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French Pages 212 [209] Year 1975
ALBERT
MANIET
Professeur à l ’Université Laval
LA
PHONÉTIQUE HISTORIQUE DU LATIN D A N S L E C A D R E D ES L A N G U E S
INDO-EUROPÉENNES
CIN Q UIEM E EDITIO N A U G M E N TÉ E E T C O R R IG É E
É D IT IO N S
K L IN C K S IE G K
11, rue de Lille, Paris - 7® 1975 ■
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L a lo i du i r mars 1 9 5 7 n'autorisant^ aux ternies des alinéas s et 3 de Var~ tid e 4 1 , d ’ une p art, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l ’usage p riv é du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d ’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d ’exemple et d ’ illustration, « toute repré sentation ou reproduction intégrale, ou partielle, fa ite sans le consentement de l ’ au teur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » ( alinéa i®*" de l ’ article 40 ) . Cette représentation ou reproduction, p a r quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 4 2 5 et suivants du Code Pénal.
I S B N 2-252-01746-5 © E ditions K ü n ck sieck , 1975.
AVANT-PROPOS DE LA DEUXIÈME ÉDITION
Le but de l’auteur est double : illustrer au moyen de faits latins les grands phénomènes d’évolution des sons du langage et la nature des lois phonétiques et, en même temps, mettre en liunière les tendances articulatoires du parler destiné à devenir le latin, en exposant, pour l’essentiel, l’évolution de ses phonèmes jusqu’à l’époque classique. Il a pensé qu’envi sagées à la lumière de la phonétique générale et de la psychologie linguis tique, expliquées systématiquement (dans la mesme du possible) par leurs causes et leurs conditions — psychiques, physiologiques, historiques — , les particularités du parler de Rome apparaîtraient mieux comme un système cohérent et en partie original. Pour faire ressortir davantage encore ces caractères et, d’autre part, indiquer les traits communs au latin et à d’autres langues indo-européennes typiques, il a confronté (schématique ment) chaque espèce de changements survenus dans le phonétisme latin avec les traitements correspondants du sanskrit (en principe védique), du grec (en principe ionien-attique), de l’osco-ombrien, du germanique (en principe le gotique et le vieux haut-allemand) et du celtique (en principe le vieil irlandais). Le domaine phonétique du latin se présente de la sorte conune tm objet de compréhension et non de simple constatation [...]. Grâce à ce point de vue, ainsi qu’à l’explication d’un certain nombre de faits et à la position prise par rapport à la méthode en phonétique historique, cet ouvrage ne fait double emploi avec aucun des manuels traitant la même matière. Des indications bibliographiques renverront pour chaque point aux principaux ouvrages et articles qui lui furent consacrés. O n pourra souvent y trouver d’autres considérations (notamment d ’ordre métrique) et plus d’une fois une opinion différente de celle de l’auteur [...]. Les changements dits inconditionnés seront réimis en un tableau comparatif à la fin du volume. Outre l’index des termes techniques et celui des mots étudiés, un index spécial par phonèmes donnera une synopsis de leurs différents avatars en latin. Il permettra de les rattacher aux phénomènes généraux auxquels ils se rapportent et facilitera la comparaison avec le traitement des langues apparentées signalé dans l ’exposé [...]. A. M .
Louvain, 1955.
AVERTISSEMENT DE LA CINQUIÈME ÉDITION
Depuis la première édition de cet ouvrage, parue en 1950, l’étude de l’aspect phonique du latin ancien, surtout sur le plan synchronique, a tiré un profit non négligeable des vues de la phonologie. Sur le plan diachro nique, nous ne disposons (uicore dans ce cadre que de quelques travaux — dont plusieurs remarquables •— portant sur des secteurs particuliers. J ’ai commencé en ce sens uiu^ étude de l’ensemble des faits, mais la complexité de la matière et, plus encore peut-être, l’absence d’une doctrine diachronique largement accc^])(é(^ risquent de retarder longtemps encore pareille étude. Elle ne visera d’ailleurs pas à se substituer aux ouvrages de type classique, qui, à mon avis, rt;stent fondamentaux, mais à les compléter par une tentative d’explication plus synthétique du processus d’évolution. J ’ai donc apporté ici, pour ce; tpii regarde le point de vue phonologique, les modifications ou additions indispensables dans l’état actuel des connais sances, y compris une comparaison commentée des systèmes vocalique et consonantique de l’indo-européen et du latin archaïque et classique (p. 169 s.). Pour ce qui regarde l’aspect plus classique de l’ouvrage, j ’ai mis à jour la bibliographie (qui comprend, outre soixante-dix titres nou veaux, des références systématiques à l’Introduction au latin vulgaire de V . Väänänen) et apporté quelque cinq cents faits ou explications supplé mentaires et corrections, ainsi qu’un index des changements conditionnés du sanskrit, de I’ionien-attique, de l’osco-ombrien, du germanique et du vieil irlandais. A. M.
Québec, 1972.
ABRÉVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET SIGNES CONVENTIONNELS
N.B. — L a liste des auteurs figurant ci-dessous est complétée au cours de l’ouvrage par l’indication des articles pertinents. Les abréviations et sigles adoptés sont ceux de l’Année Philologique et de la Bibliographie linguistique. Les grammairiens latins (Terentianus Maurus, Velius Longus, Marius Victorinus, Charisius, l’Appendix Probi, Priscien), sauf cetix qui figurent dans cette liste, sont cités dans l’édition de K eil (voir K ) . A hlberg = A. W . A hlberg , De correptione iambica Plautina. Lund, 1909. B = C. D. B uck (E. P rokosch ), Elementarbuch der oskisch-umbrischen
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Toute voyelle surmontée du signe “ est brève ou longue, du signe “ est longue. Les autres sont brèves. Le signe " ne figurera pas dans les mots cités tels qu’on les trouve, dépourvus d’indication de quantité, dans les inscriptions anciennes. i et U semi-voyelles seront notés respectivement y et w, sauf dans les mots latins attestés dont nous n’indiquons pas expressément la pronon ciation; î et ù représentent e et 0 fermés en osque. La lettre n servira à noter expressément la nasale « gutturale » (c’est-àdire n devant c, g, qu, gu) ; n, la nasale palatalisée représentée par gn dans franç. digne; v,, la nasale rétroflexe du sanskrit; P , la spirante interdentale sourde représentée par th dans angl. thin- s, f, les chuintantes représentées respectivement par ch et j dans franç. cheval, je ; s, z, les chuintantes
ABREVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
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rétroflexes du sanskrit; c, j , les mi-occlusives tch, dj, respectivement de ital. cento, gente\ x (sauf dans les mots latins), la spirante « gutturale » sourde représentée par ch dans allem. Bach. Le signe ’ placé après une occlusive indique qu’elle est palatalisée, c’est-à-dire suivie d’un embryon de y. L ’astérisque (*) placé devant une forme indique qu’il s’agit d’une reconstitution hypothétique. lE = indo-européen; lit. = lituanien; m.h.a. = moyen haut-allemand; v.h.a. = vieux haut-allemand; v.irl. = vieil irlandais; v.isl. = vieil islan dais; v.sl. — vieux slave; skr. == sanskrit; av. = avestique. Dans l’exposé des traitements autres que ceux du latin, les chiffres pré cédés de § renvoient aux paragraphes du présent ouvrage, les autres aux paragraphes des ouvrages cités.
-i I
Première Partie Notions de phonétique descriptive et description des sons du latin ancien
D É FIN IT IO N DE LA PH O N ÉTIQ U E ET M ÉTH O DE DE LA D E S C R IP T IO N PH O N ÉTIQ U E DU LATIN § I. — 1° La phonétique est la science qui a pour objet les sons du langage articulé ou phonèmes (cf. § i, 2° N.B.). O n peut l’envisager sous trois aspects différents, qui interfèrent d’ailleurs plus ou moins selon les cas, et distinguer ainsi la phonétique descriptive, la phonétique historique et la phonétique générale. L a phonétique descriptive est celle qui constate, note, transcrit, enregistre les sons, les définit et les classe. Lorsqu’elle a pour objet une langue donnée à une époque bien définie, on l’appelle aussi phonétique statique ou syn chronique. Si elle a pour objet plusieurs langues ou des états différents d’une même langue, elle reçoit l’appellation de phonétique comparée. Elle a pour auxiliaire la phonétique instrumentale, ou, moins adéquatement, expérimentale, qui recourt aux instruments pour étudier les sons du langage (Dieth, p. 19 S S .; Kaiser, p. 18 ss., 166 ss. et passim-, Malmberg, p. 98 ss.). L a phonétique historique (ou évolutive ou diachronique), basée sur la phoné tique descriptive, est celle qui étudie les transformations des phonèmes et des systèmes phoniques. Ces aspects sont synthétisés par la. phonétique générale, qui vise à déterminer les diverses qualités des phonèmes au point de vue physique et psycho physiologique, les mouvements articulatoires qui les produisent, l’effort des organes qui concourent à leur émission (appelée phonation), indépen damment des langues où ils sont ou peuvent avoir été en usage. Elle
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NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
comprend donc la phonétique descriptive, lorsque celle-ci ne s’attache pas à une langue strictement définie, et la phonétique évolutive, lorsque celle-ci ne se contente pas de constater les faits d’évolution, mais s’efforce de les rattacher à des lois générales. * * * 2° Il convient, en abordant l’étude de la phonétique, d’éliminer une erreur commune, qui porte à confondre les sons et les lettres de l’alphabet, signes conventionnels qui les représentent imparfaitement. Une même lettre, en effet, peut signifier plusieurs sons différents, non seulement pour des individus de langue differente, mais même à l’intérieur d’une langue donnée. Que l’on songe, par exemple, au son correspondant à la lettre u en français et aux sons tout diflférents qu’elle évoque chez un Anglais; et, d’autre part, aux trois réalités distinctes (tant au point de vue acous tique qu’à celui du mode de production) que recouvre pour les Français l’unique lettre o : un o fermé dans le mot dos, un o moyen dans le mot bosse, un 0 ouvert dans le mot mort, chacune de ces variétœ étant conditionnée entre autres par une position légèrement différente de la langue par rapport à la voûte palatine et par un degré d’ouverture de plus en plus accentué de la bouche. Il peut arriver aussi que plusieurs lettres différentes ne représentent qu’tm seul et même phonème : c’est le cas, par exemple, pour les multiples graphies françaises de l’o fermé : ô, oh, au, aux, aulx, haut, os, etc. Il importe donc, surtout lorsqu’il s’agit d’une langue comme le latin, dont nous ne possédons plus que des textes et donc des lettres, de déterminer d’abord les réalités que représentaient pour les sujets parlants ces signes conventionnels. Ce sont ces réalités et non leur symbole qui feront l’objet de l ’étude phonétique. N.B. — On tend à distinguer son et phonème et à appeler phonème (objet de la phonologie) l’unité phonique fonctionnelle minimale, c’est-à-dire l’image phonique qui pourrait à elle seule distinguer dans une langue à une époque donnée un élément linguistique d’un autre (p. ex., lat. class, b et p dans bellô, pellô, ë et e dans vênit, uenit, l et r dans latus, ratus). O n réserve alors le terme de son (objet de la phonétique) aux réalisations concrètes d’un phonème, physiologiquement plus ou moins diverses selon les individus, les circonstances ou l’environnement phonique. Ainsi, en latin, l vélaire et l palatal constituent deux sons différents, mais non deux phonèmes, car leur caractère vélaire ou palatal ne suffit jamais à y distinguer deux mots ou deux morphèmes. Ce sont deux réalisations d’un phonème idéal l (qui s’oppose p. ex. à r) et dont l’articulation vélaire ou palatale dépend de l’élément phonique suivant (cf. § 8, 2° et 3°). On peut les considérer comme des variantes combinatoires du phonème l.
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Le présent ouvrage étudie avant tout les modifications survenues dans les sons du latin ancien au cours de son histoire en raison de l’environnement phonique. Les termes de phonème et de son y seront employés indifférem ment en règle générale. Sinon, ils seront mis entre guillemets. Nous n’emploierons donc pas ici les signes distinctifs / / et [ ] comme on le fait généralement quand on traite de phonologie. 3° Les principales sources de notre connaissance de la prononciation du latin ancien sont : i . L ’école des grammairiens latins, dont l’initiateur, Cratès de Mallos, séjourna à Rome vers 160 avant J.G. Plusieurs d’entre eux, comme Terentianus Maurus, Marius Victorinus, Velius Longus, ont décrit en détail les sons de leur langue ou, comme V airon , ont disserté sur leurs particularités. Pour plus de détails, cf. Collart, Varron, p. 7 ss. 2. Les observations occasionnelles d’auteurs latins comme Cicéron, Quintilien, sur des points de phonétique. 3. Les inscriptions latines. 4, Les graphies grecques de mots ou de noms latins. 5. L a comparaison avec les langues romanes, dérivées du latin. Ces divers témoignages, dans leur convergence, nous donnent une idée suffisamment précise à notre point de vue de la valeur des signes alpha bétiques du latin ancien, en d’autres termes, de la moyenne de pronon ciation des Romains cultivés, et même parfois des autres, depuis Plaute (mort en 184 av. J.C.) jusqu’à Tacite (mort au début du second siècle ap. J.G.). Les descriptions systématiques qui nous restent des grammairiens ne remontent pas, il est vrai, au-delà du i®'’ siècle ap. J.C., mais les modi fications successives de l’orthographe des inscriptions, notamment, nous révèlent le souci constant des Romains d’éviter de laisser une trop grande marge entre la graphie et la prononciation; de plus, les fautes fréquentes des lapicides contre tel point de l’orthographe traditionnelle trahissent souvent la prononciation réelle de l’époque. En nous rapportant à ces critères, nous pouvons connaître par analogie — avec la part d’incertitude qu’elle comporte —- la prononciation moyenne des périodes antérieures. — Pour les sources du latin vulgaire, voir Väänänen, § 21 à 32. Cette première partie de l ’ouvrage comprendra l’exposé des notions de phonétique descriptive générale nécessaires pour comprendre les phé nomènes d’évolution et, encastrée dans cet exposé, la description des sons du latin ancien.
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LE M É C A N ISM E G É N É R A L ET LES O RG AN ES DE LA PHONATION^
Schéma des organes supérieurs de la phonation l. Cavité nasale. — 2. Cavité buccale. — 3. Pharynx. — 4. Voûte palatine : a. palais antérieur ou palais dur; b. voile du palais ou palais mou. — 5. Langue. — 6. Larynx. 7. Cordes vocales (la fente médiane est la glotte).
§ 2. — L a zone cérébrale qui préside aux mouvements du langage parlé est le siège d’une infinité de cellules nerveuses munies de prolonge ments cylindre-axiles. Généralement^ ces prolongements aboutissent à des centres — bulbe ou moelle épinière — et y sont relayés par des neurones, qui étalent leurs terminaisons à la surface des muscles de la phonation. A chacun de ces neurones et de ces muscles ou groupes de muscles corres pond un mouvement bien déterminé, comme l’arrondissement des lèvres, l’abaissement du voile du palais, la fermeture de la glotte, etc. Lorsque le sujet parlant est sur le point d’articuler un phonème, il se forme dans la zone du langage une image motrice, sorte d’ébauche des mouvements à exécuter; cette image fait fonction d’excitant et déclenche une série d’influx nerveux qui cheminent à travers les differents neurones spécialisés et contractent les muscles régissant les mouvements articulatoires requis pour l’émission du phonème. Le premier de ces mouvements est en général l’expiration® d’une certaine quantité de l’air emmagasiné dans les poumons. La contraction des muscles intercostaux, en provoquant notamment l’élévation des côtes, augmente la capacité du thorax et des poumons, qui se remplissent d’air; le mouve^ R ousselot, p. 233 SS.; G rammont, p. 17 ss.; D ieth , p. 53 ss.; K aiser, p. 31 ss. et 56 ss.; J akobson ; M almberg , p. 24 ss. ® Cf. Orbis, 1955, p. 120 ss. ® Certains phonèmes, cependant, notamment chez les Hottentots, sont produits par inspiration (R ousseeot, p. 488-489); mais, en latin, comme dans la plupart des autres langues, ils ne font pas partie du système phonique régulier.
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ment contraire comprime les poumons et l’air est propulsé vers le haut. Il s’engage dans la trachée-artère, continue son ascension dans le larynx, franchit la glotte, fente circonscrite entre les replis membraneux très élas tiques que sont les cordes vocales, pénètre dans le pharynx et de là s’écoule soit par l’orifice buccal seul, si le voile du palais, relevé, s’appuie contre la paroi pharyngale, soit par l’orifice buccal et l’orifice nasal, si le voile est maintenu dans une position intermédiaire entre le dos de la langue et cette paroi. Dans le premier cas, le phonème articulé sera oral, dans l’autre, il sera nasal. Si la glotte est fermée, ou presque, lorsque se présente la colonne d’air et que celle-ci se fraye de force un passage, les cordes vocales se mettent à vibrer, c’est-à-dire s’écartent et se rapprochent très rapidement, les vibrations se communiquent au souffle et le phonème articulé est perçu comme somre (ou voisé). L a glotte est-elle largement ouverte au passage de l’air (conservant cette position ou se fermant tout à fait pendant l’arti culation du phonème), il ne se produit aucune vibration et le phonème émis est pærçu comme sourd (ou non voisé). O n donne aux phonèmes le nom de consonne (orale ou nasale, tantôt sourde, tantôt sonore), quand les organes qui interviennent dans leur articulation se ferment momentanément (occlusives) ou se resserrent fortement (constrictives) au passage du souffle. Si celui-ci, après avoir franchi la glotte, s’écoule sam obstacle par la voie buccale ou la voie bucco-nasale, le phonème émis, moyennant certaines modifications des organes buccaux, est appelé voyelle (orale ou nasale et toujours sonore, sauf si la voyelle est seulement chuchotée). La distinction entre consonnes et voyelles, qui nous vient des Grecs et a fait l’objet de nombreuses controverses, correspond à une réalité physiologique. Ce ne sont pas les mêmes muscles, mais deux groupes de muscles antagonistes qui exécutent l’essentiel du travail articulatoire exigé respectivement par les voyelles et par les consonnes (cf. Straka, voyelles et comonnes, p. 17-74). O n peut dire aussi, mais grosso modo et sauf en tout cas pour i, qu’on passe des unes aux autres par une gradation continue, dont l’essentiel consiste en im écartement de plus en plus grand des organes au point d’articulation. LES
D IF F É R E N T E S
Gp. R ousselot, p. 334
PH ASES S S .;
DE
L 'A R T I C U L A T I O N
G rammont , p. 36 ss.
§ 3. — L ’articulation d’un phonème peut comprendre trois phases : 1° L a mise en position des organes intéressés^. 2° U ne tension plus ou moins prolongée de ces organes ou tenue, qui fait équilibre à la pression de la colonne d’air. 3° Le déplacement des organes ou détente.* * Le terme « mise en position » est préférable, semble-t-il, à celui de « tension » qu’on emploie d ’ordinaire : la tension d ’où résulte le phonème est différente de la mise en position des organes.
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O n appelle phonème à tenue croissante^ ou simplement phonème crois sant, celui pour l’émission duquel la tension des organes ne cesse de croître jusqu’à la fin; phonème décroissant, celui pour l’émission duquel les organes, après avoir atteint un certain degré de tension, se relâchent peu à peu. Les voyelles ont une tenue décroissante, les consonnes une tenue croissante ou décroissante, selon qu’elles se trouvent dans la portion initiale ou dans la portion terminale de la syllabe (pour la limite des syllabes en latin, voir § lo). Une consonne croissante est, du point de vue acoustique, une explosive : ce nom lui vient du bruit d’explosion produit lors de l’ouverture de l’orifice buccal par la libération de l’air qui s’y trouvait comprimé. Naturellement, l’explosion est surtout sensible dans le cas des occlusives. Les consonnes décroissantes sont des implosines : on n’entend généralement du phonème que l’implosion, bruit produit par la fermeture du canal buccal qui interrompt brusquement le courant d’air. Les constrictives ne comportent jamais d’implosion, puisqu’elles exigent une ouverture — si réduite soit-elle — du canal bucccd jusqu’à la fin de leur tenue. Mais, par analogie, on les englobe avec les occlusives sous la dénomination d’implosives, lorsqu’elles sont décroissantes. R E M A R Q U E . - Une consonne géminée {pp, ss, etc.) est constituée par une implosive et une explosive. L ’impression de redoublement est causée par la durée plus longue de la tenue, qui comporte celle de l’implosive, dont la tension croît, puis décroît, et celle de l ’explosive, à tension croissante. Les géminées latines sont notées pour la première fois dans un décret datant de 189 av. J .C . (C IL , I®, 614). LES V O Y E LLE S LA TIN ES Cp. R ousselot, p. 856-865; G rammont, p. 83 SS. (pour les voyelles en général); L indsay, II, § i ss.; C amilli, Clas. e Neolat., 1911, p. 149-152; CoccHiA, A A N , 1916, p. 333-383; D evo to , R IL , 1930, p. 593-605; F a r ia , p. 65-72; K ent , § 29 à 34; Bolelli , R A I, 1943, p. 193-204 (ilu); L a zz e R O N i, ASNP, X X V , 1956, p. 124-135 (voyelles doubles); L ejeune , Langage, p. 291 ss. (graphie); L uedtke (à, a), Gl, X L , 1962, p. 147-150; Piccitto (Hu)-, S z E M E R É N Y ï , SClos., 1960, p. 85 S S . (iju); T raîna , p. i p e t p . 43 s. (iju,y). — V Ä Ä N Ä N E N , § 42 à 58. § 4. — La langue latine, à l’époque républicaine, comportait grosso modo deux séries de cinq voyelles chacune, l’une brève, l’autre longue, auxquelles on peut, sur le plan fonctionnel, ajouter les diphtongues (§ 6). A en juger par les langues romanes et certaines descriptions de grammairiens anciens, les voyelles longues avaient un timbre plus fermé que les brèves. La quantité avait une valeur fonctionnelle, comme le montre, par exemple, l’opposi tion entre uënit et uenit, fodit et fodit. Pour les variantes, voir p. 23. Timbre. Le timbre des voyelles, c’est-à-dire ce qui, au point de vue acoustique, en fait la qualité spécifique, dépend de la forme et du volume du résonateur
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constitué par les cavités buccale et nasale. C ’est le mouvement des lèvres et surtout la position de la langue par rapport à la voûte palatine qui déterminent cette forme et ce volume. O n peut ainsi classer les voyelles selon leur point (f articulation, leur aperture et le mouvement des lèvres qu’elles exigent.
Position moyenne de la langue par rapport à la voûte palatine requise pour la production des voyelles du latin ancien (cf. Grammont, p. 210-211)
Selon leur point d’articulation, c’est-à-dire l’endroit où se ferme ou se resserre le canal vocal lors de l’articulation, on distingue les voyelles anté rieures ou prépalatales (dites plus simplement palatales') i, e, la voyelle médiane a et les voyelles postérieures ou postpalatales (dites aussi vélaires) 0, u. Les voyelles i et e sont en effet prononcées avec la masse antérieure de la langue tendue vers une région située immédiatement au-dessus des alvéoles des incisives supérieures, un peu plus haut pour e que pour i : c’est donc la partie antérieure du palais (palatum) qui est leur point d’articulation. Pour 0 et U, le dos de la langue remonte vers la partie postérieure de la voûte palatine, le voile du palais (velum), un peu plus loin pour u que pour 0; a occupe la position médiane. D ’après Quintilien (I, 4, 8) il existait un son intermédiaire entre i et e, celui qu’on entendait à la fin du mot here « hier », et un son intermédiaire entre i et u, qu’on entendait dans la syllabe inté rieure de optimus. Ces deux sons représentent des variantes non distinctives (Coleman, TPhS, 1962 (1963), p. 80-114). L ’aperture est l’écartement des organes au point d’articulation; elle correspond normalement au degré d’ouverture de la bouche. Les voyelles, sauf i, sont les phonèmes qui ont le plus d’aperture, puisque la langue, pour les articuler, reste à une distance de la voûte palatine suffisante pour laisser passer librement la colonne d’air. Leur aperture comporte des degrés ; comme l’indique le schéma ci-dessus, c’est a qui est la voyelle la plus ouverte®, u et surtout i® sont les plus fermées, e’’ et 0 ont une aperture moyenne. ® D ’après Terentianus M aurus, a est articulé rictu patulo (VI, 328, i i i ss. K ). ®M inimum... renidet supero tenus labello (Terent. M aurus , V I, 329, 119 K ). Cf. aussi Q uintilien , IX , 4, 34. ’ Deprimit... modico tenore rictum (Terent. M aurus, V I , 329, 1 16 K ). Gf. aussi Q uintilien , IX , 4, 34.
NOTIONS DE PHONÉTIQ.UE DESCRIPTIVE
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L ’arrondissement et la projection des lèvres caractéristiques d’o®et d’a® les ont fait appeler labiales ou arrondies; i et e requièrent normalement un certain étirement des commissures. N.B. — L a lettre J» figurait sin-tout dans des mots empruntés au grec. Elle y notait ü (a français) en prononciation savante et tantôt a (latin) tantôt i en prononciation populaire. O n la trouve parfois à date récente dans des mots latins, où elle note le son intermédiaire entre i et a dont parle Quintilien (voir Halm, Ijing., X V II, 1941, p. 24-32). Quantité. Les voyelles latines étaient longues ou brèves; les premières avaient un temps de tenue théoriquement double de celui des autres, dont la durée dépendait du débit. L ’indication de la quantité ne fig^urait que dans les inscriptions et seulement d’une manière sporadique, i était noté soit par un i plus haut que les autres lettres, soit, dès le 2* s. av. J. G. par les autres voyelles longues étaient notées au 2® et au i®’’ s. av. J.G. par le redoublement de la lettre, dès le 2® s. av. J.G. par l’apex, accent placé au-dessus de la lettre. LES S E M I-V O Y E L L E S LA TIN ES C oleman , GQ,, X III, 1963, p. i ss.; G odel , SL, V II, 1953, p. 90-99; M ariner , Ëmerita, X X V I , 1958, p. 227 ss. (phonologie); T raîna , p. 45-48; A lfonsi, Maia, X I X , 1967, p. 162 (n). — V äänänen , § 89 et 95.
§ 5. — Les modernes appellent semi-voyelles i et u prononcés respecti vement comme le premier phonème de « yeux » et de « oui ». Ge sont en somme des consonnes constrictives, caractérisées par un resserrement — d’ailleurs moindre — du canal buccal, à peu près au point d’articulation des voyelles i et u. Elles seront transcrites respectivement au moyen des signes et w, sauf dans les mots latins attestés dont on ne veut pas noter expressément la prononciation. LES D IP H TO N G U ES LA TIN ES G rammont, pp. 109 ss. (pour les diphtongues en général); L indsay , II, § 32 ss.; M auiouzeau , La prononciation du latir?, p. 21-22; M ariner , Helmantica, X X V , 1957, p. 17-30 (phonologie); S afarew icz , E os, X L I V , i , 1950, p. 123-130 (phonologie); T raîna , p. 39-42; F a r ia , § 11-16; K en t , § 35-41- — VÄÄNÄNEN, § 59-62.
§ 6. — Une diphtongue est la réunion de deux voyelles de timbre diffé rent qui n’ont pour elles deux qu’une seule tension. T el est, par exemple, ® Prodmüs labüs, rictu tereii (Il s’agit de ô : Marius V ictorinos, qui résume Terentianus
M aurus, V I , 33, 6 s. K ). Produetim... coeimtibus labellis... (Terent. M aurus, V I , 329, 144 K ) .
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le m ot français « ail » par opposition au mot « haï », dont les deux voyelles ont chacune leur tension propre. Nous ne nous occupons ici que des diph tongues dans lesquelles le second élément est une semi-voyelle ou fait fonction de semi-voyelle. En latin ancien figuraient les diphtongues suivantes, en commençant par les quatre plus anciennement attestées : ou ( = ow); oi { = oy), diph tongue à laquelle succéda en partie oe; ai ( = ay, cf. QuintUien, I, 7, 18), diphtongue à laquelle succéda ae; ei ( = e y ) ; au ( = aw ); eu ( = ew), généralement, dans nos textes, de formation récente (cf § 32, 4P Rem.). U ne diphtongue constitue une unité fonctionnelle, à classer dans la série vocalique : dans caedô, cëdô, ae s’oppose à ê au même titre que l’a de cadô. Sur le plan phonétique, il s’agit cependant de la combinaison de detix sons, et l’articulation de l’un peut agir sur celle de l’autre. LES CO N SO N N ES LATINES«» Gp. G rammont , p. 46 ss. (pour les consonnes en général) ; L indsay, II> § 56 ss.; L o icq , A G , X X X I , 1962, p. 130 ss. (n)-, Safarew icz , E os, X L V I , I, iq52-io«i3, p. 07 ss. (Il)-, Sletstoe , Symh. OsL, X X X V , I 9 «S9 , P- 144 s{I et n); T raîna , p. 48-64; W ar d , Lang., X X , 1944, p. 73-77 (g = n)', F a r ia , § 18-34; K en t , § 42-59. — N ehring , GW , X L V , 1951-1952, p. 229-230 ( f) . On les classe selon leur mode d’articulation et leur point d’articulation. Mode d’articulation. § 7. — Nous restreindrons ici cette appellation aux mouvements qui déterminent le caractère occlusif ou constrictif, oral ou nasal, sourd ou sonore des consonnes. Les occlusives orales sourdes sont p, t (toujours prononcé comme dans « tu », peut-être avec une légère mouillure devant i &t e), c (toujours pro noncé comme dans « car », avec la même restriction que pour t) ; k, Il ne sera pas question ici de la fricative vélaire sourde h. Elle avait disparu avant l’époque historique, comme le prouvent certains phénomènes ; passage de ne + hemô à nêmô au même titre que de dë - f emô à dëmô, etc. Maintenue dans l’orthographe, non sans quelques flottements (harena et arena, holus et oins.,,), la lettre fut rétablie, parfois intempes tivement, dans la prononciation des gens cultivés de l ’époque classique (N epi ); mais ce n’était là qu’une mode factice (C ollart , p. 95 ss.; voir, d ’autre part, M arouzeau , Hom mages Niedermann, 1956, p. 238-244). En concurrence avec h, on trouve ƒ dans un certain nombre de mots de type dialectal (fedus = haedus, fasena — harena, fo stis — hostis...). Voir p. 163, n. 44. Cf. E rnout, Eléments, p. 154 ss.; H iersqhe, Glotta, X L I I I , 1965, p. 103-118. —
V äänänen , § 101. A l’origine, la lettre k semble avoir régulièrement précédé la voyelle a et les consonnes, la lettre q, les voyelles 0, U et la semi-voyelle w, la lettre c. Ira voyelles e, i. Dans la suite, c prédomina et k ne fut conserve que dans quelques abréviations (Â" = Caesô, K , K A L -= calend-, etc.) ; q ne fut plus employé que devant la semi-voyelle w {quam, etc.). Les occlusives sourdes pouvaient être aspirées : th, ph, ch. Mais celles-ci figuraient surtout dans des mots emprimtés au grec; sous leur influence, l ’aspiration s’introduisit dans quelques mots latins, comme pulcher, limpha, dès la fin du 2® siècle avant J . G. (cf. C icéron, Orator, 160). — V äänänen, § 102.
