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French Pages 639 [321] Year 2015
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Presses Universitaires de Rennes
1555
Les
Questions symboliques
“Achille Bocchi
Symbolicae quaestiones, 1555
Collection « Renaissance »
Dirigée par Pascal Brioist, Philippe Hamon, Cédric Michon, Anne Rolet et Alain Salamagne, la collection « Renaissance » est une co-édition des Presses universitaires François-Rabelais (PUFR) et des Presses universitaires de Rennes (PUR), soutenue par le Centre d'études supérieures de la Renaissance (CESR). Elle propose de mettre en lumière, sous ce vocable au singulier, la diversité foisonnante d'une période qui s'étend chronologiquement du milieu du x1v* siècle au début du xvii siècle et qui voit l'espace géographique européen s'ouvrir de manière large aux relations avec les autres continents. Résolument pluridisciplinaire, la collection permet le dialogue entre les différents champs du savoir et de la recherche. Elle se propose de publier des travaux inédits et variés : monographies, essais, biographies, recueils d'études, actes de colloque et thèses. La maquette est instituée sur un grand format (210 X 280 mm) favorisant ainsi la mise en valeur des ressources iconographiques. Des représentations aux pratiques
culturelles, des manifestations du politique à la spiritualité religieuse, des cadres géographiques, sociologiques et économiques aux formes esthétiques et littéraires, de la philosophie aux différents champs artistiques, la collection souhaite faire du concept unificateur de « renaissance > un outil pour rendre compte des développements pluriels d'une époque féconde, qui articule tradition et innovation, rupture et continuité. Elle entend ainsi dépasser la coupure académique, souvent illusoire et parfois intellectuellement nuisible, entre Moyen Age et Temps modernes.
Anne Rolet
Les
uestions symboliques dAchille Bocchi Symbolicae quaestiones, 1555
Titres déjà parus 2014 L. Gaugain, Amboise. Un château dans la ville
À. Bernazzani, Un seul corps. La Vierge, Madeleine et Jean dans les Lamentations italiennes A. Bernardoni, A. Neuwahl, Construire à la Renaissance. Les engins de chantier de Léonard de Vinci X. Pagazani, La demeure noble en Haute-Normandie. 1450-1600
2013
C. Michon, L. Petris (dir.), Le Cardinal Jean Du Bellay. Diplomatie et culture dans l'Europe de la Renaissance
Tome 1
NZ Introduction et
édition critique du texte latin
M. Meiss, Les Guise et leur paraître
C. Alix, F. Epaud (dir.), La construction en pan de bois au Moyen Age et à la Renaissance P. Martin, Les Emblemes nouveaux d’Andreas Friedrich (1617) 2012 A. Salamagne, J. Kerhervé, G. Danet (dir.), Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne C. Michon (dir.), Conseils et conseillers dans l Europe de la Renaissance (v. 1450-v. 1550)
P. Morel (dir.), Le Miroir et l'Espace du prince dans l'art italien de la Renaissance A.-L. Collomb, Splendeurs d'Italie. La peinture sur pierre à la Renaissance J. Varet (dir.), Calvin. Naissance d'une pensée 2010 A. Salamagne (dir.), Le Palais et son décor au temps de Jean de Berry
Collection « Renaissance » Presses universitaires François-Rabelais de Tours Presses universitaires de Rennes
2015
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Sommaire du tome
Achille Bocchi, Symbolicae Quaestiones, Bologne, 1555
Symbolum 102 (premier plan) et Symbolum 140 (arriére-plan),
1
[© Glasgow University Library, exemplaire SM 183]
Introduction aux Questions symboliques
et édition critique du texte latin
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Chapitre |. Étapes biographiques et genèse d’une œuvre... 5133 |. Esquisse d’un parcours et premières ŒUVTES ........ss.sssrrrsorosooisnionsonessanicnnossnisnnsssenzonaninaninio. 23
snenannnnessnersscsnesrensecesansenves 37 ss ll. L’académie et le modèle académique 1. Du Vadum Bocchianum au Palazzo Bocchi : architecture, société
et rêve philosophique à l'antique...
39
2. La réalité des dettes et l'espoir des subsides : mécènes et intercesseurs.….…..…..... 45
3. Académie de papier, pratiques littéraires et réseaux mouvants : textes et paratextes................... 47 Ill. Genèse et publication des Symbolicae QUACSTIONES .........scseesereseeesersersetseesttsensenecssenesneens 53
1. Les strates de la composition d’après le témoignage des manuscrits... à Les με
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b. Les Autographae epistolae ad Romulum Amaseum
57
(Milan, Bibl. Ambros., ms D 145 inf.) c. Le manuscrit Sloane 3158 (Londres, British Library) es
58
2. L'épopée éditoriale...
61
b. Comprendre l'édition de 155 Semen c. L'édition de 1574 summer
67
a. La réalisation des gravures...
© Presses universitaires François-Rabelais de Tours, 2015
60, rue du Plat-d’Etain — BP 12050 37020 Tours cedex 1 — France
www.pufr-editions.fr
UHB Rennes 2 -- Campus La Harpe
2, rue du Doyen-Denis-Leroy
|
35044 Rennes cedex — France
www.pur-editions.fr
ISSN : 2107-2566 ISBN PUER : 978-2-86906-380-8 ISBN PUR : 978-2-7535-3992-1
Dépôt légal : 17 semestre 2015
t1 & t. 2 ne peuvent être vendus séparément
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d. Les Symbolicae Quaestiones, oeuvre à SUITE ? mn
6. La postérité es
© Presses universitaires de Rennes, 2015
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72
Chapitre II. Le Symbolum ou l’ambition d’un genre totalisant............. AES τὸ» 74 |. La toute-puissance du symbole : matière et forme...
76
1. Du signe au genre : le symbole ou les enjeux de la polysémie
dans le Symbolum symbolorutt .cocsssseesnsseeessessesnsssessnsssessanseessunssessinsseseuanasensnnnsersansnenanansensansssesen 77
2. Fixer les règles de l’investigation : la quaestio.….......eneenNeennt 84 86 3. La définition d’un ton et d’une méthode : jeux sérieux... 4. Poétique de la “ sylua ” symbolica….…….................mnNnneens 89
Sommaire
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
ll. Ductilité générique et warietas : présence et effacement
d Janus et Minerve: la célébration de la paix...
GH modéle/épiprammalique AIGIALIQNG re. M
e. Conclusion : de l'éloge du prince à l’éloge des villes...
5. : les langages de l'image.
SIL. L’académie et le modèle académique. 1° IV. 1. La genèse contrastée des constituants d'un corps hybride.
20
2 Voir L’instauration du tableau. Métapeinture à l'aube des temps modernes, Genève, 1999° et Brève histoire de l'ombre, Genève, 2000.
4 Voir Le détail : pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris, 2008°.
21
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) -tome 1
Enfin, l’inévitable impression d’éclatement que peuvent susciter des analyses ponctuelles de piéces précises
nous a persuadée de réserver une partie importante de notre introduction a une synthése des thémes majeurs suivis par le recueil emblématique”. Autour du lien fécond et passionné qui se noue entre ego et alter, entre le poète et la société de son temps, nous avons tenté d’établir un panorama qui permette de rendre compte des grandes dynamiques idéologiques qui traversent l’ouvrage et évoluent avec lui. Notre idéal aurait été de pouvoir mener sur ces pièces la magnifique application d’une « archéologie du regard » que Gilles Sauron a proposée sur les décors romains antiques, et qui rencontre par bien des aspects l'enquête iconologique conçue par Erwin Panofsky : l'usage de motifs symboliques devenus avec le temps totalement énigmatiques témoigne d’habitudes visuelles fondées sur des codes culturels implicites, partagés par les artistes, les commanditaires et éventuellement un public spectateur, codes dont le chercheur doit retrouver les clés à partir de tous les matériaux dont il dispose, sans frontière disciplinaire. Dans le recueil de Bocchi, les relations au prince évergète et à la cité amènent l’emblématiste à se mettre en scène comme suppliant, à privilégier le très politique motif du retour de l’Âge d’or, à réfléchir sur la gloire, sa nature et ses conditions. Ouvrage au long cours, le livre d’emblémes est
traversé par des interrogations philosophiques et spirituelles qui affleurent constamment et dont on constate l'élaboration progressive. Le rôle prêté à la philosophie et aux philosophes, en particulier antiques, et l’image complexe qui en est donnée, constituent une préoccupation permanente de Bocchi et les emblèmes ne manquent pas d'aborder la relation complexe entre philosophie paienne et religion chrétienne, et leur possible réconciliation. À la suite des propositions de Carlo Ginzburg et de Delio Cantimori sur une influence des doctrines nicodémistes sur Bocchi, nous avons repris à nouveaux frais la question de l’hétérodoxie de Bocchi : nous avons constaté l'influence considérable de l’évangélisme érasmien, plus large encore qu’on ne l'avait imaginée, et le rôle essentiel que jouent, au sein de l'emblème, l’image et le symbole à des fins protreptiques. Même si elle s’est tempérée au fil du temps, avec l'avancement de nos travaux, l'impression de mystère non éclairci subsiste encore pour certaines pièces ou certains aspects de l’ouvrage. Notre objectif aura été de rassembler patiemment le matériel nécessaire pour lever un coin du voile sur ces beaux mais difficiles objets, en espérant que d’autres pourront mener la quête plus avant.
Introduction CHAPITRE |. ÉTAPES BIOGRAPHIQUES ET GENÈSE D’UNE ŒUVRE Les Symbolicae Quaestiones constituent la seule œuvre, avec une Apologia in Plautum et une Vita Ciceronis (Bologne 1508), à avoir été publiée par Achille Bocchi. Comme le montrent les lettres manuscrites de Bocchi à son ami Romolo Amaseo, conservées à la bibliothèque ambrosienne de Milan (ms D
145 inf.), et certains
emblèmes eux-mêmes (voir par exemple les Symb. 109-110), l'ouvrage se voit explicitement associé à l'édification du Palazzo Bocchi à Bologne, ainsi qu'aux travaux de l'académie qui s’y réunit, fondée de manière plus informelle bien des années auparavant mais accueillie enfin officiellement dans l'enceinte du bâtiment à partir de 1546. La composition de l'ouvrage puis sa publication ont mobilisé les forces intellectuelles et financières de son auteur et occupé une bonne partie de sa vie active : il va sans dire qu’il concentre tout à la fois ses aspirations intellectuelles, esthétiques, littéraires et sociales. Il convient donc, au seuil de notre étude, de
replacer le recueil dans le contexte biographique, historique et culturel qui l’a vu naître, et d'examiner le lien qu'il entretient avec le reste de la production de Bocchi, restée manuscrite.
|. Esquisse d’un parcours et premières œuvres Achille Bocchi naît à Bologne en 1488”. Il est le fils de Giulio Bocchi, qui meurt à soixante-sept ans en 1537 * et de Constanza Zambeccari, de famille noble, qui meurt à quarante-neuf ans en 1 514”. Giulio Bocchi était
membre du collége bolonais des Anziani en 1497 (sous le gonfalonier de justice Angelo Ranuzzi)*° et était
3 Sur Bocchi et sa biographie, on peut consulter, par ordre chronologique : G. N. P. Alidosi, Dottori bolognesi di teologia, filosofia, medicina et
d'arti liberali dall'anno 1000 per tutto marzo del 1623, Bologne, 1980 (1623'), p.11; P.S.Dolfi, Cronologia delle famiglie nobili di Bologna, Bologne, 1973 (1670), p. 175 ; P. A. Orlandi, Notizie degli Scrittori Bolognesi et dell’opere loro stampato e manoscritte, Bologne, 1714, p. 28, 37 ; G. Mazzuchelli, Gli scrittori d’Italia, cioè notizie storiche e critiche intorno alle vite e agli scritti dei letterati italiani, Brescia, 1753-1763, t. IL. 3, p- 1389-1392;
G. Fantuzzi, Notizie degli scrittori bolognesi, Bologne,
1781-1794, t. Il, 217-232 et IX, p. 661-663 ; U. Dallari, I rotuli dei lettori
legisti e artisti dello Studio bolognese, dal 1384 al 1799, Bologne, 1888-1924, t. I, p. 262 et IL p. 6 ; L. Simeoni, A. Sorbelli, Storia della Universita di Bologna, Bologne, 1929, t. Il : L’eta moderna (1500-1888), p. 44-47; G. Zaccagnini, Storia dello Studio di Bologna durante il Rinascimento, Genève, 1930, p. 276-280 ; C. Calcaterra, Alma mater studiorum. L'Università di Bologna nelle storia della cultura e della civilta, Bologne, 1948,
Bologna, 15, p. 197 et 204-206 ; G. Ravera Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis », Studi e memorie per la storia dell'Università di I lettori di 1942, p. 59-112 ; A. Rotondd, in DBI, 5. v. « Bocchi, Achille », t. XI, p. 67-70 ; E. See Watson, Achille Bocchi, p. 1-77 ; L. Chines (dir.),
retorica et humanae litterae allo Studio di Bologna nei secoli XV-XVI, Bologne, 1990, n° 42, p. 17-18.
4 Bocchi évoque la mort récente de ce dernier dans le Symb. 139. Voir notre étude de cet emblème et notre traduction du poème qu'il lui dédie.
ses G. Fantuzzi, Notizie, p. 218 signale une inscription funéraire placée par Bocchi en 1552 dans l’église de San Martino à Bologne et dédiée à
deux parents.
5 Voir le Tumulus
rédigée par Bocchi dans ses Lusuum
libri duo, Rome,
Bibliothèque
du Vatican,
Vat. Lat. 5793, f 18v°, où un voyageur
s'adresse à la Fama assise sur le tombeau de Constantia/Costanza, ainsi que le Tumulus dans le Lusuum libellus, © 151°-v°, où Bocchi s’entretient 143 avec les Mânes de sa mère. Bocchi dédie plusieurs emblèmes à des oncles maternels. Voir par exemple Symb. 56 (Alessandro Zambeccari),
(Pellegrino Zambeccari) et 97 (Pompeio Zambeccari).
Sur cette 2 S. Dolfi, Cronologie, p. 174. Contrairement à ce qu'affirme E. See Watson (Achille Bocchi, p. 4), il ne s'agit pas du Sénat bolonais.
la magistrature des Anziani Consoli, accompagnée d’un gonfalonier de justice, qui fut dotée jusqu’au Χν" s. d'un véritable pouvoir de gestion de commune bolonaise en représentant les compagnies artisanales et les sociétés d’armes, avant d’être éclipsée par le Collegio dei sedici riformatori dello Stato di Liberta, voir la Guida generale degli Archivi di Stato italiani, t. 1, Rome, 1981, p. 592 : « Magistratura di origini comunali ebbe, dopo della giurisdizione l’instaurazione del governo pontificio, competenze di scarso rilievo nel campo dell’amministrazione ordinaria, della polizia e Catalogo-inventario, 1796: al 1530 dal Comune del Anziani degli Insigni Le Bologna. di Stato Archivio (dir.), Plessi G. aussi d’annona ». Voir Rome,
* Voir le troisième chapitre de l'introduction : « Ego et alter » : visions de soi, représentations d'autrui.
1954;
p. 329-362. Voir aussi la I. Zanni Rosiello, « Le Insignia degli anziani : un autoritratto celebrativo », Societa e storia, 52, 1991,
bibliographie que nous donnons dans notre analyse du Symb. 115.
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
vraisemblablement un négociant”. Cet état explique sans doute les liens entre Bocchi et les Rusticelli,
Baldassare et Giano, auxquels Bocchi consacre respectivement les Symb. 72 et 95, rappelant dans ce dernier la fonction de mercator de son dédicataire”*. En outre, les Bocchi ont depuis longtemps des liens avec le Studio de Bologne”. La famille Bocchi se montre favorable à la famille des Bentivoglio qui, sous l'égide de Giovanni II, tente d'empêcher
l'annexion
de
Bologne
au
domaine
papal,
de
1474
à
1 506”.
Pourtant,
lorsque
la ligue
des
Bentivoglio succombe en 1506°! aux forces combinées des Français et des troupes papales de Jules II, après plusieurs mois de siège, les Bocchi ne semblent pas être la cible de représailles, hormis l’exil de deux parents lointains et la confiscation de leurs possessions. À partir de l’annexion au domaine papal, l'administration de la cité se répartit entre deux organes essentiels : les représentants pontificaux (gouverneurs et cardinaux-légats), dont l’influence politique ne cesse de croître, et les institutions traditionnelles de la cité. Parmi celles-ci, on citera en premier lieu le Sénat, passé à quarante membres en 1513 (voir le Symb. 115 et la bibliographie), qui constitue une véritable élite aux privilèges devenus quasi-héréditaires, s’accordant généralement avec les émissaires papaux, à laquelle s'opposent régulièrement les anciennes structures d’origine communale comme les Anziani, les Gonfalonieri del Popolo et les Massari delle Arti. Cette situation politique est déterminante pour comprendre l'importance du nombre de symbola dédiés aux papes et à leurs proches dans le recueil d’emblémes. De 1523 à 1555, tous les papes sont représentés”. Clément VII (1523-1534) reçoit le Symb. 111 ; Paul III (1534-1549), les Symb. 4, 43, 112 et 141; Jules III (1550-1555), les Symb. 85, 148 et l’une des dédicaces liminaires ; Marcel II (1555), le Symb.60%* ; Paul IV (1555-1559), l’autre dédicace liminaire*.
Parallèlement, Charles Quint Symb. 25 (voir papale qui ont
Bocchi célèbre abondamment la famille des papes* et il est probable que l'évocation de (Symb. 21-22) et de Francois I" (Symb.24), à qui était probablement dédié également le notre analyse de cet emblème) soit en relation avec des épisodes marquants de la diplomatie eu lieu à Bologne”’.
Bocchi suit l'éducation traditionnelle d’un jeune noble en Italie du Nord” : il apprend les rudiments de la lecture et de l’arithmétique sous la direction d’un ludi magister, sorte de précepteur particulier, avant de faire ses classes de grammaire et de fréquenter une chorale religieuse, qui lui permet de cultiver, de manière assez poussée, ses aptitudes musicales : il sera pendant longtemps le titulaire des orgues de Saint-Pierre de Bologne”.
Il entre alors comme étudiant au Studio de Bologne et obtient sa laurea en 1508, date à laquelle il épouse Taddea
Grassi, nièce ou fille illégitime (nipote) soit de l’évêque Achille Grassi (cousin du cardinal du même nom), soit de son frère, le cardinal Carlo Grassi*, auquel Bocchi dédie les Symb. 89 et 117. Il aura six enfants d’elle, parmi lesquels un fils, Pirro, dont il fera son continuateur pour son œuvre historique, et une fille, Costanza, qui
montrera des talents littéraires*!.
Le graveur lorrain Pierre Woeiriot (1532-1599)
a réalisé deux propositions pour des portraits gravés, l'un de
Bocchi, l’autre de sa fille Costanza. Cet artiste, qui séjourne à Lyon à diverses reprises, est l’illustrateur des Emblèmes ou devises chrestiennes de la calviniste Georgette de Montenay (Lyon, 1571) et l’auteur de plus d’une quarantaine de portraits gravés. Selon Paulette Choné et Marie-Madeleine Fontaine, Woeiriot a peut-être connu directement la famille Bocchi, en se rendant à Bologne et en fréquentant l’Academia Bocchiana, puisqu'il
n’est pas invraisemblable qu’il ait effectué un premier voyage de formation en Italie (avant 1555), suivi d’un second, qui semble avoir eu lieu entre fin 1556 ou début 1557 et 1560. Pour appuyer l’hypothèse de ce séjour bolonais, Paulette Choné souligne que les planches réalisées par Woeiriot pour les Emblèmes de Georgette de Montenay sont marquées par le style bonasonien et la spiritualité des emblèmes bocchiens et suggère que c’est sans doute également au contact de Bonasone à Bologne que Woeiriot s’est à son tour orienté vers des gravures de traduction des grands maitres*’. Paulette Choné met en outre en relief l'intérêt réciproque que ne pouvaient manquer de se témoigner un auteur d’emblémes pris dans un réseau académique de haute-volée et un jeune orfèvre-graveur, qui a déjà démontré son habileté“, à la condition bien sûr qu'ils se soient rencontrés. Dans l'hypothèse où Woeiriot ne se serait pas rendu à Bologne, nous suggérons la possibilité que c’est par l'intermédiaire de portraits dessinés par Prospero Fontana que Woeiriot aurait rendu hommage par la gravure à Bocchi et à sa fille, témoignant par là de son admiration pour le recueil d’emblémes. On sait qu'entre 1554 et
1560, date de son départ pour Fontainebleau, Fontana circule beaucoup et participe à de grands chantiers pour décorer des demeures aristocratiques dans diverses villes italiennes, en particulier à Florence au Palazzo 7 Sur ce phénomène, voir F. Boris, « Lo Studio e la Mercanzia : i signori dottori cittadini, giudici del Foro dei Mercanti nel Cinquecento », in
Sapere e/é potere, Discipline, dispute et professioni nell'Università medievale e moderna. Il caso bolognese a confronto. Atti del IV Convegno, Bologna, 13-15 Aprile 1989, Bologne, t. III, 1990, p. 179-201.
* Balthasare Rusticelli sera l’exécuteur testamentaire de Bocchi. Voir I’édition de son testament rédigé par le notaire Cristoforo Zellini dans G. Raveira Aira, « Achille Bocchi et la sua Historia Bononiensis », p. 111 : dilecto sibi D. Balthassari Iani Rusticeli filio.
Vecchio, à côté de Vasari, dans le Quartiere dei Elementi, ou encore au Palazzo Vitelli
a Sant-Egidio a Città
dell’ Castello (Ombrie). Woeiriot a donc réalisé deux projets de petites médailles (49 mm), conservés à la Bibliothèque Nationale de France sous forme d’estampes et qui représentent respectivement un portrait d'Achille à soixante-et-onze ans
? On identifie au début du xV* siècle un Giovanni Bocchi qui enseigne la philosophie naturelle et la médecine au Studio de Bologne, suivi par sa fille Dorotea qui y donne des lectures publiques entre 1417 et 1433. Un cousin de Bocchi, Romeo
Bocchi, y enseignera le droit jusqu’en 1577.
Voir E. See Watson, Achille Bocchi, p. 4. * Sur les Bentivoglio, voir C. M. Ady, The Bentivoglio : a Study in Despotism, Oxford, 1937 ; A. De Benedictis, Reppublica per contratto : Bologna, una città europea nello Stato delle Chiesa, Bologne, 1995, p. 107-178. * Le fils de Giovanni II Bentivoglio, Annibale II, tentera de fomenter une brève révolte contre Jules II en 1511-1512.
* On ne s’étonnera pas de ne pas voir Adrien VI (1522-1523), sans doute à cause de la brièveté de son règne et, surtout, de sa réticence à patroner les arts et les lettres. En revanche, on trouve un souvenir d’une première dédicace à Léon X (1513-1521) dans le Symb. 78, réattribué à
Roberto Maggi. * Pour le problème de la réattribution de ce symbolum, intialement conçu pour Paul III, comme le laisse entendre la gravure, voir l'analyse que nous lui consacrons.
* Il n’est alors encore que le cardinal Marcello Cervini.
%5 La présence des deux dédicaces, à Jules ΠῚ et à Paul IV, se justifie grace à la date d'édition de l’ouvrage, c’est-à-dire 1555 : cette même année,
se succèdent trois papes. Le pape Jules ΠῚ meurt le 23 mars 1555. Il est remplacé par Marcel II qui règnera moins d’un mois, du 10 avril au 1“ mai, avant l'élection de Paul IV (Gian Petro Carafa), le 26 mai. Le règne d'un mois du pape Marcel II permet de comprendre que Bocchi n’a
pas eu le temps de lui rédiger un poème liminaire. * Les petits-fils de Paul III, tous fils de Pier-Luigi, duc de Parme et de Plaisance, se voient adresser des symbola. Alexandre, dit le Grand Cardinal et protecteur de l'Academia Bocchiana, est dédicataire des Symb.3, 43, 103, 108, 109, 125, Ranuccio, Cardinal Sant’Angelo, du
Symb. 23 et Ottavio du Symb. 42. Innocenzo Monte, promu cardinal par son cousin le pape Paul ILI, reçoit le Symb. 149. De même, la famille
Médicis n’est pas oubliée : Côme, duc de Florence, et Giovanni Angelo se voient attribuer respectivement les Symb. 11 et 107. ‘7T En 1516, François I“ rencontre Léon X pour la signature du Concordat dit « de Bologne » et Charles Quint se fait couronner par Clément VII à Bologne en 1530.
24
8 Voir P. F. Grendler, « The Organisation of Primary and Secondary Education in the Italian Renaissance », Catholic Historical Review, 71, 1985, p. 185-205 ; Id., Schooling in Renaissance Italy. Literacy and Learning, 1300-1600, Baltimore, 1989. 39 E. See Watson, Achille Bocchi, p. 17-18 rappelle que Bocchi aurait eu des contacts avec un certain Pietro Aaron, auteur de Libri tres de institutione harmonica, Bologne; 1516, dialogue qui met aux prises ledit Aaron et Marcantonio Flaminio, Leandro Alberti et Achille Bocchi. Bocchi dédie à cet Aaron florentin une ode sur la musique, en trimétres iambiques hipponactéens, dans les Lusuum Libri duo (f° 6v°-7v°) et dans le Lusuum Libellus ( 6r°-7r°) : « Ad Petrum Aaron Florentinum Ode Iambica >. ‘° Voir E. See Watson, Achille Bocchi, p. 157, n. 22. “On
compte
Couvent
également un autre fils, Lelio, et trois filles, Deodata,
Sainte-Agnés,
la derniére,
au
Couvent
Sainte-Christine
Lucidania et Prudenza, toutes trois religieuses, les deux premiéres au de
Bologne.
Voir
G. Raveira
Aira,
« Achille
Bocchi
e la sua
Historia
Bononiensis », p. 61. 42 Sur Woeiriot et Achille Bocchi, voir M. Iwai, L'œuvre de Pierre Woeiriot (1532-1599), thèse de doctorat, Université Paris IV-Sorbonne, sous la
direction de J. Thuillier, 1985, p. 97-98 (Fig. XII-XIII) et surtout P. Choné, Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine (1525-1563). « Comme un
jardin au cœur de la chrétienté >, Paris, 1991, p. $52-555, qui reconstitue méticuleusement le parcours et la biographie de Weiriot. On consultera
également M.-M. Fontaine (éd.) : Barthélémy ANEAU, Alector ou Le coq. Histoire fabuleuse, Genève, 1996, t. I, p. XCVIII-XCIX, n. 211. Pour les
deux voyages de Woeiriot en Italie, voir Paulette Choné (p. 547 et 550-555). ‘3 P. Choné, Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine, p. 554. # Ibid., p. 552.
+5 Voir V. Fortunati, « Fontana, Prospero », in DBI, t. XLVIII, 1997, p. 714-719.
25
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
(daté de 1559, Fig. 1) et un de Costanza à dix-huit ans (daté de 1558, Fig. 2). M.-M. Fontaine souligne
l’austérité des représentations de Woeiriot et note la différence avec les deux grandes médailles italiennes (69 mm)
de 1555 et 1560, également conservées à la BnF (A.V. 1484 et 857) et représentant une Costanza
« plutôt voluptueuse ». Précisons que le portrait de la médaille de 1560 représentant Costanza a été réalisé par Gian Antonio Signoretti
(1540-1602), et il est effectivement dans la même ligne esthétique que la belle et célèbre médaille de Giulia
Pratonieri frappée par le même artiste”.
Pio retient une méthode philologique qui gravite autour de deux pôles essentiels : |’établissement et I’édition du texte ; son commentaire par recension et discussion de tous les témoignages antiques et modernes sur les
passages difficiles. Il s’attaque ainsi à l'édition et au commentaire de Fulgence (1498), Sidoine Apollinaire
(1498), Plaute (1500), Lucréce (1511), Lucain (1514) et Columelle (1520). Parallélement, en qualité de professeur au Studio, il rédige des Praelectiones, leçons inaugurales à un cours annuel, notamment sur Plaute,
Apulée, Lucréce et Suétone. A ces études sur des textes précis, Pio adjoint la rédaction d’une miscellanée, les Adnotamenta, publiées en 1488 puis révisées en 1496, qui le place dans la lignée des Adnotationes centum de Béroalde, publiées en 1488, et de la Miscellaneorum centuria prima de Politien, publiée en 1489. Ces influences
mélées auront une importance déterminante dans la caractérisation générique des Symbolicae Quaestiones et nous y reviendrons dans la suite de notre développement. Pour défendre son maitre, dont les Commentaria in Plautum sont attaqués par un certain Giovan Francesco Boccardo de Brescia dit « Pilade », Bocchi rédige une Apologia in Plautum (publiée à Bologne en 1508 et dédiée au cardinal Raffaele Riario*') où il soutient ses propos par des confirmations philologiques empruntées à Philippe Béroalde l’Ancien, Giano Parrhasio ou Pietro Bembo™. Il en profite pour adjoindre à l'ouvrage sa Vita Ciceronis, qu'il traduit en latin à partir de Plutarque, et qu’Erasme mentionne dans son Ciceronianus pour dire qu’on ne saurait affirmer si Bocchi est cicéronien, vu
qu’une simple traduction du grec ne permet pas de juger l'invention, cœur de l’éloquence*. On n’ajoutera pas à la liste d'ouvrages rédigés par Bocchi en l’honneur de son maître l’anthologie de Carmina in laudem Ioanni Battistae Pii, publiée à Bologne en 1509 chez Antonio de Benedictis, que signale A. Rotondo sur la fois de
Fig. 1 > P. WOEIRIOT, projet gravé pour une médaille représentant Achille Bocchi, 1559 (BnF Estampes Ed. sb Rés. n° 40 [Robert-
Dusménil 274])
Fig. 2 > P. WOFIRIOT, projet gravé pour une médaille représentant Costanza Bocchi, 1558 [Robert(BnF Estampes Ed. sb Rés. n°41
Dusménil 275].
Au Studio de Bologne, Bocchi a été l’élève de Giovanni Battista Pio (1460-1540)**. Pio avait lui-même suivi les leçons de Philippe Béroalde l'Ancien (1453-1505)* et d’Antonio Urceo Codro (1446-1500)°°. De ses maîtres, # BnF Estampes Ed. sb Rés. n° 40 (Robert-Dusménil 274) : « ACHILLES. BOCCHIVS. Dusménil 275) : « CONSTANTIA.
BON. AN. AET. LXXI. MDLIX
BOCCHIA. VIRGO. ACHILLIS. F. ANN. AET. XVIII. MDLVIII
# L'identification est proposée par G. F. Hill, G. Pollard, Renaissance Medals From the Samuel H. Kress Collection at the National Gallery of Art, based on the Catalogue of Renaissance Medals in the Gustave Dreyfus Collection, Londres, 1967, n° 451, qui corrige légèrement la première hypothése formulée par A. Armand. Ce dernier proposait de reconnaitre la main de Nicold Signoretti (1556-1562), originaire de Reggio (Emilie), dans son ouvrage Les médailleurs italiens des quinzième et et seiziéme siècles, Paris, 1883, t. 1, p. 213, en se fondant sur l’exemplaire de la collection G. Dreyfus signé S (65 mm, sans revers avec la légende : COSTANTIA. BOCCHIA. VIRGO. ACHILLIS. F. MDLX.), et t. III p. 95, en se fondant sur l’exemplaire de la collectionJ. C. Robinson signé S (68 mm, sans revers ni légende). Hill et Pollard notent que l'exemplaire quils étudient est sans revers mais que le Cabinet impérial de Vienne et que le Museo Civico de Brescia possèdent des exemplaires où apparaît
Orphée déchiqueté par les Ménades. Le modèle en est l’artiste anonyme de l’histoire d’Orphée (fin XV“ s.), appartenant à l’école de Mantegna.
Voir É. Molinier, Les bronzes de la Renaissance : les plaquettes. Catalogue raisonné, Paris, 1886, p. 98, n° 526. # Sur la vie de Pio, voir V. Del Nero, « Note sulla vita di Giovan Battista Pio», Rinascimento, 21, 1974, p. 247-263. Sur sa méthode philologique et sa culture philosophique, voir V. Del Nero, « La questione dell’anima nel commento di Giovan Battista Pio al De rerum natura di Lucrezio », Annali dell’Istituto di Filosofia, 5, 1983, p. 29-60 ; Id., « Filosofia e teologia nel commento di Giovan Battista Pio a Lucrezio », lucreziano del
(dir.), Sapere e/è poetere. Il caso Bolognese a confronto, vol. 1 : Forme e oggetti della dispute delle arti, Bologne,
E. Raimondi, Codro e l’umanesimo a Bologna, Bologne, 1950, en particulier p. 193-100 et Id., Politica
1511 », in L. Avellini
1990, p. 243-257. Voir également
e commedia, dal Beroaldo al Machiavelli,
Bologne, 1972, p. 101-140 : « Il primo commento umanistico a Lucrezio ».
*’ Sur Philippe Béroalde l’Ancien, voir F. Rizzi,
< Un maestro d’humanita : Filippo Beroaldo », Archiginnasio, 48, 1953, p. 77-111 ; E. Garin,
« Sulle relazioni fra Poliziano e Filippo Beroaldo il Vecchio » in Id., La cultura filosofica del Rinascimento, Florence, 1979 (1961'), p. 359-363 ;
Id., « Filippo Beroaldo il Vecchio e il suo insegnamento bolognese > in Id., Rittrati di umanisti, Florence, 1967, p. 107-129; Id., « Note in
margine all’ opera di Filippo Beroaldo il Vecchi », in G. Bernardoni Trezzini et alii (dir.), Tra latino e volgare. Per Carlo Dionisotti, Padoue, 1974,
t. IL, p. 437-460: M. Gilmore, s. v. « Beroaldo, Filippo senior », in DBI, τ. IX, p. 382-384 ; C. Dionosotti, Gli Umanisti et il volgare fra Quattro e Cinquecento, Florence,
1968, p. 78-130:
« Giovanni
Battista Pio et Mario
Equicola > ; K. Krauter, Philologische Methode
und humanistische
Existenz : Filippo Beroaldo und sein Kommentar zum Goldenem Esel des Apuleius, Munich, 1971 ; Id., « Angelo Poliziano als Kritiker von Filippo Beroaldo », Res publica litterarum, 4, 1981, p. 315-333; P. Maréchaux, 5. v. « Béroalde, Philippe l’Ancien, Beroaldo Filippo senior (14531505) », dans Centuriae latinae. Cent une figures humanistes de la Renaissance aux Lumières offertes à Jacques Chomarat, Genève, 1997, p. 109-
26
travers l’évocation des aventures d’Ulysse*. Enfin, dans deux lettres autographes
à Amaseo
datées de 1549,
Bocchi s’occupe de l’édition complète des œuvres de son maitre restées manuscrites et s'inquiète de la dispersion des ouvrages (voir l’édition et la traduction des passages dans notre étude du Symb. 129). Cette même
année 1508, grace à l'intervention de Lodovico Ghisilardi et d’Andrea Garisendi, membres du
collège des Riformatori du Studio®’, Bocchi entre comme enseignant au Studio, pour devenir lecteur sur la chaire ad litteras Graecas, jusqu’en 1512. Son nom ne cessera plus d’apparaitre sur les listes d'enseignants, les Rotuli,
» et n° 41 (Robert-
».
Interpres, 6, 1985, p. 156-199 ; Id., « G. B. Pio fra grammatica e filosofia : dai primi scritti al commento
Fantuzzi et qui semble ne pas exister**. Cette fidélité ἃ Pio semble ne s’étre jamais démentie. Ainsi, Bocchi fera partie du groupe d’enseignants du Studio qui ne voudront pas voir Romolo Amaseo quitter Padoue pour venir occuper la chaire de Pio, en 1525°°. De même, le Symb. 129 rend hommage à Pio et à ses multiples voyages à
121 ; S. Fabrizio-Costa, F. La Brasca, Filippo Beroaldo l’Ancien/Filippo Beroaldo il Vecchio. Un passeur d’humanités-Un umanista ad limina, Bern, 2005 ; G. Sandy, « Lex commentandi : Philippe Béroalde et le commentaire humaniste », Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 69/2,
2007, Ρ. 399-423.
Ὁ Sur Codro, on se reportera à C. Malagola, Della vita e delle opere di Antonio Urceo detto Codro, Bologne, 1878 ; L. Gualdo Rosa, 5. v. « Cortesi Urceo, Antonio detto Codro » in DBI, t. XXIX,
1983, p. 773-778 ; E. Raimondi, Codro e l'Umanesimo a Bologna, Bologne, 1987.
‘! Voir le très bel exemplaire in-8°, possédé par le bibliophile Jean Grolier, relié en maroquin avec des motifs de rinceaux dorés émanant d'un écu oval, et conservé à la Bibliothèque Nationale de France (cote RES M-YC-383). On peut consulter en ligne la reliure (Permalien : ). On lit sur le plat supérieur la mention ACHILLIS PHILEROTIS BOCCHII BON.
APOLOGIA
IN
PLAVTVM
ETC,
et
celle,
traditionnelle,
des
« reliures
Grolier >,
IO.
GROLIERI
ET
AMICORVM, complétée par la devise de Grolier au plat inférieur : PORTIO MEA DOMINE SIT IN TERRA VIVENTIVM. 2 Voir A. Maranini, « Dispute tra vivi e morti : Plauto tra Bocchi, Pio e Pilade », Giornale italiano di filologia, 53/2, 2001, p.
315-330.
53 Cet ouvrage est mentionné dans le Ciceronianus d'Érasme : Guarinum sat scio non recipies [... ] nec Achillem Bochium et si qui sunt qui mihi nunc non succurrunt, maxime quod horum plerique non alio monumento nobis innotuerunt quam
uertendis Graecis, ubi nulla laus inuentionis quae
praecipua pars est eloquentiae. # Voir A. Rotondd, « Bocchi, Achille », p.67. G. Fantuzzi, Notizie, p.226. G. Raveira Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis >,
p- 62, n. 2, affirme qu'elle n’a pas été capable d'en répérer un exemplaire à Bologne. Nous remercions très vivement Maria Grazia Bollini de la Biblioteca comunale dell’Archiginnasio de Bologne, Sezione dei manoscritti e dei rari, qui m'a permis d’éclaircir ce point et me suggère l'hypothèse selon laquelle il s’agirait d'une confusion avec les cinq livres des Elegidia Ioannis Baptistae Pii Bononiensis, parues chez le même
éditeur à la méme date. Bocchi y apparaît parmi les dédicataires bolonais, aux côtés de Filippo Fasanini ou Lodovico Ghisilardi.
$ G. Fantuzzi, Notizie, p. 218-219, qui cite F. Scarselli, Vita Romuli Amasei, Bologne, 1769, p. 213, et évoque une lettre d’Amaseo à son fils Gregorio, où il déclare : « Ho scuola di buoni scuolari circa 80 in cento. La invidia degli altri ὁ consueta, e massimamento del Pio et Bocchi, li
quali mi hanno cercato rovinare della vita propria >. Cette antipathie cessera ensuite sous la pression des circonstances. Voir notre analyse du Symb. 136.
56 Voir notre étude de l’embléme. Le poème figure déjà dans les Lusum libri duo, f° 4v°-sv°. 57 Voir G. Raveira Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis >, p.
63-64.
27
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome
1
Introduction
jusqu’à sa mort en 1562. De 1512 à 1524, il occupe la chaire de lecteur ad rhetoricam et poesim™, de 1524 à 1527 celle ad litteras humanitatis, de 1527 à 1539 à nouveau celle ad rhetoricam et poesim®, de 1539 à 1562 il retrouve
la chaire de lecteur ad litteras humanitatis ou ad humanitatis studia®. Quelques rappels s'imposent à propos de ces dénominations universitaires. L'organisation de l'université bolonaise est encore largement dépendante de la structure corporative et communale acquise aux XIV‘ et XV° s. : les étudiants sont regroupés par nationalités (dont les plus importantes sont la Natio Germanica et le Collegio di Spagna), tandis que les universités des juristes et des artistes disposent de leurs propres recteurs. Les lecteurs sont nommés par les quatre Riformatori dello Studio, magistrats annuels qui représentent les divisions sociopolitiques de la cité : un sénateur, un aristocrate, un chevalier et un marchand. Ce sont eux qui établissent les contrats avec les lecteurs et remplissent les Rotoli, où sont consignés le contenu officiel des cours, les horaires et
le règlement du Studio (contrôle des absences et sanctions). L’Assunteria, composée de quatre sénateurs, fait le lien avec le Sénat bolonais et transmet les requêtes de recrutements ou d’augmentations de salaire. Enfin, quatre Collegii (de droit canon, de droit civil, de médecine, d’art ou philosophie), sous la direction d’un Priore élu tous
les deux mois (qui consignent leurs actes dans un Liber secretus), confèrent les diplômes et représentent le corps
enseignant. Lors de son couronnement en 1529-1530, Charles Quint accorde aux membres des colléges le titre de comte palatin et le droit d’accorder aux titulaires de la maitrise le titre de chevalier. En 1536, Paul III attribue
à chaque titulaire de la maîtrise des collèges de droit le titre de eques auratus et de Sacrae aulae Lateranensis comes palatinus®'. L'Université des Artistes, qui comprend les enseignements relevant de la médecine (chirurgie et astronomie) et de la philosophie, dispose également de lecteurs pour la chaire ad rhetoricam et poesim et pour
celle ad studia humanitatis ou ad litteras humanitatis. Elle détient aussi une chaire ad litteras Graecas, ouverte en
1450, et occupée par Bocchi entre 1508 et 1512, et par son fils Pirro entre 1543 et 1551. Des cours tenus par Bocchi ou de son activité pédagogique ne subsistent que quelques témoignages, dont certains sont difficiles à dater: nous sont parvenus un Democritus, id est vanitas, leçon inaugurale d’un scepticisme très caustique pour un cours sur le De Oratore de Cicéron et l’Art Poétique d’Horace™; des praelectiones en plusieurs parties pour ouvrir les cours du début de l’année ; une oratio sur le Pro Lege Manilia de Cicéron™; un traité sur l’art d’écrire et d'envoyer des lettres® ; des Quaestiones et inuestigationes sur des En 1514 et en 1516, une exemption de cours lui sera accordée pour mauvaise santé. Voir G. Raveira Aira,
« Achille Bocchi e la sua Historia
sujets divers” ; des Argumenta in orationes inuectiuas Ciceronis® ; un Rhetoricae compendium®. Il faut sans doute
mettre à part les Praelectiones sur le De Legibus de Cicéron, qui comprennent, en plus de la praelectio à proprement parler sur le mythe de Protée®, un véritable commentaire linéaire. Elles furent prononcées en 1556 et remaniées en 1557, et portent explicitement la mention in Academia Bocchiana”’. Les manuscrits bolonais des
leçons inaugurales de Bocchi, qu'il s’agisse des In exordiis lectionum publicarum de 1547 ou des Praelectiones in
M. T. Ciceronis De Legibus de 1556, et son commentaire juxta-linéaire du texte latin, montrent clairement une
spécialisation vers le droit et les disciplines juridiques. Bocchi appartient au milieu caractéristique du Studio, qui s’illustre en particulier pour son enseignement du droit, de la médecine, de la philosophie aristotélicienne et des studia humanitatis, et cette appartenance est sensible dans les Symbolicae Quaestiones. Elle explique des dédicaces à des enseignants célèbres de l'Université
bolonaise, comme les juristes Carlo Ruini”! (Symb. 146) et André Alciat” (Symb. 40), le lecteur de logique
Andrea Bernardi della Mirandola*® (Symb.42), élève de Lodovico Boccadifero, les lecteurs de studia humanitatis, Romolo Amaseo”* (Symb. 132, 133, 136) et Sebastiano Corrado” (Symb. 122), le lecteur de rhétorique Giovanni Battista Camozzi”
(Symb. 134, 137). Elle justifie le choix de certains sujets, comme la
paraphrase d’un passage d’Hippocrate par le médecin latin Celse dans le poème du Symb. 84, avec une gravure qui rend hommage 4 la tradition médicale bolonaise, en particulier Berengario da Carpi. L’appartenance au Studio de Bologne rend compte également des dédicaces 4 des personnages éminents, qui y ont fait leurs études : ainsi les cardinaux Lodovico Beccadelli (Symb. 78), Reginald Pole (Symb. 79), Guido Ascanio Sforza, légat pontifical de 1536 4 1538 (Symb. 104), Alexandre et Octave Farnése, déja évoqués. Bocchi lui-méme
rappelle dans certains symbola que le dédicataire est un ancien éléve, comme par exemple Jacopo Casonio (Symb. 120) ou l’Allemand Sebastian Schleupner (Symb. 120). La présence au Studio de Bologne d'étudiants allemands et polonais permet d’expliquer les liens de Bocchi avec des personnalités comme l’évêque hongrois
Paulus Abstemius”, le comte polonais Tamas Nadasdy”®, ou encore le jeune poète allemand Simon Lemmius”,
2163, XXXI, f 69r°-80v° ; Barb. Lat. 2029, XXX, 102, f° 464r°-546v°. S. Colonna date ce traité des années 1501-1502, au moment où Bocchi n’a que quatorze ans. Il cite quelques extraits de ce texte dans la version procurée par le Vat. Lat. 4585 (que je π᾿αἱ pas pu voir, et qui est cité par P.-O. Kristeller, Iter Italicum, t. I, 2), où Bocchi affirme la supériorité des travaux intellectuels sur les possessions matérielles et les postes de
pouvoir, sources de soucis et de malheurs. Voir S. Colonna, « Arte e letterature. La civiltà dell’emblema in Emilia nel Cinquecento » in
Bononiensis », p. 65. % En 1535-1536, grâce à l'intervention de Guido Ascanio Sforza, petit-fils de Paul III et alors légat A Bologne, qui souhaite la présence de
V. Fortunati Pietrantonio (dir.), La pittura in Emilia e in Romagna, Milan, 1995, p. 102-128 (p. 102-109 sur Bocchi).
chez lui. Voir G. Raveira Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis >, p. 67. Voir aussi notre analyse du Symb. 104.
? Argumenta in orationes inuectiuas Ciceronis, Bibl. Apost. Vatic., Barb. Lat. 2163, XXXI, f° 53r°-66r° et Barb. Lat. 2029, XXX, 102, f° 558r°-610v°. % Barb. Lat. 2029, XXX, 102, f° 548r°-554r°.
Bocchi dans sa secrétairie, ce dernier obtient pour une seule année une exemption d’enseignement, a condition de poursuivre cette activité
% Voir L. Chines (dir.), I Lettori, p. 17.
*! Voir L. Simeoni, A. Sorbelli, Storia della Universita di Bologna, p. 11-14.
© Sermo cui titulus est Democritus, idest uanitas : sermo habitus in prælectione librorum M. T. Ciceronis De Oratore et Artis Poeticae Q. Horatii Flacii, Biblioteca Apostolica Vaticana, Barb. Lat 2030, XXX, 103, f°539 r°-s69r°. E. See Watson, Achille Bocchi, p. 6, évoque la possibilité que la leçon
inaugurale soit un remaniement d’un Democritus demandé par M. A. Flaminio dans une lettre de 1515 (dont elle ne cite pas les références).
“ A. Bocchii in exordiis lectionum publicarum, Bologne, Bibl. Univ., ms 595, K. 10, f° 22r°-23v° ; Achillis Bochii in prohemio disputationis (daté de mars 1547), ibid., f° 26r°-28v° ; post disputationem, ibid. @ 29r°-v° ; Achillis Bocchii, @ 31r°-v°. Contrairement à ce qu'affirme E. See Watson,
Achille Bocchi, p. 56, ces introductions ἃ des cours de jurisprudence, qui font l'éloge du droit et de son caraétère indispensable et formateur, ont bien été prononcés au Studio, comme le montre le f° 23r° où il est question de Fabio Averoldo Patrizio Bresciano, recteur de |’ établissement
(duce et auspice Fabio Aueroldo Gymnasii huius nostri florentissimi praefecto), comme l’avait bien vu G. Fantuzzi, Notizie, p. 226. Bocchi oppose
d’ailleurs f° 22r°-v° le cadre feutré des cours à la maison avec l’enceinte prestigieuse de l’université : Nam si cum discipulis auditoribusque meis intra priuatos parietes solum mihi foret (ut alias saepe) negocium et cura disserendi, non esset profecto cur eos usque adeo reformidandos arbitrarer, quibuscum hanc assiduam, quotidianamque qualecunque docendi exercitationem, atque operam nostram sumus familiarissime communicaturi. Sed tamen incredibiliter me recreat et reficit frequens conspectus uester, grauissimus quidem, caeterum mihi multo iucundissimus. « Car si j'avais la tâche et la charge d’enseigner avec mes éléves et mes auditeurs uniquement entre les murs de ma demeure privée (comme je l’ai fait ἃ d’autres moments), il n'y aurait assurément aucune raison pour que je les trouve à ce point redoutables, eux avec qui nous nous apprétons ἃ partager de
manière très détendue cet entraînement assidu et quotidien qui consiste à les instruire de quelque sujet, ainsi que notre œuvre. Cependant je
me sens incroyablement rassuré et réconforté par votre présence nombreuse, et par votre aspect qui a beau être très austère mais qui m'en est cependant très agréable ». L'université est désignée au début du discours sous le terme d’academia. ° Oratio pro Lege Manilia (In orat. pro Cn. Pomp. argumentum), Bibl. Apost. Vatic., Barb. Lat. 2163, XXXI, @° 42r°-52r°, $ Ad Franciscum Piccolomineum
Cardinalem senensem Pit 2 Pont. Max.
nepotem, Achilles Bocchius, eques Bononiensis, De scribendi ratione
mittendisque epistolis (et quo pacto ad omnem materiam inuentio possit accomodari. Res quae adhuc intacta fuerat), Bibl. Apost. Vatic., Barb. Lat.
28
“ Achillis Bocchii equitis Bononiensis quaestiones et inuestigationes : De philosophia ; De uirtute ; De lege ; De sandtitate ; De lucro ; De oratione, Bibl. Apost. Vatic., Barb. Lat. 2163, XXXI, P 133r°-141v° ; Barb, Lat. 2029, XXX, 102, f° 367r°-442r°.
“ Voir notre analyse du Symb. 61. ” Achillis Bocchii Praelectiones in libros De Legibus M. T. Ciceronis habitae Bononiae in Academia Bocchiana, Bibliothèque Universitaire de
Bologne, Ms. 304, p. 1-95 7! Lecteur de droit civil en ” Il enseigne le droit civil * Il est lecteur de logique,
et Ms. 4326, p. 1-108. Voir l'édition d'un extrait de ce texte dans |’annexe de notre étude au Symb. 61. 1511-1512, puis de 1515 à 1525. de 1538 à 1541. Voir l'étude consacrée au Symb. 40. en 1538, puis occupe, en 1549, la chaire de rhétorique. Voir notre étude du Symb. 42.
4 Il occupe la chaire de rhétorique et poésie de 1513 à 1520, puis de 1524 à 1538. À partir de 1538 et jusqu'en
1545, il occupe
la chaire
d’humanités. Voir nos études des Symb. 132, 133 et 136. ’S Il occupe la chaire d’humanités de 1546 à 1556. Voir notre étude du Symb. 122. 7 Il est lecteur de rhétorique en 1549-1550, puis est nommé à la chaire de philosophie au Collège Espagnol de Bologne, où enseigne également Bernardi. Voir nos études des Symb. 134 et 137. 7 Il est connu aussi sous le nom
de Pal Bornemisza, et il rédige une oraison funèbre publiée en 1526 ex Academia Bocchiana : In funere...
Francisci Vardaei episcopi Transiluaniensis oratio. Voir E. See Watson, Achille Bocchi, p. 57 et 193, n. 15. Franciscus Vardaeus reçoit un poème dans l’exemplaire des Lusuum libri duo de Bocchi conservé 4 la Biblioteca Angelica de Rome, f° 5 1r°-v° : « Tumulus Francisci Vardaei Pannonii
Pont. Transilu. >. ’® Voir, avec l'étude du Symb. 149, notre édition/traduction d'une lettre manuscrite que Bocchi lui envoie, en 1556, pour lui recommander son fils Pirro, mis en cause dans une une sombre affaire de meurtres. La lettre constitue une sorte de récapitulatif biographique de la vie de Pirro
Bocchi. Le personnage reçoit un très long poème dans |’exemplaire des Lusuum libri duo conservé à Rome, à la Biblioteca Angelica de Rome
(manuscrit R dans notre apparat), f° 39r°-41v°. ” Connu pour avoir rédigé des Latratus poetici, comprenant une pièce de théâtre, la Monarchopornomachia, et un poème intitulé Threni Joannis Eckii, qui constituent une attaque très virulente contre Johannes Eck et Luther. Voir E. See Watson, p. 28.
29
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
couronné à I’académie bocchienne en 1543, dont il n’est cependant pas question dans les emblèmes. A. Rotondb insiste également sur la présence autour de Bocchi d’éminents représentants du Studio bolonais qui ne sont cependant pas mentionnés dans les emblémes, tels Lodovico Ricchieri, Bartolomeo Ricci, Leandro
Alberti, Lodovico Boccadiferro, Giovanni Filoteo Achillini (qui fera de Bocchi, d’Amaseo et de Leandro Alberti les interlocuteurs de son dialogue de 1536 intitulé les Annotazioni della lingua volgare) ou encore Giovanni
Dans une lettre antérieure, datée du mois d'août 1513°” et adressée de Rome à Sebastiano Magio, originaire de Pannonie (c’est-à-dire la Hongrie), Bocchi précise ses fonctions de secrétaire impérial (a secretis) auprès d’Alberto Pio à Rome : Itaque non est quòd uerearis quin tecum in Pannoniam ueniam, qui paratus sum etiam tecum una Orcum ipsum, si opus
Antonio Flaminio, le fils de Marcantonio Flaminio, auquel Bocchi adresse trois lettres restées manuscrites™. Une source manuscrite fait de Bocchi le premier conseiller du comte de Carpi®!, Alberto Pio®, à Rome autour de 1513, au moment où ce dernier est l’ambassadeur auprès du pape Léon X de l'empereur Maximilien de Habsbourg, avec le titre d’orateur impérial®*. Les lettres manuscrites de Bocchi à quelques amis permettent de restituer la chronologie. Dans une lettre non datée 4 Giovanni Antonio Flaminio™, le pere de Marcantonio
erit, inuisere. Quanuis enim hic Romae nedum floream sed regnem, quippe qui apud rarissimum principem Al
c’est-à-dire le 11 mars 1513. Au moment de la rédaction de la lettre, dix mois se sont écoulés depuis le voyage à
A Alberto Pio, Bocchi dédiera un poème de l’exemplaire des Lusuum libri duo conservé à la Biblioteca Angelica
déplorable, mais sans en préciser le moment exact :
adressée à Bartholomeus Raimundus et Marius Siderotomus”, Bocchi narre son épique voyage de retour de Rome a Bologne et ses problémes de santé :
Flaminio, avec qui il est très lié, Bocchi situe son arrivée à Rome immédiatement après l'avènement de Léon X,
Rome (nous sommes donc en décembre 1513). Bocchi évoque alors son retour à Bologne dans un état de santé
Jam decimus ferme mensis agitur (ut% praecepisse® te arbitror) quando illico postquam Leo X°° Pontifex Maximus creatus est, me Romam properare compulerunt quaedam™ cum publica tum priuata negocia. Vbi fatis iniquissimis subita quartana, mox lyenteria® correptus sum ; paucos post dies ob caumatum Romanorum insalubritatem totus” languens et pené moribundus Bononiam redii. Vidisses me, imaginem meri mortui credidisses. Quid ingemuisti ? Nunc exporge frontem, hactenus aduersa ualetudine laboraui ; iamque dis bonis fauentibus ex animi sententia conualui”.
Pium Caesaree Maiestatis apud Pont. Legatum cuius à secretis sum, tantum iam gratia polleam, quantum etiam petere
uoto immodicum foret, usque adeo ut me omnes Albae”* Gallinae filium nuncupent, nihil tamen horum, nec aliud quicquam à sententia mea dimouere unquam poterit, neque persuadere quin Patroclum meum terra marique” sequar,
cuius amor tantum mihi crescit in horas, quantum uere nouo uiridis se subicit alnus (ut in affectibus etiam nostris Vergilianis deliciis obiter utamur)”>.
de Rome (f° 46v°), qui fut offert en 1547 à Claude de la Guiche. Enfin, dans une missive datée d'octobre 1513
et
Vtcumque sit, omnia equidem mallem esse quam negligentiam aut obliuionem amicitae nostrae, in qua tam fidi, tam ardentes nuper esse uidebamini. Scio queritis, quid agam ? Viuo, licet aegré”’, aegrius” tamen antea. Nam postea quam Bononiam rediturus Roma discessi, dii boni, quaenam” quotque in itinere sum perpessus incommoda ! Primum omnium satis compertum habetis quale sit iter illud, praesertim Ethruscum. Si asperum ac’ difficile caeteris'®' est, mihi quidem asperrimum difficilimumque fuit. Nam id quod septennis ad summum diebus perfici solet, et etiam à pedestribus, uix ego XIV nec sine maximis aerumnis ® peragere potui. Cogitate cum animis uestris, quantum interea frigoris, caloris, uentorum pluuiaeque, ac solis exhauserim. Idque ex regionum uarietate, autumnique inconstantia. Omnia tamen
% Pour la première lettre [incipit : Reddidit suauissimus mihi literas tuas, Gabriel ille, utriusque nostrum amatissimus], voir les trois exemplaires : 1) Bibl. Apost. Vatic., Barb. Lat, 2163, XXXI, f 108v°: « A. P. B. Io. Ant’ Flaminio S. D. » ; 2) Barb. Lat, 2029, XXX, 102, 3) Archivio segreto Vaticano (Miscellanea, Politica Varia, Armadio II, n° 16, f° ss6r°-ss9v° : « Epistolae quaedam illius Bononiensis ad amicos»): «A. Bocchius Io. Ant° Flaminio suo S. D. ». Pour la seconde lettre [incipit: Esse quid hoc dodtissime...], voir Barb. Lat. 2163, XXXI, f° 110v° : < Achil. P. B. Io Antonio Flaminio s. p. » ; et Barb. Lat. 2029, XXX, 102,
f° 442v°-446r° ; Achillis Bocchii dicam, Flamini f° 456r°-460r° :
aequo'™ animo (ni fallor) tulissem, memor ita sese uires humanas habere, si una tantum molestia carere potuissem, quae caeteras'™ omneis superauit. Nam cistas mulo sumperimpositas ἃ medicis conscendere iusque, cum mulione omnium
« Achilles Bocchius Iohannes Antonio Flaminio, S. P. ». Pour la troisième lettre [incipit: Oden, quam nuperrimè uersu iambico Hipponactico
% Bibl. Apost. Vat., Barb. Lat. 2163, XXXI, ° 110v° [= A] ; Barb. Lat. 2029, XXX, 102, f° 452v°-456r° (ici À 453r°-454v°) : « Achilles Ph. Bochius, Sebastiano Magio Pannonio 5. p. » [= B;] ; Archivio segreto Vaticano, Miscellanea, Politica Varia, Armadio II, n° 16, f° 464r°-465v° (ici 464v°46$v°) : « A. Bochius, Sebastiano Magio Pannonio, S. P » [=C]. [incipit : Reddidit suauissimus mihi literas tuas, Gabriel ille, utriusque nostrum
primario consilgiero [sic] del illustrissimo Alberto Pio conte di Carpi a Roma per I'Invitiss Imper oratore come il detto
% albae AB, : -be C.
trimetro acatalecto... | voir Barb. Lat. 2163, XXXI, f 1111° : « APB Ioanni Ant’ Flaminio suo » ; et Barb. Lat, 2029, XXX, 102, f° 460v°-461V° : « Ach. Bocch. Io. Ant Flaminio suo >. *! Voir Bologne, Bibliotheca del’Archiginnasio, ms B. 470, f° 368v° : « Achile cugino carnale di Romeo del 1513 essendo d’anni 25 fu fatto Frano ne tien le lettere ». © Il s’agit de l’anti-érasmien Alberto III (1475-1531). Parmi l’abondante bibliographie, on renverra à M. A. Marogna (dir.), Alberto Pio da Carpi contro Erasmo da Rotterdam nell'età della Riforma, Pise, 2005 ; M. Rossi (dir.), L'immagine del principe : i ritratti di Alberto III nel Palazzo dei Pio a Carpi, catalogo della mostra, Carpi, appartamento nobile di Palazzo dei Pio, 15 marzo-15 giugnio 2008, s.l., 5. d. ; Ead. (dir.), Alberto III e Rodolfo Pio da Carpi collezionisti e mecenati. Atti del Seminario internazionale di Studi, Carpi 22-23 novembre 2002, Tavagnacco, 2004 ; E. Svalduz, Da castello a citta : Carpi e Alberto Pio (1472-1530), Rome, 2001 ; Societa, politica e cultura a Carpi ai tempi di Alberto III Pio. Atti del Convegno internazionale, Carpi, 19-21 maggio 1978, Padoue, 1981 (t. I-I1) ; C. Vasoli, Alberto III Pio da Carpi, Carpi, 1978. # Voir E. See Watson, Achille Bocchi, p. 20 et A. Rotondò, s. v. « Bocchi, Achille », p. 67. # Bibl. Apost. Vat., Barb. Lat. 2163, XXXI, δ 110v° : « Achil. P. B. lo Antonio Flaminio 5. p. » [A dans les passages édités ci-dessous] ; Barb. Lat. Barb. Lat. 2029, XXX, 102, f 4571 -4 581: : « Achilles Bocchius Iohannes Antonio Flaminio, S. P. » [B: dans les passages édités ci-dessous].
[incipit : Esse quid hoc dicam, Flamini doétissime… ].
5 utÀ : uti Β..
* percipisse Β, : praeci- A. 7 X A: decimus Β..
# quae- A : que- B.. ® lyenteria nos : lynte- AB. P totus À : om. Bs.
% « Cela fait déjà presque dix mois (comme tu las appris, je crois) que, aussitôt après que Léon X a été élu pape, des affaires tant officielles que privées m'ont contraint à me rendre à Rome. C'est là que des destins particulièrement injustes ont fait qu’une subite fièvre quarte s'est emparé de moi, suivie bientôt par une lientérie [sorte de diarrhée] ; après quelques jours, du fait de l’insalubrité des fortes chaleurs romaines, c'est complètement affaibli et presque mourant que je suis revenu à Bologne. Si tu m'avais vu, tu aurais cru le portrait d'un parfait cadavre. Pourquoi
geindre ? À présent, détends ton front : j'ai souffert jusqu'à présent d’une mauvaise santé, mais désormais, avec la faveur des dieux, je me suis rétabli, je te le dis sincèrement >.
30
amatissimus ... ].
% terra marique AC : mari terraque B.. % « C’est pourquoi, tu n’as aucune raison de craindre que je ne vienne pas avec toi en Hongrie, moi qui suis même prêt, en ta compagnie, à
aller visiter l'Orcus lui-même, s’il en était besoin. Certes, ici à Rome je ne brille pas encore, mais entame mon règne, moi qui, auprès de
l’exceptionnel prince Alberto Pio dont je suis le secrétaire impérial et qui est légat auprès du pape de son altesse César [i. e. Charles Quint],
jouis de sa faveur autant qu’il serait possible d’en appeler de ses vœux, fût-ce sans retenue, au point que tous me nomment fils de la poule
blanche [i. e. favorisé par la fortune, cf. Ivv., 13, 141] ; cependant, aucun de ces biens ni aucun autre ne pourra jamais me faire changer d’avis ni
me persuader de ne pas suivre mon cher Patrocle sur terre et sur mer, lui dont l'amour pour moi croît d'heure en heure autant que “ l’aulne
retrouve sa verdeur à l’arrivée du printemps ” [cf VERG., Buc., 10, 74 ; Georg. 2, 19] >. % Bibl. Apost. Vat., Barb. Lat. 2163, XXXI, @ 109r°-110v (ici 109r°-v°) [= A] ; Barb. Lat 2029, XXX, 102, f° 446r°-452r° (ici @ 447v°-452r°) : « Achilles Ph. Bochius, Sebastiano Magio
Pannonio 5. p. > [=B.];
Archivio segreto Vaticano, Miscellanea,
Politica Varia, Armadio
II, n° τό,
P ss9r°-563° (ici Ps6or°-563v°) [incipit : Saluete, amici unanimes, quoniam unicè uos ambos diligo, unas tantum ambobus scribo] [= C]. Les deux
hommes reçoivent chacun un poème dans le Lusuum libellus in Leonem X Pontificem Optimum Maximum, Florence, Bibl. Laurent., Plut. 33, cod. §v°-6r° : « Ad Marium Siderotomum Ode > et f 13v° : « Ad Bar. Raymundum ». Les poèmes se retrouvent à l'identique, malgré quelques 42, modifications du titre, dans les Lusuum libri duo Iulio cardinali de Medicis, Bibl. Vat., Vat. Lat. 5793, À 10v°-11v° : « Ad Marium Siderotomum
Parmensem, Ode dicolos distrophos » et
” aegrè A : egré CB.. ° aegrius AB; : egr- C. % quaenam AB, : que- C. 10 ac AB; : et C. 101 caeteris AB, : cet- C. 102 aerumnis AB, : eru- C. 103 aequo AB; : equ- C. 104 caeteras AB, : cet- C.
12v° : « Ad Bartholomeum Raymundum de missa quam se missam facere iocose dixit >.
31
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1 555) - tome 1
impurissimo nequissimoque conueneram ut me quam quietissime"® posset Bononiam perducere. Is, quo largiorem à me pro uectura mercedem eliceret, largissimè cuncta pollicitus, longe secus effecit. Mulo enim cuidam onerario superimposuit
cui (ut postea ipse expertus sum), nec sine magno quidem discrimine erat hoc moris, ut in principio itineris ad secundum, seu tertium milium mollissimè incederet, deinde mutato incessu, tam immodicé, tam intemperanter equidem succussabat,
ut deinceps me non solum quatefecerit, sed totum quoque penitus infregerit. Quare factum est, ut lyenteria"® grauissimé postea laborauerim. Hoc est, quod me prorsus exhausit'’”. Quin propius nihil est factum, quam ut humanis uale dicerem. Quid ingemuistis ? lam frontem quaeso paulisper exporgite. Hic ferè aerumnarum istarum terminus. Domum tandem uiuus Deo Optimo Maximo annuente perueni, ubi incomparabilis genitricis Constantiae sinu exceptus, lynteria primum liberatus, paululum resipiscere coepi. Dein tanquam ab Orco rediens amicos omneis'™, et propinquos non sine magna
animi recreatione recognoui. Itaque uehementer exhilaratus sum, cunctaque perturbatae mentis nubila discussi. Nec iam aliud quicquam me praeter'® quartanam nimiumque uestri desiderium uexat. Verüm haec hactenus. Commendo tibi,
Bartholomee suauissime, negotium''° meum de quo praesentes''' Romae ego et tu inuicem locuti sumus!"?.
L’impression de ce séjour romain, gaté par la maladie malgré le prestige des charges, n’est donc pas totalement positive : elle explique la violente charge anti-curialiste du Symb. 124, où le poème énumère dans une véritable litanie les fléaux de la curie romaine, tandis que l’image compare la Rome antique et papale à une Pandore déversant ses maux sur le monde, sous le regard impuissant d’Epiméthée. Le poéme est plus ancien puisqu’il fait partie des pièces de jeunesse des Lusuum libri duo, où il est déjà dédicacé à Marcantonio Flaminio, sans doute pour le mettre en garde au moment où il part pour Rome à son tour en 1514. La fréquentation de la curie
romaine, et probablement de l'académie romaine d’Angelo Colocci, explique les dédicaces par Bocchi de ses
Lusuum
libri, recueil poétique de jeunesse, à Léon X, pape à partir de 1513, et à Jules de Médicis, le futur
Clément VII. Cet ensemble largement épigrammatique connaîtra plusieurs moutures au cours de la carrière de Bocchi, et nous en reparlerons à propos de la genèse des Symbolicae Quaestiones. C'est selon toute vraisemblance à l’occasion du voyage romain qu’il rencontre Alexandre Farnèse, le futur pape Paul III, et sans
105 quietissime AB, : potissime C. 106 lyenteria nos : lynt- AB. 107 exhausit A : exau- CB. 108 omneisA : -nes CB. 109 praeterA : pret- CB. 110 negoti- A : negoci- CB. M1 praesentesA : pre- CB. 12 « Quoi qu'il en soit, je préfère qu'il s'agisse de tout plutôt que de la négligence ou de l’oubli de notre amitié, pour laquelle vous vous êtes montrés récemment tellement fidèles et tellement enthousiastes.Je le sais, vous vous demandez : que fais-je ? Je vis, bien que difficilement, plus difficilement qu'avant cependant. Car après mon départ de Rome pour retourner à Bologne, bonté divine, que de désagréments — et quels
désagréments ! — j'ai enduré sur ma route ! Tout d’abord, vous connaissez suffisamment quelle est la nature de cette route, en particulier la
partie étrusque. Pénible et difficile pour les autres, elle fut extrêmement pénible et difficile pour moi. Ce parcours que l’on accomplit d’ordinaire en sept jours au maximum, même si l’on est a pied, j’ai mis presque quatorze jours pour le parcourir, et non sans les pires tourments. Durant ce voyage, imaginez quelle quantité de froids, de chaleurs, de vents, de pluie et de soleil j'ai endurée jusqu’au bout. Et cela, suite à la diversité des régions et à l’inconstance de l'automne. Mais tout cela, je l’aurais supporté d'une âme égale (si je ne m’abuse), en me souvenant que telle est la condition des humaines forces, si j'avais pu être seulement épargné par une mésaventure qui a dépassé toutes les autres. En effet, j'avais convenu avec un muletier des plus malhonnétes et des plus vicieux de charger des corbeilles que les médecins avaient dressées sur une mule, ainsi que du brouet, afin que l'animal pùt me conduire à Bologne le plus tranquillement possible. Et le scélérat, afin de me soutirer une rétribution plus importante en échange du transport, me promit tout avec beaucoup de générosité, mais fit tout autrement. Il plaça le chargement sur une mule qui (comme j’en fis ensuite l'expérience personnellement), à peu de chose près, était dotée d’un caractère tel que, du début du voyage jusqu'au second ou troisième mille, elle avançait à pas très souples, mais ensuite, accélérant son trot, me secouait
doute aussi une pléiade d’humanistes, comme Bernardino Maffei (cf. Symb. 87 ; 96) ou Baldassare Castiglione,
présent à Rome comme ambassadeur au moment de |’élection de Léon X'”.
Ces problémes de santé permettent ἃ Bocchi d’obtenir une dispense d’enseignement pour l’année 1514, dum
etiam pristinae sanitati sit restitutus, « jusqu’à ce qu'il soit rétabli > puis pour l’année 1516, aduersa eius ualitudine « du fait d’une mauvaise santé »!!4, En 1517, Bocchi présente au Sénat le premier livre d’une fresque historique de la ville de Bologne, dont il poursuivra la rédaction jusqu’à sa mort, et qui s’ouvre sur le déluge et la mythique fondation étrusque d’une
ville appelée Felsina. Il le fait de sa propre initiative''’. Très satisfait, le Sénat lui accorde une augmentation de
ses honoraires jusqu’à la fin de ses jours, mesure qui demeurera cependant sans effets matériels'’®. A. Rotondo semble considérer qu'il est alors définitivement dispensé d'enseignement pour pouvoir se consacrer à cette tâche!!7, G. Raveira-Aira, qui a consulté minutieusement maints documents manuscrits d'époque, affirme au contraire qu’en dehors des congés accordés pour raisons de santé en 1514 et 1516, et que nous avons évoqués
plus haut, Bocchi n’a pas obtenu quelque dispense d'enseignement que ce soit, malgré ses requêtes. Toutefois, G. Fantuzzi signale un décret du Sénat l’autorisant à ne pas se présenter à ses cours pour l’année 15201", à condition de déposer un livre de son Historia!ἢ. Ce n’est qu’en 1536, au moment où le neveu du Pape Paul ΠῚ,
Guido Ascanio Sforza, est légat pontifical à Bologne'”, que Bocchi peut à nouveau bénéficier d’une suspension : elle est cependant limitée à un an et n’est accordée qu’à condition que Bocchi poursuive dans sa propre demeure une activité d’enseignement'’!, Enfin, la correspondance autographe avec Romolo Amaseo, conservée sous forme manuscrite à Milan (D. 145 inf.), témoigne à plusieurs reprises des tentatives plus tardives de Bocchi pour obtenir un congé (uacatio), c’est-à-dire une dispense d'enseigner au Studio, qui se transforme en une sorte de mise à la retraite à partir de 1547, nommée rudem, terme latin qui désigne une sorte de bâton de gladiateur ou de soldat en fin de carrière. C’est probablement à cette occasion que Bocchi a rédigé les Symb. 73 et 74 et
insbirés par Cicéron, et qui évoquent l’un le vieux cheval auquel Ennius se comparait, épuisé par ses bons et loyaux services dans l'arène, l’autre l'utilité politique des vieillards dans la cité. Cette demande de congé s’associe régulièrement (et logiquement) dans les lettres avec une requête d'augmentation de salaire auprès du
Sénat pour la rédaction de son Historia (incremento autoramento constituendo)'”, qu'il obtiendra finalement en 1549, grâce à Paul III’.
"3 Bocchi lui dédié sa pièce « Ad Lydiam » (Florence, Bibl. Laur., Plut. 33, cod. 42, f 21r°-v°) ; voir aussi Vat. Lat. 5793, © 25v°, sous le titre
« De Amore in Albiam, puellam incomparabilem >.
114 Voir G. Raveira-Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis », p. 65. Voir aussi la dédicace à Tomasus Contuberius, gouverneur de la
République Bolonaise dans les Praelectiones in libros De Legibus Marci Tullii Ciceronis de 1556, P 1v° : Diuturno silentio meo, cuius causam partim temporum malignitas, partim incommoda ualetudo dederat mea, finem iam nunc liber hic attulit. « A mon long silence, dû à la fois à la dureté des temps et à ma mauvaise santé, le livre que voici est venu mettre un terme >. 115 G. Raveira-Aira,
« Achille Bocchi
e la sua Historia Bononiensis >, p.72, signale ce fait singulier, dans la mesure
où, d'ordinaire,
c’est le
gouvernement de la cité qui sollicite la rédaction de l’histoire officielle de la ville. 116 G. Raveira-Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis >, p. 65. 117 A, Rotondd, « Achille Bocchi », p. 68.
18 Notizie, p.220 : operae pretium fore igitur censentes iidem Magnifici Domini [Quadraginta] efficere ut ipse Achilles liberius historia scribendae uacare possit [... ] decreuerunt eum nullo tempore punctari debere ex aliqua intermissione uel omissione lectionum quas alias ipse teneretur. 19 Ibid. : Hac conditione et lege quod singulis annis librum saltem unum historiarium asbsoluere et absolutum presentare teneatur ipsis Magnificis Dominis Quadraginta deponendum in Archivio publico Communis Bononiae. 20 Et non en 1526, comme l’écrit par inadverteance A. Rotondo, « Achille Bocchi >, p. 68. Stato di Bologna, 21 G. Fantuzzi, Notizie, p. 223 et G. Raveira-Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis >, p. 67, qui cite l’Archivio di
Partitorum, Decreto 27-10-1536.
sa double demande 2 Voir par exemple la lettre du 25 septembre 1548, f° 31v°, dans laquelle Bocchi souhaiterait que le cardinal Farnése appuie
tellement fort et tellement violemment que non seulement elle m’étourdit par la suite, mais me rompit également tout le corps. Il en résulta qu ensuite je souffris d’une grave diarrhée. C’est ce qui m'a totalement épuisé. II s’en est fallu de peu que je ne dise adieu aux hommes. Pouquoi
rationibus auprès de Sebastiano Pighino (dédicataire du Symb. 98) : Huic ego literas scribi uellem ab heroe nostro tales planè quales ipse duxeris
gémir ? Je t'en prie, détends un peu ton front. C’est la presque le terme de mes épreuves. Grâce à Jupiter Tout-Puissant, je suis parvenu sain et sauf à la maison, où ma mère, l’incomparable Constance, me reçut dans son sein ; libéré de la diarrhée, je me mis à retrouver progressivement mes esprits. Ensuite, comme si je revenais de l’Orcus, j'ai reconnu tous mes amis et mes proches, non sans une profonde joie de l’âme. C'est pourquoi je me suis follement amusé et j'ai dissipé tous les nuages qui obscurcissaient mon âme. Et désormais, plus rien ne m'afflige sinon la fièvre quarte et le désir excessif de vous voir. [ ... ] Mais en voilà assez.Je te confie, mon très doux Bartolomeo, l'affaire qui me concerne et sur
institutis. On se constituendo, nisi maius aliquid occurrerit aptius et dignius cogitationibus atque consiliis nostris olim iam honestissimè (ni fallor)
laquelle toi et moi avons échangé des propos lorsque nous nous sommes rencontrés à Rome >».
32
nostris fore
maximé
necessarias,
cum
de iustissima
reportera également a la missive du 22 novembre
uacatione
illa tantoperé
nobis
expetita,
tum
de autoramento
nobis auctiore cumulatioréque
1548, f° 22v°, où Bocchi évoque une lettre de recommandation que lui aurait écrite le cardinal
vouloir la faire réactualiser par le Alexandre Farnése l’année précédente, mais qui serait restée sans grand effet. Bocchi implore Amaseo de bien
tibi literas cardinal et souhaiterait qu’y fat rajoutée une requête de subsides auprès du Sénat bolonais pour l’Académie bocchienne : Remitto premebar, qua inuidia hominum tanta in profuisse mihi nihil potius uel parum quoniam eas senatum, ad dederat quas Herus noster anno superiore
33
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
L’ Historia Bononiensis va des origines à l'année 1263 : elle est demeurée inachevée et s'arrête au livre XVII.
Chaque livre est dédié à une personnalité célèbre, par exemple Léon X (livre I), Innocenzo Cibo (livre IV), Guido Ascanio Sforza (livre XIII) ou Giovanni Morone (livre XVI). Bocchi s’est inspiré, outre des historiens
avec le légat ou le gouverneur pontifical'”’. C’est sans doute à cette occasion qu'il rédige le Symb. 115, éloge du Sénat de Bologne et de ses patres, organe qui connaît de profondes mutations entre 1507 et 1513.
En 1527, Bocchi fait la connaissance de Pierio Valeriano'*’, au moment où ce dernier, suite au sac de Rome de
et du début du Cinquecento
1527, est chassé de Florence avec ses élèves, Hippolyte et Alexandre de Médicis, dont il est le précepteur, et vient trouver refuge à Bologne chez lui!3!, Pour le remercier de son accueil et de ses qualités intellectuelles et
Venise, Bernardino Corio pour Milan’, ou Niccold Perotti, pour Bologne dans une lettre adressée à Giovanni
rhétoriques, Valeriano dédiera à Bocchi le livre 7 sur le cerf” de ses Hieroglyphica. Dans la lettre dédicatoire, Valeriano souligne l'importance psychologique de cette rencontre, leurs goûts partagés pour l'étude des lettres,
antiques, d’une longue tradition d’historiens italiens de la fin du Quattrocento
rédigeant l’histoire de leur ville, comme
Pellegrino Prisciani pour Ferrare, Marco Antonio Sabellico pour
Guidotti intitulée De Bononiae origine, et développée ensuite par Giovanni Garzoni'*. Il a sans doute également consulté l'œuvre de Guichardin et une lettre de sa main atteste qu'il lui en a réclamé une copie'*. Bocchi
pour le cas où il mourrait avant de l'avoir achevée. A la suite d’une accusation d’assassinat, en 1556, Pirro se
et surtout, l'importance de leurs protecteurs communs. La communauté d’humanistes et de mécènes connus et célébrés à la fois par Bocchi et par Valeriano est frappante. Valeriano dédie le livre 2 des Hieroglyphica à Guido Ascanio Sforza (cf. Symb. 104), le livre 8 à Romolo Amaseo (cf. Symb. 132, 133, 136, et la correspondance
l'étude du Symb. 149, déjà évoquée supra). À la mort de Bocchi, en 1562, Pirro se met effectivement au travail et
autographe de Bocchi conservée à Milan), le livre 14 à Bernardino Maffei (cf. Symb. 87 ; 96), le livre 30 à Paolo Giovio (cf. Symb. 86), le livre 34 à Sebastiano Corrado (cf. Symb. 121), le livre 40 à Giano Vitale (cf. Symb. 144),
obtiendra du Sénat, en 1551, que son fils Pirro, prenne sa suite dans la rédaction de cette œuvre monumentale,
réfugie auprès de Tamas Nadasdy en Hongrie, recommandé par son père (voir notre édition de la lettre dans
envoie un manuscrit au Sénat en 1564. Mais on lui demande de résider à Bologne pour pouvoir toucher sa
rémunération. Devant son refus, le Sénat lui retire officiellement la rédaction en 1568, et elle est alors confiée à
Carlo Sigonio qui, avec le soutien du cardinal Gabriele Paleotti, publie un De Rebus Bononiensibus.
En 1520, Bocchi obtient le titre de comes palatinus et aurait obtenu le titre d’eques auratus dès 151277. Cet
anoblissement lui permet de porter des armoiries" et le Symb. 5 propose en effet l’exégèse symbolique (et fantaisiste) du blason bocchien. En 1522, puis en 1530, il fait partie du Collegio degli Anziani (consoli), c’est-a-
dire l’un des organismes politiques « représentatifs > du peuple bolonais, qui, au XVI‘ siècle, gouverne en accord
intelligebam, reseruandas in hoc tempus existimaui. Rescribendas igitur de meliore nota maturè curabis, tam pro impetranda tandem uacatione mihi imprimis expetita quam pro incremento autoramento constituendo, si minus uacatio potuerit impetrari. Ad haec honestum aliquod donatiuum exaedificationi nostrae domus à Senatu donandum quoque primo tempore prosbicito. Déjà, dans une lettre du 21 juillet 1547 (f 8v°), Bocchi liait la demande de subsides aux Farnèse pour l'édification de son académie à la requête d’un congé pour services rendus à la patrie, voire d’une mise à la retraite (rudem) : Quare, mi frater, auxilium pecuniarium nobis ab Heroïbus nostris implora, urge, insta, precibus omnibus contendens exprime. [... ] Vacationem (cuius tantummodo Spe alor interea) tam desydero quam solet rudem miles ille grauis annis, multd iam fractus membra labore.
le livre 53 ἃ Reginald Pole (Symb. 78), le livre 55 ἃ Jules de Médicis (cf. Symb. 111), le livre 57 ἃ Lodovico Beccadelli (Symb.77). Valeriano dédie en outre le livre 21 à Jacques Sadolet, dont on sait, par sa correspondance, qu'il noue des liens épistolaires avec Bocchi dès 1537, même si ce dernier ne lui dédie pas d’emblème!#. Valeriano est sans doute l’un des relais importants auprès de Bocchi pour la connaissance de Francesco Colonna et l’utilisation de la syntaxe hiéroglyphique de l’Hypnerotomachia Poliphili appliquée aux arts antiques. En 1536, aux côtés de Romolo Amaseo
et Leandro Alberti, Bocchi devient un personnage de fiction pour
défendre la cause de la langue vulgaire dans le célèbre dialogue des Annotazioni della lingua volgare de Giovanni Filoteo Achillini, qui paraît à cette date. Ce modèle du dialogue érudit séduira moins d’une dizaine d'années
plus tard Bocchi lui-même, qui en donne témoignage dans son Ptolemaeus'**. Ce dernier dialogue met en scène, avec Annibale Caro et Gabriele Cesano, le Siennois Claudio Tolomei (dédicataire du Symb. 94), conseiller
d’Hippolyte d’Este et ministre de la justice de Pier Luigi Farnése 4 Plaisance, humaniste lui aussi préoccupé de questions linguistiques, mais également politiques, comme en atteste sa correspondance. Il est le principal interlocuteur du dialogue éponyme de Bocchi.
© Voir Ia lettre dans le manuscrit milanais D 15 inf, @° 6v° : ea spe confirmatus tantisper dum uacationis mihi iamdudum facta gratia, iubente
Maximo, sine controuersia frui pro meo iure liceat. Pour le sens philosophique cicéronien de otium cum dignitate, voir infra et les analyses des Symb. 133 et 136. A. Rotondd, « Achille Bocchi », p. 68.
Voir E. Cochrane, Historians and Historiography in the Italian Renaissance, Chicago/Londres, 1981, p. 104-107 ; P. O. Kristeller, « Niccolo
Perotti ed i suoi contributi alla storia dell Umanesimo
» dans Id., Studies in Renaissance
Thought and Letters, t. Il, Rome,
(1981'); F. Lollini, < Bessarione e Perotti a Bologna : due episodi poco noti », Schede umanistiche, 4, 1990, p- 55-61;
1985, p. 301-319
J. Ramminger, « “ Das
129 Doté du gouvernement effectif de la cité jusqu'en 1340, cette magistrature urbaine, occupée par des représentants des sociétés d’art et d’armes, voit son activité limitée à des fonctions administratives avec l'extension des régimes des Signorie. Entre 1375 et 1400, l’arrivée de la
« signoria del popolo e delle arti» replace ce conseil sur le devant de la scène mais, au XV° s., son pouvoir décline définitivement avec la création du Collegio degli Riformatori dello Stato pour ne représenter plus qu’une instance administrative dotée de quelques compétences
livres 9 et 10 de L’Historia Bononiensis lui sont dédiés.
juridiques. Voir I. Zanni Rosiello (dir.), « Archivio di Stato di Bologna » in Guida generale degli Archivi di Stato italiani, t. I, Rome, 1981, p. $51661, en particulier 570 (« Anziani Consoli, regg., 120, 1353-1608 ») ; Ead. (dir.), L'archivio degli Anziani consoli. Inventario, Bologne, 1992 ; Ead., « Le “ Insignia ” degli Anziani : un autoritratto celebrativo », Società e storia, 1991, $2, p. 329-362 ; G. Plessi, Le Insignia degli Anziani del comune dal 1530 al 1796. Catalogo-inventario, Rome, 1954 (Pubblicazioni degli Archivi di Stato, 16) ; Id., Le Insignia degli anziani del Comune dal 1530 al 1796: appendice araldica, Rome, 1960 (Pubblicazioni degli Archivi di Stato, 36). Voir le complément de la bibliographie dans notre
citée supra évoque comme motif au séjour romain de Bocchi des cum publica tum priuata negocia. E. See Watson, Achille Bocchi, p. 20 a trouvé
centuria prima, Bologne, 1670, p. 175, qui précise, p.
altehrwürdige Bologna ”. Zu Absicht und Vorbildern von Perottis De origine urbis Bononiae », Studi Umanistici Piceni, 23, 2003, p. 59-74. Sur la tradition des chroniques de Bologne, voir G. Fasoli, « La storia delle storie di Bologna », Atti e memorie della Deputazione di Storia Patria per le
Province di Romagna, 1965, 8, p. 61-91.
48 G. Raveira-Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis », p. 70-71. Guichardin est gouverneur civil à Bologne de 1530 à 1534. Les
17 Tous les biographes s'interrogent sur la nature des services qu'aurait pu rendre Bocchi pour obtenir ces distinétions : la lettre à Flaminio
un poème dédicatoire de Panfilo Monti invitant à considérer Bocchi comme chevalier dès 1 512. A. Rotondd, « Bocchi, Achille », p. 67, place
l'acquisition des deux titres en 1520 et y voit le résultat d'activités politiques et diplomatiques à Rome. Voir le témoignage manuscrit de la Bibliotheca
del’Archiginnasio,
ms
B. 470, f 368v°:
« L'anno
del
1520
ottene privilegii amplissimi
di dottorar in ogni sientia far cavalieri
legitimar vestivir la fama et come in detti privilegii et l’uso tutti fu et esso de tutti gli magistrati et ottene ufficii d’honore et utile quanto
ogn'altro gentilhuomo >». S. Rotondella, « Dai Lusuum libri di Achille Bocchi : l’elegia ad sodales », in G. Catanzaro, F. Santucci (dir.), Poesia umanistica latina in distici elegiaci, Atti del convegno internazionale, Assisi, 15-17 maggio 1998, Asisse, 1999, p. 289-301, renvoie au manuscrit
Gozzadini 73, 13 de la Biblioteca dell’ Archiginnasio, qui contient l'acte auratus e généralement accordé par Charles Quint, il peut l'être aussi Ces titres honorifiques dépendent de la pure volonté du prince et ne Quint et Clément VII se rencontrent à Bologne pour le couronnement
de nomination avec la date de 1520. On rappellera que, si le titre d'eques par le pape, ainsi que le titre de Comes Sacri Palatii et Aulae Lateranensis. nécessitent pas forcément d’ exploits particuliers : ainsi, lorsque Charles de l’empereur en 1530, ils accordent les deux titres à tous les lecteurs du
analyse du Symb. 115. Giulio Bocchi avait été membre
de ce collége en 1497. Voir Ρ. S. Dolfi, Cronologia delle famiglie nobili di Bologna...
176, que Bocchi a été membre des Anziani en 1522 avec Filippo Guastavillani, qui apparait
à diverses reprises dans la correspondance autographe avec Romolo Amaseo. 130 Sur Valeriano, voir S. Rolet, « Genèse et composition des Hieroglyphica de Pierio Valeriano : essai de reconstitution », in P. Pellegrini (dir.), p.211Umanisti bellunesi fra quattro e cinquecento. Atti del Convegno di studi di Belluno (Palazzo Crepadona, 5 novembre 1999), Florence, 2001, l’université de doctorat de thèse Renaissance, la de symbolique langage du source et somme : 244 et Les Hieroglyphica de Pierio Valeriano (1556) de Tours-CESR, 4 volumes, 2000.
13: VALERIANO, Hier., 7, Bale, 1556, < Ad Achillem Bocchium », p. 51: cum tristissimo illo meo Italiaeque totius tempore recens Florentia cum
Mediceis meis eiectus, Bononiae te superiori aestate conueni. mihi 12 Ibid. : [...] siue nos coniunxerit olim studiorum similitudo, siue fortunae quaedam paritas, quod eodem tempore pari militia tibi Bononiae,
Romae easdem disciplinas profiteri contigerit, eorundemque amicorum, quos diu coluimus, patrocinio protegi. 133 Jacobi Sadoleti Episcopi Carpentoracti...
Cardinalis, Epistolarum libri sexdecim, Cologne, P. Horst,
1590, lib. X, p. 405, (« Achili Bocchio
(Voir G. Zacccagnini, Storia dello Studio, p. 151). Au vu de ses seules qualités littéraires, et recommandé par Alberto Pio, Bocchi aurait très bien
inter nos Bononien. »), datée du 13 janvier 1537 : Nulla fuit antehac mihi tecum familiaritas. Verum litterae tuae, quas proxime ad me misisti, eam possit. haberi necessitudinis antiquae instar beneuolentiam conciliauerunt, quae
1# Mais également de conférer des titres universitaires, de nommer des notaires et de légitimer ses bâtards.
François-Rabelais de Tours. xvi‘ siècle : autour d'Achille Bocchi et de l'Academia Bocchiana, à paraître aux Presses Universitaires
Studio ; de même, en 1536, Paul III, par une bulle, accorde les deux titres à tout le collège des docteurs de droit civil de l'Université de Bologne. pu obtenir ces titres de Léon X, auquel il dédie son Lusuum Liber.
au 134 Voir notre édition-traduction annotée de ce texte d’après les manuscrits dans A. Rolet, Emblématique, philosophie et politique à Bologne
35
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
En 1538, Bocchi rencontre l’hérétique sicilien Lysia Philaenus ou Paulus Riccus/Paolo Ricci, plus connu sous le
nom de Camillo Renato, qui défend des convictions anabaptistes et antitrinitaristes. Avec Alessandro Manzuoli,
Cornelio Lambertini, il offre sa garantie ἃ l’inquisiteur, afin d’éviter l’emprisonnement à son protégé, comme en
témoigne |’ Apologia, rédigée par Renato'**. C’est sans doute la manifestation la plus frappante d’une sympathie de Bocchi pour les courants hétérodoxes très différents qui traversent l'Italie dans la première moitié du ΧνΤ 5. Dans notre dernière partie sur l’univers spirituel et la pensée religieuse, nous tenterons de montrer, suite aux recherches pionniéres de Delio Cantimori, Carlo Ginzburg et bien d’autres encore, l'impact profond et contrasté de ces mouvements et de leurs représentants sur le recueil d’emblémes. Nous tenterons en particulier d'expliquer le paradoxe que constituent la coexistence d’amitiés liant Bocchi à des personnalités ouvertement réformistes voire franchement hérétiques, et en même temps la perpétuation de relations harmonieuses avec les représentants de l’ordre, de la pensée et de la hiérarchie catholiques traditionnels, papes ou inquisiteurs : le recueil lui-même, derrière le consensus d’une culture antique parfaitement maîtrisée, porte la marque de ces courants idéologiques opposés où se côtoient contestation frontale, spiritualité évangélique, deuotio moderna, quiétisme et déclarations orthodoxes. Dans la perspective de définir l'univers religieux de Bocchi, on mentionnera également qu'en 1547, Bocchi accueille à Bologne la délégation française qu’Henri II envoie au
Concile de Trente, alors transféré à Bologne. Le privilège d'Henri LI, les Symb. 23 et 24 dédiés respectivement à
Henri II et François I", les citations importantes de Guillaume Budé, sources de plusieurs emblèmes, montrent
les liens amicaux que Bocchi entretient avec la France, liens renforcés Prospero Fontana, concepteur des dessins préliminaires aux gravures. Amaseo*, Bocchi évoque la présence chez lui d’une partie de cette (peut-être Claude d’Urfé), le chancelier Michel de l’Hospital et (dédicataire du Symb. 138). Suite à ce voyage,
encore par le séjour à Fontainebleau de Dans un passage d’une lettre à Romolo délégation : un certain Claudius Roseus l’évêque de Noyon, Jean de Hangest
et à la fréquentation
de l'académie,
Michel
de l’Hospital
composera pour Bocchi une épitre à la tonalité largement évangélique (De Fide Christiana) et qui puise une large partie de son inspiration dans le Symb. 130, comme nous le montrerons dans notre étude à cet emblème. Or, il est un autre personnage qui a pris place parmi les convives français de Bocchi: il s’agit de Claude de la Guiche, évêque de Mirepoix, qui faisait partie de la délégation'*’. C’est sans doute pour cette raison que Bocchi lui dédie en
1547 le premier livre de ses Lusuum
libri, dont la derniére version est conservée
ἃ Rome, a
la
Biblioteca Angelica (cod. 1471)'*. C’est a peu prés ἃ la méme époque, en 1545, que débute l’entreprise du Palazzo Bocch, et que se constitue officiellement l’Academia Bocchiana : deux tâches majeures qui, parallèlement à la rédaction et à l’édition des
emblèmes, vont occuper toute l'attention de notre auteur et épuiser en partie ses forces intellectuelles et
financières. En quoi consistait exactement cette Academia Bocchiana, appelée également Bocchia, Bochiale, Hermatena’® ou encore Farnesina"*, Neacademia!*! ? Où se réunissait-elle et comment fonctionnait-elle ? Qui rassemblait-elle en son sein ? Quelle réalité avait-elle et comment se trouve-t-elle évoquée et mise en scène visuellement et textuellement dans les différentes œuvres bocchiennes ?
ll. L'académie et le modèle académique Lorsque
Bocchi obtient sa dispense de cours au Studio pour l’année
1536, une astreinte à poursuivre un
enseignement privé lui est imposée par les Riformatori dello Studio et l’Assunteria. De même que la distinction n’est pas tranchée dans l'Italie de la Renaissance entre l’école dirigée par un précepteur et le collège où l'élite de la jeunesse se forme aux studia humanitatis moyennant finances, de même, les frontières ne sont pas toujours parfaitement établies entre les cours privés que Bocchi tient à son domicile, les leçons publiques qu'il donne au Studio et les réunions qu'il dirige au sein de son académie, véritable cercle de lettrés qui se rassemblent pour débattre, commenter les textes, composer ou lire des pièces. L'association entre schola privée et académie de lettrés n’est pas un fait isolé : ce sont souvent les mêmes humanistes qui participent aux deux. On citera, à la suite d’Elisabeth See Watson (Achille Bocchi, p.54), l'exemple de l'académie fondée par Gian Giorgio Trissino!* dans sa villa de Cricoli près de Vicence, rénovée par Andrea Palladio entre 1531 et 1538, et qui
hébergeait une école dirigée par Bernardino Partenio'’. Alessandro Manzuoli, le dédicataire du Symb. 127,
connaissait le Trissin à qui il rendit visite en 1543 À Bologne, où se multiplient par ailleurs les collèges privés accueillant les étudiants étrangers par nations!#, le sénateur Camille Paleotti, le frère du futur cardinal et archevêque Gabriele’, fonde, en 1555 ou 1558, l’Accademia degli Ardenti (ou del Porto Naviglio) où fut « educata quantità di giovani nobili bolognesi, e forestieri nelle belle lettere, e nelle arti cavaleresche >“ : en
réalité, l’académie assume ici les fonctions d’un collège, d’« un istituto di educazione pei giovani di famiglie illustri, e quindi ben s’addiceva che all’istruzione scientifica o letteraria quella pur s’accoppiasse della musica per ornamento e diletto >". De plus, le terme appliqué à l’école non-institutionnelle qui s’organise autour d’un maitre (ce fut le cas de Giovanni Battista Pio ou de Romolo Amaseo) recoit les noms latins d’academia ou de gymnasium. Or ces deux
termes peuvent désigner non seulement un cercle littéraire*”, mais aussi l’université : dans le manuscrit bolonais des In exordiis lectionum publicarum de Bocchi cité plus haut, les deux termes renvoient au Studio et non a l'académie bocchienne. Cette ambiguïté garantit, au-delà des distinctions formelles et institutionnelles très mar-
quées (par exemple la hiérarchie des disciplines au sein de l’université), une forme de porosité et de continuité de la pensée et des savoirs entre les séances universitaires, les cours privés et les débats érudits de lettrés. Dans les premières décennies du xVI° siècle, l’exemple antérieur de prestigieuses académies s’offrait déjà dans toute l'Italie, et elles restent un horizon idéal de toutes les structures qui fleurissent ensuiteὉ : l’académie florentine de Marsile Ficin à Careggi, qui revendiquait explicitement une ascendance platonicienne ; l’académie romaine de Pomponio Laeto, puis d’Angelo Colocci ; l’académie napolitaine du Panormitain, puis de Pontano.
À Bologne méme, l’Accademia del Viridario, fondée en 1511 par Giovanni Filoteo Achillini, dont nous avons déjà évoqué l’amitié pour Bocchi, se réunissait à la Palazzina della Viola, tandis que Veronica Gambara, 42 Trissino (1478-1550) avait écrit un poème épique, L’Italia liberata dai Goti, et une tragédie, Sophonisba.
à Spilimbergo 3 Partenio (1520-1589), avait fait ses études à Venise avec Giambattista Egnazio (le dédicataire du Symb. 99). En 1538, il ouvre
FR ἜΝ : Voir l’étude séminale du manuscrit B. 1928 de la Biblioteca dell’Archiginnasio de Bologne par A. Rotondo, « Per la storia dell’eresia a
Bologna nel secolo XVI > Rinascimento, ser. 2, 2, 1962, p. 107-136, et son édition dans les Opere : documenti e testimonianze de Renato, Florence,
4 968, p. Now Concile 137 Voir-
80 : voir la bibliographie complémentaire fondamentale sur le sujet dans notre dernière partie. la transcription et la traduction de la lettre dans notre analyse du Symb. 88, ainsi que la bibliographie sur la délégation française au de Trente et le voyage épique à Bologne de Michel de |’ Hospital. 7, A Age ! A 7 . Claude d'Urfé et La Bâtie. L'univers d'un gentilhomme de la Renaissance (catalogue d’exposition, Montbrison, Musée d’Allard, 1990),
Montbrison, 1990, p. 26-27.
5 » . > . Voire S. Rotondella, « Dai . Lusuum libri di J: Achille Bocchi . : l’elegia ad sodales », p. 292, qui ne fait pas le lien avec la délégation frangaise au Concile de Trente transféré a Bologne. 138
139 x : A. Rotondè,> « Bocchi,. Achille », p. 69. E. See Watson, Achille Bocchi, p. 201, n. 85, qui note que l'académie bocchienne est citée sous le nom d’Accademia Bocchiana par Giambattista Pigna dans I Romanzi de 1554, et par Anton Francesco Doni dans La Libraria de 1557 (ibid., p. 60). ° Epistolae Autographae ad Romulum Amaseum, Milan, Bibl. Ambr., D 145 inf. f° 22r°. 141 Thid., @° 29v°.
36
latina en 1545 et de trois (Pordenone), sa ville natale, une école pour l'étude du latin, du grec et de I’hébreu. Auteur de discours Pro lingua en 156s. latin en traduit 1560, de poetica imitazione Della son pour connu est il livres de Carmina (1579), commentateur d'Horace, I#E, See Watson, Achille Bocchi, p. 195, n. 28.
pour les jeunes 145 Par exemple le Collegio Ungarico pour les chanoines de Zagreb et les étudiants hongrois en 1537, ou le Collegio Ferrero 59. p. 1650, Bologne, nobles piémontais en 1541. Voir A. Di Paolo Masini, Bologna perlustrata,
I. Bianchi, La politica delle imagini 146 Voir P. Prodi, Il Cardinale Gabriele Paleotti (1522-1597), Rome, t. I, 1959; t. Il, 1967. Voir également 38-44. p. 2008, Bologne, committente, e teorico Paleotti Gabriele : nell’età della Controriforma 147 ῬΑ, Orlandi, Notizie, p. 28. 148 G. Gaspari, Musica e musicisti a Bologna, Bologne, 1969, p. 255. 1520, citée par E. See Watson, Achille 119 Voir par exemple une lettre d’Annibale Caro à Veronica Gambara datée de 1516, mais publiée en Correggio. de villa la de littéraires s rassemblement aux renvoyer pour termes deux les utilise qui et Bocchi, p. 54, Académies dans l'Europe humaniste. Idéaux 150 Sur toutes ces questions, voir M. Deramaix, P. Galand-Hallyn, G. Vagenheim,J. Vignes (dir.), Les Sixteenth Century, Londres (Warburg the of Academies Italian (dir.), et pratiques, Genève, 2008, p. 295-338; D. S. Chambers, F. Quiviger (1525-1570), en ligne, URL: Academies Italian The J.E.Everson, de projet le Institute Colloquia, 1), 1995. Voir également
.
37
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
provisoirement installée dans la ville *', accueillait vers 1530 dans sa demeure visiteurs illustres et lettrés, parmi lesquels Achillini, mais aussi Filippo Fasanini (à qui Bocchi dédie un poème de jeunesse dans ses Lusuum libri)
1. Du Vadum Bocchianum au Palazzo Bocchi : architecture, société et rêve philosophique à l’antique
de Veronica Gambara, la fondation de l’Accademia dei Sonnachiosi absorbe son cercle. À partir des années 1540,
La première mention explicite de l’Academia Bocchiana apparaît dans deux orationes d'un élève hongrois de Bocchi, Paulus Abstemius (P4l Bornemisza, 1499-1579), conservées à la Bibliothèque Nationale de Naples* et rédigées en 1526 : visiblement le terme désigne encore la schola privée que Bocchi tient chez lui. En revanche,
Alessandro Manzuoli, proche de Bocchi lui aussi (voir Symb. 127), Claudio Tolomei (Symb. 94), les deux Flaminio, père et fils (pour ce dernier, voir Symb. 124), ou encore Giulio Camillo (Symb. 88)*°. Après le départ
le nombre de fondations d’académies explose littéralement : les Umidi à Florence, les Infiammati à Padoue, les
Accesi à Reggio, les Elevati à Ferrare, les Sempiterni à Venise, les Affumati à Bologne, académie fondée par Gabriele Paleotti et Marco Thiene en 1542. Un peu plus tard, toujours à Bologne, Celso Socino donne naissance
aux Sizienti/Sitibondi en 1551, en relation avec le droit ; les Animosi en 1552 se réunissent pour l’étude des mathématiques et de la médecine et, outre les Ardenti de Camillo Paleotti, nés en 1555 et déjà cités, on mentionnera les Gelati de Melchiorre Zoppio en 1557. Elisabeth See Watson (Achille Bocchi, p- 59) insiste sur le
fait que la présence à Bologne en 1542 de Benedetto Varchi et d’ Alessandro Piccolomini, tous les deux membres de l’Accademia degli Infiammati, pour suivre les cours de Lodovico Boccadiferro, a sans doute constitué un réel aiguillon pour que Bocchi fonde officiellement son propre cercle.
lorsque le jeune poéte allemand Simon Lemnius (Lemchen), mort en 1550, est nommé dans les Acta Nationis
Germanae de l’université de Bologne pour avoir été accepté parmi les membres de cette confrérie sans avoir à
payer d'honoraires en 1543 159 il semblerait que cette faveur soit due à son couronnement officiel comme poète
par l’Academia Ermatena’®, qui existe visiblement déjà comme société de lettrés dotée d’un certain prestige. Il semblerait toutefois que le rassemblement autour de Bocchi de jeunes poètes et intellectuels constituant une sorte d’esquisse académique soit bien antérieur à 1526, et se soit effectué dans le cadre bucolique de la première demeure de Bocchi, le Vadum Bocchianum ou Va’ de Bucchi, une propriété dans les environs de San Giovanni in
Bocchi lui-même faisait partie, à tout le moins, de deux autres académies : le Viridario d’ Achillini ; l'académie vitruvienne de Claudio Tolomei à Rome, identifiée avec l’Accademia della virtù fondée vers 1539 sous le
Calamosco, bordée par la riviére Savena, et qui aurait été profondément réaménagée!!, La propriété est mentionnée dans deux poémes de jeunesse (Vat. Lat. 5793, £° s6r°-57r° et 61r°-v°), et réapparaît à la fin du Symb. 141, V. 147-150, avec une personnification à l’antique des deux cours d’eau, la Savena et son affluent, le
peut-être Jacopo Barozzi da Vignola’*’. Une autre académie vitruvienne rassemblait aussi à Venise, autour de Sebastiano Serlio, non seulement Pietro Aretino et Titien, mais également Giulio Camillo Delminio (Symb. 88)
S. Rotondella de l’une de ces pièces, l’élégie Ad sodales (Vat. Lat. 5793, © 61r°-v°), dans un article brillant qui
patronage Farnèse, qui se consacre à partir de 1542 à l’étude de Vitruve et qui accueille des personnalités comme Alessandro Manzuoli (Symb. 127), Marcello Cervini (Symb. 60), Bernardino Maffei (Symb. 87 ; 96), et
proche de Stefano Sauli (Symb. 102), de Marcantonio
Flaminio
(Symb. 124), et d’Alessandro
Ps
(Symb. 127). Selon M. Tafuri, les liens de Bocchi avec le cercle de Serlio, véritable foyer de l’hétérodoxie peuvent expliquer l'allure serlienne des deux orthographiae de la façade du Palazzo Bocchi de 1545 et 1555!%. :
L’évolution suivie par ces cercles au fil du XVI‘ siècle est celle d’une véritable institutionalisation. On voit peu à peu se transformer en sociétés organisées, avec devises, règles, programmes et officiers, la simple sodalitas poétique ou intellectuelle sur le modèle antique, qui se réunit pour deviser ou disputer dans le cadre plaisant d'un lpeus amoenus, généralement le jardin privé d’une villa. Les réunions pouvaient s'effectuer pour certaines occasions spécifiques, par exemple autour de Bartolomeo Bianchini dans sa villa bolonaise de Scornetta!Ss, ou autour de Hans Goritz, qui organisait dans son palais romain des joutes poétiques qui inspireront le fées recueil des Coryciana, rédigé par des mains illustres à l’occasion de la fête de sainte Anne!%, C’est exactement la trajectoire que suit l’Academia Bocchiana et cette évolution s’inscrit dans une migration géographique et une F i 157 Le consécration architecturale : le passage du Vadum Bocchianu au Palazzo en plein centre m
:
de Bologne.
Bocchi, Via Goito'>’,
oetry and
the
Classical
Tradition : Essays in Medieval and Renaissance Literature, Oxford
ee: " Sere
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tik on se reportera aux études suivantes : J. K. Schmidt, « Zu Vignolas Palazzo Bocchi in Bologna », Mitteilungen des
i ae en tuts Horenz, 13/12, 1967, p. 83-94 ; D. Monari, « Palazzo Bocchi e l’opera rustica secondo il Vignola >, in M. Fagiolo ὧν : i tizl ura :l artificiors 1 ordine rustico, il fontane, gli automi nella cultura del Manierismo europeo, Rome, 1979, p. 113-128 ; Ead., « Palazzo : a ae #oriso e l'intervento del Vignola », Il Carrobbio, 6, 1980, p. 263-272 ; À. M. Orazi, lacopo Barozzi da Vignola, 1528-1550. ἊΜ Ἢ ο, ΐ. με architetto bolognese, Rome, 1982, p. 229-270; D. Benati, « Bocchi » in G. C. Roversi (dir.), Palazzi e case nobili del ‘500 a δὶ ΜΝ — e sie le opere d’arte, Bologne, 1986, p. 47-59; A. M. Matteucci Armandi, « La cultura di pietra : le dimore dei Lettori on ~ », με aria Nona, 5, 1988, p.28-37; N. Miller, Renaissance Bologna: A Study in Architectural Form and Content, New ern/Francfort-sur-le-Main, 1989, p. 135-140; P. Foschi, R. Scannavini, MDXLV, Palazzo Bocchi, Cassalechio di Reno 1991. Plus
38
sgau, 1999 ; Richard récemment, on consultera M. Kiefer, Emblematische Strukturen in Stein. Vignolas Palazzo Bocchi in Bologna, Fribourg-en-Bri 2002, p. 149-152} Milan, Barozzi, Jacopo Vignola Thoenes, C. Frommel, L. C. Adorni, B. Tuttle, J. Tuttle, « Palazzo Bocchi» in R.J. 2006. Bologne, Bocchi, Palazzo (dir.), Ravaioli M. Danieli, D.
Transilvaniensis oratio >.
es τον Goritz, wie Je Fjsewijn, « Goritz » in Literatur Lexicon, t. IV, Miinich, 1989. Sur les Coryciana, voir Ph. P. Bober, < The Coryciana τόν res ses ais P- 223-239 ; J. Ijsewijn, « Poetry in a Roman Garden: The Coryciana >, in P. Godwin, O. Murray ἀπά Fall of Goritz’s Feasts », Renaissance Quarterly, 48, 1995, p. 41-57.
scène évoquée se déroule dans une propriété à la campagne explique d’ailleurs les précisions bucoliques topiques de l’élégie Ad sodales, comme la présence des nymphes, des satyres, des oiseaux, du Favonius, ou l'arrivée du printemps. Ce problème philologique ne permet donc pas d'utiliser ce poème pour identifier le cercle d’amis dont il est question dans les vers à l’académie romaine d’Angelo Colocci, c’est-à-dire dans le contexte du séjour à Rome de Bocchi, comme le fait S. Colonna!. De plus, l'argument de la date s'y oppose :
octauo Quinqueecclesiensis magnifico Michaeli Vardaeo comiti Bodrog moecenati suo benemerenti spd Kelte, Bononiae ex Academia Bochiana episcopi Vardaei Francisci patris ampliss. Calendas Aprileis MDXXVI » ; f Azb-E1a: «Pauli Absthemii Quinqueecclesiensis in funere
Achille Bocchi, Ρ. 197, Π. 51. δ 4 D scat a LE è fs RL H. Se, « Gli : Sa è antiquari per l’“Accademia: della Virtü ” », in. R. Tuttle (dir.), Jacopo Barozzi da Vignola, Mailand, 2002, p. 126-128. s Μ' Tafuri, Venezia e il Rinascimento : religione, scienze, architettura, Turin, 1985, p.97-101.
Dy
IN BOCCHIANO, c’est-à-dire In Bocchiano, mentionné sous ce nom dans un poème précédent, f°56r°571° : « Cupidinem, Bacchum, Veneremque inuocat, amicam iratam placare conatur. In Vado Bocchiano >! Que la
discours, l’un adressé à Irodalomtôrténeti Kôzlemények, 87, 1983, p. 48-58, qui décrit la composition du manuscrit napolitain et cite les deux «Paulus Absthemius A1a-Aza: f Vardaeus: Franciscus de l'honneur en funèbre oraison Michaelis Vardaeus, l'autre étant une
153
ai
s'intéresse aux enjeux formels et poétiques!%. En effet, l’âge mentionné pour cette pièce est ANNO AETATIS XV et non XVI. Plus ennuyeux est le fait que S. Rotondella ne transcrit pas la suite du titre, pourtant essentiel :
>, 158 Voir G. Borsa, « Bornemisza PAl megemlékezése Vardai Ferencrôl és a tôbbi, Mohacs elôtti bolognai, magyar vonatkozäsü nyomtatväny
'S! Elle avait fondé |’ Accademia Corregigio à Corregioi en 1520. Son S frère è Umberto est vice-légat et gouverneur de B 152 E. See Watson,
onnue gràce ἃ la pastorale du Hollandais Herman Knu yt Van Slyterhoven, Comoedia ia cui cui titul ti 1497, évoquée par E. See Watson, Achille Bocchi, p. 56. l i TN A ai 16 ? a : “a
Calamosco, dans un décor bucolique où évoluent des chœurs de satyres et de nymphes au son de la lyre. Marcantonio Flaminio lui-même rend hommage ἃ Bocchi et à sa propriété où l’on pouvait visiblement chasser, dans l’un de ses Carmina (1, 34, 5-12 %). Quelques petites erreurs se sont glissées dans l'édition proposée par
receptus est, cités par G, C. Knod, 19 Simon Lemnius poeta laureatus ob singularem eruditionem communi consensu gratis in nationem nostram Bononiensis, Berlin, 1899, p. 299, Vniversitatis Germanicae Nationis Acta den zu Index Biographischer ). (1289-1562 Bologna in Deutsche Studenten n° 2064, 5. v. « Lemnius, Simon ».
zum Dichter 160 Thid. : « 1543 in Bologna durch Achilles Bochi (sic) in seine gelehrte Gesellschaft (Academia Ermatena) aufgenommen und ». eingeschrieben gratis Nation deutschen der Matrikel die in er gekrônt. Bei dieser Gelegenheit wurde
Alberti dans son Libro primo della deca prima delle 161 Comme le signale E. See Watson, Achille Bocchi, p. 63, la propriété est décrite par Leandro
detto del Vado de Bucchi, molto historie di Bologna, Bologne, 1541, P Eiiiv° : « Poi si ritrova piu oltre fuori della Porta di Gallera il Palazzo
>. ristorato d'Achille anche egli Cavaliere e di prestante dottrina illustrato, con il Palazzo detto mirabelle de Ranuzzi 81. Symb. du l’analyse 162 Voir notre traduction dans
Santuci (dir.), Poesia umanistica latina in distici 163 $, Rotondella, « Dai Lusuum libri di Achille Bocchi : l’elegia Ad Sodales », in G. Catanzaro, F.
1999, p. 289-301. elegiaci, atti del convegno internazionale, Assisi 15-17 maggio 1998, Assise,
16 Voir notre analyse du Symb. 141. in M.G. Aurigemma (dir.), Dal razionalismo al 165 § Colonna, « Phileros : il soprannome accademico e umanistico di Achille Bocchi» Ad sodales presente nei Lusuum Libri di Achille L’elegia « 52: i quaranta anni di Studi di Silvia Danes, Rome, 2011, p. 47-
Rinascimento per
39
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (15535)
- tome
1
Introduction
Bocchi mentionne qu'il a quinze ans, ce qui implique que nous sommes au plus tard en 1503. Or le voyage romain date de dix ans plus tard. L’académie mentionnée est probablement déjà l’Academia Bocchiana, autour
d’un
petit noyau
d’amici:
Marcantonio
Flaminio,
Romolo
Amaseo,
Giovanni
Battista
Pio,
Alessandro
Manzuoli, Marius Siderotomus, Bartolomeus Raimundus. On notera que dans plusieurs piéces de jeunesse adressées inédites à Marcantonio’ Flaminio, Bocchi ne cesse d'employer le terme sodalis, qui désigne précisément le membre d’un: cercle littéraire".
Mais la véritable naissance de l’Académie et sa consécration officielle datent du début des travaux de réfection
d’un bâtiment qui doit en accueillir les réunions. Le 28 juillet 15.45, Bocchi signe une convention notariée chez
Pietro Zanetti avec l'architecte Agostino
Bolognotti et le lapicide Battista di Pietro da Como,
qui devront
fournir des blocs de pierre taillés « alla rustica >, tirés de la carrière de Santa Margherita a Barbiano de Bologne,
pour assurer les assises. et les fenêtres d’un Palazzo (aujourd’hui Piella) dont il a hérité aw n° 16 de la Via Goito et pour lequel il dispose déjà d’un plan, probablement esquissé par Vignola: l'ouvrage devra être mené « secondo
che parera
al detto
signor Cavalliero >, montrant
que le propriétaire a la ferme
intention
de
s'impliquer dans l’élaboration architecturale de l’ensemble. Le Palazzo possède deux façades, l’une donnant sur
la Via Goito au sud, |’ autre à l’est sur la Via Albiroli.. Un document du 21 mai
latin d’Horace (Epist., 1, 1, 59-60 : Rex eris, aiunt,/ Si recte facies... ). Dans les trois premiers états (mais non dans le quatriéme), on peut lire, sous la premiére métope en partant de la gauche de la frise supérieure, ornée d’une
tête de lion : sic monstra domantur ; cette expression sera reprise telle quelle sous la tête de lion dans la gravure
du Symb. 102, représentant la devise de l’Academia Bocchiana à l'angle du palais. Sous la dernière métope décorée d’un bucrane de la même frise, on lit : Victoria ex labore, qui constitue le début du motto de la gravure du
Symbolum Symbolorum. Les quatre états proposent également une dédicace adressée à Paul III et accompagnée de deux distiques élégiaques inscrits en haut de la gravure, de part et d’autre des armes Farnèse soutenues par deux génies'”. Les trois premiers états de la gravure portent pour titre, en bas de page : ORTHOGRAPHIA
MERIDIONALIS ACADEMIAE DOMVS BOCCHIANAE BONON. absent du quatrième état, mais seul le titre
du troisième état est complété par une date, MDXLV (Fig. 3). SE
CEE
ΝῊ
Lal, CTP)
ve© Pai σαν Mons Lans πο Co
1546, établi par le Sénat bolonais,
concède à Bocchi le droit d’empiéter sur le sol public pour procéder à l’alignement sur ce côté, afin de relever l'édifice in formam
decentiorem®T. Les travaux commencent dès 1546"%, mais ils ne seront toujours pas achevés
en! 1560) - Une lettre de Bocchi à Amaseo du 4 juillet 1 547, qui manifeste une inquiétude devant l'ampleur de la
tâche, mais réitère la confiance dans la générosité des Farnèse, permet de suivre l’évolution de la construction et de constater qu'à cette date, seul le rez-de-chaussée est terminé (avec sa « palestre », son « auditorium » et ses
chambres) et que la pose des planchers supérieurs est prévue pour |’ été!”". Giulio Bonasone a réalisé, d'après Vignola, une gravure de l’orthographia
géométrale)
ou
ichnographie
(élévation
de la façade méridionale du Palazzo Bocchi, et dont on connaît en tout quatre états’””. Dans ces
quatre états, Mercure et Minerve apparaissent sur des piédestaux, aux angles sommitaux de la façade. Les trois premiers états présentent, à gauche du portail, une inscription constituée d’une citation en hébreu du psaume
126; 2 (qui a disparw dans le quatrième état). En revanche, dans toutes les versions, om déchiffre une citation en
Bocchi pubblicata da Silvia Rotondella testimonia l'appartenenza dell’ umanista bolognese ad un’ Accademia. In base a questi riscontri, sembra
evidente che Achille Bocchi appartennesse all Accademia Romana di Angelo Colocci
....] ».
‘° Voir par exemple Plut. 33, cod: 42 (Florence, Bibl. Laurent.) < Achillis Phil, Bochii, responsum ad eundem M Ant. Flam.
», @ 19r°, σὰ le terme
apparaît quatre fois enfinde vers (ν: 5, 9, va; 11); voir également « Ad ML Antonium Flaminium >, P zor, v. 1- Salue, ὁ prime sodalium meorum. 7 G. Zucchini, « Il Vignola a Bologna», in Memorie e Sudi intorno a L Bi dia Vignola nel IV centenario della nascita, Vignola, 1908, p. 239-242
publie les deux documents : |’ Achille Bucchi Conventioni de 1545 est conservée al’ Archivio Notarile de Bologne, Rogito Pietro Zanetti, Filza 24, n. 116 et la Concessio edificandi D: Achille Bocchio equiti de 1546 est conservée à |’ Archivio: di Stato de Bologne, Partiti, vol. 19; voir également À. M. Orazi, Jacopo Barazzi du Vignola, p: 232-273 ; N. Müller, Renaissance Bologna, p. 136-137 ; D. Benati, « Bocchi », Pi 52-54. 16 Dans la: lettre de Bocchi de 1556 à T. Nadasdy (voir D: Monari, « Palazzo: Bocchi : il quadro Storico », p.270; m 23, et notre annexe à
l'analyse du Symb: 147): Nam quidireferamexaedificationem domus Academicae quam à fundamentis instructam a nobis fuisse anno ab hinc XI satis constat ? Voir aussi le commentaire de G. Sambiguccio de 1556 au Symb. 102 (In Hermathenam Bocchiam interpretativ, Bologne; 1556; p: 13}: Academiam quam inchoatam cernitis | … ], in qua et si integrum iam: decennium sine intermissione laborauerit, nondum tamen propter fortunas ef tenuiores opes tam magnificum et splendidum apus perficere potuit). Un peu plus loin, il est précisé que l'entreprise est commencée depuis: dix ans révolus (anno\ab hinc XT), ' Comme
le souligne Pietro) Lamo; dans: sa Graticola il Rinascimento, p.99; n..66.
M. Tafuri, Venezia 170
di Bologna, publiée em
1560, cité par N. Miller, Renaissance Bologna, p. 138, m 242 et
: : E 1: 1] 1 Milan, Bibl. Ambros. ms D) 145 inf, À 81° : Incredibile est quanta opinione huiusce rei mentes hominum sint imbutae, quantam in Sem rapiuntur
Fig. 3 > G. BONASONE, Fagade méridionale du Palazzo Bocchi, d’après Vignola, 1545, troisième état, burin, (44 x 35,7 cm), Rome, Fondo Nazionale (6226).
Fig. 4 > G. BONASONE, Fagade méridionale du Palazzo Bocchi, 1555, troisième état, Londres, Courtauld Institute of Art.
Stefania Massari suggère qu'il s’agit peut-être d’une manière de célébrer le début des travaux'”’. Or une lettre a Amaseo datée du 19 janvier 1548 permet de comprendre que ces deux distiques n’ont pas figuré sur l’image dès 1545, mais ont été ajoutés après, et que Bocchi en subordonne la mention sur la gravure à l'obtention effective
de subsides'”*. Nous découvrons en outre qu'il n’y avait pas deux, mais trois distiques à l’origine”. Enfin, ces trois distiques prévus pour figurer sur l’orthographie sont cités dans la lettre manuscrite, où ils viennent en compléments de deux autres textes : il s’agit des poèmes des Symb. 102 (célébrant la devise de l’Hermathéna) et 103 (sur l’aube de l’Âge d’or et l’arrivée d’Astrée), et l’ensemble doit servir à Amaseo d’offrandes pour convaincre
utriusque Academiae, quanto udio Philologiae nostrae, tua praesertim causa; eeardescant omnes. lam palaestrae et auditorti, nec minus cubiculorum
testudinata lacunaria scito esse absoluta: Deinceps ad superiores | ontignationes strenue dum per aestatem licet, approperandum erit, inde ad summas concamerationes, insuper ad pensiles hortos euadendum. Magnum opus aggressi sumus ac multé etiam grauius quam quantum ferre uires nostrae passe uideantur. Sed, μέ alias dizi, nihil tantum est quod intolerabile fore uereamur, dum uit Maximo huic Pontifici supersit, et Farnesio Magno, ut optamus
omnes, quibus est reipublicae literariae salus et dignitas:cara.
| Pour le premier, le troisième et le quatrième état de la gravure d’après Vignola, voir les reproductions: dans S. Masari, Giulio Bonasone,
catalogue,
Rome; 1983, tI, P. 52-53, n°41 a, by ς (qui parle de « l’iscrizione im arabo a sinistra » !). Sur la question, voir W. Lotz, « Architecture in the Later Sixteenth Century», College Art Journal, 17/2, 1958, P: 129-139, en particulier p. 131-132 ; M. Walcher Casotti, I
Vignola, Trieste, t I, 1960, p. 143-146; J. K. Schmidt, < Zu Vignolas Palazzo Bocchi ». Voir également D. Benati, « Bocchi » in G. C. Roversi
(dir.), Palazzi:e case nobili del ‘soo a Bologna. La storia, le famiglie, le opere d'arte, Bologne, 1986, p. 47-59:
40
'2 Paul III, Pont Max : Caerulea dum laeto florebunt lilia mundo/ Florebit pietas semper et alma Fides./ Bocchie, quid dubitas, uiuit
Farnesia proles ;/ Ne desponde animum, spes tua uiuit adhuc, « Tant que fleuriront des lys céruléens à traver le monde en liesse/ Fleuriront toujour la piété et l’alme Foi./ Pourquoi douter, Bocchi ? La descendance des Farnèse est en vie ;/ Ne perds pas courage : ton espoir vit encore ». ‘73 Giulio Bonasone, t. I, p. 53. ' ia 174 Milan, Bibl. Ambros. ms D 145 inf, ° 44r° : Cur autem cesso tertium appingere ? Quod elogium in fronte domus academiae sub insignibus Farnesiorum gentilitiis apponendum curabo, sed tamen acceptis, non speratis beneficiis. |
175 Le premier distique, qui fait allusion aux débuts des travaux d’édification et en annonce la fin, était le suivant: Aspice dimidium qui
fundamenta solebas/Despicere. Hinc totum postmodo suspicies.
41
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
les Farnèse d’apporter leur contribution financiére’”*. Dans une lettre plus tardive encore (3 mars 1548), Bocchi
demande si son travail a été apprécié et s’il a produit l’effet attendu, susciter la générosité de ses patrons!77, Une autre version de l’orthographia, assez différente architecturalement'™, est gravée en 1555, date qui apparaît
explicitement dans le titre en bas de page (Fig. 4). Cette gravure connait, elle aussi, quatre états'”. A partir du
second état, elle s'orne des armes pontificales de Pie IV et du motto Regnum en redit Saturnium, qui rend hommage à la quatrième bucolique de Virgile. À partir du troisième état, elle se dote d’une dédicace à Pie IV, qu'il faut supposer plus tardive car elle est incohérente avec la date de 1555 : membre
de la famille Médicis,
Pie IV n’est en effet devenu pape qu’en 1559. Toutefois, il avait été vice-légat à Bologne en 1545 et avait peut-
être rencontré Bocchi pendant sa délégation. On a souligné le caractère fantaisiste et irréaliste de cette seconde version, montrant une intervention très forte de Bocchi lui-même!*. La gravure de 1545 ἃ joué un rôle essentiel, dont la correspondance autographe de Bocchi à Romolo Amaseo
permet de mesurer l'importance. Ces lettres nous apprennent que l’orthographia a beaucoup circulé à la curie romaine, afin de faire connaître le projet aux différents prélats dont Bocchi espérait qu'ils joueraient le rôle d’intercesseurs auprès de la famille Farnèse, en particulier le pape Paul III et son petit fils le Grand Cardinal, pour réclamer des subsides (voir infra). Ainsi, dans l’une des missives datée du 10 avril 1548, Bocchi ἃ fait lire à
Giovanni Morone une lettre qu’il rédigée en style horatien pour Paul III (il s’agit probablement du texte du Symb. 141), et il demande à Amaseo de la diffuser, en particulier auprès de quatre prélats éminents, présents au Concile de Trente déplacé à Bologne, auxquels il a récemment écrit, pour qu'ils interviennent en sa faveur
auprès du pape’.
Et il insiste pour qu’Amaseo
montre
à l'appui de la lettre la fameuse
orthographia
(orthographica descriptio), en particulier au cardinal Archinto, pour stimuler leur intérêtὉ, La gravure de la
façade doit être montrée également à Paul III, toujours pour susciter des subsides, et Bocchi accompagne régulièrement l'envoi de l’orthographie de brouillons de lettres adressées au pape, qu'il demande à ses amis, et à Amaseo en particulier, d’émender*. Il se montre d’ailleurs impatient de connaître la réaction du pontife à la lecture des symboles et à la présentation de l’orthographie™, à tel point qu’il en perd parfois le sommeil*. Ibid. : Quare, dum licet, istic fac quod facis et igne hoc charitatis academiae no$frae heroas omnes incende. Cuius ipsius symbolum argumenti loco tibi adscriptum mitto [suivent dans l’ordre le texte du Symb. 102, celui du Symb. 103 et l'inscription pour la façade]. 7 Voir P 251° : Quaero an Hero et Heroi nostro tantillum saltem placuerint, ut liberalitate sua nos tandem aliquando putet erigendos ? Afflicti sumus, crede mihi, et rei familiaris angustiisque incredibiliter oppressi, ut uix iam tenuitatem meam sustentare possim. ΤῈ Par exemple l'immense balcon à décrochement central, soutenu par des consoles et orné d'une balustrade, qui court le long du piano nobile. On notera également que Mercure et Athéna ont disbaru en position sommitale au profit de deux obélisques surmontés d’un globe. ' Voir S. Massari, Giulio Bonasone, t. 1, n° 42, p. 53, qui renvoie à A. Barstch, Le peintre graveur, Vienne, t. XV, 1813, p. 177, n. 2.
Dans une lettre du 28 juin 1548, il confie que ses exemplaires de l’orthographie ont brilé, et invite Amaseo à lui renvoyer, avec toutes les précautions nécessaires pour le transport, celui qu’il a en sa possession, ἃ condition que Paul III l’ait vu au préalable. Il ajoute que le projet architectural n’est toujours pas définitif et que de nombreuses suggestions lui ont été faites par son patronus, suggestions qu’il soumet à l’acribie d’Amaseo sous forme sténographique’**. L’importance accordée à ces esquisses se comprend d’autant mieux qu’une autre
missive à Amaseo montre que Bocchi a quelque ambition dans le domaine de l’architecture, et qu’il se verrait bien chargé d’une préfecture lucrative et honorifique sur les chantiers pontificaux à Rome, en particulier au sein
de la Fabrica Sancti Pietri du Vatican, suite au départ de nombreux artistes'*’.
Le palais finalement édifié s’avére assez différent des propositions gravées qui constituent autant de rêves brillants, mais impossibles à réaliser. Les études récentes s'accordent avec Ignazio Danti'**, son contemporain et biographe, pour voir derrière le remaniement de l'édifice réel la présence de l'architecte Jacopo Barrozzi da Vignola, le concepteur de la Villa Giulia à Rome et du palais Farnése de Caprarola, ainsi que l'influence, déterminante selon D. Monari, de Sebastiano Serlio* et de Giulio Romano (présent à la Fabbrica di San Pietro en
1544).
Le
décor
intérieur est attribué
à Prospero
Fontana'”,
le peintre
qui a exécuté
les esquisses
préparatoires d’un nombre important de gravures du recueil d’emblémes (voir infra). Le décor extérieur lui-méme constitue un véritable programme. La masse imposante et sévére du palais associe une base rustique a bugne, pierres à bossages caractéristiques que l’on retrouve au-dessus du portail d’entrée et sur les tympans en éventail des fenêtres du premier étage, avec l’ordine toscano, unissant « opera di natura et opera di mano », selon les recommandations du Quarto Libro de Serlio (Venise, 1537). D. Monari propose de mettre ces éléments remarquables et peu courants du Palazzo Bocchi en parallèle avec le projet pour la Grande Ferrara d’Hippolyte d’Este réalisée pendant la période bellifontaine de Serlio, et les solutions architecturales qu il propose dans le Sesto Libro. Le palais serlien se veut lieu de résidence « del capo di parte dentro la città », tandis que le basamento bugnato et les fenétres offrent une sorte de systéme défensif de celui qui « ha molto nemici in città »'?'. Vignola et Bocchi récupèrent ces éléments de manière entièrement symbolique pour conférer au palais qui abrite l’académie des allures fortifiées qui le transforment en « forteresse de la vertu » et de la sagesse, pour suivre l’expression de Marcello Fagiolo’”” et, comme nous le montrerons dans notre analyse du Symb. 102, en refuge privilégié d’un évangélisme érudit. Ce point est confirmé par la présence des inscriptions qui courent sur les deux façades et dont nous proposerons une interprétation générale dans
185 Voir f° 33r°-v° (29 juin 1548) : Adde quod ipse plenissimus expectatione de Minore et Maiore Alexandro quid de nobis rebusque nostris uelit aut
140J. K. Schmidt, « Zu Vignolas Palazzo Bocchi », p. 88.
ostendat, ita suspenso animo sum, ut somnium iandiu capere non possim. Praeclarè intelligis in quo dies et noctes euigilarint hactenus et euigilent curae
! Milan, Bibl. Ambros. ms D 145 inf, f τότ᾽ : Exemplum igitur eius [litterae] ad te mitto, ut [... ] ostendas, atque aded me comendes uiris illis clarissimis quattuor, quos superioribus diebus hisce scripsi caussam nostram libentissimis animis suscepisse tractandam uerbis meis apud pont. max.
descriptione Domus aca|demicae [f 33v°], si tamen illam per grauiores occupationes suas ostendere potuisti. Scribe igitur quamprimum noui aliquid
Seb. Pighinum dico, Phil. Archintum, Materanum, Lippomanum, pontifices omnes optimos. Vide quanta nobis pes iniecta sit ab immortali deo, ut tales, tantosque Concilii Bononiensis legatos, ad Paulum, eosdem mihi oratores habere contigerit. Il s’agit de Sebastiano Pighino (Symb. 98), de lohannes
Michaël Sarracenus, archevéque napolitain de Matera puis d’Acerenza, de Filippo Archinto (voir note suivante), d'Aloysius Lippomani (évéque de Modon, Vérone et Bergame, l’un des présidents du Concile de Trente).
Voir P 16r°-v° : Sed adeundi tibi sunt, atque si forté refrixerint, etiam inflammandi ; illis descriptionem orthographicam, quam nuper à me Bononia
proficiscens acceperas, ostendes omnibus, praecipué uerd Archinto nostro, uiro undecunque doctissimo, et planè diuino, qui pro singulari beneuolentia,
qua bonarum artium Studiosos amplectitur nos authoritate sua iuuabit omnind. Après des débuts à Milan, où il manifeste ses tendances pro-
impériales pour Charles Quint, Filippo Archinto (1500-1558) entre au service de Paul ΠῚ en 1535, puis à celui de Jules II. Nonce apostolique à
Venise entre 1554 et 1556, il est nommé à cette date archevêque de Milan, mais il ne put pas prendre ses fonctions suite à des pressions de la part de la curie locale. Voir G. Alberigo, « Archinto, Filippo », in DBI, t. ΠῚ, 1961.
