Sententiae

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CORPVS CHRISTIANORVM

Series Latina CXI

ISIDORVS

HISPALENSIS

SENTENTIAE

TVRNHOLTI TYPOGRAPHII BREPOLS EDITORES PONTIFICII M С M X СV I I I

ISIDORVS

HISPALENSIS

SENTENTIAE

cura et studio

Pierre Cazier

TVRNHOLTI TYPOGRAPHII BREPOLS EDITORES PONTIFICII M С M XС VI I I

Go ucr7fe

CORPVS CHRISTIANORVM

Series Latina

in Abbatia Sancti Petri Steenbrvgensi a reuerendissimo Domino Eligio Dekkers fundata nunc sub auspiciis Vniuersitatum Universitf.it Antwerpen - ufsia Vrije Universiteit Brüssel Universiteit Gent Katholieke Universiteit Leuven Université Catholique de Louvain edita

editionibus curandis praesunt Fernand Bossier Rita Beyers Georges Declercq Luc De Coninck Jean Goossens Mathijs Lamberigts Paul Tombeur Marc Van Uytfanghe parandis operaт dant Roland Demeulenaere Luc Jocqué Roel Vander Plaetse

051 This book has been printed on paper according to the prevailing ISO-NORMS. © Brepols 1998 All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher.

AVANT-PROPOS Voici la première édition critique moderne des Senten ces d'Isidore de Séville. Elle est le fruit d'un long travail qui a commencé en 1969 sous la direction du Professeur Jacques Fontaine, de l'Institut, alors Professeur à la Sor bonne, qui fut un directeur de thèse attentif, respectueux de la pensée de ses disciples en train de naître, même quand elle modifiait certaines de ses hypothèses, en même temps qu'il leur ouvrait mille pistes susceptibles d'ouvrir leur horizon culturel. Je lui associerai dans ma reconnais sance Marc Reydellet, l'éditeur du Livre IX des Etymologies, alors assistant, qui fut un tuteur amical dans mes premiers pas d'éditeur de texte et Jean Vezin qui a éclairci pour moi de nombreux problèmes paléographiques. Un travail de cette nature qui imposait la lecture d'un certain nombre de témoins du texte n'aurait pas été possible sans l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, qui en plus d'une bibliographie sur beaucoup de manuscrits m'a fourni le microfilm de la plupart d'entre eux. Cette édition avait été préparée pour la Collection des Auteurs Latins du Moyen Age, accompagnée de notes et d'une traduction. Mais les difficultés de cette collection et l'ajournement continuel de sa parution m'ont amené à la proposer au Corpus Christianorum qui a accepté de l'accueillir ce dont je lui suis très reconnaissant, même si cela m'a contraint de revoir mon apparat critique et l'apparat des sources sous une forme tout à fait différente et selon d'autres principes. Ce travail fastidieux après de longues années de latence a été contrôlé avec un soin mi nutieux par mes reviseurs, le Professeur L. De Coninck et Mme Ch. Vande Veire, qui méritent que leur nom soit cité tant ils m'ont évité d'erreurs de détail.

PREMIERE PARTIE SITUATION DES SENTENCES L'œuvre que nous présentons ici est l'une des plus con nues du Haut Moyen-Âge, et ne pose pas de problème d'authenticité: Isidore se nomme lui-même deux fois dans son texte.1 Mais elle n'a pas fait l'objet d'une édition criti que depuis celle d'Arévalo, à la fin du XVIIIème siècle.2 Si nous ne nous posons pas de problème d'authenticité, nous devons nous poser d'abord celui du titre de l'ouvrage; à partir de là, nous tenterons d'en définir le genre littéraire. Avec la date de composition, nous situerons les Sentences dans la vie et l'ensemble des œuvres d'Isidore. Enfin nous essaierons d'entrevoir le public auquel il s'adressait et le but qu'il poursuivait en rédigeant cet ouvrage. A. Le titre de l'Œuvre Les premiers catalogues des œuvres d'Isidore citent les Sentences en bonne place. Braulion de Saragosse d'abord, chargé par Isidore d'achever la correction des Etymologies, cite les Sentences dans sa Renotatio: «Il édita trois livres de sentences, qu'il orna de fleurs tirées des livres moraux du pape Grégoire».3 Si le mot flores évoque le genre bien ' Voir Sent. 2,14,6 et 3,1,1. ' Sancti Isidori Hispalensis episcopi opera omnia, Rome 1797. Edition repro duite dans Migne PL 81-84, et pour les Sententiae en PL 83, col. 536-738. Il reproduit les notes de Loaisa (Turin, 1593) et de Grial (Madrid, 1599). On trouve le texte latin d'Arévalo avec quelques corrections inutiles, et une traduction en espagnol, de I. Roca Melía, Los tres libros de la «Sentencias» de san Isidoro, version, introduc cion y notas, Madrid, BAC, 1971. L. Roblès, Isidoro de Sevilla y la cultura eclesiástica de la España visogoda: notas para un estudio del libro de las «Senten cias», dans Archivos Leoneses, n° 47-48, 1970, p. 13-185, n'est qu'une étude prélimi naire, dont le sous-titre correspond mieux au contenu que le titre lui-même. ' PL 81,15-16: ... quantus sapientia fuerit, ex eius diuersis studiis et elaboratis opusculis perfacile prudens lector intellegere poterit. Denique de iis quae ad notitiam nostram uenerunt ista commemoraui. Edidit . . . Sententiarum libros tres quos ßoribus ex libris papae Gregorii moralibus decorauit ... Pour la correction par Braulion des etyт., cf ibid.: Etymologiarum codicem nimia magnitudine distinctum ab eo titulis, non libris: quem quia rogatu meo fecit, quamuis imperfectum ipse reliquerit ego in uiginti libros diuisi ... et Ism. epist.iy. codicem etymologiarum cum aliis codicibus de itinere transmisi, tamen tibi modo ad emendendum studueram qfferre, si ad destinatum concilii loco peruenisseт. Isidore se rendait alors au Concile de Tolède IV, en 633.

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connu des Anthologies, il ne s'agit pas dans la pensée de Braulion d'une simple collection d'extraits, puisque ces fleurs sont là surtout pour servir d'ornement, comme l'indique le mot decorauit. Ildefonse de Tolède, dans son De uiris illustribus qui complète celui d'Isidore, intitule notre texte liber sententiaruт.4 En 653, les Pères du VIII ème Concile de Tolède, dix-sept ans après la mort d'Isidore, écrivent: «L'excellent docteur de notre époque, la toute dernière gloire de l'Eglise catho lique, dernier en âge par rapport à ceux qui l'ont précédé, mais non inférieur à eux si l'on compare leur doctrine, et, qui plus est, très savant jusqu'à la fin des siècles, et méri tant aussi d'être nommé avec respect, Isidore dans le livre second des Sentences raconte ceci sur ce sujet ...». Après les arguments scripturaires, un texte d'Ambroise, puis d'Augustin, l'autorité d'Isidore est ainsi sollicitée au sujet du parjure.5 Comme ultime confirmation du titre de la part des con temporains d'Isidore, on peut ajouter enfin Taion de Saragosse, qui rédigea, à l'imitation d'Isidore, des Sentences qui se contentent de reproduire, sans les modifier, des ex traits d'auteurs patristiques, y compris d'Isidore, selon un ordre notablement différent des Sentences, mais avec des titres de chapitres qui leur sont souvent empruntés.6 Ce sont les premiers témoignages de la faveur dont ont joui les Sentences pendant tout le Moyen-Âge comme en té moignent les quelque cinq cents manuscrits qui nous res tent et qui vont du VIIIèmc au XVèmc siècle. Le témoignage des contemporains est capital pour con firmer le titre de Sententiae, car, dans la tradition manu scrite, les premiers témoins qui nous donnent ce titre sont

4 PL 81,27: Scripsit opera et eximia et non pama, id est ... librum sententiaruт. s J. Vives, Concilios, p. 276-277: Nostri quoque seculi doctor egregius ecclesiae catholicae nouissimum decus, praecedentibus aetate postremus, doctrine conparatione non infimus, et quod maius est, in seculorum fine doctissimus, atque cum reuerentia nominandus, Ysidorus in libro Sententiarum secundo le texte cite Sent. 2,31,9. 6 PL 80,727-990, à compléter d'après A.E. Anspach, Taionis et Isidori nouafrag menta, Madrid, 1930.

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des collections d'extraits.7 Parmi les autres manuscrits an ciens, certains sont mutilés à leur début, ou ils ne donnent aucun titre de première main.8 On peut mettre à part le cas des manuscrits M et m; très proches l'un de l'autre, ils avaient comme titre primitif Liber secundus de natura rerum, considérant ainsi le livre des Sentences comme une suite de l'œuvre qu'ils avaient précédemment copiée9. Cette présentation suppose donc aussi une absence de titre antérieure. On trouve aussi - mais il est difficile de savoir dans cha que cas si le scribe pensait donner le titre de toute l'œuvre - des formules du genre: incipit liber primus Isidori quod Deus summus et incommutabilis sit dans F, qui reprend ainsi le titre du premier chapitre, pour remplacer le vrai titre absent. Même procédé, plus manifeste encore, dans le manuscrit K, proche de F: in hoc codice continentur dicta esidori de diuersis documentis et quod Deus summus et incommutabilis sit et de creaturae pulchritudine et ce tera sicut in capitulis cognosci potest. Incipit II liber quod Deus summus et incommutabilis sit. On voit donc le scribe analyser le contenu en renvoyant aux premiers titres de chapitres, tandis que la mention // liber reprend sans doute la faute faite par le copiste de M. Plus tardivement, à une date difficile à situer, diverses mains ont ajouté soit le titre de Sententiae, soit celui de De summo bono à partir des premiers mots du texte. On ne peut donc affirmer avec certitude qu'Isidore a voulu donner explicitement le nom de Sententiae à son 7 Les manuscrits d'Albi В M 2ç de la seconde moitié du VlIIème siècle, et de Saint-Gall 227 de la fin du VIIIème, ou du début du IXe""' siècle 8 L. RoblÈs, Cultura, p. 17, n. 14 signale 22 témoignages mais il cite notre В pratiquement illisible sur les microfilms, alors que le manuscrit Berlin, Pbillipps 1$86, qui en est très proche ne comporte pas de titre. Il cite aussi nos С et /, qui sont mutilés à leur début comme notre Q. Il cite aussi Munich 16528, qui propose en fait le titre de natura rerum, comme L. Roblès le dit lui-même p. 20. n. 21. Le titre de Sententiae n'est pas de première main dans M, D, G, ni dans Saint-Gall 22Ç, Paris BN, latin 1Ц97 et 2528. Ce dernier ne nomme même pas les Sententiae dans le titre très effacé. Pour nous limiter aux manuscrits du VlIIème et IX1™e siècle, je suis d'accord avec L. Roblès pour L et Paris. BN. latin 226. tous deux de la première moitié du IXème siècle. Paris. BN, latin 1568} de son milieu. Je doute à propos de B. J'ajoute à sa liste E, témoin espagnol qui est de la seconde moitié du Kème comme N, et Berne, BP ¡12 de la première moitié du IXeme. 9 J. Fontaine, Natura, p. 24. n. 3 et p. 159-160.

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œuvre. On peut cependant se demander s'il n'y a pas une allusion au titre dans ce qu'il écrit en 2.29.10-11: «C'est à bon droit que parle selon son sentiment celui qui ressent la sagesse par le goût d'une saveur intérieure. En effet, le sentiment reçoit son nom de l'action de sentir, et donc les arrogants, qui parlent sans humilité, parlent seulement selon la science, et non selon leur sentiment. En effet, ce lui qui est sage correctement et selon Dieu a la vraie sa gesse.» «Parler selon son sentiment» - ex sententia dicere - c'est dire une parole de sagesse à partir d'une expérience intérieure d'ordre religieux. On ne peut donc séparer sen tentia de sentire. Il ne faudra pas l'oublier quand nous chercherons des sens plus techniques de sententia. B. Genre littéraire des Sentences Isidore, dans les Etymologies, définit la sentence par rap port à la chrie, en simplifiant la tradition rhétorique an cienne: «La sentence est une parole impersonnelle, comme 'la complaisance engendre des amis, la vérité engendre la haine'. Si on ajoute à cela une personne, ce sera une chrie, comme 'Achille offensa Agamemnon en disant la vérité', ... car entre la chrie et la sentence la différence est que l'on profère la sentence sans citer une personne, et que l'on ne dit jamais de chrie sans citer une personne. C'est pourquoi, si on ajoute une personne à la sentence, elle devient une chrie; si on l'enlève, elle devient une sentence».10 Cette valeur générale de la sentence, opposée au caractère per sonnel de la chrie, reprend l'opposition des rhéteurs grecs entre gnomai et chreiai." Ces deux mots, par-delà leur

,Q Etyт. 2,11,1-2: commentaire de ce passage en J. Fontaine, Culture, p. 266270; voir aussi F. Trouillet, Chreia, p. 51-52. Sur la sentence en général, voir La Licorne, 1979, Formes brèves. De la «gnome» à la pointe, métamorphoses de la «sententia», Poitiers. " Pour la gnотe, voir par exemple Aristote, Rhétorique 2, 1394: «La maxime est une formule exprimant non point les particuliers, mais le général ... et non toute espèce de généralité ... mais seulement celles qui ont pour objet des ac tions», cité par J. P. Levet, Semantique, dans Licorne, p. 35. Pour la chreia, voir Fr. Trouillet, Chreia, p. 61: «D'abord elle a une vertu moralisatrice, elle est par ex cellence utile à la vie».

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différence formelle, se situent dans un contexte d'en seignement moral. Dans cette lignée des sentences morales, nous avons de multiples recueils de sententiae: l'un des plus connus est celui qui a été mis sous le nom du pape Sixte, et traduit par Rufin sous le titre à'Enchiridion, mais connu sous le titre de Sentences.12 Les Sentences d'Evagre le Pontique sont, à la fin du IVème siècle, une collection de maximes spirituelles destinées aux moines.13 Plus près d'Isidore, les Aegyptiorum patrum sententiae, traduites du grec par Mar tin de Braga, appartiennent au même genre.14 Nous ren contrerons chez Isidore un très grand nombre de senten ces morales, mais nous verrons que l'organisation générale du traité et le contenu de l'œuvre la rendent très différente de ces collections morales assez inorganisées. Sententia est aussi la traduction d'un autre mot grec doxa derrière lequel on rejoint toute la littérature «doxographique». On peut citer à ce propos Cicéron, qui écrit dans le De finibus à propos de la thèse d'Epicure sur le plaisir: «Et cela, il le dit dans un ouvrage où, d'un bout à l'autre, il parle du souverain bien. Dans un autre livre où il a rassemblé sous une forme brève les plus importantes de ses opinions, et où il a, nous dit-on, rendu comme les ora cles de la sagesse, il écrit ces mots que tu connais certai nement, Torquatus; car quel est celui d'entre nous qui n'ait appris par cœur les Kuriai doxai d'Epicure, ce que l'on pourrait traduire 'les maximes qui font autorité' (quasi maxime ratas) parce qu'elles sont, en de brèves formules, les opinions (sententiae) les plus importantes pour le bon heur de la vie».15 Passons sur le sujet du premier livre évo qué par Cicéron: malgré le rapprochement évident avec les premiers mots de nos Sentences «summum bonum», il ne s'agit pas encore de sentences. Notons simplement que le '' II s'agit en fait d'une collection de sentences morales du philosophe néo pythagoricien Quintus Sextius, né en 70 avant Jésus-Christ, rassemblées sans or dre méthodique: leur tonalité a pu faire croire qu'elles étaient chrétiennes. Édi tion H. Chadwick, Cambridge, 1969. Le mot sententia se trouve dans la préface de Rufin, ibid. p. 9. 13 Édition A. et С Guillaumont, SC 170-171, Paris, 1970. '* Édition C.W. Barlow, New Haven, 1950, p. 30-51. ,5 De fin. 2.7.20; trad. J. Martha, Belles Lettres, Paris 1967, p. 67-68.

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second ouvrage, dont le sujet ne devait pas être très diffé rent, est fait de sententiae, et résume toute la doctrine d'un maître en formules brèves destinées à être mémorisées. Même si Isidore n'a pas lu ce texte, nous avons là, me semble-t-il, une direction intéressante pour comprendre le but des Sentences, telles qu'il les a voulues. On connaît dans la littérature chrétienne un autre ouvrage qui s'en rapproche: les Sentences de Prosper d'Aquitaine, écrites vers 450. Celui-ci résume toute l'œuvre d'Augustin, dans une série de 392 passages plus ou moins brefs, citant intégralement le texte de son maître. Mais cet exposé de l'essentiel des thèses augustiniennes, surtout sur le problème de la grâce, se fait sans ordre logique, puis que les textes sont classés selon les titres des œuvres d'Augustin. L'Irlandais Lathcen, mort en 661, fera subir le même sort aux Moralia in lob de Grégoire le Grand. Nous avons vu aussi que Taion donnait le nom de Sententiae à une suite d'extraits des Pères, cette fois-ci organisée, mais cette organisation est déjà une imitation d'Isidore: l'originalité de celui-ci se situe en effet dans le fait que la matière des Sentences est ordonnée logiquement. D'autre part, si Isidore reprend bien souvent la lettre des ses pré décesseurs, la présentation en est le plus souvent remo delée, ne serait ce que par la technique du résumé, et il reste une part très importante de composition personnelle. Enfin, sententia a en latin un sens juridique: le mot dé signe en effet la décision d'un juge, et nous connaissons quelques recueils de canons conciliaires sous ce titre.16 Sur le plan profane il existe un manuel pratique de jurispru dence à l'usage des praticiens appelé lui aussi Sententiae, écrit par Julius Paulus. Isidore le cite dans ses Etymologies'7: nombre de nos sentences s'apparentent, par leur rédac tion, aux décisions conciliaires.18 '6 Ainsi, les canons du Concile de Sardique tenu en 343 sous la présidence d'Ossius de Cordoue; Cf. CPL, n° 539; Isidore les cite dans l'œuvre d'Ossius in de uir.ill '7 Cf. Etyт. 5.24.30. '" 2 On connaît la part d'Isidore dans la constitution de la collection canonique Hispana, (Bibliographie en J. N. Hillcarth Review of the literature since 193;, en lsidoriana, p. 50-51: l'attribution à Isidore est probable pour J. Madoz.) et surtout son action dans les Conciles de Seville II et de Tolède IV.

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Si nous quittons le titre de Sententiae proprement dit, en considérant non plus la forme, qui juxtapose des éléments isolés les uns des autres, mais la construction d'ensemble qui veut être une synthèse théologique complète, nous voyons que celle-ci comporte une partie dogmatique ini tiale, suivie d'une partie morale à la fois théorique et pra tique. Or nous trouvons sous la plume d'Augustin un En chiridion ad Laurentium siue de fide, spe et caritate, dont le dessein semble plus proche de celui de nos Sentences. Après le commentaire du Symbole des Apôtres qui occupe 116 chapitres, Augustin donne quelques éléments de théo logie morale dans les six ou sept derniers chapitres, pour achever le programme inclus dans son titre. Il explique en ces termes la demande de Laurent à laquelle il répond: «Tu désires, m'écris-tu, que je fasse un livre, que tu aies, comme on dit, 'en mains' (enchiridion) et qui ne quitte pas les tiennes, contenant ce que tu demandes».19 Ce projet de «manuel», puisque c'est étymologiquement le sens du mot Enchiridion, pourrait bien être aussi le programme d'Isidore qui aurait simplement développé la partie mo rale, très brièvement évoquée par Augustin. Les Sentences d'Isidore de Séville sont donc une œuvre profondément nouvelle: partant d'un genre littéraire fondé sur la juxtaposition de sentences isolées et brèves, il en a étendu à la fois le contenu et le cadre. Il en a fait un ma nuel pratique couvrant l'essentiel de la théologie, repre nant plus ou moins librement la doctrine de ses prédéces seurs mêlée à son apport personnel, dans une structure générale qui en fait assurément l'originalité. Cette méthode sera particulièrement féconde puisque les Sentences, tant de fois copiées, seront à l'origine de la littérature sentenciaire médiévale. On peut même dire qu'elles sont la pre mière Somme théologique.

"> Ench. 1,29.

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INTRODUCTION С. Date de composition

On aimerait connaître les circonstances de sa composi tion; mais nous n'avons à ce sujet aucun indice externe: ni dédicace,20 ni même un simple prologue explicatif,21 ni critère interne, comme ceux qui permettent de dater les œuvres historiques. Les Sentences présentent la particula rité, parmi les œuvres isidoriennes non historiques, d'être la seule qui n'ait pas de préface ou de prologue indiquant sinon le destinataire, du moins le propos de l'auteur. Il faut donc recourir à d'autres critères pour situer l'œuvre dans la carrière d'Isidore. Le travail le plus sérieux dans cette voie a été fait par José De Aldama. Celui-ci se fonde sur le postulat, admis par l'ensemble des critiques, faute d'autre critère de clas sement, du caractère chronologique de la renotatio dans laquelle Braulion nous fournit la liste de ses œuvres: cer taines d'entre elles pouvant être classées par des critères internes ou externes, il serait possible d'établir des four chettes chronologiques pour les autres.22 De plus, on con naît la date approximative d'arrivée à Séville de diverses œuvres de Grégoire le Grand, en particulier les НотШae.13 Si une œuvre d'Isidore utilise les Homélies, elle est pos térieure à cette date. En combinant ces deux critères, c'està-dire la place relative des Sentences dans la liste de Brau lion, et l'absence des Hотiliae grégoriennes dans cellesci, selon J. De Aldama, leur composition pourrait être si tuée entre 612 et 615. Or je crois pouvoir affirmer que, contrairement à ce que croyait celui-ci, Isidore utilise les

*° Comme celle du De ecdesiasticis officiis à son frère Fulgence, celle du De fide catholica contra Iudaeos à sa sœur Florentina, celles du De natura rerum et des Etymologiae au roi Sisebut, celle des Allegoriae à Orose. 21 Comme dans les Differentiae, le De ortu et obitu patrum, les Quaestiones in Vêtus Testamentum, les Synonyma, la Regula. " J. De Aldama, Indicaciones sobre 1a cronología de las obras de s. Isidoro, dans Miscellanea Isidoriana, Rome, 1936. p. 57-89. '> Il dit, dans son De uiris illustribus, composé avant 619, qu'il y a d'autres ouvrages moraux que les Moralia in Job - sans doute les Homélies in Ezechielem et in euangelium - et il ajoute incognitum scilicet nobis opus (J. De Aldama, Cro nología, p. 64-65).

INTRODUCTION

XV

Homélies grégoriennes dans les Sentences.'4 D'autre part, l'aspect chronologique de la liste de Braulion n'est qu'une hypothèse de travail, faute de mieux. Il nous reste donc une seule voie: retrouver dans les Sentences elles-mêmes des allusions possibles à l'actua lité25. Or plusieurs éléments nous rapprochent du IVème Concile de Tolède, tenu en 633. En effet, pour ne donner qu'un détail significatif, on sait que le roi Sisebut a tenté une conversion forcée des juifs de son royaume vers 615. Isidore a porté des appréciations diverses sur cette action. Dans un premier temps, dans sa Chronique rédigée prati quement en même temps que les événements, il écrit: «Les juifs en Espagne sont faits chrétiens» (christiani efficiuntur), avec une formulation qu'il est possible de rapprocher, dans la même œuvre, de celle qui relatait la conversion des Goths au catholicisme: Goti catholici efficiuntur. Elle est donc relativement favorable à l'action de Sisebut. Dans son Historia Gotorum, datée de 619 pour la version brève qui s'achève à la mort de Sisebut, et de 624, cin quième année du roi Suinthila, pour la version longue, il écrit de Sisebut: «Celui-ci, au début de son règne, en ame nant les juifs à la foi chrétienne, eut certes du zèle, mais non selon la science. En effet il poussa par son pouvoir ceux qu'il aurait fallu appeler à la foi par la raison» (potestate enim compulit quos prouocare fidei ratione oportuit) «Mais, comme il est écrit, 'soit par des prétextes, soit par

M Cf. notre index des textes utilisés. Signalons qu'il n'y a pas grand chose à tirer de L. Robles, Cultura, p. 23 sqq., qui part de deux prétendues dédicaces et d'une certaine incohérence de l'œuvre pour supposer une composition étalée dans le temps. Or la première «dédicace» a déjà été étudiée par Arévalo: celui-ci avait déjà montré qu'il s'agissait en fait d'une lettre d'Isidore à Massona insérée en tête parce qu'elle résolvait un point de discipline ecclésiastique d'une manière un peu différente. La première apparition de cette lettre en tête des Sententiae se trouve dans le manuscrit Paris, BN, latin 2528, de la 1ère moitié du IXèmc siècle Quant à la seconde dédicace, elle n'apparaît que dans un seul manuscrit Oxford, Bodleian Library 769, que L. Roblès date du XIIè""5 siècle, mais qui est en fait du XVèmc: cf. F. Madan & H. E. E. Craster, Catalogue, vol. II, part 1. Quant à la co hérence de l'œuvre, nous y reviendrons. '5 Je ne donne ici que quelques éléments de réflexion. Voir mon article Les «Sentences » d'Isidore de Seville et le IVème Concile de Tolède, dans Los Visigodos, Historia y civilización. Murcie, 1986, p. 373-386; et surtout, Isidore de Seville et la naissance de l'Espagne catholique, Paris, Beauchesne, 1994, où je montre l'environnement historique des Sentences.

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la vérité, que le Christ soit finalement annoncé!'» {Phil, 1, 18) Là aussi le parallèle avec la conversion des Goths est intéressant: Jean de Biclar écrit en effet de Reccared: «Ayant attaqué les prêtres de la secte arienne dans une sa vante réunion, il les fit se convertir à la foi catholique par la raison plus que par son pouvoir» (ratione potius quam imperio). En rédigeant sa notice sur Sisebut, Isidore a pu se souvenir de la formule de Jean de Biclar, et marquer sa réprobation, non sur le résultat, mais sur la méthode.26 Or au lVème Concile de Tolède, en 633, les Pères du Con cile ont pris position à ce sujet: «Le saint concile a ordonné ceci au sujet des juifs: que l'on ne fasse désormais violence à personne pour qu'il croie. En effet, 'Dieu a pitié de qui il veut et endurcit qui il veut' {Roт. 9,18). Il faut donc sau ver, non pas de tels hommes malgré eux, mais des volontaires, pour que la forme de la justice soit intacte. De même que l'homme a péri par la volonté propre de son libre arbitre en obéissant au serpent, de même chaque homme doit être sauvé en croyant à l'appel de la grâce de Dieu par la conversion de son propre esprit. Donc ce n'est pas par la violence mais par les capacités du libre arbitre {non ui sed liberi arbitrafacultate) qu'il faut les persuader de se convertir» (can. 57). La suite évoque ensuite le cas de ceux qui «naguère ont été forcés de venir au christianisme, comme cela s'est pro duit à l'époque du très religieux prince Sisebut»: étant donné qu'ils sont chrétiens, il faut les obliger à «garder la foi qu'ils ont reçue ui uel necessitate*. Le canon 59 con damne ainsi le fait qu'ils continuent à s'adonner aux rites juifs, et même «qu'ils osent pratiquer l'abominable circon cision». Il y a donc dans le concile une condamnation de la méthode employée par Sisebut et un constat de l'échec de celle-ci. L'interdiction repose ici sur la liberté de Dieu dans le choix de ceux qui sont appelés à la foi, avec comme corollaire l'obligation de laisser libre l'acte volontaire de l'homme qui renonce à la faute, elle aussi volontaire, du premier homme.

'6 Ioh. Bld., Chron. 573.

INTRODUCTION

XVII

Lisons maintenant les Sentences, en 2.2.4: «La foi n'est nullement extorquée par la violence, mais on persuade quelqu'un de croire par la raison et par les exemples. Or la foi ne peut persévérer chez ceux de qui elle est exigée par la violence, selon l'exemple donné par quelqu'un de la jeune pousse d'arbre: si quelqu'un appuie violemment sur la cime, elle revient à sa position antérieure à l'instant même où on la lâche». Il y a donc ici une condamnation de la méthode, et surtout l'affirmation de l'inefficacité de la force pour amener à la foi. La justification religieuse de ce refus de la violence vient dans la sentence suivante, car Isidore à son habitude, morcelle dans les Sentences, qui n'expriment qu'une idée à la fois, ce qui, ailleurs, était continu: «De même que c'est spontanément que l'homme créé avec le libre arbitre s'écarte de Dieu, de même c'est par un mouvement propre de conversion dans son esprit qu'il revient à Dieu en croyant, de sorte que l'on reconnaît la liberté de choix par l'intervention de la volonté propre, et le bienfait de la grâce par l'acceptation de la vérité de la foi». C'est tout à fait l'argumentation des Pères de Tolède, et cela traduit l'évolution ultime d'Isidore sur ce point. Il me semble même que les Sentences qui généralisent les points particuliers ont été vraisemblablement rédigées après les canons du concile, au moins en ce qui concerne ce problème.27 Peut-être est-il possible d'aller encore plus loin: nous avons vu que les Sentences se singularisaient, dans l'ensemble de l'œuvre d'Isidore, par l'absence de lettre préface, ou de prologue. Cette absence ne peut guère s'expliquer par un accident matériel, dans cette œuvre si importante et aussi copiée, dont les premiers témoins sui vent d'un siècle à peine la rédaction de l'œuvre28. Mais l'ouvrage se distingue aussi par un certain nombre de phé nomènes linguistiques qui bouleversent les données jusqu'ici admises sur la langue d'Isidore. Dans le naufrage assez général de la langue latine, l'Espagne est marquée

'7 On pourrait aussi comparer aux canons conciliaires Sent. 3.45.4; 3.49.3; 3.50.1-2; 3.55.7; voir dans mon Isidore le commentaire de ces textes. '8 Le manuscrit B, Milan, В. A. С 177 sup. est du début du VlIIème siècle.

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par la persistance d'un enseignement grammatical solide, et les textes d'Isidore jusqu'ici édités ne laissent pas appa raître un aussi grand nombre de vulgarismes que ceux que nous avons décelés dans notre édition. Ces vulgarismes ont jusqu'ici échappé à l'attention des grammairiens, car ils étaient corrigés dans les éditions anciennes. Mais l'unanimité fréquente de nos témoins à leur sujet les rend très crédibles, particulièrement quand ces vulgarismes par ticipent au jeu linguistique, qu'il est difficile de ne pas at tribuer à Isidore lui-même, comme nous le verrons. L'hypothèse qui me paraît rendre compte le plus écono miquement de la diversité des niveaux de langue serait de considérer les Sentences comme une œuvre restée à l'avant-dernier stade de son élaboration, entre la langue parlée moins soumise à la censure grammaticale, et la lan gue écrite plus correcte des œuvres qu'Isidore a pris le temps de corriger. Certaines parties des Sentences peuvent réemployer des matériaux anciens, déjà rédigés, comme les fiches de travail utilisées antérieurement pour les Ety mologies. D'autres ont sans doute été dictées avec le texte de Grégoire ou de quelque autre résumé scolaire à la main. D'autres ont pu être rédigées par Isidore plus ou moins à la hâte, pour compléter un développement de son propre cru. C'est dans ces deux derniers cas, me semble-t-il, qu'il est vraisemblable de supposer un relâchement dans l'écriture d'Isidore qui n'aurait pas eu le temps de corriger son texte avant publication officielle; on a vu que les Ety mologies ont subi cette étape intermédiaire, et qu'Isidore avait dû confier à Braulion le soin de corriger son texte. Mais il me semble qu'on ne peut écarter une dernière hypothèse: celle selon laquelle les Sentences n'auraient ja mais été conçues pour la publication officielle. Isidore au rait pu, en ce cas, rédiger pour lui-même et ceux qu'il avait la charge d'enseigner, de façon beaucoup plus libre. C'est ainsi que l'on pourrait mieux expliquer, outre l'absence de lettre dédicace ou de préface, le jeu synonymique qu'il faut supposer conscient et volontaire entre deux formes dont l'une est grammaticalement correcte, et l'autre non. '9 Jeu '9 Par exemple en Sent. 2.20.5 la synonymie entre ex hoc ipsud et ex eo ipso.

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de grammairien, peut-être humoristique dans une œuvre généralement peu riche en humour, mais dont on peut douter qu'Isidore ait voulu le diffuser par écrit, comme en atteste le soin avec lequel il a corrigé ses autres œuvres, et ses hésitations à publier les Etymologies non corrigées. Quoi qu'il en soit, même si l'on ne sait pas exactement à quel moment chacune des sentences a été composée, on peut dire avec certitude qu'elles sont le couronnement de toute la vie d'Isidore, de tout son enseignement pastoral, et aussi son œuvre la plus personnelle, celle qui traduit le mieux son projet d'évêque pour l'Eglise de son temps, en quelque sorte, son testament spirituel, puisqu'il devait mourir en 636, trois ans après le IVème Concile de Tolède. En témoigne l'organisation générale de l'œuvre que nous allons étudier maintenant.

DEUXIEME PARTIE ORGANISATION DES SENTENCES A première vue, le plan d'ensemble des Sentences se laisse mal apercevoir: à part le livre 1, au contenu dogma tique, et la seconde partie du livre 3, où sont étudiés à par tir du chapitre 33 les problèmes du clergé, de la royauté et de la justice, le reste laisse une impression d'incohérence.30 La clé de cette organisation nous est donnée, me semblet-il, par Isidore lui-même en 2.1.1, où il décrit la sagesse chrétienne: «Tout homme qui est sage selon Dieu est heu reux. Le bonheur, c'est la connaissance de la divinité; la connaissance de la divinité, c'est le pouvoir de bien agir; le pouvoir de bien agir, c'est la jouissance de l'éternité». Cette phrase décrit la ligne générale des Sentences-, elles partent de la connaissance des données essentielles de la

,0 II y a, par exemple, une première énumération de vices en fin de livre 2 et une autre dans les chapitres 23-31 du livre 3, entre les chapitres qui concernent les moines et ceux qui traitent du clergé. De même, les chapitres qui évoquent la ten tation sont au début du livre 3, tandis que le péché et les vices sont présentés aux chapitres 14-34 du livre 2.

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foi, posent ensuite les principes moraux nécessaires pour bien agir et s'achèvent sur l'évocation de la sortie du monde, dans les deux derniers chapitres. Le chapitre i.i nous introduit d'emblée dans cette problématique: «Dieu est le souverain bien», ce qui a une double valeur. Sur le plan ontologique, c'est décrire Dieu en lui-même, comme l'Être parfait par son immutabilité. Mais on ne peut disso cier les mots summum bonum des recherches antiques sur le bien suprême, donc de cette uita beata que l'on re trouve derrière le beatitudo de 2.1.1 que nous venons de citer. Dieu est ainsi présent comme le bien suprême, but de la vie morale, et ainsi le Summum bonum Deus est ini tial est relié au bonheur éternel annoncé par le quos caelestis aula laetificandos includit final, par l'intermédiaire de cette sentence 2.1.1 ainsi placée comme une borne pour jalonner la route qui conduit au bonheur final par la con naissance de Dieu et la pratique des bonnes actions. Il reste à élucider la répartition des matières entre les livres 2 et 3. La clé se trouve sans doute en 2.7.7: «On dé crit les progrès des convertis en trois étapes: c'est-à-dire d'abord se corriger du mal, en second lieu faire le bien, en troisième lieu obtenir la récompense de ses bonnes ac tions». Et la conclusion de cette sentence relie bien celle-ci à la ligne générale de l'ouvrage: «Donc il ne sert à rien de faire le bien si l'on n'a pas corrigé le mal et personne ne pourra progresser vers la contemplation de Dieu, s'il ne s'est efforcé d'abord de mettre en pratique les bonnes ac tions». On peut donc considérer les livres 2 et 3 comme deux volets complémentaires, l'un négatif, éviter le mal; l'autre positif, bien agir; à partir de cette première réparti tion, on peut sans doute préciser davantage en constatant que le livre 2 concerne la morale individuelle, tandis que le livre 3 s'intéresse à l'homme dans son état social, parce qu'il étudie la vie du chrétien dans les différentes situations où il doit agir.31 On le voit, les Sentences sont bâties selon " On trouve ainsi l'explication des deux séries de fautes: celles de la fin du livre 2 sont individuelles, celles du livre 2 mettent en cause les rapports sociaux. De la même façon les vices sont dans le livre 2, parce qu'ils doivent être combat tus individuellement, et les tentations en tête du livre 3, parce qu'elles font partie des chapitres sur la condition humaine

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une démarche logique et consciente de leur auteur: elles sont fondées sur une conception globale de la vie chrétienne qui unit vie intellectuelle, vie morale personnelle et vie soiale, mais toujours dans la perpective de la vie éternelle.32 Il est possible de souligner un élément qui apparaît de façon plus ou moins évidente dans l'énoncé des différents chapitres: il s'agit de l'organisation de ceux-ci en séries de six à huit, souvent décelables par la réapparition d'un mot clé dans le titre. Malheureusement, certaines de ces séries ont été masquées dans l'édition d'Arévalo, qui utilise une numérotation tardive inauthentique, regroupant plusieurs chapitres voisins. Il faut noter aussi le rôle que joue fré quemment le premier de chaque série qui a souvent une valeur générale d'introduction. Cette répartition semble trop constante pour être fortuite, même si elle est trop ir régulière pour être un système d'organisation poussé jusqu'à son terme. Peut-être est-ce dû simplement à l'état d'inachèvement des Sentences, mais il n'est pas impossible d'envisager une autre hypothèse: tout se passe comme si Isidore s'était conformé naturellement au rythme de son enseignement quotidien dans le cadre de la semaine, sans s'imposer une application stricte de ce principe, en parti culier pour certains chapitres d'une longueur démesurée, dans lesquels il n'a pas voulu - ou pu - trouver des sub divisions supplémentaires. Voici donc cette distribution, qui reprend le résumé de l'ensemble des chapitres, et indique en chiffres romains la capitulation des manuscrits quant elle diffère de la vulgate des éditeurs que nous avons conservée pour les citations. A. Le livre i et le préalable de la foi Le livre i est de façon assez claire un commentaire du Symbole des Apôtres. On sait que cette formule de foi abrégée servait dans la célébration des baptêmes. Il y a aussi en arrière-plan le Credo de Nicée-Constantinople, ré cité chaque dimanche avant le Pater dans la liturgie wisi" Voir à ce sujet mon Isidore et la naissance de l'Espagne catholique qui ex plicite plus en détail la théologie d'Isidore.

