Traduire une traduction: Réflexions critiques sur le texte grec court du livre de Job 9789042948921, 9789042948938, 9042948922

Traduire une traduction a ete ecrit parallelement a la traduction annotee du texte grec court du livre de Job (a paraitr

205 113 553KB

French Pages 105 [109]

Report DMCA / Copyright

DOWNLOAD PDF FILE

Table of contents :
É T U D E S B I B L I Q U E S
AVANT-PROPOS
SIGNES ET ABRÉVIATIONS
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
TABLE DES MATIÈRES
Recommend Papers

Traduire une traduction: Réflexions critiques sur le texte grec court du livre de Job
 9789042948921, 9789042948938, 9042948922

  • 0 0 0
  • Like this paper and download? You can publish your own PDF file online for free in a few minutes! Sign Up
File loading please wait...
Citation preview

ÉTUDES BIBLIQUES

TRADUIRE UNE TRADUCTION Réflexions critiques sur le texte grec court du livre de Job par Dominique MANGIN

PEETERS

TRADUIRE UNE TRADUCTION

ÉTUDES BIBLIQUES (Nouvelle série. No 94)

TRADUIRE UNE TRADUCTION Réflexions critiques sur le texte grec court du livre de Job par Dominique MANGIN

PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2022

ISBN 978-90-429-4892-1 eISBN 978-90-429-4893-8 D/2022/0602/72 A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2022, Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgium

AVANT-PROPOS Traduire une traduction a été écrit parallèlement à la traduction annotée du livre de Job, qui constitue le volume XX de la collection « La Bible d’Alexandrie » (éditions du Cerf, à paraître). La particularité de cet essai dans sa relation au volume XX est d’être une réflexion critique sur les notions habituellement utilisées par les chercheurs, autant à propos du texte grec de Job (traduction littérale, traduction libre, résumé, paraphrase) que du texte hébreu (répétitif, difficile, obscur, poétique). La partie centrale de l’ouvrage (§ 5-9, p. 14-56) est précédée de l’exposé des problèmes que pose la version grecque du livre de Job (§ 1-4, p. 3-14) – problèmes qui expliquent l’origine du recours à ces notions – notions qui obscurcissent notre rapport au texte grec. Elle est suivie du protocole que j’ai adopté dans ma comparaison du texte grec avec son modèle hébreu présumé (§ 10, p. 56-61), et je donne à plusieurs endroits des spécimens d’analyses linéaires de versets que l’on trouve dans la traduction annotée. Le protocole est conçu pour permettre la contradiction. Dans notre domaine de recherche, la théorie de la traduction me semble tacitement esquivée. Les conditions matérielles et sociales de la recherche, les exigences de l’enseignement, la nécessité de publier, mettent à l’arrièreplan les enjeux de l’acte de traduire – l’activité de traduction s’inscrivant dans le temps long de la réflexion subjective. J’ai tenté d’expliciter les termes de cette question dans la dernière section de l’essai (§ 11, p. 62-71). Le lecteur trouvera la notice p. 73-78 (signes et abréviations ; auteurs et titres en abrégé, dont sigles) ; la bibliographie, p. 79-93 ; l’index des noms, p. 95 ; l’index des analyses linéaires et de plusieurs versets cruciaux, p. 96.

§ 1. LE

TEXTE HÉTÉROGÈNE DES MANUSCRITS GRECS DÛ À L’OPÉRATION D’ORIGÈNE

Tous les manuscrits grecs ont transmis, de la version du livre de Job (Jb), un texte hétérogène. Celui-ci comprend deux strates de traduction, qui se reconnaissent assez facilement, même s’il a fallu un certain temps pour que la critique en distingue le détail : une strate ancienne – appelons-la texte court (G) – datée de la fin du IIe siècle avant l’ère chrétienne1, et une strate plus récente attribuée à un certain Théodotion (θ'), datée d’entre la fin du Ier siècle avant l’ère chrétienne et le milieu du Ier siècle de l’ère chrétienne. La strate ancienne est datée d’après la Préparation évangélique, IX, 25, de Eusèbe de Césarée (235-369 è. chr.). Celui-ci cite un fragment d’Alexandre Polyhistor (né autour de 105 et affranchi vers 82 av. è. chr.), qui mentionne Aristée l’historien et récapitule l’histoire de Job dans la forme textuelle du Grec ancien2. Ce fragment relève de la première réception de la version grecque de Job (voir plus bas, p. 13). La strate récente est identifiée sous le nom de Théodotion. Théodotion n’est pas tant une personnalité historique, qui aurait existé vers la fin du IIe siècle de l’ère chrétienne, que le nom d’une lignée de traducteurs, apparentés par leurs choix de traduction. L’identification des traductions qui constituent cet ensemble de textes – souvent appelé Groupe καίγε (ou καίγε-Théodotion) – varie selon les critiques, ainsi que leur datation, de la deuxième moitié du Ier siècle avant l’ère chrétienne ou le milieu du Ier siècle de l’ère chrétienne, jusqu’à peut-être le IIe siècle de l’ère chrétienne, voire plus tard. Cette tradition textuelle est généralement considérée comme une révision, c’est-à-dire la retouche partielle d’une traduction antérieure, avec laquelle elle entretient des points de contact ; mais dans le cas de Job, Gentry a conclu son étude des matériaux théodotioniques de ce livre en affirmant que ces segments de texte constituent une traduction faite à nouveaux frais3 ; ils correspondent la plupart du temps

COX (2017, 175). EUSÈBE DE CÉSARÉE (1991, 266-269), HOLLADAY (1983, 261-275), DORAN (1987, 246-297). Voir aussi § 4, p. 10-14. 3 GENTRY (1995, 386; 536). Sur le groupe καίγε-Théodotion, voir MUNNICH (1988, 151157), FERNÁNDEZ MARCOS (2000, 142-154) et GENTRY (2016, 211-222). Sur la strate théodotionique de Job, voir GENTRY (1995) et MEADE (2017, 191-193). 1 2

4

TRADUIRE UNE TRADUCTION

à des membres de verset biblique, autrement dit, en terme technique, à des stiques (στίχοι, voir p. 35-36). Ces deux strates obéissent à des principes de traduction très différents : la récente cherche à être proche de son modèle hébreu de la première moitié du Ier siècle de l’ère chrétienne, sans être à proprement parler littéraliste, alors que la plus ancienne se sent libre de transmettre l’interprétation qu’elle se fait de son modèle hébreu de la fin du IIe siècle avant l’ère chrétienne – lequel, formellement parlant, ne nous est pas parvenu (voir plus bas, § 5, p. 14-16). Dans les éditions de la version grecque du livre de Job de Rahlfs (Septuaginta id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX interpretes, Stuttgart, 1935. – Editio altera, 2006, par Hanhart) et de Ziegler (Iob, Göttingen, 1982 – édition de référence, que je désignerai désormais par le nom de son auteur, sans date, ou parfois en abrégé par Zi), les stiques de la strate récente sont précédés d’un astérisque (※). On trouvera la liste récapitulative des stiques astérisés dans Ziegler (150-151), laquelle comporte deux coquilles et deux omissions, corrigées par Gentry (1995, 15) : lire 32:11c au lieu de 32:11b ; 39:6b au lieu de 39:6a ; ajouter 42:8e, ainsi que trois mots dans le stique 17:10a, d’où le total de 390 stiques et trois mots. Gentry (ibid., 31) donne sa propre liste des « Asterisked Materials » relevant du premier apparat de Ziegler : il inclut le plus à la fin de 2:1c (2:14 chez Rahlfs, 2:1d chez Gentry) et enlève 9:3b et 12:21b, d’où le nombre de 389 stiques et trois mots4. Du point de vue de l’analyse littéraire, l’insertion de 9:3b dans le corpus du texte court me semble nécessaire5.

Voir aussi GENTRY, « Proposed Corrections to the Lemma of Ziegler’s Edition » (1995, 536-537) ; COX (2007, 667). 5 L’analyse linéaire qui suit, extraite de la traduction annotée, est disposée en trois parties, séparées par des puces (voir p. 57). • Au v. 9:3, le stique b est astérisé dans l’édition de ZIEGLER, mais pas dans celle de RAHLFS. PIETERSMA (1985, 310-311), suivi par GENTRY (1995, 19-21), a donné des arguments convaincants en faveur de l’attribution de ce stique au Grec ancien. •• Dans le stique a, ἐάν traduit ‫ ; ִאם‬γάρ « car » explicite un rapport logique ; βούληται traduit ‫יַ ְחפֹּץ‬, κριθῆναι ‫ ָל ִריב‬et αὐτῷ ‫עמּוֹ‬. ִ Dans le stique b, οὐ μὴ ὑπακούσῃ αὐτῷ « il ne lui prêtera pas attention » traduit ‫יַ ֲענֶ נּוּ‬-‫ל ֹא‬. Dans le stique c, ἵνα (μή) « de sorte que » est un plus interprétatif ; μὴ ἀντείπῃ « il ne répliquera pas » traduit une seconde fois ‫יַ ֲענֶ נּוּ‬-‫לֹא‬, le pronom suffixé étant assumé par αὐτοῦ ; πρὸς ἕνα λόγον αὐτοῦ ἐκ χιλίων « à un de ses mille discours » traduit ‫א ֶלף‬-‫י‬ ָ ִ‫ « ַא ַחת ִמנּ‬un sur mille », πρὸς […] λόγον étant un plus de traduction. ••• Comme l’écrit PIETERSMA (op. cit.), entre autres arguments, si le stique b était théodotionique, ce serait la seule attestation de ὑπακούω chez Théodotion, alors que ce verbe est régulièrement attesté dans G pour traduire le qal de ‫ ָענָ ה‬et, une fois, ‫( יֵ שׁ עוֹנֶ ה‬5:1a, 9:14a, 9:16a, 13:22a, 14:15a, 19:16a). – Les syntagmes οὐ μὴ ὑπακούσῃ αὐτῷ et ἵνα μὴ ἀντείπῃ πρὸς… ne sont pas tant une 4

LE TEXTE GREC DES MANUSCRITS ET DES ÉDITIONS

5

L’évaluation des moins6 quantitatifs de Driver-Gray (1950, lxxiv-v), qui a été précédée de celle de Bickell (1862), de Ciasca (1889) et de Dillmann (1890), à savoir que le grec traduit à peu près les 5/6e du TM, est devenue traditionnelle ; elle a été reprise par Dhorme (CLXII), Tov (2016, 202, n. 24), Strawn (2017, 159), Cox (2017, 175). Elle est sûrement approximativement vraie, mais mériterait d’être précisée : outre les moins correspondant aux stiques théodotioniques, on peut compter comme autres moins quantitatifs dans G l’équivalent d’une cinquantaine d’éléments rythmiques du TM (sous réserve d’inventaire) – éléments rythmiques au sens de segments délimités par un accent disjonctif majeur (voir § 3, p. 8-9, et § 7, p. 34-38). Car il faut noter que la liste des stiques astérisés (θ') et la liste des moins quantitatifs de G ne coïncident pas : par endroits, le verset grec, tel qu’il est numéroté, n’est pas la traduction du verset correspondant dans le TM : ainsi, G33:30 n’est pas la traduction de TM33:30 et il n’existe pas davantage de leçon théodotionique pour ce verset. La disposition et la numérotation des versets dans l’édition de Ziegler dissimulent plusieurs faits de ce genre. Voir, plus bas, § 3, p. 9-10. Le dossier de ce texte hétérogène est bien connu dans sa généralité et peut se résumer ainsi : Origène (mort vers 250) a eu entre les mains une version grecque de Job plus courte que le texte hébreu de son époque, celui-ci étant le même que la forme consonantique du texte hébreu qui nous a été transmis, le texte massorétique ; il a suppléé les versets manquants, ou membres de versets, à partir d’une autre traduction plus récente, ce sont les stiques théodotioniques de nos manuscrits7. Mais il y a des détails que l’on aimerait connaître à propos du Grec ancien.

double traduction (DHORME, ad loc. ; GENTRY, ibid.), comme en 23:15 (l’une de G, l’autre de θ'), que ce que je préfère nommer une traduction dédoublée à l’intérieur de G (cf. 3:7b, 5:9b, 11:18b, 21:22a, 37:16b). – Il faut rapprocher le v. 9:3 du v. 33:13, dans les discours d’Élihou : λέγεις δέ Διὰ τί τῆς δίκης μου οὐκ ἐπακήκοεν πᾶν ῥῆμα ; « Et tu dis : “Pourquoi n’a-t-Il pas écouté chaque mot de la cause [que je défends] ?” » versus TM ‫יבוֹת‬ ָ ‫דּוּע ֵא ָליו ִר‬ ַ ‫ « ַמ‬pourquoi Lui as-tu intenté un procès ? ». 6 L’usage veut que l’on ne parle pas d’ajout ou de manque, mais de moins ou de plus, afin de ne pas préjuger de ce que l’on décrit ; il m’arrivera cependant d’employer le mot omission, quand s’impose à l’esprit que dans tel verset la Vorlage de G est identique au TM, dans une intuition qui vaut ce que vaut une intuition. 7 Sur la question d’Origène et des Hexaples, voir MUNNICH (1988, 162-168) et FERNÁNDEZ MARCOS (2000, 204-222). Sur le cas particulier de Job, voir PIETERSMA (1985, 306), GENTRY (1995, 3), KEPPER-WITTE (2011, 2054), ALTHANN (2017, 151-152), COX (2017, 175-176), GENTRY (2016, 211-235).

6

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Origène parle explicitement de son travail critique dans deux passages de son œuvre8. Dans la Lettre à Africanus, § 3-9, il écrit que plusieurs livres – dont le livre de Job, qu’il cite – témoignaient des différences entre la version grecque et le texte hébreu de son époque : soit des plus en grec par rapport à l’hébreu (dont il donne pour le livre de Job, au paragraphe 6, plusieurs exemples), soit des moins. Origène écrit explicitement qu’il a fait la liste des moins du grec du livre de Job, il précise même qu’il les a relevés « avec beaucoup de peine » (μετὰ πολλοῦ καμάτου), mais il ne nous livre pas cette liste. En effet Origène centre sa réponse sur la question des plus, puisque c’est sur ce point qu’Africanus l’avait attaqué, et il ne mentionne les moins que pour rendre sensible à son interlocuteur l’ampleur du problème qu’il avait soulevé à son insu. Au paragraphe 7, Origène explique, à propos de plus et de moins que l’on rencontre dans la Genèse, qu’il a placé devant ces « mots » des obèles (ὀβελοί) pour les plus du grec et des astérisques (ἀστερίσκοι) pour les énoncés qu’il a suppléés à la place des moins9. Les critiques en infèrent – en s’appuyant aussi, il est vrai, sur le Commentaire de l’Évangile de Matthieu et sur quelques autres témoins – que cela s’applique aux autres livres de la Bible, dont le livre de Job, pour lequel cette question est cruciale. Dans un passage du Commentaire de l’Évangile de Matthieu – le second des deux passages d’Origène explicites sur cette question –, il commence par regretter les différences et les désaccords qui existaient à son époque entre les différents manuscrits, aussi bien du Nouveau Testament que de l’Ancien. Ensuite, sans citer de livre en particulier, il présente la méthode qu’il a adoptée pour ce qui est des Septante. Quand il y a désaccord entre les manuscrits, il prend comme critère les autres traductions (il faut comprendre les éditions des différents réviseurs du Grec ancien ou traducteurs du texte protomassorétique, Théodotion, Aquila, Symmaque) ; il conserve « ce qui s’accorde avec elles » (τὸ συνᾷδον ἐκείναις), il marque les plus du grec d’un obèle et il supplée aux moins en insérant, à partir des traductions de ces réviseurs ou traducteurs, des énoncés qu’il marque d’un astérisque. Enfin Origène écrit explicitement, dans ce passage, qu’il a pris pour règle de ne pas toucher aux énoncés du Lettre à Africanus (§ 3-9) dans DE LANGE (1983, 522 et s.) ; Commentaire de l’Évangile de Matthieu, 15,14 (PG, t. 13, col. 1293) dans KLOSTERMANN (1935, 387-388). Il existe quelques autres témoignages que l’on trouve au début, à la fin ou en marge des manuscrits : lire NAUTIN (1977, 303-361), que l’on doit mettre en perspective avec ce qu’écrit MUNNICH (1995, 167-185). 9 Les termes employés par Origène, que l’on traduit par « mots » sont vagues (τό, οἷς), l’exemple de la Gn qu’il donne étant de quatre mots : Εἶδεν ὁ Θεὸς ὅτι καλόν. 8

LE TEXTE GREC DES MANUSCRITS ET DES ÉDITIONS

7

grec qui étaient sans correspondants dans le texte hébreu. C’est la seule information qu’il donne sur le Grec ancien. On sait donc que la coexistence de ces deux strates de traduction, dans les manuscrits grecs, est une conséquence de l’opération critique d’Origène ; mais il n’est pas facile de faire le lien entre l’intervention d’Origène et les textes post-origéniens qui sont censés transmettre, d’une façon ou d’une autre, ce travail, dont lui-même et Jérôme disent qu’il a été mal accepté10. Pourtant, il faut le répéter, tous les manuscrits grecs ont transmis, de la version du livre de Job, un texte hétérogène. § 2. L’ÉDITION DU TEXTE GREC

DE JOB

La strate ancienne du texte grec de Job n’a jamais été éditée pour ellemême, alors qu’elle présente par endroits des difficultés et qu’elle est le résultat d’un processus historique, dont le déroulement nous échappe jusqu’à aujourd’hui11. Ziegler a édité, dans la collection de Göttingen, en 1982, le texte long hétérogène, post-origénien, celui qui a été lu par les Pères de l’Église. Pietersma en a fait la recension (1985, 305-311). Comme l’indique l’auteur, Ziegler a édité un texte hétéroclite, sans avoir voulu ou pu traiter chacune des strates comme des entités différentes, ce qui entraîne notamment des biais de ponctuation. Un seul exemple. La ponctuation du texte court à la fin du v. 34:8c est commandée par le pronom interrogatif τίς au v. 7a, qui est un verset théodotionique : Ziegler a ponctué les deux strates du texte grec, la traduction ancienne et la traduction récente, comme si elles formaient une seule entité. De plus, au v. 8a, l’énoncé οὐχ ἁμαρτὼν οὐδὲ ἀσεβήσας « n’ayant commis ni faute ni impiété » est sans correspondant dans le texte massorétique et s’inscrit mal dans le fil syntaxique de la phrase grecque. Le syntagme est obélisé dans la Syh, et Dhorme (ad loc.) qualifie ce stique de « reste de la traduction du v. 6β dans G ». Effectivement, l’énoncé οὐχ ἁμαρτὼν οὐδὲ ָ ‫ְב ִל‬ ἀσεβήσας, qui est redondant, correspond manifestement au TM ‫פ ַשׁע‬-‫י‬ « sans transgression », que traduit dans Théodotion ἄνευ ἀδικίας (θ'34:6b). Ces mots doivent être mis a priori dans la bouche de Job qui 10 L’origine même de la Lettre à Africanus est due à la mise en question du travail d’Origène. Lire aussi le Commentaire de l’Évangile de Matthieu, dans KLOSTERMANN (1935, 388, l. 26-30 = PG, t. 13, col. 1294 B) et les prologues de Jérôme placés en tête des deux traductions qu’il a faites du livre de Job, dans Biblia sacra iuxta Latinam vulgatam versionem, 1951, t. 9, p. 74-75 (Prolog. in Iob iuxta Græcos) et p. 69-70, 72 et 74 (Prolog. in Iob iuxta Hebræos). 11 Pour une présentation d’ensemble des problèmes que pose le texte grec court, voir, par exemple, FERNÁNDEZ MARCOS (1994), ainsi que COX (2017, 175-181).

8

TRADUIRE UNE TRADUCTION

affirme, en grec, qu’il n’a commis ni faute ni impiété, surtout en 10:7a, mais aussi en 10:2a. Nous rencontrons d’ailleurs en 33:9 la même correspondance entre οὐχ ἁμαρτών et ‫פ ַשׁע‬-‫י‬ ָ ‫ ְב ִל‬: (διότι λέγεις) Καθαρός εἰμι οὐχ ἁμαρτών, ἄμεμπτος δέ εἰμι, οὐ γὰρ ἠνόμησα· « (Parce que tu dis :) “Je suis pur et n’ai pas commis de faute, je suis irréprochable, car je n’ai pas transgressé la loi” ». § 3. LE TEXTE GREC COURT Dans mon étude du texte court, il est avant tout question – par définition – de la Septante ancienne de Job, ou Grec ancien (G), appelé en anglais Old Greek (OG), et non des stiques astérisés attribués à Théodotion (θ'), que je suis cependant amené à citer parfois, ainsi que les variantes d’Aquila et de Symmaque (notés respectivement α' et σ'). Quand une leçon est attribuée à un réviseur anonyme ou à plusieurs réviseurs, elle est notée R. À strictement parler, il faut distinguer le texte court – c’est, dans l’état actuel des choses, un texte non critique, pragmatiquement défini comme le texte long transmis par les manuscrits Vaticanus et Sinaiticus, auquel on a ôté la strate théodotionique12 – et le Grec ancien qui serait le texte reconstruit à partir de la critique du texte court. Souvent ils coïncident. Par méthode, on ne peut pas exclure qu’à l’intérieur du texte court ne se soit glissé un segment de texte de réviseurs, comme c’est le cas en 11:16 avec le syntagme καὶ οὐ πτοηθήσῃ « et tu ne seras pas frappé d’effroi »13. C’est ce texte court incertain que j’analyse d’un point de vue littéraire, comme contribution à une édition critique à venir. Dans leur majorité, les versets du texte massorétique sont formés soit de deux, soit de trois membres (ce sont des éléments rythmiques14) ; mais d’autres cas de figure existent. Ces membres – que je désigne par des lettres 12 L’Alexandrinus présente un autre texte, qui en certains endroits est encore plus long, ce dont on peut se faire une idée en se reportant, par exemple, au premier apparat critique de ZIEGLER, au v. 5:23. 13 •• Au v. 11:16, dans le stique a, rien ne correspond à ‫א ָתּה‬-‫י‬ ַ ‫ « ִכּ‬car toi » ou « alors, toi » (‫ ִכּי‬causal ou d’apodose) ; (καὶ) τὸν κόπον traduit ‫ ָע ָמל‬et ἐπιλήσῃ ‫תּ ְשׁ ָכּח‬. ִ Dans le stique b, ὥσπερ κῦμα traduit ‫ ְכּ ַמיִ ם‬et παρελθόν ‫( « ָע ְברוּ‬qui) a passé » (‫ ָא ֶשׁר‬est sousentendu) ; rien dans G ne traduit ‫ « ִתזְ כֹּר‬tu te souviendras » ; καὶ οὐ πτοηθήσῃ est sans correspondant dans le v. 16 et provient très probablement de la traduction de ‫וְ ל ֹא ִת ָירא‬ « tu ne craindras pas » à la fin du v. 15 (DHORME et ZIEGLER, ad loc.). ••• Étant donné l’appartenance des deux autres occurrences du verbe πτοέω dans Jb au vocabulaire des réviseurs (θ'23:15b, θ'32:15a), καὶ οὐ πτοηθήσῃ est sûrement une variante de G15b καὶ οὐ μὴ φοβηθῇς, introduite dans le texte court en 16b. 14 Le terme rythmique est préférable à celui de métrique, qui assimile implicitement la prosodie de l’hébreu à celle du grec (voir, plus bas, § 7, p. 34-38).

LE TEXTE GREC DES MANUSCRITS ET DES ÉDITIONS

9

grecques (v. 4:21α, 4:21β, 4:21γ, etc.) – sont séparés par un accent disjonctif majeur, ῾oleh wəyored, ᾿atnaḥ et revia῾. Les signes de cantillation, les te‘amim (accents disjonctifs ou conjonctifs) ont été établis postérieurement à l’époque du Grec ancien, mais ils nous permettent de mesurer les plus et les moins de G par rapport au TM, celui-ci étant, aujourd’hui, le point de départ de notre compréhension du livre dans sa totalité. Dans le système des accents des trois livres dits poétiques, l’accent ῾oleh wəyored indique la césure principale dans les versets à trois membres, et non l’᾿atnaḥ, comme c’est la règle dans le système des accents des vingt et un livres (voir Gesenius 1960, § 15 h ; Joüon-Muraoka 2011, § 15 h ; Dotan 1971, col. 1456-58). Je n’ai pas tenu compte de la hiérarchie entre les signes disjonctifs. L’abréviation hb signifie « hébreu » à distinguer de TM pour texte massorétique : par exemple, pour La Sagesse de ben Sira, hbSi ~ GSi. J’ai adopté la désignation des stiques (par définition, grecs) par les lettres latines minuscules de Ziegler : par ex. 4:21a, 4:21b (Rahlfs utilise les chiffres arabes). Bien que je me conforme, dans cette étude, à la numérotation de Ziegler, je propose – dans un certain nombre de cas qui, en définitive, ne sont pas très nombreux – de modifier légèrement sa numérotation et sa disposition des stiques. Dans tous les cas, et c’est important, les différences de disposition ou de numérotation ne modifient pas la suite des versets telle qu’elle se présente chez Ziegler. Deux exemples. Premier passage Le lemme de Ziegler en 32:13-14 se présente ainsi : 13 ἵνα μὴ εἴπητε Εὕρομεν σοφίαν, κυρίῳ προσθέμενοι· 14 ἀνθρώπῳ δὲ ἐπετρέψατε λαλῆσαι τοιαῦτα ῥήματα.

En réalité le monostique 32:14 – ἀνθρώπῳ δὲ ἐπετρέψατε λαλῆσαι τοιαῦτα ῥήματα « à un humain vous avez permis de prononcer de telles paroles » – ne traduit pas le TM correspondant, mais se trouve être un élément interprétatif qui continue le syntagme κυρίῳ προσθέμενοι « ayant pris le parti du Maître », au verset précédent, lui-même constituant un plus interprétatif. Je propose de présenter la traduction comme ci-dessous, en ajoutant un astérisque (*) au numéro du verset, afin d’indiquer la modification par rapport à l’édition de Ziegler, et en mettant les éléments interprétatifs en italiques ; le signe ø indique que le verset du TM n’est traduit ni dans le Grec ancien, ni chez Théodotion : 13* afin que vous ne disiez pas « nous avons trouvé la sagesse », alors que vous avez pris le parti du Maître et qu’à un humain vous avez permis de prononcer de telles paroles. 14* ø

10

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Second passage Le lemme de Ziegler en 33:27-30 se présente ainsi : 27 28 29 30

εἶτα τότε ἀπομέμψεται ἄνθρωπος αὐτὸς ἑαυτῷ λέγων Οἷα συνετέλουν, καὶ οὐκ ἄξια ἤτασέν με ὧν ἥμαρτον. ※ σῶσον ψυχήν μου τοῦ μὴ ἐλθεῖν εἰς διαφθοράν, ※ καὶ ἡ ζωή μου φῶς ὄψεται. ※ ἰδοὺ πάντα ταῦτα ἐργᾶται ὁ ἰσχυρὸς ※ ὁδοὺς τρεῖς μετὰ ἀνδρός. ἀλλ᾽ ἐρρύσατο τὴν ψυχήν μου ἐκ θανάτου, ἵνα ἡ ζωή μου ἐν φωτὶ αἰνῇ αὐτόν.

En réalité le verset numéroté 33:30 dans l’édition de Ziegler traduit le verset 33:28 du TM (Dhorme, ad loc. ; Cox 1983, 92). Nous avons donc deux traductions de TM33:28, dans le Grec ancien et dans Théodotion, mais aucune traduction de TM33:30, ni dans le Grec ancien, ni dans Théodotion, ce que ne permet pas de comprendre la disposition des versets chez Ziegler. Je propose de présenter la traduction comme ci-dessous, selon les mêmes principes que dans l’exemple précédent, l’astérisque des manuscrits ※ marquant un stique théodotionique et le signe ø indiquant l’absence de traduction, dans le Grec ancien comme chez Théodotion, du segment correspondant du TM : 27

Ensuite l’humain se fera alors des reproches, en disant : Qu’ai-je fait ! et il ne m’a pas examiné comme le méritaient mes fautes ! 28* Mais Il a préservé mon être de la mort afin que ma vie Le loue dans la lumière. 28 ※ ※ 29 ※ ※ 30* ø ø

§ 4. LES TÉMOINS DU TEXTE GREC COURT ET LA RÉCEPTION DU GREC ANCIEN Tous les manuscrits grecs ayant transmis, de la version du livre de Job, un texte long, c’est le texte long hétérogène qui a été lu par les Pères de l’Église. L’étude de la réception du Grec ancien ne peut donc pas se faire comme elle se fait dans les autres volumes de la collection de la Bible d’Alexandrie15. 15

HARL (2001).

LE TEXTE GREC DES MANUSCRITS ET DES ÉDITIONS

11

Il est avant tout nécessaire de distinguer les témoins du texte grec court et les textes qui témoignent de la réception du Grec ancien. Les témoins du texte grec court sont rares. Il faut mentionner la version copte sahidique16 et les citations que font, du texte court, quatre auteurs du domaine latin : Cyprien, Lucifer de Cagliari, Priscillien et le Liber de divinis scripturis17. Il n’existe pas, à ce jour, d’édition critique de la version copte sahidique du livre de Job. L’édition du manuscrit Vaticanus par Ciasca18, qui comporte dans son apparat différentes variantes, dont G, est encore utilisée, bien que le texte copte se soit enrichi depuis 1889 de la découverte de nombreux fragments19. Sa préface en latin, de laquelle j’ai proposé une traduction20, présentait déjà à la fin du XIXe siècle les grandes lignes des problèmes que pose la version grecque de Job, ainsi qu’une liste de stiques attribuables à Théodotion, très proche de notre liste. Ce texte sahidique a été presque complètement préservé, à l’exception d’un feuillet correspondant aux v. 30:10-40:11. C’est dire l’intérêt qu’il y aurait d’étudier ensemble le grec et le sahidique. Il avait été avancé comme hypothèse par Burkitt que le modèle de la version sahidique était un texte long dont le traducteur avait volontairement omis de traduire les stiques théodotioniques21. Haelewyck considère cette hypothèse comme hautement improbable : « In the case of Job, the Old Latine citations bring the Sahidic version out of his isolation and prove that the Sahidic did not purely and simply refuse to translate the asterisked stichoi, a hypothesis in itself highly improbable » (2017, 207-208). Pour que puisse être constatée, dans une citation, la transmission d’un type textuel déterminé, plus précisément, dans le cas de Job, la transmission du texte court pré-origénien, encore faut-il que cette citation soit d’une certaine longueur et que le passage soit susceptible d’inclure un stique attribué à Théodotion ; si le stique du réviseur manque dans la citation, nous sommes en présence d’un texte pré-origénien, témoin de l’ancienne traduction latine (Vetus Latina), antérieure aux deux traductions ZIEGLER (1982, 42-45; 147-149), FEDER (2017, 209-211). BURKITT (1903, col. 5027-5028), ZIEGLER (1982, 149-150), BOGAERT (2012), HAELEWYCK (2017, 207-209). 18 CIASCA (1889). 19 ZIEGLER (1982, 42-45), FEDER (2017, 210). 20 MANGIN (2018, 191-206). 21 « It is far more in accordance with all the facts to regard the Sahidic Job as a translation of Origen’s revised text of the LXX, with the passages under asterisk omitted » (1903, col. 5027). Les italiques sont de l’auteur. 16 17

12

TRADUIRE UNE TRADUCTION

de Jérôme22. Les passages que Ziegler, p. 149, cite dans son édition de 1982 sont les suivants. texte de G

traduction en latin

omission dans le témoin

Cyprien, Ad Quirinum III, 2 et 113

4 stiques

29.12-13

θ'29.13a

Lucifer, De regibus apostaticis, 11

28 stiques

21.7-20a

θ'21.15ab 19b

Lucifer, De regibus apostaticis, 11

42 stiques

23.17-24.18b

θ'24.4b 5c 8a 14b-18a

Lucifer, De Athanasio, I

12 stiques

29.12-17

θ'29.13a

Priscillien, Priscilliani opera quae supersunt […]

8 stiques

40.25-28

θ'40.26a

Priscillien, Priscilliani opera quae supersunt […]

17 stiques

41.6b-14

θ'41.8a 9ab

Priscillien, Priscilliani opera quae supersunt […]

13 stiques

41.20b-26

θ'41.21a 24b

De divinis scripturis, chap. 5

12 stiques

22.23-28

θ'22.24ab

De divinis scripturis, chap. 28

14 stiques

23.10-16

θ'23.15cd

De divinis scripturis, chap. 12

12 stiques

29.12-17

θ'29.13a

De divinis scripturis, chap. 24

13 stiques

31.16b-23a

θ'31.18ab

De divinis scripturis, chap. 24

4 stiques

31.34b-35bc

θ'31.35a

La situation n’est pas aussi simple qu’on le croit à la première lecture de la page que Ziegler consacre à cette question. Parfois dans le passage indiqué, en plus du stique théodotionique, il manque un stique relevant du Grec ancien ; parfois se côtoient dans un même passage des traductions proprement dites, des interprétations qui télescopent deux stiques et ce qui semble être des condensations de sens23. L’analyse des faits exige une analyse croisée des témoins, autrement dit la technicité que demande l’établissement d’une édition critique. La Vetus Latina de Job n’a pas été éditée à ce jour et sa publication n’est, pour le moment, pas programmée (Haelewyck 2017, 208). Dans la section V de ma traduction annotée (« les témoins du texte court et la réception du Grec ancien de Job »), je fais l’analyse de traduction d’un seul des textes témoins, un 22 La première traduction, hexaplaire, à partir du grec (SABATIER 1743 ; LAGARDE 1887 ; CASPARI 1893) ; la seconde, selon l’hébreu (Vulgate). 23 MANGIN (2005, t. I, 177-195).

LE TEXTE GREC DES MANUSCRITS ET DES ÉDITIONS

13

passage de Lucifer de Cagliari, où nous constatons que la comparaison du latin avec le grec pose les mêmes problèmes que la comparaison du grec avec l’hébreu. Le fragment d’Aristée l’historien, terminus ante quem de la traduction grecque24, est le témoin du Grec ancien de Job, mais non pas du texte court, puisqu’il ne comprend aucune citation susceptible d’inclure un stique attribué à Théodotion. Ce fragment d’une trentaine de lignes, écrit au style indirect, condense l’histoire de Job en s’appuyant principalement – mais pas seulement, me semble-t-il – sur le récit cadre (chap. 1-2 et v. 42:7-17), ainsi que sur le grand plus qui termine la version grecque (v. 42:17a-e). Il ne contient aucune citation de verset, mais comprend plusieurs mots ou syntagmes qui signent, de façon incontestable, son appartenance à la tradition du Grec ancien de Job25. La comparaison de ce fragment avec le Testament de Job est frappante. Ce dernier – qui appartient comme son nom l’indique à un genre littéraire précisément défini dans l’histoire littéraire du second Temple – est une amplification narrative, qui cite parfois le grec de Job au sens strict du terme, avec une petite vingtaine de stiques entiers, ou beaucoup plus souvent en utilisant des segments de versets. En d’autres endroits, Schaller, qui a analysé avec minutie le texte, a relevé des similitudes de vocabulaire dans des phrases autrement construites que dans la version grecque ; parfois, enfin, il a rencontré des synonymes au lieu des mots précis attestés dans le Grec ancien26. Sur les 65 passages du Testament qui se réfèrent à GJb (un seul passage peut réunir la substance d’un ou de quelques stiques), 48 se réfèrent au récit cadre (30 + 18) et 17 au cycle des discours. Dans le Testament, nous reconnaissons à peine le texte grec de Job, malgré l’utilisation qui est faite de la traduction ancienne27. Avec ces deux textes, le fragment d’Aristée et le Testament de Job, nous sommes en présence de deux phases de la réception du Grec ancien : d’un côté la phase de la première réception, quand le texte a l’ascendant sur le lecteur, de l’autre celle d’une réception ultérieure, lors de laquelle le lecteur a l’ascendant sur le texte qu’il cite28. 24

Voir plus haut, p. 3. Un seul exemple : Éliphas (Élifaz) et Sôphar (Tsofar) sont présentés chacun comme un roi (βασιλεύς) et Baldad (Bildad) comme un « tyran » (τύραννος), alors que dans le TM ils sont identifiés par le nom de leur cité. 26 SCHALLER (1980, 377-406). 27 Nous ne trouvons, dans le Testament, aucun stique théodotionique, à l’exception près, secondaire, des deux stiques 42:16cd, dans les deux manuscrits V et S (ibid., 380, 390, 392). 28 Je pense à la différence qu’établit ISER entre une théorie de l’effet esthétique ancré dans le texte (le texte exerce un effet esthétique sur le lecteur) et une théorie de la réception, 25

14

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Je propose, dans ma traduction annotée, un commentaire du fragment d’Aristée, qui – par sa proximité avec le texte originel – me semble un repère essentiel de l’étude de la réception de la version grecque de Job. § 5. LE

MODÈLE HÉBREU DU TEXTE COURT

La question s’est posée de savoir si la traduction grecque est plus courte du fait de son modèle hébreu (Vorlage), lequel ne nous est pas formellement connu, ou si le traducteur est l’auteur de cet abrègement, l’abrègement d’un texte hébreu de même longueur que celui qui nous a été transmis par les manuscrits médiévaux (TM). D’un point de vue plus général encore, si l’on met entre parenthèses la question de la longueur du modèle : 1/ cette Vorlage était-elle identique au TM médiéval ; 2/ en était-elle proche sans être identique ; 3/ relevait-elle d’une tradition propre à la Septante, différente des textes proto-rabbiniques, ou enfin 4/ devait-elle être classée dans une quatrième catégorie, celle des textes non alignés, qui ne relèvent d’aucune des trois premières catégories ? Les témoins du texte hébreu de Job trouvés à Qumran dans les grottes 2 et 4 sont trop minces pour que l’on puisse s’appuyer sur eux ; en effet le classement typologique des manuscrits s’intéresse tout particulièrement à la précision du travail de copie, aux variantes orthographiques et à certaines caractéristiques graphiques du manuscrit, sans exclure pour autant l’examen des variantes de fond ; encore faut-il que les fragments soient d’une certaine longueur, ce qui n’est pas le cas29. De son côté, la traduction araméenne de la grotte 11 (11QtgJob) – dont des fragments d’une certaine ampleur ont été préservés – suppose, d’une façon générale, le TM30, tout en ayant quelques divergences avec lui31, certaines ancrée dans les opinions et réactions du lecteur. Voir notamment l’avant-propos de l’édition française (1985, 12). 29 Voir TOV (2005), LANGE (2017, 156-158) et STRAWN (2017, 159) : le témoin 2QJob (2Q15) ne présente pas de différence textuelle avec le TM ; le témoin 4QJoba (4Q99), le mieux préservé des anciens manuscrits de Jb, a été classé dans les textes proches du TM, mais il pourrait peut-être attester un texte non-aligné ; le témoin 4QJobb (4Q100) ne comprend que deux variantes orthographiques par rapport au TM, ce qui est insuffisant pour le classer ; le témoin 4QpaleoJobc (4Q101) présente une orthographe très conservatrice, comme le TM de Jb, mais sa classification est impossible du fait de l’insuffisance du texte préservé (en 14:14 une variante s’accorde avec G [STRAWN, 2017, 159]) ; le témoin 4QJobd (4Q101a) ne peut pas davantage être classifié ; le témoin Antinoopolis 49-50, paléographiquement daté entre le IIIe et le VIe siècle de l’è. chr., n’a pas fait l’objet d’une édition critique. 30 Voir STRAWN (2017, 161). Dans la n. 32, il précise que le Grec ancien est corroboré à quelques endroits par 11QtgJob : 17:6, 18:2, 19:13.15, 22:3. 31 STRAWN (2017, 161) cite, en particulier, 42:3 et un ordre différent des versets en 37: 16-18. Voir aussi SHEPHERD (2017, 186-187).