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Les sonores sont b, d, g (toujours prononcé comme dans « gare », avec la même restriction que pour c). Pour la graphie gn, voir ci-dessous. Les occlusives nasales sont m, n, n (écrit n devant g, c, qu, et g devant n, par exemple dans agnus, prononcé an-nus). Pour les graphies du type agceps, singnifer, cf. § 25, 2 et § 26. Devant « gutturale », n était une simple variante combinatoire; devant n, il avait une valeur distinctive, puisque, par exemple, annus (agnus) s’opposait à annus et aiïnî (agnl) à amnî. Les constrictives sont r (toujours sourd en latin classique^^, comme dans « son »), ƒ, l, r. Les consonnes s et f sont également appelées spirantes, sifflantes, fricatives, en raison du sifflement ou du bruit de frottement qui les caractérisent. L a consonne r est aussi appelée vibrante ou roulée^^, à cause du tremblotement de la pointe de la langue écartée périodiquement du palais par le souffle expiratoire, l tire sa dénomination de latérale du fait que le souffle s’écoule sur les côtés de la langue, qui barre le milieu de la voûte palatine. D ’autre part, l’impression d’écoulement qu’on éprouve en l’entendant a fait garder par les modernes à l et, moins opportunément, à r la qualification de liquides, que les Anciens avaient donnée à ces deux consonnes, ainsi qu’à n et h m, pour d’autres motifs. O n dit aussi, en partant du point de vue acoustique, que les occlusives sont des
momentanées, parce que leur explosion ou leur implosion ne sont
pas susceptibles d ’être prolongées; les nasales et les constrictives ont reçu
continues, parce que leur phase audible peut être prolongée aussi l, m, n, r, ainsi que les semi-voyelles J», w « comportent à la fois la résonance buccale caractéristique de la voyelle et le bruit d ’expiration ccuactéristique de la consonne » (M arouzeau, s.v.) : on les appelle sorumtes. le nom de
longtemps q u ’il reste de l ’air dans les poumons.-
Point d'articulation. § 8. ^ —
Les consonnes sont appelées
labiales, dentales, « gutturales »
(prépalatales et vélmres), selon que la fermeture ou le resserrement se fait au x lèvres, au x dents (ou aux alvéoles) ou à un point quelconque de la voûte palatine.
1° L es labiales : p, b, m ,f. L a langue est dans une position d ’indifférence et elle ne jou e aucim rôle dans l’articulation des labiales.-
p, b, m, sont des bilabiales, car elles
sont obtenues par une simple pression des lèvres l’une contre l’autre.-ƒ latin,
L a sonore z n’ était prononcée comme le français z, à partir de l’époque classique, que dans les mots empnjntés au grec (Q uintilien , X I I , 10, 28). Cf. C o l la r t , p. 115 s. Ailleurs, elle provient d’ une assimilation de j à une consonne sonore ou aux voyelles qui l ’entourent et elle avait disparu au plus tard au 3® siècle av. J.C . 13 Vibrât tremulis ictibus aridtis sonorem (Ter. M aurus, V I , 332, 238 K ).
ET
d e s c r ip t io n
DES SONS DU LATIN ANCIEN
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comme ce fut le cas jusqu’à nos jours en irlandais, était d’abord bilabial. C ’est ce que prouvent certaines graphies archaïques, par exemple comfluont (C IL , I®, 584) (cf. § 26) en face du côt^uont de l’époque classique, où ƒ était devenu labiodental, les incisives supérieures venant se presser contre la face interne de la lèvre inférieure (Irrtum superis dentibus adpritnens labellum : Terent. Maurus, V I, 332, 227 K ). V oir Nehring, Le. 2° L es dentales-alvéolaires : t, d, n, s, r, l palatal. f et « latins sont obtenus en pressant la pointe de la langue contre les incisives sufiérieures, s en l’appuyant contre les incisives inférieures ou supérieures, d en 1’appUquant à la fois contre les incisives inférieures et supérieures (At portio dentes quotiens suprema linguae / pulsauerit imos modieeque curua summos / turw d sonitum perficit : Terent. Maurus, V I, 331, 199201 K ). Pour r latin, la pointe de la langue s’approche très près des alvéoles des incisives supérieures, pour l elle s’y appuyé, le dos restant à peu près plat, lorsque cette consonne est géminée ou suivie de e bref non final ou de « : I est dit ïdors palatal (les Latins le qualifiaient à'exilis, tenuis). Ces deux phonèmes sont des alvéolaires et je les classe parmi les dentales, avec lesquelles ils ont tendance à se confondre (cf. § 50, i", § 51 et surtout n. 23). Pour II ~ l palatal, voir Safarewicz, l.c. 30 L es « GUTTURALES :c (q ,k ), g; n, l vélaire. Pour c, g, n, le dos de la langue est appliqué contre un point quelconque de la voûte palatine selon la région d’articulation de la voyelle suivante, quand la consonne est explosive, de la voyelle précédente, quand elle est implosive.- c, g, n, sont donc des prépalatales devant ou après i, e, des postpalatales devant ou après 0, u, des médio-palatales devant ou après a. Dans toute position autre que celles décrites pour l palatal, l (sauf peut-être à la fin d’un monosyllabe) s’articule le dos de la langue creusé en forme de cuiller et la racine relevée vers le voile du palais : son point d’articulation est donc ce dernier organe autant que les alvéoles. Pour cette raison et pour l’impression acoustique spéciale qu’il produit, on l’appelle l vélaire (en latin, plenus, pinguis). Il a tendance à se confondre avec la vélaire w et exerce une influence analogue sur la voyelle brève précédente (cf. § 30, 2° et 4°; § 57, 1° A &).l vélaire et l palatal ne s’opposent pas sur le plan fonctionnel. N.B. — L ’aperture des consonnes a son degré maximal dans les semivoyelles et son degré minimal dans les occlusives. Entre les deux se rangent par ordre décroissant les liquides, les nasales et les constrictives.
L a tendance actuelle est à écarter le terme « gutturales » en ce sens et à le remplacer p ar« palatales », plus approprié. Mais, pour des raisons de clarté que j ’ai exposées dans un compte rendu de N iedermann , A C X X I I I , 1954, p. aa8, je préfère employer, entre guil lemets, le premier terme, qu’on trouve encore notamment dans M eillet , Introduction...
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NOTIONS DE PHONÉTIQUE DESCRIPTIVE
MODE D’ARTICULATION
Occlusives
Constrictives (continues)
POINT D’ARTICULATION Labiales et labiodentale
Dentales et alvéolaires
« Gutturales »
sourdes........ sonorcs . . . . .
P b
t d
c (k, q)
nasales (continues)
sonores........
m
n
n
spîrantes sifflantes fiicadves
s o u r d e ........
f
s
liquides (sonores)
latérale........ vibrante . . . .
orales (momentanées)
semi-voyelles (sonores)............
w
g
1 palatal
1 vclairc
y
W
Tableau des consonnes latines (y compris j> et lo en fonction de consonnes) selon leur mode et leur point d’articulation
D EG R ÉS DE FE R M ETÉ D ES PH O N ÈM ES CO N S ID É R É S ISO LÉM EN T Gp. JURET, La phonétique, p. 12 -15; S t k a k a , voyelles et cotisonnes; I d ., évolution. § 9. — Les voyelles longues sont spécialement résistantes en latin; elles ont subi très peu de changements au cours de l’évolution de la langue jusqu’aux premiers siècles de l’Empire. C ’est que, le rythme latin étant essentiellement quantitatif, fondé sur l’opposition des longues et des brèves, les sujets parlants veillaient inconsciemment à maintenir fermement l’articulation et la tenue des longues, qui se trouvaient ainsi soustraites autant que possible aux altérations de timbre et de quantité. Les voyelles brèves, avec leur tenue relativement courte et donc leur tension moindre, étaient sujettes à se modifier. L a phonétique instrumentale montre que plus une voyelle est fermée, plus elle est brève et, en conséquence, plus elle est débile. Très peu fermes également étaient les diphtongues, en raison du glissement d’un point d’articulation à un autre qui les caractérise. Parmi les consonnes, les sourdes sont plus résistantes que les sonores : dans la plupart des langues et vraisemblablement en latin, elles sont des fortes, les autres, des douces. Pour les premières, en effet, les organes doivent résister à la pression de la colonne d’air affluant sans entrave dans la cavité buccale et atteignent, pour lui faire équilibre, une tension plus grande que dans le cas des sonores, pour lesquelles le souffle est retenu en partie par le rétrécissement de la glotte. De plus, l’attention cérébrale et musculaire (cf. § a i N.B.) doit se répartir pour les sonores entre les mouvements commandant le rétrécissement de la glotte et les autres : elle est donc moins concentrée que pour les sourdes.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN
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Les constrictives, surtout l, r, s, f , ont — en tant que continues — un caractère spécifique qui leur confère une assez grande résistance. Mais, du point de vue musculaire, elles sont plus faibles que les explosives, car elles nécessitent une tension moindre : l’air, s’écoulant continuellement, ne se comprime pas à l’intérieur du canal vocal. Parmi les occlusives, d latin est assez faible, parce que son point d’articulation n’est pas net (cf. § 8, 2°). Les nasales sont moins résistantes encore, en raison du peu de tension requis des organes : sonores, une partie du souffle est retenue à la glotte et, de ce qui reste, une partie s’écoule encore par la cavité nasale. LA S Y L LA B E ET S E S LIM IT E S EN LATIN pP- G rammont , p. 97 ss.; JuRET, Dominance, p. 12 ss.; M eillet -V endryes , § 200-204; D urand , Orbis, III, 2, 1954, p. 527-533; IV , i, 1955, p. 230-234; D ennison, Cl Ph., 1906, p. 47-68; v. H el l e , G 1, 1921, p. 29-50; D ieth , p. 374 ss. ; H il l , Lang., X X X , iç 1954, p. 439-447; Ba SSOLS, § 302-307; PiSANI, S i i';5 -
Mature. § 10. — Si l’on se place uniquement au point de vue du mode de production, ce qui suffit dans notre cas, la syllabe consiste normalement en un ou plusieurs phonèmes comprenant une suite de tensions croissantes et de tensions décroissantes, qui a pour centre une voyelle. Le début d’une syllabe est marqué par le premier phonème croissant (ou, dans le cik d’un phonème unique, par la portion croissante de ce phonème), sa fin, par le dernier phonème décroissant (ou, dans le cas d’un phonème unique, par sa portion décroissante). Les coupes que l’on trouve le plus régulièrement en fin de ligne dans les inscriptions les plus correctes et, dans certains cas, la métrique permettent d’établir les points suivants : 1“ L e latin classique terminait une syllabe non finale à la voyelle ou à la diphtongue lorsqu’elle était suivie d’ime voyelle, d’une consonne unique et non géminée ou du groupe occlusive -h liquide ou w. 2“ Il la terminait à la consonne (ou à la première partie d’une géminée) dans les autres cas (mais voir Rem. 2). 3“ Si trois consonnes se suivaient, la coupe se faisait après la deuxième consonne, sauf si les deux dernières formaient le gproupe occlusive + liquide ou w. 40 Dans ce dernier cas, la coupe s’opérait après la première consonne. Exemples. me-a, a-mô, cae-dô, pa-trem, e-quus; 2® ap-tus, ag-ger; 3® îns-tar, planc-tus ; 4® spec-trum, tem-plum.
NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
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De ce procédé et des principes exposés au § 3 on peut conclure, par exemple, que m dans amô, d dans caedô, les groupes tr dans patrem et spectrum, pl dans templum et qu dans equus, étaient généralement explosifs"^®, d’autre part que p dans aptus, la phase représentée par le premier g de agger, c dans spectrum, m dans templum, les groupes ns dans Instar, ne dans planctus, étaient généralement implosifs. On appelle syllabe ouverte celle qui se termine par une voyelle non suivie d’une implosive, par exemple, a- dans amô, pa- dans pater, patrem, me- dans mea\ syllabe fermée, celle qui se termine par une consonne ou une semivoyelle implosives, p. ex., ap- dans aptus, ins- dans Instar, eau- dans causa, cae- dans caedô (l’élément e de la diphtongue ae faisant fonction de semivoyelle). R E M A R Q U E S . — i. Le sens étymologique donnait parfois aux syllabes des mots composés une répartition différente. Ainsi prôd-eô, ob-linô, ob-ruô. 2. Sauf dans les séquences de trois consonnes, le groupe occlusive -\- liquide a dû être séparé par la coupe syllabique à une époque antérieure aux documents. Ainsi, on devait prononcer pat-rem, sak-ros (ou plutôt pattrem, sak-kros, cf. MeUlet, M SL , X V III, 3 1 1 ss.). C ’est ce que supposent certaines particularités de l’apophonie (cf. § 57, 2®, Rem. 2). Mais l’usage changea, comme le montre la prosodie de Plaute, de Térence et des anciens poètes en général, où les syllabes du type de la première de patrem ne sont jamais comptées longues. A l’imitation des Grecs, les poètes postérieurs les tinrent pour brèves ou longues (par position) selon les besoins du mètre. Mais, à leur époque, c’était une licence, un procédé artificiel. Durée. § II. — A u point de vue phonétique, une syllabe est brève à l’époque classique quand elle contient une voyelle brève qui n’est suivie d’aucune consonne, p. ex., pa-(tris)', elle est longue lorsqu’elle contient une voyelle longue ou une diphtongue; elle est tenue pour longue — par position^® — quand elle contient une voyelle brève suivie d’une ou de plusieurs consonnes (Schmitt, GL, 1934, 80-95). P= 1) la première syllabe de mü-ter, ae-dllis, 2) celle de ap-tus, sarp-tus... D E G R É S DE FER M ETÉ DES PHONÈM ES DANS LA SY LLA B E ET DANS LE MOT Cp. G rammont, passim', J uret, Dominance, p. lo -ii et passim-. I d ., La phonétique, p. 23-26; L ejay , Rev. des Cours et Coif., i®>^février 1923, p. 555 ss.; M arouzeau, Stylistique, p. 45-50; Straka , voyelles et consonnes, p. 35 s.; I d ., évolution, p. 20-27; I d ., Z^itschr.f. Phon., X II, 1959, p. 276-300. ^ L a phonétique instrumentale constate une certaine indétermination dans la sylla bation, mais la cohérence des déductions tirées pour le latin, même postérieur, des principes énoncés ci-dessus montre que cette indétermination y était assez réduite. L ’expression grecque Oéost « par convention» fut mal comprise par les grammairiens latins et rendue par positime « par position ».
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN
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§ 12. — Indépendamment du degré de fermeté résultant de leur nature, les phonèmes sont plus ou moins résistants selon la place qu’ils occupent dans la syllabe et dans le mot. La consonne initiale a une articulation forte, même dans les langues où l’accent ne frappe pas la première syllabe. Une voyelle suivie d’une voyelle de même timbre est en position faible, car on a tendance à supprimer le ressaut de tension qui les sépare et protège leur individualité. Il en est de même si l’une de deux voyelles de timbre différent est susceptible de jouer le rôle de semi-voyelle ; car, pour le même motif, elles risquent de se transformer en une diphtongue, ascendante ou descendante. En dehors de ces cas, une voyelle suivie d’une autre voyelle risque toujours d’avoir sa tenue écourtée par le début de l’autre, la frontière syllabique étant peu nette faute de fermeture du canal buccal entre les deux phonèmes. Toutes choses égales d’ailleurs, une voyelle a un maximum de stabilité quand elle forme le centre d’une syllabe commençant et se terminant par une consonne (mais elle risque plus de subir l’attraction de la consonne suivante, dont elle n’est pas séparée par la pause, si brève soit-elle, de la frontière syllabique) ; elle est un peu moins résistante quand elle constitue à elle seule une syllabe; elle est à son point le plus faible quand, précédée d’une consonne, elle termine la syllabe (elle peut alors se réaliser avec une aperture plus petite). L a phonétique instrumentale montre qu’une voyelle est d’autant plus brève qu’elle fait partie d’im mot phonétique plus long : l’effort global et la quantité de souffle requis par ce mot doivent en effet se répartir sur chacune des syllabes. Le monosyllabe est plus résistant, puisque l’effort et le souffle se concentrent sur un minimum de mouvements articulatoires. Prononcée faiblement ou placée dans une syllabe inaccentuée, une voyelle tend à se fermer et une consonne à s’ouvrir. Les consonnes explosives sont en position plus forte que les implosives, puisqu’elles sont à tension croissante, les autres à tension décroissante. Une explosive initiale de mot ou précédée d’une implosive est plus résistante qu’une intervocalique, car ceUe-ci subit l’influence des voyelles environ nantes, qui risquent de la débiliter en augmentant son aperture". Dans un groupe de consonnes, c’est la dernière occlusive décroissante qui est la plus faible : débile d’avance, puisque décroissante, elle a en outre son implosion entravée par la consonne précédente. Les continues résistent mieux dans cette position en raison de leur plus grande aperture, qui leur permet une tenue plus longue.
" . L a phonétique instrumentale montre que, dans certaines langues du moins, le mot conserve dans la phrase une certaine autonomie (R ousselot, p. 972 ss.). Q uintilien (IX , 4, 108) l’atteste pour le latin : « Paülultm morae datmis inter ultimum etproximum uerbttm». Une consonne intervocalique n’ était donc pas dans le même cas qu’une consonne initiale devant voyelle et précédée d ’un mot à finale vocalique.
NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
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L'A CC EN T S S .; G rammont , p. i i 6 ss.; H irt , Akzent', M erlo , Problemi; S chmitt, Akzentlehre-, I d ., Akzent, p. 5-24; V endryes , Intensité initiale, p. g ss. ; D ieth , p. 72 ss. § 13. — « L ’accent est une particularité de prononciation qui conduit à distinguer une syllabe des syllabes voisines par la hauteur, par l’intensité ou par les deux à la fois » (Marouzeau, s.v.). O n app>elle accent de hauteur (ou ton ou accent musical) celui qui consiste en une élévation de la voix : la voyelle de la syllabe tonique est prononcée sur une note plus élevée que les autres. La hauteur correspond au nombre de vibrations produites dans une unité de temps donnée. La fréquence de ces vibrations et donc la hauteur du son varient selon le degré de tension active des cordes vocales : plus elles sont étirées et plus le son a de hauteur. L ’accent d’intensité est celui qui fait articuler le ou les phonèmes qu’il affecte avec plus de force et d’effort. Acoustiquement, l’intensité dépend de l’amplitude des vibrations; physiologiquement, celle-ci est fonction de la force avec laquelle le souille est expiré, déterminant un battement plus ample des cordes vocales. Toute syllabe est prononcée forcément sur un certain ton et avec une certaine intensité. O n parle d’un accent de hauteur, quand les variations de hauteur sont beaucoup plus sensibles que les variations d’intensité, et d’un accent d’intensité dans le cas inverse. En plus d’une langue, ces deux sortes d’accent peuvent affecter en même temps un mot sans coïncider.
Cp. R ousselot, p. 1002
L'A CCEN T LATIN Gp. Bassets, Accento; Bergfeld , G 1, 1916, p. 1-20; Akzentstudien-, F raenkel , Akzent; J uret , Dominance; K en t , Lang., 1931, p. 179-189; I d ., R E L , 1925, p. 204-214; L enchantin , R IG I ( c £ réf. du § 56) ; M e il l e t , Esquisse, p. 56 et 128 ss.; I d ., M SL, 1916, p. 165-171; 1918, p. 165-171; 1920, p. 108 ss.; M erlo , ASN P, 1936, p. 75-84; Pisani, R A L , 1930, V I, p. 147-170; S kutsgh, Akzent; Sturtevant , T A P h A , 1921, p. 5-15; V en dryes , Intensité initiale, p. 13 ss.; A bbott , Studies... Oldfather, 1943, p. 1-19 (grammairiens lat.); I d ., T A P h A , L X X V , 1944, p. 127-140; D urante , R L , IV , 1958, p. 61-98; Enk, Mnemos., V I, 1953, p- 93-109; K urylowigz , p. 381-389; L epsghy, ASN P, X X X I , 1962, p. 199-246 (rev. crit.); L eu M A N N , § 160-163; M gG an n , Glotta, X X X V I I , 1958, 293-305 (intens, in it); Perin i ; P ulgram , K Z , L X X I, 1954, p. 218-237; W ar d , Lang., X X V II, 1951, p. 477-484; Bassols, p. 41-52; F a r ia , p. 134-162; K en t , p. 66-69; T agliavini , p. 51-54. — V äänänen , § 44-51. Nature. § 14. — L ’accent latin était à l’époque classique un accent de hauteiur^® et il le resta jusqu’à l’époque impériale. Pour expliquer l’altération des Nature uero prosodiae in eo est quad aut sursum aut deorsum; nam in weis altitudine omnino spectatur adeo ut, si omnes syllabae pari fastigio uocis enuntientur, prosodie sit nulla (V arron , dans Sergius, De accentibus, IV , 525, 21 ss. K ) ; cf. aussi C icéron , Orator, 18, 58. Mais voir P isani, A G I, 1942, p. go s.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN
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voyelles en syllabe non initiale (cf. Livre III), certains ling[uistes supposent l’existence, pendant une période de l’histoire du latin prélittéraire, d’un accent d’intensité affectant la première syllabe des mots (p. ex., Merlo, Vendryes, Niedermann, Pisani, etc.). D ’autres (comme Meillet, Juret, Bassets, etc.) rejettent cette hypothèse et attribuent l’altération des voyelles non initiales à un abrègement causé par l’attention particulière réservée à la première syllabe. L a raison majeure de leur position est la difficulté qu’il y aurait à admettre qu’un groupe linguistique ait changé plusieurs fois la nature de son accent, notamment pour passer du régime de hauteur indo-européen récent au régime d’intensité de l’époque qui précéda immé diatement l’âge classique, ensuite pour passer de ce régime d’intensité au régime de hauteur classique, finalement pour passer de ce dernier au régime d’intensité qui aboutira à la formation des langues romanes. On peut concilier les deux théories en admettant pour l’époque prélittéraire la coexistence d’un accent d’attaque ou d’insistance portant sur la syllabe initiale et d’un accent de hauteur portant éventuellement sur une autre syllabe. C ’est le cas, p. ex., en suédois moderne, où un mot comme stiga « je monte >> se prononce avec une forte intensité sur l’initiale et une forte élévation de la voix sur la finale. A l’époque classique, l’intensité initiale s’affaiblit et le ton prédomina, au moins chez les gens cultivés. Place. § 15. — L ’accent classique ne remonte jamais au-delà de la troisième syllabe à partir de la fin. Ipsa enim natura, quasi modularetur hominum oratiomm, in Omni uerbo posuit acutam uocem... nec a postrema ^llaba dira tertiam (Cicéron, Orator, 18, 58). Normalement, il se place sur la pénultième dans les dissyl labes, p. ex. rr&ter, pater; de même dans les mots de plus de deux syllabes, si la pénultième est longue par nature ou par position, p. ex. auârus, acceptas ; sinon il affecte l’antépénultième, p. ex. fortiter. Cependant, lorsque le mot est suivi d’un enclitique, l’accent précède généralement cet enclitique, p. ex., forteque. Il résulte de ce manque de liberté que l’accent du latin classique n’avait pas de valeur distinctive, c’est-à-dire ne suffisait pas à lui seul à distinguer deux mots entre eux, mais une fonction culminative et démarcative (Mariner, § 329 s.). Pour l’époque prélittéraire, on peut admettre en outre l’existence d’un accent sur la première syllabe (cf. § 14).
Seconde Partie Les grands phénomènes d^évolution phonétique et les sons du latin ancien dans le cadre des langues indo-européennes
PO IN TS DE M ÉTH O DE Cp. B loomfield , AJPh, 1884, p. 178-186; Br é a l , M SL, 1898, p. i ss.; D e BRUNNER (Analogie), IF, 1933, p . 269-291; G oidânich , A G I, 1926, p . 3-59; G rammont, p. 156-184; H ermann ; I d ., J espersen, p . 255-301; JuRET, p . 1-8; K oppelm an ; N iedermann , p . 2-4; R o gg er ; S chuch ardt ; Sommerfelt , B S L ,X X IV ,p . 138-141 ; I d ., JVT5 F, 1928, p. 10-21 ; V endryes , p . 40-84; V . W artburg , p . 31-72; W echsler ; W h ee le r ; Z ip f ; P ulgram , Orbis, IV , i, 1955, p. 61-65; M artinet , Economie, p. i i ss. et passim; Sau vag eo t . § 16. U ne fois connu le mode moyen de prononciation du latin ancien, il devient possible d’entreprendre l’étude de son évolution. La première partie de cette étude est encore, si l’on veut, de la phonétique descriptive, sous son aspect comparatif : elle consiste, en effet, pratiquement à comparer l’état de la langue à deux époques différentes, l’époque clas sique d’une part et, d ’autre part, une époque plus ancienne, que nous pouvons atteindre soit grâce aux textes conservés, soit par reconstitution étymologique. R E M A R Q U E . — L a reconstitution étymologique des mots non attestés s’opère par comparaison avec d’autres mots latins ou avec les mots corres pondants des autres langues indo-européennes (citons pour mémoire les principaux groupes : le hittite, le « tokharien », l’indien, l’iranien, le grec, l’italique, le celtique, le germanique, le slave, le Baltique, l’arménien, l’albanais). Elle se base en même temps sur la connaissance du sens ancien des éléments constitutife des mots. Soit, p. ex., la forme classique asportô. On peut en reconstituer, pour ce qui regarde le préfixe, l’état plus ancien
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LES GRANDS PHENOMENES D ÉVOLUTION PHONÉTIQUE
*absportô par comparaison avec la forme latine analogue abstuli, dont l’élé ment abs- ajoute la même détermination au verbe tulî que l’élément asau verbe porto. Soit, d’autre part, la forme classique testâmentum. O n peut la faire dériver d’un plus ancien *tristâjnentom, notamment grâce à la forme osque de même sens tristaamentud (ablatif) et aux formes grecques xpiç, Tpta, etc., qui comportent la notion de « trois » : le testament est en effet, étymologiquement, l ’action qui se fait en présence de tiers. D ’autres mots présentant une évolution phonétique analogue justifient cette reconstitution. O n constate en effet qu’à l’initiale, au groupe -ri- devant dentale présenté par des langues parentes répond normalement le groupe -er- en latin (cf. § 40, 2°). On comprend ainsi le stade *terstàmentom (en face de tristaamentud), réduit ensuite par facilité à testâmentum. Définition des changements phonétiques. § 17. — Nous disons qu’il y a changement phonétique lorsque, dans la prononciation non pas d’un ou de quelques individus isolés, mais d’un même groupe social parlant un même idiome, un phonème s’est transformé ou a disparu ou encore est apparu dans tous les mots qui présentaient des conditions identiques. Ces changements, improprement appelés lois, sont notés au moyen de formules, appelées aussi « lois » par extension. P. ex., pour le latin ancien : « L ’occlusive sonore aspirée *bh (non influencée par d’autres phonèmes) est devenue ƒ »; « la diphtongue ai est devenue ae en syllabe initiale »; « la dentale sonore d s’est amuïe en position finale après voyelle longue »; « le groupe mt a développé un p épenthétique et est devenu mpt ». U n changement est dit conditionné (ou dépendant) lorsqu’il a lieu sous l’influence d’un ou de plusieurs autres sons ou de sa position dans le mot ou dans la phrase, comme dans les trois derniers exemples. Il est dit inconditionné (ou spontané) lorsqu’il a lieu en dehors de cette influence, comme dans le premier exemple. Causes et conditions des changements phonétiques. § 18. — Parmi les causes auxquelles on peut attribuer les changements phonétiques, la plus générale et la plus profonde est d’ordre psychique : la tendance au moindre effort entendue au sens le plus large. C ’est elle qui est responsable des phénomènes d’assimilation, de dilation, de syncope et affaiblissements analogues, de dissimilation et aussi de métathèse et d’interversion, lorsque ces deux phénomènes ne sont pas dus simplement à l’analogie. A cette tendance s’oppose le besoin de netteté articulatoire, né avant tout du désir de se faire comprendre de ses interlocuteurs. Il arrive que ce besoin même aboutisse à des changements phonétiques : c’est le cas du phénomène de différenciation, beaucoup plus rare d’ailleurs que les autres phénomènes. O n peut citer également la transmission de la langue de parents à enfants, d’individus à individus. Elle présente le risque d’une reproduction imparfaite des phonèmes entendus. U n autre facteur est le mélange de populations de parlers différents, soit que l’une d’entre elles
ET LES SONS DU LATIN ANCIEN
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(appelée substrat) finisse par adopter le parler des conquérants, qu’elle emploie avec ses habitudes articulatoires propres, soit le cas inverse des conquérants (ou superstrat) adoptant le parler des vaincus, soit que les populations continuent à se servir chacune de leur idiome, dont l’un influence tôt ou tard l’autre et réciproquement (adstrat). L ’état social et politique entre aussi en ligne de compte : les bouleverse ments des révolutions et des guerres, l’absence d’autorité reconnue et, en général, toute situation génératrice de relâchement ou de tension prolongés peuvent accroître la tendance à l ’inertie ou inciter à adopter une pronon ciation résolument aberrante. La mode, c’est-à-dire l’imitation de la prononciation spéciale d’individus jugés supérieurs, intervient également, mais dans des proportions assez réduites et surtout d’une façon généralement peu durable. L ’analogie, enfin, peut modifier l’aspect phonique des mots. Nous en reparlerons plus longuement p. 41 à propos de l’action négative qu’elle exerce également. Ces divers facteurs, les principaux parmi ceux qu’on peut déceler, agissent isolément, simultanément ou encore réagissent les uns sur les autres, comme nous l’indiquons à propos de l’état social et politique. Mais ils opèrent toujours dans certaines conditions, dont dépendent en définitive les changements, lorsqu’il s’en produit. Ces conditions sont d’ordre physio logique ou psychologique. Les premières consistent dans la façon habituelle d’articuler les phonèmes à tel moment de l’histoire de la langue et donc, entre autres, dans leur degré de résistance absolue (c’est-à-dire quelle que soit leur position dans le mot) ou relative (c’est-à-dire selon leur position dans la syllabe et dans le mot). Les secondes consistent dans la valeur attribuée au mot ou à un élément du mot, soit en vertu de leur caractère spécial (mots ou éléments importants, mots très fréquents, accessoires, etc.), soit en vertu de leur analogie nettement perçue avec d’autres mots ou d’autres éléments. Plus généralement, une condition psychique importante semble bien être l’organisation des sons d’une langue en un système où chaque « phonème » s’oppose à un autre sur le plan de la distinction des unités significatives dont ils font partie. Si tel des facteurs énumérés plus haut vient à modifier im des éléments de ce système, il y a des chances pour que d’autres éléments évoluent à leur tour, influencés par des facteurs ou dans des conditions qui, à eux seuls, n’auraient peut-être pu entraîner telle modification. Il est possible aussi, mais c’est plus difficile à prouver, que le rendement fonctionnel plus ou moins grand d’une opposition à l’intérieur d’un système soit une condition de stabilité ou d’instabilité. Caractères des changements phonétiques. § 19. — Les changements phonétiques, tels que nous les avons définis, sont généralement inconscients et graduels; ils sont constants et corrélatife. Ils sont généralement inconscients (sauf s’ils proviennent d’une mode).