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gothique, depuis le Hlème Concile de Tolède, ce qui était une innovation en Occident. 1. Le Créateur La première partie du Symbole évoque la foi «en Dieu le Père tout-puissant» et la formule de Nicée ajoute «créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles». Isi dore commence par étudier Dieu en lui-même, immuable, tout-puissant, et sans mesure, en l'opposant à la créature (ch. 1 et 2); les trois chapitres suivants se préoccupent de la manière dont nous pouvons atteindre Dieu, qui est in visible (ch. 3) mais accessible par la beauté des créatures (ch. 4) et les images scripturaires (ch. 5). Deux chapitres sur le temps (6 et 7) font la transition entre les deux pôles de ce début des Sentences, le Créateur et la création, en opposant éternité de Dieu et temps des créatures. 2. La Créature Ceci introduit le chapitre Du monde qui traite en fait du récit biblique de la Création (ch. 8) avant le chapitre De l'origine du mal (ch. 9). Le long chapitre Des anges (ch. 10) est surtout l'occasion d'un parallèle avec l'homme, ob jet unique des chapitres 11-13, qui étudient successivement sa création, son âme spirituelle, et les facultés de son es prit. Il faut donc souligner l'aspect anthropocentrique de cette partie théologique, qui tend à situer l'homme par rapport à Dieu et au monde à la tête duquel il a été placé. 3. La foi trinitaire La partie christologique est réduite au seul chapitre 14, qui commence par traiter des deux natures du Christ, puis décrit l'histoire du salut en suivant la formulation du Sym bole: naissance, mort, descente aux enfers33, résurrection,

" Le texte espagnol du Symbole des Apôtres mentionne la descente aux enfers, omise par le Credo de Nicée-Constantinople: Cf. Denzinger, Enchiridion symbolorum, p. 1-5.

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ascension et passage à la droite du Père. Isidore omet le commentaire de l'annonce du retour du Christ au jugement dernier, qui sera évoqué en fin de livre i à propos de la résurrection. Le Saint Esprit, simplement mentionné dans le Symbole, fait l'objet de tout le chapitre 15 où il est pré senté dans ses rapports avec le Christ, mais surtout avec les hommes. On peut donc souligner ici aussi l'aspect anthropocentrique de cette théologie trinitaire, qui a peu à voir avec les discussions sur l'Arianisme. C'est ce qui ex plique sans doute sa relative brièveté, par rapport aux for mules de foi où cette préoccupation est encore vivante. 4. L'Eglise Toutes les formules de foi qualifient l'Eglise de sainte, et celles d'Espagne précisent «catholique», comme le Credo de Nicée-Constantinople. Ce sont ces deux mots qu'Isidore évoque d'abord en opposant l'Eglise aux hérésies, (ch. 16 = XVI-XVII) puis aux païens (ch. 17 = XVIII).34 Sans se pré occuper beaucoup de faire le lien avec ce qui précède, Isi dore insiste ensuite sur la lecture de l'Ecriture, avec des précisions techniques qui intéressent les plus doués des fidèles (ch. 18-20 = XIX-XXI); par contre, le chapitre sur le Symbole et le Pater vise ceux qui ont une intelligence plus faible (ch. 21). On revient directement à l'Eglise par le cha pitre sur le baptême et la communion (ch. 22 = XXIII), et aussi par deux chapitres qui traitent de faits plus rares, comme le martyre et le miracle (ch. 23-24 = XXIV-XXV). Isidore a donc enrichi les formules de foi, qui n'évoquent à propos de l'Eglise que le «baptême salutaire» et la «ré mission des péchés». 5. La fin des temps Le livre s'achève par la présentation des fin dernières du monde, avec l'arrivée de l'Antéchrist, non évoquée dans

M Les manuscrits / et E, suivis par Arevalo ne subdivisent pas le chapitre 1,16 comme le fait le reste de la tradition manuscrite, qui a comme chapitre 17 un cha pitre De hereticis.

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les Symboles, mais surtout la résurrection, le jugement der nier, le châtiment des impies et la récompense des saints (ch. 25-30 = XXVI-XXXI). Malgré les apparences, Isidore semble insister sur la victoire finale des élus et de l'Eglise, plutôt que sur l'aspect terrible du jugement, la peine des réprouvés servant de faire-valoir à la gloire des élus. Sa démarche rejoint ainsi sans doute celle des formules de foi qui insistent sur la vie éternelle après la résurrection, en n'évoquant le jugement dernier qu'à travers le retour du Christ. En suivant ainsi librement le Symbole des Apôtres, Isidore inscrit la partie dogmatique des Sentences dans le cadre chronologique de l'histoire de l'humanité depuis la créa tion par Dieu, la venue du Christ, les dons de l'Esprit Saint, et le rôle de l'Eglise qui conduit les hommes vers la vie éternelle. Il a insisté tout particulièrement sur la place de l'homme dans le monde, sur la nature de l'Eglise, lieu de la sanctification, enfin sur la résurrection qui lui est pro mise C'est dans ce cadre général qu'il situera l'aventure in dividuelle de la conversion. La conclusion du livre 1, qui s'achève sur la vie éternelle, annonce la conclusion de tout le livre, préparée dès la première sentence du livre 2, dont nous avons souligné l'intérêt pour comprendre la ligne générale des Sentences. B. LE LIVRE 2 ET LE COMBAT DE LA CONVERSION 1. L'idéal chrétien Le livre 2 s'ouvre sur le programme isidorien de vraie sa gesse qui consiste à connaître Dieu (ch. 1). Mais traitant successivement des trois vertus théologales, il rappelle que la foi n'est rien sans les œuvres (ch. 2), et l'amour du pro chain (ch. 3), tandis que le chapitre sur l'espérance est pa radoxalement plus une mise en garde contre le relâche ment qu'une définition positive de la troisième vertu (ch. 4). On peut souligner que l'ordre inhabituel, foi, charité, espérance, coïncide avec le dessein général des Sentences de la foi à la vie éternelle par les œuvres. Après ce tableau de l'idéal chrétien, les deux chapitres de la grâce et de la

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prédestination soulignent la part de Dieu dans cette con version (ch. 5-6). 2. La conversion On entre dans le vif du sujet avec les chapitres sur les convertis, qui insisteront surtout sur l'insertion de cette conversion dans le temps: la nécessité de se convertir pen dant qu'il est temps, les étapes à parcourir, la nécessité de ne pas revenir en arrière (ch. 7-10). Un chapitre sur l'exemple des saints vient interrompre cette suite en pro posant aux humbles une voie de perfection plus lisible (ch. 11). Puis Isidore étudie le rôle des larmes et de la confes sion des péchés (ch. 12-13). И invite à ne pas sombrer dans le désespoir (ch. 14); comme la grâce divine est incertaine, il appelle à ne pas provoquer la colère de Dieu et ne pas revenir à ses fautes, après les avoir déplorées (ch. 15-16). C'est ici que se situe, en conclusion de cette partie, la pre mière des deux confessions par lesquelles Isidore luimême s'avoue pécheur. 3. Le péché La suite du livre 2 traite des péchés en général. D'abord il faut les classer selon leur degré de gravité (ch. 17-20), puis Isidore aborde les rapports du pécheur avec son pé ché: amour du péché, volonté et nécessité de pécher, ha bitude ou regret (ch. 21-24). 4. Les différents péchés Isidore oppose ensuite péché en pensée et péché en ac tion (ch. 25-28), avec un aparté sur le rôle de la conscience (ch. 26), puis en paroles (ch. 29) ce qui devait corres pondre à des préoccupations contemporaines, en particu lier pour le parjure. On peut s'étonner de voir apparaître ces péchés qui concernent le prochain dans les fautes in dividuelles: l'unité de ces chapitres semble devoir être cherchée dans l'essai de classification qu'Isidore tente ici, selon la gravité de faute, selon les rapports que le pécheur

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a avec son péché, amour ou haine, selon l'aspect de l'homme mis en cause, l'esprit ou le corps, voire la langue! 5. Le combat du vice et de la vertu Isidore continue son livre 2 par une description des vi ces, qui s'opposent aux principales vertus. Le chapitre d'introduction rappelle la nécessité de l'effort pour com battre le péché: ceci reprend les principaux thèmes des chapitres sur ia conversion (ch. 32). Il oppose ensuite vice et vertu, en montrant à la fois comment les vertus peuvent devenir des vices, mais aussi comment chacune d'elles est une arme contre chacun d'eux (ch. 33-37). 6. Les vices et vertus principaux Pour terminer, il présente successivement les quatre vi ces qui ont une importance particulière: l'orgueil (ch. 38), l'impureté de la chair et ses contraires, la continence et la chasteté (ch. 39-40), la cupidité (ch. 41), enfin la gourman dise avec son contraire, le jeûne (ch. 42-44). La dernière sentence, qui cite l'adage antique «rien de trop», traduit finalement assez bien l'impression globale que laisse la lecture de ces sentences: équilibre entre la grâce de Dieu et l'action de l'homme, entre la peur et la confiance, entre la sévérité et le bon sens. Ceci dit, le lec teur doit cheminer à travers de nombreuses redites pour suivre une ligne directrice assez fluctuante. Tout se passe comme si Isidore, qui avait une matière familière, sur la quelle il possédait un certain nombre de dossiers épars, n'avait pu trouver un fil directeur aussi net que pour le livre 1. C. LE LIVRE 3 ET LE CHRÉTIEN EN SITUATION i. La condition humaine Isidore commence cette série par sa deuxième confes sion personnelle: il se dit pécheur justement châtié par Dieu. En parlant des châtiments de Dieu, il insiste sur le

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caractère provisoire de cette vie présente, où les souffran ces sont un appel à vivre mieux en cette vie, pour jouir un jour de la vie éternelle (ch. 1-4). Parmi les fléaux envoyés par Dieu pour nous éprouver, il faut compter les tentations du diable, dont Isidore énumère longuement les ruses (ch. 5-6). Ainsi est mis en place, en introduction, le décor dra matique de la condition humaine, essentiellement con sidérée comme une préparation à la vie future. 2. Les activités chrétiennes La première partie de ce livre 3, qui traite de la vie des chrétiens, présente d'abord l'activité commune à tous, quelle que soit leur situation. D'abord, la prière, à laquelle Isidore consacre un très long chapitre (ch. 7), puis la lec ture - y compris celle des auteurs païens - complétée par la collatio, cette assemblée de discussion autour d'un an cien, à l'imitation du modèle monastique. La prière et la lecture, ce dialogue avec Dieu à qui l'on parle et qui nous répond, sont considérées comme liées à l'action, comme purification des pensées mauvaises et incitation à faire le bien. (ch. 8-14). 3. La vie monastique Le chapitre 15 propose un portrait comparatif de la vie contemplative et de la vie active, avec le passage de l'une à l'autre: il sert d'introduction pour le reste du livre 3, qui va étudier successivement les problèmes de ceux qui sont séparés du monde et de ceux qui y sont restés. Isidore s'occupe donc d'abord des moines qui ont quitté le monde et qu'il invite à rester fidèles à cette séparation, en évitant l'orgueil et la tiédeur (ch. 16-21). Cette série s'achève par un chapitre qui semble concerner les moines, mais aussi les laïcs qui désirent quitter le monde tout en hésitant. Ceci peut servir de transition avec le reste du livre qui traite de ceux qui sont restés dans le monde.

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4. Les fautes de ceux qui vivent dans le monde Isidore commence par évoquer une série de fautes qui concernent les rapports sociaux: d'abord l'orgueil (ch. 23). Il ne s'agit pas ici de l'orgueil, en tant que source de tous les vices, qui pousse à se rebeller contre Dieu, analysé en 2,38, mais de l'amour de la gloire humaine. Vient ensuite l'hypocrisie qui feint la vertu, et la jalousie qui envie le bien d'autrui (ch. 24-25). La série suivante concerne les fautes contre la charité et la vraie amitié (ch. 26-31). Elle s'achève sur le chapitre De la correction fraternelle, tran sition avec les chapitres qui vont concerner le clergé, puis les détenteurs du pouvoir politique, chargés de guider et de corriger la communauté (ch. 32). 5. Qualités du clergé Dans un chapitre introductif, Isidore souligne le poids de la charge ecclésiastique, qu'il faut accepter quand elle est imposée par Dieu (ch. 33). Il étudie ensuite les qualités nécessaires au clergé dans son enseignement et dans sa vie (ch. 34-38). Il défend pourtant les responsables ecclésiastiques contre íes accusations de leurs subordon nés, quand ils doivent s'occuper de problèmes matériels (ch. 39). 6. Activité du clergé Il leur donne enfin des conseils pastoraux: éviter la colère et l'orgueil, agir avec discrétion et discernement selon les cas et même avec courage quand il faut défendre leur peuple contre les puissants (ch. 40-46). 7. Qualités des princes Puis viennent les chapitres sur les détenteurs du pouvoir politique, avec une réflexion préliminaire sur le pouvoir en général (ch. 47) et sur les charges qu'il impose (ch. 48). Isidore présente ensuite les qualités qui leur sont plus particulièrement nécessaires: justice, patience, bonne con

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duite, respect de la légalité et surtout, pour finir, leur rôle vis-à-vis de l'Eglise, qu'il doivent protéger (ch. 49-51 = XLIX-LIII). 8. L'exercice du pouvoir D'autre part, les princes sont responsables de leurs ju ges, et Isidore fait un portrait sévère des administrateurs civils (ch. 52-55 = LIV-LVII); pour conclure, il déconseille même de faire appel aux tribunaux (ch. 56 = LVIII). Un chapitre de conclusion achève cette réflexion sur le pou voir en rappelant le devoir de défendre les pauvres (ch. 57 = LIX). A y regarder de plus près, ces chapitres sur le pou voir royal doivent se lire en parallèle avec ceux qui con cernent le pouvoir religieux: s'ils ont des responsabilités communes et des obligations morales similaires, l'évêque est seul à exercer la fonction d'enseignement, tandis que le pouvoir politique se caractérise par l'emploi de la crainte. Soumis à sa propre loi, mais aussi à la discipline ecclésiastique, il ne peut agir dans l'Eglise que lorsque celle-ci est impuissante à se défendre contre l'orgueil des puissants. 9. Les hommes en ce monde et dans l'autre Les derniers chapitres, qui concluent l'ensemble de l'œuvre, rappellent d'abord que les malheurs du monde ont une utilité pour les justes, car il ne faut pas aimer les choses transitoires, mais les consacrer à faire le bien (ch. 58-60 = LXII-LXIV). L'œuvre s'achève sur la vision de la mort: après une vie brève ou longue, selon le point de vue d'où on la regarde (ch. 61 = LXV), la mort arrive, jamais exempte de crainte, mais toujours accompagnée de l'espérance des biens éternels dans la cour céleste (ch. 62 = LXVI). On revient ainsi au point de départ: l'homme quitte ainsi sa mutabilité, pour la vie éternelle, contempla tion du Dieu immuable et Souverain Bien, là où le conduisaient ses efforts pour se convertir et pour vivre chrétiennement dans l'état qu'il a choisi ou dans lequel il a été placé par Dieu. On ne peut donc nier la cohérence

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de l'œuvre, même si, dans le détail, il nous a fallu simpli fier l'exposé pour bien dégager la ligne d'ensemble. On voit en tout cas l'intérêt pédagogique de ce fraction nement de la matière, ainsi classée sous des titres souvent pertinents. La réussite d'Isidore est d'avoir su allier à ces nécessités scolaires un grand dessein. Nous voyons naître ainsi le genre littéraire de la sentence théologique, dont on connaît l'avenir au Moyen-Âge: sans doute Isidore aurait-il pu faire sien ce propos de Pierre Lombard, au début du XIIème siècle: «Afin qu'il ne soit pas nécessaire pour celui qui cherche, de parcourir un grand nombre de livres, cette collection abrégée lui offre sans peine ce qu'il cherche ...». Il faut cependant souligner combien la tentative d'Isidore paraît plus vivante, parce que plus proche du peuple qu'il a à enseigner. On le constate en particulier au double souci de transmettre un savoir technique - il faut lire à ce sujet les définitions philosophiques des premiers chapitres -, mais aussi de ne pas se couper des plus humbles - et le chapitre 1.21 sur le Symbole et le Pater peut en témoigner -. La vie, c'est aussi sans doute la présence d'Isidore luimême: les deux confessions que nous avons signalées ne sont pas de purs artifices rhétoriques. Isidore est à la fin de sa vie et il se prépare à aborder son Créateur. Il va ac complir bientôt le rituel de la pénitence solennelle: les Sentences sont aussi le récit de sa démarche personnelle, de la connaissance de Dieu à la conversion personnelle, de l'accomplissement de sa mission d'évêque à l'attente de la vie éternelle. D. Divisions entre les sentences Avant de passer à l'étude linguistique de l'œuvre, il faut évoquer le problème de la division en sentences. A priori, on peut dire que, quelle qu'en soit la nature, la sentence implique la notion d'unité de base, formant un tout indé pendant syntaxiquement de ce qui précède et de ce qui suit: ceci est en opposition avec les phrases d'un traité qui suppose un discours continu, dans lequel toutes s'insèrent successivement, chacune d'elle prenant sa place appelée

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par la logique entre ses deux voisines. On peut donc pen ser que, chaque fois qu'une phrase contient une particule de liaison logique, ou une particule d'opposition, il ne faut pas considérer qu'il y a un début de sentence nouvelle. On peut hésiter pour les conjonctions qui ont une valeur d'union comme et, neс, etiam: elles peuvent ne pas con tredire l'autonomie de la sentence, dans la mesure où elles soulignent parfois simplement la juxtaposition de deux idées associées. C'est dans cette catégorie que je classe sans hésiter les treize item initiaux. Inversement, on ne peut pas dire que chaque fois qu'une telle formule man que en tête de phrase, il faut considérer qu'il y a une sen tence nouvelle: on conçoit en effet qu'un lien logique puisse rester implicite. C'est dire que si l'on possède un bon critère pour réunir deux phrases en une sentence, on n'en possède pas d'immédiatement visible pour les séparer. L'édition d'Arévalo, largement tributaire des éditions antérieures, n'offre pas à cet égard une division satisfaisante.35 Le pro blème majeur de cette division est qu'elle ne repose aucu nement sur la tradition manuscrite la plus ancienne. Mal heureusement, en effet, la plupart des manuscrits ne dis tinguent pas les sentences entre elles et ne séparent les phrases que par de simples signes de ponctuation. Dans le meilleur des cas, on voit apparaître de temps à autre, une initiale un peu plus grosse dans le fil du texte, mais la ré partition est souvent incohérente, et semble parfois guidée par le souci de répartir esthétiquement les initiales, plus que par celui de diviser judicieusement le texte. La seule exception à cet état de fait se trouve dans le très bon manuscrit D, écrit au milieu du VIHème siècle, qui passe consciencieusement à la ligne, avec un incipit de couleur différente à chaque sentence. On retrouve la même division dans le manuscrit /, de la première moitié

" Ainsi, 33 d'entre elles commencent avec enim, 16 par autem, 4 avec quippe ou ergo, 2 avec igitur, itaque, nam, unde et hinc; 1 avec nam, uero, tamen, proinde, quod si: soit 75 débuts de sentences évidemment fautifs, auxquels on peut ajouter 4 divisions qui semblent contredire la succession logique. Il faut pourtant rapporter ce chiffre au nombre total de 1210 sentences, pour souligner que ce pourcentage est relativement faible (6,7%).

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du IXème siècle, qui représente pourtant un autre état du texte, comme nous le verrons ultérieurement. De même, dans le manuscrit E, le seul témoin hispanique du Kème, qui présente un dernier état du texte, dépendant de celui que l'on trouve dans /. Dans ce manuscrit E, il y a passage à la ligne et le signe К dans la marge. C'est le procédé qu'utilise encore le manuscrit Madrid BN 10067, écrit au début du Xème siècle, dépendant de E, qui ajoute en marge un h à la hampe barrée. La présence d'une division iden tique en plusieurs états différents du texte ne rompt pas la solitude de D, dans la mesure où / n'est pas une copie de D, mais représente une édition carolingienne tardive qui a pu s'en inspirer, ou reprendre un modèle qui la possédait également, et l'on ne peut savoir a priori si ce témoin an cien offre l'ultime témoignage d'une division primitive, sauvée d'un naufrage général, et retrouvée par / et ses successeurs par d'autres voies, ou une reconstruction per sonnelle. On ne peut pas dire de plus que cette division en sentences est parfaitement satisfaisante. En reprenant les critères utilisés pour celle d'Arévalo, nous pouvons sig naler un certain nombre d'erreurs manifestes, même si el les sont un peu plus rares.36 Ces illogismes semblent interdire de considérer cette di vision - si respectable soit-elle - comme l'état primitif de la division isidorienne. On peut cependant souligner la tendance générale à subdiviser davantage le texte: on trouve ainsi en D et ses consorts 65 coupures qui ne se trouvent pas dans Arévalo, tandis que celui-ci en propose 17 qui ne se trouvaient pas chez eux. Notre édition tentera donc de proposer une division logique, en utilisant celle de nos prédécesseurs. On pourra ainsi retrouver la division d'Arévalo à partir de la numérotation en chiffres arabes37.

>6 On relève ainsi dans D 12 enim, dont 7 communs avec Arévalo, 5 igitur dont i commun, 4 quippe, 2 ergo, 2 etiam, 1 sed et 1 itaque tous deux communs. Soit au total 31 erreurs, auxquelles on peut ajouter 5 divisions contraires au sens, soit 3,2% de l'ensemble. >7 Dans le texte on verra les divisions retirées signalées par un tiret; les divi sions ajoutées seront signalées par a, b, c. On distinguera de même la division en chapitres des manuscrits signalée en chiffres romains, et l'ancienne division d'Arévalo en chiffres arabes.

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TROISIEME PARTIE PROBLEMES LINGUISTIQUES Nous avions indiqué, dans notre première partie, le fait que les Sentences se signalaient dans l'ensemble des œuvres d'Isidore, qui ont bénéficié d'une édition moderne, par un nombre plus grand de vulgarismes. Nous allons maintenant présenter ces faits. Dans chaque cas, il faudra tenir compte de la probabilité de la forme présentée, selon qu'elle se trouve plus ou moins bien attestée dans les ma nuscrits. De plus, une anomalie peut souvent être expli quée de plusieurs façons concurrentes. Il faut rappeler en fin que nous ne partons pas les mains vides, et, sauf ex ceptions, nous insisterons surtout sur les éléments nou veaux, en particulier par rapport à la première édition critique commentée d'une œuvre d'Isidore: le De natura rerum de J. Fontaine, qui comporte une introduction lin guistique très précise. A. Problèmes phonétiques et orthographiques La tradition manuscrite des Sentences ne comporte pas de témoin hispanique ancien, il peut donc sembler assez vain d'espérer retrouver, à travers le filtre des habitudes propres à chaque scriptorium, une éventuelle orthographe wisigothique. Nous avons essayé de rester le plus fidèle possible à l'orthographe des manuscrits quand elle était cohérente, ce qui est le cas le plus souvent. Sinon, préfé rence a été donnée aux manuscrits antérieurs à la renais sance carolingienne, en évitant de dérouter le lecteur par des modifications qui risqueraient de le gêner, soit par une modification de l'initiale, soit par la création d'une ambi guïté: on ne trouvera donc pas storia ou orrescit, ni his équivalant à is, ou adque pour atque. Mais il n'y a pas d'inconvénient à écrire hereses ou hereticis.

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A l'initiale, il y a parfois des incertitudes avec les as pirées. Ainsi on a orrescit3* orrendis39, en sens inverse habundantia*° . L'orthographe des mots grecs posait pro blème: ainsi antitheta, throni, Thiatiris, labyrinto, eleemosyna, pharetrae découragent la classification41. Que dire de la série des pierres précieuses topatius, iaspis, berillus, chrisolithus, sapphirus, smaragdus en 1. 10.15 ? Pres que tous les témoins42 écrivent protoplaustum au lieu de protoplastum dont Isidore connaît pourtant l'origine.43 C'est dire les réserves que l'on peut faire sur l'orthographe des manuscrits. On sait que l'on ne peut attacher une grande importance aux graphies aput, ipsut, et, en sens contraire, inquid, as sez générales dans toute la tradition, mais il est peut-être intéressant de noter44 iuuamine orthographié iuba-, et de même, iubat au lieu de iuuat 45, ce qui est peut-être un hispanisme. B. Problèmes de morphologie i. Morphologie du nom a. Passage du masculin au neutre En 1.8. 18, pulchrum esse quod per seipsum est pulchrum ut hотo ... Aptum uero esse, ut uestimentum et uictutn, dans cette phrase, par aillleurs elliptique, uictum est pa rallèle à hотo au nominatif. A moins de supposer une er reur de copistes,46 on peut supposer qu'il est passé du

>! En 2.21.1 tous les mss. sauf MB L A. " En 3.6.4, presque tous, sauf Лi V CQLX AG. 40 En 2.42.2, tous sauf AI. v Signalons pour l'exemple antitheta en 1.9.5: c'est l'orthographe des seuls В XA; antiteta pour MBF N ; antytita pour /; anthiteta pour Q IE ; anthitetha pour L ; antidita pour G. 4' Sauf С et /. 4> Cf. etyт. 19.15. -i Par V CQLX AGI en 2,5,4. 45 En 2,25,10 pour DB CQXAGE. 46 L. Holtz me signale que le titulus hispanique pour -s et -m en abréviation est semblable.

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masculin de la 4ème déclinaison au neutre de la deuxième par attraction de la forme uestimentuт.47 En 1.io.n reditum patet homini signifie sans doute «le retour est ouvert pour l'homme», et il y aurait donc ici en core passage de la 4ème au neutre de la 2ème.48 En 3.57.9 habet aliquod usum fait de usum un neutre difficilement contestable; de même en 3.23.5 fructum quod ... fait de fructum un neutre. Les deux derniers exemples assurés peuvent donc confirmer les premiers. Sans changement de déclinaison, en 2.18.6: crescit delicti cumulum, où cumulum est un nominatif. b. Passage du neutre au masculin En 2.14.5 copiosiorem esse gaudium fait de gaudium un masculin difficilement contestable, même si Isidore écrit dans la phrase précédente gaudium quod.49 En 1.12.6 on trouve de même: corpus mutabilis est. c. Passage du féminin singulier au neutre pluriel Le phénomène inverse est beaucoup mieux connu.50. Mais il semble bien qu'Isidore ait pris sarcina pour un neutre pluriel quand il écrit en 3.39.1: dura sunt ... sarcina curarum episcopaliuт.

47 V. VÄÄnÄnen, Introduction, p. 133, § 232 pour les passages de la 4ème à la i™e déclinaison. Pour les passages du masculin au neutre, quelques rares exem ples, signalés par Szantyr, Syntax, p. 10, § 18a; mais M.D. Díaz y Díaz, Rasgoz, p. 179, § 36, en signale quelques-uns «posiblemente por influjo de otras palabras». 48 Ii semble moins probable de sous-entendre esse, en comprenant «il est évi dent qu'il y a un retour pour l'homme ...», puisque patere dans son sens concret s'applique aux passages «ouverts» comme ici. 49 V. VÄÄnÄnen, Introduction, p. 108, § 214. 10 V. VÄÄnÄnen, Introduction, p. 108, § 215-217-

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2. Morphologie des pronoms-adjectifs a. Au nominatif Outre tous les ipsud, qui sont bien connus dans la lan gue tardive,51 il faut signaler la graphie hii au lieu de ii, déjà observable dans le De natura rerum^. On peut y ajouter les nombreux his au lieu de is, qui n'y sont pas at testés, mais que l'on peut rapprocher de hisdem au lieu de iisdem dans la même œuvre; on peut penser que le croise ment avec hic, pratiquement homophone dans certaines formes, a pu favoriser ce his, pour lequel l'homophonie n'existait pas. Mais nous avons vu l'incertitude des copis tes devant l'orthographe des aspirées, et l'on peut classer ce phénomène aussi bien dans l'orthographe que dans la morphologie proprement dite. Isolé, mais assez assuré au point de vue de la tradition manuscrite, et inexplicable par les erreurs paléographi ques, il y a le qualibet dissensio de 3.29.553: on peut pen ser que cette forme a été attirée par l'analogie avec les no minatifs féminins singuliers aliqua et qua. b. Aux cas obliques Il y a des mélanges de cas entre déterminant et déter miné particulièrement au génitif-datif: En 2.2.3 anima cuique electi, où cui est associé au gé nitif electi. Mais nous avons des confusions plus nombreuses dans l'autre sens. En 1.6.3 ualet est suivi de materiae illius in formé, à moins de supposer un changement de déclinaison de informi, le génitif illius est associé à un datif. De même, en 1.27. 11 Isidore, dans une grande variation, avec des jeux synonymiques sans doute volontaires, fait alterner opponitur Uli ordini bonorum, avec deux datifs,

5' Leumann, Formenlehre, p. 289, § 203: ex. en Vetus latina et Vulgate. 5' J. Fontaine, Natura, p. 107. 5> B. LÖfstedt, Studien über die Sprache der Longobardischen Gesetze, Stock holm, p. 249, signale quelques exemples de qualibet ■ quaelibet.

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opponüur Ulius ordini perfectorum avec un génitif et un datif, comme illius ordini est contrarius, suivis de opponitur Uli contrario ordini, avec, de nouveau, deux datifs. On peut ajouter en 1.19.7 unius populo, attesté par tous les témoins. Pour ces formes cuique, illius, unius, il faut signaler que l'abréviation espagnole de -ius dans les pronoms est un / long traversé d'un trait54; ce trait aurait pu disparaître dans la forme cuique, mais on voit mal comment il serait né en illius et unius. D'autre part, en 1. 27.11, Isidore fait assez évidemment une variation synonymique opposant génitif et datif. J'incline donc, en juxtaposant tous ces cas, à y voir une confusion, qui se serait faite dans son esprit, par suite de la quasi équivalence syntaxique entre le génitif et le datif dans le latin tardif, ce qui aurait entraîné un flotte ment dans la conscience qu'il pouvait avoir de la déclinai son des pronoms et des noms.55 On peut ajouter au dossier de ces hésitations, en 2.5.8 munera gratiarum alio ista, alio donantur illa; neс datur ita habere uni ut non egeat alteri. Les deux alio ne sont peut-être pas des datifs fautifs, mais des formes adverbia les équivalentes, bien que l'on ait, chez Apulée par exem ple, des datifs en -0. Ce qui fait problème, c'est la forme alteri qui rîme avec uni. Si c'est un singulier, complément de egeat, il devrait être à l'ablatif ou au génitif, seuls cas connus après ce verbe,56 à moins que la confusion signalée ci-dessus entre génitif et datif ne s'applique ici. Le sens se rait «on ne donne pas à l'un d'avoir, sans qu'il ait besoin d'autre chose». Si c'est un pluriel comme nous y invite le mouvement du texte - «on donne à l'un sans que les au tres soient privés» -, il faut supposer la perte d'un tilde et corriger egeat en egeant. C'est la solution que j'ai choisie.

и W. M. Lindsay, Nolae latinae. p. 495-496. " B. Löfstedt, Longohardischen, p. 128, signale entre autres un exemple de Liutprand in praesentia parentuum suorum uel iudici, comme confusion entre génitif et datif, et p. 252 sqq., des illius accompagnant des datifs. 16 Szantyr, Syntax, p. 83, § 6od.

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3. Morphologie verbale a. Confusions entre la seconde et la troisième conjugaison Nous sommes ici en terrain plus sûr, car les passages des thèmes en -e aux thèmes en -e/o, et réciproquement, sont fréquents à l'époque tardive, et déjà amorcés à l'époque ancienne.57 On ne peut donc s'étonner de trouver en I.9.9 mordit ; en 1.19.17 miscuntur ou miscunt en 2.35.4; indulgí infinitif passif, et indulgit en 3.27.4 et enfin abolitur en 3.29.4. Dans l'autre sens, on trouve des formes qui pourraient être des futurs - ce qui serait souvent incongru - mais qui sont sans doute des présents comme ceux que l'on rencon tre par exemple dans la Peregrinatio d'Ethérie. Certains d'entre eux sont isolés comme praecellent en 1.13.2, inducent en 1.15.10, comedent en 2.43.4; mais un certain nombre d'autres semblent avoir été attirés par un jeu de rime avec d'authentiques thèmes en -e: ainsi desinent attiré par ap parent en 2.33.5; occurrent attiré par apparent en 3.6. 13; uolent faisant jeu de mots avec ualent en 3.7.2 Ceci me semble confirmer l'authenticité de ces variations mor phologiques. b. Confusions entre la quatrième conjugaison et la conjugaison mixte En 3.6.7, fugiret, fugire et effugire en 2.26.2-3, mais cor rectement effugi en 1.2.2. 58 On peut donc nuancer, pour les Sentences, le jugement de J. Fontaine à propos du De natura rerum: «La morpho logie de ce traité est donc encore d'une grande correc tion, la flexion est intacte, et la plupart des phénomènes traduisent le renouvellement du vocabulaire classique par la langue tardive.» La situation est ici assez différente: il ne " V. VÄÄnÄnen, Introduction, p. 145, § 314 et p. 146, § 317. Signalons que Léandre qui fut le frère et le maître d'Isidore écrivait dans le De inst. uirg. préface, dispiceo § 33; eriGEBIT% 35; ch. 3.2 occurrEBIT; 3.9 fruEBITur. 58 V. VÄÄnÄnen, Introduction, p. 144, § 312.

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s'agit pas d'une ignorance absolue de la part d'Isidore qui emploie le plus souvent les formes correctes, et qui sem ble avoir éliminé ces barbarismes, quand il a voulu faire une édition officielle. Il faut plutôt supposer qu'il s'agit de «vulgarismes», propres à la langue parlée; on peut penser qu'il n'a pas eu le temps de faire ici ce travail de correc tion, ou qu'il ne l'a pas jugé indispensable devant un pu blic familier, dans la mesure où parfois cela lui permettait de jouer avec des rimes nouvelles. C. Problèmes de syntaxe Nous avons jugé utile de regrouper ici, pour éclairer cer tains passages obscurs du texte, certains types de «fautes» familières à Isidore. 1. Accord sur le nombre Il arrive assez souvent à Isidore d'oublier le nombre avec lequel il a commencé sa phrase: ainsi en 1.23.3 uir sanctus debet ... si uident ... non debent. En 2. 39. 11 ex lege peccati ... quae habitant. En 3.13.7 scripturae sacrae placent ... gentili eloquentiae comparata, uidetur Ulis indigna: ce dernier cas est intéressant dans la mesure où l'accord de comparata et á'indigna confirme le singulier de uidetur, qu'on ne peut donc corriger en supposant l'addition ou la suppression d'un tilde, comme dans les deux premiers exemples. En 3.43.8, de même, aucun accident paléographique ne peut expliquer ingenium boni doctoris repris par cupiunt. En 3.46.4 sacerdotes ... eius redargutione. En 3.60.2 temptatio est mundi lucrum, tantoque maiora supplicia infuturum dabunt, quanto et ipsa maiora sunt. 2. Accord sur le genre Isidore mêle parfois le neutre pluriel des cas directs au féminin pluriel des cas obliques, sans y ajouter le mot res que l'on trouve habituellement dans ce cas.

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En 1.4.3, causa earum reprend insensibilia et inrationabilia. En 1.9.11, Isidore écrit earum quae sibi subiecta existimat. En 3.7.3, Isidore écrit à propos de l'Esprit Saint ubi uenerit, temptamenta daemoniorum quae se mentibus humanis inmergunt, ferre non sustinentes effugiunt. D'autres fois, Isidore met au neutre l'attribut d'un mas culin ou d'un féminin: En 2.19.7, grauius est ira quae prouocatur. En 3.28.5, bonum est qui diligit ... perniciosum est qui amplectit. En 3.4.3, melius est subiecta seruitus: ces derniers cas peuvent sans doute s'expliquer par le fait qu'Isidore pensait continuer par un infinitif. En sens inverse, on peut penser que la construction har die de 3.61.5 Christus, uerbum caro coniunctus, au lieu de coniuncta, au neutre pluriel, doit s'expliquer par un accord implicite avec Christus. 3. Syntaxe des cas a. Nominatifs absolus En 1.1.4 Isidore écrit: manens idem incommutabilis et aeternus, quid cuique congruum esset tempori, ... in eius mansit dispositione consilii: La proposition introduite par quid étant manifestement le sujet de mansit, manens est un nominatif absolu, au sujet implicite Deus repris par eius. En 3.7.26, multi orantes non exaudiuntur, prouidendo Ulis Deus meliora, avec une confusion entre le gérondif et l'ablatif absolu.59

59 Cet exemple est cité par Szantyr, Syntax, p. 144 et commenté par V. VÄÄnÄnEn, Introduction, p. 150, § 328.

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b. Confusions des cas après préposition Les prépositions qui ne régissent qu'un seul cas, l'ablatif ou l'accusatif, dans la langue classique, sont souvent mal traitées par Isidore, et pas seulement per et pro, que le système d'abréviation espagnol aurait pu faire confondre. En 2.23.5, eb illud. En 2.36.9 de id; en 3.25.2 de facta ; pour le titre de hypocrisin en 3.24, on peut penser qu'Isidore considérait comme invariables tous les mots grecs de ce type60. En 2.12.5 et 3-5-2.8, ex id; en 3.24.5 ex illud; en 2.20.5 ex hoc ipsud fait un doublet synonymique avec ex eo ipso: ceci implique que pour Isidore ces deux tournures étaient équivalentes, au moins dans le langage familier. En 1.12.2 et en 2.33.4, Pro id, pour annoncer respective ment ut et quia ; en 2.4.6, pro id quod ; en 1.16.10 et 2.29.19, pro quod conjonction, ou introduisant, en 3.4.2 une inter rogative indirecte. En 1.24.1, pro eandem fidem ornandam ; en 3.19.4, pro ipsud; en 1.29.3, Pro augenda suppli cia. En 1.16.5, per acumine ; en 3.14.3, per aliqua euidenti ostensione; en 3.3.6, per carnis flagello ; en 2.30.1, per hac ; en 2.13. 12 et 3.32.5, per quo annoncé respectivement par per id et ex eo.61 c. Inversions du terme régissant et du terme régi Nous avons pu relever certains cas où Isidore semble in verser le rapport logique entre le terme recteur et le terme régi pour le génitif: En 1.16.18, de errore auctoris trahitur a quibusdam et nomen et culpa, ut ipsius uocabulo censeatur cuius errorem sequitur. On voit que le nom indique de qui on tire sa faute; on devrait donc lire de erroris auctore, comme on lit cuius erroreт.

60 J. Fontaine, Natura, p. 108. " On peut signaler chez Léandre les mêmes emplois de ab, cum, de et pro avec l'accusatif.

