"L'honneur de la maréchaussée": maréchalat et maréchaux en Bourgogne des origines à la fin du XVe siècle 2503510388, 9782503510385


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French Pages 268 [272] Year 2000

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"L'honneur de la maréchaussée": maréchalat et maréchaux en Bourgogne des origines à la fin du XVe siècle
 2503510388, 9782503510385

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TABLE DES MATIERES

Préface

3

Introduction

7

Sources et bibliographie

12

Chapitre I -De l'office domestique à l'office aulique

24

Les origines (de 1'époque carolingienne au début du xne siècle) Développement et affirmation d'un grand office (début xne-xme siècle) Vers une définition des fonctions du maréchal (début du XIIIe siècle) L'essor du maréchalat de Bourgogne (fin xne-xme siècle) Office héréditaire et office féodal Conclusion du premier chapitre

24 27 31 33 35 46

Chapitre II - Maréchal du prince, maréchaussée de la principauté 48 Le maréchal, agent du prince: l'exemple de la Bourgogne au XIVe siècle Le maréchal du prince dans la politique royale de délégation de pouvoir (v. 1350-v. 1410) Noblesse et maréchaussée Conclusion du deuxième chapitre

Chapitre III - Choisir le maréchal: le cas de la Bourgogne au temps des ducs Valois et des premiers Habsbourg Les principats de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur De Philippe le Bon à Charles le Hardi La situation de la mort du duc Charles de Bourgogne au début du xvie siècle Le cas bourguignon à la lumière des exemples breton, dauphinois, lorrain et savoyard Conclusion du troisième chapitre

Chapitre IV -Les fonctions du maréchal (1): cadre institutionnel et aspects administratifs Un pouvoir délégué Le restor des chevaux Montres d'armes et revues L'étendue des compétences du maréchal

48 52 59 65

66 66 69 82 86 94

95 95 100 102 107

La conduite et le logement des troupes Les délégations de pouvoir du maréchal aux XIVe et xve siècles (1): Maréchaux de l'ost, lieutenants du maréchal, commissaires aux montres Les délégations de pouvoir du maréchal aux XIVe et xve siècles (2): Maîtres des arbalétriers, maréchal de l'hôtel, maréchal des logis Conclusion du quatrième chapitre

126 132

Chapitre V - Les fonctions du maréchal (2): un chef de guerre aux pouvoirs élargis

133

Le maréchal comme chef de guerre Le maréchal comme gouverneur et capitaine général Les autres fonctions féodales, administratives et militaires Le conseiller du prince Le rôle du maréchal dans les cérémonies et les fêtes Conclusion du cinquième chapitre

133 139 144 148 151 154

Chapitre VI - Les attributions judiciaires du maréchal et le rôle du prévôt des maréchaux

155

Le prévôt des maréchaux dans les principautés Les fonctions du prévôt des maréchaux: maintien de la discipline et application du droit d'armes L'organisation du ravitaillement de l'armée «Un roide et aigre mordant bras»: l'extension du champ d'exercice de la justice prévôtale en temps de paix Conclusion du sixième chapitre

113 116

155 160 168 169 175

Chapitre VII- Charges et rémunération de l'office

176

Les charges et dépenses du maréchal Les gages, état et pension Les droits du maréchal Les dons et récompenses Gains de guerre et profits illicites Conclusion du septième chapitre

176 179 186 190 194 195

Conclusion

196

Annexe 1: Les maréchaux de Bourgogne, Bretagne, Savoie, Dauphiné et Lorraine

199

Annexe 2: Age de quelques maréchaux de Bourgogne à la date de leur nomination

201

Pièces justificatives

202

- P.j. no 1 - Certificat délivré par Jean, seigneur de Courcelles, maréchal de Bourgogne, concernant les sommes versées sur son ordre par Pierre Poinçart, receveur de Châtillon-sur-Seine, pour l'entretien des gens de guerre en route pour la Flandre (Châtillon-sur-Seine, 30 juillet 1315)

203

-P.j. no 2 -Lettres patentes par lesquelles Louis de Nevers et Marguerite de France donnent à Jean de Frolois, seigneur de Molinot, maréchal de Bourgogne, la seigneurie de La Rivière-de-Corps (Courtrai, 16 septembre 1335)

203

-P.j. no 3 -Lettres patentes par lesquelles Jean sans Peur institue David de Brimeu, seigneur de Humbercourt, maréchal de 1' armée en l'absence du maréchal de Bourgogne (Bapaume, 27 janvier 1414 n. st.)

204

-P.j. n° 4- Délibération des conseillers ducaux siégeant à Dijon portant sur le paiement d'une somme de 800 francs à Antoine de Toulongeon, maréchal de Bourgogne, envoyé à Auxerre, Langres, Chaumont et Bar-sur-Aube pour y engager les habitants à rester fidèles au duc de Bourgogne (Dijon, 21 janvier 1430 n. st.)

205

-P.j. n° 5 - Lettres patentes par lesquelles Philippe le Bon octroie à son prévôt des maréchaux, Étienne de Saint-Martin, dit Chenevière, en récompense de ses services, un marché hebdomadaire et deux foires annuelles pour sa seigneurie de Percey-le-Grand (Bruges, mai 1467)

206

-P.j. n° 6- Instructions adressées par le duc Charles de Bourgogne à son maréchal, Thibaud IX de Neufchâtel, püur la levée de l'armée qu'il doit réunir en Bourgogne et conduire jusqu'à Saint-Quentin (juillet 1468)

208

-P.j. n° 7- Mandement de l'archiduc Philippe le Beau portant ordre à ses officiers de finances de laisser Perrone d'Allouagne, demoiselle d'Eps, jouir des droits et privilèges de la maréchaussée héréditaire de Flandre, en confirmant la teneur de lettres données par la duchesse Marie de Bourgogne en date du 10 février 1477 (n. st.) en faveur de Jean seigneur d'Eps (Malines, 9 septembre 1491)

210

-P.j. n° 8- Ordonnance réglant la conduite de l'armée en campagne sous l'autorité du «grand maréchal» et précisant les attributions et fonctions respectives du prévôt des maréchaux, du prévôt de l' artillerie, du contrôleur et du receveur de l'artillerie (fin du xve siècle)

212

- P.j. n° 9 - Lettres patentes par lesquelles, après la mort de Philippe le Beau, Maximilien rer, roi des Romains, et Charles, archiduc d'Autriche, instituent de nouveau Guillaume de Vergy «maréchal des pays de Bourgogne», aux gages de 2 000 francs par an (Constance, 8 juillet 1507)

221

Index des noms de personnes

224

Index des noms de lieux

246

Index des matières

255

Pour Anne-Claude

«Car, en bonne foy, je suis moult endepté en vostre païs pour maintenir l'oneur de vostre mareschaucee». (Extrait d'une requête adressée par Guy de Pontailler, maréchal de Bourgogne, au duc Philippe le Hardi - 1372)

PREFACE

«L'oneur de vostre mareschaucee». On imagine volontiers que Guy de Pontailler, maréchal de Bourgogne, ne fut pas fâché d'introduire cette belle et frappante expression dans la requête qu'il adressa en 1372 au duc Philippe le Hardi énumérant les sommes considérables qu'il avait dépensées en quelques années dans et pour l'exercice de son office. Historien reconnu de la chose militaire, de la noblesse et de l'État bourguignon au temps des ducs Valois, Bertrand Schnerb, avec ce nouveau livre, revient derechef, de façon originale et pertinente, sur sa période et son espace de prédilection. Reconnaissons-le :il y a encore quelques années, un semblable sujet, ressortissant d'abord et avant tout à l'histoire des institutions, aurait paru quelque peu démodé. Son auteur aurait été stigmatisé par les maîtres de l'historiographie dominante- du moins en France- comme un tenant attardé del 'histoire positiviste traditionnelle. Mais le climat a changé en sorte qu'il est davantage admis désormais que sont susceptibles de coexister plusieurs courants historiographiques sans qu'aucun d'eux puisse prétendre à une quelconque légitimité monopolistique. D'autant que traiter de la «maréchaussée» (puisque aussi bien le terme de maréchalat ne date que de 1840), c'est traiter des maréchaux, donc faire de l'histoire sociale, de la prosopographie. Et c'est aussi faire de l'histoire des pouvoirs, de l'histoire politique, au sens le plus fort. Autrement dit, Bertrand Schnerb, en entreprenant une étude globale et dynamique de l'institution en question et des hommes qui l'incarnèrent, jette un regard neuf sur l'histoire de la domination bourguignonne du milieu du XIVe au début du XVIe siècle, et cela de façon d'autant plus éclairante qu'il met en œuvre toutes les ressources de son érudition pour comparer le cas bourguignon non seulement avec le cas français mais aussi avec le cas de plusieurs principautés proches ou moins proches, entre autres la Lorraine, la Savoie, la Bretagne et la Normandie.

*

3

Peut-être est-ce en Terre sainte qu'au cours du XIIe siècle la fonction de maréchal abandonna décidément sa nature domestique au sein des hôtels royaux, princiers ou seigneuriaux pour acquérir une importance militaire majeure, aussi bien en temps de guerre qu'en temps de paix. Ainsi en témoigne la Règle du Temple. En 1194, le célèbre Geoffroi de Villehardouin adopta le titre de maréchal de Champagne (Campanie marescallus) après avoir été d'abord qualifié de maréchal tout court puis de maréchal du comte (comitis Henrici marescaldus). Il y a là un incontestable tournant, dont on trouve d'ailleurs l'équivalent, à quelques années près, dans le royaume de France. Toutefois, il faut attendre 1239 pour qu'apparaisse enfin l'expression de maréchal de Bourgogne (marescallus Burgundiae). L'évolution ultérieure de la «maréchaussée» bourguignonne se caractérise par deux faits : d'une part elle ne devint jamais un fief ou un office héréditaire dans une famille donnée mais demeura toujours à la disposition du duc, d'autre part il arriva un temps où elle ne fut plus dominée ni par l'office de sénéchal ni par l'office de connétable (dernière mention du connétable de Bourgogne : 1349). Comme le montre la ligue baroniale de 1315, le maréchal de Bourgogne se considérait et était considéré plus ou moins comme un porte-parole de la noblesse ducale. Aussi en 1361 Jean le Bon, en même temps qu'il annexait la Bourgogne, s'engagea-t-il, pour mieux faire admettre sa décision, à y maintenir la «maréchaussée». Trois ans plus tard, son fils Philippe le Hardi institua à son tour un maréchal de Bourgogne, en lui accordant, selon le modèle français, les droits, émoluments et profits afférents à cet office. Plus tard, les documents officiels en viment à parler pompeusement d'honneurs, prérogatives, prééminences, gages, pensions, chevauchées, droits, profits et émoluments. A vrai dire, on aurait pu concevoir que tous les maréchaux de Bourgogne de l'ère Valois fussent choisis par les différents ducs au sein des premières familles nobles du duché. Tel ne fut pas toujours le cas, loin de là, même si l'on constate que, lorsqu'un nouveau maréchal est étranger au pays, il s'efforce, par le choix d'une épouse ou par l'acquisition de terres, de s'y emaciner. L'on sait comment les ducs Valois en viment très vite à dominer deux groupes de territoires distincts, centrés l'un autour du duché de Bourgogne, l'autre autour de la Flandre avec extension progressive vers le sud, le nord et l'est. Dans ces conditions, pourquoi n'auraient-ils pas eu à leur service un maréchal unique attaché à leur propre personne qui aurait été, pour l'ensemble de leurs terres et de leurs hommes, le principal officier dans le domaine militaire? Un seul maréchal omnicompétent, comme un seul chancelier, comme un seul receveur général des finances, comme un seul trésorier des guerres. La solution retenue ne fut pas rigoureusement ou explicitement celle-là, comme l'indiquent les quelques données suivantes, sélectionnées au sein des analyses naturellement beaucoup plus nourries qu'offre le livre de Bertrand Schnerb. Dès le début du xve siècle, le maréchal de Bourgogne se vit reconnaître une compétence territoriale s'étendant aux pays circonvoisins du duché. Il se vit même confier par le duc, en des circonstances à vrai dire exceptionnelles, le soin de passer en revue l'ensemble de ses troupes, quelle que soit leur origine géographique, et cela alors même que ces troupes étaient soldées par le roi de France. D'où d'ailleurs, au début de 4

1413, la vigoureuse et efficace protestation des maréchaux de France. L'année suivante, Jean sans Peur fit de David de Brimeu, seigneur de Humbercourt, le «mareschal de [sa] presente armee», mais en ajoutant cette précision :«En l'absence de nostre mareschal de Bourgoingne qui de present ne peut estre devers nous pour certainz noz affaires». Tout se passe donc comme si, à cette date, le maréchal de Bourgogne, du moins s'il était disponible, avait eu vocation à passer en revue, à loger, à disposer sur le terrain l'ensemble des gens de guerre au service du duc. En 1430, lors du siège de Compiègne, le maréchal de l'ost de Philippe le Bon fut Jacques de Brimeu, qui n'était pas maréchal de Bourgogne (l'office appartenait alors à Antoine de Toulongeon). En 1443, Thibaud IX de Neufchâtel fut institué par le duc Philippe «mareschal de ses païs de Bourgongne et de ses autres païs acoustumez ou fait de mareschaucie, Charrolois, Masconnoiz et des appartenances, ressors et enclaves» : les pays de par-deçà lui échappaient donc. En 1476-1477, c'est Antoine, bâtard de Bourgogne, qui est «mareschal general de l'ost et armee» du duc Charles :il est vrai que le maréchal de Bourgogne en titre, Antoine de Luxembourg, comte de Roucy, prisonnier des Français, était indisponible. Il n'empêche que la tendance fut nettement au renforcement et à l'élargissement de l'office de maréchal de Bourgogne, ainsi que l'atteste Olivier de la Marche selon lequel le duc «a pour son grant principal officier pour la guerre le mareschal de Bourgoingne [... ] et se conduit le fait de la guerre par sa main avant tous les autres». Cette évolution se trouve en partie confirmée par le premier article de la très intéressante «ordonnance de prevost des marissaulx» que Bertrand Schnerb a su repérer aux Archives départementales du Nord et qu'il prend soin d'éditer comme un morceau de choix au milieu de pièces justificatives aussi nombreuses que pertinentes : «Le grant marissal ou son lieutenant souz monsur le duc est le principal de l'ost et tous les autres seigneurs, officiers, gens de guerre a cheval ou a piet sont souz monsur le marisal». Notons toutefois que, dans le document en question ainsi qu'a fortiori, dans les Instructions de toutes manieres de guerroyer de Philippe de Clèves, le grand maréchal n'est pas appelé maréchal de Bourgogne. Autrement dit aucun terme géographique ne vient préciser l'étendue de sa fonction. C'est dire que l'histoire de la «maréchaussée» de Bourgogne reflète à sa manière l'histoire de l'État bourguignon. Ainsi le montre encore le fait qu'en 1477 Louis Xl, annexant le duché, consentit formellement à la survie de l'office, qui fut alors confié à un non-Bourguignon, Philippe de Hochberg, seigneur de Baudeville. Parallèlement, Maximilien de Habsbourg instituait un maréchal de son armée, en l'occurrence Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes. Une fois Louis Xl disparu, de façon significative, comme une sorte de défi à la royauté française, Maximilien nomma maréchal de Bourgogne Claude de Neufchâtel, seigneur du Fay, en soulignant à cette occasion les grands services rendus par la maison de Neufchâtel à la maison de Bourgogne. Lui succéda en 1498 un Bourguignon de souche, Guillaume de Vergy, qualifié de façon volontairement plus imprécise, «mareschal de nos pays de Bourgogne». Encore que bien d'autres enseignements puissent être tirés de la belle étude de Bertrand Schnerb, je me contenterai de mentionner pour finir le problème des rapports entre le maréchal de Bourgogne et les maréchaux de France. 5

Symbolisant l'ambiguïté de la position bourguignonne à travers le xve siècle, le maréchal de Bourgogne prétendait avoir sa place au sein de ce qu'on pourrait appeler l'organigramme militaire français. Comme le dit Olivier de la Marche, «se nomme le mareschal de Bourgoingne pour ung des mareschaulx de France et prent droit avec, comme les aultres et ce de toute ancienneté». De fait, selon Georges Chastellain, lors de l'avènement de Louis XI en 1461, non seulement le maréchal de Bourgogne se plaça dans le cérémonial entre le maréchal de France, alors unique, et l'amiral mais encore prit soin de rendre en plein Paris un jugement par droit d'armes entre deux Français qui se disputaient un prisonnier anglais. En 1484, au témoignage d'Éléonore de Poitiers, dans un contexte bien sûr différent puisqu'à cette date la Bourgogne était formellement rattachée au domaine royal, lors de la première entrée dans Paris de Charles VIII en tant que roi sacré et couronné, le maréchal de Bourgogne (pour le roi de France) soutint avoir le pas sur le maréchal de France en vertu du fait que le duc de Bourgogne était premier pair et doyen des pairs. Curieuse prétention qui provoqua une sorte de jugement de Salomon : face à cet esclandre il fut décidé que les deux compétiteurs seraient exclus du souper royal à la Table de marbre du palais et iraient manger avec les dames, le maréchal de Bourgogne avec Anne de France, sœur du nouveau roi, le maréchal de France avec Marie de Clèves, mère du duc Louis d'Orléans. Philippe Contamine.

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INTRODUCTION

Le terme de «maréchal» renferme en lui-même une assez remarquable ambiguïté. Il peut, aujourd'hui encore, désigner soit un artisan dont le métier est de ferrer les chevaux, soit un officier général titulaire d'une dignité d'État qu'en France la République n'attribue qu'à un commandant d'armée victorieux devant l'ennemi. Cette ambiguïté ne date pas des temps modernes: elle est née aux XIIe et xme siècles et est le produit de l'évolution d'une institution domestique et aulique. C'est de cette époque que date un dédoublement tant sur le plan fonctionnel que sur le plan du vocabulaire; dans les années 1440, le dauphin Louis, futur Louis Xl, pouvait même jouer sur les mots en conversant avec Antoine de Chabannes lorsque celui-ci, capitaine d'Écorcheurs, après avoir écumé la Bourgogne, avait été forcé d'évacuer le pays devant les entreprises du maréchal Thibaud IX de Neufchâtel: «[ ... ]-Le maréchal de Bourgogne vous a defferré! Par la foi de mon corps, ce maréchal fait au rebours des autres, car les autres maréchaux ferrent les chevaux, et celui-ci les defferre. -Monseigneur, vous dites vray [ ... ]; mais pour ferrer mes chevaux et ceux de ma bande, j'ai eu dix mille écus des pays du maréchal, et je me suis bien chauffé en ses pays et bu de bons vins» 1. A la fin du Moyen Age, dans le royaume de France et dans les pays voisins, le titulaire du maréchalat était regardé comme l'un des principaux officiers militaires. L'importance fonctionnelle et le prestige social des maréchaux de France n'avaient cessé de croître. Cette situation ne laissa pas d'influencer les princes qui, tout comme le roi de France, disposaient d'un ou de deux officiers portant le titre de maréchal. Le modèle royal était tellement puissant (ainsi probablement que le modèle du maréchal d'Angleterre) qu'en 1455, lorsque le duc de Bretagne Pierre II fit mener une enquête sur ses droits régaliens, plusieurs témoins affirmèrent que le fait de nommer un maréchal était l'un de ces droits: les ducs de Bretagne avaient eu «de touts temps officiers royaulx, sçavoir mareschal, admirai, grand maistre, chancelier, president et roy d'armes» 2 .

1. 2.

Cité d'après la Chronique martzmenne dans G. DU FRESNE DE BEAUCOURT, Histoire de Charles VII, IV, p. 191-192. J. KERHERVÉ, L'État breton aux XIVe et xve siècles. Les ducs, l'argent et les hommes, Paris, 1987, 2 vol., I, p. 233.

7

Mais l'histoire de l'institution justifiait-elle vraiment de considérer le maréchal comme un «officier royal»? Pour le savoir et afin de comprendre ce que représentait la maréchaussée dans les principautés, il est nécessaire d'en rechercher l'origine et d'en reconstituer l'évolution. Le développement du maréchalat de France a quelque peu éclipsé l'existence des maréchalats des principautés dont beaucoup n'ont pas subsisté au-delà de la première moitié du XVIe siècle, mais dont d'autres, sous forme de dignités héréditaires, ont survécu jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. La «grande Histoire» ne mentionne guère les maréchaux des principautés sinon à titre anecdotique, à propos d'un événement tragique, le célèbre «meurtre des maréchaux» du 22 février 1358. Dans le deuxième tome de leur Histoire des institutions françaises au Moyen Age, consacré aux institutions royales, F. Lot et R. Fawtier posèrent pourtant une question essentielle en abordant, du reste fort succinctement, la question des maréchaux de France: «Le nombre de ces maréchaux varie d'une époque à l'autre et certains d'entre eux portent d'autres titres que celui de maréchal de France. Ce sont, par exemple, ces maréchaux de Normandie et de Champagne, qui furent massacrés sous les yeux du dauphin au cours de la grande crise de 1357-1358. Officiers militaires, ou simplement derniers survivants des grands officiers des principautés féodales réunies au domaine, ou chefs élus de la noblesse de ces principautés chargés de la réunir dans ses assemblées? Les historiens qui ont parlé de ces personnages se sont bien gardés de dire exactement quelles étaient leurs fonctions» 3 . Voilà le problème en grande partie formulé. C'est donc à une étude d'histoire institutionnelle que nous sommes conviés, plusieurs questions se posant à nous: quelle fut l'origine du maréchalat dans les principautés? Où, quand et comment cette institution s'est-elle développée? A-t-elle eu partout le même destin? Quelles étaient les fonctions du maréchal? Quels rapports les maréchaux des principautés entretenaient-ils avec les maréchaux de France? Si l'on veut bien, en outre, prendre en compte la double question du recrutement des maréchaux et des liens qui les unissaient à la noblesse, il est alors nécessaire de combiner l'histoire institutionnelle et l'histoire sociale. En tout état de cause, pour répondre à toutes ces interrogations, il n'était guère concevable de traiter ce sujet de façon exhaustive. C'est pourquoi j'ai choisi de l'aborder à partir de l'étude approfondie du cas particulièrement bien documenté du maréchalat de Bourgogne. Cependant cette étude ne pouvait se concevoir sans un recours systématique à la démarche comparative. C'est pourquoi il a fallu rechercher d'abord d'autres exemples permettant une mise en perspective du «cas bourguignon». Le maréchalat existait dans nombre de principautés: dans le royaume de France, il est attesté à différentes époques, entre le XIIe et le xve siècle, dans les duchés de Berry, Bourbonnais, Bretagne,

3.

8

F. LOT et R. FAWTIER, Histoire des institutions françaises au Moyen Age, II, Les institutions royales, Paris, 1958, p. 54.

Guyenne et dans les comtés d'Auvergne, Boulonnais, Champagne, Flandre, Ponthieu; en dehors des limites du royaume, il existait aussi en Dauphiné, dans les duchés de Bar, Brabant, Lorraine, Luxembourg, Savoie, dans la principauté de Liège et dans le comté de Hainaut (cette liste n'étant pas limitative). Au total, ce sont dix-sept cas (non compris la maréchaussée de Bourgogne) qui ont été recensés et exploités dans le cadre de cette étude comparativé. Tout travail de ce genre exige qu'on commence par s'intéresser à l'historiographie du sujet. Les travaux spécifiques sur les maréchaux des principautés n'ont pas été très nombreux. En tête, cependant, il faut citer l'étude classique qu'au seuil des années 1930, G. Le Barrois d'Orgeval consacra au maréchalat de France5 . Le sujet était d'actualité: après la Première Guerre mondiale, une nouvelle promotion de maréchaux venait, dans notre pays, de rendre vigueur et prestige à l'institution; peu d'années allaient s'écouler avant que les enfants des écoles ne chantassent «Maréchal, nous voilà!». Dans le premier volume de son travail, consacré à l'histoire de l'institution des origines jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, G. Le Barrois d'Orgeval étudia, à titre comparatif, le cas de quelques maréchaux des principautés. Ce sujet n'était pas le thème central de son propos et certains de ses développements sont rapides ou imprécis, mais, malgré un certain désordre et quelques contresens, cet auteur aborda le problème de façon large et posa les questions de manière souvent pertinente, comme nous aurons l'occasion de le souligner dans les pages qui suivent. Il faut ensuite citer G. Dupont-Ferrier qui, dans sa Gallia Regia, plaça fort opportunément les maréchaux de Dauphiné et de Normandie en tête des officiers militaires de ces principautés 6 . Toujours dans une optique institutionnelle, on trouve dans le tome 1 de l'Histoire des institutions françaises au Moyen Age, consacré aux «institutions seigneuriales» quelques courts développements sur les maréchaux d'Aquitaine, de Bourbonnais, de Bourgogne, de Bretagne, de Dauphiné, de Flandre7 . Enfin, Ph. Contamine, dans sa thèse, bien que mettant surtout l'accent sur les maréchaux de France lorsqu'il aborda la question du maréchalat, a mis en lumière, à quelques reprises, l'existence et les fonctions des «maréchaux provinciaux» 8. Paradoxalement, il n'existe pas à ce jour d'étude satisfaisante sur le maréchal de Bourgogne à la fin du Moyen Age, en dehors de ce que j'ai pu écrire dans une thèse restée inédite9: en effet, les développements que Ch. Brusten a consa-

4. 5. 6. 7. 8. 9.

Je me suis également référé, ponctuellement, aux exemples offerts par certains royaumes comme l'Angleterre et la Navarre. G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France des origines à nos jours, Paris, 1932, 2 vol. G. DUPONT-FERRIER, Gallia Regia ou État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, Paris, 1942-1965, II, n° 8214-8220 et IV, n° 16 26416 275. F. LOT et R. FAWTIER, Histoire des institutions françaises au Moyen Age, I, Les institutions seigneuriales, Paris, 1957, passim. Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société à lafinduMoyenAge. Études sur les armées des rois de France, 1337-1494, Paris et La Haye, 1972, passim, notamment p. 87, 92, 203, 382. B. SCHNERB, Aspects de l'organisation militaire dans les principautés bourguignonnes (v. 1315-v. 1420), Thèse, Université de Paris IV, 1988.

9

crés à cette institution ne sont guère suffisants 10 . Pour les autres principautés, là encore, les travaux spécifiques sont rares si l'on excepte la vieille étude d'A. Folliet sur les maréchaux de Savoie 11 et celle d'E. Poncelet sur les maréchaux d'armées de la principauté de Liège 12. Il faut cependant signaler l'article vif et stimulant que G. Castelnuovo vient de consacrer aux maréchaux de Savoie à la fin du Moyen Age 13 ; qu'il me soit d'ailleurs permis de remercier chaleureusement l'auteur de m'en avoir transmis le texte avant sa publication. De même, je tiens à adresser mes remerciements à J. Debry qui m'a très aimablement communiqué une série de fiches prosopographiques inédites sur les maréchaux de Lorraine 14 . La bienveillance de ces deux chercheurs m'a été très utile durant le cours de mes propres travaux. Signalons pour finir que quelques rares maréchaux de principautés ont fait l'objet de monographies: J. Longnon a ainsi consacré une belle étude à Geoffroy de Villehardouin, contenant des pages très éclairantes sur les origines du maréchalat de Champagne et son développement au XIIe siècle 155 . De même, on peut citer le très gros article de G. Dumay sur le maréchal de Bourgogne Guy de Pontailler 16 , les quelques pages que Cl. Gardet a données sur Manfred de Saluces, maréchal de Savoie 17 et l'article de Ph. Contamine sur Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne 18 . Mis à part ces quelques titres, il faut dépouiller une bibliographie très dispersée pour réunir les données nécessaires à un travail de synthèse sur le sujet. On le constate donc, une étude d'ensemble consacrée aux maréchaux des principautés à la fin du Moyen Age reste à faire. Je n'ai pas la prétention d'avoir traité le sujet dans sa totalité: le temps m'a manqué pour approfondir telle ou telle piste et j'ai privilégié surtout 1' espace bourguignon; cependant on verra, en lisant les pages qui suivent, que la synthèse que je me suis efforcé de mener à

10. Ch. BRUSTEN, L'armée bourguignonne de 1465 à 1468, Bruxelles, 1953, p. 50, 140, 151 et 154. 11. A. FOLLIET, Histoire des maréchaux de Savoie, Paris, 1868. 12. E. PONCELET, «Les maréchaux d'armée de l'évêché de Liège>>, Bulletin de l'institut archéologique liégeois, t. 32, 1902, p. 111-333. 13. G. CASTELNUOVO, , La société savoyarde et la guerre (X!Ile-xxe siècles). Actes du XXXV!e Congrès des Sociétés Savantes de la Savoie (Montmélian, septembre 1996), 1998, p. 91-99. 14. J. DEBRY, Les maréchaux de Lorraine aux XIVe et xve siècles (Recueil de fiches prosopographiques inédites), s.!., 1997. 15. J. LONGNON, Recherches sur la vie de Geoffroy de Villehardouin, Paris, Champion (Bibliothèque de l'École des Hautes Études, sciences historiques et philologiques, n° 276), 1939. 16. G. DUMAY, , Mémoires de la Société bourguignonne de Géographie et d'Histoire, t. 23. 1907, p. 1-222. 17. Cl. GARDET, , Amédée VIII- Félix V, premier duc de Savoie et pape (1383-1451)- Colloque international Ripaille-Lausanne, 23-26 octobre 1990, sous la dir. de B. ANDENMATTEN et A. PARAVICINI BAGLIANI, Lausanne, 1992, p. 259-261. 18. Ph. CONTAMINE, «Jean IV, sire de Rieux, maréchal de Bretagne», communication prononcée lors des rencontres de l'Association bretonne - Ancenis. Je remercie l'auteur d'avoir accepté de me communiquer le tex te de cet article inédit.

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bien, débouche sur des conclusions qui aideront, je l'espère, ceux qui, dans 1' avenir, se proposeront de mener des recherches similaires. Pour aborder la question, j'ai cru bon de retracer la genèse de l'institution en recherchant ses origines et en montrant comment la «maréchalerie» est devenue, dans nombre de principautés, un grand office au sens plein du terme (chapitre I); dans un deuxième temps, j'ai tenté de montrer les liens unissant les maréchaux au prince dont ils dépendaient, d'une part, et à la noblesse dont ils étaient issus, d'autre part (chapitre II); je me suis intéressé ensuite aux critères de recrutement des maréchaux en centrant d'abord ma réflexion sur les maréchaux de Bourgogne de la fin du Moyen Age, puis en me référant aux cas d'autres grandes principautés (chapitre III); j'ai ensuite abordé 1' étude des fonctions du maréchal, dans leur cadre institutionnel ordinaire (chapitre IV), puis en montrant comment et pourquoi le champ d'exercice de ses pouvoirs n'a pas cessé de s'étendre (chapitre V); je me suis ensuite attaché à l'étude des attributions judiciaires du prévôt des maréchaux et de ses liens avec le maréchal (chapitre VI); ce n'est qu'après avoir traité successivement ces questions que j'ai abordé celle des charges et de la rémunération de l'office (chapitre VII). Durant tout mon travail, j'ai estimé essentiel de fournir à mes lecteurs le plus souvent possible le matériau sur lequel j'ai fondé ma réflexion. C'est pourquoi j'ai choisi de citer des documents ou des extraits de documents et d' accompagner la présente étude d'un petit recueil de pièces justificatives.

* ** Dans les pages qui précèdent, j'ai déjà mentionné la dette que j'ai contractée envers Guido Castelnuovo et Jacques Debry; qu'il me soit encore permis de remercier ce dernier pour le précieux travail de relecture qu'il a bien voulu effectuer et pour les riches informations qu'il a eu l'extrême gentillesse de me fournir à cette occasion. Par ailleurs, je tiens à exprimer mes remerciements à tous ceux qui rn' ont aidé en me prodiguant conseils et encouragements, en me livrant des renseignements et en rn 'indiquant des références: Françoise Autrand, Jean-Marie Cauchies, Philippe Contamine, Hemi Dubois, Claude Gauvard, Pierre Gresser, Michael Jones, Philippe Lardin, Béatrice Leroy, Werner Paravicini, Jacques Paviot.

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

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B B B B B B B

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CHAPITRE! DE L'OFFICE DOMESTIQUE À L'OFFICE AULIQUE.

Les origines (de l'époque carolingienne au début du XIIe siècle). Il est établi qu'à 1' origine de l'office de maréchal on trouve une fonction domestique dévolue à des ministeriales chargés de l'entretien des chevaux de leur maître. Le terme marescalcus, mariscalcus, marescallus ou manescaldus signifie «valet de chevaux»; il est le produit de la latinisation d'un terme germanique: marahscalc (althochdeutsch) ou marschalk (mittelhochdeutsch) 19. On trouvait déjà au service du souverain franc, à l'époque carolingienne, à côté du senescalcus (le «sénéchal», littéralement «l'ancien» ou le «chef des valets», dirigeant le service de la bouche), du buticularius (le «bouteiller», responsable du ravitaillement en boissons), du camerarius (le «chambrier», responsable des appartements privés) et du cames stabuli (le «comte de l'étable» ou connétable, chef du service des écuries), des marescalci qui n'étaient originellement rien de plus que des palefreniers ou valets d'écurie placés sous l'autorité du connétable20 . Lafamilia des princes et des grands, tant laïcs qu'ecclésiastiques, imitée de l'entourage du souverain, comportait aussi des offices domestiques désignés par les mêmes dénominations 21 . Lentement ces offices passèrent de la sphère du domestique à celle du politique. Partout où on peut saisir le phénomène, on voit que ce sont d'abord les fonctions de sénéchal, de connétable, de bouteiller et de camérier qui connurent cette évolution. C'est le cas à la cour des premiers capé-

19. J.F. NIERMEYER, «Mariscalcus>>, Mediae Latinitatis Lexicon Minus, Leiden, 1976, p. 656; S. KREIKER, «Marschall>>, Lexikon des Mittelalters, col. 324-325. Cheval se dit marah en Althochdeutsch et mare en Mittelhochdeutsch. Scalc ou Schalc signifie «valet>>. 20. F.-L. GANSHOF, Études sur les ministeriales en Flandre et en Lotharingie, p. 32-33; E. PERROY, Le monde carolingien, p. 197-198. 21. F.-L. GANSHOF, Études sur les ministeriales en Flandre et en Lotharingie, p. 40. Cette situation se retrouve dans certains cas jusqu'à la fin du Moyen Age et l'on constate que ces offices domestiques ont connu un processus de féodalisation: c'est ainsi que le prieuré de Paray-le-Monial, au XIVe siècle, disposait d'un maréchal qui tenait son office de maréchalerie héréditairement en fief. Les droits et les services de cette maréchalerie avaient été fixés en janvier 1275 par Mile, prieur de Paray. Arch. nat., JJ 75, no 303.

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tiens où les titulaires de ces quatre offices apparaissent comme témoins dans les diplômes royaux dès le règne d'Henri rer (1008-1060) et sont cités parmi les optimates palatii sous le règne de Philippe rer (1060-1108) 22 . A la fin du xre et au début du xne siècle, les titulaires de ces grands offices, issus des lignages de Rochefort, de Senlis, de Garlande, étaient des personnages de premier plan au sein du gouvernement royal; leur puissance fut telle que, comme on le sait, Louis VI (1108-1137), puis Louis VII (1137-1180) furent contraints d'adopter, à leur égard, une certaine prudence pour limiter leur influence politique 23 . Dans le comté de Champagne, les détenteurs de grands offices sont mentionnés dans les actes princiers au cours du xre siècle: le sénéchal, dès l'époque d'Eudes de Blois (en 1034-1037), et le connétable et le bouteiller sous Thibaud rer (comte de 1048 à 1089)24 . En Anjou, c'est dans la seconde moitié du XIe siècle que les fonctions de sénéchal et de connétable prirent, dans l'entourage du comte, une véritable signification politique 25 . Dans le duché de Bourgogne, le sénéchalat, à l'origine détenu en même temps par plusieurs titulaires, et la connétablie, qui ne connut pas le même phénomène de collégialité, s' affirmèrent aux environs de 110026 . Cette ascension du sénéchal et du connétable, qui était déjà une ferme réalité à la fin du xre siècle, explique l'accroissement simultané de l'importance d'un office subalterne comme celui du marescallus, dont le titulaire ne fut plus cantonné au simple rôle de palefrenier, mais devint un véritable maître de l'écurie et du charroi, secondant et suppléant le connétable. Parfois il n'alla pas plus loin, et dans certaines principautés le sénéchalat et la connétablie furent les seuls grands offices à avoir un destin politique; c'est le cas, par exemple, dans le comté de Bourgogne qui, contrairement au duché, ne connut pas le développement du maréchalat27 . Ailleurs, le maréchal se hissa bientôt au niveau des titulaires de grands offices: «parce que, comme l'écrit G. Duby, depuis l'an mille rôle de la cavalerie dans l'action militaire n'avait cessé de s'amplifier, [la fonction des maréchaux] prit de plus en plus d'éclat et de valeur politique» 28 . Ainsi en fut-il à la cour du roi capétien: Wido marescalcus figure parmi les témoins apposant leurs signa à un acte d'Henri rer en 1047, Ricardus marescalcus et Inge/ardus marescalcus sont cités de la même façon dans un acte de 1058, les maréchaux Guido, Drogo et Oseclinus apparaissent dans les souscriptions des actes royaux de Philippe rer en 1067 et 1068 et Floherus malischalcus est cité dans des actes de ce même roi datés de 108029 . Il en alla de même en

22. J.-F. LEMARIGNIER, Le gouvernement royal aux premiers temps capétiens (987 -1108 ), p. 148-157. 23. E. BOURNAZEL, Le gouvernement capétien auX!l' siècle, 1108-1180, p. 31-65 et 111125. 24. M. BUR, La formation du comté de Champagne v. 950-v. 1150, p. 427-435. 25. O. GUILLOT, Le comte d'Anjou et son entourage au XIe siècle, p. 423-426. 26. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne et la formation du duché du XI' au XIVe siècle, p. 393-395. 27. M.-Th. ALLEMAND-GAY, Le pouvoir des comtes de Bourgogne au XIIIe siècle, p. 54-56. 28. G. DUBY, Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, p. 74-75. 29. G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France des origines à nos jours, I, p. 13-14.

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Champagne où le maréchal apparaît dans les actes comtaux à partir de la seconde moitié du XIe siècle: au temps de Thibaud 1er (avant 1059) sont mentionnés Gilles, maréchal du comte, et Hildier, maréchal de la comtesse Adèle de Valois; plus tard, entre 1093 et 1100, est cité David, maréchal du comte Hugues (comte de Champagne de 1093 à 1123)30 . Le même phénomène s'observe dans le comté de Flandre où un marescalcus apparaît dans les actes du comte à partir de 1093 31 . A la cour du roi capétien, comme à celle du comte de Champagne ou du comte de Flandre, fonction aulique et fonction domestique restaient liées; auprès de ces princes le maréchal demeurait un subalterne d'origine sociale obscure. Dans un acte du roi Philippe 1er donné le 29 mai 1067 en faveur du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, le signum du maréchal Guy et celui du maréchal Oscelin sont respectivement les quatorzième et quinzième signa de personnages laïcs après vingt-cinq signa d'ecclésiastiques; ils prennent place hiérarchiquement après les signa du constabularius, du buticularius et du pincerna32. En Bourgogne, c'est au tout début du XIIe siècle qu'on trouve les traces des premiers maréchaux du duc, mais leur rôle restait, là aussi, modeste: les maniscaldi ducis qui, accompagnés de valets de chiens, se rendirent coupables d'empiétements sur les terres des premiers moines de Cîteaux, étaient encore, de toute évidence, des palefreniers ou valets de l'écurie ducale 33 . De même l'acte daté de 1101, par lequel le duc Eudes 1er accorda aux religieux de l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, entre autres privilèges, l'exonération, pour leurs terres de Longvic, des réquisitions d'avoine et de fourrage que ses maréchaux pouvaient y imposer, conduit à la même conclusion:

«Item, excursum, quem mareschalci et armigeri ducis apud Longum Vicum inter vil!am faciebant, ulterius fie ri prohibeo» 34 . L'année suivante (1102), parmi les exactiones justae et injustae dont le duc Hugues II, fils et successeur d'Eudes 1er, voulut mettre les moines de SaintBénigne à l'abri à l'avenir, étaient citées les mariscalciae (prestations en fourrage exigées par le maréchal pour les chevaux du prince) ainsi que les brennariae (réquisitions pour la nourriture des chiens de meute )35 . A la même époque, dans une principauté proche, le comté de Nevers, le maréchal avait peut-être déjà un rôle plus important que dans le duché de Bourgogne: en 1119, Conon, légat du pape Calixte II, accusant des satellites de Guillaume, comte de Nevers, de s'être attaqués à l'abbaye de Vézelay, précisait

30. M. BUR, La formation du comté de Champagne, p. 433. 31. F.-L. GANSHOF, «La Flandre», Histoire des institutions françaises au Moyen Age, I, Les institutions seigneuriales, p. 379. 32. G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France, p. 13 n. 4. 33. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne, p. 395-396. 34. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière de Bourgogne, I, preuve 46. Longvic, Côte-d'Or, arr. Dijon, cant. Chenôve. 35. Ibid., II, preuve 47; J. F. NIERMEYER, «Brennaria>> et , Mediae Latinitatis Lexicon Minus, Leiden, 1976, p. 104 et 656.

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les noms et les fonctions des coupables dans un ordre sans doute hiérarchique: «Raina/dus, praepositus de Moncellis, Guillelmus, mariscalcus, Paganus, buticularius, Petrus, panetarius, Odo, camer/ancus, Theobaudus, cocus», etc. 36 . Cependant, là encore le lien entre la fonction du maréchal et les tâches domestiques restait évident. En Bourgogne, au sein des maniscaldi ducis du début du XIIe siècle, l'un, nommé Gemelin, semble s'être élevé au-dessus des autres car il est mentionné comme prévôt de Dijon37 . A cette époque, 1'office de maréchal est à la fois collégial et héréditaire: on parvient en effet à en observer parfois la transmission au sein d'une même famille, de père en fils ou d'oncle à neveu. Le fait est attesté dans deux familles de serviteurs du duc de Bourgogne: ainsi à Guy (1) le maréchal (en fonction avant 1103)38 , succéda son fils Evrard (attesté entre 1113 et 1142) 39 et peut-être Guy (Il) le maréchal, cité entre 1159 et 117040 . De même à Gilbert le maréchal (en fonction vers 1120) succéda son neveu Charpin (en fonction entre 1120 et 1129 environ) dont un descendant, Pierre Charpin de Pouilly-lès-Dijon, percevait, en 1183, des redevances au titre de la maréchaussée41. Développement et affirmation d'un grand office (début XIIe-début XIIIe s.). Au début du XIIe siècle, en Bourgogne, on comptait donc plusieurs maréchaux du duc qui détenaient une fonction encore purement domestique concernant 1'administration, 1' entretien et le ravitaillement des écuries ducales. Ailleurs, en revanche, on trouvait déjà des maréchaux détenteurs de plus hautes responsabilités. C'est le cas en Champagne où le maréchal prit plus d'importance dans les actes comtaux et sans doute aussi au sein du gouvernement dans la première moitié du xne siècle. Jusqu'alors, le niveau social des détenteurs de l'office de maréchal était encore assez modeste et un personnage comme David, maréchal du comte Hugues de Champagne entre 1093 et 1100, est cité comme

36. Recueil des Historiens des Gaules et de la France, XIV, p. 197-198. Rainaldus est le prévôt de Monceaux-le-Comte (Nièvre, arr. Clamecy, cant. Tannay). 37. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne, p. 396. 38. Ibid. 39. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne, p. 396; Ebrardus marescallus est cité dans un acte de Hugues II, daté de 1142, par lequel le duc exonère les chanoines de Langres de certaines charges, notamment la mariscalcia et la brennaria «in villa vero, quae dicitur Neronis>> (peut-être Noiron-sur-Seine, Côte-d'Or, arr. Montbard, cant. Châtillon-surSeine). U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, I, preuve 65. 40. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne, p. 396; Guido marescaldus est mentionné dans une charte octroyée en 1170 par le duc Hugues III à l'abbaye de Saint-Bénigne. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, I, preuve 82. Dans un autre acte de ce même duc, il est cité parmi les clientes ducis. E. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, II, no 454, p. 319. 41. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne, p. 396. Cette transmission héréditaire d'un office de maréchalerie domestique peut-être rapprochée de la situation qui existait encore au prieuré de Paray-le-Monial au XIVe siècle: en janvier 1322, le prieur Heuri de SaintChristophe reçut la foi et l'hommage de Jean de Paray, clerc, pour la maréchalerie du prieuré. Ce Jean de Paray était le fils de Milet de Paray, maréchal du prieuré, et de Guicharde, cette dernière ayant hérité de ce fief après la mort de son oncle Pierre. Arch. nat., JJ 75, n° 303.

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faisant partie de la catégorie des servientes42 . Par la suite, si Nicolas, mentionné comme maréchal du comte Thibaud II en 1128, ne semble pas encore occuper un rang très élevé, la stature sociale des détenteurs de 1'office s'affirme lentement avec les différents titulaires du maréchalat au temps d'Henri 1er le Libéral (1127-1181): Gautier de Provins en 1152-1158, Geoffroy de Chartres en 1153-1158, Gervais en 1157-1159 et surtout Guillaume Le Roi (Guillelmus Rex, attesté à partir de 1158 et qui mourut en 1179) 43 que le comte Henri désigne comme marescallus meus dans un acte de 117244 et qui apparaît comme Willelmus marescallus dans la souscription d'une charte de 117745 . Vers la même époque, à partir des années 1140, dans le comté de Boulogne, le maréchal apparaît dans les souscriptions des chartes comtales à côté du sénéchal46, du connétablé7 et du bouteiller4 8 qui y étaient, pour leur part, cités dès le début du XIIe siècle: Hugo marescallus est mentionné dans deux chartes du comte Étienne de Blois, l'une de 1141, l'autre de 114549 . Après lui Radulfus marescallus est cité dans une charte du comte Matthieu 1er donnée vers 1161, dans une charte de la comtesse Ide de Boulogne de 1189 et dans une charte de Renaud de Dammartin datée de 119650 . Il s'agissait sans nul doute de personnages non négligeables à l'échelle de la petite principauté. Dans le domaine capétien, comme on le sait, les maréchaux, choisis au sein de la famille Clément, famille de chevaliers originaires d'une localité du Gâtinais nommé Mez-le-Maréchal, assumèrent des missions politiques, administratives et militaires de plus en plus importantes sous le règne de Philippe Auguste 51 . Ce fut d'abort Robert Clément, tuteur du jeune roi avant 1181, puis son fils Aubry, maréchal du roi pendant la troisième croisade, mort à Acre en 1191, puis Henri Clément, dit le «Petit maréchal» (tl214), investi de divers

42. M. BUR, La formation du comté de Champagne, p. 433 et 459. 43. J. LONGNON, Recherches sur la vie de Geoffroy de Villehardouin, p. 50 et 53 et M. BUR, La formation du comté de Champagne, p. 433. 44. Confirmation par Henri Ier, comte palatin de Troyes, d'une donation faite par son maréchal Guillaume Le Roi en faveur des religieux d'Aulnay (Provins, 1172). Arch. nat., K 25, n° 5. 45. Charte du comte en faveur de Notre-Dame d'Oulchy (1177). Arch. nat., K 25, n° 8. 46. Hemfrid ou Henfroi, sénéchal («dapifer») du comte de Boulogne, est mentionné dans une charte du comte Eustache III datée de 11 07 et dans deux chartes du comte Étienne de Blois datées respectivement de 1141 et 1145. D. HAIGNERÉ, «Quelques chartes de l'abbaye de Samer>>, p. 110, 118 et 122. 4 7. Le connétable Baudouin est mentionné dans deux chartes d'Eustache III, 1'une de 1100 et l'autre de 1120; il est désigné comme connétable d'Austruy («Balduinus, constabularius de Osterwic>>) dans une charte de Mannassès de Guînes datée de 1120. Ibid., p. 160-161. 48. Geoffroy, bouteiller («Gaufridus pincerna>>) figure dans deux chartes d'Eustache III, l'une de 1112 et l'autre de 1113. Ibid., p. 114 et 116. 49. Ibid., p. 119 et 122. 50. Ibid., p. 133 et 171. 51. Sous Louis VII, le rôle des maréchaux restait celui de responsables des écuries royales: c'est ainsi que le roi, par un acte de 1162 donna à l'abbaye de Saint-Denis, à perpétuité, . G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France, p. 15 n. 1.