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LES GRANDS PHENOMENES D EVOLUTION PHONETIQUE
Lorsque les Romains du 3® siècle av. J.C. ont commencé à prononcer ae au lieu de ai, c’est ai, le plus souvent, qu’ils croyaient encore prononcer et entendre, faute de prêter une attention suffisante au son émis et leurrés par la graphie traditionnelle. Les enfants, notamment, qu’aucune habitude ne liait encore, ont perçu, eux, le son nouveau, sans se douter d’ailleurs qu’il représentait un changement, et ils se sont efforcés de le reproduire. Après quelque temps, une graphie plus conséquente s’est substituée à la graphie ancienne (cf. § i, 3°) : la transformation était accomplie et consacrée. Les milieux puristes et spécialement l’école, soucieux de conserver l’intégrité de la langue, peuvent contrecarrer cette évolution, précisément en la rendant consciente et en la réprouvant. Ainsi, pendant toute une période du latin préclassique (c’est-à-dire antérieur au i®"^ siècle av. J.C .), s’est manifestée à Rome la tendance à omettre la sifflante finale s, lorsqu’elle était précédée d’une voyelle brève et suivie d’un mot à initiale consonantique. A l’époque classique, il s’est produit une réaction contre ce relâ chement, dont on s’était nettement rendu compte, et les personnes cultivées ont dès lors recommencé à prononcer régulièrement cette consonne : on avait l’air « un peu paysan » (cf. Cicéron, Orator, 48, 161), si l’on ne se pliait pas à cette régularisation. Pour éviter le ridicule, certains « rétablissaient » parfois dans les mots des phonèmes qui ne s’y étaient jamais trouvés, mais qui paraissaient carac téristiques de Vurbanitas tant recherchée : tel le parvenu Arrius, qui pro nonçait hînsidiâs au lieu de însidiâs, parce que la bonne société romaine prenait grand soin de faire entendre les Ä là où il le fallait (cf. n. 10; Catulle, 84). C ’est là ce qu’on appelle une hypercorrection. Il arrive aussi que, de propos délibéré, on emploie un mot dont la constitution phonique est propre à un stade antériein: de la langue (archaïsme). C ’était le cas chez les Romains lorsqu’ils voulaient conférer au texte un aspect traditionnel (p. ex,, dans les documents officiels), vénérable, poétique, etc. Ainsi le mot duellum, devenu bellum dès avant Plaute, se retrouve parfois par la suite, mais presque exclusivement chez les poètes. Les changements phonétiques sont graduels en un triple sens. Les uns s’opèrent lentement et ne se révèlent à l’oreille qu’après un temps parfois très long : ainsi, la diphtongue ei n’est devenue l qu’après avoir glissé petit à petit vers ë fermé et de là vers î. Si, au cours de cette période d’instabilité, la cause qui a déterminé la transformation ou les conditions dans lesquelles elle s’opérait viennent à disparaître, l’évolution cesse au moins momenta nément (cf. p. 43 le cas de Mûsa, etc.) ; elle peut aussi aboutir inconsciem ment au phonème qui en était le point de départ (cf. v. W artburg, p. 38). D ’autres espèces de changements se manifestent de façon brusque à un moment donné. Il s’agit d’accidents de prononciation, qui, dus à une cause permanente, sont susceptibles de se perpétuer; mais ils ne le font
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que graduellement, après une période de coexistence avec la prononciation traditionnelle. T el a dû être, p. ex., le cas du second r du mot praestrigiae, qui a disparu dans la forme classique praestigiae : la difficulté constante qu’on éprouve à articuler deux r à bref intervalle a provoqué, dans des circonstances favorables comme la fatigue, la hâte, etc., la chute du second r et cela, sans intermédiaire possible. Mais, pendant un temps plus ou moins long, les sujets parlants ont dû prononcer soit praestrigiae, soit praestigiae, jusqu’à ce que cette dernière forme l’emporte définitivement. Les changements phonétiques sont encore graduels en ce sens que tous ceux que l’on constate à une époque donnée n’ont pas été nécessairement simultanés. Ainsi, dans le mot archaïque duenos, devenu bonus en latin classique, e s’est transformé en o avant que du- ne passe à b, comme l’atteste la forme intermédiaire duono-. D ’autre part, d final après voyelle longue s’est amuï d’abord dans les polysyllabes et puis dans les monosyllabes. D ’une façon générale, les changements ne prennent naissance que chez un ou quelques individus et ne se diffusent que peu à peu dans le groupe linguistique. Les changements phonétiques proprement dits (voir §17) sont constants. Ce caractère leur est refusé par plus d’un linguiste de valeur; une défi nition précise du terme facilitera peut-être un rapprochement des points de vue. C ’est un fait indéniable, et le fondement de toute science positive, qu’une même cause agissant dans les mêmes conditions produit toujours les mêmes effets. La constance des changements phonétiques est un cas particulier de cette loi. O n peut la formuler comme suit : un phonème placé sous l’influence d’une cause agissant dans telles conditions subira le même traitement qu’un autre phonème placé dans les mêmes conditions et subissant l’action de la même cause. Le problème est de déterminer les causes et les conditions présentes dans chaque type de changement, afin de classer dans une même catégorie les changements de même nature et, d’autre part, de rendre compte d’apparentes exceptions à une « loi ». C ’est à ces points qu’on s’est tout spécialement attaché dans ce manuel. Ils seront exposés, sauf pour les paragraphes concernant l’assimilation de consonne à consonne (§§ 22 à 26), après l’énoncé et les exemples de chaque espèce de changement. Le latin classique comme point d’aboutissement de phénomènes évolutifs offre un terrain stable à cette recherche, en raison de la normalisation propre à une grande langue littéraire et de la puissante centrzilisation exercée par Rome à cette époque. Nous admettons que la prononciation concrète des individus présentait des divergences plus ou moins sensibles, p. ex. entre citadins et ruraux ou provinciaux, entre jeunes gens et vieillards, entre cultivés et non cultivés... Ces différences ne nous intéressent pas ici, les lois formulées ne visant qu’un type moyen de prononciation, censé représenté par la graphie classique. Si le phonétisme de certains mots apparaît comme exceptionnel, il est
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d ’ÉVOLUTION
PHONÉTIQUE
possible, bien souvent, du moins quand il s’agit d’un état de langue privi légié comme le latin classique, de déceler des différences de conditions qui justifient une différence de traitement. Ainsi, nous disons qu’un s intervocalique anciennement simple a passé à r en tout cas dans les mots pro prement latins : exemple ; mürem, de *müsem. Cette double restriction n’est pas un expédient destiné à écarter arbitrairement les « exceptions » telles que cäsus, Mûsa, asinus. Elle repose sur des réalités phonétiques. Dans les mots appartenant au vieux fonds latin, 1’^ intervocalique devait avoir une articulation débile, car son passage à r suppose une étape intermédiaire de sonorisation, donc un affaiblissement : *müsem n ’a pu devenir mürem qu’en passant par *müzem. Mais, dans les mots du type câsus, l’j simple provient d’un s géminé (issu lui-même de dt, § 37, 3°)- Ainsi, à l’époque où l’on prononçait *müsem avec un s relâché, cässus avait un s très fortement articulé. L e cas de Mûsa est analogue. Il s’agit d’un emprunt au grec. O r cette langue, après avoir connu une période d’affaiblissement du s indoeuropéen, généralement amuï en position intérieure, a vu apparaître une sifflante nouvelle, due à diverses assimilations, et d’articulation forte. C ’est celle qui figure notamment dans Moüoa, puis lat. Mûsa. Q ue le mot ait pénétré en latin à l’époque où l’f intervocalique de cette dernière langue était encore sourd, mais relâché, ou à l’époque où il s’était déjà sonorisé ou encore, ce qui est plus probable en l’occurrence, alors qu’il était déjà passé à r, l’articulation du phonème étranger différait de celle du phonème latin. On voit que ni le type câsus ni le type Moüoa ne peuvent se placer sur le même plan phonétique que le type *müsem. Quant à l’j simple de câsus, provenant de la réduction de la géminée (§43, 1“), c’était une sourde forte, qui formait avec l’j du type Mûsa un seul et même phonème. La condition du rhotacisme de s, le relâchement articulatoire de la spirante, ayant fini par disparaître en latin et ne se vérifiant pas dans les emprunts grecs même relativement anciens, on ne peut s’étonner que la sifflante n’ait pas évolué comme l’j primitivement simple de *mûsem. (Pour des mots empruntés à des langues autres que le grec, tels asinus, gaesum, pour lesquels nous n’avons aucun renseignement sur l ’articulation du j, il y a lieu de supposer ou bien qu’ils avaient un s intervocalique fortement articulé ou bien, s’il était débile, qu’ils ont été empruntés à l’époque où le s latin était devenu fort : l’j qui y figpirait a dû être articulé comme celui des mots proprement latins.) Voir aussi le cas de bös, uafer, etc. (§ 30, i° R i), qui montrent qu’une langue de culture peut subir des influences dialectales. C ’est en ce sens que l’on peut parler d’exceptions aux « lois » phonétiques. Si l’énumé ration des causes et des conditions figurait au complet dans l’énoncé d’une « loi », au sens où nous l’entendons, il n’y aurait pas lieu de relever d’exceptions. Mais ce procédé, souvent compliqué, n’est pas toujours possible dans l’état actuel de nos connaissances. O n sera donc forcé plus d’une fois d’énoncer un changement au moyen de la formule imprécise : « T el type de phonèmes a (eu) tendance à évoluer de telle façon ».
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Prenons un autre exemple, celui de la diphtongue ai. O n constate qu’elle est devenue ae en syllabe initiale, mais î en syllabe intérieure. Est-ce un motif pour mettre en doute la constance du changement ? Non, car l’arti culation d’une syllabe intérieure en latin est beaucoup moins ferme que celle d’une syllabe initiale ; le phonème ai, ici encore, n’a donc pas la même réalité physiologique dans les deux cas et il est naturel qu’il ait évolué autrement. Mais voici que, dans un autre mot, 'pert&esus, on trouve précisé ment en syllabe intérieure la diphtongue ae au lieu de i. Q u’est-ce à dire ? C ’est que cette diphtongue, dans ce cas, constitue une réalité psychologique spéciale, et cela en vertu d ’une des principales causes de trouble de l’évo lution phonétique, l’analogie. L ’analogie est « l’influence assimilatrice que peuvent exercer les unes sur les autres des formes qui se trouvent habituellement associées ou rapprochées » (Marouzeau, s.v.). L a perception, même subconsciente, d’un rapport entre deux formes est un phénomène psychologique et, comme tel, est capable d’entraver le processus mécanique et inconscient des change ments phonétiques ou d’en modifier les résultats. Dans le cas de pertaesus, qui était devenu normalement pertisus, l’analogie du verbe simple taedet a provoqué la restitution de la forme ancienne : c ’est ce qu’on appelle une recomposition analogique (§ 57, 3° R ). Les cas où l’analogie a contre carré une tendance évolutive sont évidemment impossibles à établir avec certitude; mais il est fort probable que, p. ex., le composé ancien nesei {— nisi), sous l’influence du mot simple sei, n’est jamais devenu par rhota cisme *nerei. L ’analogie agit souvent aussi en un sens positif. Ainsi, s final ne se transforme pas en r en latin. Cependant, la finale -ôs du nominatif des polysyllabes du type arbös, honös, est devenue ôr (puis -or). C ’est que, dans le reste du paradigme, arboris, honorem, etc., s, en position intervocalique, était passé à r. L ’influence de ces cas, jointe à celle des nominatifs anciens en -(t)ôr, a étendu l’r au nominatif des mots de ce type, d’où classique arbor, honor, à côté des doublets arbös, honös. U n dernier exemple d’apparente exception et d’influence de l’analogie : la forme ancienne d’impératif putâ se présente à l’époque classique tantôt avec un â, tantôt avec un a. Faut-il voir une inconséquence dans cette duahté ? Une nouvelle fois, non. L a tendanee à l’inertie avait provoqué dans les dissyllabes l’abrègement en finale d’une voyelle longue, lorsque la syllabe précédente était brève (§ 60, 3°). L a forme putâ était donc devenue puta, qui s’employait aussi bien pour désigner l’impératif à valeur pleine « pense » que le mot accessoire rendu en français par « mettons », « soit », « par exemple »... A partir d’une certaine époque, un peu après la mort de Plaute, semble-t-il, les sujets parlants, au moins les plus cultivés, ont pris nettement conscience de la valeur du mot, lorsqu’il servait de véritable impératif. Ils l’ont dès lors prononcé avec un à comme les autres impératifs de la même classe dont le ä final, faute d’être précédé d’une syllabe brève,
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ne s’était pas abrégé. Quant au mot à valeur aecessoire, son rapport avec le mode impératif avait eessé d’être apparent et il n’y avait aucune raison de lui rendre son ä ancien. A u contraire, le maintien de son a en opposition avee l’â de putâ devenait désormais la marque d’une distinction sémantique. L a voyelle finale de ces deux formes représentait donc une réalité psycho logique différente, ce qui rend compte de la différence de traitement. L a constance des changements phonétiques a piour corollaire leur caractère corrélatif. « L ’ensemble des articulations d’une langue constitue im système où tout se tient, où tout est en étroite dépendance » (Grammont, p. 167; notons que l’auteur se plaçait au point de vue purement phoné tique et non au point de vue phonologique au sens actuel). Il en résulte que, si telle particularité articulatoire est affectée dans un type de phonèmes, tous les types de phonèmes qui présentent la même particularité dans les mêmes conditions auront chance d’être également atteints. Sauf conditions psychologiques spéciales, ce n’est pas en effet tel phonème isolé faisant partie de tel mot particulier qui subit un changement phonétique, c’est le processus qui aboutit à la production d’un type de phonèmes, étant donné les conditions physiologiques dam lesquelles il se trouve. Ainsi, ce n’est pas à proprement parler le g de *reg-tos (d’où rëctus), ni le é de *scrib-tos (d’où scriptus), ni le d de ad-trahô (d’où attraho), qui ont évolué respecti vement en c, P et t devant c’est en définitive le mécanisme régissant Fétirement des cordes vocales pour produire un phonème sonore qui, devant un phonème sourd et lorsqu’il s’agissait d’occlusives (conditiom physiologiques), a cédé le pas devant celui qui en régit le relâchement pour produire un phonème sourd. Il est aisé de comprendre, dès lors, que si les occlusives sonores « gutturales » s’assourdissent devant ime sourde, les occlusives labiales et dentales s’assourdiront par le fait même. Si un type d’occlusives sonores aspirées, p. ex. les labiales, se transforme en spirantes sourdes (en dehors de l’influence d’autres phonèmes), les autres types d’occlusives sonores aspirées, les dentales et les « gutturales », passeront aussi à une spirante sourde : ainsi bh est devenu ƒ en position initiale, et de même dh, ont passé èi f , gh est devenu h. De même encore, chacun de ces types de phonèmes placés entre voyelles ou sonantes s’est sonorisé corrélativement. Comme il est dit plus haut, l’un des buts de ce livre est de mettre en lumière le système articulatoire du latin ancien notamment en faisant ressortir le parallélisme des changements qui lui ont donné son aspect à l’époque classique. Inversement se trouveront illustrés par les faits latins les caractères constant et corrélatif des changements phonétiques. L ’exposé des changements phonétiques du latin ancien comprendra quatre parties. Dans la première seront étudiées les modifications qu’ont subies les phonèmes sous l’influence de phonèmes contigus ; dans la deuxième, les modifications subies sous l ’influence de phonèmes non conti gus; dans la troisième, les modifications subies sous l’influence de l’arti
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culation spéciale de la syllabe initiale; dans la quatrième, les modifications subies par les phonèmes sous l’influence de leur position initiale ou finale. Chaque section sera suivie de la mention du traitement correspondant, numéro par numéro, en sanskrit, en ionien-attique, en osco-ombrien, en germanique et en vieil irlandais. L ’ouvrage sera complété par un tableau comparatif du traitement (en principe) inconditionné des phonèmes de l’indo-européen, par im appendice sur la gémination expressive, par une conclusion générale et par divers index, dont ceux des changements conditionnés des langues traitées.
Livre Premier Influence des phonèmes sur les phonèmes contigus
TITRE I MODIFICATIONS QUALITATIVES
Chapitre 1.
L'assimilation
D E F IN IT IO N E T M É C A N IS M E Cp. RoussELOT,p. 936 S S . ; G rammont, p. i85ss.;DiETH,p. 254 ss. et 305 ss.; R ochette , passim. § 20. — L ’assimilation est l’action par laquelle un phonème tend à rendre semblable à soi im phonème contigu. O n a esquissé plus haut (cf. § 2) le mécanisme de l’articulation d’im phonème isolé. L e phénomène devient beaucoup plus complexe, lorsqu’il s’agit d ’articuler deux phonèmes consécutifs. Soit, p. ex., la « gutturale » g prononcée tout en concentrant l’imagination tantôt sur la voyelle i, tantôt sur la voyelle 0. Suivons seulement les mouvements des lèvres et de la langue. Dans le premier cas, les commissures tendront à s’étirer latéra lement et la langue se massera vers l’avant de la voûte palatine; dans le second, la bouche prendra une forme plus ou moins arrondie et la langue se massera vers l’arrière, dans une mesure variant selon l’intensité de l’image évoquée. Or, ces deux positions différentes, qui n’appartiennent nullement en propre au g, sont précisément les caractéristiques respectives d’î et d’o. Q u ’est-ce à dire ? L ’image des mouvements à exécuter pour le g et celle des phonèmes suivants, même non articulés, sont presque
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simultanées. Il n’y a pas entre la formation de l’une et de l’autre un espace de temps suffisant pour permettre une nette séparation dans l’exécution organique. En conséquence, l’influx nerveux déclenché n’affecte pas d’abord les différents neurones aboutissant aux muscles qui président à l’arti culation du g, puis, bien distinctement, ceux qui déterminent l’articulation d’î et d’o; il se produit une interférence plus ou moins importante des mouvements articulatoires et l ’un des deux phonèmes contigus est articulé avec une partie des mouvements ou même, selon les cas, tous les mou vements de l’autre, auquel il est de la sorte assimilé. La modification du g devant les phonèmes i et 0 simplement imaginés, destinée à illustrer le rôle de l’image dans le phénomène, ne constitue toutefois que les premières étapes — psychique et physiologique — de l’assi milation proprement dite. Pour mériter ce nom en phonétique, le procès doit aboutir à un stade ultérieur, le stade acoustique. Quand les sujets auront conscience d’entendre un phonème nouveau, soit partiellement, soit totalement, on dira alors qu’il y a eu assimilation. Ainsi, g articulé devant i ou 0, même prononcés, ne cesse d’être perçu comme un g, malgré sa modalité différente d’articulation; mais qu’il soit articulé devant un t, p. ex., sans le moindre arrêt entre les deux ; « une vagu^ terrible », il cessera, pour une oreille exercée et en dépit de l’orthographe, d’être perçu comme une sonore, au moins dans la dernière partie de son articulation. L a cessa tion des vibrations glottales préparée pour la sourde t a interféré au moins avec la phase finale du g et celui-ci est devenu en réalité un k. C ’est ainsi qu’en latin, le g de la racine *ag- du verbe agere, entrant en contact avec le t du suffixe -to-, a été prononcé, perçu et écrit c : âctus. C ’est ce qu’on appelle une assimilation de résonance. O n distingue des assimilations du point et du mode d'articulation, dans lesquelles l’interférence affecte, comme le mot l’indique, les mouvements qui caractérisent le point ou le mode d’articulation du phonème assimilé. Exemple du premier cas : la dentale « du préfixe négatif in- est devenue labiale devant la labiale p de piger : impiger. L ’image de la dentale : masse antérieure de la langue pressée contre les incisives (pour ce qui concerne le point d’articulation) a eu, dans l’exécution organique, ses effets annihilés par celle de la labiale ; lèvres pressées l’une contre l’autre, et c’est ce dernier mouvement qui s’est produit. L ’assimilation, comme dans le cas à'âctus, n’est que partielle, car le mouvement déterminant la nasalité s’est conservé intact. Exemple du second cas : l’occlusive orale b de la racine *scab- est devenue nasale devant la nasale n du suffixe -no- : scamnum. Le relèvement du voile du palais requis pour l’occlusive orale a été devancé par l’abaissement de ce même organe, nécessaire pour la production de la nasale. L ’assimilation est encore partielle, puisque la labialité du phonème assimilé n’a pas été affectée, âctus est aussi un exemple de ce second cas.
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L ’assimilation est dite totale, lorsque le phonème assimilé est devenu complètement semblable au phonème assimilant. L ’assimilation totale n’est pas d’une nature différente des précédentes. Elle peut les englober toutes, p. ex., dans le cas de aàferô devenu aiferô, où la sonorité, le point et le mode d’articulation du d se sont assimilés à ceux du ƒ suivant; elle peut aussi se confondre, quant à son mécanisme, avec l’un ou l’autre cas d’assimilation partielle : seul le résultat justifie alors sa dénomination. A un autre point de vue, on distingue l’assimilation progressive et l’assi milation régressive. Dans l’assimilation progressive, le phonème assimilant précède le phonème assimilé. Tous les mouvements ou une partie des mouvements propres à l’articulation du premier sont maintenus par inertie pendant l’articulation du second. Dans l’assimilation régressive, de loin la plus fréquente en latin, le phonème assimilé précède le phonème assimilant. Les mouvements d’exécution du second envahissent par anti cipation tous ceux ou une partie de ceux du premier. LOI G É N É R A LE DE L'A SSIM ILA TIO N § 21. — L ’assimilation suit la loi du plus fort : c’est le phonème sur lequel, à un moment donné de l’histoire de la langue, se concentre davan tage l’attention, soit cérébrale, soit musculaire, soit intellectuelle, qui tend à s’assimiler le phonème moins favorisé à ces divers points de vue. L ’assi milation ne se réalise qu’à partir d’un certain degré de relâchement survenu au cours du processus articulatoire. L a faveur accordée à tel phonème et le degré de relâchement articulatoire dépendent du système de la langue et des circonstances historiques. N.B. — L ’attention cérébrale est celle qui porte sur l’image motrice et donc sur la préparation des mouvements, l ’attention musculaire est celle qui porte sur l’exécution des mouvements, l’attention intellectuelle, celle qui porte sur le sens des mots (cf. Grammont, p. 191-192). Les deux premières sont du ressort de la phonétique, la dernière surtout de la phonologie. S E C T IO N 1 . A S S IM IL A T IO N D 'U N E C O N S O N N E À UNE A U TR E CO NSO NNE Cp. JuRET, p. 178 SS.; L eumann , § 142 SS.; L indsay , IV , § 159 ss.; M eillet V endryes , § 166 SS.; N iedermann , § 69 ss.; P isani, § 81 ss.; S ommer, 126 ss.; K en t , Language, 1936, p. 245-258; M oralejo (-rs-),E m e rita , 1946, p. 82-95; M ey er -L uebke ( -Id -) , Z V S , 1887, p. 171; Bassols, p. 209-216; F a r ia , p. 243-254; K e n t , § 192; T agliavini , p. 113-117; L o icq , A C , X X X I , 1962, p. 130 ss. (n )', P rinz , A L M A , X X I , 1949-1950, p. 87-115; X X I I I , 1953, p. 35-60 (préfixes); Szemerényi, TPhS, 1950, p. 169-179 ( -t n -) ; I d ., Glotta, X X X V , 1956, p. 111-114 (quando). — • V äänänen , § 1 13-123.
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INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
N.B. — Le terme « occlusive » s’appliquera exclusivement aux occlusives orales. Les deux consonnes en cause sont toujours entre deux voyelles ou entre voyelle et semi-voyelle. /. A ssim ila tion totale A I RÉSULTANT EN DÉFINITIVE DE d ’articulation
l ’a SSIMILATION
DU POINT
En latin. § 22. — 1° Une occlusive labiale ou dentale devant une occlusive « gutturale » s'y est assimilée totalement (pour les nasales, cf. § 26). En d’autres termes, les groupes bg, Pg, âg> tg, sont devenus gg-, bc (bq), pc (pq), de (dq), te (tq), sont devenus cc (cq). suggéra, de sub-gerô; aggrauô, de ad-grau5 ; occidô, de ob-cidô; accurrô, de ad-currô; siccus, de *sit(i)kos selon § 59 (cp. sitis); ocquiniscô, de ob-quiniscô-, quicquam, de quid-quam. § 22. — 2° Une occlusive dentale devant une occlusive labiale et la nasale dentale devant la nasale labiale s’y sont assimilées totalement (mais voir § 36, 2“ R ). En d’autres termes, les groupes dp, tp, sont devenus pp (on manque d’exemples pour db, tb) ; le groupe nm est devenu mm. quippe, de *quid-pe; appârô, de ad-pärö-, immineö, de in-mineô. § 22. — 3° La liquide r est devenue 1 devant la liquide 1. agellus, de *agerlos (de *agrolos, selon § 59). § 22. — 4“ La sifflante dentale s est devenue f devant la labiale f. différa, de *dis-ferô. En sanskrit (abstraction faite des lois du sandhi externe)*®. § 22a. — I“ U ne occlusive dentale devant une occlusive palatale s’y est assimilée totalement, mais elle subsiste devant labiale (Brugmann 225). 2® Aucun changement correspondant. 3® Aucun changement correspondant, l passant normalement à r sans condition selon § 65. 4® (ƒ n’existait pas en sanskrit). En ionien-attique. § 22b. — I® (Pour le groupe tx cf. § 40b, 5®). Pas d’exemples de labiale devant « gutturale » (L 57). 2® Une nasale dentale est devenue p. devant p seulement « dans des*• *• O n appelle sandhi externe l ’accoimnodation d’un phonème final de mot avec le phonème initial du mot suivant. En sanskrit, ces« liaisons» étaient de règ^e.
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parfaits médio-passifs, où l’analogie imposait le maintien » des finales -jwci, -(jisOix, et dans des composés, où le traitement est récent (L 153). Ailleurs, cf. § 40b, 5®, ainsi que pour le groupe occlusive dentale + occlusive labiale. 3*’ Pas d’exemplfô du groupe pX (L 152). 40 (La sifflante ƒ n’existait pas en ionien-attique ancien). En osco-ombrien. § 22c. — I® U ne occlusive dentale devant une occlusive « gutturale » s’y est assimilée totalement (B 116) (BO 78). Pas d’exemples de labiale devant « gutturale ». 2® Une occlusive dentale devant xme occlusive labiale s’y est assimilée totalement (B 116) (BO 78). Pas d’exemples pour les nasales. 3® L e groupe rl semble avoir subsisté en osque. Pas d’exemples en ombrien (B 82) (BO 57). 4® Pas d’exemples du groupe rf. En germanique. § 22d. — I®, 3® et 4® Pas d’exemples clairs. 2® n devant m est devenu m (Brugmann 320, la). 5° L e groupe mn est souvent devenu mm, sans doute après interver sion (Brugmann 170, 3R). V oir aussi § gfid, 3®. En vieil irlandais. § 22e. — I® Une occlusive dentale devant une occlusive « gutturale » s’y est assimilée totalement (P 54 et 245). 2° Une occlusive dentale placée après l’accent dans les composés préposi tionnels s’est assimilée totalement à une occlusive labiale suivante (P 245). Le groupe nm provenant de dm selon § 25e, 3° est devenu mm (P 44). 3° Le groupe rl subsiste (P 68). 4° f ne figurait pas après consonne en vieil irlandais. 5° n placé immédiatement devant l’accent lE semble s’être assimilé totalement à une occlusive sourde précédente (P 73). B I RÉSULTANT EN DÉFINITIVE DE d ’articulation
l ’ASSIMILATION
DU MODE
§ 23. — i® Une occlusive dentale ou labiale est devenue f devant la spirante f. qffèrô, de ad-ferô-, qfficlna, de op(i)ficîna (avec chute de i selon § 59). § 23. — 2® Une occlusive dentale est devenue s devant la spnrante s. Pour le groupe *tst venant de f + -f cf. § 51 Rem. i. pessimus, de *ped-somos (cf. peius, de *ped-yos, § 29, 2®). possum, de *pot-sum {pot- d’après potest, de pote est). § 23. — 3° Une occlusive dentale ou labiale devant la nasale m, une occlusive dentale devant la nasale n s’y sont assimilées totalement.
INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
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ammoneô, de ad-moneô (sans doute en passant par *anmxmeô selon § 25, 3“) ; summus, de *sup-mos (sans doute en passant par *sub-mos selon § 24, 2®) ; summoueô, de sub-moueö •, annuô, de ad-nuâ-, annus, de *at-nos (cp. peut-être got. apna « année »), sans doute en passant par *adnos selon § 24, 2°. § 23. —
La dentale nasale est devenue r devant la liquide r. irrumpô, de in-rutnp5 .
N.B. — L a dentale orale ne s’est assimilée à r que dans le préverbe ad-, où elle était implosive : arndeö, de ad-rideô. § 23. — 5° Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue 1 devant la liquide 1 (pour le groupe tl, cf. § 36, 2“ b et 64). alloquor, de ad-loquor; sella, de *sed-la (cp. sedeo); colloquium, de *con-loquiom. § 23. — 6” Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue 1 après 1 à date ancienne. sallo, de *saldô (cf. salsus, de *sald-tos selon § 37, 3°). Mais caldus, soldus, ualdê, de calidus, solidus, ualidê, dont Vi ne s’est amuï qu’après la cessation de la tendance assimilatrice (cf. § 59). collis, de *kolnis (cf. lit. kâlnas « colline ») ; tollô, de *tolnô (cp. v.irl. tknaid « il enlève »). Mais ulna, de *olenâ (cp. grec wXévy), v.h.a. elina), minus, sans doute de *uolenos, alnus, de *alenos (cp. pour le e v.h.a. élira « aune », de *alera) ou de *alksnos (cp. lit. alksnis, même sens). Le groupe In a dû se former dans ces mots postérieurement à la tendanee assimilatrice (cf. § 59). § 23. — 7° La sifflante s est devenue 1 après 1 à date ancienne, uelle, de *uel-se (cp. uel-im et, pour la désinence -se, es-se) en passant par *uelze d’après § 24, 3®; collum, de *kolsom (cp. got. hals « cou »), en passant par *kolzom selon § 24, 3°. Mais fulsi, de * fulg-s- (cp. fulgeo) selon § 43, 2®, et autres formes du même type. Même remarque que pour le gproupe In récent, 6®. § 23. — 8®La sifflante s simple est devenue r après r à date ancienne, lorsqu'elle n'était pas suivie d'une sourde. ferre, de *fer-se (cp. le cas de uelle, 7®) ; sacer, de *sacers, de sakros selon § 60, 2® b. Mais sors, ars et formes du même type, de *sorss, *arss (avec ss simplifié en finale selon § 62, 3®), de sort(i)s, *art(i)s, selon § 60, 2® b. D ’autre part, farsi, de *farc-s-, selon § 43, 2® {cp. farciô). Dans ces mots, r s’est trouvé devant s simple postérieurement à la cessation de la tendance assimilatrice (pour la chute de r dansj&rômy, de *prôrssus, cf. § 43, 3®c). Dans testis, de *terstis, avec chute de r selon § 43, 2®c (voir aussi § 40, 2®), s était suivi d’une sourde (voir Conclusion, § 27, 2® a). § 23. — 9® Pour les assimilations de résonance du type attrahô, de ad-trahô, cf. § 24, i®.
MODIFICATIONS QUALITATIVES
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En sanskrit. § 23a. — I» (La sifflante ƒ n’existait pas en sanskrit). 2° Une occlusive dentale subsiste devant s (W 153). 3° Une occlusive labiale subsiste devant m sauf dans les mots composés; une occlusive dentale devant la nasale n s’y est assimilée totalement, sauf si l’analogie l’en empêchait (W 176). 40 Aucun changement correspondant. 5° d est devenu l devant / dans les rares cas où / n’est pas passé à r selon § 65 (Brugmann 320, 3c). 6°-7° Aucun changement correspondant. 8° (Pour le traitement rs du groupe rs, cf. § 26a, 2®). 90 Cf. § 24a. En ionien-attîque. § 23b. — 1° (La spirante ƒ n’existait pas en ionien-attique ancien). 2° Même changement qu’en latin (L 63). 3° Une occlusive labiale est devenue m devant la nasale m (L 66). Mais une dentale devant n et en principe devant m subsiste phonétiquement (L 66 et 67). 40 Pour le groupe vp, cf. § 37b, 2®. 50 Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue X devant X (L 65). 6° Une occlusive dentale sonore subsiste après X; pour la nasale, cf. § 42b, 70. 7° Le groupe Xtr subsiste, sauf dans les aoristes, et ailleurs sporadi quement, où il est représenté par X avec allongement compensatoire, selon § 42b, 30 (L 119 et 120). 8° La sifflante a après p en position intervocalique est devenue p à date récente en attique (non en ionien), mais l’analogie l’a souvent conservée (L I19). Pour le groupe -pcs- ancien dans les aoristes, cf. § 42b, 3°. 90 C f § 24b. 10° La sifflante a s’est assimilée totalement à X, v, p, et généralement à p, suivants à l’initiale et la géminée résultante s’est simplifiée dans la suite (selon § 64b), sauf pour p en ionien-attique, s’il se trouvait précédé d’une voyelle adventice comme l’augment (L 112 et 113). En position inter vocalique, (Ts’est amuï à date ancienne devant ces sonantes avec allongement compensatoire selon § 44b, 3°) (L 114 et 117). Pour le traitement entre consonnes, c f § 42b, 4°. En osco-ombrien. § 23c. — 1° Pas d’exemples. 2° Mêmes changements qu’en latin, sauf pour le groupe secondaire ts qui subsiste (transcrit z de l’alphabet national, s en alphabet latin) (B 114) (BO 63d). Pour le groupe *tst venant de t t, d t, c f § 50c.