‘© Voir par exemple f 21r° (sans date) : Deinde pro Academia cum loqueris cum Pont. max. et illi Orthographiam Domus Academicae cum Pauli
f nomine ostenderis, tunc opem implores audacter pro alendis et remunerandis praefectis f< ?> cuius rei multae sunt rationes et modi presertim ut infra ; @ 30r° (15 mai 1548): Remitto tibi epistolam pontificiam instauratam sed resignatam. Eam ubi perlegeris, obsignabis obsignatam cum orthographica descriptione reddendam in ipso tempore curabis. Illam alteram priorem, quam dederam superioribus diebus obsignatam aperies et
emendabis artitratu tuo; f° 30v°: Orthographiam à Sebastiano Ferrario accepi, cuius interpolatae ac renouatae exemplum propediem tibi remittendum curabo. ‘ Voir P 48r° (5 mai 1547) : Quid actum sit hactenus, cupio scire, tam ea de re quam de symbolis et ὀρθογραφία nostra cum Pontifice (Alexandro inquam maiore, nam quid cum minore per ocium lustralium feriarum tractaris accepi) et habeo gratiam tibi maximam, pro gratia tanta per te mihi apud Herum tam opportunè comparata ; quantum id profuturum sit ad cogitationes nostras, ipse satis nosti,
42
cogitationes meae [... ]. Sed tantd magis scire aueo quid senex (i. e. pontifex maximus) epistolae nostrae repondeat, deinde quid dixerit aut senserit de boni. 186 Voir f 33v°: Vtinam tam feliciter tibi contingat in descriptione nostra paulo commendanda quae Studiosè et diligenter id te factum certe scio, et
fortassè iam fecisti. Quod si ita sit, cura obsecro ut illa mihi remitattur primo quoque tempore surculo, sicut antea fuerat obuoluta, ne in itinere
corrumpatur, si tamen ea forte non egis amplius. Qua ipsa mihi est opus in primis. Nam orthographiae pariter et ichnographiae prioris exemplaria, quae mihi reseruaram, temerè ignis absumpsit. De certo ac definito quod petamus, multa mihi sese obtulerunt, sed nihil certius habeo quam quod ipse patronus ipse nuperrime disserendo significauit, cuius rei commentariolum literis istis illiteratis à quodam pragmatico conscriptum mitto, ut rem totam arbitratu tuo tractes et absoluas. 187 Voir f° 39r° (21 novembre 1547) : Scito igitur mihi relatum à multis esse architectos omnes primi nominis, quotquot istic fabricae Petri Basilicae et aliis exaedificationibus pontificiis antea praefecti fuerant, decessisse. Hinc sanè pulcherrima (ni fallor) oblata nobis uidetur occasio fortunam nostram aliqua ex parte subleuandi, modo illam sciamus ante capere ne labatur è manibus. Quid quaeris ? Vellem mi frater ut, quod constantissimè fecisti, semper et facis, ab Hero nostro Card. locum aliquem mihi prospiceres, unde et emolumentum pariter et honorem consequi possem ex architectonica illa praefectura, uel, si minus id fieri possit, aliaquapiam ratione cures, obsecro te, ut nos quoque simus aliquo in numero prius quam sol noster occidat. 188 I, Danti, Le due regole della prospettiva pratica di M. Jacomo Barozzi da Vignola, Rome, 1583.
189 D. Monari, « Palazzo Bocchi : il quadro storico », p. 267. M. Tafuri, Venezia e il Rinascimento, p. 99-100, n'exclut pas le possibilité que Serlio
lui-méme, qui cite Bocchi dans le Terzio Libro publié en 1540, ait proposé à l’humaniste bolonais des esquisses de plan pour son Palazzo.
% Voir M. Danieli, « La decorazione pittorica » in M. Danieli, D. Ravaioli (dir.), Palazzo Bocchi, p. 58-142.
1 D. Monari, « Palazzo Bocchi », p. 118.
12 Voir M. Fagiolo, « Il Vignola e Bologna : il tempio, il foro, la rocca della Virtù >, Quasar,
1/1,
1989, p. 5-22. L'hypothèse est reprise par
M. Kiefer, Emblematische Strukturen in Stein, p. 80.
43
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
: elle utilise l'analyse du Symb. 102. La première, une citation du Psaume 120, 2.55 se situe à gauche du portail
centre, qui, par son doigt tendu vers l’arriére, rappelle en retour que c’est lui qui unit les deux divinités de part et
le mensonge et la langue qui ment, comme dans le Symb. 130 où la partie péjorative de la citation paulinienne
remplacer,
l’hébreu et sa propre disposition spatiale (a laeua, « du côté gauche >) de manière péjorative, pour inviter à fuir se (« la lettre tue ») est à gauche de la Fides et rédigée en hébreu. La seconde, en latin, empruntée à Horace!”
situe à droite du portail, et célèbre, par l’image de la citadelle qui fait résonner des échos platoniciens, épicuriens façade, et stoiciens, la royauté morale de l'âme vertueuse”. La citation d’Horace se poursuit sur l’autre
en une constituant une troisième inscription”, que l’on retrouve aussi chez Érasme : elle transforme la façade
sorte de gigantesque devise où le mur réel prend la parole pour inviter le passant-lecteur à prendre ses propriétés matérielles (dureté et indifférence) pour modèle éthique de la tranquillitas animi du sage. L'inscription s'invite dans l'architecture réelle pour former devise, de même que l'architecture du palais et son angle privilégié s’invitent à leur tour dans la devise académique célébrée par le Symb. 102, pour aller à la rencontre du lecteurspectateur et l’apostropher par l’image et les motti. Bocchi souligne avec éclat, par les inscriptions palatiales, son affection pour un texte très important d’Horace, la première épitre, qui inspirera plusieurs emblèmes du recueil (voir Ad lectorem ; Symb. 3 ; Symb. 133), et constitue une sorte de manifeste de retour à l'éthique socratique
comme préparation évangélique. Les inscriptions horatiennes du palais trouvent un écho parfait dans la devise de l’Academia Bocchiana, qui, audelà des académies contemporaines, rend avant tout hommage à l’antique académie de Cicéron à Tusculum, pour laquelle l’Arpinate avait demandé à son ami Atticus de lui envoyer une statue d’une Hermathéna’”’. Mais la gaine hermaique portant un buste d’Athéna cicéronienne s’est transformée dans l’âme de la devise en deux gaines distinctes portant deux divinités différentes elles aussi, Hermès et Athéna, les deux protecteurs de l'académie, à tel point que, dans les lettres à Amaseo, Bocchi désigne son cercle sous le nom d’utraque academia’®, Leurs mains et leurs regards rassemblent les deux dieux de part et d’autre de l’angle que forment les deux façades sur rue du Palazzo Bocchi : croisée des chemins ou pierre d’angle, l'architecture assume ici des
forces vectorielles puissantes et dynamiques qui partent à la rencontre du spectateur et promettent de rassembler bientôt en une seule les deux gaines hermaïques, accomplissement futur de la promesse d’un ambitieux programme intellectuel. Nous tenterons de montrer, dans notre étude du Symb. 102 qui présente cette devise, que le couple d’Hermés et d’Athéna, unis dans une véritable alliance matrimoniale”, veillent sur le petit Amour au centre qui les désigne du doigt, tenant en bride une tête de lion sur laquelle il a posé le pied. Par cette figure complexe, Bocchi promet une véritable métamorphose intérieure au héros qui entre dans son académie (tu modo progredere) et suit son programme jusqu'au bout (me duce perficies). Ce programme propose
une réécriture, ἃ travers Cicéron, de la psychologie tripartite de Platon dans la République (8, 588c-589a), en
même temps qu’il constitue le manifeste d’une forme de piété évangélique fondée sur la caritas et l’irénisme. L'intellect (ou nous), désormais dédoublé sous les traits d'Hermès et d’Athéna, se fait à la fois ratio et oratio, raison et discours, sagesse et rhétorique, dont les objectifs ne sont plus antagonistes (vérité vs persuasion), mais complémentaires, comme chez Cicéron. Le couple d’Hermés et d’Athéna doit veiller sur Amor/Cupido, au 193 « Délivre mon âme, Seigneur, des lèvres qui mentent et de la langue qui trompe ».
1% Hor., Epist., 1, 1, 59-60 : Rex eris, aiunt,/ Si recte facies..., « tu seras roi si tu agis droitement » (avec un jeu de mots intraduisible sur rex/recte, qui lie l’idée de royauté, non à la domination, mais à l’action parfaitement droite et vertueuse du sage, le katorthéma).
195 ]] existe une autre citation, sur la facade Via Goito, au-dessus d’une des fenêtres de la mezzanine, dans l’axe du portail : elle insiste sur la
notion de « pierre d’angle », au sens architectural et religieux: SVPRA PETRAM VERBI DEI| DOMVM HANC ACHILLES BOCCHIVS |
FUNDAVIT. ABSISTANT MALI | IMBRES ET AMNES ET NOTI. Voir notre analyse du Symb. 102. 1% Hor., Epist., 1, 1, 60-61 : [si recte facies] Hic murus aeneus esto/ Nil conscire sibi, nulla pallescere culpa, « Ce sera pour toi une muraille d’airain que de n’avoir pas mauvaise conscience, ni de pâlir sous le coup d’aucune faute ». 197 Cic., Att., 1, 1, 2 (nov. 68) ; 1, 4, 3 (début 66) ; 1, 1, 5 (juillet 6s).
8 Voir f 8r° : Incredibile est... quantam in spem rapiuntur utriusque Academiae ; À subtiliter exposueris, ualdè probo ; f 12v° : utriusque Academiae instituendae causa. également le fait qu'il y avait deux Farnèse pour être les patroni de l'Académie impossible que Bocchi, sollicitant régulièrement l'intervention d'Amaseo auprès subsides, lui accorde une part de paternité dans cette académie, désormais double. 19 Il est question des nuptiae Hermathenae dans le Symb. 103.
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121° : Quod Magiolo nostro de utraque Academia accurate et On se demandera si la formule ne pourrait pas désigner (Paul III et le cardinal Alexandre). Il n'est pas non plus des hauts dignitaires de la curie romaine pour obtenir des
d’autre du mur qui les sépare et les rassemble, dans une sorte de circularité sans cesse renouvelée. Amor vient
désormais désormais baillonne temps sa
par la caritas, le lion de la colére et du thymos
platoniciens
dont
la violence
néfaste
se trouve
réléguée au plus bas, comme la Chimére des epithymiai. Amor, soutenu par ses deux parents, a tout pouvoir sur le lion, comme l’indiquent le pied qui écrase la téte du monstre et la bride qui lui la gueule, étouffant les rugissements (sic monstra domantur). La figure tout entiére procure en méme vision de l'idéal vertueux que se proposait Platon à travers l’interdiétion postée à l’entrée de son
académie : « Que nul n'entre ici s’il n’est géomètre ». Le premier vers du Symb. 126 exalte à son tour, au seuil de l'académie, la nécessité de la Temperantia, et sa gravure nous montre justement une Geometria christianisée
qui trace des figures sur le sable.
2. La réalité des dettes et l’espoir des subsides : mécènes et intercesseurs L’édification du palais, l'obtention de subsides et de charges honorifiques à but lucratif ont constitué pour Bocchi, dès 1546, une préoccupation essentielle et constante, dont les lettres à Amaseo permettent de restituer
le caractère obsessionnel. Le Bolonais ne cesse de demander à son ami d'intervenir en sa faveur, en particulier auprès du pape Paul III, et d'Alexandre Farnèse le cardinal”. Toute occasion est bonne à saisir pour attirer l'attention du souverain pontife sur son cas et lui demander d’exercer sa libéralité”!. Les tentatives ne sont d’ailleurs pas toujours couronnées de succès, et l’expression littéraire renvoie dans ce cas à l’univers incertain de la navigation, comme dans le Symb. 136”. De nombreux Symbola, tout autant que l’orthographia, entrent dans
cette stratégie de conquête” où, comme dans les panégyriques, on anticipe sur la manifestation des vertus pour 204 donner au prince la volonté de les acquérir”. Tout en supposant une relative aisance financière, peut-être due en partie à ses talents d'homme d'affaire”, force est de constater que ces lettres montrent un Bocchi assailli par
les dettes% et aux prises avec des manifestations de jalousie, parfois violentes, que lui vaut la faveur papale*”.
20 Voir par exemple f° 8r° (4 juillet 1547) : Vnum exorare te peruelim mi frater, ne sis instituti nostri operis inmemor. Matura, obsecro, matura quoad
eius fieri potest ut quoque primo tempore opibus et florenti fortuna praesentique authoritate Farnesiorum numinum iuuemur, foueamur, ilustremur.
201 Voir par exemple f 12r° (9 février 1547), où il espère, dans un style assez contourné, que la présentation au pape de Gabriele Paleotti a
permis à Amaseo de glisser un mot en faveur de l’académie bocchienne : Equidem sperabam, atque adeo pro certo ferè habebam, te fortasse
nonnihil per illam occasionem fecisse, per quam lectiss iuuenem Gabrielem Paleottum nostrum Farnesio magno commendatum proximè abs te
fuisse acceperam.
22 Voir par exemple f° 351° (17 avril 1547) : Quod in Manliano ad X KL. cum maiore Alexandro nihil potueris de rebus nostris exponere nec doleo, nec miror. Scio tempori ad scribendum id esse, non tibi, quem prudentissimum et fidelissimum satis superque noui. Quod autem cum minore Alexandro de commendatione nostra diligentissimè fecisti, gratum mihi fuit incredibiliter, hac praesertim tempestate, quam nacti sumus ad nauigandum idoneam : nunc enim strenuè uela uentis danda sunt, quando secundior aura nobis aspirare coepit instinc.
23 Voir par exemple f° 12v° (9 février 1547) : Valdè aueo scire an aliqua adhuc Symbolorum meorum sit istic expectatio per te commota. Equidem mihimet ipse polliceor illa non tam merito meo quam amantissimo praedicationis tuae lenocinio apud principes uires, nedum uulgo, ita fore plausibilia ut exaedificandis aedibus Academiae nostrae nonnihil inde sperare non uerear, uides quanta rei pecuniariae inopia laboremus. Sed nunquam profecto de Pauli Pont. animi magnitudine, neque de Magni Farnesii liberalitate dubitabo. Praesertim quum res usque adeo iam sit opinione omnium confirmata ut pro certo omnes habeant, me ingenti Farnesiorum pecunia subleuatum, tale hoc monimentum a fundamentis erexisse, cuius orthographiam tam
Pontifici quam Hero Farn. ut in tempore commendes, non rogo, ne amori erga me tuo displiceam.
24 Voir par exemple au Symb. 4, l'appel à la Liberalitas sous la forme d'une figure allégorique (déjà gravée ? seulement poétique ?) au f° 37v° (25 avril 1547), qui fait allusion au Statut du pape comme homme d'État, dont la conception est inspirée par Cicéron : De Liberalitatis umbra
quid dicas uideo. Erit tuae prudentiae ex adumbrata ista imagine solidum et expressum quiddam oculis Heroum nostrorum proponere per occasionem, quo pudeat ipsos aliquando tales non haberi, qualem uerum principem esse oportere nuper in magni Farnesi nostri descripsimus.
?5 Voir par exemple le décret sénatorial du 25 juin 1534 qui autorise Bocchi a prélever une taxe sur toutes les importations 4 Bologne de marbre
issu du Monte Margogio, prés du Lac Majeur (Archivio di Stato di Bologna, partitorum), cité par G. Raveira Aira, « Achille Bocchi e la sua Historia Bononiensis >, p. 67-68, n. 3.
2% Voir par exemple f° 14r° (2 mars 1547): Illud non silebo, me nescioquid excogitasse subsidii pecuniariae rei, qua non minus ego quam tu comminuti sumus, unde facile poterimus aes alienum dissoluere et creditoribus liberatis hilarius uiuere posthac, quod te maximé omnium cupere satis praeclare intelligo. Voir aussi f° 16r° (à propos du proconsul de Bologne qui doit servir d’intermédiaire) : Quin etiam literas commendatitias, nec illas quidem uulgares et languidas, sed ardentes officidque refertas et amabiles ad Herum nostrum primo quoque tempore daturum sese recepit. Id quantum sanè nostra intersit cum ad extinguendas Inuidiae faces, tum ad excitandam summi Pontificis Liberalitatem pro sublueuanda inopia nostra, tute satis intelligis. Au @ 20v°, Bocchi fait à Amaseo une petite liste récapitulative des tâches qu'il doit accomplir. Parmi elles, figurent la requête
45
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
et 1548, sur Les lettres dessinent un véritable petit cercle d’amis romains à la curie pontificale, actif entre 1546
lesquels Bocchi compte pour appuyer ses demandes ou favoriser son entreprise. Certains intercesseurs mentionnés dans les lettres figurent comme dédicataires dans le recueil des emblémes : Alessandro Manzuoli (Symb. 127)’, Giovanni Poggi (Symb. 118)”, Reginald Pole (Symb. 79)", Giovanni Angelo de Médicis (Symb. 107)*"!, Sebastiano Pighini (Symb. 98), ou le trio Bernardino Maffei (Symb. 87 ; 96), Antonio Bernardi
(Symb. 62) et Marcantonio Flaminio (Symb. 124)*”, mais d’autres n'y apparaissent pas, et les missives laissent
(philologiae nostrae consilium), en réclame une version écrite plus développée ; celle-ci n’ayant pu étre rédigée, Bocchi confie à Amaseo le soin de faire habilement l’exposé, lorsqu'il rencontrera le personnage ἃ Rome”"®, En
revanche, dans une lettre du 19 janvier 1548 (f° 43r°-v°), Alexandre Farnèse se montre distant et peu enclin à
s'acquitter de ses promesses : Bocchi, qui ne se décourage pas, recommande à Amaseo d'utiliser les ruses
d’Aristée et de s'emparer de ce Protée fuyant à la première occasion".
Le recueil d’emblémes se fait, à l’instar des lettres, l'écho de ces tourments financiers, qui se trouvent cependant
entrevoir le cercle mouvant d’un réseau qui évolue avec le temps et les circonstances, et que ne fixent pas toujours les recueils poétiques : nous avons mentionné plus haut Archinto, Sarracenus et Lippomani ; il faut y ajouter Giovanni Morone*"’, Michele Angelo Guastavillani?!*, ou Marcello Cervini, futur pape Marcel II’. Les
magnifiés par le recours à la transposition allégorique et à l'usage virtuose des dispositifs topiques de la rhétorique encomiastique. Les Farnèse, en particulier Paul II et le cardinal Alexandre, occupent sans surprise
(f 40v° ; voir le texte et la traduction en annexe de nos analyses au Symb. 42) rapporte qu’Ottavio Farnése a fait le déplacement à Bologne tout spécialement pour visiter l'académie en cours de construction, et admirer la façade, tandis que Giovanni Angelo de Médicis, à qui Bocchi a exposé partiellement son projet philologique
la célébration de ses protecteurs (Paul III en chef d’État dans le Symb. 4 ; le cardinal Alexandre en lumière du monde sous la forme d’une lucerna pensilis, allégorie de l’âme vertueuse dans le Symb. 132, ou en héros
patrons se montrent d’ailleurs diversement intéressés. Ainsi, une des lettre
4 Amaseo du 21 novembre
1547
de subsides, autant au pape qu'au praefectus urbis, mais aussi une requête de charges lucratives : DE ACADEMIA BONONIENSI NOSTRA CONSTITVENDA : De aedificio eius rei causa incohato sub auspicio Pauli III Pont. Quod ipsum aedificium praesenti ope et pecunia iuuandum est, quando uires Bocchii tanto oneri ferendo non sunt. Mandetur urbis praefecto ut ex pecunia multatitia tantum mihi soluant quantum sanctitatis suae aut Magni Card. Farn. liberalitati uidebitur. [... ] De prouincia aliqua fructuosa uel curatione aliqua Bocchio mandandum, unde etiam authoritas accedat. Le À 49v° présente un curieux passage, qui apparaît comme un commentaire sur la loi Si certum petatur (concernant le recouvrement des dettes), et propose une énumération chiffrée des revenus de certaines abbayes et monastères, qui permettraient au pape de financer l’Académie. Voir enfin f 35v° : Magnopere cum authoritate cum pecunia, mi frater, egemus. Nolim existimes olim me quietum, nisi prius aliquid
inuenero quo possimus aere alieno liberari. Vides quid dicam. Falleris si me magis mea de re quam de tua putas esse sollicitum. Tu modo fac quod facis, et commentariolum nostrum, uel potius studium in me tuum consule quam saepissime : id enim te minime patietur immemorem esse, ne academia nostra aedificatur Strenuè ; iamque eam praesefert indolem ut nihil inuidiae faces extimescat. 207 Voir par exemple f° 12r° (9 février 1547), où Bocchi demande à Amaseo de trouver un expédient pour lutter contre ses adversaires bolonais, comparés à des Minotaures : Sed illud maturé prouidendum ut Minotaurorum istorum nostratium ora repleantur offa aliqua iniecta, qua dentes illorum sic implicentur, ne forte nobis ultré nocere possint. Quod uero genus offae sit efficacius, non dico. Satis id habes pro tua prudentia cognitum. Voir également £° 14r° (2 mars 1547), où la faveur du cardinal Farnèse est comparée à une amulette contre l'inuidia : huius ego praesidio quasi amuleto
quopiam omnia malignitatis et inuidiae ueneficia summoueri atque depelli facilé posse confido ; ° 27r° (24 juillet 1547) : Sed quantus, amabo, sermo dabitur obtrectatoribus, in tam inuida ac maledica ciuitate, si tantae expectationis exaedificatio refrixerit ut fateri cogamur : Maiore nihil adstrictius, Minore nihil oberatius ? 208 Voir P 12r° (9 février 1547) : Quod Magiolo nostro de utraque Academia accuratè et subtiliter exposueris, ualdé probo, quod se receperit apud ciues nostros, tam benignè nostra causa facturum. 2 Voir P 16v° (10 avril 1548) : Id autem minime tacebo, loannem Poggium nuncium pontificium in Hispaniam propediem in Italiam uenturum cum Philippo, Caroli Vfilio. Scio te non ignorare illum mihi iure sanguinis ac multo magis amicitiae iure copulatum. Huius herois fauore confido fortunas
nostras haud dubiè subleuandas. lam finem faciam, si prius aliud addidero, me inopia rei pecuniariae summa laborare.
40 Voir f° 8v° ; 12r°-v°. 211 Voir P 40r°-v° : Dum haec scriberem, nunciatum est mihi lo Angelum Medicen Romam cum Christophoro Mardruccio Card Tridentino per dispositos equos contendisse ; da operam ut illius [f 40v°] per te mihi quaesita gratia ad summam beneuolentiam et familiaritatem augeatur. Sic enim Academiae nostrae rationibus erit optimè consultum, nisi fortasse nimium spero quod cupio. Sed omnind tam integer quam prudens
uir ille mihi uidetur rebusque nostris, tua praecipue causa, fauere plurimum uidetur.
22 Voir par exemple # 22v° (23 octobre 1548) : O si diem illum uideam aliquandd, cum Maphaeus, Mirandula, Flaminius ipse, tota denique humanissimorum hominum cohors, te duce, unanimes ad Heroa nostrum adeuntes opem fortunis meis afflictis implorent, quas propediem conturbare cogor, nisi praesto mihi Deus hic noster, si non fortassè merito meo, certé precibus uestris affuerit. Maffei et Bernardi (appelé ici Mirandula, en liaison
avec sa ville natale) sont régulièrement salués, par exemple f° 35’, 378°, 43V°8 Voir P 16r° (12 avril 1548), où Morone lit au pape une lettre de Bocchi rédigée Horatiano more, qui est sans doute la première version du texte du Symb. 140 (voir la citation/traduction de la lettre dans nos analyses à ce symbole). Voir également f° 29v° (15 mai 1 548) : Moronus
heros noster mirè tibi mihique tua causa fauet, fauent et optimatum plerique omnes téque mecum simul optant, inuitant ad Neacademiam stabiliendam,
quam sine te meritd persuasum habet nullam fore. Ea de re ad Heroa nostrum se dedisse professus est literas non semel et quidem amoris et officiis
plenissimas, téque praecipue testem appellauit ; ° 31v° (25 septembre 1548) : De quo [negocio] quidem ipso proximis superiori|bus[
321] diebus
egeram cum Morono cardinale, cum eum rogarem ut ne nollet me domuque meam, quin etiam te, sibi debere tanti huius beneficii monimentum
immortale. Qui mihi respondit nihil se curaturum fuisse prius causa mea, nisi prius effecisset idem quod se recepisse tua pro Ang. Mic. Guastauillano
professus erat.
#4 Mentionné aux f° 321°, 33ν", 35r°. 5 Voir f 351° (17 avril 1547) : Iam diuinae bonitatis auxilio gratiam apud Marcellum Card. S. Crucis iniui. Vir est incomparabili benignitate, prudentia, integritate, qua efo mire fretus cum eo de uacatione mea egi, simul de exaedificatione domus nonnihil. Spero huius authoritatem nobis
praesidio fore.
une place prépondérante dans le recueil, et nous reviendrons sur les mythes d’abondance, de paix et de justice
que Bocchi déploie autour d’eux, en les liant aux lieux communs du panégyrique et de l'éloge. Tout en menant
rédempteur, véritable Pandora bénéfique, don de tous les dieux dans le Symb. 125, ou encore en nouvel Auguste ouvrant l’aube de l’Âge d’or dans le Symb. 103), Bocchi se met parallèlement en scène en prenant soin d'adopter un ethos humble : il apparaît par exemple sous les traits d’un suppliant agenouillé à l’angle de son palais inachevé où croassent les corneilles d’Hésiode*'* dans le Symb. 109, ou sous l'apparence de la tortue d’Esope en retard aux noces de l’Hermathéna?!° dans le Symb. 110; il se montre également en dormeur qui s'éveille d’un songe dans le Symb. 125, ou en véritable Hermès géorgique dans le Symb. 85, autant de figures
volontairement modestes, qui reçoivent de l’Astrée Farnèse ou d’un Jupiter papal des pluies de fleurs, métaphores de la générosité évergétique des mécènes et de la réouverture de l’Âge d’or sous leur protection. Nous étudierons plus loin les ressorts rhétoriques et mythologiques qui organisent cette représentation de soi et de l’autre, au sein du dispositif économique et culturel complexe de client-patron™”®. Mais quelles étaient donc les activités de cette Academia Bocchiana, en particulier pendant l'édification du palais qui devait en accueillir les réunions ? Comment fonctionnait-elle ? Quels en étaient les membres ?
3. Académie de papier, pratiques littéraires et réseaux mouvants : textes et paratextes E.See
Watson
a mené
un remarquable
travail d'investigation pour tenter de définir les contours
de
l’organisation de l'académie bocchienne. Dans un tableau récapitulatif (p. 153), elle identifie cinquante-trois membres, en précisant bien qu'il s’agit de membres et de visiteurs, et certains d’entre eux reçoivent un point d'interrogation. Elle cite le petit noyau initial constitué de Marcantonio Flaminio, Romolo Amaseo, Alessandro
Manzuoli, auxquels nous proposons d'ajouter Giovanni Battista Pio, Marius Siderotomus, Bartolomeus Raimundus. E. See Watson reprend l’hypothèse de M. Maylender, selon laquelle il conviendrait de faire figurer certains personnages cités dans la correspondance d’Annibale Caro, puisque les Accademici di Bologna (c'est-à-
dire de l’Académie bocchienne) auraient suivi d’assez près la querelle qui avait opposé Caro à Lodovico Castelvetro, et auraient été sollicités par Caro pour rendre un avis sur son Apologia”", publié sous le nom d’Accademici di Banchi di Roma en 1548. Il s'agissait d’Alberigo Longo Salentino (dédicataire du Symb. 145, en relation avec le couronnement académique de Bocchi), de Vincenzo Fontana, de Giovanni Battista Campeggi,
216 Voir f gov’: Proximè institueram illi narrare quam breuissimè summum philologiae nostrae consilium : quod cum tempore exclusus facere non
potuissem, iussit ut aliquid ea ipsa de re summatim scriberem. Ne id quidem, per subitum et inopinatum eius digressum, postea licuit. Itaque peto abs te
ut ipse coràm praesens hoc fasce me leues. Nolo memorare tibi quae dicenda aut tacenda uideantur : cui satis cognita iudicatdque sunt omnia. Scio te non ignorare mysteria ipsa archana si fuerint admirationem primo conciliare, deindè studia hominum incredibiliter excitare, praetereà minutam illam diligentiam plerunque maximis in rebus esse contemptui solere. 217 Voir le texte latin en annexe 2 de notre analyse du Symb. 61. #8 Sur le sens de l’adage, voir notre analyse du Symbolum. #% Pour la fable et l’adage, voir notre analyse du Symbolum. #* Voir le troisième chapitre de l’introduction. ?1 M. Maylender, Storia delle Accademie, τ. I, p. 452-453.
47
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome 1
ue établie par de Pietro Stufa, de Constantino Brancaleo, de Camillo Pori2. On retrouve dans la liste académiq
bien sûr, mais aussi Guido Ascanio E. See Watson le nom de prélats importants : le cardinal Alexandre Farnèse, Alberti (1479-1552), l’un des Sforza, Lodovico Beccadelli (2), ou encore l’inquisiteur bolonais Leandro
également, interlocuteurs des Annotazioni d’Achillini, et historien comme Bocchi. Il conviendrait d’ajouter celle selon nous, Reginaldo Nerlio, un autre inquisiteur familier de Bologne, aux positions aussi ambigués que de Leandro Alberti, et a qui est dédié le Symb. 128 contre la colère, mais aussi Reginald Pole à la membre, avec Marcantonio Flaminio, du cercle de Viterbe et des Spirituali. On se demandera, lettres à Amaseo conservées à Milan, s’il faut également intégrer à l'académie bocchienne les ecclésiastiques qui, à Rome entre 1546 et 1548, jouent le rôle d’intercesseurs pour Bocchi auprès
(Symb. 79), lumière des dignitaires de Paul III
(Archinto, Sarraceno, Lippomani, liés au Concile de Trente et que nous avons déjà évoqués, ou encore le sénateur bolonais Michele Angelo Guastavillani qui transmet certaines lettres de Bocchi à Rome”). Certains d’entre eux reçoivent un emblème, comme Sebastiano Pighini (Symb. 98) ou I’humaniste Bernardino Maffei
(Symb. 87 ; 96), et Bocchi demande régulièrement à Amaseo de les saluer pour lui. De méme, des membres de l'élite sénatoriale bolonaise semblent avoir fait partie du cercle académique : Tiresia Foscarari (Symb. 2), auquel nous proposons d’adjoindre Bartolomeo della Volta (Symb. 9), Francesco Bolognetti (Symb. 114) et Andrea
Casali (Symb. 130). Selon E. See Watson, V’historien florentin Francesco Guicciardini* apparaît également parmi les membres académiques. La chercheuse américaine mentionne en outre des amis proches, comme
Antonio Bernardi (Symb. 62), Giano Vitale (Symb. 144, qui traite de l'amitié) et Prospero Fontana, ou moins
proches comme Sebastiano Corrado (Symb. 122). Il conviendrait de mettre à leur nombre le cardinal bolonais Giovanni Poggi, dont Bocchi déclare dans les lettres à Amaseo qu'il est l'un de ses amis les plus chers” (voir le Symb. 118 qui lui est dédié). Des personnalités marquantes venues enseigner au Studio de Bologne sont évoquées par E. See Watson, comme André Alciat, à Bologne entre 1538 et 1542 (Symb. 40), ou Giovanni Battista Camozzi (Symb. 134 ; 1 37), élève de Lodovico Boccadifero. Nous savons que sont venus s’agréger à ce
noyau des humanistes brillants de la génération suivant celle de Bocchi comme Gabriele Paleotti, évoqué dans les lettres à Amaseo, ou Ulisse Aldovrandi. Les descendants ont également leur place : par exemple le fils
d’Amaseo, Pompilio?#, et celui de Bocchi, Pirro (Symb. 147). Nous proposons encore le nom d’un protégé de Bocchi, Antonius Vacca, lui aussi mentionné dans les lettres à Amaseo (Ρ 45r°). On trouve aussi liés à
l'institution des élèves étrangers de Bocchi qui auront une carrière littéraire comme Simon Lemnius, Johannes Sambucus (auteur, plus tard, d’un livre d’emblémes), Petrus Lotichius Secundus. Plusieurs personnages ne sont pas mentionnés par E. See Watson, mais il est à peu près sûr qu'ils étaient membres
de l'académie bocchienne : parmi
eux, Carlo
Grassi, le neveu
de Bocchi,
et Claudio
Tolomei
(Symb. 94), qui apparaissent dans le dialogue de Bocchi, le Ptolemaeus (voir notre édition commentée). Il par ailleurs difficile de déterminer quel était exactement le statut du Génois Stefano Sauli, à qui est dédié Symb. 102, ni celui de son frère, Girolamo Sauli, qui reçoit le Symb. 126, deux emblèmes où leur présence saluée comme un don et un exemple pour la jeunesse bolonaise. N’étaient-ils que des invités d'honneur”? ont-ils rempli des fonctions plus importantes ?
est le est ou
Supervisée par Bocchi et Romolo Amaseo””*, remplacé après son départ pour Rome par son fils Pompilio puis
par Sebastiano Corrado’, l'académie exigeait pour son fonctionnement la présence d’un princeps, rôle qui fut assumé par Calcagnini en 1554 (non pas Caelio, mais peut-étre son neveu Tommaso), puis par Alberigo Longo
22 Nommé par E. See Watson, Achille Bocchi, p. 154, Camillo Tori. 23 Voir P 33° ; 357° 5 430°. 24 Bocchi lui adresse une lettre le 4 décembre 1537 pour recommander un protégé (citée par G. Fantuzzi, Notizie, τ. IX, p. 6 3).
en 1555, et enfin par Cesare Odone en 1556”. Le caractère solennel de certaines de ces réunions et de leur apparat quasi-universitaire nous est sans doute restitué par le curieux Symb. 145, rédigé par Alberigo Longo, où Bocchi, nouveau Thésée ou nouvel Achille, sort victorieux du labyrinthe où il est allé délivrer la Dea Symbolica,
et se voit couronné par une allégorie de Felsina-Bologne. En dehors de ces moments de pompe et d’apparat, il est probable que le cercle lettré se réunissait pour banqueter, comme le montre par exemple le Symb. 118, dédié à Giovanni Poggi. Dans une lettre à Amaseo, datée du 25 mars 1549, Bocchi invite son ami à ne pas déguster de
légumes étrangers, et à préférer ceux dont il pourra bientôt profiter dans le jardin de l’académie bochienne””'.
En plus des permanents, E. See Watson mentionne des visiteurs de l'académie : la délégation française de 1547
(Michel de l’Hospital, Jean de Hangest, Claude d’Urfé, auquel nous avons proposé supra d’adjoindre Claude de la Guiche), mais aussi Benedetto Varchi, Otto Waldburg von Truchsess (Symb. 131), ou encore (mais sans certitude), Giovanni Battista Pigna et Lelio Gregorio Giraldi.
Quant aux activités qui se déroulaient lors des réunions du cercle, elles ont probablement évolué dans le temps, comme nous le laissent entrevoir les différents recueils. Les manuscrits de jeunesse contenant les Jusus du temps du Vado Bocchiano témoignent d’une sodalitas poétique, sans doute non dénuée d’une forme d’émulation. Bocchi y propose des pièces courtes d'inspiration épigrammatique, travaillant sur la variété des tons, des sujets et des dédicataires. Les praelectiones au De Legibus de Cicéron, tenues au Palazzo Bocchi, constituent un
véritable commentaire annoté comme pour un cours universitaire, malgré ce qu’annonce leur titre, et montrent
une orientation très marquée vers la philologie littérale (avec quelques allusions encore au mythe et au symbole,
à travers la figure de Protée ou d’Athéna), mais aussi vers le droit. Il faut en tout cas définitivement renoncer à
l'hypothèse
de réunions visant à des corrections en vue d'éditions de premier choix. Dans
un article
synthétique”, Dennis E. Rhodes réfutait de manière très convaincante l'hypothèse de Michele Maylender””,
reprise par Albano Sorbelli*, Antonio Rotondò”*°, et bien d’autres, selon laquelle il aurait existé de véritables
presses au Palazzo Bocchi d’où seraient sorties plusieurs éditions de très haute qualité, fruits des travaux de l'académie ou des amis de Bocchi : aucune de ces éditions n’a jamais pu être identifiée. Outre l’oraison funèbre de Pal Bornemisza évoquée plus haut, le seul ouvrage portant la mention in aedibus nouae Academiae Bocchianae est le livre d’emblémes. Pour D. H. Rhodes, qui a examiné scrupuleusement les lettrines historiées de scènes mythologiques du début de l'ouvrage emblématique”", l'impression de l'ouvrage emblématique doit être attribuée à l’imprimeur Anselmo Giaccarelli, actif à Bologne à partir de 1547-1548, peut-être en collaboration
avec Pellegrino Bonardi, avant d’être relayé par son fils Antonio à partir de 1557. D.H. Rhodes signale également l’inexactitude de l'affirmation selon laquelle la gravure du Symb. 102, représentant l'Hermathéna, constituerait une marque typographique d’imprimeur : comme nous l'avons rappelé plus haut, il s'agit bien d’une devise académique qui, pour le signifier sans ambiguïté, intègre de manière virtuose une partie du support architectural sur lequel elle doit être fixée : un angle du Palazzo Bocchi, qui doit accueillir les membres de
l’Académie bocchienne.
#0 Thid., p. 60 ; A; Rotondb, « Bocchi, Achille », p. 69.
31 Voir À 10v° : [... ] neque uerd te uolebam externis oleribus uti, praesertim quum tibi hortus Domi nostrae, id est Academicae propediem sit praesto
futurus. Voir également 2 Voir D. H. Rhodes, « Due questioni di bibliografia bologneses del Cinquecento », L'Archiginnasio, 81, 1986, p. 321-324. Dizionario degli in > Achille Bocchi, « v. s. Temeroli, P. Simonini, D. et p.ss-59 1989, Florence, F. Ascarelli, La tipografia del’soo in Italia, 149-150. p. 1997, Milan, Cinquecento, I! (dir.), Zappella G. Sandal, E. Menato, tipografi e dei editori italiani : M. 3 M. Maylender,
Storia delle Accademie d'Italia, Bologne,
1926-1930, t. I, p. 452-454:
« Accademia
Bocchiana — Bologna » : « avendo per
scopo la correzione e l’edizione di opere di riconosciuta importanza. Queste edizioni, comme quelle d’Aldo sotto il nome d’Aldine, ancor oggi Aedibus Nouae sono pregevolissime e conosciute coll’appellativo di Bocchiane, distinguendovisi il luogo dell’impressione alla stregua aldina : In
25 Voir le f° τόν" cité supra : illum mihi iure sanguinis ac multo magis amicitiae iure copulatum. 2 Le manuscrit Sloane 3158 de la British Library (S) en fait le premier dédicataire du Symb. 81, remplacé ensuite par Mario Nizolio.
Academiae Bocchianae >.
77 E. See Watson, Achille Bocchi, p. 61.
Marsyas et Apollon à la lyre ; le H 28 Le M qui ouvre le privilège de Jules III et représente, non pas Mars, comme le suggère D. H. Rhodes, mais
28 Les lettres évoquent à plusieurs reprises l'adjectif possessif nostra pour renvoyer à l'académie, et l'expression ambigue utraque academia, que nous avons évoquée supra, pourrait indiquer une responsabilité équivalente partagée entre les deux hommes. 2 E. See Watson, Achille Bocchi, p. 201, n. 87.
48
4 A. Sorbelli, Storia della stampa in Bologna, Bologne, 1929, p. 105-106.
5 DBI, t. XI, 1960, 5. v. « Bocchi, Achille », p. 69.
du privilège d'Henri IL, représentant Paris enlevant Hélène.
#7 Voir D. Mulega, « La tipografia bolognese dei Giaccarelli », L’Archiginnasio,
35, 1940, p. 87-101 ; F. Ascarelli, La tipografia, p. 57-58.
49
Introduction
1
La confrontation du livre emblématique et des lettres autographes à Amaseo conservées à l’Ambrosienne de Milan permet d'éclairer bien des aspects des activités qui ont occupé Bocchi et le petit groupe qui se réunissait
autour de lui, et elle permet de vérifier largement l'hypothèse formulée par E. See Watson selon laquelle l'académie et son architecture visaient avant tout à orchestrer une magistrale scénographie autour de Bocchi et de son recueil d’emblémes, dont le contenu animait probablement maintes réunions. Avant leur publication, des dessins ou des gravures des Symbola circulent, alors même que l’épigramme qui les accompagne peut n'être pas encore rédigée. Ces esquisses reçoivent le titre de symbola academica. Dans une lettre à Amaseo du 10 avril
1548 (16v°, voir le texte dans notre analyse du Symb. 102), Bocchi envoie cinq de ces Symbola academica à son ami, dont celui du Symb. 102 sur l’Hermathéna (mais sans dédicace à Stefano Sauli, ni distique final pour lui
rendre hommage), accompagnés de l’orthographie de la façade du Palazzo. Ils doivent être présentés au pape, au sein d’une assemblée présidée par Archinto. L'objectif est à la fois une analyse et un commentaire interprétatif, qualifiés de praelectio (ut cum Orthographia, duce Archinto, Pontifici max prelegas, et uerbis tuis
amiciss exornes, et amplifices). De méme, dans notre analyse du Symb. 130, dédié ἃ Romolo Amaseo, sur la
lucerna pensilis d'Alexandre Farnése, sorte d’objet mi-scientifique mi-allégorique qui vise à proposer un portrait de l'âme exceptionnelle du cardinal envoyée par Dieu pour illuminer le monde, nous proposons les extraits de
quatre
lettres,
rédigées
entre
1548
et
1549,
où
nous
découvrons
les phases
successives
d’élaboration
de
l'emblème : dans ce cas précis, d’abord son image, puis son texte. La lettre de Bocchi répond en particulier aux critiques philologiques et métriques qui ont été apportées au texte, et les remarques esthétiques formulées à propos de la gravure ou du dessin par l'assemblée romaine qui en a pris connaissance. Les lecteurs les plus attentifs ont été visiblement Amaseo et Marcantonio Flaminio, qui ont suggéré des corrections et souligné des étourderies, et que Bocchi remercie pour leur acribie. Il est remarquable de constater que les échanges épistolaires ont influencé ici la forme littéraire même du texte emblématique, qui adopte le ton familier d’une épitre à Amaseo et intègre à la pièce les traces de ces discussions réelles dont les strates sont rappelées : Alexandre Farnèse lui-même a demandé un objet représentant l’âme et Amaseo en a fait la requête à Bocchi, qui tente de satisfaire son commanditaire. Après la parution des Symbolicae Quaestiones en 1555, on connaît deux
commentaires aboutis sur des emblémes spécifiques : celui du Sarde Gavinio Sambiguccio sur le Symb. 102 (In Hermathenam Bocchiam interpretatio), publié en 1556 ἃ Bologne chez Antonio Manuzio, et celui de
l’aristotélicien Giovanni Antonio Delfinio, resté manuscrit", intitulé In Symbolum
decimum Achillis Bocchii
Commentariolus, et pour lequel nous renvoyons a notre édition commentée. Le commentaire de Delfinio, qui se réfère ἃ maints autres emblèmes, témoigne que le livre d’emblémes tout entier circulait et servait de référence.
Ces deux exercices, où le propos va et vient de manière souple entre texte et image, sont régulièrement le
prétexte pour déployer une érudition considérable, qui met en valeur le commentateur, mais qui s’écarte parfois du matériau initial : Sambigucio se livre ainsi à un exposé de philosophie néo-platonicienne, et Delfinio à une présentation de l'épicurisme. Ces pratiques ne vont pas sans paradoxe. Alors même que Bocchi semble mettre toutes ses forces dans l'édification de son palais majestueux, qui doit manifester par la qualité de sa façade le prestige de l'académie qu'il abrite et le mérite intellectuel des hommes savants qui s’y réunissent, les lettres autographes à Amaseo et le recueil d’emblémes montrent au contraire la facilité avec laquelle l'académie se dématérialise et continue à orchestrer des débats en dehors des réunions et de l’ancrage architectural réel : à Rome, c’est Amaseo qui supervise les discussions, et c’est Bocchi qui en propose les sujets depuis Bologne. La circulation de l’orthographie en accompagnement des emblèmes montre bien l'importance de ce rêve architectural d'encre et de papier qui constitue une sorte de frontispice du recueil, comme le notait Adalgisa Lugli *°, suivant en cela une idée déjà suggérée par Giovanni
Battista Pigna dans ses Romanzÿ*.
Les échanges
épistolaires traduisent
l'effervescence des débats intellectuels que suscitent les ébauches emblématiques, qui, pour certaines, intègrent
“3 Bologne, Bibl. dell’Archiginnasio, cod. lat. B 1513. # A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia », p. 89. 40 « Quegli una fabrica va edificando tanto ben compartita, che potrebbe essere da lui posta tra suoi Simboli per |’essempio d'une perfetta Academia », cité par E. See Watson, Achille Bocchi, p. 67.
50
à leur tour les résultats ou les cheminements de ces disputationes érudites. La souplesse de ces réseaux virtuels mouvants qui évoluent de recueil en recueil s’explique en partie par l’importance majeure que jouent le kairos et une forme d’opportunisme dans leur constitution : il faut se rallier rapidement et efficacement le plus grand nombre de soutiens (et de subsides) possibles. Les dates mémes des lettres, qui se concentrent entre 1546 et 1549 sont significatives de ce point de vue : à partir de 1547, Paul III est gravement malade™,
et le Bolonais
Bocchi ressent l’urgence que suscite cette condition, qui fait planer une réelle menace sur ses projets, d'autant plus que le cardinal Farnèse, second patronus, ne suscite pas l’unanimité dans la curie romaine. Dans une lettre à Amaseo, Bocchi relaie lui-même une conversation tenue avec un jurisconsulte bolonais, Augustin Berous ou Bero, qui souhaiterait, pour la stabilité institutionnelle, que le pape
Paul III nomme
lui-même
par senatus-
consulte son successeur afin d’éviter ainsi la vacance du pouvoir et les problèmes afférents. En tout cas, toute aide dans le premier entourage papal est la bienvenue, et Amaseo connaît beaucoup de monde à Rome. Les dédicataires des emblèmes constituent à leur tour une variante de cette académie idéale, mais fixée pour ainsi dire définitivement dans l’œuvre de papier, indépendamment du caractère anecdotique ou intéressé qui a pu prévaloir au choix de tel ou tel d’entre eux“. Ils se trouvent intégrés de manière pérenne à l'univers du recueil dont ils définissent à la fois l’ancrage historique (le « je > lyrique montre qu’il appartient à la sphère de leurs clients), et l'horizon de réception : le recueil donne ainsi des signes qu'il satisfait à une attente, répond aux critères d'évaluation et aux jugements de goût d’une communauté. Les récipiendaires se classent en deux séries : les dédicataires du recueil (en ouverture), et les dédicataires de pièces ponctuelles à l’intérieur du livre, l’un n’excluant par l’autre, par exemple dans le cas d'Alexandre Farnèse. Comme nous le montrerons plus loin, les dédicataires de pièces ponctuelles constituent de véritables protagonistes, dans la mesure où ils livrent très souvent les clés herméneutiques des pièces qui leur sont dédiées, sous la forme d'un jeu sur leur patronyme, par l’allusion à un événement biographique les concernant, ou par l'hommage à une vertu, une habitude, un goût spécifique qui les caractérisent, tout comme, en leur temps, les dédicataires des Epitres d'Horace, des Carmina de Catulle ou des Epigrammes de Martial. Parallèlement, la poésie, comme
souvent à la Renaissance,
n'est pas étrangère a des formes stratégiques
d’échanges économiques dont l’académie fixe le cadre: la dédicace comme don textuel rappelle les rites antiques d’offrandes de xenia et d’apophoreta, et permet de remercier l’évergète ou le patronus des manifestations de sa générosité, en lui assurant, par la piéce laudative, la publicité de la fama pour son action et ses vertus. Si le cadre de l’académie est mouvant, la trajectoire des textes l’est donc aussi. C’est le sens des
#1 Voir notre analyse du Symb. 141. 42 Voir £ 39r°-39v° : Sed neque falli me puto, quippe consilii huius mei auctorem habeo grauissimum Augustinum Beroum, iurisconsultum (ut nosti)
prudentissimum, qui mihi unus est instar omnium. Enimuero (ne te diutius teneam) proximé cum [P 39v°] de singulari Pauli Pontificis sapientia ita loqueremur, ut diuinum eius ingenium immortalitate dignum esse Statueremus, tum ille : utinam, inquit, Paulus ipse uellet, ut posset, pontificiae administrationis iure sibi reseruato, successorem ex senatusconsulto creare, qui uideret interim nequid detrimenti Resp occasione interregni ullius caperet. Sic enim quasi continuata pastoris summi potestas in plurimis maximisque communium miseriarum periculis oues Christi liberaret. Simul illam non modo nobis Farnesii nominis Sudiosissimis, sed bonis omnibus expetendam securitatem facilé compararet. Hoc ego tibi nominatim
nobis immineant, scribo, ut, tecum ipse cogitans et memoria uetera repetens, prouideas quanti fluctus per interuallum summi pontificatus hac tempestate posse tamen eos a communi pestem una illa ratione depelli.
43 Sur les enjeux littéraires et idéologiques de la dédicace à la Renaissance, et sur les modalités préfacielles, voir P. Sharatt, « The Role of the Writer and the Uses of Literature Critical Theory in the Prefaces to the Editions of the Classics in Sixteenth Century France », dans J.-C. Margolin (dir.), ACNL Turonensis (Tours, 1976), Paris, 1980, t. Il, Ρ. 1249-1256; Ph. Desan, « Préfaces, prologues et avis au lecteur :
1100-1600, Lexington, KY, 1993, stratégies préfacielles à la Renaissance, in F. Cornilliat, D. Kelly, U. Langer (dir.), What is Literature ? France ; p. 101-122 ; R. Chartier, « Patronage et dédicace » dans Id., Culture écrite et société. L’ordre des livres (xiv-xvir siècle), Paris, 1996, p. 81-106
également l'ouvrage J.-F. Gilmont, A. Vanautgaerden (dir.), Offrir un livre ou la dédicace à l'époque humaniste, Turnhout, 2003. On consultera
to the classique de B. Weinbgerg, Critical Prefaces of the French Renaissance, Evanston, 1950 et, par ordre chronologique : B. Bottfield, Prefaces
in der franzôsischen First Editions of the Greek and Roman Classics and of the Sacred Scriptures, Londres, 1861 ; W. Leiner, Der Widmungsbrief Jahrhundert » ; 16. ausgehenden zum bis Anfangen Literatur (1580-1715), Heidelberg, 1965, p. 15-26: « Die Buchwidmung von Ihren in der frühen Neuzeit. L. Piroux, Le livre en trompe l'œil ou le jeu de la dédicace. Montaigne, Scarron, Diderot, Paris, 1998 ; S. Vogel, Kulturtransfer dédicataires de ses cinquante-huit des et Valeriano de cas le Sur 37-72. p. 1999, Tübingen, Jahrhunderts, 16. des Drucke Lyoner Die Vorworte der
Jean Vignes (dir.), Les Hieroglyphica : « Valeriano et la tentation de l'Académie » dans Marc Deramaix, Perrine Galand, Ginette Vagenheim, de France, 10Universitaire Institut et Sorbonne Paris, de Académies dans l'Europe humaniste, Idéaux et pratiques. Actes du Colloque international 110-127. p 1987, Paris, Seuils, Genette, G. voir dédicatoire, l’épitre de littéraire genre le 13 juin 2003, Genève, 2008, p. 369-390. Sur
on bei
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
adresses au début du recueil d’emblémes, à Jules III, à Henri II et à Paul IV. Comme correspondance
ἃ Amaseo,
de
nombreuses
piéces
circulent
de
maniére
s élaborent et se corrigent à plusieurs mains, puis suscitent a leur tour, comme
séparée,
nous le rappelle la
partent
et reviennent,
autant de péritextes, analyses et
commentaires. C’est ensuite tout le recueil qui, une fois terminé, voyage pour s’offrir officiellement. Le principe de l’échange est normalement réglé par l’épitexte : préface, préambule ou prologue. Le schéma est en partie brouillé pour le recueil d’emblémes, puisque l’avis au lecteur n'intervient qu'après une liasse de pièces préliminaires. De même, ce n’est que dans le Symbolum 3, pièce d’un véritable triptyque d'ouverture, que le livre est dédié au cardinal Farnése et propose, sous la forme d’un art poétique et d’un programme philosophique, un métadiscours auctorial décrivant les principes de fabrication du texte, ses enjeux intellectuels et par conséquent les conditions que suppose sa lecture. En tête de l'ouvrage, Bocchi ἃ ajouté, en fonction des exemplaires, des poèmes et des dédicaces spécifiques, parfois manuscrits, pour accompagner et personnaliser l’offrande en mains propres du recueil, qui adopte alors une configuration mouvante que nous décrirons un peu plus loin. On note par exemple, pour le poème commençant par Do tibi (daté de 1556), et qui apparaît nu dans certains exemplaires, une dédicace manuscrite à Giorgio Magiolo dans l’exemplaire de la bibliothèque Palatine de Parme, et une autre, imprimée, à Giovanni Angelo de Médicis dans un exemplaire du Vatican ; le poème
commençant par Ecce tibi est dédié de manière imprimée à un certain Charles Boisot dans l’exemplaire (unique ?) de la Fabbrica du Duomo de Milan ; enfin un poème et une dédicaces manuscrites, disposés sur une page supplémentaire collée, sont adressés à Alexandre Farnèse lui-même dans un des exemplaires napolitains™. La notion de « définitif » appliquée à l’imprimé connaît ici une réelle mise à l'épreuve. Si la dédicace d’une pièce fixe partiellement la trajectoire du texte et certaines modalités de sa circulation, reliant les membres académiques dispersés au sein d’une sodalité décrétée par le « je » lyrique, les textes liminaires allographes rédigés par des amis (Alberigo Longo, Tiresia Foscarari, Giovanni Battista Camozzi, Giano Vitale
ou Giovanni Battista Pigna), et qui louent le recueil achevé, participent eux aussi de cette stratégie de la délimitation de la réception : couronnes anthologiques, « arcs-boutants > ou colliers de perles**, ces éléments constitutifs du paratexte sont autant d’aveux d’une communauté d’inspiration et d'adhésion à un modèle
littéraire ressenti comme fédérateur, dressant par anticipation un front uni pour parer aux critiques et rivalités
nouer les fils invisibles de relations exogénes. Les ramifications sont multiples, et souvent difficiles a repérer. Par exemple, Sebastiano Corrado, qui reçoit le Symb. 122, a eu pour maitre Giovanni Battista Egnazio, à qui est
adressé le Symb. 99, et il succède à Amaseo au Studio en 1544 ; mais il est lié également à Pierio Valeriano, qui lui
dédie un livre où les significations du cœur sont rappelées (l’emblème 122 joue sur le patronyme de Corrado
qui contient le mot cor, « cœur » ; voir nos académie. Comme nous le verrons dans plusieurs cercles et courants de pensée thématiques d’une sensibilité évangélique
Renée de France, le cercle des Spirituali de Viterbe avec Marcantonio Flaminio et Reginald Pole, ou encore la Compagnia del divino Amore avec Stefano Sauli, un proche de Gregorio Cortese et de Gian Matteo Giberti, qui tenait lui-même un cercle à Gênes, où il accueillait, entre autres... Marcantonio Flaminio. La question académique semble, de fait, indissociable de celle du recueil d’emblémes, qu’il nous faut donc
maintenant présenter de manière plus ample.
Ill. Genèse et publication des Symbolicae Quaestiones Le recueil d’emblémes est publié de manière très tardive dans la carrière de Bocchi. Il s’est toutefois dessiné bien avant 1555, intégrant un noyau de pièces composées très précocement, puis se développant tout au long de
la carrière de l’humaniste, et s’accélérant probablement à partir de 1546-1547, au moment où s’édifie le palais et où l'académie va pouvoir avoir pignon sur rue. Les témoignages manuscrits apportent des informations
précieuses sur la longue genèse de ce recueil et sur la nature des corrections et remaniements qui y ont été successivement apportées jusqu’à la publication. Notre édition critique du texte a tenté d'intégrer le plus précisément possible ces informations qui confinent à la génétique textuelle.
1. Les strates de la composition d’après le témoignage des manuscrits
éventuelles que pourrait faire naître la publication. Le privilège d'Henri II, étranger à l’univers lyrique, mais lié à
la vie matérielle de l'édition, joue également ce rôle officiel de protection, en condamnant les contrefaçons. Ces
poèmes non illustrés bouclent le cycle des échanges : leurs auteurs, tous membres de l’Academia Bocchiana, ont reçu chacun un emblème
du recueil (respectivement les Symb. 145, 2, 134, 144, 150, et, pour Henri IL, le
analyses), et à Lelio Gregorio Giraldi, qui connaît Bocchi et loue son le dernier chapitre de l'introduction, la présence sous-jacente de représentés par tel ou tel dédicataire vient appuyer les indices du livre d’emblémes : par exemple le cercle de Ferrare autour de
a. Les Lusuum libri
Le premier témoignage est constitué par les poésies de jeunesse, dont certaines ont été transformées en emblèmes par adjonction de tituli, dédicaces et gravures : il n’était donc pas prévu au départ qu’elles fussent l’a montré Silvia Rotondella*, le recueil des Lusus, les Jeux poétiques, a connu trois phases
Symb. 23, sans doute suite à la mort de François I"), et témoignent a leur tour d’une forme de reconnaissance.
illustrées. Comme
Mercure et d’Apollon. Ce déplacement peut trouver sa raison d’être dans le fait que le labyrinthe (nous y reviendrons) est une figure métatextuelle de la composition littéraire, de la quête herméneutique, voire un
qui découvre des textes caractéristiques de la poésie néo-latine du début du xvr siècle, pièces mélées ex tempore privilégient la uarietas générique et l'improvisation, comme le montre |’ apparition régulière du terme la veine dans dés le titre dans plusieurs compositions. S’enchainent péle-méle des poèmes amoureux
Une pièce allographe, le Symb. 145, composé par Alberigo Longo et déjà évoqué, ne figure toutefois pas parmi les épitextes, mais fait l’objet d’un emblème à part entière, inscrit dans le recueil : il s’agit du couronnement par la Bona Felsina d’un Bocchi héroïque, ramenant à la lumière du jour la Dea Symbolica, avec la protection de paradigme de la lecture : intégré à l’univers épique, il a pour corsollaire auto-réflexif le couronnement poétique du héros victorieux, nouveau Virgile, nouveau Pétrarque, et l'hommage patriotique. On formulera l’hypothèse que ces textes, comme les commentaires d’emblémes, pouvaient faire l’objet d’une lecture publique au sein de l'académie. Enfin, le réseau tissé par les dédicaces du livre s’enrichit des autres liens sociaux qu il absorbe de fait, puisque les personnages qui se voient offrir des pièces sont souvent membres d’autres académies, du Viridario, des Virtuosi ou du cercle de Veronica Gambara, par exemple : l'ouvrage tient lieu de point de convergence où viennent se
manuscrit successives, dont on a gardé trace sous forme manuscrite. La première phase est constituée par le Le lecteur conservé à la Bibliothèque du Vatican (Vat. Lat., 5793, f° 1r°-63v°, appelé V dans notre édition)”.
Lydie, Albia), des d’Anacréon et de l’Anthologie grecque, des imitations de Properce et Tibulle (odes à Glycère, Marulle, des tumuli invitations au carpe diem a la maniére d’Horace, mais aussi des piéces faisant écho ἃ Michel
portes d’une dans la tradition pontanienne, des évocations d’objets familiers (sur un miroir, sur les juriste ou d'une bibliothéque, évocation du portrait maternel, description de la facade de la bibliothèque d’un fou, un auteur de vers obscénes, bombarde), des piéces satiriques 4 la maniére de Martial, contre un ivrogne, un
, on reconnaît ou un fellator. Outre des membres de la famille de Bocchi côté maternel (plusieurs Zambeccari) déjà
des
dédicataires
connus : Romolo
Amaseo,
Giovanni
Battista
Pio,
Marcantonio
Flaminio,
Nicolas
(dir.), Poesia umanistica latina in distici elegiaci. Atti Dai Lusuum libri di Achille Bocchi : l’elegia Ad Sodales >, in G. Catanzaro, F. Santuci
44 Voir en annexe notre présentation des exemplaires de l'édition de 1555. ΠΡῸΣ ; ; : ; : ae
246
2007 ; L.-G. Tin, « Les Amours de Cassandre : un concours poétique », Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 62/2, 2000, p. 249-257; C.Alduy, Politique des Amours. Poétique et genèse d'un genre français nouveau (1544-1560), Genève, 2007, p. 343-354: « Couronnes
tempore prolatum », P 28v° ; « Ex adagio uernaculo tralatum 48 Voir par exemple « Ad Aldum Manutium Romanum, extempore », f 221° ; « Ex extempore >, f° 531°.
* Sur ces métaphores et ces pratiques, voir D. Maira, Typosine, la dixième muse : formes éditoriales des canzonieri français, 1544-1560, Genève,
encomiastiques et arcs-boutants >, p. 342.
52
del convegno internazionale, Assisi 15-17 maggio 1998, Assise, 1999, p. 289-301.
#7 Le titre apparaît au f° 21° : Achillis Philerotis Bocchii Bononiensis Lusuum liber primus.
$3
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
Lomelini, Alde Manuce, Giano Pannonio, Philippe Béroalde le Jeune, Alexandre Manzuoli, Andrea Navagero,
Filippo Fasanini, Giovanni Filoteo Achillini, et bien d’autres. Le recueil du Vatican se présente sous la forme de deux livres : le premier livre est dédié a Jules de Médicis, le
clairement des pièces composées plus tard, comme l’élégie à Clément VII (Jules de Médicis devient pape en 1523)
et les deux odes finales (à Paolo Pino et à Francesco
constitueront les poèmes
des Symb.
139 et 141. Mais
Campana
cette date précoce
di Colle), datées de
ne doit pas nous tromper
1527, et qui car ces deux
le remarque
grandes pièces virtuoses de conclusion, très inspirées par les Tusculanes de Cicéron, ont très certainement été
fixer comme terminus post quem de la dédicace la date 1517, où le titre est obtenu (et conservé jusqu’en 1523).
du père de Bocchi (1537) ὃ. La configuration générale de cette anthologie la distingue clairement des deux
futur pape Clément VII, alors légat pontifical à Bologne, ainsi qu’à Léon X*”. Comme
S. Rotondella, la mention du cardinalat de Jules de Médicis avec le titre de San Lorenzo in Damaso permet de
Mais plusieurs poèmes ont été composés bien avant cette date et portent mention de l’âge auquel Bocchi les a 1502. De même, Bocchi se présente à l’ouverture du rédigés, entre quatorze et dix-huit ans 280’ egt-a-dire dès manuscrit comme un simple cliens, sans mentionner le titre d’eques auratus, qu'il obtiendra en 1520, ce qui ,
établit un terminus ante quem pour la rédaction de l'ouvrage. Le second livre propose, dans son début (f° 36r°-
47v°), le fragment d’une silve sur la Fama, prétendûment dérobée par jalousie à son auteur", mais qui a pu être en partie reconstituée de mémoire***. Ce début comprenait une « Descriptio Famae », l'évocation des dieux du panthéon
olympien
(«De
Luna»,
«De
Mercurio»,
«De
Venere»,
«De
Sole »),
une
« Descriptio
bombardae >, une « Deploratio Italiae >, un « De loue >, un « De Saturno >. Des extraits de plusieurs de ces pièces ont donné naissance à des emblémes, comme le montre notre tableau comparatif (voir infra). L’éloge des
dieux peut également être rapproché du décor intérieur du Palazzo Bocchi, en particulier de la voûte du grand
salon peinte par Prospero Fontana entre 1550 et 1555: les portraits de dieux olympiens (Apollon, Mercure, Diane, Mars, Vénus et Cupidon et, au centre de la voûte, Jupiter) et d’allégories (Concorde, Abondance,
Justice), complétés par des représentations de dieux fluviaux, apparaissent dans un ensemble de grotesques”**. Le second témoin des Lusus est constitué par le manuscrit conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence (Plut. 33, cod. 42, f° 1-29, nommé P dans notre édition). Ce manuscrit ne comporte qu’un livre, dédié au pape
Léon X (Jean de Médicis accède au trône pontifical en 1513, ce qui fournit le terminus post quem pour la dédicace. Le terminus ante quem reste également 1520, puisque Bocchi se présente simplement comme Phileros (mais pas encore comme eques auratus) dans le titre. Hormis une dizaine, l’essentiel des pièces sont communes
avec les deux livres du recueil du Vatican, méme si elles sont moins nombreuses, et apparaissent souvent dans
un ordre différent. Certains poèmes, au titre identique, présentent cependant une rédaction différente’, tandis que des poèmes identiques ont reçu une dédicace nouvelle?
Le troisième témoignage est le manuscrit 1471 conservé à la Biblioteca Angelica de Rome (f° 3r°-62v°)7. Le
premier livre est dédié à Claude de la Guiche, avec une allusion à son titre d’évéque de Mirepoix, qu'il obtient en 1547. Claude de la Guiche faisait partie de la délégation française autour de Michel de L'Hospital envoyée en
retouchées de manière plus tardive, comme le montre la dernière ode, qui fait explicitement allusion à la mort
précédentes. De nouveaux dédicataires connus apparaissent, comme Veronica Gambara, (F 28v° et 46v°), le poète Andrea Garisendi, ou le prince Alberto Pio da Carpi (f° 46v°). Des destinataires étrangers venus s'adjoindre au milieu du Studio bolonais et connus de Bocchi se voient également offrir des pièces, comme les Hongrois Tamas Nadasdy
(f° 39r°-41v°) ou Franciscus Vardaeus (f s1r°). La virtuosité poétique et le sens
épigrammatique de la uariatio se dessinent de manière plus ferme : en témoignent les monodistiques des f° 34r°3515, qui stigmatisent des vices ou des qualités morales à travers une série de personnages-types qui les incarnent. Mais le plus intéressant pour notre propos consiste dans le nombre élevé de poèmes nouveaux qui fourniront sans grand changement des emblèmes, et qui forment une suite continue qui sera à peu près reprise dans le même ordre dans le recueil d’emblémes pour constituer les Symb. 12, 15, 16, 17, 18, 19, 39, 94, 124, 129,
136, 139, 141. La diversité même d'inspiration de ces compositions nouvelles qui se retrouveront dans les Symbolicae Quaestiones, contribuant à l’effet de disparité générique, est frappante. Bocchi continue de rédiger des poèmes d’amour (poème ἃ Tottus de Modène malade d'amour qui se pend, 4 Cléombrote d’Ambracie qui se jette dans la mer), mais il compose également de grandes odes philosophiques et parénétiques d’inspiration horatienne et surtout cicéronienne : les deux poèmes dédiés à Pino et à Campana sur le mépris de la mort et la lutte contre la douleur, ou encore la pièce offerte ἃ Amaseo sur |’obligation d’obéir aux circonstances, tirée d’une lettre de Cicéron. Il propose également des apophtegmes moraux dont beaucoup ont une source cicéronienne (sur le chef aimé de ses soldats d’après Xénophon, sur les plaisirs nocturnes d’Antipater, sur le Lacédémonien condamné a mort pour dette, sur les marchands spartiates). Le tableau ci-dessous permettra de comprendre plus facilement les phénomènes de réemploi de pièces antérieures pour les emblèmes. Une conclusion s'impose à l'observation de ce tableau: le recueil de l’Angelica, dernière version connue des Carmina offerte à Claude de la Guiche et à Jules de Médicis en 1547, ne comporte qu’une vingtaine de pièces qui serviront directement aux textes emblématiques. Huit ans plus tard, cent-trente poèmes entièrement nouveaux auront été composés pour la publication des Symbola.
1547 par Henri II au Concile de Trente déplacé à Bologne (voir supra). Le second livre demeure dédié au
cardinal Jules de Médicis. Un ensemble de poèmes des recueils précédents se retrouvent ici. Mais, à la différence des recueils de la Vaticane et de la Laurentienne, composés et rassemblés avant 1 520, celui de l'Angelica montre
? Ils reçoivent également un poème d’éloge f° 35r°-v°, 250 ᾿ : ) A è T'AS À "Voir par exemple « Ad Lydiam », f° 32r°-v°, rédigé à dix-sept ans; « Pro quodam conconiante in laudem Carmelitanae religionis pene ex tempore »,
@ 49V°-51v°,
rédigé
à quinze
ans,
et qu’Elisabeth
See Watson,
Achille Bocchi,
p- 13, pense
inspiré par
Battista
Spagnoli;
« Ad
Albiam >», P 55r°-56r°, rédigé à dix-huit ans ; « Ad Ioannem Achillinum >, f° 57v°, rédigé à dix-sept ans ; « De Venere et Cupidine super rosa
certantibus, ex Graeco lemmate >, f° 6or°-62r°, rédigé à quatorze ans; « Ad sodales... in Bocchiano », f 62r°-v°, rédigé ἃ quinze ans (et non a seize, comme le propose S. Rotondella). *! B® 36r° : Fragmentum siluae cuiusdam, cui titulus erat Fama, quae una cum multis aliis ipsi auctori prae liuore subrepta fuere. Voir également
7 F° 47v° : reliqua pro dolor ab inuidiis sublata nulla memoriae ui redimi ut caetera potuere. * Voir M. Danieli,
bibliographie.
« La decorazione
pittorica » dans
M. Danieli, D. Ravaioli
(dir.), Palazzo
Bocchi,
Bologne,
2002,
p. 49-142,
et la
°4 Achillis Philerotis Bocchii Bononiensis Lusuum libellus. Voir la copie du xvii" 5. dans le codex 569 (80591 2) du Fondo Vittorio Emmanuele de la Biblioteca Nazionale Centrale de Rome signalée par P.-O. Kristeller, Iter Italicum, t. VI, p. 178 (t. II, p. 122). 255 On comparera par exemple les deux tumuli ; consacrésΟΝ à Costanza Zambeccari, la mère du poéte, morte en 1514: dans V, f 18r°-v°, l’épigramme propose un dialogue entre un uiator et la Fama, assise sur le tombeau ; dans P, f° 25 r°-v°, il s’agit d’un dialogue entre A (Achille) et M (Manes). 35 Les trois pièces amoureuses des f° 13r°-14v° dédiées ἃ Romolo Amaseo sont maintenant dédiées ἃ un certain Guidus Posthumus.
* Voir le descriptus 2674 du xvur' siècle de la Biblioteca Universitaria de Bologne, signalé par P.-O. Kristeller, Iter Italicum, t. I, p. 18.
54
141. 28 Pour les raisons de maintien de la date, voir notre analyse du Symb.
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) -—tome
1
Introduction
Symb.
Tableau synoptique des piéces des Lusuum libri reprises dans les emblémes
129 :
P 4v°-sv° :
- VSVM MAGISTRVM
VNVM
- IOANNI BAPTISTAE
PIO
OPTIMVM
références et titre dans | références et titredans | références et titre dans Vv P R
Symb. 6 : — RIVALITAS CVPIDINIS DVRISSIMA — MAGNO EX AMORE SAEPE MAGNVS EST TIMOR Symb. 7 : - AMOR NEGOCIOSVS EST IN OCIO — QVANTVM POSSIT AMOR QVI VITAM IN MORTE MINISTRAT Symb. 7 v. 1 : lam dudum in tenues ierunt mea corda fauillas Symb. 8 : — MEDIO
DE FONTE
— COMES
VOLVPTATIS
ALIQVID
LEPORVM
SVRGIT
AMARI
f 251° : « De Amore εἰ Albia »
| f 20v°-211° : « De Lydia εἰ Amore »
f? 25v": « De Amore in Albiam, puellam incomparabilem »
f° 211°-v° : « De Lydia ad Bal-
f? 14v° : « Ad eundem [Romulum Amaseum] >, v. 7 : Totusque in tenues eo fauillas F 44v°-46v° : « De loue >
F τόν: « Ad Guidum Posthumum responsa >», v. 7
- SCENAE,
Castalionem
δ 14r°-v" : « Ad eundem [Guidum Posthumum]), v. 7
P 33r° : « Ex Hebraico poeta »
f° 37v°-38r° : « Ex Hebraico poeta pro Raphaele Musico,
Leonis X Pont. Max. iussu >
qui prae nimio amore versus in
f s6r° : « Epitaphium Ambraciotae Cleombroti >
f° 551° : « Ex Xenophonte
- LABORIS ONVS HONOS LEVAT - CAMILLO VRSINO BELLI DVCI FORTISSIMO — ONVS DVCIS MINVS GRAVE EST AC MILITIS
Socratico >
Symb. 17, v. 1-2 et 3-4:
f° ssv°: « De Antipatro Cyrenaico »
CAECIS IN NOCTE
VOLVPTAS ~ DE ANTIPATRO CYRENAICO CAECO Symb. 18 : - MAGNANIMVS SANCTIS PARET VIR LEGIB VLTRO - SPARTANI MAGNITVDO ANIMI Symb. 19 : ~ MORS FORTIB FINIS MALOR EST OMNIVM — DE PHILIPPO ET LACEDAEMONIB
f° s4v°-55v° : « De Lacedaemone quodam >»
>.
PATI
composition et de corrections de plusieurs des emblèmes, proposés à la sagacité des membres de l'académie : les exemples les plus frappants concernent les Symbola 102 et 132, et nous renvoyons le lecteur à nos analyses de ces emblémes, ainsi qu’à l'édition que nous y proposons des passages concernés des lettres. Dans ces deux exemples, le point de départ n’est pas un texte, mais bien une composition symbolique réalisée sous la forme d’un dessin qui circule de main en main, avant de se voir doté progressivement d'inscriptions, de tituli, de vers, et éventuellement d'une dédicace. Le recueil d’emblémes a connu maints remaniements et bouleversements avant de trouver sa forme définitive 1555,
du
moins
pour
les cahiers
concernant
les emblèmes,
puisque
les pièces
liminaires
f 55v° : « De Lacedaemonibus
et Philippo >
—v.1-2 =f? 471° : « Sub ima-
NIL
gine diui Christophori » —v. 3-4 =f 47v° : « Aliud de
PRORSVS SAPIT RELIGIONIS SYMBOLVM
diuo Christophoro »
: CHRISTOPHORVS,
HOSPES, RELIGIO
varieront
énormément au fil des nouveaux tirages qui suivront la première publication (voir infra). Les lettres à Amaseo s’en font l'écho. Ainsi, une numérotation différente de l'édition de 1555 apparaît parfois pour quelques emblèmes, et elle s’avère conforme à celle du manuscrit Sloane 3158 de la British Library : par exemple dans une lettre de 1549 (f 7r°), les Symbola 85, 4 et 125, pièces encomiastiques dédiées aux Farnèse, apparaissent avec les numéros 75, 40 et 76, numéros qu'ils portent également avant retouche dans le manuscrit Sloane (voir nos
remarques à l'édition du texte pour le Symb. 4). Mais les lettres permettent aussi de reconstituer les étapes mouvementées concernant la publication méme du livre, dans sa dimension matérielle et économique, ainsi que les hésitations et les interrogations qui ont préludé a sa parution. Ainsi, dans une lettre du 21 juillet 1547 (et donc bien avant la date de 1548 comme
Symb. 39, v. 1-4:
le suggére
E. See Watson, Achille Bocchi, p. 67), Bocchi se plaint de sa situation financiére difficile qui ralentit le dessin
(imaginibus delineandis) et son report par incision (incidendis) des plaques de cuivre pour ses gravures, et il
annonce accomplir,
que trente-huit ont déja été réalisées”. Une autre missive, non datée, sorte de liste de tâches à annonce
que
les
gravures
seront
une
centaine,
4
condition
que
les
Farnése
aident
ἃ
leur
financement. Dans une lettre du 25 mars 1549, Bocchi déclare que des caractéres d’édition gréco-latins ont
été importés de France pour permettre l'impression à sa convenance des travaux de tous les écrivains les plus
illustres (antiques ? humanistes ? membres du cercle bocchien ?) et des écrits de l’Académie. Cette impression,
P 43v° : « Descriptio bombar-
Symb. 94, v. 3-10et 12: POTEST
VNA
OMNIA
dae
>
— CLAVDIO PTOLEMAEO EPISC MODEGNETTI ORATORI SAPIENTISS 124:
f° 24r°-v° :
— MISERIAM HONORATAM
56
DVRA
s’échelonne entre 1546 et 1549, et nous avons montré qu'il permettait de retracer les différentes phases de
en
Symb. τό : carm. 1
— M
OMNIA
Nous avons évoqué, à plusieurs reprises déjà, le recueil de lettres conservé à l’Ambrosienne de Milan, qui
- VITAE IMMORTALIS STVDIO MORS TEMNITVR ATRA - TVMVLVS CLEOMBROTI AMBRACIOTAE
NEC EXPETENDAM
MDXXVII OMNIPOTENS
b. Les Autographae epistolae ad Romulum Amaseum (Milan, Bibl. Ambros., ms. D 145 inf.)
consciuit >.
Symb.
VSV
141 :
V:27-43
:
— VIS ELOQVENTIAE
Amaseum, Ode Dicol. distr. >
- PAVLO UI PONT MAX —PRVDENS AC FORTIS RATIO, MEDITATIO ET
Symb.
f° 42v°-43r° : « De Marte »,
furorem, sibi ipsi mortem laqueo
- INTERLOCVTORES
ET
f° 60r°-62v° : « Ad Franciscum Campanum ode tric. tetr. De contemnenda morte, MDXXVII » f° s6r°-60r° : « Ad Paulum Pinum de tolerando dolore. Ode dicolos distros,
EDOCET
— DE TOTTO MVTINENSI
- CHRISTIANAE
AIVNT, SERVIENDVM
Symb. 139 : - CONTEMPTIO MORTIS METV COR LIBERAT - FRANCISCO CAMPANO COLLENSI
»
f° 38y° : « De Totto Mutinensis
NIMIS SVBTILITER ARCANA
f sav°-s2v° : « Ad Romulum QVOD
- ROMVLO AMASAEO AMICORVM OPTIMO
V. 44-54
— CVPIDINI CAECO PVELLO HAVD CREDITO
— QVAERENS
VERSARI IN REBVS
Symb. 136:
Symb. 12 :
EST ETIAM
VIR
TEMPORI
— COSMO MEDICI DVCI FLORENTIAE
— NONVLLA
SAPIENTEM OPORTERE NOSCENDIS AC PERICLITANDIS
DOLOR
Symb. 9 : = CONSTANTIA HEIC EFFINGITVR — BARTHOLOMEO VOLTEIO, BON EQV AVRATO Symb. 11 : — SAPIENTIAE SPECIES INENARRABILIS
Symb. 15
EXPERIENS
6r°-7r° : même titre que V
TRICOLOS
TETRASTROPHOS.
- ET DECVS ET PRETIVM RECTE FERT
n° du Symbolum (tituli et dédicaces)
—
AD PIVM ODE
ESSE CVRIALIVM
VLLATENVS
ANTONIO
FLAMINIO
ANTONIVM
< AD M FLAMINIVM
DE MISERIIS CVRIALIVM
f 18r°-v° : « AD M ANTONIVM
FLAMINIVM
DE MISERIIS CVRIAE ROM
>
fere VIII et 29 F° 8v° : Propterea cogimur esse lentiores in symbolorum imaginibus cum delineandis, tum in aere incidendis, ex quibus absolutas habeo exprime. contendens omnibus precibus insta, XXX formas. Quare, mi frater, auxilium pecuniarium nobis ab Heroibus nostris implora, urge, lucem poterunt. Cuius benigna 260 F° 20v° : De re pecuniaria ut formis excudi possint. Centum erunt. Neque sine munificentia principis uenire in munus ipsum sic fuerit uerbis cum petatur tum Farn. Card. a excudendis symbolis pro auxilium gratia Verbi ] ... [ nostra. inopia est uoluntate iuuanda ornatum ut munificentia eius uti arbitratu tuo possis.
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) -tome 1
Introduction
fils, Paul Manuce, si ce poursuit-il, n’aura rien ἃ envier a celle d’Alde, et le travail aurait d’ailleurs été confié ἃ son 261 a Sel
nécessaires”. dernier n’avait pas été empéché par la suite. Bocchi espère que ses patrons verseront les sommes .
’
=
Fo
A
a
A
Ὰ
;
x
presse typographique, sans nécessiter de passage spécial sur une presse de taille-douce, comme les gravures sur
cuivre (voir infra).
Examinons la composition de ce manuscrit :
c. Le manuscrit Sloane 3158 (Londres, British Library)”
Après les f° 1v°-2r°, vierges, on trouve en surnuméraires la gravure et le titulus du Symb. 32 au f° 2v° (sur les
égards Le manuscrit autographe londonien du xVI° siécle constitue un document exceptionnel et a bien des nombreux Les parution. sa unique, dans la mesure où il est une sorte d’instantané du recueil d’emblémes avant types de corrections qu’il laisse apparaitre constituent, pour l'éditeur moderne, un témoignage précieux sur les méthodes de travail de l’humaniste, et sur sa conception générale des mécanismes emblématiques. Ce manus-
brebis d’Épiétète et la Vérité), ainsi que la gravure et le titulus du Symb. 60 sur le f° 3r°. Le f° 3v° est vierge.
crit est postérieur à janvier 1549. En effet, une lettre autographe à Amaseo datée du 28 janvier 1549 (Milan, Bibl. Ambr., D 145 Inf, £° 6r°-7v°) nous apprend que Bocchi avait fait une erreur au vers 47 du Symb. 132 (voir nos
analyses) et mis le terme absoluta, qui contrevient à la métrique : il suggère de le remplacer par confecta, qui est bien la leçon qui apparaît dans le manuscrit. La lettre nous fournit donc un terminus post quem.
L'ensemble (21x14 cm) se présente sous la forme de 221 folia de format in-4°, numérotés au xIX° siécle”® et
reliés en peau. Contrairement a ce qu’affirment Sandra Sider et Barbara Obrist”™, trompées sans doute par le dernier emblème où divers morceaux de papier ont été fixés pour dissimuler des erreurs, les gravures n'ont pas été collées sur les pages mais imprimées directement sur papier. C'est sur ce cahier d illustrations pré-imprimées que Bocchi a reporté ses compositions poétiques et ses corrections manuscrites. Le premier feuillet porte, en
haut, le nom de Bartholomeus de Rubeis et au centre : Achillis Bocchi Symbolicae Quaestiones. Il faut sans doute identifier le premier propriétaire du manuscrit, Bartholomeus De Rubeis, avec le docteur en théologie
Fig. $ > G. BONASONE
Bartolomeo de’Rossi, actif à Vicenze à la fin du xvi’ siècle et au début du xvir' siècle, et qui s était intéressé aux
hiéroglyphes en publiant en 1613 à Vérone chez Angelo Tano des Hieroglyphica Symbola ex abditissimis AS. Scripturae arcanis eruta. S'il donne généralement les gravures et les textes des emblémes, le manuscrit ne donne pourtant pas l’intégralité du recueil bocchien. Il manque tous les poèmes liminaires, l'avis au lecteur, le Symbolum Symbolorum, les Symb. 2 et 3 compris, ainsi que le texte du Symb. 4, dont la gravure apparait sur le recto du f° 5. Toutefois, la table des errata du manuscrit propose bien des corrections pour l'avis au lecteur et pour le Symb.3
au f° 217r°,
tandis
que
le f 217v°
mentionne
l'ajout de trois derniers
vers
du
Symb. 3. Le
Syntagma qui distribue les emblèmes en quatre classes porte, lui aussi, une référence au Symb. 2 sur le portrait de Bocchi au £ 180r°, ainsi qu’à l’avis au lecteur et au texte du Symb. 4 f° 181v°. Il évoque également le titulus de la
gravure du Symb. 3 f° 186r°%5. Ce qui signifie que l’avis au lecteur, les textes des Symb. 2, 3 et 4 avaient déjà été composés et figuraient dans ce recueil, probablement avec les tituli correspondants, et qu'ils ont été retirés du
manuscrit ou perdus ensuite. Rien toutefois ne permet d'affirmer que les gravures des Symboles 2, 3 et 4 ne
figuraient pas déjà aux côtés de leurs textes respectifs*. En revanche, les pièces liminaires et le Symbolum symbolorum n’ont pas encore été rédigés. Le Symbolum symbolorum ne le sera que de manière très tardive, probablement même après le tirage des premiers exemplaires. C’est ce que montre le caractère anarchique de l'emplacement de cet emblème selon les exemplaires, ainsi que le fait que le texte soit accompagné d’une gravure sur bois, plus commode à joindre au recueil au dernier moment puisqu'elle peut être imprimée sur une #1 ἘΞ 10v°-111° : Quid quaeris ? Formulas literarum tam Graecarum quam Latinarum cuiuscunque generis elegantissimas ex Gallia primo [P 11r°] quoque tempore nobis afferendas, ut clarissimi cuiusque uiri labores et Academicorum scripta ex impressione facilé possint arbitratu nostro repraesentari. Ne Venetis Aldum suum inuideamus, typographum illum quidem praestantissimum. Propius nihil est actum, quam ut Paulus Manutius
Aldi filius, homo bené literatus et probus, hanc prouinciam susciperet, quam certè suscepisset, nisi quorundam malignitas obstitisset. Vtcunque res iam eò ferè deducta est ut sperem facilè omnia nobis ex animo successura, si beneficientia nos iuuerit herilis. 262 Il s’agit bien de la cote 3158 et non 3185 comme
le notent E. See Watson, Achille Bocchi, p. 247 et I. Bianchi, Iconografie accademiche.
266 1, Bianchi, Iconografie accademiche, p. 31, qui date la composition des gravures par Bonasone entre 1552 et 1553, sur des dessins de Fontana réalisés à Bologne entre 1551 et 1552, au retour de l'artiste d'un voyage à Rome et avant son départ pour un autre séjour romain en 1553:
58
P. FONTANA,
Library, Ms Sloane 3158, f° 4r°.
Sur le £ 4r°, un dessin à l’encre représente une amusante « croisée des chemins » (Fig. 5)°°’. Deux génies, placés chacun sur l’une des branches d’une grande lettre Y dessinée au sol, apparaissent sous les traits de bambins-voyageurs avec un baton de marche. Le bon génie, sur la branche plus fine de droite, désigne une colline sur laquelle se dresse un édifice. Il porte une corne d’abondance, une lampe allumée dans une main (qui rappelle celles des frises de Francesco Colonna pour désigner la vie, uita*°", à moins qu’il ne s'agisse, comme le suggère I. Bianchi, de la ueritas) et une couronne de vertu dans l’autre. Le mauvais génie, sur la branche plus épaisse de gauche, doté d’ailes de diablotin, porte un vase de Pandore d’où s’échappent les vices sous forme de volutes de fumée. Tous les deux viennent ἃ la rencontre d’un personnage barbu (qui joue le réle d’Hercule jeune), placé sur la tige centrale de la lettre, et lui ont saisi une main pour constituer une étrange farandole. Sur
le dessin du manuscrit, le personnage a l’apparence de Socrate ou de Bocchi””. Comme nous le fait remarquer Pierre Martin, le personnage barbu est habité par une tension intérieure qui se manifeste dans l’opposition entre sa jambe droite repliée et sa jambe gauche tendue. On retrouve cette position caractéristique dans la gravure des Symbola 78 et 79 de Bocchi où elle est adoptée par Ganymede. C'était déjà celle du putto qui apparaît dans la gravure de l’édition parisienne des Emblémes d’Alciat par Christian Wechel en 1534 pour illustrer l’emblème « Paupertatem summis ingeniis obesse ne prouehantur » : la tension explicite n’était pas chez Alciat entre Vice et
Vertu mais entre Paupertas (qui leste la main d’une pierre et la tire vers le bas) et Ingenium (qui dote la main
d’une paire d’ailes qui la propulse vers le haut. Fig. 6). Pierre Martin nous signale également que Geoffroy Tory avait proposé dans son Champ fleury deux illustrations sur le Y grec pythagoricien et, pour la premiére d’entre
Un
percorso attraverso il cantiere editoriale delle Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi, Bologne, 2012, p. 30 et 41. 263 Nous remercions Pierre Aquilon pour cette observation, 264 S. Sider et B. Obrist (éd.), Corpus librorum emblamatum. Bibliography of Emblematic Manuscript, p. 35, n° 124.
265 Pidtura grauium ostenduntur pondera rerum. Quae latent magis haec per mage aperta patent.
ou
dessin dans le manuscrit préparatoire des Symbolicae Quaestiones, Londres, British
267 Sur le motifdu biuium, voir notre analyse du Symb. 10, et la bibliographie. # Voir nos analyses du Symb. 147. qui remplissent l’àme sous # I. Bianchi, Iconografie accademiche, p. 33, suggère avec raison un rapprochement avec les deux génies du Symb. 72
le regard de Prudence.
$9
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (155 5) —tome
1
Introduction
elles (Fig. 7), Tory donne une lecture opposant clairement Vice et Vertu””. Au-dessus de la scène illustrée du manuscrit de Londres, auréolée par le bandeau courbe du Zodiaque où apparaît un capricorne (symbole de la grandeur princiére’”'), une allégorie déploie une banderole : bono cum genio non belligerandum, « il ne faut pas faire la guerre ἃ son bon génie », qui invite le personnage ἃ résoudre son conflit intérieur en suivant le chemin de la vertu. I. Bianchi propose d’attribuer cet emblème à Prospero Fontana. Mais rien n'empêche d'y voir la main de Giulio Bonasone.
nous
indiquent
une
lacune
qui
a été comblée:
les quatre
feuillets
manquants
(perdus
ou
arrachés
volontairement) ont été réécrits par une main différente (peut-étre une main plus tardive de Bocchi lui-méme),
avant d’être réinsérés tant bien que mal. E. See Watson (Achille Bocchi, p. 66-67) se sert de cette lacune pour
suggérer que ce manuscrit aurait été composé ἃ partir d’autres manuscrits incomplets et fragmentaires.
A partir du f° 53r° jusqu’au f° 175r°, on trouve, sans interruption cette fois, les Symb. 55 4 151. La gravure du
Symb. 149 manque, et on remarque une bande de papier collée pour corriger le titulus de la gravure du Symb. 151.
La fin du manuscrit est consacrée aux divers indices qu’on retrouve, avec d’infimes et rares modifications, dans l'édition de 1555. Ainsi du f° 175v° au f° 179v°, apparaît la liste des auctores, du f° 18or° au f° 188r°, la distribution des symbola en quatre classes, du f° 189v° au f° 216v°, un index nominum et rerum, du f° 217r° au f° 220r°, la table
des errata, avec, curieusement, au f 219 r°, la toute dernière page de l’index, séparée du reste. Pourquoi ce
déplacement ? Parce que c’est au verso du f° 219 et au recto du f° 220 que Bocchi a ajouté le second poéme du Symb. 43 sur l’Hercule gaulois évoqué par Budé d’après Lucien, et c’est à cet emplacement qu’au folio 41r° où se trouve la première épigramme du Symb. 43, l'emblématiste demande au lecteur de se reporter pour lire du
texte la suite... à la dernière page ! Ce rajout ne sera d’ailleurs jamais intégré à l'édition de 1555, dans aucun des
exemplaires, qui continuent de renvoyer, dans le Symb. 43, à la dernière page du recueil (en réalité le f° Eiiir°).
Le manuscrit porte trace de multiples réorganisations de la composition générale. La distribution des emblèmes a été recomposée au sein du recueil, comme le montrent les cinq strates de correction de la numérotation : une numérotation initiale surmontant les tituli apparaît en chiffres romains pour chaque pièce ; pour beaucoup d’emblémes, cette première numérotation est biffée et remplacée par une seconde, toujours en chiffres romains, Fig. 6 > ALCIAT, Emblematum libellus, Paris,
Fig. 7 > G. TORY, Champ fleury, Paris, 1529,
1534, p.19:
feuil. 43.
« Paupertatem
obesse ne prouehantur> University Library.
summis
ingeniis
© Glasgow
Le f° 4v° est vierge et la gravure du Symb. 4 (Paul III en bonus pastor) apparait au f° 5, exceptionnellement sur le recto (dans l’édition, elle restera à cette place, l’épigramme venant se placer en face), mais sans texte. Du f° sv’ au f° 8v°, on trouve les gravures et les textes des Symb. 5 à 7 et la gravure du Symb. 8, mais sans le texte.
Entre le f° 8v° et le f° 9r°, on repère une lacune correspondant au texte du Symb. 8, aux Symb. 9 à 11 et à la gravure du Symb. 12, visiblement perdus ou arrachés. À partir du f° 9r° et jusqu’au f° 25r°, on trouve le texte du Symb. 12 et, intégralement, les Symb. 13 à 28. Du f° 25v° au f° 29v°, Bocchi a introduit des symbola qu’il avait préalablement numérotés de 92 a 95 et auxquels il attribue un nouvel ordre qui restera définitif, soit de 29 à 32 dans l’édition de 1555 et la nôtre. Du f° 30r° (annonçant le deuxième livre) au f° 48r° se succèdent les Symb. 33 à 51.
Au f° 48v° apparaît, très logiquement, la gravure du Symb. 52 (Pallas sauvant la Fortune des eaux). Le texte qui apparaît en face, au f° 49r°, correspond également au Symb. 52. Mais il est rédigé d’une main trés différente de
celle qui a copié les emblémes précédents, tout comme les quatre Symbola qui suivent (Symb. 53-55, f 49v°520}, qui se dotent de surcroît d’un en-tête qui n’apparait pas ailleurs (Lib secund). Il faut attendre le f° 53r° pour voir réapparaitre à nouveau le texte du Symb. 52, écrit de la même main que les emblémes précédents, mais en face de la gravure du Symb. 55 (statue d’Hercule aux trois pommes, f° 52v°). Ces éléments
7° Champ fleury. Au quel est contenu l'Art & Science de la deue & vraye Proprotion des Lettres Attiques, qu’on dit autrement Lettres Antiques, & vulgairement Lettres Romaines proportionnees selon le Corps & Visage humain, Paris, 1529, Le Tiers Livre, feuil. 43 : « Contemplez icy le gracieulx
et beau Festin que je vous ay faict, o jeunes et bons amateurs de Vertus, et y prenez bien garde commant a la pante de la voye de volupte je ay figure et atache une espee, ung foit, des verges, ung gibet, et ung feu. Pour monstrer qu’en fin de Volupte dependent et s’ensuyvent tous miserables maulx et griefz torments. Du coste de la voye de Vertus, je y ay faict une aultre pante, ou j’ay mis et atache en deseing et figure, ung chapeau de Laurier, des Palmes, des Sceptres, et une Coronne, pour bailler a cognoistre et a entendre, que de Vertus vient toute gloire pure,
tout pris, tout honneur, et toute royalle domination ». ! Comme le rappelle Vasari dans ses Ragionamenti... sopra le invenzioni da lui dipinte in Firenze nel Palazzo Vecchio con D. Francesco Medici
allora principe di Firenze, Pise, 1823, « Ragionamento Quinto », p. 67-68 : « gli hanno dato nome di Capricorno, segno appropriato dagli astro-
logi alla grandezza de’ principi illustri ed ascendenti loro come fu di Augusto cosi è ancora del duca Cosimo nostro, come le medesime stelle >.
60
généralement au-dessus ou à côté de la première notation; vient ensuite une troisième numérotation, également corrective, en chiffres arabes, près des deux premières ; une quatrième numérotation est encore
visible dans la marge de certains versos portant les gravures, mais elle disparaît à de multiples reprises, totalement ou partiellement, lorsque la page a été rognée par la reliure ; enfin, une cinquième numérotation figure parfois directement sur les gravures. Le manuscrit porte trace de remaniements dans la formulation des tituli ; certains ont été déplacés de la gravure
vers le texte et inversement?”?. Certaines dédicaces ont été modifiées, disparaissant purement et simplement
(par exemple celle à Vicentius Bouius/Vincenzo Bovio dans le Symb. 17, celle à Ioannis Franciscus Fabrius dans
le Symb. 52, ou encore celle à Pompilio Amaseo, remplacée par celle à Mario Nizolio dans le Symb. 81). Certaines pièces sont abondamment corrigées et réécrites : nous avons par exemple repéré quatre strates successives pour le Symb. 42. Notre édition propose de recenser l'ensemble de ces informations dans l’apparat critique de chaque Symbolum. 2. L’épopée éditoriale
L'idée nourrie par Bocchi d’adjoindre des gravures à des poèmes préexistants ou d'accompagner des compositions symboliques complexes de pièces poétiques pour les constituer en Symbola n'est sans doute pas
étrangère au recueil des Emblemata d’Alciat parus à Augsbourg en 1531, ni à la présence du juriste milanais au
Studio de Bologne entre 1538 et 1539”, même si nous montrerons que l'influence d’Alciat sur Bocchi doit être sérieusement nuancée. Contrairement à ce qu’affirment encore régulièrement nombre d’études””*, le Symbolum bocchien n’adopte jamais la forme de l’emblema triplex, figure, lemme et poème : nous montrerons dans la partie Picta poesis que sa formule est bien plus complexe et mouvante, avec la multiplication des motti, tituli, dédicaces et parfois également des inscriptions au sein même de l'image. *? Voir par exemple Symb. 61 et 79. 73 Voir E. See Watson, Achille Bocchi, p. 69. #4 Voir par exemple I. Bianchi, Iconografie academiche, p.18; A.M. Fioravanti Baraldi, « Il simbolo di Renata di Francia nelle Symbolicae 2000, p. 313-329, en Quaestiones di Achille Bocchi », in A. Samaritani (dir.), L'Aquila bianca : studi di storia estense per Luciano Chiappini, 87. p. », Emilia in dell’emblema particulier p. 317, et A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura
61
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
Dans une lettre ἃ Amaseo citée supra (note 259, f° 8v°) nous apprenons qu’en juillet 1547, trente-huit gravures
préliminaires (lot 23) pour le recueil d’emblémes, attribués à Giulio Bonasone’®, Dans le catalogue de
si on peut légitimement
de ces dessins à Prospero Fontana” et invitent à voir également Fontana comme l'inventeur d’un autre dessin préparatoire à la sanguine pour le Symb. 37 (sur une marâtre et sa muliebris inconstantia d’après Homère), avec
sont déjà réalisées : il est probable que la réalisation effective des dessins préparatoires puis des gravures ἃ débuté à partir de 1545-1546, en même temps que l'édification du Palazzo, même
supposer une longue maturation. a. La réalisation des gravures
Paulette Choné avait déjà noté l'originalité que représente l'emploi de la gravure sur cuivre au sein d’un recueil d’emblémes, où l’on adopte généralement la xylographie, moins coûteuse”. Si la gravure sur cuivre offre des possibilités d’expressivité et de précision esthétiques bien supérieures à celles de la taille d'épargne, elle constitue cependant un lourd chantier lorsqu'il faut réaliser selon cette technique les cent cinquante figures d’un recueil. En outre, les éléments spécifiquement symboliques sont souvent placés par le graveur dans un paysage plus ou moins élaboré, naturel ou inspiré par l’antique, ou dans un intérieur architecturé, pièce d'une simple demeure privée ou salle d'audience d’un palais. Il est clair que cette tâche a dû occuper longuement Bonasone, qu'il ait été aidé ou non par des assistants, probablement dès 1545-1546". Il semblerait en outre qu'il n'ait pas
été l’auteur de tous les dessins préparatoires aux gravures des emblèmes. Avec la question des sources plastiques des gravures, celle de la paternité de ces dessins préparatoires, liée à la première, est sans doute l’aspect du recueil d’emblémes qui a suscité le plus d’intérét et le plus grand nombre d’études dans les vingt dernières années. Nous résumons ici chronologiquement les étapes principales de cette très longue discussion de paternité artistique orchestrée par les spécialistes. C’est Carlo Cesare Malvasia qui, le
premier, suggère l’hypothèse que le peintre Prospero Fontana (1512-1597)? aurait fourni pour le recueil de Bocchi de nombreux dessins, tandis que les gravures auraient été réalisées par Giulio Bonasone
(c. 1510-
c. 1576)" pour l'édition de 1555°”. Le poème du Symbolum 2 évoque d’ailleurs explicitement le portrait de Bocchi par Fontana (v. 1 : Prosperus os potuit, non mentem pingere Achillis). Le partage de la responsabilité des deux artistes dans la production des esquisses préparatoires n’est pas simple et a fait l’objet de tout un ensemble
de publications scientifiques. Nous ne présentons ici que les jalons essentiels. Le 13 juillet 1972, une vente aux
enchères organisée par Sotheby’s à Londres révélait au public un cahier de quatre-vint quatre dessins
7 P. Choné, Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine, p. 622. Pierre Woeiriot adoptera également cette technique pour graver les Emblèmes de Georgette de Montenay en 1571. 7 Voir supra la lettre à Amaseo du 21 juillet 1547 annonçant que trente-huit figures ont déjà été gravées.
77 Sur Prospero Fontana, voir V. Fortunati, « L’imaginario degli artisti bolognesi tra maniera e controriforma : Prospero Fontana (1512-1597), in A. Emiliani (dir.), Le arti a Bologna e in Emilia, p. 97-111 ; Ead., Pittura bolognese del ‘500, Bologne,
1986, t.1, p. 339-350:
« Prospero
Fontana » ; Ead., in V. Fortunati (dir.), La pittura in Emilia e Romagna. Il Cinquecento, Milan, t. I, 1995, p. 225-228, 240 ; t. Il, 1996, p. 304-30;
Ead., « Fontana, Prospero », in DBI, τ. XLVIII, 1997, p. 714-719 ; « Disegni giovanili di Prosbero Fontana: da Perino a Vasari, attraverso
Salviati » dans C. Monbeig Goguel, Ph. Costamagna, M. Hochmann (dir.), Francesco Salviati e la bella maniera, Actes du colloque de Rome et de Paris, 1998, Rome, Ecole Française de Rome, 2001, Ρ. 547-575. 7% Sur Giulio Bonasone, voir G. Cumberland, Some Anecdotes of the Life of Julio Bonasone, A Bolognese Artist who followed the Best Schools of the Sixteenth Century, Londres, 1793 ; A. Petrucci, « Giulio Bonasone » in DBI, τ. XI, 1969, p. 591-594; M. Catelli Isola, « Giulio Bonasone e un disegno di Michelangelo in una stampa sconosciuta », in F. Barbieri (dir.), Studi di storia dell’arte, bibliologia ed erudizione, in onore di Alfredo Petrucci, Milan/Rome, 1969, p. 19-25 ; M. B. Cirillo Archer, Giulio Bonasone and Sixteenth Century Italian Printermaking, PhD., microfilm Ann Arbor, Michigan, 1978 ; Ead., « Giulio Bonasone », in W. L. Strauss (dir.), Italian Masters of the Sixteenth Century. The Illustrated Bartsch, τ XXVII-Commentary, New-York, 1982, p. 217-342; S. Massari, Giulio Bonasone : catalogo, 1 & II, Rome, 1983 ; F. G. Schab, « Bonasone », Print Quarterly, 2, 1985, p. 58-62 ; K. G. Saur, < Bonasone > dans Allgemeines KiinsHerlexikon, Miinich/Leipzig, t. I, 1996, p.472 ; M. Faietti, « Giulio Bonasone disegnatore », Grafica d’arte, 44, 2000, p. 2-10; S. Borsetti, « Analisi materiale del volume “ Stampe di Giulio Bonasoni
pittore e intagliatore” della raccolta di stampe della Pinacoteca Nazionale .
di Bologna»,
Aperto,
1| Mai
2008
[en ligne], URL:
” C.C. Malvasia, Felsina pittrice, Vite de pittori bolognesi, Bologne, 1678, t. I-2, p. 79 (sur Bonasone) : « E finalmente li 1 50.pezzi de’Simboli del nostro erudito Bocchio, col suo rittratto a principio, che maggiormente qualificarono (per il tanto allora da tutti bramato, e gradito taglio) quel tanto per se stesso riguardevol libro onc. 3 e mez. onc.2 e mez. per ciascuno, tutti di sua invenzione » ; p. 216 (sur Fontana) : « Fù la sua casa di
tutti i virtuosi di quel secolo il ridotto, e l’emporio, particolarmente d’Ulysse Aldrovandi, e d'Achille Bocchi, a’ quali fu carissimo. Fece loro senza premio i ritratti, varii disegni, donno pitture [ ... ] » ; p. 219 : « Nella casa famosa d'Achille Becchio, entro scomparti di stucco, nelle volte di due stanze a basso, varie figure rappresentanti Virtù, e Deità, designando per l’istesso molti de’rami, che occorsero nell’ erudito libro delle sue
Simboliche Quistioni (sic), intagliate da Giulio Bonasone ».
62
l’exposition du British Museum en 1983”*', J. A. Gere, Ph. Pouncey et R. Wood redonnent la paternité de huit quadrillage au fusain noir, acquis en 1956 par le British Museum. Un dessin identique figurait également déja dans la vente Sotheby’s, et A. Lugli propose d’y voir la main de Bonasone, « traduisant » l’original de Fontana”. Dans cette perspective, nous suivrons l’hypothèse de M. Faietti, qui suggère que l’homogénéité du recueil de dessins démembré lors de la vente londonienne trouve sa source dans une culture stylistique commune aux deux artistes. Prêts à s’inspirer des œuvres de leurs contemporains, Fontana et Bonasone ont travaillé ensemble
autour
de Perino
del Vaga
au Castel Sant'Angelo
à Rome,
probablement
entre
1544
et
1546°** ou 1547°°° et ont été marqués par l’influence de Raphaël et de Parmigianino”**. Parallèlement, M. Faietti
souligne que, si Bonasone ἃ pu proposer sous forme de dessins des inventions originales pour les emblèmes, c'est en respectant une forme de « contiguita mentale e stilistica > avec les études autographes fournies par Fontana. Pour montrer le caractère très imbriqué de leur collaboration, elle note par exemple que, pour le portrait de Bocchi explicitement attribué 4 Prospero Fontana dans l’emblème 2, Bonasone a inséré sur les côtés du cadre des grotesques qui appartiennent typiquement à son propre répertoire ornemental, comme le montre une page de Decorazioni ornementali per un bordo inciso, conservée à la Kunsthalle de Hambourg (inv. 52191), et
un ensemble d’autres gravures appartenant à la série des Amori Sdegni et Gelosie di Giunone”*?. Parallèlement à Fontana, d’autres artistes majeurs ont inspiré le Bonasone des Symbolicae Quaestiones et, à l'instar de celle que l’on peut mener sur les textes, l'enquête sur les sources picturales des emblémes est essentielle, d’un point de vue sémantique. En effet, la citation, autant qu’un hommage, repose souvent sur un travail conscient de remodelage et de transbosition plastiques, qui aboutit à une réinterprétation symbolique des figures initiales dont il faut comprendre les enjeux. Dans son article séminal, rappelant que Bonasone joue à Bologne, à l'instar de Marcantonio Raimondi*™, un rôle de « traducteur » des œuvres des grands maîtres,
A. Lugli a effectué le descriptif des différentes sources plastiques des gravures, approfondissant la liste déjà *8 Je remercie vivement Kristina Pearson, responsable des Old Master Paintings chez Sotheby’s à Londres, qui a bien voulu me communiquer
gracieusement des reproductions des extraits pertinents du catalogue de la vente, et des illustrations. L’attribution des dessins 4 Bonasone est confirmée par D. De Grazia, Corregio and his Legacy. Sixteenth Century Emilian Drawings. Exhibition, National Gallery of Art, Washington, D.C, March
11-May
13 1984, and Galleria Nazionale, Parma, June 3-July 15, 1984, Washington,
1984, p. 265-267 ; F. G. Schab, « Bonasone », Print
Quarterly, 2, n° 1, 1985, p. 58-62, ainsi qu’A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia » in A. Emiliani (dir.), Le arti a Bologna e in Emilia dal 16 al 17 secolo. Atti del XXIV" Congresso Internazionale di Storia dell’Arte, Bologne, 1982, p. 8797, p. 88. Pour D. De Grazia (p. 265) et F. Schab (p. 59), les gravures ne sont pas de Bonasone mais ont été exécutées par un assistant ou un élève du graveur. #1 Italian Drawings in the Department of Prints and Drawings in the British Museum. Artists working in Rome, c. 1540 to c. 1650, (catalogue d’exposition, British Museum Publications), Londres, 1983, t. I, p. 76-79 (n° 104-111) et t. IL, p. 97-100. * Il s’agit des Symb. 34 (parabole de Matthieu sur le riche) ; 35 (sur Diogène et Antisthéne) ; 60 (sur le sacrifice du cœur) ; 69 (sur le sot et la tariére gauloise) ; 84 (sur Hippocrate et la suture) ; 121 (sur la dispute entre Castor et Pollux) ; 120 (sur la vie qui passe vite) ; 145 (sur Bocchi
victorieux du labyrinthe).
3 Voir A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia », p. 88. 4 V. Fortunati, « Fontana, Prospero », in DBI.
# M. Faietti, « Giulio Bonasone disegnatore », p. 4
*8 Ensuite, tandis que Bonasone retourne à Bologne, où il restera jusqu’en 1550 environ, Fontana se rend à Rimini et à Ravenne entre 1547 et
1548, avant d’alterner des voyages entre Bologne et Rome, au service de Jules ΠῚ dont il réalise le portrait officiel. À Rome, entre août 1550 et août 1551, Fontana repart pour Bologne où, de 1551 à 1553, il collabore avec Pellegrino Tibaldi à la décoration du Palazzo Poggi et à celle de la Capella Poggi dans l’église de San Giacomo Maggiore. Entre avril 1553 et février 1555, Fontana repart pour Rome et dirige le chantier de la Villa Giulia et du Palazzo Firenze. Mais rien n’empéche que les deux artistes (et Bocchi) se soient rencontrés avant : en dehors d’un séjour de quelques mois ἃ Mantoue ἃ la fin des années 1530 et au début des années 1540, Bonasone est ἃ Bologne, tandis que Fontana y réside aussi entre 1539 (il épouse Antonia de Bonardis, qui appartient ἃ une importante famille de typographes) et 1542, où il travaille avec Girolamo da Treviso
aux fresques du Palazzo Torfanini.
#7 « Giulio Bonasone disegnatore >, p. 4-5.
il 8 Sur l'importance du rôle de Raimondi pour la gravure à Bologne, voir K. Oberhuber, « Marcantonio Raimondi : gli inizi a Bologna ed
primo periodo romano », in M. Faietti, K. Oberhuber (dir.), Bologna e l'Umanesimo 1490-1510, Bologna, Pinacoteca Nazionale,
aprile 1988, Bologne, 1988, p.
51-88 et Faietti, M., « Stampe e disegni di Marcantonio (1-58) », ibid, p. 89-90.
6 marzo-26
63
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi ( 1555) - tome 1
dressées par Μαϊναβίαδ᾽ : une citation de Dürer pour un portrait de Mélanchton reprise dans le v. 1 du Symb. 2 évoquant le portrait de Bocchi ; les gravures de Diirer illustrant le Narrenschiff de Sebastian Brant pour le stultus du Symb. 42, ouvrage qui inspire d’ailleurs l’apologue de l’usurier étranglé par le diable dans le Symb. 47°° ; la gravure de la Grande Fortune par Diirer pour la Némésis du Symb. 67 ; la gravure de la femme s’arrachant les cheveux de Marcantonio Raimondi pour illustrer les plaisirs nocturnes d’Antipater dans le Symb. 17 ; une gravure d’Ugo da Carpi d'après Parmigianino pour le portrait de Diogène de Sinope du Symb. 100 ; la gravure de Raimondi d’après le tableau de Raphaël Uranie et Clio avec les signes de la Balance et du Scorpion pour représenter la Virtus et la Felicitas du Symb. 27 ; la Poesia de Raphaël gravée par Raimondi pour figurer la Fides du Symb. 130. Aux références notées par A. Lugli, nous ajouterons la gravure de Raimondi intitulée Quos ego, d’après une étude de Raphaël pour le Symb. 96, ainsi que la reprise de la partie supérieure de La Transfiguration du même Raphaël pour le Symb. 98. A. Lugli note en outre l'influence de Parmigianino et Nicold dell’Abate dans la représentation des Naïades écoutant Philomèle dans le Symb.87 #1, et signale les emprunts à |’ Hypnerotomachia Poliphili pour le Symb. 147 (et non 157). Des illustrations empruntées au Songe de Poliphile de Colonna ont également été reprises dans les gravures des Symb. 1 et 148, comme l'a également montré E. See Watson. De plus, A. Lugli montre l'importance qu'a eue la seconde édition des emblèmes en 1574, établie par la
Société Typographique bolonaise, dirigée par Carlo Sigonio. Agostino Caracci, élève de Prospero Fontana, ἃ retouché les gravures pour cette seconde édition posthume”, et ce fut là son premier travail de graveur. Enfin, la chercheuse bolonaise met en valeur la postérité et l’influence des gravures sur les artistes bolonais : le portrait de Curius dans le Symb. 30 a inspiré le peinture d’Orazio Samacchini au Palazzo Sanguinetti ; l'aspect général de la Foi du Symb. 130 est proche de la Giustizia divina de Bartolomeo Cesi à Santa Maria dei Bulgari ; le voile de la
Fortune aveugle offrant une téte de Chimére San Raimondo di Pennafort dans l’église de combat d’Eros et d’Antéros au Symb. 20 sont l’un conservé à Windsor Castel dans la Royal
ἃ Alexandre est reprise par Lodovico Caracci dans son portrait de San Domenico ; Eros triomphant de Pan dans le Symb. 75 et le à l’origine de deux dessins d’ Agostino Caracci sur le même sujet, Library (sous le titre Omnia uincit Amor), l’autre ἃ |’ Albertina de
Vienne (sous le titre Un genio alato brucia le frecce d’amore)*”’.
Poursuivant l’investigation d’A. Lugli, d’autres études plus récentes se sont également emparées de la question majeure des sources iconographiques des emblémes. A partir de divers dessins et esquisses préparatoires, S. Béguin a montré l’influence de Nicold dell’ Abate, présent à Bologne entre 1548 et 1552, sur la gravure du
Symb. 148, représentant le blason de Jules III, sur celle du Symb. 131, représentant les armes d’Otto Truchsess
von Waldburg, ou encore sur celle du Symb. 122 montrant Sebastiano Corrado agenouillé et son blason™. Elle suggère également une influence de Nicold dell’Abate pour les Symb. 56 et 119 (121 de notre édition). De même Sonia Cavicchioli et Ilaria Bianchi ont noté l’influence sur l’embléme 50 d’une peinture allégorique de
Nicolò, réalisée pour une cheminée d’un salon représentant les Histoires de Tarquin au Palazzo Torfanini à Bo-
logne””*. Mais les influences ne s’exercent pas que dans un seul sens, et S. Béguin a formulé l'hypothèse que Boc-
chi aurait à son tour contribué au choix des histoires d’Ulysse représentées par Pellegrino Tibaldi, Prospero Fontana et Nicolo dell’Abate au Palazzo Poggi à Bologne, suivie sur ce point par V. Fortunati“”. En revanche, le rapprochement effectué entre le Symb. 129 de Bocchi et la vie diplomatique mouvementée du cardinal Poggi ne
nous paraît guère convaincant” dans la mesure où les errances formatrices d'Ulysse et de Pythagore évoquées par le poème emblématique et revue à travers Aulu-Gelle et Horace, sont, grâce à la dédicace, explicitement mises en relation avec Giovanni Battista Pio, le maître de Bocchi, appartenant à la génération précédente et lui aussi homo uiator. Quant au sujet de la gravure, où Hermès offre le môly à Ulysse, sous le regard de Pallas
(l'épisode n’est pas mentionné par le poème), il est, selon nous, à interpréter comme un symbole de phronèsis, cette sagesse pratique qui, comme la plante mythique à la racine noire et à la fleur de lait, est difficile en ses débuts mais fructueuse à la fin, et vient récompenser des années de pénible errance** : le symbole convient parfaitement à Giovanni Battista Pio dont il célèbre l'intelligence, les travaux philologiques et la vie mouvementée. Toutefois, la question de l'insertion d'œuvres de grands maîtres dans le dispositif emblématique et les phénomènes de re-sémantisation contextuelle n’ont pas toujours été éclaircis avec l'attention méritée, car, comme les sources littéraires, les sources iconographiques conservent souvent des traces résiduelles des œuvres auxquelles elles sont empruntées. Par exemple, qu’une allégorie de la Poésie d'après Raphaël et Raimondi puisse devenir une allégorie de la Foi n’est pas une transposition anodine et suggère le rôle important de transmission sinon de prédication que joue le poème emblématique au sein de la spiritualité évangélique ; de même, l'importation de citations sur les stéles et le socle représentés dans l’image (avec un usage symbolique de la localisation spatiale de l'inscription en caraétères grecs ou hébraïques, à droite ou à gauche de l’allégorie, ou encore sous ses pieds) manifeste des intentions religieuses bien précises”. De la même manière, comment comprendre que, dans le Symb. 79, le titulus surmontant la gravure fasse allusion à une sculpture de Léocharès
représentant Ganymède et l'aigle, alors que la gravure est inspirée directement par un dessin de Michel-Ange ? Nous tenterons de répondre à ces questions délicates dans notre commentaire de ces énigmatiques emblèmes. Les modalités de collaboration entre l’emblématiste, le graveur et, s’il est différent du graveur (comme c'est régulièrement le cas pour Fontana), du dessinateur qui réalise certaines esquisses préparatoires, ont sans doute été extrêmement variables et complexes. Cette difficulté d'établir un schéma constant est renforcée par la genèse des emblèmes eux-mêmes, qui a rarement suivi un chemin linéraire, tandis que la diversité d’inspiration entre les pièces exigeait de trouver une multiplicité de formes adéquates pour servir de supports symboliques. Dans son catalogue d'exposition, Stefania Massari brosse de Bonasone le portrait d’un peintre érudit, très impliqué dans la réalisation du programme symbolique des gravures du recueil de Bocchi*”. Cette thèse est aujourd'hui battue en brèche, parce que les gravures des Symbolicae Quaestiones tranchent, de façon notable, sur le reste de la
production de Bonasone. La présence de citations en grec, latin et hébreu dans les gravures elles-mêmes est tout
?5 $, Cavicchioli, « La “ visibile poesia” di Nicold : fonti letterarie e iconografia dei fregi dipinti a Bologna > in S. Béguin, F. Piccini (dir.),
9 C. C. Malvasia, Felsina pittrice, p.79 (sur Bonasone) : «Se non quanto [= pezzi de’Simboli tutti di sua invenzione], pe compiacerne l’Autore, s’aiutd con $tampe gia da altri pubblicate, come da Durero, dal Parmigiano, di pensieri di Michelangelo, come ne’i duo’ Ganimedi rapiti ; di qualche disegno ottenuto dal detto Parmigiano, ma più poi di Prospero Fontana, che amico del grand Letterato, a sua richiesta di molti fece il disegno ». Voir A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia >, p. 88-90. ? Cette influence « nordique », par exemple celle d'un Bosch ou d’un Breughel, se lit dans le portement de croix représenté dans la gravure du Symb. 128. # VoirA. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia », p. 94, n. 13. #? Sur ces retouches, voir A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia », p. 93, n. 5, qui insiste
sur le retravail des gravures pour le Symbolum symbolorum (avec ici le passage d’une gravure sur bois à une gravure sur cuivre) et pour les Symb. 2, 15, 17, 20, 36. Voir aussi B. Bohn, « Agostino Caracci », in The Illustrated Bartsch, Italian Master of the Sixteenth Century, New York, 1995, t. XXXIX-1
(Commentary),
n° 3901, p. 1-8, qui insiste sur le retravail des gravures des Symb. 36 et 105. Nous
ajoutons également la
gravure du Symb. 100, très nettement refaite en 1574.
% A. Lugli, « Les Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi e la cultura dell’emblema in Emilia », p. 91-92. 4 S. Béguin, « A proposito di due disegni di Nicolò dell’Abate », in M. Scolaro, F. P. Di Teodoro (dir.), Intelligenza della passione. Scritti per Andrea Emiliani, Bologne, 2001, p. 73-84. Voir les compléments bibliographiques dans nos analyses des gravures des Symbola concernés.
64
(Modena, Foro Boario, 20 marzoNicolé dell’Abate. Storie dipinte nella pittura del Cinquecento tra Modena e Fontainebleau, Catalogo della mostra la storia “ pinta sul camino ” di per un’ipotesi : Bocchi Achille e dell’Abate Nicold « Bianchi, 1. et 101-105 p. 19 giugno 2005), Milan, 2005, il cantiere Palazzo Torfanini », in S. Béguin, F. Piccini (dir.), Nicolò dell’Abate, p. 125-131 et Ead., Iconografie accademiche. Un percorso attraverso
so. editoriale delle Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi, Bologne, 2012, p. 91-116. Voir le détail dans notre analyse dela gravure du Symb.
del Cinquecento : Giovanni Poggi (1493-15 56) », Saecularia 296 V, Fortunati Pietrantonio, « Un singolare committente a Bologna sulla meta
e linguaggio nell'intreccio di Nona, 3, 1988, p. 58-62 ; Ead., « Sguardi sulla pittura a Bologna nel Cinquecento : molteplicita di protagonisti t. Il, Milan, 1996, P- 301-397; Ead, « I dipinti eventi politici e religiosi », in V. Fortunati (dir.), La pittura in Emilia Romagna. II Cinquecento, V. Musumeci (dir.), L’immaginario di un Fortunati, V. in », murali di Palazzo Poggi. Artisti e letterati a Bologna alla meta del Cinquecento murali di Rellegtino Bibaidi a Palazzo dipinti nei Ulisse di mito Il « Ead., ; 15-31 p. 2002*, ecclesiastico. I dipinti murali di Palazzo Poggi, Bologne, Homère à la Renaissance : mythe (dir.), Ford Ph. Capodieci, L. dans » enciclopedica scienze e dell’emblema civiltà tra stile Poggi. Iconografia e 70% 1; prairies Pour des Rome-Patis; 27-29 novembre 2008; et transfiguration, Actes du colloque Omero nel Rinascimento, Rome, Villa Médicis,
in V. Fortunati, V. Musumeci (dir.), L'immaginario di un rapprochement stylistiques, voir I. Bianchi, « Giovanni Poggi nell’eta di Bocchi », ecclesiastico, p. 33-45. #7 Voir I. Bianchi, Iconografie academiche, p. 78.
#8 Voir nos analyses au Symb. 129.
>” Voir nos analyses au Symb. 130 et notre partie Vt poesis pictura.
‘0 Giulio Bonasone : Catologo, t. I, p. 11-15:
65
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555)
— tome
1
Introduction
a fait nouvelle chez lui. Dans le reste de son œuvre en effet, Bonasone n'utilise jamais que l'italien — rien ne dit
même qu'il sache le latin, qu’ignorent la plupart des peintres de son temps. De plus, aucun document, lettre, dialogue, billet ou testament ne fait mention de Bonasone comme figure marquante de la vie intellectuelle bolonaise*. L'intervention de Bocchi a sans doute été forte, et on peut supposer qu'il a donné des directives
très précises dans nombre de cas : pour la figuration des objets complexes n’ayant pas réellement d’antécédents
iconographiques (la dioptrie du Symb. 142, la lucerna pensilis du Symb. 130 ; le tribolos du Symb. 134 ) ; pour les illustrations tirées directement de sources littéraires (voir par exemple le Symb. 139, où les détails de la gravure
tirés des Tusculanes ne sont pas cités par le poème emblématique™) ou archéologiques antiques*” ; pour les compositions exigeant une réelle culture philosophique, comme l’Hermathéna du Symb. 102, pare réminiscences
platoniciennes
et innovations
cicéroniennes,
la Vénus
du
Symb. 28, représentant
la matiére
originelle du Timée de Platon qu’on ne peut saisir que par un raisonnement batard ; et enfin, pour insérer a des places stratégiques les inscriptions grecques, latines ou hébraiques, qui proliférent au sein de certaines gravures. Mais il est probable que Bonasone, et surtout Fontana, ont aussi, de leur côté, proposé a l’emblématiste des solutions iconographiques originales, peut-étre aussi des piéces de leur cru déja composées, assurément des copies d’artistes contemporains ou de grands maitres, qui pouvaient constituer, parfois au prix de glissements ou de transpositions, des solutions symboliques originales. Nous reprendrons toutes ces questions dans la partie Vt poesis pictura de cette introduction. Un point doit être souligné: de manière générale, dans les études que nous évoquons, l'influence iconographique de l’Antiquité n’a guère été prise en compte", en particulier celle des monnaie, des œuvres d'art (sculptures ou bas-reliefs) et des monuments antiques, et nous proposerons quelques pistes de réflexion à ce sujet (voir Intr., chap. 1, IV, 2, a : Le goût de l'antique et la poésie des ruines). La question du matériau bivalent que constituent les médailles — à l'instar des monnaies antiques et de leurs légendes — et les blasons n’a pas non plus attiré l’attention. De même, si la présence de Colonna a été généralement repérée et soulignée, elle ne l'a toutefois été que pour les motifs les plus évidents, en particulier le Symb. 1 et le Symb. 147. Or la portée réelle de l'influence de Colonna a été largement sous-estimée, car elle ne peut se résumer au repérage des citations plastiques qu'en proposent les gravures. Nous tenterons de montrer que, sans doute par l'intermédiaire de Pierio Valeriano, Bocchi puise chez Colonna une méthode plus générale pour développer une « syntaxe » permettant à toutes les composantes symboliques d’une figure de constituer un message cohérent et organisé, au sens d’une circulation harmonieuse parmi les différents constituants. Or cette attitude qui privilégie une construction empirique calquée sur l’approche linguistique et discursive, semble paradoxalement s'accommoder fort bien par ailleurs des conceptions néo-platoniciennes du hiéroglyphique comme langage démonique et comme intuition époptique, par exemple pour le Symb. 147, où c’est un ange/démon qui porte la séquence hiéroglyphique. C’est un des mystères que nous tenterons d’élucider (Voir Intr., chap. 1, IV, 2, a : Matériaux mixtes et para-emblématiques : blasons, devises, monnaies, médailles, hiéroglyphes).
Mais il convient à présent d'appréhender cet objet étrange et complexe qu'est l'ouvrage sorti des presses du Palazzo Bocchi en 1555, comme l'indique le frontispice de la plupart des exemplaires, certains portant la date de 1556. Il n’est pas impossible que des presses aient été installées dans l'enceinte du palais, peut-être de manière
temporaire, comme le laisse entendre la lettre du 15 mars 1549 à Romolo Amaseo que nous avons citée supra
(note 261) et qui, tout en évoque un arrivage prochain d’ailleurs jamais vu le jour). alors adressé à Giaccarelli.
indiquant que Paul Manuce ne pourra pas se charger de l'édition des emblémes, de caractères d'imprimerie français pour éditer les travaux de l'académie (qui n’ont En suivant l’hypothèse de Denis H. Rhodes mentionnée plus haut, Bocchi se serait Celui-ci aurait-il transporté son matériel dans les murs du palais ? C'est peu
vraisemblable : mais il est sans doute possible que Bocchi lui ait demandé de faire comme si, et d’indiquer ce lieu pour la publication. Un point semble acquis: la réalisation des exemplaires s’est faite de maniére « artisanale ». b. Comprendre l'édition de 1555
L'ouvrage se présente dans l’essentiel des cas sous la forme d’un in-4° dont les dimensions peuvent varier légèrement
(autour de 200 X 133 mm).
Les dimensions des gravures oscillent entre 780 et 840 mm
pour la
largeur, et 110 et 114 mm pour la hauteur. Dans un article fondateur fort clair et précis 305, dont dépendent largement les remarques que nous présentons ci-dessous et la forme sous laquelle nous les présentons, Maria Sicco explique la très grande difficulté de décrire avec précision l'aspect général de l’édition de 1555, au vu de la multiplicité des exemplaires qui présentent entre eux de très importantes différences. Nous avons pu compléter ses observations par l'examen de divers exemplaires conservés dans des bibliothèques européennes (voir annexe). Ces différences résident pour l'essentiel dans l'ajout d’un nombre irrégulier de pages non numérotées, qui ont été adjointes soit au début soit à la fin de la partie la plus stable du recueil (contenant les poèmes et leurs gravures), selon une disposition qui change elle-même d'un exemplaire à l’autre. Certains exemplaires appartiennent à une nouvelle émission (et non édition), datée de MDLVI. La seule partie relativement fixe (du
point de vue du nombre de pages et de la succession des emblèmes, à quelques détails près cependant”) est
constituée par les 347 pages de texte comprenant les emblémes (f? A-Z*, AA-VV*) suivie par les index (A-E*). La présence des pages non numérotées s'explique effectivement par plusieurs tirages successifs (qui s’étalent jusqu’en
1556), grossis de l'ajout de dédicaces, des privilèges, ou des poèmes louant Bocchi et son recueil
rédigés par des personnalités amies, au gré des circonstances historiques et biographiques. La disparité dans l’organisation de cet ensemble non paginé montre à quel point l'édition est empirique, et l’état définitif des paratextes n’a sans doute jamais été définitivement fixé par Bocchi lui-même. L'édition posthume de 1574 résoudra cette question épineuse en supprimant l'essentiel de ces pages non numérotées (hormis les index). Dans les très nombreux exemplaires (plusieurs dizaines) conservés en Italie qu’elle ἃ consultés, M. Sicco constate d'importantes variations non seulement dans la disposition, mais également dans le nombre des folios non paginés qui précèdent ou suivent les emblèmes : 60 pages pour les exemplaires les plus complets”, 44 pour les moins complets", et, entre ces deux extrêmes, un exemplaire à 48 pages”, puis quelques exemplaires à 52°"° et à 56 pages°!!, Mais quelles ont été les phases successives de la composition et peut-on déterminer l’ordre d'insertion au sein du recueil de ces folios non paginés qui déterminent les variations entre les exemplaires ? En suivant M. Sicco, il faut partir de la précieuse mention de la series chartarum, à la fin des indices, qui précise, entre autres*!?, que a secundo folio ponatur illud cuius initium est VICTORIA EX LABORE, « au début du second quinque. Bononiae. 1555 >; Il Corsivo, num. 305 M, Sicco, « Alcune osservazioni su : Achillis Bocchii Bonon. Symbolicarum Quaestionum... libri M. Sicco (dir.), Le edizione italiane del XVI dans parue italiens exemplaires des description la complète et corrige spec., 2, 1994, p. 21-32, qui ; secolo, censimento nazionale, vol. II B, Rome, n° 2664-2665, p. 206 (Edit 16). même une : gravure la de impression à liés es 306 Les erreurs qui affectent ponctuellement les exemplaires sont des accidents typographiqu parfois, le numéro apparaît directement sur la gravure se trouve parfois reproduite plusieurs fois en face de plusieurs poèmes successifs ; gravure, car la place laissée intentionnellement libre a été mal calibrée.
(BSo1), Côme (COo1), Catane (CTo3), Florence 37 Voir les exemplaires de Bergame (BGo1 = 16.£1V.29), Bologne (BOo1, BO26), Brescia
G. 18), Parme (PRoë = SU XV (Fl13), Gênes (GE24), Macerata (MCo1), Milan (M136), Modène (MOo7), Naples (NAo6 = SQ XXXIV italiane, p. 206 et M. Sicco, edizione Le (dir.), Sicco M. dans signalés (TVo2) Trévise et 52) C. 4623/1 et Pal. 6751), Rome (RM 21 = 71.5. W | « Alcune osservazioni su : Achillis Bocchii, p. 31-32. ibid. signalés 71.5.B.50) (RM21= de Rome 308 Voir les exemplaires de Bologne (BOo7), de Gubbio (PG16), de Parme (PRoë),
« Alcune osservazioni su : Achillis 3 Voir l’exemplaire PTo2 conservé à la Bibliothèque Forteguerriana de Pistoia signalé dans M. Sicco,
Bocchii, p. 32.
* Voir M. B. Cirillo Archer , « Giulio Bonasone », p- 220.
dans M. Sicco (dir.), Le edizione italiane, 310 Voir les exemplaires de Bologne (BOo1 = 10.R.IV.58), Pérouse (PGo1), Sienne (5101) signalés | |
ἢ Voir nos analyses de cet emblème. “ Voir notre partie Vt poesis pictura. 304
=
=
p. 206 et M. Sicco, « Alcune osservazioni su : Achillis Bocchii, p. 31-32. .
©
Hormis S. Maffei, « Fortuna semper mouetur. Iconografia e varianti della statua della Fortuna Smirnea descritta da Pausania », in M. Biffi,
O. Calabrese, L. Salibra (dir.), Italia linguistica : discorsi di scritto e di parlato. Nuovi Studi di Linguistica Italiana per Giovanni Nencioni, Sienne, 2005, p. 26-40, mais elle n’identifie toutefois pas les sources numismatiques comportant les deux Némésis de Smyrne.
66
|
Florence (FI16), Chiavari (GE14), Milan (MI15), 1 Voir les exemplaires de Bologne (BOo1 = 16.Q.IV.15 et 16.P.IV.43), Crémone (CRoz2), ibid. signalés (VEo6) Venise (RAo1), Ravenne ), 11 Naples (NAo6 = SQ.XXXIV.A.32 et Rari Branc.F. A-E. pages) et tous les autres duerniones (4 pages), index 312 Foliotage de A à Z puis de AA à VV, avec le folio KK qui est ternio (6
67
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555)
— tome
Introduction
1
folio, il faut placer la pièce dont le début est VICTORIA EX LABORE ». Ce qui veut dire qu'il y avait donc huit pages prévues avant le début du texte proprement dit. On peut en reconstituer ainsi la disposition (nous reprenons le systéme de pagination trés commode proposé par M. Sicco) : P:r° p.v°
Poèmes et dédicaces varient eux aussi selon les exemplaires : -un poème commençant par DO TIBI apparaît parfois sans dédicace (c'est le cas par exemple pour l’exemplaire de la BnF (Rés. p. z. 2504) et de la bibliothèque de Glasgow (SM 183). Il peut aussi présenter une
frontispice IVLIO .III. PONT. MAX. (poème dédicatoire)
p.t°-v°
dédicace
IVLIVS PAPA IIL. (privilège)
p3t°-p,v°
VICTORIA EX LABORE
TOTAL:
8 pages
Quarante
autres
pages
non
(A-E,)
suivent
le texte
des
emblémes,
terminant
l’ouvrage,
et
comprennent la liste des auteurs anciens utilisés, la répartition des emblémes en quatre classes thématiques, theologica siue metaphysica, physica, moralia, philologica (avec, pour chaque embléme, les tituli de la gravure et du texte), puis l’index des noms de personnes et de choses, la table des omissa, la table des errata, et enfin l’ordre
des chartae : A,r°-A.v°
manuscrite
ἃ GIORGIO
MAGIOLO
FATERIER PER QVEM PROFECERIS DECET (noms des auteurs anciens utilisés)
SYNTAGMA (classification en quatre catégories thématiques) INDEX PERSONARVM ET RERVM OMISSA ERRATA SERIES CHARTARVM
TOTAL:
40 pages
Dans de nombreux exemplaires toutefois, les pages d’index sont insérées avant le texte des emblémes et bouleversent l’organisation des pages non numérotées. Le nombre initialement prévu de pages non numérotées en plus du texte était donc de 8 + 40 = 48 pages, ce qu’aucun exemplaire, hormis celui de Pistoia déja évoqué, ne présentent. Maria Sicco constate que, dans les exemplaires 4 44 pages non numérotées (seuil inférieur), la piéce
VICTORIA EX LABORE*» manque. Elle suggère que ces exemplaires pourraient avoir été parmi les premiers à
avoir été tirés, si l'on veut bien accepter l'hypothèse qu’au moment de la sortie du recueil, cette pièce n’était pas prête. Le texte de cet emblème est très diversement placé dans les différents exemplaires, parfois séparé de sa gravure ou la précédant. Parfois il est lui-même incomplet. Par la suite, en fonction des exemplaires et de leur destination, un groupe non prévu d’autres pages ont été insé-
rées, dont beaucoup sont liées aux circonstances historiques et aux relations de Bocchi avec ses mécènes et amis. Ainsi, après la mort de Jules III le 23 mars 1555, et après le très court règne de Marcel II, Paul IV accède au pontificat le 23 mai 1555. Après l’adresse ἃ Jules ΠῚ qu’il ne supprime pas, Bocchi fait alors insérer un fascicule
de plusieurs pages contenant un privilège d'Henri II, roi de France (portant la marque *, dans les exemplaires),
signé par Lurault et daté de 1555. Il l’a sans doute obtenu par l'intermédiaire du Sénat bolonais en qualité de
Eques auratus et Comes Palatinus*"’, à moins qu'il ne faille y voir l'influence de Michel de l’Hospital, que Bocchi a rencontré à Bologne en 1547. Bocchi ajoute également une dédicace à Paul IV, à dater probablement aussi de
Nationale Vittorio Emmanuele de Naples. Selon Maria Sicco, ces pages manuscrites et calligraphiées ont été
insérées Spécialement dans un exemplaire déjà imprimé, puis offert personnellement au dédicataire*”*. On retrouve ensuite le privilège de Jules III.
mai On obtient donc la configuration suivante pour ces exemplaires, dont on établit un tirage après
pr
frontispice
* r°-v°
CHRISTIANISS. REGIS (privilège Henri Il)
p.v° ΚΡ
Ἐν
IVLIO .III. PONT. MAX. (poème dédicatoire) PAVLO
IL
PONT. MAX. ET OPT.
blanc ou dédicaces : - DO TIBI (GEORGIO MEDICIS)
MAGIOLO/GIOVANNI
p.r°-v°
IVLIVS PAPA III. (privilège) CHRISTIANISS. REGIS PAVLO
.IIII. PONT. MAX. ET OPT.