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commandements et à qui fut confiée l'éducation militaire du prince Louis, futur Louis VIII52 . En Terre Sainte, dans la première moitié du XIIe siècle, le roi de Jérusalem avait un sénéchal, un connétable et un maréchal, tandis que certains barons de son royaume s'entouraient aussi de grands offciers: dès 1121, la principauté de Galilée possédait un sénéchal nommé Thierry, un connétable nommé Ferry et un maréchal nommé Girard. En 1133, le comté de Jaffa était administré par le connétable Balian, le sénéchal Aleaume et le maréchal Hugues 53 . Il est d'ailleurs bon de noter que dans les Principautés latines d'Orient, l'existence conjointe de la dignité de connétable et de celle de maréchal était considérée comme la caractéristique d'une cour importante: au XIIIe siècle Jean d'Ibelin, comte de Jaffa (1215-1266), dans son Livre des Assises de la Haute Cour, distinguait les barons du royaume de Jérusalem des simples seigneurs par le fait qu'à la différence des seconds, qui ne disposaient que d'un connétable, les premiers tenaient à leur service, à la fois, un connétable et un maréchal 54 . En Occident, à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, dans certaines principautés, le maréchal devint un personnage de premier plan. C'est l'époque où Geoffroy de Villehardouin, maréchal de Champagne de 1185 à 1202, après avoir assumé d'importantes fonctions politiques et administratives pour son maître le comte Thibaud III de Champagne55 , s'illustra dans la Quatrième croisade devenant même maréchal de Romanie pour l'empereur Baudouin 1er en 120556 . De façon significative, du resle, Geoffroy de Villehardouin, qui se désignait comme «Gaufridus marescallus» au début de sa carrière, et comme «comitis H enrici marescaldus» dans une charte de 1189, adopta le titre de «Campanie marescallus» à partir de 1194. Ce changement de désignation avait peut-être des causes conjoncturelles (l'absence du comte Henri, alors en Terre sainte), mais révélait aussi sans doute un accroissement du prestige de la fonction et de son titulaire 57 . Il n'est d'ailleurs pas indifférent de souligner que c'est probablement à la même époque que les maréchaux des rois de France, jusqu'alors communément désignés comme «marescalli regis» commencèrent à être appelés «marescalli Franciae» 58 .

52. J. BALDWIN, Philippe Auguste et son gouvernement, p. 59-60 et 156; P. CONTAMINE, «L'armée de Philippe Auguste», p. 592-593. 53. J. RICHARD, Le royaume latin de Jérusalem, p. 90. 54. J. RICHARD, «Pairie d'Orient latin: les quatre baronnies des royaumes de Jérusalem et de Chypre>>, p. 73. 55. Geoffroy de Villehardouin, mentionné pour la première fois comme maréchal en 1185, se démit de ses fonctions en 1202 avant de partir en croisade, mais il conserva son titre de maréchal de Champagne jusqu'à sa mort, survenue au plus tard en 1218. J. LONGNON, Recherches sur la vie de Geoffroy de Villehardouin, passim, notamment p. 50, 74 et 105. 56. A partir de 1205, Geoffroy de Villehardouin s'intitule dans ses actes . E. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, V, p. 448. Ibid., VI, p. 188. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, II, preuve 145. Ibid., Il, p. 276 etE. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, VI, p. 188.

Office héréditaire et féodal. On le voit, au XIIIe siècle, contrairement à d'autres grands offices auliques comme le sénéchalat9° et la bouteillerie91 , la maréchaussée de Bourgogne ne devint pas un office héréditaire. Il n'en alla pas de même dans toutes les principautés. C'est le cas en Flandre où l'hérédité des grandes charges auliques s'affirma à partir de la seconde moitié du XIIe siècle92 . Dans le courant du XIIIe siècle la maréchaussée héréditaire de Flandre passa à la famille de Bailleul qui la conserva jusqu'au xve siècle: sous le principat de Marguerite de Constantinople, (comtesse de Flandre et de Hainaut de 1244 à 1280), par un acte du 28 janvier 1264, Baudouin de Bailleul avait, en effet, échangé l'office d'huissier héréditaire de Flandre contre celui de maréchal. En septembre 1282, son fils Sohier de Bailleul obtint du comte de Flandre Guy de Dampierre une confirmation de cet échange par un acte qui montre que la maréchaussée, bien qu'héréditaire, impliquait un service, à la cour du comte et à 1'ost, rémunéré par des gages journaliers, des livrées et des «droitures»: «Nous, Guis, cuens de Flandres et marchis de Namur, faisons savoir a tous ke conme nostre chiere dame et mere, Margherite de boene memore, jadis contesse de Flandres et de Hainau, feist un eschange a monseigneur Bauduin de Baillueil ki fu li quels fu [sic] huissiers hiretaules de Flandres, en teil maniere kele li donnast a lui et a son hoir le mareschaucie de Flandres a tenir hiretaulement pour l'uisserie kil tenoit devant dite, et li donnast avoec et son hoir hiretaulement, chascun jour kil seroit en 1'osteil le seigneur de Flandres, avaine a cuinc kevaus, trois sols de le monnoie de Flandres pour ses wages, dis copons de cande Ile teile ke on le livre et sie ut livreir en l' osteil de Flandres, deus pos de vin a le mesure de Flandres et ke de se maisnie mengassent en l'osteil de Flandres tant que a cuinc kevaus apartient, et li donnast ausi deus paire de dras par an, c'est asavoir au Noeil une paire et a Pentecouste l'autre paire ou cent sols de le monnoie de Flandres pour chascune paire, et teile droiture avoec ke li marescal de Flandres ont en l'ost quant li sires iva. Nous, l'eschange et le don en teil maniere comme deseure est devisé, greons, loens et aprouvons et 1' avons en convent a tenir fermement pour nous et pour nos hoirs, seigneurs de Flandres a tous jours a nostre chier et foiauble mon seigneur Sohier de Baillueil, fil et hoir mon seigneur Bauduin devant nommei, et a son hoir hiretaulement, sans jamais aleir encontre. En tesmoignage de laque le chose nous avons ces presentes lettres fait saieleir de nostre saiel, ki furent donnees l'an de l'Incarnation Nostre Seigneur mil deus cens quatre vins et deus, el mois de septembre»93 .

90. J. RICHARD, Les ducs de Bourgogne, p. 408-409. 91. La bouteillerie de Bourgogne qui n'apparaît qu'à partir du XIIIe siècle était tenue par Miles, seigneur de Noyers, à l'époque d'Eudes III (sans doute à partir de 1209). Hugues IV le confirma dans cet office qu'illui confia à titre héréditaire. Ibid., p. 409. 92. F.-L. GANSHOF, «La Flandre>>, Histoire des institutions françaises au Moyen Age, I, Les institutions seigneuriales, p. 380. 93. Arch. dép. Nord, B 1564, f' 60 V 0 , ll 0 187. Voir aussi R. MONIER, Les institutions centrales du comté de Flandre, p. 49.

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La rémunération de l'office telle qu'elle figure dans cet acte comtal servit longtemps de référence et vers 1330, parmi les droits des officiers héréditaires de Flandre, c'est conformément à la confirmation de 1282 qu'il est précisé: «As marissaus yretiers A monseigneur Jehan de Bailleul: Avene a V chevaux. Item, III sols pour wages. Item, II pos de vin, l'un dou melleur et l'autre dont l'on sert l'ostel. Item, X coupons de candelles, Item, a cascun terme C soulz pour ses dras» 94 . A ces gages et livrées s'ajoutaient, au bon plaisir du comte, des dons et pensions, comme cette rente «à volonté» de 30 jeunes cygnes par an que le maréchal Sohier de Bailleul pouvait prendre dans la moere entre Bergues et Fumes en vertu d'un acte de Guy de Dampierre du 2 août 1293: «Nous, Guis, cuens de Flandres et marchis de Namur, faisons savoir a tous ke nous avons donnet et donnons a nostre foiable chevalier Soyhier de Bailluel, marisschal de Flandres, trente jouenes chisnes de rente cascun an, a prendre et rechevoir d'an en an en l'eauwe de nostre mour ki est entre Bierghes et Fumes. Se mandons et commandons a celui et a ceaus ki warde en sont et seront kil les delivrent au dit Soyhier d'an en an et a sen message, jusques a nostre volontei et nostre rapiel. Par le tesmoing de ces lettres saielees de nostre saiel ki furent faites et donnees en l'an de grace M CC LXXX XIII, le diemence après le saint entrant aoust» 95 . Le maréchal héréditaire de Flandre tenait son office en «foi et hommage» du comte. Ce dernier, de ce fait, conservait certaines prérogatives illustrées par un acte de Louis de Nevers en date du mois de mars 1334. Le comte Louis était alors mécontent du service du maréchal Jean de Bailleul qui n'avait pas répondu à ses mandements, aussi, sans aller jusqu'à prononcer une commise de fief ni à remettre en cause l'hérédité du maréchalat, il prit deux mesures qui apparaissent clairement comme des sanctions: en premier lieu il fit de l'un de ses fidèles, Sohier de Courtrai, un maréchal de Flandre à titre viager et, en second lieu, il décida de recevoir à l'hommage, pour la maréchaussée héréditaire, le fils de Jean de Bailleul, prénommé aussi Jean, à la place de son père, dont il dénonça les manquements. Ces deux mesures firent l'objet d'un accord passé entre le comte Louis et le nouveau maréchal héréditaire. A cette date donc, il y eut, par la volonté du prince, deux maréchaux de Flandre, l'un maréchal héréditaire, 1'autre maréchal à vie:

94. Arch. dép. Nord, B 1569, f' 13 r 0 • 95. Arch. dép. Nord, B 1564, f' 64 V0 •

«Accordé est que monseigneur de Flandres donne la mareschaucie de Flandres a monseigneur Sohier de Courtray a sa vie et veult qu'il joïsse des drois de ladite mareschaucie toutes les foiz qu'il sera mandés, et en est entrés li diz Sohiers en la foy et hommage de monseigneur; et en ceste maniere en a receu monseigneur de Flandres en foy et hommage Jehan de Bailleul, fils monseigneur Jehan de Bailleul. Et a esté protestacion faite de par monseigneur audit Jehan de aprocher ley quant li plaira de ce que son pere ne vint pas deservir sa mareschaucie au mandement de monseigneur [ ... ]. Ce fut fait et accordé a Audenaarde en la maison des Cordeliers le vendredi XIe jour de mars 1' an de grace M CCC trente trois [1334 n. st.], presens monseigneur Hemy de Flandres, monseigneur Guy de Flandres, le chastellain de Diquemue, le seigneur de Ghistelle, monseigneur Sohier de Bailleul, le seigneur de Prat, li sires de Hondescote, messire Daniel de Harloin, les dessus diz mareschaus, vous et monseigneur Eude de Choiz»96 . Si, jusque dans les années 1330, seuls des membres de la famille de Bailleul sont cités comme détenteurs à titre héréditaire de la «mareschaucie» de Flandre97 , à partir du début du xve siècle, on trouve mention de deux maréchaux héréditaires de Flandre, l'un étant le seigneur de Bailleul et l'autre le seigneur de La Vichte 98 , sans que 1'on sache à quelle date et pourquoi eut lieu le dédoublement de l'office. Quoi qu'il en soit, dans les années 1400, les fonctions auliques et militaires des maréchaux de Flandre se retrouvaient lors des joutes, tournois et faits d'armes organisés dans les villes flamandes. Ainsi à 1' occasion de «pluseurs fais d'armes qui se doivent faire a Lille» en 1409 en présence de Philippe de Bourgogne, comte de Nevers, et opposant des nobles anglais à des nobles bourguignons, une «ordenance» fut rédigée dans laquelle un article précisait les rôles respectifs du connétables et des deux maréchaux: «Item, [le comte de Nevers] a ordonné que le sire d'Antoing, qui est connestable de son hiretage, fera le fait de connestable, et pour ce qu'il est mal disposé et ne se peut bien aydier, il aura avec lui le sire de Wavrin pour lui aidier a faire ledit fait de connes table; et le sire de Bailleul et le sire de La Vis te, lesquelz sont mareschaulx de leurs heritages, feront l'office de mareschal» 99 . Mis à part ce type de fonction, le rôle de la maréchaussée de Flandre semble avoir été surtout honorifique et, en temps de guerre, le comte de Flandre, au moins depuis la fin du XIVe siècle, nomruait un «maréchal de l'ost» pour conduire ses armées; tel fut le rôle joué par Gauthier, seigneur d'Enghien, durant

96. . Arch. dép. Nord, B 1565, f' 152 r 0 , no 796. 97. Arch. dép. Nord, B 1569, f' 13 r 0 • 98. Arch. dép. Nord, B 1600, f' 93 V 0 • 99. Ibid.

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la guerre de Gand en 1380-1381 100 . Cependant les détenteurs de l'office de maréchal héréditaire veillaient à ce que leur titre et leurs prérogatives ne tombassent pas dans l'oubli. C'est ainsi que Jean de Bailleul, seigneur du Doulieu, fait figurer son titre de «mareschal de Flandres» dans une quittance de gages qu'il délivre en 1405 comme capitaine de Gravelines 101 , dans le contrat de mariage qu'il passe en 1407 avant d'épouser Agnès de Heilly 102 , et dans la correspondance qu'il échange, en 1414, avec la Chambre des comptes de Lille 103 . Dans le courant du xve siècle, la maréchaussée héréditaire de Flandre passa, de la famille de Bailleul, aux seigneurs d'Eps: en effet, Jean, seigneur d'Eps, obtint du duc Charles de Bourgogne («le Téméraire» ou «le Hardi») des lettres patentes datées du 16 novembre 1471 par lesquelles ce prince confirmait pour lui et pour ses héritiers les «droits, prérogatives, prééminences, franchises et libertés» dont il prétendait jouir en tant que «mareschal heritai» du comté de Flandre (et qui avaient quelque peu varié depuis 1282): la possibilité de venir, à volonté, au service du prince et fréquenter sa cour moyennant des gages d'un montant de 24 s. p. de Flandre par jour, la prise en charge par l'hôtel de ses chevaux, le droit, pour lui et ses serviteurs, de prendre leurs repas à la cour, avec, en outre, la livraison de deux tonneaux de vin et deux livres de chandelles de cire. Marie de Bourgogne confirma les dispositions prises par son père en faveur du seigneur d'Eps, par des lettres données à Gand le 10 février 1477. Enfin, le 9 septembre 1491, 1' archiduc Philippe le Beau confirma à son tour les mêmes privilèges en faveur de Péronne d'Allouagne, demoiselle d'Eps, fille et unique héritière de Jean, seigneur d'Eps, qui avait recueilli la maréchaussée héréditaire de Flandre après la mort de son père 104 . Dans l'intervalle, en 1481, Jean, seigneur de La Vichte, en tant que «maréchal héritier de Flandre» avait tenté, lui aussi, d'obtenir une confirmation de ses «droits et prérogatives», mais ses exigences étant abusives, sa démarche avait eu moins de succès que celle du seigneur d'Eps comme en témoigne cette lettre des gens de la Chambre des comptes de Lille adressée au chancelier de Maximilien de Habsbourg le 3 mars 1481 (n. st.): «Nostre très honnouré seigneur, nous nous recommandons a vous le plus affectueusement que fere pavons. Et vous plaist savoir, nostre très honnouré seigneur, nous avoir [presentement] receu lettres de nostre très redoubté seigneur monseigneur le duc a nous presentees de la part de messire Jehan, seigneur de

100. «Et es toit marescaulx de toute 1' ost de Flandres li sires d'Enghien qui s'appel oit Gautiers, qui pour che tamps estait jones, hardis et entreprendans, et ne resongnoit pain ne [ne] peril qui li peuist avenir». Jean FROISSART, Chroniques, éd. S. LUCE, X, p. 59. «Li sires d'Engien, mareschaulx de l'oost>>. Ibid., X, p. 66. 101. Quittance donnée le 6 juin 1405 par Jean de Bailleul, chevalier et capitaine de Gravelines, pour les gages de Thomas de Bauffremez, desservis >, p. 335-355.

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successivement, les deux fils d'Arnould IV, Arnould V (tv. 1313) et Guillaume en vie en 1351 ); ce dernier fit figurer le titre de maréchal de Brabant sur son sceau 117 . La famille de Wezemaal conserva la charge de «marescalcius hereditarius in patria Brabantiae» jusqu'au XVe siècle 118 . Le maréchalat héréditaire se retrouve dans le cadre d'une principauté voisine du Brabant, le comté de Hainaut où existèrent aussi, jusqu'à la fin du Moyen Age et au-delà, d'autres grands offices «héritables», comme le duc Charles de Bourgogne le rappela, en mars 1473, dans une ordonnance concernant l'administration de la justice du comté de Hainaut:

1er (toujours

«[ ... ]A cause duquel pays nous avons en iceluy douze pers tenus de nous, un seneschal, un mareschal, un veneur, un panetier, un bouteillier et d'autres offices heritables» 119 . La première mention d'un titulaire de la maréchaussée de Hainaut est contenue dans une charte de l'évêque de Liège datée de 1259 dans laquelle, parmi les témoins, figure «Theodoricus Wallicuriensis, marescallus Hannoniae». Ce Thierry de Walcourt, dit Stradiot, est également cité comme maréchal de Hainaut dans un acte daté du 23 juin 1264 par lequel les chanoines du chapitre de Saint-Barthélemy de Liège lui baillent à cens certains biens. Un document du 30 juin 1280, intéressant le même chapitre collégial, fait apparaître le nom de messire Thierry de Farciennes, chevalier, maréchal de Hainaut, fils de feu Thierry de Walcourt, dit Stradiot, jadis seigneur de Farciennes. Plus d'un demisiècle plus tard, en 1333, on trouve de nouveau un Thierry de Walcourt, seigneur d' Aa, de Braine et de Lennick, assumant le maréchalat de Hainaut. Ce personnage fut l'un de ceux qui apposèrent leurs sceaux au traité d'alliance conclu le 3 décembre 1339 entre Jean III, duc de Brabant, et Louis de Nevers, comte de Flandre 120 ; sur ce sceau figurait le titre de maréchal 121 . En 1340, on retrouve le maréchal de Hainaut en garnison au Quesnoy 122 . Il fut tué lors de la bataille de

F.-L. GANSHOF, Études sur les ministeriales en Flandre et en Lotharingie, p. 9395; A. UYTTEBROUCK, Le gouvernement du duché de Brabant au bas moyen âge (1355-1430), I, p. 228-231; A. SMOLAR-MEYNART, La justice ducale du plat pays, des forêts et des chasses en Brabant (X/le-Xvie siècle), p. 14 n. 27, 30 n. 86, 541; J.Th. DE RAADT, Sceaux armoriés des Pays-Bas et des pays avoisinants, IV, p. 229 (3 décembre 1339). 118. Après Guillaume rer, le maréchalat passa successivement à ses fils Guillaume II, maréchal de Brabant sous Jeanne et Wenceslas, et Jean rer qui hérita de la seigneurie de Wezemaal et de la charge de maréchal après la mort de son frère aîné. Le fils de Jean Ier, Jean II, fit son testament en 1462 (s'y intitulant marescalcius hereditarius in patria Brabantiae) et mourut sans descendance. F.-L. GANSHOF, Études sur les ministeriales en Flandre et en Lotharingie, p. 95-96. La seigneurie de Wezemaal passa par la suite à Guy de Brimeu, seigneur de Humbercourt, qui porta en différentes occasions le titre de maréchal de Brabant. W. PARAVICINI, Guy de Brimeu. Der burgundische Staat und seine ad/ige Führungsschicht unter Karl dem Kühnen, p. 419-420. 119. G. ALQUIER, «Les grandes charges du Hainaut>>, p. 6. 120. Ibid., p. 29. 121. J.-Th. DE RAADT, Sceaux armoriés des Pays-Bas, IV, p. 191. 122. «[ ... ]Et [Jean de Hainaut] mist le mareschal de Haynau, monsigneur Thieri de Walecourt, en le ville dou Kesnoi>>. Jean FROISSART, Chroniques, éd. S. LUCE, 1, p. 204.

117.

41

Staveren en 1345. Après lui, on trouve mention de Jean de Walcourt, seigneur de Braine-le-Château, qui participa aux guerres de Flandre en 1357, et qui, comme son prédécesseur, faisait figurer sur son sceau le titre de «marscalcus Hannonie» 123 . Par la suite, par le mariage de Marguerite de Walcourt avec Guillaume d' Abcoude, le maréchalat passa, avec la seigneurie de Houdeng auquel il était désormais attaché, dans la famille d' Abcoude: en 1379, Sweder d'Abcoude, sire de Puttes, fut mis en possession du fief de Houdeng et de la «marescauchie» de Hainaut, à la suite d'un partage successoral intervenu entre son frère Guillaume d' Abcoude, seigneur de Gaesbeck, et lui 124 . Vers 1434, Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, acheta à Jacques d'Abcoude, seigneur de Gaesbeck, la seigneurie de Houdeng et le maréchalat de Hainaut. A sa mort, en 1462, la terre et la dignité passèrent à son fils Antoine Rolin et à ses héritiers 125 . Le comté, puis duché de Luxembourg a également connu un maréchalat héréditaire: il apparaît en 1224lorsque Waleran, comte de Luxembourg, et sa femme Ermesinde, conférèrent cette charge en fief et à titre héréditaire à Henri II de Daun. Son fils Richard VI de Daun est mentionné à son tour comme maréchal entre 1253 et 1256 et transmit cette dignité à son fils Richard VIL Ce dernier, marié à Lucie de Kerpen, eut pour fils Henri de Daun, maréchal de Luxembourg entre 1315 et 1366. Cet Henri épousaAdelaïde de Wildenberg qui lui donna plusieurs enfants dont Richard IX de Daun, maréchal héréditaire jusqu'en 1395. Ce dernier épousa Anne de Mengen dont il eut un fils Henri de Daun, qui devint chanoine de Trèves, et une fille Anne de Daun, qui épousa Jean IV de Raville (t 1460), à qui elle apporta tous les fiefs de Daun, y compris le maréchalat héréditaire de Luxembourg 126 . Vient ensuite Jean V de Raville (t 1457), à qui son père Jean IV céda le maréchalat vers 1450. Il avait épousé Marguerite de Sierck dont il avait eu Guillaume de Raville 127 ; ce dernier, qui hérita du titre de maréchal de Luxembourg, joua un rôle politique et militaire important en 1476 et 1477, pendant les dernières campagnes de Charles de Bourgogne et au début du principat de la duchesse Marie: «A messire Guillaume de Raville, chevalier, marissal de Lucembourg, la somme de quatre cens livres dudit pris [de 40 gros] que, par l'ordonnance de madicte damoiselle la duchesse, ledit tresorier des guerres lui a delivree comptant pour don a lui fait par icelle damoiselle en recompense des bons et agreables services qu'il a faiz a feu mondit seigneur le duc son pere et a elle, et aussi des pertes, frais et despens qu'il a soustenuz a ceste cause. Pour ce, par l'ordonnance du XVIIIe jour de fevrier LXXVI [1477 n. st.] signee de la main de madicte damoiselle avec quittance dudit Guillaume cy rendues ladicte somme de nnc livres» 128 .

123. 124. 125. 126. 127. 128.

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J.-Th. DE RAADT, Sceaux armoriés des Pays-Bas, IV, p. 191-192. G. ALQUIER, , p. 30. Ibid., p. 30-31. J.-Cl. LOUTSCH, La famille de Raville, p. 8-12. Ibid., p. 11-12. Compte de Hugues de Dompierre, trésorier des guerres du duc de Bourgogne. A. G. R., CC 25 543, f 0 124 V 0 -l25 f 0 (Cf également, F 102 r 0 , 152 V 0 -l53 f 0 , 158 V 0 , elc.).

En France, dans le comté de Champagne, la transmission du maréchalat montre comment le caractère héréditaire de 1'office ne s'est atlîrmé que progressivement: même si, à certains moments, des tendances à l'hérédité se sont fait jour, le comte de Champagne semble avoir gardé longtemps le contrôle de la collation de l'otlîce 129 . Entre 1158 et 1179, la maréchaussée du comte avait été exercée par Guillaume Le Roi qui l'avait d'abord tenue conjointement avec Gervais Le Maréchal, puis seul à partir de 1160. A la mort de Guillaume, c'est son fils Milon 1er Le Bréban qui en fut investi par le comte. Il resta en charge de 1179 à 1184, date de sa mort. A ce moment, l'otlîce fut confié à Érard d'Aulnay, qu'aucun lien de famille n'unissait au précédent. Mais Érard mourut dès 1185 et en cette même année Geoffroy de Villehardouin apparaît dans les actes avec le titre de maréchal; or Geoffroy était l'oncle d'Érard d'Aulnay. En 1202, comme on le sait, partant en croisade, Geoffroy de Villehardouin résigna sa charge (dont il conserva cependant le titre). Il fut remplacé par Oudard d'Aulnay, cité comme maréchal en février 1206 et portant ce titre jusqu'en juillet 1227, date à laquelle, à son tour, il résigna sa charge 130 ; cependant, dès 1223, Érard de Villehardouin, fils de Geüffroy, est mentionné comme maréchal de Champagne et il conserva cette fonction jusqu'à sa mort intervenue en 1226 (il y eut donc pendant trois années deux maréchaux de Champagne, ce qui n'est pas, en soi, une situation exceptionnelle). Après Oudard d'Aulnay, la fonction fut exercée par Geoffroy de Louppy qui en portait le titre en 1228. Entre 1231 et 1246 le maréchalat fut tenu par Guillaume de Villy, qui était le propre fils d'Érard de Villehardouin. Après la mort de Guillaume la charge passa à Anseau de Traîne! qui avait épousé sa veuve. Après Anseau, qui exerça la maréchaussée de Champagne entre 1246 et 1251, l'office passa à Eustache II, seigneur de Conflans, qui est mentionné comme maréchal en 1258 131 et dont la famille parvint à monopoliser la fonction: après Eustache II le maréchalat de Champagne passa successivement à son fils Hugues 1er de Conflans qui le tenait encore en 1272 132 , à Hugues II de Conflans qui le conserva jusqu'en 1305, à Hugues III de Conflans, seigneur de Somme-Vesle, mort en 1320, à Eustache III de Conflans, enfin à Jean de Conflans, seigneur de Dampierre, qui fut 1'une des deux victimes du fameux «meurtre des maréchaux» du 22 février 1358 133 . Après la mort de ce dernier, la maréchaussée de Champagne ne laisse pas des traces bien nettes dans la documentation. Le titre resta pourtant porté par les membres de la famille de Jean de Conflans et en décembre 1431, parmi les conservateurs d'une trêve conclue entre le duc de Bourgogne et le roi de France, on trouve «le sire de Conflans, mareschal de Champaigne» 134 .

Pour ce qui suit, voir, sauf autre indication, J. LONGNON, Recherches sur la vie de Geoffroy de Villehardouin, p. 54-55 et G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France, 1, p. 39. 130. A. LONGNON, Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie, 1, p. 458. 131. Ibid., 1, n° 6186, p. 272. 132. Ibid., 1, p. 438. 133. Jean de Conflans, seigneur de Dampierre, fait figurer son titre de maréchal de Champagne sur son sceau (voir un sceau appendu à une quittance de gages du 4 février 1340). G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, 1, no 2733, p. 289. 134. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, IV, preuve 90. 129.

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En Champagne, au XIIIe siècle, tout comme en Flandre à la même époque, le maréchal tenait son office en fief: les documents mentionnent le > (1287); p. 83 L: «Au marichaut de Champaingne, mon seigneur Hue de Coufflans, LXIIII lb>> (1288). Ibid., Ill, p. 168 Cet 181 H. Ibid., II, p. 10 F, 15 N, 17 F et 28 C. D. HAIGNERÉ, Dictionnaire topographique de l'arrondissement de Boulogne-surMer, p. LIX. Neufchâtel[-Hardelot], Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, cant. Samer. Le 12 juillet 1441, Robert du Moulin, , donne dénombrement de ce qu'il tient en foi et hommage de son cousin Jean de Le Rivelle à cause de la terre et seigneurie qu'il a à Neufchâtel. Arch. dép. Nord, B 20 076/20 355. Dans la nomenclature des fiefs du Boulonnais établie sur ordre de Louis XI en 1478, parmi les détenteurs de pairies du comté, est cité Tassart du Moulin, ; dans le rôle des fiefs de ce même comté rédigé en 1553 on trouve la mention: . L.-E. de LA GORGUE-ROSNY, Recherches généalogiques sur les comtés de Ponthieu, de Boulogne, de Guines et pays circonvoisins, IV, p. 167 et 189. A noter

Boulonnais ne fut jamais attaché à une terre ni tenu héréditairement en fief; il resta jusqu'à la fin du Moyen Age à la seule collation du comte; ses attributions administratives et militaires faisaient du titulaire de la sénéchaussée un personnage essentiel dans le gouvernement du comté. Bien différent fut le destin de la maréchalerie: quelle qu'en soit la date, la transformation de cet office en pairie en fit une dignité purement honorifique; au xve siècle, ceux qui en étaient détenteurs en portaient bien le titre mais sans exercer de fonctions particulières, notamment sur le plan militaire: ainsi, dans un compte du trésorier des guerres du roi, Jean de Pressy, on trouve, au printemps 1412, un écuyer nommé Guillaume de Hudrehen, «dit le maréchal de Boulonnais» servant dans l'armée royale à la tête d'une compagnie de 9 hommes d'armes 142 . Dans certaines principautés, la transformation de 1'office de maréchal en une dignité héréditaire conduisit parfois le prince à créer un nouvel office entièrement en sa main. Dans le comté de Hainaut, parallèlement au maréchalat héréditaire tenu par la famille de Walcourt, puis par celle d' Abcoude, on voit apparaître un maréchalat temporaire ou viager: ainsi, le 14 juin 1304, le comte nomma Arnould d'Enghien maréchal pour assurer la garde de l'évêché de Cambrai pendant un an; de même, Michel de Ligne est cité comme maréchal en 1330, tandis que Jean 1er, seigneur de Ligne, fut fait maréchal de Hainaut à son retour du «voyage de Barbarie» de 1390 143 • On trouve également en Hainaut, tout comme dans le comté de Flandre, des «maréchaux de l'ost», nommés simplement pour le temps d'une campagne, et c'est ainsi qu'en septembre 1408, lors de la campagne d'Othée, Guillaume de Bavière, comte de Hainaut, nomma Jean de Jeumont maréchal «pour conduire et loger» ses troupes 144 . Une situation assez semblable à celle du Hainaut s'observe en Brabant. On a vu plus haut que, dans ce duché, le maréchalat était devenu héréditaire au profit de la famille de Wezemaal. Or dans la première moitié du XIVe siècle, sous le principat du duc Jean III (t 1355), on voit apparaître, outre un maréchal de l'hôtel dont la fonction perdura jusqu'en 1430, un maréchal «de» ou «en» Brabant («van» ou «in Brabant»), officier aux attributions purement militaires qui était nommé et révoqué librement par le duc. Le premier de ces maréchaux connus fut Jean Craye vander Hoffstat, nommé en 1338-1339 par Jean III. Son office n'était pas permanent; la nomination valait pour le temps d'une campagne et, de façon révélatrice, le maréchal était parfois désigné, non comme maréchal de Brabant, mais comme «mariscault de l'ost» 145. Le dédoublement de la maréchaussée et 1'existence d'un «maréchal de 1'hôtel», qu'on peut observer en Brabant à partir du début du XIVe siècle, sont des phénomènes attestés ailleurs et parfois là où le maréchal était détenteur d'un

142. 143. 144. 145.

qu'au xve si\:cle on trouve aussi la trace d'un maréchalat héréditaire du comté de Ponthieu qui, entre 1416 et 1427, est tenu par Raoul Le Sage, seigneur de Saint-Pierre, vicomte de Roncheville, G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, 1, n° 5327, p. 560 et II, n° 8141, p. 161. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 20 528, p. 232. G. ALQUIER, «Les grandes charges du Hainaut>>, p. 30. Enguerrand de MONSTRELET, Chronique, 1, p. 354. A. UYTTEBROUCK, Le gouvernement du duché de Brabant au bas moyen âge, 1, p. 228-231.

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office demeuré en la collation du prince. Ce fut le cas, semble-t-il, dans le duché de Bourgogne au temps du duc Robert II. On a vu qu'entre 1275 et 1302, la charge fut confiée à un grand seigneur du comté de Bar, Liébaud III de Bauffremont, que ses fonctions tinrent souvent éloigné du duché de Bourgogne. Or, le codicille du testament du duc, daté de septembre 1302, mentionne successivement Liébaud de Bauffremont, >, p. 93-94. A partir de 1430 ces maréchaux de l'hôtel furent appelés écuyers de l'écurie («scutifferi scutifferie») pour éviter toute confusion. Ibid., p. 98. 148. En août 1392 Jean Périou, maréchal du duc Jean IV, certifie, conjointement avec Jean du Rous, maître d'hôtel du duc, le paiement d'une somme de 86 1. à des artisans de Rennes «pour fere des harnois, saelles et charoiz des chevaulx>>. M. JONES, Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, II, n° 828, p. 518. Ce Jean Périou est désigné comme «maréchal de la Salle» en 1405 et en 1409-1411. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, Il, col. 746 et 831. En 1415, Guillaume Grantboais, son successeur, cumulait les fonctions de maréchal de la Salle et de fourrier du duc. Ibid., II, col. 896. Le terme «maréchal de la Salle» est peut-être emprunté à l'Angleterre où existait un ou >. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuve 153. En août 1336, Robert de Châtillon visita les forteresses du comté de Bourgogne et en dirigea la remise en état. En 1337, il était désigné comme . En 1338 et 1339 il mena diverses opérations militaires et fut investi de missions diplomatiques. E. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne. VII, p. 211-228, passim. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, II, p. 284. E. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, VIII, p. 62. Après sa disparition en 1349, la connétablie de Bourgogne ne réapparut plus dans l'édifice institutionnel bourguignon. Son souvenir semble s'être effacé et aux xve et XVIe siècles, pour les Bourguignons, la connétablie était une institution royale. Olivier de La Marche, daus son «Advis des grans officiers que doit avoir ung roy>> adressé à Maximilien de Habsbourg, écrit: «Ung roy doit avoir ung connestable, et doit estre lieutenant du roy en toutes choses et principalement au fait de la guerre. Et se doit faire d'un homme noble et puissant, et qui puist soustenir et porter oultre l'estal de son office, tant ce que le roy lui commande comme aussy les choses qui peuvent survenir devant luy des affaires du royaulme en l'absence du roy>>. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 155. Philippe de Clèves, pour sa part, s'adressant au futur empereur Charles Quint, précise: «Monseigneur, je ne vous escrips pas icy la charge que doibt avoir un connestable, si vous en avés, pour ce que je n'ay point esté en lieu ou j'aye veu connestable faisant son office>>. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 11. R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, p. 294-297.

Dans cette perspective, le remplacement soudain de Girard de Thurey, cité encore comme maréchal en décembre 1359 166 , par le comtois Jean de Rye, seigneur de Balançon, mentionné comme titulaire de cet office en février 1360 167, est intéressant à plus d'un titre. Ce changement correspondait en effet à la fin du «bail» du roi: le duc Philippe de Rouvres avait été mis «hors du bail» dès le 28 janvier 1360. Girard de Thurey fut aussitôt déchargé de son office et en même temps le versement de la pension de 200 l.t. assignée jusqu'alors sur les revenus des foires de Chalon fut interrompue; cette pension ne lui fut de nouveau servie qu'en 1362, après la mort de Philippe de Rouvres 168 . Le jeune duc de Bourgogne ayant atteint l'âge de la majorité voulut, de toute évidence, avoir son propre maréchal de Bourgogne et remplacer Girard de Thurey qui faisait par trop figure d'homme du roi. On ne peut pas mieux illustrer que par la succession des maréchaux du début du XIVe siècle et, en particulier, par cet épisode de 1359-1360, le fait que l'office de maréchal de Bourgogne était dans la main du duc qui en nommait, révoquait ou confirmait librement le détenteur 169 . Le cas de la Bourgogne dans la première moitié du XIVe siècle nous a permis d'appréhender une réalité essentielle: là où l'office de maréchal n'était pas devenu, au XIIIe siècle, une dignité héréditaire, il était soumis à un contrôle étroit du prince. C'était également le cas en Bretagne où le maréchal, au début du XIVe siècle, était nommé, à titre viager, par lettres ducales revêtues du grand sceau, comme le montre cet acte du duc Jean III en faveur d'Olivier de La Chapelle donné à Vannes le 14 août 1318: «Nous, Jehan, duc de Bretaigne, visconte de Limoges. Pourle bien ela valour que nous savons et avons trové en nostre amé baron monseigneur Olivier de La Chapelle, faisons savoir a touz presens e avenir que nous l'avons establi et establissons nostre mareschal general en ost e dehors, volant que il ait les droiz e les emolumans que mareschal doit avoir, en sa vie tant seulement, mandanz et commandanz a tous noz subgez et a touz ceux a qui ce peut appartenir, que audit monseigneur Olivier, ledit office faisant, obeissent et entendent diligeamment.

166. 167. 168.

169.

Arch. dép. Côte-d'Or, B 1408, f" 46 r 0 •

Ibid., f" 45

V

0



Dans le compte du receveur Dimanche de Vite! pour l'exercice courant de novembre 1359 à novembre 1360, on relève que Girard de Thurey, qualifié seulement de chevalier et conseiller du roi, ne reçoit rien de sa pension de 200 l.t., «pour ce que monseigneur le duc estoit hors du bail dès le XXVIIIe jour de janvier precedent (1360 n. st.)». Arch. dép. Côte-d'Or, B 1408, f 0 34 V 0 • L'ancien maréchal de Bourgogne retrouva sa rente sur les foires de Chalon en vertu de lettres patentes de Jean le Bon données à Rouvres le 11 janvier 1362 (n. st.). Arch. dép. Côte-d'Or, B 1412, f" 30 V 0 • Le même système exista dans le duché de Lorraine où le maréchal était nommé et révoqué librement par le duc: la succession des maréchaux de cette principauté de 1380 (date d'apparition de l'office) à la fin du xve siècle montre que le maréchalat n'était pas conféré à titre viager. H. LEPAGE, Les offices des duchés de Lorraine et de Bar, p. 62; J. DEBRY, Les maréchaux de Lorraine (Recueil de fiches prosopographiques inédites), s.!., 1997. Dans le duché de Savoie, en revanche, l'office du maréchal était viager. G. CASTELNUOVO, , passim, et notamment p. 96. En Bretagne comme on le verra plus bas, les ducs passèrent d'un système de nomination viagère à un système où le maréchal était révocable (Cf infra note suivante).

51

Doné a Vennes par nostre bon conseil. Tesmoyng nostre grand seel, le jour de lundy avant la S. Loranz l'an M CCC XVIII» 170 . Certes, le lien institutionnel unissant la maréchaussée et la principauté était également étroit: on a vu que dès la fin du xne siècle on trouve l'appellation de «maréchal de Champagne» (1194) 171 et que dans la première moitié du XIIIe siècle apparaît celle de «maréchal de Bourgogne» (1239) 172 , tandis que l'appellation «maréchal de Bretagne» n'est attestée qu'à partir des années 1340 173 . Cependant, il exista aussi des cas où un prince, voire un lieutenant du prince, ayant son propre maréchal (ou ses propres maréchaux), le lien de l'office avec une principauté était pour le moins ténu. Ce fut le cas notamment dans les années 1350-1360 au cours desquelles le roi de France mena une vaste politique de délégation de pouvoir pour faire face à la crise politique et militaire 174 ; dans ce contexte, la documentation nous permet de clairement juger qu'à côté du «grand officier féodal» (pour reprendre l'expression de Raymond Cazelles) que pouvait être le maréchal, il existait aussi des maréchaux qui étaient surtout des agents du prince investis de fonctions administratives et militaires. Le maréchal du prince dans la politique royale de délégation de pouvoir (v. 1350-v. 1410).

Dès les années 1340, on trouve, aux côtés des princes, des maréchaux qui exercent un commandement militaire par délégation royale: en mai 1341 Renaud de Brenac est cité comme maréchal du comte d'Armagnac, servant sous les ordres de Louis, comte de Valentinois, lieutenant du roi en Languedoc 175 , en octobre-novembre 1346 les chevaliers Ferry de Chardogne et Renaud de Trie sont mentionnés comme «mareschaux de monseigneur le duc de Normandie» 176 et en octobre 1347, Josserand de La Lande et Artaud de Saint-Romain étaient

170.

171. 172. 173.

174.

175. 176.

'i?

H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, l, col. 1281. Notons que si la nomination d'Olivier de La Chapelle fut faite à titre viager, on trouve par la suite en Bretagne, tout comme en Bourgogne ou en Lorraine, des nominations à la volonté du prince, la mort de ce dernier impliquant la vacance de tous les offices, le maréchal n'était maintenu en fonction que par un acte exprès du nouveau duc; c'est ainsi que Jean, seigneur de Malestroit, qui avait été maréchal de Bretagne sous le duc Pierre II, reçut, après la mort de ce dernier survenue le 22 septembre 1457, de nouvelles lettres d'institution données par le duc Arthur III en date du 3 octobre suivant. Ibid., Il, col. 1710. Cf supra, chap. I, n. 54. Cf supra, chap. l, n. 79. Jean Froissart mentionne Robert de Beaumanoir comme «maréchal de messire Charles de Blois>> mais aussi comme lorsqu'il fait le récit de la campagne menée par Jean, duc de Normandie, et Charles de Blois en Bretagne en 13411342. Jean FROISSART, Chroniques, éd. S. LUCE, II, p. 179 et III, p. 19. Voir aussi A. LE MOYNE DE LA BORDERIE et B. POCQUET, Histoire de Bretagne, III, p. 515. Sur la politique de délégation de pouvoir menée par Jean le Bon et Charles V, voir notamment R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, passim et notamment p. 410-414 et 496-504. Arch. nat., JJ 75, n° 501. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 9241, fû 108 V 0 , 109 r 0 et 154 ro; G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, l, n° 2201, p. 233.

«marischaux de monseigneur le conte de Foreis, lieutenant du roy nostre sire es parties de Poitou et de Xanctonge, Touraine et Limosin et es lieux voisins» 177 . -Normandie: Mais le cas de la Normandie dans les années 1355-1359, au temps du duc Charles, est, de ce point de vue, particulièrement éclairant et illustre bien le fait qu'il faut se garder des simplifications abusives: durant cette période on ne dénombre pas moins de huit maréchaux en Normandie exerçant leurs fonctions en même temps ou successivement, sans compter le maréchal héréditaire, qui était à cette date, sans doute. Robert, seigneur d' Auvrecher, dont la dignité semble avoir été surtout honorifique. La première pièce à verser au dossier normand est un mandement donné le 19 juillet 1355 conjointement par Jean de Bray et Robert de Clermont, qui se désignent eux-mêmes comme «maréchaux de monseigneur le dauphin de Viennois» mais qui sont cités aussi dans un document de juin 1356 comme «les maréchaux de Normandie de monseigneur le duc»; ces deux personnages utilisaient du reste un sceau commun pour leur office portant parti des armes de Jean de Bray (à dextre) et des armes de Robert de Clermont (à senestre). Le document de 1355 fait apparaître qu'à côté de ces deux maréchaux on trouvait aussi un «maréchal établi pour le pays de Normandie» qui était à cette date le chevalier normand Jean, dit Le Baudrain de La Heuse 17 8. «Les mareschaux de monseigneur le dalphin de Viennois, ainsné filx et lieutenant du roy nostre sire, et Brisegal de Feuquiere, lieutenant es bailliages de Rouen, Caux et Gisors de monseigneur Le Baudrain de La Heuse, mareschal establi pour le païs de Normandie. A maistre Martin Evrart, chanoine et official de Rouen, et le sire de Sainte Beuve, salut. Nous vous certifions soulx nos seaulx que nous avons reveue la monstre Jehan de Chavincourt, entiere et parfecte, en la maniere que autrefoiz la vous avons envoié. Si faites faire audit escuier prest, compte et paiement par les commis et depputez a ce faire en la maniere qu'il appartendra. Donné a Rouen le XIXe jour de juillet l'an mil CCC LV»179. Ce mandement montre clairement la différence qui existait entre les maréchaux du duc et le maréchal de Normandie_ On peut noter que ce dernier avait été «établi», donc nommé par le prince et était détenteur d'un office distinct de celui du maréchal héréditaire de Normandie. Cet office de maréchal, qui était à la collation du prince, n'était pas conféré à titre viager: le 3 juin 1359, Le Baudrain de La Heuse troqua son office de maréchal contre celui d'amiral de Normandie 180 . Il semble avoir été remplacé rapidement par un chevalier nommé Jean Le Bigot, seigneur de Condé-sur-Risle, cité comme maréchal de

Mandement donné par les deux maréchaux du comte de Forez en date du 20 octobre 1347. Bibl. nat. de France, Clairambault 63, TI 0 72. 178. Jean, dit Le Baudrain de La Heuse, était le fils de Robert de La Heuse, seigneur de Ventes et de Bellencombre. ANSELME DE SAINTE-MARIE, Histoire généalogique, VII, p. 755. 179. Bibl. nat. de France, Clairambault 824, no 33. 180. Bibl. nat. de France, Ms. fr. 26 002, no 916 et ANSELME DE SAINTE-MARIE, Histoire généalogique, VII, p. 754. 177.

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Normandie en avril1360 181 . Par la suite on trouve, jusqu'aux dernières années du XIVe siècle, d'autres titulaires qui, tous, étaient choisis au sein de la noblesse normande et qui pouvaient exercer leurs fonctions collégialement: c'est ainsi qu'entre 1364 et 1378, c'est-à-dire pratiquement pendant tout le règne de Charles V, sont mentionnés deux maréchaux de Normandie souvent cités ensemble (ici le modèle des maréchaux de France semble évident): Claudin de Hellenvilliers et Jean II, seigneur de La Ferté-Fresnel 182 . Par la suite, sous Charles VI, Jean III, seigneur de La Ferté-Fresnel, semble avoir été nommé maréchal à la place de son père et avoir conservé son office jusqu'en 1399 au moins 183 . La situation du maréchalat en Normandie dans les années 1355-1359 était encore compliquée par le fait que le roi et le dauphin Charles, en tant que duc, avaient délégué leurs pouvoirs à un certain nombre de lieutenants qui avaient leurs propres maréchaux. Ainsi en allait-il pour Jean, seigneur de Hangest, lieutenant du roi sur les frontières de Bretagne 184 comme le montre cet acte du 1er février 1356 (n. st.): «Les mareschaux de France, Mahieu de Roquemont, Jehan de Croquoison, chevaliers, mareschaux de monseigneur Jehan, seigneur de Hangest, lieutenant du roy nostre sire es parties de Normandie par devers la Bretaigne, et Guillaume Chappedelaine, clerc a ce commis de par les gouverneurs generaulx superintendens. A Aymar Bourgoise, gouverneur general des aides octroyees pour le fait des guerres es bailliages de Caen et de Costentin, salut. Nous vous envoions, enclose souz noz seaulx la monstre de messire Pierre de Villiers, chevalier, capitaine de Pontorsson et de Saint Jarne de Bevron, des genz d'armes, archiers et arbalestriers de cheval et de pié de sa cornpaignie receuz aus diz lieux aus jours et en la maniere que en ladite monstre est contenu, souz le gouvernement dudit sire de Hangest, montez si comme en ladite monstre est contenu. Si vous mandonz que audit messire Pierre, pour li et pour les genz de sa compaignie, vous faciez prest, compte et paiement en la maniere acoustumez pour leurs gages. Donné a Pontorsson souz noz seaulx le premier jour de fevrier l'an mil CCC cinquante cinq» 185 . Cinq mois plus tard, alors que Jean de Melun, comte de Tancarville, exerçait pour le roi ct le duc de Normandie une lieutenance dans le duché, il avait nommé Jean de Genouilly, son maréchal, fonction que ce personnage cumulait avec celle de lieutenant des maréchaux du duc Jean de Bray et Robert de Clermont, comme le montre cette quittance de juin 1356:

G. DUPONT-FERRIER, Ga/lia Regia, IV, no 16 266, p. 263. L. DELISLE, Mandements et actes divers de Charles V (1364-1380), Paris, 1874, ll 0 209-210, 258, 505, 663, 724, 833, 856, 972, 1114, 1529, 1725; G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, I, n° 3590, p. 381 et n° 4600, p. 487; Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 107, 117, 575 et 610. Hellenvilliers, Eure, arr. Évreux, cant. Damville; La Ferté-Frêne!, Orne, arr. Argentan, ch. l. cant. 183. LA CHESNAYE-DESBOIS, Dictionnaire de la noblesse, VI, p. 359-360 et P. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 575. 184. Voir R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, p. 291. 185. Bibl. nat. de France, Clairambault 824, no 40. 181. 182.

