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French Pages [280]
Pierre Abélard L’Hymnaire du Paraclet
TÉMOINS DE NOTRE HISTOIRE Volume 21 Collection dirigée par Pascale Bourgain
Pierre Abélard L’Hymnaire du Paraclet
Introduction, texte latin et notes par Franz Dolveck Préface et traduction par Pascale Bourgain
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© 2022, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2022/0095/136 ISBN 978-2-503-59622-8 eISBN 978-2-503-59623-5 DOI 10.1484/M.TH-EB.5.126080 ISSN 1147-436X eISSN 2566-0209 Printed in the EU on acid-free paper.
En guise de préface
Tout le monde connaît Abélard, parmi les médiévistes, les historiens, et même les honnêtes gens, à condition de prendre ce « tout le monde » avec un grain de modestie. Tout le monde, au sens de grand public, sait qu’il convient d’associer son nom à celui d’une femme nommée Héloïse, et éventuellement de retrouver leur tombeau au cimetière du Père-Lachaise. Presque tout le monde sait qu’il s’agit d’un philosophe, à citer parmi ceux qui ont jeté les fondements d’une évolution des méthodes philosophiques sur lesquelles nous vivons encore. Plus rares sont ceux qui arrivent à embrasser tous les aspects d’une personnalité et d’une pensée flamboyantes à travers ses écrits. Justement parce qu’il nous reste de lui, dont les ouvrages ont pourtant souffert de discrédit de son vivant, différentes réalisations, dans des états de finition et de transmission divers, et que cette mosaïque, que la patine du temps nous rend parfois difficile à pénétrer, donne de l’homme et de sa pensée une image complexe et même déroutante. Aucun médiéviste ne peut faire l’économie d’une réflexion sur Abélard, même s’il ne peut le suivre aussi loin que les philosophes dans les méandres de sa pensée en constante évolution. Car il est devenu le symbole de l’indépendance d’esprit, de l’inventivité créatrice, de l’aventure intellectuelle, et, au fil des époques et selon le regard des critiques, du génie méconnu, écrasé par les pouvoirs établis, ou du précurseur trop tôt venu. Chacun se doit donc de le replacer dans son époque pour mieux comprendre celle-ci, ce sur quoi elle s’ouvrait, son foisonnant héritage, ses raideurs et ses richesses. Le début du xiie siècle est une période d’une créativité intense, où se mettent en place les évolutions qui, d’abord imperceptibles, transforment bien vite l’atmosphère spirituelle et intellectuelle. Lentement, le principe d’autorité, jusque là prépondérant, est étayé par le besoin de comprendre rationnellement les textes qui font autorité. La foi en la raison pousse à élucider la structure de l’esprit et du raisonnement, et les méthodes d’enseignement glissent de la lecture commentée d’un texte de base vers une interrogation active à leur propos, sous forme de discussion. La maîtrise du langage et la précision herméneutique semblent essentielles. Il commence alors à se former une langue philosophique, dotée d’un vocabulaire suffisamment précis pour toutes les nuances de la pensée spéculative. Cela aboutira à la distinction de la théologie et de la philosophie, et à la séparation de la littérature d’avec la philosophie, qui n’était pas encore effective. On pouvait encore, à la fin du xie siècle, exprimer poétiquement une pensée qui se voulait philosophique, comme l’avait fait Lucrèce (la philosophie restant, selon l’étymologie, l’amour de la sagesse et du savoir, c’est-à-dire en domaine chrétien de Dieu et du monde créé par sa sagesse). Abélard, né en 1079, représente pleinement ces tendances et a pu paraître comme le chef de file des novateurs. Il renonça à son droit d’aînesse pour se faire le chevalier
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de la dialectique, cette méthode qui prétendait résoudre par le raisonnement les questions posées dans tous les domaines, et mit dans ses études puis son enseignement une pugnacité et une indépendance que ses élèves trouvaient tonique, et ses ennemis (parmi lesquels ses professeurs) irrévérencieuse. Ayant enseigné en divers endroits autour de Paris, il finit par arriver à enseigner la logique et la science divine, qu’on n’appelait pas encore théologie, à l’école cathédrale de Paris, vers 1114-1116, et les étudiants affluent. Enivré par le succès, il a une aventure, sous prétexte d’en compléter la formation littéraire déjà exceptionnelle, avec la nièce d’un chanoine, Héloïse, l’épouse à condition que le mariage reste secret, mais est émasculé par l’oncle qui se croit joué par ce secret. Dans le scandale qui s’ensuit, il fait prendre le voile à son épouse et rentre lui-même au monastère de Saint-Denis, où son esprit critique l’empêche de s’acclimater. Il reprend son enseignement, lequel est condamné, à son grand traumatisme, au concile de Soissons en 1121 ; il se reprend, va créer un ermitage au Paraclet en Champagne, devient ensuite abbé du monastère de Saint-Gildas de Rhuys en Bretagne, n’arrive pas à s’y maintenir face à l’opposition de ses moines qui l’avaient pourtant élu, reprend son enseignement parisien en mettant au point de multiples œuvres philosophiques, éthiques, théologiques, et reste en relation avec Héloïse qu’après la fermeture de son couvent il a installée au Paraclet, où elle mène la vie d’une prieure, puis abbesse, exemplaire. Il sert de directeur spirituel aux religieuses du Paraclet et écrit pour elles une règle (qu’Héloïse n’a guère suivie), des sermons, des réponses à des questions d’exégèse biblique (les Problemata d’Héloïse), et enfin un hymnaire. Mis en accusation à l’instigation du puissant abbé de Clairvaux, saint Bernard, il est condamné au concile de Sens en 1141 et meurt l’année suivante, réfugié sous la protection de l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable. L’ébahissement de l’époque romantique devant les aspects les plus tapageurs de sa biographie et surtout de son autobiographie (l’Histoire de ses malheurs et l’échange de lettres avec Héloïse qui y fait suite) en a fait un terrain miné de controverses, une pierre de touche de la compréhension de l’époque. En ce début du xxie siècle, les tentatives d’interprétation se multiplient, qui tâchent d’éclairer à la lumière de théories contemporaines les traces laissées par ces deux existences. Parmi leur multiplicité, un consensus semble s’établir pour lire cette autobiographie et les lettres comme des documents authentiques mais orientés, écrits avec toutes les ressources intellectuelles de ces deux grands lettrés, l’une par Abélard pour justifier son retour à Paris après son échec à Saint-Gildas ainsi que son rôle de directeur spirituel au Paraclet, les autres par Héloïse pour approfondir son intégrité personnelle et la sincérité de son implication dans sa vocation forcée. En tout cas, le Paraclet apparaît désormais comme un pôle essentiel dans la vie d’Abélard pour tenter de reconstruire son identité comme homme, époux et moine après les deux épreuves majeures de sa vie, sa castration et sa condamnation à Soissons. Et c’est aussi, pour Héloïse, abbesse sans vocation initiale mais dévorée d’exigence intérieure, un lieu d’accomplissement où concilier son dévouement à la volonté de celui qu’elle aime et son itinéraire intellectuel et spirituel. Proposer une approche de l’Hymnaire du Paraclet n’est donc pas sans intérêt. L’Hymnaire est un aspect de la production d’Abélard où sa pensée religieuse et philosophique se reflète, et que sa vie personnelle explique. Abbé en rupture de
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ban, il se sent responsable de l’abbaye que dirige son épouse et des religieuses qui y sont rassemblées, et considère qu’il remplit ainsi ses devoirs d’époux et de fondateur. Mais son exigence intellectuelle, qui ne lui permet pas de se contenter des fastes liturgiques existants, lui fait constituer un ensemble construit, complet, rationnel dans ses interprétations exégétiques et théologiques, tout en étant, dans ses meilleurs moments, d’une limpidité poétique éblouissante. La liturgie est la réactualisation cyclique de l’histoire du salut, intériorisée par ceux qui la célèbrent ; elle doit répondre à une forme définie pour pouvoir être prononcée collectivement, et embellie de toutes les façons (par le chant, par la forme littéraire) à la fois comme hommage à Dieu qui a sauvé l’humanité et pour favoriser l’émotion spirituelle de cette méditation. Il est frappant de voir à quel point cette œuvre dédiée à la liturgie montre comment Abélard a intériorisé et magnifié la vie monastique, qui n’était pas sa vocation originelle, tout en la reliant au reste de son activité de penseur et d’enseignant, qu’il poursuit parallèlement. L’Hymnaire est aussi un des fleurons de la poésie du xiie siècle. Abélard a écrit d’autres poèmes : des poésies d’amour lors de son idylle avec Héloïse, qui sont perdues, même si on a beaucoup cherché à les identifier parmi les pièces anonymes de l’époque ; de superbes lamentations sur des thèmes bibliques, les Planctus, datant probablement de la sombre période qu’il vécut après 1121, et dont il n’est pas évident qu’ils aient été écrits pour Héloïse, bien qu’il les lui ait peut-être envoyés avec l’Hymnaire ; et, probablement à la fin de sa vie car il ne semble pas nous être parvenu dans un état définitif, un poème didactique adressé à leur fils, en vers métriques, dans le genre des conseils moraux à un adolescent. Mais c’est l’Hymnaire qui, avec les Planctus, représente le mieux le talent poétique du philosophe le plus célèbre de son époque : un ensemble lyrique d’une émouvante profondeur, d’une grande pureté de ligne, d’une inventivité formelle sans précédents ni imitateurs. P. B.
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Introduction
Comment introduire à l’Hymnaire du Paraclet quand les deux substantifs qui composent ce titre – ou plus exactement cette description, parce qu’Abélard n’avait pas donné de nom précis à son ouvrage – sont sortis l’un et l’autre de l’usage courant ? Le lecteur trouvera aisément ailleurs les éléments utiles sur le monastère qu’Abélard mit sous le patronage divin du Paraclet, et l’Histoire de mes malheurs (§ 54-57) renseignera sur ce qu’il mettait ou prétendait mettre exactement sous ce mot de « Paraclet » : non pas le « seul » Saint-Esprit, comme c’est l’usage presque universel, mais la Trinité au grand complet. Mais, à moins d’être déjà un spécialiste, où trouvera-t-il de quoi comprendre véritablement ce qu’est et ce à quoi servait un hymnaire ? Il n’existe pas en français d’introduction simple à laquelle renvoyer. Pourtant cette compréhension est nécessaire, parce que l’Hymnaire a été conçu pour servir une fin plus grande que le seul charme de la littérature : la perdre de vue, c’est trahir Abélard, dont le projet a déjà bien assez souffert par le passé, nous le verrons. Ainsi, cette introduction dépasse de loin le cadre strict de l’Hymnaire, pour parler de liturgie mais aussi de versification : elle le fait de manière trop simplifiée et trop schématique pour être absolument honnête, mais au moins, lorsque viendra le moment de présenter les préfaces d’Abélard, le lecteur sera en mesure de comprendre de quoi l’on parle, et n’aura pas à naviguer entre cette introduction et des annexes où il lui serait malaisé de trouver immédiatement les éléments qui l’intéressent.
Excursus préliminaire : l’office divin Le culte catholique est constitué principalement de deux actions liturgiques distinctes : la messe et l’office divin. La messe est une action sacerdotale ; le prêtre agit in persona Christi, c’est-à-dire accomplit en vertu de son ordination les rites prescrits par le Christ le soir du jeudi saint : « À chaque fois que vous ferez cela, vous le ferez en mémoire de moi ». En revanche, l’office divin (ou tout simplement l’office) est une action chorale ; il faut en principe qu’il y ait plusieurs personnes, mais celle d’un prêtre ou même d’un clerc n’est pas nécessaire : l’office est un ensemble de cérémonies prévues pour être dialoguées, soit entre deux moitiés d’une assemblée qui se font face, soit entre une assemblée et un « soliste », que l’on appelle un chantre. Au moins en théorie, l’office est entièrement musical : certaines parties sont chantées (sur des mélodies données), d’autres psalmodiées (sur quelques notes fixes). La pratique peut s’écarter beaucoup de la théorie, puisqu’un prêtre qui lit son bréviaire (c’est-à-dire le livre liturgique qui contient les textes de l’office) est seul et ne chante pas ; mais, dans la majorité voire la totalité des monastères, surtout médiévaux, la théorie est valable. La substance de l’office a fait preuve d’une exceptionnelle permanence ; elle s’est maintenue pendant
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plus d’un millénaire quasiment sans variation ni changement, jusqu’à des réformes successives de Pie X et de Paul VI. Il existe deux formes de l’office, que l’on appelle des cursus : l’un bénédictin, issu des prescriptions de la règle de saint Benoît, et l’autre dit romain, en usage en dehors des monastères. C’est le premier qui nous intéresse ici. L’office est constitué de huit cérémonies distinctes que l’on appelle des heures (ou heures canoniales) ou des offices. Comme leur nom l’indique, elles sont célébrées, en principe, à des heures fixes. Dans l’ordre, ce sont matines (matutinum), laudes (laudes matutinæ), prime (prima), tierce (tertia), sexte (sexta), none (nona), vêpres (vesperæ), complies (completorium). Les matines se célèbrent dans la nuit ; les laudes, à l’aube ; prime, tierce, sexte et none correspondent aux heures de même nom au moyen âge, donc approximativement six heures, neuf heures, midi, trois heures pour nous ; les vêpres se célèbrent au coucher du soleil (en fin d’après-midi), et les complies avant d’aller dormir. Sur le point des horaires, la pratique peut être très différente de la théorie : il était très fréquent que plusieurs heures soient récitées à la suite (surtout matines et laudes, ou laudes et prime), ou que les horaires soient complètement décalés. Pour ne donner qu’un exemple que certains ont pu connaître, avant une réforme de Pie XII, dans les années 1950, la vigile pascale (« office » particulier constitué d’une messe encadrée par les matines et les laudes du dimanche de Pâques), qui aurait dû être célébrée dans la nuit de Pâques, était dite dans la matinée du samedi saint. Parmi les heures, on distingue les grandes heures, offices plus longs et plus solennels, des petites ; les premières sont matines, laudes et vêpres, les secondes prime, tierce, sexte, none, complies. On distingue également heures nocturnes et diurnes : l’heure nocturne est matines, toutes les autres sont des heures diurnes. La composition des heures est complexe. Tenons-nous-en au plus saillant : psaumes, cantiques et hymnes. Les psaumes sont le principal élément, et ils sont le fondement de toutes les heures : l’objectif de l’office, en effet, est de réciter la totalité des cent cinquante psaumes bibliques sur une semaine (en fait, à cause de certaines répétitions fixes, on en récite un peu plus). Ce que l’on appelle les cantiques sont des textes de nature poétique, tirés de l’Ancien ou du Nouveau Testament (à l’exception du Psautier, naturellement) ; leur récitation intervient aux grandes heures seulement. Les psaumes et les cantiques se terminent tous par une doxologie, dont la formule est invariable : Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in sæcula sæculorum, amen, « Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles, amen ». Les hymnes sont les derniers composants majeurs de l’office ; de nature poétique comme les précédents, contrairement à eux, ils ne sont pas d’origine biblique. Nous y reviendrons plus en détail, puisque ce sont eux qui nous intéressent principalement ici. Tout cela est chanté : les psaumes et les cantiques, puisqu’ils n’ont pas de forme fixe, sont psalmodiés, c’est-à-dire chantés sur une « teneur », note unique qui sert tout du long, agrémentée de cadences pour les syllabes finales et d’intonations pour les syllabes initiales d’un verset. Les hymnes, en revanche, ont une véritable mélodie, que l’on répète de strophe en strophe. L’office de matines est le plus long de tous. Il est formé de parties – assez artificielles – que l’on appelle des « nocturnes » ; ces nocturnes sont au nombre de
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deux (les jours ordinaires) ou de trois (les jours de fête). On parle aussi d’offices à trois (les jours ordinaires) ou à douze leçons (les jours de fête) : les leçons sont des lectures, soit bibliques, soit patristiques, soit hagiographiques. Les offices à trois leçons sont constitués d’un seul hymne, puis d’un premier nocturne avec six psaumes et trois leçons, puis d’un second nocturne avec six psaumes seulement. Les offices à douze leçons sont constitués de deux premiers nocturnes avec chacun un hymne, six psaumes et quatre leçons, puis d’un troisième nocturne avec un hymne, trois cantiques, quatre leçons et la lecture de l’évangile du jour. L’office de laudes est constitué de deux psaumes fixes (les Psaumes 66 et 50), un cantique de l’Ancien Testament, quatre psaumes, un hymne et le cantique de Zacharie (le Benedictus, Luc 1.68-79). Les offices des petites heures sont tous semblables, avec trois psaumes et un hymne (dans le cursus monastique, contrairement au cursus romain, on ne chante pas le Nunc dimittis, cantique de Siméon, à complies). L’office de vêpres est formé de quatre psaumes, d’un hymne et du Magnificat (le cantique de la Vierge, Luc 1.46-56). Au moyen âge, la grande majorité des jours liturgiques sont des fêtes : cela comprend tous les dimanches et toutes les célébrations qui tombent, par nature ou par hasard, un jour de semaine. Les jours de semaine sans fête sont appelés des féries. Les fêtes peuvent avoir des degrés de solennité différents, mais elles gardent substantiellement la même structure. Les fêtes les plus importantes ont une octave : c’est-à-dire qu’on les célèbre plus ou moins ne varietur pendant huit jours. Alors que la journée liturgique va normalement de minuit à minuit (et compte donc huit heures canoniales), les fêtes commencent la veille au soir, et empiètent donc sur le jour qui précède. Les vêpres et complies de ce dernier jour sont supprimées et remplacées par des offices propres à la fête (fête qui a donc dix offices en tout). Les conséquences en sont minimes sur les complies (qui, souvent, ne changent pas ou très peu) mais radicales sur les vêpres, qui sont à la fois différentes de celles de la férie qu’elles remplacent et différentes, le plus souvent, de celles du jour même de la fête. On parle de premières vêpres pour celles qui sont célébrées la veille (certains, dont Abélard, emploient aussi le terme de « vigile » dans ce sens), et de deuxièmes vêpres pour celles qui sont célébrées le jour même de la fête. Deux calendriers, le temporal et le sanctoral, se superposent pour constituer l’année liturgique et donner à chaque jour une série d’offices à réciter. Cela, joint au nombre important de fêtes, a pour conséquence que plusieurs fêtes peuvent tomber le même jour (c’est la concurrence) ou risquer d’empiéter l’une sur l’autre (si deux fêtes tombent deux jours de suite, il faut déterminer si l’on célébrera, le soir de la première fête, ses secondes vêpres ou les premières vêpres de la seconde – ou un mélange des deux : c’est l’occurrence). Ces cas sont tranchés en fonction de règles de préséance complexes. Les jours où il n’y a pas de fête, on récite l’office en utilisant une semaine-type, qui comprend des offices « par défaut » pour chaque jour. On peut définir ces deux calendriers de deux manières différentes, mais aucune ne reflète exactement la réalité. Le premier calendrier, le temporal, correspond aux fêtes
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dites mobiles, c’est-à-dire toutes celles qui sont calculées à partir de dates changeant tous les ans : la date de Pâques et la date du premier dimanche de l’Avent. On peut aussi considérer qu’il correspond aux fêtes du Christ. Le sanctoral correspond alors soit aux fêtes célébrées à date fixe, soit aux fêtes des saints. Dans les faits, le temporal a absorbé certaines fêtes fixes (Noël, l’Épiphanie et les fêtes des saints célébrées entre les deux), et l’on peut trouver des fêtes du Christ dans le sanctoral, par exemple la Transfiguration (le 6 août). L’année liturgique commence par l’avent, fin novembre ou début décembre : cela comprend les quatre dimanches précédant Noël et les semaines qui leur correspondent (pour mémoire, le dimanche est traditionnellement le premier jour de la semaine, non le dernier). Le temps de Noël s’achève au terme de l’octave de l’Épiphanie. Le carême compte quarante jours de jeûne avant Pâques, et commence donc en fait quarante-six jours avant (puisque les dimanches ne sont pas jeûnés), le mercredi des Cendres. Le carême est lui-même précédé de la septuagésime (septante jours avant Pâques), période de pénitence moins marquée que le carême lui-même. Les deux dernières semaines du carême (donc les deux qui précèdent Pâques) constituent le temps de la Passion. La deuxième semaine de ce temps, donc la semaine qui précède Pâques, est la semaine sainte. Elle commence par le dimanche des Rameaux ; les jeudi, vendredi et samedi saints sont appelés triduum pascal. Quarante jours après Pâques, donc un jeudi, on fête l’Ascension, puis, dix jours après, un dimanche, la Pentecôte. Le dimanche qui suit la Pentecôte est celui de la Trinité ; il marque la fin du temporal. Les périodes entre l’Épiphanie et la septuagésime, et entre la Trinité et le premier dimanche de l’avent correspondent à ce que l’on peut appeler le « temps ordinaire » : même si le moyen âge ne connaît pas cette dénomination, elle est efficace. Toutes les fêtes du temporal ont des offices propres (également appelés « propres » absolument), au moins pour les grandes heures (elles empruntent alors au dimanche- type les offices ou les parties d’offices qui leur manquent). Pour le sanctoral, en revanche, comme il n’est pas envisageable d’avoir des offices propres pour toutes les fêtes, il existe des « communs », c’est-à-dire des offices-types destinés à servir pour une catégorie donnée de saints. Moins un saint est important, moins il y a d’éléments propres à sa fête ; les moins importants n’ont rien de propre. Ces offices du commun varient en nombre et donc en précision ; en général, il existe au moins un commun de la Vierge (dont les fêtes sont nombreuses), un des martyrs, un des confesseurs (c’est-à-dire tous les saints non martyrs), un des vierges. Il peut en exister pour les apôtres, les évangélistes, les papes, les évêques, etc. ; lorsqu’un saint ne correspond pas aux communs existants, on peut soit lui créer un office propre, soit le rattacher avec plus ou moins de bonheur et de modifications au commun le plus proche (souvent, les saintes femmes non vierges, qui sont rares du reste, empruntent avec un à-propos relatif au commun des vierges). Enfin, l’office divin peut être multiplié : un usage courant veut que l’on récite en plus de l’office ordinaire, certains voire tous les jours, un office de la sainte Vierge, et également un office des défunts.
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Les hymnes Les hymnes sont des compositions poétiques ; c’est-à-dire qu’ils sont en vers, soit métriques (obéissant aux lois de la métrique latine classique, fondée sur la longueur des syllabes) soit rythmiques (ayant un nombre fixe de syllabes, avec éventuellement des rimes et des accents fixes) – le lecteur trouvera plus d’informations sur ce point ci-après. L’unité constitutive de l’hymne est la strophe, c’est-à-dire un nombre fixe de vers ayant une unité de sens. L’hymne est aussi ce qui, pour le fond, est le plus adapté à chaque moment liturgique, parce qu’il évoque l’heure à laquelle il est récité, ou la fête pour laquelle il a été composé, voire les deux, tandis que psaumes et cantiques sont en général reliés de manière plus ténue aux moments ou aux circonstances. L’hymne, on l’a vu, est un élément important de l’office : on en récite pour chaque jour liturgique normalement huit, mais au minimum six (les veilles de fête, amputées de vêpres et complies), et le plus souvent dix. À une époque où la réglementation de la liturgie est très légère, et où chaque église ou monastère peut faire à peu près ce qu’il veut sans avoir besoin d’une autorisation hiérarchique, les hymnes sont, avec le sanctoral, le principal espace de liberté, d’autant que les contraintes du genre sont très réduites : il faut des strophes, mais on peut y employer les types de vers que l’on veut et autant que l’on veut ; et pourvu que cela s’accorde plus ou moins à la fête ou à l’heure prévue, on peut y dire ce que l’on veut. La seconde et dernière contrainte est la présence d’une doxologie finale (une strophe paraphrasant la formule de doxologie des psaumes et cantiques) – sauf pendant le temps de la Passion et à la fête des saints Innocents, célébrations particulièrement funèbres où les éléments les plus joyeux de la liturgie sont omis. Cependant, de cette liberté il est fait un usage paradoxal : alors que, depuis le iiie siècle au moins et jusqu’à aujourd’hui on n’a pas cessé d’écrire des hymnes, seul un très petit nombre d’entre eux a trouvé, à un moment ou à un autre, une place au sein de la liturgie. Il y a certainement au moins deux raisons à cela. D’une part, la liturgie n’est pas un domaine très porté à l’innovation : on y laisse rarement quelqu’un introduire des changements, ou bien, sitôt partie ou morte cette personne, on revient à l’ancienne pratique. D’autre part, tous les hymnes sans emploi liturgique attesté ne sont pas des candidats malheureux ; en fait, l’hymne était devenu un genre littéraire à part entière, un peu comme ces épitaphes qui n’ont jamais été destinées à être gravées sur la moindre tombe : dans bon nombre de cas, les poètes ne les ont pas vraiment écrits pour la liturgie. Le nombre des hymnes utilisés dans la liturgie est souvent assez faible : le « nouvel hymnaire » (pour calquer une expression anglaise, New Hymnal), formé dans le creuset des réformes carolingiennes et très répandu dès lors dans presque toute l’Europe, comprend au plus une soixantaine de pièces, tout comme l’hymnaire dont se dote l’ordre cistercien au milieu du xiie siècle ; l’hymnaire de Cluny comprenait environ quatre-vingts pièces à la même époque. C’est très peu, surtout si l’on compare au bréviaire romain tel qu’il était à la veille du deuxième concile du Vatican (environ cent cinquante hymnes), mais il y a des raisons surtout pratiques à cette relative pauvreté : aucune abbaye n’a assez de livres de chœur pour que tout le monde puisse chanter l’office à vue, en lisant ; il est su par cœur, et cela représente déjà en soi,
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pour nous modernes, une performance impressionnante. Mais autant il est assez facile de retenir l’intégralité du psautier, qui est le premier manuel de lecture et est récité intégralement chaque semaine, autant il est difficile de retenir un hymne et sa mélodie s’ils servent rarement. La place qu’occupe Abélard dans cette longue histoire est très particulière pour deux raisons. La première est qu’il est de très loin le plus prolifique de tous les auteurs d’hymnes, et même probablement de tous les auteurs de pièces liturgiques. Avec quelque cent trente hymnes conservés, son œuvre, en termes de volume, n’est pas susceptible d’être détrônée. Au sein des Analecta hymnica medii ævi, une immense collection de poésie religieuse constituée entre la fin du xixe et le début du xxe siècle, dans les tomes 48 et 50, qui rassemblent les hymnes dont l’auteur est connu ou supposé, l’auteur le plus prolifique après Abélard est Pierre Damien ; et, avec une soixantaine de pièces (mais toutes ne sont pas des hymnes au sens strict), il dépasse déjà de très loin tous les autres. La seconde raison est que, pour ce que l’on en sait, l’Hymnaire du Paraclet représente l’unique tentative de créer un corpus complet et cohérent pour la totalité de l’année liturgique. Sur ce dernier point, toutefois, si Abélard a bien la palme de l’originalité, son entreprise était d’une certaine manière dans l’air du temps et a une forme de précédent qu’Abélard connaissait très bien pour l’avoir reprochée à Bernard de Clairvaux : depuis le début du xiie siècle, à cause d’une interprétation littéraliste de la règle de saint Benoît, les cisterciens avaient supprimé tous les hymnes en usage jusque-là pour les remplacer par une collection très limitée d’hymnes milanais qui étaient tenus pour être l’œuvre d’Ambroise lui-même. Abélard n’est donc pas le seul à avoir voulu réformer, y compris drastiquement, les hymnes de l’office divin ; mais la comparaison ne peut aller plus loin : l’hymnaire cistercien ne cherche pas la cohérence mais l’authenticité des origines, et d’autre part il fait complètement table rase du matériau préexistant. Il n’en va pas de même chez Abélard : comme il l’explique dans la préface au livre premier de l’Hymnaire, son objectif est de vérité, non d’authenticité ; et d’autre part, on verra qu’en au moins une occasion Abélard avait très probablement prévu d’incorporer une pièce préexistante. Il y en avait peut-être d’autres.
Les remarques d’Héloïse et le projet d’Abélard Les trois préfaces conservées sont l’unique document qui nous renseigne sur la création de l’Hymnaire et sur ses principes de composition, mais l’Hymnaire n’est pas pour autant un monument isolé. Dès l’installation d’Héloïse et de ses consœurs au Paraclet, en 1129, et pendant une petite dizaine d’années, Abélard compose une œuvre considérable pour le monastère. Ce corpus Paraclitense, « corpus du Paraclet », comme l’appellent commodément les chercheurs, comprend des ouvrages d’exégèse, parmi lesquels nous avons conservé l’Hexameron, qui est un commentaire aux récits de la création dans la Genèse, et les Problemata Heloissæ, réponses argumentées à une longue série de questions d’Héloïse portant surtout sur des passages difficiles de la Bible ; un recueil réunissant des sermons plus anciens à d’autres écrits spécialement pour le Paraclet ; les Planctus, qui sont l’autre chef-d’œuvre de poésie rythmique
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d’Abélard ; au moins la Lettre 8, adressée collectivement aux religieuses du Paraclet, sur l’étude de la Bible et des trois langues sacrées (latin, grec, hébreu), et peut-être les lettres qui précèdent, échangées avec Héloïse ; puis, naturellement, l’Hymnaire. Même si nous ne savons pas exactement ce que nous avons perdu, nous savons que la contribution d’Abélard à cette fondation religieuse allait au-delà des œuvres conservées. En particulier, dans ce qu’il nous reste de la liturgie du Paraclet, bon nombre d’éléments (prières, antiennes, choix de lectures, etc.) portent la marque d’Abélard. L’Hymnaire n’est donc isolé ni comme œuvre « littéraire », ni comme œuvre liturgique. Abélard présente l’entreprise comme la réponse à une demande d’Héloïse et de ses sœurs en religion. Les religieuses du Paraclet se plaignaient en effet, ainsi que le rapporte Abélard, de plusieurs problèmes posés par les hymnes qu’elles utilisaient, touchant aussi bien au fond qu’à la forme et à l’étendue même de ce corpus. Il n’y a pas lieu d’expliquer les problèmes de fond, inadaptation à l’horaire réel des offices – on en a déjà dit un mot – et exagérations stylistiques, parce que le texte de la première préface parle de lui-même, mais les autres méritent que l’on s’y arrête. On verra ensuite comment Abélard, en composant l’Hymnaire, évite ces écueils. Le problème de forme est abordé le premier. On l’a vu, les hymnes sont conçus de telle sorte qu’une même mélodie, fixe, sert de strophe en strophe ; cela suppose donc que les strophes aient toujours le même nombre de vers – ce qui ne pose pas problème – et que les vers aient toujours le même nombre de syllabes – ce qui n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Pour bien comprendre la question, il faut faire une digression et parler de mètre et de rythme.
Second excursus : versification métrique et versification rythmique Le vers latin traditionnel, que l’on appelle vers métrique, se fonde sur la quantité des syllabes ; c’est-à-dire que, un peu comme en allemand contemporain, elles peuvent être longues (−) ou brèves (⏑). La quantité des syllabes est connue par des règles dont les plus simples seront présentées plus bas. La dernière syllabe d’un vers est toujours indifférente (longue ou brève au choix du poète : ⏓). Le pied est l’unité de base : c’est une suite de syllabes données ; par exemple, le pied qu’on appelle iambe est formé par la succession d’une brève et d’une longue (⏑−). Ces pieds, réunis dans un certain nombre et dans un certain ordre, forment un vers ; par exemple, un dimètre iambique est formé de quatre pieds qui, en principe, devraient tous être des iambes (on parle de dimètre parce que, dans ce contexte, un mètre est une suite de deux pieds : le dimètre a deux mètres, donc quatre pieds). Certains types de vers sont fixes (on dit « purs ») : il est interdit d’y opérer la moindre substitution, c’est-à-dire de remplacer une syllabe ou un pied par un autre. Il en va ainsi du seul hymne métrique de l’Hymnaire, celui pour saint Benoît (125), qui est écrit en strophes saphiques ; une strophe saphique se compose de trois hendécasyllabes saphiques, avec une césure après la cinquième syllabe (−⏑−−− | ⏑⏑−⏑− ⏓) suivis d’un adonique (−⏑⏑−⏓).
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Comme aucune substitution n’est possible, chaque vers a toujours le même nombre de syllabes et toujours une syllabe de même quantité au même emplacement : Glōrĭām sūmmō | sŭpĕr hīs Părēntī, Glōrĭām Vērbō | sŭpĕr hīs pătērnō, Glōrĭām, Sānctūm, | tĭbĭ, Pne̅umă, cūnctī Dēnt sŭpĕr īstīs. D’autres n’admettent de substitutions que de manière limitée, en altérant le nombre des syllabes mais pas celui du rythme. Ainsi, dans l’hexamètre dactylique, formé de six pieds que l’on nomme dactyles (−⏑⏑) dont le dernier est toujours incomplet (−⏑⏑ −⏑⏑ −⏑⏑ −⏑⏑ −⏑⏑ −⏓), ou dans le pentamère (−⏑⏑ −⏑⏑ − −⏑⏑ −⏑⏑ ⏓), on ne peut substituer à un dactyle qu’un spondée (−−). Comme la durée d’une longue équivaut à celle de deux brèves, la durée du vers reste la même : Āstrălăbī fīlī, vītǣ dūlcēdŏ pătērnǣ, Dōctrīnǣ stŭdĭō pāucă rĕlīnquŏ tŭǣ. Les vers iambiques et trochaïques, enfin, admettent des substitutions multiples. Les vers purs, constitués uniquement d’iambes (⏑−) ou de trochées (−⏑) sont très rares ; en fonction de règles très complexes, on peut trouver à tous les pieds d’un vers (sauf le dernier, obligatoirement pur) à peu près toutes les substitutions possibles : spondée (−−), dactyle (−⏑⏑), anapeste (⏑⏑−), tribraque (⏑⏑⏑), voire procéleusmatique (⏑⏑⏑⏑). Le seul véritable interdit est qu’il ne peut pas y avoir de trochée dans un vers iambique, et inversement. Voici l’un des rares exemples de vers iambique pur, chez Catulle, un trimètre (six iambes) : Phăsēlŭs īllĕ quēm vĭdētĭs, hōspĭtēs ; et voici un exemple d’un trimètre bien plus ordinaire, donc bien plus « irrégulier », dans la Médée de Sénèque, où se succèdent spondée, iambe, dactyle, iambe, dactyle, « iambe » (en vérité, c’est un pyrrhique, deux brèves, mais on a vu que la syllabe finale était toujours indifférente) : Nōn ca̅usă sēd nūnc pĕrĕăt ōmnīs mĕmŏrĭă. Enfin, la versification classique est aussi sujette à l’évolution des goûts. Par exemple, les auteurs classiques tolèrent parfaitement qu’un mot terminé par une voyelle soit suivi d’un autre qui commence par une voyelle : dans ce cas se produit une élision, c’est-à-dire que la voyelle finale ne compte pas et n’était pas ou peu prononcée (le cas inverse, l’hiatus, lorsque les deux voyelles comptent, est réservé à des situations très rares). Mais, au fil du temps, ces rencontres sont de plus en plus évitées, à tel point qu’à l’époque d’Abélard elles sont considérées comme une faute à part entière. Le vers rythmique est postérieur au vers métrique en latin ; il a mis longtemps à se former – les premiers exemples sont contemporains de Jules César – mais sur le tard, notamment à cause de son emploi massif dans la liturgie, il a fini par gagner ses lettres de noblesse. À l’époque d’Abélard, il reste inférieur au vers métrique dans la théorie, mais dans la pratique il n’est pas moins valorisé. Pour des francophones, c’est un système très simple à comprendre à condition de savoir placer l’accent tonique
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sur les mots latins : tout ce qui compte, dans ce vers, c’est le nombre des syllabes et la place de l’accent final du vers. Cela mérite un excursus dans l’excursus parce que les grandes règles de l’accentuation sont simples et qu’en les appliquant le lecteur aura l’une des clefs pour goûter l’Hymnaire. L’accent, en latin, est depuis les derniers siècles de l’Antiquité un accent tonique, qui allonge la syllabe qui le porte (comme en italien). Les mots d’une syllabe, évidemment, sont accentués sur cette syllabe. Les mots de deux syllabes sont accentués sur la première (c’est-à-dire l’avant-dernière). Les mots de trois syllabes ou plus peuvent avoir l’accent sur l’avant-dernière ou bien sur l’avant-avant-dernière syllabe ; tout repose sur la quantité de l’avant-dernière syllabe : si elle est longue, elle portera l’accent ; si elle est brève, l’accent ira sur la syllabe précédente. Pour connaître la quantité de cette avant-dernière syllabe, il faut recourir à un diction naire, mais la plupart des cas peuvent être résolus sans cela grâce à quelques règles simples : une syllabe comprenant une diphtongue (æ, œ, au, eu) est toujours longue : adhǽrens ; une voyelle suivie de deux consonnes (sauf si la deuxième consonne est r ou l) ou plus est toujours longue : cæléstis ; une voyelle suivie immédiatement d’une autre voyelle est presque toujours brève : lætítia (mais il y a des exceptions, notamment le nom María et certains mots grecs). Les théoriciens médiévaux admettent quelques exceptions à ces règles : lorsque de telles exceptions apparaissent dans l’Hymnaire, l’accent a été marqué. Le vers rythmique, donc, se définit par le nombre de syllabes (de deux à l’infini, mais rarement au-delà de quatorze) et l’accent final du vers, soit paroxyton (l’accent est sur l’avant-dernière syllabe, cæléstis), soit proparoxyton (l’accent est sur l’avant-dernière, lætítia). Le poète peut éventuellement jouer sur la place des accents au sein du vers, mais il est libre d’en faire ce qu’il veut (et en fait, les bons poètes semblent justement éviter la régularité des accents). Cela suffit à définir un vers. Ainsi, le vers Universórum cónditor est un vers de huit syllabes à cadence proparoxytone : on le note 8pp. C’est l’interprétation rythmique d’un vers métrique, le dimètre iambique, constitué de quatre iambes, dont voici un exemple chez Ambroise de Milan : Ǣtērnĕ rērūm cōndĭtŏr ;
en effet, la structure de ce vers fait que le dernier accent est presque toujours proparoxyton. Le vers Cæli regem et terræ est un vers de sept syllabes à cadence paroxytone : 7p. Un vers rythmique peut avoir une ou plusieurs coupes, représentées, dans les éditions modernes, par un espace plus grand ; ces coupes peuvent, au choix du poète, avoir une cadence obligée (p ou pp). La notation dépend donc du contexte : le vers Univérsa te laudant cóndita est noté par 4p + 6pp, et le vers Gloríficant cuncta dispósita
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par 4pp + 6pp. Mais puisque ces deux vers, tirés du premier hymne de l’Hymnaire, vont ensemble, c’est que la cadence à la coupe est libre : on les notera donc 4 + 6pp. La versification rythmique permet l’hiatus (deux voyelles à la suite sont toutes les deux prononcées individuellement), quitte à l’éviter plus ou moins, mais exclut l’élision. Les vers rythmiques, surtout à l’époque d’Abélard, sont presque toujours rimés (contrairement aux vers métriques, où, à l’époque classique, la rime est même évitée) ; il peut arriver que les coupes aussi soient rimées, soit entre elles dans deux vers de suite, soit avec la fin du vers. Les rimes sont le plus souvent plates (aa), parfois couées (aab ccb) ; les rimes croisées (abab) sont rares, les rimes embrassées (abba) pratiquement inexistantes. À l’époque d’Abélard, la rime est de plus en plus riche – il faut dire que, avec les déclinaisons, l’exercice est facile en latin. Par réaction, pourtant, lui évite aussi souvent que possible ces rimes riches ; sa règle est que la rime doit s’arrêter avant la syllabe qui porte l’accent : cónditor/dispósitor, nascitúrum/nátum. Il se contente occasionnellement de simples assonances : ádmonet/júvenes. Revenons maintenant au problème de forme qu’Abélard et Héloïse reprochent au corpus traditionnel des hymnes. Pour qu’un hymne se prête parfaitement à sa mélodie, il faut qu’il ait toujours exactement le même nombre de syllabes à chaque vers. Si c’est un hymne rythmique, il n’y aura pas de problème (sauf pour quelques pièces très anciennes). Mais si c’est un hymne métrique, il faut que les vers obéissent à des lois beaucoup plus strictes que ce qui est normalement admis : seules les strophes comme la strophe saphique conviennent parfaitement par elles-mêmes. Le problème se pose surtout pour les hymnes en dimètres iambiques : à la suite d’Ambroise de Milan, ce vers a connu un succès jamais démenti dans l’hymnographie latine. Comme, à son époque, la quantité des syllabes était de moins en moins sentie, pour donner plus de régularité au vers, Ambroise avait restreint le nombre des substitutions possibles (sauf le spondée, qui ne change pas le nombre des syllabes) mais il ne se les était pas toutes interdites. Pour prendre un exemple dans un hymne en dimètres que le lecteur est susceptible de bien connaître, on lit dans la troisième strophe du Veni Creator (traditionnellement attribué à Raban Maur, qui vécut au ixe siècle) le vers suivant : Dĭgĭtūs | pătēr|nǣ dēx|tĕrǣ, donc anapeste, iambe, spondée, iambe. Mais la mélodie est conçue pour des vers de huit syllabes :
Il faut donc soit syncoper digitus (dig’tus), soit dédoubler l’unique note prévue pour la syllabe : soit on altère la compréhension du texte, soit on rompt le rythme de la musique. Un autre problème de même nature se pose en cas d’hiatus ; c’est ce qui se produit dans le même hymne, strophe 4 : Infunde amorem cordibus,
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l’e final d’infunde ne doit pas être prononcé. Mais tout cela n’est pas évident au premier regard, parce que l’habitude d’imiter rythmiquement des vers métriques a brouillé les frontières : ici, pour savoir s’il faut ou non prononcer cet e, il faut savoir si l’hymne est métrique (on pratiquera l’élision) ou rythmique (on ne la pratiquera pas) ; cela ne simplifie pas le travail des choristes, déjà dense. Abélard évoque ensuite le problème du corpus. Citant Héloïse, il regrette qu’il n’y ait pas d’hymnes propres à certaines fêtes : nommément, celles des saints Innocents, des évangélistes, et des saintes femmes ni vierges ni martyres. Sur ce point, ils ne sont pas entièrement de bonne foi. Il est vrai que, dans les usages liturgiques de leur époque et des lieux qu’ils connaissaient, il n’y avait pas d’hymnes propres à la fête des saints Innocents (le 28 décembre), mais il n’est pas vrai qu’il n’existait pas d’hymnes disponibles. Certes, ceux écrits par Bède le Vénérable (Hymnum canentes martyrum) ou Raban Maur (Carmina psallere voce, lyra), pour ne donner que des exemples non anonymes, leur étaient inconnus, et n’ont apparemment jamais été en usage au moyen âge ; mais Abélard et Héloïse connaissaient sûrement Prudence, et auraient pu utiliser les strophes se référant aux Innocents dans le douzième hymne du Cathemerinon : cela se faisait dans le Sud de l’Italie et dans le Saint-Empire. Il est vrai aussi qu’il n’existait pas, au xiie siècle, d’hymnes du commun des évangélistes ; mais aussi en sentait-on le besoin ? Ils ne sont que quatre, et trois d’entre eux peuvent être fêtés comme apôtres. Quant aux hymnes pour les saintes femmes ni vierges ni martyres, il est presque vrai qu’il n’en existait pas ; tout au plus trouve-t-on, rarement, des hymnes pour des veuves, ou pour des abbesses. Mais il y a une raison terriblement pratique à cette absence : dans les calendriers médiévaux, les saintes ni vierges ni martyres sont extrêmement rares. En fait, la seule à avoir été véritablement célébrée, Marie Madeleine, a des offices (avec des hymnes) propres ; les quelques figures que l’on peut trouver parfois (surtout sainte Marie l’Égyptienne, très populaire à partir du xiie siècle) ne semblent pas avoir fait l’objet de plus que de « mémoires », c’est-à-dire de simples mentions à l’office et à la messe. Il existe bien quelques martyres mariées des premiers siècles, mais en pratique on les honorait comme des vierges martyres, ou au sein de fêtes collectives. La critique est donc vraie, mais pour que des hymnes pour les saintes femmes « ordinaires » aient un sens, il aurait fallu inscrire au calendrier de telles saintes, et qui plus est en nombre suffisant pour qu’un commun soit utile. À tous les problèmes évoqués il était possible d’apporter des solutions simples ou économiques : Abélard aurait pu se contenter de corriger les hymnes « fautifs » pour la forme et le fond, et de n’en composer que pour les lacunes expressément désignées ou pour remplacer ceux qui ne pourraient être amendés à moindre frais. Mais il va bien au-delà, et le reconnaît non sans un certain humour dans la préface au livre III : « Songez bien avec quelle prodigalité nous avons répondu à votre demande… nous avons compensé les déficiences de notre éloquence par le nombre des hymnes ». Une entreprise aussi hardie, qui revient à faire pratiquement table rase d’un corpus d’hymnes vénérables par leur antiquité ou l’universalité de leur usage, n’allait pas de soi, mais elle n’est pas unique chez Abélard : il avait déjà fait modifier dans la liturgie du Paraclet le texte du Notre Père. Comme de nos jours, la version usuelle est conforme
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au texte de saint Matthieu (6.9-13) à un mot près : le pain, que Matthieu qualifie de « supersubstantiel » est dit « quotidien », mot pris à la version plus brève de la prière que donne Luc (11.1-4) ; Abélard avait fait supprimer cette contamination au profit du texte pur de saint Matthieu. Bernard de Clairvaux, de passage au Paraclet à une date imprécise entre 1131 et 1135, s’en était scandalisé. Dans sa lettre de justification, la Lettre 10, l’argument de fond qu’Abélard lui oppose se résume dans une citation qu’il fait du pape Grégoire VII : « Si jamais tu voulais m’opposer la coutume, remarque bien que le Seigneur a dit : Je suis la vérité ; il n’a pas dit : Je suis la coutume ». En d’autres termes, la tradition est vénérable, et il n’est pas question de la changer gratuitement, mais lorsqu’elle est manifestement en tort il n’y a pas à hésiter. Cette même lettre, d’ailleurs, révèle aussi un autre problème possible auquel Abélard veut remédier par l’Hymnaire, parce qu’il y reproche la pauvreté du premier hymnaire cistercien, recréé de toutes pièces, on l’a vu, au début du xiie siècle avec l’objectif de n’accepter que des hymnes composés par Ambroise de Milan : « Tout le long de l’année, aux matines des féries aussi bien que des fêtes, vous vous contentez d’un seul et même hymne ». Il n’a d’ailleurs pas dû être le seul à faire la remarque, parce que la seconde version de l’hymnaire cistercien, supervisée par Bernard, est bien plus riche – même si en termes de nombre elle reste très en dessous de l’Hymnaire du Paraclet. En fait, Abélard saisit cette occasion de constituer un corpus non seulement complet mais aussi cohérent, riche pour la forme aussi bien que pour le fond. De ce point de vue, son entreprise va bien au-delà de ce que lui demandaient les religieuses du Paraclet, et n’a jamais eu d’égal. Abélard y a manifestement pris plaisir : non seulement il a multiplié les hymnes, mais encore il a dû les composer sur une période relativement brève – nous ne savons pas exactement quand, mais c’est en tout cas après la lettre à Bernard de Clairvaux et avant la collection de sermons, dont la lettre-préface évoque l’Hymnaire – et dans des années, la décennie 1130, où sa production est très importante. Il s’attache à nourrir l’intelligence et la foi des religieuses, et se refuse donc à la facilité : rien n’est creux, rien n’est superflu dans l’Hymnaire ; et il me semble même que la difficulté de la syntaxe est voulue comme un moyen de contraindre à réfléchir à ce que l’on chante, parce que le sens ne vient pas toujours de soi-même. Mais l’Hymnaire illustre bien l’un des paradoxes d’Abélard : c’est à la fois un homme de rationalité et d’organisation logique, et à la fois un homme pragmatique. La constitution des hymnes pour la semaine-type, comme il l’explique dans la préface au deuxième livre, correspond à cette facette rationnelle et logique (bien que, dans le détail, l’organisation ne soit pas absolument régulière) ; la réponse qu’il apporte à la question des horaires plus ou moins respectés correspond à l’autre facette. Il aurait été très simple de faire remarquer à Héloïse que le Paraclet n’était pas une petite maison et avait tout à fait les moyens de respecter scrupuleusement les horaires canoniques ; mais Abélard, qui a déjà quinze ans d’expérience monastique, y compris dans l’une des plus grandes abbayes du royaume de France, Saint-Denis, et y compris comme abbé de l’établissement bien moindre de Saint-Gildas de Rhuys, sait bien que l’écart entre la théorie et la pratique n’est pas toujours réductible. Sa solution consiste à éviter de mentionner les moments de la journée dans la plupart des hymnes. On peut en déduire que si ces précisions subsistent aux petites heures, c’est que le Paraclet parvenait à les réciter au bon horaire, contrairement aux grandes.