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INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
3° Une occlusive labiale est devenue m devant la nasale m (B 102) (BO 64). 4°-6° Aucun changement correspondant. 7“ Pour le groupe Is ancien, pas d’exemples clairs. Le groupe secondaire subsiste. En finale, le groupe est devenu l (peut-être en passant par II) (B 98) (BO 63b). 8° Le groupe -rs- intervocalique provenant de la syncope est devenu rr en osque; il y subsiste lorsqu’il provient de rss. Pour le traitement ombrien rf, cf. § 36c, 4“ (B 94) (BO 63a). Pour le traitement de -rs- intervocalique ancien, cf. § 42c, fi®, rs en finale est représenté par r, sans doute de rr (B 96) (BO 63a). 9° Cf. § 24c. 10° Le groupe ni est devenu U (B 86, 3) (BO 59). 11° Les groupes mb, nd, sont devenus mm (en ombrien), tm (B 102 et 112) (BO 71). 12° Le groupe -ps- intervocalique ancien est devenu w; secondaire, il subsiste en osque, devient s (s) en ombrien (B 99) (BO 64). En germanique. § 23d. — i°-2° Aucun changement correspondant sauf entre voyelles ou en finale selon § 42d, 6°. Pour le groupe *tst venant de t H- t, d -j- cf- § 5od. 30 lE bm semble être devenu mm. Pour th, cf. 10®. 40 Pas d’exemples à date ancienne. 5° Une dentale orale lE s’est assimilée à im / suivant (S 127). 6° La nasale dentale est devenue l après l (S 127). 7® La spirante interdentale sonore (voir § 28d, 2“) ainsi que la sifflante dentale sonore (voir § 24d, 3“) germaniques sont devenues / devant l (S 127). Le groupe germanique -fe- intervocalique est devenu -li en germanique occidental (Brugmann 293). 8® Le groupe germanique -rz- intervocalique est devenu -rr- en ger manique occidental (Brugmann 293). 9» Cf. § 24d. 10® Il semble que le groupe occlusive indo-européenne n soit devenu en germanique une occlusive sourde géminée. Mais il est difficile de dis cerner les cas où une géminée est d’origine expressive de ceux où eUe proviendrait d’une semblable assimilation. (Voir Martinet, gimmatim.) Il® L a spirante dentale sonore germanique z est devenue m devant m et parfois n devant n (S 127). En vieil irlandais. § 23e. — I®Aucun changement correspondant. 2® Une occlusive dentale est devenue s devant la spirante s (et parfois aussi après elle, après interversion en ts selon § 40e, 3®) (P 25, 5 et 6; 26, 2).
MODIFICATIONS QUALITATIVES
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3° Le groupe -dm- est devenu -mm- dans les composés prépositionnels en ad- où il était précédé immédiatement de l’accent irlandais, mais y a subsisté dans les autres cas et dans les redoublements (il est devenu m ailleurs selon § 42e, 7°) (P 44). Pour les groupes dn, tn, cf. § 42e, 7« et, pour tn, 23e, 10°; pour bm, pas d’exemples. 4“ Aucun changement correspondant (pour le traitement du groupe dr dans les composés, cf. § 42e, 7°). 50 Aucun changement correspondant, du moins, pour l ’orale, à date ancienne (pour le traitement des groupes tl et dl anciens, cf. § 42e, 7“). 6“ Une dentale sonore est devenue l après / à date récente, et de même la nasale à date ancienne (P 45 et 72). 7° La sifflante s est devenue l après l (P 26, 7). 8° L a sifflante s simple est devenue r après r (P 26, 4). 90 C f § 24e. 10“ n, placé immédiatement avant l’accent lE , semble s’être assimilé totalement à une occlusive sourde précédente (P 73). 11 “ La sifflante s devant r, l, m, n, a subsisté à l’initiale, mais s’y est assimilée totalement en position intérieure (P 26, 3, 6, 9, i i ) , sauf si la rencontre provenait de la syncope. 12° Les groupes nd, mb, ont tendu à devenir nn, mm, dès la période récente du v.irl. (P 45 et 49). 13° Une « gutturale » sourde s’est assimilée totalement à un j suivant (P 25, 4). //. Assim ilation partielle A I ASSIMILATION DU MODE d ’a RTICULATION I. AU POINT DE VUE DE LA RÉSONANCE
En latin. § 24. — 1° Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde. scriptus, de *scrib-tos (cp. scribs); rëctus, de *reg-tos (cp. regô; pour ë, c f §44, 4°). 2° Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore, orale ou nasale (devant n, c f § 25, 2°). segmentum, de *sec-mentom (cp. secô) ; *prizmos {devenu primus selon § 42, 4° et 44, 3°), de *prismos (cp. priscus et pélignien prismu « prima »). *izdem (devenu idem selon § 42, 4° et 44, 3°), de *is-dem. 30 s est devenu sonore devant 1 et, à date récente, devant r (pour le traitement à date ancienne c f § 36, 2°) ; il l’est devenu également après ces phonèmes, s’il n’était pas suivi d’une sourde. *prezlom (devenuprëlum selon § 42, 4° et 44, 3®), de *pres-lom (cp. pres-si) ; *dizruô (devenu diruô selon § 42, 40 et 44, 3°), de dis + ruô;
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IN F L U E N C E D ES P H O N È M E S SU R LES P H O N È M E S C O N T IG U S
*uelze (devenu uelle selon § 23, 7“), de *uel-se‘, *ferze (devenu ferre selon § 23, 8°), de *fer-se. Mais *terstis (devenu testis selon § 43, 2° c; pour la filière depuis *tristis, cf. § 40, 2°), où s est resté sourd à cause de la sourde suivante t. Pour le cas de rss, cf. p. 97c. En sanskrit. § 24a. — 1° Même changement qu’en latin (W i io et 116). Mais pour les occlusives sonores aspirées, c f § 40a, 3°. 2O Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore (W iio ). 3“ 5 est resté sourd devant et après l ou r (W 203). 40 s est resté sourd devant m et n. En ionien-attique. § 24b. — 1° Même changement qu’en latin (L 56 à 60). 2° Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore (L 56 à 60), De plus, x est parfois devenu y devant (jl (L 66). 3° (Pour le traitement de g devant X, p, c f § 23b, 10° et 42b, 4“ ; pour celui de a après X et p, c f § 23b, 70 et 8° et 42b, 3®). 4® (Pour le traitement de g devant p. et v, c f § 23b, 10® et 42b, 4®). En osco-ombrien. § 24c. — I® Même changement qu’en latin (B 135) (BO 82b). 2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore. 3® (Pour le traitement du groupe sr, cf. § 36c, 2®). s/ subsiste (B 93) (BO 63). Pour -Is- ancien, pas d’exemples clairs; -Is- récent subsiste (B 98) (BO 63b). Le groupe -rs- intervocalique provenant de la syncope a dû passer par -rz- avant d’aboutir à rr en osque (B 94) (BO 63a). Pour les autres traitements du groupe -rs- intervocalique, c f § 36c, 4® et 42c, 6®. 4® s est resté sourd devant » et m (B 93) (BO 63). En germanique. § 24d. — I® Même changement qu’en latin (Brugmann 261, i®). 2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore (Brugpoiann 261, 2). Pour s, cf. § 42ct, 4®. 3® Non précédés immédiatement de l’accent lE , le groupe ancien -slest devenu -zl- en germanique commun (d’où II selon § 23d, 7®) et les groupes -rs-, -Is-, sont devenus -rz-, Iz- en germanique occidental commun (d’où -rr-, -II- à l’intervocalique, selon § 23d, 7® et 8®) (Brugmann 293). Pour le traitement du groupe sr, cf. § 37d, 4®. 4® Non précédés immédiatement de l’accent lE , les groupes intervocaliques -sn-, -sm-, sont devenus -zn-, -zm-, en germanique commun (d’où respectivement rm, souvent, et mtri) (Brugmann 293).
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En vieil irlandais. § 24e. -— I® Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde (Brugmann 261, i). 2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore (Brugmann 261, 2). 3® s est resté sourd à l ’initiale devant l et r (P 26), mais a dû devenir h en position intérieure (avant de s’assimiler selon § 23e, ii®). 4° Le traitement de s devant m et n est le même que devant l et r. Cf. 30 (P 26). 5® Le groupe secondaire consonne sonore + h s’est fondu en la consonne sourde correspondante (P 202). 6® Le groupe n + occlusive sourde s’est fondu en l’occlusive sonore correspondante (P 50 et 60) (généralement avec allongement compensa toire, selon § 44e, 5®). 2. AU POINT DE VUE DE LA NASALITÉ
En latin. § 25. — I® b est devenu m devant n. scamnum, de *scab-nom (cp. scabellum) ; Samnium, en définitive de *Sabniom (cp. Sabinus). § 25. — 2° c, g, sont devenus n (écrit g à l’époque classique) devant n. signum (prononcé sinnum, comme l’indiquent le i venant de e, selon § 30, I® et des graphies telles que singnifer (CIL, V I, 3637 = signifer), de *sec-nom (cp. sequor ou secô) ; dignus (prononcé dinnus), de *dec-nos (cp. decet), avec i selon § 30, i®. § 25. - 3® d devant m est vraisemblablement devenu n (avant de s’assimiler selon § 23, 3°). En sanskrit. § 25a. - - i® Aucun changement correspondant. 2® Les occlusives « gutturales » sont devenues n devant nasales (sinon toujours dans la graphie) (W 164). 3® Les occlusives dentales sont généralement devenues n devant m en composition (W 176). En ionien-attique. § 25b. — I® P est devenu devant v (L 67). 2® Les occlusives « gutturales » ne se sont pas nasalisées devant nasale, sauf Y devant v dans les présents redoublés Y iy v o tta t et Yiyvcoaxci), devenus finalement Y ïv o ( ia i et Y^t®cnt®> (L 66 et 67). 3° Aucun changement correspondant à date ancienne (L 67 n. 4).
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IN F L tJE N G E D E S P H O N E M E S SU R LE S P H O N E M E S C O N T IG U S
En osco-ombrien. § 25c. — 1° Une occlusive labiale est devenue m devant n (B 102) (BO 71). 2® Pas d’exemples clairs. 3® Aucun changement correspondant. En germanique. § 23d. — 1° Aucun changement correspondant. Cf. § 22d, 5°. 2° (n s’assimile à la spirante et à l’occlusive « gutturales » sonores germaniques précédentes selon § 24d, 4® et § 23d, 10° et le groupe devient respectivement germ, -rm- et -kk-). 3® Aucun changement correspondant. En vieil irlandais. § 25e. — 1° Aucun changement correspondant. Cf. § 45e, 2°. 2" C f § 42e, 60 et 22e, 5°. 3" d est sans doute devenu n devant m avant de passer à mm dans certains composés selon § 23e, 3®. B I ASSIMILATION DU POINT d ’ARTICULATION
En latin. § 26. — Une nasale devant une occlusive ou une constrictive a pris le point d’articulation de cette occlusive ou de cette constrictive (mais pour les groupes -mt-, -ms-, -ml- c f § 37, 2°). impiger, de in-piger; quandô, de *quam-dô-, anceps (prononcé anceps, c f la graphie à la grecque agceps proposée par Accius, c f Varron, ap. Priscien, G R F, p. 185, fr. 3), de *amceps, de *ambhicaps, d’après § 59 pour la syncope de i, § 43, 2® pour l’amuïssement de b et § 61, 2®pour le passage de a à comfluont (CIL, P, 584) avec m devant ƒ ancien, bilabial, en regard de cônfluont, avec n devant ƒ classique, labiodental. En sanskrit, § 26a. — I® Une nasale devant une occlusive « gutturale » est devenue « gutturale » (n ), devant et après une palatale est devenue palatale (n) (W 164), devant une dentale est représentée par une dentale (n) (W 175); n se cérébralise (1},) devant occlusive cérébrale et après les cérébrales s, r, r (W 167a). Pour n devant sifflante ou h, c f § 42a, 3®. 2® J (prononcé en sanskrit plus près du milieu de la voûte palatine qu’une dentale ordinaire) s’est cérébralisé en s après r et A: (W 203). 3® Les dentales sont devenues cérébrales après la cérébrale s/*z (W 145) (sauf, au moins originellement, si elles étaient suivies d’ime cérébrale y compris r, c f § 38a, i®). Pour *z, cf. 42a, 4®.
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4° s s’est palatalisé en ç devant la palatale indienne c (W igg) et la séquence sk’ est devenue cch = éch {ch à l’initiale). En ionien-attiqne. § 26b. — Une nasale devant une occlusive et devant une sifflante a pris le point d’articulation de ces consonnes (L 143). En osco-ombrien. § 26c. — Même phénomène qu’en latin (BO 5g). Pour la chute de n devant occlusive, cf. § 42c, 5“. En germanique. § 26d. - - La nasale labiale m est devenue n devant la dentale d et la labiodentale ƒ (v.h.a. récent); la nasale dentale n est devenue m devant ƒ bilabial (got., v.isl.) (S 127). En vieil irlandais. § 26e. — Une nasale devant une occlusive a pris le point d’articulation de cette occlusive en celtique (P 70). Pour le traitement ultérieur du groupe nasale + consonne, cf. § 24e, 6_y sont devenus tut par insertion et développement, au détriment de_y, d’une occlusive de même point d’articulation que cette semi-voyelle {ify) (L 68). En osco-ombrien. § 37c. ■— i" M ême phénomène qu’en latin et insertion de w entre a et 0, U (B 79 et 80) (BO 33). 2° Pas d’exemples clairs.
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INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
3° Même phénomène qu’en latin (B 115) (BO 66). 4® Le groupe -ns- intérieur ancien est devenu nts transcrit nz de l’al phabet national, ns en alphabet latin (B 89) (BO 63c). En germanique. § 37d. — I® Même phénomène qu’en latin (Brugmann 148). 2® Aucun changement correspondant, mais le groupe -mr- intérieur est devenu -mbr- en germanique commun (S 130 , 1). A l’initiale, les groupes mr-, ml- sont devenus en gotique et en v.h.a. br- et bl-, peut-être en passant par mbr-, mbl- (Brugmann 170, 4). Mais voir § 36d, 3®. 3® Même phénomène qu’en latin (S 120). 4° Le groupe sr est devenu str (S 130, I). En vieil irlandais. § 37^- — Même phénomène qu’en latin, mais *y s’est amuï (P 140). 2® Les groupes initiaux mr-, ml- sont devenus respectivement *mbr-, *mbl- (puis br-, bl- selon § 64e, 1°) vers la fin de la période du vieil irlandais (P 75). Idem en brittonique. 3® Même phénomène qu’en latin (P 63). 4® En brittonique, le groupe initial sr- est parfois devenu str (P 26, 3®). V oir aussi § 36e, 2®.
Chapitre 3.
La différenciation préventive
Cp. G rammont, p. 237-238. DÉFIIMITIOM § 38. - - La différenciation prévient d’ordinaire l’évolution d’un pho nème dans le sens de l’assimilation ou de l’amuïssement par une modifi cation positive dans un autre sens. Mais il est des cas où elle se contente d’empêcher un phonème d ’évoluer normalement en le maintenant autant que possible dans son individualité. C ’est alors qu’on la qualifie proprement de préventive. En latin. O n ne trouve pas en latin d’exemples probants de ce phénomène. C f § 57» I® explication B, le cas de uarietâs. En sanskrit. § 38a. — I® Les dentales, au moins originellement, ne sont pas devenues cérébrales après la cérébrale s selon § 26a, 3® lorsqu’elles étaient suivies des cérébrales r, r (W 145 b).
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2® S ne s’est pas cérébralisé après i, u, selon § 28a, 4", lorsqu’il était suivi immédiatement des cérébrales r, v (W 203). 3° n ne s’est pas cérébralisé selon § 48a, 2° après les cérébrales non contiguës s, r, f, lorsqu’il était suivi de la cérébrale r (W 167b). En ionien-attique. § 38b. — • L a dentale t ne s’est pas assibilée en a devant i selon § 28b, 4® lorsqu’elle était précédée de la sifflante tr (L 5 1 ). En osco-ombrien. § 38c. — Pas d’exemples clairs. En germanique. § 38d. - - Les occlusives sourdes lE ne sont pas devenues spirantes selon la loi de Grimm (§ 65, n. 40) lorsqu’elles se trouvaient après une spirante (ancienne ou germanique) (S 119). En vieil irlandais. § 38e. — i ne s’est pas ouvert en e en hiatus devant e final, a et a (P 6, i).
Chapitre 4.
L'interversion
D É FIN IT IO N § 39. — L ’interversion est le phénomène qui consiste à changer l’ordre de deux phonèmes contigus pour en faciliter la prononciation. Comme le dit Grammont, p. 239, « elle ne joue pas un grand rôle dans les langues, car la plus grosse part de leur vocabulaire est conforme à leur système phonique; (elle) est déterminée par des principes d’ordre, de clarté, d ’esthétique (...) ; elle pourvoit à la bonne police du système et ramène à la norme tout ce qui fait tache dans l’ensemble. » En latin. § 40. — 1° Le groupe intervocalique ancien -ps- a tendu à s’intervertir en -sp-.
Cp. G rammont , p. 240; Pisani, § 1 1 7 ; Bassols, § 283; K en t , § 194; T ag lia vini , § 74. — A ndré , R E L , 1953, p. 190 ss. uespa, de *wopsa... (cp. v.h.a. wafsa, lit. vapsà, etc., en passant par *wospa, avec différenciation de wo- en we- selon § 36, i®) ; crispus, de *kripsos, cp. gaul. crixos, gall, crych, selon § 36e, 3°. Le groupe ps était peu stable en latin, comme dans la plupart des langues indo-européennes, sauf en grec. Entre voyelles, il fut éliminé en partie par interversion, là où il n’était pas protégé par l’analogie, comme
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INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
dans les formes verbales du type lapsus, scrlpsi, obsecrô ( = opsecrô) , slips et dans les emprunts grecs. R E M A R Q U E . — Le gjroupe -ps- tendit aussi à s’éUminer par assimi lation (comme dans ipse devenu isse (C IL , IV , 148, etc.)) ou par différen ciation (comme dans ce même ipse devenu ixe (Suétone, Aug. 88; cf. André, l.c.)). Mais ces cas semblent postérieurs, l’élément reconnu -pse ayant résisté plus longtemps. Après consonne, il s’agit la plupart du temps du groupe taps, provenant de -ms- par développement et conservation d’un élément servant à protéger Vm de la racine de toute assimilation (cf. § 37, 2®). Mais là même, la prononciation populaire, peu conservatrice, éli minait P (comme d’ailleurs dans le groupe -mpt- issu de -mu') d’où peissage m k n devant s, sinon toujours dans la graphie : cp. p. ex., le nom de la même ville du Samnium éerit Co(n)sa par César (B.C. III, 22, 2) et Compsa par Tite-Live (X X IV , 20). — Väänänen, § 122. § 40. — 2° Le groupe -ri- en syllabe initiale, précédé d’une consonne et suivi d’une dentale, s’est interverti en -er-. Cp. G rammont, p. 247; JuRET, p. i2o; I d ., Dominance, p. 157 s.; L eumann , § 102, 2; L indsay, III, § 16 et V I, 61; M eillet -V endryes , § 167; P isani, § 18; S ommer, § 49; Bassols, § 164; K en t , § 95; T agliavini , p. 77. — M er lo , ASN P, 1936, p. 83. ter, de *tris (en passant par *ters, terr, cf. § 23, 8° et 62,4°; cp. grec T p tç ) ; tertius, de *trityos-, certus, de *kriios (cp. grec xptToç); testis, testâmentum, de *tri-stis, *tristâmentom (cp. osque trstus « testés », tristaamentud « testâmentô ») en passant par *terstis, *terstâmentom, avec chute de r selon § 43, 2° c; cernô, de '^krinô, cp. grec xptvw de *krinyô. L ’ordre des groupes tri-, cri- n’a été modifié que lorsqu’il était suivi d’une dentale, c’est-à-dire de l’espèce de consonnes dont le point d’arti culation était le plus rapproché de celui de r alvéolaire. Devant toute autre consonne, la position des organes requise pour la production de r aurait dû brusquement se modifier en vertu du phénomène d ’anticipation. D ’où tribus, triquetrum, *cripsus (puis crispus selon § 40, 1°), etc. i s’est transformé en e devant r à la faveur du changement (cf. § 57, 1° explication A in fine). Ces faits admettent cependant une autre explication, assez proche, soutenue par osque trstus « testés », en face de osque tristaamentud, si la graphie en est correcte. Dans les mêmes conditions que celles énoncées ci-dessus, la sonante r aurait absorbé la voyelle i, la plus faible en raison de sa minime aperture, et une voyelle de timbre e se serait développée pour former une syllabe latine régulière selon § 45, 2°. Parallèlement, l aurait absorbé un u, voyelle également fermée, dans *plumôn (cp. grec TtXsûixtùv) et dans *dlukwis (cp. grec mycénien duruku, classique yXuxôç avec une différenciation de dl en yX analogue à celle du latin tl en cl, § 36, 2® b), à’oixpulmô, dulcis, après insertion d’un u devant l vélaire suivi d’une consonne, selon § 45, 2° b. (Voir aussi Merlo, Le., qui suppose l’insertion, suivie de la syncope de i, d’un e entre la consonne et r.)
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De toute façon, ces changements proviennent du caractère spécial des sonantes, dont l’aperture, presque équivalente à celle des voyelles, tend à rendre peu stable le centre de la syllabe. R E M A R Q U E S . -— i. Les mots du type tridëns, trinoctium, sont des composés récents, influencés par les mots où tri- ne devait pas se transformer. L ’analogie de ter a, d’autre part, créé des doublets tels que tergeminus à côté de trigeminus, teruenëficus à côté de triuenëficus, qui paraissent récents. Les mots frit, fritinniô,fritillus et d’autres du même genre ont été protégés par leur caractère expressif ou technique. 2. tristis « triste » avait un i, au rebours de *tristis « témoin », comme l’attestent l’apex dans les inscriptions et le traitement i de l’italien (Bourciez, Eléments, § 50 et 157). En sanskrit. § 40a. — i°-2° Aucun changement correspondant. 3O Le groupe occlusive aspirée + occlusive est devenu occlusive + occlu sive aspirée (sonore, si l’aspirée ancienne était sonore) (Brugmann 261, 4). L ’analogie a souvent contrecarré ce processus. Il est antérieur au passage de g'h à h. En ionien-attique. § 40b. — i°-2° Aucun changement correspondant. 3° La mi-occlusive dg (venant de yjf, y initial) s’est intervertie en gd (écrit 1^) (L 104). 4° Les groupes -py-, -uy-, précédés de a, o, se sont intervertis, provoquant la formation de diphtongues ai, 01 (L 155). 50 Le groupe -tx - s’est interverti en -xr-, et sans doute le groupe - ttcen -TCT- (L 57) ; de même, le groupe vjji en [i,v phonétiquement (L 153), mais voir § 22 b, 2°. 00 Les groupes rjx, 40 sont devenus en attique sâ, sco, par interversion de quantité (L 283). 70 Le groupe *wy s’est interverti en *yw (L 177). En osco-ombrien. § 40c. - - i; w entre consonne et y (S 129). Les géminées se sont sim plifiées devant et après consonne. En vieil irlandais. § 43e. — I® Tendance au même phénomène qu’en latin (P 26, 3 et 6). 2® Une occlusive sourde a disparu entre liquide ou nasale et s, devant s + consonne et souvent entre s et liquide ou nasale, s s’est amuï entre liquide ou nasale et occlusive sourde, sauf dans les groupes nsk, nst, où n s’est amuï (P 26). Parfois s s’est amuï dans le groupe str-; g" lE s’est amuï entre consonnes (P 40, 2).
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INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS
Chapitre 2. Abrègement et allongement de voyelles En latin. § 44. — i" Devant une sonante suivie d’une consonne, une voyelle longue a tendu à s’abréger à date ancienne et, à plus d’une reprise, au cours de l’histoire du latin. Dès VIE, devant y et w, la voyelle s’est abrégée ou y et w ont disparu (Loi d’Osthoff). Cp. JuRET, p. 253 et 336; L indsay , II, § 147; M e il l e t -V en d ryes , § 163, Rem. 2; PiSANi, § 27; B assols, § 151; K e n t , § 182; L eumann , § 43, 85 et 90; T a g l ia v in i , § 32 et 41, 7° s. — L o icq , iMtovms, X X I , 1962, p. 257-278. amantis, flentis, thèmes en ä et en ë, dont la voyelle radicale n’est jamais notée longue dans les inscriptions; claudô avec a bref supposé par -clüdô selon § 57, 30) de *klâwdô (cp. clâuis, ion. xXïjtç). *senciput (puis sinciput selon § 30, 1°), de *sëm(i)caput (pour n, cf.§ 26; pour la chute de i, cf. § 59; pour i de a, cf. § 57, i®); princeps (cf. Serv. in Donat., IV , 426, 34 K ), de *prim(o)caps (pour«, cf. § 26; pour e, § 61, 2®); *sembella (puis simbella selon § 30, 1° Rem. 2), de *sëm(i)libella (avec haplologie de H selon § 54); *noncupô (puis nuncupô selon § 30, i°), dérivé de *nômi-cap-s (pour la chute de i, c f § 59, pour u de a, c f § 57= 1°)ditts, dans nüdiustertius, de *di(y)ëws (cp. skr. dyaûs), en passant par *di(y)ews {diës semble analogique de *diëm)-, diem, de *di(y)ëwm, en passant par *di(y)ëm (cp. skr. dyâm, grec homér. Z^v(a)). Les sonantes sont caractérisées par un degré d’aperture presque aussi grand que celui d’une voyelle. Lorsque la sonante commençait une syllabe intérieure, la différence d’aperture, si minime fût-elle, créait entre elle et la voyelle précédente une frontière syllabique normale et empêchait tout empiétement. Mais, à l’intérieur de la même syllabe, cette différence était en quelque sorte atténuée par la succession plus rapprochée des deux séries de mouvements articulatoires. Si bien que la sonante a fini par empiéter sur le temps de tenue de la voyelle précédente (cp. § 44, 2°). Ce phénomène est, dans bien des cas, postérieur à la syncope. L ’analogie a pu contrarier la tendance, d’où certains flottements. C f p. ex.,fôntem (Probus, 6, 12 K et ital. fonte) sans doute d’après fôns, en face defontem supposé par esp.fuente. Les voyelles allongées devant net, nx (§ 44, 5°) tendaient à rester longues : quîn(c)tus, sânetus, etc. (Aulu-Gelle, 9, 6 et inscriptions). Les langues romanes font également supposer un î dans qulntus, mais le plus souvent une brève dans les autres mots en -net-. Pour un fait analogue, voir Loicq, Le.
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§ 44. — 2° Une voyelle longue s'est abrégée devant une autre voyelle. Cp. JURET, p. 347; L eumann , § 84; L indsay , II, § 143; M eillet -V endryes , § 185; N iedermann, § 38; Pisani, § 26; S ommer, § 83; Bassols, § 150; F a r ia , p. 204; K en t , § 183; T agliavini , p. 63 s. — L oefstedt , Eranos, L X , 1962, p. 80-92; S onnenschein , GPh, 1911, p. i - i i . fu i (Plaute, Rud., 901), def ü l (Plaute, Capt., 555) ; rei (Plaute, Men., 494), de rêî (Plaute, Asin., 855). L a phase initiale de la seconde voyelle a empiété sur la tenue de la première et finalement cette première voyelle a été perçue comme une brève. L ’abrègement s’est généralisé un peu après la mort de Plaute (184 avant J.C .). Dans ses pièces, on trouve encore une alternance de longues et de brèves dans ces conditions. R E M A R Q IJE . — i dans les formes sans r de fiô (sauffit) a toujours gardé sa quantité. L ’i des génitifs istîus, illius, sôlîus, tôtius, ûnîus, s’est géné ralement maintenu, mais dès Térence, on trouve parfois ces formes avec un i bref, même en prose (cf. Cicéron, De orat., 3, 183). A côté de cette évolution normale, la conservation, plus fréquente (cf. Quintilien, I, 5, 18), de i peut s’expliquer par un effort de l’attention intellectuelle pour cette série spéciale de génitifs. Les mots savants empruntés au grec, comme âër, Trôius, ont conservé la quantité de la voyelle en hiatus, sauf en poésie si le mètre exigeait une brève. Les formes du type diêî, concurrencées à l’époijue républicaine par celles du type dit ou dië, redeviennent classiques à l’epoque d’Aulu-Gelle (9, 4). Le 5 y est très probablement dû à l’influence du nominatif. § 44. — 3° Une voyelle brève s'est allongée par suite de l'amuïssement d'un s sonorisé suivant ou de n devant s et f Cp. J uret, p. 334 s.; L eumann, § 88; L indsay, II, § 144; M eilletV endryes, § 1 19; N iedermann, § 36; Pisani, § 24; Sommer, § 8 4 ,2 ; Bassols, § 145 s.; F aria , p. 207 s.; K ent, § 184; T agliavini, § 41. — Bolelu , ASNP, 1941, p. 802 s.; H ermann, Silbenbildung, p. 204-209; K ent, Language, 1928, p. 182. N.B. — Pour la sonorisation de j devant consonne sonore, cf. § 24, 2° et 3°. sidô, de *si-zd-ô (de *si-sd-5 , cp. sed-eô) ; pönö, de *poznô (de *posnô, *po-sinô, cp. sinô, d’après § 59). cô(n)sul; i(n)fâ(n)s. L a voyelle a recueilli les vibrations glottales préparées pour la sonore suivante et sa tenue s’en est trouvée allongée. Dans le cas de n devant s et ƒ, la voyelle est restée longue après le rétablissement analogique de la consonne (§ 42, 3°). Dans pônô, le phénomène est postérieur à la syncope. § 44. — 40 Une voyelle, sauf i, s'est allongée par suite de l'assourdissement d'un g suivant dans les mots offrant un rapport clair avec lesformes connexes en g. Cp. J u ret , p. 334 s.; L eumann , § 89 et 93; L indsay , II, § 144; M e il l e t V en d ryes , § 119; N iederm ann , § 36; PIsani, § 25; S ommer , § 84, 2. — P edersen , N T F , Sér. III, V , 32-38; D u r a n d , Voyelles longues et voyelles brèves, Paris, 1946, p. 173; K e n t , Language, 1928, p. 181-190; M e il l e t ,
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INFLXJENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
M S L (fissus, strictus, etc.), 1908-1909, p. 265-268; Ba r t o u , SIFG, X X , *943; P- 59"77 (adâctus); D evo to , R IG I, 1924, 1-2, p. 101-104; F ouch é , Mél. Dauzat, 1951, p. 81-98; M aniet , Horn. Niedermann, 1956, p. 230-237; O e r t e l , AJPh, X X V I , p. 91 SS.; Sommer, Kritische..., p. 173; Bassols, § 148; F a r i a , p. 205 s.; K ent , § 184, I II; T agliavini , p. 279. âctus, pàctus, lëctus, rêctus, participes de ago, pangö, lego, regö; mäximus (cp. C IL , V I, 2080), de *mag-somos (cp. magnus); adäxim, de *adag-s(cf. explication e). V oir 1’explication du paragraphe précédent. a) La voyelle i, la plus brève de toutes, a sans doute été allongée quelque peu par compensation, mais pas suffisamment pour égaler une longue normale : d’où strictus, de stringô (cf. franç. « étroit », avec oi venant de ï ) . uisus, en principe de *widtos, uîssus (d’après § 37, 3°), a sans doute un i d’après le supin uisum, sinon d’après le parfait uidi (voir c, le cas de êsus, cäsus). Le contraste entre le maintien de i après l’assourdissement d’une occlusive sonore et son allongement après la chute de s sonore et de n (§ 44j 3°) s’explique par le fait que la tenue d’une spirante ou d’une nasale est plus longue que celle d’une occlusive. L ’allongement compensatoire a donc été plus marqué. Pisani (l.c.) croit que l’i de strictus est analogique. L ’hypothèse est plausible, mais ne s’impose pas. b) L ’assourdissement de la seule « gutturale » g, semble-t-il, a pu allonger la voyelle précédente : on a en effet passus, de *pad-tos (cp. pandô) ; -sessus, de *-sed-tos (cp. sedeô) ; nuptus, en face de nübô (avec ü de *eu, degré plein) ; uectus, de *wegh-tos (cp. uehô, pamphylien F s^^stco « qu’il transporte »)... en face de âctus, etc. L ’explication réside sans doute dans le caractère des « gutturales », plus ferme que celui des dentales et des labiales (cf. § 27, i®). Pour uectus, de *wegh-tos, voir d) in fine. c) L ’ë de ës(s)sus, en principe de *ed-tos (cp. edô), semble être dû à l’influence du supin ës(s)um-, de *ëd-ium (de la racine *ed allongée; cp., en dehors du latin, lit. e(d)mi « je mange » avec ë, v.si. jastü « il mange », avec a de *ô) et l’â de càs(s)us, en principe de *kad-tos (cp. cadô) à l’analogie du supin câs(s)um, de *kâd-tum (d’une racine *kad allongée; cf. sans allongement skr. çad- « tomber», Pokorny, p. 516). Voir Maniet, Le.; Fouché, l.c. d) Le phénomène de l’allongement compensatoire dû à l’assourdissement de g est propre au latin. Il est donc fort probable qu’un mot du type *leg-tos ait commencé par devenir *lektos (cp. grec Xsxtôç, skr. yuktàh, de *yug-tôs, yunàkta, de *yu-n-ég-te, de la racine *yeugjyug « joindre »). Par la suite, les usagers du latin tentèrent une restitution de la sonore, par analogie avec les formes où elle était restée, comme lego : d’où *leg-tos. Cette sonore, n’étant pas viable devant une occlusive sourde, s’assourdit de nouveau, cette fois avec allongement compensatoire. Par contraste avec le premier assourdissement, cet allongement semble dû au soin apporté à émettre autant que possible les vibrations glottales devant la sourde (cf. Maniet, Le.), axis (avec a, cf. Gharisius, I, i i , 22 K ), de *ag-sis, n’offrait
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plus de rapport clair avec *ag. Le g n ’y a donc pas été rétabli et a est resté bref. Dans un mot comme uectus, de *wegh-tos, la restitution analogique de la « gutturale » n’avait pas de raison d’être, puisque le phonème *gh était devenu h entre voyelles : uehô (cf. § 65). e) Le phénomène de l’allongement, phonétique et analogique, est antérieur à l’apophonie. Sinon, au lieu de p. ex. adäctus, adâxim, eßiräctus, compäctus, de *adagtos, *adagsim, *exfragtos, *compagtos, on aurait *adëctus, *adêxim, *effrêctus, *compëctus, de *adegtos, *adegsim, *ejcfregtos, *compegtos, avec e selon § 5?5 2° (cp. ejfectus, effexim, de *effiactos, *effaxim). Les présents adigô, effringô, compingô, montrent que les composés de ces verbes ont subi l’apophonie là où la voyelle était brève. § 44. — 5° Une voyelle brève s’est allongée devant les groupes -net, -nx-. Cp. JuRET, p. 333 SS.; K ent , § 184, I l b; Bassols, § 47; L e Umann, § 90; I jndsay, p. 140; N iedermann, p. 73; Pisani, § 24; S omsœr, § 83.
sänctus, iünctus, functus, coniünx, etc. (cf. Aulu-CîeUe, g, 6 et nombreuses inscriptions). Cf. § 44, 1° explication in fine. L ’i de quîntus (de quinctus, conservé dans les graphies Quinctius, Qiùnctüis) a probablement influencé celui de quînque. E h sanskrit.
