Les Structures du "Französisches Etymologisches Wörterbuch": Recherches métalexicographiques et métalexicologiques [Reprint 2011 ed.] 9783110931044, 3484522682, 9783484522688

This study examines the complex structures of the largest etymological dictionary ever conceived, Walther von Wartburg&#

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French Pages 606 [608] Year 1996

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Table of contents :
0. Introduction
0.1. Les buts poursuivis
0.2. La diachronie interne et la réception du FEW
0.3. La terminologie métalexicographique
0.4. Les différentes approches retenues
1. La macrostructure
1.1. Préliminaries
1.2. La superstructure – matériaux étymologisés versus matériaux d’origine inconnue ou incertaine
1.3. La macrostructure de la partie étymologique
1.4. La macrostructure des matériaux d’origine inconnue ou incertaine
2. La nomenclature
2.1. Préliminaires
2.2. Les principes
2.3. Les réaménagements
2.4. Vue d’ensemble
3. La microstructure
3.1. Préliminaries
3.2. Le champ consacré à l’entrée
3.3. Le champ consacré à la documentation
3.4. Le champ consacré au commentaire
3.5. Le champ consacre aux notes
4. Étude de cas (I) – le traitement des éléments slaves
4.1. Préliminaries
4.2. La nomenclature
4.3. Le traitement lexicographique
4.4. Complements et corrections aux éléments slaves
5. Étude de cas (II) – le traitement des déonomastiques
5.1. Préliminaries
5.2. La nomenclature
5.3. Le traitement lexicographique
5.4. Vue d’ensemble
6. Conclusion
6.1. Un bricolage génial
6.2. Des perspectives qui s’ouvrent
7. Liste des signes conventionnels et des abréviations
7.1. Abréviations générates et conventions typographiques
7.2. Abéviations bibliographiques
8. Références bibliographiques
8.1. Le FEW et Wartburg
8.2. Theorie et pratique de l’etymologie
8.3. Lexicographie et métalexicographie
8.4. Elements d’origine slave
8.5. Déonomastique
8.6. Théorie du nom propre
8.7. Dictionnaires
8.8. Divers
9. Annexe – contributions à l’étude des structures cachées du FEW
9.1. Compléments aux volumes 1–20 et 24–25 contenus dans les volumes 21–23
9.2. Corrections aux volumes 1–20 et 24–25 contenus dans les volumes 21–23
9.3. Index des étymons onomatopéiques
9.4. Concordance des sections des matériaux d’origine inconnue ou incertaine avec Celles du Begriffssystem
9.5. Index des étymons cachés
9.6. Index des éponymes
10. Index
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Les Structures du "Französisches Etymologisches Wörterbuch": Recherches métalexicographiques et métalexicologiques [Reprint 2011 ed.]
 9783110931044, 3484522682, 9783484522688

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BEIHEFTE ZUR ZEITSCHRIFT FÜR ROMANISCHE

PHILOLOGIE

BEGRÜNDET VON GUSTAV GRÖBER FORTGEFÜHRT VON WALTHER VON WARTBURG UND KURT BALDINGER HERAUSGEGEBEN VON MAX PFISTER

Band 268

EVA BÜCHI

Les Structures du französisches Etymologisches Wörterbuch> Recherches metalexicographiques et metalexicologiques

MAX NIEMEYER VERLAG TÜBINGEN 1996

Publie avec l'appui du Fonds national suisse de la recherche scientifique et de la Jaberg-Stiftung.

Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme [Zeitschrift für romanische Philologie / Beihefte] Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie. - Tübingen : Niemeyer Früher Schriftenreihe Reihe Beihefte zu: Zeitschrift für romanische Philologie NE: HST Bd. 268. Büchi, Eva: Les structures du «Französisches etymologisches Wörterbuch». - 1996 Büchi, Eva: Les structures du «Französisches etymologisches Wörterbuch» : recherches metalexicographiques et metalexicologiques / Eva Büchi. - Tübingen : Niemeyer, 1996 (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie ; Bd. 268) Zugl.: Bern, Univ., Diss., 1994 ISBN 3-484-52268-2 ISSN 0084-5396 © Max Niemeyer Verlag GmbH & Co. KG, Tübingen 1996 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Printed in Germany. Gedruckt auf alterungsbeständigem Papier. Satz: ScreenArt GmbH & Co. KG, Wannweil Druck: Allgäuer Zeitungsverlag, Kempten Einband: Heinr. Koch, Tübingen

Table des matieres

0. Introduction 0.1. 0.2. 0.3. 0.4.

1

Les buts poursuivis La diachronie interne et la reception du FEW. La terminologie metalexicographique Les differentes approches retenues

1 3 5 6

1. La macrostructure

9

1.1. Preliminaires 1.2. La superstructure - materiaux etymologises versus materiaux d'origine inconnue ou incertaine 1.2.1. La bipartition du FEW 1.2.2. La relativite de la bipartition 1.2.2.1. Les effets paradoxaux de contraintes methodologiques ou pratiques internes 1.2.2.2. Les materiaux etymologises dans les volumes 21-23.. 1.2.2.3. Les materiaux d'origine inconnue ou incertaine dans les volumes 1 - 2 0 , 2 4 - 2 5 1.2.2.3.1.Generalite s 1.2.2.3.2. Les doutes exprimes des la premiere redaction 1.2.2.3.3. Les corrections ulterieures 1.2.2.4. Les consequences qui decoulent de cette situation 1.3. La macrostructure de la partie etymologique 1.3.1. «The lexicographer's grand strategy» 1.3.2. La premiere section - le latin, le grec, les langues preromanes, les onomatopees 1.3.3. La deuxieme section - les langues germaniques 1.3.4. La troisieme section - l'anglais moderne 1.3.5. La quatrieme section - les langues orientales 1.3.6. La cinquieme section - les «autres langues» 1.3.6.1. Generalites 1.3.6.2. Lebreton 1.3.6.3. Le basque 1.3.6.4. Le grec tardif et le grec moderne 1.3.6.5. L'hebreu V

9 9 9 10 10 11 14 14 15 18 21 23 23 26 27 30 32 34 34 34 35 35 35

1.3.6.6. Le tsigane 1.3.6.7. Le hongrois 1.3.6.8. Les langues slaves 1.3.6.9. Le fmnois et le lapon 1.3.6.10. L'eskimo 1.3.6.11. Les langues amerindiennes 1.3.6.12. Les langues africaines 1.3.6.13. Les langues d'Extreme-Orient 1.3.6.14. Les langues d'Australie 1.3.6.15. Les langues de Polynesie 1.4. La macrostructure des materiaux d'origine inconnue ou incertaine 1.4.1. Le Statut des materiaux d'origine inconnue ou incertaine dans le FEW 1.4.2. Les sections et les sous-sections des materiaux d'origine inconnue ou incertaine 2. La nomenclature 2.1. Preliminaries 2.2. Les principes 2.2.1. Generalites 2.2.2. Les unites lexicales 2.2.2.1. Les unites lexicales attestees 2.2.2.2. Les unites lexicales reconstruites 2.2.3. Les unites infra-lexicales 2.2.4. Les unites supra-lexicales 2.3. Les reamenagements 2.3.1. Le probleme des sous-lemmes 2.3.2. Les reamenagements systematiques 2.3.2.1. Le regroupement des variantes phonetiques 2.3.2.2. Le regroupement des unites d'un paradigme morphologique 2.3.2.3. La remontee de certains emprunts 2.3.2.4. La remontee des langues romanes 2.3.2.5. La remontee du latin medieval 2.3.2.6. La remontee du latin scientifique 2.3.3. Les reamenagements facultatifs 2.3.3.1. Presentation 2.3.3.2. La typisation 2.3.3.3. La remontee des derives 2.3.3.4. Le regroupement des genres 2.3.3.5. La retraduction des caiques 2.3.3.6. Le regroupement des homonymes VI