«Sachent tuit que nous, Jehan de Genoully, chevalier, mareschal du conte de Tancarville, chambellan de France, connestable de Normendie, lieutenant du roy nostre sire et de monseigneur le duc de Normendie ou fait des guerres oudit païs, et lieutenant des mareschaux de Normendie dudit monseigneur le duc, avons eu et receu de Aymar Bourgoise, receveur general du subside nouvellement ordené pour les guerres du roïaume de France es bailliages de Caen et de Constentin, en prest sur les gaiges des genz d'armes dudit monseigneur de Tancarville deserviz et a deservir en ces presentes guerres en Normendie es parties par devers Caen, la somme de soissante nuef livrez six soulz tournois qui valent soissante dix sept escus de Jehan, escuz pour XVIII s. t. De laquelle somme de soissante nuef livrez six soulz tournois nous tenons a bien paiez. Donné a Caen souz nostre seelle xxve jour de juing l'an mil CCC LVI» 18 6. A la même époque, entre mai et août 1356, Amaury de Meulan, sire du Neubourg, que le duc de Normandie avait investi d'une lieutenance dans les bailliages de Caen et de Cotentin 187 , avait lui-même, en vertu de sa délégation de pouvoir, nommé deux maréchaux comme le montre le mandat de paiement suivant: «Sohier de Voisins et Le Hideux de Marcoing, chevaliers, mareschaux de monseigneur Almari de Meulenc, sire du Neufbourc, lieutenant de monseigneur le duc de Normendie es parties des bailliages de Caen et de Costentin. A honnorables hommes les gouverneurs du sucide octroié oudit païs pour ces presentes guerres, ou a leurs commis et deputez a ce, salut. Nous vous envoions, enclose souz l'un de noz seaulx, la monstre de monseigneur Jehan de Viles, sire de Coulomptes, barrerez, et II autres chevaliers en sa compagnie et XIII escuiers, X archiers et IIII arbalestriers, receue a Vire le XXVe jour de jullet 1'an mil CCC cinquante [six], ainsi montez comme contenu est en ladite monstre. Si luy viellez faire prest de ses gages, compte et paiement en la maniere que il appartendra. Donné souz le seel de nous, Sohier de Voisins, en 1' absence du Hideux de Marcoing, chevalier, nostre compagnon, l'an et le jour dessus diZ>) 88 . - Languedoc: Ce qui s'observe en Normandie s'observe dans d'autres provinces soumises au régime de la lieutenance. On le voit par exemple en Languedoc lorsque Louis Ier, duc d'Anjou, y fut lieutenant du roi. En 13691370, il y tenait avec lui deux maréchaux, Arnaud d'Espagne et Guy d'Azay 189 , puis Arnaud d'Espagne et Manaut de Barbazan 190 , qui avaient, pour exercer leur office, «Un sceau et un signet communs de la maréchaussée» avec lesquels ils authentifiaient leurs actes administratifs comme cette lettre d'attache du 27 mars 1369 (n. st.):

186. Ibid., no 45. 187. Sur la lieutenance d'Amaury de Meulan, voir R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, p. 221. 188. Bibl. nat. de France, Clairambault 824, no 44. 189. Ibid., n° 38 et G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, 1, n° 5710, p. 601. 190. Ibid., 1, no 5711, p. 601.

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«Les mareschaus en toute la Langue d'oc pour nostre très excellent et puissant prince monseigneur le duc d'Anjou, filz de roy de France, frere du roy nostre sire et son lieutenant en ladite Langue d'oc, a Estienne de Montmigen, tresorier general des guerres du roy nostre sire et dudit monseigneur le duc d'Anjou en ladite Langue d'oc ou a son lieutenant, salut. Nous vous envoions encl ouse soubz le seel et signet communs de nostre mareschaucie, la monstre de messire Raymon de Lebrit, chevalier banneret, et de XXIX escuiers de sa compagnie et sequelle, soubz le gouvernement dudit monseigneur le duc d'Anjou ou païs de Guascoigne, receue a Chastiaul Jaloux en Bourdelays le XXVIIe jour de marz M CCC LXVIII, monstrez et montez en la maniere que en ladite monstre est contenu. Si vous mandons que, audit chevalier, des gaiges pour luy et ses dictes genz vous faciez prest, compte et paiement en la maniere ordonnee. Donné a Tholouse, soubz les seelz et signet communs de nostre mareschaucie 1' an et jour dessus diz. Mondinet>) 91 . Par la suite on voit que, partout où le duc d'Anjou exerça un commandement militaire pour le roi, il avait son propre maréchal; ainsi en 1379, le chevalier Jean de Champagne est mentionné comme «maréchal du duc d'Anjou, commis à recevoir les montres en Bretagne» 192 et 1' année suivante, lors de la chevauchée du comte de Buckingham, Jean de Bueil est, à son tour, cité comme «maréchal du duc d'Anjou» 193 . Notons, cependant que c'est en tant que prince apanagé que Louis d'Anjou aurait pu nommer ces maréchaux car son frère cadet, Jean, duc de Berry, dans les années 1370-1380, tenait auprès de lui un maréchal de Berry (le chevalier Hervol de Bonay, cité en 1370-1371 194 , puis l'écuyer Jean de Bonnebaut, cité en 1386 195 ) et un maréchal d'Auvergne (le chevalier Hugues de Froideville, cité de 1370 à 1377196). -Bourgogne: Le fait que les lieutenants du roi et du prince aient leurs propres maréchaux explique le destin particulier de la maréchaussée de Bourgogne au moment où le duché passa aux Valois durant la période 1361-1363. Après la mort de Philippe de Rouvres (novembre 1361), le roi Jean le Bon lui succéda par droit d'héritage. Au mois de décembre suivant, parmi les institutions ducales qu'il s'engagea solennellement à respecter, il ne manqua pas de faire figurer le maréchalat de Bourgogne 197 , mais il ne semble pas l'avoir pourvu d'un titulai-

191.

192. 193. 194. 195. 196. 197.

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Bibl. nat. de France, Clairambault 824, no 36. Voir aussi la lettre d'attache de la montre de Manaut, bâtard de Barbazan, reçue le 6 mars 1369, à laquelle est appendu le sceau commun des deux maréchaux du duc d'Anjou avec la légende: «S. Arnaut d'Espagne et Guy d'Azay, chevaliers, mareschaux de monseigneur d'Anjou en la Languedoc>>. G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, l, no 5710, p. 601. Mandement donné à Saint-Malo le 18 septembre 1379. Ibid., I, n° 2122, p. 225. Quittance donnée à Chartres le 20 août 1380. Ibid., I, n° 1691, p. 179. F. LEHOUX, Jean de France, duc de Berri. Sa vie, son action politique (1340-1416), Paris, 1966-1968,4 vol., I, p. 240 n. 9 et p. 269. G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, l, n° 1200, p. 127. F. LEHOUX, Jean de France, duc de Berri, I, p. 251, 311-312 et 406). Ordonnances des roys de France de la troisième race, publiées par D. F. SECOUSSE et al., 22 vol., Paris, 1723-1849, III, p. 536.

re 198. Il est vrai que, durant la courte période où le roi fut aussi duc de Bourgogne, il plaça le duché sous la responsabilité d'un gouverneur, Henri de Bar, seigneur de Pierrefort 199 , et surtout sous l'autorité de son lieutenant, Jean de Melun, comte de Tancarville200 ; il est possible que ces derniers aient eu leurs propres maréchaux, bien que la documentation ne permette pas d'en savoir plus. En juin 1363, le roi Jean nomma son fils Philippe, duc de Touraine, lieutenant au duché de Bourgogne201 . Le 8 août suivant, Philippe, qui se rendait en France, nomma Jean de Montagu, seigneur de Sombernon, son lieutenant "ès parties" du duché et institua en même temps Hugues de Montjeu, «nostre mareschal pour recevoir pour nous toutes les monstres des genz d'armes et archiers qui seront aus gaiges de monseigneur [le roi] esdites parties [de Bourgogne]» 202 . Hugues n'était pas maréchal de Bourgogne mais «maréchal du duc de Touraine» comme on peut le constater dans les comptes de Huet Hanon, trésorier de Philippe le Hardi203 . La nomination d'Hugues de Montjeu correspondait à une période transitoire. Au mois de janvier 1364 (n. st.) Philippe le Hardi, à qui, au mois de septembre précédent, son père avait donné le duché de Bourgogne 204 , institua un «mareschal au duchié de Bourgoingne», vite désigné comme «mareschal de Bourgoingne», et choisit Guy de Pontailler pour remplir cette fonction 205 . Cependant, l'acte royal de septembre 1363 par lequel Jean le Bon avait fait de son plus jeune fils un duc de Bourgogne ne fut publié qu'au mois de juin 1364 par Charles y206; c'est pourquoi, Philippe le Hardi confirma, par lettres patentes données le 7 janvier 1365, la nomination du maréchal qu'il n'avait faite, officiellement, qu'en tant que duc de Touraine et lieutenant du roi: «Phelippe, fils de roi de France, duc de Bourgogne, a tous ceux qui ces lettres verront, salut. Nous nous recordons que, dès environ le mois de janvier l'an 1363 [1364 n. st.], nous receumes et encore recevons par ces presentes en nostre mareschal nostre amé et feal chevalier messire Guy de Pontoillier, aux droits, emoluments et proffits accoutumés, tant comme il nous plaira, et li avons donné

198. 199. 200. 201. 202. 203. 204. 205.

206.

Il n'est pas une fois fait mention du maréchal de Bourgogne dans les comptes du receveur général Dimanche de Vite! pour l'exercice allant du 1er novembre 1361 au 1er novembre 1362. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1412. Henri de Bar fut institué gouverneur du duché de Bourgogne dès le mois de janvier 1362. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1412, f' 32 V 0 • R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, p. 411-412. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuve 3. Mandement au trésorier Huet Hanon, donné à Dijon le 8 août 1363. Arch. dép. Côted'Or, B 380 et U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuves 4 et 5. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 7414, f' 43 V 0 • Lettres patentes de Jean le Bon données à Germigny-sur-Marne le 6 septembre 1363. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, II, preuve 315. Nomination en date du 28 janvier 1364 (n. st.). G. DUMAY, «Guy de Pontailler, sire de Talmay, gouverneur et maréchal de Bourgogne (1364-1392)>>, Mémoires de la Société bourguignonne de Géographie et d'Histoire, t. 23, 1907, p. 1-222 (voir p. 7 et 112, p. j. no VI). Guy de Pontailler est désigné comme «mareschal au duchié de Bourgoingne>> ou «mareschal du duchié de Bourgoingne>> en janvier 1364, et «mareschal de Bourgoigne>> au mois d'août suivant. Ibid., p. 112-114. Lettres patentes de Charles V données au Louvre le 2 juin 1364. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, II, preuve 315.

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et donnons pouvoir et authorité et mandement especial de faire tout ce qui a office de nostre marechal appartient, peut et doit appartenir. Si donnons en mandement a tous nos sujets, prions et requerons les autres, qu'audit messire Guy, aux choses appartenant audit office de mareschaussie, obeissent et entendent diligemment et li prestent conseil, confort et aide, se mestier en a, et il en sont requis. En tesmoing de ce nous avons fait mettre notre seel a ces lettres. Donné a Talant, le sept[iesme] jour de janvier l'an de grace 1364 [1365 n. st.]. Ainsi signé: Par monseigneur le duc, J. Blanchet» 207 . Le duc nommait son maréchal en précisant «tant qu'il nous plaira». Cette formule montrait clairement que l'office était totalement dans la main du prince, cependant Guy de Pontailler conserva sa charge, pendant près de vingt-huit ans, jusqu'à sa mort qui survint le 4 mai 139220 8 . - Aquitaine: Au moment où la Maison de Valois accédait au duché de Bourgogne, apparaissait, dans un contexte particulier, un maréchalat d'Aquitaine: après le traité de Brétigny, en effet, Édouard III constitua l'Aquitaine en une principauté qu'il donna à son fils Édouard, prince de Galles (le «Prince noir») par un acte du 19 juillet 1362. Le nouveau prince d'Aquitaine développa alors des institutions locales, créant notamment des offices auliques aux attributions militaires. C'est ainsi qu'apparurent, dès 1362, un connétable et un maréchal d' Aquitaine 209 qui ne semblent pas avoir existé dans le passé 210 ; le premier office fut confié à Jean Chandos, le second à un chevalier poitevin nommé Guichard d'Angle qui le conserva jusqu'en 1372211 . La reconquête de la plus grande partie de l'Aquitaine par les Français fut suivie, en 1401, de la remise du duché à l'aîné des f:tls de Charles VI, Louis de France, qui ajouta à son titre de dauphin de Viennois, celui de duc de Guyenne 212 . En 1410, Louis atteignant l'âge de sa majorité, entra en possession de ses domaines 213 ; or, c'est précisément en cette année qu'un chevalier picard, Jacques, seigneur de Heilly, fut institué maréchal de Guyenne 214 ; l'office paraît avoir tiré son origine de l'institution créée en 1362 par le prince de Galles; sa réapparition répondait aussi à des calculs politiques puisqu'en 1410 «l'estat et le gouvernement» de Louis, duc de Guyenne, étaient en la main du duc de Bourgogne Jean sans Peur215 , dont Jacques, seigneur de Heilly, était conseiller

207. Ibid., III, preuve 11. 208. G. DUMAY, «Guyard de Pontailler, chevalier de la Toison d'Or, et Guillaume, son fils, seigneurs de Talmay, 1392-1471>>, Mémoires de la Société bourguignonne de Géographie et d'Histoire, t. 27, 1912, p. 253-469 (cf p. 267). 209. E. C. LODGE, Gascony under English Rule, Londres, 1936, p. 98. 210. C'est ce qui ressort de la lecture de J.-P. TRABUT-CUSSAC, L'administration anglaise en Gascogne sous Henry III et Édouard Ide 1254 à 1307, Genève, 1972 (cf en particulier la 2e partie, p. 141 et suiv.). 211. Jean FROISSART, Chroniques, S.H.F., VI, p. 82 et VIII, p. 166. 212. M. REY, Les finances sous Charles VI. Les causes du déficit, 1388-1413, Paris, 1965, p. 280. 213. Ibid., p. 288. 214. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 20 528, p. 175; J.-C. DUMAIN, Jacques III, seigneur de Heilly, p. 53 et 113. 215. M. REY, Les finances sous Charles VI. Les causes du déficit, 1388-1413, p. 286-287.

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et chambellan216 . Du reste, lorsque le duc de Bourgogne perdit le pouvoir, le seigneur de Heilly fut déchargé de ses fonctions qui furent confiées à un tenant du parti armagnac, Tanguy du Châtel, attesté comme maréchal de Guyenne au mois d'août 1414217 et qui portait encore ce titre au mois de janvier 1416218 . Cet exemple montre combien le choix d'un maréchal était une question d'une haute portée politique. Noblesse et maréchaussée.

On a vu dans les pages qui précèdent que, dans toutes les principautés dotées d'une maréchaussée, le prestige de l'office s'accrut à partir de la fin du xne et du début du XIIIe siècle. La charge de maréchal, jusqu'alors assumée par des personnages de second rang, commença à être confiée à des représentants de la bonne noblesse et même revendiquée par eux, ce qui entraîna, dans certains cas, l'accaparement temporaire ou définitif de 1 'office par un seullignage219_ C'est que, partout où elle devint permanente, la maréchaussée était unie par des liens étroits non seulement au prince mais aussi à la principauté et à sa noblesse 220 . Peut-on dire pour autant que le maréchal ait fait figure de chef de la noblesse? Le terme est sans doute trop fort, bien que parfois le détenteur de la maréchaussée ait été l'un des principaux représentants des nobles dont il était issu: en 1272, dans l'ost de Foix, le maréchal de Champagne Hugues 1er de Conflans venait en tête de la liste des chevaliers bannerets du roi de Navarre221 . Cette position sociale impliqua parfois un accroissement du rôle politique du détenteur de la maréchaussée. Ce fut le cas dans le duché de Bourgogne lors de la constitution de la ligue nobiliaire de 1314-1315: le maréchal de Bourgogne Jean, seigneur de Courcelles, joua un rôle de premier plan dans l'organisation de cette ligue; il avait, en particulier, fait partie de la commission permanente composée des principaux représentants de la noblesse bourguignonne, siégeant à Dijon ou à Beaune, constituée officiellement «pour garder et gouverner les marches», mais surtout pour coordonner les actions des ligueurs et transmettre

216. 217. 218.

219.

220.

221.

Arch. dép. Côte-d'Or, B 1554, f 0 67 r 0 • Bibl. nat. de France, Ms. fr. 21 405, p. 63. Quittance de gages donnée par Tanguy du Châtel, chevalier, prévôt de Paris et maréchal de Guyenne, le 8 janvier 1416 (n. st.). G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, I, no 2301, p. 243. Voir, à titre d'exemple, le cas du maréchalat de la principauté épiscopale de Liège aux XIIIe et xrve siècles. A. MARCHAND ISSE, La fonction épiscopale à Liège, p. 335341. Révélateurs sont en cela les termes employés par Charles III, roi de Navarre dans les lettres patentes du 25 mai 1389 par lesquelles il nomma Martin Henriquez de Lacarra maréchal de Navarre, déclarant que les «offices nobles>> comme le «mareschaladm> devaient être exercés par des personnages choisis «tanta por !ur nobleza de alta sang re coma por !ures servicios buenos>>. Archiva General de Navarra, Documentos de Comptos, cajou 58, no 28. Je remercie Madame Béatrice Leroy de m'avoir signalé ce document et de m'en avoir communiqué la transcription. Voir aussi B. LEROY, , p. 435 et Le royaume de Navarre, p. 164. A. LONGNON, Documents relatifs au comté de Champagne, I, p. 438.

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les informations aux nobles dispersés dans le duché 222 . Le maréchal de Bourgogne était bien un membre de la noblesse dont il partageait les vues et dont il défendait, le cas échéant, les intérêts. Il était normal que les nobles le reconnussent comme l'un des leurs 223 . L'étude du rôle des maréchaux des principautés dans une autre crise politique, celle des années 1357-1358, peut éclairer notre réflexion sur la question du développement du rôle politique de ces officiers non seulement au sein de leurs principautés respectives mais aussi à l'échelle du royaume. Raymond Cazelles s'était interrogé sur la signification de la présence, aux côtés du dauphin Charles, des officiers militaires des grandes principautés: connétable de Flandre, maréchal de Champagne, maréchal de Bourgogne et «maréchal de Normandie». La réponse qu'il apportait à son interrogation mérite d'être rappelée et, nous le croyons, en partie nuancée: «Ce recours aux chefs militaires des grands fiefs de la couronne est une chose toute nouvelle pour les Valois. Cette connétablie et ces maréchaussées étaient devenues des fonctions très effacées, surtout honorifiques, mais aussi source de revenus pour leurs titulaires, souvent héréditaires. Leur rôle politique était pratiquement nul et cette résurrection de la fin de 1357 montre la renaissance de 1' action locale au sein des communautés traditionnelles plus ou moins oubliées depuis deux siècles de centralisme administratif. Les sommes recueillies par l'impôt pour la défense doivent demeurer dans les régions où elles ont été recueillies, pour servir à payer les milices locales chargées de la sécurité et de la défense. On se méfie de ce qui se passe dans la capitale où le contrôle de l'emploi des fonds et des gens est plus difficile que sur place. La féodalité renaît et la présence au Conseil de ces grands officiers féodaux peut être, pour le pouvoir qui cherche à s'organiser autour du dauphin, un moyen de maintenir une conception d'ensemble à 1'échelle du royaume, au moins à l'échelle de la langue d'oïl» 224 . Ce jugement, en effet, est loin d'être en tous points recevable parce que son auteur a voulu par trop synthétiser et généraliser. En premier lieu il est difficile d'affirmer, s'agissant par exemple de la maréchaussée de Bourgogne dans les années 1350, qu'on a affaire à une «fonction très effacée» dont le rôle politique était «pratiquement nul», alors que cet office revêtait, dans le cadre bourguignon, une importance politique et militaire de plus en plus grande et qui ne cessa de s'accroître. En outre, on constate que, parmi les trois maréchaux qui siégèrent au conseil en 1357-1358 (Girard de Thurey, Robert de Clermont et Jean de

222. 223.

224.

60

E. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, VII, p. 26. La participation active du maréchal à une ligue nobiliaire montre assez clairement que le titulaire de la fonction se trouvait parfois dans une situation ambiguë: détenteur d'un office princier, il était aussi issu des rangs de la noblesse dont il était l'un des chefs de file. C'est ainsi qu'en 1446, Jean de Seyssel, seigneur de Barjact, maréchal de Savoie, figura dans la conjuration dirigée contre Jean de Compey, conseiller du duc Louis de Savoie. A. BARBERO, >, lors de la réunion des États de Champagne à Provins le 9 avril 1358, les nobles champenois, par la voix de Simon de

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membre de la lignée de maréchaux héréditaires dont il était issu à servir en dehors du cadre strict de ses fonctions de «grand officier féodal». Son grandpère, Hugues II de Conflans, était aussi le vassal du comte de Flandre Guy de Dampierre, dont il percevait un fief-rente: «Je Hues, sires de Conflans et mareschauz de Champaigne, fais savoir a touz ceus qui verront et orront ces presentes lettres que je ay eu et receu de mon très chier noble seigneur Guy, conte de Flandres et marchis de Namur, cent livres de tournois que il me devoit de mon fief dou terme de la Saint Jehan qui fu en l'annee que ces lettres furent faites, desquiex cent livres de tournois je me tieng appayez applain et en quite mon devant dit seigneur Guy, conte de Flandres, sanz jamais riens demander. En tesmoignaige de laquel chose je ay seellees ces presentes de mon seel, faites en l'an de grace mil deus cenz quatre vinz et trois, le jour de feste Saint Jehan Baustiste» 232 . Personnage considérable, on le voit en 1282, conjointement avec Robert II, duc de Bourgogne, prêter 6 000 livres à Thibaud, comte de Bar, et à Henri de Bar, son fils aîné233 . A la génération suivante, son fils Hugues III de Conflans, en tant que maréchal de Champagne, sut se faire apprécier de Louis le Rutin, roi de Navarre et comte de Champagne, qui, devenu roi de France en 1314, fit de lui 1'un de ses hommes de confiance: ainsi lorsque, au printemps de 1316, alors qu'il était en conflit avec Mahaut, comtesse d'Artois, Louis X mit le comté d'Artois dans sa main, il nomma le maréchal de Champagne son gouverneur d' Artois 234 . Jean de Conflans lui-même avait été désigné comme gouverneur du royaume de Navarre par Jeanne de Navarre en 1343 235 ; on sait qu'en 1356 il avait été, avec Waleran de Luxembourg et Jean de Picquigny, l'un des chefs de file des représentants de la noblesse aux États généraux 236 , mais qu'à partir de septembre 1357, il était devenu l'un des proches conseillers du dauphin, ce ralliement du maréchal de Champagne coïncidant avec le moment où la noblesse commençait à se désolidariser du parti réformateur animé par Étienne Marcel237 . Ainsi, comme ses prédécesseurs, Jean de Conflans, en tant que maréchal, était à la fois serviteur et conseiller du prince et pure émanation de la noblesse d'armes de sa principauté d'origine.

232 233 234 235 236 237

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Roucy, comte de Braine, demandèrent que soit fait justice des assassins de Jean de Conflans, tant parce que ce dernier était le maréchal de Champagne, qu'en raison des alliances lignagères qui l'unissaient à eux. Dans sa protestation, le comte de Braine mentionna également Robert de Clermont en disant que, quant à lui, «ceux de son pays>> sauraient faire leur devoir. Cette imprécision dans les termes ne permet en aucune façon d'affirmer que l'expression désigne les Normands, et pour cause. R. DELACHENAL, Histoire de Charles V, I, p. 381-382; R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, p. 314-315 et F. AUTRAND, Charles V, p. 309310. Arch. dép. Nord, B 4039/145 086. Arch. dép. Nord, B 4038/145 061. A. ARTONNE, Le mouvement de 1314 et les chartes provinciales de 1315, Paris, 1912, p. 144 et 194-195. R. CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne, p. 90. Ibid., p. 232. Ibid., p. 295-296.

On le voit donc, à la lumière de l'événement célèbre que fut le «meurtre des maréchaux», le maréchal, qu'il fût en charge à titre héréditaire, comme Jean de Conflans, ou par nomination du prince, comme Robert de Clermont et Girard de Thurey, était le détenteur d'un office de premier plan. Nous ne croyons pas, comme R. Cazelles, que le rôle politique du maréchalat avant les Valois ait été nul (le cas de la Champagne à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle est de ce point de vue révélateur), même s'il est vrai que les années 1350 voient son rôle s'accroître notablement. De plus, l'essor de la fonction ne fut pas, semblet-il, le produit de la seule volonté du prince: l'action de la noblesse eut sa place dans le phénomène (et en cela l'assassinat de Jean de Conflans et de Robert de Clermont fut bien un défi au monde nobiliaire autant qu'au pouvoir royal). L'institution, au milieu du XIVe siècle, dégagée complètement de ses origines domestiques, était ancienne et prestigieuse: elle était désormais étroitement liée à la guerre et à l'administration des armées. Dans certaines principautés, son détenteur tenait son rang dans les plus hautes sphères du gouvernement, côtoyait le prince et assumait des fonctions politiques de première importance. L'influence du modèle des maréchaux de France était sans doute non négligeable, mais on ne saurait omettre le fait qu'alors que ces derniers étaient nettement et durablement placés sous l'autorité du connétable, dans certaines principautés comme le duché de Bourgogne238 et le duché de Bretagne239 la connétablie avait disparu et le maréchalat s'y trouvait au sommet de la hiérarchie des offices à caractère militaire. On comprend donc l'attrait qu'il pouvait exercer sur le monde nobiliaire. Or, précisément, en Bourgogne et en Bretagne, dans les années 1360-1370, l'attachement des nobles au maréchalat se manifesta, dans des circonstances et selon des modalités certes très différentes, mais qu'il n'est pas inintéressant de rapprocher. Nous avons déjà fait allusion à l'acte solennel par lequel Jean le B·::m, en prenant possession du duché de Bourgogne en décembre 1361, s'était engagé à respecter les privilèges de ses sujets. Or, parmi ces privilèges, les nobles bourguignons obtinrent qu'en cas de levées de troupes au duché, le «maréchal dudit duché» fût le seul officier compétent pour recevoir leurs montres d'armes: «Item, que touttes fois que nous voudrons faire mandement, a cause de la duché, de gens d'armes audit duché ou en aucunne frontiere d'iceluy, le maréchal dudit duché sera ordonné et commis pour recevoir les gens d'armes et leurs monstres, et pour les faire defferer en la maniere qu'il a été gardé et accoutumé de faire ez temps de nos predecesseurs ducs de Bourgogne»240 .

238. Cf supra. 239. L'office de connétable de Bretagne, attesté à l'époque des Plantagenêts, disparut et fut remplacé par le maréchalat. B.-A. POCQUET DU HAUT-JUSSÉ, «Le fief breton>>, Histoire des institutions françaises au Moyen Age, 1, Les institutions seigneuriales, p. 273. 240. Lettres patentes données à Saint-Bénigne de Dijon le 28 décembre 1361. Ordonnances des roys de France, III, p. 536.

63

L'existence d'un maréchal de la principauté issu de leurs rangs paraissait donc aux nobles de Bourgogne une prérogative essentielle méritant d'être inscrite dans une charte de privilèges qui venait renouveler et compléter la Charte aux Bourguignons de 1315 241 . Une certaine volonté d'auto-administration existait sans doute, de même que subsistait peut-être aussi dans les esprits le souvenir du rôle actif que le maréchal de Bourgogne avait joué lors de la crise de 1314-1315. A l'autre bout du royaume, dans le duché de Bretagne, dans un contexte de troubles, la noblesse marqua aussi son attachement à l'institution de la maréchaussée: au printemps de 1379, alors qu'en l'absence du duc Jean IV, en exil en Angleterre, le roi Charles V tentait de mettre la main sur le duché, une ligue nobiliaire se constitua, menée par les sires de Montfort, de Montafilant, de Beaumanoir et de La Hunaudaye; une alliance fut jurée pour «la garde et défense du droit ducal de Bretagne, contre tous ceux qui voudraient prendre la saisine et possession dudit duché, excepté à qui elle doit appartenir en droite ligne, et le roy de France en souveraineté» 242 . Cette ligue de nobles décida une prise d'armes, la levée d'un franc par feu pour le paiement des gens de guerre et la désignation de quatre «maréchaux en Bretagne»: «[ ... ] Et avons esleu quatre mareschaux en Bretagne, messire Amaury de Fontenay, messire Geoffroy de Kerimel, messire Estienne Goyon et messire Eustache de La Houssaye. Et pourront lesdits mareschaux prendre les gréés de tous ceux qui seraient passez aux gages de tenir la maniere et poinct de cette alliance» 243 . Chacun de ces quatre maréchaux semblait avoir une compétence territoriale; c'est ainsi qu'Amaury de Fontenay, seigneur de La Motte-auVicomte, fut désigné comme capitaine de Rennes et maréchal par les nobles du bailliage. Il avait en charge la garde de la ville et du château et les fonctions administratives de la maréchaussée «reservé à eux [les nobles du bailliage] que nul n'aura sur eux monstre ne ne seront cassez par nul fors par ledit messire Amaury, leur mare schal, et lesdiz messire René [de Blozac], messire Guy [de Sévigné], [Jean] Raguenel et [Alain] du Plessix» 244 . Cette maréchaussée collégiale était clairement l'émanation de la noblesse conjurée. Le duc, qui revint dans son duché à la demande des ligueurs, ne pouvait qu'en tenir compte et il n'est pas indifférent de souligner que l'un des quatre

241.

Sur les revendications nobiliaires de la période, voir A. ARTONNE, Le mouvement de 1314, passim; M.-Th. CARON, Noblesse et pouvoir royal en France. Xllle-Xve siècle, p. 66-70; Ph. CONTAMINE, «De la puissance aux privilèges: doléances de la noblesse française envers la monarchie aux XIVe et xve siècles>>, p. 235-257. 242. 25 avril 1379. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 214-218. Voir aussi A. LE MOYNE DE LA BORDERIE et B. POCQUET, Histoire de Bretagne, IV, p. 49-50 et 68-70. 243. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 215. 244. 26 avril 1379./bid.

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maréchaux «élus» en avril 1379, Geoffroy de Kerimel, devint ensuite maréchal de Bretagne pour Jean IV et conserva sa charge jusqu'en 1387 au moins 245 .

Conclusion du deuxième chapitre. Les développements qui précèdent montrent la complexité des questions politiques suscitées par le fonctionnement du maréchalat. Son origine domestique et aulique en faisait, en principe, une institution ne relevant que du prince ou de ses lieutenants et, dans certains cas, le lien unissant l'institution à une principauté était très lâche, sinon absent; cependant, la fonction militaire du maréchal et le prestige qui y était attaché ne pouvaient laisser les nobles indifférents. Le maréchal était l'un des leurs et l'existence même du maréchalat dans une principauté pouvait être considérée comme un privilège nobiliaire revendiqué face au pouvoir royal ou princier. Pour le prince, la présence d'un maréchal à ses côtés était autant affaire de prestige que d'efficacité institutionnelle (le cas du duché d'Aquitaine à partir de 1362 le montre bien); cependant, le maréchalat pouvait être aussi une pièce à jouer sur l'échiquier de ses relations avec sa noblesse: dans cette optique, «choisir le maréchal» était une question importante.

245.

Ibid. Il, col. 278 (1381), col. 446 (1383), col. 521 (1386) et A. LE MOYNE DE LA BORDERIE et B. POCQUET, Histoire de Bretagne, IV, p. 106 (1387).

65

CHAPITRE III

CHOISIR LE MARÉCHAL: LE CAS DE LA BOURGOGNE AU TEMPS DES DUCS VALOIS ET DES PREMIERS HABSBOURG.

En examinant en détail le cas bien documenté de la maréchaussée de Bourgogne pendant la période de plus d'un siècle et demi allant de l'avènement de Philippe le Hardi jusqu'aux premières années du XVIe siècle, il nous sera possible de saisir selon quels critères un prince choisissait le titulaire du maréchalat. La comparaison avec la situation dans d'autres principautés nous permettra, en outre, de déterminer si le «cas bourguignon» est spécifique ou s'il revêt, au contraire, un caractère exemplaire.

Les principats de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur. En nommant Hugues de Montjeu son maréchal, le 8 août 1363, Philippe le Hardi, qui n'était encore que duc de Touraine, choisissait un membre de la noblesse du duché de Bourgogne qui avait fait ses preuves: ce chevalier bourguignon avait été maître d'hôtel des ducs Eudes IV et Philippe de Rouvres avant d'être celui de Philippe le Hardi 246 ; à plusieurs reprises, il avait été investi de missions administratives et militaires 247 et avait déjà fait fonction de maréchal en 1346 et en 1360248 .

246.

Il était peut-être le fils de Perrin de Montjeu, écuyer, qui reconnaissait tenir le Petit Montjeu en fief du duc de Bourgogne en 1310. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, II, p. 349; M.-Th. CARON, La noblesse dans le duché de Bourgogne, p. 150. Montjeu, Saône-et-Loire, arr., cant. et corn. Autun. 247. Au mois de décembre 1357, Hugues de Montjeu était à Auxonne où il convoqua, au nom de la reine Jeanne, certains nobles et féaux du comté de Bourgogne. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1405, f' 44 r 0 • Un an plus tard il était investi d'une mission similaire. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1407, f' 38 V 0 • En octobre 1359, il fut chargé d'inspecter les forteresses de l'Auxois et reçut 400 florins du receveur général de Bourgogne pour les distribuer aux capitaines de Semur, Montbard et Montréal. Ibid., f' 57 V 0 • 248. Hugues de Montjeu s'intitule «mareschal monseigneur le duc de Bourgoingne en ces presentes guerres de Gascoigne>> dans un acte daté du 6 mai 1346. Arch. dép. Côted'Or, B 372. Dans un autre document daté du 21 juillet 1360, il est dit >, p. 70-71. G. DUMAY, «Guyard de Pontailler, chevalier de la Toison d'Or>>, p. 267. Quittance de Guillaume de La Trémoille, chevalier et chambellan du duc et son maréchal de Bourgogne, donnée au mois de novembre 1393. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1494, fO 49 V0 • Th. DUTOUR, «L'approche biographique des personnages secondaires: le cas de Guy VI de La Trémoille (1343-1397)>>, p. 26. Guillaume de La Trémoille est mentionné comme écuyer tranchant du duc de Bourgogne en 1368, date à laquelle après avoÏrfait le «voyage d'outre mer>> il reçut une récompense de son maître. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1430, fD 47 V0 • En 1373 le duc lui fit un don pour acheter chevaux et hamois afin de l'accompagner dans la chevauchée qu'il allait faire alors «ès guerres du roy>>. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1441, fD 56 V 0 • En 1379-1380, il fit le «voyage de Prusse>> en compagnie de ses frères Guy et Pierre. W. PARAVICINI, Die Preussenreisen des europaischen Adels, I, p. 97. En 1385, cité comme chambellan du duc, il reçut 1 000 francs pour ses services de guerre dans la chevauchée de Flandre. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1462, fo 96 r 0 -V 0 • En juillet 1387 il reçut un don de 2 000 francs pour le récompenser des frais engagés pour garder la ville de L'Écluse menacée par les Anglais. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1469, f 0 65 V 0 • En septembre 1387 il conduisit un contingent de 463 combattants auprès de la duchesse de Brabant alors en guerre contre le duc de Gueldre (il est cité comme chambellan du roi et du duc de Bourgogne). Bibl. nat. de France, Ms. fr. 32 510, f 0 299 V 0 et s. et J. de LA CHAUVELAYS, , p. 107-108. En décembre 1388, il reçut un don de 2 000 francs en considération de ses services et des grands frais qu'il avait dû supporter lors du «voyage d'Allemagne>>. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1475, fD 74 V 0 • En 1390, il prit part au «voyage de Barbarie» organisé par le duc Louis II de Bourbon. Jean FROISSART, Œuvres, éd. J. KERVYN DE LETTENHOVE, XIV, p. 224. En janvier 1391, il reçut 2 000 francs pour ses services et les frais qu'il avait dû faire en accompagnant le duc dans son voyage de Lombardie. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1487, fD 85 r 0 •

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Il était un homme d'expérience, ayant participé à plusieurs expéditions, notamment à des voyages lointains «outre mer» ou en Prusse; or ce dernier fait était loin d'être indifférent en un temps où le projet d'une croisade contre les Turcs commençait à prendre une notable importance dans les préoccupations politiques du duc de Bourgogne. Guillaume de La Trémoille resta moins de quatre ans en fonction, puisqu'il fut tué sur le champ de bataille de Nicopolis le 25 septembre 1396, comme le rapporte Froissart: «Messire Guillaume de La Trémoille etoit en la bataille et se combattit moult vaillamment et fit ce jour grand fait d'armes et fut la occis et un sien fils sur lui»254_ La mort de Guillaume de La Trémoille fut suivie d'une période au cours de laquelle l'office de maréchal resta vacant. Ce fut en effet par lettres patentes datées du 3 janvier 1401 (n. st.) que le duc Philippe le Hardi institua Jean III de Vergy maréchal de Bourgogne255 . Représentant du plus puissant lignage des deux Bourgognes, ce personnage était sénéchal héréditaire du duché et, depuis 1386, était investi de la charge de «gardien et gouverneur» du comté de Bourgogne256 . Le cumul de ces fonctions renforçait de façon considérable l'autorité de l'agent du prince; en outre, la personnalité même de Jean de Vergy qui, par sa stature sociale, ses alliances familiales dans les deux Bourgognes et son expérience militaire, était un personnage de premier plan, ajoutait encore au prestige de la maréchaussée 257 . Ce puissant seigneur détint cet office pendant dix-huit ans jusqu 'à sa mort, survenue en 1418. Jean sans Peur institua à sa place, par lettres patentes du 5 septembre 1418, un chevalier comtois, Jean, seigneur de Cotebrune: «A messire Jehan de Cotebrune, chevalier, conseiller et chambellan de mondit seigneur le duc et son mareschal de Bourgoingne, retenu de nouvel par mondit seigneur oudit office et pas ses lettres patentes donnees a Paris le ve jour de septembre mil quatre cens et dix huit en lieu de feu messire Jehan de Vergy, jadiz mareschal du païs de Bourgoingne, nagaires alé de vie a trespassement,

254. Jean FROISSART, Œuvres, éd. J. KERVYN DE LETTENHOVE, XV, p. 394-397. 255. G. AUBRÉE et G. A. LABARRE, Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne, II, p. 30. On trouve dans cet ouvrage la date du 3 janvier 1400 pour la nomination de Jean de Vergy, mais les auteurs ne tenant jamais compte du nouveau style, il faut, de toute évidence, lire 1401. 256. R. VAUGHAN, Philip the Bold. The Formation of the Burgundian State, p. 115. 257. Jean III de Vergy était apparenté aux plus grandes familles du comté de Bourgogne: il était en effet le fils de Jean II de Vergy et de Gille de Vienne (fille de Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges et de Sainte-Croix, et de Marguerite de Vaudémont); il avait épousé en premières noces, en 1372, Jeanne de Chalon (t 1380), fille de Jean II de Chalon-Arlay, et en secondes noces (en 1402), Jeanne de Vienne, fille de Jean de Vienne-Mirebel et de Marguerite de Bauffremont. A. DU CHESNE, Histoire de la maison de Vergy, Paris, 1625, p. 175-192.

aux gaiges, droiz, proufiz et emolumens acoustumez et qui audit office appartient et tant comme il plaira a mondit seigneur[ ... ]» 25 8. Ce personnage, tout en étant de bonne noblesse 259 , n'était pas de la stature de son prédécesseur. Faut-il voir dans le choix du duc, sa volonté d'éviter l'accaparement de la fonction par un seigneur trop puissant? Le fait n'est guère recevable dans la mesure où Jean de Vergy, durant toute sa carrière, remplit son office à la pleine satisfaction du prince; d'autre part, sa stature sociale elle-même augmentait encore le prestige de la maréchaussée; l'heure, d'ailleurs, n'était pas aux calculs de ce genre pour le duc de Bourgogne, mais à l'efficacité. Il est donc plus probable que le duc ait voulu promouvoir un représentant de la noblesse comtoise et récompenser un chef de guerre actif qu'un chroniqueur du temps désigne comme «bel et radde chevalier et grand cappitaine de gens d'armes» 260 ; le seigneur de Cotebrune, dont l'aspect physique était certainement imposant 261 , avait notamment servi Jean sans Peur dans la guerre de Liège en 1408 262 , sous les murs du château de Vellexon en 1409-1410263 , sur les frontières de Bourgogne et au comté de Tonnerre en 1411 264 en Artois en 1414265, et en France en 1417 266 avant d'être choisi pour succéder à Jean de Vergy.

De Philippe le Bon à Charles le Hardi. Après l'assassinat du duc Jean sans Peur le 10 septembre 1419, le maréchal de Bourgogne, de même que l'ensemble des officiers des deux Bourgognes, fut maintenu dans son office par Marguerite de Bavière qui confirma tous les offi-

258. 259.

260.

261.

262. 263. 264. 265. 266.

Comptes généraux de l'État bourguignon, Il/1, n° 3486, p. 333. Côte brune, Doubs, arr. Besançon, cant. Baumes-les-Dames. Jean, seigneur de Cotebrune était au centre d'un bon réseau d'alliances au sein de la noblesse des deux Bourgognes. Il avait épousé en premières noces Marguerite de Vytlès-Belvoir et tenait, du chef de sa femme, la seigneurie de Vyt en fief de Thibaud VIII de Neufchâtel; il se maria avec Bonne de La Trémoille, fille du maréchal de Bourgogne Guillaume de La Trémoille (renseignements fournis par J. Debry). De ce second mariage naquit une fille, Alix, dame de Cotebrune, qui épousa, en 1424, Philibert de Rye, seigneur de Balançon, lui-même descendant de Jean de Rye qui avait été maréchal de Bourgogne en 1360-1361. H. BEAUNE et J. d'ARBAUMONT, La noblesse aux États de Bourgogne de 1350 à 1789, p. 165. «En cel an [1418] moru le mareschal de Bourgongne bien tost aprez ce que il fu arrivez en Bourgongne, et en son lieu fu fait mareschalle seigneur de Cotte brune, bel et radde chevalier et grand cappitaine de gens d'armes>>. Chronique anonyme du règne de Charles VI (Chronique des Cordeliers), dans Enguerrand de MONSTRELET, Chronique, VI, p. 246. Jean LeFèvre de Saint-Rémy, décrivant un fait d'armes ayant eu lieu à Lens en 1414le mentionne en ces termes: et encore, «Cottebrune, qui grand et puissant estoit». Jean LE FEYRE DE SAINT-RÉMY, Mémoires, I, p. 179. Chronique anonyme du règne de Charles VI (Chronique des Cordeliers), dans Enguerrand de MONSTRELET, Chronique, VI, p. 200. J. de LA CHAUVELAYS, > pour les conduire en France. Il avait, dans l'exercice de ses fonctions, autorité pour délivrer des mandats de paiement au receveur général de Bourgogne. Bibl. nat. de France, Bourgogne 57, f' 37. B.-A. POCQUET DU HAUT-JUSSÉ, La France gouvernée par Jean sans Peur. Les dépenses du receveur général du royaume, no 297, p. 131. Arch. dép. Côte-d'Or, B Il 791. B. SCHNERB, Bulgnéville. L'État bourguignon prend pied en Lorraine, p. 59-60. La Bussière, Saône-et-Loire, arr. Mâcon, cant. Tramayes, comm. Saint-Léger-sous-laBussière. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1628, f' 133 r 0 et B 1639, f' 59 r 0 -V 0 • Frère cadet de Jean, seigneur de Toulongeon et de Sennecey, Antoine épousa successivement Béatrice de Saint-Chéron et Catherine de Bourbon-Montperroux. M.-Th. CARON, La noblesse en Bourgogne, p. 513.

71

xne

jour d'aoust l'an mil ecce vint et sept, a retenu son mareschal de Bourgoingne ou lieu de messire Jehan de Tholongeon qui estoit alé de vie a trespassement, tant comme il lui plaira, aux gaiges, droiz, prouffis et emolumens acostumez, du quel office il fit le serement es mains de mondit seigneur ledit xne jour du mois d'aoust [. .]»279. 0

Antoine de Toulongeon avait été un capitaine actif au service de la Maison de Bourgogne, tout comme son frère aîné 280 , et comme lui il fut investi de responsabilités militaires importantes avant d'accéder au maréchalat. En janvier 1418, il lui avait succédé dans la charge de «capitaine et garde de Troyes et des pays de Champagne et de Brie». De novembre 1419 à mars 1420 au moins, il avait été bailli de Mâcon et, à ce titre, avait assuré la défense de la ville et de sa région. En septembre 1423, il était «capitaine général des gens d'armes aux frontières de Mâconnais et de Charolais». Lorsque le maréchal, son frère, fut capturé devant La Bussière, Antoine de Toulongeon fut nommé «gouverneur de la maréchaussée de Bourgogne», charge qu'il occupait encore en septembre 1424; dès que la mort du seigneur de Toulongeon fut connue, les gens du conseil siégeant à Dijon confièrent à Antoine l'intérim de la maréchaussée avant la nomination ducale 281 . Au mois de janvier 1430, le duc de Bourgogne le choisit pour faire partie des vingt quatre premiers chevaliers de l'ordre de la Toison d'or282_ En tant que maréchal de Bourgogne, le seigneur de Traves se montra d'une grande efficacité. Ce fut à lui que Philippe le Bon dut la victoire de Bulgnéville (2juillet 1431) au cours de laquelle René d'Anjou, duc de Bar et de Lorraine, fut capturé 283 . Mais il mourut un peu plus d'un an plus tard, le 29 septembre 1432284 . La mort d'Antoine de Toulongeon fut suivie d'une période de vacance de la maréchaussée de Bourgogne au cours de laquelle le duc nomma un «gouverneur et capitaine général» en Bourgogne: du 14 octobre 1432 au 19 novembre 1433 la charge fut assumée par Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny. Dans la lettre par laquelle il annonça à son chancelier Nicolas Rolin la nomination du seigneur de Charny, le duc de Bourgogne précisa que le nouveau capitaine général percevrait les mêmes gages et les mêmes droits qu'un maréchal de Bourgogne.

279. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1639, f' 60 r0 • 280. A l'hiver 1415-1416, il figura dans l'année de Jeau sans Peur devant Paris. J. de LA CHAUVELAYS, «Les années des trois premiers ducs de Bourgogne>>, p. 242. En 1418, il mena de nombreuses opérations en Champagne puis, à la tête d'une compagnie de 200 combattants, il participa à la défense de Rouen assiégée par Henri V durant l'hiver 1418-1419. Entre 1420 et 1423, il combattit en Champagne et en Mâconnais et Charolais. B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 57-58. 281. Ibid., p. 58-59. 282. Ibid., p. 60. 283. Ibid., passim. 284. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1649, f 0 59 V 0 •

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«De par le duc de Bourgoingne, de Brabant et de Lembourg, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgoingne et de Namur. Très chier et bien amé. Après ce que av>, p. 107 n. 3.