§ 44a. — I ° Les diphtongues à premier élément long ont eu cet élément abrégé devant consonne (mais parfois âi, âu sont devenus â) (W 91 et 92). 2° En védique, tendance au même phénomène en sandhi externe (Brugmann 354, II i). 3° i et U se sont allongés par suite de l’amuïssement d’une spirante devant consonne sonore (W 40). 4° Aucun changement correspondant. En ionien-attique. § 44b. — 1° Même tendance qu’en latin (L 224). 2° Tendance analogue à celle du latin, mais récente et réalisée surtout pour 7] (L 279 à 282). 3° Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement de rs devant ou après liquide ou nasale et de -sw- ancien (L 228 et 229). 40 Aucun changement correspondant. 5° Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement de nasale après liquide; et, en ionien, de w après liquide ou nasale; les voyelles i, E, U, par suite de l’amuïssement d e y après liquide ou nasale (L 228 et 229). En osco-ombrien.
§ 44c. — i'>-2‘^ Pas d’exemples clairs. 30 En osque, une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement de s dans le groupe -rs- intervocalique ancien; en ombrien, probablement
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INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS
par suite de l’amuïssement de h provenant de ƒ ou de A: devant t (B 59) (BO 34). En osco-ombrien, les voyelles ont tendu à s’allonger devant *ns, nf{?), *nkt (B 58) (BO 34). 4° Aucun changement correspondant. En germanique. § 44d. — 1° Même changement qu’en latin (Brugmann 310). 2'^ Aucun phénomène correspondant. 3° Aucun changement correspondant {s ne s’étant pas amuï au contact d ’une sonore). 4° Aucim changement correspondant. 5“ Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une nasale devant h (S 93) et, en v. anglais, devant s, f , p. En vieil irlandais. § 44e. — 1° Même phénomène qu’en latin (P 130). 2” et 4® Aucun changement correspondant. 3®e tonique s’est allongé par suite de l’amuïssement de n devant occlusive sourde ou s, sauf si ces derniers faisaient partie de certains groupes consonantiques (P 70, 3). 6® Une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une « gut turale » ou d’une dentale devant sonante selon § 42e, 6® et 7® (P 36 ; 44 ; 53; 58; 62).
Chapitre 3. Développement de voyelles ou de semi-voyelles (IN D ÉPEN D A M M EN T DE LA D IF FÉ R E N C IA T IO N ) § 45. — I® Une voyelle a eu tendance à s’insérer notamment entre occlusive et 1, entre consonne et semi-voyelle, lorsque ces groupes étaient suivis d'une voyelle (anaptyxe).
Cp. JURET, p. 146; M e il l e t -V en d ryes , § 204; PiSANi, § 41 ; B assols, § 194; F a r ia , § 46 R .; K en t , § 124; S ommer , § 87; T a g lia v in i , § 44. — D e G root (anaptyxe)', H ermann , Silbenbildung, p. 226-228; M e r l o , ASNP, 1936, p. 83; L enchantin , R F C , X L V I II, 1920, p. 40 ss. Hercules en face de hercle, pôculum en face de pôclum', stabulum, stabilis, de *stadhlom, *stadhlis', facilis, de *faclis', adagium ( = adagiyum) en face de aiô, de *agvô (cf. § 29, 2®). L ’attaque d’une sonante a tendance à faire naître une voyelle embryon naire. Cette voyelle s’est très souvent développée en position finale entre
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occlusive et l, sauf dans le groupe mpl, oùp servait déjà de son de transition (on peut cependant citer extempulô, Plaute, AuL, 93, etc., à côté de extemplo). Se trouvant ainsi en syllabe intérieure ouverte, la voyelle a pris le timbre u devant l vélaire et i devant l suivi de i, selon § 57, 1°. Pour le groupe consonne + ri ou lu, cf. § 40, 2°. En syllabe intérieure ancienne, le phénomène est exceptionnel. Il aurait produit des mots d’au moins quatre syllabes, que la syncope tendait à éliminer^^. Même dans les mots de trois syllabes, le groupe -cio- était loin d’être toujours remplacé par -culo-. En latin vulgaire, cf. Väänänen, § 67. Parallèlement à ce qui s’est passé dans le groupe occlusive + l, un élément vocalique s’est très généralement développé entre une consonne quelconque et j ou w. Son point d’articulation était naturellement i devant le premier, u devant le second. C ’est une des différences les plus marquantes entre le latin ancien et le grec, où p. ex., ôlXXoç ionien-attique, de *alyos, répond à latin alius ( = aliyus). Il n’est pas toujours aisé de distinguer l’insertion d’une voyelle entre consonne et semi-voyelle de celle d’une semivoyelle entre i, u, et voyelle de timbre différent (§ 37, 1°). § 45. — 2° Une voyelle s'est développée entre occlusive et liquide ou nasale devant consonne (samprasârana « dissociation »). Il ne s’agit pas des liquides ou nasales voyelles, qui sont de date indo-européenne. Gp. JURET, p. 147 s.; L in d sa y , V , § 24; M e il l e t -V en d ryes , § 175; N ied er § 20, 2°; B assols , § 164; F a r i a , p. 190; K e n t , § 124; T a g l ia v in i , § 43 R . — M e r l o , ASN P, 1936, p. 83; S tr o d a c h (elhlillo); W o elfflin (ello- analogique), A L L , 1902, p. 301-308.
m ann,
*agerlos (d’où agellus selon § 22, 3°), de *agrlos, issu de *agrolos selon § 59; pôcillum, de *pôcllom, de ^pôclolom selon § 59; *sigifdom (d’où sigillum selon § 23, 5“), de *signlom, issu de *signolom selon § ^gifacultâs, de *facltâs, issu de *faclitàs selon § 59 [cp. facilis, de *faclis selon § 45, facilitas est un doublet non phonétique construit surfacilis) ; sacer, de * seders (avec r de rs, rr, selon § 23, 8° et 62, 4°), issu de sakros (C IL , I*, i) ; âcer, de *âkrs (avec r de rs, rr, selon § 23, 8° et 62, 4®), issu de *âkris. L a syncope en syllabe intérieure et finale faisait de la sonante dans les cas cités le centre de la syllabe. Mais le latin n’admettait pour cette fonction que des voyelles. Entre l’occlusive et la liquide ou la nasale, il s’est donc développé une voyelle qui est devenue elle-même centre de syllabe. Cette voyelle devant r est naturellement e (cp. § 57, 1“ A explic. in fine), qui ;aibsista même après passage de rl à II-, devant l vélaire on a m selon § 57, i® En dehors du groupe occlusive -f- l, on peut citer le nom propre Cliteminestra, de l\ÀuTaip.v^oTpa, d ’autre part, mina, de pvä, tecina, de Tsyvä, drachuma, de Spœxirâ. Il s’agit lans tous ces cas de mots étrangers, où le latin a dissocié les groupes mn, en, cm, qui ne ;.lisaient plus partie de son système, sinon, pour mn, dans l’un ou l’autre cas isolé, comme ■ ihonnus. Pour damnum, cf. § 37, 2° N.B.
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et 30, 40 et devant n et II on a i (on trouve des formes en -ello- : scabellum, à côté de scabillum, de *scabnolom; ocellus, de *oclolos, qui sont peut-être dues à l’analogie des formes du type agellus). R E M A R Q U E S . •— i. Entre liquide et consonne, une nasale s’amuit ;
forceps, de *form(o)caps. 2. Certains auteurs (Juret, op. cit.) voient dans le passage du type *agrolos à *agerlos, agellus, un phénomène d’interversion. Mais il est difficile d ’admettre que le groupe ro interverti en or ait pu passer à er devant consonne (cp. par ex., extorris, etc., § 57, 2°). 3. Lorsqu’une voyelle s’amuïssait aprèsjv ou w précédé d’une consonne, ces semi-voyelles se vocalisaient respectivement en i, u : abiciô, de *abyciô, issu selon § 59 de abyiciô, état apophonique de *abyaciô (cf. Birt, RhM, i8g6, p. 70-108,• la scansion âbiciô représente une prononciation abyiciô qui est une recomposition d’après iaciô, abiëcl etc.; cp. Exon, Ha, 1905, p. 129-163); percutiô, de *perqwtiô, issu selon § 59 de *perqwatiô. § 45. — 3° Signalons aussi le développement d’une voyelle qui semble provenir de la réduction d’une brève lE non totalement amuïe et notée généralement Cette voyelle a le timbre a en dehors de l’analogie et sauf devant semi-voyelle, où elle est devenue i devant y et \x devant w. carô, de *kPr0n, cp,, au degré plein, grec xsipco « couper », de *keryô; calâtor, de *k°l, cp., au degré plein, grec xéXaSoç « bruit »; maneô, de *m°n, cp., au degré plein, grec [i.£vü) « rester »; quattuor, de *k"‘°t-, cp., au degré plein, got. fidur, avec i de lE e selon § 65.
En sanskrit. § 45a. — I®Même tendance qu’en latin, mais qui est loin d’être toujours attestée par la graphie (W 49 ss.). 2® Aucun phénomène correspondant, faute de syncope. 3° M ême phénomène qu’en latin; la voyelle développée est i, u, devant liquides, et, respectivement, devantj» et w, a ailleurs (Brugmann 188 et 200). En ionien-attique. § 45b. — I® Aucun changement régulier correspondant. 2® Aucun phénomène correspondant, faute de syncope. 3® Même phénomène qu’en latin; la voyelle développée est i et u respæctivement devant et w, sinon a, parfois i devant dentale (L 209 ss.). 4® Un_y s’est inséré très sporadiquement entre t et u, d’où passage de ry à G selon § 29b, 3® (L 52). En osco-ombrien. § 45c. — I® En osque, une voyelle s’est très souvent insérée entre une liquide ou ime nasale et une consonne suivante ou précédente (B 62) (BO 38). Pour le timbre de cette voyelle, cf. § 47c. 2® Même changement qu’en latin (B 71) (BO 38). 3® Même phénomène qu’en latin ; la voyelle développée est a (B 76 et 77).
MODIFICATIONS QUANTITATIVES
10 7
4° Un j; a eu tendance à s’insérer entre les dentales et u : semble alors représenter ü (B 47, BO 23 et Bolelli, R A I, sér. V II, vol. IV , 1943, p .
19 8
S S .) .
En germanique. § 45d. — 1° Cas sporadiques analogues. 2® En v.h.a., développement par samprasâraria de a devant Z, r, n, de U devant m (Brugmann 350). 3° M ême phénomène qu’en latin ; la voyelle développée est «, rarement a et, devant j;, toujours i (Brugmann 194). En vieil irlandais. § 45e. — I® U n i a tendu à s’insérer entre consonne e ty (P 22). 2® M ême tendance qu’en latin et, en outre, dans le cas d’une liquide ou d’une nasale précédées d’une occlusive ou de m en finale après dispa rition de la voyelle lE finale (P 158). Le timbre de la nouvelle voyelle est a, saufen certains cas de dilation et d’assimilation (P 106, 2). 3® Même phénomène qu’en latin; la voyelle développée est a, mais, devant^ et w, i et u respectivement (P 7, 2; 8, 2).
T Livre Deuxième Influence des phonèmes sur les phonèmes non contigus
Chapitre 1.
La dilation
Cp. R ousselot , p. 982 SS.; G rammont , p. 251 ss.; D ie t h , p. 264 ss. et 317 ss. D É FIN IT IO N ET M ÉCANISIVIE § 46. — L a dilation est l’action par laquelle un phonème étend en tout ou en partie ses mouvements articulatoires à un phonème non contigu. C ’est donc une assimilation à distance. Comme l’assimilation, elle suit la loi du plus fort et elle peut être progressive (en vertu d’un phénomène d’inertie) ou régressive (en vertu d’un phénomène d’anticipation). Son mécanisme diffère cependant en plus d’vm point de celui de l’assimilation, ce qui justifie son appellation spéciale. Du fait que les deux phonèmes en cause ne sont pas en contaet, il ne peut y avoir, dans l’exécution organique, de fusion entre la phase terminale de l’un et la phase initiale de l’autre. L ’influence du pho nème assimilant doit s’exercer au-delà du phonème ou des phonèmes intermédiaires (d’où le terme « dilation », transport à distance); ceux-ci gardent naturellement leur incidence sur le phonème assimilé. O n comprend dès lors que la dilation n’ait lieu que si son résultat est un phonème en harmonie avec les phonèmes contigus. D ’autre part, il faut que les deux phonèmes, l’assimilant et l’assimilé, aient entre eux une certaine affinité articulatoire (voyelle et voyelle, consonnes de même espèce) : c’est l’inter férence partielle des deux images qui, moyennant des circonstances favo rables, permet à l’une d’entre elles de se substituer à l’autre, en tout ou en partie.
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INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS
SECTIO N 1. D ILATIO N VO CA LIQ U E N.B. — La dilation vocalique est également appelée métaphonie, inflexion, Umlaut. Cp. JuR E T , p. 356 s.; L eumann, § 79 s.; M eillet -V endryes , § 187; Pisani, § 13 et 14 ; S ommer, § 79; Bassols, § 199; K ent , § 88, I I I d. — S ommer, IF, 1900, p. 325 SS.; Basset ; S chopf .
/. Dilation régressive § 47. — 1° Les voyelles o, i, ont parfois transformé respectivement en o, i, un e de la syllabe précédente. homô, s’il vient d’un plus ancien hemô (P. Festus, 89, 8 : hemonem hominem dicebant-, cp. nëmô, de *ne-hemô, mais voir § 30, 5“, R E M . i) ; glomus, de *glemos (forme conservée dans giemo, ital. septentr.); socors, de secors (G.L., IV , 282, 52 K ); uigil, de *uegil (cp. ueg-etus)-, nihil, de ne-hilum; nisi, de nesei (CIL, I^, 366) ; nimis, de *nemis. Les voyelles 0, i, possèdent un caractère spécifique bien accusé : 0 est caractérisé par la projection des lèvres et par une grande résonance, i est la voyelle extrême et la plus aiguë de toutes, e, par contre, est une voyelle effacée : son aperture est moyenne, sa sonorité est moyenne, l’étirement des lèvres qu’elle requiert est moyen (cp. § 30, 2®et 3®; 32, 4®). Les timbres 0 et i ont donc pu aisément s’imposer à l’attention, bien qu’ils se soient trouvés, dans la plupart des exemples cités, dans une syllabe atone et e dans la syllabe tonique. Cette position défavorisée était d’ailleurs compensée par le fait que ces voyelles se trouvaient plus avant dans le mot (cf. § 48 explication). R E M A R Q U E . — Dans rutundus, doublet de rotundus, la voyelle a s’est assimilé un 0 précédent; il n’y a là rien d’extraordinaire, puisque son caractère spécifique est encore plus marqué que celui de 0 et qu’en outre elle se trouvait dans la syllabe tonique. En latin populaire, il semble que a ait pu aussi imposer son timbre à un c de la syllabe précédente : Sabastianus (C IL , X I, 3238), pour Sebastiânus. L ’action du premier a était renforcée dans ce cas pcir celle du second. Mais il s’agit peut-être d’une erreur du lapicide. Notons aussi sine de *s“ni, cp. v.irl. sain, mégar. aviç, etc., dont le a provient d’une voyelle réduite (§ 45b et e, 3"); cette voyelle, avant de passer à a selon § 45, 3°, a subi l’influence de i, avant la transformation de celui-ci en e selon § 61, 1°. Dans des mots tels que leuis, breuis, seuênts, le p a ss é e de e à 0 selon § 30, 2® a dû être contrecarré au moins en partie par la présence des voyelles prépalatales i et ê (très fermé en latin). Ce phénomène est patent dans le cas de bene, issu de *dwenëd, en regard de duonos, issu de dwenos (cf. § 30, 30).
LA DILATION
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//. Dilation progressive § 47. — 2° Une voyelle de la première syllabe a parfois maintenu inchangée une voyelle de même timbre de la syllabe intérieure qui, normalement, devait prendre un timbre différent. Cp. Bassols, § 127; K en t , § 200, V I I a; L eumann , § 80; M e il l e t V en d ryes , § 187; N iederm ann , p. 30; P isani, § 46; S ommer , § 76 A ; T a g l ia v in i , § 38. elementum; sepelire ; uegetus ; hebetis (génitif de hebes); segetis (génitif de seges) ; calamitâs; alacer; anatës (nom. pluriel de anas, Varron, R.R., III, 3, 3) et anatium (génitif plur., ibid., I l l , 5, 14; III, i i , i), en regard de anites (Plaute, Capt., 1003) et de anitum {Cicéron, De nat. deorum, 2, i2 f) \farfarus en face de farferus; barbarus; cônsobrinus en face de cônsubrinus (CIL, III, 1931)En vertu du phénomène de l’apophonie (cf. § 57, 1° et 2°), les voyelles intérieures, dans les exemples cités, devaient passer à i ou, devant r, à «; le second 0 de cônsobrinus devait se transformer en u. La voyelle de la syllabe initiale semble donc avoir exercé sur la voyelle intérieure une action conservatrice. Les conditions de ce phénomène ne sont pas claires; en plus d’un cas, on peut l’attribuer à une influence dialectale (cf. Ernout, Eléments, p. 38-45; Devoto (alacer), R F C , 4, p. 518-522) ou à l’analogie. N.B. — camera et camara représentent grec Ra[xdcpa, probablement l’un par voie populaire, l’autre par voie savante. § 47. — 30 Les voyelles ï et o de la première syllabe ont parfois imposé leur timbre à une voyelle intérieure qui, normalement, devait avoir un timbre différent. uiginti, au lieu de *u\gentv, uicissim, au lieu de *uicessim ou de *uice-cessim selon § 54; praefiscini, de *prai-fescini, de prai et fascinum; cicindëla, à côté de cicendula, de candeô-, Modoratus (CIL, V III, 10798 et 10830) pour Moderàtus-, oppodum {Lex. agr., 81), pour oppidum-, tonotru (App. Probi), pour tonitru. Pour la dilation progressive positive de i, une condition spéciale semble requise : la présence d’un second i ou d’un ê (très fermé en latin) dans la syllabe suivant la voyelle assimilée. C ’est l’action combinée de ces voyelles fermées qui a pu fermer complètement la voyelle intérieure en position entravée, contrairement aux lois de l’apophonie (cf. § 57, 2®). R E M A R Q U E . — L ’i intérieur de trigintà, quadrägintä, etc., est analo gique de celui de uiginti. Les cas de dilation progressive positive de 0 ne se trouvent qu’en latin populaire. (Peut-être est-elle cause aussi du 0 de prô portiône, syntagme d’où vient pröportiö, s’il est issu de prô *pertione, lui-même de prô *partiône. La voyelle intérieure y aurait subi l’influence des deux 0 qui l’entouraient. Cf. Walde, IF, 1921, p. 93; voir aussi Bréal, M SL, 1884, p. 27. Mais/iro portiône peut provenir du mot phonétique prô ratiône. La syncope de a selon
! /'
II2
INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS
§ 59 et la dissimilation du premier r selon § 51 en auraient fait portiöm, devant lequel on aurait rétabli prô. Cf. Ernout-Meillet, s.v.) Sans doute la première syllabe était-elle prononcée par le peuple avec plus de relief encore et la voyelle apophonique avec plus de négligence que par les classes cultivées (cp. Kent, T A P h A , 1922, p. 63-72). C ’est ce facteur physiologique, qui, joint au caractère spécifique notable de 0, a pu provoquer la dilation du timbre o. La dilation positive semble s’être réalisée plus aisément en latin sous sa forme régressive que sous sa forme progressive. Cf. § 48, explication 2. En sanskrit. § 47a. — 1° et 3“ Aucun changement correspondant, sinon sporadi quement dans les dialectes populaires. En ionien-attique. § 47b. — 1“ Quelques exemples sporadiques, tels que ’ Op^opsvôç, de ’Epxopisvôç, ßißXtov, de ßuSXiov, de xsiXtoi (avec si notant ê fermé) ; ifLocTiov, de Eip,aTiov (avec si notant ê fermé) (L 254). 3° Quelques exemples sporadiques, comme ôSoXôç, de o6sXôç, [iiyE0oç, de [j,éya0oç (L 254). En osco-ombrien. § 47c. — 1° et 30 L a voyelle développée (selon § 45c, i) entre liquide ou nasale et une autre consonne a pris le même timbre que la voyelle de la syllabe à laquelle appartenait cette liquide ou cette nascde, c ’est-à-dire celui de la voyelle précédente, si elles précédaient la consonne, celui de la voyelle suivante, si elles la suivaient (B 62) (BO 38). En germanique. § 47d. — 1 ° En nordique et en westique, e accentué s’est fermé en i devant i et y placés dans la syllabe suivante, mais il subsiste devant 0 (S 63). i et U anciens s’y sont ouverts respectivement en ^ et o devant à, o, ä tendant vers ë ouvert, s’ils n’en étaient pas séparés par i ou^ ou par nasale -)- consonne (cf. § 3od, i®). L ’analogie a fortement contrecarré ce phéno mène (S 68 et 70). e accentué s’est également fermé en i devant la voyelle fermée u de la syllabe suivante (Grammont, p. 256). En outre, devant î ou y de la syllabe suivante, les voyelles mentionnées ci-après, notamment, se sont fermées : germ, a en e (nord, et west.); germ, ö en ë (anglo-saxon), üe (m.h.a. = u français) ; germ. « en^ (anglo-saxon = u français), ü (m.h.a., même remarque). Certains groupes consonantiques et germ. A:, h, ont parfois empêché cette dilation d’aperture (Grammont, p. 260). 3® Quelques exemples sporadiques. En vieil irlandais. § 47e. — I® Pas de changement exactement correspondant, mais, devant les voyelles et la semi-voyelle fermées i, u et y appartenant à la syllabe suivante, les voyelles irl. à, e, 0, de la syllabe accentuée se sont
LA DILATION
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fermées d’un degré (P 178). Mais e n’est pas devenu i lorsqu’il était suivi de la fricative vélaire ch ou des groupes ss, st, sc, / ou r + consonne. Inver sement, O accentué s’est ouvert en a devant un a intérieur (cimuï par la suite) appartenant à la syllabe suivante (P 179, 2), Pour la dilation en syllabe atone, cf. § 57e, 2". Quant à ë ouvert (qui devait se diphtonguer par la suite en syllabe accentuée), il est devenu ê fermé (non diphtongué par la suite) sous l’influence d’une voyelle ou d’une semi-voyeUe prépalatale suivante (P 175)3“ Quelques exemples sporadiques.
S E C T IO N 2. D ILA TIO N CO N SO N A N TIQ U E En latin. § 48. — Une consonne labiale ou labiovélaire a parfois exercé une action dilatrice sur une labiale précédente ou une labiovélaire suivante. Cp. G rammont , p. 253 s.; JURET, p. 245; L eümann , § 113; L in d sa y , IV , § 163; M e il l e t -V en d ryes , § 16 et 102 R .; P isani, § i 12 et 148; S ommer , § 1 1 2 ; B assols, § 297; F a r ia , p. 232; K e n t , § 192; T a g l ia v in i , § 53 R . — H orton -S mith (barba), C R , 1896, p. 429 s.; M e il l e t (barba), M SL , 1905, p. 215-217; M ü l l e r (barba), IF, 1921, p. 172-189; S chopf , Fern wirkungen-, V en d ryes , M SL, 190g, p. 53-58.
bibô, de *pibô (cp. skr. pibati « il boit ») ; *quenque (puis qulnque selon § 30, 1°), de ^penk'^e (cp. grec TrévTe), *k'°oK^ô (puis coquô selon § 41, 1°), de *pek'"o (cp. skr. pâcati « il cuit ») ; barba, au lieu de *farba, de *bhardhâ (cp. v.h.a. bart)-, prope, de *proK"e {cy>. proximus). 1. Dans bibô et barba, c’est le caractère sonore du b qui s’est imposé, par anticipation des vibrations glottales, à la sourde précédente de même point d’articulation. Dans *bhardhà, V f issu de bh a sans doute commencé par devenir v sous l’influence du v provenant de dh après r (§ 36, 2” c) et chacun des deux v a ensuite passé spontanément à b, la fricative labiale sonore ne faisant pas partie du système phonétique du latin (du moins avant la seconde moitié du i®^ siècle de notre ère). Cette transformation, plus complexe que dans le cas de bibô, a exigé une condition supplémentaire : le caractère appuyé et donc physiologiquement plus fort du b assimilateur (cp. § 50, 1° explication). Dans fiber, de *bhibhros (cp. v.h.a. bibar « castor »), b non appuyé n’a pu assimiler/. Dans *penk'"e et *pek^ô, p est sans doute devenu d’abord pw, puis l’image de la labiovéleiire s’est substituée complètement à ce phonème instable (cp. § 29, 1°). 2. L a labiale sonore et la labiovélaire, à cause de leur complication articulatoire, plus grande que celle des labiales simples et sourdes, ont pu attirer davantage l’attention et ainsi jouer le rôle actif dans la dilation. Elles avaient également pour elles dans les exemples cités un facteur impor
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INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES NON CONTIGUS
tant : leur position plus avancée dans le mot. Toutes choses égales d’ailleurs, un phonème est d’autant plus favorisé dans l’exécution organique qu’il se trouve placé plus avant dans le mot. Dans la conversation, en effet, la pensée poursuit sans cesse sa marche vers l’avant, suscitant au fur et à mesure l’image des mouvements à exécuter. Mais ces images se succèdent à un rythme tel que l’exécution ne peut se réaliser qu’avec un retard rela tivement grand : la pensée est déjà pour le moins à la fin du mot, quand l’articulation n’en est encore qu’à son début. Dans ces conditions, il est naturel que ce soit la partie la plus avancée du mot qui corresponde le plus fidèlement à l’image motrice, le reste étant un peu négligé à ce point de vue. De deux phonèmes susceptibles d’exercer l’un sur l’autre une influence quelconque, le second agira donc plus facilement sur le premier que le premier sur le second. Certaines conditions peuvent empêcher la réalisation de cette tendance, p. ex., si l’attention intellectuelle se porte particulièrement sur la première partie du mot ou si la déficience du souffle, la hâte, l’absence de phonème aux caractéristiques frappantes ou la crainte d’une difficulté articulatoire en cas de dilation régressive privent de leur force d’attraction les parties placées plus avant dans le mot. Ainsi, dans prope, de ^prok'^e, contrastant avec quinque, de *penk'”e, le sens non régressif de l’assimilation est dû au désir d’éviter la production du groupe compliqué *kwrokwe et peut-être aussi à l’influence analogique de pró, qui a pu contribuer à conserver la syllabe pro. En sanskrit. § 48a. — ! qui s’est dissimilé en *ts, d’où ss (B 115) (BO 66).
LA DISSIMILATION PRE\TENTIVE
” 9
En germanique. § 5od, 1° et § 5 id . — Tendances analogues, réalisées notamment lorsqu’il s’agissait de liquides ou de nasales (Brugmann 334 et 336). Les redoublements comportant s + consonne subsistent à date ancienne. Le groupe *tst provenant de dentale + dentale s’est dissimilé en *ts, d’où ss
(§ 4ad, 6°). § 5od, 2°. — Aucun changement correspondant. En vieil irlandais. § 50e et § 51. — Tendances analogues, réalisées notamment lorsqu’il s’agissait de liquides ou de nasales (P 256). Les redoublements de racines comportant s + consonne sont représentés par s. (Le groupe ~*tst- prove nant de dentale t est devenu ss par le passage de ts ou de st à ss, selon § 23e, 2«) § 5 0 e , 2 °.
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Chapitre 3.
La dissimilation préventive
Cp. G rammont , p. 329 s. D É FIN IT IO N § 52. — L a dissimilation préventive est celle qui empêche un phonème d’évoluer normalement ou de trouver place dans une formation morpho logique, parce que le phonème résultant de cette modification ou appa raissant dans cette formation deviendrait semblable à un autre placé à quelque distance, et que l’un des deux risquerait ainsi d’être dissimilé. Plus exactement, parce qu’un effort trop grand d’attention serait requis par l’articulation correcte et nouvelle dans la langue de deux phonèmes semblables à court intervalle. S E C T IO N 1 . A R R Ê T DE L'ÉVO LU TIO N PH O N ÉTIQ U E En latin. § 53. — 1° s intervocalique n’est généralement pas devenu r lorsque le mot contenait un autre r non contigu. Cÿ. G rammont , p. 329; J u r et , p. 124 et 238; L eumann , § 128 c; L indsay ,
IV , 5 148; N iedermann, S io6 R : P isani, § 1 1 3 : S ommer, 5 i 10, 3; Bassols, § 243 d; K en t , § 166, II b; T agliavini , p. 104. miser, caesariës, Pisaumm. s intervocalique a dû normalement se sonoriser (cf. § 28, 1° explication).