36 36 36 36 36 36 37 37 38 38 38 38 40 43 43 45 45 45 45 46 50 51 52 52 53 53 53 55 56 56 58 59 59 59 62 65 66 66

2.4. Vue d'ensemble 2.4.1. Analyse des regroupements 2.4.2. Les problemes qui en resultent 2.4.3. Pour une recuperation des etymons caches

67 67 69 71

3. La microstructure

75

3.1. Preliminaires 75 3.1.1. La terminologie 75 3.1.2. L'application au FEW 75 3.1.2.1. Quelques problemes 75 3.1.2.2. Le degre de standardisation 76 3.1.2.3. Le cas des materiaux d'origine inconnue ou incertaine 76 3.1.3. Les champs de la microstructure 78 3.2. Le champ consacre ä l'entree 79 3.2.1. La structure de l'entree 79 3.2.2. La mention de l'etymon lexicographique 79 3.2.2.1. Les etymons uniques 79 3.2.2.2. Les etymons multiples 80 3.2.3. L'indication de la langue d'appartenance de l'etymon 80 3.2.3.1. Les informations implicites et explicites 80 3.2.3.2. La premiere section 81 3.2.3.3. La deuxieme section 82 3.2.3.4. La troisieme section 82 3.2.3.5. La quatrieme section 82 3.2.3.6. La cinquieme section 82 3.2.3.7. Les cas de double attribution 83 3.2.4. La glose explicative de l'etymon 83 3.2.4.1. La nature de la glose 83 3.2.4.2. Les cas particuliers 84 3.2.4.3. L'absence de toute glose 85 3.3. Le champ consacre ä la documentation 86 3.3.1. Les caracteristiques de la documentation 86 3.3.1.1. L'objet du FEW 86 3.3.1.2. La langue-objet 87 3.3.1.3. La nature du vocabulaire recense 94 3.3.1.4. Les sources utilisees 96 3.3.2. La structure du champ documentaire 98 3.3.2.1. La double articulation 98 3.3.2.2. L'analyse de premiere articulation (microstructure stricto sensu) 98 3.3.2.3. L'analyse de deuxieme articulation (infrastructure)... 116 3.3.3. Les rapports avec le champ reserve au commentaire.. 130 3.3.3.1. Le Statut de la documentation par rapport au commentaire 130 VII

3.3.3.2. La separation de la documentation et du commentaire 133 3.4. Le champ consacre au commentaire 136 3.4.1. Generalites, metalangue et terminologie 136 3.4.2. Situer l'etymon 139 3.4.3. L'ouverture sur la Romania et l'Europe 141 3.4.4. La critique des etymologies rejetees 145 3.4.5. L'argumentation etymologique 147 3.4.5.1. Generalites 147 3.4.5.2. Les arguments phonetiques 147 3.4.5.3. Les arguments chronologiques 148 3.4.5.4. Les arguments geolinguistiques 148 3.4.5.5. Les arguments semantiques 149 3.4.5.6. Les arguments extra-linguistiques 150 3.4.6. L'histoire du mot 151 3.4.7. Les rapports avec d'autres families etymologiques 152 3.4.8. Le commentaire, cle de la documentation 154 3.4.9. La documentation complementaire 155 3.4.10. Les corrections internes 156 3.4.11. La critique des sources 157 3.4.12. L'expose des problemes non resolus 158 3.4.13. Les renvois finaux 159 3.4.14. La signature 160 3.5. Le champ consacre aux notes 162 3.5.1. Generalites 162 3.5.2. La documentation complementaire 163 3.5.3. Les corrections internes 163 3.5.4. La critique des sources 163 4. Etude de cas (I) - le traitement des elements slaves 4.1. Preliminaires 4.1.1.

Le Statut des adstrats recents dans le FEW.

4.1.2. Le choix de la sous-section slave 4.1.3. La place des slavismes dans le FEW 4.2. La nomenclature 4.2.1. La repartition sur les differentes langues slaves 4.2.2. L'ampleur de la nomenclature 4.2.3. La nature des lemmes etymologiques 4.2.4. Le recours ä l'etymologie lointaine 4.3. Le traitement lexicographique 4.3.1. Le choix du lemme etymologique 4.3.2. Les sous-lemmes 4.3.3. Les materiaux traites 4.4. Complements et corrections aux elements slaves VIII

165 165 165

166 167 167 167 170 172 173 176 176 177 178 182

5. Etude de cas (II) - le traitement des deonomastiques

259

5.1. Preliminaries 259 5.1.1. La terminologie 259 5.1.2. L'etat des travaux 261 5.1.3. Les buts poursuivis 263 5.2. La nomenclature 264 5.2.1. Les sources du FEW 264 5.2.2. Le FiTWlui-meme 265 5.3. Le traitement lexicographique 272 5.3.1. Le choix du lemme etymologique 273 5.3.1.1. Le degagement d'un lemme eponyme 273 5.3.1.2. La couche etymologique retenue 274 5.3.1.3. Les eponymes de forme complexe 279 5.3.1.4. Les deonomastiques empruntes 282 5.3.2. La glose ou ce qui en tient lieu 287 5.3.2.1. L'absence de toute glose 287 5.3.2.2. Les gloses du type « N P » / « N L » 288 5.3.2.3. Les gloses referentielles 289 5.3.2.4. Les gloses linguistico-referentielles 290 5.3.2.5. Les traductions 290 5.3.2.6. L'indication de la langue d'emprunt 291 5.3.2.7. Les gloses du type « N p r » 292 5.3.3. La structure de I'article 293 5.3.3.1. La specificite des articles deonomastiques 293 5.3.3.2. Le traitement des formes onomastiques empruntees .. 295 5.3.3.3. Les noms propres dans le FEW 296 5.3.3.4. Les noms propres pris pour des appellatifs par le FEW'S00 5.3.3.5. Les syntagmes et la phraseologie 301 5.3.3.6. Les articles mixtes 303 5.4. Vue d'ensemble 305

6. Conclusion 6.1. Un bricolage genial 6.2. Des perspectives qui s'ouvrent

7. Liste des signes conventionnels et des abreviations 7.1. Abreviations generates et conventions typographiques 7.2. Abeviations bibliographiques 7.2.1. Sources primaires et etudes 7.2.2. Dictionnaires

307 307 308

311 311 311 311 312 IX

8. References bibliographiques 8.1. 8.2. 8.3. 8.4. 8.5. 8.6. 8.7. 8.8.

Le FEWzt Wartburg Theorie et pratique de l'etymologie Lexicographie et metalexicographie Elements d'origine slave Deonomastique Theorie du nom propre Dictionnaires Divers

9. Annexe - contributions ä l'etude des structures cachees du FEW... 9.1. Complements aux volumes 1-20 et 24-25 contenus dans les volumes 21-23 9.1.1. Complements presentes comme sürs 9.1.2. Complements presentes comme probables 9.1.3. Complements presentes comme peu sürs 9.2. Corrections aux volumes 1-20 et 24-25 contenus dans les volumes 21-23 9.2.1. Corrections presentees comme süres 9.2.2. Corrections presentees comme probables 9.2.3. Corrections presentees comme peu süres 9.3. Index des etymons onomatopeiques 9.4. Concordance des sections des materiaux d'origine inconnue ou incertaine avec Celles du Begriffssystem 9.5. Index des etymons caches 9.6. Index des eponymes 10. Index

X

317 317 321 324 326 328 332 334 334 339 339 339 350 359 388 388 390 391 392 394 405 564 591

Comme toutes les grandes entreprises, 1 'EE. W. est a la fois d'une extreme simplicite dans sa conception et d'une ecrasante complexite dans sa realisation. Pierre Guiraud, Vie et langage 77 (1958), 412.