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

15

s’accordant avec le Grec ancien32. De toute façon le statut de traduction du targum crée, de lui-même, un degré supplémentaire de difficulté. Il est cependant possible de tirer au moins deux faits assurés des manuscrits trouvés dans le désert de Juda : la physionomie des chap. 24-27, que les critiques soupçonnent d’être corrompus, est la même dans 11QJob que dans le TM médiéval, ce dernier transmettant en conséquence un texte anciennement constitué, puisque l’araméen du targum de Qumran est daté de la deuxième moitié du IIIe siècle av. l’è. chr., et le manuscrit, du tournant de l’è. chr.33 ; certains manuscrits de Qumran témoignent de quelques passages absents de GJb34. Ne pouvant être appuyée sur les témoins hébreux ou araméens, l’hypothèse d’un modèle hébreu court, défendue par Hatch (1889), a donc été repoussée principalement à cause des caractéristiques de la traduction grecque, « rather free, even paraphrastic », comme l’écrit Cox en introduction à sa traduction de la Septante de Job35 ; il ajoute : « It is not just free or paraphrastic, it is also something of an epitome of the longer and often difficult original » (p. 667). À ces caractéristiques du grec sont en effet corrélées celles du TM : non seulement le livre est « longer », mais « the meaning of the Hebrew is sometimes obscure » et « the argumentation in the book is repetitious » (ibid.)36. Les difficultés que le traducteur aurait rencontrées seraient donc à l’origine de l’abrègement du Grec ancien. Pourtant Cox, dans un article de 1985, avait lui-même indiqué les contradictions qui existent entre les différentes hypothèses : si l’abrègement est dû à la difficulté du TM, comment expliquer que le traducteur traduise parfois des passages difficiles37 et que dans le même temps il omette des versets qui ne sont pas difficiles38 ? On peut ajouter que parfois la lettre de sa traduction diverge du TM même dans des cas SHEPHERD (2017, 186-187). Voir aussi COX (2017, 179). STRAWN (2017, 160) et, pour la datation, SHEPHERD (2017, 184-185). 34 STRAWN, ibid., qui ne cite pas de référence à l’appui. 35 COX 2007, 667-696. Voir aussi COX, 1985, 39. 36 STRAWN mentionne les « redondances » du TM (2017, 160). 37 En réalité il n’est pas aisé de définir un passage difficile. À une époque où les critiques du TM cherchaient dans le texte de Job des régularités métriques ou soupçonnaient facilement un texte corrompu, les versets discutés étaient nombreux. La présence d’un hapax dans un verset ne suffit pas à le rendre incompréhensible, pas davantage qu’une syntaxe inhabituelle selon les critères de la grammaire dominante des textes narratifs. Je préfère dire que c’est l’interprétation de l’ensemble du livre de Job qui est difficile ; de ce point de vue, l’auteur de la traduction grecque s’est confronté avec honneur à cette difficile complexité : COX qualifie le traducteur de « prodigious, insightful scholar in the Alexandrian Jewish community » (2017, 179). 38 Par exemple le premier membre du v. 28:22 ‫ « ֲא ַבדּוֹן וָ ָמוֶ ת ָא ְמרוּ‬La Perdition et la Mort dirent » (voir plus bas, § 9, p. 54-56). 32 33

16

TRADUIRE UNE TRADUCTION

où l’hébreu ne présente aucune difficulté39. Bien sûr, la difficulté des passages dépend de notre point de vue. En son temps, dans sa discussion avec Gerleman, Gehman et Gard, Orlinsky avait patiemment étudié les contradictions auxquelles s’exposaient les chercheurs qui pensaient que les différences du Grec ancien étaient dues à des raisons théologiques. Le fait que le nombre des stiques omis dans G augmente au fur et à mesure que l’on avance dans le livre a aussi donné naissance à des explications tristement béhavioristes : pour l’un, le traducteur a éprouvé de l’ennui à lire un livre si long et si répétitif ; pour un autre, le traducteur a voulu éviter que ses lecteurs ne s’ennuient à la lecture de sa traduction40. Strawn résume ainsi le jugement dominant : « The reduction in Old Greek was due to the obscurity of the Hebrew parent text and the “tediously long and repetitive” nature of the book »41. Je crois nécessaire, dans les lignes qui suivent, de remonter aux faits de langue qui ont généré ce jugement dominant, afin de présenter la perspective dans laquelle j’ai travaillé et la méthode que j’ai suivie dans l’étude du texte grec court. Qu’en est-il de l’obscurité du livre de Job en hébreu (§ 6 et 7) ? En quoi la traduction grecque est-elle libre et paraphrastique (§ 8) ? § 6. LES OBSCURITÉS ET LES

INDÉTERMINATIONS

DU TEXTE MASSORÉTIQUE

Le texte hébreu de Job présente un grand nombre de difficultés linguistiques, signalées par les commentaires42. Ainsi de nombreux mots n’apparaissent que dans ce livre, parfois une seule fois, parfois quelques fois (les hapax, dis, tris, voire tetrakis legomena). Leur sens est débattu. 39 Par exemple, au v. 42:9, le stique c καὶ ἔλυσεν τὴν ἁμαρτίαν αὐτοῖς διὰ ᾽Ιώβ « il les délia de leur faute grâce à Job » diffère complètement de ‫ « וַ יִּ ָשּׂא יְ הוָ ה ֶאת ְפּנֵ י ִאיּוֹב‬et yhwh eut égard à Job » (mot-à-mot « yhwh releva la face de Job »). La lettre du TM, lexicalement et syntaxiquement, ne pose aucun problème de compréhension. G interprète le verset en explicitant la façon dont Dieu prit en considération Job ; c’est une interprétation cotextuelle, à savoir d’après le sens du v. 8, comme l’a remarqué DHORME, qui n’est pas isolée. – Je distingue le cotexte (cotextuel) du contexte (contextuel) : le premier terme désigne l’environnement textuel, plus ou moins large, d’un mot ou d’un verset ou d’un ensemble de versets ; le second désigne les circonstances historiques, sociologiques et culturelles d’un discours (voir aussi p. 28 et 39). 40 DHORME (1926, CLXII) ; SEOW (2013, 7) cité par STRAWN (2017, 160). 41 STRAWN (2017, 161), qui cite SEOW (2013, 6-7). 42 Voir par exemple DHORME (1926, CLII-CLVI et CXL-CXLIII) ou TUR-SINAI (1957, VIIIXXX). L’identification des difficultés linguistiques et leur interprétation diffèrent selon les commentateurs.

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

17

Des mots connus par ailleurs, en d’autres endroits du corpus biblique, peuvent avoir des significations particulières dans Job, en fonction de leur combinaison avec d’autres mots, en fonction du verset ou de références culturelles qui nous échappent. La syntaxe est singulière : rareté des articles ; ordre des mots différent de celui que l’on attend ; rareté de la particule ‫ ֵאת‬de complément d’objet défini de verbe ; emploi équivoque du participe employé sans le pronom-copule. L’expression est souvent elliptique, voire laconique, et nécessite d’être suppléée : absence de sujet explicite ; omission de prépositions, de conjonctions ; usage du pronom suffixé, normalement complément d’objet de verbes transitifs, pour exprimer un groupe prépositionnel ; omission du pronom relatif ‫ֲא ֶשׁר‬ dans des proportions plus importantes qu’ailleurs dans la Bible (relative asyndétique). La présence de particules polyvalentes comme ‫ ִכּי‬ou ְ‫ ו‬complexifie encore l’interprétation, ainsi que l’absence, en hébreu, de signes de ponctuation pour marquer l’interrogation, l’exclamation ou la citation. À cela s’ajoutent des problèmes morphologiques et phonologiques, abondamment signalés dans les commentaires. Aussi le sens de nombreux versets est-il discuté, ce que dissimulent les traductions, qui ont l’obligation de trancher entre plusieurs significations possibles. Mais dans ces difficultés il faut introduire des distinctions. Certaines sont dues à l’historicité de l’œuvre : il en est ainsi des hapax, dont la signification a été perdue au cours du temps, ou des realia qui dans leurs précisions nous échappent, ou encore de références culturelles dont nous n’avons aucun témoignage en dehors de ce livre. D’autres difficultés peuvent être dues aux aléas de la tradition manuscrite, comme des métathèses de lettres, des omissions de mots, des déplacements de versets, sans compter les erreurs de copistes. Gordis (1978, XX) fait remarquer que, par un mouvement de balancier, les philologues du TM sont passés d’une attitude hypercritique, qui a suscité une masse de corrections (les premiers grands commentaires de Job datent de cette époque), à une attitude conservatrice, qui refuse de toucher au TM, parce qu’elle considère que celui-ci transmet fidèlement la forme textuelle qui a été adoptée comme textus receptus, il y a plusieurs siècles. Gordis plaide en faveur d’une attitude intermédiaire, notamment dans le troisième cycle des discours, dans les chap. 22-31 de Job. Mais il y a une troisième catégorie de difficultés qui viennent des particularités de la langue poétique du livre43 et qui sont moins des obscurités que des indéterminations. Il en est ainsi de certaines omissions que je viens de citer et qui contraignent 43

Sur l’emploi du terme poétique, voir § 7, p. 22-38.

18

TRADUIRE UNE TRADUCTION

le lecteur à suppléer une préposition, un relatif, un complément de nom ou de verbe, sans que le texte en soit pour autant obscur. À ces indéterminations qui portent sur des syntagmes ou sur les liens entre propositions s’ajoutent des indéterminations qui portent sur la structure même de l’œuvre, sur ce qui fait sa singularité littéraire. Le livre est, sans aucun doute, un apologue qui, par définition, propose au lecteur une signification cachée44. Mais ce genre principal est lui-même traversé d’une pluralité d’autres genres, ou plus largement – car les définitions scolaires ne conviennent pas à la souplesse de cette poésie – de registres, de tonalités, de couleurs, d’intonations, peu importe le mot que l’on pourrait employer : la lamentation, la dispute juridique, les doxologies, les maximes didactiques, l’écrit de sagesse, le lyrisme, des accents élégiaques, des paroles de malédiction, des paroles de bénédiction. Or le genre est l’un des premiers codes par lequel on entre dans la compréhension d’un texte, et, en l’espèce, il manque le code d’un genre unique. À cette multiplicité de genres la polyphonie du livre ajoute un autre brouillage, qui se déploie sur au moins trois plans. Les paroles sont assumées par sept instances d’énonciation : le narrateur anonyme du récit-cadre, Job, Élifaz, Bildad, Tsofar, Élihou, Dieu. Aussi, se demande le lecteur, l’un des personnages représente-t-il la pensée de l’auteur, l’intentio auctoris ? Ou, comme l’écrit Montesquieu dans la préface de l’Esprit des lois, ne doit-on pas la chercher « dans le dessein de l’ouvrage »45 ? Mais comment déterminer l’intentio operis ?46 Il faut aussi noter que dans le prologue sont rapportées des phrases au style direct 44 L’opinion qui affirme que Job n’a jamais existé et que le livre est une parabole se trouve dans le Talmud de Babylone en Bava Bathra 15a, dans la bouche d’un rabbi anonyme (bT EPSTEIN 1961, t. 4, 74 ; traduction fr. ELKAÏM-SARTRE 1982, 936) ; il cite, à l’appui de son opinion, 2 S 12:3. Effectivement on trouve en Jb 1:1 ‫ « ִאישׁ ָהיָ ה‬un homme était », qui est la même tournure qu’en 2 S 12:1 ‫ « ְשׁנֵ י ֲאנָ ִשׁים ָהיוּ‬deux hommes étaient » (‫ היה‬et non pas ‫ ; )ויהי‬or l’histoire que Nathan raconte à David est une parabole. Voir aussi MAÏMONIDE (1979, 480). 45 De l’esprit des lois, 1748 (éd. GOLDSCHMIDT 1979, t. 1, 115) : « Si l’on veut chercher le dessein de l’auteur, on ne le peut bien découvrir que dans le dessein de l’ouvrage ». 46 C’est-à-dire moins la finalité de l’œuvre que ce vers quoi elle fait tendre la lecture. Cette notion d’intentio (auctoris, operis, lectoris) nécessiterait un développement particulier : voir notamment Augustin, De doctrina christiana, III, iv (8), III, xxxiv (48) ; SZONDI (1982, 147; 162-163) ; ISER (1985, 55) ; ECO (1992, 14-15; 40) ; BOLLACK (2018, 113; 116; 168) et la réflexion développée par LAUNAY (2006, 28-33). Notons également l’expression intéressante d’Horace, operis lex, dans l’Ars poetica, v. 135. Une présentation très générale de la notion d’intention est donnée par COMPAGNON (1998, 47-99 et passim) ; il y critique en particulier la notion d’intentio operis (1998, 87; 170) ; pourtant sa définition de l’intentio auctoris « en acte » équivaut, me semble-t-il, à l’intentio operis (ibid., 74-75, 233), puisque, comme l’écrit LAUNAY (op.cit., 37), « on ne peut y avoir accès [à l’auteur] […] qu’à travers des éléments strictement textuels ».

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

19

dans la bouche de personnages qui ne sont pas représentés par une instance d’énonciation à part entière : ni les messagers de malheur (chap. 1), ni l’accusateur qu’est Satan (chap. 1-2) ni la femme anonyme de Job (chap. 2) ne figurent dans l’épilogue. Cette polyphonie se manifeste aussi par les paroles rapportées. Dans l’ensemble du livre se trouvent en effet des paroles rapportées explicites, introduites par un verbe de parole comme « tu dis » ‫אמר‬ ֶ ֹ ‫( וַ תּ‬11:4), qui obligent le lecteur à se déporter d’un chapitre à l’autre, à dériver à travers le texte à la recherche de la parole en question, d’autant que la parole rapportée survient par rapport à la première occurrence avec un certain retard47 ; qu’elle se trouve même peut-être, paradoxalement, avant le verset qu’elle est censée citer48 ; ou bien que, sans citer à proprement parler, elle transmet la substance de ce qu’un personnage a retenu de la parole d’un autre49. De surcroît (c’est un fait sur lequel insiste Tur-Sinai, dans son commentaire, et qui, si on l’accepte, a un enjeu structurel50) il y a aussi très probablement des citations qui ne sont pas marquées par des verbes de parole, étant entendu que les signes typographiques que sont nos guillemets n’ont pas de correspondants dans les manuscrits hébreux51. Ainsi le lecteur n’est-il jamais sûr que ce qui est présenté 47 Cela est vrai à commencer par les citations introduites par un verbe de parole, dans les discours d’Élihou. Par exemple en 34:5β Élihou cite textuellement une parole que Job a dite en 27:2α. 48 Ainsi, si l’on cherche, dans le discours de Job, à quoi se réfère la parole de Tsofar 11:4 ‫אמר זַ ְך ִל ְק ִחי‬ ֶ ֹ ‫ « וַ תּ‬Tu dis “Pure est ma doctrine” » (Rabb.), c’est plus loin dans le livre, en 16:17, que Job dit ‫וּת ִפ ָלּ ִתי זַ ָכּה‬ ְ « Et ma prière a toujours été pure ! » (Rabb.), les deux énoncés n’étant pas strictement identiques. C’est ce genre de fait qui fait dire à TUR-SINAI que l’ordre des discours qui nous a été transmis n’est pas l’ordre originel (au v. 11:4, p. 190-191) ; je préfère penser qu’un dispositif a été conçu pour prévenir une lecture facile. 49 Ainsi au chap. 33, le v. 9 est présenté comme une citation, mais il n’en est pas une stricto sensu ; il fait écho – entre autres passages – aux v. 7:20, 9:2.15.20-21.29 et 10:6-7 ; Élihou semble dire : « Ce que tu as dit, Job, revient à dire que…, etc. » En revanche, les v. 33:10β et 33:11α citent respectivement 13:24β et 13:27α. Autre exemple, ce qui est présenté comme une citation au v. 34:5α ne l’est pas à proprement parler. 50 Voir TUR-SINAI (1957, XXX, LII et s.), qui considère que 4:12-21 et 15:14-16, que l’on trouve dans la bouche d’Élifaz, sont en réalité des citations d’une argumentation de Job ; mais voir GORDIS (1978, 518). 51 Dans les dernières paroles que prononce Job (42:2-6) avant la reprise de la narration (42:7-17), le verset 4 est considéré par certains critiques comme la citation d’une parole de Dieu, alors que selon d’autres, cela est une parole de Job. Aussi les traducteurs ajoutent-ils soit « disais-tu » soit « disais-je », incises absentes du TM. En 42:4 nous lisons, dans la traduction du rabbinat français (1899), « Écoute donc, ajoutais-tu, c’est moi qui parlerai ; / je vais t’interroger et tu m’instruiras » ; et, dans la trad. de BARTHÉLEMY (TOB 20103), « Écoute-moi », disais-je, « à moi la parole, / Je vais t’interroger et tu m’instruiras ». Qu’est-ce qui permet de rapprocher ce verset 4 d’une parole de Dieu ou

20

TRADUIRE UNE TRADUCTION

explicitement comme une citation l’est vraiment, que ce qu’il lit est assumé par celui dont le nom propre se trouve au début du discours. Dans tous les cas, une multitude de questions sur le sens précède la compréhension – le sens, c’est-à-dire l’orientation de la pensée du lecteur. La polyphonie est présente enfin dans le jeu des personnes grammaticales. Il peut y avoir un brusque passage d’une personne à une autre, comme en 21:14-15, où, dans une phrase au style direct adressée à Dieu, les scélérats s’adressent à lui d’abord à la deuxième personne, puis dans la même phrase au verset suivant à la troisième personne ; certes on ne doute pas de l’identité de la personne désignée dans le cas de ce verset, mais la visée de la parole du scélérat change bien l’énonciation en nous faisant passer d’une présence (tu) à une absence (il) qui dénote la violente exclusion de la relation d’allocution52. À l’inverse, au v. 16:7, on a le passage d’une troisième personne à une deuxième personne53. Dans d’autres cas, la question du référent se pose comme dans le deuxième discours de Bildad, à propos d’une 2e personne, au pluriel (18:2), ou dans le premier discours d’Élihou, à propos d’une 2e personne au singulier dans un passage adressé à plusieurs destinataires54. La troisième personne, lorsque son référent n’est pas explicite, peut aussi être source d’indétermination, dans la mesure où derrière l’emploi générique du singulier (l’homme en général) peut se glisser un emploi spécifique ironique. Il existe aussi des changements brusques de nombre55. Dans les d’une parole de Job ? Ce sont les mots ‫ « ֶא ְשׁ ָא ְלָך‬je vais t’interroger » et ‫יענִ י‬ ֵ ‫הוֹד‬ ִ ְ‫ « ו‬et tu m’instruiras » (42:4β), que l’on retrouve soit en 38:3 || 40:7 où Dieu s’adresse à Job (‫יענִ י‬ ֵ ‫הוֹד‬ ִ ְ‫ « וְ ֶא ְשׁ ָא ְלָך ו‬Je vais t’interroger et tu me répondras »), soit en 10:2 où Job s’adresse à Dieu (‫תּ ִר ֵיבנִ י‬-‫ה‬ ְ ‫יענִ י ַעל ַמ‬ ֵ ‫הוֹד‬ ִ « fais-moi connaître au sujet de quoi tu débats avec moi »). Le terme commun de ces versets est le hi. ‫יענִ י‬ ֵ ‫הוֹד‬ ִ de ‫ידע‬. En outre, Yosef Kara, qui défend la seconde interprétation, la fonde en rapprochant le premier élément rythmique de ce verset 4 (‫נָ א וְ ָאנ ִֹכי ֲא ַד ֵבּר‬-‫ « ְשׁ ַמע‬écoute et moi je parlerai ») du v. 13:22, où Job s’adresse à Dieu : ‫;וּק ָרא וְ ָאנ ִֹכי ֶא ֱענֶ ה‬ ְ « appelle, et moi je répliquerai ». Le verset qui suit, 13:23, contient le même motif et le même hi. qu’en 10:2 : ‫יענִ י‬ ֵ ‫אתי ה ִֹד‬ ִ ‫ « ִפּ ְשׁ ִעי וְ ַח ָטּ‬ma révolte et ma faute, fais-les-moi connaître ». Voir aussi TUR-SINAI, au v. 21:19. 52 Dans l’étude littéraire qu’il a consacrée au Coran, BERQUE définit ainsi la figure iltifât : « Entendu au sens strict, le trope dit iltifât, “conversion”, consiste à changer de personne grammaticale dans le cours d’une même phrase en s’adressant au même récepteur ; au sens large, la même variation se conçoit affectant le rôle du locuteur. […] Plus généralement, c’est une figure de rhétorique qui fait varier, dans le même énoncé, la désignation des actants » (2002, 741-742). 53 ‫ע ָד ִתי‬-‫ל‬ ֲ ‫מּוֹת ָכּ‬ ָ ‫ע ָתּה ֶה ְל ָאנִ י ֲה ִשׁ‬-‫ְך‬ ַ ‫ « ַא‬Oui, à l’heure présente Dieu m’a exténué ; tu as jeté le trouble dans tout mon entourage » (trad. Rabb. dans laquelle le sujet Dieu est un ajout explicitant du traducteur). D’une façon significative, DHORME s’appuie sur l’alternance de personnes grammaticales pour corriger le texte des v. 7-8. 54 32:10. Voir d’autres dissonances de ce type en 34:16.33, 35:16, 37:2. 55 Voir, par exemple, à la deuxième personne, 12:2 et 12:7.

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

21

discours d’Élihou, la variété des allocutaires, certains d’identité mal déterminée, est particulièrement frappante56. Il faut dire, pour finir, que le livre comporte de nombreuses répétitions. Un seul exemple, simple et facilement perceptible : Qui dit que personne ne peut être pur devant Dieu ? Est-ce Job ? Est-ce Élifaz ? Est-ce Bildad ? Est-ce Tsofar ? – C’est Élifaz, en 4:17a et 15:15b ; c’est Job en 9:2 et 14:4 ; c’est Bildad en 25:4. Et si chacun reprend le principe comme vrai, quelque chose les oppose-t-il malgré tout ? Faut-il donner de l’importance aux variations dans la formulation du principe ? Et si les noms propres des auteurs des discours étaient effacés, identifierions-nous chacun d’eux ?57 Il y a bien d’autres répétitions, de grandeur variable, et – à la première lecture du livre tout particulièrement – cela crée, chez le lecteur, le sentiment que dans l’avancée de la lecture sa pensée ne progresse pas58. Loin d’être composé de façon linéaire, le livre présente souvent, et dans des réalisations variées, une structure en entrelacs59 qui apparaît bien au chap. 9 : le motif juridique (v. 2-3,14-16, 19-20, 32-35) domine dans le chapitre, mais dans sa première occurrence il est interrompu par une doxologie (v. 5-10 puis 11), d’abord sombre quand elle porte sur l’aspect destructeur de Dieu, puis lumineuse quand elle évoque son action créatrice ; au début elle est cosmique, elle s’applique ensuite au cas particulier de Job (v. 11). On rencontre deux versets de tonalité nettement élégiaque (v. 25-26), qui rétrospectivement font écho à certains mots des v. 18 (sentiment d’amertume) et 21 (dégoût de vivre). Dans les premières lectures du livre, on en tire le sentiment d’une juxtaposition d’éléments disparates qui contrarient la linéarité de la lecture60. MANGIN (2016, 184-185). Voir aussi plus haut, n. 50. 58 Dans les pages qu’il a consacrées au livre de Job, Maïmonide fait remarquer le phénomène des répétitions : « Ce sont là des idées qu’on trouve souvent répétées même dans les paroles de Job. Si l’on considère les paroles que les cinq hommes échangent dans leur dialogue, on serait tenté de croire que ce que dit l’un, tous les autres le disent également, et que les mêmes idées se répètent et se croisent. » (Guide des Égarés, III, 22-23 [1979, 485]). – « Cette idée, tu la trouveras répétée dans les discours d’Éliphaz, de Bildad et de Sophar, et les trois sont d’accord sur cette opinion » (ibid., 486). – « …croyant qu’il [Élihou] n’ajoute absolument rien à ce qu’avaient dit Éliphaz, Bildad et Sophar, et qu’au contraire il ne fait que répéter leurs idées par d’autres termes et avec plus de développement. » (ibid., 489). 59 J’emprunte l’expression « structure en entrelacs » à BERQUE (op. cit., 724-727). 60 Il y a des échos entre versets éloignés. Ainsi, un cas parmi beaucoup d’autres, l’affirmation de Job au v. 16:17 ‫וּת ִפ ָלּ ִתי זַ ָכּה‬ ְ « Et ma prière a toujours été pure ! » fait écho au v. 8:6 où Bildad pose les conditions d’une prière efficace : « Si toi tu recherches Dieu, / si tu supplies Shadday, si tu es pur ‫זַ ְך‬-‫ ִאם‬et droit ‫ וְ יָ ָשׁר‬alors, il veillera sur toi, etc. ». 56 57

22

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Celui qui, dans les discours, essaie de délimiter des « parties », en les thématisant dans une forme discursive, très souvent échoue. Tel verset qu’il croyait être la fin d’une séquence de versets se trouve par un mot ou une idée annoncer la séquence suivante et le lecteur peut ainsi être déporté de verset en verset, désorienté, obligé de remettre à plus tard la formulation de ce qu’il comprend. On pourrait appeler ce phénomène composition en tuilage, mot que j’emprunte à Alter, qui fait remarquer une « technique [de] recouvrement partiel […] à l’œuvre entre les versets et entre les lignes » (2003a, 80). J’applique ici cette notion à la frontière entre deux séquences, où un même élément, lexical ou thématique, évoque ce qui précède et annonce ce qui suit, et constitue ainsi une transition parfois à peine perceptible. Le livre semble à la fin une chambre d’écho, de laquelle on cherche à se sortir. § 7. LE

TEXTE HÉBREU EN TANT QU’OBJET POÉTIQUE

Les indéterminations dont le livre est affecté, bien que rendant difficile son interprétation, ne concourent pas tant à rendre le livre obscur – pour autant que le terme obscur soit approprié, ce dont je doute – qu’à en déjouer la lecture linéaire ; car on peut douter que les éditeurs du corpus biblique – que cela soit dans le premier temps des débuts de la tradition rabbinique ou dans le second temps de l’édition massorétique – pour qui la transmission était un impératif éthique – aient accepté de donner une autorité à un texte obscur. D’abord, pour nous, le simple fait de distinguer ces indéterminations et de leur donner un nom nous permet d’entrer dans la structure littéraire de l’œuvre, et donc dans sa compréhension. De plus, ces indéterminations ont un statut ambigu, qui apparaît de façon particulièrement claire dans le phénomène des répétitions : celles-ci, dans le premier temps de la lecture, brouillent en effet la compréhension du lecteur ; mais dans un second temps, elles se différencient à ses yeux soit par l’identité du personnage à qui elles sont attribuées, soit par les variations, parfois très fines, dont elles sont affectées61 ; et le 61 ALTER (2003a, 94) : « […] le mot ou l’expression répétés dans une anaphore ne signifient jamais la même chose à deux reprises : chaque occurrence se revêt d’une coloration distincte en fonction de son contenu sémantique et de sa situation dans la série. » ALTER cite ensuite LOTMAN (1975, 191) : « Strictement parlant, la répétition pleine et absolue est en général impossible dans un vers. La répétition du mot dans le texte, en général, ne signifie pas une répétition mécanique du concept. Le plus souvent elle témoigne d’un contenu plus complexe, bien qu’unique ». Et LOTMAN de donner comme exemple : « Soldat, dis-lui adieu, dis-lui adieu » : dans le premier temps, c’est un adieu,

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

23

lecteur en arrive à penser, à force de répétitions, que telle pensée particulière, d’abord attachée à un nom, s’est détachée de son locuteur, qu’elle est répétée, certes, mais dans des variations qui font que ces répétitions deviennent les fragments d’une réflexion anonyme, qui progresse de façon hélicoïdale dans l’avancée de la lecture. À la fin, les répétitions attirent l’attention sur ce qui n’est pas répété et deviennent ainsi des indices qui orientent clairement la lecture – ce que j’appelle des indications de lecture. Ainsi dans mon étude du TM, je prends les indéterminations62 énumérées plus haut, au § 6, comme un dispositif de lecture, comme des marques de littérarité63 qui structurent le texte en tant qu’objet esthétique64 ; et c’est à cet objet poétique que je compare la traduction grecque. En toute rigueur, il faut définir ce qu’on entend par poétique. Je me contenterai de quelques indications, en m’appuyant sur des lectures qui ne prétendent pas à l’exhaustivité. Il s’agit plus simplement d’interroger le sens des mots que l’on emploie. La réflexion de Jakobson marque une rupture dans la définition de la poésie ; elle a été et est critiquée, mais elle reste le point de départ des recherches qui suivirent65. Dans une conférence de 196066, Jakobson pose en tout premier lieu que la fonction poétique – qu’il oppose, dans dans le deuxième temps c’est le rappel du sentiment poignant de la séparation. De son côté, KIERKEGAARD écrivait : « La dialectique de la répétition est facile : ce qui est répété a été, sinon il ne pourrait être répété ; mais c’est justement le fait d’avoir été qui donne à la répétition son caractère de chose nouvelle » (KIERKEGAARD 1972, 21, cité par NAGY 2000, 128; 130). 62 Sur la notion d’indétermination, voir notamment ISER 2012 (19701). Dans le cadre de sa critique de l’herméneutique philosophique et du « déconstructionnisme », BOLLACK emploie ce terme dans un sens négatif (2018, 102; 126). 63 « La poésie c’est le langage dans sa fonction esthétique. Ainsi l’objet de la science de la littérature n’est pas la littérature mais la littérarité, c’est-à-dire ce qui fait d’une œuvre donnée une œuvre littéraire » (JAKOBSON, 1973, 15 ; 1977, 16 [19211]). – Pour un recours à la notion de littérarité semblable au mien, voir l’étude de Zacharie 1-8 par SCEMAMA (2014). 64 De toutes mes lectures, pour autant que je puisse en juger, il n’y a pas meilleure définition d’un texte comme objet esthétique que celle de JENNY (1990) : la mise en tension de la langue dans un discours. 65 RUWET (1981, 2; 5), MILNER (1982, 284), BOUQUET (1997, 365), DESSONSMESCHONNIC (1998, 42), DOMINICY (2011, 11-78). Il faut lire en particulier les études de RUWET (1963, 1968, 1975, 1981, 1985, 1989), l’article de 1975 ayant fait date. Voir aussi GENETTE (1976, 257-314, en particulier 302-312), TODOROV (1977, 323-352), DESSONS (2001, 235-242). Voir aussi COMPAGNON 1998, passim. Si l’on rejette une théorie, encore faut-il comprendre ce qu’elle a apporté, et s’en souvenir. 66 « Closing statements : Linguistics and Poetics », Style in Language, edited by T.A. Sebeok, Cambridge (MA), MIT Press, 1960. Trad. fr. dans JAKOBSON 1963, 209-248.

24

TRADUIRE UNE TRADUCTION

un schéma de la communication verbale très connu, à cinq autres fonctions – fait porter l’accent sur le matériau des mots, leur matérialité phonique et l’agencement de cette matérialité, plutôt que sur la réalité référentielle (1963, 214-218). Ainsi définie, la langue poétique, dans sa forme écrite (ou parlée), devient un objet qui s’interpose entre le lecteur (ou l’auditeur) et le monde des objets de la réalité, que ces objets soient matériels ou immatériels ; mais la langue poétique n’est pas pur objet esthétique sans signification. La syllabe et le vers, premiers éléments de la prosodie, relèvent certes du matériau phonique, mais sont indissociables, dans leur définition même et dans leur fonctionnement, de l’accent et de la frontière de mot, de la pause syntaxique et, partant, des catégories grammaticales et de la sémantique, chez Jakobson lui-même. C’est avec une grande insistance et, en définitive, beaucoup de patience que Meschonnic a cherché à montrer que les différents types d’accents qui composent le rythme sont signifiants67. En faisant apparaître l’épaisseur de la langue, la poésie a le « pouvoir d’isoler la parole », pour reprendre une formulation de Marchal, dans son introduction aux Œuvres de Mallarmé : « La poésie est ainsi douée de l’extraordinaire pouvoir d’isoler la parole, pouvoir qui est aussi son “devoir idéal” » (Bibliothèque de La Pléiade, t. I, 1998, XVI). « Mais encore faudrait-il préciser ce qu’il en est de cette fonction poétique chez Mallarmé, ou de l’état réputé essentiel de la parole : s’il est vrai que cette parole s’oppose à une logique de signification vouée à la simple communication immédiate, où le signe s’efface devant sa fonction et ne lui survit pas, elle ne s’oppose pas pour autant à la signification ; elle représente plutôt la dimension symbolique du langage, dimension qui n’est pas en dehors de la signification – elle en est au contraire le fondement ignoré –, mais irréductible à celle-ci, […] » (ibid., xxx).

La poésie n’est pas réductible à un solipsisme formel, c’est ainsi que l’on peut répondre à ceux qui ont supposé de l’autotélisme68 dans la phrase où Jakobson définit la fonction poétique et dont certains linguistes reprochent le ton oraculaire.

67

La définition du rythme doit être spécifiée pour chaque langue. Si l’on prend le cas du français, le rythme est composé 1/ de l’accent de groupe de mots, 2/ des accents prosodiques (répétitions de consonnes, proximité des phonèmes répétés, accents d’attaque du groupe rythmique, coup de glotte précédant une voyelle), 3/ des accents métriques, 4/ du contre-accent (une suite de deux accents), phénomène discuté. Voir DESSONS-MESCHONNIC (1998). 68 AROUI (1996, 5-7), COMPAGNON (1998).

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

25

« La visée (Einstellung) du message en tant que tel, l’accent mis sur le message pour son propre compte, est ce qui caractérise la fonction poétique du langage » (1963, 218)69.

En faisant porter l’accent sur le matériau des mots plutôt que sur la réalité référentielle, le texte poétique nous débraye des automatismes du langage pragmatique ; mais dans la pensée même de Jakobson le texte poétique n’est pas à proprement parler autotélique. Dans cette même conférence de 1960, il affirme : « Cette fonction, qui met en évidence le côté palpable des signes, approfondit par là même la dichotomie fondamentale des signes et des objets » (1963, 218). « La suprématie de la fonction poétique sur la fonction référentielle n’oblitère pas la référence (la dénotation), mais la rend ambiguë » (1963, 238).