12 0
INFLXJENGE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS
mais, au moment de passer à r, il en a été empêché par IV de la syllabe suivante. Il est ensuite redevenu sourd, car le système phonique du latin ne possédait plus, après le rhotacisme, de z intervocalique. R E M A R Q U E . — Dans le toponyme Pisaurum, en tout cas, on ne peut invoquer une influence dialectale, car la conservation de s intervocalique n’est pas normale en ombrien, dialecte dont faisait partie le pailer de cette localité (cf. § 28c, 1“). Dans soror, de *swesôr (cf. § 30, 30), s ne s’est pas maintenu, malgré la présence de r, à cause de s initial. § 53. — 2° Quand deux occlusives semblables étaient séparées par une spirante, rimplosive s’est généralement amuïe et n’a pas été restituée. Cp. G rammont , p. 296; JURET, p. 287; L in d sa y , IV , § 156; S ommer , § 149. — T hurneysen (ksk), IF, 1921, p. 189-202; B assols , § 290; F a r ia , § 84; K e n t , § 161, I, et 175. poscô, de *pork-skô (cp. ombrien pepurk-urent = poposcerint) ; disco, de *di(d)k-skô (cp., au degré plein, le parfait didic-i)\ sescentî, de *seks-kentl; misceô, de *mig-ske5 (cp. grec [xiYVUfxi); asportô, de *abs-portô. D ’après § 43, 2° c, dans un groupe de trois consonnes ou plus contenant un s implosif, la consonne qui précède cet s disparaît généralement à cause de sa position très faible, p. ex., astulî, de abstuli, sestus (populaire), desekstus. Mais, on l’a vu, nombreux sont les cas de recomposition (sextus, abstuli, etc.). Dans les exemples cités, la chute de la consonne précédant s s’est également produite, mais ils n’ont pas connu la recomposition, parce que l’implosive à restituer était semblable à une explosive suivante. D ’où sescentî en face de sextus, asportô en face de abstuli. R E M A R Q U E . — Dans certains composés, comme exclüdô, adstô, la première occlusive a cependant été maintenue par souci de transparence étymologique. Pour le groupe *tst provenant des groupes d t, X. t, anciens, cf. § 51 Rem. i. S E C T IO N 2. A D A PTATIO N DE LA FORM ATION M O RPH O LO GIQ U E § 53. — 3° Un élément de formation contenant un r ou uni a souvent été évité, quand la racine du mot contenait déjà ce phonème. Cp. G rammont, p. 330; J uret , p. 239; L eumann , § 158; M eillet V endryes , § 591 R ; N iedermann , § 106; P isani, § 49; S ommer, § 163 B; Bassols, § 298; F a r ia , p. 265; K ent , § 200, V I I b; T agliavini , p. 108. mîlitâris, familiâris, puellâris, stellâris, en face de aequälis, nâtâlis, uenâlis, dôtâlis, rêgâlis ; calcar, exemplar, en face de tribunal-, fulcrum, en face de pôclum. Aucun verbe à r- initial n’est composé avec le préfixe re~.
LA DISSIMILATION PREVENTIVE
I2 I
Les deux suffixes -âlis, -ans ont le même sens. Leur répartition s’est faite de façon à ne pas donner prise à la dissimilation : -âlis fut accolé, au moins jusqu’à l’époque impériale, où on trouve p. ex., lëtâlis, glaciâlis, aux mots qui contenaient un r, -äris, aux mots qui contenaient un /. Les mots du type calcar, tribunal ne sont qu’une application de cet usage, car leur suffixe n’est autre que -âris ou -âlis au neutre et apocopé selon § 6o, i°. Dans les mots comme flôrâlis, lîberâlis, pluralis, dont le radical présente un r et un /, la forme du suffixe s’est réglée sur le phonème le plus proche. R E M A R Q U E S . — i . On peut se demander si la répartition des formes corn- n’a pas été influencée par la dissimilation préventive, lorsqu’on préfixait cette particule à un mot à initiale vocalique contenant une consonne labiale : en face des composés du type com-edô, com-itäri, il n’y en a pas un seul qui présente corn- dans ces conditions : *co-emo (cômô), *co-apula (copula), etc. 2. L ’analogie a dû souvent contrecarrer l’action de la dissimilation préventive. Ainsi, dans Vulcänälia (d’après Neptûnâlia, etc.), (flâmen) Palâtuâlis (d’après ßänwn Pömönälis, etc.). C O -,
Conclusion sur la dilation et la dissimilation latines. L a dilation et la dissimilation, malgré leurs résultats opposés, ne sont pas des phénomènes contradictoires. Les phonèmes qui, en latin ancien, en ont subi les effets sont des phonèmes différents. O n aura remarqué que la dissimilation y porte exclusivement sur les consonnes, la dilation presque exclusivement sur les voyelles; et les consonnes modifiées par ce dernier phénomène ne sont pas les mêmes ou ne se trouvaient pas dans les mêmes conditions que les consonnes dissimilées. R E M A R Q U E . — 3. Le second l du mot lllium, en face du grec Xelpiov, n’est pas l’effet d’une dilation exercée par le premier l, mais doit remonter à une forme commune *leilion, dissimilée en grec, conservée en latin (cf. Meillet, Esquisse, p. 85-86). Le timbre i qui voisinait avec chacun des deux l a peut-être empêché la dissimilation du second en r, dont le point d’articulation s’accommodait mal avec celui de i (cf. le changement de *cinises, génitif de cinis, en cineris selon § 57, 1° A. Voir l’explication in fine). En sanskrit. § 53a. .... i®-3° Aucun changement correspondant. 4° n ne s’est pas cérébralisé après s, r, f, non contigus selon § 48a, 2°, quand la cérébrale .s se trouvait entre les deux phonèmes ou, très souvent, quand la voyelle suivant n était suivie elle-même d’une cérébrale (W 167). En ionien-attique. § 53b. — 1° Aucun changement correspondant {s s’amuïssant à l’intcrvocalique selon § 42b, 5°). 2® (Pour -(TX- venant de - xctk- cf. § 50b, 1“). 3® Même phénomène qu’en latin (L 150).
! 122
INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS
En osco-ombrien. § 53c. — I® Pas d’exemples clairs. 2® Pas d’exemples clairs. (Pour -sk- venant de -ksk-, cf. § 43c, 2®.) 3® Même tendance qu’en latin (Brugmann 334 d). En germanique. § — i®-2® Aucun changement correspondant. 3® Aucun phénomène analogue, sinon très sporadiquement. En vieil irlandais. § 53e. — I®Aucun changement correspondant (j s’amuïssant à l’intervocalique selon § 42e, 5®). 2®-3° Aucun phénomène correspondant.
Chapitre 4.
L'haplologie
C p. G rammont , p. 331 SS.; JURET, p. 241-243; L eumann , § 159; L indsay , III, § 13; N iedermann , § 112; f t s A N i , § 150; S ommer , § 173; B assols, § 308; F a r ia , p . 266; K e n t , § 195.
§ 54 - — L ’haplologie est le phénomène en vertu duquel on ne prononce qu’une seule fois deux syllabes ayant au moins un phonème commun et placées non loin l’une de l’autre. En latin. fastîdium, d t fasti-\-tldium (de taedium selon § 57, 3®); sëmodius, de sêmimodius [sêmimodius est refait d’après sëmidêns, etc.); antestàri, de ante-\-testâri {antetestârî est une recomposition tardive) ; arcubii, de arci+cubii (cf. P. Festus, P- 23, 19); Ce phénomène se produit surtout dans la dérivation et la composition. Il provient d’une illusion de la part du sujet parlant : celui-ci croit prononcer les deux syllabes similaires, mais son attention se relâchant — car il s’agit toujours de mots assez longs — , il en néglige une, et le mot finit par prendre désormais cette forme simplifiée. La syllabe qui subsiste est évidemment celle qui a attiré davantage l’attention. C ’est généralement la seconde, pour le motif exposé au § 48, explication, et aussi parce que, la plupart du temps, elle contient la racine de la deuxième partie du composé, tandis que la première n’est que la terminaison du premier terme. Dans les autres langues. Cas sporadiques analogues.
L A MÉTATHÈSE
Chapitre 5.
123
La métathèse
Cp. G rammont , p. 339 SS.; L indsay , II, § n i ; P isani, § 1 5 1 ; S ommer , § 164; B assols, § 300. — S chopf , Fernwirkungen. V ä än än en , § 137. § 55. — La métathèse est le déplacement d’un phonème ou de deux phonèmes non contigus à l’intérieur d’un mot ou d’un groupe de mots. Elle est causée surtout par le besoin de rendre le mot ou le groupe plus facile à prononcer; parfois, elle semble due à l’analogie. E n latin.
N.B. — On ne trouve pratiquement d’exemples de métathèse qu’en latin populaire et postérieur. coâcla (Consentius, V , 392, 23 K ), pour cloâca; displicina {ibid., sans doute sous l’influence de displiceô) pour disciplina; leriquiae, leri^ô (Diomède, I, 452, 30 K ), pour reliquiae, religio. E n sanskrit.
§ 55a. — Cas sporadiques analogues (Brugmann 342). E n ionien-attique.
^ intervocalique (provenant de -a- ou de -y-) est généra (L 85). Peut-être aussi h provenant de -a- entre voyelle et p, (L 114). 2OAutres cas très sporadiques : àpToxÔTtoç « boulanger », pour ’"àpTortôxoç ; oxsTTTopai, ox Ôtïoç, pour "‘cTTtéxTop.at, *oTzôy.oç, (L 54). §
lement passé à l’initiale des mots comm ençant par une voyelle
Dans les autres langues. § 55c-e. — Cas sporadiques analogues (Brugmann 342, P 257).
T
Livre Troisième Influence de la prononciation spéciale de la syllabe initiale sur les phonèmes des autres syllabes
TITRE I LES VOYELLES DES SYLLABES INTÉRIEURES
Les voyelles en syllabe initiale n’ont éprouvé de changement que sous l ’action individuelle d’autres phonèmes. L ’essentiel des transformations des voyelles en syllabe intérieure, par contre, est dû avant tout à l’articulation spéciale de la première syllabe (§ 14); l’influence des phonèmes qui s’y trouvaient, quand elle s’est exercée, n’intervient qu’en ordre secondaire. Les voyelles longues des syllabes intérieures se sont maintenues intactes ; les brèves ont pu subir deux sortes de traitement : l’un, qualitatif, Vapophonie, l’autre, quantitatif, la syncope.
Chapitre 1. Modifications qualitatives l'apophonie D É FIN IT IO N § 56. — Nous réserverons le terme d ’apophonie au phénomène d ’alté ration du timbre des voyelles brèves latines en syllabe intérieure. Cette altération a différé selon que la voyelle était ou non finale de syllabe.
INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
12 0
E n latin.
Cp. JuRET, p. 260 SS.; L eumann , § 63 SS.; L in d sa y , III, § 18 ss.; M e il l e t V en d ryes , § 170 SS. ; N iedermann , § 15; P isani, § 42-46; S ommer , § 75 ss. — B o le lli (ilu), R A I, 7-8, sér. 7, vol. 4, 1943, p. 193-204; G r a ü r , I et V, passim-, B a d e r , RPh, X X X I V , i960, p. 236-247; (îo d e l , GFS, X V I I I , 1961, p. 53-69 (phonologie) ; E nriquez , Act. I l l Congr. esp. Estud. das., 1968, III, p. 85-91 (phonologie)-, H ermann (influence des labiales), N G G , 1919, p. 229-286; JuRET, M SL , 1920, p. 93-107; L enchantin , R I G I , V I, 1922, I-II, p. 85-101 ; III-IV , p. 87-102 ; 1923, 1-II, p. 63-69; R F C , 1921, p. 33-41 ; BSL, 1923, p. 223-231; M ë il l e t , M SL, 1920, p. 108-111; P isani, Z V S, 1940, p. 27-29; V en d ryes , intensité initiale, p. 286-315. /. Voyelles brèves intérieures en syllabe ouverte N.B. - L ’expression « voyelle intérieure » est employée ici pour voyelle en syllabe intérieure. § 57. — 1° Pour autant qu'elles n’aient pas été atteintes par la syncope, A, Les voyelles brèves intérieures en syllabe ouverte et non précédées ( k i ou de e sont devenues : a) u devant w et (saufpour i primitif) devant 1 vélaire; b) i 0« u devant une labiale ; c) e devant r, sauf sans doute o et peut-être u; d) i devant toute autre consonne. B. Après i ou e , elles sont devenues o devant 1 vélaire et, après i, e devant toute autre consonne. (Pour B, cp. G rammont , p. 237-238); J u ret , § 66; L in d sa y , III, § 18; M e il l e t -V en d ryes , § 186; N iederm ann , § 17 ; S ommer , § 74-75; B assols, § 123 SS.; F a r ia , p. 181 ss.; K e n t , § 125; T a g l ia v in i , § 35. — A n d r é , BSL, L IV , 1959, p. 83-89 (a intérieur devant 1 vélaire); P ersson , IF , X X V I, ig o g, p. 62-64 ( u > e ) ; P icgitto (iju). A. Voyelle a : a) dîluuium, de *dis-lauiom (cp. lauo) ; b) contibernâlis et contubernâlis, de corn et taberna-; redpiô en regard de recupêro, de la racine de capiô; c) dëdere de dé. et dare; d) côrfUeor en regard de fateor; cecidt en regard de cadô; cecini en regard de canô; cônfidô en regard de faciô; abigô en regard de agô; prôsiliô (avec l palatal) en regard de saliô. Voyelle e : a) famulus en regard de l’osque famel; b) decinms et decumus en regard de decem; c) agere, de *age-se selon § 28, i®; d) compitum en regard dejftetô; obsideô en regard de sedeô; agminis, génitif de agmen; auspicis, génitif de auspex; colligô « rassembler » en regard de legô; familia (avec l palatal) en regard de Voscpxc. famel.
LES VOYELLES DES SYLLABES INTÉRIEURES
12 7
Voyelle i : a) triduum (== trîduwum), de *trisdiwom (cp. skr.- divam « jour »), mais pestilëns, mulilus, nübilus, avec i ancien conservé. c) cineris, génitif de cinis, de *cinis-es; d) suscitô en regard de citô; êuidëns en regard de uideô; comminuô en regard de minuô ; êmicô en regard de micô ; colligô « lier ensemble » en regard de Ug5 . Voyelle 0 : a) dënuô ( = dënuwô), de '*dë-nouöd (pour d final, cf. § 62, 1° b). b) quaesumus, uolumus, possumus, de *quaes-o-mos, etc. (cp. grec XÉyojxsv), en regard de tegimus, de *teg-o-mos; c) memoris, memoria, à moins que l’o n’y soit dû à l’influence de memor. Dans le type sceleris, génit. de scelus, il est probable que la forme ancienne était *sceleses et non *sceloses (cp. notamment grec yévsoç (yévouç), de *ysvsCTOdüc, etc.) sont généralement apocopés, les composés non apophoniques defado (calefac...), moins souvent. Dans les exemples cités sous b), du type exemplar, tiibünal, il s’agit probablement d’une absorption, qui s’est réalisée dans les mêmes conditions qu’en syllabe intérieure (cf. § 59) : mots assez longs, présence d’une sonante et d’une syllabe longue devant la voyelle peu caractéristique e. Facul s’explique par une prononciation rapide. Il n’a d’ailleurs pas été conservé. R E M A R Q U E S . — i . Les doublets en -aie, -are, de même que dice, faces s’employaient encore au temps de Quintilien, mais ils paraissaient pédant, (Quintilien, I, 6, 17 et 21). Les mots en -île ont gardé le e. 2. On trouve encore la forme êdice dans Virgile au dactyle dernier : êdîce maniplîs (Aen., X I, 463). 3. On peut ajouter que i bref est tombé à la troisième personne des verbes où -t et -nt proviennent de -*ti (cp. skr. -ti) et de -nti (cf. la forme archaïque trenwnti = tremunt. Ter. Scaurus, V II, 28, 9 et Festus p. 222, 29; cp. skr. -nti). Le contraste entre l’apocope de cet i et sa conservation au moins jusqu’à son passage à e dans les noms provient sans doute de leur différence de valeur fonctionnelle, -i, dans les noms, caractérisait un nominatif neutre, tandis que la terminaison -nti des verbes, en devenant -nt, ne cessait pas de représenter une 3® pers. du pluriel. La distinction entre les temps primaires et les temps secondaires était même conservée à la 36 pers. sing., puisque t, de -*ti, s’opposait à d, de t selon § 63. B [ EN FINALE FERMÉE (sYNGOPE)
§ 60. — 2° ï et
O
en syllabe finale devant s ont souvent disparu.
Cp. J u R E T , p. 289; L eumann , § 78, 3 ; L indsay , III, § 16 et 15, 8; M eillet V endryes , § 224 ss.; N iedermann , § 25, 2; Pisani, § 132 et 133; S ommer, § 00, II A ; Bassols, § 170 ss.; F a r ia , p. iqo ss.; K ent , 5 123, V I ; T aglia vini , p. 67. — A lessio, BFC, 1943, p. 74-80. a) * sorts (d’où *sorss, sors selon § 23, 2“ et 62, 4^), de sortis (nominatif, Plaute, Cas., 380, var. text.) ; urbs, de *urbis (cp. gén. plur. urbi-um) ; atrôx, de *atrocis (cp. gén. plur. atröci-um) ; b) *sakrs (d’où *sacers, selon § 45, 2®, *sacerr, selon § 23, 8®, sacer, selon § 62, 4®), de sakros (CIL, P , i) ; *equestrs (d’où Sequesters selon § 45, 2°, Sequesterr, equester, selon § 23, 8® et 62, 4®), de equestris; *celers (d’où *celerr, celer, selon § 23, 8® et 62, 4®), de celeris (nominatif). Dans les exemples cités sous a), il s’agit de la disparition entre occlusive
I
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE
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et s d’un i final. Cette voyelle, la plus brève de toutes par nature, était encore abrégée par sa position finale et par la présence devant elle d’une syllabe longue; ce sont ces conditions réunies qui en ont déterminé la chute. Les autres voyelles, plus étoffées, se sont maintenues dans les mêmes circons tances, et i lui-même a persisté lorsque la syllabe précédente était brève, p. ex., dans sitis^ ratis, etc. Dans un certain nombre de mots, i semble avoir persisté même après syllabe longue, p. ex., dans dulcis, turpis, etc. Ce sont sans doute des cas de recomposition, comme le suggère orbs, prononciation phonétique et populaire de orbis, condamnée par VAppendix Probi. Les exemples cités sous b) ressortissent à l’absorption : il s’agit en effet de la disparition d’un i ou d’un 0 après la sonante r. Les conditions de ce phénomène ne sont pas claires, en raison d’influences analogiques nom breuses, dont témoignent les doublets conservés : cp. p. ex., socerus (Plaute, Men., 957) et socer-, equestris et eqnester, âcer et âcris. (Ces deux formes se trouvent dans Ennius ; âcer hiems, Ann., 424, et sommis âcris. Arm., 368-369, et toutes deux qualifient un substantif masculin. La distinction entre âcer, masculin, et âcris, féminin, provient de l’analogie avec des formes diffé renciées pour les deux genres, comme socer, masculin, et sacra, féminin. Cf. Ernout, Morphologie, p. 50 s. ; Leumann, p. 264.) SE C T IO N 2. A B R È G E M E N T D 'U N E V O Y E LL E LONGUE FIN A LE A
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EN
F IN A L E
OUVERTE
§ 60. — 30 Une voyelle longue en finale omerte (voir aussi § 60, 4®) s'est parfois abrégée dans les dissyllabes formant iambe. Cp. JURET, p. 287-288; L eumann , § 86; L indsay , III, § 42 ss. ; M eillet V endryes , § 215-216; N iedermann , § 25, 4®; Pisani, § 28 et 136; S ommer, § 90 >I B; Bassols, § 156 ss.; F a r ia , p. 198 s.; K ent , § 128, 2; T agliavini , p. 64 s. — Br en o t ; A h lberg ; D evo to , p. i i o ; H arsh ; K r o ll , GL, 1916, p. 152; K urylow icz , p. 384 ss. ; Pighi, Rendiconti Acc. sc. mor. Bologna, .sér. V , vol. III, 1949-1950, p. i - i i ; V endryes , intens, init., p. 134 ss. bene, male, de *benê, "*malë (cp. pràuê)-, cito, modo « seulement, tout à l’heure », de *«7ô, modo (cp. retro)-, heri, de heri (cf. § 61, i R ); nisi, quasi, de *«m, *quasî, de nesei (CIL, P , 366), quasei (C IL , I^, 582); puta « par exemple », de putâ (impératif de putô) ; aue « salut ! », plus courant que auê (cf. Quintilien, I, 6, 21)... Ce qu’on appelle abrègement iambique ne consistait pas seulement, en latin préclassique, dans l’abrègement de la voyelle longue finale d’un dissyllabe formant iambe, mais aussi dans celui d’une syllabe non finale, longue par position mais contenant une voyelle brève, lorsque cette syllabe longue était précédée d’une syllabe brève initiale : p. ex., senectûtî (Plaute, Trin., 338, avec la deuxième syllabe valant brève). Ce n’est donc pas
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INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE LA SYLLABE INITIALE
essentiellement la quantité de la voyelle qui était en jeu, mais celle de la syllabe. L a versification montre, d’autre part, que les deux syllabes brèves consécutives résultant de l’abrègement iambique forment toujours la monnaie d’une longue, c’est-à-dire ne peuvent être dissociées dans la scansion. Ce fait signifie certainement que les deux syllabes étaient étroi tement unies dans la prononciation. Notons enfin qu’une voyelle longue précédée d’une syllabe initiale brève gardait toujours sa quantité, si elle se trouvait en position non finale (p. ex., i dans abiuissem), au rebours de ce qui se passait en position finale, même en syllabe fermée (§ 60, 4°). De cet ensemble de particularités on peut dégager pour l’abrègement iambique l’explication suivante. L ’attaque violente avec laquelle s’articulait la syllabe initiale avait épuisé son intensité à la fin de la syllabe, si celle-ci était longue; mais lorsque la syllabe était brève, elle tendait à la dépasser et à s’annexer la syllabe suivante en une seule « coulée » articulatoire. Elle y parvenait à condition que la deuxième syllabe se termine sur une voyelle brève : si la voyelle d’une deuxième syllabe terminée par une consonne implosive était brève, l’arrêt s’opérait avant la consonne implosive (p. ex., sene-ctüti) ; si la voyelle de la deuxième syllabe était une longue intérieure et donc stable (ce que montre le fait qu’elle a résisté à l’apophonie et à la syncope), comme dans abiuissem, elle ne s’abrégeait pas; mais si c’était une longue instable en raison de sa position finale, c’est-à-dire une longue en principe, mais réalisée parfois comme une demi-longue ou même comme une brève selon le débit, la réalisation plus brève était admise pour les mots iambiques dans la langue littéraire, sans doute en raison de sa fréquence pour cette catégorie dans la langue commune, et ne choquait pas le sens quantitatif aigu des Latins. Les poètes sérieux et comiques de l’époque préclassique ont naturellement tiré parti des deux possibilités offertes par l’usage : la prononciation longue et la prononciation abrégée (cp. p. ex., modo, Plaute, AuL, 629, et modô, id., CapL, 458). Dans la poésie de l’époque classique, où l’articulation de l’initiale avait perdu de son intensité, il n’y a plus d’exemples d’abrègement syllabique du type sene-ctüti et, en principe, les dissyllabes anciennement iambiques sont toujours scandés avec leur quantité originelle, d’après le modèle des dissyllabes non iambiques de même catégorie, qui n’avaient pas connu l’abrègement : amâ (et non plus ama, Plaute, Cure., 38) d’après cantâ, domo (et non plus domo, ablat., Térence, Ad., 198) d’après tëctô. O nt résisté à cette normalisation (voir p. 41 s.) et présentent, les uns constamment, les autres facultativement, une brève finale plusieurs catégories de mots : des adverbes (bene), des mots-outils (nisi), des pronoms personnels (mihi), des I®’’®pers. sing, et des nominatifs en -ô (uolo, homo). A l’époque d’Auguste, l’abrègement (facultatif) s’étendit même à des finales en -ô (sauf à celle du datif-ablatif) de mots non iambiques : dixero (Horace, Sat., I, 4, 104), laudo (Juvénal, III, 2), respondieto (Martial, G U I, 4, 7), Pollio (Horace, Od., II, i, 14), ergo, immo, quando.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE
13 9
Ces faits témoignent de la négligence de plus en plus grande à articuler les finales que déplore Quintilien (X I, 3, 33 et I, i i , 8) et qui aboutira dans les langues romanes à leur amuïssement pratiquement complet. L a prédominance de l’abrègement dans les i'"«®pers. sing, et dans les nominatifs sing, est certainement due au fait qu’on les considérait comme des formes de base et que leur désinence était nettement moins sentie comme une marque morphologique que celle, p. ex. du datif-ablatif en -0. Elle était donc moins protégée par l’attention intellectuelle. R E M A R Q U E . — On ne trouve pas au nominatif d’alternance du type rosaj*rosä. Le ä que suppose la comparaison a dû s’abréger plus tôt dans ces mots, peut-être sous l’influence du type audacia, qui avait un a ancien. B
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EN F IN A L E FERM ÉE
§ 60. ■— 4° Les voyelles longues finales non toniques des polysyllabes se sont abrégées devant consonne autre que s ; dans les mots iambiques, elles y tendaient même devant s ou lorsqu'elles étaient toniques; dans les monosyllabes, elles ne se sont abrégées que devant t m. Cp. JURET, p. 294; L eümann , § 87 B; L indsay , III, § 40, ii; I d ., Early, p. 121-138; M e il l e t -V en d ryes , § 214; N iedermann , § 25, 3°; P isani , § 135; S ommer , § 90, I A. Voir aussi la bibliographie de § 60, 3°. Bacchanal, de Bacchanal (Plaute, AuL, 4 1 1); tribunal, de tribünâle (C IL , P, 593, avec chute de e selon § 60, i) ; arbitror, de arbiträr (Plaute, AuL, 216) ; uxor, de uxôr (Plaute, Asin., 927); exemplar, de exemplàr(e) (Lucrèce, II, 124); arat, de arät (Plaute, Asin., 874); solet, de solêt (Plaute, Mere., 6g6); vAit, de uellt (Plaute, Men., 52) ; amäbam?^ en regard de amäbäs. arbôs, honôs (mots terminés par s), en regard de arbor, honor, mais amas (Plaute, Bacch., 1162), en face du mot iambique amäs (Id., As., 526); addle, êdûc, illic, illàc, tantôn (mots dont la voyelle finale portait l’accent), mais uidén, du mot iambique uidën, de uidësne, selon § 42, 4° et 60, 1° a. rm®* en regard de rüs',fiet en regard de Jlês, mais die, dûc, sic, mr,fiür, par, soi, sâl, rën (monosyllabes terminés par une consonne autre que i ou m). La tendance à l’abrègement des syllabes finales a été largement contre carrée par l’accenP® ou par la présence d’un 5 après la voyelle. L ’antici pation mentale de la durée de cette continue a dû provoquer un renfor cement de la voyelle longue précédente. Les continues l et r, d’aperture La quantité brève des voyelles finales devant -m est attestée par P r is c ie n (I, 23, 13; V I I , 366, 2 1 K ) ; franç. « rien » prouve la brévité de Ve de rem : e bref tonique et libre dans cette langue est devenu en effet ie, tandis que ê dans les mêmes conditions est devenu ei, puis oi... (Cf. më devenu *mei, puis moi.) B o u r c ie z , § 51 R. Si l’accent est resté sur la finale apocopce des mots en -c et en -n (et non p. ex. sur celle des mots en -al, -ar : tribunal, de tribünâle', exémplar, de exemplare), c’est à cause du carac tère enclitique de ces éléments dans ilUc, de *illi-ce, tantôn, de tantO-ne, etc. L ’enclitique, en effet, attire l’accent sur la syllabe précédente. Quant aux composés de dlc et de dûc, ils sont analogiques du simple.
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INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
plus grande que s et donc, toutes choses égales d’ailleurs, moins tendues, n’ont pu exercer la même action (cp. la chronologie de la réduction de ss et de rr en finale, § 62, 4®). Les monosyllabes, plus résistants, puisqu’ils monopolisent tout l’effort articulatoire, ne se sont abrégés que devant m et t : ces phonèmes, très laibles à cause respectivement de leur caractère nasal et dental (cf. § 9 in fine et 27, i®) n’ont pu conférer à la voyelle précédente un renforcement suffisant pour le maintien de sa quantité. Pour le cas de d après voyelle longue, cf. § 62, I® b. L ’abrègement dont il est parlé ici a dû avoir lieu un peu après la mort de Plaute. L a quantité longue est encore intacte dans ses œuvres, exception faite des mots iambiques, tandis qu’on trouve des voyelles brèves dans les mêmes conditions chez Térence et chez Ennius, où elles voisinent avec des longues. Ainsi, à l’époque de l’abrègement des finales, -ës et -ôs (hmôrës, filiôs) ne s’opposaient plus à -es, -os (*honôres, fllio s), car ceux-ci étaient passés à -is, -us (honoris, filius) (§ 61). Seules les oppositions -is : -is (cluls : ciuis) et -üs : -us (manûs : manus) avaient un rendement fonctionnel, d’ailleurs assez réduit pour la dernière. Peut-être ont-elles contribué au maintien de la quantité longue devant s final (?). Fm sanskrit. § 6oa. — i®-4® Aucun changement correspondant. En ionien-attique. § 60b. — 10-4® Aucun changement correspondant. En d’autres dialectes, l’apocope se rencontre dans des mots accessoires. Le grec moderne, sous l’effet de l’accent d’intensité, en présente d’assez fréquents exemples (L 232). En osco-ombrien (dans les polysyllabes). § 60c. — I® Tendance analogue à celle du latin (B 72) (BO 42). 2® 0, e, i ont disparu en finale devant s (B 70) (BO 41). 3®-4® Aucun changement correspondant (B 61). En germanique (dans les polysyllabes). § 6od. — I® En finale absolue, lE « et germ, a ont disparu; de même lE i et germ, m à la fin des trisyllabes et, après syllabe longue (en gotique, par analogie, également après syllabe brève), à la fin des dissyllabes (Brugmann 350, i ; S 144). 2® En gotique, les voyelles brèves en finale fermée (sauf devant n + consonne ou devant lE r) ont disparu, sauf germ, u et parfois lE i; en germanique occidental, elles se sont comportées comme en finale absolue (i°), mais se sont conservées devant n -|- consonne et devant r (Brugmann 350, i; S 145 ss.). 3® Aucun changement correspondant.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE
I4I
4° Les voyelles longues finales ont subsisté dans les monosyllabes accentués; de même dans les polysyllabes en gotique et, si elles valaient originellement trois mores, en v.h.a., devant lE -i'. Par ailleurs en gotique, une longue finale lE de trois mores est devenue une longue de deux mores, une longue finale lE de deux mores est devenue brève {i de lE i, sinon a). Ces longues originelles de deux mores, même devant lE -s, sont devenues brèves en nordique et en westique (lE i passant à i, lE à, ô, passant à v.h.a. a devant nasale originelle et, en finale absolue, à westique u, qui disparaîtra en principe après syllabe longue). lE ë et germ, ö se sont abrégés respectivement en a, 0, en v.h.a. en finale, lorsqu’ils valaient trois mores (Brugmann 360, 3 et 4; S 15:2). En vieil irlandais. § 6oe. — i°-2° Les voyelles brèves ont disparu en finale absolue dans les polysyllabes, sauf si elles se trouvaient en contact, ancien ou secondaire, avec une voyelle ou une semi-voyelle précédentes (P 90 et 95). Si la voyelle précédente était atone, les deux voyelles se fondaient en une brève, qui prenait le timbre de la dernière ; -j/os est devenu -e (P 94). 3° Aucun changement correspondant. Mais les voyelles longues et les diphtongues des polysyllabes ont disparu en finale absolue (P 91), sauf le groupe -yâ, qui subsiste sous forme de e. 40 Les voyelles longues et les diphtongues des polysyllabes ont disparu en finale devant une nasale, sauf ö dans le groupe -yôn, qui subsiste sous forme de u. Elles ont subsisté devant lE s, devant les groupes lE contenant s et devant lE t (P 91 et 92).