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Il est frappant, à ce titre, que l’hymne des laudes du dimanche (10) prenne grand soin d’utiliser les thèmes du jour, de la lumière, du matin, d’une manière qui se prête toujours à une interprétation uniquement métaphorique. Que les laudes soient dites aussitôt après matines, ou juste avant prime, avant, pendant ou après le lever du soleil, l’hymne reste toujours pertinent, et les religieuses n’ont pas à « mentir ». De la même manière, il évite avec soin d’évoquer positivement les sentiments de l’assemblée : il ne le fait que de manière détournée (par exemple aux laudes du jeudi saint [111], il ne dit pas « nous ne supportons pas d’entendre cela », mais « qui pourrait supporter d’entendre cela ») ou bien il fait demander à Dieu de les rendre tels qu’ils devraient être (par exemple dans la fausse doxologie des hymnes pour le triduum pascal) ; il s’en tient à une forme de modération souriante – qui n’est pas peu surprenante chez un personnage souvent extrême – que révèle bien, notamment, l’hymne d’action de grâces après le repas (14). Dans la structure générale, l’Hymnaire n’a rien de très original – il n’y avait guère matière à innover. La seule particularité notable est l’organisation en cycles caractérisés par une forme unique et une mélodie unique. Le dimanche est le seul jour pourvu d’hymnes pour toutes les heures ; les féries n’ont d’hymnes propres que pour les grandes heures, et l’on récite aux petites les hymnes du dimanche. C’est ce qui se pratiquait à peu près partout. Le triduum pascal, qui est formé des jours les plus saints de la liturgie chrétienne, est le seul à avoir des hymnes pour toutes les heures, jusqu’à none du samedi saint (puisque ensuite viennent les premières vêpres de Pâques), mais il en manque aux complies du jeudi saint et aux matines du vendredi saint. Abélard prévoyait peut-être que l’on utilise l’hymne ordinaire (le numéro 17) à complies, et très probablement que l’on chante à nouveau aux matines l’hymne des vêpres du jeudi saint ; mais il est possible aussi que ces trois offices aient été fusionnés en un seul. En tout cas, il n’y a pas lieu de découper cet hymne en trois, comme le faisaient certaines éditions (qui en plus les attribuaient aux trois nocturnes de l’office romain du vendredi saint, alors qu’il n’y a que deux nocturnes dans l’office monastique). Pour les fêtes du temporal et du sanctoral, Abélard n’a prévu « que » quatre hymnes : c’est déjà plus que la pratique la plus courante, qui est de deux hymnes (servant l’un pour les deux vêpres, l’autre pour matines et laudes, ou bien à tour de rôle). Il détaille dans la préface au troisième livre la manière dont il entendait qu’ils fussent utilisés : les trois premiers serviront pour les trois nocturnes, et le quatrième à laudes ; aux premières vêpres, on chantera les deux premiers, et aux secondes les deux derniers. Pour ce dernier point, il laisse le choix entre deux solutions : soit chanter les deux hymnes comme un seul (donc en supprimant la doxologie au premier et en enchaînant directement avec le second), soit altérer la structure de l’office et chanter non pas les quatre psaumes puis les deux hymnes (réunis un un seul), mais deux psaumes et le premier hymne, puis les deux autres psaumes et le deuxième hymne. Ainsi, chaque hymne est chanté deux fois à chaque fête : c’est assez pour se pénétrer de leur matière, mais assez peu pour ne pas lasser par trop de répétition. Pour les fêtes des saints, composer des hymnes pour les Innocents et un commun pour les évangélistes ne posait pas de problème : il suffisait de ne pas composer d’hymnes propres pour chacun des évangélistes, qui auraient rendu caduc le commun.
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Saint Jean échappe à la règle, mais parce qu’il est honoré à son « grade » le plus élevé, celui d’apôtre (peut-être, comme il en existe deux fêtes, le 27 décembre et le 6 mai, était-il envisagé que les hymnes des évangélistes servent pour l’une des deux). Mais pour les saintes femmes, le plan arrêté par Abélard montre qu’il a bien conscience de la difficulté que nous avons montrée : un commun des seules saintes femmes ni vierges ni martyres n’aurait jamais servi. Sa solution est habile : il ne crée qu’un seul commun spécifique, pour les fêtes d’une (seule) vierge martyre ; par conséquent, l’autre commun servira pour toutes les autres, y compris les fêtes de plusieurs vierges martyres (par exemple, les onze mille vierges). Enfin, comme chaque commun a une forme donnée qui lui est propre, Abélard peut aussi se permettre de ne pas composer, pour les saints les plus importants, de cycles complets : il ne compose qu’un ou deux hymnes, qui seront complétés par des hymnes du commun correspondant.
La tradition manuscrite et l’organisation de l’Hymnaire L’Hymnaire nous est connu grâce à deux sources principales, complémentaires. Ce sont deux manuscrits que l’on appelle B (Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 10147-58) et C (Chaumont, bibliothèque municipale, 31). Aucun des deux n’est complet : ils ont beaucoup d’hymnes en commun, mais chacun des deux en a que l’autre n’a pas. On verra aussi que l’on peut supposer, avec différents degrés de probabilité, l’existence de certains hymnes non conservés. Le manuscrit de Bruxelles est en fait un volume composite, dont les différents éléments ont été réunis tardivement ; les feuillets 81 à 96, qui contiennent l’Hymnaire, n’ont rien à voir avec le reste. Ils ont été copiés probablement dans le dernier tiers du xiie siècle, peut-être dans une zone sous influence germanique mais en tout cas pas en France, ni a fortiori au Paraclet : le copiste a des habitudes très caractéristiques qui sont étrangères aux usages aussi bien du domaine royal que du comté de Champagne. En plus des trois préfaces que nous connaissons, seul le texte des hymnes a été copié, avec une grande lettrine rouge au début de chacun et une plus petite au début de chaque strophe (avec un bon nombre d’erreurs dans ces opérations, effectuées dans un second temps). Il n’y a ni titre, ni rubrique, ni notation musicale. B transmet l’Hymnaire en trois livres. Le livre premier est manifestement complet et ne pose pas problème. Le livre II a quelques défauts dont je reparlerai, mais semble globalement complet. En revanche, le livre III a deux lacunes. On identifie la première notamment parce que B ne copie que deux hymnes pour la sainte Vierge, au lieu de quatre, avant de passer directement aux apôtres : le scribe a dû sauter une ou plusieurs pages de son modèle. La seconde lacune est à la fin, mais le responsable n’est pas le copiste de B : le manuscrit s’interrompt au cours du deuxième hymne pour la Madeleine, et nous avons perdu la suite. Le manuscrit de Chaumont est, pour faire simple, un bréviaire : il contient la plupart des éléments nécessaires à la récitation de l’office divin, et notamment les hymnes. Il provient du Paraclet, où il a dû être copié et enluminé, et date des premières années du xvie siècle. Ce n’est donc pas à proprement parler un manuscrit de l’Hymnaire d’Abélard : c’est plutôt un manuscrit liturgique qui se trouve contenir bon nombre des hymnes dont la somme forme ce que l’on appelle l’Hymnaire.
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Par ailleurs, l’hymne d’action de grâce après le repas (14) et les hymnes des laudes et vêpres du samedi (28-29) figurent dans un manuscrit copié à l’abbaye de Savigny (diocèse d’Avranches) dans la deuxième moitié du xiie siècle (Paris, Bibliothèque nationale de France, latin 2040A , siglé P). Les hymnes pour la Vierge (61-63) figurent aussi dans trois manuscrits de la fin du xiiie siècle provenant de l’abbaye des bénédictines de Saint-Maur de Verdun. L’hymne des vêpres du samedi (29) figure dans huit manuscrits généralement tardifs, originaires du Grossmünster de Zurich ou de l’abbaye de Rheinau et aujourd’hui conservés à Zurich ou à Saint-Gall ; certains d’entre eux, chose unique, ont conservé non seulement le texte mais aussi la musique de l’hymne. Mentionnons uniquement le plus ancien manuscrit de ce groupe ; il n’a que le texte, mais il a échappé à la recherche abélardienne : Saint-Gall, bibliothèque abbatiale, 387. C’est un bréviaire datant du xie siècle où l’on a copié au xiie, p. 48, deux hymnes : celui d’Abélard qui nous occupe et un hymne pour Pâques attribué à Fulbert de Chartres, Chorus novæ Jerusalem. Si nous avions seulement B ou seulement C, présenter une édition de l’Hymnaire serait très facile : soit on reproduirait le contenu de B, soit on présenterait les hymnes dans l’ordre de l’année liturgique, en suivant donc C. Mais concilier les deux est très difficile. Paradoxalement, c’est un problème inéluctable, mais c’est une sorte de faux problème : Abélard a certainement envoyé l’Hymnaire au Paraclet, en une fois ou en plusieurs, sous une forme correspondant à celle de B, c’est-à-dire comme plusieurs « livrets » précédés chacun d’une lettre-préface, mais c’était une forme artificielle qui n’était aucunement appelée à persister ; les hymnes devaient être recopiés dans les manuscrits liturgiques du monastère, et l’original rangé sur un rayonnage dans le meilleur des cas, voire éliminé dans le pire. On serait donc fondé à tout réorganiser selon l’ordre liturgique ; mais que faire alors des préfaces ? Les réunir à part n’est pas satisfaisant ; il faut donc tant bien que mal essayer de reconstituer l’ordre de l’original. Le livre I ne pose aucun problème puisqu’il est complet, mais il appelle une remarque : Abélard a séparé les hymnes de matines des autres pour une raison formelle (ils ont un schéma rythmique et une mélodie propre) et pratique (les matines étant particulièrement longues, elles avaient leurs propres livres liturgiques, distincts de ceux qui servaient pour les heures diurnes). Je n’ai pas osé altérer cela, mais le lecteur est très vivement invité à lire les hymnes non pas selon cet ordre mais selon celui des jours : c’est ainsi qu’ils devaient servir, et c’est ainsi qu’ils s’éclairent mutuellement. Le livre II pose des problèmes plutôt mineurs. Apparemment, il est complet, puisqu’il contient des hymnes pour toutes les fêtes attendues. La seule absence éventuelle serait celle de l’Annonciation (fête fixe, le 25 mars, mais assimilable à une fête du Seigneur), importante en soi et aux yeux d’Abélard, et pour laquelle il compose un sermon auquel il donne la première place de son recueil ; mais l’Annonciation est une fête de la Vierge, les hymnes de son commun sont tout indiqués. Toutes les difficultés se concentrent sur les hymnes pour l’Invention de la sainte croix (le 3 mai), transmis seulement par B ; non seulement nous n’avons pas le bon nombre d’hymnes (d’après la préface au livre III, il devrait y en avoir exceptionnellement cinq), mais en plus ce que nous avons est mal placé, entre les troisième et quatrième
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hymnes pour l’Ascension, et par-dessus le marché B a probablement mal compris et donc appliqué la division en strophes. Le copiste a dû être confronté à un défaut de son modèle, peut-être un groupe de pages mal reliées dont une partie s’est perdue et l’autre a été placée au mauvais endroit. Les hymnes pour l’Invention doivent certainement être placés avant ceux pour l’Ascension, et non après : la probabilité que l’Ascension, fête mobile, tombe le 3 mai ou avant est très faible. Pour le xiie siècle, cela ne s’est produit que six fois, en 1136 (30 avril), 1163 et 1174 (2 mai), 1106, 1117 et 1190 (3 mai). Chrysogonus Waddell a formulé l’hypothèse (dans son édition citée ci-après, t. I, p. 83), avec force précautions et sans y croire beaucoup lui-même, que l’Hymnaire aurait été envoyé au Paraclet de manière à servir dès 1136 (donc en 1135) ; mais pour cela il faudrait être sûr que l’Invention figurait bien après l’Ascension dans l’original de l’Hymnaire, et il resterait très étonnant qu’Abélard choisisse d’inscrire ainsi son ouvrage, supposé valoir à perpétuité, dans la contingence d’une année très particulière. La question de la place du cycle réglée, il reste ses problèmes internes. Il faut dire d’emblée qu’il n’y a pas de solution parfaite, entièrement satisfaisante ; celle que je propose ici me paraît la meilleure en fonction des éléments dont nous disposons, mais ma plus grande joie serait d’être contredit par la découverte d’un nouveau témoin, peu probable, mais pas impossible. Voici comment se présente le cycle dans B (pour plus de clarté ce n’est pas exactement le texte de B que je donne mais celui qui est édité ci-après, avec donc quelques corrections par rapport à la copie de B) ; les alinéas correspondent à une grande capitale, c’est-à-dire dans le système de B au début d’un hymne, et les majuscules en gras correspondent aux petites capitales, c’est-à-dire à ce que B considère comme le début d’une strophe. Je numérote toute la série en continu, en fonction de ces mêmes « strophes », que j’appellerai des éléments. 1Salve
cælestis vexillum regis salve crux sancta 2Qua spoliato prædone diro præda reducta 3Averni portæ jacent contritæ claustra confracta 4Tau beatum quo pænitentum fronte signata 5Interfectoris ira crudelis est religata 6Vile latronum quondam tormentum eras pro pœna 7Nunc gloriosum frontibus regum signum impressa 8Tu lignum vitæ in qua rex ipse conscendit palma 9Ut fructu tui letalis pomi restauret damna 10Felici nautæ hac quasi nave fruendo tuta 11Per mare magnum hoc navigandum est ad superna dPersonis trino. 12Serpens erectus serpentum morsus conspectu sanat 13Antiqui virus serpentis christus suspensus curat 14Sophia patris medelam cunctis ex se ministrat 15Prophetæ virga silex bis icta aqua redundat 16Lignis duobus christus appensus de se nos potat 17Bibit judæus sed christianus refectus extat dPersonis trino. 18Lignum amaras indulcat aquas eis immissum 19Omnes agones sunt sanctis dulces per crucifixum 20Calix præclarus mortis est potus ipsis per ipsum 21Quæque tormenta sunt eis grata per hoc exemplum 22Ut dolor meus dolor est nullus attendunt scriptum 23Quippe qui cuncta portat peccata nescit peccatum 24Passo pro cunctis est universis compatiendum dPersonis trino. Puisque Abélard dit qu’il a écrit cinq hymnes mais que B n’en a que trois, il y a deux solutions, qui peuvent se combiner : soit des hymnes sont perdus, soit B en a réunis plusieurs en un seul.
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Commençons par la forme. Les vers sont de cinq syllabes, paroxytons (5p) ; apparemment, ils forment des strophes de trois vers, rimés aab, où b est commun pour tout l’hymne (1 –a, 2 –at, 3 –um). Apparemment seulement, parce que la syntaxe montre sans ambiguïté que les éléments 2-11 forment non pas dix mais cinq strophes : autrement, Abélard, qui tolère rarement qu’une phrase soit plus longue qu’une strophe, l’aurait systématiquement pratiqué ici. Cependant, l’idée de strophes de six vers ne fonctionne pas partout : les éléments 12-17, pour le sens, doivent être regroupés par trois (préfiguration vétérotestamentaire – application au Christ – élargissement à l’humanité). En outre, tous les éléments sauf 2-11 pourraient, syntaxiquement, former chacun une strophe. Avant d’y revenir, passons à l’identification des lacunes. Le groupe 12-17+D(oxologie) forme un ensemble très cohérent, fondé sur deux préfigurations vétérotestamentaires du Christ sur la croix. Il n’y a pas de raison objective de supposer que cet ensemble soit incomplet. Le groupe 18-24+D est cohérent dans la thématique (les souffrances des saints dans leurs rapports avec la passion du Christ), mais a des problèmes de cohérence interne : 22 appelle un commentaire (qui devrait limiter les mérites des souffrances des saints, vu l’usage que fait Abélard de la même citation biblique dans les Sentences, 173), tandis que 23 est le commentaire de quelque chose qui précédait (à cause de quippe) et qui ne peut être 22, sans rapport immédiat. Il manque nécessairement quelque chose entre les deux. Enfin, même si l’on s’en tient à l’idée de strophes de trois vers, 24 ne se suffit pas à soi-même : on attend une sorte de synthèse, dont ce serait la conclusion. Dans le groupe 1-11+D, enfin, si l’on tient pour des strophes de six vers, 1 est incomplet ; et d’autre part 10-11 sont sans rapport avec ce qui précède. En outre, alors que tous les éléments qui précèdent s’adressent à la croix à la deuxième personne, le groupe 10-11 en parle à la troisième. En prenant en compte tout cela, il me semble que l’on peut atteindre quelques certitudes. Premièrement, la lacune principale est entre 9 et 10. Deuxièmement, 1-9 constituent, parce qu’ils s’adressent directement à la croix, l’hymne « invitatoire » mentionné par Abélard (dans cet hymne, j’ai rétabli la doxologie, mais comme c’est à proprement parler une pièce para-liturgique, peut-être n’y figurait-elle pas). Troisièmement, 10-24 forment le reliquat des trois hymnes finaux du cycle : 10-11+D sont la fin de l’hymne II, 12-17+D sont l’hymne III, et 18-24+D sont l’hymne IV. L’hymne I est donc entièrement perdu. Il reste à résoudre la question de la forme de la strophe. Selon les éléments pris en compte, on peut pencher pour trois vers (1), six (2-11 nécessairement, probablement aussi 18-24), ou neuf (12-17). C’est la seule fois que, dans l’Hymnaire, on ne peut pas définir sans hésitation la strophe : ce ne peut être un hasard que ce cycle soit aussi le seul où l’on trouve une rime qui se prolonge sur tout l’hymne. Nous n’avons plus, hélas, la mélodie, qui aurait peut-être aidé à résoudre la question. Je vois deux solutions (qui sont plus une question de théorie que de pratique). La première, plus satisfaisante en matière d’hymnes (où la strophe est un élément essentiel), est une strophe de six vers, passée exceptionnellement à neuf vers pour l’hymne III (12-17) ; l’inconvénient est qu’il faut supposer une lacune pour la strophe initiale du cycle (1), lacune possible mais que rien n’indique particulièrement. La seconde consiste à voir dans ces hymnes des pièces en vers longs de quinze syllabes (5p + 5p + 5p)
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tendant, mais sans exclusive (ce que permet la rime b commune à tout l’hymne), à se grouper par deux, ou dans l’hymne III par trois. Il n’y a pas d’exemple dans l’Hymnaire d’une structure semblable ; mais relativement comparable, à défaut, est le cas des hymnes pour les confesseurs, où le vers de onze syllabes proparoxyton est coupé, dans les hymnes I, III et IV, 4p + 7pp, et dans l’hymne III 7pp + 4pp. De la sorte, il faut quand même supposer une lacune d’au moins deux vers longs entre 22 et 23, et d’un entre 23 et 24, mais on peut se dispenser d’en supposer une au niveau de l’élément 1 (qui pourraît être après, ou au milieu entre regis et le deuxième salve). La seconde solution est plus économique, mais, sur des critères en partie subjectifs, je préfère retenir la première, notamment parce que toutes les fois qu’il utilise des vers (ou membre de vers) très courts (pour l’Épiphanie et les Innocents), Abélard les groupe par six. Puisque de toute façon il faut supposer une double lacune dans l’hymne IV, cela ne change plus grand’chose d’en supposer une aussi dans la première strophe de l’hymne « invitatoire ». Pour ce qui est de la doxologie, il me paraît assuré qu’elle est constituée d’au moins deux vers longs : puisqu’elle doit être commune à tout le cycle, si elle était formée d’un seul élément, son troisième vers ne rimerait pas toujours. Il en faut deux au moins pour qu’ils riment entre eux. Cette rime est très probablement en –a, ce qui correspond à l’hymne « invitatoire » et à ce qu’il reste de l’hymne II. Sur cette base, je propose – évidemment sans aucune garantie, pour l’exemple – la reconstitution suivante ; je ne dis pas que c’est ce qu’Abélard a écrit, mais que c’est quelque chose qu’il aurait pu écrire : Personis trino Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla. La substance et le détail sont assez proche de la doxologie de Noël. Le vers 2 est quasiment assuré à cause du vers 1 ; une alternative possible serait Usia uno (il y a dans les hymnes de ce cycle une tendance hellénisante, Tau et Sophia ; usia, forme translittérée du grec οὐσία, « essence », est attesté chez Abélard). Comme ni Spiritui ni Paraclito ne peuvent rentrer dans le vers, je prends le synonyme Pneumati (Abélard emploie Pneuma une fois, dans la doxologie de l’hymne à saint Benoît). Une alternative serait Flamini, mais le mot ne figure pas dans ce que nous avons d’Abélard. Passons maintenant au livre III. Il est organisé selon deux critères, la hiérarchie des saints et la forme des hymnes ; en d’autres termes, Abélard a regroupé les hymnes propres à certains saints à la suite des communs auxquels ils correspondent. On l’a dit, il y a dans B une lacune très repérable entre les hymnes pour la Vierge et ceux pour les apôtres ; je crois que nous pouvons connaître précisément le contenu de cette lacune et la combler presque entièrement. D’abord, il s’agit de compléter le cycle pour la Vierge, puisque B n’a que deux hymnes. C et les manuscrits verdunois en ont un troisième ; il faut retrouver le
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quatrième. Puisque j’ai déjà eu l’occasion d’en parler1, je serai bref ici. Guido Maria Dreves, l’un des premiers éditeurs de l’Hymnaire, avait résolu cela en faisant deux hymnes du premier (1-5 puis 6-8 ; voir p. 259 de l’édition citée plus loin), mais ce n’est pas une bonne solution, surtout parce que le premier hymne ainsi créé n’est alors pas du tout un hymne à la Vierge, qui n’est évoquée pas même indirectement. Pourtant, on n’expliquerait pas que seuls trois hymnes eussent survécu et pas le quatrième, d’autant que pour une fois les témoins sont plutôt nombreux. Or ces trois hymnes sont formés sur le modèle du plus célèbre des hymnes à la Vierge, l’Ave maris stella, en strophes de quatre vers du type 6p. Ce ne peut pas être un hasard, d’autant qu’Abélard a une préférence très marquée pour les cadences proparoxytones : s’il fait une exception ici, c’est pour une raison précise. Le projet d’Abélard, en effet, n’était pas nécessairement que l’Hymnaire se substituât complètement aux hymnes déjà en usage ; je crois qu’ici il suit le schéma de l’Ave maris stella parce qu’il veut le compléter et non le remplacer. C le confirme à sa manière : c’est l’Ave maris stella qui côtoie les trois hymnes d’Abélard là où ils sont copiés, dans l’office de la Conception de la Vierge (8 décembre). Sous le numéro 63 bis, ci-après, c’est donc un hymne qui n’est pas d’Abélard mais qui a dû faire partie de l’Hymnaire qu’on lira. Je l’ai mis en dernière position parce que c’est ce que fait C ; si Abélard entendait lui donner une autre place (la première ?), nous n’en avons pas de trace. J’ai toutefois remplacé la doxologie de l’Ave maris stella par celle d’Abélard ; cela me paraît une hypothèse vraisemblable non seulement pour assurer l’unité du cycle mais aussi parce que le texte de la doxologie de l’Ave maris telle qu’elle était utilisée à cette époque en France pose des problèmes de texte et d’interprétation qu’Abélard avait certainement vus, mais n’aurait peut-être pas pu ou voulu corriger. Ensuite, C contient des cycles de quatre hymnes qui ne sont pas dans B mais faisaient sûrement partie de l’Hymnaire : pour saint Michel (29 septembre), la Nativité de saint Jean Baptiste (24 juin) et la Toussaint (1er novembre). Toutes ces fêtes, celle d’un archange, du plus grand des saints et de tous les saints, s’il faut les réintégrer dans l’économie du livre III, doivent aller justement après la Vierge (que nul n’égale) mais avant les apôtres, donc justement là où nous savons que B a une lacune. C’est ce que j’ai fait. L’ordre retenu entre ces trois cycles est discutable ; en particulier, j’interprète les hymnes de la Toussaint comme dédiés à la cour céleste dans son ensemble plutôt qu’aux seuls saints (humains) : dans le deuxième hymne (65), il me semble plus probable qu’Abélard parle des anges que des saints. Mais si l’on réfute cette interprétation, alors il serait logique de placer saint Michel avant la Toussaint plutôt qu’après. Enfin, je suis à peu près certain qu’Abélard avait inclus une série d’hymnes pour la deuxième fête de saint Jean Baptiste, sa Décollation, le 29 août. Il s’agit d’une fête très importante, à peine moins que la Nativité du Baptiste, et de telle nature que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs d’hymnes qui pourraient correspondre. Abélard a pris grand soin, dans ses hymnes pour la Nativité, d’éviter
1 Franz Dolveck, « Les choix rythmiques de Pierre Abélard », dans La rigueur et la passion : mélanges offerts à Pascale Bourgain, éd. Cédric Giraud et Dominique Poirel, Turnhout, 2016 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 71), p. 233-246, aux p. 240-241.
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toute allusion à la mort de Jean ; cela prouve d’une part que ces hymnes ne peuvent pas servir pour la Décollation, et permet de supposer d’autre part que c’est une matière qu’il avait omise pour pouvoir justement en faire usage ailleurs. Bien que nous en soyons réduits aux conjectures, il est probable qu’il n’y a pas de perte à la fin du livre III. Le deuxième hymne pour la Madeleine (109), au cours duquel s’achève ce qu’il nous reste de B, est connu entier grâce à C ; je ne pense pas qu’Abélard avait composé un cycle complet, de quatre, parce que la Madeleine est évoquée dans le premier et le quatrième hymnes des saintes femmes (100 et 103). Les deux hymnes du propre de la Madeleine semblent bien destinés à fonctionner avec ces deux-là. Après ces hymnes, les seuls qui pourraient venir seraient des hymnes propres à des saintes. Nous n’en avons pas : il est assez probable qu’il n’en ait pas existé. C contient encore une petite série d’hymnes pour des saints liés à la vie d’Abélard. Saint Gildas est le patron et le fondateur (peut-être légendaire) de l’abbaye de Rhuys, dont Abélard fut abbé à partir de 1127 (il n’y reste qu’assez peu de temps mais garde le titre toute sa vie : un successeur n’est nommé qu’à sa mort, en 1142). Saint Benoît est l’un des fondateurs du monachisme occidental, et sa règle était suivie dans toutes les maisons religieuses qu’a fréquentées Abélard. Saint Ayoul, ou Aigulphe, est le patron de la ville de Provins, où Abélard séjourna en 1121, protégé par le comte de Champagne et par le prieur de Saint-Ayoul. Saint Denis est évidemment le patron éponyme de l’abbaye royale, où Abélard embrassa la vie religieuse après sa castration. Saint Eustache, enfin, doit être lié à l’abbaye de Saint-Denis, qui en possédait des reliques. Il n’y a pas lieu de douter qu’Abélard soit l’auteur de ces hymnes, mais, s’il les avait inclus dans l’Hymnaire, il ne les a pas composés pour lui, puisqu’ils ne correspondent pas aux schémas des communs des martyrs (saint Ayoul, saint Denis et saint Eustache) et des confesseurs (saint Gildas et saint Benoît). Il s’agit certainement de compositions plus anciennes, liées aux différents séjours d’Abélard. Seul l’hymne à saint Benoît pourrait être postérieur ( Joseph Sövérffy a émis l’hypothèse qu’il soit contemporain du séjour d’Abélard à Cluny, donc vers 1140-11422), mais le simple fait que ce soit un hymne métrique et non rythmique montre qu’il est étranger au projet de l’Hymnaire. Rien n’invite en tout cas à réintégrer ces hymnes dans le livre III : je les ai donc relégués en appendice. L’hymne à saint Ayoul n’a pas de doxologie ; on pourrait le lire avec celle de saint Eustache, qui convient très bien pour la forme et le fond. J’ai gardé pour la fin le problème le plus épineux, constitué par les hymnes pour le triduum pascal. Seul C les transmet. Il est exclu de les intégrer dans le livre II parce que rien ne permet de supposer que B les aurait perdus, et aussi parce que l’on peut supposer qu’Abélard en aurait parlé (dans la préface au livre III, puisque les préfaces tendent en fait à décrire le livre qui précède). En l’état, c’est là qu’on les chercherait le plus volontiers, et ils forment un ensemble thématique avec les hymnes du dimanche de Pâques, avec lesquels le lecteur est invité à les lire ; mais ce serait donner du
2 Joseph Szövérffy, « ‘False’ use of ‘unfitting’ hymns : Some ideas shared by Peter the Venerable, Peter Abaelard, and Heloise », dans Revue bénédictine, 89 (1979), p. 187-199.
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livre II une image fausse. Chrysogonus Waddell, le premier à prendre conscience du problème, estimait que le cycle était étranger au projet initial de l’Hymnaire, parce qu’il trouvait la forme adoptée trop simple pour des jours si importants et parce que les hymnes sont intégrés à une liturgie entièrement originale et probablement due à Abélard (voir l’édition citée plus loin, p. 40-41). Sur le premier point il a tort : la strophe choisie par Abélard est semblable à celle qui sert dans la semaine-type pour les hymnes diurnes, mais avec une difficulté en plus, une seule rime par strophe (aaaa au lieu de aabb). En fait, c’est exactement ce que l’on attendrait pour les trois jours saints, parce que ce sont bien des féries, mais des féries exceptionnelles (Abélard avait même reproché aux cisterciens d’avoir donné un caractère festif au vendredi saint) ; en outre, la sobriété de la forme procure un contraste saisissant avec le cycle du dimanche de Pâques, qui utilise la forme populaire, dansante, du rondeau (une strophe contenant un vers-refrain). Réintégrer ces hymnes dans le livre II ou les exclure totalement de l’Hymnaire sont deux solutions également mauvaises. Plutôt, il faut faire un détour et se demander ce qui manque à l’Hymnaire : et il est flagrant qu’il n’y a pas d’hymnes pour les grands temps liturgiques, avent, carême, temps pascal. Pour ce dernier, on peut imaginer que ce sont les hymnes de Pâques qui servaient, encore que ce ne soit pas très satisfaisant, mais pour l’avent et le carême (et, liés au carême, la septuagésime et le temps de la Passion) rien ne se présente. Mon hypothèse est qu’il restait encore bien des choses après l’interruption accidentelle de B : au moins un livre IV, qui aurait contenu les hymnes du temps, au moins avent, carême, triduum, et peut-être plus. Ce n’est qu’une hypothèse, pas entièrement satisfaisante (notamment parce que la préface au livre III a l’air de dire que c’est le dernier : « à présent il reste à exalter [les saints] »), mais à mes yeux plus convaincante que d’autres solutions. Malheureusement, les chances de retrouver un jour le contenu complet de ce livre IV, s’il a existé, sont plus que maigres. Par ailleurs, il est possible qu’un livre supplémentaire ait été réservé aux mélodies (probablement notées à part parce que c’est, dans ce contexte, la solution la plus rapide et la plus économique), et il très vraisemblable qu’un livre ait été consacré non plus à des hymnes mais à des proses, ou séquences (les deux termes désignent la même réalité : le premier insiste sur l’aspect littéraire, le second sur l’aspect musical), c’est-à-dire mutatis mutandis en quelque sorte l’équivalent pour la messe de ce qu’est l’hymne pour l’office : dans la lettre-préface aux sermons, Abélard parle d’un « livre d’hymnes et de séquences » récemment terminé à la demande d’Héloïse (libello quodam hymnorum vel sequentiarum a me nuper precibus tuis consummato). Chez Abélard, vel dans une telle tournure ne peut signifier que « et », pas « ou », d’autant qu’il est bien trop au fait des questions liturgiques pour voir dans « séquence » un synonyme pour « hymne ». On a bien supposé que les « séquences » en question étaient les Planctus, parce qu’ils en adoptent certes la forme, mais c’est invraisemblable, parce que la séquence est forcément liturgique, alors que les Planctus d’Abélard n’ont leur place ni à la messe ni à l’office. Au surplus, l’ordinaire du Paraclet (voir ci-après) évoque plusieurs séquences, dont il ne donne que les premiers mots, et qui sont totalement inconnues ; peut-être aurai-je à l’avenir l’occasion de démontrer que, pour certaines d’entre elles, ces maigres informations sont suffisantes pour démontrer qu’Abélard était leur auteur.
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La musique de l’Hymnaire La seule mélodie propre à l’Hymnaire que nous connaissions est celle destinée aux hymnes diurnes de la semaine-type : on a vu qu’elle a été préservée dans les manuscrits suisses qui transmettent l’hymne des vêpres du samedi (29). Quelques variantes dans les manuscrits laissent une petite place à l’interprétation, mais cela ne concerne que des détails que l’on peut ici laisser de côté. Voici cette mélodie, telle qu’elle est reconstituée par Chrysogonus Waddell :
Il en existe de nombreux enregistrements, qui permettent de se faire une idée plus ou moins précise, plus ou moins fidèle, de ce à quoi cela pouvait ressembler. C’est une mélodie très structurée et très complexe ; mais, sans entrer dans le domaine de la musicologie, ce qui est évident est le caractère orné de cette mélodie, et, conséquence immédiate de cela, sa longueur : c’est plus une mélodie de fête, pour un jour où l’on prend le temps d’orner l’office, que pour un jour ordinaire. Pour le dire de manière abrupte : c’est trop beau et trop riche. Chrysogonus Waddell a probablement raison d’y voir l’une des explications au fait que l’Hymnaire, à supposer qu’il ait servi comme l’entendait Abélard, n’a servi que très brièvement. Ajoutons que l’inclusion de l’Ave maris stella dans l’Hymnaire permet de connaître une seconde mélodie, même si elle n’est pas d’Abélard. Cela restera toutefois un apport assez théorique, parce que, bien que tout le moyen âge ait chanté l’hymne sur une unique mélodie, les variantes en sont très nombreuses, parfois conséquentes, et que nous n’avons aucune idée de celle qui était utilisée au Paraclet. La seule chose que l’on peut raisonnablement exclure, c’est qu’Abélard ait composé une nouvelle mélodie : il n’y a pas de sens à inclure le texte de l’Ave maris stella si c’est pour lui ôter sa mélodie, déjà suffisamment populaire à l’époque pour avoir été pastichée par les troubadours.
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Usage et fortune de l’Hymnaire Autant le dire tout net : l’Hymnaire n’a pas eu le succès qu’il méritait, mais celui qui échoit aux projets trop ambitieux et trop novateurs. La rareté des manuscrits témoigne de sa maigre diffusion. Comme œuvre littéraire, les seules traces concrètes d’un intérêt sont B et le manuscrit P, bien qu’il soit assez vraisemblable, grâce à divers échos dans des pièces du xiie ou du xiiie siècle, que l’Hymnaire ait été connu à Paris. Comme œuvre liturgique, la diffusion n’est pas plus large : à part au Paraclet, comme on le sait notamment par C, seuls les hymnes pour la Vierge et celui des vêpres du samedi ont été utilisés, les premiers à Verdun, le second entre Rheinau et Zurich. Nous n’avons pas de témoignage direct sur la liturgie du Paraclet du vivant d’Abélard et d’Héloïse, mais par recoupement on peut en établir quelques éléments. Nous devons ce que nous connaissons de la liturgie du Paraclet au moyen âge à deux documents : C d’une part, et de l’autre un ordinaire – c’est-à-dire une sorte de manuel de liturgie – rédigé en français par les religieuses, légèrement postérieur à 1288 mais ayant servi au moins jusqu’au xvie siècle. Malgré l’écart de plus de deux siècles, ces deux témoins ne divergent que très peu, ce qui signifie que la liturgie du Paraclet n’a quasiment pas évolué entre 1288 et les années 1500. Les hymnes utilisés au Paraclet, d’après ces deux documents, proviennent de trois sources : l’Hymnaire d’Abélard, bien sûr, mais aussi le répertoire traditionnel, « gallican », et la liturgie cistercienne. Or les hymnes « cisterciens » font tous partie du premier hymnaire cistercien, c’est-à-dire de celui qui s’était attiré suffisamment de critiques pour être réformé, et augmenté à l’aide du répertoire traditionnel, sous la direction de Bernard de Clairvaux, entre 1140 et 1147. Il y a bien des hymnes en commun entre le Paraclet et le second hymnaire cistercien : mais si l’on examine les textes il apparaît très clairement que la source du premier ne peut pas être le second. Le Paraclet a connu (on en a quelques traces) la réforme de la liturgie cistercienne par Bernard, mais il ne l’a jamais adoptée ; la conclusion qui s’impose est que la liturgie du Paraclet telle que nous la connaissons par C et par l’ordinaire, au moins en ce qui concerne les hymnes, était déjà fixée avant la réforme de l’hymnaire cistercien, donc avant 1147 au plus tard, peut-être même avant 1140. Héloïse meurt en 1164, Abélard en 1142 : donc, du vivant même d’Héloïse, et peut-être du vivant même d’Abélard, l’Hymnaire n’était plus utilisé intégralement et exclusivement. Il est bien probable que ce ne fut jamais le cas, ou alors très brièvement et sans convaincre. La place occupée réellement par les hymnes d’Abélard dans la liturgie du Paraclet est prépondérante en termes de chiffres : environ nonante hymnes, contre une trentaine provenant de l’hymnaire cistercien et une autre trentaine provenant du répertoire traditionnel. Mais c’est une place secondaire en importance. Les hymnes du livre II sont presque tous retenus, mais pas pour les fêtes elles-mêmes : ils figurent bien plus souvent aux octaves ; c’est-à-dire que l’on a voulu les conserver tout en accordant la première place soit au répertoire cistercien, soit au répertoire traditionnel. Les hymnes du livre premier ont presque tous disparu ; seuls ont été maintenus, à la place qu’Abélard leur avait assignée, les hymnes des grandes heures du dimanche (premier nocturne, laudes, vêpres, ainsi que les vêpres du samedi, qui
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sont les premières vêpres du dimanche). L’hymne d’action de grâces après le repas (14) n’est attesté que pour les fêtes de Pâques, de l’A ssomption et de la Toussaint. Du livre III, l’usage du Paraclet a retenu les hymnes pour la Vierge, les apôtres et les évangélistes (mais seulement aux fêtes de saint Matthieu et saint Luc), les saints Innocents. Le commun des martyrs n’est utilisé que pour une seule fête, celle des martyrs de la légion thébaine (saint Maurice et ses compagnons, le 22 septembre) ; le commun des confesseurs sert un peu plus, trois fois par an, mais lui aussi pour des fêtes précises, pas en qualité de commun. Du côté des saintes femmes, le plan d’Abélard a encore plus souffert : le commun « général » est totalement absent de C et de l’ordinaire ; le commun d’une vierge martyre n’est conservé qu’en partie. En revanche, les hymnes propres ont été bien conservés : tous ceux que l’on connaît sont dans C sauf l’hymne pour la Saint-Pierre-et-Saint-Paul, le 29 juin, et celui pour saint Jean l’Évangéliste. Les hymnes pour saint Michel, la Toussaint, la Nativité de saint Jean Baptiste et les hymnes qui constituent l’appendice de cette édition ne sont même connus que par C. C’est le cas aussi, enfin, des hymnes pour le triduum pascal. Cet état, dont on est fondé à penser qu’il était déjà établi du vivant d’Héloïse, s’est vraisemblablement maintenu avec très peu d’altérations tout au long du moyen âge, et en fait jusqu’à ce que le Paraclet se réforme au xviie dans le sillage du concile de Trente et abandonne sa liturgie propre pour le rite romain. Nous ne savons pas quelle était la liturgie célébrée dans les prieurés dépendant du Paraclet. La seule trace d’une diffusion de la liturgie du Paraclet est constituée par les manuscrits de Saint-Maur de Verdun qui ont intégré les hymnes de la Vierge dans leur office pour sa Conception, le 8 décembre : peut-être tiennent-ils du Paraclet l’introduction même de la fête (elle ne se généralise qu’assez tard), ou peut-être ont-ils cherché à puiser dans les ressources des monastères voisins pour lui créer un office vraiment propre, pas seulement issu du commun en usage. On n’a pas connaissance de liens particuliers entre Verdun et le Paraclet, mais c’est un point qui mériterait d’être mieux étudié. La résurrection de l’Hymnaire est largement due à la redécouverte des deux manuscrits principaux, B puis C, au xixe siècle. C’est surtout l’Église anglicane qui en profite, à l’occasion du grand renouveau de son hymnodie dans la deuxième moitié du xixe siècle. Une petite dizaine de traductions d’hymnes d’Abélard sont recensées dans le corpus anglican. La plus célèbre et la plus ancienne, celle de l’hymne des vêpres du samedi (29), est de la figure la plus notable de ce mouvement, John Mason Neale (il bouleverse l’ordre des strophes : 1, 3, 2, 5, 6, 4, dox.) : O what their joy and their glory must be, Those endless Sabbaths the blessed ones see! Crown for the valiant, to weary ones rest: God shall be all, and in all ever blest. What are the monarch, his court, his throne? What are the peace and the joy that they own? Tell us, ye blest ones that it in have share, If what ye feel ye can fully declare.
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Truly ‘Jerusalem’ name we that shore, ‘Vision of peace’ that brings joy evermore! Wish and fulfilment can sever’d be ne’er, Nor the thing pray’d for come short of the pray’r. We, where no trouble distraction can bring, Safely the anthems of Sion shall sing: While for thy grace, Lord, their voices of praise Thy blessed people shall evermore raise. There dawns no sabbath, – no sabbath is o’er; Those sabbath-keepers have one, and no more; One and unending is that triumph song Which to the angels and us shall belong. Now in the meanwhile, with hearts rais’d on high, We for that country must yearn and must sigh : Seeking Jerusalem, dear native land, Through our long exile on Babylon’s strand. Low before him with our praises we fall, Of whom, and in whom, and through whom are all: Of whom, – the Father; and in whom, – the Son; Through whom, – the Spirit, with these ever one. Cela reste l’un des grands classiques de la liturgie anglicane, chanté surtout sur une mélodie française du xviie siècle ; mais certains cercles anglo-catholiques utilisent également les paroles latines, voire la mélodie originale. Sauf ce qui a été dit plus haut pour le moyen âge, l’Hymnaire n’a jamais servi dans la liturgie catholique. Toutefois, dans le sillage des réformes liturgiques de Paul VI, l’hymnaire a été considérablement revu. L’hymne des laudes de la Chandeleur (2 février) a été pris à Abélard ; mais c’est en fait une pièce formée de strophes prises ici et là (I.1, I.4, II.1, II.2, puis les deux premiers vers de II.3 avec les deux derniers de IV.1), avec une doxologie étrangère à Abélard elle-même formée d’éléments disparates. La mélodie employée (qui sert à d’autres occasions) est apparemment refaite à partir d’une mélodie rare de l’hymne Jam lucis orto sidere. L’Hymnaire a également eu une certaine fortune dans les anthologies, surtout, une fois de plus, dans le monde anglo-saxon. Les traductions d’Helen Waddell sont les plus connues ; certaines ont été utilisées par Gustav Holst dans ses Six chœurs op. 52.
Histoire éditoriale Dès la découverte de B dans les années 1840, l’Hymnaire a commencé à être imprimé ; ce furent d’abord les préfaces, puis des sélections ; puis la totalité de ce que contient le manuscrit, successivement par Victor Cousin (Petri Abælardi opera, t. I, Paris, 1849, p. 295-328), puis par le futur cardinal Pitra (Patrologia latina, t. 178, Paris, 1855, col. 1765-1816) ; ce dernier avait connaissance de C, qu’il avait vu et dont il avait pris copie, mais il n’en fait étonnamment pas usage. La première édition complète est due au jésuite Guido Maria Dreves, Petri Abælardi peripatetici Palatini Hymnarius Paraclitensis, Paris, 1891 ; elle est assortie d’un commentaire
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assez riche. Dreves réimprime ensuite son texte quasiment sans changement au sein de l’immense corpus de poésie religieuse dont il avait entrepris l’édition, les Analecta hymnica medii ævi, t. 48, Leipzig, 1905, p. 141-223. Comme souvent avec Dreves, l’édition a été faite très rapidement et est donc entachée d’erreurs de toute sorte ; ce n’est pas un texte fiable. L’édition suivante est due à Joseph Szövérffy, un hongrois émigré successivement en Irlande puis aux États-Unis, spécialisé dans l’analyse littéraire de l’hymnologie latine : Peter Abelard’s Hymnarius Paraclitensis, 2 t., Albany–Brookline, 1975. Ce n’est ni un philologue ni un liturgiste, et son édition s’en ressent : tout en laissant croire qu’il s’agit d’une édition critique, Szövérffy n’a en fait pas vu les manuscrits et pas utilisé les reproductions dont il disposait ; le texte et l’apparat qu’il imprime sont repris intégralement à Dreves (sans même intégrer l’erratum de ce dernier). Le commentaire, plus riche que celui de Dreves parce que Szövérffy connaît mieux l’œuvre d’Abélard, pèche cependant par une certaine superficialité bavarde et par une mauvaise connaissance de l’Écriture. La dernière en date est l’œuvre d’un trappiste américain, Chrysogonus Waddell, dont les travaux ont porté surtout sur la liturgie du xiie siècle ; d’ailleurs, ce n’est pas exactement une édition de l’Hymnaire, mais une édition de tous les hymnes utilisés au Paraclet : Hymn Collections from the Paraclet, 2 t., Trappist (Kentucky), 1989 (Cistercian Liturgy Series, 8-9). On lui doit aussi une édition de l’ordinaire du Paraclet, et l’ensemble forme une somme incomparable sur la liturgie du Paraclet. Le progrès par rapport aux éditions précédentes est flagrant, mais les coquilles n’y manquent pas, et il demeure que Waddell n’était pas particulièrement versé dans la poésie latine et dans l’œuvre d’Abélard au-delà de ce qui concernait la liturgie.
Cette édition Le texte latin ici imprimé est entièrement fondé sur les manuscrits, collationnés de première main sur les originaux puis, pour des vérifications, sur des photographies. L’auteur de ces lignes regrette de ne pouvoir fournir ici une édition critique, qui permettrait au lecteur de contrôler chacun des choix opérés et à l’éditeur de les justifier ; mais il ne peut s’empêcher de se réjouir de l’absence d’apparat critique, espérant qu’ainsi l’Hymnaire sera d’abord goûté comme un monument littéraire plutôt que comme un document historique. L’ordre des hymnes adopté, qui est en partie nouveau, a déjà été justifié ; on trouvera en annexe une concordance avec les éditions précédentes, même s’il serait souhaitable d’abandonner les références par numérotation continue au profit d’indications plus précises, par jour ou par fête puis par heure ou par numéro au sein d’un cycle. Une seconde annexe donne la liste des leçons où cette édition diffère des précédentes. L’orthographe a été modérément uniformisée : suffisamment pour ne pas égarer un lecteur mal habitué au latin médiéval, mais suffisamment peu pour ne pas risquer de donner un faux vernis antique au texte, et surtout de donner une fausse image de la prononciation du xiie siècle. Les consonnes v et j ont une prononciation assimilable à celle du français, plus qu’à celle du latin employée dans les pays francophones. Les diphtongues ae et oe sont prononcées comme un e simple, et souvent écrites ainsi ; toutefois, pour faciliter la lecture, on n’a pas voulu se priver de l’aide qu’elles représentent à l’analyse morphologique,
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et donc choisi la voie moyenne des glyphes æ et œ. Pour le reste, l’orthographe de B, le témoin le plus proche dans le temps d’Abélard, a été conservée toutes les fois que cela était possible. Dans les rares cas où l’accent n’obéit pas aux lois courantes, il a été marqué (l’accent principal par l’accent aigu, l’accent secondaire par l’accent grave). L’annotation est minimaliste. Elle couvre les principales références explicites ou non au texte biblique (étant exclues les références génériques, par exemple à la présentation au Temple pour la Chandeleur), avec l’objectif de fournir au lecteur les réminiscences essentielles qui pourraient lui échapper, et de lui épargner d’avoir à chercher les références de celles qu’il ne manquera pas de repérer. Quelques explications ont aussi paru strictement indispensables pour comprendre ce que dit Abélard. Un commentaire plus ample prendra place, on le souhaite, dans une édition critique. Ce livre est pour Edwige, qui le lira sur les genoux du Père. Fr. D.
Note sur la traduction Abélard poète est remarquable par la densité et l’harmonie de ses compositions. Il a peu de mots creux, pas de chevilles, pas de poétismes, les mots se glissent dans le rythme préétabli comme s’ils y étaient attendus. Or ces rythmes sont d’une diversité inégalée à son époque, et beaucoup ne se retrouvent pas ailleurs. Il utilise une rime assez pauvre, comme à la fin du xie siècle, au temps de sa formation ; s’il use des reprises de termes et des parallélismes qui sont le procédé le plus naturel et le plus grand charme de la stylistique médiévale, il néglige toutes les métaphores qui ne seraient pas le reflet d’une exégèse longuement mûrie des textes sacrés. Mais il reste très libre. Le rythme une fois donné, et soutenu par la musique (qui a disparu pour l’Hymnaire, sauf pour un hymne noté dans des manuscrits tardifs), il ne se prive pas de coupes anormales, dans les fins d’hymnes ou les derniers d’une série (no 95) ; il ne se laisse pas enfermer dans la forme qu’il a lui-même définie et qui, pour lui, sert le sens mais ne le domine pas. Pour tenter de restituer la poésie dense et dansante de ces hymnes, on a tenté de conserver le rythme, de préférence à la rime, qui ne vient ici qu’en sus. Paradoxalement, le français étant parfois plus bref que le latin (par suite de la chute des finales…), il a fallu épisodiquement ajouter quelques chevilles pour accomplir le schéma rythmique. Mais, pour répondre à la liberté d’Abélard, on a joué des possibilités d’élision des syllabes muettes finales, peu ou pas prononcées dans la langue moderne, de façon que le phrasé s’adapte au rythme plutôt de s’en tenir à une prosodie stricte. On espère, à ce prix, procurer une approximation du texte fidèle à l’esprit, tout en s’écartant le moins possible de la lettre. P. B.
