Les Galates en Grèce et les Sôtéria de Delphes: recherches d'histoire et d'épigraphie hellénistiques


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French Pages [588] Year 1977

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Table of contents :
Avant-propos
Table des matières
Introduction
Bibliographie
I. SOURCES
II. TRAVAUX MODERNES
PREMIÈRE PARTIE - Les Galates en Grèce
CHAPITRE I - L'expansion des Celtes dans la vallée du Danube
CHAPITRE II - Les sources relatives à l'invasion des Galates en Grèce
A. La tradition historique
B. La tradition légendaire
CHAPITRE III - L'invasion des Galates en Macédoine et en Grèce
1. Première campagne dans le nord des Balkans
2. Seconde campagne en Macédoine et en Grèce Centrale
3. La commémoration et l'exploitation politique de la victoire
DEUXIÈME PARTIE - Les Sôtéria de Delphes
CHAPITRE I - Les Sôtéria: sources et questions de chronologie
1. Les sources
2. L'archonte Polyeuctos: les étapes de la recherche
3. La date de l'archontat de Polyeuctos et la périodicité des Sôtéria étoliennes
4. Les catalogues de concurrents aux Sôtéria amphictioniques
5. Les catalogues de vainqueurs aux Sôtéria étoliennes
CHAPITRE II - Les Sôtéria: évolution et organisation des jeux
1. L'origine des Sôtéria
2. Les Sôtéria amphictioniques
3. Les Sôtéria étoliennes et post-étoliennes
4. Les Sôtéria d'hiver
5. La fin des Sôtéria. Leur importance
Récapitulation
APPENDICE - Corpus des actes relatifs aux Sôtéria de Delphes
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS L'APPENDICE
Introduction
ABRÉVIATIONS
I. Actions de grâces pour la victoire sur les Galates
II. Les Sôtéria amphictioniques
III. Les Sôtéria étoliennes et post-étoliennes
Textes qui ont fait l'objet de corrections ou de restitutions nouvelles
Tableau de concordances
Index des artistes et des athlètes
Indices
I. AUTEURS ANCIENS, INSCRIPTIONS ET PAPYRUS CITÉS
II. INDEX ANALYTIQUE
ADDENDA
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Les Galates en Grèce et les Sôtéria de Delphes: recherches d'histoire et d'épigraphie hellénistiques

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ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE MÉMOIRES DE LA CLASSE DES LETTRES Collection in-8° - 2• série, T. LXIII - Fascicule 1 - 1977

Les Galates en Grèce et les Sôtéria de Delphes Recherches d'histoire et d'épigraphie hellénistiques

par Georges NACHTERGAEL Docteur en Philosophie et Lettres Charaé de cours à l'Université libre de Bruxelles

Impression décidée le 14 avril 1975

BRUXELLES - PALAIS DES ACADÉMIES

Imprimerie J. Duculot, s.a., Gemblow Dépôt légal D.1977.0092.9

À Francine, ma femme, en affectueuse gratitude pour ses encouragements.

Avant-propos Le présent ménwire, qui a eu l'honneur d'être couronné au Concours annuel de l'Académie royale de Belgique (Classe des Lettres) en 1975, est le remaniement de la thèse que j'ai présentée le 7 décembre 1973 à l'Université libre de Bruxelles pour l'obtention du grade légal de docteur en Philosophie et Lettres (Section de Philologie classique). ]' adresse mes vifs remerciements à Mademoiselle Claire Préaux ainsi qu'à Monsieur Jean Bingen, professeurs à l'Université de Bruxelles, qui ont inspiré et dirigé cet ouvrage. Je leur exprime ma profonde gratitude pour le stimulant intérêt qu'ils ont pris à mes recherches,pour leur critique, pour leur patiente sollicitude. Toute ma reconnaissance va aussi à Monsieur René V an Compernolle, professeur à l'Université de Bruxelles, qui m'a communiqué maintes observations, toutes pénétrantes. Je tiens à dire tout le profit que j'ai tiré de ses conseils. À l'Université de Bruxelles, j'ai eu le privilège de consulter d'autres professeurs encore: Messieurs Marcel Hombert, William Lameere, Charles Delvoye, Marcel Renard. Je les remercie pour la bienveillance qu'ils ont témoignée à leur ancien élève et pour l'aide qu'ils lui ont apportée. Il m'est agréable aussi d'évoquer les longs entretiens que j'ai eus avec Monsieur Heinz Heinen, professeur à l'Université de Trèves, au cours d'un séjour qu'il fit à Bruxelles en 1973. Je me suis efforcé de tenir compte des suggestions qu'il a eu l'amabilité de me faire. En novembre 1975, une subvention du Centre facultaire de Papyrologie et d' Épigraphie grecque de l'Université libre de Bruxelles m'a permis de faire, à Delphes et à Athènes, un voyage au cours duquel j'ai pu revoir les principales inscriptions relatives aux Sôtéria, les estamper et les photographier. Dans cette visite, j'étais accompagné par Monsieur Jean Bingen, dont la compétence et l'expérience m'ont été d'un grand secours.

VI

AVANT-PROPOS

Je gardele meilleur souvenir du chaleureuxaccueilque, à l' occasion de ce voyage,m'a réservéMonsieur Pierre Amandry, Directeur de l' Écolefrançaise d'Athènes. Enfin, si j'ai pu achevercet ouvragedans les conditionsles plus favorables,je le dois à la généreuseinterventiondu Fonds national de la Recherchescientifique,qui m'a accordéune Bourse spécialede doctoratpour l'année 1972-1973.Je voue à cette institution une sincèrereconnaissance.

Table des matières V

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

VII

TABLE DES MATIÈRES....................................

XI

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . BIBLIOGRAPHIE

........................................

XVII

PREMIÈRE PARTIE. LES GALATES EN GRÈCE

L'expansion des Celtes dans la vallée du Danube . .

1

II - Les sources relatives à l'invasion des Galates en Grèce.................................................

15

A. La tradition historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

15

CHAPITRE I CHAPITRE

1.

Les relations de Diodore, Justin et Pausanias . . . . . . . .

2.

Les sources de la tradition historique d'après les historiens modernes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ad. Schmidt (1834), p. 27. - H. Van Gelder (1888), p. 38. - W. W. Tarn (1913), p. 39. - M. Segrè (1927), p. 44.

15

27

3. Les auteurs de « Galatica » et les historiens du 3e siècle

avant notre ère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Démétrios de Byzance, p. 51. - Simonidès de Magnésie, p. 53. - Ératosthène de Cyrène, p. 54. - Hiéronymos de Cardia, p. 56. - Timée de Tauroménion, p. 62. - Nymphis d'Héraclée, p. 77. - Psaon de Platée, p. 80. - Phylarque (d'Athènes?), p. 81.

49

4. L'élaboration de la tradition historique . . . . . . . . . . . . .

82

B. La tradition légendaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

93

L'historicité des récits de Diodore, de Justin et de Pausanias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

93

I.

VIII

TABLE DES MATIÈRES 2.

La légende du sac de Delphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

99

3. Timagène et Posidonios . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

IOl

4. Les témoignages archéologiques du pillage . . . . . . . . . . . La céramique de Calès, p. ro7. - Les urnes étrusques, p. 108. - La frise de Civita Alba, p. n2.

ro7

5.

Conclusion.......................................

124

III - L'invasion des Galatesen Macédoineet en Grèce.

126

r. Première campagne dans le nord des Balkans . . . . . . . .

129

Seconde campagne en Macédoine et en Grèce Centrale. Brennos en Macédoine, p. 137. - Brennos aux Thermopyles, p. 140. - Brennos à Delphes, p. 150. - La retraite des Galates, p. 164. - Chronologie de la campagne de Brennos, p. 172.

137

CHAPITRE

2.

3. La commémoration et l'exploitation politique de la victoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

175

DEUXIÈME PARTIE. LES SÔTÉRIA DE DELPHES

I - Les S6téria: Sources et questionsde chronologie.. . .

209

r. Les sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

209

CHAPITRE

2.

L'archonte Polyeuctos: les étapes de la recherche . . . .

2n

3. La date de l'archontat de Polyeuctos et la périodicité des Sôtéria étoliennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

223

4. Les catalogues de concurrents aux Sôtéria amphictioniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

241

Les catalogues de vainqueurs aux Sôtéria étoliennes . .

272

II - Les S6téria: Évolution et organisationdesjeux . . .

295

L'origine des Sôtéria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

295

2. Les

Sôtéria amphictioniques (àyclivxpTJµ,aTl'T'TJ~) ....... Les sources, p. 299. - Caractères généraux du concours, p. 299. - Le programme, p. 304 (r. Le concours musical, p. 305 ; 2. Le concours cyclique, p. 306 ; 3. Le concours dramatique, p. 309). - Les décrets pour les artistes, p. 313.

299

3. Les Sôtéria étoliennes et post-étoliennes (àyclivcrm/,a.vl'T'T/~) •. . . . . . . . . ••. . . . . . . . . . . . . •. . . . . . . . . . . . . . . . .

328

5.

CHAPITRE I.

TABLE DES MATIÈRES

IX

Les sources, p. 328. - La fondation des Étoliens et l'acceptation des cités grecques, p. 329. - Les caractères généraux des concours et leur organisation, p. 339. Le programme, p. 356 (1. Les sacrifices, p. 358; 2. Le concours musical, p. 358 ; 3. Le concours gymnique, p. 362; 4. Le concours hippique, p. 371). 4. Les Sôtéria d'hiver . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 5. La fin des Sôtéria. Leur importance . . . . . . . . . . . . . . . . RÉCAPITULATION APPENDICE.

................... .....................

376 383

Corpus des Actes relatifs aux Sôtéria de Delphes . . . 391

Table des matières contenues dans l'appendice . . . . . . . . .

393

Introduction

......................................

397

Abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

399

Textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401 I. Actions de grâces pour la victoire sur les Galates . . . 401 II. Les Sôtéria amphictioniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404 III. Les Sôtéria étoliennes et post-étoliennes . . . . . . . . 435 Textes qui ont fait l'objet de corrections oude restitutions nouvelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

496

Tableau de concordances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

497

Index des artistes et des athlètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

499

. . . . .. . . . •. . . . . . .. . . .. . . . .. . . . . . . . . .. . . .. . . . . . . .

521

I. Auteurs anciens, inscriptions et papyrus cités . . . . . . . . . .

522

II. Index analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

534

INDICES

ADDENDA

...... ................ ....... ................

546

Introduction L'étude que nous entreprenons se compose de deux parties: l'une est consacrée à l'invasion des Galates en Macédoine et en Grèce au cours des années 280-278, l'autre traite de la fête delphique des Sôtéria, instituée par les Amphictions et réorganisée par les Étoliens en souvenir de la victoire des Grecs sur les Barbares. Après un chapitre introductif retraçant succinctement l'expansion celtique dans la vallée du Danube, la première partie comporte une analyse critique des sources de l'invasion ainsi qu'un exposé historique; la seconde comprend une étude chronologique des actes relatifs aux Sôtéria suivie d'une histoire de la fête depuis son origine jusqu'à sa fin. Il n'entre pas dans notre propos de retracer l'histoire des Galates en Asie Mineure, ni non plus d'étudier le mercenariat des Galates dans les armées hellénistiques. * * *

Diodore, Justin et, à deux reprises, Pausanias ont fait le récit de l'invasion barbare. Ils ont utilisé directement ou indirectement l'œuvre d'historiens du 3e siècle avant notre ère. Les modernes qui, au 19e siècle et dans les premières décennies du 2oe, ont tenté d'identifier les sources exploitées dans ces relations se sont attachés de façon assez exclusive à Hiéronymos de Cardia et à Timée de Tauroménion. Après un nouvel examen de la question, il nous est apparu que le peu que l'on sait de l'historiographie hellénistique et l'élaboration des narrations transmises par ces trois auteurs - celle de Diodore est en outre fragmentaire vouent une recherche de ce genre à l'échec. Tout au plus est-il possible, à travers un titre d'œuvre ou par le faible écho d'un fragment, de repérer les auteurs du 3e siècle qui ont probablement évoqué l'invasion de la Grèce. Nous en avons relevé huit, en nous gardant bien d'affirmer que ce nombre est limitatif. Nous nous sommes posé aussi la question de savoir comment Diodore,

XII

INTRODUCTION

Justin et Pausanias ont incorporé dans leur synthèse les sources dont ils disposaient. La « Quellenforschung », d'autre part, a attribué une qualité exceptionnelle au long récit du xe livre de la Périégèse, elle a ravalé celui de Diodore et celui de Justin au rang de versions plus récentes, qui déforment l'événement. Et les historiens modernes qui, à leur tour, ont décrit l'invasion - elle est évoquée dans les histoires de la Grèce au 3e siècle ainsi que dans l' Antigonos Gonatas (1913) de W. W. Tarn et dans les Aitoliens à Delphes (1937) de R. Flacelière - se sont en général fondés sur le témoignage le plus circonstancié. Notre démarche est différente. Au terme de notre examen, nous nous sommes fait la conviction qu'aucun de ces récits n'est plus digne de foi qu'un autre: il convient, croyonsnous, d'analyser chacun d'eux, de les comparer point par point, de compléter éventuellement l'un par l'autre. Comme nous nous proposons de le montrer, c'est le témoignage de Pausanias qui appelle les plus nettes réserves en raison de l'imitation d'Hérodote - le sujet se prête si bien au pastiche de l'invasion médique - et de sa tendance à magnifier Athènes. En ce qui concerne la tradition légendaire relative au sac de Delphes, nous n'avons pas cru pouvoir admettre l'exégèse qu'a proposée M. Segrè en 1929. Dans la légende, nous distinguons deux versions divergentes, qui marquent peut-être deux étapes dans l'évolution de celle-ci. L'analyse critique des sources permet d'aborder l'exposé de l'invasion sous un angle neuf. Les opérations qui se déroulent dans le nord des Balkans peuvent être reconstituées de façon assez cohérente - nous ne prétendons pas que tous les problèmes soient résolus - grâce aux données que fournissent surtout Diodore et Justin. En ce qui concerne la campagne de Brennos, le récit de Pausanias nous paraît utilisable à condition d'en éliminer les réminiscences d'Hérodote et tout ce qui relève de la glorification d'Athènes. Ne citons ici qu'un exemple: vers le milieu du 3e siècle, les Athéniens rappellent dans un décret (Syll. 3 , 408) la part active qu'ils avaient prise dans la guerre en envoyant contre les Barbares leur cavalerie et leur infanterie d'élite. Pausanias, quant à lui, attribue à l'intervention des trières athéniennes le sauvetage des Grecs encerclés aux Thermopyles. Au terme de notre analyse, la genèse des deux récits de la Périégèse se dégage clairement : une fois de plus, Pausanias est surpris « en flagrant

INTRODUCTION

XIII

délit de fabrication historique» (l'expression est de M. Holleaux, Études d'épigraphie et d'histoire grecques, 1, p. 193). Ajoutons que, grâce à une tablette cunéiforme publiée en 1954, il est possible de préciser la chronologie de la première campagne des Galates en Macédoine. La victoire des Grecs a été exploitée à des fins politiques, elle a été exaltée à n'en plus finir par des monuments, des monnaies, des hymnes, des fêtes. Au bout de quelques années, la plupart des dynastes du 3e siècle se glorifiaient d'un triomphe sur les Barbares. En guise de conclusion, nous avons apprécié tout le parti que tirèrent de leurs faits d'armes ceux qui avaient eu raison de Brennos et des débris de son armée. C'est un aspect de cette exploitation que développe la seconde partie de notre ouvrage. La fête des Sôtéria n'est connue que par des inscriptions, en majorité delphiques. En les rassemblant dans le Corpus des Actes ci-après, nous répondons au vœu que formaient H. Pomtow en 1921 (Klio, 17, pp. 278-279) et P. Roussel en 1923 (Bull. Corr. Hell., 47, p. 48). Ce recueil comporte quatre-vingt-trois textes et extraits de textes: les plus importants ont été relus sur les originaux. À cette date, les Sôtéria de Delphes n'ont fait l'objet d'aucune étude d'ensemble. La fête a été sommairement décrite par Fr. Pfister dans un article de la Real-Encyclopiidie (s.u., 2.R., III, r, 1927, coll. 1221-1231). Après Otto Lüders (1873), A. Mommsen (1878), Em. Reisch (1885) - les études de ces savants font suite à la publication des inscriptions du mur polygonal de Delphes -, Arth. Pickard-Cambridge (The Dramatic Festivals of Athens, 1re éd., 1953 ; 2e éd., 1968) et G. M. Sifakis (Studies in the History of Hellenistic Drama, 1967) se sont plus particulièrement attachés aux catalogues de participants au concours musical et dramatique. Certains documents relatifs à la fête ont néanmoins donné lieu à d'interminables discussions en raison de l'importance qu'ils revêtent du point de vue de la chronologie athénienne et delphique. Le décret par lequel Athènes agrée les Sôtéria des Étoliens est daté de l'archontat de Polyeuctos, dont la datation a suscité « un des plus longs débats de l'érudition hellénistique» (André Aymard, Rev. Hist., 196, 1946, p. 288). D'autre part, dans l'intitulé des catalogues de concurrents et de vainqueurs sont cités tantôt l'archonte de Delphes et les hiéromnémons de l' Amphic-

XIV

INTRODUCTION

tionie, tantôt l'agonothète étolien et les hiéromnémons. Après avoir repris les problèmes chronologiques à la base, nous avons proposé de situer l'archontat de Polyeuctos en 246 /5; nous avons classé et daté les catalogues en faisant toutes les réserves qu'appellent des raisonnements fondés uniquement sur des vraisemblances. Ce classement, si on l'accepte, amène à reconsidérer la composition du Conseil amphictionique dans la seconde moitié du 38 siècle. Après cette partie technique, nous avons retracé l'histoire des Sôtéria et, dans la mesure que permettent les sources, analysé leur organisation. La nature de notre documentation explique que l'exposé revêt plus d'une fois la forme d'un commentaire d'inscriptions. En suivant l'évolution de la fête depuis les actions de grâces célébrées à Delphes au lendemain de la victoire jusqu'à sa fin, qui se situe, croyons-nous, vers 85 avant notre ère, nous essayons de montrer la grande place qu'elle prenait dans la vie du sanctuaire. En dégager la véritable importance (minimisée par les modernes qui ont étudié les catalogues d'artistes) par un recours à l'ensemble de nos sources est un des buts assignés à la présente recherche.

••• Dans les différentes enquêtes que nous avons entreprises, maints travaux nous ont été grandement utiles. Nous citerons en premier lieu Les Aitoliens à Delphes (1937) de R. Flacelière et Delphesau Jie et au J,r siècle (1936) de G. Daux, deux ouvrages essentiels sur l'histoire de Delphes à l'époque hellénistique. Le monumental recueil de F. Jacoby, Die Fragmenteder griechischen Historiker (textes, commentaires et notes) a fourni les éléments nécessaires à notre recherche sur les sources de la tradition historique. Divers articles de M. Segrè et !'Antigonos Gonatas (1913) de W. W. Tarn ont facilité notre mise au point de plusieurs problèmes, même si nous n'avons pas cru pouvoir souscrire aux conclusions de ces auteurs. Pour ce qui est de la chronologie des Sôtéria, P. Roussel (Rev. Ét. Ane., 26, 1924, pp. 97-1n) a établi une distinction fondamentale entre la fête des Amphictions et celle des Étoliens, rapportant à la première les catalogues de concurrents, à la seconde les catalogues de vainqueurs. L. Robert (Bull. Corr. Hell., 54, 1930, pp. 322-332 et Rev. Ét. Ane., 38, 1936, pp. 5-23), pour sa part, a identifié le décret d'acceptation

INTRODUCTION

XV

de Smyrne, montrant ainsi que la fondation étolienne n'est pas antérieure à l'avènement de Séleucos II en 247 /6. De façon plus générale, nous devons signaler aussi l'indispensable instrument de travail que constitue la Chronologie delphique (1943) de G. Daux, ainsi que les études approfondies que W. Sc. Ferguson, W. B. Dinsmoor, W. K. Pritchett, B. D. Meritt et Chr. Pélékidis ont consacrées à la chronologie attique et, en particulier, à l'archontat de Polyeuctos. En ce qui concerne les épreuves agonistiques inscrites au programme des Sôtéria, les nombreux travaux de L. Robert sur les fêtes et les concours ont nourri notre commentaire. Il nous faut encore citer, à propos du concours musical et dramatique notamment, les ouvrages mentionnés ci-dessus d'Arth. Pickard-Cambridge et de G. M. Sifakis. Pour l'histoire événementielle du monde hellénistique, nous nous sommes référé en général à la Griechische Geschichte (4e éd., 1969) de H. Bengtson et à !'Histoire politique du monde hellénistique (2 tomes, 19661967) d'Éd. Will. Tels sont les principaux auteurs qui ont orienté et stimulé notre recherche.

Bibliographie I. SOURCES

I.

AUTEURSANCIENS

Nous nous sommes efforcé d'utiliser pour chaque auteur l'édition la plus récente ou la plus autorisée. Nous nous sommes le plus souvent référé à la Bibliotheca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana, à la Collection des Universités de France et à la Loeb Classical Library. Il nous faut citer en outre les éditions suivantes.

Biographie d' Aratos. Commentariorum in Aratum reliquiae, collegit, recensuit, prolegomenis indicibusque instruxit Ernestus MAASS (Berlin, 1898). CALLIMAQUE.Callimachus, edidit R. PFEIFFER, vol. I: Fragmenta; Il: Hymni et Epigrammata (Oxford, 1949-1953). ÉTIENNE DE BYZANCE.Stephani Byzantii Ethnicorum quae supersunt ex recensione A. MEINEKII (Berlin, 1849). EUSÈBE. Eusebi Chronicorum libri duo, edidit Alfred ScHOENE, vol. I (Berlin, 1875), vol. Il (Berlin, 1866). HYGIN. Hygini Fabulae, recensuit H. I. RosE. Editio altera immutata (Leyde, 1963). SAINT JÉRÔME. Die Chronik des Hieronymus, dans Eusebius Werke, 7, herausgegeben von R. HELM (Berlin, 1956). II Macchabées. Septuaginta id est Velus Testamentum graece juxta LXX interpretes, edidit Alfred RAHLFS, vol. I: Leges et historiae (Stuttgart, 7e éd., 1962), pp. 1099-1139. POLLUX.Pollucis Onomasticon, denuo edidit et adnotavit Er. BETHE, dans Lexicographi Graeci, IX, 3 vol. (Leipzig, 1900-1937; éd. stéréot., Stuttgart, 1967). Scholies à Aristophane. Scholia Graeca in Aristophanem, ed. Fr. DUEBNER (Paris, 1842). - W. J. KosTER, Scholia in Aristophanis Plutum et Nubes (Leyde, 1927). SuroAs. Suidae Lexicon, edidit Ada ADLER, dans Lexicographi Graeci, I, 5 vol. (Leipzig, 1928-1938). TzETZÈS.Historiarum variarum Chiliades recognovit Th. KIESSLING(Leipzig, 1836).

XVIII

BIBLIOGRAPHIE

RECUEILSDE FRAGMENTS

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..a.

a a.

LES SOURCES RELATIVES

À L'INVASION

35

DES GALATES

Le passage de Diodore invoqué par Schmidt figure effectivement dans un« Anhang >> aux fragments de Timée rassemblés par F. Jacoby. La légende y est présentée de la façon suivante (67 ) : « Beaucoup de poètes et d'historiens racontent que Phaéthon, fils d'Hélios, étant encore enfant, persuada son père de lui céder son quadrige pour un jour ... (Suit le récit des mésaventures de Phaéthon et de l'origine de l'ambre.) Tous ceux qui ont forgé cette fable se trompent tout à fait et sont convaincus d'erreur par les faits ultérieurs. C'est aux histoires vraies qu'il faut ajouter foi. »

Maints écrivains ont donc raconté cette légende. Timée, quant à lui - si du moins cet extrait lui revient -, n'y croit pas, et il n'a pas pu, par conséquent, en faire état dans la narration conservée par Pausanias. Il y a du reste contradiction entre les deux textes, puisque, dans le premier, l'Éridan désigne manifestement le Rhône, tandis que, dans le second, il s'agit du Pô (-roû vûv KaÀov-

, n aoov ,.., 1ro-raµ,ov, -ro, ..,, 1Ta"awv, .npwavou u ..,

µ,Evov

~

oE

~

,

)

1rpoaayop€uoµ,Evov .

- Argument 9 (De fontibus .. . , p. 57). Ultime similitude alléguée par Schmidt : Timée et Pausanias usent tous deux du style asianique. Bien que ce jugement soit faux Pausanias, en effet, appartient au groupe des atticistes, qui réagissaient contre les excès de l'asianisme (68 ) -, reprenons l'extrait de Cicéron auquel renvoie le philologue allemand. Il s'agit d'un extrait du Brutus (69) : « Le genre Asiatique comporte deux espèces: l'une est pleine de sentences et de traits piquants et les pensées y ont moins de solidité et de gravité que de grâce et de gentillesse: tel a été, clans l'histoire, le style de Timée ... Il y a une autre espèce qui, elle, est moins remarquable par l'abondance des pensées que par la légèreté et l'allure vive de la phrase. C'est elle qui domine actuellement dans toute l'Asie. »

( 87) DIODORE, V, 23 ( = TIMÉE, F.Gr.Hist., III B, 566, F 164, p. 658) : llo>.>.oi yàp TWv T~ 1ro,1JT.tKÎavov-ra, 1T(i.,rxoµÉvwv, 1rpo..,B,vais lu-ropia,s. Cf. F.Gr.Hist., III B J(ommentar, 566, F 68. ( 18) Cf. p. 21 et n. 22. ( 89) CICÉRON, Brutus, XCV, 325 (trad. J. MARTHA, Coll. des Universités de France, Paris, 3• éd., 196o). Pour un commentaire de ce texte, voir C. WooTEN, Le développement du style asiatique pendant l'époque hellénistique, dans Revue des Études Grecques, 88 (1975), pp. 94-104.

Il,

LES GALATES EN GRÈCE

Dans la narration de l'invasion, le style de Pausanias est tout le contraire de celui que Cicéron attribue à Timée. C'est sur un ton grave, dramatique parfois, que se déroule le récit de l'impitoyable assaut des Barbares. Les Grecs, dit l'auteur, ne combattaient pas seulement pour leur liberté comme au temps des guerres médiques : à1roÀwÀÉva, Slov ~ ÈmKpaTEcrripovs Elva, (X, 19, 12), « il fallait mourir ou l'emporter».

*

*

*

Afin de confirmer la thèse de Schmidt, qui lui semble parfaitement fondée, R. Laqueur (70 ) a tenté de montrer que le récit contenu dans le xelivre de Pausanias dérive de Timée. Il décèle, dans la narration du Périégète, deux traits qui lui paraissent caractéristiques de !'Histoire de la Sicile: l'héroïsme des femmes dans la guerre et les prodiges qui frappent l'ennemi (par exemple : l'orage (71 ) et la panique ( 72 )). Il établit également des rapprochements verbaux entre Pausanias (X, 23, 7-8) et Diodore (XIV, 63, 2) : &€1TEO'E Ès TO crrpaTEvµ,a ~ Tapaxr, 1rEp, f3a0Eîav VVKTa = èylvovTo SJ Ka, Tàs vvKTas Èv T(j> crrpaT01rl8cp 1rapa.Àoyo, Tapaxal; ',I. '~ \ ' • 0E/J,EVWV ' , -\ R ' .. E.,,ooov 11'0/\E/J,LWV = ws TWV 11'0/\E/J,LWV E1TL ; avaAatJOVTES ovv Tà 01TÀa= /J,ETà Twv 01rÀwv avvlTpExov. Enfin, la restriction que fait Pausanias (X, 21, 1) à propos de la mantique des Celtes (El8~ Éan yE µ,avTEla KEÀTLK~) rappellerait que Timée était ignorant en cette matière (Diodore, V, 31, 2 et 4), contrairement à Posidonios (Diodore, V, 31, 3). La première réserve qu'appelle cette argumentation concerne l'attribution à Timée de tous les passages de Diodore cités ici. Aucun indice sûr ne permet d'en identifier l'origine et, si l'on en croit Laqueur lui-même, Diodore contamine toujours deux sources, même dans les livres consacrés à la Sicile. On ne peut non plus admettre que la manière de Timée se révèle particulièrement dans le récit des prodiges ou dans la description de la farouche résistance que les Étoliennes opposèrent à l'envahisseur. L'exaltation de l'héroïsme féminin serait plutôt un trait caractéA

( 70) Timaios ( 71) DIODORE, ( 71) DIODORE,

\

'

(n° 3), dans P.W., R.-Enc., XVI, 80, I. XIV, 63, 2 et XV, 24, 3.



2.R.,

VI, 1 (1936), col. u90.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

37

ristique de Phylarque ou de Duris (73 ) et il a été dit déjà, à propos de l'argument n° I de Schmidt, que le Tauroménite n'a pas imaginé les épiphanies de Delphes. Aussi bien, puisque les passages de Diodore ne dérivent pas nécessairement de Timée, les rapprochements verbaux - peu convaincants, du reste - que propose le critique, ne peuvent retenir l'attention : ils s'expliquent assez par l'identité des sujets, qui relèvent des guerres et des invasions. Il ne se trouve pas davantage d'indice qui permette de reconnaître la source du passage relatif à la panique des Galates : peut-être faut-il l'ajouter aux nombreuses réminiscences d'Hérodote qui émaillent le texte de Pausanias {74 ). Quant au chapitre de Diodore (V, 31) sur la mantique, il n'y a aucune raison de le dépecer, comme le fait Laqueur, et de croire qu'une phrase de Posidonios s'est insérée dans un extrait de Timée. Ce morceau présente une indéniable unité et revient, selon Jacoby (76), au seul Posidonios. Concluons. La thèse d' Ad. Schmidt selon laquelle les relations de Diodore, Justin et Pausanias dérivent d'une seule source ne peut être retenue. Aucun argument, parmi ceux qu'il avance, ne permet d'attribuer ne fût-ce qu'un seul des trois récits à Timée. L'argumentation complémentaire de R. Laqueur, relative à la narration du X 8 livre de la Périégèse,n'emporte pas davantage la conviction. N'en déduisons pas à la hâte que Timée n'est pas intervenu dans l'élaboration de la tradition historique. C'est une question qui exige un nouvel examen. Qu'il suffise, pour l'instant, de constater que les théories de Schmidt et Laqueur ne sont pas fondées.

(73) Cf. P. LÉVÉQUE,op. cit., p. 38: • (Phylarque) s'est attaché tout particulièrement à montrer le rôle prééminent des femmes dans le cours de l'histoire : si les statistiques portant sur une œuvre si mutilée ont quelque valeur ... , on peut noter que 12 des 83 fragments conservés illustrent ce rôle.» Et P. PÉDECH,La méthode historique de Polybe (Paris, 1964), p. 71, cite maints exemples qui permettent de constater que « Duris semble avoir été encore plus loin que Phylarque pour attribuer aux femmes la responsabilité d'événements graves. • (") Hérodote ne dit pas que les Perses furent pris de panique à Marathon. Mais, après la bataille, les Athéniens témoignèrent leur reconnaissance à Pan pour les services qu'il avait rendus dans la guerre, et ils lui élevèrent un sanctuaire au pied de !'Acropole (HÉRODOTE,VI, I05-106). Ce passage a peut-être inspiré Pausanias. ( 71) F.Gr.Hist., II A, 87, F 116.

LES GALATES EN GRÈCE

H.

VAN GELDER

(1888)

Dans une dissertation doctorale consacrée à l'histoire des Galates, Galatarum res in Graecia et Asia gestae usque ad medium secundum saeculum ante Christum (Amsterdam, 1888), H. Van Gelder a défendu la thèse selon laquelle la tradition relative à l'invasion proviendrait de deux récits différents, celui de Hiéronymos de Cardia, qui serait la source de Pausanias et de Diodore, et celui de Timée, dont dériverait Justin. Ce point de vue, défendu déjà par J. G. Droysen (76 ), Van Gelder l'a étayé d'une argumentation dont voici l'essentiel. Pausanias a transmis une relation intelligente et circonstanciée, qui ne peut être l'œuvre que du plus grand historien contemporain des événements, à savoir Hiéronymos de Cardia. Son ouvrage, estimé des Anciens, devait comporter un récit de l'invasion, puisqu'il traite encore du règne d' Antigone Gonatas. Pausanias a utilisé Hiéronymos en d'autres endroits, comme le prouvent les reproches de partialité qu'il lui adresse à deux reprises (I, 9, 8 et 13, 9). Diodore s'en est également inspiré, mais, dit Van Gelder ( 77 ), « brevissime, confuse, ineptissime de Gallicis bellis hic egit ». Et si apparaissent des divergences entre Pausanias et Diodore, il faut les attribuer à la négligence de ce dernier, voire à sa mauvaise compréhension d'un mot grec (78 ). Parfois aussi les dires de l'un complètent les omissions de l'autre. Timée, d'autre part, a dû raconter l'invasion dans sa monographie sur Pyrrhos. « E cujus fecundo ingenio flosculi illi originem traxisse videntur, quos Justinus, id est Trogus, operi suo internexuit, venusti, mirifici, lectu jucundi, historiae tamen neque aptati, ne ferendi quidem » ( 79). Pour ce récit, comme en tant d'autres endroits de son œuvre, Trogue-Pompée se serait inspiré de Timée. ( 78 ) Cf. p. 28, n. 48. La thèse a également été soutenue par Fr. REUSS,Hieronymos von Kardia (Berlin, 1876), pp. 126-128, avec quelques réserves à propos de Pausanias. Reuss estime que Hiéronymos de Cardia est la source unique ou principale de Diodore et de Pausanias pour l'histoire des Diadoques. 77 ( ) Op. cit., p. 14. ( 78 ) H. VAN GELDER,op.cil., p. 55, n. 3, considère que Diodore a mal compris le verbe À11Toi/,vxEîvqu'il lisait dans le récit de la mort de Brennes composé par Hiéronymos et que, pour cette raison, sa version diffère de celle de Pausanias (X, 23, 6; cf. ci-dessus, p. 26). « Scriptor inaccuratus, dit-il, quum praeterea verbum À11Toi/,vxEîvmale acciperet, hinc finxit quae ad nos pervenerunt. » ( 71) op. cit., p. 14. Cf. aussi p. 55.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION

DES GALATES

39

Il ne convient pas, je crois, de s'attarder longuement sur la thèse de Van Gelder, qui s'efforce de valoriser à tout prix la relation de Pausanias. Affirmations gratuites et jugements de valeur en font la substance. Il n'hésite pas à reprocher à Diodore des ignorances en langue grecque et il ne tient aucun compte du caractère fragmentaire des derniers livres de la Bibliothèque historique. Une fois de plus est allégué le goût de Timée pour les fables (80), qu'attesterait le seul récit de Justin. Il n'y a aucune raison, enfin, d'apparier Pausanias et Diodore. C'est plutôt de Justin que, non sans de nettes réserves, se rapprocherait la version de Diodore (81 ). W. W.

TARN

(1913)

La brève étude que W. W. Tarn, dans sa monographie sur Antigone Gonatas (82 ), a consacrée à la relation de Pausanias, marque un progrès sur les recherches antérieures, parce qu'elle se fonde sur un matériel épigraphique, dont ne disposaient ni Schmidt, ni Van Gelder. Tarn n'a pas tenté d'identifier les sources des trois relations; il compare le récit du Xe livre de la Périégèse aux documents contemporains et, d'après ce test, conclut - non sans quelques réserves sur l'atticisme et l'imitation d'Hérodote que.01r È1ro1roLCls.I'lyov,v È1rl 'Av-ru,xov -rov M,y&>.ov KÀ'78Év-ros Kal yÉypa,f,• -ràs 'Av-r,6xov [ ToV MEyc:!Aov]1rp&.ÇusKaL 'T~v '11pàsI'aÀ&:ras µ.&:x.11v, OTEl,LETà TWv JAEt/>Ô.VTwv -r~v

aù-rWvltf,8E,pE. Zeuxis, 8-10. Cf. aussi Sur une erreur commise en saluant, 9 et Dialogues des Courtisanes, 13. ( 133 ) Cf. F. STAEHELIN,Geschichte der kleinasiatischen Galater (Leipzig, 2• éd., 1907), p. 12; H. BENGTSON,Gr. G.', p. 403; B. BAR-KocHVA,On the Sources and Chronology of Antiochus l's Battle against the Galatians, dans Proceedings of the Cambridge Philological Society, 199 = N.S. 19 (1973), pp. 1-8, et corrigenda de l'auteur dans The Seleucid Army. Organization and Tactics in the Great Campaigns (Cambridge, 1976), p. 240, n. 85. Pour la date, voir p. 166, n. 188. ( 1 ") Arn. D. MoMIGLIANO,Un' ignota irruzione dei Galati in Siria al tempo di Antioco III?, dans Bollettino di Filologia classica, 36 (1929-1930), pp. 151-155, attribue la victoire sur les Barbares à Antiochos III le Grand, en alléguant un fragment d'élégie conservé sur papyrus, où il est apparemment question d'un roi qui fera subir aux Galates le sort qu'il a infligé déjà aux Mèdes. Il s'agit d'un Hellenistische Elegie, dans texte édité par Ulr. VONWILAMOWITZ-MOELLENDORFF, Sitzunisberichte der preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin (1918), pp. 736-739, et qui, depuis lors, a été plusieurs fois republié: voir la bibliographie établie par Br. SNELL, P. Hamb., II, p. 126 et PAcK1 , 1751. Momigliano identifie ce roi à Antiochos III et situe la guerre contre les Galates entre 197 et 189. Quant à la mention des éléphants dans la notice de Suidas, elle serait due soit à une confusion avec la guerre d'Antiochos I••, soit à une glose malvenue. Cette correction vaut-elle mieux que l'autre ? Il ne semble pas. Sans doute le critère de l'écriture, qui date le fragment du milieu du 3• siècle, ne fournit-il qu'une indication discutable. W. RICHTER,Eine Elegie des Musaios von Ephesos auf Attalos /.?, dans Maia, 15 (1963), pp. 116-u7, rejette l'interprétation de r1rffOV

( 131 )

54

LES GALATES EN GRÈCE

raison pour laquelle les éditeurs corrigent le texte (1 &'). Simonidès aurait chanté, sous le règne d'Antiochos le Grand, l'exploit auquel Antiochos Jer devait son épiclèse de Sôter. Il est néanmoins peu probable que ce poète de cour ait longuement évoqué l'invasion de la Grèce dans son poème épique. Rien, en tout cas, ne permet d'affirmer qu'il ait contribué d'une façon ou d'une autre à la formation de la tradition historique. ÉRATOSTHÈNE

DE CYRÈNE ( 136 )

Ératosthène dit le Jeune ainsi appelé pour ne pas le confondre avec le célèbre savant d'Alexandrie - composa des Galatica, comportant au moins sept livres (137 ), dont Étienne de Momigliano en invoquant d'autres raisons, que voici: 1) Antiochos III n'a pas «cumulé• une victoire sur les Mèdes et une autre sur les Galates, puisqu'il a régné sur les Mèdes (c'est-à-dire les Perses) depuis son accession au trône; il ne pourrait dire non plus qu'il leur a imposé une Kpaup'Y/1lov.\oaiiv17; 2) Antiochos III a acquis le surnom de Grand après son expédition dans les hautes provinces d'Asie et ne pouvait tenir l'usurpateur Euthydémos de Bactriane pour plus redoutable - ô.p~lov~,â'..\.\01 - que les Galates ; 3) la tradition attribue à Antiochos Sôter une victoire sur les Galates à l'aide d'éléphants, tandis qu'après 199, Antiochos III, loin de songer aux Barbares, est absorbé par les préparatifs de la guerre contre Rome ; 4) Momigliano, enfin, invoque une 'ITapa-raf,scontre les Galates devant Babylone, à laquelle fait allusion II Macchabées, 8, 20: rien ne permet de dater cette rencontre du règne d' Antiochos III. Ajoutons que Richter idèntifie les personnages de l'élégie avec Eumène I•r et Attale 1er de Pergame, tandis que le roi serait Antiochos 1er selon B. BAR-KocHVA, op. cit., pp. 6-8, Ptolémée Philadelphe selon V. BARTOLETTI,Noterelle papirologiche, dans Studi italiani di ftlologia classica, N.S., 34 (1962), pp. 25-30 (planche p. 24) et W. PEEK, Papyrus-fragmente einer alexandrinischen Elegie, dans Maia, 15 (1963), pp. 199210; pour Ad. BARIGAZZI,Un frammento del/' lmto a Pan di Arato, dans Rheinisches Museum, N.F., II7 (1974), pp. 221-246, il s'agirait d' Antigone Gonatas. C'est un point sur lequel je reviendrai ultérieurement (voir pp. 185-187). Quant au témoignage contenu dans II Macchabées, 8, 20, ls. LÉVY, Notes d'histoire hellénistique sur le 2• livre des Maccabées, dans Mélanges H. Grégoire, II (Bruxelles, 1950), pp. 681-682, loin de situer l'action à l'époque d'Antiochos le Grand, considère que ce texte judéo-grec paraphrase les récits de la mémorable bataille qu' Antiochos l•r livra aux Galates, en attribuant aux Juifs le rôle dévolu aux éléphants. Il propose de corriger le nom du lieu de la rencontre et de lire Bagadaonie (au sud-ouest de la Cappadoce) au lieu de Babylonie. ( 136 ) La correction est communément admise: cf. F. STAEHELIN,op. cit., p. 12 ; K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1 , l, p. 591; F. jACOBY,op. cit., p. 594; W. RICHTER,op. cit., p. II6, n. 4; B. BAR-KOCHVA,op. cit., pp. 1-2. Fr. SusEMIHL, loc. cit., reproduit le texte de la notice sans correction et sans commentaire. (lH) F.Gr.Hist., III, C, 745. Cf. Fr. SusEMIHL, op. cit., p. 425, n. 84; et KNAACK, Eratosthenes, P.W., R.-Enc., VI (1909), coll. 388-389. ( 187 ) F.Gr.Hist., III, C, 745, F 5. Les quelques indications contenues dans les fragments laissent supposer que la mention d'un 33• livre, en F 6, est erronée.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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Byzance a conservé six fragments de caractère lexicologique (noms de peuples celtiques, villes de Thrace et sites d'Asie Mineure) (138 ). Ad. Schmidt (139 ) a soutenu que l'œuvre était consacrée aux seuls Gaulois d'Orient, en alléguant que la science grecque, antérieure au Jer siècle avant notre ère, ne pouvait guère connaître les Celtes d'Occident. C'est méconnaître les progrès que la recherche avait accomplis en cette matière grâce aux travaux de Timée (140 ). Toujours est-il que les rares fragments conservés se rapportent apparemment à l'histoire orientale, et que deux d'entre eux pourraient évoquer des lieux géographiques en rapport avec l'expédition du consul Cn. Manlius Vulso en 189 (141 ). C'est pourquoi on suppose que l'auteur vécut dans la première moitié du ze siècle. La seconde moitié ou même le siècle suivant ne sont toutefois pas à exclure. Dans le Jer livre des Galatica, il était question des Galates Tolistoboiens et, selon toute vraisemblance, du passage des Celtes en Asie Mineure (142 ). Ératosthène y racontait-il aussi l'invasion de la Grèce, qui prélude à l'avance celtique vers l'Est ? Il faut constater que, dans ce cas, l'auteur n'est plus un témoin contemporain de l'événement et qu'il n'aurait pu transmettre que des informations de seconde main. Son œuvre, qui fut peutêtre une source de Polybe (143 ), devait être facilement accessible à Trogne-Pompée et à Diodore. ( 138) F.Gr.Hist., III, C, 745, F 1-6. (139 ) op. cit., p. 15. ( 140 ) POLYBE, XII, 28a, 3 ( = TIMÉE, F.Gr.Hist., III, B, 566, F 7) rapporte que Timée supporta des dépenses et des peines considérables pour s'informer sur les mœurs des Ligures, des Gaulois et des Ibères, et plusieurs fragments relatifs à l'Ouest ont été conservés (F 65-75). Cf. J. GEFFCKEN,Timaios' Geographie des Westens, dans Philologische Untersuchungen, 13 (Berlin, 1892). (Ul) Il revient à KNAACK,loc. cit., d'avoir remarqué que les noms de lieux cités en F 4 et F 6 s'inscrivent dans le contexte du bellum Gallograecum (POLYBE, XXI, 33-39 = TITE-LIVE, XXXVIII, 12-27; cf. TITE-LIVE, XXXVII, 38 et 55). ( 1 '") F.Gr.Hist., III, c. 745, F l : To>.,11-ro/3,o,· l8vos I'a>.a-rwvÉt11rEplwv µ.uo,K7Jl10.V"Tt.lJV ÈK-r-ijs KE>.-roya>.a-rlas EÎSB,8vvlav. 'Epa-ro118Év7JS 8' lv ci I'a>.a-r,KwvTo>.,11-ro/3wylovs av-rovs t/,7J11,.« Tolistobioi: peuple de Galates d'Occident, qui avaient émigré de Celtogalatie en Bithynie. Ératosthène, dans le I•r livre des Galatica, les appelle Tolistobogioi. » Il s'agit d'un des trois grands peuples constituant, avec les Trocmes et les Tectosages, l'État de Galatie. Cf. H. HUBERT, Les Celtes depuis l'époque de La Tène et la civilisation celtique (Paris, éd. revue et corrigée, 1950), pp. 58-61 ; J. HARMAND,Les Celtes au second dge du Fer (Paris, 1970), pp. 44-45 ; et, sur la graphie du nom dans les textes, F. STAEHELIN,op. cit., p. 42, n. 3 et, du même auteur, Tolistobogioi, P.W., R.-Enc., 2.R., VI (1937), coll. 1673-1674. ( 10 ) Cf. KNAACK,loc. cit., et, ci-dessus, n. 141.