Chapitre 2.
Modifications qualitatives
SE C T IO N 1 . V O Y E L L E S S IM P LE S A) En finale ouverte. § 6 i. — 1° En syllabefinale ouverte i est devenu e, u est devenu o. Cp. JuRET, p. 289 ; L eumann , § 73 ; L in d sa y , III, § 37, i ; M e il l e t V en d ryes , § 219; N iederm ann , § 21 ; P isani , § 130; S ommer , § 89; B assols, § 129; K e n t , § 126, I V ; T a g l ia v in i , p . 60. --- B o n fan te , Z V S, 1935, p . 265-267; 1937, p . 75; M a n iet , AG, 1952, p. 5 S S . mare, du thème mari- (cp. mari-a, nomin. plur.) ; facile, de *factli {cp. facili-a, nomin. plur.); tribûnâle (d’où tribunal selon § 60, 1° et 4®), de *lribmâli-, cape, de *capi (cp. capiô)-, rege (CIL, P , 1334) = règi(s) génitif, avec chute de s selon § 62, i®.
142
INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
annoro (CIL, V , 896) = annôru(m), avec chute de m selon § 62, 2“ ; Terebotiio (C IL , P , 33) = Trebôniu(s), avec chute de s selon § 62, 1°. Il semble que la voyelle brève i, la moins étoffée de toutes, parce que la plus fermée, ait pu difficilement se maintenir en syllabe finale ouverte, où sa phase terminale n’était pas renforcée par une consonne. O u bien elle est tombée selon § 60, i® et Rem. 3, ou bien, lorsque sa valeur fonction nelle entravait son amuïssement, elle a tendu à prendre plus d’ampleur en s’ouvrant au degré immédiatement supérieur, plus exactement à un degré intermédiaire entre i et e (cf. Quintilien, I, 4, 8). V oir p. 23. L a graphie -0, qui voisine avec -us, -um, parfois dans la même inscription, témoigne de la tendance à ouvrir également d’un degré la voyelle très fermée u, lorsqu’elle n’était pas soutenue par une consonne. R E M A R Q U E . — i provenant de t selon § 60, 3" s’est maintenu dans les doublets mihi, tibi, sibi, quasi, etc., sans doute parce que l’abrègement de la voyelle finale des mots iambiques est postérieur au passage de i à e. Certains, dont Tite-Live, employaient aussi les formes tibe, mihe, sibe, quase, etc. (cf. Quintilien, I, 7, 24), mais e y représentait plutôt ê venant de ei selon § 32, 3° que e venant de i. L ’e final de here provient de l’ancien locatif heri. Remarquons que Quintilien écrivait here, mais sibi, quasi (Le.), ce qui tend à confirmer la différence d’origine de leur finale. La forme attestée heri (Plaute, Capt., i i i , etc.) provient selon § 60, 3° du doublet récent heri (Térence, Emi., 169), analogique de tempert, ruri... B) En finale fermée. § 61. — 2®a bref ancien enfinale fermée est devenu e. Cp. JuRET, p. 294; L eUmann, § 75; M eillet-V endryes, § 222; N iederMANN, § 23; PisANi, § 131 ; Sommer, § 89, A i; Bassols, § 131 ; K ent , § 126, III b; T agliavini, p. 61. artifex, de *artifacs (cp. faciô) ; auceps, de *auicaps (cp. capiô) ; autistes, de *antistats (cp. status) (en passant par *antistess, avec simplification de ss selon § 62, 4®); tibicen, de *tibiocan (cp. canô, c f § 57, 1° B). L a voyelle a, devant une ou plusieurs implosives finales, s’est comportée comme en syllabe intérieure fermée. Son abrègement fut sans doute plus marqué encore, mais son ampleur maximale lui permit de ne pas se fermer de plus d’un degré. R E M A R Q U E . — L ’a final de anas est dû probablement à la dilation (mais voir Devoto, R F C , 4, p. 518-522). Celui des mots du type tribunal, exemplar, ne s’est abrégé qu’après la transformation d ’a en e, antérieure à tout document. Aureax a gardé son a, sans doute grâce au renforcement dont cette voyelle d’aperture maximale bénéficiait de par sa position en hiatus. Caesar est un nom propre, en outre probablement non latin; iubar est un terme exclusivement poétique et comme tel peut avoir conservé le a par archaïsme. Le génitif Caeseris, qu’on trouve parfois selon § 57, 1° c (C IL , IV , 2308, etc.), mais qui n’a pas persisté, témoigne à la fois de la tendance phonétique régulière et du triomphe de la forme ancienne dans des mots de caractère spécial.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE
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§ 61. — 3° e bref ancien en syllabe finale est devenu i devant t et %primitivement simple dans la déclinaison et la conjugaison. Cp. JURET, p. 295; L eumann, § 75; M eillet-V endryes, § 223; N ied er § 23; P1SANI, § 131; Sommer, § 89, i A 2; Bassols, § 132; K ent, 126, I. — M aniet, AG, 1952, p. 9 SS.
M ANN,
fècit, de feced (CIL, P , 4); salütis (génitif), de salutes (CIL, P, 450); agis, agit, agitis, de *ages, *aget, *agetes. Mais mîless, de *mües selon § 62, 4°, de *milet-s, selon § 23, 2°, où s final n’était pas primitivement simple. S’il s’agisscdt d’une loi phonétique, on comprendrait mal pourquoi e a passé à i uniquement devant s simple et t, et non devant n (cf. tous les substantifs en -men) ou devant m (au contraire, *quim est devenu quem et l’analogie a fait passer beaucoup d’accusatifs en -im à la forme -em, tandis que l’inverse n’a jamais eu lieu). Les nasales ne répugnent pas à être précédées d’un i, comme le montre le passage de *ember à imber, de en à in (cf. § 30, i» Rem. 3), de *enem (ep. nempe) à enim (mot accessoire dont le relâchement favorisa la tendance à la fermeture des voyelles finales). Comme, en outre, e n’est pas devenu i devant s dans penes ni devant t dans le proclitique et ni dans l’enclitique -met, que e en syllabe intérieure entravée ne s’est pas non plus fermé en i, sauf cas d’assimilation, on peut supposer des influences analogiques dans les formes verbales et nominales (cf. Maniet, op. cit.). Le passage de « à i est plus ancien devant t final que devant s dans les noms. Feced se lit sur une inscription du 4« siècle av. J.G. (CIL, P, 4), fecit à côté de dédit sur ime autre du commencement du 4® siècle, tandis que le témoignage le plus ancien du passage de -es à is date de 193 av. J.C. {honoris causa, C IL, P, 612). Il faut noter qu’on n’a pas de témoignage ancien pour les deuxièmes personnes en -*es, -*tes, qui selon notre hypo thèse ont dû passer à -is, -tis en même temps que -ed, -et passaient à -id, -it. § 61. — 4® o ancien en finale fermée, ailleurs que dans les monosyllabes où il n’était pas suivi d’une nasale et sauf parfois dans les polysyllabes devant r, est devenu u. Gp. JURET, p. 295; L eltmann, § 75; L indsay, IV , § 20, 5; M eilletV endryes, § 221 et 223 ; N iedermann, § 22,5®; Pisani, § 131 ; S ommer, § 89, I A 4; Bassols, § 133; K ent, § 126, II a; T agliavini, p. 61. dônum, de donom (C IL , P , 31); cônsentiunt, de co(n)sentiont (C IL , P , 9); filius, d e filios (ibid.); opus, de opos (CIL, P, 546); aliud, de *aliod, mais mamwr, quod, quot (et aliquot par analogie). L a voyelle s’est fermée, comme en syllabe intérieure devant une implo sive sauf r (cf. § 57, 2° explication). Les monosyllabes ont résisté à l’affaiblis sement. turn, cum, de *tom, quom..., représentent une assimilation de 0 par m comme en syllabe initiale (§ 30, 5°).
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INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
L a transformation des finales -os, -om, en -us, -ton, apparaît dans la graphie vers le début du 2® siècle av. J.C . Filios, Luciom se lisent sur l’épitaphe d ’un Scipion, consul de l’an 259, tandis que l’on trouve ingenium sur celle d’un autre Scipion, mort vers 170 av. J .C . (C IL , P, 10). La finale -unt voisine avec -ont dès le début de la littérature : uënêrunt (Livius Andronicus, Od., (cf. Festus, p. 252, 4) à côté de neqiânont {ibid., Festus, p. 160,3). R E M A R Q U E . — Après u, on continua d’écrire 0 pendant toute la période républicaine et même, dans certains cas, à l’époque impériale : p. ex., on prononçait seruus, ceruus, mais on notait encore seruos, ceruos, au temps d’Auguste. O n voulait sauvegarder par cette graphie le caractère consonantique de l’a devant voyelle (cf. Quintilien, I, 7, 26). SE C T IO N 2. D IPH TO N G U ES § 61, — E n syllabe finale, les diphtongues à premier élément bref ay, ey, oy sont devenues ï, la diphtongue ow est devenue ü. Cp. J U R E T , p. 295; L eumann, § 75; L indsay, IV , § 20, 5; M eillet V endryes , § 221 et 223; N iedermann, § 24; Pisani, § 137; Sommer, § 89, I A 4; B assols, § 135 S S .; K ent, § 127, I s. feci, de *fêcai (ancienne forme de moyen, ep. falisque peparai = pepert et grec -pai), en passant par fecei (CIL, P , 638); ns (datif-ablatif féminin plur.), de *eiais (cf. la finale -aiç du datif fém. plur. en grec et l’osque deivinais = dlulnis), en passant par eieis (C IL , I^, 586). mihï, de mihei (C IL , I^, 1206); abîs, de abeis (du thème ei; cp. abei, impératif sing., C IL , P , 1211). ê fermé est le stade intermédiaire entre ei et i. Cf. lunone Seispitei Matri, C IL , I*, 1430, formes de datif où les trois étapes sont représentées au moins graphiquement. populi (nominatif pluriel), de *populoi (cf poploe, Festus, p. 224, 4, écrit sans doute pour poploi, cf. la finale -ot, du nomin. masc. plur. en grec), en passant par *populei (cf. uirei, nomin. masc. plur., C IL , P, 581); illis (datif-ablat. masc. plur.), de *illois (cf. ab oloes - ab illis, P. Festus, p. 17, 22, où oloes note sans doute olois; cp. la désinence -oiç du datif masc. plur. en grec), en passant par *illeis (cf castreis, même cas, C IL , P, 614). ê fermé est le stade intermédiaire entre ei et t. Cf. ploirume « plürimi », nomin. masc. plur., C IL , P , 29. fruclüs (gérât, sing.), de *Jructous (cp. castrons, génitif osque du thème castru-) ; senâtüs (gén.), de senatous (C IL , P , 2197). Dans la diphtongue à premier élément bref ai, le premier élément, se trouvant devant une semi-voyelle implosive, s’est comporté comme en syllabe intérieure fermée (§ 57, 2®) et est devenu e. L a diphtongue résul tante, ei, s’est ensiâte transformée en î comme en syllabe initiale (cf. § 32, 3°). Dans la diphtongue oi, le premier élément, affaibli par son abrègement, a subi l’attraction de la prépalatale y et a. passé à la prépalatale e, d’où
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE
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la diphtongue ei. Celle-ci s’est monophtonguée en i comme en toute autre position. Les diphtongues primitives ei, ou ont normalement évolué en i, ü (cf. § 32, 3° et 6°). Pour les datifs du type iüre, cf. § 32, 3° expi. § 61. — 6° En syllabe finale, les diphtongues à premier élément long ây, ôy, non suivies d’une consonne sont devenues respectivement ae, 5 . Cp. JtTRET, p. 293; I d ., Dominance, p. g8 ss.; K ent, The forms of latin, 1946, p. 26; 29-30; N iedermann, § 24; Pisani, § 138; Sommer, § 89, II B; Bassols, § 140 s.; K ent, § 121. N.B. — Suivies d’une consonne, les diphtongues à premier élément long se sont abrégées selon § 44, i° et ressortissent donc au § 61, 5°. Fortünae (datif), de Fortunai (C IL , IX , 1543)- Pour la finale ancienne -ây, cp. grec Mumeriô (datif), de Mumasioi (C IL , I^, 3). Pour la finale ancienne -ôy, cp. grec -w, osque ûî. Le premier élément de ces diphtongues s’est probablement quelque peu abrégé en raison de sa position en syllabe finale, mais il est resté suffi samment long pour éviter toute modification qualitative. C ’est le second élément qui s’est modifié ou a disparu. Le maintien de y dans le datif en âi (d’où ae) contraste avec sa chute dans le datif en ô. Cette différence est peut-être due au fait que le point d’articulation de la semi-voyelle antérieure était plus rapproché de celui de la médiane a que de la posté rieure 0 : le déplacement des organes était nettement plus facile dans le premier cas. Par la suite, i s’est rapproché davantage, comme à l’initiale (cf. § 32, 1“), du point d’articulation de a et est devenu e, tandis que â s’abrégeait comme une voyelle devant une autre voyelle de timbre différent (§ 44, 2°) et même afortiori, puisqu’il n ’était pas séparé du second élément par la coupe syllabique. Dans les dialectes, il y a eu hésitation entre les finales -ai et n : on lit Mineruai (C IL , I*, 364) et Menerua (C IL , I^, 365), datifs, sur deux inscrip tions falisques. La forme Numasioi semble remonter à l’an 600 av. J.C . ; dans les inscrip tions postérieures, on ne rencontre plus que la désinence -ô, à moins qu’il ne faille voir dans le mot altéré dzenoi, qui figure dans une inscription du 4®siècle avant J.C . (CIL, P , 4), le datif duenoi, de l’adjectif duenos ( — bonus). Marius Victorinus (V I, 12, i et 17, 20 K ) cite populoi Romanoi comme exemple de datif figurant dans les anciens textes de traités et de lois. R E M A R Q U E S . — i. K ent (op. cit.) a supposé une phase d’hésitation ai\â, oijô, selon que le mot suivant commençait par une consonne et pro voquait un abrègement d’après § 44, 1° ou par une voyelle et provoquait la chute de y intervocalique ; les sujets parlants auraient opté d’une part pour la forme ai, d’autre part pour la forme ô. Mais cette explication ne fait que reporter le problème. 2. La terminaison analogique -âi du génitif, qui est devenue -ae comme celle du datif, ne constituait pas une diphtongue, mais comportait deux
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INFLUENCE DE LA PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
voyelles ayant chacune leur tenue propre. Ennius, p. ex., la considère comme un dissyllabe dans son hexamètre : olli respondit rëx Albâi longâi {Ann., 33 V ahl.). Postérieurement au passage de -ai ancien à ei, i, Yâ s’est abrégé devant la voyelle suivante et le groupe ai a fini par se fondre en la diphtongue courante ai, ae. En sanskrit. § 61 a. — i°-5® Aucun changement correspondant (W 259). 6° La diphtongue indienne -ây est représentée in pausa tantôt par ai, tantôt par à, la diphtongue indienne -âw surtout par -à (W 93 et 94). E n ionien-attique.
§ 61 b. — i°-5° Aucun changement correspondant. 6° Les diphtongues finales -ây, ôy, sont devenues à, ô, en attique vers le 2® s. av. J.C. (écrites le plus souvent a, a>) (L 236). En osco-ombrien. 61C . — I® En finale ouverte, * est devenu « en ombrien (B 36) (BO 19). 2°-3° Aucun changement correspondant, mais a tend vers 0 en finale devant ts en ombrien récent (B 29) (BO 16). 4® 0 en syllabe finale est devenu u ou o fermé devant m en osque (B 41) (BO 21). 5® La diphtongue oi finale est devenue c fermé en ombrien (BO 29). Les autres se sont comportées comme à l’initiale, cf. § 32c. 6® Les diphtongues à premier élément long ont eu le sort des diph tongues à premier élément bref (B 50). 7° ü semble être devenu i en finale (B 49) (BO 24). 8® à final a tendu vers 0 en osco-ombrien. En osque, il est transcrit ü de l’alphabet national, écrit 0 ou a en alphabet latin; en ombrien, il est transcrit a ou a de l’alphabet national, toujours écrit 0 en alphabet latin (B 28) (BO 16).
§
En
germanique.
§ 6id. — I® Même tendance qu’en latin en v.h.a. au 9® s. pour i ou a en finale absolue, ancienne ou secondaire (Brugmann 349, 7). 2° Germ, -yan final est devenu yen, en, en v.h.a. dès avant le 8® s. (Brugmann A 5). 3® Sauf généralement devant lE r (cf. § 6od, 2®), lE e final devant consonne est devenu i (avant de disparaître selon § 6od, 2®) (S 65). 4® Aucun changement correspondant. V oir § 6od, 2® (Brugmann 349). 5® Les diphtongues finales germaniques ai, au sont devenues ê, 0, en germanique oceidental; puis, en v.h.a., le ê s’est abrégé, du moins quand il provenait de ai d’intonation douce, en finale absolue (Brugmann 360, 4). 6® Dans les diphtongues à premier élément long cet élément est devenu a en gotique; lE ëy, ëw, ôw sont devenus respeetivement i, iu, 0, en v.h.a. (S 88).
LES VO YELLES EN SYLLABE FINALE
147
7° En syllabe inaccentuée, ê ouvert germanique est devenu a en gotique, e en nordique et en westique (S 88). 8° Pour lE ë, «, 0, cf. § 6od, 4“. En vieil irlandais. § 6ie. 1° Aucun changement correspondant, mais e est devenu i en finale ouverte (avant de disparaître) dans les polysyllabes (P 90). 2° a et 0 en finale sont parfois devenus e sous l’influence d’une consonne palatale précédente (P 174, 2). 3° Aucun changement correspondant. 4° Aucun changement correspondant, mais 0 est devenu û en finale absolue et devant n (avant de disparaître dans les polysyllabes) (P 91). 50 En syllabe finale dans les polysyllabes, les diphtongues à premier élément bref ont disparu sauf devant consonne, où -ows est devenu 0 et plus tard a (pas d’exemples clairs pour les autres diphtongues) (P 91 et 92). 6° Les diphtongues -ôy et -ây non suivies d’une consonne ont disparu, -5y en passant par ü (P 91).
Livre Quatrième Phonétique syntactique
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TITRE I LE SORT DES CONSONNES FINALES
Chapitre 1. S E C T IO N
1
.
Modifications quantitatives L 'A M U I S S E M E N T
En latin. § 62. — 1° a) s fin a l primitivement simple s'est amuî après voyelle brève devant mot à i?iitiale consonantique ; il a toujours subsisté après voyelle longue ; b) d final s'est amiii après voyelle longue et a subsisté après voyelle brève. un
Cp.
J u R E T , p. 206 S.; L eumann , § 155 et 157; L indsay , I I , § 126 et 137; M eillet -V endryes , § 226 et 228; N iedermann , § 46 et 50; P isani, § 122 et 128; S ommer, § 167 et 168; Bassols, § 250, 256 s.; F a r ia , p. 236 s.; K ent , § 141, X ; T agliavini, § 83; G authiot (fin de mot), p. 98 s.; 120; H ammerstroem, G 1, 1922, p. 100-102; II a v e t , Et. G. Paris, 1891, p. 303329; Proskaüer , Auslaut, -s; O trebski, s final-. F rancia , Act. I l l Congr. Estud. clds., III, 1968, p. 71-78; Belardi , R G C M , V II, 1965, p. 1 14-142 (sfinal)-, H amp , GPh, L IV , 1959, p. 165-172 (sfinal)-, II arsh, T A P h A , L X X X II I, 1952, p. 267-278 (s final). — V äänänen , § 128 s. et 130 ss.
a) Cornelia -j- initiale consonantique (C IL , I*, 8) pour Cornelius avec o de U selon § 61, i°; rege -f- initiale consonantique (C IL , P , 1334) pour régis (génitif), avec e de i selon § 61, 1°; corpu(s) meum (Ennius, Arm., 38 Vahl.). L a phonétique syntactique est l’ctude des changements phonétiques conditionnes par la place des mots dans la phrase.
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PHONETIQUE SYNTACTIOUE
Mais arbôs, hotiôs (où -s s’est toujours maintenu après voyelle longue); miles, de *mîless (cf. § 6 i, 3® exemples), où -j, venant de -ss, a toujours été conserve. b) praedâ (ablatif), de praidad (C IL , I®, 48); rnè, de med (CIL, I^ 4); lûcàrî, de loucarid (C IL , I®, 401); stâtô (impératif), de stated (C IL , P, 4); magislrätü, de magistratud (C IL , P , 581). M ais ad, sed, quid, quod, aliud, istud (mots dans lesquels ~d est préeédé d’une voyelle brève). O n le constate, -d final a subi un traitement inverse de celui de ~s primi tivement simple devant un mot à initiale consonantique. O n pourrait expliquer comme suit cette différence. Pour articuler la continue sourde s, les organes doivent rester tendus plus longtemps et faire équilibre à une pression expiratoire plus grande que pour la momentanée sonore d. Le passage en syllabe finale d’une voyelle (très relâchée en cette position)®^ à la consonne -s exige donc un accroissement de tension plus considérable que celui de la même voyelle à la consonne -d. A un endroit où l’articulation a tendance à être négligée, c’est la consonne qui allait le plus à l’encontre de cette tendance qui a cédé. D ’autre part, -s final a subsisté lorsqu’il était précédé d’une voyelle longue. Les organes, particulièrement tendus pendant la tenue de cette longue, ne se sont relâchés que progressivement®® et la consonne suivante a bénéficié du reliquat de tension®*. Par contre, -d, dans les mêmes cir constances, s’est toujours amuï. Cet amuïssement est conditionné par la faiblesse de la consonne : on a vu plus haut (§ 27, i®) que les occlusives dentales, au rebours de la sifflante, s’assimilaient pratiquement toujours aux consonnes suivantes. Ce phénomène, normal à l’intérieur des mots, a pu se produire aussi de dentale finale à consonne initiale, si bien que p. ex., un groupe comme Gnaiuodpâtre se serait prononcé Gnaiuôppâtre. Mais, en vertu du § 43, i°, cette géminée devait se simplifier après voyelle longue : le groupe devenait ainsi Gnaiuô paire. Ces cas étant très fréquents, les formes dépourvues de leur -d se seraient aisément généralisées et auraient seules subsisté®^. Si la dentale ~t n’a pas subi le même traitement, c’est parce que c’était une sourde, donc une forte : elle a pu se maintenir un peu plus ®^ Il s’ agit pratiquement dans ce cas de i et de u. D ’après J u r e t , La phonétique, p. 76, i et U seraient les voyelles les plus tendues. Mais il convient de distinguer en latin comme en français i et u fermés et tendus de i et u ouverts et relâchés. Cf. G r a m m o n t , p. 86. ®® Pour un fait analogue, cp. l ’exception visée par la loi de Verner (§ a8d). Cf. aussi G ram m on t, p . 1 1 5 - 1 1 7 . ® ® O n a vu plus haut qu’i final avait contribué réciproquement à maintenir la quantité longue de la voyelle précédente (§ 60, 4°). ®* Dans haud, où la diphtongue équivaut à une voyelle longue, -d ne se trouvait pas réellement en position finale : l’emploi proclitique de cette négation la liait en effet inti mement au mot suivant. Devant une consonne, on a des exemples de la forme hau {hau pulcrum, sur une épitaphe du temps des Gracques, C IL , I®, 1211; hau sinam, Plaute, Most., 798; hau sânë, Id., Trin., 625, etc.), ce qui correspond à l’explication donnée. La forme haud devant consonne est peut-être une graphie ou une restitution analogique.
LE SORT DES CONSONNES FINALES
I5I
longtemps que la sonore d jusqu’à ce que survienne l’abrègement des voyelles longues finales devant consonne autre que s, qui la sauva de l’amuïssement en latin classique. (Pour le maintien de la dentale nasale n en position finale, cf. § 62, 2°.) Devant un mot à initiale vocalique, il est très probable que s simple apparemment final faisait partie, dans la prononciation, de la première syllabe de ce mot et qu’un groupe comme p. ex., magnus animus se coupait magnu sanimus. s n’avait donc pas de raison de s’amuïr dans cette position, où il était explosif. De plus, son amuïssement aurait laissé les deux voyelles, finale et initiale, en hiatus. s final provenant de w s’est également conservé (cf. § 62, 4° et R ). L ’amuïssement de s dans les conditions précitées s’est effectué pendant la période préclassique. Dans les inscriptions du 3® et du 2® siècle av. J.G., il n’est pas rare que le lapicide, évidemment influencé par la prononciation courante, omette de le noter. De même, les poètes anciens, bien souvent, n’en tenaient pas compte : ainsi, dans le groupe corpus meum (voir exemples), la syllabe -pus est considérée comme brève, malgré l’initiale consonantique du mot suivant. Sans doute par analogie avec les cas où s final continuait à être pro noncé, on le rétablit partout, au moins dans la langue littéraire. Les grandes inscriptions officielles du 2® siècle, même celles qui manifestent une tendance archaïsante, comme le Sénatus-consulte des Bacchanales, ne l’omettent jamais. A l’époque de Cicéron, on se devait de le prononcer, sous peine de paraître subrusticus (Cicéron, Orator, 48, i6 i, et Quintilien, IX , 4, 38-39; cf. § 19). Cf. Belardi, op. cit. L ’amuïssement de d coïncide avec l’apparition des premiers textes littéraires. Comme on pouvait s’y attendre, il a été un peu plus tardif dans les monosyllabes : on trouve encore chez Plaute des formes comme mëd {CapL, 405), tëd {Cas., 90). Les inscriptions postérieures qui ont encore un d final après une voyelle longue sont archaïsantes. § 62. — 2° La nasale labiale m a eu tendance à s’amuïr en position finale, la nasale dentale n s’est toujours amüie dans les nominatifs en -’"ôn. Cp. JURET, p. 214 SS.; L eumann , § 156; L in d sa y , II, § 61, 65 et 137; M e ille t -V en d ryes , § 227; N iederm ann , § 54; P isani, § 129; S ommer , § 166; B assols , § 253 SS.; F a r ia , p. 95 ss.; K e n t , § 56 et 167, I I b ; T a g l ia vin i , § 123. — A b b o t t , APPh, 1917, p. 73-81 ; C u n y , BSOS, 1936, p. 477486; D ie h l (m épigraphique), NJPhP, suppl. B d., 1899, p. 1-327; G a u th io t , p. 161 S.; L en chan tin , BFC, X X I I , p. 199-203; S afarew ig z (m final), Eos, 1934, p. 133-138. — VÄÄNÄNEN, § 127. Scipione (CIL, I®, 9) pour Scipiönem-, Taurasia, Samnio (C IL , I®, 7), pour Tauräsiam, Samnium; non anim(am) et post... (Ennius, Ann., i i V ahl.); homo, de *hom5 n (cf. 1’accusatif homönem, Ennius, Ann., 138 Vahl.). L a nasale labiale, assez faible par elle-même, était, en position finale, dans une situation précaire. O n eut tendance à la négliger dans la pronon-
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PHONETIQUE SYNTACTIQUE
dation, si bien qu’en poésie (sauf parfois dans les monosyllabes), la voyelle précédente s’élidait devant un mot à initiale vocalique. Dans les inscrip tions, même les plus anciennes, on omettait souvent de noter ce phonème caduc. La nasale dentale n, encore plus faible que la labiale, s’est cependant conservée à la fin des mots après une voyelle brève, et, dans certains cas, après une longue. Après une brève (p. ex., dans certâmen, carmen, etc.), l’influence des cas obliques, où n intervocalique n’avait pas de raison de s’amuïr, a dû conserver la consonne au nominatif. Après une longue, n s’est amuï dans les substantifs en -ôn à une époque antérieure à tout document. Les substantifs en -ën ont dû conserver K à la fois parce qu’ils étaient monosyllabiques et par analogie avec les cas obliques. En outre, le passage de e à « exigeait un déplacement moindre des organes que celui de ô à «. Dans les autres mots, du type uidën, tantôn, il s’agissait de forma tions ouvertes, occasionnelles, où n était important, puisqu’il venait ajouter une détermination nouvelle. De plus, il y était soutenu par l’analogie des formes non apocopées uidësne, tantône, etc. REM ARQTJE. — La voyelle précédant m final devait être prononcée d’une façon particulière, si l’on en juge d’après les signes spéciaux (une moitié de rn ou un m couché sur le flanc) inventés par certains grammairiens anciens pour indiquer un son qu’ils étaient impuissants à décrire (cf. ’Velius Longus, V I, 78, 19 SS.; 80, 17 ss.; Quintilien, 1, 7, 23; IX , 4, 39). Il s’agit fort probablement de la voyelle nasalisée. L ’abaissement du voile du p a l^ , mouvement propre aux phonèmes nasals, s’est produit trop tôt, alors que l’articulation de la voyelle n’était pas encore achevée, et cette voyelle a pris dès lors une résonance nasale plus ou moins marquée, comme les voyelles nasales du français, du portugais, du sanskrit, etc. Cette nasale finale n’était pas un « phonème » en latin, mais une variante combinatoire à fonction démarcative. § 62. — 3“ En finale, les groupes qu, nd, rd, et se sont allégés respectivement en c, n, r, c. Cp. S t o l z flacj, IF, 1905, p. 15-24; J u r e t , p. 217 ss.; L eümann , § 153 b; Bassols , § 294; K e n t , § 139, V I ; 141, X I ; T a g l ia v in i , p. 120; M e il l e t V en d ryes , § 230. nec, ac, de nequ(e), atqu(e), selon § 60, i a; dein, proin, de deind(e), proind(e), selon § 60, i° a; cor, de *cord (cp. gén. cordis)-, lac, de lact(e), selon § 60, I“. Seconde implosive d’un groupe implosif, position très faible en latin (cf. § 43, 2° et 27, 1“), la consonne finale a disparu. Son amuïssement a dû au moins être facilité par sa rencontre fréquente avec des mots à initiale consonantique, qui la mettait dans les conditions mentionnées au § 43, 2°. Le groupe -nt dans les verbes a perdu phonétiquement son t, comme le prouvent maintes graphies {coraueron, C IL , I^, 59 = cûrâuërunt), mais celui-ci a été rétabli dans la prononciation soignée pour sa valeur fonc tionnelle et grâce à l’analogie de la 3® pers. du singulier.
