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Latin Pages [454] Year 1998
CORPVS CHRISTIANORVM Series Latina
CXI
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CORPVS CHRISTIANORVM Series Latina
CXI
ISIDORVS HISPALENSIS SENTENTIAE
TVRNHOLTI TYPOGRAPHII BREPOLS EDITORES PONTIFICII MCMXCVIII
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ISIDORVS HISPALENSIS SENTENTIAE
cura et studio
Pierre
CAZIER
TVRNHOLTI TYPOGRAPHII
BREPOLS EDITORES PONTIFICII MCMXCVIII
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CORPVS CHRISTIANORVM Series Latina
in ABBATIA
SANCTI PETRI STEENHRVGENSI
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Domino
Eligio
DEKKERS
fundata nunc
sub
auspiciis
ÜNIVERSITEIT VRIJE ÜNIVERSITEIT
ANTWERPEN
BRUSSEL
KATHOLIEKE UNIVERSITÉ
Vniuersitatum - UFSIA
UNIVERSITEIT
ÜNIVERSITEIT
CATHOLIQUE
GENT
LEUVEN
DE LOUVAIN
edita
editionibus curandis praesunt Fernand Rita
BEYERS Jean Paul
Georges
DECLERCQ
GOOSSENS TOMBEUR
BossIER Mathijs
Marc
Luc
DE CONINCK
LAMBERIGTS
VAN UYTFANGHE
parandis operam dant Roland
DEMEULENAERE Roel
Luc JoCQUÉ
Y ANDER PLAETSE
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AVANT-PROPOS Voici la première édition critique moderne des Sentences d'Isidore de Séville. Elle est le fruit d'un long travail qui a commencé en 1969 sous la direction du Professeur Jacques Fontaine, de l'Institut, alors Professeur à la Sorbonne, qui fut un directeur de thèse attentif, respectueux de la pensée de ses disciples en train de naître, même quand elle modifiait certaines de ses hypothèses, en même temps qu'il leur ouvrait mille pistes susceptibles d'ouvrir leur horizon culturel. Je lui associerai dans ma reconnaissance Marc Reydellet, l'éditeur du Livre IX des Etymologies, alors assistant, qui fut un tuteur amical dans mes premiers pas d'éditeur de texte et Jean Vezin qui a éclairci pour moi de nombreux problèmes paléographiques. Un travail de cette nature qui imposait la lecture d'un certain nombre de témoins du texte n'aurait pas été possible sans l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, qui en plus d'une bibliographie sur beaucoup de manuscrits m'a fourni le microfilm de la plupart d'entre eux. Cette édition avait été préparée pour la Collection des Auteurs Latins du Moyen Age, accompagnée de notes et d'une traduction. Mais les difficultés de cette collection et l'ajournement continuel de sa parution m'ont amené à la proposer au Corpus Christianorum qui a accepté de l'accueillir ce dont je lui suis très reconnaissant, même si cela m'a contraint de revoir mon apparat critique et l'apparat des sources sous une forme tout à fait différente et selon d'autres principes. Ce travail fastidieux après de longues années de latence a été contrôlé avec un soin minutieux par mes reviseurs, le Professeur L. De Coninck et Mme Ch. Vande Veire, qui méritent que leur nom soit cité tant ils m'ont évité d'erreurs de détail.
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PREMIEREPARTIE SITUATIONDES SENTENCES L'œuvre que nous présentons ici est l'une des plus connues du Haut Moyen-Âge, et ne pose pas de problème d'authenticité: Isidore se nomme lui-même deux fois dans son texte. 1 Mais elle n'a pas fait l'objet d'une édition critique depuis celle d'Arévalo, à la fin du XVIIIèmesiècle. Si nous ne nous posons pas de problème d'authenticité, nous devons nous poser d'abord celui du titre de l'ouvrage; à partir de là, nous tenterons d'en définir le genre littéraire. Avec la date de composition, nous situerons les Sentences dans la vie et l'ensemble des œuvres d'Isidore. Enfin nous essaierons d'entrevoir le public auquel il s'adressait et le but qu'il poursuivait en rédigeant cet ouvrage. 2
A.
LE TITRE DE L'ŒUVRE
Les premiers catalogues des œuvres d'Isidore citent les Sentences en bonne place. Braulion de Saragosse d'abord, chargé par Isidore d'achever la correction des Étymologies, cite les Sentences dans sa Renotatio: «Il édita trois livres de sentences, qu'il orna de fleurs tirées des livres moraux du pape Grégoire». 3 Si le mot flores évoque le genre bien 1
Voir Sent. 2,14,6 et 3,1,1.
