Séries Économie du Développement: Volume 3 Structures agricoles et développement economique [Reprint 2017 ed.] 9783111348292, 9783110994599


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French Pages 412 [416] Year 1968

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Séries Économie du Développement: Volume 3 Structures agricoles et  développement economique [Reprint 2017 ed.]
 9783111348292, 9783110994599

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Structures agricoles et développement économique

PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DE DROIT E T DES SCIENCES ÉCONOMIQUES DE GRENOBLE

Centre de recherche économique et sociale

SERIE ECONOMIE DU DÉVELOPPEMENT N" 3

Université de Grenoble

Ouvrage honoré d'une subvention du Ministère de l'Education Nationale

Paris . MOUTON . La Haye

PUBLICATIONS

DE LA FACULTÉ

DE DROIT ET

DES SCIENCES

ÉCONOMIQUES

DE GRENOBLE

Structures Agricoles et Développement

Economique

par BERNARD

ROSIER

Ingénieur agronome Docteur-ès-sciences économiques

Paris . MOUTON . La Haye

© M O U T O N & Ci* 1968

Au terme de ce travail, je voudrais dire ce qu'il doit au Professeur Gérard Destanne de Bernis, de l'Université de Grenoble. La référence à ses analyses théoriques, la qualité de ses avis, l'exigence de ses critiques ont, en effet, tout au long de son élaboration, stimulé et enrichi cette recherche. Les Professeurs Pierre Llau et Guy Caire m'ont également apporté une aide précieuse par la rigueur de leurs observations et l'intérêt de leurs suggestions portant sur de nombreux points d'une première version de ce texte qu'ils ont accepté d'examiner avec une grande attention. économique de L'Institut de recherche l'Université de Grenoble fut pour moi, en 1967, un cadre de travail stimulant pour la rédaction finale de cette étude. J'y bénéficiai d'échanges de vue fructueux avec les chercheurs travaillant sur des sujets connexes. Et lan Dessau, directeur de recherches, m'apporta un concours particulièrement utile, non seulement à propos de plusieurs questions de fond mais encore à l'occasion de l'édition de ce livre dont il voulut bien assumer la responsabilité. Je n'oublie pas non plus ce dont le chapitre quatrième et le chapitre terminal de cet ouvrage sont redevables à la féconde coopération du groupe d'études yougoslaves et du groupe d'études ouest-africaines auxquels j'ai participé entre 1964 et 1967. Enfin — et ce n'est pas le moindre apport — le lecteur reconnaîtra aisément au fil des ;pages ma dette intellectuelle envers l'œuvre théorique du Professeur François Perraux, du Collège de France. Que chacun trouve ici le témoignage de mon estime et de ma gratitude.

INTRODUCTION

GÉNÉRALE

I

EVOLUTION HISTORIQUE DE L'AGRICULTURE, SURPLUS AGRICOLE ET SITUATION DE LA PRESENTE RECHERCHE I.

AGRICULTURE ET SURPLUS AGRICOLE

L ' é t a t actuel des recherches archéologiques et paléontologiques permet — provisoirement au moins — de situer l'origine de l'agriculture au P r o c h e - O r i e n t a u x septième et huitième millénaires avant Jésus-Christ, à l'aube de la période néolithique 8 . L ' h o m me du Néolithique apprend à domestiquer les a n i m a u x et à cultiver la terre à son service : l'acte agricole par excellence est repré-

