L'Hymnaire Du Paraclet (Latin Edition) 9782503596228, 2503596223

Les uvres en vers les plus celebres d'Abelard sont ces poemes d'amour composes pour Heloise au temps qu'i

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Table of contents :
En guise de préface
Introduction
Excursus préliminaire : l’office divin
Les hymnes
Les remarques d’Héloïse et le projet d’Abélard
Second excursus : versification métrique et versification rythmique
La tradition manuscrite et l’organisation de l’Hymnaire
La musique de l’Hymnaire
Usage et fortune de l’Hymnaire
Histoire éditoriale
Cette édition
Note sur la traduction
Bibliographie
L’Hymnaire du Paraclet
Liber primus
Liber II
Liber III
Liber IV
Appendix
I. Concordances
II. Collation des éditions
Table des incipits
Table des matières
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L'Hymnaire Du Paraclet (Latin Edition)
 9782503596228, 2503596223

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Pierre Abélard L’Hymnaire du Paraclet

TÉMOINS DE NOTRE HISTOIRE Volume 21 Collection dirigée par Pascale Bourgain

Pierre Abélard L’Hymnaire du Paraclet

Introduction, texte latin et notes par Franz Dolveck Préface et traduction par Pascale Bourgain

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© 2022, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2022/0095/136 ISBN 978-2-503-59622-8 eISBN 978-2-503-59623-5 DOI 10.1484/M.TH-EB.5.126080 ISSN 1147-436X eISSN 2566-0209 Printed in the EU on acid-free paper.

En guise de préface

Tout le monde connaît Abélard, parmi les médiévistes, les historiens, et même les honnêtes gens, à condition de prendre ce « tout le monde » avec un grain de modestie. Tout le monde, au sens de grand public, sait qu’il convient d’associer son nom à celui d’une femme nommée Héloïse, et éventuellement de retrouver leur tombeau au cimetière du Père-Lachaise. Presque tout le monde sait qu’il s’agit d’un philosophe, à citer parmi ceux qui ont jeté les fondements d’une évolution des méthodes philosophiques sur lesquelles nous vivons encore. Plus rares sont ceux qui arrivent à embrasser tous les aspects d’une personnalité et d’une pensée flamboyantes à travers ses écrits. Justement parce qu’il nous reste de lui, dont les ouvrages ont pourtant souffert de discrédit de son vivant, différentes réalisations, dans des états de finition et de transmission divers, et que cette mosaïque, que la patine du temps nous rend parfois difficile à pénétrer, donne de l’homme et de sa pensée une image complexe et même déroutante. Aucun médiéviste ne peut faire l’économie d’une réflexion sur Abélard, même s’il ne peut le suivre aussi loin que les philosophes dans les méandres de sa pensée en constante évolution. Car il est devenu le symbole de l’indépendance d’esprit, de l’inventivité créatrice, de l’aventure intellectuelle, et, au fil des époques et selon le regard des critiques, du génie méconnu, écrasé par les pouvoirs établis, ou du précurseur trop tôt venu. Chacun se doit donc de le replacer dans son époque pour mieux comprendre celle-ci, ce sur quoi elle s’ouvrait, son foisonnant héritage, ses raideurs et ses richesses. Le début du xiie siècle est une période d’une créativité intense, où se mettent en place les évolutions qui, d’abord imperceptibles, transforment bien vite l’atmosphère spirituelle et intellectuelle. Lentement, le principe d’autorité, jusque là prépondérant, est étayé par le besoin de comprendre rationnellement les textes qui font autorité. La foi en la raison pousse à élucider la structure de l’esprit et du raisonnement, et les méthodes d’enseignement glissent de la lecture commentée d’un texte de base vers une interrogation active à leur propos, sous forme de discussion. La maîtrise du langage et la précision herméneutique semblent essentielles. Il commence alors à se former une langue philosophique, dotée d’un vocabulaire suffisamment précis pour toutes les nuances de la pensée spéculative. Cela aboutira à la distinction de la théologie et de la philosophie, et à la séparation de la littérature d’avec la philosophie, qui n’était pas encore effective. On pouvait encore, à la fin du xie siècle, exprimer poétiquement une pensée qui se voulait philosophique, comme l’avait fait Lucrèce (la philosophie restant, selon l’étymologie, l’amour de la sagesse et du savoir, c’est-à-dire en domaine chrétien de Dieu et du monde créé par sa sagesse). Abélard, né en 1079, représente pleinement ces tendances et a pu paraître comme le chef de file des novateurs. Il renonça à son droit d’aînesse pour se faire le chevalier

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de la dialectique, cette méthode qui prétendait résoudre par le raisonnement les questions posées dans tous les domaines, et mit dans ses études puis son enseignement une pugnacité et une indépendance que ses élèves trouvaient tonique, et ses ennemis (parmi lesquels ses professeurs) irrévérencieuse. Ayant enseigné en divers endroits autour de Paris, il finit par arriver à enseigner la logique et la science divine, qu’on n’appelait pas encore théologie, à l’école cathédrale de Paris, vers 1114-1116, et les étudiants affluent. Enivré par le succès, il a une aventure, sous prétexte d’en compléter la formation littéraire déjà exceptionnelle, avec la nièce d’un chanoine, Héloïse, l’épouse à condition que le mariage reste secret, mais est émasculé par l’oncle qui se croit joué par ce secret. Dans le scandale qui s’ensuit, il fait prendre le voile à son épouse et rentre lui-même au monastère de Saint-Denis, où son esprit critique l’empêche de s’acclimater. Il reprend son enseignement, lequel est condamné, à son grand traumatisme, au concile de Soissons en 1121 ; il se reprend, va créer un ermitage au Paraclet en Champagne, devient ensuite abbé du monastère de Saint-Gildas de Rhuys en Bretagne, n’arrive pas à s’y maintenir face à l’opposition de ses moines qui l’avaient pourtant élu, reprend son enseignement parisien en mettant au point de multiples œuvres philosophiques, éthiques, théologiques, et reste en relation avec Héloïse qu’après la fermeture de son couvent il a installée au Paraclet, où elle mène la vie d’une prieure, puis abbesse, exemplaire. Il sert de directeur spirituel aux religieuses du Paraclet et écrit pour elles une règle (qu’Héloïse n’a guère suivie), des sermons, des réponses à des questions d’exégèse biblique (les Problemata d’Héloïse), et enfin un hymnaire. Mis en accusation à l’instigation du puissant abbé de Clairvaux, saint Bernard, il est condamné au concile de Sens en 1141 et meurt l’année suivante, réfugié sous la protection de l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable. L’ébahissement de l’époque romantique devant les aspects les plus tapageurs de sa biographie et surtout de son autobiographie (l’Histoire de ses malheurs et l’échange de lettres avec Héloïse qui y fait suite) en a fait un terrain miné de controverses, une pierre de touche de la compréhension de l’époque. En ce début du xxie siècle, les tentatives d’interprétation se multiplient, qui tâchent d’éclairer à la lumière de théories contemporaines les traces laissées par ces deux existences. Parmi leur multiplicité, un consensus semble s’établir pour lire cette autobiographie et les lettres comme des documents authentiques mais orientés, écrits avec toutes les ressources intellectuelles de ces deux grands lettrés, l’une par Abélard pour justifier son retour à Paris après son échec à Saint-Gildas ainsi que son rôle de directeur spirituel au Paraclet, les autres par Héloïse pour approfondir son intégrité personnelle et la sincérité de son implication dans sa vocation forcée. En tout cas, le Paraclet apparaît désormais comme un pôle essentiel dans la vie d’Abélard pour tenter de reconstruire son identité comme homme, époux et moine après les deux épreuves majeures de sa vie, sa castration et sa condamnation à Soissons. Et c’est aussi, pour Héloïse, abbesse sans vocation initiale mais dévorée d’exigence intérieure, un lieu d’accomplissement où concilier son dévouement à la volonté de celui qu’elle aime et son itinéraire intellectuel et spirituel. Proposer une approche de l’Hymnaire du Paraclet n’est donc pas sans intérêt. L’Hymnaire est un aspect de la production d’Abélard où sa pensée religieuse et philosophique se reflète, et que sa vie personnelle explique. Abbé en rupture de

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ban, il se sent responsable de l’abbaye que dirige son épouse et des religieuses qui y sont rassemblées, et considère qu’il remplit ainsi ses devoirs d’époux et de fondateur. Mais son exigence intellectuelle, qui ne lui permet pas de se contenter des fastes liturgiques existants, lui fait constituer un ensemble construit, complet, rationnel dans ses interprétations exégétiques et théologiques, tout en étant, dans ses meilleurs moments, d’une limpidité poétique éblouissante. La liturgie est la réactualisation cyclique de l’histoire du salut, intériorisée par ceux qui la célèbrent ; elle doit répondre à une forme définie pour pouvoir être prononcée collectivement, et embellie de toutes les façons (par le chant, par la forme littéraire) à la fois comme hommage à Dieu qui a sauvé l’humanité et pour favoriser l’émotion spirituelle de cette méditation. Il est frappant de voir à quel point cette œuvre dédiée à la liturgie montre comment Abélard a intériorisé et magnifié la vie monastique, qui n’était pas sa vocation originelle, tout en la reliant au reste de son activité de penseur et d’enseignant, qu’il poursuit parallèlement. L’Hymnaire est aussi un des fleurons de la poésie du xiie siècle. Abélard a écrit d’autres poèmes : des poésies d’amour lors de son idylle avec Héloïse, qui sont perdues, même si on a beaucoup cherché à les identifier parmi les pièces anonymes de l’époque ; de superbes lamentations sur des thèmes bibliques, les Planctus, datant probablement de la sombre période qu’il vécut après 1121, et dont il n’est pas évident qu’ils aient été écrits pour Héloïse, bien qu’il les lui ait peut-être envoyés avec l’Hymnaire ; et, probablement à la fin de sa vie car il ne semble pas nous être parvenu dans un état définitif, un poème didactique adressé à leur fils, en vers métriques, dans le genre des conseils moraux à un adolescent. Mais c’est l’Hymnaire qui, avec les Planctus, représente le mieux le talent poétique du philosophe le plus célèbre de son époque : un ensemble lyrique d’une émouvante profondeur, d’une grande pureté de ligne, d’une inventivité formelle sans précédents ni imitateurs. P. B.

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Introduction

Comment introduire à l’Hymnaire du Paraclet quand les deux substantifs qui composent ce titre – ou plus exactement cette description, parce qu’Abélard n’avait pas donné de nom précis à son ouvrage – sont sortis l’un et l’autre de l’usage courant ? Le lecteur trouvera aisément ailleurs les éléments utiles sur le monastère qu’Abélard mit sous le patronage divin du Paraclet, et l’Histoire de mes malheurs (§ 54-57) renseignera sur ce qu’il mettait ou prétendait mettre exactement sous ce mot de « Paraclet » : non pas le « seul » Saint-Esprit, comme c’est l’usage presque universel, mais la Trinité au grand complet. Mais, à moins d’être déjà un spécialiste, où trouvera-t-il de quoi comprendre véritablement ce qu’est et ce à quoi servait un hymnaire ? Il n’existe pas en français d’introduction simple à laquelle renvoyer. Pourtant cette compréhension est nécessaire, parce que l’Hymnaire a été conçu pour servir une fin plus grande que le seul charme de la littérature : la perdre de vue, c’est trahir Abélard, dont le projet a déjà bien assez souffert par le passé, nous le verrons. Ainsi, cette introduction dépasse de loin le cadre strict de l’Hymnaire, pour parler de liturgie mais aussi de versification : elle le fait de manière trop simplifiée et trop schématique pour être absolument honnête, mais au moins, lorsque viendra le moment de présenter les préfaces d’Abélard, le lecteur sera en mesure de comprendre de quoi l’on parle, et n’aura pas à naviguer entre cette introduction et des annexes où il lui serait malaisé de trouver immédiatement les éléments qui l’intéressent.

Excursus préliminaire : l’office divin Le culte catholique est constitué principalement de deux actions liturgiques distinctes : la messe et l’office divin. La messe est une action sacerdotale ; le prêtre agit in persona Christi, c’est-à-dire accomplit en vertu de son ordination les rites prescrits par le Christ le soir du jeudi saint : « À chaque fois que vous ferez cela, vous le ferez en mémoire de moi ». En revanche, l’office divin (ou tout simplement l’office) est une action chorale ; il faut en principe qu’il y ait plusieurs personnes, mais celle d’un prêtre ou même d’un clerc n’est pas nécessaire : l’office est un ensemble de cérémonies prévues pour être dialoguées, soit entre deux moitiés d’une assemblée qui se font face, soit entre une assemblée et un « soliste », que l’on appelle un chantre. Au moins en théorie, l’office est entièrement musical : certaines parties sont chantées (sur des mélodies données), d’autres psalmodiées (sur quelques notes fixes). La pratique peut s’écarter beaucoup de la théorie, puisqu’un prêtre qui lit son bréviaire (c’est-à-dire le livre liturgique qui contient les textes de l’office) est seul et ne chante pas ; mais, dans la majorité voire la totalité des monastères, surtout médiévaux, la théorie est valable. La substance de l’office a fait preuve d’une exceptionnelle permanence ; elle s’est maintenue pendant

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plus d’un millénaire quasiment sans variation ni changement, jusqu’à des réformes successives de Pie X et de Paul VI. Il existe deux formes de l’office, que l’on appelle des cursus : l’un bénédictin, issu des prescriptions de la règle de saint Benoît, et l’autre dit romain, en usage en dehors des monastères. C’est le premier qui nous intéresse ici. L’office est constitué de huit cérémonies distinctes que l’on appelle des heures (ou heures canoniales) ou des offices. Comme leur nom l’indique, elles sont célébrées, en principe, à des heures fixes. Dans l’ordre, ce sont matines (matutinum), laudes (laudes matutinæ), prime (prima), tierce (tertia), sexte (sexta), none (nona), vêpres (vesperæ), complies (completorium). Les matines se célèbrent dans la nuit ; les laudes, à l’aube ; prime, tierce, sexte et none correspondent aux heures de même nom au moyen âge, donc approximativement six heures, neuf heures, midi, trois heures pour nous ; les vêpres se célèbrent au coucher du soleil (en fin d’après-midi), et les complies avant d’aller dormir. Sur le point des horaires, la pratique peut être très différente de la théorie : il était très fréquent que plusieurs heures soient récitées à la suite (surtout matines et laudes, ou laudes et prime), ou que les horaires soient complètement décalés. Pour ne donner qu’un exemple que certains ont pu connaître, avant une réforme de Pie XII, dans les années 1950, la vigile pascale (« office » particulier constitué d’une messe encadrée par les matines et les laudes du dimanche de Pâques), qui aurait dû être célébrée dans la nuit de Pâques, était dite dans la matinée du samedi saint. Parmi les heures, on distingue les grandes heures, offices plus longs et plus solennels, des petites ; les premières sont matines, laudes et vêpres, les secondes prime, tierce, sexte, none, complies. On distingue également heures nocturnes et diurnes : l’heure nocturne est matines, toutes les autres sont des heures diurnes. La composition des heures est complexe. Tenons-nous-en au plus saillant : psaumes, cantiques et hymnes. Les psaumes sont le principal élément, et ils sont le fondement de toutes les heures : l’objectif de l’office, en effet, est de réciter la totalité des cent cinquante psaumes bibliques sur une semaine (en fait, à cause de certaines répétitions fixes, on en récite un peu plus). Ce que l’on appelle les cantiques sont des textes de nature poétique, tirés de l’Ancien ou du Nouveau Testament (à l’exception du Psautier, naturellement) ; leur récitation intervient aux grandes heures seulement. Les psaumes et les cantiques se terminent tous par une doxologie, dont la formule est invariable : Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in sæcula sæculorum, amen, « Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles, amen ». Les hymnes sont les derniers composants majeurs de l’office ; de nature poétique comme les précédents, contrairement à eux, ils ne sont pas d’origine biblique. Nous y reviendrons plus en détail, puisque ce sont eux qui nous intéressent principalement ici. Tout cela est chanté : les psaumes et les cantiques, puisqu’ils n’ont pas de forme fixe, sont psalmodiés, c’est-à-dire chantés sur une « teneur », note unique qui sert tout du long, agrémentée de cadences pour les syllabes finales et d’intonations pour les syllabes initiales d’un verset. Les hymnes, en revanche, ont une véritable mélodie, que l’on répète de strophe en strophe. L’office de matines est le plus long de tous. Il est formé de parties – assez artificielles – que l’on appelle des « nocturnes » ; ces nocturnes sont au nombre de

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deux (les jours ordinaires) ou de trois (les jours de fête). On parle aussi d’offices à trois (les jours ordinaires) ou à douze leçons (les jours de fête) : les leçons sont des lectures, soit bibliques, soit patristiques, soit hagiographiques. Les offices à trois leçons sont constitués d’un seul hymne, puis d’un premier nocturne avec six psaumes et trois leçons, puis d’un second nocturne avec six psaumes seulement. Les offices à douze leçons sont constitués de deux premiers nocturnes avec chacun un hymne, six psaumes et quatre leçons, puis d’un troisième nocturne avec un hymne, trois cantiques, quatre leçons et la lecture de l’évangile du jour. L’office de laudes est constitué de deux psaumes fixes (les Psaumes 66 et 50), un cantique de l’Ancien Testament, quatre psaumes, un hymne et le cantique de Zacharie (le Benedictus, Luc 1.68-79). Les offices des petites heures sont tous semblables, avec trois psaumes et un hymne (dans le cursus monastique, contrairement au cursus romain, on ne chante pas le Nunc dimittis, cantique de Siméon, à complies). L’office de vêpres est formé de quatre psaumes, d’un hymne et du Magnificat (le cantique de la Vierge, Luc 1.46-56). Au moyen âge, la grande majorité des jours liturgiques sont des fêtes : cela comprend tous les dimanches et toutes les célébrations qui tombent, par nature ou par hasard, un jour de semaine. Les jours de semaine sans fête sont appelés des féries. Les fêtes peuvent avoir des degrés de solennité différents, mais elles gardent substantiellement la même structure. Les fêtes les plus importantes ont une octave : c’est-à-dire qu’on les célèbre plus ou moins ne varietur pendant huit jours. Alors que la journée liturgique va normalement de minuit à minuit (et compte donc huit heures canoniales), les fêtes commencent la veille au soir, et empiètent donc sur le jour qui précède. Les vêpres et complies de ce dernier jour sont supprimées et remplacées par des offices propres à la fête (fête qui a donc dix offices en tout). Les conséquences en sont minimes sur les complies (qui, souvent, ne changent pas ou très peu) mais radicales sur les vêpres, qui sont à la fois différentes de celles de la férie qu’elles remplacent et différentes, le plus souvent, de celles du jour même de la fête. On parle de premières vêpres pour celles qui sont célébrées la veille (certains, dont Abélard, emploient aussi le terme de « vigile » dans ce sens), et de deuxièmes vêpres pour celles qui sont célébrées le jour même de la fête. Deux calendriers, le temporal et le sanctoral, se superposent pour constituer l’année liturgique et donner à chaque jour une série d’offices à réciter. Cela, joint au nombre important de fêtes, a pour conséquence que plusieurs fêtes peuvent tomber le même jour (c’est la concurrence) ou risquer d’empiéter l’une sur l’autre (si deux fêtes tombent deux jours de suite, il faut déterminer si l’on célébrera, le soir de la première fête, ses secondes vêpres ou les premières vêpres de la seconde – ou un mélange des deux : c’est l’occurrence). Ces cas sont tranchés en fonction de règles de préséance complexes. Les jours où il n’y a pas de fête, on récite l’office en utilisant une semaine-type, qui comprend des offices « par défaut » pour chaque jour. On peut définir ces deux calendriers de deux manières différentes, mais aucune ne reflète exactement la réalité. Le premier calendrier, le temporal, correspond aux fêtes

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dites mobiles, c’est-à-dire toutes celles qui sont calculées à partir de dates changeant tous les ans : la date de Pâques et la date du premier dimanche de l’Avent. On peut aussi considérer qu’il correspond aux fêtes du Christ. Le sanctoral correspond alors soit aux fêtes célébrées à date fixe, soit aux fêtes des saints. Dans les faits, le temporal a absorbé certaines fêtes fixes (Noël, l’Épiphanie et les fêtes des saints célébrées entre les deux), et l’on peut trouver des fêtes du Christ dans le sanctoral, par exemple la Transfiguration (le 6 août). L’année liturgique commence par l’avent, fin novembre ou début décembre : cela comprend les quatre dimanches précédant Noël et les semaines qui leur correspondent (pour mémoire, le dimanche est traditionnellement le premier jour de la semaine, non le dernier). Le temps de Noël s’achève au terme de l’octave de l’Épiphanie. Le carême compte quarante jours de jeûne avant Pâques, et commence donc en fait quarante-six jours avant (puisque les dimanches ne sont pas jeûnés), le mercredi des Cendres. Le carême est lui-même précédé de la septuagésime (septante jours avant Pâques), période de pénitence moins marquée que le carême lui-même. Les deux dernières semaines du carême (donc les deux qui précèdent Pâques) constituent le temps de la Passion. La deuxième semaine de ce temps, donc la semaine qui précède Pâques, est la semaine sainte. Elle commence par le dimanche des Rameaux ; les jeudi, vendredi et samedi saints sont appelés triduum pascal. Quarante jours après Pâques, donc un jeudi, on fête l’Ascension, puis, dix jours après, un dimanche, la Pentecôte. Le dimanche qui suit la Pentecôte est celui de la Trinité ; il marque la fin du temporal. Les périodes entre l’Épiphanie et la septuagésime, et entre la Trinité et le premier dimanche de l’avent correspondent à ce que l’on peut appeler le « temps ordinaire » : même si le moyen âge ne connaît pas cette dénomination, elle est efficace. Toutes les fêtes du temporal ont des offices propres (également appelés « propres » absolument), au moins pour les grandes heures (elles empruntent alors au dimanche-­ type les offices ou les parties d’offices qui leur manquent). Pour le sanctoral, en revanche, comme il n’est pas envisageable d’avoir des offices propres pour toutes les fêtes, il existe des « communs », c’est-à-dire des offices-types destinés à servir pour une catégorie donnée de saints. Moins un saint est important, moins il y a d’éléments propres à sa fête ; les moins importants n’ont rien de propre. Ces offices du commun varient en nombre et donc en précision ; en général, il existe au moins un commun de la Vierge (dont les fêtes sont nombreuses), un des martyrs, un des confesseurs (c’est-à-dire tous les saints non martyrs), un des vierges. Il peut en exister pour les apôtres, les évangélistes, les papes, les évêques, etc. ; lorsqu’un saint ne correspond pas aux communs existants, on peut soit lui créer un office propre, soit le rattacher avec plus ou moins de bonheur et de modifications au commun le plus proche (souvent, les saintes femmes non vierges, qui sont rares du reste, empruntent avec un à-propos relatif au commun des vierges). Enfin, l’office divin peut être multiplié : un usage courant veut que l’on récite en plus de l’office ordinaire, certains voire tous les jours, un office de la sainte Vierge, et également un office des défunts.

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Les hymnes Les hymnes sont des compositions poétiques ; c’est-à-dire qu’ils sont en vers, soit métriques (obéissant aux lois de la métrique latine classique, fondée sur la longueur des syllabes) soit rythmiques (ayant un nombre fixe de syllabes, avec éventuellement des rimes et des accents fixes) – le lecteur trouvera plus d’informations sur ce point ci-après. L’unité constitutive de l’hymne est la strophe, c’est-à-dire un nombre fixe de vers ayant une unité de sens. L’hymne est aussi ce qui, pour le fond, est le plus adapté à chaque moment liturgique, parce qu’il évoque l’heure à laquelle il est récité, ou la fête pour laquelle il a été composé, voire les deux, tandis que psaumes et cantiques sont en général reliés de manière plus ténue aux moments ou aux circonstances. L’hymne, on l’a vu, est un élément important de l’office : on en récite pour chaque jour liturgique normalement huit, mais au minimum six (les veilles de fête, amputées de vêpres et complies), et le plus souvent dix. À une époque où la réglementation de la liturgie est très légère, et où chaque église ou monastère peut faire à peu près ce qu’il veut sans avoir besoin d’une autorisation hiérarchique, les hymnes sont, avec le sanctoral, le principal espace de liberté, d’autant que les contraintes du genre sont très réduites : il faut des strophes, mais on peut y employer les types de vers que l’on veut et autant que l’on veut ; et pourvu que cela s’accorde plus ou moins à la fête ou à l’heure prévue, on peut y dire ce que l’on veut. La seconde et dernière contrainte est la présence d’une doxologie finale (une strophe paraphrasant la formule de doxologie des psaumes et cantiques) – sauf pendant le temps de la Passion et à la fête des saints Innocents, célébrations particulièrement funèbres où les éléments les plus joyeux de la liturgie sont omis. Cependant, de cette liberté il est fait un usage paradoxal : alors que, depuis le iiie siècle au moins et jusqu’à aujourd’hui on n’a pas cessé d’écrire des hymnes, seul un très petit nombre d’entre eux a trouvé, à un moment ou à un autre, une place au sein de la liturgie. Il y a certainement au moins deux raisons à cela. D’une part, la liturgie n’est pas un domaine très porté à l’innovation : on y laisse rarement quelqu’un introduire des changements, ou bien, sitôt partie ou morte cette personne, on revient à l’ancienne pratique. D’autre part, tous les hymnes sans emploi liturgique attesté ne sont pas des candidats malheureux ; en fait, l’hymne était devenu un genre littéraire à part entière, un peu comme ces épitaphes qui n’ont jamais été destinées à être gravées sur la moindre tombe : dans bon nombre de cas, les poètes ne les ont pas vraiment écrits pour la liturgie. Le nombre des hymnes utilisés dans la liturgie est souvent assez faible : le « nouvel hymnaire » (pour calquer une expression anglaise, New Hymnal), formé dans le creuset des réformes carolingiennes et très répandu dès lors dans presque toute l’Europe, comprend au plus une soixantaine de pièces, tout comme l’hymnaire dont se dote l’ordre cistercien au milieu du xiie siècle ; l’hymnaire de Cluny comprenait environ quatre-vingts pièces à la même époque. C’est très peu, surtout si l’on compare au bréviaire romain tel qu’il était à la veille du deuxième concile du Vatican (environ cent cinquante hymnes), mais il y a des raisons surtout pratiques à cette relative pauvreté : aucune abbaye n’a assez de livres de chœur pour que tout le monde puisse chanter l’office à vue, en lisant ; il est su par cœur, et cela représente déjà en soi,

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pour nous modernes, une performance impressionnante. Mais autant il est assez facile de retenir l’intégralité du psautier, qui est le premier manuel de lecture et est récité intégralement chaque semaine, autant il est difficile de retenir un hymne et sa mélodie s’ils servent rarement. La place qu’occupe Abélard dans cette longue histoire est très particulière pour deux raisons. La première est qu’il est de très loin le plus prolifique de tous les auteurs d’hymnes, et même probablement de tous les auteurs de pièces liturgiques. Avec quelque cent trente hymnes conservés, son œuvre, en termes de volume, n’est pas susceptible d’être détrônée. Au sein des Analecta hymnica medii ævi, une immense collection de poésie religieuse constituée entre la fin du xixe et le début du xxe siècle, dans les tomes 48 et 50, qui rassemblent les hymnes dont l’auteur est connu ou supposé, l’auteur le plus prolifique après Abélard est Pierre Damien ; et, avec une soixantaine de pièces (mais toutes ne sont pas des hymnes au sens strict), il dépasse déjà de très loin tous les autres. La seconde raison est que, pour ce que l’on en sait, l’Hymnaire du Paraclet représente l’unique tentative de créer un corpus complet et cohérent pour la totalité de l’année liturgique. Sur ce dernier point, toutefois, si Abélard a bien la palme de l’originalité, son entreprise était d’une certaine manière dans l’air du temps et a une forme de précédent qu’Abélard connaissait très bien pour l’avoir reprochée à Bernard de Clairvaux : depuis le début du xiie siècle, à cause d’une interprétation littéraliste de la règle de saint Benoît, les cisterciens avaient supprimé tous les hymnes en usage jusque-là pour les remplacer par une collection très limitée d’hymnes milanais qui étaient tenus pour être l’œuvre d’Ambroise lui-même. Abélard n’est donc pas le seul à avoir voulu réformer, y compris drastiquement, les hymnes de l’office divin ; mais la comparaison ne peut aller plus loin : l’hymnaire cistercien ne cherche pas la cohérence mais l’authenticité des origines, et d’autre part il fait complètement table rase du matériau préexistant. Il n’en va pas de même chez Abélard : comme il l’explique dans la préface au livre premier de l’Hymnaire, son objectif est de vérité, non d’authenticité ; et d’autre part, on verra qu’en au moins une occasion Abélard avait très probablement prévu d’incorporer une pièce préexistante. Il y en avait peut-être d’autres.

Les remarques d’Héloïse et le projet d’Abélard Les trois préfaces conservées sont l’unique document qui nous renseigne sur la création de l’Hymnaire et sur ses principes de composition, mais l’Hymnaire n’est pas pour autant un monument isolé. Dès l’installation d’Héloïse et de ses consœurs au Paraclet, en 1129, et pendant une petite dizaine d’années, Abélard compose une œuvre considérable pour le monastère. Ce corpus Paraclitense, « corpus du Paraclet », comme l’appellent commodément les chercheurs, comprend des ouvrages d’exégèse, parmi lesquels nous avons conservé l’Hexameron, qui est un commentaire aux récits de la création dans la Genèse, et les Problemata Heloissæ, réponses argumentées à une longue série de questions d’Héloïse portant surtout sur des passages difficiles de la Bible ; un recueil réunissant des sermons plus anciens à d’autres écrits spécialement pour le Paraclet ; les Planctus, qui sont l’autre chef-d’œuvre de poésie rythmique

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d’Abélard ; au moins la Lettre 8, adressée collectivement aux religieuses du Paraclet, sur l’étude de la Bible et des trois langues sacrées (latin, grec, hébreu), et peut-être les lettres qui précèdent, échangées avec Héloïse ; puis, naturellement, l’Hymnaire. Même si nous ne savons pas exactement ce que nous avons perdu, nous savons que la contribution d’Abélard à cette fondation religieuse allait au-delà des œuvres conservées. En particulier, dans ce qu’il nous reste de la liturgie du Paraclet, bon nombre d’éléments (prières, antiennes, choix de lectures, etc.) portent la marque d’Abélard. L’Hymnaire n’est donc isolé ni comme œuvre « littéraire », ni comme œuvre liturgique. Abélard présente l’entreprise comme la réponse à une demande d’Héloïse et de ses sœurs en religion. Les religieuses du Paraclet se plaignaient en effet, ainsi que le rapporte Abélard, de plusieurs problèmes posés par les hymnes qu’elles utilisaient, touchant aussi bien au fond qu’à la forme et à l’étendue même de ce corpus. Il n’y a pas lieu d’expliquer les problèmes de fond, inadaptation à l’horaire réel des offices – on en a déjà dit un mot – et exagérations stylistiques, parce que le texte de la première préface parle de lui-même, mais les autres méritent que l’on s’y arrête. On verra ensuite comment Abélard, en composant l’Hymnaire, évite ces écueils. Le problème de forme est abordé le premier. On l’a vu, les hymnes sont conçus de telle sorte qu’une même mélodie, fixe, sert de strophe en strophe ; cela suppose donc que les strophes aient toujours le même nombre de vers – ce qui ne pose pas problème – et que les vers aient toujours le même nombre de syllabes – ce qui n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Pour bien comprendre la question, il faut faire une digression et parler de mètre et de rythme.

Second excursus : versification métrique et versification rythmique Le vers latin traditionnel, que l’on appelle vers métrique, se fonde sur la quantité des syllabes ; c’est-à-dire que, un peu comme en allemand contemporain, elles peuvent être longues (−) ou brèves (⏑). La quantité des syllabes est connue par des règles dont les plus simples seront présentées plus bas. La dernière syllabe d’un vers est toujours indifférente (longue ou brève au choix du poète : ⏓). Le pied est l’unité de base : c’est une suite de syllabes données ; par exemple, le pied qu’on appelle iambe est formé par la succession d’une brève et d’une longue (⏑−). Ces pieds, réunis dans un certain nombre et dans un certain ordre, forment un vers ; par exemple, un dimètre iambique est formé de quatre pieds qui, en principe, devraient tous être des iambes (on parle de dimètre parce que, dans ce contexte, un mètre est une suite de deux pieds : le dimètre a deux mètres, donc quatre pieds). Certains types de vers sont fixes (on dit « purs ») : il est interdit d’y opérer la moindre substitution, c’est-à-dire de remplacer une syllabe ou un pied par un autre. Il en va ainsi du seul hymne métrique de l’Hymnaire, celui pour saint Benoît (125), qui est écrit en strophes saphiques ; une strophe saphique se compose de trois hendécasyllabes saphiques, avec une césure après la cinquième syllabe (−⏑−−− | ⏑⏑−⏑− ⏓) suivis d’un adonique (−⏑⏑−⏓).

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Comme aucune substitution n’est possible, chaque vers a toujours le même nombre de syllabes et toujours une syllabe de même quantité au même emplacement : Glōrĭām sūmmō | sŭpĕr hīs Părēntī, Glōrĭām Vērbō | sŭpĕr hīs pătērnō, Glōrĭām, Sānctūm, | tĭbĭ, Pne̅umă, cūnctī Dēnt sŭpĕr īstīs. D’autres n’admettent de substitutions que de manière limitée, en altérant le nombre des syllabes mais pas celui du rythme. Ainsi, dans l’hexamètre dactylique, formé de six pieds que l’on nomme dactyles (−⏑⏑) dont le dernier est toujours incomplet (−⏑⏑ −⏑⏑ −⏑⏑ −⏑⏑ −⏑⏑ −⏓), ou dans le pentamère (−⏑⏑ −⏑⏑ − −⏑⏑ −⏑⏑ ⏓), on ne peut substituer à un dactyle qu’un spondée (−−). Comme la durée d’une longue équivaut à celle de deux brèves, la durée du vers reste la même : Āstrălăbī fīlī, vītǣ dūlcēdŏ pătērnǣ,  Dōctrīnǣ stŭdĭō pāucă rĕlīnquŏ tŭǣ. Les vers iambiques et trochaïques, enfin, admettent des substitutions multiples. Les vers purs, constitués uniquement d’iambes (⏑−) ou de trochées (−⏑) sont très rares ; en fonction de règles très complexes, on peut trouver à tous les pieds d’un vers (sauf le dernier, obligatoirement pur) à peu près toutes les substitutions possibles : spondée (−−), dactyle (−⏑⏑), anapeste (⏑⏑−), tribraque (⏑⏑⏑), voire procéleusmatique (⏑⏑⏑⏑). Le seul véritable interdit est qu’il ne peut pas y avoir de trochée dans un vers iambique, et inversement. Voici l’un des rares exemples de vers iambique pur, chez Catulle, un trimètre (six iambes) : Phăsēlŭs īllĕ quēm vĭdētĭs, hōspĭtēs ; et voici un exemple d’un trimètre bien plus ordinaire, donc bien plus « irrégulier », dans la Médée de Sénèque, où se succèdent spondée, iambe, dactyle, iambe, dactyle, « iambe » (en vérité, c’est un pyrrhique, deux brèves, mais on a vu que la syllabe finale était toujours indifférente) : Nōn ca̅usă sēd nūnc pĕrĕăt ōmnīs mĕmŏrĭă. Enfin, la versification classique est aussi sujette à l’évolution des goûts. Par exemple, les auteurs classiques tolèrent parfaitement qu’un mot terminé par une voyelle soit suivi d’un autre qui commence par une voyelle : dans ce cas se produit une élision, c’est-à-dire que la voyelle finale ne compte pas et n’était pas ou peu prononcée (le cas inverse, l’hiatus, lorsque les deux voyelles comptent, est réservé à des situations très rares). Mais, au fil du temps, ces rencontres sont de plus en plus évitées, à tel point qu’à l’époque d’Abélard elles sont considérées comme une faute à part entière. Le vers rythmique est postérieur au vers métrique en latin ; il a mis longtemps à se former – les premiers exemples sont contemporains de Jules César – mais sur le tard, notamment à cause de son emploi massif dans la liturgie, il a fini par gagner ses lettres de noblesse. À l’époque d’Abélard, il reste inférieur au vers métrique dans la théorie, mais dans la pratique il n’est pas moins valorisé. Pour des francophones, c’est un système très simple à comprendre à condition de savoir placer l’accent tonique

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sur les mots latins : tout ce qui compte, dans ce vers, c’est le nombre des syllabes et la place de l’accent final du vers. Cela mérite un excursus dans l’excursus parce que les grandes règles de l’accentuation sont simples et qu’en les appliquant le lecteur aura l’une des clefs pour goûter l’Hymnaire. L’accent, en latin, est depuis les derniers siècles de l’Antiquité un accent tonique, qui allonge la syllabe qui le porte (comme en italien). Les mots d’une syllabe, évidemment, sont accentués sur cette syllabe. Les mots de deux syllabes sont accentués sur la première (c’est-à-dire l’avant-dernière). Les mots de trois syllabes ou plus peuvent avoir l’accent sur l’avant-dernière ou bien sur l’avant-avant-dernière syllabe ; tout repose sur la quantité de l’avant-dernière syllabe : si elle est longue, elle portera l’accent ; si elle est brève, l’accent ira sur la syllabe précédente. Pour connaître la quantité de cette avant-dernière syllabe, il faut recourir à un diction­ naire, mais la plupart des cas peuvent être résolus sans cela grâce à quelques règles simples : une syllabe comprenant une diphtongue (æ, œ, au, eu) est toujours longue : adhǽrens ; une voyelle suivie de deux consonnes (sauf si la deuxième consonne est r ou l) ou plus est toujours longue : cæléstis ; une voyelle suivie immédiatement d’une autre voyelle est presque toujours brève : lætítia (mais il y a des exceptions, notamment le nom María et certains mots grecs). Les théoriciens médiévaux admettent quelques exceptions à ces règles : lorsque de telles exceptions apparaissent dans l’Hymnaire, l’accent a été marqué. Le vers rythmique, donc, se définit par le nombre de syllabes (de deux à l’infini, mais rarement au-delà de quatorze) et l’accent final du vers, soit paroxyton (l’accent est sur l’avant-dernière syllabe, cæléstis), soit proparoxyton (l’accent est sur l’avant-dernière, lætítia). Le poète peut éventuellement jouer sur la place des accents au sein du vers, mais il est libre d’en faire ce qu’il veut (et en fait, les bons poètes semblent justement éviter la régularité des accents). Cela suffit à définir un vers. Ainsi, le vers Universórum cónditor est un vers de huit syllabes à cadence proparoxytone : on le note 8pp. C’est l’interprétation rythmique d’un vers métrique, le dimètre iambique, constitué de quatre iambes, dont voici un exemple chez Ambroise de Milan : Ǣtērnĕ rērūm cōndĭtŏr ;

en effet, la structure de ce vers fait que le dernier accent est presque toujours proparoxyton. Le vers Cæli regem et terræ est un vers de sept syllabes à cadence paroxytone : 7p. Un vers rythmique peut avoir une ou plusieurs coupes, représentées, dans les éditions modernes, par un espace plus grand ; ces coupes peuvent, au choix du poète, avoir une cadence obligée (p ou pp). La notation dépend donc du contexte : le vers Univérsa  te laudant cóndita est noté par 4p + 6pp, et le vers Gloríficant  cuncta dispósita

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par 4pp + 6pp. Mais puisque ces deux vers, tirés du premier hymne de l’Hymnaire, vont ensemble, c’est que la cadence à la coupe est libre : on les notera donc 4 + 6pp. La versification rythmique permet l’hiatus (deux voyelles à la suite sont toutes les deux prononcées individuellement), quitte à l’éviter plus ou moins, mais exclut l’élision. Les vers rythmiques, surtout à l’époque d’Abélard, sont presque toujours rimés (contrairement aux vers métriques, où, à l’époque classique, la rime est même évitée) ; il peut arriver que les coupes aussi soient rimées, soit entre elles dans deux vers de suite, soit avec la fin du vers. Les rimes sont le plus souvent plates (aa), parfois couées (aab ccb) ; les rimes croisées (abab) sont rares, les rimes embrassées (abba) pratiquement inexistantes. À l’époque d’Abélard, la rime est de plus en plus riche – il faut dire que, avec les déclinaisons, l’exercice est facile en latin. Par réaction, pourtant, lui évite aussi souvent que possible ces rimes riches ; sa règle est que la rime doit s’arrêter avant la syllabe qui porte l’accent : cónditor/dispósitor, nascitúrum/nátum. Il se contente occasionnellement de simples assonances : ádmonet/júvenes. Revenons maintenant au problème de forme qu’Abélard et Héloïse reprochent au corpus traditionnel des hymnes. Pour qu’un hymne se prête parfaitement à sa mélodie, il faut qu’il ait toujours exactement le même nombre de syllabes à chaque vers. Si c’est un hymne rythmique, il n’y aura pas de problème (sauf pour quelques pièces très anciennes). Mais si c’est un hymne métrique, il faut que les vers obéissent à des lois beaucoup plus strictes que ce qui est normalement admis : seules les strophes comme la strophe saphique conviennent parfaitement par elles-mêmes. Le problème se pose surtout pour les hymnes en dimètres iambiques : à la suite d’Ambroise de Milan, ce vers a connu un succès jamais démenti dans l’hymnographie latine. Comme, à son époque, la quantité des syllabes était de moins en moins sentie, pour donner plus de régularité au vers, Ambroise avait restreint le nombre des substitutions possibles (sauf le spondée, qui ne change pas le nombre des syllabes) mais il ne se les était pas toutes interdites. Pour prendre un exemple dans un hymne en dimètres que le lecteur est susceptible de bien connaître, on lit dans la troisième strophe du Veni Creator (traditionnellement attribué à Raban Maur, qui vécut au ixe siècle) le vers suivant : Dĭgĭtūs | pătēr|nǣ dēx|tĕrǣ, donc anapeste, iambe, spondée, iambe. Mais la mélodie est conçue pour des vers de huit syllabes :

Il faut donc soit syncoper digitus (dig’tus), soit dédoubler l’unique note prévue pour la syllabe : soit on altère la compréhension du texte, soit on rompt le rythme de la musique. Un autre problème de même nature se pose en cas d’hiatus ; c’est ce qui se produit dans le même hymne, strophe 4 : Infunde amorem cordibus,

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l’e final d’infunde ne doit pas être prononcé. Mais tout cela n’est pas évident au premier regard, parce que l’habitude d’imiter rythmiquement des vers métriques a brouillé les frontières : ici, pour savoir s’il faut ou non prononcer cet e, il faut savoir si l’hymne est métrique (on pratiquera l’élision) ou rythmique (on ne la pratiquera pas) ; cela ne simplifie pas le travail des choristes, déjà dense. Abélard évoque ensuite le problème du corpus. Citant Héloïse, il regrette qu’il n’y ait pas d’hymnes propres à certaines fêtes : nommément, celles des saints Innocents, des évangélistes, et des saintes femmes ni vierges ni martyres. Sur ce point, ils ne sont pas entièrement de bonne foi. Il est vrai que, dans les usages liturgiques de leur époque et des lieux qu’ils connaissaient, il n’y avait pas d’hymnes propres à la fête des saints Innocents (le 28 décembre), mais il n’est pas vrai qu’il n’existait pas d’hymnes disponibles. Certes, ceux écrits par Bède le Vénérable (Hymnum canentes martyrum) ou Raban Maur (Carmina psallere voce, lyra), pour ne donner que des exemples non anonymes, leur étaient inconnus, et n’ont apparemment jamais été en usage au moyen âge ; mais Abélard et Héloïse connaissaient sûrement Prudence, et auraient pu utiliser les strophes se référant aux Innocents dans le douzième hymne du Cathemerinon : cela se faisait dans le Sud de l’Italie et dans le Saint-Empire. Il est vrai aussi qu’il n’existait pas, au xiie siècle, d’hymnes du commun des évangélistes ; mais aussi en sentait-on le besoin ? Ils ne sont que quatre, et trois d’entre eux peuvent être fêtés comme apôtres. Quant aux hymnes pour les saintes femmes ni vierges ni martyres, il est presque vrai qu’il n’en existait pas ; tout au plus trouve-t-on, rarement, des hymnes pour des veuves, ou pour des abbesses. Mais il y a une raison terriblement pratique à cette absence : dans les calendriers médiévaux, les saintes ni vierges ni martyres sont extrêmement rares. En fait, la seule à avoir été véritablement célébrée, Marie Madeleine, a des offices (avec des hymnes) propres ; les quelques figures que l’on peut trouver parfois (surtout sainte Marie l’Égyptienne, très populaire à partir du xiie siècle) ne semblent pas avoir fait l’objet de plus que de « mémoires », c’est-à-dire de simples mentions à l’office et à la messe. Il existe bien quelques martyres mariées des premiers siècles, mais en pratique on les honorait comme des vierges martyres, ou au sein de fêtes collectives. La critique est donc vraie, mais pour que des hymnes pour les saintes femmes « ordinaires » aient un sens, il aurait fallu inscrire au calendrier de telles saintes, et qui plus est en nombre suffisant pour qu’un commun soit utile. À tous les problèmes évoqués il était possible d’apporter des solutions simples ou économiques : Abélard aurait pu se contenter de corriger les hymnes « fautifs » pour la forme et le fond, et de n’en composer que pour les lacunes expressément désignées ou pour remplacer ceux qui ne pourraient être amendés à moindre frais. Mais il va bien au-delà, et le reconnaît non sans un certain humour dans la préface au livre III : « Songez bien avec quelle prodigalité nous avons répondu à votre demande… nous avons compensé les déficiences de notre éloquence par le nombre des hymnes ». Une entreprise aussi hardie, qui revient à faire pratiquement table rase d’un corpus d’hymnes vénérables par leur antiquité ou l’universalité de leur usage, n’allait pas de soi, mais elle n’est pas unique chez Abélard : il avait déjà fait modifier dans la liturgie du Paraclet le texte du Notre Père. Comme de nos jours, la version usuelle est conforme

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au texte de saint Matthieu (6.9-13) à un mot près : le pain, que Matthieu qualifie de « supersubstantiel » est dit « quotidien », mot pris à la version plus brève de la prière que donne Luc (11.1-4) ; Abélard avait fait supprimer cette contamination au profit du texte pur de saint Matthieu. Bernard de Clairvaux, de passage au Paraclet à une date imprécise entre 1131 et 1135, s’en était scandalisé. Dans sa lettre de justification, la Lettre 10, l’argument de fond qu’Abélard lui oppose se résume dans une citation qu’il fait du pape Grégoire VII : « Si jamais tu voulais m’opposer la coutume, remarque bien que le Seigneur a dit : Je suis la vérité ; il n’a pas dit : Je suis la coutume ». En d’autres termes, la tradition est vénérable, et il n’est pas question de la changer gratuitement, mais lorsqu’elle est manifestement en tort il n’y a pas à hésiter. Cette même lettre, d’ailleurs, révèle aussi un autre problème possible auquel Abélard veut remédier par l’Hymnaire, parce qu’il y reproche la pauvreté du premier hymnaire cistercien, recréé de toutes pièces, on l’a vu, au début du xiie siècle avec l’objectif de n’accepter que des hymnes composés par Ambroise de Milan : « Tout le long de l’année, aux matines des féries aussi bien que des fêtes, vous vous contentez d’un seul et même hymne ». Il n’a d’ailleurs pas dû être le seul à faire la remarque, parce que la seconde version de l’hymnaire cistercien, supervisée par Bernard, est bien plus riche – même si en termes de nombre elle reste très en dessous de l’Hymnaire du Paraclet. En fait, Abélard saisit cette occasion de constituer un corpus non seulement complet mais aussi cohérent, riche pour la forme aussi bien que pour le fond. De ce point de vue, son entreprise va bien au-delà de ce que lui demandaient les religieuses du Paraclet, et n’a jamais eu d’égal. Abélard y a manifestement pris plaisir : non seulement il a multiplié les hymnes, mais encore il a dû les composer sur une période relativement brève – nous ne savons pas exactement quand, mais c’est en tout cas après la lettre à Bernard de Clairvaux et avant la collection de sermons, dont la lettre-préface évoque l’Hymnaire – et dans des années, la décennie 1130, où sa production est très importante. Il s’attache à nourrir l’intelligence et la foi des religieuses, et se refuse donc à la facilité : rien n’est creux, rien n’est superflu dans l’Hymnaire ; et il me semble même que la difficulté de la syntaxe est voulue comme un moyen de contraindre à réfléchir à ce que l’on chante, parce que le sens ne vient pas toujours de soi-même. Mais l’Hymnaire illustre bien l’un des paradoxes d’Abélard : c’est à la fois un homme de rationalité et d’organisation logique, et à la fois un homme pragmatique. La constitution des hymnes pour la semaine-type, comme il l’explique dans la préface au deuxième livre, correspond à cette facette rationnelle et logique (bien que, dans le détail, l’organisation ne soit pas absolument régulière) ; la réponse qu’il apporte à la question des horaires plus ou moins respectés correspond à l’autre facette. Il aurait été très simple de faire remarquer à Héloïse que le Paraclet n’était pas une petite maison et avait tout à fait les moyens de respecter scrupuleusement les horaires canoniques ; mais Abélard, qui a déjà quinze ans d’expérience monastique, y compris dans l’une des plus grandes abbayes du royaume de France, Saint-Denis, et y compris comme abbé de l’établissement bien moindre de Saint-Gildas de Rhuys, sait bien que l’écart entre la théorie et la pratique n’est pas toujours réductible. Sa solution consiste à éviter de mentionner les moments de la journée dans la plupart des hymnes. On peut en déduire que si ces précisions subsistent aux petites heures, c’est que le Paraclet parvenait à les réciter au bon horaire, contrairement aux grandes.