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il fit le serement a ce appartenant es mains de mondit seigneur, auquel icellui seigneur, par ses autres lettres patentes donnees audit Dijon lesdiz jour et an, a ordonné et tauxé prendre et avoir de lui sur sa recepte generale et par les mains de son receveur general de Bourgoingne, a cause desdiz offices, pour chacun mois qu'il vacquera en l'exercice d'iceulx offices, tant et si longuement qu'illes tiendra et jusques a ce que mondit seigneur aura pourveu d'un mareschal en sesdiz pays, la somme de deux cens frans rnonnoye royal de gaiges, en oultre et par dessus tous telz droiz de mareschal que les mareschaulx de Bourgoingne ont acoustumé prendre et avoir en fait de guerre, comme tout ce est plus a plain contenu et declarrié en icelles lettres, et ce pour sesdiz gaiges desserviz par neuf mois et huit jours entiers et continuelz commençans ledit XXIIIe jour dudit mois de mars oudit an CCCC XXXIIII, des lequel temps il fit le serement comme dit est, et fenissans au derrenier jour du mois de decembre ensuivant ecce xxxv [.

0

.]»287.

Cette situation dura jusqu'au 6 mai 1440, date à laquelle le duc Philippe le Bon supprima la capitainerie générale 288 et institua le comte de Fribourg son maréchal de Bourgogne: «A messire Jehan, conte de Fribourg, mareschal de Bourgoingne, retenu par monseigneur le duc oudit office par ses lettres patentes sur ce faictes donnees en son chastel de Hesdin le VIe jour de may l'an mil CCCC et quarante, en abolissant, adnullant et mectant au neant ledit office de gouverneur et cappitaine general, aux gaiges d'ancienneté accoustumés, duquel office de mareschal de Bourgoingne dont esdictes lettres est faicte mencion, il fist, le xxe jour de septembre mil ecce et quarante, le serement es mains de mondit seigneur le duc, lequel serement fait, mondit seigneur le duc lui bailla le baston en sa main comme a son mareschal [ ... ]»289. Jean, comte de Fribourg-en-Brisgau et de Neuchâtel-sur-le-Lac (1396-1457), était un personnage dont la stature politique et sociale dépassait celle des maréchaux de Bourgogne qui l'avaient précédé. Petit-fils d'Egon II, comte de Fribourg (t 1385), et de Verena de Neuchâtel, il était le fils de Conrad III, comte de Fribourg (t 1424) et de Marie de Vergy (fille de Jean III de Vergy, seigneur de Fouvent, maréchal de Bourgogne de 1401 à 1418) 290 . Son père, avant lui,

287. 288.

289. 290.

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Arch. dép. Côte-d'Or, B 1655, f' 73 r 0 -V 0 • Un capitaine général fut de nouveau nommé en mars 1442: il s'agit de Thibaud IX de Neufchâtel qui, en cette qualité, passa des gens de guerre à montre à Beaune. Il était, dans l'exercice de ses fonctions, placé sous l'autorité du maréchal. J. de LACHAUVELAYS, «Les armées des trois premiers ducs de Bourgogne», p. 291. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1673, f' 57 r 0 • E. BAUER, Négociations et campagnes de Rodolphe de Hochberg, 1427 (?)-1487), p. 178 et L. STOUFF, Catherine de Bourgogne et la féodalité alsacienne, p. 16. Par ailleurs, je remercie J. Debry pour les nombreux renseignements qu'il m'a libéralement communiqués pour me permettre d'établir ces éléments biographiques.

avait servi fidèlement la Maison de Bourgogne et avait été chambellan du duc Jean sans Peur291 . Suivant l'exemple paternel, Jean, comte de Fribourg, vécut comme un grand seigneur bourguignon: il épousa une représentante du plus puissant lignage comtois, Marie de Chalon, fille de Jean III de Chalon, prince d'Orange292 . Servant le duc de Bourgogne en armes, il était présent à Montereau le l 0 septembre 1419 et y fut capturé après l'assassinat de Jean sans Peur: «Je, Jehan de Fribourc, escuier, confesse avoir eu et receu de Jehan Fraignot, receveur general de Bourgoingne, la somme de quatre mille frans, laquelle somme monseigneur le duc de Bourgoingne qui a present est, par ses lettres patentes donnees a Paris le cinqme jour de janvier derrain passé M nnc et vint, m'a donnee de sa grace pour une foiz, pour consideracion des services que j'ay fais ou temps passé a feu monseigneur le duc de Bourgoingne son pere, dont Dieu ayt l'ame, et entre les autres au jour et lieu ou feu mondit seigneur fut tray et murtry, ausquelx jour et lieu je fuz prins et emprisonné par les ennemis du roy nostre sire et de feu mondit seigneur, et mesmement pour moy relever en partie des frais de ma raençon et pertes faictes a cause de madicte prinse et raensonnement, comme toutes ces choses sont plus a plain declarees esdictes lettres de mondit seigneur sur ce faictes. De laquelle somme de IIIIm frans je suis content et bien payé et d'icelle quicte et, envers tous, promez acquicter mondit seigneur le duc de Bourgoingne, sondit receveur et tous autres. En tesmoing de ce j'ay fait mettre mon propre seel a ceste presente quictance et l'ay fait signer par Phelibert de Vaudrey, escuier, et par Othenin de Cleron, mon serviteur, le XIXe jour de may l'an mil ecce et vint ung. Phelibert de Vaudrey Othenin de Claron>)93. Capitaine actif dans les armées bourguignonnes à partir des années 1420294 , Jean de Fribourg avait participé notamment à la bataille de Bulgnéville en juillet

291.

Conrad, comte de Fribourg, figura en décembre 1401 dans l'escorte de Philippe le Hardi à Paris à la tête de 2 chevaliers bacheliers et 4 écuyers (Arch. dép. Côte-d'Or, B 11 736); aux mois de septembre et d'octobre 1405, il servit Jean sans Peur à Paris avec une compagnie forte de 307 écuyers, 10 gens de trait, 2 trompettes et 2 ménétriers. J. de LA CHAUVELAYS, «Les armées des trois premiers ducs de Bourgogne>>, p.157-158 et Arch. dép. Côte-d'Or, B 1543, f' 100 ra. Il prit part à la campagne de Liège en septembre 1408. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1556, f' 67 va. Il figura dans l'armée ducale à Paris en 1411 avec 37 combattants. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 20 528, p. 194. En juin 1419 il était présent à Auxonne avec une forte compagnie. P. CAMP, Histoire d'Auxonne au Moyen Age, Dijon, 1961, p. 59. 292. E. BAUER, Négociations et campagnes de Rodolphe de Hochberg, p. 178 et L. STOUFF, Catherine de Bourgogne, p. 17. 293. Arch. dép. Côte-d'Or, B 11 886. 294. En octobre 1422, Jean de Fribourg, en tant qu'écuyer banneret, est reçu à montre par Jean de Cotebrune, maréchal de Bourgogne, à proximité de Chalon-sur-Saône, à la tête d'une compagnie comptant 2 chevaliers bacheliers, 70 écuyers, 16 gens de trait et 2 trompettes. J. de LA CHAUVELAYS, «Les armées des trois premiers ducs de Bourgogne>>, p. 275-276.

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1431 295 ; en tant que capitaine général, il avait mené les contingents levés dans les deux Bourgognes au siège de Calais en 1436296 et avait organisé la défense des «pays de Bourgogne» contre les Écorcheurs, entre 1435 et 1439297 . Après son accession au maréchalat, en 1440, il n'exerça ses fonctions que durant trois années et, en 1443, il résigna sa charge, prétextant son grand âge et ses infirmités (il avait alors quarante-sept ans et fut le seul maréchal de Bourgogne de la période à démissionner). Le duc, en conseil, choisit pour lui succéder Thibaud IX de Neufchâtel, seigneur de Blamont. Les circonstances de cette désignation ont été décrites par Olivier de La Marche dans un passage de ses Mémoires qui mérite d'être cité in extenso: «En celle saison le conte de Fribourg, pour lors gouverneur et mareschal de Bourgoingne, pour ce qu'il estoit jà viel et travaillé de gouttes, se tira à Dijon devers le duc, et remonstra son impotence, et qu'il ne povoit porter le faiz et le travail de la guerre, suppliant que l'on le voulsist depporter et dechargier de son office, et y pourveoir d'homme pour exercer la peine et le labeur pour l'utillité du pays [ ... ]»298 . La nomination du nouveau maréchal de Bourgogne fit aussitôt l'objet d'une délibération du conseil. Olivier de La Marche, en rapportant les faits, expose clairement les critères qui ont guidé le choix du duc et de ses conseillers: l'appartenance à un lignage puissant, la jeunesse, l'expérience et les qualités militaires. «[ ... ]Et fut mis en conseil, que pour ce que le duc ne debvoit guieres demourer en la contrée299 , il estoit expedient voirement de pourveoir ès choses dessusdictes. Si fu advisé que Thibault de Neuf Chastel, escuyer, seigneur de Blamont, filz aisné du seigneur de Neuf Chastel, et eagé de vingt six ans 300 , es toit homme de faict, de sens et d'execution et d'emprise, et de soy des plus grans et des plus puissans du pays de Bourgoingne et de grande maison; et combien que de sa personne il n'estait d'apparence ou de force corporelle se peu de chose non, touteffois il s'es toit monstré homme magnanime, hardy et entrepreneur, et desjà av oit prins et gaigné Chasteau Villain sur les François 301 , et s'estoit monstré celluy des seigneurs de Bourgoingne qui plus grande resistance fist

295. B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 63 et 154. 296. M. SOMMÉ, «L'année bourguignonne au siège de Calais de 1436>>, p. 201-202. 297. J. de LA CHAUVELAYS, «Les armées des trois premiers ducs de Bourgogne>>, p. 286289; R. VAUGHAN, Philip the Good. The Apogee of Burgundy, p. 94-95. 298. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, I, p. 268-269. 299. Le duc Philippe le Bon qui était en Bourgogne depuis décembre 1441, quitta le duché à la fin du mois d'août 1443. H. VANDER LINDEN, Itinéraires de Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1419-1467) et de Charles, comte de Charolais (1433-1467), p. 207220. 300. Thibaud IX, né en 1417, était le fils aîné de Thibaud VIII, seigneur de Neufchâtel et de Châtel-sur-Moselle, et d'Agnès de Montfaucon-Montbéliard. J. DEBRY, «Thiébaut IX, seigneur de Neufchâtei>>, n° 59, p.127-130. 301. En décembre 1440. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, I, p. 269 n. 1. Châteauvillain, Haute-Marne, arr. Chaumont, ch. 1. cant.

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à l'encontre des escorcheurs, et fit et executa sur eulx maintes belles emprises, et leur fict et pourta moult de dommaige en ce temps et deppuis, comme vous orrez cy après. Et ainsi fut faict le seigneur de Blamont mareschal de Bourgoingne, l'an mil quatre cens trante [sic pour 1443]»302 . Ce fut par lettres patentes données à Dijon le 11 août 1443 que Thibaud IX de Neufchâtel fut nommé par le duc «mareschal de ses païs de Bourgoingne et de ses autres païs acoustumez ou fait de mareschaucie, Charrolois, Masconnoiz et des appartenances, ressors et enclavemens, pour et ou lieu de messire Jehan, conte de Fribourg et de Neufchastel, nagueres mareschal desdis pays» 303 . La nomination du seigneur de Blamont au maréchalat intervenait tôt dans sa carrière, puisqu'il était âgé de vingt-six-ans en 1443; cependant, le fait n'est pas unique comme sont là pour le montrer les exemples du maréchal Boucicaut, de Gilles de Rais et de Philippe de Hochberg304 . Comme le laisse entendre Olivier de La Marche, le choix du duc s'était porté sur un personnage dont l'aspect physique cadrait assez mal avec le prestige de la fonction (à la différence d'un Jean de Cotebrune, par exemple). Le chroniqueur Jacques du Clercq, qui n'a pas les pudeurs d'un homme de cour, précise: «Et jà soit ce qu'il [Thibaud IX de Neufchâtel] fust de petite stature et boçu, toutesfois il estoit renommé d'estre très valliant homme de guerre, et il estoit cremu et redoubté» 305 . Ce trait physique mis à part, on peut aussi remarquer que Thibaud de Neufchâtel fut le seul maréchal de Bourgogne nommé alors qu'il n'était encore qu'écuyer: il ne fut en effet adoubé que le 23 juillet 1453 avant la bataille de Gavre, soit dix ans après sa nomination 306 . Mais, les bons services qu'il rendit durant sa longue carrière décidèrent le duc à lui conférer le collier de l'ordre de la Toison d'or lors du chapitre qui se tint à Saint-Omer, en mai 1461 307 . Georges Chastellain note à ce propos: «Fut esleu aussi le marescal de Bourgoingne [ ... ],vaillant chevalier mes non bel, et en qui sens avoit plus grant effect que nature bel monstre; toutevoies, pour ses merites de longtemps en traveil d'armes, et que moult noble homme estoit et grant seigneur, fut appellé a la compaignie pour le faire meilleur encore»308 .

302. Ibid., I, p. 269-270. Blamont, Doubs, arr. Montbéliard, cant. Hérimoncourt. 303. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1684, f' 72 r 0 • 304. Rappelons qu'en 1391, Jean II le Me ingre, dit Boucicaut, fut nommé maréchal de France à vingt-cinq ans, ce qui était considéré comme fort jeune pour être investi d'une telle fonction. Le livre des fais du bon messire Je han le Maingre, p. 82 et D. LALANDE, Jean Ille Meingre, dit Boucicaut, p. 38-39. Gilles de Rais, né en 1404, avait également vingtcinq ans lorsqu'il devint maréchal en 1429. Ph. CONTAMINE, , Lexikon des Mittelalters, VII, col. 422-423. Philippe de Hochberg, né en 1454, avait donc vingt-deux ans lorsqu'il fut nommé maréchal de Bourgogne en 1477. E. BAUER, Négociations et campagnes de Rodolphe de Hochberg, p. 8. Par ailleurs, Jean, comte de Fribourg, avait quarante-quatre ans lorsqu'il fut nommé maréchal. Çf Annexe 2. 305. Jacques DU CLERCQ, Mémoires, p. 56. Un chroniqueur anonyme décrit le personnage en ces termes: . Cité dans Georges CHASTELLAIN, Œuvres, III, p. 397 n. 1. 306. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, II, p. 318. 307. J. DEBRY, , n° 59, p. 127-130. 308. Georges CHASTELLAIN, Chronique: les fragments du Livre IV, p. 283.

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Il était le deuxième maréchal de Bourgogne, après Antoine de Toulongeon, à être reçu dans l'ordre. Il mourut au début du mois de décembre 1469 309, ayant conservé sa charge après la mort de Philippe le Bon310_ Le duc Charles de Bourgogne ne pourvut pas tout de suite d'un titulaire l'office qui resta vacant pendant plus de deux années. Cependant, par lettres patentes données à Bruges le 18 février 1472 (n. st.) il nomma Antoine de Luxembourg, comte de Roucy, son «lieutenant general et gouverneur en nos pays, duchié et contés de Bourgoingne, Charrolois, Masconnois, Auxerrois et autres de par delà» 311 . Un peu moins d'un mois plus tard, le 13 mars 1472, il lui octroya, outre ses gages et pension de lieutenant général, tous les droits et émoluments de maréchal de Bourgogne sans lui en conférer la fonction, selon des modalités que Philippe le Bon avait déjà appliquées en 1432 en faveur de Pierre de Bauffremont et en 1435 en faveur de Jean, comte de Fribourg312 : «Charles, par la grace de Dieu duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant, de Lembourg et de Luxembourg, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgoingne palatin, de Haynnau, de Hollande, de Zellande et de Namur, marquis du Saint Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines. A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Savoir faisons que, pour consideracion des bons, notables et loyaulx services que nous a faiz par ci devant, fait chacun jour et esperons que cy après faire doye de bien en mieulx nostre amé et feal cousin messire Anthoine de Luxembourg, conte de Roussy, lequel avons nouvallement commis et establi nostre lieutenant et gouverneur general en noz pays de Bourgoingne, Charrolois, Masconnois et Auxerrois, et actendu que n'avons encoires pourveu a l' estat de nostre mareschal de Bourgoingne, nous, a icellui nostre cousin de Roussy, pour ces causes et autres a ce nous mouvans, mesmement affin qu'il ait mieulx de quoy fournir et soustenir les fraiz et despens qu'il lui conviendra faire a cause dudit estat de lieutenant et gouverneur general de nosdiz pays de Bourgoingne, avons accordé, octroyé et consenty, accordons, octroions et consentons, de grace especial, par ces presentes, qu'il ait et praingne doresenavant a son proffit en noz pays de Bourgoingne tant qu'il nous plaira, jusques a ce que nous aurons disposé dudit estat de nostre mareschal, oultre et par dessus les gaiges ordinaires que luy avons ordonné prendre et avoir de nous pour ledit estat de lieutenant et gouverneur general de Bourgoingne,

309. J. DEBRY, >, p. 230 n. 2. 342. Arch. dép. Côte-d'Or, B 384. 343. Bibl. nat. de France, P.O. 1526, Dossier Hochbcrg, n° 8, 11 et 12. E. BAUER,

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La nomination d'un maréchal de Bourgogne par Louis XI fit de l'office un enjeu politique d'importance puisque, par ce geste, le roi de France se posait en successeur des ducs. Cependant, il ne semble pas qu'entre la nomination d'Henri de Neufchâtel, en février 1477, et la mort de Marie de Bourgogne en 1482, Maximilien de Habsbourg ait nommé un maréchal de Bourgogne; en revanche, durant les guerres contre Louis XI entre 1478 et 1482, il institua un «maréchal de l'armée», choisissant, pour assumer cette fonction Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes 344 . Par ailleurs, il utilisa les services du maréchal d' Autriche 345 . Les choses ne changèrent qu'en 1483: au mois d'août Louis XI mourut. L'archiduc d'Autriche, dépositaire des droits de la Maison de Bourgogne, voulut aussitôt profiter de cette circonstance pour tenter de remettre en cause les clauses du traité d'Arras conclu avec le roi de France l'année précédente. Au début du mois de septembre il projetait déjà «de reavoir a ceste Maison [de Bourgogne] les païs lui appartenant que ledit feu roy [de France] par force et violence lui avaient ostees» 346 . Dans ce contexte, il décida la nomination d'un maréchal de Bourgogne et son choix se porta sur Claude de Neufchâtel, seigneur du Fay, qu'il institua par lettres patentes données, en son nom et au nom de Philippe le Beau, son fils, à Utrecht le 19 septembre 1483 347 . Le nouveau maréchal, âgé de trente-trois ans au moment de sa désignation, était issu d'un lignage qui avait fourni nombre de fidèles serviteurs à la Maison de Bourgogne. Dans une lettre que Maximilien adressa au seigneur du Fay quelques jours avant de l'élever au maréchalat, l'archiduc rappela: «[ ... ]les grands services rendus à la Maison de Bourgogne par la Maison de Neufchastel qui est parent et du sang de consanguinité de ladite Maison de Bourgogne et en qui, par ci devant, ont fait plusieurs grands et louables faits pour l'avancement et l'accroissement de la hauteur de ladite Maison» 348 .

344.

345.

346. 347. 348.

84

Négociations et campagnes de Rodolphe de Hochberg, p. 177. Dans son testament donné à Seurre le 31 juillet 1503, Philippe de Hochberg s'intitule «Philippe, marquis de Hochberg, seigneur de Rothelin, de Seurre et de Saint-Georges, maréchal de Bourgogne>>. L'acte est conservé aux archives de Berne dans le fonds Neuchâtel (renseignement fourni par J. Debry). Après Philippe de Hochberg il n'est plus fait mention d'un maréchal de Bourgogne nommé par le roi de France. Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes, fils de Thibaud de Luxembourg, seigneur de Fiennes, et de Philippote de Melun, était cousin germain d'Antoine de Luxembourg, comte de Roucy; il fut reçu dans l'ordre de la Toison d'or en 1478. Il est mentionné comme conseiller, chambellan et > du duc d'Autriche entre 1478 et 1482. Arch. dép. Nord, B 2118, f" 95 r 0 -V 0 et 293 r 0 et J.M. CAUCHIES, , p. 164-165. Mentions de divers paiements effectués par Louis Quarré, trésorier des guerres de Maximilien, à > (24 avril 1456). Ibid., fO 139 V 0 • Mention des «advis autreffoiz concluz et arrestez sur la puissance et juridicion que monseigneur le mareschal quiert avoir es pays de Bourgongne>>

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trée de Louis XI à Paris, il tint dans le cortège la place d'un troisième maréchal de France, marchant avant l'amiral de France, et exerça sa juridiction en plein Paris, ce qui ne manqua pas d'indisposer les titulaires de la maréchaussée de France. «En ceste chevauchie alloit le marescal de Bourgongne entre le marescal de France et l'amiral, comme par ancien du et appartenir. Et si les deux mareschaux y eussent esté en personne, sy eust il obtenu celuy mesme ordre et lieu comme le tiers avecques eux par egal en dignité et estat, dont plus n'en a, ne peut avoir en tout le royaume. Et luy en eschut si bien tantost après, que, assez contredisans les marescaux de France pour ce que leur sembloit cas nouvel, il fit jugement en Paris comme mareschal entre deux François qui se debattaient d'un Anglois pour l'avoir prisonnier; et fut tenue la sentence a juste et a bonne, sans appel et sans refuge a autres, voulsissent les autres mareschaux ou non» 433 . La charte de 1361 ayant été, comme nous l'avons vu, confirmée en 1477 par Louis XI et en 1483 par Charles VIII434 , le maréchal de Bourgogne, après ces dates conserva sa revendication. Cependant, Éléonore de Poitiers dans ses États de France rapporte qu'un incident, opposant le maréchal de France Philippe de Crèvecœur au maréchal de Bourgogne Philippe de Hochberg, eut lieu, lors des cérémonies d'entrée de Charles VIII à Paris. La querelle naquit de ce que le maréchal de Bourgogne exigeait de jouir, dans le cérémonial aulique, d'une préséance sur les autres maréchaux de France (remarquons qu'il exigeait plus que son prédécesseur Thibaud IX de Neufchâtel qui, en 1461, accepta d'être le «tiers» maréchal). Selon Éléonore de Poitiers, cette préséance marquait la position éminente occupée dans la hiérarchie féodale du royaume par le duc de Bourgogne qui était «premier pair et doyen des pairs de France»; cependant, en 1484, le duc et le roi de France ne faisaient qu'une seule et même personne. «Et si ay oüy dire qu'a un honneur le mareschal de Bourgongne va devant cestuy de France. Et pour le debat qui a esté demierement entre le mareschal de France et cestuy de Bourgongne a 1' entree du roy Charles a present, a esté ordonné que par tout ils iroyent l'un devant l'autre, puis l'un puis l'autre. Ce qu'a esté fait au grand regret du mareschal de Bourgongne, car il disoit que continuellement il debvoit aller devant. Le roy n'en avoit point ordonné parce que son entree fut trop subite; et pour ce ils alloyent par tout l'un devant l'autre. Et au soir, quand le roy souppa a la Table de marbre au Palais, il fut ordonné que les deux mareschaux n'y soupperoyent pas, pour leur debat. Et fut dit que monsieur le mareschal de Bourgongne iroit soupper avec madame de Beaujeu, sœur aisnee du roy; et l'autre avec madame d'Orleans, mere de monsieur d'Orleans a present. Monsieur le mareschal de Bourgongne ne fut pas content de cette

(Printemps 1457). Arch. dép. Côte-d'Or, B 1737, f' 118 r 0 • Je remercie le Professeur Henri Dubois qui m'a indiqué ces références. 433. Georges CHASTELLAIN, Œuvres, IV, p. 82-83. 434. Arch. dép. Côte-d'Or, B 17, f' 106 ro; U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, IV, preuves 271 et 302.

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ordonnance. Toutefois la cause demeura ainsi pour ceste fois. Et fut cest entree du roy l'an M.CD.LXXXIV. J'oüys dire que le mareschal de Bourgongne doibt aller devant pour ce que le duc de Bourgongne est premier pair et doyen des pairs. Et quand on couronne le roy, le duc de Bourgongne tient la couronne a ses deux mains sur la teste du roy, et les autres pairs n'y mettent que chascun un doigt»4 35. A la fin du xve siècle, le titulaire du maréchalat de Bourgogne était conscient de détenir, par délégation, une part de 1' autorité de son maître au nom de qui il exerçait toutes les attributions de son office et jouissait de toutes ses prérogatives. Nombre de témoignages convergents montrent en effet que les sujets du prince devaient obéissance au maréchal comme ils devaient obéissance au prince qui l'avait nommé. Révélateurs sont ainsi les termes d'une lettre adressée à Philippe le Bon par son maréchal Jean, seigneur de Toulongeon, pour l'informer de la victoire de Cravant (été 1423): «Mon très redoubté seigneur, vous devez Ioer Dieu de la grace qu'il vous a faite car la guerre estoit de tous poins en vostre pays de par deça, et devez recongnoistre vos bons et loyaulx subgés et serviteurs qui si vaillamment vous ont servy, et obey a moy en vostre absence et a ce que je leur ay volu dire de par VOUS» 436 .

A l'inverse, Olivier de La Marche, dans son récit de la bataille de Gavre (23 juillet 1453), rapporte comment désobéir au maréchal équivalait à désobéir au duc de Bourgogne lui-même. Guillaume Rolin, seigneur de Beauchamp, qui, dans l'ordre de bataille, commandait, avec Amé de Rabutin, seigneur d'Épiry, une aile avancée de l'année bourguignonne, en fit l'expérience: «Bien fut vray que le mareschal de Bourgoingne manda au seigneur de Beauchamp et au seigneur d'Espiry qu'ilz reculassent leurs enseignes et leurs compaignies pour plus avant attraire les Gantois; mais le seigneur de Beauchamp respondit que l'on avoit trop advancé pour reculer; et combien que la response meust de hault et vaillant couraige, et que tout bien prinst de celle chose, si fut il conseillé de prier mercy au duc de la desobeissance qu'il avoit faicte a son mareschal; et ce vueil je bien escripre pour monstrer aux jeunes gens qui mes Memoires liront, que, selon l'Arbre de bataille, nulle chose n'est extimée bien faicte contre le commandement du chief ne de ses lieutenans» 437 . Les lettres patentes de nomination de maréchaux de Bourgogne ne sont pas des sources très précises pour connaître l'étendue des pouvoirs des titulaires de 1'office car elles ne sont qu'allusives sur ce point: en janvier 1365, par exemple,

435. Éléonore de POITIERS, Les États de France, p. 93. 436. Lettre donnée à Auxerre le 1er août 1423. Arch. dép. Nord, B 1602, f 0 226 r 0 • 437. Olivier de La Marche, Mémoires. II, p. 320.

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Philippe le Hardi donna à Guy de Pontailler «pouvoir, autorité et mandement special de faire tout ce qui à office de maréchal appartient» 438 . Cent-dix-huit ans plus tard, en septembre 1483, Maximilien de Habsbourg et son fils l'archiduc Philippe établirent Claude de Neufchâtel selon les termes suivants: «[ ... ] Savoir faisons [que nous], confians a plain des sens, loiaulté, prodomie et toute diligences dudit messire Claude de Neufchastel, seigneur du Fay et de Grancey, nostre cousin, icellui messire Claude, nostredit cousin, avons aujourdhui fait, commis, ordonné, institué et estably, faisons, commectons, ordonnons, instituons et establissons par ces presentes nostre mareschal de Bourgoingne pour icelluy estat et office de nostredit mareschal de Bourgoingne dorenavant exercer et desservir et y faire toutes et singulieres les choses que ses predecesseurs mareschaulx de Bourgoingne ont accousturné de faire et qui audit estat et office competent et appartiennent, dont et de bien et deuement exercer icellui estat et office nous lui avons donné et donnons plain pouvoir et auctorité et mandement especial» 439 . De même, en juin 1498, Maximilien et Philippe établirent Guillaume IV de Vergy «audit estat de mareschal de nos pays de Bourgongne pour doresenavant nous servir audit estat de avoir le regard sur la conduitte de noz vassaulx, fiefvez et subgetz, ainsi que ses predecesseurs audit estat ont accoustumé de faire par cy devant, de garder en tout et par tout nos droits, haulteur et seigneurie, et generalement de faire toutes et singulieres les choses que bon et leal mareschal dessusdit puet et doit faire et que audit estat competent et appartiennent»440 . En l'absence de textes normatifs, c'est donc par l'examen de multiples actes administratifs qu'il est possible de reconstituer ce que furent les fonctions du maréchal de Bourgogne.

Le restor des chevaux. De la fonction domestique originelle, c'est-à-dire l'administration de l'écurie du prince, le maréchal de Bourgogne conservait traditionnellement au XIVe siècle une attribution essentielle: c'est lui qui, généralement, délivrait aux chevaliers et écuyers, pour leur permettre de bénéficier du , les certificats concernant la perte des chevaux d'armes au service du duc 441 (bien que, comme nous l'avons déjà vu, au début du XIVe siècle cette fonction pût être aussi exercée par les maîtres de l'écurie du duc, parfois appelés «maréchaux de l'hôtel»)442. Les premiers documents de ce type émanant d'un maréchal de

43l:!. 439. 440. 441.

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U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuve 11. Arch. de l'État (Luxembourg), Fonds Culembourg 1747. Je remercie Jacques Debry qui rn' a libéralement transmis la référence et la retranscription de ce document. A. DU CHESNE, Histoire de la maison de Vergy, p. 309-310. Termes identiques dans les lettres patentes de Maximilien et de l'archiduc Charles en date du 8 juillet 1507. Arch. dép. Nord, B 2204/74 929. Dans un certificat de ce type donné le 6 février 1359 (n. st.) le maréchal Girard de Thurey déclare qu'un cheval d'armes . Arch. dép. Côte-d'Or, B 384.

Bourgogne sont des certificats délivrés par Jean, seigneur de Courcelles, à des chevaliers et écuyers bourguignons ayant participé à la campagne de Flandre de 1304443 . Dans ces certificats, le maréchal donnait le signalement du cheval et précisait les circonstances de sa perte: ainsi, on voit Girard de Thurey certifier que le chevalier Guillaume de Mairey «a eu mort en la bataille qui fu devant Brion» le 2 juillet 1359, un cheval gris «un pié derrière blanc» 444 . C'était en principe au maréchal de priser les chevaux des gens de guerre qu'il recevait à montre comme l'indique ce document daté du 6 février 1359 (n. st.): «[ ... ]Come nous hayens recehue la montre de monsoignour Jehan Montaber, chevalier, soubz monsoignour Jaques de Vienne, soignour de Lonvy, lieutenant et capitaine des guerres dou duchié de Bourgoingne [ ... ] laquelle montre fut recehue IXe jour de jenvier, lidis messire Jehan Montaber estoit monté sus un chevaul gris pommeley prisié vrxx livres tournois [ ... ]»445. C'était également à lui que les montures blessées devaient être remises et c'est ainsi que par un certificat donné sous son sceau le 5 mars 1359 (n. st.), le maréchal Girard de Thurey déclara avoir reçu «hun cheval recreant blecié et gastei, sur poil brun bail, une estoile ou front, cuit des quatre chambes» que montait Jean, sire de Gournans, écuyer de la compagnie d'Henri de Vienne, sire de Mirebel, ce cheval ayant été blessé «en la chevauchié qui ai estey faicte devant Chassaingne par le commandement de monsignour Jaique de Vienne, signour de Lonvy, gouverneur et capitain sur le fait des guerres de la duchié de Bourgoingne»446 . Les attributions du maréchal incluaient la délivrance de mandats de paiement portant ordre aux agents payeurs compétents de verser les sommes correspondant au remboursement des chevaux morts ou blessés. Le maréchal de Bourgogne n'était naturellement pas le seul à compter le restor des chevaux dans ses attributions. C'était également le cas des maréchaux de France, jusque dans les années 1370447 , ainsi que des maréchaux des princes 448 et des lieutenants du roi:

442.

443. 444. 445. 446.

En 1339-1340, Jean de Coublanc et Jean de Verrey, tous deux maîtres de l'écurie du duc Eudes IV de Bourgogne, délivrèrent de nombreux certificats concernant des chevaux de guerre perdus durant les chevauchées en Hainaut et en Artois. Arch. dép. Pas-de-Calaîs, A 597/34 et Arch. dép. Côte-d'Or, B 11 733. Pour cette même époque, dans un compte du receveur d'Artois Sauvale de Linton, il est fait mention du res tord 'un coursier qu'un chevalier bourguignon a rendu au «maressal de 1'ostel monseigneur>> au retour des >. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1467, f 0 85 r 0 • Il donna quittance pour une somme représentant le «droit de mon seel des monstres et reveues qui ont esté faictes par devant moy>>. Arch. dép. Côte-d'Or, B 369. 462. Voir les différents sceaux de maréchaux de Bourgogne (Pontailler, Vergy, Toulongeon, Neufchâtel, Hochberg) conservés. Arch. dép. Côte-d'Or, B 384, B 11 738, etc.; Bibl. nat. de France, P.O. 1526 (Dossier Hochberg), etc.; G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, passim. 463. Arch. dép. Côte-d'Or, B 384. 464. Sur le sceau de la maréchaussée de France, voir Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 91. 465. G. DEMAY, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault, I, n° 2733, p. 289. 466. J.-Th. DE RAADT, Sceaux armoriés des Pays-Bas, IV, p. 229. 467. Ibid., IV, p. 191-192. 468. C'est ainsi que Josserand de La Lande et Artaud de Saint-Romain, maréchaux du comte de Forez, lieutenant du roi en Poitou, Saintonge, Touraine et Limousin, en 1347, utilisent un sceau commun de la maréchaussée, de même que Jean de Bray et Robert de Clermont, maréchaux du duc de Normandie en 1355-1358, Arnaud d'Espagne et Guy d'Azay, maréchaux du duc d'Anjou, lieutenant du roi en Languedoc en 1369, etc. Bibl. nat. de France, Clairambault 63, n° 72 (1347), Clairambault 824, no 33 (1355) et n° 36 (1369). 469. En 1411, le maréchal de Bourgogne Jean de Vergy était aidé de trois clercs: Colin de Fontenay, Huguenin Lucquet et Jean Bayne. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1570, fO 202 V 0 et B 1571, f 0 110 r 0 • En 1420, les montres reçues par Raoul, sire de Coëtquen, maréchal de Bretagne, ont été grossoyées par au moins deux clercs, l'un signant Busson et l'autre

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Le maréchal, ou son lieutenant, était assisté de clercs dont l'effectif était variable46 9; ces clercs avaient pour tâche, sur le terrain, d'établir la minute sur papier des montres dont ils rédigeaient ensuite une grosse sur parchemin470 ; c'est cette grosse, d'aspect toujours fort soigné, qui constituait la pièce justificative que 1' agent payeur devait présenter à la Chambre des comptes. Recevoir les montres et passer les gens de guerre en revue n'était pas une fonction spécifique du maréchal de Bourgogne. Nous savons qu'il s'agissait de la tâche administrative principale des maréchaux de France aux XIVe et xve siècles et des maréchaux qui assistaient les lieutenants du roi471 . C'était également 1'une des attributions essentielles des autres maréchaux des principautés472 , y compris de certains maréchaux héréditaires473 . Un exemple breton de 1420 nous montre

LeCocq. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 1007-1016. En 1431, pour recevoir à montre les gens de guerre qu'il devait mener d'Artois en Bourgogne puis de Bourgogne en Barrois, le maréchal de Bourgogne Antoine de Toulongeon n'était assisté que de son clerc Jean Boileaue. B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 40 et 71. Le maréchal Thibaud IX de Neufchâtel a un clerc qui, en 1447 est Lancelot Le Robert et en 1456 Nicolas Humbert. J. BARTIER, Légistes et gens de finances, p. 76 n. 2. 470. Colin de Fontenay et Huguenin Lucquet, clercs de Jean de Vergy, maréchal de Bourgogne, reçoivent 50 francs d'or en récompense de leurs peines et travaux «au recevoir, escripre en pappier et grosses les monstres des gens d'armes alez a Paris et au païs d'environ au mandement du roy soubz et en la compaignie de mondit seigneur, pour debouter les ennemis qui estoient nagaires a Saint Denis, au pont de Saint Cloud et ailleurs>>. Quittance du 15 janvier 1412 (n. st.). Arch. dép. Côte-d'Or, B 1570, f" 202 0 V . Jean Bayne reçoit 50 francs pour ses peines et travaux en faisant >, p. 328 et 341-342. 573. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 92. 574. Voir les lettres patentes de nomination de Humbert de Luyrieux, seigneur de La Cueille, datées du 7 janvier 1475 (n. st.) accompagnées d'une mention dorsale précisant qu'il «a fait le serment en tel cas pertinent, es mains de hault et puissant seigneur, monseigneur le conte de Roussy et de Charny, mareschal de Bourgoingne>>. J. de LA CHAUVELAYS, «Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes>>, p. 338-341.

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Les délégations de pouvoir du maréchal aux XIVe et xve siècles (2): Maîtres des arbalétriers, maréchal de l'hôtel, maréchal des logis. A certains moments de l'histoire de l'institution, les attributions du maréchal de Bourgogne furent en parties déléguées à des officiers dont la fonction avait été créée spécialement et qui, dans certains cas, devint permanente. -Les maîtres des arbalétriers du duc de Bourgogne (1360). La première trace d'une création de ce genre date du principat de Philippe de Rouvres: au mois de juillet 1360, on trouve, dans les documents comptables, Humbert de Rye et Étienne de Flavigny, tous deux chevaliers, mentionnés comme «maîtres des arbalétriers de monseigneur le duc». Le receveur général de Bourgogne leur délivra des arbalètes, des traits et des pavois pour les chevauchées des mois de juillet et août, ce qui indique que ces deux personnages eurent effectivement en charge la conduite des arbalétriers (on ne sait, en revanche, s'ils en reçurent les montres d'armes )575 . A la fin du mois d'août ils remirent au receveur une partie du matériel en piteux état576 . Mais cet office de «maîtres des arbalétriers du duc de Bourgogne», de toute évidence imité du modèle des maîtres des arbalétriers de France577 , n'eut qu'une existence ephémère: dès le mois de septembre 1360, on retrouve Humbert de Rye et Étienne de Flavigny ensemble en garnison sur les «frontières de Bourgogne» mais ne portant plus leur titre de maîtres des arbalétriers dont il ne sera plus fait mention par la suite578 . - Le maréchal de l'hôtel (1411-1412 ). Sous le principat de Jean sans Peur, on voit apparaître un maréchal de l'hôtel dont les fonctions ont certainement empiété sur celles du maréchal de Bourgogne: en 1411, David de Brimeu, seigneur de Humbercourt, fut nommé «mareschal des gens de l'ostel de mondit seigneur le duc de Bourgoingne» aux gages de 2 francs par jour. Cet office était temporaire puisque ce maréchal de l'hôtel était «establi de par icellui seigneur pour 1' armee et voyage que mondit seigneur av oit a faire lors seulement»579 . L'année suivante (1412), le même seigneur de Humbercourt fut de nouveau ins-

575.

Dans le chapitre d'un compte d'artillerie rendu par Dimanche de Vite!, receveur général de Bourgogne on trouve la mention «Maistres des arbalestriers>>. Humbert de Rye et Étienne de Flavigny y sont cités comme ayant été établis à cet office par lettres patentes données le 26 juillet 1360. Le jour même ils donnent quittance . Le receveur leur livre six pavois, quinze arbalètes de come à un pied, 5 arbalètes d'if à un pied, quinze milliers de traits empennés et enferrés. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1413, f" 75 V 0 • 576. Le 25 août 1360 les deux rendent au receveur treize arbalètes de come et deux d'if dont neuf sans cordes et une brisée, un millier et demi de clou «tout enrul ié», dix lanternes , trois falots et trente mèches. Ibid., [0 60 V 0 -61 r 0 • 577. Sur les maîtres des arbalétriers de France, voir Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 86, 91-92, et suiv. et M. ORNATO, Dictionnaire des charges, emplois et métiers relevant des institutions monarchiques en France aux. XIVe et xve siècles, p. 139-140. 578. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1410, f" 59 T0 • 579. Lettres patentes du duc données le 28 août 1411. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1570, f" 64 0 0 V -65 r •

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titué par le duc «mareschal de son hostel», aux mêmes gages et pour la durée d'une campagne: «A messire David de Brymeu, seigneur de Humbercourt, chevalier, conseiller et chambellan de mondit seigneur le duc et son bailly de Hesdin, lequel ycellui seigneur, par ses lettres donnees a Paris le me jour de may mil CCCC XII, confians a plain de sa grant prudence, souffisance et bonne diligence, a fait, ordonné, commis et establi mareschal de son hostel, pour logier les gens d'icellui hostel ainsi qu'il appartenait, en l'armee nagueres faicte par ledit seigneur en la compaignie et ou service du roy nostre sire ou pays de Berry. Auquel chevalier, ledit seigneur, par sesdictes lettres, a donné povoir et auctorité de faire tout ce que bon et loyal mareschal povoit et devoit faire et que dudit office estoit convenable, tant comme il lui plaira. Et si a ledit seigneur mandé par lesdictes lettres a tous ses officiers, et autres qu'il appartenait, estre obey a sondit conseillier comme mareschal de sondit hoste] en toutes choses regardans ledit office, aux gaiges de deux frans a lui tauxez et ordonnez par ledit seigneur, prendre et avoir de lui chacun jour durant ladicte armee, oultre et par dessus les gaiges ordinaires et pensions qu'il a et prent dudit seigneur chacun an et aux autres drois, proffis et emolumens acoustumés et qui appartiennent audit office. Lesquelz gaiges ordinaires par jour, ledit seigneur a voulu et mandé par sesdictes lettres estre paiez audit messire David des lors en avant par la maniere dessusdicte, et yceulx gaiges estre allouez es comptes et rabatus de la recepte du payant sans aucun contredit par mesdis seigneurs de ses comptes, par rapportant vidimus de sesdictes lettres fait soux le seel autentique ou coppie collacionnee par l'un de ses secretaires avec quictance dudit chevalier par laquelle il afferme des jours par lui vacquiés pour et a cause dudit office de mareschal tant seulement. Pour ce, payé audit messire David de Brimeu, par vertu des lettres dudit monseigneur le duc dont la coppie collacionnee par l'un de ses secretaires est cy rendue, pour ses gaiges de yyx XV jours entiers par lui desservis et qu'il a vacquiez pour le service dudit seigneur ou voiage des susdit, c'est assavoir depuis le lille jour dudit mois de may mil CCCC XII jusques au xve jour de septembre après ensuivant, les II jours inclus, par sa quictance faicte le XXVIIe jour dudit mois de septembre en 1' an dessusdit contenant ladicte affirmacion, ne LXX frans» 580 . Le rôle de ce maréchal de l'hôtel semble avoir été avant tout celui d'un maréchal des logis, mais il est possible qu'il ait eu aussi pour mission de recevoir à montre les gens de l'hôtel puisque le seigneur de Humbercourt avait reçu «povoir et auctorité de faire tout ce que bon et loyal mareschal povoit et devoit faire». -Les réformes de Charles le Hardi. Si en 1360 et en 1411-1412, la délégation des pouvoirs du maréchal ne fut que temporaire, les grandes réformes militaires entreprises par le duc Charles de Bourgogne modifièrent quelque peu les fonctions de la maréchaussée. Ce prince institua en effet, à titre permanent, un

580

Lettres patentes du duc données à Paris le 3 mai 1412. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1571, f' 45 r 0 -V 0 •

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«maréchal de l'hôtel» et «un maréchal des logis». Cependant, tous deux étaient placés sous l'autorité du maréchal de Bourgogne comme le rapporte Olivier de La Marche: «Et sont soubz le mareschal ou son lieutenant les mareschaulx du logiz et de l'hoste!, et par iceluy mareschal du logiz est logée toute ceste grant armée» 581 . Le «maréchal de l'hôtel» ou «maréchal des logis de l'hôtel», choisi parmi les gentilshommes de l'hôtel582 , détenait un office comparable à celui qu'avait établi Jean sans Peur avec cette différence qu'il s'agissait désormais d'un office permanent qu'Olivier de La Marche a décrit avec précision et en rappelant son origine. «Et pour conduire ceste grande chose, fault deviser comment il se loge, et la police du logis, selon lequel est nommé en tout temps mareschal, [pour] estre et servir pour le fait de la guerre; et doit livrer les quartiers aux fourriers des compaignies des gens d'armes et de tous les quartiers. Le second mareschal, et qui est mareschal de l'hoste! du duc, doit avoir le choix pour logier le prince et son estat. Et ne deviseray gueres pour le present du mareschal du logis, pour ce que je y reviendray en temps et lieu; mais deviseray du mareschal du logis de l'bostel pour deviser [de] l'estat de la fouriere, et comment elle se doit conduire. Le mareschal du logis se souloit appeller l'escuier du logis, et ne se mettoit sus iceluy estat qu'en la guerre seulement583 ; mais pour ce que le duc va tousjours en armes, et que sa maison est si grandement accompaignée, comme on peut veoir, il est ordonné qu'il seroit ung mareschal du logis de l'hoste!, et est ung moult bel estat et office. En l'hoste! du duc il y a quatre archiers comptez et une trompette par les escroez, qui accompaignent le mareschal ou qu'il voise; et quant il doit partir pour aller faire ung logiz de ville en ville, il fait sonner sa trompette; et, sa trompette revenue, il monte a cheval, et les fourriers du prince doivent venir vers lu y; et doit avoir le mareschal une cornette pour enseigne, et doit aller par toutes les rues et par tous les logiz sa cornette après lu y, et le doivent suyvre de tous les estatz ung gentilhomme et fourrier de tous les seigneurs [ ... ]; et se depart le logiz en deux parties dont la premiere partie est livrée au fourrier pour le prince, les chambellans, les quatre estatz, la chappelle, les archiers de corps, la garde, la chambre et les officiers domestiques; et le mareschal loge de soy princes et grans pencionnaires, chambellans et gens de conseil, ambassadeurs et autres survenans qui ne sont point domestiques» 584 .

581. 582.

Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 92. C'est ainsi que Guillaume de Ternay fut à la fois écuyer panetier du duc et maréchal des logis de l'hôteL J.-M. CAUCHIES, , p. 274. En octobre 1474, Jacques de Montmartin est mentionné à la fois comme chambellan, maître veneur et maréchal de l'hôtel du duc. H. STEIN, Catalogue des actes de Charles le Téméraire, n° 1994, p. 494. 583. On a vu cependant supra qu'au temps de Jean sans Peur cet officier s'est appelé > dans la plaine du Pô. G. CASTELNUOVO, «Les maréchaux en Savoie au bas Moyen Age>>, p. 95 n. 16. 600. En 1449-1450, Jean de Montauban, maréchal de Bretagne, est l'un des chefs de l'armée bretonne qui participent à la reconquête de Fougères et à la campagne de Normandie contre les Anglais. HÉRAUT BERRY, Les chroniques du roi Charles VII, p. 298, 305, 336, 342 et 356; A. LE MOYNE DE LA BORDERIE et B. POCQUET, Histoire de la Bretagne, IV, p. 353-357. 601. A l'été 1467, Jean, seigneur de Fénétrange, maréchal de Lorraine et de Barrois, leva et commanda l'armée qui défendit le duché de Lorraine contre l'attaque menée par Thibaud IX de Neufchâtel. J. DEBRY, Les maréchaux de Lorraine, fiche no 7. 602. Arch. dép. Nord, B 1602, fO 226 r 0 •

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s'acheva par la bataille de Chappes (décembre 1430)603 , et en 1431lors de l'expédition de Lorraine au cours de laquelle fut livrée la bataille de Bulgnéville (juillet 1431) 604 , Antoine de Luxembourg en 1475, lors de la campagne qui s'acheva par le désastre de Montreuillon605 . En dehors de ces circonstances exceptionnelles le maréchal se voyait confier des missions d'inspection des places fortes et des villes ferrnées6° 6; il était chargé d'établir des châtelains et des capitaines 607 et était investi de commandements divers 608 . Les exemples abondent de missions militaires confiées au maréchal de Bourgogne, qu'il s'agisse de défendre le duché contre des incursions ennemies 609 , assurer la sécurité des foires de Chalon6 10 , mener des expé-

603. B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 27-30. 604. Ibid., p. 37 et sui v. 605. J. ROBERT DE CHEVANNE, Les guerres en Bourgogne de 1470 à 1475, p. 276-283 et J. de LA CHAUVELAYS, «Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes», p. 341-344. 606. Au printemps 1316 Jean, sire de Courcelles, maréchal de Bourgogne, certifia que Guiot de Chasu, châtelain de Sens, avait payé ses dépenses pendant le temps qu'il fut dans la ville «por visiter lou leu». Arch. dép. Côte-d'Or, B 384. Le 22 novembre 1364 le maréchal Guy de Pontailler est commis à visiter les forteresses «par dessus la frontière de Saône». G. DUMAY, «Guy de Pontailler, sire de Talmay>>, p. 14. En 1468, le maréchal Thibaud de Neufchâtel inspecte les fortifications de Dijon. J. RICHARD, «Le gouverneur de Bourgogne>>, p. 109 n. 3. 607. Chargé, en 1375, d'aller prendre possession des terres du comté de Bourgogne cédées au duc Philippe le Hardi par Marguerite de France, le maréchal fut commis «à mettre dans les forteresses et châteaux des capitaines et châtelains capables de les bien gouverner et défendre>>. G. DUMAY, «Guy de Pontailler, sire de Talmay>>, p. 37. 608. Un bon exemple est fourni par l'action de Jean de Frolois durant la guerre de Bourgogne de 1336: dès le mois d'avril il arriva à Poligny à la tête d'une compagnie forte de 115 «hommes armés de fer>> pour renforcer les places du comté et épauler le gardien Guy, seigneur de Villefrancon. Il mit aussitôt la région de Poligny en état de défense, organisa des travaux de fortification dans la ville dont il établit gardien Guillaume de Vienne, seigneur de Sainte-Croix; il plaça encore une importante garnison au château de Grimont qui dominait Poligny. E. PETIT, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, VII, p. 149 et 200. 609. Jean de Rye, maréchal de Bourgogne, reçut 487 florins et demi du receveur général Dimanche de Vitel pour en faire prêt à 200 hommes d'armes qu'il devait «mectre sus encontre une grant compaignie d'annemis qui estoit assemblee pour faire domaige au paiis de Bourgoingne>>. Mandement du duc donné le 19 juin 1360. Arch. dép. Côted'Or, B 1408, f' 46 V 0 • Le chevalier Louis Quinart alla inspecter les forteresses de l'Auxois et de l'Autunois «afin de mectre en estat encontre les ennemis qui estoient prest pour entrer en Bourgoingne>> par ordre de Jean de Rye, «maréchal du duché de Bourgogne>> qui fixa ses gages à 3 florins par jour. Mandement du duc donné à Talant le 10 octobre 1361. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1412, f' 52 V 0 • 610. Ainsi Guy de Pontailler à l'été 1365 et à l'hiver 1368. H. DUBOIS, Les foires de Chalon et le commerce dans la vallée de la Saône, p. 101.

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ditions en pays étranger611 , préparer une croisadé 12 ou diriger le siège d'une place forte6 13 . Des missions semblables étaient confiées aux maréchaux des autres principautés: ainsi, en janvier 1371 les maréchaux de Normandie Jean de la FertéFresnel et Claudin de Hellenvilliers furent commis conjointement «à visiter les forteresses du bailliage de Rouen par delà la rivière de Seine» 614 ; en 1373, le maréchal d'Auvergne Hugues de Froideville dirigea les opérations d'investissement de la bastide de Lusignan 615 ; en 1413, le maréchal de Guyenne Jacques, seigneur de Heilly, fut investi des attributions d'un chef de guerre à l'échelle de toute l' Aquitainé 16. Spécialiste de la guerre, le maréchal de Bourgogne pouvait aussi, sans doute, superviser certains achats d'armes destinés à équiper les troupes servant sous son commandement. Peut-être allait-il lui-même effectuer occasionnellement ces achats à l'instar du seigneur de Châteaugiron, maréchal de Bretagne, qui se rendit en Angleterre en 1412 pour y acheter des arcs et des flèches, comme nous l'indique ce mandement du roi Hemi IV portant ordre aux receveurs et aux gardes du port de Southampton de ne pas percevoir de taxe sur les armes destinées à équiper les archers de l'armée bretonne:

«Rex, custumariis suis in portu villae nostrae Suthamptoniae, ac custodibus passagii in eodem portu, salutem. Mandamus vobis quod Armel, dominum de Chastiaugiron, de Britannia marescallum, ducentos arcus, duodecim grossas duodenas sagittarum, duodecim grousses duodenas cordarum arcuum, duodenas garbarum sagittarum, quinquaginta paria utrium et duodecim duodenas

611.

612.

613.

614. 615. 616.

Guy de Pontailler fut envoyé avec 50 hommes d'armes et 20 hommes de trait en Lorraine en janvier 1377 (n. st.). G. DUMAY, «Guy de Pontailler, sire de Talmay», p. 38-39. Le choix de Guillaume de La Trémoille comme maréchal de Bourgogne par Philippe le Hardi en 1392 fut, à n'en pas douter, dicté par les projets de croisade du duc. Le nouveau maréchal avait en effet une solide expérience des voyages lointains: mentionné en 1368 comme ayant fait le «voyage d'outre mer>>, il avait également fait le en 1379-1380 et avait participé au «voyage de Barbarie>> avec le duc Louis de Bourbon en 1390. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1430, f' 47 V 0 (voyage d'outre mer); W. PARAVICINI, Die Preussenreisen des europiiischen Adels, I, p. 97 (voyage de Prusse); Jean FROISSART, Œuvres, XIV, p. 224 (voyage de Barbarie). Dès 1394, Guillaume de La Trémoille, en tant que maréchal de Bourgogne, fut envoyé par ordre du duc «es marches de Hongrie, de Venise et aultre part pour certaines et grosses besoingnes qui grandement lui touchaient et qu'il avoit bien a cuer>>. Arch. dép. Côted'Or, B 1501, P 194 V 0 • En avril 1396, Je maréchal fit partie du conseil militaire permanent chargé d'assister le comte de Nevers durant le voyage de Hongrie. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuve 170. Jean de Vergy, maréchal de Bourgogne, dirigea en personne le siège du château de Vellexon depuis le 20 septembre 1409 jusqu'au mois de décembre suivant puis, rappelé à Paris auprès du duc Jean sans Peur, il fut remplacé par deux conseillers ducaux, Jacques de Courtiambles et Jean Chousat. J. BERTIN, «Le siège du château de Vellexon>>, p. 25-55. L. DELISLE, Mandements et actes divers de Charles V, no 856, p. 443. F. LEROUX, Jean de France, duc de Berri, I, p. 312. Le seigneur de Heilly, maréchal de Guyenne, fut retenu à 500 hommes d'armes et 200 hommes de trait et établi à la garde de la frontière de Guyenne au début de l'année 1413. Bibl. nat. de France, Clairambault 59, n° 37.

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cornuum in quodam vase in portu praedicto eskippare et ea sic eskippata versus Britanniam absque custuma seu subsidio ad opus nostrum inde capiendo, libere et absque impedimenta aliquo traducere permittatis; aliquo mandata nostro vobis prius in contrarium directo non obstante. Teste rege, apud Westmonasterium, sexto die julii [1412]. Per ipsum regem» 617 . Il convient de se demander dans quelle mesure le maréchal pouvait prendre des initiatives dans l'organisation pratique de la guerre. Une riche documentation du milieu du xve siècle nous permet d'apporter des éléments de réponse à cette interrogation. Un premier exemple, daté de novembre 1443, nous montre Thibaud IX de Neufchâtel, récemment institué maréchal de Bourgogne, organisant la défense des frontières de Bourgogne face à la menace des Écorcheurs. On notera que dans le cadre de cette mission le maréchal n'agissait pas seul mais qu'il était sous l'étroit contrôle des «gens du conseil» siégeant à Dijon: ceux-ci détenaient le véritable pouvoir de décision et veillaient à la bonne utilisation des deniers de leur maître. «Nous, Thiebault de Neufchastel, seigneur de Blancmont, mareschal de Bourgoingne, confessons avoir eu et receu de Jehan de Visen, conseiller de mon très redoubté seigneur le duc de [Bourgoingne] et son receveur general de Bourgoingne et des aydes en iceulx, la somme de six cens cinquante frans monnoye royal a present courrant, c'est assavoir VIc frans pour le payement de cent payes d'ommes d'armes que, par l'advis et ordonnance des gens du conseil de mondit seigneur le duc en ses païs de Bourgoingne, nous avons entretenu es frontieres desdis païs par quinze jours entiers commençans le XIIIe jour de ce present mois de novembre et fenissant continuelment ensuivant pour tenir frontiere a l'encontre des escorcheurs, au pris de six frans pour chascune paye, valent et font lesdites cent payes pour lesdis quinze jours, audit pris, ladite somme de VIc frans, et cinquante frans pour nostre estat desdis quinze jours, font ces deux parties la dessusdite somme de VIc L frans. De laquelle somme nous sommes contens et d'icelle quictons mondit seigneur le duc, sondit receveur general et tous autres qu'il appartiendra. Tesmoing noz seing manuel et seel cy mis le XVIe jour dudit mois de novembre l'an mil quatre cens quarante et trois. T. de Neufchaste1» 618 . Dans un autre cas, en 1447, le maréchal fut chargé, par le duc en personne, de mettre sur pied un contingent destiné à renforcer les troupes de Corneille, bâtard de Bourgogne, gouverneur du duché de Luxembourg. Là encore, l'initiative laissée au maréchal n'est pas illimitée: il n'apparaît pas comme le seul responsable de 1' opération puisque les conseillers et les gens de la Chambre des comptes de Dijon lui sont associés (notamment pour superviser les questions financières). Le duc, par un ordre écrit, avait précisé le nom des capitaines et

617. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, Il, col. 871. 618. Arch. dép. Côte-d'Or, B 384.

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l'effectif du contingent que le maréchal devait envoyer au Luxembourg, lui avait donné l'ordre de recevoir lui-même, ou de faire recevoir par des commissaires, les montres des gens de guerre, et avait réglé en détailles modalités de leur paiement. Le maréchal, ici, faisait surtout figure d'agent d'exécution: «Thiebault de Neufchastel, seigneur de Blancmont, mareschal de Bourgoingne, et les gens du conseil et des comptes de monseigneur le duc de Bourgoingne residans a Dijon. A Jehan de Visen, conseiller de nostredit seigneur et son receveur general de Bourgoingne et des aydes, salut. Comme nostredit seigneur, par ses lettres closes a nous adreçans, escriptes en sa ville de Gand le deuxe jour de juillet darrenierement passé, signees de sa main, nous ait escript et mandé faire mectre sus en armes par nous, mareschal, les seigneurs et capitainnes cy après nommez, c'est as savoir les seigneurs de Pesmes, de Rup, de Soyes, messire Didier de Cicons et Jehan de Saint Seingne, chacun chacun [sic] a tout certainne quantité de gens d'armes jusques au nombre de quatre vins et cinq hommes d'armes pour estre prestz de partir etaler ou service de monseigneur le gouverneur de Luxembourg, Cornille, bastart de Bourgoingne, aux jour et lieu que les manderait aler devers lui ou païs et es marches dudit Luxembourg pour eulx emploier a la deffense et garde dudit païs et a la resistance de Guillaume, duc de Zaesse, qui presentement est en l'ayde de l'arcevesque de Colongne, a très grant nombre et puissance de gens d'armes et de trait, a l'encontre de monseigneur le duc de Cleves et de Jehan monseigneur son aisné filz, et lequel, comme contiennent lesdictes lettres de nostredit seigneur, a intencion de venir oudit païs de Luxembourg et d'y faire tous maulx et dommaiges que ennemis pevent faire, en mandant en oultre a nous, mareschal, que alassions ou envoyassions aucun de par nous ausdiz lieux et jour pour les recevoir et passer a monstre en leur faisant faire paiement des deniers des aides darrenierement ouctroyé a nostredit seigneur en ses païs de Bourgoingne pour ung mois entier commançant au jour de leur departement du lieu ou lesdictes monstres se feroyent, au pris de douze frans pour chacune paie et ung franc pour l'estat d'un chacun homme d'armes, et ce que, a ceste cause seroit ainsi payé, nostredit seigneur, par sesdictes lettres, ait voulu et mandé estre passé et alloué en la despense des comptes de celui des receveurs qui payé l'auroit et par [nous] lui en estre fait et baillié acquit tel qu'il appartiendra pour sa descharge, comme ces choses sont plus a plain contenues et declairees esdictes lettres de nostredit seigneur a laccopie [sic] desquelles, collacionnee et signee en la chambre desdiz comptes, ces presentes sont atachees soubz le seel ordonné audit conseil. Et il soit ainsi que, en obtemperant au bon plaisir de nostredit seigneur, et pour acomplir le contenu en icelles ses lettres, nous, mareschal, ayons fait mectre sus les dessusdiz en armes jusques audit nombre de Illlxx V hommes d'armes, entre lesquelx et comprins pour capitaine Guillaume de Sicons, escuier, ou lieu et pour l'absence dudit messire Didier de Sicons, son pere, lesquelx, oudit nombre de uuxx v hommes d'armes ayent esté receuz et passez a monstre le vue jour du present mois d' aoust es villes et lieux de Bourguignon, Vexoul et Velecler ou bailliage d'Amont ou conté de Bourgoingne, par Estienne de Saint Martin, dit Cheneviere, et Lancelot Robert, ad ce commis de nous, mareschal, et après ladite monstre ainsi faicte, passee et receue et a nous, mareschal, rapportee, ayons fait faire paiement ausdiz capitaines pour eulx et leursdites gens, y comprins les chevaliers et escuiers bannerez, c'est assavoir le chevalier banneret pour quatre 137

paies et l'escuier banneret pour deux paies, qui montent IIIIxx XII paies, par vous, Jehan de Viseu, receveur general de Bourgoingne et des aydes oudit païs, par les mains de Jehan Vurry, vostre clerc, c'est assavoir pour chascune paie la somme de douze frans, monnoye courant, qui montent et font, pour lesdiz IIIIxx XII paies, unze cens quatre frans, et pour l'estat d'iceulx IIIIxx V frans, qui font en tout unze cens quatre vins neuf frans, et ce pour ung mois commançant ledit vue jour dudit present mois d'aoust qu'ilz partirent pour aler ou service de nostredit seigneur soubz ledit Cornille audit Luxembourg. Laquelle somme de XIe IIIIxx IX frans, par rapportant avec ces presentes le role de ladite monstre signé et certiffié commil [sic] appartient, et aussi ladite coppie desdictes lettres de nostredit seigneur signee et collacionnee comme dessus et quictance desdiz capitaines chacun de sa porcion par lui receue pour lui et ses gens ou nombre declairé en ladite monstre seulement, vous sera, par nous, lesdiz gens des comptes, allouee en la despense de voz comptes desdictes aydes, sans difficulté aucune, par la maniere qu'il appartiendra. Donné a Dijon soubz le seel ordonné audit conseil et les signez de nous, lesdiz gens des comptes, le neufiesme jour d'aoust l'an mil ecce quarante et sept. Par mesdisseigneurs, a la relacion de mesdisseigneurs du conseil et des comptes, Contault. [Et plus bas:] Ducret»6!9_ Le document le plus complet concernant les instructions données par un duc de Bourgogne à son maréchal pour une levée de troupe est 1' ordonnance (que nous avons déjà citée) adressée en juillet 1468 par le duc Charles à Thibaud de Neufchâtel620 . Le maréchal y était invité à réunir prestement «l'armée de Bourgogne» s'il ne l'avait déjà fait, à faire recevoir les gens de guerre à montre et à les faire payer; il devait informer les «chefs des capitaines» que le duc voulait que les contingents bourguignons le rejoignissent au plus vite autour de Saint-Quentin. Le maréchal devait de plus faire observer une stricte discipline pendant la marche, tant en Bourgogne qu'en pays ennemi, était seul responsable du logement des gens de guerre auxquels il délivrait «l'estiquet» (billet de logement)621 et organisait le guet et la garde de nuit. Outre ces instructions pour l'organisation et le déplacement des troupes, le duc adressait à son maréchal des consignes précises pour la composition de l'armée et le paiement des gens de guerre: les chevaliers bannerets devaient être reçus avec huit chevaux, les écuyers bannerets avec quatre chevaux, les hommes d'armes avec trois chevaux (dont un monté par un coutillier). Une paye représentait soit un homme d'armes, soit deux hommes de trait montés, soit deux coutilliers, soit trois hommes de trait à pied, soit quatre hommes de pied suffisamment «armés et embastonnés». Le maréchal devait prévoir aussi l'organisation d'un train d'artillerie composé de douze serpentines, chacune fournie de

619. 620.

Arch. dép. Côte-d'Or, B 11 882. Pour ce qui suit, voir Bibl. nat. de France, Bourgogne 59, fa 21 r 0 -22 r 0 • Voir aussi J. de LA CHAUVELAYS, «Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes>>, p. 141 et 144-147. 621. Ibid. Sur les «esthiquectes>>, voir Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 495.

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cent boulets de plomb et de trois caques de poudre et servie par quatre canonniers aidés, chacun, d'un valet. Cent ouvriers, dont douze charpentiers et douze maçons devaient accompagner le convoi; le duc poussait le souci du détail jusqu' à préciser le nombre et la nature des outils que son maréchal devait faire emporter. Le maréchal devait enfin veiller à contraindre, avec l'aide des baillis, tous les détenteurs de fiefs, d'arrière-fiefs et de francs-alleux, ainsi que ceux qui voulaient «vivre noblement» à servir le duc en armes ainsi qu'ils y étaient tenus. Les baillis devaient lui fournir la liste des astreints et mettre en la main du duc les biens des récalcitrants. La main levée ne pouvait être obtenue que par des lettres patentes du prince ou du maréchal.

Le maréchal comme gouverneur et capitaine général. Les exemples précédents montrent que, dans l'exercice normal de ses fonctions, le maréchal de Bourgogne agissait le plus souvent en vertu de commissions particulières ou sur ordre exprès du prince et parfois de ses représentants (le chancelier du duc et le Conseil de Dijon jouant de ce point de vue un rôle majeur). En outre, à plusieurs reprises, dans le domaine militaire même, il fut placé sous l'autorité d'un chef de guerre, lieutenant du duc ou capitaine général, d'un rang supérieur au sien622 . Cependant, du milieu du XIVe à la fin du xve siècle, les détenteurs de la maréchaussée de Bourgogne furent, à plusieurs reprises, investis eux-mêmes de pouvoirs élargis par le cumul de leur office permanent avec la fonction temporaire de gouverneur et/ou de capitaine général 623 . Le premier exemple attesté date du principat de Philippe de Rouvres: par lettres patentes données à Châtillon-sur-Seine le 15 mars 1361 (n. st.), le duc, sur le point de quitter son duché pour se rendre à Paris puis en Artois, nomma son maréchal Jean de Rye, seigneur de Balançon, gouverneur du duché de Bourgogne624 . Vingt ans plus tard, en mars 1381, le duc Philippe le Hardi établit «gouverneur général» du duché et des terres «que ledit seigneur a ou conté [a cause] d'icellui duchié» son maréchal Guy de Pontailler625 . En janvier 1384, au moment où Philippe le Hardi recueillit la succession de son beau-père Louis de Male, le même Guy de Pontailler fut nommé, conjointement avec le Flamand Jean, seigneur de Ghistelle, «gouverneur pour la tuicion, garde et deffense d'icellui pays [de Flandre]»626 . En 1401, 1'institution de Jean III de Vergy au maréchalat eut pour conséquence le cumul, par ce personnage, de cette fonction

622.

623. 624. 625. 626.

Ainsi, de janvier à mai 1359 le maréchal Girard de Thurey est placé sous l'autorité de Jacques de Vienne, seigneur de Longwy, nommé . Arch. dép. Côte-d'Or, B 380, etc. Sur cette question, voir J. RICHARD, , p. 101-112. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1410, f' 42 V 0 • Lettres patentes données le 7 mars 1381 (n. st.). Arch. dép. Côte-d'Or, B 1457, f 0 17 r0 • Arch. dép. Nord, B 4073, f' 72 r 0 •

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avec celle de «gardien et gouverneur du comté de Bourgogne» qu'il assumait depuis 1386627 et qu'il conserva jusqu 'à sa mort intervenue en 1418628 . Dans l'intervalle, en avril 1411, il fut nommé capitaine général de Bourgogne, conjointement avec Jean de Chalon, seigneur d'Arlay, Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges, et Jean de Neufchâtel, seigneur de Montaigu 629 . Par la suite, Jean, seigneur de Toulongeon, maréchal de Bourgogne depuis février 1423, reçut par lettres patentes du duc données le 30 juillet 1425 «certaine charge pour la garde, seurté et deffense de ses pays de par deça» qui faisait de lui un gouverneur militaire des deux Bourgognes630 . Un peu plus d'un an plus tard, par lettres ducales données le 7 octobre 1426, ce même seigneur de Toulongeon fut investi de la charge de capitaine général des duché et comté de Bourgogné31 . Au moment de sa mort, en juillet 1427, il était communément désigné comme «messire Jehan, seigneur de Thoulonjon, conseillier et chambellan de monseigneur le duc, son gouverneur, capitaine general et mareschal de Bourgoingne» 632 . Après lui, son frère, Antoine de Toulongeon, seigneur de Traves, nommé maréchal le 12 août 1427, fut institué le jour même par le duc «cappitaine general et gardien de ses duchié et conté de Bourgoingne et de Charrolois et des ressors et enclavemens d'iceulx» 633 . Par la suite, on ne retrouve un tel cumul qu'à la fin du xve siècle lorsque Maximilien de Habsbourg et son fils Philippe le Beau, en 1489, nommèrent gouverneur des pays de Bourgogne Claude de Neufchâtel, maréchal depuis 1483 634 , puis lorsque, par lettres données à Fribourg-en-Brisgau le 19 juin 1498, ces mêmes princes instituèrent capitaine général des pays de Bourgogne Guillaume IV de Vergy qu'ils avaient nommé maréchal le même jour635 . Parallèlement, du côté français, le maréchal de Bourgogne Philippe de Hochberg cumulait son office avec les plus hautes charges dans le comté de Provence puisqu'il était «mareschal de Bourgoigne, grant seneschal, lieutenant general et gouverneur pour le roy en ses pays et conté de Prouvence» 63 6. Les maréchaux de Bourgogne ne furent pas les seuls dont les pouvoirs furent élargis par de telles nominations; non seulement cet usage institutionnel se trouve communément attesté pour les maréchaux de France dès la première moitié du XIVe siècle637 , mais encore il est aussi courant dans les grandes principautés: Boniface de Challant, maréchal de Savoie de 1387 à 1421, fut aussi lieute-

627. R. VAUGHAN, Philip the Bold, p. 115. 628. Arch. dép. Côte-d'Or, B 380. 629. Nomination du 17 avril1411. Arch. dép. Côte-d'Or, B 380 et U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuve 270. 630. J. RICHARD, «Le gouverneur de Bourgogne>>, p. 106. 631. J. RICHARD, , p. 127. 632. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1639, fO 59 r 0 • 633. Arch. dép. Côte-d'Or, B 15, fO 188 r 0 -V 0 • 634. A noter que de 1483 à 1488, Claude de Neufchâtel avait cumulé les fonctions de maréchal de Bourgogne et de gouverneur du duché de Luxembourg. J. DEBRY, , p. 230. 635. A. DU CHESNE, Histoire de la maison de Vergy, p. 310-311. 636. Mars 1499 n. st. Bibl. nat. de France, P.O. 1526, Dossier Hochberg, ll 0 9. 637. G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France, p. 248.

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nant du comte au pays de Nice en 1399 638 ; Jacques III, seigneur de Heilly, maréchal de Guyenne depuis 1410, fut institué «lieutenant du roi es parties de Guyenne» en décembre 1412 ou janvier 1413 639 ; Érard III, seigneur du Châtelet, maréchal de Lorraine, fut institué gouverneur des duchés de Lorraine et de Bar en avril1438 640 ; Jean, seigneur de Rieux, maréchal de Bretagne entre 1470 et 1487, cumula cette fonction avec celle de lieutenant général 641 ; Soffrey Alleman, seigneur de Châteauneuf, maréchal de Dauphiné de 1463 à 1472, fut aussi lieutenant du gouverneur de 1466 à 1472642 . Louis, bâtard de Bourbon, maréchal de Bourbonnais sous le principat du duc Jean Il, fut aussi sénéchal et lieutenant général du duc dans les annés 1460-1470643 . Par ailleurs, la fonction de maréchal de Bourbonnais était toujours cumulée au xve siècle avec celle de «bailli de Bourbonnais»644 . Ceci étant posé, à quels pouvoirs réels correspondaient, dans les pays bourguignons, de tels cumuls de fonctions? En premier lieu, nous ne nous étonnerons pas de constater que l'essentiel des pouvoirs conférés au maréchal était de nature militaire. La nomination de Jean de Rye comme gouverneur du duché de Bourgogne en avril1361 correspondait à une période troublée 645 . De même, le gouvernement confié à Guy de Pontailler, en Bourgogne en 1381, et surtout en Flandre en 1384-85 fut d'abord une mission d'ordre militairé46 . Jean de Vergy en tant que maréchal et gouverneur du comté de Bourgogne eut à mener des actions de guerré47 . Par la suite, Jean, seigneur de Toulongeon, et son frère et successeur Antoine, seigneur de Traves, investis de la fonction de capitaine général 648 , étaient avant tout des chefs de guerre. Les attributions de la charge de capitaine général renforçaient en effet considérablement les pouvoirs militaires du maréchal649.

638. 639. 640. 641. 642. 643. 644. 645. 646.

647.

648. 649.

G. CASTELNUOVO, «Les maréchaux en Savoie au bas Moyen Age>>, p. 96 n. 27 et p. 97 n. 29. J.-C. DUMAIN, Jacques III, seigneur de Heilly, p. 74. J. DEBRY, Les maréchaux de Lorraine, fiche no 5; B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 113. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 567-569. G. DUPONT-FERRIER, Ga/lia Regia, II, no 8218. H. de SURIREY DE SAINT-RÉMY, Jean II de Bourbon, p. 82, 89-90 et 105 n. 6. E. PERROY, >, Guy de Pontailler est «ordonné à tenir 20 hommes d'armes en sa compagnie tant qu'il sera sur le pays>>. Arch. dép. Nord, B 4074, f' 57 V 0 • Au printemps suivant, en 1385, durant la guerre de Gand, il tenait sous ses ordres une force militaire centrée à Ardenbourg avec laquelle il mena une chevauchée contre les Quatre Métiers. Jean FROISSART, Chroniques, S.H.F., XI, p. 200-202. A l'été suivant il dirigea le siège de Damme. L. GILLIODTS-VAN SEVEREN, Inventaire des archives de la ville de Bruges, III, p. 46-48. En 1402 Jean de Vergy réunit 600 lances levées au comté de Bourgogne pour assiéger et prendre le château de Montréal (Ain, arr. et cant. Nantua) détenu par Humbert de Villars. R. VAUGHAN, Philip the Bold, p. 166. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1639, f' 59 r 0 • Arch. dép. Côte-d'Or, B 15, f 0 188 r 0 -V 0 • J. RICHARD, >) et une réunion particulière des représentants de l'un des trois États (les nobles dont la fonction était précisément d'assurer la défense du pays et de servir le duc en armes). J. RICHARD, «Une assemblée de nobles bourguignons», p. 125-133. J. RICHARD, «Le gouverneur de Bourgogne», passim. Lettre de commission ducale donnée à Hesdin le 1er août 1384. L. GILLIODTS-VAN SEVEREN, Inventaire des archives de la ville de Bruges, III, p. 16. Guy de Pontailler, maréchal de Bourgogne et commis au gouvernement de la Flandre ordonne à deux commissaires nommés par lui de requérir des habitants de la châtellenie de Douai, des villes et châtellenie d'Orchies et de la terre de Lécluse (Nord, arr. Douai, cant. Arleux), l'octroi d'une aide pour le joyeux avènement du duc et pour financer la défense du pays. Mandement du duc donné à Lille le 17 octobre 1384. Ordonnances de Philippe le Hardi, I, no 54, p. 68-69. J. RICHARD, «Le gouverneur de Bourgogne>>, p. 106.

extraordinaires sur le terrain féodal. Le fait allait de soi si l'on veut bien considérer que cet officier avait en charge le contrôle et la conduite de l'armée dont le noyau était constitué de contingents fournis par les «feaulx, vassaulx et subgez» du duc. Nous avons vu comment, en juillet 1468, Charles de Bourgogne donna pouvoir à son maréchal d'ordonner à tous les détenteurs de «fiefs, arrière-fiefs et francs-alleux» et à tous ceux qui «voulaient vivre noblement» de servir en armes en vertu de leurs obligations militaires et lui donna autorité pour faire contraindre les récalcitrants par l'intermédiaire des baillis659 . Le maréchal put même, par délégation, en tant que lieutenant du duc, recevoir les hommages à la place du prince. C'est ainsi qu'en décembre 1374, Guy de Pontailler, en tant que maréchal et commissaire ducal, reçut, au nom du prince, les hommages des vassaux de la terre de Faucogney660 . Nous avons un autre exemple, plus tardif, puisqu'il date de 1507, mais aussi plus général que le précédent, qui concerne Guillaume IV de Vergy (celui-ci reçut ce pouvoir le jour même de sa nomination de maréchal de Bourgogne): «Maximilian, par la grace de Dieu roy des Romains tousjours auguste, de Ungherie, de Dalmatie, de Croatie, etc., et Charles, par la meisme grace archiducz d' Austrice, prince d 'Espaigne, des deux Ceeilles et de Jherusalem, ducz de Bourgoingoingne [sic], de Lothier, de Brabant, de Stiere, de Carinte, de Carniole, de Lembourg, de Lucembourg et de Gheldres, conte d'Asbourg, de Flandres, de Thirol, d'Artois, de Bourgoingne palatins et de Haynnau, lantgraves d'Elsace, marquis de Bourgauw et du Saint Empire, de Hollande, de Zeellande, de Ferrecte, de Kiburg, de Namur et de Zuitphen, contes, seigneurs de Frise, sur la marche d'Esclavonie, de Pourtenauw, de Salins et de Malines. A tous ceulx qui ces presentes lectres verront, salut. Comme il soit que, selon les coustumes, anciens usaiges et previlleges de nostre païs et conté de Bourgoingne, noz subgectz et vassaulx ne soient tenuz faire hors icelluy pays les foy, hommaiges et debvoirs qu'ilz nous doivent et sont tenuz faire a cause des biens feodaulx qu'ilz tiennent et sont mouvans de nous en nostredit conté de Bourgoingne et saulnerie de Salins, et que les voulons et entendons entretenir en leursdiz droiz, privileges, usaiges et libertez dont, pour reprandre lesdiz fiefz, recepvoir les foy et hommaiges et tous debvoirs que nosdiz subgectz et vassaulx sont tenus de faire a cause desdiz fiefz par eulx tenus et mouvans de nous, et aussi de leur baillier main levee et os ter tous arrestz et empeschemens faiz et mis par quelconque personne que ce soit a iceulx fiefz, fruitz et prouffis d'iceulx escheuz par le temps passé et a escheoir ou temps advenir, tant en nostredit pays que en nostre saulnerie de Salins par faulte de fiefz non fait. Savoir faisons que nous, les choses dessus dictes considerees, et pour aultres causes ad ce nous mouvans, confians a plain des vertus et leaulté de nostre amé et feal cosin le seigneur de Vergy, marissal de nostre pays de Bourgoingne, icelluy, de nostre certainne science, avons commis et commectons en lui donnant, par ces presentes, plain pouvoir, auctorité et mandement especial de, pour et ou nom de nous, doresenavant, en nostredit conté de Bourgoingne, toutes les fois que mestier

659. Bibl. nat. de France, Bourgogne 59, f" 22 T0 • 660. G. DUMAY, . p.j. no XLVI et XLVII, p. 145.

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sera, recepvoir nosdis vassaulx et subgectz ayans et terrans fiedz, soit par succession, achatz, acquisition ou aultrement, en maniere quelconque, tenus et mouvans de nous a cause de nostredit conté de Bourgoingne et saulnerie de Salins, de faire a sa personne lesdiz foy, hommaiges et aultres devoirs qu'ilz nous doivent et sont tenus de faire pour raison desdiz fiefz, et d'iceulx les investir et baillier la vraye et reelle possession se encoires ne l'av oient prinse, avec ce de lever nostredicte main et oster tous aultres arrestz et empeschemens qui sont ou pourront cy après estre faiz et mis a iceulx fiefz par faulte de devoir, foy et hommaige non fait, et generalement et especialement de faire tout ce que, en ceste partie, appartient, comme se la chose estoit faicte a nostre personne propre, pourveu que celluy qui fera lesdiz foy et hommaige sera tenu de baillier denombrement de sondit fiefz par bonne et ample declaracion en escript es mains de nostre amé et feal secretaire, maistre Jehan du May, et de nostre procureur du lieu que nostredit marissal appellera devers luy pour cest affaire, qui les enregistreront et delivreront, en dedans six sepmaines après pour le plus tart, es mains de nostre tresourier des chartres de Bourgoingne pour les mectre et garder en nostre chambre de tresor. Si donnons en mandement a tous noz justiciers, officiers et sugectz cui ce regardera que, a nostredit marissal, en faisant ce que dit est, ilz obeissent et entendent diligemment, car ainsy nous plaist il, ce present povoir durant, jusques a nostre rappel et après non vaillable. En tesmoing de ce nous avons fait mectre nostre seel a ces presentes. Donné en nostre cité de Constance le huitiesme jour de juillet l'an de grace mil cinq cens et sept et des regnes de nous, roy, assavoir de cellui des Romains le XXIIe, et de Ungherie, etc. le dixhuitiesme. Ainsi signé: Per regem. Et au reply: Par le roy et monseigneur l'archiduc, A. de Wauldripont,, 661 . C'est probablement aussi en tant qu'officier féodal que le maréchal pouvait enquêter sur les droits de justice des détenteurs de fiefs, et devait contrôler l'usage que les chevaliers bannerets faisaient de leurs prérogatives, comme on le voit en Bretagne au xve siècle662 , ou pouvait prendre en sa main (au nom du prin-

661. 662.

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Arch. dép. Nord, B 2204/74 928. Bertrand de Dinan, maréchal de Bretagne, fait partie d'une commission formée par ordre du duc et comprenant notamment les sires de Châteaubriant, de Rieux et de Guéméné-Guingan, ainsi que Jean de Malestroit, évêque de Nantes, chancelier de Bretagne, pour enquêter sur le droit revendiqué par le sire de La Chapelle d'ériger une «justice à quatre pots>> près de la ville de Malestroit, malgré l'opposition du seigneur du lieu. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 1187. Le duc Jean V adresse un mandement à son maréchal le 21 juillet 1433 par lequel il lui ordonne de laisser Jean de Beaumanoir porter bannière «en journées, batailles, enterremens, obseques et tous autres lieux ou il appartiendra>>. Un mandement de même teneur donné le 4 novembre 1440 porte ordre au maréchal de laisser Guillaume de Sévigné porter bannière et d'avoir une justice à trois pots, «pourveu que luy et ses hoirs nous serviront en nos guerres, quand mestier sera, comme nosdits bannerets>>. R. BLANCHARD, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, nos 2096 et 2455.

ce) les châteaux et places fortes qui faisaient l'objet d'un litige, comme on le voit en Savoié63 ou en Barrois 664 . D'autres fonctions furent ponctuellement confiées à des maréchaux de Bourgogne, notamment des charges de capitaine de places fortes: en 1416, Jean de Vergy est ainsi mentionné comme maréchal, gouverneur du comté de Bourgogne et capitaine de Faucogney, place où, par ailleurs, il tenait un lieutenant665. Antoine de Toulongeon, le 12 août 1427, jour de sa nomination en tant que maréchal, capitaine général et gardien, fut institué par le duc capitaine du château d'Argilly avec pouvoir d'exercer l'office ou le faire exercer «par personne ad ce ydoine et souffisant» avec les «gages, droits, profits et émoluments accoutumés». Cette mesure visait sans doute à accroître les revenus du nouveau maréchal et à lui fournir une belle résidence dans le duché, puisque le duc précisait dans ses lettres patentes de nomination qu'il avait «donné audit messire Anthoine de Thoulonjon l'office de cappitain d'Argilly avec sa demourance pour tenir son estat en icellui chastel»666 . Nous savons, par ailleurs, que Thibaud IX de Neufchâtel, cumulait sa charge de maréchal et les fonctions de capitaine du château de Châtillon-sur-Seine et de capitaine de la ville et du château de Montmirey667 . A noter que ce type d'attribution d'offices n'était pas propre à la Bourgogne: dans le duché de Normandie, le maréchal Jean Le Bigot, seigneur de Condé-sur-Risle, est mentionné en avril 1360 comme capitaine de l'abbaye du Bec-Hellouin668 , Claudin de Hellenvilliers cumula le maréchalat de Normandie avec la charge de châtelain et garde du château de Val-de-Reuil entre 1369 et 1377669 , puis avec celle de châtelairr et capitaine du château et de la ville de Caen en 1377-1378 670 . Dans le duché de Bretagne, en 1407, le maréchal Patry, seigneur de Châteaugiron, était capitaine et garde des ville et château de Moncontour671 ; le 3 octobre 1457, le duc Arthur III instituait Jean, seigneur de Malestroit, maréchal de Bretagne et capitaine de Suscinio672 ; en 1487, Jean IV, seigneur de Rieux, était maréchal de Bretagne et capitaine de Rennes 673 . En Guyenne entre 1411 et 1413, le maréchal Jacques, seigneur de Heilly, fut aussi capitaine de Talmont et de La Rochellé74 . En Savoie aux XIVe et xve siècles,

663. 664.

665. 666. 667. 668. 669. 670. 671. 672. 673. 674.

En 1399, Jean de Vernay, maréchal de Savoie, prend en sa main le château de La Sarraz qui faisait l'objet d'un litige. G. CASTELNUOVO, , p. 96 n. 27. 676. G. DUPONT-FERRIER, Gallia Regia, II, nos 8216-8219. 677. J. d' ARBAUMONT, Armorial de la Chambre des comptes de Dijon, p. 104. 678. H. BEAUNE et J. d'ARBAUMONT, La noblesse aux États de Bourgogne, p. 3. 679. R. VAUGHAN, Valois Burgundy, p. 99. 680. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 446. Il est vrai qu'il s'agissait de la chapelle de l'ordre de l'Hermine. M. JONES, Ducal Britanny, p. 140 n. 1. Sur l'activité de Geoffroy de Kerimel en tant que conseiller ducal, voir par exemple M. JONES, Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, I, n° 367, p. 307 (1381) et II, 11° 521, p. 381 et n° 523, p. 383 (1384).

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soit dans les usages de chancellerie, comme en Savoié81 , soit dans le cérémonial, comme en Bretagné82 . C'est parce qu'il prenait rang parmi les premiers et les plus prestigieux conseillers du prince que le détenteur de la maréchaussée pouvait se voir confier des missions diplomatiques importantes. Un maréchal de Bourgogne comme Guy de Pontailler, par exemple, fut, à de nombreuses reprises, choisi comme ambassadeur par le duc Philippe le Hardi: il mena des négociations avec le comte de Savoie en 1368-1369, participa aux négociations avec le roi d'Angleterre en 1375, conduisit une ambassade auprès du duc d'Autriche en 1377 et auprès du duc de Lorraine en 1391, etc. 683 . Jean, seigneur de Toulongeon, fut pour sa part, entre octobre 1425 et janvier 1427 le principal ambassadeur du duc Philippe le Bon lors des négociations tripartites Bourgogne-France-Savoie, notamment aux conférences de Montluel, BourbonLancy et Moulins 684 . Thibaud IX de Neufchâtel, en tant que maréchal, fut lui aussi un actif négociateur et figura dans plusieurs ambassades, notamment dans le cadre des négociations anglo-bourguignonnes en mai 1458 685 , en novembre 1459686 , en janvierl461 687 , etc. Dans les autres principautés, 1' activité diplomatique des maréchaux n'était pas moins grande: au printemps de 1369, Edouard, prince de Galles, envoya Guichard d'Angle, son maréchal d'Aquitaine, en ambassade à Rome auprès d'Urbain V «pour les besongnes de la ducé d'Aquitainne» 688 ; dans les années 1360-1380, les premiers maréchaux de Savoie, Gaspard 1er de Montmayeur et Étienne de La Baume, furent envoyés en ambassade à Venise, à Avignon, à Milan, à Gênes, à Naples; de même Manfred de Saluces joua un rôle de premier plan dans les négociations qui marquèrent la politique italienne des ducs de Savoie entre 1426 et 1434689 . En mai 1412, le duc de Bretagne Jean V envoya son maréchal Armel, seigneur de Châteaugiron, en Angleterre, avec une procuration générale pour conclure une alliance avec Henri IV de Lancastré90 . En novembre 1466, Jean, seigneur de Malestroit, maréchal de Bretagne, figurait

681. 682.

G. CASTELNUOVO, , p. 259-261. 690. Le duc Jean déclare: «Sçavoir faisons que nous, conflans a plain des sens, prudomie et diligence de nostre très cher et loial premier et grand chambellan le sire de Chasteaugiron, nostre mareschal, iceluy avons fait, constitué et estably, et, par la tenour de ces presentes, faisons, constituons et establissons nostre procureur general et messagé especial, o poair de faire, accorder et de promitter et fermer, bonnes, fermes et loiales aliances ovec mondit seigneur le roy d'Angleterre [ ... ]>> (lettres patentes du 10 mai 1412). R. BLANCHARD, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, n° 1132.

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parmi les ambassadeurs envoyés par le duc François II auprès du roi d' Angleterre 691 . L'intervention du maréchal dans la conclusion des traités entre les États est également attestée: ainsi en Bretagne où Je maréchal Jean, seigneur de Montauban, apposa son sceau et sa signature au traité conclu entre le roi de France et le duc de Bretagne à Rennes le 27 juin 1449692 . Le maréchal est aussi communément désigné parmi les conservateurs des trêves: lorsqu'en octobre 1411 des trêves furent renouvelées entre le roi d'Angleterre et le duc de Bretagne, ce dernier désigna «noz très chiers et feaulx chambellans le sire de Chasteaugiron, nostre mareschal, Je sire de Penhoet, nostre amiral, le sire du Juch et Tristan de La Lande, gouverneur de la conté de Nantes» comme conservateurs ayant pour mission de publier les trêves, de veiller à leur application et de contraindre les infracteurs par prise de corps et de biens 693 . En décembre 1431, Antoine de Toulongeon, seigneur de Traves et maréchal de Bourgogne, est nommé en tête des conservateurs des trêves conclues entre Charles VII et Philippe le Bon694 ; de même, en septembre 1475, le maréchal de Bourgogne figurait parmi les conservateurs des trêves conclues à Soleuvre entre le duc Charles et Louis XI695 . Enfin, en tant que conseiller et homme de gouvernement, le maréchal recevait de multiples missions; on a ainsi plusieurs exemples où, en cas de minorité, cet officier se vit confier la tutelle des enfants princiers ou un rôle de conseiller dans le gouvernement de régence: sur son lit de mort, en avril 1383, le comte Amédée VI de Savoie institua son maréchal, Gaspard 1er de Montmayeur, tuteur de son fils, Je futur Amédée VII 696 ; Jean, seigneur de Fénétrange, maréchal de Lorraine, fut désigné comme tuteur du jeune Nicolas de Lorraine lorsque le père de ce dernier, le duc Jean Il, mena une expédition pour tenter de reconquérir le royaume de Naples 697 . En Bretagne, par son testament daté du 11 septembre 1488, le duc François II institua son maréchal Jean IV, seigneur de Rieux, tuteur et garde testamentaire de ses filles, les princesses Anne et Isabelle698 . Philippe le Hardi, testant en septembre 1386, ordonna que s'il décédait, son fils le comte de Nevers qui était «en jeune aage» devrait s'entourer d'un conseil dans lequel le maréchal Guy de Pontailler figurerait 699 . Philippe le Bon, quant à lui, dans le testament qu'il fit le 8 décembre 1441, prévoyait qu'au cas où il viendrait à mourir, Jean de Fribourg, maréchal de Bourgogne, siégerait au conseil de régence 700 .

691. 692. 693. 694. 695. 696. 697. 698. 699. 700.

150

H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 136. Ibid., II, col. 1452-1454. Ibid., II, col. 881. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, IV, preuve 90. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, III, p. 223. G. CASTELNUOVO, «Les maréchaux en Savoie au bas Moyen Age», p. 91. J. DEBRY, «Les maréchaux de Lorraine>>, fiche n° 7. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 602. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, preuve 105. M. SOMMÉ, Isabelle de Portugal, p. 421.

On le constate, en Bourgogne, en Savoie, en Lorraine ou en Bretagne, le maréchal comptait parmi les plus importants conseillers du prince; les missions de gouvernement qui lui étaient confiées étaient toujours des plus hautes 701 .

Le rôle du maréchal dans les cérémonies et les fêtes. Par tout ce qui précède, on peut juger du prestige attaché au maréchalat et à la personne de celui qui 1'exerçait. Dans la plupart des grandes principautés où l'office était resté à la collation du prince, le maréchal était le titulaire de la principale charge militaire permanente (en Bretagne, comme on l'a vu, l'amiral venait hiérarchiquement après lui 702 ); c'est pourquoi, il jouait, dans les cérémonies et les fêtes, un rôle honorifique d'importance703 . Dans les pays bourguignons, sa présence est fréquemment mentionnée dans le cérémonial aulique: le maréchal Guy de Pontailler assista ainsi au mariage de Philippe le Hardi et de Marguerite de Male en 1369704 et il accompagna son maître lors des fêtes du sacre de Charles VI en 1380705 . Il participa aussi aux funérailles du comte de Flandre Louis de Male, à Lille en 1384706 . De la même façon, Jean de Vergy, en tant que maréchal de Bourgogne, assista aux funérailles de Philippe le Hardi et accompagna le nouveau duc Jean sans Peur lors de sa «joyeuse entrée à Dijon», en juin 1404707 . La présence du maréchal dans les fêtes et les autres solennités auliques impliquait souvent une participation active dans le cérémonial: ainsi, lors des obsèques de Louis de Male et de Marguerite de Brabant à Lille en février 1384, Guy de Pontailler figura parmi «li baron qui aidierent a porter le corps de la contesse de Flandres» jusqu'à la collégiale Saint-Pierre, puis, durant la messe de funérailles, il fut de ceux qui offrirent les «pièces d'honneur» (en l'occurrence l'épée de guerre) et aidèrent ensuite à enterrer le corps de la comtesse708 . A la cour de Savoie, lors du banquet organisé à Chambéry à l'occasion des noces du comte de Genève et d'Anne de Lusignan, fille du roi de Chypre, parmi les «chevaliers et escuiers qui alloient devant les rués», figurait «Meffroy de Salusse, mareschal de Savoye»709 . Nous avons vu aussi la place tenue par le maréchal de Bretagne lors de la procession d'entrée du duc dans la salle où étaient réunis les États de Bretagne à Vannes, en juin 1462710 .

701. 702. 703. 704. 705. 706. 707. 708.

709. 710.

Voir le rôle joué par Thibaud IX de Neufchâtel dans la commission de réforme en 1457. J. BARTIER, «Une crise de l'État bourguignon: la réformation de 1457>>, p. 501-511. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 3. Sur le rôle du comte maréchal lors du couronnement du roi d'Angleterre, voir DU CANGE, Glossarium, IV, col. 537-538. G. DUMAY, «Guy de Pontailler, seigneur de Talmay>>, p. 21-22. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 20 528, p. 105. Jean FROISSART, Chroniques, S.H.F., Xl, p. 158-164. U. PLANCHER, Histoire générale et particulière, III, p. 212. La présence du maréchal de Bourgogne lors de cette cérémonie funèbre au cours de laquelle le duc Philippe le Hardi avait voulu manifester l'union politique de ses principautés, revêtait une signification toute particulière. Jean FROISSART, Chroniques, S.H.F., XI, p. 158-164. Jean LE FEYRE DE SAINT-RÉMY, Mémoires, II, p. 291. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, TH, col. 3.