Sancti Isidori Hispalensis episcopi opera omnia, Rome 1797. Edition reproduite dans Migne PL 81-84, et pour les Sententiae en PL 83, col. 536-738. Il reproduit les notes de Loaisa (Turin, 1593) et de Grial (Madrid, 1599). On trouve le texte latin d'Arévalo avec quelques corrections inutiles, et une traduction en espagnol, de 1. RocA MELfA,Los tres libros de la «Sentencias» de san Isidoro, version, introduccion y notas, Madrid, BAC, 1971. L. RoBLÈS,Isidoro de Sévilla y la cultura 2
eclesiastica de la Espana visogoda: notas para un es(udio del libro de las « Sentencias », dans Archivos Leoneses, n° 47-48, 1970, p. 13-185,n'est qu'une étude préliminaire, dont le sous-titre correspond mieux au contenu que le titre lui-même. 3 PL 81,15-16: ... quantus sapientia fuerit, ex eius diuersis studiis et elaboratis
opusculis perfacile prndens lector intellegere poterit. Denique de iis quae ad notitiam nostram uenernnt ista commemoraui. Edidit ... Sententiarnm libros tres quos jloribus ex libris papae Gregorii moralibus decorauit ... Pour la correction par Braulion des etym., cf ibid.: Etymologiarnm codicem nimia magnitudine distinctum ab eo titulis, non libris: quem quia rogatu meo fecit, quamuis imperfectum ipse reliquerit ego in uiginti librosdiuisi ... et Ism. epist.13:codicem etymologiarnm cum aliis codicibus de itinere transmisi, tamen tibi modo ad emendendum studueram oife"e, si ad destinatum concilii loco peruenissem. Isidore se rendait alors au Concile de Tolède IV, en 633.
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VIII
INTRODUCTION
connu des Anthologies, il ne s'agit pas dans la pensée de Braulion d'une simple collection d'extraits, puisque ces fleurs sont là surtout pour servir d'ornement, comme l'indique le mot decorauit. Ildefonse de Tolède, dans son De uiris illustribus qui complète celui d'Isidore, intitule notre texte liber sententiarum. 4 En 653, les Pères du VIIIèmeConcile de Tolède, dix-sept ans après la mort d'Isidore, écrivent: «L'excellent docteur de notre époque, la toute dernière gloire de l'Eglise catholique, dernier en âge par rapport à ceux qui l'ont précédé, mais non inférieur à eux si l'on compare leur doctrine, et, qui plus est, très savant jusqu'à la fin des siècles, et méritant aussi d'être nommé avec respect, Isidore dans le livre second des Sentences raconte ceci sur ce sujet ... ». Après les arguments scripturaires, un texte d'Ambroise, puis d'Augustin, l'autorité d'Isidore est ainsi sollicitée au sujet du parjure. 5 Comme ultime confirmation du titre de la part des contemporains d'Isidore, on peut ajouter enfin Taion de Saragosse, qui rédigea, à l'imitation d'Isidore, des Sentences qui se contentent de reproduire, sans les modifier, des extraits d'auteurs patristiques, y compris d'Isidore, selon un ordre notablement différent des Sentences, mais avec des titres de chapitres qui leur sont souvent empruntés. 6 Ce sont les premiers témoignages de la faveur dont ont joui les Sentences pendant tout le Moyen-Âge comme en témoignent les quelque cinq cents manuscrits qui nous restent et qui vont du VIIIèmeau :xvème siècle. Le témoignage des contemporains est capital pour confirmer le titre de Sententiae, car, dans la tradition manuscrite, les premiers témoins qui nous donnent ce titre sont
4
PL 81,27: Scripsit opera et eximia et non paru.a, id est ... librum sententiarum.