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Il est frappant, à ce titre, que l’hymne des laudes du dimanche (10) prenne grand soin d’utiliser les thèmes du jour, de la lumière, du matin, d’une manière qui se prête toujours à une interprétation uniquement métaphorique. Que les laudes soient dites aussitôt après matines, ou juste avant prime, avant, pendant ou après le lever du soleil, l’hymne reste toujours pertinent, et les religieuses n’ont pas à « mentir ». De la même manière, il évite avec soin d’évoquer positivement les sentiments de l’assemblée : il ne le fait que de manière détournée (par exemple aux laudes du jeudi saint [111], il ne dit pas « nous ne supportons pas d’entendre cela », mais « qui pourrait supporter d’entendre cela ») ou bien il fait demander à Dieu de les rendre tels qu’ils devraient être (par exemple dans la fausse doxologie des hymnes pour le triduum pascal) ; il s’en tient à une forme de modération souriante – qui n’est pas peu surprenante chez un personnage souvent extrême – que révèle bien, notamment, l’hymne d’action de grâces après le repas (14). Dans la structure générale, l’Hymnaire n’a rien de très original – il n’y avait guère matière à innover. La seule particularité notable est l’organisation en cycles caractérisés par une forme unique et une mélodie unique. Le dimanche est le seul jour pourvu d’hymnes pour toutes les heures ; les féries n’ont d’hymnes propres que pour les grandes heures, et l’on récite aux petites les hymnes du dimanche. C’est ce qui se pratiquait à peu près partout. Le triduum pascal, qui est formé des jours les plus saints de la liturgie chrétienne, est le seul à avoir des hymnes pour toutes les heures, jusqu’à none du samedi saint (puisque ensuite viennent les premières vêpres de Pâques), mais il en manque aux complies du jeudi saint et aux matines du vendredi saint. Abélard prévoyait peut-être que l’on utilise l’hymne ordinaire (le numéro 17) à complies, et très probablement que l’on chante à nouveau aux matines l’hymne des vêpres du jeudi saint ; mais il est possible aussi que ces trois offices aient été fusionnés en un seul. En tout cas, il n’y a pas lieu de découper cet hymne en trois, comme le faisaient certaines éditions (qui en plus les attribuaient aux trois nocturnes de l’office romain du vendredi saint, alors qu’il n’y a que deux nocturnes dans l’office monastique). Pour les fêtes du temporal et du sanctoral, Abélard n’a prévu « que » quatre hymnes : c’est déjà plus que la pratique la plus courante, qui est de deux hymnes (servant l’un pour les deux vêpres, l’autre pour matines et laudes, ou bien à tour de rôle). Il détaille dans la préface au troisième livre la manière dont il entendait qu’ils fussent utilisés : les trois premiers serviront pour les trois nocturnes, et le quatrième à laudes ; aux premières vêpres, on chantera les deux premiers, et aux secondes les deux derniers. Pour ce dernier point, il laisse le choix entre deux solutions : soit chanter les deux hymnes comme un seul (donc en supprimant la doxologie au premier et en enchaînant directement avec le second), soit altérer la structure de l’office et chanter non pas les quatre psaumes puis les deux hymnes (réunis un un seul), mais deux psaumes et le premier hymne, puis les deux autres psaumes et le deuxième hymne. Ainsi, chaque hymne est chanté deux fois à chaque fête : c’est assez pour se pénétrer de leur matière, mais assez peu pour ne pas lasser par trop de répétition. Pour les fêtes des saints, composer des hymnes pour les Innocents et un commun pour les évangélistes ne posait pas de problème : il suffisait de ne pas composer d’hymnes propres pour chacun des évangélistes, qui auraient rendu caduc le commun.

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Saint Jean échappe à la règle, mais parce qu’il est honoré à son « grade » le plus élevé, celui d’apôtre (peut-être, comme il en existe deux fêtes, le 27 décembre et le 6 mai, était-il envisagé que les hymnes des évangélistes servent pour l’une des deux). Mais pour les saintes femmes, le plan arrêté par Abélard montre qu’il a bien conscience de la difficulté que nous avons montrée : un commun des seules saintes femmes ni vierges ni martyres n’aurait jamais servi. Sa solution est habile : il ne crée qu’un seul commun spécifique, pour les fêtes d’une (seule) vierge martyre ; par conséquent, l’autre commun servira pour toutes les autres, y compris les fêtes de plusieurs vierges martyres (par exemple, les onze mille vierges). Enfin, comme chaque commun a une forme donnée qui lui est propre, Abélard peut aussi se permettre de ne pas composer, pour les saints les plus importants, de cycles complets : il ne compose qu’un ou deux hymnes, qui seront complétés par des hymnes du commun correspondant.

La tradition manuscrite et l’organisation de l’Hymnaire L’Hymnaire nous est connu grâce à deux sources principales, complémentaires. Ce sont deux manuscrits que l’on appelle B (Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 10147-58) et C (Chaumont, bibliothèque municipale, 31). Aucun des deux n’est complet : ils ont beaucoup d’hymnes en commun, mais chacun des deux en a que l’autre n’a pas. On verra aussi que l’on peut supposer, avec différents degrés de probabilité, l’existence de certains hymnes non conservés. Le manuscrit de Bruxelles est en fait un volume composite, dont les différents éléments ont été réunis tardivement ; les feuillets 81 à 96, qui contiennent l’Hymnaire, n’ont rien à voir avec le reste. Ils ont été copiés probablement dans le dernier tiers du xiie siècle, peut-être dans une zone sous influence germanique mais en tout cas pas en France, ni a fortiori au Paraclet : le copiste a des habitudes très caractéristiques qui sont étrangères aux usages aussi bien du domaine royal que du comté de Champagne. En plus des trois préfaces que nous connaissons, seul le texte des hymnes a été copié, avec une grande lettrine rouge au début de chacun et une plus petite au début de chaque strophe (avec un bon nombre d’erreurs dans ces opérations, effectuées dans un second temps). Il n’y a ni titre, ni rubrique, ni notation musicale. B transmet l’Hymnaire en trois livres. Le livre premier est manifestement complet et ne pose pas problème. Le livre II a quelques défauts dont je reparlerai, mais semble globalement complet. En revanche, le livre III a deux lacunes. On identifie la première notamment parce que B ne copie que deux hymnes pour la sainte Vierge, au lieu de quatre, avant de passer directement aux apôtres : le scribe a dû sauter une ou plusieurs pages de son modèle. La seconde lacune est à la fin, mais le responsable n’est pas le copiste de B : le manuscrit s’interrompt au cours du deuxième hymne pour la Madeleine, et nous avons perdu la suite. Le manuscrit de Chaumont est, pour faire simple, un bréviaire : il contient la plupart des éléments nécessaires à la récitation de l’office divin, et notamment les hymnes. Il provient du Paraclet, où il a dû être copié et enluminé, et date des premières années du xvie siècle. Ce n’est donc pas à proprement parler un manuscrit de l’Hymnaire d’Abélard : c’est plutôt un manuscrit liturgique qui se trouve contenir bon nombre des hymnes dont la somme forme ce que l’on appelle l’Hymnaire.

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Par ailleurs, l’hymne d’action de grâce après le repas (14) et les hymnes des laudes et vêpres du samedi (28-29) figurent dans un manuscrit copié à l’abbaye de Savigny (diocèse d’Avranches) dans la deuxième moitié du xiie siècle (Paris, Bibliothèque nationale de France, latin 2040A , siglé P). Les hymnes pour la Vierge (61-63) figurent aussi dans trois manuscrits de la fin du xiiie siècle provenant de l’abbaye des bénédictines de Saint-Maur de Verdun. L’hymne des vêpres du samedi (29) figure dans huit manuscrits généralement tardifs, originaires du Grossmünster de Zurich ou de l’abbaye de Rheinau et aujourd’hui conservés à Zurich ou à Saint-Gall ; certains d’entre eux, chose unique, ont conservé non seulement le texte mais aussi la musique de l’hymne. Mentionnons uniquement le plus ancien manuscrit de ce groupe ; il n’a que le texte, mais il a échappé à la recherche abélardienne : Saint-Gall, bibliothèque abbatiale, 387. C’est un bréviaire datant du xie siècle où l’on a copié au xiie, p. 48, deux hymnes : celui d’Abélard qui nous occupe et un hymne pour Pâques attribué à Fulbert de Chartres, Chorus novæ Jerusalem. Si nous avions seulement B ou seulement C, présenter une édition de l’Hymnaire serait très facile : soit on reproduirait le contenu de B, soit on présenterait les hymnes dans l’ordre de l’année liturgique, en suivant donc C. Mais concilier les deux est très difficile. Paradoxalement, c’est un problème inéluctable, mais c’est une sorte de faux problème : Abélard a certainement envoyé l’Hymnaire au Paraclet, en une fois ou en plusieurs, sous une forme correspondant à celle de B, c’est-à-dire comme plusieurs « livrets » précédés chacun d’une lettre-préface, mais c’était une forme artificielle qui n’était aucunement appelée à persister ; les hymnes devaient être recopiés dans les manuscrits liturgiques du monastère, et l’original rangé sur un rayonnage dans le meilleur des cas, voire éliminé dans le pire. On serait donc fondé à tout réorganiser selon l’ordre liturgique ; mais que faire alors des préfaces ? Les réunir à part n’est pas satisfaisant ; il faut donc tant bien que mal essayer de reconstituer l’ordre de l’original. Le livre I ne pose aucun problème puisqu’il est complet, mais il appelle une remarque : Abélard a séparé les hymnes de matines des autres pour une raison formelle (ils ont un schéma rythmique et une mélodie propre) et pratique (les matines étant particulièrement longues, elles avaient leurs propres livres liturgiques, distincts de ceux qui servaient pour les heures diurnes). Je n’ai pas osé altérer cela, mais le lecteur est très vivement invité à lire les hymnes non pas selon cet ordre mais selon celui des jours : c’est ainsi qu’ils devaient servir, et c’est ainsi qu’ils s’éclairent mutuellement. Le livre II pose des problèmes plutôt mineurs. Apparemment, il est complet, puisqu’il contient des hymnes pour toutes les fêtes attendues. La seule absence éventuelle serait celle de l’Annonciation (fête fixe, le 25 mars, mais assimilable à une fête du Seigneur), importante en soi et aux yeux d’Abélard, et pour laquelle il compose un sermon auquel il donne la première place de son recueil ; mais l’Annonciation est une fête de la Vierge, les hymnes de son commun sont tout indiqués. Toutes les difficultés se concentrent sur les hymnes pour l’Invention de la sainte croix (le 3 mai), transmis seulement par B ; non seulement nous n’avons pas le bon nombre d’hymnes (d’après la préface au livre III, il devrait y en avoir exceptionnellement cinq), mais en plus ce que nous avons est mal placé, entre les troisième et quatrième

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hymnes pour l’Ascension, et par-dessus le marché B a probablement mal compris et donc appliqué la division en strophes. Le copiste a dû être confronté à un défaut de son modèle, peut-être un groupe de pages mal reliées dont une partie s’est perdue et l’autre a été placée au mauvais endroit. Les hymnes pour l’Invention doivent certainement être placés avant ceux pour l’Ascension, et non après : la probabilité que l’Ascension, fête mobile, tombe le 3 mai ou avant est très faible. Pour le xiie siècle, cela ne s’est produit que six fois, en 1136 (30 avril), 1163 et 1174 (2 mai), 1106, 1117 et 1190 (3 mai). Chrysogonus Waddell a formulé l’hypothèse (dans son édition citée ci-après, t. I, p. 83), avec force précautions et sans y croire beaucoup lui-même, que l’Hymnaire aurait été envoyé au Paraclet de manière à servir dès 1136 (donc en 1135) ; mais pour cela il faudrait être sûr que l’Invention figurait bien après l’Ascension dans l’original de l’Hymnaire, et il resterait très étonnant qu’Abélard choisisse d’inscrire ainsi son ouvrage, supposé valoir à perpétuité, dans la contingence d’une année très particulière. La question de la place du cycle réglée, il reste ses problèmes internes. Il faut dire d’emblée qu’il n’y a pas de solution parfaite, entièrement satisfaisante ; celle que je propose ici me paraît la meilleure en fonction des éléments dont nous disposons, mais ma plus grande joie serait d’être contredit par la découverte d’un nouveau témoin, peu probable, mais pas impossible. Voici comment se présente le cycle dans B (pour plus de clarté ce n’est pas exactement le texte de B que je donne mais celui qui est édité ci-après, avec donc quelques corrections par rapport à la copie de B) ; les alinéas correspondent à une grande capitale, c’est-à-dire dans le système de B au début d’un hymne, et les majuscules en gras correspondent aux petites capitales, c’est-à-dire à ce que B considère comme le début d’une strophe. Je numérote toute la série en continu, en fonction de ces mêmes « strophes », que j’appellerai des éléments. 1Salve

cælestis vexillum regis salve crux sancta 2Qua spoliato prædone diro præda reducta 3Averni portæ jacent contritæ claustra confracta 4Tau beatum quo pænitentum fronte signata 5Interfectoris ira crudelis est religata 6Vile latronum quondam tormentum eras pro pœna 7Nunc gloriosum frontibus regum signum impressa 8Tu lignum vitæ in qua rex ipse conscendit palma 9Ut fructu tui letalis pomi restauret damna 10Felici nautæ hac quasi nave fruendo tuta 11Per mare magnum hoc navigandum est ad superna dPersonis trino. 12Serpens erectus serpentum morsus conspectu sanat 13Antiqui virus serpentis christus suspensus curat 14Sophia patris medelam cunctis ex se ministrat 15Prophetæ virga silex bis icta aqua redundat 16Lignis duobus christus appensus de se nos potat 17Bibit judæus sed christianus refectus extat dPersonis trino. 18Lignum amaras indulcat aquas eis immissum 19Omnes agones sunt sanctis dulces per crucifixum 20Calix præclarus mortis est potus ipsis per ipsum 21Quæque tormenta sunt eis grata per hoc exemplum 22Ut dolor meus dolor est nullus attendunt scriptum 23Quippe qui cuncta portat peccata nescit peccatum 24Passo pro cunctis est universis compatiendum dPersonis trino. Puisque Abélard dit qu’il a écrit cinq hymnes mais que B n’en a que trois, il y a deux solutions, qui peuvent se combiner : soit des hymnes sont perdus, soit B en a réunis plusieurs en un seul.

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Commençons par la forme. Les vers sont de cinq syllabes, paroxytons (5p) ; apparemment, ils forment des strophes de trois vers, rimés aab, où b est commun pour tout l’hymne (1 –a, 2 –at, 3 –um). Apparemment seulement, parce que la syntaxe montre sans ambiguïté que les éléments 2-11 forment non pas dix mais cinq strophes : autrement, Abélard, qui tolère rarement qu’une phrase soit plus longue qu’une strophe, l’aurait systématiquement pratiqué ici. Cependant, l’idée de strophes de six vers ne fonctionne pas partout : les éléments 12-17, pour le sens, doivent être regroupés par trois (préfiguration vétérotestamentaire – application au Christ – élargissement à l’humanité). En outre, tous les éléments sauf 2-11 pourraient, syntaxiquement, former chacun une strophe. Avant d’y revenir, passons à l’identification des lacunes. Le groupe 12-17+D(oxologie) forme un ensemble très cohérent, fondé sur deux préfigurations vétérotestamentaires du Christ sur la croix. Il n’y a pas de raison objective de supposer que cet ensemble soit incomplet. Le groupe 18-24+D est cohérent dans la thématique (les souffrances des saints dans leurs rapports avec la passion du Christ), mais a des problèmes de cohérence interne : 22 appelle un commentaire (qui devrait limiter les mérites des souffrances des saints, vu l’usage que fait Abélard de la même citation biblique dans les Sentences, 173), tandis que 23 est le commentaire de quelque chose qui précédait (à cause de quippe) et qui ne peut être 22, sans rapport immédiat. Il manque nécessairement quelque chose entre les deux. Enfin, même si l’on s’en tient à l’idée de strophes de trois vers, 24 ne se suffit pas à soi-même : on attend une sorte de synthèse, dont ce serait la conclusion. Dans le groupe 1-11+D, enfin, si l’on tient pour des strophes de six vers, 1 est incomplet ; et d’autre part 10-11 sont sans rapport avec ce qui précède. En outre, alors que tous les éléments qui précèdent s’adressent à la croix à la deuxième personne, le groupe 10-11 en parle à la troisième. En prenant en compte tout cela, il me semble que l’on peut atteindre quelques certitudes. Premièrement, la lacune principale est entre 9 et 10. Deuxièmement, 1-9 constituent, parce qu’ils s’adressent directement à la croix, l’hymne « invitatoire » mentionné par Abélard (dans cet hymne, j’ai rétabli la doxologie, mais comme c’est à proprement parler une pièce para-liturgique, peut-être n’y figurait-elle pas). Troisièmement, 10-24 forment le reliquat des trois hymnes finaux du cycle : 10-11+D sont la fin de l’hymne II, 12-17+D sont l’hymne III, et 18-24+D sont l’hymne IV. L’hymne I est donc entièrement perdu. Il reste à résoudre la question de la forme de la strophe. Selon les éléments pris en compte, on peut pencher pour trois vers (1), six (2-11 nécessairement, probablement aussi 18-24), ou neuf (12-17). C’est la seule fois que, dans l’Hymnaire, on ne peut pas définir sans hésitation la strophe : ce ne peut être un hasard que ce cycle soit aussi le seul où l’on trouve une rime qui se prolonge sur tout l’hymne. Nous n’avons plus, hélas, la mélodie, qui aurait peut-être aidé à résoudre la question. Je vois deux solutions (qui sont plus une question de théorie que de pratique). La première, plus satisfaisante en matière d’hymnes (où la strophe est un élément essentiel), est une strophe de six vers, passée exceptionnellement à neuf vers pour l’hymne III (12-17) ; l’inconvénient est qu’il faut supposer une lacune pour la strophe initiale du cycle (1), lacune possible mais que rien n’indique particulièrement. La seconde consiste à voir dans ces hymnes des pièces en vers longs de quinze syllabes (5p + 5p + 5p)

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tendant, mais sans exclusive (ce que permet la rime b commune à tout l’hymne), à se grouper par deux, ou dans l’hymne III par trois. Il n’y a pas d’exemple dans l’Hymnaire d’une structure semblable ; mais relativement comparable, à défaut, est le cas des hymnes pour les confesseurs, où le vers de onze syllabes proparoxyton est coupé, dans les hymnes I, III et IV, 4p + 7pp, et dans l’hymne III 7pp + 4pp. De la sorte, il faut quand même supposer une lacune d’au moins deux vers longs entre 22 et 23, et d’un entre 23 et 24, mais on peut se dispenser d’en supposer une au niveau de l’élément 1 (qui pourraît être après, ou au milieu entre regis et le deuxième salve). La seconde solution est plus économique, mais, sur des critères en partie subjectifs, je préfère retenir la première, notamment parce que toutes les fois qu’il utilise des vers (ou membre de vers) très courts (pour l’Épiphanie et les Innocents), Abélard les groupe par six. Puisque de toute façon il faut supposer une double lacune dans l’hymne IV, cela ne change plus grand’chose d’en supposer une aussi dans la première strophe de l’hymne « invitatoire ». Pour ce qui est de la doxologie, il me paraît assuré qu’elle est constituée d’au moins deux vers longs : puisqu’elle doit être commune à tout le cycle, si elle était formée d’un seul élément, son troisième vers ne rimerait pas toujours. Il en faut deux au moins pour qu’ils riment entre eux. Cette rime est très probablement en –a, ce qui correspond à l’hymne « invitatoire » et à ce qu’il reste de l’hymne II. Sur cette base, je propose – évidemment sans aucune garantie, pour l’exemple – la reconstitution suivante ; je ne dis pas que c’est ce qu’Abélard a écrit, mais que c’est quelque chose qu’il aurait pu écrire : Personis trino Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla. La substance et le détail sont assez proche de la doxologie de Noël. Le vers 2 est quasiment assuré à cause du vers 1 ; une alternative possible serait Usia uno (il y a dans les hymnes de ce cycle une tendance hellénisante, Tau et Sophia ; usia, forme translittérée du grec οὐσία, « essence », est attesté chez Abélard). Comme ni Spiritui ni Paraclito ne peuvent rentrer dans le vers, je prends le synonyme Pneumati (Abélard emploie Pneuma une fois, dans la doxologie de l’hymne à saint Benoît). Une alternative serait Flamini, mais le mot ne figure pas dans ce que nous avons d’Abélard. Passons maintenant au livre III. Il est organisé selon deux critères, la hiérarchie des saints et la forme des hymnes ; en d’autres termes, Abélard a regroupé les hymnes propres à certains saints à la suite des communs auxquels ils correspondent. On l’a dit, il y a dans B une lacune très repérable entre les hymnes pour la Vierge et ceux pour les apôtres ; je crois que nous pouvons connaître précisément le contenu de cette lacune et la combler presque entièrement. D’abord, il s’agit de compléter le cycle pour la Vierge, puisque B n’a que deux hymnes. C et les manuscrits verdunois en ont un troisième ; il faut retrouver le

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quatrième. Puisque j’ai déjà eu l’occasion d’en parler1, je serai bref ici. Guido Maria Dreves, l’un des premiers éditeurs de l’Hymnaire, avait résolu cela en faisant deux hymnes du premier (1-5 puis 6-8 ; voir p. 259 de l’édition citée plus loin), mais ce n’est pas une bonne solution, surtout parce que le premier hymne ainsi créé n’est alors pas du tout un hymne à la Vierge, qui n’est évoquée pas même indirectement. Pourtant, on n’expliquerait pas que seuls trois hymnes eussent survécu et pas le quatrième, d’autant que pour une fois les témoins sont plutôt nombreux. Or ces trois hymnes sont formés sur le modèle du plus célèbre des hymnes à la Vierge, l’Ave maris stella, en strophes de quatre vers du type 6p. Ce ne peut pas être un hasard, d’autant qu’Abélard a une préférence très marquée pour les cadences proparoxytones : s’il fait une exception ici, c’est pour une raison précise. Le projet d’Abélard, en effet, n’était pas nécessairement que l’Hymnaire se substituât complètement aux hymnes déjà en usage ; je crois qu’ici il suit le schéma de l’Ave maris stella parce qu’il veut le compléter et non le remplacer. C le confirme à sa manière : c’est l’Ave maris stella qui côtoie les trois hymnes d’Abélard là où ils sont copiés, dans l’office de la Conception de la Vierge (8 décembre). Sous le numéro 63 bis, ci-après, c’est donc un hymne qui n’est pas d’Abélard mais qui a dû faire partie de l’Hymnaire qu’on lira. Je l’ai mis en dernière position parce que c’est ce que fait C ; si Abélard entendait lui donner une autre place (la première ?), nous n’en avons pas de trace. J’ai toutefois remplacé la doxologie de l’Ave maris stella par celle d’Abélard ; cela me paraît une hypothèse vraisemblable non seulement pour assurer l’unité du cycle mais aussi parce que le texte de la doxologie de l’Ave maris telle qu’elle était utilisée à cette époque en France pose des problèmes de texte et d’interprétation qu’Abélard avait certainement vus, mais n’aurait peut-être pas pu ou voulu corriger. Ensuite, C contient des cycles de quatre hymnes qui ne sont pas dans B mais faisaient sûrement partie de l’Hymnaire : pour saint Michel (29 septembre), la Nativité de saint Jean Baptiste (24 juin) et la Toussaint (1er novembre). Toutes ces fêtes, celle d’un archange, du plus grand des saints et de tous les saints, s’il faut les réintégrer dans l’économie du livre III, doivent aller justement après la Vierge (que nul n’égale) mais avant les apôtres, donc justement là où nous savons que B a une lacune. C’est ce que j’ai fait. L’ordre retenu entre ces trois cycles est discutable ; en particulier, j’interprète les hymnes de la Toussaint comme dédiés à la cour céleste dans son ensemble plutôt qu’aux seuls saints (humains) : dans le deuxième hymne (65), il me semble plus probable qu’Abélard parle des anges que des saints. Mais si l’on réfute cette interprétation, alors il serait logique de placer saint Michel avant la Toussaint plutôt qu’après. Enfin, je suis à peu près certain qu’Abélard avait inclus une série d’hymnes pour la deuxième fête de saint Jean Baptiste, sa Décollation, le 29 août. Il s’agit d’une fête très importante, à peine moins que la Nativité du Baptiste, et de telle nature que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs d’hymnes qui pourraient correspondre. Abélard a pris grand soin, dans ses hymnes pour la Nativité, d’éviter



1 Franz Dolveck, «  Les choix rythmiques de Pierre Abélard  », dans La rigueur et la passion : mélanges offerts à Pascale Bourgain, éd. Cédric Giraud et Dominique Poirel, Turnhout, 2016 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 71), p. 233-246, aux p. 240-241.

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toute allusion à la mort de Jean ; cela prouve d’une part que ces hymnes ne peuvent pas servir pour la Décollation, et permet de supposer d’autre part que c’est une matière qu’il avait omise pour pouvoir justement en faire usage ailleurs. Bien que nous en soyons réduits aux conjectures, il est probable qu’il n’y a pas de perte à la fin du livre III. Le deuxième hymne pour la Madeleine (109), au cours duquel s’achève ce qu’il nous reste de B, est connu entier grâce à C ; je ne pense pas qu’Abélard avait composé un cycle complet, de quatre, parce que la Madeleine est évoquée dans le premier et le quatrième hymnes des saintes femmes (100 et 103). Les deux hymnes du propre de la Madeleine semblent bien destinés à fonctionner avec ces deux-là. Après ces hymnes, les seuls qui pourraient venir seraient des hymnes propres à des saintes. Nous n’en avons pas : il est assez probable qu’il n’en ait pas existé. C contient encore une petite série d’hymnes pour des saints liés à la vie d’Abélard. Saint Gildas est le patron et le fondateur (peut-être légendaire) de l’abbaye de Rhuys, dont Abélard fut abbé à partir de 1127 (il n’y reste qu’assez peu de temps mais garde le titre toute sa vie : un successeur n’est nommé qu’à sa mort, en 1142). Saint Benoît est l’un des fondateurs du monachisme occidental, et sa règle était suivie dans toutes les maisons religieuses qu’a fréquentées Abélard. Saint Ayoul, ou Aigulphe, est le patron de la ville de Provins, où Abélard séjourna en 1121, protégé par le comte de Champagne et par le prieur de Saint-Ayoul. Saint Denis est évidemment le patron éponyme de l’abbaye royale, où Abélard embrassa la vie religieuse après sa castration. Saint Eustache, enfin, doit être lié à l’abbaye de Saint-Denis, qui en possédait des reliques. Il n’y a pas lieu de douter qu’Abélard soit l’auteur de ces hymnes, mais, s’il les avait inclus dans l’Hymnaire, il ne les a pas composés pour lui, puisqu’ils ne correspondent pas aux schémas des communs des martyrs (saint Ayoul, saint Denis et saint Eustache) et des confesseurs (saint Gildas et saint Benoît). Il s’agit certainement de compositions plus anciennes, liées aux différents séjours d’Abélard. Seul l’hymne à saint Benoît pourrait être postérieur ( Joseph Sövérffy a émis l’hypothèse qu’il soit contemporain du séjour d’Abélard à Cluny, donc vers 1140-11422), mais le simple fait que ce soit un hymne métrique et non rythmique montre qu’il est étranger au projet de l’Hymnaire. Rien n’invite en tout cas à réintégrer ces hymnes dans le livre III : je les ai donc relégués en appendice. L’hymne à saint Ayoul n’a pas de doxologie ; on pourrait le lire avec celle de saint Eustache, qui convient très bien pour la forme et le fond. J’ai gardé pour la fin le problème le plus épineux, constitué par les hymnes pour le triduum pascal. Seul C les transmet. Il est exclu de les intégrer dans le livre II parce que rien ne permet de supposer que B les aurait perdus, et aussi parce que l’on peut supposer qu’Abélard en aurait parlé (dans la préface au livre III, puisque les préfaces tendent en fait à décrire le livre qui précède). En l’état, c’est là qu’on les chercherait le plus volontiers, et ils forment un ensemble thématique avec les hymnes du dimanche de Pâques, avec lesquels le lecteur est invité à les lire ; mais ce serait donner du



2 Joseph Szövérffy, « ‘False’ use of ‘unfitting’ hymns : Some ideas shared by Peter the Venerable, Peter Abaelard, and Heloise », dans Revue bénédictine, 89 (1979), p. 187-199.

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livre II une image fausse. Chrysogonus Waddell, le premier à prendre conscience du problème, estimait que le cycle était étranger au projet initial de l’Hymnaire, parce qu’il trouvait la forme adoptée trop simple pour des jours si importants et parce que les hymnes sont intégrés à une liturgie entièrement originale et probablement due à Abélard (voir l’édition citée plus loin, p. 40-41). Sur le premier point il a tort : la strophe choisie par Abélard est semblable à celle qui sert dans la semaine-type pour les hymnes diurnes, mais avec une difficulté en plus, une seule rime par strophe (aaaa au lieu de aabb). En fait, c’est exactement ce que l’on attendrait pour les trois jours saints, parce que ce sont bien des féries, mais des féries exceptionnelles (Abélard avait même reproché aux cisterciens d’avoir donné un caractère festif au vendredi saint) ; en outre, la sobriété de la forme procure un contraste saisissant avec le cycle du dimanche de Pâques, qui utilise la forme populaire, dansante, du rondeau (une strophe contenant un vers-refrain). Réintégrer ces hymnes dans le livre II ou les exclure totalement de l’Hymnaire sont deux solutions également mauvaises. Plutôt, il faut faire un détour et se demander ce qui manque à l’Hymnaire : et il est flagrant qu’il n’y a pas d’hymnes pour les grands temps liturgiques, avent, carême, temps pascal. Pour ce dernier, on peut imaginer que ce sont les hymnes de Pâques qui servaient, encore que ce ne soit pas très satisfaisant, mais pour l’avent et le carême (et, liés au carême, la septuagésime et le temps de la Passion) rien ne se présente. Mon hypothèse est qu’il restait encore bien des choses après l’interruption accidentelle de B : au moins un livre IV, qui aurait contenu les hymnes du temps, au moins avent, carême, triduum, et peut-être plus. Ce n’est qu’une hypothèse, pas entièrement satisfaisante (notamment parce que la préface au livre III a l’air de dire que c’est le dernier : « à présent il reste à exalter [les saints] »), mais à mes yeux plus convaincante que d’autres solutions. Malheureusement, les chances de retrouver un jour le contenu complet de ce livre IV, s’il a existé, sont plus que maigres. Par ailleurs, il est possible qu’un livre supplémentaire ait été réservé aux mélodies (probablement notées à part parce que c’est, dans ce contexte, la solution la plus rapide et la plus économique), et il très vraisemblable qu’un livre ait été consacré non plus à des hymnes mais à des proses, ou séquences (les deux termes désignent la même réalité : le premier insiste sur l’aspect littéraire, le second sur l’aspect musical), c’est-à-dire mutatis mutandis en quelque sorte l’équivalent pour la messe de ce qu’est l’hymne pour l’office : dans la lettre-préface aux sermons, Abélard parle d’un « livre d’hymnes et de séquences » récemment terminé à la demande d’Héloïse (libello quodam hymnorum vel sequentiarum a me nuper precibus tuis consummato). Chez Abélard, vel dans une telle tournure ne peut signifier que « et », pas « ou », d’autant qu’il est bien trop au fait des questions liturgiques pour voir dans « séquence » un synonyme pour « hymne ». On a bien supposé que les « séquences » en question étaient les Planctus, parce qu’ils en adoptent certes la forme, mais c’est invraisemblable, parce que la séquence est forcément liturgique, alors que les Planctus d’Abélard n’ont leur place ni à la messe ni à l’office. Au surplus, l’ordinaire du Paraclet (voir ci-après) évoque plusieurs séquences, dont il ne donne que les premiers mots, et qui sont totalement inconnues ; peut-être aurai-je à l’avenir l’occasion de démontrer que, pour certaines d’entre elles, ces maigres informations sont suffisantes pour démontrer qu’Abélard était leur auteur.

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La musique de l’Hymnaire La seule mélodie propre à l’Hymnaire que nous connaissions est celle destinée aux hymnes diurnes de la semaine-type : on a vu qu’elle a été préservée dans les manuscrits suisses qui transmettent l’hymne des vêpres du samedi (29). Quelques variantes dans les manuscrits laissent une petite place à l’interprétation, mais cela ne concerne que des détails que l’on peut ici laisser de côté. Voici cette mélodie, telle qu’elle est reconstituée par Chrysogonus Waddell :

Il en existe de nombreux enregistrements, qui permettent de se faire une idée plus ou moins précise, plus ou moins fidèle, de ce à quoi cela pouvait ressembler. C’est une mélodie très structurée et très complexe ; mais, sans entrer dans le domaine de la musicologie, ce qui est évident est le caractère orné de cette mélodie, et, conséquence immédiate de cela, sa longueur : c’est plus une mélodie de fête, pour un jour où l’on prend le temps d’orner l’office, que pour un jour ordinaire. Pour le dire de manière abrupte : c’est trop beau et trop riche. Chrysogonus Waddell a probablement raison d’y voir l’une des explications au fait que l’Hymnaire, à supposer qu’il ait servi comme l’entendait Abélard, n’a servi que très brièvement. Ajoutons que l’inclusion de l’Ave maris stella dans l’Hymnaire permet de connaître une seconde mélodie, même si elle n’est pas d’Abélard. Cela restera toutefois un apport assez théorique, parce que, bien que tout le moyen âge ait chanté l’hymne sur une unique mélodie, les variantes en sont très nombreuses, parfois conséquentes, et que nous n’avons aucune idée de celle qui était utilisée au Paraclet. La seule chose que l’on peut raisonnablement exclure, c’est qu’Abélard ait composé une nouvelle mélodie : il n’y a pas de sens à inclure le texte de l’Ave maris stella si c’est pour lui ôter sa mélodie, déjà suffisamment populaire à l’époque pour avoir été pastichée par les troubadours.

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Usage et fortune de l’Hymnaire Autant le dire tout net : l’Hymnaire n’a pas eu le succès qu’il méritait, mais celui qui échoit aux projets trop ambitieux et trop novateurs. La rareté des manuscrits témoigne de sa maigre diffusion. Comme œuvre littéraire, les seules traces concrètes d’un intérêt sont B et le manuscrit P, bien qu’il soit assez vraisemblable, grâce à divers échos dans des pièces du xiie ou du xiiie siècle, que l’Hymnaire ait été connu à Paris. Comme œuvre liturgique, la diffusion n’est pas plus large : à part au Paraclet, comme on le sait notamment par C, seuls les hymnes pour la Vierge et celui des vêpres du samedi ont été utilisés, les premiers à Verdun, le second entre Rheinau et Zurich. Nous n’avons pas de témoignage direct sur la liturgie du Paraclet du vivant d’Abélard et d’Héloïse, mais par recoupement on peut en établir quelques éléments. Nous devons ce que nous connaissons de la liturgie du Paraclet au moyen âge à deux documents : C d’une part, et de l’autre un ordinaire – c’est-à-dire une sorte de manuel de liturgie – rédigé en français par les religieuses, légèrement postérieur à 1288 mais ayant servi au moins jusqu’au xvie siècle. Malgré l’écart de plus de deux siècles, ces deux témoins ne divergent que très peu, ce qui signifie que la liturgie du Paraclet n’a quasiment pas évolué entre 1288 et les années 1500. Les hymnes utilisés au Paraclet, d’après ces deux documents, proviennent de trois sources : l’Hymnaire d’Abélard, bien sûr, mais aussi le répertoire traditionnel, « gallican », et la liturgie cistercienne. Or les hymnes « cisterciens » font tous partie du premier hymnaire cistercien, c’est-à-dire de celui qui s’était attiré suffisamment de critiques pour être réformé, et augmenté à l’aide du répertoire traditionnel, sous la direction de Bernard de Clairvaux, entre 1140 et 1147. Il y a bien des hymnes en commun entre le Paraclet et le second hymnaire cistercien : mais si l’on examine les textes il apparaît très clairement que la source du premier ne peut pas être le second. Le Paraclet a connu (on en a quelques traces) la réforme de la liturgie cistercienne par Bernard, mais il ne l’a jamais adoptée ; la conclusion qui s’impose est que la liturgie du Paraclet telle que nous la connaissons par C et par l’ordinaire, au moins en ce qui concerne les hymnes, était déjà fixée avant la réforme de l’hymnaire cistercien, donc avant 1147 au plus tard, peut-être même avant 1140. Héloïse meurt en 1164, Abélard en 1142 : donc, du vivant même d’Héloïse, et peut-être du vivant même d’Abélard, l’Hymnaire n’était plus utilisé intégralement et exclusivement. Il est bien probable que ce ne fut jamais le cas, ou alors très brièvement et sans convaincre. La place occupée réellement par les hymnes d’Abélard dans la liturgie du Paraclet est prépondérante en termes de chiffres : environ nonante hymnes, contre une trentaine provenant de l’hymnaire cistercien et une autre trentaine provenant du répertoire traditionnel. Mais c’est une place secondaire en importance. Les hymnes du livre II sont presque tous retenus, mais pas pour les fêtes elles-mêmes : ils figurent bien plus souvent aux octaves ; c’est-à-dire que l’on a voulu les conserver tout en accordant la première place soit au répertoire cistercien, soit au répertoire traditionnel. Les hymnes du livre premier ont presque tous disparu ; seuls ont été maintenus, à la place qu’Abélard leur avait assignée, les hymnes des grandes heures du dimanche (premier nocturne, laudes, vêpres, ainsi que les vêpres du samedi, qui

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sont les premières vêpres du dimanche). L’hymne d’action de grâces après le repas (14) n’est attesté que pour les fêtes de Pâques, de l’A ssomption et de la Toussaint. Du livre III, l’usage du Paraclet a retenu les hymnes pour la Vierge, les apôtres et les évangélistes (mais seulement aux fêtes de saint Matthieu et saint Luc), les saints Innocents. Le commun des martyrs n’est utilisé que pour une seule fête, celle des martyrs de la légion thébaine (saint Maurice et ses compagnons, le 22 septembre) ; le commun des confesseurs sert un peu plus, trois fois par an, mais lui aussi pour des fêtes précises, pas en qualité de commun. Du côté des saintes femmes, le plan d’Abélard a encore plus souffert : le commun « général » est totalement absent de C et de l’ordinaire ; le commun d’une vierge martyre n’est conservé qu’en partie. En revanche, les hymnes propres ont été bien conservés : tous ceux que l’on connaît sont dans C sauf l’hymne pour la Saint-Pierre-et-Saint-Paul, le 29 juin, et celui pour saint Jean l’Évangéliste. Les hymnes pour saint Michel, la Toussaint, la Nativité de saint Jean Baptiste et les hymnes qui constituent l’appendice de cette édition ne sont même connus que par C. C’est le cas aussi, enfin, des hymnes pour le triduum pascal. Cet état, dont on est fondé à penser qu’il était déjà établi du vivant d’Héloïse, s’est vraisemblablement maintenu avec très peu d’altérations tout au long du moyen âge, et en fait jusqu’à ce que le Paraclet se réforme au xviie dans le sillage du concile de Trente et abandonne sa liturgie propre pour le rite romain. Nous ne savons pas quelle était la liturgie célébrée dans les prieurés dépendant du Paraclet. La seule trace d’une diffusion de la liturgie du Paraclet est constituée par les manuscrits de Saint-Maur de Verdun qui ont intégré les hymnes de la Vierge dans leur office pour sa Conception, le 8 décembre : peut-être tiennent-ils du Paraclet l’introduction même de la fête (elle ne se généralise qu’assez tard), ou peut-être ont-ils cherché à puiser dans les ressources des monastères voisins pour lui créer un office vraiment propre, pas seulement issu du commun en usage. On n’a pas connaissance de liens particuliers entre Verdun et le Paraclet, mais c’est un point qui mériterait d’être mieux étudié. La résurrection de l’Hymnaire est largement due à la redécouverte des deux manuscrits principaux, B puis C, au xixe siècle. C’est surtout l’Église anglicane qui en profite, à l’occasion du grand renouveau de son hymnodie dans la deuxième moitié du xixe siècle. Une petite dizaine de traductions d’hymnes d’Abélard sont recensées dans le corpus anglican. La plus célèbre et la plus ancienne, celle de l’hymne des vêpres du samedi (29), est de la figure la plus notable de ce mouvement, John Mason Neale (il bouleverse l’ordre des strophes : 1, 3, 2, 5, 6, 4, dox.) :   O what their joy and their glory must be, Those endless Sabbaths the blessed ones see! Crown for the valiant, to weary ones rest: God shall be all, and in all ever blest.   What are the monarch, his court, his throne? What are the peace and the joy that they own? Tell us, ye blest ones that it in have share, If what ye feel ye can fully declare.

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  Truly ‘Jerusalem’ name we that shore, ‘Vision of peace’ that brings joy evermore! Wish and fulfilment can sever’d be ne’er, Nor the thing pray’d for come short of the pray’r.   We, where no trouble distraction can bring, Safely the anthems of Sion shall sing: While for thy grace, Lord, their voices of praise Thy blessed people shall evermore raise.   There dawns no sabbath, – no sabbath is o’er; Those sabbath-keepers have one, and no more; One and unending is that triumph song Which to the angels and us shall belong.   Now in the meanwhile, with hearts rais’d on high, We for that country must yearn and must sigh : Seeking Jerusalem, dear native land, Through our long exile on Babylon’s strand.   Low before him with our praises we fall, Of whom, and in whom, and through whom are all: Of whom, – the Father; and in whom, – the Son; Through whom, – the Spirit, with these ever one. Cela reste l’un des grands classiques de la liturgie anglicane, chanté surtout sur une mélodie française du xviie siècle ; mais certains cercles anglo-catholiques utilisent également les paroles latines, voire la mélodie originale. Sauf ce qui a été dit plus haut pour le moyen âge, l’Hymnaire n’a jamais servi dans la liturgie catholique. Toutefois, dans le sillage des réformes liturgiques de Paul VI, l’hymnaire a été considérablement revu. L’hymne des laudes de la Chandeleur (2 février) a été pris à Abélard ; mais c’est en fait une pièce formée de strophes prises ici et là (I.1, I.4, II.1, II.2, puis les deux premiers vers de II.3 avec les deux derniers de IV.1), avec une doxologie étrangère à Abélard elle-même formée d’éléments disparates. La mélodie employée (qui sert à d’autres occasions) est apparemment refaite à partir d’une mélodie rare de l’hymne Jam lucis orto sidere. L’Hymnaire a également eu une certaine fortune dans les anthologies, surtout, une fois de plus, dans le monde anglo-saxon. Les traductions d’Helen Waddell sont les plus connues ; certaines ont été utilisées par Gustav Holst dans ses Six chœurs op. 52.

Histoire éditoriale Dès la découverte de B dans les années 1840, l’Hymnaire a commencé à être imprimé ; ce furent d’abord les préfaces, puis des sélections ; puis la totalité de ce que contient le manuscrit, successivement par Victor Cousin (Petri Abælardi opera, t. I, Paris, 1849, p. 295-328), puis par le futur cardinal Pitra (Patrologia latina, t. 178, Paris, 1855, col. 1765-1816) ; ce dernier avait connaissance de C, qu’il avait vu et dont il avait pris copie, mais il n’en fait étonnamment pas usage. La première édition complète est due au jésuite Guido Maria Dreves, Petri Abælardi peripatetici Palatini Hymnarius Paraclitensis, Paris, 1891 ; elle est assortie d’un commentaire

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assez riche. Dreves réimprime ensuite son texte quasiment sans changement au sein de l’immense corpus de poésie religieuse dont il avait entrepris l’édition, les Analecta hymnica medii ævi, t. 48, Leipzig, 1905, p. 141-223. Comme souvent avec Dreves, l’édition a été faite très rapidement et est donc entachée d’erreurs de toute sorte ; ce n’est pas un texte fiable. L’édition suivante est due à Joseph Szövérffy, un hongrois émigré successivement en Irlande puis aux États-Unis, spécialisé dans l’analyse littéraire de l’hymnologie latine : Peter Abelard’s Hymnarius Paraclitensis, 2 t., Albany–Brookline, 1975. Ce n’est ni un philologue ni un liturgiste, et son édition s’en ressent : tout en laissant croire qu’il s’agit d’une édition critique, Szövérffy n’a en fait pas vu les manuscrits et pas utilisé les reproductions dont il disposait ; le texte et l’apparat qu’il imprime sont repris intégralement à Dreves (sans même intégrer l’erratum de ce dernier). Le commentaire, plus riche que celui de Dreves parce que Szövérffy connaît mieux l’œuvre d’Abélard, pèche cependant par une certaine superficialité bavarde et par une mauvaise connaissance de l’Écriture. La dernière en date est l’œuvre d’un trappiste américain, Chrysogonus Waddell, dont les travaux ont porté surtout sur la liturgie du xiie siècle ; d’ailleurs, ce n’est pas exactement une édition de l’Hymnaire, mais une édition de tous les hymnes utilisés au Paraclet : Hymn Collections from the Paraclet, 2 t., Trappist (Kentucky), 1989 (Cistercian Liturgy Series, 8-9). On lui doit aussi une édition de l’ordinaire du Paraclet, et l’ensemble forme une somme incomparable sur la liturgie du Paraclet. Le progrès par rapport aux éditions précédentes est flagrant, mais les coquilles n’y manquent pas, et il demeure que Waddell n’était pas particulièrement versé dans la poésie latine et dans l’œuvre d’Abélard au-delà de ce qui concernait la liturgie.

Cette édition Le texte latin ici imprimé est entièrement fondé sur les manuscrits, collationnés de première main sur les originaux puis, pour des vérifications, sur des photographies. L’auteur de ces lignes regrette de ne pouvoir fournir ici une édition critique, qui permettrait au lecteur de contrôler chacun des choix opérés et à l’éditeur de les justifier ; mais il ne peut s’empêcher de se réjouir de l’absence d’apparat critique, espérant qu’ainsi l’Hymnaire sera d’abord goûté comme un monument littéraire plutôt que comme un document historique. L’ordre des hymnes adopté, qui est en partie nouveau, a déjà été justifié ; on trouvera en annexe une concordance avec les éditions précédentes, même s’il serait souhaitable d’abandonner les références par numérotation continue au profit d’indications plus précises, par jour ou par fête puis par heure ou par numéro au sein d’un cycle. Une seconde annexe donne la liste des leçons où cette édition diffère des précédentes. L’orthographe a été modérément uniformisée : suffisamment pour ne pas égarer un lecteur mal habitué au latin médiéval, mais suffisamment peu pour ne pas risquer de donner un faux vernis antique au texte, et surtout de donner une fausse image de la prononciation du xiie siècle. Les consonnes v et j ont une prononciation assimilable à celle du français, plus qu’à celle du latin employée dans les pays francophones. Les diphtongues ae et oe sont prononcées comme un e simple, et souvent écrites ainsi ; toutefois, pour faciliter la lecture, on n’a pas voulu se priver de l’aide qu’elles représentent à l’analyse morphologique,

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et donc choisi la voie moyenne des glyphes æ et œ. Pour le reste, l’orthographe de B, le témoin le plus proche dans le temps d’Abélard, a été conservée toutes les fois que cela était possible. Dans les rares cas où l’accent n’obéit pas aux lois courantes, il a été marqué (l’accent principal par l’accent aigu, l’accent secondaire par l’accent grave). L’annotation est minimaliste. Elle couvre les principales références explicites ou non au texte biblique (étant exclues les références génériques, par exemple à la présentation au Temple pour la Chandeleur), avec l’objectif de fournir au lecteur les réminiscences essentielles qui pourraient lui échapper, et de lui épargner d’avoir à chercher les références de celles qu’il ne manquera pas de repérer. Quelques explications ont aussi paru strictement indispensables pour comprendre ce que dit Abélard. Un commentaire plus ample prendra place, on le souhaite, dans une édition critique. Ce livre est pour Edwige, qui le lira sur les genoux du Père. Fr. D.

Note sur la traduction Abélard poète est remarquable par la densité et l’harmonie de ses compositions. Il a peu de mots creux, pas de chevilles, pas de poétismes, les mots se glissent dans le rythme préétabli comme s’ils y étaient attendus. Or ces rythmes sont d’une diversité inégalée à son époque, et beaucoup ne se retrouvent pas ailleurs. Il utilise une rime assez pauvre, comme à la fin du xie siècle, au temps de sa formation ; s’il use des reprises de termes et des parallélismes qui sont le procédé le plus naturel et le plus grand charme de la stylistique médiévale, il néglige toutes les métaphores qui ne seraient pas le reflet d’une exégèse longuement mûrie des textes sacrés. Mais il reste très libre. Le rythme une fois donné, et soutenu par la musique (qui a disparu pour l’Hymnaire, sauf pour un hymne noté dans des manuscrits tardifs), il ne se prive pas de coupes anormales, dans les fins d’hymnes ou les derniers d’une série (no 95) ; il ne se laisse pas enfermer dans la forme qu’il a lui-même définie et qui, pour lui, sert le sens mais ne le domine pas. Pour tenter de restituer la poésie dense et dansante de ces hymnes, on a tenté de conserver le rythme, de préférence à la rime, qui ne vient ici qu’en sus. Paradoxalement, le français étant parfois plus bref que le latin (par suite de la chute des finales…), il a fallu épisodiquement ajouter quelques chevilles pour accomplir le schéma rythmique. Mais, pour répondre à la liberté d’Abélard, on a joué des possibilités d’élision des syllabes muettes finales, peu ou pas prononcées dans la langue moderne, de façon que le phrasé s’adapte au rythme plutôt de s’en tenir à une prosodie stricte. On espère, à ce prix, procurer une approximation du texte fidèle à l’esprit, tout en s’écartant le moins possible de la lettre. P. B.

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Bibliographie

(Cette bibliographie porte exclusivement mais sans prétention à l’exhaustivité sur l’œuvre poétique rythmique de Pierre Abélard, et ne saurait rendre compte de la volumineuse production relative à sa biographie et à sa pensée).

Principales éditions de l’Hymnaire du Paraclet dans l’ordre chronologique Victor Cousin, Petri Abælardi opera, t. I, Paris, 1849, p. 295-328. Guido Maria Dreves, Petri Abælardi peripatetici Palatini Hymnarius Paraclitensis, Paris, 1891. Id., dans Analecta hymnica medii ævi, t. 48, Leipzig, 1905, p. 141-223. Jean-Baptiste Pitra, dans Patrologia latina, t. 178, Paris, 1855, col. 1765-1816. Joseph Szövérffy, Peter Abelard’s Hymnarius Paraclitensis, 2 t., Albany–Brookline, 1975. Chrysogonus Waddell, Hymn Collections from the Paraclet, 2 t., Trappist (Kentucky), 1989 (Cistercian Liturgy Series, 8-9).

Principales éditions des Planctus dans l’ordre chronologique Guido Maria Dreves, dans Analecta hymnica medii aevi, t. 48, Leipzig, 1905, p. 223-232. Wilhelm Meyer et Wilhelm Brambach, « Petri Abaelardi Planctus (III.) virginum Israel super filia Jeptae Galaditae », et W. M., « Petri Abaelardi Planctus I. II. IV. V. VI. », dans Id., Gesammelte Abhandlungen zur mittellateinischen Rythmik, t. I, Berlin, 1905, p. 340-356 et 357-374. Giuseppe Vecchi, Pietro Abelardo, I « Planctus », Modène, 1951 (Istituto di filologia romanza dell’Università di Roma, Testi e manuali, 35). Le texte de l’éd. Vecchi a été traduit en français par Paul Zumthor, Abélard, Lamentations, Histoire de mes malheurs, Correspondance avec Héloïse, Paris, 1992. Juanita Feros Ruys, The Repentant Abelard : Family, Gender, and Ethics in Peter Abelard’s Carmen ad Astralabium and Planctus, New York, 2014 (The New Middle Ages).