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Parfois, la place occupée par le maréchal dans le cérémonial revêtait une très forte signification politique: nous avons signalé plus haut comment le maréchal de Bourgogne, à la fin du xve siècle, revendiquait une prééminence sur les maréchaux de France, en marchant devant eux lors des cérémonies royales, en raison du prestige particulier de sa fonction et parce que le duc de Bourgogne, de qui il tenait sa charge, était «premier pair et doyen des pairs de France»711 . Mais cet exemple n'est pas isolé: le maréchal de Bourgogne, lieutenant du prince et chef de guerre, avait été désigné, après la victoire de Gavre en juillet 1453, pour conduire la cérémonie de soumission et d'amende honorable des Gantois devant le duc Philippe le Bon: «[ ... ] Et le mareschal de Bourgoingne, noblement accompaigné, conduisait l'ordre et amena les Gantois faire leur amende» 712 • Pour se référer à un exemple situé en dehors de l'espace bourguignon, lorsque Charles de France, frère de Louis XI, fut solennellement intronisé duc de Normandie dans la cathédrale de Rouen en 1465, Thomas Basin, évêque de Lisieux mit au doigt du nouveau duc l'anneau d'or, Guillaume d'Harcourt, comte de Tancarville, connétable héréditaire, lui remit l'épée tandis que Jean de Lorraine, comte d'Harcourt, maréchal héréditaire, pour sa part, lui mit en main la bannière du duché 713 : son rôle politique, militaire et féodal était ainsi symboliquement affirmé dans le contexte très particulier de la séparation éphémère du duché de Normandie d'avec le domaine royal. Par ailleurs, le rôle actif du maréchal dans les «faits d'armes», les joutes et les tournois apparaît non seulement en Bourgogne, mais aussi dans d'autres principautés. C'était le cas en Flandre et nous avons eu l'occasion de souligner qu'au début du xve siècle la fonction de juge de lices semble avoir été la seule fonction officielle des maréchaux héréditaires qui ait subsisté714 . La fonction proprement dite de juge de la joute était, en principe, dévolue au prince; ce n'est qu'en son absence, ou avec son agrément, que le maréchal l'assumait. Le fait apparaît bien dans les «chapitres» du Pas d'armes, dit «de 1' Arbre de Charlemagne», que Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny, avait rédigés le 8 mars 1443: «Et pour ce faire me donne et a donné a juge, très haut et puissant prince et mon très redoubté seigneur, monseigneur le conte de Nevers et de Rethel, et en son absence, monseigneur le mareschal, conte de Fribourg et de Noefchastel» 715 .

711. 712. 713. 714. 715.

152

Cf

supra; Éléonore de POITIERS, Les États de France, p. 93. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, Il, p. 331. H. STEIN, Charles de France, p. 146. Cf supra. Arch. dép. Nord, B 1600, f' 93 V0 • Enguerrand de MONSTRELET, Chronique, VI, p. 72. Le pas d'armes de l'Arbre de Charlemagne se tint à Marsannay-la-Côte, près de Dijon, au mois de juillet 1443, dans des circonstances un peu différentes de celles qui avaient été prévues dans les «chapitres>> du seigneur de Charny.

Si le prince était présent, le maréchal de Bourgogne ou son lieutenant était «maréchal de lice». C'est ainsi qu'en avril 1446, lors de joutes organisées à Arras, Dreu, seigneur de Humières, assuma cette fonction en tant que lieutenant du maréchal de Bourgogne716 . De même, lors du Pas de l'Arbre d'or, en 1468, le duc Charles commit comme maréchal de lice Robert, seigneur de Miraumont, parce qu'il était «lieutenant de monseigneur le marescal de Bourgoingne»717 . L'ordonnancement du fait d'armes entrait de plein droit dans les attributions du maréchal de lice. C'est ce qui ressort du récit du Pas de l'Arbre de Charlemagne que tït Olivier de La Marche dans ses Mémoires; rapportant l'arrivée d'un combattant dans les lices, il écrit: «Ne demoura guieres après que le seigneur de Blamont, pour lors mareschal de Bourgoingne, qui conduisait l'ordonnance de la lice, car c'est le droit et le mestier de mareschal, se tira devers le seigneur de Charny, garde du pas, et luy demanda les bastons pour combattre les ames; car selon le contenu des chappitres cy dessus escriptz, il et ses compagnons devoient livrer les bastons de chascune bataille [ ... ]»718 . Le maréchal était maître des lices 719 , ordonnateur du déroulement des combats et garant du respect des règles ou «chapitres» établis par l'organisateur du fait d'armes 720 . Il avait aussi, éventuellement, un rôle de juge d'armes et c'est pourquoi on le voit parfois présider à des duels judiciaires: ainsi en Savoie en 1397, où le maréchal Boniface de Challant reçut les serments de Girard d'Estavayer et d'Othon de Grandson, avant un duel de ce genre à Bourg-enBresse721. Quelques années plus tôt, en 1391, le maréchal de Bourgogne avait veillé aux préparatifs d'un «gage de bataille» qui devait avoir lieu à Dijon en présence du duc Philippe le Hardi et opposer Othon de Grandson à Raoul de Gruyère722 .

716. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, II, p. 70-79. 717. Ibid., IV, p. 116. 718. Ibid., I, p. 299. 719. C'est probablement parce qu'il se considérait comme tel que Thibaud IX de Neufchâtel fit démolir par ses gens les lices, après le pas d'armes de l'Arbre de Charlemagne, ce qui provoqua une action judiciaire du seigneur de Charny qui fit émettre une «appellacion en France», c'est-à-dire un appel au Parlement, par son procureur. Ibid., I, p. 293 n. 720. La fonction du maréchal de lice apparait clairement dans la description qu'Olivier de La Marche fit des joutes d'Arras d'avril 1446 au cours desquelles s'affrontèrent Philippe de Ternant et Galiot de Baltasin: c'est lui, assisté par des hérauts d'armes, qui devait présider au choix des armes avant chaque assaut; il devait aussi, avant la joute, mesurer une «cordelle>> marquée par des nœuds séparés chacun de deux pieds et demi, servant à imposer à chacun des deux combattants un recul de sept pas en cas de rupture d'assaut ordonnée par le juge, «estant ce cas du dependant de son office>>; il devait enfin signaler au juge les irrégularités et le non-respect des «statuts d'armes>> et des de la joute.lbid., II, p. 70-79. 721. G. CASTELNUOVO, , p. 95 n. 17. 722. Arch. dép. Côte-d'Or, B 11 753.

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Conclusion du cinquième chapitre. Aux XIVe et xve siècles, les compétences politiques des maréchaux s'accrurent de façon considérable. Certes, dans le passé, tel ou tel maréchal avait pu jouer un rôle de premier plan dans le gouvernement de sa principauté (ainsi Obert Auruce dans le Dauphiné au début du XIIIe siècle), mais de tels cas restaient exceptionnels. A la fin du Moyen Age, en revanche, l'extension des pouvoirs des maréchaux eut un fondement institutionnel. Dans ces conditions, il était possible de confier au maréchal, toujours issu de l'élite nobiliaire, des pouvoirs de plus en plus importants par le moyen du cumul des fonctions et par l'attribution de la qualité de conseiller qui le rendait susceptible d'intervenir dans les affaires de politique générale. Dans 1'État bourguignon, de la seconde moitié du XIVe à la fin du xve siècle, il n'est pas excessif d'affirmer qu'à certains moments le maréchal de Bourgogne fut en importance, après le duc et son chancelier, le troisième personnage de l'édifice étatique. En Bretagne et en Savoie, la situation semble avoir été identique. La fin du Moyen Age aurait-elle été, dans les principautés, l'âge d'or des maréchaux?

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CHAPITRE VI LES ATTRIBUTIONS JUDICIAIRES DU MARÉCHAL ET LE RÔLE DU PRÉVÔT DES MARÉCHAUX.

Dès le début du XIVe siècle, l'existence d'une juridiction des maréchaux de France est attestée: un acte royal de février 1317 mentionne la curia marescallorum Francie dont la compétence s'étendait aux gens de guerre servant aux gages du roi; ce tribunal des maréchaux se fixa, à la fin du siècle, à la Table de Marbre du Palais à Paris. Dès la première moitié du XIVe siècle, aussi, des prévôts des maréchaux de France apparurent exerçant, par délégation, les pouvoirs juridictionnels des maréchaux 723 . Dans les principautés, la mise en place d'une justice militaire par 1' attribution d'une compétence judiciaire aux maréchaux, et par l'éventuelle création d'un office de prévôt des maréchaux, ne fut pas si précoce puisque les premiers exemples que nous en ayons, en Bourgogne724 , en Bretagne725 et en Savoie72 6 ne remontent pas plus haut que le début du xve siècle. Cependant, dès cette époque, le phénomène dut être ressenti comme une atteinte aux prérogatives des maréchaux de France; et c'est probablement en partie pour cela qu'en 1413 des lettres patentes de Charles VI vinrent rappeler solennellement qu'à ces maréchaux de France appartenaient «la court, congnoissance, juridiction et correction en touz cas» de tous les gens de guerre qu'ils avaient passés à montre et en revue et qu'ils avaient reçus aux gages du roï1 27 .

Le prévôt des maréchaux dans les principautés. Dans le duché de Savoie au temps d'Amédée VIII, les maréchaux furent investis d'une compétence judiciaire dans le cadre des armées ducales et le principe en fut inscrit dans les Decreta de 1430:

723. G. LE BARROIS D'ORGEVAL,, Le maréchalat de France, 1, p. 244-246 et 329331; Ph. CONTAMINE, Guerre, Etat et Société, p. 198-199. 724. B. SCHNERB, , p. 107-109. Sur le prévôt des maréchaux de France aux XIVe et xve siècle, voir Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, passim, notamment p. 199-200 et 518. Jean du Change est nommé prévôt des maréchaux par le duc de Bretagne par lettre donnée le 25 octobre 1487: Pierre du Chasteau, seigneur de La Julousie, est institué par lettre du 11 juillet 1488. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 575 et 576. Le prévôt des maréchaux, en temps de guerre, était . Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 7-8. Philippe de Clèves l'affirme également: «Item, le prevost des mareschaulx doibt estre de tous poincts subject au mareschal de l'host>>. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 18. « [ ... ] nostre prevost sera tenu de faire le serement a ce pertinent es mains de nostre très cher et amé cousin le mareschal de Bourgoingne, seigneur de Neufchastel, ou en son absence es mains de l'un de ses commis par deça ou fait de nost~edite armee>> (1465). B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 110. «[ ... ] et incontinent doibt faire ledit prevost des marisaulx serment es mains de monsur le marisal ou es mains de monseigneur le chanchelier>> (fin xve s.) Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Ibid.

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général de son père, nomma l'écuyer Guillaume de Pernes «prevost des mareschaulx de nostre presente armee» 743 . L'office n'apparaît donc que de façon récurrente dans la documentation: ainsi en 1420744 , en 1421 745 , en 1453 746 , en 1465 747 , en 1467 748 . En cette année 1467, il devint permanenr7 49 et, à l'extrême fin du xve siècle, probablement au temps de Maximilien de Habsbourg, ses attributions et ses prérogatives firent l'objet d'une «Ordonnance de prevost des marissaulx» 750 . C'est en 1420 également que le prévôt des maréchaux de Bretagne apparaît, cité dans un acte émis par le maréchal de l'ost et les principaux capitaines qui assiégeaient la place de Champtoceaux751 . Il est ensuite mentionné de façon continue au xve siècle, notamment entre 1470 et 1490752 . Le duché de Bourgogne et le duché de Bretagne furent les deux premières principautés dont les institutions militaires comptèrent un officier de ce genre, sur le modèle français. Ailleurs, la création de l'office semble avoir été beaucoup plus tardive: en Provence elle ne date que de 1480753 . Il nous paraît donc utile de mener une étude parallèle de l'institution bourguignonne et de l'institution bretonne qui présentent des points communs mais aussi des différences sensibles. L'office de prévôt des maréchaux était à l'origine, en pays bourguignons, confié à des personnages qui appartenaient parfois à l'hôtel du prince et étaient presque toujours des écuyers: Jean de Quieulenc, le premier prévôt des maréchaux de Bourgogne connu, était, en 1420, écuyer panetier du duc 754 ; en 14521453, pendant la guerre de Gand, la fonction fut assumée par Girard de Brimeu, écuyer d'écurie 755 ; en 1465, le comte de Charolais nomma un autre écuyer picard, Guillaume de Pemes756 ; après lui, en 1467, on trouve cité un écuyer comtois, Étienne de Saint-Martin, seigneur de Percey-le-Grand757 ; en 1472,

743. 744. 745. 746. 747. 748. 749. 750.

751. 752. 753. 754. 755. 756. 757.

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B. SCHNERB, , p. 113. Le livre des trahisons de France, p. 150. Arch. dép. Nord, B 1923, f" 101 V 0 • Matthieu d'ESCOUCHY, Chronique, I, p. 423 et Olivier de LA MARCHE, II, p. 306. B. SCHNERB, , p. 109. Arch. dép. Nord, B 1692, f" 52 V 0 • B. SCHNERB, , p. 110. Ce texte n'est connu que par une copie qui, bien que contemporaine de l'ordonnance elle-même, est assez fautive. Le titre «ordonnance de prevost des marissaulx>> figure en marge et n'accompagnait peut-être pas l'original car cette ordonnance ne concerne pas seulement les compétences du prévôt des maréchaux mais aussi celles du prévôt de l'artillerie et, par extension, les fonctions du receveur et du contrôleur de J'artillerie, formant au total une sorte de règlement de l'armée en campagne sous l'autorité du , Histoire des institutions françaises, I, Les institutions seigneuriales, p. 261. B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 109 n. 33. Arch. dép. Nord, B 2012, f" 448 ra; Matthieu d'ESCOUCHY, Chronique, I, p. 423. B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 109. Arch. dép. Nord, B 1692, f" 52 r 0 • Étienne de Saint-Martin, dit Chenevière, avait été commissaire du maréchal Thibaud IX de Neufchâtel pour recevoir les montres des gens de guerre en 1447. Arch. dép. Côte-d'Or, B 11 882. Il est mentionné comme maître d'hôtel du même Thibaud IX en 1451. Bibl. nat. de France, Lorraine 9, f" 118 r 0 -l29 r 0 •

messire Antoine de Montfaucon, seigneur de Messey, fut le seul chevalier nommé prévôt des maréchaux du duc durant: la période; il remplit cet office aux côtés d'Antoine de Luxembourg, comte de Roucy, alors lieutenant général en Bourgogne758 . Enfin en 1475, dans «l'armée de la mer» commandée par le seigneur de Le Vere, le prévôt des maréchaux était Jean, bâtard de Baenst759 . En même temps que ces trois derniers personnages nommés pour le temps d'une campagne, on trouvait auprès du duc (et sans doute depuis 1467 à titre permanent) un autre prévôt des maréchaux, parfois désigné comme «prevost des mareschaulx de l'ostel de monseigneur»: Maillart ou Maillotin du Bac760 . A la différence des autres, ce dernier était probablement de modeste extraction: les documents comptables ne lui donnent jamais le titre d'écuyer dont seul Georges Chastellain le gratifie. Avant sa nomination en tant que prévôt des maréchaux, il était huissier d'armes du duc 761 . Ainsi, sur les sept prévôts des maréchaux bourguignons connus pour la période 1420-1475, on compte un seul chevalier (ce dernier, du reste, probablement nommé non pas directement par le duc mais, en son nom, par son lieutenant général), cinq écuyers et un personnage probablement non-noble apparaissant au moment où l'office devint permanent. La fonction revêtait donc un caractère subalterne, même si, jusqu'en 1467, ses titulaires étaient tous des représentants de la bonne noblesse de Flandre, de Picardie et de Bourgogne762 . Le récit que Georges Chastellain fait de la nomination de Maillart du Bac semble confirmer que le duc, en nommant ce personnage qui resta en charge jusqu'à la fin de son principat763 , ne cherchait pas à renforcer le prestige de la fonction, mais à en accroître l'efficacité répressive: en effet, Maillart, originaire du comté d'Artois, «natif de Saint-Omer», avait été, alors qu'il n'était encore que huissier d'armes du duc, l'un des auxiliaires des commissaires réformateurs nommés en 1457 764 .

758. 759. 760.

761. 762.

763. 764.

J. de LA CHAUVELAYS, «Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes», p. 218. J. PAVIOT, La politique navale des ducs de Bourgogne, III, p.j. XXXII, no 12. Maillart du Bac est désigné, dans le même document comptable, indifféremment, comme >, p. 510.

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Par la suite il se fit surtout remarquer par la brutalité avec laquelle il remplit ses fonctions 765 . Dans le duché de Bretagne, l'évolution de l'office fut assez différente de celle qu'il est possible d'observer dans les pays bourguignons. En premier lieu, il semble qu'en 1420 il y ait eu plusieurs prévôts des maréchaux en fonction en même temps dans la même armée: on conserve en effet un mandement du maréchal de l'ost Raoul, seigneur de Coëtquen, et des autres capitaines tenant le siège devant Champtoceaux adressé «a tous les prevosts des mareschaux de nostre presente armee» 766 . Cette situation perdura et, entre juillet et novembre 1488, on trouve mention de quatre prévôts des maréchaux, Pierre Christophe, Bertrand de La Touche, Jean du Change et Pierre du Chasteau, seigneur de La Julousie 767 . Cette pluralité s'explique en partie par l'existence de circonscriptions territoriales dotées chacune d'un prévôt car Pierre du Chasteau, dernier cité, avait été institué en juillet 1488 «prévôt des maréchaux au territoire de Guérande et en la baronnie de La Roche-Bemard» 768 . En tout état de cause, si les quatre personnages précédents, en charge à la fin du principat du duc François II, ne semblent avoir été que de simples écuyers, en 1489-1490, au début du principat de la duchesse Anne, on trouve cité un prévôt des maréchaux qui était un personnage d'un rang social supérieur puisqu'il s'agissait de Gilles de Coëtlogon, seigneur de Méjusseaume, chevalier, conseiller et chambellan de la duchesse769 . De toute évidence, à cette date, l'office avait revêtu, par la volonté d'Anne de Bretagne, un caractère prestigieux.

Les fonctions du prévôt des maréchaux: maintien de la discipline et application du droit d'armes. -Un lieutenant du maréchal. Parmi les fonctions du prévôt des maréchaux, certaines n'étaient pas spécifiques et s'apparentaient à celles d'un lieutenant du maréchal- ce que le prévôt était effectivement à l'origine en France770 . Cet officier pouvait, par exemple, recevoir les gens de guerre à montre: c'est ce que firent Antoine de Montfaucon, seigneur de Messey, à Mercueil en Bourgogne en juin 1472771 , et Thomas de Kerazret, prévôt des maréchaux de Bretagne, à Guingamp en avril 1470772 . Parfois, il pouvait être investi d'une mission liée à l'entretien des gens de guerre: en août 1490, le prévôt des maréchaux de Bretagne, Gilles de Coëtlogon, reçut de la vaisselle précieuse destinée à être

765. Georges CHASTELLAIN, Œuvres, IV, p. 421. D'après Chastellain (loc. cit.) Maillart du Bac fut nommé en 1468, mais Jacques du Clercq le mentionne comme déjà en charge en juin 1467, donc à l'extrême fin du principat de Philippe le Bon. Jacques DU CLERCQ, Mémoires, p. 305. 766. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 1022-1023. 767. Ibid., III, col. 576 et 577. 768. Ibid., III, col. 576. 769. Ibid., III, col. 664, 669 et 675. Gilles de Coëtlogon succédait dans l'office de prévôt des maréchaux à Thomas de Kerazret, son parâtre. M. JONES, «L'armée bretonne», p. 156. 770. Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 198-199. 771. J. de LA CHAUVELAYS, «Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes>>, p. 218. 772. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 201.

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«convertie» au paiement de gens de guerre «allemands» qui se trouvaient alors à Redon auprès de la duchesse Anne 773 . Dans 1' ensemble, cependant, les documents font apparaître d'abord le prévôt dans l'exercice de fonctions liées à la justice militaire. -Les conditions matérielles du maintien de la discipline. En premier lieu, le prévôt des maréchaux avait pour mission d'assurer la discipline dans 1' armée. Il agissait en vertu de directives à lui données par le maréchal et les capitaines de l'osr7 74 . C'est ce qui ressort du mandement, en forme de lettres patentes, concernant l'armée bretonne assiégeant Champtoceaux en juin 1420, après la capture du duc Jean V par Olivier de Blois, comte de Penthièvre: il s'agissait là, pour les prévôts des maréchaux, de veiller à ce que les opérations de guerre restent circonscrites dans les limites des terres appartenant aux Penthièvre, afin que nul dommage ne soit causé par les gens de guerre bretons au pays d'Anjou et particulièrement au monastère de Saint-Florent-le-Vieil. «Nous, le comte de Porhoet, les sires de Chasteaubrient, de Rieux, de Guemeneguemgamp, de Coaiquen, mareschal de Bretaigne pour cette presente armee, et de Penhoet, admirai de Bretaigne, terrans le siege devant Chasteauceaux pour le recouvrement de la personne du duc, nostre souverain seigneur, prinse et detenue par Olivier de Blays, nagueres soy disant comte de Penthievre, Charles, son frere, et autres leurs complices et adherez. A tous ceux qui ces presentes lettres verront ou orront, salut. Savoir faisons que, combien que les chastel et chastelenie de Chasteauceaux, que tient et occupe Margot de Clisson, mere desdits Olivier et Charles de Blays, et en laquelle chastelenie la desloiale et traitreuse prinse de nostredit souverain seigneur fut faite, et ses chevaliers et autres gens prins, detenus audit chastel en chartres et prisons, ainsi que on peut savoir, sont situez ou pays d' Angeou; et que pour les causes precedentes ai ons siegé ledit chastel et faisions guerre a ladite chastelenie et autres terres que tiennent ladite Margot, ses enfans, leurs complices et alliez, et pour ce que nous sommes sçavans et adcertenez que ledit pays d' Angeou n'est aucunement allié de ladite Margot et de sesdits enfans a 1'encontre de nostredit souverain seigneur ne de nous, nous ne voulons ne entendons aucunement faire ne mener guerre audit pays d' Angeou, oultre ne en plus large que ladite chastelenie de Chasteauceaux et autres terres de ladite Margot, sesdits enfans et leurs alliez, s'aucunes y en avoient; et par especial a la chastelenie de Saint Florent le Vieil

773. Ibid., III, col. 675. 774. Avant l'apparition des prévôts, les maréchaux avaient directement la responsabilité de châtier les actes d'indiscipline. Ainsi, par exemple, en allait-il des maréchaux de l'ost nommés par Louis 1er d'Anjou lors de son «voyage d'Italie>> de 1381-1382: . Koninklijke Bibliotheek (La Haye). Ms. 128 R 17, fD 82 r 0 •

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qui est la terre de l'Eglise, laquelle est procheine et joignant de ladite chastelenie de Chasteauceaux, combien que aucuns aient voulu dire qu'ils avoient soustenu aucuns brigans a 1' encontre de nous, terrans le parti de nos ennemis; mais ainçois les avons asseurez et leur donné et donnons bonne et loyale seureté et asseurance de nous et des autres terrans le parti de nostredit souverain seigneur, tant a eux qu'a leurs biens, justes possessions et saisines quelconques. Pourquoi mandons et commandons de par nostredit souverain seigneur, et requerons de par nous a tous capitaines de gens d'armes et de trait, et autres terrans son parti, bienveillans, subgetz et alliez, qu'ils, ne aucuns d'eux, ne soient tant osez ne hardis de meffaire a ladite chastelenie de Saint Florent, ne ailleurs oudit pays d' Angeou, fors et si n'est ezdites choses et terres exceptees que y tiennent ladite Margot, sesdits enfans, leurs alliez et complices, s'aucuns sont, ainsi que dessus, y prendre, piller ne ravir nuls ne aucuns biens, outre la voulenté des y demourans et manaus, ne y faire excez ne outrages en aucune maniere; mais ainçois que ils tiennent et gardent sans aucunement enfraindre ceste nostre presente seureté et asseurance, sur la peine que a tel cas appartient; en leur mandant et commandant, de par nostredit souverain seigneur, que [se] ils, ou aucuns d'eux, ont ou detiennent aucuns prisonniers de ladite chastelenie de Saint Florent ne d' aillours oudit pays d' Angeou, fors et si ce n'est desdites terres exceptees, qu'ils les en envoient et mettent amplement a delivrance sans aucune rançon en prendre en aucune maniere; et se ils, ou aucuns d'eux, en sont delayans et refusans, nous mandons et commandons de par noslredit souverain seigneur a tous les prevosts des mareschaux de nostre presente armee ou leurs lieutenans, en commettant, si mestier est, que vous, ou l'un de vous, les faites mettre a pleine delivrance sans aucun delay ou dissimulation quelconque, en contraignant ceux qui en seront refusans ou delayans ad ce faire, par toutes voyes dues et possibles; et de ce faire avons donné et donnons, a vous et a chacun de vous, plain pouvoir et autorité de par nostredit souverain seigneur; mandons et commandons a tous et a chacun les vassaux, subgets, alliez et bienveillans de nostredit souverain seigneur en ce faire vous obeir et estre diligemment entendans. Donné devant Chasteauceaux soubz les sceaux de nous, sires de Chasteaubrient et de Guemeneguengamp, mis et apposez a ces presentes, tant pour nous que pour les autres dessusdits et a leurs requestes en absence des leurs, le 21 e jour de juin 1420»775 . Une des charges premières des prévôts des maréchaux fut de réprimer les actes d'indiscipline des gens de guerre. Dans la lettre de commission donnée par Charles, comte de Charolais, à Guillaume de Pernes, en mai 1465, ce dernier se voyait chargé de «prendre, saisir, emprisonner [ ... ] toutes manieres de malfaicteurs de nostredite armee, iceulx pugnir et faire pugnir et corrigier a l'exemple de tous autres, selon leurs demerites et 1 'exigence des cas»776 . Cette mission était multiforme. Le prévôt assurait 1'ordre dans 1'armée en faisant appliquer ordonnances et règlements dont la publication lui

775. 776.

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H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, II, col. 1022-1023. Texte cité dans B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 113.

incombait: dans son ordonnance élaborée en mai 1476, le duc Charles de Bourgogne avait prévu que les gens de guerre blasphémateurs récidivistes seraient remis par leurs capitaines «ès mains de son prevost des mareschaulx, pour estre pugniz et corrigez selon l'arbitraige et ordonnance de mondit seigneur». Le duc ordonnait encore que ceux qui se rendaient coupables de «cas plus griefz, villains et detestables contre Dieu, nostre foy et loy» devaient, eux aussi, être livrés «ès mains de son prevost des mareschaulx, pour porter telle peine et pugnicion qu'il appartiendra» 777 . Dans 1'«Ordonnance de prevost des maris saulx» des années 1480-1490 il était prévu que le prévôt, lorsque l'armée était en campagne, devait punir les gens de guerre qui ne tenaient pas leur place dans l'ordre de marche, quittaient le quartier qui leur était assigné par le «grand fourrier» (c'est-à-dire le maréchal des logis) lorsque le camp était installé, prenaient à gages le serviteur, le palefrenier ou le page d'un autre sans son consentement, etc. 778 . Le rôle répressif dévolu aux prévots des maréchaux impliquait aussi l'ouverture d'informations et d'enquêtes, comme le montre l'exemple breton: en décembre 1488, à la suite d'un tumulte provoqué par des gens de guerre dans la ville de Nantes, ordre fut donné à Pierre Christophe, Bertrand de La Touche et Jean du Change, tous trois prévôts des maréchaux, «de connoistre toute cette matiere, sequelles, dependances, circonstances, contre tous ceux qui en seront trouvez coupables, et faire bonne et brieve justice sur les propositions que en feront le procureur de Nantes et le procureur de Ploermel, quelles sentences feront aussi tost executer»779 . Doté, dès l'origine, d'un pouvoir coercitif, et ayant en charge les exécutions criminelles dans 1' armée, le prévôt des maréchaux était également responsable de l'exécution des prisonniers de guerre: nous en avons plusieurs exemples dans le cadre des armées des ducs de Bourgogne: en 1421, au siège de SaintRiquier780 , en 1453, durant la guerre contre les Gantois781 , en 1476, durant les

777. J. de LA CHAUVELAYS, «Les armées des trois premiers ducs de Bourgogne>>, p. 326. 778. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. 779. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 577. 780. Paiement à Pierre Fourre, archer de la compagnie de Jean de Luxembourg servant au siège de Saint-Riquier, de 18 francs «pour la raençon de trois prisonniers tenans le party contraire du ruy et de mondit seigneur, que icellui seigneur a fait prendre et acheter de lui et iceulx delivrer au prevost des mareschaux de son ost pour en faire justice>>. Mandement du duc donné à Gand le 28 septembre 1421. Arch. dép. Nord, B 1923, f' 101 V 0 • 781. Décrivant la reddition de la forteresse de Schendelbeke, tenue par les Gantois, Olivier de La Marche conclut son récit par ces mots: (24 mars 1432). R. BLANCHARD, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, n° 2012. Pouancé, Maine-et-Loire, arr. Segré, ch. 1. cant. 784. Lettre de commission du 20 mai 1465 en faveur de Guillaume de Pernes. B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 113-114. 785. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526 et B. SCHNERB, , p. 112. 786. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 7. Selon l' , lors des entrées princières dans les villes il venait . Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. 787. Paiement des gens de guerre de la compagnie du prévôt des maréchaux pour les mois de mars à juillet 1472. A.G.R., CC 25 542, fO 17 V 0 et 73 V 0 • 788. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526 et B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 112. 789. Pour le prévôt des maréchaux breton, voir le mandement du 21 juin 1420 cité plus haut. H. MORICE, Mémoires pour servir de Preuves, II, col. 1022-1023; pour le prévôt bourguignon, voir la lettre de commission donnée à Guillaume de Pernes en mai 1465. B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 113-114.

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ou au mareschal; et plustost qu'il y eust faulte, ou que rudesse luy fust faicte, le debvriez assister de toute vostre puissance: car sur tout, vous ne debvez souffrir qu'il soit oultraigé, et debvriez reputer l' oultraige à luy faicte comme à vous mesmes [ ... ]»790 . Contre les fauteurs de troubles, l'arsenal répressif était impressionnant. Dans l' «Ordonnance de prevost des marissaulx», les exécutions capitales faisaient l'objet d'une tarification détaillée: pour chaque exécution le prévôt ou son lieutenant recevait la somme de 12 écus (de 48 gros l'écu), mais ce droit était doublé si le condamné était traître, «boute feu» ou criminel de lèse-majesté. Après chaque exécution, les serviteurs du prévôt avaient droit, coutumièrement, à un «dîner gracieux» d'une valeur de 2livres (de 40 gros la livre) «pour eulx recreer ensemble» (cette dépense était à la charge du prévôt, sauf dans le cas où il s'était substitué, pour l'exécution, à une justice seigneuriale - dans ce cas le seigneur prenait le «vin des compagnons» à sa charge). Le confesseur du supplicié recevait 12 gros; le «maistre des haultes œuvres» recevait, quant à lui, 6livres parisis de Flandre pour une pendaison ou une décapitation à l'épée; pour les mises à mort techniquement plus difficiles, par le feu ou par écartèlement, le tarif était double 791 (d'autres peines pouvaient être appliquées: sous les murs de Grandson, en mars 1476, certains captifs furent noyés dans les eaux du lac de Neuchâtei1 92 ). Les châtiments corporels comme la fustigation ou la «cision des oreilles» rapportaient 20 gros monnaie de Flandre793. A ces peines afflictives s'ajoutaient des amendes dont le produit était perçu par le prévôt qui devait en rendre compte794 . En vertu du droit de dépouilles les biens trouvés sur les criminels, et notamment 1'or et 1'argent, étaient partagés, par moitié, entre le prévôt des maréchaux (ou son lieutenant) et ses serviteurs795. -Les compétences juridictionnelles. Darrs la lettre de commission par laquelle il instituait Guillaume de Pernes, en mai 1465, le comte de Charolais donnait pouvoir à son prévôt des maréchaux «de congnoistre, decider et determiner de tous meffais, tors, tenseries, oppressions ou complaintes qui adviendront entre les compaignons de guerre et autres estans et qui seront en nostredite armee» et «d'admenistrer justice et raison quant requis en sera et ès cas qu'il appartiendra»796. Olivier de La Marche précise en effet que le prévôt «tient la justice parmy l'ost, tant criminelle comme civile, et peut oyr de toutes matieres, excepté de faict de guerre; juge et execute crimirrellement, appointe et juge les causes civiles, sans y appeler autre personne, s'il ne luy plaist»797 . En outre, selon le

790. 791. 792. 793. 794. 795. 796. 797.

Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 43-44. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Nous avons vu plus haut qu'en 1453 le prévôt des maréchaux payait le bourreau 10 sous monnaie de Flandre pour chaque exécution. Arch. dép. Nord, B 2012, f 0 448 T0 • B. SCHNERB, «Un thème de recherche>>, p. 110. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Lettre de commission du 20 mai 1465 en faveur de Guillaume de Pernes. B. SCHNERB, , p. 113-114. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. B. SCHNERB, fut rédigée, il semble que, dans le cadre de la justice militaire, la juridiction de la maréchaussée, jusqu'alors exercée par le prévôt, ait été confiée au maréchal de Bourgogne (en dehors de l'ost, il en allait différemment, comme nous allons le voir): le prévôt des maréchaux, dès lors, n'eut plus pour tâche que d'instruire l'affaire et de transmettre le dossier à la cour du maréchal. Ce dernier, entouré d'un conseil constitué de capitaines («les seigneurs ordonnez avecques luy») devait tenir deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, un > pour «faire droit et justice» à chacun. Le prévôt des maréchaux intervenait ensuite pour exécuter les décisions de la cour du maréchal799 • Cette situation perdura et Philippe de Clèves la décrit parfaitement dans ses Instructions de toutes manieres de guerroyer: «Item, que toutes manieres de guerre et justice, aussi appel de gaige ou autrement en quelle maniere que ce soit, se doibvent faire par devant ledict mareschal de l'host pour en ordonner selon que le cas le requiert comme celluy qui en a toute haulte justice; car [ ... ] ledict mareschal represente la personne du prince, et le prevost est subject audit mareschal, en telle forme qu'au plustost qu'il ait prins un malfaicteur, il doibt, après l'avoir ou y parler, venir devers ledict mareschal de l'host, et l'avertir de ce qu'il aura peu sçavoir dudict malfaicteur, ou de plusieurs s'ilz y sont; et ne peult ne doibt ledict prevost mectre à question par forme de torture, sans en avertir ledict mareschal, ou qu'il y ait homme deputé pour lu y; et ne sont a condampner criminellement nuls malfaicteurs sinon en la presence de mondit seigneur le mareschal, ou celluy qu'il y commettra; et ledict mareschal doibt avoir gents clercs congnoissans les faicts de justice» 800 . Philippe de Clèves préconisait même, dans les camps en temps de guerre, la tenue quotidienne d'une audience du maréchal pour régler les questions touchant au droit d'armes. Il conseillait, dans ce cadre, la présence de juristes et l'utilisation de l'Arbre des batailles d'Honoré Bouvet. «En après, doibt le mareschal de l'host mettre heure au matin, ou à l'après disner, celle qu'il aura plus de loysir, pour ouyr toutes gens qui se pleindent; et s'il y a autre matiere pesante, doibt requerir quelque capitaine ou autre qui luy semble qu'il soit congnoissant en tel cas, pour en faire par conseil et avis; et doibt avoir ledict mareschal avec luy aucunes gents doctes et lettrez, pour plus faire la chose selon la raison; et seroye d'opinion, que ledict mareschal eust tousjours avec luy l'Arbre des batailles; car c'est un livre qui declaire beaucoup de choses, selon la justice militaire, et des differents qui peuvent venir devant luy; et en le jugeant de la sorte comme le livre le dict, nul ne le pourroit contredire, et en seroit bien à la paix de sa conscience» 801 .

798. B. SCHNERB, «Un thème de recherche», p. 113. 799. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. 800. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 13-14. 801. Ibid., p. 43. Sur le droit d'armes dans l'Arbre des batailles, voir Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 202-204.

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Dans le domaine du droit d'armes, le maréchal et le prévôt avaient également un rôle à jouer dans le partage du butin (sur lequel ils percevaient un droit). Ils supervisaient en particulier la vente aux enchères qui était annoncée dans le camp à son de trompe par leurs trompettes 802 et nous avons vu, à propos des «butiniers» de Luxembourg, en 1443, que ce fut probablement parce qu'il exerçait l'office de maréchal en tant que lieutenant que le seigneur de Humières organisa la vente publique du butin803 . -Les limites de l'autorité du prévôt des maréchaux au sein de l'armée: l'autorité du prévôt de l'artillerie. Dans les armées du duc Charles de Bourgogne, les attributions du prévôt des maréchaux dans le domaine de la discipline militaire furent quelque peu réduites en raison de l'organisation particulière de l'artillerie. En effet, le duc avait institué un maître de l'artillerie ayant l'autorité d'un lieutenant du prince804 ; il lui avait adjoint un prévôt de l'artillerie doté d'une compétence juridictionnelle qu'Olivier de La Marche a décrite: «Le maistre de l'artillerie a prevost en son artillerie, lequel a jurisdiction et auctorité de justice sur ceux de l'artillerie, et en peut faire justice criminelle ou civile, telle qu'illuy plaist selon l'exigence du cas»sos. L' «Ordonnance de prevost des marissaulx» indique que, dans les années 1480-1490, la compétence exclusive du prévôt de l'artillerie était toujours une forte réalité. Symboliquement, le prévôt des maréchaux ou son lieutenant ne pouvait entrer dans le camp de l'artillerie son bâton rouge levé; il devait le «laisser tomber vers la terre». Il ne pouvait y arrêter lui-même un criminel: seul le prévôt de l'artillerie pouvait faire procéder à l'arrestation et lui faire remettre le prisonnier «tout nu en sa chemise» - car dans ce cas le droit de dépouilles s'exerçait au seul profit du prévôt de l'artillerie et de ses gens et non à celui du prévôt des maréchaux806.

802. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Dans les Instructions de Philippe de Clèves il est prévu que tous les prisonniers et le gagnés par les gens de guerre de l'armée doivent être déclarés au maréchal «pour en faire droit et raison>>. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 15. 803. Cf supra. Enguerrand de MONSTRELET, Chronique, VI, p. 91. Sur le droit du butin en France, en Angleterre et en Bourgogne, voir Ph. CONTAMINE, «Butins et rançons dans la Normandie anglaise (1424-1444)>>, p. 241-270 et B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 95-99. 804. «L'artillerie se conduit soubz ung chevalier qui se nomme le maistre de l'artillerie, lequel a telle auctorité, qu'il doit estre obey en son estat comme le prince>>. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 89. 805. Ibid., IV, p. 91. 806. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Le prévôt de l'artillerie, sous l'autorité du maître de l'artillerie, entre les mains duquel il prêtait serment (comme le prévôt des maréchaux était sous l'autorité du maréchal), avait en charge d'assurer le maintien de la discipline au sein du groupe des gentilshommes, des servants, des charretiers et des valets qui servaient dans l'artillerie. Il organisait le charroi et le maintenait en ordre et aidait le maître à établir le camp pour les hommes, le matériel, les bêtes et les chariots. Ibid.

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L'organisation du ravitaillement de l'armée. Tout comme le prévôt des maréchaux de Francé07 , le prévôt des maréchaux du duc de Bourgogne jouait un rôle essentiel dans l'organisation du ravitaillement de l'armée. La commission donnée par le comte de Charolais à Guillaume de Pernes, en mai 1465, précisait que ce dernier devait faciliter la venue des marchands désireux de ravitailler l'ost en leur délivrant ses «lettres de pas et seurté» et fixer les prix des denrées et marchandises proposées à la vente dans le camp 808 . Cette mission est également signalée par Olivier de La Marche: le prévôt des maréchaux, écrit-il, «conduict les marchans [et] mect les vivres a prix» 809 . Philippe de Clèves écrit, quant à lui: «Item, doibt aussi ledict prevost des mareschaulx, avoir la totale cure et charge des marchants et vivandiers de l'host, et les doibt garder de toutes foules et oppressions; et doibt sçavoir quels vivres il y a en l'host et dont ils peuvent venir, et du tout en avertir ledict mareschal de 1'host, pour y pourvoir par son auctorité; car a lu y apartient d' escripre, pour faire une estape ou plusieurs pour lesdicts vivres, si besoing est; et leur donner conduicte en seureté pour venir, si le dangier y est» 810 . L' «Ordonnance de prevost des maris saulx» donne des precisions sur ses fonctions particulières 811 : sur ordre du duc, le maréchal devait remettre à son prévôt des «placars» à l'adresse des populations des villes et des villages pour qu'elles envoient des vivres en l'ost. En même temps, il devait faire savoir, par cri public, que les marchands ravitaillant l'ost étaient sous la garde du duc et qu'il était interdit de les attaquer «sur le hart». Il avait aussi en charge l'organisation du charroi des «vitailliers et marchans» 812 . Ceux-ci devaient venir, dans l'ordre de marche de l'armée, après le train de l'artillerie. Dans le camp, un marché devait être organisé, sur l'indication du «grand fourrier» (maréchal des logis) et sous la responsabilité du prévôt des maréchaux, autour duquel tous les marchands devaient se loger avec leurs chariots «enclos l'ung dedens l'autre», à l'exception de ceux qui proposaient des marchandises de luxe «comme de soye, chainnes ou vaselles» et qui, eux, devaient être placés près du quartier du prévôt des maréchaux pour y être plus sûrement gardés. Lorsque les marchands et ravitailleurs devaient aller se réapprovisionner, de trois jours en trois jours, le prévôt des maréchaux devait organiser leur convoi, le maintenir en ordre et en conduire l'escorte. Chaque soir il était tenu de fournir la liste des vivandiers et de faire son rapport au maréchal sur l'état du ravitaillement813 .

807. 808. 809. 810. 811. 812.

Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 124-125, 323, 329 et 518. B. SCHNERB, «Un thème de recherche», p. 113. Olivier de LA MARCHE, IV, p. 8. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 19. Pour ce qui suit, sauf indication contraire, voir Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Ce fait est déjà attesté durant la guerre contre Gand de 1452-1453. B. SCHNERB, , p. 111. 813. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Selon Philippe de Clèves: «> étaient, en temps ordinaire, payés par l'argentier du duc. A.G.R., CC 25 542, f' 73 v 0 • 818. En 1467, Étienne de Saint-Martin est mentionné comme prévôt des maréchaux du duc, alors que Maillart du Bac remplit déjà ce même office. Arch. dép. Nord, B 1692, [0 52 r0 et Jacques DU CLERCQ, Mémoires, p. 305. En juin 1472, Maillart du Bac servait auprès du duc Charles tandis que dans l'armée levée en Bourgogne par le comte de Roucy, Antoine de Montfaucon, seigneur de Messey, remplissait lui aussi l'office de prévôt des maréchaux. A.G.R., CC 25 542, fo 73 v 0 et J. de LA CHAUVELAYS, «Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes>>, p. 218. De juin à septembre 1475, Jean, bâtard de Baenst, prévôt des maréchaux de «l'armée de la mer>> avait été nommé à cette fonction par le seigneur de Le Vere qui avait le commandement de la flotte. J. PAVIOT, La politique navale des ducs de Bourgogne (1384-1482), III, p.j. XXXII, n° 12 et 16. 819. D'après Jacques du Clercq, Maillotin du Bac était déjà en charge en juin 1467. Jacques DU CLERCQ, Mémoires. p. 305.

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à estre tant douté et tant crému en roide justice, que toutes gens mesfaits et surclamés trembloient seulement d'en oyr le nom, dont plusieurs ont esté trouvés, qui se despaysoient ou alloient en loingtains voyages, cuidans fuir leur male fin. Et certes bien faisoit besoin alors; car les pays çà bas estoient si pleins de mauvaise garçonnaille et de mauvaise trusson, que tout estoit perdu et gasté; et se commettoient tous les jours par divers lieux inhumainement meurtres et vilains faits, aussi coutumièrement comme il est d'aller par rue; n'estoit ne honte ne abhomination de tuer gens, ne de les vilener et desmembrer pour un mot, non plus qu'il est de boire. Tous les pays gisoient subgects à gens de huiseuse, compaignons de la facque, houvers, putiers, ruffiens, hennebennes, buveurs de vin et gasteurs de draps, qui nés estoient pour boire eaue et mener la charrue; et maintenant, pour ce qu'on les avoit ainsi souffert croistre, sous ombre que aucune fois on en avoit eu affaire en temps de murmures et de rumeurs entre le roi et le duc père et fils, ils estoient tant multipliés par les bonnes villes et si enracinés dedans, que le nombre en passoit le trop; desroboient et destroussoient baudement gens par nuit en pleine rue, et leur ostoient les bourses, et les ruoient à rivières, tous desguisés; et faisoient tant de maux, en tel lieu fust, qu'il estoit besoin que tel roide et aigre mordant bras les venist comprimer et rebouter, ou nul n'eust eu riens sien ne par champs ne par ville, si bien en Flandres que ailleurs» 820 . L'augmentation de la délinquance, selon l'historiographe de la Maison de Bourgogne, était due aux troubles politiques, à la perversion des esprits, à l'affaiblissement de la moralité publique et à l'action d'oisifs devenus criminels qui étaient souvent d'anciens gens de guerre. Dans ces conditions, l'extension des pouvoirs du prévôt des maréchaux était une conséquence de cet état de fait et une nécessité. A cette explication moralisante, justifiant l'idée que la réforme de la société passe par une nécessaire et impitoyable répression de la délinquance8 21 , on peut préférer l'exposé institutionnel d'Olivier de La Marche: décrivant la prévôté des maréchaux vers 1473, il montre que, depuis la réforme de Charles de Bourgogne qui a fait de l'office une charge permanente, il faut distinguer les attributions du prévôt en temps de guerre, dans le cadre militaire (maintenir la discipline), et son action en temps de paix, dans le cadre d'une justice prévôtale qui pouvait s'exercer dans toutes les principautés du duc, sans considération de ressort territorial822: «[ ... ] iceluy prevost sert en temps de paix de faire les executions criminelles, et a par tout le pays du duc juridiction et povoir, et par toutes les villes, excepté en l'ostel du duc, qui est en la juridiction des maistres d'ostel; et sert icelui prevost pour les divers pays et les diverses seignouries qui sont en la main du duc. Car, ung cas criminel, meudre ou autre, faict en Brabant, le criminel ne pourroit estre poursuivy en Flandres ne en Haynnau, pour ce que les justices ne ressor-

820. 821. 822.

Georges CHASTELLAIN, Œuvres, V, p. 421-423. Sur cette question, voir Cl. GAUVARD, Crime, État et Société, 1, p. 197-208. B. SCHNERB, «Un thème de recherche», p. 111-112.