1 Le plus ancien site découvert et daté, grâce à l'analyse au carbone radio, actif (C 14), est celui de Qalat Jarmo, en Irak du Nord-Ouest, premier site néolithique connu (datation C 14 : 6.700 av. J.-C.). Les habitants de Jarmo domestiquaient la chèvre et le mouton ; Ils cultivaient l'orge et deux variétés de blé différentes. D'après BRAIDWOOD, Prehistoric Man, Chicago, 1957 (BRAIDWOOD a dirigé la mission américaine de l'Oriental Institute de Chicago dans le Nord de l'Irak qui découvrit Qalat Jarmo en 1948, Tepe Sarab en 1960) , André LEROI-GOURHAN, Gérard BAILLOUD, Jean CHAVAILLON, Annette LAMINGF.MPERAIRE, La Préhistoire, Collection " Nouvelle Clio ", Presses Universitaires de France, Paris 1966 ; et Carlo M. CIPPOLA, Histoire économique de la population mondiale, Gallimard, paris 1965 (Traduction). 2 Bien établie vers —6 000 dans la « zone nucléaire » du Proche-Orient, l'agriculture a connu une diffusion progressive, par colonisation et acculturation de proche en proche, vers les Balkans et l'Europe centrale et occidentale, entre — 6 000 et — 4 000. La diffusion fut plus lente en Asie et en Afrique où le modèle technique devait être repensé. Ainsi le néolithique de la Chine du Nord — III» millénaire ? — vraisemblablement né d'influences extérieures, présente dès ses débuts des caractères originaux, en particulier en ce qui concerne les végétaux et animaux domestiqués. Par contre, le foyer d'Amérique centrale, bien que yùus récent (III» et II e millénaires), constitue probablement un centre de diffusion indépendant. Les géologues définissent d'ailleurs et datent maintenant le passage du mésolithique au néolithique par l'apparition des premiers signes de l'agriculture.

12

senté par le semis volontaire d'une céréale 3 sur une parcelle de terre préparée à la recevoir, constituant 1' « ager », le champ cultivé, qui caractérise l'agriculture. P a r cet acte, l'homme modifie à son profit la nature, il intervient sur elle au lieu de l'utiliser simplement, en vue de multiplier l'efficacité de son effort. De prédateur qu'il était, il devient un producteur, un travailleur. L'économie agricole se substitue à une économie fondée sur la prédation : l'économie de cueillette En modifiant ainsi profondément les rapports de l'homme et de la nature, en accroissant considérablement l'efficacité de l'effort humain, l'invention de l'agriculture constitue la première grande révolution économique 6 de l'histoire humaine, la « révolution néolithique » 6 ou « révolution agricole » 7 qui constitue une étape capitale dans l'histoire de l'humanité. « La révolution agricole du huitième millénaire avant J.-C. et la révolution industrielle du X V I I I e siècle créèrent des brèches profondes dans la continuité du développement historique. Une nouvelle histoire commence avec chacune de ces deux révolutions : une nouvelle histoire, dramatiquement et totalement étrangère à celle qui l'avait précédée. L a continuité a subi une rupture 8 , de l'homme des grottes au constructeur de pyramides : et, de la même façon, elle est brisée

s Qui se substitue à la récolte d'es graminées spontanées. Les toutes premières céréales utilisées et ainsi « domestiquées » sont l'orge sauvage ( H o r d e u m spontaneum) et l'épeautre (Triticum dicoccoïdes), ancêtre du blé qui appartient également au genre Triticum. 4 En réalité, la substitution est progressive et partielle et s'est déroulée géographiquement sur plusieurs millénaires à travers les migrations des premiers cultivateurs néolithiques- Il est à noter qu'aujourd'hui encore certaines peuplades n'ont pas été touchées par la révolution agricole néolithique. s « De vieilles techniques se modifient, de nouvelles apparaissent pour la première fois ; les bases de l'économie subissent une mutation fondamentale, ainsi que les modes d'habitat, les pratiques funéraires, les croyances religieuses, pour autant qu'on peut les saisir ». G. BAILLOUD, in LEROI-GOURHÀN, . . . , op. cit., p. 157-158. E Selon l'expression de GORDON-CHILDE, cf. What Happened in History, penguin-Books, Harmondsworth, 1952. i R.-I. BRAIDWOOD, The Agricultural Revolution, Scientific American, 1960. 8 « Ce qui ne signifie pas pour autant mutation brusque sans rapport avec les situations antérieures. Au contraire, « chaque révolution » a eu des racines d a n s le passé. Mais chaque révolution créa une rupture profonde avec ce m ê m e passé ». ( C . - M . CIPPOLA, op. cit., p. 32) ; non pas une mutation brusque m a i s une mutation profonde.