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bi bl io gr a phi e

Études Bourgain (Pascale), « L’art poétique d’Abélard dans l’Hymnarius Paraclitensis », dans Itinéraires de la raison : études de philosophie médiévale offertes à Maria Cândida Pacheco, éd. José Francisco Meirinhos, Louvain-la-Neuve, 2005 (Textes et études du moyen âge, 32), p.  147-162 [rééd. dans Ead., Entre vers et prose, Paris, 2015 (Mémoires et études de l’École des chartes, 100), p. 259-272]. —, « Abélard poète », Pierre Abélard, génie multiforme : Actes du colloque international organisé par l’Institut d’études médiévales et tenu à l’Institut catholique de Paris les 29-30 novembre 2018, éd. Dominique Poirel, Turnhout, 2021, p. 153-177. —, « Réflexions sur la traduction de textes poétiques : l’exemple de l’Hymnaire du Paraclet », dans L’épaisseur du temps : mélanges offerts à Jacques Dalarun, éd. Sean L. Field, Marco Guida et Dominique Poirel, Turnhout, 2021, p. 139-148. Dolveck (Franz), «  Les choix rythmiques de Pierre Abélard  », dans La rigueur et la passion : mélanges offerts à Pascale Bourgain, éd. Cédric Giraud et Dominique Poirel, Turnhout, 2016 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 71), p. 233-246. —, « Notes critiques sur l’Hymnaire du Paraclet d’Abélard », dans Revue d’histoire des textes, 17 (2022), p. 407-425. Dronke (Peter), « Peter Abelard : Planctus and Satire », dans Id., Poetic Individuality in the Middle Ages : New Departures in Poetry (1000-1150), Londres, 1986 (1re éd. Oxford, 1970 ; Westfield Publications in Medieval Studies, 1), p. 114-149. — et Giovanni Orlandi, « New Works by Abelard and Heloise ? », dans Filologia mediolatina, 12 (2005), p. 123-178. Huglo (Michel), « Abélard, poète et musicien », dans Cahiers de civilisation médiévale, 88 (1979), p. 349-361. Iversen (Gunilla), « Abélard et la poésie liturgique », dans Pierre Abélard : colloque international de Nantes, éd. Jean Jolivet et Henri Habrias, Rennes, 2003, p. 233-260. Jussila (Päivi Hannele), Peter Abelard on Imagery : Theory and Practice, with Special Reference to his Hymns, Helsinki, 1995 (Annales Academiæ scientiarum Fennicæ, sér. B, 280). Orlandi (Giovanni), voir aussi Dronke (Peter). —, « On the Text and Interpretation of Abelard’s Planctus », dans Poetry and Philosophy in the Middle Ages : A  Festschrift for Peter Dronke, éd. John Marenbon, Leyde, 2001 (Mittellateinischen Studien und Texte, 29), p. 327-342. Steinen (Wolfram von den), « Les sujets d’inspiration chez les poètes latins du xiie siècle (suite et fin) », dans Cahiers de civilisation médiévale, 9 (1966), p. 363-383. —, « Die Planctus Abaelards – Jephthas Tochter », dans Mittellateinisches Jahrbuch, 4 (1967), p. 59-78. Waddell (Chrysogonus), « An Easter Sequence by Peter Abelard », dans The Musical Quarterly, 72 (1986), p. 239-271. Woods (Patricia Hilary), The Festival Hymns of Peter Abelard : A Translation and Commentary of the Hymnarius Paraclitensis Libellus II, Ph. D., dir. Patrick Gerard Walsh, University of Glasgow, 1992, dactyl.

Pierre Abélard L’Hymnaire du Paraclet

Liber primus Hymni per hebdomadam Præfatio Ad tuarum precum instantiam, soror michi Heloysa, in sæculo quondam cara, nunc in Christo carissima, hymnos græce dictos, hebraice tillim nominatos composui. Ad quos quidem me scribendos cum tam tu quam quæ tecum morantur sanctæ professionis feminæ sæpius urgeretis, vestram super hoc intentionem requisivi ; censebam quippe superfluum me vobis novos condere, cum veterum copiam haberetis, et quasi sacrilegium videri antiquis sanctorum carminibus nova peccatorum præferre vel æquare. Cum autem a diversis diversa michi responderentur, tu inter cetera talem, memini, subjecisti rationem : Scimus, inquiens, latinam et maxime Gallicanam Ecclesiam sicut in psalmis ita et in hymnis magis consuetudinem tenere quam auctoritatem sequi ; incertum etenim adhuc habemus cujus auctoris hæc sit translatio Psalterii quam nostra, id est Gallicana, frequentat Ecclesia. Quam si ex eorum dictis dijudicare velimus qui translationum diversitates nobis aperuerunt, longe ab universis interpretationibus dissidebit, et nullam, ut arbitror, auctoritatis dignitatem obtinebit. In qua quidem adeo longævæ consuetudinis usus jam prævaluit ut, cum in ceteris correcta beati Jeronimi teneamus exemplaria, in Psalterio, quod maxime frequentamus, sequamur apocrypha. Hymnorum vero quibus nunc utimur tanta est confusio ut qui quorum sint nulla vel rara titulorum præscriptio distinguat ; et, si aliqui certos habere auctores videantur (quorum primi Hylarius atque Ambrosius extitisse creduntur, deinde Prudentius et plerique alii), tanta est frequenter inæqualitas syllabarum ut vix cantici melodiam recipiant — sine qua nullatenus hymnus consistere potest, cujus descriptio est : laus Dei cum cantico. Plerisque etiam sollemnitatibus addebas deesse proprios hymnos, utpote Innocentum et Evangelistarum, seu illarum sanctarum quæ virgines vel martyres minime exstiterunt. Nonnullos denique asserebas esse in quibus nonnumquam hos a quibus decantantur mentiri necesse sit, tum videlicet pro temporis necessitate, tum pro falsitatis assertione ; casu quippe aliquo vel dispensatione commoda sæpius præpediti fideles constituta horarum tempora vel præveniunt vel ab ipsis præveniuntur, ut de ipso

Livre premier Hymnes hebdomadaires Préface À tes prières instantes, ma sœur Héloïse, qui m’étais chère jadis dans le siècle, qui m’es à présent dans le Christ plus chère encore, j’ai composé ce qui s’appelle en grec des hymnes, en hébreu tillim1. Autant toi que les femmes de sainte profession qui demeurent avec toi me pressaient de les écrire, j’ai alors demandé quelle était à ce sujet votre intention ; je pensais en fait qu’il était inutile que je vous en compose de nouveaux, alors que vous en aviez abondance d’anciens, et que c’était presque sacrilège de préférer ou d’égaler aux anciens chants composés par des saints de nouveaux faits par des pécheurs. J’ai reçu de plusieurs d’entre vous des réponses diverses ; mais je me souviens que toi, entre autres raisons, tu m’as donné celle-ci : Nous savons que l’Église latine, et surtout l’Église des Gaules, dans ses hymnes comme dans ses psaumes, suit plutôt la coutume que l’autorité : on ne sait pas encore exactement de qui est la traduction du Psautier qu’utilise notre Église, c’est-à-dire l’Église des Gaules. Si nous voulions en juger d’après les dires de ceux qui nous ont renseigné sur les différentes traductions, celle-là serait en fait fort différente des autres, et, à mon avis, sans autorité pour la recommander. Mais, pour elle, l’habitude d’une longue utilisation lui a désormais donné tant de force que, alors que pour le reste nous conservons le texte corrigé de saint Jérôme, pour le Psautier, que nous utilisons si fréquemment, nous suivons un texte apocryphe. Quant aux hymnes dont nous nous servons de nos jours, il y a une telle confusion que jamais ou rarement les titres n’indiquent quels hymnes sont de quel auteur ; et, s’il apparaît que certains ont des auteurs attestés (on croit que les premiers furent Hilaire et Ambroise, puis Prudence et bien d’autres), ils ont bien souvent tellement d’irrégularités dans le nombre des syllabes qu’ils s’adaptent à peine à la mélodie, or sans mélodie un hymne n’existe absolument pas, puisque la définition en est : « louange de Dieu avec un chant2 ». Tu ajoutais que certaines fêtes manquaient d’hymnes qui leur soient propres, comme les Innocents, les évangélistes, et les saintes qui ne sont ni vierges ni martyres. Tu affirmais enfin qu’il y en avait où parfois ceux qui les chantent doivent nécessairement dire des choses inexactes, soit à cause des contraintes temporelles, soit en affirmant des choses fausses ; effectivement, soit par hasard, soit par disposition de commodité, les fidèles bien embarrassés devancent ou dépassent le moment établi



1 La transcription tillim (on attendrait tehilim) est attestée dans l’Occident médiéval. Le mot signifie « louange », et est utilisé pour désigner les Psaumes. 2 Définition issue d’Augustin, Ennarrationes in Psalmos 72.1.

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l ibe r p r i m us  : h y m n i p e r h e b d o m adam

saltem tempore mentiri compellantur, dum videlicet aut nocturnos die aut diurnos nocte hymnos decantant. Constat quippe secundum propheticam auctoritatem et ecclesiasticam institutionem nec a laude Dei noctem ipsam vacare, sicut scriptum est : Memor fui nocte nominis tui, Domine, et iterum : Media nocte surgebam ad confitendum tibi, hoc est ad laudandum te — nec septem reliquas laudes, de quibus idem meminit propheta : Septies in die laudem dixi tibi, nisi in die persolvendas esse. Quarum quidem prima, quæ matutinæ laudes appellantur, de qua in eodem scriptum est propheta : In matutinis, Domine, meditabor in te, in ipso statim diei initio illucescente aurora seu lucifero præmittenda est. Quod etiam in plerisque distinguitur hymnis ; cum enim dicitur : Nocte surgentes vigilemus omnes, et iterum : Noctem canendo rumpimus, vel : Ad confitendum surgimus, Morasque noctis rumpimus, et alibi : Nox atra rerum contegit Terræ colores omnium, vel : Nam lectulo consurgimus Noctis quieto tempore, et rursum : Ut quique horas noctium Nunc concinendo rumpimus, et similia, ipsi sibi hymni quod nocturni sunt testimonium præbent. Sic et matutini seu reliqui hymni proprii temporis quo dicendi sunt institutionem nonnumquam

l i vr e p r e m i e r  : hy mne s he b d o madai re s

pour les heures, si bien qu’ils sont forcés de dire des choses fausses au moins du point de vue du temps, quand ils chantent les hymnes nocturnes de jour ou les hymnes diurnes de nuit. À coup sûr l’autorité prophétique et ce qu’a institué l’Église établissent avec évidence que la louange de Dieu ne cesse pas même la nuit, comme il est écrit : De nuit je me suis souvenu de ton nom, Seigneur1, et aussi : Je me levais au milieu de la nuit pour te célébrer2, c’est-à-dire pour te louer ; et que les sept autres louanges, dont le même prophète3 dit : Sept fois par jour je t’ai loué4, ne doivent être exécutées que de jour. Et la première d’entre elles, qu’on appelle les louanges (laudes) du matin, et dont le prophète écrit au même endroit : Au petit matin, Seigneur, je méditerai sur toi5, doit être prononcée avant le tout début du jour lorsque s’éclaire l’aurore, ou l’étoile du matin. Ce qui se voit bien dans la plupart des hymnes. Car quand on dit : Nous levant de nuit, tous nous veillerons6, et aussi : Nous brisons la nuit en chantant7, ou : Nous nous levons pour célébrer, Nous rompons le repos nocturne8, et ailleurs : La sombre nuit a recouvert Toutes les couleurs de la terre9, ou : Nous nous levons de notre lit Dans le grand calme de la nuit10, et encore : Pour que, nous qui, chantant ici, Rompons les heures de nuit11, et ainsi de suite, les hymnes témoignent d’eux-mêmes qu’ils sont des hymnes de nuit. De même les hymnes du matin et les autres hymnes indiquent parfois la disposition

1 Ps 118.55 ; cf. aussi Ps 62.7. 2 Ps 118.62. 3 David, traditionnellement tenu pour l’auteur du Psautier. 4 Ps 118.164. 5 Ps 62.7. 6 Hymne des matines du dimanche, AH 51.31. 7 Hymne des matines du mardi, AH 51.28. 8 Hymne des matines du mercredi, ibid. 9 Hymne des matines du jeudi, AH 51.29. 10 Hymne des matines du vendredi, ibid. 11 Hymne des matines du samedi, AH 51.31.

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profitentur, verbi gratia cum dicitur : Ecce jam noctis tenuatur umbra, et iterum : Lux ecce surgit aurea, vel : Aurora iam spargit polum, seu : Aurora lucis rutilat, et alibi : Ales diei nuntius Lucem propinquam præcinit, vel : Ortus refulget lucifer, et si qua sunt hujusmodi ; ipsi nos instruunt hymni quo tempore sint cantandi, ut, si eis videlicet sua tempora non observemus, in ipsa eorum prolatione mendaces inveniamur. Hanc tamen observantiam non tam negligentia plerumque tollit quam necessitas aliqua vel dispensatio præpedit ; quod maxime in parochialibus seu minoribus ecclesiis propter ipsas plebium occupationes cottidie fieri necesse est, in quibus omnia et fere continue peraguntur in die. Nec solum tempora non observata mendacium ingerunt ; verum etiam quorum­ dam hymnorum compositores, vel ex proprii animi compunctione alienos pensantes vel improvidæ studio pietatis extollere sanctos cupientes, in aliquibus ita modum excesserunt ut contra ipsam nostram conscientiam aliqua in ipsis sæpius proferamus tamquam a veritate prorsus aliena. Paucissimi quippe sunt qui contemplationis ardore vel peccatorum suorum compunctione flentes ac gementes illa digne valeant decantare : Preces gementes fundimus, Dimitte quod peccavimus, et iterum : Nostros pius cum canticis Fletus benigne suscipe, et similia, quæ sicut electis ita paucis conveniunt. Qua etiam præsumptione singulis annis decantare non vereamur : Martine, par apostolis, vel singulos confessores immoderate de miraculis glorificantes dicamus :

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du bon moment où il faut les dire, par exemple quand on dit : Voici que déjà s’allège l’ombre de la nuit1, et encore : Voici que se lève la lumière dorée2, ou : L’aurore déjà se répand dans le ciel3, ou L’aurore lumineuse brille4, et ailleurs : L’oiseau qui annonce le jour Chante la lumière prochaine5, ou L’étoile du matin se lève6, et ainsi de suite ; ce sont les hymnes eux-mêmes qui nous apprennent à quel moment il faut les chanter, de sorte que, si nous ne leur conservons pas leur moment juste, nous nous trouvons dire une fausseté rien qu’en les prononçant. Cependant cette observance est souvent perturbée, non tant par négligence que par nécessité ou par permission spéciale ; ce qui inévitablement se produit chaque jour dans les églises paroissiales et les établissements de moindre importance, à cause des obligations des paroissiens : tout y est récité de jour, et presque en continu. Ce ne sont pas seulement les temps mal observés qui provoquent des erreurs ; mais aussi certains compositeurs d’hymnes, soit qu’ils jugent autrui d’après leur propre ferveur spirituelle, soit qu’ils cherchent, par un zèle pieux mal inspiré, à exalter les saints, exagèrent dans certains hymnes au point que, en les prononçant, nous y proférons bien souvent des choses qui vont contre notre conscience, parce qu’elles sont totalement étrangères à la vérité. Assurément, ils sont bien rares ceux qui peuvent à juste titre, en pleurant et gémissant dans l’ardeur de la contemplation et le remords cuisant de leurs péchés, chanter ces mots : En gémissant nous formons nos prières, Libère-nous de nos péchés7, et encore : Toi qui es bon, en ta bonté Reçois nos pleurs et nos cantiques8. et d’autres semblables, qui conviennent fort bien aux élus, c’est-à-dire à bien peu de gens. De même, que votre bon sens en juge, comment osons-nous chanter chaque année Martin, toi l’égal des apôtres9, et glorifier exagérément les confesseurs pour leurs miracles en disant :



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Hymne des laudes du dimanche, AH 51.31. Hymne des laudes du jeudi (formé à partir de Prudence, Cathemerinon 2), AH 50.24. Hymne des laudes du samedi, AH 51.34. Hymne des laudes de Pâques, AH 51.89. Hymne des laudes du mardi (formé à partir de Prudence, Cathemerinon 1), AH 50.23. Hymne des laudes du vendredi, AH 51.32. Hymne pour les matines du mercredi, cf. n. 10. Hymne pour les matines du samedi, cf. n. 13. Extrait d’un hymne pour saint Martin, parfois attribué à Odon de Cluny, AH 50.266.

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Ad sacrum cujus tumulum frequenter Membra languentum modo sanitati, Quolibet modo fuerint gravati,  Restituuntur, discretio vestra dijudicet. His vel consimilibus vestrarum persuasionibus rationum ad scribendos per totum anni circulum hymnos animum nostrum vestræ reverentia sanctitatis compulit. In hoc itaque michi vobis supplicantibus, sponsæ Christi vel ancillæ, et nos e converso vobis supplicamus ut quod nostris onus imposuistis humeris, vestrarum orationum manibus sublevetis, ut qui seminat et qui metit simul operantes congaudeant. 1

DOMINICA Ad primum nocturnum 1.

Universorum conditor, Conditorum dispositor, Universa  te laudant condita, Glorificant  cuncta disposita.

2.

Instrumento non indigens Neque thema discutiens, Solo cuncta  comples imperio ; Dicis : « Fiant ! »  et fiunt illico.

3.

Auctor es præstantissimus, Omnipotens non æmulus ; Tantum ergo  quæ facis omnia Quantum decet  facis eximia ;

4.

Cujus enim judicium Non censet illum impium Qui commodum  scienter subtrahit, Quod nec gravat  dantem nec minuit ?

5.

Fit ergo mundus optimus Ac perfectus in omnibus ; Fit pondere,  censura, numero Ne vacillet  in quoquam ratio.

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Et sur son saint tombeau, très fréquemment Les corps des malades, en un instant, Retrouvent la santé dont ils furent privés1. C’est par ces raisons et d’autres que vous m’avez persuadé : le respect dû à votre sainteté m’a contraint à composer des hymnes pour tout le cycle de l’année. En cela donc, épouses et servantes du Christ, puisque vous me l’avez demandé, je vous demande moi aussi en retour que cette charge que vous avez placée sur mes épaules, vous l’allégiez de vos mains par vos prières ; ainsi qui sème et qui moissonne trouveront même joie dans leur œuvre commune2. DIMANCHE Au premier nocturne



1.

Ô créateur de toutes choses, toi qui toutes choses disposes, ta création  toute entière te loue et te rend gloire  tout ce que tu disposes.

2.

Car tu n’as pas besoin d’outils, ni d’un plan longuement mûri : tu parfais tout  rien qu’en en donnant l’ordre, tu dis : « Que soit… ! »  et les choses sont là.

3.

Tu es l’Auteur par excellence, le Tout-Puissant tout bienveillant. Ce que tu fais,  tu le fais tout parfait, exactement  comme il doit être fait.

4.

Qui en effet, à juste titre, ne jugerait sévèrement qui sciemment  refuserait un bien quand le donner  ne gêne ni ne lèse3 ?

5.

Le monde est donc fait excellent en poids, en mesure et en nombre ; il est créé  parfait en toutes choses, et la raison  n’y souffre aucune atteinte.

1 Hymne pour le commun des confesseurs, AH 51.135. Avant d’être utilisé pour tous les confesseurs indistinctement, l’hymne était réservé à saint Martin, dont le tombeau était effectivement miraculeux. 2 Cette formule finale est empruntée à Augustin, In Johannis evangelium 15.32. Il la reprend lui-même à Irénée, qui s’inspire librement de Jn 4.37. 3 Sur cette strophe, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques sur l’Hymnaire du Paraclet d’Abélard », dans Revue d’histoire des textes, 17 (2022), p. 408-409.

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6.

Opus dignum opifice, Pulchrum, indissolubile, Ad exemplar  fit perfectissimum, Instar cuncta  concludens optimum.

7.

Nec minore disponitur Bonitate quam conditur : Quicquid male  gerit iniquitas Summa bene  disponit æquitas.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

DOMINICA Ad secundum nocturnum 1.

Deus, qui tuos erudis Testamentorum paginis, Ex eorum  intelligentiæ Cantus nostros  condis dulcedine.

2.

Tibi sit acceptabile, Nobis sic fiet utile Quod de tuis  solvemus laudibus, Si quod sonat  intellexerimus.

3.

Triplex intelligentia Diversa præbet fercula : Deliciis  abundat variis Sacræ mensa  scripturæ fertilis.

4.

Alunt parvos historica, Pascunt adultos mystica ; Perfectorum  ferventi studio Suscipitur  moralis lectio.

5.

Illis fides astruitur, Ex hac fructus colligitur ; Fructus hic est  et consummatio Quam det nobis :  morum instructio.

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6.

L’œuvre est digne de l’ouvrier, superbe autant qu’indestructible, et son modèle  étant le plus parfait, au mieux possible  elle englobe le tout.

7.

Elle est aussi bien gouvernée par sa bonté qu’elle est créée : tout ce que fait  mal l’[humaine] injustice devient un bien  par sa haute justice.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

DIMANCHE Au deuxième nocturne



1.

Dieu, toi qui enseignes les tiens par les pages des Testaments, dans la douceur  de leur compréhension, tu as fondé  la raison de nos chants.

2.

Que cela te soit agréable et qu’ainsi ce nous soit utile que, lorsqu’à toi  nous chantons des louanges, nous comprenions  le vrai sens de ce chant.

3.

Or trois manières de comprendre offrent diverses nourritures1 : la riche table  de la sainte écriture en abondance  offre divers plaisirs.

4.

L’histoire nourrit les petits, le sens mystique, les adultes ; mais les parfaits  dans leur zèle fervent sont abreuvés  de lecture morale.

5.

Les premiers construisent la foi, la troisième en cueille le fruit. Là est le fruit  et l’accomplissement ainsi donné :  l’instruction de nos mœurs.

1 Abélard connaît certainement les quatre sens traditionnels d’interprétation des écritures ; mais il s’en tient à trois (aux dépens du sens anagogique) soit par fidélité à Origène, soit plus simplement parce que le sens anagogique pourrait difficilement être appliqué à chacun des jours de la semaine.

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6.

Hæc nobis, Deus, fercula, Tua paravit gratia, Ut his nostra  peregrinatio Sustentetur  quasi viatico.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

DOMINICA Ad tertium nocturnum 1.

In ortum mundi sensilis, Mundus intelligibilis Cælo simul  et terra condito De divino  jam prodit animo.

2.

Cælum mox spiritalibus Redimitum est civibus : Hæc auctorem  suum laudantia Matutina  sunt illa sidera.

3.

Tellus inanis, vacua Latebat aquis obsita, Ac facies  profundi gurgitis Caligabat  obductis tenebris.

4.

Aquas fovens vivificus Jam incumbebat Spiritus, Ut hinc aquæ  jam tunc conciperent Unde prolem  nunc sacram parerent.

5.

Mundi quæque primordia Lucis venustans gratia, Dixit Deus :   « Sit lux ! » et facta est ; A tenebris  inde divisa est.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

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6.

Tel sont les plats que ta bonté ô Dieu, a pour nous préparés, pour que par eux,  provision de voyage, soit sustenté  notre exil ici bas.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

DIMANCHE Au troisième nocturne



1.

Pour créer le monde sensible, voilà le monde intelligible qui déjà sort  de l’esprit du Seigneur ; en même temps  ciel et terre sont nés.

2.

Bientôt le ciel est couronné par ses habitants spirituels : Car ceux-là sont  les astres du matin, ceux dont l’éclat  loue leur créateur.

3.

La terre vide et désolée disparaissait parmi les eaux, et le visage  de l’abîme profond s’obscurcissait  sous le poids des ténèbres.

4.

Déjà l’Esprit donneur de vie couché sur les eaux, les couvrait, pour que les eaux  en conçoivent alors de quoi donner  descendance sacrée.

5.

Embellissant par sa lumière le monde encore à son début, Dieu dit : « Que soit  la lumière1 » – elle fut, et est depuis  séparée des ténèbres.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

1 Gn 1.3.

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FERIA SECUNDA Ad matutinum 1.

In coæterno Dominus Verbo dixit altissimus : « Firmamentum  sit interpositum Ut dividat  aquarum medium. »

2.

Dictum effectus sequitur : Abyssus interciditur, Jacentibus  aquis inferius Suspenduntur  aquæ superius.

3.

Quibus has aquas usibus Reservet novit Dominus : Constat autem  et hæc et cetera Nobis esse,  non sibi, condita.

4.

Nostris necessitatibus Providetur in omnibus ; Pro singulis  a nobis Domino Gratiarum  debetur actio.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

FERIA TERTIA Ad matutinum 1.

Ad laudes die tertia Nos ejus monent opera : Congregatis inferioribus Aquis terram  detexit Dominus.

2.

Terra detecta pullulat, Herbam et lignum germinat ; Omne genus  herbæ producitur, Omne ligni  genus emittitur.

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LUNDI À matines 1.

En son Verbe coéternel le Seigneur, le Très-Haut, a dit : « Que soit placé  le firmament [des cieux] pour diviser  les eaux par le milieu1. »

2.

Et la parole s’accomplit, l’abîme se sépare en deux, et sur les eaux  d’en bas large étendues sont suspendues  en haut les eaux d’en haut.

3.

Le Seigneur sait à quel usage il a réservé ces eaux-ci. Mais il est sûr  que ces eaux et le reste furent créés  pour nous, non pas pour soi.

4.

En toutes choses, à nos besoins il est pourvu en tout d’avance. Pour chaque don  nous devons au Seigneur l’hommage pur  de notre gratitude.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

MARDI À matines



1.

Son œuvre au troisième jour à la louange nous invite : les eaux d’en bas  se trouvant rassemblées, Dieu découvrit  des eaux la terre ferme.

2.

La terre émergée pullule, elle fait germer herbe et bois. Viennent au jour  toutes espèces d’herbe, sortent du sol  toutes sortes de bois.

1 Gn 1.6.

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3.

In terra terræ principem Collocaturus hominem, Locum Deus  ornando præparat Vitæ nostræ  quem usus postulat.

4.

Recusamur in omnibus Si factorem contemnimus : Rationem  pro cunctis exigit, Is qui cuncta  pro nobis condidit.

5.

Disceptat mundus contra nos, Factus, ornatus propter nos, Si nos Deo  non subdat gratia, Quibus ipse  subjecit omnia.

6.

Placemus ipsum laudibus, Quem irritamus actibus : Quanta laudis  sit immolatio Nos psalmorum  docet instructio.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

FERIA QUARTA Ad matutinum 1.

Ornarunt terram germina, Nunc cælum luminaria : Sole, luna,  stellis depingitur, Quorum multus  usus cognoscitur.

2.

Lucem distinguunt, tempora, Sunt in signa certissima ; Cuncta fere  terrarum commoda Planetarum  ministrat physica.

3.

Hæc quæque pro te condita Sursum, homo, considera : Esse tuam  et cæli regio Se fatetur  horum servitio.

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3.

Et pour établir sur la terre l’homme, le prince de la terre, Dieu, en l’ornant,  fait un lieu convenant à ce qu’exige  notre mode de vie.

4.

Si nous méprisons qui l’a fait, nous sommes tout à fait en tort : celui qui fit  pour nous tout l’univers peut exiger  compte de tous ses dons.

5.

Façonné, embelli pour nous, le monde contre nous proteste si la grâce  ne nous soumet à Dieu, nous à qui Dieu  a soumis l’univers.

6.

Si nous l’irritons par nos actes, apaisons-le par nos louanges. Leur sacrifice  est de grande valeur, ce sont les psaumes  qui nous le font savoir1.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

MERCREDI À matines 1.

Les graines ont orné la terre à présent le ciel est dépeint de luminaires,  lune, soleil, étoiles qui, on le sait,  ont de nombreux usages.

2.

Ils marquent les temps, la lumière, ils servent de signes certains, car presque tous  les agréments sur terre sont procurés  par le fait des planètes.

3.

Considère, homme, que tout ça est établi là-haut pour toi : même le ciel  reconnaît être à toi par les services  que te rendent les astres.

1 Cf. Ps 49.23.

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4.

Sole calet in hieme Qui caret ignis munere ; Pro nocturnæ  lucernæ gratia Pauper habet  lunam et sidera.

5.

Stratis dives eburneis, Pauper jacet gramineis ; Hinc avium  oblectant cantica, Inde florum  spirat fragrantia.

6.

Impensis, dives, nimiis Domum casuram construis ; Falso sole  pingis testudinem, Falsis stellis  in cæli speciem.

7.

In veri cæli camera Pauper jacet pulcherrima : Vero sole,  veris sideribus Istam illi  depinxit Dominus.

8.

Opus magis eximium Est naturæ quam hominum, Quod nec labor  nec sumptus præparat Nec vetustas  solvendo dissipat.

9.

Ministrat homo diviti, Angelus autem pauperi, Ut hinc quoque  constet cælestia Quam sint nobis  a Deo subdita.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

FERIA QUINTA Ad matutinum 1.

Ornatis luce partibus Mundi superioribus, Loca restat  ornandum infima Ex his quibus  lux est jam condita.

2.

Educunt aquæ reptile, Producunt et volatile ; Uno jussu  pisces et volucres Prodierunt  in suas species.

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4.

Le soleil réchauffe en hiver ceux qui n’ont pas reçu de feu, et s’il n’a pas  le confort d’une lampe, la nuit, le pauvre  a la lune et les astres.

5.

Le riche dort sur lit d’ivoire, le pauvre, sur un lit de foin. Il est bercé  par le chant des oiseaux, il est charmé  par le parfum des fleurs.

6.

Toi, le riche, à frais excessifs, tu construis ta maison caduque. Tu peins la voûte  avec un faux soleil et de faux astres,  pour imiter le ciel.

7.

Le pauvre dort sous le vrai ciel, et sa chambre est bien la plus belle : le vrai soleil  et les étoiles vraies, c’est le Seigneur  qui les a peints pour lui.

8.

Bien plus merveilleux est l’ouvrage de la nature que des hommes, Car l’on n’y gâche  ni labeur ni dépense, le temps qui passe  ne peut rien contre lui.

9.

Car c’est l’homme qui sert le riche, mais les anges servent le pauvre, pour bien montrer  que le ciel lui aussi nous fut soumis  par le vouloir de Dieu.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

JEUDI À matines 1.

Les parts supérieures du monde étant embellies de lumière, il reste donc  à embellir le bas par ce pour quoi  la lumière fut faite.

2.

Les eaux produisent les reptiles, et font naître les volatiles. Sur un seul ordre,  les poissons, les oiseaux sont apparus  en toutes leurs espèces.

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3.

Simul et cete grandia Et parva fiunt ostrea ; Uno grypho  momento maximus Perfectus est  et passer modicus.

4.

Dixit enim et facta sunt, Mandavit et creata sunt ; Magna simul  complet et modica Cui sunt æque  cuncta facilia.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

FERIA SEXTA Ad matutinum 1.

Laus instat sextæ feriæ, Pro qua debentur aliæ, Qua formatur  homo novissimus, Præparatis  ei jam omnibus.

2.

Hac in luce terrestria Creantur animantia : Omne terræ  de terra reptile, Omne genus  profertur bestiæ.

3.

Fit omnium novissimus Homo qui præsit omnibus : Ad hunc cuncta  spectabant terminum Tamquam finem  cunctorum unicum.

4.

Summus creatur omnium In quo summa stat operum ; In hoc omnis  expletur termino Consilii  divini ratio,

5.

Hoc unum plasma nobile In quo resplendet, Domine, Illud tuæ  decus imaginis Et gloria  similitudinis :

6.

Vir primum, inde femina De costa viri condita Postquam viro  sopor immittitur, Sacramentum  quo magnum geritur.

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3.

Naissent ensemble la baleine énorme et l’huître minuscule, est fabriqué  le griffon gigantesque en même temps  que le frêle moineau.

4.

Car il parle et les choses sont, il ordonne et elles existent, il accomplit  le grand et le petit, tout est pour lui  également facile.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

VENDREDI À matines 1.

Et voici le sixième jour, pour qui sont dus les autres jours, où fut formé  l’homme, tout en dernier, pour lui déjà  tout étant préparé.

2.

C’est ce jour-là que sont créés les animaux qu’on dit terrestres, tous les reptiles  qui rampent sur la terre, et toute espèce  de bête terrienne.

3.

Est créé le dernier de tous l’homme, pour les dominer tous. C’est lui le but  vers qui tout convergeait, puisqu’il était  l’unique fin de tout.

4.

Lui en qui se consomme l’œuvre, est fait sommet de toutes choses : C’est lui le but  où se trouve accompli tout le projet  de l’intention divine,

5.

l’unique et noble créature où tu fais resplendir, Seigneur, l’insigne honneur  de porter ton image, la grande gloire  d’être semblable à toi.

6.

L’homme d’abord, la femme ensuite, tirée de la côte de l’homme, après que l’homme  eut été endormi, en quoi réside  un bien grand sacrement.

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7.

Dantur his animantia In potestatem cetera ; Potiuntur  pro tabernaculis Paradisi  templo gratissimis.

d.

Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

SABBATO Ad matutinum 1.

Perfectis Deus omnibus ‹Et› inspectis operibus, Summe bonus,  cuncta quæ fecerat Valde bona  videt et approbat.

2.

Sunt perfecta senario Cuncta dierum numero, Ut perfecto  dierum operi Attestetur  et virtus numeri.

3.

Quievit die septimo, Non lassatus in aliquo : Quies ipsa  Deus perpetua, In quo cuncta  quietis gaudia.

4.

Diem ergo sanctificat Quo cessando quieverat ; In sabbati  veri mysterio Benedicit  diei septimo ;

5.

Illius, inquam, sabbati, Quod est ignarum termini, Quo pax vera,  summa tranquillitas Juges agit  festorum ferias.

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7.

Il leur est donné la puissance sur tous les autres animaux, ils s’établissent,  pour un séjour heureux, au paradis,  temple miraculeux.

d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

SAMEDI À matines



1.

Ayant terminé l’univers et considérant son ouvrage, lui, le Très Bon,  Dieu regarde et approuve comme fort bon  tout ce qu’il avait fait1.

2.

Car il a parfait l’univers selon le nombre de six jours, pour que ce nombre  en sa vertu atteste la perfection  de l’œuvre de ces jours2.

3.

Il se reposa le septième, non qu’il ait été fatigué : car Dieu lui-même  est perpétuel repos, en qui réside  l’essence du repos.

4.

Mais il sanctifie le jour où il eut fini son ouvrage : dans le mystère  du Sabbat véritable, il a béni  ce septième jour.

5.

Ce jour, dirons-nous, du sabbat qui ne connaît pas de limite, où la paix vraie,  où la sérénité à tout jamais  célèbre un jour sacré3.

1 Le verset que paraphrase Abélard ici (Gn 1.31) relève en fait du cinquième jour. 2 Abélard fait allusion à une caractéristique arithmétique du nombre six et joue sur le sens de « parfait » : est parfait un nombre égal à la somme de ses diviseurs entiers (sauf lui-même), ici 1, 2 et 3. 3 Dans la Genèse, la fin du septième jour n’est pas marquée : d’où l’interprétation qu’il ne finit pas et correspond donc au septième et dernier âge du monde, le sabbat « véritable ».

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d.

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Sit perpes Deo gloria, Ex quo sunt quæ sunt omnia ; Ipsum cuncta  per quem sunt prædicent, Ipsi semper  in quo sunt jubilent.  Amen.

DOMINICA Ad laudes 1. Advenit veritas,  umbra præteriit, Post noctem claritas  diei subiit ; Ad ortum rutilant  superni luminis Legis mysteria  plena caliginis. 2. Nocturnum Moysi  cedat præconium, Diurnum congruit  diei canticum : Cum Christo prodeunt  cuncta de latebris, Nec locum deserit  lux tanta tenebris. 3. Velamen exuunt  figuræ mysticæ : Est in re Veritas,  jam non in schemate ; Promissa liquido  complens prophetica, Jota vel apicem  non sinit irrita. 4. Transacto flebili  de morte vespere, Cum vita redditur  mane lætitiæ ; Resurgit Dominus,  apparent angeli, Custodes fugiunt  splendore territi. 5. Sanctorum plurimi  qui jam dormierant Surgentis gloriam  surgendo prædicant ; In testimonium  surgentis Domini Conscendunt mortui,  descendunt angeli. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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d.

Que gloire sans fin soit à Dieu par qui est tout ce qui existe. Que toutes choses  disent par qui elles sont, criant leur joie  à lui en qui elles sont.

DIMANCHE À laudes 1. La vérité survient,  l’ombre s’est évanouie, et la clarté du jour  s’impose après la nuit ; éclatent au lever  de la haute lumière les secrets de la loi,  jadis pleins de ténèbres. 2. Oublié le discours  nocturne de Moïse, il convient de chanter  le jour un chant de jour. Avec Christ toutes choses  sortent de leurs cachettes, Son immense lumière  annule les ténèbres. 3. Les figures mystiques  se défont de leur voile, La vérité n’est plus  annoncée, mais réelle, elle accomplit en clair  l’oracle des prophètes, n’en laisse sans raison  un mot ni une lettre1. 4. Passé le triste soir  de la mort déplorable, avec la vie renaît  le matin de bonheur ; le Seigneur se relève,  les anges apparaissent, et les gardes s’enfuient  frappés par sa splendeur2. 5. Beaucoup des saints passés,  déjà dans leur repos, proclament en se levant  la gloire du Très Haut. Pour rendre témoignage  au Seigneur qui se lève les morts montent du sol,  et les anges descendent3. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils.





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1 Cf. Mt 5.18. 2 Cf. Mt 28.2­-4. 3 Les morts en question ne sont pas ceux qui sortirent de leur tombeau le vendredi saint, mais ceux que le Christ a libérés en descendant aux enfers.

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DOMINICA Ad primam 1. Auroram lucifer  præit, sol sequitur ; Aurora fidei  lux intelligitur Quam verus lucifer  surgendo contulit Caro dominica  cum refloruerit. 2. Hic idem lucifer  ut sol refulserit Cum ad judicium  commune venerit, Cujus lux fuerit  tanta præsentiæ Ut conscientiæ  loquantur singulæ. 3. Hunc invisibilem  quem intelligimus Solem annuntiat  iste quem cernimus, Et invisibilem  auctorem omnium Laudat visibilis  effectus operum. 4. Cunctis laudantibus,  homo, ne taceas, Cum laudes Domino  pro cunctis debeas ; Urgeris singulis  ex beneficiis Ut grates laudibus  solvas continuis. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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DOMINICA Ad tertiam 1. In altum orbita  solis jam ducitur Calorque proficit  quo mundus alitur ; Lux primum, déinde  calor infunditur, Cum fidem caritas  in nobis sequitur. 2. Hanc lucem fidei  sol verus attulit In carne Verbum nos  cum visitaverit ; Zelum fortissimum  amoris contulit Hac hora Spiritus  quem Verbum miserit. 3. Hinc recte Spiritus  in igne visus est Super apostolos  cum hic largitus est, Nam ignis amor est  qui mentes animat, Ut testam luteam  ignis corroborat.

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DIMANCHE À prime

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1. L’étoile du matin  marche devant l’aurore, Le soleil suit : l’aurore  est lumière de foi, qu’en se levant brandit  le vrai porte-lumière, quand la chair du Seigneur  en vint à refleurir. 2. Et ce Lucifer-là  luira comme un soleil, quand il arrivera  au jugement dernier, si lumineux sera  l’éclat de sa présence que toutes les consciences  se mettront à parler. 3. L’invisible soleil  que notre esprit perçoit nous est préfiguré  par celui que l’on voit, et l’invisible auteur  de l’univers créé par ses œuvres visibles  est de fait exalté. 4. Quand l’univers le loue,  homme, ne te tais pas, puisque pour l’univers  tu dois à Dieu louange : chacun de ses bienfaits  t’oblige absolument à le remercier  de louange incessante. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. DIMANCHE À tierce 1. L’orbite du soleil  s’élève vers le haut, et la chaleur augmente  dont se nourrit le monde. La lumière d’abord,  ensuite la chaleur, lorsque la charité  rejoint en nous la foi. 2. Le vrai soleil donna  cette foi lumineuse quand le Verbe nous a  visité dans la chair : à ce moment l’Esprit  envoyé par le Verbe nous a donné le zèle  extrême de l’amour. 3. Aussi c’est comme un feu  que l’esprit apparut au dessus des apôtres,  quand il leur fut donné, car l’amour est un feu  qui anime les âmes, comme le feu durcit  un pot de terre cuite.

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d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 13

DOMINICA Ad sextam 1. Plena meridie  lux solis radiat, Plenusque calor est  quo mundus æstuat : Beatitudinis  hæc est perfectio Cum ipsa Dei nos  incendet visio. 2. Cujus quo fuerit  major cognitio, Major in singulis  erit dilectio, Quem nichil aliud  erit conspicere Quam vera perfrui  beatitudine. 3. Felices oculi,  beata lumina Quibus concessum est  hac frui gloria ! Hujus te supplices  rogamus, Domine, Loca vel ultima  da nobis curiæ. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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DOMINICA Post prandium 1. Deus, qui corpora  creas et animas Et cibis propriis  utraque recreas, Tibi tam corpora  psallant quam animæ, Esse qui tribuis  illis et vivere. 2. Ignosce, Domine,  nostris excessibus Si plus quam decuit  gulæ indulsimus ; Immo, piissime,  quia sic fecimus, Tam hoc quam cetera  condona, quæsumus. 3. Hoc primi vitio  parentes exulant Et crebris posteros  ærumnis implicant ; Hoc naturaliter  est nobis insitum Et quasi filiis  hereditarium.

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d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. DIMANCHE À sexte

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1. Rayonne en plein midi  la lumière solaire, c’est la pleine chaleur  dont le monde s’embrase : c’est la perfection  de la béatitude, quand la vision de Dieu  nous incendiera. 2. Plus nous aurons de lui  parfaite connaissance, plus notre amour pour lui  grandira en chacun. Pouvoir le contempler,  ce ne sera rien d’autre que de jouir pleinement  de la béatitude. 3. Bienheureux sont les yeux,  fortunés les regards1 auxquels il est donné  de jouir de cette gloire. Nous t’en prions, Seigneur,  accorde-nous d’avoir même au tout dernier rang,  place dans cette cour. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. DIMANCHE Après le repas 1. Dieu, qui crées les corps  aussi bien que les âmes, et donnes à chacun d’eux  sa nourriture propre, tant les corps que les âmes  chantent en ton honneur, à toi qui leur confères  d’exister et de vivre. 2. Sois indulgent, Seigneur,  pour nos excès de bouche, si, plus qu’il n’eût fallu,  la table nous a plu, plutôt, Dieu de bonté,  comme ce fut le cas, pardonne-nous cela  aussi bien que le reste. 3. Car nos premiers parents,  exilés pour ce vice, plongent leurs descendants  dans des malheurs nombreux. Et ce vice est en nous  semé par la nature, c’est comme un héritage  transmis de père en fils.

1 Cf. Lc 10.23.

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4. Immoderatior  et inter epulas Si quid addiderit  culpæ loquacitas, Id quoque tuum est  tuis ignoscere, Qui nobis spatium  reservas veniæ. 5. Tuum est gratiam  dare supplicibus Qua sibi temperent  ab his et talibus ; Tuum est omnibus  modum præfigere Atque præcipitem  naturam regere. 6. Peregrinantibus  nobis viaticum Da necessarium,  tolle superfluum : Sit quæ non oneret  supellex modica Ne tarde profugis  occurrat patria. 7. Quis in exilio  quærat delicias ? Vel nudus utinam  hinc tandem exeat, Nudæque naufragum  hærentem tabulæ Cautes excipiant  saxoso litore ! 8. Qui spiritalibus  se cibis præparat Non quærit qualibus  stercus conficiat, Cælesti pane qui  saginans animam Ventris rugitibus  non parat similam. 9. Quem veræ poculum  vitis inebriat Vini dulcedine  gulam non incitat ; Regum deliciæ,  non Christi pauperum Sollicitudines  sunt istæ gentium. 10. Terrena cogitant  hi, non cælestia, Ponunt exilium  sibi pro patria ; Sortem cum bestiis  hic suam faciunt Et tales, miseri !  concives eligunt. 11. Averni facilem  descensum appetunt, Cælorum arduum  callem refugiunt : Ventre et pectore  repentes penitus Se jam attollere  valent nullatenus.

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4. Si, pendant le repas,  trop parler, sans mesure, ajoute à cet excès  une faute certaine, cela aussi, tu peux  le pardonner aux tiens, toi qui gardes pour nous  une place au pardon. 5. Tu peux donner ta grâce  à ceux qui t’en supplient, qu’ils sachent s’abstenir  de ces fautes et d’autres : c’est à toi de fixer  pour tous une mesure, d’aider à contrôler  l’impulsive nature. 6. Pour notre saint périple  donne les provisions, mais le strict nécessaire,  ôte le superflu ; que nous ne nous chargions  que d’un maigre bagage, pour ne pas retarder  notre arrivée chez nous. 7. Qui va, en cet exil,  rechercher le plaisir ? Puissions-nous, même nus,  sortir enfin d’ici, et que le naufragé,  agrippé à sa planche nue, soit déposé  sur la côte rocheuse1. 8. Celui qui se prépare  aux repas spirituels ne cherche pas de quoi  sont faits ses excréments, et qui nourrit son âme  avec le pain céleste ne cherche pas pain blanc  si son ventre réclame. 9. Qui s’enivre à la coupe  venue de la vraie vigne n’a guère d’appétit  pour la douceur du vin. Ce sont plaisirs de rois,  non des pauvres du Christ, ce sont des appétits  à laisser aux païens. 10. Eux ne s’occupent pas  du ciel, mais de la terre, ils prennent leur exil  pour leur vraie patrie, ils se font ici-bas  l’existence des bêtes, malheureux, ils s’assemblent  avec d’autres comme eux. 11. Descendre vers l’enfer  leur semble un but facile, ils craignent de monter  le dur sentier des cieux, ne sachant que ramper  sur leur ventre et leur torse, ils ne peuvent plus même  se soulever du sol2.



1 Sur cette strophe, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… », p. 410-412. 2 Ces deux strophes s’inspirent de la théorie antique qui voit dans la position debout un symbole de la dignité de l’homme. Ovide le résume en deux vers que les Pères de l’Église citent volontiers, Métamorphoses 1.85-86 : Os homini sublime dedit cælumque videre / Jussit et erectos ad sidera tollere vultus, « Il donne à l’homme une tête qui se lève, il lui ordonne de voir le ciel et de dresser haut son visage vers les étoiles » (trad. Marie Cosnay).

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12. Ut pronas corpore  natura bestias, Sic istos animo  fecit edacitas ; Bacchi vel Cereris  templis assidui, In cærimoniis  ventris sunt prodigi. 13. Tu autem exules  factos ingluvie Per abstinentiam  reduc nos, Domine ; Nullumque deseras  tuorum inopem, Qui vestis lilium  et pascis passerem. 14. Nullum necessitas  premat inopiæ, Sed sit frugalitas  sufficientiæ ; Sit quod sufficere  naturæ valeat, Non quod lasciviæ  fomentum præbeat. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 15

DOMINICA Ad nonam 1. Septem quas solvimus  diurnis laudibus Nocturnis additis  octo perficimus ; Ex quibus quattuor  ascribe vesperæ Et mane quattuor,  diemque perfice. 2. A nona vesperam  scimus incipere, Cum sol se cœperit  terris immergere ; E contra recte quis  mane tribuerit Post noctis medium  cum sol emerserit. 3. Octo conficitur  nostra substantia, Quam demum perficit  octavæ gloria : Corpus ex quattuor  constare novimus, Ornari totidem  mentes virtutibus. 4. Hinc recte gratias  in octo laudibus Pro nobis Domino  solvi statuimus : Defectum corporis  præbentes vesperæ, Mane tribuimus  vigorem animæ.

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12. Comme leur naturel  attache au corps les bêtes, le désir de manger  dirige leur esprit. Aux temples de Bacchus,  de Cérès assidus, ils servent sans compter  les rites de leur ventre. 13. Ramène-nous, Seigneur,  par la voie d’abstinence, nous que l’avidité  a menés en exil. Ne laisse aucun des tiens  manquer du nécessaire, toi qui revêts le lys  et nourris le moineau1. 14. Que nul ne soit pressé  par la nécessité, mais que l’on se contente  de la frugalité. Qu’on ait ce qui suffit  aux besoins de nature, sans servir d’aliment  au feu de la luxure. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. 15

DIMANCHE À none 1. Ayant rendu louange  en ajoutant nocturnes  Là-dessus, donnes-en  et quatre pour le soir, 

sept fois durant le jour, nous arrivons à huit. quatre pour le matin qui font un jour complet.

2. Nous savons que le soir  commence depuis none, quand le soleil commence  à plonger sous les terres. Le matin, au contraire,  est justement compté quand le soleil émerge  après la demi-nuit. 3. Le chiffre huit complète  l’ensemble de notre être, qu’accomplira un jour  le glorieux huitième âge : nous savons que le corps  est fait de quatre choses et que quatre vertus  embellissent l’esprit2. 4. C’est donc à juste titre  que nous avons voulu rendre grâce au Seigneur  par huit chants de louange : le soir nous lui offrons  notre corps défectueux, le matin nous donnons  la vigueur de notre âme.



1 Cf. Lc 12.24.27 (et Mt 6.26-28). 2 Les quatre éléments et les vertus cardinales (prudence, tempérance, force, justice).