Avant-Propos

Partie d'une confrontation des methodes de la metalexicographie avec le Französisches Etymologisches Wörterbuch, j'ai eu la surprise de constater que le point d'arrivee constituait un modele proprement grammatical du dictionnaire: c'est Jean-Pierre Chambon qui m'a rendue attentive au fait que la conception generale de cette recherche est celle d'une grammaire du FEW. Grammaire descriptive, certes, mais qui se complete d'une approche critique, et qui ne craint pas de rendre le lecteur attentif ä certaines faiblesses du dictionnaire. II est pourtant evident que ces reflexions critiques ne diminuent en rien mon profond attachement ä Γ oeuvre; j'aimerais au contraire que cette etude soit lue comme un hommage tant au FEW qu'ä son auteur. Je remercie Marc Bonhomme, professeur ä l'Universite de Berne et specialiste de semantique et de stylistique, pour l'interet qu'il a bien voulu porter ä ce travail si eloigne de ses propres preoccupations. D'autre part, mes remerciements vont ä Jean-Pierre Chambon, professeur ä l'Universite des Sciences Humaines de Strasbourg, qui pendant tant d'annees a dirige et anime notre petite equipe de redaction au Centre du F E W ä Bäle, et qui ne s'est pas lasse de discuter avec moi maints aspects de ce travail. Je remercie enfin Martin Gleßgen d'avoir relu le manuscrit et Max Pfister d'avoir accueilli le travail dans les Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie.

XIII

0.

Introduction

0.1.

Les b u t s poursuivis

Dans son ouvrage fondateur, J. Rey-Debove affirme que le Französisches Etymologisches Wörterbuch {FEW) de Walther von Wartburg est «un ouvrage si complexe que la seule description de ses structures ferait l'objet d'un livre» (Rey-Debove 1971a, 28). Or, le constat est lä: on ne dispose pas encore d'une analyse d'ensemble du FEW, ce qui constitue une lacune criante tant pour la lexicologie que pour la metalexicographie. Nous nous proposons done de combler, ne serait-ce qu'en partie, cette lacune. Le fait de reflechir sur le FEW en tant que redacteur ou redactrice se situe dans une tradition (Zumthor 1955, Baldinger 1974). II est vrai que celui qui peut joindre une certaine pratique redactionnelle (encodage) ä une solide connaissance d'utilisateur (decodage) sera le mieux prepare ä decrire ce dictionnaire extremement complexe. II convient neanmoins de depasser la condition de redacteur, meme si eile peut se reveler avantageuse; il s'agit de passer du , souvent aveugle par les normes et les traditions redactionnelles internes, ä l'empathie methodologique du metalexicographe. II est done indispensable d'ajouter le ä la connaissance intime de l'ouvrage, ce qui, dans notre cas, peut etre facilite par le fait de ne pas avoir connu le maitre d'oeuvre. L'approche adoptee ne saurait done etre repetitive par rapport au discours wartburgien, ni hagiographique: eile s'inspirera de la metalexicographie, qui a l'avantage de nous fournir, pour decrire le FEW, des outils forges en dehors du FüWlui-meme. On sait que la metalexicographie est la discipline linguistique dont le domaine d'etude est constitue par les dictionnaires 1 . Le FEWreleve evidemment du fait dictionnaire (son titre seul le suggere), mais sa caracteristique la plus saillante reside probablement ailleurs. Dans la mesure ou la lexicographie est

1

«L'interet croissant accorde au lexique, dont le principal acces passait precisement par les dictionnaires, a mene en toute logique ä la gestation, ces vingt dernieres annees, d'une discipline nouvelle qui se penche sur les dictionnaires eux-memes, leurs formes, leurs structures, leur usage, leur critique et leur histoire, en un mot sur le role qu'ils jouent au sein de nos societes. L'appellation fran?aise donnee ä cette nouvelle discipline est metalexicographie, e'est-a-dire < recherche sur les dictionnaires)» (Hausmann et al. 1989, XXVI).

1

une activite pratique 2 , une technique ayant ses regies bien definies, il nous semble que le FEW est ä considerer au premier chef comme un texte lexicologique produit par le lexicologue, le Unguiste Walther von Wartburg 3 . En effet, l'etymologie conduite par Wartburg est une science, peut-etre un art (cf. Malkiel 1962,201-203), jamais une simple technique 4 . La forme dictionnairique du FEW, loin de reposer sur une volonte deliberee, decoule de la visee totalisante de Wartburg, ce qui fait du F £ f f q u e l q u e chose comme une suite ordonnee de monographies 5 . Pour cette raison, notre recherche devra etre ä la fois d'essence metalexicologique6 et metalexicographique: elle s'attachera autant aux comportements de recherche en lexicologie qu'ä la production lexicographique de Wartburg. Traditionnellement, la metalexicographie s'occupe presque exclusivement des resultats et des produits; ses recherches sont basees soit sur des analyses de detail des dictionnaires (metalexicographie synchronique), soit elle s'occupe de la filiation des dictionnaires (metalexicographie macrodiachronique; cf., par exemple, Baldinger 1951). Mais, de la meme maniere que l'historiographie de la linguistique ne saurait se limiter ä l'analyse des textes publies (De Clercq/Swiggers 1991) 7 , la metalexicographie comporte - au moins en theorie - un important volet d'ordre microdiachronique. Plus precisement, il existe meme deux types de metalexicographies microdiachroniques, la premiere s'interessant ä la planification et ä la production des dictionnaires, la seconde, ä leur reception. Ces deux champs d'etude sont importants, mais 2

«La lexicographic est une activite pratique; le projet du lexicographe n'est jamais pur parce qu'il est global et que les implications theoriques ne sont pas prealablement envisagees dans leur detail» (Rey-Debove 1971a, 36). 3 Nous essaierons, dans la mesure du possible, de distinguer le FE Wet Wartburg: On dira «le FEW» pour designer la machinerie, «Wartburg» renvoyant ä une conscience, une intention, un auteur. - Les renvois aux articles non rediges par Wartburg seront completes du nom du redacteur. 4 Le revers de la medaille est constitue par les nombreuses inconsequences et infractions aux regies lexicographiques que Ton releve dans le FEW. 5 «The entries were so long, and subsequently so increased in sheer extension, that a reader, whether casual or committed to a certain engagement, was confronted with a string of full-sized, formulaically phrased etymological articles, rather than a mere succession of dictionary entries» (Malkiel 1993,81). 6 C'est en italien que nous avons releve ce terme: Muljacic (1991,79-80) utilise tant le nom metalessicologia que son derive adjectival metalessicologico. Dans le domaine frangais, la seule attestation de metalexicologie que nous ayons relevee est une citation erronee de Nelke (1992,108; Corbin 1982, troisieme page de couverture, porte metalexicographie). 7 «Mais il convient de se demander s'il n'y a pas u n e a u t r e h i s t o i r e de la linguistique, ou une autre optique de l'histoire, dont l'interet minimal reside dans sa complementarite ä l'egard de la visee canonique. Cette autre optique est celle d'une histoire de la linguistique examinee du point de vue de sa pratique, de textes non publies, et du circuit recepteur. Une telle histoire permet d'etudier Yavant et 1 'apres de ce qui fait l'objet des histoires de la linguistique traditionnelles. De plus, elle permet de contextualiser cet objet» (De Clercq/Swiggers 1991,17). 2

nous ne les traiterons que de fa5on peripherique dans la presente recherche, afin de concentrer notre investigation sur une analyse synchronique du «plus important dictionnaire etymologique jamais mene ä bien» (Rey 1971,83), ce qui nous parait constituer l'objectif prioritaire.

0.2.