LES GALATES EN GRÈCE HIÉRONYMOS

DE CARDIA ( 1")

Né vers 360, Hiéronymos de Cardia attacha sa fortune à celle de son compatriote et ami, l'ancien officier d'Alexandre, Eumène (146), qui l'emmena dans ses campagnes et le chargea de missions diplomatiques. Lorsqu'Eumène eut été exécuté sur l'ordre d'Antigone le Borgne (146 ), Hiéronymos, qui se trouvait au nombre des prisonniers blessés, fut épargné et traité amicalement (U?). Il entra au service du vainqueur et, plus tard, demeura fidèle à Démétrios Poliorcète et à Antigone Gonatas. En 312 /3II, Antigone le nomma Èmp,€ÀTJTTJS rijs •Aaq,aÀ-rlfJos (mer Morte), chargé de l'exploitation de l'asphalte, mais l'entreprise échoua (148 ). Quelques années plus tard, en 301, il assista vraisemblablement à la bataille d'Ipsos, où tomba le vieil Antigone (149). En 291, Démétrios le chargea du gouvernement des cités (lU) F.Gr.Hist., II, B, 154 et II, C, Komm., pp. 544-547. Cf. F. JAC0BY, Hieronymos (n° 10), P.W., R.-Enc., VIII, 2 (1913), coll. 1540-156o (la bibliographie antérieure est citée col. 1560) ; W. W. TARN,Antigonos Gonatas (Oxford, 1913), pp. 246-247 et 411-412; Tr. S. BROWN,Hieronymos of Cardia, dans The American Historical Review, 52 (1947), pp. 684-696; P. LtviguE, Pyrrhos (Paris, 1957), pp. 22-26; R. H. SIMPSON,Ablweviation of Hieronymus in Diodorus, dans American Journal of Philology, 80 (1959), pp. 370-379; M, J. FONTANA, Le lotte per la successione di Alessandro Magno dal 323 al 315, dans Atti della Accademia di Scienze, Lettere e Arti di Palermo, S. 4, 18 (Palerme, 1959), pp. 257261; Cl. WEHRLI, Antigone et Démétrios (Genève, 1968), pp. 20-24; J. SEIBERT, Untersuchungen zur Geschichte Ptolemaios' I., dans Milnchener Beitriige zur Papyrusforschung und antiken Rechtsgeschichte, 56 (Munich, 1969), pp. 52-57; R. ENGEL, Zum Geschichtsbilddes Hieronymos von Kardia, dans Athenaeum, N.S., 50 (1972), pp. 120-125. ( 1") Eumène, &.px•ypaµµaTEVSd'Alexandre et commandant de la cavalerie, fut nommé satrape de Cappadoce et de Paphlagonie après la mort du conquérant. Dans les Vies parallèles de Plutarque, sa biographie fait pendant à celle de Sertorius. Cf. H. BERVE,Das Alexanderreich auf prosopographischer Grundlage, II (Munich, 1926), pp. 156-159, n° 317. On ne peut dire s'il existe un lien de parenté entre l'historien et Eumène, qui, selon ARRIEN, L'Inde, XVIII, 7, était fils d'un certain Hiéronymos de Cardia. ( 1 ") DIODORE,XVIII, 42, I et 50, 4 (= F.Gr.Hist., II, B, 154, T3 et 4). (1'7) DIODORE,XIX, 44, 3 (= F.Gr.Hist., Il, B, 154, T 5). (U 8 ) DIODORE, XIX, 100, 1-3 (= F.Gr.Hist., II, B, 154, T 6). FLAVIUS JOSÈPHE,Contre Apion, I, 213 (= F 6), qui reproche à Hiéronymos d'avoir omis de mentionner les Juifs, affirme qu'il gouvernait la Syrie (T~v Evplav J,rnpo,rEvEv). Imprécision géographique ou invention destinée à donner plus de poids à la critique ? ( 1 ") F. J acoby émet quelque réserve sur le témoignage du Pseudo-Lucien, Macrob., II (F.Gr.Hist., II, B, 154, T 7 et F 8) : d avU'l'panvoµEvos ail.,~ (se. 'A...,,y&vq,, à Ipsos) 'lEpwvvµos.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION

DES GALATES

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de Béotie, avec le titre d' Èmµ,EÀ7JTTJS Kal apµ,ocrnjs (150). Il vécut ses dernières années à la cour d'Antigone Gonatas (llil), où il rédigea vraisemblablement son œuvre historique (162). Il mourut, dit-on, âgé de cent quatre ans (163 ). Tels sont les quelques points de repère qui permettent de suivre la longue carrière de Hiéronymos de Cardia (164 ). Ancien compagnon d'Eumène et familier des Antigonides durant trois générations, il a transmis le témoignage « le plus important sur les cinquante années qui ont suivi la mort d'Alexandre» (166). L' œuvre de Hiéronymos, consacrée aux successeurs d'Alexandre, retraçait la période comprise entre la mort du conquérant (323) et celle de Pyrrhos (272). Les dix-huit fragments que l'on en a conservés ne permettent pas de reconstituer l'économie de l'ouvrage (156) ; ils ne s'accordent pas non plus sur le titre que l'auteur lui avait donné. Selon Suidas (157 ), le livre s'intitulait « Histoire des Successeurs d'Alexandre » ; selon Diodore et Flavius Josèphe (158), « Histoire des Diadoques», et, selon Denys PLUTARQUE,Démétrios, 39, 3-7 ( = F.Gr.Hist., II, B, 154, T 8). THÉON, Vie d'Aratos, p. 147, 18M ( = F.Gr.Hist., II, B, 154, T 9) ; cf. aussi PAUSANIAS,I, 13, 9 ( = F.Gr.Hist., Il, B, 154, T 15), cité ci-dessous, p. 59, n. 164. ( 161) L'œuvre ne fut pas achevée avant 272, date de la mort de Pyrrhos (PLUTARQUE,Pyrrhos, 27, 8 et PAUSANIAS, I, 13, 7 = F.Gr.Hist., II, B, 154, F 14 et 15). ( 163 ) AGATHARCHIDEapud PsEUDo-LucIEN, Macrob., 22 (= F.Gr.Hist., II, B, 154, T 2). ( 16 ') Il serait vain de vouloiI reconstituer les voyages et les campagnes de Hiéronymos d'après les témoignages «oculaires• que Diodore aurait conservés. ( 166) F. JACOBY,art. cité de la R.-Enc., col. 1540. ( 161 ) F. JACOBY,F.Gr.Hist., II, C, Komm., p. 544: « Nach einer Einleitung über das Aufkommen der Makedonen (F 1) begannen sie (se. les '1,,-ropla,)sehr wahrscheinlich mit den Ereignissen unmittelbar nach Alexanders Tod und der ersten Reichsordnung, und gingen mindestens bis Pyrrhos' Tod (F 15), aber vermutlich auch nicht weiter (zu F 7). Für ein im Sinne des Antigonos Gonatas geschriebenes Werk (T 11) ist das ein sehr passender Schlusspunkt. » Ajoutons que l'œuvre comportait des digressions de caractère historique (F 1 : les rois de Macédoine; F 3 : la Cappadoce sous Alexandre; F 13 : les premiers temps de Rome) et géographique (F 5, 16-18). Elle était appréciée pour l'exactitude des estimations de distances, d'effectifs militaiies et de victimes dans les combats (F II-12, cf. F 14, 17, 18). ( 167 ) SUIDAS,s.u. 'l,pcfivv,,.os( = F.Gr.Hist., II, B, 154, T I) : .-à • .,•• A>.,fav8pq, 11pax8Év.-a.Ce titre, entre crochets et avec point d'interrogation, coiffe les fragments rassemblés par F. Jacoby. ( 168) DIODORE, XVIII, 42, 1 ( = F.Gr.Hist., JI, B, 154, T 3) : al .-wv .:ha6oxwv 'IC11'oplmet, en XVIII, 50, 4 et XIX, 44, 3 et 100, 1 ( = T 4-6), simplement 'Ia.-opla,; FLAVIUS JOSÈPHE, Contre Apion, 214 (= F 6): ~ 11,pl 1'WV ..::1,a8oxwv 'IC11'opla. ( 160 )

( 161 )

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LES GALATES EN GRÈCE

d'Halicarnasse (159), « Histoire des Épigones». Puisqu'il n'est guère probable que Hiéronymos ait composé deux ouvrages distincts, je suggérerais, pour concilier ces témoignages, que Suidas reproduit le titre de l'œuvre entière, tandis que les autres auteurs citeraient les parties constitutives, l'une traitant des Diadoques, l'autre des Épigones. Une édition partielle n'est toutefois pas impossible. Hiéronymos est-il un historien impartial ou bien a-t-il écrit pour complaire au roi de Macédoine ? Telle est la question que soulève l'accusation de partialité - la plus grave pour un historien ! - que Pausanias a lancée contre lui (160) : « Hiéronymos, que je viens de citer, a la réputation d'écrire, en d'autres passages aussi, par haine contre les rois, excepté Antigone, et d'être injustement favorable à celui-ci. »

Dans les discussions que ce témoignage a provoquées, il semble que l'on n'ait pas prêté une attention suffisante au contexte de l'extrait (161 ), qui réduit singulièrement la portée du reproche. Hiéronymos avait une raison personnelle de haïr Lysimaque et c'est envers lui, plus qu'envers tout autre, qu'il a sans doute fait preuve de partialité. Pausanias (162 ) ajoute, en effet :

(UI) Antiquités romaines, I, 5, 4 (= F 13): ~ 1r,pl .-wv 'E1r1y6vwv 1rpayµ.a.-,la. (190) PAUSANIAS,I, 9, 8 (F.Gr.Hist., II, B, 154, T II) : & 8È 'l,pwvvµ.os oi.-os lxu µ.ÈvKal d.Uw; 86fav 1rpo;&.1rJx8uavypd.,f,aiTWJI{3aa,Mwv,r.\~v 'Av.-,yovov, 7'0V7''1) 8È otl 8,Kalws xapl{,a8a,. Cf. aussi PAUSANIAS,I, 13, 7 ( = F 15). Ad. SCHMIDT,op. cit., pp. 51-53, prétend que Pausanias n'a pas lu l'œuvre de et que Hiéronymos - c'est l'avis aussi de W. W. TARN, op. cit., p. 246, n. 86 l'auteur de cette accusation serait Timée. La supposition ne manque pas de vraisemblance. Timée est « cet historien qui a très vertement relevé les erreurs de ses devanciers. (DIODORE, XXI, 17, I = F.Gr.Hist., III, B, 566, T 12), et qui, • par quelques-uns, fut surnommé 'Em.-lµ.a,o; pour l'exagération de sa critique» (DIODORE,V, I, 3 = F.Gr.Hist., III, B, 566, T II). Et son acrimonie a été dénoncée par Polybe tout au long du XII• livre des Histoires. Un indice encore oriente le soupçon vers Timée, c'est que les passages dans lesquels Pausanias relève la partialité de Hiéronymos concernent l'histoire de Pyrrhos, sujet que Timée traitait dans le Tà 1r,pl llvppov. Peut-être critiquait-il, à son habitude (voir ci-dessus, p. 34, n. 64), une de ses principales sources. { 111 ) Par exemple: F. jACOBY,op. cit., coll. 1543-1544; P. LÉVÊQUE,op. cit., p. 23 ; Cl. WEHRLI, op. cit., p. 23. Prennent le contexte en considération : K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1, 2, p. 4 et J. SEIBERT,op. cit., p. 57. (Hl) I, 9, 8 ( = F.Gr.Hist., II, B, 154, F 9). Sur les événements, voir Tr. S. BROWN,op. cit., pp. 690-691; et F. W. WALBANK,A Historical Commentary on Polybius, II (Oxford, 1967), pp. 478-479.

LES SOURCES RELATIVES

À L'INVASION

DES GALATES

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"Peut-être Hiéronymos avait-il encore d'autres griefs contre Lysimaque, mais le plus grave était qu'il avait détruit la ville de Cardia et qu'en lieu et place, il avait fondé Lysimacheia sur l'isthme de la Chersonèse de Thrace. »

On s'est demandé aussi si Pausanias faisait allusion à Antigone le Borgne ou à Antigone Gonatas. Aux arguments que F. Jacoby (183 ) a rassemblés en faveur du second, j'ajouterais que, si Pausanias reproche à Hiéronymos de s'être montré partial dans sa version de la guerre de Lysimaque en Épire (285 /284) et aussi dans celle de la mort de Pyrrhos (272), il ne peut s'agir que de Gonatas (184), puisque le Borgne avait péri en 301 à la bataille d'Ipsos. Est-il possible, dans l'état actuel de nos connaissances, de déceler des traces de la partialité attribuée à Hiéronymos ? La critique moderne admet que l'historien avait des sympathies qui l'inclinaient vers Antigone Gonatas (186). Elle reconnaît aussi que Hiéronymos, vivant à la cour de Macédoine, avait apparemment composé une histoire vue du côté macédonien et qu'en principe, il était mieux informé sur les Antigonides que sur les Séleucides ou les Lagides (166 ). Est-il possible d'en dire davantage? Selon F. Jacoby (167 ), l'œuvre de Diodore prouverait assez ( 113 )

Op. cit., coll. 1542 et 1543-1544. PAUSANIAS,I, 9, 8 et 13, 9 (F.Gr.Hist., II, B, 154, F 9 et 15). En I, 13, 9, Pausanias conclut : « Cependant, voilà encore qui est différent de ce qu'a écrit Hiéronymos de Cardia : de fait, quand on se lie à un roi, il y a toute nécessité d'écrire l'histoire pour lui être agréable ... Assurément, c'est chose bien pardonnable que Hiéronymos écrive pour plaire à Antigone. » ( 116) F. JACOBY,op. cit., coll. 1543-1544, soutient que Hiéronymos aurait approuvé la politique d'Antigone Gonatas, qui, rompant avec ses prédécesseurs et renonçant à l'idée d'un empire unitaire, limita ses prétentions à la Macédoine et à la Grèce. Cf. W. W. TARN, op. cit., pp. 203-204. Sans doute cette interprétation est-elle« plus près de la vérité», comme dit Cl. WEHRLI,op. cit., p. 23, que celle de P. LÉViQUE, op. cit., p. 26, qui attribue à Hiéronymos une nostalgie de l'âge héroïque. Mais Tr. S. BROWN,op. cit., me semble avoir raison de souligner qu'au moment où l'historien rédigeait son œuvre (après 272), Antigone Gonatas régnait depuis nombre d'années et avait tout intérêt à prétendre, en utilisant Hiéronymos comme porte-parole, qu'il n'avait jamais appliqué une politique impérialiste. ( 111) En voyant Hiéronymos sous cet angle, on pourrait le comparer à TiteLive, comme fait Tr. S. BROWN,op. cit., p. 695 : « nevertheless Livy's relationship with Augustus is of significance for students of Roman history. » Et, à propos des discussions qu'a soulevées la critique de Pausanias, S. MAZZARlNO, Il pensiero storico classico, II, 1 (Bari, 1966), p. 338, se demande quelle opinion on se ferait si l'on en était réduit à juger Hérodote d'après le De Malignitate Herodoti de Plutarque. 111 ( ) op. cit., coll. 1543-1544. ( 11')

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LES GALATES EN GRÈCE

que le Cardian n'a pas ménagé Antigone le Borgne et que, s'il a critiqué Séleucos, Ptolémée, Lysimaque et Pyrrhos, il n'a pas pour autant caché leurs qualités respectives. Mais cette façon de démontrer l'objectivité de l'historien ne saurait être autorisée, parce qu'elle se fonde sur des passages de Diodore arbitrairement attribués à Hiéronymos. La pluralité des sources de Diodore étant généralement admise (168 ), il est hasardeux de confondre systématiquement les livres XVIII-XX de la Bibliothèque Historique avec les Histoires de Hiéronymos. Et J. Seibert (169), qui ne décèle pas moins de cinq sources de diverses tendances politiques dans cette tranche de l' œuvre de Diodore, a toute raison d'affirmer que seuls les fragments authentiques doivent être pris en considération. Ces fragments, remarque-t-il, bien qu'ils soient trop peu nombreux pour juger des sentiments de l'auteur, « ne révèlent aucun antagonisme conscient envers les adversaires des Antigonides » (170 ). Venons-en, pour terminer, à l'objet même de la présente enquête. Quoiqu'aucun fragment relatif aux Galates n'ait été conservé, il est permis d'affirmer, en raison du caractère de l'œuvre et de ses limites chronologiques, que Hiéronymos de Cardia n'avait pas omis de raconter l'invasion de la Grèce dans ses Histoires (171). Le raid barbare concernait directement la Macédoine - ce bouclier de la Grèce contre les incursions venues du nord (172 ) - et la victoire de Lysimacheia, remportée par Antigone Gonatas en 277 (173 ), consacrait en quelque sorte l'échec de la tentative. Il est vrai que Hiéronymos ne fut pas un témoin oculaire des événements, puisque Ptolémée Kéraunos régnait sur la Macédoine et qu' Antigone n'y revint qu'après son succès sur les Galates. Mais l'historien a eu la possibilité de recourir à des sources orales en consultant notamment des Macédoniens ou des Étoliens (alliés d' Antigone à ce moment) ou des Béotiens (Hiéronymos avait été gouverneur de la Béotie), qui avaient participé à la guerre. Il a peut-être vu les Galates corn( 111)

Voir ci-dessous, p. 83, n. 279.

(19t) op. cit., pp. 54 et 64-83. ( 1 '10)Op.cit., p. 57. ( 171 ) Plusieurs fragments de Hiéronymos sont chronologiquement proches de l'invasion: F.Gr.Hist., II, B, 154, F 9 (285 ou 284), F 10 (281), F 12 (279), F 13 (280 /279), F 14 et F 15 (272). ( 171) POLYBE, IX, 35, 4· ( 173 ) Voir ci-dessous, pp. 167-169 et 177-181.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION

DES GALATES

6I

battre à Lysimacheia et rien n'empêche de supposer qu'il se soit informé auprès des rescapés de Delphes qui se seraient enrôlés dans les armées macédoniennes (m). Il est admis, d'autre part, que l'œuvre de Hiéronymos a été très largement utilisée par les historiens ultérieurs, et c'est sans doute la raison pour laquelle elle est désormais perdue. Aussi bien H. Van Gelder, M. Segrè et d'autres (175 ) ont-ils cru déceler sa trace dans chacun des trois récits de l'invasion. Mais alléguer que la narration de Pausanias, malgré ses défauts, est l'œuvre d'un historien consciencieux et pragmatique ne suffit pas à identifier le Cardian, et, si l'on compare le récit de la Périégèse aux deux autres, on constate qu'il contient une version moins circonstanciée des opérations menées en Macédoine (176 ). On ne peut faire état non plus du jugement accablant qui pèse sur Ptolémée Kéraunos, puisqu'il n'apparaît pas seulement dans les trois récits de l'invasion (177 ), mais aussi chez Nymphis (178 ), un contemporain de Hiéronymos et, en raison de ses crimes, dans l'ensemble de la tradition le concernant (179 ). Rien, enfin, ne permet de dire quelle attitude avaient prise Antigone Gonatas et son historien à l'égard du général Sosthène, vainqueur de Bolgios et finalement vaincu par Brennos, qui avait refusé le titre de roi des Macédoniens que voulaient lui conférer ses troupes (180). Force est donc de conclure que, quelle que soit la mesure dans laquelle l'œuvre de Hiéro-

(1") Sur les mercenaires galates au service d'Antigone Gonatas, voir M. LAUNEY, Recherches sur les armées hellénistiques, I (Paris, 1949), pp. 494-496. ( 171 ) Voir ci-dessus, pp. 38-49. (m) Voir ci-dessus, p. 27. ( 117 ) DIODORE, XXII, 3, 1 ; JUSTIN, XXIV, 3, 10 et 4, 8-5, 7; PAUSANIAS, X, 19, 7. Ces récits, avons-nous vu (pp. 26-27), sont d'origines différentes. Il n'y a aucune raison de faire remonter à Hiéronymos les jugements de Diodore et de Justin sur Ptolémée Kéraunos, comme l'affirment E. MANN!, Pino e gli stati greci nel 281 /0, dans Athenaeum, N.S., 27 (1949), p. 105, et, après lui, P. LtvtguE, op. cit., p. 53, n. 8. ( 118 ) Apud MEMNON, 12-14 (= F.Gr.Hist., III, B, 434, F 8). A propos de Nymphis d'Héraclée, voir pp. 77-80. (179) Cf. H. VoLKMANN, Ptolemaios (n° 15), dans P.W., R.-Enc., XXIII, 2 (1959), coll. 1597-1599. Dans un fragment papyrologique de caractère édifiant, datable, d'après l'écriture, du 1er siècle de notre ère, Ptolémée Kéraunos figure au nombre de quelques conquérants sans scrupules dont la conduite est opposée à celle des sages de la Grèce. Le papyrus a été publié par W. ScHUBART,Griechische literarische Papyri (Berlin, 1950), pp. 75-76, n° 39 ( = PAcK 1, 2597). (180) Le point de vue de M. Segrè à propos de Sosthène a été examiné cidessus, pp. 46-47.

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LES GALATES EN GRÈCE

nymos de Cardia a été exploitée, directement ou indirectement, dans les synthèses ultérieures, on n'en décèle aucune empreinte distincte dans les relations de l'invasion des Galates que nous ont transmises Diodore, Justin et Pausanias. TIMÉE DE TAUROMÉNION ( 18 1)

Né vers le milieu du 4° siècle, Timée de Tauroménion ou peutêtre de Syracuse (182 ) était fils d'Andromachos, pour l'âpreté de ses critiques (186). Après la mort d'Agathocle, qui survint en 289, il retourna probablement en Sicile (187 ). II mourut, dit-on, à 96 ans (188). Timée avait composé une monumentale histoire de la Sicile ('laToplai ou .EiKEÀiKa?), qui ne comportait pas moins de trentehuit livres. L'ouvrage, de caractère à la fois géographique, ethnographique et historique, englobait une période s'étendant depuis l'archéologie sicilienne jusqu'à la tyrannie d'Agathocle, à laquelle étaient consacrés les cinq derniers livres. L'auteur y ajouta une suite, intitulée Tà TTEpillvppov, qu'il mena, malgré son titre (Pyrrhos meurt en 272), juqu'en 265 /4 ou en 264 /3 (189). Polybe, en effet, selon une tradition répandue parmi les historiens anciens, rattacha ses Histoires au terme final d'un devancier et se fit le continuateur de Timée (190). Historien de l'hellénisme occidental, Timée a fait œuvre originale en considérant .tov, ampleur et en érudition, dépassait tous les travaux antérieurs. En ce qui concerne l'invasion de la Grèce, Ad. Schmidt, H. Van Gelder, M. Segrè, R. Laqueur et d'autres ont supposé qu'un récit de Timée était à l'origine de la tradition historique (198}. Nul ne conteste, il est vrai, qu'une tranche considérable des œuvres de Diodore et de Trogue-Pompée dérive directement ou indirectement des Histoires du Tauroménite (197 ). Mais pour ( 111) Cf. P. PÉDECH,Polybe. Livre XII ... (cité ci-dessus, n. 181), pp. XXVIIXXVIII. (Ha) La collection assemblée par F. Jacoby compte 158 fragments authentiques et quelques fragments douteux. (1") Cf. R. LAQUEUR,op. cit., coll. 1082-1203; F. JAC0BY,F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., pp. 527-528 ; et, pour l'influence de Timée sur l'historiographie romaine, Kr. HANELL,Zur Problematik der âlteren ,omischen Geschicktsschreibung, dans Histoire et historiens dans l'Antiquité, Entretiens sur l'Antiquité classique de la Fondation Hardt, 4 (Genève, 1958), p. 152. ( 196) Sur Istros, Polémon et d'autres critiques de Timée, cf. P. PÉDECH,op. cit., pp. XXVII-XXXV. ( 1") Voir ci-dessus, pp. 27-49. ( 117) Les thèses radicales de Chr. A. VoLQUARDsEN, Untersuchungen aber die Quellen der griechischen und sizilischen Geschickte bei Diodor, Buch XI bis XV (Kiel, 1868), pp. 72-93, et d'Al. ENMANN,Untersuchungen aber die Quellen des Pompeius Trogus fa, die griechische und sicilische Geschickte (Dorpat, 1880), pp. 129-193, qui font remonter au seul Timée les informations de Diodore et de Trogue sur l'histoire de la Sicile, sont aujourd'hui périmées. La critique moderne, d'une façon générale, considère la pluralité des sources de ces deux auteurs comme un fait acquis. Voir, par exemple, ci-dessus, p. 33, n. 62, les travaux relatifs à l'histoire de Pyrrhos et à celle d' Agathocle. Il demeure néanmoins admis bien que le départ entre les sources soit difficile - que Timée a contribué à l'élaboration des livres IV et XVII-XXIII de Trogue-Pompée ainsi que des livres XI-XV (XVI) et XIX-XXII de Diodore. Cf. F. }ACOBY,F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., pp. 528-529 et ci-dessous, p. 83, n. 279. Quant à une éventuelle utilisation de Timée par Pausanias, le plus grand scepticisme semble autorisé. Plusieurs auteurs se fondent sur le travail d' Ad. Schmidt pour affirmer que des traces du Tauroménite se décèlent dans la Périég,se (cf. p. 27, n. 46) : leurs conclusions ne sauraient être retenues (voir pp. 27X, 17) rappelle à 37). D'autre part, si la description de la Sardaigne (PAUSANIAS, certains égards celle de Timée (F.Gr.Hist., III, B, 566, T 63-64), diverses contradictions empêchent d'établir un rapport étroit entre les textes, comme l'a montré J. GEFFCKEN,Timaios' Geographie des Westens, dans Philologische UntersuchunI, u-13), gen, XIII (Berlin, 1892), p. 59. Quant à la vie de Pyrrhos (PAUSANIAS, Otto REGENB0GEN,op. cit., col. 1074 et P. LtvtguE, op. cit., pp. 67-72, ne

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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ce qui est de l'incursion des Galates, les arguments invoqués n'emportent pas la conviction et l'analyse des témoignages se révèle stérile. Nécessité est donc de poser le problème en d'autres termes, plus généraux, en recherchant dans la vie de l'auteur et dans les fragments conservés les indices qui permettraient d'apprécier la qualité de son information sur l'invasion, et de situer l'éventuelle relation des événements dans l'ensemble de son œuvre. Distinguons les deux questions. a) Timée était-il à Athènes au moment de l'invasion (280-278) ?

Timée affirme qu'il vécut cinquante ans à Athènes, exilé par Agathocle. L'opinion la plus répandue assigne à son bannissement une date intiale qui, d'après les succès militaires et les persécutions du tyran de Syracuse, oscille entre 317 et 310. La guerre de Chrémonidès ou la menace qu' Antigone Gonatas faisait peser sur Athènes aurait provoqué son retour en Sicile entre 266 et 263 (198). Voici les principaux textes relatifs à l'exil: POLYBE,

XII, 25h,

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(= T 4b = F 34):

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TLµ,ai6s cp7Juiv Èv Tfi ~

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TpLaK0UTTJKat TETapTTJ L,-,1\tp' (( 1TEVTTJK0VTa UVVEXWSET'T} oLaTpiy,as 'A0'T}V'T}UL ' t: ' ' ' ' \ ' " ' ' \ ~EVLTEVWV » a1TaU7Js 0/J,0I\0yovµ,EVWS a1TELpos EYEVETO 7TO/\E-

µ,ocfjs XPELas, €TL SJ Kat Tijs Twv T61rwv 0Éas. « Timée déclare dans son livre trente-quatre qu'il a passé cinquante ans sans interruption en résidence à Athènes, et par suite, il faut l'avouer, il n'a aucune expérience du métier militaire, et il n'a pas vu les pays dont il parle» (Trad. P. Pédech).

XII, 25d, I (= T 4c = T rg): 'A1r0Ka8Luas yàp 'A8']1TEVT1JKOVTa...(TLµ,aios) tJ1TÉÀa{1E Tàs µ,EyLUTas V7JUL UXESàv €T'TJ POLYBE,

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1rpos T'T}ViuTopiav.

s'accordent pas avec M. SEGRÈ,La fonte di Pausania perla storia dei Diadochi, dans Historia. Studi storici per l'Antichità, II, 2 (1928), pp. 220, n. 12 et 226, n. 33, pour en attribuer plusieurs passages à Timée. Enfin, il n'est pas impossible que le jugement de Pausanias sur la partialité de Hiéronymos de Cardia provienne de Timée (voir pp. 58-59), mais l'indice est trop mince pour en tirer une conclusion générale. ( 198 ) F. J ACOBY, F.Gr.Hist., III, B, 566, Noten, p. 316, n. 6o, relève les dates d'exil qui ont été proposées dans les travaux antérieurs à 1955. Des études plus récentes ne les infirment pas : cf. G. DE SANCTIS,op. cit., p. 45 ; G. Ach. MANSUELLI,op. cit., p. 105; E. MANN!,op. cit., p. 170, n. 7 ; Arn. D. MoMIGLIANO, op. cit., pp. 25-26 ; Kl. MEISTER,op. cit., pp. 53-59.

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LES GALATES EN GRÈCE « Comme il a séjourné à Athènes près de cinquante ans ... (Timée) s'est imaginé qu'il avait les meilleures sources pour écrire une histoire» (Trad. P. Pédech).

POLYBE,

t' XII, 28, 6 (= T 4d): Tlµ,aios... ,ca-ra{3,waas €V €VL

« Timée ... , qui a passé sa vie en étranger dans le même endroit, ayant à peu près renoncé délibérément à toute activité politique et militaire, et à l'expérience des voyages et de l'observation, jouit, je ne sais comment, de la renommée de tenir le premier rang entre les historiens» (Trad. P. Pédech).

« Banni de Sicile par Agathocle, (Timée) ne put se venger du roi tant qu'il vivait, mais, après la mort de celui-ci, il utilisa l'histoire pour médire de lui à jamais.»

Étant donné qu'aucun de ces témoignages ne fournit la preuve d'un éventuel retour en Sicile, F. Jacoby {199) suggère que Timée ne quitta pas Athènes après la mort d' Agathocle et qu'il demeura là où le retenaient ses habitudes, sa table de travail et les bibliothèques indispensables à sa recherche. F. W. Walbank {200}, qui partage ce point de vue, ajoute que ,ca-ra{3,waas(T 4d) pourrait signifier que l'historien acheva sa vie à Athènes. Ces raisons ne sont évidemment pas contraignantes. Aux habitudes de travail qu'allègue Jacoby, on pourrait opposer le profond attachement que l'auteur vouait à sa patrie {201) ; et, pour ce qui est du sens qu'il faut donner à ,ca-ra{3,waas,Walbank lui-même reconnaît que le verbe n'implique pas nécessairement que Timée mourut à Athènes. Je crois, du reste, que, parmi les quatre témoignages reproduits ci-dessus, celui qui contient la ( 111t)F.Gr.Hist., Ill, B, 566, Komm., pp. 531-532. (SOO)Op. cit., pp. 388 et 410. ( 201 ) Cf. ci-dessus, nn. 182 et 185.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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citation originale doit être pris en considération avant les trois autres, qui ne sont apparemment que des variantes de celle-ci. L'auteur y emploie le verbe 8ia-rpli/,a,. D'autre part, Timée, qui avait le souci d'une information précise (202 ), pouvait-il se dispenser d'une enquête en Sicile et en Italie pour écrire l'histoire d' Agathocle et de Pyrrhos (203 ) ? Sans doute Polybe (204 ) lui reproche-t-il sa méthode livresque (f3if3ÀiaK~ ;,,,), mais la critique vaut surtout pour les Histoires et, même dans ce cas, elle ne doit pas être prise à la lettre : pendant son séjour à Athènes, il visita, croit-on, Corinthe, Thèbes, Delphes et au moins l'une des deux Locres (205 ). Pour ce qui est de l'histoire contemporaine de la Grande-Grèce - Walbank le constate aussi -, les bibliothèques d'Athènes ne pouvaient être d'aucune utilité et, selon toute vraisemblance, un voyage sur les lieux de l'action s'imposait. Cette présomption est d'ailleurs confirmée par Denys d'Halicarnasse, qui assure que Timée s'informa personnellement auprès des habitants de Lanuvium au sujet de leurs Pénates (206 ). Il n'y a aucune raison de mettre ce témoignage en doute, comme le fait Jacoby (207 ). Je m'en tiens donc à l'opinion commune qui admet le retour de Timée en Sicile et, à tout le moins, un voyage d'information en Italie Centrale (208).

F.Gr.Hist., III, B, 566, T 9b-12. De l'affirmation de PLUTARQUE,Moralia, 605c ( = T 4c) : • Timée de Tauroménion composa ses Histoires à Athènes », il ne résulte pas que l'auteur y rédigea également son histoire d'Agathocle et celle de Pyrrhos. ( 104 ) XII, 25h, 3 ( = T 19) ; voir aussi les textes de Polybe cités pp. 65-66. ( 106 ) POLYBE, XII, 9, 2 (= F.Gr.Hist., III, B, 566, F 12). ( 206 ) Antiquités Romaines, I, 67, 4 ( F 59) : 11u8Éa8a1 llÈ ail-ros-raiiTa 11apà -rwv •111xwpu»v. ' ' 187 ( ) F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., pp. 532-533. P. PÉDECH, op. cit., p. 134, qui ne partage pas le scepticisme de Jacoby, remarque fort justement que, si Timée avait consulté les habitants de Lanuvium hors de leur pays, l'auteur aurait employé un terme comme à.110871µ.oiiv-r•~ ou un synonyme, et non l111xwp101. ( 808 ) L'hypothèse d'autres voyages en Occident a également été formulée : cf. F. JAC0BY, op. cit., pp. 532-533, et P. PÉDECH, op. cit., p. 134. Timée est-il resté à Athènes durant plus de cinquante ans ? Selon E. MANN!, Timeo e Duride ela storia di Agatocle, dans Kôkalos, 6 (1960), p. 170, n. 7, l'emploi de l'aoriste ll,a-rpbf,as,indiquant que l'action est achevée, suggérerait que l'exil était terminé. Cette opinion a également été défendue par KI. MEISTER,op. cit., pp. 57-59. En raison de l'âge que Timée devait avoir à ce moment et pour son enquête probable en Grande-Grèce, il n'est pas vraisemblable qu'il ait prolongé son séjour outre mesure. Polybe n'aurait du reste pas manqué de lui reprocher une à.opaala plus longue encore que celle qu'il avoue. (I0 1 )

( 203 )

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LES GALATES EN GRÈCE

Il pourrait paraître singulier de se demander si Timée résidait à Athènes au moment de l'invasion des Galates (280-278), alors

que l'on situe traditionnellement son exil entre les années 317 / 310 et 266 /263 (209). Ces dates, il est vrai, sont hypothétiques, et, en les remettant en question, Tr. S. Brown (210) a proposé une interprétation toute différente, qui permettrait de supposer que le Tauroménite avait quitté la Grèce avant l'arrivée des Barbares. L'historien américain soutient, en effet, que Timée, étant jeune étudiant, se trouvait à Athènes au moment où lui fut officiellement notifié son bannissement de Sicile. À l'appui de sa thèse, que n'infirment pas les textes cités plus haut, il verse les arguments suivants :

r. Si le fils d' Andromachos était tombé vivant entre les mains d' Agathocle, il n'aurait pas été banni, mais supprimé. 2. Il n'est pas vraisemblable que le fervent patriote qu'était Timée ait différé son retour jusqu'en 266 /263, alors que celui qui l'avait expulsé était mort en 289. 3. L'inexpérience politique et militaire que Polybe (111) reproche à Timée s'explique par le fait qu'il fut surpris par le décret d'exil au cours de ses études à Athènes. 4. Des indices relevés dans les fragments tendent à prouver que Timée se trouvait à Athènes une vingtaine d'années avant la date la plus haute que l'on assigne à son exil: - Timée critique l'assurance d'Aristote, qui écrit comme s'il était« un des généraux venant de battre (apTi VEVLK1JKOTa) les Perses aux Portes de Cilicie en bataille rangée» (212). Comparaison surprenante, qui suggérerait une époque proche de la victoire d'Issos (333), et peut-être antérieure à celle de Gaugaméla (331). - Timée reproche à Callisthène d'avoir flatté et corrompu Alexandre (213 ) : le ton de la critique serait caractéristique

(IO') Voir ci-dessus, p. 65. (110)Op. cil., pp. 6-10. ( 111) C'est le thème dominant du livre XII. Voir, entre autres, les textes de Polybe cités pp. 65-66, et C1ctRON,De l'orateur, II, 55(8) ( = F.Gr.Hist., III, B, 566, T 20). ( 111) POLYBE, XII, 8, 3 (= F.Gr.Hist., III, B, 566, F 156). ( 111 ) POLYBE, XII, 12b (= F 155).

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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des années qui ont immédiatement suivi la mort du conquérant. - Les accusations que Timée lance contre Démocharès (214 ) seraient fondées sur une connaissance personnelle des affaires athéniennes (216). Brown conclut que Timée arriva à Athènes entre 339-329 et qu'il retourna en Sicile après la mort d' Agathocle, entre 289-279. Bien que l'argumentation ne soit pas toujours convaincante on pourrait considérer, en effet, que certains souvenirs de Timée, remontant à l'époque de ses études à Athènes, sont antérieurs à son bannissement -, l'hypothèse n'est pas invraisemblable (216 ). Elle implique, si on l'accepte, que Timée avait quitté la Grèce au moment où les Athéniens marchaient contre l'envahisseur. Je serais tenté d'ajouter qu'il émigra peut-être à l'annonce du péril galate, mais je crois que le point de vue de Brown se défend mieux si l'on date le départ de Timée des premières années qui ont suivi (11') POLYBE,XII, 13 ( = F 35).

A ces trois indices, P. PÉDECH,op. cit., p. 80, en ajoute un autre encore à propos du reproche que Timée adresse à Aristote d'avoir fermé «récemment» (d.p-rlws)le cabinet médical de son père Nicomachos (POLYBE, XII, 8, 3 = F 156). « Il faut donc supposer, écrit-il, que Nicomachos mourut ou cessa d'exercer sa profession peu d'années auparavant (sa longévité n'aurait rien eu d'extraordinaire ... ) et que son fils ne voulut pas prendre sa place. Il s'ensuit que Timée écrivait ces lignes entre 333, date de la bataille d'lssos, et 322 » (mort d'Aristote). F. W. WALBANK, op. cit., pp. 343-344, n'admet pas cette interprétation, estimant que Timée s'inspire ici d'une critique lancée par Épicure. L'allusion de Polybe est trop fugace, me semble-t-il, pour que l'on puisse en définir l'origine avec certitude. ( 118) L'hypothèse est admise par P. PÉDECH,op. cit., p. 127, qui la trouve «séduisante». Arn. D. M0MIGLIAN0,op. cit., pp. 25-26, la tient pour • una scappatoia che serve a poco ». R. LAQUEUR,dans le compte rendu du livre de Brown, Historische Zeitschrift, 188 (1959), pp. 342-346, défend la thèse traditionnelle, qu'il soutenait déjà, en 1936, dans l'article de la R.-Enc. cité n. 181, alléguant l'exemple des patriotes allemands, qui sont rentrés au pays longtemps après la mort de leurs persécuteurs ou qui sont restés définitivement à l'étranger. F. W. WALBANK, d'autre part, dans un compte rendu publié dans The English Histol'ical Review, 74 (1959), pp. 333-334, considère le point de vue de Brown comme excessif (« this seems forced ») et s'en tient à la même appréciation dans son Commentaire de Polybe déjà cité (p. 353), avec cette réserve néanmoins qu'en raison de son inexpérience politique et militaire, Timée dut arriver assez tôt à Athènes (pp. 388 et 395). Cf. aussi F. W. WALBANK,The Historians of Greek Sicily, dans K6kalos, 14-15 (1968-1969), pp. 481-483. Enfin, la thèse de Brown a également été critiquée par KI. MEISTER,op. cit., pp. 53-57, qui date l'exil de 315-265 env. ( 116 )

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LES GALATES EN GRÈCE

la mort d' Agathocle. Quoi qu'il en soit, il serait hasardeux d'affirmer de façon péremptoire que l'exilé a assisté à l'invasion et qu'il en a présenté la version athénienne dans son œuvre (217 ). Il est possible que, loin d'Athènes, il n'ait eu connaissance des événements que par les rapports de témoins oculaires ou par les récits d'historiens. b) L' œuvre de Timée contenait-elleun récit de l'invasion ?

Si l'on admet que la tradition relative au raid des Galates dérive, en tout ou en partie, de Timée, le récit de l'invasion devait figurer soit dans les Histoires, soit dans la monographie sur Pyrrhos. Comme les deux hypothèses ont été formulées, examinons-les l'une après l'autre. I. Les Histoires de Timée, communément appelées Sikelika, couvraient une période s'étendant des origines à 289 (218). Diodore précise, en effet, que les cinq derniers livres de l'ouvrage étaient consacrés à la tyrannie d' Agathocle (219), et son témoignage concorde avec celui de Polybe (220). Il est donc nécessaire de supposer que, si l'auteur avait évoqué l'expédition des Galates (280-278), ce serait au cours d'une digression. Selon M. Segrè {221 ), l'excursus ethnographique, qui précédait vraisemblablement l'exposé des invasions d'Italie, fournissait à Timée l'occasion de raconter le raid sur la Macédoine et la Grèce. R. Laqueur (222 ) ajoute, en se fondant sur la notice de Suidas, que la grande œuvre du Tauroménite traitait non seulement de la Sicile et de

( 117 ) Affirmation plus d'une fois répétée: cf. Ulr. VONWILAMOWITZ-MOELLEN• DORFF,Antigonos von Karystos, dans Philologische Untersuchungen, 4 (Berlin, 1881), p. 223, n. 44; H. HITZIG-H. BLUEMNER,Pausaniae Graeciae Descriptio, III, 2 (Leipzig, 1910), pp. 739-740; W. Sc. FERGUSON,Hellenistic Athens. An Historical Essay (Londres, 1911), p. 464; M. SEGRÈ, La più antica tradizione sull' invasione gallica in M acedonia e in Grecia (280 /79 a.Cr.), dans Historia. Studi storici per l'Antichità classica, I, 4 (1927), pp. 24 et 34. ( 118 ) Voir p. 63, n. 189. (211 ) DIODORE, XXI, 17, 3 ( = F.Gr.Hist., III, B, 566, T 8) : Tàs taxa.Tas Tfjs a,wra.{Ews Ë {Jt{J>.ous ... Ko.8' &s 'll'Eplft>.T/.lous .,p&.[us. Agathocle demeura au pouvoir durant 28 ans et mourut en 289, à l'âge de 72 ans (DIODORE, XXI, 16, 5 = F 123a; JusTIN, XXIII, 2, 6-12). ( 190) XII, 15, 2 ( = F.Gr.Hist., III, B, 566, F 124b) : ;.,; Ko.To.aTpo.ris laToplo.srialyEyovÉvo.tTv •Ayo.8oKÀÉo.etc. ( 111) La fonte di Pausania per la storia dei Diadochi, dans Historia. Studi slorici per l'Antichità classica, II, 6 (1928), p. 220, n. 12. ( 111) Voir ci-dessus, pp. 36-37.

1

LES SOURCES RELATIVES À L INVASION DES GALATES

71

l'Italie, mais aussi de questions relatives à l'histoire de la Grèce, au nombre desquelles il faudrait compter l'invasion des Galates. Afin d'apprécier le degré de probabilité de cette hypothèse, examinons les raisons qui pourraient empêcher d'attribuer à Timée un récit de l'incursion barbare. Elles sont au nombre de trois : la date de l' œuvre, son sujet, la nature de la digression. I. Timée composa à Athènes la partie de ses Histoires (livres 1-33) qui contenait, croit-on, une digression sur les Celtes d'Orient. La mention des cinquante années d'exil figure, en effet, au livre 34, le premier des cinq consacrés à Agathocle. Admet-on la thèse de Brown ? La discussion est close ipso facto : les 33 livres des Histoires étaient publiés avant l'arrivée des envahisseurs. Toutefois, puisqu'il subsiste un doute, envisageons également la possibilité que la période de cinquante années s'achève vers 266-263 (223 ). Timée aurait alors écrit l'histoire d' Agathocle et celle de Pyrrhos dans le courant de ses dernières années, entre 266-263 et 260-250 (224 ), à moins que la mention de l'exil, au livre 34, n'appartienne à une préface qui, rédigée après coup, coiffait le groupe des cinq derniers livres (226 ). Dans ces conditions, les Histoires (livres 1-34 et peut-être 34-38) seraient antérieures à 266-263, et Timée aurait eu tout loisir de raconter l'invasion. Je n'alléguerai pas que Callimaque ou Lycophron utilisaient déjà l'œuvre du Tauroménite avant ou peu après l'arrivée des envahisseurs (226 ). Quand bien même il serait ( 123 )

Voir ci-dessus, p. 65. de Timée s'achève en 265 /264 ou en 264 /263 (voir p. 63). La date de sa mort n'est pas connue. ( 126 ) La mention, au livre 34, des cinquante années d'exil ne peut permettre d'affirmer sans nuance que l'histoire d' Agathocle est postérieure à 266-263 ; elle ne fournit pas l'indiscutable terminus post quem que pose E. MANNl, Timeo e Duride e la storia di Agatocle, dans Kr5kalos, 6 (1960), pp. 170-171 ; et Licofrone, Callimaco, Timeo, dans K6kalos, 7 (1961), p. 14. Par contre, elle n'infirme pas la possibilité d'un voyage de Timée en Grande-Grèce, comme nous l'avons admis sur la foi de Denys d'Halicarnasse (voir p. 67) : même si la monographie sur Agathocle était achevée, l'auteur a pu entreprendre son voyage pour enquêter sur les campagnes de Pyrrhos. ( 118) Nombreux sont les modernes qui soutiennent que Timée constitue la source de Callimaque pour l'histoire de la Sicile et celle de Lycophron pour les passages de !'Alexandra relatifs à l'Occident: à la bibliographie de F. JAc0BY, III, B. 566, Noten, p. 317, n. 72b, et p. 319, n. 82, complétée par E. MANNl, Licofrone, Callimaco, Timeo, dans K6kalos, 7 (1961), p. 3, n. 2, ajouter: Arn. D. MoMlGLlANO,op. cit., pp. 47-48 (Lycophron) et 49-50 (Callimaque) ; Alb. LESKY, A History of Greek Literature (Londres, ze éd. traduite en langue anglaise, (22') L'œuvre

72

LES GALATES EN GRÈCE

certain - ce qui n'est pas (127) - que ces poètes ont puisé aux Histoires, l'obstacle chronologique ne serait pas, pour autant, insurmontable, puisqu'une œuvre de si longue haleine a pu être publiée par tranches successives tout au long du séjour à Athènes (HB). 2. Quant au sujet des Histoires, Polybe, par deux fois, l'a défini en ces termes :

XII, 23, 7 (= F.Gr.Hist., III, B, 566, F II9a) : aÙTos v1rip 'lTaÀlas µ,6vov Kat l:,KeÀlas 1rpayµ,aTev6µ,evos ... « Lui (se. Timée),

1:-\ 0E

qui ne traite

que de l'Italie

et de la Sicile ... »

XXXIX, 8, 4 (= F.Gr.Hist., III, B, 566, T 6b): Èm8paµ,6vTes ,L .. \ 1:-' ' ' 'l 'Ta./\tav .\ KE.,,a./\atwows Tas Ka'Ta 7"T/V Kat ""'KEl\taVKat A ' f3V'T}V I

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« Nous avons parcouru Sicile et de Libye, puisque, fait l'histoire ... »

sommairement les affaires d'Italie, de de ces seuls lieux, lui aussi (se. Timée) a

1966), p. 744 ; et G. CAPOVlLLA,Callimaco, II (Rome, 1967), p. 506. Pour ce qui est de Callimaque, la trace du Tauroménite serait particulièrement marquante dans les Aitia - cf., entre autres, les fr. 12, 46, 47, 64, 96 et, d'une manière géné· raie, l'index (s.u. Tlµa,os) de R. PFEIFFER, Callimachus, I: Fragmenta (Oxford, 1949) -, œuvre que l'on date approximativement de 275-270 et parfois même de 280-275 : cf. R. PFEIFFER, Callimachus, II : Hymni et Epigrammata (Oxford, 1953), p. XLII (vers 275) ; G. CAPOVILLA, op. cil., I, p. 432 (vers 275 /274) ; Ém. CAHEN,Callimaque. Texte établi et traduit, dans Coll. des Universités de France (Paris, 4e éd., 1953), pp. 13-14 (vers 280-275 et, au plus tard, vers 275-270) ; et A. RosTAGNI, Scritti minori, II, 1 (Turin, 1956), p. 200 (vers 280, pour une partie, au moins, de l'œuvre). L'Aiexandra, d'autre part, aurait été écrite vers 300-290 selon Ulr. VON WILAMOWITZ-MOELLENDORFF, De Lycophronis Alexandra (Greifswald, 1883), pp .10-11 ; et Hellenistische Dichtung in der Zeit des Kallimachos, II (Berlin, 1924), pp. 146-147; d'autres auteurs lui assignent la première moitié du 3e siècle. Mais ces dates font l'objet de controverses : voir, en dernier lieu, André HuRST, Sur la date de Lycophron, dans Mélanges P. Collart (Lausanne, 1976), pp. 231-235. ( 117 ) L'hypothèse de F. JACOBY,F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., p. 528, selon laquelle des savants tels que Lycophron et Callimaque ont pu puiser leur matériel ethnographique et géographique à des sources du 4 • siècle, a été reprise, dans deux études, par E. MANNI,Licofrone, Callimaco, Timeo, dans Kôkalos, 7 (1961), pp. 3-14; et Le Locridi nella letteratura del III sec. a.C., dans Miscellanea di studi alessandrini in memoria di A. Rostagni (Turin, 1963), pp. 166-179. ( 118 ) Les circonstances de la publication sont inconnues. Cf. F. JACOBY, F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., p. 531 et ci-dessous, n. 237.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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À prendre ces textes à la lettre, il serait permis d'affirmer qu'un récit de l'invasion ne pouvait s'insérer dans une œuvre strictement limitée à l'Occident. Mais ce témoignage d'un sévère critique de Timée pourrait n'être qu'une« absichtliche Verkleinerung » ( 229), à moins que autre possibilité - Polybe n'envisage ici que le contenu essentiel de l'ouvrage, sans tenir compte des cinq premiers livres, qui, croit-on (230 ), renfermaient une ample introduction géographique, ethnographique et mythographique. Il y a aussi la notice de Suidas (s.u. Ttµ,aios), qui circonscrit le sujet des Histoires de la façon suivante (231 ) : ÉypaipEv 'l-ra.ÀiKà KaL l:tKEÀtKà Èv {3,{3>.to,s /A>rj·'EM,,,viKà KaL l:tKEÀLKa.Texte énigmatique, qui a fait l'objet de diverses interprétations et conjectures. S'agit-il des parties constitutives de l'œuvre comme d'aucuns le supposent (232 ) ? Ou bien faut-il admettre qu'une glose s'est introduite dans la notice ? Dans ce cas, F. Jacoby préférerait maintenir 'EM,,,viKà KaL l:tKEÀLKaplutôt que 'l-ra.ÀtKà KaL l:tKEÀtKa (233 ). Il apparaît pourtant que le témoignage de Polybe, cité plus haut, confirme plutôt l'inverse. Je ne crois pas, du reste, qu'une correction s'impose, puisque l'appellation 'EM.,,viKà Ka, l:iKEÀiKapeut convenir à l' œuvre, dans la mesure où les événements de Sicile ou d'Italie s'imbriquent parfois dans l'histoire de la Grèce (exemple: la guerre du Péloponnèse et l'expédition de Nicias). Lorsque ce rapport existe, une digression relative à la Grèce se justifie parfaitement (234 ). Il est difficile d'admettre, ( 129 ) W. VONCHRIST- W. ScHMID - Otto STAEHLIN,Geschichte der griechischen Literatur, II, 1, dans Handbuch der Altertumswissenschaft, VII (Munich, 6 8 éd., 1920), p. 219, n. 6. ( 230 ) F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., pp. 540-543 ; Arn. D. M0MIGLIANO, op. cit., p. 39. ( 231 ) F.Gr.Hist., III, B, 566, T 1. ( 131 ) F. jAC0BY, F.Gr.Hist., III, B, 566, Noten, p. 322, n. 126, passe en revue les hypothèses qui ont été formulées à propos de la notice et rejette la possibilité d'une atlv-ra{,s en huit livres (nombre que donnent les manuscrits) en invoquant le témoignage de Polybe (XII, 26d, 4 = T 7). G. DE SANCTIS,op. cit., pp. 45-46, suppose que la première partie en huit livres n'était pas seulement consacrée à la Sicile et à l'Italie, mais aussi aux peuples d'Occident (cf. POLYBE, XII, 28a, 3 = F 7). P. M. DuvAL, La Gaule jusqu'au milieu du V• siècle, dans Les sources de l'histoire de France, I (Paris, 1971), p. 203, divise les Histoires en deux parties d'après Suidas. ( 138 ) F.Gr.Hist., III, B, 566, Komm., p. 539. ( 1 3') En constatant que, parmi les quelque cent soixante fragments de Timée, rares sont ceux qui évoquent des événements survenus en Grèce, F. jACOBY,op. cit., Noten, p. 318, n. 76, et G. DE SANCTIS,op. cit., p. 46, apprécient peut-être moins le contenu de l'œuvre que le choix des citateurs.