‘13 La = pièce est ocomposée τω Pp | de | a 8 gr ee
Es
sur ς anepage et d’un ; texte intitulé Symbolum symbolorum sur troisi pages.
Alcune osservazioni su : Achillis Bocchii >, p. 24.
DE
IVLIVS PAPA III. (privilège)
par diverses personnalités amies Suit un second fascicule non numéroté (2p,.,) contenant des éloges du recueil Giovanni Battista Pigna) et portant de Bocchi (Alberico Longo, Tiresia Foscarari, Giovanni Battista Camozzi, IO-/ NVM LIB. I. Ce qui donne : l'en-tête : ACHILLIS BOCCHI/BONON. SYMBOLICA-/ RVM QUAEST 2p.r° 2Ὀ ιν"
ACHILLIS BOCCHII... LIBER I + ALBERICI LONGI TIRESIAE FOSCAERARII
psr°-p,v°
IVLIO .III. PONT. MAX. (poème dédicatoire)
ANGELO
— ou: ECCE TIBI (CARLO BOISOTIO) — ou : SI DEVS EST (ALEXANDRO FARNESIO)
Pir°
frontispice
1555 et,
pour certains, après avril 1556:
IANI VITALI blanc ou IO. BAPTISTAE PIGNAE
68
(Charles
FARNESIO, sans signature à la fin, apparaît dans un seul exemplaire (NAoo70), conservé à la Bibliothèque
2ὃὈ
Sicco, «
ἃ la
Boisot) apparaît dans un unique exemplaire (MIo101), conservé a la Biblioteca e Archivio della Veneranda Fabbrica del Duomo de Milan. Il est signé lui aussi par A. BOCCHIVS CLIENS SERIO/LVDEBAT, BONONIAE NONIS/APRILIB. MDLVI.
1555. On obtient alors la configuration suivante :
-
conservé
— un poème commençant par ECCE TIBI et portant une dédicace imprimée à CAROLO BOISOTIO
KAMOTIOU
ry SE
italien PRoo72
MEDICIO CARD. MEDIOLAN. (exemplaire de la Bibliothèque Vaticane, Cicognara IV 18s50b). Dans tous les cas, la pièce date d’avril 1556 et apparaît la signature : A. BOCCHIVS CLIENS SERIO/LVDEBAT, BONONIAE NONIS/APRILIB. MDLVI.
2p.r°- 2p;v°
P:v°
un seul exemplaire
- un troisième poème, manuscrit cette fois, qui commence par les mots SI DEVS EST et dédié à ALEXANDRO
A;r°-C;r° C;v°-E;v° E;r°-v° E,r° E,v°
p:t®-v°
(dans
Bibliothèque Palatine de Parme*"*). Nous avons également repéré une autre dédicace imprimée à Io. ANGELO
(Symbolum symbolorum)
numérotées
Après la dédicace à Paul IV, Bocchi a inséré des poèmes, accompagnés ou non de dédicaces personnalisées.
2p,V°
SALENTINI
VICTORIA EX LABORE (Symbolum symbolorum)
On obtient donc la composition générale suivante : pir
frontispice
315 Tbid., p.25. 316 Ibid., p. 27.
69
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
piv° # P
sant en partie les stratégies économiques, sociales et littéraires devenues obsolètes, que les épitextes permettent d’établir et que nous avons décrites plus haut. Dans les index, la liste des auteurs anciens a également disparu. La description proposée pour les deux exemplaires de 1574 conservés à l'Harvard College Library (dons de Philip Hofer et de John Bartlett) confirme l'hypothèse selon laquelle les retouches d’ Agostino Caracci seraient intervenues au cours de la publication de l'ouvrage, puisque les deux exemplaires d’Harvard contiennent encore des gravures non retouchées”'*. Ces deux exemplaires, ainsi que celui de la British Library, présentent également un ensemble de corrections manuscrites apposées à l'encre brune directement sur le texte concerné, mais l’exemplaire Hofer a visiblement déjà intégré quelques-unes des corrections apportées lors d’un second tirage.
IVLIO .III. PONT. MAX. (poème dédicatoire) CHRISTIANISS. REGIS (privilège Henri IL)
NL
PAVLO .IIII. PONT. MAX. ET OPT.
rave
blanc ou dédicaces : - DO TIBI (GEORGIO
MAGIOLO/GIOVANNI
ANGELO
DE
MEDICIS)
p:r°-v°
- ou : ECCE TIBI (CARLO BOISOTIO) - ou : SI DEVS EST (ALEXANDRO FARNESIO) IVLIVS PAPA III. (privilège)
2pir°
ACHILLIS BOCCHILI...
2p.v°
TIRESIAE FOSCAERARII
2par°-2P;V°
KAMOTIOU
2p,r°
IANI VITALI
LIBER I + ALBERICI LONGI SALENTINI
2P4V°
blanc ou IO. BAPTISTAE PIGNAE
p3t?-p,v?
VICTORIA EX LABORE (Symbolum symbolorum)
TOTAL:
20 pages
d. Les Symbolicae Quaestiones, œuvre à suite ?
Les Symbolicae Quaestiones sont le seul recueil d’emblémes que nous possédions de Bocchi. Certains indices qui le montrent toutefois que Bocchi aurait composé beaucoup plus que les cinq cinquante et un Symbola
dédié ἃ la compose. Ilaria Bianchi a retrouvé trace d'un symbole surnuméraire, portant le numéro CLXXIII, iscrizioni, famille Paleotti, dans l’Archivio Privato Cavazza Isolani de Bologne (34, F, 4, 1: Alberi genealogici,
Dans notre édition, nous avons fait figurer toutes les pièces connues, imprimées ou manuscrites, rassemblées ici
sous la forme d’un recueil « idéal », mais qui n'a jamais vu le jour en l’état. Nous proposons en annexe la description de quelques exemplaires qui nous avons consultés. Très imparfaite, l'édition de 1555 comporte de nombreuses erreurs de pagination et de numérotation. L'erreur
la plus frappante affecte la numérotation des emblèmes dans tous les exemplaires et intervient à partir du Symbolum sur Protée, l’avant-dernier du livre II, qui porte le numéro LX (en réalité LXI), comme le précédent. La situation semble se rétablir ensuite, avec l'emblème sur la dialectique, qui porte le numéro LXII, puis celui sur les deux fortunes de Bologne, numéroté LXIII. Mais le Symbolum sur le Mercure à la ménorah (normalement LXIV) porte à nouveau le numéro XLII, et la numérotation des emblémes suivants se continue à partir de la : XLIII, XLIV, etc. Ce n’est qu'à partir du Symb. 149 que l’on retrouve les numéros correspondants.
Une autre erreur, qui affecte cette fois-ci les pages, intervient au Symbolum III, dont la gravure représente Socrate peintre et son bon démon : la page qui porte la gravure est la VI (elle devrait être la IV = Aiiv°) ; la page portant le début du texte est normalement numérotée V (= Aiiir°) ; mais la page portant la fin du texte est à nouveau numérotée VI (= Aiiiv’), par exemple dans de la British Library (89E23), les deux de la bibliothèque de Glasgow ou les trois de la Vaticane, mais bien VII dans l’exemplaire de la BnF (Rés., p. z. 2504). Ces erreurs seront corrigées dans l'édition de 1574.
On note également, en fonction des exemplaires, tout un ensemble de défauts variables : une même gravure dupliquée pour deux emblèmes successifs différents, une partie du Symbolum symbolorum qui manque, etc. Pour ἐπέ significatif, le travail de repérage devrait s’effectuer sur chacun des exemplaires concernés. Nous l’avons limité à nos exemplaires de travail. c. L'édition de 1574 La seconde édition des emblèmes, où les gravures ont été retouchées par Agostino Caracci,
paraît en 1574,
aux
soins de la Società Tipografica Bolognese, fondée en 1572 par l'historien Carlo Sigonio et active Susan ke 1584". Si beaucoup de coquilles typographiques et de nombreuses erreurs de pagination et de numérotation
d’emblémes de l'édition antérieure ont été corrigées, si les gravures sont toutes en place, sans reprise indue, et si Ios compléments aux poèmes ont été intégrés à l’emplacement convenable (voir par exemple le Symb ns sur l’Hercule gaulois), cette nouvelle édition se débarrasse malheureusement de toutes les pages ung
a
une série recapiti di documenti della famiglia Paleotti)*. Ce qui laisse entendre qu'il y aurait eu toute
reçu d'illustrations et d’emblémes supplémentaires rédigés (au moins vingt-deux), mais qui n'auraient jamais
dont on aurait perdu la trace, en dehors de ce symbole surnuméraire non illustré. et signalée par Or un autre fait troublant subsiste. Dans une lettre du 16 juin 1556 à Giovan Battista Pigna A. Rotondd*”, Bocchi s'exprime ainsi : libri delle symbolice questioni, nelle Non πὸ voluto perd salutarvi senza qualche dono, il qual sara il libro, anzi li cinque fossere presentati, per sodisfare in quali havete la vestra parte del possesso. Havevo ordinato gia piu mesi sono che vi mi adunque la colpa altruisi parte al debito mio, ma intendo esser mancato per negligenza dell'apporatori, perdonate nella sacra scrittura delli quai ne sono [... ]. Questo sara un preludio de gli altri simboli caballistici et theologici fondati fatti gid circa tre libri.
le livre, ou plutot les cinq livres des Je n’ai point voulu vous saluer sans vous offrir quelque présent, qui sera il y plusieurs mois déjà, de vous les Symbolice Quaestiones, dans lesquels vous avez votre part. J'avais décidé, vous, mais cette intention n’a pu se concrétiser du présenter, pour m'acquitter partiellement de ma dette envers
d'autrui [...7. Ce recueil sera le prélude fait de la négligence du messager : veuillez donc me pardonner la faute Écritures, dont presque trois livres ont des autres symboles cabbalistiques et théologiques fondés sur les Saintes déjà été réalisés.
où elle laisse entendre que la suite La brève paraphrase d’A. Rotondé nous semble inexacte dans la mesure à venir, alors que ce chiffre désigne prévue pour les Symbolicæ Quaestiones se composerait de trois livres visiblement d’en ajouter d’autres. Or, il seulement le nombre de livres déjà rédigés par Bocchi, qui prévoyait
livres de « symboles cabbalistiques ». E. See n'existe aucune trace, manuscrite ou imprimées, de ces trois le règne de Paul IV, particulièrement hostile à Watson (Achille Bocchi, p. 39) suggère qu'ils ont été détruits sous
ion n’est pas tout à fait satifaisante, la littérature cabbalistique, et hébraïque plus généralement. Cette explicat très nettement chrétienne, sans doute dans la mesure où Bocchi lui-même suggère qu'il s’agit d’une Cabbale
dans la lignée néo-platonicienne d’un Pic de la Mirandole™".
0 in Cambridge Libraries, Cambridge, 1967, t.I, p. B2114; 318 H, M. Adams, Catalogue of Books Printe d on the Continent of Europe, 1501-160 and Graphic Arts, Catalogue of Books and Manuscripts, Part IL : Italian 16th R. Mortimer (éd.), Harvard College Library, Department of Printing 106, n° 76-77. Century Books, vol. 1, Cambridge (Mass.), 1974, Ρ- 104,
‘1? Voir A. Sorbelli, ,«« Carlo Sigoni società ti : gonio e la societa tipografica bolognese », La a Bibliofili ini « La stamperiai p.95-105 et P. Bellettini, Bibliofilia, 23, 1921-1922, 8 Pog}
camerale di Bologna », ibid, esis
Lo
70
p.49 (Appendice 2). 319 Voir le texte latin dans I. Bianchi, La politica delle imagini, 320 À, Rotondd, « Bocchi, Achille », p. 69.
Symb. 64 et la bibliographie. 21 Sur Bocchi et la culture cabbalistique, voir notre analyse du
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi
(1555) - tome 1 Introduction
Nous pensons cependant avoir trouvé une trace de ces « symboles cabbalistiques » dans le manuscrit des
Praelectiones in libros de Legibus de 1556*”. En effet, commentant le début du De Legibus de Cicéron, à propos du mot corona, voici quels sont les termes de Bocchi : Coronae uero appellatione quid intelligatur symbolice apud Hebreos, audite symbolum caballisticum CCXCV cuius Aphorismus hoc Tetrasticho clauditur : Lex, rex, sacerdos sunt coronae principum Sed legis est maior duabus caeteris. Regem haec, sacerdotem bonum et nomen facit
emblémes bocchiens dans son Delle Imprese Trattato (Naples, 1592), accusant l’auteur de vouloir se faire un nom en s'écartant du style commun et en présentant des « simolacri c’hanno spetie di sogni >. Nous avons
effectivement repéré des traces de certains emblèmes chez Capaccio®”. E. See Watson suit la récupération du motif de l'Hermathéna, depuis le recueil mythologique de Cartari jusqu'à Francis Tolson, en passant par le fondateur de l'Accademia dei Gelati, Melchiore Zoppio, Jan van Gorp (Goropius Becanus), Federico Zuccari ou Girolamo Ruscelli®*. Nous avons pu constater à quel point le recueil bocchien est avidemment parcouru par
Antonio Ricciardi Brixiani, qui l’utilise beaucoup dans ses Commentaria symbolica (Venise, 1591). Au siècle suivant, le père Claude-François Menestrier, précise E. See Watson, évoque régulièrement des emblèmes
Opes id omneis principum omnium anteit,
Hoc sumptum est ex Rabbi Schimeone de quo symbolum extat in haec uerba : Dixit Olympiacas Schimeon treis esse coronas
bocchiens et place leur auteur à la troisième place après Alciat et Schoonhovius.
Corona legis inclytae, coronaque
Pour les recueils d’emblémes, E. See Watson note l'influence importante de Bocchi sur Johannes Sambucus,
Dia sacerdotis, tum magni tertia regis.
largement
Corona uero nominis boni omnibus Praestat longo aliis interuallo una corona™,
confirmée
par l'étude d’A. Visser”,
et pointe, au vu du remploi
Denys
tenus par Rabbi Simeon Bar Yochaï (11° s. apr. J.-C.)>4, dans le traité Avot de l’ordre Nezigin du Talmud*>. Mais il est intéressant de remarquer qu’avant de proposer ces deux citations, Bocchi fait référence précisément à un symbolum cabbalisticum, inspiré, certes, de Bar Yochaï (hoc sumptum est ex Rabbi Schimeon), mais qui pourrait bien être une adaptation de son cru sous la forme d’un Symbolum. Rien ne dit que ces symboles étaient illustrés, et il pourrait s'agir d’un recueil d’aphorismes. Il est donc difficile de les assimiler à des emblèmes. Toutefois, en l'absence de documentation supplémentaire, il est impossible de se prononcer définitivement sur I’ existence d’un tel recueil. e. La postérité
E. See Watson** propose d’intéressantes pistes pour suivre la postérité des emblèmes bocchiens, mais il s'agirait là d’une enquête à part entière, qui dépasse le cadre de ce travail. E. See Watson rappelle que Bocchi est cité Pour son enseignement universitaire sur Homère et Pline par John Caius (De libris proprius liber, Londres, 1570), et par son collègue plus jeune Sebastiano Regoli dans son commentaire In primum Aeneidos Virgilii librum, publié à Bologne en 1563. La chercheuse américaine constate que Bocchi est évoqué avec respect par 1575), par Girolamo Ruscelli dans ses
322
“ La dédicace à Tomaso Contubero, gouverneur de la République en 1557-58, ainsi que l’index alphabétique, qui ouvrent l'ouvrage, portent
la date de 1557, qui est la date d’une réécriture postérieure. Le texte, lui, porte bien la date de 1556, car c'est à cette date qu'il a été prononcé en public. Voir nos remarques et l'édition d'un large extrait du recueil dans notre analyse du Symb. 61 sur Protée. ‘ Praelectiones in libros de Legibus M.T. Ciceronis habitae Bononiae in Academia Bocchiana (1556), Bologne, Bibliothèque Universitaire, Cod. Lat. 304, pXV:
« Pour savoir ce que les Hébreux entendent symboliquement par le nom de “couronne”, écoutez le Symbolum cabbalistique 295, dont la morale se conclut sur ce tétrastique : “La loi, le roi et le prêtre sont les couronnes des princes, mais la couronne de la loi est plus grande que
les deux autres. C'est elle qui établit le roi, le prêtre et la bonne réputation, ce qui surpasse toutes les richesses
de tous les princes.” Ceci est emprunté à Rabbi Siméon, que le Symbolum évoque en ces termes : “Siméon a dit qu'il existe trois couronnes de victoire : la couronne de la célèbre Loi, la couronne divine du Prêtre et enfin la couronne du Roi Puissant. Toutefois, la couronne de la bonne réputation est la seule Couronne qui surpasse de loin toutes les autres”. » Ce passage est annoncé dans le sommaire donné par le manuscrit lui-même sous deux rubriques, Coronae appellatione quid intelligitur apud Hebraeos Caballistas (p. 6) et Symbolum Cabalisticum (p.17). ™ Rabbi Siméon Bar Yochaï passe précisément ἃ la Renaissanc e pour étre l’auteur du traité majeur de la mystique juive, le Zohar, qui consacre une partie importante de ses chapitres ἃ décrire le processus d’émanation de l'En-Sof, divinité suprême, en dix Sephirot ou noms ou pouvoirs divins. Voir notre étude du Symb. 64.
Lebey
Schoonhovius,
de
Batilly,
Georgette
de
Montenay),
Hadrianus Junius), en Allemagne
aux
Pays-Bas
(Lorentius
1574 par Denys Calvaert, peintre d’origine flammande et élève de Prospero Fontana**. Pierre Martin nous
signale que
Juan
de Solérzano Pereira, dans ses Emblemata centum regio politica, parus 4 Madrid en 1653, fait de
nombreuses références à Bocchi**!. D'un point de vue plus strictement littéraire, nous avons pu confirmer la présence du Symb. 130 dans l’Épitre 1, 11 de Michel de l’Hospital**°, et celle du Symb. 88 sur le « De Philomela » de Petrus Lotichius Secundus a été démontrée par Dorothée Elm**’. Les emblémes bocchiens ont influencé le personnage de Protée dans la Faerie Queen d’Edmund Spenser, Eros et Antéros dans les Sonnets de Shakespeare et la Pandorens Wiederkunft de Goethe*™. Outre sa postérité auprés des artistes 4 Bologne notée par A. Lugli 335, E. See Watson insiste sur l’influence du recueil en Italie, par exemple sur Caravage et sa première version du Saint Matthieu et l'Ange**® ou à Bomarzo, dans les jardins dessinés par Jacopo Barozzi da Vignola pour Pier Francesco Orsini**’, ou encore en Angleterre,
avec un projet de décor de John Caius pour un College a Cambridge. Au terme de ce récapitulatif biographique et de la présentation des manuscrits et des éditions, il convient de se pencher à présent sur cet objet étrange et composite qu’ est le symbolum bocchien. 327 Voir notre étude des Symb. 111 ; 114 ; 116; 142. 8 E, See Watson, Achille Bocchi, Ρ. 75-76. ‘ Voir A. S. Q. Visser, Joannes Sambucus and the Learned Image : the Use of the Emblem in Late-Renaissance Humanism, Leyde, 2005. ‘0 M. Faietti, « Denys Calvaert e le Symbolicae Quaestiones di Achille Bocchi » in M. G. Bernardini, S. Danesi Squarzina, C. Strinati (dir.), Studi di Storia dell’ Arte in onore di Denis Mahon, Milan, 2000, p. 19-80. ' *! Pierre Martin a eu la gentillesse de nous communiquer ses repérages : Symb. 4 de Bocchi (= E11, p.93 de Solérzana); Symb. 7 (E77, p.640) ; Symb. 8 (E4, p. 26) ; Symb. 9 (E44, p. 339) ; Symb. 16 (E78, p. 655) ; Symb. 18 (E64, p. 532) ; Symb. 21 (E24, p. 173) ; Symb. 23 (Es, P- 138) ; Symb. 52 (E93, p. 813) ; Symb. 67 (E79, p. 664) ; Symb. 94 (E27, p. 206) ; Symb. 127 (E7, p. 59); Symb. 136 (E43, p. 330) ; Symb. 140 (E1, Ρ. 5).
# Voir notre analyse du Symb. 130. as BS ee ‘3 D. Elm, « De Philomela. Zum Selbstverstandnis des Dichters » in U. Auhagen, E. Schafer, Lotichius und die rômische Elegie, Tübingen, 2001, Ρ. 201-224. Pour le texte et la traduction du poème de Lotichius, voir notre analyse du Symb. 88. Voir aussi B. Coppel, « Philomela in Bologna und Wittenberg. Die Nachtigall als Topos, Epigrammstoff und Vogelmaske in der propagandistischen Reformations-Dichtung », in R. J. Schoeck
(dir.) ACNLB,
Proceedings
of the Fourth
International Congress of Neo-Latin
Studies, Bologna
judaisme, Paris, 1996, Ρ. 559, S. v. Keter.
35 Voir supra. 86 Voir I. Lavin, « Divine Inspiration in Caravaggio’s Two St. Matthews », Art Bulletin, 56 1, 1974, p. 58-81.
72
Florentius
Georg Rem), en Angleterre (Geoffrey Whitney, Francis Thynne, Francis Tolson). M. Faietti a également montré la reprise directe de gravures emblématiques de Bocchi sous la forme de dessins réalisés entre 1568 et
*S Avot, 4, 17 : « Il existe trois couronnes
: la couronne de la Torah, la couronne sacerdot ale et la couronne royale ; néanmoins, la couronne d’une bonne réputation les Surpasse toutes. » La traduction fr. ançaise est empruntée à G. Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédiqu e du
Haectanus,
(Joachim Camerarius, Nicolas Reusner, Peter Isselburg et
Bologne, 1985, Pp. 420-429.
% Achille Bocchi, p- 70-77.
de motifs plus rares, une
connaissance de ses emblèmes en Espagne (Juan de Horozco y Covarrubias), en France (Jean-Jacques Boissard,
Bocchi fait référence à trois couronnes (Kèter) et la deuxième citation est une traduction latine des propos
Giovanni Andrea Palazzi dans ses Discorsi... sopra l’Imprese (Bologne,
Imprese illustri (Venise, 1566, « Degli Emblemi », Ρ- 17), aux côtés d’Alciat et de Coustau, mais elle constate
que, tout en lui empruntant régulièrement des devises, Giulio Cesare Capaccio est assez critique avec les
“EB. See Watson, Achille Bocchi, p. 74-75, et la bibliographie p. 214 n. 207.
*37 Voir notre analyse du Symb. 146.
29 August
to 1 September
1979,
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi ( 1555) —tome 1
Introduction
comme
CHAPITRE II. LE SYMBOLVM OU L’AMBITION D'UN GENRE TOTALISANT
gravure. Il y a la, bien entendu, une forme de continuité d'inspiration qui subsume les disparités et la
Steyner en 1531 (édition princeps) et à Venise chez Alde en 1546 pour sa deuxiéme partie (édition princeps), ila déja une longue histoire derriére lui, en 1555, entre rééditions, traductions, publications en un seul recueil, com-
mentaires et imitations%, Si Alciat et ses emblémes sont explicitement cités dans le Symbolum symbolorum
(v.38) et que divers Symbola bocchiens lui rendent hommage directement (le Symb. 41 lui est adressé et le
Symb. 82 renvoie ἃ son blason et a une de ses devises) ou indirectement par l'emploi de thématiques identiques (voir par exemple le Symb. sur le combat d’Eros et d’Antéros ; les Symb. 78 et 70 sur Ganymede ; le Symb. 61 sur Protée ; le Symb. 137 sur la Chimére), il n’en demeure pas moins nécessaire de s'interroger sur ce qu'est l'emblème bocchien, ne serait-ce que parce qu'il se présente sous le titre générique, non d’emblema, mais de symbolum, lui aussi un terme grec — notons en passant que Bocchi n'utilise jamais le terme emblemata pour dési-
gner ses symbola. De plus, si l’on peut identifier, comme chez Alciat, trois parties essentielles dans chaque unité, le texte poétique, la gravure et le « titre » — qu’il soit titulus ou motto®” —, ce noyau se voit souvent amplifié chez Bocchi par la multiplication de l'élément «titre » et l’adjonction de dédicaces et indications d'auteurs (à l'instar de quelques pièces liminaires, certains poèmes ne sont en effet pas de Bocchi). Ces composantes se répartissent à la fois au-dessus de l’image et au-dessus du texte, et modifient considérablement l'équilibre fonctionnel de l’unité emblématique. Comment ont donc été choisis et agencés les différents constituants d’un symbolum ? Comment les associer ? Comment le sens circule-t-il entre eux, en particulier entre l’image et le texte dont on voit régulièrement qu’ils ne se recoupent pas du tout, ou seulement partiellement ? Il nous faudra par ailleurs déterminer avec précision l'extension du champ d'influence d’Alciat sur le recueil bocchien. Les deux recueils partagent de manière évidente des thématiques communes qui manifestent un goût, ou plutôt une passion pour l'Antiquité gréco-latine. En revanche, la place de la forme épigrammatique (omniprésente chez Alciat, beaucoup plus floue et hybridée chez Bocchi), l'attention portée à la diversité métrique (essentiellement le distique élégiaque chez Alciat face à une multiplicité de mètres chez Bocchi), la nature des motifs symboliques abordés ou encore le degré d'intervention de chacun des auteurs dans la composition des gravures, invitent à nuancer le rôle alciatique dans la genèse des emblèmes bocchiens. Dès l’abord, la description anatomique et fonctionnelle de l’emblema triplex proposée par la critique moderne, avec son imago, son inscriptio et sa subscriptio semble, plus que jamais dans le cas des Symbolicae Quaestiones, dépassée voire inopérante. Il est remarquable de voir que les essais contemporains de théorie emblématique laissent généralement de côté notre recueil, dont la complexité mouvante paraît difficile à cerner dans des tentatives de formalisation. compliquer
le panorama,
et comme
nous
l'avons
rappelé plus haut, la consultation
du manuscrit
Sloane 3158 de la British Library, véritable dossier « génétique », montre la survenue, au dernier moment,
οὐ sont venus confluer et s'agrégef des matériaux épars, étrangers initialement à
l'ensemble, mais qui s'y sont raccordés au prix d’altérations significatives, par exemple l’adjonction d’une
Il ne fait pas de doute que les cent cinquante et un poémes latins illustrés du recueil bocchien constituent des « emblémes », par référence à l'ouvrage fondateur d’André Alciat, l’Emblematum liber : paru à Augsbourg chez
Pour
une vaste matrice
de
permutations de titres entre textes et images, de changements de dédicaces, de déplacements d’emblémes ou de séries d’emblèmes : loin d’être codifié de manière rigide, le schéma général manifeste au contraire, dès sa
genèse, une remarquable souplesse. De même, l'observation des manuscrits contenant les états successifs des poèmes de jeunesse et la lecture des lettres autographes font apparaître le recueil emblématique bocchien
discontinuité biographique. Que les Quaestiones symbolicae aient accompagné la vie de leur auteur n’a pas été
sans incidence sur leur forme et sur leur contenu, et explique la très grande diversité, perceptible dès le premier coup d'œil: mètres différents, longueur variée, thématiques multiples intégrant des champs nombreux du savoir, dédicataires uniques ou récurrents. Entre les pièces amoureuses du premier livre et les longues odes du cinquième livre, paraphrasant les Tusculanes ou la correspondance de Cicéron à travers des formes métriques
horatiennes pour réfléchir à des questions aussi diverses que l’immortalité de l’âme, la crainte de la mort, la
prééminence de la vertu ou la gestion de l’otium, on constate une forme d’intériorisation et de spiritualisation du propos. Il nous faudra donc distinguer les fils thématiques, génériques ou esthétiques qui permettent de s'orienter dans cet ensemble d'apparence composite et de saisir les tendances de sa lente évolution.
Au seuil de cette étude sur la poétique de l'emblème, nous voudrions insister sur un point méthodologique. En effet, qui parcourt la bibliographie bocchienne et la production critique sur l'emblème bocchien en général** sera sans doute surpris de constater à quel point l'intérêt porté aux pièces poétiques latines du recueil des Symbolicae Quaestiones est fort mince, et combien sont rares les tentatives d’articuler ensemble et dans toute
leur complexité les différents éléments du symbolum bocchien (motti/tituli, dédicace, gravure et poème). L'image et ses sources focalisent généralement toute l'attention, au détriment complet du texte, qui sert souvent d’alibi ou de réservoir de preuves partielles pour défendre une interprétation arbitraire de la gravure*’. Or, comme nous l’avons montré en première partie de cette étude, Bocchi entame sa carrière littéraire comme poète de cour, en montrant sa dette envers de multiples courants poétiques, qu'il s'agisse de l'Anthologie de Planude, des épigrammes amoureuses et pétrarquisantes de Marulle, des tombeaux de Pontano ou des Lusus de Navagero, et de bien d’autres encore. L'intérêt manifeste porté à la composition métrique et stylistique des pièces poétiques, la présence massive de sources littéraires antiques et l'attention consacrée au travail d'imitation et de réécriture montrent assez que le texte emblématique et la mise en forme poétique des hypotextes sont des préoccupations majeures de l’emblématiste, comme ils l'avaient été pour Alciat. Non, les
poèmes ne sont pas une sorte d’appendice plaisant qui serait destiné à agrémenter une galerie de gravures. Citoyen de Bologne, élève de Giovanni Battista Pio et, à travers lui, d’Urceo Codro et de Philippe Béroalde l’Ancien, lecteur au Studio de Bologne, fondateur d’une académie qui rassemble autour de lui un cénacle d’humanistes érudits, d’artistes connus et de hauts dignitaires ecclésiastiques, Bocchi nourrit des ambitions sociales et intellectuelles certaines et, à travers l'héritage légué par ses maîtres, témoigne d’une fascination pour la culture allégorique antique sous toutes ses formes, en particulier gréco-latine, qu’il mêle discrètement à la tradition hébraïque**? : or c’est à la poésie, de préférence à toute autre forme de la prose, qu'il confie la tâche de traduire
et de
transmettre
ces influences
mélées.
Même
si, dans
certains
cas, l’image
a été à l’origine
de
l'emblème et a donc précédé la rédaction du texte poétique”, ce n’est pas le modèle qui préside à la conception de la plupart des symbola. En revanche, c'est manifestement le texte poétique qui dispense les indices les plus sûrs pour l’exégése générale de chaque pièce et qui fixe les limites de l'interprétation, plus ambigués à poser lorsqu'il s’agit de figures plastiques, polysémiques par définition. Il convient donc de (re)donner au poème toute la place qu’il mérite dans le dispositif emblématique et, pour des raisons méthodologiques, nous adopterons régulièrement le principe de l’anabase décrit par Claudie Balavoine™. Voir notre bibliographie générale sur Bocchi. ‘1 Pour un cas exemplaire, voir l'étude de la bibliographie que nous présentons dans notre analyse du Symb. 64.
%3 Voir la récapitulation et la bibliographie dans A. Rolet et S. Rolet (dir.) : André Alciat (1492-1550), un humaniste au confluent des savoirs dans l'Europe de la Renaissance, Turnhout, 2013, « André Alciat, quelques repères bio-bibliographiques », p. 33-49. |
#? Le motto, par référence à la devise, est constitué par un énoncé général, de nature sentencieuse, souvent emprunté au poème. Le titulus énonce le thème ou le motif général de l’image ou du texte: par exemple PROTEVS pour le Symb. 61 ; CONTENTIO LVSCINAE OB VICTORIAM pour le Symb. 88 ou PAN VICTVS A CVPIDINE IN LVCTA CADIT pour le Symb. 75. Pour simplifier les choses, nous avons adopté le terme générique de titulus pour désigner tout type d’énoncé différent de la dédicace ou de l'indication du nom d’auteur qui surmonte le texte ou la gravure. Voir nos explications infra, dans la partie Vt poesis pictura.
74
® Voir par exemple le Symb. 11 dont les manuscrits nous apprennent qu'il s'agit en fait d’une traduction d'une pièce d'un poète hébraïque inconnu. Nous montrons dans nos analyses de ce texte que l'inspiration est celle de la Sagesse de Salomon.
* Voir les exemples particulièrement frappants que constituent les Symbola 64 et 102, et nos analyses, qui tiennent compte de la genése grace ἃ la correspondance autographe de Bocchi.
J. Chupeau et F. Weil (dir.), “4 C. Balavoine, « La mise en mot dans la Délie de Scève : plaidoyer pour une anabase », dans P. Aquilon, de L'Intelligence du passé : les faits, l'écriture et le sens. Mélanges offerts à Jean Lafond par ses amis, Tours, 1988, p. 73-85. Voir la mise au point
P. Martin, « “ Escrire ”, “ descrire ”: la question des “emblemes” dans Delie de Scève, ou de l’importance des liminaires », Fabula/Les
75
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
Mais la transformation d’un poème en symbolum, accompagné d’une figure gravée et d’un appareil varié de
titres et de dédicaces, modifie indubitablement le statut méme de la pratique poétique, de sa finalité, de ses enjeux. Que devient par exemple l'énoncé poétique si sa capacité imitative, liée à la faculté d’enargeia d’un langage par essence rythmé et métaphorique, entre en compétition avec les pouvoirs immédiats de l’image plastique ? Et, en retour, les virtualités de l’image ne s’apauvrissent-elles pas si le texte auquel elle est attachée vient en dicter abruptement les frontières herméneutiques et le cadre interprétatif ? Comment déterminer sans erreur les règles d’une lecture combinée et pacifiée du poème et de l’image, et ouvrir la possibilité d’une relation dialectique qui dépasse la somme des constituants tout en respectant la spécificité de chacun ? Afin de tenter de répondre à toutes ces interrogations, nous débuterons notre enquête par l'examen des indices les plus évidents. Le titre du recueil, mais aussi ceux des pièces programmatiques que constituent les Symbola 1 à 3, éclairent le lecteur sur le curieux objet qu'il a sous les yeux.
Le Symbolum symbolorum, emblème des emblèmes, rédigé en dimètres iambiques, un rythme bref et dynamique, propice à la mémorisation, mime la nature même de l’objet qu’il entend présenter“. Il n’est pas Τ᾿ « hyper-symbole » ou le « symbole des symboles » qui éclipserait les autres par sa nature exceptionnelle. Le titre dit ce que fait le texte : collecter ensemble et en un même endroit (sym-bolon) les différentes acceptions du mot symbolon, qui ont été tirées d’un article de dictionnaire : l’entrée « symbolè, symbolon > des Commentaires
de la langue grecque de Guillaume Budé de 1529,
pythagoriciens de Béroalde l'Ancien de la matière surprend et montre comme le signe d’annoblissement énumératif adopte même parfois,
et à que des très
complétée par quelques références aux Symboles
l'édition commentée de Plaute par Giovanni Battista Pio. La sécheresse le travail d’assimilation poétique ne rechigne devant rien et constitue disciplines qui lui sont au départ totalement hétérogènes. Le propos résolument, un caractère philologique, par exemple dans la subtile
distinction entre origo/nota et originatio (étymon et étymologie), autour d’Aristote, Cicéron et Quintilien, aux
|. La toute-puissance du symbole : matière et forme
v.8 et v.28-30,
Le titre complet donné par Bocchi à son recueil, Achillis Bocchi Bononiensis symbolicarum quaestionum de uniuerso genere quas serio ludebat libri quinque, met en évidence plusieurs éléments: 1) Bocchi choisit la technique très précise de la quaestio, aux racines antiques et scholastiques, qui s'attache à poser puis à résoudre un problème particulier ; 2) il recourt à un adjectif épithète symbolicarum, particulièrement ambigu, puisqu'il spécifie à la fois le domaine d’application des quaestiones (le domaine des symboles ou du symbolique), une méthode interprétative pour éclairer ce domaine (la lecture symbolique ou allégorique), et un genre pour
héberger cette pratique (l’ensemble constitué par l'emblème est appelé symbolum) ; 3) il refuse de caractériser
plus avant le domaine des symboles, qui seront donc de uniuerso genere. À l’orée du recueil, il s’agit sans doute moins d'exprimer une volonté totalisatrice, encyclopédique ou « panépistémologique > d’embrasser tous les champs possibles du savoir, que de signaler la grande liberté qui présidera au choix des sujets et de faire part de la résolution de se laisser guider par l’insbiration du moment et des circonstances, bref, de donner l'illusion d’une forme d'improvisation, caractéristique de la silve, comme nous le verrons"
1. Du signe au genre : le symbole ou les enjeux de la polysémie dans le Symbolum symbolorum
345
; 4) enfin, l'expression serio
ludebat est à la fois connotative, en renvoyant à un ton ou un style (le spoudaiogeloion), que nous tenterons de
définir un peu plus tard, mais aussi dénotative, en se rattachant ouvertement à une tradition plurigénérique
antique, qui va de l’épigramme à la satire, en passant par la comédie, l’invective ou la fable, et revendique deux des trois fonctions essentielles assignées à la rhétorique et à la poésie : plaire et instruire ; 5) enfin, la division du recueil en livres invite le lecteur à chercher, derrière la uarietas, la discontinuité et le hasard apparent, les
principes d’une organisation et les signes d’un ordre discret, dont le parcours même du texte lui donnera les clés sous la forme de figures celées, par exemple architecturales (le temple, le palais) ou mythographiques (Janus, Pan, Hermathéna, etc.).
ou encore
dans la traduction latine de realia (les « lettres de change > ou
« monétaires »
rendues au v. 26 par le terme litteras collybisticas). L'organisation du texte se fonde sur une progression cohérente. Le poème commence par évoquer le symbole comme signe matériel duel, lié à la vie de la cité et qui désigne tout un ensemble de marques de reconnaissance (étendard et mot d'ordre militaire, anneau à cacheter, présage, écot, tessères d’hospitalité, lettres de change,
pièce de monnaie tronquée). Il passe ensuite au sens rhétorique du symbole en évoquant les allégories et les énigmes (v.37): loin de n’étre qu’une personnification d’une idée abstraite, l’allégorie est d’abord, dans l'antiquité, un trope rhétorique ou une figure de pensée qui dit une chose et en sous-entend une autre, c’est-àdire un énoncé à double sens, par exemple l'ironie, l’euphémisme ou l’antiphrase. Un cas particulier d’allégorie, et qui nous intéresse au premier chef, est celui de la métaphore filée ou narrativisée qui fait que « le discours devient tout autre » et qui, si elle force sur l'obscurité, perd son intelligibilité et se transforme en énigme”. La mention v. 37 des symboles pythagoriciens assure la transition avec une autre forme d’allégorie qui n’est plus seulement tropologique, visant au decorum, au dulce, ou à la preuve, mais qui relève de l’hyponoia et de l’allégorie dite «philosophique », dont on distingue deux sortes. Au sens faible, appelé allégorèse, l’allégorie
philosophique traque la pensée (-noia) sous-jacente (hypo-) à la littéralité d’un énoncé, c’est-à-dire recherche
un sens abstrait dissimulé (volontairement ou non) dans des récits poétiques (en particulier Homère), mythologiques, oraculaires ou historiques, et, plus largement dans des représentations plastiques, des objets techniques,
des manifestations
de la nature animale, végétale ou minérale, des gestes, des coutumes
ou des
formules populaires et rituelles. Autant d'éléments qui sont transmis généralement par les récits eux-mêmes, lorsque les objets se sont évanouis ou n’ont pas existé, et dont il s’agit de tirer un enseignement physique, philosophique, moral ou religieux’, des documenta commodissima... / Vitae atque morum («très utiles # Voir nos analyses à cet emblème. #7 Comme
l'avait bien noté déjà Denys L. Drysdall, « Budé on “ symbolé, symbolon ” (Text and Translation) », Emblematica, 8/2, 1994,
Ρ. 340-349.
l’antiphrase, #8 Voir CIC., Or., 94 ; De ory 3, 166 ; QVINT., Inst, 8, 6, 44 et 52. Les autres formes comme l'ironie, l’antonomase, l’euphémisme, fondées sur la pas sont ne autre), une sous-entendre en et chose une (dire l’allégorie de l’espèce à l'Antiquité dans appartiennent qui par métaphore mais sur le sous-entendu. Un autre cas, important pour notre propos, mais sans métaphore, est celui de l’allégorie substitutive,
exemple celle que signale Quintilien (Inst. 8, 6, 46-47) à propos de Virgile, où des personnalités historiques se cachent derrière les figures des
bergers dans les Bucoliques. Wa
colloques : Maurice Scève, Délie, Object de plus haulte vertu, URL : , page consultée le 23 septembre 2014. # Ce qui n’empéche pas Bocchi de proposer lui-même une classification très traditionnelle de ses emblèmes en quatre classes, métaphysique,
physique, morale et philologique. À partir de la traduétion de Barthélémy Aneau (Les Emblemes, Lyon, Macé Bonhomme/Guillaume Rouille,
1549), de très nombreuses éditions d’Alciat proposent elles-aussi des divisions par loci communes (Dii, animalia, arbores, uiri et foeminae celebres,
uirtutes, uitia, matrimonium, etc.).
76
:
ayant tout bibliographie sur l’allégorie est immense. Nous nous contenterons de citer ici les titres essentiels que nous avons cananltés,
; J. Pépin, Mythe et allégorie. Les origines grecques et les contestations judéo-chrétiennes, Paris, 1976 (1958!) ; Id, Dante et la tradition de l'allégorie the and Allegany Metaphor, (dir), Boys-Stones R. G. également Voir 1987. Paris, Dante, à d'Alexandrie Philon Id., La tradition de l'allégorie, de à la Classical Tradition : Ancient Thought and Modern Revisions, Oxford, 2003 ; B. Pérez-Jean, P. Eichel-Lojkine (dir.), L allégorie, de l'Antiquité entreprise l'immense de volet Renaissance, Paris, 2004 ; R. Goulet, G. Dahan (dir.), Allégorie des poètes, allégorie des philosophes, et le premier 4. Ramelli et G. Lucchetta, Allegoria. t.1: « L’età classica », Milan, 2004, complété par I. Ramelli, Allegoristi dell'età classica : aperee frammenti de dissidence ? Milan, 2007 ; B. Machowsky, Thinking Allegory Otherwise, Stanford, Californie, 2010; A. Rolet (dir.), Allégorie et symbole : voies ἃ Rome, Paris, 2010, (De l'Antiquité à la Renaissance), Rennes, 2012. Voir aussiJ. Dross, Voir la philosophie. Les représentations de la philosophie
77
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
instructions, touchant à la vie et aux mœurs » ), dit le texte de l'emblème (v. 41 et 43). Au sens fort, l’allégorie
« philosophique » consiste à produire un énoncé à double sens où les formulations imagées et les descriptions d'œuvres d’art, réelles ou inventées, renvoient à des concepts, et sont produites dans le but d’être interprétées. On voit bien qu’entre allégorie rhétorique et allégorie philosophique, entre allégorie philosophique au sens fort et allégorie philosophique au sens faible, la frontière est parfois ténue. Les fameux « symboles pythagoriciens », ou akousmata, ces énoncés au sens littéral cocasse, censés délivrer aux « acousmatiques » la pensée secréte du
maitre*, se trouvent précisément à la frontière entre allégorie rhétorique et allégorie philosophique au sens fort : métaphores confinant à l'énigme, ils ont été volontairement formulés pour transmettre en même temps des hyponoiai à déchiffrer. Leur obscurité est comme un appel à la floraison de textes exégétiques. Erasme en fera ses délices et le modèle insurpassable de la culture de l’adage. Enfin, le poème emblématique se termine sur des évocations plus $pirituelles et religieuses, mais toujours à la frontière entre allégorie rhétorique et hyponoia, avec la mention du symbole comme hiéroglyphe (le mot n’est cependant jamais prononcé" mais l'exemple est clair : il s’agit du pavot, symbole de l’année fertile, v. 34), et comme synthéma. Tandis que le hiéroglyphe, d’après ce qu’en conçoivent les néo-platoniciens, donnerait la vision ou l'intuition fulgurante d’un concept divin*®?, le synthèma constitue une formule rituelle dans le cadre des pratiques théurgiques du néo-platonisme ou désigne les figures dissemblables de Denys |’Aréopagite**’. Il est censé mettre l’âme en contact avec les réalités divines contemplées avant l'entrée dans le corps. Il recouvre l’acception donnée par E. H. Gombrich aux icones symbolicae, d’après un terme de Giarda : ces images sensibles (en particulier mythologiques) proposées par l’art ne sont plus conventionnelles ni arbitraires. Elles sont en réalité analogiques (au sens néo-platonicien), c'est-à-dire reliées par une continuité ontologique à un paradigme idéal, qui induit une sorte de nécessité plastique transférant dans la matière et offrant au regard la puissance noétique du concept ou les pouvoirs attachées à une divinité*** : la Vénus-matière et la Nothè Dianoia du Symb. 28 en offrent un exemple parfait, ou le Dieu-démiurge à la canule au Symb. 140, qui crée et anime continiment le monde et l'âme et garantit leur perfection, ou encore la lucerna pensilis du Symb. 132 qui donne à voir le portrait de l'âme divinisée devenue ame du monde d'Alexandre Farnèse. L'image du voile évoquée à la fin du Symbolum symbolorum (inuolucra, v. 52),
qui préserve le sacré du profane (Ne sacra polluant mali/ Et sancta quique perditi, v. 55-56), n'est qu'une
en particulier p. 49-61, consacrées à l’allégorie philosophique et a l’allégorie rhétorique (voir infra pour cette distinction). Pour l’allégorie plastique dans l’Antiquité, voir G. Sauron, La peinture allégorique à Pompéi : le regard de Cicéron, Paris, 2007 et Les Décors privés des Romains, Paris, 2009; à l'époque moderne, voir C. Nativel (dir.), Le noyau et l'écorce: les arts de l'allégorie: XV-XVirs., Paris-Rome, 2009 et C. Imbert/Ph. Maupeu (dir.), Le paysage allégorique : entre image mentale et paysage transfiguré, Rennes, 2011. On signalera, pour le Moyen Age, F. Pommel, Les woies de l'au-delà et l'essor de l’allégorie au Moyen Age, Paris, 2001 ; A. Strubel, « Grant senefiance a ». Allégorie et littérature au Moyen Age, Paris, 2002 ; S. Conklin Akbari, Seeing through the Veil. Optical Theory and Medieval Allegory, Toronto/Buffalo/Londres, 2004 ; J. Bartzell, Speculative Grammar and Stoic Language Theory in Medieval Allegorical Narrative, New-York/Londres, 2009 ; C. Heck (dir.), L'allégorie dans l'art du Moyen Âge. Formes et fonctions. Héritages, créations, mutations, Turnhout, 2011.
# Sur l’origine de ces symboles, voir P. J. Struck, Birth of Symbol. Ancient Readers and the Limit of Their Texts, Princeton/Oxford, 2004, p. 100-
101, qui pense que le symbole est au départ un code de reconnaissance, un mot d'ordre qui permet aux membres de la secte d’être reconnus par leurs pairs et d'accéder aux enseignements du maître, comme dans le langage des oracles delphiques (cf. PLVT., frg. 202).
#1 Le hiéroglyphe est désigné par le mot sacris litteris dans le Symb. 147. # Sur ce sens que Marsile Ficin emprunte à Plotin et à Jamblique,
voir l'étude
toujours
indispensable
de
K Giehlow,
« Die
Hieroglyphenkunde des Humanismus in der Allegorie der Renaissance », Jahrbuch des Kunsthistorischen Sammlungen des allerhéchsten Kaiserhauses, Band XXXII, Heft 1, Vienne et Leipzig, 1915, p.1-232. L’ouvrage existe en traduction italienne (sans les annexes) : Hieroglyphica, la conoscenza umanistica dei geroglifici nell’allegoria del Rinascimento : una ipotesi, éd. M. Ghelardi, S. Müller, Turin, 2004. Voir également
L. Volkmann, Bilderschriften der Renaissance. Hieroglyphic und Emblematik in ihren Beziehungen und Fortwirkungen, Nieuwkoop, 1969 (Leipzig, 1923'); E.Iversen, The Myth of Egypt and its Hieroglyphs in European Tradition, Copenhague, 1961; Ch. Dempsey, « Renaissance Hieroglyphic Studies : An Overview », in J. Whitman (éd.), Interpretation and Allegory, Antiquity to Moderne Period, Leyde/Boston, 2000, p- 366-378 ; B. Curran, The Egyptian Renaissance. The Afterlife of Ancient Egypt in Early Modern Italy, Chicago, 2007. Sur la différence radicale qui séparait théorie et pratique du hiéroglyphe ἃ la Renaissance, en particulier chez Colonna, voir C. Balavoine, « Le modèle hiéroglyphique », dans C. Balavoine,J. Lafond, P. Laurens (dir.), Le Modèle à la Renaissance, Paris, 1986, p. 200-226 ; Ead., « De la perversion du signe égyptien
dans le langage iconique de la Renaissance » dans C. Grell (dir.), L'Égypte imaginaire de la Renaissance ἃ Champollion, Paris, 2001, p. 27-49. +53 Voir nos notes à cet emblème pour les références antiques et la bibliographie.
+ E. H. Gombrich, « Icones symbolicae. L'image visuelle dans la pensée platonicienne » dans D. Arasse, G. Brunel (dir.), Symboles de la
Renaissance, Paris, 1876, p. 17-29. Voir aussi Id., Symbolic Images. Studies in the Art of Renaissance, Londres, 1972, p. 123-180.
78
Eee
variation sur une infinité de doublets topiques concevant le langage allégorique comme une cérémonie à
mystères réservée aux initiés et d'où seraient bannis les néophytes”. Ce bref parcours proposé par le Symbolum
d'ouverture, où l’on reconnaît effectivement les grands domaines sémantiques que couvre le symbole’, n'épuise cependant pas les sujets abordés dans le livre emblématique et les silences sont en eux-mêmes
éloquents. Rien sur les objets composites des domaines para-emblématiques, comme les blasons, rien non plus
sur les devises ni les médailles, où se mêlent mots et figures, et qui abondent cependant dans le recueil ; rien enfin sur l’acception du symbole comme interprétation des mythes chez les Stoïciens*” (c’est-à-dire l’allégorèse), ou exégèse du texte homérique chez les philosophes néoplatoniciens ou néopythagoriciens*® : or la gravure du Symb. 129 par exemple représente le don du môly à Ulysse, épisode homérique très prisé des
allégoristes**’. Mais il serait vain de chercher dans l’égrenage des entrées d’un lexique, rendu fluide sous la lime poétique, un préambule programmatique organisant intégralement la matière de l’ouvrage. Bien sûr, on trouvera dans le recueil des symboles pythagoriciens (par exemple la recommandation de ne pas s’asseoir sur la
chénice dans Symb. 26 ou l'obligation de s’asseoir avant d’adorer les dieux dans le Symb. 76), des insignes militaires (les étendards romains à l’aigle dans le Symb. 29), des monnaies antiques (voir par exemple les Symb. 9 et 104 pour les gravures, et 83 pour le texte et la gravure) et des hiéroglyphes, mais il s’agit de ceux d’Horapollon (par exemple les lions flanquant le trône d’Apollon au Symb. 135, ou de Colonna, dans le Symbolum symbolorum et au Symb. 147), et non les figures monumentales inscrites sur les temples égyptiens. Mais l’essentiel du propos n’est pas là : par ses manques et ses silences mêmes, le poème veut créer à la fois l'impression de la discontinuité, de l’hétéroclicité, mais aussi de la prolifération, puisque la stratégie de l’article de dictionnaire est à la fois la fermeture, mais aussi la possibilité infinie de l’adjonétion. Le symbole apparaît alors comme une pratique, une méthode générale, celle du langage allégorique qui crée ou interpréte tout ce qui passe a sa portée, en investissant tous les champs du savoir. Le sens de la formule de uniuerso genere dans le titre du recueil emblématique se clarifie alors quelque peu. Le symbole est en effet universel, car il peut s'emparer de tous les domaines de la réalité : il investit a la fois le langage, le champ de la nature et celui de l’art (au sens technique). Curieux à la fois des res et des uerba, il relève autant de la rhétorique et de l’histoire que de la philosophie, de l’art que du prodige, de la science que du religieux, de l'imagination que du sensible. Le poète
voit des signes autour de lui et les décrit ; il les invente aussi, si besoin est, en les conformant à ses intentions. Il
les interprète explicitement ou en les livres tels quels à l’exégèse d’autrui, invitant le lecteur à un jeu qui stimule
son esprit ou l’embarrasse par sa complexité. L’emblématiste, comme le sculpteur de Gauricus, devra donc être
« cataleptique » et connaître, autant que possible, toutes les formes prises par le symbole et tous les textes qui
les exposent*®.
Un bref coup d’ceil aux textes des Symbola du recueil permet de vérifier l’intrication étroite entre ces différentes pratiques du langage allégorique, et la conscience qu'a l'emblématiste d’en livrer un bouquet bigarré. Nous en 355 Voir notre note aux v. 31-32 dans notre analyse de l'emblème.
356 Pour le symbole, l'étude de référence concernant le monde grec reste W. Miri, ΣΎΜΒΟΛΟΝ. Wort- und Sachgeschichtliche Studien, « Beilige zum Jahresbericht über das Städtische Gymnasium in Bern», 1931, p.1-46, que l'on complètera avec les précieux articles
« σύμβολον » du Greek-English Lexicon de H. Little, R. Scott, H. Stuart-Jones et R. McKenzie, Oxford, 1996 (1843' et nombreuses rééditions),
p. 1676 et du Thesaurus Linguae Graecae d'Henri Estienne, éd. Ch.-B. Hase, L. A. Dindorf, W. Dindorf, Paris, 1831-1865, t. VII, col. 1058-1061.
D'un point de vue sémiotique, les chapitres consacrés à l'Antiquité dans T. Todorov, Théories du symbole, Paris, 1977, restent d’aétualité, Pour
des études plus récentes, on se reportera à S. Des Bouvrie (dir.), Myth and Symbol II: symbolic phenomena in Ancient Greek Culture, Bergen/Savedalen, 2002 et au trés stimulant ouvrage de P. J. Struck, Birth of Symbol, en particulier p. 78-100. Une récapitulation des sens du terme est aussi proposée par G. B. Ladner, « Medieval and Modern Understanding of Symbolism : A Comparison », Speculum, A Journal of Medieval Studies, 54/2, 1979, p. 223-256, en particulier p. 224-228.
#7 PourJ. Pépin, Dante et la tradition de l’allégorie, Paris, 1970, p. 16-17, le symbole est un sous-ensemble de l’allégorie, comme le montrent les exemples qu’il emprunte ἃ Philon, Clément d’Alexandrie ou Jean Scot, et ou ils apparaissent ensemble. Voir également J.-B. Gourinat, « Explicatio fabularum : la place de l’allégorie dans l'interprétation stoicienne de la mythologie », dans R. Goulet, G. Dahan (dir.), Allégorie des
particulier poètes, allégorie des philosophes. Études sur la poétique et l'herméneutique de l'allégorie de l'Antiquité à la Réforme, Paris, 2005, p. 9-34, en
p. 17 ; P.J. Struck, Birth of Symbol, p. 119. 358 F. Buffière, Les mythes d'Homère et la pensée grecque, Paris, 1973, p. 59.
# Sur le sens de l’image et sa relation au texte, voir notre analyse du Symbolum.
%0 À. Chastel, R. Klein (éd.) : P. GAURICO, De sculptura (1504), Genève, 1969, $9, p. 60-61. Voir notre analyse du Symb. 36.
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
donnerons quelques exemples cueillis dans l’ensemble du volume. Le cas le plus frappant est celui où la forme syntaxique méme du discours enclenche le processus symbolique, associant un objet et un sens abstrait à travers
une structure linguistique qui assure le transfert. En effet, le propos poétique de certains emblèmes est fondé sur l’allégorie rhétorique, explicite,
sous
par le biais des similitudines, des comparaisons,
la forme
des
corrélatifs
ut...
sic,
« de
même
que...,
des métaphores, de
même
».
souvent
L’embléme
de manière assume
ici
explicitement le processus comparatif que la devise propose de manière implicite. Ainsi, dans le Symb. 94, l'effet du style sublime de l’orateur sur son public (par exemple celui de Périclès) est comparé à la foudre qui s’abat sur une ville, ainsi qu’à la bombarde qui détruit hommes et murailles. De même, la tarière gauloise du Symb. 69, très
utile en menuiserie pour toutes sortes de constructions, avec son foret et ses courroies, sert à traduire les bienfaits de l’« édification » du sot (ou du sauvage) par le baton et les fers, et l’adresse au lecteur (Ad lectorem)
y fait aussi allusion comme remède à la folie ou à la sottise. Enfin, la discussion oratoire dans le Symb. 50 est comparée aux effets de l’étincelle tirée du silex qui embrase un foyer et permet au feu et à la lumière de se propager de lampe en lampe ; une similitudo antithétique vient relayer la première : les disputes des sophistes sont comme un étouffoir pour la flamme.
D'autres emblémes pratiquent l'allégorèse sur des sources littéraires antiques connues et moins connues, mais dont l'essence commune est d’être imagée et, pour certaines, de constituer déjà des allégories au sens fort (l’auteur compose un texte destiné à l’élucidation, et dont il peut assurer lui-même le décryptage) : fable, parabole ésopique ou évangélique, apologue, apophtegme (les symboles pythagoriciens, les Distica Catonis, les Sententiae de Publilius Syrus, et les Monodistiques de Ménandre*’), chrie, récit historique ou mythologique. L'intérêt réside dans l'ingéniosité de l’emblématiste qui peut proposer une interprétation inattendue par rapport a la lecture antique d’un objet bien connu, ou au contraire, une exégése parfaitement conforme aux Anciens d'un support rare. Ainsi, la lutte fameuse d’Athéna et de Poséidon pour la possession de l’Attique (Symb. 65), où Athéna offre l'olivier et Poséidon le cheval, devient la victoire de la paix sur la guerre ; |’épisode
plus rare de Pitys, aimée de Pan et démembrée par Borée, se fait l'épopée de l’àme séduite par la Vertu, mais brisée par le Vice (Symb. 150) ; la lutte de Pan contre Eros est lue, de manière triomphe
de l'Amour
(Symb. 80), réciproque, emprisonne intérieur de
sur l'Univers tout entier (Symb. 75) ; Éros confié aux Muses
traditionnelle, comme
le
et qui refuse de grandir
jusqu'à ce que Vénus lui donne un frère, Antéros, signale la nécessité pour l'amour d’être ainsi que le veut Thémistius qui rapporte l'épisode”; comme chez Augustin, Aristée qui Protée pour arrêter ses métamorphoses (Symb. 61) devient la raison qui fait apparaître l’homme saint Paul, une fois libérée des fausses apparences et de la tentation des sens, représentés par les
phoques du vieillard. La fable peut aussi se réduire à un énoncé sentencieux dont le caractére énigmatique attire
l'attention, par sa formulation laconique ou par l’étrangeté de l’image qui le fonde. Le chameau ou la corde d’amarrage des Évangiles (Symb. 34), qui ne peut passer par le chas de l'aiguille, signale de manière cocasse un
adynaton : le riche ne peut accéder au royaume de Dieu, dont les portes sont étroites. Lentus assis sur la chénice (Symb. 26), contrairement à la recommandation pythagoricienne, dit l’abjection de celui qui refuse de travailler, de se projeter dans l’avenir et d’amasser la nourriture de demain. La chouette qui vole (Symb. 83), symbole de la
faveur d’Athéna, rappelle la chance extraordinaire des Athéniens qui se voyaient récompensés par la victoire,
même
dans les opérations les plus irréfléchies (y compris
financières, puisque la chouette figurait sur les
monnaies d'Athènes). Les fourmis de la sentence virgilienne qui affirment travailler (Symb. 38) simplement
parce qu'elles se trouvent sur la corne d’un bœuf au labour, rappellent ceux qui volent le travail d'autrui et
tentent de jouir de ses fruits. Eurymnos, par son seul nom passé par antonomase en proverbe, dit la perfidie de celui qui tente de séparer deux frères que l'amour unit (Symb. 101). Dans cette perspective, les Adages d’Erasme, synthése parémiographique, constituent de fait une source inépuisable d’invention visuelle et verbale, en
“1 Sur l'importance de ces recueils à la Renaissance pour la fécondation de la pensée emblématique, voir C. Balavoine, « Bouquets de fleurs et
colliers de perles : sur les recueils de formes brèves au Xvi‘ siècle », dans J. Lafond (dir.), Les formes brèves de la prose et le discours discontinu (XVr-XVIr siècles), Paris, 1984, p. 51-72. Voir aussi J. Vignes, « Pour une gnomologie : enquête sur le succès de la littérature gnomique en France », Seizième siècle, 1, 2005, P:175-212.
* Voir les sources antiques dans nos analyses aux Symbola mentionnés.
80
montrant les ressorts imagés et symboliques de la langue latine ou grecque, et la nécessaire exégèse des formules
idiomatiques. Comme chez Alciat*® , de nombreux emblèmes bocchiens y font appel, en plusieurs unités pour constituer une véritable concaténation parémiographique où les proverbes uns les autres, à partir d’une idée ou d’un terme-pivot. Par exemple, l’Adrasteia Nemesis du Symb. son nom à la fois le caractère implacable de la justice divine qu’on ne peut fuir (a-drasteia), mais d’Adraste, seul survivant argien de l'expédition contre Thèbes, mais qui fut le seul à voir son
mélant parfois s'appellent les 67 rappelle par aussi l’histoire fils périr dans
l'expédition de représailles des épigones ; le roi passait en outre pour avoir été le premier à consacrer un autel à
la déesse. Toutes ces significations sont à l'horizon de l'emblème, où la déesse invite le roi à suivre une voie médiane, et c’est au lecteur de faire appel à sa mémoire et à sa culture pour juger de la plus pertinente pour
interpréter l'emblème qu ‘il a sous les yeux. Certains emblèmes tirent les leçons abstraites, philosophiques ou morales de phénomènes naturels ou artificiels remarquables, d’artefaéts (outils techniques, statues, bas-reliefs, monuments,
monnaies, blasons et stemmata),
de traits empruntés aux mœurs animales, de gestes, de coutumes, transmis là encore fort souvent par le biais de
sources littéraires intermédiaires, antiques ou contemporaines, et de l'archéologie (voir par exemple le jeu de la vraie/fausse
exhumation
d’une
statuette
de la Fortune
à Bologne,
Symb. 63
et 121).
Pour les phénomènes
étranges ou remarquables (et signes d’un indubitable intérêt pour les matières scientifiques), on citera l'exemple régulièrement utilisé par Marsile Ficin du miroir atteint par le soleil et capable d’enflammer de l'étoupe, qui devient chez Bocchi l’image de la charité divine qui se propage d’un cœur à l’autre (Symb. 60). De même, l'aigle frappé d’une flèche garnie de ses propres plumes (Symb. 29), Périllus enfermé dans le taureau d’airain qu'il a fabriqué comme instrument de supplice pour le tyran Phalaris (Symb. 116), ou l’alchimiste désintégré par l'explosion de la poudre à canon qu'il a fabriquée sans le savoir (Symb. 114), traduisent l’idée d’une justice immanente qui se retourne contre les inventeurs naïfs ou malintentionnés. Des animaux divers font leur apparition pour délivrer une pensée ingénieuse. Certains sont attendus, comme le lion, symbole de vigilance (Symb. 123 ; 135), de colère (Symb. 102 et 107) ou de Venise (Symb. 135) ; le cygne, oiseau-fétiche du poète (Symb. s) ; le pélican, emblème de la charité du Christ (Symb. 122 ; 131) ; le cheval, image platonico-
Stoicienne des passions débridées qu'il faut mettre au manège (Symb. 117) ou l’âne qui juge mal le rossignol (Symb. 90), effraie l’égithe (Symb.93) et fait rire Crassus (qui ne riait jamais) en mangeant des laitues (Symb. 120). D'autres le sont moins, comme le chameau (Symb.23), le dauphin (Symb. 108), la tortue (Symb. 110), la corneille (Symb. 109), le cerf (Symb. 81) ou le crocodile (Symb. 99). Les objets techniques (voir par exemple le tribolos du Symb. 134, la dioptrie du Symb. 142, ou la lucerna pensilis du Symb. 132) ou artistiques sont également nombreux à susciter la démarche allégorique. Les trois notes principales de la syrinx de Pan,
Nète, Mèse et Hypate, traduisent, comme chez Platon et Plutarque, les trois parties de l’âme et du cosmos qui
doivent
consonner.
De même
que les obélisques
funéraires
qui s'élèvent vers le ciel sur leurs socles
quadrangulaires disent la Gloire du héros défunt qui surgit de la Vertu dans les Symb. 48 et 97, le temple de
Virtus construit par Marcellus comme antichambre de celui d’Honos (Symb. 33) rappelle que la gloire doit
suivre la vertu et non la précéder. Cette recommandation est à nouveau relayée par l’image cicéronienne et
sénéquienne de la Gloire véritable comme ombre ou écho de la Vertu, qui se transforme en gesticulations et bruits de grelots d’un sot de carnaval lorsqu'elle prend la tête du cortège (Symb. 42), ou du crocodile de Caton qui suit ceux qui le fuient et fuient ceux qui le suivent (Symb.99). La statue de Léocharès représentant Ganymède enlevé précautionneusement par l’aigle signifie la réconciliation du corps et de l'âme dans le processus du salut ou de l’extase (Symb. 79). Les gestes constituent à leur tour un réservoir très important de
symboles à décrypter. Alexandre, en se bouchant tour à tour l’une et l’autre oreille pour n’écouter qu'un parti à la fois dans un procès traduit l’idée de justice impartiale (Symb. 53). En apposant son sceau sur les lèvres d’Hephestion,
il l'invite
au silence
après
la lecture
d’une
lettre
(Symb. 119).
Socrate,
en offrant un coq
à
Esculape au moment de mourir, remercie le dieu de délivrer son âme de la maladie du corps (Symb. 54).
Fabricius refuse l’or samnite en désignant ses oreilles, ses yeux, sa bouche, sa gorge, son bas-ventre (Symb. 30), p. 568. %3 Voir P. Laurens, L’abeille dans l'ambre : célébration de l'épigramme de l'époque alexandrine à la fin de la Renaissance, 2012* (1989'),
81
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduétion
pour indiquer qu’il contréle, en quelque sorte, les portes qui laissent accés aux tentations, et donne ainsi une image de la continentia. Beaucoup de ces éléments, rapportés généralement par les récits antiques ou l'archéologie, faisaient déjà l'objet
d’une exégèse symbolique dans ces récits eux-mêmes, par exemple au Symb. 29 déjà mentionné, l'aigle frappé de flèches empennés de ses propres plumes est une image empruntée à Julien l’Apostat, furieux de voir les chrétiens se servir de la culture classique pour attaquer le paganisme. L’Antiquité avait dès le départ mis au point des exégèses fameuses accompagnant la transmission des textes-supports, grâce au travail des scholiattes, mythographes et commentateurs, d’Eustathe à l'Ovide moralisé en passant par les Allégories d'Homère du pseudo-Héraclite. Ces textes-supports pouvaient dès le départ constituer des allégories au sens fort. Ainsi, dans le Symb. 63, à propos de la prétendue découverte à Bologne d’une statue de la Fortune, Bocchi reprend l’un des chapitres des Nuits attiques d’Aulu-Gelle (14, 4, 2-3), dans lequel l’auteur latin interpréte le sens allégorique de
la description d’une statue de la Justice inventée par Chrysippe dans son ouvrage Du beau et du plaisir (Περὶ καλοῦ καὶ ἡδονῆς) pour éclairer les différents aspects de la notion. De même, l’Hercule gaulois dont la bouche est reliée par des chaines
aux oreilles de ses auditeurs
(Symb. 43), et que
Bocchi
cite dans
la version
des
Commentaires aux Pandectes de Guillaume Budé, est en réalité un tableau, probablement inventé, qui fait l’objet
d’une ekphrasis, puis d’une interprétation de la part d’un Celte érudit dans la prolalie de Lucien intitulée
Héraclès Ogmios.
Enfin, les représentations de dieux antiques, d’entités abstraites divinisées (les « personnifications > ou « allégories >), de héros historiques et légendaires, ou de créatures mythologiques, omniprésentes dans l'imaginaire, la littérature et les productions artistiques de la Renaissance, comme elles l’étaient dans l'Antiquité, constituent un champ d'investigation privilégié pour l’exégèse symbolique. Ainsi, l'apparence, les attributs, les postures et les gestes de ces figures divines ou héroïques, qui ont fasciné philosophes, poètes et mythographes, de Cornutus à Ripa en passant par Boccace, Giraldi et Cartari, offrent un répertoire inépuisable de formes familières ou énigmatiques livrées à l'interprétation, souvent sous forme d’exempla, de récits mythologiques ou d’apologues. Les emblèmes bocchiens puisent largement à cette source, offrant de véritables séries autour des
héros grecs (Hercule, Alexandre), des héros romains (Curius, Fabricius, Marius, Énée, Caton), des dieux et divinités (Fortune, Némésis, Pallas, Mercure, Éros, Pan, etc.). Polysémie et infraction des codes traditionnels
sont souvent de mise, troublant le jeu typologique de manière frappante dans le texte ou dans l’image, parfois
dans les deux. Ainsi, la ménorah dans la main de Mercure, représentée dans la gravure du Symb. 64 mais non
mentionnée par le texte, invite le spectateur à cesser les prières débitées sans y penser, signes d’un culte
« charnel > au sens érasmien, tandis que le geste harpocratique, doigt sur la bouche (évoqué par le texte) lui
suggère de préférer l’exaltation d’un culte intérieur dans l’âme ou le cœur, la où brillent les sept dons de l'esprit selon Origène. La dioptrie-balance dans les mains d’Hercule au Symb. 142 (décrite dans le texte et représentée dans la gravure), qui tient en équilibre une lampe allumée et une lampe éteinte, rappelle que la vie n’est qu’une longue préparation à la mort. Enfin, l’étrange casque en forme de Chimère que la Vénus-Fortune offre à Alexandre dans le Symb. 66 (non mentionné par le texte) n’a plus rien à voir avec la signification que porte le monstre
dans le Symb.
137, celle des trois parties de la rhétorique païenne, vaincues par l’orateur chrétien
Bellérophon : dans le Symb. 66, le monstre polycéphale est le symbole de l'opinion variée et fluétuante du
peuple, que rien ne peut contrôler et qui apporte tour a tour gloire et opprobre.
Ce bref survol sur les formes que peut prendre le discours allégorique dans l’embléme invite également a
mesurer a quel point la présence d’une gravure, qui vient souvent s’ajouter à l’image rhétorique fournie par le texte, parfois avec ses propres sources textuelles et iconographiques, brouille totalement les pistes, et il nous faudra préciser les relations de redondance, d’interférence, de rivalité ou d’indifférence que ces deux modes
d'expression entretiennent. Mais le terme de Symbolum ne désigne pas seulement un objet d'étude et une méthode de décryptage ou d’encodage allégorique, mais également une structure générique. Dans le Symbolum symbolorum, l'évocation
des Emblemata d’ Alciat au v. 38 mérite en effet l’attention. Elle relie à son tour l'aspect rhétorique de l’allégorie à la pratique exégétique de l’hyponoia : l’épigramme alciatique, elle aussi, s'empare d’un « objet » iconique au
sens large (plante, animal, artefact peint, sculpté, architecturé, bon mot, geste, fable ou récit plus développé) 82
dont elle décrit poétiquement et laconiquement les constituants, signe après signe, comme autant d'indices,
avant de se livrer (ou en se livrant en même
temps) à une exégèse d'ensemble qui met en lumière une
signification ingénieuse et savante dont le mérite illustre l'inventeur. Le terme emblema, qui renvoie à l’origine
au phénomène agricole de la greffe, à la pratique décorative de l’incrustation sur un support ou un objet d’art pour le rendre précieux, à l'insertion de tessons de mosaïque pour dessiner une figure générale, désigne également l’usage rhétorique d’émailler le propos rhétorique de figures de style pour conférer de l'éclat au discours. De cet usage discursif dérive le sens générique d’embléme pour désigner la pièce poétique en forme d’épigramme qui s'occupe d’emblemata, c’est-à-dire ces petits objets naturels ou artificiels, ces formes plastiques
mineures, ces énoncés tropologiques, en particulier métaphoriques, porteurs d’un surcroît de sens qui les
dépasse et dont ils sont le vecteur imagé. L'ensemble doit en fin de compte revenir à sa source, puisqu’Alciat souhaite fournir non seulement un recueil poétique, inspiré largement par les épigrammes ecphrastiques et symboliques de l’Anthologie de Planude, mais aussi un recueil d’inventions — au sens artistique — pour fabriquer des badges, des écussons et des broches, etc., révélant sous le couvert d’une figure les idéaux cachés du porteur, comme pour la devise**. Le terme symbolum employé par Bocchi est un subtil hommage à Alciat : le mot est
grec, comme emblema, et se situe à la frontière entre objets matériels concrets, figures de rhétorique, méthode
d’encodage ou de décryptage allégorique. Il s’accommode à son tour aisément du sens métonymique qui le transforme en forme poétique qui décrit et interprète des symbola. Mais, franchissant la barrière textuelle, il permet de désigner aussi le dispositif complexe et composite qui constitue chaque unité générique du recueil.
Chaque pièce est en effet un assemblage d'éléments hétérogènes (un sym-bolum), à la fois lisibles et visibles, qui associe une gravure et un poème de longueur variable, généralement sur le mode du face à face spatial (à quelques exceptions près, comme par exemple le Symb.4, mais sans doute dues à des contraintes typographiques). Ce dialogue ou cet affrontement entre les composantes principales se voit de surcroît annulé, perturbé, signalé ou renforcé par l’adjonction de fragments textuels surnuméraires, tituli, motti (souvent tirés du texte), dédicaces, noms d’auteurs ou inscriptions sur l’image même, dont l'emplacement n’a pas toujours été sûr, comme le montre le vaste jeu de chassés-croisés qu'ils subissent dans les corrections du manuscrit Sloane. Nous verrons que tout l'enjeu du genre du Symbolum bocchien, et qui le rend si difficile à appréhender sous la forme d’un modèle théorique, consiste précisément à varier les modalités de circulation du sens entre chaque constituant, suivant les principes sans cesse redéfinis d’une combinatoire mouvante. Mais le principe même de la difficulté est intégré au programme du recueil emblématique. Car le symbole ἃ beau dire, par son nom, le contrat et le pacte par la réunion de ses éléments déchirés et éparpillés, le mariage conventionnel du signe et du sens, il n’est qu'un aspect de l’allégorie, qui, rhétorique ou philosophique, dit toujours «autre chose > ou « autrement >. Tous deux renvoient à une pensée invisible, à une intention impalpable qu’on n’est jamais sûr de saisir correctement. Le poème du Symb. 2, qui met en scène le topos antique du portrait plastique qui ne peut représenter l'âme, là où les actions héroiques et les ouvrages littéraires
le peuvent, insiste sur l’idée que seule la mens peut comprendre une autre mens. Plutôt que sur la différence, il
insiste sur la deux esprits précisément que figure le
notion de surplus sémantique (v. 4 : Qui sapit, heic plus intelligit ac legitur). Mais ce contact entre ne peut s'effectuer que par l'intermédiaire de signes duplices, car polysémiques. Or c’est cette difficulté et ce décalage inévitable qui obligent le lecteur à la quête et au labor herméneutique, hiéroglyphe adapté de Francesco Colonna dans la gravure du Symbolum Symbolorum. Le bucrane
aux instruments aratoires est une figure quasi-religieuse pour dire les peines de l'interprétation du côté du
lecteur, autant que l’effort de la composition poétique et de la création allégorique du côté de l’auteur. Mais par la couronne et par les palmes, le bucrane signifie également la douceur de la victoire et de l'effort récompensé par la découverte du sens et de la vérité. L'idée de la quête est relayée tout au long du recueil : ainsi, les chiens Thaumastus et Camatherus du Symb. 81 (Admiration et Labeur) qui poursuivent le cerf de Pallas (animal
** Sur tous ces points, voir les sources et la bibliographie à notre note au v. 39 dans notre étude du Symbolum Symbolorum. 35 Voir les sources dans notre commentaire à cet emblème.
83
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
attaché ἃ Bocchi), ou encore le cheval qui porte le persévérant, pris dans la chasse de la vie, vers les sommets
ardus de la Félicité dans le Symb. 87. Or cette quête est régie dès le titre par une convention bien précise dont la structure rhétorique façonne la forme du texte, la quaestio, 2. Fixer les régles de l’investigation : la quaestio
Bocchi a rédigé des Quaestiones et inuestigationes sur des sujets divers", restées manuscrites, mais qui n’ont
guère à voir avec les emblèmes. L'origine de ce genre littéraire bien défini des quaestiones [et responsiones | remonte ἃ l’Antiquité. Les Ζητήματα καὶ λύσεις du Pseudo-Aristote proposent une série de problémes sur les sujets les plus variés, accompagnés de leur solutions. Les rhéteurs et les philosophes adoptent cette méthode,
comme fondement d’un enseignement oral, et l’on peut en trouver des réminiscences dans les Ennéades de Plotin, qui a suivi les leçons d’Alexandre d’Aphrodise*’. Les exemples les plus célèbres sont, sans doute, les Nuits Attiques d’Aulu-Gelle, les Saturnales de Macrobe et les Quaestiones conuiuiales de Plutarque**, Ces questions abordent les sujets les plus variés et les plus spécialisés. Les problèmes de physique et de botanique côtoient les questions érudites de sémantique et de philologie, le commentaire d’un vers ou encore l'exposé philosophique ou théologique. Le judaïsme hellénistique et le christianisme en sont friands. Philon aurait ainsi rédigé des Problèmes et solutions sur la Genèse et l'Exode*®. On peut évoquer également les Questions et réponses
relatives aux Évangiles d’Eusèbe de Césarée (perdues*”’), les Quaestiones hebraicae in libro Geneseos de Jérôme ou
les Questions de l'Ancien et du Nouveau Testament (ou Contre les Paiens) de |’ Ambrosiaster. Saint Augustin luimême a composé Quatre-vingt-trois questions différentes, Deux livres à Simplicien sur des questions diverses, un Livre
sur les huit questions de Dulcitius. La quaestio, chez Augustin, se présente parfois sous forme d’une véritable
interrogation qui en constitue le titre (Vtrum anima a se ipsa sit*”', Vtrum per se anima moueatur’”, Vtrum corpus
a deo sit”, etc.), ou comme un énoncé développant une rubrique, qui pourrait être formulée, elle aussi, sous
forme de question (De conformatione animae*”*, De homine facto ad imaginem et similitudinem Dei’, etc.). ϑουγεπί, la quaestio porte sur un large extrait de textes bibliques, qu’elle commente et dont elle propose l’interprétation : sa rédaction adopte parfois le schéma question/réponse (Quaeritur utrum/ Facillime quidem ita respondetur, quod). Pour formuler ses réponses, Augustin s'appuie essentiellement sur les textes saints, mais on le voit faire intervenir des citations cicéroniennes, par exemple pour la définition des quatre vertus cardinales*. Cette forme, libre dans ses principes, donne naissance a une méthode scolastique trés prisée, les recueils de
Sententiae disputatae, dont le premier est celui de Pierre Lombard (x s.). Autour d’un problème théologique
sont rassemblées diverses citations et autorités, qui s’opposent ou se renforcent, selon la méthode dialectique ’ ; a ? 377
: γε d'Abélard du sic et non (oui et non)”: ces recueils+ constituen t de véritables manuels, propres a alimenter les
discussions dans les écoles de dialectique.
Achillis Bocchii equitis Bononiensis questiones et inuestigationes : De philosophia ; De uirtute ; De lege ; De sanctitate ; De lucro ; De oratione, Bibl.
Apost. Vatic., Barb. Lat. 2163, XXXI, f 133r°-141v° ; Barb. Lat. 2029, f° 3671°-442r° , 367 PORPH., Plot., 13. 368 “sae a wer E La ae smpohiaque, qui s ouvre avec les Banquet de Platon et de Xénophon, se poursuit pendant toute l'Antiquité, de Lucien aux Depnorap 4 esd Athénée et aux Banquet de l Empereur Julien ou du chrétien Méthode d’Olympe. Voir Evs., Hist. eccl., 2, 18, 1.
‘7 7 *? ‘73 ‘7 8
Voir AVG., Ibid., Ibid., Thid., Tbid.,
gt Ibid.,
Evs., DE, 7, 3, 18. De diuersis quaestionibus octoginta tribus, quaestio 1. quaestio 8. quaestio 10. quaestio 38. quaestio 51. 31, 1, qui s'appuie sur CIC., Inu., 3.
‘7 Pour un aperçu du genre au Moyenà Age, voir P. Glorieux, La littérature quodlibétique Le Saulchoir Kain/Paris, 1925-1935, earl ἘΠ et Il; B. Bernardo « La quaestio disputata », ans Les genres littéraires dans les sources théologiques et| philosophiques médiévales, Typologie des sources du Moyen Age occidental, Louvain-La-Neu ve, 1982, p. 31-49 ; A. de Libera, La philosophie médiévale, Paris, 1993, P- 339-340.
84
Introduction
Le recueil de Bocchi porte certainement la marque de cette ascendance plurielle, mais la quaestio permet une forme d’unification à la fois formelle et méthodologique de la démarche interprétative, déjà abondamment utilisée dans les épigrammes ecphrastiques de l’Anthologie de Planude, éditées en 1494 par Jean Lascaris et diffusées à la Renaissance par les recueils de Soter et Cornarius*”*, accompagnées de traductions d'illustres humanistes (dont Alciat, Thomas More, Marulle et Politien). En effet, il convient d’abord de décrire l’objet
complexe ou l’allégorie aux multiples composantes, qui suscite étonnement, admiration ou incompréhension
pour permettre au lecteur une représentation des traits saillants, avant de procéder à leur interprétation®”. La
quaestio lance l’enquête et en structure les étapes complémentaires : pointer un signe, en élaborer l’exégèse, l’insérer dans l’herméneutique d’une séquence plus vaste, si nécessaire. Les modalités de distribution rhétorique entre les étapes varient. Parfois, le texte s’ouvre sur une question générale que la suite du poème élucide ensuite de
manière
continue,
comme
une
vaste
réponse".
Parfois,
le poème
propose
une
alternance
serrée
d’interrogations plus ponctuelles et de réponses ciblées autour d’un signe, au sein d’un dialogue fictif™ que le
poète mène souvent avec sa propre Muse 382 ou un interlocuteur imaginaire. Alciat ne fait pas autrement dans
beaucoup d’emblémes, alternant lui aussi entre simple interrogation rhétorique 353 et véritable système exégétique de question/réponse au sein d’un dialogue, souvent avec le souci stylistique de l'efficacité et de la vivacité, en particulier lorsque s’y mêle la prosopopée. Parfois, chez Bocchi, la question est remplacée par l’hypotypose, qui convie le lecteur à constater lui-même le prodige que constitue l'événement ou l’objet qu'il a sous les yeux. Même si le problème n'est pas formulé explicitement par une interrogation, il est souvent aisé de la suppléer. Par exemple, le problème du Symb. 151 serait: « Pourquoi le dieu Janus a-t-il deux visages ? » ; celui du Symb. 139: « Pourquoi ne faut-il pas redouter la mort? » ; celui du Symb. 140: « Quel est l'élément qui compose
l'âme? » ; celui
du
Symb. 141,
«Comment
lutter
contre
la douleur? > ; celui
du
Symb. 147:
« Pourquoi faut-il honorer son bon démon ? ». Parallèlement, l'essentiel des tituli surmontant les textes et les
78 Respectivement à Cologne en 1525 sous le titre Epigrammata Graeca ueterum elegantissima eademque Latina ab utriusque linguae uiris doctissimis uersa atque in rem Studiosorum e diuersis auctoribus per I. Soterem collecta, et à Bale en 1529 sous le titre Epigrammata selecta Graeca (nombreuses rééditions). 379 Alciat réemploie dans les Emblemata nombre de traductions latines effectuées à partir de l'Anthologie Grecque, comme la statue de Némésis, avec sa coudée et sa bride, ou la statue de la Fortune par Lysippe. La nature iconique du référent, de la res significans, de I'« hiéroglyphe » au sens horapollinien, joue un réle déterminant dans le processus symbolique. Sur ces traductions d’Alciat à partir de l’Anthologie, voir J.-L. Charlet, « Les épigrammes d’Alciat traduites de l'Anthologie grecque (édition Cornarius, Bale, Bebel, 1529) » dans A. Rolet et S. Rolet et A. Saunders, (dir.), André Alciat (1492-1550). Un humaniste au confluent des savoirs dans l'Europe de la Renaissance, Turnhout, 2013, p. 97-116 1-18. p. 1982, 12, Studies Renaissance and Medieval of Journal », Anthology « Alciati and the Greek
dic mihi, © Voir par exemple Symb. 35 : Quis sapientiae amator sit requiris... / Dicam ; Symb. 39 : Miraris quod/ [... ] Quaeso ubi tum fuerat,
de subsidiaire en guise de Christophorus ; Symb. 40 : [...] Aristoteles/ Forte rogatus, ea est caecorum quaestio dixit ; avec une conclusion en forme
; Symb. 54, pointe : cur tam capiar uirtutis amore/ Quid quaeret posthac ; Symb. 53, sur un geste caractéristique d'Alexandre (Curnam sic faceret ?) sur une 55 Symb. ; Cur ]/ [... Dicite ; litandam rite mandauit medico uigilem Cur : mourir de avant Socrate par effectué sur le sacrifice d'un coq pulchros Statue d’Hercule portant trois pommes (Quae statua insignis) ; Symb. 62 : Dic rogo, quaenam es tu ? ; Symb. 78, sur Ganymède : Cur olim 93 : Cur [ ... ]/Non est obscura rapti Ganymedis honores ; Symb. 83 sur Pallas et sa chouette : [... ] dic rogo, quidnam attice auis loquitur ? ; Symb. 137 : Mandas Chimerae Symb. ; mandas Romule mihi tu sic Quoniam : 132 Symb. ; puer causa; Symb. 102 sur l'Hermathéna : Quis, tibi sancte
pas parce que ? » enucleari symbolum. La réponse peut elle-même prendre la forme atténuée de la suggestion interrogative, an quia, « n'est-ce Voir Symb. 54 ; Symb. 61, sur Protée : Quidnam aliud Proteus quam Veri ipsius imago est ? — Quis dedit id nominis huic/— #1 Voir Symb. 36 ou chaque interrogation est suivie d’une réponse : [...] - quaenam haec ... uirgo ?/- Ars est.
sur l'Hercule Gaulois : quid imago hae Areté, etc. On peut remarquer la succession des cur, des quid, suivis d’affirmations. Voir aussi Symb. 43, ; est fortuna Seruatrix ? Dea Quae : Fortune la de statuette une sur uult sibi ? ; et Symb. 63 Camotet, Diua, figuram/Fare age ; Symb. 141 : Dic 382 Voir Symb. 90 : Dic Musa, quaeso, cur ; Symb. 92 : Dic rogo diua ; Symb. 134 : Eximiam nostri
age Melpomene que sit medicina dolorum. etc. lingua... ?, et la réponse en forme de ‘8 Voir par exemple « Eloquentia fortitudine praestantior >, sur l’Hercule gaulois (v. 5 : quid quod illi (v.3: dic age, quae species... ?) ; Protée sur >, commentitia quaeque Antiquissima « ; ?) quod... Anne v.7: suggestion interrogative, ’ « Submouendum ignorantiam. Διαλογισμός >, sur la sphinge (v. 1 : quod monstrum... ? Cur... ?), etc. 5: cur (v. » Gratiae « ; ) Ne... ? manibus sunt sine Cur 7: v. ; Quia... Ἢ Voir par exemple « In senatum boni principis » (v. s : Cur resident ? 1-2: (v. Mézence père son appelle qui contagieux un ἃ mariée fille la sur >, contagioso Nupta nudae ? ; v. 7: an quia... ?; v. 9 : addita cur... ?) «
... cur age sic me/ Compellas ? ; v. 4-5 : Hoc est quidam aliud... quam ?), ete.
Symb. 79 : Aspice quam sentit ... 38 Par exemple les ébats de l'aigle et de Ganyméde représentés par la statue de Léocharés dans le
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Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi
(1555) —tome 1
gravures se composent, soit d’un bref énoncé à caractére gnomique ou aphoristique qui répond à la question,
implicite ou non, résolue dans le texte, soit de la question elle-même, formulée explicitement, Le titulus, en ce sens, joue un rôle très important : il condense en une formule brève les résultats interprétatifs du texte, dont il est souvent issu, mais, s’il est au-dessus de la gravure, il peut surimposer aussi des solutions pour expliquer cette
dernière”, voire la laisser parler”.
De fait, tout objet réel ou imaginaire, énigmatique ou complexe, toute allégorie aux attributs multiples, toute
propriété physiologique étonnante d’un animal ou d’une plante, toute sentence frappante aux origines obscures ou mythiques, toute formule amusante ou paradoxale, toute chrie, tout apophtegme marquant, peut susciter un
problème, une interrogation, et requérir une exégèse. La quaestio conçue comme séquence question/solution
n’est donc pas une simple référence formelle. Elle est aux sources mêmes du langage symbolique dans la mesure où elle enclenche le processus herméneutique : énoncer le problème et ses composantes, proposer des autorités pour le résoudre, donner soi-même sa propre interprétation. Cette réponse peut, elle-même, prendre un caractère énigmatique, elliptique ou concettiste, d’autant qu’elle adopte souvent la forme épigrammatique. La quaestio contient en germe l'idée même de sym-bolum, c’est-à-dire d’un élément qui, seul, demeure énigmatique
et problématique, et doit être relié et associé à un contenu mental, philosophique ou moral, qui en éclaire le sens et en dévoile la valeur. Cette relation bi-valente entre une forme offerte à la représentation et un sens abstrait, qui constitue l'essence du symbole, est pensée, dès le titre du recueil, sur un mode ἃ la fois complémentaire et paradoxal, celui des ioca seria. La double nature du symbole génére au sein du texte qui l’accueille une rupture de ton, voire de style, qui correspond aux deux étapes d'une nécessité méthologique pour appréhender un objet composite : décrire (ou
évoquer) et interpréter.
3. La définition d’un ton et d’une méthode : jeux sérieux La formule serio ludere**? renvoie à une notion antique difficile à cerner, celle du spoudaiogeloion, le « sério-
comique »*”, qui retrouve à la Renaissance une vivacité particulière, en particulier avec Érasme et Rabelais. Le
terme suppose l'hybridité générique et désigne l'effet de contraste appuyé entre le style ou le ton d’un discours et le sujet traité, généralement à des fins critiques”! : style et registre de langue élevé pour traiter des questions
triviales ou au contraire usage d’un Style bas fondé sur la plaisanterie, le jeu de mots, l'ironie, la parodie, le bur-
ὁ Voir par exemple Symb. 7, quantum possit amor ; Symb. 16 : Qualis boni sit militis in imperatorem metus ; Symb. 67 : Quodnam sit ueri principis
officium ; Symb. 68 : semper uidendum quid sat es in omnibus ; Symb. 80 : Hic Anteros, quid est nisi uerum esse amorem mutuum ?
#7 Par exemple, le titulus du Symb. 137 répond au problème posé par la tripartition de la chimère et suit les résultats du texte (ars rhetorica
triplex mouet, iuuat, docet) mais, placé au-dessus de la gravure qui représente le combat de Bellérophon et du monstre, il donne son interprétation de l'illustration (sed praepotens est ueritas diuinitus, sic monstra uitiorum domat prudentia). Précisons cependant que le texte suggère fortement cette interprétation, même si le personnage de Bellérophon n’est pas explicitement mentionné. Voir notre analyse de ce symbolum. Voir par exemple Symb. 9 : Constantia heic effingitur ; Symb. 13 : Amoris antipharmacum ; Symb. 27 : Hoc illud Bochi nobile symposium est ; Symb. 29 : Sic ars deprenditur arte ; Symb. 43 : Hic Hercules est Gallicus. L'élément déictique renvoie directement ἃ l'image, ou plutôt t à l'élément iconique qui motive la démarche allégorique (et qui se trouve donc illustré par la gravure) : en ce sens, ces tituli pourrait très bien figurer aussi au-dessus du texte, contribuant à mettre en valeur sous une forme resserrée le matériau figuratif présent é et son interprétation. 359 La formulation renvoie a Virgile et Horace; cf. VERG., Buc., 7, 17 (Mélibée, tenté par Daphnis, abandonne ses tâches pastorales « sérieuses
» pour participer à l’amusement du concours poétique mettant aux prises Corydon et Tyrsis, mais il ne s’agit pas du mélange des genres) : Posthabui tamen illorum mea serio ludo ; HOR, Ars, 226, évoque le mélange des genres et des tons lors de l'invention du drame satyrique comme complément de la tragédie, qui permettent ita uertere seria ludo, « de passer ainsi du sérieux au plaisant ». Horace célèbre de
fait la tentative du poète qui incolumi grauitate iocum temptauit (v.222), « tout en conservant sa gravité s'est risqué à la plaisanterie ». Le mélange de plaisanterie et de sérieux est l’essence même du sermo de la satire, qui permet la parrhésia : et sermone opus est modo tristi saepe iocoso, « il est besoin tantôt d'un langage sévère, tantôt d’un langage qui plaisante ». Ù 390 Voir M. A. Grant, The Ancient Rhetorical Theories of the Laughable. The Greek Rhetoricians and Cicero,
Madison, 1924 ; L. Giangrande, The Use of Spoudaiogeloion in Greek and Roman Literature, La Hague/Paris, 1972 (et les très importantes réserves de la review de B. P. Wallach, The American Journal of Philology,
96/2, 1975, Ρ. 211-214).
! Voir E. Bury, « spoudogeloion » dans E. Jarrety, Lexique des termes littéraires, Paris, 2001, P: 412.
86
Introduction
lesque pour aborder des questions graves. Il sert à caractériser aussi bien l’ancienne comédie*”, que la poésie
iambique, le mime, la diatribe cynique”, les satires de Ménippe™*, la fable ésopique””* ou les dialogues de
Lucien*”’. L’amusement, suscité par le décalage entre forme et fond, sert à attirer l'attention d’un public sur les intentions polémiques de l’auteur et de son texte. Il s’agit de dénoncer un état de fait et de renverser les valeurs
en instaurant une prise de distance par rapport à une vérité jugée acquise : on déconsidère les objets appréciés
ou valorisés et on accorde du poids aux réalités jugées ridicules ou sans importance. Le vrai est traqué, mais sous un angle nouveau, comme le rappelle Horace (cf. Sat., 1, 1, 24-25 : quanquam ridentem dicere uerum/ Quid ue-
tat 3). Le terme spoudaiogeloion peut ainsi plus largement s'appliquer à beaucoup d’énoncés, tels l’ainos, la chrie, le mime ou la parodie, dont le sens apparent, plaisant car souvent métaphorique et imagé, doit révéler une pensée plus profonde qui se trouvera mise en valeur par ce détour, ou plus facile à accepter, comme le miel doux
dont Lucrèce veut enduire la coupe où il verse le breuvage amer de la philosophie épicurienne (1, 936-942), comme les friandises que les maîtres offrent aux enfants pour leur faire apprendre l’alphabet (HOR, Sat. 1, 1,
25-26), comme l'association de l’utile au dulci de l’Épître aux Pisons d’Horace. À l’œuvre dans les éloges para-
doxaux (dont celui de Méria chez Erasme), outil de prédilection de l’épigramme*”, essence de la satire et du
sermo, la notion de spoudaiogeloion éclaire par exemple la nature paradoxale des symboles pythagoriciens, qui, par le biais de l’image, s'inscrivent dans le genre plus large du proverbe et surtout, de l’adage (Erasme s’en occupe d’ailleurs al’ ouverture de sa collection)", De fait, le spoudaiogeloion participe des ἀστεῖα, ces mots d'esprit qui caractérisent l’homme urbain (ἄστυ), comme le rappelle Aristote (cf. Rh., 3, 10, 1410b ; Rh. Al, c. 22) : attes-
tant l’habileté et la pratique maîtrisée de l’orateur, ils contribuent, par l’usage de la métaphore et de l’enargeia, à l'instruction de l’auditeur*”. A la Renaissance, Pontano, adaptant les définitions de la cauillatio et de la dicacitas
que donnent Cicéron et Quintilien, définit l’urbanitas, idéal de comportement linguistique et moral de l'homme de cour, à travers la facetudo, l’art de pratiquer la plaisanterie dosée et à bon escient, en suivant un juste milieu* : il doit n'être ni trop rustique, ni trop raffiné ; ni trop sérieux ni trop léger ; ni blessant ni complaisant. De fait, c’est bien l'essence même de la création allégorique en général au sein d’une forme poétique subsumant de multiples genres, qui se voit saisie dans l’expression serio ludere : « jouer sérieusement », c'est faire des
symboles, c’est-à-dire introduire des pensées cachées et sérieuses derrière le sens obvie de récits, de discours, ou
32 Voir AR, Ran., 391-392 et A. Ercolani (dir.), Spoudaiogeloion. Form und Funktion der Verspottung in der aristophanischen Komédie, ; | Stuttgart/Weimar, 2002. De helenistica moral poesia y cinismo Spoudaiogeloion, « Cruces, Lopez L. J. Daroca, Campos J. de 393 Voir DEMETR., Eloc., 170 et les études In memoria J. Cabrera Moreno, Granada, 1992, p. 37-50; A. Pennacini « Bioneis sermonibus et sale nigro », in Prosimetrum e Spoudogeloion Francisco della Corte oblatum. Decime giornate filologiche genovesi (22-24 febbraio 1982), Gênes, 1982, p. 55-61; Id., « Riso e conoscenza : diatriba cinica e satira romana », in Mondo classico : percorsi possibili, Ravenne, 1985, p.155-164; K. Doring, « “ Spielerein, mit verdeckten
Ernst vermischt”.
Unterhaltsame
Formen
literarischer Wissenvermittlung bei Diogenes von Sinope und den frühen Kynikern » in
W. Kullmann,J. Althoff (dir.), Vermittlung und Tradierung von Wissen in der griechischen Kultur, Tubingen, 1993, p. 337-352.
if 34 Cf. STRAB., 16, 2, 29. particulier en 2010, Piinceton, Conversations, Aesopic : 35 Voir L. Kurke, Popular Tradition, Cultural Dialogue and the Invention of Greek Prose
p. 263. Voir aussi S. Jedrkiewicz, II convitato sullo sgabello : Plutarco, Esopo ed i Sette Savi, Pise/Rome, 1997, en particulier p. 42-58.
% Voir R. B. Branham, Unruly Eloquence : Lucian and the Comedy of Traditions, 1989.
'
i
τὰ
|
#7 Les termes lusus, ineptiae ou ioci sont associés par Catulle, Pline ou Martial, dans un sens connotatif, ἃ la pratique de | epigramme, Voir
M. Citroni, «Martial, Pline le Jeune et l'identité du genre de l’épigramme latine», Dictynna, L 2004, [en ligne] URL : , 611. À l'époque humaniste, lusus ou nugae servent de titres à des recueil d'épigrammes (voir par exemple Andrea Navagero et Nicolas Bourbon), qui entendent ainsi se dégager des impératifs contraignants des grandes formes poétiques, en particulier épique et tragique, pour privilégier les genres mineurs et ramener l'inspiration à une forme plus tempérée, snRe furor et labor, ars et
ingenium, où l'inspiration désigne plutôt les facilités permises par le travail et la mémoire que l'influence des astres et des dieux. 8 Voir également la préface des Colloquia d'Érasme : tot serias sententias mediis iocis admixtas. A. 3 Voir M. Grant, Ancient Rhetorical Theory of the Laughable in Cicero and Horace, Madison, 1919, p. 123-125.
4 Voir G. PONTANO, De Sermone, 3, 15 : « De Facetis >, δι: Est igitur faceti hominis proprium in dictis factisque, in seriis ac iocis, in dicendo atque audiendo quae ad recreationem spectent animorumque relaxationem, in conuictibus consessionibusque atque in congresihus ipsisquein circulis atque hominum coronis collocutionibusque, mediocritatem sequi, cité par P. Nespoulos, « Giovanni Résine thciieien de l'art de pirates. με De Sermone », Cahiers de l’Europe classique et néo-latine, 2 : Influences latines en Europe, (Publications del Université de Toulouse le Mirail, De 1, I x 3" tome 23), p. 5-39, en particulier 26, n. 18. Voir également D. Ménager, La Renaissance et le rire ; G. Luck, « se facetus : a Renaissance
Studies in Philology, 55, 1958, p. 107-121. Voir également F. Bistagne (éd./trad.) : Giovano PONTANO, De Sermone. De la Conversation,
Paris,
2008,
87
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (155 $) -tome
1
Introduction
de descriptions d’objets séduisants ou ridicules, offerts ἃ la représentation par l’entremise d’un texte et d’une gravure, pour leur servir de supports et d’indices. Au-dela du plaisir suscité par les rythmes et les figures imagées
de l’expression poétique ou de la séduction des formes plastiques, le lecteur se voit ainsi convié aux joies tout intellectuelles de la reconnaissance des modèles esthétiques et littéraires, ainsi qu'à l'excitation de l'enquête herméneutique pour aboutir au concept, ouverte sous le signe du labor. Mais inversement, c'est aussi offrir à la
monotonie de l’idée ou à son aspect général et abstrait le chatoiement de formes variées. Dans le texte du Symb. 3“, véritable petit art poétique, Bocchi nous propose une généalogie combinée du
spoudaiogeloion et de la pratique allégorique, qu'il réécrit à sa guise. Bocchi reprend (v. 2-10) un parallèle établi par Xénophon (4, 6, 14-15) et Denys d’Halicarnasse (Rh., 11, 8) entre la rhétorique d'Ulysse et la technique de
Socrate des epaktikoi logoi, pour montrer que l'efficacité de leur éloquence serait fondée sur l'induction, c’est-àdire le passage dialectique du particulier à l’universel et de l'évidence à l’invisible. Érasme évoque, pour décrire ces inductions (eisgagôgias) socratiques, un langage simple, populaire et bas (sermo simplex ac plebeius et humilis)**. Ficin lui-même avait rappelé que le spoudaiogeloion est l'une des caractéristiques du langage socratique*’, à l’image du personnage lui-même, paradoxal, comme les Silènes d’Alcibiade le laissent entendre : ce style bas et imagé, qui flatte l'oreille et l'imagination, attire l'attention par son caractère inattendu et ses sous-
entendus, ou suscite l'amusement par son allure simple voire grosssière, mais vise en réalité à déconstruire les certitudes d’un auditeur qui se laisse prendre au piége**. Par une imprécision toute stratégique, déjà suggérée par la cheiragôgia de Denys l’Aréopagite et la materialis manuductio de Jean Scott, où l’on prend le spectateur par la main pour l'emmener des images sensibles à la contemplation des intelligibles, Bocchi laisse entendre que cette technique dialectique socratique pourrait être mise en parallèle avec une seconde pratique (v. 11-20), celle de l’allégorie au sens fort, pratiquée par les fables d’Ésope (v. 17 : Phrygius uates), les symboles de Pythagore (v. 18 : Panthoides Samius) et, plus généralement, par les poètes « théologiens » (uates), capables d’inventer des images divines (dia) fascinant leurs auditeurs (mirè allexere, v.19), pour leur révéler de manière figurative l'essence et les secrets du monde. Tous ces auteurs, réunis dans une sorte de concaténation historique, des primi inuentores à l'époque contemporaine, ont en commun de mettre en œuvre, au cœur de leur création, la pictura,
poétique et mentale, produit de la rhétorique et de l’imagination. Mais celle-ci n’est plus seulement l’ornement
qui évite la satias (v.26), elle se fait aussi organon, instrument du savoir, certes différé dans le temps, mais
universel, et qui s’adresse aux plus humbles. Le lien posé entre les deux procédés est sans doute forcé, et repose sur une analogie : le langage allégorique, en effet, à l’instar de l’induction, procède de la lettre ἃ l’esprit, du sens premier au sens caché, de l’évidence à l’invisible. Il stimule l’effort interprétatif du lecteur, alimente son désir
tout en stimulant son ingéniosité, et évoque le sens du mythe prométhéen du Protagoras (320c-322d) : l’être
humain est amené à compenser par des qualités techniques ce qui ne lui est pas donné d'emblée par la nature ni octroyé par la divinité. Le spoudaiogeloion définit donc la double nature de Socrate, du symbolum et du genre littéraire qui s'en empare,
à la fois image gravée et texte poétique, ecphrasis et explicatio au sein du discours rhétorique, avec un double effet sur le lecteur : plaisir et instruction. Ce mélange paradoxal s’énonce dans le texte et les motti du Symb. 3 a travers une série de couples antithétiques topiques sur le modèle des oppositions formulées par l’Art Poétique d’Horace (v. 333 et 343 : prodesse/delectare ; delectando/monendo), et qui finissent par se combiner (miscere). Le placere et
le delectare horatiens (le geloion grec) amènent les références ἃ l’inani pictura (v. 22-23), citation de Virgile“, et au dulci (v.24). Du côté du monere, du docere et de l’utile (le spoudaion grec), viennent se ranger les seria pondera des grauium rerum (v. 23-24), repris dans le motto de la gravure. Le passage d’une série à l’autre s’effectue par lopération déictique ostendendo, « rendre visible > (v.23), qui se traduit, dans le motto de la gravure, par le
renversement latent/aperta patent. On notera toutefois que la portée exacte de certains termes est laissée dans le flou : ainsi le mot pictura, dans le motto de la gravure, peut être indifféremment l’image rhétorique et poétique dont parle le texte, l'image gravée ou, dans l’image gravée, le tableau que Socrate est en train de peindre et qui est, nous le verrons, un équivalent de la parole poétique et de la parole philosophique. Pour embrasser cet objet complexe et protéiforme qu'est le symbole, il faut non seulement un ton spécifique, fondé sur l'ambiguïté, mais aussi une forme littéraire souple qui puisse s’adapter à tous les sujets, à toutes les circonstances, aux humeurs et aux évolutions du Moi et du Lecteur : comme beaucoup de ses contemporains, c’est à la silve que Bocchi fait appel“. Ce genre avait d’ailleurs connu une fortune certaine à Bologne : Antonio Urceo Codro avait rédigé deux livres intitulés Syluae et, en guise de praelectio, une Silua in principio studii pronuntiata*”’. 4. Poétique de la “ sylua ” symbolica Dans une série d’articles qui ont fait date*®, venus clarifier encore ses fondamentales études sur la question“,
Perrine Galand rappelait que la redécouverte des Silves de Stace par Poggio Bracciolini en 1417, ainsi que les commentaires puis les imitations qu’en donna Politien en 1480 sous la forme de quatre praelectiones en forme de Siluae*°, constituaient le point de départ d’une vogue inégalée à la Renaissance pour ce genre mineur antique sans thématique ni cadre spécifique, aux appellations fluétuantes. Etablissant une typologie à partir des principaux théoriciens de la Renaissance (Niccold Perotti, Domizio Calderini, Ange Politien et Nicolas Bérauld), P. Galand rappelle les trois sens principaux du terme silua : le mot désigne, dans un sens philosophicorhétorique, la matière (hylé) en général, et la matière du discours plus spécifiquement ; il renvoie également aux collections d’annotations philologiques et de remarques de lectures sur tous les sujets (Nuits attiques d’Aulu*S Aen., 2, 464: Sic ait atque animum pictura pascit inani. Énée est en train de contempler le décor du temple que Didon ἃ fait édifier en l'honneur de Junon et où sont figurées les péripéties de la guerre de Troie. Les images qui représentent les Grecs et les Troyens et dont se repait spirituellement Énée (cf. animum pascit) lui arrachent des larmes (cf. v. 465 : ... largoque ulectat flumine uoltum). Le terme inani, appliqué à pidura, désigne, autant chez Virgile que dans la reprise qu’en propose Bocchi, le fait que le spectacle n'est pas celui du monde, mais bien celui que propose une image figurative, qui n’a pas la consistance ni l'épaisseur du réel. Mais Virgile comme Bocchi suivent ici la conception mimétique de l’enargeia dans l'Antiquité, pour qui l'écran supplémentaire que constitue, dans le processus de la représentation, l’image d'art ou l’image poétique
n'induit nullement
un pouvoir psychologique
amoindri ou des effets diminués, puisqu'elle propose un substitut
(cf. lacrimans, v. 459 ; mimétique exact du réel. C'est ce que montre clairement la répétition des termes ayant trait aux larmes chez Virgile
lacrimae, v. 462 ; flumine, v. 465), qui insiste sur les capacités émotionnelles des arts visuels, ἃ l’instar du réel qu’ils représentent, ou la formule oculis subiecta de Bocchi des v. 19-21 (Pinxere atque homines mire allexere, libenter/ Auribus ut uellent haurire et credere honesta/ Quae fuerant a également formule la que remarquer fait me Lévy Carlos poétiques. représentations ses et réel le fidelibus ante) qui gomme les frontières entre des connotations lucrétiennes. sylua symbolica. +06 Milan, Bib. Ambr., D. 145 inf, f 44r : Ergo quia ualidiora sunt duo, accipe rursus hoc non ita pridem natum in #7 Voir Klecker, Dichtung über Dichtung, 1994, Ρ. 294-304
(au début du 4% P. Galand-Hallyn, « Quelques coincidences (paradoxales ?) entre l’Épître aux Pisons d’Horace et la poétique de la Silve
5: a xvi siècle en France), Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 60/3, 1998, p. 609-639 ; Ead., « Les ‘fureurs’ plus basses de la Pléiade individualité et éthico-stylistique ” Prophètes et prophéties au XVI‘ siècle, Cahiers V.-L. Saulnier 15, Paris, 1998, p. 157-187; Ead., « “ Médiocrité
“ Nous renvoyons, pour le détail de l'étude, à la longue analyse que nous consacrons à ce symbolum.
Guillelmum Pele, 1641, p. 109 : Pythagorae, Socratisque et Platonis mos eras ubique diuina mysteria figuris inuolucrisque obtegere, sapientiam suam contra sophistarum iactantiam modeste dissimulare, iocari serio et udiosissime ludere (notre traduction) : « Pythagore, Socrate et Platon avaient coutume de toujours protéger les divins mystéres de figures et de voiles, de dissimuler avec humilité leur sagesse, a la différence de la jactance
dans littéraire à la Renaissance », dans E. Naya, A.-P. Pouey-Mounou, Éloge de la médiocrité, Paris, 2005, p. 103-120 ; Ead., « Peut-on se repérer Pp 53013) pense siècle, Xvir au l'Antiquité de Europe en libérée écriture d'une Histoire Silve. La (dir.), Laigneau S. la silve » dans P. Galand, qui souligne également 13. Voir aussi I. Maier, Ange Politien. La formation d'un poète humaniste (1469-1480), Genève, 1966, p. 210-212, 5). l'importance des déclarations de Stace et de Quintilien sur la silve, dans la filiation de la miscella d'Aulu-Gelle (Praef, 1994, p.261-264 Genève, Renaissance, la à d'Homère poétique # P. Galand-Hallyn, Le reflet des fleurs: description et métalangage
Cambridge, 2008, p. 276-301: « Laughter on and behind the face of Socrates ». Sur les epaktikoi logoi et la mise en relation avec le langage
Siluae, Florence, 1996 ; A. Bettinzoli, #9 Voir P. Galand (trad.), Ange POLITIEN, Les Silves, Paris, 1987 ; F. Bausi (éd.) : Angelo POLIZIANO,
% Adagia, 3, 3, 1 : « Sileni Alcibiadis ». #5 M. FICIN, In commentarium
suum
in Parmenidem proemium, Proemium,
in Marsilii Ficini...
omium...
operum
tomus secundus, Parisiis, ap.
des sophistes, de plaisanter avec sérieux, de s’amuser avec beaucoup
d’érudition ». ae Sur Socrate : : : : et le spoudaiogeloion, voir S. Haliwell, Greek Laughter. A Study of Cultural Psychology from Homer to Early Christianity,
imagé de l’allégorie par Erasme, voir notre analyse du Symb. 3.
88
humanistes de (« Improvisation et enthousiasme » chez Stace) et p. 498-502 (sur Politien). Voir aussi Ead., Les yeux de l'éloquence. Poétiques
l'évidence, Orléans, 1995, troisième partie sur Politien.
|
'
Daedaleum iter. Studi sulla poesia e la poetica di Angelo Poliziano, Florence, 1995 (ch. 3).
89
—
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
Gelle ou Stromates de Clément d'Alexandrie), qui prendront le nom de miscellanées à la Renaissance, comme l’a sur la pratique emblématique) ; enfin, il sert à caractériser, dans un sens critique selon Quintilien (Inst., 10, 3,
par le calor et l’impetus, qui restitue l’illusion de l’inspiration divine (à travers la métaphore platonnicienne de la Pythie) ; un désordre apparent des matières corrélé à leur abondance qui traduit les trésors d’érudition accumulés par le poète à partir d’une multitude de domaines de savoirs, trésors offerts ensuite à l’acribie des
substitut de l’influx inspirateur divin de Platon (le furor), semble imiter les dons et facilités de l’ingenium et de la
Lectioni Ciceronis copulata erit lectio siluarum quas Papinius Statius poeta Neapolitanus poetico quodam calore
proposé Politien (nous y reviendrons un peu plus loin, en montrant l'influence considérable de ce genre d’écrits
17), puis positif chez Stace (Silu., 1, praef.), non pas un genre ni une thématique, mais une forme d’écriture de circonstance fondée sur l’improvisation et le kairos, et nourrie par un calor rhetoricus ou subitus*"'. Ce dernier,
natura dont parle Horace (Ars, 408-411), mais il est en réalité façonné en amont par le labor, la technique (ars), la mémoire et l’érudition de l’écrivain nourri de lectures et d’exercices au contact des plus grands auteurs. Ce calor très encadré par une forme de gymnastique intellectuelle est harmonieusement complété par une faculté décrite par Quintilien (Inst., 6, 2, 28-30) chez les écrivains « imaginatifs » (euphantasiôtoi), et qui consiste à susciter en soi-même et de manière contrôlée des images frappantes bien qu'illusoires, mais propres à générer les émotions et les passions que l’on veut transmettre, et qui donneront l'impression d’une divine inspiration. L'écrivain pourra éventuellement reprendre par la suite ses esquisses improvisées, mais il sera bien avisé de leur conserver leur caractère impromptu. Fondé sur une esthétique de la surprise, ce calor suscite de la uoluptas chez celui qui compose et participe à la persuasion du lecteur par le delectare. La silve, en outre, refuse la taxinomie traditionnelle des genres tout en créant un horizon d'attente. Perrine
Galand établit un panorama, en montrant les productions qu’on peut trouver sous le titre de Silve(s) : « poèmes de circonstance (à la manière des Silves de Stace), pièces encomiastiques à caractère souvent épico-patriotique,
religieux et/ou moral, polémiques, œuvres pédagogiques (à la manière des Silves de Politien), recueils de notes
philologiques, linguistiques ou “scientifiques ” »*'”. Elle rappelle également ce que le lecteur s'attend à y trouver : œuvre d'improvisation, désorganisation apparente gardant trace de l'élan initial, présence auctoriale, variété des sujets visant au plaisir du lecteur. La silve, enfin, récuse surtout la distinction traditionnelle des trois styles, pour lui préférer celle de uarietas. Ce
mouvement Renaissance de poikilia « récapitule monde
est déjà amorcé par la Rhétorique (pour reprendre » le style bas et
romain
dans l’Antiquité grecque par Denys d’Halicarnasse et Hermogène, transmis à la de Georges de Trébizonde (1470), rhéteurs qui promeuvent un idéal « diapré » la traduction de P. Galand), où les styles se mélangent et où le style médian le style sublime en évitant leurs excès, par exemple chez Démosthène ; dans le
tardif, Macrobe
fait l’éloge de Virgile comme
modèle
du temperamentum
ou
« dosage >
stylistique qui mêle le copieux et le bref, le sec et le fleuri, variante des trois styles*'’. A la Renaissance, cet idéal anthologique maîtrisé, aux antipodes d’un cicéronianisme stérile, permet au poéte de se constituer une réelle personnalité littéraire, fondée sur le dépassement de la lecture des modèles et des exercices d'imitation, qui permette à son ingenium de trouver l’aisance d’une seconde nature, travaillée par l’art. Et cet éclectisme des pratiques, qui se traduit par le choix de la uarietas dans tous les domaines (sujets, styles, métrique, genres) permet à l’ego poétique de rencontrer la diversité d’un lectorat et de s'adapter à lui : c’est un point essentiel pour le discours du prédicateur érasmien, par exemple. Dans
un discours sur les rhéteurs, l’éloquence et Cicéron,
Philippe Béroalde l’Ancien
* Aux travaux de P. Galand déjà mentionnés supra, on renverra pour cette notion à P. Galand-Hallyn, F. Hallyn, J. Lecointe, « L'inébiration
poétique au Quattrocento et au XVI‘ s. » dans P. Galand-Hallyn, F. Hallyn (dir.), Poétiques de la Renaissance. Le modèle italien, le monde franco-
bourguignon et leur héritage en France au XVI siècle, Genève, 2001, ainsi qu’à T. Cave, Cornucopia. Figures de l'abondance au xvr siècle. Érasme,
Rabelais, Ronsard, Montaigne, Paris 1997 pour la traduction française (1979), Oxford, 1979 ; J. Lecointe, L'idéal et la différence. La perception de la personnalité littéraire à la Renaissance, Genève, 1993, p. 498-507. *? Voir P. Galand-Hallyn, « Quelques coincidences (paradoxales ?) », p. 613-614. * Sur toutes ces questions et les références aux textes antiques, voir P. Galand-Hallyn, L. Deitz, « Le style au Quattrocento et au xvI° siècle », dans P. Galand-Hallyn, F. Hallyn (dir.), Poétiques de la Renaissance, Pp. 533-573 et Ead., « Du ‘cocktail’ des styles à l'expression du moi », dans Ead., Les yeux de l'éloquence, p. 17-29, en particulier 20-24. +14 Sur ce texte, voir A. Maranini, « Silua est plena eruditionis et indiga interpretationis : quand l’interprète de la silua ne satisfait pas les oreilles Turnhout, 2013, p. 373-416.
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conscripsit : unde et siluae merito nuncupatur. Nam siluam prisci uocarunt poema Stilo quam uelocissimo compositum,
quando poeta calorem sequens ac impetum ex tempore scribit et, ut inquit Plato, in musae tripode sedens furoris afflatu concitatur. Praeterea silua in alia significatione apud eruditos accipitur pro ubertate ac copia rerum cateruatim congestarum.
[...]
In
hoc
uero
poemate
perinde
ac
in siluis
nemoribusque
sunt cuncta
congesta
et agminatim
coaceruata : incredibilis rerum reconditarum commemoratio, immensa multiiugae doctrinae descriptio, hystoriarum ac rerum scitu dignarum luculenta narratio ; in summa quam plurima leguntur in siluis Statii, quae prophanum
uulgus
ignorat, in quibus grammatistae hallucinantur, in quibus commentatores subinde labuntur. Haec et id genus reliqua nos
ea uigilantia, eo studio, ea diligentia explicare conabimur atque pro uirili parte enodare curabimus ut nullus auditorum nostrorum ennarationes nostras merito possit criminari*">.
Or plusieurs déclarations dans le texte du Symb. 3 se réfèrent ouvertement à cette pratique, en insistant de surcroît sur le rôle joué par la poésie et, à travers elle, par l’image rhétorique, génératrice de symboles. L'ouvrage, offert à Alexandre Farnèse par le biais de la dédicace de la pièce, présente clairement le caractère
improvisé (inuentum, v.40) et inachevé (perfectum nil, ibid.), caractéristique de la silve. Il revendique
ouvertement, à travers des citations empruntées au Brutus de Cicéron et à la fin du De Pictura d’Alberti, le statut
de matière encore grossière (rudia ista, v. 41) et pleine de défauts (defecta, v. 42), qui n’a pas encore subi le
travail final de la lime (polire) ni de l'amélioration (explere), laissé à de futurs et hypothétiques correcteurs (Si quis... dignabitur olim, v. 41). Cet inachèvement assumé, qui prend la forme de captatio beneuolentiae, exprime la nature improvisée d’un texte suscité par le kairos (les Latins diraient ex tempore), c’est-à-dire sous la pression d’une circonstance extérieure, souvent banale, mais génératrice d’émotions. Comme le rappellent la dédicace et l’apostrophe finale (v.35), cette circonstance extérieure s’identifie à Alexandre Farnèse, protecteur de l’Academia Bocchiana, qui a favorisé par sa personnalité et par sa générosité l'élaboration du recueil : le poème d'ouverture s offre à lui comme une véritable action de grâces. La revendication d’inachévement amène le narrateur à adopter une posture d’humilit é*f pour présenter son opus poeticum. Il le fait par l'intermédiaire d’une image empruntée à une ode d’Horace, celle du poète en abeille
du Matinus, volant au ras des fleurs (v. 31 : Deferor hospes apisque Matinae more modôéque ; cf. HOR., Carm., 4, 2,
27-32). L’humble insecte au vol lourd et maladroit, qui s oppose aux envols sublimes du cygne pindarique,
signale la modestie de l'inspiration (tenui musa, v. 3 3), fondée sur le travail et l’innutrition littéraire (multum laborem ; operosa musa, v. 33).
avait consacré un
paragraphe à définir ce genre étonnant*"*. On y retrouve plusieurs idées essentielles : le caractère improvisé dicté
des érudits », dans P. Galand, S. Laigneau-Fontaine
exégètes :
(dir.), La silve. Histoire d'une écriture libérée en Europe, de l'Antiquité au XVII‘ siècle,
+15 « Philippi Beroaldi oratio in enarratione rhetoricorum continens laudationem eloquentiae atque Ciceronis », in Orationes, praelectiones et praefationes quaedam mithicae historiae Philippi Beroaldi. Item plusculae Angeli Politiani, Hermolai Barbari, atque una Jasonis Maini oratio : quibus addi possunt seorsum tamen impressa ; varia [eiusdem] Philippi Beroaldi opuscula : nunc demum coimpressa, Paris, Jean Petit/Josse Bade, 1505,
f 14r°-v° (notre traduction) : « A la lecture de Cicéron sera associée la lecture des Silves que Stace, le poète napolitain, a rédigées en suivant
une sorte d’échauffement poétique, d’où le nom mérité de silves. Car les Anciens ont appelé silve un poème composé dans un style le plus
rapide possible, lorsque le poète, obéissant ἃ l'échauffement et à l'impulsion, improvise et, comme dit Platon, assis sur le trépied de la muse, est
mu par le souffle de l’inspiration. En outre, la silve est interprétée chez les érudits, dans un autre sens, comme
la fécondité et l’abondance de
matériaux rassemblés dans le désordre. Dans ce poème, comme dans les forêts et les bois, tous les éléments sont accumulés et entassés sous
forme de tas: il y a là le rappel incroyable par la mémoire de réalités enfouies, l'inventaire sans limite de savoir complexe, le récit précis d'histoires et d'événements dignes d’être portés à la connaissance ; en somme, on lit dans les Silves de Stace énormément d'informations que le même genre, profane vulgaire ignore, où les grammairiens s'égarent, où les commentateurs se trompent. Ces matières, et toutes les autres du dénouer les nous nous efforcerons de les expliquer avec attention, passion et acribie, nous veillerons, en proportion de nos forces, à en
difficultés de manière qu'aucun de nos auditeurs ne puisse nous faire à bon droit grief de nos interprétations >.
“16 Sur ce topos, voirJ. Lecointe, L'idéal et la différence, p. 206-207 ; et P. Galand-Hallyn, « Les ‘fureurs’ plus basses de la Pléiade », p. 166-168.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
Mais la métaphore de l'abeille du Matinus a un autre avantage : l’activité du modeste insecte suggère des titres
de recueils de silves antiques, les Kéria (rayons de miel) ou les Prata (prés)*”, et restitue la nature anthologique
du travail poétique qui puise à différents nectars, donnant à l’œuvre son caractère coloré (poikilon) et composite. Refusant l’ennui d’un seul modèle, même parfait, le poéte-abeille refuse la satias (v.26) pour privilégier la uarietas des formes (uarias formas, v. 26-27), celles des genres, des styles ou des auteurs“.
Sénèque*!”, Macrobe** et Érasme* utilisent également l’image du butinage et de la fabrication du miel qui,
comme celle de la digestion, signale un style personnel qui a dépassé la diversité des sources*”. L’imitation de la nature (naturam imitari, v.26) suppose la capacité à en restituer l’infinie diversité. Mais dans le Symb. 3, ce temperamentum n'est pas que stylistique ou poétique : il est aussi intellectuel et philosophique. Au v. 29, ego refuse de choisir entre les sectes philosophiques, mais souhaite prendre chez chacune d’entre elles, sans distinction, ce qu’elles ont de séduisant ou de plus adapté. Il se met dans les pas de deux grands modèles, qu'il imitera
tout au long du recueil : Horace
(Epist.,
τὰν
3-14)
et Cicéron
(Tusc.,
5, 29,
82),
qui
affirment
clairement ne pas vouloir marcher dans les pas d’une seule école*”’. Enfin, l’esthétique de la silve, adaptée au chatoiement infini du symbole et de la personnalité littéraire de celui qui les expose, n’est pas sans incidence
religieuse. Erasme en effet, à travers les puissances métamorphiques de Protée ou de Vertumne, suggère le
portrait de l’orator Christianus qui adapte sa langue et sa culture à l’ethos et aux ingenia divers de ses interlocuteurs pour les convertir sans violence aux idéaux de la foi et de la charité*”*. Recommandant en outre au prédicateur l'usage d’une pia uafrities, « pieuse tromperie », dont les origines remontent à Socrate, saint Paul et au Christ”, Erasme fonde ce principe sur l’ethos irréprochable de l’orateur, homme de bien et partisan de l'irénisme évangélique. Le caractère programmatique de cette ars poetica explique un ensemble de choix iconographiques de la gravure du Symb. 3, qu’on a trop souvent étudiée indépendamment du texte qui l’accompagne**. Socrate est présent car, à l'instar du créateur d’emblémes dont il est comme le portrait idéal, il est le modèle du wir bonus dicendi peritus, celui qui associe la pureté de l’ethos aux facultés poétiques, rhétoriques et dialectiques de ses epaktikoi logoi, qui vont du visible à l’invisible*”. Il est représenté sous les traits d’un peintre, car le langage qu'il prononce se fonde sur les images et les métaphores, comme un tableau (le fameux ut pictura poesis, à transposer ici en ut poesis pictura), point de départ populaire d’une initiation qui s’adresse à tous, et aux humbles en particulier. La peinture-discours que Socrate confectionne sous nos yeux, un auto-portrait au bon démon, renvoie à un double mythe racontant la naissance de la peinture (et de la sculpture) : celui de Pline sur la fille de Dibutades*, celui
d'Ovide*” et d’Alberti*” sur Narcisse, réunis par Vasari dans la vision du peintre Gygès détourant ses propres
+17 Sur cette question, voir F. Delarue, « Paradis », dans F. Delarue, S. Georgacopoulou, P. Laurens, A.-M. Taisne (dir.), Epicedion. Hommage a
P. Papinius Statius, 96-1996, Poitiers, 1996, Ρ. 283-296.
* L'opposition est présente chez Cicéron (De Or., 3, 32; Or, 174) et dans la Rhétorique à Herennius (4, 11, 16), et on la retrouve à la Renaissance chez Politien et Pontano. Voir l'historique dans P. Galand-Hallyn, « Du ‘cocktail’ des Styles à l'expression du moi », p. 20-24;
Ead., Le reflet des fleurs, p. 538-548
419 SEN., Epist., 84, 3-9. +20 MACR, Sat. 1, Praef. 5. *! P. Mesnard (éd.) : ERASME, Ciceronianus, ASD, I-2, 961, Ρ. 652,1. 2. Voir les analyses de J. Chomarat, Grammaire et rhétorique chez Erasme, 1981, Paris, p. 802-803.
‘ Pour une analyse de ces citations, voir A. Moss, Les recueils de lieux communs : apprendre à penser à la Renaissance, Genève, 2002 pour la traduction française (1996*), p. 35-37 et 184. Voir également P. Galand-Hallyn, « Du ‘cocktail’ des styles », p. 22-23 ; Ead., Le reflet des fleurs,
p- 380-384 (« Poikilia esthétique et individualité poétique »). + Voir notre partie Sectes à l’encan.
424 Sur les fondements de la rhétorique du mouere chez Érasme, voir J. Chomarat, Grammaire et rhétorique chez Erasme, Paris, 1981, t. U, p- 915. Sur la figure de Protée et son lien avec Erasme, voir notre analyse du Symb. 61.
425 Tbid., t. 1, p. 582, 661-662, 929.
+ Pour le détail des sources et des références bibliographiques, voir nos analyses de la gravure. +7 Sur l'importance de Socrate, voir notre partie Sectes ἃ l’encan.
428 PLIN., Nat., 35, 43429 Ov., Met. 3, 407-493. + Th. Golsenne et B. Prévost (éd./trad.) : ALBERTI, La Peinture (De Pictura), 2, 26, Paris, 2004, p. 101.
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formes sur un mur, à la lumière d’une lanterne“. Mais, dans la gravure, nous sommes aux antipodes d’une
narcissique philautia. Il s'agit en réalité d’un très habile parallèle métaphorique. L'origine de la peinture dit à mots couverts la naissance de la philosophie grâce à Socrate, inventeur d’une révolution éthique : ramener la philosophie du ciel sur la terre, à l’intérieur des maisons et des àmes*’”. Elle se résume en une sentence célébrissime, inscrite au fronton du temple delphique comme programme de la suprême sagesse : nosce te ipsum. Pour Cicéron, lecteur du Premier Alcibiade de Platon“, se connaître soi-même, c’est identifier la part divine en
nous, l’intellect ou νοῦς": cet intellect apparaît figurativement dans l’image sous les traits d’un bon démon/ange-gardien très chrétien, qui conseille l’action droite, tandis que la supersposition de cubes qui servent de siège dit la uirtus démultipliée du personnage. L’auto-portrait énonce le nosce te ipsum philosophique, mais également le constat de Côme l'Ancien, Savonarole et Léonard de Vinci qu’ ogni pittore dipinge se medesimo, « tout peintre se peint soi-même »**, c’est-à-dire met dans son œuvre les formes de son imagination, et les traits de son tempérament. Toutefois, Bocchi nous avait mis en garde contre les évidences dans le Symb. 2, dont la gravure nous propose son portrait par Fontana : l’image brute ne révèle rien et le portrait peint ne représente pas directement l'âme. Il faut que le spectateur interprète les signes qui lui sont offerts. De même, dans la gravure du Symb. 3, l’intellect démonique ne se distingue sur la toile qu’au terme d’un processus long et progressif, auquel le geste du peintrephilosophe nous convie : le tableau s’ouvre dans la gravure comme une porte qui nous invite à rentrer dans le double cadre, pour y rencontrer Socrate, dialoguer avec lui et recevoir ses leçons. Le portrait de Bocchi par Fontana proposé au Symb.2 ressemble beaucoup au Socrate peintre et philosophe du Symb. 3, invitant expressément à la comparaison : Socrate devient aussi une figure du poète (ou du plasticien en général), et la représentation picturale qui en est donnée dit beaucoup sur l’art poétique et l’art en général. Socrate, éclairé par le soleil apollinien qui révèle à la fois le peintre et son œuvre, élève d’une main, au-dessus de la toile, l’équerre et le compas, tandis que l’autre tient le pinceau. Cette répartition des instruments dans chacune des deux mains manifeste une sorte de consécution équilibrée. D'un côté, l’équerre et le compas, instruments de la géométrie,
montrent le rôle essentiel que jouent labor et scientia dans le processus créatif de l’art, générant les scénarios de l'imagination, mais aussi dans celui de la vertu (c’est l’un des sens du mot « géométrie > chez Platon, comme le
suggère le Symb. 126). Dans le Symb. 23, cette idée sera relayée par la fausse étymologie ars/aretè, l’ars née de la vertu grecque, tandis que Labor et Experientia permettent de surpasser Natura.
De l’autre côté, face aux instruments du labor qui façonnent le tableau, le démon ailé qui vient souffler quelques mots à l'oreille de Socrate manifeste la part incoercible jouée par l’ingenium, à la rencontre entre le destin
astrologique, les puissances démoniques intermédiaires et les talents naturels (natura), cette part divine de la
personnalité qui sublime l'exercice technique (ars) et la pratique, mais ne suffit pas non plus si elle reste seule, comme
le rappelle Horace
qui souhaite une
« conspiration » entre les deux. Venu
se poser de manière
impromptue, d’un coup d'ailes, le daimôn eudaimôn incarne aussi le kairos, cette troisième force que représente l’inspiration des circonstances extérieures venues soutenir la nature et l'art. Enfin, si proche de la figure de l’ange-gardien, délégué par Dieu le père, ce démon angélique qui vient conseiller l'artiste au travail surimpose au scénario poiétique un récit théologique. Emanation de la grâce divine qui vient secourir l'âme de ses bons avis, l'ange participe, certes de manière essentielle, au salut de l'individu, mais non pas de manière exclusive : les
instruments du peintre, véhicules du labor, sont là pour traduire l’idée de collaboration et de synergeia augustiniennes, par lesquelles le croyant aide lui-même de manière active la grâce à accomplir son œuvre en sa propre personne. Quant au tableau de Socrate, à la fois action et discours, il invite généreusement autrui à
pénétrer dans le processus, et traduit l'efficacité de la charité.
#1 Voir V. I. Stoïchità, Brève histoire de l'ombre, Genève, 2000, p. 38. +2 Cic., Tusc., 5, 4, 10 ; voir aussi le Symb. 127. 3 PL, Alc., 133 b-c. CIC, Legit} 235 45 Voir A. Chastel, Art et Humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique, Paris, 1961, p. 102-105 et P. D’Angelo, « ’Ogni dipintore
dipinge sé’ : contributo alla storia di un’idea », Intersezioni, 11, 2, 1991, Ρ. 213-235.