Sans entrer dans les nombreux commentaires que les linguistes ont faits des positions successives de Jakobson, entre 1919 et 1982, sur cette question, on peut également affirmer que le texte poétique selon lui n’est pas davantage dissociable d’une dimension sociale et implique en conséquence un régime d’historicité70. « Ni Tynianov, ni Mukarovsky, ni Chklovski, ni moi, nous ne prêchons que l’art se suffit à lui-même ; nous montrons au contraire que l’art est une partie de l’édifice social, une composante en corrélation avec les autres… » (1973, 123 [1933-341]).

Il reste que l’organisation du matériau phonique est la première entrée, obligatoire, de la compréhension du texte poétique, quelle que soit la part que prennent les autres paramètres, plus ou moins importants selon les moments de l’histoire et ses enjeux71. Elle l’est d’autant plus quand on cherche à comprendre des textes anciens, en grande partie décontextualisés, et dont les auteurs – semble-t-il – ont cherché à effacer les traces de leur genèse et de leur origine anecdotique, tout en prenant soin, dans 69

« The set (Einstellung) toward the Message as such, the focus on the message for its own sake, is the Poetic function of language » (1960, 356). JAKOBSON écrivait dans un texte de 1933 : « Le contenu de la notion de poésie est instable et varie dans le temps, mais la fonction poétique, la poéticité, comme l’ont souligné les Formalistes, est un élément sui generis… Mais comment la poéticité se manifeste-t-elle ? En ceci que le mot est ressenti comme mot et non comme simple substitut de l’objet nommé ni comme explosion d’émotion » (1973, 123-124 [19331]). 70 Les discussions sur l’évolution de la pensée de R. Jakobson intéressent les commentateurs, mais apparaissent secondaires au non-spécialiste, lequel reste impressionné par les intuitions et la créativité du linguiste. 71 «…la poésie, quoi qu’elle dise d’autre, parle de la langue et du langage » (ROUBAUD dans Change 6, évoqué par RONAT 1979, 5, n. 1).

26

TRADUIRE UNE TRADUCTION

leur écriture, d’en rendre transmissible le sens. Il faut donc maintenir comme point fondamental que la poésie nous rend attentifs à la langue dans son fonctionnement essentiel, qu’il faudrait définir, et c’est en cela qu’elle a le « pouvoir d’isoler la parole » : « Quelles sont [les] fonctions [du langage] ? Entreprendrons-nous de les énumérer ? Elles sont si diverses et si nombreuses […] : pour les résumer d’un mot, je dirais que, bien avant de servir à communiquer, le langage sert à vivre » (Benveniste 1974, 217 [19661]).

Autrement dit, la langue est « l’atmosphère dans laquelle nous vivons et nous mouvons, dans laquelle nous trouvons les conditions de notre existence »72. On peut rapprocher l’assertion « le langage sert à vivre » de ce que doit vivre le nouveau-né infans – par définition ne parlant pas – quand il entend la voix de ses parents, et supposer que cette expérience survit chez l’adulte, bien que plus secrète73. Dans sa conférence, Jakobson pose ensuite que « La fonction poétique projette le principe d’équivalence de l’axe de la sélection sur l’axe de la combinaison » (1963, 220 [19601])74.

Je dois – dans un excursus que je crois nécessaire – m’arrêter un peu longuement sur la notion d’équivalence, car elle est liée à la notion de parallélisme, si importante dans la réflexion sur la poésie hébraïque, par laquelle je terminerai cette section. D’une façon générale, le phénomène signifié par l’adjectif équivalent ou le substantif équivalence suppose deux termes ou entités, par définition différents. En posant qu’ils sont « de même valeur », on établit entre les deux termes un rapport d’égalité partielle ou d’analogie, voire de synonymie : dans tous les cas, on les rapproche, en fonction d’un troisième terme, le tertium comparationis, pour reprendre l’expression de Ruwet (1972, 155 [19631])75. 72 RASTIER qui cite Cassirer : « Le langage peut être considéré comme une sorte de milieu, “l’atmosphère dans laquelle nous vivons et nous mouvons, dans laquelle nous trouvons les conditions de notre existence”, écrit ici Cassirer » (2017, 4). 73 Sur l’entrée de l’infans dans le langage, se rapporter à ce qui a été écrit sur la pulsion invocante par DIDIER-WEILL (2003), entre autres auteurs. 74 Voir aussi JAKOBSON (1963, 43-67 [19561]). 75 Je reprends, en substance, quelques exemples tirés des dictionnaires Robert : Deux surfaces équivalentes sont de superficies égales bien que « de formes différentes ». En cartographie, une projection équivalente « respecte les surfaces » mais « déforme les contours ». Des faits équivalents, par définition différents, ont une portée semblable, identique ; ils sont comparables (ne pas voter serait équivalent à voter oui). Mais l’énoncé

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

27

Le rapport d’équivalence – dont il faut se souvenir qu’il est caractéristique de l’axe paradigmatique – se rencontre dans trois contextes, à trois époques différentes, qui lui donnent trois valeurs sensiblement différentes : 1/ l’emploi originel de la notion chez Saussure76 ; 2/ l’utilisation qu’en a fait Harris dans sa linguistique descriptive distributionnelle de la phrase ; 3/ l’application que Jakobson fait de cette notion dans sa définition du texte poétique. Pour éclairer ce dernier emploi, il est nécessaire de lire les différentes études de Ruwet, y compris la plus ancienne de 1963, republiée en 1972, et cela malgré l’importance charnière qu’a prise son article de 1975 ; enfin il faut lire la conclusion de 1989. 1/ Dans un fragment de ses Écrits autographes, Saussure présente ainsi ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’axes syntagmatique ~ paradigmatique : « Nous appelons syntagme la parole effective, – ou la combinaison d’éléments contenus dans une tranche de parole réelle, – ou le régime dans lequel les éléments se trouvent liés entre eux par leur suite et précédence. Par opposition à la parallélie ou parole potentielle, ou collectivité d’éléments conçus et associés par l’esprit, ou régime dans lequel un élément mène une existence abstraite au milieu d’autres éléments possibles. Toute espèce d’élément vocal (et comme nous le verrons toute espèce d’élément morphologique) est soumis de sa nature à exister sous deux régimes : celui où il devient définissable par rapport à ce qui suit et précède, celui où il est définissable par rapport à [ ] »77.

deux expressions sont équivalentes signifie que l’on considère ces expressions comme synonymes (pour autant que la synonymie existe) ; autrement dit, pour reprendre la formulation du Dictionnaire historique de la langue française : « Dans la langue », le substantif équivalent désigne « un mot, une expression que l’on peut substituer à un autre mot ou à une autre expression, sans changer l’effet produit par l’énoncé (cf. synonyme) ». Remarquons au passage le verbe « substituer ». Dans la phrase de Sartre Toutes les phrases de son livre [L’Étranger de Camus] sont équivalentes, comme sont équivalentes toutes les expériences de l’homme absurde, le terme équivalent signifie, me semble-t-il : …n’arrive pas à être différent. 76 Les termes équivalent, équivalence ne se rencontrent pas dans les Écrits de Saussure, si j’en juge à l’index de l’édition BOUQUET-ENGLER (2002). 77 F. DE SAUSSURE, Écrits de linguistique générale (ÉLG), édition BOUQUET-ENGLER, p. 61-62 (voir aussi p. 26). Je respecte la disposition typographique des éditeurs. Les crochets vides transcrivent un blanc dans le manuscrit. Le Cours de linguistique générale (CLG), qui a été rédigé, après la mort de Saussure, par ses collègues Ch. Bally et A. Sechehaye, traite de cette question au chapitre V, « Rapports syntagmatiques et rapports associatifs » (éd. 1972, p. 170-175, à lire avec les notes critiques 246 à 254 de Tullio De Mauro, p. 467-470).

28

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Autrement dit, lorsqu’on prononce une parole, on choisit, dans notre mémoire de la langue, tel ou tel terme de préférence à tel ou tel autre : l’élève rédige l’enfant écrit

Les termes élève et enfant, les termes rédige et écrit, se trouvent liés par un « rapport associatif », pour reprendre le terme englobant de Saussure, que l’on peut assimiler, en première approximation, à un rapport d’équivalence, terme plus spécifique. Dans l’exemple ci-dessus, il s’agit d’un rapport d’équivalence sémantique. Le trésor lexical dans lequel on a sélectionné les mots est situé sur ce qu’on a appelé par la suite l’axe paradigmatique78, lequel s’oppose à la chaîne parlée (ou écrite) de l’axe syntagmatique79. Le rapport associatif tel qu’il est présenté dans le Cours de linguistique générale – édité après la mort de Saussure – regroupe des rapports très différents, le critère pouvant être phonique, morphologique, sémantique : « Un mot quelconque peut toujours évoquer tout ce qui est susceptible de lui être associé d’une manière ou d’une autre » (CLG 1972, 174).

2/ La procédure élaborée par Harris pour analyser la structure grammaticale de la phrase, puis pour rendre compte de la cohérence d’une suite de phrases, repose entièrement sur le principe d’équivalence, strictement défini : « deux éléments (morphèmes ou séquences de morphèmes) sont dits équivalents s’ils se rencontrent dans des environnements (constitués eux-mêmes d’éléments ou de séquences d’éléments) identiques ou équivalents » (Ruwet 1967/68, 234).

L’abstraction du principe d’équivalence peut s’appréhender à la lumière d’un exemple de grammaire élémentaire : tous les termes qui peuvent se substituer à le (ou à la ou à les) dans un environnement donné, par exemple la phrase « je réécris le texte », forment une classe ou, en l’espèce, une sous-classe grammaticale : je réécris le texte ~ je réécris ce texte je réécris le texte ~ je réécris mon texte je réécris le texte ~ je réécris un texte 78 L’usage de paradigmatique au lieu de associatif remonte à HJELMSLEV (1959, 152 [19381]), d’après DOMINICY (2011, 54, n. 1). 79 Voir en particulier JAKOBSON (1963, 43-67 [19561]), qui explicite longuement les axes de la sélection des termes et de leur combinaison dans une phrase – à condition de garder à l’esprit que c’est un développement post-saussurien, le Saussure du CLG (voir les deux notes précédentes).

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

29

Le terme le et le terme substituable ce (ou mon ou un) sont les deux entités de l’équivalence ; l’environnement syntaxique, autrement dit le cotexte « je réécris … texte », est le tertium comparationis. Les deux termes le et ce sont équivalents d’un certain point de vue, du point de vue de la position qu’ils occupent dans l’énoncé, par la possibilité d’une opération de substitution. Autrement dit, dans l’emploi qu’en fait Harris, le rapport d’équivalence est strictement établi par un test de commutation dans un segment de l’axe syntagmatique, lequel préexiste à l’opération de substitution ; il correspond à ce que Levin (1962) a nommé « paradigme de type I » (Ruwet 1972, 155-158 [19631]). Chez Saussure, le rapport associatif peut être également sémantique ou phonique, nommé chez Levin « paradigme de type II » (Ruwet, ibid.). Dans ce cas, l’équivalence existe indépendamment de l’axe syntagmatique ; le tertium comparationis n’est pas l’environnement syntagmatique80. 3/ Dans le fragment de Saussure cité plus haut, publié par BouquetEngler sous la rubrique « Parole effective et parole potentielle », l’axe syntagmatique est formé de la suite des termes de la chaîne parlée ou écrite – séquence que l’auditeur entend ou que le lecteur lit (in praesentia81) ; l’axe paradigmatique est constitué de termes par définition virtuels, c’est-à-dire situés hors de la linéarité de la chaîne parlée ou écrite – absents (in absentia). Or, selon le principe de Jakobson, les rapports d’équivalence – espèce du genre appelé « rapports associatifs » chez Saussure – ont dans le texte poétique une présence effective qui se surimpressione à la chaîne parlée ou écrite de la phrase : le procédé poétique repéré par Jakobson est ainsi le fait d’unir in praesentia des termes qui, par ailleurs, sont liés in absentia (1972, 158)82. Afin d’isoler le principe d’équivalence, dans des exemples simples, j’en extrais deux, donnés par Ruwet. Dans le vers suivant des « Chats » de Baudelaire (Les Fleurs du Mal, LXVI). Les amoureux fervents et les savants austères Dans la terminologie de DOMINICY, « paradigme a posteriori » est le paradigme de type I et « paradigme a priori » est le paradigme de type II (2011, 55). 81 CLG, 171. 82 L’union in praesentia de termes liés in absentia fait partie de la définition de la notion de couplage : « ces formes sont unies in praesentia non seulement en tant que membres d’un même paradigme de type I, mais aussi comme membres d’un même paradigme de type II » (RUWET 1972, 158 [19631], qui renvoie à LEVIN (ad loc.) ; voir aussi 159-160, passim). 80

30

TRADUIRE UNE TRADUCTION

les substantifs amoureux et savants sont équivalents par position, tout comme les adjectifs qualificatifs fervents et austères ; de surcroît ces deux équivalences s’inscrivent dans une construction parallèle coordonnée par et, les syntagmes obéissant au schéma {déterminant + substantif + adjectif qualificatif} et {déterminant + substantif + adjectif qualificatif}83. Ruwet, dans un autre article, décrit la structure phonique d’un vers de Racine (Phèdre, acte IV, sc. 2) : Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur.

Les quatre lexèmes /ʒur/ /pyr/ /fɔ̃/ /kœr/ – présents dans la chaîne syntaxique et syntaxiquement articulés – sont dans un rapport d’équivalence par un certain nombre de traits phonologiques : ils sont tous les quatre monosyllabiques et formés de la suite {consonne + voyelle}, et dans trois cas sur quatre la voyelle est suivie de la liquide /r/ ; toutes les voyelles sont arrondies, aucune consonne n’est aiguë. Je ne développe pas davantage. Et sur « ce fond commun », on observe des variations de différents traits : compact ~ non compact ; continu ~ discontinu ; grave ~ non grave, etc. (Ruwet 1972, 211-213 [19681]). Aux deux types d’équivalence présentés ci-dessus, Levin en ajoute un troisième, fondamental, à savoir les positions équivalentes quant au genre littéraire, lesquelles sont déterminées par la convention métrique : « des formes phoniquement équivalentes occupent des positions équivalentes du point de vue du mètre du poème »84.

Autrement dit, ce qui détermine ce type d’équivalences c’est l’axe paradigmatique constitué d’une part par des modèles abstraits propres à chaque langue (dans la poésie de langue française : l’octosyllabe, le décasyllabe, etc., ainsi que la forme strophique, comme le sonnet, la ballade, etc.), associés à des règles particulières (sur la disposition des rimes, sur le type de syllabe présent à la césure, etc.), mais aussi d’autre part par les énoncés effectifs parallèles que sont les différents vers du poème85. Les rapports d’équivalence jouent donc à plusieurs niveaux, phonologique, comme on vient de le voir dans le vers de Racine, syntaxique RUWET 1972, 156-157; 165; 169-170. L’analyse des « Chats » par R. Jakobson, écrite en collaboration avec Lévi-Strauss (JAKOBSON 1973, 401-419 [19621]), est célèbre. La pluie de critiques négatives qui a suivi a fait l’objet d’une réponse de JAKOBSON (1973, 485-504). Voir PICHOIS (1975, 951-956), DELCROIX-GEERTS (1981) et MOLINIÉ-CAHNÉ (1994, 5). 84 RUWET (1972, 159 [19631]). 85 RUWET (1981, 2-5). 83

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

31

comme dans le vers des « Chats », mais aussi métrique et prosodique (c’est le type d’équivalence III) et enfin sémantique. Mais le niveau syntaxique est fondamental (j’anticipe l’exposé de la spécification du principe de Jakobson), car il constitue la partie centrale de la grammaire ; les rapports de ce niveau se trouvent souvent inscrits dans des comparaisons ou des parallélismes, l’ensemble étant souligné par des équivalences phoniques. Si les rapports d’équivalence, isolés, manquent de pertinence (au lecteur pressé les deux exemples que j’ai donnés pourront paraître pauvres), en revanche imbriqués à différents niveaux ils prennent un sens. Le principe de Jakobson a été critiqué et en définitive sauvegardé86. Ruwet a fait remarquer que les rapports d’équivalence, du point de vue de la grammaire générative, portent sur la structure de surface du texte ; on ne peut pas leur demander de rendre compte de la langue en structure profonde. L’objet esthétique de la poésie relevant de la perception, le principe de Jakobson reste pertinent du fait même de sa « superficialité ». Mais puisqu’on trouve des rapports d’équivalence partout et dans tous les types de texte (comme l’a montré le travail de Harris87), ce principe trop général doit être restreint dans son application en poésie, et les différents niveaux sur lesquels portent les équivalences doivent être hiérarchisés88. Au lieu de parler d’équivalence, Ruwet préfère parler de parallélisme (1975, 317). Dans l’article charnière de 1975, après avoir redéfini le principe de Jakobson, Ruwet met en valeur la double structuration du texte poétique, autrement dit l’interaction entre l’organisation du texte qui relève des règles du langage ordinaire et celle qui relève des règles surajoutées à celles-ci, qui sont propres à la poésie (comme le schéma métrique, étant entendu que toute poésie ne repose pas sur ce modèle), et qui se manifestent aussi par les parallélismes (1975, 317 ; 1981, 2). Il avance l’idée que l’ascendant des parallélismes sur les règles du langage ordinaire permet de définir à nouveaux frais les « écarts », les « déviances », les « licences » et autres « violations » que l’on constate dans les textes 86 RUWET (1972, 214-218 ; texte de 1968, qui est la publication « légèrement modifiée » d’une communication d’octobre 1966) ; RUWET (1975). Voir aussi DOMINICY (2011, 33-78). 87 RUWET (1972, 215 [19681]), ainsi que RUWET (1975, 307-308). Voir aussi DOMINICY (2011, 64). – Il en est du rapport d’équivalence comme il en est des anagrammes de Saussure, lequel écrivait qu’il « s’était vite trouvé débordé par un “phénomène […] absolument total”. “Tout se répond d’une manière ou d’une autre dans les vers”, “tout se touche et on ne sait où s’arrêter” » (DESSONS [1996, 44], citant les cahiers d’anagrammes de Saussure, d’après la publication qu’en a faite STAROBINSKI 1971. 88 Voir DOMINICY, ibid., 54 et, en particulier, 64 et s.

32

TRADUIRE UNE TRADUCTION

poétiques. En effet aux règles du langage ordinaire et aux règles spécifiques des conventions poétiques s’ajoutent des faits insistants de violation de ces deux types de règle. Parmi les analyses de Ruwet, je retiens l’exemple le plus simple, et parfaitement éclairant, du vers si connu de Verlaine (Romances sans paroles, III « Ariettes oubliées ») : Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ;

où le parallélisme il pleut sur la ville permet d’ « interpréter » la violation syntaxique que représente le sujet vide il (il « impersonnel ») de Il pleure dans mon cœur, alors que le sujet du verbe pleurer devrait représenter un être animé (Ruwet 1975, 329-330 ; Ruwet 1981, 12-13.). Aujourd’hui, Il pleure dans mon cœur fait partie de la mémoire de quiconque, collégien, a été sensible à la langue. La dernière partie de l’article de 1975 est consacrée à différents types d’écarts que l’on constate dans les textes poétiques (p. 317-346). Formé à la grammaire générative, qui fondamentalement s’intéresse à la norme du langage ordinaire (en particulier de la langue anglaise), Ruwet était aussi musicologue89, ce qui manifestement le rendait sensible aux effets que produisent les objets esthétiques ; bien que rompu à l’analyse de la norme, il s’est intéressé dès ses premiers articles aux problèmes que pose la langue poétique – ses écarts et ses libertés90. Mais il est possible de ne pas parler d’écart par rapport à une norme si l’on introduit la notion de déformabilité linguistique, qui a été thématisée par Culioli91 et qui est reprise par Bouquet dans l’épilogue de son Introduction à la lecture de Saussure : « De ce que toute langue est susceptible de déformation, un fait minimal rend compte : toute langue est capable de poésie. Si toute langue est capable de poésie, la notion du “poétique” peut s’entendre comme constituant – ou appartenant à – une fonction spécifique du langage. On peut définir la fonction spécifique se confondant avec – ou englobant – la fonction “poétique” comme celle de la “déformabilité” du sens lexical ou propositionnel » (Bouquet 1997, 365, – que je cite, DM, sans en reprendre les appels de note)92. 89 RUWET 1972, 23-148, rassemble des articles de musicologie écrits entre 1959 et 1967, le dernier article dans ce domaine datant de 1975 (DOMINICY 2003, 134). 90 Par exemple : RUWET 1972, 152 et 153 [19631] ; 1972, 178 et 179 [19641]. 91 CULIOLI 1990, 127-134 [19861], en particulier 128-129. – Le concept de déformabilité de la langue peut être rapproché de ce que JENNY appelle une « déliaison linguistique (dans la parole) » (2009, 13; 29), une « infraction discursive » (ibid., 24), une « infraction figurale » (ibid., 27; 28). 92 Cf. MILNER : « [La conjecture de Jakobson] signifie ceci : que les langues en général – et peut-être toutes – incluent un sous-ensemble caractérisable – fût-ce de manière

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

33

Ainsi faut-il tenir compte aussi bien des « forces centripètes » qui constituent la langue au sens de Saussure que des « forces centrifuges » qui en modifient le système – l’équilibre entre les deux constituant un état synchronique donné. « Les forces centrifuges – dans lesquelles gît la virtualité du changement diachronique – peuvent être mises en lumière non pas dans un dictionnaire, dont l’essence est de décrire le système centripète de la langue – la logique des forces centrifuges étant, au contraire, dans la dispersion, dans une prolifération indéfinie, des prédicats équatifs du dictionnaire –, mais dans la vie même de la langue : dans le discours » (Bouquet, ibid., 366).

Le phénomène poétique relève donc d’un fonctionnement « normal » de la langue, qui explique tout autant l’évolution diachronique d’une langue particulière que les usages quotidiens si nombreux d’énoncés inattendus et approximatifs – d’aucuns les qualifieraient d’incorrects. Paradoxalement, on peut dire que, pour un poète, la fonction spécifique de déformabilité de la langue est le concept englobant ; le système du code de la langue, en revanche – qui est habituellement présenté comme relevant du général – en est le sous-ensemble résultant de la fonction sociale qui doit assurer la nécessaire communication pragmatique entre les sujets parlants. À s’en tenir à la déformabilité, le texte poétique pourrait particulièrement correspondre à ce qu’écrit Malamoud des hymnes du Ṛgveda : « […] archaïsme de la langue de ces textes, […] extraordinaire violence poétique, […] exubérance morphologique et sémantique, […] hardiesse de leur syntaxe et de leur rhétorique, enfin […] hermétisme volontaire » (1981, 543a).

C’est un cas parmi d’autres, dira-t-on ; pourtant on peut le rapprocher de ce qu’écrit Meschonnic à propos de la langue des Psaumes (Gloires) : « Sur quoi j’observe que plus d’une fois ce qui a paru à certains spécialistes “incompréhensible” m’a semblé tenir à une syntaxe très particulière (que par variable – comme poétique, qu’en un mot, elles soient toutes capables de poésie, cela doit être tenu pour une propriété fondamentale des langues naturelles. Dès lors, la théorie linguistique doit en traiter, non pas par souci des formes culturelles, mais par la nécessité de son objet » (1982, 284 [19741]). Cf. aussi MESCHONNIC : « Non, la poésie n’est pas un cas spécial dans la langue » (1973, 332) ; « […] on requiert d’une conception du langage d’inclure toutes les activités du langage, au lieu des doctrines linguistiques qui se bornent au langage dit ordinaire, laissant aux spécialistes de la littérature le langage dit poétique » (1998, 42). – La conception béhavioriste de la langue, qui prédomine dans notre domaine d’étude, à vrai dire inséparable d’un prosélytisme latent, me fait insister sur cette qualité que la langue a de se déformer ; mais le maintien d’une « entente rhétorique » (JENNY 1982, 12) et des lieux communs qui l’accompagnent est l’autre pôle vers lequel nécessairement nous oscillons.

34

TRADUIRE UNE TRADUCTION

exemple je n’ai jamais rencontrée dans les Cinq Rouleaux et dans Jona), une syntaxe on peut dire violente […] » (2001, 38). « Il y a une étrangeté dans la syntaxe de ces poèmes » (ibid., 39). « Dans la syntaxe de Gloires, la construction par apposition donne des heurts sémantiques violents, par implicite, même si le heurté n’est pas une obscurité. Il est question de violence dans une syntaxe violente […] » (ibid., 40). « Même, et justement si cela fait violence aux expressions toutes faites, qui ne sont ni du poème ni du divin. » (ibid., 41)

La poésie correspond tout autant à ce qu’ont écrit Mallarmé et – à un autre pôle et parmi d’autres – Jaccottet – les poésies ni de l’un ni de l’autre ne se ressemblant. Jaccottet écrit pour justifier le chemin poétique qu’il a pris : « Mais, finalement, on ne peut pas se dérober aux conditions du temps, même si elles exigent, aujourd’hui, que nous nous égarions […] » (1961, 20 [19571]). Mention du régime d’historicité de la poésie, auquel s’articule une position éthique. Dans notre pratique de traducteurs de la Bible grecque – qui suppose aussi la lecture de la Bible hébraïque, au moins dans une certaine mesure – le recours aux grammaires, aux dictionnaires et aux concordances de ces deux langues anciennes de culture est trop fondamental pour qu’on ne réfléchisse pas à ce qui ressortit à la langue, au sens de Saussure, à la norme des règles et aux emplois attestés dans les lexiques ; mais le principe de déformabilité nous a conduits aux limites potentielles de la langue, ce que nomment précisément – du point de vue de la normativité – les mots « écarts », « déviances », « licences », « violations ». S’il est vrai que la poésie est discours, à savoir « l’inscription du sujet de l’énonciation dans le langage, jusque dans la grammaire » (Meschonnic 1998, 55), il serait préférable de ne pas allonger le livre de Job sur le lit de Procruste de la normativité. Je reviens au texte hébreu. La poésie de l’hébreu biblique93 ne repose pas sur un modèle métrique quantitatif de syllabes longues et de syllabes brèves, comme la poésie grecque – à laquelle est souvent empruntée la terminologie94. Elle ne repose pas davantage sur un modèle métrique syllabique95. Le terme même de modèle ou de schéma abstrait qui la 93 Voir en particulier la présentation concise de GORDIS (1978, 501-508), qui se réfère à GRAY (1915), et au Prolegomenon de FREEDMAN, en tête de la réimpression de GRAY (1972). Voir aussi HRUCHOVSKI (1971). 94 GORDIS : « meter pattern, distich, tristich, caesura, anacrusis » (ibid., 501 et s.). 95 GORDIS (ibid., 507-508).

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

35

définirait semble inadéquat. Les critiques ont remarqué plus simplement que souvent une suite d’accents dans un premier membre se répète dans un second membre parallèle. L’accent est un accent d’intensité – accent de mot ou d’une séquence de mots formant une unité phonétique96. Parallélisme et accentuation vont de pair : la succession d’accents se remarque parce qu’elle est circonscrite dans un parallélisme – sémantique ou syntaxique ou mixte, et diversement sémantique, peu importe à ce stade la qualification du parallélisme : ‫כּ ְראוֹת ֱאנוֹשׁ ִתּ ְר ֶאה‬-‫ם‬ ִ ‫ַה ֵעינֵ י ָב ָשׂר ָלְך ִא‬ As-tu des yeux de chair ? / Vois-tu comme voit un homme ? (Jb 10:4)97.

Les critiques ont également recherché s’il y avait d’autres assemblages que ceux de deux membres parallèles, comme l’agencement de trois membres. Gordis, à la suite d’autres, appelle distich la succession de deux membres et tristich la succession de trois membres (1978, 501 et s.). ‫שׁ ַחר‬-‫י‬ ָ ‫יִ ְר ֶאה ְבּ ַע ְפ ַע ֵפּ‬-‫לאוֹר וָ ַאיִ ן וְ ַאל‬-‫ו‬ ְ ‫כּוֹכ ֵבי נִ ְשׁפּוֹ יְ ַק‬ ְ ‫יֶ ְח ְשׁכוּ‬ Que s’enténèbrent les étoiles de son crépuscule, / qu’elles espèrent la lumière, et rien… / qu’elles ne voient pas les paupières de l’aurore (Jb 3:9)98.

Dans le parallélisme, la succession de trois accents (notée 3:3 ou 3||3, que je préfère) est fréquente mais d’autres suites existent, comme 3||2, le second membre étant alors plus court. Il y en a d’autres, que je ne mentionne pas, car les différents types de ce qui est recherché comme modèles (répétition d’accents et nombre de membres) ont été discutés et contestés, d’autant que les manuscrits transmettent les œuvres sous la forme d’un texte continu – en tout cas rien qui ressemble à la disposition typographique de la poésie dans la tradition européenne. Il faut aussi tenir compte du fait que certains segments de texte n’entrent probablement pas dans le décompte des accents, ce que nomme le terme anacrusis99. Personne enfin n’a pu prouver que les agencements de versets forment parfois des strophes – autre terme de métrique grecque100. Cette présentation minimaliste de la prosodie de l’hébreu est nécessaire dans la mesure où les traducteurs de langue grecque ont effectivement 96 Dans le texte massorétique, l’unité phonique accentuelle est matérialisée par le signe maqqef, un petit trait analogue au trait d’union. 97 Certains parallélismes peuvent apparaître comme simples, mais il faut tenir compte de leur possible caractère allusif, ici, en l’espèce, 1S 16:7, signalé par DHORME (au v. Jb 10:4). 98 Trad. ALTER (2003, 110 [19851]). 99 GORDIS, op.cit., 503. 100 GORDIS, op.cit., 506-507.

36

TRADUIRE UNE TRADUCTION

perçu qu’il y avait dans le texte hébreu de Job des segments formant un tout, des unités bornées, délimitées, des membres, et qu’ils ont transcrit ces membres en disposant le texte en petites lignes, ce qu’on appelle stiques, du grec στίχοι (στίχος « unité versifiée » ou « ligne » de prose). Cette présentation était nécessaire. Mais les difficultés que l’on rencontre quand des textes on cherche à extraire règles ou régularités ont fait que chacun des termes a été discuté, à commencer par celui de poésie. L’absence de critères formels pour distinguer la poésie de la prose a conduit Kugel (1981) à penser qu’entre ce qu’on appelle couramment prose et poésie il existe en fait « un “continuum” entre [d’une part] les structures parallèles souples dans les sections que nous abordons comme de la prose et [d’autre part] la “rhétorique renforcée” des procédés parallèles dans ce que nous désignons du nom trompeur de vers »101.

Meschonnic de son côté, dans toute son œuvre, et cela dès l’origine, a contesté la partition prose ~ poésie, en tenant compte, dès ses premières traductions de la Bible (1970)102, du système d’accents rythmiques-musicaux de la tradition (les te‘amim ‫)טעמים‬, qui a fini d’être établi par les massorètes au Xe siècle de l’ère chrétienne : « C’est son système d’accentuation (les te‘amim), qui neutralise l’opposition occidentale entre “vers” (“poésie”) et “prose”, métrique et non-métrique, comme et pour la même raison (le primat du rythme) que le langage y neutralise le schéma dualiste du signe qu’on lui applique » (1981a, 35).

Pour lui le trait décisif de la prosodie de l’hébreu est ce système d’accents rythmiques qui ont une triple fonction, musicale, prosodique et syntaxique103. Cette position s’oppose au point de vue qui considère que la fixation de la forme écrite du texte biblique est tardive et ne reflète pas le fonctionnement originel de la poésie biblique – point de vue que représente en particulier Alter : « La dimension sonore de la poésie biblique reste, jusqu’à un certain point, matière à conjecture. Certaines distinctions entre les consonnes se sont déplacées ou estompées au cours des siècles et, chose plus grave, nous ne savons pas avec certitude où tombait originellement l’accent. Nous ne connaissons 101 ALTER (2003a, 15 [19851]). – N’ayant pas accès à l’ouvrage de KUGEL, je le mentionne d’après ce qu’écrit ALTER, la citation étant de ALTER, les termes continuum et rhétorique renforcée étant de KUGEL. J’ai ajouté, DM, ce qui est entre crochets droits. Voir aussi ALTER (2003b, 745 [19871]). 102 Voir aussi MESCHONNIC (1973, 423 [19711]). 103 Voir WICKES 1970 (t. 1, 18811 ; t. 2, 18871) et TOV (1992, 67-71 ; 2012, 62-65).

LE MODÈLE HÉBREU PRÉSUMÉ

37

pas non plus de manière sûre le système des voyelles et des syllabes, ni son évolution pendant les siècles de création poétique en hébreu biblique. (Les indications d’accentuation et de vocalisation fournies par le texte massorétique représentent une codification élaborée plus d’un millénaire après la composition de la plupart des poèmes et bien des siècles après que l’hébreu eut cessé d’être une langue vernaculaire). » (2003, 15)104.

À ceux-là Meschonnic (1982, 473 ; 2001, 36) répond qu’il lui suffit d’observer la signification de certains signes diacritiques, qui nous viennent d’une « direction d’acteur de la voix par la main » (χειρονομία « cheironomie »), pour être convaincu que les massorètes ont voulu donner une autorité à un état ancien de la tradition : ainsi ‫ זָ ֵקף‬zaqef « dressé », « levé »105 ; ‫ ִט ְפ ָחא‬tifḥa « largeur [de la main] »106 ; ‫ ָפּ ְשׁ ָטא‬pachta « [la main] étendue »107. Il est reconnu que la division en versets – qui est l’unité prosodique marquée par l’accent sillouq – est antérieure à l’époque des massorètes : ainsi Tov (1992, 52 ; 2012, 49) mentionne comme témoins la Mishna108, le Talmud de Babylone109 et le Midrash Rabba110. Les accents aussi sont attestés à époque ancienne, dans le Talmud de Jérusalem111 et – avec la précision de leur fonction syntaxique – dans le Talmud de Jérusalem112 et de Babylone113, ainsi que dans le Midrash Rabba114 (Tov 1992, 68 ; 2012, 63). À époque plus ancienne encore, la division en versets est indiquée par un espacement dans certains manuscrits bibliques grecs115. Il faut tenir compte du fait que la division en petites unités de sens a été très probablement orale avant d’être écrite (Tov 2004, 135 ; 2012, 198). 104 « Dans quelques cas, en particulier l’hébreu et l’araméen bibliques, ainsi que l’arabe classique, notre connaissance [des accents] est tributaire d’une tradition de lecture (massorétique dans le cas de la Bible) qui n’est vraisemblablement plus originale » (HAELEWYCK 2016, 90, § 350 [20061]). 105 « erect, upright – perhaps referring to a hand movement or to the shape of the sign » (DOTAN 1971, col. 1454). 106 « perhaps “handbreadth” – refers to the hand movement, or perhaps to a (musical) stroke » (ibid.). 107 « extending, stretching ; of either the melody or the sign, the line » (ibid.). 108 Megilla 4.4. Voir aussi TOV 2004, 136. 109 Megilla 3a, Nedarim 37b, trad. fr. ELKAÏM-SARTRE (1982, 499-500; 680). Voir aussi TOV (2004, 135, n. 173), qui cite Qiddušin 30a, trad. fr. ELKAÏM-SARTRE (1982, 824). 110 Genèse Rabba 36.8, trad. fr. MARUANI et COHEN-ARAZI (1987, 376-377). 111 Megilla 4.74d. 112 ῾Aboda Zara 3.41c. 113 Yoma 52a-b. 114 Genèse Rabba 80.6, trad. fr. LÉVY-HONIGMANN (2010, 196). 115 TOV (1992, 211) cite : 8ḤevXIIgr, Pap. Fouad 266, Pap. Rylands Gk. 458, à compléter avec les détails donnés par TOV 2004, 139. Pour les manuscrits bibliques hébreux voir TOV 2004, 135-138, et pour les Targumim, ibid., 138-139.

38

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Meschonnic fait remarquer enfin que les te῾amim ont « l’intérêt théorique » de noter des accents de groupe « dans une langue à accent de mot » (1982, 473) et que la fonction syntaxique des accents rythmiques est parfois paradoxale (1982, 474) : « Cette rythmique dérange. Comme écrivait Wickes, nous trouvons “des mots unis, qui devraient d’après leur sens ou leur construction être séparés, et séparés, là où nous nous serions attendus à les voir unis” (W. Wickes, I, 4). Ce que remarquait déjà Juda Halévi, que l’accentuation “le plus souvent relie quand elle devrait arrêter et arrête, quand elle devrait continuer” (Kitab alKhazari, II, 72)116 ».

Et de rappeler la recommandation de Ibn Ezra, citée par Wickes (ibid., I, 4, n. 9) : « Tout commentaire qui n’est pas sur un commentaire des te῾amim tu n’en voudras pas et tu ne l’écouteras pas ».