La diachronie interne et la reception du FEW

Notre point de vue sera done, non sans quelque regret8, surtout synchronique. Toutefois, la description metalexicographique de la gigantesque entreprise wartburgienne ne peut pas se dispenser d'evoquer les differentes phases qui en ont marque l'elaboration 9 . Une prise en compte de l'histoire interne du FE We st indispensable, car les etapes revolues de la conception wartburgienne de son oeuvre ont laisse des traces tangibles dans le produit final. En effet, la difficulte de description du FEW tient pour une grande part aux «viele[n] Jahre des Tastens, durch die die Frühzeit des FEW gezeichnet ist» (Bork 1980,448). Chambon (1993; v. aussi Swiggers 1990 ainsi que Chambon/ Büchi ä paraitre) retrace les differentes etapes de la gestation et du developpement du FEW: a) L'idee du FüWremonte initialement ä un projet commun de Jud et de Wartburg, ne comme une reaction au REW (cf. Jud 1911), d'un nouveau dictionnaire etymologique roman «qui combinerait les acquis de la methode historico-comparative avec l'impulsion de la geographie linguistique en plein essor, et prendrait en compte l'aspect semantique et notamment l'organisation du lexique par groupes conceptuels» (Chambon 1993,472). b) Par la suite, on assiste ä une scission des deux projets, dont l'aboutissement est d'une part 1 'AIS de Jaberg et de Jud, d'autre part le FEW (cf. Wartburg 1961,210-211). c) La troisieme etape est constituee par le projet wartburgien d'un dictionnaire pan-galloroman qui combinerait, au niveau microstructurel, les points de vue semasiologique-historique et onomasiologique-descriptif: e'est l'etape exemplifiee par l'article ABONNIS de 1919 edite par Chambon (1993,480-484). Cet article, traitant du type bonnet, se termine en effet par un renvoi aux etymons et aux pages des materiaux d'origine inconnue ou incertaine abordant les synonymes de bonnet. d) Avant meme la parution du premier fascicule du FE W, Wartburg precede ä un remaniement de ce premier projet, dont l'aboutissement est le FEW tel 8

Dejä Wartburg se sentait attire par la täche de faire l'histoire interne du FEW, mais il y a renonce faute de temps: «Si je ne me sentais pas toujours plus presse de rediger la plus grande partie possible de ce qui me reste a ecrire pour achever mon ceuvre, je serais tente d'esquisser une histoire de cette entreprise et d'entrer a ce propos dans quelques details» (Wartburg 1954,288). 9 La Chronologie de la parution des differents fascicules est dejä tres complexe, v. Okamoto/Stumpf 1974. 3

qu'il existe, qui est marque par la combinaison des points de vue semasiologique-historique et onomasiologique-descriptif au niveau macrostructurel (—> 1.2.1.). e) La cinquieme et derniere etape intervient en cours de publication du FEW. c'est ce qu'on est convenu d'appeler le «changement de methode» 1 0 , qui remonte aux annees trente et quarante, done apres la redaction des volumes 1 et (partiellement) 2,1 et 3. Le changement de methode, resultant d'une reconsideration du travail etymologique par Wartburg, consiste essentiellement en cinq points (cf. Stumpf 1974): l'importance accordee ä la Schriftsprache s'intensifie (-» 3.3.1.2.3.); Wartburg s'appuie desormais dans le travail redactionnel sur une equipe de jeunes chercheurs notamment francophones (—>3.3.1.4.); la redaction des articles se fait dorenavant par families apparentees, d'oü une vue plus synthetique du vocabulaire galloroman (—» 3.4.7.); la structure des articles regoit une forme plus elaboree (-» 3.3.3.2.); au niveau macrostructurel, on observe une separation des differentes filieres etymologiques (—» 1.3.1.). D'autre part, le FEW est marque par l'histoire de sa reception, dont on denombre plusieurs aspects independants. En premier lieu, il convient de rappeler que ses fascicules ont systematiquement ete recenses dans les revues specialisees (cf. Baldinger/Thierbach 1956; Mantou 1969; Baldinger/Hoffert/ Thierbach 1974). D'autre part, le FEWa donne lieu ä d'importantes etudes en lexicologie galloromane congues directement comme des sortes d'appendices externes ä l'ceuvre, dont les complements ä certaines sections et sous-sections de la partie etymologisee (-» 4.1.2.), les travaux d'etymologisation de families classees dans les materiaux d'origine inconnue ou incertaine (—> 1.2.2.4.), enfin les listes de cas de double etymologisation (Baldinger 1980; 1993; Chauveau 1986b; Hoffert et al. 1987; Brochard et αϊ. 1989; Boutier et al. 1990; 1992; 1994) 11 . De plus, et c'est lä un aspect particulierement important pour la linguistique, le FEW a toujours rempli, et continue ä remplir, un considerable röle de moteur dans le domaine de l'etymologie et de la lexicologie romanes. On compte un nombre appreciable d'ouvrages directement inspires par lui: ä part le Lessico etimologico italiano (LEI), con1.3.), tandis que l'organisation des sections des materiaux d'origine inconnue ou incertaine releve de l'onomasiologie (concepts et groupes de concepts) (—> 1.4.). En ce qui concerne l'acception du concept retenue ici, eile est decalee d'un rang par rapport aux dictionnaires ordinaires, de meme que la notion d'article: au lieu de s'appliquer ä la presentation des signes de la langue decrite, la microstructure concerne celle d'un groupe de signes d'origine apparentee (—»3.1.2.). En revanche, on parlera d' pour

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14

15

«Le DEAFveut done etre - toutes proportions gardees - un petit FE W pour le domaine et l'epoque de I'ancien frangais» (1971, Baldinger, in : DEAF, fascicule G 1,IX). «[...] ein , eine Fortsetzung von Wartburgs FEW, eine (Darstellung des frankokreolischen Sprachschatzes), die ausgehend vom französischen oder nichtfranzösischen Etymon alle kreolischen Nachfolgeformen registriert» (Bollee 1980,68). «Et si le caractere, necessairement polemique, de tels exposes semble parfois mettre en cause certaines conjectures du F. E.W., on ne nous permettra pas moins de nous reclamer d'un maitre qui nous est un constant exemple et d'une oeuvre qui est la source permanente de notre reflexion» (Guiraud 1986,46).

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l'organisation de ce que la metalexicographie ordinaire appelle la microstructure ou la structure des unites qui font l'objet du dictionnaire (—> 3.3.2.3.). La macrostructure et la microstructure n'epuisent cependant pas les structures du FEW II s'y ajoute ce que Malkiel (1976,66-68) definit comme le breadth () d'un dictionnaire etymologique. Cette du dictionnaire ne nous retiendra ici que de fagon peripherique; on distingue les differentes dedicaces 16 et prefaces 17 ; les complements et les corrections a la fin de certains volumes 18 ; enfin les index des types traites 19 . On passera de meme rapidement sur les instruments de travail annexes que sont le Beiheft (Ortsnamenregister; Literaturverzeichnis, Uebersichtskarte) et son Supplement (en y ajoutant la bibliographe donnee en 19,215-217), qui constituent en quelque sorte la du FEW, tout en etant partie integrante de l'ceuvre20.

0.4.

Les differentes a p p r o c h e s retenues

Reunissant quatre ou cinq millions d'unites lexicales (Guiraud 1958,413) reparties sur pres de 20.000 articles 21 et plus de 14.000 pages (cf. Baldinger 1974,17), le FE WEst une oeuvre veritablement colossale. Tout en considerant que les dimensions de l'ouvrage en constituent un trait typologique 22 , nous nous efforcerons, dans notre analyse, de contröler cet aspect et de ne pas tomber nous-meme dans le gigantisme. II parait done indispensable de faire un choix dans les multiples facettes que le FEWoSk

au metalexicographe, ce

qui nous amene ä selectionner un certain nombre de voies d'approche complementaires.