93
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Mais, au-delà de ces déclarations d'intention et de leur mise en scène, quels processus poétiques sont mis en
œuvre au fil du recueil ? Comment concilier l'esthétique revendiquée de la silve avec la place dévolue a Alciat et au « modèle épigrammatique » contraignant, que le juriste milanais a mis en œuvre de manière si virtuose pour soutenir son programme d’herméneutique du symbole ?
ll. Ductilité générique et uarietas:
présence et effacement du modèle épigrammatique alciatique
La silve, nous l’avons vu, se signale par une extraordinaire indétermination, qui fait éclater le cadre de l'aptum. Elle revendique une forme de liberté d'inspiration et l’expression d'une personnalité littéraire qui puise à une multiplicité de modèles. Elle intègre comme principe une plasticité générique, thématique et métrique, que nous retrouvons en effet à l’œuvre dans le recueil bocchien. Sur certains de ces points, en particulier l'aptitude à assimiler des genres allogènes, elle rencontre la tradition de l’épigramme gréco-latine**, et en particulier l'adaptation qu’Alciat avait faite de ce genre polyvalent pour mettre en œuvre le répertoire infini du symbole. L'un des modèles importants des épigrammes alciatiques est constitué par l’Anthologie de Planude, et on sait l'importance qu’Alciat occupe comme traducteur et adaptateur (car traduction signifie souvent transposition et
Des traductions réalisées à partir de l’Anthologie, Alciat a retenu une sélection qui s’étoffera au fil des éditions, et
qui constitue dès le départ l’un des noyaux importants de son recueil d’emblémes : quarante sur cent quatre
pour la première édition augsbourgeoise de 1531 chez Steyner, puis cinquante sur deux cent onze dans l'édition
lyonnaise Rouille-Bonhomme de 1555. Le principe de sélection qui a prévalu se résume en quelques mots : tout ce qui relève de l’allégorie et du symbole. Mais aux formes rhétoriques variées (dialogue, problème, similitude, prosopopée, apostrophe, etc.), et aux motifs que proposaient les épigrammes ecphrastiques ou funéraires tirées de l’Anthologie, dégageant le sens des attributs d'une divinité, expliquant les raisons d’une association entre plusieurs dieux sur un autel ou dans un temple, éclairant la signification du décor d’un tombeau historique ou mythologique, Alciat intègre bien d’autres sources, livrées par les textes ou l'archéologie : fables, apologues, énoncés gnomiques et parémiographiques (les fameux symboles pythagoriciens, les sentences de Ménandre, Caton ou Publilius Syrus), récits mythologiques, en particulier ceux tirés d' Homère, de Virgile ou d’Ovide (et interprétés par les scholiastes, les commentateurs ou les mythographes antiques), épisodes historiques, littérature scientifique, poétique ou onirocritique traitant des propriétés remarquables des minéraux, des animaux ou des plantes, évocations d’artefacta, tels les objets d’art, les monnaies, les boucliers et les blasons, les
bas-reliefs et les stéles**.
4% Francesco Robortello, en la nommant « toute petite particule », rappelle le caractère mixte de l’épigramme, qui emprunte ses thématiques
Le survol du recueil bocchien efectué plus haut pour dégager les matériaux principaux du symbole a permis de montrer une volonté identique du Bolonais de puiser à son tour dans l’ensemble de la pensée allégorique transmise par l'antiquité gréco-romaine (et hébraïque, de surcroît), souvent par l'intermédiaire de relectures humanistes, comme les Adages d’Erasme ou les miscellanées (voir infra). Le choix de privilégier le symbole ou, du moins, l’image génératrice de symbole(s) explique que seule une toute petite partie des pièces des Lusus de
Vtinensis eorum omnium quae ad methodum et artificium scribendi epigrammati spectant. Explicatio in Id,, in librum Aristotelis De arte poetica
pluralité métrique, Bocchi fait un usage quantitativement important du distique élégiaque (soixante-dix poèmes
variation), dans les anthologies de Soter et surtout, de Cornarius, où il signe plus de cent cinquante piéces*”.
et ses mètres aux grands genres (épopée, tragédie, comédie, dithyrambe) et aux genres mineurs (épitre, satire, silve). Voir Francisci Robortelli
jeunesse ait été reprise dans les Symbolicae Quaestiones*®. De même, tout en proposant une ouverture à la
esse
sur un total de cent soixante cinq“), mètre par excellence de l’épigramme chez Alciat. Enfin, malgré de
explicationes;
Florence,
L. Torrentinus,
1548,
p.35:
horum
omnium
[generum]
particulam
quandam
ualde
exiguam
existimauerim
epigramma ; [...] adeo ut aliquis iure appellare possit ipsum epigramma particulam unius alicuius particulae comoediae, tragoediae et aliorum poematum. Sur la plurigénéricité implicite, voir p. 36 : Materies epigrammatum multiplex est, nam cum sit particula quaedam exigua singulorum generum poetices facultatis, nunc huius, nunc illius ; plane necesse est, ut qualis in singulis generibus fuerit materies, talis quoque sit epigrammata. Sur la parenté entre épigramme et silve, voir les remarques du suisse Joachim de Watt dans P. Schafer (éd.) : loachim VADIANVS, De poetica et carminis
ratione, 8 (Vienne, 1518), Münich, 1.1, p.82: Aduerto enim siluam uetustis carmen appellatum argumentis uariis stilique exuberante licentia deductum, quo miscellanea quasi materia tractaretur ; hoc, nisi obesset longitudo, certe in epigrammatis partes secederet, uerumque esset epigramma, « Je constate que les Anciens ont appelé “ silve ” un poème composé suivant une variété d’arguments et un style débordant de liberté, où l'on travaille un matériau pour ainsi dire composite ; ce poème, si sa longueur n’y avait point fait obstacle, serait venu se ranger dans les catégories
de l’épigramme et constituerait une véritable épigramme ». La bibliographie sur l’épigramme antique est immense. Nous avons consulté :
A. S. F. Gow, D. L. Page, The Greek Anthology. Hellenistic Epigrams, Cambridge, 1965, t. I et Il ; L’Epigramme grecque, Entretiens de la Fondation Hardt, Vandœuvres/Genève, 1967 ; G. Pfohl (dir.), Das Epigramm : Zur Geschichte einer inschriftlichen und literarischen Gattung, Darmstadt, 1969; P. Laurens, L’abeille dans l’ambre ; J. Dion (dir.), L’épigramme de l'Antiquité au xvir siècle ou Du ciseau à la pointe, Nancy, 2002 ;
Ὁ. Buisset, D’Estoc et d’intaille. L’épigramme : essai de lecture et d'anthologie, Paris, 2003 ; M. Citroni, « Martial, Pline le Jeune et l’identité du
genre de l’épigramme latine » ; P. Bing, J. S. Bruss, Brill’s Companion to Hellenistic Epigram down to Philip, Leyde, Boston, 2007 ; P. Laurens,
Anthologie de l’épigramme, de l'Antiquité a la Renaissance, Paris, 2007 ; E. Prioux, Regards alexandrins : histoire et théorie des arts dans I’épigramme
hellénistique, Louvain/Paris/Dudley (Mass.), 2007 ; Ead., Petits musées en vers. Epigramme et discours sur les collections antiques, Paris, 2008 ; É. Wolff, Martial ou l'apogée de l'épigramme, Rennes, 2008. Sur l’épigrammme à la Renaissance, voirJ. Hutton, The Greek Anthology in Italy to the Year 1800, Ithaca (N. Y.)/Londres, 1935 ; Id., The Greek Anthology in France and in the Latin Writers of the Netherlands to the Year 1800, Ithaca (N. Y.), 1967 (1946') ; L. Bradner, « The Neo-Latin Epigram in Italy in the Fifteenth Century », Medieval and Humanism, 8, 1954, Ρ. 62-70; F. R. Haussmann, « Untersuchung zum neulateinischen Epigramm Italiens in Quattrocento >, Humanistica Lovaniensia, 21, 1972, p. 1-35; S. Prete, « L’epigramma nel Quattrocento. Osservazioni» in G.Tarugi (dir.), Ecumesimo della cultura, atti del XIV Convegno internationale del Centro di studi umanistici Angelo Poliziano, Montepulciano 1977, Florence, 1981, t. ΠῚ: L'Umanesimo e l'ecumenismo della
cultura, p.215-226; P. Laurens, « Du modèle idéal au modèle opératoire : la théorie épigrammatique aux XVI‘ et xvII° siècles > dans
C. Balavoine, J. Lafond, P. Laurens (dir.), Le modèle à la Renaissance, Paris, 1986, p. 183-208 ; S. de Beer, K. A. E. Enenkel, D. Rijser, The NeoLatin Epigram, a Learned and Witty Genre, Louvain, 2009 ; G. Forni, Forme brevi della poesia. Tra umanesimo e rinascimento, 5.1. (Pacini), 2001. +37 Sur la question d’Alciat et de l’Anthologie grecque, voir l’article déjà cité de J.-L. Charlet, « Les épigrammes d’Alciat traduites de l’Anthologie
grecque (édition Cornarius 1529) » ; M. Tung, « Revisiting Alciato and the Greek Anthology : a Documentary Note », Emblematica, 14, 2005, p. 327-348 ; P. Laurens, L'abeille dans l’ambre, p. 544-581 ; V. Woods Callahan, « Uses of Planudean Anthology : Thomas More and Andreas
Alciati », in R. J. Schoeck (dir.) : Ada conuentus Neo-Latini Bononiensis, Binghamton/New-York, 1985, p. 399-412 ; A. Saunders, « Alciati and the Greek Anthology », Journal of Medieval and Renaissance Studies, 12, 1982, p. 1-18 ; J. Hutton, The Greek Anthology in Italy, p. 195-208. Sur
l'importance de l’épigramme gréco-latine dans la genèse du recueil d’emblémes, voir H. Miedema, « The term emblema in Alciati >, JWCI,
1968, 31, p. 234-250; Id., « Alciati’s Emblema Once again », Emblematica, 7, 2, 1993 ; C. Balavoine, « Archéologie de l'emblème littéraire : la
dédicace à C. Peutinger des Emblemata d'A. Alciat > dans M.-T. Jones-Davies
94
(dir.), Emblémes et devises au temps de la Renaissance, Paris, 1981,
notables exceptions sur lesquelles nous reviendrons, une partie substantielle des Symbola relève clairement de la tradition épigrammatique, ne serait-ce que par leurs dimensions réduites et le travail soigné des vers conclusifs, qui vont parfois jusqu’à la pointe (voir infra). Une question importante sera de déterminer quel type d’épigramme Bocchi imite, quelles modalités d’imitation il adopte, et s’il ne s'inspire que du modèle alciatique. Pour l'instant, essayons de dégager plus nettement encore la présence d’Alciat dans le recueil bocchien.
1. Alciatus, pater, fons et origo : continuités thématiques et art de la uariatio
De manière répétée dans le recueil des Symbolicae Quaestiones, un hommage explicite est effectivement rendu à
Alciat. Le Symb. 1 évoque en toutes lettres le recueil des Emblemata d’Alciat (v.38). L’embléme 40 rend
hommage à l'évidence solaire de la uirtus du juriste milanais, qui suscite l'attachement, d’après un vers de
Properce rappelant que les yeux sont guides en amour (2, 15, 12), et une formule d’Aristote (rapportée par
Diogène Laërce (5, 20), pour qui seuls les aveugles ne comprennent pas pourquoi les belles choses suscitent l'amour. Le Symb. 82 présente le programme complexe de la médaille de Bocchi : un conseiller, la main munie
L’Embléme à la Renaissance, Paris, 1982, p.49-59 ; p- 9-21; Ead., «Les Emblèmes d’Alciat : sens et contre-sens », dans Y. Giraud (dir.), à la Renaissance, Paris, 1986, D. L. Drysdall, « Alciat et le modèle de l'emblème », dans C. Balavoine,J. Lafond, P. Laurens (dir.), Le modèle Seizième siècle, 1988, 6, p. 29du Revue Nouvelle », Ρ. 169-179 ; Id, « Préhistoire de l'emblème : commentaires et emplois du terme avant Alciat 2008, p. 79-98 ; B. Scholz, York, New Studies, Emblem to 44; Id., « Andrea Alciato, Pater et Princeps », in P. M. Daly (dir.), Companion Em blematica, 1/2, 1986, », Again Once Emblema Expression of Use Alciatus’ : Emblemata feci titulum < Libellum composui epigrammmaton cui 1991, Pp. 213-254 iD. Russel, 5/2, , Emblematica », Research for Survey A : Emblemata Alciati’s of Edition Pp. 213-226 ; Id., « The 1531 Augsburg t. IIT: The Renaissance, Cambridge, 1999, « The Genres of Epigram and Emblem » in G. P. Norton, The Cambridge History of Literary Criticism, p. 278-283.
On
pourra
également
consulter J. Kôhler,
Der Emblematum
liber von Andreas Alciatus
Entstehung, Formung antiker Quellen und pädagogischen Wirkung im 16. Jahrhundert, Hildesheim, 1986.
(1492-1550).
Eine
Untersuchung
zur
p. 552-560. 438 Pour un survol des sources d’invention, voir P. Laurens, L’abeille dans l’ambre,
* Voir notre tableau en première partie.
du recueil. τὸ Certains symbola comportant plusieurs poèmes, le total excède les 151 numéros
95
eZ" Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
de deux éperons et d’un frein, vante au souverain assis près de lui les avantages de la mediocritas, c’est-à-dire l'équilibre parfait entre la rapidité du jeune homme, riche de multiples dons, mais qu'il faut brider et diriger par
le mors, et la lenteur du vieillard, source de sagesse et de réflexion, instructeur de la jeunesse, mais qu'il faut
stimuler par les éperons. Or le début du poème évoque la devise d’Alciat, à laquelle ce dernier consacre un emblème intitulé « nunquam procrastinandum >. Il rappelle qu’elle est tenue par les sabots d’un élan (ἄλκη en grec, qui renvoie phonétiquement à Alci-at mais aussi à ἀλκή, « la force »), et fut inspirée par la formule
d'Alexandre, μηδὲν ἀναβαλλόμενος, « ne différant jamais rien ». Bocchi toutefois la repousse, tout comme le
programme contraire (πάντ᾽ ἀναβαλλόμενος, « différant toujours tout »), pour lui préférer une voie médiane, ingpirée par l'éthique aristotélicienne et horatienne de |’ aurea mediocritas **. Plusieurs emblèmes de Bocchi reprennent des figures déjà traitées par Alciat, avec un sens subtil de l’allusion et de la variation. Les modalités de cette influence sont diverses. Dans certains cas, des mythes, des sentences ou des objets identiques sont pourvus des mêmes significations ou de sens voisins, et la variation se fait sur des points de détails ou par l’entremise de sources qui diffèrent : — Ganymède enlevé par l’aigle fait l’objet de l'emblème « In deo laetandum » où Alciat, jouant sur |’étymologie du nom du berger phrygien rapportée par Xénophon (Conu., 8, 30-31 ), « qui s’enchante de ses pensers », fait du rapt le symbole de celui qui connaît les transports de la pensée intellectuelle (consilium, mens) et religieuse (Dei
gaudia).
Bocchi,
qui
reprend
l’étymologie,
semble
le suivre
dans
le Symb.78,
où
l'enlèvement
mythologique devient figure du rapt mystique de l’homme pieux, avec probablement une allusion cabbalistique liée à une première dédicace à Léon X. Mais le Symb. 79, variation sur un même
motif, bouleverse
cette
concession par l'intermédiaire d’une statue très sensuelle de Léocharès sur ce sujet, décrite par Pline l'Ancien
(Nat. 34, 79) : le rapt se fait étreinte et les deux figures enlacées disent la réconciliation du corps et de l’âme,
sous le signe de la paix, promue par les activités diplomatiques du cardinal Pole, dédicataire de l'emblème. — L’éloge du silence et l'invitation à se transformer en Harpocrate de Pharos que lance Alciat dans |’embléme
« In Silentium >, v. 4 (Et sese Pharium uertat in Harpocratem) qui tourne autour du « geste harpocratique », le
doigt sur les lèvres, est repris par une formule quasi-identique dans la première épigramme du Symb. 64 de
Bocchi ([In primis] Pharium et consulat Harpocratem), mais le geste caractéristique π᾿ est pas mentionné dans le
texte : il réapparait dans la gravure, réalisé par Mercure. — Expliquant le sens du symbole pythagoricien « ne pas s’asseoir sur la chénice > dans l’embléme « Desidiam abiciendam », Alciat apostrophe son interlocuteur et l’invite ἃ se mettre au travail pour collecter la nourriture de demain. Bocchi, dans le Symb. 26, retient le méme sens, mais son apostrophe a Lentus, le paresseux, qui passe ses nuits mais aussi ses jours ἃ dormir au lieu de pourvoir a ses besoins, appelle sur la téte du coupable un chatiment proportionnel : qu’une fames lenta le dévore, c’est-à-dire une faim paresseuse comme lui, qui prolonge très longtemps son supplice jusqu’a la mort. — La tripartition du corps de Pan, humain (voire divin) par la tête et la poitrine, que dirigent modus et ratio, mais caprin par le bas, sur lequel règne Luxuria, incarne chez Alciat les divisions de la nature humaine dans l'emblème « uis naturae >. Dans le Symb. 45 de Bocchi, le dieu est également le symbole d’une tripartition: celle de l’univers (monde sub-lunaire, monde supra-lunaire et éther), mais aussi celle de la psyché humaine. En
effet, Pan émet sur sa syrinx les trois notes complémentaires qui constituent l'harmonie de l’âme juste où toutes les parties consonnent, comme le décrivent Platon et Plutarque : Néte, Mèse et Hypate. Mais tandis qu’ Alciat
sépare radicalement la partie inférieure des deux autres, montrant qu’elle assure, certes, la permanence de la vie (v. ς : nos natura in secla propagat), mais en rattachant l’homme aux désordres passionnels du règne animal (ut uolucres, squamea bruta, feras), Bocchi insiste au contraire sur l'essence séparée de la Ratio, la faculté
supérieure“.
— La puissance d’amour est célébrée par Alciat dans l'emblème
hommes à redouter les forces d’un dieu si puissant. Bocchi reprend le motif, en le complexifiant et en l'intégrant qu sein d’une composition plus vaste dans le Symb. 102, qui propose une interprétation de la devise de son
Académie : Amour, sous la forme d’un petit enfant, est au centre de la figure, un pied sur la téte d’un lion a l'angle du palais bolonais de l’emblématiste, tenant les rênes qui partent de la bouche du monstre. Nous avons montré (voir supra et notre analyse du symbolum) qu’il incarne, dans le cadre d’une psychologie platonicienne
revisitée, les pouvoirs d’un thymos transformée en puissance du cceur, de la charité et donc de l’irénisme. Domptant la violence léonine de la colère sous son talon et par les rênes qu'il tient, Eros pointe en même temps le doigt vers les gaines hermaïques d’Hermés et Athéna unis de part et d’autre de l’angle du mur, pour indiquer et de la que lui, Éros, ne peut naître que des forces conjuguées de la ratio et de l’oratio, de l'éloquence philosophie. de Marianos le _ Dans l'emblème « Ἀντέρως, id amor uirtutis. Διαλογισμῶς », Alciat se sert d'une épigramme traditionnels, pons scholastique (A. G., 16, 201), et dresse le portrait d’un Cupido qui a abandonné ses attributs vient s’ajuster ἃ ses les troquer contre quatre couronnes de Vertu, dont la plus importante, celle de la Sophia, Kénophes, Platon et tempes, tandis qu’il porte au bras les trois restantes. Reniant la Cypris vulgaire évoquée par l'amour de la sagesse Ficin**, il promeut, avec ses torches, le contraire de l’amour sensuel (Antérés), c'est-à-dire
à son tour, appelle de ses et de la connaissance qui enlève les mortels jusqu'aux astres. Dans le Symb. 20, Bocchi, délivrerait les ames humaines vœux le règne de cet Amor Platonicus, qui réinstaurerait l’Age d’or sur la terre et grecque, mais préfère se des ténèbres. L’hymne platonicien en stophes alcaiques ne fait pas appel à l’Anthologie \ par cet amour. teinter d’une chute pétrarquisante, lorsqu’ego déclare brûler du désir d’être brilé foule d’hommes grace à une chaine qui — Avec l’Hercule Ogmios, le dieu celte chenu et basané entraînant une
d’Alciat . E/loquentza fortftud:ne relie sa langue ἃ leurs oreilles et que présente une prolalie de Lucien, l'emblème formule de Cicéron pour inviter les praestantior », qui prend acte des transformations du dieu grec, reprend une connu énonce la force de persuasion armes a céder devant la toge. Il montre que ce portrait modifié d’un dieu armes. Bocchi, out en copsenant incomparable de l’éloquence, beaucoup plus puissante que celle des version plus langue (εξ développée, ot la l'interprétation générale proposée par Alciat, choisit d'offrir une et gi s’autorise plusieurs variations : lettre est inspirée par le Commentaire aux Pandectes de Guillaume Budé*”, aiguillonnés par des Amours, signe que le transport du dieu sur un char de triomphe, tiré par des taureaux puissance de Ια. fasion : les chaînes θὰ ja l’éloquence ne peut triompher qu'avec l'énergie du labeur et la mélange mais néanmoins précieux de la indiquent la science pure des réalités divines, l’electrum, le caractère i et donc de s adkesses à eux. science éthique, qui permet de mieux connaitre les hommes
-
-
de rit οθειτε à l’Ulysse d Home par RATÉ — Le môly, plante mystérieuse à la racine sombre et à la fleur dans l'emblème « Facundia difficilis > comme te pour le prémunir des tentatives de Circé*#, est lu par Alciat tout le monde (fleur blanche), μεν qui Cîe symbole de l’éloquence dont les résultats sont éclatants et fascinent le poème du c’est-à-dire de labor (racine sombre). Dans nourrit, ἃ ses débuts, de beaucoup de sang εἴ de sueur, Pio, Bocchi vante, à la manière d’Horace, la sagesse Symb. 129, en l’honneur des pérégrinations de son maître que le môly que
, Pythagore et Platon. Mais il n’évo que les voyages, l’expérience et l'usage ont procurée ἃ Ulysse rientia : la beauté et la richesse de sa fleur se fondent dans la gravure, i pour en faire a son tour un symbole d’expe LA Pi ae | sur l’obscurité et la difficulté de ses débuts. dans l'emblème d’Alciat « Insignia poetarumaa >, cygne, porteur d’un imagin aire blason des chantres inspirés — Le la forme d’une étoile où il restitue, sous bl : ms mes en cimier dans le: blason de Bocchi, présenté au Symb. 5, se retrouve le blason. bec, le programme d’alliance entre Raison et Trinité proposé par
brillante qui surgit de son sont identiques ou proches, mais c'est l'interprétation Régulièrement, le motif symbolique ou l’image-support rdants du donné iconique : qui diverge, à partir de quelques éléments disco
« Potentissimus affectus amor > par l'image
d'Amour, sous les traits d’un enfant, guidant un attelage de redoutables lions soumis. La fin du poème invite les #! Voir notre commentaire de ce Symbolum. +2 Voir nos analyses de ce Symbolum.
#3 Voir nos analyses de ce Symbolum. “4 Voir nos analyses de ce Symbolum.
cet épisode, voir nos analyses de ce symbole. 45 Pour les sources et les interprétations de
97 96
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
— Dans l'emblème « Consilio et uirtute Chimaeran superari, id est, fortiores et deceptores », qui évoque la bataille
entre Bellérophon et la Chimére, Alciat utilise les étymologies sur le nom du héros proposées par Homère (IL, 6, 162: « Bellérophon aux sages et prudents pensers ») et Eustathe (ad IL, Z, 183: «celui qui tue les
monstres » ), pour en faire un symbole de l'intelligence qui triomphe des passions rebelles de l'âme, incarnées par l’hybridité du monstre qui associe sur un même corps une partie serpentine, une partie caprine et une partie léonine. Bocchi, dans le poème du Symb. 137, ne s’intéresse plus qu’à la triparition zoomorphique de la Chimère, dans laquelle il voit les trois genres de la rhétorique (judiciaire, délibératif, épidictique), ses trois
fonctions (docere, delectare, mouere), les trois styles (humble, moyen, sublime), mais surtout les défauts et les
exces qui peuvent les déparer. Toutefois, Bellérophon, passé sous silence dans le texte, surgit dans la gravure ou il incarne les prouesses de l’ orator Christianus anéantissant par la puissance sublime de son verbe les tentatives ἃ ras de terre de l’éloquence paienne. — Des deux faces de Janus dans l’embléme « Prudentes. Problema », Alciat fait la marque de la circumspectio de l’homme prudent qui voit devant et derrière, c’est-à-dire se remémore le passé et anticipe sur l’avenir pour agir
au mieux dans le présent. Pour Bocchi, dans le Symb. 151, le dieu représente les deux faces de l’âme qui regardent, l’une vers le ciel, l’autre vers la terre ; gardien des ouvertures et des fermetures, le dieu veille sur la
clôture de son temple, qui marque l'ouverture de l’Âge d’or et l'avènement de la paix, ainsi que sur celle du livre d’emblémes (voir infra).
~ Dans l'emblème « Prudens magis quam loquax », la chouette, oiseau d’Athéna sur les monnaies athéniennes,
veille sur les travaux intellectuels présidés par la déesse dans le silence de la nuit. Pour Bocchi, qui se sert d’un adage d’Erasme
(1, 1, 76,
« Noctua uolat »), la chouette du Symb. 83 signifie l’issue heureuse de décisions
hasardeuses, en particulier grâce à une transaction monétaire. — La Némésis de l'emblème « Nec uerbo nec facto quenquam laedendum > d’ Alciat, qui s’attache aux pas des
hommes, tient le mors d’une main et son coude de l’autre pour inviter à contrôler sa bouche et sa main, c’est-a-
dire ses paroles et ses actes, car ils auront tous des conséquences a évaluer. Bocchi, dans le Symb. 67, évoque les trois sens du proverbe « Adrasteia Nemesis » (dont l’un est justement de rappeler que la déesse s’attache aux pas et qu'on ne peut pas la fuir) mais il imagine qu’elle offre le mors et la bourse pour rappeler au souverain qu'il doit faire bon usage de ses revenus, c’est-à-dire ne pas les garder pour lui mais les distribuer à son peuple. On notera que cette idée est illustrée par Alciat dans les deux emblèmes qui ne concernent pas Némésis, et où il critique la fiscalité excessive qui permet au prince de s'enrichir au détriment de son peuple. L’embléme « Quod non capit Christus rapit fiscus » se sert de l'image de l'éponge, que Suétone applique à Vespasien (Vesp., 16), pour montrer comment le prince commence par imbiber ses trésoriers de privilèges indus, avant de les pressurer pour en extraire à son profit l'argent volé. L’embléme « Opulentia tyranni, paupertas subiectorum » utilise le parallèle médical avec la rate, dont le grossissement conduit à l’asthénie du reste du corps, pour stigmatiser l'hypertrophie fiscale de l’État, qui affaiblit les sujets. ~ Dans l'emblème d’Alciat « Antiquissima quaeque commentitia >, les métamorphoses du dieu Protée, évoquées par la quatrième Géorgique de Virgile, sont l’image des rêveries fantasmagoriques que les historiens dénués de nas et de méthode (c’est-à-dire ceux qu’Aristée n’a pas encore ligotés) projettent sur les débuts historiques de l'humanité. Pour Bocchi, dans les manuscrits autographes et dans le Symb. 61**, le dieu est une image positive de l’homme intérieur d’Origéne et de saint Paul, mais qui se dissimule derrière la vanité d'images trompeuses
offertes
pour satisfaire le monde
extérieur et se plier à lui. Le vrai visage
de Protée,
humain,
n'apparait que lorsque la Foi-Aristée s'empare de lui, et lorsque les phoques, symbole des passions et des sens, se sont assoupis dans l’antre du dieu, devenue caverne platonicienne et prison de Renée de Ferrare, dédicataire
de l'emblème.
Le où Alciat nous propose un portrait de l’Occasio (« In Occasionem ») d’après l’ekphrasis par Posidippe
d’une statue du Kairos de Lysippe (A. G. 16, 275), le Symb. 71 de Bocchi propose celui du Kairos original # Voir nos analyses de ce Symbolum.
98
tournant sur sa roue, sous la forme d’une énigme chiffrée dédiée ἃ un juriste, pour l’inviter a faire de bonnes affaires au moment adéquat. Souvent, c’est la méme idée ou la méme interprétation (res significata) qui, ἃ travers un énoncé sentencieux général, est mise en scène par des mythes et des images différents (res significans), la encore à l’aide de sources distinctes : — Le paradoxe que constituent certains petits animaux réussissant ἃ infliger des souffrances ἃ de plus grands qu'eux pour se venger des injustices qu'ils ont reçues est développé par Alciat dans l’embléme « A minimis quoque timendum » : Alciat, recourant à une fable d’Esope, évoque le minuscule escarbot, méprisé par l’aigle, qui répare l’outrage en allant détruire les œufs du rapace pendant son absence. Bocchi se sert des écrits zoologiques d’Aristote (HA, 9, 1, 610a ), d’Elien (NA, 5, 48) et de Pline (Nat. 10, 205), relus à travers le filtre
d’Erasme (Colloquia, « Amicitia >) et de Valeriano (Hieroglyphica, 24, p. 182F), pour expliquer l’anthipathie de
l’àne et du chardonneret dans le Symb. 93 : l’àne se gratte aux buissons et fait tomber les nids de l’oiseau ; en
retour, celui-ci fouille du bec les plaies que le bat laisse sur le dos de l’àne. Le motto de la gravure est tiré de la fin du texte, qui rejoint la formulation paradoxale d’Alciat : In paruulis uim saepe inesse maximam. — L'association paradoxale du plaisir et de la douleur, soulignée par Lucréce (4,
1133-1134) et Horace (Epist., 1,
2, 55), se voit illustrée par Alciat dans l’embléme « Dulce quandoque amara fieri >, adapté de |’ Anthologie grecque (9, 548 et 9, 302), à travers l’histoire de l’enfant lydien cherchant du miel et piqué par les abeilles. Le même
motif est repris dans l'emblème « Fere simile >, variante du précédent, mais à travers l’Idylle 19 de Théocrite, qui reprend elle-même les Carmina anacreontea, fr. 35 West : c’est Amour cette fois qui, cherchant du miel, se voit
piqué par les abeilles, tandis que Vénus, loin de prendre en pitié son mal, lui montre qu’à l'instar du minuscule insecte, il a le pouvoir d’infliger de grandes blessures. Bocchi utilise une variation sur deux images très différentes : celle des deux jarres sur le seuil de Zeus (décrites par Homère au chant 24 de l'Odyssée) distribuant aux mortels biens et maux à la fois dans le Symb. 8, ainsi que celle de la cuillère crochue avalée pendant le dessert par les convives d’un festin dans le Symb. 118.
— La devise d’Épiétète, Avéxov καὶ ἀπέχου, interprétée par Aulu-Gelle (17, 19, 5 ) et Erasme (Adag, 2, 7, 13,
« Sustine et abstine >), et qui invite par endurance et abstinence à supporter dignement l’adversité et à ne pas trop se réjouir dans la félicité, est illustrée par l'emblème d’Alciat qui porte ce titre, grâce à deux hiéroglyphes d’Horapollon (1, 78 et 1, 46) mettant en scène le taureau : entravé au genou droit, celui-ci accepte docilement l'autorité de son maitre et se fait endurant ; de plus, bien que très enclin à l’aéte sexuel, il se montre abstinent en ne couvrant jamais une femelle qui a conçu. Pour illustrer la même formule et vanter l'équilibre du sage, le Symb. 57 de Bocchi se sert du funambule qui tient debout sur une corde grâce à deux haltères, dont l’une signifie
Avéyxov, et l’autre Aréyov.
— La formule d’Épictète, Τὰ ὑπὲρ ἡμᾶς οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς, fait l’objet chez Alciat de l'emblème « Quae supra nos,
nihil ad nos », où la sentence s'applique aux astrologues qui prétendent connaître le cours des astres mais sont en retour rongés d'inquiétude suite à ce qu’ils y lisent. Elle est illustrée par la figure de Prométhée au foie dévoré
par l’aigle. Dans le Symb. 54. de Bocchi, l'expression est utilisée pour caractériser l'attitude de Socrate, fondateur
de l'éthique, qui a dédaigné les hautes spéculations de ses prédécesseurs, passionnés de physis. Au moment de mourir, le philosophe grec offre un coq à Esculape pour le remercier de délivrer son âme de la maladie du corps et, par ce geste, montre qu’il confie aux dieux la connaissance et le soin de l'au-delà. — Le proverbe de Naevius, inspiré par Hésiode, « Male parta, male dilabuntur, traité par Alciat à travers l'image
du milan, symbole de la rapacité, vomissant les entrailles de ses victimes et croyant que ce sont les siennes, sert à
illustrer chez Bocchi (Symb. 47), d'après Sebastian Brandt, le sort funeste de l'avare emporté par le démon.
— Le mot de Paul, « Litera occidit, spiritus uiuificat > (2, Cor., 3, 11), sert à tirer le sens des semailles de Cadmos (cf. Ov., Met., 3, 101-130), qui, sur les conseils de Pallas, enfouit dans la terre les dents du dragon gardien du sol
de Thébes, qui donnérent naissance 4 une armée de guerriers, les Spartoi, qui s’entre-tuèrent. Se servant de l’exégèse de l'épisode proposée par Érasme dans le De recta Latini Graecique sermonis pronuntiatione, où les dents semées sont interprétées comme les lettres de l’alphabet que Cadmos, héros civilisateur, introduisit en Grèce, Alciat voit dans les guerriers qui s’entre-tuent un symbole des luttes acharnées que se livrent les magi, héritiers de Cadmos, mais incapables de s’élever au-dela du sens littéral et d’en comprendre l'esprit, s’ils n'ont 99
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
pas reçu la formation philologique, incarnée par Minerve. Le motif, principe essentiel de la doctrine évangélique, est repris sur la gravure du Symb. 130, véritable hymne ἃ la Fides ἃ travers le mythe de Prométhée, conseillé, comme Cadmos, par Pallas.
Cette enquête montre clairement l'importance jouée par Alciat dans l'élaboration d’un groupe de symbola, ainsi que la volonté de Bocchi de s’en démarquer régulièrement, tout en proclamant explicitement sa dette. Toutefois, des différences majeures séparent l'Emblematum Liber et les Symbolicae Quaestiones. Ces différences, métriques, génériques, stylistiques, thématiques, voire méthodologiques, signalent des différences de conception de la poésie et du symbole, mais attestent surtout d’une évolution esthétique majeure d’une œuvre à l'autre. Elles sont très probablement liées aux destins contrastés de ces deux professeurs épris d’Antiquité, mais qui ne travaillent pas sur les mêmes disciplines (l’un, juriste, qui voyage entre l'Italie et la France, l’autre, helléniste et historien, fixé à Bologne), mais aussi aux conditions socio-politiques différentes qui ont suscité ou accompagné l'émergence de leur vocation littéraire, ainsi qu'aux profondes mutations spirituelles et religieuses qui séparent les deux œuvres, publiées à plus de vingt ans d'intervalle. Les adjonctions successives et parfois considérables apportées par Alciat au fil des éditions de son livre - comme le deuxième livre qui constitue l’édition vénitienne de 1546 et grossit, de fait, l’ensemble de quatre-vingt six emblémes supplémentaires — enrichissent, mais ne modifient en rien le paradigme fonctionnel de départ, celui de l’épigramme symbolique.
Teirersitie thar
prophétie d'Isate (12, 2-3), attribue au Christ la possession des sept dams die ΠΕΡ ett [ies amet en oallatiom avec: les sept lampes devant le trône. La ménorah juive se fait donc une figure nypallagngae gui annem die graeme orpptée le passage de l'ancienne alliance mosaïque, soucieuse des mituells et dies prières, ἃ ln mauseilie aline,
entièrement Surituelle, et conclue par le Chri®. Cette alliance renounelie sous lle signe die l'esprit ext caille de
l'évangélisme et des Suünituah Les deux geftes de Mercure fgurent cute Gansition et sont donc complémentaires : rappeler d’une main de faire taire la bouche qui débine mille prières sams W penses, peur die 'esfhmit Sans | initiiedu permettre de l'autre main que rayonne le candélabre mystique c'est-à-dire les doms cœur ou de l'esprit, signes de la grâce. Mais cette syntaxe semée entre Les dieux éléments sumboliques et réservée à la gravure : les textes n’en présentent qu'un seul. Un autre exemple e& fourni par le Symb. 66. L'épigramme évoque Île cas d'Alexandre qi, pour accroïine sa ff voulait qu'on le crit authentiquement fils de Jupiter. Cette prétention de wouloit régner sur lapin et die le contrôler conclut le texte sous la forme d’une référence à Horace (Ent.
souverain en une béte polycéphale mais aveugle dit de cet animal étrange, pour permettre au Alexandre agenouillé sur le rivage et la Fortune l'image montre un surprenant échange de têtes.
2, 0, 76), tramationme l'iammaim
(v. 9 : Belluafit capitum mallee, buminis wagers). On nem mest lecteur de s'en faire une représentation. En revanche, entre à la voile qui accourt du large sur sa coquille maunie d'nélices, Le souverain grec, devenu acéphale comme une State, tend à la
2. Un changement d’univers
déesse sa tête humaine casquée. Elle lui remet en échange un étrange heaume zoomonphe, constitad des trois et chèvre). Or il s’agit là d'une référence à un passage de la République de têtes de la Chimère (lion, dragon
Les adaptations que Bocchi propose pour la forme générique de l'emblème, et qu’il nomme symbolum, ne sont pas des variations de pure forme par rapport au modèle alciatique qui rassemble un titre, une image et une épigramme. Elles répondent à une pratique, à des goûts et à des impératifs qui se sont déplacés ou ont changé.
a-dire d'un mon@re à l’abeét composite, qui incarne les désirs qui tiraillent l'homme dans tous les sens.
a. L'image comme substitut ecphrastique
Le premier élément qui distingue profondément l'emblème bocchien de l'emblème alciatique est, de manière évidente, le rôle conféré à l’image gravée, et le Statut qu'elle occupe dans la circulation du sens : nous avons montré dans notre introduction la collaboration étroite qui a existé entre l’emblématiste, le peintre et le graveur, et c'est là une situation qui n’a jamais existé à ce point pour Alciat**”. Nous reviendrons spécifiquement sur cette question mais nous pouvons dès à présent constater que le support iconique nécessaire au symbole n’est plus exclusivement assumé par les capacités métaphoriques du texte, ou sa partie ecphrastique, mais se voit parfois confié de plein droit à la gravure, qui crée des formes visuelles bécifiques offertes à l'interprétation, en parallèle avec les éléments proposés de manière rhétorique par le poème. Par exemple, les deux épigrammes du Symb. 64 font l'éloge de l'âme noétique, la Mens, partie la plus intime de l’homme, à travers des citations de Cicéron et du corpus hermétique“ : il s’agit du lieu où s'effectue la véritable connaissance de soi et du divin, à l'écart du sensible et de l'habitude. Cette partie ou faculté se situe de manière ambiguë dans le cœur (cor) ou/et dans la tête (caput), afin de souligner l'association indéfectible entre intuition intellective et participation affective. Pour montrer comment se retirer du sensible, la première épigramme, relayée par la seconde, invite à consulter
Harpocrate, le dieu-enfant égyptien, fils d’Isis (Pharium et consulat Harpocratem). Il s’agit d’obéir à l’oracle que
délivre le dieu sous la forme d’un geste symbolique, le doigt sur la bouche, pour faire taire le bavardage et la parole irréfléchie. Mais il n’est rien dit de la Mens elle-même, et aucun objet ne la représente. La gravure, qui semble relayer le paganisme des deux textes en représentant Hermès/Mercure accomplissant d’une main le geste harpocratique, bascule en réalité discrètement vers le christianisme. Elle propose de représenter la Mens sous la forme d’une ménorah aux sept lucernes allumées placée dans l’autre main de Mercure, et vers laquelle il pose ses regards. La ménorah fait référence à un passage de l’Apocalypse de Jean (4, 5) qui, reprenant une +7 Sur la difficile question des images illustrant les différentes éditions du livre d’emblémes d’Alci at et le rôle essentiel joué par les éditeurs, voir les études sur Alciat citées supra. + Voir l’apparat des sources et nos analyses de cet emblème.
100
Platon (8, s88c-s89a) où Socrate explique, en renvoyant à l’art de la sculpture, que la partie inférieure de Tame humaine, congituée par les epithymiai, peut se représenter sous la forme de Cerbère, Scyilla ow la Chimère, ¢'estL'image choisie par la gravure, outre son aspect esthétique très réussi, avait l'avantagede faire résonner, en plus de Platon, la métaphore $toicienne des passions de l'âme comme animaux déchaines. b. Les dédicaces : sodalité, mécénat et kairos, ou la mise en scène symbolique du lien Social
La forme du symbolum bocchien intègre comme élément structurant k présence réguhère d'une dédicace. Ce n’est pas le cas pour l'ouvrage alciatique, mais caractérise l'essentiel des recueils d'Epgrammata ou de Carmina de la Renaissance, montrant ainsi l’importance jouée par les poésies de Catulle et d Horace, la correspondance
de Cicéron, mais surtout, ἃ l’époque impériale, de Martial et de Stace, pour codiher, au sein de formes μαέταλεες
spécifiques, « l’embellissement des rites de la mondanité », essentiels à une société fondée sur le clientélisme
*
Les formes d’éloge du prince romain s’inspiraient régulièrement des épigrammes épidictiques grecques célé-
et banbrant le souverain hellénistique*”. Catulle, en outre, avait explicitement rapproché épigramme, amitié
sympor quet“!, et on constatera que les deux emblèmes bocchiens qui font explicitement référence àl univers et siaque, où le partage de la nourriture entre amis (ou entre auteur et lecteur) devient prétexte au trait à esprit ce à métrique hommage phaléciens, au billet qui commémore l'évènement, sont rédigés en hendécassyllabes tandis que le modèle latin: le banquet solitaire du Symb. 27 propose au lecteur dix mets philosophiques, est invité au Symb. 118 relate, à la manière des Saturnales de Macrobe, un diner chez Giovanni Poggi, où | omens doux sous la forme de la cuillère à dessert avalée par les convives qui ignorent l'usage de ce nouvel instrument. dédicacées et des De plus, les différentes versions des Lusus de Bocchi proposaient, pour l'essentiel, des pièces
tumuli non fidtifs, liés à des individus bien réels (parents, amis, collègues, protecteurs). Nous avons montré plus
sociale qui partage haut que, comme les pièces liminaires, la dédicace ouvre l'emblème sur une communauté sociales du I" siècle et les ee jen ey # La formule es empruntée à P. Laurens, L'abeille dans l'ambre, p. 122. Sur les mutations — a der ES Medium als Poesie Dichter. die empereurs et cour impériale, voir J. Leberl, Domitian und pre poësie La « Marache, R. ; 2002 Leyde, Domitian, of Age the in tion R.R Nauta, Poetry for Patrons. Literary Communica 13, 1961, p. 12-19 social à la fin du 1‘ siècle : Martial et Juvénal », L'Information littéraire,
*® P. Laurens, L'abeille dans l'ambre, p. 127. #1 Voir par exemple Carm., 50, « Ad Licinium » .
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
des activités intellectuelles, et souvent des valeurs politiques et religieuses communes, en prenant la forme de l'académie, à mi-chemin entre l'école philosophique antique et le cercle littéraire de cour, caractéristique de la Renaissance. L'importance de l’amicitia, ciment de cette sodalitas, est régulièrement chantée au fil du recueil. Par exemple, le Symb. 46 paraphrase, sans doute à travers Pétrarque, un passage du Laelius (§ 59-60) de Cicéron, qui s'attache à réfuter un mot de Bias invitant à toujours se préparer à hair l'ami qu’on aime. Le Symb. 96 revient sur l'amitié profonde qui lie Énée et Achate et rappelle, d'après Servius (Ad Aen., 1, 312), que le nom d’Achate, fondé sur le mot grec achos, « souffrance », traduit que l'inquiétude est l’éternelle compagne des rois, mais participe aussi de leur destin glorieux. La gravure montre en effet les deux compagnons contemplant le récit de leurs exploits sur le temple de Junon à Carthage, hommage au chant 1 de l’Énéide à
travers le Quos ego de Raimondi***. De même, le Symb. 144 célèbre les liens qui unissent Bocchi à Janus Vitalis,
et rappelle la relation de Caton et de Cicéron d’une part, de Platon et d’Antimaque d'autre part à travers une
série d'images montrant le caractère unique de l’amicus***. Les dédicaces n’ont toutefois pas toutes le même
Statut : certaines célèbrent des amis (Marcantonio Flaminio, Antonio Bernardi, Romolo Amaseo, Giano Vitale, Sebastiano Corrado, Bernardino Maffei, Giovani Poggi, Stefano Sauli), des maîtres ou des collègues (Giovanni Battista Pio, Claudio Ruini), des élèves (Sebastian Schleupner, Jacopo Casonio) ou des connaissances de longue date (Alessandro Manzuoli, Claudio Tolomei, Giovanni Battista Egnazio, Paulo Giovio, Alberico Longo,
Giovanni Battista Pigna), perpétuant le plaisir d’une relation dans la continuité, qui a franchi les obstacles du temps, qui honore par son prestige l’emblématiste ou lui permet d’entrer en contact, souvent de manière très intéressée, avec des donateurs ou des appuis prestigieux. D’autres dédicaces louent des mécénes (les Farnèse,
les Médicis, les Sforza), des personnalités politiques bolonaises, souvent des sénateurs, (Tiresia Foscarari,
Filippo Pepoli, Andrea Casali, Filippo Carlo Ghislieri), des personnages italiens de renom (Camillo Orsini,
Hercule II d’Este, Benedetto Accolti, Francesco Baiardi), des souverains étrangers (Francois I“, Henri II, Charles Quint) ou des dignitaires ecclésiastiques de haut rang (papes et cardinaux comme Pole ou Pighini),
pour susciter ponctuellement, à travers des thématiques spécifiques au panégyrique, leur générosité ou appeler
leur protection“,
Or cette dimension encomiastique ἃ plusieurs conséquences importantes sur le processus emblémat ique luimême. Tout d’abord, elle intègre étroitement le dédicataire au processus symbolique par l'intermédiaire de jeux visuels ou linguistiques sur son nom, ses armes, ses goûts ou par allusion à des événements particulier s de son existence“. Les jeux onomastiques sont nombreux, souvent en corrélation avec des « armes parlantes » qui, sur un blason, transcrivent le patronyme sous une forme proche du rébus. Ainsi, le Symb. 9, dédié à Bartolomeo
Volta, offre de multiples portraits du « visage » (uultus en latin/volto en italien) de la constantia cicéronie nne : Énée, Persée, Hercule. Le Symb. 146 fait l'éloge d’une tour en ruine qui penche mais ne verse pas, et de la
fougère féconde (filix felix) , parce qu’il s’agit des armes réunies en un écu parti de Carlo Ruini et de son épouse Isabella Felicini. Si le premier poème du Symb. 148, dédié à Jules III, chante la « montagne de l'héritage »
(mons... haereditatis) de Yavhé, en référence à l'Exode (15, 16) et aux Psaumes (14 [15], c’est parce que le pape
appartient à la famille des Del Monte, et qu’il porte trois monts sur son blason (cf. v. 1: trigeminus... mons), comme le montre aussi la gravure. De méme, le Symb. 122, dédié ἃ Sebastian o Corrado, ne cesse de faire
entendre le mot cor, synonyme de vie et d'intelligence, à travers tout un ensemble de termes dérivés latins
(excors, uecors, concors, Corculus) ou de paronymes (coruus) ; sont cités également des épisodes d’haruspicine
antique où le cœur manque chez les victimes, et surtout, l’apologue d’Hermocharés/Hermocrate qui, selon +2 Voir nos analyses de l'emblème.
τ Voir l'apparat des sources et nos analyses de ces emblémes.
* Voir notre partie sur l’Age d'or et les images de I’ évergétisme.
‘° Ce procédé est rare chez Alciat. On notera toutefois l’embleme dédié ἃ Maximilien Sforza, le duc de Milan, « Super insigni Ducatus Mediolanensis », qui propose une exégése du blason ala biscia, l’emblè me « Foedera » sur les alliances du duc, ou le « Tumulus Ioannis Galeacii Vicecomitis, primi ducis Mediolanensis », qui adapte au prince italien une épigramme de Geminus (A. G., 7, 73 = PLAN., 3a, 5, 57) sur la Gréce comme digne tombeau de Thémistocle. L’embléme « Dodorum agnomin a », qui stigmatise les défauts de prononciation des professeurs de
droit en associant à chacun un animal ou un objet évocateur, vise explicitement des personnages historiques comme Giano Parrasio, Paulo Pico ou Tommaso Parpalio.
102
Introduction
Étienne de Byzance, (Ethnica, p.358 Meineke), alors qu'il prenait les auspices avant la fondation de la ville de
Kardia en Asie Mineure, interpréta dans un sens favorable le corbeau venu subtiliser l'organe /précieux.dans la poitrine de la viétime sacrificielle. Mais les allusions au Statut social du dédicataire ne manquent pas non plus. Par exemple, le Symb.o5, qui invite de maniére énigmatique à chasser le- sommeil au moment où le navire rentre au port, se fonde sur un adage d'Érasme (3, 2, 87), où le propos s'applique au marchand qui veut faire des affaires et doit être le premier à Sbéculer sur les cargaisons que l'on décharge (in negociatorem illud in primis competere : ὕπνος ἀπέστω, id est somnis abesto) - or l'emblème est dédie au marchand bolonais Giano Rusticello. D'après Lucius Afranius cité par Aulo-Gelle (13, 8, u et 23, 8, 3), le Symb. 120 fait l'éloge de l'homme qui a
beaucoup voyagé et qui, comme Ulysse ou Pythagore chanté par Horace (Ars, 141-142 et Epist,, 1, 2, 3)» ἃ qui usus et experientia. Or, cette célébration du déplacement ne se comprend ipas sans la dédicace à Giovanni Battista Pio, le maitre de Bocchi, homo wiator, quis est déplacé de willeen ville pour enseigner jusqu'à la fin de-sa vie (Bologne, Milan, Bergame, Rome, Lucques). Enfin, dans le Symb. 111, dédié au cardinal Jules de Médicis, futur Clément VI, Bocchi se sert d'une mise en scène allégorique entre l’éclat transparent du Candor moral qui caradtérise son dédicataire et les torches sombres et fumantes de l'Inuidia, pour rappeler à la fois l'histoire personnelle tourmentée du prélat, vainqueur d'une conjuration fomentée par ses ennemis, Mais aussi sa dote complexe, avec le motto « candor illagsus » et pour corps un rayon de soleil traversant un globe de cristal qui, concentrant l'énergie, enflamme un brandon placé devant le globe : le cardinal signifiait par là que sa pureté morale, nourrie au soleil divin, non seulement m'était pas brülée jpar lui, mais permettait qu'il en concentrât la
=,
force pour réduire en cendres ses ennemis les plus résistants“.
R
De plus, ces chartacea munera, ces offrandes de papier, pour reprendre une expression alciatique™ , n sente pas à mettre en scène leur caractère éphémère, souvent dicté par une circonstance ponétuelle ou sneodiique, et à revendiquer une forme de souplesse de circulation, qui permet le réemploi. Alciat renvendiquait lui aussi woe possibilite de la personnalisation à partir de la généralité, en suggérant que son recueil serve de magasin d'inventions à son lecteur pour qu'il ome ses objets personnels d'insignes et de symboles au sens subtil. Μιαὶς rien n'était dit du réseau d'éventuels porteurs, mi des motivations pour choisir tel ou tel signe. Chez pou, le kairos qui apporte l'occasion de la pièce poétique ou les changements de fortune qui mipditienit Le réseau de relations amicales sont importants. Par exemple, le Symb. 79, dédié à Roberto Maggi, voue ouvertement dans le diétique final que l'emblème avait d’abord été dédié à Léon X. Cette mention permet seule de creme les allusions cabbalistigues liées au nom de Ganymède (le pape en était friand), et qui “ns cela deviendraient
insaisissables. De plus, elle constitue un véritable titre de gloire pour le dédicataire, eee
gues meta =
pièce offerte autrefois à un souverain pontife. De même, la gravure du Symb. 85, dédié a jokes ΠΗ͂, pu
à
peine à dissimuler sous des hachures les lys Farnèse dessinés sur le blason que ‘tient la Benignitas Ss première dédicace de la pièce, vraisemblablement
à Paul Il,
donnait tout son sens à la mise en scène
iconographique. On y voit Zeus dans la nue, envoyant sur l'arpent desséché d'un Mercure géorgique en ptière
une pluie de lys, figure du poète qui supplie son mécène de lui fournir les subsides nécessaires à l'édification de Or Alessandro Cesati avait tans son palais et condition de sa production littéraire et poétique.
une médaille qui montre au revers Ganymède, l'échanson des dieux, Spr inscriptions, pherné Zénos, « la dot de Zeus >», et eu mainei, « cenochée.
sur Le Er
poet au
pam lys este al ἅδε ὁ = ‘euve copieusemen > jou:
et célèbre la générosité du pape envers sa famille“. Les manuscrits Ῥεπππείιενι odemnt
avons évoqué plus haut d'apprécier ce phénomène de réemploi qui ne trangparait pas dans le recueil final mous ou dans le les changements ou l'adjonction de dédicaces dans le manuscrit Sloane de la British Library | i conservé à l'Angelica de Rome. manuscrit fait dédicacées Ensuite, l'éloge de là générosité des mécènes au sen de pièces très Imndatives qui eur sont apparaître quelques thématiques
&rudturantes liées à l'évergétisme, qui parcourent tout le livre et que nous
““ Pour les sources, voir nos analyses de cet emblème.
#7 Voir la dédicace des emblèmes à Conrad Peutinger.
#5 Voir nos analyses de l'emblème et de sa gravure.
103
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi ( 1555) — tome
1
Introduction
étudierons dans notre troisième partie : Fortune royale, Âge d’or, aurore, pluie de fleurs. La poésie se transforme en une véritable transaction économique : sous forme de célébration littéraire et mythologique, elle rétribue (ou
anticipe !) les versements des donateurs, en assurant à leurs présents réels et à leur personne la publicité et la gloire par les lettres. Dans la même perspective, l'abondance d’emblémes louant les différentes vertus des hommes d’État, des souverains ou des héros antiques*”, ou de ceux qui stigmatisent leurs défauts, peut être reliée à celle de dédicataires haut placés dans la hiérarchie civile ou ecclésiastique (sénateurs, rois, ducs, papes
ou cardinaux). Ces pièces constituent la contre-partie de l’encomiastique et transforment une partie du recueil en manuel du bon prince, dont les dédicataires de renom sont justement les destinataires privilégiés. C’est la loi
du panégyrique : en touchant parfois de manière anticipée, grâce à la pièce poétique, les fruits de la gloire, les dédicataires sont invités à mettre en œuvre réellement les qualités et vertus décrites, et les symbola proposent de leur montrer la voie*®. Chez Alciat, les pièces célébrant la iustitia, la clementia ou I’ honos du prince, tout comme
les excès qui peuvent accabler le peuple et l’État, demeurent, en quelque sorte, sans cible précise ou facilement identifiable. De même, les vertus des héros mythologiques ou historiques célébrées par Alciat ne peuvent être rattachées à des personnalités contemporaines que de manière hypothétique“. Enfin, offrant le pendant de la célébration d'autrui, le recueil d’emblémes met régulièrement en scène la figure
de l’emblématiste lui-même (ce qu’Alciat fait rarement directement*”), comme nous le verrons dans la partie
Ego et Alter: en solennel portrait peint par Fontana (Symb. 2), en dormeur qui s’éveille après une vision
(Symb. 125), en suppliant à l’angle de son palais (Symb. 109), en tortue en retard aux noces de l’Hermathéna
(Symb. 110), en Mercure géorgique (Symb. 85). Il prend la parole dans les textes (Symb. 132, 133, 136, 139, 141) pour renvoyer à son expérience personnelle, et revendique la persona de Socrate ou d’Horace*®. Ces apparitions, parfois appuyées, de lego poétique permettent de camper une posture littéraire, souvent ambigué, où se mêlent déclarations d’humilité et revendications du statut de chantre virgilien. Mais elles assurent également, à travers une trame autobiographique ténue, la continuité dramaturgique d’un livre qui veut garder précieusement trace de contours, de formes et de contenus qui ont évolué avec le temps. c. La pratique épigrammatique : entre retour aux modèles et atténuation du symbolique
L'importance accordée au matériau symbolique favorise une bi-polarisation structurelle de l'épigramme alciatique, entre ekphrasis et décryptage herméneutique, souvent sur le mode gnomique. Certes, un important travail rhétorique est régulièrement proposé pour désorganiser cette forme de partition forcée. On notera par exemple (et parmi d’autres !) l’effet d’alternance un signe/un sens pour chaque élément symbolique dans
l'évocation de l’Occasio (« in Occasionem >) d’après la description du kairos de Lysippe ; ou l’inversion du
schéma précédent sous la forme un sens/un signe pour les dits des sept sages (« Dicta septem sapientium ») ; ou la disparition de l’ekphrasis pour les travaux d’Hercule (« Duodecim certamina Herculis »), si connus par * Voir par exemple le Symb. 4 dédié à Paul III sur les qualités du bon gouvernement selon Cicéron, ou la médaille de Bocchi au Symb. 82,
mettant au premier plan un prince et son conseiller autour du thème de I’ aurea mediocritas, ou encore les scènes de justice.
|
* Sur cette circularité qui unit projet moral et projet littéraire à travers la célébration épidictique, voir U. Langer, Vertu du discours, discours de la vertu. Littérature et philosophie morale au XVT siècle en France, Genève, 2009, p. 13, Voir notre partie De l’êthos du suppliant au triomphe poétique. “! Par exemple l’équivalence Hercule-Érasme. Voir V. Woods Callahan, « The Erasmus-Alciati Friendship » in J. ljsewijn, E. Kessler (dir.) Acta Conuentus Neolatini Lovaniensis 1971, Louvain/Münich, 1973, p. 133-141 ; Ead., « Andrea Alciati’s View of Erasmus : Prudent Cunctator and Bold Counselor », in Acta Conuentus Neolatini Sanctandreani 1982, Bighampton/New York, 1986, p. 203-210; Ead., « The ErasmusHercules Equation in the Emblems of Alciati », in K. L. Selig, E. Sears (dir.), The Verbal and the Visual : Essays in Honor of William Sebastian Heckscher, New York/Italica, 1990, p. 41-57. “7 Il présente toutefois les armes imaginaires de sa famille dans l'emblème « Nunquam procrastinandum >, se voit adresser une épigramme par Albutius, qui lui recommande de demeurer en France, à l’abri des tumultes d'Italie, pour y faire prosbérer les fruits de son génie (« Albutii ad
Alciatum
suadentis
ut de tumutlibus Italicis se subducat et in Gallia profiteatur », et adopte
régulièrement
la première
personne
du pluriel
auctoriale pour offrir telle ou telle pièce (voir, bien entendu, les dédicaces, et l'emblème « Foedera »). Sur cette question, voir C. Balavoine, « L'emblème selon Alciat : lieu paradoxal et privilégié de l’expression de soi », Humanistica, 5/2, 2010, p. 35-41.
+3 Voir notre partie Sectes à l'encan.
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d’autres textes“ que le jeu consiste justement à rattacher chaque sentence interprétative au signe implicite qui la motive ; ou encore le rejet en fin de poème des éléments signifiants qui figurent sur le tombeau qu’Ariste élève en l'honneur de son amant arraché précocement à la vie, la tête de Gorgone
et les deux dauphins, dont
l'association dit, d’après l'antique stèle des Campilii, la mors praepropera (« In mortem praeproperam >)*. Cependant, la tendance générale est de réserver pour la seconde partie du texte, voire pour ses ultimes vers, le dévoilement du sens et les différents effets de surprise induits par cette révélation, selon un schéma bien connu des épigrammes ecphrastiques et épidictiques de l’Anthologie de Planude, mais aussi de nombreuses poésies de
Martial“, où l'essence continuités implicites. beaucoup plus tardive, opératoires pour tenter
de l'énoncé s’accomplit dans le trait final qui révèle paradoxes, parallèles, ruptures et P. Laurens souligne le rôle essentiel joué, sur le plan théorique, mais de manière par les successeurs de Francesco Robortello, qui mettront en place des concepts de cerner l'essence de l’écriture épigrammatique #7, Fidèles à Pline le Jeune qui évoquait
l’épigramme comme un carmen breue et acutum, Minturno, et surtout J. -C. Scaliger, insisteront non seulement
sur la nécessité de la breuitas, mais aussi sur l'importance de |’ argutia. suauitas ou du lepos catulliens, passions de la première Renaissance profit du sal et du fel martialiens qui, tout en conservant une place moitié du seiziéme siècle. Or, en particulier chez Scaliger, la théorie
Le goût bascule alors définitivement de la qui découvre Catulle et l’Anthologie, au ἃ la uenustas, feront la joie de la seconde de l’argutia se mêle à la distinction entre
epigramma simplex (Catulle), l'évocation suivie d’une personne, d’une action ou d’une chose, et epigramma
duplex (Martial), présentant au contraire une structure logique binaire « enthymématique », pour reprendre le mot de P. Laurens, opposant narratio et conclusio. Il existe bien une argutia catullienne, liée à la uenustas et a l’epigramma simplex. Mais son intérêt s’efface devant celui de l’argutia de Martial qui se définit par la conclusion d’une epigramma duplex grâce à l’aculeus, la pointe ou le dard“. Le recueil d’emblèmes alciatique constitue une magistrale recherche sur l’art de varier la pointe au sein de l’epigramma duplex, souvent (mais pas exclusivement) inspirée par l’épigramme grecque. L’invitation de Colletet, respice finem, s'applique de manière particulièrement adaptée à ces essais virtuoses, qu'il faudrait étudier l’un après l’autre. Nous en proposerons seulement quelques exemples, très différents entre eux. L’embléme « Maledicentia » présente un seul distique, qui évoque le tombeau du poète grec Archiloque, auteur de très satiriques iambes : Archilochi tumulo insculptas de marmore uespas/ Esse ferunt, linguae certa sigilla malae, « Sur le tombeau d’Archiloque, on trouvait, sculptées dans le marbre, des guépes,/ Dit-on, figures sans ambiguïté d’une méchante langue >. La source est une épigramme de huit vers de l’Anthologie de Planude (3a, 22,
17 = A. G, 7, 71). Alciat a
sans doute été séduit par la concision du signe qui, comme une épitaphe (l'emblème insiste sur le travail de la pierre, insculptas, sigilla), dit à lui seul tout ce qu'il y a à savoir sur le défunt : par opposition a l'image topique des laborieuses abeilles qui viennent se poser sur les lèvres de Pindare*®, pour y instiller le miel de la poésie, la guépe inutile dit le poète qui ne fait que piquer et répandre du poison. Alciat réduit à deux vers l'original grec et fait déborder sur le pentamètre l'évocation du signum par le rejet de la iunctura : esse ferunt. L’ exégése, très brève, n'intervient qu'après la coupe hephthémimère, dans une structure embrassée, où le sens enserre le signe : linguae certa sigilla malae. Dans l'emblème « Nec uerbo, nec facto quenquam laedendum », Alciat équilibre les deux moments du texte symbolique sur les deux distiques qui constituent le poéme, en proposant d’abord les éléments descriptifs (Assequitur Nemesisque uirum uestigia seruat,/ Continet et cubitum, duraque fraena manu, « Némésis suit et s’attache aux pas des hommes ;/ De sa main, elle retient son coude et un dur mors, ») puis l'interprétation, sous forme d’un interdit et d’une recommandation (Ne male quid facias, neue improba uerba
Herculis ». +64 Voir par exemple l’Anthologie grecque, 16, 92 (PLAN. 4, 92), et l'Appendix uergiliana, « Monostica de erumnis », Comptes-rendus des séances recherche une sur point le : épigraphique modèle le et Alciat par l'emblème de L'invention « Laurens, P. %5 Voir
de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149, 2005, p. 883-910, en particulier 889.
voir P. Laurens, L'abeille dans l’ambre, p. 310 et Id., 166 Sur ce parallélisme, et, chez Martial, le rôle fécondant joué par la bipartition du distique, « Martial et l’épigramme grecque au I" siècle >, Revue des Études Latines, 43, 1996, p. 315-341.
467 P. Laurens, « Du modèle idéal au modèle opératoire », p. 185-191. 468 Ibid. * Voir par exemple PHILOSTR. IVN., Im., 2, 12.
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Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
loquaris/ Et iubet in cunctis rebus adesse modum, « Afin que l’on ne fasse rien de mal, et que l’on ne dise rien d’impudent,/ Et ordonne en toute chose de conserver la mesure » ). La structure n’est pas parallèle, comme on
être inversée et l'interprétation précéder la description‘”. Parfois enfin, la description et l'interprétation se suivent pour chaque élément, l’un après l’autre, en particulier pour les statues et les représentations de dieux ou
dans le v. 3 (pentamètre+hexamètre) : le coude pour réguler l’action, le mors pour réguler les paroles. Mais le v. 1, qui fait implicitement allusion à une épithète de Némésis (adrasteia, « celle qu’on ne peut pas fuir >),
la structure complexe doit être décomposée en unités signifiantes. Une attention particulière est portée dans ce cas à la chute conclusive, étape d’autant plus importante que c’est elle, souvent, qui rassemble en un sens général, souvent exprimé sous forme gnomique, les divers éléments présentés et expliqués successivement au sein du texte“. La conclusion s’élabore parfois en véritable pointe, soutenue par des effets métriques et
pourrait s’y attendre, mais embrassée. Les deux instruments de la déesse, décrits au v. 2, trouvent leur éxégése
s’interprète à la lumière du v.4, qui s’achéve sur le mot modus
(hexamètre+pentamètre).
L’invitation à la
modestia formulée au v. 4 est une manière de rappeler implicitement que, dans l’histoire ou la mythologie, Némésis est toujours celle qui châtie l’hybris ou la superbia, tandis que le v. 1 avertissait déjà que nos uestigia, les traces que nous laissons à la postérité et à la memoria, seront précisément jugées et évaluées selon leurs mérites. La pointe en deux étapes (v. 3-4), qui répond de manière inversée aux deux vers précédents (v. 1-2), a été
suggérée à Alciat par les conclusions d'inspiration différente des deux épigrammes de Parménion sur le même
sujet, qui se suivent dans l’Anthologie de Planude (A. G., 16, 223-224), et que l’emblématiste a fait fusionner. On notera la différence avec l'emblème « Foedera*” », adressé implicitement à Maximilien Sforza, le duc de Milan,
dans I’édition parisienne de Wechel en 1534 (sous la forme du vocatif dux au v. 3). L’épigramme de douze vers se répartit en trois groupes équilibrés de deux distiques chacun. Le premier groupe (v. 1-4) se présente comme une offrande poétique de la lyre halieutique à Maximilien, qui s'apprête à sceller des alliances en Italie*”!, Le second groupe et le troisième groupe s’associent pour former une similitude et motiver la raison de l’offrande. Le second groupe, au centre, joue le rôle de comparant en deux étapes, de longueur inégale (un et trois vers).
On rappelle d’abord que seul l'homme d’expérience (doctus) peut tendre les cordes (fides, avec un jeu de mot
sur le sens abstrait de fides, « confiance », nécessaire dans toutes les alliances, v. 5) ; mais, si l’une d’entre elles
est mal réglée ou rompue, le chant en devient faux (ineptus, v. 6-8)*”. Le dernier groupe, qui assume le rôle de comparé (introduit par sic), raméne ἃ la réalité politique et propose une conclusion, elle aussi en deux parties, cette fois équilibrées chacune sur un distique : si le prince suscite la concordia et l’amor (annoncée par l'image des cordes tendues de la lyre), ses alliés s’assembleront en un foedus (v. 9-10) ; mais si un seul vient 4 manquer (équivalent de la corde détendue ou rompue), l’harmonie (harmonia) sera réduite ἃ néant (In nihilum illa omnis
soluitur harmonia). L’ultime terme du texte, harmonia, boucle la parabole puisqu'il est le terme commun de la
similitude : l’harmonie, de musicale, devient civile et politique*”.
Bocchi reste indubitablement marqué par cette permanence formelle de l’épigramme symbolique. Bon nombre de pièces qu'il rédige, relativement fidèles à la breuitas (entre deux et une trentaine de vers), maintiennent les deux étapes indispensables du processus symbolique (exposition de la res significans ou comparant, dévoilement de la res significata ou comparé), dans les multiples variations de configuration qu’elles permettent, souvent avec une courte introduction qui suscite l’objet allégorique sous la forme d’une quaestio. La description d'ensemble suivie de l'interprétation générale constitue le schéma valable pour les fables et leurs épiphonémes*”, pour les
similitudes“, pour les proverbes“, les symboles pythagoriciens*”’, les récits historiques“. Mais la formule peut
de héros**, les monstres**’, les monuments*®, les objets complexes‘, les blasons, devises et médailles**, dont
rhétoriques.
Quelques-unes
sont particulièrement réussies. Ainsi, la mystérieuse
allégorie qui, sous les traits
d’une Vénus anadyomène, prend la parole dans l'énigme que propose le Symb. 28 ne se révèle qu’au dernier vers, juste avant la coupe penthémimère : Materia illa ego. Mais la seconde partie du dernier vers, sous couvert
de livrer un indice, ouvre en réalité sur une seconde énigme : quam mens notha sola tenet***. De même, le poème du Symb. 124 ne livre qu’au vers 29 l’antécédent (is) de l’immense proposition relative qui ouvre le texte et dont
les compléments d'objet égrénent au fil des vers, en longues séquences énumératives, les fléaux de la curie
romaine”. Le is n’est autre que le héros capable de les endurer, probablement Marcantonio Flaminio à qui la pièce est dédiée. Le vers 30 livre alors sa conclusion, sous forme de pointe paradoxale : personne n’a envie d’imiter cet Hercule aux mille travaux, et surtout pas ego (Non me profecto, non habebit aemulum). Parfois, en particulier dans les piéces plus satiriques, la pointe révéle le simple plaisir de la formule elliptique bien connue“, ou la reprise de procédés dialogiques de Martial pour retarder la conclusion*”. La référence classique venue condenser ou renforcer au dernier vers, en une expression ramassée et bien rythmée, le déploiement symbolique constitue l’un des traits stylistiques remarquables de nombreux emblémes bocchiens de forme épigrammatique : on notera ainsi les formules horatiennes finales pour les Symb. 66 (cf. Bellua fit capitum multorum, luminis expers ; cf. HOR., Epist., 1, 1, 76) et 112 (Impauido iustus propositique tenax ; cf. HOR., Carm., 3,
3, 1-4), l’une proposant l’objet symbolique (la tête de monstre offerte à Alexandre par la Fortune), l’autre son
exégèse (Hercule comme héros stoicien indifférent au tumulte des passions).
‘7 Voir par exemple le Symb. 151 qui présente d’abord les deux parties de l'âme, puis le double visage de Janus. Le Symb. 9 constitue un cas particulier : les traits abstraits de la constantia sont visualisés à travers les attributs de Pallas Athéna, et illustrés ensuite de manière narrative par les aventures de trois héros : Énée, Persée, Hercule.
#0 Voir l'Hercule Gaulois et son cortège au Symb. 43, l'Hercule victorieux du Capitole à la massue, à la léontè et aux trois pommes du Symb. 55, l'Adrasteia Némésis du Symb. 67. #1 Voir l'exégèse de la tripartition de la Chimère au Symb. 137. #2 Voir les temples emboités de Virtus et d'Honos au Symb. 33, ou le cube et la pyramide formant obélisque pour le tombeau d’Ugo Pepoli, Symb. 48.
483 Voir la lucerna pensilis des Farnése au Symb. 132 et le tribôlos au Symb. 134. * Voir par exemple la devise de Bergonzi, Symb. 108, le blason de Bocchi au Symb. s et sa médaille au Symb. 82. ‘8S Voir l’expression révélatrice Ad summam,
« pour résumer » au Symb. 5, consacré ἃ ’élucidation du sens des armes de Bocchi
(v. 11), ou
des encore au Symb. 32 sur le temple d’Honos et Virtus (v. 13), qui permet de dégager la recommandation morale générale qu’il faut tirer
interprétations particuliéres de tous les éléments.
470 < Foedera Italorum > dans l'édition de 1531. 1 Nous citons dans l’édition lyonnaise de 1551 chez Macé Bonhomme, p. 16 : Hanc citharam, a lembi quae forma halieutica fertur/ Vendicat et
propriam Musa Latina sibi,/ Accipe dux : placeat nostrum hoc tibi tempore munus/ Quo noua cum sociis foedera inire paras, « Ce luth, auquel sa forme de barque octroie le nom d’halieutique/ La muse latine le revendique également comme sien :/Prends-le, Duc : puisse notre présent te plaire, en cette occasion où tu te prépares à conclure de nouveaux traités avec tes alliés >.
‘? Difficile est, nisi docto homini, tot tendere chordas,/Vnaque si fuerit non bene tenta fides,/Ruptaue (quod facile est) perit omnis gratia conchae/Illeque praecellens cantus ineptus erit. +73 Sic Itali coeunt proceres in foedera, concors/Nil est quod timeas, si tibi constet amor./At si aliquis desciscat (uti plerumque uidemus)/In nihilum illa omnis soluitur harmonia.
** Par exemple celle de Pan, Borée et Pitys au Symb. 150, celle de l’avare tué par le diable dans le Symb. 47, ou celle d’Hercule et d’Agason au Symb. 52. “5 Par exemple la bombarde qui ruine villes et bataillons, et le style sublime qui anénantit les sophistes dans le Symb. 94 ; la poudre à sécher la
page pour éviter les ratures et la poudre du sablier pour donner du temps à la réflexion et éviter l’action honteuse dans le Symb. 66. 6 Par exemple Symb. 34 ou 95. ‘7 Voir par exemple « ne pas s'asseoir sur la chénice », Symb. 26 ; « s'asseoir avant d’adorer Dieu », Symb. 76. #8 Voir Alexandre changé en monstre par la Fortune, Symb. 64 et les exemples cicéroniens des Symb. 14 et 18.
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symbole. 486 Sur la référence au Timée de Platon qui permet de comprendre le texte et l’image, voir nos analyses de ce
#7 Le poème ne présente pas d’objet symbolique. Une fois encore, c’est l'image qui s’en charge, en représentant les fléaux de la curie romaine
Voir sous la forme d’une jarre tenue par Pandore, dont le contenu se déverse sur une allégorie de Roma, empruntée aux monnaies romaines. nos analyses à ce symbole.
en #5 Voir par exemple les fourmis qui courent sur la corne d’un bœuf qui laboure et prétendent labourer dans le Symb. 38. Bocchi reprend : d'autrui labeur le volent qui ceux dénongait qui élégiaques distiques en Virgile de fameuse épigramme d’une conclusion la iambiques trimètre sic uos, non uobis (pour les sources, voir l'édition et l’apparat critique de cet emblème). recommande Pythagore. Les * Voir exemple le Symb. 26, qui reproche à Lentus d’être assis nuit et jour sur la chénice, contrairement à ce que in choenice quaeris ?), qui sedens mereare (Quid l'interlocuteur de rhétorique question une d'abord deux vers finaux s’enchainent en proposant
à l’image de permet ensuite au narrateur de distiller sa réponse, méchante et habile, puisqu'elle souhaite pour le coupable Lentus un châtiment 1, 78,6 ). (Epigr., Martial de directe citation une est sa faute, une fames lenta (Vt ipsum/ Perdant te lenta tristia fata fame) : cette chute elle-méme de trois vers. Dans le premier Le même procédé est à l’œuvre dans le Symb. 25, en hendécasyllabes phaléciens, qui se partage en deux groupes il tarde ἃ justifier son second, le Dans l’urbanitas. de sous superbia sa cacher de volonté la Philippus groupe, ego dénonce chez un certain
contact assidu,/ Je le dirai, attitude: Si cur defugiam tuum frequentem/ Congressum rogitas, Philippe, dicam (v. 4-5), « Pourquoi je fuis ton 3 il est urbain ! ». Pour les l'orgueilleux, m'est Suspect Philippe, à ta requête ». La réponse tombe alors : Suspecta est mihi comitas superbi, « p. 262-264. l'ambre, dans L’abeille Laurens, P. et 3) 7) ; 73 5, 10; 8, exemple exemples du surgissement du dialogue chez Martial, voir par
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Toutefois, d’importantes variations par rapport à l’épigramme alciatique se dessinent. Bocchi élargit le champ de l’épigramme telle qu'il la pratique ἃ des tendances esthétiques et des procédés littéraires qui caractérisent l’exercice de ce genre dans l'Antiquité et chez les humanistes, et qu'on ne trouve qu’esquissés chez Alciat, ou qui en sont simplement absents. Nous évoquerons un peu plus loin la question de la polymétrie et, surtout, l'ouverture de l'épigramme sur d’autres genres qui en diluent les contours, voire l’évacuent totalement, en reniant en particulier le principe de la concinnitas et de la breuitas. Pour l'instant, on se contentera de souligner quelques indices de ces changements formels et thématiques. Un procédé frappant, employé par Bocchi, est celui de la uariatio au sein d’un même emblème : soit un original grec s'accompagne de plusieurs traductions successives” ; soit un même motif, ou un même concept, se voit décliné sous la forme de plusieurs poèmes successifs, dont la tonalité, le point de vue et la métrique sont différents, souvent avec un titre portant clairement la mention Aliud ou Aliter ou encore De eadem/eodem *'. Or il y a là clairement, non pas innovation, mais retour
à ce que proposaient les recueils des pièces de l’Anthologie de Planude édités par Soter en 1525 et Cornarius en 1529: à l'original grec succèdent un ensemble de traductions humanistes, qui sont d’ailleurs souvent de véritables réinterprétations. Alciat avait proposé ponctuellement le procédé, par exemple avec les deux pièces sur l'Amour piqué*”. Cette tendance à la uariatio se poursuit de manière plus appuyée au sein du recueil
bocchien, sous la forme de paires complémentaires ou antithétiques d'emblèmes qui renvoient l’une à l’autre : par exemple les Symb. 63 et 121 qui présentent respectivement, sous la même fiction archéologique de la découverte d’un antique, une statuette de la bonne Fortune, liée à Bologne et aux Farnèse, et sa version dégradée, suite à la maladie de Paul III; ou encore les Symb. 51 et 52 qui proposent successivement un
sauvetage de la Fortune humaine réussi par une divinité, et un cas où le sauvetage par la divinité d’un humain en
difficulté ne peut avoir lieu*”. On rattachera au même principe la citation et la déclinaison d’un même motif
symbolique dans des pièces successives ou groupées non loin les unes des autres, phénomène textuel souligné de surcroît par une concordance visuelle dans les gravures. Un exemple remarquable est fourni par un petit ensemble de pièces amoureuses d'inspiration pétrarquisante, récupérées des Lusus de jeunesse et insérées dans le premier livre. Ainsi, le Symb. 6 est une variation sur une épigramme de Marulle (Epigr., 1, 3) et de Pontano (Hendec, 1, 3) : la maîtresse d’ego s'empare de l’arc et des flèches d’Eros pour en frapper le dieu, faisant de lui un
rival du poète transi. Le Symbolum suivant est une « hydropyrique », de nouveau inspirée par Marulle (Epigr., 1, 13 ), où ego, réduit en cendres par le feu de la passion, se demande comment il peut continuer à brûler, et comment les larmes qu'il verse réussissent à attiser le brasier au lieu de l’éteindre. La source entre les deux pièces est commune, le sujet est proche, mais la seconde pièce ne s’articule pas autour d’un objet symbolique. Or la gravure y remédie, présentant en son centre l’arc et les flèches d'Amour, ce qui permet d’assurer la continuité visuelle avec l’image précédente, offrant une composition inversée, mais toujours avec l'arc et les flèches au centre. Les Symbola 11, 12 et 13 sont tous reliés par le motif de la corde, qui apparaît conjointement dans le texte et la gravure. Pour les Symb. 11 et 12 qui imitent respectivement la même pièce de Marulle qu’au Symb. 6 (Epigr. 1, 3, avec la reprise du motif de la maîtresse qui vole les flèches d'Amour), et un poème de l’Anthologie de Planude sur les erôtèma pharmaka *, il s’agit de la corde qui doit servir à l’amant éconduit pour se pendre, dénouant ainsi par un lacet le lacs d’amour, selon le principe curatif de la médecine antique par homéopathie, c'est-à-dire ressemblance entre le mal et son remède. Pour le Symb. 13, dont la source est Cicéron
VoirÀ par exemple le Symb. 15 sur le saut de Théombrote, traduit de Callimaque (Epigr., 23 Pfeiffer = 53 Gow-Page = A. G, 7, 471 = PLAN. 3°, 26, 6) en latin par Bocchi, avec l’ajout d’une traduction de Pomponio Gaurico. Le manuscrit Sloane présente la trace d’une troisième version,
490
non conservée (voir l’apparat critique de notre édition de cet emblème). Voir également le Symb. 149 qui propose une épigramme grecque en l'honneur d'Innoncenzo del Monte, suivie de sa traduction latine. 491 & Vois Symb. 16 ; 25 ; 31; 38; 43; $0; 56; 59; 60; 62 ; 64 ; 69. Pour le traitement dans un second poème d’une notion voisine de celle du
premier poème, Voir Symb. 44 (iustitia et mansuetudo) ; 74 (sur le symbole pythagoricien « s'asseoir avant d'adorer » et la distinction augustinienne frui/uti). ‘ Voir « Dulce quandoque amara fieri » et « fere idem », évoqués supra. = Rs sens religieux de ce couplage, voir infra nos analyses dans le chapitre III: L'univers spirituel : hétérodoxie, évangélisme et cryptage symbolique. 4 A. G., 9, 497 = PLAN. 1°, 26, 40, traduit par Alciat dans l'édition Cornarius. Voir l’apparat critique à l’édition de cet emblème.
108
Introduction
(Tusc., 5, 14, 40), il s’agit des cordes qui tendent les voiles des navires, livrant les cargaisons et le patrimoine des
armateurs à une fortune marine bien incertaine. Alciat n’avait fait qu'esquisser ce principe de continuité, par exemple avec le motif des guêpes*”, ou la série des arbres**, principe mis à mal par la réorganisation du recueil
par lieux communs effectuée par Barthélémy Aneau dans l'édition lyonnaise de 1549“. Nous reviendrons sur ce phénomène sériel chez Bocchi qui permet d'organiser discrètement autour de séquences cohérentes un
recueil placé sous le signe du disparate et du discontinu. On constatera en outre chez Bocchi l’affaiblissement régulier du processus symbolique dans le cadre épigrammatique, là où tous les emblémes alciatiques, sans exception, l’intègrent comme un impératif structurel. Cet affaiblissement se marque de plusieurs maniéres. Tout d’abord, les impératifs de l’encomiastique, en particulier à l’adresse de mécénes ou de protecteurs, impose d'intégrer à de nombreux poèmes les formules de requête, supplique, prière qui marginalisent l’exégèse symbolique, la rélèguent parfois au rang d'ornement rhétorique”, et se substituent régulièrement au trait d'esprit et à la pointe*”. On remarquera d’ailleurs que l'invention d'objets complexes pour satisfaire aux exigences de l’encomiastique, tout en maintenant l'exigence symbolique, fait perdre à l'énoncé poétique l'efficacité liée à la breuitas et à l’art de l’allusion, qui oblige le lecteur à reconstituer les parties manquantes ou les éléments passés sous silence. Les allégories complexes dilatent le texte à l’extrême et le contraignent à prendre le ton solennel de l'exposé didactique pour justifier parfois laborieusement le sens de chaque élément. C'est le cas par exemple au Symb. 132, qui expose les constituants de la lucerna pensilis, portrait figuré de l’âme du cardinal Alexandre Farnèse, ou encore au Symb. 134, qui traite du tribolos, et propose, à partir de spéculations
numériques pythagoriciennes, une vision compliquée de la sagesse nourrie par |’éloquence, à la fois ancrée sur terre et pointant vers le ciel. Dans ces cas limites, le lecteur aura bien du mal à trouver le « nœud » rhétorique et symbolique, qui unit prestement et sur le mode ludique des éléments épars pour offrir une figure cohérente. Ensuite, certaines pièces font le choix volontaire d'intégrer des éléments non symboliques, qui appartiennent toutefois de plein droit à une longue tradition épigrammatique, en particulier dans les poèmes funéraires ou amoureux. Se souvenant de l’origine inscriptionnelle de l’épigramme antique, en particulier funéraire° (l’Anthologie de Planude les classe au livre III**'), Bocchi propose, avec le tombeau d’Ugo Pepoli en forme : la pyramide dit d’obélisque monté sur des degrés dans le Symb. 48, une double épitaphe « hiéroglyphique » la uera Gloria, le cube au sommet des marches dit la Virtus/Constantia qui dompte les sens, la pyramide sur le cube dit la uera Gloria qui naît de la Constantia. Or Bocchi rajoute des éléments proprement épigraphiques (et # Dans l'édition de 1546, l'emblème « Contra », appelé ensuite « Principis clementia », où il est question du roi des guépes (deux fois plus gros que les autres et qui n’use pas de son dard, pour symboliser la justice et la clémence d’un royaume gouverné par la tempérance) fait suite, sur la même page, à l'évocation du tombeau d’Archiloque orné de guépes que nous avons mentionné plus haut. +% Apparait dans l'édition vénitienne de 1546. #7 Voir C. Balavoine, « Le classement thématique des Emblèmes d’Alciat : recherche en paternité », in A. Adams, A.J. Harper (dir.), The Emblem in Renaissance and Baroque Europe : Tradition and Variety, Selected Papers of the Glasgow International Emblem Conference, 13-17 August 1990, Leyde, 1992, p. 1-21. ΤΣ Voir par exemple les Symb. 109 et 1 10 où l'élément symbolique est constitué par deux adages qui tournent autour de la maison, l’un avec la recommandation d’Hésiode de ne pas laisser sa maison inachevée ni les corneilles s'y poser ; l'autre avec la fable de la tortue arrivée en retard aux noces de Jupiter, parce qu’elle ne pouvait pas quitter sa maison (pour les sources, voir l’apparat critique de notre édition de ces pièces). Cet
élément symbolique n’occupe que la première partie du texte, et constitue une sorte de prétexte, judicieusement choisi par sa concordance
thématique, pour adresser, dans les deux cas, une longue supplique (huit vers sur dix-neuf au total et quatorze vers sur vingt-cinq) au cardinal Farnèse visant à lui demander des subventions pour l'académie. Pour le Symb. 110, la requête soigne la conclusion, avec la formule à double sens (Apud me ero erit, « je serai chez moi > et « j'aurai toute ma tête », sous-entendu, je serai dans les murs de l'Académie et cesserai d'être obsédé par ce sujet) doublée d'une allusion virgilienne à Octave, le deus qui permet à Tityre de demeurer sur sa terre (v. 25 : otia ipse feceris, cf. VERG., Buc., 1, 7-8).
* Voir aussi les formules de louanges à des amis qui clôturent les Symb. 86, 102, 138, sans toutefois compromettre le processus symbolique.
$00 Voir E. Wolff, La poésie funéraire épigraphique à Rome, Rennes, 2000. “1 Livres IV et V de l’Anthologie grecque. Voir aussi les Carmina latina epigrafica contenus dans l'Anthologia Latina (éd. F. Bücheler, Leipzig,
1895). Sur les thématiques, voir R. Lattimore, Themes in Greek and Latin Epitaphs, Urbana, 1942 ; I. Kajanto, Classical and Christian. Studies in
Latin Epitaphs of Medieval and Renaissance Rome, Helsinki, 1980. $02 Sur le sens de ce terme, voir notre analyse infra sur Francesco Colonna.
109
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
probablement imaginaires), suivant en cela l’exemple de Francesco Colonna°. Ainsi, les titres mentionnent précisément l'endroit des solides où doivent s'inscrire les épitaphes
(face A de la pyramide ; face B du cube
qu’elle surmonte), comme pour un relevé archéologique où l’on accompagne l’esquisse d’un monument, ou d’une stèle, de la transcription scrupuleuse des inscriptions”, On libère par là même l’épitaphe de |’ obligation
de l’ekphrasis. De surcroît, renouant avec la forme inscriptionnelle traditionnelle, Bocchi fait suivre les deux épitaphes métriques d’une subscriptio en prose et en capitales, pour préciser le contexte biographique et éclairer
les causes de l'érection du monument : Philippe Pepoli rend gloire à la mort héroïque de son frère pendant le siège de Naples. Nous ne sommes plus dans le symbole, mais toujours dans l’épigramme funéraire. De même, les conclusions de certains poèmes montrent que la préoccupation symbolique, souvent simple amorce visuelle, passe ensuite au second plan. La pointe intervient pour dévoiler, non pas une pensée secrète
tenue dans un signe qui en dirait les nuances, mais pour révéler de manière suprenante de subtils réseaux de correspondances et d’antithéses, cachés dans la trame du réel, qui explique la confusion des sentiments et des représentations. Par exemple, dans la conclusion du Symb. 15, consacré au saut de Théombrote, lecteur du Phédon de Platon, et qui veut hater sa mort, d’après Callimaque, Bocchi ne s'intéresse pas au personnage ni au
contresens que constitue sa lecture du texte platonicien, comme l'ont fait les traducteurs : il se contente de noter la beauté du tombeau que la mer offre au héros, beauté née de l’adéquation, puisque c’est dans cette mer que Théombrote ἃ pu ensevelir la « mer de soucis » qui le hantait, selon une image catullienne ; nous avons déjà vu
plus haut, avec le Symb. 12, le mot de Cratès tiré de l’Anthologie de Planude, qui invite l'amant à dénouer le lien
de la passion en usant d’un remède qui ressemble à la maladie, c’est-à-dire en nouant un lien pour se pendre. Les chutes des poèmes amoureux cités plus haut vont dans le même sens. Après avoir chanté les paradoxes et les prodiges du feu de la passion et de l’eau des larmes dans le Symb. 7, ego conclut sur d’autres paradoxes, inspirés par Pétrarque, celui de l'amour comme mort dans la vie, et celui du repos qui est sans repos (mors uiuens, irrequieta quies). Dans le Symb. 6, ego s'inquiète de voir Amour devenu, d’allié qu’il était, son rival, après avoir été frappé de ses propres flèches, tandis que le Symb. 12, qui mêle à la fois le motif marullien de la maîtresse endurcie et celui de la corde pour que l'amant se pende, s'achève, comme une élégie de Properce, sur le constat désabusé que la militia amoris au service d’un dieu-enfant s'achève par des morts véritables autant qu'inévitables, comme les guerres plus sérieuses. La encore, l'esprit allégorique, initié certes par un objet symbolique (flèches ou arc d'Amour), se dissout au fil de la pièce. La comparaison avec Alciat permet d'apprécier la différence. Dans l'emblème «In statuam Amoris», Alciat, comme le soulignent ses
commentateurs,
Angeriano
s'inspire
(Erotopaegnion,
d’une
célèbre
élégie
de
Properce
(2,
12),
imitée
par Marulle
(Epigr.,
70), qui décline le sens des attributs et des traits de l'Amour.
Nous
1, 59)
et
sommes
également dans la veine légère et subtile de l’amour revu par Pétrarque, mais tout est ici symbolique, jusqu’à la pointe malicieuse et obscène qui s’achéve sur la description de l'étrange blason de ce héros encore enfant : un gland rouge sur fond noir. En outre, la part du symbolique s’atténue chez Bocchi avec la tendance prise par le recueil d'évoluer vers une part croissante accordée à l'éthique, au spirituel et au religieux. Alciat n’avait certes pas hésité à proposer des exemples de sages et de philosophes de l'Antiquité, ou des emblèmes traitant de la religion‘, mais ses évocations se font toujours autour d'éléments de langage métaphoriques ou de signes allégoriques*”,
généralement empruntés à l'Antiquité païenne*”. Chez Bocchi, s’il est vrai que la référence au symbole perdure
à travers des objets au service de la philosophie et de la religion (balance, miroir, chaîne, cœur, autel, flambeau),
certains poèmes semblent toutefois négliger cet aspect pour privilégier les longues conclusions sentencieuses®”, la mise en rythme de préceptes abstraits ou d’énoncés gnomiques invitant à tel ou tel comportement™, sans que l’image rhétorique, la métaphore, l'exemple ne soient plus au rendez-vous pour constituer le processus symbolique. II convient de replacer ce phénomène dans un mouvement plus vaste qui marque la composition
du recueil tout entier.
d. L'architecture du recueil : ordres et désordres d’un corps en mutation
Le recueil d’Alciat comme celui de Bocchi privilégie l’esthétique du disparate et du fragmentaire, propre aux anthologies d’épigrammes et de silves depuis l'Antiquité : les pièces s’enchaînent sans ordre apparent et le changement de thématique et de mètre que suppose régulièrement le passage de l’une à l’autre participe au plaisir de la surprise et du dépaysement. De ce point de vue, l’organisation du livre alciatique par lieux communs constitue une aberration, même s’il permet de repérer des formes de continuité conceptuelle. L’éclatement thématique, soutenu par une bigarrure stylistique, qui mime la variété des lectures et des sources utilisées ou les fluctuations imprévues du réel perçues par le sujet poétique comme autant de sollicitations à la création, n'empêche pas le principe d’échos et de récurrences qui créent, de fait, l'impression d’ordre secret et de déclinaisons à partir du même. La recherche de ces continuités thématiques chez Alciat constituerait un travail en soi : dieux et demi-dieux, héros de la guerre de Troie, figures historiques grecques ou romaines, philosophes ou
poètes
antiques,
statues,
tombeaux,
boucliers,
blasons,
animaux,
arbres,
etc. L’esthétique
est celle
de
l’éventail qui se déploie et laisse entrevoir le dessin d’un ou plusieurs motifs. L'absence de division de l’ouvrage
dans la plupart des éditions complètes a partir de 1549 — pas même celle, originelle, en deux livres —, malgré les
ajouts successifs, relève de cette volonté d’embrasser dans un ensemble continu des éclats discontinus. Or la situation change quelque peu avec le recueil de Bocchi. On y trouve également un index par grandes rubriques classificatrices (theologica/metaphysica ; physica ; moralia ; philologica), mais l’essentiel n’est pas là. L'ouvrage se divise en cing livres et, si l’organisation ponctuelle de chaque livre ne semble pas répondre à un
dessein shécifique*"’, le nombre total frappe, et on notera dans le dernier livre un intérêt tout particulier pour les
questions de la psyche, dans sa relation avec le divin: le Symb. 140 traite du cinquième élément ou quinte essence qui constitue l’àme humaine ; de méme, le trés complexe Symb. 132 propose de donner une image de l’àme du pape Paul III sous la forme d’une étrange lampe suspendue, tandis que le Symb. 151 imagine les deux
parties de l’àme, active et contemplative, sous la forme des deux visages de Janus. Entre le premier et le
cinquième livre, le lecteur est saisi par l'impression qu'une évolution esthétique et spirituelle souhaite s’exhiber, comme si la croissance et le développement de l'ouvrage, mus par des contraintes autobiographiques, tentaient de se mettre au diapason de la maturation intellectuelle de son concepteur dont le dernier livre constitue l’akmè. Le premier livre porte en effet la marque du pétrarquisme, de l’élégie et de l’épigramme amoureuse, avec des poèmes repris des poésies de jeunesse*'’. Le cinquième livre au contraire fait éclater le cadre épigrammatique : Voir par exemple l'emblème « Sapientia humana stultitia est apud deum > sur la bi-partition de Cécrops ; ou « In deo laetandum », autour de Ganyméde. “8 Voir par exemple le Symb. 113 qui définit la constantia stoicienne. L'exemple de Marius n’y occupe que deux vers sur dix.
“ Sur ce point, voir M. Furno, Une « fantaisie > sur l'antique : le goût pour l'épigraphie funéraire dans l'Hypneroto machia Poliphili de Francesco
Colonna, Genève, 2003.
™ Voir par exemple les manuscrits des Antiquités milanaises d’ Alciat et les développements de P. Laurens et F. Vuilleumier-Laurens dans L'âge de l'inscription. La rhétorique du monument en Europe du xv“ au xvir siècle, Paris, 2010, p. 89-114. ‘° Classés sous la rubrique « Deus siue religio » dans les tables par loci communes. Voir par exemple « Non tibi sed religioni » sur l’âne portant une statuette d’Isis. Dans l'emblème « Fidta religio », le comportement de la grande putain de Babylone sert d'image pour stigmatiser les excès de la religion chrétienne telle qu'elle est pratiquée par son chef, le pape. Voir par exemple les « Dicta septem sapientium », où chaque formule est associée à un objet qui la résume, ainsi la balance ou le niveau pour le modus recommandé par Cléobule, le miroir pour le nosce te ipsum de Chilon, le terme pour le respice finem de Solon.
Ὁ Voir par exemple le Symb. 98 qui développe sous une forme de longue liste d'impératifs les recommandations pour mettre en œuvre une uita
sine querela, en référence à l’ouvrage de Diogéne le Cynique. Le philosophe antique n'apparaît que dans la gravure. Les dix symbola ou préceptes moraux de la table de Bocchi dans le Symb. 27 ne sont rattachés ἃ aucun objet symbolique, mais reliés par la gravure aux évangiles.
Voir également le Symb. 44 sur la justice chrétienne ou le Symb. 16 sur le mot de Cléarque définissant les relations entre le général et ses soldats. 5" On
notera toutefois que les premières pièces du premier livre sont nettement programmatiques
(voir supra) et que certaines pièces, en
position stratégique de clôture, touchent à des sujets sensibles : la Veritas à la fin du livre 1; Protée (image de l’homme intérieur) et la
Dialectique en fin du livre 2 (Symb. 61-62), Pandore, symbole des maux de la curie et d’une forme de catholicisme corrompu à la fin du livre 4 ;
Janus
et son temple qui se ferme sur l'Âge d'or à la fin du livre ς et du recueil lui-même.
En revanche,
anecdotique concernant un animal minuscule, l'égithe, qui se venge de l’âne qui lui détruit ses nids.
le livre 3 se termine sur un récit
*"! Voir par exemple les Symb. 6, 7, 8, 11, 12, 15, 16, 17, 18 évoqués plus haut.
111
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ἵν
ΝΟΝΝΗΙΝΗΜΗΜΗΗΝΙΘΙΙΘΛΝΝΙΝΙΝ
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—
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
l'ouverture, avec le Symb. 125, sous la forme d’un songe qu'il fait sur l’Astrée des Farnèse ; dans les Symb. 133 et
silve poétique, et il convient d’étudier de manière plus large les procédés d’assimilation et de réécriture de l'héritage antique que l'emblème propose, souvent à travers le filtre d'auteurs et d'ouvrages de la Renaissance, en particulier les miscellanées.
labyrinthe où il est allé chercher la déesse Philologia ; dans le Symb. 147, où il espère remettre son fils Pirro dans
Ill. L'atelier de l'écrivain :
Symb. 130 ou 133, ou didactiques dans le Symb. 132, relayé dans ces tentatives de rendre compte d’un sujet
L'importance accordée au symbole et au symbolique conduit le rédacteur d’emblémes à puiser son inspiration
les pièces s’allongent, atteignant la centaine de vers, parfois même cent cinquante vers (Symb. 141). Les sujets
deviennent nettement plus philosophiques‘? et religieux”ἡ. Le poète s'y met en scène régulièrement : à 136 où il évoque sa retraite provisoire ; dans le Symb. 145 dans lequel Bologne le couronne à la sortie du
le droit chemin en faisant appel à son génie/ange-gardien. La métrique même révèle ce changement d’atmosphère : l'hexamètre souligne des aspirations épiques dans les technique ou philosophique complexe par le trimètre iambique*"*. Ce pluralisme métrique s'accompagne d'une
diversification générique. A l’épigramme viennent se méler l’ode épidictique et l’hymne (voir à nouveau les Symb. 125 et 130), l’ode méditative (Symb. 139 et 141) ou encore le genre plus souple et familier de l’épître versifiée, qui permet de restituer l'ambiance amicale des échanges intellectuels réels au sein de l'académie (voir
par exemple le Symb. 132, remaniement d’une véritable lettre en prose envoyée à Amaseo””, ou encore le Symb. 136 inspiré par une lettre de Cicéron). Le livre 5 ne conétitue toutefois pas une coupure radicale, mais les changements spirituels dont il se fait l’écho sont subtilement préparés dans les livres antérieurs, qui offrent déjà des pièces morales, philosophiques ou religieuses et des mises en scène du narrateur. On notera en particulier que, dès le premier livre, l'inspiration amoureuse et les ressources littéraires de la poésie érotique servent déjà de cadre formel pour évoquer la subtilité de la contemplation néo-platonicienne et de l’amour divin°!°, les beautés de la sagesse chrétienne”"? ou les lois de la charité universelle*!*. Inversement, les pièces du cinquième livre traitant de sujets religieux comme
le martyre’? ou la justification par la foi‘? n’oublient pas les ressources épigrammatiques du pétrarquisme, de
l’Anthologie de Planude ou tout simplement de la fable, comme une lointaine réminiscence de l'inspiration plus légère des livres antérieurs. Nous développerons dans notre dernière partie le rôle essentiel joué par l'allégorie païenne dans l’orchestration de thématiques spécifiquement religieuses touchant à la spiritualité évangélique. Cette organisation ouvertement charpentée, où se multiplient les échos et les rappels, mais aussi une ligne directrice en évolution, peut se définir à travers l’image du frontispice architecturé et surtout, de la façade d’un palais ou d’un temple, comme le suggère le Symbolum Symbolorum, qui propose un bucrane — motif de prédilection pour les métopes des architraves de façade sur les temples doriques — ainsi que les Symb. 109 (qui propose la façade du palais bocchien) et 151 (qui clôt le livre sur le temple de Janus). Là où le modèle alciatique
de l’éventail privilégie une extension horizontale, qui pourrait croître à l'infini, le mouvement dessiné ici est
clairement vertical, des subétructions aux acrotères, de la terre au ciel. Toutefois, des formes de scansion
séquentielle en paires, triades ou suites évidentes d’emblémes (autour d’un objet ou d’un personnage) ou
invisibles (en particulier autour d’une source littéraire commune, par exemple les Symb. 14 à 19 et 139 à 141, qui viennent des Tusculanes de Cicéron) garantissent les respirations nécessaires au fil du parcours, comme autant
de motifs de frises qui apparaissent, puis disparaissent en guidant l’œil d’un ordre à l’autre. Nous n’abandonnerons pas tout à fait la référence à Alciat en tentant à présent d’entrer plus en avant dans les nuances de la technique poétique de l’emblématiste. L’épigramme n’est, en effet, qu’une forme possible de la 512 Voir par exemple le Symb. 127 sur l'alliance cicéronienne de l’éloquence et de la philosophie à travers une théorie des idées innées, le Symb. 139 qui tente de remédier par des arguments cicéroniens à la crainte de la mort et le Symb. 141, qui propose de lutter contre les offensives
de la douleur, tandis que le Symb. 140, plus court, démontre l’immortalité de l’âme et assure la jonction entre les deux pour former un véritable
triptyque parénétique. Voir aussi le Symb. 133 sur la recommandation d’Epicure de vivre caché ou le Symb. 136 sur le problème de l’otium et de l'alternance des genres de vie, ou encore le Symb. 142 où la dioptrie d’Hercule rappelle que la vie tout entière est une préparation à la mort. 55 Voir l'éloge de la Fides au Symb. 130, ou la longue paraphrase du psaume 115 au Symb. 148. ‘4 Voir Symb. 140, sur l’entéléchie, et le Symb. 147 sur la démonologie.
$15 Voir nos analyses de cet emblème. 516 Voir Symb. 20 sur l’amor platonicus et Symb. 80 sur Eros et Antéros. 517 Voir le Symb. 11 sur la Sagesse de David. 518 Voir les Symb. 77, 78 et 79 sur la charité et sur Ganymède. 5 Symb. 143.
520 Symb. 150.
pratiques humanistes de la réappropriation des sources antiques
dans l’ensemble de l’héritage gréco-romain et, quand il s’agit de sources littéraires, sans considération de genres,
de styles, de périodes, ou de distinction entre prose et mètre. La silve poétique, comme l’épigramme, qui en constitue un sous-genre important dans le recueil, ainsi que nous l’avons vu, offre un cadre formel et rhétorique de prédilection, où peuvent se revisiter, se réécrire et se réinterpréter les textes ou les matériaux archéologiques les plus divers.
1. À l’école des miscellanées : butinage, innutrition, érudition Comme nous l'avons rappelé à propos de la quaestio, en intitulant son recueil Symbolicae Quaestiones, Bocchi ne fait pas qu’unifier sous un procédé rhétorique la diversité de ses sources d'inspiration. Il rattache implicitement l'emblème à une vaste tradition, celle des problemata philosophiques mais également, d'un point de vue littéraire, celle de la miscellanée, dont J.-M. Mandosio a retracé l'histoire avec beaucoup de précision, de à l’Antiquité à la Renaissance et au-delà”. Le terme miscellanée n’est pas simple à définir, puisqu'il sert pointus désigner à la fois un genre, constitué de la somme disparate de petites enquêtes spécifiques sur des sujets des et érudits de toute nature, souvent philologiques, institutionnels, philosophiques ; une méthode de lecture simplement, sources antiques et de réécriture qui aboutit à la composition de ce genre d'ouvrages ; ou tout n'importe quelle collection mêlée d’écrits divers. Un texte théorique essentiel qui instaure la miscellanée humaniste, est comme genre et comme méthode, même s’il ne prononce pas le terme, inventé à l’époque
l’auteur latin explique les constitué par la préface des Nuits attiques d’Aulu-Gelle (en particulier le $ 2), où
prises sans principes qui ont présidé à la constitution de son recueil : ce sont des notes de lecture (annotabam)
le goût distinction de genres (cuius generis cumque erant), sans tri ni ordre (indistincte atque promisce), et suivant
et constituer une sorte de du moment (quae libitum erat), pour aider la mémoire (ad subsidium memoriae) immédiatement utilisables (inde garde-manger littéraire (litterarum penus), offrant à disposition des extraits
une idée s’en fait sentir nobis inuentu atque depromptu foret)”, quand le besoin d'utiliser une formule ou désigner ce genre d’écrits*, (quando usus uenisset aut rei aut uerbi). Parmi la trentaine de titres possibles pour on notera la mention, qui promeuvent un savoir riche et mélangé (miscella), à l’image des matériaux investigués, Silves : ce dernier terme prend comme autant d'espèces d’un même genre, de Quaestiones, mais également de improvisée sous l'effet du non seulement le sens poétique de Stace et rhétorique de Quintilien d’une écriture variés et à l’érudition précise et étendue, calor et de l'imagination, mais désigne également des recueils aux sujets
sur l’éloge de l’éloquence et de où a cours ce type d'écriture, comme dans le passage du discours de Béroalde des Nuits attiques, un peu plus loin Cicéron cité plus haut, et qui doit tant à cet extrait d’Aulu-Gelle. L'auteur de son lecteur fatigue et ennui (senio dans la praefatio (δ 11), insiste sur son désir de ne pas susciter dans l'esprit la D. de Courcelles, Ouvrages miscellanées et théories de la connaissance à 521 Voir J.-M. Mandosio, « La miscellanée : histoire d’un genre > dans 8-27. p. 2003, Paris, ), 2002 des chartes (Paris, s et 6 avril Renaissance. Actes des journées d'études organisées par l'École nationale revu, p. 8-12 et P. Faider, « Aulii Gellii noctium Atticarum praefatio : texte >, e miscellané La « Mandosio, J.-M. voir “2 Pour l'analyse du texte, 189-216. P1927, 31, belge, Musée Le publié avec une traduction et un commentaire exégétique », contenu et de son quatre catégories : « Les titres qui insistent sur Ια variété du 523 J.-M. Mandosio, « La miscellanée >, p. 11, les classe en Rayons de miel, le les Amalthée, d Corne (la ) ; ceux qui insistent sur sa richesse agrément (Silves, Prairies, Pré, Florilège, Péplum, Tapisserie… plus prosaïque-
de l’auteur (Lampes, Nuits, Lectures, Trouvailles … ); enfin, Verger -- qui fournit des fruits) ; ceux qui font allusion aux travaux Lieux communs, Epitres, Questions)
Problèmes, Conjectures, Histoires, Leçons, ment, ceux qui spécifient le contenu des ouvrages (Lectures,
>.
113
Introduction
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
ac taedio languebit), comme le font certains ouvrages des Grecs. Fidèle à l’alliance de l’utile et du dulce horatiens**, définissant une fin et une méthode pour y parvenir (δ 12), il veut à la fois susciter le désir d’une
érudition honnête (ad honestae eruditionis cupidinem), mais aussi proposer un abrégé rapide et facile pour contempler les arts utiles (utiliumque artium contemplationem celeri facilique compendio ducerent) : ses notes seront
donc
pointues
et précises
(scrupulosa
et anxia,
$ 13)
et offriront
au lecteur des sujets
nouveaux
et
inconnus (noua sibi icognitaque, § 16). Ce précieux texte gellien, auxquels bien des humanistes rendront hommage™, articule trois moments indissociables du travail littéraire de la miscellanée. Au départ, les hasards des lectures suscitent la prise désordonnée de notes, suivant le pur principe de plaisir et d’intérét, qui tient lieu de critère sélectif. Même si Aulu-Gelle n’en dit rien, ces passages qui sautent aux yeux et attirent l’attention n’émergent pas seulement de leur propre mouvement ni du seul hasard, mais sont comme happés par la tension d’une conscience qui en évalue déjà la pertinence, sensible aux échos qui naissent entre eux et à la possibilité d’éclairer ou de compléter les uns par les autres. Cette sélection dit déjà bien des choses sur la « personnalité » ou l’èfhos de celui qui ne se montre pour l'instant que sous les traits du compilateur. Cette cueillette, ce butinage constitue la phase d'immersion de l'esprit qui saisit ensemble res et uerba confondus, sensible à la cohérence d’un thème, à la
précision d’une information, à la qualité rhétorique d’une image, à un bonheur d'expression, à la rareté d’un terme, à la difficulté d’un passage obscur. Aulu-Gelle insiste beaucoup sur le caractère formateur de ce labor qui permet l’innutrition quotidienne : les feuillets et carnets couverts de notes (probablement des citations accompagnées d’esquisses d’analyse ou d'interprétation) initient en particulier le long apprentissage de la mémoire, qui, implicitement, au terme d’un temps d’incubation, doit venir améliorer les qualités ou compenser les défauts d’une natura, d’un ingenium littéraires. On a beaucoup souligné le rôle joué par ces collectes d’excerpta remarquables dans la constitution progressive, au Moyen Age et à la Renaissance, de manuels de sentences et de lieux communs, sources à la fois d'invention et d’abondance oratoire**. Aulu-Gelle évoque ensuite (bien que très allusivement) la troisième phase, essentielle parce que créatrice, celle qui implique l'écriture (ou plutôt la réécriture) de ce matériau brut, en vue de le livrer au lecteur qu'on veut instruire et distraire à la fois”. Rien n’est dit des conditions qui suscitent l’acte de composition et on admettra que derrière le terme usus de l'écrivain latin (quando usus uenisset aut rei aut uerbi) se dissimule une gamme entière de sollicitations intérieures et extérieures. La confrontation aux textes-sources suscite chez le rédacteur de miscellanées de la Renaissance plusieurs types de réaction : le souci de rassembler de manière aussi exhaustive que possible des informations éparses ou des auctoritates sur un même sujet, généralement pointu ; la volonté d’éclaircir, d'expliquer, d'interpréter voire de “4 Qui seront aussi revendiqués par la silve poétique de la Renaisance. Voir le Symb. 3. Voir par exemple la lettre dédicatatoire des Miscellanea de Politien, mais aussi la préface des Annotationes centum de Béroalde, $16 (éd. L. A. Ciapponi, Binghamton/New York, 1995, p. 56), où l'auteur, après avoir rappelé qu'il n’a pas respecté un ordre des matières (nullo seruato
rerum ordine), qu'il a effectué la rédaction de manière improvisée, selon ce qui lui passait par la tête (utpote tumultuario sermone dictantes et
perinde ut cuiuslibet loci ueniebat in mentem), reprend les termes mêmes d’Aulu-Gelle, avec deux verbes et adverbes caractéristiques : ita indistincte atque promiscue excerpentes annotantesque. Dans la préface du De honesta disciplina, Petrus Crinitus rassemble également en une seule phrase un ensemble de vocables gelliens, en particulier l’honestas eruditionis, qui, du côté de l’utile, fait pendant au dulce: Neque aliud a me propemodum quaesitum est quam ut ea subinde (ut fit) adnotarem carptimque colligerem quae et honestatem eruditionis probarent ac meliora praesertim ingenia iuuarent, « mon seul but pour ainsi dire a été de relever imméditatement (comme à l'ordinaire), puis de sélectionner et de
corriger” un mot, une expression ou un passage aux formulations difficiles ou obscures ; mais aussi le désir de
traduction (généralement du grec au latin), d'imitation, d’émulation, de variation, de transposition, à partir d’une multiplicité de modèles sélectionnés et rassemblés comme autant d’autorités, en prose ou en vers, comme
dans les Silves de Politien, qui promeuvent de manière exemplaire ce modèle de docta uarietas. Les notes de lecture, bien que reprises, triées et réorganisées, pour éviter l’écueil de la répétition, de la dispersion ou du banal qui suscitent l'ennui, confèrent cependant leur désorganisation initiale au nouveau texte qui les intègre, ainsi que le caractère familier de l’ébauche et les surprises des écarts et des digressions. Elles servent à la fois de prétexte pour introduire un problème ou une question, de matériaux d'élaboration du discours et de systeme de preuve dans la démonstration®”’. Leur abondance et leur diversité témoignent désormais de l'étendue du savoir de celui qui les met en œuvre. D'où la recommandation faite aux humanistes par Politien, auteur d’une Miscellaneorum
centuria prima, parue en 1489, de s’immerger dans des disciplines variées (droit, histoire,
médecine, philologie, philosophie, dialectique) pour pouvoir éclairer, grâce à ces cercles de connaissances (encyclia), les difficultés des auteurs latins ou grecs**. De même, on sait la révolution épistémologique qu'a constitué, chez Alciat, le fait d'éclairer le droit par des connaissances relevant de disciplines exogènes : histoire,
archéologie, philologie, lexicographie, littérature (et réciproquement), pour permettre de restituer des mots
inconnus ou oubliés, d'éclairer le sens de propositions incompréhensibles, et au-delà, de découvrir, reconstituer
ou comprendre certains rites et institutions de l’Antiquité**.
Le désordre de la miscellanée, revendiqué comme qualité positive, à limitation des bigarrures de la nature, s'oppose ainsi à la continuité du commentaire suivi d’une œuvre*”, même si, à la Renaissance, la différence entre les deux pratiques, qui procèdent par gloses autour de lemmes, est parfois difficile à déterminer***. Mais la miscellanée peut s'opposer également sur un autre point au commentaire continu : l’inversion des priorités. André Tournon ἃ attiré l'attention sur un passage essentiel d’Alciat, l’épitre dédicatoire de 1536 des Parergôn
iuris libri, dans laquelle le juriste milanais explique le titre de parerga*® : Alciat a rassemblé sous ce nom les
notes et développements nourris par les studia humanitatis que lui ont inspiré l’austère texte de droit, mais qu'il a dû laisser de côté dans son commentaire universitaire officiel. Ces marginalia sont comparées à la pratique des peintres antiques de disposer des éléments de paysages (oiseaux, bosquets) autour des héros, sujets principaux de leurs tableaux, pour les orner et les agrémenter. Cet usage, rapproché par André Tournon de celui des « crotesques » de Montaigne, décentre l'attention sur les ä-côtés et l'accessoire pour leur donner le rôle principal et mettre dans l’ombre la figure essentielle de la composition®® ; de même, il modifie le Statut social de l’humaniste, en relation avec une nouvelle hiérarchie du temps : c’est en dehors de cours universitaires et sur le 528. Sur ces deux aspects complémentaires, voir R. Mouren, « La uarietas des philologues au XVI" siècle : entre uaria lectio et uariae lectiones » dans D. de Courcelles (dir.), La Varietas à la Renaissance, Actes de la journée d'études organisée par l'École nationale des chartes (Paris, 27 avril 2000), Paris, 2001, p. 1-31.
$29 Nous avons rappelé supra, en nous fondant sur les études de Perrine Galand, comment répétés, digérés et assimilés, ces trésors littéraires, enfouis dans la mémoire, reviennent en effet naturellement à la conscience lorsque la nécessité de l'improvisation rhétorique ou poétique, sous
ou remerciement à un forme d’une émotion ou d’une sollicitation extérieure (leçon universitaire à construire, évènement à célébrer, appel naturel et de maîtrise de d’aisance, l'impression mécène), les appelle de toute urgence. Mélés aux facultés imaginatives, ils confèrent au style
Stace et qui donne l'illusion de l'inspiration divine, en particulier dans la silve poétique telle que la conçoit la Renaissance, sur le modèle de Quintilien réinterprété par Politien. $30 Cité par J.-M. Mandosio, « La miscellanée >, p. 18, n. 53.
$31 Voir P.-E. Viard, André Alciat (1492-1555), Paris, 1926.
se présente comme une collecte $32 La miscellanée, ou silve en prose, constitue une rupture par rapport au commentaire suivi, puisqu’elle
rassembler les informations susceptibles à la fois d’attester le caractère moral de l’érudition et d’être utiles surtout aux meilleurs talents » (cité et traduit par P. Galand-Hallyn « Les miscellanées de Pietro Crinito : une philologie de l'engagement et du lyrisme » dans D. de Courcelles, Ouvrages miscellanées et théories de la connaissance à la Renaissance, p. 57-77, en particulier 62.
sans principe réel bigarrée de petits développements indépendants sur des sujets variés, à partir d'extraits empruntés à une multitude d'auteurs,
Self, and Society in Sixteenth Century England, 1993. Voir aussi la belle étude de A. Minzetanu, « La lecture citationnelle ou l'ars legendi comme ars excerpendi », Littérature, 168, déc. 2012, p. 31-42. Cette technique de lecture compilatoire est également celle de Pline |’Ancien. Voir V. Naas, Le projet encyclopédique de Pline l'Ancien, Rome, 2002.
Martial. $83 Voir par exemple la Cornu copiae de Niccold Perroti, qui est au départ un commentaire des épigrammes de libri duodecim », Renaissance iuris Parergon the in Humanities the and Law The Grammarians: the and Alciato « Drysdall, L. D. 84 Voir
% Voir A. Moss, Les recueils de lieux communs, et T. Cave, Cornucopia. Figures de l'abondance ; M. Thomas Crane, Framing Authority : Sayings,
$27
= a a La sibre poétique de la Banane met en valeur une quatrième phase, celle de la reprise après une première composition : saisi par une
l'Ancien (Annotationes seu d'organisation. Elle a été initiée par Domizio Calderini (Obseruationes quaedam, 1475) et Philippe Béroalde centum, 1488) et Annotationes ; 1482 Seruuium, in emendationes in Plinium, publiées à la suite de l'édition de Pline en 1476; Annotationes 1489). prima, poursuivie par Politien (Miscellaneorum centuria
soudaine pudeur devant T épañchement personnel auquel il s’est livré à travers le calor subitus, l'humaniste retravaille son texte ou le laisse
Quarterly, 56, 2003, p. 695-722. 535 Voir A. Tournon, Montaigne, la glose et l'essai, Paris, 2000, p. 149.
et poétique du manuscrit trouvé » dans J.-E. Girot (dir.), Le poète et son œuvre. De la composition à la publication, Genève, 2004, p. 9-36.
2008, p. 149-184. Pegma cum narrationibus philosophicis de Pierre Coustau (1555), Genéve,
reposer avant de le livrer à l'édition et à la censure du public. Voir P. Galand-Hallyn, F. Hallyn, « “ Recueillir des brouillars ” : éthique de la silve
114
et humanisme juridique : le cas du 536 Sur l'aspect juridique de l'emblème et sa rémanence chez Alciat, voir V. Hayaert, Mens Emblematica
115
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi ( 1555) —tome 1
temps laissé vacant par le negotium que l’érudit pourra se livrer à sa passion. Or l'emblème, qui tire son nom de l'usage rhétorique de l’ornement détachable à des fins esthétiques et de persuasion, consiste précisément à mettre en lumière ces phénomènes accessoires du discours que sont les figures de style, en particulier celles fondées sur l’image (paraboles, similitudes, comparaisons, métaphores, exempla, fables, sentences), et non la
cohérence ou les développements du propos général. Chez Bocchi, ce recours à l’image rhétorique n’est pas seulement motivé esthétiquement. Sur le modèle des epaktikoi logoi de Socrate et des énoncés poétiques des théologiens anciens, l'image rhétorique, comme support du symbole, mène à l’invisible, et se fait instrument de la vérité; comme trope susceptible de réemploi et de réinsertion en fonction des contextes, elle se plie parfaitement aux hasards des usages épidictiques et à la célébration d’un dédicataire, retrouvant une ancienne tradition de la devise, liée à un porteur dont elle dit l’ètre secret. Les déclarations théoriques formulées par Bocchi dans le Symb. 3, nous l’avons vu, rattachent l'emblème au cadre de la silve poétique, variante de la sylua en prose, c’est-à-dire de la miscellanée : uarietas des sources, des styles et des genres, improvisation suscitée par une sollicitation circonstancielle extérieure, en relation avec mécènes et protecteurs, revendication d’une personnalité humble, liée à l’imperfection et l’inachèvement de ce type de composition. On ne s’étonnera donc pas qu’au-dela de leurs disparités formelles (brièveté ramassée et elliptique contre développement accumulatif et explicite, mètre contre prose, gravure contre absence d'illustration), l'emblème symbolique puisse recourir aux techniques de la miscellanée, voire puiser directement sa matière dans ce type de travail, véritable réservoir de citations et de connaissances sur l'Antiquité, déjà sélectionnées et agencées. L’embléme symbolique et la miscellanée sont clairement des genres apparentés, voire complémentaires, qui peuvent se recouper dans certaines pratiques, en particulier l'intertextualité et ses mises en œuvre. C'est sur ces aspects que nous allons à présent nous pencher.
2. La prégnance des sources et les formes privilégiées de la mimesis a. La miscellanée, source d'invention
Il y a, parmi les maîtres de Bocchi ou ses amis, un groupe d’humanistes (en particulier bolonais, mais pas exclusivement) qui pratiquent assidûment la miscellanée : les Annotationes centum, les Symbola Pythagorae... moraliter explicata, le Libellus quo septem sapientium sententiae discutiuntur de Béroalde l'Ancien, les Sermones d’Urceo Codro, les Annotationes de Pio, les Racemationes d’Egnazio, les Lectiones antiquae de Rhodiginus, les
Hieroglyphica de Valeriano. Certaines miscellanées ont fourni ἃ Bocchi non seulement un réservoir d’inventions où il a puisé l'inspiration de plusieurs emblémes, mais également un canevas de rédaction, qu’il suit presque à la lettre. Toutefois, en plus du filtre que constitue la mise en forme métrique, il ne s’interdit pas d'associer ce matériau déjà organisé, avec ses développements et ses citations, à d’autres sources, souvent pour renforcer la puissance symbolique de l'élément évoqué.
Les Ledtiones antiquae de Ludovicus Caelius Rhodiginus (Lodovico Ricchieri), parues en seize livres chez Alde a Venise en 1516, puis en trente livres 4 Bale en 1542 chez Froben, sont plusieurs fois utilisées par Bocchi. Elles
inspirent par exemple le Symb. 53, sur Alexandre en juge qui se bouche alternativement l’une et l’autre oreille
pour écouter chacune des parties en présence (Ledf. ant., 23, 14), ou le Symb. 105 sur le misthos theôrikos (Lect. ant., 8, 9). Elles sont à l’origine également du Symb. 151 (cf. Lect. ant., 2, 23) et fournissent en particulier
lenchainement de multiples citations d’Aristote pour illustrer l'existence de deux puissances ou facultés radicalement distinctes de l'esprit humain, l’action et la contemplation, ainsi que celle des vertus respectives qui les établissent, prudence et art d’un côté, science et intelligence de l’autre [= EN, 6, 2, 1139a s].Ce sont également les Lectiones antiquae qui proposent le parallèle entre la main insérée dite fe seks cite la mens
la fermeture des portes du temple du dieu 4 Rome, pour délivrer un message de paix et annoncer le retour de
l’ Age d’or, en relation avec le dédicataire. Rhodiginus inspire également une autre variation qui se trouve dans le Symb. 21. Les deux visages de Janus sont cette fois transposés à l’aigle bicéphale de Charles Quint. Toutefois ils sont toujours mis en relation avec la signification rappelée par Rhodiginus d’une double fonction de l’àme, action et contemplation. Ici toutefois les vertus sont différentes de celles proposées par le Symb. 151 : quatre vertus cardinales pour gérer l’action, prudence pour pourvoir à la contemplation. Pour définir cette derniére,
qu’il identifie en fait à la prouidentia, Bocchi fait appel à Macrobe (Sat., 1, 7, 20) qui la consacre comme qualité éminente du prince sachant se souvenir du passé et anticiper l’avenir, et qui l’associe... au visage de Janus qui regarde en avant et en arriére.
Guillaume Budé est également bien représenté. Le Symbolum symbolorum paraphrase un extrait de ses Commentaires de la langue grecque ; le Symb. 43 présente l’Hercule Ogmios de Lucien a travers la traduction que Budé en propose dans son Commentaire aux Pandectes, texte qui fournit également le motif du tribolos, utilisé dans le Symb. 134. C’est encore chez Budé qu'il faut trouver l’origine du texte du Symb. 23 sur la statuette dorée de la Fortuna augusta’*’. Bocchi lui emprunte enfin le thème de la chasse au cerf comme image de la quéte littéraire dans le Symb. 81°*. Parfois, il n’est pas simple de déterminer de quelle miscellanée exacte Bocchi s’est servi, tant elles peuvent être proches dans la collation des autorités : par exemple, le symbolisme des attributs de l'Hercule capitolin (léontè, aussi par claua, trois pommes) du Symb. 55 est précisément interprété par Rhodiginus (Lect. ant., 6, 7), mais pour les Valeriano (Hier. 54, p. 396 B-C)*”, à partir des commentateurs d'Homère. La question est identique délibérative, (judiciaire, trois parties de la Chimère au Symb. 137, associée aux trois genres d’éloquence de Bocchi épidictique) par Rhodiginus (Lect. ant., 13, 9) et par Valeriano (Hier., 1, Leo, p. 168). L'innovation rhétorique la de fonctions consiste à compléter la première triade par deux autres complémentaires : trois cas, c’est le texte lui-même qui (docere, mouere, rapere) et trois styles (bas, moyen, sublime). Dans le dernier
la gravure se sert du mime chacun des trois styles, proposant en acte une forme de critique littéraire. Enfin, chrétienne sur la mythe de Bellérophon qui tue le monstre pour montrer la supériorité de l’éloquence le jugement narrant fable la rhétorique païenne. De même, on se demandera d’où provient la source exacte de à Vivès (Familiarum par l'âne du coucou et du rossignol (Symb. 90), que Bocchi a pu emprunter autant En revanche, c’est Colloquiorum Formula siue Exercitatio Linguae Latinae) qu’au Colloquium Poeticum d’Erasme. >) qui inspire le motif du Symb. 123, Valeriano seul (Hieroglyphica, 1, « Leo », p. 16C, « Leones Taruisini quid
ses pattes, l’autre une hydre sur les deux lions gardant les entrées des cathédrales, l'un tenant un lionceau entre perverses rongent le cœur qui le mord au cou : Valeriano en fait le symbole antinomique du fou dont les pensées poursuit à l'instar du crocodile et du sage qui se domine lui-même. De même, l'épisode de Caton que la gloire n’apparait que chez Vivès (Satellitium animi siue symbola, 40).
Bocchi propose ἃ son tour un motif A plusieurs reprises, sans citer directement tel ou tel auteur de miscellanée, propose un extrait des Tusculanes de largement débattu au sein de ce genre d’ouvrages. Ainsi, le Symb. 140 et explique, en attribuant l'opinion a Cicéron (1, 27, 66-67), où l’Arpinate cite une consolation qu’il a rédigée lui confère ses extraordinaires facultés d’Aristote, que l'âme est constituée d’un cinquième élément qui Un peu plus haut (Tusc., 1, 10, (mémoire, prévoyance, réflexion), et la met perpétuellement en mouvement. mouvement ininterrompu et permanent 22), Cicéron avait utilisé le terme ἐνδελέχεια pour traduire l’idée de En mettant au-dessus de la gravure (continuatam motionem et perennem), qui garantit à l'âme son immortalité. traité où le philosophe grec refuse à l'âme l'expression Ἐντελέχεια ψυχή, qui renvoie au De anima d’AristoteS*, à une longue polémique qui, par tout mouvement, Bocchi substitue le tau au delta et répond implicitement 537 G. BUDÉ, De Philologia, Paris, 1532, livre 1.
dans l’animo [= Pr., 30, 5, 9558] ou qui décrit la mens allumée comme une lampe ou un feu dans l’anima par Dieu [= Rh. 3, το, 7]). Plus important encore, c'est Rhodiginus qui suggère le symbole, le double visa a
S8G. BUDÉ, ibid., livre 2.
s’éloigner de Rhodiginus et citer les Fastes d’Ovide (1, 29-30), rappelant les fonctions d’ouverture mais surtout
(Palazzo Crepadona, 5 novembre 1999), Florence, quattro e cinquecento, Atti del Convegno di studi di Belluno $40 Voir De Anima, 2, 1, 412b.
Janus, qui regarde a la fois vers la terre (action) et vers le ciel (contemplation). Bocchi ἐν profite alorsgpour
de clôture du dieu. La transition est toute trouvée pour annoncer la fin du livre, mais aussi, à travers le motif de 116
circu 1é sous forme manuscrite et fragmentaire dés 1523 : sur ce point, voir 539 Bien que publiées à Bâle en 1556, les Hieroglyphica ont d’abord : ess ai de reconstitution » in P. Pellegrini (dir.), Umanisti bellunesi fra S. Rolet, « Genèse et composition des Hieroglyphica de Pierio Valeriano 2001, p. 211-244.
117
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
miscellanées interposées, avait agité les humanistes, d’Argyropoulos ἃ Rhodiginus en passant par Politien, Codro et Budé, qui tentaient de comprendre, selon des modalités phonétiques, philologiques et
philosophiques**!
, la différence
entre
le terme
cicéronien
et le terme
aristotélicien,
et
leurs
éventuelles
incompatibilités en termes de doétrine. L'intérêt de la reprise par Bocchi du texte cicéronien n’est pas seulement de reprendre le fil d’une discussion philologique. Le Symbolum s'articule de manière cohérente aux pièces qui l'entourent par ses sources et son argumentation. En effet, il vient prendre place au centre d’un triptyque parénétique paraphrasant Cicéron, où la première pièce (Symb. 139) invite à lutter contre la crainte de la mort,
et la dernière
(Symb.141)
contre
tous
les aspects
de la douleur,
en proposant
une
position
philosophique en faveur de l’immortalité de l’àme. À l'instar d’Alciat, Bocchi n'hésite pas à faire appel de manière massive à Érasme‘*?, utilisant aussi bien les Colloques*** que le De recta pronuntiatione™ ou les traductions latines à partir de PlutarqueS*, mais surtout, dans le contexte qui nous intéresse, les ouvrages où la miscellanée se fond avec le genre apparenté du recueil - commenté ou non - de sentences : les incontournables Adages** et les Apophtegmes*’, tandis que les Parabolae, si elles ne fournissent pas de sources directes, proposent toutefois un modèle stri@ de fonctionnement rhétorique par similitude largement exploité‘. Seule la référence a Érasme permet de comprendre certaines concaténations parémiographiques, par exemple quand un proverbe en appelle un autre, à travers le partage d’une image*” ou par le rapprochement d’une idée*°. Mais il ne s’agit en aucun cas de copie servile ou d’un savoir emprunté : la mise en emblème s'accompagne généralement d’une reconfiguration et d’un « feuilletage » citationnel tout à fait remarquable, qui peut parfois changer l'éclairage et la tonalité de
l'extrait par rapport à son contexte initial**'. Les jeux de réécriture confinent parfois à la virtuosité, dans un subtil équilibre entre références littérales par rapport à l'ouvrage source, et silences volontaires sur un passage attendu. Par exemple, le Symb. 52, déjà cité, évoque l’histoire d’Agason qui ne fait rien, mais qui supplie, en vain, Hercule
de sauver son âne embourbé. Cette fable d’Ésope (72 Chambry = BABR., Fab., 20 Perry) est rapportée par Erasme dans l'adage 1, 6, 18, « Cum Minerua manum quoque moue », qui invite à « mettre la main à l'ouvrage avec Minerve » si l’on veut se sortir des situations difficiles. Cet adage, nous l’avons dit, sert aussi de contexte
“ Voir notre analyse du Symbolum. se Pour Alciat ; et Erasme, ΟΝ : voir les études citées supra de V. W. Callahan. Pour un pointage des échos entre emblèmes et Adagia, entre emblèmes et Parabolae, voir P. Laurens, L’abeille dans l’ambre, Ρ. 568.
543 Vrai Re
’«
; Alcumista » dans le Symb. 114 ; « Amicitia » dans le Symb. 93 ; ou l'« Epicureus » dans le Symb. 150 ; « Naufragium »
% Symb. 116, à propos du taureau de Phalaris comme châtiment du mutacisme.
“8 Symb. 133, sur le lathé biôsas.
“ Ceux-ci fournissent la source directe pour les titres, la formulation de certains vers ou le choix du référent symbolique dans les Symb. 8 ; 26 ; 275 465 475 $15 52; 54; 57; 64; 67; 69; 76; 82; 83; 86; 87; 95; 101; 104; 109; 110; 111; 118 j 120; 126; 133; 136; 137;ὌΡΟΣ 144. Voir
l’apparat des sources ἃ ces emblèmes.
:VoirlesSymb.S 4355545595913 1185 142.
;
Voir par exemple Symb. 4550; 57 ; 68; 69.
#? Par exemple, dans le Symb. 51 et 52, Bocchi fait allusion à une série de proverbes tournant autour de l’idée de « mettre la main à » (voir par exemple, pour le Symb. 51 : APOSTOL. 15, 79 : σὺν Ἀθηνᾷ καὶ χεῖρα[ς] river [= DIOGENIAN,, 8, 11 ; MACAR, 7, 84 ; ZENOB., 5, 93 ; SVD., n° Ga Adler] ; FR
Adagia, 1, 6, 18, « Cum Minerua manum quoque
moue »), pour célébrer l'idée d’industria et im ficitement de 3 nergeia augustinienne, c'est-à-dire la participation active du fidèle au processus du salut. Nous montrons dans notre étude ἘΝ le noeud’de ):u'nsgau centre de la gravure du Symb. 51, grâce auquel Athéna soulève vigoureusement la Fortune naufragée pour la sauver de la noyade, s’o À ose,à la vanité du phylactére, lui aussi au centre de la gravure du Symb. 52, où on lit la phrase grace à laquelle Hercule invite le what psec
tenter lui-méme un : vinité. La banderole qui i flotte sans consistan ee ; effort : avant d’invoquer la divini c ste du supp t le geste su liant tq qu i d di spe rse l'orientat i orien ion des mains soulignent 1 absence de forces vectoriell es qui se rencontrent, et done de salut.
“® Voir par exemple le Symb. 95 qui rassemble trois proverbes 4 la fois, qui, outre leur caractére imagé, ont en commun d'encourager les marchands à être rapides quand arrive la marchandise : « A subeunte portu m naui », « somnis abesto » et « « tolle recens primus piper e sitiente era d’après Perse, qu'Érasme rassemble dans son adage 3, 2, 87. chore ἘΣ tna ec evoquee plus haut boucle souvent l’exposé de l’adage sur une sentence classique qui en livre le contenu.