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Bibliographie
(Cette bibliographie porte exclusivement mais sans prétention à l’exhaustivité sur l’œuvre poétique rythmique de Pierre Abélard, et ne saurait rendre compte de la volumineuse production relative à sa biographie et à sa pensée).
Principales éditions de l’Hymnaire du Paraclet dans l’ordre chronologique Victor Cousin, Petri Abælardi opera, t. I, Paris, 1849, p. 295-328. Guido Maria Dreves, Petri Abælardi peripatetici Palatini Hymnarius Paraclitensis, Paris, 1891. Id., dans Analecta hymnica medii ævi, t. 48, Leipzig, 1905, p. 141-223. Jean-Baptiste Pitra, dans Patrologia latina, t. 178, Paris, 1855, col. 1765-1816. Joseph Szövérffy, Peter Abelard’s Hymnarius Paraclitensis, 2 t., Albany–Brookline, 1975. Chrysogonus Waddell, Hymn Collections from the Paraclet, 2 t., Trappist (Kentucky), 1989 (Cistercian Liturgy Series, 8-9).
Principales éditions des Planctus dans l’ordre chronologique Guido Maria Dreves, dans Analecta hymnica medii aevi, t. 48, Leipzig, 1905, p. 223-232. Wilhelm Meyer et Wilhelm Brambach, « Petri Abaelardi Planctus (III.) virginum Israel super filia Jeptae Galaditae », et W. M., « Petri Abaelardi Planctus I. II. IV. V. VI. », dans Id., Gesammelte Abhandlungen zur mittellateinischen Rythmik, t. I, Berlin, 1905, p. 340-356 et 357-374. Giuseppe Vecchi, Pietro Abelardo, I « Planctus », Modène, 1951 (Istituto di filologia romanza dell’Università di Roma, Testi e manuali, 35). Le texte de l’éd. Vecchi a été traduit en français par Paul Zumthor, Abélard, Lamentations, Histoire de mes malheurs, Correspondance avec Héloïse, Paris, 1992. Juanita Feros Ruys, The Repentant Abelard : Family, Gender, and Ethics in Peter Abelard’s Carmen ad Astralabium and Planctus, New York, 2014 (The New Middle Ages).
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bi bl io gr a phi e
Études Bourgain (Pascale), « L’art poétique d’Abélard dans l’Hymnarius Paraclitensis », dans Itinéraires de la raison : études de philosophie médiévale offertes à Maria Cândida Pacheco, éd. José Francisco Meirinhos, Louvain-la-Neuve, 2005 (Textes et études du moyen âge, 32), p. 147-162 [rééd. dans Ead., Entre vers et prose, Paris, 2015 (Mémoires et études de l’École des chartes, 100), p. 259-272]. —, « Abélard poète », Pierre Abélard, génie multiforme : Actes du colloque international organisé par l’Institut d’études médiévales et tenu à l’Institut catholique de Paris les 29-30 novembre 2018, éd. Dominique Poirel, Turnhout, 2021, p. 153-177. —, « Réflexions sur la traduction de textes poétiques : l’exemple de l’Hymnaire du Paraclet », dans L’épaisseur du temps : mélanges offerts à Jacques Dalarun, éd. Sean L. Field, Marco Guida et Dominique Poirel, Turnhout, 2021, p. 139-148. Dolveck (Franz), « Les choix rythmiques de Pierre Abélard », dans La rigueur et la passion : mélanges offerts à Pascale Bourgain, éd. Cédric Giraud et Dominique Poirel, Turnhout, 2016 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 71), p. 233-246. —, « Notes critiques sur l’Hymnaire du Paraclet d’Abélard », dans Revue d’histoire des textes, 17 (2022), p. 407-425. Dronke (Peter), « Peter Abelard : Planctus and Satire », dans Id., Poetic Individuality in the Middle Ages : New Departures in Poetry (1000-1150), Londres, 1986 (1re éd. Oxford, 1970 ; Westfield Publications in Medieval Studies, 1), p. 114-149. — et Giovanni Orlandi, « New Works by Abelard and Heloise ? », dans Filologia mediolatina, 12 (2005), p. 123-178. Huglo (Michel), « Abélard, poète et musicien », dans Cahiers de civilisation médiévale, 88 (1979), p. 349-361. Iversen (Gunilla), « Abélard et la poésie liturgique », dans Pierre Abélard : colloque international de Nantes, éd. Jean Jolivet et Henri Habrias, Rennes, 2003, p. 233-260. Jussila (Päivi Hannele), Peter Abelard on Imagery : Theory and Practice, with Special Reference to his Hymns, Helsinki, 1995 (Annales Academiæ scientiarum Fennicæ, sér. B, 280). Orlandi (Giovanni), voir aussi Dronke (Peter). —, « On the Text and Interpretation of Abelard’s Planctus », dans Poetry and Philosophy in the Middle Ages : A Festschrift for Peter Dronke, éd. John Marenbon, Leyde, 2001 (Mittellateinischen Studien und Texte, 29), p. 327-342. Steinen (Wolfram von den), « Les sujets d’inspiration chez les poètes latins du xiie siècle (suite et fin) », dans Cahiers de civilisation médiévale, 9 (1966), p. 363-383. —, « Die Planctus Abaelards – Jephthas Tochter », dans Mittellateinisches Jahrbuch, 4 (1967), p. 59-78. Waddell (Chrysogonus), « An Easter Sequence by Peter Abelard », dans The Musical Quarterly, 72 (1986), p. 239-271. Woods (Patricia Hilary), The Festival Hymns of Peter Abelard : A Translation and Commentary of the Hymnarius Paraclitensis Libellus II, Ph. D., dir. Patrick Gerard Walsh, University of Glasgow, 1992, dactyl.
Pierre Abélard L’Hymnaire du Paraclet
Liber primus Hymni per hebdomadam Præfatio Ad tuarum precum instantiam, soror michi Heloysa, in sæculo quondam cara, nunc in Christo carissima, hymnos græce dictos, hebraice tillim nominatos composui. Ad quos quidem me scribendos cum tam tu quam quæ tecum morantur sanctæ professionis feminæ sæpius urgeretis, vestram super hoc intentionem requisivi ; censebam quippe superfluum me vobis novos condere, cum veterum copiam haberetis, et quasi sacrilegium videri antiquis sanctorum carminibus nova peccatorum præferre vel æquare. Cum autem a diversis diversa michi responderentur, tu inter cetera talem, memini, subjecisti rationem : Scimus, inquiens, latinam et maxime Gallicanam Ecclesiam sicut in psalmis ita et in hymnis magis consuetudinem tenere quam auctoritatem sequi ; incertum etenim adhuc habemus cujus auctoris hæc sit translatio Psalterii quam nostra, id est Gallicana, frequentat Ecclesia. Quam si ex eorum dictis dijudicare velimus qui translationum diversitates nobis aperuerunt, longe ab universis interpretationibus dissidebit, et nullam, ut arbitror, auctoritatis dignitatem obtinebit. In qua quidem adeo longævæ consuetudinis usus jam prævaluit ut, cum in ceteris correcta beati Jeronimi teneamus exemplaria, in Psalterio, quod maxime frequentamus, sequamur apocrypha. Hymnorum vero quibus nunc utimur tanta est confusio ut qui quorum sint nulla vel rara titulorum præscriptio distinguat ; et, si aliqui certos habere auctores videantur (quorum primi Hylarius atque Ambrosius extitisse creduntur, deinde Prudentius et plerique alii), tanta est frequenter inæqualitas syllabarum ut vix cantici melodiam recipiant — sine qua nullatenus hymnus consistere potest, cujus descriptio est : laus Dei cum cantico. Plerisque etiam sollemnitatibus addebas deesse proprios hymnos, utpote Innocentum et Evangelistarum, seu illarum sanctarum quæ virgines vel martyres minime exstiterunt. Nonnullos denique asserebas esse in quibus nonnumquam hos a quibus decantantur mentiri necesse sit, tum videlicet pro temporis necessitate, tum pro falsitatis assertione ; casu quippe aliquo vel dispensatione commoda sæpius præpediti fideles constituta horarum tempora vel præveniunt vel ab ipsis præveniuntur, ut de ipso
Livre premier Hymnes hebdomadaires Préface À tes prières instantes, ma sœur Héloïse, qui m’étais chère jadis dans le siècle, qui m’es à présent dans le Christ plus chère encore, j’ai composé ce qui s’appelle en grec des hymnes, en hébreu tillim1. Autant toi que les femmes de sainte profession qui demeurent avec toi me pressaient de les écrire, j’ai alors demandé quelle était à ce sujet votre intention ; je pensais en fait qu’il était inutile que je vous en compose de nouveaux, alors que vous en aviez abondance d’anciens, et que c’était presque sacrilège de préférer ou d’égaler aux anciens chants composés par des saints de nouveaux faits par des pécheurs. J’ai reçu de plusieurs d’entre vous des réponses diverses ; mais je me souviens que toi, entre autres raisons, tu m’as donné celle-ci : Nous savons que l’Église latine, et surtout l’Église des Gaules, dans ses hymnes comme dans ses psaumes, suit plutôt la coutume que l’autorité : on ne sait pas encore exactement de qui est la traduction du Psautier qu’utilise notre Église, c’est-à-dire l’Église des Gaules. Si nous voulions en juger d’après les dires de ceux qui nous ont renseigné sur les différentes traductions, celle-là serait en fait fort différente des autres, et, à mon avis, sans autorité pour la recommander. Mais, pour elle, l’habitude d’une longue utilisation lui a désormais donné tant de force que, alors que pour le reste nous conservons le texte corrigé de saint Jérôme, pour le Psautier, que nous utilisons si fréquemment, nous suivons un texte apocryphe. Quant aux hymnes dont nous nous servons de nos jours, il y a une telle confusion que jamais ou rarement les titres n’indiquent quels hymnes sont de quel auteur ; et, s’il apparaît que certains ont des auteurs attestés (on croit que les premiers furent Hilaire et Ambroise, puis Prudence et bien d’autres), ils ont bien souvent tellement d’irrégularités dans le nombre des syllabes qu’ils s’adaptent à peine à la mélodie, or sans mélodie un hymne n’existe absolument pas, puisque la définition en est : « louange de Dieu avec un chant2 ». Tu ajoutais que certaines fêtes manquaient d’hymnes qui leur soient propres, comme les Innocents, les évangélistes, et les saintes qui ne sont ni vierges ni martyres. Tu affirmais enfin qu’il y en avait où parfois ceux qui les chantent doivent nécessairement dire des choses inexactes, soit à cause des contraintes temporelles, soit en affirmant des choses fausses ; effectivement, soit par hasard, soit par disposition de commodité, les fidèles bien embarrassés devancent ou dépassent le moment établi
1 La transcription tillim (on attendrait tehilim) est attestée dans l’Occident médiéval. Le mot signifie « louange », et est utilisé pour désigner les Psaumes. 2 Définition issue d’Augustin, Ennarrationes in Psalmos 72.1.
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saltem tempore mentiri compellantur, dum videlicet aut nocturnos die aut diurnos nocte hymnos decantant. Constat quippe secundum propheticam auctoritatem et ecclesiasticam institutionem nec a laude Dei noctem ipsam vacare, sicut scriptum est : Memor fui nocte nominis tui, Domine, et iterum : Media nocte surgebam ad confitendum tibi, hoc est ad laudandum te — nec septem reliquas laudes, de quibus idem meminit propheta : Septies in die laudem dixi tibi, nisi in die persolvendas esse. Quarum quidem prima, quæ matutinæ laudes appellantur, de qua in eodem scriptum est propheta : In matutinis, Domine, meditabor in te, in ipso statim diei initio illucescente aurora seu lucifero præmittenda est. Quod etiam in plerisque distinguitur hymnis ; cum enim dicitur : Nocte surgentes vigilemus omnes, et iterum : Noctem canendo rumpimus, vel : Ad confitendum surgimus, Morasque noctis rumpimus, et alibi : Nox atra rerum contegit Terræ colores omnium, vel : Nam lectulo consurgimus Noctis quieto tempore, et rursum : Ut quique horas noctium Nunc concinendo rumpimus, et similia, ipsi sibi hymni quod nocturni sunt testimonium præbent. Sic et matutini seu reliqui hymni proprii temporis quo dicendi sunt institutionem nonnumquam
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pour les heures, si bien qu’ils sont forcés de dire des choses fausses au moins du point de vue du temps, quand ils chantent les hymnes nocturnes de jour ou les hymnes diurnes de nuit. À coup sûr l’autorité prophétique et ce qu’a institué l’Église établissent avec évidence que la louange de Dieu ne cesse pas même la nuit, comme il est écrit : De nuit je me suis souvenu de ton nom, Seigneur1, et aussi : Je me levais au milieu de la nuit pour te célébrer2, c’est-à-dire pour te louer ; et que les sept autres louanges, dont le même prophète3 dit : Sept fois par jour je t’ai loué4, ne doivent être exécutées que de jour. Et la première d’entre elles, qu’on appelle les louanges (laudes) du matin, et dont le prophète écrit au même endroit : Au petit matin, Seigneur, je méditerai sur toi5, doit être prononcée avant le tout début du jour lorsque s’éclaire l’aurore, ou l’étoile du matin. Ce qui se voit bien dans la plupart des hymnes. Car quand on dit : Nous levant de nuit, tous nous veillerons6, et aussi : Nous brisons la nuit en chantant7, ou : Nous nous levons pour célébrer, Nous rompons le repos nocturne8, et ailleurs : La sombre nuit a recouvert Toutes les couleurs de la terre9, ou : Nous nous levons de notre lit Dans le grand calme de la nuit10, et encore : Pour que, nous qui, chantant ici, Rompons les heures de nuit11, et ainsi de suite, les hymnes témoignent d’eux-mêmes qu’ils sont des hymnes de nuit. De même les hymnes du matin et les autres hymnes indiquent parfois la disposition
1 Ps 118.55 ; cf. aussi Ps 62.7. 2 Ps 118.62. 3 David, traditionnellement tenu pour l’auteur du Psautier. 4 Ps 118.164. 5 Ps 62.7. 6 Hymne des matines du dimanche, AH 51.31. 7 Hymne des matines du mardi, AH 51.28. 8 Hymne des matines du mercredi, ibid. 9 Hymne des matines du jeudi, AH 51.29. 10 Hymne des matines du vendredi, ibid. 11 Hymne des matines du samedi, AH 51.31.
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profitentur, verbi gratia cum dicitur : Ecce jam noctis tenuatur umbra, et iterum : Lux ecce surgit aurea, vel : Aurora iam spargit polum, seu : Aurora lucis rutilat, et alibi : Ales diei nuntius Lucem propinquam præcinit, vel : Ortus refulget lucifer, et si qua sunt hujusmodi ; ipsi nos instruunt hymni quo tempore sint cantandi, ut, si eis videlicet sua tempora non observemus, in ipsa eorum prolatione mendaces inveniamur. Hanc tamen observantiam non tam negligentia plerumque tollit quam necessitas aliqua vel dispensatio præpedit ; quod maxime in parochialibus seu minoribus ecclesiis propter ipsas plebium occupationes cottidie fieri necesse est, in quibus omnia et fere continue peraguntur in die. Nec solum tempora non observata mendacium ingerunt ; verum etiam quorum dam hymnorum compositores, vel ex proprii animi compunctione alienos pensantes vel improvidæ studio pietatis extollere sanctos cupientes, in aliquibus ita modum excesserunt ut contra ipsam nostram conscientiam aliqua in ipsis sæpius proferamus tamquam a veritate prorsus aliena. Paucissimi quippe sunt qui contemplationis ardore vel peccatorum suorum compunctione flentes ac gementes illa digne valeant decantare : Preces gementes fundimus, Dimitte quod peccavimus, et iterum : Nostros pius cum canticis Fletus benigne suscipe, et similia, quæ sicut electis ita paucis conveniunt. Qua etiam præsumptione singulis annis decantare non vereamur : Martine, par apostolis, vel singulos confessores immoderate de miraculis glorificantes dicamus :
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du bon moment où il faut les dire, par exemple quand on dit : Voici que déjà s’allège l’ombre de la nuit1, et encore : Voici que se lève la lumière dorée2, ou : L’aurore déjà se répand dans le ciel3, ou L’aurore lumineuse brille4, et ailleurs : L’oiseau qui annonce le jour Chante la lumière prochaine5, ou L’étoile du matin se lève6, et ainsi de suite ; ce sont les hymnes eux-mêmes qui nous apprennent à quel moment il faut les chanter, de sorte que, si nous ne leur conservons pas leur moment juste, nous nous trouvons dire une fausseté rien qu’en les prononçant. Cependant cette observance est souvent perturbée, non tant par négligence que par nécessité ou par permission spéciale ; ce qui inévitablement se produit chaque jour dans les églises paroissiales et les établissements de moindre importance, à cause des obligations des paroissiens : tout y est récité de jour, et presque en continu. Ce ne sont pas seulement les temps mal observés qui provoquent des erreurs ; mais aussi certains compositeurs d’hymnes, soit qu’ils jugent autrui d’après leur propre ferveur spirituelle, soit qu’ils cherchent, par un zèle pieux mal inspiré, à exalter les saints, exagèrent dans certains hymnes au point que, en les prononçant, nous y proférons bien souvent des choses qui vont contre notre conscience, parce qu’elles sont totalement étrangères à la vérité. Assurément, ils sont bien rares ceux qui peuvent à juste titre, en pleurant et gémissant dans l’ardeur de la contemplation et le remords cuisant de leurs péchés, chanter ces mots : En gémissant nous formons nos prières, Libère-nous de nos péchés7, et encore : Toi qui es bon, en ta bonté Reçois nos pleurs et nos cantiques8. et d’autres semblables, qui conviennent fort bien aux élus, c’est-à-dire à bien peu de gens. De même, que votre bon sens en juge, comment osons-nous chanter chaque année Martin, toi l’égal des apôtres9, et glorifier exagérément les confesseurs pour leurs miracles en disant :
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Hymne des laudes du dimanche, AH 51.31. Hymne des laudes du jeudi (formé à partir de Prudence, Cathemerinon 2), AH 50.24. Hymne des laudes du samedi, AH 51.34. Hymne des laudes de Pâques, AH 51.89. Hymne des laudes du mardi (formé à partir de Prudence, Cathemerinon 1), AH 50.23. Hymne des laudes du vendredi, AH 51.32. Hymne pour les matines du mercredi, cf. n. 10. Hymne pour les matines du samedi, cf. n. 13. Extrait d’un hymne pour saint Martin, parfois attribué à Odon de Cluny, AH 50.266.
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Ad sacrum cujus tumulum frequenter Membra languentum modo sanitati, Quolibet modo fuerint gravati, Restituuntur, discretio vestra dijudicet. His vel consimilibus vestrarum persuasionibus rationum ad scribendos per totum anni circulum hymnos animum nostrum vestræ reverentia sanctitatis compulit. In hoc itaque michi vobis supplicantibus, sponsæ Christi vel ancillæ, et nos e converso vobis supplicamus ut quod nostris onus imposuistis humeris, vestrarum orationum manibus sublevetis, ut qui seminat et qui metit simul operantes congaudeant. 1
DOMINICA Ad primum nocturnum 1.
Universorum conditor, Conditorum dispositor, Universa te laudant condita, Glorificant cuncta disposita.
2.
Instrumento non indigens Neque thema discutiens, Solo cuncta comples imperio ; Dicis : « Fiant ! » et fiunt illico.
3.
Auctor es præstantissimus, Omnipotens non æmulus ; Tantum ergo quæ facis omnia Quantum decet facis eximia ;
4.
Cujus enim judicium Non censet illum impium Qui commodum scienter subtrahit, Quod nec gravat dantem nec minuit ?
5.
Fit ergo mundus optimus Ac perfectus in omnibus ; Fit pondere, censura, numero Ne vacillet in quoquam ratio.
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Et sur son saint tombeau, très fréquemment Les corps des malades, en un instant, Retrouvent la santé dont ils furent privés1. C’est par ces raisons et d’autres que vous m’avez persuadé : le respect dû à votre sainteté m’a contraint à composer des hymnes pour tout le cycle de l’année. En cela donc, épouses et servantes du Christ, puisque vous me l’avez demandé, je vous demande moi aussi en retour que cette charge que vous avez placée sur mes épaules, vous l’allégiez de vos mains par vos prières ; ainsi qui sème et qui moissonne trouveront même joie dans leur œuvre commune2. DIMANCHE Au premier nocturne
1.
Ô créateur de toutes choses, toi qui toutes choses disposes, ta création toute entière te loue et te rend gloire tout ce que tu disposes.
2.
Car tu n’as pas besoin d’outils, ni d’un plan longuement mûri : tu parfais tout rien qu’en en donnant l’ordre, tu dis : « Que soit… ! » et les choses sont là.
3.
Tu es l’Auteur par excellence, le Tout-Puissant tout bienveillant. Ce que tu fais, tu le fais tout parfait, exactement comme il doit être fait.
4.
Qui en effet, à juste titre, ne jugerait sévèrement qui sciemment refuserait un bien quand le donner ne gêne ni ne lèse3 ?
5.
Le monde est donc fait excellent en poids, en mesure et en nombre ; il est créé parfait en toutes choses, et la raison n’y souffre aucune atteinte.
1 Hymne pour le commun des confesseurs, AH 51.135. Avant d’être utilisé pour tous les confesseurs indistinctement, l’hymne était réservé à saint Martin, dont le tombeau était effectivement miraculeux. 2 Cette formule finale est empruntée à Augustin, In Johannis evangelium 15.32. Il la reprend lui-même à Irénée, qui s’inspire librement de Jn 4.37. 3 Sur cette strophe, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques sur l’Hymnaire du Paraclet d’Abélard », dans Revue d’histoire des textes, 17 (2022), p. 408-409.
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6.
Opus dignum opifice, Pulchrum, indissolubile, Ad exemplar fit perfectissimum, Instar cuncta concludens optimum.
7.
Nec minore disponitur Bonitate quam conditur : Quicquid male gerit iniquitas Summa bene disponit æquitas.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
DOMINICA Ad secundum nocturnum 1.
Deus, qui tuos erudis Testamentorum paginis, Ex eorum intelligentiæ Cantus nostros condis dulcedine.
2.
Tibi sit acceptabile, Nobis sic fiet utile Quod de tuis solvemus laudibus, Si quod sonat intellexerimus.
3.
Triplex intelligentia Diversa præbet fercula : Deliciis abundat variis Sacræ mensa scripturæ fertilis.
4.
Alunt parvos historica, Pascunt adultos mystica ; Perfectorum ferventi studio Suscipitur moralis lectio.
5.
Illis fides astruitur, Ex hac fructus colligitur ; Fructus hic est et consummatio Quam det nobis : morum instructio.
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6.
L’œuvre est digne de l’ouvrier, superbe autant qu’indestructible, et son modèle étant le plus parfait, au mieux possible elle englobe le tout.
7.
Elle est aussi bien gouvernée par sa bonté qu’elle est créée : tout ce que fait mal l’[humaine] injustice devient un bien par sa haute justice.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
DIMANCHE Au deuxième nocturne
1.
Dieu, toi qui enseignes les tiens par les pages des Testaments, dans la douceur de leur compréhension, tu as fondé la raison de nos chants.
2.
Que cela te soit agréable et qu’ainsi ce nous soit utile que, lorsqu’à toi nous chantons des louanges, nous comprenions le vrai sens de ce chant.
3.
Or trois manières de comprendre offrent diverses nourritures1 : la riche table de la sainte écriture en abondance offre divers plaisirs.
4.
L’histoire nourrit les petits, le sens mystique, les adultes ; mais les parfaits dans leur zèle fervent sont abreuvés de lecture morale.
5.
Les premiers construisent la foi, la troisième en cueille le fruit. Là est le fruit et l’accomplissement ainsi donné : l’instruction de nos mœurs.
1 Abélard connaît certainement les quatre sens traditionnels d’interprétation des écritures ; mais il s’en tient à trois (aux dépens du sens anagogique) soit par fidélité à Origène, soit plus simplement parce que le sens anagogique pourrait difficilement être appliqué à chacun des jours de la semaine.
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6.
Hæc nobis, Deus, fercula, Tua paravit gratia, Ut his nostra peregrinatio Sustentetur quasi viatico.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
DOMINICA Ad tertium nocturnum 1.
In ortum mundi sensilis, Mundus intelligibilis Cælo simul et terra condito De divino jam prodit animo.
2.
Cælum mox spiritalibus Redimitum est civibus : Hæc auctorem suum laudantia Matutina sunt illa sidera.
3.
Tellus inanis, vacua Latebat aquis obsita, Ac facies profundi gurgitis Caligabat obductis tenebris.
4.
Aquas fovens vivificus Jam incumbebat Spiritus, Ut hinc aquæ jam tunc conciperent Unde prolem nunc sacram parerent.
5.
Mundi quæque primordia Lucis venustans gratia, Dixit Deus : « Sit lux ! » et facta est ; A tenebris inde divisa est.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
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6.
Tel sont les plats que ta bonté ô Dieu, a pour nous préparés, pour que par eux, provision de voyage, soit sustenté notre exil ici bas.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
DIMANCHE Au troisième nocturne
1.
Pour créer le monde sensible, voilà le monde intelligible qui déjà sort de l’esprit du Seigneur ; en même temps ciel et terre sont nés.
2.
Bientôt le ciel est couronné par ses habitants spirituels : Car ceux-là sont les astres du matin, ceux dont l’éclat loue leur créateur.
3.
La terre vide et désolée disparaissait parmi les eaux, et le visage de l’abîme profond s’obscurcissait sous le poids des ténèbres.
4.
Déjà l’Esprit donneur de vie couché sur les eaux, les couvrait, pour que les eaux en conçoivent alors de quoi donner descendance sacrée.
5.
Embellissant par sa lumière le monde encore à son début, Dieu dit : « Que soit la lumière1 » – elle fut, et est depuis séparée des ténèbres.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
1 Gn 1.3.
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FERIA SECUNDA Ad matutinum 1.
In coæterno Dominus Verbo dixit altissimus : « Firmamentum sit interpositum Ut dividat aquarum medium. »
2.
Dictum effectus sequitur : Abyssus interciditur, Jacentibus aquis inferius Suspenduntur aquæ superius.
3.
Quibus has aquas usibus Reservet novit Dominus : Constat autem et hæc et cetera Nobis esse, non sibi, condita.
4.
Nostris necessitatibus Providetur in omnibus ; Pro singulis a nobis Domino Gratiarum debetur actio.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
FERIA TERTIA Ad matutinum 1.
Ad laudes die tertia Nos ejus monent opera : Congregatis inferioribus Aquis terram detexit Dominus.
2.
Terra detecta pullulat, Herbam et lignum germinat ; Omne genus herbæ producitur, Omne ligni genus emittitur.
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LUNDI À matines 1.
En son Verbe coéternel le Seigneur, le Très-Haut, a dit : « Que soit placé le firmament [des cieux] pour diviser les eaux par le milieu1. »
2.
Et la parole s’accomplit, l’abîme se sépare en deux, et sur les eaux d’en bas large étendues sont suspendues en haut les eaux d’en haut.
3.
Le Seigneur sait à quel usage il a réservé ces eaux-ci. Mais il est sûr que ces eaux et le reste furent créés pour nous, non pas pour soi.
4.
En toutes choses, à nos besoins il est pourvu en tout d’avance. Pour chaque don nous devons au Seigneur l’hommage pur de notre gratitude.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
MARDI À matines
1.
Son œuvre au troisième jour à la louange nous invite : les eaux d’en bas se trouvant rassemblées, Dieu découvrit des eaux la terre ferme.
2.
La terre émergée pullule, elle fait germer herbe et bois. Viennent au jour toutes espèces d’herbe, sortent du sol toutes sortes de bois.
1 Gn 1.6.
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3.
In terra terræ principem Collocaturus hominem, Locum Deus ornando præparat Vitæ nostræ quem usus postulat.
4.
Recusamur in omnibus Si factorem contemnimus : Rationem pro cunctis exigit, Is qui cuncta pro nobis condidit.
5.
Disceptat mundus contra nos, Factus, ornatus propter nos, Si nos Deo non subdat gratia, Quibus ipse subjecit omnia.
6.
Placemus ipsum laudibus, Quem irritamus actibus : Quanta laudis sit immolatio Nos psalmorum docet instructio.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
FERIA QUARTA Ad matutinum 1.
Ornarunt terram germina, Nunc cælum luminaria : Sole, luna, stellis depingitur, Quorum multus usus cognoscitur.
2.
Lucem distinguunt, tempora, Sunt in signa certissima ; Cuncta fere terrarum commoda Planetarum ministrat physica.
3.
Hæc quæque pro te condita Sursum, homo, considera : Esse tuam et cæli regio Se fatetur horum servitio.
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3.
Et pour établir sur la terre l’homme, le prince de la terre, Dieu, en l’ornant, fait un lieu convenant à ce qu’exige notre mode de vie.
4.
Si nous méprisons qui l’a fait, nous sommes tout à fait en tort : celui qui fit pour nous tout l’univers peut exiger compte de tous ses dons.
5.
Façonné, embelli pour nous, le monde contre nous proteste si la grâce ne nous soumet à Dieu, nous à qui Dieu a soumis l’univers.
6.
Si nous l’irritons par nos actes, apaisons-le par nos louanges. Leur sacrifice est de grande valeur, ce sont les psaumes qui nous le font savoir1.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
MERCREDI À matines 1.
Les graines ont orné la terre à présent le ciel est dépeint de luminaires, lune, soleil, étoiles qui, on le sait, ont de nombreux usages.
2.
Ils marquent les temps, la lumière, ils servent de signes certains, car presque tous les agréments sur terre sont procurés par le fait des planètes.
3.
Considère, homme, que tout ça est établi là-haut pour toi : même le ciel reconnaît être à toi par les services que te rendent les astres.
1 Cf. Ps 49.23.
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4.
Sole calet in hieme Qui caret ignis munere ; Pro nocturnæ lucernæ gratia Pauper habet lunam et sidera.
5.
Stratis dives eburneis, Pauper jacet gramineis ; Hinc avium oblectant cantica, Inde florum spirat fragrantia.
6.
Impensis, dives, nimiis Domum casuram construis ; Falso sole pingis testudinem, Falsis stellis in cæli speciem.
7.
In veri cæli camera Pauper jacet pulcherrima : Vero sole, veris sideribus Istam illi depinxit Dominus.
8.
Opus magis eximium Est naturæ quam hominum, Quod nec labor nec sumptus præparat Nec vetustas solvendo dissipat.
9.
Ministrat homo diviti, Angelus autem pauperi, Ut hinc quoque constet cælestia Quam sint nobis a Deo subdita.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
FERIA QUINTA Ad matutinum 1.
Ornatis luce partibus Mundi superioribus, Loca restat ornandum infima Ex his quibus lux est jam condita.
2.
Educunt aquæ reptile, Producunt et volatile ; Uno jussu pisces et volucres Prodierunt in suas species.
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4.
Le soleil réchauffe en hiver ceux qui n’ont pas reçu de feu, et s’il n’a pas le confort d’une lampe, la nuit, le pauvre a la lune et les astres.
5.
Le riche dort sur lit d’ivoire, le pauvre, sur un lit de foin. Il est bercé par le chant des oiseaux, il est charmé par le parfum des fleurs.
6.
Toi, le riche, à frais excessifs, tu construis ta maison caduque. Tu peins la voûte avec un faux soleil et de faux astres, pour imiter le ciel.
7.
Le pauvre dort sous le vrai ciel, et sa chambre est bien la plus belle : le vrai soleil et les étoiles vraies, c’est le Seigneur qui les a peints pour lui.
8.
Bien plus merveilleux est l’ouvrage de la nature que des hommes, Car l’on n’y gâche ni labeur ni dépense, le temps qui passe ne peut rien contre lui.
9.
Car c’est l’homme qui sert le riche, mais les anges servent le pauvre, pour bien montrer que le ciel lui aussi nous fut soumis par le vouloir de Dieu.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
JEUDI À matines 1.
Les parts supérieures du monde étant embellies de lumière, il reste donc à embellir le bas par ce pour quoi la lumière fut faite.
2.
Les eaux produisent les reptiles, et font naître les volatiles. Sur un seul ordre, les poissons, les oiseaux sont apparus en toutes leurs espèces.
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3.
Simul et cete grandia Et parva fiunt ostrea ; Uno grypho momento maximus Perfectus est et passer modicus.
4.
Dixit enim et facta sunt, Mandavit et creata sunt ; Magna simul complet et modica Cui sunt æque cuncta facilia.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
FERIA SEXTA Ad matutinum 1.
Laus instat sextæ feriæ, Pro qua debentur aliæ, Qua formatur homo novissimus, Præparatis ei jam omnibus.
2.
Hac in luce terrestria Creantur animantia : Omne terræ de terra reptile, Omne genus profertur bestiæ.
3.
Fit omnium novissimus Homo qui præsit omnibus : Ad hunc cuncta spectabant terminum Tamquam finem cunctorum unicum.
4.
Summus creatur omnium In quo summa stat operum ; In hoc omnis expletur termino Consilii divini ratio,
5.
Hoc unum plasma nobile In quo resplendet, Domine, Illud tuæ decus imaginis Et gloria similitudinis :
6.
Vir primum, inde femina De costa viri condita Postquam viro sopor immittitur, Sacramentum quo magnum geritur.
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3.
Naissent ensemble la baleine énorme et l’huître minuscule, est fabriqué le griffon gigantesque en même temps que le frêle moineau.
4.
Car il parle et les choses sont, il ordonne et elles existent, il accomplit le grand et le petit, tout est pour lui également facile.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
VENDREDI À matines 1.
Et voici le sixième jour, pour qui sont dus les autres jours, où fut formé l’homme, tout en dernier, pour lui déjà tout étant préparé.
2.
C’est ce jour-là que sont créés les animaux qu’on dit terrestres, tous les reptiles qui rampent sur la terre, et toute espèce de bête terrienne.
3.
Est créé le dernier de tous l’homme, pour les dominer tous. C’est lui le but vers qui tout convergeait, puisqu’il était l’unique fin de tout.
4.
Lui en qui se consomme l’œuvre, est fait sommet de toutes choses : C’est lui le but où se trouve accompli tout le projet de l’intention divine,
5.
l’unique et noble créature où tu fais resplendir, Seigneur, l’insigne honneur de porter ton image, la grande gloire d’être semblable à toi.
6.
L’homme d’abord, la femme ensuite, tirée de la côte de l’homme, après que l’homme eut été endormi, en quoi réside un bien grand sacrement.
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7.
Dantur his animantia In potestatem cetera ; Potiuntur pro tabernaculis Paradisi templo gratissimis.
d.
Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
SABBATO Ad matutinum 1.
Perfectis Deus omnibus ‹Et› inspectis operibus, Summe bonus, cuncta quæ fecerat Valde bona videt et approbat.
2.
Sunt perfecta senario Cuncta dierum numero, Ut perfecto dierum operi Attestetur et virtus numeri.
3.
Quievit die septimo, Non lassatus in aliquo : Quies ipsa Deus perpetua, In quo cuncta quietis gaudia.
4.
Diem ergo sanctificat Quo cessando quieverat ; In sabbati veri mysterio Benedicit diei septimo ;
5.
Illius, inquam, sabbati, Quod est ignarum termini, Quo pax vera, summa tranquillitas Juges agit festorum ferias.
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7.
Il leur est donné la puissance sur tous les autres animaux, ils s’établissent, pour un séjour heureux, au paradis, temple miraculeux.
d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
SAMEDI À matines
1.
Ayant terminé l’univers et considérant son ouvrage, lui, le Très Bon, Dieu regarde et approuve comme fort bon tout ce qu’il avait fait1.
2.
Car il a parfait l’univers selon le nombre de six jours, pour que ce nombre en sa vertu atteste la perfection de l’œuvre de ces jours2.
3.
Il se reposa le septième, non qu’il ait été fatigué : car Dieu lui-même est perpétuel repos, en qui réside l’essence du repos.
4.
Mais il sanctifie le jour où il eut fini son ouvrage : dans le mystère du Sabbat véritable, il a béni ce septième jour.
5.
Ce jour, dirons-nous, du sabbat qui ne connaît pas de limite, où la paix vraie, où la sérénité à tout jamais célèbre un jour sacré3.
1 Le verset que paraphrase Abélard ici (Gn 1.31) relève en fait du cinquième jour. 2 Abélard fait allusion à une caractéristique arithmétique du nombre six et joue sur le sens de « parfait » : est parfait un nombre égal à la somme de ses diviseurs entiers (sauf lui-même), ici 1, 2 et 3. 3 Dans la Genèse, la fin du septième jour n’est pas marquée : d’où l’interprétation qu’il ne finit pas et correspond donc au septième et dernier âge du monde, le sabbat « véritable ».
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d.
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Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta per quem sunt prædicent, Ipsi semper in quo sunt jubilent. Amen.
DOMINICA Ad laudes 1. Advenit veritas, umbra præteriit, Post noctem claritas diei subiit ; Ad ortum rutilant superni luminis Legis mysteria plena caliginis. 2. Nocturnum Moysi cedat præconium, Diurnum congruit diei canticum : Cum Christo prodeunt cuncta de latebris, Nec locum deserit lux tanta tenebris. 3. Velamen exuunt figuræ mysticæ : Est in re Veritas, jam non in schemate ; Promissa liquido complens prophetica, Jota vel apicem non sinit irrita. 4. Transacto flebili de morte vespere, Cum vita redditur mane lætitiæ ; Resurgit Dominus, apparent angeli, Custodes fugiunt splendore territi. 5. Sanctorum plurimi qui jam dormierant Surgentis gloriam surgendo prædicant ; In testimonium surgentis Domini Conscendunt mortui, descendunt angeli. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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d.
Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses disent par qui elles sont, criant leur joie à lui en qui elles sont.
DIMANCHE À laudes 1. La vérité survient, l’ombre s’est évanouie, et la clarté du jour s’impose après la nuit ; éclatent au lever de la haute lumière les secrets de la loi, jadis pleins de ténèbres. 2. Oublié le discours nocturne de Moïse, il convient de chanter le jour un chant de jour. Avec Christ toutes choses sortent de leurs cachettes, Son immense lumière annule les ténèbres. 3. Les figures mystiques se défont de leur voile, La vérité n’est plus annoncée, mais réelle, elle accomplit en clair l’oracle des prophètes, n’en laisse sans raison un mot ni une lettre1. 4. Passé le triste soir de la mort déplorable, avec la vie renaît le matin de bonheur ; le Seigneur se relève, les anges apparaissent, et les gardes s’enfuient frappés par sa splendeur2. 5. Beaucoup des saints passés, déjà dans leur repos, proclament en se levant la gloire du Très Haut. Pour rendre témoignage au Seigneur qui se lève les morts montent du sol, et les anges descendent3. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils.
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1 Cf. Mt 5.18. 2 Cf. Mt 28.2-4. 3 Les morts en question ne sont pas ceux qui sortirent de leur tombeau le vendredi saint, mais ceux que le Christ a libérés en descendant aux enfers.
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DOMINICA Ad primam 1. Auroram lucifer præit, sol sequitur ; Aurora fidei lux intelligitur Quam verus lucifer surgendo contulit Caro dominica cum refloruerit. 2. Hic idem lucifer ut sol refulserit Cum ad judicium commune venerit, Cujus lux fuerit tanta præsentiæ Ut conscientiæ loquantur singulæ. 3. Hunc invisibilem quem intelligimus Solem annuntiat iste quem cernimus, Et invisibilem auctorem omnium Laudat visibilis effectus operum. 4. Cunctis laudantibus, homo, ne taceas, Cum laudes Domino pro cunctis debeas ; Urgeris singulis ex beneficiis Ut grates laudibus solvas continuis. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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DOMINICA Ad tertiam 1. In altum orbita solis jam ducitur Calorque proficit quo mundus alitur ; Lux primum, déinde calor infunditur, Cum fidem caritas in nobis sequitur. 2. Hanc lucem fidei sol verus attulit In carne Verbum nos cum visitaverit ; Zelum fortissimum amoris contulit Hac hora Spiritus quem Verbum miserit. 3. Hinc recte Spiritus in igne visus est Super apostolos cum hic largitus est, Nam ignis amor est qui mentes animat, Ut testam luteam ignis corroborat.
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1. L’étoile du matin marche devant l’aurore, Le soleil suit : l’aurore est lumière de foi, qu’en se levant brandit le vrai porte-lumière, quand la chair du Seigneur en vint à refleurir. 2. Et ce Lucifer-là luira comme un soleil, quand il arrivera au jugement dernier, si lumineux sera l’éclat de sa présence que toutes les consciences se mettront à parler. 3. L’invisible soleil que notre esprit perçoit nous est préfiguré par celui que l’on voit, et l’invisible auteur de l’univers créé par ses œuvres visibles est de fait exalté. 4. Quand l’univers le loue, homme, ne te tais pas, puisque pour l’univers tu dois à Dieu louange : chacun de ses bienfaits t’oblige absolument à le remercier de louange incessante. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. DIMANCHE À tierce 1. L’orbite du soleil s’élève vers le haut, et la chaleur augmente dont se nourrit le monde. La lumière d’abord, ensuite la chaleur, lorsque la charité rejoint en nous la foi. 2. Le vrai soleil donna cette foi lumineuse quand le Verbe nous a visité dans la chair : à ce moment l’Esprit envoyé par le Verbe nous a donné le zèle extrême de l’amour. 3. Aussi c’est comme un feu que l’esprit apparut au dessus des apôtres, quand il leur fut donné, car l’amour est un feu qui anime les âmes, comme le feu durcit un pot de terre cuite.
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d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 13
DOMINICA Ad sextam 1. Plena meridie lux solis radiat, Plenusque calor est quo mundus æstuat : Beatitudinis hæc est perfectio Cum ipsa Dei nos incendet visio. 2. Cujus quo fuerit major cognitio, Major in singulis erit dilectio, Quem nichil aliud erit conspicere Quam vera perfrui beatitudine. 3. Felices oculi, beata lumina Quibus concessum est hac frui gloria ! Hujus te supplices rogamus, Domine, Loca vel ultima da nobis curiæ. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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DOMINICA Post prandium 1. Deus, qui corpora creas et animas Et cibis propriis utraque recreas, Tibi tam corpora psallant quam animæ, Esse qui tribuis illis et vivere. 2. Ignosce, Domine, nostris excessibus Si plus quam decuit gulæ indulsimus ; Immo, piissime, quia sic fecimus, Tam hoc quam cetera condona, quæsumus. 3. Hoc primi vitio parentes exulant Et crebris posteros ærumnis implicant ; Hoc naturaliter est nobis insitum Et quasi filiis hereditarium.
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d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. DIMANCHE À sexte
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1. Rayonne en plein midi la lumière solaire, c’est la pleine chaleur dont le monde s’embrase : c’est la perfection de la béatitude, quand la vision de Dieu nous incendiera. 2. Plus nous aurons de lui parfaite connaissance, plus notre amour pour lui grandira en chacun. Pouvoir le contempler, ce ne sera rien d’autre que de jouir pleinement de la béatitude. 3. Bienheureux sont les yeux, fortunés les regards1 auxquels il est donné de jouir de cette gloire. Nous t’en prions, Seigneur, accorde-nous d’avoir même au tout dernier rang, place dans cette cour. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. DIMANCHE Après le repas 1. Dieu, qui crées les corps aussi bien que les âmes, et donnes à chacun d’eux sa nourriture propre, tant les corps que les âmes chantent en ton honneur, à toi qui leur confères d’exister et de vivre. 2. Sois indulgent, Seigneur, pour nos excès de bouche, si, plus qu’il n’eût fallu, la table nous a plu, plutôt, Dieu de bonté, comme ce fut le cas, pardonne-nous cela aussi bien que le reste. 3. Car nos premiers parents, exilés pour ce vice, plongent leurs descendants dans des malheurs nombreux. Et ce vice est en nous semé par la nature, c’est comme un héritage transmis de père en fils.
1 Cf. Lc 10.23.
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4. Immoderatior et inter epulas Si quid addiderit culpæ loquacitas, Id quoque tuum est tuis ignoscere, Qui nobis spatium reservas veniæ. 5. Tuum est gratiam dare supplicibus Qua sibi temperent ab his et talibus ; Tuum est omnibus modum præfigere Atque præcipitem naturam regere. 6. Peregrinantibus nobis viaticum Da necessarium, tolle superfluum : Sit quæ non oneret supellex modica Ne tarde profugis occurrat patria. 7. Quis in exilio quærat delicias ? Vel nudus utinam hinc tandem exeat, Nudæque naufragum hærentem tabulæ Cautes excipiant saxoso litore ! 8. Qui spiritalibus se cibis præparat Non quærit qualibus stercus conficiat, Cælesti pane qui saginans animam Ventris rugitibus non parat similam. 9. Quem veræ poculum vitis inebriat Vini dulcedine gulam non incitat ; Regum deliciæ, non Christi pauperum Sollicitudines sunt istæ gentium. 10. Terrena cogitant hi, non cælestia, Ponunt exilium sibi pro patria ; Sortem cum bestiis hic suam faciunt Et tales, miseri ! concives eligunt. 11. Averni facilem descensum appetunt, Cælorum arduum callem refugiunt : Ventre et pectore repentes penitus Se jam attollere valent nullatenus.
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4. Si, pendant le repas, trop parler, sans mesure, ajoute à cet excès une faute certaine, cela aussi, tu peux le pardonner aux tiens, toi qui gardes pour nous une place au pardon. 5. Tu peux donner ta grâce à ceux qui t’en supplient, qu’ils sachent s’abstenir de ces fautes et d’autres : c’est à toi de fixer pour tous une mesure, d’aider à contrôler l’impulsive nature. 6. Pour notre saint périple donne les provisions, mais le strict nécessaire, ôte le superflu ; que nous ne nous chargions que d’un maigre bagage, pour ne pas retarder notre arrivée chez nous. 7. Qui va, en cet exil, rechercher le plaisir ? Puissions-nous, même nus, sortir enfin d’ici, et que le naufragé, agrippé à sa planche nue, soit déposé sur la côte rocheuse1. 8. Celui qui se prépare aux repas spirituels ne cherche pas de quoi sont faits ses excréments, et qui nourrit son âme avec le pain céleste ne cherche pas pain blanc si son ventre réclame. 9. Qui s’enivre à la coupe venue de la vraie vigne n’a guère d’appétit pour la douceur du vin. Ce sont plaisirs de rois, non des pauvres du Christ, ce sont des appétits à laisser aux païens. 10. Eux ne s’occupent pas du ciel, mais de la terre, ils prennent leur exil pour leur vraie patrie, ils se font ici-bas l’existence des bêtes, malheureux, ils s’assemblent avec d’autres comme eux. 11. Descendre vers l’enfer leur semble un but facile, ils craignent de monter le dur sentier des cieux, ne sachant que ramper sur leur ventre et leur torse, ils ne peuvent plus même se soulever du sol2.
1 Sur cette strophe, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… », p. 410-412. 2 Ces deux strophes s’inspirent de la théorie antique qui voit dans la position debout un symbole de la dignité de l’homme. Ovide le résume en deux vers que les Pères de l’Église citent volontiers, Métamorphoses 1.85-86 : Os homini sublime dedit cælumque videre / Jussit et erectos ad sidera tollere vultus, « Il donne à l’homme une tête qui se lève, il lui ordonne de voir le ciel et de dresser haut son visage vers les étoiles » (trad. Marie Cosnay).
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12. Ut pronas corpore natura bestias, Sic istos animo fecit edacitas ; Bacchi vel Cereris templis assidui, In cærimoniis ventris sunt prodigi. 13. Tu autem exules factos ingluvie Per abstinentiam reduc nos, Domine ; Nullumque deseras tuorum inopem, Qui vestis lilium et pascis passerem. 14. Nullum necessitas premat inopiæ, Sed sit frugalitas sufficientiæ ; Sit quod sufficere naturæ valeat, Non quod lasciviæ fomentum præbeat. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 15
DOMINICA Ad nonam 1. Septem quas solvimus diurnis laudibus Nocturnis additis octo perficimus ; Ex quibus quattuor ascribe vesperæ Et mane quattuor, diemque perfice. 2. A nona vesperam scimus incipere, Cum sol se cœperit terris immergere ; E contra recte quis mane tribuerit Post noctis medium cum sol emerserit. 3. Octo conficitur nostra substantia, Quam demum perficit octavæ gloria : Corpus ex quattuor constare novimus, Ornari totidem mentes virtutibus. 4. Hinc recte gratias in octo laudibus Pro nobis Domino solvi statuimus : Defectum corporis præbentes vesperæ, Mane tribuimus vigorem animæ.
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12. Comme leur naturel attache au corps les bêtes, le désir de manger dirige leur esprit. Aux temples de Bacchus, de Cérès assidus, ils servent sans compter les rites de leur ventre. 13. Ramène-nous, Seigneur, par la voie d’abstinence, nous que l’avidité a menés en exil. Ne laisse aucun des tiens manquer du nécessaire, toi qui revêts le lys et nourris le moineau1. 14. Que nul ne soit pressé par la nécessité, mais que l’on se contente de la frugalité. Qu’on ait ce qui suffit aux besoins de nature, sans servir d’aliment au feu de la luxure. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. 15
DIMANCHE À none 1. Ayant rendu louange en ajoutant nocturnes Là-dessus, donnes-en et quatre pour le soir,
sept fois durant le jour, nous arrivons à huit. quatre pour le matin qui font un jour complet.