J. VIVES, Conci/ios, p.
276-277: Nostri quoque seculi doctor egregius ecclesiae catholicae nouissimum decus, praecedentibus aetate postremus, doctrine conparatione non in.fimus, et quod maius est, in seculorum fine doctissimus, atque cum reuerentia nominandus, Ysidorus in libro Sententiarum secundo ...; le texte cite Sent. 2,31,9. 6 PL 80,727-990, à compléter d'après A.E. ANSPACH, Taionis et Jsidori noua fragmenta, Madrid, 1930. s
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IX
INTRODUCTION
des collections d'extraits. 7 Parmi les autres manuscrits anciens, certains sont mutilés à leur début, ou ils ne donnent aucun titre de première main. 8 On peut mettre à part le cas des manuscrits M et m; très proches l'un de l'autre, ils avaient comme titre primitif Liber secundus de natura rerum, considérant ainsi le livre des Sentences comme une suite de l'œuvre qu'ils avaient précédemment copiée 9 • Cette présentation suppose donc aussi une absence de titre antérieure. On trouve aussi - mais il est difficile de savoir dans chaque cas si le scribe pensait donner le titre de toute l'œuvre - des formules du genre: incipit liber primus Isidori quod Deus summus et incommutabilis sit dans F, qui reprend ainsi le titre du premier chapitre, pour remplacer le vrai titre absent. Même procédé, plus manifeste encore, dans le manuscrit K, proche de F: in hoc codice continentur
dicta esidori de diuersis documentis et quod Deus summus et incommutabilis sit et de creaturae pulchritudine et cetera sicut in capitulis cognosci potest. Incipit II liber quod Deus summus et incommutabilis sit. On voit donc le scribe analyser le contenu en renvoyant aux premiers titres de chapitres, tandis que la mention II liber reprend sans doute la faute faite par le copiste de M. Plus tardivement, à une date difficile à situer, diverses mains ont ajouté soit le titre de Sententiae, soit celui de De summo bono à partir des premiers mots du texte. On ne peut donc affirmer avec certitude qu'Isidore a voulu donner explicitement le nom de Sententiae à son Les manuscrits d'Albi B M 29 de la seconde moitié du Vlllème siècle, et de Saint-Gall 227 de la fin du vml'llll', ou du début du Ixènll' siècle 8 L. ROBLÈS,Cultura, p. 17, n. 14 signale 22 témoignages mais il cite notre B pratiquement illisible sur les microfilms, alors que le manuscrit Berlin, Pbillipps 1586, qui en est très proche ne comporte pas de titre. Il cite aussi nos Cet], qui sont mutilés à leur début comme notre Q. Il cite aussi Munich 16328, qui propose en fait le titre de natura rernm, comme L. Roblès le dit lui-même p. 20. n. 21. Le titre de Sententiae n'est pas de première main dans M, D, G, ni dans Saint-Gall 229, Paris BN, latin 13397et 2328. Ce dernier ne nomme même pas les Sententiae dans le titre très effacé. Pour nous limiter aux manuscrits du VIIIème et IXt."ml· siècle, je suis d'accord avec L. Roblès pour Let Paris, BN, latin 226, tous deux de la première moitié du IXèmt."siècle. Paris, BN, latin 15683de son milieu. Je doute à propos de B. j'ajoute à sa liste E, témoin espagnol qui est de la seconde moitié du IXèmc comme N. et Berne, BP 312 de la première moitié du Ixi·mc.·. 9 J. FO\TAl~E. Natura, p. 24, n. 3 et p. 159-160. 7
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X
INTRODUCTION
œuvre. On peut cependant se demander s'il n'y a pas une allusion au titre dans ce qu'il écrit en 2.29.10-11: «C'est à bon droit que parle selon son sentiment celui qui ressent la sagesse par le goût d'une saveur intérieure. En effet, le sentiment reçoit son nom de l'action de sentir, et donc les arrogants, qui parlent sans humilité, parlent seulement selon la science, et non selon leur sentiment. En effet, celui qui est sage correctement et selon Dieu a la vraie sagesse.» « Parler selon son sentiment» - ex sententia dicere - c'est dire une parole de sagesse à partir d'une expérience intérieure d'ordre religieux. On ne peut donc séparer sententia de sentire. Il ne faudra pas l'oublier quand nous chercherons des sens plus techniques de sententia. B.
GENRE LITTÉRAIRE DES SENTENCES
Isidore, dans les Étymologies, définit la sentence par rapport à la chrie, en simplifiant la tradition rhétorique ancienne: «La sentence est une parole impersonnelle, comme 'la complaisance engendre des amis, la vérité engendre la haine'. Si on ajoute à cela une personne, ce sera une chrie, comme 'Achille offensa Agamemnon en disant la vérité', ... car entre la chrie et la sentence la différence est que l'on profère la sentence sans citer une personne, et que l'on ne dit jamais de chrie sans citer une personne. C'est pourquoi, si on ajoute une personne à la sentence, elle devient une chrie; si on l'enlève, elle devient une sentence». 1° Cette valeur générale de la sentence, opposée au caractère personnel de la chrie, reprend l'opposition des rhéteurs grecs entre gnomai et chreiai. Ces deux mots, par-delà leur 11
10
E~vm. 2,11,1-2: commentaire de ce passage en J.
Culture, p. 266en général, voir La
FONTAINE,
270; voir aussi F. TRornLLET, Cbreia, p. 51-52.Sur la sentence
Licorne, 1979, Formes brèves. De la «gnomè» à la pointe, métamorphoses de la « sententia », Poitiers. Pour la gnomè, voir par exemple ARISTOTE, Rhétorique 2, 1394: «La maxime 11
est une formule exprimant non point les particuliers, mais le général . . . et non toute espèce de généralité ... mais seulement celles qui ont pour objet des actions», cité par J. P. LEVET,Sémantique, dans Licorne, p. 35. Pour la cbreia, voir Fr. Cbreia, p. 61: «D'abord elle a une vertu moralisatrice, elle est par exTROUILLET, cellence utile à la vie».