PA
aton
4
entre poème et l'emblème, qui veut que la mort ne soit pas à craindre. Le texte-source dernière, Spécialement composée pour gravure, réservant logiquement les éléments purement figuratifs à cette mais les deux exempla choisis par la gravure illustrer le texte. Dans le Symb. 141, le principe est identique, seront pas représentés : il s’agit des pugilistes figurent bien cette fois dans le poème, aux côtés d’autres qui ne et des enfants spartiates battus sans faire qui accompagnent leurs coups de cris, pour s’aider dans l’effort, la force du tonos stoicien pour s’aider dans la entendre une plainte près d’un autel, deux groupes illustrant les éléments les plus spectaculaires et assurant résistance à la douleur. La gravure a opéré un tri, choisissant visuel entre premier et arrière-plan. L'ajout de visuellement leur organisation spatiale par un jeu d’emboitement © Voir par ex. Symb. 117 (Antipater).
l Symb. 18. S Voir supra et nos analyses à ces emblèmes. 131
130
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
détails non cités dans le texte, mais tout à fait pertinents, est significatif : l’autel représenté est surmonté de la figure d’Hercule, modèle du héros stoicien impavide, résistant à toutes les fatigues, les douleurs et les craintes. La compréhension du propos de l’image passe par la conscience qu’image et texte travaillent côte à côte à l'illustration, ou plutôt à la transposition d’une source textuelle. Cette conscience implique la possession, chez le lecteur du recueil, d’une solide culture antique, littéraire et plastique, qui permet de goûter l’art de l’allusion. La perte de ces repères obscurcit notre appréhension de ces objets, voire fausse jusqu’au contre-sens notre analyse des signes. C’est ainsi que Karen Pinkus croit lire dans l’image des enfants battus au pied de l'autel d’Hercule dans l’image du Symb. 141 un témoignage de la présence du « sadisme » à la Renaissance*”, alors que l'effet
recherché et le propos sont à l’exact opposé : l'exemple permet l'entraînement personnel à la résistance à la douleur par le simple spectacle de ces jeunes êtres « stoiques », qui communiquent à l’âme le sens de la dignité. De même, pour l’image du Symb. 122, nous ne pensons pas, comme Sylvie Béguin, que l'homme agenouillé soit Sebastiano Corrado, le dédicataire de l'emblème, ni que la ville que des ouvriers sont en train d’édifier en arrière-plan soit Bologne**. Le nom inscrit en dessous du personnage indique très clairement qu'il s’agit d’Hermocratés, plus connu sous celui d’Hermocharés. Ce personnage, alors qu'il sacrifiait, vit le cœur de la victime immolée enlevé par un corbeau, et transporté à l'emplacement même où il devait fonder la ville de Kardia, en Chersonèse de Thrace, comme le rapportent Étienne de Byzance et Alessandro d’Alesssandri®®, Cet épisode, qui souligne l'importance du cœur (cœur de la victime immolée qui se retrouve dans le nom même de la ville, Kardia [kardos signifie « cœur » en grec], ainsi que dans le nom latin du corbeau, cor-uus), s'harmonise avec le propos général du texte qui, en l'honneur du nom du dédicataire (cor-rado, littéralement « je purifie mon cœur » ), s'intéresse à cet organe, source du courage, d'émotions et de pensée (et temple secret et sincère offert
à Dieu‘).
Cependant le cas où l’image précède chronologiquement le texte existe aussi. La correspondance autographe
entre Bocchi et Romolo Amaseo, conservée à l’Ambrosienne de Milan (ms. D 145 inf.), nous apprend en effet
que certaines pièces ont d'abord débuté par une composition figurée, dessin ou peut-être gravure, à laquelle sont venus ensuite s’adjoindre des essais poétiques. Dans une lettre datée du 10 avril 1548 ( 16v°)°”, Bocchi envoie à son ami plusieurs pièces qu’il appelle symbola academica. Parmi elles, figure le symbolum sur
l’Hermathéna (Symb. 102) accompagné de « petits vers > dont Bocchi a jugé bon d’adjoindre (ex uersiculis
ipsis, quos adscribendos putaui). Bocchi précise que la composition sera réalisée en marbre à l’angle de son palais. On ne sait si les « petits vers > désignent le poème emblématique qui accompagne la figure ou bien la devise/motto placée dans l’image. Bocchi ajoute à son envoi les symbola concernant la dialectique (Symb. 62), la chouette de Pallas (Symb. 83), Eros et Antéros (Symb. 80), Alexandre s’offrant à la Fortune (Symb. 66), en précisant qu'il a ajouté des vers explicatifs (quibus singulis suos interpretes uersus addidi), ce qui veut dire que les esquisses ont préludé à l’écriture poétique. Les termes de uersiculos interpretes apparaissent également dans une lettre à Amaseo de décembre 1548, à propos du Symb. 64, dont la gravure montre un Mercure portant une ménorah®®, Mais lorsqu’on se reporte aux épigrammes qui accompagnent les gravures, force est de constater que ces vers « interprétatifs » ne proposent ni description précise ni élucidation totale de la figure. Toutefois, les textes poétiques suggèrent de possibles formes plastiques et une orientation herméneutique, conformément à la tradition épigrammatique. Il faut ensuite rassembler ces pistes hypothétiques dans une analyse (tractatione, “ K Pinkus, Picturing silence. Emblem, Counter-Reformation, Materiality, Ann Arbor, 1996, p.2.
“ Voir les notices 128 (par Sylvie Béguin) et 132 (par Ilaria Bianchi) du catalogue de S. Béguin, F. Piccinini (dir.), Nicold dell’Abate. Storie
dipinte nella pittura del cinquecento tra Modena e Fontainebleau, Milan/ Modène, 2005, respectivement p. 344 et 348. Sylvie Béguin propose le
titre suivant pour le dessin : « Sebastiano Corrado inginocchiato davanti a un altare, il suo blasone in cielo e la citta di Bologna sullo sfondo ».
Je propose le titre suivant : « Hermocharés agenouillé devant un autel surmonté par le blason de Sebastiano Corrado, avec la ville de Kardia en
arrière-plan ». “ Voir l’apparat des sources dans notre édition critique de l'emblème. “ Voir notre analyse de cet emblème. “” Voir l'extrait dans notre analyse du Symb. 102.
© Voir f 471° : Nunc interpretes uersiculos agnosce, et tractatione tua obscuritatem, si qua inesse tibi uidebitur, illustra.
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Introduction
dit la lettre de décembre). Tous les éléments mentionnés dans les deux lettres étaient destinés a circuler entre les amis de l’emblématiste pour susciter des commentaires, des développements, des praelectiones™, bref,
produire des commentaires. Si l’on observe les gravures, on constate qu’elles présentent des cas différents de relation au texte et que, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la préséance de l’image ne détermine pas le contenu de la pièce poétique qui l'accompagne : en particulier, le poème ne « décrit > pas ou très peu les motifs présents dans l’image, continuant de respecter par là les conventions de l’épigramme antique. Deux catégories peuvent être distinguées dans l’ensemble proposé par la lettre d'avril et celle de décembre, et la différence s'effectue sur la question de la prégnance plus ou moins grande de la source littéraire commune à la gravure et au poème : d’un côté, les Symb. 62, 83, 80 et 66, où la gravure, malgré son antériorité, joue un rôle
illustratif d'une source littéraire commune avec le texte ; de l’autre, le Symb. 102, où la gravure, fondée sur des sources plus diffuses, propose une figure plus complexe que le texte, vraisemblablement réalisée à part. La personnification traditionnelle de la dialectique dans la gravure du Symb. 62 s'accompagne d'un texte qui présente, non pas les détails et l'interprétation d’un portrait allégorique, mais une paraphrase d’un passage technique du De Oratore de Cicéron définissant les domaines d'application de cette discipline, sans contenu vraiment symbolique. La gravure permet de personnifier de manière topique un concept, et le texte, de suivre les étapes d’une procédure intellectuelle. De son côté, la gravure du Symb. 83 présente les différents éléments iconiques de l’adage «la chouette vole »°!° : Pallas, la chouette et la citation sur un phylaétère, tandis que l’épigramme les reprend également pour en expliquer le sens dans le dernier vers (il faut que Minerve, déesse de l'intelligence, vole partout pour contrecarrer les projets des sots). La gravure relaie ici le moment ecphrastique de l’épigramme. D'une manière plus sophistiquée, la gravure du Symb. 80 sur Eros et Antéros joue sur deux plans
superposés,
où
les
mouvements
sont
inversés,
avec
de
surcroît
l'opposition
inscriptions
latines/inscriptions grecques, et illustre ainsi la croissance nécessairement parallèle des deux enfants. Cette représentation est fondée sur un passage narratif de Thémistius en deux parties, paraphrasé par le texte, et la gravure exprime donc le parallélisme entre les deux moments de la narration, tandis que le texte en tire explicitement les conclusions. Dans ces trois cas, la source d'inspiration de l’image, comme celle du texte, est
littéraire, et la gravure tente de relayer aussi fidèlement que possible les éléments figuratifs de cette source, parallèlement au poème. Dans le Symb. 66, la gravure, inspirée par les mêmes sources que le texte, propose toutefois des innovations graphiques que le poème ne suggère pas. Le poème se fonde en effet sur le récit des historiens antiques‘! et nous présente un Alexandre qui, voulant qu’on le croie divin, se livre à la merci de l'opinion fluctuante du
peuple.
La gravure
ne représente toutefois pas le peuple, mais une Vénus-Fortune
instable qui vient
littéralement prendre la téte du souverain agenouillé comme une statue acéphale, pour lui donner en retour un
casque tricéphale en forme de chimére. Ce casque est le symbole de la multiplicité des opinions contraires qui vont tirailler en tous sens l’esprit du souverain et le transformer en monstre imprévisible, incapable de gouverner de manière stable. Le cas est différent pour le Symb. 102, l'emblème de l'académie, à la composition
subtile et complexe*”. L’épigramme ecphrastique, sur le mode dialogique, est très allusive et ne donne aucune
précision sur la disposition des personnages. Tout au plus livre-t-elle l'identité des protagonistes de la composition, et quelques précisions sur les attributs qu'ils portent ou les rapports qui peuvent les unir : Éros, dominant le lion d’un acier ténu, trouve ses forces dans la présence de l’Hermathéna, qui apostrophe le passant et l'invite à entrer dans l’Académie, en promettant qu’elle se chargera de le conduire au terme. Mais rien ne permet de comprendre que le lion n’est qu'une tête et qu'il est sous les pieds d’Eros, que nous sommes à l'angle que forment deux murs extérieurs d’un palais et dont Athéna et Hermès occupent chacun un pan, que les deux dieux ont la forme de gaines hermaïques, ni qu’ils se regardent dans les yeux en unissant leurs bras, éléments que nous livre en revanche la gravure. L’épigramme retrouve partiellement l’un des rôles que lui avait assignés %9 Voir f 16v° : ut cum Orthographia, duce Archinto, Pontifici max prelegas, et uerbis tuis amiciss exornes, et amplifices. 10 1, 1,76, « Noctua uolat ».
δ Voir notre appparat des sources dans l’édition de l'emblème. °® Voir nos analyses de cet emblème.
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Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
l’Antiquité : accompagner l’offrande d’un objet, profiter de sa présence (réelle ou non) pour s’épargner une exhaustive description, et, par simple allusion, souligner les traits remarquables de sa configuration, génératrice d'affects et de pensées ingénieuses. Parfois, la figure conçue initialement, très compliquée, connaît une lente et progressive élaboration, à laquelle participent activement les dédicataires auxquels elle a été envoyée sous forme de dessin ou de gravure. C'est le cas pour la lucerna pensilis du Symb. 132 et ses cinq phases, dont la correspondance autographe de Bocchi permet de suivre les étapes*'’. On y apprend qu’il s’agit d’une commande que le cardinal Farnése passe à Bocchi par l’entremise de son ami Amaseo, afin d’honorer son grand-père, le pape Paul III. L'idée est de proposer un «hiéroglyphe > représentant l’4me du souverain-pontife et de ses principales vertus. Phénomène particulièrement intéressant, la lettre qui accompagne l'envoi du premier essai gravé constitue une lecture interprétative des différents éléments, véritable libretto à la manière de Giorgio Vasari‘*, pour éclairer certains points de l’invenzione. Après avis et corrections du ou des destinataires, la figure vient ensuite prendre place dans le recueil. Elle est toujours accompagnée de sa lettre explicative, qui s’est métamorphosée en épitre en vers. Celle-ci toutefois conserve trace des modalités et des péripéties de la commande officielle, et on comprend à quel point cette contrainte économique et sociale joue vraiment le rôle du kairos qui vient inspirer et stimuler linventivité imaginative de l’'emblématiste. Tout en permettant d’en avoir un large aperçu, ce parcours de deux schémas importants de constitution des emblèmes (l’image précédant le texte et inversement) n’épuise toutefois pas les modalités multiples du dialogue entre texte et image qui sont à l’œuvre dans le recueil. En simplifiant autant que faire se peut, il pourrait être commode d'établir deux grandes catégories, à nuancer bien sûr par l'étude ponctuelle au cas par cas : — dans la première catégorie, la gravure joue un rôle d'illustration, au sens de « mise en évidence », plus ou moins fidèle, plus ou moins inventive, des éléments iconiques signifiants ou saillants du poème, en particulier
nique retin reprend un récit historique, mythologique ou zoologique (où sont mis en valeur des gestes!
des rites‘, des objets®”, des propriétés physiques*'*), un énoncé tropologique (une fable’, un adage, une
parabole®’, une similitude”), une ecphrasis de personnages (héros ou divinités™) ou de monument, réel ou imaginaire. La contrainte d’inuentio à partir d’une source littéraire n’entrave pas systématiquement la liberté de la dispositio ou de l’elocutio qui peuvent ménager des effets de variation destinés à susciter la surprise : par ἐν Net la reconstitution que ποὺς proposons et les extraits des lettres dans notre analyse de l’emblème. Voir S. Rolet, « Les portraits « hiéroglyphiques » de Laurent et d’Alexandre de Médicis par Giorgio Vasari (1534) », dans Ph. Morel (dir.),
Le miroir et l'espace du prince, Rennes-Tours, « Coll. Renaissance », 2012, p. 41-80, à propos des lettres descriptives om Vasari envoie a ses commanditaires pour les tableaux de Laurent le Magnifique et d’Alexandre de Médicis : en particulier, dans le second cas, on voit Vasari piipover ses explications et y ajouter à la fin le texte d'une épigramme ecphrastique latine qui avait été rédigée pour le cadre (perdu) du tableau et mettait en avant certains symboles du portrait que la lettre explicite.
°15 Voir par exemple ceux de Fabricius ou de Curius refusant l'or samnite dans les Symb. 30 et 31 ; celui d'Alexandre en juge dans le Symb. 53 ;
celui des deux seas du Symb. 72 qui remplissent le vase de l’àme de leurs inventions ; celui d’Hippocrate se trompant sur une suture dans le ΘΜ. 84 ; celui d’Hercule déchirant le gueule et la gorge du lion de Némée au Symb. 97, ou tranchant les têtes de l’hydre au Symb. 92. Par exemple Socrate offrant un coq ἃ Esculape dans le Symb. 54. 617 4 Par exemple Hermès et Athéna offrant le moly ἃ+ Ulysse dans le Symb. 129 ; la cuillére ἃ dessert avalée par les convives au banquet de Poggi au Symb. 118
; les haltéres équilibrant la prestation du funambule au Symb. 57.
3 PON . - Par exemple, le pélican qui : digere les coquillages au Symb. 131 ou l’acanthis qui pique le dos de l’àne qui lui détruit ses nids au Symb. 93. - Voit par exemple Mercule et le muletier au Symb. 52 ; le coucou, l'âne et le rossignol au Symb. 90 ; Pan et Pitys au Symb. 150. Voir le Symb. 95 qui rassemble les exemples évoqués par Érasme autour du motif du marchand zélé qui veut faire du profit : le bateau au port déchargé par les nautas auidos, le chameau qui boit et la pancarte hypnos apestò. Voir la corde qui passe par le chas d’une aiguille au Symb. 34. 618
622
?
è
Par exemple l’éloquence de Périclès, comparée au foudre de Zeus et la bombarde dans le Symb. 94. Le propos est moins direct avec la
poudre à sécher l'encre comparée aux grains du sablier dans le Symb. 68 pour signifier l’ajout nécessaire du temps de la réflexion avant de commencer une action.
. è + 3 ; L; beauté 4 de la Vénus-Sapientia au Symb.11 ; l'armement de Pallas au Symb. 9 ; la Vénus-matière au Symb. 28 j; les instruments d’Hercule au 623
YIM.
55.
“* Voir par exemple le temple d’Honos et Virtus au Symb. 33 ; le temple de Janus au Symb. 151.
134
exemple l'insertion d’une anachronique guillotine pour annoncer le supplice du Spartiate magnanime*® ; le suppliant™® ou le diuinus amator‘?’ qui prennent les traits de Mercure ; ou encore Virtus et Felicitas représentées
avec l'apparence qu'ont Clio et Uranie sous le zodiaque dans une gravure d’après Raphaél®*. La gravure de l'emblème n’est pas, loin de là, en dépendance systématique du poème, soit parce quelle assume entièrement la phase d’invention, comme nous l’avons rappelé à propos du Symb. 132 par exemple (le poème assurant alors le décryptage herméneutique), soit parce qu’elle adapte un autre aspect d’une source littéraire que le poème : nous avons évoqué le cas des exempla du Symb. 139, non cités par le poème, mais présents dans la source cicéronienne. On peut y ajouter l’exemple du Symb. 133, où le poème effectue des variations sur le motif du changement d’existence énoncé par Horace dans sa premiére épitre, tandis que la gravure exploite l'exemplum concret fourni par la source latine, mais que n’évoque pas le texte de l’emblème : Veianus prenant sa retraite et suspendant ses armes à la porte d’Hercule. Un cas intéressant est également constitué par le Symb. 48, dédié au tombeau d’Ugo Pepoli. À première vue, le début du poème se présente comme un petit exercice archéologique : transcrire deux distiques inscrits sur les deux parties du tombeau notées A et B sur l’image. En réalité, les précisions de localisation données dans le titre qui précède chaque inscription (in fronte pyramidis A ; in quadrato inferiore B) suffisent à reconstituer mentalement les deux volumes géométriques du tombeau, auxquels les deux épigrammes donnent une valeur symbolique : le cube pour la vertu, la pyramide pour la gloire, le cube sur la pyramide pour dire la gloire qui nait de la vertu. Sur ce point, l’image est inutile, d’autant plus qu’on n'y lit pas les deux inscriptions, pas plus que la subscriptio proposée en troisième pièce par le texte. En revanche, l’image ajoute un élément non mentionné par le texte : la présence de cinq degrés où viennent vertu se s'inscrire en hiéroglyphes les cing sens classés par ordre de subtilité, la vue en dernier et au plus haut. La limites voit ainsi précisée et stabilisée par la continentia, l’art de retenir ses pulsions, initiées par les sens, dans les conservant mais l'autre, à qui leur sont imparties. Image et composition poétique dialoguent en renvoyant l’une chacune un espace d'autonomie expressive.
en symboles le — dans la seconde catégorie, la gravure invente des moyens visuels spécifiques pour constituer exemple le cas par propos du texte, qui ne présente pas spécialement d’élément métaphorique ou visuel. C’est une litanie des vices et des du Symb. 124, où le poème propose, sous la forme d’une seule proposition relative, sur le refus d’ego d'en tourments que doit endurer le courtisan qui fréquente la Curie romaine, et se conclut
d’une Pandore, allongée sur devenir le rival. La gravure transpose l'idée des vices en abondance sous la forme
ont l'apparence de génies ailés une nuée et accoudée sur une jarre qui déverse les fléaux dont parle le texte (qui et inspirée par les monnaies et de serpents) sur une allégorie casquée de Rome assise, tenant le palladion
t les bras vers le ciel, confirme la antiques. Un petit Épiméthée qui apparaît sur le côté gauche, tendant vainemen
même, « celui qui réfléchit après >, référence au mythe hésiodique et joue le rôle du moraliste par son nom propose lui aussi une solution inédite, invitant les hommes à ne pas faire comme lui. Le Symbolum symbolorum met aucun en relief. La gravure préfère puisque le texte, saturé de symboles susceptibles de représentations, n'en
té à Francesco Colonna, la notion de labor n’en retenir aucun pour illustrer en amont, par le bucrane emprun à
té du symbole comme objet à créer ou herméneutique, qui rend complices auteur et lecteur face à la difficul réalisée pleinement dans la gravure. Ainsi, décrypter. Parfois, l’idée est simplement suggérée dans le texte, mais du Symb. 3, à parler par discours imagé, avec une pour traduire la capacité de Socrate, évoquée par le poème de le représenter, de manière assez attendue, intention philosophique de formation à la vertu, la gravure choisit e à le figurer sous les traits d’un peintre, assis sur un cube, symbole de constantia. Mais l'innovation consist les mots. De plus, l'ouvrage sur puisque le ut pictura poesis si gnale explicitement que parler, c’est peindre avec indéterminé, mais un autoportrait : il s’agit lequel se concentre le philosophe grec n'est pas un t ableau au sujet le « connais-toi toi-mém e >, la sagesse par excellence. Mais d'une variante intéressante du miroir pour dire 625 626 ©? 28
Symb. Symb. Symb. Symb.
18. 85. 143. 127. 135
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Introduction
surtout, la gravure prend le parti de représenter un « attribut » fameux du personnage, son bon démon qui vient lui parler à l’oreille. Le choix piétural est riche d’implications, et sa concordance parfaite avec le texte, dont il épouse les enjeux et souligne les conséquences, montre clairement l'intervention du poéte lui-même, qui fait dialoguer harmonieusement lisible et visible, sans redondance. En effet, le démon est d’abord une image de la
vertu socratique, puisque c’est lui qui retient le philosophe d'accomplir des actions mauvaises, et il s'accorde avec les cubes. Mais le démon est aussi une figure de l'inspiration céleste, de la personnalité du sujet déterminée
par les astres, du kairos et de l’ange gardien, autant de questions qui intéressent directement |’emblématiste qui, sous couvert d'évoquer Socrate, souhaite faire du Symb. 3 un petit art poétique de l'emblème. De même, dans le Symb. 64, le geste harpocratique du silence évoqué par le texte se trouve effectivement représenté dans la gravure par le doigt sur la bouche de Mercure. En revanche, le poème, qui évoque surtout Pallas Tritonia, déesse
des acropoles, ne dit rien du dieu Mercure lui-même, que privilégie pourtant l’image‘”? . Le texte ne se prononce
pas non plus sur la manière dont on pourrait figurer ce qui est au cœur de son propos : la Mens, l'âme intellective humaine, opposée aux sens, loin desquels elle est invitée à se retirer. De manière très originale, la gravure propose de représenter cette Mens sous la forme d’une immense ménorah, objet cultuel, en harmonie avec le
cole du titulus (silentio deum cole). Ce qui suscite immédiatement un ensemble de questions: pourquoi Mercure ? pourquoi le candélabre juif ? pourquoi le candélabre et le geste du silence ? Le lecteur est conduit à puiser dans sa culture mythologique, biblique et patristique pour répondre. Néanmoins, le poème fixe un cadre herméneutique contraignant qui tourne autour de deux idées consécutives : l’âme est un temple intérieur où rayonne l’image de Dieu ; les temples extérieurs sont donc inutiles®*°. Se dessine alors une cohérence avec le titulus de l’image : silentio deum cole. Le temple intérieur n’a pas besoin d’un culte visible. Image et texte sont ici en relation de véritable dialogue, mais n’apporteront pas séparément la réponse définitive, que le lecteur doit reconstituer de son côté. b. Le rôle des péritextes
La relation entre gravure et poème est compliquée par l’adjonction de péritextes divers, motti, tituli, dédicaces et mention d'auteurs, souvent les éléments les plus récents dans la phase de composition. Au préalable, une précision terminologique s'impose. Nous avons rappelé que nous employons le terme titulus par commodité, pour désigner toutes les formes d’inscription au-dessus des gravures et des textes, lorsqu'il ne s’agit pas de dédicaces. Mais ces énoncés sont en réalité de deux types distincts : — d’un côté le titulus proprement dit, qui indique le thème général et les protagonistes de l’image ou du texte‘, la nature de l’énoncé-source*”, en insistant tantôt sur la res significans*, tantôt sur la res significata®™, parfois en
ajoutant déjà une orientation morale . La présence de déictiques, qui renvoient aux signes visuels (Symb. 67 : Haec Rhamnusia diua principali), ou à leur interprétation (Symb. 9 : Constantia πεῖς effingitur), n'implique pas forcément un positionnement du titulus au-dessus de l’image mais peut inviter à prendre en considération les éléments iconiques du texte’, dont le moment ecphrastique présente la configuration. De même, la mention explicite d’un objet ἃ décrypter n’oblige pas le titulus ἃ figurer obligatoirement au-dessus de la gravure, comme si elle était seule capable d’en assurer la représentation, mais le laisse régulièrement apparaître au-dessus du
texte, confiante dans ses capacités à susciter l’hypotypose par l’enargeia®”.
— de l’autre, le motto, véritable sentence de type gnomique®*’, qui interprète allégoriquement le ou les éléments iconiques de la gravure ou du texte, selon la place qu’il occupe. Généralement, le motto est constitué par une ou plusieurs formules empruntées au poème, avec quelques modifications ou adaptations formelles si nécessaires”, ou bien de la traduction d’une citation grecque qui apparaît dans l'image”. Il peut aussi être constitué d’une citation qui s’accorde avec la thématique générale de l’image ou du poème’. Motto du texte et motto de la gravure peuvent n'être qu'une variation sur un même motif, mis en valeur par le texte, accentuant le parallélisme image-texte®*. La relation du motto à la figure proposée par l’image est généralement exégétique, décryptant allégoriquement l'essentiel des signes et personnifications qu'elle présente, ainsi que les relations qui les unissent, sur le modèle de la syntaxe hiéroglyphique de Francesco Colonna (voir infra), reconstituant sous forme de sentence le message transmis par les composantes de la figure**. Enfin, le motto de la gravure peut parfois compléter les interprétations allégoriques proposées par le texte, et donner sa propre exégèse des éléments qui n’apparaissent pas dans ce dernier. Le motto de la gravure du Symbolum 137 en propose un cas intéressant : là où le texte voit dans les trois parties de la chimère les trois genres d’éloquence (judiciaire, délibérative, épidictique), le motto de l’image ajoute les trois objectifs (Ars rhetorum triplex mouat, iuuat, docet). Il ne s’arréte pas là : en précisant la supériorité de l’éloquence chrétienne (sed praepotens est ueritas diuinitus), il interprète la présence de Bellérophon « aux sages pensers », affrontant le monstre sur l’image (mais non 6 Symb. 9 (gravure):
Constantia heic effingitur ; Symb. 11 (gravure) : Sapientiae species inenarrabilis ; Symb. 18 (texte): Spartani animi
magnitudo ; Symb. 21 (texte) : Eiusdem [Caroli V] imperatoriae uirtutes quattuor ; Symb. 117 (texte) : Exemplum Alexandri inclytum humanitatis et fiduciae.
635 Symb. 25 (texte) : De uitanda superbia ; Symb. 26 (texte) : In Lentum inertem et otiosum turpiter ; Symb. 38 : In eos qui alienis laboribus perfruuntur ; Symb. 48 (texte) : Dignum magnanimo uiro sepulchrum ; Symb. 58 (texte) : Cambysis exemplum inclytum. 5% Voir par exemple Symb. 132. ‘7 Voir par exemple Symb. 15 ; 55 ; 61 ; 67 ; 121.
58 L’expression propose diverses variations stylistiques. On trouve le simple constat (Symb. 16 : Laboris onus leuat), plus ou moins elliptique (Symb. 42 : Virtutis umbra gloria), l’ordre ou le conseil avec toute sa gamme de temps et de modes (Symb. 14 : Sors instabilis haud expetenda : Symb. 44 : nullis nocebis, commodabis omnibus ; Symb. 64 : Silentio deum cole ; Symb. 107 : Ne linque aedificans domum impolitam), la forme de
l'interrogation indirecte (Symb. 7 : quantum possit amor...) ou directe (Symb 36 : quis agere... ipsemet sui ἢ). °° Voir par exemple la première partie du motto de la gravure du Symb. 1 : Pictura grauium ostenduntur pondera rerum qui reprend le vers 23 du
texte (Pidtura grauium ostendendo pondera rerum), tandis que la deuxième partie : Quaeque latent magis, haec per mage aperta patent, reprend et
“Ὁ Seul Hermès Trismégiste, auteur d’une citation, est évoqué, mais on sait qu'il ne s’identifie pas directement avec le dieu Mercure. Voir nos
analyses au Symb. 64. “0 Sur le sens de cette allégorie complexe, voir notre analyse de cet emblème. ! Symb. 10 (texte) : De Sileno et Chromi et Mnasylo ; Symb. 13 (texte) : De Totto Mutinensi ; Symb. 13 (gravure) : Amoris antipharmacum ;
Symb. 14 (texte) : De mercatore et Lacone ; Symb. 17 (texte) : De Antipatro Cyrenaico caeco ; Symb. 19 (texte) : De Philippo et Lacedaemonibus ; Symb. 35 (texte) : De Cynico Diogene et Antisthene ; Symb. 47 : De auaro et eius exitu ; Symb. 52 (texte) : De Agasone et diuo Hercule ; Symb. 53 :
développe le v.10 (Concilians sibi passim omnes per maximè aperta). Le motto de la gravure du Symb. 10 : Cum uirtute alma consentit uera uoluptas adapte les vers 3-4 : Voluptas/Vna eteim et Virtus in statione sedent. Le motto du texte du Symb. 24 (Virtus uirtutem fingere sola potest) est une variation sur le vers 7 du poéme (Ipsa tamen potuit talem te fingere Virtus). Le motto de la gravure du Symb. 25 (Sushecta iure est in superbo
comitas) adapte très légèrement le v. 6 du poème (Suspecta est mihi comitas superbi). Le motto de la gravure du Symb. 29 (Disce pati quisquis uincere semper aues) transpose le vers 5 du poème (Omnia dura libens didici tolerare) motto du Symb. 117 : Arcana continebis et calumnias, qui
adapte le v. 3 : arcana continebat et calumnias. La transposition ἃ la seconde personne laisse croire que c'est Alexandre, sur la gravure, qui
De Magno Alexandro et reo ; Symb. 67 (gravure) : Quodnam sit ueri principis officium. ° Symb. 13 (texte) : Sententia memorabilis ; Symb. 27 (texte) : Mensae domesticae decem haec sunt symbola ; Symb. 34 (texte) : Sententia ex
s’adresse directement ἃ Antipater. #0 Voir le motto du texte du Symb. 64 qui traduit en latin le texte en grec sur la base où Mercure pose les pieds.
(texte) : Hoc ex Platone symbolum : Symb. 46 : Biantis haec sententia a Scipione exploditur ; Symb. so (texte) : In disputantes symbolum ; Symb. 58 (gravure) : In sordidos numariosque iudices ; Symb. 82 (texte) : Hoc Bocchiani symbolum es numismatis ; Symb. 104 (texte) : In Hermathenam
aliquid) ou la citation cicéronienne (Off. 1, 6, 19 ) qui constitue celui du Symb. 112. “ Voir par exemple Symb. 28 (gravure) : Prima tenet primas rerum sapientia causas ; (texte) : Materiam primam mens notha sola tenet, qui
oraculo Christi dei de diuite ; Symb. 37 (texte) : Versa ex Homero nobilis sententia ; Symb. 39 (texte) : Christianae Religionis symbolum ; Symb. 41 Bocchiam interpretatio ; Symb. 128 (gravure) : Aduersus iram Symbolum ; Symb. 148 (texte) : In Psalmum
In obloquutores loquentes barbare.
CXV
paraphrasis ; Symb. 116 (texte) :
° Symb. s (gravure) : Insignia gentilitia Bocchiorum ; Symb. 15 (texte) : Tumulus Cleombroti Ambraciotae ; Symb. 43 (gravure) : Hic Hercules
Gallicus ; Symb. ss (texte) : Hesberidum Alcides uictor fert aurea mala ; Symb. 61 : Proteus ; Symb. 67 (texte) : Haec Rhamnusia diua principalis ;
Symb. 121 (texte) : Sigillum aheneum malae Fortunae adinuentum Bononiae.
136
.
.
“Ἢ Voir par exemple la citation lucrétienne (4, 1133-1134) qui constitue le motto de la gravure du Symb. 8 (Medio de fonte leporum surgit amari
adaptent le dernier pentamètre : Materia illa ego, quam mens notha sola tenet, Voir aussi Symb. 29 (gravure) : Sic ars deprenditur arte ; (texte) : | Deprensus artibus suis, qui adaptent les deux derniers vers : ... artibus/ Sese impetitum forté deprehendit suis. est proposé par le exemplaire cas Un Colonna. Francesco de réle le ‘3 Voir notre analyse du Symbolum Symbolorum et nos réflexions infra sur par le globe orbis elle-même, lucerna la par représentée est Mens La mentem. sapientia retinet illustrat, motto du Symb. 132: Mens orbem
armillaire, sapientia par la main divine, retinet par la chaine.
137
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi ( 1555) - tome 1
avec mentionné dans le texte), comme la prudence domptant les vices (sic monstra uitiorum domat prudentia,
la présence, au sein de une allusion à l’un des motti de la devise de l’Académie bocchienne). On notera enfin
ou qui l’image, de sentences secondaires, qui rappellent, formellement du moins, le modèle de la devise‘ deux présente 102 renouent avec la tradition de l’inscription épigrammatique : la gravure du Symbolum inscriptions en plus du titre, l’une prononcée par le lion (sic monstra domantur), l'autre par Athéna et Hermès
l’assurant qu'ils conjointement, et peut-être même par Éros, qui invitent le passant à entrer dans l'académie en
le formeront jusqu’au bout (Me duce perficies ; tu modo progredere).
En dehors du portrait de Bocchi au Symb. 2, aucune image n'est laissée nue. En revanche, plusieurs poèmes aparaissent sans titulus ni motto®®. La présence d’un titulus s'accompagne rarement de celle d’un motto®", mais titulus et motto peuvent s'accompagner souvent d’une dédicace, dont nous avons rappelé l'importance. En effet,
par son nom, ses armes, ses fonctions, certains traits de son caractère ou des événements de sa biographie, le
dédicataire fournit généralement une clé pour l'interprétation de l'emblème, tandis que la constellation sociale et intellectuelle dessinée par l’ensemble des dédicaces inscrit partiellement, à l’intérieur même du recueil, son horizon d'attente et les conditions de sa réception. Si la dédicace surmonte majoritairement les poèmes, elle apparaît cependant régulièrement au-dessus de
l'image’, pour briser un schéma répétitif. La dédicace s'exprime de différente manière : ad et l’accusatif® ; pro
et le datif* ; le datif seul, forme la plus courante?. La dédicace est parfois remplacée par le nom de l’auteur de l’épigramme, qui n’est parfois pas Bocchi®'. Certains cas demeurent problématiques : le nominatif Tiresia Fuscaerarius du Symb. 2, ne permet pas de discerner s’il s’agit d’une dédidace ou de l'expression de la paternité de l’épigramme ; on ne sait si le génitif Ranucii Farnesii du Symb. 33 désigne la paternité de l’épigramme ou s’il signale simplement le propriétaire de la devise réalisée à partir des éléments symboliques interprétés par l'emblème. La correspondance autographe montre par ailleurs que certaines pièces n’ont reçu que tardivement
une dédicace“, que d’autres ont changé de dédicataire au fil du temps*, l'ouvrage en conservant parfois la mémoire
plus
ou
volontairement®*.
moins
Les
manuscrits
des
Lusuum
Libri
eux
montrent
aussi
des
changements de dédicaces“. De même, le manuscrit Sloane de la British Library est une preuve manifeste que la répartition des motti/tituli et des dédicaces au-dessus des gravures et des textes n'a été fixée que tardivement pour
certaines
pièces,
avec
des
permutations
de
dernière
minute,
souvent
significatives.
Par
exemple,
le
Symb. 61 évoque la capture de Protée dans son antre par Aristée, au milieu de son troupeau de monstres marins.
Dans la version imprimée de l'emblème, les deux tituli, celui de la gravure et celui du texte, contiennent l’idée de
ueritas, et un impératif qui la concerne, exprimé sous la forme d’un adjectif verbal d’ obligation : obligation de la
6 Voir par exemple la gravure du Symb. 132 et la formule « La lumière luit dans les ténèbres » autour du globe de la lucerna pensilis ; ou le Symb. 64 citant le mot de Simonide. En réalité, les formules sont redondantes, soit parce qu’elles expriment une qualité évidente de l’objet (la lumière pour une lampe), soit parce qu’elles redoublent le motto lui-même (le mot de Simonide redouble l'expression Silentio deum cole, et il est repris sous forme de traduction latine comme motto du texte). #5 Symb. 30 ; 31 ; 62 ; 148.
646 Voir cependant Symb. 114.
voir, pour le titulus de la gravure (Vnam uidendam ueritatem in omnibus) ; obligation de la tenir, pour celui du texte (firmiter tenenda capta ueritas), qui ajoute en plus un complément circonstanciel de temps (opinionibus sopitis). Or à l’origine, la formule Opinionibus sopitis firmiter tenenda capta ueritas, « Une fois les opinions assoupies, il faut s'emparer de la vérité et la maintenir fermement » se trouvait au-dessus de la gravure, avec la dédicace à Renée de France. Ce titulus invitait alors à un décodage signe par signe de l’image : la ueritas est Protée ; les monstres marins endormis sont les opiniones; la capture et le maintien sont matérialisés par la corde ; le datif d'intérêt à qui incombe l'obligation formulée par l’adjectif verbal est Aristée, derrière lequel la dédicace invite à voir aussi Renée de France. Or la permutation avec la seconde formule (unam uidendam ueritatem in omnibus), beaucoup plus neutre et générale, gomme ces précisions herméneutiques pour mettre en
valeur un autre élément de la composition figurée : la puissante ligne de force que dessinent, au cœur de l’image, le regard de Protée et celui d’Aristée qui se rencontrent. Le changement est sans doute ingpiré par le tact et la diplomatie : composé vraisemblablement au moment où Renée de France est emprisonnée pour rendre compte d'opinions hérétiques®*, il était inutile de mettre davantage en valeur dans l’image la caverne-cachot et les liens qui emprisonnent le dieu, autant de rappels d’une situation douloureuse. En revanche la princesse pouvait se sentir davantage réconfortée par une invitation ἃ travailler sur ses pensées et ἃ renverser sa condition de prisonniére
en sortant victorieuse
d’un
combat
spirituel avec
ses ennemis
permutation est également significative, mais pour des raisons inverses au-dessus de l’image du motto: Sculptoris iamnunc Ganymedem cerne atq animi est praesto piis (« Contemple a présent le Ganyméde du corps et de l’esprit réconciliés se tient à la disposition des gens pieux >)
intérieurs. Dans
le Symb. 79, la
au cas précédent. Le déplacement final Leocrae/ Pacati emblema hoc corporis sculpteur Léocharés ; cet embléme du présente un double avantage sur le très
neutre Pax est laeta piis usq domi atq foris, (« La paix réjouit toujours les gens pieux, en eux comme au
dehors ») : les éléments déictiques (cerne, hoc) renvoient explicitement au matériau iconique, suggérant par ailleurs une émulation entre le sculpteur antique Léocharés et l’inspirateur de la gravure, Michel-Ange. Les deux constituants principaux de l’image, Ganymède et l'aigle, ainsi que leur réunion sous forme d’étreinte sont tous les trois interprétés symboliquement. Le beau Ganyméde est le corps ; l'aigle est l'esprit, ailé et au regard perçant ; l’union des deux dit la paix (pacati). Au terme de ce parcours, quelques grands traits se dessinent. Les dialogues fréquents entre poème et gravure, qui travaillent à partir de sources littéraires et partagent des signes visuels, l’un d’un point de vue rhétorique, l’autre d’un point de vue plastique, n’empéchent pas l'exploration autonome d’un champ d'expression réservé, qui rend impossible transfert et transposition. La présence permanente de tituli, motti, dédicaces ou inscriptions dans la figure elle-même ne semble pas dictée par un schéma formel spécifique, mais adopte le principe poétique de uariatio, qui crée l’effet de surprise au fur et à mesure que l’on tourne les pages. Les tituli et les moti, glissant de l’un à l’autre, viennent renforcer, par les déictiques ou les répétitions verbales, les passerelles entre poème et gravure, donnant à voir le texte ou à lire l’image. Au poème tenté par l’abstraction et le discours théorique, un titulus, secondé par la gravure, peut imposer le retour vers la représentation visuelle et l'image qui s'inscrivent dans la mémoire. À la gravure saturée de signes abstrus ou de scènes illisibles, un motto, conforté par le poème, ouvre l’espace de l’exégèse.
“ Voir par exemple Symb. 20 ; 60 ; 61 ; 62; 77 ; 81; 83 ; 126 ; 139 ; 148; 149.
8 Symb. 3 ; 23 ; 49.
“Ὁ Symb. 112. 60 Mais parfois le datif n'indique pas une dédicace mais la notion ou la divinité en l'honneur de qui le poème est rédigé (par exemple Platonico cupidini, « Al’ Amour platonicien », pour le Symb. 20). ST Voir par exemple le Symb. 145, où le poème est composé par Alberigo Longo.
652 Par exemple, dans une lettre datée du 18 janvier 1548 (f 43v), Bocchi envoie à Amaseo le symbolum de l'Académie, rédigé (adscriptum) sous
la forme de l’épigramme que nous lisons au Symb. 102, mais sans la dédicace, ni les deux vers finaux qui font allusion à Stefano Sauli. 653 Par exemple
celle ἃ Pompilio
Amaseo,
remplacée
par celle ἃ Mario
Nizolio
dans le Symb. 81. Certaines
dédicaces
ont définitivement
disparu : celle à Vicentius Bouius/Vincenzo Bovio dans le Symb. 17, celle à loannis Franciscus Fabrius dans le Symb. 52.
654 Voir par exemple le Symb. 78, et sa première dédicace à Léon X, conservée pour permettre une interprétation cabbalistique de l’embléme. Voir la gravure du Symb. 85, dédiée a Jules III, où le blason que porte Benignitas est encore celui des Farnèse. ‘55 Le manuscrit 1471 de l’Angelica à Rome montre que le Symb. 141, dédié à Paul III, a connu une première rédaction en 1527, avec une dédicace à Paolo Pino.
138
°° Voir nos propositions de datation dans notre analyse de l’emblème.
139
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
2. L'image, entre mémoire et innovation Nous avons souligné à plusieurs reprises |’importance des « sources » littéraires pour la compréhension d’un
nombre important de gravures, qui travaillent alors en parfaite symbiose avec le poéme, selon une répartition « harmonieuse » des tâches : au poème, l'argumentation et le raisonnement, parfois les exemples ; à l’image les exempla les plus frappants, qui illustrent le propos et en permettent une visualisation et une mémorisation plus efficace. Mais il est clair que les gravures puisent aussi, parfois en accord avec le poème emblématique, parfois indépendamment de lui, à d’autres sources d'inspiration, qu'il s'agisse des objets archéologiques antiques ou du matériel « mixte », déjà composé d'image et de texte, que constituent les médailles, les blasons, les devises et les
« suites hiéroglyphiques ». Ces dernières sont d’ailleurs appelées à jouer, au sein du recueil, un rôle méthodologique majeur qu'il nous faudra étudier. a. Le goût de l’antique et la poésie des ruines
La présence picturale de l'Antiquité a été très peu étudiée dans les Symbolicae Quaestiones. La question est complexe et nous ne pouvons ici que l’effleurer, en proposant quelques pistes de réflexion. Une nouvelle fois encore, il conviendra de distinguer les cas où le monument ou l’objet antique est traité conjointement par le texte et par la gravure, et ceux où il constitue une proposition iconographique de la part de l’image seule. La sculpture antique, avec son vaste répertoire de représentations de dieux et de héros pourvus d’attributs distincts et souvent énigmatiques, ses stéles et monuments funéraires à figures ou ses bas-reliefs historiés, constitue un terrain d'exploration de prédilection de l’emblématique, déjà largement étudié par Alciat’. On insistera cependant sur l’hiatus qui peut séparer d’un côté la réalité archéologique d’un objet que l’on peut apercevoir réellement sur les sites ou dans des collections, et de l’autre, l’objet dont l'existence historique et la configuration ne sont attestées que de manière textuelle‘, Il reste un troisième cas, celui où le monument légendaire est inventé de toutes pièces par les poètes‘. Cette ambiguïté n’est pas toujours levée et, à une époque où l’histoire des types n'est pas encore bien fixée, l'imagination peut facilement prendre le relais dans lappréhension de figures dont on ne comprend pas toujours clairement le propos. Bocchi évoque ainsi l’Hercule Capitolin aux trois pommes (Symb. 55), dont l’exégèse allégorique est fournie par la Souda (n° 454
Adler ), repris par Rhodiginus (Lectiones antiquae, 6, 7) et Valeriano (Hieroglyphica, 54, p. 396 B-C ). Ilse réfère
également à la statue de Léocharès représentant Ganyméde enlevé par l'aigle qu’évoque Pline l’Ancien (Nat. 34, 79), mais ce sont le dessin de Michel-Ange (Symb. 78) et la gravure de Béatrizet (Symb. 79), et non les Statues antiques -que l’on pouvait cependant contempler dans les collections Farnése-, qui constituent les modèles des deux gravures.
Introduction
des Farnése®’ : cette Fortune princière rappelle la Fortuna aurea du Symb. 23, dédié à Henri II, ainsi que la Nemesis principalis ou Adrasteia Nemesis du Symb. 67. Le propos de la gravure apporte de singuliéres nuances et l’exhumation archéologique en constitue la mise en scène. Le motto de la gravure mentionne en 1548 la découverte ἃ Bologne d’une statuette au Symb. 121, mais a la date 1549 et fiction, du moins de la transposition surtout encomiastique et prend sens
antique de la bonne Fortune. Toutefois la réapparition du méme scénario pour une statuette de la Mauvaise Fortune, plaide en faveur, sinon d’une et de l’amplification d’un évènement archéologique réel. La référence est avec la dédicace : en 1548, le pape Paul III est encore valide ; en 1549, il
meurt, atteint par la maladie, la vieillesse et le chagrin. La citation de Pausanias, inscrite sur le piédestal dans la
gravure (4, 30, 6), fait référence, comme le texte, au type de la Tyché de Smyrne, réalisée vers 550-525 av. J.-C.
par Boupalos, et qui portait le kalathos ou polos sur la tête, et la corne d’abondance point demeure étonnant dans l'image, qui n’a pas été relevé par les commentateurs™, deux Némésis qui se font face sur l’image. Simple duplication pour deux dédicataires le même nom? En réalité, la connaissance de l'Antiquité se manifeste une fois Pausanias évoque en effet une autre sculpture de Boupalos pour un autre sanctuaire
deux Némésis
dans une main. Mais un I] n'y ἃ pas une, mais bien apparentés et qui portent de plus dans l'emblème. de Smyrne, représentant
(9, 35, 6), surmontées par trois Charites en or, bien connues par les cistophores de Smyrne de
l’époque d’Hadrien. Or, selon une légende racontée par Pausanias (7, 5, 2-3), les deux déesses seraient apparues
en songe à Alexandre le Grand, pour l’inviter à reconstruire une nouvelle Smyrne sur les ruines de l’ancienne. La contamination entre les deux références de Pausanias était facilitée par la proximité des représentations de Némésis et celle de Tychè, dotées toutes deux du timon et de la cornucopia. Bocchi et Bonasone ont donc décidé ici d'adopter un type de Tychè-Fortuna avec polos, cornucopie et timon, mais dans la configuration des Némésis de Smyrne (deux déesses face à face), telles qu’on peut les voir par exemple sur un aureus de MarcAurèle, représentant le songe d'Alexandre. Les deux déesses antiques, protectrices de l’ancienne et de la nouvelle cité de Smyrne, deviennent dans la gravure les protectrices de l’ancienne et de la nouvelle Bologne, celle du pape Paul ΠῚ et celle du Grand Cardinal, dans une transition harmonieuse. L'idée était flatteuse pour le neveu : elle repose sur l'idée qu'il succédera à son grand-père sur le trône pontifical. Dans le Symb. 121, tout est bouleversé suite au décès du pape, et l’insistance sur l’état de décrépitude de la statue, en accord avec son influence néfaste, sonne comme
une lamentation sur la mort et sur les désastres occasionnés aux monuments
glorieux par le tempus edax°. Cette vision de la gloire passée et perdue de la Rome antique se lit dans le Symb. 113, et le paysage de ruines que quitte Marius, symbole de la Stoica uirtus. L'importance de l'Antiquité se lit également dans la réutilisation du bas-relief d’« Icarios » ou de la théoxénie dans le Symb. το. Inspiré par la lecture et le réagencement de la scène proposés par une peinture de Falconetto, l'emblème propose de lire le programme iconographique comme le couronnement la réconciliation du Plaisir et de la Vertu, c'est-à-dire de Vénus et Pallas. Les deux déesses couronnent un Silène ivre, symbole du sapiens,
Le Symb. 63 (comme son pendant, le Symb. 121) constitue un cas intéressant où texte et image dialoguent, sans
soutenu par Mnasyle et chatouillé au pied par Chromis, deux satyres sortis tout droit de la sixiéme Bucolique, et
cité, comme l'indique la dédicace aux deux Alexandre Farnèse, le pape et son neveu le Grand Cardinal, les protecteurs de Bologne. La source principale du texte est un passage des Nuits attiques d’ Aulu-Gelle (14, 4, 2-3),
Enfin, la fascination pour l’antique et moderne : le temple d’Honos et variation sur le Symb. 48, met lui vertueuse engendrant la gloire sous
se recouper totalement. La Bonne Fortune évoquée par le texte, qui appartient à un type courant de Tyché/Fortuna® avec le timon, la cornucopie et le modius sur la téte, est une déesse protectrice du prince et de la
où l’auteur latin interprète le sens allégorique d’une statue de la Justice imaginée par Chrysippe dans son
ouvrage Du beau et du plaisir (Περὶ καλοῦ καὶ ἡδονῆς). Cette confusion entre Fortune et Justice, volontaire de la
part de Bocchi, suggère en filigrane la présence d’une Némésis/Astrée ouvrant un nouvel Âge d’or, mythe favori
dont Bocchi fait respectivement l’image de Platon et d’Aristote™.
%! Voir la troisième partie de cette introduction. 62
#7 Voir P. Laurens, « L'invention de l'emblème par Alciat et le modèle épigraphique », en particulier p. 889-896.
°8 Voir par exemple chez Alciat l’embléme « Mulieris famam non formam esse uulgandam », qui évoque la statue de Phidias représentant une Aphrodite, un pied posé sur une tortue, un doigt sur la bouche. Comme l’indiquent les commentateurs de l’édition padouane de Tozzi en
1621, la source est un passage de Pausanias (6, 25, 1) sur l’Aphrodite chryséléphantine d’Élis et un passage de Plutarque (Coniugalia praecepta, 32, 1428) qui en donne l’exégèse symbolique. °? Voir par exemple ALCIAT, Emblemata, « In uictoriam dolo partam » sur le tombeau d’ Ajax (cf. A. G., 7, 145). * Voir nos analyses de l'emblème.
140
se lit dans l’utilisation iconographique des monuments de la Rome antique de Virtus® ; le temple de Janus** ; l’amphitéâthre flavien®”’. Le Symb. 97, aussi en scène la topographie de Rome. Il imagine la Stabilité de l’âme la forme de la pyramis d’un obélisque, reliée à sa crepis par quatre astragales.
S, Maffei,
« Fortuna
semper
mouetur.
Iconografia
e varianti
della
statua
della
Fortuna
Smirnea
descritta
da
Pausania»,
in M. Biff,
O. Calabrese, L. Salibra (dir.), Italia linguistica : discorsi di scritto e di parlato. Nuovi Studi di Linguistica Italiana per Giovanni Nencioni, Sienne,
2005, p. 26-40. °3 Sur ce topos, voir N. Dacos, Roma quanta fuit ou l'invention du paysage de ruines, 2004.
i
‘i Voir nos analyses de l'emblème dans A. Rolet, Emblématique, philosophie et politique à Bologne au Xvi siècle : autour d'Achille Bocchi et de
l’Academia Bocchiana, 1" partie.
665 Symb. 33.
“ Symb. 151.
“7 Symb. 105. Le poème de l’emblème évoque cependant le misthos theôrikos grec.
141
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
De la complémentarité uirtus/gloria, on passe à une représentation de l’àme et de ses deux parties : la partie contemplative, la pyramide surmontée d’un ceil, monte naturellement vers les astres ; la partie inférieure se voit détenue dans la base carrée de la Vertu, qui emprisonne les sens. Pour montrer la stabilité du monument, le poéme évoque les bourrasques de vent et les remous du Tibre. Cette implantation romaine se confirme dans la gravure, avec, en arrière-plan, l’imposante masse circulaire du Chateau Saint-Ange. Il s'agit du gigantesque mausolée d’Hadrien, devenu demeure papale, qui fait écho à l’obélisque/pyramide du premier plan, plongée dans les flots du fleuve. La proximité des deux bâtiments évoque une configuration topographique réelle, et invite à identifier l’obélisque avec la meta Romuli, aujourd’hui disparue : il s'agit du tombeau de Romulus, qui faisait pendant à la meta Remi, c’est-à-dire la Pyramide de Cestius. L’obélisque antique se fait ici monument funéraire pour le corps, mais non pour l'âme, qui renaît par la gloire. Dans notre analyse de l'emblème, nous montrerons que la configuration du pont et l'attitude du dieu Tibre sur l'image renvoient au sac de Rome de 1527, événement dont les vagues et les vents restituent métaphoriquement le caractère cataclysmique.
L’Antiquité livre également à la culture allégorique de la Renaissance un matériau mixte important, composé de texte et d'image : la monnaie. Nous en avons déjà évoqué un exemple supra, à propos du songe d'Alexandre sur un aureus de Marc Auréle. Les revers numismatiques δὲ garnis de figures mythologiques ou de personnifications diverses, sont une source de prédilection pour l'invention symbolique“. Ces revers apparaissent régulièrement dans les gravures des emblèmes de Bocchi, où ils informent les types iconographiques choisis : la Constantia du martiale, assise, tenant le palladion du Symb. 124; la
Chimère vaincue par Bellérophon du Symb. 137 ; le Janus bifrons au fronton du temple du Symb. 151. L'intérêt pour le revers de monnaie antique s'accompagne naturellement d’un goût pour la médaille symbolique, qui a connu à la Renaissance une vogue sans précédent. Bocchi évoque régulièrement des revers de médailles, qui inspirent à la fois l'invention du texte et celle de la gravure, à commencer par la sienne propre, reprise par le Symb. 82, et qui rend hommage, par son propos et sa légende (Matura celeritas), à l'emblème d’Alciat sur les armes de sa famille (Nunquam procrastinandum) : Bocchi s’y met en scène sous l'apparence d'un conseiller auprès du prince, doté des instruments de Némésis (mors et éperons), afin de guider le souverain sur la voie d’une aurea mediocritas, qui lui permettra, au long de sa vie, de tempérer d’abord par le mors les excès de
la jeunesse, puis d’aiguillonner par les éperons les langueurs de la vieillesse. La médaille fut effectivement frappée, puis reprise pour Altobello Averoldo®”. D’autres nomismata sont traités dans les textes et les gravures d’emblémes dédiés à des amis personnels : le supplice du pal et de la fumée sous Alexandre Sévère pour Paolo Giovio (Symb. 86, médaille non identifiée) ; la position humble de l'Atlas Farnèse écrasé par le poids du globe pour Jean de Hangest (Symb. 138 ; médaille non identifiée) ; l’histoire de Pan, Borée et Pitys pour Giovanni Battista Pigna (Symb. 150, réalisée après la parution de l'emblème). On notera que, dans ce dernier cas, la médaille reprend une composition antique bien attestée, par exemple sur des mosaïques ou des plaques de terre-
cuite®1.
De la médaille personnalisée, on glisse facilement vers un autre genre mixte qui a servi de sources à certains emblémes bocchiens : la devise. Quelques brefs rappels historiques s'imposent, pour comprendre le sens du terme. La devise médiévale, simple mot ou sentence, peut parfois accompagner la représentation des armes et définit un objectif moral auquel le porteur dit essayer de tendre, se rendant ainsi digne d’arborer les armoiries “i Voir S. Rolet, « Des objets symboliques protéiformes : les monnaies antiques dans les Hieroglyphica de Pierio Valeriano », Polyvalenz und Multifunktionalitat der Emblematik, Akten des 5. Internationalern Kongresses des Society for Emblem Studies (Münich, 9-14 août 1999), éd. W. Harms, D. Peil, Berne, 2002, p. 813-844. “ Alciat s'était aussi intéressé aux revers de monnaies. Voir P. Laurens, L’abeille dans l’ambre, p. 558-559. On notera que les recueils la Renaissance sur les monnaies antiques comme les Illustrium imagines de 1517 d'Andrea Fulvio ou le Promptuaire des médailles de Rouille en 1553, 8 intéressent aux droits représentant les personnages antiques, dans la perspective d’une émulation pour la gloire.
‘70 Voir notre analyse de l'emblème. 7 Voir notre analyse de l'emblème.
142
« devis » (fin XII° 5.) qui, issu lui-même du latin diuidere, « diviser >, « distinguer >, « séparer », signifie à la fois « division » ou « différence », « récit », « blason > mais aussi « dessein, plan >, tout comme
« devise >
(fin xI° 5.) reçoit, en plus des sens de « devis », ceux de « signe distinctif >, « dernière volonté » ou « volonté,
désir »°”*. Ces significations rappellent que la finalité de la devise est bien de distinguer son porteur en le séparant des autres, autant par le blason, les armes et autres signes extérieurs distinctifs que par quelque qualité morale
spécifique, quelque projet, volonté ou dessein de vie énoncé sous forme de brève sentence. Même si, à la fin du xvI° siècle, le terme italien impresa va désigner une pratique tout à fait spécifique, qui se réfère en partie à l’ancien français « emprise », c'est-à-dire le contrat moral par lequel le chevalier se lie à son suzerain et plus largement, la règle de conduite, l’entreprise qu'il se fixe comme défenseur du Christ ou encore comme serviteur d'amour de sa Dame‘. Tout en gardant mémoire de ces éléments, la devise se transforme à la Renaissance. Elle demeure une forme liée à un porteur et donc à un contexte historico-biographique, mais, selon les termes de son premier théoricien Paolo Giovio (dédicataire du Symb. 86), elle associe désormais sémantiquement une figure ou un « corps » — objet, plante, animal — et un « mot », motto ou « ame »%%, Le motto saisit et souligne, par
b. Matériaux mixtes et para-emblématiques
Symb. 9; la Spes du Symb. 104; l’allégorie de Rome
familiales dont il hérite. L’étymologie est éclairante puisque le terme « devise » vient de l’ancien français
une formulation marquante sous forme de concetto volontairement bref, voire elliptique, le ou les traits saillants caractéristiques de la figure employée pour l’image. Ce trait est susceptible d’une dérivation métaphorique qui lui permet simultanément de renvoyer à une qualité morale propre au porteur de ladite devise, ponctuelle ou permanente, qui s’est révélée en telle ou telle occasion remarquable de son existence. Ainsi, le motto, « Plus Oultre », accompagné de deux colonnes, la devise de Charles Quint, indiquait que l'empereur, nouvel Hercule,
avait franchi les deux colonnes qui marquent le détroit de Gibraltar, pour aller au-delà des limites fixées dans le sol par le héros grec. Mais symbole du Levant et du Couchant, les colonnes indiquaient aussi l’extension sans limite de l'empire, à la fois vers les Indes et vers le Nouveau-Monde®”*. Dans ses emblémes, Bocchi fait allusion à un certain nombre de devises célèbres. Elles ne sont généralement pas reprises intégralement®”, mais des éléments significatifs sont intégrés à la fois au texte ou à l’image. Par exemple, le joug sur les épaules d’Orsina Grassi dans la gravure du Symb. 49, ainsi que l'expression dulce iugum du v. 3, renvoient à la devise du futur pape
Léon X, Jean de Médicis, qui avait pour motto : Suaue, et pour âme un joug”. De même, le globe de cristal incandescent et le motto : Candor illaesus, qui constituent la devise de Jules de Médicis, le futur Clément VII,
sont cités respectivement dans la gravure et dans le texte du Symb. 111. Si la gravure adopte une configuration totalement différente de la devise initiale, le texte en revanche rappelle les évènements biographiques liés à la constitution de la devise‘. Lorsque l’image de l'emblème propose une devise originale, cette dernière constitue généralement l'élément principal d’une mise en scène de type allégorique. C’est le cas pour le tombeau d'Ugo Pepoli (Symb. 48), authentique devise, mais qui présente une personnification de la force. C’est le cas également
pour le Symb. 102 (devise de l'académie, où Eros, Athéna et Hermès ont forme humaine) ; de même pour le D. Russell, 62 Voir A.J. Greimas, Dictionnaire de l’ancien français : le Moyen-Âge, Paris, 1994 (1979'), Ρ. 177-178, 5. v. « Deviser ». Voir aussi 51-52. p. », Signifiance and Genesis The « Lipincott, K. et 34-35 p. 1985, Lexington, The Emblem and Device in France,
678 Sur cet aspect, voir K. Lipincott, « The Genesis and Signifiance », p. 61-63. qu'il ‘4 Encore que Paolo Giovio, le premier théoricien de la devise, dans son ouvrage Dialogo dell'imprese militari e amorose (1555), accorde la voir siècle, xvi" du frontière la jusqu’à création sa depuis Europe en histoire existe des devises sans corps ou sans âme. Sur la devise et son
France et en Europe à la somme de L. Hablot, La devise, mise en signe du prince, mise en signe du pouvoir : les devises et l'emblématique des princes en devise après 1 550, voir la de l'évolution sur théorique étude une Pour volumes]. [s 2001 Poitiers, de l’université de thèse Age, Moyen fin du
11, 2001, Ῥ' 5-29;R. Klein «La D. Mansueto, « The Impossible Proportion : Body and Soul in Some Theories of the Impresa >, Emblematica, ans sur la Renaissance et l'intelligible, et forme La Id., dans », théorie de l’expression figurée dans les traités italiens sur les Imprese, 1555-1562 in the SixteenthStudies « Caldwell, D. ; 1998 Ravenne, rinascimentale, impresa e Identita l'art moderne, Paris, 1970, p. 125-150; A. Maggi,
Century Italian Impresa », Emblematica, 11, 2001 en ' p. 29. ’ Voir C. Paradin, Devises héroiques, Lyon, Jean de Tournes, Guillaume Gazeau, 1557 (1551), personifications véritables portants, deux ses de et armorié l’écu de % Voir cependant le Symb.131, où la gravure présente, au-dessus pour nourrir ses petits de son sang avec la (Prudentia augusta et Benignitas augusta), la devise d'Otto Truchsess : le pélican se perçant les flancs
sentence Sic his qui diligunt, qui renvoie à la charité exemplaire du Christ. 7 Pour le sens de cette devise, voir notre analyse de l'emblème.
% Voir nos analyses.
143
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome 1
du Symb. 132, représentant la lucerna pensilis, soutenue par deux allégories féminines ; ou encore pour le tribolos Symb. 134, où une immense Pallas pointe le fil a plomb céleste, qui mesure la parfaite rectitude de la pointe
supérieure de l’objet. Dans les Symb. 102 et 132, on se demandera également où est exactement le motto : les citations incluses dans l’image elle-même ? dans le titulus qui surmonte la gravure ? Ce dernier joue déja un réle de décryptage des signes proposés®”. Enfin, la devise du Symb. 108 présente elle aussi une allégorie féminine, une Astrée assise sur un dauphin, portant chaine d’or et coeur oculé au cou, et une balance dans la main, avec le motto : cognosce, elige, matura. Il s'agit des trois étapes qui constituent l’art de rendre une bonne sentence pour un juge, et que permettent d’accomplir les différents symboles qui accompagnent Astrée, la déesse de la justice : la chaine qui dit le savoir encyclopédique et le cœur oculé qui la Prudence voyant dans toutes les directions expriment les deux qualités qui permettent de connaître (cognosce) ; la balance qui soupèse signifie le choix (elige) ; le dauphin évoque la rapidité d'application de la sentence (matura). Bocchi accorde même un sens aux
éléments de paysage qui se déploient derrière l’allégorie, un port et une lumière fulgurante, montrant la tendance de la devise à générer, non pas une austère figure économe en moyen, mais de véritables tableaux historiés.
Or la devise, à cause de ses origines, n’est pas éloignée du blason et des armes, qui disent davantage encore le
rattachement d’un individu à une communauté®°, Au départ signes de reconnaissance militaire sur les champs de bataille ou lors des tournois, puis marques d'identité par l’énonciation d’une filiation, d’une appartenance à un groupe, ce sont des images conceptuelles, transmises sous forme d’énoncés, et susceptibles d’étre accueillies par tout objet décoratif dans l’usage quotidien. Leur création et leur lecture obéissent à une technique rigoureuse très codifiée®'. Signifiant l'appartenance à une famille noble, à la roture, ou à une corporation, les
armes deviennent héréditaires. Hormis les armes fictives des héros littéraires qui reçoivent une explication étiologique®, ou les armes « parlantes » identifiant leur porteur sous une forme qui s'apparente au rébus qui permet d’en reconstituer le nom, il est difficile de cerner les motifs personnels et historiques qui ont pu motiver le choix de telle ou telle figure sur l’écu — les couleurs, en particulier, ne portent pas de sens en elles-mêmes. Mais à partir du xIv° siècle, les armoiries font l’objet de tentatives de personnalisation. La vogue du type de «Τόσα timbré et soutenu » permet l’adjonction de signes para-héraldiques, en particulier les tenants et le cimier, chargés parfois d'exprimer symboliquement et de manière plus souple que les armes certaines options privées de leur propriétaire. Bocchi propose des armes parlantes, par exemple, dans le Symb. 146, celles d'Isabelle Felicini, « la fougère >, dont l’écu porte une fougère, et celles de son fils, Carlo Ruini, dont l’écu
s’orne d’une tour en ruine. Toutefois, le traitement que l'emblème réserve aux écus armoriés est spécifique, puisqu'ils y sont systématiquement lus de manière symbolique‘, même si parfois, en particulier dans les gravures, ils n’ont qu’un rôle d'identification. Un sens allégorique de chaque élément constituant le blason
(couleur, partition, pièce ou meuble) ou l’entourant (heaume, cimier, portants, tenants, soutiens)°* peut être précisé, avant que ne soit proposé un sens général, qui rassemble les significations éparses en une phrase, précédée de la formule ad summam. Le blason de Bocchi au Symb. s est exemplaire. Relié au roi de Maurétanie Bocchus, par une filiation onomastique imaginaire commune à la Renaissance, tous les éléments sont interprétés méthodiquement dans l’épigramme®® : le champ d’azur de l’écu se fait ciel éthéré ; les trois étoiles d’or deviennent une image de la Trinité, tandis que le chevron d’or en forme d’équerre se transforme en Ratio, «raison > ou « doctrine ». Le casque au-dessus de l’écu dit la protection ou la défense de son mystérieux contenu. Le cimier en forme de cygne devient l'emblème du poète qui, préservant le mystère de la trinité, le révèle en même temps par le bec, mais transformé, adapté, digéré, sous la forme d’une autre étoile brillante.
L’écu dans son ensemble dit le culte nécessaire que le poète doit vouer à Dieu, qui inspire son œuvre et dont il répand la bonne parole : on le voit, cette explication n’a rien de commun avec l'héraldique, sinon qu elle brode à
partir de ses éléments pour créer une interprétation.
c. Le hiéroglyphe réinterprété et le travail de la syntaxe iconique
Les blasons, les monnaies, les médailles, les devises, où chaque élément doit trouver sa place dans l’espace, en
relation signifiante avec d’autres, posent à merveille une question qui va à présent nous occuper : celle du hiéroglyphe, de son statut à la Renaissance, du contre-sens fécond dont il a fait l’objet, et de la révolution qu'a constitué, pour l'emblème et pour le langage symbolique de la Renaissance en général, |’ Hypnerotomachia Poliphili. Suite ἃ la redécouverte des Hieroglyphica d’Horapollon en 1419°”, le hiéroglyphe est regardé par la Renaissance comme un signe sacré, connu d’abord par sa description littéraire, avant même toute représentation figurative. Il fait l’objet d’une véritable dévotion, même si les premières éditions et traductions d’Horapollon ne comportent aucune illustration, à l'exception remarquable des dessins d’Albrecht Dürer accompagnant la traduction latine produite par son ami Willibald Pirckheimer en 1512 et restée manuscrite le (une copie en subsiste à la Bibliothèque de Vienne). Censé être né dans la lointaine et mystérieuse Égypte, authentiques les avec voir hiéroglyphe de la Renaissance présente cependant une apparence qui n’a rien à hiéroglyphes, dont les humanistes avaient pourtant sous les yeux d’illustres témoignages, grâce aux obélisques t, antiques visibles à Rome en nombre. En réalité, leurs modèles plastiques sont romains et leur fonctionnemen deux pôles de tel qu’on l’imagine à la Renaissance du moins, repose sur un contresens®’, Oscillant entre les des sens, et la partir à l’opposition traditionnelle, au sein du symbole, entre la figuration imaginative, construite et écriture. révélation noétique, le statut des hiéroglyphes reste problématique et contradictoire, entre révélation enne : les néo-platonici À la suite de Plotin, Jamblique et Porphyre, Marsile Ficin les assimile à l’époptie immédiate. Selon hiéroglyphes sont réservés à l’expression du sacré et leur contemplation vaudrait intellection la présence de interpréter Ficin, le signe égyptien, témoin et héritier d'une lointaine culture où l’on savait encore
679 Par exemple, le motto de la gravure du Symb. 102 (Sapientiam modestia, progressio eloquentiam, felicitatem haec perficit), décrypte chaque
élément de la figure et précise leurs relations : sapientia est représentée par Athéna ; eloquentiam par Mercure ; modestia par la gueule bridée du
lion ; progressio par la forme d’attelage que crée le mors et le pied d’Eros sur la tête léonine, comme s’il était monté sur un char ; felicitas par la jonétion des dextres. 8 Voir A. Rolet, « L'utilisation du blason et de la devise dans l’embléme : entre histoire et propagande », dans S. Rolet (dir.), « L’embléme littéraire : théories et pratiques », Littérature, 145, mars 2007, p. 53-78.
Sur tous ces aspects, voir M. Pastoureau, Figures et couleurs : étude sur la symbolique et la sensibilité médiévales, Paris, 1986, p. 125-132.
Voir G.J. Brault, Early Blazon. Heraldic Terminology in the Twelfth and Thirteenth Centuries with Special Reference to Arthurian Literature, Oxford, 1972, p. 169-70; K. Lipincott, « The Genesis and Signifiance of the Italian Impresa », in S. Anglo (dir.), Chivalry in the Renaissance, Woodbridge, 1990, p. 49-76. Voir aussi M. Pastoureau, « L'apparition des armoiries en Occident : état du problème », Bibliothèque de l'École
Armoiries, The Oxford Guide to Heraldry, Oxford, 1990 ; M. Pastoureau, Les 685 Sur les codes héraldiques, voir T. Woodcock et J. M. Robinson,
Turnhout et Louvain, 1976 ; Id., Traité d’Héraldique, Paris, 1993.
686 Pour les sources de l'interprétation, voir notre analyse de l'emblème. traduire un ouvrage rédigé en égyptien par Horus 7 Tl s’agit d’un curieux texte grec antique rédigé par un certain Philippe, qui prétendait plus de la moitié des symboles qu'il présente Apollon, un prêtre du v's. Si le texte propose la description d’authentiques hiéroglyphes, française Hora Apollinis Hieroglyphica, Naples, 1940, la traduction appartiennent à la littérature gréco-romaine. Voir l'édition de F. Sbordone, traduction a d’Horapollon >, Chronique d'Égypte, 18, 35, 1943, P- 39-89 et la de B. Van De Walle, J. Vergote,
« Traduction des Hieroglyphic
anglaise de G. Boas, The Hieroglyphics of Horapollo, New-York, 1950.
a
des Chartes, 134, 1976, p.281-300, en particulier 286; Id., Armorial des chevaliers de la Table Ronde, Paris, 1983; Id., « L’héraldique imaginaire », Perspectives médiévales, 10, 1984 ; Id., « Les armoiries littéraires, de Chrétien de Troyes à Balzac », dans Figures de | ‘héraldique,
donne une traduction latine en 1515, suivi par Filippo Fasanini en οὐδ L'édition princeps est procurée par Alde en 1505. Bernardo Trebazio en
Paris, 1996, p. 87-88. Pour des exemples d’amoiries imaginaires voir Cl.-F, Ménestrier, Le véritable art du blason et l'origine des armoiries, Paris,
Lafond, P. Laurens (dir.), Le Modèle à la Renaissance, Paris, 1986, _ 689 Voir C. Balavoine, « Le modèle hiéroglyphique », dans C. Balavoine, J. « De la perversion du signe égyptien dans le langage iconique de Ead., t égalemen ement ». Voir
1671.
653 Voir par exemple les Symb. 5 (Bocchi) ; 121 (Corrado) ; 123 (Campeggi) ; 131 (Truchsess von Waldburg) ; 148 (Del Monte). 64 Voir les apparitions d’Astrée sur les gravures des Symb. 109 et 125, avec les armes papales ou cardinalices des Farnése. Le blason des Farnèse apparait également comme signe de reconnaissance dans les Symb. 85 et 132.
144
à Paris en 1543. 1517. La première édition illustrée est celle de Jacques Kerver
Ρ- 200-226, qui évoque un « parti pris d’aveugl
ce à Champollion, Paris, 2001, p. 27-49, qui formule | hypothèse d'une la Renaissance » dans C. Grell (dir.), L'Égypte imaginaire de la Renaissan
de la part des humanistes. « manipulation », voire d’un « bricolage » iconique parfaitement conscient
145
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Dieu dans les objets de la nature, porte inscrit en lui les réalités intelligibles et divines 69° Nous avons pu montrer dans notre étude du Symb. 147 que les humanistes, inspirés par les écrits d’Hermias d'Alexandrie, sont convaincus que le hiéroglyphe imite dans son fonctionnement l'impression des pensées démoniques et angéliques dans le pneuma ou $piritus humain, cette substance qui assure la liaison entre le corps et l'esprit, et cette impression instantanée rend inutile le recours au langage articulé et aux sons. Au fil du temps, avec la disparition des anciennes civilisations, celles des Hébreux et des Égyptiens, puis celles des Grecs et des Romains, la conscience du monde comme un livre ouvert de signes imagés qui exhibent la forme infiniment diverse et variée des pensées divines, et surtout la possibilité même de cette lecture intuitive se sont affaiblies, au point de rendre l'univers opaque et ses formes inintelligibles®'. Partir à la recherche de la signification des hiéroglyphes s'apparente inévitablement à une enquête archéologique, puisqu'il s’agit de renouer avec les traces parcimonieuses laissées par ces mondes abolis qui étaient plus proches du temps des origines et donc plus aptes à comprendre les signes divins peuplant la terre et le ciel. Mais l'enjeu est également celui d’une ascèse morale. En effet, l'enquête archéologique autour des hiéroglyphes prend les mêmes atours rhétoriques que l’enquête allégorique et n’hésite pas à se décrire elle aussi comme une véritable cérémonie à mystère, puisqu'elle consiste à aller du sensible à l'intelligible, du visuel au conceptuel, du terrestre au divin. Seuls quelques élus à l’âme purifiée pourront prétendre à la révélation avec quelque facilité : prêtres, mystagogues, philosophes, doétes, etc. C'est que, dans leur esprit détaché des contingences matérielles, veille l’Idée. Sorte de composé entre le paradigme platonicien, la théorie de la réminiscence et les idées innées stoiciennes, cette Idée associe étroitement le concept et sa figuration iconique parfaite. La seconde, fixée par une loi divine aux origines du monde, peut exprimer au mieux le premier (voir le Symb. 125 de Bocchi). Dans la préface de 1551 rédigée par Claude Parradin pour ouvrir ses Devises heroiques, ces élus ne sont autres que les aristocrates faisant peindre des armoiries afin d’exprimer leurs devises, c’est-à-dire leurs Idées de la Vertu”. Pour les néophytes, qui devront se laisser instruire, il faudra en revanche accepter la difficulté du labor qu’implique toute initiation, et les lenteurs d’une chasse pleine d’imprévus : autant d'images que Bocchi met en scène (par exemple dans les Symb. 1 et 85) pour présenter la quéte symbolique. Le tour est joué : le basculement imperceptible du hiéroglyphe au symbole grace a leur relation commune au sacré et a la quéte mystique permet d’expliquer le passage du hiéroglyphe comme révélation sacrée au hiéroglyphe comme écriture toute profane (même si son caractère inscriptionnel lui confère toujours une allure solennelle !). Alberti déjà voit en effet dans le langage hiéroglyphique la promesse d’une langue inscriptionnelle universelle*™ mais c'est Francesco Colonna et son Hypnerotomachia Poliphili (Venise, Alde, 1499) qui procurent un véritable mode d'emploi, avec de fameuses séquences ou suites hiéroglyphiques composées à partir de matériaux
Introduction
antiques essentiellement romains et décryptées par des inscriptions latines®*. Chez Colonna, les hiéroglyphes permettent une écriture symbolique « horizontale », discursive, au vocabulaire et a la syntaxe codifiés, qui se
voit fécondée et cautionnée non plus par les seuls signes horapolliniens mais bien par l’ensemble de la culture allégorique gréco-latine, ses textes et ses traces archéologiques : tout en prétendant le contraire, on est alors bien loin de la théophanie et des mystères platoniciens. Cette écriture par le symbole, qui évince l’Egypte réelle pour lui faire tenir le rôle de simple garantie culturelle, d’argument d’autorité ou d’horizon mythique, se dote d’une grammaire attentive à traduire iconiquement les relations sémantiques (inclusion d'objets les uns dans les autres, superposition, nœuds, liens, etc.), et d’un immense vocabulaire, que l’on constitue à partir des témoignages antiques, grecs comme romains. Après Francesco Colonna, l'ouvrage essentiel qui livre une
somme de signes « hiéroglyphiques » (c’est-à-dire en réalité « symboliques ») et de leur sens, empruntés à l'antiquité grecque et latine, n’est autre que Pierio Valeriano, auteur de Hieroglyphica, ouvrage paru en 1556 mais dont l'essentiel circule bien avant en Italie sous la forme de manuscrit”. Comme nous l’avons rappelé, Bocchi et Valeriano se sont rencontrés et Valeriano dédie à Bocchi le livre sur le cerf. On a déjà souligné que Bocchi rendait plusieurs hommages directs à Francesco Colonna dans les emblèmes : le bucrane à la palme et aux instruments aratoires du Symbolum symbolorum ; l'ensemble d’une suite dans le Symb. 147 ; l'autel oculé et enflammé dans le Symb. 149. On n’a pas noté en revanche une subtile réminiscence
dans le blason de Bocchi (le casque disant la protection), ni combien la gravure du Symb. 147, avec son ange qui déploie sous nos yeux la banderole où s'inscrit la suite colonnesque, condensait bien le Statut ambigu voire paradoxal du hiéroglyphe. Les hiéroglyphes tenus par l’ange nous rappellent que le message qu’il délivre (sacré, bien entendu) se communique à l'esprit sous forme d'impression d'images intelligibles directement dans le pneuma*®, sans l'intermédiaire organique d’une parole phonatoire. Or les hiéroglyphes empruntés à Colonna ont beau dire le sacré dans cette suite, appeler au retour à Dieu et à la conversion religieuse, ils n’en constituent pas moins une forme d'écriture syntaxique conventionnelle à partir d’un répertoire codifié qui exprime des mots-notions®”, assemblés avec nœuds et liens pour traduire les relations grammaticales entre les objets‘. En général, l'influence méthodologique de Colonna sur le recueil bocchien n’a pas été assez mise en valeur ni étudiée. Pourtant, c’est elle qui régit très souvent de manière signifiante la distribution spatiale des éléments symboliques dans les gravures. Ainsi, le doigt de Mercure sur la bouche et sa main qui exhibe le candélabre dans le Symb. 64 disent simultanément la succession de deux actions ayant trait au culte divin : faire taire les rites et les prières de façon à exalter la foi du cœur. La pyramide sur le cube dit la gloire qui naît de la vertu dans le Symb. 48. Les palmes qui sortent du bucrane dans le Symb. Symbolorum traduisent la viétoire qui jaillit du travail (uiétoria ex labore), tandis que les attributs apposés précisent, par leur place, deux qualités de cette victoire : la couronne, au sommet, dit l’honestum (honesta) ; les marteaux pendus aux cornes sur le côté disent l’utilitas
(utilis). Les bandelettes expriment la coordination et associent les deux qualificatifs : honesta et utilis®®, Le
% Voir E. Gombrich, Symbolic Images. Studies in the Art of Renaissance, Londres, 1972 ; Id., « Icones symbolicae, l'image visuelle dans la pensée néoplatonicienne », dans Symboles de la Renaissance, Paris, 1980’, p- 17-30; et l'étude toujours indispensable de K. Giehlow, « Die
Hieroglyphenkunde des Humanismus in der Allegorie der Renaissance », Jahrbuch des Kunsthistorischen Sammlungen des allerhéchsten
Kaiserhauses, Band XXXII, Heft 1, Vienne et Leipzig, 1915, p.1-232. L’ouvrage existe en traduction italienne: Hieroglyphica, la conoscenza
umanistica dei Bilderschriften E. Iversen, The Ancient Egypt
geroglifici nell’allegoria del Rinascimento : una ipotesi, M. Ghelardi/S. Müller (éd.), Turin, 2004. Voir également L. Volkmann, der Renaissance. Hieroglyphic und Emblematik in ihren Beziehungen und Fortwirkungen, Nieuwkoop, 1969 (Leipzig, 1923') ; Myth of Egypt and its Hieroglyphs in European Tradition, Copenhague, 1961 ; B. Curran, The Egyptian Renaissance. The Afterlife of in Early Modern Italy, Chicago, 2007. Sur les hiéroglyphes à Bologne, voir D. Drysdall, « The Hieroglyphs at Bologna »,
Voir l’article toujours séminal de G. Pozzi, « Les hiéroglyphes de l'Hypnerotomachia Poliphili », dans Y. Giraud (dir.), L'Emblème à la Renaissance, Paris, 1982, p. 15-27.
95 Sur ce phénomène, voir S. Rolet, « Genèse et composition des Hieroglyphica de Pierio Valeriano : essai de reconstitution », in P. Pellegrini (dir.), Umanisti bellunesi fra quattro e cinquecento. Atti del Convegno di studi di Belluno (Palazzo Crepadona, 5 novembre 1999 ), Florence, 2001,
Pp. 211-244. % Sur ces conceptions, voir notre analyse de l'emblème.
Emblematica, 2/2, 1987, p. 225-248. ® Sur cette conception chronologique, voir E. Gombrich, « Icones symbolicae, l’image visuelle dans la pensée néoplatonicienne », p. 17-20.
‘7 Dans « Les hiéroglyphes de l'Hypnerotomachia Poliphili >, G. Pozzi propose - en suivant les indications de Colonna -- la transcription suivante : bucrane = travail, œil = Dieu, vautour = nature, autel = sacrifice, bassin = libéralité, aiguière d’où s’écoule l’eau = peu à peu, fuseau = réduction, vase = l’âme, œil sur la sandale = soumission à Dieu, ancre et oie = ferme protection, lampe tenue par une main = ta vie, timon =
Idee representoit, quoi que ce fut par sa forme, nature, complexion, ou autrement. Telles figures ainsi inventees, ilz apellarent leurs Devises,
liberaliter, paulatim reduces animum deo subiectum. Firmam custodiam uitae tuae misericorditer gubernando tenebit, incolumem quae seraabit « De
“ « Le moyen d'y entendre fut, que chacun d'eux selon la particuliere affection qu'il avoit en son Idee, vint à figurer certaine chose, que icelle combien que le commun par ignorance, les appelle tousjours Armoiries, jusques au jourd'hui ». Pour Pierre Martin (« L’embléme scévien, moniment de vertu », conférence prononcée lors de la journée d'études du 30 septembre 2011 à l’Université de Toulouse II-Le Mirail, La vertu de la littérature au XVI siècle ou « Combien vaut le passe-temps » ?) cette conception se fonde sur « une conception élitiste de la société, les
disparités étant justifiées par des différences de degré dans la pureté de l'âme. Les nobles sont dotés de belles âmes, beaucoup moins engoncées dans la matière que celles des autres ». Je remercie l’auteur d’avoir attiré mon attention sur la préface de Paradin et de m'avoir communiqué le texte de son intervention. 3 ALBERTI, De re aedificatoria, 8, 6 (Florence, 1485).
146
action de gouverner, hameçons = action de retenir, dauphin = salut, coffre = conservation. L'ensemble signifie Ex labore deo naturae sacrifica
ton labeur, fais un sacrifice généreux au Dieu de Nature et tu ramèneras peu à peu ton âme dans la soumission à Dice. En te guidant avec
miséricorde, Il mettra ta vie sous bonne garde et la conservera saine et sauve ». Pierre Martin nous suggère que ie sine i du fuseau par ' « réduction », inspirée par la traduction de Jean Martin, et qu'il faudrait lui préférer le terme « retour », ajourd hui plus clair.
8 Par exemple l'inscription plastique de l'œil et du vautour sur l'autel pour traduire le destinataire du sacrifice, Deo naturae, l’ancre attachée
par un ruban à l’oie pour traduire |’épithéte « ferme » accolé au substantif « protection », ou la main serrant la lampe pour renvoyer ἃ un
possesseur et traduisant donc un adjectif possessif, ici « ta ». ° Voir notre analyse de cet emblème.
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TT Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
modèle colonnesque s'applique régulièrement (mais pas systématiquement !) chez Bocchi dans l'association entre la figure représentée sur la gravure et le motto qui surmonte cette derniére pour formuler, en une seule
La gravure emblématique reprend parfois dans son intégralité une composition exogène, sans qu'il soit toujours
présentation des objets symboliques en ligne est suivie par une phrase explicative latine. Certains cas semblent
possible de déterminer si c'est elle qui a suscité le poème, ou bien si elle est venue s'adjoindre à lui en rencontrant ses intentions. C’est le cas du Symb.78, qui reprend un dessin de Michel-Ange représentant sur le Ganymède enlevé par l'aigle. C’est également le cas du Symb. 79, qui réemploie la gravure de Béatrizet
compte du sens et du lien qui unissent les deux principales personnifications : femme nue = primas causas (on
aux deux groupes Ganymède nu/Ganymède vêtu). Les deux poèmes emblématiques n’accordent d’ailleurs pas
où la sentence, le sens allégorique de ses éléments. Cette disposition n’est guère éloignée des suites de Colonna révélateurs. Par exemple le motto de la gravure du Symb. 28 (Prima tenet primas rerum sapientia caussas) rend
ne peut rien enlever à ce qui est nu, ni aller au-delà) ; femme vêtue qui marche la tête dans les nuages = sapientia
(qui avance, parce qu'elle raisonne) ; chaîne = tenet, car la chaine du raisonnement lui permet de saisir son
objet. De même, dans le Symb. 122, dédié à Sebastiano Corrado, le motto qui surmonte la gravure lecture du blason du destinataire, inséré dans l’image: cœur enflammé (sur le blason) = in heaume = uis ; pélican (cimier) = prudentia (mais aussi sacrifice de soi, par sacrifice du cœur que pélican sur le casque = génitif (uis prudentiae). L’embléme fait feu de tout bois et s'empare du riche matériau symbolique que véhiculent les emblématiques (médailles, blasons, devises, hiéroglyphes) pour le retravailler et le transposer.
propose une corde puro ; l’on perce);
formes para-
d. La citation plastique ou l’art de l’intertexte””
Dans notre partie sur la genèse de l’œuvre, nous avons mesuré, à la suite de la précieuse enquête d’Adalgisa Lugli, l’ampleur des emprunts plastiques faits par les gravures a des ceuvres célébres de la Renaissance, en particulier picturales et sculpturales. Justifié par le jeu et le plaisir de la reconnaissance, cet usage de la citation, partielle ou exhaustive, nous révèle une double volonté. Tout d’abord, il s’agit d'inscrire par l’imitatio l'image dans une continuité visuelle, un corpus constitué qu'elle contribue à diffuser et à transmettre, bref, de constituer
une « pinacothèque portative », pour reprendre un terme que nous ἃ suggéré Paulette Choné, ou un musée personnalisé. Mais il faut également marquer la distance et créer la surprise par la uariatio, qui, par principe, peut altérer le dessein/dessin initial qui ne sera alors ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. De nombreuses études sur les arts visuels ont souligné le rôle majeur joué par la « copie »”°! pour servir d’éxutoire à cette tension propre de la Renaissance entre la référence permanente au passé et l’obsession de la nouveauté. Après les critiques contre la notion moderne de « gravure de reproduction > mise au point par Franz Wickhoff™, le concept de «gravure d’interprétation > ou «gravure de traduction » semble désormais plus souple et conforme aux pratiques et aux idéaux d’un xVI° siècle préoccupé par le dialogue et la rivalité entre les arts”. Les critiques d’art de la fin du xvur‘ siècle, comme Diderot ou Cochin, avaient déjà mesuré combien la transposition d'œuvres sous forme de gravures relevait beaucoup moins de la simple et sèche copie que d’une recherche souvent géniale d’équivalences adéquates"*. Véronique Meyer, constatant que « la technique du graveur ne varie pas selon qu'il traduit ou qu’il invente », suggère d’abolir la distinction entre estampe originale et estampe
de reproduction pour ne considérer que «la gravure une et indivisible >”. On peut distinguer quelques
pratiques significatives de ces modalités de transposition dans le recueil de Bocchi.
τῷ Sur la pertinesee théorique du concept d’intertextualité appliqué aux arts visuels, voir W. Steiner, « Intertextuality in Painting », American Jeong! of Semiotics, 3, 1985, p- 57-67 ; N. Bryson, « Intertextuality and Visual Poetics », Critical Texts, 4, 1987, p. 1-6.
i Pour une analyse de ce terme dans l’estampe, voir M. Préaud, « Essai de définition de la copie en matière d’estampe >; Nouvelles de l'estampe, 179-180, déc 2001-fév. 2002, p. 7-12.
ἊΣ Voir F. Wickhind, « Beitrage zur Geschichte des reproduzierenden Kiinste: Marcantons Eintritt in den Kreis Rômischer Kunstler », Jahrbuch der Kundiiioriechen Sammlungen in Wien, 20, 1899, p. 181-194, qui applique le terme en particulier ἃ Raimondi. Le Bolonais aurait en quelque sorte donné des images photographiques de la peinture de Raphaél. Ce point de vue est réfuté par M. Faietti, K. Oberhuber, Bologna e l'umanesimo 1490-1510, catalogue d'exposition, Bologne, 1988, p. 51. 703 : è Voir= par exemple D. Landon, P. Parshall, The Renaissance Print : 1470-1550, New Haven/Londres, 1994, p. 103-142 ; L. Pon, Raphaël, Dürer,
and Marcantonio Raimondi. Copying and the Italian Renaissance Print, New Haven/Londres, 2004. Ea τος ᾿ ee Voir V. Meyer, « Gravure d'interprétation ou de reproduction? Invention, traduction et copie: réalités historiques et techniques », Travaux de l'Institut d'histoire de l'art de Lyon, 12, 1989, p. ἊΣ Ibid., p.44-45.
41-46.
l'opposition même sujet”, inspirée elle-même par Michel-Ange, mais avec de subtiles variations (en particulier picturaux la méme
, interprétation, tirant la proposition de Michel-Ange dans un sens nettement contemplatif
de références mais lisant la gravure de Béatrizet comme le signe de la réconciliation du corps et de l’âme. Le jeu réemployée par croisées ne manque pas de sel, puisque la composition toute michelangelesque de Béatrizet sur le même sujet. De Bonasone est en outre présentée par le motto comme la sculpture antique de Léocharès
dans la gravure du même, le Diogène d’Ugo da Carpi d'après Parmigianino est repris avec beaucoup de précision », titre d’un plainte Symb. 100, car le motif principal de l'emblème est celui de la Vita sine querela, « la vie sans ques de la source ouvrage de Diogène. Bonasone (ou Fontana) demeure fidèle à certains détails iconographi la littéralité de appuyer pour originale, qui ne seront pas repris par l’exégése symbolique, mais qui subsistent la citation : Hoc est homo l'emprunt plastique, par exemple le coq déplumé en arrière-plan de l'image avec De manière plus neutre, une Platonis, « Voici l’homme de Platon », propos attribué au philosophe cynique”. 97, car elle illustre le même scène du complexe Quos ego de Raimondi est reprise telle quelle pour le Symb. permet en effet de visualiser Enée et passage virgilien que celui que le texte décrypte. La citation raimondienne le motto de la gravure et le poéme d’Achate devant les peintures du temple de Junon a Carthage. Mais seul d’achos, « la souffrance » en grec, accompagne livrent le sens allégorique de la scéne : Achate, dont le nom vient
dire les soucis permanents. Enée ou tout autre souverain qui se soucie de son peuple, pour en
on de variantes significatives. Cependant la reprise d’une configuration générale n’empéche pas l'introduéti a été adaptée pour devenir une Foi. Dans la gravure du Symb. 130, la Poesia de Raphaël, gravée par Raimondi, les deux stéles d’arriére-plan tenues par les Certains éléments ont été astucieusement réemployés, par exemple virgilien Numine afflatur (« inspirée par la angelots et qui flanquent la personnification principale. Au lieu du Paul, répartie sur les deux stéles : littera divinité ») sur la stèle de droite, on lit désormais une citation de saint qui dit la lettre à gauche de l'allégorie, et le latin occidit, spiritus uiuificat, avec un jeu supplémentaire sur l’hébreu a simplement changé de religion, passant du qui dit l'esprit à droite”. L'esprit divin qui inspire l’allégorie qui descend sur sa tête. Toutefois, malgré ce paganisme au christianisme, comme le montre le faisceau lumineux ation n'est pas totalement abolie, et ce, nouveau réseau d'indices, la signification première de la personnific Poesia païenne, montrant par là-mème qu'elle est volontairement. Car la Foi a conservé le livre et la lyre de la Mais, alors et religieux, qui contribue à diffuser son avènement. indissociable d’un ministère du Verbe, poétique la divinité
dans un tête-à-tête jaloux et exclusif avec que l’allégorie raphaëlesque levait ses regards vers le ciel, leceur/spectateur droit dans les yeux: ce dernier est inspiratrice, la Fides de Bonasone regarde désormais le chant poétique pour le convaincre de se rallier 4 la bien le destinataire privilégié auquel s’adresse le nouveau du poète, l'exercice de la charité. doctrine évangélique, car la foi implique aussi, de la part de reprendre un élément important, mais réinséré Enfin, la citation peut ne pas étre exhaustive et se contenter anadyomène du Symb. 28, nue sur son coquillage, rend dans un contexte entièrement différent. Ainsi, la Vénus les Naissance de Vénus. La disposition de la gravure et un hommage partiel au tableau de Botticelli sur la à voir avec Botticelli. Vénus, explique le poème bocchien, protagonistes de la scène n'ont en revanche plus rien au chôra platonicienne, cette matière sans forme qui sert est la forme visualisable de la difficilement concevable est à partir des quatre éléments. L’emprunt à fabriquer, puis à dissoudre les êtres de l'univers mère de l'univers, recèle en elle-même une inépuisable doublement pertinent. En effet, la matière platonicienne, lucrétienne, mère pas absurde de lui conférer les traits de la Vénus et infinie puissance de fécondité et il n’était
démiurge
μήδεσι) Xénophon (Οὐκ ἡδυσώματος ὀνομασθεὶς ἀλλ᾽ ἡδυγνώμων et Γάνυσθαι 7% Auxquels ont été rattachées les deux sentences grecques de
expliquant l’étymologie du nom Ganymède. 77 Voir notre analyse de l'emblème.
de l'emblème et nos analyses. 708 Pour les sources voir notre édition critique
149 148
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
des hommes et des dieux. Mais la Vénus anadyoméne, c’est-à-dire Vénus qui naît et émerge de la semence de Cronos castré répandue dans la mer, avait été interprétée selon une perspective néo-platonicienne par Pic de la Mirandole, dans son Commento sopra una Canzona d'amore composta da Girolamo Benivieni : Vénus dit la beauté du principe général selon lequel la matière informe, représentée par la mer, est fécondée et organisée par l'introduction des formes idéales (la semence d’Ouranos), à qui elle confère en retour la variété. Le Multiple, unifié par l’Un, lui permet en retour d’échapper à la monotonie du même, et de rencontrer le scintillement de la diversité”. LE
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La situation inverse existe aussi: une composition exogène peut être citée tout entière, mais la gravure lui
propose un contexte nouveau et plus vaste qui, une fois encore, en fait dévier le sens. Pour prendre un exemple, la femme qui s’arrache les cheveux du Symb. 17, reprise d’une gravure de Marcantonio Raimondi, où elle est seule et figure la douleur du deuil à l’antique, devient l’interlocutrice excessivement éplorée qui se lamente de la cécité d’Antipater et qu'il traite en retour de stulta, de « sotte ». e. Effets de contamination : l’allégorie polyvalente
Si l'identification des figures représentées sur un tableau ou une image constitue l’un des objectifs important de l’iconographie, force est de constater que la tâche devient singulièrement compliquée à la Renaissance puisque, comme le rappelle Daniel Arasse, peu de peintres de cette époque féconde se sont montrés « “ bien élevés ”, ne se permettant aucun écart par rapport au code livresque de l’érudit »’!°. Au contraire, ils n’ont pas hésité à associer et à fusionner des motifs normalement distinéts mais que leur configuration pouvait inviter à rapprocher, laissant en quelque sorte la forme prendre les rennes du sens. L’effet (volontaire ou non) de cette combinatoire aléatoire et personnelle est précisément de brouiller les pistes de l'identification traditionnelle pour faire surgir des créations composites riches de sens nouveaux car imprévus. Daniel Arasse invitait d’ailleurs à « enregistrer cette potentialité associative du figural > pour « tenter de déchiffrer les associations d'idées, d'idées et d'images, que la figuration peut introduire dans le “ message ” de la représentation ». Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises quelques exemples fameux de ce procédé de contamination. Ainsi, la Foi du Symb. 130 a les traits de la Poésie de Raphaël car l'emprunt plastique draine avec lui une partie du sens initial : la Foi, que Dieu inspire comme Apollon inspirait les aèdes, a besoin du livre et de la lyre de la Poésie pour se diffuser. De même, le démon de Socrate du Symb. 3 a les traits androgynes d’un ange-gardien, mais aussi l'apparence du kairos qui apporte à l’artiste-philosophe l’occasion inattendue d'élaborer sa création et de faire montre de son talent. À cause du scénario plastique dans lequel le Socrate est pris (l’esquisse d’un auto-portrait, qui traduit le gnôthi sauton), le bon démon porte de surcroît en lui un réseau de significations multiples : il est la pattie noétique de l’àme décrite par Platon, qui fait ressembler l’homme au divin et lui évite de mal agir ; face a l’équerre et au compas que tient Socrate, symboles de l’ars, il se fait aussi le messager des forces obscures de la natura et de l’ingenium, ou encore le délégué d’un dieu qui fait advenir dans l’artiste la transe de l’inspiration surnaturelle. Paganisme et christianisme se complètent pour conférer à cette figure démonique (et à l’intériorité
Ὡς einer Mes
na
A
sean
olan virtuose qui associe art, verte et talent.
.
uctueux de ces ambivalences plastiques plus ou moins consciemmment assumées. Ainsi, la Vénus anadyoméne de Botticelli prête son apparence générale à l’hylè platonicienne du Timée évoquée dans le Symb. 28, la matière-réceptacle qui reçoit et génère toutes les formes, véritable mère lucrétienne du monde. Or, la Fortune du Symb. 66, qui transforme Alexandre soumis à ses passions en monstre à tête de chimère, évoque à son tour Vénus, à laquelle elle emprunte sa nudité voluptueuse, ses longs cheveux, et surtout la fameuse coquille”!!, devenue soudain instable véhicule ballotté par les flots. Il s’agit bien sûr de figurer par ces fréles indices les séductions vénusiennes dont se sert la Fortune pour appâter et
corrompre sa victime. Mais la circulation explicite du motif de la coquille d’une gravure à l’autre permet
d'assurer indirectement l'association entre la Fortune et la Matière, à partir de la référence commune à Vénus.
La mer trouble sur laquelle évolue la Fortune-Matière n’a plus rien à voir avec les eaux calmes de Chypre qui accueille Vénus à sa naissance : elle traduit l'instabilité et les menaces d’engloutissement dont la redoutable et composite déesse menace l’âme soumise aux passions. Plus complexe encore est la figure de Pallas-Athéna dans vers du poème. Claudie Balavoine a judicieusement mis en parallèle ce geste avec celui qu accomplit Mercure dans la statuette gracieuse de Giambologna, montrant que la présence d’Athéna suggère en filigrane celle du dieu masculin, plein de ressources, et par conséquent leur redoutable alliance au sein de |’ Hermathena’*. Nous avons proposé”! de relier le doigt pointé d’Athéna, qui n’est autre que celui de l'espérance, à deux autres gestes essentiels présents dans l’image : les mains jointes de la Fortune et le bras de Pallas qui la tire de l'eau. Cet ensemble ternaire de gestes complémentaires fait en effet discrètement allusion aux trois vertus théologales (les mains jointes pour la foi, le doigt levé pour l'espérance, le bras qui sauve autrui pour la charité), suggérées
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réalité une mise en scéne du salut religieux. Si la gravure montre bien Pallas-Athéna, celle qui sauve ceux qui s’aident eux-mêmes comme le dit le proverbe (cum Minerua manum moue), le texte évoque curieusement la fille de Latone, c’est-à-dire Diane (Latoidos). Lapsus calami, comme le soutient Claudie Balavoine ? Peut-être pas. Diane, protectrice des rivages et de la navigation côtière, a toutes les qualifications pour assurer le sauvetage d’une Fortune qui nage vers la rive. Mais elle peut aussi accomplir son salut si on veut bien se souvenir que Diane se confond avec Pallas lorsqu’elle renvoie à la Lune-Hécate (placée sous le signe trois), qui est aussi une figure de l’Église et même de la Théologie. Or la Théologie gouverne précisément les trois vertus théologales. Derrière Athéna, flottent l'ombre de Mercure et celle de Diane.
les Cette ambiguïté des dieux dans le recueil, qui peuvent arborer de surprenants attributs ou se faire les protagonistes de scénarios rares ou improbables, est corrélative de la passion que, plus généralement, fragments les humanistes de la Renaissance vouent à la mythographie et aux recueils qui tentent d’en recueillir Les ouvrages de éparpillés dans les témoignages antiques et médiévaux de la manière la plus exhaustive possible. et une richesse Boccace, Giraldi, Conti ou Cartari’!* permettent de redonner aux dieux antiques une vitalité figures les plus sémantique propices à la création emblématique, friande d’énigmes ou de mirabilia. L'une des peut-être parce fascinantes, les plus riches et les plus diverses de notre recueil est sans doute Hermés/Mercure,
Hermès, rapide et rusé, qu’il constitue l’un des dieux préférés de Bocchi qui en fait souvent son porte-parole’. l’épisode homérique de e& présent sans surprise avec Athéna dans la gravure du Symb. 129 qui met en scène il scelle l'union d’un l'offrande du moly à Ulysse. Dans la gravure du Symb. 102, toujours accompagné d’Athéna, retrouve l’antique unité du logos couple rêvé par Cicéron pour servir de métaphore à un idéal philosophique qui Mercure grec, rompu par Socrate, éloquence et sagesse. Avec la maîtresse des citadelles, Athéna, Hermès/ d’une forme la la pierre sous matérialise dans l'emblème un ambitieux programme académique, réalisé dans des frontières et des limites, Statue d’angle au Palazzo Bocchi de Bologne. Le dieu psychopompe, patron et le coeur gràce à Eros, présent anticipe εἰ dessine les contours d’un enseignement parfait qui réunit la bouche divin. Car les noces d’Hermés et dans la devise où il dompte une tête de lion et semble être le fils du couple
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72 C, Balavoine« Duplicités emblématiques : sur un Symbolon d’ Achille Bocchi (1555) » La Licorne, 23, 1992 (Lisible/visible : problématiques,
Actes du Colloque de Poitiers de 1991 ), p 145-159.
Sx ! , ; d'Achille Bocchi », Littératures Classiques, 60, 73 Voir A. Rolet, « Des délais de l'intervention divine : grâce et salut dans deux emblèmes
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; E ' { } automne 2006 (J. Pigeaud [dir.], Les Grâces), p. 75-94, et notre analyse de l'emblème. de 78 Voir G. BOCCACE, Genealogiae deorum gentilium, Venise, 1472 ; L.-G. GYRALDI, De deis gentium uaria et multiplex historia in qua simul
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siue explicationum fabularum libri decem, Venise, 1551 ; V. CARTARI, eorum imaginibus et cognominibus agitur, Bàle, 1548 ; N. CONTI, Mythologiae
C. Jouanno (dir.), Figures d'Alexandre à la Renaissance, Turnhout ; 2012, P. 227-262.
ae Quaestiones d’Achille Bocchi », in R. Duits, F. Quiviger (dir.), 75 Voir A. Rolet, « Les métamorphoses d'Hermès / Mercure dans les Symbolic Seznec, Warburg Institute Colloquia 14, Londres, 2009, p. 199-250. Images of the Pagan Gods. Papers of a Conference in Memory of Jean
150
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également dans le texte (fidem, v. 3 ; subleuat afflictam, v. 5 ; sperandum, ν. 6). Le sauvetage en mer cache en
7® Voir notre analyse de cet emblème.
71° Voir D. Arasse, Le sujet dans le tableau : essais d’iconographie analytique, Paris, 2010, p. 11-12. 711 ’ Voira A. Rolet, SE Forge d'Alexandre sur la coquille de Vénus : un exemple de contamination dans l’image emblématique » dans
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l'emblème 51, où elle sauve de la noyade la Fortune en la tirant hors des flots d’un bras vigoureux. La déesse, levant l’autre bras, pointe les cieux de l'index pour inviter la rescapée à garder espoir, comme le signale le dernier
Immagini de dei degli antichi, Venise, 15 56.
151
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
d’Athéna sont des noces pacifiques qui font taire les mauvaises passions de l’àme, en particulier la colère, si
nuisible aux débats théologiques. De manière plus surprenante, le dieu de l’éloquence est paradoxalement présenté par deux fois comme le dieu du silence, le doigt sur la bouche,
dans les gravures des Symb. 64 et des Symb. 143, ou comme
une divinité
géorgique dans son petit arpent, avec sa charrue non loin de lui, dans la gravure du Symb. 85. C’est que, fidèle à la tradition mythographique et philosophique antique, l’auteur des emblèmes laisse le dieu osciller entre plusieurs fonctions essentielles et complémentaires. Le dieu agreste, gardien des bornes, qui veille sur les payages bucoliques, use de sa merveilleuse volubilité pour endosser le rôle d’intercesseur entre le poète et ses mécénes dans le Symb. 85 : grace à sa parole, les pluies tant attendues de l’évergétisme feront bientôt lever les récoltes poétiques (et les murs de l’Academia Bocchiana). Le dieu se trouve aussi engagé dans un programme de réforme évangélique d’inspiration érasmienne dont il est le messager, conformément à son rôle principal d’intercesseur entre dieux et hommes’. Empruntant le signe d’Harpocrate, il montre les avantages à faire taire le tapage de la bouche bavarde pour laisser monter la parole intérieure. La bouche est en effet le symbole commode de toutes les cérémonies matérielles qui n’ont rien à voir avec la vraie religion du Christ, religion qui relie les fidèles à la divinité par le lien de la foi et de la grâce, et non par les contraintes ritualistes qui sont sans efficacité pour le cœur. Exhibant sur le chandelier de Moïse les sept dons de l'esprit dans la gravure du Symb. 64, Hermés/Mercure fait passer de l’ancienne Loi à la nouvelle, de la lettre à l'esprit, de Moise au Christ. Les règles de la typologie à l’œuvre dans le symbole font le partage entre élus et réprouvés : les pharisiens verront dans le candélabre juif l’objet-phare du temple de Jérusalem, les élus la figure de l’arche intérieure que la Nouvelle Alliance veut voir édifiée dans le cœur. Les pieds dans le feu, le doigt sur la bouche et la palme du martyr dans la main, Hermès/Mercure accueille dans la gravure du Symb. 143 cette nouvelle alliance sous la forme d’une
colombe, symbole du baptême de l'Esprit. Le feu qui lui consume les pieds est le feu de l'amour divin, mais renvoie aussi aux flammes bien réelles dans lesquelles on brüle les hérétiques. Hermès/Mercure se fait là encore messager sans qu'il ait besoin de parler : refusant d’abjurer, il témoigne par son supplice (« martyre » veut dire « témoignage » en grec) de la foi victorieuse.
f. Stratégies rhétoriques et métatextuelles
Au-delà des sources plastiques ou littéraires, les gravures font preuve d’une réelle préoccupation pour les dispositifs rhétoriques et métatextuels de l’image. Qu’entendons-nous par là ? Tous les signes par lesquels une image manifeste la conscience d’être une situation de communication et modèle son expression créatrice sur les contraintes supposées et librement assumées d’un horizon de réception’'’. La question est d’autant plus importante que Bocchi, acquis aux idéaux d’un évangélisme irénique’'*, conçoit une partie importante de l’ouvrage comme un manifeste qui expose les grandes thématiques de cette doctrine religieuse, mais vise parallèlement à rallier ses destinataires à ce programme , dans Le Palais Farnèse t. I-2, Rome 1981, p.457-473.
8 Avec le motto: spiritus durissima coquit, « l'esprit digère les matières les plus dures ». Sur les sources « hiéroglyphiques > de cette devise,
p. 97-98. rapportée par Paolo Giovio (qui parle d'un clou de fer), voir M. L. Doglio (éd.) : Dialogo delle imprese militari e amorose, Rome, 1978, t. 1-2, Farnese Palais Le dans » Farnése L’emblématique « Pastoureau, M. Voir Caprarola. à et La devise apparaît aussi au Castel San’Angelo tombeau le sur ou Vatican au Constantin de Salle la dans retrouve se l’autruche a Justice La 450. particulier en 431-455, p. Rome 1981,
d’Adrien VI réalisé par Baldassare Peruzzi à Santa Maria dell Anima. #5 Mais aussi avec les douze tables de Romulus, le sceptre à l’hippopotame et les faisceaux. Sur le sens de ces symboles, essentiellement μην empruntés à Horapollon et Valeriano, voir L. Corti, M. Daly Davis, C. Davis,J. Kliemann (dir.), Giorgio Vasari. Principi,
spain
nelle
Vasari, la carte di Giorgio Vasari, Florence, 1981, p. 89-91 et A. Fenech-Kroke, « La Justice Farnése, entre plaidoyer et impresa » ; Ead., Giorgio
fabrique de l’allégorie, p. 172-184. 506 Avec l’inscription SVPRA GARAMANTAS ET INDOS PROTVLIT IMPERIVM, allusion a ns
eo ἐμ l’empire grec pa Alexandre fe
prophétie de Jupiter a Grand, mais surtout de l'empire romain par Auguste, mis en parallèle par Virgile avec l’arrivée de l’Age d’or, dens la avec la création du duché de qui, III Paul pour modéles des sont antiques souverains deux Les 794-795). 1, (Aen., l’Enéide de début au Vénus Papal Iconography » in Parme et de Plaisance, vise à l'accroissement de ses possessions. VoirJ. Kliemann, « Imperial Themes in Early Modern y 16. ' particulier en Ed 1 p. 2001, Rome, Prince, the of Representations R. Eriksen, M. Malmanger (dir.), Basilike Eikon. Renaissance Némésis des celui et l’Isis-Fortune de type le fois la à mélent se où 121, et 63 Symb. complexes très les #7 Voir encore Symb. 23 ; 111 ; 123. Pour de Smyrne, voir nos analyses de ces emblémes.
'
i
cp
s et BUDE, De Philologia, p. 87 Lebel, ainsi que nos $08 Voir Scriptores Historiae Augustae, 3 (Antonius Pius), 12, 5 ; 10 (Septimus Seuerus), 23,
analyses de cet embléme.
169
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (155 5) - tome 1
Introduction
Farnèse, qui est suggérée dans l'emblème. La relation posée entre Janus et les Farnése n’est pas nouvelle. En
d. Janus et Minerve : la célébration de la paix
Avec la lustitia qu'elle permet, l’une des valeurs essentielles de l’Age d’or est la Pax, dont le Symb. 125 célèbre la
venue, ainsi qu’un cortège de vertus complémentaires, à côté d’Astrée. Nous reviendrons sur cet idéal de l’irénisme comme expression de |’évangélisme dans notre dernière partie. Pour l'instant, nous nous contente-
rons de remarquer que cette Pax se trouve déclinée à travers une série d’évocations poétiques et iconographiques qui se rattachent au cadre plus vaste de la propagande idéologique en faveur des Farnèse mise en œuvre dans les arts plastiques*”. L'union de la Pax et de la Iustitia sous l'égide du pape Paul III apparaît à diverses reprises sous les traits de deux allégories qui s’étreignent et s’embrassent. Vasari les avait initialement prévues dans une ébauche pour la Justice Farnèse, avant d’y renoncer*'’. En revanche, elles sont visibles dans cette atti-
tude dans les Heures Farnèse, réalisées par Giulio Clovio pour le cardinal Alexandre Farnèse entre 1538 et 1546°", et on les aperçoit également côte à côte au plafond du Corridoio Pompeiano, qui mène à la Sala Paolina
réalisé par Perin del Vaga et ses collaborateurs®!* dans les appartements de Paul ΠῚ au Château Saint-Ange. En relation avec la Pax, la présence de Janus est essentielle dans ce paysage originel lié aux premiers temps de
Rome. Annonçant la fin des guerres au Latium, Jupiter, au chant 1 de l’Enéide de Virgile, annonce à Vénus le retour de la paix et de l’Âge d’or sous le règne de Romulus et Rémus, nouveaux législateurs. Le roi des dieux prend un symbole visuel pour marquer ce nouvel âge : la fermeture des portes de la guerre”? . Or ces portes
mythiques, associées à celles, bien réelles, du temple de Janus Quirinus à Rome, marquaient la fin des guerres dans l’empire et l'avènement de la Pax. Elles ne furent fermées que quelques fois dans toute l’histoire romaine, comme le rappelle Plutarque, en particulier trois fois sous Auguste*"*. Bocchi y fait allusion dans le Symb. 151, consacré à l’exégèse de la double tête du dieu Janus, qui porte les clés de l’univers, ouvrant et fermant le jour. Bocchi évoque dans le poème la Pax Ocfaui (v. 22) et la fermeture des limina ferrea (v. 19-20), expressions qui renvoient aux portes du temple du dieu, à l’Âge d’or revenu sous Auguste et sous Octave Farnese. Mais Janus,
outre avec la paix, était aussi en relation étroite avec Saturne et avec l’Âge dor. C’est en effet Janus qui accueille Saturne chassé par Jupiter, sur le site de Rome même" . Les deux dieux se partagent le pouvoir sur les hommes,
Saturne enseignant les gestes fondamentaux de l’agriculture, Janus, ceux de la religion 816 Or, à travers le
dédicataire du Symbolum Francesco Baiardi, c’est l’histoire politique du duché de Parme, lié directement aux
$09 Voir les études de synthèse de L. Canova, « La celebrazione nelle arti del ponteficato di Paolo ΠῚ Farnese come nuova eta dell’oro », Storia dell’Arte, 93-94, 1998, Ρ. 217-234; J.Kliemann, « Imperial Themes in Early Modern Papal Iconography », p. 11-29 et E. Myara Kelif,
L'imaginaire de l’Age d'Or, p. 351-362. #10 Voir L. Canova, « La celebrazione nelle arti del ponteficato di Paolo III Farnese », p. 222, qui renvoie à G. Vasari, Le opere di Giorgio Vasari con nuove annotazioni e commenti di Gaetano Milanesi, Florence, 1981 (1906! ), t. VILL, p. 289.
84 Voir W. Smith (éd.), The Farnese Hours. The Pierpont Morgan Library, New York, New York, 1976, f° 17v°-18v° (traduction française, Les
1539, l'accueil de Saturne par Janus avait été illustré par le char du rione du Champs de Mars, pendant la
procession du carnaval, et une chronique contemporaine assimilait Janus, habitant sur le Janicule (comprenant
le Vaticanus Mons, lieu du Saint-Siège), à saint Pierre, lui aussi détenteur de clés, et donc au souverain pontife
lui-même”. En 1549/1550, Francesco Salviati peint une scène sur le même sujet, dans la chapelle privée du petit-fils de Paul II, le cardinal Alexandre Farnèse, située au Palais de la Chancellerie à Rome
(Capella del
Pallio)*'*. Enfin, toujours au Palais de la Chancellerie, dans la Salle des Cent Jours, Vasari peint (entre autres), en 1546, la Paix Universelle‘®. Le Pape Paul III a en effet contraint Charles Quint et François I à signer l’éphémére Paix de Nice en 1538. Sur le panneau central, flanqué par deux niches architecturées représentant des allégories de Concordia et de Charitas, le pape apparaît en surplomb, bénissant le couple des deux souverains d’une main, tenant un rameau dolivier de l’autre. Comparé sur le mur opposé à Jules César et Romulus, le pape. est ici mis en parallèle avec Auguste, grâce à la présence, au plan supérieur de la composition, d’un buste de l'empereur romain comportant l'inscription IANVM CLAVSIT, placé à droite du blason central représentant les armes Farnèse, et avec Vesbasien, grâce à l'inscription TEMPLVM PACIS CONDIDIT, placée sur la gauche : la paix est dite ici à travers la rhétorique monumentale. Sur le panneau central, le temple de Janus est fermé, en arrière-plan de la scène avec le pape, tandis que le Furor, enchaîné sur un monticule d’armes, apparaît au premier plan. Tout le programme est ingpiré par les vers du premier livre de l’Enéide de Virgile que nous avons cités, et Vasari s’en explique dans son autobiographie®°°, Mais, comme pour la Justice, le parallèle entre le recueil d’emblémes et la production artistique de Vasari peut difficilement être poussé plus loin que le simple constat d’un usage commun de motifs topiques, que chacun réalise et organise de manière très différente. Le rôle de pacificateur de Paul III, en relation avec le retour d’Astrée et la fermeture du temple de Janus, avait
déjà été célébré en 1538, lorsqu’à son retour de France le pape est accueilli solennellement à Rome. Une partie de l'entrée triomphale est décrite par une chronique de l’époque, qui s’attache en particulier à une série de blasons aux armes papales, portant des inscriptions latines. Celles-ci célèbrent, comme on peut s’y attendre, les motifs de la fermeture des portes du temple de Janus, le retour des tempora prisca sur le mode de la quatrième bucolique de Virgile, et des valeurs morales qui leur sont attachées, Iustitia, Probitas, Pietas, Pudor ou encore
Abundantia™, mais également un motif important, le rameau d’olivier, associé au laurier, symbole de la paix et du triomphe, qui valent à Paul III le titre de pacificator : Hinc olea, hinc laurus merito tua lilia cingunt/ Pacificator ades mox quoque uidtor eris**. Or la célébration de l’olivier pacifique fait précisément l'objet du Symb. 65, qui raconte la querelle entre Minerve et Neptune pour la possession de l’Attique, narrée par Ovide (Met., 70-101) et développée par Servius (Buc., 1, 12) : au cheval belliqueux de Neptune, les dieux préférent l’olivier de Pallas, porteur de fruits et de paix, car, comme le chante la fin du poéme : Ast omnis uana est gloria fruge carens, « Toute gloire sans fruit n’a aucune valeur >. Astrée elle-même est une figure hellénisée des grandes déesses orientales
Heures Farnése. The Pierpont Morgan Library, Montrouge, 1976).
#2 Janus et Cérès apparaissent sur les parois latérales. Sur le décor du Corridoio Pompeiano, voir F. M. Aliberti Gaudioso, E. Gaudioso, Gli affreschi di Paolo ΠῚ a Castel Sant’Angelo Sant'Angelo,
1981-1982,
t. II, p. 72-73.
Sur
1543-1548, Progetto ed Esecuzione, l'association
de
ces
deux
figures
catalogo della mostra, Rome, dans
les programmes
Museo
Nazionale
iconographiques
des
di Castel
Farnèse,
voir
p. 74. “7 Voir V. Forcella, Tornei e giostre, ingressi trionfali e feste carnavalesche in Roma sotto Paolo III, Bologne, 1885,
R. Harprath, Papst Paul III. als Alexander der Grosse. Das Freskenprogramm der Sala Paolina in der Engelsburg, Berlin, 1978, p. 25-26 ; Id., « Zur Inhaltsdeutung des Alexander-Programms der Sala Paolina in Engelsburg », Rômische Quartalschrift für Altertumskunde und Kirchengeschichte,
», JWCI, 50, 1987, p. 82-112. 518 Voir P. Rubin, « The Private Chapel of Cardinal Alessandro Farnese in the Cancelleria, Rome
75, 1-2, 1980, p. 76-99 ; Id.,
», V. Reinhardt, « Der rastlos bewährte Pontifex. Eine ikonologische Deutung des Fresken Vasaris im ‘Saal der Hundert Tage’ des Cancelleria
« La formazione umanistica di papa Paolo III e le sue conseguenze nell’arte romana della meta del Cinquecento »
in M. Fagiolo (dir.), Roma e l’antico nelle cultura del Cinquecento, Rome, 1985, p. 63-85 ; R. Guerrini, « Storia antica e iconografia umanistica (D. Ζαρα, Episodi della Vita di Alessandro Magno, Sala Paolina, Castel Sant’ Angelo) >, Atheneum, n. s., 63, 1985, p. 37-43. “13 VERG., Aen., 1, 292-295 : Ashera tum positis mitescent saecula bellis ;/ Cana Fides et Vesta, Remo cum fratre Quirinus/ Iura dabunt ; dirae ferro et
compagibus artis/ Claudentur belli portae : Furor impius intus...
54 PLVT., Num., 20. Voir aussi SVET., Aug, 21. Auguste le rappelle dans ses Res gestae. VoirJ. Le Gall et M. Le Glay, Le Haut-Empire de la bataille d'Actium à la mort de Sévère-Alexandre, Paris, 1987, p. 26-28.
515 Pour Virgile (Aen., 358), la royauté commune de Janus et de Saturne se lit dans leur occupation de deux territoires, nommés respectivement Taniculum et Saturnia. Pour P. Grimal, Ianiculum, dans ce passage, ne désigne pas la colline vaticane du Janicule, et il faut voir dans les deux termes la désignation des deux éminences du Capitole. Il en va tout autrement à la Renaissance. Voir P. Grimal, « La colline de Janus. Commentaire à Virgile, Énéide, 8, 358 », Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 87/4, 1943, Ρ. 460-462). 16 MACR, Sat. 1, 6 et 9. Sur l’étiologie de l’as libral romain qui présente à l’avers une tête de Janus et au revers la barque où arrive Saturne, ibid. 1, 7.Voir aussi OV., Fast., 1, 229-230. VALERIANO (XXXII, Bicipitum, p. 228b) précise cette tradition et évoque les Saturni beneficia.
170
dispositifs d'encadrement, 519 Sur ce programme, voir A.Fenech-Kroke, « Les fresques de Giorgio Vasari de la Salle des Cent Jours : p. 344-353; personnifications et théâtralité >, Artibus et Historiae, 64, 2011, Pp. 105-127; Ead., Giorgio Vasari, la fabrique de l’allégorie,
Sala dei Cento Quellen und Forschung aus italienischen Archiven und Bibliotek, 76, 1996, p. 274-307 ; L. Cheney de Girolami, « Giorgio Vasari's
« Programme ou maser imi gins ? À Giorni : A Farnese Celebration », Explorations in Renaissance Culture, 21, 1995, p. 121-150; K. Kliemann, Lecture iconographique et sens del œuvre, Paris, l'image. travers À (dir.), a Deswartes-Ros S. dans », Cancelleria la à Vasari de fresques des propos
Οἰόνϊο; Il Riasimenta e la memoria, Atti 1994, p. 75-92 ; Id., « Il pensiero di Paolo Giovio nelle pitture eseguite sulle sue invenzioni » in Paolo
del Convegno di Como, 3-s giugnio 1983, Còme, 1985, Ρ. 197-223} C. Robertson, « Paolo Giovio and the ‘Invenzioni’ Giorni », ibid., p. 225-238.
for the Sala dei Cento WN
p. 219, qui renvoie à G. Vasari, Le opere di Giorgio Vasari, 820 Voir L. Canova, « La celebrazione nelle arti del ponteficato di Paolo III Farnese »,
| n t. VH, p. 680. cum probitas et lustitia, prisca,/ tempora iam redeunt animos, Exhilarate belligeri,/ 1 V. Forcella, Tornei e giostre, p. 58 : Clauduntur et Iani ianua
pietate pudor. [... ]/ Est pax in uirtute tua, et abundantia in turribus tuis. [#2 γριά.
171
è
Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome 1
de la fécondité, Cybèle, Atargatis ou Isis. La présence insistante de la Copia aux côtés de la Fortuna n’est donc pas un hasard dans le recueil bocchien.
e. Conclusion : de l’éloge du prince à l’éloge des villes
Dans la tradition antique romaine, la Fortuna du prince, équivalente de l’agathè Tychè des basileis hellénistiques, s'associe à la Felicitas, qui comble le général triomphant, et à Venus uictrix, qui est aussi une divinité poliade veillant sur la gens Romana. Cette association étroite entre la fortune du prince et celle de la cité se lit en particulier dans les Symb. 63 et 121 qui forment paire en renvoyant tous les deux à la prétendue découverte d’une statuette de la Fortune à Bologne en 1548: reflet de la justice des deux princes, cette Fortune-NémésisAstrée au gouvernail et à la corne d’abondance, représentée sous les traits des deux Némésis de Smyrne sur la gravure, en référence ἃ Alexandre le Grand, fait régner l'ordre et la paix sur Bologne dans le Symb. 63. En
de celles du Sol Iustitiae*”. La ville apparaît parfois sous les traits d’une jeune vierge tenant l’épée et la balance, sur un trône flanqué de deux lions, comme celui de la Sagesse de Salomon : nouvelle Astrée qui apporte la paix et la justice, la Cité des Doges exhibe les attributs évoquant le lien qui la rattache avec la mythique Parthènos/Virgo qui, dans le ciel astrologique des Anciens, venait prendre place entre la constellation du Lion et celle de la Balance. L'éloge des mécènes passe par la mise en avant de la notion importante mais ambigué de gloire. Si les modalités de sa célébration relèvent des contraintes de l’encomiastique, la présence même de cette notion floue, qui
combine des aspects contradictoires et articule de manière problématique l’univers individuel à la sphére sociale et collective, interroge le système des valeurs éthiques et de leur hiérarchie. 3. La gloire des grands, entre Vertu et Fortune
revanche, dans le Symb. 121, elle se dégrade parallélement a l’état de santé du souverain pontife qui, en 1548, n'a
plus qu'un an à vivre. De même que Némésis apparaît en songe à Alexandre endormi au pied du Mont Pagos pour lui ordonner de fonder une nouvelle Smyrne sur les ruines de l’ancienne, la fortune d'Alexandre le Jeune,
c’est-à-dire le cardinal Farnèse, devra prendre à Bologne le relais de celle d'Alexandre |’Ancien, c’est-à-dire Paul INT, affaibli et malade.
Nous retrouvons Astrée en dehors du contexte des Farnèse dans l'emblème célébrant la République de Venise
(Symb. 135). Bocchi, sensible aux idées réformées, a toutes les raisons de prononcer l'éloge d’une cité qui
accueille les penseurs hétérodoxes"#. Les louanges de villes sont un motif de prédilection de antique et renaissante®#. Bocchi, qui blame la curie romaine dans le Symb. 124, et l'instabilité Rome dans le Symb. 97, symbolisée par les remous du Tibre au pied du Chateau Saint-Ange et en frappent les tours crénelées, ne manque pas en revanche de célébrer sa ville, Bologne,
l’encomiastique de la fortune de par les vents qui et son Sénat au
Symb. 115, ainsi qu’au Symb. 145. Le lion bolonais, tenant le trophée de la culture et du savoir (Bononia docet),
trouve un lointain écho dans le lion vénitien du Symb. 135 offrant sur l’image une vision sub specie de l’apòtre Marc, saint protecteur de la cité, dont l’évangile ouvert proclame la Pax*’”’. Bocchi rappelle dans le poème, à
travers Horapollon (Hier., 1, 17), la tradition de représenter un lion a la criniére radiée sous le trône d’Horus, dieu solaire. Il associe ce lion au Sol iustitiae, expression tirée de Malachie (4, 2: « Mais sur vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice >), car Dürer, suivant la tradition astrologique qui faisait du Lion la
« maison » du soleil, avait représenté l’astre solaire sous les traits d’une allégorie masculine aux yeux dardant des flammes, munie de l’épée et de la balance, et montée sur un lion®*, Ce Sol iustitiae, exalté par les pères de l’Église comme le Christ du Jugement dernier, venait se substituer naturellement au Sol inuictus qui manifestait la gloire de l’empereur romain®®. Or, dans l’iconographie, les représentations de Venise semblent bien proches
a. Contrer les désordres de Fortune
Si, dans son dialogue intitulé Ptolemaeus/Le Tolomei, Bocchi peut parfois faire entendre des accents inspirés par Machiavel, insistant sur le règne des apparences dont le prince doit profiter, ou sur la notion de probabile qui permet de justifier sous des apparences rationnelles n'importe quelle conduite satisfaisant des intérêts personnels**’, dans le recueil d’emblémes, en revanche, il respecte la tradition d’une « Institution du prince
chrétien » fondée sur la Vertu, telle que la défendent Erasme ou Budé, ou encore Colet et More, qui reprenaient à leur tour celles de Pétrarque, d’Alberti et de l’humanisme civique florentin du Quattrocento, nourries par Cicéron : à travers une éducation appropriée, l'essence de l’homme (uir) étant la uirtus, ce dernier se doit de consacrer toutes ses forces à réaliser en lui cet idéal à la fois intellectuel (alliance de la rhétorique et de la philosophie) et moral (défense des vertus actives et contemplatives aristotéliciennes, et des vertus panétiennes exposées par Cicéron dans le De Officiis, complétées par la fides et la caritas chrétiennes), qui permet de fonder une société politique harmonieuse*”. Ces conceptions, qui récusent le pessimisme augustinien voyant dans la vertu humaine la seule volonté de Dieu, se voient renforcées par la conviction de la dignitas hominis, fondée sur la conscience d’une situation privilégiée de l’homme au cœur de l’univers, sur la croyance en la force de la raison et en l’immortalité de l’àme®®. L’humanisme de la Renaissance défend l’idée que, face aux désordres de la Fortune ou aux attaques de l’Envie, le prince peut opposer deux forces avec succès. La première force est la stabilité de sa ou de ses vertus, intellectuelles, morales et militaires. Cette rivalité entre
Vertu et Fortune, où la première soumet la seconde, suivant l’adage insbiré par Cicéron, « Virtute duce, comite Fortuna »%% et reprise Jason de Mayne et Alciat, est illustrée dans le Symb. 111, où Bocchi rend hommage à la
devise du cardinal Jules de Médicis, le futur pape Clément VII*® : candor illaesus, « pureté sans tache », qui fait
allusion à la droiture morale du personnage. Le corps « technique » de la devise se présente sous la forme d'un
globe de cristal qui, traversé par des rayons solaires, a le pouvoir, en les concentrant puis en les diffractant, de
523 Voir Symb. 135.
524 Pour une synthèse de cette Fortune/Victoire/Félicité des chefs, voir J. Champeaux, Fortuna, t. II, chap. 5, « L’Age des Imperatores », p. 216292. Sur le lien entre Vénus et Fortune, voir F. Buttay-Jutier, Fortuna, p. 87-166 et A. Rolet, « La Fortune d’Alexandre sur la coquille de Vénus : un exemple de contamination dans l'image emblématique » dans C. Jouanno (dir.), Figures d'Alexandre à la Renaissance, Turnhout, 2012, Ρ. 227-262. 825 Voir M. Tafuri, Venezia e il Rinascimento : religione, scienza e archittetura, Turin, 1985, et A. Tallon, « L'évangélisme italien de la Renaissance à la réforme catholique », dans La Renaissance. Actes du colloque de 2002, Rennes, Association des historiens modernistes des universités, Paris, 2003, p. 125-138.
26 L. Pernot, La rhétorique de l'éloge dans le monde gréco-romain, Paris, 1993, vol. 1, p. 178-215 ; Id., Eloges grecs de Rome, 1997, p. 15-120. Sur la
postérité de ce genre littéraire, cf. V. Zarini, « Trois éloges comparés de Rome: Ammien Marcellin, Claudien, Rutilius Namatianus >,
Camenae, n° 2, juin 2007. A la Renaissance, Leonardo Bruni célébre Florence dans sa Laudatio Florentinae Vrbis (1403-1404), Pier Candido Decembrio fait un éloge de Milan (De Laudibus Mediolanensium Vrbis Panegyricus, 1436), Enea Silvio Piccolomini décrit Bale en 1538 puis Vienne vers 1450 (Descriptio Vrbis Viennensis), suivi par Conrad Celtis, qui rédige dès 1495 une première version de sa Norimberga, évoquant la ville de Nuremberg.
827 Sur ce motif lié à l’histoire du saint, voir nos analyses de |’embléme.
825 E, Panofsky, La vie et l'art d’Albrecht Dürer, Paris, 1987 pour la traduction française, p. 124-125.
829 Voir les références et la bibliographie dans nos analyses de l'emblème.
172
mettre le feu à un arbre placé devant lui. Ce globe illustre les pouvoirs de la Vertu inspirée par Dieu, qui réussit à anéantir l’Envie, fille d’une Fortune perverse et ténébreuse. Comme le rappelle le poème, l’Envie s'était acharnée contre Jules de Médicis sous la forme d’une conjuration qui avait failli lui coûter la vie mais dont il put réchapper. Désormais, comme le montre l'image, la Fortune soumise, suivant les indications d’une Virtus-Pallas, %0 Voir nos analyses au Symb. 135 et le dossier iconographique.
à Bologne au XVr' siècle : autour 881 Voir nos introduction, édition, traduction et notes dans A. Rolet, Emblématique, philosophie et politique François-Rabelais. d'Achille Bocchi et de l'Academia Bocchiana, à paraître aux Presses Universitaires civile à la Renaissance, Paris, 2005 et L'éducation de 8 Voir les études fondamentales de E. Garin, L’humanisme italien : philosophie et vie l'homme
moderne : la pédagogie
de la Renaissance,
1400-1600,
Paris,
2003,
pour
les traduction
française. Voir
également
Q. Skinner,
Les
de Virtus » et «Les pouvoirs du fondements de la pensée politique moderne, Paris, 2001 pour la traduction française, en particulier « le concept uir Virtutis >, p. 138-170.
moderne, p. 261-267. 3 Sur cette double tradition, voir Q. Skinner, Les fondements de la pensée politique 84 ÉRASME, Adagia, 4, 10, 47.
%5 Pour la bibliographie, voir nos analyses de ce Symbolum.