13

entre le laboureur d'autrefois et le surveillant des machines dans une centrale énergétique moderne. » 9 . Aussi René Dumont définit-il l'agriculture comme étant « l'artificialisation du milieu naturel » par l'homme « en vue de le rendre plus apte au développement d'espèces végétales et animales utiles elles-mêmes améliorées » 1 0 . Ainsi comprise, au sens large, l'agriculture regroupe l'agriculture au sens strict, mise en valeur de l'ager en vue d'obtenir des produits végétaux utiles, et l'élevage, domestication et exploitation de certaines espèces animales. Elle est constituée d' « une série d'opérations par lesquelles l'intelligence de l'homme utilise la terre et refait la nature à son profit » u . Apparue à la suite d'une évolution climatique défavorable réduisant les ressources naturelles 12 , ou au contraire d'une lente évolution culturelle dans un milieu écologique favorable 1 3 , cette mutation technique a eu pour objectif et pour effet économique l'accroissement de l'énergie disponible, utilisable par l'homme sous forme nutritionnelle. A côté des besoins liés à la construction de son organisme, l'homme recherche en effet dans son alimentation la source d'énergie dont il a besoin pour survivre et exercer ses activités. Végétaux et animaux constituent pour lui des transformateurs de l'énergie solaire en énergie chimique. En multipliant les capacités nutritionnelles d'une superficie donnée de la terre —• et donc les possibilités d'expansion des collectivités humaines 1 4 — l'agriculture a permis un sensible accroissement de l'efficacité économique de l'effort humain et une notable réduction de l'aléa pesant sur son résultat. Ces deux effets vont constituer des outils d'analyse extrêmement utiles qui seront explicités et largement utilisés au cours de la présente recherche. » C . - M . CIPPOLA, op.

cit-,

p

30.

10 Voir en particulier le chapitre premier de Economie agricole Monde, Dalloz, Paris 1954, p. 5. 11 Louis P A S S Y , préface du Traité d'Economie politique rurale de la D'après notamment TOYNBEE et CHILDE, op. cit.

dans le ROSCHER.

13 Thèse de BRAIDWOOD, qui n ' a pas décelé de modifications climatiques sensibles dans la zone et à l'époque de l'apparition de l'agriculture ; cf. Gérard BAILLOUD, i n

LEROI-GOURHAN,

op.

cit.,

14 D'après différents auteurs, la de la pêche et de la cueillette ne mètre carré. En conséquence — et population du globe à la veille de vingt millions d'habitants.

ch.

V.

densité des peuples vivant de la chasse, dépasserait jamais u n habitant par kilocompte tenu des zones inhabitables — la la révolution agricole ne pouvait dépasser

H Très sommaire à l'origine, les techniques agricoles vont considérablement se perfectionner au cours des temps. Ce furent la sélection empirique des espèces végétales et animales, l'utilisation de l'animal comme source d'énergie physique dès 3000 av. J.-C., puis le perfectionnement progressif de l'attelage jusqu'à l'apparition du collier, l'amélioration des outils, en particulier des outils de travail du sol avec l'apparition de l'araire, puis de la charrue en bois, puis en fer 1 5 , qui permet la mise en culture de sols très argileux, enfin la mise au point progressive de modes de culture plus efficaces. Sur ce dernier plan, l'élaboration de techniques de conservation de la fertilité du sol — jointes dans certaines régions à des aménagements hydrauliques — permit le passage de l'agriculture itinérante des premiers âges à une agriculture fixée sur des zones régulièrement exploitées et par là-même l'apparition du paysan, l'homme lié à un terroir, un « pays » qu'il connaît par la tradition et par l'expérience empirique. Dès ses prémisses, l'agriculture va, par sa nature même, entraîner de profondes modifications dans la vie des communautés humaines. Celles-ci doivent en effet se fixer — au moins temporairement — autour de l'ager qu'il faut entretenir et dont on doit attendre le produit. Elles vont devoir s'organiser pour protéger et stocker, puis pour distribuer la récolte. D'après les travaux des paléontologues et des ethnologues 1 6 , il semble que ce soit avec l'agriculture 1 7 qu'apparaissent la structuration sociale, le village stable, et que puisse se développer la vie urbaine. lin effet, avec l'agriculture, plus productive que la cueillette, peut se former durablement un surplus de produit par rapport aux stricts besoins d'entretien des producteurs et de leurs familles. Ce surplus peut être, soit échangé contre d'autres produits, d'où la possibilité de voir apparaître un début de spécialisation dans les tâches, soit prélevé au profit de groupes n'exerçant pas directement eux-mêmes d'activité productrice. L e surplus économique qui apparaît permet