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En 2.25.7, Dei seruus indicio timoris Dei haec temptamenta a se reiicit, fait du jugement de la crainte de Dieu le motif de la correction, alors qu'on attendrait plus naturelle ment «par la crainte du jugement de Dieu», iudicii timore. En 1.10.14, Isidore écrit à propos des anges: aliisque aliis praeferuntur tam culmine potestatis, quam scientia uirtutis: il n'est pas impossible de comprendre «la science de la vertu», ou mieux peut-être, la science qui est leur vertu, avec un génitif explicatif, mais il semble que le parallé lisme serait mieux respecté si l'on opposait «le sommet de la force» à «la force de la connaissance», scientiae uirtute. Ici on peut supposer que c'est le goût d'Isidore pour la rime entre potestatis et uirtutis qui a pu entraîner cette in version des termes. En 2.9.1, de même, dans la formule dispensator bonorum nouit aduersitatis reprimere uitium successione uirtutum, il semblerait plus normal d'opposer «l'antagonisme des vices» - aduersitate uitiorum ou uitii-à\a «succession des vertus». Ici encore, il n'est pas impossible de comprendre uitium aduersitatis en considérant qu'il s'agit d'un génitif explicatif «le vice qui est leur adversaire», mais on peut aussi souligner le jeu de sonorités entre uitium et uirtutuт. En allant plus loin, peut être serait-il possible de décryp ter en 2.1.1, l'étonnant uirtus boni operis, parallèle à cognitio diuinitatis et à fructus aeternitatis qui l'encadrent, avec ici encore des jeux de rimes, comme l'équivalent d'un beaucoup plus banal bonum opus uirtutis et non par «le pouvoir de bien agir». On pourrait enfin éliminer ainsi, en 2.5.14, la discordance entre Augustin qui parle de dono perseuerantiae, alors qu'Isidore préfère parler de perseuerantia doni. Ces deux dernières corrections sont évidemment inutiles, et l'ensemble reste à l'état d'hypothèse, mais il ne semble pas interdit de penser que, dans l'esprit d'Isidore, à partir du sens explicatif du génitif, l'inversion plus ou moins volontaire du terme régi et du terme recteur ait pu paraître comme un moyen de jouer sur les mots, souvent par la rime, parfois par simple souci de variation. A moins que, comme tout le monde, il ait pu être fatigué et commettre quelques lapsus.

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d. Anacoluthes En 1. 14.7, sicut cibum fortem inualidus infans capere non potest nisi a matre prius editum in lactis succum uertatur: editum au lieu de s'accorder au nominatif avec le sujet de uertatur, qui devrait être cibus, s'accorde en fait avec cibum fortem de la proposition précédente; un accord avec succum postposé serait moins vraisemblable. En 2.26.4, Abyssus abyssum inuocare est ... ire.6' Cette construction est sans doute amenée par la citation à l'indicatif abyssus abyssum inuocat, que commente ici Isi dore. En 3.43.5, doctor ... nisi eos quos docet uiderit ... nigrescere ... utpote adhuc exteriores, hoc est carnalibus, non aperit intellegentiae ... mysteria. Le datif carnalibus, intro duit par hoc est s'accorde avec un eis complément sousentendu de aperit. En 3.48.10, elucet ... potestatem a Deo ordinari, sed bonam propitius, malam iratus. Les nominatifs en suspens supposent sans doute un ordinat qui n'est pas venu. En 3.23.2, Vanus et erroris est animus plenus, famam adpetere, au lieu de qui famam adpetit. En 3.43.8, Ingenium boni doctoris est incipientis on attendrait incipere. Nous avons déjà signalé les anacoluthes de genre dans grauius est ira quae de 2.19.7, ou bonum est qui de 3.28.5: il semble bien qu'Isidore, qui affectionne les débuts de sentence généraux du type bonus estfaciens, bonus est qui facit, boni est facere, bonum est facere ait fini par les mélanger. e. Attraction du cas dans les relatives On connaît l'attraction directe par laquelle le relatif se met au cas de l'antécédent, et l'attraction inverse, plus rare, par laquelle l'antécédent se met au cas du relatif. Isidore

6' Grégoire le Grand écrit probablement abyssum, mais on ne connaît pas bien la tradition manuscrite des Moralia.

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semble avoir usé de ces deux formules de façon assez ab rupte. En 1.3.1, Sola enim Trinitas sibi integre nota est, et humanitas a Christo suscepta, quae tertia est in Trinitate persona: comme Isidore veut dire que la Trinité est la seule à se comprendre parfaitement, et que l'humanité du Christ le peut aussi, le relatif quae a influé sur le cas de humanitas. En 3.15.1, oculum dextrum scandalizantem, quem euelli Dотinus praecipit, uita contemplatiua est, suppose une attraction inverse En 3.13.2, sí quisque renuntiet quibus possidet omnibus est, au contraire, une attraction directe. En 3.61.3, de même, ex ipso ex quo non permanet au lieu de quod. 4. Syntaxe des temps et des modes L'emploi des temps et des modes est généralement plus correct, et rares sont les cas où il s'écarte des règles utili sées dans le De natura rerum: signalons simplement, dans des propositions conditionnelles qu'il utilise généralement correctement, en 1.8. 15: si transitorie dictum est a Deo 'fiat', erat utique creatura aliqua unde iam talis fieret uox. Or l'idée exposée dans cette proposition principale énonce l'hypothèse qu'il veut réfuter, on attendrait donc dictum esset ... esset On trouve une autre hésitation en 3.28.5: lapides equos et cetera quae licet diligimus, sed tamen nolumus hoc esse, etiam si possimus; il serait étonnant qu'Isidore considère l'hypothèse de devenir pierre précieuse ou cheval comme possible. Notons dans la même phrase l'emploi de licet avec l'indicatif En 2.19.2 on a deux infinitifs de conséquence construits directement après caecantur- «ils sont aveugles au point de», ce qui est inconnu ailleurs.

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5. Ellipses abruptes Sans être réellement fautives, certaines ellipses d'Isidore sont assez brutales. Curieusement certaines d'entre elles supposent que l'on supplée le nom de Dieu: En 1.2.2, nullatenus ergo posse effugi Deum quempiaт. Qui enim non habet (Deum) placatum, nequaquam euadet ira tuт. En 1.29.1, sicut fasciculi lignorum ... conligantur, ita in iudicii diem similis culpae reos suis similibus (Deum) lun gere. En 2.5.5, hominis meritum superna gratia non ut ueniat inuenit atque ad indignam mentem uenlens (Deus), facit in ea meritum qui solum inuenerat quod puniret. En 2.14.1, Non per locorum spatia ... (ad Deum) itur recediturue a Deo. Neque enim ... (a Deo) elongamus uel propinquamus ad Deuт. Il arrive aussi que l'ellipse porte sur tout un membre de phrase: Ainsi, en 1.8. 16, non septies a Deo uisa septiesque laudata est creatura, sed dum nos singula uidentes laudamus (sep ties laudata est) tamquam ipse uideat laudetque per nos. De même, en 1.8. 13, pulchrum esse quod per seipsum est pulchrum, ut homo . . . Aptum uero esse (quod ad aliud est aptum) ut uestimentum et uictuт. On peut rattacher à l'ellipse, l'emploi constant par Isi dore de la proposition infinitive sans verbe dicendi ou credendi. C'est sans doute un croisement entre l'infinitif de narration et le style indirect libre. On pourrait peut-être en attribuer l'origine aux canons de conciles: on sait qu'Isidore a sans doute participé à la rédaction de la col lection conciliaire Hispana ; or on trouve dans certains concile des infinitives sans verbes introducteurs immé diats, en dehors du decreuimus initial.63

6> J. Fontaine, Natura, p. 128, n. 4: «Souvent elliptique (la phrase), elle vise à la rapidité et à la concision. Cette recherche va jusqu'à la phrase nominale et à l'inflnitive sans verbe principal.» Pour les conciles, cf. p. ex. Antioche 1: omnes ... excommunicatos et abiectos ab ecclesia esse debere.

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XLVI 6. Pensée inversée

On peut se demander si parfois Isidore n'a pas dit le contraire de ce qu'il voulait dire. En 3.34.4: Uniuscuiusque casus tanto maioris est criminis, quanto priusquam caderet, maioris erat uirtutis. Praecedentium namque magnitudo uirtutum crescit ad cumulum sequentium delictorum. Puisque c'est la faute qui est proportionnelle à la grandeur de la vertu précé dente, il est peu logique de dire que «la grandeur des ver tus précédente croît au point de combler les vices qui sui vent». En 1.13.4: (animus) aliarum enim rerum origines, species et magnitudines praespicit ... de se autem tanta ueri ignorantia inficitur, ut in his отnibus nihil certius contempletur. Cette phrase n'est logique que si l'on donne à certius un sens intensif: «il est atteint d'une telle ignorance de la vérité à son propre sujet, que, dans tout cela, il n'y a rien qui soit fort certain». On peut cependant se demander s'il ne faudrait pas comprendre nihil incertius «rien de plus incertain», «rien de moins assuré» que l'esprit, in his om nibus renvoyant aux réalités extérieures évoquées dans la proposition précédente. En 1.23.3: Vir sanctus ultro se in agone pro certamine de bet offerre iustitiae. Sed tarnen si agonis fructum uident uberrimum, non debent declinare laboris periculuт. Quod si maior est labor quam animarum lucrum declinandus est labor. On peut comprendre ce texte, en oppo sant à l'affirmation brute de la première phrase, la propo sition balancée qui suit. Mais il serait plus clair de faire passer la négation de debent à uident. On ne peut toute fois pas exclure une erreur de copiste. D. Innovations dans le vocabulaire i. Tendance à la redondance La redondance est un phénomène bien connu du latin tardif. Elle se manifeste assez souvent chez Isidore, en par ticulier pour les conjonctions et les adverbes.

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XLVII

Pour les conjonctions, en 1.8. 15, sic quemadmodum ... sic; en 1.11.10, quasi ut; en 1.13.2, nisi praeterquam ; en 2.5.6, licet etsi; en 2.25.2 et 3.6.14, quamuis etsi. Pour les adverbes, en 1.15.17, non solum tantum ; en 3.6.9, nonnunquam interdum; en 3.7.21 et 3.46.5, non so lum quia, où quia est explétif.64 Cette redondance se retrouve dans les idées, avec par fois un jeu synonymique ou étymologique: en 3.7.3, ferre non sustinentes; en 3.25.5, quantum in ipsis est, si potuerint; en 3.32.5, occurrit et euenit; en 3.60.13, cотmiserendum opportet. 2. Emploi des pronoms En 3.3.1, on trouve un emploi de idem au lieu de is: esse nonnullos eiusdem qualitatis homines qui nesciant où eiusdem annonce la relative qui suit, puisqu'auparavant Isidore n'a jamais parlé de qualité: Alors qu'Isidore use constamment de l'opposition hic-illuc pour opposer le monde d'ici-bas, sans mouvement, et le monde futur, avec mouvement, il inverse totalement la valeur traditionnelle de ces deux pronoms en 2.40.2: Praelatam esse uirginitatem nuptiaruт. Illud (= nuptiae) enim bonum, hoc (= uirginitas) optimuт. On peut signaler aussi l'emploi de quis au lieu de qui en 2.7.4, et de quid au lieu de quod en 1.1.4 et 1. 20.1, 65 et l'emploi constant de quisque avec la valeur de aliquis.66 En 2.41.6, sibi équivaut à ei: Deum sibi propitium aduersari, qui ... non permittitur adimplere. Dans cette phrase à l'infinitif sans verbe dicendi, signifiant: «C'est un Dieu favorable qui s'oppose à celui qui ne peut accom-

6< Szantyr, Syntax, signale p. 649, 5 353b sic quomodo ... sic chez Fauste de Riez; quasi ut, p. 525, § 287 e Y; nisi praeterquam, quamuis etsi ne sont pas sig nalés; mais licet etsi chez Grégoire le Grand p. 605, § 326; non solum tantum p. 526, § 287 (= soltanto italien); pas d'attestation de nonnumquam interdum, mais une de numquam interdum p. 195 a Y, dans un commentaire anonyme sur Mat thieu. Non solum quia est signalé chez Jordanes dans Biaise, Dictionnaire. 65 Szantyr, Syntax, p. 188: exemples chez Cyprien, Chiron, Fauste de Riez etc. " Ibid. p. 199, 5 108a.

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plir ... », il y a eu peut-être un nouit comme verbe princi pal oublié. 3. Emploi des adverbes pronominaux de lieu Isidore emploie souvent les adverbes de lieu à la place des formes déclinées: nous avons déjà signalé alio ...alio, avec la valeur d'un datif, en 2.5.8. Nous avons ainsi inde = ab ea en 1.10.2; unde = de quibus en 3.22.7; qua = quibus en 1.5. 10. Parfois l'emploi adverbial est associé à une préposition en 1.10.19 in qua pour in quibus, et en 1.14.6 per qua au lieu de per quae. 4. Sens des mots Voici quelques mots connus auxquels Isidore donne un sens légèrement différent67: En 3.9.6, ingenio tardus, etsi non per naturam, per assiduitatem tamen lectionis augmentat. Ici augmentat est employé intransitivement68. En 3.7.23, exemplo pruinarum et repressione messium, in quibus quanto tardius sata semina exeunt, tanto adfrugem cumulatius crescunt: le jeu synonymique donne clai rement le sens de repressio qui signifie «le retard des mois sons»69. En 3.53.2, qui autem recte praesidere studet, neс partem palpare nouit, neс cohibere a iustitia didicit où praesidere a le sens technique de «être le président d'un tribunal»70. En 2.1.1 nous avons signalé qu'Isidore fait une série d'équivalences entre cognitio diuinitatis, uirtus boni operis etfructus aeternitatis - ce qui forme le «programme» des Sentences. Le mot uirtus, entre cognitio qui signifie «action de connaître» et fructus qui signifie «action de

67 Je ne signale ici que les sens non répertoriés par les dictionnaires de F. Gaffiot et de A. BlaisE. 68 Sens non attesté par le ThLL: voir le français «augmenter» et l'espagnol «au mentar»; mais augere a bien ce sens. 69 Le simple premere a le sens de «retarder». 70 Cf. Niermfyer, Lexicon, s.u. praesidere.

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jouir», doit avoir lui aussi un sens actif «pouvoir de faire», comme le sens médiéval de uirtus «pouvoir de faire des miracles», et boni opens est un génitif objectif, comme diuinitatis et eternitatis, alors que uirtus est généralement accompagné d'un génitif subjectif, indiquant celui qui pos sède «la qualité digne d'un homme» En 2.30.2, promittit a le sens de praemittit.7' En 2.39.16, Non ita suauis est amantium, immo amentium, incerta carnis libido, sicut experta; neс ita delec tat fornicatio, dum primum cотmittitur, nam repetita maiorem delectationem ingerit: incerta est repris par dum primum committitur, et équivaut donc à inexperta.7"1 5. Emploi des nouveaux auxiliaires On voit apparaître l'amorce de l'utilisation des auxiliai res: Ainsi, en 1.2.2, qui enim non habet placatum» est très proche de «qui n'a pas apaisé».73 De même, en 3.29.6, quos antea conglutinatos caritate babuerunt est proche de «qu'ils eurent rassemblé par la charité». On trouve aussi extitit au lieu de est en 1.10.4 creatus extitit. 7Л Il faut rappeler enfin les nombreux emplois de noscor ou de cognoscor comme auxiliaires; par exemple en 2.23.1,/«cilius enim resistimus hosti a quo nondum uicti sumus, quam ei a quo iam superati aс deuicti cognoscimur7\

7' Pour l'équivalence des préverbes, voir Szantyr, Syntax, p. 269, § 150 c. 7' Le ThLL signale ce sens chez Ennius. 71 Rappelons, avec Szantyr, Syntax, p. 319-320, § 178c, que l'espagnol a généra lisé tener avec le participe passé, à partir de l'autre auxiliaire teneo. 74 Szantyr, Syntax, p. 395, § 211c. 75 Déjà dans le De nat rerum: J. Fontaine, Natura, p. 120.

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6. Emploi des déponents a. Nouveaux déponents Effugi76 = «fuir»: en 1.2.2, nullatenus posse effugi Deum quempiaт. Compleri77 = «compléter»: en 1.26.5, electorum numerum ecclesiam Dei compleri. Intellegi7* = «comprendre»: en 3.5.10, quando eos Deus fallacia daemonum temptamenta facit intellegi. Collegitur = «amasse»: en 3.14.7, Si (memoria) fuerit naturaliter tardior, frequenti tamen meditatione acuitur, ac legendi adsiduitate collegitur79 . Fructificatur = «porte du fruit» en 3.9.2, sicut terra quae quanto amplius excolitur, tanto uberius fructificatur. 80 Iustificatur «agit avec justice»: en 3.52.5, qui Dei iudicia oculis suis proponit reformidat ne de iustitiae tramite deuians cadat, et unde non iustificatur, inde potius condemnetur: pour éviter de faire de la fin une pure tautolo gie.81 b. Activations et passivations d'anciens déponents Suffragat: en 1.10.2; reminiscimus, en 1.13.8; ratiocinare, en 1.17.3; blandiebant, en 2.9.3, construit avec le datif avec un sens intransitif;

76 Je renvoie pour tous ces verbes à P. Flobert, Les verbes déponents latins des origines à Charlemagne, Paris, 1975: effugi n'est pas attesté, mais le réfléchi sibi fugire a pu amener cette forme. 77 Impleor déponent et expleor passif sont attestés. 78 Non signalé; pour la construction eos intelligifacit, voir V. VÄÄnÄnen, Intro duction, p. 149, § 326: ce tour remplace facere ut. 79 II est évidemment possible de comprendre ici que la mémoire «est amas sée» par 1a lecture assidue. Mais P. Flobert signale que colligari, qui est proche, est employé de façon déponente au Vllème siècle !° Même question chez P. Flobert à propos d'un texte d'Irénée (p. 223-224). 8' Flobert dénombre toute une série de déponents composés en -ficor dont fructificatur.

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operare, en 3.7.18, où un jeu de rime avec orare vient confirmer la forme, alors qu'on trouve dans la même sen tence operatur, consectare: en 2. 11. 12; palpat en 2.32.8; adipiscere en 3.5.5; auguriare en 3.6.10; pigritare, en 3.7.16; amplectere: en 3.27.3 où il est associé à amplectitur; utere: en 3.48.1 où il est associé à usus est ; imitare-, en 3.50.7. 82 Pour les passivations: utantur en 1,9.6: si bene utantur et bona et prospera sunt, si male utantur noceant; patiebantur en 3.5. 10: ex malis quae in Aegypto patiebantur,g} lucretur en 3.1.2: electus adteritur ut perfectior uitae futurae lucretur4 «Le juste est frappé afin d'être gagné de façon plus parfaite pour la vie future». c. La famille de delecto - oblecto - delector Si l'on prend delecto dans la langue classique, c'est un fréquentatif de delicio qui signifie «plaire», «charmer»; au passif, delector signifie naturellement «être charmé par quelque chose»; avec l'ablatif, avec ou sans in ou ab, il signifie «se plaire à». Le déponent qui sera créé ensuite signifiera, par association d'idées, chez Pétrone et dans la Vulgate, «faire jouir», «charmer», ou «tromper», mais aussi «se plaire à», «aimer». C'est cette situation complexe que nous allons retrouver ici, avec une étape supplémen taire.85

8' Ces emplois sont attestés à l'exception de consectare, alors que celui de sectare l'est. 8> Signalé dès l'époque classique. Le contexte parle de israelítica plebs, au sin gulier, comme sujet. *4 Employé comme passif dans le Code Justinien. 8' P. Flobert, Déponents, p. га.

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Delector = «aimer»: En 2.6.1 ut semper electos superna sequi faciat, semperque reprobos, ut infima delectentur, permittat. Par le jeu synonymique, sequi est repris par delectentur, avec l'opposition «rechercher les biens supérieurs / aimer les choses inférieures». De même en 2.22.2: neque enim ipsam rem amant quam appetunt, sed ipsam tantum peccati malitiam delectan tur; ici amant et delectantur sont synonymes. En 3.32.8: Iniquis molesta est ueritas, neс delectantur nisi placentia propriae imbecillitatis. Dans une deuxième étape delecto = oblecto = delector = «charmer»: en 2.39.17, si plus oblectat mentem delectatio fornicationis, quam amor castitatis, adhuc in homine peccatum reg nat; certe si amplius delectat pulchritudo intimae castita tis ... regnat iustitia. Ici oblecto = delecto. Dans la reprise synonymique qui suit, on trouve, sans doute avec le même sens, la forme déponente: Nam non solum de cотmissa fornicatione peccatum regnat in bominer, sed si adhuc delectatur, atque animum teneat, procul dubio regnat. On peut sans doute ajouter un nouveau sens à la série: En 3.7.16, on a diffidentia nascitur impetrandi orata,si se adhuc animus sentiat circa peccandi affectionem uersari, repris synonymiquement par non enim potest ha bere precis certam fiduciam qui adhuc in praeceptis Dei pigritat, et peccati recordationem delectat: on voit donc que delectat est l'équivalent de uersari circa affectionem dans la phrase précédente, et a le sens de «aimer». C'est probablement le sens qu'il a aussi en 3.1. 12: durius circa suos electos Deus agit, ut, dum stimulis feriuntur, nulla oblectamenta delectent, sed caelestem patriam desiderent: donner à delectent le sens de «plaire» obligerait à un brusque changement de sujet, puisqu'il est parallèle à desiderent.

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d. Réfléchis et passifs On connaît l'équivalence entre le passif et certains réfléchis86: Isidore écrit en 1.4.4: ibi sensus sentitur, ubi se uita non sentit. En 2.44.7, ieiunium et elemosyna in abscondito sese amant. En 3.37.5, sicut sacerdos, qui, si digne se agit sicut sacerdotem decet ministerium eius doit être l'équivalent de agor, dans le sens de «agir» employé par Grégoire de Tours.87 Cette étude linguistique comporte un certain nombre de faits douteux et sans doute pourrait-on suggérer de nom breuses corrections simples, qui permettraient de rendre plus «correcte» la langue d'Isidore, souvent en s'appuyant sur une partie de la tradition manuscrite. Néanmoins, je suis parti dans cette édition de l'hypothèse selon laquelle la plupart des copistes sont très fidèles à leur modèle, qu'ils n'avaient aucune raison de rendre moins conforme aux règles grammaticales traditionnelles, sauf par inadver tance limitée. Le réflexe inverse de correction d'une tour nure fautive apparaît en revanche très normalement avec la renaissance grammaticale lombarde, qui a précédé la réforme carolingienne. Je n'ignore pas que je vais à l'encontre d'une image tra ditionnelle d'Isidore en présentant un texte aussi «anor mal», mais j'espère que mon hypothèse sur les circonstan ces de composition des Sentences rend compte de façon satisfaisante de ces anomalies. En tout cas, je n'ai pas cru pouvoir laisser passer une chance de saisir, sous la plume même d'un homme de grande culture, la lente évolution de la langue.

86 P. Flobert, Déponents, p. 386-390. 87 P. Flobert, Déponents, p. 237.

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INTRODUCTION QUATRIEME PARTIE ISIDORE ET SES SOURCES

Dans notre recherche des sources d'Isidore dans ces Sen tences, nous avons trouvé des usages très variés: cela peut aller de la simple copie intégrale d'un passage, avec une simple mise en place syntaxique le cas échéant, au texte long parfaitement et systématiquement résumé. On peut trouver à la fois des rapprochements attestés par la pré sence de plusieurs mots communs, et de vagues réminis cences dans la pensée ou dans la forme sans rencontre de mots. Isidore peut utiliser un auteur dans une séquence relativement longue de sentences, puis changer brusque ment de source ou composer de son propre cru. C'est dire la diversité du matériau recueilli jusqu'ici. Si l'on va dans l'ordre décroissant des auteurs utilisés, il apparaît que Grégoire le Grand est la source principale d'Isidore, surtout par ses Moralia in lob. Cela confirme le témoignage de Braulion de Saragosse qui écrivait: sententiarum libros tres, quos floribus ex libris papae Gregorii moralibus decorauit. Ce sont, en effet, les textes de Gré goire le Grand qu'Isidore copie le plus volontiers, presque intégralement, et l'on peut supposer qu'il dictait les Sen tences soit les Moralia à portée de la main, soit en utilisant des fiches de lecture préétablies: ceci pouvait permettre le réemploi de matériaux utilisés ailleurs, par exemple dans les Etymologiae. Les modalités d'utilisation de Grégoire vont de la copie intégrale à l'adaptation libre, avec simplement quelques mots communs. Il arrive qu'Isidore, en copiant Grégoire, le fausse, particulièrement quand il le simplifie. Ainsi, en 1.25.6: Grégoire annonce qu'à la fin du monde les juifs per sécuteront leurs frères convertis; mais Isidore affirme que la synagogue persécutera l'Eglise entière. La modification a souvent pour fonction de soumettre le texte de Grégoire au goût d'Isidore pour l'antithèse. Ainsi, en 1.30.2, là où Grégoire oppose au blanc le rouge ou le noir, Isidore préfère la paire, blanc et noir. En 1.27.3, c'est son amour de la synonymie qui lui fait ajouter à sa source un jeu sur le

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vocabulaire de la justice. En 1. 27.11, il ajoute aux distinc tions de Grégoire un jeu d'antithèses et de synonymies qui confine à l'absurde. A ces réserves près, Isidore a utilisé les Moralia comme le livre de base le mieux approprié aux besoins de son temps. Outre une information théologique sur les anges,88 l'Eglise ou les fins dernières de l'homme, il y a puisé l'essentiel de sa connaissance des âmes. C'est pourquoi on le trouve pratiquement à toutes les pages du livre 2, et dans celles du livre 3 qui traitent de la vie chrétienne. Grégoire inspire aussi une partie de l'enseignement donné aux évêques et aux rois, dans la mesure où Isidore utilise les con seils donnés à l'épiscopat dans les Hотiliae in euangelium 17, et un degré moindre dans la Regula pastoralis, pour les appliquer à la fonction royale. Un bon exemple de cette utilisation se trouve en 3.47.1 où ce que Grégoire dit en général de la subordination naturelle des hommes entre eux, sert, chez Isidore, à justifier l'opposition entre maîtres et esclaves et la fonction royale. On remarquera dans l'index des sources que certains passages des moralia ont été assez systématiquement utilisés si bien que l'on re trouve une longue série de sentences qui proviennet de ces quelques pages successives de Grégoire le Grand: cela tient sans doute à la méthode de composition de Grégoire lui-même qui semble avoir évolué de plus en plus vers des exposés systématiques de plus en plus longs en s'éloignant des remarques plus ponctuelles du début de son entre prise: elles correspondaient ainsi davantage à la méthode systématique d'Isidore.89 Augustin est la deuxième source d'Isidore par ordre d'importance, mais il est beaucoup plus rare de trouver un passage d'Augustin copié terme à terme, même s'il subsiste souvent de notables rencontres de mots qui attestent

88 Voir mon art. «L'analogie entre l'encyclopédie chrétienne des moralia et l'enseignement du grammaticus: l'exemple de l'angélologie», dans colloque Gré goire le Grand, (Chantilly 15-19 sept. 1982), Paris, 1986, p. 419-428. 8» Cf. ibid., p. 426; pour l'index des sources, cf. infra, p. 355 et sqq.

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l'emprunt. Le travail de Michele Pellegrino, complété par celui de Pierre Courcelle, presque exhaustif, est très révélateur à ce sujet.90 L'œuvre la plus utilisée est en effet sans aucun doute les Confessions. Isidore y a trouvé l'essentiel de son exposé sur le temps et sur le monde aux chapitres 6 à 8 du livre i. Dans ce même livre, le chapitre 13 est un résumé de l'enseignement psychologique donné au livre X des Confessions. Mais ce résumé - par mélecture, ou peut-être aussi souci de préciser le vocabulaire semble s'éloigner des analyses augustiniennes. L'inad vertance semble plus probable quand Isidore, utili sant une formule augustinienne, lui donne un sens tout différent: ainsi en 1.13.6 ad nutum uoluntatis nondum Ulis obtemperat ... est appliqué par Augustin aux parents qui n'acceptent pas tous les caprices de l'enfant, tandis qu'Isidore l'applique à la soumission des actes à la volonté personnelle. On peut supposer que la formule, après lec ture, lui est restée en mémoire, en dehors de son contexte précis. De la même façon, en 1.8.5, ayant à montrer que la volonté de Dieu est restée immuable quand il a créé le monde, Isidore utilise comme preuve le fait que la volonté de Dieu, c'est Dieu lui-même; or cet argument, dans les Confessions, se trouve justement placé dans la bouche des adversaires de la Création. Même si cette pensée est évi demment en accord avec la démonstration globale d'Augustin, il y a là un détournement de la lettre de celuici, à cause d'une fiche de lecture mal faite ou d'un souve nir de lecture imparfait. Il est en tout cas remarquable qu'Isidore ait senti le besoin d'aller chercher à la source augustinienne un enseignement théorique abstrait, qu'il ne trouvait pas dans l'œuvre de Grégoire. C'est ainsi qu'avec ce dernier il est très sensible au temps de la vie spirituelle, avec ses rythmes, sa durée, ses évolutions, tandis qu'avec les souvenirs augustiniens, cette analyse prend une dimen-

'° P. Courcelle, Les Confessions de s. Augustin dans la tradition littéraire, Pa ris, 1963 et M. Pellegrino, Le confessioni di s. Agostino nell'opera di s. Isidoro di Siviglia, dans Isidoriana, p. 223-270.

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sion cosmique, celle de la créature mutable devant son Créateur immuable. On peut être étonné - surtout quand on connaît le souci d'Isidore pour l'exégèse biblique - de la maigre part de l'œuvre de Jérôme parmi les sources des Sentences. Cha que fois que, faute de retrouver chez Grégoire ou Augus tin un commentaire de verset biblique, on va consulter ce lui de Jérôme, on ne peut qu'être frappé par la profonde différence entre le commentaire littéral et scientifique de ce dernier et l'exégèse morale et spirituelle que Grégoire et Augustin ont enseignée à Isidore. Mais Jérôme semble avoir été pour celui-ci le médiateur d'un certain nombre de formules antiques qu'il a pu tirer de sa correspondance: ainsi le ne quid nimis de 2.44.16 et l'image des pluies ex cessives qui l'accompagne. On sait que Grégoire le Grand, de son côté, évitait soigneusement cet apport antique, même avalisé par des citations patristiques. Cassien a donné à Isidore, parfois à travers Grégoire, quelques éléments ascétiques, particulièrement au livre 2 qui traite du combat contre les vices. Il est peut-être l'auteur, ou du moins l'inspirateur, du résumé des Règles de Tyconius qu'Isidore a utilisé en 1.19, plutôt que le texte d'Augustin dans le De doctrina christiana.91 . Dans le con flit du semi-pélagianisme, Isidore semble pourtant prendre parti pour Augustin quand il écrit en 2.5.4: sciant liberi ar bitra defensores, nihil posse in bonum sua praeualere uirtute ... Mais, de fait, l'attitude générale d'Isidore contraste par son optimisme avec le pessimisme augustinien à l'égard de l'action de l'homme. Il suffit de rappeler à ce su jet la sentence 2. 13. 14: «S'il fait pénitence ... il n'est pas douteux qu'en mourant il passe au bonheur éternel», et cela, même si d'autres sentences viennent tempérer cette affirmation sans nuances, par exemple 2. 13. 18, qui affirme la nécessité de toujours craindre.

" J'ai émis cette hypothèse en considérant les modifications apportées au modèle augustinien dans cet Epitomé, particulièrement dans le domaine de la grâce, objet d'un important contentieux entre Augustin et Cassien. Voir mon arti cle: Cassien auteurprésumé de l'Épitomé des Règles de Tyconius, REAug 22,1976, p. 262-297.

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Lactance, Cyrien, Eucher, Fulgence et Léandre sont la source possible de telle ou telle autre sentence et il y en a sans doute encore beaucoup d'autres à découvrir. Il ne faut pas mésestimer pourtant le fait que les Sentences ne sont une œuvre de pure érudition comme les Etymologies, où Isidore veut transmettre de façon systématique les bribes du savoir antique qu'il a pu recueillir: son savoir y était donc forcément livresque. La culture ici est une culture vi vante; elle se transmet d'abord par un enseignement oral multiforme, dans lequel l'expérience personnelle joue beaucoup. Contrairement à son œuvre scientifique, qui peut lui sembler extérieure, les Sentences procèdent de la vie même d'Isidore, qui, comme tout être vivant, a assimilé l'apport des auteurs qu'il a lus pour le transformer en sa propre substance. Il faut ajouter à cela la lecture directe de la Bible qui est sa nourriture quotidienne. Un détail de présentation sem ble révélateur de l'attitude d'Isidore vis à vis des sources païennes et chrétiennes d'une part, et d'autre part vis à vis des textes bibliques. Dans le premier cas l'insérende reste vague: sicut ait quidam, dixerunt antiqui, quidam sapiens ait etc., comme si la personne apportant son témoignage avait en fait peu d'importance et s'effaçait derrière sa pen sée; au contraire, pour les textes scripturaires, le témoin est souvent cité en personne, quitte même à attribuer à Sa lomon des textes du Siracide en 2.41.2; 2.43.2 et 3.60.18. C'est qu'ici le témoignage est capital, particulièrement quand il s'agit d'une parole du Christ. Mais toute la Bible est parole de Dieu, car, ainsi qu'Isidore le répète après Cyprien, en 3.8.2, «quand nous prions nous parlons avec Dieu, et quand nous lisons, c'est Dieu qui parle avec nous». Le texte biblique d'Isidore est très généralement la Vul gate et chaque fois qu'il utilise un texte biblique différent, on peut supposer qu'il est tributaire d'un auteur qui utilise un texte dépendant de la Vêtus latina. Plus intéressante pour l'élaboration des Sentences, la série nombreuse des textes dont la citation est modifiée et semble faite de mé moire, ce qui implique une familiarité certaine avec le texte biblique. Dans certains cas, il a même été possible

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de discerner le processus de contamination entre les deux textes voisins ou parallèles92. Tout aussi révélatrice d'une utilisation intime de l'Ecriture est la pratique, bien connue chez tous les Pères, de l'allusion biblique sans insérende. Le nombre de telles allusions, dans la mesure où j'ai pu les détecter, est pratiquement égal à celui des citations expli cites. Parmi ces modalités d'utilisation de la Bible, on peut signaler enfin les sentences qui se rattachent au genre des quaestiones. Comme ses prédécesseurs, Isidore s'efforce de résoudre les problèmes que pose le texte biblique, en particulier les contradictions qui apparaissent entre deux auteurs scripturaires, ou entre la lettre de la Bible et l'enseignement traditionnel.93 L'interprétation générale de la Bible dans les Sentences est directement inspirée de celle de Grégoire, qui privilé gie le sens moral, en particulier quand le texte biblique isolé de son contexte n'a pas grand sens par lui-même. Comme son maître, Isidore se soucie peu de rechercher dans le texte en question ce qu'il veut vraiment dire, mais il en tire une image propre à guider les chrétiens.94 C'est l'importance de ce sens moral de l'Ecriture qui explique la répartition des textes bibliques les plus fréquemment cités par Isidore. Il met en valeur les exemples tirés des livres historiques: Abraham, Balaam, David, Salomon, et, dans l'Évangile, le pauvre Lazare; dans les Actes c'est l'exemple de Paul qui apparaît. La littérature sapientielle a la place attendue dans cette œuvre surtout morale; en particulier les Psaumes, qui décrivent de multiples aspects des rap ports entre le croyant et Dieu et dont on connaît l'importance dans la culture ecclésiastique du fait de la

9' Ainsi en 1.15.8, Isidore contamine Matthieu 7,22-23 par Luc 13,27. " Par exemple, en 1.1.2, Isidore explique, sans le nommer, le texte de / Tim 6,16 qui solus habet immortalitateт. En 1.10.22-24, il résout avec Grégoire la con tradiction entre Mathieu 18,10 qui dit des anges qu'ils voient la face du Père, et / Pet. 1,12 qui dit qu'ils désirent le voir. 94 Ainsi Abyssus abyssum inuocat in uoce cataractarum, chez Grégoire et chez Isidore, en 2.26.4, est expliqué comme désignant le fait d'aller du jugement de sa conscience au jugement éternel, tandis que la voix des cataractes est la prédica tion des saints. C'est peut-être de lui-même qu'Isidore commente date Dотino Deo uestro gloriam antequam tenebrescat, en 2.13.10 comme une invitation à la con version avant le jugement dernier.

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psalmodie et de l'utilisation de ce livre dans la spiritualité monastique. La place importante des citations de Job est évidemment due à l'utilisation des Moralia. Dans les Épîtres pauliniennes, Isidore cite de préférence les lettres aux Romains et aux Corinthiens, qui sont une longue réflexion sur la nouvelle loi. Pour les invectives et les menaces, Isi dore utilise surtout Isaïe et un peu moins Jérémie. Même si ces lectures n'épuisent l'intérêt d'Isidore pour l'Écriture, elles indiquent du moins quels textes il lisait de préfé rence, et quels centres d'intérêt il y trouvait. La question des citations d'auteurs païens est plus facile à traiter, du fait de sa brièveté, mais plus irritante, car elle est difficile à saisir. Par quelle voie Isidore, en 1.13.4, retrouve-t-il l'affirmation de Cicéron95, disant que l'âme, comme l'œil, voit les autres et ne se voit pas soi-même, et ce, contrairement à Augustin, sa source probable en l'occurrence? Comment a-t-il connu les pages du De na tura deorum dont il est proche en 1.4.3-4? ou Ia définition de la mémoire, tirée du de oratore, absente de sa source Augustin, en 1.13.7? Le plus étonnant est, sans doute, de voir Isidore utiliser Virgile, Horace, voire Ovide, comme autorités dans le domaine moral et couronner son livre 2, qui est un appel à la conversion individuelle par le très classique adage, ne quid nimis. On ne saurait trouver meil leure image de la confluence entre les deux cultures ré conciliées; même si les souvenirs tirés de la culture anti que restent nettement minoritaires, celle-ci n'est plus re jetée à condition qu'elle accepte la soumission à la foi.

" En Tusculanes 1,27,67.

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CINQUIEME PARTIE TRADITION MANUSCRITE Nous connaissons la liste des manuscrits des Sentences par plusieurs listes complémentaires. Celle de CH. Beeson est limitée au IXème siècle et est à peu près complète pour cette période96. Celle de M.C. Díaz y Díaz s'arrête au XIIème siècle97. Enfin, celle de L. Roblès est presque exhaustive, et elle comporte environ 500 témoins98. Je ne puis lui ajou ter encore qu'une vingtaine de références99. C'est dire la richesse de la tradition manuscrite. Il ne saurait être question de l'étudier toute entière pour la présente édition; aussi, dans un premier temps, j'ai étu dié complètement pour le livre 1, tous les manuscrits des VIIIème et I^ème siecles, en y ajoutant un seul témoin his panique du Xème.IO° Ce travail a permis de faire un premier classement des témoins, confirmé ensuite par l'étude générale des variations importantes présentes dans toute l'œuvre. Je présenterai donc d'abord l'ensemble des té moins étudiés, puis j'étudierai les critères de classement des manuscrits, en partant des accidents massifs de la tra dition; les variantes de détail viendront affiner ce classe-

96 C.H. Beeson, Isidorstudien, die Lagerung und Verbreitung der Handschrif ten des Isidorus von Sevilla, Munich, 1913. On y trouvera une bibliographie sur tous nos manuscrits, sauf X, N, r, E, Z, p, W et U. 97 M.C. Díaz Y Díaz, Index scriptorum Medii Aeui hispanorum, I, 2e éd., p. 34, n° in, pour les Sentences. 98 L. Robles, Cultura, p. 80-85. 99 On peut ajouter à sa liste Angers 275 (266) fol. 23 v° du IXème s.; 309 (300) fol. 37-58 du XIIème. Bordeaux 122, fol. 31-79 du XIII™'e s.; Bourges 97 (87) fol. I-84 du XIIIèmc s.; Cambrai 161, fol. 86-144 du XIIIème s.; 413, fol. 1-92 du XIèmc s. sauf fol. 1-8 du xvèmc s.; Clermont-Ferrand 102 (96), fol. 107-208 du XIIIème s.; Conches 7, fol. 174-227 du XIVèmcs.; Dijon 446 (267), du ХIГ'™ s.; Grenoble 406, fol. 333-335 du Xv™"e s.; Orléans 150 (127), fol. 49-216 du XIIIème s.; Paris, Ste. Geneviève 1361, fol. 2-fin; 1368, fol. 1-119 du ХIГme s.; Paris, Arsenal 598 (876) cité par Roblès n'existe pas; il faut sans doute lire Paris,Mazarine 589 (876); et y ajouter 625 (911), fol. I-75 du XIIème s.; Reims 429 (E 329), fol. 5-110 du XII-s.; 430 (330), fol. I-99 du Xllème s.; Strasbourg 70 (lat.68), fol.l88-2.45 du Xvème s.; Tours 332, fol. 1-62 du xvàme siècle. '°° Thèse de Illème cycle: «Le livre I des Sentences d'Isidore de Séville, texte critique, traduction et commentaire», Paris IV Sorbonne, 1975, texte dactylogra phié, 449 + 138 pages. Dans ce premier état de mon travail, je partais de l'hypothèse communément admise de la correction de la langue d'Isidore. J'utilise ici l'hypothèse inverse.