Si l’on suit Meschonnic, le parallélisme ne peut donc pas être le principe qui, en l’absence d’une « métrique introuvable », définirait la poésie hébraïque (1982, 469-470) ; ce qui la définit ce sont les accents de cantillation, dans leur triple fonction, les te῾amim. Mais la présence dans les textes de « parallèles rhétoriques » (2001, 31) est indéniable, bien que pas aussi systématique qu’on le dise (1982, 466-475). De fait, les travaux de Alter (2003a [19851]) ont montré l’intérêt que l’on peut trouver à étudier ce type de parallèles, qui relèvent de la rhétorique et non de la poétique117. § 8. TRADUCTION ET PARAPHRASE,

EN GREC

La traduction grecque du livre de Job – comme nous l’avons vu plus haut – est unanimement qualifiée de libre et de paraphrastique118. La signification de ces mots semble aller de soi et, sauf erreur de ma part, ces termes ne sont pas explicitement définis dans les ouvrages que j’ai consultés, ou le sont très peu. Ainsi Dhorme, dans l’introduction de son commentaire, écrit à propos de la Septante de Job : « Le plus souvent, au lieu du mot à mot, nous rencontrons une paraphrase ou une explication » 116 MESCHONNIC cite l’œuvre de Juda Halévi dans l’édition de New York (Schocken Books), II, 1974. Le passage plus large, dont fait partie la citation, se trouve dans la traduction de TOUATI (1994, 80-81). 117 Pour une étude rhétorique de G, voir le minutieux travail de DHONT (2018). 118 Voir § 5, p. 14-16.

LA TRADUCTION GRECQUE

39

(1926, CLVII)119. Nous retenons que la paraphrase s’oppose au mot-à-mot et diffère de l’explication, tout en en étant proche. Dans la Textual History of the Bible, Tov articule plus précisément l’acception du terme, du point de vue du critique du texte massorétique qu’il est (vol. 1A, 2016, 197-199). Les notions clés de son développement sont les adjectifs libre et littérale par lesquels on cherche à classifier les traductions grecques. Plus grand est le nombre des éléments interprétatifs que comporte la traduction, écrit-il, plus libre est cette traduction. Inversement, plus grand est le nombre des traductions stéréotypées (fixed equivalents), plus littérale est-elle. Parmi les interprétations linguistiques (Linguistic Exegesis) – qui s’opposent aux interprétations cotextuelles, théologiques, ou aux développements midrashiques – il opère une distinction entre celles qui suivent le texte de près et celles qui s’éloignent de la compréhension littérale, concédant cependant que quelques éléments interprétatifs font nécessairement partie du processus de traduction. Lorsque trop d’éléments interprétatifs sont introduits dans la traduction, écrit-il, la signification du texte (the plain meaning, the simple meaning) est complètement obscurcie120. Un seuil supplémentaire est franchi dans les cas où le traducteur « s’octroie la liberté » d’insérer dans une traduction des allusions à des versets d’autres livres de la Bible. Les deux pôles extrêmes du libre et du littéral sont l’extrêmement paraphrastique et le servilement fidèle. C’est donc à la fin de ce développement que Tov définit la paraphrase, plus exactement l’extrême paraphrase, comme un énoncé qui empêche de reconnaître la forme textuelle du modèle hébreu. Un peu plus loin, dans la section sur la reconstruction du modèle hébreu de la traduction grecque, il indique que lorsqu’un livre est traduit librement il est beaucoup plus difficile, voire impossible, de reconstruire ce texte (p. 199)121.

119 Dans le corps de son commentaire, DHORME emploie le terme fréquemment pour désigner des phénomènes de langue sensiblement différents. Sauf erreur de ma part, COX ne définit pas la paraphrase dans l’introduction à sa traduction de la version grecque (2007), ni dans son article de la Textual History of the Bible, vol. 1C (2017, 175-181). 120 « Some exegetical elements form a necessary part of translation process, while others infuse the text with elements of the taste, understanding, and personality of the translator, sometimes to such an extent that the plain meaning of the text is completely obscured » (op. cit., 197). 121 Voir aussi COX : « LXX-Job often cannot be retroverted into Hebrew because retroversions depend on a certain literalness in translated text (→ 1.3.1.1.11). In turn, this means that LXX-Job is equally as often not useful for the textual criticism of the Hebrew Job (→ 11.2.2). The days are past when LXX-Job functioned as a mine for (retroverted) readings with which to emend the Hebrew » (2017, 179).

40

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Les deux qualificatifs de littéral et de libre (paraphrastique est une sous-catégorie de libre) sont très généraux, comme l’écrit Tov, et par là devraient être considérés comme inadéquats ; mais il répond à cette objection qu’il n’existe pas de meilleure qualification pour couvrir l’éventail des pratiques de traduction122. De fait, l’adjectif paraphrastique est largement utilisé, dans les commentaires de la version grecque du livre de Job, pour nommer des phénomènes de traduction très différents et la question se pose de savoir si cet emploi est pertinent, lorsqu’on s’intéresse aux particularités du texte grec. Pour en juger, il est nécessaire de proposer une définition de la paraphrase. Dans sa définition prélinguistique123, la paraphrase est constituée, semble-t-il, de trois traits distinctifs qui ont plus ou moins d’importance selon le domaine d’applications de la notion : la synonymie, l’amplification, l’explicitation124. Ainsi l’énoncé paraphrastique est-il un énoncé second, synonyme d’un premier énoncé, souvent plus long que lui, bien que cela ne soit pas nécessaire, la reformulation pouvant être aussi une condensation125. La synonymie porte sur un niveau supérieur à celui des mots, c’est-à-dire, sur des syntagmes ou des phrases126, ou bien, de façon plus restrictive, lorsqu’on analyse une traduction, sur une proposition définie par un prédicat, comme je préfère le penser. L’énoncé paraphrastique a la fonction d’expliciter l’énoncé qu’il paraphrase, c’est-à-dire d’en déplier la signifiance. J’emploie le terme de synonymie pour les besoins de la réflexion, bien qu’« au sens le plus strict, il est évident qu’aucune langue ne possède de véritables synonymes »127. La notion de paraphrase peut nommer des faits internes à une langue. Dans la rhétorique grecque et romaine, notamment chez Quintilien, la paraphrase était un exercice préparatoire qui permettait d’approfondir la 122 « These two adjectives are admittedly very general and are therefore often considered inadequate. However, other characterisations of translation techniques do not cover the full range of the translator’s attitudes to their task » (p. 198). – La thèse de DHONT commence précisément par la critique des notions de libre ~ littéral (2016, 3-6, 19-21 et passim). 123 Pour les questions que pose la paraphrase, voir l’étude de FUCHS (1994). 124 DUBOIS (2012, s.v. « paraphrase »). 125 FUCHS (1994, 10-11; 30). Je reviens sur la question de la condensation plus bas. 126 RIEGEL-PELLAT-RIOUL (19995, 561 ; 20187, 927). 127 ALTER (2003a, 28) développe une réflexion critique sur la notion de synonymie dans le cadre de son étude du parallélisme sémantique des deux membres d’un verset, dans la poésie biblique. Lire aussi FUCHS (1994, 46-52) et MILNER (1989, 341-347). – J’ajoute à ce qu’écrit ALTER que l’absence de synonymie présuppose que l’on a un usage précis de la langue, alors qu’il est tout aussi évident que, la plupart du temps, à l’écrit comme à l’oral, les mots sont employés et assemblés de façon approximative – ce qui crée des malentendus mais évite bien des meurtres.

LA TRADUCTION GRECQUE

41

compréhension d’un texte et de s’approprier ses moyens d’expression128 ; cet exercice existera tant que prévaudra l’approche rhétorique des textes littéraires129. Dérivée de ce premier usage, la paraphrase se présente aussi, dans l’histoire de la littérature, comme un genre poétique particulier et désigne l’imitation amplifiée d’un passage des Écritures130. Dans les manuels de rhétorique contemporains, la paraphrase désigne l’amplification d’un thème ou d’une idée131. En lexicologie, elle peut désigner la définition qui reformule en une phrase la signification exprimée par un seul mot132. Depuis Harris, dans la grammaire transformationnelle, et Chomsky dans la grammaire générative, elle est un concept opératoire fondamental133, d’où dérive, en grammaire scolaire, le procédé pédagogique de la nominalisation, pronominalisation et transformation passive. Mais employé dans le domaine de la traduction, le terme paraphrase est connoté péjorativement : c’est un défaut, une déficience. Le mot ne signifie rien d’autre que mauvaise traduction. L’emploi de la notion de paraphrase – qui est peut-être justifié du point de vue du critique du texte massorétique, dans la définition qu’en donne Tov, et tel que l’utilise Dhorme – manque de pertinence du point de vue de l’étude du grec. Le jugement qui affirme que, du point de vue du TM, tel membre est paraphrasé par G dissimule aux yeux du lecteur du texte grec la pratique effective du traducteur, comme le montrent les deux exemples suivants. Au v. 34:21, selon Dhorme, ad loc., « le deuxième hémistiche est paraphrasé » par G. Il est nécessaire de procéder à une analyse linéaire du verset grec pour déterminer en quoi le grec est une paraphrase. αὐτὸς γὰρ ὁρατής ἐστιν ἔργων ἀνθρώπων, λέληθεν δὲ αὐτὸν οὐδὲν ὧν πράσσουσιν car Lui est le spectateur des actes des humains, rien de ce qu’ils font ne Lui reste caché. De institutione oratoria, livres I et X, citée par FUCHS (1994, 5-6). Sur le déclin puis le discrédit de la rhétorique en France et en Angletterre, voir REBOUL (2013, 88-91). 130 Par exemple les paraphrases de psaumes de Malherbe : « Paraphrase sur le psaume VIII, Domine, Dominus noster, stances » ; « Paraphrase sur le psaume CXXVIII, Saepe expugnaverunt me, stances » ; « Imitation du psaume [CXLVI] Lauda anima mea Dominum », dans l’éd. FROMILHAGUE-LEBÈGUE 1968, respectivement 54-56, 56-57 et 57-58. 131 MOLINIÉ (1996, s.v. « paraphrase ») cite un extrait des Contemplations de V. Hugo (tome II, livre V, XXVI, « Mais la foule s’écrie, etc. ». 132 DUBOIS (2012, s.v. « paraphrase ») ; mais LEHMANN emploie le terme de périphrase (2000, 16). 133 MILNER (1973). 128

129

42

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Dans le stique a, le sujet αὐτός « lui » (c’est-à-dire, Dieu) correspond au pronom suffixé du substantif ‫ « ֵעינָ יו‬ses yeux » ; γάρ « car » traduit ‫ ; ִכּי‬ὁρατής ἐστιν « il est spectateur » correspond à la phrase nominale ‫ « ֵעינָ יו ַעל‬ses yeux [sont] sur » ; ἔργων « actes », « œuvres » traduit de façon abstraite le terme ‫ « ַדּ ְר ֵכי‬les chemins (de) » ; le pluriel ἀνθρώπων « les humains » correspond au singulier générique ‫ « ִאישׁ‬l’homme ». Dans le stique b, λέληθεν δὲ αὐτὸν οὐδὲν « rien… ne lui reste caché » traduit, par une formulation négative, l’énoncé affirmatif du TM ‫ « יִ ְר ֶאה‬il voit (tous ses pas) » ; (οὐδὲν) ὧν πράσσουσιν « (rien) de ce qu’ils font » traduit de façon abstraite le terme ‫צ ָע ָדיו‬-‫ל‬ ְ ‫ « וְ ָכ‬tous ses pas », en respectant le parallélisme avec le stique a, ἔργων ~ ‫דּ ֶרְך‬.ֶ La forme textuelle de G a une physionomie différente de celle du TM, certes, mais elle correspond à l’orientation du TM, à son sens. Il n’y a pas de plus, au sens strict du terme. Y a-t-il une explicitation ? À la rigueur – mais c’est se faire l’avocat du diable – il y en a deux dans le fait de traduire des termes concrets ‫ « ֶדּ ֶרְך‬chemin » et ‫ « ַצ ַעד‬pas » par leur sens abstrait : dans le premier stique par ἔργων « actes », dans le second par la relative ὧν πράσσουσιν « ce qu’ils font », parallèle à ἔργων134. Pourtant Dhorme ne dit rien de l’explicitation par ἔργων, dans le stique a, de ‫דּ ֶרְך‬.ֶ Ce qui, dans le stique b, a attiré son attention est probablement – outre le passage à une formulation négative d’un verbe à la forme affirmative – la présence de la relative ὧν πράσσουσιν « de ce qu’ils font » au lieu du substantif qu’on attendrait, comme βῆμα, διάβημα ou ἴχνος dans le sens concret de « pas », ou comme ἐπιτηδεύματα dans le sens abstrait d’« habitude de vie », « mœurs » (au v. 14:16 ἐπιτηδεύματα traduit ‫ « ַצ ַעד‬pas »). En tant que critique du TM de la première moitié du XXe siècle, Dhorme indique ici ne pas pouvoir se fonder sur le texte grec pour l’analyse et l’éventuelle correction du texte hébreu de Job, censé avoir besoin d’être particulièrement amendé. Mais du point de vue de la logique du texte grec, il y a plus important : en traduisant λέληθεν δὲ αὐτὸν οὐδέν « rien… ne Lui reste caché » (ce qui, pour Dhorme, est probablement une « paraphrase », en dépit de la parenté sémantique entre voir et échapper au regard), G établit un rapport entre ce verset qui concerne Dieu et le v. 28:21 qui concerne les humains, respectivement : 134 Mais la TOB n’a rien fait d’autre dans ce verset et en 31:4 où, respectivement le pluriel ‫ « ַדּ ְר ֵכי‬les chemins » et le pluriel ‫ « ְצ ָע ָדיו‬mes pas » sont, dans les deux cas, traduits par le singulier « la conduite (de l’homme) » et « ma conduite ». De plus, aussi bien en 34:21 qu’en 31:4 où se rencontre le même parallélisme entre chemins et pas, BARTHÉLEMY traduit d’abord « les chemins », « mes chemins » dans un sens abstrait (« la conduite [de l’homme] », « ma conduite ») et ensuite « ses pas » dans un sens concret (« ses pas », « mes pas »), qui est amené, il est vrai, par le sens du substantif conduite.

LA TRADUCTION GRECQUE

43

λέληθεν δὲ αὐτὸν οὐδὲν ὧν πράσσουσιν « rien de ce que [les humains] font ne reste caché [à Dieu] » ~ λέληθεν πάντα ἄνθρωπον « [la Sagesse] reste cachée à tout humain ». De ce point de vue, affirmer que « le deuxième hémistiche est paraphrasé » c’est dissimuler que l’emploi de λανθάνω en 34:21 est un emploi marqué à rapprocher de 28:21 (sur l’identification des emplois marqués, voir plus bas, § 10, p. 41-43). Le second exemple est le v. 22:27. εὐξαμένου δέ σου πρὸς αὐτὸν εἰσακούσεταί σου, δώσει δέ σοι ἀποδοῦναι τὰς εὐχάς Si tu Le pries, Il t’exaucera et te donnera de t’acquitter de tes vœux.

Dhorme écrit que « G paraphrase le 2e hémistiche », alors qu’il n’y a qu’un mot en plus, δώσει « il te donnera de » et que le reste du grec est une stricte traduction, comme le montre l’analyse linéaire suivante : dans le stique a, le génitif absolu εὐξαμένου (δέ) σου πρὸς αὐτόν « si tu le pries » traduit ‫ « ַתּ ְע ִתּיר ֵא ָליו‬tu le prieras » et εἰσακούσεταί σου « il t’exaucera » traduit ָ‫ « וְ יִ ְשׁ ָמ ֶעךּ‬il t’entendra ». Dans le stique b, δώσει « il te donnera de » n’a pas de correspondant dans le TM ; σοι ἀποδοῦναι « de t’acquitter » correspond à ‫ « ְת ַשׁ ֵלּם‬tu t’acquitteras » et τὰς εὐχάς « de [tes] vœux » traduit ‫וּנְ ָד ֶריָך‬. Doit-on dire que G supplée une idée implicite du TM ? Peut-on parler d’amplification dans le cas d’un mot en plus ?135 Doit-on parler de paraphrase dans un tel cas de figure ? En tout cas le jugement péjoratif de la paraphrase dissimule le fait que G a fait de Dieu le sujet de la proposition du second membre (εἰσακούσεταί σου || δώσει σοι), alors que dans le TM le sujet est Job. Maigre résultat peut-être, mais qui rend à ce verset le statut de traduction, avec l’écart, si l’on tient à parler d’écart, d’un choix de traduction portant sur un mot. L’abus de la notion de paraphrase ne tire pas simplement son origine de l’ascendant de la critique du TM sur l’étude de la Bible grecque. 135 On peut se demander s’il s’agit vraiment d’un mot en plus. Dans ce verset, le verbe δίδωμι me semble avoir quasiment une fonction de verbe auxiliaire, à rapprocher de la formule optative de l’hébreu ‫יִתּן‬-‫י‬ ֶ ‫ « ִמ‬qui donnera… ? », traduite au v. 13:5 par un optatif en grec : εἴη δὲ ὑμῖν κωφεῦσαι « Puissiez-vous rester silencieux » ~ ‫יִתּן ַה ֲח ֵרשׁ ַתּ ֲח ִרישׁוּן‬-‫י‬ ֵ ‫ִמ‬ mot-à-mot « Qui donnera que vous vous taisiez définitivement ». Le verbe ‫נתן‬, dans l’expression ‫יִ ֶתּן‬-‫ « ִמי‬qui donnera… ? », peut bien sûr avoir un sens lexical (Jb 14:4) ; mais ce même syntagme, grammaticalisé, peut être compris comme une formule optative « puisse… », comme en Ps 55:7 : ‫לי ֵא ֶבר ַכּיּוֹנָ ה‬-‫ן‬ ִ ‫יִ ֶתּ‬-‫ « וָ א ַֹמר ִמי‬Ah ! Si j’avais des ailes comme la colombe » (cité par HAELEWYCK 2016, 171). Voir MURAOKA (2000, 47-52).

44

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Il provient aussi d’une conception de la traduction qui domine dans notre domaine d’étude, du moins en France, à savoir : traduire un même mot par un même mot, veiller à ne rien ajouter dans la traduction, respecter l’ordre des mots du texte que l’on traduit, éventuellement sacrifier l’élégance à l’exactitude, etc., tout cela, autant que possible, car il subsiste à l’arrière-fond de tout Français un surmoi puriste. Je m’en tiendrai à la remarque suivante : on ne peut pas juger de la version grecque d’après les normes de traduction qui dominent à notre époque, aussi justes nous paraissent-elles. Dans l’introduction de sa double traduction du Qohelet (TM et version araméenne), Mopsik écrit : « Nous les modernes, avons perdu l’audace des traducteurs qui ont produit cette œuvre immense qu’est le Targoum. Nous n’admettons pas qu’une traduction prenne la moindre liberté à l’endroit du texte-source. Nous exigeons des traducteurs de la Bible qu’ils restituent l’original au mot près. Les auteurs des différents Targoums se sentaient encore suffisamment liés à la source d’inspiration des écrits du Canon pour s’écarter à l’occasion de la lettre apparente et pour proposer un sens qu’ils étaient convaincus de lire entre les lignes ou entre les mots du texte biblique » (1990, 8). Il me semble que cette conception de la traduction est plus appropriée à la version grecque du livre de Job que la conception contemporaine. Pourtant, loin de comporter le nombre des ajouts que le targum de Qohelet comporte, loin de la pratique de la paraphrase défendue par Quintilien136, cette version grecque est bien une traduction, dans la plus grande partie de sa forme textuelle en tout cas, comme mon analyse linéaire des versets – j’espère – le montre. Bien que la paraphrase désigne le plus souvent une amplification « synonymique », elle est un terme générique qui comprend également l’opération de condensation et d’abrégement, voire de résumé137. Nous avons vu que Cox, dans l’introduction à sa traduction de la Septante de 136 « Je diffère de sentiment avec ceux qui défendent de paraphraser des auteurs latins sous prétexte que tout ce qu’on peut dire autrement que les grands écrivains doit nécessairement être inférieur […]. Ne nous arrive-t-il pas d’exprimer deux fois et plus la même idée dans des termes différents, et cette idée n’en fait-elle pas naître quelquefois plusieurs de suite ? Pourquoi donc, si nous pouvons lutter avec nous-mêmes, ne le pourrions-nous pas avec les autres ? Que s’il n’y avait qu’une seule manière de bien dire, il faudrait en conclure que la voie nous est fermée par ceux qui nous ont précédés ; cependant il y a encore aujourd’hui des variétés infinies de styles, et l’on arrive au même but par plusieurs chemins » (Quintilien, De institutione oratoria, livre X, chap. V, cité par FUCHS 1994, 24). Grégoire le Grand exprime parfaitement la positivité qu’il voit dans l’amplification, au sens large du terme, qu’est la lecture : « scriptura sacra aliquo modo cum legentibus crescit » « Les Écritures s’accroissent en quelque manière par les lectures qu’on en fait » (Moralia in Iob, XX, i, 1) cité par LAUNAY (2006, 21). 137 FUCHS (1994, 10-11; 30).

LA TRADUCTION GRECQUE

45

Job, écrit : « It is not just free or paraphrastic, it is also something of an epitome of the longer and often difficult original. […] Abbreviation also extends to the “micro-level” where it can involve the reduction of two lines to one – something we might call paraphrasing »138. L’identification des abrègements repose, par définition, sur l’analyse des versets (« micro-level »). Je prendrai quelques cas de paraphrases-abrègements que signalent les commentateurs du texte grec139. Il ne s’agit pas pour moi de donner une étude exhaustive de l’emploi qui est fait du terme abrègement, mais de mettre en lumière les phénomènes différents que recouvre ce type de paraphrase. Dans un verset, l’abrègement peut porter sur un ou plusieurs mots, isolés, c’est le cas le plus simple. 10:5 (cf. Dhorme, ad loc. ; Dhont 2018, 105; 118; 167; 198 n. 56; 210; 216) ἦ ὁ βίος σου ἀνθρώπινός ἐστιν ἢ τὰ ἔτη σου ἀνδρός; Ton existence est-elle humaine, Tes années celles d’un homme ?

Au v. 10:5, dans le stique a, ἦ traduit ‫ ; ֲה‬ὁ βίος σου « ton existence » correspond à ‫ « יָ ֶמיָך‬tes jours » ; l’adjectif qualificatif ἀνθρώπινός (ἐστιν) correspond au substantif ‫ « ֱאנוֹשׁ‬humain », rien dans G ne représentant formellement ‫ימי‬ ֵ ‫ « ִכ‬comme les jours (d’un humain) ». Dans le stique b, ἤ traduit la relance de l’interrogation ‫ ; ִאם‬τὰ ἔτη σου « tes années » traduit ‫נוֹתיָך‬ ֶ ‫ ְשׁ‬et ἀνδρός « homme » ‫גָ ֶבר‬, rien dans G ne représentant le second ‫ימי‬ ֵ ‫ « ִכּ‬comme les jours (d’un homme) ». ֵ ‫ « ִכּ‬comme Comme l’écrit à juste titre Dhont, l’absence dans G de ‫ימי‬ les jours » s’explique par le désir d’éviter la répétition de ‫ « יוֹם‬jour », dont G traduit la première occurrence par ὁ βίος σου « ton existence », mais pas les deux suivantes. 13:23 (cf. Dhont 2018, 10; 11; 111; 117; 203) πόσαι εἰσὶν αἱ ἁμαρτίαι μου καὶ αἱ ἀνομίαι μου; δίδαξόν με τίνες εἰσίν. Quel est le nombre de mes fautes et de mes transgressions ? Enseigne-moi ce qu’elles sont. COX (2007, 667). J’ai pris des exemples remarqués par DRIVER-GRAY (1921), DHORME (1926), COX (2014a) et DHONT (2016, 2018), que je fais suivre de ma traduction. 138 139

46

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Au v. 13:23, dans le stique a, πόσαι « combien » traduit ‫ ; ַכּ ָמּה‬εἰσίν et les possessifs μου traduisent le prédicat ‫( « ִלי‬sont) à moi » ; αἱ ἁμαρτίαι (μου) « fautes » correspond à ‫ ֲעוֹנוֹת‬et καὶ αἱ ἀνομίαι (μου) « mes transgressions » à ‫וְ ַח ָטּאוֹת‬. Dans le stique b, δίδαξόν με « enseigne-moi » traduit ‫יענִ י‬ ֵ ‫ה ִֹד‬, et l’interrogatif indirect τίνες (εἰσίν) « quelles », d’une part, remplace, en en évitant la répétition, le substantif ‫אתי‬ ִ ‫ « ַח ָטּ‬ma faute » et, d’autre part, omet la mention d’un troisième type de transgression, ‫ « ִפּ ְשׁ ִעי‬ma révolte », tout en respectant l’indication que, dans le deuxième membre, il ne s’agit plus de compter les transgressions mais d’en préciser la qualité (Dhorme, ad loc.). Dans ce verset, outre l’évitement d’une répétition, il y a omission d’un mot. Le traducteur ne juge pas important, à cet endroit de sa traduction, d’entrer dans le détail des différentes catégories de fautes. 10:22 (cf. Dhorme, ad loc. ; Dhont 2018, 209 n. 88; 279 n. 51) εἰς γῆν σκότους αἰωνίου, οὗ οὐκ ἔστιν φέγγος οὐδὲ ὁρᾶν ζωὴν βροτῶν. dans la terre d’obscurité éternelle, sans clarté, où il n’est pas possible de voir la vie des mortels.

Le verset 22 correspond mieux à ce qu’on peut appeler une contraction, à ceci près que celle-ci est suivie d’un plus, un stique sans correspondant dans le TM et que, une fois encore, il me semble fondamental d’identifier ce qui, dans cette traduction, est marqué. L’étude de ce troisième cas demande une analyse plus étendue, qui doit porter aussi sur les deux versets précédents, les v. 20 et 21. En hébreu, le v. 20 reprend le motif du v. 14 du psaume 39, qui pourrait être l’abstract de la fin du chapitre 10 de Jb : ‫ָה ַשׁע ִמ ֶמּנִּ י וְ ַא ְב ִליגָ ה ְבּ ֶט ֶרם‬ ‫ « ֵא ֵלְך וְ ֵאינֶ נִּ י‬regarde loin de moi, je m’éclairerai avant de m’en aller et n’être plus » (Ps 39:34) ; le verbe s’éclairer au sens, en français, d’un visage qui s’éclaire. Nous rencontrons, dans le v. 20, la même idée, y compris le verbe ‫ בלג‬: « Ah ! Mes jours sont peu de chose ; cesse donc de t’acharner contre moi, pour que je puisse reprendre un peu haleine » (Rabb.)140. Les traductions du verbe ‫ בלג‬attesté quatre fois dans la Bible, seulement au hi., sont diverses : « reprendre haleine » comme dans la traduction citée à l’instant ; « avoir du répit » dans celle de Terrien ; « s’amuser » dans la TOB141 ; elles s’éloignent toutes de la signification 140 La syntaxe est discutée et la vocalisation du TM comporte un Qeré : ‫יָמי‬ ַ ‫מ ַעט‬-‫א‬ ְ ֹ ‫ֲהל‬ .‫יחדל )וַ ֲח ָדל( ישית )וְ ִשׁית( ִמ ֶמּנִּ י וְ ַא ְב ִליגָ ה ְמּ ָעט‬ 141 EVEN-SHOSHAN (2007) ; KŒHLER-BAUMGARTNER (2001, s.v. ‫בלג‬, « to become cheerful, to brighten up »).

LA TRADUCTION GRECQUE

47

concrète de « briller », « éclairer », alors que le motif de l’obscurité et de la lumière court à travers le corpus biblique. Les premiers mots du v. 21 de Job reprennent le syntagme du psaume ‫ « ְבּ ֶט ֶרם ֵא ֵלְך‬avant que je m’en aille » et la suite amplifie ce syntagme : ‫א ֶרץ ח ֶֹשְׁך וְ ַצ ְל ָמוֶ ת‬-‫ל‬ ֶ ‫ « ְבּ ֶט ֶרם ֵא ֵלְך וְ לֹא ָאשׁוּב ֶא‬avant que je m’en aille – et je ne reviendrai pas – vers la terre d’obscurité et de ténèbres », ce développement de Job prenant la place du très bref ‫ « וְ ֵאינֶ נִּ י‬et n’être plus » du psaume. Pour ce qui est du texte grec, le v. 21 πρὸ τοῦ με πορευθῆναι ὅθεν οὐκ ἀναστρέψω, εἰς γῆν σκοτεινὴν καὶ γνοφεράν avant que j’aille là d’où je ne reviendrai pas, dans la terre obscure et ténébreuse,

est une traduction du TM, avec les adaptations de toute traduction, comme le montre l’analyse linéaire142. Le v. 22, en hébreu, amplifie le syntagme ‫א ֶרץ ח ֶֹשְׁך וְ ַצ ְל ָמוֶ ת‬-‫ל‬ ֶ ‫ « ֶא‬vers la terre d’obscurité et de ténèbres », par des appositions suivies d’une proposition, dont le sujet au féminin est indéterminé : « terre d’aube (‫)ע ָפ ָתה‬ ֵ semblable à l’ombre noire (‫ )א ֶֹפל‬/ ténèbres (‫)צ ְל ָמוֶ ת‬ ַ / et dés-ordres (‫ )וְ לֹא ְס ָד ִרים‬/ et elle brille (‫ )וַ תּ ַֹפע‬comme l’ombre noire (‫» )א ֶֹפל‬. La signification de ‫יפה( ֵע ָפ ָתה‬ ָ ‫)ע‬ ֵ est discutée ; ce terme, qui connote une part d’obscurité, semble dénoter le crépuscule du matin ; les termes de la comparaison doivent s’opposer, d’où ma traduction du TM. Alors que G a traduit le v. 21, il n’a pas gardé, dans sa traduction du v. 22, l’amplification qui caractérise l’hébreu et sa succession de termes dénotant l’obscurité. J’indique en italique les termes propres au grec. εἰς γῆν σκότους αἰωνίου, οὗ οὐκ ἔστιν φέγγος οὐδὲ ὁρᾶν ζωὴν βροτῶν. dans la terre d’obscurité éternelle, sans clarté, où il n’est pas possible de voir la vie des mortels.

Dans le stique a, le plus εἰς fait le lien avec le verset précédent ; γῆν « terre »traduit ‫ ; ֶא ֶרץ‬σκότους « obscurité » contracte à la fois la com142 •• Au v. 10:21, dans le stique a, πρὸ τοῦ με πορευθῆναι « avant que j’aille » traduit ‫ ; ְבּ ֶט ֶרם ֵא ֵלְך‬le plus ὅθεν « [là] d’où » subordonne par un relatif l’incise de l’hébreu ‫ « וְ לֹא ָאשׁוּב‬et je ne…pas » ; οὐκ ἀναστρέψω « je ne reviendrai pas » traduit ‫וְ לֹא ָאשׁוּב‬ « et je ne retournerai pas ». Dans le stique b, εἰς γῆν traduit ‫א ֶרץ‬-‫ל‬ ֶ ‫ ; ֶא‬les adjectifs qualificatifs σκοτεινήν « obscure » et γνοφεράν « ténébreuse » correspondent aux substantifs ‫ « ח ֶֹשְׁך‬d’obscurité » et ‫ « וְ ַצ ְל ָמוֶ ת‬et de ténèbres ». ••• L’adjectif γνοφερός est un hapax de la Bible grecque. Sur le substantif apparenté γνόφος « la ténèbre » voir 3:5b. Les deux termes sont marqués.

48

TRADUIRE UNE TRADUCTION

paraison et les trois termes hébreux ‫ « ֵע ָפ ָתה‬crépuscule du matin », ‫א ֶֹפל‬ « obscurité » et ‫ « ַצ ְל ָמוֶ ת‬ténèbres » ; l’adjectif αἰωνίου « éternelle » est un plus de traduction, qui semble condenser par une qualification abstraite l’accumulation dans le TM des termes dénotant l’obscurité ; οὗ supplée une relative à la place des coordinations de l’hébreu ; rien dans G ne correspond au syntagme ‫ « וְ לֹא ְס ָד ִרים‬dés-ordres » ; φέγγος « clarté » évoque le verbe ‫יפע‬, « briller », « faire briller », mais le syntagme (οὗ) οὐκ ἔστιν φέγγος « (où) il n’y a pas de clarté » est une réécriture de ‫א ֶֹפל‬-‫ « וַ תּ ַֹפע ְכּמוֹ‬et elle brille comme l’obscurité »143. Le stique b est un plus propre à G. Qualifier la traduction grecque du v. 22 de paraphrastique ne mène à rien. Au-delà des moins, il faut identifier l’apport du traducteur. En premier lieu, les mots αἰωνίου et φέγγος, dont les emplois sont partiellement marqués144. Certes, il manque dans G l’idée d’absence d’ordre ‫וְ לֹא ְס ָד ִרים‬ « et pas d’ordre », mais le motif du stique surnuméraire propre à G (οὐδὲ ὁρᾶν ζωὴν βροτῶν) doit être étudié à l’intérieur de la logique du texte grec court (voir par exemple 11:17) ; il évoque de toute façon la fin du 143 Cf. 3:4 μηδὲ ἔλθοι εἰς αὐτὴν φέγγος « et que ne vienne pas à lui la clarté » ~ ‫תּוֹפע ָע ָליו נְ ָה ָרה‬-‫ל‬ ַ ‫ « וְ ַא‬que ne brille sur lui nulle clarté ». 144 L’adjectif αἰώνιος « éternel » est abondamment attesté dans la Bible grecque et correspond exclusivement à la racine de ‫עוֹלם‬ ָ « éternel », mis à part les cas où il est affecté du symbole †. Dans le texte court de Jb (3:18a, 10:22a, 21:11a, 33:12b, 34:17c, 40:28b), cet adjectif traduit ‫עוֹלם‬ ָ dans un cas (40:28b), et une autre fois αἰώνια a lu ‫עוֹלם‬ ָ « éternel » au lieu de ‫יהם‬ ֶ ‫ « ֲעוִ ֵיל‬leurs jeunes garçons » (21:11a), comme le prouve, au v. 19:18a, εἰς τὸν αἰῶνα « à jamais » (HR †) qui a lu ‫עוֹלם‬ ָ au lieu de ‫ « ֲעוִ ִילים‬les jeunes garçons » (DHORME). Dans une troisième occurrence (3:18), οἱ αἰώνιοι « les éternels » est hypothétiquement une interprétation particularisante de ‫ « ֲא ִס ִירים‬les captifs » (voir NILSSON 1950, 481, cité par FERNÁNDEZ MARCOS 1994, 259, n. 34). Dans la quatrième occurrence, l’adjectif αἰωνίου est le plus de traduction, marqué, que nous venons d’analyser au v. 10:22. Les deux dernières attestations se rencontrent dans des versets dont la physionomie diffère de celle du TM et dont l’analyse est fortement hypothétique. Du fait de l’emploi marqué d’αἰώνιος dans la contraction du v. 10:21-22, on peut se demander si cet adjectif au v. 34:17c n’interprète pas ‫ « ַכּ ִבּיר‬grand », et, dans ce prolongement, si αἰώνιον « éternel » au v. 33:12b n’est pas l’interprétation d’une racine ‫רבי‬, sémantiquement proche de ‫כבר‬. Ces deux versets sont des cas où il est difficile de faire le partage entre une traduction qui permet de remonter au texte hébreu de façon incontestable, ou probable, et les choix du traducteur qui relèvent de son écriture, les deux pouvant être imbriqués. L’emploi de φέγγος par G (3:4, 10:22a, 22:28b, 38:12a, 41:10a) est partiellement marqué ; il n’est pas propre au traducteur de Jb, mais ses correspondances avec l’hébreu sont singulières (1 fois ‫נְ ָה ָרה‬, 1 fois ‫יפע‬, 2 fois ‫אוֹר‬, 1 fois ‫( בּ ֶֹקר‬φ. πρωϊνόν), alors que, ailleurs dans la Bible grecque, φέγγος traduit 13 (MURAOKA) ou 12 fois (HR) ‫ « נֹגַ הּ‬clarté », « lumière » « éclat » et une seule fois ‫ « ֶל ָה ָבה‬flamme ». Dans G, le substantif φέγγος désigne la lumière qui se met à luire, une lumière qui sourd dans l’obscurité, la lumière de l’aube, de préférence à celle de l’aurore (voir 3:4, 38:12, ainsi que les occurrences de ἑωσφόρος « l’étoile de l’aube »).