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tissent point 1'une a 1'autre; et pareillement de pays en pays se sauveraient les malfacteurs. Parquoy a esté ordonné le prevost des mareschaulx pour aller partout et a povoir du prince par tout»8 23 . Cette réalité est confirmée par l' «Ordonnance de prevost des marissaulx»: «Item, peult prendre ledit prevost ou son lieutenant par tout les pays de mondit seigneur comme de ses vasaus et en faire justice selon leur cas» 824 . Il pouvait même intervenir sur les terres de franchise, moyennant une commission ducale renouvelée annuellement: «Item, doyt ledit prevost lever ou son lieutenant tous les ans une commission pour aller sur les terres frances, la ou il trouvera hommicides, mordreurs, boute feuz, larons, enforceurs de fames, et ladite commission ne dura que ung an» 825 . Un exemple très précoce de fonctionnement de cette justice prévôtale est offert par Jacques du Clercq dans ses Mémoires. Il y décrit l'intervention de Maillotin du Bac qui vint trancher le nœud gordien d'une affaire dans laquelle un criminel endurci tentait de faire jouer les conflits de compétence entre la justice échevinale d'Arras et la cour temporelle de 1'évêque. «Audict an soixante sept, le onziesme jour de juing, par le commandement du comte de Charrollois, Maillotin du Bacq, prevost des mareschaulx, entre cinq et six heures du matin, en la ville d'Arras, entra en la Cour le Comte, et illecq ung prisonnier nommé Guillaulme Were, natif de la cité d'Arras, emmena hors de la ville, au bois de Mofflaines, auquel lieu a ung arbre le feit pendre et estrangier; et la cause feust pour ce que icelluy Guillaulme Were, de l'age de trente ans ou environ, luy estant marié et ayant trois ou quatre enfans, une femme de la ville d'Arras, laquelle alloit aux champs veoir des bleds croissants qu'elle avoit prins a soyer a l'aoust prochain, print par force, et la traîna audict bled, et la viola contre sa vollonté. Icelluy Guillaulme estoit accompaignié d'ung compaignon nommé Jehan, de la ville d'Arras; lequel, après que ledict Guillaulme euist fait sa vollonté d'elle, en feit autant que ledict Guillaulme; et contre son gré et vollonté la viola, et print sa compaignie; et après qu'ils eurent ce faict, toilit a ladicte femme 1'argent de sa bourse. Icelluy Guillaulme estoit renommé d'estre de malle vie, et par especial avoir esté plusieurs fois reprins de larcin et d'aultres choses, et pareillement estoit son compaignon; ils feurent touts deulx prins prisonniers et requis de leur couronne comme clercqs, et feut ledict Jehan rendu a son ordinaire; mais ceulx de la ville d'Arras ne vollurent rendre ledict Guillaulme, mais differerent tant qu'ils eurent envoyé devers le comte de Charrollois son information: laquelle veue, le comte de Charrollois prestement envoya son prevost des mareschaulx a Arras, auquel il commanda qu'il feist

823. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 7. 824. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. 825. Ibid.

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aultre information d'icelluy Guillaulme, et s'il trouvoit que l'information qu'on luy avoit envoyee feust vraie, que prestement le feist pendre, comme le feit. Et trouva ladicte information vraie, et encoires plus, par quoy il accomplist la vollonté du comte en faisant justice comme dict est, et s'il euist peu avoir l'aultre son compaignon, duquel il feit bonne diligence, mais il ne le peult ravoir, il en eust faict pareillement que dudict Guillaume» 826 . L'action du prévôt des maréchaux débordait donc désormais nettement le cadre strict des institutions militaires; du reste «en temps de paix», pour reprendre la distinction opérée par Olivier de La Marche, le prévôt ne dépendait plus du maréchal de Bourgogne mais seulement du duc, comme l'exemple précédent nous le montre clairement; c'est probablement pourquoi dans l' «Ordonnance de prevost des marissaulx» il fut prévu que le prévôt pouvait éventuellement prêter serment entre les mains du chancelier. Cette extension du champ d'exercice de la justice prévôtale a souvent été présentée comme un «abus». Il faudrait sans doute nuancer cette vision des choses puisque, dans l'affaire relatée par Jacques du Clercq, on voit au contraire que la justice échevinale et le prévôt des maréchaux coopérèrent étroitement, l'intervention du prévôt ayant même été suscitée par les juges arrageois. Cependant, il est aussi vrai que le prévôt pouvait entrer en concurrence avec les juges ordinaires: pour revenir encore à l'exemple précédent, les juges de la cour temporelle de l'évêque avaient vu un de leurs justiciables leur être brutalement ct définitivement soustrait. En France, après la mort de Louis XI, des plaintes contre les «abus» de la justice prévôtale arrivèrent jusqu'au conseil royal devant lequel la question fut débattue en décembre 1483 827 . Dans le duché de Bretagne où, comme dans les pays bourguignons, l'action du prévôt des maréchaux semble, par la volonté du prince, être, à diverses occasions, sortie du cadre de la justice militairé 28 , une réaction s'affirma après le mariage de Charles VIII avec la duchesse Anne. C'est ainsi que, dans les privilèges accordés aux Bretons le 7 juillet 1492 «à la requête et sur remontrance des gens d'Église, nobles, bourgeois, manants et habitants dudit pays», un article vint préciser qu'à l'avenir la compétence du prévôt des maréchaux serait limitée à la justice militaire: «Et semblablement avons interdit et defendu, interdisons et defendons a nostre prevost des mareschaux audit pays de Bretagne qu'il ne tienne ni exerce aucune juridiction ou justice audit pays, fors seulement sur les gens de guerre, tenants les champs, et aussi durant le temps qu'ils seront en l'armee» 829 . Dans les principautés bourguigonnes, le destin de la prévôté des maréchaux fut différent de celui qu'elle connut dans le duché de Bretagne. Dans les pays

826. Jacques DU CLERCQ, Mémoires, p. 305. 827. Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 518 n. 180. 828. Voir un mandement adressé à Gilles de Coëtlogon, prévôt des maréchaux, de faire défense aux habitants de Bedescq de faire payement d'aucunes sommes à Pierre Jemouan. H. MORICE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 664. 829. Ibid., III, col. 729.

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conquis par les Français après la mort de Charles le Hardi, malgré le maintien de la maréchaussée de Bourgogne jusqu 'en 1503, le prévôt disparut et fut remplacé par un lieutenant du prévôt des maréchaux de France8 30 . En revanche, l'institution susbsista dans les principautés tenues par la Maison de HabsbourgBourgogne. Là, la justice prévôtale continua de fonctionner en dehors du cadre de l'ost et l' «Ordonnance de prevost des marissaulx» des années 1480-1490 en réglementait l'exercice en détail 831 : le rôle du prévôt des maréchaux comme officier de justice en dehors du cadre militaire se manifestait d'abord au moment des «joyeuses entrées» du duc dans les villes. Il figurait lui-même dans le cortège «bien acompaignié de ses archiers», marchant devant les gens d'armes à cheval, son bâton rouge en main. Il avait ensuite pour mission de s'informer afin de dresser la liste de ceux à qui le duc pouvait faire grâce à 1'occasion de sa joyeuse entrée: les noms des délinquants et la nature de leurs délits devaient être portés dans un registre par le clerc du prévôt des maréchaux; ce registre était ensuite remis au maréchal qui le présentait au duc. Ce dernier accordait sa grâce, sauf aux incendiaires, aux violeurs, aux traîtres, aux meurtriers et aux coupables de crime de lèse-majesté 832 . Ordre était ensuite donné au prévôt des maréchaux de faire expédier les lettres de rémission par son clerc (cette charge était récompensée par l'octroi d'un pot de vin) et de veiller à ce que les bannis aient quitté les lieux dans les huit jours. En temps ordinaire, comme on l'a vu, le prévôt des maréchaux pouvait arrêter tout délinquant et en tout lieu. Il exerçait toujours le droit de dépouilles lorsque le criminel était appréhendé dans une ville où logeait le prince car, en ce cas, il avait en charge l'exécution de justice. En revanche, dans le cas où le prince ne logeait pas dans la ville, ce droit pouvait lui être refusé car le délinquant devait être remis entre les mains de 1' officier de justice du lieu, mais alors, ce dernier devait indemniser le prévôt de son droit. Il pouvait aussi agir en se substituant à une justice seigneuriale ou en coopérant avec elle. Le prévôt des maréchaux avait juridiction sur les gens du prince, aussi, partout où il passait, devait-il se faire remettre les nobles, serviteurs et domestiques de la cour ducale détenus par une justice urbaine ou seigneuriale. En cas de refus des juges ordinaires, le prévôt pouvait employer la force, et le maréchal était tenu de mettre, pour cela, à sa disposition les archers de corps du duc. La procédure suivie dans le cadre de la justice prévôtale était de type inquisitoire: en cas d'arrestation d'un suspect contre lequel il n'avait aucune plainte, le prévôt des maréchaux pouvait ouvrir une enquête «pour sçavoir de sa vye, estat et gouvernement» avant de procéder contre lui par voie extraordinaire. Enfin, toujours sur le terrain procédural, soulignons que, selon le texte de l'ordonnance, le prévôt des maréchaux dépendait de la juridiction du maréchal de Bourgogne car, s'il arrêtait un criminel «de grande matière» (fomentateur de

830.

831. 832.

174

En décembre 1492 on trouve mention de Jean Gayan, «lieutenant du prevost des mareschaulx de France», commis par le seigneur de Baudricourt, gouverneur de Bourgogne pour le roi, à contrôler certains paiements faits pour l'artillerie. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1804, f' 93 V 0 • Pour ce qui suit, voir Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. , Sur les crimes irrémissibles, à titre de comparaison, voir CL GAUVARD, Crime, Etat et Société, I, p. 75.

«commotions», coupable de crime de lèse-majesté ou de haute trahison), il ne pouvait procéder directement contre lui mais devait le remettre à la cour du maréchal qui devait avoir connaissance du cas. Ainsi, on le voit, dans sa pratique institutionnelle, la Maison de Habsbourg restait fidèle à la conception que le duc Charles de Bourgogne s'était faite du rôle du prévôt des maréchaux dans le cadre des institutions judiciaires de l'État bourguignon; allant plus loin, elle avait même développé, sur le modèle français, une véritable curia marescalli dont désormais dépendait le prévôt des maréchaux non seulement en temps de guerre, mais aussi en tant de paix.

Conclusion du sixième chapitre. Suivant le modèle offert par les institutions royales, les princes, dans les pays bourguignons et en Bretagne, développèrent, à partir des années 1420 environ, les attributions judiciaires de la maréchaussée. Cependant, le destin des institutions bretonnes et celui des institutions bourguignonnes furent très différents. Il est remarquable de constater, en effet, qu'en Bourgogne, malgré le développement d'une justice prévôtale dépendant à l'origine totalement du prince, à l'extrême fin du xve siècle, dans les pays tenus par la Maison de Habsbourg, la juridiction du maréchal se développa notablement; alors qu'ailleurs, en France et en Bretagne notamment, le prévôt des maréchaux semble ne plus dépendre que théoriquement de la maréchaussée, dans les institutions bourguignonnes au contraire, comme le montrent la précieuse et les Instructions de Philippe de Clèves, le lien de dépendance resta très étroit et alla même en se renforçant. On constate en effet, à la lumière de ces textes, à quel point les pouvoirs du maréchal de Bourgogne se développèrent: ses attributions judiciaires, pratiquement absentes au XIVe siècle, apparaissent clairement établies à la fin du xve. La volonté des princes de la Maison de Habsbourg fut, de toute évidence, de renforcer le prestige et l'importance politique et militaire de leur «grand maréchal» qui, en l'occurrence, doit moins être comparé aux maréchaux de France qu'au connétablé 33 .

833.

Philippe de Clèves indique que le pouvoir de correction du maréchal s'exerce sur tous «sinon sur le filz aisné du prince>>.

175

CHAPITRE VII CHARGES ET RÉMUNÉRATION DE L'OFFICE.

Les charges incombant au détenteur de la maréchaussée et la rémunération de son office reflètent assez bien l'ampleur et le caractère complexe de ses attributions. Les charges et dépenses du maréchal. Les fonctions du maréchal étaient sources de grandes dépenses. Pour avoir une idée de la charge qu'elles représentaient, on dispose d'un document très éloquent, annexé à un compte du receveur général du duc de Bourgogne 834 . En 1372, en effet, Guy de Pontailler présenta une requête à Philippe le Hardi dans laquelle il récapitulait l'ensemble des pertes qu'il avait subies au service du duc depuis sa nomination au maréchalat en 1364. Le maréchal y déclarait avoir avancé à son maître les gages de 40 lances et 10 archers dont il avait supporté la charge de Noël à la Pentecôte 1364; il avait versé 400 francs de ses propres deniers pour obtenir la reddition d'une maison forte, celle de Bevrans; il attendait toujours le paiement d'une bonne partie de ses gages et état dont il disait avoir été «mal paiez» durant ces huit années. Il avait, en outre, subi des pertes considérables: 24 chevaux, «que coursiers que roncins» perdus dans les chevauchées du comté de Bourgogne en 1364; 4 chevaux en 1367, alors qu'il surveillait la marche des Grandes Compagnies de retour d'Espagne; encore 6 chevaux perdus «en la chevauchee de Tournehem» en 1369; 1 coursier et 2 roncins à l'occasion du «mandement de Nevers» et 7 chevaux lors de la «chevauchée d'Ussel» en 1371-1372, soit au total 44 montures. Il avait dû, en outre, payer une rançon de 4 500 francs d'or à Arnaud de Cervole dont il avait été l'otage pour le duc en 1365 835 . A ces avances et à ces pertes, s'ajoutait encore le manque à gagner: le maréchal avait fait des prisonniers qui auraient pu lui apporter de grasses rançons (les uns 5 000 francs, les autres 3 000 florins) mais qu'il préféra remettre sans

834. Pour ce qui suit, voir G. DUMAY, >, Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes, lui a rendu de . Arch. dép. Nord, B 2118, fD 95 r 0 •

prince se devait d'être luxueusement armé et monté; c'est ainsi qu'en janvier 1359 le maréchal de Bourgogne Girard de Thurey fut reçu à montre monté sur un cheval prisé 240 1. t., puis, en juin suivant, il se présenta avec une monture qui fut prisée 400 1. t. 844 . Près d'un siècle et demi plus tard, toujours en Bourgogne, le maréchal Philippe de Hochberg entretenait un parc d'artillerie dont il mettait les pièces à la disposition du roi pour la défense du pays 845 . On comprend que dans la perspective des dépenses qu'il allait devoir faire dans ses nouvelles fonctions, Thibaud IX de Neufchâtel ait levé une aide sur les hommes de ses seigneuries de Lorraine au mois de septembre 1443, soit un mois après sa nomination en tant que maréchal de Bourgogne846. Il est vrai que le prince pouvait, généreusement, prendre à sa charge certains frais que son maréchal, en tant que chef de guerre, était contraint d'assumer. A titre d'exemple, il faut citer le cadeau que Louis XI fit en 1478 à son «cher» maréchal de Bourgogne Philippe de Hochberg. Ce dernier ayant été récemment retenu capitaine de 100 lances de l'ordonnance 847 , reçut en don cinquante harnois complets spécialement achetés à Lyon pour lui permettre d'équiper la moitié de ses gens: «Nous, Phelippe de Hochberg, seigneur de Baudeville, etc., mareschal de Bourgongne, confessons avoir eu et receu de Benoist Pasquet, receveur du paiement des gens d'armes en l'election de Lionnoys, le nombre de trente hamoys completz, lesquelz il nous a aujourduy fait delivrer en ladite ville de Lyon par l'ordonnance du dit seigneur pour partie des cinquante hamoys qu'il nous a donnez pour ai dier a armer les gens de nostre charge et retenue, desquelz trente harnoiz completz nous nous tenons pour contans et en avons quicté et quictons ledit Benoist, receveur, et tous autres. Tesmoing ces presentes signees de nostre main et seellees du seel de noz armes le derrenier jour d'avril l'an mil ecce soixante dix et huit. P. de Hochberg» 848 . Outre de tels dons, au caractère très ponctuel, le maréchal, pour faire face à ses dépenses, bénéficiait d'un système de rémunération complexe qui combinait la perception de gages et l'octroi de droits casuels ainsi que de dons exceptionnels.

Les gages, état et pension.

- Les gages journaliers. En Bourgogne, lorsque le maréchal «besognait» au service du duc, il percevait des gages journaliers, plus rarement un versement

844. Bibl. nat. de France, Nouv. acq. fr. 1036, f' 7 ra et 37 V 0 • 845. Dans un compte du receveur général on apprend qu'à l'hiver 1492-1493, on a fait «amener et charroyer, du lieu d'Espoisse en l'Auxois a Gray sur Saone, huit pieces d'artillerie appellees faulcons appartenans a monseigneur le marquis de Hochberg, mareschal de Bourgongne>> pour s'opposer aux troupes du roi des Romains. Arch. dép. Côte-d'Or, B !804, f' 94 r 0 • 846. Cette aide lui rapporta l 494 florins et 10 gros. Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 608, n° 9. Je remercie mon ami Jacques Debry de m'avoir communiqué ce renseignement. 847. Bibl. nat. de France, P.O. 1526, Dossier Hochberg, n° 5. 848. lhid .. n° 2.

179

mensuel849 ; le montant de ces gages pouvait varier selon les missions qui lui étaient confiées: en mars 1361, Jean de Rye, seigneur de Balançon, en tant que gouverneur du duché, percevait 10 florins par jour850 . Guy de Pontailler recevait, pour sa part, 3 francs d'or par jour pour une mission en France en 1374, 6 francs par jour en tant que gouverneur en Flandre en 1384, 4 francs par jour en 1388 en «vaquant» en Bourgogne, 5 francs par jour en allant prendre possession du comté de Charolais au nom du duc en 1390851 . Cependant, il semble qu'à l'origine, les gages du maréchal dans l'exercice ordinaire de ses fonctions aient été de 2 francs par jour: c'est par exemple ce que percevait Jean III de Vergy (en plus de ses gages de chevalier banneret) lorsqu'il vint servir le duc Jean sans Peur à Paris d'août à octobre 1405 852 . Ce tarif fut d'ailleurs réévalué au cours du xve siècle et, en 1425, le duc ordonna que le seigneur de Toulongeon, son maréchal aurait 8 francs «par chacun jour qu'il vacquera pour ses faiz et besoingnes es duchié et conté de Bourgoingne»8 53. Parfois, outre ses gages journaliers, le maréchal pouvait bénéficier de défraiement pour certaines de ses dépenses et c'est ainsi que, dans la première moitié du XIVe siècle, le duc de Bourgogne prenait éventuellement à sa charge les frais de nourriture et d'écurie des chevaux de son maréchal 854 . - L'état du maréchal. En guerre, le maréchal recevait également du duc une somme destinée à lui permettre de «soutenir l'état de sa personne». Cet état855 revêtait la forme d'une somme mensuelle d'un montant variable versée pendant la durée du service. Si l'on étudie la période 1364-1418, on constate que le montant de cet «état» du maréchal ne cessa de s'accroître: en juin 1368, le duc faisait verser par son propre trésorier 1 franc d'or par jour à Guy de Pontailler «pour l'estat de sa personne» pour le temps de la chevauchée qu'il faisait alors en France, en plus de ses gages de chevalier bachelier qu'il recevait des mains du trésorier des guerres du roi «pour ce que miex et plus honnorablement il puis-

849.

850. 851.

852. 853. 854.

855.

180

En 1364, Guy de Pontailler percevait 40 francs par mois. G. DUMAY, «Guy de Pontailler, seigneur de Talmay>>, p. 7. Notons que le système des gages mensuels était également appliqué en Savoie: en 1383, le maréchal Étienne de La Baume percevait 80 francs d'or par mois tant «pour sa lance>> que . G. CASTELNUOVO, «Les maréchaux en Savoie au bas Moyen Age>>, p. 92 n. 4. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1410, f' 42 V 0 • Arch. dép. Côte-d'Or, B 1444, f' 28 V 0 (1374); B 1462, f' 52 r 0 (1384); B 1470, f' 45 0 0 V (1388); B 1479, f' 120 V (1390). Pour une vision d'ensemble des divers paiements faits à Guy de Pontailler entre 1364 et 1384, voir J. RAUZIER, Finances et gestion d'une principauté au xiVe siècle, p. 432,442-444,447,473, 484, 639-655. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1547, f' 161 V 0 -l62 r 0 • Lettres patentes du duc données à Lille le 29 juin 1425. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1628, f 0 133 r 0 • Jacquemart de Chalon et Poinçart de Sarigny, écuyers de Jean de Frolois, maréchal de Bourgogne, reconnaissent avoir reçu 16 l.p. des mains du receveur d'Artois pour leurs dépenses et celles des chevaux de leur maître. Quittance du 1er septembre 1342. Arch. dép. Pas-de-Calais, A 619/85. Guillaume de Varennes, écuyer du maréchal, reconnaît avoir reçu d'un sergent à cheval du bailliage d'Arras, 6 meneaux d'avoine «des avoines du duc>>, «pour le gouvemanche de treze quevauls qui furent a sejour a Arras>> pendant cinq jours en juin précédent. Quittance du 2 septembre 1342. Ibid., A 619/86. Sur le principe du paiement d'un «estat>> voir Ph. CONTAMINE, Guerre, État et Société, p. 106-107.

se estre, demourer et soustenir son estat ou service du roy» en sa compagnie856 . En septembre 1372, Philippe le Hardi ordonna à son receveur général des finances de verser, durant l'expédition menée par ordre du roi en Guyenne, 60 francs d'or par mois au même Guy de Pontailler «pour soustenir son estat et sousporter les frez et despens qu'il a faiz et fera» dans l'exercice de ses fonctions de maréchal 857 . Durant la campagne de Flandre de 1382, le maréchal reçut 100 francs par mois en plus de ses gages au titre de son état858 . En 1410, le maréchal Jean de Vergy percevait encore un état de 100 francs par mois dans l'armée réunie par le duc Jean sans Peur à Paris 859 , mais en août 1417, son «estat de la presente armee» s'élevait à 300 francs 860 . C'était également un état de 300 francs par mois que recevait Jean, seigneur de Cotebrune, en tant que maréchal en décembre 1418, dans l'armée réunie pour secourir Rouen assiégée par les Anglais 861 . Par la suite, le tarif semble avoir fluctué et en 1453, pendant la guerre de Gand, Thibaud IX de Neufchâtel percevait une «pension de C frans de XXXII gros par mois qu'il prent oultre ses gaiges de mareschal pour luy aidier a supporter son estat a cause de l'annee de Flandres» 862 . Le maréchal de Bourgogne n'était naturellement pas le seul maréchal de principauté à percevoir un état: Jacques, seigneur de Heilly, maréchal de Guyenne, percevait ainsi un état de 500 francs par mois en 1412, et de 800 francs par mois en 1413 863 . - La pension du maréchal. Les gages journaliers et l'état du maréchal de Bourgogne ne lui étaient versés qu'en cas de service effectif; parallèlement, il percevait une pension qui, au xve siècle, était couramment désignée comme des «gages» annuels. Le premier exemple de pension versée à un maréchal de Bourgogne pour son office remonte à l'année 1329. Il nous apprend que le duc Eudes IV avait assigné une rente annuelle de 100 livres sur les f>. DU CANGE, Glossarium, IV, col. 539. 891. Olivier de LA MARCHE, Mémoires, IV, p. 92. 892. Arch. dép. Côte-d'Or, B 384 et B 1554, f 0 214 V 0 • 893. Arch. dép. Nord, B 1933, [0 108 v 0 •

186

gents de guerre, reservé sur ceulx de la garde du prince, et ceulx de sa maison». Cependant, les montres et revues étant désormais passées par le maréchal des logis, ce dernier prenait le dixième denier ( 10%) sur les droits du maréchal de l'ost894. En tout état de cause, le maréchal tirait de ce droit des profits non négligeables, proportionnels aux effectifs des troupes. Si l'on prend, par exemple, le cas de l'armée réunie par Jean sans Peur à la fin du mois d'août 1417 et reçue à montre par Jean III de Vergy entre Beauvais et Paris, et si l'on admet que le maréchal percevait un demi franc par paye, on obtient le résultat suivant (en sachant que les chevaliers et écuyers bannerets étaient comptés pour quatre payes, les chevaliers bacheliers pour deux payes, les écuyers pour une paye et les hommes de trait pour une demi-paye) 895 : Effectifs

Nombre de payes

48 chevaliers bannerets 17 écuyers bannerets 119 chevaliers bacheliers 5 706 écuyers 4 109 hommes de trait Total du droit du maréchal

192 68 238 5 706 2 054 et 1/2

Montant du droit du maréchal 96 francs 34 francs 119 francs 2 853 francs 1 027 francs 1/4 4 129 francs 1/4

Habituellement, le montant de ce droit était effectivement défalqué de la somme due par l'agent payeur au combattant, comme nous l'avons vu à propos du paiement des troupes de Philippe, comte de Boulogne, en 1342896 . Il pouvait arriver, pourtant, que le maréchal ne perçût pas directement ce droit à la demande du duc, afin de laisser la totalité de leurs gages aux gens de guerre, lorsque ceux-ci étaient «à grands frais», c'est-à-dire lorsqu'ils subissaient les effets de la vie chère. Le maréchal, néanmoins, ne renonçait pas à son droit et en était remboursé ultérieurement par le prince 897 . Ce remboursement pouvait être forfaitaire: ainsi, en février 1406, Jean III de Vergy reçut 500 francs d'or en récompense de son «droit de maréchal» de l'armée réunie à Paris en 1405 dont, par ordre du duc, il n'avait rien reçu 898 . De même, en mai 1408, il reçut 200 francs d'or dus pour son «droit de plusieurs gens d'armes» qu'il avait passés à montre à Arras et à Paris «desquelz il devoit avoir de chacune paie demi franc», mais de ce droit le duc «ne lui [avait] rens laisser pour ce que iceulz gens d'armes estoient a grans fraiz» 899 . Parfois, la somme versée au maréchal représentait

894. 895. 896. 897.

898. 899.

Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 14-15 et 16. J. de LA CHAUVELAYS, «Les armées des trois premiers ducs de Bourgogne>>, p. 244-249. Arch. dép. Pas-de-Calais, A 619/56-69. Cet usage est considéré comme une règle par Philippe de Clèves: «pour les droicts qu'il ne prend point, est le prince tenu de donner pension et recompense audict mareschal>>. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 14-15. Mandement du duc donné le 1er février 1406. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1547, f" 101 r 0 • Mandement du duc donné le 25 mai 1408. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1554, f" 214 V 0 •

187

effectivement le montant du droit qu'il aurait dû percevoir: ce fut le cas en mai 1426, lorsque le duc Philippe le Bon fit verser à son maréchal Jean, seigneur de Toulongeon, 208 francs l/2 représentant 1/30 des sommes versées aux gens de guerre au titre de leurs gages: «[ ... ]Laquelle [somme] mondit seigneur lui a ordonné pour et en recompensation de semblable somme qui lui restoit à paier de ses drois dudit office [de mareschal de Bourgoingne] par l'ordonnance de mondit seigneur par lui non recouvrez a son pourfit de la somme de VIm ne LV frans paiee a certain nombre de gens d'armes et de trait que, ou mois d'avril M CCCC XXVI, mondit seigneur envoya du pays de Flandres ès païs de Rolande et de Zelande [ ... ], de laquelle somme appartenait audit monseigneur le mareschal, pour le xxxe denier ainsi qu'il a accoustumé de prendre pour son droit, la dessusdite somme de ne VIII fr. demi, laquelle somme icelui monseigneur ne voult lors point faire lever sur sesdictes gens d'armes et de trait pour la cherté des vivres qui estoit esdiz païs» 900 . Dans un cas, au moins, les gens de guerre refusèrent que le droit du maréchal fût prélevé sur leurs gages. L'incident eut lieu au mois d'août 1411, à Semur-enAuxois, où des troupes avaient été rassemblées par le frère de Jean sans Peur, Philippe, comte de Nevers, pour aller assiéger la forteresse de Rougemont tenue par le comte de Tonnerre. Le maréchal de Bourgogne, Jean de Vergy, passa à montre un effectif représentant environ 1 700 payes d'hommes d'armes. Après les montres, le comte de Nevers ordonna qu'un prêt modeste de six jours de gages fût payé aux gens de guerre. Un écuyer devait donc percevoir trois francs (à raison d'un demi-franc par jour, ce qui représentait une paye d'homme d'armes). Le maréchal exigea alors de percevoir son droit de 10 s.t. (un demifranc) par paye, ce qui équivalait à amputer d'un sixième les gages distribués aux hommes d'armes et d'un tiers les gages des archers et arbalétriers (qui recevaient une demi-paye). Les gens de guerre refusèrent et menacèrent de ne pas servir. Jean de Vergy n'entendant pas renoncer à son droit, le comte de Nevers décida d'en faire assigner le paiement sur la recette générale de Bourgogne (n'allouant du reste que 650 francs au maréchal alors qu'il aurait dû en percevoir 850): «Phelippe, conte de Nevers et de Rethel, baron de Donzi et chambrier de France. A noz amez et feaulx les gens des comptes de nostre tres chier seigneur et frere le duc de Bourgoingne, conte de Flandres, d' Artoys et de Bourgoingne, salut. Comme pour la seurté et garde des bonnes villes, chasteaulx et fourteresses du duchié de Bourgoingne et pour resister a pluseurs et grandes entreprinses dampnables que a l'encontre de mondit seigneur et frere fait le conte de Toumeurre et s'efforce de faire de jour en jour, et pour aler devant la ville de Roigemont, pluseurs chevaliers, escuiers et autres gens d'armes se soient assemblez en armes en ceste ville de Semur et illec receuz et passez a monstre par nostre chier et amé cousin, messire Jehan de Vergey, seigneur de Fouvens et

900.

188

Mandement du duc donné à Bruges le 8 mai 1426. Arch. dép. Nord, B 1933, :F 108 V 0 •

mareschal de Bourgoingne, comme il est acoustumé de faire en tel cas, après laquelle recepcion faicte desdites gens d'armes par nostredit cousin, comme dit est, ou estoient dix et sept cens paies et plus, a esté ordonné de faire paiemens a icelles gens d'armes pour six jours seulement, qui montent pour chacune paie trois frans. Et il soit ainsin que icellui nostre cousin ait voulu prendre et recevoir pour chacune paie, a cause du droit de son office de mareschal, dix solz tournois, laquelle chouse, actendu le petit paiement qui fait a esté ausdictes gens d'armes qui n'est que de trois frans seulement, et lesquelx estoient refusans de bailler ledit droit de nostredit cousin, eust retardé icelles gens d'armes a partir de ceste ville pour aler devant ledit Roigemont, si par nous n'y eust esté aucunement pourveu, savoir vous faisons que, en la presence de nostre très chier et amé cousin messire Jehan de Chalon, seigneur d'Arlay, messire Jasques de Courtiambles, conseiller et chambellanc de nostredit seigneur et frere, le seigneur de Ternant et pluseurs autres du conseil de nostredit seigneur et frere, a esté par nous advisé, conclu et deliberé que, a nostredit cousin, pourveu qu'il ne prendrait riens sur lesdictes gens d'armes, seroit paié la somme de six cens cinquante frans pour tout ce qui lui pourroit estre deu pour le droit qu'il devoit prendre sur lesdiz dix et sept cens paies. Laquelle somme de VIc L frans a esté paiee, baillee et delivree par nostre commandement et ordonnance a icellui nostre cousin par Jehan Moreau!, commis a la recepte generale des duchié et conté de Bourgoingne. Si vous mandons de par nous que, es comptes d'icellui Jehan Moreau!, en rapportant soffisante quictance d'icellui nostre cousin, vous allouez icelle somme et rabatez de sa recepte sens aucun contredit. Donné a Semur en Auxois le XXIIe jour d'aoust l'an de grace mil quatre cens et unze. Par monseigneur le conte en son conseil, Gosselin» 901 . La perception du droit de la maréchaussée était attachée au fait de recevoir les montres d'armes. Comme nous l'avons vu, lorsque les pouvoirs du maréchal étaient délégués, ce droit était perçu par celui qui exerçait cette fonction: qu'il soit maréchal de 1' ost, lieutenant du maréchal ou simple commissaire aux montres: «Saichent tuit que je, Guiot de Bricons, escuier d'escuerie monseigneur le duc de Bourgoingne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgoingne, ay eu et receu de Pierre du Celier, receveur general des finances de mondit seigneur, la somme de cinquante frans d'or que ledit monseigneur m'a ordonné estre baillé pour le droit de mon seel des monstres et reveues qui ont esté faictes par devant moy en ce present voiaige que messire Guillaume de la Tremoille a fait es parties de Lembourc ou ledit monseigneur l'a naguerez envoyé en l'aide de madame la duchesse de Brabant a certain nombre de gens d'armes, lequel droit ledit monseigneur m'a fait quictier. De laquelle somme deL frans d'or dessus dicte je me tien a bien paié et coutens et en quicte ledit receveur et tous autres. Tesmoing mon seel mis a ces lettres faictes et donnees le darrain jour de novembre l'an mil ccc nnxx et sept»902 . 901. 902.

Arch. dép. Côte-d'Or, B 384. Arch. dép. Côte-d'Or, B 369.

189

D'autres types de droits existaient dont certains sont attestés en dehors de l'espace bourguignon. La coutume, dans certains pays, admettait qu'une part du butin de guerre revînt au maréchal. On a vu qu'au début du XIIIe siècle c'était le cas dans le royaume de Jérusalem: le maréchal y prélevait sur le butin tous les chevaux, bœufs, chèvres et moutons 903 . En Angleterre, selon un texte normatif de la fin du XIVe siècle, le maréchal, lorsqu'il y avait prise de bétail, mettait, de droit, la main sur toutes les bêtes au pelage tachetë04 . Les usages militaires bourguignons prévoyaient également divers droits du maréchal sur le butin. Là aussi, existait un prélèvement sur le bétail pris à l'ennemi et ce droit existait encore à la fin du xve siècle au profit du maréchal et du prévôt des maréchaux: «Item, monseigneur le marisal et prevost ont une beste de cascun butin, le premier le marisal et après le prevost des marisaulx et le lieutenant une aultre» 905 . Philippe de Clèves, au chapitre du droit du maréchal sur le butin affirme qu'il a «la dixiesme part des deniers» produit par la rançon des prisonniers et la vente des chevaux, du bétail et de tout le «mort-butin»906 . Un autre droit particulier sur le butin est mentionné par Enguerrand de Monstrelet lorsqu'il rapporte, dans sa Chronique la prise du château de Beaumont-sur-Oise par les troupes de Jean sans Peur en 1417: «Et le seigneur de Vergi, qui estoit mareschal de l'ost, a cause de son office, eut tous les biens qui furent la trouvez en la forteresse» 907 . Ce droit du maréchal sur le butin saisi après la prise d'une place forte est proche dans son principe de celui qu'exerçait encore au milieu du XIVe siècle le connétable du comté de Bourgogne: en octobre 1357, en effet, ce dernier réclama, en vertu de son droit, les biens trouvés dans la maison forte de Grattedos qu'en compagnie du bailli d'Amont il venait de prendre pour le compte du duc et comte de Bourgogne90S.

Les dons et récompenses. Le prince pouvait enfin faire bénéficier son maréchal de toute une série de dons extraordinaires. Parmi eux, les dons de seigneurie étaient les plus importants et visaient non seulement à récompenser un serviteur fidèle mais encore à renforcer sa puissance, et donc son efficacité, et à l'unir davantage à son maître par un lien de type féodal. Un des derniers actes passés au nom du duc Philippe

903. 904. 905. 906. 907. 908.

190

J. RICHARD, Le royaume latin de Jérusalem, p. 76; J. L. LA MONTE, Feudal Monarchy in the Latin Kingdom of Jerusalem, p. 114-122 .. . G. LE BARROIS D'ORGEVAL, Le maréchalat de France, 1, p. 82. Arch. dép. Nord, B 1288/16 526. Philippe de CLEVES, Instructions de toutes manieres de guerroyer, p. 15. Enguerrand de MONSTRELET, Chronique, III, p. 213. Arch. dép. Doubs, B 527.

de Rouvres fut ainsi, le 18 novembre 1361 (trois jours avant sa mort), la cession en fief de la seigneurie d'Orchamps, représentant un revenu annuel de 200 livres, au maréchal Jean de Rye, seigneur de Balançon. «Phelippe, duc de Bourgoingne, contes d'Artois, de Bourgoingne palatins, de Bouloigne, d'Auvergne et sires de Salins. Savoir faisons a touz presens et avenir que en remuneration des bons et agreables services que nous a faiz et fait encores de jour en jour et esperons que nous face ou temps avenir nostre amé et feal chevalier et consilier, messire Jehan de Rie, mareschault de Bourgoingne, nous li avons donné et donnens, de grace especial, en heretaige perpetuel, pour lui et ses hoirs et successeurs, deux cenz livrees de terre avec la justice et seignorie, a asseoir en nostre ville d'Orchans, au plux convenablement que l'on pourra pour lui, retenu a nous, nos hoirs et successeurs le fié, baronnie et souverenneté d'icelles, lesquelles deux cenz livrees de terre nous voulons que il, sui hoirs et successeurs aient et percevent heretablement par leurs mains, et d'icelles les avons investi et investons, ledit messire Jehan par la tradicion de ces presentes et les li promettons garantir et deffendre envers tous. En tesmoing de ce nous avons fait mettre nostre seel en ces presentes lettres faites et donnees en nostre chastel de Rouvre le XVIIIe jour de novembre 1' an de grace mil trois cenz sexante et un. Et quant a ces choses fermement tenir et acomplir, nous obligeons tous nos biens presens et avenir et les biens de nos hoirs et successeurs. Donné comme dessus. [Sur le repli:] Par monseigneur le duc a la relacion du conseil ou estoient messeigneurs de Besançon, de Monfort, le sire de Murissaut, le sire de Voudennay, messire Joceran de Lugny, vous et autres. L. Quinart»909_ De la même façon, Louis XI récompensa son maréchal de Bourgogne Philippe de Hochberg en lui donnant la seigneurie de Montbard, détachée du domaine ducal 910 , et en lui inféodant le château de Joux, place frontière d'une importance stratégique considérable dans le comté de Bourgogne, que Rodolphe de Hochberg, père de Philippe, n'avait, malgré ses tentatives, jamais réussi à obtenir911 . En contrepartie, le maréchal s'engageait par serment à toujours garder la place au service du roi: «Nous, Phelippe de Hochberg, chevalier, seigneur de Baudeville, mareschal de Bourgoingne. Savoir faisons que le jourdui nous avons promis et juré et, par ces presentes, jurons et promectons au roy Loys de France a present regnant, nostre souverain seigneur, sur noz foy et honneur et sur peine d'estre deshon-

909. Arch. dép. Côte-d'Or, B 384. 910. J. GARNIER, Chartes de commune et d'affranchissement, II, p. 96. La seigneurie de Montbard fut donnée à Philippe de Hochberg en 1478 à l'occasion de son mariage avec Marie de Savoie. E. BAUER, Négociations et campagnes de Rodolphe de Hochberg, p. 100. Après la conquête des deux Bourgognes en 1477, le roi donna également à son maréchal Port-sur-Saône, Vaivre et Vesoul ainsi que des droits et revenus à Gray, Velermer et Apremont (je remercie Pierre Gresser de m'avoir fourni ces renseignements). 911. Ibid., p. 8-9.

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noré, de bien et loyaument lui garder et faire garder envers et contre tous et toutes ceulx et celles qui pourront vivre et mourir sans nul excepter, et mesmement contre le duc Maximilien d'Autriche et [la] duchesse sa femme, la place et chastel de Jou estant a present en son obbeissance, et de jamais ne la bailler ne faire bailler ne tumber en autres mains que es mains du roy nostredit seigneur ou de cellui qui lui ploira ordonner. En tesmoing de ce nous avons signé ces presentes de nostre main et fait seeller du seel de noz armes le XXVIIIe jour d'avril 1, an mil ecce quatre vingtz. De Hochberg» 912 . Par la suite, Philippe de Hochberg reçut encore en Bourgogne la baronnie d'Époisses9 13 ainsi que les seigneuries de Noyers, de Montcenis et de ChâteauChinon914. En Lorraine, au mois de juillet 1477, le duc René II, à titre de récompense pour services rendus, fit don à son maréchal, Oswald de Tierstein, de ]a seigneurie de Chaligny, confisquée sur Henri, seigneur de Neufchâtel, après la capture de ce dernier lors de la bataille de Nancy, le 5 janvier précédent9 15 . Aux dons de terres et de seigneuries s'ajoutaient de multiples dons en argent, parfois considérables, pour récompenser de «bons et agréables services», notamment des services de guerre méritant une mention spéciale: Philippe le Hardi gratifia ainsi Guy de Pontailler de 100 francs en 1377, puis de 2 000 francs deux ans plus tard, en précisant que cette forte somme était destinée à le récompenser pour ses services «dont monseigneur est très bien comptent»9 16 . En 1409, Jean III de Vergy reçut 800 écus d'or, en plus de ses gages de banneret, pour son état et pour l'aider à supporter les frais qu'il avait dû faire en venant en armes au mandement du duc pour «1' armee et chevauchee» de Liège «auquel païs ledit monseigneur le mareschal a grandement et notablement servi icellui seigneur, tant en la bataille que, par la grace de Dieu, ledit seigneur a obtenue oudit païs contre les Liegois [Othée, le 23 septembre 1408] et aussi en prenant la possession de la cité de Liege et des villes de Tongres et de Wy»9 17 . En 1426, Jean, seigneur de Toulongeon, reçut 500 francs «pour consideracion de pluseurs grans et notables services par lui faiz a mondit seigneur ou present voiaige de Hollande et aussi aux grans peines, travaulx et diligences qu'il a euz en icellui»918 . En octobre 1498, Maximilien de Habsbourg donna 2 000 florins à Guillaume IV de Vergy, maréchal de ses pays de Bourgogne et son capitaine

912. Bibl. nat de France, Ms. fr. 15 538, no 20. 913. H. BEAUNE et J. d' ARBAUMONT, La noblesse aux États de Bourgogne, p. 209. 914. J. BILLIOUD, Les États de Bourgogne, p. 71. 915. Ch. DEBRY, «Dernier acte d'une implantation bourguignonne en Lorraine>>, p. 239. Chaligny, Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, cant. Neuves-Maisons. 916. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1452, f" 60 V 0 ( 1377) et B 1454, F 92 V 0 (1379). 917. Mandement du duc donné le 20 janvier 1409. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1556, f" 177 r"V0. Jean de Vergy avait reçu de le même façon 150 écus d'or pour le récompenser des frais qu'il avait dû faire pour la conduite des gens d'armes envoyés par le duc Jean sans Peur en Brabant, outre ses gages et les autres dons qu'il avait pu recevoir à J'occasion de ce même voyage. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1547, f" 108 r0 -V 0 • 918. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1631, f" 140 V 0 -

192

général, pour le récompenser de ses services et pour l'indemniser de ses pertes 919 . On pourrait multiplier les exemples de ce type 920 . Récompenses et indemnisations, on le voit, étaient des causes jointes qui motivaient les libéralités dont le prince faisait bénéficier son maréchal pour reconnaître sa loyauté et sa fidélité après un temps plus ou moins long passé à son service; mais, ponctuellement, un fait précis pouvait susciter la générosité du maître envers son serviteur. Les aléas de la guerre conféraient parfois à de telles interventions un caractère spectaculaire: ainsi lorsqu'en 1423 le seigneur de Toulongeon fut capturé, le duc Philippe le Bon intervint pour prendre à sa charge la moitié de sa rançon qui s'élevait à 14 000 écus 921 . A l'inverse, lorsqu' à la suite de la victoire de Bulgnéville, en 1431, Antoine de Toulongeon captura René d'Anjou et le remit au duc de Bourgogne, ce dernier, en récompense, lui fit don de la somme considérable de 20 000 saluts d'or qui fit la fortune des héritiers du maréchal 922 . En dehors du cas où il voulait manifester sa reconnaissance pour des services spécifiques liés à l'exercice de la maréchaussée, le duc pouvait aussi faire verser à son maréchal des sommes variées pour des raisons diverses. Le maréchal figurait ainsi, régulièrement, parmi les bénéficiaires des étrennes du jour de l'an 923 . Occasionnellement, le prince pouvait aider financièrement son maréchal à acheter une maison 924 , lui faire un don pour le baptême d'un de ses enfants 925 , ou encore lui verser une forte somme «pour l'accroissement de son mariage» comme le fit Louis XI lors des noces de son maréchal de Dauphiné en février 1477 (n. st.): «Je, Regnault du Chastellet, bailly de Sens, conseillier et chambellan du roy nostre sire et mareschal de Daulphiné confesse avoir eu et receu de maistre Audry de Mauregart, tresorier et receveur general des finances dudit Daulphiné la somme de cinq cens livres petite monnoye de seize gros pour livre, pour partie de la somme de xm livres a moy ordonné et donné pour mon mariage, pour

919. 920.

921. 922. 923.

924.

925.

Lettre du roi des Romains donnée à Thionville le 6 octobre 1498. A. DU CHESNE, Preuves de l'histoire de la maison de Vergy, Paris, 1625, p. 341. On trouve un même système en Bretagne et, par exemple, Jean, seigneur de Malestroit, reçut du duc un don de 600 livres à l'occasion du «voyage de France>> en 1465. H. MO RI CE, Mémoires pour servir de preuves, III, col. 144. B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 60. J. RICHARD, , p. 176 n. 5. Philippe le Hardi fait don de joyaux d'une valeur de 150 francs à son maréchal pour ses étrennes du 1er janvier 1388. G. DUMAY, «Guy de Pontailler, sire de Talmay», p. 59. Il lui fit offrir 120 dos de martres d'une valeur de 60 francs pour ses étrennes du 1er janvier 1392. Ibid., p. 66. Jean sans Peur fit verser pour sa part 200 francs au seigneur de Cotebrune en considération de ses services et pour qu'il s'achète de la vaisselle pour ses étrennes du 1er janvier 1419. Comptes généraux de l'État bourguignon, 1, n° 181, p. 48. Philippe le Hardi fit verser 500 francs à Guy de Pontailler pour l'aider à payer une maison qu'il avait l'intention d'acheter à Dijon. Quittance du 12 septembre 1379. Arch. dép. Côte-d'Or, B 1454, f" 92 v 0 • Don par le duc d'une coupe, d'une aiguière et d'un gobelet à l'occasion du baptême du fils de Guy de Pontailler que le duc a tenu sur les fonts baptismaux (1375). G. DUMAY, , p. 36-37.

193

icelle somme de yc livres avoir des deniers de l'aide derrenierement octroyee audit seigneur oudit Daulphiné. De laquelle somme de yc livres monnoye dessusdicte je me tiens pour content et en quicte ledit tresorier et tous autres. Donné en tesmoing de ce soubz les seing de ma main et seel de mes armes le dix septme jour de fevrier l'an mil ecce soixante et seize. R. du Chastellet» 926 . Notons enfin que, par l'usage constant des cadeaux et grâce au jeu des protections et du clientélisme, le maréchal pouvait également recevoir des dons non seulement de son maître mais encore des villes 927 , des États 928 , voire d'un prince autre que le sien929 . Gains de guerre et profits illicites. En tant que chef d'armée, le maréchal avait l'occasion de faire des gains importants, outre ses droits sur les rançons et le butin. C'est ainsi qu'après la bataille de Bulgnéville, le maréchal de Bourgogne Antoine de Toulongeon fixa la rançon de Jean, seigneur de Rodemack, qui était son propre prisonnier, à 18 000 florins du Rhin 930 . Par ailleurs, il était toujours possible au maréchal, en jouant de son autorité, non seulement d'empocher une bonne partie du produit du pillage et du rançonnement des populations, mais encore de faire des profits illicites en détournant, par exemple, une part des deniers qui passaient par ses mains lors des paiements de gens de guerre 931 . Le meilleur témoignage dont on dispose sur cette source d'enrichissement finalement mal connue concerne les gains faits par le maréchal de Bourgogne Thibaud IX de Neufchâtel lors de la guerre de Gand de 1452-1453. Jacques du Clercq les mentionne en ces termes: «Avecques ledict duc y estoit aussy le mareschal de Bourgoingne, accompagnié de trois cents lances, hommes de Bourgoingne, lesquels il avoit mandé. Et disoit on que ledict mareschal avoit beaucoup gagné en Flandres, tant en la guerre comme pour avoir retenu les gages et salaires des gents de guerre; et d'une partie de son gaing avoit fait faire plus de mille marcqs d'argent de moult riche vaisselle a Tournay, laquelle vaisselle il avoit envoyee en Bourgoingne»932 .

926. Bibl. nat. de France, Clairambault 150 no 98. 927. En juillet 1431, la ville de Dijon fit offrir deux poinçons de vin à Antoine de Toulongeon. B. SCHNERB, Bulgnéville, p. 89. La ville de Bruxelles fait un don de 125 lions au maréchal de Bourgogne Thibaud IX de Neufchâtel. J. BARTIER, Légistes et gens de finances, p. 266 n. 1. 928. En 1444, les États de Bourgogne votent un su):lside spécial pour offrir 500 francs à Thibaud IX de Neufchâtel. J. BILLIOUD, Les Etats de Bourgogne, p. 256. 929. En septembre 1335, le comte et la comtesse de Flandre, Louis de Nevers, et Marguerite de France, font don au maréchal de Bourgogne Jean de Frolois de la seigneurie de La Rivière-de-Corps (Aube, arr. Troyes, cant. Sainte-Savine). Arch. dép. Nord, B 1565, f 0 41 V0 -42 r 0 • Voir p.j. n° 2. 930. A. BOSSUAT, «Les prisonniers de guerre au xve siècle>>, p. 147. 931. Sur les fraudes et les malversations des agents de l'administration bourguignonne, voir 1. BARTIER, Légistes et gens de finances, p. 138-179 et H. KRUSE, , p. 283-312. 932. Jacques DU CLERCQ, Mémoires, p. 66.