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ment. Ceci permettra de tenter une histoire du texte et de sa diffusion dans l'Europe des VIIIème et IXème siècles. A. Présentation des témoins Les manuscrits sont présentés ici selon le lieu où ils ont été écrits, en commençant dans chaque pays par les plus anciens d'entre eux.101 Nous ne citons pas les manuscrits donnant uniquement des extraits de l'œuvre: malgré leur ancienneté, ils sont trop courts, le plus souvent, pour être situés dans la tradition manuscrite et peu utiles pour résoudre les quelques problèmes délicats de l'établis sement du texte. 1. Italie du Nord M Milan, Biblioteca Ambrosiana С 77 sup. Manuscrit écrit en onciale du VIIIème siècle à Bobbio sur un palimpseste qui contenait les Recognitiones du PseudoClément en semi-onciale du VIème siècle.102 Le texte supérieur contient uniquement les Sentences aux folios 1-155. Le manuscrit est parfois difficile à lire. В est proba blement notre plus ancien témoin. V Vérone, Biblioteca capitulare LV Écrit successivement en onciale, semi-onciale et minus cule précaroline de la seconde partie du VIII ème siècle en

"" Nous suivrons en cela les notices de E. A. Lowe, dans les Codices latini antiquiores, 11 vol. + suppl., Oxford, 1934-1972, complétées par les précisions de B. Bischoff, en divers articles: Die europäische Verbreitung der Werke Isidors von Se villa, in Isidoriana p. 317-344, León, 1961; Südostdeutsche Schreibschulen und Bi bliotheken, Wiesbaden, t. l, 1960; Panorama der Hss. Überlieferung aus der Zeit Karls des Großen , in Karl der Große, 2, Das geistige Lehen, Düsseldorf, 1965, p. 233-254; Frühkarolinigsche Hss. und ihre Heimat, in Scriptorium, 22, 1968 p. 306314; lettre manuscrite du 14-6-1970, pour les autres manuscrits. 10' C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 44; E. A. Lowe, CLA 3, 317; В. Bischoff, Ver breitung, p. 322; M. Ferreri, Nuovi fragmenti documentan Bobbiesi in IMU, 10, 1967, p. 7.-

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Italie du Nord, peut-être à Vérone.103 Il ne contient que les Sentences, aux folios 1-97. Il est lacunaire au début et com mence en 1,21,1. Lui aussi est partiellement palimpseste, et le texte inférieur est composé de Fasti consulares, des Didascaliae apostolorum et de canons en semi-onciale du Vème siècle et en onciale de la même époque. Il a sans doute été copié sur un modèle wisigothique. A partir de 3,16 sa lecture est souvent quasi impossible. N Novare, Biblioteca capitolare (XLIII) 14 Ecrit en minucule caroline de la seconde moitié du IXème siècle, en Italie du Nord.104 Le texte est complet et se trouve aux folios 3-146. Les Sentences sont la seule œuvre contenue dans ce manuscrit. 2. Italie centrale С Mont-Cassin, Biblioteca della Badia 753 Écrit en minuscule bénéventaine du milieu du VIIIème siècle, sans doute au Mont-Cassin même.105 Il possède une lacune initiale jusque 1.21.1; puis entre 1.24.4 et 1.27.7; entre 2.29.9 et 2..39.18; entre 3.33.2 et 3.35.2; la fin du manuscrit est

,°> С. H. BeEson, Isidorstudien, p. 45; E.A. Lowe, CLA, 4, 507; B. Bischoff, Ver breitung, p. 326 et n. 51 «eine der Hände lässt teilweise das westgotische Vorbild durchschimmern»; Heimat, p. 314; G. Turrini, La biblioteca capitolare di Verona, IMU, 5, 1962, p. 420. '°* B. Bischoff, lettre «S. IX' Oberitalien, nicht von Dominicus f. Bischof Rodulf»: en effet une notule en bas de page, au fol. 142, écrit: ego Dominicus grammatici scripsit istum uerbum Rodulfus epus dns conseruet per multos dies amen ce qui aurait reporté le mss. au Xème siècle si la notule avait été du scribe de N. E.Cau, Scrittura e cultura a Novara sec. VIII-X, RicMed, VI-IX, 1971-74, p. 8283. "" C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 44-45. E. A. Lowe, CLA 3,31: ce manuscrit est sans doute le plus ancien du scriptorium du Mont-Cassin. B. Bischoff, Panorama, p. 251, n. 141 se demande si ce n'est pas plutôt une production de Nonantola: «Die wesentlich stärker Kursiven Minuskel der Erganzungen in Rom Bibl. Naz. Sessor. 55 ... die eine Vorstufe des «Tys» darstellen könnte ähnelt der von Monte-Cassino 753 ... in solchem Grade, daß die Frage der Entstehung beider erneut geprüft wer den muß; sie ist von Belang für das Verhältnis der Oberitalianischen Kursiv Mi nuskel zur Beneventana». P. Riché, Education, p. 451, n. 275, souligne que le scriptorium de Nonantola ne se développe qu'à la fin du VIIIème siècle-

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mutilée et le texte est délavé à partir de 3.61.5. Les Senten ces sont la seule œuvre et elles occupent les folios 1-96. Q Vatican, Biblioteca apostolica, Reg. lat. 1823 Écrit au IXème siècle en minuscule précaroline bénéventaine.Ioé Les Sentences occupent les folios 1-117. Il y a une lacune au début jusque 1.7. 10; entre 1.11.4 et 1.16.9; entre 3.2.10 et 3.3.6; entre 3.10.3 et 3.31.2. Aux folios 118-158 un texte d'Eucher suit les Sentences, puis des extraits des Differen tiae aux folios 158-175. 3. Suisse G Saint Gall, Stiftarchiv 228 Écrit en minuscule alémanique primitive, sans doute à Saint Gall même, à la fin du VIIIème siècle, par plusieurs mains, avec des corrections dans une écriture du IXème siècle107. Les Sentences occupent tout le manuscrit qui pré sente une lacune entre 3.13. 10 et 3.14.8; il comporte 132 fo lios. Son texte s'arrête en 3,33 avec un explicit. H Saint Gall, Stiftarchiv 229 Écrit en minuscule précaroline, à la fin du VIIIème siècle pour les 228 premières pages, jusqu'en sent. 2.35.3. 108 II a été continué au début du IXème par plusieurs scribes, comme en témoigne en particulier le nombre variable de lignes à la page. Le manuscrit s'achève, à partir de 3.33 dans une écriture plus régulière et plus serrée, avec 21 lignes à la page au lieu de 18 ou 17 précédemment. Les Sentences occupent tout le manuscrit. '06 C. H. Beeson, hidorstudien, p. 28; B. Bischoff, Lettre, «IX° Beneventanisches Gebiet». Il a été utilisé par Arevalo, qui l'appelle Gothicus (cf. PL 81, col. 849-850); M. Huglo, Origine épigraphique d'une note de copiste, dans Hispania sa cra, I4, 1961 p. 448. '07 C. H. Beeson, Isidortudien, p. 46-47; E. A. Lowe, CLA 7, 931; Brückner, Scriptoria Medii Aeui Heluetica, II, 1936, p. 72. '08 C. H. Beeson, hidorstudien, p. 47; E.A. Lowe, CLA 7, 932; Brückner, Scrip toria Medii Aeui Heluetica, II, 1936, p. 72.

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4. Allemagne M Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 14300 Écrit en minuscule caroline à la fin du VIII ème siècle, dans la région de Salzbourg, sinon à Salzbourg même. Il contient le De natura rerum aux folios 1-21, et à ce titre il a été étudié par J. Fontaine.109 Les Sentences se trouvent aux folios 22-109 et achèvent le manuscrit. Il possède des corrections de Baldo, copiste de Salzbourg. C. H. Beeson signale des symptômes insulaires, mais J. Fontaine pense qu'il a été copié sur un modèle wisigothique. Je n'ai pas trouvé d'élément déterminant à ce sujet dans les Senten ces. m Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 16128 Écrit en minuscule caroline à la fin du VIIIème ou au dé but du IXème siècle à Salzbourg.110 Les Sentences se trou vent aux folios 42-175, après le De natura rerum, en 1-41. On trouve ensuite, d'une main du IXème siècle, la lettre 119 de Jérôme, aux folios 176-204, et, à partir de 205 le De ecclesiasticis officiis. Il a été donné par M.C. Díaz y Diaz, J. Fontaine et E. Lowe comme une copie du précédent; mais il me semble que, pour les Sentences tout au moins, il s'agit plutôt d'une copie plus fidèle d'un modèle commun, car il existe en M des fautes qui ne se trouvent pas en m, alors que celui-ci ne se soucie pas par ailleurs de corriger de nombreux monstres."'

'O' C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 47-48: «Die Verwechslung von r und n, und der Strich über einsilbiges Wörtern deuten auf eine insularen Vorlage». E. A. Lowe, CLA 9, 1294. B. Bischoff, Verbreitung, p. 338. J. Fontaine, Natura, p. 24-25 «comme D, il est proche d'un exemplaire wisigothique du traité». "° С. H. Beeson, Isidorstudien, p. 48. M. С. Díaz y DIaz, Para una edición del poema astronomico del rey Sisebuto, dans Revista de Archivos, Bibliotecas y mu seos 61, 1955, p. 337-340 cité par J. Fontaine, Natura, p 152 n. l et p. 24, n. 3. E. A. Lowe, CLA 9, 1313. "' Voici quelques exemples où m est plus près de l'archétype que Ai: en 1.17.1 exordium au lieu de -dio en M; en 1.14.4 inpassibilis au lieu de pas-, en 1.16.8 obscuritas est au lieu de -tate est; en 1.22.3 m, avec A écrit abest eis, l'archétype a bestiis et M afficitur. Enfin, en 1.29.7 discedite a me ... est omis par M et non par m.

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X Augsburg, Bischöfliche Ordinariatsbibliothek, 2 Écrit à la fin du VIIIème ou au début du IXème siècle, pro bablement dans la région d'Augsbourg"2. Les Sentences se trouvent aux folios 1-131; aux folios 131 et 132 on trouve di vers fragments liturgiques d'une main du XIIèmc siècle. Son modèle était probablement écrit en écriture insulaire. F Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 6309 Écrit en minuscule précaroline germanique à la fin du VIIIème siècle ou au début du IXöme, dans la région de Freising."3 Il contient les Sentences, et elles seules, aux fo lios 1-78. Il comporte de nombreuses lacunes accidentel les, par perte de folios entre 2.23.6 et 2.25.4; 2.29.13 et 2.30.5; 2.33.4 et 2.35.4; 3 2.13 et 3.5.2; 3.11.3 et 3.13.5; 3.39.6 et 3.43.4; 3.46.4 et 3.46.20; de 3.51.4 à la fin. Tous ceux qui l'ont décrit ont signalé l'influence des abréviations insulaires; si nous considérons les innombrables confusions entre quod, quae, quia ou qui, et la confusion entre per et propter, il est évident qu'il s'agit d'un scribe continental ignorant ces abréviations. К Cologne, Dombibliothek, 100 Écrit en minuscule caroline au début du IXème siècle, en Allemagne de l'Ouest."4 Il contient les Sentences aux fo-

"' E. A. Lowe, CLA, 8, 1025; B. Bischoff, S-O.deutsche Schreibschulen, I, p. 48; Panorama, p. 245. Pour l'influence insulaire, voir p. ex. en 1.14.4 propter аи lieu de pro, et en 3.2.8 tamen au lieu de tunc (cf. Lindsay, Notae latinae, p. 495 sqq.). L. Roules, Manuscritos de autores Espanoles en bibliotecas extranjeras, dans Hispania sacra, 18, 1965, p. 449, n. 112. C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 47; E. A. Lowe, CLA 9, 1272; B. Bischoff, S-o. deutsche Schreibschulen, I, p. 63: «Die charakteristische alemanische Schrift mit insularem Einfluß in den Abkürzungen ist wahrscheinlich auf eine einzige Hand zurückzuführen» Pour per / propter voir p. ex. 1,8,1; 1,9,3; i,"t7, Pour les hésita tions sur les pronoms relatifs 1.3.1; 1.4.3; 1.5.3: on peut se demander si derrière ces graphies le plus souvent absurdes grammaticalement, il ne faut pas supposer une confusion entre toutes les formes de relatif, pour lequel il ne subsiste plus qu'une opposition Ki/Ke dans la prononciation à l'époque mérovingienne: cf. V. VÄÄnÄnen, Introduction, p. 133, § 286. "* С H. Beeson, Isidorstudien, p. 47. B. Bischoff, M-A. Studien, I, p. 89; Lettre «IX wohl Westdeutschland».

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lios 2-108, puis quelques explications bibliques jusqu'au folio 115. Son scribe est particulièrement ignorant ou dis trait: il écrit les titres des chapitres sans les distinguer du texte; bien plus, il ne sait pas identifier les parties de mots séparées par la mise en titre du modèle, d'où les curieuses erreurs du début du chapitre 1.16 mina est ecclesiae de ecclesia et heresibus ge pulchritudo ; ou, au début de 1.26 cio pacis de resurrectione incogita sanctorum ... De plus, quand son modèle est corrigé par une glose, il écrit les . deux leçons en les combinant: ainsi, en 1.24.4, Ia première leçon de son modèle, attestée par F, était fiducior au lieu deferocior, et il écrit fieroducior. De même en 1.11.1 il écrit excelsucelsior ; en 1.18.4 uiris uel uia ; en 1.24.1, uelfiebant faciebant. Il ne fait aucun doute que son modèle, comme celui de F, était insulaire: outre les faits déjà signalés pour celui-ci, et souvent au même endroit, mais de façon diffé rente, on trouve en 1.10.5 altiores écrit alciones du fait de la forme particulière du r en écriture insulaire et en 1.18.4 per hoc devenu per autem du fait de la proximité des deux abréviations en cette écriture. W Wolfenbüttel, Weissenburg 44 Écrit en minuscule caroline, dans la première partie du IXcme siècle, à Weissenburg même."5 Les Sentences se trou vent aux folios 1-86. En 87-95 il donne les Prooemia in libris ueteri et noui testamenti ; en 96-110, De ortu et obitu patrum ; en 110-122, le Liber differentiarum ; en 122-139 Les Synonyma. Il s'agit donc d'un corpus isidorien.

"5 H. Butzmann, Kataloge der Herzog August Bibl in Wolfenbüttel, t. lo, Die Weißenburger Hss., Frankfurt am Main, I964, p. 58. B. Bischoff, Lettre, «S. IX' Weissenburg».

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5. France D Paris, Bibliothèque Nationale, latin 64ц Écrit en onciale au VIIIème siècle dans le nord-est de la France, sans doute à Chelles ou à Saint Denis."6 Les Sen tences occupent les folios 35-174, après le De natura reruт. Il y a une lacune entre 2.41.5 et 3.1. 10; entre 3.7.18 et 3.7.27; entre 3.54.1 et la fin. Il a été utilisé par J. Fontaine, qui l'associe à M et qui signale dans son orthographe et dans son écriture des symptômes hispaniques qui invitent à le considérer comme la copie d'un modèle wisigothique. / Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 1432$ Écrit par trois mains différentes en minuscule caroline primitive, à la fin du VIIIème siècle, dans un centre du Sud de la France sous influence espagnole. Il contient les Sen tences aux folios 1-135; puis un recueil d'homélies jusqu'au folio 152. Il y a une lacune au début, jusque sent. 1.5.7. Son modèle était sans doute en écriture insulaire."7 A Autun, Bibliothèque municipale 25 (séminaire 27) Écrit en minuscule précaroline de la fin du VIIIème ou au début du IXèmc siècle, en Bourgogne, peut-être à Fla-

C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 44; E. A. Lowe, CLA 3, 317; B. Bischoff, Ver breitung, p. 326: «In unverkennbarer Abhängigkeit von einem westgotischen Exemplar». Voir p. ex. en sent.1.17.2 superue au lieu de -rbe- en 1.4.4, tam hebes est écrit tam bene sans doute à cause d'une graphie tam heues dans le modèle. J. Fontaine, Natura, p. 23-24. "7 C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 48; E. A. Lowe, CLA 9, 1295; В. Bischoff, Pa norama, p. 241: «Einen leichten Anflug spanischen Stils zeigt am Ende des VIII° Jh. die Schrift der früh nach Regensburg gelängten Hss. CLM 1432;»; S-O.deutsche Schreibschulen, I, p. 337: «das französische Element in der Schrift ist unverkenn bar, aber es ist nicht möglich ihre Heimat enger zu umschreiben. Durch den Ein fluß der insularen Vorlage, die C. H. Beeson annimmt, erklärt sich wohl auch die Stilmischung in der rotgelben haufig rot umpunkten Initialen». Pour l'origine in sulaire du modèle, voir p. ex. 1.16.10 propter au lieu de pro; en 2.3.2 quae au lieu de quia.

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vigny."8 Les Sentences se trouvent aux folios 1-142, puis sur un folio, des extraits de Grégoire le Grand. Il y a une la cune initiale jusqu'en 1,7,1; puis une lacune de son modèle entre 3.6.13 et 3.7.10 dont le scribe ne s'est pas aperçu puisqu'il a continué à écrire comme si le texte était con tinu. Le texte s'arrête en 3.33 comme dans G et H. Il pour rait avoir un modèle wisigothique."9 / Berne, Bürgerbibliothek 107 Écrit en minuscule caroline dans le Nord de la France, dans la première moitié du FXème siècle.120 Les Sentences occupent les folios 1-70 et sont suivies du De uita contemplatiua de Prosper d'Aquitaine. b Berlin, Staatsbibliothek, Phillipps 1686 Écrit en minuscule caroline dans la première partie du IXème siècle, en France121. I1 contient les Sentences aux fo lios 1-121, puis, de 121 à 143, les Differentiae; les Chronica jusqu'en 153; les Soliloquia jusqu'en 174; le De ortu et obitu patrum jusqu'à la fin. Nous avons donc un corpus isidorien, différent de celui de W.

"8 C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 43; E. A. Lowe, CLA 6, jij (corriger le titre Synonyma en Sententiae: cette erreur remonte sans doute à l'inadvertance de Beeson, qui lui a donné ce titre, tout en le classant dans les témoins des Senten ces); B. Bischoff, Panorama, p. 242. Sur le scriptorium de Flavigny voir P. Riche, Ecoles, p. 103. "' Parmi tous les symptômes wisigothiques que l'on ne retrouve pas dans le reste de la tradition manuscrite signalons que Л et G se distinguent par de très nombreuses graphies o au lieu de u. De même, la graphie scribamtur chez A en 1.18.7; quomodo pour commodum en 1.20.2. Plus net, avec BN et G prolixitas au lieu de perplexitas en 1.13.7, sans doute à cause de l'abréviation wisigothique de per. Sur ces phénomènes, voir G.Batelu, Lezioni, p. 149. "° C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 46; B. Bischoff, Lettre: «S. IX' nordl. Frankreich». Le manuscrit divise le texte en sentences comme D et E. '" C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 25;. B. Bischoff, Lettre: «IX' Frankreich».

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Z Londres, Lambeth Palace 377 Écrit en minuscule caroline à Tours dans la première partie du IXème siècle '". Les Sentences occupent seules les 176 folios. On trouve des gloses, en langue anglo-saxonne du XIIème siècle, ainsi qu'un petit folio inséré dans la re liure au niveau du chapitre 1.19, et donnant partiellement le texte de 1.19.18 omis par les membres de la famille de Z. Y Bâle, Universitätsbibliothek В IV 12 Écrit en minuscule caroline de la première moitié du IXème siècle. B. Bischoff ne localise pas l'écriture''3, mais il a appartenu à date ancienne à Strasbourg, d'où il est passé à la Chartreuse de Bâle au XVème siècle. Les Sentences oc cupent les 136 premiers folios, et au folio 137, on trouve un index thématique renvoyant aux pages du manuscrit. On peut penser que le modèle était en écriture insulaire puis que en 1.11.6 on trouve affectioribus au lieu de -onibus ; en 1.11.6 propter transcrit pro ; en 1.24.4 abiectionem au lieu de -oreт. S Paris, Bibliothèque Nationale, latin 2328 Écrit en minuscule caroline dans la première partie du IXème siècle, dans le Sud ou l'Est de la France, peut-être en Bourgogne.124 Les Sentences se trouvent aux folios 2-79. Il y a une lacune du modèle entre 1.25.5 et 127. 2. Au folio 1, se trouve un fragment de rouleau des morts. Au folio 2, avant les Sentences on trouve la fin de la lettre Ad Massonam qui a été considérée parfois comme la préface des

'" E. G. W. Bill, A descriptive Catalogue of the mss. in the Library of Lambeth Palace, Cambridge, 1932 p. 50. Pour les gloses, N. R. Ker, Catalogue of mss. con taining Anglo-saxon. Oxford, 1967, p. 342, n. 279. B. Bischoff, Lettre «IX' Tours». С. H. Beeson, Isidorstudien, p 45; В. Bischoff, Lettre «IX'»; G. Morin, A tra vers les mss. de Bâle. BZG 26, 1927, p. 184. "4 C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 4; B. Bischoff, Lettre: «S. IX1 SüdíOst?)frankreich? Burgund?»; R. Etaix et J. Lemarié, Chromatii Aquileiensis opera, Turnhout, ССSL, 9, 1974; G. Morin, .V. Caesarii Arelatensts opera отnia. Maredsous, t. 1, 1937; E. Wickersheimer, Mss. latins de médecine au Haut M. -A., Paris, 1966, p. 54, n°43-

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Sentences, suivie du canon 19 du Concile d'Ancyre utilisé par Isidore dans cette lettre. Après les Sentences, on trouve le De uirtutibus et uitiis d'Alcuin jusqu'en 116; en 116-118 un sermon d'Augustin; en 119 la Vita sanctae Marinae ; en 120-123 un sermon de Césaire, enfin, en 124, un sermon apocryphe d'Augustin. s Paris, Bibliothèque Nationale, latin 2026 Écrit en minuscule caroline dans la première partie du IXème siècle, dans le sud de la France.125 Les Sentences se trouvent aux folios 6-120. Une seconde main plus tardive a achevé le texte à partir de 3.48.10 au folio 114. Au folio 1 on lit un sermon d'Augustin; au folio 4 la Passion de Pierre et Marcellin; après les Sentences deux folios de fragments li turgiques. T Berne, Bürgerbibliothek 312 Écrit en minuscule caroline dans la première partie du IXème siècle aux environs de Tours, peut-être à Micy.126 Les Sentences se trouvent aux folios 1-74, mais le manuscrit primitif, mutilé à partir de 3.15, a été complété par des ex traits patristiques: d'abord, jusqu'au folio 77 des extraits augustiniens concernant les prophéties du Christ et les sa crements; ils sont suivis d'un commentaire d'Haymon d'Auxerre, au IXème siècle, sur les épîtres aux Corinthiens. Nous n'étudierons pas ce manuscrit qui est une refonte complète des Sentences.127 "5 C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 43; B. Bischoff, Lettre, «S. IX', wohl Süd frankreich»; Ph. Lauer, Catalogue général des mss. latins de la Bibliothèque Natio nale, Paris, 1940; L. Delisle, Les mss. de St. Martial, in Bulletin de la société Ar chéologique du Limousin, t 43, 1895, p. 58; Gaborit Chopin, La décoration des mss à St Martial de Limoges, Paris, École des Chartes, 17, 1969, p. 192; K. Gamber, Co dices liturgici latini antiquiores, t. 2, 1968, p. 390, n" 852. 126 C.H. Beeson, Isidorstudien, p. 46; В. Bischoff, Panorama, p. 241; Heimat, p. 307: «Micy?»; Lettre: «S. IX' (Nähe von Tours)». 127 L'ordre des chapitres et des sentences est constamment modifié selon une logique difficile à saisir, et le texte comporte de notables additions, comme celle-ci qui concerne l'état de l'Eglise, en 1,16,4 Nunc enim persecutionihus appetitur, nunc falsis assertionibus lacessitur. On ne saurait en déduire que le scribe vivait dans une époque troublée, puisque cette phrase se trouve dans le passage des Moralia, dont s'inspire ici Isidore.

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L Lyon, Bibliothèque Municipale 620 (537) Écrit en minuscule caroline dans la première partie ou milieu du \xùmc siècle, peut-être au Sud de la France ou en Catalogne.128 Un certain nombre de passages du texte ef facés, sans doute accidentellement, ont été réécrits plus tardivement, sans doute au XIème siècle, sur la place ainsi libérée, avec des additions notables. Les Sentences occu pent les folios 1-106; puis en 107-110 viennent des extraits bibliques et patristiques et, au folio 110, une partie d'une œuvre d'Adson de Montier-en-Der. О Paris, Bibliothèque Nationale, latin 1568} Écrit en minuscule caroline de la moitié du LXème siècle, dans l'Ouest de la France.129 Les Sentences se trouvent aux folios 1-76. Il contient ensuite un sermon de saint Augustin pour Noël. R Vatican, Biblioteca apostolica, Reg. lat. 2$$ Écrit en minuscule caroline de la moitié ou de la seconde partie du IXème siècle, dans le nord-est de la France.130 Les Sentences sont la dernière œuvre copiée aux folios 110-190, avec le titre insolite Liber spermologon Sancti Isidori.'3'. On

"8 C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 43; B. Bischoff, Lettre, «S. IX' o. med. Süd frankreich? Katalonien?». Ont été réécrits au fol. 63 r° 3.5. 10-16; au fol. 64 r° et v° 3.5.22-30; fol. 77 v° 3.21.3-5 et 7, et 3.22.1-3; fol. 81v° et 82 r° de 3.35.5 à 3.36.4; aux fol. 101-102 v° de 3.55.7 à 3.57.7; aux fol. 102 v°-103 v°, de 3. 57.11 à 3.59.3 jusqu'à diligunt, ajoute une sentence nouvelle. On voit néanmoins apparaître gunt, à demi effacé, de l'ancienne écriture. Enfin, aux fol. юб-107 de 3.61.3 à la fin. La datation de cette écriture m'a été donnée par J.Vezin. D. Verhelst, Adso Deruensis. De ortu et tem pore Antichristi, Turnhout, CССM, 45, 1976, p. 35. 129 C. H. BEeson, Isidorstudien p. 44; B. Bischoff, Lettre, «S. IX med. West frankreich»; M. Huglo, Les livres liturgiques de la Chaise-Dieu, RBen, 87, 1977, p. 82-84. 13° C. H. Beeson, Isidorstudien p. 28; Dom Wilmart, Codices reginenses latini, t. 2, Rome, 1945, p. 15. B. BIschoff, Lettre: «S. IX med. о. 1 Nord-Ostfrankreich»; J. Leclercq, Fragmenta reginiensia, in Ephemerides liturgicae, 61, p. 294; J. N. Hillearth, Elprognosticumfuturi saeculi de san Julian de Toledo, AST, 30, 1958, p. 38. '" Le mot grec spermologos, désigne l'oiseau picoreur de graines, puis le men diant. Il est appliqué à Paul en Act. 1, 18 par les philosophes d'Athènes etJérôme le tra duit par seminiuerbius «grand bavard». On pourrait lui donner le sens que Grégoire de Nazianze donne à spermologein «accumuler des miettes de connaissances».

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trouve aux folios 1-22 le De natura rerum, puis en 23-79 Ie Prognosticon de Julien de Tolède; enfin, en 80-109 YExhortatio ad Hericum de Paulin d'Aquilée. P Paris, Bibliothèque Nationale, latin 13397 Écrit en minuscule caroline de la moitié ou de la seconde partie du IXèmc siècle, dans l'Est de la France, en Bour gogne ou peut-être à Lyon.132 Les Sentences se trouvent aux folios 60-120. Elles sont copiées à la suite du De officiis. A partir du livre 2, le copiste opère une sélection parmi les sentences, et son texte s'apparente plus à une collection d'extraits. Nous ne l'étudierons donc pas ici. p Paris, Bibliothèque Nationale, latin 13398 Écrit en minuscule caroline de la moitié ou de la seconde partie du IXème siècle, dans l'Est de la France.1" Les Sen tences sont la seule œuvre, à l'exception de YEpistola ad Massonam écrite dans les blancs laissés par la capitulation. Des folios 49 à 56, une nouvelle main a réécrit le texte. r Paris, Bibliothèque Nationale, latin 6649 Écrit en minuscule caroline de la seconde partie du IXème siècle dans le nord-est de la France.134 Il contient les Sen tences aux folios 29-106, après le De natura rerum, et avant le Prognosticon de Julien de Tolède et YExhortatio ad Her icum de Paulin d'Aquilée. Ce corpus est donc tout fait conforme à celui de R.

13' C. H. Beeson, Isidorstudien, p. 44; B. Bischoff, Lettre: «S. IX med. od. 2 Ostfrankreich (Burgund, vielleicht Lyon?)». Il manque environ 16 ch. au livre 2, et 40 au livre 3. '" B. Bischoff, Lettre: «IX med. od. 2 Ostfrankreich». La lettre Ad Massonam m'a été datée par J. Vezin entre 950 et 1050. Il m'a signalé également que ce texte était ponctué par des notations musicales. ",4 B. Bischoff, Lettre: «S. IX' Nord Ostfrankreich»; J. N. Hlllearth, El «prognosticum futuri saeculi» de san Julián de Toledo, in AST. 30, 1958, p. 36.

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6. Espagne E Escorial Tll 25 Écrit en minuscule wisigothique antérieure à 894, pour Alphonse III de León. Les Sentences sont la seule œuvre, et occupent les folios 1-128. Il y a une lacune à partir de 3.60.3 jusqu'à la fin. M.C. Díaz y Díaz pense que la main qui l'a écrit, comme le texte, présente des connexions méridionales indéniables, probablement avec Tolède.135 Nous y reviendrons pour l'histoire du texte. U Madrid, Biblioteca nacional 10067 Écrit en minuscule wisigothique par deux scribes, dont le second, à partir du folio 13 v., s'appelle Teodemirus et date son travail de 915 ou de 955. Les Sentences occupent les 87 folios. Il a pu être écrit dans un scriptorium du Nord de l'Espagne, près de León, avec des connexions méridio nales.136 Nous y reviendrons aussi. On voit que notre plus ancien témoin est sans doute B, un siècle environ après la rédaction. Puis viennent С et D du milieu du VIII ème siècle, et sans doute V, qui n'est pas daté avec précision. A la fin du VIIIème, nous avons G, X et J, et le début de H. À la charnière avec le IXème siècle, nous avons Af, m, F et A. La majorité des témoins a été écrite au début du IXème siècle, quand la renaissance carolingienne a fait sentir pleinement ses effets: b, K, L, s, S, I, W, Z et T

"" M.C. Díaz Y DfaZ, Isidoro en la Edad Media Hispana, dans Isidoriana, León, 1961, p. 345-387; et surtout Codices visigoticos en la monarquia leonesa, León, 1983, en part. p. 306: «Tanto la mano que lo escribe como el texto presentan innegables conexiones meridionales, probablemente con Toledo, de donde provenía el mo delo, en tanto que el códice de la Etimologías conservado que figuró con este en la biblioteca real parece provenir de Merída o Sevilla (Escorial TU 24)». En vérité il n'y a pas de texte méridional connu des sentences, et il me semble que l'écriture du scribe peut avoir une autre origine que le modèle sur lequel a été copié le manuscrit. '>6 M. C. Díaz Y Díaz, Codices visigoticos en la monarquia leonesa, p. 326-327: «Contiene las Sentencias de Isidoro de Sevilla, en una tradición aparamente bu ena y antigua ... Ciertamente el texto, y algunos usos formales, dan pie para esta blecer ciertas relaciones con el mundo meridional».

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Ensuite, de la moitié ou de la seconde partie du siècle N, O, P, R et r. Ne sont pas datés avec précision Q, Y et E. La localisation géographique a quelques aspects surpre nants avec le caractère tardif des témoins espagnols, dû à l'invasion arabe de 711. Cette pénurie pourrait nous pous ser à considérer avec attention les quelques symptômes hispaniques que l'on rencontre chez certains témoins, mais ceux-ci ont pu se transmettre fidèlement à travers plusieurs générations de témoins. Nous avons étudié attentivement les manuscrits E et U, et nous verrons que l'on peut douter qu'ils soient proches d'un texte espagnol. Les autres ab sents sont l'Angleterre et l'Irlande. Mais l'on est assuré que plusieurs manuscrits ont eu un modèle en écriture insu laire, dès la seconde moitié du VIIIème siècle, sans que l'on puisse déterminer si les modèles venaient des îles ou de scriptoria établis sur le continent. B. Transmission du texte Nous avons la chance de posséder un certain nombre d'accidents massifs qui nous permettent un premier clas sement des manuscrits. Par commodité nous présenterons dans le tableau ci-joint, ces variantes en les comparant au texte relativement homogène des manuscrits les plus an ciens et les plus nombreux. Dans ce tableau le manuscrit S semble assez composite: il possède les variantes importantes de YIE jusqu'au cha pitre 1,16. Il retrouve ensuite le texte de VNCQLsX du cha pitre 1,19 à la fin du livre 1. Il retrouve YIE à partir du livre 2 jusqu'à l'addition de 3,34,3 comprise. Mais il s'achève avec le reste de la tradition jusqu'à la fin. On peut donc supposer que l'on a affaire à un véritable édition critique de l'ère carolingienne et on l'écartera de la suite de l'étude. Le tableau des variantes principales ci-joint montre que les manuscrits MDRrBbFKVNCQLsX offrent un texte à peu près identique, tandis que les autres témoins se signalent par un nombre de variantes plus ou moins important.

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TABLEAU DES VARIANTES IMPORTANTES variante MD Bb FK V N С Ql Л G H I w I z I 0 J Y I I sX Rr a a 1,5,4;6;8;1o a 1,5,9 a a a a 1,9,6 1 2 2 a 1,9.4 a a a a 1,H,9 a a -1,17,16 -- 1,18,11 + + + + + + + + + 1,19,4-5 a a a I,i9,7-8a a 1,19.8-9 a a 1,19,10b & 13a a a + + 1,19,14-15 T a + + + + + + + + + I,i9,i6b&c a a 1,19,17a Ll a 1,19,'7c u fe e - a 1,19,'8c a a g f+ + + + + + + + + 1.19.19 a a + + + 1,22,6 1,22,27 - -1,27.5 1,27,6 / / / + 1,30,4 + 2,1,2 2,5,13c 2,13,6 + + + + + + + + 2,23,11 2,29,6-7 + 3,13,1 3,14,8-9 3,19-20 -- |i 3,33 à fin + + + + + + + 3,34.3c - + + 3,36,4 & 37,3 - -3,45,5 - 3,50 etc. — 3,55,5 bis 1 1 "I" NOTES (a) lacune accidentelle. (b) Une partie déplacée avant § 8 (c) Texte commun exponctué. (d) Texte légèrement différent. (e) Garde le sicut sans l'exemple. (0 Placé en marge de seconde main (g) Placé après l'addition de 1,19,19 (h) Une main ultérieure reprend le texte

I К U s 1) / a / a

+ + -+c d +

+ + d +

+ + + +

/

-+ + +

/ + + + + + + = / I

SIGlES + : addition; —: omission /: déplacement 2: texte placé aux deux endroits = : non dédoublement de chapitres

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1. Les variantes des manuscrits AGHWZOJYIEU L'ensemble des manuscrits AGHWZOJYIEU se caractérise principalement par les modifications apportées au chapitre 1.19 que j'ai étudié ailleurs137. J'ai en effet essayé de montrer que, pour ce résumé des règles d'interprétation de l'Ecriture proposées par Tyconius, Isidore n'utilisait pas directement le compte-rendu qu'en avait fait Augustin dans le De doctrina christiana, mais un Epitomé réalisé par Jean Cassien ou dans sa mouvance spirituelle. A la règle 2, en 1. 19. 4-5, ces manuscrits proposent un exemple pour expliciter l'énoncé, tandis que les autres ma nuscrits n'en ont pas. Or cet exemple est suspect parce qu'il repose sur un texte à'Isaïe 44,21 cité selon la Vêtus Latina, différent de celui de YÉpitomé; or Isidore cite ha bituellement selon la Vulgate.13S On ne peut alléguer, en revanche, l'absence d'exemple pour conforter leur leçon, puisque toute la tradition est d'accord sur la règle 3, qui n'en donne pas. A la règle 5, de temporibus, que toute la tradition expli que par la synecdoque, ces mêmes manuscrits ajoutent une deuxième explication, en 1. 19. 14-15, qui n'est pas dans YÉpitomé, mais est proche de celle que les autres manu scrits utiliseront pour définir la récapitulation à la règle 6, puisqu'elle évoque le passé et le futur, considérés comme mis l'un pour l'autre, pour AGHWZOJYIEU à la règle 5, et comme mélangés par MDRrBbFKNQLsX à la règle 6. Or Isidore avait déjà exprimé en 1.18.7 à peu près dans les ter mes utilisés par AGHWZOJYIEU, et avec un exemple voi sin, l'idée que le passé est parfois mis à la place du futur. Il est donc possible mais peu probable qu'ayant déjà uti lisé cette explication sur le temps, il l'ait reprise ici à quel ques lignes d'intervalle.

137 Voir mes articles Le livre des Règles de Tyconius, sa transmission du «De Doctrina Christiana» aux «Sentences» d'Isidore de Seville, REAug, 19, 1973, p. 241261, et Cassien auteur présumé de 1'Epitomé des Règles de Tyconius, REAug, 22, 1976, p. 262-297. 138 Voir dans l'index des citations bibliques, celles qui ne dépendent pas de la Vulgate.