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d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 16

DOMINICA Ad vesperas 1. Octavæ titulos  in psalmis legimus, Futuræ gloriam  vitæ canentibus, Cum lux subierit  perpes fidelium Istius temporis  post septenarium. 2. Hanc jam in capite  completam novimus Cum resurrexerit  hac luce Dominus, Ut sic certissimam  spem membris propriis Ejusdem tribuat  beatitudinis. 3. Hinc a christicolis  hæc dies merito Præ cunctis colitur  hoc in mysterio ; Æternis etenim,  non temporalibus Hi bonis inhiant  quorum fons Dominus. 4. Neve tam arduam  viam tenentibus Ex diffidentia  tepescat animus, Hac ipsa Dominus  die paraclitum Misit discipulis  in arrham Spiritum. 5. Ad hujus addito  diei gloriam, Quo recte videas  dici dominicam, Quod corporaliter  hac luce Dominus Ut rex susceptus est  et heres regius. 6. Ingressus proprium  statim palatium, Potentis exhibet  regis imperium : Pravos eiciens,  cæcos illuminat, Et domum Domini  sic reconciliat ;

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d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. DIMANCHE À vêpres 1. Nous lisons dans les psaumes1  l’état du huitième âge, lorsqu’ils chantent la gloire  de la future vie, quand les fidèles auront  l’éternelle lumière, après le septénaire  du temps de par ici. 2. Cet âge s’est déjà  accompli en son chef, puisqu’est ressuscité  en ce jour le Seigneur, pour qu’il donne à chacun  des membres de son corps un espoir très certain  de sa béatitude. 3. Aussi, pour les chrétiens,  ce jour à juste titre entre tous est fêté  en ce profond mystère. Car ceux dont le Seigneur  est la source d’eau vive ont soif de l’éternel,  non des biens temporels. 4. Pour que ceux qui adoptent  une voie si ardue ne perdent pas confiance  au point de s’attiédir, en ce jour, le Seigneur  envoya aux disciples, en aide et protection,  l’Esprit consolateur2. 5. Il s’ajoute à la gloire  spéciale de ce jour, pour qu’on puisse à bon droit  dire « jour du Seigneur », qu’en ce jour le Seigneur,  en sa vie corporelle, fut reçu comme roi  et héritier royal3. 6. Aussitôt, pénétrant  dans son propre palais, il montre en sa puissance  l’autorité d’un roi, expulsant les mauvais,  il fait voir les aveugles, réconciliant par là  la maison du Seigneur :



1 Les Psaumes 6 et 11, qui portent l’intitulé « pour l’octave », ce que les Pères interprètent comme une indication du jugement dernier, et donc du huitième âge. 2 À la Pentecôte. 3 Lors de l’entrée triomphale à Jérusalem, le dimanche des Rameaux (Mt 21). La strophe suivante paraphrase le passage qui suit chez Matthieu, le Christ chassant les marchands du Temple et guérissant des aveugles et des boiteux.

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7. Octavæ peragit  in his mysterium, In qua resederit  ut judex omnium, Suos illuminans  sui præsentia, Pravos eiciens  a regni gloria. 8. Nec a mysterio  vacare credimus Quod soli dies hæc  datur a gentibus Ipsique consecrant  eam ex nomine, Cum sibi vindicet  hanc sol justitiæ. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 17

DOMINICA Ad completorium 1. Ubique tuis nos  et semper laudibus Vacare, Domine,  debere novimus, Qui loca fabricas  nobis et tempora, Noctem ad requiem,  diem ad opera. 2. Et cum non ferat hoc  nostra fragilitas, Horas instituit,  fixit ecclesias Ut ipsa loca nos  ad hæc admoneant, Invitent tempora,  vel segnes arguant. 3. Hora jam requiem  diei septima Completa poscimus,  laudum hebdomada ; Tu nostro, Domine,  benedic sabbato, Quos tuo reparet  quies obsequio. 4. Hanc tua dextera  domum sanctificet, Et immanissimum  leonem religet ; Somno pacifico  sic corpus recrea Ut in te vigilet  mens semper sobria. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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7. Il préfigure ainsi  le huitième jour, où le Christ siègera  comme juge de tous, illuminant les siens  par sa seule présence, expulsant les mauvais  du royaume de gloire. 8. Ce n’est pas, croyons-nous,  sans signification que les païens consacrent  au soleil ce jour-là, et lui donnent son nom  pour le rendre sacré, puisque c’est bien le jour  du Soleil de justice1. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. DIMANCHE À complies 1. Que nous devions toujours,  que nous devions partout vaquer à tes louanges,  Seigneur, nous le savons, toi qui crées pour nous  les lieux et les moments, la nuit pour le repos,  et le jour pour l’action. 2. Comme notre faiblesse  ne peut y arriver, elle a fixé des heures  et marqué les églises, pour que les lieux nous poussent  eux-mêmes à te louer, que les temps nous incitent  ou nous montrent trop tièdes. 3. Septième heure du jour  complétée à complies, demandons le repos  des sept temps de louange ; et toi, Seigneur, bénis  notre temps de sabbat, le repos nous rendra  dispos pour te louer. 4. Que ta main sanctifie  cette nôtre maison et retienne enchaîné  le lion terrifiant2. Réconforte nos corps  en un sommeil paisible pour que, sobre toujours,  notre esprit veille en toi. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils.



1 En latin, le dimanche est le jour du soleil, Solis dies. 2 Allusion à I P 5.8-9, lecture qui fait partie de l’office de complies.

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FERIA SECUNDA Ad laudes 1. Ætates temporum  nostrique corporis Divini numerus  præsignat operis : Dierum novimus  in hoc senarium, Et sex ætates sunt  mundi vel hominum. 2. In Noe primæ fit  ætatis terminus, Instar infantiæ  quam recte ponimus ; Similitudine  quadam ad singula Lux prima continet  horum mysteria. 3. Tunc incomposita  facta materies Formanda déinceps  erat in species, Et rude sæculum  legem non noverat, Nec ætas terrena  rectum quid cogitat. 4. Deleta prior est  Sic et infantiam  In primo die lux  Et istam inchoat 

ætas diluvio : delet oblivio ; narratur condita, lucem infantia.

5. Est et lux fidei  quædam minoribus, Quam quasi parvuli  primum suscepimus ; Hanc quoque species  ipsa diluerit Cum quod nunc credimus  videri cœperit. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 19

FERIA SECUNDA Ad vesperas 1. Secunda desinit  ætas in Abraham, Ac si jam ventum sit  ad pueritiam ; Non hanc diluvium  ætatem diluit, Cum pueritiæ  quisque meminerit.

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LUNDI À laudes

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1. Les temps et notre corps  ont tous les deux des âges prérythmés par le nombre  de l’œuvre du Seigneur ; en quoi nous connaissons  le sénaire des jours : et le monde et les hommes  ont tous les deux six âges1. 2. Le terme du premier  fut au temps de Noé, que nous pouvons compter  comme la prime enfance : car la similitude  est point à point parfaite, le premier jour du monde  en contient les mystères. 3. En ce temps la matière  était encore brute, qui allait se former  en diverses espèces ; et ce siècle grossier  ne savait pas la loi, ni cet âge terrestre  où se trouve le droit. 4. Le premier âge fut  détruit par le déluge, comme un oubli profond  détruit la prime enfance. Au premier jour, dit-on,  fut créée la lumière : voir la lumière est bien  le début de l’enfance. 5. Pour les petits existe  une lueur de foi ; au début nous l’avons  reçue comme des enfants. L’évidence du fait  dissoudra cette ébauche, quand nous apparaîtra  l’objet de notre foi. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. LUNDI À vêpres 1. À Abraham prend fin  l’âge second du monde comme si on était  arrivé à l’enfance : le déluge n’a pas  dissipé sa mémoire, puisque de son enfance  un chacun se souvient.



1 La théorie des six âges du monde est le fait d’Augustin. Il est courant de les associer aux six âges de la vie humaine ; en revanche, l’ajout des six vertus correspondantes (résumées aux laudes du samedi) est, apparemment, propre à Abélard et sans parallèle. Le premier âge correspondrait au dimanche, mais Abélard en repousse la description ici parce que le dimanche est occupé par une thématique propre, relativement étrangère à la semaine de la Création.

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2. Hac firmamentum est  in die conditum, Ut aquas dividat,  his interpositum ; A compluentibus  et inundantibus Aquis consuluit  archa fidelibus. 3. Non Dei populum  hæc ætas genuit, Legis instructio  cum nondum fuerit : Nec vires suppetunt  gignendi puero, Etsi memoriam  jam firmet animo. 4. Post lucem fidei  spes nos corroborat, Et jam ad fortia  credentem animat, Ut spe cælestium  et veræ gloriæ Jam cuncta toleret  hujus miseriæ. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 20

FERIA TERTIA Ad laudes 1. Ætas perducitur  ad David tertia ; Huic est similis  adolescentia : Interpres sapiens  diei tertio Utramque comparat  ætatem merito. 2. Aquas ab arida  lux ista removet Et fluxa sæculi  data lex inhibet, Ne deprimentibus  nos libidinibus Concupiscentiis  se mergat animus. 3. Hæc ætas populum  per legem genuit Et patrem Abraham  multorum statuit ; Et, quasi prima sit  hæc terræ soboles, Nascuntur hodie  cum herbis arbores. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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2. En ce jour fut créé  le vaste firmament, pour diviser les eaux,  eaux d’en bas, eaux d’en haut ; et des eaux qui tombaient,  et des eaux qui montaient, l’arche a pu préserver  la troupe des fidèles. 3. Cet âge n’engendra  pas le peuple de Dieu, puisque la loi n’était  pas encore enseignée. Ainsi l’enfant n’a pas  la force d’engendrer, même si dans son cœur  s’affermit la mémoire. 4. Après l’éveil de foi,  l’espoir nous donne force, anime le croyant  aux actions courageuses, pour que l’espoir du ciel  et de la gloire vraie lui fasse supporter  tous les malheurs présents. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. MARDI À laudes 1. Le troisième âge va  jusqu’au temps de David, l’âge d’adolescence  lui est fort comparable. L’exégète averti  compare à juste titre les deux âges en question  à ce troisième jour. 2. C’est le jour qui sépare  les eaux des terres fermes : la loi donnée contrôle  les vagues de ce siècle, pour que sous le fardeau  de nos désirs sans règle notre âme ne se noie  dans la concupiscence. 3. Cet âge, par la loi,  a engendré le peuple et a fait Abraham  père de nombreux peuples, et, comme s’ils étaient  les premiers nés des terres, c’est en ce jour que naissent  les arbres avec les herbes. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils.

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FERIA TERTIA Ad vesperas 1. Post fidem atque spem  timor incutitur, Quo mercenarius  aut servus agitur, Dum hunc sollicitant  sperata commoda Vel illum stimulant  flagella edita. 2. Antiquum timor hic  possedit populum, Legis pollicitis  et minis subditum, Dum lex promitteret  hæc bona cupidis, Reos afficeret  pœnis gravissimis. 3. Ex terra vivere  plantas agnoscimus, Creatas hodie  quas esse legimus ; Et vitam Israhel  terrenam duxerit, Cujus promissio  terrena fuerit. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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FERIA QUARTA Ad laudes 1. Quarta lux decorat  cælum sideribus, Quorum perpetuus  vigor est igneus ; Quæ numquam excidit  sic fervet caritas, Quæ sibi vindicat  sedes æthereas. 2. Cujus quadrifida  lex Evangelium Constat ad quattuor  dierum numerum : Quadrati corporis  est magna firmitas, Et cuncta sustinet  invicta caritas. 3. Virtutum caritas  est consummatio, Virilis virium  ætas perfectio : Ut corpus hominis  hoc implet viribus, Sic mentem caritas  consummat moribus. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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MARDI À vêpres

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1. Après foi et espoir  est inculquée la crainte qui fait marcher l’esclave  comme le mercenaire : la menace des coups  stimule le premier, l’avantage espéré  excite le second. 2. Le peuple de jadis,  tenu par cette crainte, est soumis à la Loi,  promesses et menaces : La Loi, à qui les veut,  promet les biens d’ici, frappant les délinquants  de punitions terribles. 3. Nous savons que les plantes  se nourrissent de terre, que le Livre nous dit  créées en ce jour-ci : or Israël menait  une vie terrestre, car sa promesse était  bornée à cette terre. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. MERCREDI À laudes 1. Le quatrième jour  place au ciel les étoiles dont la vigueur ignée  ne diminue jamais : telle est la charité,  toujours aussi brûlante, à qui sont réservées  les demeures des cieux. 2. Sa loi en quatre points,  ce sont les Évangiles, dont le nombre de quatre  est celui de ce jour. Or, la solidité  d’un corps carré est grande : l’invaincue charité  peut bien tout supporter. 3. La charité étant  le sommet des vertus, l’âge viril est bien  perfection de la force. Comme il emplit de force  le corps de l’être humain, ainsi la charité  en accomplit l’esprit. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils.

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FERIA QUARTA Ad vesperas 1. Ætatis sæculi  quartæ primordium Ponunt theologi  regnum Davidicum ; Istius vespera  fit transmigratio Israhelitica  sub Babylonio. 2. In David caritas  perfecta noscitur, Quæ sævos etiam  hostes amplectitur : Pepercit Saüli,  quem planxit mortuum, Morte mox puniens  mendacem nuntium. 3. Hostilem religat  prædonem caritas, Nec erit animæ  cum hac captivitas ; Ubi defuerit,  salus amittitur, Et nostri pectoris  urbs hosti traditur. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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FERIA QUINTA Ad laudes 1. Quod ætas sæculi  quinta perducitur Ad Christi tempora  a multis traditur : In mundi senio,  novus ad veterem Ut eum renovet  missus est hominem. 2. Defectum virium  senectus patitur, Et mundi senium  hoc recte dicitur, In quo consulere  virtus Altissimi Bonorum omnium  venit defectui. 3. Jam præterierat  patrum religio, Prophetæ deerant,  defecit unctio, Cum hunc inunxerit  divina gratia Qui spiritaliter  restauret omnia.

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MERCREDI À vêpres

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1. La quatrième époque  de l’histoire du monde, commence avec David,  disent les exégètes. Au soir de ce temps-là  eut lieu l’exil lointain du peuple d’Israël  sous les Babyloniens. 2. En David on comprend  la charité parfaite qui chérit l’ennemi  même s’il est mauvais. Il pardonne à Saül,  dont il pleure la mort, puis il punit de mort  le messager menteur1. 3. La charité contient  l’ennemi qui nous guette, avec elle jamais  l’âme ne sera prise. Lorsqu’elle fait défaut,  alors tout est perdu, la cité de notre âme  se rend à l’ennemi. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. JEUDI À laudes 1. La tradition nous dit  que le cinquième âge du monde nous conduit  à l’époque du Christ : Lorsque le monde est vieux,  alors est envoyé l’homme neuf à l’ancien,  pour le renouveler. 2. La vieillesse subit  la perte de ses forces : cet âge est donc bien dit  la vieillesse du monde. Et pour y remédier,  la force du Très-Haut est venue compenser  la perte de tous biens. 3. Déjà s’était perdue  la religion des pères, et il n’y avait plus  ni onction ni prophètes, quand la grâce divine  a oint pour nous le Christ, qui rénove et restaure  toutes choses en esprit2.



1 Cf. 1 S 23-2 S 1. 2 Cf. Ep 4.23-24.

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d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 25

FERIA QUINTA Ad vesperas 1. Ex aquis hodie  viventes animas Produci docuit  scripturæ veritas, Quia, baptismatis  absente lavacro, Morum non sufficit  catechizatio. 2. Hic mater gratia  sepelit veterem, Hinc novum pia plebs  suscipit hominem. Qui sacramentum hoc  primum exhibuit, Adventum Domini  Baptista prævenit. 3. In quintæ mittitur  ætatis tempore Quintæ mysterium  qui pandat feriæ, Qui, finis veterum,  nova dat lavacra, Quasi produceret  hinc animantia. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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FERIA SEXTA Ad laudes 1. Sexta tam hominum  ætas quam temporum Meta vel finis est  ætatum omnium : Finis perficiens  bonorum Christus est, Ætate sæculi  sexta qui passus est. 2. Ipsius passio,  nostra redemptio, Bonorum omnium  est consummatio ; Salutis cetera  sunt adminicula : Hæc est completio  salutis hostia. 3. Hac die conditus  homo se perdidit ; Eadem conditor  ipsum restituit, Propter quem subiens  crucis suspendium, Ut servum redimat  se dedit pretium.

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d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. JEUDI À vêpres

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1. Source de vérité,  l’Écriture nous dit que les êtres vivants  des eaux sortent aujourd’hui : En effet sans baptême,  donc purification, endoctriner les mœurs  est bien insuffisant. 2. La grâce maternelle  enterre le vieil homme, et le peuple fidèle  accueille l’homme neuf. Celui qui en premier  montra ce sacrement, c’est le Baptiste avant  l’arrivée du Seigneur, 3. Qui arrive à la fin  de la cinquième époque, pour lever le mystère  de ce cinquième jour. Fin du vieux temps, il donne  un baptême nouveau, comme pour en tirer  d’autres êtres vivants. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. VENDREDI À laudes 1. Pour les gens, pour les temps,  certes le sixième âge est le but et la fin  de tous les autres âges. Le Christ est cette fin  qui parfait tous les biens, qui souffrit sa passion  au cours du sixième âge. 2. Or la passion du Christ,  c’est notre rédemption, c’est l’accomplissement  de tous les biens possibles. Tout le reste, ce n’est  qu’adjuvants du salut, cette victime-là,  c’est le salut total. 3. L’homme en ce jour créé  s’est perdu en ce jour, et en ce même jour  le Créateur le sauve ; en subissant pour lui  de pendre sur la croix, il s’est donné en prix  pour racheter l’esclave.

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4. De costa viri fit  sopiti femina ; Ubi Christus, sponsa  ejus Ecclesia : Mors Christi sopor est,  de cujus latere Nos mundat prodiens  aqua cum sanguine. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 27

FERIA SEXTA Ad vesperas 1. Rei cujuslibet  ejus imaginem Expressam dicimus  similitudinem ; Quod vero quamlibet  rem munus exprimit Similitudinis  nomen non refugit. 2. Virum et feminæ  præesse novimus, Ejus de corpore  quam sumpsit Dominus ; Hinc Dei dicimus  virum imaginem Ejusque feminam  similitudinem. 3. Quo nempe major est  viri sublimitas Atque potentiæ  præcellit dignitas, Eo vir amplius  est Deo similis, Cum hanc et ratio  præponat ceteris. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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SABBATO Ad laudes 1. Finem ac requiem  laborum omnium Beatitudinis  imponit bravium ; Ad hanc pertingitur  per præcedentia, Quæ sex significant  dierum opera.

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4. La femme sort du flanc  du mari endormi. Or l’épouse du Christ,  c’est bien sûr son Église. Sa mort, c’est ce sommeil,  l’eau qui sort de son flanc mélangée à son sang,  c’est elle qui nous lave. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. VENDREDI À vêpres

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1. De chaque chose, on dit  que son image propre serait sa ressemblance  expresse et manifeste. Et ce qui représente  une chose en ses traits, on peut bien l’appeler  sa ressemblance simple1. 2. Or nous savons que l’homme  a précédé la femme, que le Seigneur a faite  en prenant de son corps. Donc nous disons que l’homme  est l’image de Dieu, tandis que la femme est  sa simple ressemblance. 3. Et puisque assurément  l’homme est de rang plus haut, et qu’il l’emporte en tout,  plus digne et plus puissant, l’homme du même coup  est plus semblable à Dieu ; par la raison, la femme  est au-dessus du reste. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. SAMEDI À laudes 1. Enfin le prix final  qu’est la béatitude apporte le repos,  fin de tous ces travaux. On l’obtient à travers  tout ce qui la précède, ce qui est signifié  par l’œuvre des six jours.



1 Dans cet hymne, comme ailleurs, Abélard établit une distinction assez subtile entre imago et similitudo (cf. Gn 1.26) et applique imago à l’homme, similitudo à la femme. Il n’en fait cependant guère usage, et n’hésite pas dans d’autres passages à affirmer expressément la supériorité de la création de la femme sur celle de l’homme.

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2. Fides, spes illa sunt,  timor, dilectio, Baptismi gratia  Christique passio ; Hujus senarii  beatis gradibus Beatitudinis  succedit aditus. 3. Per gradus singulos  deduc nos, Domine, Ut queant membra te  caput apprendere In veri sabbati  perhenni gloria, Cujus exsuperant  omne cor gaudia. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen. 29

SABBATO Ad vesperas 1. O quanta, qualia  sunt illa sabbata Quæ semper celebrat  superna curia, Quæ fessis requies,  quæ merces fortibus, Cum erit omnia  Deus in omnibus ! 2. Vere Jherusalem  illic est civitas, Cujus pax jugis est,  summa jocunditas, Ubi non prævenit  rem desiderium, Nec desiderio  minus est præmium. 3. Quis rex, quæ curia,  quale palatium, Quæ pax, quæ requies,  quod illud gaudium Hujus participes  exponant gloriæ, Si quantum sentiunt  possint exprimere ! 4. Nostrum est interim  mentem erigere Et totis patriam  votis appetere, Et ad Jherusalem  a Babylonia Post longa regredi  tandem exilia. 5. Illic, molestiis  finitis omnibus, Securi cantica  Syon cantabimus, Et juges gratias  de donis gratiæ Beata referet  plebs tibi, Domine.

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2. Ce sont la foi, l’espoir,  la crainte, enfin l’amour, la grâce du baptême  et la passion du Christ. Montant par les six marches  de ces heureux degrés, on parvient à l’entrée  de la béatitude. 3. Par chacun des degrés,  dirige-nous, Seigneur, pour que tes membres puissent  te saisir, toi leur tête1, dans l’éternelle gloire  du sabbat véritable, dont les joies dépassent  les forces de nos cœurs. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils. SAMEDI À vêpres 1. Si grands, si merveilleux,  ces fastes du sabbat que l’assemblée des cieux  célèbre constamment ! Quel repos pour les las,  quel prix pour les vaillants, quand enfin Dieu sera  tout en tous à jamais ! 2. C’est bien Jérusalem,  cette cité d’en haut dont la paix est constante  et le bonheur suprême2, où un désir n’a pas  le temps de se former que son objet est là  pour le récompenser. 3. Ce roi, cette assemblée,  ce palais merveilleux, cette paix, ce repos,  cette joie infinie, que l’expriment ceux qui  ont part à cette gloire, pourvu qu’ils puissent bien  exprimer ce qu’ils sentent ! 4. Mais nous, pendant ce temps,  il faut prendre courage, appeler de nos vœux  notre vraie patrie, et, hors de Babylone  et vers Jérusalem, à la fin revenir  d’un si durable exil. 5. Là, toutes nos misères  enfin seront finies, nous chanterons en paix  les cantiques de Sion, ton peuple bienheureux  t’adressera, Seigneur, ses éternelles grâces  pour les dons de ta grâce.



1 Cf. Ep 5.23-30. 2 Abélard joue sur l’étymologie traditionnelle de Jérusalem, visio pacis, « vision de paix ».

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6. Illic ex sabbato  succedet sabbatum, Perpes lætitia  sabbatizantium ; Nec ineffabiles  cessabunt jubili Quos decantabimus  et nos et angeli. d. Perhenni Domino  perpes sit gloria, Ex quo sunt, pér quem sunt,  in quo sunt omnia ; Ex quo sunt Pater est,  per quem sunt, Filius, In quo sunt, Patris et  Filii Spiritus.  Amen.

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6. Là se succéderont  sans fin les jours de fête, tous les participants  seront dans l’allégresse, et n’auront pas de fin  les chants de joie sans mots que les anges et nous  modulerons sans cesse. d. Au Seigneur éternel  gloire soit perpétuelle, de qui sont, par qui sont,  en qui sont toutes choses : de qui sont, c’est le Père,  par qui sont, c’est le Fils, en qui sont, c’est l’Esprit  et du Père et du Fils.

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Liber II Hymni de tempore Præfatio Tripartitum divini cultus officium doctor gentium in Epistola ad Ephesios ordinavit, dicens : Et nolite inebriari vino, in quo est luxuria, sed implemini Spiritu, loquentes vobismetipsis in psalmis et hymnis et canticis spiritalibus, cantantes et psallentes in cordibus vestris Domino ; et rursus ad Colossenses inquit : Verbum Christi habitet in vobis abundanter in omni sapientia, docentes et commonentes vosmetipsos psalmis, hymnis et canticis spiritalibus, in gratia cantantes in cordibus vestris Domino. Psalmi vero et cantica, quoniam ex canonicis antiquitus præparata sunt scripturis, nec nostro nec alicujus egent studio ut modo componantur. De hymnis vero cum nichil in superpositis distinctum habeatur scripturis, quamvis et nonnulli psalmi nomen hymnorum sive canticorum suis inscriptum titulis habeant, passim a pluribus postea scriptum est ; et pro temporum aut horarum seu festivitatum varietate quibusque proprii hymni sunt constituti. Et hos nunc proprie hymnos appellamus, quamvis antiquitus indifferenter nonnulli tam hymnos quam psalmos dicerent quælibet divinæ laudis cantica rythmo vel metro composita ; unde Eusebius Cæsariensis Ecclesiasticæ historiæ libri II capitulo xvii disertissimi Judæi Philonis laudes erga Alexandrinam sub Marco Ecclesiam commemorans inter cetera adjecit : Post pauca, rursum etiam de eo quod psalmos faciant novos, ita scripsit : « Itaque non solum subtilius intelligunt hymnos veterum, sed ipsi faciunt novos in Deum, omnibus eos et metris et sonis honesta satis et suavi compage modulantes. »

Livre II Propre du temps Préface L’apôtre des Gentils, dans l’Épître aux Éphésiens1, a institué une tripartition du service divin, quand il dit : Et ne vous enivrez pas de vin, ce qui est de la luxure, mais emplissez-vous de l’Esprit, parlant en vous-mêmes en psaumes, hymnes et cantiques spirituels, chantant et psalmodiant au Seigneur dans vos cœurs ; et aux Colossiens2 : Que le Verbe du Christ habite en vous en abondance et en toute sagesse, soyez à vous enseigner et avertir vous-mêmes, et par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, à chanter dans vos cœurs pour le Seigneur dans la grâce. Les psaumes et les cantiques3, comme ils ont été anciennement préparés dans les écritures canoniques, n’ont pas besoin d’être composés de nos jours, ni par mes soins ni par ceux de qui que ce soit. Quant aux hymnes, étant donné qu’il n’y a rien de précis dans l’ensemble des Écritures, encore que certains psaumes portent dans leur titre le nom d’hymnes ou de cantiques, par la suite pas mal d’auteurs en ont composé un peu partout ; et on a établi des hymnes propres à chaque occasion, selon les divers temps, heures et festivités. Et c’est ceux-là que de nos jours nous appelons des hymnes, alors que dans l’Antiquité certains appelaient indifféremment hymnes ou psaumes tous les chants à la louange de Dieu, qu’ils soient composés en mètre ou en rythme ; ce qui fait qu’Eusèbe de Césarée, au livre II, chapitre 17 de son Histoire ecclésiastique, rappelant l’éloge fait par le très disert Philon le Juif de l’Église d’Alexandrie au temps de Marc, dit entre autres : Un peu plus loin, en redisant qu’ils font de nouveaux psaumes, il écrit ceci : « Ainsi non seulement ils comprennent fort intelligemment les hymnes des anciens, mais eux-mêmes en font de nouveaux en l’honneur de Dieu, et ils les mettent en musique dans tous les mètres et tons en une composition fort convenable et plaisante. »

1 Ep 5.18-19. 2 Col. 3.16. 3 C’est-à-dire les cantiques au sens strict, les compositions poétiques de la Bible qui ne font pas partie du livre des Psaumes.

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l ibe r i i  : hym n i d e t e m p o r e

Haud fortassis incongruum est omnes psalmos hebraice metro vel rythmo compositos et melica dulcedine conditos appellari etiam hymnos juxta ipsam videlicet hymnorum definitionem, quam in præfatione prima posuimus. At cum jam psalmi ex hebræo in aliam linguam translati a rythmi vel metri lege soluti sint, bene ad Ephesios, qui Græci sunt, apostolus scribens separatim a psalmis hymnos distinxit, sicut et cantica. De his itaque quoniam nostrum sæpe ingeniolum, dilectissimæ Christi filiæ, multis precibus pulsavistis, addentes insuper quibus de causis id necessarium vobis videatur, vestræ jam petitioni prout Dominus annuerit ex parte paruimus. Superiori namque libello cottidianos feriarum hymnos, qui toti sufficere possint hebdomadæ, comprehendimus, quos ita compositos esse cognoscatis ut bipartitus sit eorum cantus, sicut et rythmus, et sit una omnibus nocturnis melodia communis, atque altera diurnis, sicut et rythmus. Hymnum etiam gratiarum post epulas exsolvendum non prætermisimus, secundum quod in Evangelio scriptum est, Hymno dicto exierunt. Ceteros vero supra positos hymnos hac consideratione digessimus, ut qui nocturni sunt suarum opera feriarum contineant, diurni autem ipsorum operum allegoricam seu moralem expositionem tradant ; atque ita factum est ut obscuritas historiæ nocti, lux vero expositionis reservetur diei. Superest de cetero vestris me orationibus adjuvari, ut optatum vobis munusculum transmittam. 30

IN NATIVITATE DOMINI Hymnus I 1.

Verbo Verbum  Virgo concipiens, Ex te verus  ortus est oriens, A quo vera  diffusa claritas Circumductas  abduxit tenebras.

2.

Felix dies,  dierum gloria, Hujus ortus  quæ vidit gaudia ; Felix mater  quæ Deum genuit, Felix stella  quæ solem peperit !

3.

Quam beata  pauper puerpera Cujus partus  ditavit omnia ; Pauper, inquam,  sed celsa genere, Pontificum  et regum sanguine.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

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Il n’est peut-être pas incongru d’appeler aussi hymnes tous les psaumes composés en hébreu en mètre ou en rythme et dotés d’une mélodie, selon la définition même des hymnes que j’ai établie dans ma première préface. Mais comme les psaumes traduits de l’hébreu dans une autre langue ne sont plus soumis à la loi du mètre ou du rythme, l’Apôtre a eu raison, en écrivant aux Éphésiens, qui sont des Grecs, de distinguer les psaumes des hymnes, comme des cantiques. Très chères filles du Christ, comme vous avez souvent par beaucoup d’instances sollicité notre faible génie à ce sujet, en ajoutant pour quelles raisons cela vous semblait nécessaire, nous avons désormais en partie obéi à votre requête, autant que Dieu l’a permis. Dans le livre précédent nous avons rassemblé des hymnes pour tous les jours, qui puissent suffire pour une semaine complète ; sachez qu’ils ont été composés de façon que leur chant soit bipartite, de même que leur rythme, avec une seule mélodie pour toutes les heures de nuit, une autre commune aux heures de jour, et de même pour le rythme. Nous n’avons pas négligé de composer aussi un hymne d’action de grâces après les repas, selon ce qui est écrit dans l’Évangile : Ayant dit l’hymne, ils sortirent1. Nous avons conçu les autres hymnes ci-dessus de façon que les hymnes nocturnes contiennent l’œuvre des jours [de la création] correspondants, tandis que les hymnes de jour livrent l’exposition allégorique et morale de cette œuvre ; et il en résulte que l’obscurité de la lecture historique est réservée à la nuit, et la lumière de l’interprétation au jour. Il ne reste donc qu’à m’aider de vos prières, pour que je vous transmette ce petit présent que vous avez souhaité. NOËL Hymne premier



1.

Vierge, du verbe  ayant conçu le Verbe, le véritable  Orient est né de toi, la vraie clarté  qui émane de lui a dissipé  les ténèbres ambiantes.

2.

Heureux le jour,  gloire de tous les jours, qui vit la joie  de cet enfantement. Heureuse mère  qui a engendré Dieu, heureuse étoile  de qui naît le soleil.

3.

Heureuse est-elle,  cette pauvre accouchée, dont l’enfançon  a enrichi le monde ! Pauvre, ai-je dit,  mais de race élevée, née du sang  des rois et des pontifes2.

1 Mt 26.30. 2 C’est-à-dire des tribus de Juda et de Lévi. La généalogie de la Vierge est une question discutée, mais Abélard n’entre pas ici dans le détail.

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4.

Vitæ viam  in via peperit, Hospicium,  non domum habuit : Regum proles  et cæli domina Pro cameris  intravit stabula.

5.

Obstetrices  in partu deerant, Sed angeli  pro eis aderant, Quorum statim  cohors non modica Hujus ortus  edixit gaudia.

6.

Defuerunt  fortassis balnea, Sed quam lavent  non erat macula ; Non est dolor  quem illa relevent Nec scissura  quam illa reparent.

d.

In excelsis  sit Deo gloria, Pacis nobis  in terra fœdera, Quam super his  voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.

IN NATIVITATE DOMINI Hymnus II 1.

Dei Patris  et Matris unicus, In præsepi  pro cunis positus, Angustias  præsepis sustinet, Quem ambitus  cæli non continet.

2.

Excipitur  vili tugurio, Qui præsidet  cæli palatio : Quis super hoc,  quis non obstupeat, Cujus mentem  hoc non commoveat ?

3.

Pauper Deus,  immo pauperrimus Sic factus est  pro nobis omnibus : Quæ sunt grates,  quæ retributio Super istis  a nobis Domino ?

li vre i i  : pro pre d u t e mps

4.

Elle eut son fils,  voie de vie1, sur la voie, elle eut un gîte,  et non une maison. Reine du ciel,  descendante des rois, pour toute chambre  elle n’eut une étable.

5.

L’accouchement  se fit sans sage-femme, mais à leur place  les anges l’assistaient2. Et aussitôt  leur chœur a proclamé l’immense joie  de sa nativité.

6.

Il y manquait  peut-être une baignoire, mais pas non plus  de souillure à laver. Il n’y avait  ni douleur à calmer, ni déchirure  qu’on eût ainsi soignée.

d.

Au haut des cieux  que gloire soit à Dieu, et sur la terre  que nous ayons la paix qu’en cet honneur  les douces voix des anges, comme on le sait,  ont aujourd’hui chantée.

NOËL Hymne II



1.

L’unique enfant  de Dieu et de sa mère, mis dans une auge  en guise de berceau, est à l’étroit  au fond d’une mangeoire, lui que le ciel  entier ne contient pas3.

2.

Lui qui préside  dans le palais du ciel, est recueilli  dans un vil édicule. Qui de ce fait,  qui ne s’ébahirait ? Et quel esprit  n’en serait pas ému ?

3.

Dieu se fait pauvre,  et même miséreux, et c’est pour nous,  pour nous tous qu’il le fait. Pour ces bienfaits,  quelle reconnaissance, quelle rançon  rendons-nous au Seigneur4 ?

1 Cf. Jn 14.6. 2 Abélard paraphrase une séquence très répandue de Notker, Natus ante sæcula : Gaude, Dei Genitrix / Quam circumstant obstetricum vice / Concinentes angeli / Gloriam Deo, « Réjouis-toi, Mère de Dieu, qu’assistent au lieu de sages-femmes les anges qui chantent la gloire de Dieu ». 3 Abélard pourrait s’inspirer directement d’Augustin, Sermon 184.3, un texte dont on sait qu’il le connaissait, mais à son époque l’idée n’a plus rien d’original ou de rare : Iacebat in præsepio continens mundum ; et infans erat et Verbum ; quem caeli non capiunt, unius feminæ sinus ferebat, « Il était couché dans une mangeoire tout en ceignant le monde ; il ne savait pas parler et il était la Parole ; lui que les cieux ne peuvent contenir, le ventre d’une seule femme le portait ». 4 Cf. Ps 115.2.

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4.

In præsepi  vagit ut parvulus, Qui concutit  cælum tonitribus ; Stratum habet  feni reliquias, Qui regibus  largitur purpuras.

5.

Bestiarum  Angelorum  Instat inde  Hinc angeli 

d.

In excelsis  sit Deo gloria, Pacis nobis  in terra fœdera, Quam super his  voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.

infertur pabulo, ipsa refectio ; grex animalium, præbent obsequium.

IN NATIVITATE DOMINI Hymnus III 1.

Quam beatum  stratum hoc straminis Tantæ latus  quod pressit Virginis, Quo parvulus  nascens excipitur Cujus palmo  cælum concluditur !

2.

In sericis  reginæ ceteræ Summo solent  dolore parere ; Vilis strati  beatus lectulus Omnis fuit  doloris nescius.

3.

Regum natis  in alimonia Sunt subacta  nutricum ubera ; Educatur  lacte virgineo Virgo clauso  quem fudit utero.

4.

Nulli regum  inter tot epulas, Inter tantas  et tot delicias Concessum est  ut lacte virginis Quis de suis  alatur parvulis.

5.

Virgo pauper  fortassis esurit, Quæ parvulum  hoc lacte reficit ; Stupent cæli,  mirantur angeli, Obsequio  lactantis seduli.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

4.

Faible enfançon,  il vagit dans la crèche, lui qui ébranle  le ciel à coups de foudre. Il a pour lit  des restes de litière, lui qui accorde  aux rois leurs lits de pourpre.

5.

Il est mêlé  au repas des bestiaux, celui par qui  les anges sont nourris. Si d’un côté  se pressent les troupeaux, il est servi  d’autre part par les anges.

d.

Au haut des cieux  que gloire soit à Dieu, et sur la terre  que nous ayons la paix qu’en cet honneur  les douces voix des anges, comme on le sait,  ont aujourd’hui chantée.

NOËL Hymne III



1.

Qu’elle est heureuse,  cette couche de paille qui supporta  le corps de telle vierge, où en naissant  est reçu cet enfant qui dans sa main  contient le ciel entier1 !

2.

En général  les autres reines accouchent en draps de soie,  mais à grande douleur. Le petit lit  de cette pauvre couche n’a pas connu  la plus faible douleur.

3.

Aux fils de roi,  pour les alimenter, sont présentés  les seins de leurs nourrices. Sorti des flancs  toujours clos d’une vierge, il est nourri  de son lait virginal2.

4.

À aucun roi,  parmi tous leurs festins, et parmi tant  d’innombrables délices, il n’est donné  qu’aucun de ses enfants ne soit jamais  nourri de lait de vierge.

5.

Peut-être bien  qu’elle souffre la faim la vierge pauvre,  en nourrissant l’enfant. Les cieux s’étonnent,  les anges s’émerveillent en s’empressant  pour servir l’allaitante.

1 Cf. Is 40.12. 2 Pour la médecine médiévale, l’absence de lait est liée non pas à l’absence d’enfant (c’est la gestation et l’accouchement qui induisent la production de lait) mais à la virginité. Ainsi, le fait que le Christ soit nourri au sein d’une vierge est proprement miraculeux.

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In excelsis  sit Deo gloria, Pacis nobis  in terra fœdera, Quam super his  voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.

IN NATIVITATE DOMINI Hymnus IV 1.

Gaude, Virgo,  virginum gloria ; Matrum decus  et Mater, jubila, Quæ commune  sanctorum omnium Meruisti  conferre gaudium.

2.

Patriarchis  sanctis ac regibus Te filiam  promisit Dominus ; Te figurant  legis ænigmata, Prophetarum  canunt oracula.

3.

Te requirunt  vota fidelium, Ad te corda  suspirant omnium ; Tu spes nostra  post Deum unica, Advocata  nobis es posita.

4.

Ad Judicis  matrem confugiunt Qui Judicis  iram effugiunt ; Supplicare  pro eis cogitur Quæ pro reis  mater efficitur.

5.

Pia Mater,  pietas Filius, Ad hoc gignit,  ad hoc est genitus Ut salventur  servi per gratiam, Quam exhibet  hæc dies maximam.

d.

In excelsis  sit Deo gloria, Pacis nobis  in terra fœdera, Quam super his  voces angelicæ Decantasse noscuntur hodie. Amen.

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Au haut des cieux  que gloire soit à Dieu, et sur la terre  que nous ayons la paix qu’en cet honneur  les douces voix des anges, comme on le sait,  ont aujourd’hui chantée.

NOËL Hymne IV 1. Réjouis-toi,  vierge gloire des vierges, honneur des mères,  mère, réjouis-toi, tu as reçu  l’honneur de procurer ce qui est joie  pour tous les saints du monde. 2.

Tu es la fille  que le Seigneur promit aux rois sacrés  et aux saints patriarches : c’est toi qu’annoncent  les énigmes des Lois, c’est toi que chantent  les dits des prophéties.

3.

C’est toi qu’implorent  en leurs vœux les fidèles, les cœurs de tous,  c’est vers toi qu’ils soupirent, toi notre espoir,  et l’unique après Dieu, pour nous sauver  tu nous sers d’avocate.

4.

Ceux qui redoutent  la colère du Juge fuient auprès  de la mère du Juge. Elle doit bien  s’entremettre pour eux : elle se fait  mère pour les coupables.

5.

La bonne mère  l’engendra pour cela, le fils-bonté  pour cela engendré : pour que la grâce  apportée par ce jour puisse sauver  les humbles que nous sommes.

d.

Au haut des cieux  que gloire soit à Dieu, et sur la terre  que nous ayons la paix qu’en cet honneur  les douces voix des anges, comme on le sait,  ont aujourd’hui chantée.

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IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus I 1. Nasciturum Sive natum Cæli regem et terræ Miris signis Eo dignis Prædicarunt utráque. 2.

Nam, Auguste, Te florente Solem cinxit corona, Inundavit Quod manavit Oleum de taberna.

3. Veniente Redemptore, Servis datur libertas ; Servitutis Jugum tollis Et quem nescis præsignas. 4. Interdicis Nec permittis Te dominum vocari, Ut venturo Possit Christo Decus hoc reservari. 5.

Jani portas Tenet clausas Pax a Christo præmissa, Quæ prophetæ Quondam voce Mundo fuit promissa.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

ÉPIPHANIE1 Hymne premier2





1.

Terre et ciel ont proclamé avant, après qu’il soit né le roi du ciel et de la terre par des signes merveilleux.

2.

C’est de ton temps que le soleil, Auguste, fut couronné, et que coula abondamment l’huile issue de la taverne.

3.

À l’arrivée du Rédempteur, sont libérés les esclaves, et tu supprimes leur servitude sans savoir qui tu annonces.

4.

Tu ne veux pas, tu interdis que l’on t’appelle seigneur, afin qu’au Christ qui va venir soit réservé cet honneur.

5.

La paix voulue du fait du Christ clôt les portes de Janus, paix que jadis promit au monde la prédiction du prophète.

1 Cette série d’hymnes prend la notion même d’épiphanie au pied de la lettre : elle commente non seulement les trois événements bibliques que la fête commémore traditionnellement (la visite des mages, mais aussi le baptême du Christ et les noces de Cana), mais encore les signes donnés aux païens de la venue du Christ. 2 Les signes rapportés dans cet hymne sont tous empruntés à Orose, qui lui-même a réinterprété, ou parfois délibérément arrangé, des présages et des éléments historiques transmis par les historiens « classiques ».

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d.

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Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla.  Amen.

IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus II 1. Angelorum Stupent cantum Admoniti pastores ; Magos nova Ducit stella ; Metu languet Herodes. 2.

Dat mandata Magis stulta, Loquens eis in dolo, Sed illusus Fuit dolus, Fraudulento fraudato.

3.

Illi cœptam Tenent viam, Reperiunt quem quærunt ; Et, oblatis Tribus donis, Per hæc ipsum describunt.

4.

Ad Herodem Ne redirent Admonentur in somnis, Et divino Documento Sunt quid agant edocti.

d.

Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla.  Amen.

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Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.

ÉPIPHANIE Hymne II 1.

Au chant des anges sont stupéfaits les bergers qu’ils avertissent, l’étoile neuve conduit les mages, Hérode est rongé de peur.

2.

Il donne aux mages des ordres vains et il leur parle par ruse, mais cette ruse ne sert à rien et le trompeur est trompé.

3.

Ils continuent sur leur chemin et trouvent celui qu’ils cherchent, et les trois dons qu’ils lui présentent le décrivent fort bien, lui.

4.

Mais, prévenus dans leur sommeil de ne pas revoir Hérode, par la divine admonition ils savent ce qu’il faut faire.

d.

Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.

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IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus III 1. Consecrandas Intrat aquas, Baptizatur a servo, Qui peccata Tollit nostra, Qui non eget baptismo. 2. Baptizato Qui baptismo Vere suo baptizat, Statim cæli Sunt aperti, Quos peccatum claudebat. 3. Revelatus Est descensus Spiritus in columba, Baptizandis Renascendis Gratia demonstrata. 4.

Est audita Vox paterna, Filium protestata ; Et renatos Facit veros Filios illa data.

5.

Avis blanda, Mansueta, Deum monstrat placatum ; Nec divinæ Quicquam æque Gratiæ tenet typum.

d.

Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla.  Amen.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

ÉPIPHANIE Hymne III 1.

Pour consacrer l’eau, il y entre, baptisé par son servant, lui qui enlève notre péché et n’a besoin de baptême.

2.

Lui qui baptise par son baptême, dès qu’il est, lui, baptisé, tout aussitôt s’ouvrent les cieux qu’avait fermés le péché.

3.

L’Esprit descend et se fait voir sous forme d’une colombe, montrant ainsi la grâce à ceux qui vont renaître en baptême.

4.

Et l’on entend la voix du Père reconnaissant sien son Fils, et elle fait, ainsi donnée, des baptisés de vrais fils.

5.

Le doux oiseau, l’oiseau de paix montre Dieu apaisé, et il n’est pas marque meilleure de cette grâce divine.

d.

Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.

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IN EPIPHANIA DOMINI Hymnus IV 1.

Qui baptismo Nobis suo Aquas sanctificavit Has in merum Vertit vinum Et convivas refecit.

2.

Unde clara Dies ista Trino facto resplendet, Qua per tanta Mundo signa Mundi salus apparet.

3.

Nec post tanta Vel majora Signa credit Judæus Quem ad unam Statim stellam Requisivit Chaldæus.

4. Elementa Suum cuncta Recognoscunt auctorem ; Te nec signa Nec lex ipsa Movent, miser, ad fidem ! 5.

Si nec signis Nec prophetis Arbitraris credendum, Exul, longa Saltem pœna Tuum disce reatum.

d.

Pax in terris, In excelsis Sit gloria, sit summa Regi summo, Patri, Verbo, Spiritui per sæcla.  Amen.

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ÉPIPHANIE Hymne IV 1.

Lui qui pour nous par son baptême a sanctifié les eaux, il les transforme en un vrai vin et rassasie les convives.

2.

Aussi ce jour resplendit-il de façon particulière, où dans le monde par tant de signes paraît le salut du monde.

3.

Pourtant, après de si grands signes le Juif se refuse à croire en celui qu’ont cherché les mages sitôt qu’ils ont vu l’étoile.

4.

Les éléments, tous unanimes, reconnaissent leur auteur, mais ni ta loi, ni de tels signes, malheureux, ne te font croire !

5.

Et si tu penses qu’il ne faut croire les signes ni les prophètes, le long exil qui est ta peine montre bien que tu as tort.

d.

Paix sur la terre, et dans le ciel que gloire soit éternelle au roi suprême : au Père, au Verbe et à l’Esprit dans les siècles.

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IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus I 1.

Adorna, Syon, thalamum, Quæ præstolaris Dominum ; Sponsum et sponsam suscipe Cum cereorum lumine.

2.

Prudentes, illi, virgines, Vestras aptate lampades ; Et occurrentes dominæ Surgant adolescentulæ !

3.

Faces accendant famuli, Veroque mundi lumini Domus omnis cum omnibus Occurrat luminaribus.

4.

Beate senex, propera : Promissa comple gaudia, Et revelandum gentibus Revela lumen omnibus !

5.

Devota Deo vidua Ejusque templo dedita, Pari propheta gaudio, Et confitere Domino !

d.

Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria.  Amen.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

CHANDELEUR Hymne premier





1.

Embellis, ô Sion, la chambre, toi qui attends notre Seigneur, accueille l’Époux et l’Épouse à la lumière de tes cierges1.

2.

Pour lui, vous les vierges prudentes, préparez l’huile de vos lampes2, et au-devant de notre Dame que s’élancent les jeunes filles.

3.

Que les servants prennent des torches, qu’avec le plein de luminaires toute la maison fasse accueil à la vraie lumière du monde.

4.

Bienheureux vieillard, hâte-toi, saisis la joie qui t’est promise, révèle à toutes les nations la lumière qui se révèle3.

5.

Veuve si dévouée à Dieu et consacrée à son service, prophétise en pareille liesse et rends témoignage au Seigneur4.

d.

Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.

1 Abélard paraphrase le début de l’antienne qui servait pour la procession aux cierges de la chandeleur : Adorna thalamum tuum, Sion, et suscipe regem Christum ; amplectere Mariam, quæ est cælestis porta : ipsa enim portat regem gloriæ novi luminis, « Orne ta chambre nuptiale, Sion, et accueille ton roi, le Christ ; reçois dans tes bras Marie, qui est la porte du ciel : c’est elle qui porte le roi glorieux de la lumière nouvelle ». 2 Cf. Mt 25. 3 Siméon : Lc 2.25-35. 4 La prophétesse Anne : Lc 2.36-38.

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IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus II 1.

Parentes Christum deferunt, In templo templum offerunt : Legi parere voluit, Qui legi nichil debuit.

2.

Offer, beata, parvulum Tuum et Patris unicum, Offer per quem offerimur, Pretium quo redimimur.

3.

Procede, Virgo regia, Profer natum cum hostia ; Tollantur aves mysticæ, Tibi vel ipsi congruæ.

4.

Monstret columba simplicem, Designet turtur Virginem ; Pauper quidem hæc hostia, Sed magna sunt mysteria.

5.

Hæc quidem erat pauperum, Cum esset agnus divitum ; Sed agni veri latio Non eget agno mystico.

d.

Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria.  Amen.

IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus III 1.

Qui paupertatem admonet, Hanc in se prius exhibet, Deus dives in omnibus, Ut nos ditet pauperrimus.

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CHANDELEUR Hymne II 1.

Ses parents amènent le Christ, ils présentent le temple au temple1. Celui qui ne lui devait rien voulut obéir à la Loi.

2.

Bienheureuse, offre ton enfant, pour le Père et toi fils unique, par qui nous sommes au Père offerts, offre le prix qui nous rachète.

3.

Avance-toi, vierge royale, offrant ton fils et ton offrande, présente ces oiseaux mystiques qui ressemblent à lui et à toi.

4.

La colombe est simplicité, virginité, la tourterelle. Certes, ce sont pauvres offrandes, mais qui montrent de grands mystères.

5.

Car c’était l’offrande des pauvres, l’agneau était celle des riches. Mais offrir l’agneau véritable rend superflu l’agneau mystique2.

d.

Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.

CHANDELEUR Hymne III 1.



Lui qui prône la pauvreté est le premier à l’exercer. Car riche de tout, Dieu se fait miséreux pour nous enrichir.

1 Le jeu de mots entre le Temple (de Jérusalem) et le temple qu’est le Christ est déjà dans l’Évangile : Jn 2.19-21. 2 Sur l’offrande légale (un agneau et une colombe ou tourterelle) et sa substitution possible faute de moyens suffisants (deux colombes ou tourterelles), cf. Lv 12.6-8.

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2.

Factis primum exhibuit Quod verbis tandem docuit, A cunis mox incipiens Et re vocem præveniens.

3.

Hic est ille funiculus In manu viri lineus : Subtilis Evangelicæ Sermo legis in opere.

4.

Hic est mensuræ calamus Quem gestat manu parvulus Ut super montem positum Mensuret ædificium.

5.

Mensuræ quippe calamus Liber est Evangelicus, Quem manu fertur gerere Qui scriptum complet opere.

6.

Hoc super ipsum posita Mensuratur Ecclesia, Dum in hoc quisque percipit Quantum crescit aut deficit.

d.

Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria.  Amen.

IN PURIFICATIONE B.M.V. Hymnus IV 1.

Omnis sexus et quælibet Ætas plaudat et jubilet ; Monet omnes ad gaudium Quæ venit salus omnium.

2.