2. Nous savons que le soir commence depuis none, quand le soleil commence à plonger sous les terres. Le matin, au contraire, est justement compté quand le soleil émerge après la demi-nuit. 3. Le chiffre huit complète l’ensemble de notre être, qu’accomplira un jour le glorieux huitième âge : nous savons que le corps est fait de quatre choses et que quatre vertus embellissent l’esprit2. 4. C’est donc à juste titre que nous avons voulu rendre grâce au Seigneur par huit chants de louange : le soir nous lui offrons notre corps défectueux, le matin nous donnons la vigueur de notre âme.
1 Cf. Lc 12.24.27 (et Mt 6.26-28). 2 Les quatre éléments et les vertus cardinales (prudence, tempérance, force, justice).
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d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 16
DOMINICA Ad vesperas 1. Octavæ titulos in psalmis legimus, Futuræ gloriam vitæ canentibus, Cum lux subierit perpes fidelium Istius temporis post septenarium. 2. Hanc jam in capite completam novimus Cum resurrexerit hac luce Dominus, Ut sic certissimam spem membris propriis Ejusdem tribuat beatitudinis. 3. Hinc a christicolis hæc dies merito Præ cunctis colitur hoc in mysterio ; Æternis etenim, non temporalibus Hi bonis inhiant quorum fons Dominus. 4. Neve tam arduam viam tenentibus Ex diffidentia tepescat animus, Hac ipsa Dominus die paraclitum Misit discipulis in arrham Spiritum. 5. Ad hujus addito diei gloriam, Quo recte videas dici dominicam, Quod corporaliter hac luce Dominus Ut rex susceptus est et heres regius. 6. Ingressus proprium statim palatium, Potentis exhibet regis imperium : Pravos eiciens, cæcos illuminat, Et domum Domini sic reconciliat ;
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d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. DIMANCHE À vêpres 1. Nous lisons dans les psaumes1 l’état du huitième âge, lorsqu’ils chantent la gloire de la future vie, quand les fidèles auront l’éternelle lumière, après le septénaire du temps de par ici. 2. Cet âge s’est déjà accompli en son chef, puisqu’est ressuscité en ce jour le Seigneur, pour qu’il donne à chacun des membres de son corps un espoir très certain de sa béatitude. 3. Aussi, pour les chrétiens, ce jour à juste titre entre tous est fêté en ce profond mystère. Car ceux dont le Seigneur est la source d’eau vive ont soif de l’éternel, non des biens temporels. 4. Pour que ceux qui adoptent une voie si ardue ne perdent pas confiance au point de s’attiédir, en ce jour, le Seigneur envoya aux disciples, en aide et protection, l’Esprit consolateur2. 5. Il s’ajoute à la gloire spéciale de ce jour, pour qu’on puisse à bon droit dire « jour du Seigneur », qu’en ce jour le Seigneur, en sa vie corporelle, fut reçu comme roi et héritier royal3. 6. Aussitôt, pénétrant dans son propre palais, il montre en sa puissance l’autorité d’un roi, expulsant les mauvais, il fait voir les aveugles, réconciliant par là la maison du Seigneur :
1 Les Psaumes 6 et 11, qui portent l’intitulé « pour l’octave », ce que les Pères interprètent comme une indication du jugement dernier, et donc du huitième âge. 2 À la Pentecôte. 3 Lors de l’entrée triomphale à Jérusalem, le dimanche des Rameaux (Mt 21). La strophe suivante paraphrase le passage qui suit chez Matthieu, le Christ chassant les marchands du Temple et guérissant des aveugles et des boiteux.
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7. Octavæ peragit in his mysterium, In qua resederit ut judex omnium, Suos illuminans sui præsentia, Pravos eiciens a regni gloria. 8. Nec a mysterio vacare credimus Quod soli dies hæc datur a gentibus Ipsique consecrant eam ex nomine, Cum sibi vindicet hanc sol justitiæ. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 17
DOMINICA Ad completorium 1. Ubique tuis nos et semper laudibus Vacare, Domine, debere novimus, Qui loca fabricas nobis et tempora, Noctem ad requiem, diem ad opera. 2. Et cum non ferat hoc nostra fragilitas, Horas instituit, fixit ecclesias Ut ipsa loca nos ad hæc admoneant, Invitent tempora, vel segnes arguant. 3. Hora jam requiem diei septima Completa poscimus, laudum hebdomada ; Tu nostro, Domine, benedic sabbato, Quos tuo reparet quies obsequio. 4. Hanc tua dextera domum sanctificet, Et immanissimum leonem religet ; Somno pacifico sic corpus recrea Ut in te vigilet mens semper sobria. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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7. Il préfigure ainsi le huitième jour, où le Christ siègera comme juge de tous, illuminant les siens par sa seule présence, expulsant les mauvais du royaume de gloire. 8. Ce n’est pas, croyons-nous, sans signification que les païens consacrent au soleil ce jour-là, et lui donnent son nom pour le rendre sacré, puisque c’est bien le jour du Soleil de justice1. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. DIMANCHE À complies 1. Que nous devions toujours, que nous devions partout vaquer à tes louanges, Seigneur, nous le savons, toi qui crées pour nous les lieux et les moments, la nuit pour le repos, et le jour pour l’action. 2. Comme notre faiblesse ne peut y arriver, elle a fixé des heures et marqué les églises, pour que les lieux nous poussent eux-mêmes à te louer, que les temps nous incitent ou nous montrent trop tièdes. 3. Septième heure du jour complétée à complies, demandons le repos des sept temps de louange ; et toi, Seigneur, bénis notre temps de sabbat, le repos nous rendra dispos pour te louer. 4. Que ta main sanctifie cette nôtre maison et retienne enchaîné le lion terrifiant2. Réconforte nos corps en un sommeil paisible pour que, sobre toujours, notre esprit veille en toi. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils.
1 En latin, le dimanche est le jour du soleil, Solis dies. 2 Allusion à I P 5.8-9, lecture qui fait partie de l’office de complies.
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FERIA SECUNDA Ad laudes 1. Ætates temporum nostrique corporis Divini numerus præsignat operis : Dierum novimus in hoc senarium, Et sex ætates sunt mundi vel hominum. 2. In Noe primæ fit ætatis terminus, Instar infantiæ quam recte ponimus ; Similitudine quadam ad singula Lux prima continet horum mysteria. 3. Tunc incomposita facta materies Formanda déinceps erat in species, Et rude sæculum legem non noverat, Nec ætas terrena rectum quid cogitat. 4. Deleta prior est Sic et infantiam In primo die lux Et istam inchoat
ætas diluvio : delet oblivio ; narratur condita, lucem infantia.
5. Est et lux fidei quædam minoribus, Quam quasi parvuli primum suscepimus ; Hanc quoque species ipsa diluerit Cum quod nunc credimus videri cœperit. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 19
FERIA SECUNDA Ad vesperas 1. Secunda desinit ætas in Abraham, Ac si jam ventum sit ad pueritiam ; Non hanc diluvium ætatem diluit, Cum pueritiæ quisque meminerit.
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LUNDI À laudes
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1. Les temps et notre corps ont tous les deux des âges prérythmés par le nombre de l’œuvre du Seigneur ; en quoi nous connaissons le sénaire des jours : et le monde et les hommes ont tous les deux six âges1. 2. Le terme du premier fut au temps de Noé, que nous pouvons compter comme la prime enfance : car la similitude est point à point parfaite, le premier jour du monde en contient les mystères. 3. En ce temps la matière était encore brute, qui allait se former en diverses espèces ; et ce siècle grossier ne savait pas la loi, ni cet âge terrestre où se trouve le droit. 4. Le premier âge fut détruit par le déluge, comme un oubli profond détruit la prime enfance. Au premier jour, dit-on, fut créée la lumière : voir la lumière est bien le début de l’enfance. 5. Pour les petits existe une lueur de foi ; au début nous l’avons reçue comme des enfants. L’évidence du fait dissoudra cette ébauche, quand nous apparaîtra l’objet de notre foi. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. LUNDI À vêpres 1. À Abraham prend fin l’âge second du monde comme si on était arrivé à l’enfance : le déluge n’a pas dissipé sa mémoire, puisque de son enfance un chacun se souvient.
1 La théorie des six âges du monde est le fait d’Augustin. Il est courant de les associer aux six âges de la vie humaine ; en revanche, l’ajout des six vertus correspondantes (résumées aux laudes du samedi) est, apparemment, propre à Abélard et sans parallèle. Le premier âge correspondrait au dimanche, mais Abélard en repousse la description ici parce que le dimanche est occupé par une thématique propre, relativement étrangère à la semaine de la Création.
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2. Hac firmamentum est in die conditum, Ut aquas dividat, his interpositum ; A compluentibus et inundantibus Aquis consuluit archa fidelibus. 3. Non Dei populum hæc ætas genuit, Legis instructio cum nondum fuerit : Nec vires suppetunt gignendi puero, Etsi memoriam jam firmet animo. 4. Post lucem fidei spes nos corroborat, Et jam ad fortia credentem animat, Ut spe cælestium et veræ gloriæ Jam cuncta toleret hujus miseriæ. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 20
FERIA TERTIA Ad laudes 1. Ætas perducitur ad David tertia ; Huic est similis adolescentia : Interpres sapiens diei tertio Utramque comparat ætatem merito. 2. Aquas ab arida lux ista removet Et fluxa sæculi data lex inhibet, Ne deprimentibus nos libidinibus Concupiscentiis se mergat animus. 3. Hæc ætas populum per legem genuit Et patrem Abraham multorum statuit ; Et, quasi prima sit hæc terræ soboles, Nascuntur hodie cum herbis arbores. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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2. En ce jour fut créé le vaste firmament, pour diviser les eaux, eaux d’en bas, eaux d’en haut ; et des eaux qui tombaient, et des eaux qui montaient, l’arche a pu préserver la troupe des fidèles. 3. Cet âge n’engendra pas le peuple de Dieu, puisque la loi n’était pas encore enseignée. Ainsi l’enfant n’a pas la force d’engendrer, même si dans son cœur s’affermit la mémoire. 4. Après l’éveil de foi, l’espoir nous donne force, anime le croyant aux actions courageuses, pour que l’espoir du ciel et de la gloire vraie lui fasse supporter tous les malheurs présents. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. MARDI À laudes 1. Le troisième âge va jusqu’au temps de David, l’âge d’adolescence lui est fort comparable. L’exégète averti compare à juste titre les deux âges en question à ce troisième jour. 2. C’est le jour qui sépare les eaux des terres fermes : la loi donnée contrôle les vagues de ce siècle, pour que sous le fardeau de nos désirs sans règle notre âme ne se noie dans la concupiscence. 3. Cet âge, par la loi, a engendré le peuple et a fait Abraham père de nombreux peuples, et, comme s’ils étaient les premiers nés des terres, c’est en ce jour que naissent les arbres avec les herbes. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils.
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FERIA TERTIA Ad vesperas 1. Post fidem atque spem timor incutitur, Quo mercenarius aut servus agitur, Dum hunc sollicitant sperata commoda Vel illum stimulant flagella edita. 2. Antiquum timor hic possedit populum, Legis pollicitis et minis subditum, Dum lex promitteret hæc bona cupidis, Reos afficeret pœnis gravissimis. 3. Ex terra vivere plantas agnoscimus, Creatas hodie quas esse legimus ; Et vitam Israhel terrenam duxerit, Cujus promissio terrena fuerit. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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FERIA QUARTA Ad laudes 1. Quarta lux decorat cælum sideribus, Quorum perpetuus vigor est igneus ; Quæ numquam excidit sic fervet caritas, Quæ sibi vindicat sedes æthereas. 2. Cujus quadrifida lex Evangelium Constat ad quattuor dierum numerum : Quadrati corporis est magna firmitas, Et cuncta sustinet invicta caritas. 3. Virtutum caritas est consummatio, Virilis virium ætas perfectio : Ut corpus hominis hoc implet viribus, Sic mentem caritas consummat moribus. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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MARDI À vêpres
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1. Après foi et espoir est inculquée la crainte qui fait marcher l’esclave comme le mercenaire : la menace des coups stimule le premier, l’avantage espéré excite le second. 2. Le peuple de jadis, tenu par cette crainte, est soumis à la Loi, promesses et menaces : La Loi, à qui les veut, promet les biens d’ici, frappant les délinquants de punitions terribles. 3. Nous savons que les plantes se nourrissent de terre, que le Livre nous dit créées en ce jour-ci : or Israël menait une vie terrestre, car sa promesse était bornée à cette terre. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. MERCREDI À laudes 1. Le quatrième jour place au ciel les étoiles dont la vigueur ignée ne diminue jamais : telle est la charité, toujours aussi brûlante, à qui sont réservées les demeures des cieux. 2. Sa loi en quatre points, ce sont les Évangiles, dont le nombre de quatre est celui de ce jour. Or, la solidité d’un corps carré est grande : l’invaincue charité peut bien tout supporter. 3. La charité étant le sommet des vertus, l’âge viril est bien perfection de la force. Comme il emplit de force le corps de l’être humain, ainsi la charité en accomplit l’esprit. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils.
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FERIA QUARTA Ad vesperas 1. Ætatis sæculi quartæ primordium Ponunt theologi regnum Davidicum ; Istius vespera fit transmigratio Israhelitica sub Babylonio. 2. In David caritas perfecta noscitur, Quæ sævos etiam hostes amplectitur : Pepercit Saüli, quem planxit mortuum, Morte mox puniens mendacem nuntium. 3. Hostilem religat prædonem caritas, Nec erit animæ cum hac captivitas ; Ubi defuerit, salus amittitur, Et nostri pectoris urbs hosti traditur. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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FERIA QUINTA Ad laudes 1. Quod ætas sæculi quinta perducitur Ad Christi tempora a multis traditur : In mundi senio, novus ad veterem Ut eum renovet missus est hominem. 2. Defectum virium senectus patitur, Et mundi senium hoc recte dicitur, In quo consulere virtus Altissimi Bonorum omnium venit defectui. 3. Jam præterierat patrum religio, Prophetæ deerant, defecit unctio, Cum hunc inunxerit divina gratia Qui spiritaliter restauret omnia.
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1. La quatrième époque de l’histoire du monde, commence avec David, disent les exégètes. Au soir de ce temps-là eut lieu l’exil lointain du peuple d’Israël sous les Babyloniens. 2. En David on comprend la charité parfaite qui chérit l’ennemi même s’il est mauvais. Il pardonne à Saül, dont il pleure la mort, puis il punit de mort le messager menteur1. 3. La charité contient l’ennemi qui nous guette, avec elle jamais l’âme ne sera prise. Lorsqu’elle fait défaut, alors tout est perdu, la cité de notre âme se rend à l’ennemi. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. JEUDI À laudes 1. La tradition nous dit que le cinquième âge du monde nous conduit à l’époque du Christ : Lorsque le monde est vieux, alors est envoyé l’homme neuf à l’ancien, pour le renouveler. 2. La vieillesse subit la perte de ses forces : cet âge est donc bien dit la vieillesse du monde. Et pour y remédier, la force du Très-Haut est venue compenser la perte de tous biens. 3. Déjà s’était perdue la religion des pères, et il n’y avait plus ni onction ni prophètes, quand la grâce divine a oint pour nous le Christ, qui rénove et restaure toutes choses en esprit2.
1 Cf. 1 S 23-2 S 1. 2 Cf. Ep 4.23-24.
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d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 25
FERIA QUINTA Ad vesperas 1. Ex aquis hodie viventes animas Produci docuit scripturæ veritas, Quia, baptismatis absente lavacro, Morum non sufficit catechizatio. 2. Hic mater gratia sepelit veterem, Hinc novum pia plebs suscipit hominem. Qui sacramentum hoc primum exhibuit, Adventum Domini Baptista prævenit. 3. In quintæ mittitur ætatis tempore Quintæ mysterium qui pandat feriæ, Qui, finis veterum, nova dat lavacra, Quasi produceret hinc animantia. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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FERIA SEXTA Ad laudes 1. Sexta tam hominum ætas quam temporum Meta vel finis est ætatum omnium : Finis perficiens bonorum Christus est, Ætate sæculi sexta qui passus est. 2. Ipsius passio, nostra redemptio, Bonorum omnium est consummatio ; Salutis cetera sunt adminicula : Hæc est completio salutis hostia. 3. Hac die conditus homo se perdidit ; Eadem conditor ipsum restituit, Propter quem subiens crucis suspendium, Ut servum redimat se dedit pretium.
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d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. JEUDI À vêpres
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1. Source de vérité, l’Écriture nous dit que les êtres vivants des eaux sortent aujourd’hui : En effet sans baptême, donc purification, endoctriner les mœurs est bien insuffisant. 2. La grâce maternelle enterre le vieil homme, et le peuple fidèle accueille l’homme neuf. Celui qui en premier montra ce sacrement, c’est le Baptiste avant l’arrivée du Seigneur, 3. Qui arrive à la fin de la cinquième époque, pour lever le mystère de ce cinquième jour. Fin du vieux temps, il donne un baptême nouveau, comme pour en tirer d’autres êtres vivants. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. VENDREDI À laudes 1. Pour les gens, pour les temps, certes le sixième âge est le but et la fin de tous les autres âges. Le Christ est cette fin qui parfait tous les biens, qui souffrit sa passion au cours du sixième âge. 2. Or la passion du Christ, c’est notre rédemption, c’est l’accomplissement de tous les biens possibles. Tout le reste, ce n’est qu’adjuvants du salut, cette victime-là, c’est le salut total. 3. L’homme en ce jour créé s’est perdu en ce jour, et en ce même jour le Créateur le sauve ; en subissant pour lui de pendre sur la croix, il s’est donné en prix pour racheter l’esclave.
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4. De costa viri fit sopiti femina ; Ubi Christus, sponsa ejus Ecclesia : Mors Christi sopor est, de cujus latere Nos mundat prodiens aqua cum sanguine. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 27
FERIA SEXTA Ad vesperas 1. Rei cujuslibet ejus imaginem Expressam dicimus similitudinem ; Quod vero quamlibet rem munus exprimit Similitudinis nomen non refugit. 2. Virum et feminæ præesse novimus, Ejus de corpore quam sumpsit Dominus ; Hinc Dei dicimus virum imaginem Ejusque feminam similitudinem. 3. Quo nempe major est viri sublimitas Atque potentiæ præcellit dignitas, Eo vir amplius est Deo similis, Cum hanc et ratio præponat ceteris. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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SABBATO Ad laudes 1. Finem ac requiem laborum omnium Beatitudinis imponit bravium ; Ad hanc pertingitur per præcedentia, Quæ sex significant dierum opera.
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4. La femme sort du flanc du mari endormi. Or l’épouse du Christ, c’est bien sûr son Église. Sa mort, c’est ce sommeil, l’eau qui sort de son flanc mélangée à son sang, c’est elle qui nous lave. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. VENDREDI À vêpres
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1. De chaque chose, on dit que son image propre serait sa ressemblance expresse et manifeste. Et ce qui représente une chose en ses traits, on peut bien l’appeler sa ressemblance simple1. 2. Or nous savons que l’homme a précédé la femme, que le Seigneur a faite en prenant de son corps. Donc nous disons que l’homme est l’image de Dieu, tandis que la femme est sa simple ressemblance. 3. Et puisque assurément l’homme est de rang plus haut, et qu’il l’emporte en tout, plus digne et plus puissant, l’homme du même coup est plus semblable à Dieu ; par la raison, la femme est au-dessus du reste. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. SAMEDI À laudes 1. Enfin le prix final qu’est la béatitude apporte le repos, fin de tous ces travaux. On l’obtient à travers tout ce qui la précède, ce qui est signifié par l’œuvre des six jours.
1 Dans cet hymne, comme ailleurs, Abélard établit une distinction assez subtile entre imago et similitudo (cf. Gn 1.26) et applique imago à l’homme, similitudo à la femme. Il n’en fait cependant guère usage, et n’hésite pas dans d’autres passages à affirmer expressément la supériorité de la création de la femme sur celle de l’homme.
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2. Fides, spes illa sunt, timor, dilectio, Baptismi gratia Christique passio ; Hujus senarii beatis gradibus Beatitudinis succedit aditus. 3. Per gradus singulos deduc nos, Domine, Ut queant membra te caput apprendere In veri sabbati perhenni gloria, Cujus exsuperant omne cor gaudia. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen. 29
SABBATO Ad vesperas 1. O quanta, qualia sunt illa sabbata Quæ semper celebrat superna curia, Quæ fessis requies, quæ merces fortibus, Cum erit omnia Deus in omnibus ! 2. Vere Jherusalem illic est civitas, Cujus pax jugis est, summa jocunditas, Ubi non prævenit rem desiderium, Nec desiderio minus est præmium. 3. Quis rex, quæ curia, quale palatium, Quæ pax, quæ requies, quod illud gaudium Hujus participes exponant gloriæ, Si quantum sentiunt possint exprimere ! 4. Nostrum est interim mentem erigere Et totis patriam votis appetere, Et ad Jherusalem a Babylonia Post longa regredi tandem exilia. 5. Illic, molestiis finitis omnibus, Securi cantica Syon cantabimus, Et juges gratias de donis gratiæ Beata referet plebs tibi, Domine.
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2. Ce sont la foi, l’espoir, la crainte, enfin l’amour, la grâce du baptême et la passion du Christ. Montant par les six marches de ces heureux degrés, on parvient à l’entrée de la béatitude. 3. Par chacun des degrés, dirige-nous, Seigneur, pour que tes membres puissent te saisir, toi leur tête1, dans l’éternelle gloire du sabbat véritable, dont les joies dépassent les forces de nos cœurs. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils. SAMEDI À vêpres 1. Si grands, si merveilleux, ces fastes du sabbat que l’assemblée des cieux célèbre constamment ! Quel repos pour les las, quel prix pour les vaillants, quand enfin Dieu sera tout en tous à jamais ! 2. C’est bien Jérusalem, cette cité d’en haut dont la paix est constante et le bonheur suprême2, où un désir n’a pas le temps de se former que son objet est là pour le récompenser. 3. Ce roi, cette assemblée, ce palais merveilleux, cette paix, ce repos, cette joie infinie, que l’expriment ceux qui ont part à cette gloire, pourvu qu’ils puissent bien exprimer ce qu’ils sentent ! 4. Mais nous, pendant ce temps, il faut prendre courage, appeler de nos vœux notre vraie patrie, et, hors de Babylone et vers Jérusalem, à la fin revenir d’un si durable exil. 5. Là, toutes nos misères enfin seront finies, nous chanterons en paix les cantiques de Sion, ton peuple bienheureux t’adressera, Seigneur, ses éternelles grâces pour les dons de ta grâce.
1 Cf. Ep 5.23-30. 2 Abélard joue sur l’étymologie traditionnelle de Jérusalem, visio pacis, « vision de paix ».
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6. Illic ex sabbato succedet sabbatum, Perpes lætitia sabbatizantium ; Nec ineffabiles cessabunt jubili Quos decantabimus et nos et angeli. d. Perhenni Domino perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt, in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est, per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et Filii Spiritus. Amen.
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6. Là se succéderont sans fin les jours de fête, tous les participants seront dans l’allégresse, et n’auront pas de fin les chants de joie sans mots que les anges et nous modulerons sans cesse. d. Au Seigneur éternel gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont, en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père, par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit et du Père et du Fils.
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Liber II Hymni de tempore Præfatio Tripartitum divini cultus officium doctor gentium in Epistola ad Ephesios ordinavit, dicens : Et nolite inebriari vino, in quo est luxuria, sed implemini Spiritu, loquentes vobismetipsis in psalmis et hymnis et canticis spiritalibus, cantantes et psallentes in cordibus vestris Domino ; et rursus ad Colossenses inquit : Verbum Christi habitet in vobis abundanter in omni sapientia, docentes et commonentes vosmetipsos psalmis, hymnis et canticis spiritalibus, in gratia cantantes in cordibus vestris Domino. Psalmi vero et cantica, quoniam ex canonicis antiquitus præparata sunt scripturis, nec nostro nec alicujus egent studio ut modo componantur. De hymnis vero cum nichil in superpositis distinctum habeatur scripturis, quamvis et nonnulli psalmi nomen hymnorum sive canticorum suis inscriptum titulis habeant, passim a pluribus postea scriptum est ; et pro temporum aut horarum seu festivitatum varietate quibusque proprii hymni sunt constituti. Et hos nunc proprie hymnos appellamus, quamvis antiquitus indifferenter nonnulli tam hymnos quam psalmos dicerent quælibet divinæ laudis cantica rythmo vel metro composita ; unde Eusebius Cæsariensis Ecclesiasticæ historiæ libri II capitulo xvii disertissimi Judæi Philonis laudes erga Alexandrinam sub Marco Ecclesiam commemorans inter cetera adjecit : Post pauca, rursum etiam de eo quod psalmos faciant novos, ita scripsit : « Itaque non solum subtilius intelligunt hymnos veterum, sed ipsi faciunt novos in Deum, omnibus eos et metris et sonis honesta satis et suavi compage modulantes. »
Livre II Propre du temps Préface L’apôtre des Gentils, dans l’Épître aux Éphésiens1, a institué une tripartition du service divin, quand il dit : Et ne vous enivrez pas de vin, ce qui est de la luxure, mais emplissez-vous de l’Esprit, parlant en vous-mêmes en psaumes, hymnes et cantiques spirituels, chantant et psalmodiant au Seigneur dans vos cœurs ; et aux Colossiens2 : Que le Verbe du Christ habite en vous en abondance et en toute sagesse, soyez à vous enseigner et avertir vous-mêmes, et par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, à chanter dans vos cœurs pour le Seigneur dans la grâce. Les psaumes et les cantiques3, comme ils ont été anciennement préparés dans les écritures canoniques, n’ont pas besoin d’être composés de nos jours, ni par mes soins ni par ceux de qui que ce soit. Quant aux hymnes, étant donné qu’il n’y a rien de précis dans l’ensemble des Écritures, encore que certains psaumes portent dans leur titre le nom d’hymnes ou de cantiques, par la suite pas mal d’auteurs en ont composé un peu partout ; et on a établi des hymnes propres à chaque occasion, selon les divers temps, heures et festivités. Et c’est ceux-là que de nos jours nous appelons des hymnes, alors que dans l’Antiquité certains appelaient indifféremment hymnes ou psaumes tous les chants à la louange de Dieu, qu’ils soient composés en mètre ou en rythme ; ce qui fait qu’Eusèbe de Césarée, au livre II, chapitre 17 de son Histoire ecclésiastique, rappelant l’éloge fait par le très disert Philon le Juif de l’Église d’Alexandrie au temps de Marc, dit entre autres : Un peu plus loin, en redisant qu’ils font de nouveaux psaumes, il écrit ceci : « Ainsi non seulement ils comprennent fort intelligemment les hymnes des anciens, mais eux-mêmes en font de nouveaux en l’honneur de Dieu, et ils les mettent en musique dans tous les mètres et tons en une composition fort convenable et plaisante. »
1 Ep 5.18-19. 2 Col. 3.16. 3 C’est-à-dire les cantiques au sens strict, les compositions poétiques de la Bible qui ne font pas partie du livre des Psaumes.
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Haud fortassis incongruum est omnes psalmos hebraice metro vel rythmo compositos et melica dulcedine conditos appellari etiam hymnos juxta ipsam videlicet hymnorum definitionem, quam in præfatione prima posuimus. At cum jam psalmi ex hebræo in aliam linguam translati a rythmi vel metri lege soluti sint, bene ad Ephesios, qui Græci sunt, apostolus scribens separatim a psalmis hymnos distinxit, sicut et cantica. De his itaque quoniam nostrum sæpe ingeniolum, dilectissimæ Christi filiæ, multis precibus pulsavistis, addentes insuper quibus de causis id necessarium vobis videatur, vestræ jam petitioni prout Dominus annuerit ex parte paruimus. Superiori namque libello cottidianos feriarum hymnos, qui toti sufficere possint hebdomadæ, comprehendimus, quos ita compositos esse cognoscatis ut bipartitus sit eorum cantus, sicut et rythmus, et sit una omnibus nocturnis melodia communis, atque altera diurnis, sicut et rythmus. Hymnum etiam gratiarum post epulas exsolvendum non prætermisimus, secundum quod in Evangelio scriptum est, Hymno dicto exierunt. Ceteros vero supra positos hymnos hac consideratione digessimus, ut qui nocturni sunt suarum opera feriarum contineant, diurni autem ipsorum operum allegoricam seu moralem expositionem tradant ; atque ita factum est ut obscuritas historiæ nocti, lux vero expositionis reservetur diei. Superest de cetero vestris me orationibus adjuvari, ut optatum vobis munusculum transmittam. 30
IN NATIVITATE DOMINI Hymnus I 1.
Verbo Verbum Virgo concipiens, Ex te verus ortus est oriens, A quo vera diffusa claritas Circumductas abduxit tenebras.
2.
Felix dies, dierum gloria, Hujus ortus quæ vidit gaudia ; Felix mater quæ Deum genuit, Felix stella quæ solem peperit !
3.
Quam beata pauper puerpera Cujus partus ditavit omnia ; Pauper, inquam, sed celsa genere, Pontificum et regum sanguine.
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Il n’est peut-être pas incongru d’appeler aussi hymnes tous les psaumes composés en hébreu en mètre ou en rythme et dotés d’une mélodie, selon la définition même des hymnes que j’ai établie dans ma première préface. Mais comme les psaumes traduits de l’hébreu dans une autre langue ne sont plus soumis à la loi du mètre ou du rythme, l’Apôtre a eu raison, en écrivant aux Éphésiens, qui sont des Grecs, de distinguer les psaumes des hymnes, comme des cantiques. Très chères filles du Christ, comme vous avez souvent par beaucoup d’instances sollicité notre faible génie à ce sujet, en ajoutant pour quelles raisons cela vous semblait nécessaire, nous avons désormais en partie obéi à votre requête, autant que Dieu l’a permis. Dans le livre précédent nous avons rassemblé des hymnes pour tous les jours, qui puissent suffire pour une semaine complète ; sachez qu’ils ont été composés de façon que leur chant soit bipartite, de même que leur rythme, avec une seule mélodie pour toutes les heures de nuit, une autre commune aux heures de jour, et de même pour le rythme. Nous n’avons pas négligé de composer aussi un hymne d’action de grâces après les repas, selon ce qui est écrit dans l’Évangile : Ayant dit l’hymne, ils sortirent1. Nous avons conçu les autres hymnes ci-dessus de façon que les hymnes nocturnes contiennent l’œuvre des jours [de la création] correspondants, tandis que les hymnes de jour livrent l’exposition allégorique et morale de cette œuvre ; et il en résulte que l’obscurité de la lecture historique est réservée à la nuit, et la lumière de l’interprétation au jour. Il ne reste donc qu’à m’aider de vos prières, pour que je vous transmette ce petit présent que vous avez souhaité. NOËL Hymne premier
1.
Vierge, du verbe ayant conçu le Verbe, le véritable Orient est né de toi, la vraie clarté qui émane de lui a dissipé les ténèbres ambiantes.
2.
Heureux le jour, gloire de tous les jours, qui vit la joie de cet enfantement. Heureuse mère qui a engendré Dieu, heureuse étoile de qui naît le soleil.
3.
Heureuse est-elle, cette pauvre accouchée, dont l’enfançon a enrichi le monde ! Pauvre, ai-je dit, mais de race élevée, née du sang des rois et des pontifes2.
1 Mt 26.30. 2 C’est-à-dire des tribus de Juda et de Lévi. La généalogie de la Vierge est une question discutée, mais Abélard n’entre pas ici dans le détail.
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4.
Vitæ viam in via peperit, Hospicium, non domum habuit : Regum proles et cæli domina Pro cameris intravit stabula.
5.
Obstetrices in partu deerant, Sed angeli pro eis aderant, Quorum statim cohors non modica Hujus ortus edixit gaudia.
6.
Defuerunt fortassis balnea, Sed quam lavent non erat macula ; Non est dolor quem illa relevent Nec scissura quam illa reparent.
d.
In excelsis sit Deo gloria, Pacis nobis in terra fœdera, Quam super his voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.
IN NATIVITATE DOMINI Hymnus II 1.
Dei Patris et Matris unicus, In præsepi pro cunis positus, Angustias præsepis sustinet, Quem ambitus cæli non continet.
2.
Excipitur vili tugurio, Qui præsidet cæli palatio : Quis super hoc, quis non obstupeat, Cujus mentem hoc non commoveat ?
3.
Pauper Deus, immo pauperrimus Sic factus est pro nobis omnibus : Quæ sunt grates, quæ retributio Super istis a nobis Domino ?
li vre i i : pro pre d u t e mps
4.
Elle eut son fils, voie de vie1, sur la voie, elle eut un gîte, et non une maison. Reine du ciel, descendante des rois, pour toute chambre elle n’eut une étable.
5.
L’accouchement se fit sans sage-femme, mais à leur place les anges l’assistaient2. Et aussitôt leur chœur a proclamé l’immense joie de sa nativité.
6.
Il y manquait peut-être une baignoire, mais pas non plus de souillure à laver. Il n’y avait ni douleur à calmer, ni déchirure qu’on eût ainsi soignée.
d.
Au haut des cieux que gloire soit à Dieu, et sur la terre que nous ayons la paix qu’en cet honneur les douces voix des anges, comme on le sait, ont aujourd’hui chantée.
NOËL Hymne II
1.
L’unique enfant de Dieu et de sa mère, mis dans une auge en guise de berceau, est à l’étroit au fond d’une mangeoire, lui que le ciel entier ne contient pas3.
2.
Lui qui préside dans le palais du ciel, est recueilli dans un vil édicule. Qui de ce fait, qui ne s’ébahirait ? Et quel esprit n’en serait pas ému ?
3.
Dieu se fait pauvre, et même miséreux, et c’est pour nous, pour nous tous qu’il le fait. Pour ces bienfaits, quelle reconnaissance, quelle rançon rendons-nous au Seigneur4 ?
1 Cf. Jn 14.6. 2 Abélard paraphrase une séquence très répandue de Notker, Natus ante sæcula : Gaude, Dei Genitrix / Quam circumstant obstetricum vice / Concinentes angeli / Gloriam Deo, « Réjouis-toi, Mère de Dieu, qu’assistent au lieu de sages-femmes les anges qui chantent la gloire de Dieu ». 3 Abélard pourrait s’inspirer directement d’Augustin, Sermon 184.3, un texte dont on sait qu’il le connaissait, mais à son époque l’idée n’a plus rien d’original ou de rare : Iacebat in præsepio continens mundum ; et infans erat et Verbum ; quem caeli non capiunt, unius feminæ sinus ferebat, « Il était couché dans une mangeoire tout en ceignant le monde ; il ne savait pas parler et il était la Parole ; lui que les cieux ne peuvent contenir, le ventre d’une seule femme le portait ». 4 Cf. Ps 115.2.
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4.
In præsepi vagit ut parvulus, Qui concutit cælum tonitribus ; Stratum habet feni reliquias, Qui regibus largitur purpuras.
5.
Bestiarum Angelorum Instat inde Hinc angeli
d.
In excelsis sit Deo gloria, Pacis nobis in terra fœdera, Quam super his voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.
infertur pabulo, ipsa refectio ; grex animalium, præbent obsequium.
IN NATIVITATE DOMINI Hymnus III 1.
Quam beatum stratum hoc straminis Tantæ latus quod pressit Virginis, Quo parvulus nascens excipitur Cujus palmo cælum concluditur !
2.
In sericis reginæ ceteræ Summo solent dolore parere ; Vilis strati beatus lectulus Omnis fuit doloris nescius.
3.
Regum natis in alimonia Sunt subacta nutricum ubera ; Educatur lacte virgineo Virgo clauso quem fudit utero.
4.
Nulli regum inter tot epulas, Inter tantas et tot delicias Concessum est ut lacte virginis Quis de suis alatur parvulis.
5.
Virgo pauper fortassis esurit, Quæ parvulum hoc lacte reficit ; Stupent cæli, mirantur angeli, Obsequio lactantis seduli.
li vre i i : pro pre d u t e mps
4.
Faible enfançon, il vagit dans la crèche, lui qui ébranle le ciel à coups de foudre. Il a pour lit des restes de litière, lui qui accorde aux rois leurs lits de pourpre.
5.
Il est mêlé au repas des bestiaux, celui par qui les anges sont nourris. Si d’un côté se pressent les troupeaux, il est servi d’autre part par les anges.
d.
Au haut des cieux que gloire soit à Dieu, et sur la terre que nous ayons la paix qu’en cet honneur les douces voix des anges, comme on le sait, ont aujourd’hui chantée.
NOËL Hymne III
1.
Qu’elle est heureuse, cette couche de paille qui supporta le corps de telle vierge, où en naissant est reçu cet enfant qui dans sa main contient le ciel entier1 !
2.
En général les autres reines accouchent en draps de soie, mais à grande douleur. Le petit lit de cette pauvre couche n’a pas connu la plus faible douleur.
3.
Aux fils de roi, pour les alimenter, sont présentés les seins de leurs nourrices. Sorti des flancs toujours clos d’une vierge, il est nourri de son lait virginal2.
4.
À aucun roi, parmi tous leurs festins, et parmi tant d’innombrables délices, il n’est donné qu’aucun de ses enfants ne soit jamais nourri de lait de vierge.
5.
Peut-être bien qu’elle souffre la faim la vierge pauvre, en nourrissant l’enfant. Les cieux s’étonnent, les anges s’émerveillent en s’empressant pour servir l’allaitante.
1 Cf. Is 40.12. 2 Pour la médecine médiévale, l’absence de lait est liée non pas à l’absence d’enfant (c’est la gestation et l’accouchement qui induisent la production de lait) mais à la virginité. Ainsi, le fait que le Christ soit nourri au sein d’une vierge est proprement miraculeux.
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In excelsis sit Deo gloria, Pacis nobis in terra fœdera, Quam super his voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.
IN NATIVITATE DOMINI Hymnus IV 1.
Gaude, Virgo, virginum gloria ; Matrum decus et Mater, jubila, Quæ commune sanctorum omnium Meruisti conferre gaudium.
2.
Patriarchis sanctis ac regibus Te filiam promisit Dominus ; Te figurant legis ænigmata, Prophetarum canunt oracula.
3.
Te requirunt vota fidelium, Ad te corda suspirant omnium ; Tu spes nostra post Deum unica, Advocata nobis es posita.
4.
Ad Judicis matrem confugiunt Qui Judicis iram effugiunt ; Supplicare pro eis cogitur Quæ pro reis mater efficitur.
5.
Pia Mater, pietas Filius, Ad hoc gignit, ad hoc est genitus Ut salventur servi per gratiam, Quam exhibet hæc dies maximam.
d.
In excelsis sit Deo gloria, Pacis nobis in terra fœdera, Quam super his voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.
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Au haut des cieux que gloire soit à Dieu, et sur la terre que nous ayons la paix qu’en cet honneur les douces voix des anges, comme on le sait, ont aujourd’hui chantée.
NOËL Hymne IV 1. Réjouis-toi, vierge gloire des vierges, honneur des mères, mère, réjouis-toi, tu as reçu l’honneur de procurer ce qui est joie pour tous les saints du monde. 2.
Tu es la fille que le Seigneur promit aux rois sacrés et aux saints patriarches : c’est toi qu’annoncent les énigmes des Lois, c’est toi que chantent les dits des prophéties.
3.
C’est toi qu’implorent en leurs vœux les fidèles, les cœurs de tous, c’est vers toi qu’ils soupirent, toi notre espoir, et l’unique après Dieu, pour nous sauver tu nous sers d’avocate.
4.
Ceux qui redoutent la colère du Juge fuient auprès de la mère du Juge. Elle doit bien s’entremettre pour eux : elle se fait mère pour les coupables.
5.
La bonne mère l’engendra pour cela, le fils-bonté pour cela engendré : pour que la grâce apportée par ce jour puisse sauver les humbles que nous sommes.
d.
Au haut des cieux que gloire soit à Dieu, et sur la terre que nous ayons la paix qu’en cet honneur les douces voix des anges, comme on le sait, ont aujourd’hui chantée.
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IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus I 1. Nasciturum Sive natum Cæli regem et terræ Miris signis Eo dignis Prædicarunt utráque. 2.
Nam, Auguste, Te florente Solem cinxit corona, Inundavit Quod manavit Oleum de taberna.
3. Veniente Redemptore, Servis datur libertas ; Servitutis Jugum tollis Et quem nescis præsignas. 4. Interdicis Nec permittis Te dominum vocari, Ut venturo Possit Christo Decus hoc reservari. 5.
Jani portas Tenet clausas Pax a Christo præmissa, Quæ prophetæ Quondam voce Mundo fuit promissa.
li vre i i : pro pre d u t e mps
ÉPIPHANIE1 Hymne premier2
1.
Terre et ciel ont proclamé avant, après qu’il soit né le roi du ciel et de la terre par des signes merveilleux.
2.
C’est de ton temps que le soleil, Auguste, fut couronné, et que coula abondamment l’huile issue de la taverne.
3.
À l’arrivée du Rédempteur, sont libérés les esclaves, et tu supprimes leur servitude sans savoir qui tu annonces.
4.
Tu ne veux pas, tu interdis que l’on t’appelle seigneur, afin qu’au Christ qui va venir soit réservé cet honneur.
5.
La paix voulue du fait du Christ clôt les portes de Janus, paix que jadis promit au monde la prédiction du prophète.
1 Cette série d’hymnes prend la notion même d’épiphanie au pied de la lettre : elle commente non seulement les trois événements bibliques que la fête commémore traditionnellement (la visite des mages, mais aussi le baptême du Christ et les noces de Cana), mais encore les signes donnés aux païens de la venue du Christ. 2 Les signes rapportés dans cet hymne sont tous empruntés à Orose, qui lui-même a réinterprété, ou parfois délibérément arrangé, des présages et des éléments historiques transmis par les historiens « classiques ».
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d.
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Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla. Amen.
IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus II 1. Angelorum Stupent cantum Admoniti pastores ; Magos nova Ducit stella ; Metu languet Herodes. 2.
Dat mandata Magis stulta, Loquens eis in dolo, Sed illusus Fuit dolus, Fraudulento fraudato.
3.
Illi cœptam Tenent viam, Reperiunt quem quærunt ; Et, oblatis Tribus donis, Per hæc ipsum describunt.
4.
Ad Herodem Ne redirent Admonentur in somnis, Et divino Documento Sunt quid agant edocti.
d.
Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla. Amen.
li vre i i : pro pre d u t e mps
d.
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Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.
ÉPIPHANIE Hymne II 1.
Au chant des anges sont stupéfaits les bergers qu’ils avertissent, l’étoile neuve conduit les mages, Hérode est rongé de peur.
2.
Il donne aux mages des ordres vains et il leur parle par ruse, mais cette ruse ne sert à rien et le trompeur est trompé.
3.
Ils continuent sur leur chemin et trouvent celui qu’ils cherchent, et les trois dons qu’ils lui présentent le décrivent fort bien, lui.
4.
Mais, prévenus dans leur sommeil de ne pas revoir Hérode, par la divine admonition ils savent ce qu’il faut faire.
d.
Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.
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IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus III 1. Consecrandas Intrat aquas, Baptizatur a servo, Qui peccata Tollit nostra, Qui non eget baptismo. 2. Baptizato Qui baptismo Vere suo baptizat, Statim cæli Sunt aperti, Quos peccatum claudebat. 3. Revelatus Est descensus Spiritus in columba, Baptizandis Renascendis Gratia demonstrata. 4.
Est audita Vox paterna, Filium protestata ; Et renatos Facit veros Filios illa data.
5.
Avis blanda, Mansueta, Deum monstrat placatum ; Nec divinæ Quicquam æque Gratiæ tenet typum.
d.
Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla. Amen.
li vre i i : pro pre d u t e mps
ÉPIPHANIE Hymne III 1.
Pour consacrer l’eau, il y entre, baptisé par son servant, lui qui enlève notre péché et n’a besoin de baptême.
2.
Lui qui baptise par son baptême, dès qu’il est, lui, baptisé, tout aussitôt s’ouvrent les cieux qu’avait fermés le péché.
3.
L’Esprit descend et se fait voir sous forme d’une colombe, montrant ainsi la grâce à ceux qui vont renaître en baptême.
4.
Et l’on entend la voix du Père reconnaissant sien son Fils, et elle fait, ainsi donnée, des baptisés de vrais fils.
5.
Le doux oiseau, l’oiseau de paix montre Dieu apaisé, et il n’est pas marque meilleure de cette grâce divine.
d.
Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.
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IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus IV 1.
Qui baptismo Nobis suo Aquas sanctificavit Has in merum Vertit vinum Et convivas refecit.
2.
Unde clara Dies ista Trino facto resplendet, Qua per tanta Mundo signa Mundi salus apparet.
3.
Nec post tanta Vel majora Signa credit Judæus Quem ad unam Statim stellam Requisivit Chaldæus.
4. Elementa Suum cuncta Recognoscunt auctorem ; Te nec signa Nec lex ipsa Movent, miser, ad fidem ! 5.
Si nec signis Nec prophetis Arbitraris credendum, Exul, longa Saltem pœna Tuum disce reatum.
d.
Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla. Amen.
li vre i i : pro pre d u t e mps
ÉPIPHANIE Hymne IV 1.
Lui qui pour nous par son baptême a sanctifié les eaux, il les transforme en un vrai vin et rassasie les convives.
2.
Aussi ce jour resplendit-il de façon particulière, où dans le monde par tant de signes paraît le salut du monde.
3.
Pourtant, après de si grands signes le Juif se refuse à croire en celui qu’ont cherché les mages sitôt qu’ils ont vu l’étoile.
4.
Les éléments, tous unanimes, reconnaissent leur auteur, mais ni ta loi, ni de tels signes, malheureux, ne te font croire !
5.
Et si tu penses qu’il ne faut croire les signes ni les prophètes, le long exil qui est ta peine montre bien que tu as tort.
d.
Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.
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IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus I 1.
Adorna, Syon, thalamum, Quæ præstolaris Dominum ; Sponsum et sponsam suscipe Cum cereorum lumine.
2.
Prudentes, illi, virgines, Vestras aptate lampades ; Et occurrentes dominæ Surgant adolescentulæ !
3.
Faces accendant famuli, Veroque mundi lumini Domus omnis cum omnibus Occurrat luminaribus.
4.
Beate senex, propera : Promissa comple gaudia, Et revelandum gentibus Revela lumen omnibus !
5.
Devota Deo vidua Ejusque templo dedita, Pari propheta gaudio, Et confitere Domino !
d.
Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria. Amen.
li vre i i : pro pre d u t e mps
CHANDELEUR Hymne premier
1.
Embellis, ô Sion, la chambre, toi qui attends notre Seigneur, accueille l’Époux et l’Épouse à la lumière de tes cierges1.
2.
Pour lui, vous les vierges prudentes, préparez l’huile de vos lampes2, et au-devant de notre Dame que s’élancent les jeunes filles.
3.
Que les servants prennent des torches, qu’avec le plein de luminaires toute la maison fasse accueil à la vraie lumière du monde.
4.
Bienheureux vieillard, hâte-toi, saisis la joie qui t’est promise, révèle à toutes les nations la lumière qui se révèle3.
5.
Veuve si dévouée à Dieu et consacrée à son service, prophétise en pareille liesse et rends témoignage au Seigneur4.
d.
Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.
1 Abélard paraphrase le début de l’antienne qui servait pour la procession aux cierges de la chandeleur : Adorna thalamum tuum, Sion, et suscipe regem Christum ; amplectere Mariam, quæ est cælestis porta : ipsa enim portat regem gloriæ novi luminis, « Orne ta chambre nuptiale, Sion, et accueille ton roi, le Christ ; reçois dans tes bras Marie, qui est la porte du ciel : c’est elle qui porte le roi glorieux de la lumière nouvelle ». 2 Cf. Mt 25. 3 Siméon : Lc 2.25-35. 4 La prophétesse Anne : Lc 2.36-38.
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IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus II 1.
Parentes Christum deferunt, In templo templum offerunt : Legi parere voluit, Qui legi nichil debuit.
2.
Offer, beata, parvulum Tuum et Patris unicum, Offer per quem offerimur, Pretium quo redimimur.
3.
Procede, Virgo regia, Profer natum cum hostia ; Tollantur aves mysticæ, Tibi vel ipsi congruæ.
4.
Monstret columba simplicem, Designet turtur Virginem ; Pauper quidem hæc hostia, Sed magna sunt mysteria.
5.
Hæc quidem erat pauperum, Cum esset agnus divitum ; Sed agni veri latio Non eget agno mystico.
d.
Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria. Amen.
IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus III 1.
Qui paupertatem admonet, Hanc in se prius exhibet, Deus dives in omnibus, Ut nos ditet pauperrimus.
li vre i i : pro pre d u t e mps
CHANDELEUR Hymne II 1.
Ses parents amènent le Christ, ils présentent le temple au temple1. Celui qui ne lui devait rien voulut obéir à la Loi.