194

Conclusion du septième chapitre. Si l'office de maréchal était générateur de lourdes dépenses, il était aussi, grâce à un système complexe que nous avons tenté de présenter de façon synthétique, largement rémunérateur; l'impressionnant développement du patrimoine du maréchal de Bourgogne Guy de Pontailler, qu'a retracé G. Dumay, en est une remarquable illustration933 . Certaines sommes citées dans les pages qui précèdent sont impressionnantes et témoignent de façon éloquente de la place politique, sociale et économique que le maréchal pouvait tenir dans la principauté aux xrve et xve siècles. Choisi parmi les représentants de la noblesse les plus fortunés de façon à ce qu'il fût en mesure, dans l'exercice de ses fonctions, de consentir des avances à son prince, il renforçait sa position grâce à son office, car les rémunérations dont il bénéficiait, contrairement à ce qu'affirmait Guy de Pontailler en 1372, couvraient largement les dépenses occasionnées à son titulaire par le fonctionnement de l'institution, et ce d'autant plus que, disposant d'une influence considérable, le maréchal pouvait aussi utiliser son activité politique et militaire pour accroître ses revenus dans des proportions non négligeables.

933.

Voir G. DUMAY, «Guy de Pontailler, sire de Talmay>>, p. 70-91.

195

CONCLUSION

L'histoire du maréchalat, en tant qu'office aulique aux fonctions politiques et militaires importantes, commence au xue siècle. Contrairement à ce que nous aurions pu penser a priori, le modèle pour les principautés occidentales, ne fut pas fourni par la cour du roi de France, mais, plus probablement, par l'ordre du Temple et par les principautés latines de Terre sainte. Entre les années 1100 et 1230, outre le domaine capétien, les grandes principautés du royaume de France (Bourgogne, Bretagne, Champagne, Flandre) furent dotées d'un maréchalat dont le développement, sur le plan chronologique, fut à peu près semblable à celui du maréchalat royal. Or, à cette époque, c'est dans le royaume de Jérusalem, et non ailleurs, que Jean d' lbelin affirmait que la présence d'un maréchal était un indice de l'importance d'une cour baronniale ou princière. Un des signes évidents du prestige croissant de l'institution fut l'adoption d'une désignation faisant référence, non plus seulement au prince, mais aussi à la principauté. Chronologiquement, le phénomène s'est affirmé entre les dernières années du XIIe et le milieu du XIIIe siècle. Les appellations marescallus Campanie et marescallus Francie apparaissent les premières, pratiquement au même moment, vers 1190-1200; celle de marescallus Burgundiae est attestée dans les années 1230; la «mareschaucie de Flandres», quant à elle, portait ce nom dès les années 1240 et peut-être avant cette date. Hors du royaume, dans les années 1220, existait un maréchal de Luxembourg et, au milieu du XIIIe siècle, sont également mentionnées les appellations marescallus Hannoniae et marescallus Brabantiae. Sur le plan de la désignation de l'office, il semble donc que le maréchalat du roi de France n'ait pas constitué un modèle exclusif pour les principautés dotées précocement d'une telle institution: le maréchalat du comte de Champagne servit peut-être aussi de prototype. En revanche, il semble clair que, là où le maréchalat n'apparut que tardivement (essentiellement au cours du XIVe siècle), le modèle royal eut une forte influence. Le cas du comté, puis duché, de Savoie est, de ce point de vue, exemplaire: vers 1350, le comte de Savoie nomma conjointement deux «marescalli Sabaudiae» suivant le principe de collégialité qui régissait alors le maréchalat de France et qui influença aussi le maréchalat de Bourbonnais au temps du duc Louis IL La référence à la principauté dans la désignation du maréchal coïncida avec une élévation du niveau social des détenteurs de l'office. Geoffroy de Villehardouin en Champagne, Pierre de Palleau en Bourgogne, Sohier de Bailleul en Flandre, étaient des représentants de la frange supérieure de la noblesse. Le maréchalat était devenu attrayant pour l'élite nobiliaire et, comme 196

nous l'avons dit, dans certains cas un processus d'accaparement déboucha sur la transformation de la fonction aulique en une dignité féodale et héréditaire. Mais, en dehors de ces cas, lorsque le prince conserva le contrôle de la nomination de ses maréchaux, il put utiliser la fonction comme une pièce importante dans le jeu des relations politiques qu'il entretenait avec la noblesse de sa principauté. C'est pourquoi le choix du titulaire de 1' office n'était pas un acte de portée secondaire: outre le prestige et les qualités militaires indispensables à l'exercice de ses attributions- qui furent tôt celles d'un chef de guerre-, le maréchal devait avoir une stature sociale suffisante pour faire de lui un intermédiaire précieux entre le prince qu'il servait et le monde nobiliaire dont il était issu. Dans le cours de notre étude, à la fin du cinquième chapitre, nous avons cru pouvoir nous demander si les deux derniers siècles du Moyen Age ne représentaient pas «l'âge d'or» des maréchaux des principautés. Cette question, en forme de boutade, est née d'une constatation: aux XIVe et xve siècles, dans bien des cas, le maréchal se trouva placé au sommet de la hiérarchie des offices: en Bourgogne, en Bretagne, en Savoie, en Barrois, en Lorraine, par exemple934 . Choisi parmi les représentants des plus hauts lignages (ainsi Jean III de Vergy, Jean IV de Rieux, Manfred de Saluces, Jean VII, comte de Salm), il reçut d'amples délégations de pouvoir, assuma des missions de gouvernement de plus en plus importantes et bénéficia de rémunérations élevées. Cependant, il convient ici de constater que cette évolution ne concerna guère que les principautés où la maréchaussée était à la collation du prince; parallèlement, en effet, le rôle des maréchaux héréditaires eut tendance à s'effacer complétement: alors qu'en Champagne, dans la première moitié du XIVe siècle, Hugues III de Conflans, seigneur de Somme-Vesle, puis Jean de Conflans, seigneur de Dampierre, avaient été des personnages d'une stature politique non négligeable, il semble qu'après la mort de ce dernier, en 1358, les titulaires de l'office ne firent plus guère parler d'eux. En Flandre, comme nous avons pu le voir, le maréchalat héréditaire, qui tenait encore une certaine place au sein des institutions comtales dans la première moitié du XIVe siècle, n'était plus, au siècle suivant, qu'une dignité honorifique dont les prérogatives étaient même quelque peu tombées dans 1'oubli. En Brabant ainsi qu'en Hainaut le titre de maréchal héréditaire, après avoir été porté par des représentants de la noblesse locale (Wezemaal, Walcourt, Abcoude), passa à des familles venues de l'extérieur et enrichies au service de l'État (Brimeu, Rolin), qui en firent l'acquisition en achetant la seigneurie à laquelle ce titre était attaché. Si le caractère honorifique en était encore grand, la signification politique en était devenue bien faible. Ce phénomène généralisé, auquel ne font exception que les cas, très circonstanciels, du maréchal héréditaire de Normandie en 1465-1466, et du maréchal héréditaire de Luxembourg aux temps des guerres de Bourgogne de 1476-1477, est vraisemblablement un signe du développement de l'État (État royal pour la Champagne, État bourguignon pour la Flandre, le Hainaut et le Brabant): les princes favorisèrent le développement des institutions sur lesquelles ils exer-

934.

Notons cependant que dans le Dauphiné le maréchal, tout en étant de toute évidence un officier aux attributions militaires non négligeables, resta toujours placé sous l'autorité du gouverneur. G. LETONNELIER, «Les droits régaliens en Dauphiné (des origines à la fin du xve siècle)>>, p. 154.

197

çaient un contrôle direct. Le maréchalat ne pouvait être un instrument efficace au service de l'État princier que si son titulaire était librement choisi par le prince. Ce fut le cas en en Bourgogne, en Bretagne, en Dauphiné, en Lorraine et Barrois, et en Savoie (où le duc conserva son contrôle sur ses maréchaux, pourtant nommés à titre viager, sans doute grâce à la collégialité). Dans ce contexte, le prestige du maréchalat de Bourgogne fut, aux XIVe et xve siècles, à la mesure de la place que les ducs de Bourgogne occupèrent sur 1' échiquier politique. L'office, durant cette période, ne fut jamais collégial et fut toujours confié à des représentants des plus puissants lignages bourguignons et comtois. Après la transformation du sénéchalat en une dignité héréditaire et après la disparition de la connétablie, la maréchaussée de Bourgogne était devenue une pièce essentielle dans l'édifice institutionnel bourguignon. Nous avons vu qu'à 1' époque de Philippe le Bon, le maréchal vint, pendant une certaine période (dans les années 1420-1430), en troisième position après le duc et le tout-puissant chancelier935 . A ce moment se situe probablement, dans les faits, l'apogée de l'institution. A l'échelle du royaume, seul le duché de Bretagne connut un phénomène comparable: le maréchalat de Bretagne, par le prestige qui y était attaché, par 1' ampleur de ses attributions et par la stature politique et sociale de ses titulaires, revêtit, semble-t-il, l'importance du maréchalat de Bourgogne. Ce n'est probablement pas un hasard si ce fait est observable dans le cadre de 1'État bourguignon et de 1'État breton, entités géopolitiques qui eurent en commun d'être dotées toutes deux des structures institutionnelles les plus développées de tous les États princiers qui s'affirmèrent dans le royaume à la fin du Moyen Age. L'histoire du maréchalat des principautés est donc une partie de l'histoire de la construction de l'État en Occident. Au début du XVIe siècle, le triomphe de l'État monarchique, à plus ou moins brève échéance, sonna le glas de cette institution née avec les États princiers et disparue avec eux.

935.

198

On pourrait ajouter qu'en 1457-1458, au moment de la >.

nous, roy, assavoir de celluy des Romains le xxue et de Ungherie etc. le dixhuitiesme. Ainsin signé: Par lsic] regem. Et au reply: Par le roy et monseigneur 1' archiduc, A. de Wauldripont. Collacion a 1'original par moy, Belin.

223

INDEX DES NOMS DE PERSONNES A

ABCOUDE (Famille d'), 42, 45, 197. ABCOUDE (Guillaume d'), seigneur de Gaesbeck, 42. ABCOUDE (Jacques d'), seigneur de Gaesbeck, 42. ABCOUDE (Sweder d'), seigneur de Puttes, maréchal de Hainaut, 42. ADELE DE VALOIS, comtesse de Champagne, 26. ADOLPHE, duc de Clèves, 137. AISEY (Dreu d'), chevalier, 117 n. 530. ALBRET (Raymond d'), chevalier banneret, 56. ALEAUME, sénéchal du comté de Jaffa, 29. ALIX DE VERGY, duchesse de Bourgogne, 33. ALLEMAN (Soffrey), seigneur de Châteauneuf, maréchal de Dauphiné, 89, 91, 114, 141. ALLOUAGNE (Péronne d'), demoiselle d'Eps, maréchale de Flandre, 38, 210212. AMANCE (Catherine d'), femme de Jean, seigneur de Haraucourt, 90-91. AMANCE (Jacques d'), seigneur de Bayon, maréchal de Lorraine, 88, 90-91. AMBOISE (Marguerite d'), femme de Jean II de Rochechouart, 85 n. 356. AMÉDÉE VI, comte de Savoie, 150. AMÉDÉE VII, comte de Savoie, 150, 177 n. 839. AMÉDÉE VIII, duc de Savoie, 93, 97 n. 427, 155-156. AMÉDÉE IX, duc de Savoie, 83. ANGLE (Guichard d'), maréchal d'Aquitaine, 58, 149. ANGLETERRE (Rois d'), voir ÉDOUARD III, HENRI Il, HENRI IV, HENRI

v.

ANGLURE (Marguerite d'), femme de Guy de Pontailler, 67. ANJOU (Le duc d'), voir LOUIS 1er. ANNE, duchesse de Bretagne, 150, 160-161, 173. ANNE DE FRANCE, dame de Beaujeu, 6, 98. ANTOINE, bâtard de Bourgogne, maréchal de l'ost du duc de Bourgogne, 5, 81, 89-91, 119, 125, 131. ANTOING (Le seigneur d'), connétable héréditaire de Flandre, 37. AQUITAINE (Maréchaux d'), voir ANGLE, CHASTEL, HEILLY. ARGUEL (Jeanne d'), femme de Hugues de Pontailler, 67. ARMAGNAC (Comte d'), 52. ARMAGNAC (Jean, bâtard d'), maréchal de Dauphiné, 89, 92, 148. ARMAGNAC-TERMES (Anne d'), 92 n. 410. ARMENIER (Guy), conseiller du duc de Bourgogne, 206. ARMOISES (Richard des), maréchal de Barrois, 88 n. 375. ARMOISES (Robert des), maréchal de Barrois, 88 n. 375. ??4

ARTHUR III, comte de Richemont, puis duc de Bretagne, 52 n. 170, 147. AUBRIOT (Hugues), bailli de Dijon, 123 11. 561. AULNAY (Érard d'), maréchal du comte de Champagne, 43. AULNAY (Oudard d'), maréchal de Champagne, 43. AUNOU (Jeanne d'), femme de Jacques d'Auvrecher, 40 n. 109. AURUCE (Obert), maréchal du dauphin Guigne André, 30-31, 154. AUTRICHE (Archiducs d'), voir CHARLES QUINT, MAXIMILIEN DE HABSBOURG, PHILIPPE LE BEAU. AUTUN (L'évêque d'), 103. AUTUN (Hugues d'), maréchal d'Eudes III, duc de Bourgogne, 33. AUVRECHER (Guillaume rer d'), maréchal de Normandie, 39. AUVRECHER (Guillaume, seigneur d'), maréchal de Normandie, 39. AUVRECHER (Jacqueline d'), femme de Guillaume Crespin, 39-40. AUVRECHER (Jacques, seigneur d'), maréchal de Normandie, 39,40 n. 109. AUVRECHER (Jean, seigneur d'), maréchal de Normandie, 39, 40 n. 109. AUVRECHER (Robert, seigneur d'), maréchal de Normandie, 39, 53. AZAY (Guy d'), maréchal du duc d'Anjou, 55, 56 n. 191, 104 n. 468. B

BAC (Isabelle du), fille bâtarde de Maillart du Bac, 159 n. 760 BAC (Maillart ou Maillotin du), prévôt des maréchaux de Bourgogne, 159-160, 164, 169 n. 817, 170, 172-173. BAENST (Jean, bâtard de), prévôt des maréchaux de Bourgogne, 159, 170 n. 818. BAILLET (Jean), trésorier du roi, 61. BAILLEUL (Baudouin de), maréchal de Flandre, 35. BAILLEUL (Famille de), 35-38. BAILLEUL (Jean rer de), maréchal de Flandre, 36-37. BAILLEUL (Jean II de), maréchal de Flandre, 36-37. BAILLEUL (Jean III de), maréchal de Flandre, 37-38. BAILLEUL (Sohier de), maréchal de Flandre, 35-36, 196. BAILLEUL (Sohier de), conseiller de Louis de Nevers, 37. BAILLEUX (Robert de), receveur général des finances, 124. BAISSEY (Renaud de), chevalier, 101 n. 446. BALlAN, connétable du comté de Jaffa, 29. BALTASIN (Galiot de), 153. BAR (Henri de), fils de Thibaud, comte de Bar, 62. BAR (Henri de), seigneur de Pierrefort, gouverneur de Bourgogne, 57. BAR (Jeanne de), comtesse de Marle et de Soissons, 79. BARBAZAN (Manant, bâtard de), maréchal du duc d'Anjou, 55,56 n. 191. BARROIS (Maréchaux de), voir ARMOISES, FÉNÉTRANGE, SALM, SAVIGNY. BASIN (Thomas), évêque de Lisieux, 152. BAUDOUIN, connétable du comte de Boulogne, 28 n. 47. BAUDOUIN rer, empereur de Constantinople, 29. BAUDRICOURT (Le seigneur de), gouverneur de Bourgogne, 174 n. 830. BAUFFREMEZ (Thomas de), écuyer, 38 n. 101. BAUFFREMONT (Antoinette de), femme d'Antoine de Luxembourg, 79, 81, 92. 225

BAUFFREMONT (Liébaud III de), maréchal de Bourgogne, 34, 46, 48. BAUFFREMONT (Liébaud IV de), maréchal de l'ost du duc de Bourgogne, 117. BAUFFREMONT (Marguerite de), femme de Jean de Vienne, 68 n. 257. BAUFFREMONT (Pierre de), 34, 152. BAUFFREMONT (Pierre de), seigneur, puis comte de Charny, 72-73, 78-79, 102 n. 452. BAYART (Antoine), trésorier du roi, 17 8. BAYNE (Jean), clerc du maréchal de Bourgogne, 104 n. 469, 105 n. 470. BÉATRICE DE MONTFERRAT, mère du dauphin Guigne VII, 30. BEAUCHAMP (Le seigneur de), voir ROLIN (Guillaume de). BEAUJEU (La dame de), voir ANNE DE FRANCE. BEAUJEU (Foulques de), maréchal de Bourgogne, 34. BEAUMANOIR (Jean de), chevalier banneret, 146 n. 662. BEAUMANOIR (Jean IV de), seigneur de Montcontour, maréchal de Bretagne, 91. BEAUMANOIR (Robert de), maréchal de Bretagne, 91. BEAUMANOIR (Le seigneur de), 64, 87 n. 365. BEAUSSART (Robert), seigneur de Wingles, connétable de Flandre, 50. BEAUVOIR (Aymar de), maréchal du dauphin Humbert II, 31 n. 68. BERRY (Le duc de), voir JEAN DE FRANCE. BERTRAND (Robert), maréchal de France, 101 n. 448. BESANÇON (L'archevêque de), 191. BLAISY (Marguerite de), femme de Guy de Pontailler, 67. BLAKEMORE (Adam), maréchal du duc de Bretagne, 113-114. BLANCHET (Jean), secrétaire du duc de Bourgogne, 58. BLARU (Le seigneur de), 112. BLOIS (Olivier de), comte de Penthièvre, 87 n. 370, 106, 120, 161-162. BLOIS-PENTHIEVRE (Charles de), maréchal de Bretagne, 87 n. 370, 106, 161-162. BLOIS-PENTHIEVRE (Famille de), 87 n. 370, 161-162. BLOZAC (René de), 64. BOILEAUE (Jean), clerc du maréchal de Bourgogne, 104 n. 469. BOIS (Hugues du), commissaire aux montres, 124 n. 567. BONAY (Hervol de), maréchal de Berry, 56. BONNEBAUT (Jean de), maréchal de Berry, 56. BORDES (Baude des), secrétaire du duc de Bourgogne, 124. BOUCICAUT, voir LE MEINGRE. BOUESSEAU (Thomas), secrétaire du duc de Bourgo$ne, 143. BOULOGNE (Comtes et comtesses de), voir ETIENNE DE BLOIS, EUSTACHE III, IDE, MATTHIEU 1er, PHILIPPE DE BOURGOGNE, RENAUD DE DAMMARTIN. BOULONNAIS (Maréchaux de), voir HUDREHEN, MOULIN. BOURBON (Ducs de), voir JEAN II, LOUIS IL BOURBON (Girard de), commissaire aux montres, 124 n. 567. BOURBON (Louis, bâtard de), maréchal de Bourbonnais, 89, 141. BOURBON-MONTPERROUX (Catherine de), femme d'Antoine de Toulongeon, 71 n. 278. BOURBONNAIS (Maréchaux de), voir BOURBON, LAYE, LOUP. 226

BOURGES (L'archevêque de), 112. BOURGOGNE (Bâtards de), voir ANTOINE, CORNEILLE. BOURGOGNE (Ducs et duchesses de), voir ALIX DE VERGY, CHARLES LE HARDI, EUDES rer, EUDES III, EUDES IV, JEAN SANS PEUR, HUGUES II, HUGUES III, HUGUES IV, HUGUES V, MARGUERITE DE BAVIERE, MARGUERITE DE MALE, MARIE DE BOURGOGNE, PHILIPPE LE BON, PHILIPPE LE HARDI, PHILIPPE DE ROUVRES, ROBERT IL BOURGOGNE (Maréchaux de), voir BAUFFREMONT, BEAUJEU, COTEBRUNE, COURCELLES, FRIBOURG, FROLOIS, HOCHBERG, LA BAUME, LA TRÉMOILLE, LUXEMBOURG, NEUFCHATEL, PALLEAU, PONTAILLER, RYE, THUREY, TILCHATEL, TOULONGEON, VERGY. BOURGOGNE (Marie de), femme de Pierre de Bauffremont, 79. BOURGOISE (Aymar), gouverneur des aides aux bailliages de Caen et Cotentin, 54-55. BOURS (Wicart de), chambellan du duc de Bourgogne, 123 n. 561. BOUVET (Honoré), 166. BRABANT (Ducs et duchesses de), voir JEAN III, JEANNE, WENCESLAS. BRABANT (Maréchaux de), voir BRIMEU, CRAYE, WEZEMAAL. BRAY (Jean de), maréchal du duc de Normandie, 53-54, 104 n. 468. BRÉAUTÉ (Marie de), femme de Jean, seigneur d'Auvrecher, 39. BRENAC (Renaud de), maréchal du comte d'Armagnac, 52. BRETAGNE (Comtes, ducs et duchesses de), voir ANNE, ARTHUR III, CHARLES DE BLOIS, FRANÇOIS II, JEAN III, JEAN IV, JEAN V, PIERRE MAUCLERC, PIERRE IL BRETAGNE (François de), seigneur d' Avaugour, maréchal de Bretagne, 87, 89. BRETAGNE (Maréchaux de), voir BEAUMANOIR, CHATEAUGIRON, DINAN, FONTENAY, GOYON, KERIMEL, LA CHAPELLE, LA FEUILLÉE, LA HOUSSAYE, MALESTROIT, MONTAUBAN, NEVILLE, QUÉBRIAC, RIEUX. BRÉZÉ (Jacques de), comte de Maulévrier et maréchal héréditaire de Normandie, 40. BRÉZÉ (Louis de), maréchal héréditaire de Normandie, 40. BRÉZÉ (Pierre de), sénéchal de Normandie, 40 n. 114. BRICONS (Guyot de), écuyer d'écurie du duc de Bourgogne, maréchal de l'ost d'Écosse, 104 n. 461, 117 n. 529, 124 n. 565, 189. BRIMEU (David de), seigneur de Humbercourt, 5, 109 n. 494, 118, 123 n. 561, 126-127, 204-205. BRIMEU (Girard de), prévôt des maréchaux de Bourgogne, 158, 163 n. 781. BRIMEU (Guy de), seigneur de Humbercourt et maréchal de Brabant, 41 n. 118. BRIMEU (Jacques de), maréchal de l'ost du duc de Bourgogne, 5, 119. BROTSSE (Hugues de), commissaire aux montres,107 n. 480. BUCKINGHAM (Le comte de), voir THOMAS.DE WOODSTOCK. BUEIL (Jean de), maréchal du duc d'Anjou, 56. BUENCO (Franciscus de), lieutenant du maréchal de Dauphiné, 121 n. 553. BUSSEOL (Jean de), écuyer d'écurie du duc, 123 n. 562. BUSSON, clerc du maréchal de Bretagne, 104 n. 469, 106.

227

c CALIXTE II, pape, 26. CÉLIER (Pierre du), receveur général des finances du duc de Bourgogne, 189. CERVOLE (Arnaud de), dit l'Archiprêtre, 176. CHABANNES (Antoine de), 7. CHALLANT (Boniface de), maréchal de Savoie, 88, 94, 117 n. 528, 140, 148 n. 675, 153. CHALON (Jacquemart de), écuyer, 180 n. 854. CHALON (Jean II de), 68 n. 257. CHALON (Jean III de), prince d'Orange et seigneur d'Arlay, 75, 140, 189. CHALON (Jeanne de), dame de Montrichard, 70. CHALON (Jeanne de), femme de Jean III de Vergy, 68 n. 257. CHALON (Louis de), comte de Tonnerre, 188. CHALON (Marie de), femme de Jean, comte de Fribourg, 75, 83 n. 338. CHAMBLY (Jeanne de), dame de Montgobert, 61 n. 227. CHAMPAGNE (Comtes et comtesses de), voir ADELE DE VALOIS, EUDES DE BLOIS, HUGUES, THIBAUD Ier, THIBAUD Il, THIBAUD III, THIBAUD

v. CHAMPAGNE (Jean de), maréchal du duc d'Anjou, 56. CHAMPAGNE (Maréchaux de), voir AULNAY, CONFLANS, LOUPPY, TRAINEL, VILLEHARDOUIN, VILLY. CHANDOS (Jean), connétable d'Aquitaine, 58. CHANGE (Jean du), prévôt des maréchaux de Bretagne, 157 n. 739, 160, 163. CHAPPEDELAINE (Guillaume), clerc du seigneur de Hangest, 54. CHARDOGNE (Ferry de), maréchal du duc de Normandie, 52. CHARIOT (Baudin), écuyer, 112. CHARLES V, dauphin et duc de Normandie, puis roi de France, 50, 53-54, 57, 60-62, 64, 104 n. 468. CHARLES VI, roi de France, 54, 58, 110-112, 151. CHARLES VII, roi de France, 71, 118, 150. CHARLES VIII, roi de France, 6, 82 n. 335, 83, 86, 98, 173, 185. CHARLES III, roi de Navarre, 31 n. 67, 59 n. 220, 91 n. 397. CHARLES DE BLOIS, duc de Bretagne, 91. CHARLES DE BOURGOGNE, comte de Nevers, 152. CHARLES DE FRANCE, duc de Normandie, 40, 152. CHARLOTTE DE FRANCE, sœur de Louis XI, 40 n. 114. CHARLES LE HARDI ou LE TÉMÉRAIRE, comte de Charolais, puis duc de Bourgogne, 38, 41, 42, 78-83, 85, 88 n. 379, 91-93, 108, 115, 119, 124-125, 127, 129, 131, 138, 145, 148, 150, 157-158, 159 n. 760, 162, 164-165, 167-170172, 174-175, 186,208,211. CHARLES QUINT, archiduc d'Autriche, puis empereur, 50 n. 164, 86, 100 n. 440,108,145,221-223. CHAROLAIS (Le comte de), voir CHARLES LE HARDI. CHARPIN, maréchal du duc de Bourgogne, 27. CHARPIN (Pierre), 27. CHARTRES (Geoffroy de), maréchal du comte de Champagne, 28, 56 n. 193. CHASTEAU (Pierre du), seigneur de La Julousie, prévôt des maréchaux de Bretagne, 157 n. 739, 160. CHASTELLAIN (Georges), chroniqueur, 6, 77, 159, 160 n. 765, 170. 228

CHASU (Guiot de), châtelain de Sens, 134 n. 606. CHATEAUBRIANT (Le seigneur de), 146 n. 662, 161-162. CHATEAUGIRON (Armel, seigneur de), maréchal de Bretagne, 87, 91, 135136, 149-150. CHATEAUGIRON (Patry, seigneur de), maréchal de Bretagne, 87, 91, 147, 185. CHATEAUNEUF (Charlotte, dame de), femme de Renaud du Châtelet, 91. CHATEAUVILLAIN (Bonne de), femme de Thibaud IX de Neufchatel, 85. CHATEL (Tan;suy du), maréchal de Guyenne, 59. CHATELET (Erard III, seigneur du), maréchal de Lorraine, 88, 89, 141. CHATELET (Renaud du), maréchal de Dauphiné, 89, 91, 148, 185-186, 193194. CHATILLON (Gaucher de), sénéchal de Bourgogne, 33 n. 77. CHATILLON-EN-BAZOIS (Robert de), connétable de Bourgogne, 50. CHAUVEL (Jean), trésorier des guerres du roi, 101. CHAUVEL (Robert), trésorier des guerres du roi, 49. CHAVÉRIA (Renaud, sire de), maréchal de l'ost du duc de Bourgogne, 117. CHAVINCOURT (Jean de), écuyer, 53. CHIMAY (Le seigneur de), voir CROY. CHOISEUL (Jean, seigneur de), connétable de Bourgogne, 34. CHOIZ (Eudes de), 37. CHOUSAT (Jean), conseiller du duc de Bourgogne, 135 n. 613. CHRISTOPHE (Pierre), prévôt des maréchaux de Bretagne, 160, 163. CICONS (Didier de), chevalier, 137. CICONS (Guillaume de), écuyer, 137. CLARON (Othenin de), serviteur du comte de Fribourg, 75. CLÉMENT (Aubry), maréchal du roi de France, 28, 29 n. 58. CLÉMENT (Famille), 28. CLÉMENT (Henri), maréchal de France, 28, 29 n. 58. CLÉMENT (Robert), maréchal du roi de France, 28. CLERCQ (Jacques du), chroniqueur, 77, 160 n. 765, 170 n. 819, 172-173, 194. CLERMONT (Guy rer de), maréchal de France, 61 n. 227. CLERMONT (Raoul de), seigneur de Thorigny, 61 n. 227. CLERMONT (Robert de), maréchal du duc de Normandie, 50, 53-54, 60-61, 63, 104 n. 468. CLESSY (Le seigneur de), voir DAMAS (Jean de). CLEVES (Le duc de), voir ADOLPHE, JEAN. CLEVES (Philippe de), seigneur de Ravenstein, 5, 50 n. 164, 97, 116 n. 521, 129, 132, 156, 157 n. 740, 164, 166, 167 n. 802, 168-169, 175, 186, 187 n. 897, 190. CLISSON (Marguerite de), comtesse de Penthièvre, 161-162. COETLOGON (Gilles de), seigneur de Méjusseaume, prévôt des maréchaux de Bretagne, 160, 173 n. 828. COETQUEN (Raoul, seigneur de), maréchal de l'ost de Bretagne, 104 n. 469, 105, 120, 160-161. COLOGNE (L'archevêque de), 137. COLOMBIER (Guillaume de), commissaire aux montres, 124 n. 567. COMPEY (Jean de), conseiller du duc Louis de Savoie, 60 n. 223. CONFLANS (Eustache II, seigneur de), maréchal de Champagne, 43-44. 229

CONFLANS (Eustache III de), maréchal de Champagne, 43. CONFLANS (Famille de), 43. CONFLANS (Hugues 1er de), maréchal de Champagne, 43, 59. CONFLANS (Hugues II de), maréchal de Champagne, 43, 44, 62. CONFLANS (Hugues III de) maréchal de Champagne, 43, 62, 197. CONFLANS (Jean de), seigneur de Dampierre, maréchal de Champagne, 43, 50, 60-63, 197. CONFLANS (Le seigneur de), maréchal de Champagne, 43. CONON, légat pontifical, 26. CONROY, secrétaire de l'archiduc d'Autriche, 212. CONTAULT (Mongin), clerc des comptes, 138. CORNEILLE, bâtard de Bourgogne, 136-138. CORRAU (G.), secrétaire du roi de France, 112. COTEBRUNE (Alix de), femme de Philibert de Rye, 69 n. 259. COTEBRUNE (Jean, seigneur de), maréchal de Bourgogne, 48 n. 151, 68-71, 75 n. 294,93 n. 414, 104, 121-122, 148, 177 n. 838, 178 n. 841, 181-182, 193 n. 923. COUBLANC (Jean de), maître de l'écurie du duc de Bourgogne, 100 n. 442, 118. COURCELLES (Jean, seigneur de), maréchal de Bourgogne, 48, 59, 101, 114, 134 n. 606, 148, 203. COURTIAMBLES (Jacques de), conseiller du duc de Bourgogne, 135 n. 613, 189. COURTRAI (Sohier de), maréchal de Flandre, 36-37. CRAYE (Jean), maréchal de Brabant, 45. CRESPIN (Famille), 39-40. CRESPIN (Guillaume), seigneur de Mauny et du Bec-Crespin, 39-40. CRESPIN (Jacqueline), femme de Robert de Flocques, 40. CRESPIN (Jean), seigneur d' Auvrecher et maréchal de Normandie, 40. CREVECŒUR (Philippe de), maréchal de France, 98. CROIQUOISON (Jean de), maréchal du seigneur de Hangest, 54. CROY (Antoine, seigneur de), 198 n. 935. CROY (Jean, seigneur de), 118. CROY (Jean de), seigneur de Chimay, 116. CUSSIGNY (Millot de), 46. CUVES (Regnier de), écuyer d'écurie du duc, 123 n. 561. D

DAMAS (Jean), seigneur de Clessy, 11 9. DAMPIERRE (Famille de), 30. DAUN (Anne de), femme de Jean IV de Raville, 42. DAUN (Henri de), chanoine de Trèves, 42. DAUN (Henri II de), maréchal de Luxembourg, 42. DAUN (Henri III de), maréchal de Luxembourg, 42. DAUN (Richard VI de), maréchal de Luxembourg, 42. DAUN (Richard VII de), maréchal de Luxembourg, 42. DAUN (Richard IX de), maréchal de Luxembourg, 42. DAUPHINÉ (Maréchaux de), voir ALLEMAN, ARMAGNAC, AURUCE, CHATELET, GASTE, GROSLÉE, ROUSSILLON, SAINT-GEOIRS, SAINT230

PIERRE. DAVID, maréchal du comte Hugues de Champagne, 26, 27. DAVID (Milot), écuyer, 103. DEUILLY (Catherine, dame de), femme de Jacques de Haraucourt, 90-91. DEUILLY (Charlot, seigneur de), maréchal de Lorraine, 88, 90-91, 93. DEUILLY (Marguerite de), femme de Jean Il, seigneur de Haussonville, 90-91. DINAN (Bertrand de), seigneur des Huguestières, maréchal de Bretagne, 87, 89 n. 392, 91, 120, 146 n. 662. DINAN (Charles de), seigneur de Montafilant, 64, 87 n. 365. DINTEVILLE (Claude de), seigneur d'Échannay, 125 n. 570 et 571. DOMPIERRE (Hugues de), trésorier des guerres du duc de Bourgogne, 42, n. 128. DORCHES (Pierre de), maréchal de l'ost du comte de Genève, 116. DROGON, maréchal du roi Philippe 1er, 25. DUCRET, secrétaire, 138. E ÉDOUARD, prince de Galles, 58, 149. ÉDOUARD III, roi d'Angleterre, 58,0 113-114. ENGHIEN (Arnould d'), maréchal du comte de Hainaut, 45. ENGHIEN (Gauthier, seigneur d'), maréchal de l'ost du comte de Flandre, 37. ÉPAULES (Guillaume aux), maréchal de l'ost d'Écosse, 117 n. 529. ÉPIRY (Le seigneur d'), voir RABUTIN (Amé de). EPS (Demoiselle d'), voir ALLOUAGNE (Péronne d'). EPS (Famille d'), 38. EPS (Jean, seigneur d'), maréchal de Flandre, 38, 210-211. ERMESINDE, comtesse de Luxembourg, 42. ESPAGNE (Arnaud d'), maréchal du duc d'Anjou, 55, 56 n. 191, 104 n. 468. ESTAVAYER (Girard d'), 153. ÉTIENNE DE BLOIS, comte de Boulogne, 28. EU (Le comte d'), 112. EUDES, chambellan du comte de Nevers, 27. EUDES DE BLOIS, comte de Champagne, 25. EUDES 1er, duc de Bourgogne, 26. EUDES III, duc de Bourgogne, 33, 35 n. 91. EUDES IV, duc de Bourgogne, 48-50, 66, lOOn. 442, 101 n. 446, 117-118, 181, 186. EUSTACHE III, comte de Boulogne, 28 n. 46 et s. EVRARD, maréchal du duc de Bourgogne, 27. EVRART (Martin), chanoine et official de Rouen, 53. F

FALERANS (Jean de), écuyer, 122. FARCIENNES (Thierry de), voir WALCOURT (Thierry de). FÉNÉTRANGE (Jean, seigneur de), maréchal de Lorraine et de Barrois, 88, 133 n. 601, 150. FERRY, connétable de la principauté de Galilée, 29. FEUQUIERE (Brisegal de), lieutenant du maréchal de Normandie, 53. FILLASTRE (Gillaume), évêque de Tournai, 198 n. 935. 231

FITZNICOL (John), amiral de Bretagne, 92 n. 409. FLANDRE (Comtes et comtesses de), voir GUY DE DAMPIERRE, LOUIS DE NEVERS, MARGUERITE DE CONSTANTINOPLE. FLANDRE (Guy de), 37. FLANDRE (Henri de), 37. FLANDRE (Maréchaux de), voir ALLOUAGNE, BAILLEUL, EPS, LA VICHTE. FLAVIGNY (Étienne de), maître des arbalétriers du duc de Bourgogne, 126. FLOCQUES (Robert de), maréchal de Normandie, 40. FLOHER, maréchal du roi Philippe rer, 25. FONTENAY (Amaury de), maréchal de Bretagne, 64, 87 n. 365. FONTENAY (Colin de), clerc du maréchal de Bourgogne, 104 n. 469. FOREZ (Le comte de), 53, 101-102, 104 n. 468, 105 n. 470. FOROCOURT (Girard de), clerc d'Antoine de Vergy, 105 n. 470. FOURRE (Pierre), archer, 163 n. 780. FOURTUN (Jacquemart de), maréchal de l'ost du duc de Bourgogne, 117. FRAIGNOT (Jean), receveur général de Bourgogne, 70 n. 268, 75. FRANCE (Maréchaux de), voir BERTRAND, CLÉMENT, CLERMONT, CREVECŒUR, TRIE. FRANCE (Rois et reines de), voir CHARLES V, CHARLES VI, CHARLES VII, CHARLES VIII, JEAN II LE BON, JEANNE DE BOULOGNE, JEANNE DE BOURGOGNE, LOUIS VI, LOUIS VII, LOUIS VIII, LOUIS X, LOUIS XI, PHILIPPE rer, PHILIPPE II AUGUSTE. FRANÇOIS II, duc de Bretagne, 89, 106 n. 478, 122 n. 560, 150, 160. FRANÇOIS (Emoul), écuyer, 102. FRESNEL (Philippe de), seigneur de Louppy, 147 n. 664. FRIBOURG (Conrad III, comte de), 74. FRIBOURG (Egon II, comte de), 74. FRIBOURG (Jean, comte de), maréchal de Bourgogne, 73-78,83, 89,91-92,95 n. 421, 102 n. 452, 108, 150, 152, 182, 184. FROIDEVILLE (Hugues de), maréchal d'Auvergne, 56, 135. FROISSART (Jean), chroniqueur, 68, 113. FROLOIS (Guy de), seigneur de Molinot, 139 n. 622. FROLOIS (Jean de), seigneur de Molinot, maréchal de Bourgogne, 48-49, 101 n. 446, 134 n. 608, 178 n. 841, 180 n. 854, 181, 194 n. 929,203-204. G

GARLANDE (Famille de), 25. GASTE (Louis), seigneur de La Barge, maréchal de Dauphiné, 89. GAYAN (Jean), lieutenant du prévôt des maréchaux de France, 174 n. 830. GELENIER (Guy), conseiller du duc de Bourgogne, 206. GEMELIN, maréchal du duc de Bourgogne et prévôt de Dijon, 27. GENDRON (Guillaume), homme d'armes, 164. GENEVE (Le comte de), 30 n. 65 (voir aussi LOUIS, duc de Savoie). GENOUILLY (Jean de), maréchal du comte de Tancarville, 54-55. GEOFFROY, bouteiller du comte de Boulogne, 28 n. 48. GERVAIS, maréchal du comte de Champagne, 28, 43. GHISTELLE (Jean, seigneur de), 139. GHISTELLE (Le seigneur de), 37. 232

GILBERT, maréchal du duc de Bourgogne, 27. GILLES, maréchal du comte de Champagne Thibaud 1er, 26. GIRARD, maréchal de la principauté de Galilée, 29. GORREMONT (Pierre), receveur général du royaume, 177 n. 838. GOSSELIN, secrétaire du comte de Nevers, 189. GOURNANS (Jean, seigneur de), 101. GOYON (Étienne de), maréchal de Bretagne, 64, 87 n. 365. GRANDSON (Jean de), seigneur de Pesmes, 137. GRANDSON (Othon de), 153. GRANTBOAIS (Guillaume), maréchal de la Salle du duc de Bretagne, 46 n. 148. GROS (Jean), secrétaire du duc de Bourgogne, 79. GROSLÉE (Humbert de), maréchal de Dauphiné, 89, 148. GRUYERE (François, comte de), maréchal de Savoie, 88. GRUYERE (Raoul de), 153. GUELDRE (Le duc de), 67 n. 253. GUÉMÉNÉ-GUINGAN (Le seigneur de), 146 n. 662, 161-162. GUERNE (Jacob), clerc du maréchal de Bourgogne, 177 n. 838. GUICHARDE, femme de Milet de Paray, 27 n. 41. GUIGUE ANDRÉ, dauphin, 30. GUIGUE VII, dauphin, 30. GUILLAUME, comte de Nevers, 26. GUILLAUME DE BAVIERE, comte de Hainaut, 45, 113, 118. GUILLAUME, duc de Saxe, 137. GUILLAUME, maréchal du comte de Nevers, 27. GUINES (Manassès de), 28 n. 47. GUY, maréchal des rois Henri 1er et Philippe 1er, 25, 26. GUY 1er, maréchal du duc de Bourgogne, 27. GUY II, maréchal du duc de Bourgogne, 27. GUY DE DAMPIERRE, comte de Flandre, 35, 36, 62. GUYENNE, voir AQUITAINE. H

HAINAUT (Comte de), voir GUILLAUME DE BAVIERE. HAINAUT (Jean de), 41 n. 122. HAINAUT (Maréchaux de), voir ABCOUDE, ENGHIEN, LIGNE, ROLIN, WALCOURT. HALLESALE (Gilbert de), maréchal de l'ost, 119. HALLUIN (Daniel de), 37. HANGEST (Jean, seigneur de), lieutenant du roi en Normandie, 54. HANON (Huet), trésorier de Philippe le Hardi, 57, 103. HANSE (Walter de), sergent d'armes du roi d'Angleterre, 113-114. HARAUCOURT (Gérard, seigneur de), maréchal de Lorraine, 88, 90-91. HARAUCOURT (Jacques de), seigneur de Germiny, 90-91. HARAUCOURT (Jean, seigneur de), 90-91. HARCOURT (Guillaume d'), comte de Tancarville, 152. HARCOURT (Marie d'), comtesse de Vaudémont, 40 n. 113. HAUSSONVILLE (Jean II, seigneur de), 90-91. HAUSSONVILLE (Jean III, seigneur de), maréchal de Lorraine, 88, 90-92.

HEILLY (Agnès de), 38. HEILLY (Jacques, seigneur de), maréchal de Guyenne, 58-59, 135, 141, 147, 181. HELLENVILLIERS (Claudin de), maréchal de Normandie, 54, 135, 147. HENFROI, sénéchal du comte de Boulogne, 28 n. 46. HENRI II, roi d'Angleterre, 39. HENRI IV, roi d'Angleterre, 135-136, 149. HENRI V, roi d' Angleterre72 n. 280. HENRI rer, roi de France, 25. HENRI LE GROS, roi de Navarre, 91 n. 397. HENRI rer LE LIBÉRAL, comte de Champagne, 28. HENRIQUEZ DE LACARRA (Martin), maréchal de Navarre, 31 n. 67, 59 n. 220, 91 n. 397, 185. HILDIER, maréchal de la comtesse Adèle de Champagne, 26. HOCHBERG (Philippe de), seigneur de Baudeville, maréchal de Bourgogne, 5, 77, 82-83, 91-92,94, 96 n. 422,98, 140, 178-179, 185, 191-192. HOCHBERG (Rodolphe de), marquis de Rothelin, 83, 191. HONDSCHOTTE (Le seigneur de), 37. HOUS (Jean du), maître d'hôtel du duc de Bretagne, 46 n. 148. HUDREHEN (Guillaume de), maréchal de Boulonnais, 45. HUGUES, comte de Champagne, 26, 27. HUGUES II, duc de Bourgogne, 26, 27 n. 39. HUGUES III, duc de Bourgogne, 27 n. 40, 33. HUGUES IV, duc de Bourgogne, 33, 35 n. 91. HUGUES V, duc de Bourgogne, 48. HUGUES, maréchal du comte de Boulogne, 28. HUGUES, maréchal du comté de Jaffa, 29. HUMBERT II, dauphin, 31 n. 68. HUMBERT (Nicolas), clerc du maréchal de Bourgogne, 104 n. 469. HUMIERES (Dreu, seigneur de), lieutenant du maréchal de Bourgogne, 122, 153, 167. I

IDE, comtesse de Boulogne, 28. INGELARD, maréchal du roi Henri rer, 25. ISABELLE DE BRETAGNE, fille de François II, 150. IVRY (Le seigneur d'), 112. J

JAS (Jean de), maréchal du dauphin Humbert II, 31 n. 68. JEAN, habitant d'Arras, 172-173. JEAN DE BOULOGNE, comte de Montfort, 49 n. 155, 191. JEAN DE FRANCE, duc de Berry, 56, 112. JEAN D'IBELIN, comte de Jaffa, 29, 196. JEAN II, duc de Bourbon, 89, 141. JEAN III, duc de Brabant, 41, 45. JEAN III, duc de Bretagne, 51-52. JEAN IV, duc de Bretagne, 46 n. 148, 64-65, 92, 113-114, 148. JEAN V, duc de Bretagne, 87 n. 370, 89 n. 392, 105-106, 146 n. 662, 149, 157

n. 732, 161-162, 164 n. 783. JEAN, duc de Clèves, 137. JEAN II, duc de Lorraine, 150. JEAN II LE BON, duc de Normandie, puis roi de France, 4, 49-50, 54, 56-57, 61,63, 82,97, 102,107. JEAN SANS PEUR, duc de Bourgogne, 5, 58-59,68-71,75,106-109, 112-113, 115, 118, 120, 123, 126-128, 135 n. 612 et 613, 150-151, 177 n. 838, 180-182, 187, 188, 190, 192 n. 917, 193 n. 923, 204_ JEANNE DE BOULOGNE, reine de France, 49-50, 66 n. 247. JEANNE DE BOURGOGNE, reine de France, 204. JEANNE DE FRANCE, reine de Navarre, 62. JEANNE, duchesse de Brabant, 41 n. 118, 67 n. 253, 189. JEUMONT (Jean de), maréchal de l'ost du comte de Hainaut, 45, 113. JOINVILLE (Jean de), sénéchal de Champagne, 44. JUCH (Le seigneur du), conseiller du duc de Bretagne, 150.

K KERAZRET (Thomas de), prévôt des maréchaux de Bretagne, 160. KERIMEL (Geoffroy de), maréchal de Bretagne, 64-65, 87, 148. KERPEN (Lucie de), femme de Richard VII de Daun, 42. L

LA BAUME (Claude de), seigneur de Saint-Sorlin, maréchal de Bourgogne, 86 n. 360. LA BAUME (Étienne, bâtard de), maréchal de Savoie, 88, 94, 117, 149, 180 n. 849. LA BAUME (Jean de), commissaire aux montres, 124 n. 567. LABBÉ (Jean), huissier d'armes du duc de Bourgogne, 73. LA CHAPELLE (Olivier de), maréchal du duc de Bretagne, 51-52. LA CHAPELLE (Le seigneur de), 146 n. 662. LA FERTÉ-FRESNEL (Jean II, seigneur de), maréchal de Normandie, 54, 135. LA FERTÉ-FRESNEL (Jean III, seigneur de), maréchal de Normandie, 54. LA FEUILLÉE (Sylvestre de), maréchal de Bretagne, 86. LA HEUSE (Jean, dit le Baudrain de), maréchal de Normandie, 53, 61. LA HEUSE (Robert de), seigneur de Ventes et de Bellencombre, 53 n. 178. LA HOUSSAYE (Eustache de), maréchal de Bretagne, 64, 87 n. 365. LA HUNAUDAYE (Le seigneur de), 64, 87 n. 365. LA LANDE (Josserand de), maréchal du c