74

LES GALATES EN GRÈCE

convenons-en, que l'histoire de la Grande-Grèce, antérieure à Agathocle, ait pu fournir quelque occasion de raconter l'invasion des Galates, puisque celle-ci concerne la péninsule balkanique et l'Asie Mineure. L'émigration des Celtes en Italie pouvait suggérer un rapprochement avec la mère patrie. Mais on ne sait si Timée l'évoquait dans son œuvre (236 ). 3. La digression sur l'invasion des Galates pouvait-elle s'insérer dans l'exposé introductif - une 1rpoKa-raaKtv~ en cinq livres - consacré à la géographie, l'ethnographie et la mythographie de l'Occident (288 ) ? Ce serait impossible, si l'on admet que Timée a publié ses Histoires au fur et à mesure de leur rédaction et dans l'ordre des livres : son introduction, si vaste soitelle, devait être achevée après plus de trente ans de séjour à Athènes (237 ). Toutefois, étant donné que les circonstances de la rédaction et de la publication nous sont inconnues, il faut se garder de conclure. Une addition ou un remaniement ultérieurs ne sont pas à rejeter. Ad. Schmidt a prétendu que la tradition historique relative à l'invasion remonte au Tà 1rtp, Ilvppov de Timée (238 ), alléguant qu'une large tranche de la vie de Pyrrhos se confond avec l'histoire de la Grèce. M. Segrè (239 ), qui a momentanément partagé le même point de vue, a ajouté qu'un exposé de l'incursion devait expliquer qu'au retour de Pyrrhos, un grand nombre de Galates servaient dans les armées grecques et macédoniennes.

( 181) R. LAQUEUR, op. cil., col. u48, attribue à Timée le récit de l'invasion des Celtes en Italie et de la prise de Rome qu'a transmis Diodore (XIV, 113u6). F. JACOBY, op. cil., Nolen, p. 320, n. 82a, émet des réserves sur cette hypothèse. ( 181 ) Selon F. JACOBY, F.Gr.Hisl., III, B, 566, I>Je crois que, dans ce passage, la progression t n'b Ue pas a/V\ TJw/ 1rapa V7JOV ••• TJv,/0€ 1rapa Tpt1TOO€UULV €/UW ne COn seulement à accroître l'intensité dramatique de la prédiction : elle exprime vraisemblablement, sous une forme édulcorée, la réalité des faits que d'autres indices nous ont permis d'entrevoir. '\

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Pour conclure, constatons que le décret de Cos, les décrets d'acceptation des Sôtéria et la tradition transmise par Diodore, Justin et Pausanias ne prouvent pas que le sanctuaire de Delphes a été sauvé sans subir le moindre dommage. Ils attestent, ni plus ni moins, qu'au lendemain de la guerre, les Grecs ont cru à cette version des événements. S'il est vrai que le temple ne fut pas, de fond en comble, mis à sac par les envahisseurs, il demeure néanmoins probable que les 4.000 défenseurs grecs ne purent empêcher les 65.000 assaillants (338 ) - avec toutes les réserves qu'appellent ces estimations d'effectifs - de prendre pied momentanément dans l'enceinte sacrée et de commettre leur sacrilège. La victoire finale suffisait à proclamer que le « sanctuaire commun de tous les Grecs>>avait été préservé.

2. La lé~ende du sac de Delphes Il existe deux traditions relatives au pillage du sanctuaire d'Apollon : à l'une se réfèrent quelques historiens de la fin de la République et de l'époque impériale; l'autre est représentée par une série de monuments figurés, d'origine étrusque ou italique.

(33 7)

Hymnes, IV, 181-185 (trad.

France). (388) JUSTIN,

XXIV, 7, 9.

Ém. CAHEN, Coll. des Universités

de

IOO

LES GALATES EN GRÈCE

Les allusions au sac du temple quel' on trouve chez Diodore (839), Tite-Live (840 ), Valère Maxime (SU), Dion Cassius (842 ) et d'autres {348 ) sont de lointains échos, à ce qu'il semble, de la polémique que souleva l'origine de l'or volé à Toulouse par le consul Q. Servilius Cépion en ro6. Elles sont, en tout cas, postérieures à cette controverse, qui, dans la première moitié du rer siècle avant notre ère, passionna Rome au point que l'aurum Tolosanum devint proverbial (344 ). Timagène, pour sa part, prétendait que l'or tolosate provenait du butin que les Tectosages avaient ramené de Delphes en Gaule Celtique. Posidonios rejetait cette explication, alléguant, entre autres raisons, le fait que le sanctuaire grec, pillé déjà par les Phocidiens, ne pouvait contenir des richesses aussi considérables. Les thèses que défendaient les deux historiens ont été exposées par Strabon (346 ), qui opte pour la seconde. Il y a, d'autre part, un certain nombre de monuments étruscoitaliques des 3°-2° siècles (urnes étrusques, céramique de Calès, frise de Civita Alba) qui représentent une celtomachie à l'intérieur d'un sanctuaire (346 ). Les Celtes, facilement reconnaissables à leur tenue et à leurs armes, sont mis en déroute par des divinités au moment où ils tentaient d'emporter de riches objets de culte. S'agit-il du pillage du grand manteion de Delphes, comme on le

( 389 ) DIODORE,V, 32, 5 : O~TOI yap ,luiv ol T~V µ.Èv'Pwµ.1JVi>.ov-r•s.TO 6È l,pov Cette mention est extraite de la description des mœurs -roJv il,>.tf,oisu11>.,îuav-r,a-ra, -ràvàywva -ràv-rwv .EwrYJplwv-r,Olva, -rw, J,1[, -r]w, .Ewrijp, Kat -rw, 'À?TÔÀÀwv,-rw, llvOlw, (422). Il n'y a par conséquent aucune raison de croire que le Didymeion de Milet permette de mieux expliquer les scènes qui figurent sur les monuments. Quant à l' Artémision d'Éphèse, auquel on pourrait songer également, il ne fournit pas non plus - M. Segrè l'a montré (423 ) - la solution du problème. En raison de la variété des styles, en raison de la multiplicité et de la diversité des scènes représentées, il me paraît évident que les coupes, les urnes et la frise ne peuvent dériver directement d'un modèle unique. Loin de copier une œuvre célèbre de Grèce ou d'Asie Mineure (424 ), les artistes ont exploité, à leur manière, (' 20)

Inscriptions

ci-dessus mentionnées,

nn. 417-419.

(m) Sur le culte d'Artémis, de Létô et d'Athéna à Delphes, voir : H. PoMTOW,

Die J(ultstiitten der « anderen Gotter » von Delphi, dans Philologus, 71 (1912), pp. 51-53; et G. Roux, Delphi. Orakel und Kultstatten (Munich, 1971), pp. 171-174. (Hl) Actes, 21, li. 8-9 (décret d'Athènes). Le même texte est reproduit dans les décrets de Ténos et d'une Cyclade non identifiée (Actes, 23, li. 5-7, et 24, JI. 3-4). Le nom du dieu est restitué dans le décret d'Abdère (Actes, 26, JI. 12-13). (' 13 ) Voir ci-dessus, n. 416. ( 414 ) Quand bien même existerait un original grec pour certaines de nos œuvres, nous ne pourrions l'entrevoir qu'à travers une adaptation plus ou moins déformée. Ce ne serait qu'• un écho de seconde main qui s'effectue sur la base de

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

II9

le thème de la déroute des Celtes qui était répandu dans le monde grec et était entré dans le répertoire courant de l'art décoratif. Qu'ils aient traité ce sujet d'une façon à la fois personnelle et conforme aux traditions locales paraît clairement indiqué par le syncrétisme des trois types de monuments. D'après les analyses de style qui ont été brièvement évoquées ci-dessus (425), il est clair que les monuments figurés, considérés dans leur ensemble, expriment des tendances stylistiques d'origines diverses. D'aucuns ont dégagé des influences étrusques (schémas de composition) ou italiques (traitement du nu), d'autres ont insisté sur les rapprochements avec l'art grec (peinture ou métaux ouvragés) et l'art pergaménien (enchevêtrement des corps, compositions symétriques) (426 ). Il n'est pas exclu non plus que les artistes étrusques et italiques puissent avoir créé eux-mêmes certaines œuvres ou combiné des modèles pour représenter des scènes nouvelles : la frise de Civita Alba, par exemple, l'urne de Volterra (n° 427) ou celle de Pérouse (Villa Monti, n° 15) portent la marque d'une originalité et d'une maîtrise particulièrement vigoureuses (427 ). I.

SYNCRÉTISME

ARTISTIQUE.

dessins, de vignettes ou d'images dont (l'artiste) est tributaire, (Cl. LAVIOSA, op. cit., p. 26). Un artiste peut, à coup silr, avoir vu les monuments de Delphes ou de Pergame au cours d'un voyage. En raison du caractère courant, artisanal parfois, des urnes et des coupes, il ne conviendrait pas d'ériger ce cas en règle générale. ( 416 ) Voir pp. II4-u5. (' 11) En ce qui concerne l'influence de l'art pergaménien sur les urnes et sur la frise, voir, outre les travaux mentionnés pp. u4-115: P.J. Rns, An Introduction to Etruscan Art (Copenhague, 1953), pp. 108-109; T. DoHRN, Pergamenisches in Etrurien, dans M itteilungen des deutschen archaologischen Instituts. Rômische Abteilung, 68 (1961), pp. 1-8 (et en particulier pp. 6-7); et Cl. LAVIOSA, op. cit., pp. 25-28. Pour ce qui est des coupes caléniennes, cette influence, bien que moins nette, apparait néanmoins dans certains schémas de composition. Ainsi, par exemple, l' Artémis qui figure sur les coupes et l' Artémis de la frise est de l'autel de Pergame ont même allure et même tenue: cf., d'une part, R. PAGENSTECHER,op. cit., pp. 48-49 et figg. 27-28 ; et, d'autre part, H. KAEHLER, Der

grosse Fries von Pergamon. Untersuchungen zur Kunstgeschichte und Geschichte Pergamons (Berlin, 1948), pl. 7 = Ev. SCHMIDT,Le grand autel de Pergame (Leipzig, 1962), pli. 15 et 55. (m) L'originalité et les qualités de ces œuvres ont été plus d'une fois appréciées. Urne de Volterra: cf. P. DucATI, op. cit., I, p. 551 ; et Cl. LAVI0SA,op. cit., pp. 138-141. Urne de Pérouse: cf. G. DAREGGI,op. cit., pp. 470-471. Frise de Civita Alba: cf. Arv. ANDRÈN,op. cit., pp. 307-308; et Fr. MESSERSCHMIDT, compte rendu de l'ouvrage d' Arv. Andrèn, dans Gi!ttingische Gelehrle Anzeigen, 203 (1941), p. 191.

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LESGALATES EN GRÈCE

2. SYNCRÉTISME RELIGIEUX. Les divinités'qui provoquent la déroute des Celtes ne sont pas toutes d'origine grecque. Les Furies ailées, qui figurent sur de nombreuses urnes, ainsi que les chevaux ailés, appartiennent typiquement au monde infernal des Étrusques (' 118). M. Segrè (09 ) a, en outre, proposé de reconnaître Charun sur l'urne du British Museum. Si l'on accepte cette identification, le second personnage, barbu lui aussi, luttant aux côtés de Charun, pourrait être Tuchulcha (' 30). Ce démon de la mort fait précisément pendant à Charun sur la face latérale d'un sarcophage de Tarquinia, qui représente, au registre principal, une sanglante scène de chasse (m). Tous deux sont vêtus là d'une courte tunique, semblable à celle qu'ils portent sur l'urne du British Museum. L'hypothèse, il est vrai, importe peu à notre propos. Les Furies seules suffisent à prouver que le thème du sacrilège des Celtes a été assimilé par les artistes d'Étrurie et adapté aux traditions religieuses locales. De même, il est vraisemblable que les coroplastes de Calès ont exploité de préférence l'intervention de la Chasseresse en raison

(" 1) Sur les Furies étrusques, voir Fr. DE RuvT, Charun. Démon étrusque de la mOl't (Rome, 1934), pp. 206-209. Remarquons aussi que, sur la frise de Civita Alba, la divinité féminine qui prête son concours à Artémis brandit un flambeau. Il s'agit vraisemblablement, comme l'a relevé M. ZUFFA,op. cit., pp. 286-287, d'une réminiscence de la Furie ailée étrusque, • che è fondamentale elemento della religione etrusco-italica anche se revestita di forme prettamente greche ». Plusieurs auteurs, d'autre part, ont proposé d'identifier cette déesse à Athéna: M. SEGRÈ,Sulle urne etrusche... , p. 140 ; Ch. PICARD,Le guerrier blessé de l'agora des Italiens à Délos, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 56 (1932), p. 515; et la comparaison entre cette figure féminine et l'Athéna de l'autel de Pergame a été esquissée par Arv. ANDRÈN, op. cit., p. 308: cf. H. KAEHLER,op. cit., pl. 3 = Ev. SCHMIDT, op. cit., pll. 7 et 10. (L'allure générale de la déesse de Civita Alba et la mise de ses vêtements ne permettent guère de rapprocher son image de celle de la Utô pergaménienne.) Le syncrétisme serait donc ici à la fois religieux et artistique. ('") Sulle urne etrusche ... , p. 140. Le loup funéraire que M. Segrè a proposé de reconnaître sur l'urne de Volterra n° 259 n'est autre que le chien d'Artémis. Voir ci-dessus, p. 108, n. 379. (' 80) Cf. Fr. DE RuYT, op.cit., pp. 218-220, et J. THIMME,op. cit., pp. 142-145. A propos des représentations de Charun et de Tuchulcha sur les urnes, R. HER· BIG,op. cit., p. 105, remarque:« Die Anwesenheit eines solchen Damons im Bilde erfftllt die Sphli.re vom Scheiden und Sterben sogleich mit einer Stimmung beklemmender Angst, die allen griechischen Welten fern ist. • ( 01 ) R. HERBIG,op. cit., pp. 52-53, n° 96 et pl. 7, 96b. Cf. le commentaire de Fr. DE RUYT, op. cit., p. 54.

LESSOURCES RELATIVES À L'INVASION DESGALATES

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de l'importance du culte d'Artémis en Italie méridionale et, plus particulièrement, dans la région de Capoue (432 ). 3. SYNCRÉTISME HISTORIQUE.Un examen rapide de la documentation archéologique permet de constater que l'armement des guerriers ne présente aucune unité : du côté des défenseurs du sanctuaire, des rapprochements sont possibles avec les armes des Grecs, des Asiatiques et des Étrusques ; du côté des sacrilèges, l'équipement est tantôt celui des Celtes d'Occident, tantôt celui des Celtes d'Asie (433 ). Cette confusion prend plus de signification qu'il n'y paraît, si l'on ne perd pas de vue que les artistes qui ont exécuté les urnes, les coupes et la frise ont vécu dans un milieu où les Celtes étaient loin d'être inconnus. Ne parlons pas des Étrusques, qui, durant des siècles, dans la guerre comme dans la paix, ont appris à connaître leurs voisins de Celtique Padane. Civita Alba, d'où provient la célèbre frise, est située en Ombrie, dans le pays des Sénons (484 ), et, non loin de la bourgade, en 295 avant notre ère, eut lieu la bataille de Sentinum, livrée victorieusement par les Romains contre une coalition de Samnites, d'Étrusques, d'Ombriens et de Gaulois ('u). Enfin, dans les ( 01 ) Sur le culte de la Diane italique en Campanie et son assimilation à Artémis, cf. J. HEURGON, Recherches sur l'histoire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine des origines à la deuxième guerre punique (Paris, 1942), pp. 299329 ; et G. RADKE, Die Gl!tter Altitaliens (Munster, 1965), pp. 104-107 (s.u. Diana). (' 18) Outre les remarques générales de P. ComssIN, op. cit., p. 142, n. l, et de J. D. BEAZLEY,Etruscan Vase-Painting (Oxford, 1947), pp. 97-100, voir, à propos de l'armement offensif et défensif des Celtes, les analyses détaillées de Q. F. MAULE-H. R. W. SMITH, Votive Religion at Caere. Prolegomena, dans University of California Publications in Classical Archaeology, IV, 1 (BerkeleyLos Angeles, 1959), pp. 42-59. Un exemple caractéristique nous est fourni par les chars de guerre des Celtes. Comme le remarque I. M. STEAD, The Celtic Chariot, dans Antiquity, 39 (1965), pp. 264-265, celui qui figure sur la frise de Civita Alba compte « several parallels in non-Celtic contexts », tandis que celui qui décore une face latérale de l'urne de Chiusi n° 752 (cf. p. 111, n. 391), sans parallèle dans l'art hellénistique, rappelle le char des monnaies celtiques. (°') DURIS apud DIODORE, XXI, 6 ( = F.Gr.Hist., Il, A, 76, F 56) ; TITE· LIVE, V, 35. Cf. J. HARMAND,Les Celtes au second dge du Fer (Paris, 1970), p. 40. (' 16 ) TITE-LIVE, X, 27-29. Cf. J.H. CoRBETT, Rome and the Gauls, dans Historia, 20 (1971), pp. 656-664. Soulignant la continuité des guerres entre Celtes et Romains dans le courant des 4• et 38 siècles, S. MAZZARIN0,Il pensiel'o stol'ico classico, II, 1 (Bari, 1966), pp. 284-285, considère que les monuments figurés qui évoquent la déroute des Celtes, et en particulier la frise de Civita Alba, ont

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LES GALATES EN GRÈCE

environs de Calès, que douze kilomètres séparent de Capoue, apparurent en grand nombre les Celtes qui s'étaient enrôlés dans l'armée d'Hannibal. Pendant plusieurs années ils parcoururent l'Italie méridionale et se distinguèrent particulièrement à la bataille de Cannes (436 ). Ces rapports directs avec les Celtes ne rendent pas seulement probable une autopsie des artistes qui, en certains cas, ont reproduit fidèlement les armes des Celtes d'Occident. Ils permettent de mieux comprendre, je crois, les raisons pour lesquelles le Celte a été représenté si souvent dans les productions étruscoitaliques des 3e et 2 8 siècles. Les monuments destinés à commémorer la déroute des Barbares ou à dénoncer leurs sacrilèges ont été exécutés dans des régions qui eurent à pâtir de leur présence explication qui ne vaut pas seulement pour l'Italie, mais aussi pour l'Asie Mineure. Même s'ils s'inspirent de lointains modèles grecs, ils devaient immanquablement suggérer, tant dans le chef des artistes que de leurs compatriotes, de clairs rapprochements avec des événements (guerres ou razzias) qui se déroulèrent en Italie même. Vues sous cet angle, ce sont des œuvres qui, peu ou prou, expriment des traditions historiques locales. Il serait par conséquent faux de croire que la documentation archéologique illustre une page d'histoire de la Grèce. En raison de ce syncrétisme artistique, religieux et historique, en raison aussi de la variété des scènes représentées, il est clair que toute recherche tendant à découvrir le modèle original qui aurait inspiré les œuvres serait vouée à l'échec. Et ce qui est vrai contribué à la formation de la tradition annalistique et, en ponctuant cette continuité, ont apporté un élément essentiel au développement de l'historiographie romaine. Déjà G. DEV0T0, Gli antichi Italici (Florence, 2e éd., 1951), p. 191 (la 3• éd., Florence, 1967, ne m'a pas été accessible) avait remarqué que le thème des Gaulois mis en fuite s'encadrait parfaitement dans le contexte historico-culturel de !'Ombrie des 3•-2e siècles ; et P. J. Rns, op. cit., pp. 108-109, avait également suggéré que la frise de Civita Alba commémorait les défaites des Gaulois en Italie. ('") TITE-LIVE, XXII, 1-2 et passim; sur le rôle des Gaulois à Cannes, cf. POLYBE,III, 107-113 et TITE-LIVE, XXII, 46-49. D'après les reliefs qui décorent les vases de Canosa (Canusium), M. RosTOVTZEFF,Numidian Horsemen on Canosa Vases, dans American joul'nal of Archaeology, 50 (1946), pp. 263-267, a cru déceler les traces, en Italie méridionale, d'un art triomphal qui commémorait la victoire sur Hannibal et qui représentait, entre autres, des Gaulois parmi les adversaires des Romains.

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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pour le prototype des monuments l'est aussi pour le sujet qu'ils traitent. L'interpénétration de traditions d'origines diverses rend, en effet, caduque toute interprétation historique qui, de façon précise, viserait à rendre compte de toutes les images et de tous les éléments décoratifs. Pour ce qui est des celtomachies en général, il est reconnu depuis longtemps qu'elles ne présentent aucune valeur historique et qu'elles développent des thèmes de caractère mythologique (437 ). Dans une étude récente consacrée à ces questions d'interprétation, G. Ach. Mansuelli (438 ) cite notamment la frise de Civita Alba : il lui reconnaît « non diretto significato storico, ma significato puramente allusivo ». Il en va de même, sans aucun doute, pour les urnes et les coupes (U9).

( 07 ) Les observations jadis faites, à ce propos, par S. REINACH,Les Gaulois dans l'art antique et le sarcophage de la Vigne Ammendola, dans Revue Archéologique, 3• série, 13 (1889), pp. 340-352, conservent toute leur valeur. Les celtomachies des sarcophages et des urnes ont été interprétées de la même façon par R. HERBIG, op. cit., pp. 105-106, et, dans un mémoire inédit présenté en 19631964 à !'École française de Rome (résumé dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1964, pp. 227-228), par J. M. DENTZER, Les représentations de batailles sur les urnes et les sarcophages étrusques d'époque hellénistique. ("') / ndividuazione e rappresentazione storica nell' arte etrusca, dans Studi Etruschi, Serie 2, 36 (1968), pp. 14-15. (' 81) Compte tenu de la vive impression que le raid sur Delphes avait dft causer dans le bassin de l'Égée et, ensuite, dans celui de la Méditerranée, je n'ai pas écarté d'emblée la possibilité de déceler une « allusion •• comme dit Mansuelli, à l'expédition de Brennos. Il me semblait, en effet, que l'absence d'Apollon et le rôle d'Artémis, aux côtés de laquelle lutte souvent une seconde déesse (Athéna?), s'expliquaient de façon plausible, si l'on situait certaines scènes de pillage dans le sanctuaire d'Athéna Pronaia à Marmaria. A l'appui de cette hypothèse auraient pu être invoqués les arguments suivants: 1) Marmaria a probablement été pillée par les Galates ; 2) Artémis était associée à Athéna Pronaia dans le sanctuaire de Marmaria (voir J. BOUSQUET,La destination de la Tholos de Delphes, dans Revue Historique, 223 (196o), pp. 289-290; et G. Roux, Pausanias, le• Contre Aristogiton • et les« énigmes de Marmaria • à Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 67 (1965), pp. 37-53) ; 3) Artémis et Athéna sont apparues pour mettre les Celtes en fuite (D1000RE, XXII, 9, 5). Mais les monuments figurés ne se prêtent pas tous avec un égal bonheur à cette interprétation et, d'autre part, le syncrétisme qui marque la plupart de ces œuvres empêche - répétons-le - de déceler avec précision un modèle original. C'est pourquoi je renonce à cette explication pour m'en tenir à celle qui est proposée ci-dessus.

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LES GALATES EN GRÈCE

5. Conclusion L'interprétation historique qui vient d'être esquissée permet, si on l'accepte, de reconstituer avec quelque vraisemblance les étapes de la tradition légendaire du sac de Delphes. Selon toute probabilité, les monuments étrusco-italiques évoquent les expéditions des Celtes en Italie et les défaites que leur ont infligées les Étrusques et les Romains. Les artistes et les artisans ont traité ce thème librement en l'adaptant aux traditions locales: les Étrusques ont vu dans le sacrilège des Celtes une image de la mort, les Campaniens ont voulu, par antithèse, exprimer leur piété, et, à Civita Alba, les Romains ont exalté de la sorte leur propre triomphe sur les Gaulois. Ces œuvres, appréciées surtout dans les régions qui eurent à souffrir des raids celtiques, ont peut-être contribué à accréditer la légende du pillage du grand sanctuaire grec, ou, à tout le moins, se sont prêtées à une déformation historique des faits que les adversaires politiques du consul Servilius Cépion se sont empressés de colporter. Dès ce moment, c'est-à-dire dans les dernières années du Jer siècle avant notre ère et, en particulier, à l'époque du procès de Cépion, l'origine de l'aurum Tolosanum fait l'objet de controverses entre politiciens et entre historiens, mais le sac du sanctuaire d'Apollon est désormais considéré comme un fait. Consignée dans les œuvres de Posidonios, de Tite-Live, de Timagène et d'autres, la légende devient histoire. Cette tradition récente, qui repose sur un lointain fond de vérité, a été transmise par des écrivains postérieurs de deux siècles au raid sur Delphes. Diodore, Justin et Pausanias, dont les récits dérivent indirectement des historiens grecs contemporains des événements, ignorent cette version. Ils ont raconté à leur manière ce que fut l'invasion des Galates en Grèce, et le témoignage plus ou moins tronqué qu'ils ont transmis demeure la source la plus digne de foi dont nous disposions. Est-ce à dire que la rumeur du sac de Delphes ne présente aucun intérêt pour l'historien ? Au contraire, les monuments figurés et la légende qui s'est répandue apportent un complément exceptionnel à la tradition historique. Les polémiques relatives à l'or de Toulouse laissent entendre ce que l'on disait de Delphes dans les rues de Rome à l'époque de Marius et de Sylla. Quant aux monuments, mieux que les livres d'histoire, ils ont entretenu le souvenir des

LES SOURCES RELATIVES À L'INVASION DES GALATES

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malheurs qui s'étaient abattus sur l'Italie au cours des 3e et ze siècles. Et peut-être rappelaient-ils aussi, par association d'idées, la fulgurante expédition de Brennos au cœur de la Grèce, un événement dont la gravité fut comparée à la prise de Rome (440 ). Sans doute les scènes que représentent les œuvres déformentelles les faits historiques, mais l'habit que les artistes et les artisans leur ont donné n'est pas assez lourd pour les déguiser et leur ôter tout intérêt.

("

0)

D1000RE,

V, 3:z, s (cité ci-dessus, p.

100,

n. 339).

CHAPITRE III

L'invasiondes Galatesen Macédoine et en Grèce Jusqu'à la fin du règne de Lysimaque, le « bouclier n de la Macédoine avait été assez solide pour dissuader les Celtes de toute entreprise vers le sud des Balkans (1). Au moment où les tribus celtiques du Danube subissaient, semble-t-il, la pression accrue de nouveaux immigrants (2), Ptolémée Kéraunos, qui venait d'éliminer le dernier des Diadoques, Séleucos, usurpait une ( 1) Sur l'expansion des Celtes dans la vallée du Danube, voir chapitre I•r, pp. 1-14. L'invasion des Galates en Macédoine et en Grèce est évoquée dans toutes les synthèses qui traitent de l'histoire de la Grèce au 3• siècle, ainsi que dans les études relatives aux Celtes et à la civilisation celtique. La plupart des exposés - nous l'avons dit, pp. 15-17 et 87-93 - se fondent de préférence sur le long récit de Pausanias (X, 19, 5-23), reléguant les témoignages de Diodore (XXII, 9) et de Justin (XXIV, 4-8) au rang de « versions plus récentes• (voir pp. 39-49). De cette bibliographie considérable, nous ne retiendrons ici que les travaux les plus généraux, réservant les références plus particulières pour les notes ultérieures: C. WACHSMUTH, Die Niederlage der Kelten vor Delphi, dans Historische Zeitschrift, 10 (1863), pp. 1-18; B. NIESE, Gr. und mak. Staaten, Il (Gotha, 1899), pp. 12-26; S. REINACH,L'attaque de Delphes par les Gaulois, dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1904), pp. 158164; W. W. TARN,Antigonos Gonatas (Oxford, 1913), pp. 139-166 et 439-442; K.]. BELOCH,Gr.G., IV 1 , 1, pp. 558-570 et 2, pp. 485-489; W. W. TARN, The Invasion of the Gauls, dans Cambridge Ancient History, 7 (1928), pp. 101-106; G. CoRRADI,Studi ellenistici (Turin, 1929), pp. 67-74 ; M. CARY,A History of the Greek World from 323 to 146 B.C. (Londres, 1932), pp. 58-63; R. FLACELIÈRE, Ait. à Delphes, pp. 93-n2; P. ]0UGUET,L'impérialisme macédonien et l'hellénisation de l'Orient (Paris, 1937), pp. 205-212; J. G. DROYSEN,Geschichte des Hellenismus, II: Geschichteder Diadochen. Neue durchgesehene Ausgabe, herausg. von E. BAYER (Bâle, 1952), pp. 433-439; P. LÉvtguE, Pyrrhos (Paris, 1957), pp. 554-557; H. BENGTSON,Gr.G', pp. 402-404; Éd. WILL, Hist. pol., I, pp. 8890. Les ouvrages plus particulièrement consacrés aux Celtes et à leur expansion vers l'est sont cités p. 1, n. 1 et p. 95, n. 321. Cf. aussi p. 95, n. 319. ( 1 ) Voir ci-dessus, p. 13.

L'INVASION

DES GALATES EN MACÉDOINE ET EN GRÈCE

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succession difficile en se faisant acclamer roi des Macédoniens (3). Âgé d'environ quarante ans et, à ce qu'on dit (4), aussi impétueux qu'irréfléchi, ce fils de Ptolémée Jer n'avait aucune expérience de la menace constante que les Barbares faisaient peser sur la frontière septentrionale de son royaume. Trop content de se débarrasser d'un compétiteur possible, il avait fourni à Pyrrhos des fantassins, des cavaliers et des éléphants pour l'expédition d'Italie (5). À l'approche des Celtes, rapporte Justin (6), il ne se soucia pas de la faiblesse de ses effectifs et refusa avec dédain l'alliance que lui proposait le roi des Dardaniens, ne lui laissant que le choix de faire cause commune avec les envahisseurs. Une fois l'armée macédonienne enfoncée, les peuples de Grèce centrale ne pouvaient guère espérer un secours d'Asie Mineure, où Antigone Gonatas et Antiochos Jer se faisaient la guerre ( 7), ni non plus attendre une aide des Péloponnésiens, qui s'étaient barricadés derrière l'isthme de Corinthe (8). Phocidiens, Béotiens, Athéniens et surtout Étoliens réunirent leurs forces à la hâte et, dans une guerre de harcèlement, eurent finalement raison des Celtes, qu'ils refoulèrent vers le nord.

( 3) Outre les ouvrages mentionnés n. 1, cf. H. VoLKMANN,Ptolemaios (n° 15), dans P.W., R.-Enc., XXIII, 2 (1959), coll. 1597-1599; et surtout H. HEINEN, Untersuchungen, pp. 50-61. (') DIODORE, XXII, 3, 1 : or, llro>.«µ.aîos o Ma,c«8ovwv {3au.>.«ùsT~V µ.Èv~>.,,clav a.1r«1pos,4,vun 8È 9pauùs ,cal 1rpo1r«r~s. vlos wv 1ravrE>.ws,1rpayµ.&.rwv8t 1ro>.Eµ.,,cwv ov8tv rwv XPTJCTlµ.wv 1rp0Ev0Eîro.Sur la tradition relative à Ptolémée Kéraunos, voir p. 61. ( 6 ) JUSTIN, XVII, 2, 14 parle de 5.000 fantassins, 4.000 cavaliers et 50 éléphants, prêtés par Kéraunos pour une durée de deux ans. L'importance de ces effectifs a été mise en doute parce que, selon PLUTARQUE,Pyrrhos, 15, l'armée de Pyrrhos, au départ, ne comptait pas plus de 3.000 cavaliers et 20 éléphants. Voir, à ce propos, les remarques de P. LÉviQUE, op. cit., p. 278, n. 2, et de H. HEINEN, Untersuchungen, pp. 72-74 (on a proposé de corriger le texte de Justin et de lire 400 cavaliers au lieu de 4.000, et 5 éléphants au lieu de 50). Quoi qu'il en soit, la réduction du dispositif de défense explique, dans une certaine mesure, le succès des Celtes en Macédoine. Cf. H. BENGTSON,Universalhistorische Aspekte der Geschichte des Hellenismus, dans Die Welt ais Geschichte, 18 (1958), p. 4. ( 1 ) XXIV, 4, 9. (1) MEMNON,F.GT.Hist., III, B, 434, FI, chap. 9-10, 15-18. Cf. Éd. WILL, Hist. pal., I, pp. 91-92 et 123-124. Lors de la seconde campagne des Galates, Antigone et Antiochos envoyèrent chacun un contingent de 500 mercenaires au secours des Grecs. Voir ci-dessous, p. 142. ( 8 ) PAUSANIAS,VII, 6, 7. Dans le Péloponnèse, Sparte faisait la guerre à Mégalopolis, à Messène et aux autres cités favorables à Antigone. Cf. K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1, I, pp. 560-561.

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LES GALATES EN GRÈCE

Bien que cette invasion s'inscrive dans le prolongement de l'expansion celtique vers l'est, il ne s'agit plus, à vrai dire, de populations migratrices en quête de terres nouvelles. L'entreprise, qui est menée désormais par des corps d'armées plus ou moins disciplinés et suivis d'un certain nombre de non-combattants, ne s'assigne d'autre objectif, au départ du moins, que de faire du butin (9). Ainsi, Cambaulès, dont les vétérans participeront à la première expédition de Macédoine, se replie sur ses bases septentrionales après une razzia sur la Thrace (10). Peu après, faisant irruption en Illyrie et ensuite en Macédoine, Bolgios vainc Ptolémée, pille et se retire vers le nord (11). Au cours de la campagne suivante, Brennos laisse derrière lui quelque 18.000 hommes chargés de défendre les frontières (12), indiquant clairement par là son intention de n'effectuer qu'une incursion rapide en Grèce pour revenir ensuite sur les bords du Danube. C'est ce que firent du reste un certain nombre de ses compagnons après le désastre de Delphes (13 ). Qu'au bout de longues pérégrinations, quelques-unes de ces bandes aient fini par s'établir ailleurs - en Thrace notamment et en Phrygie - indique que, dans ces lointaines opérations de pillage, les Celtes étaient accompagnés de leur famille, conformément à une coutume ancestrale que conservèrent même les premiers mercenaires galates d'Antigone (14). L'invasion de la Macédoine et de la Grèce se déroule en trois temps : une triple expédition dans le nord de la péninsule balkanique, une descente sur la Macédoine et la Grèce centrale, et, après l'échec devant Delphes, le repli des envahisseurs vers le Danube et la Thrace. À quelques mois près, l'aventure celtique en Grèce dura deux ans (280-279). (') Cf. J. HARMAND,Les Celtes au second tige du Fe,, (Paris, 1970), pp. 19-20. ( 10) PAUSANIAS, X, 19, 5-6. ( 11) PAUSANIAS, X, 19, 7. JUSTIN, XXIV, 9, 5-6, précise toutefois que Bolgios fut chassé par Sosthène. (11) JUSTIN, XXV, I, 2. ( 18) Sur le retour des Galates, voir pp. 164-170. (U) PoLYEN, IV, 6, 17. Pour ce qui est de Brennos, DtoooRE, XXII, 9, I, dit qu'il vint en Macédoine ,.uè ÉTÉpovà.yopalov JxAov K •



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d'éléphant (19) - le seul peut-être qu'il possédait - fut blessé et capturé vivant. Les Galates le décapitèrent et fixèrent sa tête à la pointe d'une lance, qu'ils promenèrent sur le champ de bataille pour effrayer leurs ennemis et les décourager. Le pays, livré au pillage, sombra dans l'anarchie. Méléagre, frère de Kéraunos, et Antipatros !'Étésien, neveu de Cassandre, se succédèrent sur le trône, sans pouvoir redresser la situation. L'un régna deux mois, l'autre quarante-cinq jours (20 ). L'homme providentiel fut un ( 19) Précision donnée par MEMNON,F.Gr.Hist., III, B, 434, F 1, chap. VIII, 8. K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1, 1, p. 56o, n. 2, a exprimé des doutes quant à la participation d'un éléphant à la bataille. Pourquoi Ptolémée n'aurait-il pu garder ne fdt-ce qu'un seul de ceux qu'il avait fournis à Pyrrhos (voir ci-dessus, p. 127) ? Aux dires de GEORGES LE SvNCELLE, F.H.G., III, p. 6g6, § 6, Kéraunos fut vaincu /LE'Tà. -r,;s avva/L•wsKO.& TWV J>..4>dv-rwv. ( 16) PORPHYRE apud EUSÈBE, p. 236 (version arménienne, éd. J. KARST) = F.Gr.Hist., II, B, 26o, F 3, 9 et II ; cf. aussi F 31, 2, etl'excerptum de GEORGES LE SYNCELLE,F.H.G., III, p. 6g7, § 7. De même, DIODORE, XXII, 4, attribue 45 jours à Antipatros, mais, plus vague en ce qui concerne Méléagre, ne parle que de « quelques jours » de règne.

L'INVASION

DES GALATES EN MACÉDOINE

ET EN GRÈCE

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ignobilis du nom de Sosthène (21 ). Il rassembla tant bien que mal une armée et réussit à chasser les pillards vers le nord. Vainqueur, il refusa d'être acclamé roi pour ne garder que le titre de stratège. Il exerça le pouvoir durant deux ans (22 ). ( 21 ) À quelques lignes d'intervalle, JUSTIN, XXI\', 5, 12-13, appelle Sosthène ignobilis et unus de Macedoniae principibus. S'il s'agit de l'officier de Lysimaque le nom est que mentionne l'inscription O.G.l.S., 12, 1. 12, de 287 /86 (?) restitué: .Ew[a8lvov; Tov] aTpaTrJyov, et une homonymie est possible - Sosthène aurait pu, après la mort de Lysimaque, conserver son commandement sous Ptolémée Kéraunos. Dans ce cas, pourquoi Justin et, après lui, Porphyre (/oc. cit. : Ti, Twv 81JµoT1Kwv)insistent-ils sur l'humble origine du vainqueur de Bolgios ? Ces auteurs se font-ils l'écho d'une source hostile à Sosthène et favorable à Antigone Gonatas (ce dernier inclut la« stratégie» de Sosthène dans ses années de règne) ? Quant à dire qu'un roturier n'aurait pu avoir le droit de rassembler l'armée, comme le suggère H. BENGTSON,Die Strategie in der hellenistischen Zeit. Ein Beitrag zum antiken Staatsrecht, II, dans MUnchener Beitriige zur Papyrusforschung und antiken Rechtsgeschichte, 32 (Munich, 1944). p. 383, c'est, je crois, prêter beaucoup de juridisme aux Macédoniens dans des circonstances aussi critiques. ( 11) Références citées n. 20. La liste des rois de Macédoine (F 3) attribue deux années de gouvernement à Sosthène; la liste des rois de Thessalie (F 31) n'en compte qu'une. Bien qu'une erreur dans le second document ne soit pas impossible (K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1 , 2, p. 117), il est vraisemblable qu'à l'occasion des troubles provoqués par l'invasion, la Thessalie se soit libérée de la domination macédonienne, comme le suppose H. BENGTS0N,Die Strategie ... , II, p. 384, n. 2. Cf. aussi K. J. BELOCH,op. cit., IV 1 , 1, p. 566, n. 1. Pour quelle raison Sosthène refusa-t-il la dignité royale ? K. J. BELOCH, Gr.G., IV 2, 1, pp. 560 et 565, estime que la Macédoine était devenue une république après abolition de la monarchie. Selon H. BENGTSON,Die Strategie ... , II, pp. 383-385, la stratégie de Sosthène serait « eine mindere Form des makedonischen Kônigtums, die an frühere Formen der Herzogswürde vor dem Wahl- und Erbkônigtum wieder anknüpft. » Étant donné le caractère traditionnel de la royauté macédonienne - mais que vaut cette raison ? -, Éd. WILL, Hist. pot., p. 90, croit que la royauté ne fut pas supprimée, mais, pour des raisons que nous ignorons, suspendue. Quoi qu'il en soit, Sosthène a peut-être exercé le droit régalien de battre monnaie, si du moins les tétradrachmes du trésor de Bjelovar (Slavonie), avec inscription illyrienne Sasthieni au revers, furent frappé.i à son nom, comme le croit l'éditeur K. PINK, Die Turnierreiter. Eine paonisch-makedonische Tetradrachme mit illyrischer Inschrift, dans Numismatische Zeitschrift, 77 (1957; publié en 1958), pp. 7-17 et I pl. Ajoutons que K. J. BELOCH,Gr.G., IV 2 , 1, pp. 565-566, et ÜBST, Sosthenes (n° 2), dans P.W., R.-Enc., 2.R., III, 1 (1929), col. 1197, ont supposé sans raison que Sosthène périt de mort violente. Les circonstances de la fin de son gouvernement sont inconnues. Quant à Sosthénis, bourgade située dans l'Oetaia, on ne saurait dire si elle a été fondée ou rebaptisée en l'honneur du stratège macédonien : cf. G. DAUX, Sosthénis, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 58 (1934), pp. 157-167 (voir p. 164, n. 2). Relevons également qu'on trouve une allusion à la « guerre de Sosthène » (o KaTà .Ewa8l[v]TJv,ro.\,µos) dans une inscription de la fin du 3• siècle relative au différend territorial entre Gonnoi et Héracleion (/. Gonnoi, 93).

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La date de cette première campagne des Galates, au cours de laquelle tomba un roi de Macédoine, a donné lieu à de nombreuses discussions entre les historiens modernes. D'aucuns assignent à la mort du souverain le mois de février 279 (13 ), d'autres ont proposé le printemps (24 ) ou l'été de 279 (26 ), le mois de mai (26 ) ou le mois de juin de la même année (27 ). Éd. Will (28 ) la situe «au début 279, voire fin 280 », et F. W. Walbank (29) enferme prudemment toutes les hypothèses possibles entre juillet 280 et mai 279. Polybe date l' lq,oSo~ des Galates par un synchronisme, en comptant un an entre l'appel lancé à Pyrrhos par les Tarentins et l'invasion de la Macédoine (30). Cet appel étant intervenu sous le ( 13 ) E. VOGT,Catalogus cuneiformis regum Seleucidarum, dans Biblica, 36 (1955), pp. 261-262 ; P. Lt.v:ll;çiuE,op. cit., p. 286; A. PIATKOWSKI,Consideratii asupra cronologiei invaziei celte tn Balcani, dans Studi clasice, 2 (1960), p. 190 ; P. Pf.DECH,La méthode historique de Polybe (Paris, 1964), p. 444; H. HEINEN, Untersuchungen, pp. 54-55. ( 14 ) W. W. TARN, Antigonos Gonatas (Oxford, 1913), p. 147; R. FLACELIÈRE, Ait. à Delphes, p. 94; H. BENGTS0N,Universalhistorische Aspekte der Geschichte des Hellenismus, dans Die Welt ais Geschichte, 18 (1958), p. 4; C.B. WELLES, Gallic Mercenaries in the Chremonidean War, dans Klio, 52 (1970), p. 478, n. 2 (• spring or summer »). ( 11) M. SEGRÈ,Per la storia di Antioco Jo Sotere, dans Athenaeum, N.S., 8 (1930), p. 506 (été-automne 279) ; E. MANNI,Pirro e gli Stati greci nel 281 /80 a.C., dans Athenaeum, N.S., 27 (1949), pp. III•II2; et Antigono Gonata e Demetrio II. Punti fermi e problemi aperti, dans Athenaeum, N.S., 34 (1956), p. 251,

n.

