Vienne paru dans le Journal qfficiel, done d'un xonisme anecdotique sous la plume d'un joumaliste francais. Le fran9ais d'Alsace connalt le mSmc emprunt (P. Rozeau, comm. pers.)· L'anglais hydrant "id." a jadis donne" lieu ä quob. hydrant [idra] (GPFC 1930). mais celuici est aujourd'hui vieiüi et cede la place ä borne-fontaine. — LittroSuppl 192c et 368c; Pier; GPFC 1930; HumbAmel 1957; FEW 16,278b, HYDRANT; FichFrBE; DFV 1972; TLF; PR 1984; GR 1985; DFPlus 1988; PLi 1989; DQA 1992; NPR 1993; Lengert 1994.

PASTEURE n. f. * Femme pasteur. Elle a Ite nommee pasteure. La paroisse a une nouvelle pasteure. «La paroisse riformoe d'Estavayer-le-Lac, qui recouvre l'ensemble de la Broye rribourgeoise, a reservfi dimanche une chaleureuse bienvenue a sä nouvelle pasteure.» La Liberia, 9 novembre 1993. «Le Synode a encore acceptd la demande de consecration pastorale de I. de S. et S. W., ainsi que la demande d'agregation au corps pastoral neuchatelois de \&pasteure S. J. J.» L'Impartial, 9 decembre 1993, p. 17. «La Norvege, est-ce seulement les Jeux olympiques? Pour olargir la cortnaissance, Mme S. P., pasteure, parlera de son pays [...].» L'Impartial, 10 f6vrier 1994. «L'un des apports majeurs de toute cette demarche mise en route par la pasteure . . [...], c'est que les contacts preparatoires et meme une bonne partie de animation des ateliers ont assuräs par des jeunes gens et jeunes filles qui se forment ä la responsabilite [...].» Courrier Neuchatelois, 16 1994, p. 5. «La pasteure D. R. s'occupe de malades en fin de vie. Son demi-poste sera double.» Tribune de Geneve, 15 mars 1994, p. 24. Rem.: Nous n'avons pas rencontro la forme pasteur n. m. pour rofirer ä une femme exercant la fonction de pasteur.

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Q Innovation suisse romande. Contrairement aux autres formes fdminisees en -eure (cf. auteure, Ingenieure, procureure, professeure; v. ces mots), recommanddes par le DictF6mMasc et probablement empruntoes ä l'usage quobecois, pasteure semble etre spontaneinent dans usage des journalistes; en effet, DictFomMasc lecommanäs pastoresse, non attest6 dans notre fichier; FdmBelg propose une pasteur; quant aux sources quobocoises, elles ne connaissent aucune forme fdminisoe pour pasteur n. m. II semble bien que nous ayons affaire ä une formation analogique spontanec, ce qui significrait que le suffixe formateur de fominins -eure, importo du Qudbec, est devenu productif en francais de Suisse romande.

PUCK [peek] n. m. * Au hockey sur glace, disque de caoutchouc durci que les joueurs doivent tenter de propulser dans le but adverse ä l'aide de la canne*. Tirer le puck dans la cage. => canne; play-off(s). «A quatre centre cinq, une erreur ctefensive permettait ä W. de dfiboucher devant L. et de faire mouche. Poteau ou goal? D semble a priori que seuls les arbitres aient vu Icpuck ä l'inteneur de la cage...» L'Impartial, 25 Janvier 1993, p. 9. «Mais la tranquillitä qui aurait pennis de tirer le puck dans le but plutöt que trois centimetres ä cöte faisait d6fauL» 24 hewres, 25 Janvier 1993, p. 27. «Cinq minutes plus tard, rebelote avec im essai de Rochat en back-hand, dont le puck passa lui aussi audessus du portier neuchätelois.» L'Express, 8 fevrier 1993, p. 27. «L'horloge indiquait 59'59" au moment precis ou le puck franchissait la ligne de but du brave portier champerolain* Berthoud.» 24 hewres, 17 fevrier 1993, p. 33. «II aura le dessus et mettra fin au suspense en poussant le puck dans le filet*...» L'Express, 26 f6vrier 1993, p. 35. «Les coequipiers du Suisse, qui jouera l'an prochain en NHL [= National Hockey League], se dibarrassaient du puck a la va-vite.» La Tribüne de Geneve, 10 mars 1993, p. 15. «Men6s 2-0 par d'opportunistes Canadiens, les hockeyeurs helvitiques £taient dfifinitivement douches