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XI
INTRODUCTION
différence formelle, se situent dans un contexte d'enseignement moral. Dans cette lignée des sentences morales, nous avons de multiples recueils de sententiae: l'un des plus connus est celui qui a été mis sous le nom du pape Sixte, et traduit par Rufin sous le titre d'Enchiridion, mais connu sous le titre de Sentences. 12 Les Sentences d'Evagre le Pontique sont, à la fin du IVème siècle, une collection de maximes spirituelles destinées aux moines. 13 Plus près d'Isidore, les Aegyptiorum patrum sententiae, traduites du grec par Martin de Braga, appartiennent au même genre. 14 Nous rencontrerons chez Isidore un très grand nombre de sentences morales, mais nous verrons que l'organisation générale du traité et le contenu de l'œuvre la rendent très différente de ces collections morales assez inorganisées. Sententia est aussi la traduction d'un autre mot grec doxa derrière lequel on rejoint toute la littérature «doxographique ». On peut citer à ce propos Cicéron, qui écrit dans le De ftnibus à propos de la thèse d'Epicure sur le plaisir: «Et cela, il le dit dans un ouvrage où, d'un bout à l'autre, il parle du souverain bien. Dans un autre livre où il a rassemblé sous une forme brève les plus importantes de ses opinions, et où il a, nous dit-on, rendu comme les oracles de la sagesse, il écrit ces mots que tu connais certainement, Torquatus; car quel est celui d'entre nous qui n'ait appris par cœur les Kuriai doxai d'Epicure, ce que l'on pourrait traduire 'les maximes qui font autorité' (quasi maxime ratas) parce qu'elles sont, en de brèves formules, les opinions (sententiae) les plus importantes pour le bonheur de la vie». 15 Passons sur le sujet du premier livre évoqué par Cicéron: malgré le rapprochement évident avec les premiers mots de nos Sentences «summum bonum», il ne s'agit pas encore de sentences. Notons simplement que le 12 Il s'agit en fait d'une collection de sentences morales du philosophe néopythagoricien Quintus Sextius, né en 70 avant Jésus-Christ, rassemblées sans ordre méthodique: leur tonalité a pu faire croire qu'elles étaient chrétiennes. Édition H. CHADWICK, Cambridge, 1969. Le mot sententia se trouve dans la préface de Rufin, ibid. p. 9. 13 Édition A. et C. GUILLAUMONT,SC 170-171,Paris, 1970. •• Édition C.W. BARLOW,New Haven, 1950, p. 30-51. 15 De fin. 2.7.20; trad. J. MARTHA, Belles Lettres, Paris 1967, p. 67-68.
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XII
INTRODUCTION
second ouvrage, dont le sujet ne devait pas être très différent, est fait de sententiae, et résume toute la doctrine d'un maître en formules brèves destinées à être mémorisées. Même si Isidore n'a pas lu ce texte, nous avons là, me semble-t-il, une direction intéressante pour comprendre le but des Sentences, telles qu'il les a voulues. On connaît dans la littérature chrétienne un autre ouvrage qui s'en rapproche: les Sentences de Prosper d'Aquitaine, écrites vers 450. Celui-ci résume toute l'œuvre d'Augustin, dans une série de 392 passages plus ou moins brefs, citant intégralement le texte de son maître. Mais cet exposé de l'essentiel des thèses augustiniennes, surtout sur le problème de la grâce, se fait sans ordre logique, puisque les textes sont classés selon les titres des œuvres d'Augustin. L'irlandais Lathcen, mort en 661, fera subir le même sort aux Moralia in Job de Grégoire le Grand. Nous avons vu aussi que Taion donnait le nom de Sententiae à une suite d'extraits des Pères, cette fois-ci organisée, mais cette organisation est déjà une imitation d'Isidore: l'originalité de celui-ci se situe en effet dans le fait que la matière des Sentences est ordonnée logiquement. D'autre part, si Isidore reprend bien souvent la lettre des ses prédécesseurs, la présentation en est le plus souvent remodelée, ne serait ce que par la technique du résumé, et il reste une part très importante de composition personnelle. Enfin, sententia a en latin un sens juridique: le mot désigne en effet la décision d'un juge, et nous connaissons quelques recueils de canons conciliaires sous ce titre. 16 Sur le plan profane il existe un manuel pratique de jurisprudence à l'usage des praticiens appelé lui aussi Sententiae, écrit par Julius Paulus. Isidore le cite dans ses É~ymologies17 : nombre de nos sentences s'apparentent, par leur rédaction, aux décisions conciliaires. 18 16
Ainsi, les canons du Concile de Sardique tenu en 343 sous la présidence