Gaude, vir, gaude, femina, Communi læti gloria : Virum quem Deus induit Ignara viri peperit.

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2.

Il a d’abord montré en fait ce qu’ensuite il a enseigné, en commençant dès le berceau, il met le fait avant le mot.

3.

Il est ce cordonnet de lin qu’un homme porte dans sa main : le fin discours mis en action des préceptes de l’Évangile1.

4.

Il est le roseau d’arpentage qu’un enfant porte dans sa main pour mesurer un bâtiment édifié sur une montagne.

5.

Certes, ce roseau d’arpentage, c’est le livre des Évangiles : on dit qu’il le porte en sa main, celui qui le met en action.

6.

Sur cette montagne fondée, l’Église est ainsi mesurée, quand chacun perçoit par ce livre ses progrès et ses retombées.

d.

Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.

CHANDELEUR Hymne IV



1.

Que tout sexe ainsi que tout âge applaudisse et se réjouisse. Celui qui vient, salut de tous, appelle chacun à la joie.

2.

Bonheur pour la femme et pour l’homme joyeux d’une commune gloire : l’homme que Dieu revêt est né d’une qui ne connaît pas d’homme.

1 Cette strophe et les suivantes trouvent leur source dans un verset au début de la vision du Temple d’Ezéchiel, 40.3 ; l’interprétation qu’en donne Abélard est issue de Grégoire le Grand, Homiliæ in Ezechielem 2.1.

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3.

Congaude, virgo, Virgini : Mater est hæc Altissimi ; Nupta nuptæ congaudeat, Quæ mox conceptum prædicat.

4.

Conclusus adhuc utero Quo potens infans gaudio Vitam mundi quam senserat Mundo statim annuntiat.

5.

Hinc senex, inde vidua, Laude Christum prophetica Confitentes, dominicam Ostenderunt præsentiam.

d.

Deo Patri cum Filio, Cum Spiritu Paraclito Ut est una substantia Sic et una sit gloria.  Amen.

DOMINICA PASCHÆ Hymnus I 1.

Christiani, plaudite, Resurrexit Dominus ! Victo mortis principe, Christus imperat ; Victori occurrite Qui nos liberat.

2.

Superato zabulo Resurrexit Dominus ! Spoliato baratro, Suos eruit, Stipatus angelico Cœtu rediit.

3.

Fraus in hamo fallitur, Resurrexit Dominus ! Quæ, dum carne vescitur Circumposita, Virtute transfigitur Carni insita.

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3.

Vierge, réjouis-toi pour la Vierge : elle est la mère du Très Haut. Épouse, fais fête à l’Épouse, toi qui prédis l’enfant conçu1.

4.

Encore enfermé dans le ventre, l’enfant, saisi de quelle joie ! annonce sur le champ au monde la Vie du monde, qu’il a perçue.

5.

Et le vieillard, et puis la veuve, par leur prophétique louange, proclamant le Christ, ont montré qu’était là présent le Seigneur.

d.

Qu’à Dieu le Père, avec le Fils avec l’Esprit consolateur, comme eux trois n’ont qu’une substance, soit de même une seule gloire.

PÂQUES Hymne premier



1.

Ô chrétiens, applaudissez, Le Christ est ressuscité ! Vaincu le prince de mort, le Seigneur l’emporte, accourez vers le vainqueur, le libérateur.

2.

Le diable est dominé, Le Christ est ressuscité ! de l’enfer dépossédé il sauve les siens, et par les anges escorté en gloire il revient.

3.

C’est l’échec de l’hameçon, Le Christ est ressuscité ! qui en dévorant la chair où il est planté, est foudroyé par la force sise en cette chair.

1 Vierge : saint Jean Baptiste. Épouse : Élisabeth. Cf. Lc 1.39-56.

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4.

Captivatis inferis, Resurrexit Dominus ! Ditatisque superis, Cælum jubilat ; Hymnis, psalmis, canticis Terra resonat.

d.

Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui.  Amen.

DOMINICA PASCHÆ Hymnus II 1.

Da Mariæ tympanum, Resurrexit Dominus ! Hebræas ad canticum Cantans provocet, Holocausta carminum Jacob immolet.

2.

Subvertens Ægyptios, Resurrexit Dominus ! Rubri maris alveos Replens hostibus, Quos involvit obrutos Undis pelagus.

3.

Dicat tympanistria Resurrexit Dominus ! Illa quidem altera Re non nomine, Resurgentem merita Prima cernere.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

4.

L’enfer étant subjugué, Le Christ est ressuscité ! le paradis enrichi, le ciel se réjouit, d’hymnes, psaumes et cantiques la terre résonne.

d.

À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur ! 43

PÂQUES Hymne II



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1.

Donne à Marie un tambour, Le Christ est ressuscité ! Qu’en chantant elle convoque les Hébreues au chant1, que Jacob en sacrifice immole ses chants !

2.

Renversant les Égyptiens, Le Christ est ressuscité ! Dieu remplissant d’ennemis les fonds de la Mer, qui les roule dans ses flots rouges, écrasés !

3.

Qu’une autre chanteuse clame : Le Christ est ressuscité ! certes autre que la première, mais de même nom, digne de voir la première le ressuscité2.

1 Il s’agit de Marie sœur de Moïse et d’Aaron : Ex 15.20-21. 2 Marie Madeleine.

1 20

44

l ibe r i i  : hym n i d e t e m p o r e

4.

Cantet carmen dulcius, Resurrexit Dominus ! Reliquis fidelibus Mixta feminis Cum ipsa narrantibus Hoc discipulis.

d.

Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui.  Amen.

DOMINICA PASCHÆ Hymnus III 1.

Golias prostratus est, Resurrexit Dominus ! Ense jugulatus est Hostis proprio ; Cum suis submersus est Ille Pharao.

2.

Dicant Syon filiæ Resurrexit Dominus ! Vero David obviæ Choros proferant, Victori victoriæ Laudes concinant.

3.

Sanson noster validus, Resurrexit Dominus ! Circumsæptus hostibus, Portas sustulit ; Frustratus allophylus Stupens ingemit.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

4.

Qu’elle dise son doux chant : Le Christ est ressuscité ! en se joignant à la troupe des femmes fidèles, qui annoncent avec elle cela aux disciples1.

d.

À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur ! 44

PÂQUES Hymne III



1.

Goliath est abattu, Le Christ est ressuscité ! L’ennemi est égorgé par sa propre épée2, avec les siens est noyé le grand Pharaon.

2.

Dites, filles de Sion : Le Christ est ressuscité ! Au-devant du vrai David commencez vos chœurs, Entonnez pour le vainqueur des chants de victoire.

3.

Notre Samson valeureux, Le Christ est ressuscité ! enfermé par l’ennemi a ôté les portes3, l’Envahisseur déjoué stupéfait gémit.

1 Cf. Mt 28.7-8. 2 Cf. 1 S 17. 3 Cf. Jg 16.3.

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1 22

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l ibe r i i  : hym n i d e t e m p o r e

4.

Ut leonis catulus Resurrexit Dominus ! Quem rugitus patrius Die tertia Suscitat vivificus, Teste physica.

d.

Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui.  Amen.

DOMINICA PASCHÆ Hymnus IV 1.

Veris grato tempore Resurrexit Dominus ! Mundus reviviscere Cum jam incipit, Auctorem resurgere Mundi decuit.

2.

Cunctis exultantibus, Resurrexit Dominus ! Herbis renascentibus, Frondent arbores, Odores ex floribus Dant multiplices.

3.

Transacta jam hieme, Resurrexit Dominus ! In illa perpetuæ Vitæ gaudia, Nullius molestiæ Quæ sunt conscia.

4.

Qui restauret omnia, Resurrexit Dominus ! Tamquam ista gaudia Mundus senserit, Cum carne dominica Jam refloruit.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

4.

C’est comme le lionceau, Le Christ est ressuscité ! que son père en rugissant au bout de trois jours ressuscite plein de vie, selon la physique1.

d.

À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur ! 45

PÂQUES Hymne IV



123

1.

Au si doux temps du printemps Le Christ est ressuscité ! lorsque le monde commence à reverdoyer, c’est bon que l’auteur du monde soit ressuscité.

2.

Allégresse générale, Le Christ est ressuscité ! lorsque les herbes renaissent, les arbres verdissent, ils embaument mille odeurs, et aussi les fleurs.

3.

L’hiver désormais passé, Le Christ est ressuscité ! parmi ces félicités de vie éternelle, qui ne connaissent vraiment nul désagrément.

4.

Lui qui va tout restaurer, Le Christ est ressuscité ! Comme si le monde entier sentait cette joie, comme le corps du Seigneur, il a refleuri.

1 Sur le thème du lionceau, voir les hymnes du samedi saint (livre IV).

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d.

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Deo Patri gloria, Resurrexit Dominus ! Salus et victoria Christo Domini, Par honor per sæcula Sit Spiritui.  Amen.

IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus invitatorius 1.

Salve, cælestis Vexillum regis, . . . . . . . . . . . . . . . . . . Salve, crux sancta !

2.

Qua, spoliato Prædone diro, Præda reducta, Averni portæ Jacent contritæ, Claustra confracta.

3.

Taü beatum Quo, pænitentum Fronte signata, Interfectoris Ira crudelis Est religata !

4.

Vile latronum Quondam tormentum Eras pro pœna, Nunc gloriosum Frontibus regum Signum impressa.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

d.

À Dieu le Père la gloire, Le Christ est ressuscité ! le salut et la victoire au Christ du Seigneur ! Et à l’Esprit, pour les siècles, un égal honneur !

SAINTE CROIX1 Hymne invitatoire



125

1.

Salut, étendard du grand roi des cieux2, . . . . . . . . . . . . . . . . . . salut, sainte croix.

2.

Par elle est frustré le sombre ennemi, sa proie libérée, les portes d’enfer gisent piétinées, ses prisons brisées.

3.

Ô bienheureux Tau qui, signant le front de qui se repent, sait bien réfréner l’agressivité du cruel tueur.

4.

Tu étais jadis supplice infamant pour les malfaiteurs, tu es maintenant signe glorieux sur le front des rois.

1 Sur le découpage de ces hymnes, voir l’introduction. 2 Abélard s’inspire du début d’un hymne de Venance Fortunat devenu rapidement d’usage universel : Vexilla regis prodeunt, / Fulget crucis mysterium, « Les étendards du roi s’avancent, / resplendit le mystère de la croix ».

46

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5.

Tu lignum vitæ, In qua Rex ipse Conscendit palma, Ut fructu tui Letalis pomi Restauret damna. . . . . . .

d.

Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla.  Amen.]

IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus I [deperditus] 46bis

IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus II . . . . . . 1.

Felici nautæ Hac quasi nave Fruendo tuta Per mare magnum Hoc navigandum Est ad superna.

d.

Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla.  Amen.]

li vre i i  : pro pre d u t e mps

5.

Toi, le bois de vie, la palme sur quoi s’élève le Roi, pour que par ton fruit soit désamorcée la pomme fatale. . . . . . .

d.

À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]

127

SAINTE CROIX Hymne premier [perdu] SAINTE CROIX Hymne II . . . . . .



1.

L’heureux nocher doit, usant de la croix en navire sûr, voguer à travers cette vaste mer pour monter aux cieux1.

d.

À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]

1 Sur cette strophe, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 415-416.

46bis

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IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus III 1.

Serpens erectus Serpentum morsus Conspectu sanat ; Antiqui virus Serpentis Christus Suspensus curat : Sophia Patris Medelam cunctis Ex se ministrat.

2.

Prophetæ virga Silex bis icta Aqua redundat ; Lignis duobus Christus appensus De se nos potat : Bibit Judæus, Sed christianus Refectus extat.

d.

Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla.  Amen.]

IN FESTIS S. CRUCIS Hymnus IV 1.

Lignum amaras Indulcat aquas Eis immissum ; Omnes agones Sunt sanctis dulces Per crucifixum.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

SAINTE CROIX Hymne III 1.

Le serpent dressé guérit par sa vue ceux qui sont mordus1. Le Christ suspendu guérit le venin du serpent ancien. Sagesse du Père de soi-même apporte guérison à tous.

2.

Deux coups du bâton du chef sur la pierre en font jaillir l’eau2. Le Christ appendu sur deux bouts de bois de soi nous abreuve. Le Juif peut en boire, mais seul le chrétien en est rassasié.

d.

À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]

SAINTE CROIX Hymne IV 1.



Le bois adoucit les eaux trop amères où il est plongé3. Toutes les souffrances sont douces aux saints par le crucifié.

1 Le serpent d’airain, cf. Nb 21. 2 Cf. Ex 17. 3 Cf. Ex 15.22-27.

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2.

Calix præclarus Mortis est potus Ipsis per ipsum ; Quæquæ tormenta Sunt eis grata Per hoc exemplum.

3.

« Ut dolor meus Dolor est nullus » Attendunt scriptum . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . Quippe qui cuncta Portat peccata Nescit peccatum.

5.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . Passo pro cunctis Est universis Compatiendum.

d.

Personis trino [Unique Deo Gloria summa Sit Patri, Verbo, Pneumati sancto Cuncta per sæcla.  Amen.]

IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus I 1.

In montibus hic saliens Venit, colles transiliens ; Sponsam vocat  de montis vertice : « Surge, soror,  et me jam sequere ! »

li vre i i  : pro pre d u t e mps

2.

Par lui, pour les saints, la boisson de mort est somptueux calice, et tous les tourments leur sont agréables selon cet exemple.

3.

Ils voient écrit : « Il n’est de douleur semblable à la mienne1 » . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . Car celui qui porte les péchés de tous est seul sans péché.

5.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . Il souffre pour tous, donc nous devons tous pour lui compatir.

d.

À Dieu un et trine [en ses trois personnes, la plus haute gloire soit au Père, au Verbe et à l’Esprit saint tout au long des siècles.]

ASCENSION Hymne premier 1.



Bondissant dans les montagnes, il vient, sautant les collines, du haut des monts  il hèle son épouse : « Debout, ma sœur,  il est temps de me suivre. »2

1 Cf. Lm 1.12. 2 Cf. Ct 2.8.10. Le même passage est paraphrasé dans la prose Epithalamica, pour Pâques, avec une reprise presque littérale des deux premiers vers de l’hymne ; mais il y a de bonnes raisons de penser que cette prose n’est pas d’Abélard.

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2.

Ad paternum palatium, Ad Patris scandens solium, Sponsæ clamat :   « Dilecta, propera, Sede mecum  in Patris dextera !

3.

Omnis turba te civium, Te regnum manet patrium, Tuæ tota  cum Patre curia Præsentiæ  requirit gaudia.

4.

Quæ regis sponsæ congruant, Quæ reginæ conveniant Hic intextas  ex auro cyclades Cum purpuris  gemmatis indues. »

d.

Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu,  cum Patre supera, Deus unus,  regit et infera.  Amen.

IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus II 1.

Quibusdam quasi saltibus Superni Patris Filius Ad terrena  venit a superis ; Spoliatis  nunc redit tartaris.

2.

A sinu venit patrio, Matris susceptus utero ; In sepulchro  de cruce positus Resurrexit  per quem resurgimus.

3.

Ascendentem ad æthera Nubes excepit lucida ; Ferebatur,  erectis manibus Benedicens  suis astantibus.

4.

Ascendentem cernentibus Ac super hoc mirantibus Astiterunt  in albis angeli, Tam facie  quam veste nitidi.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

2.

Montant au palais paternel, vers le siège où trône son père, il l’interpelle :  « Ma bien aimée, viens vite, siège avec moi  à droite de mon Père.

3.

Toute la foule des croyants t’attend, le royaume du Père, la cour entière  requiert dans l’enthousiasme, avec le Père,  la joie de ta présence.

4.

Comme il convient à une reine, ainsi qu’à l’épouse d’un roi, tu vêtiras  la robe tissée d’or, brodée de pourpre  et de pierres précieuses1. »

d.

Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres2, avec l’Esprit  et le Père, un seul Dieu, vient gouverner  le ciel et les enfers.

ASCENSION Hymne II 1.

Voici, comme par de grands sauts, le Fils du Père céleste qui vient du ciel  jusque sur notre terre, puis qui revient,  ayant pillé l’enfer.

2.

Il vient, depuis le sein du Père, reçu au ventre maternel, après la croix  déposé au tombeau, il ressuscite,  et par lui nous aussi.

3.

Pris, quand il montait vers les cieux, dans un nuage lumineux, il s’élevait,  et les mains étendues, il bénissait  ses fidèles présents.

4.

Ceux qui le voyaient s’élever et s’étonnaient de ce prodige, sont abordés  par des anges en blanc, visages clairs  comme leurs vêtements.

1 Cf. Ps 44. 2 Reprise de la doxologie d’un hymne pour l’Ascension, Æterna Christi munera, qui doit dater de l’Antiquité tardive (AH 51.94) : Gloria tibi, Domine, / Qui scandis super sidera, « Gloire à toi, Seigneur, qui montes au-delà des astres ».

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5.

« Quid, inquiunt, attoniti Sic cælum intuemini ? Quem euntem  in cælum cernitis Sic veniet  in forma Judicis. »

d.

Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu,  cum Patre supera, Deus unus,  regit et infera.  Amen.

IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus III 1.

In terris adhuc positam Sponsam Christus Ecclesiam Ad se sursum  vocat cottidie Et hortatur  mente conscendere.

2.

Dicat hæc : « Post te trahe me, Nitenti dextram porrige ; Super pennas  ventorum evolas : Quis sequetur  ni pennas conferas ? »

3.

Columbæ pennas postulet Ut ad quietem properet ; Alas petat  potentis aquilæ Quibus alta  possit conscendere.

4.

Dabit cum alis oculos Ut veri solis radios Irreflexis  possit obtutibus Intueri,  quo nil felicius.

5.

Pennatis animantibus Ille locus æthereus Pro meritis  virtutum congruit, Quibus alas  hic Deus dederit.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

5.

« Pourquoi, disaient-ils, regarder ainsi le ciel, tout étonnés ? Celui que vous  voyez au ciel monter, il reviendra  sous la forme du Juge. »

d.

Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres, avec l’Esprit  et le Père, un seul Dieu, vient gouverner  le ciel et les enfers.

ASCENSION Hymne III



1.

Alors qu’elle est toujours sur terre, le Christ d’en haut appelle à lui à tout moment  son épouse l’Église, et il l’exhorte  à monter en esprit.

2.

Qu’elle lui dise : « Tire-moi1, tends-moi la main, je cherche à suivre ; car toi qui voles  sur les ailes des vents2, qui te suivra  sans recevoir des ailes ? »

3.

Pour se hâter vers son repos, qu’elle lui réclame les plumes de la colombe3,  et les ailes de l’aigle4, pour pouvoir mieux  s’élever en hauteur.

4.

Avec les ailes, il donnera des yeux qui pourront supporter directement  l’éclat du vrai soleil, et ce sera  un bonheur sans pareil5.

5.

Aux vivants dont l’âme est ailée convient ce lieu du haut des cieux, car c’est ce qu’ont  mérité leurs vertus : Dieu ici-bas  leur a donné des ailes.

1 Cf. Ct 1.3. 2 Cf. Ps 17.11. 3 Cf. Ps 54.7. 4 Cf. Ap 12.14. 5 L’aigle a la réputation, dans la tradition antique, de pouvoir regarder le soleil en face, sans cligner des yeux.

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d.

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Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu,  cum Patre supera, Deus unus,  regit et infera.  Amen.

IN ASCENSIONE DOMINI Hymnus IV 1.

Cum in altum ascenderet Et ima secum traheret Triumphantis  majestas Domini, Circumstabant  victorem eruti.

2.

Superna Regis civitas Pompas educit obvias : « Chære ! » cantant  victori angeli, Et « Osanna ! »  salvati populi.

3.

Illis tamquam quærentibus Et super hoc mirantibus Hi respondent,  et alternantibus Ita cantum  mulcent sermonibus :

4.

« Quis est iste rex gloriæ ? Quid hoc decus victoriæ ? Quis est iste  de Edom veniens, Purpureo  vestitu renitens ? —

5.

Fortis et potens Dominus, Triumphans victis hostibus, Manu forti  potens in prœlio, Victor redit  subacto zabulo ! »

d.

Sit Christo summo gloria, Qui, scandens super sidera, Cum Spiritu,  cum Patre supera, Deus unus,  regit et infera.  Amen.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

d.

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Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres, avec l’Esprit  et le Père, un seul Dieu, vient gouverner  le ciel et les enfers.

ASCENSION Hymne IV 1.

Comme s’élevait vers le ciel, tirant après soi les tréfonds1, la majesté  du Seigneur triomphant, ceux qu’il sauvait  entouraient le vainqueur.

2.

La cité céleste du roi vient en cortège à sa rencontre, les anges chantent   « Vivat2 » pour le vainqueur, et « Hosanna »  les peuples délivrés.

3.

Les uns se posent des questions, comme surpris de ce qu’ils voient. D’autres répondent,  et ainsi leur doux chant est modulé  en deux chœurs alternants3 :

4.

« Quel est-il donc, ce roi de gloire ? Quelle est cette haute victoire ? Et quel est-il,  celui qui vient d’Edom, étincelant  dans son habit de pourpre4 ? —

5.

C’est le Seigneur fort et puissant qui a vaincu, et triomphant par sa valeur,  puissant dans les combats, revient vainqueur,  ayant soumis Satan. »

d.

Que gloire soit au Christ Très Haut qui, montant au-delà des astres, avec l’Esprit  et le Père, un seul Dieu, vient gouverner  le ciel et les enfers.

1 Cf. Jn 12.32. 2 Chære est la translittération du grec χαῖρε, « salut ». La forme est rare mais se lit déjà chez Cicéron. 3 Cette strophe et les suivantes proposent une paraphrase du Ps 23. L’interprétation qui en est donnée découle probablement d’Ambroise, De fide 4.1 (Abélard ne doit pas connaître la source de ce dernier, Firmicus Maternus). 4 Cf. Is 63.1.

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DOMINICA PENTECOSTES Hymnus I 1.

Adventu Sancti Spiritus Nostri cordis altaria Ornans, Deus, virtutibus, Tu tibi templa dedica Illa septiformi  quam habet gratia Contra septem  illa dæmonia, Cujus dona  bona sunt omnia.

2.

Per timorem nos Domini Primum a malo liberat, Ut pauper hujus sæculi Cælum dives introeat. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam Pœnam reis  ne reddas debitam, Sed nomini  tuo da gloriam.

3.

Das pietatis viscera, Ne superet temptatio : Mites facit hæc gratia Quorum terra possessio. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam, Pœnam reis  ne reddas debitam, Sed nomini  tuo da gloriam.

4.

Apponis et scientiam, Per quam flenda cognoscimus ; Consolaris per veniam Cum hanc primo fecerimus. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam, Pœnam reis  ne reddas debitam ; Sed nomini  tuo da gloriam.

5.

Fortitudine roboras Esuriem justitiæ : Veri panis saturitas Viaticum est animæ. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam, Pœnam reis  ne reddas debitam, Sed nomini  tuo da gloriam.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

PENTECÔTE Hymne premier



1.

À l’arrivée de l’Esprit saint, en décorant par les vertus l’autel de nos cœurs, ô Dieu, consacre à toi-même ton temple1 par la grâce aux sept formes  que possède l’Esprit contre les sept  démons [qui rongent l’âme], et tous ses dons  sont en soi excellents.

2.

Car par la crainte du Seigneur elle nous délivre du mal, pour que l’âme pauvre sur terre soit riche à son entrée au ciel. Toi, Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom2.

3.

Tu donnes la bonté du cœur, pour résister aux tentations. Cette grâce-là les rend doux, ceux à qui appartient la terre3. Toi, Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom.

4.

Tu y ajoutes aussi la science qui nous fait comprendre nos torts, tu consoles par ton pardon lorsque nous pardonnons d’abord. Toi, Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom.

5.

Tu donnes la vertu de force à ceux qui ont faim de justice. Se rassasier du vrai pain, c’est le viatique de l’âme4. Toi, Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom.

1 Cf. 1 Co 6.19. 2 Ps 113b.1. 3 Cf. Mt 5.4. 4 Cf. Mt 5.6.

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6.

Summum illud consilium Das de misericordia ; Ut idem reddas præmium, Vis hanc, non sacrificia. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam, Pœnam reis  ne reddas debitam, Sed nomini  tuo da gloriam.

7.

Intellectus es Spiritus, Quo videtur divinitas : Mundi cordis luminibus Hæc est regni sublimitas. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam, Pœnam reis  ne reddas debitam ; Sed nomini  tuo da gloriam.

8.

Das tandem sapientiam, Per quam fiant pacifici, Nomen Patris sanctificans, In quo sint Dei filii. Et hanc da, Domine,  da nobis gratiam, Pœnam reis  ne reddas debitam ; Sed nomini  tuo da gloriam.

9.

Apostolorum precibus Quos hac in die consecras Isdem nos charismatibus Confirma, quos regeneras Illa septiformi  quam habes gratia Contra septem  illa dæmonia, Cujus dona  bona sunt omnia.  Amen.

DOMINICA PENTECOSTES Hymnus II 1.

Remissionis numerum Lux signat quinquagesima, Quo jubilæus omnium Annus relaxat debita. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

6.

Le plus grand conseil que tu donnes, c’est d’être miséricordieux : tu veux pitié, non sacrifices, pour avoir pitié en retour1. Toi, Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom.

7.

Tu es l’Esprit d’intelligence qui fait voir la divinité : aux yeux de qui a le cœur pur c’est la plus haute royauté. Toi, Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom.

8.

Tu donnes enfin la sagesse qui fait les artisans de paix, en sanctifiant le nom du Père dans lequel ils sont fils de Dieu. Toi Seigneur, donne-nous,  donne-nous cette grâce, ne punis pas  comme nous méritons, fais éclater  la gloire de ton nom.

9.

Par les prières des apôtres que tu consacres aujourd’hui, conforte-nous, nous que tu régénères, par les mêmes charismes qu’eux, par la grâce aux sept formes  que tu possèdes en toi contre les sept  démons [qui rongent l’âme], et tous ses dons  sont en soi excellents.

PENTECÔTE Hymne II 1.

Le cinquantième jour : ce nombre porte le signe du pardon, nombre où l’année du jubilée remet les péchés de chacun. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

1 Cf. Ps 50.18-19.

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2.

Sub hoc dierum numero Remissionis Spiritus A summi Patris solio Venit, quem misit Filius. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

3.

Divinum quippe Spiritum Amorem ejus dicimus, Quo reis hunc propitium, Quo mitem esse novimus. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

4.

Cujus amoris hodie Flamma mundus accenditur, Quem venit Christus mittere, In terram ignis mittitur. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

5.

In igneis hunc hodie Linguis super apostolos Demonstrans, legis igneæ Præsignavit hos nuntios. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

6.

Lex vetus, tamquam frigida, Servos metu coercuit ; In Christo mater gratia Filios Deo genuit. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.  Amen.

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2.

En ce jour de Quinquagésime, du trône du Père Très Haut vient, envoyé par le Fils, l’Esprit de qui vient le pardon. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

3.

Ce que nous appelons l’Esprit, c’est assurément son amour, qui le rend propice aux coupables, qui le rend doux, nous le savons. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

4.

Par la flamme de son amour aujourd’hui le monde s’embrase, le feu que le Christ y allume aujourd’hui enflamme la terre1. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

5.

Aujourd’hui, les langues de feu le faisant voir sur les apôtres montrent que l’Esprit les consacre messagers de la loi de feu. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

6.

L’ancienne loi, dans sa froideur, contraignait, par peur, des esclaves, la grâce mère, dans le Christ a engendré pour Dieu des fils. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

1 Cf. Lc 12.49.

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DOMINICA PENTECOSTES Hymnus III 1.

Tradente legem Domino, Mons tremens metum attulit ; Spiritus in cenaculo Susceptus illum abstulit. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

2.

Micabant illic fulgura, Mons caligabat fumigans ; Hic est flamma multifida Non urens sed illuminans. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

3.

Horrendæ sonum bucinæ Pavebat illic populus ; Verbum intelligentiæ Sonus hic fuit Spiritus. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

4.

Fumus illic caliginem Obscuræ signat litteræ ; Splendentis ignis speciem Claræ signum hic accipe. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

5.

Terroris ac caliginis Illic plena sunt omnia ; Curat hic ex contrariis Paraclitus contraria. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

PENTECÔTE Hymne III



1.

Quand le Seigneur donna sa Loi, l’esprit tremblant conçut la crainte1, mais quand l’Esprit saint fut reçu en ce cénacle, il l’effaça. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

2.

La foudre alors se déchaînait, la nuée cachait la montagne, ici, c’est la flamme multiple qui illumine sans brûler. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

3.

Le son de l’horrible trompette là-bas, terrorisait le peuple, ici, l’Esprit fit résonner des paroles compréhensibles. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

4.

Là-bas, la nuée signifie les ombres de la lettre obscure ; ici, le feu resplendissant est signe du sens éclairci. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

5.

Là-bas, tout est plein de terreur et caché par l’obscurité ; ici, le Paraclet répare le contraire par son contraire. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

1 Tout le parallèle de l’hymne est bâti avec la dictée des dix commandements au Sinaï : Ex 19.

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6.

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Omnes aufert molestias Divina consolatio ; Cordis exarat tabulas Ut reparetur ratio. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.  Amen.

DOMINICA PENTECOSTES Hymnus IV 1.

Apostolorum pectora Divinus replens Spiritus Corda ditat scientia, Linguas loquelis omnibus. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

2.

Ut superbos disperserat Linguæ quondam divisio, Sic humiles nunc aggregat Diversarum collatio. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

3.

Laudari linguis omnibus Et prædicari debuit In cunctis mundi partibus Qui has, qui cuncta condidit. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

4.

Johelis testimonium Completum esse novimus, Petrus calumniantium Quod opponit latratibus. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

li vre i i  : pro pre d u t e mps

6.

La consolation divine enlève toutes les souffrances, elle écrit les pages du cœur pour lui redonner la raison. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

PENTECÔTE Hymne IV



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1.

L’ Esprit divin, en remplissant la conscience des apôtres, enrichit leurs cœurs de science, leurs langues de toutes les langues. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

2.

Comme la division des langues jadis dispersa les superbes, ainsi le don de tant de langues maintenant rassemble les humbles. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

3.

Il faut bien qu’en toutes les langues il soit loué et proclamé dans toutes les parties du monde, lui qui les a toutes créées. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

4.

Nous voyons que s’est accomplie la prophétie de Joël, que Pierre a si bien opposée aux abois de ses détracteurs1. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

1 Cf. Ac 2.14-36 (citant Jl 2.28-32).

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5.

Divinorum completio Festorum hæc festivitas, Divini consummatio Promissi fit hæc largitas. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.

6.

Qui verum omne doceat Promissus hic est Spiritus ; hic est qui cuncta suggerat Quæ suis dixit Filius. Summa summo regi  Deo sit gloria, Cujus cuncta  subsistunt gratia, Ex quo, per quem,  in quo sunt omnia.  Amen.

IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus I 1. Sacra Jherosolymis  facta sunt encænia Cum lux esset celebris  Domini præsentia ; 2. Ipse nostris hodie  festis adsit, quæsumus, Præsentis basilicæ  basileon proprius. 3. Nostri templum pectoris  ipse sibi consecret, Et signis extrinsecis  res internas aggreget. ℟. Quæ fiunt exterius  intus ipse compleat, Mundi penetralibus  qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compar sit Spiritui  gratiarum actio.  Amen.

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IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus II 1. Spiritalis signum est  templum hoc visibile, Et in illo totum est  quod in hoc fit mystice. 2. Aqua benedicitur,  salis fit commixtio ; Templum his conspergitur  circumvectis tertio.

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5.

La festivité de ce jour complète les fêtes divines, et cette largesse accomplit ce que Dieu nous avait promis. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

6.

C’est là l’Esprit qui fut promis pour dire tout ce qui est vrai, c’est bien là celui qui inspire tout ce qu’a dit le Fils aux siens. Très haute gloire soit  à Dieu le très haut roi, lui dont la grâce  fait exister le monde, de qui, par qui,  en qui sont toutes choses.

DÉDICACE Hymne premier

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1. Jérusalem vit se faire  des dédicaces sacrées quand y brillait la lumière,  la présence du Seigneur1. 2. Qu’il soit présent à nos fêtes  aujourd’hui, nous l’en prions, lui le véritable roi  de ce présent édifice. 3. Et que lui-même consacre  le temple de notre cœur, que par des signes extérieurs  il unifie l’intérieur. ℟. Que lui-même à l’intérieur  finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence  dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père,  et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance  soit égale pour l’Esprit. DÉDICACE Hymne II 1. Le présent temple visible  est un signe spirituel2, et tout y est exprimé  du mystère qui s’y passe. 2. Car on bénit l’eau lustrale,  on la mélange de sel, on en asperge le temple  en faisant trois fois le tour.



1 Cf. Jn 10.22. 2 Littéralement, ce temple visible-ci est un signe du temple de l’esprit. Cet hymne et le suivant décrivent les principales étapes du rituel de la dédicace.

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3. Accenduntur interim  intus luminaria Numero duodecim  in gyro disposita. 4. Aspergendo circuit  templum ter episcopus, Portæ frontem percutit  virga ter superius. 5. Aperiri præcipit  ut rex intret gloriæ ; Quod cum ter expleverit,  patefiunt januæ. 6. Ingressus basilicam,  preces offert Domino, Pro se primum hostiam,  deinde pro populo. 7. Alphabeti duplicis  dum figuras imprimit, Cancellatis lineis  crucis signum exprimit. ℟. Quæ fiunt exterius  intus ipse compleat, Mundi penetralibus  qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compar sit Spiritui  gratiarum actio.  Amen. 59

IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus III 1. Ad altare pontifex  sacrandum se præparat ; Aquæ salem, cinerem  atque vinum sociat. 2. His intincto digito,  per altaris cornua Signum crucis imprimit  consecrantis dextera. 3. De hysopo déinde  tenens aspersorium, In altare septies  aspergit circumdatum. 4. Rigatis ter déinceps  intus parietibus, Orat ut exaudiat  ibi quosque Dominus. 5. Ad altare præsul his  peractis convertitur ; Psalmus cum antiphona  præeunte dicitur. 6. Ad altaris funditur  basim aquæ reliquum ; Quo extergi debeat  mundum adest linteum.

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3. Pendant ce temps on allume  des lampes à l’intérieur, lampes au nombre de douze  et bien disposées en cercle. 4. Tout en l’aspergeant, l’évêque  fait trois fois le tour du temple, puis frappe de front la porte  de sa crosse par trois fois. 5. Il ordonne que l’on ouvre  pour qu’entre le roi de gloire1, et quand il l’a fait trois fois,  les portes sont grandes ouvertes. 6. Entré dans la basilique,  il offre à Dieu ses prières, célébrant d’abord pour lui,  et ensuite pour le peuple. 7. Il dessine les figures  des lettres en latin et grec par des lignes qui se croisent  pour dessiner une croix. ℟. Que lui-même à l’intérieur  finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence  dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père,  et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance  soit égale pour l’Esprit. DÉDICACE Hymne III 1. Le pontife se prépare  à consacrer cet autel, il mélange à l’eau lustrale  le sel, la cendre et le vin. 2. Du doigt qu’il y a trempé,  aux quatre coins de l’autel, la main de l’officiant  met le signe de la croix. 3. Ensuite il prend l’aspersoir  fait d’une touffe d’hysope2 et en asperge l’autel  en faisant le tour sept fois. 4. Trois fois encore il asperge  les parois à l’intérieur, il supplie le Seigneur  d’exaucer ceux qui y prient. 5. Quand il a fait tout cela,  il se tourne vers l’autel, et l’on prononce le psaume  associé à son antienne. 6. Sur la base de l’autel  est versée l’eau qui reste, et un linge immaculé  est prévu pour l’essuyer.

1 Cf. Ps 23.7-10. 2 Cf. Ps 50.9.

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7. Thus antistes adolet  super ipsum Domino ; Tam ipsum quam anguli  consignantur oleo. 8. Unctione chrismatis  altare perfunditur, Et simul antiphona  decantanda sumitur. 9. Cruces hinc duodecim  chrismantur parietum ; Altare contegitur,  et fit sacrificium. ℟. Quæ fiunt exterius  intus ipse compleat, Mundi penetralibus  qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compar sit Spiritui  gratiarum actio.  Amen. 60

IN DEDICATIONE ECCLESIÆ Hymnus IV 1. Ecce domus Domini,  en fidelis populus Psalmis, hymnis, canticis  vacans spiritalibus. 2. Christus, cujus domus est,  ipsam sibi protegat, Et ovile proprii  gregis pastor muniat ; 3. Canum spiritalium  tutelam adhibeat, Lupos invisibiles  super illos arceat. 4. Angelorum præsidens  semper hic custodia Ad fidelis populi  vigilet præsidia : 5. Ad superbum zabulon  conterendum Michael, Ad medendum sauciis  dirigatur Raphael ; 6. Corda titubantium  Gabriel corroboret, Et perseverantia  stantes idem adjuvet. 7. Numquam, cum sit regis hoc  cælestis palatium, Ministris cælestibus  decet esse vacuum : 8. Horum ministerio  disponantur omnia, Qui norunt quæ Domino  sint vel non sint placita ; 9. Christi vota populi  ipsi preces offerant, Et quid ipse voveat,  quid precetur doceant.

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7. Sur l’autel le célébrant  fait monter à Dieu l’encens, et l’autel et ses quatre angles  d’huile sainte sont marqués. 8. L’autel est tout recouvert  par une onction de saint chrême, en même temps on commence  à exécuter l’antienne. 9. Ensuite l’on oint de chrême  les douze croix des parois, on met la nappe d’autel,  la messe peut commencer. ℟. Que lui-même à l’intérieur  finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence  dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père,  et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance  soit égale pour l’Esprit. DÉDICACE Hymne IV 1. Voici la maison de Dieu,  voici le peuple fidèle s’occupant à chanter psaumes,  hymnes et chants spirituels. 2. Le Christ, dont c’est la maison,  qu’il y veille pour lui-même, et que le berger protège  l’étable de son troupeau. 3. Qu’il en confie la garde  à ses chiens spirituels, et que d’en haut il écarte  d’eux les invisibles loups. 4. Qu’à la tête de ses anges,  gardiens toujours attentifs, il surveille la défense  de son fidèle troupeau. 5. Qu’il envoie Raphaël  pour s’occuper des blessés, et Michel pour écraser  Satan le très orgueilleux. 6. Que Gabriel réconforte  les cœurs de ceux qui chancellent, que de sa persévérance  il aide ceux qui résistent. 7. Puisqu’ici c’est le palais  du roi du ciel, que jamais de ses ministres célestes  il ne reste un instant vide. 8. Que par leur saint ministère  tout ici soit disposé, puisqu’ils savent ce qui plaît  ou ne plaît pas au Seigneur. 9. Qu’ils offrent comme prières  les vœux du peuple du Christ, qu’ils enseignent la façon  dont il a voulu qu’on prie.

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10. Nichil cassis precibus,  nichil votis irritis Hic fideles postulent  vel sibi vel aliis ; 11. Quisquis hic fidelium  preces Deo fuderit Impetrasse gaudeat  se quicquid petierit. 12. Giezita nullus hic,  nullus simoniacus Corrumpat hæreticis  gregem Christi pestibus : 13. Quos a domo propria  per semet expulerit, Iram ejus sentiat  quisquis hos reduxerit. ℟. Quæ fiunt exterius  intus ipse compleat, Mundi penetralibus  qui cordis inhabitat. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compar sit Spiritui  gratiarum actio.  Amen.

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10. Qu’ici les ouailles ne fassent,  ni pour soi ni pour autrui, aucunes prières vaines,  aucuns vœux déraisonnables. 11. Et quel que soit le fidèle  qui priera Dieu ici, qu’il ait la joie d’obtenir  ce qu’il aura demandé. 12. Qu’aucun simoniaque ici,  aucun suivant de Giezi1, ne corrompe les brebis  du Christ de son hérésie. 13. Et ceux qu’il aura chassés  lui-même de sa maison, ceux qui les rappelleront,  qu’ils sentent son aversion. ℟. Que lui-même à l’intérieur  finisse les rites externes, lui qui fait sa résidence  dans les tréfonds des cœurs purs. d. Gloire soit à Dieu le Père,  et même honneur soit au Fils, que notre reconnaissance  soit égale pour l’Esprit.



1 Le serviteur du prophète Élisée, qui réclama de l’argent à Naaman, que son maître avait guéri (2 R 5).

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Liber III Hymni de sanctis Præfatio Superioribus duobus libellis cottidianos feriarum hymnos et sollemnitatum divinarum proprios digessimus ; nunc vero superest ad cælestis gloriam regis et communem fidelium exhortationem ipsam quoque superni curiam palatii debitis hymnorum, prout possumus, efferre præconiis. In quo quidem opere ipsi me præcipue adjuvent meritis quorum gloriosæ memoriæ qualiumcumque laudum munuscula cupio persolvere, juxta quod scriptum est : Memoria justi cum laude, et iterum : Laudemus viros gloriosos, etc. Vos quoque obsecro, sorores carissimæ Christoque dicatæ, quarum maxime precibus hoc opus aggressus sum : vestrarum adjungite devotionem orationum, illius memores beatissimi legislatoris qui plus orando quam populus potuit dimicando. Et, ut caritatem vestram in orationum copia largam inveniam, pensate diligenter quam prodigam vestra petitio nostram habeat satisfactionem ; dum enim divinæ gratiæ laudes pro nostri ingenioli ‹facultate› prosequi studeremus, quod de ornatu deest eloquentiæ recompensavimus hymnorum multitudine, singulis videlicet singularum sollemnitatum nocturnis proprios componentes hymnos, cum unus solummodo hucusque hymnus in festis quoque sicut in feriis ad nocturnos præcineretur. Quattuor itaque hymnos singulis festivitatibus ea ratione decrevimus ut in unoquoque trium nocturnorum proprius decantetur hymnus, et laudibus insuper matutinis non desit suus. Ex quibus rursus quattuor instituimus ut duo in vigilia pro uno conjungantur hymno, et duo reliqui similiter ad vesperas ipso die sollemni recitentur ; aut ita bini et bini in singulis vesperis dividantur ut cum duobus prioribus psalmis unus, et cum duobus reliquis alius decantetur. De cruce autem, memini, quinque conscripti sunt hymni, quorum primus singulis præponatur horis, invitans diaconem crucem de altari tollere et in medium chori afferre atque ibidem eam quasi adorandam ac salutandam statuere, ut in ejus quoque præsentia tota per singulas horas peragatur sollemnitas.

Livre III Commun et propre des saints Préface Dans les deux livres précédents nous avons détaillé les hymnes quotidiens des jours ordinaires et ceux propres aux solennités divines ; à présent il reste, pour la gloire du roi du ciel et l’édification des fidèles en général, à exalter aussi, dans la mesure de nos possiblités, la cour elle-même du palais du ciel par des hymnes exprimant les louanges qui lui sont dues. Dans cette entreprise, puissent surtout m’aider de leurs mérites ceux même à la glorieuse mémoire desquels je désire verser ce faible présent de louanges, quelle qu’en soit la valeur, selon ce qui est écrit : La mémoire du juste est sa louange1, et encore : Louons les hommes glorieux2, etc. Je vous supplie aussi, bien-aimées sœurs vouées au Christ, vous dont les demandes surtout sont à l’origine de mon entreprise, joignez-y l’implication profonde de vos prières, en souvenir du très saint législateur qui a fait plus en priant que le peuple en combattant3. Et, pour que je trouve votre charité prodigue d’une abondance de prières, songez bien avec quelle prodigalité nous avons répondu à votre demande ; en nous attachant dans la mesure de nos faibles capacités à poursuivre les louanges de la grâce divine, nous avons compensé les déficiences de notre éloquence par le nombre des hymnes, en composant des hymnes propres pour chaque heure nocturne de chaque fête, alors que jusqu’ici seulement un hymne était chanté aux heures nocturnes, aussi bien les jours de fête que les jours ordinaires. Nous avons donc établi quatre hymnes pour chaque fête, de façon qu’à chacun des trois nocturnes soit chanté un hymne spécial, et que les laudes aient le leur aussi. Et parmi ces quatre hymnes nous avons fait en sorte que deux à la vigile soient combinés en un seul hymne, et que les deux autres soient récités de la même façon aux vêpres du même jour ; ou bien que ces deux paires d’hymnes soient séparées à chaques vêpres, le premier chanté avec les deux premiers psaumes, le second avec les deux derniers. Pour la Croix, je m’en souviens, il y a cinq hymnes, dont le premier est à prononcer au début de chaque heure, invitant le diacre à prendre la croix sur l’autel, à la porter au milieu du chœur et à la placer là comme pour l’adorer et la saluer, pour que toute la sollennité à toutes les heures soit célébrée en sa présence4.



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Pr 10.7. Si 44.1. Le législateur est Moïse ; cf. Ex 17.8-13. La cérémonie que décrit Abélard n’est pas attestée ailleurs (pas même dans les livres liturgiques du Paraclet).

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l ibe r i i i  : hymn i d e s an ct i s

COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus I 1.

Deus, Dei Verbum Patri coæternum, Mens ex Deo nata – Nata, non creata,

2.

Per quem factus mundus, Per quem reparatus, Votis supplicantum Intende servorum.

3.

Judex noster, Christe, Nostri miserere ; Ignosce nunc bonus, Ne condemnes justus.

4.

Esto nobis natus, Esto nobis passus, Qui das spem salutis In utroque nobis.

5.

Ne sit nasci vanum, Ne sit pati cassum, Nec insultet hostis Nobis in te fisis.

6.

Mater pietatis, Adsis pia nobis, Nec spe sua fraudes De te præsumentes.

7.

Per te Dei factus Ad nos est descensus ; Per te conscendendum Nobis est ad ipsum.

8.

Per te reducamur, Qui te profitemur Ejus ad nos portam Et ad eum nostram.

d.

Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata.  Amen.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne premier 1.

Ô Dieu, verbe de Dieu coéternel au Père, Intellect né de Dieu, né et non pas créé,

2.

par qui fut fait le monde et par qui restauré, écoute les prières de tes [bons] serviteurs.

3.

Toi notre juge, ô Christ, aie pitié de nous, pardonne en ta bonté, épargne en ta justice.

4.

Sois celui qui est né pour nous, et mort pour nous, qui nous donne l’espoir en naissant, en souffrant.

5.

Que naître ne soit vain ni souffrir inutile, que l’Ennemi ne rie de notre foi en toi.

6.

Ô mère de bonté, aide-nous, toi si bonne, ne déçois pas l’espoir de qui compte sur toi.

7.

Par toi le Fils de Dieu est descendu vers nous, c’est par toi qu’il nous faut nous hisser jusqu’à lui.

8.

Retournons-y par toi, tu es pour nous la porte qui le mène vers nous, qui nous mène vers lui.

d.

Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.

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l ibe r i i i  : hymn i d e s an ct i s

COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus II 1.

Mater Salvatoris, Vide quid dicaris : Pensa singularem Nominis honorem.

2.

Comple dictum facto Sed labore nullo, Quot vis una prece Reos absolvente.

3.

Jure quippe Matris Quicquid postulabis Apud tam benignum Impetrabis Natum.

4.

Sanctam Matrem justus Non offendet Natus, Nec ferent repulsam Tuæ preces ullam.

5.

Virtus sanctitatis Et potestas Matris Quantumcumque magnum Obtinebunt donum.

6.

Preces supplicantis Non contemnet Matris, Qui parere patri Jubet sive matri.

d.

Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata.  Amen.

COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus III 1.

Singularis Mater Quia Virgo semper, Mater, et hoc Dei, Ad te clamant rei.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne II 1.

Ô mère du Sauveur, vois comment on t’appelle, considère l’honneur tout spécial de ton nom.

2.

Justifie ton nom, tu n’y as pas de peine, tu n’as qu’à demander grâce pour les coupables.

3.

Par les droits d’une mère, tout ce que tu demandes, tu l’obtiendras d’un fils aussi plein de bonté.

4.

Un fils juste ne veut mécontenter sa mère, aucun refus ne peut répondre à tes prières.

5.

Ta grande sainteté, ton pouvoir maternel obtiendront de ton fils n’importe quel bienfait.

6.

Il ne peut repousser sa mère suppliante, lui qui a ordonné d’honorer père et mère.

d.

Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.

COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne III 1.

Ô Mère hors du commun parce que toujours vierge, mère, et mère de Dieu, les coupables t’implorent.

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l ibe r i i i  : hymn i d e s an ct i s

2.

Ad te nos clamantes, Ad te suspirantes In districta causa Juves advocata.

3.

Opem quodam modo Toti debes mundo, Quam velut ex jure Postulamus a te.

4.

Totum id honoris Nacta es pro nobis Ut sis vitæ porta Sicut mortis Eva.

5.

Ad hoc es creata, Ad hoc præelecta : Causam recognosce Et effectum comple.

6.

Mundo debes opem, Mundus tibi laudem ; Spes post Deum nostra, Nobis Deum placa.

d.

Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata.  Amen.

COMMUNE BEATÆ MARIÆ VIRGINIS Hymnus IV 1.

[Ave, maris stella, Dei Mater alma Atque semper Virgo, Felix cæli porta !

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

2.

Car nous crions vers toi, et soupirons vers toi, tu nous sers d’avocate en un procès douteux1.

3.

Tu dois, pourrait-on dire, ton aide au monde entier, et nous la réclamons comme étant notre dû.

4.

Ton honneur à nos yeux, c’est d’être, c’est ton sort, la porte de la vie comme Ève de la mort.

5.

Pour ce rôle créée, à ce prédestinée, vois pour quoi tu es née, accomplis ta fonction !

6.

Tu dois secours au monde, qui te doit la louange : notre espoir après Dieu, pour nous adoucis Dieu !

d.

Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.

COMMUN DE LA SAINTE VIERGE Hymne IV2 1.



[Étoile de la mer, Ave, mère de Dieu, sainte et demeurée vierge, douce porte des cieux !

1 Paraphrase de l’antienne Salve regina : Ad te clamamus, exsules filii Evæ, ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrimarum valle. Eja ergo, advocata nostra…, « Vers toi nous crions, fils d’Ève en exil, vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant en cette vallée de larmes. Or donc, notre avocate… ». 2 Sur l’inclusion de cet hymne, qui n’est pas d’Abélard, voir l’introduction.

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2.

Sumens illud Ave Gabrielis ore, Funda nos in pace, Mutans nomen Evæ.

3.

Solve vincla reis, Profer lumen cæcis, Mala nostra pelle, Bona cuncta posce.

4.

Monstra te esse Matrem, Sumat per te preces Qui, pro nobis natus, Tulit esse tuus.

5.

Virgo singularis, Inter omnes mitis, Nos culpis solutos Mites fac et castos.

6.

Vitam præsta puram, Iter para tutum, Ut videntes Jhesum Semper collætemur.

d.