2.
Bienheureuse, offre ton enfant, pour le Père et toi fils unique, par qui nous sommes au Père offerts, offre le prix qui nous rachète.
3.
Avance-toi, vierge royale, offrant ton fils et ton offrande, présente ces oiseaux mystiques qui ressemblent à lui et à toi.
4.
La colombe est simplicité, virginité, la tourterelle. Certes, ce sont pauvres offrandes, mais qui montrent de grands mystères.
5.
Car c’était l’offrande des pauvres, l’agneau était celle des riches. Mais offrir l’agneau véritable rend superflu l’agneau mystique2.
d.
Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.
CHANDELEUR Hymne III 1.
Lui qui prône la pauvreté est le premier à l’exercer. Car riche de tout, Dieu se fait miséreux pour nous enrichir.
1 Le jeu de mots entre le Temple (de Jérusalem) et le temple qu’est le Christ est déjà dans l’Évangile : Jn 2.19-21. 2 Sur l’offrande légale (un agneau et une colombe ou tourterelle) et sa substitution possible faute de moyens suffisants (deux colombes ou tourterelles), cf. Lv 12.6-8.
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2.
Factis primum exhibuit Quod verbis tandem docuit, A cunis mox incipiens Et re vocem præveniens.
3.
Hic est ille funiculus In manu viri lineus : Subtilis Evangelicæ Sermo legis in opere.
4.
Hic est mensuræ calamus Quem gestat manu parvulus Ut super montem positum Mensuret ædificium.
5.
Mensuræ quippe calamus Liber est Evangelicus, Quem manu fertur gerere Qui scriptum complet opere.
6.
Hoc super ipsum posita Mensuratur Ecclesia, Dum in hoc quisque percipit Quantum crescit aut deficit.
d.
Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria. Amen.
IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus IV 1.
Omnis sexus et quælibet Ætas plaudat et jubilet ; Monet omnes ad gaudium Quæ venit salus omnium.
2.
Gaude, vir, gaude, femina, Communi læti gloria : Virum quem Deus induit Ignara viri peperit.
li vre i i : pro pre d u t e mps
2.
Il a d’abord montré en fait ce qu’ensuite il a enseigné, en commençant dès le berceau, il met le fait avant le mot.
3.
Il est ce cordonnet de lin qu’un homme porte dans sa main : le fin discours mis en action des préceptes de l’Évangile1.
4.
Il est le roseau d’arpentage qu’un enfant porte dans sa main pour mesurer un bâtiment édifié sur une montagne.
5.
Certes, ce roseau d’arpentage, c’est le livre des Évangiles : on dit qu’il le porte en sa main, celui qui le met en action.
6.
Sur cette montagne fondée, l’Église est ainsi mesurée, quand chacun perçoit par ce livre ses progrès et ses retombées.
d.
Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.
CHANDELEUR Hymne IV
1.
Que tout sexe ainsi que tout âge applaudisse et se réjouisse. Celui qui vient, salut de tous, appelle chacun à la joie.
2.
Bonheur pour la femme et pour l’homme joyeux d’une commune gloire : l’homme que Dieu revêt est né d’une qui ne connaît pas d’homme.
1 Cette strophe et les suivantes trouvent leur source dans un verset au début de la vision du Temple d’Ezéchiel, 40.3 ; l’interprétation qu’en donne Abélard est issue de Grégoire le Grand, Homiliæ in Ezechielem 2.1.
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3.
Congaude, virgo, Virgini : Mater est hæc Altissimi ; Nupta nuptæ congaudeat, Quæ mox conceptum prædicat.
4.
Conclusus adhuc utero Quo potens infans gaudio Vitam mundi quam senserat Mundo statim annuntiat.
5.
Hinc senex, inde vidua, Laude Christum prophetica Confitentes, dominicam Ostenderunt præsentiam.
d.
Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria. Amen.
DOMINICA PASCHÆ Hymnus I 1.
Christiani, plaudite, Resurrexit Dominus ! Victo mortis principe, Christus imperat ; Victori occurrite Qui nos liberat.
2.
Superato zabulo Resurrexit Dominus ! Spoliato baratro, Suos eruit, Stipatus angelico Cœtu rediit.
3.
Fraus in hamo fallitur, Resurrexit Dominus ! Quæ, dum carne vescitur Circumposita, Virtute transfigitur Carni insita.
li vre i i : pro pre d u t e mps
3.
Vierge, réjouis-toi pour la Vierge : elle est la mère du Très Haut. Épouse, fais fête à l’Épouse, toi qui prédis l’enfant conçu1.
4.
Encore enfermé dans le ventre, l’enfant, saisi de quelle joie ! annonce sur le champ au monde la Vie du monde, qu’il a perçue.
5.
Et le vieillard, et puis la veuve, par leur prophétique louange, proclamant le Christ, ont montré qu’était là présent le Seigneur.
d.
Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.
PÂQUES Hymne premier
1.
Ô chrétiens, applaudissez, Le Christ est ressuscité ! Vaincu le prince de mort, le Seigneur l’emporte, accourez vers le vainqueur, le libérateur.
2.
Le diable est dominé, Le Christ est ressuscité ! de l’enfer dépossédé il sauve les siens, et par les anges escorté en gloire il revient.
3.
C’est l’échec de l’hameçon, Le Christ est ressuscité ! qui en dévorant la chair où il est planté, est foudroyé par la force sise en cette chair.
1 Vierge : saint Jean Baptiste. Épouse : Élisabeth. Cf. Lc 1.39-56.
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4.
Captivatis inferis, Resurrexit Dominus ! Ditatisque superis, Cælum jubilat ; Hymnis, psalmis, canticis Terra resonat.
d.
Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui. Amen.
DOMINICA PASCHÆ Hymnus II 1.
Da Mariæ tympanum, Resurrexit Dominus ! Hebræas ad canticum Cantans provocet, Holocausta carminum Jacob immolet.
2.
Subvertens Ægyptios, Resurrexit Dominus ! Rubri maris alveos Replens hostibus, Quos involvit obrutos Undis pelagus.
3.
Dicat tympanistria Resurrexit Dominus ! Illa quidem altera Re non nomine, Resurgentem merita Prima cernere.
li vre i i : pro pre d u t e mps
4.
L’enfer étant subjugué, Le Christ est ressuscité ! le paradis enrichi, le ciel se réjouit, d’hymnes, psaumes et cantiques la terre résonne.
d.
À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur ! 43
PÂQUES Hymne II
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1.
Donne à Marie un tambour, Le Christ est ressuscité ! Qu’en chantant elle convoque les Hébreues au chant1, que Jacob en sacrifice immole ses chants !
2.
Renversant les Égyptiens, Le Christ est ressuscité ! Dieu remplissant d’ennemis les fonds de la Mer, qui les roule dans ses flots rouges, écrasés !
3.
Qu’une autre chanteuse clame : Le Christ est ressuscité ! certes autre que la première, mais de même nom, digne de voir la première le ressuscité2.
1 Il s’agit de Marie sœur de Moïse et d’Aaron : Ex 15.20-21. 2 Marie Madeleine.
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4.
Cantet carmen dulcius, Resurrexit Dominus ! Reliquis fidelibus Mixta feminis Cum ipsa narrantibus Hoc discipulis.
d.
Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui. Amen.
DOMINICA PASCHÆ Hymnus III 1.
Golias prostratus est, Resurrexit Dominus ! Ense jugulatus est Hostis proprio ; Cum suis submersus est Ille Pharao.
2.
Dicant Syon filiæ Resurrexit Dominus ! Vero David obviæ Choros proferant, Victori victoriæ Laudes concinant.
3.
Sanson noster validus, Resurrexit Dominus ! Circumsæptus hostibus, Portas sustulit ; Frustratus allophylus Stupens ingemit.
li vre i i : pro pre d u t e mps
4.
Qu’elle dise son doux chant : Le Christ est ressuscité ! en se joignant à la troupe des femmes fidèles, qui annoncent avec elle cela aux disciples1.
d.
À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur ! 44
PÂQUES Hymne III
1.
Goliath est abattu, Le Christ est ressuscité ! L’ennemi est égorgé par sa propre épée2, avec les siens est noyé le grand Pharaon.
2.
Dites, filles de Sion : Le Christ est ressuscité ! Au-devant du vrai David commencez vos chœurs, Entonnez pour le vainqueur des chants de victoire.
3.
Notre Samson valeureux, Le Christ est ressuscité ! enfermé par l’ennemi a ôté les portes3, l’Envahisseur déjoué stupéfait gémit.
1 Cf. Mt 28.7-8. 2 Cf. 1 S 17. 3 Cf. Jg 16.3.
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4.
Ut leonis catulus Resurrexit Dominus ! Quem rugitus patrius Die tertia Suscitat vivificus, Teste physica.
d.
Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui. Amen.
DOMINICA PASCHÆ Hymnus IV 1.
Veris grato tempore Resurrexit Dominus ! Mundus reviviscere Cum jam incipit, Auctorem resurgere Mundi decuit.
2.
Cunctis exultantibus, Resurrexit Dominus ! Herbis renascentibus, Frondent arbores, Odores ex floribus Dant multiplices.
3.
Transacta jam hieme, Resurrexit Dominus ! In illa perpetuæ Vitæ gaudia, Nullius molestiæ Quæ sunt conscia.
4.
Qui restauret omnia, Resurrexit Dominus ! Tamquam ista gaudia Mundus senserit, Cum carne dominica Jam refloruit.
li vre i i : pro pre d u t e mps
4.
C’est comme le lionceau, Le Christ est ressuscité ! que son père en rugissant au bout de trois jours ressuscite plein de vie, selon la physique1.
d.
À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur ! 45
PÂQUES Hymne IV
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1.
Au si doux temps du printemps Le Christ est ressuscité ! lorsque le monde commence à reverdoyer, c’est bon que l’auteur du monde soit ressuscité.
2.
Allégresse générale, Le Christ est ressuscité ! lorsque les herbes renaissent, les arbres verdissent, ils embaument mille odeurs, et aussi les fleurs.
3.
L’hiver désormais passé, Le Christ est ressuscité ! parmi ces félicités de vie éternelle, qui ne connaissent vraiment nul désagrément.
4.
Lui qui va tout restaurer, Le Christ est ressuscité ! Comme si le monde entier sentait cette joie, comme le corps du Seigneur, il a refleuri.
1 Sur le thème du lionceau, voir les hymnes du samedi saint (livre IV).
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d.
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Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui. Amen.
IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus invitatorius 1.
Salve, cælestis Vexillum regis, . . . . . . . . . . . . . . . . . . Salve, crux sancta !
2.
Qua, spoliato Prædone diro, Præda reducta, Averni portæ Jacent contritæ, Claustra confracta.
3.
Taü beatum Quo, pænitentum Fronte signata, Interfectoris Ira crudelis Est religata !
4.
Vile latronum Quondam tormentum Eras pro pœna, Nunc gloriosum Frontibus regum Signum impressa.
li vre i i : pro pre d u t e mps
d.
À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur !
SAINTE CROIX1 Hymne invitatoire
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1.
Salut, étendard du grand roi des cieux2, . . . . . . . . . . . . . . . . . . salut, sainte croix.
2.
Par elle est frustré le sombre ennemi, sa proie libérée, les portes d’enfer gisent piétinées, ses prisons brisées.
3.
Ô bienheureux Tau qui, signant le front de qui se repent, sait bien réfréner l’agressivité du cruel tueur.
4.
Tu étais jadis supplice infamant pour les malfaiteurs, tu es maintenant signe glorieux sur le front des rois.
1 Sur le découpage de ces hymnes, voir l’introduction. 2 Abélard s’inspire du début d’un hymne de Venance Fortunat devenu rapidement d’usage universel : Vexilla regis prodeunt, / Fulget crucis mysterium, « Les étendards du roi s’avancent, / resplendit le mystère de la croix ».
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5.
Tu lignum vitæ, In qua Rex ipse Conscendit palma, Ut fructu tui Letalis pomi Restauret damna. . . . . . .
d.
Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla. Amen.]
IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus I [deperditus] 46bis
IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus II . . . . . . 1.
Felici nautæ Hac quasi nave Fruendo tuta Per mare magnum Hoc navigandum Est ad superna.
d.
Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla. Amen.]
li vre i i : pro pre d u t e mps
5.
Toi, le bois de vie, la palme sur quoi s’élève le Roi, pour que par ton fruit soit désamorcée la pomme fatale. . . . . . .
d.
À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]
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SAINTE CROIX Hymne premier [perdu] SAINTE CROIX Hymne II . . . . . .
1.
L’heureux nocher doit, usant de la croix en navire sûr, voguer à travers cette vaste mer pour monter aux cieux1.
d.
À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]
1 Sur cette strophe, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 415-416.
46bis
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IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus III 1.
Serpens erectus Serpentum morsus Conspectu sanat ; Antiqui virus Serpentis Christus Suspensus curat : Sophia Patris Medelam cunctis Ex se ministrat.
2.
Prophetæ virga Silex bis icta Aqua redundat ; Lignis duobus Christus appensus De se nos potat : Bibit Judæus, Sed christianus Refectus extat.
d.
Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla. Amen.]
IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus IV 1.
Lignum amaras Indulcat aquas Eis immissum ; Omnes agones Sunt sanctis dulces Per crucifixum.
li vre i i : pro pre d u t e mps
SAINTE CROIX Hymne III 1.
Le serpent dressé guérit par sa vue ceux qui sont mordus1. Le Christ suspendu guérit le venin du serpent ancien. Sagesse du Père de soi-même apporte guérison à tous.
2.
Deux coups du bâton du chef sur la pierre en font jaillir l’eau2. Le Christ appendu sur deux bouts de bois de soi nous abreuve. Le Juif peut en boire, mais seul le chrétien en est rassasié.
d.
À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]
SAINTE CROIX Hymne IV 1.
Le bois adoucit les eaux trop amères où il est plongé3. Toutes les souffrances sont douces aux saints par le crucifié.
1 Le serpent d’airain, cf. Nb 21. 2 Cf. Ex 17. 3 Cf. Ex 15.22-27.
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2.
Calix præclarus Mortis est potus Ipsis per ipsum ; Quæquæ tormenta Sunt eis grata Per hoc exemplum.
3.
« Ut dolor meus Dolor est nullus » Attendunt scriptum . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . Quippe qui cuncta Portat peccata Nescit peccatum.
5.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . Passo pro cunctis Est universis Compatiendum.
d.
Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla. Amen.]
IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus I 1.
In montibus hic saliens Venit, colles transiliens ; Sponsam vocat de montis vertice : « Surge, soror, et me jam sequere ! »
li vre i i : pro pre d u t e mps
2.
Par lui, pour les saints, la boisson de mort est somptueux calice, et tous les tourments leur sont agréables selon cet exemple.
3.
Ils voient écrit : « Il n’est de douleur semblable à la mienne1 » . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . Car celui qui porte les péchés de tous est seul sans péché.
5.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . Il souffre pour tous, donc nous devons tous pour lui compatir.
d.
À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]
ASCENSION Hymne premier 1.
Bondissant dans les montagnes, il vient, sautant les collines, du haut des monts il hèle son épouse : « Debout, ma sœur, il est temps de me suivre. »2
1 Cf. Lm 1.12. 2 Cf. Ct 2.8.10. Le même passage est paraphrasé dans la prose Epithalamica, pour Pâques, avec une reprise presque littérale des deux premiers vers de l’hymne ; mais il y a de bonnes raisons de penser que cette prose n’est pas d’Abélard.
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l ibe r i i : hym n i d e t e m p o r e
2.
Ad paternum palatium, Ad Patris scandens solium, Sponsæ clamat : « Dilecta, propera, Sede mecum in Patris dextera !
3.
Omnis turba te civium, Te regnum manet patrium, Tuæ tota cum Patre curia Præsentiæ requirit gaudia.
4.
Quæ regis sponsæ congruant, Quæ reginæ conveniant Hic intextas ex auro cyclades Cum purpuris gemmatis indues. »
d.
Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu, cum Patre supera, Deus unus, regit et infera. Amen.
IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus II 1.
Quibusdam quasi saltibus Superni Patris Filius Ad terrena venit a superis ; Spoliatis nunc redit tartaris.
2.
A sinu venit patrio, Matris susceptus utero ; In sepulchro de cruce positus Resurrexit per quem resurgimus.
3.
Ascendentem ad æthera Nubes excepit lucida ; Ferebatur, erectis manibus Benedicens suis astantibus.
4.
Ascendentem cernentibus Ac super hoc mirantibus Astiterunt in albis angeli, Tam facie quam veste nitidi.
li vre i i : pro pre d u t e mps
2.
Montant au palais paternel, vers le siège où trône son père, il l’interpelle : « Ma bien aimée, viens vite, siège avec moi à droite de mon Père.
3.
Toute la foule des croyants t’attend, le royaume du Père, la cour entière requiert dans l’enthousiasme, avec le Père, la joie de ta présence.
4.
Comme il convient à une reine, ainsi qu’à l’épouse d’un roi, tu vêtiras la robe tissée d’or, brodée de pourpre et de pierres précieuses1. »
d.
Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres2, avec l’Esprit et le Père, un seul Dieu, vient gouverner le ciel et les enfers.
ASCENSION Hymne II 1.
Voici, comme par de grands sauts, le Fils du Père céleste qui vient du ciel jusque sur notre terre, puis qui revient, ayant pillé l’enfer.
2.
Il vient, depuis le sein du Père, reçu au ventre maternel, après la croix déposé au tombeau, il ressuscite, et par lui nous aussi.
3.
Pris, quand il montait vers les cieux, dans un nuage lumineux, il s’élevait, et les mains étendues, il bénissait ses fidèles présents.
4.
Ceux qui le voyaient s’élever et s’étonnaient de ce prodige, sont abordés par des anges en blanc, visages clairs comme leurs vêtements.
1 Cf. Ps 44. 2 Reprise de la doxologie d’un hymne pour l’Ascension, Æterna Christi munera, qui doit dater de l’Antiquité tardive (AH 51.94) : Gloria tibi, Domine, / Qui scandis super sidera, « Gloire à toi, Seigneur, qui montes au-delà des astres ».
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5.
« Quid, inquiunt, attoniti Sic cælum intuemini ? Quem euntem in cælum cernitis Sic veniet in forma Judicis. »
d.
Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu, cum Patre supera, Deus unus, regit et infera. Amen.
IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus III 1.
In terris adhuc positam Sponsam Christus Ecclesiam Ad se sursum vocat cottidie Et hortatur mente conscendere.
2.
Dicat hæc : « Post te trahe me, Nitenti dextram porrige ; Super pennas ventorum evolas : Quis sequetur ni pennas conferas ? »
3.
Columbæ pennas postulet Ut ad quietem properet ; Alas petat potentis aquilæ Quibus alta possit conscendere.
4.
Dabit cum alis oculos Ut veri solis radios Irreflexis possit obtutibus Intueri, quo nil felicius.
5.
Pennatis animantibus Ille locus æthereus Pro meritis virtutum congruit, Quibus alas hic Deus dederit.
li vre i i : pro pre d u t e mps
5.
« Pourquoi, disaient-ils, regarder ainsi le ciel, tout étonnés ? Celui que vous voyez au ciel monter, il reviendra sous la forme du Juge. »
d.
Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres, avec l’Esprit et le Père, un seul Dieu, vient gouverner le ciel et les enfers.
ASCENSION Hymne III
1.
Alors qu’elle est toujours sur terre, le Christ d’en haut appelle à lui à tout moment son épouse l’Église, et il l’exhorte à monter en esprit.
2.
Qu’elle lui dise : « Tire-moi1, tends-moi la main, je cherche à suivre ; car toi qui voles sur les ailes des vents2, qui te suivra sans recevoir des ailes ? »
3.
Pour se hâter vers son repos, qu’elle lui réclame les plumes de la colombe3, et les ailes de l’aigle4, pour pouvoir mieux s’élever en hauteur.
4.
Avec les ailes, il donnera des yeux qui pourront supporter directement l’éclat du vrai soleil, et ce sera un bonheur sans pareil5.
5.
Aux vivants dont l’âme est ailée convient ce lieu du haut des cieux, car c’est ce qu’ont mérité leurs vertus : Dieu ici-bas leur a donné des ailes.
1 Cf. Ct 1.3. 2 Cf. Ps 17.11. 3 Cf. Ps 54.7. 4 Cf. Ap 12.14. 5 L’aigle a la réputation, dans la tradition antique, de pouvoir regarder le soleil en face, sans cligner des yeux.
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d.
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Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu, cum Patre supera, Deus unus, regit et infera. Amen.
IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus IV 1.
Cum in altum ascenderet Et ima secum traheret Triumphantis majestas Domini, Circumstabant victorem eruti.
2.
Superna Regis civitas Pompas educit obvias : « Chære ! » cantant victori angeli, Et « Osanna ! » salvati populi.
3.
Illis tamquam quærentibus Et super hoc mirantibus Hi respondent, et alternantibus Ita cantum mulcent sermonibus :
4.
« Quis est iste rex gloriæ ? Quid hoc decus victoriæ ? Quis est iste de Edom veniens, Purpureo vestitu renitens ? —
5.
Fortis et potens Dominus, Triumphans victis hostibus, Manu forti potens in prœlio, Victor redit subacto zabulo ! »
d.
Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu, cum Patre supera, Deus unus, regit et infera. Amen.
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d.
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Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres, avec l’Esprit et le Père, un seul Dieu, vient gouverner le ciel et les enfers.
ASCENSION Hymne IV 1.
Comme s’élevait vers le ciel, tirant après soi les tréfonds1, la majesté du Seigneur triomphant, ceux qu’il sauvait entouraient le vainqueur.
2.
La cité céleste du roi vient en cortège à sa rencontre, les anges chantent « Vivat2 » pour le vainqueur, et « Hosanna » les peuples délivrés.
3.
Les uns se posent des questions, comme surpris de ce qu’ils voient. D’autres répondent, et ainsi leur doux chant est modulé en deux chœurs alternants3 :
4.
« Quel est-il donc, ce roi de gloire ? Quelle est cette haute victoire ? Et quel est-il, celui qui vient d’Edom, étincelant dans son habit de pourpre4 ? —
5.
C’est le Seigneur fort et puissant qui a vaincu, et triomphant par sa valeur, puissant dans les combats, revient vainqueur, ayant soumis Satan. »
d.
Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres, avec l’Esprit et le Père, un seul Dieu, vient gouverner le ciel et les enfers.
1 Cf. Jn 12.32. 2 Chære est la translittération du grec χαῖρε, « salut ». La forme est rare mais se lit déjà chez Cicéron. 3 Cette strophe et les suivantes proposent une paraphrase du Ps 23. L’interprétation qui en est donnée découle probablement d’Ambroise, De fide 4.1 (Abélard ne doit pas connaître la source de ce dernier, Firmicus Maternus). 4 Cf. Is 63.1.
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DOMINICA PENTECOSTES Hymnus I 1.
Adventu Sancti Spiritus Nostri cordis altaria Ornans, Deus, virtutibus, Tu tibi templa dedica Illa septiformi quam habet gratia Contra septem illa dæmonia, Cujus dona bona sunt omnia.
2.
Per timorem nos Domini Primum a malo liberat, Ut pauper hujus sæculi Cælum dives introeat. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam Pœnam reis ne reddas debitam, Sed nomini tuo da gloriam.
3.
Das pietatis viscera, Ne superet temptatio : Mites facit hæc gratia Quorum terra possessio. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam, Pœnam reis ne reddas debitam, Sed nomini tuo da gloriam.
4.
Apponis et scientiam, Per quam flenda cognoscimus ; Consolaris per veniam Cum hanc primo fecerimus. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam, Pœnam reis ne reddas debitam ; Sed nomini tuo da gloriam.
5.
Fortitudine roboras Esuriem justitiæ : Veri panis saturitas Viaticum est animæ. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam, Pœnam reis ne reddas debitam, Sed nomini tuo da gloriam.
li vre i i : pro pre d u t e mps
PENTECÔTE Hymne premier
1.
À l’arrivée de l’Esprit saint, en décorant par les vertus l’autel de nos cœurs, ô Dieu, consacre à toi-même ton temple1 par la grâce aux sept formes que possède l’Esprit contre les sept démons [qui rongent l’âme], et tous ses dons sont en soi excellents.
2.
Car par la crainte du Seigneur elle nous délivre du mal, pour que l’âme pauvre sur terre soit riche à son entrée au ciel. Toi, Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom2.
3.
Tu donnes la bonté du cœur, pour résister aux tentations. Cette grâce-là les rend doux, ceux à qui appartient la terre3. Toi, Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom.
4.
Tu y ajoutes aussi la science qui nous fait comprendre nos torts, tu consoles par ton pardon lorsque nous pardonnons d’abord. Toi, Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom.
5.
Tu donnes la vertu de force à ceux qui ont faim de justice. Se rassasier du vrai pain, c’est le viatique de l’âme4. Toi, Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom.
1 Cf. 1 Co 6.19. 2 Ps 113b.1. 3 Cf. Mt 5.4. 4 Cf. Mt 5.6.
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6.
Summum illud consilium Das de misericordia ; Ut idem reddas præmium, Vis hanc, non sacrificia. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam, Pœnam reis ne reddas debitam, Sed nomini tuo da gloriam.
7.
Intellectus es Spiritus, Quo videtur divinitas : Mundi cordis luminibus Hæc est regni sublimitas. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam, Pœnam reis ne reddas debitam ; Sed nomini tuo da gloriam.
8.
Das tandem sapientiam, Per quam fiant pacifici, Nomen Patris sanctificans, In quo sint Dei filii. Et hanc da, Domine, da nobis gratiam, Pœnam reis ne reddas debitam ; Sed nomini tuo da gloriam.
9.
Apostolorum precibus Quos hac in die consecras Isdem nos charismatibus Confirma, quos regeneras Illa septiformi quam habes gratia Contra septem illa dæmonia, Cujus dona bona sunt omnia. Amen.
DOMINICA PENTECOSTES Hymnus II 1.
Remissionis numerum Lux signat quinquagesima, Quo jubilæus omnium Annus relaxat debita. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
li vre i i : pro pre d u t e mps
6.
Le plus grand conseil que tu donnes, c’est d’être miséricordieux : tu veux pitié, non sacrifices, pour avoir pitié en retour1. Toi, Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom.
7.
Tu es l’Esprit d’intelligence qui fait voir la divinité : aux yeux de qui a le cœur pur c’est la plus haute royauté. Toi, Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom.
8.
Tu donnes enfin la sagesse qui fait les artisans de paix, en sanctifiant le nom du Père dans lequel ils sont fils de Dieu. Toi Seigneur, donne-nous, donne-nous cette grâce, ne punis pas comme nous méritons, fais éclater la gloire de ton nom.
9.
Par les prières des apôtres que tu consacres aujourd’hui, conforte-nous, nous que tu régénères, par les mêmes charismes qu’eux, par la grâce aux sept formes que tu possèdes en toi contre les sept démons [qui rongent l’âme], et tous ses dons sont en soi excellents.
PENTECÔTE Hymne II 1.
Le cinquantième jour : ce nombre porte le signe du pardon, nombre où l’année du jubilée remet les péchés de chacun. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
1 Cf. Ps 50.18-19.
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2.
Sub hoc dierum numero Remissionis Spiritus A summi Patris solio Venit, quem misit Filius. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
3.
Divinum quippe Spiritum Amorem ejus dicimus, Quo reis hunc propitium, Quo mitem esse novimus. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
4.
Cujus amoris hodie Flamma mundus accenditur, Quem venit Christus mittere, In terram ignis mittitur. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
5.
In igneis hunc hodie Linguis super apostolos Demonstrans, legis igneæ Præsignavit hos nuntios. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
6.
Lex vetus, tamquam frigida, Servos metu coercuit ; In Christo mater gratia Filios Deo genuit. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia. Amen.
li vre i i : pro pre d u t e mps
2.
En ce jour de Quinquagésime, du trône du Père Très Haut vient, envoyé par le Fils, l’Esprit de qui vient le pardon. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
3.
Ce que nous appelons l’Esprit, c’est assurément son amour, qui le rend propice aux coupables, qui le rend doux, nous le savons. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
4.
Par la flamme de son amour aujourd’hui le monde s’embrase, le feu que le Christ y allume aujourd’hui enflamme la terre1. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
5.
Aujourd’hui, les langues de feu le faisant voir sur les apôtres montrent que l’Esprit les consacre messagers de la loi de feu. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
6.
L’ancienne loi, dans sa froideur, contraignait, par peur, des esclaves, la grâce mère, dans le Christ a engendré pour Dieu des fils. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
1 Cf. Lc 12.49.
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DOMINICA PENTECOSTES Hymnus III 1.
Tradente legem Domino, Mons tremens metum attulit ; Spiritus in cenaculo Susceptus illum abstulit. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
2.
Micabant illic fulgura, Mons caligabat fumigans ; Hic est flamma multifida Non urens sed illuminans. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
3.
Horrendæ sonum bucinæ Pavebat illic populus ; Verbum intelligentiæ Sonus hic fuit Spiritus. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
4.
Fumus illic caliginem Obscuræ signat litteræ ; Splendentis ignis speciem Claræ signum hic accipe. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
5.
Terroris ac caliginis Illic plena sunt omnia ; Curat hic ex contrariis Paraclitus contraria. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
li vre i i : pro pre d u t e mps
PENTECÔTE Hymne III
1.
Quand le Seigneur donna sa Loi, l’esprit tremblant conçut la crainte1, mais quand l’Esprit saint fut reçu en ce cénacle, il l’effaça. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
2.
La foudre alors se déchaînait, la nuée cachait la montagne, ici, c’est la flamme multiple qui illumine sans brûler. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
3.
Le son de l’horrible trompette là-bas, terrorisait le peuple, ici, l’Esprit fit résonner des paroles compréhensibles. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
4.
Là-bas, la nuée signifie les ombres de la lettre obscure ; ici, le feu resplendissant est signe du sens éclairci. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
5.
Là-bas, tout est plein de terreur et caché par l’obscurité ; ici, le Paraclet répare le contraire par son contraire. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
1 Tout le parallèle de l’hymne est bâti avec la dictée des dix commandements au Sinaï : Ex 19.
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6.
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Omnes aufert molestias Divina consolatio ; Cordis exarat tabulas Ut reparetur ratio. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia. Amen.
DOMINICA PENTECOSTES Hymnus IV 1.
Apostolorum pectora Divinus replens Spiritus Corda ditat scientia, Linguas loquelis omnibus. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
2.
Ut superbos disperserat Linguæ quondam divisio, Sic humiles nunc aggregat Diversarum collatio. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
3.
Laudari linguis omnibus Et prædicari debuit In cunctis mundi partibus Qui has, qui cuncta condidit. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
4.
Johelis testimonium Completum esse novimus, Petrus calumniantium Quod opponit latratibus. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
li vre i i : pro pre d u t e mps
6.
La consolation divine enlève toutes les souffrances, elle écrit les pages du cœur pour lui redonner la raison. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
PENTECÔTE Hymne IV
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1.
L’ Esprit divin, en remplissant la conscience des apôtres, enrichit leurs cœurs de science, leurs langues de toutes les langues. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
2.
Comme la division des langues jadis dispersa les superbes, ainsi le don de tant de langues maintenant rassemble les humbles. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
3.
Il faut bien qu’en toutes les langues il soit loué et proclamé dans toutes les parties du monde, lui qui les a toutes créées. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
4.
Nous voyons que s’est accomplie la prophétie de Joël, que Pierre a si bien opposée aux abois de ses détracteurs1. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
1 Cf. Ac 2.14-36 (citant Jl 2.28-32).
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5.
Divinorum completio Festorum hæc festivitas, Divini consummatio Promissi fit hæc largitas. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia.
6.
Qui verum omne doceat Promissus hic est Spiritus ; hic est qui cuncta suggerat Quæ suis dixit Filius. Summa summo regi Deo sit gloria, Cujus cuncta subsistunt gratia, Ex quo, per quem, in quo sunt omnia. Amen.
IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus I 1. Sacra Jherosolymis facta sunt encænia Cum lux esset celebris Domini præsentia ; 2. Ipse nostris hodie festis adsit, quæsumus, Præsentis basilicæ basileon proprius. 3. Nostri templum pectoris ipse sibi consecret, Et signis extrinsecis res internas aggreget. ℟. Quæ fiunt exterius intus ipse compleat, Mundi penetralibus qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compar sit Spiritui gratiarum actio. Amen.
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IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus II 1. Spiritalis signum est templum hoc visibile, Et in illo totum est quod in hoc fit mystice. 2. Aqua benedicitur, salis fit commixtio ; Templum his conspergitur circumvectis tertio.
li vre i i : pro pre d u t e mps
5.
La festivité de ce jour complète les fêtes divines, et cette largesse accomplit ce que Dieu nous avait promis. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
6.
C’est là l’Esprit qui fut promis pour dire tout ce qui est vrai, c’est bien là celui qui inspire tout ce qu’a dit le Fils aux siens. Très haute gloire soit à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce fait exister le monde, de qui, par qui, en qui sont toutes choses.
DÉDICACE Hymne premier
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1. Jérusalem vit se faire des dédicaces sacrées quand y brillait la lumière, la présence du Seigneur1. 2. Qu’il soit présent à nos fêtes aujourd’hui, nous l’en prions, lui le véritable roi de ce présent édifice. 3. Et que lui-même consacre le temple de notre cœur, que par des signes extérieurs il unifie l’intérieur. ℟. Que lui-même à l’intérieur finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père, et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance soit égale pour l’Esprit. DÉDICACE Hymne II 1. Le présent temple visible est un signe spirituel2, et tout y est exprimé du mystère qui s’y passe. 2. Car on bénit l’eau lustrale, on la mélange de sel, on en asperge le temple en faisant trois fois le tour.
1 Cf. Jn 10.22. 2 Littéralement, ce temple visible-ci est un signe du temple de l’esprit. Cet hymne et le suivant décrivent les principales étapes du rituel de la dédicace.
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3. Accenduntur interim intus luminaria Numero duodecim in gyro disposita. 4. Aspergendo circuit templum ter episcopus, Portæ frontem percutit virga ter superius. 5. Aperiri præcipit ut rex intret gloriæ ; Quod cum ter expleverit, patefiunt januæ. 6. Ingressus basilicam, preces offert Domino, Pro se primum hostiam, deinde pro populo. 7. Alphabeti duplicis dum figuras imprimit, Cancellatis lineis crucis signum exprimit. ℟. Quæ fiunt exterius intus ipse compleat, Mundi penetralibus qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compar sit Spiritui gratiarum actio. Amen. 59
IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus III 1. Ad altare pontifex sacrandum se præparat ; Aquæ salem, cinerem atque vinum sociat. 2. His intincto digito, per altaris cornua Signum crucis imprimit consecrantis dextera. 3. De hysopo déinde tenens aspersorium, In altare septies aspergit circumdatum. 4. Rigatis ter déinceps intus parietibus, Orat ut exaudiat ibi quosque Dominus. 5. Ad altare præsul his peractis convertitur ; Psalmus cum antiphona præeunte dicitur. 6. Ad altaris funditur basim aquæ reliquum ; Quo extergi debeat mundum adest linteum.
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3. Pendant ce temps on allume des lampes à l’intérieur, lampes au nombre de douze et bien disposées en cercle. 4. Tout en l’aspergeant, l’évêque fait trois fois le tour du temple, puis frappe de front la porte de sa crosse par trois fois. 5. Il ordonne que l’on ouvre pour qu’entre le roi de gloire1, et quand il l’a fait trois fois, les portes sont grandes ouvertes. 6. Entré dans la basilique, il offre à Dieu ses prières, célébrant d’abord pour lui, et ensuite pour le peuple. 7. Il dessine les figures des lettres en latin et grec par des lignes qui se croisent pour dessiner une croix. ℟. Que lui-même à l’intérieur finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père, et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance soit égale pour l’Esprit. DÉDICACE Hymne III 1. Le pontife se prépare à consacrer cet autel, il mélange à l’eau lustrale le sel, la cendre et le vin. 2. Du doigt qu’il y a trempé, aux quatre coins de l’autel, la main de l’officiant met le signe de la croix. 3. Ensuite il prend l’aspersoir fait d’une touffe d’hysope2 et en asperge l’autel en faisant le tour sept fois. 4. Trois fois encore il asperge les parois à l’intérieur, il supplie le Seigneur d’exaucer ceux qui y prient. 5. Quand il a fait tout cela, il se tourne vers l’autel, et l’on prononce le psaume associé à son antienne. 6. Sur la base de l’autel est versée l’eau qui reste, et un linge immaculé est prévu pour l’essuyer.
1 Cf. Ps 23.7-10. 2 Cf. Ps 50.9.
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7. Thus antistes adolet super ipsum Domino ; Tam ipsum quam anguli consignantur oleo. 8. Unctione chrismatis altare perfunditur, Et simul antiphona decantanda sumitur. 9. Cruces hinc duodecim chrismantur parietum ; Altare contegitur, et fit sacrificium. ℟. Quæ fiunt exterius intus ipse compleat, Mundi penetralibus qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compar sit Spiritui gratiarum actio. Amen. 60
IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus IV 1. Ecce domus Domini, en fidelis populus Psalmis, hymnis, canticis vacans spiritalibus. 2. Christus, cujus domus est, ipsam sibi protegat, Et ovile proprii gregis pastor muniat ; 3. Canum spiritalium tutelam adhibeat, Lupos invisibiles super illos arceat. 4. Angelorum præsidens semper hic custodia Ad fidelis populi vigilet præsidia : 5. Ad superbum zabulon conterendum Michael, Ad medendum sauciis dirigatur Raphael ; 6. Corda titubantium Gabriel corroboret, Et perseverantia stantes idem adjuvet. 7. Numquam, cum sit regis hoc cælestis palatium, Ministris cælestibus decet esse vacuum : 8. Horum ministerio disponantur omnia, Qui norunt quæ Domino sint vel non sint placita ; 9. Christi vota populi ipsi preces offerant, Et quid ipse voveat, quid precetur doceant.
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7. Sur l’autel le célébrant fait monter à Dieu l’encens, et l’autel et ses quatre angles d’huile sainte sont marqués. 8. L’autel est tout recouvert par une onction de saint chrême, en même temps on commence à exécuter l’antienne. 9. Ensuite l’on oint de chrême les douze croix des parois, on met la nappe d’autel, la messe peut commencer. ℟. Que lui-même à l’intérieur finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père, et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance soit égale pour l’Esprit. DÉDICACE Hymne IV 1. Voici la maison de Dieu, voici le peuple fidèle s’occupant à chanter psaumes, hymnes et chants spirituels. 2. Le Christ, dont c’est la maison, qu’il y veille pour lui-même, et que le berger protège l’étable de son troupeau. 3. Qu’il en confie la garde à ses chiens spirituels, et que d’en haut il écarte d’eux les invisibles loups. 4. Qu’à la tête de ses anges, gardiens toujours attentifs, il surveille la défense de son fidèle troupeau. 5. Qu’il envoie Raphaël pour s’occuper des blessés, et Michel pour écraser Satan le très orgueilleux. 6. Que Gabriel réconforte les cœurs de ceux qui chancellent, que de sa persévérance il aide ceux qui résistent. 7. Puisqu’ici c’est le palais du roi du ciel, que jamais de ses ministres célestes il ne reste un instant vide. 8. Que par leur saint ministère tout ici soit disposé, puisqu’ils savent ce qui plaît ou ne plaît pas au Seigneur. 9. Qu’ils offrent comme prières les vœux du peuple du Christ, qu’ils enseignent la façon dont il a voulu qu’on prie.
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10. Nichil cassis precibus, nichil votis irritis Hic fideles postulent vel sibi vel aliis ; 11. Quisquis hic fidelium preces Deo fuderit Impetrasse gaudeat se quicquid petierit. 12. Giezita nullus hic, nullus simoniacus Corrumpat hæreticis gregem Christi pestibus : 13. Quos a domo propria per semet expulerit, Iram ejus sentiat quisquis hos reduxerit. ℟. Quæ fiunt exterius intus ipse compleat, Mundi penetralibus qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compar sit Spiritui gratiarum actio. Amen.
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10. Qu’ici les ouailles ne fassent, ni pour soi ni pour autrui, aucunes prières vaines, aucuns vœux déraisonnables. 11. Et quel que soit le fidèle qui priera Dieu ici, qu’il ait la joie d’obtenir ce qu’il aura demandé. 12. Qu’aucun simoniaque ici, aucun suivant de Giezi1, ne corrompe les brebis du Christ de son hérésie. 13. Et ceux qu’il aura chassés lui-même de sa maison, ceux qui les rappelleront, qu’ils sentent son aversion. ℟. Que lui-même à l’intérieur finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père, et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance soit égale pour l’Esprit.
1 Le serviteur du prophète Élisée, qui réclama de l’argent à Naaman, que son maître avait guéri (2 R 5).
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Liber III Hymni de sanctis Præfatio Superioribus duobus libellis cottidianos feriarum hymnos et sollemnitatum divinarum proprios digessimus ; nunc vero superest ad cælestis gloriam regis et communem fidelium exhortationem ipsam quoque superni curiam palatii debitis hymnorum, prout possumus, efferre præconiis. In quo quidem opere ipsi me præcipue adjuvent meritis quorum gloriosæ memoriæ qualiumcumque laudum munuscula cupio persolvere, juxta quod scriptum est : Memoria justi cum laude, et iterum : Laudemus viros gloriosos, etc. Vos quoque obsecro, sorores carissimæ Christoque dicatæ, quarum maxime precibus hoc opus aggressus sum : vestrarum adjungite devotionem orationum, illius memores beatissimi legislatoris qui plus orando quam populus potuit dimicando. Et, ut caritatem vestram in orationum copia largam inveniam, pensate diligenter quam prodigam vestra petitio nostram habeat satisfactionem ; dum enim divinæ gratiæ laudes pro nostri ingenioli ‹facultate› prosequi studeremus, quod de ornatu deest eloquentiæ recompensavimus hymnorum multitudine, singulis videlicet singularum sollemnitatum nocturnis proprios componentes hymnos, cum unus solummodo hucusque hymnus in festis quoque sicut in feriis ad nocturnos præcineretur. Quattuor itaque hymnos singulis festivitatibus ea ratione decrevimus ut in unoquoque trium nocturnorum proprius decantetur hymnus, et laudibus insuper matutinis non desit suus. Ex quibus rursus quattuor instituimus ut duo in vigilia pro uno conjungantur hymno, et duo reliqui similiter ad vesperas ipso die sollemni recitentur ; aut ita bini et bini in singulis vesperis dividantur ut cum duobus prioribus psalmis unus, et cum duobus reliquis alius decantetur. De cruce autem, memini, quinque conscripti sunt hymni, quorum primus singulis præponatur horis, invitans diaconem crucem de altari tollere et in medium chori afferre atque ibidem eam quasi adorandam ac salutandam statuere, ut in ejus quoque præsentia tota per singulas horas peragatur sollemnitas.
Livre III Commun et propre des saints Préface Dans les deux livres précédents nous avons détaillé les hymnes quotidiens des jours ordinaires et ceux propres aux solennités divines ; à présent il reste, pour la gloire du roi du ciel et l’édification des fidèles en général, à exalter aussi, dans la mesure de nos possiblités, la cour elle-même du palais du ciel par des hymnes exprimant les louanges qui lui sont dues. Dans cette entreprise, puissent surtout m’aider de leurs mérites ceux même à la glorieuse mémoire desquels je désire verser ce faible présent de louanges, quelle qu’en soit la valeur, selon ce qui est écrit : La mémoire du juste est sa louange1, et encore : Louons les hommes glorieux2, etc. Je vous supplie aussi, bien-aimées sœurs vouées au Christ, vous dont les demandes surtout sont à l’origine de mon entreprise, joignez-y l’implication profonde de vos prières, en souvenir du très saint législateur qui a fait plus en priant que le peuple en combattant3. Et, pour que je trouve votre charité prodigue d’une abondance de prières, songez bien avec quelle prodigalité nous avons répondu à votre demande ; en nous attachant dans la mesure de nos faibles capacités à poursuivre les louanges de la grâce divine, nous avons compensé les déficiences de notre éloquence par le nombre des hymnes, en composant des hymnes propres pour chaque heure nocturne de chaque fête, alors que jusqu’ici seulement un hymne était chanté aux heures nocturnes, aussi bien les jours de fête que les jours ordinaires. Nous avons donc établi quatre hymnes pour chaque fête, de façon qu’à chacun des trois nocturnes soit chanté un hymne spécial, et que les laudes aient le leur aussi. Et parmi ces quatre hymnes nous avons fait en sorte que deux à la vigile soient combinés en un seul hymne, et que les deux autres soient récités de la même façon aux vêpres du même jour ; ou bien que ces deux paires d’hymnes soient séparées à chaques vêpres, le premier chanté avec les deux premiers psaumes, le second avec les deux derniers. Pour la Croix, je m’en souviens, il y a cinq hymnes, dont le premier est à prononcer au début de chaque heure, invitant le diacre à prendre la croix sur l’autel, à la porter au milieu du chœur et à la placer là comme pour l’adorer et la saluer, pour que toute la sollennité à toutes les heures soit célébrée en sa présence4.
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Pr 10.7. Si 44.1. Le législateur est Moïse ; cf. Ex 17.8-13. La cérémonie que décrit Abélard n’est pas attestée ailleurs (pas même dans les livres liturgiques du Paraclet).
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COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus I 1.
Deus, Dei Verbum Patri coæternum, Mens ex Deo nata – Nata, non creata,
2.
Per quem factus mundus, Per quem reparatus, Votis supplicantum Intende servorum.
3.
Judex noster, Christe, Nostri miserere ; Ignosce nunc bonus, Ne condemnes justus.
4.
Esto nobis natus, Esto nobis passus, Qui das spem salutis In utroque nobis.
5.
Ne sit nasci vanum, Ne sit pati cassum, Nec insultet hostis Nobis in te fisis.
6.
Mater pietatis, Adsis pia nobis, Nec spe sua fraudes De te præsumentes.
7.
Per te Dei factus Ad nos est descensus ; Per te conscendendum Nobis est ad ipsum.
8.
Per te reducamur, Qui te profitemur Ejus ad nos portam Et ad eum nostram.
d.
Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata. Amen.
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COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne premier 1.
Ô Dieu, verbe de Dieu coéternel au Père, Intellect né de Dieu, né et non pas créé,
2.
par qui fut fait le monde et par qui restauré, écoute les prières de tes [bons] serviteurs.
3.
Toi notre juge, ô Christ, aie pitié de nous, pardonne en ta bonté, épargne en ta justice.
4.
Sois celui qui est né pour nous, et mort pour nous, qui nous donne l’espoir en naissant, en souffrant.
5.
Que naître ne soit vain ni souffrir inutile, que l’Ennemi ne rie de notre foi en toi.
6.
Ô mère de bonté, aide-nous, toi si bonne, ne déçois pas l’espoir de qui compte sur toi.
7.
Par toi le Fils de Dieu est descendu vers nous, c’est par toi qu’il nous faut nous hisser jusqu’à lui.
8.
Retournons-y par toi, tu es pour nous la porte qui le mène vers nous, qui nous mène vers lui.
d.
Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.
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COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus II 1.
Mater Salvatoris, Vide quid dicaris : Pensa singularem Nominis honorem.
2.
Comple dictum facto Sed labore nullo, Quot vis una prece Reos absolvente.
3.
Jure quippe Matris Quicquid postulabis Apud tam benignum Impetrabis Natum.
4.
Sanctam Matrem justus Non offendet Natus, Nec ferent repulsam Tuæ preces ullam.
5.
Virtus sanctitatis Et potestas Matris Quantumcumque magnum Obtinebunt donum.
6.
Preces supplicantis Non contemnet Matris, Qui parere patri Jubet sive matri.
d.
Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata. Amen.
COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus III 1.
Singularis Mater Quia Virgo semper, Mater, et hoc Dei, Ad te clamant rei.
l i vr e i i i : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s
COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne II 1.
Ô mère du Sauveur, vois comment on t’appelle, considère l’honneur tout spécial de ton nom.
2.
Justifie ton nom, tu n’y as pas de peine, tu n’as qu’à demander grâce pour les coupables.
3.
Par les droits d’une mère, tout ce que tu demandes, tu l’obtiendras d’un fils aussi plein de bonté.
4.
Un fils juste ne veut mécontenter sa mère, aucun refus ne peut répondre à tes prières.
5.
Ta grande sainteté, ton pouvoir maternel obtiendront de ton fils n’importe quel bienfait.
6.
Il ne peut repousser sa mère suppliante, lui qui a ordonné d’honorer père et mère.
d.
Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.
COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne III 1.
Ô Mère hors du commun parce que toujours vierge, mère, et mère de Dieu, les coupables t’implorent.
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2.
Ad te nos clamantes, Ad te suspirantes In districta causa Juves advocata.
3.
Opem quodam modo Toti debes mundo, Quam velut ex jure Postulamus a te.
4.
Totum id honoris Nacta es pro nobis Ut sis vitæ porta Sicut mortis Eva.
5.
Ad hoc es creata, Ad hoc præelecta : Causam recognosce Et effectum comple.
6.
Mundo debes opem, Mundus tibi laudem ; Spes post Deum nostra, Nobis Deum placa.
d.
Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata. Amen.
COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus IV 1.