16 17

18

19

20 21

22

[1,111; 3, (-III)—(-1); 5, IV-VII], [1,IV-XX; 2,I,I-V; 2,II,I-IV; 3,I-VI; 4,1-HI; 5,1-111; 6,1, (-II)-(-I); 6,11,1-111; 7,I-IV; 8,1-11; 10,1-111; ΙΙ,Ι-ΙΙΙ; 12,1-Π; 13,1,1-Π; 14,1-111; 15,1,1; 16,1-111; 17,1; 18,1; 19; I; 20,1-Π; 21,1-111; 24,1-111], [4,828-836; 5,495; 6,111,326-340 (pour tout le volume); 7,766; 10,603-605; 11,669-672; 12,507-516; 13,11,465-469 (pour tout le volume); 14,670-678; 15,11,192-194 (pour les volumes 15 et 16, et non pas pour le volume 17, comme e'estdit 15,11,192); 16,747-770; 17,632-643; 18,134; 19,210-214; 20,116], [1,670-683; 2,1617-1641; 3,930-945; 4,833-855; 5,485-493; 6,111,341-453 (pour tout le volume); 9,957-695 (pour les volumes 7,8,9); 10,607-648; 12,517656 (pour les volumes 11 et 12); 13,11,470-516 (pour tout le volume); 14,679-742; 15,11,195-252 (pour tout le volume); 16,771-796; 17,645-691; 18,135-144; 19,218-236; 20,117-127], Cf. les notions de paratexte, de peritexte et d'epitexte dans Genette 1987,11. Ce chiffre ne tient pas compte des articles des materiaux d'origine inconnue ou incertaine (—> 3.1.2.3.). «Per la veritä, i principi e le tecniche ispiratrici del nuovo REW hanno giä avuto larga applicazione in quello che a buon diritto puö considerarsi il m a s s i m ο dizionario etimologico esistente, ossia il FEW di Wartburg [...]» (Zamboni 1983,183).

6

Dans un premier temps, notre attention se portera sur l'ceuvre dans son ensemble, afin d'en delimiter les structures generales. Plus precisement, nous concentrerons notre enquete successivement sur la macrostructure (qui est double) (—>1.), sur la structure de la nomenclature (—»2.), enfin sur la microstructure de l'ceuvre (—» 3.)23. Cette premiere voie d'approche, globale, sera completee, dans un second temps, par deux etudes de cas particuliers. La premiere d'entre elles sera consacree ä la sous-section slave (—> 4.) en tant qu'exemple d'un sous-ensemble du vocabulaire galloroman auquel le FEW reserve une place ä part [20,33-52] 24 . Dans la seconde, nous etudierons le traitement des deonomastiques (—»5.); eile fournira ainsi un exemple d'un sous-ensemble cache du vocabulaire galloroman, car ceux-ci ne disposent pas d'une place ä part dans le dictionnaire. Au cours de ces cinq chapitres, nous aurons l'occasion d'attirer l'attention du lecteur sur une particularite du FEW qui conditionne toute utilisation qu'on pourra en faire: etant donne son essence lexicologique plutöt que strictement lexicographique (->0.1.), le FEWcontient un nombre important de structures cachees, qui ne se revelent qu'ä l'analyse. Afin de sauver le FEW de sa condition de sous-exploitation qui resulte de cet etat de fait, le metalexicographe se doit de degager ces ensembles caches pour les mettre ä la disposition des chercheurs. Nous nous en acquitterons, au moins dans six cas (->1.2.2.2.; 1.2.2.3.3.; 1.3.2.; 1.4.1.; 2.4.3.; 5.2.2.), sous forme d'un chapitre terminal intitule «Contributions ä l'etude des structures cachees du FEW»(—>9.). Loin de constituer une simple annexe technique, cette partie de notre recherche est ä considerer comme une cle d'approche indispensable pour l'intelligence de l'ceuvre. Ä l'aide de ces differentes voies d'approche, nous esperons pouvoir cerner les structures organisatrices d'une oeuvre qu'on a pu ä bon droit appeler «un des plus beaux monuments des sciences du langage» (Swiggers 1990,347).

23

24

25

Ce troisieme chapitre peut etre considere, tant par sa position que par sa taille, comme la partie centrale de notre recherche. Les raisons du choix de cette sous-section particuliere seront exposees plus tard Η 4.1.2.) Une version succincte de ce chapitre a ete presentee au XX e Congres International de Linguistique et Philologie Romanes (v. Büchi 1993).

7

1.

La macrostructure

1.1.

Preliminaries

L'acception du terme ici retenue est quelque peu elargie par rapport ä celle de J. Rey-Debove1: quand nous parlons de la macrostructure (au sens large) du FEW, nous entendons par lä son organisation generale jusqu'au seuil des articles. Or la macrostructure du FEW ainsi definie est double (—>0.3.): au premier niveau d'analyse, le dictionnaire presente une organisation binaire, qui le subdivise en une partie dont les materiaux sont etymologises et une autre dont les materiaux sont d'origine inconnue ou incertaine; c'est ce que nous appellerons, plus precisement, sa < superstructure). En revanche, nous reservons le terme de macrostructure stricto sensu ä l'organisation ä l'interieur des deux parties de la superstructure2. II faut considerer les deux parties separement, car, contrairement au niveau microstructurel (->3.1.2.3.), elles different du point de vue macrostructurel.

1.2.

La superstructure - materiaux etymologises versus materiaux d'origine inconnue ou incertaine

1.2.1.

La bipartition du FEW

Le Fis PFcomporte 25 volumes, dont deux (22 et 25) sont encore inacheves ä ce jour (on trouve et lä des renvois en avant ä un volume 26 qui comporterait la refonte de la lettre Ζ?3). En etudiant la macrostructure du FEW, on doit done partir de ces 25 volumes, dont trois sont subdivises en deux tomes (volumes 2,13 et 15), et un en trois tomes (volume 6)4. Ä l'interieur de ces 25 volumes, une premiere grande subdivision separe les materiaux presentes etymologiquement (volumes 1-20 et 24-25) des materiaux d'origine inconnue ou 1

2

3

«On appellera macrostructure l'ensemble des entrees ordonnees, toujours soumise ä une lecture verticale partielle lors du reperage de l'objet du message. [...] La macrostructure est couramment appelee nomenclature» (Rey-Debove 1971,21). Dans cet emploi, notre acception du terme de recouvre celle de Thibault (en preparation). «S. noch BASILE, neuredaktion bd.26» [22,1, l i b n.3 (1976)]; «Mit pejorativem suffw. zu bougonner (dieses cf. neuredaktion *BUCCO-)» [22,1,80a (1976)]; «S. *BAGOS, h i e r b d . 2 6 » [22, II, 4 b ( 1 9 7 3 ) ] .

9

incertaine (volumes 21-23). Du point de vue theorique, cette bipartition semble correspondre assez exactement ä ce qu'Alinei definit, sous le nom de etymography et etymothesis, comme les deux faces de l'etymologie: tandis que 1 'etymography s'occupe essentiellement de la description de la filiere exacte d'une famille de mots dont l'etymologie ne prete pas ä discussion, Vetymothesis, science speculative et subjective, se consacre aux lexies dont l'origine est opaque (Alinei 1982,46-47). Ä cette premiere difference entre les deux parties, qui concerne le degre des connaissances etymologiques, se superpose une autre, ä savoir celle du mode d'exposition: tandis que les materiaux de la partie etymologique sont organises selon le principe stratificationnel, les materiaux d'origine inconnue ou incertaine sont classes d'apres des criteres onomasiologiques. Cette difference de presentation entre les deux parties n'etait pas prevue dans le projet initial de Wartburg 5 ; eile s'est imposee ä lui en cours de route (—> O.2.). 1.2.2.