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A la règle 6, nous l'avons vu, nous sommes en présence de deux explications différentes de la règle de recapitulatione. Les manuscrits AGHWZOJYIEU, en 1. 19.16, la définis sent comme un retour du récit à ce qui s'était déjà passé antérieurement, tandis que les témoins anciens parlent d'un mélange d'actions passées et d'actions futures. Ici en core, AGHWZOJYIEU citent, dans leur exemple, Genèse 11, 1 selon la Vêtus Latina, reprenant Augustin. On peut penser qu'Isidore a voulu innover quitte à proposer une formula tion simplifiée de la récapitulation, en utilisant son résul tat, le mélange du passé et du présent, au lieu de la défi nition originelle, le rappel du passé. On comprend aussi qu'un correcteur, relisant Augustin, ait trouvé cette formu lation incorrecte, l'ait transférée en la modifiant légère ment dans la règle de temporibus et ait été chercher, dans le De doctrina christiana directement, un exemple tiré de la Vêtus Latina. A la règle 7, l'ensemble des manuscrits AGHWZOJYIEU ont encore modifié l'exemple de l'autre tradition, en pro posant, en 1.19.19, deux exemples évangéliques, au lieu de celui d'Isaïe qui vient de VÉpitomé. Il faut signaler que Z et une seconde main de О connaissent cet exemple d'Isaïe. Le premier est donc manifestement contaminé. Ce sont, à part Z, les mêmes témoins qui ajoutent 2. 23.11: cette sentence serait tout à fait bien venue dans le chapitre, et l'image qu'elle transmet, comparant les maladies qui s'ajoutent les unes aux autres aux pluies répétées, est ap paremment conforme à celle de 2.44.1, mais il y a sans doute plus qu'une nuance entre une pluie continue qui détruit par sa répétition, telle qu'elle est évoquée par l'addition, et la pluie brutale qui détruit par son excès que l'on trouve dans le texte, sûrement authentique. Ce pour rait être une indication géographique même si elle est va gue: on voit mal un sévillan se plaindre de la durée de la pluie. Enfin les manuscrits WZOJYIEU, sans AGH qui se sont arrêtés auparavant, ajoutent, à la fin de 3.34.3, une confi dence, à la première personne, marquant l'hésitation d'un responsable ecclésiastique, pris entre la conscience de son indignité qui le pousserait à abandonner sa charge et.

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l'obligation de s'occuper de son troupeau; il ne sait que faire dans une situation aussi critique. Cette confidence est proche, pour l'aveu des péchés, de 2.1.4 et de 3.1.1 où Isi dore se confesse en se nommant, mais on peut douter qu'il ait hésité à rester en place pour cela: qu'on relise en effet le chapitre 3,39 où Isidore semble faire un plaidoyer pro domo sur les responsables charnels, critiqués parce qu'ils s'occupent de choses matérielles ou la conclusion de 3.42.3 selon laquelle l'évêque doit se sentir le serviteur de son peuple, mais en précisant que c'est en raison d'une exi gence de la charité, mais non un effet de sa condition. L'hésitation manifestée dans cette addition semble peu en rapport avec le caractère d'Isidore, surtout si l'on admet qu'il est à la fin de sa vie, après la tenue du IVe Concile de Tolède, et qu'il se prépare à la mort. 2. Regroupements partiels dans AGHWZOJYIEU Dans ce groupe de manuscrits, on peut distinguer les manuscrits ZOJYIEU qui placent la sentence 1.27.6, telle qu'elle se trouve dans l'édition d'Arévalo, tandis que les autres témoins la placent en fin de chapitre, après 1. 27.11. Or cette sentence évoque le double châtiment qui frappe les impies; elle semble donc plus à sa place après celles qui concernent le jugement (§7li) qu'avant elles. Il faut ensuite étudier le problème posé par le déplace ment de 1.9.6 par YIE, alors que les autres témoins le placent après 1.8. 19, tandis que 1.9.4 est déplacé au milieu de 1.9.1. Curieusement GHW présentent 1.9.6 aux deux endroits. On peut supposer pour le modèle de YIE une rectification mar ginale mal comprise et une contamination pour GHW. Or, le déplacement de 1.9.4 au milieu de 1.9.1 semble injusti fiable: en effet, au début du §1, Isidore affirme que le Dia ble n'a pas créé le mal, mais qu'il Га trouvé (inuentum) et, dans la fin de la sentence, il précise que le terme «trouvé» n'implique pas qu'il y ait eu un lieu ou un temps où le mal existait déjà. La sentence 1.9.4 4ue YIE insèrent entre l'affirmation et la réponse à l'objection, concerne les héré tiques qui croient que Dieu a créé l'âme, mais que le dia ble a créé le mal, ce qui interrompt la suite des idées.

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Ces manuscrits YIE se distinguent encore par diverses omissions au chapitre 1,5: Isidore réemploie ici des élé ments déjà utilisés dans les Etymologies, et ces manuscrits en enlèvent pratiquement tous les exemples, tandis que E garde la sentence 1.5.9, omise par les deux autres. Il en va de même pour 1.14.9 qui concerne l'abandon d'Israël, pour 2.29.6-7 qui interprètent deux expressions bibliques et de 3.14.8-9 qui conseillent à propos de la collado de lire des textes courts et aisément mémorisables. On ne voit aucune raison pour justifier ces omissions, ni pour les condamner. Au contraire, l'addition que font ZYIE en 1.22.6, à propos de ceux qui ne vivent pas selon leur foi, n'a qu'un rapport très indirect avec le chapitre De baptismo et cотmunione dans lequel elle est insérée. Il faut dire enfin que le manuscrit à i'origine de YIE a tendance à simplifier la capitulation: s'il ne s'agit pas d'un simple accident matériel dû à l'habitude de laisser des blancs pour les titres qui devaient être mis en couleur ul térieurement, peut-être le chapitre 1.17 De hereticis a-t-il paru une subdivision inutile de 1.16 De ecclesia et heresibus. Il pourrait, par contre, y avoir des raisons politiques dans la suppression de certains titres de la fin du 30 livre: De delictis principum, De disciplina principum in ecclesia, De prauis iudicibus, De uerbosis et iracundis iudicibus. La plupart d'entre eux semblent souligner, de façon peut-être inopportune, des défaillances princières ou rappeler un pouvoir peu souhaité. Il est fort probable, en revanche, que ce sont bien des raisons politiques qui ont amené, dans le modèle de A et G et de la première main de H, la suppression des cha pitres 3.33-62 qui concernent les évêques et les princes: une confirmation indirecte pourrait en être trouvée dans l'écriture du scribe qui a rajouté en H ce texte absent: en effet, en 3.57.8, il écrit en capitales la phrase suivante atrocem super eos diuinum furorem uenturum, qui existunt persecutores et uiolenti fidelibus. On peut se demander si, en plus de cette protestation graphique, dirigée contre les puissants de ce monde, il n'était pas en conflit avec son évêque ou son abbé, puisqu'il souligne par les mêmes ca pitales le début de 3.34.1 non sunt promouendi ad regimen

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ecclesiae. On pressent ainsi le retentissement que pou vaient avoir les Sentences pour la critique toujours actuelle des puissants de ce monde. Les manuscrits I et E déplacent tous deux la sentence 3.55.3, mise après 3.55.5 par l'ensemble de la tradition; mais si / la place entre 4 et 5, £ la met entre 2 et 4, c'est-à-dire en 3, selon la numérotation d'Arévalo, qui suit l'ordre de E. On peut donc penser que cette sentence omise par ac cident dans un modèle commun aux deux, aurait été écrite en marge avec un renvoi mal placé. Si l'on considère que YIE vont souvent ensemble, on pourrait remonter à leur modèle commun et supposer qu'Fseul aurait bien inter prété le renvoi. Les manuscrits O/et U ajoutent deux sentences en 3.36.4 et 3.37.3. La seconde s'insère bien dans le contexte, et n'offre rien de douteux, puisqu'elle reprend, avec quel ques termes communs, l'exemple de Balaam déjà utilisé en 2.2.10. Par contre, la première pose un problème dans la mesure où toute la sentence tourne autour de l'idée de condamnation de ceux qui prêchent bien et agissent mal. Or la citation biblique de Matthieu 5,19 qui l'appuie con damne ceux qui détruisent un seul commandement et en seignent à le faire; c'est donc quelqu'un qui parle mal et agit mal. Le manuscrit E, notre plus ancien manuscrit espagnol, écrit à la fin du IXème siècle, possède, en plus des varian tes communes à AGHWZOJIEU, une série de modifications qui lui sont propres au chapitre 1.19. En particulier, il ajoute un exemple à la règle 4 et y modifie les citations d'Isaïe données par le texte de la tradition pour leur donner une apparence plus cohérente. De la même façon, à la règle 5, il ajoute encore un exemple et atténue le caractère abrupt des autres manuscrits. Il faut noter que le scribe de £ a commencé à écrire le texte commun en 1.19.13, puis s'est ravisé, l'a exponctué, a ajouté son nouvel exemple, pour revenir enfin au texte commun qu'il avait commencé à transcrire. On peut donc penser qu'il y avait dans son modèle une glose marginale sur la place de laquelle il a hésité. De plus E se distingue encore de toute la tradition manuscrite en inversant les chapitres 3.19 et 3.20, plaçant

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ainsi l'humilité et le travail du moine avant sa tiédeur. En fin il faut signaler que E, qui a toutes les variantes de YI s'en distingue pourtant en réintroduisant la sentence 1.5.9 omise par ceux-ci. Ici encore on peut supposer qu'une glose marginale a réintroduit le texte primitif. Enfin, le manuscrit U, écrit lui aussi en Espagne, au Xème siècle, possède au chapitre 1.19 le texte de E. Il est d'accord avec YIE pour omettre 1.14.9, ne pas dédoubler le chapitre 1.16, et ajouter 1.22.6. Par contre il diverge de E en n'inversant pas les chapitres 3.19 et 20. Il diverge encore dT/E dans les omissions du chapitre 1.5, celles de 2.29.6-7 et 3.14.8-9, dans le dédoublement des chapitres 3.50 et sui vants, et le déplacement de 3.55.3. Pour toutes ces varian tes de YIE, il rejoint le reste de la tradition, mais comme il possède avec OJ les additions de 3.36.4 et de 3.37.3, il est probable que le manuscrit U est une édition de texte faite à partir de la tradition de E et de OJ. On sait que ce der nier manuscrit a été écrit en France sous influence es pagnole, le manuscrit / comportant par ailleurs des traces d'un modèle insulaire. Dans l'état actuel de la tradition manuscrite où manquent des témoins espagnols anciens, il pourrait être tentant de supposer que E et U seraient les représentants d'une fa mille espagnole disparue. Mais, au vu du tableau des va riantes, il me semble plus vraisemblable de penser que les modifications successives se sont ajoutées au texte primitif donné par le groupe relativement homogène des plus an ciens et des plus nombreux manuscrits pour aboutir à E, puis U, plutôt que le cheminement inverse, et donc que ceux-ci sont l'ultime évolution d'un texte revenu en Es pagne après un voyage en Europe et non le témoignage d'un état primitif du texte qui aurait été altéré dans les scriptoria européens. Le seul élément assuré que l'on peut verser au dossier est que le seul fragment en écriture wisigothique qui nous reste du VIII ème siècle possède en fin de livre 3 la capitulation de l'ensemble de la tradition, et non celle donnée par E.I}9 Ceci confirme donc mon hypothèse.

Il s'agit du ms. Paris, Bibliothèque Nationale, latin 4667: il commence en 3.49.1, mais je n'ai pu déceler de variante significative dans ce texte aussi court.

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3. Regroupements dans les manuscrits MDRrBbFKVNCQLsX Face à ces manuscrits plus ou moins modifiés, l'autre groupe offre un texte relativement plus homogène au ni veau des variantes importantes. On peut signaler d'abord au chapitre 1.19.17 à la règle 6, que l'exemple qui vient appuyer la définition de la récapi tulation dans les manuscrits NQLsX, est absent de MDRrBbFK. Or il faut souligner que ces mêmes manuscrits, à l'exception des deux derniers ont un sicut qui n'introduit rien après la définition. Or l'exemple proposé par YÉpitomé, dont j'ai essayé de montrer qu'il était la source d'Isidore et qu'il remontait peut-être à Cassien, ne conve nait pas puisque le problème qu'il fallait résoudre ne se posait pas dans la traduction de la Vulgate: YÉpitотé voit un problème dans le fait que, dans le texte latin à sa dis position, le récit de la Création de l'homme se fait avant celle du paradis140, alors que dans le récit de la Création en six jours les arbres et les plantes sont nés le troisième jour. Mais dans le texte de la Vulgate hiéronymienne à la disposition d'Isidore, le problème est résolu par Jérôme141. On peut donc supposer qu'Isidore, qui connaissait la Vul gate, n'avait plus d'exemple et qu'il a laissé un sicut en at tendant d'en trouver un; mais dans ce cas il aurait pu lais ser l'énoncé sans exemple comme à la règle 3. On peut aussi supposer que l'exemple d'Isidore se trouvait dans le texte primitif, tel qu'il est dans NQLsX et qu'il a disparu du reste de la tradition manuscrite par suite d'un accident ma tériel, dont le sicut serait la cicatrice. Pour confirmer l'authenticité isidorienne de l'exemple on peut rappeler

,4° Le texte de l'Épitomé écrit comme Augustin: «et plantauit inquit, deus paradisum, et posuit in ea hominem ...», où les parfaits suggèrent une succession temporelle: façonnage de l'homme, création du paradis, mise en place de l'homme dans le paradis. ,4' Il écrit en effet: «plantauerat autem dominus deus paradisum uoluptatis a principio, in quo posuit hominem quem formauerat»: Jérôme, en précisant a principio avec son plus que parfait plantauerat, résout le problème posé par la discordance entre le récit yahviste et le récit sacerdotal de la céation.

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qu'il est proche de celui de YÉpitотé, puisqu'il repose sur un texte de la Genèse voisin de l'exemple de celui-ci. On peut regretter la lacune accidentelle de V et de C, les plus anciens témoins du sous-groupe, qui empêche ceux-ci de la confirmer. C'est un accident matériel qui explique sans doute la perte de la fin de 2.5.13 par BbFK: Isidore vient d'expliquer comment on peut dire que Dieu endurcit quelqu'un, et il continue, dans le passage omis, en montrant la même chose pour le fait qu'il l'aveugle. Quant aux rares omis sions importantes qui associent des manuscrits de groupes différents, en 2.13.6 pour V et E, et en 1.27.5 pour BbVNAW, il faut signaler qu'il s'agit de sentences ayant le même incipit que la voisine, ce qui a pu favoriser l'erreur ma térielle. 4. Histoire du texte On peut ainsi dès à présent dégager une première his toire du texte à partir de ces suppressions, additions ou modifications faites au texte d'Isidore. D'abord, on peut partir de l'absence de l'exemple de 1.19.17 par le manuscrit qui a donné MDRrBbFK tandis que VNCQLsX refléteraient peut-être le texte primitif. Ensuite, un manuscrit a perdu la fin de 2.5.13, et il est à l'origine de BbFK, donc avant В notre plus ancien témoin, qui date du début du VIIIème siècle. Sont venues d'un autre côté les premières modifications apportées par AGHWZYlEU en 1.19. Il est difficile de préci ser si l'auteur de la modification avait en mains un exem plaire qui comportait l'exemple de 1.19.17 ou non: on peut penser que le sicut isolé a pu pousser ce scribe cultivé à faire des recherches personnelles pour pallier cette lacune, ce qui l'a conduit à de nouvelles modifications, mais ceci reste hypothétique. On peut être assuré cependant que ces modifications sont antérieures à A,G et /qui sont de la fin du VIII6me siècle. C'est à cet auteur que l'on doit aussi l'addition de 2. 23. 11, qui évoque une pluie continue. Si l'on admet également que c'est le même homme qui a écrit l'addition de 3.34.3 qui évoque les états d'âme d'un pasteur partagé entre son devoir et son repentir, on peut dire qu'il

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s'agit d'un scribe cultivé, habitant dans une région soumise à un climat pluvieux, et peut-être évêque. En tout cas c'est plutôt dans les milieux monastiques qu'il faut rechercher l'auteur du modèle de AGHW, puisqu'il lui a semblé bon d'omettre ce qui concerne les évêques et les princes. Et c'est un acte politique qui a poussé ultérieurement au IXème siècle, les copistes de Я et de Wà le réintroduire. On doit ensuite supposer qu'à partir de cet état du texte a eu lieu le déplacement de 1.27.6, qui caractérise les ma nuscrits ZOJYIEU; à ce témoin, un nouvel interpolateur, père de О/, a ajouté les sentences qui concernent toutes les deux la charge d'enseigner. Toujours à partir de ce té moin, un autre correcteur a introduit les nombreuses va riantes qui caractérisent YIE: omission de sentences comme en 1.5, en 2.29.6-7, en 3.14.9. Il y a aussi des omis sions de titres de chapitres par regroupement de certains d'entre eux: il est difficile de trouver une cohérence dans toutes ces variantes, surtout si l'on y ajoute l'addition de 1.22.6 qui condamne ceux qui n'agissent pas en conformité avec leur proclamation de foi. Elles peuvent en tout cas être plus tardives puisque Y et / ne sont que de la première moitié du IXo siècle, et E est plus tardif encore. Les dernières modifications ici étudiées sont le fait du plus ancien manuscrit espagnol E: il disposait d'un texte identique à celui de yet /, mais comme il réintègre 1.5.9 omis par ces derniers, il faut supposer qu'il disposait d'un témoin d'une autre tradition ou que son exemplaire avait ce texte en marge. Ce manuscrit se préoccupe surtout de clarté, et a le souci d'enrichir le texte d'Isidore en appor tant de nouveaux exemples à ses exposés. À l'ultime bout de l'évolution le manuscrit U unit manifestement les leçons de E avec des témoignages pris au groupe OJ, telles que les additions de 3.36.4 et de 3.37.3. C'est à la même source qu'il a pu prendre le texte de 1.5.4,6,8 et 10 omis par E. On peut trouver en Z une tentative antérieure de conta mination entre deux textes, lui qui combine à la règle 7 du chapitre 1.19, les exemples des deux familles. Or ce manu scrit est de la première partie du IXème siècle. C'est l'époque à laquelle a été écrit S, non présenté dans le ta

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bleau: il comporte d'abord, jusqu'en 1.16 les variantes de YI, puis en 1.19 le texte de NQLsX qu'il abandonne de nou veau entre 2. 23. 1l et 3.34.3 pour retrouver les variantes propres à YI. C'est le témoin d'une véritable édition de texte. Un peu plus tardif, de la moitié ou de la seconde partie du IXème siècle, p suit généralement le texte de NQLsX sauf pour le déplacement de 1.9.4 puisqu'il a le texte aux deux endroits, et pour l'addition de 2. 23. 11 et de 3.34.35. Apport des variantes de détail A l'intérieur du groupe MDRrBbFK, les variantes de dé tail permettent d'isoler МД142 ce qui confirme l'appa rentement signalé par J. Fontaine pour le De natura verum; de même on peut regrouper RrBbFK puis deux par deux R et г, В et b, F et K. 143 Parmi les manuscrits qui don nent l'exemple de 1.19.I7, c'est à dire NQLsX, il faut sans doute regrouper QLsX qui ont un certain nombre de va riantes communes, et y ajouter C, qui s'associe parfois à eux pour des variantes souvent grammaticales ou séman tiques.144. A l'intérieur de ce groupe, on peut distinguer L

'4' J. Fontaine, Natura, p. 72. MD se signalent surtout par la leçon intolerabilis, attribué à Dieu dans le titre de 1.1, au lieu de incommutabilis et par une erreur commune de numérotation, à partir de 3,30 numéroté 31, ce qui décale tous les numéros jusqu'à la fin. '43 (Sigles employés dans les tableaux ci-dessous: + addition; - omission; / in version de mots; @ substitution d'un mot à un autre) Exemples du livre 1 pour Rr 1.1.2 / deus solus; 1.3.1- uel; 1.5.2 - et; 1.5.6 bis @ dominum; 1.13.7 - adeo; 1.19.9 uniuersum; 1.19. 12 - per partem ... temporis. Pour Bb: 1.10.13 - ex numero ... cognitus; 1.15.6 - aliis scientiae; 1.18.7 @ uero. Pour FK: 1.2.4 - de loco in; 1.6.1 - in fimo; 1.8.1 - de mundo; 1.8.9 + sum; 1.8. 13 / mane fiebat; 1.8.18 / est pulchrum ; 1.10.1 @ uocantur ; 1.10.4 @ ut; 1.10. 5 @ denuntiat; 1.10.23 @ ipsa; 1.11.5 @ naturali; 1.14.13 - nam; 1.14.15 - prophetae; 1.16.8 @ ob; 1.16.11 / placare deum sibi; 1.16.13 @ pro; 1.19.8 @ uertit; 1.24.3 / sunt linguae in signuт. Pour RrBbFK. 1.2.4 - sumit; 1.8. 18 - ad; 1.15.6 - ita. '44 Quand С est lacunaire 1.8.5 @ incommutahile (accord avec quod); 1.13.9 @ inrationabilibus (complément au datif de inesse); 1.16.13 aut (au lieu de et); 1.17.3 + extiterunt (sous-entendu); 1.18.2 + se (sujet de la proposition infinitive); 1.20.3 facta (inutile?); 1.25.5: prodigia (= signa). Pour CQLsX 1.21.2 + cernimus (introduit la prop, inf.); 1.23.3 Damasco (complément de lieu pour l'adjectif); 1.29.7 + non (cohérence du texte); 2.5.13 - ab eis; 2.14.8 / uitaefinem; 2.44.3 - eí; 2.41. 1 + nouerit (introduit prop, inf.); 3.5.9 + Deus (mot sous-entendu); 3. 32.11 @ detrahere (au lieu de detractare); 3.37.6 @ qui (au lieu de dum); 3.52.4 @ promet (au lieu de reddit); 3.60.12 + uel disciplinae (glose après doctrinae?)

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et s, par de nombreuses variantes communes145. Au manu scrit V, de la fin du VIIIème siècle, mais lacunaire et sou vent peu lisible, il faut associer l'excellent /V, qui est mal heureusement de la fin du IXème.146 Dans le groupe AGHW, confirmé par les variantes de détail, on peut associer GHW et dans ces trois témoins G et H, très souvent proches l'un de l'autre.147 Pour le reste des manuscrits, les variantes de détail pré sentent une situation extrêmement confuse. On peut néan moins relever quelques rencontres, au niveau des varian tes de détail, entre les différents sous-groupes, qui peuvent être intéressantes pour suggérer des cheminements: ainsi on ne rencontre pratiquement pas d'association entre les autres sous-groupes, tandis que BF est associé parfois à VN, à CQLX et surtout à AG, mais peu à JIE.'4* On peut donc supposer que B, notre plus ancien témoin, écrit à Bobbio au début du VIIIème siècle, est proche du centre de diffusion des différentes familles; non pas en lui-même d'ailleurs puisqu'il a des lacunes que l'on ne retrouve pas chez les autres,149 mais par son modèle, qui, de Bobbio, a pu essaimer à travers toute l'Europe grâce au réseau des relations de ce monastère avec les îles Britanniques, la Gaule, et surtout Pavie, la capitale Lombarde. On pourrait

'45 Au livre i: 1.3.2 @ atque; 1.8.2 - est; i.ra.6 + eius; 1.13.7 @ praeest et cogitatio; 1.19.11 @ describitur. '4б 1.24.1 @ sed; 1.25.7 + non ; 127.11 - ordini ... sunt; 1.28.3 @ ligamento et indicatio; 2.3.4 • sicut; 2.3.7 • caritate; 2.5.8 @ id ; 2.8.7 / ad oculos hominum; 2.8.8 / melior esse; г.11.3 + semper; 2. п. 12 @ ex; 2.12.8 @ conuersione et designant: 2.39.22 - coaequari; 2.42.8 @ adtendat; 3.5.14 - repellitur si prima. '47 Au livre i. pour AGHW (A ne commence qu'en 1.7.2): 1.14.7 @ edere; 1.14.9 @ primum; 1. 14.10 - Christus; 1.15.2 @ essent ; 1.16.4 @ pertinaciam, 1.16.7 @: tenere; 1.20.2 @ unaquaeque; 1.22.1 - catholicam; 1.22. 7 / fecit; 1. 23. 4 / propter, 1. 24. 3 ecce et uirtutibus; 1.26.3 @ seruientis. Pour GHW: 1.7.2 @ simili; 1.8.6 / fundatus; 1.8.10 @ enumeratam; 1.8.11 / sanctus dicitur; 1.8. 13 - e/; 1.9. 10 @ domino; 1.10.9 + «ero; 1.10.14 @ ueritatis; 1.10.15 + eis; 1.14.18 @ corporalem; 1.18.6 - de. Pour G#: 1.1.2 @ immutatur; 1.1.6 - in; 1.8.1. @ inuisibilibus; 1.8.4 - exorta non est; 1.8. 15 yîei; 1.9.9 / яni nojcia effecta; 1.10.3 @ nam; 1. 10.15 - esse; 1Л4-8 / dona dei; 1.18.14 + est; 1.20.3 @ remissa. '48 BFVN: 1.27.3 - 2.2.12 @ iaт; 2.42.9 @ dimissuruт. BFCQLX: 1.27.3 / sericordiae pietate homo (В n'inverse pas, mais omet homo); BFCL 2.35.3 @ fallacitas; 3.46.8 / sermo diuinus increpans; 3.47.1 / reges principes. '49 En 1.6.2 omission de ei pro tenuit tenet dicitur; en 1.24.3 - wo" fidelibus ... signum

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expliquer ainsi la parenté de В avec F, dont le modèle est en écriture insulaire. Si l'on considère ensuite WVet CQLsX, qui, à part les trois derniers, sont italiens d'origine, ils forment un bloc de va riantes assez homogènes et bien attestées, parfois par les deux groupes, parfois par un seul des deux.150 Si les va riantes avec VN sont le plus souvent sans influence sur le sens, comme des inversions ou des additions ou suppres sions de mots outils, nous avons vu que celles des seuls manuscrits CQLsX se caractérisent par une véritable recti fication du texte d'Isidore, parfois sur le fond, mais le plus souvent sur la grammaire. Il faut rappeler que С a sans doute été écrit au Mont-Cassin au milieu du VIIIeme siècle, et que c'est le plus ancien témoin connu de ce scriptorium: il a donc été écrit au moment de la restauration de ce mo nastère par Pétronax, après le séjour de Willibald, qui avait été formé en Angleterre. Paul Diacre viendra au Mont-Cas sin un peu plus tard. Là encore la liaison de C, le plus an cien membre de ce groupe avec X, copié en Allemagne dans la seconde partie du VIIIème sur un modèle insulaire, s'explique par les liens étroits entre le monastère bénédic tin restauré et les moines insulaires qui ont contribué à la diffusion de la Règle bénédictine à travers l'Europe. Comme V, écrit à la fin du VIIIème siècle dans le Nord de l'Italie, et N, issu un siècle plus tard de la même région, ce groupe CQLsX est à mettre au crédit de la rénovation des études, en grande partie sous l'impulsion des moines in sulaires: on le voit à certaines corrections analogues que l'on trouve également dans les manuscrits F et /, qui ont également un modèle insulaire. Ces manuscrits se carac térisent donc par un effort pour rendre le texte d'Isidore plus correct, sans rien y ajouter ou ôter d'important. L'attitude des autres groupes est différente, nous l'avons vu. Il est évident aussi que AG est issu d'un manuscrit pro che de BF et lorsque AG a une variante commune avec

'50 2.8.6 + ut; 2.10.4 @ praedicatur; 2.10.4 - uitae; 2.29.4 + sicut et ita; 2.29.19 + eo; 2.36.2 @ perueniant; 2.36.4 - uero\ 3.3.1 @ perire.

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CQLX, elle se trouve aussi en В.15' Nous avons signalé dans A des indices qui semblent indiquer un modèle wisigothique. Il est certain que beaucoup de ces indices ont pu passer à travers le filtre de plusieurs témoins, même en écriture non wisigothique - nous l'avons vu pour is écrit his dans toute la tradition -, mais les phénomènes signalés sont propres à A parfois associé à S et à G, et il n'est pas impossible de penser que les modifications apportées à leur texte se trouvaient déjà dans leur modèle en écriture wisigothique. On connaît par ailleurs la présence au VIIIème siècle d'une importante colonie de sujets du royaume de Tolède, chassés avec leurs manuscrits par l'invasion arabe, dans toute la Gaule du sud-est, d'Albi à la Bourgogne. Ces milieux immigrés auraient pu considérer le texte d'Isidore comme leur bien: ils possédaient une certaine culture patristique sans avoir l'ascétisme gramma tical des moines irlandais et ils pouvaient ne pas apprécier la pluie, surtout s'ils se trouvaient en Bourgogne à Flavigny, où Л a sans doute été écrit. Les autres manuscrits /, / et E ont une origine beaucoup moins décelable que les premiers manuscrits évoqués. Il est notable que /, le plus ancien d'entre eux, présente des symptômes insulaires, bien qu'il soit écrit près de l'Espagne, à la fin du VIIIème siècle. On peut penser à un début de rapatriement de l'œuvre d'Isidore ainsi amorcée, et qui s'achèvera avec E pour la cour d'Oviédo, par un exemplaire différent venu de France. Le seul point com mun entre ce sous-groupe IE et les manuscrits de la pre mière famille est la division en sentences qui est la même que celle que l'on trouve en D: c'est un fait important qui reste difficile à interpréter faute d'autre rapprochement au niveau des variantes de détail. Mais nous sommes mainte-

'5' 3.5.32 - iam (BFCLAG); 3.11.3 @ tamen (BCLXAG); 3.19.1 / monachus quisque (BCLA); 3.21.5 / prohibere pietatis (BFCLAG); 3.21.6 @ designare (BCAF); 3.23.13 / ualidius per humilitatem (BFCLAG); 3.27.3 / ad se (BFCLAG); 3.7.15 / orantis erga deum (BFCLAGJ). Pour l'association BFAG: 1.12.2 @ principio; 1.14.8 / nobis medicinam; 1.14.16 / sanctorum animae tenebantur, 1.15.3 Щ sanctus; 1.16.12 @ non proderit eis; 1.17.5 @ ueniat; 1.18.11 - in; 1.19.12 / plenis diebus; 1.20.1 / testamentum uetus ; 3.25.7 @ peruersa; 3.27.1 @ animi.

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nant au IXème siècle: le renouveau de la culture et l'abondance des manuscrits a permis la réalisation d'éditions contaminées dont nous ne pouvons plus suivre le cheminement, malgré l'abondance relative des témoins.

PRESENTATION DE L'EDITION Le texte latin établi ici est, sauf exceptions motivées, fondé sur les manuscrits MDB, systématiquement préférés aux autres témoins, chaque fois que leur texte était com préhensible. Le texte est - peut-être à l'excès - conserva teur du point de vue de la morphologie et de la syntaxe: j'ai choisi de proposer à la réflexion du lecteur un texte râpeux et difficile, quitte à indiquer en notes des solutions qui, à peu de frais, en amélioreraient la lecture, plutôt qu'un texte plus conforme à la norme. Il m'a semblé utile de ne pas laisser échapper la possibilité de saisir une lan gue en mouvement, chez un auteur que l'on jugeait jusqu'ici plus correct. Si mon hypothèse sur les circonstan ces de la rédaction des Sentences, est acceptée, ce choix semble suffisamment justifié. L'apparat critique n'a retenu que quelques manuscrits représentatifs des différentes familles, et il est destiné à permettre une ébauche de l'histoire du texte pour les VIIIème et I-^ème socles. La liste des manuscrits disponibles est donnée en tête de sentence lors de chaque change ment. Les manuscrits donnant le texte retenu ne sont pas cités - sauf en cas de difficulté particulière, il faut donc les déduire par soustraction; un A 1 (première main de A, avant correction), suppose un A2 (deuxième main de A) exprimé ou sous-entendu et réciproquement. Les mots latins y sont abrégés dans la liste des variantes par un point si le mot n'est pas modifié et par un tiret si le mot est partiellement altéré. Les variantes purement orthographiques ou incapa bles de donner une leçon intelligible que j'avais éliminées, sauf si un autre témoin avait une autre leçon au même en droit ou lorsque cela pouvait éclairer l'histoire du texte ont été en partie réintroduites à l'initiative de mes correcteurs, à partir de mes propres collations. Même si cette masse

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d'erreurs est sans intérêt pour l'établissement du texte, peut-être interessera-t-elle la spécialiste des scriptoria. Les manuscrits sont toujours présentés dans le même or dre et ils sont regroupés en familles grâce à des espaces. Les lemmes sont présentés à la suite, sentence par sen tence et ligne par ligne. Pour les cas où le choix du texte pose un problème, l'introduction grammaticale qui regroupe les problèmes qui pouvaient être systématisés, permet de comprendre pourquoi j'ai conservé un texte des manuscrits apparem ment difficile. Quelques notae criticae en fin de volume expliquent mes choix éditoriaux, proposent parfois une correction non retenue ou attirent l'attention du lecteur sur des points non relevés dans l'introduction grammaticale. L'apparat des sources distinguera les sources assez sû res, des rapprochements éventuels précédés de «cf.». Dans cette collection, où l'apparat des sources est succinc tement présenté avec la seule référence, il ne m'a pas été possible d'intégrer tous les rapprochements que j'avais pu déceler dans mon travail originel où je pouvais à la fois citer le texte en cause et nuancer mon propos entre source sûre, source probable ou possible, idée identique ou ana logue, même mouvement, même utilisation d'un texte scripturaire, etc. C'est particulièrement vrai pour les rap prochements avec Grégoire le Grand, dont on voit bien qu'il a profondément influencé la théologie morale d'Isidore, qui s'en est imprégné jusqu'à en reproduire les tics littéraires - par exemple «il y a deux, trois, quatre sor tes de ...» - mais dont on ne découvre pas toujours exac tement le texte avec des associations de mots significati ves. Je n'ai donc conservé que les sources à peu près sûres et les sources possibles. Le chantier des sources des Sen tences reste donc largement ouvert, même si je pense qu'Isidore s'y montre moins compilateur que dans ses au tres œuvres. On distinguera de même, dans les citations bibliques, les citations directes des allusions, porteraientelles d'un seul mot, que j'ai signalées par «cf.», même s'il est difficile ici aussi d'arriver à l'exhaustivité.

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636 (Perte U.1917;

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СOmission] ГCorrections | 1.22.27 ) grammaticalesJ Addit1on 2,23,I modif>cations I, ^Addition Л ,2J,2;3:i3.lj^6— (Omission^ 1 N J .22.27 J J (^Déplacement I,27,6^ ^ (addition 1,22,6^ Omission titres I,I7:3,52 etc omission I,5,4;1,14,9; 2,29,6-7:3,I4,8-9 déplacement I,9,6:I,9,4

Les manuscrits utilisés dans l'apparat ont été soulignés.

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INTRODUCTION

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INDEX SIGLORVM ET ABBREVIATIONVM A В С D E G I J M N Q V X Arev

Autun, Bibliothèque municipale 23 (sém. 27) Milan, Bibliothèque ambrosienne, С 77 sup. Mont-Cassin, Bibliothèque abbatiale, 753 Paris, Bibliothèque nationale, 6413 Escorial, T II 25 Saint-Gall 228 Berne, Bibliothèque municipale, 107 Munich, CLM 14325 Munich, CLM 14300 Novare, Bibliothèque capitulaire (XLIII) 24 Vatican, Reginensis latinus 1823 Vérone, Bibliothèque capitulaire LV (53) Augsburg, Bibliothèque épiscopale 2 Texte de l'édition d'Arévalo

om. cett. ~ A' A'

omisit ou omittunt ceteri inuersio duorum uerborum prima manus codicis ante correctionem secunda manus, post correctionem uerba omissa inter prima et ultima uerba abbreuiatio cuiusdam uerbi sine mutatione pars mutata cuiusdam uerbi cum prima littera communi pars mutata cuiusdam uerbi cum ultima littera cотmuni capitulatio & diuisio sententiarum editionis Arevalo noua distinctio sententiarum sententia omissa in editione Arevalo capitulatio codicum

. {ex. gr. d.) - {ex. gr. disp-) - {ex. gr. -auit) 1,1; ijetc. 2,3a et 2,3b 2,3bis I, II, III etc.

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE

INCIPIVNT Capitvla Libri Primi, Secvndi vel Tertii. I. II. ill. Нil. v. vi. vu. VIII. viili. X. XI. XII. XIII. хин. XV. XVI. XVII. XVIII. xviiii. XX. XXI. XXII. XXIII. xxiiii. XXV. XXVI. xxvii. XXVIII. xxviiii. XXX. XXXI.

Quod Deus summus et incommutabilis sit. Quod inmensus et omnipotens sit Deus. Quod inuisibilis sit Deus. Quod ex creaturae pulchritudine agnoscatur Creator. Quod ex usu nostro quaedam species ad Deum referantur. Quod Deo nulla temporum successio adscribatur. De temporibus. De mundo, Vnde malum. De angelis. De homine. De anima ceterisque sensibus. De sensibus carnis. De Christo. De Spiritu Sancto. De ecclesia et heresibus. De hereticis. De gentibus. De lege. De septem regulis legis. De differentia testamentorum. De symbolo et oratione. De baptismo et communione. De martyrio. De sanctorum miraculis. De Antichristo et eius signis. De resurrectione. De iudicio. De gehenna. De poenis impiorum. De gloria sanctorum. Explicivnt Capitvla Libri Primi.

Cap. MDB N X GIE Capitula trium Hbrorum ante libri primi initium habent MDB N IE etfartasse habuerunt AJ qui lacunam in initio habent nec ulla capitula ante secundum et tertium librum; Capitula Hbrorum ante unumquemque librum habent V COX; Nulla capitula G 1 incommutabilis] intolerabilis MD 4 inuisibilis] -les M" deus] от. В 20/34 XVII de hereticis] от. IE et postea XVIII = XVII etc. z1 gentibus] -tilibus D 35 expliciunt capitula libri primi ] -cit -tulum de libro primo E

CAPITVLA

4

INCIPIVNT CAPITVLA Libri Secvndi. i. il. in. un. v. vi. vu. vin. vim. X. XI. XII. XIII. хин. XV. XVI. XVII. XVIII. xviiii. XX. XXI. XXII. XXIII. xxiiii. XXV. XXVI. XXVII. XXVIII. xxviiii. XXX. XXXI. хххп. XXXIII. xxxiiii. XXXV. xxxvi. XXXVII.

De sapientia. De fide, De caritate. De spe. De gratia. De praedestinatione. De conuersis. De primordiis conuersorum. De conflictu conuersorum. De remissa conuersione. De exemplis sanctorum. De conpunctione cordis. De confessione peccatorum et paenitentia. De desperatione peccantium. De his qui a Deo deseruntur. De his qui ad delictum post lacrimas reuertuntur. De peccato. De leuioribus peccatis. De grauioribus peccatis. De manifestis occultisque peccatis. De peccati amore. De peccandi necessitate. De peccandi consuetudine. De peccati recordatione. De cogitatione. De conscientia. De intentione mentis. De sensibus carnis. De sermone. De mendacio. De iuramento. De uitiis. Quod ex uitiis uitia et ex uirtutibus uirtutes oriantur. De male usis uirtutibus. De simulatis uirtutibus. De appetitu uirtutum. De pugna uirtutum aduersus uitia.