Uni sit et trino Perpes honor Deo, Ex quo, per quem cuncta, In quo sunt creata.  Amen.]

OMNIUM SANCTORUM Hymnus I 1.

Sanctorum sollemnitas  omnium, Festiva jocunditas  hominum, Fidelem lætificat  populum.

2.

Quod minus impendimus  singulis Quas per annum colimus  feriis In his laudum solvimus  hostiis.

3.

Sanctorum laus omnium,  Domine, Ad te tamquam talium  capite Laudis fit exordium  debitæ.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

2.

En prenant cet Ave des mots de Gabriel, retournant le nom d’Eve1, place-nous dans la paix.

3.

Libère les coupables, éclaire les aveugles, écarte notre mal, obtiens pour nous le bien !

4.

Montre que tu es mère, transmets-lui nos prières, à Lui qui, né pour nous, a voulu être à toi.

5.

Ô vierge hors du commun, douce entre tous les êtres, libérés de nos fautes, fais-nous doux et pudiques.

6.

Donne une vie pure, un chemin sans embûche, pour qu’en voyant Jésus notre bonheur perdure !

d.

Honneur soit à jamais au Dieu unique et trine, de qui, par qui, en qui est créé l’univers.]

TOUSSAINT Hymne premier



1.

La solennité festive  de tous saints, la liesse collective  des humains rendent joyeux en leur foi  les chrétiens.

2.

Ce que nous ne rendons guère  à chacun, à leur fête respective,  dans l’année, aujourd’hui nous le rendons  par ce culte.

3.

Ô gloire de tous les saints,  toi Seigneur, c’est par toi comme à leur tête  à eux tous, que commence la louange :  c’est ton dû.

1 En latin, Eva.

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d.

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Tuæ sunt potentiæ  subdita, Tuæ sapientiæ  pervia, Tuæ cuncta gratiæ  gloria.  Amen.

OMNIUM SANCTORUM Hymnus II 1.

Porta cæli, siderum  janua, Tam matrum quam virginum  gloria, Votis esto supplicum  pervia.

2.

Supernorum milites  agminum Sic depellant acies  dæmonum Ut sit jugis requies  hominum.

3.

Quos nostræ custodiæ  deputas, Horum nos munimine  protegas, Ut ad te nos, Domine,  dirigas.

d.

Tuæ sunt potentiæ  subdita, Tuæ sapientiæ  pervia, Tuæ cuncta gratiæ  gloria.  Amen.

OMNIUM SANCTORUM Hymnus III 1.

Communis celebritas  omnium Justorum memorias  veterum Natalibus aggregat  martyrum.

2.

Horum est parietum  medius Tam vatum quam martyrum  maximus, Laude Christi plurimum  præditus.

3.

Post hunc sunt Ecclesiæ  principes, Post hos tui, Domine,  milites, Post utrosque denique  pedites.

4.

His chorus adjungitur  virginum, Et rosis intexitur  lilium ; Flos insignit croceus  medium.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

d.

À ton pouvoir sont soumises  toutes choses, À ta sagesse évidentes  toutes choses, Toutes choses sont la gloire  de ta grâce.

TOUSSAINT Hymne II 1.

Ô porte du ciel, gardienne des étoiles, toi, gloire aussi bien des mères  que des vierges, transmets nos supplications  et nos vœux.

2.

Que les guerriers des milices  de là-haut repoussent loin les armées  des démons, pour que le repos des hommes  se prolonge.

3.

Ceux que tu charges de nous  surveiller, protège-nous de tout mal  grâce à eux, pour nous amener vers toi,  ô Seigneur.

d.

À ton pouvoir sont soumises  toutes choses, À ta sagesse évidentes  toutes choses, Toutes choses sont la gloire  de ta grâce.

TOUSSAINT Hymne III



1 67

1.

La célébration commune  de tous saints joint le souvenir des justes  du passé aux fêtes de la victoire  des martyrs.

2.

Se tient entre ces deux murs,  au milieu, le plus grand de tous prophètes  et martyrs, c’est celui que le Christ même  a loué1.

3.

Les grands princes de l’Église  après lui, après eux tes chevaliers,  ô Seigneur, et derrière eux tous enfin  tes soldats2.

4.

À ceux-là le chœur des vierges  vient se joindre, et leur lys se mêle aux roses  du martyre, au milieu reluit la fleur  du crocus3.

1 Jean Baptiste ; cf. Lc 7.28. 2 Respectivement les apôtres, les martyrs et les confesseurs. 3 Traditionnellement, le crocus latin, assimilé à la violette, désigne les confesseurs lorsqu’il s’agit d’hommes et les veuves lorsqu’il s’agit de femmes. Mais Abélard ne doit pas être si restrictif vu ses hymnes pour les saintes femmes et la mention du problème qu’ils posent dans la première préface : il doit vouloir désigner les « confesseresses », c’est-à-dire des saintes ni vierges ni martyres.

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5.

Trina florum talium  specie Sertum odoriferum,  Domine, In te nitet omnium  capite.

d.

Tuæ sunt potentiæ  subdita, Tuæ sapientiæ  pervia, Tuæ cuncta gratiæ  gloria.  Amen.

OMNIUM SANCTORUM Hymnus IV 1.

Eversis altariis  dæmonum, Pantheon est idolis  erutum, Sanctorum memoriis  deditum.

2.

Huc plebs annis singulis  confluens Et cum clero pontifex  veniens Est ‹ in › laudum hostiis  vehemens.

3.

Quod illic a capite  cœptum est, Ad membra rectissime  tractum est, Sicut et hic hodie  patens est.

4.

Quorum simul colimus  gaudium, Laudantes pro omnibus  Dominum, Adjuvemur precibus  omnium.

5.

Hæc tuæ militia  curiæ Per sua suffragia,  Domine, Sub tuo nos protegat  nomine.

d.

Tuæ sunt potentiæ  subdita, Tuæ sapientiæ  pervia, Tuæ cuncta gratiæ  gloria.  Amen.

SANCTI MICHAELIS Hymnus I 1. Angelorum  hominumque  factor et dispositor, Immo rerum  quarumcumque  tam rector quam conditor, Id quo vivit  quisque perdit  tuæ laudis immemor.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

5.

De ces trois sortes de fleurs  composée, la couronne parfumée,  ô Seigneur, brille sur toi, qui es tête  de ce monde.

d.

À ton pouvoir sont soumises  toutes choses, À ta sagesse évidentes  toutes choses, Toutes choses sont la gloire  de ta grâce.

TOUSSAINT Hymne IV 1.

Les autels des dieux païens  renversés, le Panthéon est ôté  aux idoles, et dédié au souvenir  de nos saints1.

2.

C’est là que le peuple afflue  chaque année, le pontife accompagné  du clergé célèbre dans la ferveur  leurs louanges.

3.

Ce qui a commencé là  par la tête s’est continué tout droit  dans les membres, comme il est visible ici  aujourd’hui.

4.

Nous vénérons en commun  leur triomphe, et nous louons pour eux tous  le Seigneur, que leurs prières à eux tous  nous soutiennent.

5.

Puisse leur présent service  à ta cour, par l’appui qu’ils nous apportent,  ô Seigneur, nous protéger et garder  en ton nom.

d.

À ton pouvoir sont soumises  toutes choses, Par ta sagesse baignées  toutes choses, Toutes choses sont la gloire  de ta grâce.

SAINT MICHEL Hymne premier 1. Toi, le facteur,  le gouverneur  des anges et des êtres humains, le créateur,  l’ordonnateur,  bien plus, de tout ce qui est, l’être oublieux  de te louer  perd cela qui le fait vivre.



1 La fête de la Toussaint est historiquement celle de la dédicace du Panthéon (Santa Maria ad martyres).

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2. Illi sursum,  hi deorsum  juges agant gratias ; Cæli summa,  terræ ima  laudes reddant consonas : Nullas laude  fas sit esse  partes mundi vacuas. 3. Nullum tempus,  nullus locus  creatoris omnium Laude vacet,  cujus numquam  cessat beneficium, Malis quoque  quibuscumque  finem servans optimum. d. Ex quo, per quem,  in quo cuncta,  perpes ipsi gloria, Cujus regnum  sine fine  regna regit omnia, Et ad nutum  cuncta suum  disponuntur sæcula.  Amen. 69

SANCTI MICHAELIS Hymnus II 1. Mulieris  decem drachmas  designavit Dominus Quarum una  sit amissa  novem remanentibus, Quo beati  distinguuntur  a lapsis spiritibus. 2. Novem esse  supernorum  ordines spirituum Expletisque  locis sacrum  tradidit eloquium ; Nec cum suis  inde lapsum  præterivit zabulum. 3. Quorum quidem  detrimentum  tamquam drachmam perditam Restaurare  Deus volens  et ovem centesimam Reportare  pius pastor  nos elegit decimam. d. Ex quo, per quem,  in quo cuncta,  perpes ipsi gloria, Cujus regnum  sine fine  regna regit omnia, Et ad nutum  cuncta suum  disponuntur sæcula.  Amen.

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SANCTI MICHAELIS Hymnus III 1. Quam felices  supernorum  agminum exercitus, Quorum summum  regem Deum  Sabaoth hinc dicimus ! Pollet in his  prœliator  Michael magnificus. 2. Quo pugnante  cum dracone  fit in cælo prœlium, Donec ille  pulsus inde  casum ferat maximum Atque Deo  persolvatur  gratiarum canticum :

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2. Qu’en haut les anges,  les hommes ici  constamment te rendent grâces, Au haut des cieux,  au ras du sol  que s’accordent les louanges, qu’il soit exclu  qu’un lieu du monde  soit vide de ta louange ! 3. Qu’aucun endroit  et qu’aucun temps  ne cesse de célébrer le Créateur,  lui dont jamais  ne s’arrêtent les bienfaits, lui qui conserve  même aux malheurs  la meilleure fin possible. d. De qui, par qui,  en qui tout est,  à lui la gloire éternelle, lui qui régit  tous les royaumes,  et dont le règne est sans fin, à son vouloir  sont disposées  toutes les générations. SAINT MICHEL Hymne II

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1. Notre Seigneur  a raconté  les dix drachmes de la femme qui en perd une,  alors que neuf  demeurent en sa possession1, pour distinguer  les bienheureux  des esprits mauvais déchus. 2. Il y a neuf  ordres d’esprits,  nous dit la Sainte Écriture2, qui tous ensemble  ont à remplir  le vaste espace des cieux. Tombé de là  avec les siens,  elle parle aussi du diable. 3. Mais Dieu, voulant  en compenser,  comme la drachme perdue, le tort subi,  et ramener  la centième brebis3, en bon Berger,  nous a choisis  comme la dixième drachme. d. De qui, par qui,  en qui tout est,  à lui la gloire éternelle, lui qui régit  tous les royaumes,  et dont le règne est sans fin, à son vouloir  sont disposées  toutes les générations. SAINT MICHEL Hymne III 1. Combien heureux  sont les guerriers  des grandes armées célestes ! En foi de quoi  nous appelons  le grand Roi « Dieu des armées4 ». Le plus puissant,  c’est saint Michel,  magnifique combattant. 2. Quand il combat  le grand serpent,  le combat se passe au ciel, jusqu’à ce que,  poussé d’en haut,  sa chute soit fracassante et qu’au Seigneur  soit adressé  ce chant d’action de grâces :



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Lc 15.6-10. La Bible ne donne pas formellement la hiérarchie céleste, reconstruite à partir de divers passages. Cf. Mt 18.12-14 et Lc 15.3-7. « Dieu des armées [célestes] » est l’interprétation couramment donnée à l’expression Deus Sabaoth.

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3. « Facta salus  est et virtus,  regnum et potentia Dei nostri  sive Christi,  pulsa jam nequitia Fratres nostros  incessanter  accusare solita ! » d. Ex quo, per quem,  in quo cuncta,  perpes ipsi gloria, Cujus regnum  sine fine  regna regit omnia, Et ad nutum  cuncta suum  disponuntur sæcula.  Amen. 71

SANCTI MICHAELIS Hymnus IV 1. « Quis ut Deus ? »  tam virtute  protestans quam nomine, Hic bellator  Dei fortis  et contritor Sathanæ Intumentem  calcans anguem  os transfigit cuspide. 2. Hujus nobis  bellatoris  opem postulantibus, Quos infestat  incessanter  idem adversarius, Nostra, Deus,  spes et salus  non differri quæsumus. 3. Quo pro nobis  dimicante  victus cedat zabulus, Et cum suis  hoc expulso  pravis satellitibus, Mens quieta  tibi vacet  et exultet spiritus. d. Ex quo, per quem,  in quo cuncta,  perpes ipsi gloria, Cujus regnum  sine fine  regna regit omnia, Et ad nutum  cuncta suum  disponuntur sæcula.  Amen.

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IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus I 1. Johannis nativitas  præcursoris Domini Ad promissa gaudia  corda monet populi. 2. Quantus iste fuerit  tradunt Evangelia, Et qua sanctis ceteris  præsit excellentia. 3. Aliis tricesimum  fructum afferentibus Sive sexagesimum,  ditat hunc centesimus.

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3. « Voilà la force  et le salut,  et le règne et la puissance de notre Dieu,  de notre Christ,  voilà désormais chassée l’iniquité  qui ne cessait  de mettre en cause nos frères ! »1 d. De qui, par qui,  en qui tout est,  à lui la gloire éternelle, lui qui régit  tous les royaumes,  et dont le règne est sans fin, à son vouloir  sont disposées  toutes les générations. SAINT MICHEL Hymne IV

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1. « Qui comme Dieu2 ? »  proclame-t-il,  par sa force et par son nom, ce valeureux  champion de Dieu  et destructeur de Satan, qui, piétinant  l’affreux serpent,  perce sa gueule d’un trait. 2. Nous demandons  que ce guerrier  vienne nous porter secours, nous que harcèle  incessamment  le même ennemi que lui, que notre espoir,  notre salut,  ô mon Dieu, ne tarde plus ! 3. Car s’il combat  pour nous, qu’alors  le diable parte vaincu, chassé d’ici  avec les siens,  tous ses méchants serviteurs, et nostre esprit  libre pour toi  te servira dans la joie. d. De qui, par qui,  en qui tout est,  à lui la gloire éternelle, lui qui régit  tous les royaumes,  et dont le règne est sans fin, à son vouloir  sont disposées  toutes les générations. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne premier 1. La nativité de Jean,  le précurseur du Seigneur, engage les cœurs des gens  aux joies qui leur sont promises. 2. Les Évangiles racontent  à quel point ce Jean fut grand, et par quelle prééminence  il passe les autres saints3. 3. D’autres rapportent du fruit  de ce qui leur est confié, trente fois, soixante fois,  mais lui rapporte au centuple4.

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Cf. Ap 12. Signification de « Michel » en hébreu. Cf. Mt 11.9-11. Cf. Mt 13.8 et 23, mais surtout, Abélard réécrit une strophe du plus célèbre des hymnes au Baptiste, l’Ut queant laxis : Serta ter denis alios coronant / Aucta crementis, duplicata quosdam : / Trina centeno cumulata fructu / Te, sacer, ornant, « D’aucuns ont une couronne augmentée / trente fois, certains en ont deux ; / toi, ô saint, tu en as trois, qui ont produit / au centuple ».

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d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compari Spiritui  compar veneratio.  Amen. 73

IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus II 1. Hujus ortum nuntians  missus est archangelus, Idem qui dominici  postmodum fit nuntius. 2. Promissis incredulus,  pater mox obmutuit, Donec natus parvulus  usum linguæ reddidit. 3. Domini præsentiam  clausus adhuc utero, Quam voce non poterat,  prophetavit gaudio. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compari Spiritui  compar veneratio.  Amen.

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IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus III 1. Senex hunc et sterilis,  illum Virgo genuit : In utroque gratia  naturæ prævaluit. 2. Duram heremiticæ  vitam solitudinis Ætas ejus tenera  præmonstravit posteris. 3. Tantus hinc enituit  tam verbo quam opere Ut eum præsumeret  mundus Christum credere ; 4. Quem prophetis omnibus  Christus ipse prætulit, Quo majorem neminem  surrexisse docuit. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compari Spiritui  compar veneratio.  Amen.

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IN NATIVITATE SANCTI JOHANNIS BAPTISTÆ Hymnus IV 1. Ad parandam Domino  viam hic præmissus est, Solus ut et Dominum  baptizaret dignus est. 2. Hujus testimonio  veritas enituit, Hujus se præconio  commendari voluit.

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d. À Dieu le Père la gloire,  un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal,  égale vénération. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne II

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1. Pour annoncer sa naissance  fut envoyé un archange, le même qui peu après  annonça celle du Christ. 2. Ne croyant pas aux promesses,  son père perdit la voix, jusqu’à ce que, en naissant,  l’enfant lui rendît sa langue. 3. Encore enfermé au ventre,  il annonça par sa joie la présence du Seigneur,  ne le pouvant par la voix. d. À Dieu le Père la gloire,  un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal,  égale vénération. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne III

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1. L’un, une vieille stérile  l’enfanta, l’autre une vierge. La grâce, dans les deux cas,  prévalut sur la nature. 2. En son tendre âge il montra  à ceux qui viendraient ensuite la si dure discipline  de l’ermite solitaire. 3. Donc il se montra si grand  en parole et en action que les gens osèrent bien  le prendre, lui, pour le Christ. 4. Le Christ lui-même le mit  avant les autres prophètes, enseignant qu’il n’en était  jamais venu de plus grand. d. À Dieu le Père la gloire,  un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal,   égale vénération. NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE Hymne IV 1. Il fut envoyé d’avance  préparer la voie au Christ, et seul il fut jugé digne  de baptiser le Seigneur. 2. Et c’est par son témoignage  que brilla la Vérité, c’est avec lui pour héraut  qu’Il voulut être annoncé.

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3. Virginis et martyris  stola pollens gemina, Agni quem exhibuit  institit vestigia. d. Deo Patri gloria,  par sit honor Filio, Compari Spiritui  compar veneratio.  Amen. 76

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COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus I 1.

Apostolici  culmen ordinis Novis recreat  mundum gaudiis, Quem exhilarat  festis annuis.

2.

Hi signiferi  sunt Ecclesiæ, In dominica  duces acie ; Post hos, martyrum  flos militiæ.

3.

Tamquam pedites  sancti reliqui Abstinentiæ  longe dediti Non deficiunt  castris Domini.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus II 1.

Apostolicis  recte laudibus Cunctis intonat  mundus partibus, Per quos cunctis est  Deus cognitus.

2.

Apud Israhel  notum antea Nomen Domini  nunc ad omnia Per hos prodiit  mundi climata.

3.

Ad hoc omnium  linguis præditi Et miraculis  erant splendidi, Verbo pariter  et re maximi.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

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3. Couvert de la double étole  de vierge et de martyr, il suit les pas de l’Agneau  qu’il a lui-même indiqué. d. À Dieu le Père la gloire,  un pareil honneur au Fils, Et à l’Esprit leur égal,  égale vénération. COMMUN DES APÔTRES Hymne premier 1.

La troupe d’élite  que sont les apôtres rafraîchit le monde  d’un bonheur nouveau, leur anniversaire  le remplit de joie.

2.

Ils sont de l’Église  les porte-étendards, les chefs de l’armée  de Notre Seigneur, suivis des martyrs,  fleur des chevaliers.

3.

Comme fantassins,  tous les autres saints, longtemps endurcis  au vœu d’abstinence, ne désertent pas  les camps du Seigneur.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

COMMUN DES APÔTRES Hymne II 1.

Les régions du monde  résonnent à bon droit d’un chant de louange  envers les apôtres, qui ont fait connaître  Dieu au monde entier.

2.

Le nom du Seigneur,  connu jusque là du seul Israël,  à présent s’en va grâce à leur action  dans tous les climats.

3.

Dotés pour cela  des langues d’autrui, ils étincelaient  de miracles aussi, grands par la parole  et grands par l’action.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

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COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus III 1.

Regum solia,  philosophici Celsas cathedras  magisterii Hi subiciunt  jugo Domini.

2.

Vires bellicas  plebs invalida, Eloquentiam  lingua rustica, Mundum subigit  turba modica.

3.

Inde gladiis  reges dimicant, Hinc philosophi  verbis intonant ; Sed miraculis  victi supplicant.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

COMMUNE APOSTOLORUM Hymnus IV 1.

Stulta sæculi,  mundi infima Christus eligens  sapientia Quæque conterit  et sublimia.

2.

Nil urbanitas  hic rhetoricæ, Nil verbositas  agit logicæ, Sed simplicitas  fidei sacræ.

3.

Eloquentia  cessit Tullii, « Tace ! » dictum est  Aristoteli : Leges proferunt  mundo rustici.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

SANCTORUM PETRI ET PAULI Hymnus unus 1.

Per piscatoris  modo limina Imperatoris  sæpe genua Deo supplicant  procumbentia.

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COMMUN DES APÔTRES Hymne III 1.

Les trônes des rois,  les hautes cathèdres des maîtres savants  en philosophie, ceux-là les soumettent  au joug du Seigneur.

2.

Un peuple impuissant  soumet les armées, la langue ignorante  confond l’éloquence, un groupe réduit  envahit le monde.

3.

D’un côté les rois  brandissent l’épée, là les philosophes  font tonner les mots, mais par des miracles  vaincus, ils supplient.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

COMMUN DES APÔTRES Hymne IV 1.

Le Christ, choisissant  folie pour le siècle1, et rebut du monde,  par sa grand sagesse écrase d’un coup  tout l’orgueil du monde.

2.

Rien ne font ici  les discours logiques, ni les arguties  de la rhétorique, mais la pureté  de la foi sacrée.

3.

Défait Cicéron  et son éloquence, Tais-toi, est-il dit  au sage Aristote ; de purs ignorants  font les lois du monde.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

SAINT PIERRE ET SAINT PAUL Hymne unique 1.



Au seuil de celui  qui naquit pêcheur, désormais souvent  les grands empereurs pour supplier Dieu  plient le genou.

1 Cf. 1 Co 1.23.

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2.

Non impar Paulus  vitæ merito : Diademate  pollet gemino, Virgo candido,  martyr rubeo.

3.

Beatissimos  mundi principes, Bello socios,  morte comites, Hæc ad superos  transmisit dies.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

SANCTI PETRI Hymnus unus 1.

Princeps apicis  apostolici, Pastor ovium  gregis Domini, Has custodia  serva vigili.

2.

Arte melius  utens pristina, Piscans homines  trahe retia, Complens Domini  sic pollicita.

3.

Portæ claviger  aulæ cælicæ, Fores aperi,  manum porrige : Quos ad Dominum  ducas suscipe.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

SANCTI PAULI Hymnus unus 1.

Tuba Domini,  Paule, maxima, De cælestibus  dans tonitrua, Hostes dissipans  cives aggrega.

2.

Doctor gentium  es præcipuus, Vas in poculum  factus omnibus Sapientiæ  plenum haustibus.

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2.

Paul autant que lui  de vie éclatante, a bien mérité  la double couronne, blanche pour les vierges,  rouge des martyrs.

3.

Voici le jour où  ces princes du monde unis au combat,  compagnons de mort, montent bienheureux  au plus haut des cieux.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

SAINT PIERRE Hymne unique 1.

Prince et principal  du corps des apôtres, berger des brebis  du troupeau du Christ, sois bien attentif  à veiller sur elles.

2.

Fais donc ton métier  mieux qu’auparavant : jette tes filets  pour pêcher des hommes, accomplis ainsi  ce qu’Il a promis1.

3.

Toi, le porte-clé  de la cour céleste, ouvre-nous les portes  et tends-nous la main. Reçois ceux qu’à Dieu  tu vas présenter.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

SAINT PAUL Hymne unique



1.

Ô Paul, la plus grande  trompette de Dieu, qui comme un tonnerre  grondes dans les cieux, défais l’ennemi,  rassemble le peuple !

2.

C’est toi le premier  docteur des gentils, devenu pour tous  récipient de science, versant la sagesse  à boire à l’envi.

1 Cf. Lc 5.

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3.

Mane Benjamin  prædam rapuit, Escas vespere  largas dividit ; Vitæ ferculis  mundum reficit.

4.

Hic rhinoceros  est indomitus Quem ad aratrum  ligans Dominus Glebas vallium  frangit protinus.

5.

Hunc nequitiæ  laudat villicum, Quem prudentia  dicit præditum Ac præ filiis  lucis providum.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

SANCTI JOHANNIS APOSTOLI ET EVANGELISTÆ Hymnus unus 1.

Cælo celsius  volans aquila, Ad dominici  sinus abdita Nidi contulit  habitacula.

2.

Solis intuens  illic radios Summo jubare  beatissimos, Visum reficit,  pascit oculos.

3.

Ex substantia  solis ignea Calor prodiens  et lux genita Oblectamina  præbent maxima.

d.

Perpes gloria  regi perpeti, Exercituum  Christo principi, Patri pariter  et Spiritui.  Amen.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s

3.

Tôt, tel Benjamin,  il saisit sa proie, le soir la divise  en larges portions1 : il nourrit le monde  d’aliments de vie.

4.

C’est lui, l’indompté,  le rhinocéros que Dieu a soumis  et mis sous le joug, pour labourer droit  le sol des vallées2.

5.

Il loue à présent  ce mauvais commis, qu’il dit très doté  de sagesse, plus que n’en ont reçu  les fils de lumière3.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

SAINT JEAN APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE Hymne unique



1.

L’aigle qui volait  plus haut que le ciel s’est allé cacher  au sein du Seigneur, il s’y est niché  comme en son refuge4.

2.

Là, il peut fixer  l’éclat du soleil, ce pur concentré  de pure lumière, en nourrit sa vue,  en repaît ses yeux.

3.

De cette substance  en feu du soleil, naissent la chaleur  avec la lumière, source généreuse  des plus grands bonheurs.

d.

Gloire perpétuelle  au roi éternel, gloire soit au Christ,  prince des armées, et au Père aussi  et au Saint-Esprit.

1 Paul était de la tribu de Benjamin, raison pour laquelle lui sont appliquées les paroles de la bénédiction de Jacob adressées à Benjamin (Gn 49.27) : jeune, il a persécuté l’Église, âgé, il la fit bénéficier de son enseignement. 2 La comparaison de saint Paul au rhinocéros semble remonter à Raban Maur (De universo 8.1) ; elle a pour arrière-plan Jb 39.9-12. 3 Cf. Lc 16.8. 4 Cf. Jn 13.23 ; sur l’aigle, voir la note à Asc. III (51).

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COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus I 1.

Quadrigæ Christi  vehiculum Torcular gestat  dominicum, Quo botrus pressus  in poculum Reficit corda  fidelium.

2.

Scripturæ textum  dominicæ Quadrigæ corpus  intellige, Qua Dei Verbum  innumeræ Delatum tenent  Ecclesiæ.

3.

Quadrigæ rotæ  volumina Quattuor sunt E-  vangelica, Quorum scriptores  clarissima Promeruere sollemnia.

d.

Gloria Patri  et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo  quam Domino Cum sint personæ  tres numero.  Amen.

COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus II 1.

Torcular crux est  dominica ; Botrum hic Christum  considera : Vecte suspensum  hunc mystica Præfiguravit historia.

2.

Hunc deferentes  ad populum Fertilitatis indicium Hi sunt qui crucis  mysterium Mundi salutem  aperiunt.

3.

Prior non videns  quem bajolat Christi prophetas  significat ; Is qui succedit  ut videat Visa narrantes  hos denotat.

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COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne premier 1.

Le char à quatre roues du Christ transporte le pressoir du Seigneur, où le raisin pressé dans la coupe rassasie les cœurs des fidèles1.

2.

Comprends que le châssis de ce char, c’est le texte des écrits divins, grâce auquel d’innombrables Églises ont reçu la parole de Dieu.

3.

Les quatre roues du quadrige sont les quatre rouleaux des Évangiles, dont les auteurs ont bien mérité de très superbes solennités.

d.

Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.

COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne II



1.

Le pressoir, c’est la croix du Seigneur, la grappe de raisin, c’est le Christ, que l’histoire avait préfiguré suspendu à la perche mystique2.

2.

Ceux qui l’apportent devant le peuple comme indice de fertilité, ce sont ceux qui dévoilent au monde son salut : le mystère de la croix.

3.

Le premier ne voit pas ce qu’il porte : ce sont donc les prophètes du Christ. Celui qui suit voit, il représente ceux qui racontent ce qu’ils ont vu.

1 Cf. Is 63.3 et Ap 14.19-20. 2 Cf. Nb 13.24.

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Gloria Patri  et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo  quam Domino Cum sint personæ  tres numero.  Amen.

COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus III 1.

Quattuor hæc a-  nimalia Variis formis  distantia Visio refert  prophetica Apocalypsis-  que mystica.

2.

A dextris homo  conspicitur, Eique leo  conjungitur ; Vitulo læva  conceditur, Aquila super  extollitur.

3.

Alis quaternis  hæc prædita Vel faciebus  sunt singula ; Oculis plena  sunt corpora Ut nec his dorsa  sint vacua.

d.

Gloria Patri  et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo  quam Domino Cum sint personæ  tres numero.  Amen.

COMMUNE EVANGELISTARUM Hymnus IV 1.

Eunt cum illis  euntibus Atque stant rotæ  cum stantibus, Levantur cum se  levantibus, Cum in his vitæ  sit Spiritus.

2.

Pedes eorum  pedes recti, Plantaque pedis  ut vituli ; Tamquam ex ære  sint candenti, Scintillæ visæ  sunt progredi.

3.

Carbonum instar  ardentium, Lampadum habent  splendentium ; In modum visa  micantium Ire, redire  sunt fulgorum.

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d.

Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.

COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne III 1.

L’Apocalypse mystérieuse ainsi que la vision prophétique nous parlent de ces quatre animaux différents par leurs formes variées1.

2.

Du côté droit on peut voir un homme, un lion est placé près de lui ; un bouvillon est posté à gauche, un aigle s’élève par-dessus.

3.

Or ils sont dotés d’ailes quadruples, mais d’un seul visage chacun. Ils ont le corps tout recouvert d’yeux, car ils en ont même dans le dos.

d.

Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.

COMMUN DES ÉVANGÉLISTES Hymne IV



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1.

Quand ils vont, des roues les accompagnent, elles s’arrêtent quand ils s’arrêtent, s’élèvent avec eux quand ils s’élèvent, puisque l’esprit de vie est en eux.

2.

Leurs jambes sur leurs pieds sont bien droites, leurs pieds ressemblent à ceux d’ongulés. Comme s’ils étaient d’airain brûlant des étincelles entourent leur marche.

3.

Ils sont comme des charbons ardents, ils ont l’aspect de lampes brillantes, on les voit aller et revenir comme la foudre resplendissante.

1 Cf. Ap 8 et Ez 1.

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Gloria Patri  et Filio Spirituique Paraclito, Uni tam Deo  quam Domino Cum sint personæ  tres numero.  Amen.

SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus I 1.

Ad cælestis Ortum regis, Rex terrenus Jus auferri Timet sibi Principatus.

2. Inauditum Stellæ signum Ubi narrant, Civitatem Atque regem Magi turbant.

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3.

Hinc commotus Rex iniquus In infantes, Ut infantum Perdat unum Perdit plures.

4.

Propter unum Multi Christum Sunt perempti, Sed per unum Omnes Christum Coronati.

SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus II 1.

Rex tyrannos Universos Supergressus Et plus ipsis Quoque feris Inhumanus

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d.

Gloire éternelle au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, qui sont un seul Dieu, un seul Seigneur, en étant trois personnes distinctes.

SAINTS INNOCENTS Hymne premier 1.

À la naissance du roi du ciel, le roi terrien1 craint que lui soit ôté son droit à dominer.

2.

Quand il rapportent que l’astre indique un signe inouï, les mages troublent toute la ville avec le roi.

3.

Donc, s’en prenant à ces enfants, le mauvais roi, pour en perdre un, perdrait l’ensemble de ces enfants.

4.

Ainsi beaucoup furent tués pour le seul Christ, mais ont été tous couronnés par le seul Christ.

SAINTS INNOCENTS Hymne II 1.

1 Hérode.

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Le roi, passant tous les tyrans de l’univers, plus inhumain même, ce roi, qu’un animal,

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2.

In infantes Ut in hostes Castra cogit, Et in nullos Nisi suos Arma vertit.

3.

Furor iræ Nec ferinæ Comparandus Perdit eos, Quos arreptos Fovet lupus.

4.

Ad mandatum Regis datum Generale, Nec ipsius Infans tutus Est a cæde.

5.

Ad Augustum Hoc delatum Risum movit, Et rex mitis De immiti Digne lusit :

6.

« Malum, inquit, Est Herodis Esse natum : Prodest magis Talis regis Esse porcum. »

SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus III 1.

Ad lactantum Sinus matrum Ut ad castra In lactentes Ruit omnes Plebs armata.

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2.

part en campagne, prend ces enfants pour ennemis, tourne ses armes contre les siens, contre nul autre.

3.

Et sa fureur, pire que celle des sauvagines, perd ceux qu’un loup peut enlever pour les choyer1.

4.

L’ordre royal ainsi donné est général, même son fils n’est épargné par ce carnage.

5.

Cela fit rire le prince Auguste quand il l’apprit, ce roi clément se moqua bien de l’inclément2 :

6.

« Fâcheux, dit-il, d’être le fils du roi Hérode. Il vaut bien mieux être le porc d’un pareil roi. »

SAINTS INNOCENTS Hymne III 1.

Se jetant sur le sein des mères comme au combat, la soldatesque fond sur la troupe des nourrissons.

1 Allusion à Romulus et Rémus. 2 Cf. Macrobe, Saturnalia 2.4.11.

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2.

Ad micantem Infans ensem Lætabundus Irruenti Ridet hosti Perimendus.

3.

Quid est dictu Vel auditu Tam stupendum ? A natura Quid humana Tam remotum ?

4.

Quid, Herodes, Metu langues Super Christo ? « Non est meum, Inquit, regnum De hoc mundo. »

5.

In æternis, Non caducis Iste regnat ; Non hæc tollit neque cupit qui dat illa.

SANCTORUM INNOCENTIUM Hymnus IV 1.

Est in Rama Vox audita Rachel flentis, Super natos Interfectos Ejulantis.

2. Lacerata Jacent membra Parvulorum, Et tam lacte Quam cruore Rigant humum.

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2.

L’enfant joyeux, voyant l’épée étinceler, rit au soldat qui, lui, s’élance pour le tuer.

3.

Qu’est-il à dire ou à entendre de plus affreux, de plus lointain de la notion d’humanité ?

4.

Pourquoi, Hérode, as-tu si peur du fait du Christ ? « Non, mon royaume n’est, a-t-il dit, pas de ce monde1 ! »

5.

Il règne, lui sur des royaumes non périssables, lui qui les donne, il ne veut pas ceux d’ici-bas.

SAINTS INNOCENTS Hymne IV



1.

Voix qu’on entend dedans Rama : Rachel pleurant, se lamentant sur ses enfants assassinés2.

2.

Les corps inertes des nourrissons sont déchirés, la terre boit autant du lait que de leur sang.

1 Jn 18.36. 2 Cf. Mt 2.18, qui cite Jr 31.15.

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3.

His incumbens, Orba parens Ejulando Recollecta Fovet frusta Sinu pio.

4.

Tundit pectus, Scindit sinus Cæcus furor Quem maternus Et humanus Facit amor.

5. Interfecti Sunt inviti, Sed pro vita ; Meritorum Fuit nullum, Merces multa. 6.

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Merces ipsa Fuit vita, Quam et ipsi Moriendo, Non loquendo, Sunt confessi.

COMMUNE MARTYRUM Hymnus I 1.

Scutum, Deus, omnium Et corona martyrum, Tam causa certaminum Quam palma certantium, Per inermes dimicas Et armatos superas : Intus arma fabricas Quibus pugnat caritas. His confisa  bene, virtus Nudum hosti  præbet pectus ; Quam a dextris  et sinistris  muniunt, A læsuris universis protegunt, In hanc pugnæ  quantæcumque  sæviunt, Spes securam,  fides certam  faciunt.

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3.

Penchée sur eux, tout en hurlant, leur mère en deuil sur son sein berce avec tendresse les membres épars.

4.

De douleur folle, elle se frappe et se déchire poitrine et cœur : d’amour humain, d’amour de mère.

5.

Ils sont tués sans le vouloir, mais pour la Vie : ils n’y ont eu aucun mérite, mais un grand gain.

8.

Ce gain, ce fut la Vie même, que par leur mort, mais sans parler, ils ont eux-mêmes haut proclamée.

COMMUN DES MARTYTS Hymne premier 1.

Ô Dieu, bouclier de tous et couronne des martyrs, autant cause des combats que trophée des combattants, tu combats par les sans-armes, tu défais les corps armés, tu mets dans le cœur les armes dont se sert la charité. Cette vertu  leur fait confiance, s’offre à cœur nu  à l’ennemi, elle est gardée  des deux côtés  par deux aides qui la protègent  de ce qui cherche  à lui nuire : si grands que soient  les durs combats  qui l’assaillent, la foi l’assure,  l’espoir la rend  impavide.

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2.

Per hanc pectus martyris, Turris fortitudinis, In cunctis periculis Persistit immobilis ; Eriguntur machinæ Hinc, illinc innumeræ, Diriguntur saxeæ Moles in hanc undique : Pugnat totus  mundus extra, Salvat unus  Deus intra ; Ferro, flammis  cæcus hostis  sæviens Nescit intus  quæ sit virtus  protegens ; Crebros ictus  dat, assultus  vehemens, Sed est intus  Dei virtus  prævalens.

d. Multa sunt,  magna sunt  in sanctos prœlia, Sed pauca  vel parva  quantum ad præmia ; Cujus hæc  dona sunt  regi sit gloria.  Amen. 93

COMMUNE MARTYRUM Hymnus II 1.

Exquiruntur omnia Tormentorum genera, Ut probetur maxima Martyrum constantia. Fornax aurum excoquit Sicque purum efficit ; Vim sinapis accipit Dum quis eam atterit. Exercentur ferramenta, Damno suo  parant cuncta ; Consumuntur dum tunduntur lapides, ; Hebetantur dum dolantur arbores  Illis malos,  istis bonos  compares Cum affligi  vides Christi  milites.

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2.

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Le cœur du martyr, par elle devient fort comme une tour, et parmi tous les dangers il demeure inébranlé. Assiégée tout autour par d’innombrables machines, la charité est partout bombardée à gros boulets. Le monde entier  dehors l’attaque, dedans, seul Dieu  est son sauveur. Et l’ennemi  en prodiguant  fer et flammes, ne peut pas voir  le protecteur  intérieur. Dans sa fureur  il multiplie  les attaques, mais Dieu puissant  à l’intérieur  est plus fort.

d. Contre les saints,  ils sont nombreux,  ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu,  ils ne sont rien,  comparés aux profits. Gloire au roi  qui seul peut  en donner récompense. COMMUN DES MARTYRS Hymne II 1.



Tous les genres de tourments sont recherchés avec soin pour pouvoir mettre à l’épreuve la constance des martyrs. L’or est fondu dans un four, c’est ainsi qu’il devient pur1, et la moutarde est plus forte quand on la pile et la frotte. On fait l’essai  de fers divers, tout est prévu,  mais à grand dam : les pierres s’usent  quand on les pile  et concasse, les arbres aussi  sont affaiblis  au rabot ; compare aux uns  les bons, aux autres  les mauvais quand on voit les  guerriers du Christ  tourmentés.

1 Cf. Sg 3.6.

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2.

Probra, carcer, vincula, Flagella, spectacula, Nuditas, inedia Pœnæ sunt præludia : Flammis, aquis, gladio, Ungulis, equuleo Omnique patibulo Pugnatur in ultimo. Sed, ut pœna  protendatur, Pœnæ finis  mors differtur : Optant mori  diu torti  martyres, Sed qui necant  mori vetant  principes. Delicatæ viris mixtæ virgines Ut in pœna  sunt in palma  comites.

d. Multa sunt,  magna sunt  in sanctos prœlia, Sed pauca  vel parva  quantum ad præmia ; Cujus hæc  dona sunt  regi sit gloria.  Amen. 94

COMMUNE MARTYRUM Hymnus III 1.

Pugnant mundi principes, Dæmonum satellites ; Vincunt Christi milites, Voti sui compotes. Nec huic militiæ Vel tantæ victoriæ Præmiique gloriæ Desunt quoque feminæ : Sicut fortis,  sic infirmus Pugnat et tri-  umphat sexus, Ut haberent  summi regis acies Suas quoque  cum viris Amazones, Quæ quo magis  natura sunt debiles, Palmæ harum  magis sunt mirabiles.

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2.

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La prison, les liens, les insultes, les coups et la dérision, la nudité et la faim sont prélude au châtiment. Par le feu, les eaux, le glaive, les crochets, le chevalet, par tout genre de supplice ils combattent jusqu’au bout. Mais pour en prolonger la peine, sa fin : la mort,  est retardée. Trop torturés  les martyrs veulent  en finir, mais les puissants  qui les condamnent  s’y opposent. De tendres vierges  à ces héros  ajoutées sont leurs compagnes  autant de gloire  que de peine.

d. Contre les saints,  ils sont nombreux,  ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu,  ils ne sont rien,  comparés aux profits. Gloire au roi  qui seul peut  en donner récompense. COMMUN DES MARTYRS Hymne III 1.

Luttent les princes du monde, ces serviteurs des démons, ce sont les guerriers du Christ qui gagnent et ont ce qu’ils veulent. Et à ce service armé, à une telle victoire, à la gloire du trophée les femmes ne manquent pas. Le sexe fort,  le sexe faible luttent et triomphent  également, pour que l’armée  du roi suprême ait aussi ses amazones  ainsi que ses chevaliers : plus de nature  elles sont faibles et fragiles, plus leur victoire  est admirable [et virile].

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2.

Viri cum uxoribus, Fratres cum sororibus, Filii cum matribus Belli stant congressibus : Virum uxor animat, Natos mater roborat, Et cælo regenerat Quos terræ genuerat, Ipsos statim  secutura, Holocaustum  Christi facta ; Soror fratrem  provocat ut dimicet, Et tam verbis  quam exemplis admonet : Quid hic agant  nisi pugnent juvenes, Cum bellantes  intuentur virgines ?

d. Multa sunt,  magna sunt  in sanctos prœlia, Sed pauca  vel parva  quantum ad præmia ; Cujus hæc  dona sunt  regi sit gloria.  Amen. 95

COMMUNE MARTYRUM Hymnus IV 1.

Turris his davidica Certa dat præsidia, Habens ad munimina Scuta, propugnacula ; Armatura fortium Omnis hæc est omnium Ad quorumvis hostium Propulsandum impetum. Hinc athletæ  pugnant Christi, Et irrident  hostes tuti. Adamante  bitumen robustius Nec securis  dissipat nec malleus : Circumsæptus  miles hic ab hostibus Cassis horum  insultat conatibus.

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2.

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Les hommes avec leurs épouses, les frères avec leurs sœurs, les enfants avec leur mère s’engagent en cette guerre. Sa femme anime l’époux, la mère anime ses fils, fait renaître dans le ciel ceux qu’ici elle fit naître, et en les suivant sur-le-champ fait au Christ l’offrande totale. La sœur encourage son frère à combattre, et l’avertit  par son exemple et sa voix. Les jeunes gens  cesseraient-ils de se battre, alors qu’ils voient  les jeunes filles au combat ?

d. Contre les saints,  ils sont nombreux,  ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu,  ils ne sont rien,  comparés aux profits. Gloire au roi  qui seul peut  en donner récompense. COMMUN DES MARTYRS Hymne IV 1.



À eux la tour de David donne une protection sûre, ils ont pour se protéger des boucliers, des murailles. Toutes ces armures sont à toutes les âmes fortes pour repousser les assauts des ennemis quels qu’ils soient. Et les champions  du Christ se battent en se moquant  des ennemis. Le bitume est  plus fort que diamant, que ni marteau  ni hache ne peut fendre1 : et ce guerrier  cerné par l’ennemi peut bafouer  ses efforts inutiles.

1 L’allusion n’est pas claire. Il est possible qu’Abélard n’ait du bitume qu’une connaissance livresque et soit abusé par des descriptions peu précises.

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2.

Hac nos quoque, Domine, Turre semper protege, Vallo nos et aggere Tuo vallans undique, Ne quis hosti pateat Aditus quo feriat ; Hic te quisquis invocat Tutos somnos capiat ; Et quo sumus  plus ignavi Ope muni  nos majori, Qui, si palma  non pollemus militum, Vice quadam  assistamus peditum : Si victorum  non meremur bravium, Evasisse  satis sit periculum.

d. Multa sunt,  magna sunt  in sanctos prœlia, Sed pauca  vel parva  quantum ad præmia ; Cujus hæc  dona sunt  regi sit gloria.  Amen. 96

COMMUNE CONFESSORUM Hymnus I 1. Justorum memoriam  dignam laudibus Psalmis, hymnis, canticis  spiritalibus Mater ovans  celebrat Ecclesia, Quorum fidens  postulat suffragia. Summe Pater,  tibi grates  et sollemnes hostiæ De collatis  tuæ donis  exsolvuntur gratiæ, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. 2. Horum bona dona sunt  tuæ gratiæ, Horum laudes hymni sunt  tuæ gloriæ : Laudat quisquis  laudat hos veraciter Te in ipsis,  ipsos in te pariter ; Horum festa  celebrandi  summa non est alia Nisi quædam  recitandi  tua beneficia, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt.

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2.

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Seigneur, par cette tour protège-nous toujours, tes fortifications nous couvrant de partout, que l’ennemi n’ait pas d’accès pour nous frapper. Qu’ici ceux qui t’invoquent puissent dormir en paix. Protège-nous  d’autant plus fort que nous sommes,  nous, moins forts ; sans mériter  le laurier des chevaliers, soyons au moins  comme de bons fantassins. Si nous n’avons  pas le prix des vainqueurs, qu’il soit assez  d’être sauvés du danger.

d. Contre les saints,  ils sont nombreux,  ils sont grands les combats ! Mais ils sont peu,  ils ne sont rien,  comparés aux profits. Gloire au roi  qui seul peut  en donner récompense. COMMUN DES CONFESSEURS Hymne premier 1. La commémoration  louable des justes, par des chants spirituels,  des hymnes, des psaumes, est célébrée  par la Mère Église en fête, qui demande  leurs suffrages, confiante. Père Très Haut,  prends en bon gré  les victimes solennelles qui te seront  offertes pour  les dons reçus de ta grâce, Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. 2. Les biens de ces justes sont  les dons de ta grâce, Leurs louanges, les hymnes qui  parlent de ta gloire : quiconque loue  ceux-là véritablement, te loue en eux,  et eux en toi tout autant. Car les fêter  et célébrer  au total n’est rien d’autre qu’une façon  de proclamer  tes innombrables bienfaits. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi.

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d. In sanctis mirabili  Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt  quæ sunt omnia, Cujus agit  quicquid vult potentia Optimeque  disponit prudentia ; Quem et velle  geri bene  disponique singula Dubitari  non permittit  ejus summa bonitas, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. 97

COMMUNE CONFESSORUM Hymnus II 1. Tu quæ carnem edomet  abstinentiam, Tu quæ mentem decoret  continentiam, Tu velle quod bonum est  his ingeris, Ac ipsum perficere  tu tribuis. Instrumenta  sunt hi tua  per quos mira peragis Et humana  moves corda  signis et prodigiis, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. 2. Obsessos dæmonibus  ab his liberant, Audacter languoribus  cunctis imperant ; Verbo paralyticis  subveniunt, Lepræ fert oratio  remedium, Cecis visum,  claudis gressum,  vitam reddunt mortuis ; Quicquid petunt  per te possunt,  qui quæ jubes perficis, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. d. In sanctis mirabili  Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt  quæ sunt omnia, Cujus agit  quicquid vult potentia Optimeque  disponit prudentia ; Quem et velle  geri bene  disponique singula Dubitari  non permittit  ejus summa bonitas, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt.

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d. Admirable par ses saints1,  gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est  tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut,  sa puissance l’accomplit, et sa prudence  dispose le tout au mieux, Que son vouloir  fût que tout soit  bien réglé et disposé, assurément  sa grand bonté  ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. COMMUN DES CONFESSEURS Hymne II 1. La vertu qui vainc la chair,  qui est l’abstinence, celle qui embellit l’âme,  soit la continence2, leur passion pour le bien  viennent de toi, et c’est toi qui leur accordes  de s’y tenir. Ils sont vraiment  tes instruments,  par qui tu fais des merveilles, par qui tu touches  les cœurs humains  par des signes et des prodiges. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. 2. Les possédés des démons,  ils les en libèrent, avec audace ils commandent  aux infirmités, d’un mot les paralytiques  sont secourus, et la lèpre doit céder  à leur prière. L’aveugle voit,  le boiteux marche,  ils rendent la vie aux morts. Par toi ils peuvent  ce qu’ils demandent,  toi dont le vouloir vaut acte. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. d. Admirable par ses saints,  gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est  tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut,  sa puissance l’accomplit, et sa prudence  dispose le tout au mieux. Que son vouloir  fût que tout soit  bien réglé et disposé, assurément  sa grand bonté  ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi.

1 Cf. Ps 67.36. 2 Sur ces vers, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 420-421.

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COMMUNE CONFESSORUM Hymnus III 1. Præsens vita fuit his  sexta feria, Qua Christo compassi sunt  abstinentia, Sicut ipse  tolli crucem præcipit Et se Paulus  crucifixum asserit. Post hanc, quies  animarum  subit tamquam sabbatum : Stolam tandem  in octava  reddes illis corporum, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. 2. Persequentis gladius  illis defuit, Sed paratus animus  huic affuit ; Si non tulit  corpus ictus gladii, Palmam tamen  habet mens martyrii. Cesset lictor,  cessent cuncta  tormentorum genera : Tui, qui cordis  es inspector,  ad hoc refers præmia, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. d. In sanctis mirabili  Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt  quæ sunt omnia, Cujus agit  quicquid vult potentia Optimeque  disponit prudentia ; Quem et velle  geri bene  disponique singula Dubitari  non permittit  ejus summa bonitas, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt.

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COMMUNE CONFESSORUM Hymnus IV 1. Justorum exequiæ  laudes exigunt, Impiorum funera  luctus ingerunt. Hos ad vitam  mors æternam evehit, Illos duplex  mors in morte conterit. Gravis ista  sanctis vita  carcer est et vincula : His contritis  ad te fugit  erepta hinc anima, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt.