LA TRADUCTION GRECQUE

49

v. 18 : ‫ת ְר ֵאנִ י‬-‫א‬ ִ ֹ ‫ « וְ ַעיִ ן ל‬aucun œil ne m’aurait vu », et en cela se situerait à l’intérieur de la tradition textuelle de l’hébreu. Les commentateurs insistent tout particulièrement sur les cas où l’abrégement porte sur un stique entier, notamment sur un second membre parallèle dit synonymique. Dans la liste que donne Driver-Gray (1921, lxxv) et que reprend Cox (2014a, 454)145, il y a des précisions à apporter. Le v. 10:4 est un exemple-type parfait : les deux membres sont « synonymes », pour autant que l’on puisse employer ce mot, l’un des membres est omis par G et le second est traduit en grec, conformément à l’hébreu : ‫כּ ְראוֹת ֱאנוֹשׁ ִתּ ְר ֶאה‬-‫ם‬ ִ ‫ַה ֵעינֵ י ָב ָשׂר ָלְך ִא‬ « As-tu des yeux de chair ? / Vois-tu comme voit un homme ? » ἦ ὥσπερ βροτὸς ὁρᾷ καθορᾷς ; « Observes-tu comme regarde un mortel ? »

Encore faut-il préciser que G10:4a est la traduction par G du second membre du verset hébreu (Dhorme) et que θ'10:4b est une seconde traduction, théodotionique, de ce même second membre. Le premier membre n’a été traduit ni dans G ni dans θ'. On peut ajouter à cet exemple : – le v. 11:5, que signale Fernández Marcos (1994, 263 n. 47) : ἀλλὰ πῶς ἂν ὁ κύριος λαλήσαι πρὸς σέ ; « Mais comment le Maître pourrait-Il parler avec toi ? »146 ; – le v. 39:6, où G s’écarte de la lettre du TM : ἐθέμην δὲ τὴν δίαιταν αὐτοῦ ἔρημον « J’ai fait de sa demeure un désert »147 ; 145

10:4a, 20:14b, 31:27a, 33:8a, 34:6b, 34:11b, 34:18b, 39:6b. •• Au v. 11:5, dans le stique a, ἀλλά « mais » traduit ‫אוּלם‬ ָ ְ‫ « ו‬et cependant », « mais » ; πῶς « comment » est un élément de réécriture de G ; l’optatif ἂν λαλήσαι « (comment le Maître) pourrait-il parler » correspond à la locution optative ‫יִתּן‬ ֵ ‫ ִמי‬suivi de l’infinitif construit ‫דּ ֵבּר‬,ַ « qui donnera que ᾿Ĕlôah parle ? » (voir aussi MURAOKA 2000, 52, n. 7) ; ὁ κύριος « le Maître » correspond à ‫לוֹהּ‬ ַ ‫ « ֱא‬Éloah » ; πρὸς σέ soit supplée un complément d’attribution, soit traduit ‫ « ִע ָמְּך‬avec toi », qui appartient au v. 5β, absent de G (DHORME, ad loc. ; GOREA 2007, 23). Le stique b est théodotionique (‫וְ יִ ְפ ַתּח ְשׂ ָפ ָתיו ִע ָמְּך‬ mot-à-mot « qu’il ouvre ses lèvres avec toi »). ••• Dans G, Tsofar rejette plus directement qu’en hébreu la possibilité d’une réponse de Dieu ; du point de vue de la logique du texte, ce verset fait allusion à la logophanie des chap. 38-41. 147 •• Au v. 39:6, dans le stique a, rien (on attendrait un datif) ne correspond au relatif ‫ « ֲא ֶשׁר‬à qui (j’ai assigné…) » ; ἐθέμην « j’ai fait de… » traduit ‫ « ַשׂ ְמ ִתּי‬j’ai assigné… », mais dans un sens causatif différent de celui du verbe hébreu ; τὴν δίαιταν (αὐτοῦ) « sa demeure » traduit ‫ ֵביתוֹ‬et ἔρημον « désert » ‫ע ָר ָבה‬. ֲ Le stique b est théodotionique (‫נוֹתיו ְמ ֵל ָחה‬ ָ ‫וּמ ְשׁ ְכּ‬ ִ « et la terre salée pour ses demeures »). ••• En l’absence d’un datif, la 146

50

TRADUIRE UNE TRADUCTION

– le v. 34:18b, avec possiblement, dans G, un découpage de verset différent : ἀσεβὴς ὁ λέγων βασιλεῖ Παρανομεῖς « Est impie celui qui dit au roi : “Tu violes la loi” »148. Il y en a d’autres, mais il serait intéressant d’avoir la liste exhaustive des versets composés de deux membres strictement « synonymiques », car les analyses qui suivent ci-dessous me rendent circonspect. Le cas de 33:8 est moins simple que l’exemple-type (voir plus haut, au v. 10:4.) Le premier stique est théodotionique ; le second se présente ainsi : φωνὴν ῥημάτων σου ἀκήκοα· « J’ai entendu le son de tes paroles »149. D’abord la « synonymie » est plus que relative, puisque, dans le TM, le second membre (« j’entends encore le son de tes paroles », au yiqtol) se situe à un point du temps postérieur au procès présenté dans le premier membre (« tu as dit à mes oreilles », au qatal). Or la substance de ce qui n’est pas traduit (le premier membre) se retrouve en grec au début du verset suivant, le v. 9 : διότι λέγεις « car tu as dit » (Dhorme, ad loc.). Dans le traitement de ce verset en grec, il y a moins omission – l’omission de ‫ « ְב ָאזְ נָ י‬dans mes oreilles » est conforme à la pratique du traducteur d’éviter ce qu’il considère comme une redondance – que déplacement. Appelons cela une réécriture, une réorganisation du texte. Le v. 31:27 pose un ensemble de problèmes plus complexe, le passage manquant de cohérence, comme l’a indiqué à juste titre Gorea (2007, 152). Le premier stique est théodotionique ; le second se présente ainsi : εἰ δὲ καὶ χεῖρά μου ἐπιθεὶς ἐπὶ στόματί μου ἐφίλησα « et si portant ma main à la bouche j’ai aussi adressé un baiser »150. signification la plus naturelle de ἐθέμην construit avec un double accusatif est : « j’ai fait de sa demeure un désert » (cf. Is 13:9 et 28:15) ou « j’ai rendu sa demeure déserte », le grec s’écartant du TM : « à qui j’ai assigné le désert pour demeure » (Rabb.). La variante de Symmaque est l’adjectif ἀοίκητος « inhabité », « inhabitable ». 148 •• Au v. 34:18, dans le stique a, ἀσεβής « impie » évoque la racine ‫( רשׁע‬cf. le dernier mot du verset précédent ‫ « ַתּ ְר ִשׁ ַיע‬tu déclareras coupable » ou le premier mot du second membre du présent verset ‫ « ָר ָשׁע‬coupable ») ; ὁ λέγων lit ‫ « ָהא ֵֹמר‬celui qui dit » au lieu du TM ‫ « ַה ֲאמֹר‬est-ce à dire…? » (DHORME) ; βασιλεῖ « au roi » traduit ‫; ְל ֶמ ֶלְך‬ παρανομεῖς « tu transgresses la loi », « tu es un scélérat », explicite la signification du TM ‫ « ְבּ ִליָּ ַעל‬vaut-rien ». Le stique b est théodotionique (‫יבים‬ ִ ‫נְ ִד‬-‫“… « ָר ָשׁע ֶאל‬criminel” à des princes »). ••• Le passage dans lequel le verset est inséré nécessite une analyse approfondie. Voir aussi COX 2017, 178. 149 •• Au v. 33:8a, le stique a est théodotionique (‫ « ַאְך ָא ַמ ְר ָתּ ְב ָאזְ נָ י‬Mais tu as dit à mes oreilles »). Dans le stique b, φωνήν « voix » traduit ‫ ; קוֹל‬ῥημάτων (σου) « de tes paroles » traduit ‫מ ִלּין‬, ִ σου étant un plus de traduction ; le parfait ἀκήκοα « j’ai entendu » correspond au yiqtol ‫ « ֶא ְשׁ ָמע‬j’entends [encore] ». 150 •• Au v. 31:27, le stique a est théodotionique (‫ « וַ יִּ ְפ ְתּ ַבּ ֵסּ ֶתר ִל ִבּי‬mon cœur a été secrètement séduit »). Dans le stique b, εἰ « si » semble interpréter le wayyiqtol ‫ « וַ ִתּ ַשּׁק‬et

LA TRADUCTION GRECQUE

51

Les deux membres parallèles dans le TM ne sont pas synonymiques, le premier membre, absent de G, présentant le procès caché d’une séduction, intérieur à une personne, et le second membre la réalisation physique d’un rituel religieux dans un rapport de succession et de cause à effet. La traduction est qualifiée de paraphrase par Dhorme, ad loc., mais le stique b me semble bien être une traduction, avec simplement le plus explicitant d’un mot, ou peut-être la traduction dédoublée du verbe « donner un baiser » ‫נָ ַשׁק‬. Dans ce verset, il s’agit, de la part de G, d’une véritable omission. Le cas de 34:11 correspond davantage à ce qu’on peut attendre d’une condensation, dans la mesure où le traducteur contracte en un stique (le stique a de l’édition de Ziegler) le contenu des deux membres du TM : ἀλλὰ ἀποδιδοῖ ἀνθρώπῳ καθὰ ποιεῖ ἕκαστος αὐτῶν « mais puisse-t-Il rendre à l’humain selon ce que chacun d’eux fait »151.

Deux termes grecs correspondent à trois de l’hébreu, et il n’y a que deux mots qui ne soient pas traduits, de surcroît deux mots dont les parallèles ont été traduits, ce qui apparente la contraction à l’évitement d’une redondance. Le traducteur ne reprend pas l’image qui intensifie, dans le TM, la formulation davantage conceptuelle du 1er élément. Il est possible encore que le traducteur ait choisi une forme textuelle que l’on j’ai donné un baiser » comme continuant un ‫ ִאם‬hypothétique implicite, alors que, au v. 26, ἦ « est-ce que » a déjà interprété le précédent ‫ ִאם‬comme interrogatif ; καί « aussi » me semble marquer, comme il le fait dans tout le chapitre 31, le surenchérissement ; il détermine davantage la phrase qu’un mot particulier ; χεῖρά μου « ma main » traduit ‫; יָ ִדי‬ le plus de traduction ἐπιθείς (ἐπὶ) « ayant posé (sur) » explicite le rituel d’adoration de la main qui se porte à la bouche ; (ἐπὶ) στόματί μου « sur ma bouche » traduit ‫; ְל ִפי‬ ἐφίλησα traduit ‫וַ ִתּ ַשּׁק‬. ••• Les v. 26-27 manquent de cohérence, l’identification d’un rituel présenté comme idolâtre ne va pas de soi en grec (GOREA 2007, 152). 151 •• Au v. 34:11, dans le stique a, ἀλλά « mais » correspond à ‫ « ִכּי‬car » ; ἀποδιδοῖ « qu’il rende » traduit ‫ ; יְ ַשׁ ֶלּם‬ἀνθρώπῳ « à l’humain » et ἕκαστος « chacun » (αὐτῶν « d’eux ») évoquent les termes ‫ « ָא ָדם‬l’humain », ‫ « לוֹ‬lui » et ‫ « ִאישׁ‬homme » ; le pronom αὐτῶν est formellement parlant un plus ; le verbe ποιεῖ « il fait » évoque le substantif ‫ « פ ַֹעל‬action », mais καθά correspond plutôt à la préposition ‫ « ְכּ‬comme » (‫וּכא ַֹרח‬ ְ au sens concret « comme son sentier ») ; formellement parlant rien ne correspond à ‫ « א ַֹרח‬sentier » au sens abstrait de « comportement », ni à ‫יַמ ִצ ֶאנּוּ‬ ְ « il lui fera trouver ». Le stique b est théodotionique (‫יַמ ִצ ֶאנּוּ‬ ְ ‫וּכא ַֹרח ִאישׁ‬ ְ « il traite chacun selon sa conduite »). ••• Le stique 34:11a représente le même motif qu’en 24:20c ἀποδοθείη δὲ αὐτῷ ἃ ἔπραξεν « puisset-on lui rendre ce qu’il a fait », ce dernier stique n’ayant pas de correspondant dans le TM (voir HEATER [1982, 82], pour qui le v. 24:20c provient du v. 34:11) ; cf. aussi TM21:31. – Selon GERLEMAN (1946, 52), le traducteur, en employant l’optatif, a atténué la virulence du texte hébreu.

52

TRADUIRE UNE TRADUCTION

rencontre ailleurs dans le corpus biblique (Dhorme, ad loc.)152. Dhont (2018, 10; 11; 158; 159) cite un autre cas de condensation de ce type, en 33:13, dont l’hébreu sous-jacent comporte plusieurs indéterminations, ce qui donne autant de traductions (voir par exemple Tur-Sinai versus Dhorme) : le verbe ‫ ָענָ ה‬peut signifier « répondre à quelqu’un » ou bien « répondre de quelque chose » ; le substantif ‫ ָד ָבר‬signifie « paroles » ou « actes » ; le pronom suffixé de 3e personne de ‫ ָד ָבר‬peut se référer à l’homme ou bien à Dieu. De plus nous trouvons en 33:13 un écho de 9:3, qui lui-même est l’objet de différentes interprétations. Le v. 34:6b cité par Driver-Gray ne me semble pas devoir être retenu dans la mesure où cela n’est pas un seul stique parallèle isolé qui a été omis, mais une séquence de trois stiques (34:6b-7ab), dans un passage où le fil syntaxique aurait besoin d’être justifié, ainsi que le syntagme 34:8a. De plus les deux membres du verset hébreu ne sont pas dans un rapport de parallélisme sémantique. On ne peut pas davantage retenir 20:14, car le stique a (Zi) ne correspond pas au TM : καὶ οὐ μὴ δυνηθῇ βοηθῆσαι ἑαυτῷ « il ne pourra pas aller à son propre secours » ~ ‫ « ַל ְחמוֹ ְבּ ֵמ ָעיו נֶ ְה ָפְּך‬son aliment dans ses entrailles se transformera » ; nous ne sommes pas en présence d’une traduction du TM20:14α – qui n’existe ni dans G, ni dans R – mais d’un plus interprétatif153. Dire que G, quand il se trouvait face à deux membres « synonymes », avait l’habitude de ne pas traduire l’un des deux membres est un raccourci contestable ; mais surtout cela ne peut pas être une explication lorsque d’autres questions se posent dans le passage, parfois plus importantes. En conclusion, si je devais utiliser de façon restrictive le terme paraphrastique, je l’utiliserais plutôt pour un passage comme 33:23-25 ou 34:36-37, avec le paradoxe que ce sont les passages où la forme textuelle grecque s’écarte le plus de celle du TM, alors même qu’en employant le terme paraphrase, on sous-entend que le grec veut dire la même chose que le TM. Il vaut mieux dire que, dans des passages comme 33:23-25 ou 152 Pr 24:12d ὃς ἀποδίδωσιν ἑκάστῳ κατὰ τὰ ἔργα αὐτοῦ « lui qui rend à chacun selon ses œuvres » (trad. BA 17) ; GPs 61[62]:13b ὅτι σὺ ἀποδώσεις ἑκάστῳ κατὰ τὰ ἔργα αὐτοῦ « car tu rendras à chacun selon ses œuvres » ; Jr 39:19 δοῦναι ἑκάστῳ κατὰ τὴν ὁδὸν αὐτοῦ « pour donner à chacun selon sa conduite ». 153 Du point de vue du grec, HEATER (1982, 69) a raison, me semble-t-il, de rapprocher ce plus interprétatif (καὶ οὐ μὴ δυνηθῇ βοηθῆσαι ἑαυτῷ « il ne pourra pas aller à son propre secours ») de 4:20b : παρὰ τὸ μὴ δύνασθαι αὐτοὺς ἑαυτοῖς βοηθῆσαι ἀπώλοντο « de ne pouvoir se secourir ils ont péri ». L’ajout complète la pensée du passage, comme l’écrit HEATER.

LA TRADUCTION GRECQUE

53

34:36-37, se pose la question du statut du texte – est-ce une traduction, une amplification, une glose, un commentaire ? – à côté duquel on risque de passer en réduisant ces énoncés à des paraphrases, c’est-à-dire à de mauvaises traductions. Ce qui symbolise la variété des faits de langue que recouvre la notion de paraphrase est qu’elle est utilisée pour en tirer des conclusions opposées. Le paradoxe n’est qu’apparent mais significatif. Ainsi en raison de son caractère « paraphrastique » il est impossible, dit-on, de reconstruire le modèle hébreu de la traduction grecque154 ; et en même temps, cette même caractéristique, affirment les critiques, permet de dire que le modèle hébreu consonantique du traducteur est le même que le texte hébreu qui nous a été transmis par les manuscrits médiévaux. Le paradoxe n’est qu’apparent. Dans le premier cas, on affirme que l’on ne peut pas savoir à quels mots hébreux précis renvoie la traduction grecque, autrement dit que la rétroversion est impossible ; nous sommes du côté du signifiant hébreu155 et le point de vue est celui du critique du TM. Dans le second cas, on veut dire que le texte grec, dans ses grandes lignes, signifie la même chose que le TM, le seul texte hébreu que nous connaissions156 ; nous sommes du côté du signifié et de la synonymie157. L’ironie est que cela présuppose que le TM n’a qu’un sens – et qu’on le connaît – alors même qu’on le qualifie d’obscur. Meschonnic écrit à juste titre : « Dans le discours il n’y a pas de synonymie vraie, même à l’intérieur d’une langue. La supposer entre deux langues, c’est pratiquement confondre le signe et le référent » (1999, 146). Mais dans le second cas, on affirme aussi, il est vrai, – ce qui est d’un enjeu théorique important – que le texte grec court ne représente pas un état intermédiaire du développement littéraire du livre de Job hébreu ; qu’au contraire la version grecque ancienne est la première lecture connue de ce livre, « when the process of literary formation and growing of the book was finished », comme l’écrit Fernández Marcos158. C’est un fait que les différents discours qui composent le livre en grec et en hébreu se rencontrent dans le même ordre, et que l’on peut affirmer que l’ordre des versets est également le même en grec et en hébreu, en dépit de quelques écarts, qu’il faudra expliquer, et compte tenu des omissions. TOV (2016, 198), COX (2017, 179). Signifiant au sens large du terme, signifiant écrit et pour autant qu’il soit possible de parler de signifiant/signifié en dehors de la définition du signe ; il vaudrait mieux dire que nous sommes du côté du signe hébreu. 156 FERNÁNDEZ MARCOS (1994, 254). 157 Par abus de langage, le signifié étant inséparable de son signifiant. 158 FERNÁNDEZ MARCOS (1994, 251), TOV (2016, 202). 154 155

54

TRADUIRE UNE TRADUCTION

§ 9. BLANCS ET LINÉARITÉ Parmi les omissions de membres entiers de versets hébreux, certaines comme celle du v. 10:4α, mentionnée plus haut, ne créent pas de difficultés. Certes le texte hébreu en tant qu’objet poétique, et sa signifiance, sont mis à mal, mais la déficience reste locale. Le texte grec reste dans le prolongement du texte hébreu. D’autres omissions en revanche posent la question de l’interprétation des blancs du texte grec court, car elles touchent à la logique du texte. Le texte grec du chap. 28 est connu pour être de moitié plus court que le texte hébreu qui nous a été transmis. Il a été souvent étudié159. Je ne traiterai ici que de l’omission du v. 22, pour le problème de méthode qu’il pose. Dans le 3e mouvement (v. 21-27), le principal moins est une suite de deux membres, les v. 21β et 22α. Le moins 21β – un membre parallèle qui particularise la teneur du premier membre du verset160 – modifie, certes, la structure poétique du texte, mais sans que l’enjeu de sens du passage en soit touché. Ce n’est pas le cas du v. 22α, puisque ce premier élément (‫ « ֲא ַבדּוֹן וָ ָמוֶ ת ָא ְמרוּ‬La Perdition et la Mort disent »), qui ne pose pas de problème de compréhension, compte dans ses mots le verbe introducteur de la proposition au style direct qui suit : ‫ְבּ ָאזְ נֵ ינוּ ָשׁ ַמ ְענוּ ִשׁ ְמ ָעהּ‬ « De nos oreilles nous avons entendu la rumeur qui la concerne » (qui concerne la Sagesse). Dans le TM, la marque de 1re personne du pluriel nous a pour référent la Mort et son doublet poétique, la Perdition. Or la mention de la Mort manque précisément dans G. 20 ἡ δὲ σοφία πόθεν εὑρέθη ; ποῖος δὲ τόπος ἐστὶν τῆς συνέσεως ; 21 λέληθεν πάντα ἄνθρωπον ※ 22 ※ Ἀκηκόαμεν δὲ αὐτῆς τὸ κλέος

20 mais la sagesse, où l’a-t-on trouvée ? et quel est le lieu de la compréhension ? 21 elle reste cachée à tout humain ※ 22 ※ nous avons entendu parler de son renom

159 COOK (1992), WOLDE (2003), MURAOKA (2003), KEPPER-WITTE (2011, 2050-51), MANGIN (2021). 160 ‫וּמעוֹף ַה ָשּׁ ַמיִם נִ ְס ָתּ ָרה‬ ֵ ‫חי‬-‫ל‬ ָ ‫ « וְ נֶ ֶע ְל ָמה ֵמ ֵעינֵ י ָכ‬Elle se cache aux yeux de tout vivant, / aux oiseaux du ciel elle se dérobe ».

LA TRADUCTION GRECQUE

55

Le raisonnement des critiques est le suivant : dans G, le dernier mot qui précède la phrase au style direct est πάντα ἄνθρωπον « tout humain », donc la 1re personne du pluriel ἀκηκόαμεν a pour référent « l’humanité », « l’espèce humaine dans son ensemble »161 ; Kepper et Witte vont plus loin dans l’interprétation de la lacune, puisqu’ils considèrent que le verset est dit par Job, lequel se compte parmi les sages162 ; ces critiques nous font glisser du genre humain au groupe plus restreint des sages, dont on dit, en plus, que Job affirme en faire partie. Je reste réticent à cette façon d’interpréter les blancs du texte pour une raison essentielle. Quand on compare, verset par verset, le grec et le TM – et à condition que l’on tienne compte de ce qui est, à mes yeux, d’inévitables plus de traduction, voire d’interprétation –, on constate que la plupart du temps le traducteur reste à l’intérieur des limites de l’interprétation de l’hébreu qui nous a été transmis. Certains critiques insistent, certes, sur la liberté avec laquelle il traduit l’hébreu ; d’autres parlent de paraphrases fréquentes, voire d’incompréhensions ; mais même ceux qui reprochent à G sa trop grande liberté d’interprétation s’appuient précisément sur la comparaison entre G et le TM, pour affirmer que le modèle consonantique de G est identique à la forme consonantique du TM. Or si on interprète les omissions et les raccourcis de G, comme on le fait dans ce passage, le profil de notre traducteur devient tout autre. Loin de rester dans les limites de l’interprétation de l’hébreu, il défigure le texte qu’il traduit : d’un côté il traduit parfaitement une parole de l’hébreu au style direct « Nous avons entendu parler de son renom » et, de l’autre, il met cette parole dans la bouche d’un locuteur qui n’est pas celui indiqué dans le texte hébreu, et de surcroît, pour une raison qui ne va pas de soi163. Il me semble que – si l’on interprète le texte grec dans sa linéarité – il y a une contradiction entre la fiabilité de la traduction du verset et ce qui s’apparente à une pratique de faussaire. D’autant qu’il faudrait expliquer pourquoi dans une grande partie du livre, il se comporte en traducteur et qu’il ne le serait plus à proprement parler dans d’autres parties. GOREA (2007, 116; 117). KEPPER-WITTE (2011, 2105, au v. 22). 163 Selon GOREA (op. cit., 116), G a reculé devant la prosopopée. Mais en quoi cette figure de rhétorique peut-elle faire peur à un auteur qui, dans son lexique, manifeste sa connaissance de la littérature grecque, y compris Homère (voir, entre autres auteurs, EGLI 1857 ; ZIEGLER 1985, 110-112), et en conséquence, on peut le penser, d’une figure aussi courante que la prosopopée ? S’il était vrai que le traducteur de Job efface toute prosopopée, ce serait un écart marqué. Encore faut-il le prouver. Voir aussi GAMMIE 1987. 161 162

56

TRADUIRE UNE TRADUCTION

Le texte hébreu, comme nous l’avons vu, déjoue une lecture linéaire. Aussi, dans ma traduction annotée, j’étudie de façon non linéaire les sections du livre qui comprennent de nombreuses omissions, comme on le fait de fragments. Ne vaut-il pas mieux s’intéresser à ce que le texte grec dit explicitement, dans sa positivité, et ne rien inférer – pour le moment du moins – de ses moins ? Ce faisant, on ne renonce pas à comprendre la logique du texte court ; on en reporte l’étude à un moment plus opportun, une fois qu’il aura été analysé dans sa totalité. D’autant que le grec traduit à peu près les 5/6e du TM164 et que nous sommes loin de la situation des philosophes qui doivent reconstruire le système de pensée de tel ou tel préplatonicien en se fondant sur quelques rares fragments. § 10. LES TROIS ANGLES DE L’ÉTUDE DU TEXTE GREC L’étude du texte, dans ma traduction annotée, se fait selon trois angles. La comparaison d’une traduction avec son modèle suppose la connaissance des deux textes, comme deux entités autonomes, de plein droit. C’est la raison pour laquelle la traduction du texte grec et les notes de bas de page – qui constituent le corps du volume XX de « La Bible d’Alexandrie » – sont précédées de l’analyse du TM en tant qu’objet esthétique. Bien qu’elle se fasse indépendamment du texte grec, l’analyse des lignes de force de la composition poétique en hébreu a plus ou moins d’importance selon les discours et le nombre des moins qu’ils comportent en grec : l’analyse de l’hébreu est cruciale, par exemple, dans l’étude du chap. 28, de moitié plus court en grec ; elle peut être plus rapide pour le chap. 10, qui ne comporte qu’un membre « synonymique » en moins en grec. L’analyse du TM se fait au moyen des marques de littérarité présentées plus haut : les instances d’énonciation, la pluralité de registres et de genres littéraires, les répétitions, la structure en entrelacs, la composition en tuilage, le jeu des échos entre les différentes parties du livre, le jeu des citations. Je tiens également compte de deux autres facteurs : la présence possible de silences dans le texte, qui expliqueraient certaines singularités du livre (Greenberg 2003, 336) ; le statut particulier des discours d’Élihou, que je définis comme un texte second et, plus précisément, comme un commentaire qui a la particularité d’être

164

Voir § 1, p. 5.

LA TRADUCTION GRECQUE

57

écrit dans le même genre littéraire que le livre qu’il commente, ce même livre dans lequel il est inclus165. À l’étude du TM pris en lui-même s’ajoute – c’est le deuxième angle – une analyse linéaire descriptive de la traduction grecque par rapport à son modèle hébreu présumé, verset par verset (« micro-level »). Je différencie, dans les notes de bas de page : les traductions manifestes ; les correspondances entre le grec et l’hébreu ou les choix de traduction, compatibles avec le TM ; les plus de traduction ; les plus interprétatifs ; les réécritures ou transpositions de sens ; les syntagmes ou stiques difficilement rattachables au TM. Seront également mentionnées, sans prétention à l’exhaustivité, certaines vocalisations différentes de celles du TM, que signalent les grands commentaires de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, ainsi que des lectures de consonnes différentes de celles du texte consonantique transmis. Cette analyse linéaire, signalée par deux puces (••) est précédée, quand cela est nécessaire, d’une indication générale (•) qu’il est utile d’avoir à l’esprit si l’on veut accéder plus facilement à l’étude comparative. Par exemple : « Le stique a, chez Ziegler, est une traduction du 2e membre du TM, dont nous avons une seconde traduction, théodotionique ; le premier membre n’est traduit ni dans G, ni dans θ'. » ; ou bien « Le verset numéroté 33:30 dans l’édition de Ziegler, traduit le verset 33:28 du TM » ; etc. La troisième strate des notes (•••) développera assez brièvement les écarts intéressants, dans la mesure où l’enjeu de l’écart est local ; les particularités du texte grec qui touchent à l’économie du livre, ou qui nécessitent un plus long développement, sont traitées dans la troisième et dernière partie de la traduction annotée, intitulée « Les caractéristiques du texte court et sa logique propre ». Le but de l’analyse descriptive est de distinguer, dans la traduction, les versets (ou passages) marqués des versets (ou passages) non marqués, un point sur lequel il faut s’arrêter. a/ Les traductions manifestes. Une traduction peut être non marquée. Au v. 32:13, Εὕρομεν σοφίαν « nous avons trouvé la sagesse » pour ‫ « ָמ ָצאנוּ ָח ְכ ָמה‬nous avons trouvé la sagesse » est typiquement une traduction non marquée166. En revanche, au v. 28:28, le substantif θεοσέVoir MANGIN (2016, 185). Qualifier cette traduction non-marquée de « littérale » c’est ne voir que la surface du texte. Il serait plus juste de dire que la littéralité n’est qu’une coïncidence superficielle entre l’hébreu, le grec et le français. Comme l’écrit en substance LAUNAY, la traduction fait « voler en éclat » « la connexion essentielle de l’axe syntagmatique et de l’axe paradigmatique » du texte que l’on traduit, qui ne peut pas être la même que celle de la langue dans laquelle elle est traduite. « Même si les syntaxes des deux langues mises en rapport 165 166

58

TRADUIRE UNE TRADUCTION

βεια « l’acte de révérer Dieu » pour ‫ « יִ ְר ַאת ֲאד ֹנָ י‬la crainte d’Adonay » est une traduction marquée, tout comme l’est, en 1:1b.8d et 2:3d, l’adjectif qualificatif θεοσεβής « révérant Dieu » pour le participe « craignant Élohim » ‫ֹלהים‬ ִ ‫יְ ֵרא ֱא‬. En effet, dans les livres de la Bible grecque qui traduisent le TM, le substantif θεοσέβεια n’est employé en tout et pour tout que deux fois, en Gn 20:11 pour ‫ֹלהים‬ ִ ‫ « יִ ְר ַאת ֱא‬la crainte d’Elohim » et en Jb 28:28 pour ‫ « יִ ְר ַאת ֲאד ֹנָ י‬la crainte d’Adonay ». Dans ce même corpus, l’adjectif θεοσεβής est employé quatre fois, en Ex 18:21, Jb 1:1b.8d et 2:3d, à chaque fois pour « craignant Élohim » ‫ֹלהים‬ ִ ‫ יְ ֵרא ֱא‬/ ‫יִ ְר ֵאי‬. Le contexte de milieu non juif (Abimélek, Jéthro, Job) connote probablement l’emploi de ces mots167. La comparaison avec les Proverbes est éclairante : nous rencontrons la traduction φόβος κυρίου « la crainte du Seigneur » dans les quatorze occurrences de ‫ « יִ ְר ַאת יְ הוָ ה‬la crainte de yhwh ». b/ Les correspondances et choix de traduction. Ce que j’appelle correspondance entre un terme grec et un terme hébreu est un choix de traduction compatible avec le TM (pour autant que je puisse en juger), sans que cela soit une traduction mot-à-mot : je ne me substitue pas aux critiques du TM, je ne fais qu’apporter mon éclairage, du point de vue de la logique du texte grec que je recherche. Les correspondances font partie de la pratique du traducteur, sans être marquées dans le sens fort du terme. Ainsi, au v. 39:6 le pronom anaphorique αὐτοῦ correspond au pronom relatif ‫ « ֲא ֶשׁר‬qui », « que » – les deux propositions indépendantes juxtaposées du grec correspondant à une principale suivie d’une relative dans le TM. Au v. 39:5, la traduction suit le mot-à-mot du TM en respectant même l’ordre de ses mots, mais elle ne reprend pas le parallélisme de l’hébreu, ‫ « ֶפּ ֶרא‬onagre » || ‫ « ָערוֹד‬âne sauvage » (hapax), en substituant l’anaphorique αὐτοῦ au second terme. Ces façons de faire du traducteur sont si courantes, relèvent tellement de sa pratique habituelle, qu’elles peuvent être facilement récapitulées par un terme comme évitement de répétitions (redondances), extension de l’usage de l’anaphorique, ajout ou omission du possessif, variatio sermonis, etc. Une grande partie du travail de Orlinsky, entre 1957 et 1965, a été précisément d’établir ces correspondances entre G et le TM. La variatio porte autant sur des mots par la traduction sont très voisines, la série des associations, des synonymies, des antonymies, des attentes et des anticipations reste propre à [chaque] langue » (2006, 41-42). Ainsi appelle-t-on couramment « traduction littérale » la traduction qui se constate sur l’axe syntagmatique, l’épaisseur sous-jacente du texte étant ignorée. Je reviens sur cette question plus bas, § 11, où je cite plus longuement LAUNAY. 167 HARL (1986, ad loc.), LE BOULLUEC-SANDEVOIR (1989, ad loc.).