2. ( 11)

K. J. BEL0CH, Gr.G., IV 1, 2, pp. 486-487 ; P. J 0UGUET,op. cit., p. 209. M. LAUNEY,Un épisode oublié de l'invasion galate en Asie Mineure (278 /7 av. J.-C.), dans Revue des Études Anciennes, 46 (1944), p. 232. ( 18 ) Hist. pol., I, p. 89. 19 ( ) A Historical Commentary on Polybius, I: Commentary on Books 1-VI (Oxford, 1957), pp. 49-51. Cf. aussi H. VoLKMANN,Ptolemaios Keraunos (n° 15), dans P.W., R.-Enc., XXIII, 2 (1959), coll. 1597-1599. Ajoutons que G. CoRRADI, Studi ellenistici (Turin, 1929), pp. 71-74, et G. DE SANCTIS,Storia dei Romani, II: La conquista del primato in Italia (Florence, 2• éd., 196o), p. 370, n. 21, anticipent d'un an la bataille de Couroupédion et, par suite, datent la défaite de Kéraunos de la fin de l'été 280. Datation inacceptable désormais, comme l'a montré P. Lt.v:ll;çiuE,op. cit., pp. 285-286. 30 ( ) POLYBE, I, 6, 5. En II, 41, 2, l'historien grec date la mort de Ptolémée Sôter, Lysimaque, Séleucos et Ptolémée Kéraunos de la 124• olympiade (c'est pourquoi B. NIESE, op. cit., p. 15, situe la victoire de Bolgios au printemps 280). La contradiction entre les deux passages ne s'explique pas, comme on l'a cru cl,\11µ.wu(lla parfois, par le caractère vague de l'expression wEpi T~v wpoup11µ.IV1}v (la 124•). La préposition wEpln'exprime pas ici une approximation, mais signifie • au cours de•• comme l'a reconnu A. JARD:f.,Les céréalesdans /'Antiquité grecque, I : La production (Paris, 1925), p. 172, n. 4. En fait, Polybe réunit dans un synchronisme très général la mort de plusieurs rois, en y joignant celle de Kérau( 17 )

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consulat de L. Aemilius Barbula et de Q. Marcius Philippus en 281, il résulte de ce témoignage que les Galates ont vaincu Ptolémée Kéraunos en 280, sans que l'on puisse préciser s'il s'agit de la 4e année de la 124e olympiade (281 /80) ou de la 1re année de la 125e (280 /79). Une tablette cunéiforme du British Museum (31), contenant la liste des rois reconnus à Babylone à partir d'Alexandre, établit que Séleucos 1er (qui fut assassiné par Kéraunos) mourut entre le 25 août et le 24 septembre 281, soit, selon Justin (32), à peu près 7 mois après la bataille de Couroupédion, où tomba Lysimaque. Porphyre, cité par Eusèbe (33 ), précise d'autre part que Kéraunos régna durant un an et 5 mois, et que ses successeurs éphémères, Méléagre et Antipatros, comptèrent, l'un, deux mois de règne, l'autre, 45 jours. Ces indications du chronologiste de Tyr, qui ne semblent pas être pure invention (34 ), ont été interprétées de trois façons différentes par les modernes.

nos. P. PÉDECH, op. cit., p. 491, en a déduit que le premier renseignement provient du récit historique utilisé par Polybe, tandis que le second dérive de sa liste chronologique. Cf. aussi F. W. WALBANK, op. cit., I, p. 51. Polybe ajoute qu'il s'agit de l'l,f,080, des Galates qui furent détruits devant Delphes et qui passèrent ensuite en Asie Mineure (Twv n 1r,pi A,>..,f,oùs,f,Bo.pÉvTwv Kai 1r1pa,w8ÉVTwv,ls T~v 'Aalav). En s'exprimant ainsi, il précise l'identité des envahisseurs ; il ne date ni leur destruction, ni leur passage, qui survinrent respectivement un an et deux ans plus tard. Cf. P. PÉDECH,op. cit., p. 445. ( 31 ) A. J. SACHs-D. J. WrsEMANN,A Babylonian King List of the Hellenistic Period, dans Iraq, 16 (1954), pp. 202-212 et pli. 52-53; cf. J. et L. ROBERT,B. Ép., 1955, 38a et 1956, 49; André AYMARD,Du nouveau sur la chronologie séleucide, dans Revue des Études Anciennes, 57 (1955), pp. 105-106 = Études d'Histoire ancienne (Paris, 1967), pp. 265-266; H. BENGTS0N,Neue Seleukidendaten, dans Historia, 4 (1955), pp. u3-II4; Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 86. ( 11) XVII, 2, 4· ( 33 ) EUSÈBE, p. 111 (version arménienne, éd. J. KARST) = F.Gr.Hist., II, B, 260, F 3, § 9. ( 34 ) K. J. Beloch, G. Corradi et .F. W. Walbank ont apprécié la qualité des informations de Porphyre, tandis que G. De Sanctis et E. Manni l'ont mise en doute (références citées ci-dessus, nn. 25-29). Ces deux auteurs se fondent de préférence sur le témoignage de Memnon (F.Gr.Hist., III, B, 434, chap. VIII, lv llval 8,a1rpaf&.µ,,vosËT,a,), dont ils déduisent que 14 : Kai 1r0Mà Kai 1rap&.voµ,a Kéraunos régna durant deux ans. Mais lorsque l'historien d'Héraclée présente la victoire des Galates comme le juste châtiment des crimes que le roi avait commis dans le courant de ses deux dernières années, il n'y a pas là une indication précise sur la durée du règne. K. J. BELOCH,loc. cil., et H. HEINEN, Untersuchungen, pp. 54-55, ont estimé pouvoir expliquer le passage en calculant approximativement deux ans depuis Couroupédion jusqu'à la mort du roi (quelque 22 mois séparent les deux événements). On pourrait dire même que les

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La première consiste à calculer le règne de Kéraunos à partir de la mort de Lysimaque, en y incluant les 7 mois qui reviennent à Séleucos. Cette solution, proposée par K. J. Beloch (36) et admise comme probable par F. W. Walbank (36 ), se heurte à deux difficultés, qui la rendent caduque. Si le début du règne de Kéraunos est fixé entre le 25 janvier et le 24 février 281 - soit 7 mois avant les 25 août-24 septembre 281 -, sa fin tombe un an et 5 mois plus tard, entre le 25 mai et le 24 juin 280. Or, d'après Plutarque, c'est seulement en été 279, après la bataille d'Ausculum, que la mort du roi fut annoncée à Pyrrhos (37 ). Il aurait donc fallu un an ou davantage pour que la nouvelle parvînt de Macédoine en Italie. Qui plus est, si l'on accepte cette interprétation, l'échec de Kéraunos coïnciderait à peu près avec la Sia{Jacn~de Pyrrhos vers l'Occident (mai 280) (38). Dans ces conditions et dans de telles circonstances, le roi d'Épire aurait sans aucun doute renoncé à son expédition d'Italie non seulement pour chasser les Celtes du nord de la péninsule, mais encore et surtout pour recueillir la succession de la Macédoine. Au moment où, en 279, il apprenait que le trône était vacant, il songea à revenir incontinent pour saisir l'occasion, mais il finit, agissements criminels du fils déshérité de Ptolémée Sôter sont antérieurs à Couroupédion, s'il est vrai qu'il a« poussé Séleucos à la guerre contre Lysimaque dans l'espoir de trouver sa part dans les dépouilles», comme le croit Éd. WILL, op. cit., p. 85. Ainsi s'expliqueraient les deux ans dont parle Memnon. ( 36 ) Loc. cit. ( 31 ) Loc. cit. ( 87 ) PLUTARQUE, Pyrrhos, 22. P. LÉV!QUE,op. cit., p. 399, date la bataille d' Ausculum du mois de juillet 279. Avant lui avaient été proposés les mois de A Topographical Study of the Battle of Ausculum, mai-juin 279: E. T. SALMON, dans Papers of the British School at Rome, 12 (1932), pp. 45-51 ; ou la fin du mois d'août de la même année: Otto HAMBURGER, Untersuchungen über den pyrrhischen Krieg, Diss. (Wurtzbourg, 1927), p. 93. Selon Plutarque, Pyrrhos fut averti de la mort de Kéraunos au moment où il recevait l'ambassade sicilienne qui lui proposait d'intervenir en Sicile. Comme celle-ci fait suite à la grande attaque carthaginoise de 278 contre Syracuse, il est probable que, par un synchronisme artificiel, Plutarque a voulu faire coïncider deux faits importants dans la biographie de Pyrrhos. ( 31 ) PLUTARQUE, Pyrrhos, 15. P. LÉV!QUE,op. cit., pp. 287-288, a constaté que le témoignage de Plutarque est confirmé par des observations scientifiques sur le régime des vents dans le canal d'Otrante. D'autres auteurs datent également l'embarquement de Pyrrhos du mois de mai 280 : G. NENCl, Pirro. Aspirazioni egemoniche ed equilibrio mediterraneo (Turin, 1953), pp. 155-157; F. W. WALBANK,op. cit., I, pp. 49-50; Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 105. P. PÉDECH, loc. cit., ne contredit pas cette datation en proposant, de façon moins précise, le printemps 280.

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après mûre réflexion, par renoncer à ce projet pour se consacrer aux affaires siciliennes (39). Il le reprit à son retour en Épire, à l'automne 275 (40). La deuxième solution, proposée par E. Manni (41), remet en question la date fournie par la tablette cunéiforme du British Museum. Le sixième mois de la liste serait confondu, par erreur, avec le mois de Nisannu, et devrait être compté, d'après le calendrier macédonien, à partir de Dios, ce qui daterait la mort de Séleucos du mois d'avril 281. E. Manni, qui limite ici son propos à la chronologie séleucide, n'a pas envisagé les conséquences que son hypothèse entraînait du point de vue de la Macédoine. À deux mois près, elle est infirmée pour les mêmes raisons que celles qui ont été invoquées contre la proposition précédente. Reste la troisième possibilité, qui compte les 17 mois de règne de Ptolémée Kéraunos à partir de la mort de Séleucos. C'est la solution la plus probable, parce qu'elle débouche sur la coïncidence souhaitée - qui, à ma connaissance, n'a pas été remarquée - entre les indications fournies par la tablette cunéiforme et la chronologie de Porphyre. Au départ de la première, en effet - soit 25 août - 24 septembre 281 -, le règne de Kéraunos s'achève entre le 25 janvier et le 24 février 279. D'autre part, Porphyre (42 ), qui compte par années syro-macédoniennes commençant au 1er octobre (43 ), date la mort du roi du 5e mois de la 1re année de la 125e olympiade, c'est-à-dire de février 279. Cette parfaite concordance, que confirmerait Plutarque(") - il suffit de quelques mois pour que la nouvelle parvienne à Pyrrhos - ne saurait être brisée par les deux difficultés que F. W. Walbank (45 ) soulève contre l'hypothèse qui situe le désastre en février. La première objection, qui consiste à dire que cette période de l'année ne convient guère à l' lcpoSo,celtique, peut être facilement aplanie, puisque les Galates de Bolgios ont d'abord dû envahir ( 81)

PLUTARQUE,loc. cit.

('°) Cf. P. LÉVÉQUE,op. cit., pp. 557-571; Éd. WILL, Hist. pol., I, pp. 189-191. (' 1) Fasti ellenistici e romani (323-31 a.C.), dans Supplementi a« Kôkalos • (Palerme, 1961), pp. 18-21. ( 0 ) PORPHYRE apud EUSÈBE, p. I 11 (version arménienne, éd. J. KARST) = F.Gr.Hist., II, B, 26o, F 3, § 9. (") Cf. E. MANN!, Fasti ... , p. 19, et E. J. B!cKERMAN,Chronology of the Ancient World (Londres, 1968), pp. 25 et 71. (") Voir toutefois la réserve faite p. 134, n. 37. (") Op.cit., I, pp. 50-51.

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!'Illyrie avant de rencontrer Ptolémée {48). Après leur victoire, ils sont restés durant 5 à 6 mois (règnes de Méléagre et d' Antipatros) en Macédoine. Si l'on attribue la même durée à leur séjour en Illyrie, en tenant compte aussi du temps nécessaire pour y parvenir, il apparaît que la horde barbare s'est ébranlée en été 280, voire au printemps de la même année. La seconde difficulté réside dans l'épiclèse d'Antipatros, qui fut surnommé« Étésien» ('E'T'T)atas),dit Porphyre cité par Georges le oi ÈTTJata,1TVÉova,. Faut-il entendre Syncelle (47), onxp6vcp Toaéj>8E par là que les 45 jours de règne du prédécesseur de Sosthène coïncident avec les vents étésiens, qui soufflent une cinquantaine de jours en juillet-août {48 ) ? Dans ces conditions, Kéraunos serait mort à la fin d'avril 279, et les 17 mois attribués à son règne ne se retrouvent dans aucun autre document, ni aucune interprétation proposée par les modernes. Il est possible néanmoins qu'entre Kéraunos et Méléagre, de même qu'entre Méléagre et Antipatros, il y ait eu une période de vacance - imputable aux troubles du moment -, que Porphyre a négligée, tout comme il n'a pas tenu compte de l'interrègne entre Lysimaque et Kéraunos. Ainsi Antipatros aurait pu occuper le trône de Macédoine à l'époque des vents étésiens. Mais faut-il chercher dans l'épiclèse du roi une indication chronologique autre que celle de la durée ? Sans doute la tournure grecque, dans l' Excerptum du Syncelle, manque-t-elle de précision, puisque le datif xp6vcpindique la date, tandis que Toa6a8Eexprime la quantité ou la durée. La version arménienne d'Eusèbe, plus proche en général de Porphyre, ne présente aucune amphibologie à cet égard. Dans sa traduction en langue allemande, J. Karst {49) dit:« da ebenso lange Zeit die jahrigen Winde wehen »; de même, Alfr. Schône (60) traduit en latin : « tanto enim tempore annui venti fiant ». Il est donc (") PAUSANIAS, x. 19, 7. Cf. ci-dessus, p. 129. (") F.H.G., III, p. 696, § 7. Les extraits recueillis par Georges le Syncelle sont

juxtaposés à la version arménienne d'Eusèbe dans l'édition d'Alfr. Schoene (I, p. 236). Ils ne sont pas repris par F. Jacoby. (") Les vents étésiens soufflent durant la canicule, dès le lever de Sirius. Cf. K. J. BELOCH, Gr.G., IV 1, l, p. 565, n. 2; et E. J. BICKERMAN,op. cit., p. 54. (") Cf. n. 42 et, pour l'interprétation du passage, H. HEINEN, Untersuchungen, p. 58. ( 60 ) 1, p. 236. Remarquons que la version arménienne confond l'adjectif •étésien• avec Jr,ja,os, •annuel•· L'épiclèse du roi est confirmée par un document contemporain, le P. Cairo-Zenon, I, 59.019, 6 (cf. ci-dessous, p. 168, n. 192).

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possible que le règne d' Antipatros ne date pas de l'époque précise des vents étésiens, mais qu'à un autre moment de l'année, il ait simplement duré ce que durent ces vents. En conclusion, dater la mort de Ptolémée Kéraunos du mois de février 279 apparaît comme la solution la plus probable. Elle présente en outre l'avantage de laisser assez de temps pour permettre à Brennos de revenir sur ses bases septentrionales, de rassembler de nouvelles troupes, d'envahir à son tour la Macédoine, d'avancer jusqu'à Delphes et d'être finalement chassé de Grèce, comme on le verra, avant la fin de l'hiver de la même année (61 ).

l. Seconde campagne en Macédoine et en Grèce Centrale BRENNOS EN MACÉDOINE

Alors que nous perdons la trace des autres chefs, Brennos et son lieutenant Acichorios furent les artisans de la seconde campagne des Galates vers le sud (62). À son retour de Péonie, Brennos ( 11)

Voir ci-dessous, pp. 172-175. Plusieurs historiens du siècle dernier ont cru que • Brennos » n'était pas un nom de personne, mais un titre celtique désignant le chef ou le roi. Voir les références citées par B. NIESE, Brennos (n° 1), dans P.W., R.-Enc., V, 2 (1897), coll. 829-830, et les échos de cette interprétation chez R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, p. 94, n. I, et Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 89. Certains d'entre eux en déduisaient que Brennos et son second Acichorios ne faisaient en réalité qu'un seul homme. De fait, l'étymologie semble correcte : selon J. PoKORNY,lndogermanisckes etymologisckes W6rterbuck (Berne-Munich, 2 vol., 1959-1969), I, p. 190, la racine celtique brenn- dérive de la racine i.e. bkren- : •diriger•• • faire saillie» ; cf. v.irl. : braine, «proue», •chef• ; gal!. : brenin, de brenn, •hauteur• (cf. aussi II, p. 167). Mais l'étymologie ne suffit pas à prouver qu'il s'agit d'un titre et ce n'est pas à tort, me semble-t-il, que des modernes ont écarté cette hypothèse : cf. Alfr. HoLDER, Alt-celtiscker Spracksckatz, I (Leipzig, 1896), s.u. Brennos, col. 517; Ulr. WILCKEN,note additionnelle à l'article de B. Niese cité ci-dessus; et C. JULLIAN,Histoire de la Gaule, I (Paris, 1908), p. 293, n. 4. Le nom de Brennos est plus d'une fois attesté en Gaule et en Asie Mineure (cf. Alfr. HoLDER, op. cit., I, col. 524), et, pour ce qui est d'une confusion possible entre Brennos et Acichorios, il suffit de constater que Pausanias et Diodore distinguent nettement l'action des deux chefs aux Thermopyles, à Delphes ou encore au cours de la retraite. Dans le même ordre d'idées, ajoutons que l'on a supposé aussi que le nom du Brennos de Rome a été calqué sur le modèle du Brennos de Delphes (cf. B. NIESE, op. cit., n° 2, col. 524; et C. JuLLIAN, loc. cit.). L'étymologie sur laquelle se fonde cette hypothèse n'est du reste pas la seule gui ait été proposée. H. o'ARBOIS DE JUBAINVILLE.Les Celtes depuis les temps les ( 11)

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répandit le bruit que Bolgios n'avait pas exploité son éclatante victoire sur Ptolémée et parvint à persuader ses compatriotes que rien ne s'opposait désormais à ce qu'ils envahissent la Grèce pour y mettre à sac les villes et les sanctuaires (53 ). Il rassembla ainsi une armée de plusieurs milliers d'hommes. Selon Pausanias (54 ), ses effectifs s'élevaient à 152.000 fantassins et 20.400 cavaliers accompagnés chacun de deux écuyers à cheval (55) ; plus anciens jusqu'en l'an 100 avant notre ère (Paris, 1904), p. 200, fait dériver le mot du v. irl. brian, «parole». Acceptant cette proposition, W. W. TARN,op. cit., p. 144, n. 27; et The Invasion of the Gauls, dans Cambridge Ancient History, 7 (1928), p. 101, traduit Brennos par • Rede-giver » et tire de l'étymologie irlandaise cette déduction quelque peu hâtive que Brennos fut le chef d'une tribu récemment immigrée de l'ouest. Quoique l'on puisse invoquer à l'appui de cette supposition le fragment 379 de Callimaque (éd. R. PFEIFFER, I, p. 305 : oDs Bplvvos à.,f,' Éa1tEplo10 Ba.>.aaa'}s,jyay•v 'E.U~vwv ,,,,• à.vaaTaa,v), il est stîr que la migration celtique s'est échelonnée sur plusieurs générations. STRABON,IV, 1, 13, rapporte d'ailleurs que Brennos appartenait au peuple des Prauses (llpaiiao,), mais ne peut dire où ils étaient situés. S'il s'agit des Trauses (Tpauaol), comme on l'a supposé, le chef des Galates était originaire de la vallée orientale du Danube (cf. HÉRODOTE,V, 4, et ÉTIENNE DE BYZANCE,s.u. Tpauaol- ,,,&.\,s 1

KE.\Toiis."EBvos oDs ol "E.U.,v•s 'Aya8vpao11sclvo1.1.Àovs "1'paT,WTas&.wo{Ja>.wv, ws µ.11lcrxûcras ... (lacune). (") PORPHYREapud EUSÈBE, p. III (version arménienne, éd. J. KARST) = F.GY.Hist., II, B, 260, F 3, § 10 : « Sosthenes aber vertrieb dann auch den Vren » ; et apud GEORGESLE SYNCELLE,F.H.G., III, p. 6g6, § 7 : 1:wcr8ÉVf]S 3, BpJvvovJf«M.crasetc. ( 17 ) DIODORE,XXII, 9, 1-3; JUSTIN, XXIV, 6, 3-5. ( 11) I, 4 et X, 20, 9-22, 12. ( 80)

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modernes ajoutent foi au témoignage du Périégète, considérant qu'il y a une omission dans les deux autres relations (89). Les raisons qui justifient ce choix - analysées dans le chapitre précédent (70) - ne sont pas convaincantes. Rien, en effet, ne permet de prétendre que Pausanias utilise des sources plus anciennes ou mieux informées. Aucun document épigraphique ne confirme l'hypothèse d'une version delphique qui différerait d'une version plus récente, d'origine étolienne (71). Je crois que, s'il y a divergence entre les récits, c'est parce que Pausanias a sciemment grossi un événement épisodique (72), qui a été «sauté» dans l'abrégé de Justin et dans le résumé incomplet qui nous est parvenu sous le nom de Diodore. Il est vrai pourtant que les Galates ont pénétré en Grèce en traversant les Thermopyles: Diodore (73 ) atteste qu'ils firent retraite par le chemin qu'ils avaient suivi pour descendre sur Delphes et qu'à leur retour ils subirent de lourdes pertes aux Thermopyles. L'itinéraire des Barbares étant, sur ce point, bien établi, il serait faux de croire que les Grecs n'ont rien entrepris pour défendre un point stratégique de cette importance: c'e~t en quelque sorte un réflexe de défense, chez eux, d'occuper le passage chaque fois qu'un danger venant du nord les menace. Toutefois, puisque le silence de Diodore et de Justin fortifie la méfiance qu'inspire le témoignage de Pausanias, il convient d'utiliser avec beaucoup d'esprit critique et de prudence la seule source dont nous disposions. Nous avons vu déjà que l'imitation d'Hérodote et l'exaltation d'Athènes caractérisent la Périégèsetout entière (74 ) : dans un passage qui se prête à merveille au pastiche, ces traits sont plus nombreux que nulle part ailleurs. Eux seuls porteraient à croire que l'auteur a composé son récit en tenant sans cesse les Histoires sous les yeux; l'énumé( 11 ) Sur la valorisation du témoignage de Pausanias, voir pp. 15-16 et n. 4, et pp. 92-93. ( 70) Les thèses de W. W. Tarn, R. Flacelière et M. Segrè ont été analysées cidessus, pp. 39-49. 71 ( ) Voir pp. 39-43. ( 11) En d'autres passages encore, également inspirés d'Hérodote, Pausanias a été surpris • en flagrant délit de fabrication historique • : voir notamment M. HoLLEAUX,Pausanias et la destruction d'Haliarte par les Perses, dans Études d' Épigraphie et d'Histoire grecques, I (Paris, 1938), pp. 187-193 ; et, mêmes Études, V (Paris, 1957), pp. 16 et 311. Sur les sources de Pausanias et leur utilisation dans la Périégèse, cf. ci-dessus, p. 85. ( 73 ) XXII, 9, 3. (") Voir pp. 19-22.

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ration précise de tous les contingents grecs opposés à Xerxès aux Thermopyles (75) ne laisse aucun doute à cet égard. Suivant l'exemple d'Hérodote, qu'il cite du reste, Pausanias commence par présenter les effectifs grecs qui s'étaient rassemblés aux Thermopyles pour barrer la route de Brennos (76 ). Béotiens: 10.000 hoplites et 500 cavaliers commandés par les béotarques Képhisodotos, Théaridas, Diogénès et Lysandros. Phocidiens: 3.000 fantassins et 500 cavaliers commandés par les généraux Critoboulos et Antiochos. Locriens d'Opous : 700 fantassins commandés par Meidias. Mégariens : 400 hoplites commandés par Hipponicos. Étoliens : plus de 7.000 hoplites, 790 fantassins légers et un fort contingent de cavaliers (leur effectif est omis (77 )) commandés par Polyarchos, Polyphron et Lacratès. Athéniens: la flotte des trières, 1.000 fantassins et 500 cavaliers commandés par Callippos. Antigone Gonatas et Antiochos 1er envoyèrent chacun un contingent de 500 mercenaires (78), respectivement sous les ordres d' Aristodémos et de Télésarchos. 76 ( ) PAUSANIAS, X, 20, 1-2 = HÉRODOTE,VII, 202-203. Pausanias compare également la cavalerie des Galates (X, 19, II) aux Immortels perses (HÉRODOTE, VII, 83), et rappelle (X, 22, 8) comment Xerxès découvrit la passe de l'Oeta (HÉRODOTE,VII, 213-218). ( 71) PAUSANIAS, X, 20, 3-5. ( 77 ) Coquetterie dans l'imitation ? Pausanias relève plus haut (X, 20, 2) qu'Hérodote (VIT, 203) avait omis de préciser l'effectif des Locriens. 18 ( ) W. W. TARN,Antigonos Gonatas (Oxford, 1913), pp. 160-162, et R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, p. 96, estiment que les deux monarques envoyèrent des effectifs identiques sans pour autant mettre fin à leur conflit. C. B. WELLES, Gallic Me,cenaries in the Chremonidean War, dans Klio, 52 (1970), p. 479, n. 2, affirme, d'autre part, que cet envoi ne pourrait être la preuve de quelque collaboration que ce soit entre les deux ennemis. Changeant d'avis, W. W. TARN, Telokles and the Athenian Archons of 288 /7-262 /1 B.C., dans The Journal of Hellenic Studies, 40 (1920), pp. 148-149, et The Invasion of the Gauls, dans Cambridge Ancient History, 7 (1928), pp. 100-101, a soutenu qu'Antigone et Antiochos avaient conclu la paix dès la fin de l'été ou en automne 279, point de vue que défendent également G. CoRRADI,Studi ellenistici (Turin, 1929), pp. 124126; M. SEGRÈ,Per la storia di Antioco 1° Sote,e, dans Athenaeum, N.S., 8 (1930), pp. 492-503; et M. LAUNEY,Un épisode oublié de l'invasion galate en Asie Mineure (278 /7 av. J.-Chr.), dans Revue des Études Anciennes, 46 (1944), pp. 228230. Outre l'envoi de deux contingents identiques - et l'on voit combien ce fait peut être interprété de différentes façons - Tarn et Launey allèguent un passage du Ilfpl Twv XT011twvde Philodème, dans un papyrus d'Herculanum publié par

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L'ensemble des forces grecques, qui comptaient environ hommes, était placé sous le haut commandement du général athénien Callippos. Quoiqu'il reflète assez bien la puissance des États grecs au début du 3e siècle, ce dénombrement a fait l'objet de discussions entre les historiens modernes, tout particulièrement en ce qui concerne le rôle dévolu aux Athéniens. Leur participation à la guerre soulève, en effet, deux questions. 30.000

I. Les Athéniens ont-ils envoyé des trières aux Thermopyles ? Dans le décret par lequel ils acceptent de participer aux Sôtéria de Delphes (79), les Athéniens rappellent en ces termes les services qu'ils ont rendus dans la lutte contre les Galates : Kal. ô ô-ryµ,o,

ÈçÉ1rEµ,1rE[v]TOUS'TE ÈmÀÉKTovs Kai Tovs ÎTTTTEÎS avvaywv,ovµ,Év[ovs] 80 imÈp T'rys Ko,v-rysuw1"'f/ptas. W. W. Tarn ( ) a tenté d'expliquer

l'omission des trières dans le décret en supposant que la flotte mentionnée par Pausanias avait été dépêchée par Antigone Gonatas. Ne nous demandons pas pourquoi Pausanias ne les aurait pas ajoutées au contingent envoyé par l' Antigonide. L'historien anglais est revenu sur cette hypothèse, affirmant que les Athéniens avaient eux-mêmes envoyé la flotte aux Thermo-

A. MAYER, Die Chronologie des Zenon und Kleanthes, dans Philologus, 71 (1912), pp. 225-232, où la phrase µnà .,.~v Avu,µaxov .,.~,\w.,.[~v 1rapÉ]x[oVT']al u1rov8[a]l I'ovaT{!.devrait faire allusion à la « charte des Détroits». W. W. TARN, op. cit., p. 149, écrit: • al u1rov8a.l(note the article) must be the treaty between Antigonos and Antiochos - the treaty of the time. » Cet argument, peu convaincant en soi, est d'autant plus faible qu'on pourrait lire aussi: [1rapl]x[ovT]a, u1rov8[a]l.L'éditeur du papyrus, quant à lui, croit qu'il s'agit d'un traité qu' Antigone avait conclu avec les cités de Grèce centrale, restes de l'héritage paternel, au moment où Areus, roi de Sparte, mettait tout en œuvre pour restaurer la Confé(cf. JUSTIN, XXIV, 1, r-6). Jusqu'à plus ample dération péloponnésienne informé, la date de la réconciliation entre les deux dynastes demeure incertaine. Peut-être s'effectua-t-elle en 278, après la défaite des Galates en Grèce, comme l'admettent K. J. BEL0CH, Gr.G., IV•, r, p. 566; H. BENGTSON,Die Strategie ... , II, p. 336 ; P. Ltv!guE, op. cit., p. 555 ; et Éd. WILL, Hist. pot., I, p. 91. A l'appui de cette hypothèse peut être invoqué le témoignage de MEMNON,F.Gr. Hist., III, B, 434, F 1, chap. ro, r, qui, de bonne source (cf. ci-dessus, pp. 87-90), affirme que la guerre entre Antigone et Antiochos dura longtemps (xpovov uvxvov). Ajoutons que W. W. TARN, The New Dating of the Chremonidean War, dans journal of Hellenic Studies, 54 (1934), p. 34, n. 44, est revenu une fois encore sur la question pour s'abstenir de toute conclusion positive. ('lt) Actes, 21. ( 80) Antigonos Gonatas (Oxford, 1913), p. 150, n. 50.

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pyles parce qu'en 280 ils avaient repris le Pirée (81 ). R. Flacelière (89), qui admet « l'historicité substantielle du récit (de Pausanias)», partage ce point de vue. En fait, la question n'est pas de savoir qui occupait le Pirée au moment de l'invasion. L'Attique compte plusieurs ports (83 ). Si la marine athénienne avait sauvé les Grecs au moment où ils allaient être encerclés Pausanias l'affirme à deux reprises (84 ) -, comment expliquer qu'il ne soit pas question de cette action d'éclat dans le décret relatif aux Sôtéria? En raison de l'origine du document et de sa nature, cet argument, quoiqu'a silentio, ne saurait être négligé. Comme l'a suggéré M. Segrè (86), il est vraisemblable que Pausanias a imaginé tout ce qui concerne la flotte des Athéniens aux Thermopyles pour lui attribuer un rôle analogue à celui que joua la flotte del' Artémision lors de l'invasion perse (88 ). Et comme les Galates, dépourvus de navires, ne pouvaient livrer de combat naval, Pausanias a fait manœuvrer les trières sur la grève du passage. En inventant cette intervention de la marine, il atteignait deux objectifs qui lui tiennent à cœur: rivaliser avec Hérodote et contribuer à la plus grande gloire d'Athènes. 2. Les Athéniens exerçaient-ils le haut commandement des forces grecques ? Pausanias prétend qu'il leur fut confié à cause de leur prestige passé: 1wKÉEr;)8È Èr; 'TO

22, II. Sur l'Oeta, les Galates passent inaperçus grâce au brouillard et surprennent les Phocidiens.

218. Sur l'Oeta, les Perses passent inaperçus sous le couvert des chênes et surprennent les Phocidiens.

,

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à.-rpaTTov

•.• mopEVOV'TO. 5por; È-rax017aav v.\&Kov .-lp,,v&slo.-111 ijpwos. L'identification de la Tholos de Marmaria avec le hér6on de Phylacos, proposée déjà au début de ce siècle et réfutée par J. CHARBONNEAUX, F.D., 11, 2 : La Tholos (Paris, 1925), p. 28, a été reprise récemment par Kl. WIDDRA,Das Heroon des Phylakos in Delphi, dans Marburger WinckelmannProgramm 1965, pp. 38-45, et par S. SETTIS, Un" enigma » delftco: Pausania, la Tholos, il Phylakeion, dans Annuario della Scuola arch. di Atene, N.S., 29-30 (1967-1968), pp. 36!-372. Répétons, après J. Charbonneaux, qu'identifier la Tholos au Phylakeion n'est possible qu'en« torturant» les textes d'Hérodote et de Pausanias (il est proposé de traduire Ka.-u,r,p8, .-06 ipoii par« à l'extrémité du sanctuaire », tandis que ,rpcls .-,;, i,p.oy,Kfjs'ETa'f'Elas (1973), p. 66. D'autre part, parmi les

rares objets celtiques trouvés en Grèce continentale, une épée de fer du type La Tène I /II, provenant de Dodone, a peut-être été consacrée à l'occasion de la victoire de Pyrrhos sur les mercenaires d'Antigone: cf. F. MAlER, Keltische Altertamer in Griechenland, dans Germania, 51 (1973), pp. 459-477, pli. 29-30 (plus particulièrement, pp. 463-464 et 477). Ajoutons toutefois que le legs archéologique des Celtes en Grèce fait l'objet de controverses en ce qui concerne la datation des pièces: voir notamment M. SzAB6, Une fibule celtique à Délos, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 95 (1971), pp. 503-514. ( 10 ) Anthologie grecque, VI, 130 (trad. P. W ALTZ,Coll. des Universités de France, Paris, 2e éd., 196o). Mise en doute par certains, l'attribution de l'épigramme à Léonidas de Tarente a été reconsidérée et acceptée par P. LÉVÈQUE, op. cit., pp. 566-567. Diodore, Plutarque et Pausanias la citent (voir note précédente) sans mentionner le nom de l'auteur. ( 1 ") Cf. R. FLACELIÈRE,Pyrrhos et Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 70 (1968), p. 302, n. 3.

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quer comme « une manœuvre pour flatter le sentiment national des Thessaliens» (246 ). Plus que les Épirotes, ceux-ci devaient apprécier une victoire sur les Barbares, puisque, quelques années à peine auparavant, ils avaient été si durement éprouvés par l'invasion celtique (246 ). On a supposé, d'autre part, que Pyrrhos, en 273, avait aidé ses alliés étoliens à reconstruire la cité de Callion incendiée par les bandes d'Orestorios et de Comboutis (247 ). À l'appui de cette hypothèse, Ad. J. Reinach (248 ) a invoqué la statue que les Callipolitains érigèrent en l'honneur de l'Épirote avec l'inscription suivante (249 ) : [Baa,Ma ll] vppov{Jaa,Mw, Ala[ ,c]{oa 1r6Àt. [KaMmoÀ]n·âv àpe-râ, ËveKEV ,ca, [E]Ù1:py1:a{a, [-râ, el, aù]-rav.

Il est possible, en effet, que Pyrrhos ait voulu pallier son absence de Grèce au moment critique par sa munificence envers les habitants de la ville ravagée. Ce n'est, au vrai, qu'une supposition .,p.alq,8oO~uoVTai)et les consacra sans doute dans quelque sanctuaire d'Alexandrie, comme le suppose Ad. J. REINACH,Les Gaulois en Égypte, dans Revue des Études Anciennes, 13(1911), p. 46. Selon M. LAUNEY,Recherches sur les armles helllnistiques, I, p. 498, n. 7, ils auraient été suspendus au Phare d' Alexandrie, comme on peut encore le voir, dit-il, sur la célèbre mosaïque à sujet nilotique du temple de Fortuna à Préneste. Il s'agit à vrai dire de la mosaïque dite « des poissons », qui se trouve, in situ, dans « l' Antro delle Sorti » et qui représente, non le Phare, mais une monumentale colonne corinthienne, à laquelle sont attachés deux boucliers ovales. « Dev'essere inteso, più che una impossibile raffi.gurazione simbolica del Faro di Alessandria ... , un luogo sacra a Posidone », écrit G. !AcoPI, Il santuario della Fortuna Primigenia e il Museo archeologico prenestino, dans Itinerari dei Musei, Gallerie e Monumenti d'Italia (Rome, 1959), p. 6. Cf. aussi, dans le même sens, G. GuLLINI, I mosaici di Palestrina (Rome, 1956), pp. 31-32 et pl. VIII, 2. Quant au bouclier celtique, retrouvé intact dans une tombe, à Kasr el Harit, dans le Fayoum, il n'appartenait pas à un mercenaire galate de Philadelphe, comme l'affirme J. HARMAND,Les Celtes au Second Âge du Fer (Paris, 1970), p. 91. Il provient peut-être d'un auxiliaire galate qui combattait dans les armées de Ptolémée IV Philopator: cf. W. KIMMIG,Ein Keltenschild aus Aegypten, dans Germania, 24 (1940), pp. 106-1 II et pl. 23 ; et Ch. PICARD, Boucliers gaulois, dans Revue Archlologique, 6• s., 21 (1944), p. 178. Mais il pourrait faire partie aussi de l'équipement de l'infanterie ptolémaïque, comme l'estiment certains celtisants: cf. F. MAIER, op. cit., pp. 471-472. Sur l'origine du Oup,&s hellénistique, voir ci-dessous, pp. 188-190. ( 161)

L'INVASION DESCALATES EN MACÉDOINE ET EN GRÈCE 185 Galates (256). Un fragment, parmi les rares extraits qui soient parvenus jusqu'à nous, laisse supposer que le poète y évoquait l'invasion de Brennos en Grèce: Fragment 379 (éd. R. PFEIFFER): "B' 'f'EWOS' a.,, •,1.•• 'LL\I OVS' E.,f,Ul, xwpa., (/.G., VII, 2537 = L. MORETTI,[SCY. stor. ellenist., I, n° 68 et bibliographie, p. 171). Il s'agit vraisemblablement de l'un de ces Béotiens qui, nous l'avons vu (p. 164), intervinrent à Delphes après le désastre des Galates. En ce qui concerne l'épigramme funéraire d'un athlète thébain, également mort à la guerre, le contenu du poème ne permet pas d'établir un rapprochement avec l'invasion celtique, et aucun argument ne peut être tiré de l'aspect de l'écriture, que l'on date du 3e siècle ou même de la première moitié du 2 8 (/.G., VII, 4247 = L. M0RETTI, /scr. agon. gr., n° 42).

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des Galates » (m). Dans le Bouleutériond'Athènes, un portrait de Callippos, œuvre du peintre Olbiadès, perpétuait le souvenir de l'intervention athénienne aux Thermopyles (283 ). Offrande de simples particuliers: dans le temple de Zeus Éleuthérios, les parents du jeune Cydias, qui s'était montré le plus valeureux des Athéniens dans la défense du fameux défilé, consacrèrent le bouclier de leur fils avec la dédicace suivante (28 ') : « Je suis suspendu ici, pleurant la jeunesse, si fraîche encore, de Cydias, bouclier d'un homme glorieux, offrande à Zeus. J'étais le premier sous lequel il avait passé son coude gauche, au moment où, contre le Galate, fit rage le furieux combat. »

Pour ce qui est d'Athènes, il peut paraître étonnant que nous n'ayons guère de renseignements sur la commémoration de la victoire. Bien que cette carence soit, à coup sûr, imputable aux maigres sources dont nous disposons, il est possible que d'autres raisons s'ajoutent aux lacunes de notre information. Tenant compte des attendus du décret d'acceptation des Sôtéria, nous avons soutenu (286 ) que Pausanias avait considérablement amplifié le rôle que les Athéniens avaient joué dans la guerre ( 111) PAUSANIAS, VII, 20, 6. Cf. ci-dessus, p. 146. Sur certaines monnaies de Patras frappées sous les règnes de Marc-Aurèle et de Commode est représentée une statue d'Apollon tenant une Victoire dans la main droite et une branche dans la gauche. Peut-être s'agit-il du monument commémoratif de l'intervention patréenne dans la guerre contre les Galates, comme le supposent F. W. lMHO0F-BLUMER et P. GARDNER,Ancient Coins illustrating lost Masterpieces of Greek Art. A Numismatic Commentary on Pausanias. Édition complétée par Al. N. ÜIKONOMIDÈS (Chicago, 1964), p. 80. ( 188) PAUSANIAS, I, 3, 5. Cf. Ad. J. REINACH,LesGalatesdansl'artalexandrin ... , pp. 101-102; et La mort de Brennus ... , p. 192. Callippos, fils de Moiroclès, présida l'ambassade chargée de préparer, dans le Péloponnèse, la coalition contre Antigone Gonatas qui prélude à la guerre chrémonidéenne. À cette occasion, luimême et ses collègues furent honorés de la proxénie d'Orchomène. Cf. André PLASSARTet G. BLUM,Inscriptions d'Orchomène d'Arcadie, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 38 (1914), pp. 451-454 ( = L. MoRETTI,Iscr. stor. ellenist., 1, n° 53) ; et Fr. SARTORI,Cremonide: un dissidio /ra politica e ftlosofta, dans Miscellanea di studi alessandrini in memoria di A. Rostagni (Turin, 1963), pp. 128-129. ("') PAUSANIAS, X, 21, 5. Si, comme il est vraisemblable, le bouclier fut dédié peu de temps après la bataille des Thermopyles, ce texte contient la plus ancienne mention du nom des Galates (cf. ci-dessus, p. 13, n. 17). De ce Cydias était sans doute parent Ki5{Jcpv,sKv8lov 'A)u,.oi5u,os,qui proposa aux Athéniens le décret d'adhésion aux Sôtéria (Actes, 21). Le même Ki5{Jcpv,s fut également honoré à Delphes (F.D., III, 2, 159 = Syll.8, 403). ( 186) Voir pp. 143-150.

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(effectifs, intervention des trières, commandement suprême des forces grecques) : si ceux-ci semblent avoir fait preuve de discrétion dans leurs décrets et dans les monuments commémoratifs, ne serait-ce pas parce que leur participation à la lutte ne justifiait pas une célébration tapageuse ? Quoiqu'il ne soit pas sain de discuter sur une absence de document, la question mérite d'être posée, puisque, dans l'affirmative, ce serait un indice de plus à verser au dossier à charge de Pausanias. D'autre part, il convient aussi de se rappeler la situation politique d'Athènes dans les deux décennies qui ont suivi l'invasion (286 ) : en 272, le Pirée tombe aux mains d' Antigone Gonatas et, quelques années plus tard, éclate la guerre chrémonidéenne (267 /6 ?-262 ?), qui s'achève sur le siège et la capitulation d'Athènes. Dès ce moment, les monuments que les Athéniens érigent en souvenir de la victoire sur les Galates ne commémorent plus les faits d'armes de leurs concitoyens: ils contribuent à la gloire de leur maître, le roi de Macédoine (287 ). Dans la lutte contre les envahisseurs, les véritables artisans de la victoire avaient été les Étoliens et les Phocidiens: les uns avaient empêché Acichorios d'opérer sa jonction avec Brennos et lui avaient infligé des pertes sévères en Étolie ; les autres avaient ( 181 ) La situation politique d'Athènes est mal connue et pose des problèmes chronologiques : cf. Éd. WILL, Hist. pot., I, pp. 189 et 196-205. ( 187 ) Voir ci-dessus, p. I 81. La victoire d' Antigone sonna également l'heure de l'exil des adversaires de la Macédoine. Poseidippos de Cassandreia, poète comique résidant en Attique, fut peut-être contraint de quitter Athènes au lendemain de la guerre chrémonidéenne. Cf. Alfr. KoERTE, Poseidippos (n° 1), P.W., R.-Enc., XXII, 1 (1953), coll. 426-428; et P. GRIMAL,Échos plautiniens d'histoire hellénistique, dans Mélanges o/fel'ts à And,-é Piganiol, Ill (Paris, 1966), pp. 1739-1741. Des titres de comédies tels que Le Galate ou Âl'sinoé - il subsiste un fragment de chacune des deux pièces: cf. J. M. EDMONDS,The Fragments of Attic Comedy, III A (Leyde, 1961), pp. 232-233, n°• 6-7 -, laissent supposer que l'auteur ne répugnait pas à faire des allusions aux événements contemporains. Aussi P. Grimal, dans l'article cité ci-dessus, lui a-t-il attribué de claires attaques contre Antigone et contre la monarchie, qu'il a décelées dans certaines comédies de Plaute. Outre Poseidippos, citons également Apollodoros de Géla, poète comique qui résida à Athènes à l'époque de Ménandre (SumAs, s.u. : cr,$,yxpovos-roii KW/.mcoii M&av8pou)et qui composa, entre autres, une pièce intitulée I'a>.a-ra,.Le seul fragment conservé (J. M. EDMONDS,op. cit., III, A, pp. 200-201, n° 3) ne fournit aucune indication sur le contenu de l'œuvre. D'après Je titre de la comédie, il est vraisemblable que l'auteur survécut à Ménandre d'au moins une quinzaine d'années. Cf. G. KAIBEL,Apollodoros (n° 57), P.W., R.-Enc., I, 2 (1894), coll. 2852-2853, et la rectification publiée par l'auteur dans J'ouvrage d'Ad. WILHELM, Ul'kunden dramatischer AuffUhrungen in Athen. Mit einem Beitrage von G. KAIBEL (Vienne, 1906), pp. u8-u9 et 182.

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mis les Barbares en déroute devant Delphes (288 ). Pausanias, qui décerne la palme du courage aux Phocidiens, justifie leur brillante conduite en ces termes (289) : « Dans la défense contre les Galates et l'armée celtique, les plus courageux des Grecs furent les Phocidiens, qui voulaient venir en aide au dieu de Delphes et, en même temps, je crois, se décharger des accusations autrefois portées contre eux. »

Aussi bien, en dédiant dans le sanctuaire d'Apollon la statue d'Aleximachos (290 ), qui fut le plus brave d'entre eux et qui tomba devant Delphes, les Phocidiens proclamaient «à la face de la Grèce la part glorieuse qu'ils avaient prise à la victoire et qui .ov,intentionnellement ( ?) vague, désigne les Étoliens, avec lesquels les Phocidiens d' Anticyre furent souvent en conflit (les Étoliens perdent la cité vers 225, la reprennent en 2II et la perdent de nouveau en 208: cf. R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, pp. 287 et 299). (1H) Sur les paiements des Phocidiens, cf. P. DE LACosTE-MESSELIÈRE, Listes amphictioniques du IV• siècle, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 73 (1949), pp. 236-238; et E. J. P. RAVEN,The Amphictionic Coinage of Delphi, dans The Numismatic Chronicle, 6• s., IO (1950), pp. 1-2.

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Pausanias atteste également que, pour prix de leur courage, les Phocidiens réintégrèrent le Conseil amphictionique, dont Philippe de Macédoine les avait exclus (293 ) : " Quand Brennos eut mené ce furent les Phocidiens qui, grand zèle pour la guerre ; en membres de l'Amphictionie ancienne réputation.»

son armée de Galates contre Delphes, parmi les Grecs, déployèrent le plus raison de leur conduite, ils redevinrent et, pour le reste, recouvrèrent leur

Le premier décret amphictionique dans lequel réapparaissent des hiéromnémons phocidiens est aussi le plus ancien de ceux qui mentionnent des hiéromnémons étoliens. Il s'agit d'un document relatif aux artistes dionysiaques d'Athènes, conservé en deux exemplaires, l'un gravé sur le Trésor des Athéniens à Delphes (294 ), l'autre découvert au théâtre de Dionysos à Athènes (295). Chacun d'eux fut recopié en 130 /29 avant notre ère en même temps qu'un nouveau décret promulgué à cette date par les Amphictions pour confirmer les privilèges accordés à l'association. Après la mention .:16yµ.a à.pxaîov 'Aµ, A ,\,,I. > f E1Ti Epwvos apxovTos EV ~€ y,ois, 1TVaias Eap,vas, iEpoµ.vaµ.ovovVTwv· 8EaaaÀwv '!1T1To8aµ.a,AE'ovTOS· AlTwÀwv AvKÉa, .dwp,µ.axov. BoiwTWV 'Aaw1TWVOS,.dwvvatSov. wKÉwv Eù eviavTq> ot 1,arc h ont a t de Lys1as: 1T0ÀeµosivÉaTTJ(83 ). Cette guerre, il est vrai, n'est pas datée de manière précise : de peu postérieure à la mort de Gonatas, elle se situe soit en 239 /8, soit en 238 /7 (84 ). Telles sont les indications fournies par l'épigraphie attique. Tournons-nous vers Delphes pour préciser davantage. Le décret d'acceptation de Chios atteste que les Sôtéria étoliennes sont pentétériques (96). Les Chiotes, qui donnent leur agrément à la nouvelle fête, décident de nommer sur-le-champ trois théores et prennent la disposition suivante pour l'avenir: #



..