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COMMUN DES CONFESSEURS Hymne III

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1. La vie présente leur fut  le sixième jour, où ils ont compati au Christ  par l’abstinence, comme lui-même  a dit de prendre sa croix1, et comme Paul  dit qu’il fut crucifié2. Après ce jour,  comme sabbat,  vient le repos des âmes, et le huitième  tu leur rendras  enfin l’habit de leur corps. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. 2. L’épée du persécuteur  leur a fait défaut, mais pas l’âme préparée  à la supporter. Car si leur corps  n’a pas subi l’estocade, leur esprit jouit  de la palme du martyre. Foin du licteur,  et foin de tous  les genres de tortures : Tu vois les cœurs,  à leur valeur  tu mesures la récompense. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. d. Admirable par ses saints,  gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est  tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut,  sa puissance l’accomplit, et sa prudence  dispose le tout au mieux. Que son vouloir  fût que tout soit  bien réglé et disposé, assurément  sa grand bonté  ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. COMMUN DES CONFESSEURS Hymne IV 1. Les funérailles des justes  sont à célébrer, l’enterrement des impies  est à déplorer. Ceux-ci, la mort  les porte à vie éternelle, ceux-là, la mort  les condamne à mort deux fois. La vie d’ici  est dure aux saints,  c’est la prison et les liens, les piétinant,  s’en arrachant,  de là l’âme fuit vers toi. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi.



1 Mt 16.24. 2 Ga 2.19.

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2. Ad te cum pervenerit  felix anima, Quis narrare sufficit  ejus gaudia ? Quæ majestas  illa sit quam conspicit, Quæ circumstans  curia quis dixerit ? Nemo miser  illam potest  gloriam conspicere Qua lætaris  cum electis ;  ad quam et nos pertrahe, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. d. In sanctis mirabili  Deo gloria, Ex quo, per quem, ín quo sunt  quæ sunt omnia, Cujus agit  quicquid vult potentia Optimeque  disponit prudentia ; Quem et velle  geri bene  disponique singula Dubitari  non permittit  ejus summa bonitas, Per quem sunt  justi quicumque sunt, Per quem sunt  beati quiqui sunt. 100

COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus I 1.

Ab utroque  sexu plagam traximus, Ab utroque  medelam suscepimus : Virum Deus  induit in Virgine, Quo salventur  tam viri quam feminæ. Orta salus  est ex femina : Unde culpa  cœpit gratia.

2.

Quo post culpam  sexus hic abjectior Per naturam  fuerat inferior, Hoc nimirum  divina clementia Hunc majori  sublimavit gratia ; Quod ab ejus  Matre Virgine Per singulos  gradus inspice.

3.

Quis sanctarum  eam æmulantium Numerare  possit choros virginum ? Post has esse  quis nescit innumeras Sacrum votum  amplectentes viduas, Nec deesse  matrimonio Quæ flagrent hoc  desiderio ?

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2. Quand parviendra jusqu’à toi  l’âme bienheureuse, qui peut assez raconter  l’éclat de sa joie ? Qui pourra dire  la majesté qu’elle voit, et la beauté  de la cour qui l’environne ? Nul non élu,  le malheureux,  ne pourra voir cette gloire où tu te plais  avec les saints  puisses-tu nous y admettre ! Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. d. Admirable par ses saints,  gloire soit à Dieu, de qui, par qui, en qui est  tout ce qui existe. Tout ce qu’il veut,  sa puissance l’accomplit, et sa prudence  dispose le tout au mieux. Que son vouloir  fût que tout soit  bien réglé et disposé, assurément  sa grand bonté  ne permet pas d’en douter. Ceux qui sont justes  et qui le sont par toi, tous ils sont saints  et ils le sont par toi. COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne premier 1.

Si des deux sexes  nous avons reçu la plaie, de ces deux sexes  nous tirons la guérison : Dieu revêtit  l’homme en le corps de la Vierge, en sont sauvés  tant les hommes que les femmes. Le salut naît  grâce à une femme, d’où vient la faute  vient aussi la grâce.

2.

Plus vil encore  après la faute, ce sexe était déjà  inférieur par nature ; assurément  la compassion divine l’a sublimé  d’une grâce supérieure. On le voit bien  à chaque degré en commençant  par la Vierge mère.

3.

Qui peut compter  les troupes de saintes vierges qui ont cherché  à imiter cette Vierge ? Et qui ne sait  que des veuves innombrables les ont suivies,  embrassant un vœu sacré ? Que ce désir  ne manque non plus d’enthousiasmer  des femmes mariées ?

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4.

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Post has omnes  si scorta respiciam, Magdalenæ  jungens Ægyptiacam, Ubi culpa  prius abundaverat Cerno quia  virtus post exuberat. Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus II 1.

Post honorem  singularem Virginis, Quæ sic pollet  ut sit Dei Genitrix, Qua virtute  vel honore præditi Sint istius  gradus sexus singuli Multiplici  rerum specie Sacræ docent  nos historiæ.

2.

Paradisi  primus Adam incola Extra factus  fuit, intus femina, Ut et locus  ipse sit indicio Quam excellens  harum sit creatio, Quæ, de costa  viri conditæ, Fortes essent  velut osseæ.

3.

Hæc in multis  fortitudo irruit Cum virorum  virtus exaruerit : In exemplo  præstat Judex Debora Et quæ stravit  Holophernem vidua Sollemnemque  missam merita Septem fratrum  mater inclita.

4.

Jepte nata  victoris in proprium Patris dextram  animavit jugulum, Mori magis  eligens quam gratiam Voto pater  fraudet sibi præstitam. Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

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4.

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Et après elles,  à voir les prostituées, la Madeleine  et Marie l’Égyptienne, là où d’abord  avait abondé la faute, on voit qu’après  se multiplie la vertu1. À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne II 1.

Après l’honneur  particulier de la Vierge, qui brille tant  qu’elle soit mère de Dieu, de quelle force,  de quel honneur sont dotés chaque degré  ou chaque état de ce sexe sous des aspects  divers et multiples, nous le savons  par l’histoire sainte.

2.

Adam, premier  habitant du Paradis fut fait dehors,  mais la femme à l’intérieur, pour que le lieu  serve lui-même de preuve de l’excellence  de la création de celles qui, fabriquées  d’une côte d’homme, seraient solides  ainsi que des os.

2.

Et cette force  surgit en beaucoup d’entre elles quand la vertu  des hommes s’affaiblissait : dont par exemple,  Debora qui fut un Juge, et cette veuve  qui abattit Holopherne2, et, méritant  messe solennelle, l’illustre mère  des sept Macchabées.

3.

Elle poussa,  la fille de Jephté vainqueur, la main  de son père à l’égorger, elle choisit  de mourir, pour éviter qu’il pût tromper  la grâce due à son vœu. À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

1 Cf. Rm 5.20. 2 Judith.

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COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus III

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1.

Si cum viris  feminas contendere De virtute  liceat constantiæ, Quis virorum  mentis fortitudine Adæquari  possit Jepte filiæ ? Quæ ne voti  pater reus sit Se victimam  patri præbuit.

2.

Quid fecisset  in agone martyrum Si negare  cogeretur Dominum ? Unde tanta  virginis constantia Quadam pollet  spiritali gratia Ut sollemnes  hymni virginum Virgineum  colant exitum.

3.

Multi viri  factis excellentibus Liberarunt  fideles ab hostibus ; Esther sola  liberando populum Hinc festivum  meruit præconium, Ut scilicet  quam emineat Feminarum  virtus pateat.

4.

Quantum quippe  sexus hic est fragilis Eo virtus  ipsius mirabilis : Majus laudis  exigit præconium, In præcelsum  erigenda titulum. Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

COMMUNE SANCTARUM MULIERUM Hymnus IV 1.

Ut ad nostra  veniamus tempora, Quæ divina  superfudit gratia, Quis in ista  feminas præcellere Non valebit  ex multis colligere, Post Mariam  Annam intuens, Elizabeth  quoque contuens ?

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COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne III 1.

S’il est permis  que les femmes rivalisent avec les hommes  en la vertu de constance, lequel des hommes  pourrait être comparé, pour le courage,  à la fille de Jephté ? Pour que son père  ne manque à son vœu, comme victime  elle se présente.

2.

Qu’eût-elle fait  à l’épreuve du martyre alors contrainte  à renier le Seigneur ? Chez cette vierge,  une pareille constance est le témoin  d’une grâce spirituelle, tant, que les chœurs  solennels des vierges chantent à jamais  sa mort virginale.

3.

Bien des héros,  par leur remarquable exploit, ont libéré  des ennemis les fidèles ; mais seule Esther  libérant le peuple juif a mérité  une louange festive1, afin qu’ainsi  soit bien évident qu’est supérieure  la vertu des femmes.

4.

Certes d’autant  que ce sexe est plus fragile, sa fortitude  est d’autant plus admirable : elle demande  plus d’éclat dans la louange, il faut lui rendre  un hommage prestigieux. À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

COMMUN DES SAINTES FEMMES Hymne IV 1.



Pour en venir  jusqu’à notre temps chrétien, qu’a irrigué  à flots la grâce divine, qui ne saurait  conclure de nombreux faits qu’en ce temps-ci  les femmes sont éminentes, voyant Marie  à côté d’Anne2, voyant aussi  sainte Élisabeth ?

1 La fête juive de Pourim. 2 La prophétesse de la présentation au Temple.

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2.

Christi pedes,  caput ungens mulier Christum eum  fecit corporaliter ; Sacerdotis  et regis mysteria Suscepisse  constat hunc a femina, Et qui eum  sexus peperit Sacramenta  quoque tradidit.

3.

Et sepulto  ferens hic aromata Resurgentis  prior vidit gaudia ; Et ex culpa  vilis magis femina In hac omnes  antecessit gratia, Ut pateat  quanto gaudio Peccantium  sit conversio.

4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia. 104

COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus I 1.

Sponsa Christi  tam virgo quam martyr est, Cujus palma  celebris hæc dies est ; Palma duplex  festum præsens geminat : Virgo carnem,  martyr hostem superat. Hinc igitur  psalmi resonent, Lectiones  inde concrepent.

2.

Hæc in viris  duplex palma rarior Eminèt in  feminis uberior, Ut quo sexus  harum est infirmior Sic ipsarum  virtus mirabilior, Et ipsarum  tanto gratior Sit hostia  quanto purior.

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2.

Une femme oint  la tête et les pieds du Christ1, en en faisant  littéralement un christ ; il est donc clair  qu’il a reçu d’une femme le sacrement  qui le faisait prêtre et roi, ainsi le sexe  qui l’avait fait naître lui conféra  les pouvoirs sacrés.

3.

En apportant  au Christ mort les aromates, il2 fut premier  à le voir ressuscité. Et cette femme,  la moindre par son péché, en cette grâce  les a toutes précédées, pour que l’on voie  que la conversion de ceux qui pèchent  est si grande joie3.

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4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire. COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne premier



1.

L’épouse du Christ  est tant vierge que martyre, dont la victoire  est célébrée en ce jour. Double victoire  et donc aussi double fête : vierge elle vainc  la chair, martyre le diable. Que pour cela  résonnent les psaumes, que retentissent  aussi les lectures.

2.

La double palme  est plus rare chez les hommes, bien plus souvent  en sont honorées les femmes. Puisque leur sexe  est assurément plus faible, leur vertu donc  en est bien plus admirable. Leur sacrifice  a plus de valeur d’autant qu’est plus  pure la victime.

1 Sur ce vers, cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 421. 2 Le sexe, c’est-à-dire les saintes femmes. Celle qui les a précédées est Marie Madeleine. 3 Cf. Lc 15.7.

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3.

Integrà tam  spiritu quam corpore Holocaustum  verum fit ex virgine ; Ad incensum  hujus refer hostiæ Rufæ typum  et tenellæ vitulæ : Illic umbra,  sed hic veritas, Si res signis  bene conferas.

4.

Quæ cor Deo  per se consecraverat Per lictorem  nunc et corpus immolat ; Consecratus  Deo primum animus Hosti corpus  exponit intrepidus. Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus II 1.

Cum in sanctis  Deus sit mirabilis, Præminèt in  martyrum victoriis ; Sed cum hanc dat  feminis victoriam, Quis non cunctis  præferat hanc gratiam Ut quo sexus  est fragilior Hoc sit virtus  mirabilior ?

2.

Exquisita  tormentorum genera Feminarum  superat constantia : Aut istarum  virtus est mirabilis, Aut agonum  horum pœna facilis ; Sed utrumque  geri melius Disponente  Deo credimus.

3.

Validà est  sicut mors dilectio, Nec istius  ignis est extinctio ; Aquæ multæ  non possunt extinguere Caritatis  flammam invictissimæ, Nec est umquam  cum hac debilis Sexus quantum-  cumque fragilis.

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3.

Quand elle est pure  autant d’esprit que de corps, une vierge est  un sacrifice total. Pour l’encenser,  songe au type scripturaire de la génisse  au poil fauve sacrifiée1. Là c’était l’ombre,  ici c’est vérité, si tu compares  les faits aux symboles.

4.

Celle qui de soi  consacra son cœur à Dieu par le licteur  immole à présent son corps. L’esprit d’abord  consacré au Seigneur Dieu à l’ennemi  livre sans trembler son corps. À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne II 1.

Dieu est bien sûr  admirable dans ses saints2, mais plus encore  aux victoires des martyrs ; mais quand il donne  aux femmes cette victoire, qui ne dirait  cette grâce préférable ? Car la vertu  est plus admirable lorsque le sexe  est plus vulnérable.

2.

Les plus divers  raffinements de tourments sont dominés  par la constance des femmes. Ou leur vertu  est vraiment extraordinaire, ou leurs combats  n’ont que des peines légères. Mais nous croyons  qu’au vouloir de Dieu dans les deux cas  tout est fait au mieux.

3.

Car l’amour est  aussi puissant que la mort, et c’est un feu  qui ne peut être étouffé. Les grandes eaux  ne peuvent jamais éteindre le feu ardent  de l’amour qu’on ne peut vaincre3. Avec ce feu,  il n’est jamais faible, le sexe faible,  si faible qu’il soit.

1 Cf. Nb 19.2. 2 Cf. Ps 67.36. 3 Cf. Ct 8.7.

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4.

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Quid barbati  dicturi sunt juvenes, Delicatæ  cum hæc ferant virgines ? Erubescat  ad hæc sexus fortior, Ubi tanta  sustinet infirmior ! Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus III 1.

Quantum Sponso  fidelis hæc fuerit Tam ipsius  vita quam mors docuit, Illa corpus  integrum custodiens, Hæc ipsius  holocaustum offerens. Virgo sponsa,  virgo Sponsus est, Sponsa martyr,  Sponsus martyr est.

2.

Talem Sponsum  talis sponsa decuit, Quæ secuta  sit quocumque ierit, Quos nec sacræ  carnis decor dividat Nec in morte  dispar amor pateat. Subsequuntur  Sponsum ceteræ, Hæc incedit  juncto latere.

3.

Et regina,  Sponsi tenens dexteram, Subsequentem  turbam habet ceteram ; In vestitu  deaurato renitet, Quæ coronas  supradictas possidet ; Certe aurum  hoc est optimum : Incorruptum  est et rutilum.

4.

Sertum rosis  intextum et liliis Sunt insigne  martyris et virginis : In odorem  Christo suavissimum Martyr rosam,  virgo profert lilium ; Indumenta  dant insignia, Candens byssus,  rubra purpura.

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4.

219

Qu’en diront-ils,  les jeunes gens bien barbus, devant l’exploit  de fragiles jouvencelles ? Le sexe fort  peut bien en sentir la honte, quand le plus faible  endure de tels supplices ! À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne III 1.

Combien la sainte  fut fidèle à son Époux, cela se voit  tant à sa mort qu’à sa vie : durant sa vie,  en gardant son corps intact, et à sa mort,  en l’offrant en holocauste. L’épouse est vierge,  et l’Époux est vierge, Il est martyr,  et l’épouse aussi.

2.

À tel Époux  convenait pareille épouse, qui le suivrait  partout où il s’en irait1. Pure, la chair  ne saurait les séparer, et dans la mort  leur amour est bien égal. Les autres suivent  l’Époux par derrière, à son côté  marche celle-ci.

3.

Et cette reine,  à la droite de l’Époux2, a derrière elle  toute la troupe qui suit. Elle éblouit  dans son vêtement doré, et, on l’a dit,  porte une double couronne. Et c’est d’un or  du meilleur aloi, il est brillant  et incorruptible.

4.

Il est serti  de roses et tressé de lys, qui sont l’emblème  du martyr et de la vierge. La martyre offre  la rose, la vierge le lys, et leur parfum  est fort agréable au Christ. Ses vêtements  sont donc signifiants : le lin tout blanc,  la pourpre éclatante.

1 Cf. Ap 14.4. 2 Cf. Ps 44.10.

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5.

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Pulchri gressus  ejus sunt in calceis, Quos et Sponsus  collaudat in Canticis. Quis sit ejus  ornatus prædictum est : Quo sit ejus  progressus dicendum est. Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

COMMUNE UNIUS VIRGINIS MARTYRIS Hymnus IV 1.

Ut aurora  consurgens progreditur Quæ cælestis  Sponsi thoro jungitur ; Hic ut sponsa  fœderata fuerat, Illic tamquam  uxor jam cohabitat : Hic in fide  facta fœdera, Illic in re  perpes copula.

2.

Paranymphos  illic habet angelos Quos custodes  habuit hic proprios ; Ad superna  thalamorum gaudia Illam pompa  deducit angelica ; Hinc obviam  virgo virgines, Illinc martyr  habet martyres.

3.

Cum ad Sponsum  sic deducta venerit Et in ejus  complexu quieverit, Qua fruatur  gloria quis dixerit ? Quæ mens tanta  gaudia conceperit ? Ad hæc certe  nemo sufficit, Nisi forte  cum hæc senserit :

4.

Hæc sunt illa  quæ non vidit oculus Nec humanis  capi possunt cordibus, Quæ se Deus  præbet diligentibus, Ab æternis  parata temporibus. Ipsi decus,  ipsi gloria Qui tot facit  mirabilia.

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5.

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Ils sont si beaux,  dans ses sandales, ses pas, comme le dit  son Époux dans les Cantiques1 ! On a déjà  parlé de ses ornements, il faut parler  de sa marche triomphante. À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

COMMUN D’UNE VIERGE MARTYRE Hymne IV 1.

Elle s’avance  comme l’aurore montante2, celle qui va  se joindre à l’Époux céleste ; ici, c’était  la fiancée promise, là haut, déjà,   elle habite en tant qu’épouse. Ici c’était  la foi engagée, là haut, l’union  de fait pour toujours.

2.

Là bas, elle a  pour garçons d’honneur les anges, qu’elle avait eus  comme gardiens ici-bas. Elle est menée  par les cortèges des anges aux joies suprêmes  des célestes épousailles. D’ici les vierges  viennent vers la vierge, là les martyrs  fêtent la martyre.

3.

Quand elle vient  à l’Époux ainsi conduite et se repose  en son sein et son étreinte, qui donc dira  la gloire dont elle jouit ? Qui concevra  un bonheur de cette espèce ? Non sûrement,  personne ne peut, avant d’un jour  l’éprouver soi-même.

4.

Ce sont des choses  que l’œil humain ne peut voir, qu’un cœur humain  ne peut même pas comprendre, que Dieu propose  à ceux qui l’aiment vraiment, prêtes pour eux  depuis toute éternité. À qui fait tant  de pures merveilles soit tout honneur  et soit toute gloire.

1 Cf. Ct 7.1. 2 Cf. Ct 6.9.

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SANCTÆ MARIÆ MAGDALENÆ Hymnus I 1.

Peccatricis  beatæ sollemnitas Peccatores  maxime lætificat : Post hanc nemo  desperet de venia, Quantumcumque  præcedant flagitia, Si lamenta  pænitentiæ Subsequentur  loco victimæ.

2.

Cor contritum,  tribulatus spiritus Holocaustis  gratius est omnibus ; Ibi quisque  mactat intus vitia, Hic mactantur  foris animalia ; Ibi quisque  se sacrificat, Hic aliud  pro se immolat.

3.

Ibi rerum  est ipsarum veritas, Hic figuræ  quædam ‹adest› falsitas ; Ibi corpus,  hic est umbra corporis ; Illud manet  cum hæc evanuerit. Hoc exhibens,  felix meretrix Res pro signis  ipsas obtulit.

4.

Lacrimarum  pingue sacrificium, Medullatum  holocaustum fletuum Multa brevi  consummarunt tempora, Impetrata  statim indulgentia. Ipsi decus,  ipsi gloria Super ejus  tanta gratia.  Amen.

SANCTÆ MARIÆ MAGDALENÆ Hymnus II 1.

Pænitentum  severa correptio Et eorum  longa satisfactio Crebris carnem  edomant jejuniis Asperisque  cruciant ciliciis, Et ejectos  ab Ecclesia Confundit e-  rubescentia.

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SAINTE MARIE MADELEINE Hymne premier 1.

La fête annuelle  de la sainte pécheresse plus que toute autre  emplit de joie les pécheurs : Désespérer  du pardon est impossible, si grands que soient  les crimes déjà commis, si les remords  de la pénitence se substituent  à toute victime.

2.

Un cœur contrit,  un esprit mortifié valent bien mieux  qu’un holocauste rituel1. Ici, chacun  sacrifie en soi les vices, là-bas, on tue  des animaux au dehors. Ici, chacun  sacrifie soi-même, là, à sa place,  il tue autre chose.

3.

Ici, en fait,  c’est la vérité des choses, Là, le symbole  a sa part de fausseté. Ici le corps,  là-bas c’est l’ombre du corps, qui disparaît,  tandis que le corps demeure. Par son remords,  la sainte putain au lieu de signes  offrit du réel.

4.

Le généreux  sacrifice de ses pleurs, et l’holocauste  de larmes venues du cœur, ont effacé  d’un coup de longues années, car aussitôt  le pardon fut accordé. À lui l’honneur,  à lui la gloire pour la grâce  qu’il lui donna.

SAINTE MARIE MADELEINE Hymne II 1.

Les pénitents,  par leur dure correction et par leur longue  et pénible punition, brisent leur chair  par des jeûnes continuels et la torturent  au moyen d’âpres cilices. Et comme ils sont  bannis de l’Église, ils sont aussi  accablés de honte.

1 Cf. Ps 50.18-19.

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l ibe r i i i  : hymn i d e s an ct i s

2.

In hac nichil  actum est hoc ordine : Mitiorem  Deum sensit homine ; Rex et Judex  idem legem temperat, Nec attendit,  qui cor vere judicat, Tam temporis  longitudinem Quam doloris  magnitudinem.

3.

Pharisæus  Domini clementiam Quam ignorat  credit ignorantiam, Et, intra se  dum super hanc murmurat, Judex cordis  murmur hoc dijudicat, Ut collatis  multis dixerit Cur veniam  hæc meruerit ;

4.

Quam multorum  peccatorum vinculis Quasi septem  absolvens dæmoniis, Quanti fides,  quanti sit dilectio Tam felici  docuit judicio. Ipsi decus,  ipsi gloria Super ejus  tanta gratia.  Amen.

l i vr e i i i  : co m mu n e t pro pre d e s sai nt s



2.

Pour elle, rien  ne se produisit ainsi : elle trouva  Dieu plus indulgent que l’homme. Le Roi et Juge  lui-même adoucit la loi, Il ne voit pas,  lui qui scrute à fond les cœurs, tant la longueur  du temps du péché que la douleur  qu’il a suscitée.

3.

Le pharisien  prend la clémence du Christ, qu’il ne voit pas,  pour de la simple ignorance. Et, tandis qu’il  murmure à part soi contre elle, il est jugé  par Lui qui juge les cœurs, si bien qu’Il dit  à ceux qui l’entourent pourquoi elle a  reçu son pardon1.

4.

La délivrant  des liens de tant de péchés comme des liens  de sept démons maléfiques, Il a montré  par un si jugement si doux quel est le prix  de la foi et de l’amour. À lui l’honneur,  à lui la gloire pour la grâce  qu’il lui donna.

1 Cf. Lc 7.36-50.

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Liber IV Hymni infra triduum paschale (de tempore)

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FERIA V IN CENA DOMINI Ad vesperas 1. Hæc nox, carissimi,  nox illa flebilis Qua comprehenditur  dies a tenebris Piis fidelium  est plena lacrimis : Aquas immanitas  compellit sceleris. 2. Hac nocte proditor  est per se proditus, Qui lupus fuerat  permixtus ovibus ; Agnus ad victimam  per lupum traditus Scelus antidotum  fecit sceleribus. 3. Dum sacrum celebrat  Christus mysterium, Egressus traditor  sanctum collegium Ad pravum congregat  pravos consilium Ut his in pretio  det mundi pretium. 4. Mercator omnium,  Juda, stultissime ! Cum mortis emptio  sit vitam vendere ; Ne quid susceptio  prosit pecuniæ, Quem vendis prævenis  mortis in funere. 5. Ut patientia  probetur traditi, Monstrat hunc traditor  per signum osculi ; Pioque impie  permixta nomini Nec salutatio  defuit crimini. 6. Tentus, ligatus est  a servis Dominus Ut servos solveret  peccati nexibus, Ut reus traditus  reis judicibus Supremus omnium  judex justissimus.

Livre IV Triduum pascal

JEUDI SAINT À vêpres 1. Cette nuit, bien aimés,  c’est la nuit déplorable, celle où le Jour [du monde]  est pris par les ténèbres, pleine pour les fidèles  de larmes de pitié : l’immensité du crime  les oblige à pleurer. 2. En cette nuit le traître  est trahi par lui-même, lui qui avait été  loup parmi les brebis : car l’agneau par le loup  au supplice conduit, c’est pour tous les forfaits  le forfait qui guérit. 3. Et tandis que le Christ  célèbre le Mystère, le traître sort, quittant  la très sainte assemblée, il se joint aux mauvais  pour un mauvais projet, pour leur donner en prix  le prix de l’univers. 4. Judas, le plus idiot  de tous les commerçants1, puisque vendre la Vie,  c’est acheter la mort, recevoir de l’argent  ne te rapporte rien, dans la mort tu précèdes  celui-là que tu vends. 5. Montrant bien la patience  de celui qu’il trahit, ce traître le désigne  par un baiser [trompeur] ; et il ne manqua pas  à ce crime un salut mêlé sans révérence  au nom révérencieux. 6. Le Seigneur est saisi,  lié par des esclaves, pour délivrer les serfs  des liens du péché, et le très juste Juge,  et le plus haut de tous est livré en coupable  à des juges coupables.

1 Le qualificatif est repris à un répons pour les matines du jeudi saint (ce répons est lui-même issu de l’hymne Hymnum dicamus Domino, AH 51.76) : Judas, mercator pessimus, osculo petiit Dominum ; ille ut agnus innocens non negavit Judæ osculum. Denariorum numero Christum Judæis tradidit. Melius illi fuerat si non natus fuisset, « Judas, le pire des commerçants, s’approcha du Seigneur avec un baiser ; lui, comme l’agneau innocent, ne refusa pas le baiser de Judas. Il livra le Christ aux Juifs contre un nombre de deniers. Il eût mieux valu pour lui qu’il ne naquît pas ».

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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )

7. Solus ad victimam  procedis, Domine, Morti te offerens  quam venis tollere ; Quid nos, miserrimi,  possumus dicere, Qui quæ commisimus  scimus te luere ? 8. Nostra sunt, Domine,  nostra sunt crimina Qui tua criminum  facis supplicia ; Quibus sic compati  fac nostra pectora Ut vel compassio  digna sit venia ! 9. Nox ista flebilis  præsensque triduum, Quo demorabitur  fletus ad vesperum, Donec lætitiæ  mane gratissimum Surgente Domino  sit mæstis redditum.  Amen. 111

FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad laudes 1. Noster et omnium  salvator, Domine, Tam rex quam pontifex  cunctorum maxime, Annæ judicium  subis et Caiphæ, Falso pontificis  tumentum nomine. 2. Horum ludibria  priora pateris : Primas hic alapas  et sputa suscipis ; Velata facie,  coram his cæderis : « Propheta, clamitant,  quis te percusserit ? » 3. Quis hoc fidelium  audire perferat, Aut quis hoc audiens  ‹ homo › non ingemat ? Quis siccis oculis  hoc scelus audiat, Quem hæc sævitia  sævum non molliat ? ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

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7. Tu marches seul, tout seul  au supplice, Seigneur, tu t’offres à la mort  que tu viens supprimer. Et nous, pauvres de nous,  que pouvons-nous penser, nous qui savons que toi,  tu payes pour nos fautes ? 8. Ce sont nos fautes à nous,  Seigneur, sur tes épaules1, toi qui fais tiens les maux  qui punissent ces fautes. Fais-nous compatissants  à tes maux, pour qu’au moins notre compassion  nous vaille le pardon ! 9. Déplorable est la nuit,  et les trois jours qui viennent, où nos pleurs dureront  chaque jour jusqu’au soir, jusqu’au matin de joie,  au réveil du Seigneur, lorsque sera rendue  aux affligés la joie. VENDREDI SAINT À laudes 1. Seigneur, notre Sauveur,  qui es sauveur de tous, grand pontife et grand roi  de tout le genre humain, tu subis le verdict  et d’Anne et de Caïphe, qui se targuent à tort  du faux nom de pontifes. 2. D’abord tu dois subir  leurs moqueries honteuses, tu reçois d’eux d’abord  des coups et des crachats. On te couvre la face,  devant eux on te frappe : « Prophète, crient-ils,  dis-nous qui t’a frappé2 ? » 3. Quel fidèle pourrait  supporter de l’entendre, qui entendant cela  pourrait ne pas gémir ? Qui entendrait ce crime  en gardant les yeux secs ? Cette cruauté peut  toucher les plus cruels. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale.



1 Cf. Is 53.4. 2 Mt 26.68.

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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )

FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad primam 1. Damnandus, Domine,  Pilato sisteris, Et ad spectaculum  ut reus traheris ; Coronam spineam,  sceptrum arundinis Et vile coccinum  sumens illuderis. 2. Gentilis judicis  mentem crudelitas Et innocentiæ  commovet puritas : Flagellis prævenit  mortis angustias, Ut vel sic parcere  possit impietas. 3. Qui, cæsum denique  coactus tradere, Ut ab hoc animum  purgaret scelere, Manus abluere  decrevit publice, Mundum se profitens  a justi sanguine. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad tertiam 1. Jam hora tertia  diei venerat Cum plebs obtinuit  quod postulaverat : Quem crucifigerent  præses tradiderat, Qui, crucem bajolans,  jam crucem tolerat. 2. Ubi Calvariam  pervenit Dominus, Qui locus reis est  ad necem deditus, Amaro poculo  delusum primitus Ut crucifigerent  denudant vestibus. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

VENDREDI SAINT À prime

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1. Pour être condamné,  tu es devant Pilate, traîné publiquement,  Seigneur, comme un coupable, le sceptre de roseau,  la couronne d’épines, et le haillon de pourpre  pour se moquer de toi. 2. Or cette cruauté  et ta pure innocence touchent de compassion  le juge des gentils. Par la flagellation  il retarde la mort pour qu’ainsi les méchants  viennent à t’épargner. 3. Après qu’il fut battu,  forcé de le livrer, pour purger son esprit  de cet horrible crime, Pilate se lava  les mains publiquement, proclamant qu’il était  pur du sang de ce juste. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À tierce 1. Voici venue la troisième  heure, le moment où le peuple a obtenu  ce qu’il a demandé : le prélat1 l’a livré  pour qu’il soit crucifié, lui qui, portant sa croix,  est déjà au supplice. 2. Quand le Seigneur parvint  au lieu dit le Calvaire, cet endroit consacré  à la mort des fautifs, il est d’abord trompé  par la boisson amère, puis pour le crucifier  on ôte ses habits. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale.



1 Pilate (cf. Mt 27.26).

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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad sextam 1. Sexta, qua Dominus  crucem ascenderat, Solis obscuritas  mundum obnubilat, Tamquam conspicere  scelus abhorreat Quod mundus proprium  in solem perpetrat. 2. Dum, crucem sustinens,  sol verus patitur, Sol insensibilis  illi compatitur, Quo summum hominum  scelus arguitur Et quantis tenebris  errant ostenditur. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad nonam 1. Nona, qua vera lux  pœnam finierit, Subtractam lucem hanc  mundo restituit, Ut beneficio  quod mundo reddidit Promittat veniam  illis quos terruit. 2. Luce iam reddita  stupent quod cernitur : Motu mirabili  terra concutitur ; Cum saxis pariter  et velum scinditur ; Locus quo dormiunt  sepulti panditur. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

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FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad vesperas 1. Facto jam vespere,  cruce depositum Et aromatibus  conditum Dominum Diligens sepelit  cura fidelium : Monstrat quis fuerat  pium obsequium.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

VENDREDI SAINT À sexte

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1. Sixième heure : monté  le Seigneur sur la croix, le soleil disparu  enténèbre le monde, comme s’il refusait  de contempler le crime que le monde accomplit  sur qui est son Soleil. 2. Le vrai Soleil en croix  souffre sa passion, l’insensible soleil  a de lui compassion, pour que soit condamné  le crime affreux des hommes, et montré à quel point  ils errent dans le noir. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À none

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1. Neuvième heure : au moment  où la vraie Lumière eut fini de souffrir,  cette lumière ôtée, il la rendit au monde,  pour que par ce bienfait soit promis son pardon  à ceux qu’il terrifiait. 2. Sous ce jour revenu,  ce qu’on voit stupéfait : la terre est ébranlée  d’un tremblement terrible, et le voile du temple  et les pierres se fendent, et se rouvrent les lieux  où reposent les morts. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À vêpres 1. À la tombée du soir,  les dévoués fidèles déposent avec soin  de sa croix le Seigneur, le parfument d’onguents,  et vont l’ensevelir : leur tendre révérence  montre qui il était.

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2. Ingenti lapide  sepulchrum clauditur (Quod cura maxima  fideque ‹ cernitur ›) : Immundis aditus  sic intercluditur ; Quo mirabilius  resurgat agitur. 3. Nec minus gloriæ  confert dominicæ Quod pravi deputant  suos custodiæ, Ut sic iniquitas,  victa perspicue, Confusa comprimat  ora blasphemiæ. 4. Aut ergo mortuum  reddat custodia Ut ei salva sint  promissa præmia, Aut, quæ conspexerit  fatens magnalia, Nostra sic prædicet  nobiscum gaudia. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen. 117

FERIA VI IN PARASCEVE PASCHÆ Ad completorium 1. Pias vigilias  agendo, feminæ Viris cedentibus  non norunt cedere ; Custodes positos  vident intrepidæ, Minantes gladios  cernunt tutissimæ. 2. Facta percussio  quam pastor tulerat Gregis arietes  metu disperserat ; Oves intrepidas  amor servaverat, Et foras caritas  timorem miserat. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

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2. Le sépulcre est fermé  par une pierre énorme, (la scène est observée  en grande angoisse et foi1) : ainsi est interdit  l’accès aux êtres immondes, pour que plus admirable  soit sa résurrection. 3. Ce qui sert encore plus  la gloire du Seigneur, c’est que les dépravés  placent les leurs en garde, ainsi l’iniquité,  visiblement vaincue, fera taire les bruits  et rumeurs de blasphème. 4. Donc, que la garnison  restitue le cadavre, pour que leur reste dû  le salaire promis, ou, en reconnaissant  le prodige qu’ils virent, qu’ils clament avec nous  ce qui fait notre joie. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. VENDREDI SAINT À complies 1. Veillant pieusement  le Christ, les saintes femmes ne se sont pas enfuies  quand les hommes fuyaient. Elles voient sans peur  la garde prendre place, les glaives menaçants  ne les font pas trembler. 2. Le coup que le Berger  avait dû supporter a fait fuir de terreur  les béliers du troupeau2. L’amour avait rendu  les brebis intrépides, la charité avait  expulsé la frayeur3. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale.



1 Sur cette strophe (et sur le dernier vers de la précédente), cf. Fr. Dolveck, « Notes critiques… » p. 422-424. 2 Cf. Mt 26.31, qui cite Za 13.7. 3 Cf. 1 Jn 4.18.

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SABBATO SANCTO Ad nocturnum 1. Sexta jam homine  creato feria, Quievit Dominus  cessando septima : Plena mysteriis  magnis historia Praesentis temporis  præsignat opera. 2. Heri dominica  facta est passio Et consummata est  nostra redemptio, Ut « Consummatum est »  hoc in mysterio Dictum intelligi  possit a Domino. 3. Finitis itaque  tantis agonibus Quibus diabolum  prostravit Dominus, Quidam paratus est  quietis lectulus Quo requiesceret :  sepulchri loculus. 4. Hoc tibi mortuo,  Joseph, paraveras Tuam et omnium  vitam quo tumulas ; Hunc illi lectulum  terrenum commodas Per quem in lectulo  cælesti recumbas. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

SAMEDI SAINT À matines

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1. Lorsqu’au sixième jour  l’homme eut été créé, au septième le Seigneur  cessant se reposa. Cette histoire est remplie  de mystères importants, préfigurant pour nous  l’œuvre du temps présent. 2. La passion du Seigneur  hier fut célébrée, et notre rédemption  a été consommée. Ainsi peut-on comprendre  que le Seigneur a dit le « Tout est consommé1 »  en rappel du mystère. 3. Car, quand sont achevées  les terribles épreuves par lesquelles le Christ  a abattu le diable, il lui est préparé  un doux lit de repos où reposer enfin :  le réduit du sépulcre. 4. Joseph, tu te l’étais  voilà que tu y mets  ce petit lit sur terre,  par lequel tu auras 

préparé pour ta mort, ta Vie, celle de tous ; tu le donnes à celui ta couche dans les cieux.

℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale.



1 Jn 19.30.

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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )

SABBATO SANCTO Ad laudes 1. Dormit hoc triduo  leonis catulus, Sicut prædixerat  sermo propheticus, Donec hunc suscitet  rugitus patrius Cum dies venerit –  quo fit hoc –  tertius. 2. Avis mirabilis  phœnix et unica, Quam et lux reparat,  ut ferunt, tertia, Non minus peragit  Christi mysteria Vel resurgentium  promittit gaudia. 3. Hæc cum ‹ in › funere  formam resumpserit Alasque pristinas  rursum induerit, Volatu solito  se sursum erigit, Cum cælos etiam  Christus ascenderit.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

SAMEDI SAINT À laudes1 1. Il dort en ces trois jours,  le petit du lion, comme l’avait prédit  le discours prophétique2, et au troisième jour –  c’est-à-dire aujourd’hui – son père en rugissant  le ressuscitera. 2. Cet oiseau merveilleux,  cet unique phénix, qui au bout de trois jours  renaît, à ce qu’on dit, il préfigure aussi  les mystères du Christ et promet le bonheur  de ceux qui ressuscitent. 3. Quand le phénix défunt  récupère sa forme, qu’il déploie à nouveau  ses ailes d’autrefois, de son vol habituel  il jaillit vers le haut, comme le Christ aussi  remonte vers les cieux.





1 Cet hymne et les suivants exploitent largement des parallèles animaliers. Celui avec le phénix n’appelle pas de commentaire, parce que les éléments en sont bien connus. Pour ce qui concerne le lionceau, Abélard puise à deux sources. La première est Isidore de Séville, Etymologiæ 12.2.5 : Cum dormierint [leones], vigilant oculi  ; cum ambulant, cauda sua cooperiunt vestigia sua, ne eos venator inveniat. Cum genuerint catulum, tribus diebus et tribus noctibus catulus dormire fertur  ; tunc deinde patris fremitu vel rugitu veluti tremefactus cubilis locus suscitare dicitur catulum dormientem, « Quand les lions dorment, ils gardent les yeux ouverts ; quand ils marchent, ils effacent leurs traces de leur queue, pour que le chasseur ne les trouve pas. Lorsqu’ils ont un petit, on dit qu’il dort trois jours et trois nuits, au terme desquels le rugissement de son père fait comme trembler l’endroit où il dort et le tire de son sommeil ». La seconde est le Physiologus (je cite la version B, éd. J. A. Villar Vidal et P. Docampo Álvarez, p. 22) : Etenim Jacob, benedicens filium suum Judam, ait : « Catulus leonis Juda, filius de germine meo, quis suscitabit eum  ? » Physiologus dicit tres res naturales habere leonem… Item tertia natura leonis : cum leæna peperit catulum, generat eum mortuum, et custodit eum tribus diebus, donec veniens pater ejus die tertia insufflat in faciem ejus et vivificat eum. Sic omnipotens Pater Dominum nostrum Jesum Christum Filium suum tertia die suscitavit a mortuis, dicente Jacob : « Dormitabit tamquam leo, et sicut catulus leonis, quis suscitabit eum  ? », « En effet Jacob, lorsqu’il bénit son fils Juda, dit : « Petit de lion, Juda, fils de ma semence, qui le réveillera ? » (Gn 49.9). Le Physiologue dit que le lion a trois caractéristiques de la nature [1 : poursuivi par un chasseur, le lion efface ses traces avec sa queue, étant ainsi l’image du Christ qui dissimula sa divinité  ; 2 il dort les yeux ouverts, comme l’Époux (sic, en fait l’Épouse) du Cantique, 5, 2, Ego dormio, et cor meum vigilat, de même que la divinité du Christ ne fut pas affectée par la mort sur la croix]. Troisième caractéristique du lion : lorsque la lionne engendre le lionceau, elle l’engendre mort, et le garde trois jours, jusqu’à ce que son père vienne souffler sur son visage et lui donner la vie. C’est ainsi que le Père tout-puissant ressuscita des morts le troisième jour son Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, ainsi que le dit Jacob : « Ils dormira comme un lion, et comme un petit de lion, qui le réveillera ? ». Voici la forme complète et exacte de la bénédiction de Jacob, qu’Abélard paraphrase à prime : Catulus leonis Juda  ; ad prædam, fili mi, ascendisti. Requiescens accubuisti ut leo, et quasi leæna : quis suscitabit eum  ? « C’est un petit de lion que Juda ; tu t’es levé, mon fils, pour [attraper] ta proie. Te reposant, tu t’es couché comme un lion, et comme une lionne : qui le réveillera ? ». 2 Cf. Jn 2.19-22.

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4. Sexus et comparis  hæc avis nescia Sicut est unica  sic semper integra ; Similitudine  Christi plenissima Transcendit bestias  et volatilia. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen. 120

SABBATO SANCTO Ad primam 1. « Leonis catulum  Judam quis suscitet ? » Iacob interrogat,  cum hinc non dubitet. Cum ergo quærit hoc,  super hoc obstupet, Ut rem mirabilem  nobis insinuet. 2. Ad prædam catulum  dicit ascendere Et in hac etiam  qua dormit requie De lupi faucibus  illam eruere, Quod fit per animam  defuncto corpore. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

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SABBATO SANCTO Ad tertiam 1. Ascensus catuli,  quo prædam eruit, Fuit cum Dominus  crucem ascenderit, In qua nos redimens  cum exspiraverit, Justos de tartaro  confestim eripit. 2. Cum jam ascenderit  ad prædam catulus, Requiescentis est  factus accubitus, Quia, cum fuerit  cruce depositus, Sepultus triduo  quievit Dominus. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

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4. Cet oiseau ne connaît  ni sexe ni conjoint, et comme il est unique,  il est vierge toujours. Par sa similitude  au Christ pleine et entière, il dépasse à la fois  les bêtes et les oiseaux. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. SAMEDI SAINT À prime

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1. « Qui donc va réveiller  le lionceau Juda ? » interroge Jacob,  mais il n’a aucun doute. En posant la question,  il s’étonne à coup sûr pour nous faire sentir  que c’est chose admirable. 2. Il dit que le petit  monte chercher sa proie et l’arracher des dents  du loup qui la convoite, dans ce même sommeil  dont il est endormi : ce qui se fait par l’âme,  puisque le corps est mort. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. SAMEDI SAINT À tierce 1. La montée du lionceau,  pour arracher sa proie, ce fut quand le Seigneur  est monté sur la croix, et quand il y est mort  en rachetant nos fautes, il arrache aussitôt  les justes à l’enfer. 2. Et quand le lionceau  est monté vers sa proie, il revient se coucher  et va se reposer, car, quand il a été  déposé de sa croix, le Seigneur reposa  trois jours enseveli. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale.

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l ibe r i v hym n i i n fr a t r i d u u m pas c h al e ( d e t e mpo re )

SABBATO SANCTO Ad sextam 1. Adhuc ut dormiens  pausat leunculus, Sed ut evigilet  prope est terminus, Somni quam funeris  dicendus potius : Velox dominicæ  mortis est transitus. 2. Torrentis impetum  istum intellige, De quo meminimus  psalmistam dicere Quod de hoc biberis  in via, Domine, Mortem videlicet  sceleris calice. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

123

SABBATO SANCTO Ad nonam 1. Non naturalis est  sed adventitius Quo Christus biberit  torrentis rivulus, Quia qui fuerat  peccati nescius Mortis sententiæ  non erat subditus. 2. Hoc mortis poculum,  quod per diabolum Nobis transfusum est  in pœnæ debitum, Illud intellige  Goliæ gladium, Quo David stravit hunc,  non habens proprium. ℟. Tu tibi compati  sic nos fac, Domine, Tuæ participes  ut simus gloriæ ; Sic præsens triduum  in luctu ducere, Ut risum tribuas  paschalis gratiæ.  Amen.

li vre i v  : Tri d u u m pascal

SAMEDI SAINT À sexte

243

122

1. Le lionceau repose  encore comme en sommeil, mais le moment est proche  où il va s’éveiller, il faut dire plutôt  de sommeil que de mort : rapide est le passage  du Seigneur dans la mort. 2. Comprends qu’elle est pareille  au torrent impétueux dont le psalmiste dit,  nous nous en souvenons, que tu en auras bu  sur ton chemin, Seigneur1 : ce torrent est la mort  au calice du crime. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale. SAMEDI SAINT À none 1. Ce ruisseau impétueux  où le Christ a dû boire ne vient pas de nature,  mais n’est qu’un accident, puisque, comme il était  ignorant du péché, il n’était pas soumis  à la loi de la mort. 2. Cette coupe de mort,  qui par le fait du diable fut versée pour nous  pour prix de notre faute, c’est aussi pour David  le glaive de Goliath duquel il l’acheva,  puisqu’il n’en avait pas. ℟. Seigneur, accorde-nous  de souffrir avec toi, pour avoir part ensuite  à ta gloire éternelle, et de nous affliger  les trois jours à venir, pour obtenir la joie  de la grâce pascale.

1 Ps 109.7.

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Appendix Hymni de diversis sanctis

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SANCTI GILDÆ Hymnus unicus 1. Lucerna posita  super candelabrum, Gildæ prudentia  vitæque speculum Verbis nos instruunt,  exemplis provocant ; Errantes corrigunt,  torpentes excitant. 2. Lucernam nobis hanc  lux vera contulit, Quam non sub modio  concludi pertulit ; Stellam hanc naufragis  sol verus posuit, Per quam ad patriam  ducatum præbuit. 3. Hic indeficiens  est tamquam Hesperus, Extremis imminens  terrarum partibus, Ubi Britanniam  cingens Occeanus Immensis aridam  contundit fluctibus. 4. Has partes incolens  gens armis strenua ; Cum his imminerint  belli discrimina, Pro signo bellico   « Gildæ clementia ! » Tuta per gladios  procedunt agmina. d. Cujus est ‹Ruia›  usa suffragiis Fides intrepida  stat et in prœliis ; Super his gloria  simul et aliis Divinæ gratiæ  sit beneficiis.  Amen.

Appendice Hymnes pour divers saints

SAINT GILDAS1 Hymne unique 1. Lampe placée en vue  sur un haut candélabre, le grand sens de Gildas  nous instruit par ses mots, le miroir qu’est sa vie  nous pousse à l’imiter : l’un reprend les erreurs,  l’autre éveille les tièdes. 2. L’authentique Lumière  nous fournit cette lampe qu’il ne faut pas cacher  sous le boisseau, dit-elle, le vrai Soleil donna  cette étoile aux marins perdus, pour les guider  jusque vers la Patrie. 3. Gildas est toujours là,  tel l’étoile du soir qui domine d’en haut  l’extrémité des terres, là-bas où l’Océan,  enserrant la Bretagne, frappe la terre ferme  de ses immenses flots. 4. Les habitants du lieu  sont vaillants à la guerre. Quand ils sont sur le point  d’entrer dans la bataille, ils ont pour cri de guerre :  « Clémence de Gildas ! », et leur troupe sans crainte  affronte le combat. d. Rhuys jouit sûrement  de sa protection, sa foi reste intrépide  aussi dans les combats. Pour cela, et aussi  pour d’autres avantages, gloire soit aux bienfaits  de la grâce divine.



1 Moine originaire de Grande-Bretagne ayant vécu au vie siècle, connu surtout comme l’auteur du De excidio et conquestu Britanniæ, fêté le 29 janvier. Il est, ou est tenu pour, le fondateur de l’abbaye éponyme de Rhuys, dont Abélard fut l’abbé (en fait quelques années, en droit jusqu’à sa mort). Ce que rapporte la strophe 4 n’est pas connu par ailleurs.

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a p p e n d i x  : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s

SANCTI BENEDICTI Hymnus unicus 1.

Victimam nostræ, tibi, Christe, laudis Sanctitas ejus faciat placentem Cujus hanc lucem facit esse lucis Lucida vita.

2.

Ipse pro nobis tibi supplicando Impetret nobis veniam reatus, Cujus ad laudem modulamur hymnum Carminis hujus.

3.

Victor antiqui memorandus hostis, Nos sui fecit memores merendo ; Per preces ejus, memor esto nostri, Christe benigne.

4.

Voce præsaga benedictus ante, Postmodum nomen cumulavit ex te ; Gratiam tandem meritumque jungunt Gaudia palmæ.

5.

Qualis in vita fuerit vir iste, Quantus in signis, quibus et per illum Terra doctrinis repleatur omnis, Novimus omnes.

6.

Terra, delictis maledicta nostris Proferens spinas tribulosque nobis, Uberes fructus benedicta reddit Per Benedictum ;

7.

Ad quod et quemdam quasi spiritalem Sarculum mira fabricavit arte : Regulam vitæ speculumque veræ Philosophiæ.

d.

Gloriam summo super his Parenti, Gloriam Verbo super his paterno, Gloriam, Sanctum, tibi, Pneuma, cuncti Dent super istis.  Amen.

ap p e n d i c e  : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s

SAINT BENOÎT Hymne unique 1.

Ô Christ, que l’offrande de notre louange, Sa sainteté te la rende agréable, à lui Dont la vie éblouissante est la lumière De ce jour de fête.

2.

Que lui-même, en te suppliant pour nous tous Nous obtienne le pardon de nos péchés, Lui en louange de qui nous modulons L’hymne de ce chant.

3.

Superbe vainqueur de l’antique ennemi, Ses mérites nous font souvenir de lui ; Toi, par ses prières, souviens-toi de nous, Ô Christ de bonté.

4.

Déjà ‘béni’ par son nom prémonitoire, Il le fut ensuite encore plus, par toi. Son heureuse victoire associe enfin Sa grâce et son mérite.

5.

Nous savons tous ce qu’il fut de son vivant, Comme il fut grand en ses miracles, par quoi Et à travers lui, le monde entier absorbe Son enseignement.