173
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
est contrainte d’apporter au cardinal la récompense de la tiare pontificale. Dans le Symb. 24, dédié à François I", le combat Fortune-Vertu donne lieu à un jeu virtuose de paradoxes (uicta/uictrix ; uicta/triumphat) dans les premiers distiques : la Vertu du souverain est contrainte par la Fortune à accéder au trône royal ; mais toute. vaincue qu’elle soit, elle réussit cependant à triompher de son ennemie, en la contraignant à obéir à ses ordres. La seconde force que le prince peut opposer à la Fortune est liée à la première (car les vertus ont besoin d’un terrain d’exercice). Il s’agit de celle de l'énergie de son action, de sa volonté et de son industria, suivant la loi
charge : et c’est alors que le poète entre en scène, comme nous l’avons vu plus haut, façonnant sa gloire dans la louange de celle des autres, mais surtout, obéissant au devoir de transmission que lui fixe la postérité*"’, puisque 2
L
Ἀ
5
la mémoire des grands hommes incite les autres à la vertu“. b. La gloire, ombre et récompense des vertus
l’astrologue contemplatif (Symb. 112), la victoire revient au premier, car, comme le rappelle le titre de l’image, « Tout le prix de la vertu est dans l’action » (CIc., Off. 1, 6, 19). Cette défense de l’action n’est pas sans implication religieuse. Dans le Symb. 51, Bocchi se sert de l’adage moins connu « Cum Minerua manum quoque moue » (ERASM., Adagia, 1, 6, 18) pour montrer comment la Fortuna humaine est sauvée par Pallas/Diane de la
À la condition qu'il n’y pense pas comme à un objectif en soi, le prince vertueux travaille indirectement à l'établissement de sa gloire, c'est-à-dire l'inscription de son nom dans la mémoire des hommes. Bocchi semble, la encore, se rallier aux idéaux cicéroniens et érasmiens, d'inspiration stoicienne. Comme la fortune et les biens extérieurs, la gloire (ou l’honneur) accordée par la langue et les cérémonies humaines est une valeur labile et trompeuse, surtout lorsqu'elle se laisse aller à ne saisir que les apparences. Liée à l'opinion, incertaine et fluctuante, qui n’atteint l'être que par hasard, la gloire doit être classée parmi les adiaphora, les biens qui ne
théologales (Foi, Espérance, Charité), alors que l’inertie d’Agason, dans l’embléme
Cicéron, dans le De Officiis (1, 19, 64), rappelle que le danger de la grandeur d’âme (magnanimitas)**, l'une des
fixée par le proverbe « Fortes Fortuna adiuuat >**, L’emblématiste défend clairement le primat de l’action sur la contemplation. Dans la rivalité qui oppose Hercule actif, héros bienfaiteur au service de l'humanité, à Atlas,
noyade grace ἃ la participation active de la victime ἃ son propre sauvetage, soutenue par les trois vertus
indifférent à ses priéres**’. La volonté humaine harmonie avec eux et les accompagne, selon le entre la Scylla de l’arrogance et la Charybde du Le contenu méme de la vertu semble dépendre
suivant, laisse Hercule
ne contrecarre pas les plans de la grâce divine : elle travaille en principe de synergeia augustinienne, trouvant ainsi le juste milieu désespoir, pour reprendre une image érasmienne*™. de la position occupée par le prince dans la société humaine. Le
cortège de vertus impériales qui accompagnent Charles Quint dans le Symb. 22 (rei militaris scientia ; animi
praestantia ; auctoritas ; felicitas) sont essentiellement déployées dans l’effort guerrier. En revanche, la téte janusienne de l’aigle impérial des Habsbourg, interprétée dans le Symb.21, propose un programme plus politique. L’aigle bicéphale signifie l’alliance entre vertus actives (les quatres vertus cardinales), sous l’égide de la ratio, pour administrer le présent, et vertus intellectives (mémoire et providence), émanant de la mens, et qui
concernent pas l’Honestum (le seul but de l’âme vertueuse), mais dont la possession agrémente l'existence.
quatre divisions du bien moral, réside dans la volonté de « forcer » la renommée et d'occuper la première place, au risque de contrevenir à l'impératif de justice, le premier devoir qui découle de la première division du bien
moral, la communauté humaine. Pour Cicéron, |’ honestum réside « dans les actes et non dans la renommée, et la
grandeur d’ame préfère être la première plutôt que de le paraître »**. Bocchi rappelle cette conception dans le Symb. 56, et l’apologue rapporté par Tite-Live (26-20, 6), selon lequel Scipion n’a éprouvé aucune jalousie envers Marcius et ne lui a pas ménagé ses compliments, confiant envers ses propres vertus (cf. v. 6-8 : Quippè optimo exemplo nihil/ Alius inuidere gloriae, suis/ Qui fideret uirtutibus). La vraie gloire, fondée sur la uera nobilitas, celle de l’àme ou du caractére, n’a pas forcément besoin de public ou
définit Cicéron dans le De officiis (1, 14, 43), et que reprend le Symb. 44, v. 3, « ne nuire à personne mais être
de manifestations extérieures, elle peut être tout entière inscrite dans la conscience pure d'une âme qui sait qu’elle n’est coupable d'aucune faute, comme l’exprime d’ailleurs l’une des citations empruntées à Horace qui ornent les deux façades du Palazzo Bocchi*. C’est à ce prix qu’elle se soustrait aux événements extérieurs pour devenir permanente. Bocchi met en scène dans le Symb. 42 l'idée de la uera gloria grace à une image fameuse qu'il emprunte à Cicéron (Tusc., 1, 30, 109) et Sénèque (Epist., 79, 13), la gloire comme ombre ou comme écho de la vertu, c’està-dire un élément sans consistance qui accompagne un corps solide. Dans le Symb. 42, Bocchi se sert d’un autre passage des Tusculanes (3, 2, 3) pour opposer les deux types de gloire : la fama popularis, la « popularité > qui marche en tête en précédant la Virtus ; la consentiens laus bonorum, « l'éloge unanime des gens de bien >, sur les talons de la Virtus. Dans la gravure, la fama popularis ἃ les traits du fou qui effectue une danse grotesque,
conséquence de l'amour de Dieu. De même le pape, qualifié de bonus pastor dans le Symb. 4, voit son action définie sur le modèle de celle du chef d’État éclairé du De Republica de Cicéron, dévoué à la communauté civile : comme le capitaine de navire ou le médecin, il doit veiller au renom, à la gloire et au salut de son peuple*”.
rapproché de la figure plus inquiétante de l’Alexandre du Symb. 66, qui oublie l'exigence de la vertu pour tenter
embrassent le passé et le futur: or Macrobe
(Sat.
1, 7, 20) fait du Janus bicéphale qui regarde ces deux
directions du temps le modèle de la prudentia de l’homme d’État. Mais au-delà de ces énoncés un peu vagues, qui relèvent de l'éloge topique, un impératif se dessine toutefois clairement: le désintéressement des gouvernants et la nécessité de veiller sur tous les citoyens. Cette idée, exposée par Cicéron citant Platon dans le De Officiis (25, 85), est reprise dans le Symb. 67, et traduite par la figure de Némésis, qui vient remettre 4 Adraste
la bourse pleine d’or d’une main, mais aussi le mors, la coudée et les éperons pour l’inviter à la juste mesure et à l'équilibre de la temperantia : rien ne pourra échapper à la déesse panoptique, qui, s’attachant aux pas de chacun, viendra juger chaque action. Le prince doit donc respecter le principe de libéralité ou de justice sociale tel que le utile à tous » (Nulli ut uelis nocere, prodesse omnibus), mais dans une perspective chrétienne, puisque c’est la
En même temps qu'il discipline la Fortune par ses actions vertueuses, le bon prince laisse à ces dernières la tâche d'écrire sa propre histoire et de dresser de lui-même un portrait à la fois authentique, idéal et immortel, qui éclipse les représentations figurées, incapables de traduire le caractére ni de montrer l’âme“*. Ce portrait, bien
entendu, attend d’être immortalisé par le poème épidictique, ode, hymne, éloge ou panégyrique qui le prend en
Se TER, Phorm., 203 ; CIC., Tusc. 2, 4, 11; Fin., 3, 16; LIV., 8, 29, 5 ; 24, 35, 4, SEN., Med, 159; PLIN., Ep., 6, 16, 11, etc. Sur les pouvoirs de l'industria, voir CAES., Ciu., 3, 3, 74.
7 Pour les sources et les implications religieuses du couplage emblématique, voir nos analyses à ces deux emblèmes.
%% ÉRASME, De Libero arbitro, dans J. Chomarat (éd.) : ÉRASME, Œuvres choisies, Paris, 1991, p.871. 8° Clic. At. 8, 11, 1 (= Rep. 5, 6). # Sur ce topos des panégyriques antiques (cf. CIC., Arch., 30 ; TAC., Agric., 46 ; PLIN., Paneg. 55}, voir le Symb. 24, où la gravure présente la Vertu en train de peindre un portrait du roi de France, les yeux rivés sur l’empyrée des idées, où apparaît une image du souverain, la tête nimbée
d’un halo. Voir également le Symb. 2, sur le portrait de Bocchi par Fontana.
174
brandissant un éventail, agitant ses grelots. La bonne renommée, ἃ l’arrière, tient la couronne et un trophée d’armes un peu particulier (il s’agit des signes de la culture, livres et chapeau de docteur, et non des instruments étre militaires“), dont elle ombrage Pallas qui marche au milieu. Le fou, symbole de la gloire vide, peut
il se forcer la gloire, en essayant de se faire passer pour le fils d’un dieu. Oublieux des devoirs de la raison, lui remet en soumet alors aux mille avis de l’opinion instable : sur l'image, il offre sa tête à la Fortune, et elle 4 Voir Ov., Am., 3, 1, 25. #? Sur ce topos, voir CIC., Arch., 6 ; SALL. Iug., 4, SEN., Epist., 102.
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Ξ
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et graves dangers pour être utile à la % Elle prend deux formes: le mépris des biens extérieurs ; le courage d'affronter travaux difficiles d | e a communauté (Off, 1, 20, 66). principis Institutio ERASME, aussi Voir uideri. quam mauult esse se principemque iudicat, gloria # Cic., Off, 1, 19, 66 : in factis positum, non in suapte sponte consequatur, et tanto consequatur illustrius, Christiani, ASD, t. IV-1, 1, 22 : Verum honorem decus esse, quod uirtutem et recte facta les actes droite et qui se montre d'autant plus quanto minus fuerit affectatum, « Mais l'honneur est le prestige qui suit spontanément la verte
uirtutem sequitur. illustre qu’on n’a pa cherché à l'obtenir >. Voir également 1, 59 : regis [praemium] honos, qui
|
sibi, nulla pallescere culpa, « Ce sera pour toi une muraille “S HOR, Epist., 1, 1, 60-61: [si recte facies] Hic murus aeneus esto/ Nil conscire , ‘ ». d’airain/ que de n’avoir pas mauvaise conscience, ni de palir sous le coup d'aucune faute
gloire de son protecteur, à moins qu'il ne s'agisse de “© Pour rappeler discrètement le statut social du poète qui entretient et exalte la lui-même. à s'adresse l’admonestation à la modestie que l’emblématiste universitaire
175
— — —
A ET
A
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
échange, sous la forme d’un casque, la Chimére de Platon, qui symbolise les epithymiai, les désirs qui déchirent
l’àme en tous sens**’.
, Cette méme idée de la gloire suivante de la vertu se trouve déclinée ἃ travers une série d'images équivalentes est gloire constituant un motif qui court de maniére récurrente dans le recueil. Dans le Symb. 99, la bonne représentée par le crocodile, qui passait pour « fuir ceux qui le suivent et suivre ceux qui le fuient »***. L'animal, dans la qui passait pour n’avoir pas de langue%*, signifie que la vraie gloire est muette et sans tapage, simplement conscience de la vertu (v. 8: Et uirtus merces sit sibi pulchra satis). La gravure nous montre le crocodile aux
trousses de Caton d’Utique, qui ne recherchait pas la gloire®°. Le Symb. 91 illustre le mot de Socrate rapporté
vers la par Cicéron et de Xénophon (Cic., Off. 2, 12, 43 ; XEN., Mem., 1, 7, 1), selon lequel le plus sûr chemin
gloire est de se montrer tel qu’on veut paraître : la Pallas-Vertu de la gravure, triomphant en tête de cortège, apporte à Socrate une Renommée ailée, nuque baissée en signe de défaite, et les mains ligotées comme une
à la prisonnière. Dans le Symb. 33, adressé à Ranuccio Farnèse, Bocchi illustre la subordination de l'honneur
vertu à travers un signifiant architectural : il relate l'épisode de Marcellus, voulant bâtir le temple de la Vertu dans l’antichambre de celui de l’Honneur, pour bien montrer qu’il faut d'abord montrer la première pour jouir
du second®®", Une autre illustration architecturale se trouve proposée dans le Symb. 48 qui exhibe le tombeau
élevé par Filippo Pepoli a la gloire de son frère Ugo mort au combat. À la manière des tombeaux du Songe de Poliphile, le texte nous propose l'exégèse de cet obélisque : sa base carrée dit la Vertu, tandis que la pyramide proprement dite, fixée sur la base par quatre astragales, et donc dépendant d’elle pour sa stabilité, exprime la vraie Gloire née de la Vertu, qui propulse le nom du héros jusqu'aux astres". Les degrés au sommet desquels se place le monument ne sont ni mentionnés ni expliqués par le texte. Figurés sur la gravure, ils sont ornés de faux hiéroglyphes qui représentent les organes des cing sens, étagés par ordre d'importance (main, bouche, nez,
oreille, yeux) : ils traduisent clairement que la Virtus du héros enseveli ici a trouvé sa Stabilité dans la domination par la Raison des passions nées de ces sens, c'est-à-dire dans la temperantia. On retrouve cette pyramide
funéraire avec le même sens au milieu du Tibre dans le Symb. 98, où elle est reliée à la figure du Prince, sage
impavide au milieu des renversements de Fortune. L’abondance dans le recueil des exempla mettant en scène des héros antiques que leurs actions et leurs vertus ont illustrés par la gloire, qu'ils soient historiques (Caton, Fabricius, Curius, Marcellus, Alexandre, Marius,
Cambyse, Adraste, Théramène, Critias, etc.) ou mythologiques (Hercule, Thésée, Énée, etc.) confine au martélement®® et relève d’une double intention : offrir par la répétition un véritable exercice spirituel que doit pratiquer le prince (et celui qui veut être sage en général), car, comme nous l'avons dit, le Spectacle de la vertu enflamme l’âme pour la vertu, et la détourne des vanités et de la fausse gloire ; constituer une galerie de portraits en musée imaginaire de la civilisation, dans lequel le poème encomiastique invite implicitement le prince contemporain à inscrire son nom à son tour, dans un sain désir d’émulation. Car, par une sorte de paradoxe inévitable, l'idéal moral qui subordonne la vraie gloire à la vertu réduit cette valeur fondée sur l'éclat et le bruit au statut d’ombre et d’écho, risquant de la dissoudre dans la poussière et l'oubli. Or la mise en images poétiques ou plastiques de cette notion, dont les représentations allégoriques sont
si proches
de
celle
de
Victoria,
Fama
ou
Felicitas®*,
insiste
en
revanche
sur
la réalisation
effective
de
l’immémoriale promesse de la gloire, et en proclame les signes fastueux, devenus soudain tangibles. C’est à la fois le don que l’œuvre littéraire offre en retour à la générosité évergétique du prince, mais également la tactique rhétorique
de l’encomiastique
que nous
avons
déjà rencontrée
à maintes
reprises:
inviter à la vertu en
supposant ses effets réalisés. c. Gloire mondaine, gloire de Dieu : le discours des signes
La gloire, ombre et écho, éclat ou bruit, se dit donc par métaphores mais surtout par signes, qu ils soient simples
ou agencés en un ensemble plus complexe, ou encore par des personnifications enrélées dans des scénarios narratifs dont nous avons déjà répertorié quelques modalités: cérémonie de couronnement”, cortège solennel“, architecture monumentale funéraire*’” ou religieuse** à l'antique. Compagne de la Justice du prince, la Gloire, comme entité allégorique, demeure souvent indéfinie dans sa représentation mais bénéficie,
comme d’une auxiliaire, des mises en scène de l'apparition d’Astrée, en particulier du motif du jour qui nait, suscitant un éblouissement de lumière, au point que les deux personnifications semblent régulièrement se confondre®*?, Dans les derniers vers du Symb. 125, la Gloire Farnèse apparaît au poète qui ouvre les yeux, juste après avoir entendu en rêve les propos d’Astrée racontant son épopée, qui se termine sur l’envol solennel de la déesse
et de sa troupe
dans le ciel. Cette apparition constitue comme
une sorte de trace mnésique,
de
persistance de l'impression rétinienne laissée par le cortège d’Astrée dans l'imagination du poète, et qui se confond avec l’éblouissement du jour levé, au sortir du sommeil : ce dispositif imagé permet de faire coincider sans rupture l'évocation du rêve et le retour à la réalité, car l’Age d’or permet précisément au rêve de s’actualiser. Dans la gravure, la continuité est indiquée, comme nous l'avons dit plus haut, par la présence des fleurs de lys évergétiques qui tombent de l’espace imaginaire de la nuée qui supporte Astrée et son cortège pour se répandre dans le giron du poète endormi sur ses livres. Dans le Symb. 130, la révélation apportée par la Fides, qui terrasse les forces obscures de l’Orcus, s'effectue sur le mode de l'apocalypse, c’est-à-dire du dévoilement de la lumière qui permet à l’homme de connaîre des mystères divins qui le dépassent®” : figurante dans le cortège de Fides, Gloria se montre également accompagnée de vertus parèdres que le jour expose en pleine lumière
(Gratia, Salus, Pax, Virtus, Vita, Libertas). De manière plus discrète, le surgissement d’Astrée venant, dans le texte et la gravure du Symb. 103, offrir des lys à Alexandre Farnèse, en parallèle avec le char de l'aurore,
s'accompagne de la mention d’un decus sempiternum (où decus est synonyme de gloire) dans le motto de la gravure, et de la qualification du cardinal comme inclytus, terme virgilien calqué sur le grec (ἔγκλυτος) pour son désigner la renommée qui suit les héros’. La présence d’Astrée proclame clairement que la gloire et d’Astrée déploiement sont mérités. Dans certains cas, ce n’est pas le lever du jour qui accompagne l’apparition sur éclat son répand qui et de la Gloire, marquant l’entrée dans un nouveau temps, mais la Vertu elle-même
celui de la vie comme parcours 854 Par exemple, le Symb. 87 s'inspire d'un topos de l'iconographie antique funéraire, d'inspiration stoicienne, même la vie immortelle. peut-être éternelles, agonistique, qui vaudra à l’athlète gagnant (par sa persévérance ou sa diligence) des récompenses #7 Voir l’apparat des sources et notre analyse de cet emblème. 848 8 850 «
PLIN., DLIN., SALL., Gloria
Nat. 28, 107. Nat, 8, 89. Cat, 54, 5. L'association de Caton et du crocodile comme symbole de gloire est déjà chez Vivès (Satellitium animi siue symbola, 40, Crocodilus »). Voir nos analyses de ce symbole et l’apparat pour d’autres sources.
851 Voir les sources et nos analyses de cet emblème.
852 Sur ce motif, voir HOR., Carm., 1, 1, 36 ; VERG., Buc., 5,
51; 9, 29 ; Aen., 9, 641 et F. Joukovsky, La gloire dans la poésie française, p. 332.
853 Littéraires ou iconographiques, la vogue des séries d'hommes célèbres, initiées dans l'Antiquité par Suétone, Plutarque ou Valère Maxime, alimente un nombre important d'œuvres de la Renaissance, de Pétrarque et Boccace à Paolo Giovio et Théodore de Bèze en passant par Jules-
César Scaliger. Voir P. Laurens, L’abeille dans l’ambre, p. 534-544: « Icones et imagines: l'épigramme et le thème des hommes illustres au XVI‘ siècle » ; P. Eichel-Lojkine, Le siècle des grands hommes. Les recueils de vies d'hommes illustres avec portraits du ΧΥΤ' siècle, Louvain, 2001. Voir également nos analyses des Symb. 31 et 32.
la course, monte à l'assaut d’une colline où Sur la gravure, un chasseur, cor en bouche, chevauchant un coursier qu’il fouette pour en accélérer
et les attributs des ces allégories très proches, voir une Felicitas ailée l'attend, lui tendant déjà la couronne des deux mains. Sur l'iconographie de la Renommée ». F. Joukovsky, La gloire dans la poésie française de la Renaissance, p. 601-60$ : « Le type $55 S6 S7 88
Voir Voir Voir Voir
Symb. Symb. Symb. Symb.
87 22, 48 33
et 145. 125, 130. et 97. et 151.
comme l'indique le dernier vers : Farnesi hic Virtus, Gloria, 859 Dans la statuette de la Fortune de Bologne du Symb. 63 se fondent trois entités, lustitia.
tenebras omneis quae noctis opacae/ Discutit, et caussarum dat cognoscere 860 \/ 75-77 : Sic nihil obscurum nobis, nam dia repente/ Lux oritur,
caussam.
%1 Voir par ex. Aen., 2, 241.
177 176
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
l’univers entier, devenant sa propre source de gloire, et chassant les ténèbres®°?, La lucerna pensilis du Symb. 132, suspendue à la main de Dieu par l'intermédiaire d'une chaîne, est constituée d’une sphére armillaire entourant
un foyer central : cet ensemble exprime allégoriquement la qualité de l’âme d'Alexandre Farnèse, stable et mobile à la fois, ceinte de vertus, et surtout éclatante, comme la boule de cristal de la devise de Clément VII dans
le Symb. 111, symbole du candor illaesus, confronté victorieusement aux brandons noirs de l'Envie. La gloire n’est plus ici l'ombre de la vertu mais sa puissance de rayonnement*®”, et elle proclame l'excellence du prince dont l’âme se nourrit d’un feu divin. Le bruit de la gloire est moins souvent évoqué que son éclat, sans doute parce qu'il est normalement assumé par l’énonciation même du poème épidictique qui se répand de bouche en bouche. L’épilogue du Symb. 139 (v. 140-150) fait exception à cet égard. À la fin de ce grand poème de consolation, invitant, par l'écriture poétique, le pape Paul III à ressasser la lecture de Cicéron pour lutter contre toutes les formes de douleurs physiques et morales, le poète clame le succès total de sa méthode. Pour traduire la réussite de ce remède philosophique auprès de son interlocuteur, il imagine que la muse horatienne, qui l’aide à s’approprier puis à restranscrire le texte cicéronien en termes personnels, n’est plus seulement la musique de la mémoire, mais dicte ses accents au paysage bucolique dans lequel l’entretien est censé se dérouler™ : il s’agit de la maison de campagne de Bocchi, près de la rivière Savena, le Vado Bocchiano, qui servait de lieu de réunion informel al’ Academia Boc-
chiana, avant la construction du Palazzo Via Goito*®. Tandis que les faunes, Naïades et satyres se mettent à danser, les bois et les forêts chantent le nom de Paul, héros qui ἃ su dominer ses passions, et font écho à sa gloire,
suivant une thématique antique reprise à la Renaissance". Deux cours d’eau locaux, la Savena et le Calamosco, son affluent, s'associent à la tour au chœur qu’ils amplifient, suivant, là encore, une tradition antique“.
Le mètre alcmanien s'adapte ici parfaitement à la célébration rythmique du chœur qui danse et qui chante. La gloire enfin se signale par ses instruments : nous avons évoqué la ou les couronnes. Mais elles ne sont pas seules. Les trophées et surtout, l’exaltation des écus et des blasons par des figures de soutien en constituent l'expression bien visible. Le trophée, lié à la cérémonie de triomphe, dit en particulier la victoire®”, et se fait donc vecteur ou messager de gloire. Son aspect toutefois peut transposer le sens militaire vers un autre domaine d'application. Par exemple, Orsina Grassi exhibe dans le texte et la gravure du Symb.49 un trophée de souffrance et d'endurance, constitué par l'alliance du casque à panache et du bucrane, qui vient la récompenser de trouver léger le joug du Christ qui pèse sur ses épaules. La métaphore stoicienne de la vie comme combat récompensé par la victoire déplace légèrement le motif militaire. Plus fréquent est le trophée de culture, qui n’a plus rien à voir avec le métier de la guerre, et qui assemble les « armes » du savoir : livres, rouleaux, plumes, coiffe de doéteur ou d’universitaire. Il apparaît dans l’une des mains de la Gloria qui suit la Pallas-Virtus sur la * Chez Pindare (Pyfh., 8, 95-97), l'homme n'est que σκιᾶς ὄναρ, « rêve d’une ombre », mais la gloire de sa vertu l’enveloppe de lumière et chasse les ténèbres de la médiocrité. #3 L'image est antique. Voir HOR.
honoribus).
Carm., 3, 2, 17-18 qui évoque la Vertu qui « brille d’honneurs que rien ne ternit > (intaminatis fulget
8 Symb. 141, v. 140-150 : « Ces mots, je m'en souviens, naguère/ Ma Muse les chanta, de la voix pure que le Père/ Suprême lui offrit, avec/
Cythare et plectre d'ivoire. Sur ses doux accents, Faunes/ Et bêtes s’ébattent en rythme,/ Là où courent les nymphes qui vont répétant ton nom, Paul,/ Si bien qu’alentours bois et champs/ Résonnent tous du nom de Paul. Sur ce, la Sapina,/ Sortant de son cours peu profond,/ Et le petit Calamosco, cheveux mouillés, de sable/ Couvert, appellent Paul en chœur ». $$ Voir supra la partie biographique de cette introduction.
86 #7 %8 %9
VERG., Buc., 1, 4-5 ; 10, 8. Voir PONTANO, Uran., 3, 652 ; NALDI, Egl. 5, 10 ; et NALDI, Egl., 1, 37 ; VARCHI, Carm., 93, 7. Hor., Carm., 1, 20, 5-10. C’est au départ, en Grèce, une statue armée à la manière des Palladia, qui personnifie le dieu de la victoire et concentre en elle les forces
négatives de la bataille. A Rome, c’est une hampe qui accueille les armes de I’ ennemi (cuirasse, jambières, casque), comme on peut le voir sur le monument de Bocchus réalisé pour Scylla au lendemain de la guerre contre Jugurtha. Le trophée peut également étre sculpté dans le marbre, seul, ou dans le programme d'un tombeau, et s’accompagner de figures périphériques, comme une Victoire, ἃ l'exemple des trophées de
Marius. Voir G. C. Picard, Les trophées romains. Contribution à l’histoire de la religion et de l'art triomphal de Rome, Paris, 1957 ; G. A. Mansuelli, « Trofeo » in Enciclopedia dell’arte antica, classica e orientale, t. VII, 1963, Ρ. 996-998 ; G. Castellvi, « Les trophées romains : monuments et
iconographie (des modéles grecs 4 Byzance) », dans Mémoires de pierre et d’airain. Monuments et monnaies antiques, XVII journée d'études numismatiques, Perpignan, 2002, p. 17-39 : F. Joukovsky, La gloire dans la poésie française, P: 391-398.
178
Introduction
gravure du Symb. 42, l’autre main tenant la couronne. Il se voit également dans les pattes du lion bolonais sur la gravure du Symb. 115, à gauche, tandis qu’à droite se dresse son pendant militaire comprenant épée, clairon,
cuirasse, arc et flèches. Une allégorie de Bologne, au centre, prend les traits de Pallas-Athéna. Bologne, avec son université et ses confréries d'armes, revendique un double pouvoir, à l’instar de la déesse vierge grecque : veiller sur les travaux intellectuels ; patronner le métier des armes. Les deux se complètent harmonieusement pour réaliser le programme de Libertas inscrit sur le blason de la cité. Quant aux armoiries et aux blasons, que nous avons largement évoqués plus haut, lorsqu'ils constituent le
support de l’exégèse symbolique®”, ils disent à eux seuls la noblesse, celle d’une ascendance généalogique*? ou
celle d’une vertu ou encore d’un dessein moral de vie que leurs signes hiéroglyphiques sont censés traduire immédiatement, en une intuition visuelle complète. Mais les armoiries, en particulier dans les gravures, peuvent être également encadrées, soutenues ou exaltées par des personnifications de vertus*”’, venues renchérir sur le programme intérieur qu’elles énoncent, et leur constituer comme un cortège, ou encore apparaître dans un
cadre architecturé signifiant qui les met en valeur”. Dans ces deux cas, les blasons participent à une liturgie du
triomphe mis en place par le dispositif même de l’image, qui les exhibe comme motif principal de la quête herméneutique et les désigne donc comme objets glorieux. Toutefois, l’éclat de la gloire terrestre du prince et de ses trophées rencontre une limite clairement dessinée par le recueil : celle que leur imposent l’éclat et les trophées de la gloire divine, qui les éclipsent et leur sont incommensurables. Le motif de l'éclat et celui du trophée sont évoqués conjointement par l'emblème 98, qui relate l'épisode de la Transfiguration. Celle-ci est évoquée très discrètement à la fin du texte qui, à travers une métaphore paganisante, insiste davantage sur l'éclat d’Apollon qui rend aveugles les yeux humains le fixant en face. En revanche, l'épisode biblique est représenté de manière plus appuyée sur l'image. Le Christ, présenté par la voix de son père, apparaît en gloire, flanqué de Moïse et du prophète Elie, tandis que Pierre, Jacques et Jean, qui ne peuvent soutenir l'éclat de la vision, sont plongés dans une torpeur qui les recouvre comme de ténèbres. Le texte n’évoque pas les trois tentes que Pierre, après l’épisode, propose aux deux autres disciples d’édifier pour commémorer l'évènement. Mais il invite le destinataire, le cardinal Sebastiano Pighino, membre actif du Concile de Trente, à édifier sur la montagne de Pierre un trophée viétorieux, c’est-à-dire la croix du Christ,
symbole de son destin paradoxal sur terre et de sa métamorphose. Cet instrument du martyre, qui brise la chair et les membres, se mue paradoxalement en un nouvel arbre de vie, pour racheter la faute adamique. Loin de dire la défaite du Christ, il en énonce au contraire la victoire . %3 Cic., De Orat., 3, 18, 67: [...] primum instituisse, quanquam id fuit Socraticum maxime, non quid ipse sentiret ostendere, sed contra id quod quisque se sentire dixisset, disputare, « il fut le premier à établir comme principe — c'était pourtant là une méthode socratique par excellence — non de manifester sa propre opinion, mais de mettre en discussion celle que chacun avait énoncée comme sienne >. "σις Dusty 48: % Cic., De Orat., 1, 47, 204.
188
% Voir %7 Voir %% Voir Cle,
notre tableau supra dans la sous-partie III. 2. b : Des hasards plaisants du disparate au principe de continuité. nos analyses du Symb. 139. la bibliographie dans nos analyses du Symb. 139. Tusc, 35323179;
™ Cic., Tusc., 3,31, 76.
Ἔν, 29-31 : Me sané impediunt nullius uincula sectae/ Sed quocunque trahit species pulcherrima Veri,/ Deferor hospes apisque Matinae more
modéque ; cf. CIC., Tusc., 5, 29, 82 : quoniam te nulla uincula impediunt ullius certae disciplinae ; HOR., Epist. 1, 1, 13-15 : Ac ne forte roges quo me duce, quo Lare tuter/ Nullius addictus iurare in uerba magistri/ Quo me cumque rapit tempestas deferor hospes ; Carm., 4, 2, 27-32: [...] ego apis Académie, voir CIC., Matinae/ More modoque. Sur la liberté que confère le critère du probabile (pithanon) dans le scepticisme de la Nouvelle Tusc., 4, 4, 7: Nos institutum tenebimus nullisque unius disciplinae legibus adstridti, quibus in philosophia necessario pareamus, quid sit in quaque re
maxime probabile, semper requiremus.
189
Introduction
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi ( 1555) —tome 1
personnifiante de son propre traité. Relayé par le surgissement de la Muse Melpomène, l'Arpinate vient s'adresser à ego souffrant pour tenter de le consoler.
Nous
avons
souligné
supra
que
cette substitution
allégorique ne renvoie pas seulement à Horace, mais aussi à Boece, dans une sorte d’emboitement intertextuel discret: car la Muse, personnage féminin comme la Philosophie boétienne, incarnation de la musique platonicienne, est précisément celle qui, par sa lyre, vient restaurer l’ordre mathématique de l’àme compromis par les troubles passionnels. L’épilogue du poème insiste sur l'efficacité de la guérison et l’envol de la crainte : la citation textuelle n’est plus seulement hommage ou source, elle se transforme en pragmatique thérapeutique. L'incantation vaut pharmakon. Mais outre l’affinité affective et la conception de la philosophia comme medicina qui chasse les désordres psychiques”, l’emblématiste trouve également dans les Tusculanes les outils notionnels fournis par les différentes sectes philosophiques (en particulier stoicisme et platonisme) pour constituer des raisonnements et élaborer des images qui peuvent s’accorder avec les exigences d’une pensée chrétienne. Ainsi, dans le Symb. 139, tout en semblant accepter, l’espace de quelques vers (v. 21-28), la possibilité que l’âme soit mortelle, auquel cas la mort n’a rien de redoutable, puisqu'il n'y a ni conscience ni sensation après elle, Bocchi rejoint rapidement le platonisme de fond adopté dans les Tusculanes par Cicéron, qui est convaincu qu’elle est immortelle : l’image de la prison et des entraves du corps d'où l'âme s'échappe au moment de la mort (v. 42-44), ainsi que l’idée qu’elle
emporte avec elle les stigmates de la vie qu’elle a menée, et qui permettront de la juger dans l'au-delà en fonction de ses mérites (v.60: portum... paratum pro meritis), sont autant d'images empruntées à Platon par
l'intermédiaire de Cicéron’. De même le texte (v. 56-67) suppose l’existence d’une providence divine qui
veille sur le destin humain et ne le laisse pas s’anéantir dans la mort”. L'établissement de l’immortalité de l’âme fera l’objet de l’embléme suivant (Symb. 140), et qui plus est, avec les arguments d’Aristote (le cinquième élément de nature divine et doté d’un mouvement perpétuel), répondant ainsi à une polémique virulente qui agite l'Italie des philosophes autour de Pomponazzi””. Enfin, entremélant des passages du De Finibus avec les Tusculanes, il laisse Melpomène dresser en mètres alcmaniens (hommage métrique à Horace et Boéce) un portrait idéal et exigeant du sage et de la sagesse dans le Symb. 141, où abondent les images, les métaphores et les exempla (relayés aussi par la gravure). Ceux-ci permettent, par l’hypotypose, une véritable visualisation pédagogique des principes à suivre, en suivant de nouveau le principe d’une uarietas étrangère à un « cicéronianisme » stylistique : image du sage en roi qui sait se dominer (v. 2737), qui rappelle les inscriptions horatiennes sur le Palazzo Bocchi, célébrant le rex et le recte agere ; vision de la citadelle lucrétienne et sénéquienne qui abrite l’homme vertueux, d’où il se rira des vicissitudes du monde (v. 38-47) ; portraits animés de la vertu, toute de tension, d’effort et de résistance contre douleur et souffrance par l'intermédiaire d'exemples grecs (v. 64-101) ; éloge de la raison, reine qui arme ses défenseurs contre les
passions et leur inspire l'amour des héros (v. 112-120). Cicéron emprunte bien certains éléments au stoicisme, par exemple l'éloge du tonos, la tension de la raison pour lutter contre l’adversité et émettre des jugements justes, que Bocchi traduit par la métaphore virgilienne du rameur qui lutte contre le courant (v. 121-139). Toutefois, l'inspiration demeure résolument celle d’un platonisme dualiste, où la partie rationnelle de l'âme est sans commune mesure avec la part irrationnelle. Images textuelles et plastiques créent dans l'emblème la vision d’une vertu en action qui n’est jamais désincarnée, et qui s’offre comme un modèle incitatif. Parallèlement, le Symb. 141 noue en un discours théorique continu les deux principes secrètement à l’œuvre derrière les exempla historiques cités dans les livres précédents : le sage est celui qui réussit à faire des vicissitudes de Fortune l'expression sa propre volonté, inscrivant sa subjectivité dans le devenir du monde ; la conscience de la Vertu, forme accomplie du destin rationnel de l’homme, est en soi une suffisante récompense, qui amène à négliger tout ce à quoi le monde accorde de l'importance, comme les richesses ou la gloire”*. Les exempla, en inscrivant Voir Tusc., 3, 3, 5-6 et 4, 27, 58. 3 Tusc., 1,49, 118 Voir les tableaux comparatifs dans notre analyse de l’embléme. 94 Cic., ibid.
5 Voir la bibliographie et nos analyses du Symb. 140. %% Sur le conflit entre vertu et gloire, voir notre partie III. 1 : Ego, le prince et la cité.
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les différentes expressions de cette Vertu dans un temps historique révolu, celui de l'Antiquité, permettent d’en idéaliser la beauté, mais leur surgissement sous forme imagée, en assurant la pérennité de leur mémoire, en garantit en même temps l’actualisation et la pertinence au présent. Horace à son tour fournit à l’emblématiste un modèle de uarietas philosophique et d’éthos socratique, permettant de régler une conduite morale dans la vie de tous les jours. L'importance éthique de ce poète à la Renaissance ἃ été largement démontrée, ainsi que le rôle joué dans sa réception par les Satires et les Épîtres°”.
Les humanistes, de Cristoforo Landino, dans son épitre liminaire à l'édition des œuvres d’Horace de 1482, à
Josse Bade, dans sa Sermonum Horatii familiaris explanatio de 1500, soulignent son utilité morale, ἃ la recherche du uerum et du decens, et sa possible concordance avec le christianisme. Outre la richesse de sa métrique, le poéte latin fournit de nombreux intertextes aux emblémes bocchiens, riches en images : la sagesse comme
remède à la sottise”” ; le sage comme roi” ; le peuple aveugle et polycéphale'™ ; le sage impavide au milieu des catastrophes cosmiques'*”';
la sagesse pratique d'Ulysse"®?. La condamnation
horatienne répétée de la
philargyria ou de l'ambition (cf. HOR., Sat., 1, 1) trouve un écho dans la condamnation régulière de la cupiditas,
de l’auaritia"®® ou de la mauvaise gloria'°°* dans les emblèmes. De même, l’idée de l’aurea mediocritas et celle de la sagesse comme équilibre entre des contraires (cf. HOR., Epist., 1, 18, 9 ; Carm., 2, 10), empruntées par Horace
à Aristote, inspirent les emblémes 67 et 82. L’Epitre 1 est particulièrement citée dans les symboles bocchiens!°, Nous reviendrons plus amplement sur le rôle de cette pièce antique dans la mise en place d’un dispositif de conversion religieuse au sein du recueil emblématique. Rappelons cependant en un mot de quoi il s’agit. Dans la première Épitre, Horace annonce à Mécène que, comme le gladiateur Veianus partant en retraite, délié de son contrat, ou comme le cheval vieillissant délivré de son joug, il abandonne la pratique ludique de la poésie pour la vouer désormais tout entière au uerum et au decens'%. Cette libération, exprimée dans le genre familier de l'épitre et sur le ton humble du serviteur laborieux, ne s'accompagne toutefois pas de l'enrôlement dans une secte philosophique précise. Au contraire, Horace annonce, avec beaucoup de distance et d'humour, ses hésitations permanentes d’une école à l’autre, de l’hédonisme d’Aristippe aux Stoiciens austéres et engagés politiquement, au gré de ses humeurs ou des événements de la journée. Incapable de dépasser ses états d'âme du moment, le poète latin se transforme en hospes qui vient butiner les doctrines comme il lui plaît, telle l'abeille du Matinus, autre image que l’on retrouve dans les Odes, et surtout comme le Cicéron probabiliste des
Tusculanes!°7, bien que les circonstances soient totalement différentes. Cet éclectisme philosophique
# Voir N. Dauvois, « La réception d'Horace à la Renaissance ou de la beauté des Bonnes Lettres ? » dans J.-C. Arnould, C. Poulouin (dir.), Bonnes Lettres—Belles Lettres, actes des colloques du Centre d ’Etudes et de Recherches Éditer/. Interpréter de l'Université de Rouen, 26-27 avril 2000 et 67 janvier 2003, Paris, 2006.
%5 Voir par exemple Ad lectorem.
9 Voir les inscriptions du Palazzo Bocchi ; Symb. 27, v. 9.
1000 Symb. 66.
1001 Symb. 97, v. 7-8.
1002 Symb. 129.
1003 Symb. 30 ; 31 ; 47.
1004 Symb. 42.
1005 Voir Ad lectorem, tit. pict., v.3 & 5; Symb. 3, v.29-31; Symb. 27, v.9; Symb. 66, v.9
; Symb. 118, tit. pict. ; Symb. 130, v. 16-17. Voir
Symb. 127 pour l’Épître 10 et Symb. 129 pour l’Épître 2. 1006 HOR., Epist., 1, 1, 10 : quid uerum atque decens, curo et rogo et omnis in hoc sum. 1007 Voir par exemple HOR, Ep. 1, 1, 13-15 : Ac ne forte roges quo me duce, quo Lare tuter/ Nullius addictus iurare in uerba magistri/ Quo me cumque rapit tempestas deferor hospes, cité par Bocchi avec Cicéron dans le Symb, 3, v. 29-31. Les interprétations de la première épitre divergent,
certains lui donnant un contenu philosophique très appuyé, d’autres non. Pour une analyse des références philosophiques du début de l'épitre,
voir J. Moles, « Philosophy and Ethics » in S. Harrisson (dir.), The Cambridge Companion to Horace, Cambridge, 2007, p. 165-180, en
particulier p. 175. Pour une analyse d'ensemble, voir R. Ferri, « The Epistles », ibid., p. 121-131 ; C. Macleod, « The Poetry of Ethics: Horace Epistles 1 », Journal of Roman Studies, 69, 1979, p. 16-27 ; Id., « The Poetry of Ethics: Horace Epistles I », in E. K. Freudenburg (dir.), Oxford Readings in Classical Studies. Horace : Satires and Epistoles, Oxford, 2009, p. 245-169 ; A. Traina, « Horace and Aristippus: The Epistles and the Art of conuiuere », ibid., p. 287-307 ; J. Moles, ibid., « Poetry, Philosophy, Politics and Play : Epistles I >, p. 308-334. Pour une lecture qui conteste tout engagement philosophique d’Horace, voir R. Mayer, « Horace’s Epistles 1 and Philosophy », The American Journal of Philology, 107/1, 1986, p. 55-73. Sur le sens de l’éclectisme philosophique horatien, voir W. S. Maguiness, « Horace the Eclectic », Hermathena, 52,
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Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (155 5) - tome 1
revendiqué est repris par Bocchi dans le Symb. 3 et associé à la uarietas stylistique. L’Epitre 1 d'Horace brosse en outre un tableau saisissant d’une humanité emportée à l’aveugle par les passions qui l’agitent en permanence. Les désordres psychiques du poète, qui, à l'instar du Cicéron des Tusculanes, montre de lui un visage humain et
! semblent s’harmoniser à cet état général de dérèglement de la société dont le traitement sans complaisance%,
sera difficile, voire impossible. Horace nous laisse entendre à demi-mot qu'aucune école, à elle seule, ne pourra traiter le problème dans son ensemble”. D'ailleurs, les remèdes qu'il propose dans l'Épitre 18, 112 par exemple!°!° sont communs à plusieurs écoles philosophiques, en particulier épicurisme et stoicisme. L’indétermination d’Horace le transforme en une sorte de Socrate, prêt à charger contre les certitudes de ses
interlocuteurs. Dans l'Art poétique (v. 310), il recommande la lecture des Socraticae chartae, source du recte sapere. Dans l’Épître 1 (v. 7), il évoque la voix d’un bon démon qui lui murmure à l'oreille (Est mihi purgatam crebro qui personet aurem). Le choix de la métrique horatienne pour retranscrire les Tusculanes de Cicéron ne relève donc pas chez Bocchi d’une simple motivation esthétique : il correspond au sentiment réel d’une profonde concordance entre les deux systèmes de pensée, sous l'égide de Socrate. 2. La philosophie païenne comme propédeutique : fabriquer un enchiridion Dans le Symb. 127 (v.63-66!°!!), adressé à son ami Alessandro Manzuoli, l'emblématiste souligne la fécondité de la comparaison entre les dogmes de la philosophie païenne et les énoncés de la sagesse chrétienne, réservant toutefois leur fusion aux esbrits supérieurs qui ont une parfaite connaissance des uns et des autres. L'idée que les philosophes païens puissent constituer des figures annonciatrices de la sagesse christique n'est pas une nouveauté, et on sait l’usage que les Pères de l’Église ont fait de la culture antique pour présenter, éclairer et
justifier les dogmes de la nouvelle religion, à la fois théorie et surtout manière de vivre, conforme au Logos'°!?.
Une longue chaîne des philosophes relie ainsi Socrate, Pythagore, le Christ et ceux qui vivent conformément à la doctrine christique. Ficin, dans une lettre à Paolo Ferobanti, dit de Socrate qu'il est une adumbratio Christi!°!3,
« une silhouette esquissée du Christ » : Socrate épaulé par son démon est l’ombre paienne de ce qu’est, dans
l’ordre de la Grace et de l’ère christique, l'homme évangélique, tourné lui aussi sur son âme, son intériorité, son
bon ange. De méme, Erasme dans son adage « Les Silénes d’Alcibiade » (3, 3, 1) fait du philosophe grec un « Siléne », ridicule à l'extérieur, mais rempli d’une sagesse divine à l’intérieur, un chantre de la vie spirituelle, lui qui demandait ἃ Phédon, après avoir bu la cigué, de sacrifier un cog à Esculape, « exactement comme s'il venait de prendre un remède et ressentait déjà le bienfait de la guérison, puisqu’il sortait du corps d’où jaillissent et 1938, p.27-46; W.R Johnson, Horace and the Dialectic of Freedom in Epistles 1, Ithaca, 1993 ; P. Grimal, « Recherche sur l'épicurisme d’Horace », Revue des Etudes Latines, 71, 1993, p. 154-160.
1008 Voir par exemple Epist. 1, 97-100 : [ ... ] quid, mea cum pugnat sententia secum/ Quod petiit spernit, repetit quod nuper omisit/ Aestuat et uitae disconuenit ordine toto,/ Diruit, aedificat, mutat quadrata rotundis ?, « Et que se passe-t-il, lorsque mon avis est en contradiction avec lui-méme, lorsqu'il méprise ce qu’il a recherché, lorsqu'il cherche à nouveau ce qu'il a jadis laissé de côté, lorsqu'il bouillonne et se montre inadapté à tout
le cours de la vie, lorsqu'il démolit, construit et met des carrés à la place des ronds ? » Horace s’indigne, car Mécène qui le voit dans cet état, au
lieu de s'en inquiéter, s'en s'amuse, alors qu'il se fâche s'il a un ongle mal coupé. 1009 D'ailleurs, dans l’Épître 2 à Lollius, il prendra Homère comme maitre de vertu et de savoir. 1910 Det uitam, det opes : aequum mi animum ipse parabo, « Que Jupiter me donne la vie, qu’il me donne les richesses : l'équilibre de l'esprit, c'est à moi-même de me l'oétroyer >. 1011 Sic precium est operae ueterum conferre sophorum/ Doctrinam eximia ad pietatis dogmata nostrae/ Nec miscere tamen, quippè hanc discernere ab
illa/Haud poterit nisi qui ceu tu bene norit utranque, « De même, il vaut bien la peine de comparer la science/ Des anciens sages avec les dogmes de notre foi,/Sans pourtant les mêler, car seul pourra les distinguer/L’homme qui, comme toi, connaîtra bien et l’une et l’autre ». 1012 Voir l’article de synthèse de M. Simon, « Christianisme antique et pensée païenne : rencontres et conflit» dans Id., Le Christianisme antique et son contexte religieux. Scripta Varia, t.1, Tübingen, 1981, p. 245-259. Voir également P. Hadot, « Exercices spirituels antiques et philosophie chrétienne » dans Id., Exercices spirituels et philsophie antique, Paris, 2002 (1981), p. 75-88 ; P. Hadot, « Le christianisme comme
philosophie révélée » et « Disparitions et réapparitions de la conception antique de la philosophie » dans Id., Qu'est-ce que la philosophie
antique ?, Paris, 1995, p. 355-378 et 379-407; J. Domanski, La philosophie, théorie ou manière de vivre ? Les controverses de l'Antiquité à la Renaissance, Paris, 1996 ; J. Pépin, Théologie cosmique et théologie chrétienne (Ambroise, Exam., 1, 1, 1-4), Paris, 1964; E. van Ivanka, Plato
christianus : la réception critique du platonisme chez les Pères de l'Eglise, Paris, 1990 pour la traduction française (1** édition : Einsiedeln, 1964) ; M. Spanneut, Le stoicisme des Pères de l'Église, Paris, 1957. 1013 M. FICIN, Epistolae, livre 8, Venise, 1495, © 144r°, « Confirmatio Christianorum per Socratica >».
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pullulent toutes les maladies de l’àme »'°'*. Cet épisode constitue l’objet du Symb. 54, qui souligne la dimension religieuse du geste, en représentant Socrate devant l’autel, face au dieu. Erasme voit en Antisthéne, en Diogéne
et en Epictéte, tous les trois représentés dans les emblémes'®”*, d’autres Silénes qui préfigurent le Christ.
La ligne de démarcation entre paganisme et christianisme n’est pas clairement tracée dans les emblèmes, manifestant le désir de confronter les deux univers ou plutôt de voir comment l’un annonce et prépare le second, qui, ἃ son tour, se convertit en partie aux principes du premier. Si bien que le démon de Socrate du Symb.3
ou
147 prend, dans les gravures, des allures d’ange gardien, tandis que la Foi dans le poème
du
Symb. 130 se saisit dans l’image des attributs virgiliens de la Poesia pour entonner dans le poème une proposopée aux accents hésiodiques et lucrétiens. Il s’agit là du programme de vie énoncé par les armes de Bocchi au Symb. s : chanter les mystères chrétiens sur la lyre antique. Le cygne, symbole païen du poète et du
philosophe, assis sur le cimier, restitue hors de son bec, sous la forme d'une étoile brillante, c’est-à-dire grâce à
l'éclat du chant poétique, le contenu de l’écu qu'il surmonte : les trois astres mystérieux de la Trinité éclairant l’équerre de la Raison. De même, la scène opposant Diogène et Antisthène au Symb. 35 se déroule sous le regard d’un Dieu le Père héliophore, entouré des hiérarchies angéliques, tout comme les travaux de la Géométrie
platonicienne du Symb. 126.
a. La série des philosophes et l’êthos du magister : l'inspiration érasmienne
La volonté affichée par Bocchi d’adopter, tant physiquement que moralement, les traits de Socrate, l’incite à abandonner l'humilité du poète encomiastique!""%, pour venir à son tour se placer au bout de la série des philosophes. Il adopte alors le ton plus ferme et directif de conseiller du prince (voir par exemple les Symb. 67 et 82), et plus généralement, manifeste rhétoriquement son auctoritas : celle du magister, avec ses élèves Jacopo
Casonio (Symb. 120), qu’il pousse à jouir du présent et des plaisirs de la vie, loin des professeurs fàcheux'°!7, et Sebastian Schleupner (Symb. 20), qu'il veut initier à l’amor platonicus ; celle du pater familias avec son fils Pirro, qu'il faut remettre dans le droit chemin (Symb. 59 ; 147). La forme emblématique participe de manière active à cette incitation à la réforme éthique. Motti et tituli, adoptant souvent la forme d'un énoncé gnomique, font résonner à travers le recueil les modes jussifs des praecepta (impératif, infinitif, subjonctif) et l’éternité du présent assertif de la sentence, relayé parfois dans les poèmes, par exemple avec les dix commandements du banquet de Bocchi au Symb. 27, ou les caractéristiques de la veritas dans le Symb. 32. Les Symbola 3 et 127 ont posé les conditions de la révolution morale socratique. Par la célébration des pouvoirs dialectiques de la philologie symbolique et grâce à la mise en valeur du rôle que peuvent jouer les intertextes horatien et cicéronien, l’emblématiste montre les instruments qui doivent permettre sa diffusion. Le recueil d’emblémes se présente dès lors comme une préparation à ce qu'Érasme appelle la philosophia Christi, où les représentations de la philosophie contribuent à l'élaboration d’un « poignard », c'est-à-dire d’un « manuel de poche », puisque c’est bien là le sens de l’Enchiridion militis Christiani proposé par Érasme, suivant une tradition
rendue fameuse par Épictète. Publiée sans succès en 1503, l’œuvre est rééditée à Bâle chez Froben en 1518, et
connaît alors une grande popularité. Érasme entend fournir au chrétien, en guerre contre un monde envahi Satan et par les vices, un ensemble de remèdes pour défendre et soigner son ame. Outre la méditation Ecritures, et la lecture interprétative des Pères de l’Église, Érasme recommande la fréquentation éclectique penseurs païens pour s'initier au Stade inférieur de la philosophie christique, c'est-à-dire à l'éthique, reprenant l’image horatienne de l'abeille du Matinus qui ne s'attache qu’au meilleur’®”*.
par des des en
‘4 TraductionJ. Chomarat dans ERASME, Œuvres choisies, Paris, 1991, p. 404. 1015 Symb. 35 ; 27 ; 32.
1016 Voir la partie ILI, 1 : Ego, le prince et la cité. 1017 Voir nos analyses de cet emblème.
p. 103 : « Ainsi donc, pour revenir à 1018 ÉRASME, Enchiridion Militis Christiani, « Lettre à Paul Voltz », traduction A. J. Festugière, Paris, 1971, çà et là par tous les jardins des volant I’abeille, de l'exemple à et, meilleur de a y qu'il ce recueilles tu mon propos, si des livres des paiens mieux armé pour la vie du anciens, pompes seulement, laissant de côté les poisons, le suc salutaire et généreux, tu rendras ton esprit beaucoup
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Introduction
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
Les thématiques générales défendues par Érasme dans l’Enchiridion nous semblent en effet être à l’horizon récurrence de certaines anthropologique et spirituel du recueil d’emblémes. Nous posons l'hypothèse que la des désirs, l’aurea limitation la thématiques et leur variation dans les symbola, comme la maitrise des passions, , mediocritas aristotélicienne et horatienne, en relation avec une anthropologie dualiste de type platonicien la de pratique relayée par le Cicéron des Tusculanes, ne constitue pas un discours moral neutre et général sur la . vertu, mais trouve sa cohérence réelle bien qu’implicite à partir de l'argumentation érasmienne unique Dans le premier chapitre de son ouvrage, Érasme distingue entre la fausse et la vraie sagesse. Le dogme de la de la vraie sagesse est de se connaître soi-même. Le deuxième chapitre se fonde sur la reprise simplifiée qui noétique, tripartition platonicienne de l’âme humaine. Érasme distingue la partie supérieure, rationnelle et la habite la tête, citadelle du corps ; la partie médiane située dans le diaphragme, où se logent courage et colère ; partie inférieure où s’agitent les passions. La partie supérieure, de nature divine, ne pense qu'aux réalités célestes et éternelles ; la partie inférieure, de nature bestiale, au terrestre et à l’éphémère. Il suit là la uetus descriptio psychologique dualiste que Cicéron propose comme probable dans les Tusculanes et qu'il dit emprunter à Pythagore et à Platonἢ, Ce schéma platonicien est rapproché au chapitre 4 de l'opposition paulinienne entre « homme intérieur » (sous le signe de l’esprit et de la loi de l'intelligence) et « homme
extérieur » (sous le
signe de la chair et de la loi des membres) : le premier est vie, le second est mort”. Érasme compare les passions qui agitent l’homme extérieur à l’hydre de Lerne et aux métamorphoses de Protée. On notera que, dans le Symb. 61 de Bocchi, Protée, qui cesse de se transformer grâce aux liens qu’Aristée lui passe, devient justement la forma interioris hominis, tandis que les phoques endormis dans la grotte signifient l’assoupissement des opinions. De même, la séparation radicale entre esprit et sens est mise en valeur dans les deux poèmes du Symb. 64, avec une dimension religieuse et philosophique'™. Pour Érasme, la conséquence de la Chute se lit dans la guerre que se mènent les deux parties extrêmes, et il faut y rétablir justice et harmonie. Suivent ensuite une série de vingt-deux « canons », visant à trois objectifs : lutter contre l'ignorance ; dominer la chair ; fortifier
la faiblesse. Cette rigueur morale de type stoicien, greffée sur une anthropologie platonicienne, rappelle là encore les Tusculanes de Cicéron'™. Le cinquième canon attire l’attention car, à partir de la dualité de la nature humaine, Érasme pose un principe méthodologique selon lequel il faut toujours aller du visible à l’invisible, du charnel au spirituel, et il célèbre Socrate pour avoir fait de la vie une préparation à la mort. Car, selon le philosophe grec, « l’âme ne sort
heureusement du corps qu’à la seule condition que, par la philosophie, elle ait auparavant réfléchi attentivement à la mort et que, bien avant l’heure, par le mépris des choses corporelles et l’amour et la contemplation des spirituelles, elle se soit accoutumée à être comme absente du corps »"°®. Or la division hiérarchique entre corps et âme, et le principe de l’ascèse platonicienne, vont lui permettre de défendre deux points de vue essentiels : la justification de l’allégorie ; la condamnation des cérémonies ritualistes. En ce qui concerne la défense de l’allégorie, Erasme rappelle que tout énoncé textuel se distingue par le corps et l’âme, par la lettre et l'esprit, par le sens explicite et la signification cachée, et qu'il faut aller de l’un à l’autre, qu'il s'agisse des œuvres des poètes, moins commune, qu’on nomme la vie du ressort de l’Éthique. Car assurément, la Pallas des païens a aussi de certaines armes nullement à dédaigner : tout ce quie, pourtant, ici ou là, tu rencontres de vérité, attribue-le au Christ. » 1019 Cic., Tusc., 4, 5, 10 : [...] «Je suivrai l’ancienne conception de Pythagore, suivi par Platon, qui divise l’âme en deux parties, l’une qui relève de la raison, l’autre qui n'y participe pas. » Voir aussi 1, 30, 74: « Ainsi, que faisons-nous d'autre, lorsque nous appelons notre ame loin du
plaisir, c’est-à-dire loin du corps, loin des biens familiaux, qui sont les ministres et les serviteurs du corps, loin de la république et de toute activité, que faisons-nous, dis-je, sinon faire revenir l’âme à elle-même, l’obliger à être seule avec elle-même, bien loin du corps ? Or séparer
l’âme du corps n’est rien d’autre qu’apprendre à mourir. Persuadons-nous en, crois-moi, et dégageons-nous du corps, c’est-à-dire apprenons à mourir, Ainsi, alors-même que nous serons encore sur la terre, nous connaitrons la vie céleste et lorsque, libérés des chaînes d’ici-bas, nous
serons emportés vers l'au-delà, l’envol de nos âmes en sera plus rapide. [... ] Lorsque nous serons arrivés, nous goûterons alors à la vraie vie. » 1020 Thid., p. 118 : « Platon avait établi deux ames dans le seul et même homme. Paul établit dans le même homme
deux hommes, si bien collés
ensemble qu'aucun des deux ne subsistera sans l’autre ni dans la gloire ni dans la géhenne, et en retour si bien séparés que la mort de l’un est la vie de l’autre. > 1021 Voir nos analyses de cet emblème et notre dernière partie sur L'univers spirituel. 1022 Voir nos analyses du Symb. 141. 1023 ÉRASME, Enchiridion Militis Christiani, éd. citée p. 143.
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des écrits platoniciens ou des Écritures saintes, véritables Silènes d’ Alcibiade, ridicules en apparence, divins à y
mieux regarderἢ, Érasme invite, sur ce point, à suivre l’exégèse des allégories théologiques proposée par Denys l'Aréopagite dans les Noms divins, et Augustin dans le De doctrina Christiana, ainsi que Paul et Origène. On notera que le Symbolum symbolorum se clôt sur un éloge de l’allégorie comme mystère selon Denys, que le Symb. 3 défend avec pugnacité l'induction socratique, mise en parallèle avec l’image symbolique, qui permet de progresser du visible à l’invisible, que le Symb. 130 met en scène comme l'opposition entre l'esprit qui vivifie et la lettre qui tue. Érasme souligne la nécessité de pratiquer la lecture allégorique avec toutes les ressources de la rhétorique et loue la supériorité des herméneutes antiques sur ce point. Il insiste également sur le fait qu'il faut faire une place, aux côtés d’Aristote, aux Platoniciens et aux Pythagoriciens, car, explique-t-il, ce sont « ces
derniers que préfère Augustin, non seulement parce que le plus souvent ils émettent des opinions tout à fait d'accord avec notre religion, mais aussi parce que leur style orné de figures, comme j'ai dit, et richement pourvu d’allégories se rapproche de la façon de dire de l’Ecriture sainte »'>. Martelant |’ opposition paulinienne entre
la lettre qui tue et l'esprit qui vivifie, Érasme consacre un long développement à la nécessité d'accompagner la matérialité du rituel extérieur avec l'intensité de la compréhension $pirituelle, qui abolit la loi mosaïque pour faire advenir la loi christique, la foi qui justifie, et qui subsiste par la charité%*. Ce point important de la doctrine érasmienne est régulièrement relayé dans l'ouvrage bocchien à travers des figures du paganisme. Ainsi, le Pythagore du Symb. 76 invite les hommes à « s'asseoir avant de prier », afin de se laisser le temps pour se concentrer sur ce qu’ils vont faire. De même, les gestes que pratique le Mercure mystagogue sur la gravure du Symb.64 sont sans doute à relier à la question des cérémonies religieuses. Nous reviendrons infra sur l'importance de cette exaltation de l'esprit et de la condamnation corrélative des cérémonies, typiques de la pensée érasmienne.
Parmi les conceptions qu’Erasme emprunte à l’Antiquité, Bocchi semble privilégier celle du nosce te ipsum, car c’est sans doute elle qui prépare le mieux à l’univers spirituel évangélique. b. Les implications du « connais-toi toi-même » : divinité de l'âme, de Cicéron à Érasme
de la Érasme récapitule dans un adage (1, 4, 95, ASD, Il-3, p. 1 18) les paternités multiples et les divers sens
à lapidaire et célébrissime formule γνῶθι σαυτόν27, nosce te ipsum, inscrite sur le fronton du temple d’Apollon Delphes5, L’adage rappelle qu’attribuée à Apollon, Thalès, Chilon ou Homère,
la formule signifie, chez
à leur Antiphane et Pindare, la nécessité pour les mortels de penser à des objets mortels, c’est-à-dire adaptés à appliquer à tion recommanda une nature ; et chez Socrate, savoir qu’il ne sait rien. Érasme en conclut que c’est ne « afin de son caractère le principe de la modestia et de la mediocritas, ne nobis uel maiora uel indigna sequamur, le recueil Dans ». indignes trop ou pas poursuivre des objets qui soient, pour nos personnes, trop ambitieux à délaisser la d’emblémes, la sentence est associée à la révolution éthique de Socrate incitant chacun sa conscience connaissance des réalités extérieures, recherchée par les physiciens présocratiques, pour tourner avant Socrate, avait défini vers soi-même et nourrir un savoir réflexif et purement intérieur que Pythagore,
la première étape de comme l'essence et l’objectif mêmes de la philosophie. Érasme en fait dans l’Enchiridion l'initiation spirituelle qui doit conduire à la conversion totale à l’évangélisme. 1024 Thid., p. 144-145. 1025 Ibid. p. 146. à fréquenter les églises, se prosterner devant les statues des saints, 126 Thid., p. 158 : « Et ne va pas me dire, toi, aussitôt, que la charité consiste Paul nomme
n’a en rien besoin de ces pratiques. Ce que allumer des cierges, recommencer ἃ l’infini un certain nombre de prières. Dieu un seul dans le Christ, de les tenir tous pour membres d’un même corps, de les regarder tous comme “ charité ”, c’est d’édifier son prochain, de
malheurs ». propre, de remédier à leurs malheurs comme si c’ étaient tes te réjouir dans le Seigneur du bonheur des uns comme du tien Solon ou Thalès, voir Mantissa prouerbiorum, 1, 43 ; Appendix
Bias, Chilon, 127 Sur cette formule qu’on attribue au départ à divers sages tels que
avec l'enseignement socratique, voir XEN., Mem., 47 2-8; PL., prouerbiorum, 1, 81, t. 1, p. 390. Sur la mise en relation spécifique de la formule Tim., 72 a; Leg, 11,923 a; Alc, 124 a. Voirl étude d'ensemble de Apol., 38 a; Prot. 143 a ; Charm., 164 d-e ; Phaedr., 229 e ; Phil, τος et 48 c; P. Courcelle,
< Connais-toi toi-même >», de Socrate à Saint Bernard, Paris, 1974.
1028 Cic., Tusc., 1,22, 52; Fin., 5, 16, 44 ; SEN., Marc., 11,2.
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Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome
Introduction
1
c’est Dans le Symb. 64, Bocchi explique que se connaître soi-même (1, 7: Noscere qui cupit... ipsum se), connaître sa Mens (1,7 : hanc... noscat oportet), c’est-à-dire saisir précisément le caractère divin et assimilable au
Tusculanes, qui s’inspire lui-même d’Aristote!", il lui prête la substance éthérée du cinquième élément et la dote d’un mouvement perpétuel. La divinité de l’âme et son immortalité sont également réaffirmées dans les
part humaine de l’homme et sa personnalité la plus intime!'°, Ce caractère divin et réflexif de la pensée du νοῦς
Dieu : en se tournant sur elle-même, l’âme ne rencontre pas le vide, mais le Tout. Or l’évangélisme se présente justement comme une religion où la relation au divin n’est pas médiatisée temporellement par la scansion des
divin de l’âme (1, 6 : diuinae mentis imago). Bocchi suit ici strictement l'interprétation de Platon et la tradition du Premier Alcibiade, qui veut que l’intelle&, véritable démon placé au sommet du corps”, définisse à lui seul la est mis en scène par l’image du démon socratique au Symb. 3, qui sert d’interlocuteur privilégié au philosophe
pour le dissuader de commettre une action injuste et lui inspirer ses epaktikoi logoi, sa science dialectique
appuyée sur un langage imagé. Erasme, nous l'avons vu, reprend en la simplifiant cette anthropologie platonicienne dans l'Enchiridion, pour opposer l'ange et la bête qui constituent l’homme, et pouvoir ainsi déterminer la nature exacte de la religion qu'il lui faut, spirituelle ou matérialiste. Bocchi de même, dans le Symb. 64, associe le nosce te ipsum au geste d’Harpocrate, c'est-à-dire à la réduction au silence de la bouche qui
débite mille prières sans y penser, symbole de la religion ritualiste. Bocchi donne de l'âme humaine plusieurs représentations dualistes, et insiste sur la radicale séparation entre les deux composantes. Dans le Symb. 151, il propose, à la suite de Pic, de Landino et de Ficin, qui l’empruntaient
eux-mêmes à une tradition franciscaine, de prendre le dieu Janus bicéphale pour symbole des deux visages ou parties de l'âme humaine'®’, Le premier visage représente la ratio, qui regarde vers le bas, la terre et les activités
humaines, le second représente la mens, qui regarde vers le haut, l’univers céleste et se voue à la contemplation.
Malgré la présence d'éléments aristotéliciens simplifiés (allusion aux deux parties de l’âme rationnelle et aux vertus qui leur correspondent), ou d'images empruntéees elles aussi à Aristote (l’intelle& inséré dans l’âme comme la main dans le corps; l’intellect comme seconde lumière allumée dans l’âme), la perspective bocchienne reste platonicienne dans la mesure où une séparation ontologique indépassable est posée entre les deux parties (longo sublimior interuallo v. 10). De même, la pyramis reposant sur sa crepis dans le Symb. 97 devient une représentation de la partie supérieure de l'âme, surmontée de son oculus, qui monte vers les astres, ne touchant que par trois astragales la partie inférieure, et enfermée dans la prison de la Vertu qui maintient les
sens disciplinés. Même dans le Symb. 45, où la structure de l’âme, conçue à travers trois notes, la nète, la mèse et
V’hypate, intègre le corps comme optima uox et expression de la lex naturae, la séparation de la ratio/intellect reste radicale. Une allégorie similaire avait déjà été proposée au Symb. 21, consacré à l’exégèse de l’aigle impériale bicéphale de Charles Quint, qui regarde à gauche et à droite, et non plus en haut et en bas. Bocchi continue cependant d’y voir les deux parties de l’âme : d’un côté, l’animus, l'esprit purement humain qui règne sur les quatre vertus cardinales, de l’autre la mens, c’est-à-dire l’intellect, de nature divine et contemplative, qui dispose de deux
facultés, la mémoire et la providence ou prévoyance (il n’est pas question des vertus théologales, sans doute parce qu’elles seraient plus adaptées pour le pape). Ce changement d'orientation des deux têtes de l'aigle s'explique implicitement par le fait que, lorsqu'il regarde à droite et à gauche, Janus est interprété comme le signe d’un bon roi pour Macrobe (Sat. 1, 7, 20), celui qui possède la prudentia : avoir la faculté de voir devant et derrière soi, pour ne pas se laisser surprendre par ses ennemis (sollertia) ; associer la connaissance du passé
(memoria) à la prévision du futur (prouidentia). La séparation radicale entre les deux facultés n’est toutefois pas accentuée ici, sans doute parce que Charles Quint, en homme d’État, est surtout voué à l’action, et non à la contemplation. Quant à la mise en valeur des vertus cardinales, elle répond à un aspect important de la propagande impériale : ces quatre vertus appellent la récompense des quatre couronnes qui doivent ceindre successivement la tête de l’empereur (or, argent, fer et paille), lors de son triomphe de 1530, comme le rappelle
Juan Carlos d’Amico!?, On voit comment la conception philosophique s’adapte ici au destinataire. Qu'il la nomme démon ou simplement mens, l’'emblématiste accorde à l’âme humaine une nature et des propriétés divines. Dans le Symb. 140, il la fait naître de l’âme du monde. Suivant la position de Cicéron dans les 1029 1030 1031 1%
Voir PL., Tim., 90a. Py Alc;133.b-c. Pour toutes les sources et leur interprétation, nous renvoyons ἃ notre analyse de l'emblème. J.C. D’Amico, Charles Quint maitre du monde, entre mythe et réalité, Caen, 2004, p. 147-162.
196
Symb. 139 et 141. Pourquoi le souligner avec autant d’insistance ? Pour montrer la proximité de l’âme et de
rites et des observances, ni restreinte $patialement dans le périmètre des églises". L'âme, en rentrant en elle,
trouve Dieu partout et toujours. Or un important ensemble de motifs plastiques vont permettre de visualiser cette proximité. Le plus frappant d’entre eux est un motif antique païen, détourné de sa signification initiale, celui de la chaîne d’or. c. La relation au divin : chaîne d’or et figures de l’entre-deux
Le Symb. 132 propose un portrait hiéroglyphique de l’âme du pape Paul III, réclamé par son neveu Alexandre Farnèse, plus exact et plus saisissable pour l'esprit que les représentations de Michel-Ange ou de Titien. Bocchi dévoile les vertus multiples du personnage à travers les composantes d’un objet complexe, la lucerna pensilis'°®. Il s’agit d’une sorte de sphére armillaire contenant une lampe de forme quandrangulaire qui, malgré l'agitation du globe périphérique, ne se renverse jamais, illustrant le principe de constantia. La lampe brille dans les ténèbres, comme l'annonce une inscription sur l’image elle-même qui renvoie au début de l'Évangile de Jean. Or, le globe se trouve relié à une main sortant des nuages, grâce aux maillons de la chaîne d’or d'Homère (Caelesti demissa manu miranda catena/ Aurea Maeonii nunquam interitura poetae, v. 16). La main divine entretient donc
une relation indirecte avec le globe, qu’elle peut agiter à sa guise. Ce curieux objet poétique et allégorique se rencontre déjà dans le Symb. 43, consacré à l'Hercule gaulois, qui tire à lui ses auditeurs, reliés par les oreilles à la bouche du dieu grâce à des chaînes d'or et d’électrum. Dans le Symb. 49, dédié à Orsina Grassi della Volta, il sert
à relier la main divine et le dulce iugum christique posé sur les épaules de la dédicataire. Dans le Symb. 134, il se transforme en fil à plomb envoyé depuis le ciel pour indiquer la parfaite perpendicularité de la pointe sommitale du tribolos, en harmonie avec la ratio divine. Il est également présent dans l'image du Symb. 28, où il permet à Nothé Dianoia d’enlacer la taille d’Hylé et de matérialiser ainsi les maillons de ce raisonnement bâtard qui, entre sensible et intelligible, permet de se représenter une notion qui échappe normalement à la représentation, la matière.
La chaîne d’or renvoie à deux passages homériques.
Dans le premier extrait (I, 8, 19-27), elle manifeste la
des toute-puissance de Zeus qui, au bout de la chaîne avec le ciel, aurait le pouvoir de mener à lui l'ensemble
Héra, en guise de dieux et la terre, sans que l'inverse soit possible. Dans le second passage (Il., 15, 18-20),
liées par punition, a été suspendue par son époux dans les airs, avec deux enclumes à chaque pied et les mains colonne jours, une chaîne d’or. Le motif a été diversement interprété par les philosophes'® : soleil, chaine des de la nécessité et de lumière servant d’axe à l’univers, moteur immobile, lien des quatre éléments entre eux, fil relie entre elles ses du destin, la chaîne d’or traduit un lien invisible qui maintient la cohésion de l’univers,
”*”. Elle est supérieures parties, assure la continuité entre la hiérarchie des êtres et unit l’homme aux puissances
qui, animés par le λόγος ou le aussi une image attribuée Proclus pour désigner la succession des scholarques
de Platon au sein de λογισμός émanant des régions supérieures, ont conservé l’authentique pensée et assure la continuité l’Académie38, le symbole de l'amitié qui unit les forces birituelles entre elles qui lui transmet des dons par hiérarchique de l’univers, ou encore le véhicule de l'influence divine en l’homme par Hermès, qui donne talents l'intermédiaire de son démon (par exemple la chaîne d’or du logos, transmise 1033 Voir nos analyses de l'emblème. 1034 Voir notre dernière partie.
voir nos analyses. 1035 Sur le sens de cet emblème difficile et sur ses strates de composition,
10% Voir le récapitulatif et les sources dans notre analyse du Symb. 49.
grecque, Paris, 1959. 1037 Voir P. Lévêque, Aurea catena Homeri : une étude sur l'allégorie p. 296-329, chap. 7 : « Catena aurea >. 1978, Gottingen, Academy, Late 1038 Voir G. Glucker, Antiochus and the
197
Introduétion
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
rhétoriques et aptitude au raisonnement). Mais elle est aussi la matérialisation des forces anagogiques par lesquelles l’àme humaine peut se hausser au niveau du divin : amour, discours initiatiques d’un maitre, bon
usage du désir ou pratique de la priére’””.
Dans le Symb. 132, ainsi que dans le Symb. 49, cette chaîne est présentée, suivant une image présente chez
Lucrèce (2, 1153-1154) et chez Sénèque (Trang. 3, 10), comme la série immortelle des causes (immortalem caussarum seriem, v. 28), c’est-à-dire une sorte de symbole de la destinée, l'eipuapuévn. Cette chaîne traduit le lien subtil entre l’âme et son créateur, et la dynamique des forces qui circule entre les deux : lien de dépendance, échelle ontologique qui relie les êtres entre eux, ou concaténation de causes, cette chaîne place l’àme dans la main du démiurge chrétien qui exerce sur elle son autorité sous la forme d’un influx qui descend. Mais inversement, cette chaîne agit comme une véritable mèche qui propage la flamme de manière anagogique, et l'on aperçoit de petites flammes le long des maillons sur la gravure. La chaîne sert à visualiser l’idée stoicienne d’ame ignée, parcelle arrachée au feu créateur universel et qui tend à y retourner pour s’y fondre. La citation
quasi-textuelle du discours d’Anchise chez Virgile au v. 32 (Igneus est olli uigor et caelestis origo ; cf. VERG., Aen., 6,
731) est tirée dans ce sens. Mais la chaîne matérialise également l’envol de l'âme platonicienne qui, poussée par l’himeros (Phèdre 249d), veut rejoindre la patrie céleste d’où elle est originaire (cf. v. 31 : Astra super celeri lapsu uolat ardua).
Une autre image vient relayer celle de la chaîne d’or : la canule-trompette du dieu démiurge de la gravure du Symb. 140, insufflant le logos dans le monde, comme un souffleur de verre, pour qu'il vienne s'unir aux quatre éléments. L’instrument masque la nature exacte de cet élément, rattaché dans le poéme ἃ celle de l’àme humaine, mais souligne à la fois son rôle continament créateur et son essence mathématique. Le motto (entelecheia psyché), clin d’ceil à la source aristotélicienne du texte transmise par Cicéron, unit dans une indétermination sémantique la psychè divine comme souffle créateur représenté sur l'image, et la psychè humaine, évoquée dans le poème : pour l’homme et pour le monde, le souffle divin est ce qui donne forme à la matière et lui confère un félos, une fin dernière.
Le but de ces images est sans doute de manifester un Dieu présent et accessible en permanence dans la partie spirituelle de l’âme, à la condition qu’elle entame de son côté l’ascèse nécessaire à la rencontre ; la chaîne d’or
insiste en effet sur la temporalité d’un processus. C’est sans doute pour cela qu’aux représentations directes de la divinité (le Christ de la Transfiguration au Symb. 98 ; le Yavhé de la Genèse au Symb. 140), le recueil préfère
l'évocation d’in$tances messagères et intermédiaires, qui permettent de relier les deux mondes : Hermès, le démon personnel, la Foi, le sol iustitiae, l'aigle qui vient enlever Ganymède. Si l'initiation philosophique à l’école des Anciens permet de se préparer à la conversion évangélique, elle ne suffira cependant pas. De manière originale, le recueil met en scène l'expérience unique et solitaire que constitue la véritable conversion. Le nosce te ipsum implique une rupture et un arrachement complets aux anciennes croyances. Mais il est difficile à faire advenir, et l'ouvrage entend recourir à des stratégies qui poussent le lecteur à ce basculement définitif.
3. L'idéal de la conversion : mises en scènes littéraires et figurées a. Régler les contradictions par un scepticisme provisoire
Plusieurs emblèmes manifestent la quête éperdue de la vérité et du vrai. Le Symb. 3 évoque les images et la rhétorique comme gratissima irritamenta ueri indagandi, « aiguillons très efficaces de la recherche du vrai » ; le Symb. 32 dresse un portrait de la Vérité comme idéal de transparence qui accorde les propos et la manière de "®* ; vivre, et en fait le scientiae scopus, le but de la science ; le Symb. 50 prétend que la vérité naît de la discussion fois une tenir, la de possible est qu’il et le Symb. 61 affirme qu'il y ἃ une unique vérité à voir en toutes choses capturée, lorsque se dissout l’opinion"*® ; le Symb. 81 évoque la quête du vrai sous la forme d'une chasse où Pallas, montée
sur un cerf, est entraînée dans une course folle, Stimulée par deux chiens, Thaumastus et
Kamaterus, l Admiration et le Labeur. Or, parallèlement, certaines pièces attirent au contraire l'attention sur la
vanité de la science’,
soumise
à l’erreur'™* et génératrice de raisonnements
absurdes!%*
, en
montrent
l'impuissance% et invitent à bannir l’impia curiositas'“”, une notion qu’Erasme (cf. Adag., 1, 4, 69) emprunte à Augustin (Ciu., 4, 34) et à Lactance (Diu. Inst., 3, 20, 2). Pour Lactance comme pour Erasme, le banissement des
enquétes physiciennes a été initié par Socrate et sa révolution éthique, qui, paradoxalement, favorise l'émergence d'une nouvelle modalité de science sur la conscience de l'ignorance, rappelée dans le Symb. 54 : QVI SCIRE SCIT SE NIHIL, SAPIT. Souligné par Nicolas de Cues", Agrippa de Nettesheim’*” ou Jean-
Francois Pic de la Mirandole!**, ce moment sceptique est une étape indispensable dans l'initiation au
christianisme. Il permet le constat désabusé des irréductibles contradictions de toutes les doctrines antiques, et fait prendre conscience de leur vanité. Devant l’échec où le méne sa curiositas, le sujet est placé soudain dans une position d’humilité suprême où il réalise son ignorance absolue. Mais cet anéantissement le rend prêt, paradoxalement, à accueillir une connaissance d'un autre ordre, non pas intellectuelle, mais $birituelle, et fondée sur le mystère. C’est l'expérience que Jean de Hangest immortalise dans sa médaille, décrite par le Symb. 138 : genoux à terre, accablé par le poids du monde qui l’accable car il ne le comprend pas, le croyant découvre le visage de Dieu qui se révèle à lui dans!’ obscurité et le relève de son anéantissement. Cette rupture et ce basculement in J. A. Tedeschi (dir.), Italian Reformation Studies in Honor of Laelius Socinius, Florence, 1965, p. 103183
se précipite chez l’imprimeur Arnoldo Arlenio chez qui elle a été déposée. Il la conserve précieusement pendant trois ans, avec l'intention de la transcrire, puis la confie à son frère. Enfin, une autre ambiguïté de la vie religieuse bolonaise nous ramène à Boccchi et à la famille Campeggi. Giovanni Campeggi, qui reçoit la dédicace du
déconcertante Achille Bocchi et Ulisse Aldrovandi comme ses fils spirituels :
e
1
Ibid. Ρ. 159 54.
1080 Ce dernier reçoit dans sa demeure l’hérétique Pietro Bresciani (C. Ginzburg, Il Nicodemismo, p. 174). "81 Jacopo Barozzi daVignola, 1528-1550 : apprendistto di un architetto bolognese, Rome, 1982, p. 257-262.
de Bocchi et de son « platonisme » sur Renato. Voir son traité Aduersus baptismum quem sub regno Papae Antichristo acceperamus de 1 548.
1082 Voir son étude Venezia e il Rinascimento : religione, scienza e archittetura, Turin, 1985, p. 97-101.
"EC. Ginzburg, II Nicodemismo, p. 179-181.
8S Tbid., p. 72 et n. 62.
17° A. Rotondb, « Per la storia dell’eresia », p. 127, n. 4. 1077 Nous avons confirmé cette influence déterminante dans nos analyses des Symb. 137 et 151.
204
!03 Voir A. Prosperi, L’eresia del Libro Grande : Storia di Giorgio Siculo e della sua setta, Milan, 2001*, p. 135-136.
104 G. Dall’ Olio, Eretici e Inquisitori, p. 73-74-
205
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Il cavaglier Bucchio, gentilhuomo bolognese e professore publico d’humanita da certi mesi in qua comincid a pratticare al nostro collegio et a pigliare affettione alle cose nostre et tanto che m’ha eletto per suo padre $pirituale. Gia molti anni fece edificare un bel palazzo nel quale, come lui dice, ha speso 14.000 over 15.000 scudi con intentione di fare ivi una Academia nella quale si facesse professione dell’ arti liberali, et insin adesso non ha
mai potuto adempire il suo desiderio, et par che adesso, havendo inteso l’instituto della Compagnia, che molto s’inclini a donar detto palazzo alla Compagnia et dotarlo'™.
Suivant l’hypothése de Gigliola Fragnito, il était assez courant que des ordres fondés récemment, comme les Barnabites ou les Capucins, attirent à eux des figures venues de l’hétérodoxie, séduites et intriguées, dans un
premier temps, par cette manifestation d’une forme différente de spiritualité!°7, Une trace des contacts de Bocchi avec la Compagnie de Jésus, par l’intermédiaire de Giovanni Campeggi, peut se voit dans la gravure du Symb. 11, célébrant la Sapientia : l’insigne de la compagnie (le christogramme ΤΗ͂Σ, avec une croix surmontant
le H) se lit au-dessus de la coiffe de l’allégorie.
Ces études cependant, pour passionnantes et stimulantes qu’elles soient, ne consacrent pas d’enquéte spécifique à l’ensemble du recueil. On pourra regretter en particulier que |’évocation des emblèmes s’y résume le plus souvent à la citation de leur titulus ou de quelques vers hors contexte, sans véritable recherche des sources littéraires précises ni de description de l’image. Or il paraît indispensable de tenter de saisir la nature et la cohérence du discours religieux du livre dans son entier, les thèmes et les motifs récurrents à travers lesquels il se déploie et les liens qu'il peut entretenir avec l'actualité historique et idéologique, sans oublier que le symbolum est un « complexe sémiotique » où le sens circule, s’enrichit et adopte des stratégies discursives
différentes d’un élément constitutif à l’autre, épigramme, titulus, image ou dédicace". Quel dosage spécifique
de signes fait basculer un emblème d’une apparente neutralité vers l’hétérodoxie religieuse ? À quel moment un signe se transforme en signal d’un contenu idéologique plus subversif ? b. Nicodémisme ou propagande ?
Même si les études dont nous avons brièvement résumé le propos définissent les modalités de la relation entre Bocchi et les milieux réformés italiens, il y a néanmoins quelque paradoxe effectif à poser l'hypothèse de la présence d’une spiritualité évangélique et de convictions hétérodoxes dans un recueil d’emblémes qui n’a jamais fait l'objet d'aucune mise à l’Index ni d'accusation d’hérésie. On peut également remarquer que certaines figures représentatives de |’évangélisme italien ou favorables à son expression (comme Reginald Pole, Marcantonio Flaminio, Stefano Sauli, Benedetto Accolti, Camillo Orsini, Lodovico Beccadelli, Renée de France, Sebastiano Corrado, Antonio Bernardi, et la liste n’est pas close) ne sont pas les seules ἃ recevoir des
emblémes, mais qu’abondent aussi les dédicaces ἃ des papes, ἃ des membres du haut-clergé, évéques et cardinaux — qui gravitent dans leur entourage et sont de &tricte obédience — ou même à un légat de I’ Inquisition comme Reginaldo Nerlio (Symb. 128). On sait par ailleurs les relations que Bocchi, protégé et subventionné par les Farnèse, entretenait avec des personnalités dont l’orthodoxie ne peut pas être remise en cause, comme Leandro Alberti. L'une des réponses possibles à ce paradoxe consiste à revenir sur la vision trop tranchée qui a longtemps prévalu d’une opposition irréduétible entre les « spirituali >» évangéliques et les intransigeants dogmatiques du catholicisme. Le pape Paul III, mécène de Bocchi, qui se voit dédier nombre d’emblèmes, instaure le tribunal de l’Inquisition, mais il convoque parallèlement J. Sadolet, R. Pole et G. Contarini, tous
connus pour leurs tendances réformistes, à la consultation préparatoire au Concile de Trente qui aboutit en
1086 Cité ibid. Ρ. 197, n. 27. La lettre de Palmio évoquant Aldovrandi comme son « figliolo spirituale » est daté du 1° février 1559.
1057 G. Fragnito, « Gli ordini religiosi tra Riforma e Controriforma » in M. Rosa (dir.), Clero e società nell’Italia moderna, Rome/Bari, 1992,
P. 115-206, en particulier p. 137-139. 1058 Nous avons jeté les bases d’une réflexion d’ensemble sur la religion de Bocchi dans notre étude « Achille Bocchi’s Symbolicae Quaestiones
(1555) » in K. Enenkel, A. Visser (dir.), Mundus emblematicus, Studies in Neo-Latin Emblem Books, Turnhout, Brepols, Imago Figurata, t. IV,
2003, Ρ. 101-130.
1089 Voir notre partie sur le Symbolum.
206
Introduction
1536 ἃ la rédaction du De Emendenda Ecclesia. Or le redoutable cardinal Carafa, futur pape Paul IV, y participait également, partageant l’idéal de réforme des abus de l'Église. De même, le cardinal del Monte, futur pape
Jules III, dédicataire du Symb. 148, aurait réclamé en 1549 à l’abbé don Luciano degli Ottoni, protecteur de
l’anabaptiste Giorgio Siculo, la libération du bénédiétin Benedetto Fontanini de Mantoue, rédacteur du Beneficio di Cristo, qui était alors emprisonné à Padoue!°%. Suite à la promulgation de la bulle Illius qui misericors par Jules ΠῚ en 1550, l’inquisiteur de Bologne Leandro Alberti promulgue plusieurs absolutions successives d’hérétiques, sans procès formel ni cérémonie publique de pénitence. Son successeur à partir de 1552, Reginaldo Nerli, est lui-même une figure ambiguë et indépendante, peu encline à suivre à la lettre les procédures inquisitoriales ou à accabler de son témoignage le cardinal Morone au moment où se constitue son gigantesque dossier d'accusation! ®”". N'oublions pas enfin qu’Erasme lui-même, dont nous montrerons que la pensée religieuse inspire nombre d’emblémes de Bocchi, a bénéficié d’une réputation incontestée!™ auprès des papes
Léon X, Clément VII et Paul II], mentionnés dans le recueil.
Une autre piste de recherche, suggérée par Delio Cantimori et Carlo Ginzburg, est constituée par l'hypothèse d'une attitude « nicodémiste » de Bocchi et de l'ambiguïté qu’elle génère au sein du recueil : oscillant entre tentations hérétiques et neutralité religieuse apparente, celui-ci dissimulerait sous des motifs platoniciens un
message révolutionnaire par trop abrupt. Sous cette appellation de « nicodémi(s)te », qui renvoie au passage de Jean, 3, 1-3 où Nicodème attend la nuit et l'obscurité pour rendre visite à Jésus, s’élabore une doctrine subtile de dissimulation religieuse, d’abord en France, en Allemagne et en Suisse”, puis en Italie dans les années 1540-1550, sous l'effet de la multiplication des cercles évangéliques des irituali. D'une part, cette doctrine incite les réformés convaincus 4 masquer leurs vraies convictions sous des pratiques simulatoires conformes au
catholicisme orthodoxe, pour échapper aux persécutions, au martyr et à l'exil” et, d’autre part, elle tente de conférer à cette attitude concrète un support théologique convaincant, Outre certains passages bibliques qu’elle
recense
et
commente
avec
assiduité5, la
doctrine
nicodémiste
s’appuie
essentiellement
sur
l'anthropologie dualiste paulinienne reprise par Origène"” puis par Érasme!®. Cette anthropologie oppose
l’homme extérieur (ou charnel), auquel elle applique le terme stoicien d’adiaphoron (« indifférent », c’est-àdire qui ne concerne pas l’acquisition de la vertu)”, et l’homme intérieur ou spirituel, incorporel à l'image du Logos divin et qui seul compte aux yeux de Dieu kardiognôstès, « Dieu qui scrute les cœurs ». Pour Camillo Renato ou Lelio Sozzini par exemple, les cérémonies et sacrements imposés par l’Église deviennent des symbola, des images charnelles, à interpréter de manière spiritualiste, et il n’est donc pas interdit de s’y conformer en apparence, surtout si la vie est menacée. L’attitude permettait de lutter contre les deux disbositifs de contrôle 1% Voir C. Ginzburg, I nicodemismo, p. 178. 1091 Voir G. Dall’ Olio, Eretici e Inquisitori, p. 225-238.
' Voir A. Renaudet, Érasme et l'Italie, Genève, 1954. ni Un Ginzburg, Il Nicodemismo, p. 159, déclare que le mouvement naît à Strasbourg avec la publication, en 1527, des Pandectarum ueteris et noui
Testamenti
libri XII d'Otto
Brunfels.
Pour A. Biondi,
nell’Italia del Cinquecento, Florence/Chicago,
« La giustificazione
della simulazione
nel Cinquecento », in Eresia
e Riforma
1974, p. 7-68 (en particulier p. 10), le nicodémisme débute avec le commentaire aux Epitres
pauliniennes de Jacques Lefèvre d’Etaples en 1512, repris dans le commentaire au Nouum Testamentum d’Erasme de 1516 et débattu dans la controverse qui oppose ce dernier (Spongia Erasmi aduersus aspergines Hutteni), en 1523, ἃ Ulrich von Hutten (Cum Erasmo Expostulatio). Sur
tous ces aspects, voir C. Eire, « Calvin and Nicodemism : A Reappraisal”, The Sixteenth Century Journal, 10/1, 1979, p. 45-69 et P. Zagorin, Ways of Lying. Dissimulation, Persecution and Conformity in Early Modern Europe, Cambridge (Mass.)/Londres, 1990. ' Beaucoup d’hérétiques italiens ont fui les persécutions en s’exilant, tel Pier Martyr Vermigli, chef de file du cercle réformiste de Lucques (1542), les prédicateurs Bernardo Ochino et Celio Secondo Curione (1542), ou encore Pier Paolo Vergerio, ancien légat pontifical (1549).
18 Voir C. Ginzburg, Il Nicodemismo, p. XIV: « La storia delle minoranze religiose di tutti tempi pullula di simulatori, di simulazioni, di adattamenti più o meno sforzati alle religioni dominanti: ma il nicodemismo, e cioè l'attegiamento di simulazione religiosa argomenta teologicamente, ὃ un fenomeno esclusivamente cinquecentesco ». 1% Voir en particulier 2, Reg., 5, 18-19 mais aussi les propos de Paul dans 1, Cor. 9, 19-23 ou encore Gal. 2, 11-13. Sur le commentaire effectué sur ce dernier passage par
Jérôme
et Augustin et la controverse épistolaire qui les a opposés, et que l'on relit de très près à la Renaissance, voir
A. Biondi, « La giustificazione », p. 12-17. Voir aussi C. Ginzburg, II Nicodemismo, p. 61-84. 1097 '®8 ' s. v.
Voir ORIG., Rom., 7, 4. Voir aussi CLEM. ALEX., Protr., 10, 98, 4 et AMBR., Exam., Voir dans l'Enchiridion militis christiani, les deux chapitres De homine exteriore et Voir A. Baudrillart, sv. « Adiaphorites » dans le Dictionnaire de Théologie « Adiaphora » dans la Realencyclopädie für Protestantische Theologie und Kirche,
6, 8, 45. interiore (Holborn, p. 42-43 et p. 48-52. Catholique, Paris, 1935, 1, col 396-398 Leipzig, 1896, t. I, p. 168-174.
et J. Gottschick,
207
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
des egprits mis en place et généralisés par les autorités catholiques orthodoxes : la confession comme seul moyen de rémission des péchés ; le procès en inquisition pour la recherche des crimes en hérésie!!°, D'un autre côté, l’un des problèmes essentiels posés par le « nicodémisme », terme controversé, tient à l'articulation difficile entre simulation et dissimulation, qui remet en question la notion d'engagement : comment juger de la vérité et de l’intensité d’une conviction religieuse indépendamment de toute extériorisation par l’action ou par la parole ? Comment maintenir l'équilibre entre la neutralité relative et passive d'un « ne pas montrer » (ses convictions) et l'attitude plus active d’un « faire semblant », qui implique la participation à une liturgie honnie dans le but de tromper le regard social ? Un point est clair : la justification théologique du nicodémisme rappelle
beaucoup les orientations de l’évangélisme!!°! qui souhaite retourner à un christianisme authentique, moins
ciblé sur les dogmes, sur les pratiques ritualistes, et plus conforme à sa teneur originelle, entraînant de fait une attitude pacifique de compromis diplomatique et un irénisme politique généralisé. L’attitude de Valdés est, sur ce point, sans ambiguïté : il n’est pas nécessaire de rompre de manière offensive ou violente avec l’< extérieur »
(sacrements, messe, observances, bonnes œuvres, reliques, etc.), parce qu'il n’a pas d'importance. Cependant il
convient de travailler sur place à la rénovation de l’Église, en affirmant clairement la justification par la foi et la certitude du salut qu’apporte l’illumination intérieure". Plutôt que de nicodémisme, nous préfèrerons parler, à propos du recueil bocchien, de la notion très spécifique de cryptage allégorique ou symbolique. Bocchi n’est ni un théologien ni un dissident religieux. L'univers des emblèmes recèle cependant une incontestable dimension spirituelle, et nous avons vu le soin apporté par Bocchi, à l'instar d’Erasme, à faire de la culture antique la voie privilégiée pour se préparer à la religion évangélique. À ses yeux, les Anciens, dotés d’un savoir immense, ont préparé par leurs philosophes et leurs philosophies l'avènement d’un christianisme intérieur et méditatif dont Erasme a défini les orientations. Le symbole, lien entre les deux temporalités, assure dans la douceur cette conversion, dans un double mouvement,
à la fois pédagogique et anagogique : attrayant et explicite dans ses formes chatoyantes ou ridicules, il entraîne cependant vers le concept, les notions difficiles, le caché, qu’il préserve et éclaire à la fois. S'il dissimule, c’est
pour mieux révéler ensuite, en préparant le néophyte à la nouveauté des contenus, sans l’effrayer ni le dégoûter. Mais la dissimulation ne relève pas seulement d’une attitude politique de désengagement volontaire. Elle peut avoir des motivations protreptiques et se fonder sur des stratégies rhétoriques spécifiques. Les écrits pauliniens justifient en effet une forme de pia hypocrisis, non pas simplement comme attitude de protection et de repli défensif chez le prédicateur, mais comme une véritable stratégie pédagogique de conversion de leurs auditeurs, une diplomatie subtile qui vise à l’efficacité et se trouve lavée de l’accusation de mensonge par la pureté de l'intention. Cette intention, Erasme la définit comme une forme d’habileté diplomatique que le sage se doit d’appliquer dans le cadre de l’éducation des princes. Toute vérité n’est en effet pas bonne à dire dans toutes les
circonstances''®’, et le sage aura intérêt, face à ceux qui ne sont pas encore mysterii capaces, à se faire l’émule de Paul tel qu'il se montre dans les deux Lettres aux Corinthiens : sic polypum ac chamaeleontem, sic Proteum ac
Vertumnum quemdam agit [... ] in omnia se uertens [... ] per cuniculos insinuat''*. L'objectif de cette ciuilitas est
clairement défini par Erasme :
Il faut, à mon avis, que ceux qui se soucient de ramener à la piété les peuples et les princes dépravés, usent de la diplomatie de Paul et prennent garde à ne pas lancer d’imprécations, ni à exaspérer ceux qu'ils veulent guérir. Qu'au contraire ils dissimulent nombre de leurs sentiments pour amener leurs élèves à améliorer leur âme. Et peut-être ne faudrait-il pas blâmer les hommes de bien qui agissent dans cet esprit à la cour des rois pour entrer subrepticement et progressivement dans l'estime des Princes, et, pourvu que ces derniers ne se livrent pas à des crimes publics, on peut parfois, même à regret, fermer les yeux sur ce qui se fait!!°,
Le recours au savoir antique et au symbole joue effectivement un double rôle dans les emblèmes. D'un côté, véritable hommage à la culture du dédicataire, il est le masque rassurant et pacifiste revêtu par le conseiller du prince, pour poser l'assurance d’un langage partagé et de références communes. Il fonctionne alors comme captatio beneuolentiae grâce au déploiement d’une rhétorique séductrice et à la soumission volontaire aux impératifs de uariatio et de delectatio, pour ne pas lasser son lecteur. De l’autre, il travaille activement à la diffusion subreptice de thématiques ciblées, à leur répétition dans une sorte de ruminatio visant à l’innutrition, propice à la conversion. C’est la subtilité du dosage entre neutralité et subversion, entre tradition et originalité qui donne au recueil sa tonalité si particulière et explique peut-être un destin sans encombre après sa publication! !%, Cette oscillation nous semble également révélatrice des ambiguités mêmes du phénomène religieux dans la première moitié du XI‘ siècle, où la simple citation de propos empruntés aux Pères de l’Église encoure le reproche d’hérésie!!7, tandis que de hauts diginitaires, voire des papes eux-mêmes peuvent manifester ouvertement une volonté réformiste. Quels sont les thèmes et les motifs relevant d’une inspiration évangélique et quel rôle joue le cryptage allégorique dans leur présentation ? polémique ou pédagogique ? circonspect ou séditieux ?
2. Une doctrine de liberté : les motifs privilégiés de la spiritualité évangélique L'une des attitudes les plus étonnantes qu'a suscitées la réforme érasmienne en Italie est sans doute l'engouement pour l’idée de la « liberté chrétienne », véritable mot d'ordre des cercles évangéliques et principe de subversion. Cette idée de liberté dans l'Évangile naît de la convergence parfaite entre la critique des rituels par Érasme et le refus de la justification par les œuvres de Luther, et elle s’exprime dans une conviction assez simple : l'amour de Dieu et l'amour du prochain deviennent les seuls dogmes impératifs formulés par l'Écriture pour le chrétien, et ils sont en eux-mêmes les preuves suffisantes de la grâce et de l'élection divines. La conséquence est considérable : la contrainte formidable qu’exercent sur les chrétiens le calendrier et les rituels liturgiques régulés par l'Église catholique (messes, dévotions, confessions, prières, processions, pénitences,
cultes des reliques) disparaît tout d’un coup pour laisser la place à une régulation autonome et intérieure de la
Spiritualité. On imagine sans peine l’exaltation que suscite cette révolution, dont les archives nous restituent les 1% Voir l'étude d’A. Prosperi : « Confessione e dissimulazione », Les Dossiers du Grihl [En ligne], 2009-02 | 2009, mis en ligne le 11 janvier 2010, URL : .
1101 Voir le rappel de la définition de ce vocable inventé par l'historien Pierre Imbart de La Tour que propose Alain Tallon, qui souligne qu'il
n'est pas propre à la Renaissance, dans A. Tallon, « L’évangélisme italien de la Renaissance à la réforme catholique », dans La Renaissance. Actes du colloque de 2002, Rennes, Association des historiens modernistes des universités, Paris, 2003, p.125-138, en particulier 126:
« [l’évangélisme] place au cœur de la vie spirituelle la relation personnelle du croyant avec le Christ, fondée sur la lecture et la méditation individuelle des évangiles. L’évangélisme est donc christocentrique, il est aussi spiritualiste, dans la mesure où il fait de la vie en esprit avec le Christ
la véritable
vie chrétienne.
Les
contraintes
morales,
les ceuvres
prescrites,
mais
aussi bon
nombre
des
définitions
dogmatiques
deviennent presque secondaires devant cette effusion spirituelle, même si l’évangélisme ne les condamne pas obligatoirement. L'essentiel reste
la rédemption du croyant par son Sauveur, dogme qui se suffit à lui-même et n'implique rien d’autre ».
1% A. Tallon, « L’évangélisme italien », p. 129. 1103 Voir par exemple ERASME, Epistolae, (LB, τ VI, col. 880), R. P. Aloisio Marliano episcopo Tudensi (25 mars
1521): Scio pietatis esse
nonnumquam celare ueritatem eamque neque quouis loco neque totam ubique ponendam. « Je sais que la piété veut que l’on cache parfois la vérité, qu'on ne l’expose pas n'importe où, qu'on ne la divulgue pas partout tout entière. > Voir les analyses et d’autres textes dans A. Biondi, « La giustificazione de la simulazione ».
208
MO ÉRASME, ibid. col.
855-6, Praesuli D. Erardo de Marca (5 février 1519) : « Il agit tel un poulpe et un caméléon, tel Protée et Vertumne, en
prenant toutes sortes de formes, et il s’insinue par des moyens détournés. » 1105 ÉRASME, Annotationes in Nouum Testamentum (Act. 17, 23), Ignoto Deo, (LB, t. VI, col. $01 sq.).
1106 La difficulté, mais aussi l'importance de saisir, du fait de leur ténuité même, les détails significatifs d’une sensibilité religieuse influencée par l'hétérodoxie, en particulier dans le cas de la peinture et des images, a été soulignée par M. Firpo, Artisti, gioiellieri, eretici. Il mondo di Lorenzo
Lotto, tra Riforma e Controriforma, Rome, 2001. Voir également Id., Gli affreschi di Pontormo a San Lorenzo. Eresia, politica e cultura nella Firenze di Cosimo I, Turin, 1997.
du xx° siécle a beaucoup 1107 ©’ eg Ja thèse fondamentale de Silvana Seidel-Menchi, Érasme hérétique, p. 15-16 qui rappelle que, si la critique alors figures de brûlots faisaient défendait qu'il idées certaines ceuvré pour promouvoir la figure d’un Erasme consensuel, en revanche
siordonne selon la hérétiques et lui valaient l'appellation d'« Érasme luthérien » : « Blanchie de toute ombre, sa physionomie intellectuelle emipediait Vhérésie ; c'était un perfection lissée et l’hagiographie. Mais l'image qui circulait au XVI siècle était bien différente. Cet Érasme-là
dogme fauteur de scandale, un germe de décomposition. Il n'est aucune tentation intellectuelle dont les Italiens l’aient jugé innocent; aucun
du Christ. La tradition vénérée qu'ils ne l'aient soupçonné de vouloir abattre, de la virginité de la Vierge à la divinité ». détruites furent italiennes éditions des plupart la que zélée si fut persécution contre l'Enchiridion sacro-saint, aucune
209
Introduction
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1 555) - tome 1
manifestations mutliples!!”’, Dans le recueil d’emblémes, les ébats paisibles de Ganyméde et de l'aigle signifiant
aussitôt l’idée dans un second poème qui éclaire les intentions du premier. Il évoque en effet la différence posée
qui baigne dans l'atmosphère détendue du cortège de Silène ivre, entouré par les facétieux Mnasyle et Chromis (Symb. 10), le banquet chez Giovanni Poggi ou la présence facétieuse d'Amour constituent peut-être la trace rémanente de la joie qu'avait suscitée cette libération. Loin de s’amoindrir, la place offerte à la religiosité se déploie de manière vertigineuse. Le chrétien n’est plus chrétien dans le temps régulé des cérémonies ni dans l’espace circonscrit de l’église : il l’est partout et toujours, temple vivant et image permanente du Christ. Parallèlement, c’est l'influence politique, sociale et idéologique de l’Église qui se trouve compromise du jour au lendemain. De manière très révélatrice, les apres attaques des
l’action. Or, par une forme de perversité étrangère à l'esprit des Évangiles, certains veulent jouir des choses (les richesses par exemple), et user de Dieu pour les obtenir. Il est probable, de plus, que la recommandation de l’immobilité de la prière comme gage d'intensité et de concentration, dénonce et conteste l’ostentatoire cérémonial de la génuflexion et du baiser devant les objets et images rituels recommandé par le dogme catholique, et qui reçoit le nom technique de « proskynèse », terme que l'on entend dans le terme grec προσκυνήσοντας du symbole pythagoricien.
la réconciliation de l'âme et du corps (Symb. 79), l’accolade fraternelle de Pallas-Virtus et de Vénus-Voluptas,
adversaires italiens de la Réforme
à l’époque pré-tridentine, en particulier entre
1510 et 1540, autour de
personnalités de premier plan comme Alberto Pio da Carpi ou Pietro Corsi, portaient moins sur les fondements théologiques et la discussion des dogmes, que sur les conséquences pratiques au quotidien de décisions dodtrinaires. Ce sont les modifications des attitudes religieuses dans la vie de tous les jours qui, de fait, risquaient de saper le plus dangereusement l'autorité morale et la justification de la hiérarchie ecclésiastique en mettant en péril l’omniprésence de l'Église dans la vie quotidienne et les revenus substantiels qu’elle en tirait "”. Dans son âpre polémique contre les cérémonies, Érasme s'était attaqué avec virulence contre les excès ritualistes
des catholiques de son époque en les comparant aux Pharisiens des textes vétéro-testamentaires, esclaves des pratiques « charnelles » de l’ancienne Loi mosaïque. Il invitait ainsi à célébrer l'engagement de l'esprit qui
caractérise l'avènement christique et que promeuvent les Évangiles!!!°,
a. Entre Érasme et Valdés : le cœur, l’homme intérieur et l’abolition des rituels
Cet engagement érasmien de l’esprit se décline, nous l'avons vu, à travers une série de motifs qui constituent
autant d’appels variés à cette religion privée et intérieure qu'est l'évangélisme : l'invitation socratique au nosce te ipsum, à travers le miroir ou l’autoportrait ; la mise en valeur de l’anthropologie platonicienne qui fait de l’intelleét ou mens — démon, fleur, syndérése ou kentron — la partie de l’âme la plus précieuse, la plus humaine et la plus digne d'attention ; les manifestations pythagoriciennes ou socratiques de religiosité invitant à penser à ce que l’on fait lors d’une cérémonie en l'honneur des dieux, et à ne pas chercher à tout percer avec la raison ; la célébration à travers Protée, prisonnier d’Aristée, de l'homme intérieur de saint Paul et d’Origéne. Parallèlement, l'âme est invitée à se retirer loin des sens et de la matière, qui sont comme un Tartare qui risque
de l’engloutir (Symb. 130) ou les phoques de Protée dans leur caverne obscure (Symb. 61). Il s’agit là d’une invitation presque explicite à fuir les cérémonies charnelles dont parle Érasme. De même, la gravure du Symb. 98
met en scène l'épisode de la Transfiguration!!!! : le Christ, retiré sur une montagne avec Pierre, Jacques et Jean,
se révèle à eux dans une blancheur éclatante, accompagné de Moïse et d’Élie. Selon Luc, les apôtres endormis se réveillent pour contempler le Christ en gloire ; une nuée s’abat alors sur eux et une voix divine leur annonce que le Christ est le fils de Dieu (Hic est filius meus carissimus). Le poème bocchien, à l’aide d’une métaphore
platonicienne digne de Ficin ou de Nicolas de Cues, met en paralléle l’éclat du soleil et celui de la gloire divine. Or, pour les Péres de l’Église qui commentent le passage, Jéròme ou Ambroise par exemple, le sommeil et l’aveuglement des disciples ainsi que l'ascension de la montagne signalent l’anéantissement de la chair devant l'éclat de la grâce divine et l’accès à la spiritualité''’”. L’abandon des cérémonies ostentatoires avait été préparé par les païens, qui avaient réfléchi de leur côté sur la spiritualisation de la religion. Ainsi, le Pythagore du Symb. 76, au moyen de l’un de ses fameux « symboles », invite les hommes à « s'asseoir avant de prier > (Καθῆσθαι προσκυνήσοντας), afin de se laisser le temps de se consacrer à ce qu'ils vont faire. Bocchi relaie 1108 Tbid., p. 103-128. 1109 Thid., p. 44-51.
1110 Voir par exemple la Paraphrase à l'Évangile de Luc, 11, 38-39 et la Paraphrase à l'Évangile de Marc, 7, 2. 111 VvLG., Marc. 9, 1-7 ; Matth., 17, 1-9 ; Luc., 9, 28-36. 1112 Voir le détail des sources dans notre analyse de l'emblème.
par Augustin dans la cité de Dieu (11, 25) entre frui et uti, entre « jouir de » et se « servir de » : on se sert des choses, car on a un but extérieur à elles quand on les utilise, mais on jouit de Dieu car il est l'objectif ultime de
Mais, à la célébration de la mens, le recueil adjoint régulièrement une réflexion sur le cœur, le véritable organe de
connaissance du divin, qui ne passe pas par une approche rationnelle et échappe ainsi aux dangers de l’impia curiositas. Comme l'explique Lactance, le cœur (décliné en mens ou animus) est un templum où se livre le culte secret de la Foi: il confirme la supériorité de la religion spirituelle confiée aux Apôtres et rend caduques les
manifestations extérieures de la piété pharisaïque et mosaïque"ἢ Le Symb. 60, à l'unisson des Psaumes (50, 19, 1-2 ; et 50, 33, 19), rappelle que le cœur humilié est la véritable offrande à Dieu. Le poème célèbre en effet le cor
comme la faculté mystique par excellence, l’espace secret (arcana, penetralia, intus) et sacré (dedicat) qui reçoit Dieu (deum capit) et où s'exprime la foi (fidi). Brélant du feu divin, le cœur a la faculté d’embraser les autres, suivant le principe de la caritas (voir le Symb. 77). Dans la gravure du Symb. 60, le miroir qui, comme le cœur, réfléchit la lumière et embrase de l’étoupe entre dans cette symbolique complexe de l’infériorité de la chair et de l’exaltation de l'esprit que l’on voit à l’œuvre chez Paul. Ainsi, au voile que Moise met sur son visage pour dissimuler aux Juifs la gloire divine, Paul oppose le miroir du visage des apôtres qui réfléchit la gloire du Christ, miroir qui se confond avec l’image qu'il reflète au point que les apôtres eux-mêmes deviennent images du Christ!!#, La réflexion spéculaire est le symbole du devoir apostolique, qui accomplit médiatement la volonté divine en œuvrant en faveur du Christ. L’exaltation du cor se poursuit avec l'éloge de Sebastiano Corrado, au Symb. 122. Le texte décline une série de paronymes autour du mot cor (cordatus, excors, concors, cor-uo) et rapporte des épisodes historiques ayant rapport avec le cor: Scipion Nasica appelé corculus, cérémonies d’haruspicine où le cœur manquant est un mauvais présage, fondation de la ville de Kardia par Hermocharès!!!5, La gravure, qui reprend l'épisode
(cor-rado = d’Hermocharés et de l’harusbicine, célèbre, en outre, la fausse étymologie sur le nom du dédicataire
une «je purifie mon cœur >), à travers le motto (in corde puro uis sita prudentiae), qui fonctionne comme pour in transcription hiéroglyphique à la Colonna du blason de Corrado représenté également : cceur enflammé
sur le casque pour le corde puro ; heaume pour uis ; pélican pour prudentia (mais aussi sacrifice de soi); pélican
évangélique, où génitif (uis prudentiæ). Son nom prédispose Corrado à remplir un rôle exemplaire de discipline la gravure, l'indique la pureté de l'intention religieuse prime sur la conformité de l’acte ritualiste car, comme
« Dieu connaît le cœur » et en est donc juge. charnels est clairement mis en Que l’exaltation du cœur s'accompagne simultanément de l'abolition des rituels
de cet emblème, nous scène par le Symb. 64, tant dans les deux textes que dans la gravure. Dans notre analyse met en évidence l’idée montrons qu’à travers un ensemble de références cicéroniennes, la première épigramme de l’homme. Jouant sur des termes que les vrais sanctuaires sont intérieurs et ne sont rien d’autre que la mens de sanctuaire (delubra, arce), le premier qui font entendre à la fois l’idée de tête (caput, Capitolina, Tritonia) et
de la tête. Image de Dieu selon poème rappelle que la mens, faculté divine supérieure, est située dans l’acropole les sens (non sensibus la Genèse (diuinae mentis imago), elle est sans rapport ontologique avec le corps et le nosce re ipsum, et exposita). Comme le recommande la fin du poème, pour la connaître il faut appliquer en l’accentuant reprend surtout, le geste harpocratique du silence, doigt sur la bouche. La deuxième épigramme 1113 LACT., Epit., 53, 3-4:
4 VvLG., 2 Cor. 3, 15-18.
‘MS Voir l'apparat des sources de cet emblème.
Les Questions symboliques d'Achille Bacchi (155 5)
tome 1
la thématique de l’ opposition radicale (reuocare, abducere) entre la Mens, lieu de la réflexion (cogitatio) et de la vie divine (uiuit ut Deus), et le corps, lieu des sens, de l'habitude (assuetudine) et de la bestialité (brutum pecus). On reconnaît la séparation radicale qu’Erasme instaure entre corps et esprit dans le cinquième canon de l'Enchiridion. Les formulations semblent imitées des traités d'Hermès Trismégiste, évoqué d’ailleurs explicitement chez Bocchi. Le vers final, à travers un idiomatisme, cordi habebit (« tiendra à cœur » ), fait encore
entendre ce terme si important, qui est venu se substituer discrètement à celui de Mens. Les thématiques cicéroniennes et néo-platoniciennes de l’exaltation de l’intellect, de l'apologie du silence et de la condamnation des sens sont ici étroitement liées pour donner à entendre un message religieux, conforme à l'évangélisme, La vraie religion n’est pas dans la bouche qui débite mille prières, ou dans les sens, c’est-à-dire dans les rituels répétitifs qui absorbent mécaniquement l'énergie du corps sans imposer la pureté de l'intention ni la sincérité de la foi : elle est dans le silence du cœur, le secret de la Mens.
Cette célébration corrélée du cœur-sanctuaire et du refus radical des cérémonies est superbement orchestrée dans la gravure!!! où apparaît Mercure, doigt sur la bouche, et tenant de l’autre main une immense ménorah aux lucernes allumées. Le doigt sur la bouche, appuyé par les citations incluses dans l'image, relaie le propos des deux épigrammes : le geste d’Harpocrate, qui fait taire la bouche, se fait le symbole imagé du silence imposé aux manifestations ritualistes de la piété, dont la prière est un des aspects importants. La ménorah voit son sens éclairé également par les épigrammes qui ne cessent de louer le cor ou la mens. Chez Origène en effet, le
candélabre d’or symbolise l'or de la foi qui vient du cœur!“ἡ. Pourquoi sept branches allumées ? Ce sont les sept
dons de l’Esbrit dont parle Isaie (11, 2-3), mis en relation avec la ménorah, sans doute d’après le passage de |’ Apocalypse de Jean (4, 5) où les sept lampes près du trône figurent effectivement les sept formes du spiritus Dei. Par sa forme, cette ménorah n’est cependant pas le candélabre « typique > de Moise, pour reprendre le terme de Guillaume Postel. Légèrement inadéquate, elle révèle son statut de signe « typologique ». Si le chandelier appartient à l'ère mosaïque, les sept dons de la prophétie d’Isaie, en revanche, s’appliquent au descendant de la race de David, au Messie. Le premier annonce les seconds. Mais pour ceux qui ne savent pas lire, à l’instar des Juifs de l’ère mosaique, le chandelier que tient le Mercure de la gravure est le chandelier de Moise. Pour ceux qui savent aller au-delà de l’apparence, comme les sfirituali, il rappelle qu’en dépit des errances contemporaines et des manifestations charnelles de la piété, propres à une Loi révolue et ancienne, chacun peut respecter dans le secret de son cœur les impératifs de la seconde Loi, celle du Christ, qui abolit la première en la rendant caduque. La syntaxe qui lie les deux mains du dieu est essentielle, parce qu’elle indique la nécessité d’une simultanéité des actions : il faut que le doigt ferme la bouche pour que le candélabre rayonne. De plus, la référence à l’antique dans la gravure permet d’atténuer la portée réelle du discours. Le discours subversif que constitue l'alliance du geste d’Harpocrate et de l’exposition du candélabre est parasité par les formules gnomiques latines et grecques qui ont envahi l’image. Renvoyant à une sagesse intemporelle, ces sentences laissent croire que les deux signes dans les mains de Mercure n’en sont finalement qu’une expression supplémentaire et concordante. La livraison du message religieux polémique est, de surcroît, confiée au dieu messager des Grecs et des Romains. Ce dernier, surgissant du passé dans son immarcescible nudité mythologique, transmet en apparence le sage énoncé d’une très neutre prisca theologia. b. Les vertus de l’Amour divin
Il est difficile de parler du cœur sans évoquer la question de l’amour dans le recueil, dont le statut est complexe puisque les différentes formes qu'il prend dessinent une trajectoire spirituelle progressive, au mouvement
significatif. Si nous n’avons pas à retracer ici la riche histoire des traités sur l'amour, déjà écrite par d’autres!!! il nous faut en revanche rappeler la faveur extraordinaire dont ces ouvrages ont joui au XVI siècle, dans le sillage
Introduétion
du Commentaire au Banquet de Platon de Ficin ou De Amore, paru en 1469. À travers une vaste réflexion
théologique, cosmique et anthropologique sur l'amour comme principe universel, l'ouvrage de Ficin se proposait en particulier de préparer au christianisme par un Platon revu à travers le prisme des courants platonicien et néo-platonicien. Les entretiens s'y concluaient de manière révélatrice par un appel à l'amour de la Sainte-Trinité. Les emblèmes poétiques de Bocchi ne sont ni un traité ni un dialogue et il serait risqué d'y chercher l'expression d'une pensée argumentée. Toutefois, ils affirment clairement l'universalité de l'amour
(voir le Symb. 75, qui illustre cette pensée sous la forme de Pan vaincu par Cupidon) et s'inscrivent dans ce vaste mouvement de la Renaissance qui, en prenant l'amour comme objet d'étude philosophique, tente d’articuler la richesse des réflexions paiennes à la contrainte des dogmes chrétiens. La régularité des évocations de l'amour
dans les emblèmes et les variations subtiles sur les formes qu'il peut prendre ne sont pas le fruit du hasard et méritent qu'on prête attention au parcours ainsi suggéré. Comme les visages de la philosophie, les manifestations de l'amour dans les emblémes bocchiens sont en effet multiples et ambigués. Les emblèmes amoureux, qui abondent dans le premier livre, sont une concession temporelle faite par l'emblématiste à ses premiers jeux et goûts littéraires, et semblent de prime abord n'avoir que peu à voir avec une pensée religieuse. Empruntant leur inspiration et leur écriture à la tradition élégiaque antique ou à la veine pétrarquisante et marullienne, ces poèmes mettent en scène de manière topique un sujet poétique ravagé par le feu de sa passion et par la douleur que suscitent la cruauté ou l'indifférence toujours renforcées de sa domina (voir Symb. 6, 7). Ces sentiments paroxystiques aboutissent à une confusion généralisée où ni les contraires ni les propriétés des choses ne sont plus discernés : le feu et l’eau, la vie et la mort, le plaisir et la douleur, le calme et l'agition. L'amour est présenté comme un sentiment mortifère qui consume ego tout entier, jusqu'à le réduire en cendres, ou le conduit à la pendaison (Symb. 13). Or c’est à travers la même expression paroxystique que Bocchi nous présente l’amor sapientiae (Symb. 11), l'amor Platonicus (Symb. 20) ou encore l'amator diuinus. (Symb. 143). Le feu amoureux est alors toujours aussi intense (le sujet aspire toujours à être dévoré par les flammes) et l'expression verbale ne se départit pas des termes érotiques, présentant par exemple la Sapientia philosophique ou divine à la fois sous les traits d’une Vénus antique et sous ceux de la Sagesse de Salomon (Symb. 11). Toutefois, l'amour a changé radicalement de nature en même temps que d'objet, pour devenir entièrement spirituel sinon religieux : quittant le caractère imprévisible et inconstant de l'amour humain incarné par la domina cruelle ou volage, l'amour s'attache maintenant à des réalités éternelles (Dieu, le Bien, la Sagesse) que
seul l’esprit peut connaître et, par là même, goûte enfin une forme de permanence et d’arrachement à la mort, selon la tradition du Premier Alcibiade de Platon qui identifie l’homme à son âme. C'est la position que Ficin exprime par l’expression homines, id est hominum animae (In conuiu., 4, 2). C’est a Ficin que Bocchi emprunte cette psychologie dualiste, en particulier à travers la théorie des deux lumières de l'âme, magnifiées dans les deux visages de Janus qui regardent dans des directions opposées (voir Symb. 151) : si la ratio obéit à une lumière naturelle qui la porte à s'occuper du monde
matériel, la mens en revanche, grâce à une seconde illumination,
extérieure et divine, se porte vers la contemplation des objets qui la dépasse, le ciel et surtout Dieu. Or cette seconde lumière insuffle dans la mens l'amour divin, qui, pour Ficin, s’identifie plus à la volonté (dans un sens
augustinien) qu’à l’intellect proprement dit ". Si l'amour peut admettre une étape mortifère, qui peut aller
jusqu’au martyre comme dans les Symb. 143 et 150, celle-ci ne concernera que la partie mortelle de l'homme, c'est-à-dire son corps, laissant intact l'esprit, pour qu'il puisse s'ouvrir à la lumière ou au souffle de Dieu (Symb. 20, 130). Bocchi trouve en outre dans la métaphore poétique traditionnelle du feu de la passion qui consume l'être un 132), secours philosophique inattendu. En faisant de l'âme une étincelle ignée arrachée aux astres (Symb. semblable Bocchi lui prête le mouvement naturel ascensionnel que l’on attribue au feu, avec l’idée que le le divin, cherche à rejoindre le semblable. Or l’emblématiste fait aussi de ce feu le signe que l'âme aime et désire
'N® Voir le détail dans notre analyse du Symbole.
1117 ORIG., Exod., 13, 2. "# Voir le panorama proposé par Laurence Boulégue dans l'introduction de son édition d'Agostion NIFO, De Pulchro et Amore, I: De Pulchro liber. Du Beau et de l'Amour, I : le livre du Beau, Paris, 2003, p. LII-CII.
212
1119 Voir M. FICIN,
Commentarium
in Conuiuium
Platonis, 4, 4, p.172
Marcel
et la lettre de Ficin à Paolo Orlandini
gus accompagne
les
pensiero filosofico di Marsile Ficino, commentaires de Platon (Opera Omnia, Bale, 1561, p. 1425- 1426). Sur ces questions, voir P-O. Kristeller, I] p. 295-296.
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi
(1555) - tome 1 Introduction
retrouvant ici la nostalgie que Platon prête à l’ame exilée sur la terre pendant son incarnati on. L'élan de l'obélisque de l’àme des Symb. 48 et 97, dont la pointe pyramidale se dresse vers le ciel, comme pour s’éloigner de la base-tombeau où gisent les cing sens, ou encore les langues de feu qui montent a l’assaut de la chaine qui relie la lucerna pensilis (symbole de l’àme du pape) à la main divine dans le Symb. 132 servent à traduire autant le lien consubstantiel entre le feu éthéré constitutif de l’âme et le ciel d’où elle vient (avec le jeu étymologique pyr (« feu »)/pyramide) que la passion pour Dieu qui la pousse a se rapprocher de lui. Ces parallélismes poétiques ne permettent pas de dégager explicitement une solution de continuité qui permettrait d'affirmer que l'amour charnel préluderait à l’amour du Bien et à l’amour divin. On se contentera de constater que, d’un point de vue pédagogique, le premier peut servir d'image poétique pour faire comprendre
les enjeux des seconds, même
si cette image
demeure
toujours inadéquate pour traduire une expérience
indicible. On notera également que l'inspiration purement érotique disparait après le premier livre, comme pour témoigner d’une expérience intime révolue mais qui a constitué une étape incontou rnable dans la maturation du sujet. La spiritualisation de l'amour connaît des nuances, auxquelles nous prépare le Symb. 10, qui annonce la réconciliation du plaisir et de la vertu, celle de Pallas et de Vénus. La paire que constituent les Symb. 78 et 79 est, ἃ cet égard, révélatrice : si Ganyméde est enlevé par l’aigle divin dans le Symb. 78 pour la beauté de son âme et non celle de son corps, en revanche ses ébats avec l’oiseau dans l'emblèm e suivant symbolisent la réconciliation de l’àme et du corps. II est alors possible d'opérer un rapprochement avec le mythe ficinien des deux Vénus et de leurs Éros correspondants : pour Ficin, l'amour vulgaire (à condition qu’il ne devienne pas ferinus) comme
l'amour $pirituel ont un lien avec la divinité, l’un visant a la reproduct ion de la beauté de Dieu dans la matiére, l’autre ἃ sa pure contemplation (In Conuiu, 2, 7).
L'amour n’est d’ailleurs pas l’apanage des mortels et l’amor dei/amor diuinus en latin peut s’interpréter certes comme « l'amour que l’on voue à Dieu >, mais aussi « l’amour que Dieu nous porte >. Cette sollicitude divine prend dans les gravures des modalités variées : le démon qui se penche tendrement sur l'épaule de Socrate dans le Symb. 3 ; le bras solide de Pallas qui hisse vigoureusement la Fortune humaine des eaux où elle se noie
(Symb. 51) ; la pluie de fleurs d’Astrée ou de Jupiter qui vient récompen ser l’orant (Symb. 85 & 109) ou le dormeur (Symb. 125) ; ou encore Ganyméde qui s’abandonne à l’envol puissant de l’aigle (Symb.
78). Cette réciprocité est fondamentale dans le processus synergique de la grace : la divinité se porte vers le pécheur autant que ce dernier vers la divinité (voir Symb. 130 et notre développ ement ci-dessous). Mais la réciprocité s’exprime aussi dans l’attachement que peuvent nourrir les hommes entre eux, c’est-à-dire l'amitié et la charité. Nous avons rappelé dans notre introduct ion le rôle littéraire fondamental que joue l’amicitia, en particulier à travers les dédicaces, qui viennent constituer une sorte d'académie virtuelle hors du temps que le livre rassemble!"Ὁ, Bocchi réserve entre outre deux emblèmes à l'examen des vertus Spéciales de l'amitié (voir Symb. 44 et 144). Bocchi
emprunte
ses conceptions
sur la réciprocité
de l’amour à Ficin. Ce dernier, s’inspirant du Laelius de Cicéron, rappelle le lien constitutif qui relie amor et amicitia, mais surtout souligne que, pour que l'amour existe en acte, il faut que toute personne qui aime soit nécessairement aimée en retour : car l'amant, en pensant à l’aimé, permet à ce dernier de retrouver en son amant la part de lui-même qu'il avait perdue par négligence (In conuiu. 2, 8). Mais cet amour-amitié est en outre garanti par la communauté de l’objet que recherchent l'amant et l’aimé, au-delà même des individus, à savoir la Beauté, c’est-à-dire Dieu luimême". Les implications sont clairement religieuses. L'amour pour Dieu amène les âmes à s’en remettre à lui comme à un père et, consécutivement, à regarder les autres hommes comme autant de frères qu'il faut chérir et
aider 1122 : il devient alors charité, dans le sens où la définissait Saint Paul. On notera que le couple d’emblémes sur Ganymède (n° 78 et 79) est flanqué par deux emblémes qui traitent spécifiquement de la nécessaire réciprocité de l’amour, dessinant une petite suite cohérente de quatre pièces. Le Symb. 80 emprunte à Thémistius et à Ficin l’histoire d’Éros dépérissant avant la naissance d’Antéros puis recouvrant ses forces au
moment
où paraît son frère. La gravure du Symb. 77, significativement intitulée amabitur qui amauerit, met en
scène une Charité portant deux nourrissons, assise sur un bûcher. Elle se détache sur un immense soleil, et, de sa
torche baissée, enflamme un bois terrestre situé sous ses pieds, dans la partie inférieure de l’image, qui accueille une petite scène historiée dont le sujet pourrait être « la découverte du feu ». À la périphérie du disque solaire, des têtes de putti joufflus incarnent les vents qui attisent la flamme. L'amitié qui relie Bocchi et ses dédicatair es se fonde, comme pour les écoles antiques, sur une communauté partagée de valeurs morales, littéraires et philosophiques. Au-delà d’une stratégie encomiastique ponétuelle, Bocchi veut donner à cette entente affective
et intellectuelle un ciment religieux, celui de la charité. L'amitié ainsi conçue trouve dans le cadre de l’académie
le lieu pour s'affirmer non seulement comme doétrine théorique mais aussi comme expérience pratique. Comme chez Ficin, l'expression amor Platonicus ne désigne pas seulement l'expérience intime de la contemplation divine, mais aussi « l’amour intellectuel entre amis, amour qui unit les membres de l’Académie en une communauté qui s’édifie sur l'amour de l’individu pour Dieu et qui, en relation avec le Banquet de Platon, s’attribue le nom d’amour platonicien, compris dans le sens de Platon »11%, c. L'apport théologique d’Augustin : la justification par la foi et la dynamique du salut
L’exaltation d'une religion spirituelle au détriment des rites a pour corollaire la vaste question du rôle des œuvres et de la volonté dans l’économie du salut. Nous avons rappelé supra avec quelle virtuosité, et en même temps quelle inconséquence théologique, le Beneficio di Cristo de Benedetto Fontanini, manifeste des sociétés évangéliques, tempère l'approche de Luther en conciliant la doétrine de la justification par la Foi seule avec la conception selon laquelle la conversion intérieure à la religion du cœur suscite et signale à la fois l'élection divine. De manière assez contournée, usant à la fois de la solennité de l’hexamètre dactylique et d’un appareil rhétorique où abondent les références mythologiques du paganisme antique (Olympe, Tartare, Pallas, Prométhée, Suprême Tonnant), le Symb. 130 chante l’épopée de la Foi'!’. Le début du poème nous place en
terrain connu : l'esprit humain est divin, mais il ne rencontre pas sur terre, dans la matière ou dans les sens,
d'objet capable de lui faire ressentir sa véritable nature. Par un premier mouvement, constitué par une ascèse éthique, il doit se purifier de ses passions. Toutefois, étant donné sa finitude, qui le plonge dans un Tartare glacé et ténébreux, il ne pourra pas, de lui-même et par sa propre action (agendo), s’élancer à la rencontre de son créateur céleste. Ce n'est qu'une fois qu'il se sera concentré dans sa partie supérieure, dans sa « fleur » (le flos mentis) ou son « œil» (oculus mentis) qu’il pourra enfin accueillir, mais de manière complètement passive (patiundo), le souffle de la divinité. La connaissance absolue qui le remplit et lui révèle les causes, rend caduque
et risible la scientia naturae qu'il pratiquait jusqu'alors. La dynamique complémentaire qui associe d’un côté le mouvement de l’âme qui se purifie et gagne sa partie la plus élevée et, de l’autre, la divinité qui descend au contact de sa créature, marque la volonté de s'inscrire explicitement dans le débat théologique de la justification par la foi. Fuyant le défaitisme de l'âme désespérée qui pense qu'elle pourrait ne pas être élue, autant que le triomphalisme de l’âme exaltée qui pense que, par sa propre action, elle ne peut pas ne pas atteindre le salut, Bocchi emprunte à Augustin par l'intermédiaire du De Libero arbitrio d'Érasme le concept de synergeia, l’idée 1122 M. FICIN, Epistolae, IV, « Hermolao Barbaro », Bâle, 1561, p. 778 : Quamobrem eiusmodi mentes inexistimabili quadam amoris fagrantia et dulcedine et ad Deum et se inuicem afficiuntur, dum se tum illi sponte reddunt tanquam patri, tum sibi mutuo libentissime dedunt tanquam fratribus,
=
ΜΟΙ Ladies
chap 3;2,24D% x Les dédicaces : sodalité, mécénat et kairos, ou la mise en scène symbol ique du lien social ». oir M. FICIN, In conuiu., 2, 9 et Epistolae, I, « Ioanni Cavalcanti amico unico >, Bâle, 1561, p. 633-634 : Amicitia igitur cum duorum consensu ad animum uirtute colendum nitatur, nihil utique aliud esse uidetur quam duorum animoru m summa in deo colendo concordia, « Par conséquent, l'amitié,
lorsque, avec l'accord des deux partis, elle s'appli que au culte vertueux de l’âme, semble n'être rien d’autre que l'accord parfait de deux âmes dans le culte de Dieu ».
214
« C'est pourquoi les ames de cette sorte [c’est-à-dire les âmes dédiés à la contemplation
divine], sous l'effet d’une es
d embrasement et
d'élan amoureux inouis, sont attirées à la fois vers Dieu et réciproquement les unes vers les autres, pendant que tantôt elles s'en remettent spontanément à lui comme à un père, tantôt s'offrent mutuellement et de leur plein gré les unes aux autres comme à des frères ». 1123 Sur ces aspects, voir P.-O. Kristeller, Il pensiero filosofico di Marsile Ficino, p. 296-307. 1% Ibid, p.308.
1125 Voir les sources et le plan du texte dans notre analyse de cet emblème.
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Introduction
d’une grâce « coopérative » qui permet à l’homme d’accompagner et de confirmer par son libre-arbitre le mouvement de l'élection divine : le pécheur conserve la liberté de choisir ou de refuser le mal, de se soustraire à
la grace ou de l’accepter. Le moment parfait où la divinité descend pour rencontrer l’àme du sujet qui s’éléve vers elle est décrit ἃ travers les ébats michelangelesques de l’aigle de Jupiter et de Ganyméde dans le Symb. 78. La gravure du Symb. 130 à son tour, de manière gracieuse et originale, entre dans le débat. La Foi, entourée par
deux angelots qui annoncent en termes pauliniens (2 Cor. 3, 5) le règne christique de l’esprit qui vivife et la fin de la loi mosaïque et de sa lettre qui tuent, met les pieds sur un socle où se lisent à nouveau des mots de Paul (2 Rom. 3, 10) : « De fondement, en effet, nul ne peut en poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire
Jésus Christ >. Paul explique en effet que la qualité, la beauté et la résistance de l’œuvre ou de l’action que chacun va édifier sur ce fondement détermineront sa place le jour du jugement : « Si l’œuvre bâtie sur le fondement résiste, l’ouvrier recevra une récompense ; si son œuvre est consumée, il en subira la perte ». Or la Foi occupe précisément la place de l’œuvre ou de l’action que chacun doit dresser sur le fondement christique, et se substitue donc à elles : c’est une manière ingénieuse de suggérer que la Foi participe tout ensemble du don divin et de l’action humaine. De plus, cette Fides, avec sa lyre et sa couronne de laurier, emprunte les traits de la
Poesia de Raphaël relayé par Marcantonio Raimondi''”*. La figure est au départ une allégorie de la poésie lyrique et de la gloire du poète que la divinité inspire, comme le rappelle le vers virgilien cité en arrière-plan, numine adflatur (Aen., 6, 50), et qui venait s'inscrire sur l’une des deux stéles tenues par les angelots. Bocchi et Bonasone la transforment en allégorie de la Foi, qui, elle aussi, est inspirée par Dieu. Comme pour la gravure du Symb. 3, avec l’autoportrait de Socrate au bon démon,
le scénario poïétique
se double
ici d’un scénario
théologique. La Foi que Dieu insuffle devient l’équivalent du bon démon socratique, source d’inspiration artistique tout autant que méthode de vie qui garantit l’ethos du uir bonus. La Foi prend les instruments de la Poésie, livre et lyre, pour rappeler au poète que sa mission poétique prend la forme d’une mission apostolique, point sur lequel insiste également le poème : témoigner et répandre le message christique, pour aider à la conversion. Par là même, le poète remplit l'obligation de caritas envers son prochain, attestant que la Foi lui a bien été donnée et qu’il veille à la confirmer. Le concept augustinien de grâce coopérante est encore à l’œuvre dans deux emblémes complémentaires
d. La réflexion religieuse : une question politique ?