[Ave, maris stella, Dei Mater alma Atque semper Virgo, Felix cæli porta !
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2.
Car nous crions vers toi, et soupirons vers toi, tu nous sers d’avocate en un procès douteux1.
3.
Tu dois, pourrait-on dire, ton aide au monde entier, et nous la réclamons comme étant notre dû.
4.
Ton honneur à nos yeux, c’est d’être, c’est ton sort, la porte de la vie comme Ève de la mort.
5.
Pour ce rôle créée, à ce prédestinée, vois pour quoi tu es née, accomplis ta fonction !
6.
Tu dois secours au monde, qui te doit la louange : notre espoir après Dieu, pour nous adoucis Dieu !
d.
Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.
COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne IV2 1.
[Étoile de la mer, Ave, mère de Dieu, sainte et demeurée vierge, douce porte des cieux !
1 Paraphrase de l’antienne Salve regina : Ad te clamamus, exsules filii Evæ, ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrimarum valle. Eja ergo, advocata nostra…, « Vers toi nous crions, fils d’Ève en exil, vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant en cette vallée de larmes. Or donc, notre avocate… ». 2 Sur l’inclusion de cet hymne, qui n’est pas d’Abélard, voir l’introduction.
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2.
Sumens illud Ave Gabrielis ore, Funda nos in pace, Mutans nomen Evæ.
3.
Solve vincla reis, Profer lumen cæcis, Mala nostra pelle, Bona cuncta posce.
4.
Monstra te esse Matrem, Sumat per te preces Qui, pro nobis natus, Tulit esse tuus.
5.
Virgo singularis, Inter omnes mitis, Nos culpis solutos Mites fac et castos.
6.
Vitam præsta puram, Iter para tutum, Ut videntes Jhesum Semper collætemur.
d.
Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata. Amen.]
OMNIUM SANCTORUM Hymnus I 1.
Sanctorum sollemnitas omnium, Festiva jocunditas hominum, Fidelem lætificat populum.
2.
Quod minus impendimus singulis Quas per annum colimus feriis In his laudum solvimus hostiis.
3.
Sanctorum laus omnium, Domine, Ad te tamquam talium capite Laudis fit exordium debitæ.
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2.
En prenant cet Ave des mots de Gabriel, retournant le nom d’Eve1, place-nous dans la paix.
3.
Libère les coupables, éclaire les aveugles, écarte notre mal, obtiens pour nous le bien !
4.
Montre que tu es mère, transmets-lui nos prières, à Lui qui, né pour nous, a voulu être à toi.
5.
Ô vierge hors du commun, douce entre tous les êtres, libérés de nos fautes, fais-nous doux et pudiques.
6.
Donne une vie pure, un chemin sans embûche, pour qu’en voyant Jésus notre bonheur perdure !
d.
Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.]
TOUSSAINT Hymne premier
1.
La solennité festive de tous saints, la liesse collective des humains rendent joyeux en leur foi les chrétiens.
2.
Ce que nous ne rendons guère à chacun, à leur fête respective, dans l’année, aujourd’hui nous le rendons par ce culte.
3.
Ô gloire de tous les saints, toi Seigneur, c’est par toi comme à leur tête à eux tous, que commence la louange : c’est ton dû.
1 En latin, Eva.
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d.
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Tuæ sunt potentiæ subdita, Tuæ sapientiæ pervia, Tuæ cuncta gratiæ gloria. Amen.
OMNIUM SANCTORUM Hymnus II 1.
Porta cæli, siderum janua, Tam matrum quam virginum gloria, Votis esto supplicum pervia.
2.
Supernorum milites agminum Sic depellant acies dæmonum Ut sit jugis requies hominum.
3.
Quos nostræ custodiæ deputas, Horum nos munimine protegas, Ut ad te nos, Domine, dirigas.
d.
Tuæ sunt potentiæ subdita, Tuæ sapientiæ pervia, Tuæ cuncta gratiæ gloria. Amen.
OMNIUM SANCTORUM Hymnus III 1.
Communis celebritas omnium Justorum memorias veterum Natalibus aggregat martyrum.
2.
Horum est parietum medius Tam vatum quam martyrum maximus, Laude Christi plurimum præditus.
3.
Post hunc sunt Ecclesiæ principes, Post hos tui, Domine, milites, Post utrosque denique pedites.
4.
His chorus adjungitur virginum, Et rosis intexitur lilium ; Flos insignit croceus medium.
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d.
À ton pouvoir sont soumises toutes choses, À ta sagesse évidentes toutes choses, Toutes choses sont la gloire de ta grâce.
TOUSSAINT Hymne II 1.
Ô porte du ciel, gardienne des étoiles, toi, gloire aussi bien des mères que des vierges, transmets nos supplications et nos vœux.
2.
Que les guerriers des milices de là-haut repoussent loin les armées des démons, pour que le repos des hommes se prolonge.
3.
Ceux que tu charges de nous surveiller, protège-nous de tout mal grâce à eux, pour nous amener vers toi, ô Seigneur.
d.
À ton pouvoir sont soumises toutes choses, À ta sagesse évidentes toutes choses, Toutes choses sont la gloire de ta grâce.
TOUSSAINT Hymne III
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1.
La célébration commune de tous saints joint le souvenir des justes du passé aux fêtes de la victoire des martyrs.
2.
Se tient entre ces deux murs, au milieu, le plus grand de tous prophètes et martyrs, c’est celui que le Christ même a loué1.
3.
Les grands princes de l’Église après lui, après eux tes chevaliers, ô Seigneur, et derrière eux tous enfin tes soldats2.
4.
À ceux-là le chœur des vierges vient se joindre, et leur lys se mêle aux roses du martyre, au milieu reluit la fleur du crocus3.
1 Jean Baptiste ; cf. Lc 7.28. 2 Respectivement les apôtres, les martyrs et les confesseurs. 3 Traditionnellement, le crocus latin, assimilé à la violette, désigne les confesseurs lorsqu’il s’agit d’hommes et les veuves lorsqu’il s’agit de femmes. Mais Abélard ne doit pas être si restrictif vu ses hymnes pour les saintes femmes et la mention du problème qu’ils posent dans la première préface : il doit vouloir désigner les « confesseresses », c’est-à-dire des saintes ni vierges ni martyres.
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5.
Trina florum talium specie Sertum odoriferum, Domine, In te nitet omnium capite.
d.
Tuæ sunt potentiæ subdita, Tuæ sapientiæ pervia, Tuæ cuncta gratiæ gloria. Amen.
OMNIUM SANCTORUM Hymnus IV 1.
Eversis altariis dæmonum, Pantheon est idolis erutum, Sanctorum memoriis deditum.
2.
Huc plebs annis singulis confluens Et cum clero pontifex veniens Est ‹ in › laudum hostiis vehemens.
3.
Quod illic a capite cœptum est, Ad membra rectissime tractum est, Sicut et hic hodie patens est.
4.
Quorum simul colimus gaudium, Laudantes pro omnibus Dominum, Adjuvemur precibus omnium.
5.
Hæc tuæ militia curiæ Per sua suffragia, Domine, Sub tuo nos protegat nomine.
d.
Tuæ sunt potentiæ subdita, Tuæ sapientiæ pervia, Tuæ cuncta gratiæ gloria. Amen.
SANCTI MICHAELIS Hymnus I 1. Angelorum hominumque factor et dispositor, Immo rerum quarumcumque tam rector quam conditor, Id quo vivit quisque perdit tuæ laudis immemor.
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5.
De ces trois sortes de fleurs composée, la couronne parfumée, ô Seigneur, brille sur toi, qui es tête de ce monde.
d.
À ton pouvoir sont soumises toutes choses, À ta sagesse évidentes toutes choses, Toutes choses sont la gloire de ta grâce.
TOUSSAINT Hymne IV 1.
Les autels des dieux païens renversés, le Panthéon est ôté aux idoles, et dédié au souvenir de nos saints1.
2.
C’est là que le peuple afflue chaque année, le pontife accompagné du clergé célèbre dans la ferveur leurs louanges.
3.
Ce qui a commencé là par la tête s’est continué tout droit dans les membres, comme il est visible ici aujourd’hui.
4.
Nous vénérons en commun leur triomphe, et nous louons pour eux tous le Seigneur, que leurs prières à eux tous nous soutiennent.
5.
Puisse leur présent service à ta cour, par l’appui qu’ils nous apportent, ô Seigneur, nous protéger et garder en ton nom.
d.
À ton pouvoir sont soumises toutes choses, Par ta sagesse baignées toutes choses, Toutes choses sont la gloire de ta grâce.
SAINT MICHEL Hymne premier 1. Toi, le facteur, le gouverneur des anges et des êtres humains, le créateur, l’ordonnateur, bien plus, de tout ce qui est, l’être oublieux de te louer perd cela qui le fait vivre.
1 La fête de la Toussaint est historiquement celle de la dédicace du Panthéon (Santa Maria ad martyres).
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2. Illi sursum, hi deorsum juges agant gratias ; Cæli summa, terræ ima laudes reddant consonas : Nullas laude fas sit esse partes mundi vacuas. 3. Nullum tempus, nullus locus creatoris omnium Laude vacet, cujus numquam cessat beneficium, Malis quoque quibuscumque finem servans optimum. d. Ex quo, per quem, in quo cuncta, perpes ipsi gloria, Cujus regnum sine fine regna regit omnia, Et ad nutum cuncta suum disponuntur sæcula. Amen. 69
SANCTI MICHAELIS Hymnus II 1. Mulieris decem drachmas designavit Dominus Quarum una sit amissa novem remanentibus, Quo beati distinguuntur a lapsis spiritibus. 2. Novem esse supernorum ordines spirituum Expletisque locis sacrum tradidit eloquium ; Nec cum suis inde lapsum præterivit zabulum. 3. Quorum quidem detrimentum tamquam drachmam perditam Restaurare Deus volens et ovem centesimam Reportare pius pastor nos elegit decimam. d. Ex quo, per quem, in quo cuncta, perpes ipsi gloria, Cujus regnum sine fine regna regit omnia, Et ad nutum cuncta suum disponuntur sæcula. Amen.
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SANCTI MICHAELIS Hymnus III 1. Quam felices supernorum agminum exercitus, Quorum summum regem Deum Sabaoth hinc dicimus ! Pollet in his prœliator Michael magnificus. 2. Quo pugnante cum dracone fit in cælo prœlium, Donec ille pulsus inde casum ferat maximum Atque Deo persolvatur gratiarum canticum :
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2. Qu’en haut les anges, les hommes ici constamment te rendent grâces, Au haut des cieux, au ras du sol que s’accordent les louanges, qu’il soit exclu qu’un lieu du monde soit vide de ta louange ! 3. Qu’aucun endroit et qu’aucun temps ne cesse de célébrer le Créateur, lui dont jamais ne s’arrêtent les bienfaits, lui qui conserve même aux malheurs la meilleure fin possible. d. De qui, par qui, en qui tout est, à lui la gloire éternelle, lui qui régit tous les royaumes, et dont le règne est sans fin, à son vouloir sont disposées toutes les générations. SAINT MICHEL Hymne II
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1. Notre Seigneur a raconté les dix drachmes de la femme qui en perd une, alors que neuf demeurent en sa possession1, pour distinguer les bienheureux des esprits mauvais déchus. 2. Il y a neuf ordres d’esprits, nous dit la Sainte Écriture2, qui tous ensemble ont à remplir le vaste espace des cieux. Tombé de là avec les siens, elle parle aussi du diable. 3. Mais Dieu, voulant en compenser, comme la drachme perdue, le tort subi, et ramener la centième brebis3, en bon Berger, nous a choisis comme la dixième drachme. d. De qui, par qui, en qui tout est, à lui la gloire éternelle, lui qui régit tous les royaumes, et dont le règne est sans fin, à son vouloir sont disposées toutes les générations. SAINT MICHEL Hymne III 1. Combien heureux sont les guerriers des grandes armées célestes ! En foi de quoi nous appelons le grand Roi « Dieu des armées4 ». Le plus puissant, c’est saint Michel, magnifique combattant. 2. Quand il combat le grand serpent, le combat se passe au ciel, jusqu’à ce que, poussé d’en haut, sa chute soit fracassante et qu’au Seigneur soit adressé ce chant d’action de grâces :
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Lc 15.6-10. La Bible ne donne pas formellement la hiérarchie céleste, reconstruite à partir de divers passages. Cf. Mt 18.12-14 et Lc 15.3-7. « Dieu des armées [célestes] » est l’interprétation couramment donnée à l’expression Deus Sabaoth.
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3. « Facta salus est et virtus, regnum et potentia Dei nostri sive Christi, pulsa jam nequitia Fratres nostros incessanter accusare solita ! » d. Ex quo, per quem, in quo cuncta, perpes ipsi gloria, Cujus regnum sine fine regna regit omnia, Et ad nutum cuncta suum disponuntur sæcula. Amen. 71
SANCTI MICHAELIS Hymnus IV 1. « Quis ut Deus ? » tam virtute protestans quam nomine, Hic bellator Dei fortis et contritor Sathanæ Intumentem calcans anguem os transfigit cuspide. 2. Hujus nobis bellatoris opem postulantibus, Quos infestat incessanter idem adversarius, Nostra, Deus, spes et salus non differri quæsumus. 3. Quo pro nobis dimicante victus cedat zabulus, Et cum suis hoc expulso pravis satellitibus, Mens quieta tibi vacet et exultet spiritus. d. Ex quo, per quem, in quo cuncta, perpes ipsi gloria, Cujus regnum sine fine regna regit omnia, Et ad nutum cuncta suum disponuntur sæcula. Amen.
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IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus I 1. Johannis nativitas præcursoris Domini Ad promissa gaudia corda monet populi. 2. Quantus iste fuerit tradunt Evangelia, Et qua sanctis ceteris præsit excellentia. 3. Aliis tricesimum fructum afferentibus Sive sexagesimum, ditat hunc centesimus.
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3. « Voilà la force et le salut, et le règne et la puissance de notre Dieu, de notre Christ, voilà désormais chassée l’iniquité qui ne cessait de mettre en cause nos frères ! »1 d. De qui, par qui, en qui tout est, à lui la gloire éternelle, lui qui régit tous les royaumes, et dont le règne est sans fin, à son vouloir sont disposées toutes les générations. SAINT MICHEL Hymne IV
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1. « Qui comme Dieu2 ? » proclame-t-il, par sa force et par son nom, ce valeureux champion de Dieu et destructeur de Satan, qui, piétinant l’affreux serpent, perce sa gueule d’un trait. 2. Nous demandons que ce guerrier vienne nous porter secours, nous que harcèle incessamment le même ennemi que lui, que notre espoir, notre salut, ô mon Dieu, ne tarde plus ! 3. Car s’il combat pour nous, qu’alors le diable parte vaincu, chassé d’ici avec les siens, tous ses méchants serviteurs, et nostre esprit libre pour toi te servira dans la joie. d. De qui, par qui, en qui tout est, à lui la gloire éternelle, lui qui régit tous les royaumes, et dont le règne est sans fin, à son vouloir sont disposées toutes les générations. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne premier 1. La nativité de Jean, le précurseur du Seigneur, engage les cœurs des gens aux joies qui leur sont promises. 2. Les Évangiles racontent à quel point ce Jean fut grand, et par quelle prééminence il passe les autres saints3. 3. D’autres rapportent du fruit de ce qui leur est confié, trente fois, soixante fois, mais lui rapporte au centuple4.
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Cf. Ap 12. Signification de « Michel » en hébreu. Cf. Mt 11.9-11. Cf. Mt 13.8 et 23, mais surtout, Abélard réécrit une strophe du plus célèbre des hymnes au Baptiste, l’Ut queant laxis : Serta ter denis alios coronant / Aucta crementis, duplicata quosdam : / Trina centeno cumulata fructu / Te, sacer, ornant, « D’aucuns ont une couronne augmentée / trente fois, certains en ont deux ; / toi, ô saint, tu en as trois, qui ont produit / au centuple ».
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d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compari Spiritui compar veneratio. Amen. 73
IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus II 1. Hujus ortum nuntians missus est archangelus, Idem qui dominici postmodum fit nuntius. 2. Promissis incredulus, pater mox obmutuit, Donec natus parvulus usum linguæ reddidit. 3. Domini præsentiam clausus adhuc utero, Quam voce non poterat, prophetavit gaudio. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compari Spiritui compar veneratio. Amen.
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IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus III 1. Senex hunc et sterilis, illum Virgo genuit : In utroque gratia naturæ prævaluit. 2. Duram heremiticæ vitam solitudinis Ætas ejus tenera præmonstravit posteris. 3. Tantus hinc enituit tam verbo quam opere Ut eum præsumeret mundus Christum credere ; 4. Quem prophetis omnibus Christus ipse prætulit, Quo majorem neminem surrexisse docuit. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compari Spiritui compar veneratio. Amen.
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IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus IV 1. Ad parandam Domino viam hic præmissus est, Solus ut et Dominum baptizaret dignus est. 2. Hujus testimonio veritas enituit, Hujus se præconio commendari voluit.
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d. À Dieu le Père la gloire, un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal, égale vénération. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne II
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1. Pour annoncer sa naissance fut envoyé un archange, le même qui peu après annonça celle du Christ. 2. Ne croyant pas aux promesses, son père perdit la voix, jusqu’à ce que, en naissant, l’enfant lui rendît sa langue. 3. Encore enfermé au ventre, il annonça par sa joie la présence du Seigneur, ne le pouvant par la voix. d. À Dieu le Père la gloire, un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal, égale vénération. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne III
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1. L’un, une vieille stérile l’enfanta, l’autre une vierge. La grâce, dans les deux cas, prévalut sur la nature. 2. En son tendre âge il montra à ceux qui viendraient ensuite la si dure discipline de l’ermite solitaire. 3. Donc il se montra si grand en parole et en action que les gens osèrent bien le prendre, lui, pour le Christ. 4. Le Christ lui-même le mit avant les autres prophètes, enseignant qu’il n’en était jamais venu de plus grand. d. À Dieu le Père la gloire, un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal, égale vénération. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne IV 1. Il fut envoyé d’avance préparer la voie au Christ, et seul il fut jugé digne de baptiser le Seigneur. 2. Et c’est par son témoignage que brilla la Vérité, c’est avec lui pour héraut qu’Il voulut être annoncé.
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3. Virginis et martyris stola pollens gemina, Agni quem exhibuit institit vestigia. d. Deo Patri gloria, par sit honor Filio, Compari Spiritui compar veneratio. Amen. 76
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COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus I 1.
Apostolici culmen ordinis Novis recreat mundum gaudiis, Quem exhilarat festis annuis.
2.
Hi signiferi sunt Ecclesiæ, In dominica duces acie ; Post hos, martyrum flos militiæ.
3.
Tamquam pedites sancti reliqui Abstinentiæ longe dediti Non deficiunt castris Domini.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus II 1.
Apostolicis recte laudibus Cunctis intonat mundus partibus, Per quos cunctis est Deus cognitus.
2.
Apud Israhel notum antea Nomen Domini nunc ad omnia Per hos prodiit mundi climata.
3.
Ad hoc omnium linguis præditi Et miraculis erant splendidi, Verbo pariter et re maximi.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
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3. Couvert de la double étole de vierge et de martyr, il suit les pas de l’Agneau qu’il a lui-même indiqué. d. À Dieu le Père la gloire, un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal, égale vénération. COMMUN DES APÔTRES Hymne premier 1.
La troupe d’élite que sont les apôtres rafraîchit le monde d’un bonheur nouveau, leur anniversaire le remplit de joie.
2.
Ils sont de l’Église les porte-étendards, les chefs de l’armée de Notre Seigneur, suivis des martyrs, fleur des chevaliers.
3.
Comme fantassins, tous les autres saints, longtemps endurcis au vœu d’abstinence, ne désertent pas les camps du Seigneur.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
COMMUN DES APÔTRES Hymne II 1.
Les régions du monde résonnent à bon droit d’un chant de louange envers les apôtres, qui ont fait connaître Dieu au monde entier.
2.
Le nom du Seigneur, connu jusque là du seul Israël, à présent s’en va grâce à leur action dans tous les climats.
3.
Dotés pour cela des langues d’autrui, ils étincelaient de miracles aussi, grands par la parole et grands par l’action.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
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COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus III 1.
Regum solia, philosophici Celsas cathedras magisterii Hi subiciunt jugo Domini.
2.
Vires bellicas plebs invalida, Eloquentiam lingua rustica, Mundum subigit turba modica.
3.
Inde gladiis reges dimicant, Hinc philosophi verbis intonant ; Sed miraculis victi supplicant.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus IV 1.
Stulta sæculi, mundi infima Christus eligens sapientia Quæque conterit et sublimia.
2.
Nil urbanitas hic rhetoricæ, Nil verbositas agit logicæ, Sed simplicitas fidei sacræ.
3.
Eloquentia cessit Tullii, « Tace ! » dictum est Aristoteli : Leges proferunt mundo rustici.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
SANCTORUM PETRI ET PAULI Hymnus unus 1.
Per piscatoris modo limina Imperatoris sæpe genua Deo supplicant procumbentia.
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COMMUN DES APÔTRES Hymne III 1.
Les trônes des rois, les hautes cathèdres des maîtres savants en philosophie, ceux-là les soumettent au joug du Seigneur.
2.
Un peuple impuissant soumet les armées, la langue ignorante confond l’éloquence, un groupe réduit envahit le monde.
3.
D’un côté les rois brandissent l’épée, là les philosophes font tonner les mots, mais par des miracles vaincus, ils supplient.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
COMMUN DES APÔTRES Hymne IV 1.
Le Christ, choisissant folie pour le siècle1, et rebut du monde, par sa grand sagesse écrase d’un coup tout l’orgueil du monde.
2.
Rien ne font ici les discours logiques, ni les arguties de la rhétorique, mais la pureté de la foi sacrée.
3.
Défait Cicéron et son éloquence, Tais-toi, est-il dit au sage Aristote ; de purs ignorants font les lois du monde.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
SAINT PIERRE ET SAINT PAUL Hymne unique 1.
Au seuil de celui qui naquit pêcheur, désormais souvent les grands empereurs pour supplier Dieu plient le genou.
1 Cf. 1 Co 1.23.
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2.
Non impar Paulus vitæ merito : Diademate pollet gemino, Virgo candido, martyr rubeo.
3.
Beatissimos mundi principes, Bello socios, morte comites, Hæc ad superos transmisit dies.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
SANCTI PETRI Hymnus unus 1.
Princeps apicis apostolici, Pastor ovium gregis Domini, Has custodia serva vigili.
2.
Arte melius utens pristina, Piscans homines trahe retia, Complens Domini sic pollicita.
3.
Portæ claviger aulæ cælicæ, Fores aperi, manum porrige : Quos ad Dominum ducas suscipe.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
SANCTI PAULI Hymnus unus 1.
Tuba Domini, Paule, maxima, De cælestibus dans tonitrua, Hostes dissipans cives aggrega.
2.
Doctor gentium es præcipuus, Vas in poculum factus omnibus Sapientiæ plenum haustibus.
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2.
Paul autant que lui de vie éclatante, a bien mérité la double couronne, blanche pour les vierges, rouge des martyrs.
3.
Voici le jour où ces princes du monde unis au combat, compagnons de mort, montent bienheureux au plus haut des cieux.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
SAINT PIERRE Hymne unique 1.
Prince et principal du corps des apôtres, berger des brebis du troupeau du Christ, sois bien attentif à veiller sur elles.
2.
Fais donc ton métier mieux qu’auparavant : jette tes filets pour pêcher des hommes, accomplis ainsi ce qu’Il a promis1.
3.
Toi, le porte-clé de la cour céleste, ouvre-nous les portes et tends-nous la main. Reçois ceux qu’à Dieu tu vas présenter.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
SAINT PAUL Hymne unique
1.
Ô Paul, la plus grande trompette de Dieu, qui comme un tonnerre grondes dans les cieux, défais l’ennemi, rassemble le peuple !
2.
C’est toi le premier docteur des gentils, devenu pour tous récipient de science, versant la sagesse à boire à l’envi.
1 Cf. Lc 5.
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3.
Mane Benjamin prædam rapuit, Escas vespere largas dividit ; Vitæ ferculis mundum reficit.
4.
Hic rhinoceros est indomitus Quem ad aratrum ligans Dominus Glebas vallium frangit protinus.
5.
Hunc nequitiæ laudat villicum, Quem prudentia dicit præditum Ac præ filiis lucis providum.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
SANCTI JOHANNIS APOSTOLI ET EVANGELISTÆ Hymnus unus 1.
Cælo celsius volans aquila, Ad dominici sinus abdita Nidi contulit habitacula.
2.
Solis intuens illic radios Summo jubare beatissimos, Visum reficit, pascit oculos.
3.
Ex substantia solis ignea Calor prodiens et lux genita Oblectamina præbent maxima.
d.
Perpes gloria regi perpeti, Exercituum Christo principi, Patri pariter et Spiritui. Amen.
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3.
Tôt, tel Benjamin, il saisit sa proie, le soir la divise en larges portions1 : il nourrit le monde d’aliments de vie.
4.
C’est lui, l’indompté, le rhinocéros que Dieu a soumis et mis sous le joug, pour labourer droit le sol des vallées2.
5.
Il loue à présent ce mauvais commis, qu’il dit très doté de sagesse, plus que n’en ont reçu les fils de lumière3.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
SAINT JEAN APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE Hymne unique
1.
L’aigle qui volait plus haut que le ciel s’est allé cacher au sein du Seigneur, il s’y est niché comme en son refuge4.
2.
Là, il peut fixer l’éclat du soleil, ce pur concentré de pure lumière, en nourrit sa vue, en repaît ses yeux.
3.
De cette substance en feu du soleil, naissent la chaleur avec la lumière, source généreuse des plus grands bonheurs.
d.
Gloire perpétuelle au roi éternel, gloire soit au Christ, prince des armées, et au Père aussi et au Saint-Esprit.
1 Paul était de la tribu de Benjamin, raison pour laquelle lui sont appliquées les paroles de la bénédiction de Jacob adressées à Benjamin (Gn 49.27) : jeune, il a persécuté l’Église, âgé, il la fit bénéficier de son enseignement. 2 La comparaison de saint Paul au rhinocéros semble remonter à Raban Maur (De universo 8.1) ; elle a pour arrière-plan Jb 39.9-12. 3 Cf. Lc 16.8. 4 Cf. Jn 13.23 ; sur l’aigle, voir la note à Asc. III (51).
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COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus I 1.
Quadrigæ Christi vehiculum Torcular gestat dominicum, Quo botrus pressus in poculum Reficit corda fidelium.
2.
Scripturæ textum dominicæ Quadrigæ corpus intellige, Qua Dei Verbum innumeræ Delatum tenent Ecclesiæ.
3.
Quadrigæ rotæ volumina Quattuor sunt E- vangelica, Quorum scriptores clarissima Promeruere sollemnia.
d.
Gloria Patri et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo quam Domino Cum sint personæ tres numero. Amen.
COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus II 1.
Torcular crux est dominica ; Botrum hic Christum considera : Vecte suspensum hunc mystica Præfiguravit historia.
2.
Hunc deferentes ad populum Fertilitatis indicium Hi sunt qui crucis mysterium Mundi salutem aperiunt.
3.
Prior non videns quem bajolat Christi prophetas significat ; Is qui succedit ut videat Visa narrantes hos denotat.
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COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne premier 1.
Le char à quatre roues du Christ transporte le pressoir du Seigneur, où le raisin pressé dans la coupe rassasie les cœurs des fidèles1.
2.
Comprends que le châssis de ce char, c’est le texte des écrits divins, grâce auquel d’innombrables Églises ont reçu la parole de Dieu.
3.
Les quatre roues du quadrige sont les quatre rouleaux des Évangiles, dont les auteurs ont bien mérité de très superbes solennités.
d.
Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.
COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne II
1.
Le pressoir, c’est la croix du Seigneur, la grappe de raisin, c’est le Christ, que l’histoire avait préfiguré suspendu à la perche mystique2.
2.
Ceux qui l’apportent devant le peuple comme indice de fertilité, ce sont ceux qui dévoilent au monde son salut : le mystère de la croix.
3.
Le premier ne voit pas ce qu’il porte : ce sont donc les prophètes du Christ. Celui qui suit voit, il représente ceux qui racontent ce qu’ils ont vu.
1 Cf. Is 63.3 et Ap 14.19-20. 2 Cf. Nb 13.24.
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d.
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Gloria Patri et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo quam Domino Cum sint personæ tres numero. Amen.
COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus III 1.
Quattuor hæc a- nimalia Variis formis distantia Visio refert prophetica Apocalypsis- que mystica.
2.
A dextris homo conspicitur, Eique leo conjungitur ; Vitulo læva conceditur, Aquila super extollitur.
3.
Alis quaternis hæc prædita Vel faciebus sunt singula ; Oculis plena sunt corpora Ut nec his dorsa sint vacua.
d.
Gloria Patri et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo quam Domino Cum sint personæ tres numero. Amen.
COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus IV 1.
Eunt cum illis euntibus Atque stant rotæ cum stantibus, Levantur cum se levantibus, Cum in his vitæ sit Spiritus.
2.
Pedes eorum pedes recti, Plantaque pedis ut vituli ; Tamquam ex ære sint candenti, Scintillæ visæ sunt progredi.
3.
Carbonum instar ardentium, Lampadum habent splendentium ; In modum visa micantium Ire, redire sunt fulgorum.
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d.
Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.
COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne III 1.
L’Apocalypse mystérieuse ainsi que la vision prophétique nous parlent de ces quatre animaux différents par leurs formes variées1.
2.
Du côté droit on peut voir un homme, un lion est placé près de lui ; un bouvillon est posté à gauche, un aigle s’élève par-dessus.
3.
Or ils sont dotés d’ailes quadruples, mais d’un seul visage chacun. Ils ont le corps tout recouvert d’yeux, car ils en ont même dans le dos.
d.
Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.
COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne IV
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1.
Quand ils vont, des roues les accompagnent, elles s’arrêtent quand ils s’arrêtent, s’élèvent avec eux quand ils s’élèvent, puisque l’esprit de vie est en eux.
2.
Leurs jambes sur leurs pieds sont bien droites, leurs pieds ressemblent à ceux d’ongulés. Comme s’ils étaient d’airain brûlant des étincelles entourent leur marche.
3.
Ils sont comme des charbons ardents, ils ont l’aspect de lampes brillantes, on les voit aller et revenir comme la foudre resplendissante.
1 Cf. Ap 8 et Ez 1.
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d.
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Gloria Patri et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo quam Domino Cum sint personæ tres numero. Amen.
SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus I 1.
Ad cælestis Ortum regis, Rex terrenus Jus auferri Timet sibi Principatus.
2. Inauditum Stellæ signum Ubi narrant, Civitatem Atque regem Magi turbant.
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3.
Hinc commotus Rex iniquus In infantes, Ut infantum Perdat unum Perdit plures.
4.
Propter unum Multi Christum Sunt perempti, Sed per unum Omnes Christum Coronati.
SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus II 1.
Rex tyrannos Universos Supergressus Et plus ipsis Quoque feris Inhumanus
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d.
Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.
SAINTS INNOCENTS Hymne premier 1.
À la naissance du roi du ciel, le roi terrien1 craint que lui soit ôté son droit à dominer.
2.
Quand il rapportent que l’astre indique un signe inouï, les mages troublent toute la ville avec le roi.
3.
Donc, s’en prenant à ces enfants, le mauvais roi, pour en perdre un, perdrait l’ensemble de ces enfants.
4.
Ainsi beaucoup furent tués pour le seul Christ, mais ont été tous couronnés par le seul Christ.
SAINTS INNOCENTS Hymne II 1.
1 Hérode.
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Le roi, passant tous les tyrans de l’univers, plus inhumain même, ce roi, qu’un animal,
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2.
In infantes Ut in hostes Castra cogit, Et in nullos Nisi suos Arma vertit.
3.
Furor iræ Nec ferinæ Comparandus Perdit eos, Quos arreptos Fovet lupus.
4.
Ad mandatum Regis datum Generale, Nec ipsius Infans tutus Est a cæde.
5.
Ad Augustum Hoc delatum Risum movit, Et rex mitis De immiti Digne lusit :
6.
« Malum, inquit, Est Herodis Esse natum : Prodest magis Talis regis Esse porcum. »
SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus III 1.
Ad lactantum Sinus matrum Ut ad castra In lactentes Ruit omnes Plebs armata.
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2.
part en campagne, prend ces enfants pour ennemis, tourne ses armes contre les siens, contre nul autre.
3.
Et sa fureur, pire que celle des sauvagines, perd ceux qu’un loup peut enlever pour les choyer1.
4.
L’ordre royal ainsi donné est général, même son fils n’est épargné par ce carnage.
5.
Cela fit rire le prince Auguste quand il l’apprit, ce roi clément se moqua bien de l’inclément2 :
6.
« Fâcheux, dit-il, d’être le fils du roi Hérode. Il vaut bien mieux être le porc d’un pareil roi. »
SAINTS INNOCENTS Hymne III 1.
Se jetant sur le sein des mères comme au combat, la soldatesque fond sur la troupe des nourrissons.
1 Allusion à Romulus et Rémus. 2 Cf. Macrobe, Saturnalia 2.4.11.
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2.
Ad micantem Infans ensem Lætabundus Irruenti Ridet hosti Perimendus.
3.
Quid est dictu Vel auditu Tam stupendum ? A natura Quid humana Tam remotum ?
4.
Quid, Herodes, Metu langues Super Christo ? « Non est meum, Inquit, regnum De hoc mundo. »
5.
In æternis, Non caducis Iste regnat ; Non hæc tollit neque cupit qui dat illa.
SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus IV 1.
Est in Rama Vox audita Rachel flentis, Super natos Interfectos Ejulantis.
2. Lacerata Jacent membra Parvulorum, Et tam lacte Quam cruore Rigant humum.
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2.
L’enfant joyeux, voyant l’épée étinceler, rit au soldat qui, lui, s’élance pour le tuer.
3.
Qu’est-il à dire ou à entendre de plus affreux, de plus lointain de la notion d’humanité ?
4.
Pourquoi, Hérode, as-tu si peur du fait du Christ ? « Non, mon royaume n’est, a-t-il dit, pas de ce monde1 ! »
5.
Il règne, lui sur des royaumes non périssables, lui qui les donne, il ne veut pas ceux d’ici-bas.
SAINTS INNOCENTS Hymne IV
1.
Voix qu’on entend dedans Rama : Rachel pleurant, se lamentant sur ses enfants assassinés2.
2.
Les corps inertes des nourrissons sont déchirés, la terre boit autant du lait que de leur sang.
1 Jn 18.36. 2 Cf. Mt 2.18, qui cite Jr 31.15.
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3.
His incumbens, Orba parens Ejulando Recollecta Fovet frusta Sinu pio.
4.
Tundit pectus, Scindit sinus Cæcus furor Quem maternus Et humanus Facit amor.
5. Interfecti Sunt inviti, Sed pro vita ; Meritorum Fuit nullum, Merces multa. 6.
92
Merces ipsa Fuit vita, Quam et ipsi Moriendo, Non loquendo, Sunt confessi.
COMMUNE MARTYRUM Hymnus I 1.
Scutum, Deus, omnium Et corona martyrum, Tam causa certaminum Quam palma certantium, Per inermes dimicas Et armatos superas : Intus arma fabricas Quibus pugnat caritas. His confisa bene, virtus Nudum hosti præbet pectus ; Quam a dextris et sinistris muniunt, A læsuris universis protegunt, In hanc pugnæ quantæcumque sæviunt, Spes securam, fides certam faciunt.
l i vr e i i i : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s
3.
Penchée sur eux, tout en hurlant, leur mère en deuil sur son sein berce avec tendresse les membres épars.
4.
De douleur folle, elle se frappe et se déchire poitrine et cœur : d’amour humain, d’amour de mère.
5.
Ils sont tués sans le vouloir, mais pour la Vie : ils n’y ont eu aucun mérite, mais un grand gain.
8.
Ce gain, ce fut la Vie même, que par leur mort, mais sans parler, ils ont eux-mêmes haut proclamée.
COMMUN DES MARTYTS Hymne premier 1.
Ô Dieu, bouclier de tous et couronne des martyrs, autant cause des combats que trophée des combattants, tu combats par les sans-armes, tu défais les corps armés, tu mets dans le cœur les armes dont se sert la charité. Cette vertu leur fait confiance, s’offre à cœur nu à l’ennemi, elle est gardée des deux côtés par deux aides qui la protègent de ce qui cherche à lui nuire : si grands que soient les durs combats qui l’assaillent, la foi l’assure, l’espoir la rend impavide.
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2.
Per hanc pectus martyris, Turris fortitudinis, In cunctis periculis Persistit immobilis ; Eriguntur machinæ Hinc, illinc innumeræ, Diriguntur saxeæ Moles in hanc undique : Pugnat totus mundus extra, Salvat unus Deus intra ; Ferro, flammis cæcus hostis sæviens Nescit intus quæ sit virtus protegens ; Crebros ictus dat, assultus vehemens, Sed est intus Dei virtus prævalens.
d. Multa sunt, magna sunt in sanctos prœlia, Sed pauca vel parva quantum ad præmia ; Cujus hæc dona sunt regi sit gloria. Amen. 93
COMMUNE MARTYRUM Hymnus II 1.
Exquiruntur omnia Tormentorum genera, Ut probetur maxima Martyrum constantia. Fornax aurum excoquit Sicque purum efficit ; Vim sinapis accipit Dum quis eam atterit. Exercentur ferramenta, Damno suo parant cuncta ; Consumuntur dum tunduntur lapides, ; Hebetantur dum dolantur arbores Illis malos, istis bonos compares Cum affligi vides Christi milites.
l i vr e i i i : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s
2.
197
Le cœur du martyr, par elle devient fort comme une tour, et parmi tous les dangers il demeure inébranlé. Assiégée tout autour par d’innombrables machines, la charité est partout bombardée à gros boulets. Le monde entier dehors l’attaque, dedans, seul Dieu est son sauveur. Et l’ennemi en prodiguant fer et flammes, ne peut pas voir le protecteur intérieur. Dans sa fureur il multiplie les attaques, mais Dieu puissant à l’intérieur est plus fort.
d. Contre les saints, ils sont nombreux, ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu, ils ne sont rien, comparés aux profits. Gloire au roi qui seul peut en donner récompense. COMMUN DES MARTYRS Hymne II 1.
Tous les genres de tourments sont recherchés avec soin pour pouvoir mettre à l’épreuve la constance des martyrs. L’or est fondu dans un four, c’est ainsi qu’il devient pur1, et la moutarde est plus forte quand on la pile et la frotte. On fait l’essai de fers divers, tout est prévu, mais à grand dam : les pierres s’usent quand on les pile et concasse, les arbres aussi sont affaiblis au rabot ; compare aux uns les bons, aux autres les mauvais quand on voit les guerriers du Christ tourmentés.
1 Cf. Sg 3.6.
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2.
Probra, carcer, vincula, Flagella, spectacula, Nuditas, inedia Pœnæ sunt præludia : Flammis, aquis, gladio, Ungulis, equuleo Omnique patibulo Pugnatur in ultimo. Sed, ut pœna protendatur, Pœnæ finis mors differtur : Optant mori diu torti martyres, Sed qui necant mori vetant principes. Delicatæ viris mixtæ virgines Ut in pœna sunt in palma comites.
d. Multa sunt, magna sunt in sanctos prœlia, Sed pauca vel parva quantum ad præmia ; Cujus hæc dona sunt regi sit gloria. Amen. 94
COMMUNE MARTYRUM Hymnus III 1.
Pugnant mundi principes, Dæmonum satellites ; Vincunt Christi milites, Voti sui compotes. Nec huic militiæ Vel tantæ victoriæ Præmiique gloriæ Desunt quoque feminæ : Sicut fortis, sic infirmus Pugnat et tri- umphat sexus, Ut haberent summi regis acies Suas quoque cum viris Amazones, Quæ quo magis natura sunt debiles, Palmæ harum magis sunt mirabiles.
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2.
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La prison, les liens, les insultes, les coups et la dérision, la nudité et la faim sont prélude au châtiment. Par le feu, les eaux, le glaive, les crochets, le chevalet, par tout genre de supplice ils combattent jusqu’au bout. Mais pour en prolonger la peine, sa fin : la mort, est retardée. Trop torturés les martyrs veulent en finir, mais les puissants qui les condamnent s’y opposent. De tendres vierges à ces héros ajoutées sont leurs compagnes autant de gloire que de peine.
d. Contre les saints, ils sont nombreux, ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu, ils ne sont rien, comparés aux profits. Gloire au roi qui seul peut en donner récompense. COMMUN DES MARTYRS Hymne III 1.
Luttent les princes du monde, ces serviteurs des démons, ce sont les guerriers du Christ qui gagnent et ont ce qu’ils veulent. Et à ce service armé, à une telle victoire, à la gloire du trophée les femmes ne manquent pas. Le sexe fort, le sexe faible luttent et triomphent également, pour que l’armée du roi suprême ait aussi ses amazones ainsi que ses chevaliers : plus de nature elles sont faibles et fragiles, plus leur victoire est admirable [et virile].
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2.
Viri cum uxoribus, Fratres cum sororibus, Filii cum matribus Belli stant congressibus : Virum uxor animat, Natos mater roborat, Et cælo regenerat Quos terræ genuerat, Ipsos statim secutura, Holocaustum Christi facta ; Soror fratrem provocat ut dimicet, Et tam verbis quam exemplis admonet : Quid hic agant nisi pugnent juvenes, Cum bellantes intuentur virgines ?
d. Multa sunt, magna sunt in sanctos prœlia, Sed pauca vel parva quantum ad præmia ; Cujus hæc dona sunt regi sit gloria. Amen. 95
COMMUNE MARTYRUM Hymnus IV 1.
Turris his davidica Certa dat præsidia, Habens ad munimina Scuta, propugnacula ; Armatura fortium Omnis hæc est omnium Ad quorumvis hostium Propulsandum impetum. Hinc athletæ pugnant Christi, Et irrident hostes tuti. Adamante bitumen robustius Nec securis dissipat nec malleus : Circumsæptus miles hic ab hostibus Cassis horum insultat conatibus.
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2.
201
Les hommes avec leurs épouses, les frères avec leurs sœurs, les enfants avec leur mère s’engagent en cette guerre. Sa femme anime l’époux, la mère anime ses fils, fait renaître dans le ciel ceux qu’ici elle fit naître, et en les suivant sur-le-champ fait au Christ l’offrande totale. La sœur encourage son frère à combattre, et l’avertit par son exemple et sa voix. Les jeunes gens cesseraient-ils de se battre, alors qu’ils voient les jeunes filles au combat ?
d. Contre les saints, ils sont nombreux, ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu, ils ne sont rien, comparés aux profits. Gloire au roi qui seul peut en donner récompense. COMMUN DES MARTYRS Hymne IV 1.
À eux la tour de David donne une protection sûre, ils ont pour se protéger des boucliers, des murailles. Toutes ces armures sont à toutes les âmes fortes pour repousser les assauts des ennemis quels qu’ils soient. Et les champions du Christ se battent en se moquant des ennemis. Le bitume est plus fort que diamant, que ni marteau ni hache ne peut fendre1 : et ce guerrier cerné par l’ennemi peut bafouer ses efforts inutiles.
1 L’allusion n’est pas claire. Il est possible qu’Abélard n’ait du bitume qu’une connaissance livresque et soit abusé par des descriptions peu précises.
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2.
Hac nos quoque, Domine, Turre semper protege, Vallo nos et aggere Tuo vallans undique, Ne quis hosti pateat Aditus quo feriat ; Hic te quisquis invocat Tutos somnos capiat ; Et quo sumus plus ignavi Ope muni nos majori, Qui, si palma non pollemus militum, Vice quadam assistamus peditum : Si victorum non meremur bravium, Evasisse satis sit periculum.
d. Multa sunt, magna sunt in sanctos prœlia, Sed pauca vel parva quantum ad præmia ; Cujus hæc dona sunt regi sit gloria. Amen. 96
COMMUNE CONFESSORUM Hymnus I 1. Justorum memoriam dignam laudibus Psalmis, hymnis, canticis spiritalibus Mater ovans celebrat Ecclesia, Quorum fidens postulat suffragia. Summe Pater, tibi grates et sollemnes hostiæ De collatis tuæ donis exsolvuntur gratiæ, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. 2. Horum bona dona sunt tuæ gratiæ, Horum laudes hymni sunt tuæ gloriæ : Laudat quisquis laudat hos veraciter Te in ipsis, ipsos in te pariter ; Horum festa celebrandi summa non est alia Nisi quædam recitandi tua beneficia, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt.
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2.
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Seigneur, par cette tour protège-nous toujours, tes fortifications nous couvrant de partout, que l’ennemi n’ait pas d’accès pour nous frapper. Qu’ici ceux qui t’invoquent puissent dormir en paix. Protège-nous d’autant plus fort que nous sommes, nous, moins forts ; sans mériter le laurier des chevaliers, soyons au moins comme de bons fantassins. Si nous n’avons pas le prix des vainqueurs, qu’il soit assez d’être sauvés du danger.
d. Contre les saints, ils sont nombreux, ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu, ils ne sont rien, comparés aux profits. Gloire au roi qui seul peut en donner récompense. COMMUN DES CONFESSEURS Hymne premier 1. La commémoration louable des justes, par des chants spirituels, des hymnes, des psaumes, est célébrée par la Mère Église en fête, qui demande leurs suffrages, confiante. Père Très Haut, prends en bon gré les victimes solennelles qui te seront offertes pour les dons reçus de ta grâce, Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. 2. Les biens de ces justes sont les dons de ta grâce, Leurs louanges, les hymnes qui parlent de ta gloire : quiconque loue ceux-là véritablement, te loue en eux, et eux en toi tout autant. Car les fêter et célébrer au total n’est rien d’autre qu’une façon de proclamer tes innombrables bienfaits. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi.
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d. In sanctis mirabili Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt quæ sunt omnia, Cujus agit quicquid vult potentia Optimeque disponit prudentia ; Quem et velle geri bene disponique singula Dubitari non permittit ejus summa bonitas, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. 97
COMMUNE CONFESSORUM Hymnus II 1. Tu quæ carnem edomet abstinentiam, Tu quæ mentem decoret continentiam, Tu velle quod bonum est his ingeris, Ac ipsum perficere tu tribuis. Instrumenta sunt hi tua per quos mira peragis Et humana moves corda signis et prodigiis, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. 2. Obsessos dæmonibus ab his liberant, Audacter languoribus cunctis imperant ; Verbo paralyticis subveniunt, Lepræ fert oratio remedium, Cecis visum, claudis gressum, vitam reddunt mortuis ; Quicquid petunt per te possunt, qui quæ jubes perficis, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. d. In sanctis mirabili Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt quæ sunt omnia, Cujus agit quicquid vult potentia Optimeque disponit prudentia ; Quem et velle geri bene disponique singula Dubitari non permittit ejus summa bonitas, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt.
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d. Admirable par ses saints1, gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut, sa puissance l’accomplit, et sa prudence dispose le tout au mieux, Que son vouloir fût que tout soit bien réglé et disposé, assurément sa grand bonté ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. COMMUN DES CONFESSEURS Hymne II 1. La vertu qui vainc la chair, qui est l’abstinence, celle qui embellit l’âme, soit la continence2, leur passion pour le bien viennent de toi, et c’est toi qui leur accordes de s’y tenir. Ils sont vraiment tes instruments, par qui tu fais des merveilles, par qui tu touches les cœurs humains par des signes et des prodiges. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. 2. Les possédés des démons, ils les en libèrent, avec audace ils commandent aux infirmités, d’un mot les paralytiques sont secourus, et la lèpre doit céder à leur prière. L’aveugle voit, le boiteux marche, ils rendent la vie aux morts. Par toi ils peuvent ce qu’ils demandent, toi dont le vouloir vaut acte. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. d. Admirable par ses saints, gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut, sa puissance l’accomplit, et sa prudence dispose le tout au mieux. Que son vouloir fût que tout soit bien réglé et disposé, assurément sa grand bonté ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi.
1 Cf. Ps 67.36. 2 Sur ces vers, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 420-421.
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COMMUNE CONFESSORUM Hymnus III 1. Præsens vita fuit his sexta feria, Qua Christo compassi sunt abstinentia, Sicut ipse tolli crucem præcipit Et se Paulus crucifixum asserit. Post hanc, quies animarum subit tamquam sabbatum : Stolam tandem in octava reddes illis corporum, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. 2. Persequentis gladius illis defuit, Sed paratus animus huic affuit ; Si non tulit corpus ictus gladii, Palmam tamen habet mens martyrii. Cesset lictor, cessent cuncta tormentorum genera : Tui, qui cordis es inspector, ad hoc refers præmia, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. d. In sanctis mirabili Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt quæ sunt omnia, Cujus agit quicquid vult potentia Optimeque disponit prudentia ; Quem et velle geri bene disponique singula Dubitari non permittit ejus summa bonitas, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt.
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COMMUNE CONFESSORUM Hymnus IV 1. Justorum exequiæ laudes exigunt, Impiorum funera luctus ingerunt. Hos ad vitam mors æternam evehit, Illos duplex mors in morte conterit. Gravis ista sanctis vita carcer est et vincula : His contritis ad te fugit erepta hinc anima, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt.