A

ylvea[8ai 8J els TOÀomàv] Tt/Và1TooufLVTWV81:wpwvKa8' ÉKaUTTJV 1TEVTaETTJpl8a OTavKai [- ± 20 -] WVTaL

( 19) L'idée du retard de Smyrne, lancée par W. Sc. Ferguson et critiquée par L. Robert (voir pp. 216-217), a été reprise par tous les historiens américains. Cf. W. B. DINSM00R,Archon List, p. 118; W. K. PRITCHETT-B.D. MERITT, Chronology, p. 30, n. 17; et, plus récemment, B.D. MERITT,Polyeuktos and Philoneos (déjà cité), pp. 26-27. ( 80) Citons R. FLACELIÈRE, Ait. à Delphes, pp. 176-177; G. KLAFFENBACH, Polyeuktos (der Archon), dans P.W., R.-Enc., XXI, 2 (1952), coll. 1628-1629; Chr. PÉLÉKIDIS,op. cit., pp. 62-63; Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 230. ( 11) Voir ci-dessus, p. 213. ( 91 ) Cf. PLUTARQUE, Aratos, 34, 1. La date exacte de la mort d'Antigone Gonatas n'est pas connue : selon les uns elle serait survenue à la fin de l'année 240, selon d'autres au début de 239. Cf. W. B. DINSMOOR,Archons of Athens, pp. I07-109; M. CHAMBERS,The ftrst Regnal Year of Antigonus Gonatas, dans American Journal of Philology, 75 (1954), pp. 385-394; Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 3o5. 13 ( ) I.G., Il/Ill', 1299, 1. 57 (Syll.8, 485). (") La guerre démétriaque fut déclenchée immédiatement après la mort de Gonatas (PLUTARQUE,Aratos, 34, et POLYBE, XX, 5, 3). Cf. Éd. WILL, Hist. pol., J, pp. 311-316. ( 96 ) Actes, 22.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

226

Trois restitutions ont été proposées pour combler la lacune : I.

a ' E,S' ' OTaV Kat1 [ o, Ta1

•o\ ' ~ I\VP,1Tia Ka8U]T]WVTa,.

W. Dittenberger (91 ) ; H. Pomtow: [alpE1wvTai(") ; Al. Ch. Johnson (98 ); W. B. Dinsmoor ("); W. Kolbe (100 ); G. Daux: [à1ro6E1Kvv1wvTai (101 ) ; B.D. Meritt (161 ). 2.

OTav Kat [oZELS'Tà llv8ia Ka8,aT]wvTa,. H. Pomtow (103 ) ; W. Dittenberger (1"') celière (161 ) ; Chr. Pélékidis (1 91 ).

;

P. Roussel (165)

;

R. Fla-

3. oTav Ka/.[oZ.\o,1ro/.8Ewpo/.Ka8,aT]wvTai. G. De Sanctis (10 •).

Comme l'ont montré L. Robert (109) et R. Flacelière (110), la troisième restitution ne peut être prise en considération parce qu'elle est infirmée par tous les témoignages que nous possédons sur la nomination des théores (ceux-ci sont désignés chaque fois lv Tep Ka8~KovT, Kaipcp). En ce qui concerne la première et la deuxième, qui ont donné lieu à d'interminables discussions, susSyll. 1 , 150. Syll. 3 , 402. ( 88 ) Problems in Delphian Chronology, dans American Journal of Philology, 39 (1918), p. 159. (") Archon List, p. II9. ( 190) Die vierjiihrigen Soterien der Aitoler, dans Hermes, 75 (1940), p. 58. ( 191 ) F.D., III, 3, 215. « Parmi les verbes que l'on a proposés, note l'éditeur (p. 177), seul &1ro8E1KvvwvTa1 donne une coupe syllabique (Ka9,u,-wv,-a, est à écarter, de même que aZplwv,-a,, forme non contractée, à moins d'admettre ici une contamination dialectale ... ) ; oZn'est pas nécessaire (devant ,ls ,-à 'O>.vµ1r1a): le trope est aisé. » ( 191 ) Polyeuktos and Philoneos (déjà cité), pp. 26-29. ( 163 ) Fasti Delphici, dans Jahrbflcher Jar classische Philologie, 40 (1894), p. 505, n. 9. ( 1°') Syll. •, 206. ( 106) La Fondation des SôtéYia de Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 26 (1924). p. 103. (101)Ait. à Delphes, p. 165. ( 191 ) Op. cit., pp. 64-66. Les conclusions de Pélékidis sont reprises par Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 230. ( 19 ') Cronache e commenti, dans Rivista di Filologia Classica, N.S., 7 (1929), pp. 571-572. Selon De Sanctis, Chios aurait désigné, tous les quatre ans, les théores de tous les grands jeux de la Grèce. ( 191) Smyrne et les Sôtéria de Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 38 (1936), p. 10, n. 8 = Op. Min. Sel., II, p. 773, n. 8. ("•) Ait. à Delphes, p. 165. ( 91)

( 97 )

LES SÔTÉRIA:

SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

227

pendons provisoirement notre jugement et bornons-nous, pour l'instant, à constater que les Sôtéria étoliennes sont pentétériques (lll). Compte tenu de cette indication, il suffirait de dater une seule célébration de la fête pour vérifier, d'une part, le synchronisme que suggère le décret de Chios avec l'un ou l'autre des grands jeux grecs, et, d'autre part, pour déterminer la date de l'archontat de Polyeuctos. Étant donné qu'Athènes accepta l'invitation étolienne le 22 Élaphébolion (avril) (112), deux mois environ avant la fin de l'année civile, les Sôtéria furent célébrées ( 111 ) Remarquons néanmoins que plusieurs érudits ont objecté que les Pythia et les Sôtéria n'auraient pu être célébrées la même année sans que le succès de chacune des deux fêtes n'en pâtit. Cf. H. PoMTow, Syll. •, 402, n. 10; T. Br. W ALEK, Die delphische A mphiktionie in der Zeit der aetolischen Herrschaft. Diss. (Berlin, 19II), p. 83 ; K. J. BELOCH,Gr.G., IV 2 , 2, p. 492. Au contraire, selon d'autres, tels W. W. TARN, Telokles and the Athenian Archons of 288 /7-262 /1, dans The Journal of Hellenic Studies, 40 (1920), p. 156, et R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, p. 169, n. 3, les pèlerins n'auraient eu qu'un seul voyage à faire si les Pythia et les Sôtéria étaient célébrées à peu d'intervalle. Quant à l'expression Tà llv8,a ,cal l:wT~p,a (sans article devant Je mot l:wT~p,a), si fréquente dans les inscriptions de Delphes, elle ne prouve pas que les deux fêtes étaient liées dans le temps. Comme l'a montré M. SEGRÈ, Note epigrafiche, Il : .d,ovva,a ,cal .dT)µ.T)Tplua,dans Il Mondo classico, 2 (1932), pp. 288-293 ; et L'Asilia di Smirne e le Soierie di Delft (déjà cité), pp. 255-258, lorsqu'à la fin du 4• siècle et au 3• siècle, les noms de deux fêtes sont accouplés, ce fait n'implique pas que celles-ci étaient célébrées à la même époque, mais seulement qu'elles avaient un lien religieux et une organisation commune. Signalons pour mémoire que, malgré le témoignage du décret de Chios, K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1 , 2, p. 493, a prétendu que les Sôtéria étoliennes étaient triétériques (la 1re et la 3• année de chaque olympiade) et que les théores de Chios envoyés à Delphes pour les Pythia représentaient également l'île lorsque cette fête coïncidait avec les Sôtéria (c'est-à-dire une fois sur deux). Ce raisonnement, qui • a visiblement pour seule raison d'être Je besoin de 'tourner' l'indi'ITEVTaET1Jpl8a •• a été réfuté par R. FLACEcation donnée par les mots ,ca8' É1o.a,f,1)/JoÀ,wvos lvo.Tu µ.ET',l,co.8as, Tp,a,co[aT]Eî T-ijs1Tp11Tav.tas. Il est inutile de revenir sur les deux interprétations contradictoires du comput µ.•T" ,l,ca8as. Comme l'écrit J. BINGEN, Chronique d'Égypte, 47 (1972), n°• 93-94, p. 329: «B.D. Meritt lui-même, dans Calendar Problems 11964), p. 256, n. 200, a renoncé à supposer l'existence d'un 'forward count '. Il n'y a - et il ne pouvait y avoir - qu'un compte unique et dégressif (' backward cou nt ') intégralement parallèle au système dégressif ,f,8lvoVTosde l'époque classique. • Cf. aussi Cl. PRÉAUX, La lune dans la pensée grecque, dans Mémoires de la Classe des Lettres de l'Académie Royale de Belgique, 2• s., LXI, 4 (Bruxelles, 1973), pp. 80-81 (et bibliographie, p. 80, n. 1). Ajoutons que la correspondance Élaphébolion 22 = Prytanie IX, 30 (il y a 12 prytanies par an de 307/6 à 224/3, la première entrant en charge vers le milieu de l'été) permet de dater approximativement le décret du mois d'avril. Pour un exemple parallèle, voir B. D. MERITT, op. cit., pp. 147-148.

228

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

la première fois alors qu'Hiéron, successeur de Polyeuctos, était archonte à Athènes. Grâce à l'hydrie funéraire du théore Sotion, trouvée au cimetière d'Hadra (113 ), il est possible de cerner une année au cours de laquelle furent célébrées les Sôtéria. Le vase porte l'épitaphe suivante: L ()'

l:w-rlwv KMwvos

..1EÀ.cf,6s, 8Ewp6s-rà l:w'T"]p,a È1ravyÉÀÀ.wv,

8,à 8Eo86-rov, àyopacrrov. « An 9. Sotion, fils de Cléon, Delphien, théore annonçant Sôtéria; par Théodotos, agoraste » (m).

les

Sotion, théore des Sôtéria, est donc mort à Alexandrie au cours de la ge année de règne d'un Ptolémée. De quel Lagide s'agit-il ? Il serait certes trop long de reprendre ici l'histoire de cette question étroitement dépendante de celle qu'a posée Polyeuctos. À l'époque où l'archonte athénien était placé vers 278-272, on a cru que le vase datait de Philadelphe ou encore d'Évergète (116). Les données paléographiques et stylistiques, ainsi que le calendrier utilisé dans la série de vases à laquelle appartient l'hydrie de Sotion, sont autant d'éléments qui ont permis de dissiper tout ( 113 ) Actes, 28. La bibliographie de l'urne de Sotion est considérable: aux 27 références que donne Br. F. CooK, lnscribed Hadra Vases in tke Metropolitan Museum of Art, dans Tke Metropolitan Museum of Art Papers, 12 (New-York, 1966), p. 25, n° 10 (cf. J. et L. ROBERT,B.Ép., 1967, 662), on ajoutera: BI. R.

BROWN,Ptolemaic Paintings and Mosaics and tke Alexandrian Style (Cambridge, Mass., 1957), pp. 4-51; J. BINGEN, Vases d'Hadra et prosopograpkie ptolémafque, dans Chronique d'Égypte, 43 (1968), n° 86, pp. 389-392 (= S.E.G., XXIV, u78); Br. F. CooK, A dated Hadra Vase in tke Brooklyn Museum, dans Tke Brooklyn Museum Annual, 10 (1968-1969), pp. I 14-138 et, en particulier, pp. 121123 (cf. J. et L. ROBERT,B.Ép., 1970, 653). ( 114 ) Sur les sens du mot, voir H. BRAUNERT, 'AyopaaT,jr, dans Zeitsckrift far Papyrologie und Epigrapkik, 8 (1971), pp. u8-122. ( 115 } W. B. DINSMOOR, Arckons of Atkens, pp. 124-125 et 491 ; et Archon List, pp. 123-126, passe les diverses dates en revue. Cf. aussi T. RoENNE-P. M. FRASER, A Hadra Vase in tke Askmolean Museum, dans Tke Journal of Egyptian Arckaeology, 39 (1953), pp. 88-90.

LES SÔTÉRIA: SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

229

doute à cet égard (116) : on admet aujourd'hui que la date s'applique au règne de Ptolémée IV Philopator. Toutefois, puisque la paléographie et le style des vases ne peuvent jamais fournir qu'une approximation très large, n'excluons pas a priori le règne de Ptolémée III Évergète. Ptolémée Philadelphe n'entre pas en ligne de compte, puisque sa 9° année tombe en 276, soit deux ans après l'échec des Galates devant Delphes, et que, d'après le terminus post quem fixé ci-dessus, les Sôtéria étoliennes ont été créées après 247 /6. Une urne d'Hadra, semblable à celle de Sotion, datée de la même année et déposée par le même agoraste, porte l'épitaphe suivante (117 ) : L 8' 'Y 1repfJepeTalov ,\', .n

8,14

[1:]wKpa-rT/S 1:wxap,6os 'P&6,os aÙÀT/T*

8,83

Ilpovoµ,os 8'1/Jaîos J6/6aaKEV Ilpovoµ,os ..::l,oyEfrovos Bo&efmos6,6aaKaÀos

271/0

271/0 10,17

A11a,1r1ros 'ApKàs J6{6aaKE A 11a,1r1ros Soo-rlµ,ov 'ÂpKàs 6,6aaK4Àos

b) Didascalies : l.G., II /IIl

2,

2322, col.

I,

11.55, 6o-6I et 65.

Parmi les acteurs corniques qui participèrent aux Lénéennes de 286 /5 et de 285 /4 (archontat de Diotimos) sont cités J,68wpos et 'Ap,u-r6µ,axos. Deux acteurs de même nom figurent dans les inscriptions déliennes de 284 et de 259 (voir les identifications proposées ci-dessus). 'Ap,UT6µ,axos, qui est peut-être le père de 11>,Àwvl&r,s •ApiUToµ,axov Za«vv8,os (voir p. 244) apparaît également dans le catalogue suivant avec trois victoires aux Lénéennes (ca 290) et au moins une victoire aux Dionysies (ca 290). 1

c) Catalogues d'acteurs vainqueurs: l.G., II /IIl2, 2325. - Acteurs comiques vainqueurs aux Dionysies col. 2, Il. 88-98 (ca 290-280)

['Ap,uT6µa]x[OS' -] [..::171µ.)las1 ['Ex]lv,Kos 1 [J]lpKETOS' 1 'Ap,UTlwv .aypov•A011vaîosnommé à titre inconnu en Actes, 2, 36 (patronyme et ethnique sont restitués) et Kwµ,cpSôsen Actes, 8, 67 et 9, 69 ; 1. 100 : il est possible de restituer [EvKÀ]'Y/s(dont le nom comble parfaitement la lacune), mais EvKÀfJsLJ,ovvatov'ApyEîos est -rpaycpSôsen Actes, 3, 19 et de même à Délos en 268 (voir p. 244). Les acteurs à la fois comiques et tragiques sont rares (cf. J. B. O'Connor, op. cit., p. 43). Je relève un seul cas à Delphes: [LJ,]C?K~'YJS LJ,oKMovs'A0rivaîos Kwµ,cp8ôs (Actes, 7, 59) et L1,oKÀiJsL1ioKMovs•A0rivaîos -rpaycp8ôs (Actes, 10, SS) ; 1. 102: Ad. Wilhelm, op. cit., p. 164, suggère de lire soit le nom de NtKwv Evµ,a0,8a AaKE8a,µ,ôviosKwµ,cp8ôsen Actes, 9, 59, soit celui de NtKwv 'HpaKÀEt-rov •H1rEipw71Js Kwµ,cpSôsen Actes, 9, 65, soit encore celui de t/Jt>.wv.E-rpa-rwvos •Aµ,f:3paK,w71Js Kwµ,cpSôsen Actes, 9, 60; 1. 103 : K.,,cf,,aô8wposKa>.>.tovBo,w-r,os S,SaaKaÀos Kwµ,cp8wven Actes, 7, 56 et 8, 65 ; xopEVTTJS Kwµ,,Kôsen Actes, 10, 76 ; 1. 105 : pourrait être identifié, selon Ad. Wilhelm, loc. cit., avec LJ,ovva,os.Etµ,ov'HpaKÀEtW'T'YJS Kwµ,c.pSôs en Actes, 7, 53, ou Kwµ,cpSwv en avec LJ,ovva,ost/J,ÀoKvSov•A0rivaîos 8,8&.aKaÀos Actes, 8, 70 et 9, 71 ; 1. 106 : une des restitutions proposées à la 1. 102 pourrait également convenir ici.

( 111 ) Répétons qu'en raison des homonymies toujours possibles, ces identifications et les suivantes ne peuvent être assurées. La fréquence qu'elles atteignent dans le catalogue athénien ajoute néanmoins à leur vraisemblance.

LES SÔTÉRIA : SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

247

- Acteurs comiques vainqueurs aux Lénéennes col.

5,

Il.

20

4-215

( 1 ,•)

col.

(ca 290-280)

[M]oaxlwv 11 [J71]µ.[oipwv] 1 ['l]tpwvvµ.os-111 1 ['A]p,unlµ.axos-111 JlpKt'TOS'1[ - ?] ,ÀoK[À7]S' -] •Ap,u-roKpd.T1JS' 1 'Eµ.µ.tvt&js-1 A ù-r6ÀvKOS' 1 ,.\wvt871s1 l:wKpd.T1JS' 1

6,

Il.

216-225

(ca 275-260)

205

210

llo.\[ vKÀ1]S' -] AvKlu[KOS' -] l:wa,KÀ[7ÎS'-] llo.\J,71.\o[s--] 1 llv8&.pa-rosKilllas 111 MtvtK[À77]s 1 J[71µ.~-rp],os11 ll,-r8eôs 1 'HpaKÀtl&rjs-

220

225

215

Identifications : 1. 204: Ad. Wilhelm, op. cit., p. 151, propose d'identifier l'acteur Kwµcp8wven avec Mouxtwv Eù{:JoüÀovI'apyapevS' l>i8&.crKaÀoS' Actes, 9, 6I; Mocrxlwv 'E1raivÉTov 'ApKàS' 8,8&.crKaÀoS' -rpaycp8wven Actes, 8, 59 est également possible; 1. 207 : déjà cité col. 2, 1. 88 (voir p. 245) ; l. 211: 'ApiCTTOKpd.7TfS' l:w-rlwvoS''AKapvàv -rpaycp86S' (173) en Actes, 9, 54; 1. 213 : Aù-r6ÀvKoS'"Acr-rwvoS'Al-rwÀoS'Kwµcp86S'en Actes, 8, 66 et 9, 68; 1. 214 : déjà cité col. 2, 1. 93 (voir p. 245) ; 1. 215 : l:wKpd.7TfS' l:wx&.p,8oS''P68,oS' aÙÀ1J'"JS' en Actes, 8, 14 ; également cité dans une dédicace d'agonothète de 277 /6 (voir p. 245) ; 1. 216 : déjà cité col. 2, 1. 97 (voir p. 245) ; 1. 217 : AvKlcrKOS'AJKov Ke.wvl811r ont été gravés en 279 /8 (date de la dédicace). ( 113 ) Même remarque que ci-dessus, p. 246 (1. 100), à propos du changement de spécialité.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

4, 13 ; Ka.Mlas IloÀvf&ov I1EÀÀ1JVEVS' ,ci8ap,U'T'IJS' en Actes, 7, 13 et IO, II ; Ka.Mlas '0Àvµ,mo8wpov l:,,cvdmos àV'TJp xopEVr1Jsen Actes, 9, 35 ; 1.225 : •Hpa1CÀEl811s Av,cov 'Aµ,f3pa,ciwTTJS' xopEVT'YJS' ,cwµ,,,cosen Actes' 9, 79 et IO, 75 ; cf. aussi 'H[p]aKÀEl[811s - - - ], qui figure à

titre inconnu en Actes, 2,

32.

- Acteurs tragiquesvainqueurs aux Lénéennes col. 6, ll. 304-311 (ca 26o)

'Hp&ic[.\m·os ·] 'AMeav8[pos-] KaM&icMjs 111 [E]vP71µ.wv 1 ['lao]Kp'11'TJS 1 [ . [ . [ .

. ]vos 11 . ]os 1 . ... ]os 1

305

310

Identifications : 1.304: 'Hpo.,cÀu-rosLllwvos 'ApyEîos -rpaycp8osen Actes, 7, 39 et 10, 51 (où l'ethnique 'A81Jvaîosindique que l'acteur avait obtenu la citoyenneté athénienne, à moins qu'il ne s'agisse d'une erreur du lapicide) ; 1.305: 'AMfav8pos Ll111-1,'1/-rplov 'A811vai:os -rpaycp8osen Actes, IO, 50; et -rpaycp8osà Délos en 264 (voir p. 244) ; 1. 306: Ka.Mi,cÀijsI&.wvos Bou.fmos 8,8&.aKaÀos ,cwµ,cp8wven Actes, 9, 66.

Les Sôtéria amphictioniques étaient-elles annuelles comme le soutiennent P. Roussel (174 ) et R. Flacelière (176) ou bien faut-il (1") Remarques sur la chronologie des al'chontes de Delphes au II l• si~cle av. J.-C., dans Bulletin de CorrespondanceHellénique, 47 (1923), pp. 31-33. P. Roussel rappelle (p. 31, n. 2) qu'avant lui Pomtow, Dittenberger et Johnson considéraient les Sôtéria comme annuelles, tandis que Beloch, Walek et Lenschau les tenaient pour triétériques. Cf. aussi, du même auteur, La fondation des Sdtlria de Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 26 (1924), pp. 103-106. (171) Ait. à Delphes, pp. 147-148. D'autres auteurs encore ont admis que les Sôtéria amphictioniques étaient annuelles: L. ROBERT,Notes d'épig,,aphie hellé-

LES SÔTÉRIA: SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

249

admettre avec K. J. Beloch (178 ) et W. B. Dinsmoor (177 ) qu'elles étaient triétériques ? Pour définir la périodicité de la fête créée par les Amphictions, nous ne disposons que du seul témoignage des catalogues d'artistes, qui sont datés de l'archonte de Delphes et du prêtre des technites dionysiaques (178 ). Les modernes les ont invoqués tour à tour à l'appui de l'une ou de l'autre hypothèse, sans apporter d'argument qui tranche la question. Il est vrai qu'ils se sont attachés surtout au préambule de ces textes et qu'à cette date une analyse approfondie du contenu de ceux-ci doit encore être entreprise. Or, parmi les quelque quatre cents concurrents dont les noms nous sont parvenus, il en est plusieurs qui se retrouvent dans deux catalogues, parfois trois, voire quatre (179 ). Compte tenu du fait qu'une carrière d'artiste peut s'étendre sur une période de trente ans ou davantage, je ne prétendrai pas qu'une étude statistique permette de déterminer la périodicité annuelle ou biennale des Sôtéria. Il est possible néanmoins, d'après les récurrences des participants, d'esquisser un premier classement des listes, avant d'utiliser les critères que fournissent les intitulés amphictioniques. Trois listes de concurrents sont datées du prêtre des technites Pythoclès d'Hermionè et quatre autres du prêtre Philonidès de nistique, 36: Sur les Sôtéria de Delphes, dans Bulletin de Correspondance Helléc.r. nique, 54 (1930), p. 331, n. 1 = Op.Min.Sel., I, p. 150, n. 1; G. KLAFFENBACH, des Ait. à Delphes de R. Flacelière, dans Klio, 32 (1939), pp. 195-197; Chr. PÉLÉKIDIS,op. cit., p. 64, n. 2 ; G.M. SIFAKIS, op. cit., p. 64. (1 78) Voir ci-dessus, p. 227, n. III. ( 177 ) L'opinion de Dinsmoor n'a pas été constante : il a soutenu, dans Archons of Athens (1930), pp. 132-133, et dans Archon List (1939), p. n5, qu'elles étaient annuelles. Dans I'American Journal of Archaeology, 49 (1945), p. 608, faisant le compte rendu de la Chron. delph. de G. Daux, il est revenu sur la question pour conclure à une périodicité biennale. ( 178 ) Actes, 2-11. ( 178) Plusieurs auteurs ont relevé que des artistes figurent parfois dans des listes différentes (en particulier dans celles du mur polygonal, publiées dès 1863) : outre les éditeurs de ces textes, citons Edw. CAPPS,Studies in Greek Agonistic Inscriptions: The Soierie Inscriptions of Delphi, dans Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 31 (1900), pp. n2-137; J. B. O'CONNOR,op. cit., app. prosop., passim ; Ulr. KAHRSTEDT,Zu den delphischen Soterienurkunden, dans Hermes, 72 (1937), pp. 36g-403 (voir pp. 370374) ; Ir. PARENT!,op. cit., app. prosop., passim; G. M. SIFAKIS,op. cit .• pp. 156167. Ajoutons que M. B0NARIA,dans P.W., R.-Enc., Supplementband 10 (1965). a signé un grand nombre de courtes notices relatives à des artistes ; il s'agit le plus souvent d'un démarquage des recueils prosopographiques d'O'Connor et de Parenti cités ci-dessus (cf. J. et L. ROBERT,B.Ép .• 196g, 142).

250

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

Zakynthos. Tous deux sont présidents de l'association, élus pour un an et rééligibles (180). Cette indication combinée avec celle que suggère l'inscription de deux ou plusieurs listes sur la même pierre permet de répartir provisoirement les dix catalogues en trois groupes distincts.

GroupeA (listes datées de Pythoclès) : Actes, 2-3: un bloc de calcaire trouvé au sud du Trésor des Athéniens, contenant deux catalogues (l'intitulé du premier est perdu). Actes, 4: une plaque de calcaire exhumée au nord du temple d'Apollon. Actes, 5 : un fragment de marbre (cippe ?) trouvé dans un mur moderne au village de Chryso. GroupeB (listes datées de Philonidès) : Actes, 7-10: « série de quatre listes ... gravées côte à côte sur le mur polygonal, en cinq colonnes, chacune des listes débordant sur la colonne suivante» (181 ). La cinquième est plus courte. GroupeC Actes, 6 et II : un éclat de calcaire (182) et un fragment de marbre conservant les restes, très mutilés, de deux listes d'artistes. La nature de la seconde demeure incertaine (183 ). ( 180) Cf. F. PoLAND, Technitai, dans P.W., R.-Enc., 2.R., V, 2 (1934), coll. 2529-2532; et Arth. PICKARD-CAMBRIDGE, op. cit., p. 303. ( 181 ) G. DAUX, F.D. III: Chron. de/ph., p. 37, où on lira « en cinq colonnes», au lieu de • quatre ». (181) W. B. DINSMOOR,Archons of Athens, pp. 121-122, a soutenu que les Actes 2, 3 et II contiennent les restes d'un seul et même catalogue. Compte tenu de la longueur des lignes (restituées grâce à la liste amphictionique), Actes 2 et 3 comporteraient au total plus de cent noms. Puisque les listes complètes du mur polygonal en comptent soixante-dix en moyenne, il semble bien que nous ayons ici deux catalogues d'artistes. Quant au fragment de calcaire (Actes, 11), il faut s'en tenir à l'opinion du premier éditeur, R. FLACELIÈRE,dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 52 (1928), p. 264, n. 3, qui, comparaison faite avec Actes, 2 et 3, conclut: « ce morceau appartient très vraisemblablement à une liste nouvelle. » ( 183 ) Dans ce fragment, la plupart des noms de personnes sont perdus ou mutilés, et les ethniques ne fournissent aucun indice sûr. Je relève que N11.tf,osnommé à titre inconnu en Actes, 3, 12, ou à N,Kalas N,Ko.8a'ApKo.s, aulète en Actes, 8, 15. Le doute subsiste néanmoins.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES GROUPE A

Actes

Fonctions

Artistes

2

I II

3

4

3 I4

7 9

5

Néant

1

llv8oKÀfjs 'Ap,'"apxov •Epµ.,ovEils

lEpEÛs

dv8pas ~yEµ.cl,v

III 2 3 4 5 6

'Epyîvos .E,µ.vÀovKaaaav8pEVS(cf. n° 75) Nlwv 'l1r1rla.E,-vµ.ef,d.>.,os (cf. n° 65) [Tl?]µ.avllpos.Ew,-1>.ovE,Kvcl,v,os lf>l>.wv lf>avlov'ApK4S [ - - - ]1rvlas 'Aaw1ro8&,-ovBo,cl,,-,os

GROUPE

...

2bl•,4?

... ... Iâ.vqpxopEV'l",/S ... IÔ.vqpxopEV'l",/S ... /1ro,7/T~S1rpoao8lwv ... / 1raîs xopEvT,js

2bis,3? 13 8 3x? 30 17 8 16 12 23?

B Actes

Artistes

I 7 8 9 10 II

12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

'Av8poKÀfjs lf>wKlwvos'A811vaîos • Av8pwv llo>.vfivov llEÀÀ7/VEVS 'Av,-,ylv11s BovÀE,/,-ov XaÀK,8Eils 'A1ro>.>.&8wpos 8,jpwvos Bo,cl,,-,o, 'Apla,-,1r1rosKa>.>.,Kp.,ja,os 'Àpx•811µ.as'Ap,aTOKpfrov.E,Kvcl,v,os • Apx,1r1rosT.>.la,-ov Bo,cl,,-,os Ail,-oÀvKOS.ÀCl'TWVOS Al,-w>.&s 'A[- - ]Kp,,-os Mv11al1r1rov KEios .d,ovila,os .Elµ.ov'HpaKÀucl,'1"1/S .d,ovila,os '1>,ÀoKil8ov 'A811vaîos .d,ovva&8wpos'ÀaKÀ111r,118ov Bo,cl,,-,o, .d,ovva&8wposllaµ.ef,l>.ovMEyap•ils .dwpo8EOSKa>.>.,a'l"pll'l"OIJ '1>,>.,1r1rEVS •E1r,Kpll'l"7/S} • • ,E • N,Koµ.,j8ov Apyoos 1r1Kpa,-,vos •HpaKÀEl811s A ilKov •Aµ.{JpaK,cf,,-1/S 'Hp4KÀUTOS.dlwvos 'ApyEîos BEpalvovs N,Kwvl8ov E1Kvcl,v,os 9Eil6o'l"OS8Ev8o'l"OIJ 'A811vaîos 'IEpoKÀfjsNlKwvos 'A811vaîos Ka>.>.lasllo>.vflvov llEÀÀ7/VEVS K>.u,-6p,os'Ap,C1'TEl8ov 'ÀpK4S AEVK&1r1ros '1>,>.wvl8ov Bo, cf,,-,o, AvKlaKos AilKov KEef,a>.>.1111

Fonctions

K,8apq,6&s ail>.11,-,js 'IraÎS XOPEIJ'l",/S Ô.v~pXOPEV'l",js

Tpayq,a&s

8

14

12 16 15 20 30 23 40 47 76 71 39 46 66 68 37 43 66 70 71 6g 62 77 19 28 22 24 79 75 51 74 73 71 73 54 51

20 23 44

xopEIJ'l"~S KWP,IKOS Ô.vqpXOPEV'l",js

Kwµ.q,a&s Ô.vqpxopEV'l",js Kwµ.q,a&s 8,8,wv Mü,wvos 'HpaK>..ElwT'IJS 33 Moaxos

NlKwv 8€0µ,Évov •AB.,vaios 'Opal>..aos'Epµ,alwvos Bo,wTios Orl>..11f.ll'l/s Ka>,,>,,,Kpo.Tov M,>..,ja,os llavTaKMjs Aaa>..KovE1KVWVIOS llaa,KMjs llaa,KMovs •AB.,vaios Elµ,aKos M«v«Kpo.Tov'Apy«ios ETpaToKMjs •Â,ro>..>..ollwpov Ea>..aµ,lv,os ETpaToKMjs K>..«oaTpo.Tov Kv8,jp,os Ewa,KpO.T'IJS A«,rTlvov E1Kvwv1os EwTv>..os~,>..o{ÉvovAlTw>..os ~ullaKlllas ~Elllâ K«ios ~,MaKOS ~l>..wvosBo,wTIOS ~,>..oKvll'l]s ~,),,d.ypov •AB.,vaios x&p.,s Xa,plwvos Bo,wTIOS Xap,d.ll'l]sXap,d.llov •AB.,vaios ,

II 49 I'vwnas

, { Tolll,os I'>..avKIOV K 'Il l'i

IOS

{

, n Q.VTO&OV , } E,Kvwv,os 50 A•flv,KOS { [llavTolov]

vaca

A,oK>..ijs } A,oKMovs 'AB.,vaios [A,]'!KMs 53 8tlpaos KplTwvos 'Etf,,a,os

52

54 K.,tf,,a&llwposKa>..MovBo,wTIOS •H,rE1pWT'IJS 55 NlKwv 'HpaK>..E1Tov

[llpa{l]as Kp[aTÉo]v T«y«a.T'IJS 57 ~,>..wvlll'l]s'Ap,aToµ,d.xov ZaKvv8,os

III

Néant

38 64 67 77 72

,rais xop«vT,js

74 18

}

19 57 53

arl>...,T,js Tpayq,llos

arl>...,T,js xop«VT~SKWP,IKOS Kwµ,q,llos lµ,aT10µ,la8'1]s à"'IP xop«vT,js xop«VT~SKWP,IKOS Tpayq,/lOS à"'IP xop«VT,js

arl>...,T,js Kwµ,q,llos ,rais xop«vT,js

arl>...,T,Js

42 45 75 73 43 26 51 21 40

àv~p xop«vT,js ,rais xop«vT,js àv~p xop«vT,js à"'IP xop«vT,js xop€VT~SKWP,IKOS ll,llaaKMOS Tpayq,llos Kwµ,q,llos xop€VT~SKWP,IKOS 8,lld.aKMos ll,llaaKMOS xop«VT~SKWP,IKOS lµ,aT,oµ,laB'l]s Kwµ,q,ll&s Kwµ,q,ll&s à"'IP xop«vT,js l€p€1JS KWp,q,/lOS

45 6g

77 74 68 70 80 78 33 45 75 46 41 72 58 67 6g 21 52

34 29 37 42 15 74 75

arl>...,T,Js

} B O..«lllov E,Kvwv,os

9 10

7

66 55 59 78 64 56

65 76 80 65 70 38

2 48

l

l

l

254 GROUPES

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

A et B Groupe B

Groupe A Artistes

Fonctions 1

3

1

4

,rais xopEv-r,is ,rais xopEv-r,is 6o 'AaKÀi,os 66 llayKÀfjs Kopvµ.fltov Al-rw>.ôs ,5.~p XOPEV'T'7S 2bls,5 ? 15 67 llav-raKÀfjs 'Ap,a-r&pxov 'Epµ.,ovEvs ,5.~p XOPEV'T'7S 68 1:-rp&-rwv 1:-rp&-rwvos Bo,w-r,os ,rais xopEv-r,is 6g l:wKptf.-r17s l:wx&p,8os 'Pô8,os } at1À'7'T'7S 13? l:wKptf.-r[ 17sl:wx&p,8os •Pô8,os ?]

71 • Av8pwv llo>.vftvov llE>.>.17vEvs • Av8pw[v llo>.vftvov llEÀÀ17vEvs ?] Bo,wnos 72 , Av-r,ytV17SKp,-ro>.&ov ['Av-r,ylV'l?]s Kp,-ro>.&ov Bo,w-r,os 73 [Mv],ia,,r,ros .dlwvos Bo,w-r,os [Mv,ja,,r,ro?]s .dlwvos Bo,w-r,os

,rais xopEv-r,is ,5.~p XOPEV'T'7S cf. no 8. at1À'7'T'7S 8,atf.aKaÀos ,rais xopEv-r,is â~p XOpEV'T'7S 8,atf.aKaÀos â~p XOPEV'T'IS

} } }

III 74 , E ,i ,A>. , { MEya>.o,ro>.l-r17s... 'Il' pa-ros K&VOV 'ÂpK.[lovsTEyE,>.&ypov ,A817vaios cf. n° 46. Kwµ.q,8ôs 78 4>,>.0Ku817s ... [4>],ÀoKJ[817s 4>.>.&ypov 'A817vaios?]

9 10

32? 60

77 'IEpÔ-r,µ.os'IEpoK>.lovsTEyE.0110>.l-ras sous l'archontat d'Emménidas (Actes, 18) = [.daµ.ov1Kos? 'laa,8Nµ.ov Meya>.0[110>.l-ras] 1raîs en Actes, 5, 16; 4) Sevo-r,µ.os B~pwvos Bo,w-r,os, en Actes, 20 (le nom de l'archonte n'est pas conservé) = [Sevo-r?],µ.osB~pwvos Bo,w-r,os ,rais en Actes, 9, 27.

Mis à part le cas d'Épèratos (qui n'est pas seulement cité parmi les 1raî6es), ces identifications sont loin d'être assurées. Dans la mesure où on les accepte, on constatera que l'archontat de Pleiston est vraisemblablement antérieur à nos catalogues de concurrents (voir p. 266), qu'Emménidas date une liste du mur polygonal et que Calliclès se situe vers les années 252-248 d'après G. DAUX, F.D., III : Chron. delph., G 26.

LES SÔTÉRIA:

SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

259

KMwv EiKvwvio, Ki0apcp86,à Délos en 279 (p. 243), KMwv Ewa,Kparov E,Kvwvio, 1raî, xopEVrrJ,en Actes, 8, 29; - Al""lat&r]µ,o,Ki0apcp86,à Délos en 268 (p. 244), Al"71at871µ,o, 'Aptarwvo, Bv{avno, 1raî, xopEvr~, en Actes 5, 27 xopEvr~, en Actes, 7, 27. et Ô.VtJp

-

Faut-il pour autant admettre que les 1raî8E, xopEvrat et les av8pE, xopEvrat dirigeaient chacun un chœur ? Il y a des listes telles que Actes 9 et 10 qui comptent quinze «enfants» et quinze « adultes». Kahrstedt affirme qu'il suffit de deux après-midi pour que quinze chœurs puissent achever leur prestation à raison de deux chants chacun. Si l'on y ajoute les av8pE,xopEvrat également tenus pour « Chorführer », il y aurait eu au programme de certaines fêtes un concours de quinze chœurs d'enfants et, ensuite, de quinze chœurs d'adultes, soit trente chœurs au total. Cette interprétation est invraisemblable tant au point de vue de l'organisation des jeux que sur le plan de l'intérêt - pour ne pas dire de la résistance - des spectateurs. Un exemple puisé dans les catalogues des Sôtéria amphictioniques permet d'ébaucher une explication différente. On relève, en effet, qu'au cours d'un même àywv, le même artiste participe à la compétition dans chaque catégorie d'âge (196). Il s'agit de I'vwrla, I'>.avK(t)ovKvt8,o,, qui est tantôt 1raî, xopEvr~,, tantôt Ô.VtJp xopEvr~, en Actes, 10, 29 et 37 ; et le même peut-être (avec l'ethnique TEvl8,o,) est cité parmi les av8pE,de la liste précédente (9, 34). Cet exemple porte à croire que les catégories d'âge n'étaient pas strictement délimitées et qu'un «junior» bien doué pouvait concourir avec les « seniores ». Inversement, il est probable que, soit ( 196 ) Cf., pour d'autres concours, les exemples analogues que citent A. Huc, op. cit., coll. 385-386, et E. J. JORY, toc. cit. Selon Jory, l'épreuve dite Kotv~ dans les concours musicaux serait ouverte à toutes les catégories d'âge et à tous les concurrents dans chaque spécialité, tandis que l'épreuve 6,à 1ra.vTwv serait accessible à tous, quels que fussent l'ùge et la spécialité. Voir toutefois, à ce propos, les nettes réserves de J. et L. ROBERT,B.Ép., 1968, 254. A l'appui de l'hypothèse proposée ci-dessus, il ne convient pas d'invoquer les victoires qu"Ap,aToAoxo, 'Ap,aToy,frovos Bo,wTio, et l:J,,roA,, Novµ,fViov (ethnique omis) ont remportées dans les deux catégories d'aulètes aux Sôtéria étoliennes (Actes, 64 et 66). Comme l'écrit L. ROBERT, Études épigr. et phi/., p. 34, "les aulètes ne sont point divisés en avllpfS et 1ra,llfS, ils sont accompagnés par un chœur d'avllp,, ou de 1raîllfS ». Cf. aussi, du même auteur, Études d' Épigraphie grecque, XXX: Inscriptions agonistiques de Delphes, dans Revue de Philologie, 3• s., 4 (1930), pp. 53-57 = Op.Min.Sel., II, pp. 1153-1157.

260

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

pour les besoins du spectacle, soit pour une raison d'effectif, des adultes grossissaient parfois les chœurs d'enfants. Parmi ceux-ci il faut compter au moins l'~yeµ.wv1ral8wv,qui figure dans une de nos listes (196) et qui participe à la compétition, puisqu'un ~yeµ.wv 1ral8wvest régulièrement cité parmi les vainqueurs des listes étoliennes. Pour qu'il y eût concours, il fallait au moins deux chefs de chœur ; peut-être même étaient-ils trois, si les quinze choreutes se partageaient en trois formations de cinq. Dans le catalogue 8, le nom de deux des treize 1raî8esxopev-ral- le premier étant précisément Épèratos - est gravé en ËK0ea,s ; et dans le catalogue ro, on en trouve trois sur quinze. Selon toute vraisemblance, ces ÈK0iueisdevaient permettre de distinguer les chefs (197 ). Par conséquent, le fait de relever qu'un artiste passe d'une catégorie à l'autre ne constitue pas un indice qui permette de classer sûrement les catalogues. Selon toute vraisemblance, les chœurs d'enfants et les chœurs d'adultes n'étaient pas homogènes (198). À propos des 8,8&.aKaÀo,, d'autre part, on pourrait croire que, comme il est naturel, un artiste devient instructeur après plusieurs années de carrière. Les quatre listes du mur polygonal prouvent que cette règle, logique en apparence, n'est pas d'application et ne permet pas non plus de fonder un classement. Ainsi, Thyrsos (n° 53) est choreute cornique en Actes, 8 et 8,8&.aKaÀos en Actes, ro. Inversement, Diogeiton (n° 51) exerce les fonctions ( 198)

Actes, 3, 10. H. PoMT0W, Delphische Neufunde, V: Zusiitze und Nachtriige, dans Klio, 17 (1921), p. 192, avait relevé déjà l'l1I

1

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1

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)

comptent huit ou neuf artistes (240 ), introduits par la formule : oi8e l.vlKwvTà l:wT'Y}piaou simplement oi8e l.vlKwv. Dans l'intitulé, c'est l'agonothète étolien qui, au lieu de l'archonte de Delphes, est cité en tête de la liste des hiéromnémons. D'après la composition de l' Amphictionie, les catalogues 59, 62 et 64 ont pu être respectivement attribués aux archontats de Praochos, de Hérys et de Callias (241 ). Bien que plusieurs listes amphictioniques soient perdues ou endommagées, il est vraisemblable, en vertu du postulat défini cidessus (242 ), que les documents de la stèle sont antérieurs à ceux du cippe. Les premiers comptent neuf, onze et quatorze (?) hiéromnémons étoliens; on en trouve quatorze, quinze, treize (?) et treize dans les suivantes, où s'amorce le déclin de la Confédération ; et il n'y a aucune raison de croire que le lapicide ait gravé tantôt l'une, tantôt l'autre des deux pierres au gré de sa fantaisie. On a relevé aussi que le rhapsode Evpv/3,os AvKlaKov Meya.\01roMT71, pourrait assurer la transition entre les deux séries de textes, puisqu'il figure dans la dernière liste de la stèle ainsi que dans la première du cippe (243). ( 240 ) Le nombre réduit de vainqueurs, la périodicité pentétérique des jeux et la mutilation de plusieurs textes expliquent qu'on ne relève qu'une seule récurrence dans les Oll1.ecatalogues des Sôtéria étoliennes: Eùpu{J,osAv,cla,cov M•yaÀo,ro>.l-r'l)s, pa,fup8osen Actes, 63, 6-7 et 64, 6. De même, on n'y trouve qu'un seul artiste et l'identification n'est pas assurée! - qui a participé antérieurement aux Sôtéria amphictioniques: 'AplaT,,r,ros Killwvos AlT,,,>.&s, ,rais xop•vT~s en Actes, 9, 17-18 et ['AplaTm,ros?] Killwvos AlTwÀ&s,;Y•l'wv dv8pas en Actes, 6o, 5-6. {À propos des artistes cités en Actes, 4, 20 et 65, n-12, voir l'apparat critique de ces te:--tes.) Du point de vue chronologique, il est intéressant de constater que trois vainqueurs aux Sôtéria étoliennes sont fils d'artistes mentionnés dans les catalogues des Sôtéria amphictioniques: Ka>.>.lasKa,f,,ao8wpo[v Bo,wT,os] ;YE/'Wv Totls ,rai8as en Actes, 60, 5, fils de K,,,f,,a&8wposKa>.>.lov Bo,wT,os 8,1,&a,caÀos en Actes, 7, 56 et 8, 65 et xopEvT~s,cw,.,,c&sen Actes, 10, 76; .E,fr[v]pos.E,,.&.,cov•ApyEio[s] 8,a&.a,caÀos en Actes, 7, 36, père de [.El,.a,c?Jos '.EaTupov•Apy•io[s] pa,f11p8osen Actes, 62, 5; et 'Ap,aT&,.axos ,>.wvl8ov 'AB,,vaîos ,cw,.q,8&sen Actes, 64, 13-q, fils de ,>.wvl8'1)s 'Ap,OTo,.&.xovZa,cuv/J,oslEpEusen Actes, 7, 2 ; 8, 1 ; 9, 1 et 10, 1 ; et ,cw,.q,Bos en Acte.).Plaçant l'archontat de Polyeuctos en 243/2 et la première célébration attestée des Sôtéria en 240, il constate que les onze catalogues, échelonnés sur 44 ans, rendent difficile le classement des actes amphictioniques de la fin du siècle: on enregistrerait, dit-il (961), un considérable accroissement des voix étoliennes à l'époque de la guerre démétriaque, ou encore on trouverait des Béotiens à l' Amphictionie au temps de la guerre des Alliés. Il conclut que la périodicité pentétérique des jeux « est aujourd'hui en contradiction manifeste avec la date la plus vraisemblable de Polyeuctos » (262 ). Il suggère, pour aboutir à un classement jugé satisfaisant, qu'à côté des Sôtéria panhelléniques, les Étoliens célébraient, avec un moindre éclat, de « petites » Sôtéria annuelles, pour lesquelles « bien entendu, ils ne demandaient ni à Chios, ni à aucune autre ville d'envoyer des théores » (1153). L'auteur reconnaît néanmoins qu'aucun document (UO) Op. cit., pp. 275-281. ( 00 ) Ait. à Delphes, pp. 161-168. ( 161) Op. cit., p. 176. ( 161) Op. cil., p. 177(168) Op. cit., p. 167. C'est à juste titre que R. Flacelière renonce à invoquer à

l'appui de son hypothèse le décret rendu pour un hiéromnémon de Magnésie (Actes, 49), où on lit que ce personnage recevra une couronne: [dva]yopEûaa, 8È 'TOV[a'Tlcf,avo]vl:W'T't]plo,sK[a8,fr, Kal 'TOÙS d.Uous O'TEcf,avou]s. (V 'TW,dywv, [yuµv],Kw, Ka.8' ÉKaa["Tovlv,au"Tov]. Il constate, en effet, que les restitutions de Pomtow ne sont pa.5 les seules possibles: au lieu de K[a.8&.,.,Kal .,.o,>sd.Uous O"TEcf,avou]s on et au lieu de Ka.8' ÉKa.a["Tov pourrait lire, par exemple: K[al - - - ÂE11Kocf,p1111vo,]s; b,au'TOV]: Ka.8'ÉKaa['T't]V ,ravvyup,v] (K. J. BELOCH,Gr.G., 1V1, 2, p. 494 proposait: Ka.8' ÉKa.a["Tov 'TOvdywva.] ou Ka.8' ÉKaa['T'f/V ~µlpav]). Comme Pomtow, Flacelière 'ITEV'TaE'T'tJpl8a] en raison de sa longueur. Mais il exclut la restitution Ka.8'ÉKaa['T'tJV est possible, je crois, de restituer Ka8' lKaa['T't}v'ITEV'TaE"Tlav]. Cette expression, analogue à celle du décret de Chios, se trouve dans O.G.J.S., 305, 8, et n'excède pas la longueur des autres lignes du texte, pour autant que la pierre, brisée à gauche et à droite, permet d'en juger. J'ajoute néanmoins que la proclamation périodique d'une couronne n'est jamais prévue, à ma connaissance, dans les documents relatifs aux Sôtéria (Actes, 42-57). Voir aussi p. 370 et n. 342, R. Flacelière n'invoque pas non plus le seul texte relatif aux« Sôtéria d'hiver» (Actes, 80), daté de 145-125 avant notre ère, dans lequel l'expression dywv lmÉ'T'f/S signifie, non pas • concours annuel », mais • concours de cette année ». Ce document ne fournit aucune indication sur la périodicité des jeux et, en raison de sa date, ne peut être invoqué à propos des Sôtéria étoliennes. M. SEGRÈ,L'institution des Niképhoria de Pergame, article publié par L.