LA TRADUCTION GRECQUE

59

lexicaux (ainsi aux v. 9:34 et 13:21, respectivement μή με στροβείτω et ְ ‫)א‬ ַ que grammaticaux : μή με καταπλησσέτω pour l’unique TM ‫תּ ַב ֲע ַתנִּ י‬-‫ל‬ les passages parallèles 1:6-8 et 2:1-3, que Gerleman avait signalés (1946, 9-10) sont emblématiques : καὶ ὡς ~ δὲ ὡς ; καὶ ἰδού ~ καὶ ø ; ἐνώπιον τοῦ κυρίου ~ ἔναντι κυρίου ; μετ᾽ αὐτῶν ~ ἐν μέσῳ αὐτῶν, etc. (voir ad loc.). c/ Les plus de traduction. Ils ont le même statut intermédiaire que les correspondances. Ils explicitent en grec une ellipse du TM, grammaticalement justifiable. Ainsi en 15:3 et 18:21, respectivement, les relatifs οἷς (οὐ δεῖ) et οἷς (οὐδὲν ὄφελος) dans le premier cas et le participe substantivé τῶν μὴ εἰδότων, dans le second, suppléent le relatif fréquemment sous-entendu dans le TM de Job, comme indiqué plus haut. Mais il est essentiel de faire la différence entre les plus de traduction et les plus interprétatifs168. d/ Les plus interprétatifs. Qu’ils soient un mot, un syntagme ou un stique entier, ils sont par définition des emplois marqués. Ainsi en Jb 24:4a, le plus δικαίας qui interprète au sens abstrait une image concrète du TM est un choix interprétatif, où reste perceptible le lien entre l’interprétation et le texte hébreu : ἐξέκλιναν ἀδυνάτους ἐξ ὁδοῦ δικαίας « Ils ont détourné les démunis du chemin juste » en face de ‫ « יַ טּוּ ֶא ְביוֹנִ ים ִמ ָדּ ֶרְך‬ils détournent les indigents du chemin ». Mais en Jb 28:23, εὖ est un plus interprétatif sans accrochage dans le texte hébreu du verset : ὁ θεὸς εὖ συνέστησεν αὐτῆς τὴν ὁδόν « Dieu, pour le bien, fixa son chemin » en face de ‫ֹלהים ֵה ִבין ַדּ ְר ָכּהּ‬ ִ ‫ « ֱא‬Elohim a discerné son chemin »169. Au v. 19:4, les stiques a et b sont des traductions, mais les stiques c et d sont des plus, qui explicitent l’égarement de Job, à savoir qu’il a commis une faute de parole ; notons que les deux plus n’ont pas le même statut : le stique c λαλῆσαι ῥῆμα, ὃ οὐκ ἔδει est une reprise, avec variatio de construction, de 15:3a ἐλέγχων ἐν ῥήμασιν, οἷς οὐ δεῖ, où il correspond au TM (Dhorme, ad loc. ; Heater 1982, 67), WAARD (1973, 515), cité par HEATER (1982, 7) : « We should no longer speak of “interpretative additions” in translation when we mean to say that implicit source information has been made explicit. In such a case nothing has been added to the source text. Only when we have to do with the making explicit of information which is not implicit in the source… we can talk of additions which presuppose, of course, a wrong interprétation ». 169 G συνέστησεν a lu le hi. de ‫ « כון‬fixer » à la place du hi. de ‫ « בין‬discerner » dans le TM (MURAOKA, s.v. συνίστημι) ; mais le texte grec reste compatible avec le TM, puisque l’on trouve au v. 28:27, dans les manuscrits médiévaux qui nous ont transmis le TM, la même oscillation paléographiquement explicable de ‫ בין‬/ ‫ כון‬au hi. Pour la traduction de εὖ, comparer Is 53:11 (LE BOULLUEC-LE MOIGNE 2014, 122). L’adverbe εὖ évoque le ὅτι καλόν (‫טוֹב‬-‫)כּי‬ ִ qui scande le chapitre 1 de la Genèse (voir BA 1, au v. Gn 1:4). 168

60

TRADUIRE UNE TRADUCTION

alors que le stique d est une pure amplification qui souligne l’égarement (ἐπλανήθην, πλάνος, πλανᾶται). e/ Les réécritures. Par définition marquées, elles empruntent plusieurs formes. L’une est le fait de créer un stique parallèle à un stique précédent. Au v. 11:18b, G a réécrit la substance de l’hébreu, en créant un stique parallèle au v. 11:17b170 : ἐκ δὲ μερίμνης καὶ φροντίδος « hors de l’inquiétude et du souci » est syntaxiquement parallèle à ἐκ δὲ μεσημβρίας « du midi » (17β) et sémantiquement parallèle à πεποιθώς τε ἔσῃ « tu seras confiant » (18α) ; ἀναφανεῖταί σοι « brillera pour toi » l’est à ἀνατελεῖ σοι « se lèvera pour toi » (17β) et εἰρήνη « la paix » à ζωή « la vie » (17β). D’où : « et hors de l’inquiétude et du souci brillera pour toi la paix » ~ « et du midi se lèvera pour toi la vie »171. Parfois il y a transposition d’image ou effacement d’image par passage du concret à l’abstrait. Au v. 20:15, ἀδίκως συναγόμενος « (la richesse) injustement amassée » correspond à ‫ « ָבּ ַלע‬il a avalé (la richesse) » (cf. Orlinsky 1958, 255). f/ Les stiques ou syntagmes difficilement rattachables au TM. Ils sont par définition marqués. Ainsi au v. 31:11, nous rencontrons : θυμὸς γὰρ ὀργῆς ἀκατάσχετος / τὸ μιᾶναι ἀνδρὸς γυναῖκα « car c’est une ardeur irrépressible de colère / que de souiller la femme d’un homme » face au TM ‫ילים‬ ִ ‫)היא( זִ ָמּה והיא )וְ הוּא( ָעוֹן ְפּ ִל‬ ִ ‫הוא‬-‫ « ִכּי‬car c’est une impudicité, un crime relevable des juges-arbitres ». Le grec diverge nettement de la lettre du TM (Dhorme, ad loc.) ; le premier stique a été l’objet de rétroversions, le second n’apparaît pas même rattachable au TM172. 170 Dans la traduction du v. 17, l’ordre des deux membres du TM est interverti (DHORME). 171 • Au v. 11:18, l’interprétation de ‫ וְ ָח ַפ ְר ָתּ‬est discutée (voir les comm.). •• Dans le stique a, πεποιθώς τε ἔσῃ « tu seras confiant » traduit ‫וּב ַט ְח ָתּ‬ ָ ; ὅτι « car » ou « que » traduit ‫ ; ִכּי‬ἔστιν traduit ‫ ; יֵ שׁ‬σοι supplée une marque de personne grammaticale, comme au verset précédent ; ἐλπίς « espoir » traduit ‫תּ ְקוָ ה‬. ִ Le stique b diverge du TM, rien ne correspondant formellement à ‫ « וְ ָח ַפ ְר ָתּ‬tu creuseras » (1 ‫ )חפר‬et à ‫ « ִתּ ְשׁ ָכּב‬tu te coucheras » ; mais si l’on s’appuie sur l’interprétation de ‫ וְ ָח ַפ ְר ָתּ‬par GORDIS (l’image est celle d’un animal qui creuse un abri et ainsi se sent en sécurité), la traduction dédoublée ἐκ μερίμνης καὶ φροντίδος « et hors de l’inquiétude et du souci » (MURAOKA trad. libre :: HR †) explicite la conséquence abstraite de l’action concrète de creuser, i.e. le fait d’être libre de toute inquiétude ; ἀναφανεῖται « brillera », qui n’est pas rattachable au TM, est l’élément qui marque la réécriture ; σοι est un plus qui continue les σοι des v. 17β et 18α ; εἰρήνη me semble avoir une correspondance sémantique possible avec ‫ « ָל ֶב ַטח‬en sécurité » (HR ‫ ? ֶב ַטח‬:: MURAOKA), d’autant qu’en choisissant εἰρήνη le traducteur évite d’évoquer deux fois la même racine : dans le membre α, le verbe ‫ ; בטח‬dans le membre β, le substantif ‫בטח‬. 172 Le premier membre ‫)היא( זִ ָמּה‬ ִ ‫הוא‬-‫ « ִכּי‬car ceci est une impudicité » se réfère à Lv 18:17 ‫זִ ָמּה ִהוא‬, qui porte sur les unions sexuelles interdites ; le second semble

LA TRADUCTION GRECQUE

61

g/ Enfin, comme exemple de lecture divergente par rapport au TM, citons 28:13, que mentionne Orlinsky (1964, 76) : la leçon ὁδὸν αὐτῆς « son chemin » suppose ‫ « ַדּ ְר ָכּהּ‬son chemin » au lieu du TM ‫ « ֶע ְר ָכּהּ‬son prix ». Dans la troisième partie je rassemble les lignes de force du texte court, sa logique propre, discours par discours, indépendamment du texte hébreu. Il s’agit d’abord, de récapituler le nombre des moins quantitatifs de la traduction : les moins manifestes – représentés par les stiques théodotioniques, notés d’un astérisque dans l’édition de Ziegler –, mais aussi les stiques qui s’avèrent, à la suite de l’analyse linéaire, ne pas être la traduction des membres correspondants du TM173. Dans le deuxième temps est abordée la valeur de ces moins : l’absence de traduction du moindre segment de texte hébreu affecte l’objet poétique qui se présente en hébreu ; il reste que certaines omissions ont un enjeu de sens plus important que d’autres, comme nous l’avons vu plus haut174, et que se dessine ainsi dans le résultat la forme textuelle de l’interprétation grecque – si l’on veut bien oublier l’hébreu et prendre le texte grec dans sa positivité. Dans un troisième temps sont analysés les passages marqués, caractéristiques du texte grec, ce qui nous conduit à dégager la ligne interprétative du traducteur175.

développer le premier en déclarant l’impudicité de « crime relevable des juges-arbitres » ‫ פלילים‬corrigé en ‫( פלילי‬Ex 21:22, Jb 31:28). Alors que G développe une réflexion sur l’adultère, le TM caractérise la faute de droit. – Dans le stique a, θυμός est noté † par HR (MURAOKA spécifiant « traduction libre ») ; γάρ est le seul mot qui pourrait évoquer le TM (‫)כּי‬ ִ ; ὀργῆς est noté - par HR (MURAOKA ne donnant aucune indication contraire) ; ἀκατάσχετος est noté † par HR, tout comme la variante ἀκάθεκτος de L-575’ (le premier terme étant absent de l’index de MURAOKA, mais présent dans son lexique [2009] ; le second, la variante, étant absent des deux ouvrages). Dans le stique b, les trois termes sont notés par HR, respectivement : -, -, † (logiquement la typologie devrait être la même pour les trois termes) ; MURAOKA ne dit rien de différent ; selon DHORME, le stique b est une glose de ‫זִ ָמּה‬, qui, rappelons-le, est sans correspondant dans le stique a. – La qualification « free translation », pour reprendre la terminologie de MURAOKA, devrait s’appliquer, me semble-t-il, de préférence à une proposition, au minimum en tout cas à un syntagme ; l’appliquer à un mot isolé me semble difficile. 173 Par exemple, les v. 32:14αβ et 33:30αβ, que j’ai mentionnés § 3, p. 9-10. 174 Pour reprendre les deux cas emblématiques déjà mentionnés : dans le chap. 10, l’absence de traduction d’un unique membre « synonymique » a un enjeu de sens moindre que, dans le chap. 28, la réduction à un seul verset (v. 13) d’un mouvement du texte qui en comprend sept en hébreu ; c’est la composition du chapitre tout entier qui en est alors affectée. 175 Voir par exemple la leçon de G en 32:1 et 32:13 ; le texte de G en 33:23-25.

62

TRADUIRE UNE TRADUCTION

§ 11. TRADUIRE Tout lecteur se trouve pris, qu’il le veuille ou non, dans une histoire de la traduction à l’égard de laquelle il doit prendre position. Bollack (20182, 93 [20001]) cité par Launay (2006, 7)

Il est nécessaire de revenir à la question de la traduction et en premier lieu à celle de la littéralité. L’emploi du terme littéral (~ libre) pour qualifier la traduction grecque du texte hébreu a été abordé au § 5, p. 14-16. Il s’agit, dans ce qui suit, de l’emploi de ce terme pour qualifier (ou pas) la traduction en français du texte grec ; il s’agit aussi d’expliciter le parcours qui mène à cette traduction. Il n’est pas question d’écrire un état de la question des théories de la traduction, mais de réfléchir à certaines particularités de notre travail. Dans le champ des études de langues anciennes, le terme littéral est employé de façon emblématique dans cette phrase écrite dans la marge de la copie d’un étudiant qui s’exerce à la pratique de la version ou dans l’annotation d’un ami, lors de la relecture d’un article : « traduire plus littéralement »176. Derrière ce reproche, il y a un principe implicite qui fait consensus depuis quelques décennies : garder dans la traduction en français l’ordre des mots du texte grec (« autant que possible » ajoute-t-on parfois) et traduire par le même mot français un même mot grec. Ce principe se retrouve aussi sous la formule (héroïque pour un Français) « Dans notre traduction, nous avons préféré sacrifier l’élégance à l’exactitude ». La littéralité ainsi nommée – il faudrait préciser la littéralité syntaxique, laquelle est parfois plus justement un calque syntaxique – est située par définition sur l’axe syntagmatique ; or « l’exactitude » dans la traduction d’un texte – qui plus est dans la traduction d’une traduction – ne peut pas être réduite au seul procédé de suivre l’ordre des mots et de traduire un même mot par le même mot ; la lettre d’un texte n’est pas constituée du seul axe syntagmatique, quand bien même celui-ci est fondamental. Un texte est plus exactement formé de la connexion d’un axe syntagmatique et d’un axe paradigmatique, comme l’écrit de façon très éclairante Launay : « Dans sa pratique, la traduction prend donc toujours pour point de départ un texte qu’elle a reconstitué en un original, car ce dernier n’est jamais donné 176

Sur la différence entre l’exercice universitaire de la version et l’acte de traduction proprement dit, voir JUDET DE LA COMBE (2006, 62; 63; 72).

L’ACTIVITÉ DE TRADUCTION

63

comme tel, et elle a pour résultat un autre texte dont on peut penser qu’il a détruit tout le réseau langagier subtil dudit original. La liaison de l’axe paradigmatique et de l’axe syntagmatique, le découpage des champs connotatifs, le jeu des associations conscientes ou non, les synonymies, antonymies, homonymies, les liaisons intertextuelles, les élaborations syntaxiques, le rythme, les sonorités, tout cela vole en éclats, de même tout ce qui ressortit à l’état d’une langue à tel moment de son histoire, c’est-à-dire le croisement des axes sémantiques et sémiotiques » (2006, 38-39).

Plus loin, l’auteur écrit : « En effet, le travail même de la traduction suppose une sorte de destruction de l’original177 : la combinaison singulière des deux dynamiques, sémantique et sémiotique, est défaite, autrement dit, l’essentiel de ce qui constituait l’originalité de l’original vole en éclats. De même la connexion essentielle de l’axe syntagmatique et de l’axe paradigmatique se trouve ipso facto dissoute puisqu’elle n’est jamais “exportable” » (2006, 41).

Car, ajoute Launay, « même si les syntaxes des deux langues mises en rapport par la traduction sont très voisines, la série des associations, des synonymies, des antonymies, des attentes et des anticipations reste propre à telle langue ; en outre, l’histoire même de chacune des langues est singulière, indissociable de celle des œuvres, si bien que la valeur linguistique de tel terme apparemment identique n’est jamais exactement contemporaine de son calque dans la langue où l’on traduit » (2006, 41-42).

Ces remarques – qui posent aussi la question de l’original178 – ont la force d’attirer notre attention sur ce qui relève de l’axe paradigmatique et de nous détacher de la fixation à la littéralité syntaxique ; elles rendent en tout cas problématique l’expression « traduction littérale ». Des deux axes d’un texte, il y a disparité. Les signes qui constituent l’un sont effectifs et écrits (in praesentia), ceux de l’autre, virtuels et non écrits (in absentia). L’axe syntagmatique est fondamental : le choix et l’ordre des mots, leur connexion grammaticale par les règles syntaxiques, la suite des phonèmes, dans leurs assonances et allitérations, les figures et les tropes, le rythme, la singularité d’une écriture, l’énoncé particulier enfin qu’est une phrase, se situent sur cet axe, dans les mots présents, lesquels constituent l’objet perçu, l’objet esthétique que le lecteur cherche à comprendre. La compréhension d’un texte ne peut pas ne pas 177 Voir aussi SAMOYAULT : « le caractère destructeur de l’opération de traduction » (2021, 50-52) ; « La traduction détruit l’original » (ibid., 66 et s.). 178 LAUNAY (2006, 27-39).

64

TRADUIRE UNE TRADUCTION

s’appuyer fondamentalement sur la syntaxe de ses phrases et sur l’enchaînement des phrases entre elles, ce qui constitue le texte179 ; mais la construction du sens s’étaye aussi des signes absents de l’axe paradigmatique, sur lesquels il est nécessaire de s’attarder180. Dans le domaine de l’étude de la Bible grecque, autrement dit, dans l’étude d’une traduction qui doit aboutir à la traduction d’une traduction – ma réflexion porte exclusivement sur le texte grec court de Job –, il faut un long détour dans le champ virtuel du paradigmatique pour revenir à la linéarité syntaxique, dont on a dû, à un moment, méthodologiquement, s’écarter. Je me limite à un exemple, celui des adjectifs qui qualifient Job, ou qui qualifient plus généralement l’homme droit (ou le scélérat), et notamment l’adjectif δίκαιος « juste ». La procédure est banale. Il faut d’abord déterminer les termes dans leur opposition, avec leurs sens conventionnels de pré-traduction : ἀληθινός « véridique » ou « sincère », ἄμεμπτος « irréprochable », δίκαιος « juste », ἄκακος « sans méchanceté » ou « simple », θεοσεβής « révérant Dieu », καθαρός « pur », πιστός « fiable » ou « fidèle », etc. Ces mots traduisant a priori des mots hébreux (nous étudions une langue de traduction), il faut déterminer les termes hébreux correspondants, dans leurs sens conventionnels : les adjectifs-substantifs ‫ « ָתּם‬entier » (« intègre »), ‫ « יָ ָשׁר‬droit », ‫ֹלהים‬ ִ ‫ « יְ ֵרא ֱא‬craignant Dieu », ‫ « נָ ִקי‬quitte » (innocent), ‫ « זַ ך‬pur », ‫ָטהוֹר‬ « pur », ‫ « ַבּר‬pur », ‫ « ַחף‬pur » ; ou les substantifs ‫ « תֹּם‬intégrité », ‫י ֶֹשׁר‬ « droiture » ; mais aussi les verbes ‫ « זָ ָכה‬être pur », ‫ « ָט ֵהר‬être pur », etc. (je ne distingue pas ici les nuances qu’il faudrait apporter à « pur »). Le terme grec traduit parfois le mot hébreu ; parfois il lui correspond tout en témoignant d’une intervention du traducteur ; mais il se peut aussi qu’il ne le traduise ni ne lui corresponde, le rapport entre texte grec et texte hébreu restant cependant perceptible, que le mot ou le syntagme grec soit un plus de traduction ou un plus interprétatif ; enfin parfois aucun rapport entre les termes grecs et hébreux ne peut être établi – le jugement d’un rapport ou d’une absence de rapport variant selon les critiques (sur la qualification des différents segments grecs, BOLLACK (2018, 61; 83-87; 91-92 [20001]), JUDET DE LA COMBE (2006, 79). Partant de la réflexion de LAUNAY, j’utilise les deux notions saussuriennes de syntagmatique ~ paradigmatique, les deux outils fondamentaux de la linguistique structurale, parce qu’il me semble qu’elles sont des outils vite compréhensibles pour s’orienter dans l’entremêlement d’une analyse de traduction entre le grec et l’hébreu ; que l’on pense au cheminement que l’on doit emprunter si l’on veut suivre les analyses de HEATER (1982). On peut imaginer qu’il y a d’autres façons de faire, que d’autres notions puissent être utilisées. 179

180

L’ACTIVITÉ DE TRADUCTION

65

voir aussi le § 10, p. 57-61). Il est nécessaire d’entrer dans le détail de l’analyse. Dans le cas de δίκαιος sur les 35 occurrences, 25 traduisent un terme de la famille de ‫ « צדק‬être juste » (ou « avoir raison ») et 2 correspondent à ‫נָ ִקי‬ « quitte » (innocent). Au v. 34:10c, qui semble s’écarter du TM, une occurrence de δίκαιος correspond à un procédé habituel du traducteur – décrit à d’autres endroits du texte grec par Orlinsky – qui consiste à rendre un terme, en l’espèce ‫ « ָעוֶ ל‬injustice », par son antonyme accompagné d’une marque négative : ταράξαι τὸ δίκαιον « défaire ce qui est juste ». Au v. 5:5, une occurrence de δίκαιος correspond à ‫ « ָר ֵעב‬affamé », l’identification entre juste et pauvre se retrouvant ailleurs dans le corpus de la littérature hébraïque comme en Si 13:18 ou en Is 53:9 (voir Mopsik 2004, 148). En 36:17, le terme δίκαιος est affecté du symbole † dans la concordance de Hatch-Redpath, qui indique la difficulté de trouver une correspondance entre les deux langues ; en réalité le monostique grec ne traduit pas le verset correspondant de l’hébreu, mais le v. 36:7α où figure le mot ‫ « ַצ ִדּיק‬juste », comme l’avait remarqué Dhorme. À cela s’ajoutent quatre plus incontestables : au v. 1:1, δίκαιος qualifie Job dès le premier verset du livre, ce qui, dans la présentation du personnage de Job, est une différence fondamentale entre le grec et l’hébreu ; au v. 24:4 le plus δικαίας donne un sens abstrait et éthique à ὁδοῦ qui traduit ‫ « ֶדּ ֶרך‬chemin » ; au v. 24:11, lequel n’est pas une traduction du TM correspondant, le syntagme ὁδὸν δικαίαν cite précisément le v. 24:4 et, comme l’écrit Dhorme, anticipe le v. 24:13b ; en 28:4 le syntagme ὁδὸν δικαίαν comprend le difficile verset du TM à nouveau dans un sens éthique ; et il est parfaitement clair qu’il y a homogénéité des trois derniers plus, (ἐξ) ὁδοῦ δικαίας, ὁδὸν δικαίαν, ὁδὸν δικαίαν. Il y a enfin un verset, 34:10, où l’occurrence ne semble pas rattachable au TM.

Ce qui paraît une simple étude lexicale permet d’abord, et c’est fondamental, de repérer les termes grecs marqués, qui devront être traduits de façon marquée181 ; mais la réflexion lexicale déborde sur l’étude de la composition du livre, puisque l’on a observé lors de cette analyse qu’un verset dans le texte grec est à un autre emplacement que le verset correspondant qu’il traduit (on peut supposer que cela touche à l’histoire de la transmission du texte grec, mais sans exclure, loin de là, une autre hypothèse), et que deux autres versets ne sont pas des traductions du TM – versets dont il faut tenir compte lorsqu’on cherche à reconstruire la logique du texte grec. Aux deux points de vue qu’il est possible d’avoir sur la traduction grecque ancienne, le point de vue syntagmatique et le point de vue paradigmatique, s’ajoute un troisième qui porte sur des mots effectifs, 181

Voir plus haut, p. 57 et s.

66

TRADUIRE UNE TRADUCTION

comme ceux de l’axe syntagmatique, mais qui suppose que l’on quitte la linéarité du texte, comme dans le cas d’une étude paradigmatique. Dans le Grec ancien de Job, il arrive – suffisamment de fois pour qu’on y fasse attention – que tel mot, ou syntagme, ou stique, n’ait pas de correspondant dans le verset hébreu que le grec est censé traduire ; mais – si l’on cherche ailleurs, dans le reste du livre de Job grec ou dans un autre livre de la Bible grecque – on trouve ce même énoncé, ou un énoncé similaire dans une formulation un peu différente, qui correspond effectivement à un texte hébreu. Il est nécessaire de donner quelquesuns de ces faits textuels, qui se rencontrent aussi ailleurs dans la Bible grecque. Le stique 4:21a ἐνεφύσησεν γὰρ αὐτοῖς καὶ ἐξηράνθησαν « car Il souffla sur eux et ils se desséchèrent » ne correspond pas au 1er membre du TM de Job, dont le sens est discuté182, mais – comme l’avait remarqué Dhorme (ad loc.) – reprend le texte d’Isaïe 40:24 ἔπνευσεν ἐπ ᾽αὐτοὺς καὶ ἐξηράνθησαν « il a soufflé sur eux et ils se sont desséchés » (trad. Le Boulluec-Le Moigne), avec variatio sur le premier verbe φυσάω ~ πνέω183. Dans d’autres cas le segment de texte inséré provient du livre de Job même : au v. 10:13 deux termes du TM n’ont pas été traduits, ‫ « זֹאת ִע ָמְּך‬cela [est] avec toi » ; au lieu de la traduction attendue, mais absente, de ‫זֹאת ִע ָמְּך‬, nous lisons les syntagmes πάντα δύνασαι « tu peux tout » et ἀδυνατεῖ δέ σοι οὐθέν « rien ne t’est impossible » qui sont la traduction (à οὐθέν près peut-être) du TM au v. 42:2 ‫יִבּ ֵצר ִמ ְמָּך ְמזִ ָמּה‬-‫א‬ ָ ֹ ‫תּוּכל וְ ל‬ ָ ‫כֹל‬-‫ « ידעת )יָ ַד ְע ִתּי( ִכּי‬je sais que tu peux tout et que ne t’est impossible [inaccessible] aucun dessein » ; le terme formel commun aux deux passages est οἶδα ὅτι ‫ « יָ ַד ְע ִתּי ִכּי‬je sais que »184. Il arrive aussi que le segment de texte sans correspondant dans le modèle hébreu supposé ne soit pas une traduction, mais une amplification qui s’inspire d’une traduction : ainsi au v. 19:4 (je reprends l’exemple, cité plus haut, p. 59), alors que les stiques a et b ναὶ δὴ ἐπ᾽ ἀληθείας ἐγὼ ἐπλανήθην, παρ᾽ ἐμοὶ δὲ αὐλίζεται πλάνος « Oui, en vérité, je me suis égaré, en moi séjourne l’égarement » sont une traduction du TM185, le stique c λαλῆσαι ῥῆμα, ὃ οὐκ ἔδει « … d’une ‫יִת ָרם ָבּם‬ ְ ‫נִ ַסּע‬-‫ « ֲהלֹא‬Le fil qui les soutenait n’est-il pas rompu ? ». Cf. Is 40:24 ‫נָ ַשׁף ָבּ ֶהם וַ ָיִּבשׁוּ‬-‫… « וְ גַ ם‬il souffle sur eux et ils se dessèchent ». 184 •• Au v. 42:2, dans le stique a, Οἶδα ὅτι « je sais que » traduit ‫( יָ ַד ְע ִתּי ִכּי‬Q), πάντα « tout » ‫ כֹל‬et δύνασαι « tu peux » ‫תּוּכל‬. ָ Dans le stique b, ἀδυνατεῖ σοι « est impossible à toi » correspond à ‫יִבּ ֵצר ִמ ְמָּך‬-‫א‬ ָ ֹ ‫ « ל‬ne t’est inaccessible » ; οὐθέν « rien » lit, selon DHORME, ‫אוּמה‬ ָ ‫ « ְמ‬n’importe quoi » au lieu de ‫ « ְמזִ ָמּה‬projet », « dessein ». ••• Alors que le deuxième membre du TM fait allusion à Gn 11:6 non seulement du fait de deux termes communs, ‫ « בצר‬être inaccessible » (ni. dis legomenon) et ‫ « ְמזִ ָמּה‬dessein », mais par le sens même de la proposition, d’un autre côté, en grec, le verset fait écho à Gn 18:14 : μὴ ἀδυνατεῖ παρὰ τῷ θεῷ ῥῆμα ; « une parole venant de Dieu est-elle sans pouvoir ? » (trad. HARL, BA I). 185 ‫יתי ִא ִתּי ָתּ ִלין ְמשׁוּגָ ִתי‬ ִ ִ‫א ְמנָ ם ָשׁג‬-‫ף‬ ָ ‫ « וְ ַא‬Même s’il était vrai que j’aie erré, c’est avec moi qu’habiterait mon erreur » (trad. DHORME). Dans le TM, le verset ne peut pas avoir un sens déclaratif, il présente un fait hypothétique. Le verbe ‫ לין‬signifie « passer la nuit ». 182

183

L’ACTIVITÉ DE TRADUCTION

67

parole inopportune » est une reprise avec variatio du v. 15:3a ἐλέγχων ἐν ῥήμασιν, οἷς οὐ δεῖ « argumentant avec des mots inopportuns », qui correspond effectivement au TM186 ; le stique d τὰ δὲ ῥήματά μου πλανᾶται καὶ οὐκ ἐπὶ καιροῦ « et mes paroles s’égarent – à contretemps » est un plus au sens strict : c’est une amplification qui souligne l’égarement (ἐπλανήθην, πλάνος, πλανᾶται). Ces faits de langue avaient été repérés, sans être systématisés, par Dhorme (1926) pour Job, et par Ziegler (1934a) pour Isaïe. Heater a consacré sa thèse à ces faits textuels dans le livre de Job grec187 et Kœnig a publié une étude approfondie de ce phénomène dans Isaïe188. La recherche sur les targumin repère cette même pratique.

La compréhension de ce procédé est semblable à l’opération de l’esprit qui consiste – pour comprendre ce à quoi se réfère un pronom – à se reporter dans la phrase précédente à la recherche du nom que le pronom remplace : « La lune se levait ; elle était énorme et rouge ». L’exemple est élémentaire. La similitude avec le processus de l’anaphore a amené Heater à appeler les segments insérés par l’auteur dans la traduction proprement dite Anaphoric Translations189 ; mais alors que dans l’anaphore, au sens grammatical du terme, on est contraint de se reporter en arrière pour donner un sens à la phrase, pour donner le sens le plus simple, sinon on ne comprend pas l’énoncé, en revanche dans cette pratique du traducteur grec, on doit identifier l’origine du segment inséré pour comprendre ce qu’a voulu dire le traducteur, alors même que la connaissance du lexique et de la grammaire permet de comprendre ce que dit, dans son sens obvie, son sens conventionnel et phrastique, le segment de texte inséré190. Ce procédé relève de l’intertextualité, dans sa plus grande généralité – pour reprendre le terme forgé par Kristeva, dans un article de 1966, qui présentait les travaux de Bakhtine sur le dialogisme et le roman polyphonique191. L’idée générale est celle-ci : la compréhension approfondie d’un texte, ou de l’un de ses segments, nécessite la connaissance d’un

‫יִ ְסכּוֹן‬-‫הוֹכ ַח ְבּ ָד ָבר לֹא‬ ֵ « d’employer des arguments sans valeur ». H. HEATER, A Septuagint Translation Technique in the Book of Job (CBQMS), Washington, 1982. – À l’origine de cette publication est une thèse de doctorat soutenue en 1976 à la Catholic University of America. Sur l’accueil de cette étude, voir plus bas. 188 KŒNIG (1982). 189 COX (2014, 458-461 ; 2017, 177-178) préfère l’expression « associative translations » des études araméennes à « the anaphoric translation technique » de HEATER. 190 J’utilise les termes « conventionnel » et « phrastique » dans le sens de RIEGELPELLAT-RIOUL (19995, 563). 191 KRISTEVA, « Bakhtine, le mot, le dialogue et le roman », Critique 33 (avril 1967), p. 438-65, republié dans KRISTEVA 1969, 82-112. – Le terme avait chez elle un sens beaucoup plus large qu’il n’a pris par la suite et qu’il n’a aussi dans le sens restreint où je l’emploie. 186

187

68

TRADUIRE UNE TRADUCTION

autre texte, ou d’un autre segment192. L’intertextualité est certes une notion très englobante et, par là, risque d’être inopérante ; mais appliqué à des textes précis ce concept englobant voit ses emplois se restreindre. L’échange entre Dieu et Job (chap. 38 à 42:6), en grec comme en hébreu, est un exemple macrostructurel très clair d’intertextualité où il est nécessaire d’opérer un rapprochement entre cet échange et l’échange de paroles entre Dieu et Abraham (Gn 18:17-32), si l’on veut avoir une pleine compréhension du passage dans Job. Dans les deux passages de Gn et de Jb, le lecteur rencontre : a/ l’idée de cacher ou de communiquer à quelqu’un son projet (Gn 18:17, Jb 38:2) ; b/ l’idée de parler ou de pouvoir parler à Dieu, de commencer ou de continuer à parler, de parler encore une fois, une dernière fois, et cela à quelqu’un qui apparaît comme un modèle de destinataire (Gn 18:27.29-32) ; ou, à l’inverse, de ne pas parler, de ne pas continuer à parler (Jb 40:4-5) ; c/ l’idée de n’être rien face à Dieu (Gn 18:27, Jb 38:4b, Jb 42:2-6), le sentiment de n’être rien empêchant ou n’empêchant pas de parler (respectivement Jb 40:4-5 et Gn 18:27-32, Jb 42:2-6). L’échange entre Dieu et Job est clairement allusif193.

L’immédiate réception de l’étude de Heater a été sévère – au mieux mitigée – en dépit des suavités de convention194. On a reproché à Heater d’avoir rassemblé en un corpus des données hétérogènes ; d’avoir présenté des analyses inabouties et par là, souvent, de ne pas être convaincant ; d’avoir, dans le corps de l’ouvrage, juxtaposé les analyses sans les hiérarchiser et de n’avoir classé les phénomènes qu’à la fin, dans la troisième partie. On lui a aussi reproché de ne pas avoir suffisamment tenu compte du contexte des versets étudiés. Deux autres remarques portent sur son rapport à l’hébreu : Heater a fait comme si notre compréhension de l’hébreu, en fonction de nos connaissances actuelles, était la seule bonne compréhension du texte ; il n’a pas envisagé que les faits de langue qu’il identifie sous le nom de Anaphoric Translations se trouvent en fait dans le texte hébreu source. Enfin l’un des recenseurs s’étonne que l’on cherche « une méthode » dans la pratique d’un traducteur qui traite d’une façon aussi cavalière le texte qu’il doit traduire. Je fais bref, que l’on se reporte aux reviews pour plus de détail. Mais il faut rendre justice à Heater. À partir de 1946, la problématique de l’étude du texte grec court de Job a longtemps été dominée par les Voir aussi GENETTE (1982, 8-9). Voir MANGIN (2011a et 2008, 40, n. 32). 194 TALSHIR (1983), WAARD (1983), ZIPOR (1984), GOODING (1984), GREENSPOON (1984). 192 193

L’ACTIVITÉ DE TRADUCTION

69

termes du débat qui opposa Orlinsky, – qui avait soutenu sa thèse en 1934 sur « The Relationship between the Greek and Hebrew Texts of the Book of Job » (Dropsie College) – à Gerleman, qui prépara, dans les années qui suivirent, l’édition du texte de Job dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia (1974). Rendant compte du livre de Gerleman (1946), Orlinsky le critiqua fermement (1948, 381-387). La question était de savoir d’où viennent les différences entre le texte grec et son modèle présumé195 ; alors que Gerleman discerne dans les choix du traducteur des scrupules théologiques, Orlinsky réclame que l’on fasse d’abord attention à la pratique du traducteur. Sa recension de 1948 a été suivie d’une série d’articles parus dans l’annuaire du Hebrew Union College, de 1957 à 1965. En 1976, quand Heater a soutenu sa thèse, on en était encore à cette problématique, me semble-t-il, et la position de Orlinsky était restée minoritaire à tel point qu’un savant comme Urbach (1996, 862, n. 67 [19691]) avait pris position en faveur de Gerleman et de ses élèves, Gehman (1949) et Gard (1952, 1953, 1954). Dans son compte rendu de l’ouvrage de Heater, Zipor (1984, 126) affirme que la thèse de l’explication théologique avait déjà été rejetée avant Heater196. J’aimerais savoir à quels auteurs il fait allusion. Cox, l’autorité aujourd’hui reconnue dans le domaine des études de la Septante de Job, dans un article de 1985 (p. 37), se montrait effectivement critique vis-à-vis du travail de Gard, mais, sauf erreur de ma part, ce rejet ne se manifestait pas beaucoup dans les publications de l’époque. Il suffit de faire quelques sondages dans les articles ou livres ultérieurs où ces auteurs sont cités sans que soit mentionnée la moindre réserve, contrairement à ce qui se fait à propos de la thèse défendue par Hatch (1889). Il faut rendre justice à Heater : il a montré qu’il est nécessaire, par moments, aussi bien de quitter la linéarité effective du texte grec que de ne pas s’enfermer dans la confrontation duelle du grec et de l’hébreu. Il a cherché à préciser la pratique du traducteur grec en suivant, me semble-t-il, le principe de Mélanchthon : « Scriptura non potest intelligi theologice nisi antea intellecta sit grammatice »197.

195

Mon premier article sur le grec de Job portait sur cette question (2008). « Different explanations have been suggested for these differences. Some have claimed that the translator worked with a different text. Other scholars – such as Gerleman, Gehman, and Gard – have tried to prove that theological bias influenced the translator to deviate from the Hebrew text. This view has already been rejected. Some differences have been explained on a stylistic basis ». – L’auteur ne précise pas qui a rejeté ce point de vue. 197 Cité par FERNÁNDEZ MARCOS (2000, 16) d’après ROS (1940, 9). 196

70

TRADUIRE UNE TRADUCTION

J’ai explicité – dans les paragraphes qui précèdent – une partie du parcours qu’il est nécessaire d’effectuer pour comprendre le texte – audelà du mot-à-mot des versets – et accéder, espérer accéder, au mouvement de leur syntaxe198. Ce parcours, la lente modification que connaît celui qui l’effectue, la fréquentation du texte que l’on cherche à comprendre, Bonnefoy l’appelle la traduction au sens large, qu’il oppose au sens restreint habituel du mot, à savoir le texte auquel aboutit l’activité de traduction199. La traduction, au sens restreint, d’un texte de langue ancienne bute fréquemment sur des dénis de traduction. Il m’arrive devant certaines traductions, dont les miennes, de ne pas comprendre, de devoir retourner au texte grec et au texte hébreu, et de refaire l’étude du verset, où je cherche des indications qui m’aident à comprendre. La traduction que je ne comprends pas n’est pas fausse, c’est une traduction paraphrastique impersonnelle200. J’écris « déni de traduction » comme on dit « déni de justice » : « Le juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice » (art. 4 du Code civil).

Le silence de ce type de traduction vient, me semble-t-il, de ce qu’on oublie qu’il n’est pas possible d’atteindre le texte que l’on cherche à comprendre sans d’abord traverser ses propres mots, sans interroger la langue dans laquelle on baigne, ses clichés et expressions toutes faites. Et donc sans mettre en question la façon même que l’on a d’écrire201. Au 198 Plutôt que garder dans la traduction en français l’ordre des mots du texte grec, il s’agit plutôt – je reprends les termes de JUDET DE LA COMBE – de « rendre le mouvement par lequel le sens a été produit » (2006, 62). Dans une réflexion sur la traduction de τὰ δεινά au v. 332 de l’Antigone de Sophocle, JUDET DE LA COMBE écrit : « Le choix des mots est alors, en fait, une question secondaire : “terreur”, “terrifiant” ou “effroyable”. Souvent, dans l’écriture d’une traduction, alors que la structure de la phrase, qui fait son rythme, est posée, les mots peuvent changer facilement. Ce qui compte plus est le mouvement donné à la phrase par la syntaxe. » (2006, 78, n. 34). En effet MESCHONNIC aurait parlé de rythme. 199 « La traduction au sens large. À propos d’Edgar Poe et de ses traducteurs », dans Littérature 150 (juin 2008), Paris, 9-24. – Conférence prononcée en 2005, à Rome. 200 La traduction paraphrastique est parfois nécessaire. Dans l’étude d’un passage, elle explicite la construction d’une phrase et représente un jalon de l’analyse et de l’argumentation. 201 JUDET DE LA COMBE évoque ainsi le passage de l’étude philologique à l’écriture de la traduction : « Pour le “philologue”, c’est-à-dire l’interprète de textes anciens ou modernes, la question de la traduction se pose tôt ou tard. Mais il n’y vient pas naturellement2. Sa tâche habituelle est, en effet, d’abord de déchiffrer, d’éditer et d’interpréter les textes. Or traduire ce n’est pas seulement lire et comprendre, mais aussi écrire, et donc

L’ACTIVITÉ DE TRADUCTION

71

v. 15:5a, Élifaz, s’adressant à Job, explicite ainsi le fait d’être lié par le langage : ἔνοχος εἶ ῥήμασιν στόματός σου Tu es assujetti aux paroles de ta bouche

Le texte que je cherche à traduire n’est pas extérieur à moi, puisque c’est par mon discours intérieur que j’accède au discours écrit qu’est le texte grec. Le premier obstacle, avant même la langue « étrangère », est l’illusoire transparence de ma langue maternelle. Je reprends les termes de Meschonnic : « … nul n’a un accès direct au langage » (1999, 89), comme on aurait accès à un référent concret, par exemple un arbuste que l’on regarde et cherche à identifier. Un texte n’est pas un objet. Cela revient à dire qu’il n’y a pas de métalangage, au sens où nous ne pouvons pas être l’observateur d’un texte : l’observateur fait partie de ce qu’il observe (ibid., 90) ; il n’y a pas de hors-champ à la langue. La traduction est nécessairement l’acte de langage d’un sujet. Et si cette traduction silencieuse est impersonnelle, c’est qu’elle n’a pas été écrite par un sujet202.

affronter avec plus ou moins de bonheur et de plaisir les limites de sa propre langue, traverser l’histoire du rapport éminemment individuel que l’on entretient avec son idiome et avec les langages que l’on a peu à peu acquis, parfois même inconsciemment » (2006, 61). La note 2 de Judet de La Combe précise : « Le passage du travail d’édition et d’interprétation à la traduction n’a guère été simple […] ». 202 « Le paradoxe de la traduction n’est pas, comme on croit communément, qu’elle doit traduire, et serait ainsi radicalement différente du texte qui n’avait qu’à s’inventer. Il est qu’elle doit, elle aussi, être une invention de discours, si ce qu’elle traduit l’a été. C’est le rapport très fort et caché entre écrire et traduire. Si traduire ne fait pas cette invention, ne prend pas ce risque, le discours n’est plus que de la langue, le risque n’est plus que du déjà fait, l’énonciation n’est plus que de l’énoncé, au lieu du rythme il n’y a plus que du sens » (MESCHONNIC 1999, 459-460). – SAMOYAULT conteste que traduire soit écrire (2021, 42-43). – Marieke Dhont ne fait pas partie des chercheurs de la Bible grecque qui ont esquivé la question de la traduction (2018, 48-65; 66-93) : elle choisit et discute, parmi les différentes théories des Translation Studies, la théorie sociologisante du groupe de Tel Aviv-Leuven et son application au cas de la Bible grecque : la Polysystem Theory de I. Even-Zohar et les Descriptive Translation Studies de G. Toury.