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COMMUN DES CONFESSEURS Hymne III
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1. La vie présente leur fut le sixième jour, où ils ont compati au Christ par l’abstinence, comme lui-même a dit de prendre sa croix1, et comme Paul dit qu’il fut crucifié2. Après ce jour, comme sabbat, vient le repos des âmes, et le huitième tu leur rendras enfin l’habit de leur corps. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. 2. L’épée du persécuteur leur a fait défaut, mais pas l’âme préparée à la supporter. Car si leur corps n’a pas subi l’estocade, leur esprit jouit de la palme du martyre. Foin du licteur, et foin de tous les genres de tortures : Tu vois les cœurs, à leur valeur tu mesures la récompense. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. d. Admirable par ses saints, gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut, sa puissance l’accomplit, et sa prudence dispose le tout au mieux. Que son vouloir fût que tout soit bien réglé et disposé, assurément sa grand bonté ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. COMMUN DES CONFESSEURS Hymne IV 1. Les funérailles des justes sont à célébrer, l’enterrement des impies est à déplorer. Ceux-ci, la mort les porte à vie éternelle, ceux-là, la mort les condamne à mort deux fois. La vie d’ici est dure aux saints, c’est la prison et les liens, les piétinant, s’en arrachant, de là l’âme fuit vers toi. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi.
1 Mt 16.24. 2 Ga 2.19.
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2. Ad te cum pervenerit felix anima, Quis narrare sufficit ejus gaudia ? Quæ majestas illa sit quam conspicit, Quæ circumstans curia quis dixerit ? Nemo miser illam potest gloriam conspicere Qua lætaris cum electis ; ad quam et nos pertrahe, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. d. In sanctis mirabili Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt quæ sunt omnia, Cujus agit quicquid vult potentia Optimeque disponit prudentia ; Quem et velle geri bene disponique singula Dubitari non permittit ejus summa bonitas, Per quem sunt justi quicumque sunt, Per quem sunt beati quiqui sunt. 100
COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus I 1.
Ab utroque sexu plagam traximus, Ab utroque medelam suscepimus : Virum Deus induit in Virgine, Quo salventur tam viri quam feminæ. Orta salus est ex femina : Unde culpa cœpit gratia.
2.
Quo post culpam sexus hic abjectior Per naturam fuerat inferior, Hoc nimirum divina clementia Hunc majori sublimavit gratia ; Quod ab ejus Matre Virgine Per singulos gradus inspice.
3.
Quis sanctarum eam æmulantium Numerare possit choros virginum ? Post has esse quis nescit innumeras Sacrum votum amplectentes viduas, Nec deesse matrimonio Quæ flagrent hoc desiderio ?
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2. Quand parviendra jusqu’à toi l’âme bienheureuse, qui peut assez raconter l’éclat de sa joie ? Qui pourra dire la majesté qu’elle voit, et la beauté de la cour qui l’environne ? Nul non élu, le malheureux, ne pourra voir cette gloire où tu te plais avec les saints puisses-tu nous y admettre ! Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. d. Admirable par ses saints, gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut, sa puissance l’accomplit, et sa prudence dispose le tout au mieux. Que son vouloir fût que tout soit bien réglé et disposé, assurément sa grand bonté ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes et qui le sont par toi, tous ils sont saints et ils le sont par toi. COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne premier 1.
Si des deux sexes nous avons reçu la plaie, de ces deux sexes nous tirons la guérison : Dieu revêtit l’homme en le corps de la Vierge, en sont sauvés tant les hommes que les femmes. Le salut naît grâce à une femme, d’où vient la faute vient aussi la grâce.
2.
Plus vil encore après la faute, ce sexe était déjà inférieur par nature ; assurément la compassion divine l’a sublimé d’une grâce supérieure. On le voit bien à chaque degré en commençant par la Vierge mère.
3.
Qui peut compter les troupes de saintes vierges qui ont cherché à imiter cette Vierge ? Et qui ne sait que des veuves innombrables les ont suivies, embrassant un vœu sacré ? Que ce désir ne manque non plus d’enthousiasmer des femmes mariées ?
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4.
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Post has omnes si scorta respiciam, Magdalenæ jungens Ægyptiacam, Ubi culpa prius abundaverat Cerno quia virtus post exuberat. Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus II 1.
Post honorem singularem Virginis, Quæ sic pollet ut sit Dei Genitrix, Qua virtute vel honore præditi Sint istius gradus sexus singuli Multiplici rerum specie Sacræ docent nos historiæ.
2.
Paradisi primus Adam incola Extra factus fuit, intus femina, Ut et locus ipse sit indicio Quam excellens harum sit creatio, Quæ, de costa viri conditæ, Fortes essent velut osseæ.
3.
Hæc in multis fortitudo irruit Cum virorum virtus exaruerit : In exemplo præstat Judex Debora Et quæ stravit Holophernem vidua Sollemnemque missam merita Septem fratrum mater inclita.
4.
Jepte nata victoris in proprium Patris dextram animavit jugulum, Mori magis eligens quam gratiam Voto pater fraudet sibi præstitam. Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
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4.
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Et après elles, à voir les prostituées, la Madeleine et Marie l’Égyptienne, là où d’abord avait abondé la faute, on voit qu’après se multiplie la vertu1. À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne II 1.
Après l’honneur particulier de la Vierge, qui brille tant qu’elle soit mère de Dieu, de quelle force, de quel honneur sont dotés chaque degré ou chaque état de ce sexe sous des aspects divers et multiples, nous le savons par l’histoire sainte.
2.
Adam, premier habitant du Paradis fut fait dehors, mais la femme à l’intérieur, pour que le lieu serve lui-même de preuve de l’excellence de la création de celles qui, fabriquées d’une côte d’homme, seraient solides ainsi que des os.
2.
Et cette force surgit en beaucoup d’entre elles quand la vertu des hommes s’affaiblissait : dont par exemple, Debora qui fut un Juge, et cette veuve qui abattit Holopherne2, et, méritant messe solennelle, l’illustre mère des sept Macchabées.
3.
Elle poussa, la fille de Jephté vainqueur, la main de son père à l’égorger, elle choisit de mourir, pour éviter qu’il pût tromper la grâce due à son vœu. À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
1 Cf. Rm 5.20. 2 Judith.
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COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus III
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1.
Si cum viris feminas contendere De virtute liceat constantiæ, Quis virorum mentis fortitudine Adæquari possit Jepte filiæ ? Quæ ne voti pater reus sit Se victimam patri præbuit.
2.
Quid fecisset in agone martyrum Si negare cogeretur Dominum ? Unde tanta virginis constantia Quadam pollet spiritali gratia Ut sollemnes hymni virginum Virgineum colant exitum.
3.
Multi viri factis excellentibus Liberarunt fideles ab hostibus ; Esther sola liberando populum Hinc festivum meruit præconium, Ut scilicet quam emineat Feminarum virtus pateat.
4.
Quantum quippe sexus hic est fragilis Eo virtus ipsius mirabilis : Majus laudis exigit præconium, In præcelsum erigenda titulum. Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus IV 1.
Ut ad nostra veniamus tempora, Quæ divina superfudit gratia, Quis in ista feminas præcellere Non valebit ex multis colligere, Post Mariam Annam intuens, Elizabeth quoque contuens ?
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COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne III 1.
S’il est permis que les femmes rivalisent avec les hommes en la vertu de constance, lequel des hommes pourrait être comparé, pour le courage, à la fille de Jephté ? Pour que son père ne manque à son vœu, comme victime elle se présente.
2.
Qu’eût-elle fait à l’épreuve du martyre alors contrainte à renier le Seigneur ? Chez cette vierge, une pareille constance est le témoin d’une grâce spirituelle, tant, que les chœurs solennels des vierges chantent à jamais sa mort virginale.
3.
Bien des héros, par leur remarquable exploit, ont libéré des ennemis les fidèles ; mais seule Esther libérant le peuple juif a mérité une louange festive1, afin qu’ainsi soit bien évident qu’est supérieure la vertu des femmes.
4.
Certes d’autant que ce sexe est plus fragile, sa fortitude est d’autant plus admirable : elle demande plus d’éclat dans la louange, il faut lui rendre un hommage prestigieux. À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne IV 1.
Pour en venir jusqu’à notre temps chrétien, qu’a irrigué à flots la grâce divine, qui ne saurait conclure de nombreux faits qu’en ce temps-ci les femmes sont éminentes, voyant Marie à côté d’Anne2, voyant aussi sainte Élisabeth ?
1 La fête juive de Pourim. 2 La prophétesse de la présentation au Temple.
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2.
Christi pedes, caput ungens mulier Christum eum fecit corporaliter ; Sacerdotis et regis mysteria Suscepisse constat hunc a femina, Et qui eum sexus peperit Sacramenta quoque tradidit.
3.
Et sepulto ferens hic aromata Resurgentis prior vidit gaudia ; Et ex culpa vilis magis femina In hac omnes antecessit gratia, Ut pateat quanto gaudio Peccantium sit conversio.
4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia. 104
COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus I 1.
Sponsa Christi tam virgo quam martyr est, Cujus palma celebris hæc dies est ; Palma duplex festum præsens geminat : Virgo carnem, martyr hostem superat. Hinc igitur psalmi resonent, Lectiones inde concrepent.
2.
Hæc in viris duplex palma rarior Eminèt in feminis uberior, Ut quo sexus harum est infirmior Sic ipsarum virtus mirabilior, Et ipsarum tanto gratior Sit hostia quanto purior.
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2.
Une femme oint la tête et les pieds du Christ1, en en faisant littéralement un christ ; il est donc clair qu’il a reçu d’une femme le sacrement qui le faisait prêtre et roi, ainsi le sexe qui l’avait fait naître lui conféra les pouvoirs sacrés.
3.
En apportant au Christ mort les aromates, il2 fut premier à le voir ressuscité. Et cette femme, la moindre par son péché, en cette grâce les a toutes précédées, pour que l’on voie que la conversion de ceux qui pèchent est si grande joie3.
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4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire. COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne premier
1.
L’épouse du Christ est tant vierge que martyre, dont la victoire est célébrée en ce jour. Double victoire et donc aussi double fête : vierge elle vainc la chair, martyre le diable. Que pour cela résonnent les psaumes, que retentissent aussi les lectures.
2.
La double palme est plus rare chez les hommes, bien plus souvent en sont honorées les femmes. Puisque leur sexe est assurément plus faible, leur vertu donc en est bien plus admirable. Leur sacrifice a plus de valeur d’autant qu’est plus pure la victime.
1 Sur ce vers, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 421. 2 Le sexe, c’est-à-dire les saintes femmes. Celle qui les a précédées est Marie Madeleine. 3 Cf. Lc 15.7.
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3.
Integrà tam spiritu quam corpore Holocaustum verum fit ex virgine ; Ad incensum hujus refer hostiæ Rufæ typum et tenellæ vitulæ : Illic umbra, sed hic veritas, Si res signis bene conferas.
4.
Quæ cor Deo per se consecraverat Per lictorem nunc et corpus immolat ; Consecratus Deo primum animus Hosti corpus exponit intrepidus. Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus II 1.
Cum in sanctis Deus sit mirabilis, Præminèt in martyrum victoriis ; Sed cum hanc dat feminis victoriam, Quis non cunctis præferat hanc gratiam Ut quo sexus est fragilior Hoc sit virtus mirabilior ?
2.
Exquisita tormentorum genera Feminarum superat constantia : Aut istarum virtus est mirabilis, Aut agonum horum pœna facilis ; Sed utrumque geri melius Disponente Deo credimus.
3.
Validà est sicut mors dilectio, Nec istius ignis est extinctio ; Aquæ multæ non possunt extinguere Caritatis flammam invictissimæ, Nec est umquam cum hac debilis Sexus quantum- cumque fragilis.
l i vr e i i i : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s
3.
Quand elle est pure autant d’esprit que de corps, une vierge est un sacrifice total. Pour l’encenser, songe au type scripturaire de la génisse au poil fauve sacrifiée1. Là c’était l’ombre, ici c’est vérité, si tu compares les faits aux symboles.
4.
Celle qui de soi consacra son cœur à Dieu par le licteur immole à présent son corps. L’esprit d’abord consacré au Seigneur Dieu à l’ennemi livre sans trembler son corps. À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne II 1.
Dieu est bien sûr admirable dans ses saints2, mais plus encore aux victoires des martyrs ; mais quand il donne aux femmes cette victoire, qui ne dirait cette grâce préférable ? Car la vertu est plus admirable lorsque le sexe est plus vulnérable.
2.
Les plus divers raffinements de tourments sont dominés par la constance des femmes. Ou leur vertu est vraiment extraordinaire, ou leurs combats n’ont que des peines légères. Mais nous croyons qu’au vouloir de Dieu dans les deux cas tout est fait au mieux.
3.
Car l’amour est aussi puissant que la mort, et c’est un feu qui ne peut être étouffé. Les grandes eaux ne peuvent jamais éteindre le feu ardent de l’amour qu’on ne peut vaincre3. Avec ce feu, il n’est jamais faible, le sexe faible, si faible qu’il soit.
1 Cf. Nb 19.2. 2 Cf. Ps 67.36. 3 Cf. Ct 8.7.
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4.
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Quid barbati dicturi sunt juvenes, Delicatæ cum hæc ferant virgines ? Erubescat ad hæc sexus fortior, Ubi tanta sustinet infirmior ! Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus III 1.
Quantum Sponso fidelis hæc fuerit Tam ipsius vita quam mors docuit, Illa corpus integrum custodiens, Hæc ipsius holocaustum offerens. Virgo sponsa, virgo Sponsus est, Sponsa martyr, Sponsus martyr est.
2.
Talem Sponsum talis sponsa decuit, Quæ secuta sit quocumque ierit, Quos nec sacræ carnis decor dividat Nec in morte dispar amor pateat. Subsequuntur Sponsum ceteræ, Hæc incedit juncto latere.
3.
Et regina, Sponsi tenens dexteram, Subsequentem turbam habet ceteram ; In vestitu deaurato renitet, Quæ coronas supradictas possidet ; Certe aurum hoc est optimum : Incorruptum est et rutilum.
4.
Sertum rosis intextum et liliis Sunt insigne martyris et virginis : In odorem Christo suavissimum Martyr rosam, virgo profert lilium ; Indumenta dant insignia, Candens byssus, rubra purpura.
l i vr e i i i : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s
4.
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Qu’en diront-ils, les jeunes gens bien barbus, devant l’exploit de fragiles jouvencelles ? Le sexe fort peut bien en sentir la honte, quand le plus faible endure de tels supplices ! À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne III 1.
Combien la sainte fut fidèle à son Époux, cela se voit tant à sa mort qu’à sa vie : durant sa vie, en gardant son corps intact, et à sa mort, en l’offrant en holocauste. L’épouse est vierge, et l’Époux est vierge, Il est martyr, et l’épouse aussi.
2.
À tel Époux convenait pareille épouse, qui le suivrait partout où il s’en irait1. Pure, la chair ne saurait les séparer, et dans la mort leur amour est bien égal. Les autres suivent l’Époux par derrière, à son côté marche celle-ci.
3.
Et cette reine, à la droite de l’Époux2, a derrière elle toute la troupe qui suit. Elle éblouit dans son vêtement doré, et, on l’a dit, porte une double couronne. Et c’est d’un or du meilleur aloi, il est brillant et incorruptible.
4.
Il est serti de roses et tressé de lys, qui sont l’emblème du martyr et de la vierge. La martyre offre la rose, la vierge le lys, et leur parfum est fort agréable au Christ. Ses vêtements sont donc signifiants : le lin tout blanc, la pourpre éclatante.
1 Cf. Ap 14.4. 2 Cf. Ps 44.10.
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5.
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Pulchri gressus ejus sunt in calceis, Quos et Sponsus collaudat in Canticis. Quis sit ejus ornatus prædictum est : Quo sit ejus progressus dicendum est. Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus IV 1.
Ut aurora consurgens progreditur Quæ cælestis Sponsi thoro jungitur ; Hic ut sponsa fœderata fuerat, Illic tamquam uxor jam cohabitat : Hic in fide facta fœdera, Illic in re perpes copula.
2.
Paranymphos illic habet angelos Quos custodes habuit hic proprios ; Ad superna thalamorum gaudia Illam pompa deducit angelica ; Hinc obviam virgo virgines, Illinc martyr habet martyres.
3.
Cum ad Sponsum sic deducta venerit Et in ejus complexu quieverit, Qua fruatur gloria quis dixerit ? Quæ mens tanta gaudia conceperit ? Ad hæc certe nemo sufficit, Nisi forte cum hæc senserit :
4.
Hæc sunt illa quæ non vidit oculus Nec humanis capi possunt cordibus, Quæ se Deus præbet diligentibus, Ab æternis parata temporibus. Ipsi decus, ipsi gloria Qui tot facit mirabilia.
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5.
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Ils sont si beaux, dans ses sandales, ses pas, comme le dit son Époux dans les Cantiques1 ! On a déjà parlé de ses ornements, il faut parler de sa marche triomphante. À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne IV 1.
Elle s’avance comme l’aurore montante2, celle qui va se joindre à l’Époux céleste ; ici, c’était la fiancée promise, là haut, déjà, elle habite en tant qu’épouse. Ici c’était la foi engagée, là haut, l’union de fait pour toujours.
2.
Là bas, elle a pour garçons d’honneur les anges, qu’elle avait eus comme gardiens ici-bas. Elle est menée par les cortèges des anges aux joies suprêmes des célestes épousailles. D’ici les vierges viennent vers la vierge, là les martyrs fêtent la martyre.
3.
Quand elle vient à l’Époux ainsi conduite et se repose en son sein et son étreinte, qui donc dira la gloire dont elle jouit ? Qui concevra un bonheur de cette espèce ? Non sûrement, personne ne peut, avant d’un jour l’éprouver soi-même.
4.
Ce sont des choses que l’œil humain ne peut voir, qu’un cœur humain ne peut même pas comprendre, que Dieu propose à ceux qui l’aiment vraiment, prêtes pour eux depuis toute éternité. À qui fait tant de pures merveilles soit tout honneur et soit toute gloire.
1 Cf. Ct 7.1. 2 Cf. Ct 6.9.
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SANCTÆ MARIÆ MAGDALENÆ Hymnus I 1.
Peccatricis beatæ sollemnitas Peccatores maxime lætificat : Post hanc nemo desperet de venia, Quantumcumque præcedant flagitia, Si lamenta pænitentiæ Subsequentur loco victimæ.
2.
Cor contritum, tribulatus spiritus Holocaustis gratius est omnibus ; Ibi quisque mactat intus vitia, Hic mactantur foris animalia ; Ibi quisque se sacrificat, Hic aliud pro se immolat.
3.
Ibi rerum est ipsarum veritas, Hic figuræ quædam ‹adest› falsitas ; Ibi corpus, hic est umbra corporis ; Illud manet cum hæc evanuerit. Hoc exhibens, felix meretrix Res pro signis ipsas obtulit.
4.
Lacrimarum pingue sacrificium, Medullatum holocaustum fletuum Multa brevi consummarunt tempora, Impetrata statim indulgentia. Ipsi decus, ipsi gloria Super ejus tanta gratia. Amen.
SANCTÆ MARIÆ MAGDALENÆ Hymnus II 1.
Pænitentum severa correptio Et eorum longa satisfactio Crebris carnem edomant jejuniis Asperisque cruciant ciliciis, Et ejectos ab Ecclesia Confundit e- rubescentia.
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SAINTE MARIE MADELEINE Hymne premier 1.
La fête annuelle de la sainte pécheresse plus que toute autre emplit de joie les pécheurs : Désespérer du pardon est impossible, si grands que soient les crimes déjà commis, si les remords de la pénitence se substituent à toute victime.
2.
Un cœur contrit, un esprit mortifié valent bien mieux qu’un holocauste rituel1. Ici, chacun sacrifie en soi les vices, là-bas, on tue des animaux au dehors. Ici, chacun sacrifie soi-même, là, à sa place, il tue autre chose.
3.
Ici, en fait, c’est la vérité des choses, Là, le symbole a sa part de fausseté. Ici le corps, là-bas c’est l’ombre du corps, qui disparaît, tandis que le corps demeure. Par son remords, la sainte putain au lieu de signes offrit du réel.
4.
Le généreux sacrifice de ses pleurs, et l’holocauste de larmes venues du cœur, ont effacé d’un coup de longues années, car aussitôt le pardon fut accordé. À lui l’honneur, à lui la gloire pour la grâce qu’il lui donna.
SAINTE MARIE MADELEINE Hymne II 1.
Les pénitents, par leur dure correction et par leur longue et pénible punition, brisent leur chair par des jeûnes continuels et la torturent au moyen d’âpres cilices. Et comme ils sont bannis de l’Église, ils sont aussi accablés de honte.
1 Cf. Ps 50.18-19.
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2.
In hac nichil actum est hoc ordine : Mitiorem Deum sensit homine ; Rex et Judex idem legem temperat, Nec attendit, qui cor vere judicat, Tam temporis longitudinem Quam doloris magnitudinem.
3.
Pharisæus Domini clementiam Quam ignorat credit ignorantiam, Et, intra se dum super hanc murmurat, Judex cordis murmur hoc dijudicat, Ut collatis multis dixerit Cur veniam hæc meruerit ;
4.
Quam multorum peccatorum vinculis Quasi septem absolvens dæmoniis, Quanti fides, quanti sit dilectio Tam felici docuit judicio. Ipsi decus, ipsi gloria Super ejus tanta gratia. Amen.
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2.
Pour elle, rien ne se produisit ainsi : elle trouva Dieu plus indulgent que l’homme. Le Roi et Juge lui-même adoucit la loi, Il ne voit pas, lui qui scrute à fond les cœurs, tant la longueur du temps du péché que la douleur qu’il a suscitée.
3.
Le pharisien prend la clémence du Christ, qu’il ne voit pas, pour de la simple ignorance. Et, tandis qu’il murmure à part soi contre elle, il est jugé par Lui qui juge les cœurs, si bien qu’Il dit à ceux qui l’entourent pourquoi elle a reçu son pardon1.
4.
La délivrant des liens de tant de péchés comme des liens de sept démons maléfiques, Il a montré par un si jugement si doux quel est le prix de la foi et de l’amour. À lui l’honneur, à lui la gloire pour la grâce qu’il lui donna.
1 Cf. Lc 7.36-50.
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Liber IV Hymni infra triduum paschale (de tempore)
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FERIA V IN CENA DOMINI Ad vesperas 1. Hæc nox, carissimi, nox illa flebilis Qua comprehenditur dies a tenebris Piis fidelium est plena lacrimis : Aquas immanitas compellit sceleris. 2. Hac nocte proditor est per se proditus, Qui lupus fuerat permixtus ovibus ; Agnus ad victimam per lupum traditus Scelus antidotum fecit sceleribus. 3. Dum sacrum celebrat Christus mysterium, Egressus traditor sanctum collegium Ad pravum congregat pravos consilium Ut his in pretio det mundi pretium. 4. Mercator omnium, Juda, stultissime ! Cum mortis emptio sit vitam vendere ; Ne quid susceptio prosit pecuniæ, Quem vendis prævenis mortis in funere. 5. Ut patientia probetur traditi, Monstrat hunc traditor per signum osculi ; Pioque impie permixta nomini Nec salutatio defuit crimini. 6. Tentus, ligatus est a servis Dominus Ut servos solveret peccati nexibus, Ut reus traditus reis judicibus Supremus omnium judex justissimus.
Livre IV Triduum pascal
JEUDI SAINT À vêpres 1. Cette nuit, bien aimés, c’est la nuit déplorable, celle où le Jour [du monde] est pris par les ténèbres, pleine pour les fidèles de larmes de pitié : l’immensité du crime les oblige à pleurer. 2. En cette nuit le traître est trahi par lui-même, lui qui avait été loup parmi les brebis : car l’agneau par le loup au supplice conduit, c’est pour tous les forfaits le forfait qui guérit. 3. Et tandis que le Christ célèbre le Mystère, le traître sort, quittant la très sainte assemblée, il se joint aux mauvais pour un mauvais projet, pour leur donner en prix le prix de l’univers. 4. Judas, le plus idiot de tous les commerçants1, puisque vendre la Vie, c’est acheter la mort, recevoir de l’argent ne te rapporte rien, dans la mort tu précèdes celui-là que tu vends. 5. Montrant bien la patience de celui qu’il trahit, ce traître le désigne par un baiser [trompeur] ; et il ne manqua pas à ce crime un salut mêlé sans révérence au nom révérencieux. 6. Le Seigneur est saisi, lié par des esclaves, pour délivrer les serfs des liens du péché, et le très juste Juge, et le plus haut de tous est livré en coupable à des juges coupables.
1 Le qualificatif est repris à un répons pour les matines du jeudi saint (ce répons est lui-même issu de l’hymne Hymnum dicamus Domino, AH 51.76) : Judas, mercator pessimus, osculo petiit Dominum ; ille ut agnus innocens non negavit Judæ osculum. Denariorum numero Christum Judæis tradidit. Melius illi fuerat si non natus fuisset, « Judas, le pire des commerçants, s’approcha du Seigneur avec un baiser ; lui, comme l’agneau innocent, ne refusa pas le baiser de Judas. Il livra le Christ aux Juifs contre un nombre de deniers. Il eût mieux valu pour lui qu’il ne naquît pas ».
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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )
7. Solus ad victimam procedis, Domine, Morti te offerens quam venis tollere ; Quid nos, miserrimi, possumus dicere, Qui quæ commisimus scimus te luere ? 8. Nostra sunt, Domine, nostra sunt crimina Qui tua criminum facis supplicia ; Quibus sic compati fac nostra pectora Ut vel compassio digna sit venia ! 9. Nox ista flebilis præsensque triduum, Quo demorabitur fletus ad vesperum, Donec lætitiæ mane gratissimum Surgente Domino sit mæstis redditum. Amen. 111
FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad laudes 1. Noster et omnium salvator, Domine, Tam rex quam pontifex cunctorum maxime, Annæ judicium subis et Caiphæ, Falso pontificis tumentum nomine. 2. Horum ludibria priora pateris : Primas hic alapas et sputa suscipis ; Velata facie, coram his cæderis : « Propheta, clamitant, quis te percusserit ? » 3. Quis hoc fidelium audire perferat, Aut quis hoc audiens ‹ homo › non ingemat ? Quis siccis oculis hoc scelus audiat, Quem hæc sævitia sævum non molliat ? ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
li vre i v : Tri d u u m pascal
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7. Tu marches seul, tout seul au supplice, Seigneur, tu t’offres à la mort que tu viens supprimer. Et nous, pauvres de nous, que pouvons-nous penser, nous qui savons que toi, tu payes pour nos fautes ? 8. Ce sont nos fautes à nous, Seigneur, sur tes épaules1, toi qui fais tiens les maux qui punissent ces fautes. Fais-nous compatissants à tes maux, pour qu’au moins notre compassion nous vaille le pardon ! 9. Déplorable est la nuit, et les trois jours qui viennent, où nos pleurs dureront chaque jour jusqu’au soir, jusqu’au matin de joie, au réveil du Seigneur, lorsque sera rendue aux affligés la joie. VENDREDI SAINT À laudes 1. Seigneur, notre Sauveur, qui es sauveur de tous, grand pontife et grand roi de tout le genre humain, tu subis le verdict et d’Anne et de Caïphe, qui se targuent à tort du faux nom de pontifes. 2. D’abord tu dois subir leurs moqueries honteuses, tu reçois d’eux d’abord des coups et des crachats. On te couvre la face, devant eux on te frappe : « Prophète, crient-ils, dis-nous qui t’a frappé2 ? » 3. Quel fidèle pourrait supporter de l’entendre, qui entendant cela pourrait ne pas gémir ? Qui entendrait ce crime en gardant les yeux secs ? Cette cruauté peut toucher les plus cruels. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale.
1 Cf. Is 53.4. 2 Mt 26.68.
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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )
FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad primam 1. Damnandus, Domine, Pilato sisteris, Et ad spectaculum ut reus traheris ; Coronam spineam, sceptrum arundinis Et vile coccinum sumens illuderis. 2. Gentilis judicis mentem crudelitas Et innocentiæ commovet puritas : Flagellis prævenit mortis angustias, Ut vel sic parcere possit impietas. 3. Qui, cæsum denique coactus tradere, Ut ab hoc animum purgaret scelere, Manus abluere decrevit publice, Mundum se profitens a justi sanguine. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad tertiam 1. Jam hora tertia diei venerat Cum plebs obtinuit quod postulaverat : Quem crucifigerent præses tradiderat, Qui, crucem bajolans, jam crucem tolerat. 2. Ubi Calvariam pervenit Dominus, Qui locus reis est ad necem deditus, Amaro poculo delusum primitus Ut crucifigerent denudant vestibus. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
li vre i v : Tri d u u m pascal
VENDREDI SAINT À prime
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1. Pour être condamné, tu es devant Pilate, traîné publiquement, Seigneur, comme un coupable, le sceptre de roseau, la couronne d’épines, et le haillon de pourpre pour se moquer de toi. 2. Or cette cruauté et ta pure innocence touchent de compassion le juge des gentils. Par la flagellation il retarde la mort pour qu’ainsi les méchants viennent à t’épargner. 3. Après qu’il fut battu, forcé de le livrer, pour purger son esprit de cet horrible crime, Pilate se lava les mains publiquement, proclamant qu’il était pur du sang de ce juste. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À tierce 1. Voici venue la troisième heure, le moment où le peuple a obtenu ce qu’il a demandé : le prélat1 l’a livré pour qu’il soit crucifié, lui qui, portant sa croix, est déjà au supplice. 2. Quand le Seigneur parvint au lieu dit le Calvaire, cet endroit consacré à la mort des fautifs, il est d’abord trompé par la boisson amère, puis pour le crucifier on ôte ses habits. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale.
1 Pilate (cf. Mt 27.26).
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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad sextam 1. Sexta, qua Dominus crucem ascenderat, Solis obscuritas mundum obnubilat, Tamquam conspicere scelus abhorreat Quod mundus proprium in solem perpetrat. 2. Dum, crucem sustinens, sol verus patitur, Sol insensibilis illi compatitur, Quo summum hominum scelus arguitur Et quantis tenebris errant ostenditur. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad nonam 1. Nona, qua vera lux pœnam finierit, Subtractam lucem hanc mundo restituit, Ut beneficio quod mundo reddidit Promittat veniam illis quos terruit. 2. Luce iam reddita stupent quod cernitur : Motu mirabili terra concutitur ; Cum saxis pariter et velum scinditur ; Locus quo dormiunt sepulti panditur. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad vesperas 1. Facto jam vespere, cruce depositum Et aromatibus conditum Dominum Diligens sepelit cura fidelium : Monstrat quis fuerat pium obsequium.
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VENDREDI SAINT À sexte
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1. Sixième heure : monté le Seigneur sur la croix, le soleil disparu enténèbre le monde, comme s’il refusait de contempler le crime que le monde accomplit sur qui est son Soleil. 2. Le vrai Soleil en croix souffre sa passion, l’insensible soleil a de lui compassion, pour que soit condamné le crime affreux des hommes, et montré à quel point ils errent dans le noir. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À none
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1. Neuvième heure : au moment où la vraie Lumière eut fini de souffrir, cette lumière ôtée, il la rendit au monde, pour que par ce bienfait soit promis son pardon à ceux qu’il terrifiait. 2. Sous ce jour revenu, ce qu’on voit stupéfait : la terre est ébranlée d’un tremblement terrible, et le voile du temple et les pierres se fendent, et se rouvrent les lieux où reposent les morts. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À vêpres 1. À la tombée du soir, les dévoués fidèles déposent avec soin de sa croix le Seigneur, le parfument d’onguents, et vont l’ensevelir : leur tendre révérence montre qui il était.
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2. Ingenti lapide sepulchrum clauditur (Quod cura maxima fideque ‹ cernitur ›) : Immundis aditus sic intercluditur ; Quo mirabilius resurgat agitur. 3. Nec minus gloriæ confert dominicæ Quod pravi deputant suos custodiæ, Ut sic iniquitas, victa perspicue, Confusa comprimat ora blasphemiæ. 4. Aut ergo mortuum reddat custodia Ut ei salva sint promissa præmia, Aut, quæ conspexerit fatens magnalia, Nostra sic prædicet nobiscum gaudia. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen. 117
FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad completorium 1. Pias vigilias agendo, feminæ Viris cedentibus non norunt cedere ; Custodes positos vident intrepidæ, Minantes gladios cernunt tutissimæ. 2. Facta percussio quam pastor tulerat Gregis arietes metu disperserat ; Oves intrepidas amor servaverat, Et foras caritas timorem miserat. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
li vre i v : Tri d u u m pascal
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2. Le sépulcre est fermé par une pierre énorme, (la scène est observée en grande angoisse et foi1) : ainsi est interdit l’accès aux êtres immondes, pour que plus admirable soit sa résurrection. 3. Ce qui sert encore plus la gloire du Seigneur, c’est que les dépravés placent les leurs en garde, ainsi l’iniquité, visiblement vaincue, fera taire les bruits et rumeurs de blasphème. 4. Donc, que la garnison restitue le cadavre, pour que leur reste dû le salaire promis, ou, en reconnaissant le prodige qu’ils virent, qu’ils clament avec nous ce qui fait notre joie. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À complies 1. Veillant pieusement le Christ, les saintes femmes ne se sont pas enfuies quand les hommes fuyaient. Elles voient sans peur la garde prendre place, les glaives menaçants ne les font pas trembler. 2. Le coup que le Berger avait dû supporter a fait fuir de terreur les béliers du troupeau2. L’amour avait rendu les brebis intrépides, la charité avait expulsé la frayeur3. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale.
1 Sur cette strophe (et sur le dernier vers de la précédente), cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 422-424. 2 Cf. Mt 26.31, qui cite Za 13.7. 3 Cf. 1 Jn 4.18.
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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )
SABBATO SANCTO Ad nocturnum 1. Sexta jam homine creato feria, Quievit Dominus cessando septima : Plena mysteriis magnis historia Praesentis temporis præsignat opera. 2. Heri dominica facta est passio Et consummata est nostra redemptio, Ut « Consummatum est » hoc in mysterio Dictum intelligi possit a Domino. 3. Finitis itaque tantis agonibus Quibus diabolum prostravit Dominus, Quidam paratus est quietis lectulus Quo requiesceret : sepulchri loculus. 4. Hoc tibi mortuo, Joseph, paraveras Tuam et omnium vitam quo tumulas ; Hunc illi lectulum terrenum commodas Per quem in lectulo cælesti recumbas. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
li vre i v : Tri d u u m pascal
SAMEDI SAINT À matines
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1. Lorsqu’au sixième jour l’homme eut été créé, au septième le Seigneur cessant se reposa. Cette histoire est remplie de mystères importants, préfigurant pour nous l’œuvre du temps présent. 2. La passion du Seigneur hier fut célébrée, et notre rédemption a été consommée. Ainsi peut-on comprendre que le Seigneur a dit le « Tout est consommé1 » en rappel du mystère. 3. Car, quand sont achevées les terribles épreuves par lesquelles le Christ a abattu le diable, il lui est préparé un doux lit de repos où reposer enfin : le réduit du sépulcre. 4. Joseph, tu te l’étais voilà que tu y mets ce petit lit sur terre, par lequel tu auras
préparé pour ta mort, ta Vie, celle de tous ; tu le donnes à celui ta couche dans les cieux.
℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale.
1 Jn 19.30.
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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )
SABBATO SANCTO Ad laudes 1. Dormit hoc triduo leonis catulus, Sicut prædixerat sermo propheticus, Donec hunc suscitet rugitus patrius Cum dies venerit – quo fit hoc – tertius. 2. Avis mirabilis phœnix et unica, Quam et lux reparat, ut ferunt, tertia, Non minus peragit Christi mysteria Vel resurgentium promittit gaudia. 3. Hæc cum ‹ in › funere formam resumpserit Alasque pristinas rursum induerit, Volatu solito se sursum erigit, Cum cælos etiam Christus ascenderit.
li vre i v : Tri d u u m pascal
SAMEDI SAINT À laudes1 1. Il dort en ces trois jours, le petit du lion, comme l’avait prédit le discours prophétique2, et au troisième jour – c’est-à-dire aujourd’hui – son père en rugissant le ressuscitera. 2. Cet oiseau merveilleux, cet unique phénix, qui au bout de trois jours renaît, à ce qu’on dit, il préfigure aussi les mystères du Christ et promet le bonheur de ceux qui ressuscitent. 3. Quand le phénix défunt récupère sa forme, qu’il déploie à nouveau ses ailes d’autrefois, de son vol habituel il jaillit vers le haut, comme le Christ aussi remonte vers les cieux.
1 Cet hymne et les suivants exploitent largement des parallèles animaliers. Celui avec le phénix n’appelle pas de commentaire, parce que les éléments en sont bien connus. Pour ce qui concerne le lionceau, Abélard puise à deux sources. La première est Isidore de Séville, Etymologiæ 12.2.5 : Cum dormierint [leones], vigilant oculi ; cum ambulant, cauda sua cooperiunt vestigia sua, ne eos venator inveniat. Cum genuerint catulum, tribus diebus et tribus noctibus catulus dormire fertur ; tunc deinde patris fremitu vel rugitu veluti tremefactus cubilis locus suscitare dicitur catulum dormientem, « Quand les lions dorment, ils gardent les yeux ouverts ; quand ils marchent, ils effacent leurs traces de leur queue, pour que le chasseur ne les trouve pas. Lorsqu’ils ont un petit, on dit qu’il dort trois jours et trois nuits, au terme desquels le rugissement de son père fait comme trembler l’endroit où il dort et le tire de son sommeil ». La seconde est le Physiologus (je cite la version B, éd. J. A. Villar Vidal et P. Docampo Álvarez, p. 22) : Etenim Jacob, benedicens filium suum Judam, ait : « Catulus leonis Juda, filius de germine meo, quis suscitabit eum ? » Physiologus dicit tres res naturales habere leonem… Item tertia natura leonis : cum leæna peperit catulum, generat eum mortuum, et custodit eum tribus diebus, donec veniens pater ejus die tertia insufflat in faciem ejus et vivificat eum. Sic omnipotens Pater Dominum nostrum Jesum Christum Filium suum tertia die suscitavit a mortuis, dicente Jacob : « Dormitabit tamquam leo, et sicut catulus leonis, quis suscitabit eum ? », « En effet Jacob, lorsqu’il bénit son fils Juda, dit : « Petit de lion, Juda, fils de ma semence, qui le réveillera ? » (Gn 49.9). Le Physiologue dit que le lion a trois caractéristiques de la nature [1 : poursuivi par un chasseur, le lion efface ses traces avec sa queue, étant ainsi l’image du Christ qui dissimula sa divinité ; 2 il dort les yeux ouverts, comme l’Époux (sic, en fait l’Épouse) du Cantique, 5, 2, Ego dormio, et cor meum vigilat, de même que la divinité du Christ ne fut pas affectée par la mort sur la croix]. Troisième caractéristique du lion : lorsque la lionne engendre le lionceau, elle l’engendre mort, et le garde trois jours, jusqu’à ce que son père vienne souffler sur son visage et lui donner la vie. C’est ainsi que le Père tout-puissant ressuscita des morts le troisième jour son Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, ainsi que le dit Jacob : « Ils dormira comme un lion, et comme un petit de lion, qui le réveillera ? ». Voici la forme complète et exacte de la bénédiction de Jacob, qu’Abélard paraphrase à prime : Catulus leonis Juda ; ad prædam, fili mi, ascendisti. Requiescens accubuisti ut leo, et quasi leæna : quis suscitabit eum ? « C’est un petit de lion que Juda ; tu t’es levé, mon fils, pour [attraper] ta proie. Te reposant, tu t’es couché comme un lion, et comme une lionne : qui le réveillera ? ». 2 Cf. Jn 2.19-22.
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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )
4. Sexus et comparis hæc avis nescia Sicut est unica sic semper integra ; Similitudine Christi plenissima Transcendit bestias et volatilia. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen. 120
SABBATO SANCTO Ad primam 1. « Leonis catulum Judam quis suscitet ? » Iacob interrogat, cum hinc non dubitet. Cum ergo quærit hoc, super hoc obstupet, Ut rem mirabilem nobis insinuet. 2. Ad prædam catulum dicit ascendere Et in hac etiam qua dormit requie De lupi faucibus illam eruere, Quod fit per animam defuncto corpore. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
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SABBATO SANCTO Ad tertiam 1. Ascensus catuli, quo prædam eruit, Fuit cum Dominus crucem ascenderit, In qua nos redimens cum exspiraverit, Justos de tartaro confestim eripit. 2. Cum jam ascenderit ad prædam catulus, Requiescentis est factus accubitus, Quia, cum fuerit cruce depositus, Sepultus triduo quievit Dominus. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
li vre i v : Tri d u u m pascal
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4. Cet oiseau ne connaît ni sexe ni conjoint, et comme il est unique, il est vierge toujours. Par sa similitude au Christ pleine et entière, il dépasse à la fois les bêtes et les oiseaux. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. SAMEDI SAINT À prime
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1. « Qui donc va réveiller le lionceau Juda ? » interroge Jacob, mais il n’a aucun doute. En posant la question, il s’étonne à coup sûr pour nous faire sentir que c’est chose admirable. 2. Il dit que le petit monte chercher sa proie et l’arracher des dents du loup qui la convoite, dans ce même sommeil dont il est endormi : ce qui se fait par l’âme, puisque le corps est mort. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. SAMEDI SAINT À tierce 1. La montée du lionceau, pour arracher sa proie, ce fut quand le Seigneur est monté sur la croix, et quand il y est mort en rachetant nos fautes, il arrache aussitôt les justes à l’enfer. 2. Et quand le lionceau est monté vers sa proie, il revient se coucher et va se reposer, car, quand il a été déposé de sa croix, le Seigneur reposa trois jours enseveli. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale.
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SABBATO SANCTO Ad sextam 1. Adhuc ut dormiens pausat leunculus, Sed ut evigilet prope est terminus, Somni quam funeris dicendus potius : Velox dominicæ mortis est transitus. 2. Torrentis impetum istum intellige, De quo meminimus psalmistam dicere Quod de hoc biberis in via, Domine, Mortem videlicet sceleris calice. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
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SABBATO SANCTO Ad nonam 1. Non naturalis est sed adventitius Quo Christus biberit torrentis rivulus, Quia qui fuerat peccati nescius Mortis sententiæ non erat subditus. 2. Hoc mortis poculum, quod per diabolum Nobis transfusum est in pœnæ debitum, Illud intellige Goliæ gladium, Quo David stravit hunc, non habens proprium. ℟. Tu tibi compati sic nos fac, Domine, Tuæ participes ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum in luctu ducere, Ut risum tribuas paschalis gratiæ. Amen.
li vre i v : Tri d u u m pascal
SAMEDI SAINT À sexte
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1. Le lionceau repose encore comme en sommeil, mais le moment est proche où il va s’éveiller, il faut dire plutôt de sommeil que de mort : rapide est le passage du Seigneur dans la mort. 2. Comprends qu’elle est pareille au torrent impétueux dont le psalmiste dit, nous nous en souvenons, que tu en auras bu sur ton chemin, Seigneur1 : ce torrent est la mort au calice du crime. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale. SAMEDI SAINT À none 1. Ce ruisseau impétueux où le Christ a dû boire ne vient pas de nature, mais n’est qu’un accident, puisque, comme il était ignorant du péché, il n’était pas soumis à la loi de la mort. 2. Cette coupe de mort, qui par le fait du diable fut versée pour nous pour prix de notre faute, c’est aussi pour David le glaive de Goliath duquel il l’acheva, puisqu’il n’en avait pas. ℟. Seigneur, accorde-nous de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite à ta gloire éternelle, et de nous affliger les trois jours à venir, pour obtenir la joie de la grâce pascale.
1 Ps 109.7.
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Appendix Hymni de diversis sanctis
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SANCTI GILDÆ Hymnus unicus 1. Lucerna posita super candelabrum, Gildæ prudentia vitæque speculum Verbis nos instruunt, exemplis provocant ; Errantes corrigunt, torpentes excitant. 2. Lucernam nobis hanc lux vera contulit, Quam non sub modio concludi pertulit ; Stellam hanc naufragis sol verus posuit, Per quam ad patriam ducatum præbuit. 3. Hic indeficiens est tamquam Hesperus, Extremis imminens terrarum partibus, Ubi Britanniam cingens Occeanus Immensis aridam contundit fluctibus. 4. Has partes incolens gens armis strenua ; Cum his imminerint belli discrimina, Pro signo bellico « Gildæ clementia ! » Tuta per gladios procedunt agmina. d. Cujus est ‹Ruia› usa suffragiis Fides intrepida stat et in prœliis ; Super his gloria simul et aliis Divinæ gratiæ sit beneficiis. Amen.
Appendice Hymnes pour divers saints
SAINT GILDAS1 Hymne unique 1. Lampe placée en vue sur un haut candélabre, le grand sens de Gildas nous instruit par ses mots, le miroir qu’est sa vie nous pousse à l’imiter : l’un reprend les erreurs, l’autre éveille les tièdes. 2. L’authentique Lumière nous fournit cette lampe qu’il ne faut pas cacher sous le boisseau, dit-elle, le vrai Soleil donna cette étoile aux marins perdus, pour les guider jusque vers la Patrie. 3. Gildas est toujours là, tel l’étoile du soir qui domine d’en haut l’extrémité des terres, là-bas où l’Océan, enserrant la Bretagne, frappe la terre ferme de ses immenses flots. 4. Les habitants du lieu sont vaillants à la guerre. Quand ils sont sur le point d’entrer dans la bataille, ils ont pour cri de guerre : « Clémence de Gildas ! », et leur troupe sans crainte affronte le combat. d. Rhuys jouit sûrement de sa protection, sa foi reste intrépide aussi dans les combats. Pour cela, et aussi pour d’autres avantages, gloire soit aux bienfaits de la grâce divine.
1 Moine originaire de Grande-Bretagne ayant vécu au vie siècle, connu surtout comme l’auteur du De excidio et conquestu Britanniæ, fêté le 29 janvier. Il est, ou est tenu pour, le fondateur de l’abbaye éponyme de Rhuys, dont Abélard fut l’abbé (en fait quelques années, en droit jusqu’à sa mort). Ce que rapporte la strophe 4 n’est pas connu par ailleurs.
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a p p e n d i x : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s
SANCTI BENEDICTI Hymnus unicus 1.
Victimam nostræ, tibi, Christe, laudis Sanctitas ejus faciat placentem Cujus hanc lucem facit esse lucis Lucida vita.
2.
Ipse pro nobis tibi supplicando Impetret nobis veniam reatus, Cujus ad laudem modulamur hymnum Carminis hujus.
3.
Victor antiqui memorandus hostis, Nos sui fecit memores merendo ; Per preces ejus, memor esto nostri, Christe benigne.
4.
Voce præsaga benedictus ante, Postmodum nomen cumulavit ex te ; Gratiam tandem meritumque jungunt Gaudia palmæ.
5.
Qualis in vita fuerit vir iste, Quantus in signis, quibus et per illum Terra doctrinis repleatur omnis, Novimus omnes.
6.
Terra, delictis maledicta nostris Proferens spinas tribulosque nobis, Uberes fructus benedicta reddit Per Benedictum ;
7.
Ad quod et quemdam quasi spiritalem Sarculum mira fabricavit arte : Regulam vitæ speculumque veræ Philosophiæ.
d.
Gloriam summo super his Parenti, Gloriam Verbo super his paterno, Gloriam, Sanctum, tibi, Pneuma, cuncti Dent super istis. Amen.
ap p e n d i c e : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s
SAINT BENOÎT Hymne unique 1.
Ô Christ, que l’offrande de notre louange, Sa sainteté te la rende agréable, à lui Dont la vie éblouissante est la lumière De ce jour de fête.
2.
Que lui-même, en te suppliant pour nous tous Nous obtienne le pardon de nos péchés, Lui en louange de qui nous modulons L’hymne de ce chant.
3.
Superbe vainqueur de l’antique ennemi, Ses mérites nous font souvenir de lui ; Toi, par ses prières, souviens-toi de nous, Ô Christ de bonté.
4.
Déjà ‘béni’ par son nom prémonitoire, Il le fut ensuite encore plus, par toi. Son heureuse victoire associe enfin Sa grâce et son mérite.
5.
Nous savons tous ce qu’il fut de son vivant, Comme il fut grand en ses miracles, par quoi Et à travers lui, le monde entier absorbe Son enseignement.
6.
La terre, maudite à cause de nos fautes, Qui produisait pour nous piquants et épines, Rend des fruits abondants, désormais bénie Du fait de Benoît.
7.
Pour cela il fabriqua adroitement Une sorte de sarcloir spirituel : Sa Règle de vie, qui est le vrai miroir De philosophie.
d.
Gloire pour cela au Père, le Très Haut, Gloire pour cela au Verbe paternel, Que tous te donnent, Saint Esprit, pour cela Gloire perpétuelle.