LE SORT DES CONSONNES FINALES
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S E C T IO N 2. A B R È G E M E N T ET S IM P L IF IC A T IO N § 62. — 4®i e j consonnesfinales longues ou géminées se sont généralement abrégées ou simplifiées. N. — B. Nous appelons consonne longue une géminée dépourvue de phase explosive. Cp. JuRET, p. 207; L eumann , § 153; L in d sa y , II, § 133; M e il l e t V endryes , § 229; N iedermann , § 65, 4; P isani, § 123; S ommer , § 169, A ; B assols, § 292 s.; K e n t , § 164, IV . — G r a u r , géminées. miles (cf. Ennius, Ann., 269 V ahl. : miles amâtur (finale d’hexamètre, où la syllabe -les est métriquement brève)), de mtless (cf. Plaute, Aul., 528; miles impränsus..., prononcé miles-simprânsus, car la syllabe -les est métriquement longue, malgré la quantité brève de la voyelle e), de *mîlets selon § 23, 2®; anas, de *anass (de *anats, cf. ibid.) ; compos, de *composs (de *compots, cf. ibid.) ; es, de ess (cf. Plaute, Amph., 836 ; mulier es, audâcter..., où la syllabe es était prononcée soit ess devant une pause réelle, soit es-saudacter, car elle est longue, malgré la quantité brève de 1’«) ; sacer, de *sacerr, de sakros (C IL , P , i ; cf. § 45, 2®); ter, de ierr (cf le composé terruncius et Plaute, Bacch., i \ ‘z i)\fe l, de *fell (cp. le génitiffellis). Devant un mot à initiale consonantique, les consonnes longues sont purement implosives. Or, la faiblesse de cette position est peu compatible avec une tenue très longue ; l’attention musculaire se porte avant tout sur l’explosive suivante et elle néglige normalement Fimplosive (cf § 27, i®et 43, I® et 2°). La tenue des consonnes longues se réduit donc tôt ou tard dans ce cas à celle des consonnes ordinaires. Lorsque le mot terminé par une consonne longue était isolé, cette consonne devait aussi s’abréger en latin, en vertu de la tendance naturelle à négliger les finales. L ’analogie des nombreux cas où avait lieu cet abrè gement a dû l’étendre aux mêmes consonnes suivies sans interruption d’une initiale vocalique. Puisqu’on prononçait miles pârat, miles, ubi, etc., on finit par prononcer aussi, comme en témoigne Ennius, miles amâtur et non plus, comme le faisait Plaute, miles-simprânsus. La réduction de la finale des polysyllabes en -rr est la première en date : elle remonte à la période prélittéraire. O n n’a plus de traces en effet de mots du type *sacerr. Viennent ensuite la réduction des finales -rr et -Il des monosyllabes et celle des finales -ss des polysyllabes, un peu après la mort de Plaute (en tout cas pour ces dernières). L a métrique de Plaute suppose toujours la prononciation potess, adess, celle d’Ennius et de Térence, la prononciation potes, ades. La finale -ss des monosyllabes s’est réduite en dernier lieu. L a syllabe es (indicatif de esse) est parfois longue encore dans Térence {Heaut., 707), au rebours de la même syllabe comprise dans le composé ades [Hec., 510). Chez Ennius et les poètes postérieurs, es est toujours compté devant voyelle comme une syllabe brève. Cette chronologie
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PHONETIQUE SYNTACTIQUE
correspond au degré de résistance des phonèmes : toutes choses égales d’ailleurs, un phonème compris dans un monosyllabe a plus de fermeté que le même phonème compris dans un polysyllabe; d’autre part, la consonne s, la continue par excellence, peut garder sa tenue longue plus facilement que toute autre. R E M A R Q U E S . — ■ i. A la différence de -s final primitivement simple, -s final provenant de -ss ne s’est jamais, du moins dans les textes, amuï devant une consonne (cf. § 62, 1°). L a tendance à l’amuïssement exerçait encore ses effets à l’époque de la simplification, comme le montre la finale d’hexamètre horridu(s) miles amâtur (Ennius, Ann., 269), où l’on trouve un exemple des deux phénomènes. Mais l’habitude de négliger l’j ne s’était transmise aux sujets parlants du début du 2® siècle avant J.C . que pour les finales en -us, -is, à défaut d’autres à cette époque. Les nouvelles finales -es, -as, -os, de -ess, *ass, *oss, transmises dans leur intégrité, furent fidèle ment reproduites. 2. La géminée c du nominatif accusatif neutre kocc, de *hod-c(e) (cf. § 60, 1° a) ne s’est jamais simplifiée devant voyelle; cf. le dactyle hoc(c) erat dans Virgile, Aen., II, 664; Horace, Sat., II, 6, i, etc. (Velius Longus, V II, 54, 6 K .) La fréquence de syntagmes de ce genre, où c(c) se trouvait comme en position intervocalique, de pair sans doute avec leur caractère souvent emphatique, a dû conserver au mot sa géminée. En sanskrit (en principe in pausa). § 62a. — 1° a) r, après voyelle brève, e t i se sont affaiblis en un souffle, noté h, en finale indienne notamment in pausa (W 225). h) d a. subsisté (sous forme de sourde), mais r s’est amuï après voyelle longue en finale ancienne de polysyllabe (W 95). Cf. aussi 2“. 2° Une dentale nasale s’est phonétiquement amuïe après voyelle longue en finale ancienne (W 95). Cf. aussi b. 3° Sauf le groupe r + occlusive (en principe suivi autrefois d’une consonne), seule la première consonne d’im groupe a subsisté phonétique ment en finale (W 261). 4° Même phénomène qu’en latin (Brugmann 326). En ionien-attique. § 62b. — I ° a) En finale s a subsisté, b) d ainsi que les autres occlusives se sont amuïs (sauf dans les proclitiques) (L 305 et 306). 2° Les nasales ont subsisté en finale (L 142). Pour lE m, cf. § 63b, 2“. 30 Cf. i» b. 40 Même phénomène qu’en latin (L 304). En osco-ombrien. § 62c. — I“ a) En finale, j et r ont tendu à s’amuïr, b) d s’est amuï en ombrien (B 92, 82 et iio ) (BO 53, 62 et 77). 2° Les nasales finales ont tendu à s’amuïr en ombrien, -m en osque (B 88) (BO 58). D e même ƒ et k en finale ont tendu à s’amuïr en ombrien, surtout dans les pol^'syllabes (B 89 et 118) (BO 63c).
LE SORT DES CONSONNES FINALES
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3® Les groupes st, rt sont souvent devenus s, r, en finale en ombrien (B 104) (BO 65). 4“ Même phénomène qu’en latin, sans doute, pour ; et r de -rs, -Is, s’ils sont passés par -rr, -II, selon § 23c, 7° et 8° (B 96 et 98) (BO 63a et b). Mais, en osque, ss provenant soit de -ks, soit de -ns ancien (sans doute en passant par (n )ts , cp. § 37c, 4P) a subsisté (B 121 et 189) (BO 63c et 69). En germanique. § 6ad. — 1° a) s final lE s’est généralement amuï en westique sauf, en tout cas, dans les monosyllabes brefs, où il est devenu r. Cf. § 63d, 1“ (Brugmann 360, 9) ; b) ainsi que t à la finale des polysyllabes se sont amuïs en germanique après une longue accentuée ou après une voyelle inaccentuée (S 129, 7)2“ Les nasales lE se sont amuïes en finale, sauf dans les monosyllabes à voyelle brève. Cf. § 63d, 2° (S 129, 7). -w germanique est devenu -n en v.h.a. et a subsisté, r est tombé en v.h.a. après voyelle longue in pansa (Brugmann 360, 7). 3° lE -K°(e) s’est allégé en -h en gotique (Brugmaim 853). 4P Même phénomène qu’en latin (Brugmann 360, i i ) ; en outre, les géminées se sont simplifiées en v.h.a. dans toute syllabe inaccentuée (Brugmann 328). En vieil irlandais. § 62e. — • 1° La séquence finale occlusive ou nasale + s a disparu. Après voyelle, notamment, s final est d’abord devenu k, qui a subsisté en sandhi devant initiale vocalique (P 87). Voir aussi § 24e, 5°. Les occlusives finales lE ont disparu, sauf d dans les monosyllabes et t après consonne autre que s (P 88). 2° Les nasales ont disparu en finale absolue (P 89). En sandhi e.xterne, elles reparaissent a) sous forme de n devant voyelle, b) transformant en nasales correspondantes les occlusives sonores et en occlusives sonores les occlusives sourdes initiales avant de s’amuïr définitivement (P 187). 30 C f 1° et 5°. 4P Même phénomène qu’en latin, sauf souvent pour -ss, du moins dans la graphie. 5° th v.irl. intérieur ou final est tombé dans les proclitiques (P 114, i).
Chapitre 2.
Modifications qualitatives
En latin. § 63. — Les occlusives sourdesfinales ont eu tendance à se sonoriser après voyelle à date ancienne. Cp. JURET, p. 204 S S . ; L eumann , p. 177; M eillet -V endryes, § 226; § 1 2 1 ; Bassols, § 251; F a r ia , p. 233; K ent , § 138, II I; T a glia -
P is A N i,
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PHONETIQ.UE SYN TACTiqU E
viNi, p. 120. — G a u th io t , p. 84 et 99 s.; S a f a r e w ic z , E os, L IV , 1964, p .
99
SS.
ab, sub, ob, en face de ombrien ap- (dans apehtre« ab extra »), osque ctutc, op] deded (C IL , passim, cp. osque deded), de dedet. L e contraste latin ob : osque op et le parallélisme latin deded : osque deded suggèrent une explication différente pour le cas des prépositionspréverbes et celui du parfait. Les premières étaient des proclitiques et se trouvaient ainsi en contact étroit avec des mots à initiale tantôt sourde tantôt sonore. L ’occlusive sonorisée devant sonore a été généralisée en latin in pausa et devant voyelle. Les mots à valeur pleine gardant leur autonomie en latin, la sonorisation de -t dans le type deded doit s’expliquer par l’affai blissement de la consonne implosive à la fin d’un polysyllabe, d’où sa moindre résistance à l’influence du phonème sonore suivant. Le contraste -d ; -t qui oppose les temps secondaires aux temps primaires en latin ancien à la 3® personne peut s’expliquer par la présence à date ancienne d’un i après le t dans ces derniers (cp. skr. bhârati et lat. arch. 3® pers. plur. tremonti, Carmen Sal.)] la chute de cette voyelle aurait été postérieure à la tendance qui fit passer -t implosif ancien à -d. O n a parfois tenté de justifier le contraste ab, sub : et, nec, at, aut, etc., en supposant respectivement pour les deux séries l’absence et la présence d’une voyelle finale en latin (cf. notamment Ernout-Meillet, article ab). O n peut admettre aussi que la différence de traitement provient du caractère plus autonome des mots de la seconde série, qui sont des conjonctions et non des prépositions-préverbes. R E M A R Q U E . — Les formes classiques des temps secondaires en -t à la 3® personne sont analogiques de celles des temps primaires. Les ins criptions du 3® s., où le type dedet alterne avec le type deded, montrent que l’analogie avait au moins commencé à opérer à cette époque. V oir § 60, I® R 3. Une forme du type caput a un f final analogique des cas obliques. De même, aliquot a un f analogique de quot, de *k"oti (cp. skr. kdtï). En sanskrit. § 63a. — In pausa, toutes les occlusives lE subsistantes sont repré sentées par des sourdes non aspirées (W 260). En ionien-attique. § 63b. — I® Aucun phénomène correspondant. 2®m final lE est devenu v (L 142). En osco-ombrien. § 6 3 c .----- 1 lE est devenu -d dans les fo rm e s verbales (à la 3® pers. du singulier) (B 104) (BO 65), mais -s à la 3® pers. du pluriel (B 176) (BO 65).
LE SORT DES GROUPES DE CONSONNES INITIAUX
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En germanique. § 63d. — I® ƒ« pausa, les spirantes sonores interdentale et labiale ainsi que Z se sont assourdis en gotique. lE après voyelle est devenu r en nordique et, dans les monosyllabes brefs, en westique (Brugmann 360, 10 et 9). 2® -m lE est devenu -n et a partagé son sort (cf. § 62d, 2®) (S 129, 7b). 3® -m v.h.a. est devenu -n vers l’an 800 (Brugmann 360, 6). En vieil irlandais. § 63e. — I® En finale absolue inaccentuée, la spirante sourde th est devenue sonore. Mais voir § 62e, 5° (P 6 1, 3) ; de même, en syllabe inac centuée, la spirante ch palatalisée (P 51, 2). 2® En position finale, m lE est devenu n et a partagé son sort (cf. § 62e, 2®). 3® En proclise, / est devenu r, surtout après la période du vieil irlandais (P i i i ) .
4® En proclise, une consonne tend à perdre sa palatalisation ou sa labialisation (P iio ).
TITRE II LE SORT DES GROUPES DE CONSONNES INITIAUX § 64. — Certains groupes initiaux se sont allégés : pt- en t-, dy- (parfois) en y-, wr- en r-, wl- en 1-, (s)tl- en 1-, dm- en m-, gn- en n-, ainsi que les géminées. Cp. JuRET, p . 168 SS .; M eillet -V endryes , § 137 et 138; Pisani, § 88, 1 16I I 7, 124; Brugmann , § 359; I d . (stlîtibus), IF, 1900, p. 99-111; Pariente (stl-), Emerita, X X X V I , 1968, 247-269; F rancia , Act. I l l Congr. Estud. clâs., III, 1968, p. 71-78; S zem erényi , Arch. Ling., V I, 1954, p. 43 s. (lis)-, Bassols, § 267; F a r ia , p. 225, 250; K ent , § 197; T agliavini , p. 109 SS. tilia, s’il vient de ptilia (cp. grec nTsXéoc « orme ») ; louis, de Diouis (Varron, L.L. 5, 66) ; ràdix, de *wrâdîx (cp. got. waurts)-, lâna, de ^wlânâ (cp. v.sl. vlûna, got. wulla) ;
158
PHONETIQUE SYNTACTIQUE
lis (à côté de sells, C IL , X , 2 1 1, etc., selon § 36, 2° b), de süls (P. Festus, p. 411, 14; Quintilien, 1, 4, 16) en passant parj/lt; locus, de stlocus (P. Festus et Quintilien, Le.) ; lâtum, de *tlâtum (cp. tollô et dorien tXStoç) ; mâteriës, de *dmâ- (cp. dorien veô-SpôcTOç) ; nâtus, de gnâtus; nôscô, de gtwscô. Tous ces groupes, sauf tl et dy, figurent en latin classique à rintérieiu* du mot. C ’est donc leur position initiale qui a conditionné leur allégement. Il s’agit, au moins partiellement, d’un phénomène de phonétique syntactique. Lorsque le mot qui la précédait dans la phrase se terminait par tme consonne, la première consonne des groupes pt, wr, wl, gn, et des géminées y compris dm, dy, devenus mm, yy, selon § 23, 3“ et 29, 2®, devenait la dernière d’un groupe irnplosif. De toute façon, la première consonne était en position faible, car, tout en étant implosive, elle faisait partie de la même syllabe que l’explosive suivante. Son articulation était malaisée et son degré d’audibilité réduit. Etant donné la débilité des implosives en latin, elle disparut dans tous ces cas. Le groupe tl, bien qu’explosif, présentait une difficulté spéciale en raison des points d’articulation trop rapprochés des deux consonnes (cf. § 36, 2“ b), s, dans le groupe si-, de stl-, ainsi que dans les groupes sm-, sn-, dut se sonoriser et s’amuïr selon § 42, 4®. Pour le groupe dy-, cf. aussi § 45, i®. L ’amuïssement de g dans le groupe gn ( = nn,1 a dû se produire au cours du 2® s. av. J.C . O n trouve encore gn initial dans Plaute et dans Térence à côté de formes sans g. R E M A R Q U E S . — i. gn- a été conservé dans les noms propres : Gnaeus-, également dans gnârus (à côté de nàrus), gnäuus (à côté de nâuus) par analogie avec ignârus, ignäuus. Il se présente encore dans gnâtus, lorsqu’on veut donner au mot un aspect archaïque (p. ex. Horace, Sat., II, 3, 202, 305, etc.). Cf. Marouzeau, Stylistique, p. 89-90. 2. L ’initiale stl est encore conservée à titre d’archaïsme dans la formule épigraphique S T L IV D — stlitibus iüdicandis. stlatta est un mot technique, de type populaire; stloppus, à côté de scloppus, une onomatopée; stlembus (P. Festus, p. 413, i), sans doute aussi un terme populaire, peut-être un emprunt. En sanskrit. § 64a. — A l’initiale, une occlusive a disparu devant une occlusive (W 229); les géminées se sont simplifiées. En ionien-attique. § 64b. — Aucun changement correspondant, sinon pour les géminées (L 312). (La chute de w dans wl-, wr-, s’est produite tout aussi bien devant voyelles, L 316.) Mais les groupes initiaux ”‘pßp-, ’“{i-ßX-, *vSp-, provenant de l’insertion de ß ou de S, ont perdu leur première consonne (L 312). Pour le groupe Sw, c f § 43b, 3®; pour le groupe Sy, c f § 29b, 2®.
LE SORT DES GROUPES DE CONSONNES INITIAUX
159
En osco-ombrien. § 64c. — A l’initiale, le groupe dy- est devenu j;- en osque récent et en ombrien (B i i i ) (BO 48), le groupe tl- a subsisté (B 106). Le groupe gnest devenu n- en ombrien, a subsisté en osque (B 123). Les géminées se sont simplifiées. En germanique. § fiqd. — A l’initiale, le groupe ks- est devenu s-, le groupe ksi- est devenu si-, w est tombé devant / et r en v.h.a. (Brugmann 361, i et 159, i). Les géminées se sont simplifiées. En vieil irlandais. § 64e. — 1° Aucun changement correspondant, sinon pour les géminées et pour stl-, devenu si- (P 26, 5). Pour pt- et dm- ? Mais allégement de dwet dhw- en d-, de bhw- en b- (P 17), de sw- en s- (P 24, 4), de st en s, parfois t (P 25,5), de str- en sr- ou tr- (P 26, 2), de skn- en sn- (P 26, 8). Les groupes initiaux *mbr, *mbl- provenant de l’insertion de b ont perdu leur m (P 75). 2° s initial a disparu dans les proclitiques, sauf après les prépositions ne causant pas la lénition (P 113)-
Traitement (en principe) « inconditionné » des phonèmes indo-européens
§ 65. N.B. I. Le traitement latin, osque, germanique et v. irlandais des voyelles indo-européennes est en principe celui de la voyelle portant l’accent propre à chacune de ces langues; le traitement des autres pho nèmes dans ces mêmes langues et en grec est en principe celui de l’initiale absolue devant voyelle. Pour les autres traitements éventuels, voir l’index des changements, p. 173 ss. Pour un examen des faits, « dans l’attente d’une nouvelle synthèse de l’indo-européen », voir Oliveira. 2. Il ne saurait être question ici des laryngales, série de phonèmes que seul le hittite a conservés parmi les langues indo-européennes. Pour la théorie, voir Polomé. 3. L a quantité longue d’une voyelle sera uniformément indiquée par le signe quel que soit le signe employé dans les diverses langues. IN D O EUROPÉEN
VOYELLES a e i
Sanskrit (avest.)^^ lonien-attique
Gotique ( Ü.Ä.ÖJ®®
Osque
Latin
V. irlan dais
a e e
a e î
0
a e î 0
U
a i (e) î a
U
U
U
U
U
0
â à î à û i
Y], ailleurs â ■n
â ê ï ô
â ë (noté î) û
Ö (uo) ë (â) ei = ï ô (uo)
û
û
û
a
a
a
ä ï ï ä û a
a
0
a a i a
U
â ë î 0 û 3®®
e i
l CO
ü e, a, 0®’
î
0
(ï)
DIPHTONGUES Cf. § 32 et correspondants.
Le traitement propre à l’avestique et au vieux haut-allemand sera indiqué entre Q" Symbolise une voyelle de timbre indécis en alternance avec ë, à , ô. S’amuït devant voyelle et, en germanique surtout, parfois entre consonnes. Pour le groupe sonante -f- 3 entre consonnes, cf. les sonantes. En principe selon que la voyelle alternante était ë, â, ô respectivement.
TA BLEA U COMPARATIF
1 62 Sanskrit ( avest.)
IN D O EUROPÉEN
lonien-attique
Latin
Gotique (v.h.a.)
Osque
V. irlan* dais
SONANTES Semi-voyelles :
y y ya entre consonnes ï
w
W3 entre consonnes
L (ta ?)
V
(ua ?)
i(= y ) î U ( = w) ü
i(= y ) ï
j = y ï
V
w
Û
ü
l f
û
ù
û
r r(l)
%
1
1
1
1
ap, pa
or, ur
ür
aur = or, ru (ur, ru)
ri
ak, Xa
ol
ùl
ul. lu
li
pâ, pcû (op ?)
râ (ar ?)
ar
aur = or (ur)
ar, rà
Xâ, Xco (oX ?)
lâ (al ?)
al
ul
al, lâ
m n
(A V
m n
m n
m n
m n
a
a
em
em
um
em
a
a
en
en (an)
un
en
âm
[xâ
ma
mâ (am ?)
um
ani, mâ
â (an?)
vS
nâ
nä (an ?)
un
an, nâ
P
TU
P
P
ß < p (= 7 C »)«
f
p " (P f)" b40
b
f 42
t
J j" (d )“
t
Liquides :
r 1
r voyelle devant consonne ou r à la finale^^ î voyelle devant consonne ou à la finale^® r ro entre ïr, ûr consonnes®^ b entre ïr, ür consonnes®^
P
r
r
r
r
N asales :
m
n m voyelle devant consonne ou à la finale®® n voyelle devant consonne ou à la finale®® ma entre consonnes®® no entre consonnes®®
CONSONNES Occlusives Labialês : P
b bh
b bh (b)
b
b
f40
b
Dentales : t
t
T
t
Devant voyelle et généralement devant semi-voyelle, ainsi que, pour m voyelle en sanskrit et en grec, devant n, et, pour les nasales en vieil irlandais, devant spirante ou m, le symbole parfois employé de la sonante voyelle équivaut au groupe « voyelle réduite suivie de la sonante ». Pour le développement de la voyelle réduite, c l. § 45, 3“ et corres pondants. Le traitement sporadique am en finale en sanskrit pour m semble être dû au sandhi devant voyelle. Devant voyelle, o s’est amuï. Cf. n. 36. C e traitement, qui est germanique commun, est appelé première mutation consonantique ( erste Lautverschiebung) ou loi de Grimm. Mais voir § gSd. Ce traitement, propre surtout au haut-aUemand, est appelé deuxième mutation consonantique (zweite Lautverschiebung). Précisons que le traitement ch, hh, h, a lieu en position intervocalique ou finale après voyelle.
TABLEAU
J^'DOEUROPÉEN
Sanskrit (avest.)
d dh
d dh (d)
S
ç =
cf. lE k cf. lE g cf. lE gh
Gutturales tales^ :
«
»
163
C O M P A R A T IF
lonien-attiqüe
Gotique (v.h.a.)
Osgue
Latin
V. irlan dais
d f
d4o (t )4 i
d
cf lE k cf lE g cf. lE gh
c f lE k c f lE g c f lE gh
c f lE k c flE g cf. lE gh
c f lE k c f lE g c f lE gh
y
c (q, k) g
k g h
h“ k I 60, 61, 61, 40, 40,
I et 4 2R I 2 2Ri
57 > I 40, 2 R i
47 , 3 R40, 40, 40, 40,
2 Ri 2 2 R2 2Ri
44, 2 R
57 , I 61, 4
uegetus uehü uenustus uelit uellc
28, 2 R 30, I R i 23, 6
34, 3 R4 3 4 , 3 R -4 57, I 32, 3 44, 4d
57, 2 60, 4
23, 7; 24, 3; 27, 2; 30, 4
uellus uerbuin uermis uerrô uersus uertex uespa uester uetô uicissim uïeus uiden uîdî
uaber uafer 28, 2 R ; ualdë ualeat ualiat uarietâs uëcos uectus
47, 2 28, 2
uigil uîginti uïlicus ullla uîllum uïn uinctus uir, voc.
30, 4 36, 2 36, I 36, I 36, I ; 43, 2a
36, I 40, I 36, I 36, I 47, 3 32, 3 ; 36, I
60, 4
36, 47, 47, 43, 43,
I I
3 I R I R
59 60, I 4 3 , 2a 60, I
uisus ülîgô ulna umbilicus umerus uncus undecim unguis uoles uolnus 23, 6 ;
44, 4a
5123 23, 6 30, 5 30, 5
30, I 28, I R 2
30, I 30, 2 30, 4 R
U0I0
30, 2
uolt uolumus
57, I
30, 4 R
uomö 30, 5 R i ; 36, I uorö 3 6 ,1 uorrus 66 urbs 60, 2 ürö 32, 4 ut 60, I ûtî, ûtier 32, 5 uulnus 30, 4 30, 4 et R uult 60,4 uxor 4 N .B .
*,12
Table des matières Les chiffres placés entre parenthèses renvoient aux pages traitant des langues autres que le latin. A v a n t - p r o p o s ..........................................................................................
7
B ib l io g r a p h ie ..........................................................................................
9
S ignes
c o n ve n tio n n e ls
........................................................................ P R E M IÈ R E
14
P A R T IE
N O TIO N S D E PH O N É TIQ U E D ESCRIPTIVE E T D ESCRIPTIO N D ES SONS D U L A T IN AN CIEN Définition de la phonétique et méthode de la description phoné tique du l a t i n .................................................................................... L e mécanisme général et les organes de la phonation....................... Les différentes phases de l’articulation............................................... Les voyelles latines ................................................................................ Les semi-voyelles la t in e s ........................................................................ Les diphtongues latines ........................................................................ Les consonnes latines.............................................................................. Degrés de fermeté des phonèmes considérés isolém ent....................... L a syllabe et ses limites en l a t i n ....................................................... Degrés de fermeté des phonèmes dans la syllabe et dans le m o t . . . L ’a c c e n t ..................................................................................................... L ’accent l a t i n .......................................................................................... SECON DE
17 20 21 22 24 24 25 28 29 30 32 32
P A R T IE
LES
GRANDS PH ÉN O M ÈN ES D 'É V O L U T IO N PH O N ÉTIQ U E E T LES SONS D U L A T IN A N CIEN DANS L E CADRE D ES LANGUES INDO-EUROPÉENNES
Points de m é th o d e .................................................................................. Définition des changements p h o n é tiq u es........................................... Causes et conditions des changements phonétiques........................ Caractères des changements phonétiques........................................... L IV R E
35 36 36 37
P R E M IE R
Influence des phonèmes sur les phonèmes contigus T it r e I. — C h a p it r e
odifications q u a l ita tiv e s
.......................................................
45
Définition et m é can ism e .................................................................. L o i générale de l ’a ssim ila tio n .......................................................
45 47
A. MANIET
i
. —
M
L ’a s s im ila t io n
8
TABLE DES MATIERES
210
S e c tio n
i . D e consonne à consonne..............................................
I . A s s i m i la t i o n t o t a le A)
.........................................................
R é s u l t a n t e n d é f i n i t i v e d e l ’ a s s im ila t io n d u p o in t d ’ a r t i c u l a t i o n ................................................. R é s u l t a n t e n d é f i n i t i v e d e l ’ a s s im ila t io n d u m o d e d ’a r t i c u l a t i o n ..............................................
48
(48) (5 1 )
1. A u p o in t d e v u e d e l a r é s o n a n c e . . . 2 . A u p o in t d e v u e d e l a n a s a l i t é ...........
49 53 53 53 55
B ) A s s im ila t io n d u p o in t d ’ a r t i c u l a t i o n . . . .
56
C o n c l u s i o n s u r l ’a s s im ila t io n d e c o n s o n n e à c o n s o n n e e n l a t i n ............................................................
57
B)
A s s i m i la t i o n p a r t i e l l e .................................................
II.
A ) A s s im ila t io n d u m o d e d ’ a r t i c u l a t i o n . . . .
III.
S e c tio n S e c tio n S e c tio n S e c tio n S e c tio n C
h a p it r e
2. 3. 4. 5. 6.
2. —
S e c tio n S e c tio n
47 48
De De De De De La
consonne consonne voyelle à voyelle à voyelle à
(54) (55) (,56)
à des segments vocaliques................ à s e m i-v o y e lle ...................................... co n so n n e ................................................. sem i-voyelle........................................... voyelle ...................................................
58 62 64
d i f f é r e n c i a t i o n ....................................................
79 79
(82)
83
(85)
i . Accentuation d 'u n e d iffé r e n c e ................................... 2 . Développem ent d ’ un phonèm e in terca la ire...........
(63) (68)
69 76
C
h a p it r e
3. —
La
p r é v e n t i v e ...................
86
(86)
C
h a p it r e
4. —
L ’ i n t e r v e r s i o n ............................................................
87
(89)
T C
II. —
M
o d if ic a t io n s
q u a n t it a t iv e s
L ’ a m u ï s s e m e n t .........................................................
90
S e c t i o n i . Am uïssem ent p a r dissim ilation en c o n ta c t........... S e c t i o n 2 . Am uïssem ent p a r augmentation (Taperture . . . . S e c t i o n 3 . Am uïssem ent p a r sim plification ou allégement .
90 92 96
h a p it r e
i
. —
it r e
d iffé r e n c ia tio n
( 60)
(9 1) (94) 98)
A b r è g e m e n t e t a llo n g e m e n t d e v o y e lle s
100 (103)
3. — D é v e lo p p e m e n t d e v o y e lle s o u d e s e m iv o y e l l e s ............................................................................................................
104 (106)
C
h a p it r e
C
h a p it r e
2. —
L IV R E D E U X IÈ M E Influence des phmièmes sur les phonèmes non contigus C hapitre i . — L a d i l a t i o n ....................................................
Section I . Dilation vocalique . . . . Section 2. Dilation consonantique .
109 1 10
113
C hapitre a. — L a d is s im ila t io n ..........................................
1 15
En la tin ..................................................................................... Dans les autres la n g u e s........................................................
1 15 118
4)
211
TABLE DES MATIERES
C hapitre 3. — L a d issim ila tio n p réven tive
. . . . ........
“ 9 (la i)
Section i. Arrêt de Vévolution phonétique........................... Section 2. Adaptation de la formation morphologique . . . .
119 120
Conclusion sur la dilation et la dissimilation latines . . .
121
C hapitre 4.
—
L ’h a p lo lo g ie ....................................
122 (122)
C hapitre 5.
—
L a m étath è se
123 (123)
..............................
L IV R E T R O IS IÈ M E Influence de la prononciation spéciale de la syllabe initiale sur les phonèmes des autres syllabes T it r e
C hapitre i .
I. —
—
L es v o y e l l e s d e s s y l l a b e s in t é r ie u r e s
L ’a p o p h o n ie ..................................
En latin : 1. Voyelles brèves intérieures en syllabe ouverte . . . 2. Voyelles brèves intérieures en syllabe fermée. . . . 3. Diphtongues intérieures.................................. 130 Dans les autres la n g u e s........................................................... C hapitre 2.
—
L a s y n c o p e ...................................
125
126 129 130 132 (133)
T itre II. — L es voyelijes en syllabe finale
C hapitre i . — M o d ific a tio n s q u a n tita tiv e s ...................
135 (140)
Section i. Chute d'une voyelle brève finale....................... A) En finale ouverte (apocope)............................. B) En finale fermée (syncope).................... 136
135 135
Section 2. Abrègement d’une voyelle longue fin a le ........... A) En finale ouverte.................................................. B) En finale fe r m é e .................................................
137 137 139
C hapitre 2. — M o d ific a tio n s q u a li t a t i v e s .....................
141 (146)
Section i. Voyelles simples....................................... A) En finale ouverte.................................................. B) En finale fe r m é e .................................................
141 141 142
Section
144
2.
Diphtongues............................................. L IV R E Q U A T R IÈ M E Phonétique syntactique
T itre I. — L e sort des consonnes finales C hapitre i . — M o d ific a tio n s q u a n tita tiv e s ...................
Section Section
i. 2.
L ’amuïssement........................................... Abrègement etsimplification......................
149 (154)
14g 153
212
TABLE DES MATIERES
C hapitre 2. — M o d ifica tio n s q u a lita tiv es
.............................
155
En la t i n .......................................................................... Dans les autres langues ..............................................................
155 156
T itre II. — L e sort des groupes de consonnes initiaux En la t i n ......................................................................................... Dans les autres langues ..............................................................
157 158
T ableau comparatif du traitement inconditionné des phonèmes indo-européens .............................................................................
161
A ppendice . La gémination expressive..................................................
165
C onclusion g é n é r a l e .......................................................................
167
I ndex des changements conditionnés du l a t i n .................................
173
I ndex des changements conditionnés du sanskrit .........................
178
I ndex des changements conditionnés de l’ionien-attique...............
182
I ndex des changements conditionnés de l’osco-ombrien................
187
I ndex des changements conditionnés du germanique .................
191
I ndex des changements conditionnés du vieil irlandais (et, partiel lement, du gallois) ......................................................................
195
I ndex des termes techniques............................................................
201
I ndex latin ........................................................................................
203
T able des m a t iè r e s .........................................................................
209
1975. — Im prim erie des Presses U n iversitaires de F ra n ce. — V endôm e (F rance) IMPRIMÉ EN FRANCE
IM P. N ° 2-1 702