La relativite de la bipartition

1.2.2.1. Les effets paradoxaux de contraintes methodologiques ou pratiques internes Toutefois, la distinction entre les materiaux etymologises et les materiaux d'origine inconnue ou incertaine du FEW ne se fait pas de fa?on univoque entre d'une part les volumes 1-20 et 24-25 et de l'autre les volumes 21-23. On releve au contraire dans les «Inconnus» une quantite non negligeable de lexemes isoles ou de families de mots dont l'etymologie est connue. Pour leur part, les volumes etymologiques renferment des parties d'articles, voire des articles entiers dont le Statut d'objets etymologiquement est tres incertain. Cette situation paradoxale se resume ainsi: la distinction entre le connu et l'inconnu est, dans le FEW, lexicographiquement absolue, mais lexicologiquement relative. L'etymologie etant, comme toute science, conjecturale (c'est-ä-dire fondee sur un systeme d'hypotheses necessairement provisoires), il est, en premiere approche, difficile d'etablir une ligne de demarcation claire entre resultats pouvant etre tenus pour acquis et resultats certainement provisoires, et il est evident que les differentes notices des dictionnaires etymologiques n'ont 4

5

Les indications de tome («6, II, 257b») n'ont cependant ä intervenir, dans les renvois bibliographiques, que pour les volumes 6,13 et 15, le volume 2 disposant d'une pagination continue. «Im jähre 1922 war noch an eine alphabetische aufreihung dieser artikel gedacht. Die einsieht in die tatsache, daß der gesamte Wortschatz wie eine darstellung des Weltbildes ist, das sich der mensch erworben hat, ist uns erst im laufe unserer arbeiten allmählich erwachsen. Diese einsieht hat uns dazu geführt, in gemeinsamer arbeit mit Rudolf Hallig ein Begriffssystem aufzustellen, welches als sozusagen naturgegebene grundlage für die darstellung des gesamten lexikons dienen soll»

[21,1]· 10

jamais toutes exactement le meme Statut6. La distinction entre les materiaux etymologises et ceux dont l'etymologie est incertaine apparait comme necessairement graduelle 7 . D'autre part, la partie etymologique comporte aussi des articles dont le lemme, prive de tout pouvoir explicatif, n'est que le Symbole d'une famille lexicale d'origine inconnue dont il ne fait que resumer les proprietes phonologiques et semantiques observees (axiome de Craddock dans Craddock et al. 1980, 195,197; par exemple *AGRU, FEW 1,55a). II s'y ajoute le fait qu'etant publie par fascicules, l'ouvrage reflete forcement les progres de la science; une etymologie passant pour süre en 1922 a pu etre contestee depuis, et une base peu assuree a pu gagner en probabilite grace ä une decouverte faite entre-temps. D a n s l'etat actuel des connaissances, il y a un continuum entre les deux extremes. II s'ensuit que du point de vue de la securite de l'information, les articles de la premiere partie du FEW ne sont pas homogenes. Ä cette relativite epistemologique de la distinction «etymologie connue/ inconnue», il s'ajoute, dans le cas concret d u FEW, une relativite factuelle due aux pratiques qui y sont ä l'ceuvre. La dialectisation necessaire des categories et conduit ä une investigation en chasse-croise qui entend mettre en relief l'interpenetration de ces deux contraires lexicographiques: le connu dans l'inconnu, l'inconnu dans le connu. D a n s un premier temps, il sera en effet question des materiaux etymologises dans les volumes 21-23, ensuite notre attention se portera sur les materiaux classes dans les volumes 1 - 2 0 et 24-25 dont l'origine est en realite inconnue ou au moins tres incertaine. Une telle etude d'un cas d'irregularite structurelle nous parait d'autant plus utile que le dysfonctionnement est toujours revelateur: il permet de degager des traits typologiques qui sont toujours presents, mais qui sont moins apparents dans les cas qui ne posent pas de problemes 8 . 1.2.2.2. Les materiaux etymologises dans les volumes 2 1 - 2 3 Dans la preface au volume 21, Wartburg se refere dans ces termes aux propositions etymologiques contenues dans les materiaux d'origine inconnue ou incertaine: Manchen Wörtern und wortgruppen sind erörterungen beigegeben, welche auf möglichkeiten etymologischer erklärung hinweisen, die uns aber zu unsicher 6

«In Wirklichkeit finden wir in jedem beliebigen etymologischen Wörterbuch neben den wahrscheinlichen auch eine große Anzahl problematischer und zweifelhafter Erklärungen» (Abaev 1952/1980,37). 7 «Les volumes 21 ä 23 du FEW ne forment pas une opposition exclusive avec la vingtaine de volumes dont les materiaux sont ranges par etyma. La difference entre les deux parties est plutöt une difference graduelle entre une etymologie juste ou probable d'un cöte et iijie etymologie inconnue de l'autre» (Wolf 1978,439-440). 8 «Notre hypothese sera que l'examen des rates permet d'en apprendre plus sur le fonctionnement de la machine elle-meme» (Chambon 1986,42). 11

geschienen haben, um die wortgruppe in den ersten teil des Wörterbuchs aufzunehmen [21,11],

Cette description s'avere cependant etre trop modeste (et inadaptee aux yeux du metalexicographe), car des le premier fascicule du volume 21 (fascicule 98), le lecteur decouvre non seulement des etymologies etiquetees comme «peu süres», mais aussi des pistes donnees comme probables et meme des etymologies considerees comme assurees. Une part non negligeable des materiaux contenus dans les volumes 21-23 peuvent etre consideres comme des supplements ä la partie etymologique: il s'agit de faux inconnus selon l'expression de Chambon (1990a, 197), ou Worpheims etymologiques selon celle de Swiggers (1991,97). II est done inexact de dire - comme on le fait d'habitude - que les «first 20 volumes, now complete, contain all formations for which Wartburg felt he could safely establish etymologies» (Craddock et al. 1980,209). II faut y ajouter les etymologies donnees dans les volumes consacres aux materiaux d'origine inconnue; differents cas de figure se presentent. En general, les faux inconnus sont constitues par 1'efTet d'une regie methodologique interne. Tout d'abord se trouvent obligatoirement dans les «Inconnus» les lexies empruntees aux langues romanes hors Galloromania, quand l'origine de ces etymons directs est inconnue. Du point de vue lexicologique, il ne s'agit done en aucun cas de materiaux d'origine inconnue, tout au contraire; cette situation est une simple consequence de la regie qui interdit aux langues romanes de constituer des etymons dans le FEW (—> 2.3.2.4.). La languesource peut ainsi etre l'italien: «Fr. salsifis ist sicher [nous soulignons] aus it. sassefrica entlehnt» [21,128ab], «Entlehnt aus dem seit dem 16. jh. belegten it. gonzo , das unbekannten ursprungs ist» [22,1,14a]; l'espagnol: «Entlehnt aus sp. garbanzo, dessen herkunft unsicher ist» [21,131b]; l'espagnol et le portugais: «1 geht als terminus der arzneimittellehre zurück auf pg. salsaparrilha [...]. 2 geht zurück auf sp. zarzaparrilla» [21,181b]; le piemontais: «Entlehnt aus piem. bauti , ablt. von bautie »[22, II, 70b]. Un cas particulier est constitue des «chevaux de retour» qui sont identifies, mais dont l'etymologie lointaine est inconnue, comme pour le fran^ais moderne tavardille < espagnol tabardillo < ancien frangais tabart [21,412b]. II arrive que la langue-source soit le latin scientifique, egalement exclu comme langue de lemme etymologique (-»2.3.2.6.). La situation est alors sensiblement plus complexe, car il peut par exemple s'agir d'un cavallo di ritorno, et la question de l'etymologie reste souvent entiere. Un exemple parmi beaueoup: «Die naturforscher haben im 18.jh. in ihrer lt. terminologie das wort cetonia gebildet; wie dieses zustande gekommen ist, lässt sich nicht feststellen. Das fr. wort ist daraus entlehnt» [21,227b]. Tandis que les deux cas de figure cites ci-dessus representent des contraintes d'ordre methodologique, le troisieme concerne les effets de contraintes decoulant de la diachronie interne du FEW. En effet, on releve dans les 12