avec 1'annulation par 1'arbitre finlandais N. d'une reussite suisse chanceuse certes, mais parfaitement reguliere, le puck ayant > dans la cage par le patin du d6fenseur canadien B.» Le Nouveau Quotidien, 20 avril 1993, p. 31. «Le hockey professionnel nord-amiricain est trop violent, ce qui diminue de beaucoup la qualitfi des matches car cela penalise les meilleurs joueurs, les vrais "artistes du puck".» Journal de Geneve et Gazette de Lausanne, 8 juin 1993, p. 13. «Ailleurs et il y a longtemps, on criait: "Du pain et des jeux." Aujourd'hui, dans le district* de Porrentruy, quand le brouillard envahit la plaine de Courtedoux, on croit entendre le Creugenat, la riviere souterraine, susurrer entre deux sorties: "Du cochon et des pucks."» Le Nouveau Vendredi (cahier suppl. du Nouveau Quotidien), 12 novembre 1993, p. . V. encore s.v. canne. Rem.: -En France, on dilpalet (RobSports); au Quobee, ronddle (DallaireHockey; DFPlus; DQA). Ces termes ne sont pas absolument inconnus en Suisse romande; on les rencontre ä l'occasion dans la presse («Le palet rebondit [...]» L'Express, 26 fovrier 1993, p. 35; «D. profera glisser la rondelle ä Fr. K.» L'Est Vaudois, 6 fovrier 1993, p. 10; «Une p6nalito [...] plafait la rondelle au bon endroit» L'Express, 27 avril 1993, p. 31; «[...] cette ultime rondelle autrichienne rasant la ligne ä 3 minutes de la fin...» Le Matin, 27 avril 1993, p. 19). La forme rondelle semble avoir 6t6 diffusee en Suisse romande par des joueurs et des entrameurs canadiens. Q Emprunt ä l'anglais. Au Quebec, en plus de rondelle (ou oventuellement disque), le mot puck est aussi connu et usit6 dans 1'usage oral informel, mais se prononce [pOk] et est du genre feminin.— RobSports 1982; DallaireHockey 1983; DFPlus 1988; DQA 1992; DFroQ 1992.

Dictionnaire des particularites lexicales contemporaines

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Hans-Josef Niederehe Universite de Treves

Le vocabulaire d'origine frangaise du Turtle Mountain Chippewa Cree (Mitchif) 1.

Le mitchif

Le mitchif, langue maternelle d'environs un millier de metis, se parle dans quelques communes eparpillees du Manitoba et de la Saskatchewan et, aux Etats Unis, en Dakota du Nord et en Montana.1 Pieter Bakker, un excellent connaisseur du mitchif, caracterise cette langue comme suit: Michif is a rather peculiar language. It is half Cree and half French. It is a mixed language drawing its nouns from a European language and its verbs from an Amerindian language. Michif speakers, however, know neither Cree nor French. No such mixture of two languages has been reported from any part of the world. (Bakker 1992:1)

On dispose d'une excellente base pour l'etude du vocabulaire de cette langue: The Michif Dictionary de Patline Laverdure et Ida Rose Allard, public en 1982 (Pemmican Publications, Winnipeg). Ce dictionnaire anglais-mitchif n'a pas seulement 1'avantage d'offrir 1'equivalent du mot d'entree anglais en mitchif, mais aussi de le presenter presque toujours dans un contexte plus ou moins elabore.

2.