IS

Cf. A.-G. HAUDRICOURT et M. JEAN-BRUHNES-DELAMARRE, L'homme

et la

char,

rue à travers le monde, Gallimard, Paris, 1955. 1« En particulier V . GORDON-CHILDE, The Prehistory of European Society, Hardmondsworth, 1958 ; M. B U R K I T T , The Old Stone Age, New-York, 1956. 17 o u à tout le moins avec la protoculture, stade intermédiaire entre la cueillette et l'agriculture, consistant en la protection et le soin de végétaux spontanés utiles, arboricoles surtout.

15

ainsi la diversification des activités, les échanges et l'urbanisation. Son volume, donc l'efficacité des techniques agricoles, son mode de prélèvement et son utilisation, donc l'efficacité du système socioéconomique, vont dès lors revêtir une importance capitale pour l'évolution des sociétés humaines. Le surplus agricole constitue en conséquence un instrument très fécond de l'analyse économique 18 . 2.

L E SURPLUS AGRICOLE, FACTEUR D'ÉVOLUTION ET OUTIL

D'ANALYSE

Pour les physiocrates « la terre est l'unique source des richesses et (...) c'est l'agriculture qui les multiplie » 19 . Celle-ci fait apparaître le « produit net », différence entre le produit brut et les frais de production, les avances aux cultures et les besoins de subsistance des paysans. « Ce produit net forme le revenu qui se partage 21 au souverain, aux décimateurs et aux propriétaires (fonciers) » 2 1 . Ce surplus constitue dès lors la base de la reconstitution du capital (les « avances ») et de la diversification de toute l'activité économique ; de son accroissement dépend la croissance générale : « la prospérité de l'humanité toute entière est attachée au plus grand produit net possible » Après James Steuart qui avait dégagé le rôle du surplus agricole comme support de la croissance 23 , Adam Smith a bien vu 18 Cf. J. Rosio, Le surplus agricole, ses méthodes de mobilisation, D.Ii.S. de Sciences économiques, Grenoble, 1966 (dactylog.). IS M- QUESNAY, Maximes générales de gouvernement économique d un royaume agricole, maxime III, Imp. de Didot, 1774. 2« Selon les « droits naturels ». SI QUESNAY, Second problème économique. 22 QUESNAY, cité par J. Rosio, op. cit., p. 54. 23 « une des conséquences d'un sol fertile occupé par un peuple libre adonné à l'agriculture et porté à l'industrie, sera une quantité superflue de vivres, au delà de ce qui est nécessaire pour nourrit les cultivateurs• Les habitants multiplieront et un certain nombre d'entre eux, proportionné à la quantité surabondante des vivres produits, s'appliquera à l'industrie et fournira à d'autres besoins. D'après cette opération produite par l'industrie, nous trouvons le peuple distribué en deux classes : la première est celle des cultivateurs qui produisent la subsistance et qui sont nécessairement employés à cette tâche ; j'appelle l'autre classe celle des ouvriers libres parce que leur emploi était de se procurer à eux-mêmes la subsistance superflue des cultivateurs, par un travail adapté aux besoins de la société ; ils peuvent varier leur travail suivant ces besoins et ceux-ci varient encore suivant l'esprit du temps » ; in An Inquiry into the Principles of Political Economy, Being an Essay on the Science of Domestic Policy in Free Nations, Londres, 1767.

i6 dans la « Richesse des Nations » que le surplus était à l'origine de la division du travail et donc de l'expansion dans les sociétés progressives. PAYSAHNES

\ \

CHAPITRE

IV

ANALYSE D'UNE

RESTRUCTURATION

L'EXPERIENCE

AGRAIRE

PROGRESSIVE

:

YOUGOSLAVE 1

A u cours d'une première phase (1946-1950) l'édification du socialisme yougoslave s'inspire très largement du modèle soviétique. L'appareil de production capitaliste nationalisé par le nouveau régime est géré dans le cadre d'une planification administiative centralisée. Dans le secteur agricole, les grands domaines, nationalisés, deviennent des fermes d ' E t a t . Mais la rupture avec l'Union soviétique, en 1948, sera suivie à partir de 1950 de la mise en œuvre d'une politique nouvelle, qui va peu à peu élaborer un modèle socialiste original. Une loi fondamentale du 27 juin 1950 2 remet la gestion des usines et de toutes les entreprises économiques et sociales aux travailleurs, créant ainsi l'autogestion ouvrière 3 , qui deviendra la pierre d'angle du socialisme yougoslave. « L e contrôle administratif et bureaucratique est remplacé par le contrôle ouvrier » Le Maréchal Tito, Chef de l'Etat, proclame alors : « A l'opposé de •a théorie et de la pratique staliniennes affirmant que la fonction centralisatrice de l'Etat doit être renforcée dans l'économie comme dans toute la vie sociale, nous avons pris le véritable chemin socialiste, le chemin de la décentralisation et de la démocratisation

1 La rédaction de ce chapitre reprend, en le remaniant sensiblement et en le complétant, l'essentiel de notre contribution à l'ouvrage Agriculture moderne et socialisme : une expérience yougoslave. Coll. Tiers-Monde, P.U.F., I.E.D.E.S., Paris 1968. 2 En 1949, les conseils ouvriers avaient été créés à titre consultatif. s Cette loi s'inspire en particulier des institutions de la Commune de parid de 1871, notamment du règlement des ateliers d'armes du Louvre du 2 mai 1871 « M. de Vos, Histoire

de la Yougoslavie,

P.U.F., paris 1965, p. 117.

226 de l'administration dans l'économie comme dans tous les autres domaines. Nous avons pris le chemin du dépérissement des fonctions de l'Etat, en premier lieu dans la gestion de l'économie, c'est-à-dire le chemin du dépérissement de l'Etat en tant que tel, bien entendu graduellement et dans ses différentes fonctions. » 5 Aussi, la nouvelle Constitution de janvier 1953 prévoit-elle, à côté du Conseil Fédéral, un Conseil des Producteurs qui représente 1 ensemble des entreprises autogérées. Et la Constitution de 1963, actuellement en vigueur, précise, dès son article premier, que « la République Socialiste Fédérative de Yougoslavie est une communauté socialiste démocratique fondée sur le pouvoir du peuple travailleur et l'autogestion ». Elle déclare « inconstitutionnel tout acte qui porte atteinte au droit d'autogestion des travailleurs ». Etendue à l'agriculture en 1953-1954, l'autogestion s'est tellement développée en Yougoslavie qu'elle est devenue un élément fondamental du nouveau système économique qui commande la plupart des autres éléments. En effet, l'autogestion, définie par l'actuelle Constitution en son article 9, représente tout d'abord le droit pour les travailleurs a de gérer l'organisation de travail (l'entreprise) directement ou par l'entremise des organes de gestion qu'ils élisent eux-mêmes ». Et pour diffuser les responsabilités, éviter que les mêmes personnes soient élues et réélues, la Constitution a instauré la rotation obligatoire à tous les postes électifs : tout mandat est limité dans le temps, le plus souvent à deux ou quatre ans. C e point est très important. Mais l'autogestion représente aussi le droit, pour les travailleurs, « d'élaborer les plans et programmes de travail et de développement, de décider des échanges des produits et des services (...), de décider de l'usage et de la disposition des moyens sociaux (...), de répartir le revenu et d'assurer le développement de la base matérielle de travail (...), de décider de la fusion et de l'association avec d'autres organisations » 7 . Ainsi, l'entreprise, considérée comme un tout, est libre de ses décisions d'investisse-

s Cité par M. de Vos, op. cit., p. 117 fi Traduction française publiée dans la collection Notes et FAudes taires N° 3055. La documentation française, Paris 1965. 7 Constitution de la F.S.R.J., même référence.

documen-

227

ment et de production, donc de son orientation économique. Propriété collective inaliénable de la nation toute entière —