LES SÔTÉRIA : SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

277

ne confirme l'existence de deux sortes de fêtes et qu'il est impossible de classer en deux séries distinctes les onze catalogues, qui sont tous semblables dans leur forme. Si R. Flacelière en est réduit à proposer cette hypothèse, c'est que la date qu'il donne à Polyeuctos (264 ) est trop basse et que son classement des actes amphictioniques de la fin du siècle est vraisemblablement fautif: supposer l'existence de Sôtéria annuelles est, en fait, un moyen commode qui permet d'insérer les catalogues, çà et là, dans un système chronologique établi d'avance. W. B. Dinsmoor et G. Daux, qui assignent à l'archonte athénien l'année 249 /8 ou 248 /7, n'ont pas douté de la pentétéricité des jeux étoliens (266 ). Je crois de même qu'une année archontale hypothétique et un classement théorique des actes de l'Amphictionie ne peuvent, dans l'état actuel de nos connaissances, infirmer l'indication positive que donne le décret de Chios. Toutefois, s'il est vrai que les célébrations successives des Sôtéria peuvent être datées depuis leur création jusqu'en 191, il n'en reste pas moins que la chronologie des catalogues de vainqueurs soulève des problèmes qui ne sont pas près d'être résolus. Plusieurs inconnues, en effet, empêchent de leur assigner une année précise.

ROBERT dans Hellenica, V (1948), pp. 127-128, a cru pouvoir citer, à l'appui de l'hypothèse de Flacelière, l'exemple des Niképhoria pergaméniennes, dont la périodicité aurait été changée après quelques célébrations : pentétériques en 189, elles seraient devenues triétériques en 182. G. KLAFFENBACH,Die Nikeph t::I :.l

228/7

225/4?

t:t1

64 65

., i:,..

Callias

224/3 ou 220/19

t::I

Charixénos

14

2

-

I

2

-

227?

224/3

Xennias

15

2

-

I

-

-

226?

220/19

217/6?

12 ou? 13

2?

-

I

I

225?

216/5

213/2 ou? 205/4

224?

212/1

223?

208/7

66

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2

67

224/3

13

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209/8 ou? 213/2

De[--]tos 68

221/0?

208/7

205/4 ou? 209/8

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LES SÔTÉRIA: SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

281

un siège à l' Amphictionie {287 ). C'est une datation qui concorde parfaitement avec la date que nous assignons à l'archontat de Polyeuctos à Athènes. Ajoutons, puisque l'hiéromnémon de Chios figure dans les catalogues suivants, qu'un représentant de l'ile siège au Conseil jusqu'à la fin de la domination étolienne sur Delphes {268 ). La présence d'un hiéromnémon phocidien attesterait, contrairement à ce que supposent quelques historiens, que les Étoliens n'avaient pas annexé la Phocide tout entière au lendemain de la guerre chrémonidéenne et que le nord du pays gardait encore son indépendance {269 ). Quant aux Béotiens, on constate qu'ils ne sont pas représentés à la session d'automne de Praochos, mais qu'ils envoient deux délégués à la session suivante (printemps) du même archonte. R. Flacelière croit qu'il s'agit là d'un accident fortuit ou d'un signe avant-coureur d'une future défection à l'Étolie {270 ). Au cours de la guerre démétriaque, suppose-t-il, les Béotiens n'auraient adhéré au parti macédonien qu'entre l'automne de 235 et celui de 234 (271). M. Feyel, estimant que « si R. Flacelière se trouve réduit à proposer de telles explications, c'est que sa chronologie est fautive», situe l'arrivée de Démétrios en Béotie quelque deux ans plus tôt, en 237 /6, mais se garde de dater l'archontat de Praochos (272 ). Il réfute néanmoins la chronologie de W. B. Dinsmoor, qui assigne l'année 244 /3 à cet archonte: ( 117 ) F.D., III, 3, 214. Après la découverte d'un nouveau fragment, G. DAUX, Inscriptions de Delphes, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 83 (1959), pp. 475-477, n° 8 ( = S.E.G., XVIII, 245), a réédité les 11. 1-22 du décret. Cf. J. et L. RoBERT, B.Ép., 1961, 345. Le document, ainsi augmenté, atteste que les événements se sont déroulés comme suit: 1) les Étoliens accordent l'asylie à Chios (11. 4-7) ; 2) les Chiotes décernent l'isopolitie et d'autres privilèges aux Étoliens (Il. 7-12) ; 3) les Étoliens attribuent une voix amphictionique aux Chiotes (Il. 15-17); 4) les Chiotes remercient et désignent un hiéromnémon (1. 48). ( 188 ) Cf. R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, pp. 367-368, et G. DAUX, F.D., III, 3, pp. 172 et 179. ( 181 ) R. FLACELIÈRE,op. cit., p. 247, estime que la Phocide septentrionale resta indépendante jusque vers 234 /3. Au contraire, G. KLAFFENBACH,c.r. des Ait. à Delphes, dans Klio, 32 (1939), p. 200, suppose que le pays avait été intégralement absorbé au lendemain de la guerre de Chrémonidès. Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 204 (cf. aussi p. 316), a accepté cette hypothèse. ( 170 ) Op. cit., p. 244, n. 4 et pp. 378-379 (listes 28-29 de l'App. I). (171) op. cit., p. 248. (11 1) Polybe et l'histoire de Béotie au II J• siècle avant notre ère (Paris, 1942), pp. 93-97 et 100. En restituant à Démétrios II des décrets de Mégare antérieurement attribués au règne de Démétrios Poliorcète, M. Feyel a pu rectifier la chronologie de la guerre démétriaque. Cf. Éd. WILL, op.cit., I, p. 316.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

de fait, il résulte de cette datation que la bataille de Chéronée aurait eu lieu en 244 /3 et non en 245 (comme Dinsmoor l'admet ailleurs) et, d'autre part, que Démétrios serait entré en Béotie en 233, puisque la liste de P[ - - Jas, ainsi datée de 234, comporte deux Béotiens. L'année 241 /o que nous proposons pour l'archontat de Praochos échappe à ces critiques, puisqu'elle est antérieure à la guerre démétriaque. Mais que dire de l'absence des Béotiens à la session d'automne ? M. Feyel, qui renonce en fin de compte à utiliser les données trop incertaines des listes amphictioniques, ne propose aucune solution. S'il ne s'agit pas d'une absence fortuite, il est possible qu'un événement historique se soit répercuté sur la composition de l'Amphictionie. Au cours de l'année 241, les Étoliens firent une expédition dans le Péloponnèse, contre les Achaiens et les Spartiates; elle s'acheva par un traité de paix, auquel, selon Plutarque, adhéra le vieux roi Antigone Gonatas (273 ). Ne pourrait-on supposer que les Béotiens se sont abstenus d'envoyer un délégué en attendant de voir l'issue des hostilités, et qu'ils sont revenus au Conseil une fois la paix conclue (274 }? Ce serait le signe d'une politique hésitante ou d'une neutralité très souple, qui caractérise l'histoire de la Béotie dans la seconde moitié du 3e siècle (276).

Actes, 60-62 Les catalogues 60 et 61, dont le préambule est perdu, ne peuvent être datés qu'en fonction de l'ordre dans lequel ils ont été gravés : ils attesteraient les troisième et quatrième célébrations des Sôtéria, en 237 /6 et 233 /2. D'après la liste amphictionique du (11 3) PLUTARQUE,Agis et Cléomène, 18, 3. En ce qui concerne l'expédition étolienne, quelques historiens ont proposé une date postérieure à la mort de Gonatas. Éd. WILL, Hist. pol .. I, p. 305 (où l'on trouvera la bibliographie relative à la question), ajoute cette considération au témoignage de Plutarque: « il semble que cette expédition soit plus probaLle avant la conclusion de l'alliance achaio-étolienne (puisqu'il y a alliance entre Sparte et les Achaiens), laquelle n'interviendra qu'au lendemain de la mort de Gonatas. » ( 2 1') L'attitude des Béotiens peut rappeler celle qu'ils adoptèrent au début de la guerre démétriaque. Dès que furent déclenchées les hostilités, ils profitèrent de la situation pour ne pas soutenir leurs alliés étoliens (POLYBE, XX, 5, 3). Cf. M. FEYEL, op. cil., pp. 82-85. (116) Cf. M. FEYEL, op. cit., pp. 116-126 et passim ; Éd. WILL, Hist. pol., I, pp. 330 et 353.

LES SÔTÉRIA:

SOURCES ET QUESTIONS DE CHRONOLOGIE

283

catalogue 62 - identique à celle de l'archonte Hérys -, les Étoliens possèdent désormais onze voix au Conseil: c'est un accroissement que notre classement situe entre 240 et 229. Selon R. Flacelière (276 ), il résulterait de l'annexion de la Phocide septentrionale et de la Malide en 235, au cours de la guerre démétriaque (277 ). Les Béotiens, d'autre part, ne sont pas représentés en 229 /8, et leur absence pourrait remonter au plus tôt en 240 /39: M. Feyel la situe en 237 /6 (278 ), et R. Flacelière ajoute que les Béotiens, fidèles aux Macédoniens jusqu'à la mort de Démétrios, ne firent défection à leurs alliés qu'entre 229 et 227 (279 ). Le présent classement, conforme à ces données, indiquerait qu'en 229 /8 les Béotiens boudaient encore l' Amphictionie : serait-ce l'effet du rapprochement achaio-béotien en même temps que de la mésentente entre Étoliens et Achaiens? On date ces événements de l'été ou de l'automne 229 (280). Actes, 63-65

Dans l'intitulé des catalogues 63 et 64, qui dateraient de 225 /4 et 221 /o, figurent quatorze hiéromnémons étoliens; la liste suivante, de 217 /6, en comporte quinze. C'est le plus grand nombre de représentants que la Confédération ait jamais envoyé à l' Amphictionie. D'après la chronologie proposée ici, cet accroissement serait postérieur à l'année 229 /8, date à laquelle les Étoliens disposaient de onze suffrages. Les historiens le situent, avec grande vraisemblance, au lendemain de la mort de Démétrios II, qui survint en 229 (281 ). C'est à ce moment que la Thessalie fit défection à la Macédoine et qu'une grande partie du pays trouva sans doute appui auprès de la Confédération étolienne: « les trois (179) Ait. à Delphes, p. 247. ( 117 ) G. KLAFFENBACH, op. cit., p. 200, supposant que la Phocide avait été absorbée déjà, suggère que l'une des deux voix étoliennes pourrait être celle de !'Achaïe Phthiotide. Il est probable, au contraire, que les Étoliens n'avaient pas annexé intégralement la Phocide au cours de la guerre chrémonidéenne : voir ci-dessus, p. 281. (17B) Voir ci-dessus, p. 281. ( 179 ) Op.cit., p. 249. ( 280 ) Cf. M. FEYEL, op. cit., p. 125, et Éd. WILL, Hist. pot., I, p. 331. ( 281 ) Voir notamment M. HoLLEAUX,Rome, la Grèce et les monarchies hellénistiques au II/' siècle avant j.-C. (27,3-205) (Paris, 1921), p. 120, n. 2 et p. 121 ; K. J. BELOCH,Gr.G., IV 1 , 2, p. 414; R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, pp. 253-255 ; G. KLAFFENBACH,l.G., IX, 11 , p. XXII, et Klio, 32 (1939), p. 201 ; H. BENGTSON, Gr.G. '• p. 418 ; et Éd. WILL, Hist. pot., 1, pp. 327-328.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

suffrages supplémentaires, écrit Éd. Will, doivent être ceux de trois peuples thessaliens, ceux de Thessaliotide, d'Hestiaiotide et de Perrhaibie. »La Confédération était alors à l'apogée de sa puissance. Étant donné que les Étoliens disposèrent de ces quatorze voix pendant plusieurs années consécutives (282 ), K. J. Beloch et R. Flacelière ont conclu qu' Antigone Doson ne réussit pas à reconquérir les territoires perdus et qu'il se résigna à conclure la paix. Or plusieurs études, publiées pour la plupart après la thèse de Flacelière, ont montré au contraire qu' Antigone avait remporté une victoire sur les Étoliens vers 228 (un an après la mort de Doson) et qu'il avait récupéré la majeure partie de la Thessalie (283 ). Comment expliquer dès lors que les Étoliens conservent les voix appartenant à des territoires qui échappent à leur contrôle ? Deux justifications ont été proposées : ou bien des Thessaliens en exil usurpaient les suffrages de leur peuple (284 ), ou bien Antigone Doson, ménageant l'adversaire, avait concédé aux Étoliens quelques cités thessaliennes, chargées de représenter le pays tout entier à l' Amphictionie (286). R. Flacelière admet du ( 181)

Cf. R. FLACELIÈRE,op. cit., App. I, n°• 33-35. D'après les travaux cités ci-après, il est possible de reconstituer les événements comme suit. À la mort de Démétrios II, la Thessalie se révolte (TROGUE-POMPÉE,Prol., 28 et JUSTIN, XXVIII, 3, 14) avec l'appui des Étoliens (les hiéromnémons de la Confédération passent de onze à quatorze). Immédiatement après, en 228, Doson récupère la plupart des territoires perdus (JusTIN, loc. cit.), vainc les Étoliens (FR0NTIN, Stratag., II, 6, 5) et, maitre de la Macédoine, conclut avec eux un accord (POLYBE, II, 45, 2), qui laisse entre leurs mains l'Achaïe Phthiotide. Celle-ci restera sous contrôle étolien jusqu'à l'avènement de Philippe V (POLYBE, V, 97, 5 et 99, 1-5). Cf. J. V. A. FINE, The Problem of Macedonian Holdings in Epirus and Thessaly in 221 B.C., dans Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 63 (1932), pp. 130-147; et The Background of the Social War of 220-217 B.C., dans American Journal of Philology, 61 (1940), pp. 129-165; P. TREVES,Studi su Antigono Dosone, dans Athenaeum, N.S., 12 (1934), pp. 396-397 et 407; St. Dow-Ch. F. EDSON,Chryseis. A Study of the Evidence in regard to the Mother of Philip V, dans Harvard Studies in Classical Philology, 48 (1937), p. 167; F. W. WALBANK,Philip V of Macedon (Cambridge, 1940), p. II ; et A Historical Commentary on Polybius, I : Commentary on Books I-VI (Oxford, 1957), p. 241; M. FEYEL, op. cit., pp. uo-u6; M. T. PIRAIN0, Antigono Dosone, re di Macedonia (Palerme, 1953\, pp. 365-366; J. A. O. LARSEN,Greek Federal States. Their Institutions and History (Oxford, 1968), p. 314 ; Éd. WILL, Hist. pol., l. p. 329. ("') J. V. A. FINE, The Problem of Macedonian Holdings ... (cité ci-dessus), pp. 146-147. ( 186) M. T. PIRAIN0, op. cit., p. 366. Cf. aussi Éd. WILL, loc. cit., qui, sans écarter la première explication, considère que la seconde est conforme à la politique de Doson. ( 188 )

LES SÔTÉRIA:

SOURCES ET QUESTIONS

DE CHRONOLOGIE

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reste que les Étoliens avaient coutume d'assumer les voix amphictioniques aussi longtemps qu'une parcelle de territoire, si petite fût-elle, restait en leur pouvoir (286 ). Quelle que soit l'explication que l'on retienne, il apparaît que les Étoliens ne renonçaient pas à leurs prérogatives au Conseil, quand bien même elles ne correspondaient plus à la réalité (287 ). Le catalogue 65, d'autre part, attesterait que les voix étoliennes passèrent de quatorze à quinze entre 221 et 217. Cet accroissement ne peut résulter, comme le suppose R. Flacelière (288), de l'annexion de la Perrhaibie en 227, puisque, d'après les travaux invoqués ci-dessus, ce territoire, occupé en 229, fut vraisemblablement repris par Doson dès l'année suivante (289 ). L'acquisition de ce quinzième suffrage, que notre classement situe quelques années plus tard, pourrait se justifier d'au moins deux façons. r. E. Manni (290 ) croit que, vers 223-220, les Étoliens avaient enlevé un siège aux Béotiens, qui dans deux listes ultérieures ne sont représentés que par un seul hiéromnémon {291). L'hypothèse n'est pas invraisemblable, puisque la Confédération disposait sans doute pour elle-même des voix appartenant aux peuples qui avaient rejoint le camp macédonien (292) : depuis 224 précisément, les Béotiens participaient à l'Alliance hellénique fondée par Antigone Doson (298 ). Manni ne précise toutefois pas pour quelle raison les Étoliens ne se sont attribué qu'un seul des deux suffrages béotiens. Problème délicat, il est vrai, qui n'a pas encore trouvé de solution satisfaisante (29 '). 2. En 222/1, Antigone Doson vient de mourir et les Étoliens, se lançant à l'attaque de tous leurs voisins - comme ils l'avaient fait à la mort de Démétrios-, déclenchent la guerre des Alliés. Ils remportent de fulgurants succès, dit Polybe (ffl), sur Aratos

("') Ait. à Delphes, p. 322. ( 117 ) L'observation a été faite, entre autres, par G. KLAFFENBACH,op. cit., p. 207; M. FEYEL, op. cil., p. 114 ; Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 329. ( 188 ) op. cit .• p. 255. ( 11') Voir p. 284. (HO) Note di cronologia ellenistica, IV ; Intcrno alla lista degli arconti delftci del III secolo, dans Athenaeum, N.S., 28 (1950), p. 94. (" 1) Cf. R. FLACELIÈ E, Ait. à Delphes, App. I, n°• 42-43. ( 1") Voir ci-dessus, p. 278.

(Hl) PoLYBE, IV, 9, 4 et XI, 5, 4. ("') Voir ci-dessous, p. 290, n. 319.

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et les Achaiens, sur les Arcadiens, les Phocidiens, les Épirotes, les fait irruption Béotiens. L'armée étolienne tout entière (1rav811µ,Et} en Macédoine même, où elle saccage la cité de Dion (296) ; et l'année suivante, en 218, c'est la Thessalie qui est envahie (297). Il est vrai que ces opérations ne sont, en fin de compte, que des raids sans lendemain et que la guerre va tourner à leur désavantage. Mais, de même que les Étoliens avaient coutume, suppose Flacelière (298 ), de conserver le suffrage d'un peuple du territoire duquel ils avaient perdu la majeure partie, de même il e&t possible qu'au cours de la guerre, il leur suffi.sait d'occuper une mince portion de terre pour en usurper aussitôt la voix à l' Amphictionie (299 ). Ce qui paraît singulier, c'est qu'en 217 /6, l'année même du traité de Naupacte (300 ), la Confédération soit représentée par quinze hiéromnémons. On se rappellera néanmoins que, malgré les solennelles intentions proclamées par les Alliés au Congrès de Corinthe en 220, Philippe V conclut la paix sur la base d'un statu ( 116 ) PoLYBE, IV, 7-13 (défaite d'Aratos à Caphyae); 16-18 (cités arcadiennes); 25, 2 (Ambrysos et Daulis en Phocide ; coup de main sur le sanctuaire béotien d'Itonion : relevons toutefois que M. FEYEL, op. cit., p. 138, situe cette action à une époque plus ancienne. entre 229 et 224) ; 67, 1-3 (incursion en Épire) - voir, à propos de ces événements, les commentaires de F. W. WALBANK,op. cit., I, pp. 455 ss. Lorsqu'en 220 les Alliés se réunirent à Corinthe, un cortège de peuples porta plainte contre la Confédération : Épirotes, Thessaliens, Acarnaniens, Locriens, Phocidiens, Béotiens. Avec Philippe V, ils déclarèrent la guerre aux Étoliens (POLYBE, IV, 25). Sur la symmachie hellénique (créée par Antigone Doson en 224) et sur la guerre des Alliés, on se référera aux travaux récents de J. A. O. LARSEN,op. cit., pp. 326-359; de Éd. WILL, Hist. pol., I, pp. 354-360; IJ, pp. 61-66; et de H. H. SCHMITT,Staatsvertrage, III, pp. 212-217, n° 507 (où l'on trouvera une abondante bibliographie et l'inventaire des sources). À propos du Congrès de Corinthe, voir aussi F. W. WALBANK,op. cit., I, pp. 471-474. ( 1") POLYBE, IV, 62, 1-2. L'historien ajoute (IV, 62, 5) qu'après le sac de Dion, les Étoliens pillèrent désormais « non seulement Je Péloponnèse comme ils en avaient l'habitude, mais aussi la Thessalie et la Macédoine. » Cf. F. W. WALBANK,op. cit., I, pp. 516-517. ( 197) POLYBE, V, 5, 7-8. ( 118 ) Ait. à Delphes, p. 322. ( 198 ) Les synèdres réunis à Corinthe en 220 (voir n. 295) décident notamment de libérer tous ceux qui ont été contraints d'entrer dans la Confédération étolienne. Malgré sa portée générale, cette clause pourrait s'appliquer à des territoires annexés l'année précédente. Cf. F. W. WALBANK, op. cit., I, pp. 472-473. ( 300 ) Les sources et la bibliographie relatives à la paix de Naupacte ont été rassemblées par Éd. WILL, Hist. pol., II, pp. 65-66, et par H. H. SCHMITT, Staatsvertrage, III, pp. 234-235, n° 520.

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quo. Les Étoliens restaient maîtres à Delphes, tandis qu'à l' Amphictionie ils ne perdaient guère que le suffrage de Thèbes de Phthiotide (3111). Sans doute pourrait-on supposer que les concessions faites à la Macédoine n'ont été enregistrées au Conseil qu'au cours de la session suivante, ou encore que, s'inspirant de la politique suivie par Doson en 228 ( 3112) - c'était celle déjà d'Antigone Gonatas -, Philippe V s'est montré assez souple envers les Étoliens, puisqu'il était, croit-on (3113), pressé d'aboutir à un accord. Mais est-il besoin de justifier scrupuleusement ce quinzième suffrage ? Au moment où ils disposaient de quatorze sièges, les Étoliens ont conservé pendant plusieurs années les trois voix de peuples thessaliens, qui, avons-nous vu (3114), échappaient à leur contrôle. Puisque le jeu des représentations à l' Amphictionie était faussé depuis longtemps, il est probable que, comme les précédentes, la délégation de quinze hiéromnémons étoliens constituait purement et simplement une usurpation. Et c'est à la même conclusion qu'aboutit M. Feyel (306 ) lorsqu'il écrit : « Ce qui ressort le plus clairement, à mon sens, des quatre ou cinq listes amphiktioniques à quinze ou quatorze Aitoliens, c'est qu'ils ne se résignèrent pas de bon cœur à reconnaître la perte de leurs conquêtes, même lorsque cette perte fut consommée.» Quant aux Béotiens, ils seraient présents à l' Amphictionie en 225 /4 et 221 /o, mais absents en 217 /6. R. Flacelière (3116) estime que le parti resté fidèle à l'Étolie avait envoyé deux hiéromnémons à Delphes en 225. C'est probable. Je ferais état aussi de l'incident survenu à Larymna vers 227 - les Béotiens crurent à

( 301 ) Philippe V avait récupéré Thèbes de Phthiotide en 217 (POLYBE, V, 99· 100). Cf. F. W. WALBANK,op. cit., I, pp. 627-628. À propos des pertes étoliennes, voir notamment R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, pp. 294-295, et J. A. o. LARSEN, op. cit., p. 358 (« Aetolia had not been greatly weakened »). (301) Voir ci-dessus, p. 284. ( 30 3) « Conclue, ou plutôt bâclée précipitamment, sur le bruit des victoires puniques, cette paix, c'est contre Rome qu'elle est faite», écrit M. HoLLEAUX, op. cit., p. 165. Cf. aussi F. W. WALKANK,Philip V of Macedon (Cambridge, 1940), pp. 64 et 66; et H. BENGTSON,Gr.G. '• p. 423. ( 1'") Voir pp. 283-285. ( 306) M. FEYEL, op. cit., p. II5, n. I. L'auteur suggère (p. II5, n. 2) de placer les listes à 15 Étoliens en 229, avant celles qui en comptent 14 : le témoignage de nos catalogues de vainqueurs infirme cette hypothèse, à moins que l'on ne suppose une fluctuation de 15 à 14 et puis de 14 à 15 hiéromnémons étoliens. (*) Ait. à Delphes, p. 284.

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une attaque lorsque les troupes d' Antigone Doson débarquèrent accidentellement sur les côtes de Béotie, et il s'en fallut de peu que la bataille ne s'engageât (307 ) -, incident qui révèle combien les Béotiens se méfiaient de leurs voisins du nord. Sans doute allaient-ils, dès ce moment, se rapprocher peu à peu de la Macédoine, mais rien ne les empêchait d'envoyer deux représentants à l' Amphictionie en 225, puisqu'ils n'avaient aucun intérêt à rompre brutalement avec les Étoliens. Et s'ils adhèrent à la symmachie hellénique fondée par Antigone Doson en 224 ( 308), la mort du roi de Macédoine en 222 /1 ( 309) justifie sans doute la précaution qu'ils prirent de se faire représenter au Conseil en automne de l'année 221 /o. Plus tard, quand éclate la guerre des Alliés, ils sont aux côtés de Philippe de Macédoine - sans lui apporter, il est vrai, un appui efficace (310 ) - et, conformément à notre attente, ils s'abstiennent d'envoyer leurs représentants à Delphes en 217 /6. Au cours de cette dernière année de guerre, quinze hiéromnémons étoliens, deux delphiens et un chiote siégeaient au Conseil! Si l'on accepte la chronologie proposée ici (sous réserve, rappelons-le), la composition de l' Amphictionie en ( 307 ) POLYBE, XX, 5. Contrairement à ce que pensent la plupart des historiens, M. FEYEL, op. cit., pp. n7-n9, a tenté de montrer que la Béotie n'était pas, à cette date, dans le camp des ennemis de la Macédoine. De même, Éd. WILL, Hist. pal., I, p. 330, croit que les Béotiens s'efforçaient de maintenir alors • une neutralité très souple entre la Macédoine et ses adversaires.» Polybe rapporte d'ailleurs que beaucoup de Béotiens étaient favorables à Antigone (XX, 5, 4-6) et que seuls les Thébains avaient désapprouvé ce qui s'était passé à Larymna (XX, 5, 10). ( 308 ) Voir ci-dessus, p. 286, n. 295. ( 301 ) La saison au cours de laquelle mourut Antigone Doson fait l'objet de discussions: cf. F. W. WALBANK,op. cit., I, p. 290 (vers juillet 221 ou peut-être en aot1t) ; Éd. WILL, Hist. pal., I, p. 362 (printemps de 221) ; Chr. HABICHT, Epigraphische Zeugnisse zur Geschichte Thessaliens unter der makedonischen Herrschaft, dans Ancient Macedonia. Papers read at the First Intern. Symposium Held in Thessaloniki, 26-29 August 1968 (Thessalonique, 1970), pp. 273-278 (été de l'année 221) ; H. BENGTSON,Die Inschriften von Labranda und die Politik des Antigonos Doson, dans Sitzungsberichte der bayerischen Akad. der Wissenschaften, Philos.-hist. KI., Jahrg. 1971, Heft 3, pp. 53-57 (fin cle l'année 222). ( 319 ) M. FEYEL, op. cit., pp. 152-155, a tenté de montrer que la Béotie resta en dehors de la guerre, se bornant à laisser passer les troupes macédoniennes sur son territoire. Il suppose aussi qu'elle a continué d'envoyer des hiéromnémons au Conseil, afin de conserver les avantages de la neutralité. Philippe aurait-il admis que les Béotiens entretiennent ces relations avec l'ennemi, alors qu'ils étaient membres de l'Alliance et qu'ils avaient porté plainte contre les Étoliens au Congrès de Corinthe ? Je croirais volontiers, avec R. FLACELIÈRE,op. cit., p. 295, que les Béotiens n'ont pas envoyé de représentant à Delphes durant la guerre.

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/6 jetterait une lumière crue sur l'isolement de }'Étolie, humiliée et diminuée par les défaites que vient de lui infliger Philippe V. 217

Actes, 66-68

La majeure partie de la liste amphictionique du catalogue 66, gravé sur la face latérale du cippe, est perdue. R. Flacelière y a restitué tantôt douze (311 ), tantôt quinze Étoliens (312 ). Il serait par conséquent hasardeux de classer et de dater ce document. Constatons néanmoins, avec M. Feyel (313 ). que la seconde restitution « fait difficulté, car elle laisse peu de place pour les hiéromnémons delphiens, et encore, à condition de les rejeter après les Béotiens, ce qui est contraire à l'usage. » En insérant les deux Delphiens à leur place traditionnelle, nous obtiendrions une liste de douze ou treize hiéromnémons étoliens ; après les deux Béotiens viendraient d'autres représentants, qu'il est impossible d'identifier. Cette liste date-t-elle de 213 /2 ? La composition de l' Amphictionie attesterait que les Étoliens ont fini par modifier leur délégation après les pertes qu'ils ont subies dans la guerre des Alliés. Ils auraient alors renoncé aux suffrages thessaliens qu'ils usurpaient depuis 229 /8 (314 ). Par contre, si le catalogue a été gravé en dernier lieu - soit en 205 /4 -, il faudrait tenir compte du fait qu'en 206, lorsque la première guerre de Macédoine touche à sa fin, non seulement les Étoliens cèdent des territoires à Philippe V, mais en récupèrent peut-être certains autres (316 ). Devant tant d'incertitudes, il vaut mieux, je crois, laisser en suspens les problèmes que soulève la représentation étolienne.

311 ( ) Remarques sur les S6téria de Delphes (déjà cité), pp. 278-279; et Recueil des listes amphictioniques de Delphes à l'époque de la domination aitolienne, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 53 (1929), pp. 456-457, n° 40. ( 311) Ait. à Delphes, p. 283, n. 3 et App. I, n° 37. ( 313 ) Op. cit., p. 114, n. 2. ( 3 1') Voir ci-dessus, pp. 283-284. ( 316) Cf. R. FLACELIÈRE, Ait. à Delphes, p. 307. Contra: F. W. WALBANK, Philip V, p. 101, n. 1 (qui admet néanmoins que« the general form of the peace was probably based upon the status quo»). Ajoutons qu'aux termes de l'alliance entre les Étoliens et les Romains, les territoires conquis passaient aux premiers, tandis que les seconds se réservaient le butin et les prisonniers. Cf. H. H. SCHMITT, Staatsvertrage, III, pp. 258-266, n° 536. Voir aussi, à propos de la première guerre de Macédoine, Éd. WILL, Hist. pot., II, pp. 70-85, et J. A. O. LAR· SEN, op. cit., pp. 359-378.

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Quant à savoir dans quel ordre il faut lire les catalogues du cippe, nous avons dit déjà que la mention des ethniques dans un décret relatif au portique d' Attale - la liste amphictionique de ce document est analogue à celle du catalogue 68 - ne fournit pas un critère sûr (316 ). Il n'est du reste pas possible de lui assigner une date d'après son contenu: ce règlement destiné à protéger le monument contre le sans-gêne des pèlerins a pu être publié plusieurs années après la construction de l'édifice (la date de celle-ci n'est pas connue) (317 ), et rien ne permet d'affirmer qu'il a quelque rapport, même lointain, avec l'intervention d'Attale dam, la première guerre de Macédoine, au cours de laquelle le roi avait accepté, pour l'année 210/09, le titre honorifique de stratège de la Confédération étolienne (318 ). La mention des Béotiens (Actes, 66) ne permet pas non plus de déterminer l'ordre dans lequel les trois catalogues ont été gravés. Commence-t-on par la face latérale ? le catalogue 66 daterait de 213 /2. Lit-on d'abord la face postérieure ? il tomberait en 205 /4. Or si les alliés de Philippe n'étaient sans doute pas représentés à l'Amphictionie durant la première guerre de Macédoine (212-205) - encore que cette règle ne doive pas être prise au pied de la lettre (319) -, rien ne les empêchait d'envoyer leurs hiéromné( 316 )

Voir ci-dessus, p. 275. La date du portique est située approximativement dans la deuxième décennie du règne d'Attale, vers 230-220. Cf. G. Roux, La Terrasse d'Attale l" à Delphes, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 76 (1952), pp. 141-196; et Esther V. HANSEN, The Attalids of Pergamon (Ithaca-Londres, 2e éd., 1971), pp. 292-293. ( 318 ) TITE-LIVE, XXVII, 29, 10 et 30, I. Cf. R. B. MAcSHANE,The Foreign Policy of the Attalids of Pergamum (Urbana, 1964), pp. 106-107; et Esther V. HANSEN, op. cit., pp. 46-47. ( 319 ) Comme le dit W. W. TARN, Antigonos Gonatas (Oxford, 1913), pp. 214215, le roi de Macédoine recommandait généralement à ses alliés de ne pas se faire représenter au Conseil, puisqu'ils y auraient été minoritaires. « Mais on comprend que la consigne ait pu être levée quelquefois, suivant les circonstances », ajoute R. FLACELIÈRE,Remarques sur les Sôtéria .. ., p. 280, n. 3. C'est au cœur de la première guerre de Macédoine que R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, p. 318, situe, vers 209 /8 et 208 /7, les deux listes où figure un seul hiéromnémon béotien (App. I, n°• 42-43), suggérant qu'une partie de la Béotie avait été annexée à !'Étolie. C'est aussi l'opinion qu'exprime, avec réserve, E. MANN!,Antigono Gonata e Demetrio Il. Punti fermi e problemi aperti, dans Athenaeum, N.S., 34 (1956), p. 272. n. I. Par contre, M. FEYEL, op. cit., pp. 178179, qui n'écarte pas la possibilité d'une marque de désapprobation à l'égard de !'Étolie (les Béotiens envoient traditionnellement deux hiéromnémons), préfère en fin de compte laisser l'anomalie inexpliquée. Mieux vaut, en effet, s'abstenir de toute interprétation, comme le conseille G. DAUX, L'expansion étolienne vers le nord ... (déjà cité), pp. 38-39. ( 317 )

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mons à Delphes soit avant les hostilités, soit immédiatement après. Un choix ne paraît donc pas possible. Reste la mention d'un hiéromnémon de Céphallénie. Les listes amphictioniques dans lesquelles figure un représentant de cette île ne sont guère nombreuses : mis à part le catalogue 66, il n'apparaît que sous les archontats de [ - -]ès (= stratège ou agonothète Lattamos (320)), de Mégartas et de Philaitolos (321 ). Dracon, l'hiéromnémon cité dans notre list~. est précisément le même qui siège sous [ - - ]ès. Or les trois archontes cités ci-dessus ont été datés respectivement de la façon suivante : R. Flacelière (322 ) : 208 /7 env., 205 /4 env., 202 /1 env. W. B. Dinsmoor (323 ) : 202 /1 ?, 203 /2 ?, 199 /8 ? G. Daux (m) : 215 sqq., 205 /4 à 203 /2, dernières années du siècle ou 199 /8.

D'après le classement que nous proposons, le catalogue de la face latérale daterait soit de 213 /2, soit de 205 /4. Comparaison faite avec les diverses dates que l'on attribue à la représentation céphallénienne, aucun indice ne pourrait justifier un choix entre ces deux possibilités. Constatons néanmoins que l'année 225 /4, que R. Flacelière assigne à notre document, paraît assez haute (324). L'une et l'autre de celles que nous suggérons présentent l'avantage d'insérer la liste amphictionique du catalogue 66 dans le petit groupe de celles qui comportent un représentant de Céphallénie. Ce rapprochement est d'autant plus probable que le même

( 320 ) G. DAUX, Delphes au JI• et au l" s., p. 224, n. 1, a proposé de restituer [âywvo8ET]Éov-rosau lieu de [aTpaTay]ÉoVTos. G. KLAFFENBACH,l.G., IX, 11, p. L, date la stratégie de Lattamos de 216 /5, et R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, p. 321, lui assigne l'année 208 /7. ( 311 ) Cf. R. FLACELIÈRE,op. cit., App. J, pp. 411-.p3, n°• 43-45.

Loc. cil. Archon List, p. 140. ( 314) F.D., Ill: Chl'on. delph., K 11, 14 et 17. base navale de Céphallénie fut incorporée à la Confédéra(SH) L'importante tion vers 228-220 (cf. K. J. BELOCH,Gr.G., IV•, 1, p. 719, n. 3, et G. KLAFFENBACH,/.G., IX, 1 2, p. XXIII). Pour justifier une représentation indépendante de l'ile à l' Amphict10nie, R. FLACELIÈRE,A il. ù Delphes, p. 28-1, n. 3, et J. A. 0. LARSEN, op. cit., pp. 206-207, supposent que, dès ce moment, les Céphalléniens a\'aient obtenu l'isopolitie étolienne. On pourrait admettre aussi que l'honneur de siéger au Conseil leur fut conféré plus tard, après 218, par exemple, pour avoir repoussé Philippe V (POLYBE, V, 3-4) . .\ propos de l'événement, cf. F. W. WALBANK,Philip V of Macedon (Cambridge, 1940). pp. 52-53. ( 311 )

('")

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hiéromnémon se retrouve sous [ - - ]ès, le premier des trois archontes.

*

*

Il n'entre pas dans notre propos de reconsidérer l'ensemble de la chronologie delphique du 38 siècle. Ce travail, qui reste à faire, ne peut être entrepris qu'après une analyse approfondie de toutes les listes amphictioniques. ,:,e classement que nous venons d'esquisser est fondé, d'une part, sur l'année 246 /S, que nous assignons à l'archontat de Polyeuctos à Athènes, et, d'autre part, sur le synchronisme pentétérique des Sôtéria étoliennes avec les jeux néméens. Il est hypothétique dans la mesure où les onze catalogues de vainqueurs peuvent être rangés de diverses façons sur une période qui s'étend de 245 à 191. En supposant que nos documents s'échelonnent de quatre en quatre ans depuis la première célébration des Sôtéria, nous avons dressé un tableau chronologique qui, s'il n'est pas le seul possible, semble néanmoins être le plus probable. Le compare-t-on à celui que propose R. Flacelière ? on constate que l'écart entre les deux chronologies se creuse à partir de 233, pour atteindre une différence de vingt ans à la fin du siècle (328 ). Celle-ci ne s'explique pas seulement par la date que l'historien français attribue à l'archonte Polyeuctos, elle résulte aussi d'un classement des actes amphictioniques qui suppose une parfaite correction des Étoliens, même en cas de pertes territoriales. Sans aucun doute la variation des suffrages étoliens reflète-t-elle, dans une certaine mesure, les accroissements et les diminutions qu'enregistre la Confédération. Mais un tel critère demande à être utilisé avec toute la prudence que recommande G. Daux (327 ): ( 316) Nous situons entre 217 et 200 les listes à 13, 12 et II hiéromnémons étoliens, que R. FLACELIÈRE, Ait. à Delphes, p. 368, place entre 225 et 200. Il y en a neuf au total, dont trois sont anonymes. Voici, à titre de comparaison, comment les date G. Daux dans sa Chronologie delphique :

K 10 Damocratès 215 à 205 K II [ - - ]ès 215 sqq. dernières années du siècle ou 199 /8 K 17 Philaitolos K 33 Nicodamos Il 225-210 ? K 35 Polycleitos 225 à 214 ou 206 à 20_5 K 40 Babylos 217 à 207. ( 317 ) L'expansion étolienne vers le nord à la fin du III• siècle avant ].-C., dans Studia antiqua Antonino Salaé oblata (Prague, 1955), pp. 36-37. Cf. aussi, dans le même sens, André AYMARD, La Grèce Centrale au III• siècle avant J.-C. d'après des livres récents, dans Revue Historique, 196 (1946), pp. 291-300.

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« La date de la plupart des listes amphictioniques dans le dernier tiers du IIIe siècle est incertaine, à dix ou vingt ans près ; il est donc difficile de les mettre en rapport étroit avec les événements connus d'ailleurs superficiellement et, quelquefois, par prétérition - à travers la tradition littéraire. Et puis, nous savons de reste, par mille exemples historiques, que la conquête et l'occupation territoriale ne sont pas les seuls fondements d'une affirmation juridique, d'une revendication formelle : la confédération étolienne, maîtresse à Delphes, pouvait très bien disposer pour elle-même des deux sièges béotiens ou thessaliens, à un moment où ces pays étaient retombés sous l'influence macédonienne ... On aboutit toujours à la même mise en garde : il y aurait imprudence à vouloir établir des rapports trop étroits entre les listes amphictioniques et les maigres données historiques que nous possédons par ailleurs. »

On remarquera aussi que la chronologie esquissée ici confirme, dans une certaine mesure, le point de vue que défendent plusieurs historiens (328 ), à savoir qu'au moment où la Confédération étolienne envoyait quatorze et quinze hiéromnémons au Conseil, elle usurpait les voix appartenant à des territoires qu'elle avait perdus depuis plusieurs années. Mais ce qu'il faut souligner surtout, c'est que, du point de vue de la méthode, le présent classement évite le travers - dénoncé par P. Roussel (329 ) - qui consiste « à dresser une chronologie delphique à l'aide des données incertaines de l'histoire du IIIe siècle)), afin d'invoquer ensuite « des textes épigraphiques, datés par ce procédé, pour fabriquer l'histoire du IIIe siècle. » Les actes rangés d'après la pentétéricité des jeux échappent à ce cercle vicieux. Ajoutons enfin que le système que nous proposons comble une partie des vides que R. Flacelière laisse subsister dans sa chronologie entre les années 220 et 191. Par rapport à celui que bâtit W. B. Dinsmoor, il marque une divergence de trois ans (résultant de la date assignée à Polyeuctos). Quant aux archontes de Delphes Praochos, Hérys et Caillas - les seuls auxquels on puisse attribuer une liste amphictionique de nos catalogues -, la date que nous obtenons s'inscrit chaque fois dans le battement de quatre années que prévoit la Chronologiedelphique de G. Daux. Il n'en demeure pas moins - faut-il le dire ? - que la composition de l' Amphictionie au cours des dernières décennies de la Voir ci-dessus, pp. 284 et 287. Remarques sur la chronologie des archontes de Delphes au III• siècle avant J.-C., dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 47 (1923), p. 47. Le passage est cité par R. FLACELlÈRE, Ait. à Delphes, p. 158. ( 318 )

( 319 )

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domination étolienne pose des questions que l'état présent de nos connaissances ne permet pas de trancher. Sans doute les catalogues de concurrents aux Sôtéria amphictioniques ont-ils permis de résoudre certains problèmes. Il est regrettable que les catalogues de vainqueurs aux Sôtéria étoliennes ne puissent fournir les points de repère qui eussent permis de fonder, sur des bases indiscutables, la chronologie delphique de la seconde moitié du 38 siècle.

CHAPITRE II

Les Sôtéria: évolution et organisationdes jeux 1. L'oriiine des Sôtéria

La nouvelle de l'échec que les Galates avaient subi devant Delphes se répandit rapidement dans le monde grec et souleva, jusque dans de lointaines cités, des élans de pieuse reconnaissance envers les dieux. Au printemps de 278, dès qu'ils eurent appris l'heureux événement, les citoyens de Cos chargèrent d'un sacrifice exceptionnel les théores qui devaient assister aux jeux pythiques et ils décidèrent de célébrer au même moment, dans l'île, de solennelles actions de grâces. Le décret qu'ils promulguèrent à cette occasion règle minutieusement le programme des cérémonies (1) : à Delphes, l'archithéore et les théores sacrifieront à Apollon un bœuf « aux cornes dorées» d'une valeur de quatre cents drachmes et ils rendront grâces au dieu par leurs prières ; à Cos, d'autre part, trois victimes d'un montant de cent soixante drachmes seront offertes respectivement à Apollon Pythien, à Zeus Sôter et à Niké, et le jour du sacrifice sera un jour férié au cours duquel toute personne résidant à Cos portera des couronnes. -râ~ -rwv 'EMavwv aw'T'T/plas Dans ces sacrifices offerts 'V'ITÈ:p H. Pomtow (2) a cru retrouver le nom et, dans une certaine mesure, le programme des futures Sôtéria. À vrai dire, comme le ( 1 ) Actes, I. Cf. S. REINACH, L'attaque de Delphes par les Gaulois, dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1904), pp. 158164. Pour la date du décret, voir ci-dessus, pp. 172-173. ( 1) Neue delphische Archon/enta/el des 3. Jhdts., dans Güttingische Gelehrte Anzeigen, 175 (1913), p. 279; et Delphische Neufunde, dans Klio, 15 (1918), pp. 332-333.

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souligne P. Roussel (8), le décret de Cos ne permet pas d'affirmer que ces actions de grâces aient jamais été renouvelées. « Il est pourtant vraisemblable a priori, ajoute-t-il, qu'à Delphes on ne s'est pas borné à remercier une fois pour toutes». On peut supposer, du reste, qu'en raison des événements si récents encore, les fêtes pythiques de 278 /7 avaient rassemblé un grand nombre de pèlerins et de curieux, et que d'autres cités avaient pris une initiative semblable à celle des Coens. Ce « succès de foule » aurait déterminé les Amphictions à organiser, à date fixe, des cérémonies commémoratives de l'épiphanie et de la victoire. Une trentaine d'années plus tard, lorsqu'ils donnèrent leur agrément aux Sôtéria étoliennes ('), les Smyrniens rappelaient dans le préambule de leur décret que des sacrifices avaient été offerts aux dieux conformément à un oracle d'Apollon. Le paso 8eJs lxP"JuEV sage est mutilé : Tas] TE OvulasToîs 8eoîs 1ea8C>T, Jelws[, mais il ne peut concerner les fêtes instituées en 246 /5 par les Étoliens, puisque les autres décrets d'acceptation ne mentionnent pas cet oracle. Ces sacrifices antérieurement célébrés à Delphes pour le salut des Grecs portaient vraisemblablement le nom de Sôtéria, comme l'a suggéré P. Roussel (6). Il est par conséquent probable que les Amphictions ont créé la fête sur l'ordre d'un oracle d'Apollon. Comportait-elle dès l'origine un âywv musical et dramatique ? Ou bien ces compétitions constituent-elles un développement ultérieur? Les catalogues d'artistes ne permettent pas de l'affirmer, puisque, comme nous l'avons vu (8), ils ne sont pas antérieurs à 266. Quant à d'éventuels concours gymnique et hippique, ils ne sont attestés par aucun document (7).Compte tenu du fait que les Étoliens, en 246 /5, se présenteront comme les créateurs de Sôtéria nouvelles, comportant les trois séries d'épreuves traditionnelles, il est vraisemblable que, jusqu'à cette date, l'âywv organisé en l'honneur d'Apollon était réservé aux seuls artistes.