52 deseruntur] disse- В 53 dilectum] dilec- M 58 pecati amore] a. peccandi V

57 occultisque] -tis J

CAPITVLA XXXVIII. XXXVIIII. XL. XLI. 8o XLII. XLIII. XLIIII.

De De De De De De De

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superbia. fornicatione. continentia. cupiditate. gula. ebrietate. abstinentia. Explicivnt Capitvla Libri Secvndi. Incipivnt Capitvla Libri Tertii.

85

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но

I. II. III. IIII. V. VI. VII. VIII. Villi. X. XI. XII. XIII. XIIII. XV. XVI. XVII. XVIII. XVIIII. XX. XXI. XXII. XXIII. XXIIII. XXV. XXVI. XXVII. XXVIII.

De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De De

flagellis Dei. gemina percussione. infirmitate carnis. tolerantia diuinae correptionis. temptationibus diaboli. temptamentis somniorum. oratione. lectione. adsiduitate legendi. doctrina sine gratia. superbis lectoribus. carnalibus lectoribus et hereticis. libris gentilium. conlatione. contemplatione et actione. contemptoribus mundi. sanctis qui se a consortio saeculi separant. praeceptis altioribus monachorum. tepore monachorum. humilitate monachi uel opere. monachis qui curis saeculi occupantur. his qui mundi amore praepediuntur. iactantia. hypocrisin. inuidia. simulatione. odio. dilectione.

83 expliciunt capitula libri secundi ) -cit -tulum de libri secundo E 86 per cussione ) percussione M 9i legendi ) intelleg- X 103/104 XVIIII de tempore monachorum XX Dehumilitate monachi uel opere ) permutant IE

6 xxvilH. XXX. XXXI. XXXII. XXXIII. xxxilH. XXXV. XXXVI. XXXVII. XXXVIII. xxxviiii. XL. XLI. XLii. хин. XLiiii. XLV. XLVi. XLVii. XLViii. XLViiii. L. LI. Lil. Lin. Liiii. LV. LVi. LVii. LViii. LViiii. LX. LXi. LXH. LXlH. LXlHl. Lxv. LXVI.

CAPITVLA De fictis amicitiis. De amicitia munere orta. De malorum concordia. De correptione fraterna. De praepositis ecclesiae. De indignis praepositis. De indoctis praepositis. De doctrina et exemplis praepositorum. De his qui bene docent et male uiuunt. De exemplis prauorum sacerdotum. De praepositis carnalibus. De iracundis doctoribus. De superbis doctoribus. De humilitate praepositorum. De doctrinae discretione. De silentio doctorum. De praebenda sacerdotali protectione in plebe. De disciplina sacerdotum in his qui delinquunt. De subditis. De praelatis. De iustitia principum. De patientia principum. De delictis principum siue exemplis. Quod principes legibus teneantur. De disciplina principum in ecclesia. De iudicibus. De prauis iudicibus. De uerbosis et iracundis iudicibus. De acceptione personarum. De muneribus. De testibus. De causidicis. De oppressoribus pauperum. De tribulatione iustorum. De amatoribus mundi. De amatoribus misericordiae. De breuitate huius uitae. De exitu. Explicivnt Capitvla Libri Tertii.

Í3S delictis] dilectis M' 135/150 capitula LI, LUI, LV, LVI] от. IE ita LU = LI; LUI = LII; LVII = LUI; LVIII = LIIII usque LXVI = LXII 151 expliciunt capitula libri tertii ) -cit -tulum de libro tertio E

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, i

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I. QVOD DEVS SVMMVS ET INCOMMVTABILIS SIT. 1,1. Summum bonum Deus est, quia incommutabilis est et corrumpi omnino non potest. Creatura uero bonum, sed non summum est, quia mutabilis est ut, dum sit quidem 5 bonum, non tamen esse potest et summum. 1,2. Quid est Dei inmortalitas, nisi eius incommutabilitas? Nam et angeli et animae inmortales sunt, sed inmutabiles non sunt. Ideoque solus Deus dicitur inmortalis quia solus incommutabilis. Nam anima moritur, dum, deserente 10 Deo, de bono in malum mutatur. Sic et angelus, dum, de serente Deo, est lapsus. 1.3. Quod materiam habet unde existat, mutabile est, quia de informi ad formam transit. Quod uero non habet materiam, inmutabile est, sicut Deus utique est. Bene ac 15 substantialiter sunt ista in Deo, id est incorruptio, inmor talitas, incommutabilitas. Inde et merito cunctae praeponitur creaturae. 1.4. Opus, non consilium apud Deum mutari, nec uariari eum quia per uaria tempora diuersa praecepit; sed manens 20 idem incommutabilis et aeternus, quid cuique congruum

I,i,8 Cf. I Tim. 6,16 I,1,2/5 Isio. etyт. 7,1,28: ВАС 433.628 2/4 Ave nat. bon. 1,1: CSEL 25,855 4/5 Ave nat. bon. 6,6 : CSEL 25,857 8/n Ave Trin. 1,1,1 : BA 15,86-88 ; Greg. M. mor. 12,33,38 : СС 143A,650-651 I,1,1-5,59 MDBNXGIE i,i,2 Deus] от. I incommutabilis] intolerabilis M'D Л" del N' 4ut]et N' X IE sitl sit Deus /' 5 esse potest] ~ MB G 7 et'] om. MD X IE 8 quia] qui G 9 incommutabilis ] + est Arev nam] + et G 10 malum] -lo G mutatur] inmut- G sic] sicut В angelus] + dicitur mutatus M' deserente] deserto DI 12 mutabile] -lis G 13 informi] -me G non habet materiam] m. non h. X 14 utique est] itaque est MD X от. В N 15 deo] domino/ 16 inde] unde E Arev 18 opus] + constat M' con silium] -io G mutari] -re G (credimus) m. Arev uariari] от. N -re G' 19 eum ... uaria] от. N' praecepit] -cipit N Arev manens idem] manente eodem M' 20 et] от. D' aeternus] -no M' esset] esse X I

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 1-2

8

esset tempori ab ipsa aeternitate in eius mansit disputatione consilii. 1,5. Non usu nostro aliud Deum putari, aliud pulchritudinem eius, atque aliud magnitudinem ipsius, sicut aliud 25 est homo, aliud pulchritudo, quia, desistente pulchritudine, homo manet. Ac per hoc, qui ita intellegit Deum, corporeum esse credit, dum pulchritudo et magnitudo Dei ipse Deus sit. 1, 6a. Ideo Deus dicitur simplex, siue non amittendo 30 quod habet, seu quia non aliud est ipse et aliud quod in ipso est. 1, 6b. Inordinate dici seu conferri uitiis ea quae ordinate in Deo sunt, utpote simplicitas, quae aliquando dicitur pro stultitia, et non est. Apud Deum uero summa simplicitas 35 est. Iuxta hanc regulam et cetera aestimanda sunt. II. QVOD INMENSVS ET OMNIPOTENS SIT DEVS. 2, 1a. Non ideo caelum et terram implet Deus ut contineant eum, sed ut ipsa potius contineantur ab eo. Nec par-

2,2 Cf. Ier. 24,24 29/31 Ism. etyт. 7,1,26: ВАС 433,628; Evcher. Forт. 1: CSEL 31,7-9 2,2/5 Ave conf. 1,3,3 : BA 13,276-278 MDB NX GIE 21 tempori] -re G ipsa] + tamen E Arev aeternitate] + ordinatum M' disputatione] disposit- M' X IE Arev dispotat- DB' G 23 usu] uso G nostro ] + debemus M' deum] deo Z> putari ] -re В G Arev 24 eius... magnitudinem] от. E ipsius] + (debemus) Arev 27 et magnitudo] от. В 29 amittendo] admi- N ammi- X' 32 dici seu] dici manifestum est seu M' dicis eum В conferri] -re Gl ea quae] eaque M' GE seu que D ordi nate] -ta G Arev 33 in deo sunt] sunt in deo N Arev deo sunt G deo] + (patet) Arev utpote] ut si potes В utpute NX 34 est] + apud deum В apud deum ... est] от. N' 35 aestimanda] ext- M'DB exist- M'N Gl aext- E 2,1 II] от. XI et omnipotens sit] sit o. / 3 contineantur] -teantur M' -tineatur D'

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, г

9

ticulatim Deus implet omnia, sed cum sit idem unus, ubi5 que tamen est totus. 2, ib. Non ita putandus est esse in omnibus Deus ut unaquaeque res pro magnitudine portionis suae capiat eum, id est maxima maius, et minima minus, dum sit potius ipse totus in omnibus, siue omnia in ipso. 1o

2,2. Omnipotentia diuinae maiestatis cuncta potestatis suae inmensitate concludit, nec euadendi potentiam eius quis aditum inuenire poterit, quia ille omnia circumquaque constringit. Cuncta enim intra diuini iudicii omnipotentiam coartantur, siue quae continenda sunt ut salua sint, siue is quae amputanda sunt ut pereant. Nullatenus ergo posse effugi Deum quempiam. Qui enim non habet placatum, nequaquam euadet iratum.

2,3. Inmensitas diuinae magnitudinis ista est ut intellegamus eum intra omnia sed non inclusum, extra omnia sed 20 non exclusum; et ideo interiorem ut omnia contineat, ideo exteriorem ut incircumscriptae magnitudinis suae inmensi tate omnia concludat. Per id ergo quod exterior est, ostenditur esse creator; per id uero quod interior, gubernare omnia demonstratur. Ac ne ea quae creata sunt sine Deo 25 essent, Deus intra omnia est; uerum ne extra Deo essent, Deus exterior est, ut omnia concludantur ab eo.

8 Cf. Eph. 4,6 10/15 lsIU- etyт. 7,1,30 : ВАС 433,628 MDB N X GIE 6 esse] se D' omnibus] hominibus X 7 capiat] -pit M' 8 maxima maius] -mam eius M'D 9 in omnibus] от. M'DB 10 omnipotentia ... con cludit ] от. N' omnipotentia ] -tiae DB X I'E Arev maiestatis ] -tas X I'E Arev 1l potentiam ] -tias MDB 12 quis ] quisquam Arev inuenire poterit] ~ ВG 13 omnipotentiam] -tia DB GE 15 ergo] + dicimus E + (dicimus) Arev 16 effugi] -gere M' N' I' Arev deum] от. E quempiam] + certum est M ' enim ] + eum M' E Arev 17 euadet ] -dit В N' X Gl -dere potest E Arev 18 ista] ita Arev intellegamus] -gas В G 19 eum] от. I' inclusum] concl- G' 21 exteriorem ) -re G incircumscriptae ] -ta Arev 23 uero] om. G 25 ne] neс X deo ] deum M' N X I 26 concludantur] -datur В

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, г

10

i,4. De consummatione alicuius facti dicitur perfectio. Deus autem qui non est factus quomodo est perfectus? Sed hunc sermonem de usu nostro sumit humana inopia, sicut 30 et reliqua uerba, quatenus id quod ineffabile est utcumque dici possit, quoniam de Deo nihil digne humanus sermo dicit. 2.5. Dum localis non sit Deus, localiter tamen in suis ambulat sanctis, dum de loco in loco praedicatur ab eis. 35 Nam Deus, qui nec loco mouetur, neс tempore, in semis tamen suis et tempore et loco mouetur, quotiens ab eisdem localiter praedicatur. 2.6. Dum de Deo neс secundum situm, neс secundum qualitatem, neс secundum habitum aut motum aliquid 40 digne dicatur, inest tamen ei quodammodo latitudo caritatis, qua nos et ab errore colligit, et continet in ueritate. Inest ei et longitudo, qua nos longanimiter malos portat, donec emendatos patriae futurae restituat. Inest ei et altitudo, per quam omnem sensum suae scientiae inmensitate 45 exsuperat. Inest ei et profundum, quo damnandos inferius iuxta aequitatem disponens praeordinat.

34 Cf. Gen. 3,8

40 Cf. Eph. 3,18

27/32 Isid. etyт. 7,1,31-32: ВАС 433,628 31/32 Ave. eu. loh. 13,5: BA 71,678682 33/37 Greg. M. mor. 27,11,19: СС 1436,1344-1345 38/46 Greg. M. mor. 10,9,15 : СС 143A, 548-549 MDB N X GIE 27 de consummatione] consummatio Arev 28 qui] quia /' 29 sermo nem] -ne В usu] uso В sumit] от. В sumet N' sumsit E sumpsit Arev 33 tamen ]autem G 34 in loco ] in locum M ' N X G 'I 35 mouetur ) -utur G 36 mouetur] -utur G 38 situm] quantitatem GIE Arev qualitatem] + neс secundum situm M'D GIE motum] -tu G 40 ei] от. I' quodam modo] quodadmodo D quod ad modum G 41 et ab ... qua nos] от. X' col ligit] collegit M' G corrigit N 42 malos] от. Arev 43 emendatos] -tus В altitudo] lati- MDB Gl 44 suae] sui D 45 damnandos] -do D' -dus G 46 iuxta ] iusta X E Arev aequitatem ] -tate D X E Arev

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 3

II

III. QVOD INVISIBILIS SIT DEVS. 3,1a. Dum de Deo loquens scriptura plerumque dicat ecce Deus, non quasi uisibilem ostendit, sed ubique esse praesentem significat, per id quod dicit ecce Dominus; uel 5 quod magnitudinem diuinitatis eius nullus possit sensus adtingere, etiam nec angelicus. 3,1b. Quamuis usque ad parilitatem angelicam humana post resurrectionem natura proficiat, et ad contemplandum Deum indefessa consurgat, uidere tamen eius essentiam 10 plene non ualet, quam nec ipsa perfectio angelica in totum adtingit scire, secundum apostolum qui ait: Pax Dei, quae exsuperat отneт sensum, ut subaudias etiam angelorum. Sola enim Trinitas sibi integre nota est, et humanitas a Christo suscepta, quae tertia est in Trinitate persona. 15

3,2a. Intellegibiliter quodam miro modo Dei essentia sciri potest dum esse creditur. Opus uero eius, quod utique aequari ei non potest, et iudicia a nullo penitus sciuntur.

3,2b. Dei secreta iudicia non posse sensu penetran, uel 20 angelico uel humano. Et ideo, quia occulta sed iusta sunt,

3,3 Cf. lob 36,26; lob 36,28; Is. 12,2; Is. 25,9; Dan. 3,17 3,1; Is. 50,9; Am. 7,7 1l Phil. 4,7

4 Cf. Ex. 14,24; Is.

3,2/14 Isid. Quaest. in Ex. 42,2-3 : PL 83,308 2/6 Greg. M. mor. 27,6,9 : СС 1438,1336 7/14 Fvlg.-R. ep. 14,26 : СС 91,416-417 19/22 Cf. Greg. M. mor. 32,1,1 : СС 1436,1624-1625 MDB N X GIE 3,2 dicat] -cit A rev 3 deus ] + noster G ostendit] -det DB 4 uel] hoc intelligi uult M' 5 quod] quo D' 7 humana] -nam D 9 indefessa] in diuersa£ tamen]om.ß' 10 plene] от. В' perfectio] perfestio M' praesentia X I1 dei ] domini / 12 etiam ] et N angelorum ] + archangelorum G 13 sibi] от. В et ]in Af' 14 suscepta ] -tam В 15 essentia ) -iam M 16 sciri ] -re MD N G esse creditur ] a nobis esse credatur M' 17 aequari ] aequare G' ei] от. G et] atque X Arev 19 posse] -ssunt M' penetrari] -re В G' 20 humano] + (constat) Arev sed] et E

12

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 3-4

tantundem uenerari ea opus est et timere, non discutere aut inquirere, secundum apostolum qui ait: Quis enim cognouit sensum Domini, aut quis consiliarius eius fuit?

liil. QVOD EX CREATVRAE PVLCHRITVDINE AGNOSCATVR CREATOR. 4,1. Saepe ad incorpoream Creatoris magnitudinem, creaturarum corporea magnitudo conponitur, ut magna considerentur ex paruis, et ex uisibilibus inuisibilia aesti5 mentur, atque ex pulchritudine factorum effector operum agnoscatur, non tamen parilitate consimili, sed ex quadam subdita et creata specie boni. 4,2a. Sicut ars in artificem retorquet laudem, ita rerum Creator per creaturam suam laudatur, et quanto sit excel10 lentior, ex ipsa operis conditione monstratur. 4,2b. Ex pulchritudine circumscriptae creaturae, pulchritudinem suam, quae circumscribi nequit, facit Deus intellegi, ut ipsis uestigiis reuertatur homo ad Deum quibus auersus est, ut, quia per amorem pulchritudinis creaturae 15 a Creatoris forma se abstulit, rursum per creaturae decorem ad Creatoris pulchritudinem reuertatur.

22 Rom. 11,34 4,4 Cf. Rom. 1,20

5 Cf. Sap. 13,5 (Vet. Lat.)

4,3/4 Cf. Verg. georg. 4,176 1277-1279

11/16 Cf. Greg. M. mor. 26,12,17-18 : СС 1438,

MDB N X GIE 21 tantundem] -um M' tantummodo N uenerari] -re G opus est et ti mere] et t. о. e. G 23 consiliarius eius] ~ M X I 4,2 ad] от. N' G 5 atque] at Ai ' ex pulchritudine ] ad -nem G effec tor ] -to M' 6 consimili ] -lis В N I 8 artificem ] -ce DB E retorquet ] -quit D tor- /' laudem] -de D 9 quanto] -tum X E 10 conditione] -nem E и pulchritudine] -nem G circumscriptae creaturae] circumscripta / 12 circumscribi ] -scriptione N -scriptum В nequit ] nequid DB G'E quid N' caret quid N' nequeat X nec quid G' facit] fe- N intellegi] -ge M' 14 quia ] qui Arev amorem ] -re D 15 creaturae ] creatore D decorem ] -re D 16 pulchritudinem reuertatur] ~ Arev

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 4-5

13

4.3. Quibusdam gradibus intellegentiae per creaturam progreditur homo ad intellegendum Deum Creatorem, id est ab insensibilibus surgens ad sensibilia, a sensibilibus surgens ad rationabilia, a rationabilibus surgens ad Creato rem. Intellegibilia per se conlaudant Deum; inrationabilia et insensibilia non per se, sed per nos, dum ea conside rantes Deum laudamus; sed ideo dicuntur laudare ipsa, quia eandem laudem earum parturit causa. 4.4. Dixerunt antiqui quod nihil tam hebes sit quod non sensum habeat in Deum. Hinc est illud quod ex silice duro scintilla excutitur. Et si ignis in saxo, utique ibi sensus sentitur ubi se uita non sentit.

V. QVOD EX VSV NOSTRO QVAEDAM SPECIES AD DEVM REFERANTVR. 5, 1a. Nostro usu Deus zelare dicitur uel dolere. Horum enim motuum apud Deum perturbatio nulla est apud quem tranquillitas summa est. 5,1b-2. Non ita est praecipitanda mentis sententia ut credamus posse Deo furoris uel mutationis accidere perturba-

23 Cf. Ps. 148,3-10 5,2 Cf. Ioel 2,18 ; Zach. 1,14 ; Zach. 8,2 + Cf. lud. 10,16 etc. permultis locis

7 Cf. Ex. 15,8 ; Ex. 22,24

21/24 Ave- in psalт. 148,3, СС 40,2167-2168 5,1/10 Cf. Greg. M. mor. 32,7,9: СС 1438,1634-1636 MDB N X GIE 17 intellegentiae] -iam D 18 deuml + surgens X' + surgens ad X' 19 sensibilia ) insen- В X' sensibilibus] -lia G' 20 ad'] a В 21 conlaudant ] -dent M' 24 eandem ] eadem M' N' Arev laudem]om./' earum ] eorum Arev 25 tam hebes ] tam ebe M' I'E tamen bene D tam hebe В' X tamen G 26 deum] deo G hinc] hic M'D 27 excutitur] -tetur M' G si ignis] si -es В signis /' utique] uiuit G sensus sentitur] ~ Arev 5,1 ad Deum referantur] r. ad d. G 3 deus zelare) d. zelari M' ze. X' ~ Arev 4 motuum] motum G' 6 est praecipitanda ] e. praecitanda M' — E 7 furoris ] futuris В accidere ] accendere M' accedere DB N X Gl

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 5 tionem, sed ipsam aequitatem iustitiae qua reos punit iracundiam sacra lectio nominauit, quoniam quod iudicantis 10 aequum est, furor est et indignatio patientis. — Ita ergo in tellegere opus est et alias passiones quas de affectione hu mana ducit scriptura ad Deum, ut et iuxta se incommutabilis sit credendus, et tamen pro causarum effectibus, ut facilius intellegatur, nostrae locutionis more et mutabilita15 tis genere appelletur. 5,3. Tam clementer Deus humanae consulit infirmitati, ut, quia eum sicut est non possumus agnoscere, nostrae locutionis more se ipsum nobis insinuet. Vnde et membrorum nostrorum qualitatem habere scribitur, et passionum 20 indigna dici de se uoluit, quatenus ad sua per nostra nos traheret, et dum condescendit nobis consurgeremus ei. 5,4a. Multis modis Deus ad significandum se hominibus de inferioribus rebus species ad se trahit. Quem reuera iuxta propriam substantiam inuisibilem esse et incorpo25 reum constat. 5,4b-6. Plerumque de corporibus ad Deum sumuntur qualitatum species, quae tamen in Deo non sunt, quia in propria natura incorporeus est et incircumscriptus, sed pro efficientiis causarum, rerum in ipso species scribuntur, ut,

16/36 Greg. M. mor. 32,5,7 : СС 1436,1631-1633 MDB N X GIE 8 qua reos] quare hos M' N quae reos В qua reus G punit] pon- В' I' -net iracundiam] iram E Arev 9 iudicantis ] -tes G 10 aequum est] ~ NG 1l et] + ad G passiones] -nis G' humana] -ni G' -no E 12 et] от. M ex N incommutabilis ] -le M' 14 locutionis] -nes M' mutabilitatis ] -tas G 15 appelletur] -latur X' G 16 consulit] -let M'D I' 17 quia] qui X sicut]-utiG 18 insinuet] -uat G E 19 scribitur] desc- X Arev passio num] -ne G 20 dici de] decide G' dici G' ad sua] ad suam N E de s. G nostra nos] nostram G 21 et dum] от. N condescendit] -det M'D Gl' -deret M' nobis ] + ut N consurgeremus ] -gemus G 23 rebus ] от. D species] -iem G quem] quam G 24 inuisibilem] uisib- G 26 corpo ribus] -reis rebus G 27 qualitatum] -te G' 29 efficientiis] -tis D rerum in ipso species] in ipso r. sp. Arev ut quia ... substantiae eius ad 5,46] от. IE ut ] et G G

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 5

15

30 quia omnia uidet, dicatur oculus; et propter quod audit omnia, dicatur auris; pro eo autem quod auertitur, ambulat; pro eo quod expectat, stat. — Sic et in ceteris horum similibus ab humanis mentibus trahitur similitudo ad Deum: sicut est obliuiscens et memorans. Hinc est quod et 35 propheta dicit: Iurauit Dominus exercituum per animam suam, non quod Deus animam habeat, sed hoc nostro nar rat affectu. Et alibi, simili figura, et uermis et scarabeus intellegitur. — Nec mirum si uilibus significationibus figuretur qui usque ad nostrarum passionum, seu carnis con40 tumelias descendisse cognoscitur. Nam et Christus agnus, non pro natura, sed pro innocentia, et leo pro fortitudine, non pro natura; et serpens pro morte et sapientia, non pro natura scribitur. Nam et in propheta plaustri portantis faenum species ducitur ad Deum. Et haec omnia ideo per fi45 guram Christus, quia nihil est horum ad proprietatem substantiae eius. 5,6 bis. Non secundum essentiam, sed secundum similitudinem species ducuntur ad Deum, neque pro substantiae proprietate, sed pro efficientiis causarum. Vnde et creditur 50 Deum nunquam uisibiliter hominibus apparuisse, nisi per adsumptam creaturarum speciem.

30 Cf. Gen. 18,3; Ex. 33,13; Deut. 32,10; I Reg. 15,19 etc 31 Cf. I Reg. 10,21; II Reg. 22,7 ; II Par. 6,40 etc 34 Cf. Is. 49,15 ; Ier. 2,2 35 Ier. 51,14 37 Cf. Ps. 21,7 + Cf. Hab. 2,11 (Vet. Lat.) 40 Cf. Is. 53,7; Ioh. 1,29; Ioh. 1,36; Apoc. 5,6 etc 41 Cf. Apoc. 5,5 42 Cf. Num. 21,8 ; Ioh. 3,14 43 Am. 2,13 36/43 Greg. M. mor. 30,21,66 : СС 1438,1535-1536 11,33,43: BA 49,302

47/51СГ Ave. gen. litt.

MDB N X GIE 31 auertitur] -tetur M' 32 pro eo] от. G' expectat] spe- N' G 33 mentibus] mot- Arev est'] от. G 34 et'] от. N G Arev 37 af fectu] effectum В effectu X et'] ut G 38 uilibus] uisibilibus X uisilibus G' 41 pro'] от. G fortitudine] -nem D 43 scribitur] -betur G portan tis] -ntur D 44 haec] hanc G ideo] id est G per figuram ... ad] от. В per G 47 non secundum ... speciem] от. et ponit in nota A rev essentiam] subes- G 48 species] от. X' deum] deus M'

I6

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 5

5,7. Falluntur quidam stultorum, dum legunt ad imaginem Dei factum esse hominem, arbitrantes Deum esse corporeum, dum non caro, quod est corpus, sed anima, quod 55 est spiritus, Dei imaginem habeat. Non ergo esse corporis formam in Deum, qui hominem ad imaginem suam fecit, quia mentem, non carnem, ad similitudinem suam creauit. Cogita igitur quale corpus habeat ueritas, et dum non inueneris, hoc est Deus. 60

5,8. Facies Dei in scripturis sacris non caro, sed diuina cognitio intellegitur eadem ratione, quia per faciem conspectam quisque cognoscitur. Hoc enim in oratione dicitur Deo: Ostende nobis faciem tuam, ac si dicatur: da nobis cognitionem tuam.

65

5,9. Os Dei unigenitus eius est. Nam sicut pro uerbis quae per linguam fiunt saepe dicimus illa et illa lingua, ita et pro Dei Verbo os ponitur, quia mos est ut ore uerba formentur. Et si uolueris genere locutionis illo demonstrare, quo is qui efficit per id quod efficitur nominatur, bene os 70 pro Verbo ponis, sicut linguam pro uerbis, sicut manum pro litteris.

52 Cf. Gen. 1,26-27 12,14 etc

63 Cf. Ex. 33,13 ; Num. 6,25

65 Cf. Deut. 8,3 ; I Reg.

52/55 Cf. AVe gen. man., 1,17,27: PL 34,186 60/64 Ism. etyт. 7,1,38: ВАС 433,630 60/62 Cf. Greg. M. mor. 24,6,12 : СС 1436,1196 65/71 Ism. etyт. 7,2,19 : ВАС 433,634 69/70 Greg. M. mor. 27,17,34 : СС 1436,1356-1357 69 Avg. Trin. 3,10,20: BA 15,312-316 5,60-7,6 MDB N X GJIE 52 falluntur] -llintur D 55 ergo ) + credendum est M' 56 deum]deoAi + (credamus) Arev qui ] quia X imaginem ) incipitJ 57 carnem ) canem M' 58 igiturl ergoß 60 facies ... cognitionem tuam ad 5, 64 ] от. IE 61 cog nitio] cogitatio G' eadem] ea quidem Arev ratione] -nem J quia] qua M' X Arev 62 oratione] -nem / dicitur deo] ~ Arev 65 os... et cetera ad $,77] от. I denuo incipit E 66 fiunt ] fiant M' dicimus ] dixim- X dicemG illa lingua] ~ G 67 et] от. Arev ore uerba] ~ В GJ Arev 68 illo] illum G ' 69 quo is] quo his D N' G'JE quod his В efficit] -fecit С ef ficitur] -cetur G' nominatur] -netur G 70 ponis ] -nes В N' sicut'] от. В N G si J'

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 5-6

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5,10. Vestigia Dei sunt qua nunc Deus per speculum agnoscitur. Ad perfectum uero omnipotens repperitur, dum in futurum facie ad faciem quibusque electis praesen75 tabitur, ut ipsam speciem contemplentur, cuius nunc uestigia conprehendere conantur, hoc est, quem uidere per speculum dicitur. Sic et cetera.

VI. QVOD Deo nvlla temporvm svccessio adscribatvr. 6,1a. Omnia tempora praecedit diuina aeternitas, nec in Deo praeteritum, praesens futurumue aliquid creditur, sed omnia praesentia in eo dicuntur, quia aeternitate sua 5 cuncta conplectitur. Alioquin mutabilis est Deus credendus, si ei successiones temporum adscribuntur. 6, 1b. Si semper aliqua essent cum Deo tempora, non es set tempus, sed esset aeternitas, nec mutarentur tempora, sed starent. 10

6,2-3. Praesens, praeteritum et futurum nostrum est ha bere, non Domini: uerbi causa, dicimus pro praesens: "teneo codicem", pro praeterito "tenui", pro futuro "tenebo".

72 Cf. lob 11,7

76 Cf. I Cor. 13,12

72/77 Cf. Greg. M. mor. 10,8,13: СС 143A, 545-547 6,6/9 Ave. conf. 11,13,16 : BA 14,296-298 10/14 Cf. Avg. eu. loh. 38,10 : BA 73A, MDB N X GJIE 72 uestigia ... cetera ad 1,77 ] от. IE qua] quibus M' Arev quia D N X G' 73 agnoscitur) cog-/ repperitur] repe- D N G'J A rev 74 futurum] -rо M X' G facie) -em D 75 ut] ad G ipsàm] -a D -um G cuius ... con antur) от. В cuius] cui M'D J 76 conantur] + et Arev quem uidere per speculum] quod p. sp. uideri Arev 77 dicitur] -cuntur M' N' X deus dicetur Arev 6,3 praesens] от. N G futurumue] futurum uel MD G'J uel futurum В fu turum X aliquid] aliud aliquid transitorium M' -quod Arev 5 cuncta] -ta que G est ] esset G 6 successiones ] -is / adscribuntur ] -bantur N X GJ' 8 tempus sed] от. E esset] et E' del E' от. Arev tempora] -re X' 11 domi'ni scripsi] dei N I' Arev deo / dm ceteri cum — super m praesens] -ente N J -enti X G'I' Arev

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ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 6-7

Vniuersitatem uero Deus tenet, et pro tenuit et tenebit "te net" dicitur. — Sed nec ipsorum angelorum decessio ac15 cessioue est temporum. Nam duas esse in creaturis res quarum uicissitudo temporum non ualet: angelis scilicet propter quod incommutabili inhaerent Creatori, siue materiae illius informi: priusquam ex ea omnia ista quae temporaliter iam uoluuntur formarentur, neс ipsi utique uale20 bat tempus. Tempus igitur non ad eas creaturas quae supra caelos sunt, sed ad eas quae sub caelo sunt pertinere: non enim angelis accedunt tempora uel succedunt, sed nobis qui sub caelo uersamur in hoc infirmo mundo.

VII. DE TEMPORIBVS. 7,1. Nulla ante principium mundi fuisse tempora, quia, dum sit ipsud tempus creatura, in principio tamen mundi factum esse credendum est. Ideo ergo principium dicitur, 5 quod ex ipso coepit rerum uniuersarum exordium.

7,4 Cf. Gen. 1,1 14/20 Ave. conf. 12,9,9: BA 14,356 7,2/5 Ave conf. 12,15,20: BA 14,372 MDB N X GJIE 13 tenet] -nuit G -nit / et pro tenuit] от. В tenet dicitur] -ne dic. M'D -nere dic. M' N G' от. В -nit dic. / 14 ipsorum angelorum] -sis -lis Arev accessioue] от. В et accessioue G ue /' 15 duas esse in creaturis res] d. constat e. in cr. r. M' in cr. d. e. r. G 16 quarum] quibus M' Arev ualet] preua- M' + et G' angelis ] -los M'B X 17 quod] от. X' incommutabili] -liter M' -le G'J siue] seue M' siuae E materiae] -riam M' -ri D' -riem X 18 illius] -lam M' X -li Arev informi] -me M' N' G' -mem M' X quae] qua G temporaliter iam] tempori literiam G' temporis literiam G' 19 ipsi] ipse G' ualebat] preuale- M' -bant /' ualeat E 21 caelos] -lo D' G - lum X sunt" ... sunt' ] от. В caelo] -los D' sunt'] + sciendum est M' per tinere] -nire DG' -tenire G' + (cognoscitur) Arev 22 uel] sed В 23 qui] quia X sub] от. N' infirmo] -imo X GJE A rev 7,2 tempora] + manifestum est Arev 3 sitlom. E' ipsud] -sum D'B N' X G'l' -se N' 4 factum ] peractum J dicitur ] incipit A 5 coepit ] ce- DB X AGIE rerum ] sed ad eas quae sub caelo sunt rerum В qui haec uerha omiserat in 1,6,3 exordium] -dio M' G

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 7-8

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7,2. Nullum spatium corporaliter habent tempora, quia ante abscedunt paene quam ueniant. Ideoque in rebus nullus status est temporum, quia celeri creaturae motu mutantur. Nec centum anni unum tempus est, nec unus annus unum tempus est, nec unus mensis unum tempus est, nec dies, nec hora, quia dum haec omnia particulis accedunt suis et decedunt, quomodo unum dicendum est quod non simul est? 7.3. Vtrum sit praeteritum futurumue tempus sicut prae sens, et si est, scire oportet ubi est. Sed aduerte quod cuncta, et futura et praeterita et praesentia, in animo sunt potius requirenda. 7.4. Tria ista, praeterita, praesentia et futura, in animo tantum inueniri: praeterita reminiscendo, praesentia contuendo, futura expectando. Speramus igitur aduenientia, intuemur praesentia, recolimus transeuntia. Haec non ita in Deum sunt, cuius simul omnia adsunt.

VIII. DE MVNDO. 8,1. Mundus ex rebus uisibilibus, sed tamen inuestigabilibus constat. Homo autem ex rerum uniuersitate conpositus, alter in breui quodammodo creatus est mundus.

6/13 AVe. conf. 11,11-15,13-19 : BA 14,292-304 14,312 8,3/4 Greg. M. mor. 6,16,20: СС 143,297-298

18/22 AVe. conf. 11,20,26 : BA

7,7-8,54 MDB N X AGJIE 7 quam] qua A 8 celeri ] cael- BJ -re G motu mutantur ] от. M' momutantur D' motu utantur A motu mutatur E 10 mensis] -ses В' i1 accedunt] accid- MD IE accend- X' 12 decedunt ] decid- MD I simul ] simili G est] от. D' 14 futurumue] -uae / sicut] si G 15 aduerte] aue- J 17 re quirenda ] -que- A 19 inueniri ] -re M'D AGJI possumus -re M' + constat Arev 21 intuemur] -uemus D'B N JE -uimus D' intueamur X' tuemus /' prae sentia recolimus ] p. -lemus M'D G' от. E 22 deum ] deo N' X Arev cuius] cui M'N X G'I' 8,2 inuestigabilibus ] -gibilibus M'D inuisibilibus G -galibus /' 3 conpositus] -tos X' 4 breui] -ue G

20

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 8

5

8,2. Ratio mundi de uno consideranda est homine. Nam sicut per dimensiones aetatum ad finem homo uergitur, ita et mundus per hoc quod distenditur tempore, deficit, quia unde homo atque mundus crescere uidetur, inde uterque minuitur.

io

8,3. Frustra dicitur per tanta retro tempora Deo uacanti noua pro mundo faciendo orta fuisse cogitatio, quando in suo maneret aeterno consilio huius mundi constructio, nec tempus ante principium, sed aeternitas fuerit. Tempus uero a substitutione creaturae, non creatura coepit a tempore.

15

8,4. Quidam aiunt: "Quid faciebat Deus antequam cae lum faceret? Cur noua uoluntas in Deo ut mundum conderet orta est?". Sed noua in Deo uoluntas exorta non est, quia etsi in re mundus non erat, in aeterna tamen ratione et consilio semper erat.