SIGNES ET ABRÉVIATIONS SIGNES ※

L’astérisque origénien des manuscrits (※) signale la présence d’un stique attribué à l’intervention d’Origène (voir § 1, p. 5-7). ø Dans la traduction le signe zéro (ø) signale l’absence de traduction du segment correspondant du TM, aussi bien dans le Grec ancien que chez Théodotion (voir § 3, p. 9-10). * L’astérisque moderne, quand il est placé après un numéro de verset (33:28*), signale que ma délimitation du verset diffère de celle présentée dans l’édition de Ziegler ; cette délimitation différente n’a pas d’autre but que de faciliter la comparaison de G avec le TM ; elle ne bouleverse pas l’ordre des versets de Ziegler, elle déplace des segments de texte d’un verset à un autre verset, qui lui est contigu (voir § 3, p. 9-10). * L’astérisque, quand il est placé devant un mot hébreu (*‫)חוה‬, indique que ce mot n’est pas attesté dans cette forme ; la forme que précède l’astérisque est le mot-entrée de la notice d’un dictionnaire, soit la forme au singulier d’un mot qui n’est attesté qu’au pluriel, soit la forme à l’état absolu d’un mot qui n’est attesté qu’à l’état construit, soit la racine d’un verbe hébreu qui n’est pas attesté au qal, etc. •, ••, ••• Les puces séparent les trois parties de l’analyse linéaire (voir § 10, p. 57). ~ « en regard de » : indique en particulier une correspondance entre un mot grec et un mot hébreu. signe utilisé dans la concordance de Hatch-Redpath (1975 : vi) pour indiquer que le mot grec est sans correspondance dans le TM ; lorsque ce signe figure dans l’index de Muraoka (2010 : VIII), c’est pour indiquer un désaccord avec Hatch-Redpath. † La concordance de Hatch-Redpath utilise ce signe pour indiquer que la correspondance avec le TM est douteuse et doit faire l’objet d’un examen ; lorsque ce signe figure dans l’index de Muraoka (2010 : VIII), c’est pour indiquer un désaccord avec Hatch-Redpath.

74

SIGNES ET ABRÉVIATIONS

||

mot (syntagme, phrase, stique, verset, signification) parallèle à… ; parallélisme sémantique. ≠ « est différent de » ; « à distinguer de ». […] Dans la traduction, signale un mot ajouté ; ailleurs, marque une parenthèse à l’intérieur d’une parenthèse. :: Devant le nom d’un auteur, signale une hypothèse alternative, une interprétation différente, un désaccord. a, b, etc. Après un numéro de verset, les lettres latines différencient les différents stiques (en grec par définition) : 33:28a, 33:28b. α, β, γ Après un numéro de verset, les lettres grecques différencient les différents membres du verset hébreu tel qu’il a été transmis dans le TM : 33:28α, 33:28β (voir § 3, p. 8-9). α' texte grec attribué à Aquila (voir § 3, p. 8). θ' texte grec attribué à Théodotion (§ 1, p. 3 ; § 3, p. 8). σ' texte grec attribué à Symmaque (voir § 3, p. 8). R texte grec attribué à un réviseur ou commun à plusieurs réviseurs, sans qu’on puisse préciser ou sans qu’il soit nécessaire de préciser le ou les noms (voir § 3, p. 8). § Bien qu’à strictement parler ce signe désigne un paragraphe, je l’utilise pour nommer les onze moments de ma réflexion. ABRÉVIATIONS Pour les abréviations des noms des manuscrits de Qumran et du désert de Juda (§ 5, p. 14-15), voir Journal of Biblical Literature, vol. 107/3 (sept. 1988), p. 585. ad locum, c’est-à-dire au numéro de verset dont il est question ad loc. av. è. chr. avant l’ère chrétienne cf. confer (je laisse en romain l’abréviation), c’est-à-dire « comparer à », « rapprocher de » ; distinct de voir chap. chapitre col. colonne coll. collection collab. collaboration comm. commentaires è. chr. de l’ère chrétienne éd. éditeur scientifique, édition fr. français G texte court de la version grecque du livre de Job (texte non critique) ou bien Grec ancien (voir § 3, p. 8)

SIGNES ET ABRÉVIATIONS

hb. hi. hit. ho. ibid. i.e. Jb, Job K

ni. op. cit. p. paleo pap. pi. pu. Q Q

s.v. Syh t. tg TM

trad. v. voir vol.

75

hébreu ; pour le préfixe hb, voir § 3, p. 9 hif῾il (hiqṭîl) hitpa῾el (hitqaṭṭēl) ou hitpolel hof῾al (hoqṭal) dans le même ouvrage, qui vient d’être cité id est, « c’est-à-dire » (je laisse en romain l’abréviation) livre de Job ‫ ְכּ ִתיב‬kətîv Ketiv « ce qui est écrit » (les consonnes du texte massorétique) nif῾al (niqṭal) ouvrage cité plus haut page paléohébreu papyrus pi῾el (qiṭṭēl) ou polel pu῾al (quṭṭal) ‫ ְק ֵרי‬qərê Qeré « ce qu’il faut lire » (la vocalisation du TM indique ce qu’il faut lire) Qumran sub voce (je laisse en romain l’abréviation), c’est-à-dire « au mot du dictionnaire classé par ordre alphabétique » traduction syrohexaplaire tome targum texte massorétique, c’est-à-dire le texte hébreu complet de la Bible qui nous a été transmis traduction de, traduit par « verset » ; je n’emploie pas l’abréviation s. pour stique ; ainsi l’indication v. 34:8a doit se lire le stique 8a du chap. 34 se reporter à tel endroit du texte ; distinct de cf. volume AUTEURS ET

TITRES EN ABRÉGÉ, DONT SIGLES

Je cite un auteur, selon les normes éditoriales de la collection, par l’année de publication de son ouvrage et la page : JUDET DE LA COMBE 2006, 62 ou parfois : MESCHONNIC (1999, 89)

76

SIGNES ET ABRÉVIATIONS

Afin d’alléger les références, certaines collections et certains auteurs sont cités par leurs noms, ou une abréviation, sans mention de titre ni de date. ANRW : Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt. Geschichte und Kultur Roms im Spiegel der neueren Forschung, Berlin/New York, W. de Gruyter, depuis 1972. BA : traduction de « La Bible d’Alexandrie », Paris, Éditions du Cerf, depuis 1986. — Le sigle est suivi du numéro d’ordre dans la collection. Bib : Biblica, Institutum Pontificium Biblicum, depuis 1920. BIOSCS : Bulletin of the International Organization for Septuagint and Cognate Studies, 1-43 (1968-2010). A pris le nom de Journal of Septuagint and Cognate Studies (JSCS), à partir de 2011. bT : Talmud de Babylone. CBQ : The Catholic Biblical Quarterly, Washington, Catholic Biblical Association of America, depuis 1939. CBQMS : Catholic Biblical Quarterly - Monograph Series. CCSL : Corpus Christianorum - Series Latina, nunc sub auspiciis universitatum Universiteit Antwerpen, Vrije Universiteit Brussel, Universiteit Gent, Katholieke Universiteit Leuven, Université Catholique de Louvain edita, depuis 1953. CLG : Cours de linguistique générale. CSEL : Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum (corpus de Vienne), Université de Salzbourg, depuis 1866. DHORME : É. Dhorme, Le livre de Job, Paris, J. Gabalda, 1926 (2e édition). Ébib : Études bibliques, École biblique et archéologique française de Jérusalem, depuis 1898. EncJud : Encyclopaedia judaica. GCS : Die griechischen christlichen Schriftsteller der ersten Jahrhunderte (corpus de Berlin), Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften, depuis 1897. GORDIS : Robert GORDIS, The book of Job, Commentary, New Translation and Special Studies, New York, The Jewish Theological Seminary of America (Moreshet Series 2), 1978.

SIGNES ET ABRÉVIATIONS

77

HR, HATCH-REDPATH : E. Hatch, H.A. Redpath (éd.), A Concordance to the Septuagint and the Other Greek Versions of the Old Testament (including the Apocryphal Books), Oxford. Réimpression, Graz, 1975 (1ère éd., 1897). HUCA : Hebrew Union College Annual, Hebrew Union College Jewish Institute of Religion, Cincinnati (OH) depuis 1924. ICC : International Critical Commentary, depuis 1895. JBL : Journal of Biblical Literature, Society of Biblical Literature, depuis 1890. JQR : Jewish Quarterly Review (Katz Center for Advanced Judaic Studies), University of Pennsylvania Press, Philadelphia (PA), première série 1888-1908, nouvelle série depuis 1910. JSCS : Journal of Septuagint and Cognate Studies, depuis 2011 (n° 44). Prend la suite du Bulletin of the International Organization for Septuagint and Cognate Studies (BIOSCS). JTS : Journal of Theological Studies, première série 1899-1949 ; nouvelle série depuis 1950. MURAOKA : Takamitsu MURAOKA, A Greek-Hebrew ~ Aramaic Twoway Index to the Septuagint, Louvain-Paris-Walpole (MA), Peeters, 2010. — Les autres ouvrages de T. MURAOKA sont cités par leur date de publication. OCT : Oxford Classical Texts (Scriptorum classicorum bibliotheca Oxoniensis). OM : Orient & Méditerranée, depuis 2007. PG : Patrologiae cursus completus. Series graeca / accurante J.-P. Migne, Parisiis, 1857-1866. PL : Patrologiae cursus completus. Series latina / accurante J.-P. Migne, Parisiis, 1844-1865. Rabb. : La Bible, traduite du texte original par les membres du rabbinat français, sous la dir. de Z. Kahn, Paris, 1966 (1899-19061). RAHLFS : Alfred RAHLFS, Septuaginta id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX interpretes, Stuttgart, 1935. — Editio altera, 2006, par R. HANHART. RB : Revue biblique, École biblique et archéologique française (Jérusalem), depuis 1946.

78

SIGNES ET ABRÉVIATIONS

RBén : Revue Bénédictine, Abbaye de Maredsous, depuis 1884. RevQ : Revue de Qumran, depuis 1958. RTL : Revue théologique de Louvain, Université catholique de Louvain, depuis 1970. SBL : Society of Biblical Literature. SC : Sources chrétiennes, Institut des « Sources chrétiennes » (Lyon), depuis 1941. SCS : Septuagint and Cognate Studies Series, Society of Biblical Literature, The International Organization for Septuagint and Cognate Studies. TOB : Traduction œcuménique de la Bible, comprenant l’Ancien et le Nouveau Testament, traduits sur les textes originaux hébreu et grec, avec introductions, notes essentielles, glossaire, Paris (Éd. du Cerf), 19751, 19882, 20104. — La traduction du livre de Job est due à D. Barthélemy. TUR-SINAI : Naphtali Herz TUR-SINAI, The Book of Job. A New Commentary, Jerusalem, 1957. VTSup : Supplements to Vetus Testamentum, depuis 1953. Zi, ZIEGLER : J. Ziegler, Iob, Göttingen, 1982.

BIBLIOGRAPHIE Alexander Polyhistor voir HOLLADAY 1983 (éd.). ALTER 1999 - Robert ALTER, L’Art du récit biblique (Le livre et le rouleau 4), Bruxelles, Lessius, 1999. – Trad. de The Art of Biblical Narrative, 1981. — 2003a - Robert ALTER, L’Art de la poésie biblique (Le livre et le rouleau 11), Bruxelles, Lessius, 2003. – Trad. de The Art of Biblical Poetry, 1985. — 2003b - Robert ALTER, « Les caractéristiques de la poésie hébraïque ancienne », dans ALTER-KERMODE 2003, 743-758. ALTER-KERMODE 2003 - Robert ALTER, Frank KERMODE (dir.), Encyclopédie littéraire de la Bible, Paris, Bayard, 2003. — Trad. de The Literary Guide to the Bible, 1987. ALTHANN 2017 - Robert ALTHANN, « Textual History of Job », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, LeidenBoston, Brill, vol. 1C, 151-155. Aristée l’Historien voir HOLLADAY 1983 (éd.). AROUI 1996 - Jean-Louis AROUI, « L’interface forme/sens en poétique (post) jakobsonienne », Langue française 110, 4-15. Augustin d’Hippone voir MOREAU 1997 (éd.). Baudelaire voir PICHOIS 1975 (éd.). BENVENISTE 1967 - Emile BENVENISTE, « La forme et le sens dans le langage » (communication de 1966), Le langage II, Neuchâtel, 22-40. – Réédité dans BENVENISTE 1974, 215-238. — 1974 – Emile BENVENISTE, Problèmes de linguistique générale II, Paris, Gallimard (coll. Bibliothèque des sciences humaines), 1974. BERQUE 2002 - Jacques BERQUE, « En relisant le Coran », dans Le Coran. Essai de traduction de l’arabe annoté et suivi d’une étude exégétique (Spiritualités vivantes 194), Paris, Albin Michel, 2002, 709-795. – 1ère éd., 1990 ; 2e éd. revue et corrigée, 1995 ; édition de poche, 2002. [Bible, français, TM] voir KAHN 1899-1906 (dir.) ; voir Traduction œcuménique de la Bible (TOB). [Bible (Job), allemand, grec] voir KEPPER-WITTE 2009 (trad.). [Bible (Job), anglais, grec] voir COX 2007 (trad.). [Bible (Job), grec] voir RAHLFS 1935 (éd.) ; ZIEGLER 1982 (éd.). [Bible (Job), latin, texte grec origénien] voir SABATIER 1743 ; LAGARDE 1887 ; CASPARI 1893. [Bible (Job), latin, iuxta Hebraeos] voir Biblia sacra juxta latinam vulgatam versionem. Biblia sacra juxta latinam vulgatam versionem ad codicum fidem, iussu Pii PP. XII. Cura et studio monachorum Abbatiae pontificae sancti Hieronymi in Urbe ordinis sancti Benedicti edita. Liber Hester et Iob ex interpretatione sancti Hieronymi cum præfationibus et variis capitulorum seriebus, Rome, Typis polyglottis Vaticanis, 1951. BICKELL 1862 - Gustav BICKELL, De indole ac ratione versionis Alexandrinae in interpretando libro Jobi, Marburg, Pfeil, 1862.

80

BIBLIOGRAPHIE

BOGAERT 2012 - Pierre-Maurice BOGAERT, « Job latin chez les Pères et dans les Bibles. D’une version courte à des versions longues sur le grec et sur l’hébreu », dans RBén 122, fascicule I, 48-99 ; fascicule II, 366-393. BOLLACK 2018 - Jean BOLLACK, Sens contre sens. Comment lit-on ? Entretiens avec Patrick Llored, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2018. – 1ère éd., Genouilleux, La passe du vent, 2000. BONNEFOY 2008 - Yves BONNEFOY, « La traduction au sens large. À propos d’Edgar Poe et de ses traducteurs », dans Littérature 150 (juin 2008), 9-24. – Conférence prononcée à Rome, en 2005. BOUQUET 1997 - Simon BOUQUET, Introduction à la lecture de Saussure, Paris, Payot & Rivages (Bibliothèque scientifique Payot), 1997. BOUQUET-ENGLER (éd.) voir SAUSSURE 2002. BUHOT DE LAUNAY (Marc) voir LAUNAY (de). BURKITT 1903 - F. Crawford BURKITT, « Coptic versions », dans Thomas K. CHEYNE, John S. BLACK (éd.), Encyclopædia Biblica, IV, Londres, col. 5027-5028. CASPARI 1893 - Carl Paul CASPARI, Das Buch Hiob (1, 1 - 38, 16) in Hieronymus’s Übersetzung aus der alexandrinischen Version (Christiania VidenskabsSelskabs Forhandlinger, 4), Christiana, Éditions Jacob Dybwad (imprimerie A. W. Bregger), 1893. CIASCA 1889 - Augostino CIASCA, Sacrorum Bibliorum fragmenta copto-sahidica Musei Borgiani, Romae, Congregatio de propaganda fide, vol. II., 1-68, 1889. COMPAGNON 1998 - Antoine COMPAGNON, Le démon de la théorie. Littérature et sens commun (La Couleur des idées), Paris, Éditions du Seuil, 1998. COOK 1992 - Johann COOK, « Aspects of Wisdom in the Texts of Job (Chapter 28) : Vorlage(n) and/or Translator(s) ? », Old Testament Essays, New Series 5.1 (1992), 26-45. COUSIN 1975, 1979 - Jean COUSIN (éd.), Quintilien, De institutione oratoria (CUF), texte établi et traduit par Jean Cousin, Les Belles lettres, 1975 (livre I), 1979 (livre X). COX 1985 - Claude COX, « Elihu’s Second Speech According to the Septuagint », dans Walter E. AUFRECHT (éd.) Studies in the Book of Job (Supplements to Studies in Religion, 16), Waterloo (On., Canada), Wilfrid Laurier University Press, 1985, 36-53. — 2007 - Claude COX, « Iob. Translation and Introduction », dans Albert PIETERSMA, Benjamin G. WRIGHT (dir.), A New English Translation of the Septuagint, New-York/Oxford, Oxford University Press, 667-696. — Errata 2009, 2014 et 2021 dans : https://ccat.sas.upenn.edu/nets/edition/ — 2014 - Claude COX, « Does a shorter Hebrew parent text underlie Old Greek Job ? », dans Kristin DE TROYER, T. Michael LAW, and Marketta LILJESTRÖM (éd.), In the Footsteps of Sherlock Holmes. Studies in the Biblical Text in Honour of Anneli Aejmelaeus (Contributions to Biblical Exegesis & Theology, 72), Leuven, Peeters, 2014, 449-460. — 2017 - Claude COX, « Septuagint », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (dir.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1C, 2017, 175-81. CULIOLI 1986 - Antoine CULIOLI, « Stabilité et déformabilité en linguistique », Études de Lettres, Langages et Connaissances, Université de Lausanne, 1986. – Republié dans A. CULIOLI 1991, 127-134.

BIBLIOGRAPHIE

81

— 1991 - Antoine CULIOLI, Pour une linguistique de l’énonciation, Gap, Ophrys, 1991. Cyprien voir WEBER 1972 (éd.). DE LANGE 1983 - Nicholas DE LANGE, Lettre à Africanus sur l’histoire de Suzanne, dans Marguerite HARL, Nicholas DE LANGE (éd.), Philocalie 1-20, Sur les Écritures. Lettre à Africanus sur l’histoire de Suzanne (SC 302), Paris, Éditions du Cerf, 1983. de WAARD (J.) voir WAARD (de). DELEUZE 1993 - Gilles DELEUZE, Différence et répétition (« Épiméthée »), Paris, PUF, 1993. – 1ère éd., 1968. DES PLACES 1991 (éd.) - Édouard DES PLACES, Préparation évangélique. Livres VIII, IX, X (SC 369), Introduction et traduction d’Édouard Des Places, Paris, Éditions du Cerf, 1991. DELCROIX-GEERTS 1981 - Maurice DELCROIX, Walter GEERTS, Les chats de Baudelaire : une confrontation de méthodes. Textes réunis et présentés par M. Delcroix et W. Geerts (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres, fasc. 61), Namur/Paris, Presses universitaires de Namur/Presses universitaires de France, 1981. DESSONS 2001 - Gérard DESSONS, Introduction à la poétique : approche des théories de la littérature (coll. Lettres Sup.), Paris, Nathan, 2001. – 1ère éd., Dunod, 1995. DESSONS-MESCHONNIC 1998 - Gérard DESSONS, Henri MESCHONNIC, Traité du rythme. Des vers et des proses (Lettres sup), Paris, Dunod, 1998. DHONT 2018 - Marieke DHONT, Style and context of old Greek Job, by Marieke Dhont, Leiden/Boston, Brill. – Thèse de doctorat de théologie (Université catholique de Louvain) et de sciences religieuses (KU, Leuven), 2016. DHORME 1926 - Édouard (Paul) DHORME, Le Livre de Job (Ébib), Paris, J. Gabalda, 1926. [Dictionnaire, français] voir Robert. Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, sous la direction de Yves Bonnefoy, Paris, Flammarion, 1981, 2 vol. DIDIER-WEILL 2003 - Alain DIDIER-WEILL, Lila et la lumière de Vermeer. La psychanalyse à l’école des artistes (L’Espace analytique), Paris, Denoël, 2003. DIERCKS 1978 - Gerardus Frederik DIERCKS (éd.), Luciferi Calaritani opera quae supersunt ad fidem duorum codicum, ed. G.F. Diercks (CCSL VIII), Turnhoult, Brepols, 1978. DILLMANN 1890 - August DILLMANN, « Textkritisches zum Buche Ijob », Sitzungsberichte der Königlich Preußichen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, december 1890, 1345-1373. DOMINICY 1988 - Marc DOMINICY, « Y a-t-il une rhétorique de la poésie ? », Langue française, n° 79, 51-63. — 1989 - Marc DOMINICY (éd.), Le souci des apparences : neuf études de poétique et de métrique, Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 1989. — 1991 - Marc DOMINICY, « Sur l’épistémologie de la poétique », Histoire Épistémologie Langage, t. 13, fasc. 1 (1991), 151-174. — 2003 - Marc DOMINICY, « In memoriam. Nicolas Ruwet (1933-2001) », Travaux de linguistique 46 (2003), 133-143.

82

BIBLIOGRAPHIE

— 2011 - Marc DOMINICY, Poétique de l’évocation, Paris, Classiques Garnier, 2011. DORAN 1987 - Robert DORAN, « The Jewish Hellenistic Historians before Josephus », dans ANRW 20.1 (1987), Berlin/New-York, W. de Gruyter, 246-297. DOTAN 1971 - Aron DOTAN, « Masorah », dans EncJud, 1971, vol. 16, col. 14011482. DRIVER-GRAY 1950 - Samuel Rolles DRIVER, George Buchanan GRAY, A Critical and Exegetical Commentary on the Book of Job together with a new translation (ICC), Edinburgh, T. and T. Clark, 1950. – Réimpression de l’édition de 1921. DUBOIS 2012 - Jean DUBOIS, Le dictionnaire de linguistique et des sciences du langage (Les Grands dictionnaires Larousse), Paris, Larousse, 2012. – 1ère éd. : 1994. ECO 1992 - Umberto ECO, Les limites de l’interprétation (Biblio Essais, 4192), Paris, Grasset, 1992 – Trad. de I Limiti dell’interpretazione, 1990. EGLI 1857 - Carl EGLI, « Der alexandrinische Hermeneut des Buches Hiob », Rheinisches Museum für Philologie, 1857, Band 02, 444-448. ELKAÏM-SARTRE 1982 - Arlette ELKAÏM-SARTRE (trad.), Aggadoth du Talmud de Babylone. La Source de Jacob - ’Ein Yaakov, trad. fr. par Arlette ELKAÏMSARTRE (Les dix paroles), Lagrasse, Verdier, 1982. – Traduction des extraits du Talmud de Babylone choisis par Rabbi Jacob b. Salomon ibn Habib (1445-1515) et publiés sous le nom La Source de Jacob, Salonique, 1516. Encyclopædia Judaica, Cecil ROTH, Geoffrey WIGODER (éd.), Jerusalem/New York, Keter Publishing House/Macmillan 1971-1972. EPSTEIN 1935-1952 - Isidore EPSTEIN (trad.), The Babylonian Talmud, translated into english with notes, glossary and indices, under the editorship of Isidore Epstein, London, The Soncino Press, 1935-1952, 35 vol. — 1961 - The Babylonian Talmud, London, The Soncino Press, 1961, 18 vol. – Vol. 18 Index, compiled by Judah J. Slotki. Eusèbe de Césarée voir DES PLACES 1991 (éd.). EVEN-SHOSHAN 2007 - Avraham EVEN-SHOSHAN 2007, ‫ לתורה‬: ‫קונקורדנציה חדשה‬ ‫ נביאים וכתובים‬- A new concordance of the Bible : thesaurus of the language of the Bible, Hebrew and Aramaic roots, words, proper names phrases and synonyms / ed. by Avraham Even-Shoshan, Jerusalem, Kiryat Sefer, 2000. FEDER 2017 - Frank FEDER, « Coptic Translation », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, Vol. 1C., 2017, 209-211. FERNÁNDEZ MARCOS 1994 - Natalio FERNÁNDEZ MARCOS, « The Septuagint Reading of the Book of Job », The Book of Job, Louvain, 251-266. — 2000 - Natalio FERNÁNDEZ MARCOS, The Septuagint in Context. Introduction to the Greek Version of the Bible, translated by Wilfred G.E. Watson, Leiden, Brill. • Troisième éd. rev. et aug. de : Introducción a las versiones griegas de la Biblia, Madrid, 19791, 19982. FREEDMAN 1972 - David Noël FREEDMAN, « Prolegomenon », dans GRAY 1972. FROMILHAGUE-LEBÈGUE 1968 - René FROMILHAGUE, Raymond LEBÈGUE (éd.), Malherbe, Œuvres poétiques, I. Les textes, éd. R. Fromilhague, R. Lebègue (Collection des Universités de France), Paris, Les Belles Lettres, 1968.

BIBLIOGRAPHIE

83

FUCHS 1994 - Catherine FUCHS, Paraphrase et énonciation, Paris/Gap, Orphrys, 1994. GAMMIE 1987 - John G. GAMMIE, « The Septuagint of Job : its Poetic Style and Relationship to the Septuagint of Proverbs », dans CBQ 49 (1987), 22-23. GARD 1952 - Donald H. GARD, The Exegetical Method of the Greek Translator of the Book of Job (JBL, Monograph Series 8 ), Philadelphia, Society of Biblical Literature, 1952. – Compte rendu de H. Orlinsky dans JBL, 73/4 (déc. 1954), 251-253. — 1953 - Donald H. GARD, « The Concept of Job’s Character according to the Greek Translator of the Hebrew Text », JBL 72/3 (sept. 1953), 182-186. — 1954 - Donald H. GARD, « The Concept of the Future Life According to the Greek Translator of the Book of Job », JBL 73/3 (sept. 1954), 137-143. GEHMAN 1949 - Henry Snyder GEHMAN, « The Theological Approach of the Greek Translator of Job 1-15 », JBL 68/3 (sept. 1949), 231-240. GENETTE 1976 - Gérard GENETTE, Mimologiques. Voyage en Cratylie (coll. Poétique, 15), Paris, Éditions du Seuil, 1976. — 1982 - Gérard GENETTE, Palimpsestes. La littérature au second degré (coll. Poétique), Paris, 1982. GENTRY 1995 - Peter J. GENTRY, The Asterisked Materials in the Greek Job (SCS 38), Atlanta (GA), Society of Biblical Literature, 1995. — 2016 - Peter J. GENTRY, « Pre-Hexaplaric Translations, Hexapla, post-Hexaplaric Translations », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill. vol. 1A, 211-235. GERLEMAN 1946 - Gillis GERLEMAN, Studies in the Septuagint. I. Book of Job (Acta Universitatis Lundensis), Lund, Gleerup, 1946. GESENIUS 1960 - Wilhelm GESENIUS, Gesenius’ Hebrew Grammar, as edited and enlarged by the late E. Kautzsch, Oxford, Clarendon press, 1960. – Réimpression de la 2e éd. angl. de 1910 (éd. all. 1909). GOLDSCHMIDT 1979 - Victor GOLDSCHMIDT (éd.), Montesquieu, De l’esprit des lois (1748), éd. Victor GOLDSCHMIDT, Paris, Garnier-Flammarion, 1979. GOODING 1984 - David Willoughby GOODING, « A Septuagint Translation Technique in the Book of Job. By Homer Heater, Jr. », JTS, New Series, vol. 35, No. 1 (april 1984), 169-177. GORDIS 1978 - Robert GORDIS, The book of Job, commentary, new translation and special studies (Moreshet series 2), New York, The Jewish Theological Seminary of America, 1978. GOREA 2007 - Maria GOREA, Job repensé ou trahi ? Omissions et raccourcis de la Septante (Ébib 56), Paris, Gabalda, 2007 GRAY 1915 - George Buchanan GRAY, The Forms of Hebrew Poetry, London/ New York/Toronto, Hodder and Stoughton, 1915. — 1921, voir DRIVER-GRAY — 1972 - George Buchanan GRAY, The Forms of Hebrew Poetry. Prolegomenon by David Noel FREEDMAN (The Library of Biblical Studies), New York, Ktav Publishing House. – Réimpression de l’éd. de 1915. GREENBERG 2003 - Moshe GREENBERG, « Job », dans ALTER-KERMODE 2003b, 323-347. GREENSPOON 1984 - Leonard Jay GREENSPOON, « A Septuagint Translation Technique in the Book of Job by Homer Heater », JBL 103/4 (déc. 1984), 643-644.

84

BIBLIOGRAPHIE

GRÉGOIRE LE GRAND, Moralia sive Expositio in Iob, PL 75, 509d et s. ; 76, 9-782 — CCSL 143-143 A (1979), libri I-XXII. HAELEWYCK 2016 - Jean-Claude HAELEWYCK, Grammaire comparée des langues sémitiques. Éléments de phonétique, de morphologie et de syntaxe, Bruxelles, Éditions Safran. – Première éd. 2006. — 2017 - Jean-Claude HAELEWYCK, « Vetus Latina », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1C., 2017, 207-209. HARL 1986 - Marguerite HARL, La Bible d’Alexandrie. 1. La Genèse, Paris, Éditions du Cerf, 1986. — 2001 - Marguerite HARL, « La Bible d’Alexandrie I. The Translation Principles », dans Bernard A. Taylor (éd.), X Congress of the International Organization for Septuagint and Cognate Studies (Oslo, 1998), Atlanta (GA), Society of Biblical literature, 2001, 181-197. HARL-DE LANGE 1983 - Marguerite HARL, Nicholas DE LANGE (trad.), Origène, Philocalie 1-20, Sur les Écritures. Lettre à Africanus sur l’histoire de Suzanne (SC 302), Paris, Éditions du Cerf, 1983. HATCH 1889 - Edwin HATCH, Essays in Biblical Greek, Oxford, Clarendon Press. – Réimpression, Amsterdam, Philo Press, 1970. HEATER 1982 - Homer HEATER, A Septuagint Translation Technique in the Book of Job (CBQMS 11), Washington, The Catholic Biblical Association of America, 1982. HJELMSLEV 1959 - Louis HJELMSLEV, Essais linguistiques, Copenhague, Nordisk Sprog- og Kulturforlag, 1959. – Les textes rassemblés dans ce volume datent de 1937-1956 et sont traduits parfois en français, parfois en anglais. — 1971 - Louis HJELMSLEV, Essais linguistiques, édités par François Rastier (coll. Arguments, 47), Paris, Éditions de Minuit, 1971. – L’édition de 1971 reprend l’édition originale de 1959, aux trois conférences près en anglais qui ont été traduites en français. HOLLADAY 1983 - Carl R. HOLLADAY, Fragments from Hellenistic Jewish Authors. Volume I. Historians, Chico (CA), Scholars Press, 1983. HORACE voir WICKHAM-GARROD 1986. HRUCHOVSKI 1971 - Benjamin HRUCHOVSKI, « Prosody, Hebrew », EncJud, 1971, vol. 13, col. 1195-1240. ISER 1985 - Wolfgang ISER, L’Acte de lecture : théorie de l’effet esthétique, trad. de l’allemand par Evelyne Sznycer, Sprimont, Éditions P. Mardaga, 1985 (2e édition). — Éd. all., Der Act des Lesens. Theorie ästhetischer Wirkung, München, Wilhelm Fink Verlag, 1976. — 2012 - Wolfgang ISER, L’Appel du texte. L’indétermination comme condition d’effet esthétique de la prose littéraire, Paris, Allia. – Trad. de Die Appellstruktur der Texte : Unbestimmtheit als Wirkungsbedingung literarischer Prosa, Konstanz, Universitätsverlag, 1971. JACCOTTET 1961 - Philippe JACCOTTET, La Promenade sous les arbres, Lausanne, Mermod, 1961. – 1ère éd., 1957. JAKOBSON 1921 - Roman JAKOBSON, « La nouvelle poésie russe. Esquisse première : Vélimir Khlebnikov » (1919), fragments de Novejshaja russkaja poezija. Nabrosok pervyj. Viktor Khlebnikov, Prague, 1921. – Traduction fr. dans JAKOBSON 1973, 11-24 et dans JAKOBSON 1977, 11-29.

BIBLIOGRAPHIE

85

— 1956 - Roman JAKOBSON, Fundamentals of Language, La Haye, Mouton & Co, 1956. – La seconde partie a été publiée en traduction dans JAKOBSON 1963, 43-67. — 1960 - Roman JAKOBSON, « Closing statements : Linguistics and Poetics », dans Thomas Albert SEBEOK (éd.), Style in Language, Cambridge (MA)/ New-York, MIT Press/John Wiley & sons, 1960, 350-377. – Traduction fr. dans JAKOBSON 1963, 209-248 (« Linguistique et poétique »). — 1962 - Roman JAKOBSON, « “Les Chats” de Charles Baudelaire », L’Homme, II/1 (1962), 5-21 (écrit en collaboration avec Cl. Lévi-Strauss). – Réédité dans JAKOBSON 1973, 401-419 ; 1977, 163-188. — 1963 - Roman JAKOBSON, Essais de linguistique générale (Arguments 14), Paris, Éditions de minuit. – Republié en édition de poche (Points/Sciences humaines). — 1973 - Roman JAKOBSON, Questions de poétique (Poétique 9), Paris, Éditions du Seuil, 1973. — 1977 - Roman JAKOBSON, Huit questions de poétique (Points. Essais), Paris, Éditions du Seuil. — Republication partielle de JAKOBSON 1973. JENNY 1982 - Laurent JENNY, La terreur et les signes. Poétiques de rupture (Les Essais 222), Paris, Gallimard, 1982. — 1990 - Laurent JENNY, La Parole singulière (L’Extrême contemporain), Paris, Belin, 1990. — 2009 - Laurent JENNY, La Parole singulière, Paris, Belin poche, 2009. – Réimpression de JENNY 1990. Jérôme voir SABATIER 1743 ; LAGARDE 1887 ; CASPARI 1893 ; Biblia sacra juxta latinam vulgatam versionem. JOÜON-MURAOKA 2011 - Paul JOÜON, Takamitsu MURAOKA, A Grammar of Biblical Hebrew, Translated and Revised by T. Muraoka, Roma, Gregorian & Biblical Press, 2e éd. (1re éd., 1991). Juda Hallévi voir TOUATI 1994. JUDET DE LA COMBE 2006 - Pierre JUDET DE LA COMBE, « Théâtre, syntaxe et traduction », dans Enseigner le théâtre à l’École : Au carrefour des lettres, des arts et de la vie scolaire (actes du colloque national, Paris, les 26 et 27 mai 2005), 61-84. – Consultable en ligne sur le site Eduscol. KAHN 1899-1906 - Zadoc KAHN (dir.), La Bible, traduite du texte original par les membres du rabbinat français, sous la dir. de Z. Kahn, Paris, 1899 (tome I), 1906 (tome II). – 2e éd., 1966. – Citée par l’abréviation : Rabb. KEPPER-WITTE 2009 - Martina KEPPER, Markus WITTE (trad.), « Job », dans Wolfgang KRAUS et Martin KARRER (dir.), Septuaginta Deutsch. Das griechische Alte Testament in deutscher Übersetzung, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 2009, 1007-1056. — 2011 - Martina KEPPER, Markus WITTE, « Job », dans Wolfgang KRAUS et Martin KARRER (dir.), Septuaginta Deutsch. Erläuterungen und Kommentare zum griechischen Alten Testament, sous la dir. de M. Karrer et W. Kraus, Stuttgart, t. II, 2041-2126. Kierkegaard voir TISSEAU 1972 (trad.). KLOSTERMANN 1935 (éd.) - Erich KLOSTERMANN, Origenes Werke 10. Die Matthäuserklärung (GCS 40), Leipzig, J.C. Hinrichs’sche Buchhandlung, 1935.