6.

La terre, maudite à cause de nos fautes, Qui produisait pour nous piquants et épines, Rend des fruits abondants, désormais bénie Du fait de Benoît.

7.

Pour cela il fabriqua adroitement Une sorte de sarcloir spirituel : Sa Règle de vie, qui est le vrai miroir De philosophie.

d.

Gloire pour cela au Père, le Très Haut, Gloire pour cela au Verbe paternel, Que tous te donnent, Saint Esprit, pour cela Gloire perpétuelle.

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a p p e n d i x  : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s

SANCTI AIGULPHI Hymnus unicus 1. Aygulphi martyris  sunt natalicia ; Stella cum oritur  in cælo rutila, De terris evolat  sidus ad sidera, Soli perpetuo  sedens in dextera. 2. Dextram martyribus  dignum est cedere, Quam ipsi proprio  merentur sanguine : Et in palatio  terrenæ curiæ Hi regi primi sunt  quos ornant purpuræ. 3. Triumphat duplici  victor martyrio : Vita monastica  primum, post gladio ; Christi vestigia  secutus plurimum, Passus a filiis  consummat præmium. 4. Sed quod delinquitur  a falsis monachis Devoti redimunt  ejusdem ordinis ; Pruvigni super hoc  testis est oppidum, Beati corporis  talento præditum.

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SANCTI DIONYSII Hymnus I 1.

Ave, præsul, laus præsulum, Ave, martyr, laus martyrum, Philosophorum maxime, Galliarum apostole.

2.

Per te Gallorum populum Insolentem, indomitum Virtus superna domuit, Hisque jugum imposuit.

3.

Tu vero tunc miraculis Hos convertens ab idolis, Abstulisti diabolo Quos mancipasti Domino.

ap p e n d i c e  : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s

SAINT AYOUL1 Hymne unique

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1. Voici le jour venu  de la fête d’Aigulf. Lorsqu’au ciel une étoile  éclatante se lève, c’est que s’envole un astre  de terre jusqu’aux astres, pour s’asseoir à la droite  du Soleil éternel. 2. C’est juste que la droite  soit la part des martyrs : ils l’ont bien méritée  en répandant leur sang. Même dans les palais  des cours de cette terre, les plus proches du roi  sont ceux qu’orne la pourpre. 3. Il triomphe vainqueur  en un double martyre : par la vie monastique,  ensuite par le glaive. Ayant suivi de près  les pas du seigneur Christ, abattu par ses fils,  il a double mérite. 4. Mais le forfait commis  par des moines pervers est racheté par d’autres,  bons moines du même ordre. De ces faits est témoin  la ville de Provins, gardant comme un trésor  le corps du bienheureux. SAINT DENIS2 Hymne premier



1.

Salut, évêque, fleur des évêques, salut, martyr, fleur des martyrs, le plus grand de nos philosophes, toi qui es l’apôtre des Gaules.

2.

Par toi la puissance d’en haut a dompté le peuple des Gaules, jusque là sauvage, indompté, et lui a imposé son joug.

3.

C’est toi alors, par tes miracles, qui les détournant des idoles, les as arrachés au démon et les as soumis au Seigneur.

1 Ayoul (Aigulf, Aigulphe) est un abbé de Lérins du viie siècle. Assassiné par certains de ses moines, d’autres se chargèrent de transférer ses reliques d’abord à Fleury, puis à Provins. Abélard fut l’hôte du prieuré de Provins quelque temps au début des années 1120. 2 Premier évêque de Paris, parfois confondu avec Denys l’Aréopagite. Le statut de l’abbaye éponyme, abbaye et sépulture royale, fait de lui le principal patron de la monarchie française au moyen âge central. Abélard fut moine à Saint-Denis quelques années, dès le moment de sa castration jusqu’à ce que divers événements (dont sa mise en doute de l’identité de Denis de Paris à Denys l’Aréopagite) l’en chassent.

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a p p e n d i x  : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s

4.

Ora, pater, pro omnibus, Dionysi, fidelibus, Sed pro regno præcipue Quod acquisisti sanguine.

d.

Laus Patri sit ingenito, Laus ejus Unigenito, Paraclito par gloria Super tam grata victima.  Amen.

SANCTI DIONYSII Hymnus II 1.

O vere Christi militem, Deo dignum antistitem, Cujus dum agis prœlia Factus es ejus hostia !

2.

Ipsi te sacrificium Obtulisti gratissimum, Qui se pro cunctis unicam Obtulit Patri victimam.

3.

Nec tanti sacrificii Missæ desunt discipuli, Cum quibus sacras hostias Tractare consueveras.

4.

Jus amittit mortalitas Dum caput tuum bajolas, Caput recisum gladio, Ut offeras hoc Domino.

d.

Laus Patri sit ingenito, Laus ejus Unigenito, Paraclito par gloria Super tam grata victima.  Amen.

ap p e n d i c e  : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s

4.

Père vénérable, Denys, prie donc pour tous les fidèles, mais surtout pour notre royaume que tu achetas de ton sang.

d.

Louange au Père non créé, louange à son unique Fils, et gloire égale au Paraclet pour une si digne victime.

SAINT DENIS Hymne II 1.

Véritable soldat du Christ, digne lieutenant du Seigneur, tandis que tu mènes ses guerres, tu es devenu sa victime.

2.

Tu t’es offert au sacrifice très volontiers, pour celui qui s’est offert de lui-même au Père pour tous, en unique victime.

3.

Au rituel de ce sacrifice tes disciples ne manquent pas, avec qui tu avais coutume de consacrer la sainte hostie.

4.

La mort perd à coup sûr son droit tandis que tu portes ta tête, ta tête tranchée par le glaive, pour l’offrir à Notre Seigneur.

d.

Louange au Père non créé, louange à son unique Fils, et gloire égale au Paraclet pour une si digne victime.

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a p p e n d i x  : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s

SANCTI EUSTACHII Hymnus unicus 1. Exaltent curiæ  cælestis milites Ipsis qui cupiunt  adjungi comites, Quorum collegio  martyr egregius Adjunctus hodie  fulget Eustachius. 2. Magister militum  in terris præerat, Nunc gemma martyrum  in cælis emicat ; Alter Cornelius  piis operibus, Gentilis meruit  addi fidelibus. 3. Venantem Dominus  illum venatus est, Credens in Dominum  mox baptizatus est ; Conjunx cum conjuge  duoque liberi Sacri participes  facti sunt lavacri. 4. Percepta lavacri  confestim gratia, Summos examinat  summa miseria : Ut aurum offerant  Deo se purius, Quod mortem prævenit  fit morte gravius. 5. Cujus cor saxeum  horum temptatio, Quod pectus ferreum  non mollit passio ? Quem non continuo  movet ad lacrimas Tam miserabilis  horum calamitas ? 6. Sed quem ad lacrimas  compellet pietas Æternæ relevet  palmæ felicitas, Et inter lacrimas,  inter suspiria Ad quæ sic ventum est  occurrent gaudia. 7. Temptavit Sathanas  Job multo levius Quam Christi martyrem,  si scriptis credimus ; Cum rebus liberos  Job quidem perdidit, Sed ad solacium  uxorem habuit. 8. Job inter cognitos  et caros perstitit, Quibus miseriam  levare potuit ; Hic rebus omnibus  privatus exulat, Et trahens conjugem  parvulos bajolat.

ap p e n d i c e  : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s

SAINT EUSTACHE1 Hymne unique 1. Que les nobles guerriers  de la curie céleste se réjouissent de ceux  qui veulent les rejoindre ; aujourd’hui c’est Eustache,  martyr très remarquable qui brille de l’honneur  de se joindre à leur troupe. 2. Il était, sur la terre,  maître de la milice, maintenant brille aux cieux  ce joyau des martyrs. Ses actes charitables  l’égalent à Corneille2, païen, il mérita  de se joindre aux fidèles. 3. Car tandis qu’il chassait,  le Seigneur l’a chassé. Croyant dans le Seigneur,  il fut tôt baptisé. Son épouse avec lui,  aussi leurs deux enfants, eurent part aux bienfaits  de ce saint sacrement. 4. Aussitôt ressentie  la grâce du baptême, la plus grande misère  éprouve leur grandeur. Et pour s’offrir à Dieu  comme l’or le plus pur, les maux d’avant leur mort  sont pires que la mort. 5. Leurs épreuves pourraient  toucher un cœur de pierre, leur supplice pourrait  fendre une âme de fer. Qui pourrait s’empêcher  de pleurer sans relâche devant l’adversité  qui les a accablés ? 6. Mais ceux que la pitié  forcera à pleurer, le bonheur éternel  les réconfortera, et parmi les soupirs,  et parmi les sanglots, ils songeront aux joies  qui vont en dériver. 7. Satan a éprouvé  Job bien moins gravement que ce martyr du Christ,  à croire l’Écriture. Certes Job a perdu  ses biens et ses enfants, Mais pour le soutenir  il lui restait sa femme. 8. Job est resté parmi  ses proches et ses parents, qui pouvaient soulager  sa présente misère ; privé de tous ses biens,  Eustache est exilé, il traîne son épouse  et porte ses enfants.



1 Saint légendaire, dont l’hymne retrace assez précisément la vie. Il était particulièrement vénéré à SaintDenis, ce qui rend probable que cet hymne soit contemporain des deux précédents. 2 Centurion converti par saint Pierre (Ac 10).

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a p p e n d i x  : hy m n i d e d i ve r s i s s an ct i s

9. Pro naulo conjugem  nauta retinuit ; Arreptis parvulis  vir mærens abiit. Doloris cumulo  quod solum deerat Raptis et parvulis  temptator aggregat. 10. Nam ei paulo post  Leoque alterum :  Rebus et conjuge  Magister militum 

hunc lupus abstulit præsens id prospicit ; natisque perditis, servit rusticolis.

11. Job sua Dominus  duplo restituit Et dies amplius  jocundos præbuit ; Sunt huic redditi  conjunx et filii Palmæ martyrii  ne desint socii. 12. O vere Domino  grata societas, O ineffabilis  divina pietas ! Cum viro conjugem  simul ac liberos Fidelis passio  misit ad superos. d. Laus jugis Domino  perpesque gloria, Cujus sunt martyres  invicti gratia, Ad quem dum cupiunt  per mortem (tendere), Post mortem inchoant  perhenne vivere.  Amen

ap p e n d i c e  : h ymne s po u r d i ve rs sai nt s

9. Le marinier retient  sa femme pour la course, emmenant ses enfants  il s’en va désolé. Pour comble de douleur,  lui prenant ses petits, le Tentateur ajoute  le pire encor manquant. 10. Peu après l’un des deux  est saisi par un loup, l’autre par un lion ;  il le voit de ses yeux. Ayant perdu ses biens,  sa femme et ses enfants, le maître des milices  est serviteur de ferme. 11. Le Seigneur a rendu  à Job ses biens au double, et lui a procuré  beaucoup de jours heureux. Son épouse et ses fils  sont rendus à Eustache pour qu’il n’ait pas tout seul  la palme du martyre. 12. Ô compagnie vraiment  agréable au Seigneur, ô divine bonté,  ineffablement douce ! Leur supplice fidèle  a envoyé aux cieux avec l’époux, l’épouse  et aussi les enfants. d. Au Seigneur la louange  et gloire perpétuelle, lui dont la grâce rend  les martyrs invincibles, quand ils cherchent à mourir  pour s’approcher de lui, après leur mort ils vont  vivre éternellement.

25 5

I. Concordances

La première concordance est la plus complète. Les deux suivantes, respectivement selon les numéros de Dreves/Szövérffy et de Waddell, ne concernent pas le livre premier, dont la numérotation est invariable. Incipit

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Universorum Conditor Deus qui tuos erudis In ortum mundi sensilis In coæterno Dominus Ad laudes die tertia Ornarunt terram germina Ornatis luce partibus Laus instat sextæ feriæ Perfectis Deus omnibus

Dom. 1. noct. Dom. 2. noct. Dom. 3. noct. Fer. II. noct. Fer. III. noct. Fer. IV. noct. Fer. V. noct. Fer. VI. noct. Sabb. noct.

1 2 3 4 5 6 7 8 9

1 2 3 4 5 6 7 8 9

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Advenit veritas Auroram lucifer In altum orbita Plena meridie Deus qui corpora creas et animas Septem quas solvimus Octavæ titulos Ubique tuis nos

Dom. laud. Dom. prim. Dom. tert. Dom. sext. Dom. prand. Dom. non. Dom. vesp. Dom. compl.

10 11 12 13 14 15 16 17

10 11 12 13 14 15 16 17

10 11 12 13 14 15 16 17

Ætates temporum Secunda desinit

Fer. II laud. Fer. II vesp.

18 19

18 19

18 19

Ætas perducitur Post fidem atque spem

Fer. III. laud. Fer. III. vesp.

20 21

20 21

20 21

Quarta lux decorat Ætatis sæculi

Fer. IV. laud. Fer. IV. vesp.

22 23

22 23

22 23

Quod ætas sæculi Ex aquis hodie

Fer. V. laud. Fer. V. vesp.

24 25

24 25

24 25

Liber I – Hymni per hebdomadam

258

A n n e xe s

Incipit

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Sexta tam hominum Rei cujuslibet

Fer. VI. laud. Fer. VI. vesp.

26 27

26 27

26 27

Finem ac requiem O quanta qualia

Sabb. laud. Sabb. vesp.

28 29

28 29

28 29

Verbo Verbum Virgo concipiens Dei Patris et Matris Unicus Quam beatum stratum hoc straminis Gaude Virgo virginum gloria

Nat. I. Nat. II. Nat. III. Nat. IV

30 31 32 33

30 31 32 33

30 31 32 33

Nasciturum sive natum Angelorum stupent cantum Consecrandas intrat aquas Qui baptismo nobis suo

Epiph. I. Epiph. II. Epiph. III. Epiph. IV.

34 35 36 37

34 35 36 37

34 35 36 37

Adorna Syon thalamum Parentes Christum deferunt Qui paupertatem admonet Omnis sexus et quælibet

Purif. I. Purif. II. Purif. III. Purif. IV.

38 39 40 41

38 39 40 41

38 39 40 41

Christiani plaudite Da Mariæ tympanum Golias prostratus est Veris grato tempore

Pasch. I. Pasch. II. Pasch. III. Pasch. IV.

42 43 44 45

58 59 60 61

42 43 44 45

Salve cælestis vexillum regis [Tau beatum quo pænitentum] [Tu lignum vitæ in qua Rex ipse]

Crux invit. Crux invit. Crux invit.

66/66a 66b 66c

50a 50b 50c

Perdu Felici nautæ hac quasi nave Serpens erectus serpentum morsus Lignum amaras indulcat aquas

Crux I. Crux II. Crux III. Crux IV.

46 [46.3-4] [46.546bis] ø 46bis 47 48

ø [66.10] 67 68

ø [56.10] 51 52

In montibus hic saliens Quibusdam quasi saltibus In terris adhuc positam Cum in altum ascenderet

Asc. I. Asc. II. Asc. III. Asc. IV.

49 50 51 52

62 63 64 65

46 47 48 49

Liber II – Hymni de tempore

co nco rdance s

2 59

Incipit

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Adventu Sancti Spiritalis Remissionis numerum Tradente legem Domino Apostolorum pectora

Pent. I. Pent. II. Pent. III. Pent. IV.

53 54 55 56

69 70 71 72

53 54 55 56

Sacra Jherosolymis facta sunt encænia Spiritalis signum est templum Ad altare pontifex sacrandum Ecce domus Domini en fidelis populus

Dedic. I. Dedic. II. Dedic. III. Dedic. IV.

57 58 59 60

73 74 75 76

57 58 59 60

Deus Dei Verbum Patri coæternum [Mater pietatis adsis pia nobis] Mater Salvatoris vide quid dicaris Singularis Mater quia Virgo semper Ave maris stella Dei Mater alma

B.M.V. I. B.M.V. I. B.M.V. II. B.M.V. III. B.M.V. IV.

61 [61.6-8] 62 63 63bis

77-78 78 79 80 ø

61 [61.6-8] 62 63 ø

Sanctorum sollemnitas omnium Porta cæli siderum janua Communis celebritas omnium Eversis altariis dæmonum

Omnes SS. I. Omnes SS. II. Omnes SS. III. Omnes SS. IV.

64 65 66 67

130 131 132 133

102 103 104 105

Angelorum hominumque factor Mulieris decem drachmas Quam felices supernorum Quis ut Deus tam virtute protestans

Michael I. Michael II. Michael III. Michael IV.

68 69 70 71

81 82 83 84

98 99 100 101

Johannis nativitas præcursoris Domini Hujus ortum nuntians Senex hunc et sterilis Ad parandam Domino

Nat. Joh. Bapt. I. Nat. Joh. Bapt. II. Nat. Joh. Bapt. III. Nat. Joh. Bapt. IV.

72 73 74 75

114 115 116 117

122 123 124 125

Apostolici culmen ordinis Apostolicis recte laudibus Regum solia philosophici Stulta sæculi mundi infima Per piscatoris modo limina [Piscatoria] modo limina Princeps apicis apostolici Tuba Domini Paule maxima Cælo celsius volans aquila

Apost. I. Apost. II. Apost. III. Apost. IV. Petr. Paul. Petr. Paul. Petrus Paulus Johannes Ev.

76 77 78 79 80 80 81 82 83

85 86 87 88 89 89 90 91 92

64 65 66 67 68 68 69 70 71

Liber III – Hymni de sanctis

26 0

A n n e xe s

Incipit

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Quadrigæ Christi vehiculum Torcular crux est dominica Quattuor hæc animalia Eunt cum illis euntibus

Evang. I. Evang. II. Evang. III. Evang. IV.

84 85 86 87

93 94 95 96

72 73 74 75

Ad cælestis ortum regis Rex tyrannos universos Ad lactantum sinus matrum Est in Rama vox audita

Innoc. I. Innoc. II. Innoc. III. Innoc. IV.

88 89 90 91

101 102 103 104

76 77 78 79

Scutum Deus omnium Exquiruntur omnia Pugnant mundi principes Turris his davidica

Mart. I. Mart. II. Mart. III. Mart. IV.

92 93 94 95

97 98 99 100

80 81 82 83

Justorum memoriam dignam laudibus Tu quæ carnem edomet abstinentiam Præsens vita fuit his sexta feria Justorum exequiæ laudes exigunt

Conf. I. Conf. II. Conf. III. Conf. IV.

96 97 98 99

110 111 112 113

84 85 86 87

Ab utroque sexu plagam traximus Post honorem singularem Virginis Si cum viris feminas contendere Ut ad nostra veniamus tempora Sponsa Christi tam virgo quam martyr Cum in sanctis Deus sit mirabilis Quantum Sponso fidelis hæc fuerit Ut aurora consurgens progreditur Peccatricis beatæ sollemnitas Pænitentum severa correptio

Mulier. I. Mulier. II. Mulier. III. Mulier. IV. Virg. mart. I. Virg. mart. II. Virg. mart. III. Virg. mart. IV. Magd. I. Magd. II.

100 101 102 103 104 105 106 107 108 109

124 125 126 127 120 121 122 123 128 129

88 89 90 91 92 93 94 95 96 97

Liber IV – Hymni infra triduum paschale (de tempore) Hæc nox carissimi nox illa flebilis [Mercator omnium Juda stultissime] [Solus ad victimam procedis Domine]

Cena Dñi Cena Dñi Cena Dñi

110 [110.4-6] [110.7-9]

42-44 43 44

106 [106.4-6] [106.7-9]

Noster et omnium Salvator Domine Damnandus Domine Pilato sisteris Jam hora tertia diei venerat Sexta qua Dominus crucem ascenderat Nona qua vera lux pœnam finierit Facto jam vespere cruce depositum Pias vigilias agendo feminæ

Pass. Dñi laud. Pass. Dñi prim. Pass. Dñi tert. Pass. Dñi sext. Pass. Dñi non. Pass. Dñi vesp. Pass. Dñi compl.

111 112 113 114 115 116 117

45 46 47 48 49 50 51

107 108 109 110 111 112 113

co nco rdance s

261

Incipit

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Sexta jam homine creato feria Dormit hoc triduo leonis catulus Leonis catulum Judam quis suscitet Ascensus catuli quo prædam eruit Adhuc ut dormiens pausat leunculus Non naturalis est sed adventitius

Sabb. s. noct. Sabb. s. laud. Sabb. s. prim. Sabb. s. tert. Sabb. s. sext. Sabb. s. non.

118 119 120 121 122 123

52 53 54 55 56 57

114 115 116 117 118 119

Gildas Benedictus Aigulphus Dionysius I. Dionysius II. Eustachius Eustachius

124 125 126 127 128 129 [129.7-12]

119 118 107 105 106 108-109 109

120 121 126 127 128 129 [129.7-12]

Appendix – Hymni de diversis sanctis Lucerna posita super candelabrum Victimam nostræ tibi Christe laudis Aygulphi martyris sunt natalicia Ave præsul laus præsulum O vere Christi militem Exaltent curiæ cælestis milites [Temptavit Sathanas]

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Nat. I. Nat. II. Nat. III. Nat. IV Epiph. I. Epiph. II. Epiph. III. Epiph. IV. Purif. I. Purif. II. Purif. III. Purif. IV. Cena Dñi Cena Dñi Cena Dñi Pass. Dñi laud. Pass. Dñi prim. Pass. Dñi tert. Pass. Dñi sext. Pass. Dñi non. Pass. Dñi vesp. Pass. Dñi compl. Sabb. s. noct. Sabb. s. laud.

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 110.1-3 110.4-6 110.7-9 111 112 113 114 115 116 117 118 119

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 106.1-3 106.4-6 106.7-9 107 108 109 110 111 112 113 114 115

262

A n n e xe s

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Sabb. s. prim. Sabb. s. tert. Sabb. s. sext. Sabb. s. non. Pasch. I. Pasch. II. Pasch. III. Pasch. IV. Asc. I. Asc. II. Asc. III. Asc. IV. Crux invit. Crux invit. Crux invit. Crux III. Crux IV. Pent. I. Pent. II. Pent. III. Pent. IV. Dedic. I. Dedic. II. Dedic. III. Dedic. IV. B.M.V. I. B.M.V. I. B.M.V. II. B.M.V. III. Michael I. Michael II. Michael III. Michael IV. Apost. I. Apost. II. Apost. III. Apost. IV. Petr. Paul. Petr. Paul. Petrus Paulus Johannes Ev.

120 121 122 123 42 43 44 45 49 50 51 52 46-46bis 46.3-4 46.5-46bis 47 48 53 54 55 56 57 58 59 60 61.1-5 61.6-8 62 63 68 69 70 71 76 77 78 79 80 80 81 82 83

54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66/66a 66b 66c 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 89 90 91 92

116 117 118 119 42 43 44 45 46 47 48 49 50a 50b 50c 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61.1-5 61.6-8 62 63 98 99 100 101 64 65 66 67 68 68 69 70 71

co nco rdance s

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Evang. I. Evang. II. Evang. III. Evang. IV. Mart. I. Mart. II. Mart. III. Mart. IV. Innoc. I. Innoc. II. Innoc. III. Innoc. IV. Dionysius I. Dionysius II. Aigulphus Eustachius Eustachius Conf. I. Conf. II. Conf. III. Conf. IV. Nat. Joh. Bapt. I. Nat. Joh. Bapt. II. Nat. Joh. Bapt. III. Nat. Joh. Bapt. IV. Benedictus Gildas Virg. mart. I. Virg. mart. II. Virg. mart. III. Virg. mart. IV. Mulier. I. Mulier. II. Mulier. III. Mulier. IV. Magd. I. Magd. II. Omnes SS. I. Omnes SS. II. Omnes SS. III. Omnes SS. IV.

84 85 86 87 92 93 94 95 88 89 90 91 127 128 126 129.1-6 129.7-12 96 97 98 99 72 73 74 75 125 124 104 105 106 107 100 101 102 103 108 109 64 65 66 67

93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133

72 73 74 75 80 81 82 83 76 77 78 79 127 128 126 129.1-6 129.7-12 84 85 86 87 122 123 124 125 121 120 92 93 94 95 88 89 90 91 96 97 102 103 104 105

263

264

A n n e xe s

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Nat. I. Nat. II. Nat. III. Nat. IV Epiph. I. Epiph. II. Epiph. III. Epiph. IV. Purif. I. Purif. II. Purif. III. Purif. IV. Pasch. I. Pasch. II. Pasch. III. Pasch. IV. Asc. I. Asc. II. Asc. III. Asc. IV. Crux invit. Crux invit. Crux invit. Crux III. Crux IV. Pent. I. Pent. II. Pent. III. Pent. IV. Dedic. I. Dedic. II. Dedic. III. Dedic. IV. B.M.V. I. B.M.V. II. B.M.V. III. Apost. I. Apost. II. Apost. III. Apost. IV. Petr. Paul. Petr. Paul.

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 49 50 51 52 46-46bis 46.3-4 46.5-46bis 47 48 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 76 77 78 79 80 80

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 58 59 60 61 62 63 64 65 66/66a 66b 66c 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77-78 79 80 85 86 87 88 89 89

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50a 50b 50c 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 68

co nco rdance s

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Petrus Paulus Johannes Ev. Evang. I. Evang. II. Evang. III. Evang. IV. Innoc. I. Innoc. II. Innoc. III. Innoc. IV. Mart. I. Mart. II. Mart. III. Mart. IV. Conf. I. Conf. II. Conf. III. Conf. IV. Mulier. I. Mulier. II. Mulier. III. Mulier. IV. Virg. mart. I. Virg. mart. II. Virg. mart. III. Virg. mart. IV. Magd. I. Magd. II. Michael I. Michael II. Michael III. Michael IV. Omnes SS. I. Omnes SS. II. Omnes SS. III. Omnes SS. IV. Cena Dñi Pass. Dñi laud. Pass. Dñi prim. Pass. Dñi tert. Pass. Dñi sext.

81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 68 69 70 71 64 65 66 67 110 111 112 113 114

90 91 92 93 94 95 96 101 102 103 104 97 98 99 100 110 111 112 113 124 125 126 127 120 121 122 123 128 129 81 82 83 84 130 131 132 133 42-44 45 46 47 48

69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110

265

26 6

A n n e xe s

Occurrence

Dolveck

Dr./Sz.

Waddell

Pass. Dñi non. Pass. Dñi vesp. Pass. Dñi compl. Sabb. s. noct. Sabb. s. laud. Sabb. s. prim. Sabb. s. tert. Sabb. s. sext. Sabb. s. non. Gildas Benedictus Nat. Joh. Bapt. I. Nat. Joh. Bapt. II. Nat. Joh. Bapt. III. Nat. Joh. Bapt. IV. Aigulphus Dionysius I. Dionysius II. Eustachius

115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 72 73 74 75 126 127 128 129

49 50 51 52 53 54 55 56 57 119 118 114 115 116 117 107 105 106 108-109

111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129

II. Collation des éditions

Ont été collationnées les trois éditions courantes de l’Hymnaire : la première édition de Dreves, celle de Szövérffy, celle de Waddell. Le texte réédité par Dreves dans les Analecta hymnica n’a pas été collationné : c’est substantiellement celui de la première édition, avec quelques corrections (et quelques coquilles) en plus. Cette liste exclut les erreurs vraiment triviales, attribuables aux typographes et susceptibles d’être corrigées même par un lecteur non averti ; mais elle inclut celles qui ont pu persister (principalement, les leçons erronées de Dreves reprises par Szövérffy). Elle ne signale pas non plus les variantes dans le découpage des hymnes (et les modifications que cela implique, notamment l’ajout de doxologies). Les variantes des doxologies ne sont normalement signalées qu’à la première occurrence. La collation de l’éd. Waddell prend en compte les corrections manuscrites sur l’exemplaire numérisé sur le site de l’université de Western Michigan. La mention a.c. (ante correctionem) signale les leçons corrigées soit dans l’erratum de l’éd. Dreves, soit dans les notes de l’éd. Waddell. LIBER PRIMUS Præfatio

tillim] tehillim Dreves Szövérffy cum autem] dum autem Dreves Szövérffy psalterii] om. Dreves Szövérffy id est] et Dreves Szövérffy diversitates] diversitatem Waddell habere auctores] auctores habere Dreves Szövérffy atque ambrosius] et a. Dreves Szövérffy assertione] insertione Dreves Szövérffy commoda] eo modo Dreves Szövérffy septies in die] s. in dii die sic Dreves meditabor in te] m. de te Dreves Szövérffy dicitur] dicit Dreves Szövérffy Waddell si qua sunt] si qui sunt Dreves Szövérffy continue] continuo Dreves Szövérffy alienos pensantes] aliena proferentes Waddell vereamur] veremur Dreves Szövérffy reverentia sanctitatis] reverentiæ sanctitas Dreves Szövérffy itaque michi] michi om. Waddell

26 8

A n n e xe s

Hymni ad matutinum per hebdomadam Dominica ad I. nocturnum (1) 1.4 glorificant] glorificent Waddell Dominica ad II. nocturnum (2) 2.2 fiet] fiat Dreves Szövérffy 2.3 de tuis] te suis Dreves 5.4 det] des Dreves Waddell Dominica ad III. nocturnum (3) 4.1 aquas] aquae Dreves Szövérffy 5.1 quæque] quoque Dreves Szövérffy Waddell Feria secunda (4) 2.2 interciditur] interceditur Dreves Szövérffy 3.2 reservet] reservat Dreves Szövérffy Feria tertia (5) 3.4 usus] ordo Dreves Szövérffy Feria quarta (6) 3.1 quæque] quoque Dreves Szövérffy Waddell 5.2 gramineis] germineis Dreves Szövérffy Feria sexta (8) 3.3 hunc] hæc Dreves 4.4 divini] divina Dreves Szövérffy 5.2 resplendet] resplendes Dreves Szövérffy 7.2 potestatem] protestate Dreves : potestate Waddell Sabbato (9) 1.2 et inspectis] inspectis et Waddell 2.3 perfecto] perfecta Dreves 2.4 attestetur] attestatur Waddell 4.4 diei] die Waddell

2.1 2.3 2.2 2.3 3.2 3.4 3.4 3.3 5.2 6.3

Hymni diurni per hebdomadam Dominica ad laudes (10) moysi] moysis Dreves Dominica ad primam (11) tanta præsentiæ] tantæ præstantiæ Waddell Dominica ad tertiam (12) nos cum] cum nos Dreves Szövérffy contulit] attulit Dreves Szövérffy Waddell hic largitus] hoc largitum Dreves Szövérffy testam] testem Waddell Dominica ad sextam (13) curiæ] cernere Dreves Szövérffy Dominica post prandium (14) nobis] illis Dreves Szövérffy qua] ut Dreves Szövérffy sit quæ non] sicque nos Dreves Szövérffy

co ll at i o n d e s é d i t i o ns

7.1 quis… quærat] quid… quæris Dreves Szövérffy 7.2 cum nudus utero (utique Szövérffy) tandem hinc exeas Dreves Szövérffy 8.2 quaerit] quaerat Dreves Szövérffy 8.3 saginans] saginat Dreves Szövérffy 8.4 parat] quærat Dreves Szövérffy 10.1 terrena] terreni Dreves 10.3 hic] hi Dreves Szövérffy 11.3 repentes] reptantes Dreves Szövérffy Waddell 11.4 attollere] astollere Dreves 12.2 fecit] facit Dreves Szövérffy 12.3 cereris] veneris Dreves Szövérffy 12.4 ventris sunt] sunt ventris Waddell a.c. 13.4 passerem] pauperem Dreves Szövérffy 14.3 quod] ut Dreves Szövérffy Dominica ad vesperas (16) 2.2 luce] die Dreves Szövérffy 3.4 fons] sors Waddell (forte recte) 4.4 arrham] aram Dreves Szövérffy 5.1 addito] additæ Waddell 7.1 in his] jhesus Dreves Szövérffy 8.3 consecrant] consecrent Dreves Szövérffy Waddell Dominica ad completorium (17) 2.2 ecclesias] vigilias Dreves Szövérffy Feria secunda ad laudes (18) 2.1 primæ] primus Dreves Szövérffy 2.1 fit] sit Waddell 5.4 quod] vel Dreves : quem Szövérffy Feria tertia ad laudes (20) 2.2 data lex] lex data Dreves Szövérffy 2.2 inhibet] inhibit Szövérffy 3.4 nascuntur] nascantur Waddell 3.4 herbis] terris Dreves Szövérffy Feria tertia ad vesperas (21) 1.4 edita] condita Dreves Szövérffy Feria quarta ad vesperas (23) 1.3 fit] sit Waddell 1.4 israhelitica] israhelitici Dreves Szövérffy 2.2 etiam] ‹…› et Dreves : domat et Szövérffy : et ‹…› Waddell 3.2 hac] hoc Drevesac Szövérffy Feria quinta ad laudes (24) 3.4 restauret] restaurat Dreves Szövérffy Feria quinta ad vesperas (25) 2.3 primum] primus Dreves Szövérffy 3.2 pandat] pandit Dreves Szövérffy

269

270

A n n e xe s

Feria sexta ad laudes (26) 2.2 est] et Dreves Szövérffy Waddell 4 est initium sequentis hymni apud Dreves Szövérffy Feria sexta ad vesperas (27) 2.4 ejusque] eique Waddell Sabbato ad laudes (28) 1.3 pertingitur] perstringitur Waddellac Sabbato ad vesperas (29) 2.1 illic est] est illa Dreves Szövérffy LIBER II Praefatio tripartitum] est add. Dreves Szövérffy implemini spiritu] sancto add. Dreves Szövérffy vosmetipsos] in add. Dreves Szövérffy egent] agent Drevesac sive canticorum] vel c. Dreves Szövérffy suis inscriptum] sanctorum i. Dreves Szövérffy aut horarum] et horarum Dreves Szövérffy et hos nunc] nunc om. Waddell laudis cantica] l. cantico Waddell subtilius] subtilium Dreves Szövérffy Waddell veterum] om. Dreves Szövérffy suavi] suavis Waddell metro vel rythmo] r. vel m. Dreves Szövérffy qui nocturni sunt] qui nocturna sunt Waddell

1.2 5.3 1.1 3.1

1.4 2.4 1.3 2.1 5.5 1.6 2.3 3.1

In Nativitate Domini Hymnus 1 (30) te] se Dreves Szövérffy cohors] chorus Dreves Szövérffy Hymnus 3 (32) straminis] staminis Waddell natis] satis Dreves Szövérffy In Epiphania Domini Hymnus 2 (35) magos] magnos Dreves sed] sic Dreves Szövérffy Hymnus 3 (36) baptizatur] baptizatus Dreves Szövérffy baptizato] baptizatos Dreves Szövérffy quicquam] quemquam Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 4 (37) refecit] reficit Szövérffy Waddell (a.c.) trino facto] primo fastu Dreves Szövérffy nec] ne Dreves

co ll at i o n d e s é d i t i o ns

In Purificatione B.M.V. Hymnus 3 (40) 4.3 super] supra Dreves Szövérffy 6.4 aut] et Dreves Szövérffy, ac Waddell Hymnus 4 (41) 1.3 monet] movet Waddell 1.4 quae] qui Dreves Szövérffy

2.5 1.2 1.3 2.4

1.3 1.3 1.4 3.2 5.4 4.1 4.2

In festis S. Crucis Hymnus invitatorius (46) averni] arverni Dreves Szövérffy Hymnus 2 (46bis) hac] qua Dreves Szövérffy Waddell tuta] vita Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 4 (48) quæquæ] quæque Dreves Szövérffy Waddell In Ascensione Domini Hymnus 2 (50) a] e Dreves Szövérffy Hymnus 3 (51) sursum] rursum Dreves Szövérffy et hortatur] exhortatur Dreves Szövérffy quietem] quietam Waddell hic] has Waddell (a.c.) Hymnus 4 (52) rex] res Dreves quid] quod Dreves Waddell

Dominica Pentecostes Hymnus 1 (53) 1.5 habet] habes Dreves Szövérffy 2.5 et] tu (hic tantum) Dreves Szövérffy 2.7 et 4.7 tuo] suo Drevesac 3.1 das] da Dreves Szövérffy Hymnus 2 (54) Apostolorum precibus… ex hymn. I ut dox. add. Dreves Szövérffy Hymnus 3 (55) 1.2 mons] mens Dreves Szövérffy 1.5-4.5 deo] christo Dreves Szövérffy Apostolorum precibus… ex hymn. I ut dox. add. Dreves Szövérffy Hymnus 4 (56) 1.3 scientia] sententia Dreves Szövérffy 1.4 omnibus] omnia Waddell 2.4 diversarum collatio] diversarum collectio Dreves Szövérffy, divisarum collatio Waddell

27 1

272

A n n e xe s

Apostolorum precibus… ex hymn. I ut dox. add. Dreves Szövérffy In Dedicatione ecclesiæ Hymnus 2 (58) 1.1 spiritalis] spiritale Waddell 6.1 basilicam] basiliscam Waddell 7.1 imprimit] exprimit Szövérffy 7.2 exprimit] imprimit Dreves Szövérffy Hymnus 3 (59) 1.2 vinum] humum Dreves Szövérffy Waddell 2.1 his] bis Dreves Szövérffy Waddell 6.2 mundum] mundus Waddell ℟.2 qui cordis] cordis qui Dreves Szövérffy Hymnus 4 (60) 4.1 hic] in Drevesac Szövérffy 4.2 fidelis] fideles Waddell 7.1 numquam] nusquam Dreves Szövérffy 8.1 disponantur] disponuntur Waddell 13.1 domo] dono Szövérffy ℟. om. Dreves Szövérffy Waddell LIBER III Præfatio

devotionem] devotionum Waddell nostram habeat] transp. Waddell satisfactionem] facultatem Dreves Szövérffy Waddell facultate] modo Dreves Szövérffy Waddell deest] deesse Waddell et cum duobus] et om. Dreves Szövérffy medium] medio Dreves Szövérffy in ejus quoque] quoque om. Waddell Commune Beatæ Mariæ Virginis Hymnus 1 (61) 2.1-2 quem bis] quam Dreves Szövérffy Hymnus 2 (62) 2.3 quot] quod Szövérffy Waddell Hymnus 3 (63) 4.2 nacta] nata Waddell Hymnus 1 (68) 2.2 quas] quos Drevespc 3.2 ad] at Drevesac Szövérffy Hymnus 2 (69)

Omnium Sanctorum

co ll at i o n d e s é d i t i o ns

3.2 munimine] juvamine Dreves Szövérffy Hymnus 4 (71) 2.3 vehemens] eminens Szövérffy 4.2 pro] quo Dreves S. Michaelis Hymnus 1 (64) 2.1 agant] agunt Waddell d.3 et ad nutum cuncta] ad adventum c. (sancta Dreves in I. hymno tantum) Dreves Szövérffy Hymnus 2 (65) d.2 regit] dedit Dreves Hymnus 3 (66) 3.2 dei] domni Waddell In Nativitate S. Johannis Baptistæ Hymnus 1 (72) 2.2 qua] quam Dreves Szövérffy d.2 compari] cum patre Dreves Szövérffy Waddell Commune apostolorum Hymnus 1 (76) 2.3 flos] laus Dreves Szövérffy Waddell 3.2 longe] longæ Dreves Szövérffy d.3 patri pariter] transp. Waddell (corr. in not.) SS. Petri et Pauli (80) 1.1 per piscatoris] piscatoria Dreves Szövérffy Waddell 1.1 limina] linia Dreves S. Petri (81) 3.1 portæ] prote Dreves Szövérffy Waddell 3.3 ducas] ducis Dreves Szövérffy Waddell 5 om. Dreves Szövérffy

S. Pauli (82)

S. Johannis ap. et ev. (83) 3.3 præbent] præbet Dreves Commune evangelistarum Hymnus 1 (84) 2.3 innumeræ] in munere Waddell Hymnus 3 (86) 2.1 conspicitur] concipitur Dreves Szövérffy 3.1 hæc] hæ Dreves

27 3

2 74

A n n e xe s

Hymnus 4 (87) 1.4 in his] eis (iis Szövérffy) Dreves Szövérffy Waddell

1.5 2.6 3.1 1.4 2.1 1.2 3.5

SS. Innocentium Hymnus 1 (88) timet sibi] transp. Dreves Szövérffy magi] magni Dreves hinc] hic Szövérffy Hymnus 3 (90) lactentes] lactantes Dreves Szövérffy Waddell micantem] micantum Szövérffy Hymnus 4 (91) audita] adita Drevesac frusta] frustra Dreves (in textu, corr. in app.)

Commune martyrum Hymnus 1 (92) d.2 sed pauca vel parva] pauca vel parva sunt Dreves Szövérffy Hymnus 3 (94) 2.8 terræ] terra Dreves Szövérffy 2.10 christi] christo Dreves Szövérffy

1.3 1.8 2.3 1.2 1.3 1.6 2.2 1.3

1.3 3.3 4.1 2.1

Commune confessorum Hymnus 1 (96) celebrat] celebret Waddellac etc. quiqui] quique Dreves Szövérffy Waddell quisquis] quisque Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 2 (97) mentem] carnem Dreves Szövérffy Waddell bonum] donum Szövérffy Hymnus 3 (98) in] ab Dreves Szövérffy paratus] paratis Szövérffy Hymnus 4 (99) æternam] æterna Waddell Commune SS. mulierum Hymnus 1 (100) virgine] virgines Waddell Hymnus 2 (101) præstat] perstat Dreves Szövérffy Hymnus 3 (102) hic] his Waddell Hymnus 4 (103) caput] capit Dreves Szövérffy Waddell

co ll at i o n d e s é d i t i o ns

2.4 constat] constant Dreves Szövérffy Waddell 3.2 prior] prius Dreves Szövérff Commune unius virginis martyris Hymnus 1 (104) 1.3 geminat] germinat Dreves Szövérffy 2.4 sic] sit Szövérffy 2.6 sit] fit Dreves Szövérffy 3.1 integra tam] integratam Szövérffy 4.2 immolat] consecrat Dreves Szövérffy 4.6 etc. (sed non in communi ss. mulierum) facit] fecit Dreves Szövérffy Hymnus 2 (105) 1.3 hanc dat] dat et Dreves Szövérffy 3.2 extinctio] instinctio Dreves Szövérffy Hymnus 3 (106) 3.4 quæ] et Dreves Szövérffy Waddell Hymnus 4 (107) 1.6 illic] illac Waddellac S. Mariæ Magdalenæ Hymnus 1 (108) 3.2 adest] lac. Waddell Hymnus 2 (109) 2.2 deum sensit] transp. Dreves Szövérffy 4.3 sit] fit Waddell 4.4 judicio] indicio Dreves Szövérffy LIBER IV : HYMNI INFRA TRIDUUM PASCHALE Feria V in Cena Domini Ad vesperas (110) 4.1 juda] judas Waddell 5.2 osculi] oculi Waddell 9.2 ad] sit Dreves Szövérffy

1.4 2.2 3.2 ℟.1 1.3 1.1 2.4

Feria VI in Parasceve Paschæ Ad laudes (111) tumentum] sumentum Dreves Szövérffy hic] tunc Waddell homo non] non homo Dreves Szövérffy, ‹…› non Waddell nos fac] fac nos Dreves Szövérffy Ad sextam (114) conspicere] aspicere Dreves Szövérffy Ad nonam (115) pœnam] pœna Dreves Szövérffy sepulti] sepulchri Dreves Szövérffy

27 5

2 76

A n n e xe s

Ad vesperas (116) 1.4 quis] qui Dreves Szövérffy Waddell 2.2 cernitur] colitur dub. Dreves, molitur contra rhythmum Szövérffy, lac. Waddell Ad completorium (117) 1.4 tutissimæ] tutissime Dreves Szövérffy Sabbato sancto Ad nocturnum (118) 2.3 consummatum] consummata Waddell 4.2 tuam] tuum Waddell 4.4 recumbas] recubas Dreves Szövérffy Waddell Ad laudes (119) 4.1 et] est Dreves Szövérffy Ad primam (120) 2.3 eruere] erueret Dreves Szövérffy Ad sextam (122) 2.4 mortem] mortis Dreves Waddell Ad nonam (123) 1.3 fuerat] fuerit Dreves Szövérffy Appendix : Hymni de diversis sanctis 1.2 vitæque] vitaque Dreves d.1 ruia] lac. Waddell

S. Gildæ (124)

S. Benedicti (125) d.3 pneuma] neuma Dreves Szövérffy S. Aigulphi (126) 1.2 cælo] cæli Dreves Szövérffy 2.3 et] qui Dreves Szövérffy 4.3 pruvigni] privigni Dreves Szövérffy S. Dionysii et sociorum Hymnus 1 (127) 3.1 tunc] tu Dreves Szövérffy Hymnus 2 (128) 2.3 se pro] pro se Dreves Szövérffy Waddell S. Eustachii et sociorum (129) 6.1 quem] quod Drevesac Szövérffy Waddell 9.4 raptis] captis Dreves Szövérffy Waddell 11.3 filii] liberi Dreves Szövérffy 12.4 fidelis passio] fides et passio Dreves Szövérffy, fides ‹…› passio Waddell d.3 tendere] lac. Waddell

Table des incipits

Ab utroque sexu plagam traximus  208 Ad altare pontifex sacrandum  150 Ad cælestis ortum regis  188 Ad lactantum sinus matrum  190 Ad laudes die tertia  52 Ad parandam Domino  174 Adhuc ut dormiens pausat leunculus 242 Adorna Syon thalamum  110 Advenit veritas  62 Adventu Sancti Spiritus  138 Ætas perducitur  78 Ætates temporum  76 Ætatis sæculi  82 Angelorum hominumque factor  168 Angelorum stupent cantum  104 Apostolici culmen ordinis  176 Apostolicis recte laudibus  176 Apostolorum pectora  146 Ascensus catuli quo prædam eruit  240 Auroram lucifer  64 Ave maris stella Dei Mater alma  162 Ave præsul laus præsulum  248 Aygulphi martyris sunt natalicia  248 Cælo celsius volans aquila  182 Christiani plaudite  116 Communis celebritas omnium  166 Consecrandas intrat aquas  106 Cum in altum ascenderet  136 Cum in sanctis Deus sit mirabilis  216 Da Mariæ tympanum  118 Damnandus Domine Pilato sisteris  230 Dei Patris et Matris Unicus  96 Deus Dei Verbum Patri coæternum  158 Deus qui corpora creas et animas  66 Deus qui tuos erudis  48 Dormit hoc triduo leonis catulus  238

Ecce domus Domini en fidelis populus 152 Est in Rama vox audita  192 Eunt cum illis euntibus  186 Eversis altariis dæmonum  168 Ex aquis hodie  84 Exaltent curiæ cælestis milites  252 Exquiruntur omnia  196 Facto jam vespere cruce depositum  232 Felici nautæ hac quasi nave  126 Finem ac requiem  85 Gaude Virgo virginum gloria  100 Golias prostratus est  120 Hæc nox carissimi nox illa flebilis  226 Hujus ortum nuntians  174 In altum orbita  64 In coæterno Dominus  52 In montibus hic saliens  130 In ortum mundi sensilis  50 In terris adhuc positam  134 Jam hora tertia diei venerat  230 Johannis nativitas præcursoris Domini 172 Justorum exequiæ laudes exigunt  206 Justorum memoriam dignam laudibus 202 Laus instat sextæ feriæ  58 Leonis catulum Judam quis suscitet  240 Lignum amaras indulcat aquas  128 Lucerna posita super candelabrum  244 Mater Salvatoris vide quid dicaris  160 Mulieris decem drachmas  170 Nasciturum sive natum  102 Non naturalis est sed adventitius  242 Nona qua vera lux pœnam finierit  232 Noster et omnium Salvator Domine  228 O quanta qualia  88

278

A n n e xe s

O vere Christi militem  250 Octavæ titulos  72 Omnis sexus et quælibet  114 Ornarunt terram germina  54 Ornatis luce partibus  56 Pænitentum severa correptio  222 Parentes Christum deferunt  112 Peccatricis beatæ sollemnitas  222 Per piscatoris modo limina  178 Perfectis Deus omnibus  60 Pias vigilias agendo feminæ  234 Plena meridie  66 Porta cæli siderum janua  166 Post fidem atque spem  80 Post honorem singularem Virginis  210 Præsens vita fuit his sexta feria  206 Princeps apicis apostolici  180 Pugnant mundi principes  198 Quadrigæ Christi vehiculum  184 Quam beatum stratum hoc straminis  98 Quam felices supernorum  170 Quantum Sponso fidelis hæc fuerit  218 Quarta lux decorat  80 Quattuor hæc animalia  186 Qui baptismo nobis suo  108 Qui paupertatem admonet  112 Quibusdam quasi saltibus  132 Quis ut Deus tam virtute protestans  172 Quod ætas sæculi  82 Regum solia philosophici  178 Rei cujuslibet  85 Remissionis numerum  140 Rex tyrannos universos  188

Sacra Jherosolymis facta sunt encænia 148 Salve cælestis vexillum regis  124 Sanctorum sollemnitas omnium  164 Scutum Deus omnium  194 Secunda desinit  76 Senex hunc et sterilis  174 Septem quas solvimus  70 Serpens erectus serpentum morsus  128 Sexta jam homine creato feria  236 Sexta qua Dominus crucem ascenderat 232 Sexta tam hominum  84 Si cum viris feminas contendere  212 Singularis Mater quia Virgo semper 160 Spiritalis signum est templum  148 Sponsa Christi tam virgo quam martyr 214 Stulta sæculi mundi infima  178 Torcular crux est dominica  184 Tradente legem Domino  144 Tu quæ carnem edomet abstinentiam 204 Tuba Domini Paule maxima  180 Turris his davidica  200 Ubique tuis nos  74 Universorum Conditor  46 Ut ad nostra veniamus tempora  212 Ut aurora consurgens progreditur  220 Verbo Verbum Virgo concipiens  94 Veris grato tempore  122 Victimam nostræ tibi Christe laudis  246

Table des matières

En guise de préface Introduction Excursus préliminaire : l’office divin Les hymnes Les remarques d’Héloïse et le projet d’Abélard Second excursus : versification métrique et versification rythmique La tradition manuscrite et l’organisation de l’Hymnaire La musique de l’Hymnaire Usage et fortune de l’Hymnaire Histoire éditoriale Cette édition Note sur la traduction Bibliographie

5 9 9 13 14 15 22 30 31 33 34 35 37

L’Hymnaire du Paraclet Liber primus : Hymni per hebdomadam Livre premier : Hymnes hebdomadaires Liber II : Hymni de tempore Livre II : Propre du temps Liber III : Hymni de sanctis Livre III : Commun et propre des saints Liber IV : Hymni infra triduum paschale (de tempore) Livre IV : Triduum pascal Appendix : Hymni de diversis sanctis Appendice : Hymnes pour divers saints

40 41 92 93 156 157 226 227 244 245

Annexes I. Concordances II. Collation des éditions Table des incipits

257 267 277