20

8,5. Dicunt quidam quia subito uoluit Deus facere mun dum, quod ante non fecit, uoluntatem Dei inmutari arbi trantes, qui aliquando uoluit quod aliquando non uoluit. Quibus respondendum est: "uoluntas Dei Deus est, quia

10/14 Cf. Ave. ciu. n,6: BA 35,48-50 15/19 Cf. Ave. ciu. 12,17: BA 35,206-208 1о/26 Cf. Avg. conf. 11,10,12 : BA 14,290-292 7,7-8,54 MDB N X AGJIE 5 uno] -ni^l' consideranda] -rada X' homine] -ni A G' 6 uergitur] -git M' Arev 7 quod] quo M' distenditur] desce- X tempore] -pus J deficit] -fecit M' A'G'J 8 uidetur] -dentur X 9 minuitur] -uetur D' A' -untur A' 10 dicitur] + quod M' uacanti ] uocanti M'D uacante BJ uocante AG 11 noua ... orta ... cogitatio] -uam ...-tam... -onem Arev fuisse ] -set MD AGJIE 12 maneret aeterno consilio] maniret ae. c. D ae. manere c. N ae. m. c. X IE Arev ae. manerit c.J neс] от. G' 13 ante] hanc G principium] -io J fuerit] fueri jV fuit M ' А' от. Arev 14 a substitutione] ab institutione X ad substitutionem G ad su./ creaturae non] cr. nam M' от. В non crea tura] от. I' creatura] creatora D' creator A coepit ] cepit MD X' E caepit В G tempore] -rae A 15 quidam] quid M' quid] quod X' G' caelum] -los Arev 16 cur] quos D' deo] deum MD IE ut mundum ... in deo] от. MDB conderet] -retur / 17 sed noua in deo uoluntas] от. G' deo] deum AIE 18 quia] qua A ' etsi] et se G in'] от. A' mundus] + iam AE in aeterna] interna В tamen] от. E 20 quia] quid GJIE Arev 21 quod] quem A rev fecit] fac- Arev uoluntatem] -te/ inmutari] -re AGJ arbitrantes] -tis / 22 qui] quia et /V quia X GIE

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 8

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non ipse aliud est, aliud uoluntas eius, sed hoc est illi uelle 25 quod ipse est, et quod ipse est utique aeternus et incommutabilis est. " Hoc est ergo uoluntas eius. 8.6. Materies, ex qua formatus est mundus, origine non tempore res a se factas praecessit, ut sonus cantum. Prior enim est sonus cantu, quia suauitas cantilenae ad sonum 30 uocis, non sonus pertinet ad suauitatem. Ac per hoc utrumque simul sunt, sed ille ad quem pertinet cantus prior est, id est sonus. 8.7. Materia ex qua caelum terraque formata est, ideo informis uocata est, quia nondum ex ea formata erant quae 35 formari restabant. Verum ipsa materia ex nihilo facta erat. 8.8. Aliud est aliquid fieri posse, aliud fieri necesse esse. Fieri necesse est quod Deus naturis inseruit; fieri autem posse est quod extra cursum inditum naturarum Creator ut faceret, quandoque uoluit, reseruauit. 40

8,9. Non ex hoc substantiam habere credendae sunt tenebrae, quia dicit Dominus per prophetam: Ego, Dominus, formans lucem et creans tenebras. Sed quia angelica na-

8,34 Cf. Gen. 1,2

41 Is. 45,6-7

27/35 Ave. conf. 12,29,40: BA 14,412-416 36/39 Ave. gen. litt. 9,17,31-32: BA 49,136-138 40/41 Cf. Ave. gen. Man. 1,4,7: PL 34,176-177 MDB N X AGJIE 24 ipse] -si / aliud est] от. J 25 et quod ipse est] от. MDB J ae ternus] -num X Arev incommutabilis] incomotabile X' -le X' Arev -les A 26 hoc] haec J Arev 27 materies] -ia N formatus] fundatus G ori gine] -gene M'D G' 28 factas] -ta G cantum] quan- A prior enim est sonus cantu ] от. E prior] -iusjV 29 cantu] -to G cantilenae ] cantantium / аd] от. I' 31 simul] от. X' ad] от. X 33 materia ] -ies В ter raque ] -ramque A 34 uocata est ] от. G' ex] от. E Arev 35 formari] -re //' restabant] -bat G ipsa] от. A' uti ipsa J' materia] -ies В -iae A erat ] erant A 'J 36 fieri posse ] fieri В posse E aliud fieri ... fieri necesse ] от. MDB fieri necesse esse] от. AE 37 est ] eras. M' от. В deus] om. N' inseruit] + fieri necesse esse A qui haec verba отiserat 38 cursum ] cor pus A' corsum A' inditum] -ictum / creator] -tus J 39 faceret] -rit J quandoque ] -do Arev uoluit ] ad hoc ut uoluit a principio M' reseruauit ] -bit X' E 40 credendae ] -da AJ sunt] est/ 41 quia] qua A '

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 8

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tura, quae non est praeuaricata, lux dicitur, illa autem quae praeuaricata est, tenebrarum nomine nuncupatur. Vnde et 45 in principio lux a tenebris diuiditur. Sed quia et hos et illos Deus creauit, inde formans lucem et creans tenebras; uerumtamen bonos angelos non tantum creans, sed etiam formans; malos uero creans tantum, non formans. Hoc et de hominibus bonis malisque accipiendum est. 50

8,1o. Post adnumeratam caeli terraeque creaturam, ideo nominatur in Genesi Spiritus Sanctus, ut, quia superferri eum dici oportebat, ante illa nominarentur quorum Crea tor Spiritus Sanctus superferri diceretur. Quod et apostolus indicat, dum supereminentem uiam caritatis demonstrat.

55

8,n. Ideo superferri aquis Sanctus dicitur Spiritus quia donum est Dei, in quo subsistentes requiescimus, atque protegendo nos superfertur nobis.

8,12. Vnaquaeque natura suo pondere nititur. Ignis au tem et oleum merito superiora semper appetunt, quia per 6o ipsorum figuram superferri uniuersae creaturae Spiritus Sanctus probatur. 8,13. Dies prior factus angeli sunt. Quorum propter unitatem insinuandam non dies primus, sed dies dictus est

45 Gen. 1,4

53 Gen. 1,2

54 Eph. 3,19

55 Gen. 1,2

63 Cf. Gen. 1,5

50/54 Ave. conf. 13,6-7, 7-8: BA 14,434-436 55/61 Ave. conf. 13,9,10: BA 14,438-440 62/79 Avg. gen. litt. 4,22,39 : BA 48,334-338 8,55-11,20 MDB N QX A GJIE 44 nomine] -ni J nuncupatur] -antur //' 45 tenebris] -ras G' quia] qua A' et'] от. E 46 inde] + dicitur A rev lucem] -ce G 47 bonos angelos ] -nus -lus В A 'GJ etiam] et N 48 malos ... formans] от. MDB N'J uero] autem N' E creans tantum ] ~ Arev 49 de ]in Ai 50 adnume ratam ] ann- M' en- G caeli ] -le D -lique E terraeque ] -aque A 51 ge nesi] genisi M -sis D AI'E 52 dici] от. G ante) antequam G' quorum creator ... diceretur] abhinc incipit Q от. G creator] -tur / 53 apostolus] -los M' -lum Q 54 caritatis] -tes G 55 superferri] -re D sanctus dicitur spiritus] sp. sa. di. N di. sp. sa. G 56 quo] от. M' subsistentes] -ter GIE 57 nobis] bonis MDB N AGJ 58 unaquaeque ] -quaque A 59 per] от. E 60 figuram] -rа /

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 8

4

unus. Et idcirco ipse repetitur semper in exsecutione crea6$ turae. Qui dies, hoc est natura angelorum, quando creaturam ipsam contemplabatur, quodam modo uesperescebat. Non autem permanendo in eius creaturae contuitu, sed laudem eius ad Deum referens eamque melius in diuina ratione conspiciens, continuo mane fiebat. Si uero perma70 neret neglecto Creatore in creaturae aspectu, iam non uespera, sed nox utique fieret. 8,14. Dum se creatura melius in Deo quam in se ipsa nouerit, ipsa sui cognitio, quae maior in Deo est, dies et lux dicitur. Cognitio uero sua in seipsa, ad conpensationem 75 cognitionis illius quae est in Deo, quia longe inferior est, uespera nominatur. Ideoque post uesperam mane fiebat, quia, dum suam in se cognitionem sibi satisfacere non agnosceret, ut se plenius nosse potuisset, ad Deum sese referebat creatura in quo se dies agnoscendo melius fieret. 80

8,15. Non sic quemadmodum nos transitorie dicimus "fiat aliquid" sic Deus dixit fiat caelum in principio. Illud enim sempiterne in Verbo unico dictum est. Si transitorie

66 Cf. Gen. I,5 ; Gen. 1,8 etc

81 Gen. 1,3

80/86 Ave. conf. 11,6,8 : BA 14,284 MDB N QX AGJIE 64 et] от. G exsecutione] sexecutionem Q exequutione X' J' -nem A exequatione /' excusatione E 65 qui ] quia X est ] от. I' 66 contemplaba tur] -banturЛref uesperescebat] -rasc- M' NI' 67 creaturae ] -ra M con tuitu N QX AE] constituta M constituti D I' constituit В constitutis G contuitum J contitute I' 69 mane fiebat] manifestabat G permaneret] permanebat J mane p. £ 70 creatore] -turae В AE creaturae ] -toris E uespera ] -re E 71 fieret] -rit A'G'J 72 creatura melius] creaturam eius В ipsa] -am G 73 maior] magis G 75 cognitionis] -nes A 76 uesperam] -ra В 77 dum] + in J' suam] sua N se] от. Q cognitionem] -ne J sa tisfacere ] -et Q 78 agnosceret ] -re X' -rit / nosse ] nos sepe Q deum ] dominum N sese ] esse M'DB G Arev se M' + re A 79 creatura ] creatam N -re A in quo] от. В G se dies] si d. M dies E ~ Arev melius] -ior G fieret] -rit MA'J -ri D 80 transitorie] -oriae X' I -uriae J dicimus] -cemus G 81 deus dixit] ~ G 82 sempiterne ] -nаe В GJ sempert- Q uerbo unico] u. hoc /V u. uniquo A uerba quod G

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 8

M

dictum est a Deo fiat, erat utique creatura aliqua unde iam talis fieret uox. Sed quia, antequam diceret fiat, nulla ex85 titit creatura, ipsud fiat quod dictum est, in aeternitate Verbi, non in uocis sono enuntiatum est. 8,16. Non septies a Deo uisa septiesque laudata est crea tura, quae antequam fieret, perfecte ab illo est uisa; sed dum nos singula uidentes laudamus, tamquam ipse uideat 90 laudetque per nos, sicut illud: Non estis uos qui loquimini, sed Spiritus Patris uestri. Proinde, sicut ipse per nos loqui tur, ita uidet et laudat per nos, sed per se perenniter ac sempiterne uidet, per nos uero temporaliter. 8,17. Adtende uniuersaliter creaturam in principium 95 ualde bonam uocari, singulariter uero tantum bonam, quia et membra corporis cum sint singula bona, maius tamen bonum faciunt, dum singula omnia ualde bonum corpus efficiunt. 8,18. Decor elementorum omnium in pulchro et apto 100 consistit. Sed pulchrum esse quod per seipsum est pulchrum, ut homo ex anima et membris omnibus constans. Aptum uero esse ut uestimentum et uictum. Ideoque ho-

90 Matth. 10,20

95 Cf. Gen. 1,31; Gen. 1,4; Gen. 1,10; Gen. 1,12; Gen. 1,21

87/93 Cf. AVe. conf. 13,29,44: BA 14,508-510 94/98 Avg. conf. 13,28,43: BA 14,506-508 99/107 Avg. conf. 4,15,24: BA 13,448-450 MDB NQXA GJIE 83 fiat] от. G creatura aliqua] -ram -quam A aliqua ... creatura] om. В unde ... antequam ] om. А 84 fieret ] -rit M'D GJI diceret] -it/ nulla] -lumií' extitit ] -tetit D A 'GJ 85 ipsud ] -sumque M -sum /V X I -si A fiat ... uerbi] om. A 86 in] om. A sono] sonu A sonum / est] от. D' 87 septiesque] septies quae / 88 antequam] ante qua A fieret] -it AJ 89 singula] signacula В tamquam] quam Q quasi X fit t. Arev 90 lau detque] laudit quae/ sicut] + est A' Arev 91 uestri] + qui loquitur in uobis G Arev ipse] + et Arev loquitur] от. E 93 sempiterne] -nаe В GJ 94 adtende] -dite D 95 bonam'] -num A bonam'] -na D Q E -num X quia] qui A 96 maius] magis / 97 bonum'] -na G 98 efficiunt] -citur Q 100 esse ] ei Лгеу quod]quoQ per] от. G Arev seipsum]semedipsum G 102 esse] est Arev et uictum В N X' Gl] ut -tus M ut u. D QX' AJIE et -tus Arev ideoque ] ideo Q

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 8-9 minem dici pulchrum ad se, quia non uestimento et uictui est homo necessarius, sed ista homini. Ideo autem illa 105 apta, quia non sibi sicut homo pulchra, aut ad se, sed ad aliud, id est ad hominem adcommodata, non sibimet necessaria. Hoc et de ceteris elementorum naturis dicendum. 8,19. Cuncta quae sunt et facta sunt, mira ualde sunt, sed consuetudine uiluerunt. Ideoque sic diuina scrutare opera, но ut semper ea cogites inmensa. 9,6. Fecit Deus omnia ualde bona. Nihil ergo natura ma lum, quando et ipsa quae in creaturis uidentur esse poenalia, si bene utantur et bona et prospera sunt, si male utantur noceant. Ita ergo pendenda est creatura ex nostro 115 usu non bono, non ex sua natura ualde bona.

Viili. VNDE MALVM. 9,1. Malum a diabolo non est creatum, sed inuentum, et ideo nihil est malum, quia sine Deo factum est nihil. Deus autem malum non fecit. Non quia alicubi aut aliquando 5 erat malum unde fieret diabolus malus, sed quia uitium est,

108/110 Cf. Ave. eu. lob. 24,1: BA 72, 404-406; Cf. Greg. M. mor. 6,15,l8: СС 143,295-296 1n/115 Avg. ciu. 11,22 : BA 35,96-100 9,2/7 Avg. ciu. 12,7: BA 35,170-172 MDB N QX A GJIE 103 ad se] adesse M' esse M' a se В J uestimento] -tu В -tum A uictui] -tum G 104 homo] -mine A' -mini A ' homini ] homininis D' -nis D'B A GJI 105 aut ad se] aut a se В J ad se QX ad'] от. В A 106 id est] ideo N ad hominem ] ho. A homini В adcommodata ] -tam A 107 dicendum ] + est N Arev 108 sunt' ] sint Л 109 consuetudine ] -ni D uiluerunt ] ual- Q uol-/' ideoque ] ideo quae/ no cogites ] -tis J inmensa ] -sam Q fe cit ... bona] sententiam ponunt post 9,30 IE Arev in utroque loco G denuo scriptum infra pagina post S, п0 I' in natura ] -ra M' in -ram M' 112 creaturis ] -toris Q uidentur] -detur IE 114 noceant ] -cent Arev pendenda ] perp- M' X E Arev 115 usu ] uso DB' A non bono ) bono Я' non -na Л" С£' irey non ex ] nostro sed ex M ex В N AGJ' nam ex E 9,3 sine deo factum est nihil ] ni. s. d. f. e. G 4 malum ] -le A non quia ] antea ponunt 9,19-22 IE 5 unde] in- G fieret] -it A'J uitium est ] -tio suo Arev

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ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 9

dum esset angelus bonus, superbiendo effectus est malus, et ideo recte dicitur ab eo inuentum malum. 9,2a. Nullam esse naturam mali, quia natura omnis aut incommutabilis ut Deus est, aut commutabilis ut creatura est. Malum uero ideo natura nulla est, quia accedendo in bonam naturam efficit eam uitiosam. Quae, dum discedit, natura manet, et malum quod inerat nusquam est. 9,2b. Ex eo quod uitium nocet naturae, agnoscitur uitium natura non esse, quia nihil quod naturale est nocet. 9.3. Dum natura bona damnatur propter uoluntatem malam, ipsa mala uoluntas testis est naturae bonae, quae in tanto testatur eam esse bonam, ut illam Deus pro malo non relinquat inultam. 9.4. Creditur ab hereticis mentem a Deo, uitia a diabolo fuisse creata. Inde et ab ipsis duae naturae bona et mala putantur. Sed uitia natura non sunt, et dum uere a diabolo sint, non tamen creata sunt. 9.5. Quamobcausam permiserit Deus mali oboriri statum, nisi ut ex contrariis malis bonae naturae decor emi-

8/12 Cf. Ave gen. litt. 8,14,31 : BA 49,54-56 13/16 Cf. Avg. ciu. 11,17 : BA 35,84 17/18 Cf. Avg. ciu. 12,3 : BA 35,154-158 18/30 Avg. ciu. 11,18 : BA 35,86 MDB N QX AGJIE 6 esset] -se X effectus ] factus В Q 8 nullam ] n. constat M' naturam mali quial -ra m. q. В J' -rа m. qa /' nat. aliquam E nat. m. (constat) q. Arev omnis ) -es i? 9 incommutabilis ] cummut- A ' inmut-/' 10 uero]uiroß' accedendo ) accendo D' 11 eff1cit ] effe- M' A 'GJ quae dum ] quae dum a bono M' quod dum В QX quod cum Arev 12 manet] -nit B' et] от. G quod] quo Q 13 uitium ] + est A nocet ] -cit ß / 14 natura ] -ram Arev quodlom.X' nocet] -cit./ 15 mala uoluntas] ~ Arev 17 tanto] -tum M' QX GJ Arev illam] -la G 19 sententiam etiam ponunt in 9,2-/ IF. 20 inde ] unde JIE Arev bona et mala ] bonae mala A ' bonae et mala A ' bone et male G 21 uitia ... sunt ] uitium. ..sunt/ uitium ... est IE Arev 22 sint ... creata sunt] sint ... cr. sint N sit ... -tum est JIE Arev 23 quamobcausam] -sa В quam ob hoc causam/ permiserit ] -rat M -ret G' -tteret G' mali ] -lum A ' oboriri ] -re M' ab- / statum ] tantum N 24 bonae ] bene Q decor emineret] decorem ineret M d. -rit В' à. emen- A à. eminierit G' -rem meminerit /

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 9

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25 neret? Modus iste etiam in uerbis esse conperitur. Qui mo dus antitheta dicitur, quod latine oppositum, uel contrapositum nominatur, et fit pulchra elocutio quando mox con traria prosperis proferuntur. Ita in rebus permixtum est malum, ut naturae bonum ad conparationem excelleret 30 mali. 9,6. [Fecit Deus omnia ualde bona. Nihil ergo natura malum, quando et ipsa quae in creaturis uidentur esse poenalia, si bene utantur et bona et prospera sunt; si male utantur, noceant. Ita ergo pendenda est creatura ex nostra usu non bono, non ex sua natura ualde bona.] 35

9,7. Si radas supercilium hominis, paruam rem demis, sed totius corporis ingeris foeditatem. Ita et in uniuersitate creaturae: si extremum uermiculum natura malum dixeris, uniuersae creaturae iniuriam facis.

9,8. Cuncta mala per peccatum primi hominis pro poena 40 sunt translata in uniuersum genus humanum. Proinde quaecumque uidentur mala, partim nobis saeuiunt origine, partim culpa. 9,9a. Mala dicunt multa in creaturis peruersi, ut ignem quia urit, ut ferrum quia occidit, ut feram quia mordit. Sed

9,39 Cf. Rom. 5,12 35/36 Ave. ciu. 11,22: BA 35,96-100 43/52 Ave. ciu. 12,4: BA 35,158-162

37 Cf. Ave. conf. 7,16,22: BA 13,626

MDB N QXA GJIE 25 iste] sed E conperitur] -peretur G 26 antitheta] -dida G -tytita / antitheton graece Arev dicitur] dicetur D 27 pulchra elocutio] -ra lo- В N' G'IE -re lo- Л" QX'-rae lo- X' AG' 28 prosperis] positis Arev ita] + et//£ Arev permixtum] -to G 29 excelleret] -rit DB GJ 30 mali] -lum Q 31 ponunt hic IE Arev; post 1,8,19 ceteri; duobus locis G 35 supercilium] -cilicium D paruam rem demis] p. r. demes M Q AIE Arev -uluam r. demes N' -uulam r. demis N' parua re demis G 36 sed ] + si/ in] от. NAG uniuer sitate ] -tem N AGJ 37 creaturae] + est Arev natura] -ram/ dixeris] -ras / 39 primi hominis] от. Q poena ] penata A ' 41 uidentur] -det G' -dent G' partim) -tem N' G saeuiunt] -iant B' origine] -geni D -ginem G 42 partim ] + saeuiunt M' -tem G culpa] -pаe GJ 43 mala ] -le Q G' -lae G' dicunt] -tur Л 44 quia' ] qui X' E ferrum ] ferius G feram ] -ra A G mordit ) -det M' N QX

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 9

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45 commoda ipsorum non intendens homo, accusat in illis quod sibi debet potius inputari. Cuiusque pro peccato ista effecta sunt noxia, quae illi omni ex parte fuerant ante peccatum subiecta. 9,9b. Nostro uitio, non sua natura, nobis mala sunt ea 50 quae nobis nocent. Nam lux, dum sit bona, infirmis oculis noxia est, et tunc oculorum uitium, non lucis est. Sic et ce tera. 9,10. Cum creaturarum stimulis et elementorum aduersitatibus homo uerberatur, peccati hoc exigere poenam, ut 55 Deo superbiens homo ea quae infra ipso sunt patiatur aduersa. Vnde et in sapientia legitur pro Deo: Pugnauit cum eo orbis terrarum contra insensatos. Merito ergo peccatorum hoc actum est ut naturaliter prospera mutentur homini in aduersis. Vnde et Salomon: Creatura exardescit 60 in tormentum aduersus iniustos et lenior est ad benefaciendum his qui in Deum confidunt. 9,11. Non erit caro subiecta animae, nec uitia rationi, si animus non est subditus Conditori. Tunc autem recte subiciuntur nobis omnia quae sub nos sunt, si nos subicimur

56 Sap. 5,21 59 Sap. 16,24 62/68 Cf. Ave diu. Quaest. 8} 67,5 : PL 40,68 MDB N QX A GJIE 45 in]oт.X' 46 debet ] -bit B' GJ inputari ] -re A rev cuiusque] cuius M' Arev cuius quem Q 47 effecta sunt noxia] s. n. ef. G omni] omini A' homini A ' от. G omnia / fuerant ante peccatum ] f. a. -to В fierant a. p. A a. p. f. G -erunt a. p. A rev 51 noxia] noxa В uitium] -io M' 53 stimulis] -us B' 54 exigere] exe- G poenam] + intelleget M' 55 deo] dum Л" G infra ] intra N ipso ] -sum M' N' QX I 56 pugnauit ] -abit M' X' A Arev 57 cum] pro В 59 homini] -nem G aduersis] -sa M' N Arev -su A 60 tormentum] -to AT tur- В -tis Q iniustos] -tis G' aduersus] -sos D J lenior est ] leniorem Q lenior E 61 deum] deo Q Arev domino G 62 ui tia] uita £ uitium Arev rationi si] rationis В -ione si G -io nisi / 63 subiciuntur] subiunguntur ß 64 nos ] nobis M' Arev subicimur] -cimus Q A G -ciens E

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 9-10

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65 ei a quo nobis illa subiecta sunt. Nam et quae uidentur esse subiecta ei qui Deo subiectus non est, ille potius subicitur eis, qui suam uoluntatem subiugat amori earum quae sibi subiecta existimat.

X. DE ANGELIS. 10,1. Angelorum nomen officii est, non naturae, nam se cundum naturam spiritus nuncupantur. Quando enim de caelis ad adnuntiandum hominibus mittuntur, ex ipsa ad5 nuntiatione angeli nominantur. Natura enim spiritus sunt. Tunc autem angeli uocantur quando mittuntur. 10,2. Natura angelorum mutabilis est quia inest illis mutabilitas in natura, sed facit eos incorruptos caritas sempi terna. Gratia, non natura esse incommutabiles angelos. 10 Nam si natura incommutabiles essent, diabolus non utique cecidisset. Mutabilitatem itaque naturae suffragat in illis contemplatio Creatoris. Inde et priuatus est apostata ange lus, dum fortitudinem suam non a Deo, sed a se uoluit custodire.

10,2/6 Cf. Greg. M. in eu. 2,34,8: PL 76, 1250-1251; Isid. etyт. 7,5,2-5: BAC 433,646 7/14 Fvle.-R.yid. 23,66: СС 91,752 MDB N QX AGJ1E 66 qui deo] quidem Q quia d. X' ille] -li G 67 eis qui] ei q. X' e. quia subiugat] -ga Q -git X' amori] -re D G earum] eorum M' G Arev 68 subiecta existimat] ex. M'DB apta ex. sub. N' apta ex. N' exest- A s. exest /' s. extimat E 10,1 X] oт.Q 2 naturae] -a G 3 nuncupantur] -patur Q' J' 4 homi nibus] -ni Q 5 natura ] -rae G 7 est] oт.Q inest]est.W 8 eos)illos / incorruptos] -tus AG J' 9 gratia] +dicimus Arev esse] + constat M' incommutabiles angelos ] -bilis -los M' GJ' -bilis -lus В A 'J' -biles -lum Q -biles-lusЛ'' 10 incommutabiles] -lis A 'GJ essent ] esset G diabolus] -lum Q zabolos A' zabolus A'JIE non utique] u. n. X n cecidisset] -ssent Q caeci- / suffragat] -atur M' N Arev in] от. I 12 creatoris] -turis В A' inde ] unde M' est ] от. В 14 custodire ] -ri M' N' QX Arev G

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, ю i5

10,3. Ante omnem creaturam angeli facti sunt, dum dic tum est: Fiat lux. De ipsis enim dicit scriptura: Prior от nium creata est sapientia. Lux enim dicuntur participando lucis aeternae. Sapientia uero dicuntur genitae inhaerendo sapientiae. Et dum sint mutabiles natura, non tamen sinit го eos contemplatio mutari diuina. 10,4. Ante omnem creationem mundi creati sunt angeli et ante omnem creationem angelorum diabolus conditus est, sicut scriptum est: Ipse est principium uiarum Dei. Vnde et ad conparationem angelorum archangelus appel25 latus est. Prius enim creatus extitit ordinis praelatione, non temporis quantitate. 10,5. Primatum habuisse inter angelos diabolum, ex qua fiducia cecidit, ita ut sine reparatione laberetur. Cuius praelationis excellentiam propheta his uerbis adnuntiat: 30 Cedri non fuerunt altiores illo in paradiso Dei, abietes non adaequauerunt summitatem illius, omne lignum paradisi non est adsimilatum Uli, quoniam speciosiorem fecit eum Deus. 10,6. Distat conditio angeli a conditione hominis: homo 35 enim ad Dei similitudinem conditus est; archangelus uero qui lapsus est signaculum Dei similitudinis appellatus est,

io,16 Gen. i,3

16 Eccli. 1,4

23 lob 40,14

30 Ez. 31,8

15/20 Cf. Avg. gen. Litt. 1,17,32 : BA 48,126 21/40 Greg. M. mor. 32,23,47 : СС 1438,1665-1666 27/33 Isid- etyт. 7,5,4: ВАС 433,646 MDB NQX A GJ1E 15 dum ] nam G 16 scriptura ] scriptum est G prior ] prius В p. enim J' 18 lucis] -ci Arev uero] enim Arev genitae] ignite G -ti J ingenitae Arev inhaerendo] -de E 19 sint] sunt MB Arev mutabiles] -lis В AGJ sinit] -net В A 20 mutari] -re AGJ 21 creationem mundi] ~ В AJ m. -ione G 23 ipse]-i G est] + enim В N AGJ 24 archangelus] -los J' 25 extitit] -tetit GJ praelatione] rel- G 27 primatum] + constat M' habuisse ] -ssent D' angelos ] -lus A 'J' 28 ut] от. D' 30 altiores ] -ris / abietes] -tis GJ 31 adaequauerunt] equ- Q A 32 speciosiorem ] -sorem A'J spetiosum G specio /' 34 angeli a] angeli В angelica X' 35 ad] a/ similitudinem ] conditionem Q

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10

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testante Domino per Ezechielem: Tu, signaculum similitudinis, plenus sapientia, perfectus decore, in deliciis paradisi Deifuisti. Quanto enim subtilior est eius natura, tanto 40 plenius extitit ad similitudinem diuinae ueritatis expressa. 10.7. Prius de caelo cecidisse diabolum quam homo conderetur. Nam mox ut factus est, in superbiam erupit, et praecipitatus de caelo est. Nam iuxta ueritatis testimonium ab initio mendaxfuit, et in ueritate non stetit, quia, statim 45 ut factus est, cecidit. Fuit quidem in ueritate conditus, sed non stando confestim a ueritate est lapsus. 10,8. Vno superbiae lapsu, dum Deo per tumorem se conferunt, et homo cecidit et diabolus. Sed homo reuersus ad poenitentiam Deo se inferiorem esse cognoscit. Diabo50 lus uero non solum in hoc contentus quod se Deo aequalem existimans cecidit, insuper etiam superiorem Deo se dicit, secundum apostoli dicta, qui ait de Antichristo: Qui aduersatur et extollitur supra omne quod dicitur Deus aut colitur. 55

10,9. Diabolus ideo iam non petit ueniam, quia non conpungitur ad poenitentiam. Membra uero eius saepe per

37 Ez. 28,12

44 Ioh. 8,44

52 II Thess. 2,4

41/46 Cf. Ave gen. Litt. 11,23,3: BA 49,278 1436,1446-1447

47/54 Greg. M. mor. 29,8,18: СС

MDB N QX AGJIE 37 domino ] deo A 38 paradisi] от. G 39 quanto] -tum/ natura ]om. В -ram Q tanto] -tum / 40 plenius] - nus В A extitit] -tetit D A'G' ad] ad Dei G 41 diabolum ] -lus M' -lus creditur M' Arev quam]quando A conderetur] -ritur D 42 ut ] от. DB X A 'E 43 de caelo est ] e. de c. / Arev iuxta] iusta / testimonium] -io G' 44 quia] qui D' 46 est lap sus] ~ G 49 deo] dum G cognoscit ] -ouit QX reco-/ 50 иeю] от. X' in] от. Arev contentus M' QX ] temptus M' -emtus D E -emptus В N Jl -tetus A tempus G 51 existimans ] ext- M' E exest- В exst- / cecidit ] + sed E superiorem ] -res Q deo se dicit ] se deo dicit /V QX A 'G deo dicit A ' se dicit E 52 apostoli ] -lum A ' dicta ] -tum /V QX JE Arev antichristo ] anteM'D A'G 53 et] от. A'G extollitur] -ИeturЛ' supra] super G omne] -nia A deus] от. В N А ' aut ] + quod M' X Arev 54 colitur] + deus В N 55 ideo] от. В A uero i. G iam] от. QX J'I' petit ] -tet IE Arev conpungitur] -puni- D' 56 saepe] от. Arev

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ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10

hypocrisin deprecantur quod tamen pro mala conscientia adipiscere non merentur. 10, 10. Discat humana miseria quod ea causa citius 60 prouocetur Deus praestare ueniam dum infirmo conpatitur homini, quia ipse homo traxit ex parte inferiore infirmitatem peccandi, hoc est ex carne, qua inclusa anima detinetur. 10,11. Apostatae angeli ideo ueniam non habent, quia 65 carnalis fragilitatis nulla infirmitate grauati sunt ut peccarent. Homines autem post peccatum idcirco reuertuntur ad ueniam, propter quod ex lutea materia pondus traxerunt infirmitatis. Ideoque pro infirma carnis conditione reditum patet homini ad salutem, sicut et psalmus dicit: Ipse scit 70 figmentum nostruт. Memento Domine quod terra sumus. Et Kerum: Memorare, inquit, quae sit mea substantia. 10, 12a. Postquam apostatae angeli ceciderunt, reliqui perseuerantia aeternae beatitudinis solidati sunt. Vnde et post caeli creationem, in principio repetitur: Fiat firma75 mentum, et uocatum est firmamentum caelum, nimirum ostendens quod post angelorum ruinam, hii qui perman-

69 Ps. 102,14 (psal. moz.) ; Cf. lob 10,9 75 Gen. 1,8

71 Ps. 88,48

74 Gen. 1,6

59/63 Greg. M. mor. 9,50,76: СС 143,510; Isid. diff. 2,15,44-45: PL 83,77 83 Isid. etyт. 7,5,30-31 : ВАС 433,650

72/

MDB N QX AGJIE 57 tamen pro) oте. /' 58 adipiscere ] -ci M' N QX Gl Arev 59 discat] dicat M'DB dicit G 60 ueniam] + non merentur G infirmo] -ma В 61 homo] от. E Arev inferiore] -ri M N Q AIE Arev -rem В infirmitatem peccandi] -te p. GJ ~ Arev 62 qua] que G quia Arev inclusa] excM'DB AG 65 carnalis fragilitatis] -les -tes В -les -tis AG' ut] от. I' 68 infirmitatis] -tes A reditum] -tus Arev 69 patet] habent M' от. G homini] -nes M -nis D N AGIE psalmus] salmus A 'G' 71 inquit] do mine i. Q + domine X quae sit ] qua sit / quae Arev 72 reliqui ] ceteri Arev 73 solidati] -te M' 74 creationem] creatio rationem M' repetitur] -eritur X I fiat] от. M firmamentum et uocatum est] + inquit M' от. Q 76 hii] hi X G Arev permanserunt ] percusserunt M'

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10

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serunt firmitatem meruerunt aeternae perseuerantiae et beatitudinis quam antea minus acceperant. 10,12b. Post diaboli deiectionem, angelorum sanctorum 80 conlatam sanctitatis perseuerantiam et beatitudinem quam minus acceperant. Vnde oportet agnosci quod malorum iniquitas sanctorum seruiat humilitati, quia unde mali conruunt, inde boni proficiunt. 10,13. Bonorum angelorum numerus, qui post ruinam 85 angelorum malorum est diminutus, ex numero electorum hominum subplebitur. Qui numerus soli Deo est cognitus. 10,14. Inter angelos distantia potestatum est, et pro graduum dignitate ministeria eisdem sunt distributa, aliisque alii praeferuntur tam culmine potestatis quam scientia uir90 tutis. Subministrant igitur alii aliorum praeceptis, atque oboediunt iussis. Vnde et ad prophetam Zachariam ange lus angelum mittit, et quaecumque adnuntiare debeat praecepit. 10,15. Nouem esse distinctiones uel ordines angelorum 95 sacrae scripturae testantur, id est angeli, archangeli, throni,

91 Cf. Zach. 2,4 79/86 Cf. Ave. enchir. 28: BA 9,154 Greg. M. in eu. 2,34,11: PL 76, 1252-1253 1249-1250

87/93 Ism- etyт. 7,5,6-7: ВАС 433,646; 94/106 Greg. M. in eu. 2,34,7: PL 76,

MDB N QXAGJIE jj perseuerantiae et beatitudinis] p. et -dines A b. -antiam J 78 antea] -te acceperant] -cip- В X' AGJ 79 post diaboli ... acceperant] от. Arev deiectionem ] -ne Q sanctorum ] + agminibus M' 81 acceperant ] in primis ac. nouimus M' -runt E unde ] + et G oportet ] -titur G -it J quod ] ut G 82 sanctorum ] -os G humilitati] -te D ad -te G utilitati E Arev unde] inde G 83 inde] unde G 85 ex numero ... cognitus] от. В 86 homi num] omnium MD AIE 87 angelos] -lus J 88 dignitate] indig- Q -tu G' -tum G" eisdem] eis X aliisque alii] aliis alii M' aliisque alie Gl' aliique aliis Arev 89 culmine ] -nis Q lumen G uirtutis ] ueritatis G 90 submini strant ...praeceptis] от. I' subministrant] -trat Q GJ' -trans A alii] от. А 91 oboediunt] -ient MD AG -ientiae В iussis] от. В angelus angelum] -lum -lus В AG 92 praecepit ] -cipit DB ' N Q I 94 esse] от. G distinc tiones] -nis DAJ -nem G ordines] -nis / 95 sacrae] + eis G scripturae testantur] -ra -tatur G angeli archangeli throni] -los -los -nos M' Arev

У

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10

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dominationes, uirtutes, principatus, potestates, cherubim et seraphim. Horum ordinum numerum etiam Ezechiel propheta discribit sub totidem nominibus lapidum, cum de primatu apostatae angeli loqueretur: Omnis, inquit, lapis wo pretiosus operimentum tuum-. sardius et topatius et iaspis, chrisolitus et onix et berillus, sapphirus, carbunculus et smaragdus. Quo numero lapidum ipsi ordines designati sunt angelorum, quos apostata angelus ante lapsum quasi in uestimento ornamenti sui adfixos habuit. Ad quorum 105 separationem, dum se clariorem cunctis aspexit, confestim intumuit et cor suum ad superbiam eleuauit. 10,16. Angeli semper in Deo gaudent, non in se. Malus uero inde est diabolus, quia non quae Dei, sed quae sua sunt requisiuit. Nulla autem maior iniquitas quam non in no Deo, sed in se uelle quempiam gloriari. 10,17. Angeli Verbo Dei cognoscunt omnia antequam in re fiant et quae apud homines adhuc futura sunt, angeli

99 Ez. 28,13 107/110 Cf. AVe. ciu. 12,i : BA 35,148 48,354-356

1n/113 Cf. AVe. gen. Litt. 4,32,49-50 : BA

MDB N QX AGJIE 96 dominationes] -nis DB' J principatus] + et В A' potestates] -tis D 97 ordinum ] -nem M'G numerum etiam ] ~ В 98 propheta ] -te G -tam / discribit ] des- N QX A 'I scribere G totidem ] tot id est G' nominibus] numerum G 99 primatu] -tum Q -to G apostatae] a potestate N' -ta G loqueretur] loquere itur M locuntur Q omnis] -nes В AG' lapis] -pes A' -pides G'J' 100 sardius] -ios В' et topatius] et topazius X to. /' Arev et iaspis] et iaspes В A ia. GJ' от. I' 1o1 chrisolitus] -oltus В -letus A et c. G et']oт.GJ' et berillus ] et -os B' ber.J'Arev sapphirus ] + et N QX Arev 102 smaragdus ] zmardus D' ismaragdos B' his maracolus /' quo nu mero] quorum numerum В quo numerum / ordines] -nis GJ 103 apostata] -tae D AG angelus ] -los/' lapsum] -su/ 104 uestimento ] -tum G or namenti ] -to G adfixos ] -xus A ad ] a X 105 separationem ] se compaMD' se compationem D' -ne В' X se comparatione B' compa- AGl'E Arev comparatione / 106 intumuit] -tim- X' et ... eleuauit] от. В eleuauit] -abit X' E 107 deo] deum G' gaudent] -det A ' 108 inde] ideo Arev dia bolus] -los A' quia] qui M' 110 deo] deum D IE sed in] in Q sed Х' in uerbo] uero M in u. AJIE Arev dei] от. A in re] inter Q 112 fiant] fiat В homines] -nis D J

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10

35

iam, reuelante Deo, nouerunt. Praeuaricatores angeli, etiam sanctitate amissa, non tamen amiserunt uiuacem 115 creaturae angelicae sensum. Triplici enim modo praescientiae acumine uigent, id est subtilitate naturae, experientia temporum, reuelatione superiorum potestatum. 10,18. Quotiens Deus quocumque flagello huic mundo irascitur, ad ministerium uindictae apostatae angeli mittun120 tur. Qui tamen diuina potestate coercentur ne tantum noceant quantum cupiunt. Boni autem angeli ad ministerium salutis humanae deputati sunt, ut curas administrent mundi, et regant omnia iussu Dei, testante apostolo: Nonne omnes, inquit, sunt administratorii spiritus, in mi125 nisterium missi propter eos qui hereditatem capiunt salu tis? 10,19. Angeli corpora in qua hominibus apparent de su perno aere sumunt, solidamque speciem ex caelesti ele mento inducunt, per quam humanis obtutibus manifestius 130 demonstrentur. 10,20. Singulae gentes praepositos angelos habere creduntur, quod ostenditur testimonio angeli Daniheli loquentis: Ego, inquit, ueni ut nuntiarem tibi, sed princeps

124 Hebr. 1,14

133 Dan. 10,12-13

115/117 Cf. Ave. diu. Daeт. 3,7 : BA 10,662-666 127/130 Greg. M. mor. 28,1,7 : СС 1438,1398-1399 131/135 Cf. Greg. M. mor. 17,12,17 : СС 143A,861-862 MDB N QX AGJIE 113 deo] domino MJ praeuaricatores ] -ris D praeueri- A 114 tamen ]oт. M 115 angelicae] -Ii G enim] от. N n6 acumine] -men В AG ui gent ] uegent G id est) от. N experientia ] -iae AI' 117 superiorum po testatum] ~ A -rnorum p. G 118 quotiens] -ties Q I 119 uindictae] uinditae A 120 qui ] quia A diuina] -ne G ne] neс M'D A' tantum ] -to/' 121 autem] tamen E A rev 122 curas] -es Л 123 regant ] -at A ' iussu] -so В' A'GJ 124 administratorii] -ri D -res MB X 125 qui] quia E 127 qua ] quibus M' N' X' Arev 128 solidamque ] solamque A 129 indu cunt] -duunt N' Gl' Arev quam ] qua D quae A 131 gentes ] -tis G prae positos] -tus G angelos] -lus A 132 testimonio] -ium G angeli] -lo A daniheli ] -lo N A G loquentis] -tes DJ' -ti G 133 ueni]-iunt/'

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10 regni Persarum restitit mihi. Et post alia: Non est qui me 135 adiuuet, nisi Michael princeps uester. 10,21. Item omnes homines angelos habere probantur, loquente Domino in euangelio: Amen dico uobis quia an gelí eorum semper uidentfaciem Patris mei, qui est in cae lis. Vnde et Petrus in actibus apostolorum, cum pulsaret но ianuam, dixerunt intus apostoli: Non est Petrus, sed ange lus eius est. 10,22-24. Si Deum angeli contuentur et uident, cur Pet rus apostolus dicit: In quem desiderant angeli Dei conspicere? Item, si eum non contuentur, nec uident, quomodo, 145 iuxta sententiam Domini, angeli eorum semper uident fa ciem Patris qui est in caelis? Sed bene utrumque est: nam ueraciter credimus quod Deum angeli et uident, et uidere desiderant; et habent, et habere festinant; et amant et amare nituntur. — Si enim sic uidere desiderant, ut effec150 tum desiderii non perfruantur, desiderium hoc necessitatem habet. Necessitas ista poenalis est, et beatis angelis omnis poena longe est, quia nunquam simul poena et beatitudo conueniunt. Rursum si eos dicimus Dei uisione satiari, satietas fastidium habere solet et scimus illos Dei uisi155 one, quam et desiderant, fastidire non posse. — Quid ergo

134 Dan. 10,21 145 Matth 18,10

137 Matth. 18,10

139 Act. 12,15

'43 l Pet-

142/163 Greg. M. mor. 18,54,91: СС 143A,953-954 MDB N QX AGJ1E 134 alia] aliqua X alius G 135 adiuuet ) -uit J -bet E 136 angelos] -lus A 137 dico] -ci В 138 uident] от. X' est in caelis] ~ X 140 intus] in intus Q apostoli] positi M 141 est] от. M 142 angeli contuentur] -lico tuenturg et uident] от. I' 143 apostolus] от. J dicit] dixit Arev dei] deo В 144 item ] iterum В AG nec ] et В 145 eorum ) от. A 146 est in caelis] ~ X Arev sed] от. В G 148 habent] -bet В' amant] ament M' 149 effectum ] -tu N X' aff- A 151 habet ] -ent D Q et ] + a N' Q I sed a Arev angelis omnis] -los -nes M' a. -nes В 153 conueniunt] -nit G 154 satiari ] -re M' Gl scimus ] sciamus M' uisione] -nem NX I Arev -nes Q 155 et] от. M'JIE fastidire ] -dere С

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 10

37

est, nisi ut miro modo simul utrumque credamus, quia et desiderant et satiantur? Sed desiderant sine labore, et satiantur sine fastidio. Ne enim sit in desiderio necessitas, desiderantes satiantur, et iterum, ne sit in satietate fasti160 dium, satiati desiderant. Vident ergo angeli faciem Patris per satietatem, sed quia satietas ista fastidium nescit, an geli desiderant in eo prospicere semper. 10,25. Vbicumque in scripturis sanctis pro Deo angelus ponitur, non Pater, non Sanctus Spiritus, sed pro incarna is tionis dispensatione solus Filius intellegitur. 10,26-27. Ante dominicae incarnationis aduentum dis cordia inter angelos et homines fuit. Veniens autem Chris tus, pacem in se angelis et hominibus fecit. Eo quippe nato, clamauerunt angeli: In terra pax hominibus bonae 170 uoluntatis. Per incarnationem igitur Christi non solum Deo reconciliatus est homo, uerum etiam pax inter homines et angelos reformata est. — Discordia igitur ante aduentum Christi hominum et angelorum fuisse per id maxime agnoscitur quod salutati in ueteri testamento ab hominibus an175 geli despiciunt se salurari ab eis. Quod in nouo testamento a Iohanne factum non solum reuerenter angelus suscipit, uerum etiam ne faciat interdicit. 169 Luc. 2,14

174 Cf. Gen. 19,1 ; los. 5,15

175 Cf. Apoc. 22,9

163/165 Greg. M. mor. 28,1,9 : СС 1438,1400-1401 1,8,2 : PL 76, 1104-1105

166/177 Greg. M. in eu.