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a p p e n d i x : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s
SANCTI AIGULPHI Hymnus unicus 1. Aygulphi martyris sunt natalicia ; Stella cum oritur in cælo rutila, De terris evolat sidus ad sidera, Soli perpetuo sedens in dextera. 2. Dextram martyribus dignum est cedere, Quam ipsi proprio merentur sanguine : Et in palatio terrenæ curiæ Hi regi primi sunt quos ornant purpuræ. 3. Triumphat duplici victor martyrio : Vita monastica primum, post gladio ; Christi vestigia secutus plurimum, Passus a filiis consummat præmium. 4. Sed quod delinquitur a falsis monachis Devoti redimunt ejusdem ordinis ; Pruvigni super hoc testis est oppidum, Beati corporis talento præditum.
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SANCTI DIONYSII Hymnus I 1.
Ave, præsul, laus præsulum, Ave, martyr, laus martyrum, Philosophorum maxime, Galliarum apostole.
2.
Per te Gallorum populum Insolentem, indomitum Virtus superna domuit, Hisque jugum imposuit.
3.
Tu vero tunc miraculis Hos convertens ab idolis, Abstulisti diabolo Quos mancipasti Domino.
ap p e n d i c e : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s
SAINT AYOUL1 Hymne unique
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1. Voici le jour venu de la fête d’Aigulf. Lorsqu’au ciel une étoile éclatante se lève, c’est que s’envole un astre de terre jusqu’aux astres, pour s’asseoir à la droite du Soleil éternel. 2. C’est juste que la droite soit la part des martyrs : ils l’ont bien méritée en répandant leur sang. Même dans les palais des cours de cette terre, les plus proches du roi sont ceux qu’orne la pourpre. 3. Il triomphe vainqueur en un double martyre : par la vie monastique, ensuite par le glaive. Ayant suivi de près les pas du seigneur Christ, abattu par ses fils, il a double mérite. 4. Mais le forfait commis par des moines pervers est racheté par d’autres, bons moines du même ordre. De ces faits est témoin la ville de Provins, gardant comme un trésor le corps du bienheureux. SAINT DENIS2 Hymne premier
1.
Salut, évêque, fleur des évêques, salut, martyr, fleur des martyrs, le plus grand de nos philosophes, toi qui es l’apôtre des Gaules.
2.
Par toi la puissance d’en haut a dompté le peuple des Gaules, jusque là sauvage, indompté, et lui a imposé son joug.
3.
C’est toi alors, par tes miracles, qui les détournant des idoles, les as arrachés au démon et les as soumis au Seigneur.
1 Ayoul (Aigulf, Aigulphe) est un abbé de Lérins du viie siècle. Assassiné par certains de ses moines, d’autres se chargèrent de transférer ses reliques d’abord à Fleury, puis à Provins. Abélard fut l’hôte du prieuré de Provins quelque temps au début des années 1120. 2 Premier évêque de Paris, parfois confondu avec Denys l’Aréopagite. Le statut de l’abbaye éponyme, abbaye et sépulture royale, fait de lui le principal patron de la monarchie française au moyen âge central. Abélard fut moine à Saint-Denis quelques années, dès le moment de sa castration jusqu’à ce que divers événements (dont sa mise en doute de l’identité de Denis de Paris à Denys l’Aréopagite) l’en chassent.
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4.
Ora, pater, pro omnibus, Dionysi, fidelibus, Sed pro regno præcipue Quod acquisisti sanguine.
d.
Laus Patri sit ingenito, Laus ejus Unigenito, Paraclito par gloria Super tam grata victima. Amen.
SANCTI DIONYSII Hymnus II 1.
O vere Christi militem, Deo dignum antistitem, Cujus dum agis prœlia Factus es ejus hostia !
2.
Ipsi te sacrificium Obtulisti gratissimum, Qui se pro cunctis unicam Obtulit Patri victimam.
3.
Nec tanti sacrificii Missæ desunt discipuli, Cum quibus sacras hostias Tractare consueveras.
4.
Jus amittit mortalitas Dum caput tuum bajolas, Caput recisum gladio, Ut offeras hoc Domino.
d.
Laus Patri sit ingenito, Laus ejus Unigenito, Paraclito par gloria Super tam grata victima. Amen.
ap p e n d i c e : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s
4.
Père vénérable, Denys, prie donc pour tous les fidèles, mais surtout pour notre royaume que tu achetas de ton sang.
d.
Louange au Père non créé, louange à son unique Fils, et gloire égale au Paraclet pour une si digne victime.
SAINT DENIS Hymne II 1.
Véritable soldat du Christ, digne lieutenant du Seigneur, tandis que tu mènes ses guerres, tu es devenu sa victime.
2.
Tu t’es offert au sacrifice très volontiers, pour celui qui s’est offert de lui-même au Père pour tous, en unique victime.
3.
Au rituel de ce sacrifice tes disciples ne manquent pas, avec qui tu avais coutume de consacrer la sainte hostie.
4.
La mort perd à coup sûr son droit tandis que tu portes ta tête, ta tête tranchée par le glaive, pour l’offrir à Notre Seigneur.
d.
Louange au Père non créé, louange à son unique Fils, et gloire égale au Paraclet pour une si digne victime.
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SANCTI EUSTACHII Hymnus unicus 1. Exaltent curiæ cælestis milites Ipsis qui cupiunt adjungi comites, Quorum collegio martyr egregius Adjunctus hodie fulget Eustachius. 2. Magister militum in terris præerat, Nunc gemma martyrum in cælis emicat ; Alter Cornelius piis operibus, Gentilis meruit addi fidelibus. 3. Venantem Dominus illum venatus est, Credens in Dominum mox baptizatus est ; Conjunx cum conjuge duoque liberi Sacri participes facti sunt lavacri. 4. Percepta lavacri confestim gratia, Summos examinat summa miseria : Ut aurum offerant Deo se purius, Quod mortem prævenit fit morte gravius. 5. Cujus cor saxeum horum temptatio, Quod pectus ferreum non mollit passio ? Quem non continuo movet ad lacrimas Tam miserabilis horum calamitas ? 6. Sed quem ad lacrimas compellet pietas Æternæ relevet palmæ felicitas, Et inter lacrimas, inter suspiria Ad quæ sic ventum est occurrent gaudia. 7. Temptavit Sathanas Job multo levius Quam Christi martyrem, si scriptis credimus ; Cum rebus liberos Job quidem perdidit, Sed ad solacium uxorem habuit. 8. Job inter cognitos et caros perstitit, Quibus miseriam levare potuit ; Hic rebus omnibus privatus exulat, Et trahens conjugem parvulos bajolat.
ap p e n d i c e : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s
SAINT EUSTACHE1 Hymne unique 1. Que les nobles guerriers de la curie céleste se réjouissent de ceux qui veulent les rejoindre ; aujourd’hui c’est Eustache, martyr très remarquable qui brille de l’honneur de se joindre à leur troupe. 2. Il était, sur la terre, maître de la milice, maintenant brille aux cieux ce joyau des martyrs. Ses actes charitables l’égalent à Corneille2, païen, il mérita de se joindre aux fidèles. 3. Car tandis qu’il chassait, le Seigneur l’a chassé. Croyant dans le Seigneur, il fut tôt baptisé. Son épouse avec lui, aussi leurs deux enfants, eurent part aux bienfaits de ce saint sacrement. 4. Aussitôt ressentie la grâce du baptême, la plus grande misère éprouve leur grandeur. Et pour s’offrir à Dieu comme l’or le plus pur, les maux d’avant leur mort sont pires que la mort. 5. Leurs épreuves pourraient toucher un cœur de pierre, leur supplice pourrait fendre une âme de fer. Qui pourrait s’empêcher de pleurer sans relâche devant l’adversité qui les a accablés ? 6. Mais ceux que la pitié forcera à pleurer, le bonheur éternel les réconfortera, et parmi les soupirs, et parmi les sanglots, ils songeront aux joies qui vont en dériver. 7. Satan a éprouvé Job bien moins gravement que ce martyr du Christ, à croire l’Écriture. Certes Job a perdu ses biens et ses enfants, Mais pour le soutenir il lui restait sa femme. 8. Job est resté parmi ses proches et ses parents, qui pouvaient soulager sa présente misère ; privé de tous ses biens, Eustache est exilé, il traîne son épouse et porte ses enfants.
1 Saint légendaire, dont l’hymne retrace assez précisément la vie. Il était particulièrement vénéré à SaintDenis, ce qui rend probable que cet hymne soit contemporain des deux précédents. 2 Centurion converti par saint Pierre (Ac 10).
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9. Pro naulo conjugem nauta retinuit ; Arreptis parvulis vir mærens abiit. Doloris cumulo quod solum deerat Raptis et parvulis temptator aggregat. 10. Nam ei paulo post Leoque alterum : Rebus et conjuge Magister militum
hunc lupus abstulit præsens id prospicit ; natisque perditis, servit rusticolis.
11. Job sua Dominus duplo restituit Et dies amplius jocundos præbuit ; Sunt huic redditi conjunx et filii Palmæ martyrii ne desint socii. 12. O vere Domino grata societas, O ineffabilis divina pietas ! Cum viro conjugem simul ac liberos Fidelis passio misit ad superos. d. Laus jugis Domino perpesque gloria, Cujus sunt martyres invicti gratia, Ad quem dum cupiunt per mortem (tendere), Post mortem inchoant perhenne vivere. Amen
ap p e n d i c e : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s
9. Le marinier retient sa femme pour la course, emmenant ses enfants il s’en va désolé. Pour comble de douleur, lui prenant ses petits, le Tentateur ajoute le pire encor manquant. 10. Peu après l’un des deux est saisi par un loup, l’autre par un lion ; il le voit de ses yeux. Ayant perdu ses biens, sa femme et ses enfants, le maître des milices est serviteur de ferme. 11. Le Seigneur a rendu à Job ses biens au double, et lui a procuré beaucoup de jours heureux. Son épouse et ses fils sont rendus à Eustache pour qu’il n’ait pas tout seul la palme du martyre. 12. Ô compagnie vraiment agréable au Seigneur, ô divine bonté, ineffablement douce ! Leur supplice fidèle a envoyé aux cieux avec l’époux, l’épouse et aussi les enfants. d. Au Seigneur la louange et gloire perpétuelle, lui dont la grâce rend les martyrs invincibles, quand ils cherchent à mourir pour s’approcher de lui, après leur mort ils vont vivre éternellement.
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I. Concordances
La première concordance est la plus complète. Les deux suivantes, respectivement selon les numéros de Dreves/Szövérffy et de Waddell, ne concernent pas le livre premier, dont la numérotation est invariable. Incipit
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Universorum Conditor Deus qui tuos erudis In ortum mundi sensilis In coæterno Dominus Ad laudes die tertia Ornarunt terram germina Ornatis luce partibus Laus instat sextæ feriæ Perfectis Deus omnibus
Dom. 1. noct. Dom. 2. noct. Dom. 3. noct. Fer. II. noct. Fer. III. noct. Fer. IV. noct. Fer. V. noct. Fer. VI. noct. Sabb. noct.
1 2 3 4 5 6 7 8 9
1 2 3 4 5 6 7 8 9
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Advenit veritas Auroram lucifer In altum orbita Plena meridie Deus qui corpora creas et animas Septem quas solvimus Octavæ titulos Ubique tuis nos
Dom. laud. Dom. prim. Dom. tert. Dom. sext. Dom. prand. Dom. non. Dom. vesp. Dom. compl.
10 11 12 13 14 15 16 17
10 11 12 13 14 15 16 17
10 11 12 13 14 15 16 17
Ætates temporum Secunda desinit
Fer. II laud. Fer. II vesp.
18 19
18 19
18 19
Ætas perducitur Post fidem atque spem
Fer. III. laud. Fer. III. vesp.
20 21
20 21
20 21
Quarta lux decorat Ætatis sæculi
Fer. IV. laud. Fer. IV. vesp.
22 23
22 23
22 23
Quod ætas sæculi Ex aquis hodie
Fer. V. laud. Fer. V. vesp.
24 25
24 25
24 25
Liber I – Hymni per hebdomadam
258
A n n e xe s
Incipit
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Sexta tam hominum Rei cujuslibet
Fer. VI. laud. Fer. VI. vesp.
26 27
26 27
26 27
Finem ac requiem O quanta qualia
Sabb. laud. Sabb. vesp.
28 29
28 29
28 29
Verbo Verbum Virgo concipiens Dei Patris et Matris Unicus Quam beatum stratum hoc straminis Gaude Virgo virginum gloria
Nat. I. Nat. II. Nat. III. Nat. IV
30 31 32 33
30 31 32 33
30 31 32 33
Nasciturum sive natum Angelorum stupent cantum Consecrandas intrat aquas Qui baptismo nobis suo
Epiph. I. Epiph. II. Epiph. III. Epiph. IV.
34 35 36 37
34 35 36 37
34 35 36 37
Adorna Syon thalamum Parentes Christum deferunt Qui paupertatem admonet Omnis sexus et quælibet
Purif. I. Purif. II. Purif. III. Purif. IV.
38 39 40 41
38 39 40 41
38 39 40 41
Christiani plaudite Da Mariæ tympanum Golias prostratus est Veris grato tempore
Pasch. I. Pasch. II. Pasch. III. Pasch. IV.
42 43 44 45
58 59 60 61
42 43 44 45
Salve cælestis vexillum regis [Tau beatum quo pænitentum] [Tu lignum vitæ in qua Rex ipse]
Crux invit. Crux invit. Crux invit.
66/66a 66b 66c
50a 50b 50c
Perdu Felici nautæ hac quasi nave Serpens erectus serpentum morsus Lignum amaras indulcat aquas
Crux I. Crux II. Crux III. Crux IV.
46 [46.3-4] [46.546bis] ø 46bis 47 48
ø [66.10] 67 68
ø [56.10] 51 52
In montibus hic saliens Quibusdam quasi saltibus In terris adhuc positam Cum in altum ascenderet
Asc. I. Asc. II. Asc. III. Asc. IV.
49 50 51 52
62 63 64 65
46 47 48 49
Liber II – Hymni de tempore
co nco rdance s
2 59
Incipit
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Adventu Sancti Spiritalis Remissionis numerum Tradente legem Domino Apostolorum pectora
Pent. I. Pent. II. Pent. III. Pent. IV.
53 54 55 56
69 70 71 72
53 54 55 56
Sacra Jherosolymis facta sunt encænia Spiritalis signum est templum Ad altare pontifex sacrandum Ecce domus Domini en fidelis populus
Dedic. I. Dedic. II. Dedic. III. Dedic. IV.
57 58 59 60
73 74 75 76
57 58 59 60
Deus Dei Verbum Patri coæternum [Mater pietatis adsis pia nobis] Mater Salvatoris vide quid dicaris Singularis Mater quia Virgo semper Ave maris stella Dei Mater alma
B.M.V. I. B.M.V. I. B.M.V. II. B.M.V. III. B.M.V. IV.
61 [61.6-8] 62 63 63bis
77-78 78 79 80 ø
61 [61.6-8] 62 63 ø
Sanctorum sollemnitas omnium Porta cæli siderum janua Communis celebritas omnium Eversis altariis dæmonum
Omnes SS. I. Omnes SS. II. Omnes SS. III. Omnes SS. IV.
64 65 66 67
130 131 132 133
102 103 104 105
Angelorum hominumque factor Mulieris decem drachmas Quam felices supernorum Quis ut Deus tam virtute protestans
Michael I. Michael II. Michael III. Michael IV.
68 69 70 71
81 82 83 84
98 99 100 101
Johannis nativitas præcursoris Domini Hujus ortum nuntians Senex hunc et sterilis Ad parandam Domino
Nat. Joh. Bapt. I. Nat. Joh. Bapt. II. Nat. Joh. Bapt. III. Nat. Joh. Bapt. IV.
72 73 74 75
114 115 116 117
122 123 124 125
Apostolici culmen ordinis Apostolicis recte laudibus Regum solia philosophici Stulta sæculi mundi infima Per piscatoris modo limina [Piscatoria] modo limina Princeps apicis apostolici Tuba Domini Paule maxima Cælo celsius volans aquila
Apost. I. Apost. II. Apost. III. Apost. IV. Petr. Paul. Petr. Paul. Petrus Paulus Johannes Ev.
76 77 78 79 80 80 81 82 83
85 86 87 88 89 89 90 91 92
64 65 66 67 68 68 69 70 71
Liber III – Hymni de sanctis
26 0
A n n e xe s
Incipit
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Quadrigæ Christi vehiculum Torcular crux est dominica Quattuor hæc animalia Eunt cum illis euntibus
Evang. I. Evang. II. Evang. III. Evang. IV.
84 85 86 87
93 94 95 96
72 73 74 75
Ad cælestis ortum regis Rex tyrannos universos Ad lactantum sinus matrum Est in Rama vox audita
Innoc. I. Innoc. II. Innoc. III. Innoc. IV.
88 89 90 91
101 102 103 104
76 77 78 79
Scutum Deus omnium Exquiruntur omnia Pugnant mundi principes Turris his davidica
Mart. I. Mart. II. Mart. III. Mart. IV.
92 93 94 95
97 98 99 100
80 81 82 83
Justorum memoriam dignam laudibus Tu quæ carnem edomet abstinentiam Præsens vita fuit his sexta feria Justorum exequiæ laudes exigunt
Conf. I. Conf. II. Conf. III. Conf. IV.
96 97 98 99
110 111 112 113
84 85 86 87
Ab utroque sexu plagam traximus Post honorem singularem Virginis Si cum viris feminas contendere Ut ad nostra veniamus tempora Sponsa Christi tam virgo quam martyr Cum in sanctis Deus sit mirabilis Quantum Sponso fidelis hæc fuerit Ut aurora consurgens progreditur Peccatricis beatæ sollemnitas Pænitentum severa correptio
Mulier. I. Mulier. II. Mulier. III. Mulier. IV. Virg. mart. I. Virg. mart. II. Virg. mart. III. Virg. mart. IV. Magd. I. Magd. II.
100 101 102 103 104 105 106 107 108 109
124 125 126 127 120 121 122 123 128 129
88 89 90 91 92 93 94 95 96 97
Liber IV – Hymni infra triduum paschale (de tempore) Hæc nox carissimi nox illa flebilis [Mercator omnium Juda stultissime] [Solus ad victimam procedis Domine]
Cena Dñi Cena Dñi Cena Dñi
110 [110.4-6] [110.7-9]
42-44 43 44
106 [106.4-6] [106.7-9]
Noster et omnium Salvator Domine Damnandus Domine Pilato sisteris Jam hora tertia diei venerat Sexta qua Dominus crucem ascenderat Nona qua vera lux pœnam finierit Facto jam vespere cruce depositum Pias vigilias agendo feminæ
Pass. Dñi laud. Pass. Dñi prim. Pass. Dñi tert. Pass. Dñi sext. Pass. Dñi non. Pass. Dñi vesp. Pass. Dñi compl.
111 112 113 114 115 116 117
45 46 47 48 49 50 51
107 108 109 110 111 112 113
co nco rdance s
261
Incipit
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Sexta jam homine creato feria Dormit hoc triduo leonis catulus Leonis catulum Judam quis suscitet Ascensus catuli quo prædam eruit Adhuc ut dormiens pausat leunculus Non naturalis est sed adventitius
Sabb. s. noct. Sabb. s. laud. Sabb. s. prim. Sabb. s. tert. Sabb. s. sext. Sabb. s. non.
118 119 120 121 122 123
52 53 54 55 56 57
114 115 116 117 118 119
Gildas Benedictus Aigulphus Dionysius I. Dionysius II. Eustachius Eustachius
124 125 126 127 128 129 [129.7-12]
119 118 107 105 106 108-109 109
120 121 126 127 128 129 [129.7-12]
Appendix – Hymni de diversis sanctis Lucerna posita super candelabrum Victimam nostræ tibi Christe laudis Aygulphi martyris sunt natalicia Ave præsul laus præsulum O vere Christi militem Exaltent curiæ cælestis milites [Temptavit Sathanas]
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Nat. I. Nat. II. Nat. III. Nat. IV Epiph. I. Epiph. II. Epiph. III. Epiph. IV. Purif. I. Purif. II. Purif. III. Purif. IV. Cena Dñi Cena Dñi Cena Dñi Pass. Dñi laud. Pass. Dñi prim. Pass. Dñi tert. Pass. Dñi sext. Pass. Dñi non. Pass. Dñi vesp. Pass. Dñi compl. Sabb. s. noct. Sabb. s. laud.
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 110.1-3 110.4-6 110.7-9 111 112 113 114 115 116 117 118 119
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 106.1-3 106.4-6 106.7-9 107 108 109 110 111 112 113 114 115
262
A n n e xe s
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Sabb. s. prim. Sabb. s. tert. Sabb. s. sext. Sabb. s. non. Pasch. I. Pasch. II. Pasch. III. Pasch. IV. Asc. I. Asc. II. Asc. III. Asc. IV. Crux invit. Crux invit. Crux invit. Crux III. Crux IV. Pent. I. Pent. II. Pent. III. Pent. IV. Dedic. I. Dedic. II. Dedic. III. Dedic. IV. B.M.V. I. B.M.V. I. B.M.V. II. B.M.V. III. Michael I. Michael II. Michael III. Michael IV. Apost. I. Apost. II. Apost. III. Apost. IV. Petr. Paul. Petr. Paul. Petrus Paulus Johannes Ev.
120 121 122 123 42 43 44 45 49 50 51 52 46-46bis 46.3-4 46.5-46bis 47 48 53 54 55 56 57 58 59 60 61.1-5 61.6-8 62 63 68 69 70 71 76 77 78 79 80 80 81 82 83
54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66/66a 66b 66c 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 89 90 91 92
116 117 118 119 42 43 44 45 46 47 48 49 50a 50b 50c 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61.1-5 61.6-8 62 63 98 99 100 101 64 65 66 67 68 68 69 70 71
co nco rdance s
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Evang. I. Evang. II. Evang. III. Evang. IV. Mart. I. Mart. II. Mart. III. Mart. IV. Innoc. I. Innoc. II. Innoc. III. Innoc. IV. Dionysius I. Dionysius II. Aigulphus Eustachius Eustachius Conf. I. Conf. II. Conf. III. Conf. IV. Nat. Joh. Bapt. I. Nat. Joh. Bapt. II. Nat. Joh. Bapt. III. Nat. Joh. Bapt. IV. Benedictus Gildas Virg. mart. I. Virg. mart. II. Virg. mart. III. Virg. mart. IV. Mulier. I. Mulier. II. Mulier. III. Mulier. IV. Magd. I. Magd. II. Omnes SS. I. Omnes SS. II. Omnes SS. III. Omnes SS. IV.
84 85 86 87 92 93 94 95 88 89 90 91 127 128 126 129.1-6 129.7-12 96 97 98 99 72 73 74 75 125 124 104 105 106 107 100 101 102 103 108 109 64 65 66 67
93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133
72 73 74 75 80 81 82 83 76 77 78 79 127 128 126 129.1-6 129.7-12 84 85 86 87 122 123 124 125 121 120 92 93 94 95 88 89 90 91 96 97 102 103 104 105
263
264
A n n e xe s
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Nat. I. Nat. II. Nat. III. Nat. IV Epiph. I. Epiph. II. Epiph. III. Epiph. IV. Purif. I. Purif. II. Purif. III. Purif. IV. Pasch. I. Pasch. II. Pasch. III. Pasch. IV. Asc. I. Asc. II. Asc. III. Asc. IV. Crux invit. Crux invit. Crux invit. Crux III. Crux IV. Pent. I. Pent. II. Pent. III. Pent. IV. Dedic. I. Dedic. II. Dedic. III. Dedic. IV. B.M.V. I. B.M.V. II. B.M.V. III. Apost. I. Apost. II. Apost. III. Apost. IV. Petr. Paul. Petr. Paul.
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 49 50 51 52 46-46bis 46.3-4 46.5-46bis 47 48 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 76 77 78 79 80 80
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 58 59 60 61 62 63 64 65 66/66a 66b 66c 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77-78 79 80 85 86 87 88 89 89
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50a 50b 50c 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 68
co nco rdance s
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Petrus Paulus Johannes Ev. Evang. I. Evang. II. Evang. III. Evang. IV. Innoc. I. Innoc. II. Innoc. III. Innoc. IV. Mart. I. Mart. II. Mart. III. Mart. IV. Conf. I. Conf. II. Conf. III. Conf. IV. Mulier. I. Mulier. II. Mulier. III. Mulier. IV. Virg. mart. I. Virg. mart. II. Virg. mart. III. Virg. mart. IV. Magd. I. Magd. II. Michael I. Michael II. Michael III. Michael IV. Omnes SS. I. Omnes SS. II. Omnes SS. III. Omnes SS. IV. Cena Dñi Pass. Dñi laud. Pass. Dñi prim. Pass. Dñi tert. Pass. Dñi sext.
81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 68 69 70 71 64 65 66 67 110 111 112 113 114
90 91 92 93 94 95 96 101 102 103 104 97 98 99 100 110 111 112 113 124 125 126 127 120 121 122 123 128 129 81 82 83 84 130 131 132 133 42-44 45 46 47 48
69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110
265
26 6
A n n e xe s
Occurrence
Dolveck
Dr./Sz.
Waddell
Pass. Dñi non. Pass. Dñi vesp. Pass. Dñi compl. Sabb. s. noct. Sabb. s. laud. Sabb. s. prim. Sabb. s. tert. Sabb. s. sext. Sabb. s. non. Gildas Benedictus Nat. Joh. Bapt. I. Nat. Joh. Bapt. II. Nat. Joh. Bapt. III. Nat. Joh. Bapt. IV. Aigulphus Dionysius I. Dionysius II. Eustachius
115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 72 73 74 75 126 127 128 129
49 50 51 52 53 54 55 56 57 119 118 114 115 116 117 107 105 106 108-109
111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129
II. Collation des éditions
Ont été collationnées les trois éditions courantes de l’Hymnaire : la première édition de Dreves, celle de Szövérffy, celle de Waddell. Le texte réédité par Dreves dans les Analecta hymnica n’a pas été collationné : c’est substantiellement celui de la première édition, avec quelques corrections (et quelques coquilles) en plus. Cette liste exclut les erreurs vraiment triviales, attribuables aux typographes et susceptibles d’être corrigées même par un lecteur non averti ; mais elle inclut celles qui ont pu persister (principalement, les leçons erronées de Dreves reprises par Szövérffy). Elle ne signale pas non plus les variantes dans le découpage des hymnes (et les modifications que cela implique, notamment l’ajout de doxologies). Les variantes des doxologies ne sont normalement signalées qu’à la première occurrence. La collation de l’éd. Waddell prend en compte les corrections manuscrites sur l’exemplaire numérisé sur le site de l’université de Western Michigan. La mention a.c. (ante correctionem) signale les leçons corrigées soit dans l’erratum de l’éd. Dreves, soit dans les notes de l’éd. Waddell. LIBER PRIMUS Præfatio
tillim] tehillim Dreves Szövérffy cum autem] dum autem Dreves Szövérffy psalterii] om. Dreves Szövérffy id est] et Dreves Szövérffy diversitates] diversitatem Waddell habere auctores] auctores habere Dreves Szövérffy atque ambrosius] et a. Dreves Szövérffy assertione] insertione Dreves Szövérffy commoda] eo modo Dreves Szövérffy septies in die] s. in dii die sic Dreves meditabor in te] m. de te Dreves Szövérffy dicitur] dicit Dreves Szövérffy Waddell si qua sunt] si qui sunt Dreves Szövérffy continue] continuo Dreves Szövérffy alienos pensantes] aliena proferentes Waddell vereamur] veremur Dreves Szövérffy reverentia sanctitatis] reverentiæ sanctitas Dreves Szövérffy itaque michi] michi om. Waddell
26 8
A n n e xe s
Hymni ad matutinum per hebdomadam Dominica ad I. nocturnum (1) 1.4 glorificant] glorificent Waddell Dominica ad II. nocturnum (2) 2.2 fiet] fiat Dreves Szövérffy 2.3 de tuis] te suis Dreves 5.4 det] des Dreves Waddell Dominica ad III. nocturnum (3) 4.1 aquas] aquae Dreves Szövérffy 5.1 quæque] quoque Dreves Szövérffy Waddell Feria secunda (4) 2.2 interciditur] interceditur Dreves Szövérffy 3.2 reservet] reservat Dreves Szövérffy Feria tertia (5) 3.4 usus] ordo Dreves Szövérffy Feria quarta (6) 3.1 quæque] quoque Dreves Szövérffy Waddell 5.2 gramineis] germineis Dreves Szövérffy Feria sexta (8) 3.3 hunc] hæc Dreves 4.4 divini] divina Dreves Szövérffy 5.2 resplendet] resplendes Dreves Szövérffy 7.2 potestatem] protestate Dreves : potestate Waddell Sabbato (9) 1.2 et inspectis] inspectis et Waddell 2.3 perfecto] perfecta Dreves 2.4 attestetur] attestatur Waddell 4.4 diei] die Waddell
2.1 2.3 2.2 2.3 3.2 3.4 3.4 3.3 5.2 6.3
Hymni diurni per hebdomadam Dominica ad laudes (10) moysi] moysis Dreves Dominica ad primam (11) tanta præsentiæ] tantæ præstantiæ Waddell Dominica ad tertiam (12) nos cum] cum nos Dreves Szövérffy contulit] attulit Dreves Szövérffy Waddell hic largitus] hoc largitum Dreves Szövérffy testam] testem Waddell Dominica ad sextam (13) curiæ] cernere Dreves Szövérffy Dominica post prandium (14) nobis] illis Dreves Szövérffy qua] ut Dreves Szövérffy sit quæ non] sicque nos Dreves Szövérffy
co ll at i o n d e s é d i t i o ns
7.1 quis… quærat] quid… quæris Dreves Szövérffy 7.2 cum nudus utero (utique Szövérffy) tandem hinc exeas Dreves Szövérffy 8.2 quaerit] quaerat Dreves Szövérffy 8.3 saginans] saginat Dreves Szövérffy 8.4 parat] quærat Dreves Szövérffy 10.1 terrena] terreni Dreves 10.3 hic] hi Dreves Szövérffy 11.3 repentes] reptantes Dreves Szövérffy Waddell 11.4 attollere] astollere Dreves 12.2 fecit] facit Dreves Szövérffy 12.3 cereris] veneris Dreves Szövérffy 12.4 ventris sunt] sunt ventris Waddell a.c. 13.4 passerem] pauperem Dreves Szövérffy 14.3 quod] ut Dreves Szövérffy Dominica ad vesperas (16) 2.2 luce] die Dreves Szövérffy 3.4 fons] sors Waddell (forte recte) 4.4 arrham] aram Dreves Szövérffy 5.1 addito] additæ Waddell 7.1 in his] jhesus Dreves Szövérffy 8.3 consecrant] consecrent Dreves Szövérffy Waddell Dominica ad completorium (17) 2.2 ecclesias] vigilias Dreves Szövérffy Feria secunda ad laudes (18) 2.1 primæ] primus Dreves Szövérffy 2.1 fit] sit Waddell 5.4 quod] vel Dreves : quem Szövérffy Feria tertia ad laudes (20) 2.2 data lex] lex data Dreves Szövérffy 2.2 inhibet] inhibit Szövérffy 3.4 nascuntur] nascantur Waddell 3.4 herbis] terris Dreves Szövérffy Feria tertia ad vesperas (21) 1.4 edita] condita Dreves Szövérffy Feria quarta ad vesperas (23) 1.3 fit] sit Waddell 1.4 israhelitica] israhelitici Dreves Szövérffy 2.2 etiam] ‹…› et Dreves : domat et Szövérffy : et ‹…› Waddell 3.2 hac] hoc Drevesac Szövérffy Feria quinta ad laudes (24) 3.4 restauret] restaurat Dreves Szövérffy Feria quinta ad vesperas (25) 2.3 primum] primus Dreves Szövérffy 3.2 pandat] pandit Dreves Szövérffy
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Feria sexta ad laudes (26) 2.2 est] et Dreves Szövérffy Waddell 4 est initium sequentis hymni apud Dreves Szövérffy Feria sexta ad vesperas (27) 2.4 ejusque] eique Waddell Sabbato ad laudes (28) 1.3 pertingitur] perstringitur Waddellac Sabbato ad vesperas (29) 2.1 illic est] est illa Dreves Szövérffy LIBER II Praefatio tripartitum] est add. Dreves Szövérffy implemini spiritu] sancto add. Dreves Szövérffy vosmetipsos] in add. Dreves Szövérffy egent] agent Drevesac sive canticorum] vel c. Dreves Szövérffy suis inscriptum] sanctorum i. Dreves Szövérffy aut horarum] et horarum Dreves Szövérffy et hos nunc] nunc om. Waddell laudis cantica] l. cantico Waddell subtilius] subtilium Dreves Szövérffy Waddell veterum] om. Dreves Szövérffy suavi] suavis Waddell metro vel rythmo] r. vel m. Dreves Szövérffy qui nocturni sunt] qui nocturna sunt Waddell
1.2 5.3 1.1 3.1
1.4 2.4 1.3 2.1 5.5 1.6 2.3 3.1
In Nativitate Domini Hymnus 1 (30) te] se Dreves Szövérffy cohors] chorus Dreves Szövérffy Hymnus 3 (32) straminis] staminis Waddell natis] satis Dreves Szövérffy In Epiphania Domini Hymnus 2 (35) magos] magnos Dreves sed] sic Dreves Szövérffy Hymnus 3 (36) baptizatur] baptizatus Dreves Szövérffy baptizato] baptizatos Dreves Szövérffy quicquam] quemquam Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 4 (37) refecit] reficit Szövérffy Waddell (a.c.) trino facto] primo fastu Dreves Szövérffy nec] ne Dreves
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In Purificatione B.M.V. Hymnus 3 (40) 4.3 super] supra Dreves Szövérffy 6.4 aut] et Dreves Szövérffy, ac Waddell Hymnus 4 (41) 1.3 monet] movet Waddell 1.4 quae] qui Dreves Szövérffy
2.5 1.2 1.3 2.4
1.3 1.3 1.4 3.2 5.4 4.1 4.2
In festis S. Crucis Hymnus invitatorius (46) averni] arverni Dreves Szövérffy Hymnus 2 (46bis) hac] qua Dreves Szövérffy Waddell tuta] vita Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 4 (48) quæquæ] quæque Dreves Szövérffy Waddell In Ascensione Domini Hymnus 2 (50) a] e Dreves Szövérffy Hymnus 3 (51) sursum] rursum Dreves Szövérffy et hortatur] exhortatur Dreves Szövérffy quietem] quietam Waddell hic] has Waddell (a.c.) Hymnus 4 (52) rex] res Dreves quid] quod Dreves Waddell
Dominica Pentecostes Hymnus 1 (53) 1.5 habet] habes Dreves Szövérffy 2.5 et] tu (hic tantum) Dreves Szövérffy 2.7 et 4.7 tuo] suo Drevesac 3.1 das] da Dreves Szövérffy Hymnus 2 (54) Apostolorum precibus… ex hymn. I ut dox. add. Dreves Szövérffy Hymnus 3 (55) 1.2 mons] mens Dreves Szövérffy 1.5-4.5 deo] christo Dreves Szövérffy Apostolorum precibus… ex hymn. I ut dox. add. Dreves Szövérffy Hymnus 4 (56) 1.3 scientia] sententia Dreves Szövérffy 1.4 omnibus] omnia Waddell 2.4 diversarum collatio] diversarum collectio Dreves Szövérffy, divisarum collatio Waddell
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Apostolorum precibus… ex hymn. I ut dox. add. Dreves Szövérffy In Dedicatione ecclesiæ Hymnus 2 (58) 1.1 spiritalis] spiritale Waddell 6.1 basilicam] basiliscam Waddell 7.1 imprimit] exprimit Szövérffy 7.2 exprimit] imprimit Dreves Szövérffy Hymnus 3 (59) 1.2 vinum] humum Dreves Szövérffy Waddell 2.1 his] bis Dreves Szövérffy Waddell 6.2 mundum] mundus Waddell ℟.2 qui cordis] cordis qui Dreves Szövérffy Hymnus 4 (60) 4.1 hic] in Drevesac Szövérffy 4.2 fidelis] fideles Waddell 7.1 numquam] nusquam Dreves Szövérffy 8.1 disponantur] disponuntur Waddell 13.1 domo] dono Szövérffy ℟. om. Dreves Szövérffy Waddell LIBER III Præfatio
devotionem] devotionum Waddell nostram habeat] transp. Waddell satisfactionem] facultatem Dreves Szövérffy Waddell facultate] modo Dreves Szövérffy Waddell deest] deesse Waddell et cum duobus] et om. Dreves Szövérffy medium] medio Dreves Szövérffy in ejus quoque] quoque om. Waddell Commune Beatæ Mariæ Virginis Hymnus 1 (61) 2.1-2 quem bis] quam Dreves Szövérffy Hymnus 2 (62) 2.3 quot] quod Szövérffy Waddell Hymnus 3 (63) 4.2 nacta] nata Waddell Hymnus 1 (68) 2.2 quas] quos Drevespc 3.2 ad] at Drevesac Szövérffy Hymnus 2 (69)
Omnium Sanctorum
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3.2 munimine] juvamine Dreves Szövérffy Hymnus 4 (71) 2.3 vehemens] eminens Szövérffy 4.2 pro] quo Dreves S. Michaelis Hymnus 1 (64) 2.1 agant] agunt Waddell d.3 et ad nutum cuncta] ad adventum c. (sancta Dreves in I. hymno tantum) Dreves Szövérffy Hymnus 2 (65) d.2 regit] dedit Dreves Hymnus 3 (66) 3.2 dei] domni Waddell In Nativitate S. Johannis Baptistæ Hymnus 1 (72) 2.2 qua] quam Dreves Szövérffy d.2 compari] cum patre Dreves Szövérffy Waddell Commune apostolorum Hymnus 1 (76) 2.3 flos] laus Dreves Szövérffy Waddell 3.2 longe] longæ Dreves Szövérffy d.3 patri pariter] transp. Waddell (corr. in not.) SS. Petri et Pauli (80) 1.1 per piscatoris] piscatoria Dreves Szövérffy Waddell 1.1 limina] linia Dreves S. Petri (81) 3.1 portæ] prote Dreves Szövérffy Waddell 3.3 ducas] ducis Dreves Szövérffy Waddell 5 om. Dreves Szövérffy
S. Pauli (82)
S. Johannis ap. et ev. (83) 3.3 præbent] præbet Dreves Commune evangelistarum Hymnus 1 (84) 2.3 innumeræ] in munere Waddell Hymnus 3 (86) 2.1 conspicitur] concipitur Dreves Szövérffy 3.1 hæc] hæ Dreves
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Hymnus 4 (87) 1.4 in his] eis (iis Szövérffy) Dreves Szövérffy Waddell
1.5 2.6 3.1 1.4 2.1 1.2 3.5
SS. Innocentium Hymnus 1 (88) timet sibi] transp. Dreves Szövérffy magi] magni Dreves hinc] hic Szövérffy Hymnus 3 (90) lactentes] lactantes Dreves Szövérffy Waddell micantem] micantum Szövérffy Hymnus 4 (91) audita] adita Drevesac frusta] frustra Dreves (in textu, corr. in app.)
Commune martyrum Hymnus 1 (92) d.2 sed pauca vel parva] pauca vel parva sunt Dreves Szövérffy Hymnus 3 (94) 2.8 terræ] terra Dreves Szövérffy 2.10 christi] christo Dreves Szövérffy
1.3 1.8 2.3 1.2 1.3 1.6 2.2 1.3
1.3 3.3 4.1 2.1
Commune confessorum Hymnus 1 (96) celebrat] celebret Waddellac etc. quiqui] quique Dreves Szövérffy Waddell quisquis] quisque Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 2 (97) mentem] carnem Dreves Szövérffy Waddell bonum] donum Szövérffy Hymnus 3 (98) in] ab Dreves Szövérffy paratus] paratis Szövérffy Hymnus 4 (99) æternam] æterna Waddell Commune SS. mulierum Hymnus 1 (100) virgine] virgines Waddell Hymnus 2 (101) præstat] perstat Dreves Szövérffy Hymnus 3 (102) hic] his Waddell Hymnus 4 (103) caput] capit Dreves Szövérffy Waddell
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2.4 constat] constant Dreves Szövérffy Waddell 3.2 prior] prius Dreves Szövérff Commune unius virginis martyris Hymnus 1 (104) 1.3 geminat] germinat Dreves Szövérffy 2.4 sic] sit Szövérffy 2.6 sit] fit Dreves Szövérffy 3.1 integra tam] integratam Szövérffy 4.2 immolat] consecrat Dreves Szövérffy 4.6 etc. (sed non in communi ss. mulierum) facit] fecit Dreves Szövérffy Hymnus 2 (105) 1.3 hanc dat] dat et Dreves Szövérffy 3.2 extinctio] instinctio Dreves Szövérffy Hymnus 3 (106) 3.4 quæ] et Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 4 (107) 1.6 illic] illac Waddellac S. Mariæ Magdalenæ Hymnus 1 (108) 3.2 adest] lac. Waddell Hymnus 2 (109) 2.2 deum sensit] transp. Dreves Szövérffy 4.3 sit] fit Waddell 4.4 judicio] indicio Dreves Szövérffy LIBER IV : HYMNI INFRA TRIDUUM PASCHALE Feria V in Cena Domini Ad vesperas (110) 4.1 juda] judas Waddell 5.2 osculi] oculi Waddell 9.2 ad] sit Dreves Szövérffy
1.4 2.2 3.2 ℟.1 1.3 1.1 2.4
Feria VI in Parasceve Paschæ Ad laudes (111) tumentum] sumentum Dreves Szövérffy hic] tunc Waddell homo non] non homo Dreves Szövérffy, ‹…› non Waddell nos fac] fac nos Dreves Szövérffy Ad sextam (114) conspicere] aspicere Dreves Szövérffy Ad nonam (115) pœnam] pœna Dreves Szövérffy sepulti] sepulchri Dreves Szövérffy
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Ad vesperas (116) 1.4 quis] qui Dreves Szövérffy Waddell 2.2 cernitur] colitur dub. Dreves, molitur contra rhythmum Szövérffy, lac. Waddell Ad completorium (117) 1.4 tutissimæ] tutissime Dreves Szövérffy Sabbato sancto Ad nocturnum (118) 2.3 consummatum] consummata Waddell 4.2 tuam] tuum Waddell 4.4 recumbas] recubas Dreves Szövérffy Waddell Ad laudes (119) 4.1 et] est Dreves Szövérffy Ad primam (120) 2.3 eruere] erueret Dreves Szövérffy Ad sextam (122) 2.4 mortem] mortis Dreves Waddell Ad nonam (123) 1.3 fuerat] fuerit Dreves Szövérffy Appendix : Hymni de diversis sanctis 1.2 vitæque] vitaque Dreves d.1 ruia] lac. Waddell
S. Gildæ (124)
S. Benedicti (125) d.3 pneuma] neuma Dreves Szövérffy S. Aigulphi (126) 1.2 cælo] cæli Dreves Szövérffy 2.3 et] qui Dreves Szövérffy 4.3 pruvigni] privigni Dreves Szövérffy S. Dionysii et sociorum Hymnus 1 (127) 3.1 tunc] tu Dreves Szövérffy Hymnus 2 (128) 2.3 se pro] pro se Dreves Szövérffy Waddell S. Eustachii et sociorum (129) 6.1 quem] quod Drevesac Szövérffy Waddell 9.4 raptis] captis Dreves Szövérffy Waddell 11.3 filii] liberi Dreves Szövérffy 12.4 fidelis passio] fides et passio Dreves Szövérffy, fides ‹…› passio Waddell d.3 tendere] lac. Waddell
Table des incipits
Ab utroque sexu plagam traximus 208 Ad altare pontifex sacrandum 150 Ad cælestis ortum regis 188 Ad lactantum sinus matrum 190 Ad laudes die tertia 52 Ad parandam Domino 174 Adhuc ut dormiens pausat leunculus 242 Adorna Syon thalamum 110 Advenit veritas 62 Adventu Sancti Spiritus 138 Ætas perducitur 78 Ætates temporum 76 Ætatis sæculi 82 Angelorum hominumque factor 168 Angelorum stupent cantum 104 Apostolici culmen ordinis 176 Apostolicis recte laudibus 176 Apostolorum pectora 146 Ascensus catuli quo prædam eruit 240 Auroram lucifer 64 Ave maris stella Dei Mater alma 162 Ave præsul laus præsulum 248 Aygulphi martyris sunt natalicia 248 Cælo celsius volans aquila 182 Christiani plaudite 116 Communis celebritas omnium 166 Consecrandas intrat aquas 106 Cum in altum ascenderet 136 Cum in sanctis Deus sit mirabilis 216 Da Mariæ tympanum 118 Damnandus Domine Pilato sisteris 230 Dei Patris et Matris Unicus 96 Deus Dei Verbum Patri coæternum 158 Deus qui corpora creas et animas 66 Deus qui tuos erudis 48 Dormit hoc triduo leonis catulus 238
Ecce domus Domini en fidelis populus 152 Est in Rama vox audita 192 Eunt cum illis euntibus 186 Eversis altariis dæmonum 168 Ex aquis hodie 84 Exaltent curiæ cælestis milites 252 Exquiruntur omnia 196 Facto jam vespere cruce depositum 232 Felici nautæ hac quasi nave 126 Finem ac requiem 85 Gaude Virgo virginum gloria 100 Golias prostratus est 120 Hæc nox carissimi nox illa flebilis 226 Hujus ortum nuntians 174 In altum orbita 64 In coæterno Dominus 52 In montibus hic saliens 130 In ortum mundi sensilis 50 In terris adhuc positam 134 Jam hora tertia diei venerat 230 Johannis nativitas præcursoris Domini 172 Justorum exequiæ laudes exigunt 206 Justorum memoriam dignam laudibus 202 Laus instat sextæ feriæ 58 Leonis catulum Judam quis suscitet 240 Lignum amaras indulcat aquas 128 Lucerna posita super candelabrum 244 Mater Salvatoris vide quid dicaris 160 Mulieris decem drachmas 170 Nasciturum sive natum 102 Non naturalis est sed adventitius 242 Nona qua vera lux pœnam finierit 232 Noster et omnium Salvator Domine 228 O quanta qualia 88
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O vere Christi militem 250 Octavæ titulos 72 Omnis sexus et quælibet 114 Ornarunt terram germina 54 Ornatis luce partibus 56 Pænitentum severa correptio 222 Parentes Christum deferunt 112 Peccatricis beatæ sollemnitas 222 Per piscatoris modo limina 178 Perfectis Deus omnibus 60 Pias vigilias agendo feminæ 234 Plena meridie 66 Porta cæli siderum janua 166 Post fidem atque spem 80 Post honorem singularem Virginis 210 Præsens vita fuit his sexta feria 206 Princeps apicis apostolici 180 Pugnant mundi principes 198 Quadrigæ Christi vehiculum 184 Quam beatum stratum hoc straminis 98 Quam felices supernorum 170 Quantum Sponso fidelis hæc fuerit 218 Quarta lux decorat 80 Quattuor hæc animalia 186 Qui baptismo nobis suo 108 Qui paupertatem admonet 112 Quibusdam quasi saltibus 132 Quis ut Deus tam virtute protestans 172 Quod ætas sæculi 82 Regum solia philosophici 178 Rei cujuslibet 85 Remissionis numerum 140 Rex tyrannos universos 188
Sacra Jherosolymis facta sunt encænia 148 Salve cælestis vexillum regis 124 Sanctorum sollemnitas omnium 164 Scutum Deus omnium 194 Secunda desinit 76 Senex hunc et sterilis 174 Septem quas solvimus 70 Serpens erectus serpentum morsus 128 Sexta jam homine creato feria 236 Sexta qua Dominus crucem ascenderat 232 Sexta tam hominum 84 Si cum viris feminas contendere 212 Singularis Mater quia Virgo semper 160 Spiritalis signum est templum 148 Sponsa Christi tam virgo quam martyr 214 Stulta sæculi mundi infima 178 Torcular crux est dominica 184 Tradente legem Domino 144 Tu quæ carnem edomet abstinentiam 204 Tuba Domini Paule maxima 180 Turris his davidica 200 Ubique tuis nos 74 Universorum Conditor 46 Ut ad nostra veniamus tempora 212 Ut aurora consurgens progreditur 220 Verbo Verbum Virgo concipiens 94 Veris grato tempore 122 Victimam nostræ tibi Christe laudis 246
Table des matières
En guise de préface Introduction Excursus préliminaire : l’office divin Les hymnes Les remarques d’Héloïse et le projet d’Abélard Second excursus : versification métrique et versification rythmique La tradition manuscrite et l’organisation de l’Hymnaire La musique de l’Hymnaire Usage et fortune de l’Hymnaire Histoire éditoriale Cette édition Note sur la traduction Bibliographie
5 9 9 13 14 15 22 30 31 33 34 35 37
L’Hymnaire du Paraclet Liber primus : Hymni per hebdomadam Livre premier : Hymnes hebdomadaires Liber II : Hymni de tempore Livre II : Propre du temps Liber III : Hymni de sanctis Livre III : Commun et propre des saints Liber IV : Hymni infra triduum paschale (de tempore) Livre IV : Triduum pascal Appendix : Hymni de diversis sanctis Appendice : Hymnes pour divers saints
40 41 92 93 156 157 226 227 244 245
Annexes I. Concordances II. Collation des éditions Table des incipits
257 267 277