( 1 ) La fondation des Sdtéria de Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 26 (1924), p. 108. (') Actes, 25. ( 6 ) op. cit., p. 108. (') Voir pp. 263 et 273. ( 7) Dans le décret amphictionique en l'honneur du citharède Ménalkès (Syll. •, 431, Il. 14-15 = Actes, 19), H. Pomtow restitue arbitrairement: Toîs- l:[wT11ploisJv TWI àywv, TWI yv14v11cw,.

LES SÔTÉRIA:

ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

297

Plusieurs historiens (8), d'autre part, ont relevé que, sous l'archontat de Hiéron, en 278 /7 (9), les Amphictions se sont assuré le concours des technites dionysiaques d'Athènes en leur accordant les garanties d'asylie, d'atélie et d'asphalie (10). Ils ont supposé que l'octroi de ces privilèges devait coïncider avec la création des Sôtéria amphictioniques. Mis à part le fait que nos catalogues enregistrent une faible participation d'artistes athéniens - nous y revenons dans les pages suivantes -, il est néanmoins possible que le décret pour les technites soit sans rapport avec la nouvelle fête. On se rappellera, en effet, qu'en 290 les Pythia avaient été célébrées à Athènes sur l'ordre de Démétrios Poliorcète (11) et que les fêtes de 286 et de 282 n'avaient sans doute guère eu de succès en raison de la présence des Étoliens (11). Il est par conséquent vraisemblable que les Amphictions ont voulu inspirer une entière confiance aux technites en leur assurant la garantie que, malgré l'occupation, Delphes demeurait le ico,vàv 1ra.VTwv-rwv 'EM~vwv. Ce décret qu'ils promulguèrent au lendemain du triomphe sur les Barbares était destiné, je crois, à rehausser l'éclat quelque peu terni des jeux pythiques; il ne paraît pas concerner le modeste àywv local des Sôtéria, qui n'était peut-être pas encore institué à cette date. ( 8 ) H. PoMT0W, loc. cit. ; W. Sc. FERGUS0N,Polyeuktos and the Soteria, dans American Journal of Philology, 55 (1934), p. 324; R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, pp. 122-123 et 143-144 ; G. M. SIFAKIS, Studies in the History of Hellenistic Drama (Londres, 1967), p. 103 ; Arth. PICKARD-CAMBRIDGE, The Dramatic Festivals of Athens, 2• édition revue par J. GouLo et D. M. LEWIS (Oxford, 1968), p. 284. ( 9)

( 18)

A propos de la date de l'archontat de Hiéron, voir p. 196, n. 298.

Deux exemplaires du décret pour les technites nous sont parvenus : voir ci-dessus, p. 195. Au cours de la première moitié du 3• siècle, sous l'archontat d' Ainésilas, les Delphiens conférèrent la proédrie, la promantie et la prodikie à l'association de l'isthme et de Némée (F.D., III, 1, p. 85, n. 1 = Syll. 8 , 46o). G. DAUX, F.D., III : Chron. delph., F 27, classe Ainésilas parmi les archontes des années 315 à 280, sans préciser davantage. R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, App. I, n° 18, le place en 280 /79. Plus récemment, J. BOUSQUET,Inscriptions de Delphes. Les technites de l'isthme et de Némée, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 85 (1961), p. 84, n. 2, a proposé la décennie 270-26o, parce qu'un décret daté d' Ainésilas est gravé à la suite d'un autre, daté de Thessalos (270 /69 ?). • Ce critère (est) le plus fragile qui soit, écrivait R. FLACELIÈRE,op. cit., p. 127, car les lapicides ne s'astreignaient nullement à graver les inscriptions les unes audessous des autres dans l'ordre chronologique. • Dans l'état actuel de nos connaissances, il parait hasardeux de dater cet archontat à quelque dix ans près. ( 11) PLUTARQUE,Démétrios, 40, 7-8. ( 11) Cf. R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, pp. 121-122.

298

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

Je ne sais si, dans cette recherche relative à l'origine des Sôtéria, il convient de citer un fragment de décret amphictionique (?), qui, d'après l'écriture, paraît appartenir à la première moitié du 3e siècle. Il a été publié par H. Pomtow en r9r5 (13 ) : EJ1TEtS[~ Tât] 1TOÀEt [ ] àywvL{eaO[ a, ]t ÈTV,,xav[OV 5 1T]oÀEtS' TàS'µ.[ ] Tàs SlKas ws S,K[ TâS'] ÈcpoSovTWVfJa[pfJ&.pwv ] TOÎS'•Aµ.cptlCT[ voa,v ]~È SLKas.[ À la 1. 3, Pomtow restitue avv]aywvL{eaO[a,V1TÈprijs aw'T'T/plas,

citant, comme parallèle, les 11.3-4 du décret d'acceptation de Smyrne (Actes, 25): [avV7Jywv'1çaVToV1TÈpaw'T'T/p[La]s, mais, en F.D., III, I, 483, Ém. Bourguet n'admet pas [avV7Jywvl]çaVTo dans ce texte en KOtV'l] ionienne, et restitue: [Tov 1r0Àeµ.ov àveSe1çavD'autres restitutions de Pomtow sont arbiTo V1TÈp aw'T'T/p[La]s. traires : 1. 4, Ka]l ; 1. 5, µ.[Èv; 1. 6, StK[al (sic) ; 1. 8, ËSoçe]. Ce fragment fait allusion à l'invasion des Barbares (on comparera les 11.3 et 7 aux 11.7-8 et r3-r4 du décret de Cos : ÈvTât Twv fJapfJ&.pwv Ècp&Sw, et Èv Toîs yevoµ.bois àywai) et il mentionne les Amphictions. Avait-il quelque rapport avec les Sôtéria amphictioniques ? On ne saurait le dire. Il n'est pas impossible non plus qu'il s'agisse du décret par lequel l' Amphictionie agréa les Sôtéria étoliennes (14 ), mais, dans les autres acceptations, il n'est question ni de 1r0Àe,sni de SLKas. Ces deux mots, en dernière analyse, pourraient faire songer aux procès intentés pour la récupération de trésors delphiques que des Grecs avaient probablement enlevés aux Galates en retraite (16). Quoi qu'il en soit, l'intérêt historique de ce texte ne devait pas être négligeable si l'on en juge par les bribes conservées aux 11.7 et 8. (18) Delphische Neufunde, dans Klio, 14 (1915), p. 276, n° 5. (U) Ce serait alors un décret comparable notamment à celui par lequel, en 182 avant notre ère, les Amphictions agréaient les Niképhoria de Pergame (F.D., III, 3, 261). Lorsqu'ils créèrent de nouveaux jeux en 246 /5, les Étoliens

ne pouvaient juridiquement se dispenser de l'agrément des Amphictions. Pour les maîtres de Delphes, majoritaires au Conseil, il s'agissait d'une formalité. ( 16) Voir ci-dessus, pp. 97-98.

299

LES SÔTÉRIA: ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

2. Les Sôtéria amphictioniques

(àywv XPT/µ,a-rl,,.,,,s-)

LES SOURCES

Les catalogues de concurrents (Actes, 2-n) constituent l'essentiel de notre documentation relative aux Sôtéria amphictioniques. Ils ont été classés et, autant que possible, datés dans le chapitre précédent. Nous nous proposons maintenant d'analyser le témoignage qu'ils fournissent sur l'organisation du concours. Ensuite nous passerons en revue les décrets honorifiques (Actes, 12-20) que les Delphiens et les Amphictions ont rendus pour des artistes cités dans ces catalogues. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU CONCOURS

Nous avons vu plus haut que les listes de concurrents aux Sôtéria amphictioniques sont introduites par deux intitulés différents (16). Le premier, qui est utilisé dans le groupe A, se présente comme suit : È1r, (nom) apxov-ros-Èv LJE,\.vµ.1T[i]os. Et cette rectification me permet de dégager un plan cohérent de ce passage: vv. 3-8 : les victoires de Pythoclès ; a) vv. 3-6: les victoires remportées en Grèce: vv. 3-4: aux concours CJ'TE.t'T'T/•·

cité à une ligne d'intervalle après les rhapsodes et à deux lignes d'intervalle avant les chœurs d'enfants. D'après la place qu'il occupe, il était Kt0apta'T71s,,a0apw,86s ou 1rot71'T7/s 1rpoao8{wv.Nous retrouvons le même artiste sous la rubrique xopo, 1rat8wv dans le catalogue 8 de l'année 259 /8 ou 255 /4 (?). Sous l'archontat de Calliclès, les Delphiens décernèrent la proxénie à Épèratos de Mégalopolis ainsi qu'à ses descendants (Actes, 17). Il y eut à Delphes, dans le courant du 3° siècle, deux archontes de ce nom, puisque quatre collèges de bouleutes chaque collège est en charge durant un semestre - sont attestés ( 10 ')

Année archontale

incertaine.

Voir ci-dessus, p. 266, n. 218 et p. 272,

n. 236. ( 106 ) Remarques sur les Sôtéria de Delphes, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 52 (1928), p. 261.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

sous la présidence d'un archonte Calliclès. G. Daux les a classés de la façon suivante dans sa Chronologiedelphique: G 20. KaMucMjs (classé, sans date, entre les archontes de 262 /1 ?

et de 257 /6 ?) \ ' Kp'iTWVOS,n·\ ' 'A xaip,EVEOS, ' 'l '71'11'la, ' B OVI\EVOV'TWV I\UC17'WVOS, KÀÉwvos. Bov.\ro6VTWVLlaµ,atov, Evpvµ,~f>Evs,EEvo8&.µ,ov,l:TpaTWVOS, KpaTWVOS, G 26. KaM,KMjs 252 à 248 env. ?

Bov.\Ev6VTwvAlcrxpici>vf>a, EÉvwvos, 'Ayvta, pov, MaVTta,[ - - cfo]avEVS, J.Q[- - ] ? Il ajoute ce commentaire : « Les éléments de datation, pour cet archonte, sont assez équivoques. D'ailleurs la répartition des quatre collèges entre G 20 et G 26 est fort incertaine. La place de F.D., III, 3, 197parrapportàF.D., III, 3,196 (G 21) inclinerait à à G 26, qui céderait en retour le faire passer le collège iJaµ.a'ioS' collège Alaxpic.ov8a!i' à G 20 (les questions posées par ces collèges sont trop complexes pour être discutées ici). L'attribution du collège 'Aµ.vvav8po!i'à G 26 est assurée (cf. F.D., III, 3, 81). Ce qui ne l'est pas, c'est la date absolue de chacun des deux archontats et même leur date relative ; on se demande si G 26 en bloc ne pourrait pas passer avant G 20. »

C'est assez dire, je crois, combien la question est complexe. Pour l'examiner comme il convient, il faudrait analyser la dizaine d'inscriptions datées de ces deux archontes, il faudrait considérer aussi la place qu'occupent ces textes par rapport à d'autres gravés sur les mêmes pierres. Cette étude, qui risque d'être longue, nous entraînerait loin de notre sujet. C'est pourquoi nous nous bornons à faire la remarque suivante, sans entrer dans le détail de la discussion. Pendant le semestre au cours duquel la proxénie fut conférée à Épèratos, le même privilège fut accordé à Kv.\.\wv Kv.\.\wvos 'E.\Ews (168). H. Pomtow a identifié ce personnage avec Cyllon d'Élis, qui délivra sa patrie du tyran philomacédonien Aristoti-

LES SÔTÉRIA: ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

325

mos en 271 (107 ). Aussi bien propose-t-il, pour Calliclès, la date de ca 269. Par contre, K. J. Beloch (108) et R. Flacelière (109) situent cet archontat vers 245-235, parce que, sous Emménidas (259 /8 ou 255 /4 ?), Épèratos était choreuteenfant. Dans le proxène Kv>.Awv Kv>.Awvos,ils reconnaissent, non le tyrannicide, mais son fils. Je crois qu'il faut rendre à Cyllon le titre que lui avait valu sans doute son action politique. Vers 265/4-259/8 env., Épèratos était un adulte - citharède, cithariste ou poète - participant aux Sôtéria. S'il figure, en 259/8 ou 255/4 ( ?), sous la rubrique des xopo,1ralSwv, c'est qu'il était vraisemblablement chef de chœur, comme le prêtre des artistes, Pythoclès, l'était pour les a.vSpEsde la même liste (110). Nous avons vu, en effet, que les catalogues de concurrents ne distinguent pas les tJYEµl,vEsdes choristes, et que, si dix à quinze xopEv-ratse répartissent en deux groupes, il faut compter, semble-t-il, chaque fois deux chefs (ce que confirment les listes étoliennes (lll): étant donné qu'elles n'omettent jamais l'~yEµwv vainqueur, il y avait un concours entre les chefs) (112). Compte tenu de la proxénie décernée à Cyllon, la date (245-235) proposée par Beloch et Flacelière, de même que celle (252 à 248 env.) donnée par Daux, paraissent trop basses. Il est vraisemblable, je crois, que Cyllon et Épèratos ont été honorés à Delphes vers 270-260. Aussi bien n'est-ce sans doute pas à tort que, dans le commentaire reproduit à la page précédente, Daux se demandait« si G 26 en bloc ne pourrait pas passer avant G 20. »

Actes, 18 Sous l'archontat d'Emménidas, en 259 /8 ou 255 /4 (?) (113 ), les traditionnels honneurs delphiques furent conférés à L1aµov,Kos ( 107 ) Voir Neue delphische Archontentafel des 3. Jhdts., dans Gottingische Gelehrte Anzeigen, 175 (1913), pp. 150 et 181, ainsi que Syll.•, 423, n. 1 (où sont citées les sources relatives à Cyllon). Pour la date de l'événement, cf. Éd. WILL, Hist. pol., I, p. 195. ( 108 ) Gr.G., 1v 1, 2, pp. 406-407. ('"") Notes de chronologie delphique, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 52 (1928), pp. 196-201. Dans Ait. à Delphes, App. Il, n° 54, le même auteur date l'archontat de 244 /3 env. ( 110) Voir ci-dessus, p. 317. ( 111) Actes, 58-68. ( 111) À propos de la c mposition des chœurs cycliques, voir pp. 258-260 et

307-309. ( 111 )

Pour la date, voir p. 273.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES

'laa,8~µ,ov MEya.Ào1roÀL'T'T}S, R. Flacelière (114 } a proposé d'identifier l'individu avec un 1rars xopEVrTJS cité dans le catalogue 5 (1. 16) de l'année 262 /1 ou 258 /7 (?), où il suggère de restituer: [Llaµ,6On conviendra que l'hypothèse v,Kos 'laa,SNµ,ov MEyaÀ0[1ro.\'1·as]. est fragile. Quand bien même le patronymique serait correct, le nom n'en serait pas pour autant assuré, puisque le proxène pourrait encore être un frère de l'artiste. Actes, 19

Aux termes de ce décret amphictionique rendu sous l'archontat d'Emménidas, le citharède MEva.ÀK71s f[1rEv1awvos'A871vaîosvint à Delphes pour prendre part aux Sôtéria, donna une audition supplémentaire après le concours et, pour prix de son talent et de son dévouement, mérita l'éloge des Amphictions, ainsi que la couronne de laurier 1rapà-rov8Eov. Heureuse rencontre de deux documents épigraphiques I C'est précisément dans le catalogue 8, daté de l'archontat d'Emménidas (259 /8 ou 255 /4 ?), que nous trouvons mention de M[Eva]ÀK71•.E1r[n,]awvos'A871vaîossous la rubrique des xopoi àv8pwv (116). Le citharède avait donc participé, malgré sa spécialité de soliste, au concours des chœurs cycliques ! Et, à la 1. 82 du même catalogue, il est fait allusion à l'audition que l'artiste avait offerte après la compétition:[ ... ] ~Ol.EKO. MEva.ÀKu 1rpoaavMjaai.Dans ce solo, il était peut-être accompagné par un flûtiste nommé BotaKos, que l'on a proposé d'identifier avec le flûtiste BovtaKos, vainqueur à Orchomène quelques années plus tard (116). Le décret amphictionique rappelle, en tout cas, que le citharède exécuta un morceau supplémentaire après avoir participé aux Sôtéria. « C'est un usage qui se répand à l'époque hellénistique, écrit L. Robert (117 } à propos de documents analogues au nôtre, ( 1H) Remarques sur les Sôtéria de Delphes, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 52 (1928), p. 26r. ( 116) L'identification a été faite par le premier éditeur du décret amphictionique, A. J ARDÉ, Actes amphictioniques de la domination étolienne, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 26 (1902), p. 248. ( 116) L'identification a été proposée par P. AMANDRY et Th. SPYROPOULOS, Monuments chorégiques d'Orchomène de Béotie, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 98 (1974), p. 191. Pour le sens du terme wpoaavÀ€Îv, ces auteurs renvoient à J. FREI, De certaminibus thymelicis, Diss. (Bâle, 1900), pp. 45-46. ( 117 ) Décrets de Delphes, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 53 (1929), Op.Min.Sel., I, pp. 251-252. Cf. aussi G. M. SlFAKIS, op. cit., pp. 38-39 pp. 97-98.

LES SÔTÉRIA:

ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

327

que les musiciens et les poètes ne se fassent pas entendre seulement dans les concours, mais donnent aussi des auditions (Èm8i,fEL,, àKpoa.aiis}soit en dehors de l'époque des concours, soit à l'occasion des concours. » Cet usage est donc attesté également pour les Sôtéria amphictioniques. Ajoutons que, par un décret datable de 270-250 d'après l'écriture, les Déliens décernèrent la proxénie à Miva.ÀK1J,[.E1Tdawvo(?)]s 'A871vaîos,considéré comme àVYJpàya06, envers le sanctuaire et le peuple (118 }. Comme le suggère l'éditeur, P. Roussel, il s'agit sans doute du citharède honoré à Delphes. L'hypothèse est vraisemblable, puisque, comme nous l'avons vu (119), se retrouvent à Délos plusieurs artistes qui ont participé aux Sôtéria. Actes, 20

Pour avoir donné l'audition d'un hymne avec accompagnement d'un chœur - [alaµa È1Ti8wKi-rwi 8€]wi µi-rà xopofJ -, Eiv6-riµos e~pwvos Boicfmos reçut la proxénie et les traditionnels privilèges delphiques vers le milieu du 3e siècle (décret datable par l'écriture; le nom de l'archonte, qui était cité à la fin du document, n'est pas conservé). De même, l'aulète Satyros de Samos, honoré à Delphes au 2e siècle avant notre ère, offrit un alaµa µi-rà xopofJ..d,6vvaov,« un hymne chorique intitulé Dionysos» (120). Nous ignorons si le concert donné par Xénotimos avait été organisé à l'occasion des Pythia ou des Sôtéria : nous venons de voir (121 }, en effet, que des auditions de ce genre étaient également présentées en dehors de tout concours. Comme l'a reconnu H. Pomtow (122 ), l'artiste honoré de la proxénie est certainement le 1Ta'isxopiv~s cité parmi les quinze choreutes du catalogue 9 (258 /7 ou 254 /3 ?) : [Eiv6-r],µose~pwvos Boidmos. Cette identification ne permet pas d'affirmer que « notre décret est donc postérieur de plusieurs années » à la liste de concurrents (123 ). Selon toute vraisemblance, des adultes

118

l.G., XI, 4, 575. Voir pp. 243-244. ( 1 1i>.wvl871s 'Ap,crroµ.a.xov ZwcvvOios,à qui les Athéniens avaient sans doute accordé la citoyenneté (168). Voici comment se répartissent ces ethniques:

("') F.D., III, 3, 218 B, 11.6-8. Seuls ce décret et celui qui fut rendu à la fin du siècle pour les technites dionysiaques de Téos (F.D .• III, 2, 134 a = l.G., IX, 11, 192) ont été promulgués par les Étoliens. Une douzaine d'autres documents de ce genre émanent soit de Delphes, soit de l'Amphictionie. Voir la liste que dresse G. M. SIFAKis, op. cil., pp. 100-102. ( 161 ) On se rappellera qu'en 278 /7 les Amphictions avaient garanti l'asylie, l'asphalie, etc. de l'association athénienne. Voir p. 297. ( 1") Voir ci-dessus, pp. 263-265 et 303, n. 35. ( 117) Actes, 58-68. (1") Voir ci-dessus, p. 274, n. 240.

LES SÔTÉRIA: ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

Alexandrie Argos Athènes Béotie Cassandreia Corinthe Éphèse Étolie Halicarnasse Histiée Mégalopolis Mytilène Orchomène ( ?) Rhodes Sicyone Smyrne Syracuse TOTAL

337

I

3 I

8 I I I

4 I I I I I I

3 I I

31

Mais cette statistique, tronquée par la mutilation des catalogues et portant sur un trop petit nombre d'artistes, ne peut être indicative. Il est vrai que, comme nous croyons l'a voir montré (159), l'association de l'isthme et de Némée suffisait à assurer la célébration des Sôtéria amphictioniques. Mais il s'agit là d'un à.ywv local, relativement modeste. En ce qui concerne les Sôtéria panhelléniques, on ne comprendrait guère pourquoi les Athéniens auraient donné leur adhésion aux Étoliens - et peut-être avaient-ils même couronné le stratège de la Confédération (180) -, pour ensuite faire en sorte que leur association boude le concours musical (181). Il est possible que, dès l'origine, celle-ci ait rivalisé avec celle de l'isthme et de Némée, mais, s'il est vrai que cette concurrence dégénère en une longue querelle à la fin du ze siècle elle éclate vers 134 et se termine en II2 (m) -, de nombreux documents, antérieurs à cette date, attestent que les concours ( 11') ( 190)

Voir pp. 302-304. Voir p. 333. ( 111) Plusieurs documents du 2• siècle prouvent que l'État athénien soutenait les intérêts de l'association locale des technites (voir, par exemple, F.D., III, 2, 70, li. 8 et 54). Cf. Arth. PtcKARD-CAMBRIDGE, op. cit .• p. 289: « The Athenian people seems to have been solidly behind its guild, the matter was not without its political importance. • ( 111) Cf. G. DAUX, Delphes au II• et au l" s .• pp. 356-372 ; et Arth. PtcKARDCAMBRIDGE, op. cit., pp. 288-292.

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LES SÔTÉRIA DE DELPHES

grecs étaient ouverts aux artistes de toutes les associations et qu'aucune division territoriale ne limitait leur participation (163 ). Il est par conséquent probable que l'absence des Athéniens dans les catalogues de vainqueurs aux Sôtéria est purement fortuite. Les Étoliens ont-ils également pris des mesures pour assurer la sécurité du public qui se réunissait à Delphes pour les Sôtéria ? Nous l'ignorons. Mais c'est peut-être par le truchement de I' Amphictionie, où ils étaient majoritaires, qu'ils ont donné cette garantie, d'autant plus indispensable qu'ils avaient acquis de longue date une fâcheuse réputation de brigands. Un décret amphictionique mutilé, datable du milieu du 3e siècle d'après l'écriture, protège contre la saisie et le pillage, et il fixe le montant des amendes infligées à quiconque - 1T6À,s~ àpxEîov ~ ,~,wrris - attente à leur liberté et à leurs biens (164 ). « Les personnes qui bénéficient de cette clause de sauvegarde, écrit J. Bousquet (165 ), sont probablement celles qui se rendent à Delphes, soit pour les sessions amphictioniques, soit pour la consultation de l'oracle, soit, plus probablement peutêtre, pour les Pythia et les Sôtéria .... Peut-être est-ce l'afflux des pèlerins après l'organisation des Sôtéria qui a rendu ces mesures nécessaires ». Ce règlement de police et les documents relatifs aux technites cités plus haut concernent autant les Pythia que les Sôtéria. Mais il importe peu de faire, à ce propos, la distinction entre les deux fêtes, puisqu'en créant l'une, les Étoliens n'ont évidemment pas voulu porter atteinte au vénérable rayonnement de l'autre. Comme le montrent les décrets d'acceptation, les Sôtéria qu'ils instituaient en 246 /5 devaient revêtir une importance égale à celle des Pythia. Célébrer les deux avec éclat et avec régularité était pour la Confédération une question de prestige et, en quelque sorte, une justification de sa main-mise sur « le sanctuaire commun de tous les Grecs ».

( 163) Textes recueillis et commentés par G. M. SIFAKIS, op. cit., pp. 136-146. Voir ci-dessus, pp. 302-304, les réserves qu'appelle le point de vue soutenu par l'auteur. ('") Document réédité par J. BOUSQUET, Inscriptions de Delphes. Décret amphictionique du III• siècle, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 83 (1959), pp. 172-174 et fig. 20 ( = S.E.G., XVIII, 243). ( 165 ) Op. cil .. p. 174.

LES SÔTÉRIA:

LES CARACTÈRES

ÉVOLUTION

GÉNÉRAUX

ET ORGANISATION

DES JEUX

339

DES CONCOURS

ET LEUR ORGANISATION

À première vue, il peut paraître singulier que les décrets d'acceptation - qui reproduisent, en partie, les termes de l'invitation étolienne - ne fassent aucune allusion aux Sôtéria amphictioniques, qui étaient célébrées à Delphes depuis plus de vingt ans. On pourrait supposer que les autorités étoliennes ont délibérément omis de rappeler l'existence d'un concours antérieur pour s'arroger tout le mérite de la pieuse fondation. En fait, s'ils ne créent pas de toute pièce une fête nouvelle, les Étoliens ont institué un àywv d'importance égale aux grands jeux de la Grèce. C'est en cela que réside l'originalité de leur initiative. Alors que les Sôtéria amphictioniques étaient un simple àywv musical XPT//J-aTLrYJS, probablement annuel, célébré par les Amphictions en l'honneur d'Apollon (166 ), les cités grecques sont invitées à donner leur agrément à un triple concours aucpavtTTJS- musical, gymnique et hippique -, organisé par la Confédération étolienne en l'honneur de Zeus Sôter et d'Apollon Pythien. « Telle était d'ailleurs l'évolution normale aux yeux des Grecs, écrit P. Roussel (187 ) en citant l'exemple des Niképhoria de Pergame, des Leucophryena de Magnésie du Méandre, des Museia de Thesil succédait à pies, etc., on n'improvisait pas un àywv aTE.Eµaîo, (est-ce le roi?), de l'Étolie, des hiéromnémons, de

soldats. A. Nikitsky, Ém. Bourguet et G. Daux ont suggéré d'identifier ce Tlépolémos avec l'ambassadeur que Ptolémée VI envoya en 169, accompagné du rhéteur Ptolémaios, auprès d' Antiochos IV pour négocier la paix. Par contre, selon Ad. Wilhelm, J. IJsewijn et L. Robert, le décret concernerait TÀ7J1ro>.Eµo,'Apramfrov, prêtre éponyme sous Philadelphe et Évergète de 247/6 à 245/4. Il est vrai que, d'après l'écriture, le document delphique a été daté de la fin du 3° siècle ou de la 1re moitié du 2°. Mais cette indication approximative n'infirme pas l'hypothèse (248 ). Cet examen des documents relatifs à l'organisation des Sôtéria a fait apparaître, je crois, l'étroite collaboration qui unit les organismes enchevêtrés qui constituent ce qu'à juste titre on a appelé le « complexe delphique » ( 249 ). Un agonothète étolien préside les jeux créés par la Confédération. Il est entouré par les hiéromnémons de l' Amphictionie. La cité de Delphes, d'autre part, fournit probablement les épimélètes (?) et les théores des Sôtéria. Seule elle nomme les théorodoques en poste dans les cités étrangères. Enfin, comme nous le verrons plus loin (250), les autorités delphiques et les autorités amphictioniques font proclamer aux Sôtéria les plus hautes distinctions honorifiques qu'elles décernent. Il faut ne pas perdre de vue évidemment que, jusqu'en 191, les Étoliens sont majoritaires au Conseil et exercent une domination totale sur la cité de Delphes, même si celle-ci conserve une indépendance théorique. Cette participation doit être soulignée parce que c'est elle, je crois, qui a permis à l'Amphictionie et à Delphes d'assurer la célébration des Sôtéria pendant plus d'un siècle encore après l'abaissement de l'Étolie.

( 118 ) Actes, 82. À la bibliographie citée dans mon article, Envoyés royaux d'époque hellénistique, dans Chronique d'Égypte, 50 (1975), n 08 99-100, pp. 255256, ajouter: Ad. WILHELM, Akademieschriften zur griechischen Inschriftenkunde (189-5-1937), herausg. von W. PEEK, Teil 2 (Leipzig, 1974). pp. 330 et 549-550; L. ROBERT, Documents del' Asie Mineure méridionale (Genève-Paris, 1966), p. 31. (He) L'expression est de G. DAUX, op. cit., p. 9. ( 160 )

Voir pp. 368-371.

LES SÔTÉRIA DE DELPHES LE PROGRAMME

D'après les décrets d'acceptation, que nous avons analysés cidessus, les Sôtéria fondées par les Étoliens comportaient, outre des sacrifices, un concours musical « isopythique », un concours gymnique et un concours hippique « isonéméens » (261). L'ordre, toujours le même, dans lequel ces décrets citent les concours était vraisemblablement celui qui constituait le programme agonistique des Sôtéria. C'était celui aussi des Pythia (252 ), qui, en raison d'une intime relation avec le culte d'Apollon, réservait la première place aux épreuves musicales. Plusieurs documents nous apprennent, d'autre part, qu'à l'occasion des Sôtéria - nous venons de le dire -, l' Amphictionie et la cité de Delphes proclamaient publiquement les honneurs qu'elles conféraient (253 ), et que, comme aux autres concours grecs, les artistes offraient au public des auditions, soit à titre gracieux, soit, dans le courant du 2 8 siècle, pour une couronne payée en argent (25 '). Nous ignorons quelle était la durée des fêtes : il est vraisemblable néanmoins que la partie agonistique s'étendait, comme aux Pythia, sur environ cinq journées (266). Le concours gymnique avait lieu au stade (258), le concours hippique à l'hippodrome (257 ). Quoiqu'il soit désormais établi que le théâtre de Delphes date de la fin du 48 siècle (258), on ne ( 1141) Voir p. 332. À propos de l'assimilation avec les jeux pythiques et néméens, voir pp. 340-343. ( 1141) Cf. Th. KLEE, op. cit., pp. 26-27 ; W. VAN RENGEN,op. cit., pp. 158-159. ( 168 ) Actes, 42-47. Voir ci-dessous, pp. 368-371. (14t) Voir p. 361. La question est traitée de façon générale par L. ROBERT, Décrets de Delphes, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 53 (1929), pp. 3839 = Op.Min.Sel., I, pp. 251-252. ( 161) Cf. C. GASPAR, Pythia, dans Dict. des Antiquités gr. et rom. de Ch. Daremberg et Edm. Saglio, TV, 1 (1905), p. 792; W. VAN RENGEN,loc. cit. ( 111) Sur le stade de Delphes, voir notamment J. JuETHNER,Die athletischen Leibesitbungen der Griechen, Il, 1 (Vienne, 1968), pp. 58-6o et figg. (plan du stade pythique et comparaison avec les autres stades grecs). ( 117 ) Les vestiges de l'hippodrome n'ont pas été retrouvés. On sait par divers témoignages littéraires qu'il était situé dans la plaine de Krisa. Cf. C. GASPAR, op. cil., p. 787 ; Ém. BouRGUET,Les ruines de Delphes (Paris, 1914), pp. 278-283. ( 158) La construction de l'orchestra et du koilon de pierre (comportant trentecinq rangs de gradins) date de la fin du 4• siècle. cf. L. LERAT,Chronique des fouilles en 1950, dans Bulletin de Correspondance Hellénique, 75 (1951), pp. 136137; J. PoUILLOUX,F.D., II : La région nord du Sanctuaire (Paris, 1960), pp. 108 et u7; G. M. SIFAKIS,Studies in the History of Hellenistic Drama (Londres, 1967), pp. 106-109.

LES SÔTÉRIA: ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

357

peut dire avec certitude où se déroulaient les diverses épreuves du concours musical. Jusqu'au milieu du 38 siècle, les artistes qui participaient aux Pythia concouraient au stade pythique (268). On construisait à cet effet une scène en bois que deux comptes amphictioniques, datables, l'un de 330-325 environ (280), l'autre de 247 /6 (?) (281 ), appellent tantôt UK1]V7J, tantôt 1rpoa1.,-p,a thébaine Polygnota était venue à Delphes pour les Pythia de 86 ( ?), mais le concours ne put avoir lieu en [1ro>.Eµovoil uv]vn>.E1µ.,vov ,-oO raison des circonstances : 61116È ,-clv lvE.Éawv.To6To yd.p V1TÉOXf1'0 ,rpos 'l'~V avyKÀTJTOV, (38 7)

Vfcüv KaTfp.iTpTJOfV ws

Delphes au II• et au l" s., p. 410. Op.cit., p. 6II. La fondation des Sôtéria de Delphes, dans Revue des Études Anciennes, 26 (1924), p. 109. ( 3111) Ait. à Delphes, pp. 169-170, 237-238 et 264. (8U) Zu den delphischen Soterienurkunden, dans Hermes, 72 (1937), pp. 382-384. (811)op. cit., pp. 6g et 83. (388) ( 389)

LES SÔTÉRIA:

ÉVOLUTION ET ORGANISATION DES JEUX

379

étolien. Il serait probable, pour cette raison, que ces épreuves n'étaient organisées que« de loin en loin, faute de concurrents, ou pour toute autre raison qui nous échappe» (393 ). En fait, on ne peut pas dire qu'il s'agisse là d'un argument a silentio, puisque, pour la seconde moitié du 3e siècle, deux dédicaces agonistiques (394 ) et un décret honorifique (396) - je ne cite pas ceux dans lesquels l:wrYJpto,~est restitué (398 ) - attestent que le concours avait lieu. D'autre part, si les catalogues de vainqueurs n'énumèrent que des artistes, c'est, je crois, parce qu'à cette date les athlètes ne s'étaient pas encore constitués en associations (397 ). Il est possible que les listes aient été gravées à la demande des technites dionysiaques eux-mêmes, à moins que les autorités delphiques n'aient voulu rendre un hommage particulier aux artistes, si utiles, par ailleurs, à la vie du sanctuaire. 2. R. Flacelière {398 ) relève également que, dans le catalogue 68, n'ont été gravés que ces mots après la liste des hiéromnémons: owE Èv{,cwv[Tà] l:wT~pia· paif,w,f>.H.IPAEIA[ [T]payw,8ol· 'Apxl8aµ[os(vac.) 'IUT,ait"[VS' . . K«pX0S' E.\[ AiBaaKa.\os• E . 1r[ Xap[,]KÀ€t8.,,S' tl>[pl]Kw[vos. . I . as-tl>i.\ov,K .os-A[ .••••• Elpa.vlwv(?)El[ A,8aaKa.\os-· Ex[ ...... 81,(s-]'HYTJu..... [ Kwµw,8ol · 'Aµ.ef,oµ.[ 'Ext"µ,âs-(?)'AMKov(?) .[ Kdµ1ros-A . . AIAE[ [A,8]aaKa.\os· IIPOI'[ ]µw AvKdwvo[s-(?) N8ovs-•Âpy€îoS'[ 'H[p]aKÀ€l[8',sA'8aaK[a.\os.. AA .. XAAI'H 'üponµ.os-'l€poK.\[lovsT€y€4TTJS'] (?) (vac. ?) [tl>,].\0Kv8[11s#

10. X[a]p1,c.\c[l]8')S' Il>[est peut-être identique à Xap[,],c.\cl81JS' ll>[pl],cw[voscité 1. 21.

Crônert. .Ewxd.p,8os'Po8,os, atl.\1J.,.~S en Actes, 8, 14. N. 13. Cf. .Ew,cpo.T1JS' 15. Cf. •Av8pwv Ilo.\11flvo11 II«.\.\']v«us-,atl.\'].,.~S'en Actes, 8, 16 et 10, 15. Roussel. 16. [Ev],c.\cl81Js-( ?) Crônert. 17. 'Apxl8aµ.[os] lu et restitué par Bousquet. 'Apx«, AN[ Roussel, Bourguet. 19 ... ,capxos Bourguet ... xapxos Roussel. [Na]uapxos-Crônert. 21. ll>[pl],cw[vos-] Bourguet. 11>,[.\o],cw[µ.ou] Crônert. 'HY'Jalou 'A6,ivaios-, ,cwµw,8os-en Actes, 7, 58. N. 25. Cf. [-II-] 26. •Al-'40µ. = •Aµ.oµ.cf,,j.[p«.,.os-]( ?) Crônert. 27. 'ExEµ.ô.s-? 'A.\l,cou? Bourguet . . XI.MA.A.EKOY ou EXEMA.EAAEKOY? Roussel. 28. Kd.µ.1ros-A . . AIA.E Bourguet. . XAMIIO.EAIIOAIA.E Roussel 'A1ro.\.\â(?) Crônert. N,,coµ.~8011 'ApyEios-, 1rai's- xoPf~S' en Actes, 10, 22. Crônert. 31. Cf. 'E1r,,cpo.f")S' 32. Cf. 'Hpa,c.\El8']S'AuKOIJ'Aµ.{JpaK,Wf'')S', xoplEll'T~S' ,cwµ.,K0S'en Actes, 9, 79 et 10, 75. N. 35. 'l1tpo,c.\[lovsT1ty•o.f'1JS'] Cf. Actes, 10, 6o. Crônert. 11>,.\d.ypov 'A6,ivaîos-, ,cwµw,8os-en Actes, 8, 67 et 9, 6g. Roussel. 36. Cf. '1>,.\o,cu81JS'

406

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

40

'Ap,O"Tlw[v ..duSooK[ a.ÀosÀVÀ1J'"7[SAA[ .. . Jlcn,s-(?) A.EOY[

lbis DELPHES FRAGMENT

D'UN CATALOGUE DE CONCURRENTS

Delphes. Inv. 2668. Fragment de calcaire de Saint-Élie, brisé de tous côtés. Édd. Ém. BOURGUET, F.D., Ill, 1, 563; J. BOUSQUET, B.C.H., 83, 1959, pp. 169-170 (S.E.G., XVIII, 234). Comme le croit Bousquet, le fragment appartient peut-être à l'inscription précédente: « L'écriture et le traitement de la surface calcaire sont très analogues, et quoique le raccord matériel ne puisse se faire, il paraît tentant de rapprocher les deux pierres.»

Kop]frt'hos-, L',K]vw[v],os-, 'Epyîvos- L',µ.v.\ov(?)Ka]qaav8pn$s-, Ilv&oKÀfis'Ap,O"T&pxov(?) 'Epµ.],ovt"VS-, 5 Ilav-raKÀfis'Ap,O"T&pxov(?)] 'Epµ.,ovt'vs-, vac. 3 lignes Bo,]cfn-,os-, IO Bo,]peus· a]v8pas 17YEf1,WV · llv&oKÀfjs 15 ['Ap,urapxov 'Epµ,,ovEVS- av8pESxopEvral. llaVTaKÀfjs(?) 'Ap,]urapxov 'Epµ,,ovEVS. '1,o18oros'1,o86rov 'A~vaîos · Tl(?)]µ,av8pos l:w[r]lÀov l:,Kvwv,os · ,À]6urparos l:wuiurpaTOVl:vpaKouios • rpayw(?)],8ol · EùKÀfjs '1,ovvulov 'ApyEÎOS · 20 AvK]Elwv AvKELWVOS Bo,wrios. ] .... aîos AEvKapov llEÀÀaîos · ] .... s - ,Aya{}otf,aV7Js 'Aya{}oKÀlovs Bo,wr,os . ] '1,oyÉV'l'Js8Eo8wpov 'A~vaîos.

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ApEaKwvllov ( ?) Bousquet .• ApaEKwvllov Bourguet. •Apauwvllov pour •ApKEawvllov ( ?) Crônert. II. N,K]{as NlKwvos Pomtow. N,Kl]as ou 8Eollwplll]as Bourguet. Cf. ( ?) N,Klas N,[ - - ] en Actes, II, 6. N. 12. 'l].,..,,la, (?) ou 9Epa]1TVlas(?) Roussel. 'OµJ.,..,,[a, (?) Crônert. 17. Tl]µavllpo, L'w[-r]lÀov lu et restitué par Bousquet. ]avllpos L'w,[8'].Uov Bourguet. Cf. [Tl(?)µavllpos] L'w-rlÀovs L',Kv[wv,os] àv,}p ,copEVTTJSen Actes, 5, 30. Bousquet. 21. AEvKapov lecture de Bousquet. AEvK . . ov Bourguet. AEvK[ap]ov Crônert. 22. 'Aya8'o.wvos 9E,,.,,.a.Àos, 'Hpd,cÀE,,,.os Lllwvos'ApyEîos ·

25. 26.

27. 31.

32.

Entre les 11.21-22 et les 11.27-28, espace blanc de 7 et de 6 lignes (prévu pour une addition de noms). Deux espacements de 61. selon Wescher-Foucart, de 10 l. selon Baunack, de 5 l. selon Pomtow. (' AS,,]11aîoS' N. [ - - - ] Baunack. [K.rîoS'] Baunack. Cf. Actes, 10, 41. [A]l1111al8['1/.'0S' 'Apl0'1'c,w]oS'N. Cf. Actes, 5, 27. [A]lv.,al3[')1,'0S' -7-8-]os Baunack, Pomtow. [M11Na,11'11'0S' N. ['OvNa,1T1TOS'Wescher-Foucart. [ .. ,Na,11'11'oS' Baunack. [- 'O.,]~a,1T1TOS' Capps, qui identifie l'artiste avec l'aulète '011[~a,1T1TOS', mentionné dans un catalogue délien de 259. La restitution de Capps se fonde sur l'édition princeps de l'inscription de Délos, due à Am. HAUVETTE, B.C.H., 7, 1883, p. u3. Dans I.G., XI, 2, II5, 1. 24, F. DURRBACH a corrigé la lecture 'O.,[~a,1T1TOS' en M11da,11'11'0S', Cf. Actes, 5, 38. O[l],..,da[.,]S' N. [O/],..,da[.,)S'Capps. [N,],..,&a[.,)S' Wescher-Foucart, Baunack.

LES SÔTÉRIA AMPHICTIONIQUES

Col. II

40 avÀ71T17, · - Xap,dlrrJsXap,a.8ov'A8'7]vaîos· 8,8cfo-KaÀ[o]s · 'H~oÀos XpvuoM.,0vBocnroplrTJ,• OvÀ,dlrrJsKaÀÀ,Kpa:rov M,À~u,os, .EwTVÀosvacat (IO 1.) AlTwÀ6s, •Apurri1T1TOS KaÀÀ,KpO.TOV M,À~u,os . 45 aÙÀ7JT11• · llaVTaKÀf/svacat (IO 1.) .E[,Kv]wv,os · 8,8&.uKaÀos · AoKwv [I'ÀavK(?)]tTov 'A8'7]vaîos· - Kwµw,8ol · '1>,Àwvl8T,s •Ap,O'T[ oµo.]xovZaKw[{},]os, AvKl8as 9pau[v{]tvov ZaKMios, 50 'Hpo.KÀ[m]os['Hp]aKÀt"l8ov 'H[À]t"îo,· avÀ71[T17,] · '1>[,Àl]O'KOS '1>lÀwvos Bo,wnos · .dlwv 9iv8wpov 'Axru6s, .d,ovou,os .Elµov 'HpaKÀt",WrTJS, N,K6µ,axoslloÀvKÀt"l8ovBo,wnos · 55 avÀ71T17, · 10.vnos M&8alov NavKpaTlT7]S · 8,8cfo-KaÀos · [K]71.osBaunack, Pomtow. 43. Cf. l:wTv>.os~,>.ofivov AlTw>.osTpayw,8os en Actes, 8, 46. Baunack. 45. Cf. llaVTaKMjs.da&.\,covl:,,cvwv,os av>.1'/T~s en Actes, 8, 69. Baunack. 46. Av,cwv [I'>.av,c]frovpourrait être un descendant de Av,cwv I'>.av,cÉ[Tov,qui figure dans un catalogue de liturges athéniens du début du 4e siècle (/.G., II /lll 1 , 1928, 1. 19). Preuner. Entre les li. 51-52 : omission du 8,8&a,ca>.os. 57. llo>.vd.paTosest proxène d'Oropos (voir p. 314, n. 76). 58. Cf. ]61'/s'HY'la[ en Actes, 2, 25. N. 59. [.d,]'?,c~ijsN. [.d,o],c[>.]ijs (?) Baunack. [.d,]o,c>.ijsPomtow. Cf. .d,o,c>.ijs.d,o,c>./ovs 'A6,,vaîos Tpayw,8osen Actes, 10, 55. [llo>.v],c>.ijs, [Mnc],c>.ijsou [~1>.oJ,c>.ijs Capps. 66. Cf . .d,oyclTwv Evapxl8ov Bo,wTIOSxopfVT'r/S,cwµ.,,cosen Actes, 8, 74 et 9, 75. Baunack.

416

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

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8€pulvovs N,Kwv/1,ov.E,Kvwv,os, 'Ap,crroKÀfjsKalllov Bo,wTios, J,ovvu68wpos Ilaµ4,lÀov Meyap€VS, .Ewu,KpO.'T'TJS A€1M"lvov .E,Kvwv,os' Mouxos vacat (12 l.) .E,Kvwv,os' 75 iµaTioµ,lo,'J,ai . -1:Tpa'TOKÀfjs'A1roÀÀ08wpov l:aÀaµ,lv,os, - NlKwv Mw€KÀÉovs .EoÀ€VS,- J,ovvu,os .::hovvuo8wpov 'HpaKÀ€,W'T'TJS, vacat 74. Cf. Moaxos l:wa,1.El6011 (ou l:wa,1.El-rou 'H1mpw-r11s, Kwµ.w,S&sen Actes, 9, 65 et NlKwv MEvEKMousEo>.Evs,lµ.a-rwµ.lalh,sen Actes, 7, 76-77-

82. [ ... ] BOIEKO. MENAAKEl llPOEAY AHEAJ Baunack .... OIE KO. MENA. We~cher-Foucart. [n']· ~otaKo[s] Moa>.K[ou]·F,' wpos AEillPOEAYAHEAI aù>.11aî[s] Capps (les chiffres Ei' et F,' renverraient aux Il. 15 et 16). Pomtow, qui écarte les restitutions de Capps (sur la pierre, la place fait défaut pour les deux lettres ajoutées devant Fi'), lit: BotaKo[s] Mocf>.Ku wpo~auMjaa,.Le passage contient une allusion à la participation exceptionEwEvawvos (1. 35), accompagné par le flôtiste nelle que l'artiste MEva>.K1JS BotaKos, avait fournie aux Sôtéria de l'archontat d'Emménidas (cf. Actes, 19, et ci-dessus p. 326).