volumes 21-23 des propositions etymologiques qui n'ont pas ete integrees auparavant par le simple fait qu'au moment de leur decouverte, le tome correspondant etait dejä publie. Une partie des volumes 21-23 se trouve alors fonctionner comme une sorte de supplement au reste des volumes, qu'il s'agisse d'ajouts ä des articles existants ou d'articles entiers ä integrer. De ce fait, les etymologies les plus interessantes se trouvent paradoxalement souvent dans les volumes 21-23, car ce sont sans exception des etymologies ignorees ou rejetees par la lexicologie precedant le FEW. Citons ä titre d'exemples des ajouts particulierement longs qui se trouvent dans le volume 22,1,237b-9a (ajouts Ä 4,235b, GRANUM 1 2 C) OU dans le volume 23,145b-6b (ajout d'un nouvel etymon *FANFA- en 3,410a). Les complements aux volumes 1 - 2 0 et 24-25 contenus dans les materiaux d'origine inconnue ou incertaine constituent une part non negligeable de la partie etymologisee du FEW. Or ces complements constituent une de ses structures cachees; des lors, c'est la täche du metalexicographe de les faire apparaitre. Nous avons done etabli la liste des propositions etymologiques contenues dans les volumes 21-23 (—>9.1.). Une distinction a ete faite entre les etymologies que le FisPFconsidere comme assurees (—»9.1.1.), celles qu'il considere comme probables (—> 9.1.2.) et les rapprochements peu sürs (—»9.1.3.). La majorite des complements concernent des ajouts ä des etymons dejä presents dans la partie etymologique. Mais on releve aussi de nouveaux etymons (marques dans les listes par «+»). On a egalement tenu compte des propositions etymologiques contenant une base reconstruite, meme si leur appartenance ä une langue particuliere n'est pas evidente (ce genre de propositions est le plus souvent dü directement ou indirectement ä J. Hubschmid). S'il est vrai que «there is no philosophically perceptible difference between saying that a word is of unknown origin and saying that a word comes from an unknown language» (Craddock et al. 1980,196-197), la coherence avec le reste du FEWexigeait de les integrer. Nous sommes evidemment consciente qu'il s'agit lä d'etymologies d'un type particulier 9 . Voici un decompte schematique des complements aux volumes etymologiques contenus dans les volumes consacres aux materiaux d'origine inconnue ou inceraine, releves par fascicule:

9

Cf. le scepticisme exprime par Craddock: «The further allegation that the prototype of the forms involved belongs to a «Hispano-Caucasian» layer or the like seems gratuitous and transfers the whole issue from the pure radiance of science to the misty fumes of hocus-pocus» (Craddock et al. 1980,197).

13

N° du fasc.

Tome, pages

98 110 115 119 120 127 131 136 138 140 147 150 153

21,1-104 21,105-200 21,201-296 23,1-96 21,297-392 23,97-192 21,393-560 23,193-262 22,11,1-96 22,1,1-96 22,1,97-192 22,1,193-288 22,11,97-192

Total

21-23 (publies)

Annee de publication

Ajouts sürs

Ajouts Ajouts probables peu sürs

Total ajouts

1965 1966 1967 1967 1967 1968 1969 1970 1973 1976 1986 1990 1993

32 22 11 10 14 11 12 4 16 160 109 331 305

80 52 45 29 51 24 47 13 41 73 80 134 115

266 194 168 101 167 112 262 85 139 403 344 263 160

378 268 224 140 232 147 321 102 196 636 533 728 580

1965-1993

1037

784

2664

4485

On constate que les complements sürs sont au nombre de 1037. En y ajoutant ceux qui sont simplement donnes comme probables (784), on arrive ainsi ä 1821 complements dont il faudrait tenir compte dans la partie etymologique du FEW. En revanche, les 2664 propositions etymologiques donnees comme de simples pistes ä approfondir appartiennent bien, conceptuellement, aux materiaux d'origine inconnue ou incertaine. 1.2.2.3.

Les materiaux d'origine inconnue ou incertaine dans les volumes 1-20,24-25

1.2.2.3.1. Generalites D'autre part on releve dans les volumes 1-20 et 24-25 des paragraphes, voire des articles entiers consacres ä des materiaux d'origine inconnue ou incertaine. Nous ne parlons pas ici des critiques emises en dehors du FEW, mais nous centrerons au contraire notre attention sur les donnees dont le FEWreconnait lui-meme le caractere precaire. II ne s'agit pas d'adopter un point de vue externe, souvent methodologiquement heterogene, ä notre objet; un tel point de vue releverait soit de l'etymologie tout court, soit d'une histoire de la reception du FEW. Ce dernier point de vue est necessaire, il releve de la metalexicographie (—>0.2.), mais nous n'y recourons pas ici. II s'agira au contraire de nous placer du point de vue de l'objet meme. A l'interieur des materiaux d'origine inconnue ou incertaine apparaissant dans la partie etymologique du FEW, on distingue deux cas de figure: d'une part les articles comportant dejä un doute quant ä la justesse de l'etymologie proposee au moment de leur redaction, d'autre part les etymologies donnees comme süres lors de leur publication, mais qui sont mises en doute lors d'une reconsideration ulterieure, notamment dans les materiaux d'origine inconnue 14

ou incertaine meme. Dans le premier cas, nous nous occuperons avant tout d'articles entiers ou au moins de paragraphes entiers d'articles, laissant provisoirement de cöte les innombrables hesitations se rapportant seulement ä une lexie isolee (—>3.4.12.)· Le second cas de figure comporte notamment beaucoup de problemes de detail (done des parties d'articles seulement), mais aussi quelques articles entiers. 1.2.2.3.2. Les doutes exprimes des la premiere redaction Des la premiere (et souvent seule) version, le FE PFreconnait le Statut precaire de certaines etymologies. Ces articles se groupent en general autour d'un etymon qui a dejä une tradition lexicographique; la plupart du temps, la source directe du FEW semble etre le REW. On reconnait la la constitution primitive du FEW: le fichier onomasiologique achronique croise avec le REW, semasiologique et diachronique (->0.2.). Ces etymons peuvent constituer pour Wartburg un point de depart commode, quitte ä etre critiques par la suite dans le commentaire. On nommera ce genre d'etymons des lemmes lexicologiquement provisoires, en suivant un usage malkielien qui nous parait adequat: The PROVISIONAL entry is one in whose reality (i. e., historical authenticity) even the compiler himself does not believe too firmly. It constitutes a makeshift device for assembling a few pieces of lexical flotsam under one manageable heading, so as to make them eligible for listing in an alphabetic index and to place them, as it were, on tomorrow's etymological agenda (Malkiel 1976,65).

On peut distinguer, ä l'interieur de ces etymons provisoires, plusieurs cas de figure. Dans certains cas, l'etymologie strictement galloromane est connue, mais l'etymon lointain pose un probleme. Dans ce cas il est pratiquement impossible d'avancer en se restreignant ä la Galloromania. Pour depasser le Stade de doute du FEW, on est oblige d'avoir recours ä la lexicologie historique de la langue de passage. C'est par exemple vrai pour le cas de 'guetto\ qui se trouve dans la premiere redaction de la lettre A sous la forme ni^oise guet [ä biffer 1,43b, AEGYPTUS; 0 24,208b-9b (sans renvoi Ä GHET)]. Or Wartburg reconnait dans cet article: «Eine entscheidung zwischen den beiden Vorschlägen [AEGYPTUS/ *JECTUS] erscheint vorläufig nicht möglich und ist auch vom prov. aus nicht zu geben, da dieses sein wort wohl aus dem it. bezogen hat» [1,43b]. Plus tard, le FEW presente une redaction du type 'guetto' s.v. GHET [hebreux, Jänicke 20,25a-6a], ou manque pourtant la forme ni im ar. gar nicht, sodaß diese etymologische Verbindung fraglich ist» [19,203a, ZA'FRÄN].