La défense d'un ministère apostolique du poéte animé par les idéaux évangéliques amène à reconsidérer le
jugement assez largement partagé qui voit dans les emblèmes bocchiens une forme de neutralité consensuelle.
Le religieux quitte en réalité la vie privée pour prendre la forme d’une action publique, qui vient s'inscrire dans l’espace de la cité. Le choix d'évoquer certaines thématiques polémiques et de mettre en évidence certains motifs ambigus signale effectivement la présence discrète mais ferme d’une conscience politique qui tente de persuader autrui du bien-fondé de ses convictions. Le cryptage allégorique joue à nouveau pleinement son double rôle : d’un côté, il travaille l’atténuation rhétorique, permet la connivence culturelle avec les lecteurs et
les dédicacataires,
et favorise la conscience
du partage de références communes;
de l’autre, il assure la
répétition, selon des modalités variées, de convictions idéologiques moins consensuelles. Trois exemples nous semblent révélateurs de cette forme plus pugnace d’expression politique. + Un anticurialisme résiduel
Le premier exemple est constitué par le Symb. 124. Le poème, adressé à Romolo Amaseo et rédigé assez tôt par Bocchi, probablement lors de son voyage romain de 1513 1128, se présente comme une longue et interminable litanie des fléaux qui accablent la curie romaine et que le narrateur refuse d’affronter, laissant ἃ son dédicataire le ròle du héros qui sera capable de les endurer. La gravure joue sur le motif de la Roma-Pandora et nous montre une Rome virile empruntée aux monnaies antiques, armée et casquée, tenant le palladion, au-dessus de laquelle Pandore, flottant sur une nuée, vient déverser sa jarre de maux, indifférente aux gestes vains que fait Epiméthée,
industria et par les trois vertus théologales (Espérance, Charité, Foi) discrètement suggérées par le texte, la
rélégué sur le côté, pour l'arrêter. Les imprécations anticurialistes constituent un genre littéraire florissant en Europe à la Renaissance, de Pétrarque à Ulrich von Hutten en passant par Enea Silvio Piccolomini et le Pogge. Mais le ton incisif de l'emblème et, surtout, le choix fait par Bocchi de conserver la pièce dans le recueil plus de quarante ans aprés sa rédaction invite a y voir plus qu’un simple exercice littéraire sur une topique familiére. Le procédé de l’énumération accumulative utilisée dans l’épigramme, qui semble ne devoir jamais prendre fin, est précisément le mode d’expression stylistique qu’Erasme a choisi dans son Encomium Moriae de 1511 pour décliner les vices et les travers du mode de vie pontifical. Cette vision du palais papal comme antre où pullulent les vices et où les âmes se corrompent peut en outre être rapprochée de l'emblème d’Alciat « ficta religio >, qui présente le pape sous les traits de la grande putain de Babylone, en train d'accomplir une parodie de messe sous la forme d’un immense sacrifice paien : la dispute sur la pauvreté et le train de vie des serviteurs de l’Église n'avait donc rien perdu de son actualité. C’est précisément l’un des points cruciaux dont devaient débattre les
proverbe cum Minerua manum
qui aboutira à la rédaction du De emendenda Ecclesia.
(Symb. 51 et 52), bien que la tonalité en soit très différente du Symb. 130. Nous les avons évoqués à plusieurs
reprises supra et resterons donc brève à leur propos"!?. L'important est ici de constater la cohérence thématique implicite qui rapproche des emblèmes que tout, en apparence, sépare : la uarietas des tons contribue à brouiller les pistes, mais la répétition favorise la mémorisation. Dans le Symb. 51, Pallas/Diane sauve de la noyade une Fortune humaine qui a fait naufrage, mais qui se débat vigoureusement pour atteindre la rive. Soutenue par son
malheureuse Fortune ne s’est pas contentée d’appeler en vain le nom des dieux par des priéres. Obéissant au moue, « mets la main a l'ouvrage avec Minerve », elle s’est vigoureusement
débattue. La gravure met admirablement en valeur, au centre de la composition, le bras puissant de Pallas qui, pour la sauver des eaux, descend à la rencontre des mains de la Fortune s’élevant en prière. Ce nœud collaboratif de mains traduit visuellement les conséquences sotériologiques positives de la synergeia augustinienne. Cette évidence est soulignée a contrario par l'emblème suivant, narrant l’histoire du fainéant Agason qui, plutôt que d’aider son âne enlisé à sortir de la boue où il est prisonnier, préfère implorer Hercule. Cette fois-ci, pas de main divine qui traverse l’espace pour venir porter secours. La nuée céleste où repose
Hercule et l'univers terrestre où supplie Agason ne sont reliés que par l’inconsistance d’un phylactére où se lit un proverbe qui invite à agir d’abord, à invoquer le nom des dieux ensuite. Fables ésopiques et parémiologie savante mettent ici une culture antique ludique au service d’une réflexion subtile, mais cryptée par le symbole et l’allégorie, sur la religion et l’économie du salut.
cardinaux réunis par Paul III en 1536 pour entamer une réflexion sur une réforme en profondeur de l’Église, et
+ Contre les persécutions
En usant de l’apparente neutralité d’allusions antiques, Bocchi s'attaque à l’utilisation de la violence et des persécutions à des fins de conversion religieuse, pratiques courantes depuis la publication en 1542 de la bulle Licet ab initio par Paul III, qui institue un tribunal inquisitorial. On ne s’étonnera donc pas de voir, dans le Symb. 29, une allusion au décret de 362 apr. J.-C. promulgué par
l’empereur Julien l’Apostat contre l’accès des chrétiens à l’enseignement”. Reprenant le proverbe de l’aigle frappé de flèches empennées par ses propres plumes, que Julien lui-même emploie pour justifier son décret en soulignant le danger de voir les chrétiens s’emparer de la culture paienne pour mieux la réfuter, Bocchi stigmatise une forme insidieuse de persécution qui atteint l’homme, non dans sa chair, mais dans son esprit, en tentant de le réduire à l'ignorance. L’emblématiste suit ici le De litterarum studio de Guillaume Budé (ch. 18),
"
4 + * Voir$ nos analyses de la gravure et de ses sources dans notre étude de l'emblème. nas : > . PO Pour les sources parémiographiques complexes des deux emblèmes, voir nos apparats critiques et nos analyses à ces pièces.
1127
216
1128 Voir nos notes explicatives et notre essai de datation dans l'étude de l'emblème. 1129 Voir le détail des sources dans l’apparat critique qui accompagne l'édition de l'emblème.
217
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
qui voyait dans Julien non seulement le persécuteur des chrétiens, mais aussi le lointain ancêtre ms théologiens
contemporains, refusant au christianisme les lumières de la science profane par peur de voir en ignorance mise
au jour et leur autorité contestée. C'est l'idée même qu’Erasme défend dans une lettre à Martin Dorp de 1515 (337 Allen), et qui scandalise certains ecclésiastiques : appliquer les méthodes philologiques au texte saint. Le Symb. 148 relaie d’une manière très différente la question des persécutions. Après un éloge de Jules ΠῚ et de ses armes dans le premier poème, un second poème vient s’adjoindre pour proposer une longue paraphrase versifiée du Psaume 115. Nous rappelons, dans notre analyse de l'emblème, le caractère polémique que peut
revêtir cet exercice littéraire. L’argumentation du psaume est à peu près la suivante, et Bocchi en respecte le dé-
ploiement : Yavhé doit donner la gloire à son peuple pour que celui-ci puisse chanter la puissance de son dieu invisible (Symb. 148, v. 1-17) et opposer à la matérialité inefficace des idoles paiennes (v. 18-37). La force de Yavhé, maître du ciel, se manifeste dans le secours qu’il apporte à son peuple sur la terre et dans la fécondité qu'il lui oétroie (v. 38-64) : il est ainsi assuré d’avoir toujours des vivants pour proférer ses louanges et le prestige de son nom (v. 65-78). Ce poème biblique pouvait trouver de singulières résonances dans l'actualité religieuse contemporaine troublée, en particulier sur deux points familiers aux partisans de l’évangélisme érasmien : la persécution de la nation qui se considère élue ; la question du culte immatériel à rendre à un Dieu invisible. Saint Augustin, rédacteur d’une paraphrase célèbre du psaume, jugeait qu’adorer des statues anthropomorphes ne pouvait se justifier spirituellement et il considérait ce culte comme le signe d’un attachement à la chair ou à la religion des démons. Il n’est pas impossible que les adeptes catholiques du culte extérieur, prônant la dévotion devant les représentations figurées de la divinité, puissent constituer, dans le texte de l'emblème, les nouveaux
paiens, émules des idolâtres vilipendés dans le Psaume. Face à eux se dresse alors la nation élue des réformés, qui se reconnaît dans la piété et les vicissitudes du peuple hébreu persécuté qu'évoque le Psaume. Fermement convaincue que Dieu n'existe que dans le ciel, que c’est lui seul qu’il faut vénérer et non les idoles, selon le principe d’un culte gpirituel, cette nation demande raison des injustices qui sont perpétrées contre elle et, à travers elle, contre Dieu lui-même. C’est elle, en effet, qui manifeste parmi les hommes la puissance divine. Il est donc
impératif qu’elle demeure saine et sauve, c'est-à-dire qu’elle ne soit pas persécutée ni détruite physiquement, afin de pouvoir continuer son rôle d’annonciation et de manifestation de la véritable piété. Plus qu’à Dieu, c’est à Jules III que l'emblème adresse sa supplique. L’accession au pontificat de ce cardinal sans hostilité marquée aux idées réformées, et qui a démontré ses compétences lors du Concile de Trente, suscite bien des espoirs. À travers tout l'appareil du panégyrique, qui fait de la famille del Monte l’élue de Dieu, Bocchi demande au pape d’être le bouclier (scutum, v.41), l'appui et le vengeur impitoyable (adiutor; uindex certissimus, v. 45) des réformés et de fuir ainsi le camp des idolâtres, adeptes des cultes charnels. C’est pourquoi
le premier poème célèbre la pax domi ac foris, comme le Symb. 79 l'avait fait pour Reginald Pole! *: en
protégeant les réformés, ou du moins, en ne les persécutant pas, Jules III contribue à faire revenir la paix politique autour de lui (foris), la pax humana, et à abolir la guerre civile entre chrétiens. Parallèlement, il entre dans le projet de Dieu en se mettant du côté de la nation élue, celle qui refuse de s’adonner à ce qui n'est pas spirituel, et se met donc en paix avec lui-même, en son for intérieur (domi).
Les symboles cependant peuvent demeurer ambigus. Or la contradiction qu’ils recélent est en elle-même l'indice qu’ils n’appartiennent pas aux mêmes domaines de réalité, ni aux mêmes temporalités : il faut donc en rétablir l’organisation hiérarchique ou chronologique. Dans le recueil, l’éloge voire l’obsession d’une vérité qui se déploie de manière éclatante s'accompagne de la critique de l’impia curiositas, mais aussi de la vision récurrente de Mercure invitant au silence et à la dissimulation en accomplissant le geste d’Harpocrate, doigt sur la bouche. Comme nous l'avons montré dans notre partie Sectes à l’encan, les deux premiers points, vérité vs condamnation de la curiosité, ne sont pas contradiétoires mais complémentaires : par le scepticisme, il faut
anéantir la curiosité, orgueil d’une raison qui croit pouvoir tout atteindre par ses propres forces, pour que puisse se révéler la vérité, qui dépasse de manière incommensurable la finitude de la science humaine. L’ignorantia
Introduction
n’est pas incompatible avec le silence, mais accomplie par lui, puisque le vrai Dieu, entièrement esprit, est
étranger aux manifestations matérielles de piété et à la bouche qui déclame des litanies de prières. L’ambiguité des signes se lit dans deux emblèmes où s'exprime à mots couverts la question des persécutions. Le premier, le Symb. 61, déjà évoqué, concerne le mythe de Protée raconté par Virgile dans la quatrième Bucolique. Quand ses phoques s’endorment au fond de la caverne platonicienne des erreurs qui leur sert d’abri, quand Aristée lui passe les liens de la fides, Protée cesse ses métamorphoses pour reprendre un visage humain, la forme authentique de l’homo interior de saint Paul et d’Origéne. Le troupeau des phoques et les apparences illusoires que prend le dieu représentent le désordre des sens et la labilité de l'opinion qui accablent l’homo exterior. Dans notre analyse de l'emblème, nous suggérons l’hypothèse que cet épisode, où il est question de liens et de grotte
obscure, puisse se faire l’écho de l’histoire personnelle de Renée de France, la duchesse de Ferrare. En 1 554,
l'épouse d’Hercule II d’Este, connue pour ses sympathies calvinistes, est emprisonnée, dans l'attente d’un
procès en hérésie. Par cet emblème, Bocchi semble vouloir réconforter Renée de Ferrare en renversant la
situation où se trouve la princesse, isolée dans la caverne de sa prison, endurant les liens que lui passent les ministres d’une religion dévoyée. Protée est là pour lui rappeler sa vocation martyriale au sens étymologique : proclamer la vérité christique par le spectacle des souffrances. Elle est en prison car elle a su, en elle-même, passer les liens à son Protée intérieur, symbole de l'opinion et des réalités matérielles, et devenir à part entière un vrai membre des spirituali. Mais l’histoire de Protée est un mythe ambigu et Aristée use de fraus pour
l’obliger à révéler la vérité. De plus, nous l’avons rappelé, le dieu de la mer est la figure dont se sert Érasme, à
côté de celles de Vertumne ou du caméléon, pour justifier une forme de Stratégie pédagogique de la dissimulation chez l’orateur qui veut emporter la conviction. Face aux persécutions et devant la pugnacité de ses adversaires, Renée de France aura-t-elle un autre choix que de dissimuler ses vraies convictions sous des formes trompeuses, en se rappelant que les métamorphoses de l'homme extérieur sont sans importance face aux engagements de l’homme intérieur ? Éloge de la vérité martyriale ou invitation nicodémiste à la dissimulation, Stratégie d’autoconservation ou tactique rhétorique pour entraîner la conviction, le mythe laisse finalement le
choix de l'interprétation à la destinataire, fidèle à la doctrine de la liberté.
Cette ambiguïté se lit également dans le Symb. 143, en particulier sur l’image. Le poème, reprenant le motif
épigrammatique antique de l’amour-cuisinier qui brûle les cœurs!"? , célèbre les plaisirs du feu divin du
baptême, purement spirituel, qui rachète le pêcheur par la justice christique et le transforme en élu bienheureux. Mais, usant de paradoxes dans le style pétrarquisant, ce feu délicieux qui apporte la vie s'accompagne en même temps de souffrance et de mort, celles qui naissent de la consomption du corps mortel. Nous retrouvons l'opposition érasmienne familière entre la chair des rites et la spiritualité de la foi. La gravure reprend avec beaucoup de grâce le motif de Mercure comme apôtre de la vie évangélique. Visage levé, ce diuinus amator, personnification du pécheur empli par la foi, accueille avec sérénité la colombe céleste qui vient vers lui pour le baptiser dans l'Esprit. Pourtant, il a les pieds dans le feu et tient dans une main la palme du martyre, tandis que, de l’autre, il effectue le geste d’Harpocrate. L'organisation syntaxique des éléments n’est pas claire, compliquée encore par la polysémie. Plusieurs lectures sont possibles, qui se complètent plus qu’elles ne s’annulent mutuellement. Le feu qui brûle les pieds de Mercure au moment même où paraît la colombe manifeste l'effet de l'esprit qui anéantit la chair dès qu’il se répand : la chair consumée et le doigt sur la bouche, qui suspend les prières dites sans y penser, proclament ensemble la caducité des rituels religieux sous l'effet de l'amour divin. Mais ces flammes douloureuses qui lèchent les pieds du malheureux rappellent également le bûcher bien réel qui consume les hérétiques. La palme du martyre vient confirmer cette interprétation politique. Ce symbole paradoxal de victoire dit à la fois l’anéantissement physique du diuinus amator persécuté, réduit au silence à cause de ses convictions, mais aussi la force soudaine de persuasion qu'elles acquièrent dans le supplice même, qui transforme le corps mutilé en témoin, c’est-à-dire en discours éloquent'"*. Le haut du corps de Mercure, indifférent à ce qui se passe en bas, énonce par signes le contenu de ces convictions : le visage est tout entier
peut devenir docta, pour reprendre un titre paradoxal de Nicolas de Cues. De même, l'avènement de la vérité 1130 Voir notre étude du Symb. 79.
218
"S! Voir les sources dans l’apparat critique qui accompagne l'édition de l'emblème et nos analyses. 1132 Sur la complexité sémantique du supplice, voir M.-F. Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, Paris, 2007.
219
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (155 5) - tome 1
Introduction
absorbé par l’arrivée de la colombe :
Tres
Anticyras
dixit pro
uniuerso
elleboro
significans
deploratam
et
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[1555 s. p.; 1574p. II]
LECTORI STVDIOSO ET ELEGANTI
VICTORIA EX LABORE HONESTA ET VTILIS
Symbolum
[1555 s. p.; 1574p. WI]
symbolorum
Quid symbolum sit, ne amplius Roges ; breuissime, ut potest, Conabimur nunc edere.
Est nanque signum σύμβολον
Vt signa militaria. Collatio etiam dicitur Quod multi in unum conferunt.
Hinc symbolum Terentius
10
Poeta dixit nobilis, Orator Arpinas notam,
Sed anulum Graii uocant Plaerunque signatorium, Porrd omen atque insignia. Isto quoque ipso nomine 15
Quaedam notantur tesserae Quae ἃ ciuitatibus dari
Solent quibusdam publicè, Vt quenque par sit accipi 20
In foederatis oppidis Amicè et hospitaliter.
Sic possumus iam tesseras
Vocare collybisticas, LO
yp
ata
Se
Quasi institutas omnibus
25
A
ig
Κα
«γί EN T 55)
(2
1555S. p. ; 1574p.IV
i
è
30
Mutandam ad externam locis Pecuniam, quae litterae Vulgé feruntur cambii. Pollux nomisma paruulum. Stagyraeus ille maximus Vocabulorum originem, Quam originationem ait
Fabius. Fuere symbola Priscorum in arcanis diu
Mysteriis, ut gratia
35
Verbi papauer fertilem Signabat annum. Huiusmodi Sunt Pythagorica symbola, AMnyopiat, αἰνίγματα Vt Alciati Emblemata ;
40
Dicuntur et συνθήματα Mysteriorum plena quae Documenta commodissima Illa omnium et pulcherrima Vitae atque morum continent, Sanis retecta, ceterum
244
245
Edition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
45
Incognita imprudentibus. Nolim putes, carissime Lector, figuraté ista quae
Cicerone dicta est notatio [= CIC., Top., 35*], quia nomen eius apud Aristotelen σύμβολον inuenitur [= ARIST., Sens. 1*, 4374;
cf. Int. 16a], quod est nota. Nam uerbum e uerbo dictum, id est ueriloquium, ipse Cicero, qui finxit, reformidat. Sunt qui, uim
1574p. V 45355}:
potius intuiti, originationem uocant ; cf. supra v. 10 || 31-35 cf. BEROAL., Symbola Pythagorae : Consimiliter in arcanis priscorum
mysteriis symbola habeantur, uerbi causa: papauer symbolum erat fertilitatis, erat et symbolum ciuitatis || 35-36 cf. BVD., Commentarii, p. 343, L 30-33 : Σύμβολα Πυθαγορικά, dicta sunt quaedam quasi aenigmata significantia rei alicuius ocultae et
Diuinitus sunt tradita,
Sic prodita esse de nihilo so
ss
60
reconditae [... ] ; BEROAL., Symbola Pythagorae : Ex hoc nimirum genere sunt symbola Pythagorae, uidelicet indicia quaedam et
Etsensum in illum quem indicant,
signa
Exaudienda protinus, Sed inuolucra esse abdita Scientiae haud erraticae Nec peruagatae scilicet,
mysteriorum
doctrinae
sanctioris || 37 ef. BVD,
Commentarii,
p.343,
1.32-33:
Vnde
Συμβολικὸν
pro
allegorico
et
aenigmato dicitur || 39 cf. BVD., Commentarii, p. 344, 1. 1-3 : Eadem etiam συνθήματα dicuntur, hoc est ἀλληγορήματα, de quibus magnus Dionysus ita scribit : Μὴ yap οἰώμεθα τὰ φαινόμενα τῶν συνθημάτων ὑπὲρ ἑαυτῶν ἀναπεπλάσθαι [= ps. DIONYS. AREOP.,
Epist., 9*, 1, 1105c, p.197 Heil-Ritter] || 41-43 cf. BEROAL., Symbola Pythagorae : [symbolae Pythagorae] quibus sententiae morales atque salutaria documenta continentur || 46-63 cf. BVD., Commentarii, p. 344, 1. 3-10 : Non enim existimare nos oportet
quae figurate diuinitus tradita sunt, de nihilo sic esse prodita, in eumque sensum exaudienda quem prae se ferunt, sed esse integumenta arcanae intelligentiae scientiaeque non peruulgatae, ne profanis scilicet hominibus liceat comprehendere res sacrosanctas ; sed solis retegantur et aperiantur sanctitatis et puritatis germanis amatoribus, utpote qui sensus pueriles in mente
Ne sacra polluant mali
Et sancta quique perditi, Patere quae debent bonis Ac puritatem candidam
uulgi informatos, procul a figuris illis consecratis summouere amolirique didicerunt. [Μὴ yap οἰώμεθα τὰ φαινόμενα τῶν συνθημάτων ὑπὲρ ἑαυτῶν ἀναπεπλάσθαι], προβεβλῆσθαι δὲ τῆς ἀπορρήτου Kal ἀθεάτου τοῖς πολλοῖς ἐπιστήμης, ὡς μὴ τοῖς βεβήλοις εὐχείρωτα εἶναι τὰ πανίερα- μόνοις δὲ ἀνακαλύπτεσθαι τοῖς τῆς θεότητος γνησίοις ἐρασταῖς, ὡς πᾶσαν τὴν παιδαριώδη φαντασίαν ἐπὶ τῶν ἱερῶν συμβόλων ἀποσκευαζομένοις [καὶ ἱκανοῖς διαβαίνειν ἁπλότητι νοῦ καὶ θεωρητικῆς δυνάμεως ἐπιτηδειότητι πρὸς τὴν ἁπλῆν καὶ ὑπερφυῆ καὶ ὑπεριδρυμένην τῶν συμβόλων ἀλήθειαν = ps. DIONYS. AREOP., Epist., 9*, 1, 1105¢; p. 197 Heil-Ritter].
Tantummodo colentibus, Quisummouere prorsus et
Arcere procul ἃ mentibus
Vulgi sciunt, queunt, uolunt
Sensus prophanos quoslibet.
apparatus criticus
Deest symbolum in 8. In 1555 exemplaribus apparet uariis locis sine numero paginae. apparatus fontium 4-5 cf. G. BVDAEI, Commentarii linguae graecae, Basileae, 1557 (1529'), p. 342,1. 17-18 Drysdall : Et σύμβολον signum, ut signa
militaria. Herodianus Ta τῶν στρατωπέδον σύμβολα ἐπιμήκη ὄντα, χρυσοῖς ἀνθήμασι πολλοῖς κεκοσμένα, ἐπιθεὶς τοῖς ὦμοις
[= HDN., Hist., 4, 7, 12*] || 6-9 cf. Ph. BEROALDI, Symbola Pythagorae... moraliter explicata, in Varia Philippi Beroaldi Opuscula, Parisiis, Jehan Petit, Basileae, 1502 (5. p.) : Symbolum uocabulum est, ut grammatici docent, polysemon, i. e. plura significans,
nam primum omnium symbolum collatio dicitur, hoc est quod plures in unum conferunt : ex significatu dicuntur gulones et uentricolae symbolum dedisse in coenam, quando unusquisque confert in unum nummos pro rata, uel cupedias ciborum, ad conuiualem apparatum instruendum. Hinc illud comici poetae notissimum: «Symbolum dedit, coenauit, gaudebam » ; G. B. Pu, Plautus integer cum interpretatione, Mediolani, 1500 (ad Curc. 414, s.v. « symbolorum collatores >) : Symbolum enim Graece et indicium dici potest, et collatio, hoc est quod plures in unum conferunt ; BVD., Commentarii, Ρ. 342, 1. 5-6 : Συμβολαὶ
etiam in conuiuiis dicebantur quas Terentius et Plautus symbolas uocauerunt ; cf. TER. Andr., 88-89" ; Eun.,
539-540"; 607; PL,
Curc., 474" ; Stich., 432-439* || 10 cf. BEROAL., Symbola Pythagorae : Ad haec symbolum significat notam, indicium et signum ;
BvD., Commentarii, p. 342, |. 15-17 : Symbolum apud Aristotelem inuenitur pro etymologia, quae ob id ad Cicerone dicta est notatio. [ ... ] Significat [sc. συμβολή] etiam coniecturam apud Plutarchum. Vnde σύμθολον, quam notam Cicero uertit. Συμβάλλω
enim conicio significat, ut συμβάλλω τὸ ἐνύπιον ; |. 33-34 : Symbolum enim est nota et signum rei, ut dictio et nomen nota est rei
animo concepta ; |. [=Cic., Top., 35*]. ὀνομάτων ἕκαστον anulum/èaxt6Mov], p.515,
37-39: Cicero in Topicis, Etymologiam (inquit) notationem appellamus, quia sunt uerba rerum notae Itaque hoc idem Aristoteles symbolum appellat, quod latine est nota [= ARIST., Sens. 1*, 437a: τῶν δ᾽ σύμβολον ἐστί]; cf. infra v.28-31 || 11 cf. PLIN, Nat, 33, 10: Graeci a digitis appellauere [sc. apud nos prisci ungulum uocabant, postea et Graeci et nostri symbolum ; FEST., p. 514, 1. 28 Lindsay ;
11 || 13 cf. BVD., Commentarii, p. 342, |. 25-30: Σύμβολον etiam omen significat, καὶ oiwviopa. Gregorius in primo κατὰ
Ἰουλιανοῦ de quodam sene loquens uiro sancto qui pendens torquebatur [...] ἐπειπεῖν, ὡς ἐπαινοίη τὸ σύμβολον ἑαυτὸν μὲν
ὑψηλὸν ὁρῶν, ἐκείνους δὲ ταπεινοὺς καὶ κάτω κειμένους [= GREG. NAZ., Orat., 4*], omen sibi placere dixit. Et insignia, id est
παράσημα. Idem (sc. Herodianus) de Lucilla Commodi sorore, Ἀλλ᾽ ἐπεὶ συνέβη τὸν Λούκιον τελευτῆσαι, μενόντων τῇ Λουκίλλῆ τῶν τῆς βασιλείας συμβόλων [...] [=HDN., Hist, 1, 8, 3-4* || 14-20 cf. BVD., Commentarii, p.343, L 4-12: Σύμβολα etiam
dicebantur tesserae quaedam quae dabantur publicè à ciuitatibus quibusdam hominibus sibi amicis, ut hogpitaliter et amicè acciperentur in oppidis foederatis. Lysias ὑπὲρ τῶν Ἀριστοφάνους χρημάτων, [...] λέγων ὅτι ἔλαβε σύμϑολον παρὰ βασιλέως τοῦ μεγάλου, φιάλης μὲν χρισῆς [... ]. Πολλῶν γὰρ ἀγαθῶν καὶ ἄλλων χρημάτων εὐπορήσει διὰ τὸ σύμβολον ἐν πάσῃ τῇ ἠπείρῳ [= LYS.
19 (Arist.), 25*] || 21-26 cf. BVD., Commentarii, Ρ. 343, 1. 12-15 : Sic hodie uocari possunt tesserae collybisticae, quas literas collybicas uocant, quasi ad permutandam pecuniam externam institutas || 27 cf. POLL., Onom., 9, 70-71 : Εἴη δ᾽ ἂν καὶ τὸ σύμβολον βραχὺ νόμισμα ἢ ἡμίτομον νόμισματος || 28-31 cf. QVINT., Inst, 1, 6, 28: Etymologia, quae uerborum originem inquirit, a 246
247
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome
1
Edition critique du texte latin : liber primus [1555 P Av’; 1574 p. VI]
[1555 p. IN (aut V in aliquibus exemplaribus)/f Aiir® ; 1574 p. VII]
In pictura : ACHILLES BOCCHIVS BONONIENSIS
IN BOCCHIANIS SYMBOLIS INTELLIG! PLVS QVAM EXPRIMI TIRESIAS FVSCAERARIVS
Symb. I Prosperus os potuit, non mentem pingere Achillis. Res minimo pingi maxima in orbe nequit.
Pura tamen mens ipsa potest comprendere mentem. Qui sapit, heic plus intelligit ac legitur. apparatus criticus Deest symbolum in S || tit. 2 carm. TIRESIAS FVSCAERARIVS S 1574 : 1555 in tabula addendorum. apparatus fontium 1 os potuit, non mentem pingere] cf. A. G., 9, 594 (= PLAN, 4, 35%, 4) : Ζωγράφε τάν μορφάν ἀπομάξας, αἴθ᾽ ἐνὶ κηρῷ, Kai ψυχὰν ἐδάης Σωκρατικὰν βαλέειν ; A. G., 11, 412 (= PLAN, 2°, 43, 13) : Ψυχὴν μὲν γράψαι χαλεπόν, μορφὴν δὲ χαράξαι, Ῥάδιον ; A. G., 9, 687; XEN., Mem., 3, 10, 3: Τί γάρ; ἔφη, τὸ πιθανώτατον καὶ ἥδιστον καὶ φιλικώτατον καὶ ποθεινότατον καὶ ἐρασμιώτατον
ἀπομιμεῖσθε τῆς ψυχῆς ἦθος ; Ἢ οὐδὲ μιμητόν ἐστι τοῦτο ; -- Πῶς γὰρ ἄν, ἔφη, μιμητὸν εἴη, ὦ Σώκρατες, ὃ μήτε συμμετρίαν μήτε χρῶμα
μήτε ὧν σὺ εἶπας ἄρτι μηδὲν ἔχει μηδὲ ὅλως ὁρατόν ἐστιν ; MART.,
το, 32) 5-6: Ars utinam mores animumque
effingere
posset !/ Pulchrior in terris nulla tabella foret; A. DVRERII, in pictura Philippi Melanchtonis quam in MDXXVI caelauit : VIVENTIS. POTVIT. DVRERIVS. ORA. PHILIPPI. MENTEM. NON. POTVIT. PINGERE. DOCTA. MANVS || 23 cf. TAC. Agric., 46 : [... ] sed ut uultus hominum ita simulacra uultus imbecilla ac mortalia sunt, forma mentis aeterna, quam
tenere et exprimere non per alienam materiam et artem, sed tuis ipse moribus possis ; SEN., Epist., 3, 11 : At mehercules magni artificis est clusisse totum in exiguo ; PLIN., Paneg., 55: Ea [i.e. fama]
porro non imaginibus et statuis, sed uirtute ac meritis
prorogatur. Quin etiam leuiora haec, formam principis figuramque, non aurum melius, uel argentum, quam fauor hominum exprimat teneatque. Quod quidem prolixe tibi cumulateque contingit, cuius laetissima facies et amabilis uultus in omnium ciuium ore, oculis, animo sedet || 3 pura... mens potest comprendere mentem]
cf. PLAT., Alc., 1330 : Ap’ οὖν, ὦ φίλε Ἀλκιβιάδη,
καὶ ψυχὴ εἰ μέλλει γνώσεσθαι αὑτήν, εἰς ψυχὴν αὐτῇ βλεπτέον, καὶ μάλιστ᾽εἰς τοῦτον αὐτῆς τὸν τόπον ἐν ᾧ ἐγγίγνεται ἡ ψυχῆς ἀρετή, σοφία, καὶ εἰς ἄλλο @ τοῦτο τυγχάνει ὅμοιον ὄν ; CIC., Tusc., 1, 52 : Est illud quidem uel maxumum nimirum
animo ipso animum uidere, et
hanc habet uim praeceptum Apollinis, quo monet ut se quisque noscat ; GREG. NAZ., Or., 2, 74: ὅλῳ vot καθαρῶς
ἐποπτεύσει νοῦν ὅλον ; 2, 39 : καθαρῷ γὰρ μόνον ἁπτέον τοῦ καθαροῦ καὶ ὡσαύτως ἔχοντος || 4 plus intelligit ac legitur] cf. PLIN.,
Nat. 35, 73: [---] atque in unius huius [i. e. Thimantis] operibus intelligitur plus semper quam pingitur et, cum sit ars summa, ingenium tamen ultra artem est.
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249
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
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[1555 p. VI (sic) ; 1574 p. VIII]
PICTVRA GRAVIVM OSTENDVNTVR PONDERA RERVM
AD ALEXANDRVM FARNESIVM CARDINALEM> Symb. M
QVAEQ LATENT MAGIS, HAEC PER MAGE APERTA PATENT Symb. Ill
- AAIMON EYAAIMON
Poe
- ΣΩΚΡΑΤΗΣ (Σωκράτη (Σωκράτης)
ludicio Phoebi sapientum maximus ille
Et fons et lumen, si forté obscura prophani
ὩΣ
Vulgi in cognitionem olim deducere uellet,
(Δαίμων εὐδαίμων)
Quaeque sibi in primis notissima proponebat. τ
w
In pictura:
AMNPLSSININILI
1
See
δὲς etenim haud ab re firmissima cuncta putabat
Ac tutissima, non modo lucida, de quibus ipse Disserere aggrediebatur. Sic magnus Homerus Securum oratorem Ithacum laudauit Vlyssem,
Quippè animos hominum, trahere his quocumque liberet, Concilians sibi passim omnes per maximé aperta.
ropterea quicumque bonis foeliciter essent
ων
"y
10
20
Progressi Omnia ut Quaedam Quae ipsa
in studiis, non sunt tam arcana secuti, assequerentur prorsus ; at esse putabant pauca satis, possent si attingere parcè irritamenta forent gratissima deinceps
Veri indagandi. Vates sic condidit ille Fabellas Phrygius bellas, sua symbola quondam Panthoides Samius. Sic dia poemata uates Pinxere atque homines mirè allexere, libenter Auribus ut uellent haurire et credere honesta Quae fuerant oculis subiecta fidelibus ante.
Ergò mihi nemo obiciat, quòd seria inani
2835
D. NT aur VE πε atiguidus enmurntus
Pictura grauium ostendendo pondera rerum,
uw
wv
Miscere annitar summa cura utile dulci,
Si qua forté queam laudis punctum omne tulisse.
Ne satias quemquam capiat, Naturam imitari Conéitui et uarias sensis inducere formas,
30 ENA
: |
Fingo itidem tenui, ast operosa carmina Musa,
?
…
il | |
|
Nil ut iners, nil non aliquid sit agensue loquensùe. Me sané impediunt nullius uincula sectae Sed quocunque trahit species pulcherrima Veri, Deferor hosbes apisque Matinae more modéque Lilia per multum libantis grata laborem
NE
Aurea depascens ueterum decreta sophorum. 35
Tuuerd interea, Farnesi Maxime, nostra
Ne rogo ne spernas haec qualiacunque. Reposco Gratiam ego inuentis sed omissis, ut Stagyraeus
Optime Aristoteles, ueniam: mihi sat uoluisse,
Si rudia ista polire aliquis dignabitur olim Aut defecta explere, id forsitan efficietur Quod cum fructu aliquo multos cognosse iuuarit.
"
250
Nam simul inuentum et perfectum nil fuit unquam.
PT l
40
At facilem erratis par et te ignoscere nostris.
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) -tome 1
apparatus criticus
1574: is 1555 || 12 progressi in 1555: Deest symbolum in S sed leguntur corrigenda in f 2171° et uersus 41-43 in f 217v° || 9 his || 31 deferor 1555 : -seror 1574 || more gressim (sic) 1574 || 20 haurire 1555 : auri- 1574 || 27 constitui 1574 : -Stiui (sic) 1555 in S in f 217v° et in 1555 in tabula 1555 : -rae 1574 || 40 unquam 1555 : inqu- 1574 || et 1574: aut 1555 || 41-43 1574: leguntur addendorum. apparatus fontium rerum pondera et dignitates tit. pict. : pondera rerum] cf. GELL., 17, 20, 6: ad ipsa [...] Platonis penetralia ipsarumque fons et lumen] cf. HoR., Ars, Et sapientum.../ 1-2 || deuersitandum ] [... pergendum est, non ad uocularum eius amoenitatem
chartae ; PL., Ap., 21ab ; CIC., 309-310 : Scribendi recte sapere est et principium et fons./ Rem tibi Socraticae poterunt ostendere [...] is qui esset omnium 78: Cato, ID, ; dictum esse sapientissimum Ac. 1, 15: [...] se arbitrari ab Apolline omnium si forte... maxime aperta] 2-10 [| > ipsum te nosce « 95, 6, sapientissimus oraculo Apollinis iudicatus ; D. ERASMI, Adag., 1,
τἀληθές. Ὁπότε δὲ cf. XEN., Mem., 4, 6, 14-15 : Οὕτω δὲ τῶν λόγων ἐπαναγομένων καὶ τοῖς ἀντιλέγουσιν αὐτοῖς φανερὸν ἐγίγνετο Τοιγαροῦν πολὺ λόγου. εἶναι ἀσφάλειαν τὴν ταύτην αὐτός τι τῷ λόγῳ διεξίοι, διὰ τῶν μάλιστα ὁμολογουμένων ἐπορεύετο, νομίζων τὸ ἀσφαλῆ ἀναθεῖναι Ὀδυσσεῖ τῷ Ὅμηρον μάλιστα ὧν ἐγὼ οἶδα, ὅτε λέγοι, τοὺς ἀκούοντας ὁμολογοῦντας παρεῖχε. Ἔφη δὲ καὶ
8, 171 : (de Vlysse) ὁ δ᾽ ῥήτορα εἶναι, ὡς ἱκανὸν αὐτὸν ὄντα διὰ τῶν δοκούντων τοῖς ἀνθρώποις ἄγειν τοὺς λόγους ; HOM., Od., τῶν ὁμολογουμένων διὰ ἀσφαλέως ἀγορεύει; D.H, Rh., 11, 8: Τοῦτο καὶ Ξενοφῶν καὶ Πλάτων λέγουσι περὶ Σωκράτους ὅτι
animos ἐπορεύετο, ἐπεὶ διδάσκειν ἐβούλετο || 2-3 prophani/ Vulgi] cf. HOR., Carm., 3, 1, 1 : Odi profanum uolgus et arceo || 9-10 hominum...
concilians] cf. CIC. Off, 2, 5, 17: proprium
hoc statuo esse uirtutis conciliare hominum
|| 11-15 CIC., Orat., 4:
Nam in poetis non Homero soli locus est, ut de Graecis loquar, aut Archiloco aut Sophocli aut Pindaro, sed horum uel secundis uel etiam infra secundos ; QVINT., Inst., 12,
11-26 : Verum etiam si qui summa desperet [... ], tamen est, tu Cicero ait, pulchrum
in secundis tertiisque consistere || 16 Veri indagandi] cf. Cic., Off. 1, 5, 15 : indagatio atque inuentio ueri ; AVG., Iul., 5 (PL col. 1431, 1.22): [...] et uerum indagare possunt ; CHALC., Tim., 2, 228: Hoc loco calumniari solent homines quibus ueri indagandi cura nulla est || 21 Quae fureant oculis subiecta fidelibus ante] cf. Hor., Ars, 180-181: [Segnius inritant animos demissa per aurem] Quam quae sunt oculis subiecta fidelibus et quae/ Ipse sibi tradit spectator || 22-23 : inani pictura] cf. VERG.,
Sic ait atque animum pictura pascit inani [| 24-25 Miscere ... punétum omne tulisse] cf. HOR., Ars, 343-44: Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci/ Lectorem delectando pariterque monendo || 27 uarias inducere formas] cf. HOR., Ars, 2 : uarias inducere plumas || 29 cf. CIC., Tusc., 5, 29, 82 : quoniam te nulla uincula impediunt ullius certae disciplinae ; HOR., Epist. 1,
Aen., 1, 464:
1, 13-14: Ac ne forte roges quo me duce, quo Lare tuter/ Nullius addictus iurare in uerba magistri || 30-31 quocumque
trahit ... /Deferor hospes] cf. HOR., Epist., 1, 1, 15 : Quo me cumque rapit tempestas deferor hospes || Species pulcherrima Veri| cf. Cic., Tusc., 5, 29, 82 : [ ... ] libasque ex omnibus (sc. disciplinae) quodcumque te maxime specie ueritatis mouet ; Ov., Pont., 3, 3, 12 SEN, Ben: 5; 14;.$ lr: 2, 22,2, etc: [| 31-32 apisque Matinae... Musa] cf. HOR,, Carm., 4, 2, 27-32: Ped ego apis Matinae/
More modoque/ Grata carpentis tyma per laborem/ Plurimum circa nemus uuidique/ Tiburis ripas operosa paruus/Carmina fingo || 37-38 Gratiam... inuentis... omissis/... ueniam] cf. BOET., De sophisticis elenchis, 6, 1, 33, 184b: [... reliquum erit omnium uestrum uel eorum qui audierint opus, omissis quidem artis indultionem, inuentis autem multas habere grates. Aderunt fortasse qui nostra uitia emendent [... ]. Qui uero nos sequentur, si qui aderunt studio et ingenio quam nos praestantiores, hi 5: Quod si deficiant uires, fortasse artem picturae perfectam atque absolutam reddent || mihi sat uoluisse] cf. PROP., 2, 10, solere in maximis rebus tamen Meminerint : 63 3, Pict., De ALBERTI, B. L. ; est sat audacia certe/ Laus erit : in magnis et uoluisse
laudi esse id uoluisse quod difficilimum est. || 40 Nam simul inuentum... unquam] cf. CIC., Brut., 71 : Nihil est enim simul et inuentum et perfectum ; ALBERT., De Pict., 3, 63 : Simul enim ortum atque perfectum nihil aiunt || 41 rudia polire] cf. QVINT.,
Inst. 2, 12, 3 : [... ] rudia politis maiora [creduntur].
252
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[SP sr°; 1555 p. IX/f Br° ; 1574 p. XII]
PASTORIS OPTIMI SCOPVS
REFERRE DEBENT IN DEVM OMNES OMNIA
[1555 p. VIII ; 1574 p. XI]
Symb. IV
Symb. IV Cursus secundus ut magistro nauium,
In pidura :
Medico salus, summo duci uictoria,
- PAVLO III PON MAX
Ita moderatori inclyto reipublicae
- SALVS OMNIVM
Primum wn
- OPIB GLORIAE VIRTVTIQ CIVIVM OMNIA
omnium
beata uita ciuium est
Proposita, ut opibus firma semper, copiis Praediues, ampla gloria uirtutéque Honesta sit : namque huius operis ter maximi Inter homines atque optimi effector qui erit,
Hic ille erit pastor bonus, similis Deo, 10
Quo nemo non referre debet omnia.
apparatus criticus Deest carmen in S f° 5r°. Permutato solito ordine, legitur carmen p. VIII picturaque uideturp. IX in 1555 || num. IV 1574: Il] 1555 in aliquibus exemplaribus ; XL in Mf 7r°.
apparatus fontium 1-8 CIC. Att., 8, 11, 1 (= Rep. 5, 6) : Vt enim gubernatori cursus secundus, medico salus, imperatori uictoria, sic huic moderatori
rei publicae beata ciuium uita proposita est, ut opibus firma, copiis locuples, gloria ampla, uirtute honesta sit ; huius enim operis maximi inter homines atque optimi illum esse perfectorem uolo || 10 ibid. : Tenesne igitur moderatorem illum rei publicae quo referre uelimus omnia ?
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Edition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1 [1555 p.X
[1555 p. XI/f Biir° ; 1574p. XV]
; 1574p. XIV]
INSIGNIA GENTILITIA BOCCHIORVM
PVRA MENTE DEVM OMNIB COLENDVM
Symb. V
Symb. V
fa pidhura :
|
Aurea norma tribus stellis circumdata signat Caeruleo, Bocchi, stemma tuum in spatio.
BOCHVS (sic) REX
|
At niueus galeae passis olor insidet alis Rostro aliud sidus qui uomit aetherium.
5
Optima nimirum Ratio est illa aurea norma,
Quae trino atque uno a lumine lumen habet.
|
Hinc candor uitae illaesus diuinaque fandi
|
Copia ; praesidio hinc additur omne decus. Maurus auis quondam haec uestris insignia Bocchus
10
|
Et gentilitium nomen habere dedit. Ad summam tota semper Ratione colendum
| |
Esse Deum tota mente nomisma monet.
|
apparatus criticus
θεολεόγικον» add. S sub titulo carminis || 9 uestris S 1574 1555 [in tabula erratorum] : nostris 1555.
||
256
257
Edition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
[SP 6v° ; 1555 p. XII ; 1574 p. XVI]
[SP 7r° ; 1555 p. XIII ; 1574 p. XVII]
RIVALITAS CVPIDINIS DVRISSIMA
MAGNO
EX AMORE SAEPE MAGNVS EST TIMOR
Symb. VI
Symb. VI Aurea dum precibus miseri exoratus amantis
Tenderet in Dominam tela Cupido trucem, Illa dolos sensit peto$que retorsit ocellos Et ridens pueri tela ferocis ait : «Nil opus est pharetra, sinuoso nil opus arcu. Congredere et uires experiare meas >.
s
Dixerat ; haec tenero placuit sententia Amori. Tanta fuit Dominae gratia, tanta Venus.
ἣ
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10
ἀμ
| |
15
Ast ubi sunt arcus positi positaéque sagittae,
Has rapit ultrici protinus illa manu, Nec mora protendens arcum furialiter acrem, Incauti figit pectora nuda dei. Iétus Amor totus subitd inflammatus amore
Victricem in Dominae se dedit ipse manum.
Prd dolor, ille mihi quem nuper adesse putaram, Riualis iam nunc, durus et hostis erit ?
apparatus criticus
Legitur carmen cum quibusdam uariis lectionibus etiam in P, f 20v°-211°, sub titulo : « De Lydia et Amore > et in V,f 257°, sub titulo : Cupidinis « Riualitas titulo sub et in 1719, p.333, ef in 1608, p.443 Editum et Albia». Amore «De VS 1555 Dominam 2 || P cum 1717: 1608 1574 1555 VS dum 1 || carminis titulo sub addidit durissima » || tit. carm. uoix S 1719: 1608 1574 1555 VS Dominae 8 || P blandosque 1719; 1608 paet1574 1608: -num 1719 || 3 petosque VS 1555 1574: om. totus 13 || 1719 1608 arcum 1574: 1555 VS acrem || 1719 1608 linguae P || 11 arcum S 1555 1574: neruum PV acrem 1574 1555 S manum ipse dedit se Dominae in Victricem 14 || PV PV || inflammatus S 1555 1574 1608 1719 : dominae succensus 1608 1719: Praebuit et uictas in sua iura manus ΡΥ! 1719 : iamiam PV.
15 pro VS 1555 1574: Proh P 1608 1719 || 16 iam nunc S 1555 1574 1608
apparatus fontium M. MARVLLI, Epigr., 1, 3 (« De Neaera ») : Inuenta nuper, neruum cum tenderet acrem,/ Obstupuit uisa uictus Amor domina./
Sensit laeta suas uires oculosque retorsit/ Dum fugiat ; uentis ocior ille fugit./ Sed dum forte fugit, plenae cecidere pharetrae,/ Amor ; Deuicti spolium quas tulit illa dei,/ Induitur humerum pariterque hominesque deosque/ Vna ferit ; uictus errat inermis cf. I. PONTANI, Hendecasyllabi,
1, 3, « De Batilla puella in balneis >, 4-9: Dum
molli simul in toro quiescit/ Ac ludos facit
Et molles improbasque rixas,/ Sopito pueroque lassuloque/ Arcum surripuit Batilla ridens ;/ Mox picta latus instruit pharetra,/ amantis opus || 2 Dominam iacit huc et huc sagittas. || 1 miseri... amantis] cf. OV., Am. 1, 9, 28 : [ ... ] militis et miseri semper
...
dubita || 3 Ila dolos sensit | trucem] cf. T. V. STROZAE, Eroticon, 5, 2, 171-172: [... ] dominamque trucem lenire precando/ Ne cf. OV., Am., 1, 1, 23 : arcu] cf. VAL. FL, 6, 467 : Sensit diua dolos ; MART., 3, 91 : Sed tacitos sensit et ille dolos || s sinuoso...
obsequio curuatus ab Lunauitque genu sinuosum fortiter arcum || 6 et uires experiare meas] cf. OV., Ars., 2, 179-180 : Flectitur tibi placuit sententia, arbore ramus ;/ Frangis, si uires experiere tuas || 7 placuit sententia] cf. PROP., 2, 9, 37 : Nunc, quoniam ista || 12 figit pectora cedam || 11 protendens arcum... acrem] cf. VERG., Aen., 9, 645 : Intendunt acris arcus ammentaque torquent Am., 1, 9, 18 : In riuale nuda dei] cf. Ov., Trist., 1, 3, 78 : et feriunt maestae pectora nuda manus || 16 riualis... hostis] cf. Ov., oculos alter, ut hoste, tenet ; ID., Rem., 792.
258
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus [Sf 7v° ; 1555 p. XIV ; 1574 p. XVIII]
AMOR
[Sf 8r° ; 1555 p. XV ; 1574 p. XIX]
NEGOCIOSVS EST IN OCIO
QVANTVM
POSSIT AMOR ΟΝ] VITAM IN MORTE MINISTRAT
Symb. VII
Symb. VII Iam dudum in tenues ierunt mea corda fauillas,
Timque cinis factus qui modò pruna fui.
Sed licet in tenues ierint mea corda fauillas,
5$
10
15
Tämque cinis factus qui modo pruna fui, Haec tamen assiduis uruntur pectora flammis, Quéque magis flagrant, hoc magis ipse gemo. Vnde igitur flagrant ? Rediuiui unde ignis origo Si sunt in cinerem corda redacta semel ? Nempè faces ipsae flagrant, non cordis imago,
Quam uacuus nunquam figere cessat Amor.
Cur lacrymas augent incendia ? Liquitur igni Humoris toto corpore quicquid inest. Vix credam tanto uitam superesse calori. Albia sed uitam sufficit una mihi. Vrenteis pariunt semper lenta otia amores, Vnde est mors uiuens, irrequieta quies.
apparatus criticus Legitur carmen cum quibusdam uariis lectionibus etiam in P, f 211°-v°, sub titulo : « De Lydia ad Bal Castalionem > et in V, f 25v°, sub titulo: « De Amore in Albiam, puellam incomparabilem >». Editum est carmen in 1608, p. 443-444, sub titulo < Amor negotiosus est in otio », et bis in 1719, p. 333-334, sub titulo « Amor negotiosus est in otio > (= 1719') et p. 356, sub titulo « De Lydia
ad Baldassarem Castalionem > (= 1719°) || tit. pict. AMOR NEGOCIOSVS EST IN OCIO Sp. c. 1555 1574: VIS MIRA ET MAXIMA AMORIS S a. c. || tit. carm. φυσικά addidit sub titulo carminis S || 11 lacrymas augent VS 1555 1574 1719’ : lacrimas augent 1608 augent lacrymas P 1719° || igni VS 1555 1574 1608 1719' : igne P 1719° || 14 Albia VS 1555 1574 1608 1719' : Lydia P 1719° || 18-16 desunt in PV 1719° || 15 urenteis S 1555 1574 : -rentes 1608 1719", apparatus fontium M. MARVLLI, Epigr.,
1, 13 : Sic me, blanda, tui, Neaera, ocelli,/ Sic candentia colla, sic patens frons,/ Sic pares minio genae
perurunt,/ Ex quo uisa mihi et simul cupita es,/ Vt, ni me lacrimae rigent perennes,/ Totus in tenues eam fauillas./ Sic rursum lacrimae rigant perennes,/ Ex quo visa mihi et simul cupita es,/ Vt, ni, blanda, tui, Neaera, ocelli,/ Ni candentia colla, ni patens frons,/ Ni pares minio genae perurant,/ Totus in riguos eam liquores./ O uitam miseram et cito caducam ! || 3 BOCCHI, Lusuum «Ad Guidum Posthumum responsa » (cf. Lusuum libri duo in R, f 14r°-v°, « Ad eundem [Guidum Libellus in P, f τόν", Posthumum]), v. 6-7 : Heheu Posthume nunc magis peruror/ Totusque in tenues eo fauillas || s Haec... assiduis uruntur pectora flammis] F. PETRARCAE, Africa, 5, 626 : Vror, et assiduis torquentur pectora flammis ; C. LANDINI, Xandra, 1, 5, 35 : Haec mea perpetuis exurunt pectora flammis, εἴς. || 10 uacuus numquam...
cessat amor] N. DE NALDIS, Elegiae ad Laurentinum Medicen, 1,
10, 8: Improbus et nullo tempore cessat Amor ; G. ANGERIANI, Erotopaignion, 127, 14: At meus, heu ! nullo tempore cessat amor || 13 tanto uitam superesse calori] Ov., Met. 11, 703 : [ ... ] et tanto pugnem superesse dolori ; cf. T. V. STROZAE, Eroticon, 2, 11, 13: Cur me fata sinunt tanto superesse dolori?; DE NALDIS, Eleg., 1, 27, 29: Non potuit tanto cernens superesse dolori || 15 otia lenta] DE NALDIS, Epigr., 30, 10 : Quam si, nihil efficiens, ocia lenta colas || irrequieta quies] cf. BOCCHIL, Lusuum Libellus in P, f14r°, « Elegia ad Albam », v. 10 : Ipsa etiam ut requies irrequieta foret.
260
261
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[Sf 8v" ; 1555 p. XVI; 1574 p. XX]
[1555 p.XVU/f Cr’ ; 1574 p. XXI]
MEDIO DE FONTE LEPORVM SVRGIT AMARI ALIQVID
COMES VOLVPTATIS DOLOR
Symb. VIII
Symb. VIII
In pictura :
Ipsa dies pia nunc mater, nunc saeua nouerca est,
é- KAAON ON (Καλόν) (Κακόν)
Ν
liquid ; i amque aliquid semper miscet Saturnus amari
Hinc geminas prudens urnas in limine primo
|
=
i
i
|
s
Stare louis quondam pulchrè est commenta uetustas, Ex quibus una malis scatet, altera plena bonorum est, Vndè agitant Superi mortalia pectora, laetis Tristia miscentes. Ipsi laetantur et omni
Aeternum moerore carent nulléque senescunt 10
Tempore, sed stabili cursus circum aethera lege
Deproperare suos nulléque fatiscere seclo
Hos iubet omnipotens summi regnator Olympi. apparatus criticus Legitur carmen cum quibusdam uariis lectionibus, multis uersibus additis, etiam in V, f’ 44v°-46v", v. 44-54 sub titulo: « De loue >.
Quattuor foliis codicis amissis post folium 8v°, deest carmen Symboli in S. Cuius in loco legitur in f 91° carmen Symboli XIII cui titulus
est: « De Totto Mutinensi » || 1 pia nunc 1555 1574: nunc est V|| 8 Aeternum : 1555 1574: Aeth- V||9 sed 1555 1574: nam V || stabili cursus 1555 1574 : cursus stabili V.
apparatus fontium tit. pict. LVCR, 4, 1133-1134: [... ] quoniam medio de fonte leporum/ Surgit amari aliquid, quod in ipsis floribus angat || tit. carm. cf. PLAVT., Amph., 635 : Ita dis est placitum, uoluptatem ut maeror comes consequatur ; D. ERASMI, Apophtegmatum libri, 3, Socratica, 73 : Eo die quo bibiturus esset uenenum, quum detraétis compedibus, ex frictu sensisset uoluptatem, dicebat amicis:
quam
mire
hoc
natura
comparatum
est, ut hae
duae
res sese inuicem
comitentur,
uoluptas
ac dolor;
nisi enim
praecessisset molestia, non sentirem hanc uoluptatem ; ID., Adag., 4, 10, 33, « Dulce et amarum » ; A. ALCIATI, Emblematum liber,
Augustae Vindelicorum, apud Heynricum Steynerum, 1531, fE4v°-Esr°, « Dulcia quandoque amara fieri >, ; cf. BOCCHII, Symb. 118 || 1 mater... saeua nouerca] cf. HES., Op., 825 : Ἄλλοτε μητρυιὴ πέλει ἡμέρη, ἄλλοτε μήτηρ ; PLIN., Nat, 7, 1: [...] non
ut sit satis aestimare, parens melior homini an tristior nouerca fuerit ; GELL., 17, 12, 4; DIOGENIAN, 2, 76 ; GREG. CYPR, 1, 59 ; 62; MACAR, 1, 90; APOSTOL., 2, 25; SVID., A, 1341; ERASM., Adagia, 1, 8, 64, « Ipsa dies quandoque parens, quandoque
nouerca » : Eo uersu significatum est non omni die bene esse posse, sed isto bene atque alio male. Inde translatum quod matres
bene uolunt liberis, nouercae oderunt prouignos || 2-7 HOM, Il. 24, 525-533 : Ὡς yap ἐπεκλώσαντο θεοὶ Sethotat βροτοῖσι, Ζώειν
ἀχνυμένοις: αὐτοὶ δέ τ᾽ ἀκηδέες εἰσί) Δοιοὶ γάρ τε πίθοι κατακείαται ἐν Διὸς οὔδει Δώρων οἷα δίδωσι κακῶν, ἕτερος δὲ Edwy-/ Ὧι
μέν x’ ἀμμίξας δώῃ Ζεὺς τερπικέραυνος, Ἄλλοτε μέν τε κακῷ 6 γε κύρεται, ἄλλοτε δ᾽ ἐσθλῷ ; cf. PL, R., 3794 : « Ὡς δοιοί τε πίθοι
κατακείαται ἐν Διὸς οὔδει, Κηρῶν ἔμπλειοι, ὁ μὲν ἐσθλῶν, αὐτὰρ ὃ δειλῶν », καὶ @ μὲν ἂν μείξας ὁ Ζεὺς δῷ ἀμφοτέρων, « ἄλλοτε μέν τε κακῷ ὅ γε κύρεται, ἄλλοτε δ᾽ ἐσθλῷ » - @ δ᾽ ἂν μή, ἀλλ᾽ ἄκρατα τὰ ἕτερα, « Τὸν δὲ κακὴ βούβρωστις ἐπὶ χθόνα δῖαν ἐλαύνει » οὐδ᾽ ὡς ταμίας ἡμῖν Ζεὺς « ἀγαθῶν τε κακῶν τε τέτυκται » || 6 mortalia pectora] VERG., Aen., 3, 56-57 : Quid non mortalia pectora cogis,/ Auri sacra fames ? || 6-7 laetis/ tristia miscentes] cf. OV. Fast, 6, 463: Scilicet interdum miscentur tristia
laetis || 11 summi regnator Olympi] VERG., Aen., 7, 558 : haud pater ille uelit, summi regnator Olympi.
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Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus
CONSTANTIA HEIC EFFINGITVR
[15ssp. XVIII; 1574 p. ΧΧΠ]
[1555 p. XIX/P Ciir® ; 1574p. XXII]
BARTHOLOMEO
Symb. IX
VOLTEIO,
BON
EQV AVRATO
Symb. IX Stat laeto indefessa comes Constantia uultu,
Indomitum munita fero latus ense tenétque
Aegida Lemniaca sudatam incude, nec ullas
Pertimet insidias, nullis dat terga periclis,
5
10
Sed cunctis immota malis animosäque semper
Rebus in aduersis, pugnaci proelia dextra Exercet ualidaque ferox confidit in hasta. Hac duce per uarios casus longosque labores Aeneas olim fatis iactatus iniquis Italiam profugus Lauinaque regna petiuit.
Hac duce Gorgoneos angues Danaeius heros,
Nec minus Alcides tot monstra ingentia fudit. Non hic Lernaei timuit fera colla draconis,
Non saeui Diomedis equos, non dira leonis
15
Ora Molorchei, ualidi nec cornua tauri. Quin Stygii est ausus penetrare in regna Tonantis
ἈΝ
Et trahere ad superas captiuum Cerberon auras. apparatus criticus
Legitur carmen cum quibusdam uariis lectionibus in V, f 42v°-43r°, v. 27-43, sub titulo : « De Marte >. Quattuor foliis codicis amissis post folium 8v°, deest totum Symbolum in S || 4 pertimet V 1555 1574 p.c. in aliquibus exemplaribus : pertmet 1574 a. c. in aliquis exemplaribus ; pertinet 1574 in aliquibus exemplaribus [| 15 Molorchei 1555 1574 : -chaei (sic) V || 16 Sygii est ausus 1555 1574:
ausit Stygii V|| 17 ad 1555 1574: in V. apparatus fontium 1 laeto uultu] cf. SIL., 5, 227 : et laeto Victoria uultu ; 15, 98 : et laeto Gloria uultu || indefessa comes] CLAVD., Paneg. de VI Cons.
Honorii praef. (Carm. mai., 28), 600 : Castrorumque eadem (i. e. Victoria) comes indefessa tuorum || 2 Indomitum munita fero
latus] cf. I. PONTANI, Vrania, 1, 561 : At clipeo indomitum munit constantia pectus || 3 Aegida... incude] STAT., Silu., 3, 1, 130-
134 : Non tam grande sonat motis incudibus Aetne/ Cum Brontes Steropesque ferit, nec maior ab antris/ Lemniacis fragor est
ubi flammeus aegida caelat/ Mulciber et castis exornat Pallada donis || 8 per uarios casus longosque labores] cf. VERG., Aen., 1, 911 : Quidue dolens regina deum tot uoluere casus/ Insignem pietate uirum, tot adire labores/ Impulerit || 9-10 cf. VERG., Aen., 23: Italam fato profugus Lauinaque uenit/ Litora, multum ille et terris iactatus... ; PONTAN., Vran., 1, $66: Hac duce, Iunonis odiis
iactatus
iniquae [| 11 Gorgoneos
angues]
H.BALBI,
Carmina,
178,
3:
Aegide
Gorgoneos
ut
Perseus
extulit
angues || Danaeius heros] Ov. Am., 3, 6, 13; Met, 5, 1; PONTAN, Vran., 4, 235 || 12 Alcides tot monstra ingentia fudit] PONTAN., Vran., 1, 567-8: Amphitryoniades tot monstra ingentia victor/ Fudit humi || 13 timuit fera colla draconis] ΤΟΝ. STROZAE, Borsias, 8, 45-7 : At bonus Alcides... saeui fera colla draconis/ Exuperat.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus [1555 p. XX ; 1574 p. XXIV]
[1555 p. XXI; 1574 p. XXV]
CVM VIRTVTE ALMA CONSENTIT VERA VOLVPTAS
DE SILENO ET CHROMI ET MNASYLO
Symb. X
Symb. X
Sileno Pallas simul et Venus alma corolla Dum caput exornant, ipse beatus ait :
« Quid discors te adeo torques de fine bonorum s
Graecule ? Res eadem est, uerba sonant aliud :
“ Viue bene”, atque “ illud quod uiuis, uiue ” ; Voluptas Vna etenim et Virtus in statione sedent. » Sustinet assensum interea Mnasylus utranque
ΡΥ ΠΟ ΔΝ
ον,
In partem et tutus “ nescio quid ” meminit.
10
At Chromis irritans sensus pateramque Lyaei Nequicquam expectans, ocia laeta agitat.
apparatus criticus
Deest in S. Legitur carmen sine pictura cum quibusdam uariis lectionibus etiam in Ioannis Antonii Delphini « In Symbolum decimum
Achillis Bocchii commentariolo », Bononiae, Bibliotheca Archigymnasii, cod. B 1513, f 4 r-v (=B) || tit. carm. DE SILENO ET CHROMI
ET MNASYLO
1555 1574: CVM
VIRTVTE ALMA
picturae in 1555 1574] || 4 Graecule 1555 B: -culae 1574.
CONSENTIT
VERA VOLVPTAS
add. B supra titulum [= tit.
apparatus fontium tit. carm. DE
SILENO
ET
CHROMI
ET MNASYLO]
cf. VERG., Buc., 6, 13-14:
Pergite Pierides. Chromis
et Mansylus
in
antro/ Silenum pueri somno uidere iacentem, Inflatum hesterno uenas, ut semper, laccho ; SERV., ad Buc., 6, 13 : PERGITE PIERIDES. Hortatur musas ad referenda ea, quae Silenus cantauerat pueris: nam uult exequi sectam Epicuream, quam
didicerant tam Vergilius quam Varus docente Sirone. Et quasi sub persona Sileni Sironem inducit loquentem, Chromin autem et Mnasylon se et Varum uult accipi. Quibus ideo coniungit puellam, ut ostendat plenam sectam Epicuream, quae nihil sine uoluptate uult esse perfectum || 5-6 Voluptas/ una... et Virtus in statione sedent] Ov., Met., 2, 846-847 : Non bene conueniunt
nec in una sede morantur/ Maiestas et Amor || 7-8 Sustinet assensum... facilius ab utraque parte assensio sustineretur.
266
utranque/ In partem] CIC., Ac. 1, 12, 45: [ut... ]
267
Edition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi ( 1555) —tome 1
[1555 p. XXII ; 1574 p. XXVI]
COSMO
MEDICI DVCI FLORENTIAE
SAPIENTIAE SPECIES INENARRABILIS
Symb. XI
Symb. ΧΙ
Quaenam sese offert ? Quaenam haec tam lucida tarhque
In pictura :
5 ee Brae
[1555 p. XXIII ; 1574 p. XXVII]
Formosa exoritur ? Roseigne euecta quadrigis
ee aes 5
10
Fulgida Tithoni coniux ? An candida Phoebe ? An magé inexhausta flammantia moenia mundi Lampade qui lustrat Sol aureus ? An Venus ipsa Purpuream reserans lucem mortalibus aegris ? Pace tua coniux Tithoni et candida Phoebe Et Sol atque adeo Solis praenuncia dicam. En maius iubar exoritur, cui sydera cedunt Omnia, cui Superi assurgunt, assurgit Olympus.
Huc ades ὁ secli decus : ah mihi pande serenam
Illam illam frontem, sub qua duo lumina fulgent,
Quae tristeis animi tenebras et nubila pellunt. 15
Pande illa illa rosis certantia tempora uernis,
Quae uer perpetuum referunt dulcique pudore Formam ipsam superant, seu quid formosius illa est. Huc ades et totum me dulcibus obrue flammis,
20
Traiice sexcentis praecordia nostra sagittis, Vulnera, adure, neca, sic sic iuuat usque perire.
Ista mihi longe est uita mors dulcior omni.
apparatus criticus Deest hoc symbolum in S. Legitur carmen cum quibusdam uariis lectionibus etiam in V, f 331° sub titulo : « Ex Hebraico poeta » et in R, f 37v°-38r° sub titulo : « Ex Hebraico poeta pro Raphaele Musico, Leonis X Pont. Max. iussu > || 1 quaenam sese 1555 1574 : quae nunc sese V || 3 Tithoni 1555 1574: Tyth- V||4An Vp.c. 1555 1574: AVa.c. || s ipsa 1555 1574: alma VR|| 7 Tithoni 1555 1574: Tyth- V|| 8 praenuncia 1574:
uluat 1555
apparatus fontium
in pict. SEMPER
1555
1574: -nuntia V || 13 tristeis V 1555
1574: -tes R || 19 iuuat V 1555 [in tabula erratorum]
4. c.
EADEM]
cf. LACT., Phoen., 169, p. 147 Brandt : Ipsa quidem, sed non , eademque nec ipsa est ;
TERT., Res., 13 : Iterum phoenix ubi nemo iam, iterum ipse qui non iam, alius idem || passim VVLG., Sap., 7, 26 ; 7, 29-8, 2 || 23 roseisne euecta quadrigis] cf. VERG., Aen., 6, 535 : [...7 hac uice sermonum roseis Aurora quadrigis/ Iam medium aetherio cursu traiecerat axem || 3 Tithoni coniux] cf. VERG., Aen., 8, 834 ; OV., Am. 2, 5, 35 ; F., 3, 403 ; Her., 18, 111, etc. || 4 flammantia
moenia mundi] cf. LVCR., 1, 73 : processit longe flammantia moenia mundi || s lampade lustrat sol] cf. LVCR., 5, 610 : Forsitan et rosea sol alte lampade lucens/ [...] ; 7, 737 : [... ] sol omnia lustrans || 6 purpuream lucem] cf. CATVLL. 64, 275 : Purpureaque procul nantes a luce refulgent ; Ov., F., 6, 252 || mortalibus aegris] cf. LVCR, 6, 1; VERG., Aen., 2, 268; 10, 270; Georg. 1, 237, etc. || 8 Solis praenuncia] cf. CIC., Arat., 65 : clari praenuntia Solis || 9 iubar exoritur] cf. SEN., Gid., 2 : Et nube maestus squalida exoritur iubar || cui sidera cedunt] cf. Ov., Her., 20, 55-56: Tu facis hoc oculique tui quibus ignea cedunt/ Sidera || 11 saecli decus] cf. Ov., Pont., 2, 8, 25 : Parce, precor, saecli decus indelebile nostri || Ah mihi pande] OV., F., 5, 695: At mihi pande, precor || 12 duo lumina fulgent | cf. CIC., Arat., 175 : E multis tamen his duo late lumina fulgent || 13 animi tenebras] cf. LVCR., 1,
146-148 (cf. 2, 59 ; 3, 91, etc.) : Hunc igitur terrorem animique tenebras necessest/ Non radii solis... / Discutiant... sed naturae species ratioque || 14 rosis certantia tempora uernis] cf, BOCCHU, Lusuum libri, £. 15v, « Ad Eandem [= Lydiam] », v. 9-10 : Seu tueor uernos superantia tempora flores/ Istaque purpureis aemula labra rosis || 15 perpetuum uer] Ov, Met, 5, 391; T. V. STROZAE, Eroticon, 3, 1, 17 ; I. PONTANI, Meteororum liber, ss, etc. || 17 dulcibus flammis] B. SPAGNOLI, Parthenice prima siue Mariana, 3, 17-18 : praecordia flammis/ Dulcibus urebat || 19 sic sic iuuat usque perire] cf. VERG., Aen., 4, 660 : [ ... ] sic, sic iuuat ire sub umbras || 20 Mihi... uita mors] cf. SYMPHOSIL, Aenigmata, 31, « Phoenix », 1-2: Vita mihi mors est ; morior si coepero nasci ;/ Sed prius est fatum leti quam lucis origo ; LACT., Phoen., 170, p. 147 Brandt : Aeternam uitam mortis adepta bono.
268
269
Edition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (155 5) —tome 1
[1555 p. XXIV; 1574 p. XXVIII]
[Sf 9r° ; 1555 p. XXV/f Dr° ; 1574 p. XXIX]
CVPIDINI CAECO PVELLO HAVD CREDITO
DE TOTTO MVTINENSI
Symb. XII
Symb. XII
10
Dum saeuam Tottus toto ardet corde puellam Nec ualet hanc precibus flectere nec precio, Supplicibus tenerum lacrymis exorat Amorem, Illius ut feriat uulnere corda pari, Aut sua restinguat liuenti incendia plumbo. Tunc deus in Tottum plumbea tela iacit. Quae subitd sese opponens ac pectore duro Excipiens, solito obduruit illa magis. Mox etiam insultantis et aurea spicula iam iam Tendentis pueri ui rapit ὁ manibus. Inde ferox miseri rursum transfigit amantis Saucia laetiferis pectora uulneribus, Atque « age, dixit, abei, iam te suspende ». Quid ultra ? Ille libens dominae paruit imperio Sexcenta$que neces una nece uicit et uno
Innumeros laqueos dissoluit laqueo. I nunc fide armis pueri, eius castra sequaris. Militiae haec referes praemia digna tuae. apparatus criticus
Quattuor foliis codicis amissis post folium 8v°, legitur hoc carmen in S, f° 9r°, aduersus picturam Symboli VII cui titulus est « Medio de fonte leporum surgit amari aliquid >. Legitur carmen in R, f’ 38v°, sub titulo: « De Totto Mutinensi qui prae nimio amore uersus in furorem, sibi ipsi mortem laqueo consciuit » || num. XII S 1574 : XIII (sic) 1555 p. XXV || 3 lacrymis S 1555 1574 : lachry- R
apparatus fontium 2 OV., F., 2, 806 : Nec prece nec pretio nec mouet ille minis || 3 supplicibus... lacrymis] PROP., 1, 16, 4: Captorum lacrimis
umida supplicibus || 4 feriat uulnere corda pari] SIL, 1, 166: Atque immite ferit geminato uulnere pectus || 9-11 M. MARVLLI,
Epigr., 1, 3 (cf. Symb. 6) || 13-16 A. G, 9, 497 (= PLAN. 1°, 26, 40) cf. Symb. 13) || 14 dominae paruit imperio] Ov., Ars, 221 :
Paruit imperio dominae Tirynthius heros || 17 castra sequaris] PROP., 2, 10, 19 : Haec ego castra sequar [... ] || 18 Militiae... praemia digna] V. VERINI, Epigr., 6, 2, 69-70 : Quid, consumato uitae certamine, restat/ Ni dare militibus praemia digna meis ?
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[5 Pov"; 1555 pe XXVI; 1574 p- XXX]
[Sf 10r° ; 1555 p. XXVI/P Diir® ; 1574 p. XXXI]
SENTENTIA MEMORABILIS
AMORIS ANTIPHARMACVM Symb.
Symb.
XIII
Fames amorem sedat atra, sin minus
pe oe : —
-
;
Tempus, nisi hoc, laqueus erit tandem satis.
KPATHE (Κράτης) [et
:
i
SPES VLTIMA
ΧΗ!
e
Sententiam hanc Crates tulit. Si quis negat, Probabit illicò, ut periclum fecerit,
_ AIMOX. ae - XPONOX (Χρόνος) 5
Ita laqueo laqueum ipsum amoris soluier.
apparatus
criticus
Editum est carmen in 1608, p. 444, sub titulo « Amoris antipharmacum » || 3-4 desunt in 1608 || s laqueum ipsum amoris soluier S 1555
1574: laqueus amoris soluitur 1608.
apparatus fontium cf. A. G., 9, 497 (PLAN. 1°, 26, 40), Κράτητος : Ἔρωτα παύει λιμός.) Ei δὲ μή, χρόνος: ἐὰν δὲ μηδὲ ταῦτα τὴν φλόγα oféoy,/ Θεραπεία σοι τὸ λοιπὸν ἠρτήσθω βρόχος ; D. L. 6, 86 ; SVID., K, 2341 Adler ; Mantissa Prouerb. 1, 61 ; A. ALCIATI in I. CORNARII, :
Selecta Epigrammata
Graeca Latine uersa, ex septem Epigrammatum
Graecorum libris, Basileae, 1529, p. 62 : Amorem
egena sedat
ac superat fames ;/ Sin tempus ; at id si nequibit uincere/ Laqueus medelam gutturi nexus dabit ; H. ANGERIANI, Erotopaegnion, 38, 13: Tum
magnum
ieiuna fames delebit amorem,/ Nulla fames, tempus, tempore maius erit./ Si non ista iuuant, laqueo da
colla. Moraris/ Quid, miser ? Haec flammis sola medela tuis (cf. Hutton, The Greek Anthology in Italy, p. 159 ; 221-222).
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome
Edition critique du texte latin : liber primus
1
[SPiov° ; 1555 Ρ. XXVIII
; 1574 p. XXXII]
[Sf αὐτὸ; 1555 p. XXIX ; 1574 p. XXXII]
SORS INSTABILIS HAVD EXPETENDA EST ADMODVM
DE MERCATORE ET LACONE
Symb. XIV
Symb. XIV Quum forté diues gloriaretur nimis
d
Mercator olim, quippé qui dimiserat
Se Ω τ ΤΣ
—
Naues in omnem oram maritimam plurimas,
s
Tunc sic Lacon : « Haud ista sané optabilis Estadmodum, inquit, apta sors rudentibus. »
apparatus criticus Legitur carmen in R, f. 55v°, sub titulo : « De mercatore quodam insolente et Lacone >. Editum est carmen in 1608, p. 444, et in 1719,
Ρ. 338, sub titulo « De Mercatore et Lacone > || 1 Quum S 1555 1574: cum R 1608 1719 || 2 quippè qui dimiserat S 1555 1574 1608 1719: qui naues quam plurimas R [| 3 Naues in omnem oram maritimam plurimas S 1555 1574 1608 1719 : Omnem per oram
maritimam dimiserat R || Tunc S 1555 1574 1608 1719: Tum R.
apparatus fontium
Cic., Tusc. 5, 14, 40 : [... ] ut mihi Laconis illud dictum in hos cadere uideatur, qui glorianti cuidam mercatori, quod multas nauis in omnem oram maritimam demisisset, « non sane optabilis quidem ista, inquit, rudentibus apta fortuna ».
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Edition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
[Sf 128°; 1555 p. ΧΧΧΙ; 1574 p. XXXV]
[Sf 11v° ; 1555 p. XXX; 1574 p. XXXIV]
VITAE IMMORTALIS STVDIO MORS TEMNITVR ATRA
TVMVLVS CLEOMBROTI AMBRACIOTAE
Symb. XV
Symb. XV Ambraciota mari situs ille Cleombrotus alto est,
Alto qui potuit temnere mortem animo. Nanque ubi melliflui legit diuina Platonis Scripta, etsi aduersi tum nihil acciderat, Praecipitem è muro dedit huc se, ut fluctibus istis Curarum fluctus obrueret uarios. Felix 6 pelagus titulo hoc : felicia et ossa Quo tumulo poterant nobiliore tegi ?
5
CONTRA GRAECVM
ILLVD EPIGR :
Εἶπας « Ἥλιε, χαῖρε > Κλεόμβροτος Ἀμβρακιώτης Ἥλλατ᾽ ag’ ὑψηλοῦ τείχεος εἰς Ἀΐδου, Ἄξιον οὐδὲν ἰδὼν θανάτου κακόν, ἀλλὰ Πλάτωνος
Ἕν τῷ Περὶ ψυχῆς γράμματι ἀναλεξάμενος.
Latine sic Pomp«onius> Gauricus reddidit :
« Vita uale », muro praeceps delapsus ab alto Dixisti moriens Ambraciota puer, Nullum in morte malum credens. Sed dicta Platonis Non ita erant animo percipienda tuo. apparatus criticus carm. 1: Legitur carmen
Editum in Ri 56r’, sub titulo: « Epitaphium Ambraciotae Cleombroti >.
« Tumulus Cleombroti > || 3 Nanque S 1555 1574 : nam- 1608.
carm.
3: Deest in Pomponii
Gaurici
Epigrammatum
liber (1526)
|| 2 delapsus
1555
[in tabula
est in 1608, p.444, sub titulo erratorum]
1574:
delatus
S
tertium : Alius sic: Phoebe uale, dixit deque arce 1555 a. c || Hoc carmen ignoti auctoris deletum est in S in f 121° post carmen
morte malum ratus esse, sed aurea dicta/ Phaedonis de anima Cleombrotus alta/ Iuit ad infernas Ambraciota domos./ Nullum in non
bene
nota sequens.
apparatus fontium carm. 1 : cf. carm. 2-3.
= PLAN. 3°, 26, 6; cf. AMMON, In Porphyr. Isag., p. 4, L 22 carm. 2 : = CALL., Epigr., 23 Pfeiffer = s3 Gow-Page =A.G, 7, 471 epigramma in Busse
(Comment.
in Aristot.
Graeca,
4, 3);
SE,
M,
1, 48, ete.; Cic.,
Tusc.,
1, 34, 84:
Callimachi
quidem
aduersi, e muro se in mare abiecisse lecto Platonis libro ; Scaur., Ambraciotam Theombrotum est, quem ait, cum ei nihil accidisset otum Ambraciotam ferunt se ex altissimo praecipitasse muro, 4: At Graeculi quidem multa fingunt, apud quos etiam Theombr apud Graecos, cum summi philosophi Platonis grauiter et ornate non quo acerbitatis accepisset aliquid, sed, ut uideo scriptum scriptum librum de morte legisset. « Sol, « De Theombroto > (= Cod. Vat. Lat. 2836, Misc., saec. XV/XVI, f 278r°) : Carm. 3 : Epigrammata Bobiensia, 63 Speyer, illa conscius, sibi dignum leto Nil tenebras,/ in ! > Theombrotus Ambraciotes / Dixit et aeternas desilit
salueque ualeque
Platonis/ Quae de anima sciuit sic celeranda ratus.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome
1
Edition critique du texte latin : liber primus [Sf 13r°; 1555 p. XXXIII/f Er° ; 1574 p. XXXVII]
[SP 12v°; 1555 p. XXXII; 1574p. XXXVI]
CAMILLO VRSINO
LABORIS ONVS HONOS LEVAT
ONVS
Symb. XVI
BELLI DVCI
DVCIS MINVS
GRAVE
FORTISSIMO
EST AC MILITIS
Symb. XVI
lidem labores haud graues Sunt imperatori bono aequé et militi, Quod ipse honor magis leues Semper labores imperatorum facit. QVALIS BONI SIT MILITIS IN IMPERATOREM
METVS
Dux inclytorum nobilis Lacedaemonum consueuerat Clearchus olim dicere s
Metui imperatorem magis
Debere quam hostem à milite. Recté quidem ille. Ego attamen Miles metuat hostem meus,
Nolim imperatorem, uelim.
apparatus criticus carm. 1 : Legitur carmen in R, f 551°, sub titulo : « Ex Xenophonte Socratico >. Editum est carmen in 1608, p. 444, et in 1719, p. 335, sub titulo « Camillo Vrsino > [| tit. BELLI DVCI FORTISSIMO
S p. οὐ 1555 1574: DVCTORI
BELLI CLAR S a. c. ;
BELLI FORTISSIMO DVCIS p. εἰ. || 2 bono R: deestin 1555 1574 1608 || et 1555 1574 1719 : ac 1608. apparatus fontium
carm. 1 : CIC., Tusc., 2, 26, 62 : Itaque semper Africanus Socraticum Xenophontem in manibus habebat, cuius in primis laudabat
illud, quod diceret eosdem
labores non esse aeque grauis imperatori et militi, quod ipse honos laborem leuiorem faceret
imperatorium ; cf. XEN., Cyr., 1, 6, 25 : Εὖ γὰρ ἴσθι ὅτι τῶν ὁμοίων σωμάτων oi αὐτοὶ πόνοι οὐχ ὁμοίως ἅπτονται ἄρχοντός τε ἀνδρὸς
καὶ ἰδιώτου, ἀλλ᾽ ἐπικουφίζει τι ἡ τιμὴ τοὺς πόνους τῷ ἄρχοντι καὶ αὐτὸ τὸ εἰδέναι ὅτι οὐ λανθάνει è τι ἂν ποιῇ.
carm. 2 : VAL. MAX. 2, 7, ext. 2 : Clearchus uero Lacedaemoniorum dux egregio dicto disciplinam militiae continebat, identidem
exercitus sui auribus inculcando a militibus imperatorem potius quam hostem metui debere. Quo aperte denuntiabat futurum ut
spiritum poenae inpenderent, quem pugnae [acceptum ferre] dubitassent. Idque a duce praecipi non mirabantur maternarum blanditiarum memores, quibus exituri ad proeliandum monebantur ut aut uiui cum armis in consbectum earum uenirent aut mortui in armis referrentur ; cf. XEN. Anab., 2, 6, 11 : Λέγειν αὐτὸν ἔφασαν ὡς δέοι τὸν στρατιώτην φοβεῖσθαι μᾶλλον τὸν ἄρχοντα ἢ τοὺς πολεμίους, εἰ μέλλοι ἢ φυλακὰς φυλάξειν ἢ φίλων ἀφέξεσθαι ἢ ἀπροφασίστως ἰέναι πρὸς τοὺς πολεμίους.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus [SPi3v° ; 1555 p. XXXIV ; 1574p. XXXVI]
[Sf 141° ; 1555 p. XXXV/E Biir® ; 1574 p. XXXIX]
NONVLLA EST ETIAM CAECIS IN NOCTE VOLVPTAS
DE ANTIPATRO CYRENAICO CAECO
Symb. XVII
Symb. XVII Forté Cyrenaicum Antipatrum muliercula quaedam
5
Luminibus captum uidit et ingemuit : « Prd dolor », exclamans passos laniata capillos, « Quae ροττὸ in tenebris uita futura tua est ? » Ille autem : « Quid agis, stulta ? An nocturna uoluptas Esse tibi prorsus nulla uidetur ? », ait.
apparatus criticus Leguntur primus et ultimus distichus in R, f° 55v°, sub titulo : « De Antipatro Cyrenaico », et in Ioanni Antonii Delfini Commentariolo
in symbolum decimum Achillis Bocchi (Bonon., Bibl. Archiginnasii, cod. Lat. B. 1513, f ον"). Editum est carmen in 1608, p- 444-445, et in 1719, p. 335, sub titulo « De Antipatro caeco » || tit. carm. DE ANTIPATRO...CAECO 1555 1574 : VINCENTIO BOVIO S supra lineam|| 3 pro S 1555 1574 : proh 1608 1719.
apparatus fontium Cic., Tusc., 5, 38,
112 : Etenim si nox non adimit uitam beatam, cur dies nocti similis adimat ? Nam illud Antipatri Cyrenaici est
quidem paulo obscenius, sed non absurda sententia est ; cuius caecitatem cum mulierculae lamentarentur : « Quid agitis ? inquit,
an uobis nulla uidetur uoluptas esse nocturna ? »
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus [Sf 14v°; 1555 p. XXXVI; 1574p. XL]
[Sf 15r°; 1555 p. XXXVII; 1574 p. XLI]
MAGNANIMVS SANCTIS PARET VIR LEGIB VLTRO
SPARTAN! MAGNITVDO ANIMI
Symb. XVIII
Symb. XVIII
Damnatus ab Ephoris Lacon Cum duceretur ad necem et uultu admodum
Hilari esset ac laeto, tum eum Quidam rogauit hostis an contemneret Leges Lycurgi. « Quin ego Habeo, inquit, illi gratiam uel maximam,
10
Qui poena ea multauerit Me, quam absque mutuatione et foenore Et absque uersura graui Possem illico dissoluere. > O dignissimum Sparta uirum ! Vt mihi quidem, Quicunque animi magnitudine praeditus Tanta fuerit, is per nefas Damnatus esse censeatur innocens.
apparatus criticus
Legitur carmen in R, f° 54v°-55r°, sub titulo: « De Lacedaemone quodam » || tit. carm. MAGNITVDO ANIMI 1555 [in tabula erratorum] 1574: ANIMI MAGNITVDO S$ 1555 a.c. || 3 eum S 1555 1574: cum R || 4 rogauit S 1555 1574: -gasset R||s Lycurgui RS : Lic- 1555 1574 || 7 poena S 1555 1574: pena R || 12 animi magnitudine S 1555 1574 : magnitudine animi R. apparatus fontium CIC., Tusc., 1, 42, 100 : Sed quid ego Socratem aut Theramenem, praestantis uiros uirtutis et sapientiae gloria, commemoro, cum
Lacedaemonius quidam, cuius ne nomen quidem proditum est, mortem tantopere contempserit, ut, cum ad eam duceretur damnatus ab ephoris et esset uoltu hilari atque laeto dixissetque ei quidam inimicus: « contemnis ne leges Lycurgi? », responderit : « ego uero illi maximam gratiam habeo, qui me ea poena multauerit, quam sine mutuatione et sine uersura possem
dissoluere ». O uirum Sparta dignum ! Vt mihi quidem, qui tam magno animo fuerit, innocens damnatus esse uideatur.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[Sf°15v° ; 1555 p. XXXVIII ; 1574 p. XLII]
[Sf 161° ; 1555 p. XXXIX ; 1574 p. XLII]
MORS FORTIB FINIS MALOR EST OMNIVM
DE PHILIPPO ET LACEDAEMONIB
Symb. XIX
Symb. XIX O fortitudinem inclytam Lacedaemonum, Qui, quum Philippus insolenter admodum
In pictura :
- VI CONATVS PROHIBEBO VESTROS
- NVM ETIAM MORI?
Per litteras minatus esset omnia s
Quaecunque conarentur ipsi, seduld
Se prohibiturum, quaesierunt nim mori Se prohibiturus esset etiam seduld.
apparatus criticus Legitur carmen in R, f° 55v°, sub titulo : « De Lacedaemonibus et Philippo ». Editum est carmen in 1608 p. 445, et in 1719, p. 335, sub titulo « De Philippo et Lacedaemoniis> || 1 inclytam S 1555 1574 : inclit- 1608 1719 || 2 quum S 1555 1574: cum 1608 1719.
apparatus fontium Cic.,
Tusc., 5, 14, 42 : An
Lacedaemonii
Philippo
minitante
per litteras se omnia
quae
conarentur prohibiturum
quaesiuerunt,
—
4 mn
284
tà
P
.«
he
num se esset etiam mori prohibiturus : uir is, quem quaerimus, non multo facilius tali animo reperietur quam ciuitas uniuersa ?
285
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus [SP 16v° ; 1555 p. XL; 1574 p. XLIV]
SEBASTIANO
SELEVPENERIO
GERMANO
PLATONICO
DISCIPVLO CARIS
NIHIL MAGE EXPETENDVM AMORE
[SP 171° ; 1555 p. XLI/P Fr°; 1574 p. XLV]
CVPIDINI
Symb. XX
DIVINO
Vulgi profani indocta cohors tuam Nil percipit, diuine Amor, inclytam
Symb. XX
Virtutem et illam flammulam, unde
Certa hominum atque Deum est uoluptas. s
Mens namque uerum capta oculis bonum Dum nescit usquam cernere, fallitur
Semperque uitans expetenda Insequitur sua damna praeceps.
10
Ast cognitum immortale decus tuum Mortalibus si esset miseris, uti
Dis est beatis, qui soluti Carcere corporeo et tenebris, Viuo fruuntur lumine, rectius
Exempta saeuis nostra doloribus
15
Vita haec iter securiusque,
Quod minimé assequitur, teneret.
20
Tunc omnium pulcherrima denud Forma illa rerum, saecula et aurea Prorsus redirent, denique omnes Ambrosia frueremur alma.
O aure uotis si facili adnuas Olim uocatus, sancte puer, meis. En uror, uror, toto ab illis
Corde tuis facibus peruri.
apparatus criticus
tit. carm. PLATONICO CVPIDINI S 1555 PLATONICO CVPIDINI AMORIS a. c.
1574:
ORATIO
PLATONICVM
AD
CVPIDINEM
AMOREM
S$ a.c.';
apparatus fontium 1 Profani uulgi] cf. HOR., Carm., 3, 1, 1 : Odi profanum uulgus et arceo || 2-3 inclytam/ Virtutem] cf. STAT., Theb., 11, 412 ; SEN., Herc. Œt, 1984 ; B. SPAGNOLI, Syluae, 4, 13, 72 ; P. SASSI, Epigr., 1, 54, 1, etc. || 4 hominum atque deum uoluptas] cf. LVCR, 1, 1 : Aeneadum genetrix, hominum diuomque uoluptas ; I. PONTANI, Vrania, 1, 234: Haec decus, haec ipsa est hominumque deumque uoluptas || 11-12 soluti/ Corporeo carcere et uinculis] cf. CIC., Rep., 6, 14: «Immo uero, inquit, hi uiuunt qui e corporum uinclis tamquam e carcere euolauerunt, uestra vero quae dicitur uita mors est » || 21 uotis si facili adnuas] cf. Ov., Pont., 2, 8, 51 : Adnuite, o, timidis, mitissima numina, uotis || 22 sancte puer] CATVL., 64, 95 : Sancte puer curis hominum qui gaudia misces.
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287
Édition critique du texte latin : liber primus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
[S P18r° ; 1555 p. XLII/f Fiir° ; 1574 p. XLVI]
[SPi7v°; 1555 p. XLII ; 1574 p. XLVI]
PRINCIPIVM ET FINEM PRINCEPS HABET AB IOVE SVMMO
CAROLI
.V. CAES AVGVSTI
SAPIENTIA
IMMORTALIS
Symb. ΧΧΙ
Symb. XXI
Imperio Augustus, pietate augustior alma es, Maior enim in te omni est imperio pietas. Quin etiam imperio Augustum et te, Carole, uincis,
In pictura: - CAROLVS V IMPER SEMPER AVGVSTVS — PIETAS AVG
s
Qui regis arbitrio fataque téque tuo. Quid sibi uult insigne biceps louis armiger ales ? An quia dat duplex Iuppiter imperium ?
Indé animi humana, hinc Mentis diuina potestas,
10
Qua tibi quae fuerint suñtque futura, patent. lustitia hinc, animi et robur, prudentia uisque, Quae docet humano quid sat in officio est. Talibus auspiciis duceris ad alta beatus Sydera, fructurus nectare et ambrosia.
apparatus criticus
ded. carm. CAROLI S p. c, 1555 1574: AD CAROLVM
S a. c. || 8 quae 1574 S : que 1555
apparatus fontium
tit. pict. principium... a loue summo] VERG., Buc., 3, 60 : Ab loue principium Musae... ; GERM., Arat., 1 : Ab loue principium magno deduxit Aratus || s-10 cf. C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, Basileae, 1542 (1516') 2, 23: Scire licet apud Platonicos
mentem intelligi duplicem : alteram inferiorem, quam rationem appellant, diuiniorem alteram superioremque quam intellectum nuncupant. Illa humana temperat et moderatur. Haec diuina suspicit et contemplatur. Quae sane mens ita distributa bifrontis Jani
rationem complectitur ; M. FICINI, Theol. Plat., bifrontis instar, utrumque respiciat, corporeum BOCCHH, Symb. 151, v. 8-12 : Duplex uis nostrae sublimior interuallo./ Illa humana regit, diuina
16, 5, t. Ill, p. 123 Marcel : At licet animus per naturam essentiae tertiae ani scilicet et incorporeum ; C. LANDINI, Disput. Camald., 4, p.213-214 Lohe; mentis habetur./ Hinc gnaua inferior ratio, diuinior illinc/ Mens ipsa et longo haec suspicit alte/ Contemplans, coelo et colestibus imperat astris [| 5 louis
armiger ales] cf. GERM., Arat., 688-689 : [ ... ] redit armiger uncis/ Vnguibus, ante omnis gratus tibi, luppiter, ales || 8 cf. MACR, Sat., 1, 7, 20 : Post ad Ianum solum regnum redactum est, qui creditur geminam faciem praetulisse, ut quae ante quaeque post
tergum essent intueretur ; quod procul dubio ad prudentiam regis sollertiamque referendum est, qui et praeterita nosset et futura
prospiceret ; 1, 9, 4 : Quidam ideo eum [i. e. Ianum] dici bifrontem putant quod et praeterita sciuerit et futura prouiderit ; PRVD.,
Cath., 9, 10-11 : A et Q cognominatus, ipse fons et clausula/ Omnium quae sunt fuerunt quaeque post futura sunt ; P. VALERIANI, ante Hieroglyphica, 32, « Bicipitium », Basileae, 1556, p. 227: Prudentis enim hominis est praeterita noscere, futura uero multo quattuor illae consideratur, maxime hominis animus quibus in praeuidere || 9-10 cf. RHET. Her. 3, 8, 15 : Ad omnes autem res, factum esse animi uirtutes erunt accommodandae, ut, si laudemus, aliud iuste, aliud fortiter, aliud modeste et aliud prudenter
RE LUCE.
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ducere dicamus || 11 talibus auspiciis] cf. VERG., Aen., 5, 533 : [ ... ] nam te uoluit rex magnus Olympi/ Talibus auspiciis exsortem montes. sidera ad struxisse honores || 11-12 ad alta... / Sydera] cf. Ov., Met. 1, 153 : [Gigantas] altaque congestos
CET,
RS
i
289
R
—
——
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[Sf 18v° ; 1555 p. XLIV ; 1574 p. XLVIII]
[SP 19r° ; 1555 p. XLV; 1574 p. XLIX]
OMNIA SVNT PRAESTO CVI PRAESTO EST INCLYTA VIRTVS
EIVSDEM IMPERATORIAE VIRTVTES QVATTVOR
Symb. XXII
Symb. XXII
s
Rei militaris plurimis scientia, Inuicta pluribus animi praestantia, Autoritas plerisque : raris omnium Petita uotis contigit felicitas. Quin singula haec praestare uix paucis licet,
10
Extare iam uident uel ii qui nil uident. lamque ipse Momus id fateri cogitur. Mirantur autem multi, ego haud quaquam. Quid hoc ? Nempé omnia adsunt illa abundè quem penes
Quae cuncta summa Caesare in uno Carolo
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Est uera Virtus, maxima una et optima. apparatus criticus Editum est carmen in 1608, p. 445, et in 1719, p. 335, sub titulo « De Carolo V, imperatore » || tit. pict. PRAESTO 8 1555 [in tabula erratorum] 1574: PRES- 1555 a. c. || tit. carm. EIVSDEM IMPERATORIAE VIRTVTES QVATIVOR S p.c. 1555 1574: DE EODEM Sa.c. [| 1 militaris § 1555 [in tabula erratorum] 1574: militans 1719 || 9 haud quaquam S 1555 1574 haudqua- 1719 : hauqua- 1608.
290
i
1555 a. c. || 3 autoritas
S 1555
1574:
auctor-
1608
291
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[SP
AVREA SORS REGVM
τον;
1555 p. XLVI;
1574 p. L]
[5 f°2or° ; 1555 p. XLVI;
EST ET VELLE ET POSSE BEARE
1574 p. LI]
AD HENRICVM VALESIVM GALLIAR REGEM
Symb. XXIII
Symb. XXIII
Augustis olim in thalamis fortuna solebat Poni ab Romuleis aurea principibus, Nempè id magnanimos reges insigne monebat, Omani ut deberent et cuperent studio Fortunare homines. Nam caeca, uolubilis illa est
10
Vulgaris, passim quae fauet immeritis. Verum oculata ipsa et stabilis quae sceptra gubernat Regia, cui clauum copia diua tenet. Ergo si regum fortuna est aurea multos Pro meritis posse et uelle beare homines, Haec, Henrice, eadem digno tibi lilia defert Aurea, qui nostra haec florida saecla beas.
apparatus criticus 11 Henrice S p. c. 1555 1574: Francisce S a. c.
apparatus fontium
G. BVDAEI, De Philologia, p. 87 Lebel : lam uero Romanis principibus et augustis auream in cubiculo fortunam habere moris fuit,
tamquam insigne principatus, quam regiam fortunam nonnulli scriptores appellauerunt. Nempe hoc instituto significantes si tantos principes
esse tamque
late dominantes,
ut fortunatores
fortunam quoquo circumferrent gentium. Verum
hominum
esse et deberent
et cuperent,
ob idque
aurem
ut
inter fortunam illam regiam et popularem fortunam, hoc uideri interesse
uolebant, quod haec caeca et uolubilis indignorumque fautrix, ut ait Plinius [= Nat., 2, 22], ut in quemque incurrit, illum beatum
imperitorum opinione facit. At aurea fortuna sceptrorum contubernalis et socia, perspicax est ipsa eademque Stabilis haecque ab illis pingebatur aut alias fingebatur, manu gubernaculum cum copia dea tenens ; scriptores Historiae Augustae, 3 (Antonius Pius),
12, 5: [...] Fortunamque aurea, quae in cubiculo principum poni solebat [...7; ibid., 10 (Septimus Seuerus), 23, 5 : Fortunam deinde regiam, quae comitari principes et in cubiculis poni solebat [...] || s caeca, uolubilis 114] cf. PACVV. in RHET. Her., 2, 23, 36: [...] uelut Pacuuius: Fortunam insanam esse et caecam et brutam perhibent philosophi saxoque instare in globoso praedicant uolubili ; PLIN., Nat., 2, 22.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome
1
Éd ition critique d du texte | latin : lib liber primus
[SP 20v°; 1555 p. XLVIII ; 1574 p. LIT]
NON VINCI
POTIS EST NEQ
[SP 211°; 1555 p. XLIX/f Gr° ; 1574 p. LIM]
FING] REGIA VIRTVS
FRANCISCO
Symb. XXIV
VALESIO
VIRTVS VIRTVTEM
GALLIAR
REGI
FINGERE SOLA POTEST
Symb. XXIV Dum tua fortunae cedit, rex inclyte, uirtus, Victricem subigit cedere uicta sibi.
|
Quid duce te faciet uictrix, si uicta triumphat ?
‘
s
Non hominis uirtus, sed magis ista dei est. Ergo diuinus quum sis, ὁ maxime regum,
Quis iam mortalis fingere te potuit ?
Ipsa tamen potuit talem te fingere Virtus, Qualem animus possit cernere, non oculi.
|
apparatus criticus
Editum est carmen in 1608, p.445, et in 1719, p. 336, sub titulo « Francisco I, Galliarum regi > || tit. carm. FRANCISCO VALESIO
GALLIAR REGI Sp.c. 1555 1574: IN SIMVLACHRVM FRANCISCI || 2 inclyte S 1555 1574 : incli- 1608 1719||| s quum S 1555 1574 : cum 1608 1719.
VALESIT
GALLIAR
REGIS
Sa. c.
apparatus fontium
5-8 CIC., Arch., 30: Consiliorum relinquere ac uirtutum nostrarum effigiem nonne multo malle debemus summis ingeniis expressam et politam ? ; TAC., Agric., 46 : Sed ut uultus hominum ita simulacra uultus imbecilla ac mortalia sunt, forma mentis aeterna, quam tenere et exprimere non per alienam materiam et artem, sed tuis ipse moribus possis ; PLIN., Paneg., 55 : Ea
[i.e.fama] porro non imaginibus et statuis, sed uirtute ac meritis prorogatur. Quin etiam leuiora haec, formam principis figuramque, non aurum melius, uel argentum, quam fauor hominum exprimat teneatque. Quod quidem prolixe tibi cumulateque
contingit, cuius laetissima facies et amabilis uultus in omnium ciuium ore, oculis, animo sedet ; cf. BOCCHII, Symb. 2.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Editi
itique
du
texte latin:
ution critique du texte
1555 p.L; 157 7 L[5 S Paav? ιν; j 1555 p. L; 1574 p. LIV]
lib
;
latin : liber primus
[SP 22τ ; 1555 p. LI/P Giir° ; 1574 p. LV]
SVSPECTA IVRE EST IN SVPERBO COMITAS
ΕΙΣ OTKON TOY ΑΣΤΕΙΩΣ MIAEONEKTIKOY
(Εἰς ὄγκον τοῦ ἀστείως πλεονεκτικοῦ)
Symb. XXV
Symb. XXV
|
Idem sis licet omnibus superbus,
|
Et magna tamen esse comitate
|
Interdum cupias mihi uideri. Si cur defugiam tuum frequentem 5
Congressum rogitas, Philippe, dicam :
Suspecta est mihi comitas superbi.
DE VITANDA SVPERBIA Est uitanda superbia sola, uel in benefactis, Et si alia in malé factis ualeant uitia,
Ne captus fortasse cupidine laudis inani Amittas prorsus quae benefacta ualent. apparatus criticus carm. 1 : Editum est carmen in 1608, p. 445-446, et in 1719, p. 336, sub titulo « Philippo > || tit. carm. AZTEIOZ S 1555 [in tabula erratorum] 1574: AXTEIZQ 1555 a.c. apparatus fontium
carm. 1: 6 suspecta... comitas superbi] cf. LIV., 3, 35, 6: [...] apparere nihil sinceri esse ; profecto haud gratuitam in tanta superbia comitatem fore. carm.2:
1-2 cf. AVG.,
metuenda
est ; PALINGENI, Zodiacus uitae, 8, 895-897:
Psalm.,
58, 2, 5:
[...]
denique
omnia
uitia in malefactis timenda
sunt ; superbia
in benefactis
plus
Sed tibi non minus est uitanda superbia, mater/ Rixae odiique, urbes
Studia in contraria scindens,/ Excidiumque ferens multis ; V. VERINI, Epigr., 2, 15, « De superbia, quae est uitiorum pessima et malorum
omnium
radix > || 3-4 cf. CIC., Off, 1, 19, 65 : Vera autem et sapiens animi magnitudo honestum illud quod maxime
natura sequitur, in factis positum, non in gloria iudicat principemque se esse mauult quam uiderit. [ ... ] Facillime autem ad res iniustas impellitur, ut quisque altissimo animo est, gloriae cupiditate ; AVG., Psalm., 58, 2, 5 : [... ] illud est uitium capitale, quod
cum quisque bene profecerit, superbia tentatur, ut perdat totum quod profecit.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus [SP 231° ; 1555 p. LI; 1574p. LVII]
[Sf 22v° ; 1555 p. LII ; 1574 p. LVI)
IN LENTVM
INTEMPESTA DIES VT NOX EST DESIDIOSO
INERTEM
ET OTIOSVM
TVRPITER
Symb. XXVI
Symb. XXVI Intempesta aliis si nox sine tempore agendi est
1)
Ὡς
’ wim
- Tempus enim humanis actibus aspicitur -, Quum tu desideas semper sine tempore agendi, Intempesta dies est quoque Lente tibi. 5 Quid mereare sedens in choenice quaeris ? Vt ipsum Perdant te lenta tristia fata fame ! apparatus fontium
tit. carm. INERTEM
ET
OTIOSVM]
cf. CIc.,
Agr.
2,
91:
inertissimum
otium || 1 intempesta...
sine
tempore
agendi]
cf. VARRO, Ling., 6, 2, 7 : Intempestam Aelius dicebat cum tempus agendi est nullum || 5 sedens in choenice] cf. D. L., 8, 17; 8, 18 : Ἐπί te χοίνικος μὴ καθίζειν ἐν ἴσῳ τῷ φροντίδα ποιεῖσθαι καὶ τοῦ μέλλοντος- ἡ γὰρ χοῖνιξ ἡμερήσιος τροφή ; PLVT., Num., 14,6; Lib. educ., 17, 12e : « Μὴ ἐπὶ χοίνικος καθίσαι » : ἦτοι φεύγειν ἀργίαν καὶ προνοεῖν ὅπως τὴν ἀναγκαίαν παρασκευάσωμεν τροφήν ; ID., Quaest. Rom. et Graec., 72, 2816; 112, 2906; ID. Is. et Os., 10, 3546; ID, Quaest. conu., 7, 4, 703e-f : Ἐγὼ δὲ γελάσας « ἐκεῖνον
AN
δ᾽, εἶπον, ὦ ἑταῖρε, τὸν ἐκ τῆς παροιμίας “ ἀποκείμενον ἰχθῦν ” οὐχ ἕλκομεν εἰς μέσον μετὰ τῆς Πυθαγορικῆς χοίνικος, ἐφ᾽ ἧς ἀπηγόρευεν καθῆσθαι, διδάσκων ἡμᾶς ἀεί τι τοῦ παρόντος εἰς τὸ μέλλον ὑπολείπειν καὶ τῆς αὔριον ἐν τῇ σήμερον μνημονεύειν » ; Mant. prou., 1, 58 : « Ἐπὶ χοίνικος μὴ καθίζειν » τουτέστι, μὴ ἐπαναπαύεσθαιτῇ ἐφημέρῳ τροφῇ, ἀλλὰ προεισφέρειν ; SVID., Π, 3124 Adler : Ἐπί τε χοίνικος μὴ καθίζειν ἐν ἴσῳ τῷ φροντίδα ποιεῖσθαι καὶ τοῦ μέλλοντος.ὁ γὰρ χοίνιξ ἡμερήσιος τροφή ; IAMB., Protr., 21, n° 18, p. 116-117 Pistelli : Τὸ δὲ « ἐπὶ χοίνικι μὴ καθέζου » Πυθαγορικώτερον ἐκδέξαιτ᾽ ἄν τις ἐκ τῶν αὐτῶν τοῖς ἄνωθεν ὁρμώμενος. Ἐπεὶ γὰρ σωματότητι καὶ ζῳωδίᾳ καὶ οὐ χοίνικι μετρητή ἐστιν ἡ τροφή, μὴ ἠρέμει μηδ᾽ ἀμύητος φιλοσοφίας διατέλει, ἀλλ᾽ εἰς ταύτην σαυτὸν δοὺς ἐκείνου μᾶλλον προνοοῦ τοῦ ἐν σοὶ θεοειδεστέρου, ὅ ἐστι ψυχή, καὶ πολὺ πρότερον τοῦ ἐν ταύτῃ νοῦ, ὧν τροφὴ οὐ χοίνικι ἀλλὰ θεωρίᾳ καὶ μαθήσει μετρεῖται ; ATHEN., Deipn., 10, 452e (77 Kaibel) : « Μὴ καθῆσθαι ἐπὶ χοίνικα > ἀντὶ τοῦ μὴ σκοπεῖν τὰ ἐφ᾽
ἡμέραν, ἀλλὰ τὴν ἐπιοῦσαν ἀεὶ προσδέχεσθαι ; EVST., ad Od., 19, 28-29, t. II, p. 188 Stallbaum : Ἰστέον δὲ ὅτι τε τὸ ἐπὶ χοίνικος μὴ
καθῆσθαι τὸ Πυθαγόρειον, ἤγουν μὴ τρέφεσθαι ἀργὸν, ἐκ τοῦ ῥηθέντος Ὁμηρικοῦ χωρίου ὥρμηται. [... ] Καὶ ὅτι κατὰ τὸν Βυζάντιον Δημήτριον τὸ ῥηθὲν Πυθαγόρειον αἴνιγμα, ὥς φησιν ὁ αὐτὸς ῥήτωρ, δήλωσίς ἐστι τοῦ χρῆναι μὴ σκοπεῖν τὰ ἐφήμερα, ἀλλὰ τὴν
ἐπιοῦσαν προσδέχεσθαι ; M. FICINI, Commentariolus in symbola Pythagorae, in Suppl. Ficin., t. II, p. 100-103 Kristeller ; I. PICI
MIRANDVLAE, De hominis Dignitate, p. 33 Boulnois-Tognon : Precipiet primo ne super modium sedeamus, idest rationalem partem, qua anima omnia metitur, iudicat, examinat, ociosa desidia ne remittentes amittamus, sed dyalectica exercitatione ac regula et dirigamus assidue et excitemus ; A. POLITIANI, Lamia, p. 4, |. 25-28 Wesseling : Praecepta uero si ipsius [= Pythagorae]
audieritis, risu, scio, diffluetis. Dicam tamen nihilo secius. [...] Supra sextarium ne sedeto; D.ERASMI, Adag.,
1, 1, 2
[« Pythagorea Symbola >, 3], « Choenici ne insideas » : Est enim Choenix demensum et cibus diurnus [...]. Demetrius Byzantinus, apud Atheneum, interpretatur, non oportere spectare tantum quae praesentis diei sunt, quin crastinum semper esse exspectandum, propemodum cum Plutarcho consentiens. [... ] Ego certe, quandoquidem in huiusmodi symbolis diuinare non solum licet, uerumetiam necesse est, opinor Pythagoricum hoc aenigma sumptum ex Homeri loco, quem modo citauimus, significarique, non oportere per inertiam otium et cibum alienum sectari, sed sua quemque industria sibi parare facultates, quibus
mundiciam uitae sustineat. Parasiticum enim ac foedum, alia uiuere quadra, nec ullam artem callere, qua possis οἰκοσιτός uiuere ;
C. RHODIGINI, Lectiones Antiquae, 16, 17: Pythagoram illum sapientissimum [...] multa et praeclara reliquisse praecepta legimus, sed symbolice admodum et operte. [ ... ] Adagium nobile est in eos qui parum secundum hominem uiuunt plurimumque obbrutescunt nonumque si non in plantas quoque abeant, super choenice sedem, idest ἡμερήσιος τροφή, uti exponit Sudas et mensurae
item nomen,
ita Syris nuncupatum,
uti opinetur Palladius ; A. ALCIATI, Emblemata,
Lyon,
1551, n° 18, « Desidiam
abiciendam » : Quisquis iners, abeat nam in choenice figere sedem/ Nos prohibent Samii dogmata sancta senis./ Surge igitur duroque manus assuesce labori,/ Det tibi dimenso crastina ut hora cibos || 6 MART., Epigr., 1, 78, 6 : Aut torsit lenta tristia fata fame.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber primus [SP 23v°; 1555 p. LIV; 1574 p. LVI]
PABVLA
LAETA ANIMI
HAEC
NE SPERNE,
[Sf 241° ; 1555 p. LV; 1574 p. LIX]
BEABERIS VLTRO
HOC ILLVD BOCCHI NOBILE SYMPOSIVM
MENSAE DOMESTICAE
EST
DECEM HAEC SVNT SYMBOLA
Symb. XXVII
Symb. XXVII
Corpus simplicibus cibis Deique Verbo pasce animum tuum usque et usque.
In pictura :
Testem quicquid agis Deum inuocato.
- ANEXOY, ATIEXOY (ἀνέχου, ἀπέχου)
- ΟΥ̓Κ EI’APTOI MONOI ΖΗΣΕΤΑΙ ΑΝΘΡΩΠΟΣ AANTETI ΠΑΝΤῚ PHMATI EKTIOPEYOMENQI ΣΤΟΜΑΤΟΣ OEOY (Οὐκ ἐπ᾿ ἄρτῳ μόνῳ ζήσεται ἄνθρωπος ἀλλ᾽ ἐπὶ παντὶ ῥήματι ἐκπορευομένῳ διὰ στόματος θεοῦ)
SS NN
AIA
Quod sat est cupiens nihil dolebis.
s
Naturam sequere omnibus magistram.
Continentia te beabit una. Semper quid decet, expeditùe nosce. Vita est moribus in bonis beata. Quisquis sustinet, abstinetué rex est. 10 Id tantum cupias quod est amandum.
apparatus criticus tit. pict. sperne S p.c. 1555 1574: -nes Sa.c. || in. pict. ἐκπορευομένῳ nos: ἐκπυρευομένῳ S 1555 DOMESTICAE... SYMBOLA S p. c. 1555 1574 : SYMBOLA X. MENSAE DOMESTICAE S a. c.
1574 || tit. carm. MENSAE
apparatus fontium
in pict. ἀνέχου, ἀπέχου] cf. GELL., 17, 19, 5-6: Praeterea idem ille Epictetus, quod ex eodem Fauorino audiuimus, solitus dicere
est duo esse uitia multo omnium grauissima ac taeterrima intolerantiam et incontinentiam, cum aut iniurias, quae sunt ferendae, non toleramus neque ferimus, aut a quibus rebus uoluptatibusque nos tenere debemus, non tenemus.
haec duo
uerba cordi habeat eaque sibi imperando
atque obseruando
« Itaque, inquit, si quis
curet, is erit pleraque inpeccabilis uitamque uiuet
tranquillissimam. Verba haec duo dicebat : “ ἀνέχου, anéyov” > ; D. ERASMI, Adagia, 2, 7, 13, « sustine et abstine » : Epictetus
Cynicae sectae philosophus uniuersa philosophorum dogmata quae ad humanae uitae pertineant felicitatem, quaeque tot uoluminibus uix explicant caeteri, duobus uerbis absolute complexus est [... ] Ea sunt huiusmodi ἀνέχου, ἀπέχου. Quorum altero
monemur
ut aduersa
ἀπέχου », v. 3-4:
fortiter toleremus ; altero, ut ab illicitis temperemus uoluptatibus ; A. ALCIATI, Emblemata, « Ἀνέχου, (Epictetus dicebat) et abstine. Oportet/ Multa pati, illicitis absque tenere manus ; cf. infra v. 9 et
Sustine
BOCCHH, Symb. 57 (in pictura) || οὐκ ἐπ᾽ ἄρτῳ μόνῳ ... διὰ στόματος θεοῦ] VVLG., Deut., 8, 3 ; Matth., 4, 4 || 1 Corpus simplicibus cibis... pasce] cf. EPICT., Diss., 3, 22, 87-88 : Δεῖ yap αὐτὸν ... Kal διὰ τοῦ σώματος ἐνδείκνυσθαι, ὅτι ἡ ἀφελὴς καὶ Ari καὶ ὕπαιθρος δίαιτα οὐδὲ τὸ σῶμα λυμαίνεται || 3 testem... deum inuocato] cf. EPICT., Diss., 3, 22, 56: Βούλευσαι ἐπιμελέστερον, γνῶθι σαυτόν, ἀνάκρινον τὸ δαιμόνιον, δίχα θεοῦ μὴ ἐπιχειρήσῃς ; VVLG.,
2 Cor., 1, 23 ; 2 Thess.,
1, 23: Ego autem testem Deum
inuoco in
animam meam ... ; AVG., Diss., 180 (PL 38, col. 975) : Non uos fallant, qui nescio quomodo uolentes ipsas iurationes discernere, uel potius non intelligere, dicunt non esse iurationem, quando dicit homo, scit deus, testis est deus, inuoco deum super animam
meam uerum me dicere. Inuocauit, inquit, deum, testem fecit deum : numquid iurauit ? [... ] quid est enim: per deum, nisi: testis est deus ? Aut quid est : testis est deus, nisi: per deum ? Quid est autem iurare, nisi ius deo reddere, quando per deum iuras || 4 quod sat est] cf. HOR., Carm., 3, 1, 25 : Desiderantem quod satis est [... ] ; SEN., Ep., 2, 6 : Quis sit diuitiarum modus, quaeris. Primus habere quod necesse est, proximus quod sat est ; ibid., 4,
Meyer = sequere | Lael., 19, optimam γίγνεται duce || 9
1 : Ad manum
est quod sat est ; PVBLIL., Sent., Q, 74
626 Duff (cf. SEN., Epist., 108, 11) : Quod uult habet, qui cupere quod sat est potest ; cf. BOCCHH, Symb. 68 || s naturam cf. CIC., Cato, 5, 5 : In hoc sumus sapientes, quod naturam optumam ducem tamquam deum sequimur eique paremus ; 53 : Hos uiros bonos ut habiti sunt sic etiam appellandos putemus quia sequantur quantum homines possunt, naturam bene uiuendi ducem ; SEN., Ep., 90, 16: Non desiderabis artifices : sequere naturam ; cf. D. L., 7, 87: Διόπερ τέλος τὸ ἀκολούθως τῇ φύσει ζῆν [= SVF ΠῚ, 5-9] || naturam... magistram] cf. Cic., Off, 1, 35, 129: natura ipsa magistra et rex est] cf. HOR., Epist., 1, 1, 59-60 : At pueri ludentes « rex eris, aiunt/ Si recte facies » (Hi uersus muris palatii Bocchii
inscriptus erant. Vide Symb.
102) || 10 cf. AVG, Psalm., 26, 2, 7 : Vere autem felix est, non si id habeat quod amat ; sed si id amet
quod amandum est.
300
301
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[SP 24v° ; 1555 p. LVI; 1574 LX]
[SP 251° ; 1555 p. LVII/f Hr’ ; 1574 LXI] MATERIEM
PRIMA TENET PRIMAS RERVM SAPIENTIA CAVSSAS
PRIMAM
Symb. XXVIII
MENS NOTHA SOLA TENET
Symb. XXVIII
ἱηρίάμτα:
Orta salo, uro salum atque solum caeltimque profundum,
— YAH (An)
Vna ego corrumpens omnia progenero. A me omneis Natura creat res, auctat alitque,
~NO@H AIANOIA (νόθη διάνοια)
s
In me res omnis rursum eadem soluit. At licet hac uidear quae picta est, praedita forma, Omni forma prorsum ipsa tamen careo. Sûmque mea ac propria ratione incognita prima
Materia illa ego, quam mens notha sola tenet.
apparatus criticus num. XXVIII
1555
Sp.c.1555 1574: carm. MATERIEM
'
1574:
XXIIX
S; 29 S, f 24ν" L m. || tit. pict. PRIMA
MATERIES HAEC PRIMA NOTHAE : IN MATE- S p. c. 1555 ; -RIAM 1574.
MODO
TENET
PRIMAS
COGNITA
RERVM
MENTI
SAPIENTIA Sa.c.
CAVSSAS
(cf. tit. carm.) || tit.
apparatus fontium 1-4 Cf. PL., Tim., 48e-51b ; cf. Diuini Platonis opera omnia quae exstant, Marsilio Ficino interprete, Lugduni, apud Franciscum Le
Preux, 1590 (1484'), p. 5340 [uide ANALYSE] || 1 cf. AVS., Epigr., 52 Prete, « Deae Veneri », 1-2 : Orta salo, suscepta solo, patre edita
Caelo/
ANALYSE]
Aeneadum
genetrix,
hic habito alma Venus;
PL., Tim.,
51
a-b;
cf. Diuini Platonis opera
omnia, p. 5450
[uide
; M. FICINI, Theologia platonica, 4, 15, 1.1, p. 178 Marcel : Materia huiusmodi, quae tantum extenuata rarefactione in
formam ignis ascendit, uicissim densitate descendit, turgescit in aerem, postea densatur in aquam, denique grauescit in terram. Vides materiam unam omnes uicissim indui formas, dum et ascendit rarefactione et densitate descendit || 2 corrumpens omnia
progenero] PL., Tim., soc : Τὰ δὲ εἰσιόντα καὶ ἐξιόντα τῶν ὄντων ἀεὶ μιμήματα, τυπωθέντα ax’ αὐτῶν τρόπον τινὰ δύσφραστον καὶ θαυμαστόν, ὃν εἰς αὖθις μέτιμεν ; cf. Diuini Platonis opera omnia, p. 534g: Quae uero ingrediuntur et exeunt, uere ac semper existimendum rerum simulacra sunt miro et uix explicabili modo, ab ipsis rebus quae uere sunt, figurata, quemadmodum deinceps narrabimus ; FICIN., Appendix commentariorum in Timaeum Platonis in Marsilii Ficini... omnium... operum... tomus secundus, Parisiis, apud Guillelmum Pele, 1611, cap. 33,
« Compositio et principia mundi », p. 429 : Ante haec [elementa quattuor]
enim est materia et quoddammodo forma, in quam resoluuntur. Ante haec duo est causa diuina efficiens et exemplar et finis, seminales horum omnium rationes in ipsa natura ; FICIN., Theol. plat. 5, 11, t. I, p. 196-197 Marcel : In corruptione cuiusque rei
perditur ipse rei actus, sed post illum superest aliquid quod suberat illi actui, ueluti potentia aliqua susceptiua, ne fiat corruptio in nihilum, sicut non fit ex nihilo generatio || 3-4 cf, LVCR., omnis natura creet res auctet alatque/ Quoue
eadem
1, 56-57:
[Disserere incipiam et rerum primordia pandam/
] Vnde
rursum natura perempta resoluat ; FICIN., Theol. plat., 5, 11, t.I, Ρ. 197
Marcel : Res quidem ex forma materiaque composita resoluitur in materiam || 5 At licet hac uidear quae picta est, praedita forma] PL, Tim., soc: Aéxetai te yap ἀεὶ τὰ πάντα, καὶ μορφὴν οὐδεμίαν ποτὲ οὐδενὶ τῶν εἰσιόντων ὁμοίαν εἴληφεν οὐδαμῇ οὐδαμῶς: ἐκμαγεῖον γὰρ φύσει παντὶ κεῖται, κινούμενόν τε καὶ διασχηματιζόμενον ὑπὸ τῶν εἰσιόντων, φαίνεται δὲ δι᾽ ἐκεῖνα ἄλλοτε ἀλλοῖον ; cf. Diuini Platonis opera omnia, p. 534g: Suscipit enim semper omnia, nec ullam unquam iis similem ullo pacto sibi formam contrahit. Omnis sane natura fictioni subiecta est, agitataque ab ingredientibus figurata quodammodo, alias aliter se habere uidetur || 6 Omni forma prorsum ipsa tamen careo] cf. PL., Tim., soe : Νοῆσαί te ὡς οὐκ ἂν ἄλλως, ἐκτυπώματος ἔσεσθαι μέλλοντος
)
ἰδεῖν ποικίλου πάσας ποικίλίας, τοῦτ᾽ αὐτὸ ἐν @ ἐκτυπούμενον ἐνίσταται γένοιτ᾽ ἂν παρεσκευασμένον εὖ, πλὴν ἄμορφον ὃν ἐκείνων ἁπασῶν τῶν ἰδεῶν ὅσας μέλλοι δέχεσθαί ποθεν. Ὅμοιον γὰρ ὃν τῶν ἐπεισιόντων τινὶ τὰ τῆς ἐναντίας τά τε τῆς τὸ παράπαν ἄλλης φύσεως ὁπότ᾽ ἔλθοι δεχόμενον κακῶς ἂν ἀφομοιοῖ, τὴν αὑτοῦ παρεμφαῖνον ὄψιν. Διὸ καὶ πάντων ἐκτὸς εἰδῶν εἶναι χρεὼν τὸ τὰ πάντα ἐκδεξόμενον ἐν αὑτῷ γένη ; cf. Diuini Platonis opera omnia, p. 5348..5358: Sed ita intelligendum est quod, cum esse debeat effigies
rerum omni formarum uarietate distincta, nunquam illud ipsum formationis huius gremium bene erit praeparatum, nisi informe sit et suapte
|
natura
omnibus
formis
quas
recepturum
est, careat.
Nam
si erit alicuius
eorum
quae
in se recipit
simile,
cum
contrariam eius cuius simile est naturam, aut aliam prorsus suscipiet, nequaquam eius similitudinem et effigiem exprimet, cum praetulerit suam. Quo fit ut nullam sibi propriam habeat speciem, quod est omnia genera suscepturum ; FICIN., Appendix
|
|
commentariorum
in
Timaeum,
cap.35,
«De
materia formisque
materialibus >,
p.429:
Materiam
formas
omnes
et
facile
suscepturam et plane demonstraturam, oportet formam propriam non habere, alioquin alias uel non accipiet, uel confundet ; FICIN., Theol. plat. 5, 4, t.1, p. 177 Marcel : Ergo et ipsa natura, rerum artifex, subiectam quamdam sibi materiam habet omnium expertem formarum, ad omnes suscipiendas pariter praeparatam. [... ] Sic uniuersali artifici atque naturae subest uniuersalis 302
303
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
materia, formarum quarumlibet indifferens susceptaculum. Haec prima uocatur materia, quae elementorum
aliorumque
corporum formis aeque subiicitur, et modo hanc a ui naturali accipit, modo illam, neque ullam natura sua habet propriam ; I. PICI
MIRANDVLAE, Heptaplus, 1, 1 in Commentationes Ioannis Pici Mirandulae, Bononiae, 1496’, f° lir® : Naturales philosophi qui de natura rerum corruptibilium disserunt, de principiis earum sic statuunt in uniuersum, esse materiam rudem, formarum expertem, idoneam quidem omnibus formis suscipiendis, sua tamen natura omnibus priuatam. Quare praeter materiam, priuationem etiam
faciunt principium rerum naturalium || s praedita forma] cf. LVCR, 2, 336; 2, 723; 2, 895 || 7-8 prima/ Materia] FICIN,
Appendix commentariorum
in Timaeum, cap. 34, « De materia prima », p.429: Ex mutua frequenti perpetua elementorum
elementaliumque rerum commutatione duo probantur, unum scilicet materiam, his unam subesse informem sempiternamque
formarum fluentium susceptaculum ; alterum formas eiusmodi non esse ueras substantias sed substantiarum uerarum imagines, scilicet idearum || 8 Quam mens notha sola tenet] PL, Tim., 52a-b: Τρίτον δὲ ab γένος ὃν τὸ τῆς χώρας ἀεί, φθορὰν où
προσδεχόμενον, ἕδραν δὲ παρέχον ὅσα ἔχει γένεσιν πᾶσιν, αὐτὸ δὲ μετ᾽ ἀναισθησίας ἁπτὸν λογισμῷ τινι νόθῳ, μόγις πιστόν, πρὸς ὃ δὴ καὶ ὀνειροπολοῦμεν βλέποντες ; cf. Diuini Platonis opera omnia, p. 535}: Tertium genus locus est, qui interit quidem nunquam, sed
omnibus quae gignuntur sedem exhibet. Hoc sine tangentis sensu tangitur, adulterina quadam ratione uix opinabilis. Denique, cum ad hunc animo respicimus, somniamus quodammodo ; FICIN., Appendix commentariorum in Timaeum, cap. 37, « Quomodo
materia cogitetur », p. 429 : Cognitio cum per formam quandam fieri soleat, ideoque in aliquid formale semper intendi, materiam informem auguratur potius quam apprehendat. Animus formis materialibus occupatus fallitur quasi somnians, dum formas eiusmodi, quae uerarum substantiarum, id est idearum imagines sunt, ueras substantias esse putat.
304
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome
1
Édition critique du texte latin : liber primus [5 Pasv°; 1555 p. LVIII ; 1574 p. LXII]
[SF 26r° ; 1555 p. LIX/f° Hiir® ; 1574 p. LX ]
SIC ARS DEPRENDITVR ARTE
DEPRENSVS
Symb. XXIX
Symb. XXIX
In pictura :
Impostor ille Iulianus, maximé
IVLIANVS IMP
ΠΞΞ
HP il
ARTIB SVIS
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CRE
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ὩΣ
5
Qui Christianos persequi decreuerat, Artes eos docere uetuit liberis Dignas hominibus, scilicet ne praepetes Euellerent de aquila sua pennas quibus Configerent etiam aquilam. Qua imagine
Vsum ferunt illum esse, ubi primum artibus Sese impetitum forté deprehendit suis.
4
ai
apparatus criticus
num. XXIX Sp. c. 1555 1574: XCILS
a. c. f 25v°-26r ; 92 Sf 25v° L m.
apparatus fontium 3-4 cf. IVL., Ep., 61c, 422a-428b
p.73-75
Bidez;
Cod.
Theod.,
13, 3, 5; AMM,
22,
10, 7;
25, 4, 20;
EVN,
VS,
10, 8, 1-2;
GREG. NAZ., Orat., 4, 101-103 ; 5, 29 ; 39; HIER., Chron. ad ann. 363, p. 242-243, 1 Helm; AVG., Conf, 8, 5, 10 ; Ciu. Dei, 18, 52, 40-43 ; OROS., Hist., 7, 30,
1; SOCR., Hist. eccles., 3, 16,
1; THEODOR,
Hist. eccl., 3, 8, p. 185, 7-15 Parmentier-Scheidweiler ;
SOZOM., Hist. eccl., 5, 18, 1-2, etc.; P. CRINITI, De honesta disciplina, 5, 10, p.151 Angeleri: Sed et pari edicto constituit ne Christiani ipsi Gentilium scholas atque gymnasia adire possent, quominus in bonis studiis atque disciplinis proficerent ; G. BVDAEI, De litterarum studio, p. 102-103 De La Garanderie : Qui [i. e. lulianus Caesar] Christi nomen exosus, ultimi loco suplicii simile interdiétum in eos commentus est quos ipsi seruatori deuotos esse compererat, ideoque studiosos aperte doctrinae euangelicae || 5-6 cf. AESOP., Fab., 7 Chambry (Ἀετὸς «τοξευθείς» = 273, 3 Hunger-Radt) : Ὁ δὲ ἰδὼν ἔφη - « Kai τοῦτό με ἑτέρα
λύπη, τὸ τοῖς ἐμοῖς πτεροῖς ἀποθνήσκειν ». Ὅτι τὸ κέντρον τῆς λύπης δεινότερόν ἐστιν, ὅταν τις ἐκ τῶν οἰκείων κινδυνεύσῃ ; cf. A. G., 9, 263 ; 265 ; MACAR, 8, 57 = Mantissa prouerbiorum, 3, 7, 5. ν. « Τοῖς σαυτοῦ πτεροῖς ἥλως »- ἐπὶ τῶν τοῖς οἰκείοις ἐλεγχομένων λόγοις ; SVID., 5. ν. « Ταυτὶ μὲν εἰκάσμεθα » ; CASSIOD., Hist. trip., 6, 17 : Propriis pennis, inquit, pennis secundum prouerbium
uulneramur ; PVBLIL., B, 23 Meyer suum || 7-8 THEODOR., Hist. eccl., εὐσεβείας ἐνομοθέτει. Kai πρῶτον ὠνόμαζε) ποιητικῶν καὶ ῥητορικῶν
: Bis interimitur qui suis armis perit ; AVS. Epigr., 76, 8 Green : Auctorem ut feriant tela retorta 3, 8, p.185, 7-15 Parmentier-Scheidweiler : Kai yap προφανῶς λοιπὸν ὁ θεομισὴς κατὰ τῆς μὲν ἀπηγόρευσε τῶν Γαλιλαίων τοὺς παῖδας (οὕτω γὰρ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν τοὺς θιασώτας καὶ φιλοσόφων μεταλαγχάνειν λόγων. « Τοῖς οἰκείοις γάρ, φησί, πτεροῖς κατὰ τὴν παροιμίαν
βαλλόμεθα [cf. supra, 5-6]: ἐκ γὰρ τῶν ἡμετέρων συγγραμμάτων καθοπλιζόμενοι τὸν καθ᾽ ἡμῶν ἀναδέχονται πόλεμον » ; SICARDI
CREMONENSIS, Mitrale siue de officiis ecclesiasticis summa, (PL, 213, col. 469d) : Qui Galilaeos, id est Christianos (sic enim prius
nominabantur) poetarum et philosophorum prohibuit legere disciplinas, dicens : « Nostris telis uulneramur, quia Christiani nostris scriptis armati contra nos bella suscipiunt » ; I. CAMERARI, Theodoreti episcopi Cyrensis rerum ecclesiasticorum libri quinque
conuersi in latinum, Basileae, 1536, p. 81 : Ac primum Galileorum liberis (ita enim appellabat cultores salutoris nostri) interdixit
usu poeticae rhetoricesque ac philosophiarum artium. Nam propriis, inquit, ut in prouerbio est, pennis configimur : ex nostris enim libris arma capiunt, quibus in bello aduersus nos utantur.