Caracteristiques formelles des emprunts

2.1

L'analyse morphologique non-etymologique

Le depouillement systematique des lettres -D de ce dictionnaire a donne plus de mille mots, surtout des substantifs, adjectifs et adverbes, dont 1'origine frangaise est incontestee. Ces mots presentent une serie de caracteristiques formelles dont 1'analyse morphologique non-etymologique en mitchif constitue peut-etre le phenomene le plus deroutant. Derriere 1'expression ou ka li mayaw se cache ainsi le jeu d'enfant 'au colin-maillard' (s.v. blind man's buff). La paraphrase / sa gri paw constitue 1'equivalent mitchif du verbe anglais disagree. L'expression aenfeerm correspond ä un inflrme en frangais (s.v. cripple), avec deglutination du in- confondu avec I'article un, tout comme beesil reflete le mot frangais imbacile (s.v. dumb). De la meme maniere, le sang empoisonne devient ft' sawn awn pwayzonee (s.v. blood poisoning). - Cf. encore:

Bakker 1992:116; le Turtle Montain se trouve en Dakota du Nord.

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Hans-Josef Niederehe

la nwaenr seur, la nwayr swayr [la noiceur] (s.v. blackness). (mishiway)2 alawn tour [ä l'entour] (s.v. all around) tout awn sawmbl [tout ensemble] (s.v. all together) L'analyse morphologique non-etymologique affecte surtout les sequences phoniques in I en [un], la, re I ra, au, de et -, done les articles (ou ce qui peut etre confondu avec un article) et quelques profixes ou suffixes de haute frequence. in / en [un] awn jeuree [endurer] (s.v. bear (mental)) itawn nawawns [il t en avance] (s.v. ahead) li sawn awn pwayzonee [le sang empoisonne] (s.v. blood poisoning) aen feerm [un (in)firme] 'infirme' (s.v. cripple) aen beesil [un (im)becile] (s.v. dolt) lala seseur [1'assesseur] (s.v. assessor) latonn [1'automne] (s.v. autumn) li korjiyoun [a pas dofense] (s.v. defenseless) i li froontee [il est fronte] (s.v. audacious) la lorzh di rivayi [horloge de reveil m.] (s.v. alarm clock)3

2.3

Les consonnes de liaison

L'analyse morphologique non-etymologique affecte particulierement les consonnes de liaison du fran9ais. On peut enregistrer ainsi les formes I'ouvraezh, la nouvraezh, soo nouvraezh [1'ouvrage] (s.v. career) et (pchit) ouvraezh [petit ouvrage] (s.v. chore) comme variantes d'un seul lexeme. Ceci vaut aussi pour aen amee [un ami] (s.v. chum) qu'on trouve ä cote de aen namee [un ami] (s.v. buddy), et pour aen nisyeu dont la Variante l'isyeu [1'aissieu] (s.v. axle) est e"galement attestfe, - Cf. encore: aen narshet, larshet [I'archet] (s.v. bow (for violin)) sawn zawn, sawn tawn [cent ans] (s.v. century) koum aen nenimael [comme un animal] (s.v. beasty) C'est done ä juste titre que Bakker propose de traiter ce ph6nomene comme suit: "it is best to regard this question as follows: some nouns in the French part of Michif have several variants (n-, z-, 1-) with regards to initial consonants." (Bakker 1992:76). Aux consonnes mentionnees ici, on devrait ajouter le -t-, aussi tres frequent dans la liaison en

-ttakouchimee [accoutume] (s.v. accustom) aen pchi tawnzh [un petit ange] (s.v. cherub) aen groo tigleez [une grosse 6glise] (s.v. cathedral) en sort di ptsi twayzoo gree tet nwayr [une sorte de petit oiseau gris tete noire] (s.v. black cap chickadee) en twayzoo bleu [un oiseau bleu] (s.v. blue bird) aen pchi twayzoo ... [un petit oiseau . . .] (s.v. canary) Dans le corpus 6tudi6, 1'agglutination du -n, provenant de article indotermine un, est egalement froquent. Metathese du -r- et suppression de la premiere syllabe (h)or-.

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Hans-Josef Niederehe

-naen nifrountee [un effronte] (s.v. audacious) moo nasasyee [mon associe] (s.v. companion) aen naws [un as] (s.v. ace) aen nalen [une alene] (s.v. awl) aen nouchee pour lee troo ... [un outil pour les trous ...] (s.v. auger) aen nark [un arc] (s.v. bow) aen natraep [une attrappe] (s.v. bait) aen nouvriyee [un ouvrier] (s.v. carpenter) aen grawn nariyee ... [un grand oreiller ...] (s.v. bolster (pillow)) daen nikol kaw-ayawhk [dans