MDB N QX AGJIE 156 nisi] от. I' credamus] credatur G 159 satiantur] pa- M 160 sa tiati ] -ari N Arev 161 satietatem ] -te A 162 eo] eum M' Arev ea G pros picere] pres- D pers- / 164 ponitur] pun- В sanctus spiritus] — Q AGJE incarnationis ] -nes A ' -ne G 166 dominicae ] -ci G incarnationis ] -nes A' 167 angelos] -lus В A 168 se] + et QX JIE Arev 169 nato] -ta X 170 uoluntatis] uolonitatis A' incarnationem] incartionem A christi] -tus Л 171 inter homines] i. -nis D in terra h. Gl' 172 angelos] -lo В' -lus A -lis G reformata est] от. D' form- e. D' 173 id] idem £ 174 salutati ] saluti E ueteri] -re В Q A ab hominibus ... testamento (10,178)] от. A 175 se salutari] se sa. uel adorari M' resa- D N resalutare G sa. J 176 fac tum] -to ß G' reuerenter ] reuertentes В angelus] -los/' suscipit ] -cepit Q Gl 177 faciat ] facerit В

38

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, io-1i

10,28-29. Ob hoc homo in ueteri testamento despicitur, nec resalutatur ab angelo, eo quod homo adhuc nondum 180 transisset in Deo. — Suscipitur autem homo a Deo, et reuerenter salutatur ab angelo; nam et Mariam angelus Gabrihel legitur salutasse, et Iohanni angelum salutanti ab eodem angelo dicitur: Vide ne feceris, conseruus enim tuus sum, etfratrum tuoruт. Per quod agnoscitur per incarna185 tionem dominicam pacem hominibus fuisse et angelis redditam. XI. DE HOMINE. и, 1a. Omnia sub caelo propter hominem facta sunt, homo autem propter seipsum. Inde et omnia per figuram ad eius similitudinem referuntur. 5

1l, 1b. Communia homini omnia naturalia esse cum om nibus rebus quae constant, et in homine omnia contineri, atque in eo omnium rerum naturam consistere.

11, 1c. Vniuersitati creaturae homo magna quaedam portio est, tantoque gradu est ceteris excellentior, quanto ima10 gini diuinae uicinior.

181 Cf. Luc. 1,28-29

183 Apoc. 22,9

11,2/7 Lact. inst. 7,4-5 : PL 6,746-747 MDB N QXAGJIE 178 hoc] + ergo В despicitur] dip- AT dispic- M'DB N' X' JIE ueteri] -re В X' 179 nec resalutatur] nec -taret G от. J 180 in deo ... ab angelo (10,181)] bis scr. A deo] deum M' N Q I' Arev reuerenter] -tur A refe- /' 181 salutatur] salua- /' mariam] -ia В J angelus] -los J' 182 salu tasse ] -asset Q satasse A ' iohanni ] -nem В -ne A -nis / angelum ] -lo DB N G -lus Q salutanti] -tem В -te А 183 conseruus] -uos /' enim] от. J' tuus] tuos / 184 per'] pro N quod] quo D G'E 11,1 homine] -nem Л 3 seipsum ] semet- / inde]undejV et] + etiam / 4 referuntur ] reuertuntur G 5 communia ] cum omnia Q' naturalia] -le G -Ii / omnibus] hominibus Q 6 rebus] от. GE Arev in homine] ho mern Л contineri] contenere M' G' -re M' A G' conteneri D 7 in eo] ideo X naturam] + certum est M' -ra В -rarum N G consistere] + (patet) Arev 8 uniuersitati ] -te M' N' AGI -tis M' QX N' Arev 9 tantoque ] tanto quae./ imagini diuinae ] ~ В A -uini i. G

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, н

39

n,1d-2. Quantum ceteris creaturis praestet homo dignitate uirtutis, ex ipsa reuerentia discitur creationis, dum om nia dixit Deus: Fiat, et facta sunt ; creare uero hominem quadam aeterni consilii deliberatione uoluerit dicens: Fa1s ciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostraт. — Quia enim boni sumus naturaliter conditi, culpae quodammodo merito contra naturam sumus effecti. 11.3. Sicut praesciuit Deus hominem peccaturum, ita et praesciuit qualiter illum per suam gratiam repararet, qui 20 suo arbitrio deperire potuisset. 11.4. Originaliter Adam et Eua simul creati sunt. Specialiter uero postea mulier de latere uiri formata est. Pariter ergo conditi sunt utrique rationis ordine, non pariter temporis unitate 25

11,5. Vir ad imaginem Dei factus est, mulier ad imaginem uiri formata est, unde et il Ii lege naturae subiecta est 11.6. Item uir propter semetipsum factus est, mulier ob adiutorium uiri creata est.

11.7. Homo propter peccatum tunc traditus est diabolo 30 quando audiuit: Terra es, et in terra ibis. Tunc enim dic-

11,13 Gen. 1,3 ; etc Lat.)

530

14 Gen. 1,26

27 Cf. Gen. 2,18

30 Gen. 3,19 (Vet.

16/17 Cf. Ave. gen. impf. 1,3: PL 34,221 18/20 Cf. Ave. ciu. 22,1: BA 37,52429/33 Cf. Ave Trin. 13,12,16 : BA 16,306-310 ii,21-16(i-1o),48 MDB N X AGJIE

il praestet ] praestit M'B G praestat M' Arev praeest E dignitate ) -tem MD 12 uirtutis] -tes A discitur] -cetur A' dicitur G creationis] -nes A' dum] + per Arev 13 deus] от. J fiat] -ant N' creare] -ature /' 14 quadam] quedam Q quidam A cum q. Arev aeterni] -nаe G 16 cul pae] -paß quodammodo ] quodadmodo D quodadmodum G 17 naturam] -ra G + mali QX Arev 18 peccaturum] -torem N AG -torum /' et] от. QX 19 repararet ] reparet Q 20 potuisset] от. D' postea iacunam habet usque 1,16, 9 Q 23 ergo] uero/ utrique] utrisque A utrequi D uterque Arev ra tionis] -nes A -ni D' pariter ] tamen X 24 unitate ] uitae В 27 item] от. E est] от. J mulier ... creata est] от. В ob] sub G 28 adiutorium] -ШТ-D A -rio GJ 29 peccatum ] -to A

A

40

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 11

tum est diabolo: Terram manducabis. Vnde et propheta ait: Serpenti, puluis panis eius. Serpens enim diabolus, puluis impii; et ipsi sunt cibus diaboli. 11.8. Quia praua uoluntate ad ima conlabimur, recte ad 35 bene agendum cum labore consurgimus; quod non ita es set si delectatio flagitium primorum hominum non persuasisset, quibus ad bene uiuendum tantum uelle sufficeret et sine difficultate statim actio obtemperaret. 11.9. Diuisio et pugna ut sit in hominis animo, poena 40 peccati est ex primo homine in omnes eius filios propagata, ut, qui noluit cum Deo esse unitus, esset in semetipso diuisus, et qui imperanti Domino noluit esse subiectus, fieret sibimetipsi rebellis atque contrarius. Vnde nec sibi poterit subiugari si prius Deo non fuerit subiugatus sibi45 que seruiet nolens, qui Deo noluit uolens. n,1o. Quam uarie per diuersa humanum defluxit genus, dum se ab una stabili semperque manente diuinitatis soliditate subtraxit! Nam, dum opus quod libens appetit quasi ut ibi iam requiem mentis infigat, dum ei non sufficit, mu so tata intentione, ad alias atque alias actiones transit, dum-

31 Gen. 3,14 (Vet. Lat.)

32 Is. 65,25

39/45 Cf. Greg. M. mor. 26,17,28 : СС 1436,1285-1287 MDB NX A GJIE 31 diabolo] a dia. M'DB A ad dia. G' ad diabulum G' et dia. ДЕ mandu cabis) - cauis E propheta ait] - tauit В 32 serpenti] de -te M' enim] + est Arev 33 cibus] -bos D -bi G 34 uoluntate] -umtate D -uptate / con labimur] -imus A lab- G' -itur / 35 cum] non A consurgimus] -gemus B' non] от. A esset] essit G 36 flagitium] -tio В A -tii G hominum] -neтЛ' 37 quibus ] + si N sufficeret] -rit G et] от. В G 38 obtem peraret] -are G 39 hominis] -nes A G 40 primo] -mi G' 41 esset] essit G 42 imperanti] -te M A Gl 43 sibimetipsi ] semetipsi В rebellis ] -uellis E nec] ne AJ sibi poterit ... subiugatus N X JIE] subiugatur M'DB AG sponte subiugatur M' 44 fuerit ] fieret X 45 deo ] + obedire M' uolens ] no- M' 46 uarie] -ae M'B AJ defluxit] -flexit G 47 stabili] -le DB AG -lis / diuinitatis] diuitates A' diuitatis A' -te G soliditate] solitate M' soli dite /' 48 dum ] от. G quod libens ] aliquod libens M' quodlibet N X l'E Arev appetit] -tet M'D 49 ut] от. Arev ibi] sibi £ infigat ] + sed A Arev -git Arev sufficit ] suffec- M' G' 50 actiones ] -nis D transit) + et A

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 11-12

41

que per diuersa requiem solidam quaerit nec inuenit, in labore miser et uarietate uiuit, et uacuus a requie manet. Quamuis eadem mutabilitas non sit homini concreata, sed pro merito primae praeuaricationis illi accesserit, iam ta55 men naturalis facta est, quia originaliter a primo homine, sicut et mors, in omnes homines transiit.

XII. DE ANIMA CETERISQVE SENSIBVS. 12,1. Vita corporis anima, uita animae Deus est. Et sicut corpus mortuum est sine anima, ita anima mortua est sine Deo. 5

12,2a. Anima hominis non est homo, sed corpus, quod ex humo factum est, id tantum homo est. Inhabitando autem in corpore anima, ex ipso participio carnis, hominis nomen accepit, sicut et apostolus interiorem hominem dicit.

10

12, 2b. Animam non carnem conditam esse ad Dei imaginem. Male ergo a quibusdam creditur animam hominis esse corpoream, quae pro id ad Dei imaginem facta est, ut, si non incommutabilis ut Deus esset, tamen incorporea ut Deus existeret.

n,8 Cf. Rom. 7,22 ; Eph. 6,16

12 Cf. Gen. 1,27

12,5/9 Cf. Avg. ciu. 13,24: BA 35,328 MDB N X AGJIE 52 miser) -eriae/ uarietate ] -em E uiuit) -uet MD J uidet E et] от. G uacuus) -uos/' 53 quamuis ) + se G homini] -ne Ai 'G omenЛ'omeni A' 54 primae) -mi A G accesserit ) -essit В A G 55 est] sunt G quia] qui D' a] от. I' 56 homines ] -nis / transiit] -sit N GJE Arev 12,3 ita] ita et J anima'] ama M' 5 hominis] omnis M' -nes A' 6 humo ) + sed corpus /' autem ) + corpore G 7 participio ] principio В AG 8 accepit ] accipit X et) от. D I Arev 11 male] aliter/ a] от. G animam] -ma MB AGI' hominis] -nes M'D G n corpoream] -ea AI' quae ] от. N pro id ) pro eo M' X pro eo quod N pro hoc / propter id Arev ad] а А от. G' 13 incommutabilis] -les M' esset] esse X incorpo rea ] -re D ' 14 existeret ) ex D ' -it G

42

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 12

15

12,3. Sicut angeli ita et animae: habent enim initium, finem nullum; nam quaedam in rebus temporalia sunt, quaedam perpetua, quaedam uero sempiterna. Temporalia sunt quibus inest ortus et obitus; perpetua quibus ortus, non terminus; sempiterna quibus nec ortus, nec terminus.

20

12,4a. Animam non esse partem diuinae substantiae uel naturae, nec esse eam priusquam corpori misceatur, sed tunc eam creari quando et corpus creatur, cui admisci uidetur.

12,4b. Philosophorum sententiae dicunt esse animam 15 priusquam nascatur in corpore. Quod uerum esse nullis adprobatur indiciis. Nam utrum antea fuissemus nec ipsi nouimus, nec quis hominum dicat habeamus. Non est ergo quaerendum, quod quaerendo magis, magis est inridendum. 30

12,5. Gentiles et heretici de anima disputare conantur, sed quomodo de illa aliquid recte sentire possunt, qui auctorem ad cuius imaginem facta est non nouerunt? Et ideo multa errori digna dixerunt.

12, 6a. Mutabilis est anima non localiter, sed temporaliter 35 suis affectionibus. Corpus autem et loco, et tempore mutabilis, quia et tempore mutatur, et uariatur loco.

34/36 Ave. uer. rel. 10,1 : BA 8,48 MDB N X AGJIE 15 finem) + uero Arev 16 temporalia] -les В A temporalia ... uero sem piterna ) от. A 18 non terminus ... nec ortus ) от. G 20 partem ) patet X -ti G 21 naturae] + credendum est M' corpori ) -re D G misceatur] + con stat Arev 22 creari ] -re A creatur] perfecte с. M' -tor B' admisci] -ceri M' N I' Arev -cetur G uidetur] от. G 25 esse] от. В G est A nullis] -lus Л 27 nec] ne M'DB N' A habeamus ] -bemus N X GJIE 28 quae rendo ] -dum MB A 'G magis magis M'D'B A ] magis M' N X JIE Arev magis et magis D' maius G 30 et] от. G 31 recte] -ti D sentire] -ri В qui] quia DA 33 errori digna ] -re Л" dig. -re /V' -re dig. A G'JI' Arev ergo rore dig. G' er. X' 34 sed temporaliter] от. J' 35 loco] -cus В et'] от. N' 36 mutabilis] -le M' N' X I' -le est Arev uariatur loco] ~ Arev

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 12-13

43

12, 6b. Quod est ad corpus mutatio locorum, hoc est ad animum mutabilitas cogitationum. Quae uarietas malae motionis tunc menti inhaesit, quando ab aeternorum con40 templatione primus homo recedens in illo stare noluit, a quo male recessit, et iusta damnatione inconstans per rerum raptus uarietatem defluxit. 12,7. Multum ex sua natura splendorem possidet anima, sed fuscatur conmixtione carnis qua retinetur inclusa. Ex 45 eius enim parte uertitur ad peccandi infirmitatem, Salomone docente: Corpus corrruptibile adgrauat animam et deprimit terrena inhabitatio sensum multa cogitanteт.

XIII. DE SENSIBVS CARNIS. 13,1. Non uirtute, non sensu corporis, sed ratione mentis excellimus animalibus ceteris. 13,2a. Pro rebus corporeis utendis sufficit sensus carnis, ,$) A GJIE Arev] от. ceteri namlom. G uidentur] uinamdentur G' -dum Arev unius] uni I' conuenire] от. G personae ] sententiae/ quod ... est] quod ... sunt / quae ... sunt Arev ut]etC 18 nebula] -lam / Arev conuertere] -te AG' 19 congruit] -uet ATE 20 deleuit] -Iiuit G -bit IE et' ] ad G cui dicit meus es tu et] от. J dicit'] dixit AGI + puer Arev dicit'] dixit A rev et'] от. AG 21 peccata eorum] ~ Arev 22 regulam ] -la A sic enim ] abhinc denuo habent MDB N QX Arev si sic AG sic JIE et] от. G boni redarguantur ] b. redarguatur A ' poniret arg- G' poneret arg- G' bona red. / 23 cum malis ... discet ] от. D qui hic scribit proficit poena quibusdam uero hic incoat damnatio et illuc perfecta speratur perditio ex 27,38 laudentur] -dantur В A E 24 pertineat] -tenet A ' legerit ] -ret Л" discet] -cit В A GJIE -ceat Q 25 littera] + de Arev 26 lege] -em N G praecepta ] от. G admonemur] -nimur M'D AE -netur В I' -nentur I' moQ 27 operemur] -rimur D opere В iuuamur] iubam- D AGI'E iubem- I' G

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 19 tantum historiée, sed etiam spiritaliter sentienda sit. Namque et historiae oportet fidem tenere, et spiritaliter legem 30 intellegere. 19.7-9- Quarta regula est de specie et genere, per quam pars pro toto, et totum pro parte accipitur, ueluti si unius populo uel ciuitati loquatur Deus, et tamen intellegatur omnem contingere mundum. [Sicut in Psalmis: Et adorabunt, 35 inquit, eum filiae Tyri in muneribus. Filiae Tyri, filiae gentium ab specie ad genus; per Tyrum enim, uicinum tunc huic terrae ubi prophetia erat, signiñcabat omnes gentes credituras Christo. — Vnde et bene sequitur: Vultum tuum deprecabuntur omnes diuites terrae. Sic et per Esaiam prophetam dum aduersus Assyrium Dominus comminatur dicens: Conteram 40 Assyrium in terra mea, et in montibus meis conculcem eum et Erit Baby lon illa gloriosa, in regnis indita, sicut subuertit Deus Sodomam et Gomorram.] Nam licet aduersus unam ciuitatem Babyloniam per Esaiam prophetam Dominus comminetur, tamen dum contra eam loquitur, transit ad genus de specie, et con45 uertit contra totum mundum sermonem. — Certe si non diceret aduersus uniuersum orbem, non adderet infra generaliter: Et disperdam omnem terram et Visitabo super orbis mala, et cetera quae sequuntur ad internicionem mundi pertinentia. Vnde et dicit: Hoc est consilium quod cogitaui

34 Ps. 44,12-13 38 Ps. 44,13 13,11 49 Is. 14,26

39 Is. 14,24

40 Is. 13,19

47 Is. 13,5 + Is.

MDB N QX AGJ1E 28 tantum ] -tu В historice ) storice DB I'E storicae N -ricae Q J -riae A 'G spiritaliter] -lia A sentienda ... spiritaliter] от. Q namque] nam E 29 historiae ] storiae M'DB -rie G -rice AI'E Arev storice /' opportet ] -tit В spiritaliter] specialiter E legem] от. В 32 toto] totum AG parte] -temAG ueluti] uelut N silse/' unius] uni M ' N' QX unus A 'G'I' uno G'I' 33 populo] -lu В pro p. / genti E Arev ciuitati ] -te Gl' -tem A 34 si cut ... gomorram (19,42) E Arev) от. ceteri 35 ab specie ] ad speciae E 36 ui cinum E] -nam Arev 39 dicens E ] + ut Arev 41 in E ] et Arev deus E ] dominus Arev 42 nam ... comminetur] от. E denuo incipiunt ceteri unam] suam Arev babyloniam] -onem Arev 43 prophetam] praefatum Arev comminetur] -nitur AG' 44 ad genus] alienus G specie] -iae M Q conuertit] -tet M'D I' + generaliter E Arev 45 certe ... et dicit] от. E certe] per certe G' 46 diceret] dicerit G adderet] -rit В derit G 47 orbis D I ) -bes M'Q orbem M' N X Arev uos В AG urbes J 48 interni cionem] -ne G 49 dicit] adiecit N QX JI Arev est] от. E

ISIDORI HISPALENSIS SENTENTIAE I, 19

68

so super отneт terram, et haec est manus extenta super omnes gentes. 19,10-11. Item postquam sub persona Babyloniae arguit uniuersum mundum, (dicens: Et disperdam, inquit, отneт ter ram, et uisitabo super urbes mala, et cetera quae sequuntur ad interni55 cionem mundi pertinentia,] rursus ad eandem quasi de genere ad speciem reuertitur, dicens quae eidem ciuitati specialiter contigerunt: Ecce ego suscitabo super eos Medos. Nam regnante Balthasar, a Medis obtenta est Babylonia. — Sic et in onus Aegypti, ex persona eiusdem totum uult intelle60 gere mundum dicendo: Et concurrere faciam Aegyptios aduersus Aegyptios, regnum aduersus regnum cum Aegyptus non multa regna, sed unum habuisse scribatur regnum. 19,12-13. Quinta regula est de temporibus, per quam aut pars maxima temporis per partem minorem inducitur, aut 65 pars minima temporis per partem maiorem intellegitur. Sicut est de triduo dominicae sepulturae, dum neс tribus plenis diebus ac noctibus iacuerit in sepulchro, sed tamen a parte totum triduum accipitur. — [Item pars a toto, ut est il-

53 Is. 13,5 Matth. 12,40

54 Is. 13,11

57 Is. 13,17

59 Is. 19,1

60 Is. 19,2

66 Cf.

MDB N QX A GJIE 50 manus] + eius Arev omnes] uniuersas E Arev 52 postquam] dum E Arev sub persona ] sub -nam A supersona- G' arguit ] -ueret E 53 dicens ... pertinentia E Arev] от. ceteri et E ] от. Arev inquit E] от. Arev ur bes E] orbis A rev 55 eandem ] eun- A G de]om.Ai'a./ 56 speciem]-ie A -iae G reuertitur ] -tetur D eidem ] idem E ciuitati ] -tis N G 57 con tigerunt] -ting- X' G anting- A + hic est scriptum AG medos] -dus AG 58 obtenta est] ~ Arev 59 in] от.M' Arev onus)unusQ 60 mun dum] -du G aegyptios ... aegyptios] -us -us A -us -os G 61 aegyptus) -tos /' 62 non]eum 9 'LV 11 '8fr 91 '6fr Si '6fr 9z-Sz 'öS 6 'iS 01 '£S Z 'SS 9 '9S 1 '9S £ '9S 11 'ZS z1-ii 'ZS g1 'Si i '8S 01-9 'I9 01 '£9 V '£9 Zi 'fr9 S S'S9 'S9 Sz sEIUI3J3I 'I Si 'i Zi 'z £i 'г o£ 'z 9i 'V Ol 'V oz £'S '9 ii-Vi '9 Zz 'Z 8Z '6 I '6 l '6 S '6 17 '01 frI '01 Si '01 £7 'ii Si '71 I '£1 91 '£1 61 'Si 1 'Si 61 'Zi S 'Zi 01 '71 8i '77 77 '£z 7

III III I ГР III ГР I ГР II III II III I II II II I I II II III I

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II III I III II P III III II II III II III I I II II III II I III II P III I III P III ГР III II III

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INDEX LOCORVM SACRAE SCRIPTURAE 24, 24 29, 23 ЗО, H ЗО, 15 39, 6 48, 10 V.L. 48, 10 51, И Threni 3, 41 4.8

РГ cf. III III III cf. II cf. II III I

2, I, 2 I, i, 5 2, 6, 29 2, 6, 30 32, 8, 29 10, 3, 10 19, 4, 23 5, 4-6, 35

III 7, i8, 88 cf. III 22, 5, 20

Ezechiel i, 9-14 3, 13 3, 17-18 i6,3 16, 49 28, 12 28, 13 31,8

cf. III cf. II III cfГ II I I I

15, 9, 42 5, 7, 40 46, 1, 4 16, 16, 27 42, 2, 7 10, 6, 37 10, 15, 99 10, 5, 30

Daniel i, 8-15 i, 8-16 2, 29 3, 13-50 3, 17 3, 19-50 3, 50 3, 95-96 4, M 10, 3 10, 10-12 10, 12-13 10, 21

cf. II cf. II III cf. II cfГ cfГ cf. III cf. III cf. III II cf. II I I

42, 7, 33 Ii, 12, 60 6, 6-7, 46 42, 7, 33 3, i, 3 28, 3, 10 7, 22, 117 7, 22, 117 60, 6, 26 42, i, 4 44, 2, 9 10, 20, 133 10, 20, 134

Osee 4, 11 7,8 7,9 7, 11 8,4 13, 9 13, 11

II III III III III III II III

43, 3, 8 59, 4, 18 5, u, 65 5, 8, 48 34, 6, 33 48, 10, 59 5, 4, 19 48, 10, 61

Ioel i, 4-5 i, 5 2, 18 2, 28

II II cfГ I

33, 4, 15 43, 6, 27 5, i, 2 15, 7, 40

Amos 2, 13 3,2 3.« 6,1 6, 13 V.L. 7, 4 7, 7

I III m m in ] РГ

5, 4-6, 43 I, 10, 41 57, 4, 24 59, 10, 46 52, 14, 8 29, 7, 32 3, i, 4

Abdias 11

II

28, 1-2, 11

Nahum 1,8 I, 9 V.L.

II 15, 4, 19 III 2, 8-9, 40

Habacuc 2, 11 V.L. 3,2 V.L. Sophonias i, 3-6 Î. 3 Zacharias i, 14 2, 4 8,2 13, i Matthaeus 2, 13-14 4, i-» 5. 5 5, 19 5, 27 5, 28 5, 29 5, 37 5, 38-39 5, 44 6, 2-4 6, i 6,5 6,7 6,9 6, Ii 6, zi 6, 16 6, 21 6, 22-23

РГ I

5, 4-6, 37 15, 10, 59

II 17, 6, 39 III 52, 12, 27 РГ РГ РГ I

5, I, 2 10, 14, 91 5, I, 2 22, I, 3

cf. III cf. III III III cf. II II III II РГ cf. III cf. III Р. II cf. II cf. III cf. III I cf. II cf. III III II cf. III cf. II

6, 6-7, 42 5, 17, 100 20, 1-2, 16 36, 4, 20 39, 14, 72 39, 18, 100 15, 10, 51 31, 3, 9 20, 1-2, 7 7, 13, 66 60, 7-9, 38 44, 7, 39 44, 7, 41 7, 27-28, 143 7, 29, 146 16, 16, 32 5, 5, 32 7, 12, 61 27, 4-5, 16 44, 5, 28 38, 5, 26 27, i, 2

ESDIQNI 'Z z 'Z £ 'Z zz 'Z £z-zz '8 6z '6 " '01 91 '01 oz '01 zz '01 zfr 'zi 9£ 'zi ofr '£i zz '£i o£-frz '£l 8Z '£i o£ 'Si fri 'Si 61 'Si frz '91 frt 'Zi oz '8i 01 '8i Z1-S1 '61 zi '61 fri '61 o£ 'oz 91 'oz Sz 'iz zi 'zz ofr-Z£ 8Z-Zz '£z £1 '*z 8Z-fr 'H £1 'frz íz 'frz frz 'íz fr-£ 'Sz zi 'Sz o£-fri 'íz 'Sz 'íz 'íz 4z 'Sz

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350 9, " п. 3 il, 19 11, 28 11, 31 11, 31-32 12, 4-11 12, 10 13, 1-3 13, 1 13. 2-3 13, 12 14, 15 14, 22 15, 33 15, 34 15, 53 15, 56

INDICES cf. III I cfГ cfГ I cf. II cf. II cfГ cfГ cfГ cf. II cf. II cf. III II РГ cfГ III I cf. II cf. III cfГ cf. II

II ad Gorinthios i, 12 cf. II i, 22 РГ 2, 17 cf. II cf. III 3,6 III 4,7 РГ 5, 5 II 6, г III 9,7 п. 14 cf. III 11, 29 III 12, 4 РГ 12, 7 cf. II cf. III cf. III III •г, 9 cf. II 12, 10 III Ad Galatas 4, 6-7 4, 23 6,4 6,7 6, 13 6, 14

II РГ II cf. II cf. III cf. III cf. III

Ad Ephesios 3, 16 cf. II

46, 6, 31 14, 14, 89 16, 5, 18 16, 8, 38 22, 7, 42 7, 6, 25 13, 3, 9 *7, 7, 35 15, 5, 24 15, 6, 30 36, 7, 33 38, 5, 25 37, 4, 14 3, I, 5 5, 10, 76 26, 4, 15 7, 30, 155 24, 3, И 29, 5, 18 22, 4, 16 26, 3, 13 32, 6, 22 30, 9-10, 38 15, 2, 10 30, 3, 9 12, 1-2, 4 13, 3-4, 18 15, 2, 10 7, 3, 11 60, 16, 88 5, 9, 52 3, 8, 33 15, 6, 34 39, », 57 2, 4-5, 16 5, 32, 190 5, 35, 209 39, il, 61 3, 8, 35 8, 4, 25 16, 17, 34 30, 9-10, 39 16, i, 2 33, I, 2 59, 5, 22 61, 6, 28 44, i, 3

3, 18 3, 19 4,6 4, 13 4, 31 5, 19 6, 16

cfГ I cfГ I II cf. III III cfГ

2, 6, 40 8, 10, 54 2, i, 8 26, 2, 5 20, 4, 11 7, 30, 151 7, 30, 153 12, 2, 8

Ad Philippenses 2, 7 cf. I 14, 3, 8 2, 8 cf. II 11, 12, 56 4, 7 '3, i, » Ad Colossenses 3, 14 cf. II 3, 3, 12 3, 25 III 47, 2, 13 I ad Thessalonicenses 2, 6 cf. III 48, i, 5 5, 22 cf. III 12, 8, 34 II ad Thessalonicenses 2, 4 I 10, 8, 52 2, 6-7 I 25, 3, 8 2, 10-11 II 19, 5, 27 3, 2 II 5, 6, 35 I ad Timotheum 2, 5 I I 2, 14 II 4, 11 cf. III 5, 23 cf. I II 6, 10 II 6, 16 cf. I

H, 4, H H, 5, 23 17, 3, И 36, 4, 17 24, 3, 19 43, 6, 34 41, 4, 13 i, 2, 8

II ad Thimotheum 2, 2 III 43, 7, 43 2, 23 cf. III 14, 4, 17 Ad Titum i, 15 3, 9

II 44, 9, 52 cf. III 14, 4, 17

Ad Hebraeos 1, 14 I II, 6 II cf. III II, 13 12, 6 III

10, 18, 124 2, 3, 9 16, 3, 12 I, 10, 43

INDEX LOCORVM SACRAE SCRIPTURAE Epistuta Iacobi 1, 6 III 2, I4-I9 cf. II 2, 20 cf. II 4, 9 III 4, 17 II I Petri 1, 12 4, 17 5, 8 5, 9 II Petri 2, 22 I Iohannis 1, 8 2, 3-11 2, 18 2, 22 3, 8-10

7, 15, 74 I, I, 4 2, 8, 30 20, -12, 14 I, 9, 36

3, » 3, " 4,6 4, 18 4, 20 Iudae i. 5

I I cf. III cf. I III cf. III II II cf. III cf. II cf. I cf. I cf. I

10, 22-24, I43 27, 2, 9 i, 13, 56 17, 6, 34 5, 5-6, 19 j, 13, 76 16, 2, 5 18, I, 6 62, 7-9, 43 11, 12, 57 25, 1-2, 4 25, 1-2, 4 16, 17, 35

cf. III cf. III II II cf. II

351 27, 5 7, 16, 78 19, 5, 27 8, 3, 15 3, 7, 28

III 2, 8-9, 42

Apocalypsis 2, 9 cfГ 2, 14 I cf. III 2, 20 cfГ cfГ 3. 9 3, 17 III 3, 19 III cfГ 5, 5 cfГ 5,6 12, zi cfГ 20, 1-7 cfГ 22, 9 cfГ I 22, 11 cf. II

25, 6, 31 16, 18, 40 5, 25, 42 16, 18, 41 25, 6, 31 59, 6, 31 2, 6, 25 5, 4-6, 41 5, 4-6, 40 25, 9, 42 *5, 7, 35 10, 26-27, 175 10, 28-29, 183 6, 4, 17

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INDEX FONTIVM Lib. De Ciuitate Dei (BA 33-37) II, 6 11, 17 11, 18 h, 22

cf. cf.

I I I I I I I I I I I II I I

12, i cf. 12, 3 cf. 12, 4 7 12, 17 cf. 13, 24 cf. 14, 17 22, i cf. 22, 15 cf. De diuinatione daemonum (BA 10) 3, 7 cf. I De diuersis quaestionibus Ixxxiii (PL 40) I 67, 5 Deyîde et symbolo (BA 9) 7, 14 cf. I De Genest ad litteram l. xii (BA 48 et 49) i, 17, 32 cf. I I 4, 22, 39 4, 32, 49-50 cf. I 8, 14, 31 cf. I I 9, 17, 31-32 11, 23, 3 cf. I », 33, 43 cf. I De Genesi ad litteram inperfectus liber (PL 34) i, 3 cf. I De Genesi contra Manichaeos (PL 34) I, 4, 7 cf. I I, 17, 27 cf. I De natura boni (CSEL 25) I, i I I 6, 6 De nuptiis et concupiscentia (BA 23) i, 6, 7 cf. II De Trinitate (BA 15 et 16) I i, i, i I 3, 10, 20 13, 12, 16 cf. I De uera religione (BA 8) 10, i I "Enarrationes" in psalmos (CC 40) 148, 3 I

353 Cap.

Lin.

8, 3 9, 2b-3 9, 3-5 9,6 9, 7 10, 16 9, 3 9, 8-9b 9, í 8,4 12, 2a 40, 5 », 3 26, 2

10/14 131/6 18/30 ni1/15 35/36 1071/10 171/8 43/52 2/7 15/19 5/9 22/24 18/20 5/9

10, 17

115/117

9, »

62/68

14, 18

ni1/13

10, 3 8, 13-14 10, 17 9, 23 8, 8 10, 7 5, 6 bis

15/20 62/79 ni/113 81/2 36/39 41/46 4/Z51

il, id-2

161/7

8,9 5, 7

40/41 52/55

i, i i, i

2/4 4/5

25, 6

24/30

t, 2 5, 9 », 7

81/1 69 29/33

12, 6a

34/36

4, 3

21/24

354

INDICES Lib.

Cap.

Lin.

Enchiridion ad Laurentium (BA 9) 28 72

cf. I 10, i2b-13 cf. HI 60, 12 In loannis epistulam ad Parthos tractatus x (PL 35) i, 6 cf. II 18, 3-4

16/20

Tractatus in Euangelium loannis (BA 71, 72, 73A, 73B et 74) 13. 5 I 2, 4 38, 10 cf. I 6, 2-3 24, i cf. I 8, 19 42, 10 cf. I 16, 16

31/32 101/4 1801/10 26/32

Cassianus abbas Massiliensis Conlationes (CsEL 13) 21, 14 cf. II 34, 2-3 De incarnatione Domini contra Nestorium (CsEL 17) 6, 3-4 cf. I zi, 1-2

79/86 60/66

61/0 2/8

Cicero De oratore (CUF) i, 5, 18

I

13, 7b

40/41

Tusculanae disputationes (CUF) i, 27, 67

I

13, 4

21/22

Concilium Toletanum iv (PL 84) c. 57 c. 75

II III

2, 4-5 49, 3

11/20 21/24

Cyprianus episcopus Carthaginensis Ad Donatum (CsEL 3) 15 De dominica oratione (CSEL 3) 28

III

8, 2

5/8

I

21, 1-2

81/3

Formulae spiritalis intellegentiae (CsEL 31) 31, 7-9 I II

i, 6a 31, 10

29/31 32/36

6, i

2/6

I

10, 2

71/4

I

3, ib

71/4

Eucherius episcopus Lugdunensis

Fulgentius episcopus Ruspensis Ad Monimum I. Hi (CC 91) i, 18 Defide ad Petrum (CC 91A) 23, 66 Epistulae xviii (CC 91) 14, 26

cf. II

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