86

BIBLIOGRAPHIE

KŒHLER-BAUMGARTNER 2001 - Ludwig KOEHLER, Walter BAUMGARTNER, The Hebrew and Aramaic Lexicon of the Old Testament. Study Edition, translated and edited under the supervision of M.E.J. Richardson, Leiden, Brill, 2001, 2 vol. KŒNIG 1982 - Jean KŒNIG, L’herméneutique analogique du judaïsme antique d’après les témoins textuels d’Isaïe (VTSup 33), Leiden, Brill, 1982. KRISTEVA 1967, 1969, 1978 - Julia KRISTEVA, « Bakhtine, le mot, le dialogue et le roman », Critique 33 (avril 1967), 438-65. – Republié dans Σημειωτική. Recherche pour une sémanalyse (coll. « Tel quel »), Paris, Éditions du Seuil, 1969. – Édition de poche « Points. Essais, 96 », Paris, Éditions du Seuil, 82-112. KUGEL 1981 - James L. KUGEL, The Idea of Biblical Poetry. Parallelism and its history, New Haven (CT), Yale university press, 1981. – 2de éd. 1998. LAGARDE 1887 - Paul de LAGARDE, « Des Hieronymus Übertragung der griechischen Übersetzung des Iob », Mittheilungen, Göttingen, Horstmann, t. II, 189-237. LANGE 2017 - Armin LANGE, « Ancien and Late Ancien Hebrew Texts », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1C, 2017, 156-158. LANGE-TOV 2016-2017 (éd.) - Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill. – Vol. 1A. Overview Articles, 2016 ; Vol. 1C. Writings, 2017. LAUNAY 2006 - Marc de LAUNAY, Qu’est-ce que traduire ? (Chemins philosophiques), Paris, J. Vrin, 2006. LE BOULLUEC-LE MOIGNE 2014 - Alain LE BOULLUEC, Philippe LE MOIGNE, La Bible d’Alexandrie. Vision que vit Isaïe, Paris, Éditions du Cerf, 2014. LE BOULLUEC-SANDEVOIR 1989 - Alain LE BOULLUEC, Pierre SANDEVOIR, La Bible d’Alexandrie II. L’Exode, Paris, Éditions du Cerf, 1989. LEBÈGUE (R.) voir FROMILHAGUE-LEBÈGUE. LEHMANN 2000 - Alise LEHMANN, Françoise MARTIN-BERTHET, Introduction à la lexicologie. Sémantique et morphologie, Paris, 2000. – 1ère éd. 1998. LEVIN 1962 - Samuel R. LEVIN, Linguistic Structures in Poetry (Janua linguarum. Series minor 23), La Haye, Mouton, 1962. LÉVY-HONIGMANN 2010 - René LÉVY, Johannes HONIGMANN, Midrach Rabba, Genèse [de Ḥayé-Sarah à Vayichelaḥ, chap. 58-83], tome II, traduit de l’hébreu et annoté par R. Lévy et J. Honigmann (Les Dix paroles), Lagrasse,Verdier. Liber de divinis scripturis voir WEIHRICH 1887 (éd.). LOTMAN 1975 - Iouri Mikhailovich LOTMAN, La structure du texte artistique (Bibliothèque des sciences humaines), traduit du russe par A. Fournier, B. Kreise, E. Malleret et J. Young, sous la direction d’H. Meschonnic ; préf. d’H. Meschonnic. – Trad. de Структура худозхественного текста (Struktura hudozhestvennogo teksta), Providence (RI), Brown university press, 1971. Lucifer de Cagliari voir DIERCKS 1978 (éd.). MAÏMONIDE - Moïse MAÏMONIDE, Guide des Égarés (Les Dix paroles), Lagrasse, Verdier, 1979. – Trad. de S. Munk, 1856. MALAMOUD 1981 - Charles MALAMOUD, « Inde védique. Religion et mythologie », art. dans : Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du domaine antique, t. 1, 1981, 541b-545b. MALHERBE voir FROMILHAGUE-LEBÈGUE 1968 (éd.).

BIBLIOGRAPHIE

87

MALLARMÉ voir MARCHAL 1998 (éd.). MANGIN 2005 - Dominique MANGIN, « Le texte court de la version grecque du livre de Job et la double interprétation du personnage jusqu’au IIe siècle », Thèse de doctorat en langue et littérature grecques anciennes, soutenue le 19 novembre 2005, université d’Aix-Marseille, 3 tomes (microfiches). — 2008 - Dominique MANGIN, « L’arbre et l’homme (GJob14:7-17) : les prétendues allusions à l’après-vie dans la version grecque du livre de Job. Première partie », RB 115/1 (janv. 2008), 26-48. – « L’arbre et l’homme (GJob14:7-17). Deuxième partie », RB 115/2 (avril 2008), 174-190. — 2011a (écrit en 2007) - Dominique MANGIN, « L’échange de paroles entre Dieu et Job dans le texte grec court GJb 38:2 », dans Anne BALANSARD, Gilles DORIVAL, Mireille LOUBET (éd.), Prolongements et renouvellements de la tradition classique. Études réunies en hommage à Didier PRALON, Aix-en-Provence, Publication de l’université de Provence, 2011, 187-202. — 2011b (écrit en 2009) - Dominique MANGIN, « L’envers d’une traduction : note à propos de Job 27,2 et 23,13 », dans Mireille LOUBET et Didier PRALON (éd.), Eukarpa Εὔκαρπα. Études sur la Bible et ses exégètes réunies en hommage à Gilles DORIVAL, Paris, Éditions du Cerf, 2011, 125-134. — 2015 - Dominique MANGIN, « Littérature du judaïsme hellénistique : la version grecque du livre de Job » dans École pratique des hautes études. Section des sciences religieuses, Annuaire. Résumés des conférences et travaux, Paris, t. 122 (2013-2014), 153-155. — 2016 - Dominique MANGIN, ibidem, t. 123 (2014-2015), 183-189. — 2017 - Dominique MANGIN, ibidem, t. 124 (2015-2016), 179-196. — 2018 - Dominique MANGIN, « Pour une étude conjointe de la version sahidique et du texte grec court du livre de Job », JSCS 51 (2018), 191-206. — 2021 (écrit en 2017) - Dominique MANGIN, « La sagesse dans le chapitre 28 du texte grec court du livre de Job » (OM 35), dans Stéphanie ANTHONIOZ et Cécile DOGNIEZ (dir.), Représentations et personnification de la sagesse dans l’Antiquité et au-delà, Leuven, Peeters, 141-172. MARCHAL 1998-2003 - Bertrand MARCHAL (éd.), Stéphane MALLARMÉ, Œuvres complètes, éd. présentée, établie et annotée par Bertrand Marchal (Bibliothèque de la Pléiade), Paris, Gallimard, 1998-2003, 2 vol. MARUANI-COHEN-ARAZI 1987 - Bernard MARUANI, Albert COHEN-ARAZI, Midrach Rabba. Genèse Rabba [Beréchit-Vayéra, chap. 1-57], tome I, trad. de l’hébreu par B. Maruani et A. Cohen-Arazi, annoté et introduit par B. Maruani, Lagrasse, Verdier (Les Dix paroles, 19), 1987. MEADE 2017 - John D. MEADE, « Hexaplaric Greek Translations », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1C., 2017, 190-196. MESCHONNIC 1970 - Henri MESCHONNIC, Les Cinq rouleaux : Le Chant des chants, Ruth, Comme ou les Lamentations, Paroles du sage, Esther / trad. de l’hébreu, [présenté, commenté et annoté par] H. Meschonnic, Paris, Gallimard, 1970. – Éd. rev. et corr., 1986. — 1973 - Henri MESCHONNIC, Pour la poétique II, Épistémologie de l’écriture, Poétique de la traduction (coll. « Le chemin »), Paris, Gallimard, 1973. — 1981 - Henri MESCHONNIC, Jona et le signifiant errant (coll. « Le chemin »), Paris, Gallimard, 1981. – Avec la collaboration de R. Blaig.

88

BIBLIOGRAPHIE

— 1982 - Henri MESCHONNIC, Critique du rythme, anthropologie historique du langage, Lagrasse, Verdier, 1982. – 2e éd., 1990. — 1998 - voir DESSONS-MESCHONNIC 1998. — 1999 - Henri MESCHONNIC, Poétique du traduire, Lagrasse, Verdier, 1999. — 2001 - Henri MESCHONNIC, Gloires. Traduction des Psaumes, Paris, Desclée de Brouwer, 2001. — 2002 - Henri MESCHONNIC, Au commencement, traduction de la Genèse, Paris, Desclée de Brouwer, 2002. – Avec la collaboration de R. Blaig. — 2003 - Henri MESCHONNIC, Les Noms, traduction de l’Exode, Paris, Desclée de Brouwer, 2003. – Avec la collaboration de R. Blaig. — 2005 - Henri MESCHONNIC, Et il a appelé, traduction du Lévitique, Paris, Desclée de Brouwer, 2005. — 2008 - Henri MESCHONNIC, Dans le désert, traduction du livre des Nombres, Paris, Desclée de Brouwer, 2008. MILNER 1973 - Jean-Claude MILNER, « Écoles de Cambridge et de Pennsylvanie : deux théories de la transformation », Langages 29 (La paraphrase), 98-117. — 1974 - Jean-Claude MILNER, « Réflexions sur le fonctionnement du vers français », Cahiers de Poétique comparée I, 3 (1974), 2-21. – Reprise remaniée dans MILNER 1982, 283-301. — 1978 - Jean-Claude MILNER, L’amour de la langue, Paris, Éditions du Seuil, 1978. — 1982 - Jean-Claude MILNER, Ordres et raisons de langue, Paris, Éditions du Seuil, 1982. — 1999 - Jean-Claude MILNER, Mallarmé au tombeau, Lagrasse, Verdier, 1999. — 2009 - Jean-Claude MILNER, L’amour de la langue, Lagrasse, Verdier (poche), 2009. – Réimpression de MILNER 1978. MOLINIÉ 1996 - Georges MOLINIÉ, Michèle AQUIEN , Dictionnaire de rhétorique et de poétique (La Pochothèque. Encyclopédies d’aujourd’hui), Paris, Librairie générale française. – 1ère éd., 1992 (Dictionnaire de rhétorique). MOLINIÉ-CAHNÉ 1994 - Georges MOLINIÉ, Pierre CAHNÉ (éd.), Qu’est-ce que le style ? Actes de colloque (9-11 octobre 1991), sous la direction de Georges Molinié et Pierre Cahné, Paris, Presses universitaires de France, 1994. Montesquieu voir GOLDSCHMIDT 1979 (éd.). MOPSIK 1990 - Charles MOPSIK, L’Ecclésiaste et son double araméen : Qohélet et son targoum, trad. et présentés par Charles Mopsik (Les Dix paroles), Lagrasse, Verdier, 1990. — 2004 - Charles MOPSIK, La Sagesse de ben Sira, traduction de l’hébreu, introduction et annotation par Charles Mopsik (Les Dix paroles), Lagrasse, Verdier, 2004 (achevé d’imprimer et dépôt légal). MOREAU 1997 - Madeleine MOREAU (éd.), La Doctrine chrétienne = De doctrina christiana (Œuvres de saint Augustin 11/2), introduction et traduction de Madeleine Moreau, avec la collab. d’Isabelle Bochet et de Goulven Madec, Paris, Institut d’études augustiniennes, 1997. MUNNICH 1988 - Olivier MUNNICH, « Le texte de la Septante », dans Marguerite HARL, Gilles DORIVAL, Olivier MUNNICH, La Bible grecque des Septante : du judaïsme hellénistique au christianisme ancien (Initiation au christianisme ancien), Paris, Éditions du Cerf, 127-200.

BIBLIOGRAPHIE

89

— 1995 - Olivier MUNNICH, « Les Hexaples de Origène à la lumière de la tradition manuscrite de la Bible grecque », dans Gilles DORIVAL, Alain LE BOULLUEC, Monique ALEXANDRE (dir.), Origeniana sexta. Origène et la Bible (Actes du Colloquium Origenianum sextum, Chantilly, 30 août - 3 septembre 1993), Leuven, Peeters, 167-185. MURAOKA 2000 - Takamitsu MURAOKA, « How to Analyse and Translate the Idiomatic Phrase ‫ ? מי יתן‬BIOSCS 33, 47-52. — 2003 - Takamitsu MURAOKA, « Words of cognition in Job 28: Hebrew and Greek », dans WOLDE 2003, 93-102. — 2009 - Takamitsu MURAOKA, A Greek-English Lexicon of the Septuagint, Leuven, Peeters, 2009. — 2010 - Takamitsu MURAOKA, A Greek-Hebrew ~ Aramaic Two-way Index to the Septuagint, Leuven, Peeters, 2010. — 2016 - Takamitsu MURAOKA, A Syntax of Septuagint Greek, Leuven, Peeters, 2016. NAGY 2000 - Gregory NAGY, La poésie en acte. Homère et autres chants (L’Antiquité au présent), Paris, Belin, 2000. – Trad. de Poetry as performance : Homer and beyond, 1986. NAUTIN 1977 - Pierre NAUTIN, Origène, sa vie et son œuvre, Paris, Beauchêne, 1977. Origène voir HARL-DE LANGE 1983 et KLOSTERMANN 1935. ORLINSKY 1935a - Harry Meyer ORLINSKY, « Job 5:8, A Problem in GreekHebrew Methodology », JQR 25/3 (janv. 1935), 271-78. — 1935b - Harry Meyer ORLINSKY, « Some Corruptions in the Greek Text of Job », JQR 26/2 (oct. 1935), 133-145. — 1937a - Harry Meyer ORLINSKY, « The Hebrew and Greek Texts of Job 14:12 », JQR 28/1 (juillet 1937), 57-68. — 1937b - Harry Meyer ORLINSKY, « ᾽Αποβαίνω and ἐπιβαίνω in the Septuagint of Job », JBL 56/4 (déc. 1937), 361-367. — 1948 - Harry Meyer ORLINSKY, « Studies in the Septuagint : I. Book of Job : Studies in the Septuagint : II. Chronicles by Gillis Gerleman », JBL 67/4 (déc. 1948), 381-390. — 1954 - Harry Meyer ORLINSKY, « The Exegetical Method of the Greek Translator of the Book of Job by Donald H. Gard », JBL 73/4 (déc. 1954), 251253. — 1957-65 - Harry Meyer ORLINSKY, « Studies in the Septuagint of the Book of Job », HUCA 28 (1957), 53-74 ; 29 (1958), 229-271 ; 30 (1959), 153-167 ; 32 (1961), 239-268 ; 33 (1962), 119-151 ; 35 (1964), 57-78 ; 36 (1965), 37-47. Patrologiae cursus completus. Series graeca (PG), accurante Jacques-Paul Migne, Parisiis, J.-P. Migne, 1857-1866. Patrologiae cursus completus. Series latina (PL), accurante Jacques-Paul Migne, Parisiis, J.-P. Migne, 1844-1855, 1862-1865 (index). PICHOIS 1975 - Claude PICHOIS (éd.), Baudelaire, Œuvres complètes I. Texte établi, présenté et annoté par Claude Pichois (Bibliothèque de la Pléiade), Paris, Gallimard, 1975. PIETERSMA 1985 - Albert PIETERSMA, « Iob : Septuaginta : Vetus Graecum, XI, 4, ed. by Joseph Ziegler, Göttingen, 1982 », dans JBL 104/2 (juin 1985), 305-311. Priscillien voir SCHEPSS 1889 (éd.).

90

BIBLIOGRAPHIE

Quintilien voir COUSIN 1975, 1979 (éd.). RAHLFS 1935 - Alfred RAHLFS (éd.), Septuaginta id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX interpretes, Stuttgart, Deutsche Bibelstiftung, Priviligierte Würtembergische Bibelanstalt, 1935. – Editio altera par R. Hanhart, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 2006. RASTIER 2017 - François RASTIER, « Cassirer et la création du structuralisme », Texto ! Textes et cultures, Volume XXII - n° 4. – Publication en ligne. REBOUL 2013 - Olivier REBOUL, Introduction à la rhétorique : théorie et pratique (Collection Premier cycle), Paris, Presses universitaires de France, 2013 (2e éd.). – 1ère éd., 1991. RIEGEL-PELLAT-RIOUL 19995 - Martin RIEGEL, Jean-Christophe PELLAT, René RIOUL, Grammaire méthodique du français (Linguistique nouvelle), Paris, Presse universitaire de France. – 1ère éd. : 1994. — 20187 - Idem (Quadrige Manuel), Paris, Presse universitaire de France, 2018. Robert (Dictionnaires) 1995 Dictionnaire historique de la langue française (DHLF), sous la dir. de Alain Rey, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1995 – 1ère éd. 19921. 1996 Le nouveau Petit Robert, Paris, 1993. 2013 Le Grand Robert de la langue, version numérique 3.1.0. RONAT 1979 - Mitsou RONAT, « Présentation », Langue française 44 (« Grammaire de phrase et grammaire de discours »), 3-8. ROS 1940 - Jan ROS, De studie van het bijbelgrieksch van Hugo Grotius tot Adolf Deissmann, Nijmegen (GE)/Utrecht (UT), Dekker e. Van de Vegt, 1940. RUWET 1963 - Nicolas RUWET, « L’analyse structurale de la poésie. À propos d’un ouvrage récent », Linguistics. An Interdisciplinary Journal of the Language Sciences, volume I, Issue 2 (1963), 38-59. – Republié dans RUWET 1972, 151-175. — 1968 - Nicolas RUWET, « Limites de l’analyse linguistique en poétique », Langages 12, 56-70. – Republié dans RUWET 1972, 210-227. — 1972 - Nicolas RUWET, Langage, musique, poésie (Poétique 7), Paris, Éditions du Seuil, 1972. — 1975 - Nicolas RUWET, « Parallélismes et déviations en poésie », dans Langue, Discours, Société : pour Émile Benveniste / sous la dir. de J. Kristeva, J.-C. Milner, N. Ruwet, Paris, Éditions du Seuil, 1975. – L’article est daté d’avril 1974. — 1981 - Nicolas RUWET, « Linguistique et poétique. Une brève introduction », Le Français moderne, 49-1 (1981), 1-19. — 1985 - Nicolas RUWET, « Notes linguistiques sur Mallarmé », Le Français moderne, 53 3/4 (1985), 195-216. — 1989 - Nicolas RUWET, « Roman Jakobson, Linguistique et poétique, vingtcinq ans après », dans DOMINICY 1989, 11-30. SABATIER 1743 - Pierre SABATIER, Bibliorum Sacrorum latinae versiones antiquae seu Vetus Italica, Reims, apud Reginaldum Florentain, 1743. – Réimpression : Turnhout, Brepols, 1991. SAMOYAULT 2020 - Tiphaine SAMOYAULT, Traduction et violence (Fiction & Cie), Paris, Seuil, 2020. SAUSSURE 1916 - Ferdinand de SAUSSURE, Cours de linguistique générale, publié par Charles Bally et Albert Sechehaye, avec la collaboration de Albert Riedlinger, Lausanne/Paris, Payot, 1916. – 2e éd., 1922 ; 3e éd., 1931.

BIBLIOGRAPHIE

91

— 1972 - Ferdinand de SAUSSURE, Cours de linguistique générale, publié par Charles Bally et Albert Sechehaye, avec la collaboration de Albert Riedlinger ; édition critique préparée par Tullio De Mauro, Paris. – Réimpression 1995. — 2002 - Ferdinand de SAUSSURE, Écrits de linguistique générale (Bibliothèque de philosophie), établis et édités par Simon Bouquet et Rudolf Engler, avec la collab. d’Antoinette Weil, Paris, Gallimard, 2002. SAUSSURE (F. de) voir aussi STAROBINSKI 1971. SCEMAMA 2014 - Renée SCEMAMA, Zacharie, le prophète exégète. Ko amar Adonaï : modalités et enjeux du discours prophétique dans le livre de Zacharie 1-8 (Ébib 65), Pendé, J. Gabalda, 2014. SCHEPSS 1889 - Georg SCHEPSS (éd.), Priscilliani quae supersunt / Maximam partem nuper detexit, adjectisque commentariis criticis et indicibus, primus edidit Georgius Schepss. Accedit Orosii commonitorium de errore Priscillianistarum et Origenistarum, edidit Georgius Schepss (CSEL 18), Vienne, F. Tempsky, 1889. SCHALLER 1980 - Berndt SCHALLER, « Das Testamentum Hiobs und die LXXÜbersetzung des Buches Hiob », Bib 61 (1980), 377-406. SEOW 2013 - Choon-Leong SEOW, Job 1-21 : Interpretation and Commentary, Grand Rapids (MI), William B. Eerdmans Pub. Co., 2013. SHEPHERD 2017 - David SHEPHERD, « Targum and Qumran Aramaic Versions », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1C, 2017, 181-187. STAROBINSKI 1971 (éd.) - Jean STAROBINSKI, Les mots sous les mots. Les anagrammes de Ferdinand de Saussure (Le Chemin, 89), Paris, Gallimard. – Premières publications 1964 (Mercure de France), 1967 (To honor Roman Jakobson : essays on the occasion of his seventieth birthday [11 October 1966], The Hague, Mouton). STRAWN 2017 - Brent A. STRAWN, « Masoretic Texts and Ancient Texts Close to MT », dans Armin LANGE, Emanuel TOV (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1C, 2017, 158-168. SZONDI 1982 - Peter SZONDI, « Poésie et poétique de la constance », dans Poésies et poétiques de la modernité : traduction française de textes de Peter Szondi sur Mallarmé, Paul Celan, Walter Benjamin, Bertolt Brecht, édité par Mayotte Bollack, Lille, Presses universitaires de Lille, 1982, 145-164. – Traduction de « Poetry of Constancy – Poetik der Beständigkeit. Celans Übertragung von Shakespeares Sonett 105 » (1971). Talmud de Babylone voir EPSTEIN 1935-1952, 1961 (trad.). Talmud de Babylone (Aggadoth) voir ELKAÏM-SARTRE 1982 (trad.). TALSHIR 1983 - Zipora TALSHIR, « Heater’s Septuagint Translation Technique in the Book of Job », JQR 74/1 (1983), 91-93. TERRIEN 2005 - Samuel L. TERRIEN, Job. [Précédé de] La Patrie de Job de E. A. Knauf (Commentaire de l’Ancien Testament), Genève, Labor et Fides, 2005 (2e éd. actualisée). – 1ère éd., 1963. TISSEAU 1972 (trad). - Søren Kierkegaard, La répétition. Crainte et tremblement, trad. par P. H. Tisseau et E. M. Jacquet-Tisseau (Œuvres complètes 5), Paris, Éd. de l’Orante, 1972. TODOROV 1977 - Tzvetan TODOROV, Théories du symbole (coll. Poétique), Paris, Éditions du Seuil, 1977.

92

BIBLIOGRAPHIE

TOUATI 1994 - Charles TOUATI, Juda Hallévi, Le Kuzari : apologie de la religion méprisée, trad. du texte original arabe confronté avec la version hébraïque, introd. et annot. par Ch. Touati (Les Dix paroles), Lagrasse, Verdier, 1994. TOV 1992 - Emanuel TOV, Textual Criticism of the Hebrew Bible, Minneapolis (MN)/Assen-Maastricht (NL), Fortress press/Van Gorcum, 1992. – 2e éd. angl. 2001, 3e éd. angl. 2012. — 2004 - Emanuel TOV, Scribal Practices and Approaches Reflected in the Texts Found in the Judean Desert, Leiden/Boston, Brill, 2004. — 2005 - Emanuel TOV, « La nature du texte massorétique à la lumière des découvertes du désert de Juda et de la littérature rabbinique », dans Adrian SCHENKER et Philippe HUGO (éd.), L’enfance de la Bible hébraïque : histoire du texte de l’Ancien Testament (Le monde de la Bible, 52), Genève, Labor et Fides, 2005, 105-131. — 2012 - Emanuel TOV, Textual Criticism of the Hebrew Bible, Third edition, revised and expanded, Minneapolis (MN), Fortress press, 2012. — 2016 - Emanuel TOV, « Greek Translations », dans LANGE-TOV 2016 (éd.), Textual History of the Bible. The Hebrew Bible, Leiden-Boston, Brill, vol. 1A, 2016, 191-211. — TOV 2016-2017 (éd.) voir LANGE-TOV 2016-2017. Traduction œcuménique de la Bible, comprenant l’Ancien et le Nouveau Testament, traduits sur les textes originaux hébreu et grec, avec introductions, notes essentielles, glossaire, Paris, 19751, 19882, 20104. – Le livre de Job a été traduit par Dominique Barthélemy. – Citée par l’abréviation : TOB. TUR-SINAI 1957 - Naphtali Herz TUR-SINAI (précédemment Harry TORCZYNER), The Book of Job. A New Commentary, Jérusalem, Kiryath Sepher, 1957. URBACH 1996 - Ephraïm E. URBACH, Les sages d’Israël. Conceptions et croyances des maîtres du Talmud (Patrimoines. Judaïsme), Paris/Lagrasse, Editions du Cerf/Verdier, 1996. – Trad. de Hazal, pirqé emounot ve-deot ‫ פרקי‬: ‫חז״ל‬ ‫אמונות ודעות‬, 1969. WAARD 1973 - Jan de WAARD, « Translation Techniques Used by the Greek Translators of Ruth », Bib 54 (1973), 499-415. — 1983 « Homer Heater, Jr., A Septuagint Translation Technique in the Book of Job », RevQ 43 (déc. 1983), 11/3, 433-435. WEBER 1972 - Robert WEBER, Maurice BEVENOT, Sancti Cypriani Episcopi Opera : Ad Quirinum, Ad Fortunatum, edidit R. Weber ; De lapsis, De ecclesiae catholicae unitate, edidit M. Bévenot (CCSL 3), Turnhout, Brepols, 1972. WEIHRICH 1887 - Franz WEIHRICH (éd.), Sancti Aureli Augustini opera. Sectionis III. Pars I, Liber qui appellatur speculum et Liber de divinis scripturis sive speculum quod fertur S. Augustini / recensuit et commentario Franciscus Weihrich (CSEL 12), Vindobonae, F. Tempsky, 1887, 287-700. WICKES 1970 - William WICKES, Two Treatises on the Accentuation of the Old Testament. On Psalms, Proverbs, and Job. On the twenty-one prose books. Prolegomenon by Aron Dotan (The Library of Biblical Studies), New-York, Ktav Publishing House, 1970. – 1ère éd. : 1881 (t. 1), 1887 (t. 2). WICKHAM-GARROD 1986 - Edouard C. WICKHAM, Heathcote William GARROD (éd.), Q. Horati Flacci Opera / recognovit brevique adnotatione critica

BIBLIOGRAPHIE

93

instrvxit Edvardus C. Wickham. Editio altera curante H. W. Garro, (OCT), Oxford, Clarendon Press, 1986. – 1ère éd. 1901 (Edouard C. WICKHAM). WITTE 2011 voir KEPPER 2011. WOLDE 2003 - Ellen van WOLDE (éd.), Job 28 : Cognition in Context, Leiden/ Boston (MA), Brill, 2003. ZIEGLER 1934a - Joseph ZIEGLER, Untersuchungen zur Septuaginta des Buches Isaias, Münster i. W., Aschendorffschen Verlagsbuchhandlung, 1934. — 1934b - Joseph ZIEGLER, « Der textkritische Wert der Septuaginta des Buches Job », Miscellanea Biblica (Scripta pontificii instituti biblici), vol. II, Roma, Pontificio Instituto Biblico, 277-296. — 1982 - Joseph ZIEGLER, Iob, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht (Septuaginta : Vetus Testamentum graecum, XI, 4), 1982. – Voir : P.-M. Bogaert 1983, recension de J. Ziegler 1982, RTL 14 (1983), 110-111. – Pietersma (A.), « Iob : Septuaginta : Vetus Testamentum Graecum, XI, 4, ed. by J. Ziegler, Göttingen, 1982 », JBL 104 (1985), 305-311. — 1985 - Joseph ZIEGLER, Beiträge zum griechischen Iob (Mitteilungen des Septuaginta-Unternehmens XVIII), Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1985. ZIPOR 1984 - Moshe A. ZIPOR, « Homer Heater, Jr., A Septuagint Translation Technique in the Book of Job », Bib, vol. 65.1, 125-128.

INDEX INDEX DES NOMS

Alexandre Polyhistor : 3 Alter (R.) : 22, 35, 36, 38, 40 Althann (R.) : 5 Aquien (M.) voir Molinié (G.) Aristée l’Historien : 3, 13, 14 Aroui (J.-L.) : 24 Augustin d’Hippone : 18 Benveniste (E.) : 26 Berque (J.) : 20, 21 Bickell (G.) : 5 Bogaert (P.-M.) : 11 Bollack (J.) : 18, 23, 62, 64 Bonnefoy (Y.) : 70 Bouquet (S.) : 23, 27, 29, 32, 33 Buhot de Launay (M.) voir Launay Burkitt (F. C.) : 11 Cahné (P.) : 30 Caspari (C. P.) : 12 Cassirer (E.) : 26 Chomsky (N.) : 41 Ciasca (A.) : 5, 11 Cohen-Arazi (A.) : 37 Compagnon (A.) : 18, 23, 24 Cook (J.) : 54 Cox (C. E.) : 3, 4, 5, 7, 10, 15, 39, 44, 45, 49, 50, 53, 67, 69 Culioli (A.) : 32 Cyprien : 11, 12 De Lange (N.) : 6 de Waard (J.) voir Waard Delcroix (M.) : 30 Dessons (G.) : 23, 24, 31 Dhont (M.) : 38, 40, 45, 46, 52, 71 Dhorme (É.) : 5, 7, 8, 10, 16, 20, 35, 38, 39, 41, 42, 43, 45, 46, 48, 49, 50, 51, 52, 59, 60, 61, 65, 66, 67 Didier-Weill (A.) : 26 Dillmann (A.) : 5 Dominicy (M.) : 23, 28, 29, 31, 32 Doran (R.) : 3 Dotan (A.) : 9, 37 Driver-Gray (S. R.) : 5, 45, 49, 52 (voir aussi Gray) Dubois (J.) et alii : 40, 41

Eco (U.) : 18 Egli (C.) : 55 Elkaïm-Sartre (A.) : 18, 37 Engler (R.) : 27, 29 Epstein (I.) : 18 Eusèbe de Césarée : 3 Even-Zohar (I.) : 71 Feder (F.) : 11 Fernández Marcos (N.) : 3, 5, 7, 48, 49, 53, 69 Freedman (D. N.) : 34 Fuchs (C.) : 40, 41, 44 Gammie (G.) : 55 Gard (D.) : 16, 69 Geerts (W.) : 30 Gehman (H.) : 16, 69 Genette (G.) : 23, 68 Gentry (P. J.) : 3, 4, 5 Gerleman (G.) : 16, 51, 59, 69 Gesenius (W.) : 9 Gooding (D. W.) : 68 Gordis (R.) : 17, 19, 34, 35, 60 Gorea (M.) : 49, 50, 51, 55 Gray (G. B.) : 34 (voir aussi Driver-Gray) Greenberg (M.) : 56 Greenspoon (L. J.) : 68 Grégoire le Grand : 44 Haelewyck (J.-C.) : 11, 12, 37, 43 Harl (M.) : 10, 58, 66 Hatch (E.) : 15, 69 Hatch-Redpath (HR) : 48, 60, 61 Heater (H.) : 51, 52, 59, 64, 67, 68, 69 Hjelmslev (L.) : 28 Holladay (C. R.) : 3 Honigmann (J.) : 37 Horace : 18 Hruchovski (B.) : 34 Iser (W.) : 13, 18, 23 Jaccottet (Ph.) : 34 Jakobson (R.) : 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32 Jenny (L.) : 23, 32, 33 Jérôme : 7, 12 Joüon-Muraoka : 9

96

INDEX

Juda Halévi : 38 Judet de La Combe (P.) : 62, 64, 70, 71 Kautzsch (E.) voir Gesenius (W.) Kepper (M.) : 5, 54, 55 Kermode (F.) voir Alter (R.) Kierkegaard (S.) : 23 Klostermann (E.) : 6, 7 Kœnig (J.) : 67 Kristeva (J.) : 67 Kugel (J. L.) : 36 Lagarde (P. de) : 12 Lange (A) : 14 Launay (M. de) : 18, 44, 57, 58, 62, 63, 64 Le Boulluec (A.) : 58, 59, 66 Le Moigne (Ph.) : 59, 66 Lehmann (A.) : 41 Levin (S. R.) : 29, 30 Lévy (R.) : 37 Lotman (I.) : 22 Lucifer de Cagliari : 11, 12, 13 Maïmonide : 18, 21 Malamoud (Ch.) : 33 Malherbe : 41 Mallarmé (S.) : 24, 34 Mangin (D.) : 11, 12, 21, 54, 57, 68 Marchal (B.) : 24 Maruani (B.) : 37 Meade (J. D.) : 3 Meschonnic (H.) : 23, 24, 33, 34, 36, 37, 38, 53, 70, 71 Milner (J.-C.) : 23, 32, 40, 41 Molinié (G.) : 30, 41 Montesquieu : 18 Mopsik (Ch.) : 44, 65 Munnich (O.) : 3, 5, 6 Muraoka (T.) : 9, 43, 48, 49, 54, 59, 60, 61 (voir aussi Joüon) Nagy (G.) : 23 Nautin (P.) : 6 Origène : 3, 5, 6, 7 Orlinsky (H. M.) : 16, 58, 60, 61, 65, 69

Pellat (J.-Ch.) voir Riegel (M.) Pichois (Cl.) : 30 Pietersma (A.) : 4, 5, 7 Priscillien : 11, 12 Quintilien : 40, 44 Rahlfs (A.) : 4, 9 Rastier (F.) : 26 Reboul (O.) : 41 Redpath (H. A.) voir Hatch-Redpath Riegel (M.) : 40, 67 Rioul (R.) voir Riegel (M.) Ronat (M.) : 25 Ros (J.) : 69 Ruwet (N.) : 23, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32 Sabatier (P.) : 12 Samoyault (T.) : 63, 71 Sandevoir (P.) : 58 Saussure (F. de) : 27, 28, 29, 31, 32, 33, 34 Scemama (R.) : 23 Schaller (B.) : 13 Seow (C-L) : 16 Shepherd (D.) : 14, 15 Starobinski (J.) : 31 Strawn (B. A.) : 5, 14, 15, 16 Szondi (P.) : 18 Talshir (Z.) : 68 Todorov (Tz.) : 23 Touati (Ch.) : 38 Toury (G.) : 71 Tov (E.) : 5, 14, 36, 37, 39, 40, 41, 53 Tur-Sinai (N. H.) : 16, 19, 20, 52 Urbach (E. E.) : 69 Waard (J. de) : 59, 68 Wickes (W.) : 36, 38 Witte (M.) : 5, 54, 55 Wolde (E. van) : 54 Ziegler (J.) : 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 51, 55, 57, 61, 67 Zipor (M.) : 68, 69

INDEX DES VERSETS ANALYSÉS ET DE PLUSIEURS VERSETS CRUCIAUX

9:3 : p. 4, 5, 52 10:5 : p. 45 10:21 : p. 47, 48 10:22 : p. 46, 48 11:4 : p. 19 11:5 : p. 49

11:16 : p. 8 11:18 : p. 5, 60 13:23 : p. 20, 45, 46 22:27 : p. 43 28:20-22 : p. 54, 55 28:21 : p. 42, 43, 54, 55

INDEX

28:22 : p. 15, 54, 55 31:27 : p. 49, 50 32:13-14 : p. 9, 57, 61 33:8 : p. 49, 50 33:23-25 : p. 52, 61 33:27-30 : p. 10 34:8 : p. 7, 52 34:11 : p. 49, 51

34:18 : p. 49, 50 34:21 : p. 41, 42, 43 34:36-37 : p. 52, 53 39:6 : p. 4, 49, 58 42:2 : p. 66 42:2-6 : p. 19, 68 42:8 : p. 4 42:9 : p. 16

97

TABLE DES MATIÈRES Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1

Le texte grec des manuscrits et des éditions 1. Le texte hétérogène des manuscrits grecs dû à l’opération d’Origène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3

2. L’édition du texte grec de Job . . . . . . . . . . . . . . . . .

7

3. Le texte grec court . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8

4. Les témoins du texte grec court et la réception du Grec ancien

10

Le modèle hébreu présumé 5. Le modèle hébreu du texte court . . . . . . . . . . . . . . .

14

6. Les obscurités et les indéterminations du texte massorétique .

16

7. Le texte hébreu en tant qu’objet poétique . . . . . . . . . . .

22

La traduction grecque 8. Traduction et paraphrase, en grec . . . . . . . . . . . . . . .

38

9. Blancs et linéarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

54

10. Les trois angles de l’étude du texte grec . . . . . . . . . . .

56

L’activité de traduction 11. Traduire

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

62

Notice : signes et abréviations ; auteurs et titres en abrégé, dont sigles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

73

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

79

Index des noms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

95

Index des versets analysés et de plusieurs versets cruciaux . . . .

96

Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

99

PRINTED ON PERMANENT PAPER

• IMPRIME

SUR PAPIER PERMANENT

N.V. PEETERS S.A., WAROTSTRAAT

• GEDRUKT

OP DUURZAAM PAPIER

50, B-3020 HERENT

- ISO 9706