9 DELPHES CATALOGUE DE CONCURRENTS

(258/7 ou 254/3 ?) Delphes. Mur polygonal, à la suite du catalogue précédent. Édd. C. WESCHER-P. FoucART, 5 (Otto LUEDERS, Die dionysischen Künstler, Berlin, 1873, pp. 193-194, voir aussi pp. 112ss.); J. BAUNACK,S.G.D.I., 2565. Cf. Ad. WILHELM, Urkunden dramatischer Aufführungen in Athen, mit einem Beitrage von G. KAIBEL, dans Sonderschriften des ôsterreichischen archaologischen Institutes in Wien, 6, Vienne, 1906, pp. 61 et 245; H. PoMTow, Syll. 8 , 424 (note marginale), et Klio, 17, 1921, pp. 192-193; R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, App. 1, n° 22 (liste amphictionique). Pour le commentaire: voir pp. 243-273 (identification d'artistes et date du catalogue); pp. 299-313 (le concours musical).

'Err,N,Ko8&.µ.ov apxov-ros,{f!ptws8È '1>,.\wvl8ov -rov 'Ap,u-roµ.o.xovZaKvv&lov, - lt!poJJ,VT)JJ,O· VOVV'TWV Al-rw.\wv T,µo.\oxov, Nf!01T'TO.\tµ.[ov], I'l.\wvos, J,Kaio.pxov, 1:-rpa-ro.yov, Kpw,8[v1.\ov,

420

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

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IO

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20

25

'Av8poµ.&.xov, 'A,\E{&.v8pov, EEVoKptlTOVS', [ -] LIEÀcpw[v 'Ap,]O'ToKptlTovs, wAv8pwvos,[ -] Bo,w[T]wv4>a[Elvov, 4>]1Àl1T1Tov - ol8E~ywvlaav[To] [TOV]àywva TWVl:wrr,plwv . pa[if,w,]8ot· 'Ayat'>îvosKp,To&r,µ.o[v l:,,c]vwv,os, 'Ap,O'TEl&r,S' •AplO'TWVOS' [ ..... ] S'' 'Ap,O'ToP,WTJS' 'Ap1UT0µ.a,ov [ ..... ],os · ,c,t'>ap,O'Tal. N,,clas Evv[,covBo,w[T,os] . 1TOl1JTai 1rpoao8lwv· 'ÂÀE[lwv'A,\,c[. ... ]ov l:,,cvwv,os, - Elvwv vacat (8 l.) Kopl[v]t'>,os, LIE[lv11COS' llavTOWVl:,,cvwv,os . aÙÀ1JTal · LIElvwvLIElvwvosXaÀ,c18n$s· 1raî[8Es]xopEvTal· 'Aplan1T1Tos K&.Mwvos AlTwÀos,Ll,ovva,osKaÀÀl1T1Tov MEyapEVS', N[,c[wv8E]oµ.lvov'At'>7]vaîos, [.]N.[ - 4-5 -]wpos 1:6,\wvosBo,wnos, [ .... ]wv lloÀV7JptlTOV T~v,os, 'Avnyffl'JS'Kp,ToÀ&.ov Bo,wnos, X&.pµ.,xosl:TaalÀ&.ov Bo,wTIOS', 'Em,cpaTÎvosN,,coµ.~8ov'ApyEÎOS', l:walUTpaTOS' 8Eo7]vaîos, ['A]VTt8wp[o]s Ev{a,ov Bo,wTIOS', [EEVOT],µ.os ~pwvos Bo,wTIOS', [Llwpot'>EOS' K]aÀÀ,O'TptlTOV 4>,À,1T1TEVS', [ .. ]ÀEa [ - 6-7 -]lTOVOS' Bo,wnos,

11-12 et 15-16. Lüders et Baunack supposent qu"Ap1C1Toµiv'7s (1. 11) et A,flv,Kos (1. 15) doivent passer respectivement dans la catégorie des citharistes et dans celle des aulètes. Une erreur analogue aurait été commise en Actes, 10, 1112, où un cithariste figurerait parmi les citharèdes. À l'appui de leur hypo-

13. 19. 20. 27. 28. 29.

thèse, c.is auteurs invoquent les nécessités de la compétition et le pluriel utilisé dans les rubriques K&Oap,a.-al, a~>.,,.-a,.On pourrait objecter néanmoins que le pluriel se justifie par les traditions du formulaire (p. ex., Actes, 10, 78-79) et que les Sôtéria amphictioniques étaient peut-être moins un concours qu'une simple « exhibition ». 'A>.K[.... ]ov N. 'A>.,[... . JovBaunack 'A>.,[..... ]ov Wescher-Foucart. N{K[wv 8,]oµ-'vov Baunack. NlK[wv 8,0]1-1,!vo11 Wescher-Foucart. Cf. Actes, 7, 18. (.JN.(- 4-5 -]wpos Baunack, qui suggère un nom tel que ['O]v~[a11-1ô8]wpos. [- 6 -]wpos Wescher-Foucart. [E,vô.-J11-1os Pomtow. Cf. Actes, 20. [Awp&O,os]. Cf. Actes, 5, apparat critique, 1. 26. [- 7 - K]a>.>.1C1Tpc!.-011 Baunack. [ .. ]>.,a[-6-7-Jl.-ovos Baunack. [ .. ],a[-7-Jl.-ovos Wescher-Foucart. Il A,oyfl.-ovos Boufmos (,rais ne semble pas possible de lire ici 'HpaK>.E&ô8wpos xopWT,js en Actes, 7, 17), comme le suggère Pomtow.

LES SÔTÉRIA AMPHICTIONIQUES

30

35

45

50 Col. IV

55

6o

421

'Avr,y[tvrJs-]BovÀ€VTOV Xa.ÀK,8€VS-, JioytvrJs-[ - 4-5 -]w11os-Boufmos-, [a]11[8p]€Sxopwral. KaMl{J,os-Blwvos-E,Kvw11,os-,- ·rµ11os-J€illoKpcfrov'ApKas, I'vwTtas- I'ÀavKlov T&l8,os-, KaMlas- 'OÀvµmo8wpov l:iKVWJ/ios-, 'ApiUT6µaxos-vacat 'luµTJIIOTtÀTJSKa1rlw11osBo,wTios-, AvKos-J,ovvulov 'At'h]vaîos-, 'AuKÀa1rw11 'ApiUTo&,jµov E€11ta Bo,wTios-,"Eµµo11osBo,wTi[os-],M11auw11 'EpvwvosBo,w[nos-, J,68]wpos-8€0,:p/).ov'At'h]v[aîos-,A ..... Kpi]Tos-M117Jul1T1Tov K€îos-, ~[ - II-12 -]Àlov T€y€ctTTJS-, ETpa[TOK ]À17sKÀ€oO'TpaTov KvfHJpios-, Bo,wnos- • "Apxi1T1TOST€ÀIUTOV 8,8auKaÀos-. E îJ8ofos-'E7TTJpctTOV E,Kvw11,os• Tpayw,8ol · 'Epyîvos-E,µvÀov Kauua118p€VS-, N,Ko,:pw11 8€oKÀlov 'At'h]vaîos-, 'ÀuKÀct1TWJ/ 'A1roÀÀ08wpovM€yap€VS-. 8,8a[uKa]Àos-· '1€poKÀ1JS[NlKWIIOS'A]t'h]vaîos-• aÙÀTJT1JS· Xap,a87Js-Xap,a8ov 'At'h]vaîos-· Kplw11Eù,M:ypov'Ai?-r]vaîos, l:lµ.a.Ko!,M€V€Kpa-rov 'Apy€Îos . 8,8aaKaÀos· .d,ovVCTto!, 4>,ÀoKv8ov 'Ai'n]vaîos · aVÀ1J'"7!. . 4>,ÀlaKO!, c/>lÀ.wvos Bo,wnos . xop€v-ra/.Kwµ,,Kol· 8€680-ros8€086-rov'Ai?-r]vaîos, llaa,KÀfjs llaa,KÀ.tov 'Ai'n]vaîos, .d,oy€l-rwvEvapxl8ov Bo,w-r,os, 'ApX€OC1/J,C1!. ,::,, 'AptCTT0KptT0V 'î' / ..,,KVWVto!,, M6axos l:wa,KÀ.tovsl:,Kvwv,os, Kill,µ,,8wv Kill,µ,,8ov-ros l:,Kvwv,os, 'HpaKÀ€'87Js A i5Kov'Aµ,{JpaKtWTTJS · [[]µ,anoµ,la&at. 1:-rpa-roKÀfjs 'A1r0Mo8wpovl:aÀaµ,lvws, - KMwv KÀ€lvov'Ai'n]vaîos · aVÀ1J'"7!. . 'EmKpClTTJS 'Aaw1rwvosBo,w-r,os. I

Bo

10 DELPHES CATALOGUE DE CONCURRENTS

(257/6 ou 253/2 ?) Delphes. Mur polygonal, à la suite du catalogue précédent. Édd. C. WESCHER-P. FoucART, 6 (Otto LuEDERS, Die dionysischen Künstle,, Berlin, 1873, pp. 195-196, voir aussi pp. II2SS,; W. DITTENBERGER,Syll.1, 404 et Syll. 1 , 691; Ch. MICHEL,895); J. BAUNACK,S.G.D.I., 2566. Cf. R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, App. I, 23 (liste amphictionique). Pour le commentaire: voir pp. 243-273 (identification d'artistes et date du catalogue); pp. 299-313 (le concours musical).

'E1r/.l0.€wv8a a.pxov-ros,l€p,ws 8~ 4>t"Awvl8ov TOV•~p,a-roµ,axovZaKvvl>lov,- l€poµ,V7Jµ,ovowrwv Al-rwÀc.ôv c/>lÀ.wvos, 'Op&alov, llavaavla, 'Ay€Àaov, Blwvos, 'Ayplov, 5 Eva-rpa-rov,T,µ.a.y6pov,A,wvos, .d€Àtpc.ôv BovÀwvos, llvpplvov - ol8€ ~ywvlaav-ro-ràvàyc.ôva-rwvl:WTTJplwv ·

LES SÔTÉRIA AMPHICTIONIQUES

IO

15

20

25

30

35

40 Col. V

f,a,fiw,8ol· KÀem$pws 'Ap,UTel6ov'ApK[as, EM>]v87Jµ.os X&.p.,,ros'A°'TJvaîos· K,{}apiUTal.Ka.ÀÀlasllo"AvelvovllEÀÀTJVEVS. K,{}apw,8ol· #Opo,~oss· Elµ., 8È ic«iv[os-]B. [Élla8,ical v]iic[ru] K.-W. [aù>.w,8oû(?) v]iic[a,] F. [NEµ.tr,TE]ou [TENEµ.Elr,]K.-W. et F. [Tàs-8' cL\>.asZal]s- B. [1"pEÎS' 8' fo ical Zal]s- K.-W. [à.>.>.ci µ.Eicai Zal]s- F. [ElwEÎJI.!€l]E[p]oû K.-W. [ - - à.wcl1'E]a[,r]E[al]ovB. [1"pEÎS' à.wcl1'E]a[w]E[al]ovF. [â'.awna 8' cL\>.wv,f,]û,\' K.-W. Les autres restitutions du v. 7 sont de B. Restitutions de K.-W., reprises par F. [à.>.>.'&woa'aù>.w,]8osB., K.-W. [à.>.>.'oaa pa,J,w,(?)]8os-F.

430

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

[ooua TEpatpw,]8Ôs,TaVTaKa-rayp&cf,E-rm, [~vlKaBo,w-rwv]f'E [1r]av[,nro]p,[s] ÈO"TEc/,llV[w]uw -v-0--vv1Tpw-r' 6.[1r]E[v]ey[Kcfjf'EV[ov] ' [xw] O"Ttcf,avos Movums 'EÀ,[Kw]vlu,Ka, .d,ovvu[w,] > ,! > ... _!:, -rp,-raT ,,v KVOOS' Ef'O'S' YEVETTJ/30,\,wvo, 1 Tp,aKo5 [CTT]Eî Tij, 1rpvTavEla,, l8ofEv TWI 8~µ.w,, Kv/3Epv1,K!.\], , 7 , ~ , , , A'ITWIJ'A,\lfl,OVCTIO, H1TEV ' E7TElv,/ TO KOIVOV TO TWV [IJO [wÀ]ÛJVà.1ro8EIKVUf1,€VOV ff!V 1rpo,TOV,0-Eov,d1ul{3uav [tif,Ncf,,CTTai TOVà.ywva TOVTWVEwTTJp{wvT1{HvaiTWI ..1,[/.T]w1l:wTijp1Ka/.Tw, 'A1r6,\,\wv,Tw, llvO-lw, i'nr6µ.V1Jµ.a TijIO [, µ.]&.XTJ, Tij, y&oµbr,, 1rpo,Tov, {3apf3&.pov, Tov, tmu[T]paTEUCTaVTa, è,r{ TE TOV,•E,\,\,,,va, Ka/.TOTOV'A1roÀÀwvo,ZEpov TOKOIVOV TWV'E,\,\~vwv, tcf,' oil, Ka/.o8ijµ.o, tft1TEfl,1TECTVvaywv,ovµ.a,[v] TOU,TE tmÀtKTov, Ka/.Tov, t1T1TEÎ, [ov,] i'nrt.pTij, Ko,vij, CTWTTJpla., Kai.1rEpi. ToUTwvTOKo115 [vov T]wv AlTwÀwv Ka/.oCTTpaTTJyo, Xap[f&o, à.1rEC1Ta.ÀKI.

Sur Je bandeau, [9E]o[l] N. L'o, que nous croyons appartenir à l'invocation, est passé inaperçu des éditeurs.

436

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

[40', 1rpôs'T]Ôv8[17µo]v1TpEa/3Elav r,}v 8,aÀEfoµ.M}v~ws [av à.1To8lX71'Tm & 817µos 1']ô[v à.]y[ w]v[a, 'TÔµ. µ.]à, µov,mcôv lao[1rv8',ov,'TÔV 8~ yvµ.v,KÔV Kal l'fl"IT,KÔV laovlµ.]Eov'Taî[s] ['TE~À,Kla,sKal 'Tais1',µ.aîs

Sous l'archontat de Polyeuctos, sous la prytanie de la tribu Aigéis, neuvième de l'année, pour laquelle Chéréphon, fils d' Archéstratos, de Képhalé était secrétaire, le 22 du mois Élaphébolion, le 308 jour de la prytanie, il a plu au peuple; Kybernis, fils de Kydias, d'Halimunte a fait la proposition : attendu que la Confédération des Étoliens, montrant sa piété envers les dieux, a décrété d'instituer le concours des Sôtéria en l'honneur de Zeus Sôter et d'Apollon Pythien, en commémoration du combat livré aux Barbares qui avaient fait une expédition contre les Grecs et contre le sanctuaire d'Apollon, qui est commun aux Grecs, Barbares contre lesquels le peuple aussi envoyait ses soldats d'élite et ses cavaliers afin de participer au combat pour le salut commun, et attendu qu'à ce sujet, la Confédération des Étoliens et le stratège Charixénos ont envoyé au peuple une ambassade chargée de conférer avec lui pour qu'il accepte le concours comportant une épreuve musicale équivalente à celle des Pythia, et une épreuve gymnique ainsi qu'une épreuve hippique équivalentes à celles des Némeia sous le rapport de l'âge et des honneurs ... ll CHIOS DÉCRET D'ACCEPTATION DES SÔTÉRIA

(246 /5) Delphes. Inv. 2275. Stèle de marbre brisée en deux morceaux, trouvée près du Portique des Athéniens. Édd. B. HAUSSOULLIER,B.C.H., 5, 1881, pp. 302-306 (Syll. 1 , 150; Syll. •, 206; Ch. MICHEL, 365) ; H. PoMTOW (et G. KLAFFENBACH),Klio, 14, 1915, pp. 272-273 (Syll. 8 , 402; I.G., IX, 1•, 194b: reproduction partielle); G. DAUX, F.D., III, 3, 215. Cf. Ad. WILHELM,G.G.A., 160, 1898, p. 299; et, du même auteur, Beitriige zur grischischen Inschriftenkunde, 1909, p. 180; et Anz.Akad. Wien, 59, 1922, pp. 7-8; L. ROBERT(et M. HOLLEAUX),B.C.H., 57, 1933, pp. 536-537 = op. Min.Sel., I, pp. 504-505; et R.E.A ., 38, 1936, p. 17 = Op.Min.Sel., II, p. 780; J. VANSEVEREN,R.Ph., 3e s., II, 1937, pp. 332-333. Je reproduis ci-dessous l'édition de G. Daux, à laquelle on se référera également pour l'apparat critique. À propos de ma restitution de la 1. 29, voir pp. 225-227 et 236-239.

437

LES SÔTÉRIA ÉTOLIENNES ET POST-ÉTOLIENNES

Pour la date et le commentaire: précédente.

voir Je lemme de l'inscription

[#.Eaoç,v-rw, ~µ.w, • 1ro.\]lµa.pxosÈmµ.~J!'OS M,À~Cli'IT'ITOS ,.\o[

Kal

Êfml~S]

[Èmµ.~v,os'A1ro]Mwvl&-,s'Ar,,,Àlo-Kov,l1rav · È1r"&rJAl-rw.\ololK,[îo, Kal cf,l.\.oiÈK1rpo ]],s -rw, 8~µ.w,, à1ro8(LKVVJL(Vo, Tt/V1rpos'TOVS0,[01/S [yovwv tmapx]ov[-r ,vc,/{3"av i/rrJ1[cf,,c,µ.aKal 0, ]wpovs à1rCTT,l\av-r,s KMwva Kal 'Hpa.KwvaKal[ J1rar,,l.\]5 [.\ove,,-rov]àyw[v]a -rwvl:wffJplwv, ôv CTVVTfÀoiic,w V'IToJLVTJµa. [rijs -rwv 'EM~vwv CTWffJ][plas K]al rijs vlKTJsrijs )'fVOJL&TJS 1rpos'TOVS {3ap{3a.povs 'TOVS [ÈmC1Tpa'7'(1$c,av][-ras(J'ITl'TOt,pov 'TOV'A1r6Mwvos'TOKOWOV 'TWV'EM~vwv Kal È[1rl'TOVS' •EM17vas], [Ë1r]IC1TaÀK[f] 8i 1r,pl 'TOV'TWV 'TWL~µ.wi Kal 'TOKOLVOV 'TWVAl-rw.\w[v Kal oCTTpaffJYOS Xa ][pl(jfVos,O'ITWS âv à1ro8,çwµ.,0a'TOVàywva 'TOJL µ.tv JLOVCTiKOV lu[om10,ov, Tov 8t yv]IO µ.v,KovKal [1T1T1Kov lc,ovlµ.,ov-raîs -r, ~ÀiKlaisKal -raîs -r,µ.aîs [Ka0a.1r,p Kal aVTol] Ëi/rrJcf,1c,µ./vo, ,lc,[v • 01TWS oJv o 817µ.os cf,alV'T/-ra, -ràs Twv 0,wv -r,µ.[ às at1fwv Kal JL(JLVTJ]Kal cf,,Masrijs V1Tapxo.,;C117S aQ'TwL 1rpos[Al-rwµ.lvos rijs T( olK(LOffJ'TOS Àovs' àya0fji 1'V1X17L · 8,86x0a, 'TWL8~µ.w,81x,c,[0]a,~V 'T( È1rar,,,MavKal 'TOVày[wva -rwvl:WffJplwv,ôv] n0/ac,w Al-rw.\olV'ITlpTf -roiil,poii -roii'A1r6Mwvos-roiiÈv'1,.\cf,oîs[Kal rijs -rwv'EM~vwv] 15 CTWffJplas CTT(c/,avlffJV' Ka0a.1r,pJ,tn,cf,,CTTa, 'TOKOWOV 'TWVAl-rw.\wv' -ro[µ. µ.tv µ.ovc,iKovlc,o][1r]vO,ov, 'TOV8t yvµ.v,KOVKal t1T1T,KOV wovlµ.,ov Tais 'T( ~ÀLKla,sKa[l -raîs -r,µa.îs· , lvai] [8]ÈKal Toîs àywv,aa.µivo,s 'Tiiiµ.1roÀ,.,.WvKai vuc1Jaaa,-ràv àyWva. -rWv l:[WffJplwvoc,a1r, p Kal] [-r]oîsn.,;0,a Kal Nlµ.,a v,~c,ac,1 Èv -rw, voµ.w, yl-ypa'IT'TaL • È1ra1v/c,a, 8[i Kal -roKowov-rwvAl-rw]Àwv Kal CTT(c/,avwc,ai xpvc,w, Cl'T(c/,a.vw, àp,rijs €V(K()' Kal (VCT(/3,[ las rijs ,ls 'TOVS 0,ovs] 20 ~al àv8paya0lasrijs ,ls -rovs{3ap{3a.povs · lva 8t Kal ,l8wc,, 'ITa.VTfS [Tàs 8,&µ.lvas Tiµ.a.s],

438

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

[à]vrnr€ÎVTov l€polOJpVKa .d,ovvalo,s Èv TWI 0€a.Tpw,,oTav ol Twv 1ral[8wv xopo, µ.tÀÀwa,àyw ]'TOKOWOV TWVAlvl{€a0a,, To8i 'TOK~pvyµ.a· o8,jµ,o[so]Xlwv O"T€ÈToîs à1ro8uKvvµ.lvo1s€ls µ.Èv7'1/VOvalav [T€TpaKoalas (?) 8paxµ.a.s,€ls] ~??..,alaKvpla. Voir les témoignages épigraphiques recueillis par L. ROBERT, B.C.H., 59, 1935, p. 493, n. 2; et par J. VANSEVEREN,R.Ph., 3e s., 11, 1937, pp. 332-333.

LES SÔTÉRIA ÉTOLIENNES ET POST-ÉTOLIENNES

441

[T]w,'T€ ,,hl Tw, l:wrijp, Kat 'Tw, 'A1TC;ÀÀwv, Tw, llv[{J,f.w,{mé,µVTJp,a. rijs yoo]-

5 [µ]0'7/sµ.&.X"ls -rrposTovs {Jap{Ja.povs Tovs l-rr[,O"TpaTe:vuaVTas l-rrlTt" Tovs

10

•EMTJ][v]as Kat 'TOle:pov'TOV'A-rroÀÀwvos 'TOKOWOV 'Tw[v 'EM~vwv, Kat -rrapaKaÀoiiu,TOV8ijµov] ['TO]vT7Jvlwvµe:Tlxe:w'TOVàywvos 'TWVl:[ W'TT}plwv Kat 'TWV/J,vu,wv Ka/J,&.-rre:p aVTot] [lt/n,,f,,]uµlvo, e:lu,v TOP,µtv µ01)(1,KOV luo-rr[ v/J,,ov,TOV8t yvµv,Kàv Kat l-rrmKàvluo]'TT}Vt"VUt"{Je:lo.v à-rro8e:lKV1Ju/J,a, [vlµe:ov• T7JV ]lo,s 8, -rraTp,6vlunv -,,.,\c;lc,[ ElsTà lE][pàv 'TOV'A-rroÀÀwvos] 'TOKo,vàv'TWV'E,\[,\~vwv

4. ,-.;;, (devant J:wrfjp,) N. w, Bourguet.

Il a plu au conseil et au peuple ; Morychion était épistate, ... a fait la proposition : attendu que sont venus ici des théores envoyés par la Confédération des Étoliens et par le stratège, porteurs d'un décret aux termes duquel ils ont décrété d'instituer le concours des Sôtéria en l'honneur de Zeus Sôter et d'Apollon Pythien, en commémoration du combat livré aux Barbares qui avaient fait une expédition contre les Grecs et contre le sanctuaire d'Apollon, qui est commun aux Grecs ; et qu'ils prient le peuple des Téniens de participer au concours des Sôtéria et aux sacrifices - concours qui, conformément à leur décret, comportera une épreuve musicale équivalente à celle des Pythia, et une épreuve gymnique ainsi qu'une épreuve hippique équivalentes à celles des Némeia ; que, pour les Téniens, c'est une coutume ancestrale de montrer la plus grande piété envers le sanctuaire d'Apollon, qui est commun aux Grecs ...

24 UNE ÎLE DES CYCLADES DÉCRET D'ACCEPTATION DES SÔTÉRIA

(246 /s) Delphes. lnv. 2158, 2159. « À droite de l'entrée du téménos en dedans. Deux fragments qui se raccordent d'une stèle en marbre blanc, à bandeau mouluré, cassée en bas» (Bourguet). Édd. H. PoMTOW, Klio, 14, 1915,

442

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

p. 271; Ém. BOURGUET,F.D., III, 1, 481. Cf. L. ROBERT, B.C.H., 54, 1930, pp. 322-326 = Op. Min. Sel., I, pp. 141-145; et G. DAux apud L. ROBERT, R.E.A ., 38, 1936, p. 5, n. 5 = op. Min. Sel., II, p. 768, n. 5. Pour la date et le commentaire : voir les références données ci-dessus sous le no 2 I.

["A]px[o]VTo[sM]""la,0-Éov,µ71[vàs.....

]À,wvos-tµ{JoÀlµov,llvO-Etl,ov 7rpoE8p[Ev1oVTos-, Kp,To&fiµ.911 [ypa]µµa[T]EVOVTOS", tVaT71t. ONTOE tv &q-

µw,, l8ofE 'fit {JovÀ~,ica/.Twt 8~µ.w, • t[7r]u&r}7rapayEv0µEvo, 0-Ewpo/. 7rapé. TE TOV/COWOV TWVAlTw[À]wv,ca/.Xa[p],[g]ÉvovTOVC1TpaT71yov T0 TErp~

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LES SÔTÉRIA ÉTOLIENNES ET POST-ÉTOLIENNES

445

Il a plu au conseil et au peuple ; motion des stratèges : attendu que, les Barbares ayant fait une expédition contre le sanctuaire d'Apollon, qui est commun aux Grecs, et s'étant lancés contre .. . supportèrent la guerre pour le salut du sanctuaire et des Grecs .. . le dieu ayant été l'artisan de la victoire ... les sacrifices en l'honneur des dieux, conformément à l'oracle que rendit le dieu, d'une façon digne ... l'épiphanie des dieux et ... des Delphiens et des autres Grecs ... la Confédération des Étoliens a décrété de célébrer le concours des Sôtéria en l'honneur de Zeus Sôter et d'Apollon Pythien, concours comportant une épreuve musicale équivalente à celle des Pythia, et une épreuve gymnique ainsi qu'une épreuve hippique équivalentes à celles des Némeia sous le rapport de l'âge et des honneurs ... et maintenant a envoyé le décret ... et nous prie de participer aux sacrifices et au concours des Sôtéria ... le stratège Charixénos a en outre envoyé une lettre ... Zeus Sôter et Apollon Pythien ... à la Bonne Fortune, plaise {au peuple) d'accepter l'annonce et le concours des Sôtéria, dans lequel on décernera une couronne et que les Étoliens instituent en l'honneur du sanctuaire d'Apollon à Delphes et du salut commun des Grecs, concours comportant une épreuve musicale équivalente à celle des Pythia, et une épreuve gymnique ainsi qu'une épreuve hippique équivalentes à celles des Némeia sous le rapport de l'âge et des honneurs ... des Sôtéria ... prier ... des Sôtéria ... et le roi Séleucos ... le sanctuaire d' Aphrodite Stratonikis asyle, et la cité sacrée ainsi qu'asyle ... Aphrodite Stratonikis ... 26 ABDÈRE DÉCRET D'ACCEPTATION DES SÔTÉRIA

{246/5) Delphes. lnv. 6377 et 2872. Deux fragments (qui ne se raccordent pas) d'une stèle de marbre, trouvés l'un « dans un sondage immédiatement audessous du Trésor Éolique anonyme, au-dessus de la première branche de la Voie Sacrée», l'autre,« au-dessus du théâtre» (Bousquet). Éd. J. BousQUET, B.C.H., 64-65, 1940-1941, pp. rno-rn1 et fig. 7. Cf. J. et L. ROBERT, B. Ép., 1942, 80. Pour la date et le commentaire : voir les références données ci-dessus sous le n° 21.

446

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

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Sous l'archontat de Xénéas, alors qu'étaient bouleutes pour le premier semestre Aristocratès, Archias, Damophanès, les Delphiens conférèrent à Nicostratos, fils de Soticos, d' Ancône, à luimême ainsi qu'à ses descendants, la proxénie, la promantie, la proédrie, la prodikie, l'asylie, l'atélie générale et tous les autres privilèges également conférés aux autres proxènes et évergètes de la cité; qu'il soit en outre théorodoque des Pythia et des Sôtéria. 39 DELPHES DÉCRET POUR BIAIOS DE NAUPACTE

(150-149 env.) Delphes. Face antérieure de la Base des Étoliens. Édd. Th. HoMOLLE, B.C.H., 21, 1897, pp. 410-4u; J. BAUNACK,S.G.D.I., 2819; Ém. BouR-

LES SÔTÉRIA ÉTOLIENNES

461

ET POST-ÉTOLIENNES

F.D., III, 1, 152. A propos de l'archontat F.D., III: Chron.delph., L 49. Pour le commentaire: voir pp. 345-355.

GUET,

de Dexondas, voir G.

DAUX,

[' Aya ]&â, 'Tt{xai. E8ofe Tâl 1r6Ae1'TWVJe ]À,pwv [Èv àyopâ, TE]Aelw, a[vµ. Y,o.,p01S Ta]ÎS [Èvvo1µ.o1s, i1re'8[~ B,a]îos 'Ap1aT08aµ.ovN[av]1T,A&nµ.ostnTapx[El iµ. 1TaVT/. xp6vw, Ka/. viJv ~,w&e/.s] &ew[pooo1KOSTâs 1r6À1osa.µ.wv àve8/faTo Tàv &ewpo8oKw.vTàv Twv TE llv&lwv Ka/..l:wTTJplwvK[a/.] 5 1rp6&vµ.6v'TEaVToaaaVTOVàywv,aTàv 1TapaaKeva{e,wÈp 'TWVTâi 1r6Ae, avv,pep6vTwv Ka/.€Vols Ka 'TIS aVTOVxpelav lxwv Tvyxavr, 'TWV1TOÀITâv 1TOV'Ta Ka/.Mywv Ka/.1Tpaaa[ wv] Tà a.p,aTa8,anÀeî Ka'TàTàv aVToaaVTOV8vvaµ.w, wÈp wv Ka/. à1TOKExaplaTTJTaiaV'TWIw6 TE 'TWV&ewpwv Ka/.hlpwv 1TÀe16vwv . 01TWS Ka/. a 1r6A,sTàs Ka'Taetas xap1Tas à1ro8,8ovaa,palv[17]Tal 'TOÎSTE1TO'T' aVTàv Ka/.1TOTI. 'TOV&eov ôalws Ka/. evae{Jws 81aKe1µ./vo1s, àya&â, TVxa,, 8e8[o1IO x&ai Tâl 1r6Ae,'TWVJeA,pwv €1TawlaaiBiaîov 'Ap1UT08aµ.ovNaV1TaK'TIOV Ka/.UTEtpavwaaiaVTOV 'TWI'TOV&eov an,pavw, àp,aTelw,, Tâs TE €V Tàv 1r6Àwt!.Vt!.pyt!.alas Ka/. Evvo,as t!.Vt!.Kt!.V Ka, Tas 1TOTI. 'TOlt!.povKa/.'TOV8-t!.OV t!.Vat!.{Jt!.las Ka/. ôa,6Ta'TOSxapw, wapxuv 8, aV'Twl1TOpt!.Vt!.a&a, Ka/.Èv TO 1rpVTaveîovÈv Tàv valavTWV 'Pwµ.alwv, Elµ.EV8è aVTov Kat 1rp6fEVovKa/.t!.Vt!.py€Ta[v] 'TOVlt!.povKat Tâs 1r6A,osKa/. aVTOVKa/. €Ky6vovs, wapxfrw 8è aV'Twl àa,paÀt!.iaKa/.1rpoµ.av15 Tt!.laKa/.1rpo81KlaKa/. àTlÀe,a 1raVTwvKa/. àav.\la, Elµ.Ev8è aVTw, Ka/. lao1roÀ1TElav 1TaVTwvoawv Kat .dt!.À,poîs,Ka/. yâs Ka/. olKlas lyKTTJUW,Ka/. 1rpot!.8pla.v Èv Toîs àywvo,s 1T(lV'TOIS ols a 1r6A,s '•Q.__ \ \ .!!'\ \ !!'\ \ /:. 'Tlv ,,Tl Kai Ta CU\l\a nµ.,a oaa Kal 'TOISCU\/\OIS 1Tpo5t!.VOIS Kal t!.Vt!.pyt!.Tais Tâs 1r6A,oswapxu, a.pXOVTOS Jti.fwv8a 'TOVJaµ.wvos, {JovÀEv6VTWV Tàv 8t!.VT€pavJfaµ.17vov I'EVVa[ 110V 'TOV'HpdKwvos, 'Aylwvos 'TOV'Ext!.,pVÀov,.l:wUTpaTOV 'TOV.l:WTVÀov. #

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1· ,if,w1'Els] N. (cf. Actes, 35, 5-6). ulpE1'Els]Bourguet.

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462

CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES

À la Bonne Fortune. Il a plu à la cité des Delphiens, en assemblée plénière, avec le nombre légal de suffrages: attendu que Biaios, fils d'Aristodamos, de Naupacte est un homme de bien à l'égard de la cité des Delphiens et du sanctuaire, se montrant actif et zélé en toute circonstance; qu'ayant été sollicité à présent comme théorodoque de notre cité, il a accepté la théorodoquie des Pythia et des Sôtéria ; qu'il se comporte personnellement comme un ardent défenseur des intérêts de la cité, et que, dans toutes les circonstances où l'un de nos concitoyens a besoin de lui, il ne cesse de dire et de faire le mieux qu'il peut, en échange de quoi il a la faveur des théores et de bien d'autres gens; pour que donc la cité fasse clairement paraître qu'elle témoigne une reconnaissance méritée à ceux qui montrent de saintes et pieuses dispositions à son égard et à l'égard du dieu; à la Bonne Fortune, plaise à la cité des Delphiens de faire l'éloge de Biaios, fils d' Aristodamos, de Naupacte, de le couronner de la couronne divine de première classe, à cause de son action bienfaisante et de son dévouement à l'égard de la cité, et pour son respect et sa piété à l'égard du sanctuaire et du dieu; qu'il ait accès aussi au prytanée pour le sacrifice des Romaia ; que lui-même et ses descendants soient proxènes et évergètes du sanctuaire et de la cité; qu'il jouisse de l'asphalie, de la promantie, de la prodikie, de l'atélie générale et de l'asylie; qu'il jouisse de l'isopolitie avec entière égalité de droits par rapport aux Delphiens, du droit d'acquérir des biens-fonds, de la proédrie dans tous les concours qu'organise la cité et de tous les autres privilèges également conférés aux proxènes et évergètes de la cité. Sous l'archontat de Dexondas, fils de Daman, étaient bouleutes pour le second semestre, Gennaios, fils d'Héracon, Hagion, fils d'Échéphylos, Sostratos, fils de Sotylos.

40 DELPHES DÉCRET POUR UN THÉORODOQUE

(DE LÉPRÉON

?)

(juill.-déc. 137) Delphes. Inv. 3378. Inscription gra ée, entre deux décrets de proxénie, sur une dalle de face du Monument étolien de la place de l'opisthodome. Édd. H. PoMTOW,Klio, 18, 1923, pp. 299-300, n° 225; F. CoURBY-P. DE LA CosTE-MESSELIÈRE, B.C.H., 50, 1926, pp. u8-u9, e (• Pour les 11.2-3,

LES SÔTÉRIA ÉTOLIENNES ET POST-ÉTOLIENNES

463

la restitution donnée dans Klio est en tout cas inacceptable... Il ne saurait être question ici, comme on nous l'affirme, ibid., p. 300, d'un complément au décret g [gravé sur la même base], puisque celui-ci est postérieur à notre texte e. ») Pour la date, cf. G. DAUX, F.D., III: Chron.delph., L 74. Pour le commentaire: voir pp. 345-355.

[8€05'. T]v[xav à.]ya[&â]v. [ifo\~ol l8wKav Tw, 8t"îv, TOV8âvos] At"1r[pt"âTa,,&€wpo86Kw,T]wv [Tt" llv]&l[w]v Kal EwrTJplwv,[a1hw, Ka]l l[ry]ovo,s, [1rpoft"Vlav, 1rpoµa.VTt"la]v, 1r[pot"8pla.v lµ 1râ]o-[,]Toî[s] à.ywvois [o]ls a 1TOÀ,s Tl&7,[T],Kal Td[,\],\aTlµ,a K]a[l t"ilt"p]yfrai[s]a.pwi86s· Z71v6&-r[os-] a.ù,\71-ràs-rov]s-1ra.î8a.s· fl71ÀEVS' 'Av, T11Tg.-

[-rpov ro [Ms-• a.ù,\71-ràs--rovs-av8pa.s-...........

E] wiKOS'Eù&.v8pov Al-rw-

],os-Bwl.mos-. (vac.) (vac.)

4-5. .dnva[ . ... ] Flacelière . .dnva[pxov ( ?)] Beloch . .dnva[yopa( ?)] Daux. 8-9. 'Av·mra[.,.pov] Bousquet. 'Avmr[. 1-- - Roussel. 'Anl,r[,rov 'AA,Kapvaaa,vr] Pomtow: ],or Roussel. ['Ap1aT0Aoxor (?) 'Ap,a.,.oy,fro]vor (?) Pomtow. 10............

64-68 Delphes. lnv. 1560. « Cippe des Tyrrhéniens, quadrangulaire, de calcaire noir à veines blanches, trouvé entre le temple d'Apollon et la base du Trépied de Gélon, à quelques mètres à l'Ouest de celle-ci» (Flacelière). Cinq catalogues de vainqueurs au concours musical sont gravés sur le cippe: deux de face, sous l'ancienne dédicace, un sur la face latérale de droite, deux sur la face postérieure.

64 DELPHES CATALOGUE DE VAINQUEURS AU CONCOURS MUSICAL (221

/o ?)

Delphes. Cippe des Tyrrhéniens (voir ci-dessus), au-dessous de la dédicace. Édd. A. jARDÉ, B.C.H., 26, 1902, p. 641; A. NIKITSKY, journ. Min.Instr.publ. (en langue russe), mars 1912, p. 146 et fig. p. 142 (Syll. 1 , 509); R. FLACELIÈRE, F.D., III, 4. 125. Pour le commentaire: voir pp. 272-294 et, en particulier, pp. 283-289; pp. 358-362 (le concours musical).

480 CORPUS DES ACTES RELATIFS AUX SÔTÉRIA DE DELPHES ['A]ywvo8'1:-rovv-ros Xa.p,,&ov -rovllpo,lvov Al-rwÀovJK Tp,xov1:lov, [l1:]poµV'l7µ.VOWTWV Al-rwÀwvAvKov, 'AM,wvos, 'Av8pou&1:vl8a., 'Av-ravLI1:IVVÀOV, LIa.µ0Kpa-r1:vs, •A,,&xov, •Aµv8pov, T1:,uapxov,•E,a.K€U'TOV, [v]avSpov,'Ap,u-roµaxov,'Op&a.y6pa., AvKia., .Ew-rvÀov · Ll1:À,f,wv N,[Kl]5 a., 'Oplu-ra.·Bo,w-rwv'AÀKw6ov,ll-rw,KÀ€ovs· XlwvLl,8vµapxo[v]· ot81: blKWV. pa.if,w,86s. Evpv{J,osAvKluKovMeya.Ào1r0Àl-T'TJS" . [K],&a.p,u-ras · Xa.îp,s Xa.ip,&lov.E,Kvcfmos· Kii'>a.pw,86s · 'Apx1:ava.eZw'tov MvnÀ'TJva.tos · a.VÀ'TJ-ràs 1ra.t8a.s 'Ap,u-r6Àoxos •Ap,u-roy1:l-rovos Boicf.mos· xop1:v-ràs 1ra.t8a.s 'Ap,u-rta.s 10 'Ap,u-rlov.E,Kvwv,os· a.VÀ'TJTàs a.v8pa.s'Ap,u-r6Àoxos'Ap,u-roy1:l-rovosBo,w-r,os. xopwrqs 'TOVS a.v8pa.s Kpa-rwv'Av8-tµwvosBo,w-r,os · -rpa.yw,8à{ I! }s 'Av-r,µ~S.,,s'Hpa.KÀl:~OV 'AÀ,Ka.pva.uu1:vs · KW{, }µw,86s · 'Ap,u-r6µa.xos,Àwvlaov 'A&.,,va.îos. 8. Zwtov Pomtow, Flacelière. 'Ewlov Jardé. (Le Z apparaît clairement sur la pierre et sur l'estampage.) 12. 'Hpa,cÀel~ovFlacelière. 'Hpa,cÀel-r:ov Pomtow, Jardé.

65 DELPHES CATALOGUE DE VAINQUEURS AU CONCOURS MUSICAL

(217 /6 ?) Delphes. Cippe des Tyrrhéniens (voir ci-dessus), immédiatement audessous du catalogue précédent. Édd. Th. HoMOLLE,B.C.H., 20, 1896, 628A (S.G.D.I., 2568); R. FLACELIÈRE,F.D., III, 4, 126. Cf. A. NIKITSKY, Journ.Min.Instr.publ. (en langue russe), mars 1912, p. 150; R. FLACELIÈRE,Ait. à Delphes, p. 137, n. 3 et App. I, n° 36; J. BousQUET,B.C.H., 78, 1954, p. 429. Pour le commentaire: voir pp. 272-294 et, en particulier, pp. 283-289; pp. 358-362 (le concours musical).

'Aywvo8'1:-rovv-ros 81:Wla.-rov'EMa.vlKovAl-rwÀovJK Tp[,][xo]v1:lov,l1:poµV'17f.'OVOVVTWV Al-rwÀwvKpa.-rlaa., T'TJ°M'!-, [llJ'!-'1raÀov, llvppa.l&ov,'Ap,u-roµaxov,T,µo8'ov, cf>,M[ta. (?)], T.,,Ma Bousquet. T.,,À[Éa]Baunack. TeÀ[l]8[a]( ?) Flacelière. 3. [nj~~.Uov Bousquet. ['AVT]11r.Uov &unaèk, Flacelière. w\[Ja]ou ill[l8a]Flacelière.

2.

LES SÔTÉRIA ÉTOLIENNES ET POST-ÉTOLIENNES

481

[Al}rwÀ«.0vos,'AÀEfci"8pov,Ilvpplvov, EwT«.0VOS', 'f;l~[a]5 v«.0vos,Avatµ,{Jov,'Y{Jpf.cn.a, [.:::f,(?)]oKÀlos · Xtwv N,~[ .... . ] · .:::fEÀtpwv Mvciawvos,Ba{JvÀov· ol8E à,[lKw]vTà Ew77Jp,a · (>a.if,w,86s · N,Kfus vacat Ki&ap,a[Ta1s · 4>iÀ6fEvos BEVViciaa Koptv&,os· Ki&apwi86s· €JEv,f,paaTOS' EùcipxovAlTwÀ6s · aÙÀ71Tàs 1raî8as· 10 'Epµ,aiwv8asN,Klov Bo,wnos · ~yEµ,6.Jv 1raî8as·Ep[µ,m(?)]7TOS' vacat aÙÀ71Tà, av8pas · N,K[oKÀijs(?)] T,µ,o&r]µ,ov E,Kvwv,os · ~yEµ,6.Jv av8pas.:::!77µ,77[ •••• ] 'Aya&o,f,civovBo,wnos · Tpayw,86s · .:::f,ovva,os .:::f,o,f,[ .••. ] 'P68,os · Kw{, }µ,w,Ms· 'Aµ,vKÀasEù,f,palov'laTia,Ev[s]. 4-5. 'A8'[a]vlwvosBousquet. [ .... 1 • ]vlwvos Flacelière. 5. [.d,]~~Mos Flacelière. [l1]n[a1]1AAAHl:ou 1/'AAAHl:»). Bv6a.>..,s(?) ou .. YAAHl:, peut-être Eùa.61/sJard/ AAAHl: Nikitsky . ~a>.ÀlasKlaffenbach (sur estampage).

VAINQUEURS

AU CONCOURS MUSICAL

69 TÉGÉE DÉDICACE D'UN ACTEUR TRAGIQUE

(2e moitié du 3e s. av. J.-C.) Tégée. Base de marbre brisée à gauche, trouvée dans un champ à proximité du théâtre. « Sur ce qui subsiste de la face antérieure, six couronnes disposées par colonnes de trois; la partie manquante contenait peut-être une autre série de couronnes. La face latérale subsistante porte en haut une couronne anépigraphe » (Perdrizet). Édd. V. BÉRARD, B.C.H., 17, 1893, pp. 14-16, n° 20 (G. DITTENBERGER,Syll. 1 , 700); P. PERDRIZET, B.C.H., 24, 1900, pp. 285-288 et pl. VIII; Fr. HILLER VONGAERTRINGEN, I.G., V, 2, u8 (= Syll.•, 1080). Cf. H. VvsoKv, Philologus, 58, 1899, pp. 498-500; R. HERZOG,Philologus, 60, 1901, pp. 440-445. Pour le commentaire: voir pp. 359-361.

Colonne de gauche

Colonnede droite

I. Couronne de lierre. 4,ovva,a [Tà] p.Eya.Àa [b] 'Aa--,,va,s['O]rUT'I], [Ev]p,1rtl,ov

II. Couronne de lierre. 'Hpaîa

'Jf[p]aKÀEÎ

Evp,1rtl,ov ·~XEÀa.w,

5

Evp,1rtl,ov

I, 1-2. ~!ovva,a 1 [Tà] l;L•ra.>.a Hiller V. Gartringen. [A,]ovva,a 1 [Tà µ)1ya.>.aPerdrizet. 4. ['O]pÉOTT/• Perdrizet. ('Op]ÉOTT/• Hiller v. Gârtringen. Il, 2. 'H[p]aKÀ..€t [Eù]p111l8ov ['Av(?)]Talw, 'Apx€crrpo.TOV

Naîa Jv Jw8WV7]1 'Apx€>..&.w, Eùp111l8ov 'AxiM€î Xai~140vos-

5

VI. Couronne de lierre.

V. Couronne d'olivier.

\ Ka, 7'0VSKaTa ' 7TôÀ€1S&.ywvas\ UK17VIKOVSi:J,ovva,aKal €Ï 7'1vas-filas- lopTO.Sal 116À€1s-woaav oy8o~KoVTa , OKTW ' \

[l1To]À€µ«Îa [b 'A>..€]eav8p€lcu [â'.v]8pas[,rv]yµ~v

5

III, 5. [' Av],-alw, Dittenberger, Vysoky, Herzog, Hiller v. Gartringen. [' Ap,a],-alw, Perdrizet ... . ,-alw Bérard. VI, 6. -rfyoaavHerzog, Hiller v. Gartringen. â'.y[ov]av Perdrizet.

70 DELPHES DÉCRET POUR ATHANADAS DE RHÉGION

(vers

150

/49)

Delphes. Inv. uo5. Bloc de pierre constituant l'extrémité d'une exèdre qui était probablement située dans la région Ouest du sanctuaire. L'inscription est gravée sous un décret de proxénie du 3e siècle. Éd. G. DAUX, B.C.H., 73, 1949, pp. 276-277, n° 26 et pl. IX, 2 (texte signalé par R. FLACELIÈRE,B.C.H., 59, 1935, p. 31). Pour la date, cf. G. DAUX, F.D., III: Chron.delph., L 53. Pour le commentaire: voir pp. 358-362 et, en particulier, pp. 361-362.

'Aya&-â,Tvxa,. "ApxoVTos-8paavKÀ.tos-,µ'T/vos-l101Tpo11lov, {3ovÀ€VôVTwv Tttv 11pWTav Éfd.µ'TJVOV 'Ap,crro{jovÀov,Tlµwvos-,i:Ja140crrpa.Tov, l&e€ 7'.vµma

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