On observe un cas encore different, qui est tres remarquable par son isolement: faute de pouvoir etre rattaches ä un etymon, certains groupes de 11

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«[...] comment voulez-vous que tout le vocabulaire gallo-roman trotte continuellement par ma tete? C'est absolument impossible, de sorte que de mauvais classements, ou meme des repetitions, sont inevitables» (Wartburg 1961,216). Effectivement, cette etymologie germanique ne peut pas etre maintenue [ 0 15]; comme l'a montre Vendryes R 66,367-369, l'etymon ä retenir est un celtique *BLAKKÄ-.

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lexemes sont classes sous l'etymon d'une famille de mots avec laquelle sont croises. On peut dire que la famille de depart (d'origine inconnue) captee par les continuateurs d'un etymon connu; il s'agit done classement tout provisoire: cette technique consiste ä faire appel ä mologie «tres proche». En voici deux exemples:

ils se a ete d'un l'ety-

«Sous III ont ete ranges le verbe hazeter, aster et ses derives dont l'etymologie est obscure. [...] Quelle que soit la base etymologique de ces premieres attestations, les formes en -s- sourd indiquent sans doute que le mot a ete capte posterieurement par la famille d'AS avec laquelle l'associe une serie de traits semantiques» [Eberenz 25,401b, AS]; «Die unter 3 genannte pflanze, die besonders in Mexiko wächst, hat in botanischer hinsieht nicht das geringste mit 1 zu tun. Aus diesem gründe ist es, trotz des gleichklangs der namen, recht wenig wahrscheinlich, daß 3 auf dasselbe etymon zurückzuführen ist wie 1. Da jedoch diese frage bisher noch nicht hinreichend geklärt werden konnte, und da eine andere herkunftsdeutung für yucca im sinne zunächst noch fehlt, mögen beide Wörter vorläufig unter dem gleichen titel ihren platz finden» [20,84b-5a, YUCCA].

On releve enfin des etymons retenus par le FEW de fagon plutöt aneedotique, puisque Wartburg les conteste ou rappeile qu'ils ont ete abandonnes 1 3 ; ce type d'entrees de rappel n'est evidemment pas sans risques pour l'usager inexperimente de l'ouvrage. On distingue differents degres dans ces rejets: certaines propositions etymologiques sont en principe retenues par Wartburg, mais il tient ä mettre en garde le lecteur: «Diese etym. wird von Gamillscheg Ζ 41,636 aufgestellt. Sie ist aber semantisch nicht abgeklärt, da dän. fli , nicht etwa bedeutet» [3,620b, FLI; effectivement corrige en *FLIDA (anord.) 15,11,143b]. D a n s d'autres cas, les etymons en question sont maintenus en depit de leur peu de vraisemblance: «Die herleitung der vorliegenden it. Wortsippe aus dem zweiten teil von BOMBYX ist von Flechia AG1 2,36 begründet, von Schuch Berb 36 aber aus lautlichen und sachlichen gründen mit recht abgelehnt worden» [1,432b, BOMBYX]. 1.2.2.3.3. Les corrections ulterieures U n cas de figure tout ä fait different est constitue par les etymologies qui sont donnees comme süres au moment de la redaction dans les volumes consacres aux materiaux etymologises, mais qui sont mises en doute par la suite: ces corrections resultent clairement de la diachronie interne de l'ceuvre. Exceptionnellement, e'est l'index qui sert ä redresser une etymologie, ainsi s. v.frime, oü Ton renvoie Ä FRUMEN, en precisant: «Hierher auch die durch ein versehen davon getrennten formen unter FERUS 12» [3,943a, n. 1], Mais en general, ces corrections se trouvent dans la refonte ou dans la partie consacree aux materiaux d'origine inconnue ou incertaine.

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«An even more controversal class encompasses entries explicitly QUESTIONED or DISCARDED» (Malkiel 1976,65).

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Une premiere partie de ces corrections ulterieures est done constituee par les remarques metalexicologiques contenues dans la refonte et ayant comme sujet la premiere redaction. Les articles en question constituent ce que les metalexicographes allemands appellent un «cadavre» (Leiche, v. Link/ Schaeder 1989,315). Ces entrees deconstructives, n'etant pas marquees typographiquement 14 , apparaissent seulement en tant que telles ä la lecture du commentaire. Ainsi l'article de renvoi AFFORAS [24,255a], qui recuse cet etymon, ne doit son existence qu'ä l'article AFFORAS [1,51a] qu'il annule... sans le dire. En revanche, la deuxieme partie de la refonte est plus consciencieuse Ä cet egard 15 : «Der ansatz AMARACUS ist aus praktischen gründen beibehalten worden, um dem benützer des Wörterbuches die neue fassung des artikels, der mit dem lemma MAIORANA an seinem alphabetischen platz nicht mehr publiziert werden kann, nicht vorzuenthalten» [Smiricky 24,385b, AMARACUS n. 5]. De meme, l'article *ANATOLIUS pose clairement le Probleme de la tradition interne dans la lemmatisation16: Sous l'entree *ANATOLIUS (ici 1,92b), W. von Wartburg avait place, par ordre geographique, un grand nombre de denominations galloromanes de l'orvet. On a voulu conserver dans le present article l'ensemble, mis ä jour, des materiaux rassembles par Wartburg. Mais seules les formes rangees ci-dessus sous I peuvent remonter phonetiquement ä *ANATOLIUS OU Variante. Comme l'histoire des noms de l'orvet reste en grande partie obscure [...], on s'est resolu ä presenter ensuite, sous des rubriques distinetes, le reste du materiel, sans cacher que pour beaueoup de formes, le rapport avec *ANATOLIUS est tenu ou hypothetique, voire nul. En somme, le principe du present article est par la force des choses, plutöt onomasiologique: il regroupe, d'une maniere qu'on espere commode, mais sans presomption de monogenese, l'ensemble des noms de l'orvet qui echappent aux types etymologiques clairs [Chambon 24,535a, *ANATOLIUS].

Quelquefois les corrections sont implicites ou du moins restent sans explication süffisante. Ainsi l'article *BIK [l,358a-60a] devait sans doute se resorber dans l'article *BUCCO [1,587a-90b] (cf. BaldEtym 1,1386), car il est absent du volume 15. De meme *BRUNNA, donne comme gotique en 1,566a, mais non repris dans le volume 15, doit etre considere comme gaulois (cf. BaldEtym 1,862, n. 1); BEOST [1,330a] n'est pas repris parce qu'il ne s'agit pas d'un germanisme (v. MelDuraffour 194 sqq.)17. Ces corrections «silen14

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A part l'article *ASSECRETIARE [Chauveau 25,508a-9a], qui est place entre crochets carres. S.v. *ANKOWO- [Chambon 24,603b, «C'est presque pour memoire que nous maintenons cette entree prevue par W. von Wartburg»], on ne trouve qu'une attestation tiree de Malvezin, que Chambon denonce comme une invention du glossairiste (cf. Chambon 1983). *ARRADICARE [25,301a] appartient au meme genre d'articles. Voici la structure d e c e t article: 11 < *ANATÖLY-; 1 2 < *ANETÖLY-; II < *ANATELLU / *ANATICULU (incertain); III < *ANEVÖLY; IV < derive d e ANGUIS (incertain); V e n

rapport avec orvet < ÖRBUS (incertain); VI en rapport avec orgelet < HÖRDEÖLUS; VII < derive de NERVUS/VERVIUM (incertain). 17

Les articles BIK et *BRUNNA etaient prevus dans la nomenclature de la refonte de la lettre Β. 19

cieuses» sont evidemment particulierement dangereuses pour les utilisateurs 1 ft peu experts . Une grande partie de ces reconsiderations se font cependant dans les volumes 21-23; en raison de leur importance numerique, typologique et pratique, nous en avons constitue la liste (—>9.2.). La encore, on con