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Εν LIAX ΝΑ
307
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber primus
[S S
NON
MVLTA
POSSIDENS
SED IMPERANS
SIBI DICENDVS
P26v° P26v° ;; 1555 p .LX ; 1574}. 15 , LXIV]
[Sfà 271° ; 1555 p. LXI ; 1574 p. LXV] 7
Symb. XXX
EST DITISSIMVS
Contentus esse qui suis rebus potest
Symb. XXX
Aliena nec cupit, uocetur continens. Sic Fabricius existimatus omnium
» sal ESA
Mortalium est iure optimo ditissimus, 5
Nec multa possidens, sed imperans sibi
|
Vim maximam offerentibus dono, simul Rogantibus ne sperneret, tum protinus Planas ab auribus manus ad lumina,
| |
Ipsimet, ipsis imperauit hostibus. Quorum quidem oratoribus pecuniae
10
Exinde ad os et guttur ac uentrem infimum Deduxit, inquiens : « Dum ego hisce sensibus
| |
Obsistere imperaréque potero, mihi
15
|
| |
Nil deerit unquam. Ergo pecuniam, qua opus Nihil mihi est, non accipiam ab illis quibus Eam usui esse neutiquam sum nescius. »
apparatus criticus : num. XXX
Sp.c.1555
1574: XCIII Sa. c. f’ 26v°-27r° supra titulo; 93 S f 26v L m. || tit. piét. DITISSIMVS
Sp. c. 1555
1574:
IVRE OMNIVM DITISSIMVS S a. c. || 15 nihil S: nil 1555 1574. apparatus fontium tit. VAL. MAX, 4, 3, 6: [... ] quia locupletem illum faciebat non multa possidere, sed modica desiderare ; HOR., Carm., 4, 9, 4546:
Non
possidentem
multa
uocaueris/
Recte
beatum
|| 1-2 CIC., Parad.,
6, 51:
Soli enim
possident
res et fructuosas
et
sempiternas solique, quod est proprium diuitiarum, contenti sunt rebus suis, satis esse putant quod est, nihil adpetunt, nulla re egent, nihil sibi deesse sentiunt, nihil requirunt. || 7-16 GELL.,
1, 14, 1-2: Iulius Hyginus in libro De uita rebusque illustrium
uirorum legatos dicit a Samnitibus ad C. Fabricium, imperatorem populi Romani, uenisse et memoratis multis magnisque rebus quae bene ac beniuole post redditam pacem Samnitibus fecisset, obtulisse dono grandem pecuniam orasseque uti acciperet
utereturque, atque id facere Samnites dixisse quod uiderent multa ad splendorem domus atque uictus defieri neque pro
amplitudine dignitateque lautum paratum esse. Tum Fabricius planas manus ab auribus ad oculos et infra deinceps ad nares et ad os et ad gulam atque inde porro ad uentrem imum deduxisse et legatis ita respondisse: dum illis omnibus membris quae attigisset, obsistere atque imperare posset, numquam quicquam defuturum ; propterea se pecuniam qua nihil sibi esset usus, ab his quibus eam sciret usui esse, non accipere ; cf. VAL. MAX, 4, 3, 6 ; SERV. ad Aen., 6, 844.
| |
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309
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Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition ccritique du texte latin :: liber primus
[SP 27v°; 1555 p. LXII ; 1574 p. LXVI]
[Sf 28r°; 1555 p. LXIII ; 1574 p. LXVII]
PECVNIA HAVD CORRVMPITVR VIR FORTIS ET FRVGI, NEC ACIE VINCITVR
Symb. ΧΧΧΙ
Symb. ΧΧΧΙ In pictura :
M CVRIVS
s
Marcus Curius olim ad focum rapas coquens Sedebat. Auri pondus afferentibus Samnitibus magnum idque missum publice, Verbis benignis, uteretur ut libens, Rogatus illusit : « Tum, abite uos, ait, Ministri inepti ineptioris istius
Legationis ! Dicite Samnitibus Mauelle Curium imperare ditibus, Quam diuitem effici ipsum. Abite, inquam, et malo 10
Hoc munus hominum excogitatum protinus Referte, memores me nec acie uincier
Pote esse nec pecunia corrumpier. »
apparatus criticus
num. XXXI 1555 1574:
XCIV S a. c. ; 94 S f 27w° 1. m. || 8 imperat S p. c. 1555 1574: iam imperat S a. c.
apparatus fontium
tit. pict. VAL. MAX, 4, 3, 5 : [ ... ] mementote me nec acie uinci nec pecunia corrumpi posse ; cf, ENN., An., 12, 373 in CIC., Rep., 3, 6: [Curius] quem nemo ferro potuit superare nec auro; VAL. MAX, 4, 3, 5: M. Curius exactissima norma Romanae
frugalitatis idemque
fortitudinis perfectissimum
specimen. || 1 AVR. VICT., De wir. ill, 33, 7: Legatis
Samnitum
aurum
offerentibus, cum ipse in foco rapas torreret || 2-12 VAL. MAX, 4, 3, 5 : Nam cum ad eum magnum pondus auri publice missum attulissent, benignis uerbis inuitatus ut eo uti uellet, uultum risu soluit et protinus « superuacua, inquit, ne dicam ineptae
legationis ministri, narrate Samnitibus M’. Curium malle locupletibus imperare quam ipsum fieri locupletem, atque istud ut pretiosum, ita malo hominum excogitatum munus refertote et mementote me nec acie uinci nec pecunia corrumpi posse » ; cf. F. PETRARCAE, De uiris illustribus, 13, 3-4.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) -- tome 1
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Edition critique du texte latin : liber primus [S Pav? &28v° ; 1555 p. LXIV ; 1574 p. LXVIII]
[SP 291; 1555 p. LXV/P Ir ; 1574 p. LXIX]
SAT EXSTAT IPSA VERITAS, VANA ABSIT OSTENTATIO
NE TE FACERE PVDEAT PARVM RECTE ILLA QVAE NON POSSE MELIVS NOVERIS
Symb. XXXII
Symb. XXxXIl
In pictura : AAHOEIA (Ἀλήθεια)
Nil Veritatis luce clarius, licet
PE Ἑ
ER AE waa Fs τ
ΤῊΝ
δ RE RE RE SN
Enim occulatur interim, igneo tamen
EA
Fulgore semper ipsa proditur suo.
AAHOEIA Te
Cae
4
5$
à
Non iactitant opimae apud pastorem oues Quantum diebus singulis comederint. Testantur id re, late, lana, fetibus.
Hoc Stoicus Epictetus olim ostenderat. At stulta uulgi turba seculum uocat Felix, quod eruditione plurima est. 10 Quin saeculum id felix nego esse, rectius Felix uocatur illud ubi docti uiri Praestant reapse quod legunt, quod praedicant Aliisque praescribunt ; ubi bonus qui audiat, Et uideat exclamare cogatur statim :
« Certè hi loquuntur ita, ut agunt uitam, optimè
15
Atque, ut loquuntur, uitam agunt, sanctissimè. »
Facere parùm recté quae ipse haud melius potes Cur erubescis ? Praestat erubescere Malè facere ea quae neutiquam potes bené. [SP 2ον"; 1555 p. LXVI ; 1574 p. LXX] SCOPVS BONORVM VERITAS EST OMNIVM
Candorem amat syncera semper Veritas, Odit latebras, fucum abhorret, quaeritat Aditus patentes, libera, alta, nescia
Seruire, non cupit aliena umbra tegi.
5
|
Atqui suo oblectatur ipsa lumine,
Nec ulla cum seruili habet commercia Taeterriméque hominum genere, sed liberis Purissimi$que praesto adest tantummodo. Hic denique omnis est scientiae scopus.
apparatus criticus Videtur sola pictura cum titulo in S f 2v°, sed apparet totum symbolum in S f 28v°-29r° || num. XXXII S p. c. f 28v° & 291° 1555 1574: & S a. c.f 28v°-291° ; 95 Sf 25v° L m. XCVSf 21°
|
carm. 1 : tit. carm. NE ΤῈ FACERE PVDEAT S p.c. 1555 1574: NE PVDEAT FACERE Sa. c. || 7 Hoc Stoicus... ostenderat 1555 1574: add. Sd. m.
312
313
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
apparatus fontium carm. 1 : 4-7 cf. EPICT., Enchir., 46, 2 : [... ] ἐπεὶ καὶ τὰ πρόβατα οὐ χόρτον φέροντα τοῖς ποιμέσιν ἐπιδεικνύει πόσον, ἔφαγεν, ἀλλὰ
τὴν νομὴν ἔσω πέψαντα ἔρια ἔξω φέρει καὶ γάλα || 14-16 cf. CIC., Tusc., 5, 47: Sic enim princeps ille philosophiae disserebat
[= Socrates] : qualis cuiusque animi adfectus esset, talem esse hominem ; qualis autem homo ipse esset, talem eius orationem ;
orationi autem facta similia, factis uitam. Adfectus autem animi in bono uiro laudabilis ; et uita igitur laudabilis boni uiri ; et
honesta ergo, quoniam laudabilis. Ex quibus bonorum beatam uitam esse concluditur ; cf. GELL., 17, 20, 9 : Nihil namque horum ipsum ex sese honestum est ; quali cum fieret modo factum est, tale extitit : si rete honesteque factum est, tum honestum fit ; sin parum recte, turpe fit. (cf. PL., Conu., 1814) || 16-18 CIC., Off. 1, 31, 114 : Omnis adhibenda erit cura, meditatio, diligentia, ut ea
si non decore, at quam minime indecore facere possimus ; nec tam est enitendum, ut bona, quae nobis data non sint, sequamur, quam ut uitia fugiamus.
LIBER SECVNDVS
314
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus [SP 30v° ; 1555 p. LXVIN ; 1574 p. LXXII]
[Sf 311° ; 1555 p. LXIX; 1574p. LXXII]
RAYNVTII FARNESII NEPOT PAVLI III PONT MAX CARD S ANG
VIRTVS VESTIBVLVM EST HONORIS ALMA Symb. XXXIII
Symb. XXXIII
In pictura : - H IXXYX EXTIN ΠΡΟΠΎΛΑΙΟΝ
- VIRTVTI S - HONORI
THE TIMHE
Adstat uestibulo templi Tirynthius heros, Posterior signum caellula Honoris habet.
(ἡ ἰσχύς ἐστίν προπύλαιον τῆς τιμῆς)
s
Dis una fieri, nisi certis, sacra duobus, Consule Marcello, Relligio uetuit.
Nam sua debetur seiunctim gratia cuique, Si qua forté aliquid prodigii acciderit. Prodigium est, quando alterutrum contingit abesse ;
Abdita caussa latet, cognita quae Superis. Indé timore homines perculsi, numina diuum 10
15
Implorant ipso in tempore suppliciter. At natura parens almae Virtutis Honorem Constituit proprium ac perpetuum comitem. Ad summam, uerum decus ex Virtute parari,
Hocce monet uitae nobile propositum, Quod sibi prudenter statuit Raynutius Heros, Altera spes animi et gloria, Paule, tui.
apparatus criticus in pict. 1 TIMHE nos : ΤΗΜΗΣ
(sic) S 1555 1574.
apparatus fontium 1-8 cf. LIV., 27, 25, 7-9 : Marcellum aliae atque aliae obiectae animo religiones tenebant ; in quibus quod, cum bello Gallico ad
Clastidium aedem Honori et Virtuti uouisset, dedicatio eius a pontificibus impediebatur, quod negabant unam cellam amplius
quam uni deo recte dedicari, quia si de caelo tacta aut prodigii aliquid in ea factum esset, difficilis procuratio foret, quod utri deo res diuina fieret sciri non posset; neque enim duobus nisi certis deis rite una hostia fieri; VAL. MAX., 1, 1, 8: In qua cum M. Marcellus quintum consulatum gerens templum Honori et Virtuti Clastidio prius, deinde Syracusis potitus nuncupatis debitum uotis consecrare uellet, a collegio pontificum inpeditus est, negante unam cellam duobus diis recte dicari: futurum
enim, si quid prodigii in ea accidisset, ne dinosceretur utri rem diuinam fieri oporteret, nec duobus nisi certis diis una sacrificari
solere. Ea pontificum admonitione effectum est ut Marcellus separatis aedibus Honoris ac Virtutis simulacra statueret, neque aut collegio pontificum auctoritas amplissimi αἰγὶ aut Marcello adiectio inpensae inpedimento fuit quominus religionibus suus tenor suaque obseruatio redderetur ; AVG., Ciu. Dei, 5, 12 : Hoc insitum habuisse Romanos etiam deorum apud illos aedes indicant,
quas coniunétissimas constituerunt, uirtutis et honoris, pro diis habentes quae dantur a deo. Vnde intellegi potest quem finem
uolebant esse uirtutis et quo eam referebant qui boni erant, ad honorem scilicet ; nam mali nec habebant eam, quamuis honorem
habere cuperent, quem malis artibus conabantur adipisci, id est dolis atque fallaciis ; SYMM., Ep. 1, 20, 1: [... ] ibi esse praemia honoris, ubi sunt merita uirtutis ; A. CARI, Lettere Familiari, 274, t. Il, p.7 Greco:
[...] i due tempi de l’Onore, e de la Virtu,
edificati da’Romani, l’uno attaccato con l’altro per modo, che da quello de la Virtù s’entrava in quello de l’Onore, volendo significare che, per essere onorato, bisognava prima esser vertuoso. Questa impresa è stata appropriatissima, finché è stato fanciullo [i. e. Ranutius Farnesius], per incitarlo agli studi, ma ora, per esser fatto cardinale si potrebbe interpretare non in questo senso, che bisogni esser virtuoso per esser onorato, ma in contrario, cioé che sia stato onorato, perché é virtuoso || 13 uerum
decus ex uirtute] cf. CIC., Fam., 10, 12, 5 : Verum decus in uirtute positum est, quae maxime illustratur magnis in rem publicam
meritis ; ID., Rep. 4, 7 : Palam ostendunt sibi uerum decus quod ex uirtute ac dignitate nascitur deficere.
316
317
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus [SP 31v°; 1555 p. LXX; 1574 LXXIV]
NVNQVAM
BEARI
POSSE AVARVM
[SP 32r° ; 1555 p. LXXI ; 1574
DIVITEM
SENTENTIA
EX ORACVLO
Symb. XXXIV
CHRISTI
LXXV]
DEI DE DIVITE
Symb. XXXIV
In pictura :
Ante foramen acus penetrabit nauticus arétum
EYKOTIOTEPON EXTI KAMHAON AIA TPYIIHMATOE ΡΑΦΙΔΟΣ AIEA@EIN H ΠΛΟΥΣΙΟΝ ΕἰΣ THN BAZIAEIAN TOY @EOY ΕἸΣΕΛΘΕΙ͂Ν (εὐκοπωτερόν ἐστι κάμηλον διὰ τρυπήματος ῥαφίδος διελθεῖν ἢ πλούσιον εἰσελθεῖν εἰς τὴν βασιλείαν τοῦ θεοῦ)
Funis, quo proras anchora iacta tenet,
5
Quam ualeat locuples ullo umquam tempore auarus Scandere syderei regna beata poli. Ingenium fortuna bonum labefactat opima Et mala luxus iners omnia progenerat.
apparatus criticus Editum est carmen in 1719, p. 354 sub titulo « SENTENTIA EX ORACVLO num. XXXIV S 1555 1574: 26 Sf 31v° L m.
| EYKOFOTEPON > EZTTKAMHAONAIA ΦΡΥΠΗῚ
«MATOE
PAŸIAGOZAIEAGEIN
HPAQY ZION ELE ΤΗ͂Ν ΒΑΣΙ ABIANTOY
@EOY FIZENOEIN
318
_
CHRISTI DEI DE DIVITE »
apparatus fontium in
pict. cf. D. ERASMI,
Euangelium
secundum
Matthaeum,
in Nouum
Testamentum
omne,
diligenter
ab
Erasmo
Roterodamo
recognitum & emendatum, Basileae, 1516, p. 46 || 1-4 VVLG., Matth., 19, 24: [Et iterum dico uobis] facilius est camelum per foramen acus transire quam diuitem intrare in regnum caelorum ; ERASM., Euangelium secundum Matthaeum, p. 46 : Facilius est camelum per foramen acu factum ingredi quam diuitem in regnum dei ingredi ; cf. VVLG., Marc., 10, 25 ; Luc., 18, 25 ; IVVENC., 3, 524-526:
Nam
citius tenuis per acus transire foramen/
caelestia regna uidere.
Deformis poterunt inmania membra
cameli,/ Quam
queat ut diues
319
Edition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
[Sf 33r°; 1555 p. LXXIII/FK ; 1574p. LXXVII ]
[SP 32v° ; 1555 p. LXXII ; 1574 p. LXXVI ]
DE CYNICO DIOGENE ET ANTISTHENE
ILLE DEI FACILE EST QVISQVIS SAPIENTIAE AMATOR DVRA
PATI DIDICIT PLVRIMA
Symb. XXXV
QVISQVIS AMAT
Symb. XXXV
Quis sapientiae amator sit fortasse requiris ;
Dicam equidem et Pythio uera magis tripode.
In pictura : - ΔΙΟΓΕΝΗΣ (Διογένης)
- ΑΝΤΙΣΘΕΝΗΣ (Ἀντισθένης) — CAEDE SIVIS : NIHIL TAM DVRVM
DVM ALIQVID DIXERIS
QVO ME SVMMOVEAS
Si Deus omnipotens uera est sapientia, uerus Huius amator erit qui Dei amator erit. Verus amator erit, nullo qui tempore amare Desinet, at si opus est, omnia dura feret.
s
10
Olim Antisthenico Terreri haud Posset ut humanas Diuinas omni
Cynicus clarissimus ille quaquam si potuit baculo, res discere, quid faciet qui persequitur studio ?
apparatus criticus tit. pict. EST S supra lineam. apparatus fontium
1: Porro si sapientia deus est, per quem facta sunt omnia, sicut diuina auctoritas ueritasque monstrauit, 3-4 AVG., Ciu. Dei, 8, uerus philosophus est amator dei; F. PETRACAE, Rerum senilium libri, 15, 6: [... ] nisi, inquam, tum uerus Philosophus uerae
sapientiae est amator. Vera autem Dei patris sapientia Christus est || 7-20 D.L., 6, 21: Γενόμενος δὲ Ἀθήνησιν Ἀντισθένει
παρέβαλε. Τοῦ δὲ διωθουμένου διὰ τὸ μηδένα προσίεσθαι, ἐξεβιάζετο τῇ προσεδρίᾳ. Καί ποτε τὴν βακτηρίαν ἐπανατειναμένου αὐτῷ
τὴν κεφαλὴν ὑποσχών, « παῖε, εἶπεν, οὐ γὰρ εὑρήσεις οὕτω σκληρὸν ξύλον ᾧ με ἀπείρξεις ἕως ἄν τι φαίνῃ λέγων ». Τοὐντεῦθεν ὁ διήκουσεν αὐτοῦ καὶ ἅτε φυγὰς ὧν ὥρμησεν ἐπὶ τὸν εὐτελῆ βίον ; cf. ID. 2, 14; AEL, VH, 10, 16: Ἐπεὶ δὲ ἦν λιπαρέστερος
Διογένης καὶ ἐνέκειτο, ἐνταῦθα ἤδη καὶ τῇ βακτηρίᾳ καθίξεσθαι αὐτοῦ ἠπείλει: καί ποτε καὶ ἔπαισε κατὰ τῆς κεφαλῆς. Ὅ δὲ οὐκ
τὴν ἀπηλλάττετο, ἀλλ᾽ ἔτι μᾶλλον ἐνέκειτο φιλοπόνως, ἀκούειν αὐτοῦ διψῶν, καὶ ἔλεγε « σὺ μὲν παῖε, εἰ βούλει, ἐγὼ δὲ ὑποθήσω
Awe
oenur
ἃς +
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| CAEDE SIVis NiHIL TAM DVRVM
κεφαλήν: καὶ οὐκ ἂν οὕτως ἐξεύροις βακτηρίαν σκληράν, ὥστε με ἀπελάσαι τῶν διατριβῶν τῶν σῶν » ; HIER, louin., 6, 14: Nam
minatus est, cum discipulorum Antisthenes nullum reciperet et perseuerantem Diogenem remouere non posset, nouissime claua nisi abiret. Cui ille subiecisse dicitur caput, atque dixisse : « nullus tam durus baculus erit, qui me a tuo possit obsequio », separare » ; D. ERASMI, Apophtegmatum... libri octo, Coloniae, apud Marcum Gymnicum, 1547, lib. 3, « Diogenes Cynicus recipiebat discipulum enim (nullum repulsus saepe quo a contulit, se p. 203 : Primum Athenas profectus ad Antisthenem baculo caput subiecerit, Antisthenes), non desistit tamen haerere, adeo ut quum aliquando baculum intentaret Antisthenes, ultro Insigné exemplum dixeris. aliquid dum abigas, te abs me quo durum tam dicens : Caede si uis, at nullum inuenies baculum adamatae sapientiae.
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ALIQVID | DIXERIS
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
ition critique criti liber Edition du u texte texte latin latin : : lib
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secunaus
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[Sf 34r° ; 1555p. LXXV/F Kiir° ; 1574p. LXXIX]
[Sf 33V° ; 155$ p. LXXIV ; 1574p. LXXVIII]
ARS DOCTA NATVRAM
Tm
iOE
VLLIVS REI POTEST
QVIS AGERE MENSVRAM
AEMVLATVR VT POTEST, QVIN VINCIT,
SI NESCIT IPSEMET SVI ?
VSVS DVM ADSIT ET DVRVS LABOR Symb. XXXVI
j
Symb. XXXVI |
— Lucidulis quaenam haec oculis tam uiuida uirgo ? — Ars est. — Quis dedit id nominis huic ὃ — Ἀρετή.
In pictura :
_VSVS | LABOR _BONVM
Nil magis ingenii uires quam conscia Virtus
~VERVM
5
LME.
XXXVI
erence 10
| | |
Excitat. — Effingit cur hominem potius ? — Ipsum unum ut fingens simul omnia fingere possit. — Porrò quid duplex circinus ille refert ? — Altera stans centrum pars, altera perficit orbem ;
||
Indagat Verum haec, inuenit illa Bonum. Hinc intus sapit, inde foris speculatur ; utrinque Finem animo aduertit callida, docta notat.
|
|
— Sed quid βρέχμα bouis, quid agrestia fixa tropaeo Arma uolunt ? — Labor est acer et assiduus.
Daedala Naturam pro uiribus Ars imitatur Et uincit, dum Vsus praesit et ipse Labor. apparatus criticus
Adiecimus signa typographica dialogi || in pict. VSVS | LABOR:
desunt in aliquibus 1555 exemplaribus || tit. epigr. IN ARTIS
del. S supra lineam || VLLIVS REI POTEST S p. c. 1555 1574 : VLLIVS POTEST REIS
SIMVLACHRVM
a. c.
apparatus fontium
NATVRAM AEMVLATVR VT POTEST] cf. VAL. MAX, 8, 11, 5 : Ceterum natura, quem ad modum ueritati saepe numero aemulam uirium suarum artem esse patitur ; APVL., Met., 2, 4: [poma et uuas] quas ars aemula naturae meus, ludus studeat ut Pacato ars/ — similes explicuit ; AVSON., Technop., 5, 17-18: Aemula dis, naturae imitatrix, omniparens
tit. pict. ARS
DOCTA
esto operi — dux ; SIMPLIC., in Simplicii Peripatetici acutissimi Commentaria in octos libros Aristotelis de Physico audito [... ] Lucillo
eiusque aemula Philaltheo interprete, Parisiis, apud Ioannem Roigny, 1544 (1543'), I, f° 93r° : Si ergo ars est cooperans naturae
[...]; [...] uel etiam tanquam aemula imitatrixque ; ibid., 73 G : Ad secundam dici potest artem aemulari atque imitari naturam
iure ars propter duo : tum quod generatur in nobis a cognotione rerum naturalium, et cum genitum debeat assimilari generanti, naturae etiam assimilari naturae erit aemula ; tum quia opus naturae est opus Dei et tum nos appetamus assimilari deo, iure
enitimur,
etc.
cf. v.10 || 3 conscia
uirtus]
VERG.
Aen.
5,
455|||| 10-12 βρέχμα
bouis...
quid
agrestia/
Arma}
] cf. Symb. 1 || 13 Daedala Naturam] cf. LVCR., 5, 234: Tellus ipsa parit naturaque daedala rerum || pro uiribus Ars imitatur
Africani, Porphyrii et cf. ARIST., Phys., 2, 2, 199417 ; IOHANNIS DE FONTE, Auctoritates Aristotelis Senecae, Boethii, Platonis, Apulei ; RHET. Her., 3, 22, 36: Gilberti Porretani, opus 2 (= Physica II), p. 145, n° 60 Hamesse : Ars imitatur naturam in quantum potest H
Epist., 65, 3 : Omnis Imitetur ars igitur naturam et, quod ea desiderat, id inueniat, quod ostendit, sequatur ; SEN.,
ars naturae
formandoque multiplicium imitatio est ; Simplicii Peripatetici ... Commentaria, ibid. : Equidem ars imitatur naturam pingendo
dicendi copiam diuersorumque animalium effigies || et uincit] cf. CIC., Fin., 4, 10 : Quod etsi ingeniis magnis praediti quidam
χὰ
322
=
—
ξ
-
:
rennes
:
ignoro et quae bona sint sine ratione consequuntur, ars tamen est dux certior quam natura ; De Orat., 1, 115 : [... ] neque enim Si igitur meliora sunt ea : 87 2, Nat. ; posse corrigi et tamen fieri meliora posse doctrina et quae non optima aliquo modo acui expers est habenda ; rationis quidem natura ne ratione, sine quae natura quam illa quae arte perfecta sunt nec ars efficit quicquam
Arch, 7; HOR. Ars, 408: Natura fieret laudabile carmen an arte/ Quaesitum est; QVINT., 2, 19; Simplicii Peripatetici ...
artem perficere, quae natura operari Commentaria, ibid. : Sed quomodo dicit artem esse deteriorem natura, siquidem illa, inquit, et priorem facere potest, uel etiam autem agereque nequit ? Nisi ergo hoc ita dixerit, quia ars supplet defectui naturae, hoc tanquam aemula imitatrixque, etc.
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|
|
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
“ὐὐὐσὰσα
νον
Editiition critique itique d du texte Ì latin : libliber secundus d [SP SP 34v° 34v°;; 1555 p.i LXXVI ;; 1574 p. d LXXX]
[Sf"35r“;1555p.LXXVÎl;:574p.LXXXI]
MVLIEBRIS INCONSTANTIA
VERSA EX HOMERO
Symb. XXXVII
NOBILIS SENTENTIA
Symb. XXXVII
Sat nosti qualis muliebri in pectore mens est, Quae, cuicunque uiro post nupserit, illius omni
Vult studio ditare domum prorsusque iuuare. 5s
Non animo nati sua pignora cara priores, Nonconiux dulci defunctus munere uitae Versantur sed cura noui subit una mariti.
apparatus fontium
1-6 HOM., Od., 15, 20-23 : Οἶσθα γὰρ οἷος θυμὸς ἐνὶ στήθεσσι yovaixds-/ Keivov βούλεται οἶκον ὀφέλλειν, ὅς κεν ὀπυίῃ,, Παίδων δὲ
: Inque προτέρων καὶ κουριδίοιο φίλοιο, Οὐκέτι μέμνηται τεθνηότος οὐδὲ μεταλλᾷ || 4 nati... pignora cara] cf. OV., Fast. 3, 218 pacatae defunctis munere sinu natos, pignora cara, tenent [| 5 defunétus munere uitae] cf. G. ALTILII, Carmina, 2, 33 : Per te est deflere querelis ? uitae ; M. PALINGENII STELLATI, Zodiacus uitae, 57-58 : [...7 quid munere vitae/ Defunctos tantis opus
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Edition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
IL
[SF 36r° ; 1555 p. LXXIX ; 1574 p. LXXXIII]
[SP 35v° ; 1555 p. LXXVIII ; 1574 p. LXXXII]
FORMICAE ARATRA, NON SIBI FERVNT BOVES Symb. XXXVIII
IN EOS QVI ALIENIS LABORIB
|
|
PERFRVVNTVR
Symb. XXXVIII
| ,
Arantis olim fortè per cornu bouis
|
Formica uisa errare : arare se dixit.
|
Sic uos aratra fertis, haud uobis, boues.
|
| ||
ALITER Per cornu formica bouis dum forté uagatur,
Quidnam ageret quidam quaerit : « Aramus », ait.
apparatus criticus tit. pict. FERVNT S p. c. 1555 1574 : FERVN
| | |
Sa.c.
carm. 2 : 2 quaerit 1574 1555 [in tabula erratorum] : petit
|
S 1555 a. c.
apparatus fontium uersiculos feci, tulit alter carm. 1: 3 sic uos... boues] cf. Vita Vergiliana Donati aucti, 112, 1. 9&14 Brugnoli-Stok: Hos ego
honorem : | ... ] sic uos non uobis fertis aratra boues.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus [SP 36v° ; 1555 p. LXXX ; 1574 p. LXXXIV]
[SP 371° ; 1555 p. LXXXI/f Lr° ; 1574 p. LXXXV]
QVAERENS NIMIS SVBTILITER ARCANA NIL PRORSVS SAPIT
CHRISTIANAE RELIGIONIS SYMBOLVM
Symb. XXXIX
INTERLOCVTORES : CHRISTOPHORVS, HOSPES, RELIGIO Symb. XXXIX
CHR. Miraris quod Atlas uaga fulserit astra ? Sed ipse Orbis herum atque orbem nuper in orbe tuli.
s
HO. Dum mundi autorem, mundum gestares et ipsum, Quaeso, ubi tum fuerat, dic mihi, Christophorus ? RE. Desine mirari summique arcana Tonantis
Quaerere : namque istuc desipere, haud sapere est.
apparatus criticus Leguntur carmina 1-2 in R, f 479°, sub titulo: « Sub imagine diui Christophori » et carmina 3-4 in R, f 47v°, sub titulo: « Aliud de
diuo Christophoro >.
tit. epigr. CHRISTIANAE R Sp. c. 1555 1574: CHRTIAtabula erratorum] 1574 : gestaret RS 1555 a. c.
(sic) S a. c. || 3 autorem S 1555
1574: author- R [| gestares 1555 [in
apparatus fontium 1 fulserit astra] cf. F. M. MOLZAE, Elegiae, 4, 3, 62 : Alcides, coeli fulserit astra licet || 1-3 IACOBI A VORAGINE, Legenda aurea, « De Sancto Christophoro », Maggioni, t. I, 96, 54-56, p. 663 [= Graesse ch. 100 (95) p- 432] : Sed cum uix euasisset et fluuium
transfretasset, puerum in ripa deposuit eique dixit : « In magno periculo, puer, me posuistis et adeo ponderasti quod si totum mundum super me habuissem uix maiora pondera persensissem ». Ad quem puer respondit : « Ne mireris, Christophore, quia
non solum super te totum mundum habuisti, sed etiam illum qui creauit mundum tuis humeris baiulasti > ; ibid. Maggioni, 96, 1,
p. 663 [= Graesse, p. 430] : Christophorus ante baptismum dicebatur Reprobus, sed postmodum Christophorus dictus est, quasi Christum ferens, eo scilicet, quod Christum quatuor modis portauit, scilicet in humeris per traductionem, in corpore per macerationem, in mente per deuotionem, in ore per confessionem siue praedicationem ; ibid. Maggioni, 96, 82, p. 667 [= Graesse, p- 433] : Cui Christophorus : « Ante baptismum Reprobus dicebar, nunc autem Christianus ».
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus
[SPa7v" ; 1555 p. LXXXII ; 1574p. LXXXVI]
[SP 381° ; 1555 p. LXXXIN/F Lar’ ; 1574 p. LXXXVII]
CAECVS QVI PVLCHRI NON CERNIT LVMINA SOLIS
AD ANDREAM ALCIATVM AMICORVM
Symb. XL
LVCE CARET, PVLCHRI QVI CAVSSAM
In piétura :
OPT
|
NESCIT AMORIS
Symb. XL
OCVLI DVCES AMORIS
||
Qua ratione homines rerum caperentur amore Pulchrarum quondam magnus Aristoteles
|
Forté rogatus, « ea est caecorum quaestio », dixit,
Et bené : nanque oculi sunt in amore duces.
$
Ergo tuae cur tam capiar uirtutis amore
Qui quaeret posthac, hic mihi caecus erit.
apparatus criticus Editum est carmen in 1608, p.446 et in 1719, p. 336, sub titulo « Ad Andream Alciatum > || num.XL Sp.c. 1555 1574: XXXVIII
Sa.c.; 32 Sf 37° L m.; LX (sic) 1555 p. LXXXII |] tit. pid. CAECVS QVI PVLCHRI NON CERNIT LVMINA SOLIS Sp. c. 1555 1574: LVCE CARET PVLCHRI QVI CAVSSAM NESCIT AMORIS S a. c. (= tit. carm.) || dedic. carm. AMICORVM 5 1555 [in tabula erratorum] 1574: AMCORVM (sic) 1555 a.c.|| tit. carm. NESCIT Sp.c. 1555 1574: QVAERIT 8 a.c.||2 pulchrarumS 1555 1574 1719 : pulcr- 1608 || 4 nanque S 1555 1574 : nam- 1608 1719 || 6 quaeretS 1555 1574 : -rat 1719.
apparatus fontium 3 ea est caecorum quaestio] D.L., 5, 20: Πρὸς τὸν πυθόμενον διὰ τί τοῖς καλοῖς πολὺν χρόνον ὁμιλοῦμεν, « τυφλοῦ, ἔφη [ἡ e. Aristoteles], τὸ ἐρώτημα > || 4 oculi... duces] PROP., 2, 15, 12 : Si nescis, oculi sunt in amore duces ; cf. L PONTANI, Lyra, 5, 25 : Lux enim dux est, oculi duces sunt.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus (Sf. 38V° ; 1555 p. LXXXIV ; 1574p. LXXXVIII]
VIRTVTIS
HAVD VNA ATQ OPVM
AESTIMATIO
[Sf 39r 1555 p. LXXXV 1574p. LXXXIX]
EST
HOC
EX PLATONE
Symb. XLI
SYMBOLVM
symb. XLI Diuitiae et Virtus ueluti duo pondera habentur In trutina, quorum unum est alio grauius. Diuitias etenim quum pendit opinio pluris,
Virtutem insipiens eleuat illa magis.
5
At sapiens ratio, uirtutem qué magis almam,
Tanto diuitias aestimat ipsa minus. apparatus criticus
Editum est carmen in 1608, p. 446 et in 1719, p. 336 sub titulo « Virtutis haud una atque opum aestimatio >. tit. carm. SYMBOLVM
S p. c. 1555 1574 : SYMBOLVM
EST S a. c. || 1 Habentur S 1555 1574 1719 : -berentur 1608.
apparatus fontium PL, R., 8, $50e-551a : Ἢ
οὐκ πλούτου ἀρετὴ διέστηκεν ὥσπερ ἐν πλάστιγγι ζυγοῦ κείμενον ἑκάτερον, del τοὐναντίον ῥέποντες ...
[... ] Τιμωμένου δὴ πλούτου ἐν πόλει καὶ τῶν πλουσίων ἀτιμοτέρα ἀρετή τε καὶ οἱ ἀγαθοί ; CIC., Tusc., 5, 51 : Quo loco quaero quam uim habeat libra illa Critolai, qui cum in alteram lancem animi bona imponat, in alteram corporis et externa, tantum propendere illam putet ut terram et maria deprimat.
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Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus [Sf 39v° ; 1555 p. LXXXVI; 1574 p. XC]
[Sf 401° ; 1555 p. LXXXVII ; 1574 p. XCI]
VIRTVTIS VMBRA GLORIA
OCTAVIO FARNESIO DVCI OPTIMO ET CLARISSIMO
Symb. XLII
Symb. XLII Excellens uirtus resonat tua, sicut imago
Clara, bonis ideo nec fugienda uiris. Ecce tropaea gerit post se optatamque coronam, Aurea diuinae munera lustitiae. 5.
Gloria Virtutis comes est, ut corporis umbra,
Et solida ; at quae praecurret inanis erit. Morio significat stolidum atque ignobile uulgus. Qui temeré anteuenit Pallada, stultus hic est, Pinnarimque scapo malè sanos euocat omnes, 10
15
Crura agitans resonis tintinat orbiculis.
Nempè auram strepitu popularem captat inani. Gloria, Virtutem quae sequitur, solida est. Paulus in humanis ageret dum Tertius ille, Mandata haec dederat commemoranda tibi. Quae quoniam implesti summis pro uiribus ipse, Iure haec debetur Gloria summa tibi.
apparatus criticus
Incipiebat hoc carmen
in S ab uersibus 7-12 qui deinde deleti hoc loco sunt insertique post uersum
6 quibusdam
uerbis
mutatis || num. XLII S f 39v° supra tit. 1555 1574: 34 Sf 3ον" L m. || tit. pid. VIRTVTIS VMBRA GLORIA S p. c. 1555 1574:
VT
VMBRA
DVCIS
CORPORIS
COMES
VIRTVTIS
EST
SIC
GLORIA S a. c. || dedic. DVCI
S
p.c. 1555
1574:
PARMENSIVM
a.c. || 3 Ecce S 1574 1555 p. c. [in tabula erratorum] : Ecce coram 1555 a. c. || 6 erit Sp. c. 1555 1574 : erat S a. c. || 7 Morio
significat S p. c. 1555
1574: Morio quid signat S a. c. ‘ ; Morio enim signat S a. c.* || 8 Qui Sp. c. 1555
1574: Cur S a. c. || stultus
hic Sp.c. 1555 1574: Stultus enim S a. c. || 12 Gloria, Virtutem quae sequitur, solida est S p. c. 1555 1574: Germana et uera en Gloria quae sequitur Sa.c.'; Virtutem uera en Gloria quae sequitur Sa.c.*; Talem haec uirtutem Gloria quae sequitur Sa.c.°|| 13 ille Sp. c. 1555 1574: olim S a. c. || 14 Mandata haec dederat commemoranda S p. c. 1555 1574 : Mandarat nobis haec memoranda 8 a. c. ’, Haec mihi Mandarat commemoranda S a. c. *.
apparatus fontium tit. pict. CIC., Tusc., 1, 30, 109 : Etsi enim nihil habet in se gloria cur expetatur, tamen uirtutem tamquam umbra sequitur ; SEN., Epist., 79, 13 : Gloria umbra uirtutis est : etiam inuitam comitabitur. Sed quemadmodum
umbra aliquando antecedit, aliquando
sequitur uel a tergo est, ita gloria aliquando ante nos est uisendamque se praebet, aliquando in auerso est maiorque quo serior, ubi inuidia secessit ; cf, F. PETRARCAE, Secretum, 3, p. 204 Carrara : [Aug.] Nosti enim gloriam uelut umbram quandam esse uirtutis ; itaque, sicut apud uos impossibile est corpus umbram
sole feriente non reddere, sic fieri non potest uirtutem, ubilibet radiante
Deo, gloriam non parere ; ID., De remediis utriusque fortunae, 1, 92 (De gloria), 22, t. I, p. 400-401 Carraud : Gloria quidem - tu sapientibus placet — quasi quedam umbra uirtutis est : illam comitatur, illam sequitur, quandoque etiam antecedit Fe] Taus quidem sapienti utilis stulto nocet. [.... ] Visne igitur gloriam ueram esse ? Fac ut uera et solida uirtus sit || 1-2 Excellens uirtus resonat...
sicut imago/
... fugienda uiris] cf. CIC., Tusc., 3, 2, 3: [gloria est] incorrupta uox bene iudicantium de excellente
uirtute, ea uirtuti resonat tamquam imago || 5-6 Gloria uirtutis comes est, ut corporis umbra/ Et solida] cf. CIC., ibid. Est enim
gloria solida quaedam res et expressa, non adumbrata [...]. Quae qui recte faétorum plerumque comes est, non est bonis repudianda ; Ov., Am., 3, 9, 65-66 || 7 Morio... stolidum atque ignobile uulgus] cf. CIC., Tusc., 3, 2, 4: Illa autem quae se eius [= uerae gloriae] imitatricem esse uult, temeraria atque inconsiderata et plerumque peccatorum uitiorum laudatrix, fama popularis, simulatione honestatis formam
eius pulchritudinemque
stultorum improborumque consensu excitatam ||
corrumpit ; 5, 45 : Omitto nobilitatem famaque popularem
1 auram... popularem] CIC., Tusc., 3, 2, 4 : fama popularis, cf. v. 7 || 12 Gloria
uirtutem quae sequitur, solida est] cf. CIC., Tusc., 1, 30, 109 : [...] tamen uirtutem tamquam umbra sequitur [sc. gloria], cf. tit. pict. ; CIC., Tusc., 3, 2, 3 : Est enim gloria solida quaedam res et expressa, cf. v. 5-6 ; AVG., Ciu. Dei, 5, 12.
334
335
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus [Sf 40v° ; 1555 p. LXXXVIII ; 1574 p. XCII]
[Sf 411°; 1555 p. LXXXIX/f Mr° ; 1574 p. XCII]
HIC HERCVLES EST GALLICVS : INTELLEGAT QVI AVRES HABET
CVRA ET LABORE PERFICI ELOQVENTIAM
Symb. XLII!
Symb. XLIII
Discere quisquis auet bene dicere, discat oportet Ille prius : studium id cura labofque facit. Si studium affuerit summum et quidam ardor amoris Tum nihil obfuerint cura labofque tibi. 5
Qui Gallum Alcidem semel aurib hauserit ultrò,
Ille disertus erit non modo, sed sapiens.
[SP 219v° ; 1555 Ρ.Ε11]
SIC ANIMAE DVCTRIX OBLECTATRIX SVADA A LVCIANO FINGITVR
— Quis capite inculto, glabro canôque senex hic, Qui cute rugata languidus et uietus,
Torridus et qualis extrema saepe senecta Artifices ustos cernimus esse maris ? — Gallicus Alcides est Ogmios, omnia quamuis Hunc fore quam Alcidem tu magè credideris,
Monstrifica usque adeo est species et ab Hercule abhorrens, Ilo qui Graiis pingitur in tabulis. Cumque huiuscemodi is sit, habet nihilominus omnem 10
Cultum et gestamen uerius Herculeum,
Fertque leonino (ut iamdudum) tergore amictus Clauam dextra, arcum laeva, humero pharetram.
Insidet excelso curru ingentémque triumphans
Turbam hominum, uinctos auribus inde trahit.
15
20
Sunt tenues auro atque electro uincla catenae Quas pertusa tenet lingua regitque dei. Temoni instantes firmant uestigia tauri Flammata geminus quos face pellit Amor. Calliope, quid imago haec uult 510] ? - Nempè est age, - Dic Qui uetus Alcides iunior is fuerat
Olim Mercurius : nimirum dia facultas Dicendi tardo praeualet in senio.
Mens uolucris iuuenum instabilisque uocata poetis Et merit, at semper firma graui$que senum. 25
Propterea uates Smyrnaeus mel senis olim
[SF 219v°-220r°]
Fluxisse ὁ dulci Nestoris ore canit ;
30
Florida Troianorum oratio creditur esse. — Ad linguam uinétos auribus ille trahit ? — Non hoc est cur mirere quidem, cognatio linguae Aurium et ipsarum cognita si tibi sit. Auro diuina, ast electro humana notatur
Cognitio, maius qua nihil aut melius.
336
337
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
apparatus criticus carm. 1 : 6 disertus S 1555 : des- 1574 || TIBI SYMBOLVM EXPLICATIVS IN PAGINA QVAERE VLTIMA add. S p. c. et 1555 post carmen ; RELIQVVM QVAERITO TIBI IN PAGINA VLTIMA add. S a. c. post carmen.
carm.2:
Adiecimus
dialogi
signa
typographica || Sequitur
addendorum || tit.In symbolum XLII: S || 15 catenaeS : chat- 1555 1574. apparatus fontium
carm. 2: tit. ANIMAE
DVCTRIX
add.
carmen
primum
5 f 219v’-220r || SVADA
OBLECTATRIX
SVADA]
S:
in
-DAE
1574:
1555
S f219v’-220r’, 1574 |] 12 laeua
cf. G. BVDAEI, Annotationes...
1555
1555
in
1574:
tabula leu-
in quatuor et uiginti
Pandectarum libros, Parisiis, Badius Accensius, 1508, £. 102r °: Haec [i. e. suada] et flexanima dicitur quasi animum flectens : a
Graecis psychagogos quasi ductrix et oblectatrix animae || 1-4 Quis capite inculto... maris] cf. BVD., ibid. : Senex e illis Hercules admodum confectus : inculto capite glabroque atque extrema canicie, obrugata cute, uietus, retorridus cuiusmodi fere maritimos
artifices uidemus ad ultimam senectutem perustos ; LVC., Herc., 1: Γέρων ἐστὶν αὐτοῖς ἐς τὸ ἔσχατον, ἀναφαλαντίας, πολιὸς
ἀκριβῶς
ὅσαι λοιπαὶ τῶν
τριχῶν,
ῥυσὸς
τὸ
δέρμα
καὶ
διακεκαυμένος
ἐς τὸ
μελάντατον
οἷοί
εἰσιν
οἱ θαλαττουργοὶ
γέροντες || s Gallicus... Ogmios] BVD., ibid. : Hercules (inquit [ἡ e. Lucianus]) apud Celtas Ogmios lingua uernacula uocitatur ;
LVC., ibid. : Τὸν Ἡρακλέα οἱ Κελτοὶ Ὄγμιον ὀνομάζουσι φωνῇ τῇ ἐπιχωρίῳ || s-6 omnia quamuis... credideris] BVD., ibid. : Omnia denique magis eum quam Herculem esse crederes; LVC., ibid. : [...] καὶ πάντα μᾶλλον ἢ Ἡρακλέα εἶναι εἰκάσειας || 78 monstrifica... tabulis] BVD, ibid. : Eius autem speciem multum ab Graecorum abhorrentem monstrificamque pingunt ; LVC., ibid. : [... ] τὸ δὲ εἶδος τοῦ θεοῦ πάνυ ἀλλόκοτον γράφουσι || 9-12 Cumque huiusmodi is sit... pharetram] cf. BVD., ibid. : Atque is
huiusmodi cum sit, habet nihilominus Herculis cultum et gestamina. Amictus est enim leonino tergore, dextera clauam tenet
arcumque sinistra protendens, pharetram ex humero dependulam habet ; LVC., Herc., 1-2: Ἀλλὰ καὶ τοιοῦτος ὧν ἔχει ὅμως τὴν σκευὴν τὴν Ἡρακλέους: καὶ γὰρ τὴν διφθέραν ἐνῆπται τὴν τοῦ λέοντος καὶ τὸ ῥόπαλον ἔχει ἐν τῇ δεξιᾷ καὶ τὸν γωρυτὸν παρή ρτηται,
καὶ τὸ τόξον ἐντεταμένον ἡ ἀριστερὰ προδείκνυσιν, (2) καὶ ὅλος Ἡρακλῆς ἐστι ταῦτά γε || 14-15 turbam hominum... catenae] cf. BVD, ibid. : Senex ille Hercules confertissimam quandam hominum multitudinem trahit : omneis auribus uinétos. Vincula porro illi sunt habenulae praetenues auro electroque fabrefactae ; LVC., Herc., 3: Ὁ yap δὴ γέρων Ἡρακλῆς ἐκεῖνος ἀνθρώπων πάμπολύ
τι πλῆθος
ἕλκει
ἐκ
τῶν
ὥτων
ἅπαντας
δεδεμένους.
Δεσμὰ
δέ
εἰσιν
οἱ
σειραὶ
λεπταὶ
χρυσοῦ
καὶ
ἡλέκτρου
εἰργασμέναι || 16 Quas pertusa... dei] cf. BVD., ibid. : Cum enim pictori reliquum iam nihil esset unde cathenularum extrema innecteret [... ] pertusa dei lingua alligatos eos homines ductitari ab eius summo finxit ; LVC., ibid., : Οὐ yap ἔχων ὁ ζωγράφος
ὅθεν ἐξάψειε ταῖς σειραῖς τὰς ἀρχάς, ἅτε τῆς δεξιᾶς μὲν ἤδη τὸ ῥόπαλον, τῆς λαιᾶς δὲ τὸ τόξον ἐχούσης, τρυπήσας τοῦ θεοῦ
τὴν γλῶτταν ἄκραν ἐξ ἐκείνης ἑλκομένους αὐτοὺς ἐποίησεν || 19 Quid imago sibi uult] cf. BD, ibid. : Tibi (inquit ad me) mi hosbes picturae huius sacramentum interpretari uolo ; LVC., Herc., 4: Ἐγώ σοι, ἔφη, ὦ ξένε, λύσω τῆς γραφῆς τὸ αἴνιγμα || 20-22 Qui
uetus Alcides... praeualet in senio] cf. Bvp., ibid. : Nos igitur Celtae sermones non quemadmodum
uos Graeci Mercurium
esse dictitamus, sed Herculis similem sermonem affingimus quia uiribus admodum praeualere eum Mercurio credimus ; LVC, ibid. : Tov λόγον ἡμεῖς οἱ Κελτοὶ οὐχ ὥσπερ ὑμεῖς οἱ Ἕλληνες Ἑρμῆν οἰόμεθα εἶναι, ἀλλ᾽ Ἡρακλεῖ αὐτὸν εἰκάζομεν, ὅτι παρὰ πολὺ τοῦ
Ἑρμοῦ ἰσχυρότερος οὗτος. Εἰ δὲ γέρων πεποίηται, μὴ θαυμάσῃς. μόνος γὰρ ὁ λόγος ἐν γήρᾳ φιλεῖ ἐντελῆ ἐπιδείκνυσθαι τὴν ἀκμήν ||
23-24 Mens uolucris iuuenum... grauisque senum] cf. BvD., ibid.: Siquidem poetae uestri uere id autumnauerunt
iuniorum hominum uolucrem instabilemque esse, senectutem autem scite dicere posse et commodius iuuentute ; LVC., ibid. : [...] Et ye ἀληθῆ
ὑμῶν of ποιηταὶ λέγουσιν, ὅτι ai μὲν τῶν ὁπλοτέρων φρένες ἠερέθονται, τὸ δὲ γῆρας ἔχει τι λέξαι
τῶν νέων σοφώτερον || 25-27 Propterea uates... creditur esse] cf. BVD., ibid. : Sic tibi apud Homerum ex Nestoris senis lingua profluere mel creditur et Troianorum oratores floridam ore uocem emittere dicuntur ; LVC., Herc., 4-5 : Οὕτω
yé tot Kai tod Νέστορος ὑμῖν ἀπορρεῖ ἐκ τῆς γλώττης τὸ μέλι, Kal οἱ ἀγορηταὶ τῶν Τρώων thy ὅπα τὴν λειριόεσσαν ἀφιᾶσιν εὐανθῆ τινα: λείρια γὰρ καλεῖται, εἴ γε (5) μέμνημαι, τὰ ἄνθη || 28-30 Ad linguam uinétos... cognita si tibi sit] cf. BVD., ibid. : Proinde si auribus homines ad linguam illigatos senex hic Hercules idem et sermo trauit, ne hoc quidem est cur mireris, utique qui linguae auriumque cognationem
noris ; LVC., Herc., 5 : Ὥστε ei τῶν ὥτων ἐκδεδεμένους τοὺς ἀνθρώπους πρὸς τὴν γλῶτταν ὁ γέρων οὗτος Ἡρακλῆς ἕλκει, μηδὲ τοῦτο θαυμάσῃς εἰδὼς οὗτος Ἡρακλῆς ἕλκει, μηδὲ τοῦτο θαυμάσῃς εἰδὼς τὴν ὥτων καὶ γλώττης συγγένειαν.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome
1
Édition critique du texte latin : liber secundus
[SP 41v° ; 1555 p. XC ; 1574 p. XCVI (sic)]
[Sf° 421° ; 1555 p. XCI/f Miir® ; 1574 p. XCVII (sic)]
VT IVSTVS EFFICI QVEAS
NVLLI NOCEBIS,
symb. XLIV In pictura :
Pope
Er ce
PROSIS OMNIBVS
OMNIBVS
symb. XLIV ij
— NEMINI NOCEAS
COMMODABIS
δι sooo
i ταὶ oi se
i rae TER
as Amabis autem, si illum in hoc imitaberis,
Nulli ut uelis nocere, prodesse omnibus. Sic uiue semper, denique ita beaberis.
5 Verum optimi est et maximi hoc regnum Dei. MANSVETVDINIS VIS EX ISIDORO Magna animi uirtus, nunquam si laeseris, à quo Laesus es ; at maior, si laesus $pontè remittas ;
Maxima, si parcas cui possis ipse nocere. apparatus criticus num. XLIV S1555 1574: 36S$ 41v° Lm. carm. 1 : § optimi est S p. c. 1555 1574 : optimi hoc est 8 a. c.
carm. 2 : Editum est carmen in 1608, p.446 et in 1719, p.337 sub titulo « Nulli nocebis : commodabis omnibus > || 1 nunquàm S 1555 1574 1608 : num- 1719 [| 3 Verum hoc optimi est et maximi hoc regnum Dei : del. S (= carm. 1, v. 5).
apparatus fontium
noceat nemini ; carm. 1 : 3 (cf. tit. carm.) cf. CIC., Off. 1, 14, 43 : Videndum est igitur ut ea liberalitate utamur quae prosit amicis, esse qui bonum uirum eum doceat ipsi se iam ibid., 3, 19, 76 : Αἴ uero si qui uoluerit animi sui complicatam notionem euoluere, uelle prodesse nocere, nulli igitur est prosit quibus possit, noceat nemini nisi lacessitus iniuria ; AMBR., Off, 3, 9, 59 : Sacerdotis
omnibus ; posse autem solius est Dei. carm. 2 : cf. AMBR., Off, 3, 9, 59-60 : Proposita igitur forma in sacerdotis officio teneatur ut nulli noceat, ne lacessitus quidem et
aliqua iniuria offensus. Bonus enim est uir qui dixit : si reddidi retribuentibus mihi mala. Quae enim est gloria si eum non
nocere, laedimus qui nos non laeserit ὃ Sed illa uirtus est si laesus remittas. Quam honestum quod cum potuisset regio inimico maluit parcere !
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus [Sf 42v° ; 1555 p. XCII ; 1574 p. XCVIN]
NON
[Sf 43r° ; 1555 p. XCIII ; 1574 p. XCIX]
EXTRA AT INTVS AVDIO
CERTVM
EST IVDICIVM
RATIONIS
Symb. XLV
: OBEDIANT
HVIC SVBDITA
Symb. XLV Sensibus humanis ut sit dulcissima, septem Quae calamis iuncta est fistula disparibus Ac septemgeminum exterius demulceat orbem 5
Terrasque et uastum temperet Oceanum,
Attamen hac triplici, quae prima et maxima uirtus, Interna nihil est dulcius harmonia : Optima uox ὙὝπάτη atque grauissima quae omnipotentis
Naturae lex est prima ; secunda Méon. Harmonia hinc cordis summae propior rationi, 10
Cui postrema subest obsequitufque Nétn.
apparatus criticus num. XLV Sp. c. 1555 1574 : XLIIL. S a. c. ; 37 S f 42 v° L m. || 10 Néty nos : Νέθη S 1555 1574 apparatus fontium 1 Sensibus...
dulcissima] cf. Ov., Met, 1, 709 : Arte noua uocisque deum dulcedine captum || 2 cf. Ov, ibid., 711-712 : Atque ita
disparibus calamis compagine cerae/ Inter se iunctis nomen tenuisse puellae || 5-10 PL, R, 4, 443d-e : Τὸ δέ ye ἀληθές, τοιοῦτόν
τι ἦν, ὡς ἔοικεν, ἡ δικαιοσύνη ἀλλ᾽ οὐ περὶ τὴν ἔξω πρᾶξιν τῶν αὑτοῦ [= tod ἀνθρώπου], ἀλλὰ περὶ τὴν ἐντός, ὡς ἀληθῶς περὶ ἑαυτὸν καὶ τὰ ἑαυτοῦ, μὴ ἐάσαντα τἀλλότρια πράττειν ἕκαστον ἐν αὑτῷ μηδὲ πολυπραγμονεῖν πρὸς ἄλληλα τὰ ἐν τῇ ψυχῇ γένη, ἀλλὰ τῷ ὄντι τὰ οἰκεῖα εὖ θέμενον καὶ ἄρξαντα αὐτὸν αὑτοῦ καὶ κοσμήσαντα καὶ φίλον γενόμενον ἑαυτῷ καὶ συναρμόσαντα τρία ὄντα, ὥσπερ ὅρους τρεῖς ἁρμονίας ἀτεχνῶς, νεάτης τε καὶ ὑπάτης καὶ μέσης, καὶ εἰ ἄλλα ἄττα μεταξὺ τυγχάνει ὄντα, πάντα ταῦτα συνδήσαντα καὶ παντάπασιν ἕνα γενόμενον ἐκ πολλῶν, σώφρονα καὶ ἡρμοσμένον ; PLVT., Quaest. conu., 9, 14, 5 (745a-b) : Λέγουσι [Ξ οἱ Δελφοί]
γὰρ οὐ φθόγγων οὐδὲ χορδῶν ἐπωνύμους γεγονέναι τὰς Μούσας nap’ αὐτοῖς, ἀλλὰ τοῦ κόσμου τριχῇ πάντα νενεμημένου πρώτην μὲν
εἶναι τὴν τῶν ἀπλανῶν μερίδα, δευτέραν δὲ τὴν τῶν πλανωμένων, ἐσχάτην δὲ τὴν τῶν ὑπὸσελήνην, συνηρτῆσθαι δὲ πάσας καὶ συντετάχθαι κατὰ λόγους ἐναρμονίους, ὧν ἑκάστης φύλακα Μοῦσαν εἶναι, τῆς μὲν πρώτης Ὑπάτην, τῆς δ᾽ ἐσχάτης Νεάτην, Μέσην δὲ τῆς μεταξύ, συνέχουσαν ἅμα καὶ συνεπιστρέφουσαν, ὡς ἀνυστόν ἐστι, τὰ θνητὰ τοῖς θείοις καὶ τὰ περίγεια τοῖς οὐρανίοις.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus
[SP 43V° ; 1555 p. XCIV ; 1574 p. C] OYAEIE ΕΡΑΣΤῊΣ
[5 δ 44τ᾽; 1555 p. XOV ; 1574 p. CI]
OXTIX OYK AEI OIAEI
BIANTIS HAEC SENTENTIA A SCIPIONE EXPLODITVR
(Οὐδεὶς ἐραστὴς ὅστις οὐκ ἀεὶ φιλεῖ)
Symb. XLVI NON EST AMICVS HIC QVI AMARE DESINIT
Nescio cuius id est uerbum sapientis iniquum :
Symb. XLVI -Ξ
NE
Tanquam osurus ama. Quin ego amare uelim
Vt nunquam osurus. Nam quae uera aut bona tandem Trt a ee eee
1
hear
—
RER)
—
l
4
$
In uita reliqua est, dic mihi, amicitia ? Si quisquam olim ita amicum amet, ut fieri ipsum inimicum Posse putet, uirtusne ista, rogo, an uitium est ?
Quin ego non tanquam, sed nunquam osurus amabo. Vera sibi constat semper amicitia. apparatus criticus Editum est carmen in 1608, p. 446, et in 1719, p. 337, sub titulo
< Non amicus hic, qui amare desinit >. Legitur in 1574 ob picturam
carmen symboli posterioris XLVU, cui titulus est < De Auaro et eius exitu > || num. XLVIS
p. c. 1555 1574: XLIV S a. c. ; 38 Sf 43v°
1. m. inque pictura ipsa || 2 & 7 Tanquam S 1555 1574 1608 : Tam- 1719 || 3 & 7 Nunquam S 1555 1574 1608 : num- 1719. apparatus fontium tit. pict. cf. E., Tr. 1051 ; ARIST. Rhet, 2, 21, 5 (1394b) ; APOSTOL., 13, 15n || tit. carm. & 1-2 cf. CIC., Lael., 59-60 : Negabat ullam uocem inimiciorem amicitiae potuisse reperiri, quam eius qui dixisset ita amare oportere ut si aliquando esset osurus ; nec uero se adduci posse, ut hoc, quem admodum putaretur, a Biante esse dictum crederet, qui sapiens habitus esset unus e septem ; impuri cuiusdam aut ambitiosi aut omnia ad suam potentiam reuocantis esse sententiam. Quonam enim modo quisquam amicus esse poterit ei cui se putabit inimicum esse posse? [...] Quare hoc quidem praeceptum, cuiuscumque est, ad tollendam amicitiam ualet ; illud potius praecipiendum fuit ut eam diligentiam adhiberemus in amicitiis comparandis, ut ne quando amare inciperemus eum quem aliquando odisse possemus ; APOSTOL. 5, 90m : Δεῖ φιλεῖν ὥσπερ μισήσοντα, μισεῖν ἢ ὥσπερ φιλήσοντα ; 13, 1p; ARIST., Rhet. 2, 13, 4: [...] ἀλλ᾽ κατὰ τὴν Βίαντος ὑποθήκην καὶ φιλοῦσιν ὡς μισήσοντες καὶ μισοῦσιν ὡς φιλήσοντες (cf.A. Otto, Sprichtwérter, p. 21) ; D.L., 1, 87; VAL. MAX, 7, 3, ext. 3 ; F. PETRARCAE, Fam., 20, 13, 14-15 Rossi/Bosco, t. IV, p- 39-40: Itaque consilium Biantis a Valerio laudatum, quo monemur sic « amare ut aliquando osuri », in meretricio forsan amore locum habeat, ab amicitia relegetur [... ]. Multo ergo melius multoque iustius apud Tullium Laelius consilium illud et rationis ope et Scipionis auctoritate redarguit ; cuius ut nominis, sic te morum et amicitiae successorem eadem qua ille fuit, docet
esse sententia, nec amando odium cogitare, sed sic amare ut odisse nequeas si uelis ; ID., De remediis utriusque fortunae, 2 « De inimicitiis, 32, t.1, p. 710 Carraud : Sunt et sua iura cum hostibus, cum quibus ita rem gere, ut amicos fieri posse non dubites. Atque hoc sanius consilium scito quam Biantis, qui sic amicos diligi iubet, ut inimicos fieri posse memineris. Quod dictum, quamuis ab aliis laudatum, nec michi certe nec Tullio probatur ; est uerum amicitie uenenum. In odio ergo cogitandus amor, non odium in amore ; D. ERASMI, Adag., 2, 1, 72, «Ama tamquam osurus, oderis tamquam amaturus > || s cf. PVBLIL., I, 16 Meyer (= 284 Duff) : Ita amicum habeas, posse ut facile fieri hunc inimicum putes (cf. A. Otto, Sprichtwérter, p. 21) ; GELL., Noct, 17, 4, 4; MACR, Sat, 2, 7, 11 || 8 cf. CIC., Lae. 32, 59: Verae amicitiae sempiternae sunt ; ibid. 15, 55: Amicitiarum sua cuique permanet stabilis et certa possessio ; ibid. 17, 63 : firmi stabiles et constantes eligendi amici.
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Edition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome 1
[S P44v? ; 1555 p. XCVI ; 1574 p. CII]
[SP4sr°; 1555 p. XCVIL/P Nr° ; 1574 p. CII]
MALE PARTA MALE DILABIER
DE AVARO
Symb. XLVII
ET EIVS EXITV
Symb. XLVII
Vim magnam loculis suis auarus Flauae condidit impius monetae Cuidam munifico et pio inuolatam, Per summum scelus et dolum nefandum. 5s Quam ipsam reptilis ille perduellis Mox tamquam sibi debitam reposcens, Iniecto laqueo tenaci, auarum Raptat cum loculis suis necatque. Perduntur bene parta saepe. Semper 10 Perduntur malè parta et author ipse. apparatus criticus Editi sunt uersus 9-10 in 1608, p. 446, et in 1719, p. 337, sub titulo
« Male parta >. Legitur in 1574 ob picturam carmen symboli prioris
cui titulus est « Biantis haec sententia a Scipione exploditur » || num. XLVII S 1555 1574: 39 S f 44ν 1. κι. || 10 Author S 1555 1574 : auct- 1608 1719.
apparatus fontium tit. pict. cf. D. ERASMI,
Adagia,
1, 7, 82
: «Male
parta
male
dilabuntur >;
A. ALCIATI,
Emblemata,
« Male
parta,
male
dilabuntur » ; cf. CIC., Phil., 2, 27, 65 : Sed ut est apud poetam nescioquem : male parta male dilabuntur (= NAEV., Trag., v. 54
p. 13 Ribbeck). Incredibile ac simile portenti est quonam modo illa tam multa quam paucis non dico mensibus sed diebus effuderit [Marcantonius] ; FEST., Ρ. 248 Lindsay; PLAVT., Poen., 844: male partum male disperit (cf.A. Otto, Sprichtwérter, p. 206) ; MEN., Mon., 1, 301, Meineke : Κέρδος πονηρὸν ζημίαν ἀεὶ φέρει ; 5. BRANT, Das Narren Schiff, Basileae, 1494 (reprint M. Lemmer, Tübingen, 1962), 20, « Von Schatz fynden » : Wer ettwas fyndt und dreyt das hyn/ Und meynt gott well das es sy syn/ So hat der tufel bschyssen jn ; cf. La nef des fols du monde (trad. P. Riviére mis en prose par J. Drouyn), Lyon, G. Balsarin, 1499, « De touver les biens daultruy et ne les rendre », f° 17v° : Cellui qui trouve aucsune chose/ Quil convertit a son usaige/ Et
comment du sien en dispose/ Ne fait pas comme ung homme saige/ Car lennemy dhumain lignaige/ qui les pescheurs de dieu dellye/ Cellui grant fol decoit et lye.
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Édition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[SPasv ; 1555 p. XCVIII ; 1574 p. CIV]
[SP 46r° ; 1555 p. XCIX/F Niir® ; 1574 p. CV]
RESVRGIT EX VIRTVTE VERA GLORIA
DIGNVM
MAGNANIMO
VIRO SEPVLCHRVM
symb. XLVIII
Symb. XLVIII IN FRONTE PYRAMIDIS A
In pictura : FELIX QVI STATVIT BONVM QVOD VNVM EST
Nescia fortunae uirtus cessisse, subactis
D
Sensibus, excelso uertice summa petit.
FELIX QVISTATWI BONVM T {.) φνοῦνΝ -
=
IN QVADRATO
INFERIORE B
Heroi merito sedes quadrata dicatur, Rectus enim semper constitit ille sibi.
D
O
M
VGONI PEPVLO QVI OB PRAECLARA MERITA NVPERA FRANCISCO VALESIO REGE GALL IN ORD EQVEST D MICHAELIS 5
GRATIA DIGNATIONIS ALLECT SIMVL EQUIT PRAEF LAVTRECHIO DVCI ADSCRIP IN BELLO NEAPOLITANO
SVBITA VI MORBI OPPRESS
INTERIIT ANN AGENS XLII PHILIPPVS PEPVLVS FRATRI CONCORDISS P 10
M.D. XLII.
apparatus criticus
Editi sunt uersus 3-4 in 1608, p. 446, et in 1719, p. 337, sub titulo « Quadratum > || num. XLVIII S 1555 1574: 40 S f 45ν"]. m.; 41 Sf 45v in pictura ipsa.
carm.1: 1ps. SEN., Epigr., 417, 4 in Anthologia Latina, Riese, t. I, 1, p.323: Pyramidasque ausas uicinum attingere caelum || 2 excelso uertice] cf. SEN., Herc. F., 335 : Quicquid Cithaeron uertice excelso uidet ; MANIL., Astr., 390 : Montis ab
excelso speculantur uertice Tauri.
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349
C—O
ee
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus [SP 46v° ; 1555 p. C ; 1574 p. CVI]
DISCE PATI QVISQVIS VINCERE
SEMPER
[Sf 471° ; 1555 p. CI; 1574 p. CVII]
AVES
VICTRICIS
Symb. XLIX
ee
Antidotum uitae Patientia, qua sine possis
—__—
—
tee
Symb. XLIX
ame
“vy
PATIENTIAE MEMENTO VRSINAE CRASSAE VOLTEIAE BONON MATRONAE CLARISS
Nil unquam incipere aut perficere eximium. Hoc mihi dulce iugum est. Iuuat huic mea subdere colla, Aurea quod caelo missa catena regit. 5. Omnia dura libens didici tolerare bouisque Βρέγμα id significat, pennicoma et galea. apparatus criticus tit. carm. VICTRICIS
S p. c. 1555 1574 : VITR-S a. c. || 6 Bpéyua 1574 : Bpéx- S 1555.
apparatus fontium |
1 Antidotum uitae patientia] cf. PVBLIL., C, 12 : Cuiuis remedium
Verbum
Satellitium animi siue symbola, Brugis, apud Hubertum
dolori
remedium patientia ; IREN., 3, 19,
1: Non recipientes autem
incorruptionis, perseuerant in carne mortali et sunt debitores mortis, antidotum uitae non accipientes ; I. L. VIVIS,
remedium
est patientia.
Hoc
extrinsecusque inuadimur ac urgemur
est uerum
Crocum,
antidotum
1526,
contra
11, « Antidotum uitae patientia >, s. p. : Horatius cuiuis
tot uenena
|| 3 dulce iugum est] cf. VVLG., Matth.
uitae
huius,
1 1,30: Tugum meum
quibus
undique
intrinsecus
suaue est et onus meum
leue ;
PAVL. NOL., Carm., 12, 32-33: Illic dulce iugum, leue onus blandumque feremus/ Seruitium sub te domino ; P. Iovu, Dialogo dell'imprese militari e amorose (Romae, 1555), p. 62-63 Doglio || huic... subdere colla] cf. STAT., Theb., 1, 175 : Alternoque iugo dubitantia subdere colla ; AVG., in Psalm. 12, 2: Dedignantur colla subdere iugo Christi ; PRVD., Perist., 11, 90 : Ignara insueto
subdere colla iugo || 4 Aurea... caelo missa catena] cf. HOM., Il, 8, 19-27: Σειρὴν χρυσείην ἐξ οὐρανόθεν kpeudoavres/ ἐξάπτεσθε θεοὶ πᾶσαί τε θέαιναι.) Ἀλλ᾽ οὐκ ἂν ἐρύσαιτ᾽ ἐξ οὐρανόθεν πεδίον δὲ) Ζῆν᾽ ὕπατον μήστωρ᾽, οὐδ᾽ εἰ μάλα πολλὰ Ἀλλ᾽ ὅτε δὴ καὶ ἐγὼ πρόφρων ἐθέλοιμι ἐρύσσαι,) Αὐτῇ κεν γαίῃ ἐρύσαιμ᾽ αὐτῇ τε θαλάσσῃ.) Σειρὴν μέν κεν ἔπειτα Οὐλύμποιο, Δησαίμην, τὰ δέ x’ αὗτε μετήορα πάντα yévorto./ Τόσσον ἐγὼ περί τ᾽ εἰμὶ θεῶν περί τ᾽ εἴμ᾽ ἀνθρώπων ; ID., 20 : Ἦ οὐ μέμνῃ ὅτε τ᾽ ἐκρέμω ὑψόθεν, ἐκ δὲ nodoitv/ Ἄκμονας ἧκα δύω, περὶ χερσὶ δὲ δεσμὸν inda/ Χρύσεον ἄρρηκτον
Πάντές τ᾽ κάμοιτε., περὶ ῥίον IL, 15, 18; σὺ δ᾽ ἐν
αἰθέρι καὶ νεφέλῃσιν, Ἐκρέμω ; LVCR, 2, 1153-1154 : Haud, ut opinor, enim mortalia saecla superne/ Aurea de caelo demisi funis in arua ; SEN., Tranq., 10, 3 : Omnes cum fortuna copulati sumus : aliorum aurea catena est ac laxa, aliorum arta et sordida , sed quid refert ? ; SVET., Aug., 94, 14 : Puerum facie liberali demissum e coelo catena aurea ad fores Capitoli constitisse.
351
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus
[SP 47v° ; 1555 p. Cll; 1574p. CVIII]
[Sf 48r° ; 1555 p. CIII ; 1574 p. CIX]
IN:DISPVTANTES SYMBOLVM
EX DISPVTATIONE VERITAS PATET, CONTENTIONE EVERTITVR
Symb. L
Symb. L De silicis uenis excussa ut semina flammae
Excipit arenti fomite materia, Inde suam accendunt pro se sibi quisque lucernam Extemplo, et caecas discutiunt tenebras,
5 Sic disceptando studiosi in luminis oras Verum ipsum è latebris excutiunt facilè. Contra altercando nimis id plerumque sophistae Funditus euertunt insidiosa cohors. ALIVD : IN DISPVTANDO TVRPIS EST RIXOSA CONCERTATIO
Fieri quidem nullo modo potest ut non Dicas quid in sententia eius 4 quo ipse Dissentias, minus probes. Qui enim posset
Extare uerum, si probare quis uellet
5
Quaecumque contra dicerentur ? At non sunt
Vituperandae disserentium inter se Reprehensiones. Omnia malediéta, omnis Iniuria, iracundia, omnis insana
Contentio, certatiôque rixosa 10 In disputando et pertinax, nihil dignae Sapientiae studiis uidentur omnino. Nil ergo sit prius modestia uobis Qui profici uultis : prius aliud nil est. apparatus criticus 1 excussa 1574: -cusa $ 1555
apparatus fontium
carm.1:
1 De silicis... flammae]
cf. VERG., Aen. 6, 6: Quaerit pars semina flammae abstrusa in uenis silicis || 4 et caecas
discutiunt tenebras ] cf. LVCR., 1, 146-148 (= 2, 59-61 ; 3, 91-93 ; 6, 39-41) : Hunc igitur terrorem animi tenebrasque necessest/ Non radii solis neque lucida tela diei/ Discutiant, sed naturae species ratioque || 5 in luminis oras] cf, ENN., Ann., 1, 114 : Tu produxisti nos intra luminis oras ; 2, 131 ; LVCR., 1, 22-23 : Nec sine te quicquam dias in luminis oras/ Exoritur ; 2, 617 : uiuam
progeniem qui in oras luminis edant, etc. || 6 e latebris] cf. CIC., Sest., 9 : [...] cum illa coniuratio ex latebris atque ex tenebris erupisset || 6-7 altercando nimis id... euertunt] cf. PVBLIL., N, 40 Meyer [= GELL., 17, 14, 4; MACR, Sat, 2, 7, 11] : Nimium altercando ueritas amittitur. carm. 2: 1-3 Fieri quidem...
minus probes | CIC., Fin., 1, 27: Fieri, inquam, Triari, nullo pacto potest, ut non dicas quid non
probes eius a quo dissentias. Quid enim me prohiberet Epicureum esse, si probarem quae ille diceret ? Cum praesertim illa perdiscere ludus esset || s-11 At non sunt... uidentur omninò] ibid. : Quam ob rem dissentientium inter se reprehensiones non sunt uituperandae ; maledicta, contumeliae, tum iracundiae, contentiones concertationesque in disputando pertinaces indignae philosophia mihi uideri solent.
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353
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus [SP 48v°; 1555 p. CIV; 1574 p. CX]
[SF 49r° & 53r°; 1555 p. CV/F Or ; 1574 p. CXI]
FORTVNA FORTI SVBLEVANDA INDVSTRIA
SORS
PALLADI
Symb.LI
SALVTIS HABET GRATIAM
Symb.LI
Naufraga ui superum pelago fortuna profundo Iactata emergit fluctibus è mediis Ad littuSque appulsa, fidem Latoidos almae Implorat supplex, nec mora diua fauet : s Subleuat afflictam dextra caelumque tuendo Sperandum ἃ superis iam meliora iubet. apparatus criticus Bis apparet hoc symbolum in S, primo in f’ 48v°-491°, deinde, propria pictura tituloque amissis, in f° 53r ob picturam symbolis LV cui titulus est « FORTIS, MODESTVS ET POTENS ». Legitur etiam carmen in M, f 25v° || num. LI S f 487° et 531° p.c. 1555 1574: XLIX
D
=
S f 481° et 531° a. c.
apparatus fontium AESOP., Fab., 53 Chambry (= 30 Hausrath-Hunger) : Ἀνὴρ ναυαγός : ἀνὴρ πλούσιος Ἀθηναῖος μεθ᾽ ἑτέρων τινῶν ἔπλει. Kai δὴ χειμῶνος σφοδροῦ γενομένου καὶ τῆς νηὸς περιτραπείσης οἱ μὲν λοιποὶ πάντες διενήχοντο, ὁ δὲ Ἀθηναῖος παρ᾽ ἕκαστα τὴν Ἀθηνᾶν ἐπικαλούμενος μυρία ἐπηγγέλλετο, εἰ περισωθείη. Εἷς δέ τις τῶν συννεναυαγηκότων παρανηχόμενος ἔφη πρὸς αὐτόν. « σὺν Ἀθηνᾷ καὶ
χεῖρα κίνει». Ἀτὰρ οὖν καὶ ἡμᾶς μετὰ τῆς τῶν θεῶν παρακλήσεως χρὴ καὶ αὐτούς τι ὑπὲρ αὑτῶν λογιζομένους δρᾶν] tit. pict. Fortuna forti] cf, ENN. in MACR., Sat, 6, 1, 62 : Fortibus est fortuna uiris data ; TER., Phorm., 203 : Fortes fortuna adiuuat ; CIC., Tusc. 2, 4, 11; Fin. 3, 16; LIV., 8, 29, 5 ; 24, 35, 4; SEN., Med, 159; PLIN., Ep., 6, τό, τι, etc. || Fortuna subleuanda industria} cf. CAES., Ciu., 3, 3, 74 : Si non omnia caderent secunda, fortunam esse industria subleuandam ; cf. APOSTOL., 15, 79 : Σὺν Ἀθηνᾷ καὶ χεῖρα[ς] xiver (= DIOGENIAN., 8, 11; MACAR, 7, 84; ZENOB., 5, 93 ; SVID., Σ, 1428 Adler) ; D. ERASMI, Adagia, 1, 6, 18, « Cum Minerua manum quoque moue » : Monet adagium ne fiducia diuinae opis industriam remittamus ; 1, 6, 17, « Dii facientes
adiuuant » [= VARRO, R., 1, 1, 4] : Significat diuinam opem non cessantibus sed industriis et pro uirili conantibus auxilio esse
solere [cf. Symb. LIT] ; 2, 2, 81: « Manum admouenti fortuna imploranda est », Τὰν χεῖρα ποτιφέροντα δεῖ τὰν τύχαν ἐπικαλεῖν [= APOST., 15, 92; BABR., Fab., 20 ; ERASM., Adag, 2, 2, 81 : « Manum admouenti fortuna est imploranda »] : Admonet adagium ita fidendum esse diuino auxilio, ut nihilo segnius nostra adnitamur industria [cf. Symb. LIT] || 1-2 ui superum pelago... profundo/ Iactata] cf. VERG., Aen., 3-4: Litora multum ille et terris iactatus et alto/ Vi superum || emergit fluctibus] cf. APVL.,
11, 1 [lunae orbem] marinis emergentem fluctibus ; I. PONTANI, Vrania, 1, 423-424: Fluctibus hinc rapidis tremuloque emergere ponto/ Credebant || fluctibus e mediis] cf. VAL. FL. 1, 465 [| 3 Ad littusque appulsa] cf. Ps. QVINT., Decl., 6 (tit. et
Met.,
arg.) : Abiectus in mare et appulsus ad litus patrium est eiectus || s Subleuat afflitam] cf. LACT., Mort. 1, 4: Deus iacentes et afflictos caelesti auxilio subleuauit.
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Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus
[SP 49v° & s3v° ; 1555 p. CVI; 1574p. CXII]
[SP sor° & 54τ ; 1555 p. CVIL/P Où ; 1574 p. CXIII]
DI SVPERI PRESTO FACIENTIBVS OMNIBVS ADSVNT
DE AGASONE ET DIVO HERCVLE
Symb. Lil In pictura : AYTOX TINYN APON EITA ΤΟΥΣ ΘΕΟΥΣ KAAEI (Αὐτός τι νῦν δρῶν, εἶτα τοὺς θεοὺς κάλει)
CVRANS NIHIL, PRORSVM
EST NIHIL
Symb. Lil Tenaci asellus
quisbiam infixus luto
Ψ succurrere Haerebat. è Huic Agaso quum deberet, Herculis fidem Implorat ociosus et s Asello inertior suo. Tirynthius Respondit, ipse ut interim Manum laboranti admoueret atque ita Deum adfuturum sedulò. Fac ergò, quisquis es, aliquid tute interim, 10 Deinde inuocato numina. At optimates Rhintonis exaudiant Prouerbium id notissimum Οἱ μὲν παρ᾽ οὐδέν εἰσιν οἷς οὐδὲν μέλει.
Et turpe uitent ocium. apparatus criticus Bis apparet hoc symbolum in S, primo in f° 49v°-sor’, deinde in f’ 53v°-54r° || tit. libri LIB. SECVND. S f 49v’-sor’ 1555 1574 : deest in S f 53v°-s4r’ || ded. carm. deest in S f sor’ 1555 1574:10 FRANCISCO FABRIO add. S f 541° supra tit. carm. || 13 Cic. ad Att. p.°, ep. 17 : add. S f sor’ d. m.
apparatus fontium
in pict. cf. SVID., A, 4525 Adler : Αὐτός τι νῦν δρῶν, εἶτα τοὺς θεοὺς κάλει : ὁμοία τῇ, σὺν Ἀθηνᾷ Kal χεῖρας κίνει. Παροιμία ἐπὶ tod μὴ χρῆναι ἐπὶ ταῖς τῶν θεῶν ἔλπίσι καθημένους ἀργεῖν (= Mantiss. prouerb., 1, 32) ; PLVT., Apopht. Lacon., 29, 239a : « Τὰν χεῖρα ποτιφέροντα τὰν τύχαν καλεῖν », ὡς δέον ἐπικαλεῖσθαι τοὺς θεοὺς μετὰ τοῦ ἐγχειρεῖν τι καὶ πράττειν, ἄλλως δὲ μή ; APOST., 15, 92; ARSEN., 48, 46; D. ERASMI, Adagia, 2, 2, 81 [cf. Symb. LI et infra v. 1-10] || 1-10 AESOP., Fab., 72 Chambry (= BABR, Fab., 20
Perry) : Βοηλάτης ἅμαξαν ἦγεν εἰς κώμην. Τῆς δ᾽ ἐμπεσούσης εἰς φάραγγα KoAwdn,/ Δέον βοηθεῖν, ὅδε ἀργὸς εἱστήκει,( Τῷ δὲ
Ἡρακλεῖ προσηύχετο μόνῳ, Ἁπάντων θεῶν ὡς πολλὰ τιμωμένῳ., Αὐτὸς δ᾽ ἐπιστὰς εἶπε: « Τῶν τρόχων ἅπτου, Kai τοὺς βόας κέντριζε, τοῖς θεοῖς δ᾽ edyov,/ Ὅταν τι ποιῇς καὐτός: μὴ μάτην εὔξῃ > ; SVID., T, 528 Adler: Τὴν χεῖρα προσφέροντα τὸν θεὸν
καλεῖν : βοηλάτης ἐκ κώμης ἅμαξαν ἄγων, καὶ ταύτης ἐμπεσούσης εἰς φάραγγα κοϊλώδη, δέον βοηθεῖν, ἀργὸς ἵστατο τῷ Ἡρακλεῖ
προσευχόμενος: ἐκεῖνον γὰρ ἐκ πάντων τῶν θεῶν ἀσπαζόμενος ἐτίμα. Ὁ δὲ θεὸς ἐπιστὰς εἶπε- τῶν τροχῶν ἅπτου καὶ τοὺς βόας νύττε καὶ τότε τὸν θεὸν εὔχου, ὅταν καὐτός τι ποιῇς: μὴ μέντοι γε μάτην εὔχου. ἐκ τούτου εἰς παροιμίαν εἰσήχθη ; ERASM., Adag., τ, 6, 18, « Cum Minerua manum quoque moue » : Sunt qui putent ab agasone quopiam natum, cuius asinus cum luto infixus haereret
deberetque illi succurrere, otiosus Herculem implorabat. Huic respondisse deum, uti interim manum admoueret asino laboranti atque ita demum numen adfuturum ; 2, 2, 81, « Manum admouenti imploranda est fortuna » [cf. Symb. LI] : Nonnulli, quorum est
Suidas,
adagionis
originem
ad
apologum
referunt.
Rusticus
quidam,
cum
plaustrum
haereret
in lama,
ociosus
inuocabat
Herculem. At ille aestans : Admoue, inquit, manum rotae ac stimula boues, itaque deum inuoca || 8 cf. A., fr. 673 Mette = 395 Radt : Φιλεῖ δὲ τῷ κάμνοντι συσπεύδειν θεός ; Pers., 742 : AM’ ὅταν σπεύδῃ τις αὐτὸς, ὁ θεὸς συνάπτεται ; VARRO, R., 1, 1, 4: Et quoniam, ut aiunt, dei facientes adiuuant... || 9-10 cf. supra in pict. || 13 CIC., Att., 1, 20, 3.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus
[SP sov°&s4v° ; 1555 p. CVI; 1574 p. CXIV] IMAGO DE MAGNO
[SP s1r° & 551° ; 1555 p. CIX ; 1574p. CXV]
IVSTI IVDICIS ALEXANDRO
PARTEM
AVDIAS
ET REO
PRIVS ALIAM Symb.
Symb. LIll
DEIN
IVDICA
LIII
Olim Pelleus iuuenis cum forté sederet
Iudex et actori alteram
5
Interea digito prudens occluderet aurem, Interrogatus a suis Curnam sic faceret, « satis actori est, ait, una, Seruo alteram integram reo ».
apparatus criticus Bis apparet hoc symbolum in S, primo in f° sov°-511°, deinde in f° $4v°-5 51° cum uariis lectionibus. Editum est carmen in 1608, p. 447, et in 1719, p. 337, sub titulo « Imago iusti iudicis » || tit. LIB. SECVND. S f sov°-511° 1555 1574 : deestin S f s4v*-ssr° || tit. pict. DE
MAGNO ALEXANDRO ET REO S f sov’ 1555 1574: deest in S f° s4v° || tit. carm. PARTEM... IVDICAS f σιν" & 55°r 1555 1574: DE MAGNO ALEXANDRO ET REO add. S supra tit. f 557 || DEIN S f sir’ p.c. 1555 1574: DEINDE S f 519° a.c || PARTEM
AVDIAS PRIVS Sf? 517° & f 551°p. c. 1555 1574: AVDI PRIVS PARTEM. Sf’ 551° a. c. || 1 Pelleus S 1555 1574:
Pellae- 1608 17109.
apparatus fontium PLVT., Alex., 42, 2-3 : Λέγεται δὲ καὶ τὰς δίκας διακρίνων ἐν ἀρχῇ τὰς θανατικὰς τὴν χεῖρα τῶν ὥτων τῷ ἑτέρῳ προστιθέναι τοῦ κατηγόρου λέγοντος, ὅπως τῷ κινδυνεύοντι καθαρὸν φυλάττηται καὶ ἀδιάβλητον ; cf. RHODIGINI, Ledtiones antiquae, 23, 14, Basileae, 1542, p. 693 : Non negligendum parte hac, quod in historiis loannes Monachus prodit, consuesse magnum Alexandrum audiendis disceptantium controuersiis aurium alteram obstruere, ceu reo integram seruaret ac criminum exsortem.
ΠΠΠΠΠῚ
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1 Edition critique du texte latin : liber secundus
[SP sav’ & sv’; 1555 p. CX; 1574p. CXVI]
[SP sar® & 561° ; 1555 p. ΟΧΙ; 1574p. CXVII] QVI SCIRE SCIT SE NIHIL, SAPIT
QVAE SVNT SVPRA NOS PERTINERE AD NOS NIHIL
Symb. LIV
Symb. LIV — Pierides, nam sunt cordi haec mysteria uobis,
In pictura : — AEKAHITIOZ (Ἀσκλήπιος) - TA YIIEP HMAZ
OYAEN
ΠΡΟΣΉΜΑΣ
|
Dicite, Cecropio ille senex nutritus Hymetto Cur uigilem medico mandauit ritè litandam
(Τὰ ὑπὲρ ἡμᾶς οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς)
| |
Phoebigenae uolucrem, diae quae nuntia lucis
5
10
Suscitat ex alto mortalia corda sopore ?
An quia diuinae bonitati accepta referre Consilia et nostrae debemus lumina uitae ? — Ipsa patris summi unigena est sapientia, certa
| |
Persica auis mens. Haec medico nisi uota supremo
|
Curatrix morborum animi mortalibus aegris.
Reddatur, quis iam poterit modus esse laborum ? Denique nil sapere ulterius quam opus est sapere unum est.
apparatus criticus
|
Adiecimus dialogi signa typographica. Bis apparet hoc symbolum in S primo in f° s1v°-s2r°, deinde inf s5v°-56r°.
num. LIV S f $1v°-52r° & ss5v°-s6r’ 1555 1574: 42 add. 5 in pictura f’ 55v° || tit. LIB. SECVND. S supra num. symb f 51v°-529° . 1555 1574: deest in S f 5$v°-56r° || ded. carm. deest in 1555 1574: TIRESIAE FVSCERARIO S supra tit.f 561° || 2 Hymetto S
f 520° 1555 1574: -meto
S f s6r’.
apparatus fontium in pict. Ta ὑπὲρ ἡμᾶς οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς] cf. APOSTOL., 15, 95c: ἀντὶ τοῦ μὴ ζήτει ta ὑπὲρ δύναμιν ; cf. tit. pict. || tit. pid. QVAE SVPRA
NOS...
NIHIL]
cf. LAct., Inst. diu., 3, 20: Celebre hoc prouerbium Socrates habuit : quod supra nos, nihil ad nos;
MINVC., Odt., 13 : Eius uiri [Socratis] quotiens de caelestibus rogabatur, nota responsio est : quod supra nos nihil ad nos ; HIER,
Ruf., 3, 28 : Totam mihi physicam opponis, ut frustra Socrates ad ethicam transiens dixerit : quae supra nos, nihil ad nos ; cf. XEN.,
Mem., 4, 7, 6 : Ὅλως δὲ τῶν οὐρανίων, ἣ ἕκαστα ὁ θεὸς μηχανᾶται, φροντιστὴν γίγνεσθαι ἀπέτρεπεν: οὔτε γὰρ εὑρετὰ ἀνθρώποις
αὐτὰ ἐνόμιζεν εἶναι οὔτε χαρίζεσθαι θεοῖς ἂν ἡγεῖτο τὸν ζητοῦντα ἃ ἐκεῖνοι σαφηνίσαι οὐκ ἐβουλήθησαν ; D. ERASMI, Adag., 1, 4, 69 : < Quae supra nos nihil ad nos » : Dictum Socraticum deterrens a curiosa uestigatione rerum caelestium et arcanorum naturae ;
ERASM.,
Apophtegmatum...
libri octo, 3, Socratica,
23, Curiositas : Eodem
Spectat et illud, quod
illi asscribitur, et in primis
celebratur : quae supra nos, nihil ad nos. Sic enim resbondere solet admirantibus, quod de moribus semper, de astris deque
meteorologis nunquam disputaret ; cf. in pict. || tit. carm. QVI SCIRE...
NIHIL] cf. Cic., Ac. 1, 4, 16: Hic in omnibus fere
sermonibus, qui ab is qui illum audierunt perscripti uarie copioseque sunt, ita disputat ut nihil affirmet ipse refellat alios, nihil se
scire dicat nisi id ipsum eoque praestare ceteris, quod illi quae nesciant scire se putent, ipse se nihil scire id unum sciat, ob eam
que rem se arbitrari ab Apolline omnium sapientissimum esse dictum, quod haec esset una hominis sapientia, non arbitrari sese Scire quod nesciat ; ID, Ac. 2, 23, 74 : Multi sermones perscripti sunt e quibus dubitari non possit quin Socrati nihil sit uisum sciri
Posse; excepit unum tantum, scire se nihil se scire, nihil amplius ; ID., Cato, 78 ; ID., Lael., 7 ; 13 || 1-12 PL., Phaed., 118a7-8 : Ὦ Κρίτων, ἔφη, τῷ Ἀσκληπίῳ ὀφείλομεν ἀλεκτρύονα: ἀλλὰ ἀποδότε καὶ μὴ ἀμελήσετε ; TERT., Apol., 46: Idem et qui aliquid de
ueritate sapiebat deos negans, Aesculapio tamen gallinaceum prosecari iam in fine mandabat, credo, ob honorem patris eius, quia
=
τὴ
TARN ee
sens
Socratem Apollo sapientissimum omnium cecinit ; LACT., Inst. 3, 20, 15 : Illud uero nonne summae uanitatis, quod ante mortem
familiares suos rogauit, ut Aesculapio gallum, quem uouerat, pro se sacrarent? Timuit uidelicet, ne apud Rhadamanthum
reciperatorem
uoti reus fieret ab Aesculapio ; M. FICINI, Argumentum
in Phaedonem,
in Opera
Omnia,
1576, Ρ. 1394-1395:
Socrates tandem gallum Aesculapio sacrum se debere fatetur, reddique diligentissime iubet. Prisci Aesculapio medico Phoebi filio
gallum sacrificabant diei solisque nuncium, id est, diuinae beneficentiae morborum omnium curatrici, quae diuinae prouidentiae filia nominatur, diem, id est, uitae lumen debere fatebantur. Eiusmodi medicum in superioribus perquirere iusserat morborum
animi curatorem. Et quasi iam omni dubitationis metusque morbo liberati sint, gratiam uictimamque Deo referri iubet. Praeterea
oracula priscorum tradunt, animas remeantes in coelum, paeana, id est, triumphalem cantilenam canere Phoebo. Reddit ergo deo
uotum,
ut alacer paeana
canens,
coelestem
patriam
repetat ; I. PICI MIRANDVLAE,
De hominis
dignitatis, p. 32-33
Boulnois-
Tognon : Hoc gallo canente aberrans homo resbicit. [ ... ] Hunc gallum moriens Socrates, cum diuinitatem animi sui diuinitati
maioris mundi copulaturum se speraret, Esculapio, idest animarum medico, iam extra omnem morbi discrimen positus, debere se
360 361
i = SA
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (155 5) -tome 1
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gallum dixit; C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 16, 12, Basileae, 1542, p.604: Prisci Aesculapio medico, Phoebi filio, filia prouidentiae diuinae quae curatrici, omnium morborum beneficentiae diuinae est id sacrificabant, diei solique nuntium, iusserat, perquiri Socrates superioribus in medicum Eiusmodi fatebantur. debere se nominatur, cui diem, idest uitae lumen sui morborum animi curatorem ; P. VALERIANI, Hierolgyphica, 23, Basileae, 1556, p. 172f: Quare Socrates moriens cum animi diuinitatem, maioris mundi diuinitati speraret se copulaturum, gallum Aesculapio, id est, animorum
medico, iam extra omne
morbi discrimen positus, debere se dixit : cum enim de corpore migrandum intelligeret, conualuisse prorsus arbitrabatur. Vt uero interpretantur alii, ea de causa dictum hoc a Socrate, quod letali eo sumpto pharmaco, sanitatis beneficium iam sentiret, cum
exiret a corpore, a quo omnes animi morbi scatere pullulareque sentiuntur. [...] non desunt Platonis interpretes qui galli
corda] huiusmodi sacrificium eo trahunt, ut animas in coelum migrantes Phoebo paena canere comminiscantur || s mortalia
cf. VERG., Georg., 1, 123 ; 330 || 7 lumina uitae] cf. VERG., Aen., 7, 771 || 9 morborum...
274 : ille sitim morbosque ferens mortalibus aegris || 10 Persica aues mens] cf. I. PICI MIRANDVLAE, De hominis dignitatis, p. 32-
33 Boulnois-Tognon : Postremo ut gallum nutriamus nos admonebit [Pythagoras], idest ut diuinam animae nostrae partem diuinarum rerum cognitione quasi solido cibo et caelesti ambrosia pascamus; VALERIAN., Hier, 23, p. 172f: Pythagorae praeceptum est, gallum nutrire : quod nihil aliud sibi uult, nisi ut diuinam animi nostri partem diuinarum rerum cognitione, quasi cibo solido et coelesti propemodum ambrosia pascamus.
362
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mortalibus aegris] cf. VERG., Aen., 7,
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Edition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1 [SP s2v° & 56v° ; 1555 p. CXII ; 1574 p. CXVIII]
[Sf 571° ; 1555 p. CXIN/P Pr° ; 1574 p. CXIX]
HESPERIDVM
FORTIS, MODESTVS ET POTENS
ALCIDES VICTOR
FERT AVREA
MALA
Symb. LV
Symb. LV Quae statua insignis claua Nemeique leonis
Exuuiis, laeua quae tria mala tenet ?
Magnanimi Alcidae uera et sapientis imago est,
$
Aurea qui uicto poma dracone tulit. Nempé draco in nobis nihil est, nisi dira cupido. Exstinéta hac triplex illicet extat honos : Comprimitur furor irae et habendi sacra libido Interit et uentris desidiosus amor. Fortem animum exuuiae signant, claua illa potentem
10
Qui domitis uictor sensibus imperitat.
apparatus criticus Apparet hoc symbolum in S in f’56v°-5 77°. Pictura sola apparet etiam in S f° 52v° cum carmine Symboli 1.11 cui titulus est « Sors Palladi salutis gratiam habet » in f 531° || num. LV S f 52, 56v’-57r° p. c. 1555 1574: LUI S f s6v°-571° a. c. || LIB SECVND : addidit Sf 52v° supra numerum symboli || 3 et S p. c. 1555 1574: est S a. c.
apparatus fontium
cf. SVID., H, 454 Adler : Ἡρακλέους ἄγαλμα : βαστάζων ἐν τῇ ἀριστερᾷ χειρὶ μῆλα τρία, διὰ τὸ τριμερὲς τῆς ψυχῆς κεκοσμῆσθαι αὐτόν. Ὁ Ἡρακλῆς Πήκου (sic), τοῦ καὶ Διός, φίλόσοφος ἄριστος. Γράφεται δὲ δορὰν λέοντος φορῶν καὶ ῥόπαλον φέρων καὶ τρία μῆλα κρατῶν, ἅπερ ἀφελέσθαι αὐτὸν ἐμυθολόγησαν τῷ ῥοπάλῳ φονεύσαντα τὸν δράκοντα, τουτέστι νικήσαντα τὸν τῆς ἐπιθυμίας
λογισμόν, καὶ οὕτως ἔχοντα τὰ γ᾽ μῆλα, τουτέστι τρεῖς ἀρετάς, μὴ ὀργίζεσθαι, μὴ φιλαργυρεῖν, μὴ φιληδονεῖν- καὶ τὸ περιβόλαιον τοῦ λέοντος,
τὸ
γενναῖον
περιβεβλημένον
φρόνημα;
HERODOR,
in
FGrH,
{1,
frgt
14,
p.218
Jacoby
(=frgt
240
Müller) ; C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 6, 7, Basileae, 1516, p. 193 : Fabulantur item Graecorum plerique Herculis statuam
effingi solitam sinistra manu mala tria gestantem, quae claua conquisiuisset dracone interempto, id est concupiscentia subacta, ita enim comparantur tria poma, hoc est irae comprimuntur ardores, et habendi cupiditas temperatur, ac denique uoluptatum sedantur titillationes sinuosique ac blandi superantur laquei; leonis uero pellem non aliud fuisse quam generosam uiri prudentiam, qua is circummunitus obseptusque affectiones animi praerabidas exculcarit. Ita sapientem quendam et summatem uirum Herculis nomine accipiendum putant : P.VALERIANI, Hieroglyphica, 54, Basileae, 1556, p. 396 b-c: Tres Herculi uirtutes.
Quod uero Herculem pertinet, initio diximus statuam eius esse in Capitolo egregie factam ex aere, leonino insignem spolio et claua quaeque tria laeua manu poma contineat: ea significare tris in Heroé uirtutes insigniores, quarum una esset excandescentiae moderatio, altera auaritiae temperamentum, tertia generosus uoluptatum contemptus. Verum quod fabulantur illum quo mala haec ab ortis Hesperidum auferret, draconem extinxisse, qui peruigili custodia hortos eos tuebatur, significat
illum concupiscentiae modum imposuisse, ut alibi per draconem uoluptuosam libidinis mollitudinem intelligi declarauimus ex Philone. Spolium uero leonis dubio procum generosum animi robur mentisque praestantiam ostendit. Quid uero claua sibi uelit,
alibi explicuimus [= VALER. Hier, 15, p.41b]; cum illam et rationem et disciplinam significare contenderemus quoque praestantius haec in Hercule uigescunt, eo illi ex firmiori ualidiorique trunco, quippe ex quercu materia incorrupta clauam attribuunt. Firmitatem enim et uires indicari ex quercu superius ostensum. Nodosa uero fingitur claua propter scrupulos et difficultates, quae uirtutem indagantibus, qua duce ueram uirtutem agnoscere possimus, sese contra magno errorum agmine contracto frequenter obiiciunt ac omnibus occursant locis || 1 Statua insignis | cf. RAF. MAPHAEI VOLATERRANI, Commentariorum urbanorum libri octo et triginta, Romae, 1506, 5, f° LXXVIr° ; F. ALBERTINI, De Roma prisca et noua uarii auctores, Romae, 1523, f33v°; A. FVLVIL, Antiquaria Vrbis, Romae,
1513 (5. n. = lib. I, f° Mivr°) ; P. LIGORII, in Cod. Bodleianus, f° 27v° (Cod. Canonici
Ital., n. 138) ; ID. in Cod. Vat. Lat. 3439, ° 32, n. 7 in Coarelli, Il foro Boario, p. 89 ; Id., « Hercules, aedes Aemiliana », ibid.,
p. 12).
364
365
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber secundus [SP s7v° ; 1555 p. CXIV ; 1574 p. CXX]
[SP s8r° ; 1555 p. CXV/F Piir° ; 1574 p. CXXI]
NON INVIDET QVI IVRE CONFIDIT SIBI
DE SCIPIONE
ALEXANDER ZAMBECCARIVS
Symb. LVI
Symb. LVI
Ea fuisti, Scipio, modestia Vt Lucium olim Martium
In pictura :
Magnum imperatorem, licet tu maximus
— SCIPIO — L MARTIVS
ET MARTIO
s
Fores, honorandum tua Laudatione amplissima putaueris.
Quippè optimo exemplo nihil
Alius inuidere gloriae, suis Qui fideret uirtutibus.
ALITER QVO MAGE QVISQVE SVAE VIRTVTI FIDIT, HONORES HOC ALIIS MERITOS INVIDET ILLE MINVS. apparatus criticus
Editum est monodistichon « Aliter » in 1608, p- 447, et in 1719, p. 337, sub titulo « Alexandro Zambecchario»
58r° p.c. 1555 1574.: LIV S a. c. || ded. ALEXANDER ZAMBECCARIVS
p. CXIV.
|| num. LVI S f 57r°-
1555 in tabula addendorum 1574 : deest in S et in 1555
apparatus fontium LIV., 26, 20, 6 : Marcium secum habebat [Scipio] cum tanto honore ut facile appareret nihil minus uereri quam ne quis obstaret gloriae suae || 7 Alius inuidere gloriae] cf. VAL. MAX, 5, 1, 10 : [Catonis quoque morte Caesar audita et se] illius inuidere gloriae
[ ... ] dixit.
366
367
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Édition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
[SP 58v°;
TENERE
MEDIVM
SEMPER
1555 p. CXVI
[Sf sor®; 1555 p. CXVII ; 1574 p. CXXIII]
; 1574 p. CXXII]
RERVM
EST PRVDENTIAE
MENSVRA
EST OPTIMA
Symb. LVII
Symb. LVII Qualis distento numerat uestigia fune
In pictura :
Contemptor magnae schoenobates animae Qui pede mortali supera ad conuexa leuatus, Ignotas homini gaudet inire uias,
~ANEXOY (Avéxov) - ATIEXOY (Ἀπέχου)
ἪΠ
i
jmni
5
Atque sui compos partes speculatur in omnes,
10
Talis suscipiens humanae munera uitae Se gerit excelso uir sapiens animo. Nil timet aut temnit, se hinc sustinet, abstinet illinc Vt rectus semper constet ubique sibi.
om | = : jp ai Ill |!
LA
Dum forti alterem librat utrumque manu,
Tum demum tota laetatur mente quod illud
Concessum paucis iam teneat medium. apparatus fontium
17, 19, 5 : Praeterea idem ille Epictetus, quod ex eodem Fauorino audiuimus, solitus dicere est duo esse uitia grauissima ac taeterrima intolerantiam et incontinentiam, cum aut iniurias, quae sunt ferendae, non toleramus
in pict. cf. GELL., multo omnium
neque ferimus, aut a quibus rebus uoluptatibusque nos tenere debemus, non tenemus. « Itaque », inquit, « si quis haec duo uerba cordi habeat eaque sibi imperando atque obseruando curet, is erit pleraque inpeccabilis uitamque uiuet tranquillissimam.
Verba
haec duo
dicebat:
ἀνέχου et ἀπέχου > ; D. ERASMI, Adagia,
2, 7, 13, « Sustine et abstine » : Epictetus
Cynicae
sectae
philosophus uniuersa philosophorum dogmata, quae ad humanae uitae pertineant felicitatem quaeque tot uoluminibus uix explicant ceteri, duobus uerbis absolute complexus est, quae iam olim prouerbii uice celebrantur a doctis, digna profecto, quae
omnibus parietibus, omnibus columnis inscribantur, omnibus anulis inscalpantur. Ea sunt huiusmodi : Avéxov καὶ ἀπέχου, id est sustine et abstine. Quorum altero monemur, ut aduersa fortiter toleremus, altero, ut ab illicitis temperemus uoluptatibus ; A. ALCIATI, Emblemata, « Ἀνέχου καὶ ἀπέχου, Sustine et abstine >, Lugduni, Math. Bonhomme, 1551, p.41, V. 1-4: Et toleranda
homini tristis fortuna ferendo est,/ Et nimium felix saepe timenda fuit./ Sustine (Epictetus dicebat) et abstine : oportet/ Multa pati, illicitis absque tenere manus ; BOCCHII, Symb. 27, 9 : Quisquis sustinet, abstinetùe rex est || 1-12 A. PALEARII, Orationes, 12, « De temperantia », Lugduni, ap. Seb. Gryphum, 1552, p. 439-440: [...] sic in concitationibus animi mediocritas quaedam
tenenda, quae est inter nimium, et parum, ut neque huc, neque illuc declinemus. Dicet aliquis, id fieri non potest. Homo barbarus
quidam superioribus mensibus, spectante populo Lucensi, à Curiae peristylio per funem ad altissimam turrim religatum expeditissimus incedebat: cumque esset descensurus, omnes ne corrueret timebamus ; is brachiis examinantibus ita se sustinebat, ut non modo praeceps non ferretur, sed neque dependeret, neque propenderet, cumque aliquando studiosé loco se deiecisset, pede altero se suspendens, tanquam paribus libratus ponderibus exurgebat mirandum in modum. Ergo funambulus
poterit corpore moderationem adhibere, et uir sapiens animo non poterit ? Quid igitur inflati inani gloria ferimur ? Quid colimus étudia liberalium artium ? Quid appellamus usum patrem sapientiae, si ad regendos animi motus nihil ingenium, nihil doctrina,
leuari/ nihil ualet exercitatio ? || 3 supera ad conuexa leuatus] cf. STAT., Theb., 10, 916 : [Iapetum aut] uiétam supera ad conuexa |} omnes in speculatur partes || uias inire cogor ignotas : 178 Rem., Ov., cf. uias] Inarimen Aetnamue putes || 4 Ignotas... inire uitae munera 7 || omnes in speculatur partes sedens unde Occupat, cf. Ov., Met., 1, 666 : ipse procul montis sublime cacumen/ cf. SIL., Pun., 1, 177 ; MART., Epigr., 3, 6, 5 || 8 excelso animo] cf. CIC., Off, 1, 79 ; 2, 10, 37 ; 3, 32, 114 || 12 Concessum paucis... Italiae Gymnasiis medium] cf. A. VRCEI CODRI, Sermones, 12, « in quo agitur de medio », in Antonii Codri Vrcei in Florentioribus uires habeant autem Quantas p.215: 1540, Petrum, olim... professoris... opera quae extant omnia, Basileae, ap. Henricum 3, 19 ; AVG., Nat., ARN., ; uideamus assequi id sit medium, quantam dignitatem, quantamue utilitatem, simulque quam difficile Gen. litt., 4, 3 : magnum est paucisque concessum excedere omnia, quae metiri possunt.
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Édition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[Sf sov’; 1555 p. CXVIII ; 1574 p. CXXIV]
IN SORDIDOS
NVMARIOSQVE
[SP 60r° ; 1555 p. CXIX ; 1574 p. CXXV]
IVDICES
CAMBYSIS EXEMPLVM
Symb. LVIII
INCLYTVM
Symb. LVIII Seueritatis nobile exemplum, licet Inusitatum, olim cruentus edidit
Rex ille Cambyses, mali qui iudicis Cuiuspiam summos per artus dirripi
s Pellem atque sellae intendi et eius postea Ibi iudicaturum imperauit filium Considere. Vtinam ceteri hac quidem Poena et noua tamen salutari admodum
'
Numarii omnes plecterentur iudices.
|
apparatus fontium HDT., 5, 25 : Δαρεῖος [ ... ] δὲ ἀποδέξας στρατηγὸν εἶναι τῶν παραθαλασσίων ἀνδρῶν, τοῦ τὸν πατέρα Σισάμνην βασιλεὺς Καμβύσης γενόμενον τῶν βασιληίων δικαστέων, ὅτι ἐπὶ χρήμασι δίκην ἄδικον ἐδίκασε, σφάξας ἀπέδειρε πᾶσαν τὴν ἀνθρωπηίην, σπαδίξας δὲ αὐτοῦ τὸ δέρμα ἱμάντας ἐξ αὐτοῦ ἔταμε καὶ ἐνέτεινε τὸν θρόνον ἐς τὸν ἵζων ἐδίκαζε- ἐντανύσας δὲ ὁ Καμβύσης ἀπέδεξε δικαστὴν εἶναι ἀντὶ τοῦ Σισάμνεω, τὸν ἀποκτείνας ἀπέδειρε, τὸν παῖδα τοῦ Σισάμνεω, ἐντειλάμενός οἱ μεμνῆσθαι ἐν τῷ κατίζων θρόνῳ δικάζει ; VAL. MAX. 6, 3, 3 : lam Cambyses inusitatae seueritatis, qui mali cuiusdam iudicis e corpore pellem detractam sellae intendi in eaque
filium eius iudicaturum considere iussit. Ceterum et rex et barbarus atroci ac noua poena iudicis ne quis postea corrumpi iudex posset prouidit.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome
1
Édition critique du texte latin : liber secundus
[Sf δον"; 1555 p. CXX ; 1574 p. CXXVI]
[Sf 61r°; 1555 p. CXXI/F Qr° ; 1574 p. CXXVII]
EN VIVA E SPECVLO FACIES SPLENDENTE REFERTVR : HINC SAPIES POTERISQVE OMNIA DVM IPSE VELIS
IPSVM TE NOSCENS DVBIO PROCVL OMNIA NOSCES
Symb. LIX
Symb. LIX
ludicium formae speculum pulchrique decoris Consule, Socratici dogmatis usque memor : Te primum hinc nosce, ut redimas uirtutibus ipsum Quod tibi deformi corpore defuerit.
In pictura :
EQKPATHE (Σωκράτης).
5
10
Sin formosus eris, conatu dedecus omni
Effugias : quid enim turpius esse potest ? Porrò si iuuenis, florem illum temporis almum Discendi, audendi et fortia facta putes. Canis foeda senex euitet déque suprema Cogitet interea funeris hora aliquid. AD FILIVM
Me non posse doles, doleo te nolle iuuare, lure magis nostrum quis, rogo, nate, dolet ?
Culpa tua est, si quidem tua iam corrupta voluntas $
Fallitur, heu, prauis sensibus implicita. « Quid faciam ? » dices. Illa est suprema uoluntas
Imploranda tibi, te intus ut inspicias. Tum uerò aeternae flagrans pietatis amore,
Ne dubita : poteris mox simul atque uoles.
apparatus criticus tit. pict. SPLENDENTE
Sp.c. 1555
1574: SPLENDENT
Sa. c. || 7 aeternae $ 1555 [in tabula erratorum] 1574: aetaernae
1555 a. c.
apparatus fontium carm. 1: cf, SEN., Nat., 1, 17, 4: Inuenta sunt specula ut homo ipse se nosset, multa ex hoc consecuturus, primum sui notitiam, deinde ad quaedam consilium : formosus ut uitaret infamiam ; deformis ut sciret redimendum esse uirtutibus quidquid corpori deesset ; iuuenis ut flore aetatis admoneretur illud tempus esse discendi et fortia audendi ; senex ut indecora canis deponeret, ut de morte aliquid cogitaret. Ad haec rerum natura facultatem nobis dedit nosmet ipsos uidendi ; D.L., 2, 33 : Ἠξίου δὲ καὶ τοὺς νέους συνεχὲς κατοπτρίζεσθαι, tv’ εἰ μὲν καλοὶ elev, ἄξιοι yiyvorvto- εἰ δ᾽ αἰσχροί, παιδείᾳ τὴν δυσείδειαν ἐπικαλύπτοιεν ; PHAEDR, 3, 8; APVL., Apol., 15, 4-7: An non Socrates philosophus ultro etiam suasisse fertur discipulis suis, crebro ut semet in speculo contemplarentur, ut qui eorum foret pulchritudine sibi complacitus impendio procuraret, ne dignitatem corporis malis moribus dedecoraret, qui uero minus se commendabilem forma putaret sedulo operam daret, ut uirtutis laude turpitudinem tegeret ? EPICT., Diatr., 3, 2 ; D. ERASMI, Apophtegmatum... libri octo, 3, Socratica, 47 : Adhortabatur iuuenes, ut se subinde ad speculum contuerentur, quo si essent egregia corporis forma, cauerent, ne quid ea indignum committerent ; sin minus, quod corpori
deesset, id ingenii cultu morumque honestate pensarent.
'
carm. 2 : 8 poteris mox simul atque uoles] cf. AVG., Serm., 176 (PL 38, col. 182) : Non uirtus animi tui te facit beatum, sed qui tibi uirtutem dedit, qui tibi uelle inspirauit, et posse donauit ; ID. Serm., 193 (PL 38, col. 1014) : Nam quis idoneus est uelle et Posse, nisi inspirando adiuuet ut possimus, qui uocando praestitit ut uelimus ? ; ID., De Gratia et libero arbitrio (CPL 352, col. 900) : Tunc enim utile est uelle, cum possumus; et tunc utile est posse, cum uolumus : nam quid prodest, si quod non possumus uolumus, aut quod possumus nolumus ? ; ID., De correptione et gratia (CPL 353, col. 906) : Fit quippe in nobis per hanc dei gratiam in bono recipiendo et perseueranter tenendo, non solum posse quod uolumus, uerum etiam uelle quod possumus, etc.
372
373
Edition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
[SF 62r° ; 1555 p. CXXIII/f Qiir’ ; 1574 p. CXXIX]
[Sf 3r° & 61v° ; 1555 p. CXXII ; 1574 p. CXXVIII]
MARCELLO CERVINO CARD SANCTAE> CR AMPLISS
MENS PVRA QVAE DEVM COLIT, AMAT ET STATIM DIVIN| AMORIS IGNE ADVRIT CETEROS
CONCIPIVNT IGNES SPECVLARIA CONCAVA SOLIS
Symb. LX
Igniferi ardentes Phoebi specularia flammas
Symb. LX In pictura : — AEI @EON XEBEI KAI TIANTA ΠΡΑΞΕΙΣ ΕΥ̓ΘΕΩΣ (Aci θεὸν σέβει, καὶ πάντα πράξεις εὐθέως) - ΑὙΣΙΑΤΩΙ ΘΕΩ͂Ι KAPAIA TETTATIEINQMENH (θυσία τῷ θεῷ καρδία τετταπεινωμένη)
Concaua si fuerint purâque concipiunt.
Hinc facili oppositus fomes comprehenditur igne. Sic qui mente Deum simpliciore capit, s
Ipsi arcana libens Fidi penetralia cordis
Dedicat atque igni carpitur aetherio,
Vnde alii ignescunt diuino prorsus amore.
Mox laeti superum regna beata tenent. ALIVD INCERTI AVCTORIS
Igniferum ad solem, speculi caua corpora flammas Concipiunt puro qua redit orbe iubar. Hinc facile iniecta taeda comprenditur ignis Atque una in multos diditur ὁ facula. s
Sic qui mente Deum pura capit ilicet intus
Corde micans, flammas concipit aethereas Vnde alii atque alii diuino prorsus amore Succensi ignescant templaque summa petant.
apparatus criticus
Videtur sola pictura cum titulo MENS
PVRA
QVAE
DEVM
COLIT, AMAT
ET STATIM
DIVINI AMORIS
IGNE ADVRIT
CETEROS (= tit. carm. 1 in S f 621° 1555 1574) etiam in Sf 37°. num. LX S f 61v°-62r° 1555 1574: LUI S f 3r° || ded. pict. CR 1555 1574: + S f 61° || tit. carm. 2 INCERTI AVT S f 621°p. c. 1555 1574 : M CER CAR S +S f 629° a. c. apparatus fontium in pict.:
1 MEN.,
Mon.,
321 Jakel || 2 cf SEPTVAG.,
Psalm.,
50,
19,
1-2:
Ovoia
τῷ
θεῷ
πνεῦμα
συντετριμμένον,
Καρδίαν
τοὺς συντετριμμένην καὶ τεταπεινωμένην ὁ θεὸς οὐκ ἐξουθενώσει ; cf. 33, 19 : Ἐγγὺς κύριος τοῖς συντετριμμένοις τὴν καρδίαν͵ Καὶ
ταπεινοὺς τῷ πνεύματι σώσει.
; carm. 1: 1-3 cf. PLIN., Nat, 2, 239 : Specula quoque concaua aduersa 5015 radiis facilius etiam accendant quam ullus alius ignis usque qui M. FICINI, Theol. Plat., 6, 2, t. II, p. 235 Marcel : Non aliter ἃς solis radii in concaui aeneique speculi collecti centro, ac solis adeo roborantur, ut inde resilientes durissima quaeque accendant atque consumant ; 8, 3, t. ΠῚ, p. 297 Marcel : Non aliter radii in concaui aeneique speculi colleéti centro, qui usque adeo roborantur, ut inde resilientes durissima quaeque accendant atque consumant. carm. 2 : 1-4 cf. ibid.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber secundus [SP 62v° ; 1555 p. CXXIV ; 1574p. CXXX]
[Sf 631° ; 1555 p. CXXV ; 1574 p. CXXXI]
DIVAE RENATAE FERRARIAE AC CARNVTI PRINCIPI ILLVSTRISS GALL REG LVDO XII F VNAM VIDENDAM VERITATEM
OPINIONIBVS SOPITIS FIRMITER TENENDA CAPTA VERITAS
IN OMNIB
PROTEVS
Symb. LXI
Symb. LXI Qua tu pingeris Proteu mirande figura, Omnigenam in speciem si transformaris, et idem
Sis licet, haud idem tamen es potis ipse uideri ?
5s
Non saxum, non unda liquens, non flamma coruscans, Non frondosa arbor uariarumue illa ferarum
Ora placent, sed qualis eras quum uincla tetendit Pastor Aristaeus, iam nunc mihi talis adesto.
10
Ne quaesita neges dubiis oracula rebus. Quidnam aliud Proteus quam Veri ipsius imago est,
Omnia uertentis sese in miracula rerum ?
Illa eadem diuina hominis forma interioris Quam uariae illudunt facies et opinio fallax. Heic specus errorum ille ingens, ubi caeca libido Distrahit insanos studia in contraria sensus.
1§
Quare adhibenda animi summa est contentio, Verum Gnauiter adprensum ut teneas ratione sagaci.
Quum primum fuerit per somnum oblata facultas Quumque cupidineae sternent se in littore phocae 20
Et defessa senex componet membra quieti
Syncerae inicias fidei tum uincula capto,
Donec nulla fugam inueniat pellacia et ipsa
In se hominis tandem redeat uerissima forma. apparatus
criticus
Legitur interpretaturque hoc carmen sine pictura in Bocchii ineditae Praelectiones in libros M.T.Ciceronis De Legibus conseruataeque in Bibl. Vniuers. Bononiensi, in cod. lat. 304 p. II-IV = f 20 r°-v° et in cod. lat. 4326 (XVII sec.); uide editionem loci in Annexe || num. LXI S p. c. 1574 : LIX S a. c. LX 1555 || ded. pict. DIVAE S 1555 : om. 1574 || ILLVSTRISS- δ 1555 : ILLVSTISS(sic) 1574 || tit. pict. VNAM VIDENDAM VERITATEM IN OMNIB 1555 1574 : OPINIONIBVS SOPITIS FIRMITER/ TENENDA CAPTA VERITAS S || tit. carm. OPINIONIBVS SOPITIS... VERITAS 1555 1574: VNAM VIDENDAM... OMNIB S || TOTAMQ REM DEFINIENDAM ESSE HINC VIDE deleuit 8 sub tit. carm.
apparatus fontium 2 Omnigenam...
transformaris]
cf. VERG.,
Georg.
4, 440:
Omnia
transformat
sese
in miracula
rerum ; cf. v. 10 || 4 saxum |
cf. Ov., Met., 8, 738 : Saepe lapis poteras [...] uideri; HOR, Sat, 3, 2, 72: Fiet [...] modo saxum || unda liquens] cf. VERG., Georg. 4, 442:
[...] fluuiumque liquentem ; ibid. 409 : [... ] aut in aquas tenuis dilapsus abibit ; Ov. Ars, 1, 759 : Vtque leues
Proteus modo se tenuabit in undas || flamma coruscans] cf. VERG. acrem flammae sonitum dabit; Maph. VEGU, Supplementum ad coruscant || $ frondosa arbor] cf. Ov., Met. 8, 735 : [Poteras] arbor nunc erit hirtus aper; HOR., Sat., 2, 3, 72: Fiet [...] et cum uolet, frondosa cauis sic uallibus || 5-6 uariarumue... / Ora] cf. VERG.,
Georg., 4, 442 : Ignemque horribilem [... ] ; ibid. 408 : Aut Aeneida, 531: Dant lucem flammae et lato splendore quoque saepe uideri ; ID., Ars, 760 : Nunc leo, nunc arbor, arbor ; I. PONTANI, Eglogae, 1, Pompa 5, 186: Non arbor Georg. 4, 405: Tum uariae eludent sbecies atque ora
ferarum || 6-7 sed qualis eras... tetendit] cf. VERG., Georg. 4, 411-413 : Nam tu, nate, magis contende tenacia uincla/ Donec talis
erit, mutato corpore, qualem uideris || 8 quaesita... oracula
376
rebus || 9 Proteus...
imago
est] cf. AVG.
oracula rebus] cf. VERG., Georg. 4, 449 : Venimus hinc lapsis quaesitum
Acad.
3, 6, 13:
Nam
et Proteus
ille [...] in imaginem
ueritatis inducitur.
377
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Veritatis, inquam, Proteus in carminibus ostentat sustinetque personam || 10 Omnia uertentis... Georg. 4, 440 : Omnia
transformat sese in miracula rerum
miracula rerum]
cf. VERG.,
(cf. supra v. 2) ; 4, 410 : Sed quanto ille magis formas se uertet in
omnes || 11 diuina hominis forma interioris] cf. ORIG., Com. in Epist. ad Rom., 7, 4, (ad Rom., 7, 20) : Nam ille interior homo qui
secundum Deum creatus est et ad imaginem Dei factus, incorruptibilis est et inuisibilis, et secundum propriam sui rationem etiam incorporeus dici posset ; CLEM. ALEX., Protr., 10, 98, 4; AMBR., Hex., 6, 8, 45 : Non ergo caro potest esse ad imaginem dei, sed
anima nostra ; ERASM., Enchiridion militis Christiani, 5 (uide NOTES, v. 11) || 12 opinio fallax] cf. AVG., Acad, 2, 2, 6 : [...] et inter opinionum fallacium dumeta frondescit ; BOET., Cons., 5, Pr. 3 : Id modo non scientia est sed est opinio fallax ab scientiae ueritate
longe diuersa || 13 specus ingens] cf. VERG., Georg. 4, 417 : Est specus ingens || caeca libido] cf. SEN., Prou., 6, 1; AMBR., Abr., 1, 6, 53 : Sed etiam illud ostenditur quia caeca est omnis libido et ante se non uidet || 14 studia in contraria] VERG., Aen. 2, 39 : Scinditur incertum studia in contraria uolgus || 15 adhibenda... contentio] cf. CIC., Tusc., 2, 23, 55 : [ ... ] et siuerum quaerimus, in omnibus
officiis persequendis
animi
est adhibenda
contentio || 16 ratione sagaci]
cf. LVCR.,
1, 127
et
1, 368 || 17 oblata
facultas] cf. VERG., Georg., 4, 436 : Cuius Aristaeo quoniam oblata facultas || 18 cupidineae... phocae] cf. ibid., 4, 431 : Sternunt se somno diuersae in litore phocae || 19 Et defessa senex... quieti] cf. ibid, 4, 437: Vix defessa senem passus componere membra || 20 uincula capto] ibid., 4, 398-399 : [neque illum)]/ Orando flectes ; uim duram et uincula capto/ Tende || 21 donec nulla fugam... pellacia] cf. ibid., 4, 442 : Verum ubi nulla fugam reperit fallacia, uictus || 22 In se hominis... forma] cf. ibid., 4, 443 : In sese redit atque hominis tandem ore locutus.
378
Edition critique du texte latin : liber secundus
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) — tome 1 [S£ 63v" ; 1555 p. CXXVI ; 1574 p. CXXXII]
Symb. LXII
ANTONIO BERNARDO MIRANDVL PHILOSOPHO CLARISS
[SP 64r° ; 1555 p. CXXVII ; 1574 p. CXXXIII]
- Dic, rogo, quaenam es tu ὃ -- Dialectica nuncupor illa Quam Plato summum apicem discendi nominat. — Ecquid
DIALECTICAE PRAESTANTIA ET DIVISIO
Instrumenta manu praefers ? — His signa notasque
Symb. LXII
Edoceo ueri et falsi atque probabilis. -- At quid $5
Sub pictura :
@PITKOS TON MA@HMATON H AIAAEKTIKH (Θριγκός τῶν μαθημάτων ἡ Διαλεκτική).
Conandum censes studiosis omnibus, ede.
Sic cit te capiant animi teneantque fideles. — Verborum uim, naturam, genera omnia primüm
10
Simplicium et coniunctorum cognoscere debent, Dein quot quicque modis dicatur. Qua ratione Sit uerum an falsum statuatur, praeterea quid E quoque efficiatur conque sequentia cuique
Et contraria quae sint, quoque modo ambiguorum Quicque opus est dictorum diuidi et explanari. Et quia Mens saepe ostendenda est abdita nostra 15
Inque uoluta rei uis euoluenda, necesse est
20
Ast ubi res poscit, sapiens partitur et omne Diuidit in species certas genus atque ita plané
Definire quid id sit, quo de agitur breuiter. Tum Explicito genere uniuscuiusque uidendum Quae eius sint generis formae aut partes, ut in illas Omnis distribui composta oratio possit. Nulla ut praetereatur earum néue redundet. Quandoquidem tanti est uir quisquis diuidit aptè, ut Si talis quondam potuisset forte uideri
25
Socraticis oculis, omni facilé ille fuisset
Obsequio et cultu uenerandus numinis instar.
[1555 CXXVIII]
DE EADEM Artibus haec affert lumen diuina facultas.
Nil perturbatum, nil dubium patitur.
Ipsa ubicumque pedem ponit se non sinit usquam
Vincier. Impauido pectore bella gerit.
apparatus
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FINIS SECVNDI LIBRI
criticus
Adiecimus dialogi signa typographica. carm. 1 : 1-4 Leguntur hi uersi sub pictura in Sf 63v°
carm. 2 :3 senon S 1555 [in tabula erratorum] 1574 : non 1555 a. c. apparatus fontium
sub pic. PL, R., 7, 534e-535a : Ap’ οὖν δοκεῖ σοι, ἔφην ἐγώ, ὥσπερ θριγκὸς τοῖς μαθήμασιν ἡ διαλεκτικὴ ἡμῖν ἐπάνω κεῖσθαι, καὶ οὐκέτ᾽ ἄλλο τούτου μάθημα ἀνωτέρω ὀρθῶς ἂν ἐπιτίθεσθαι, ἀλλ᾽ ἔχειν ἤδη τέλος τὰ τῶν μαθημάτων ; Μ. FICINI, In Epinomidem...
Epitome (in Opera omnia, Basilae, 1576, t. IL, p. 1524) : Dialecticam denique, id est, metaphysicam, et apicem huius [i. 6. Platonis]
theologiam, uelut reginam omnibus anteponit, uidelicet singulis ceu gradibus utentem ad inueniendum Deum atque adorandum || 1-2 Dialectica... / Quam Plato summum apicem discendi nominat] cf. sub. pict. || 7-13 cf. CIC., Orat., 115 : [uide
ANALYSE] || 14-19 ibid., 116 : [vide ANALYSE] || 20-22 ibid., 117 : [uide ANALYSE] || 24-26 PL., Phaedr., 266b-c : Καὶ μέντοι καὶ
τοὺς δυναμένους αὐτὸ δρᾶν εἰ μὲν ὁρθῶς ἢ μὴ προσαγορεύω, θεὸς olde, καλῶ δὲ οὖν μέχρι τοῦδε διαλεχτικούς.
380
LIBER TERTIVS
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber tertius
[SP 661° ; 1555 p. CXXXI, f° Riir° ; 1574 p. CXXXVII]
[SP 6sv° ; 1555 p. CXXX ; 1574 p. CXXXVI]
FORTVNA ALEXANDRI
SIGILLVM AHENEVM BONONIAE INVENTVM ANNO SALVTIS OMNIVM MDXLVIII
INCLYTA FARNESII MINORIS ATQVE MAXIMI Symb. LXIII
Symb. LXIII
— Quae dea ? — Seruatrix Fortuna est, optima summi
Nata patris, qua nil certius orbis habet.
In pictura : BOTYTIAAOË EMYPNAIOIE ATAAMA EPTAZOMENOZ ΤΎΧΗΣ IIPOTON EIIOIHZEN (Βούπαλος Σμυρναίοις ἄγαλμα ἐξεργαζόμενος Τύχης πρῶτον ἐποίησεν)
Astrifer impositus capiti polus ille supremo,
§
Hoc est diuini numinis auspicium. — Collecti in nodum cur stant ceruice capilli ? — Nempé suo capit hanc qui sapit arbitrio. Tum modus atque pudor luxum moderantur inertem, Hinc tetricae filo est uirginis et specie. Aspectu vehemens et formidabilis acri,
10
Non humilis neque atrox, sed reuerenda magis, Laeta bonis, truculenta malis, erecta, seuera,
15
Casta, grauis, uerax, ardua, magna, potens. Omnia perlustrans oculis mortalia, clauo Insistens terris imperat et pelago. Nanque duces bello regit, alma in pace senatum. Haec adsit, nullum numen abesse potest.
Regnorum haec columen, sancti prudentia iuris, Haec augusta Dice, haec Eunomia, haec Nemesis.
Diues opum haec ipsa est uariarum copia. Felix 20
En cornu praefert interiore manu
Otia blanda animis post dura negotia uitae Aeternaque pios morte carere facit. Denique magnanimi Herois ter maxima surgit Farnesi hic Virtus, Gloria, Iustitia.
apparatus criticus
ee
Adiecimus dialogi signa typographica || 8 est S supra lineam. apparatus fontium
in pict. ΒΟΥΠΑΛΟΣ
... ETIOIHEEN]
PAYS, 4, 30, 6 || 1 Seruatrix Fortuna] cf. PIND., O., 12, 3-5 : σώτειρα Toya || 8 tetricae
uirginis] cf. MESOM., Nem., 2, 2: κυανῶπι θεά || 8-10 cf. GELL., 14, 4 (« Quod apte Chrysippus et graphice imaginem Iustitiae / / BOYPANOE ΣΜΥΒΝΑΙΟΙΣ ἌΓΑΝΜΑ ἘΡΓΑΖόΜΕΝΟΣ TYXHE ΠΡΩΤΟΝΈΒΟΙΗΣΕΝ
modulis
coloribus uerborum
depixit >»), 2: Forma
atque filo uirginali, aspectu uehementi
et formidabili,
luminibus
oculorum
acribus, neque humilis neque atrocis, sed reuerendae cuiusdam tristitiae dignitate || 11 laeta bonis, truculenta malis] cf. CHRYS. in GELL., 14, 4, 4 (= SVF, 3, 28, fr.1) : [Γράφεται καὶ συνεστηκὸς ἔχουσα τὸ πρόσωπον καὶ Évrovov καὶ δεδορκὸς βλέπουσα,] ὥστε τοῖς μὲν ἀδίκοις φόβον ἐμποιεῖν, τοῖς δὲ δικαίοις θάρσος: τοῖς μὲν προσφιλοῦς ὄντος τοῦ τοιούτου προσώπου, τοῖς δὲ ἑτέροις προσάντους ;
AMM.,
14, 11, 25 (de Adrasteia Nemesei):
[...] ultrix facinorum impiorum bonorumque praemiatrix [...] nunc erectas
tumentium ceruices opprimit et eneruat, nunc bonos ab imo suscitans ad bene uiuendum extollit || 11-12 erecta... potens |} cf. GELL., 14, 4, 3 : Ex imaginis autem istius significatione intellegi uoluit iudicem, qui lustitiae antistes est, oportere esse grauem, sanctum, seuerum, incorruptum, inadulabilem contraque improbos nocentesque inmisericordem atque inexorabilem erectumque et arduum ac potentem, ui et maiestate aequitatis veritatisque terrificum || 12 cf. MESOM., Nem., 2, 16-18 : [Νέμεσιν θεὸν ἄδομεν] ἀφθίταν,, Νίκην τανυσίπτερον ouBpiuav/ Νημερτέα καὶ πάρεδρον Δίκας || 13 omnia perlustrans oculis] LIV, 34, 15,
6: [consul] omnia perlustrans oculis || 13-14 clauo/ Insistens... pelago] AMM., 14, 11, 25 (de Adrastia/ Nemesei) : [...] et praetendere gubernaculum dedit eique subdidit rotam, ut uniuersitatem regere per elementa discurrens omnia non ignoretur|| 15 PIND., O., 12, 3-5: [Tiv yap ἐν πόντῳ κυβερνῶνται Boai/ Νᾶες, ἐν χέρσῳ te λαιψηροὶ πόλεμοι Käyopai
βουλαφόροι.
384
385
EE Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber tertius [SP 66v° ; 1555 p. CXXXII
; 1574 p. CXXXVIII]
[Sf 67r° ; 1555 p. CXXXIII ; 1574 p. CXXXIX]
SILENTIO DEVM COLE In pictura :
SAEPE LOQVI NOCVIT, NVMQUAM
Symb. LXIV
NOCVIT TACVISSE
Symb. LXIV
—MONAS MANET IN SE - AAAHZA® MEN ΠΟΛΛΑΚΙΣ, METENOHSE, ΣΙΩΠΗΣΑΣ AE OYAETIOTE (Λαλήσας μὲν πολλάκις μετενόησε, σιωπήσας δὲ οὐδέποτε)
Menti, Virtuti et Fidei delubra dicamus ;
Esse sita in nobis cernimus illa tamen.
Cur Capitolina Tritonia Pallas in arce
Sedem habuit ? Caput haec urbis et orbis erat.
s
Mens decus est hominis, diuinae mentis imago,
Non ullis unquam sensibus exposita.
Noscere qui cupit hanc ipsum se noscat oportet
In primis, Pharium et consulat Harpocratem. REVOCANDA MENS A SENSIBVS, DIVINA CVI MENS OBTIGIT
5
Reuocare mentem qui potest ἃ sensibus Et cogitationem ab assuetudine Abducere, facilé ille praestat omnibus : Nam mente uiuit atque uiuit ut deus, Qui corpore ac sensibus brutum ut pecus Hermetis hanc sententiam ter maximi Qui cordi habebit, esse non potest miser.
apparatus criticus num. LXIV 1574 : LXIII S LXI 1555 || in pict. IN SES 1555
1555 1574 : IN SE SEMPER M, f 471° || TOAAAKIE nos : -KHE (sic) S
1574.
carm. 1 : Legitur hoc carmen cum commentariolo in M, f’ 471°.
carm. 2 : 1 qui potest 1555 1574: add. S d. m. apparatus fontium tit. pict. cf. A. POLITIANI, Miscellaneorum centuriae primae, in Angeli Politiani opera, quae quidem extitere hactenus, omnia, Basileae, ap. Nicolaum Episcopium Iuniorem, 1553, 1, 83, « De Harpocrate », p. 296 : Quare Harpocratem puto Aegyptii suis adhibebant sacris qui silentio colendum ostenderet summum deorum ; C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 15, 23, Basileae, 1542, p. 575 : Nam
Pythagoricum et Aegyptiorum dogma sapientium id fuit, quum deum innuerent, silentio colendum, a quo sunt rerum primordia ; P. VALERIANI, Hieroglyphica, Basileae, 1556, 29, p. 206c ; 36 p. 261a || in pià. MONAS MANET IN SE] cf. PLVT., De Garrul.
507A : Ὡς γὰρ ἡ μονὰς οὐκ ἐκβαίνει tov ἑαυτῆς ὅρον ἀλλ᾽ ἅπαξ τὸ ἕν μένει (διὸ κέκληται μονάς), ἡ δὲ δυὰς ἀρχὴ διαφορᾶς ἀόριστος
(εὐθὺς γὰρ ἑαυτὴν ἐξίστησι τῷ διπλα σιασμῷ εἰς τὸ πλῆθος τρεπομένη), οὕτω λόγος ἐν τῷ πρώτῳ καταμένων ἀπόρρητος ὡς ἀληθῶς ἐστιν’ ἂν δ᾽ εἰς ἕτερον ἐκβῇ, φήμης ἔσχε τάξιν ; LYD., Mens., 2, 6 : [... ] ὅτι ἡ μονὰς οὕτως εἴρηται παρὰ τὸ μένειν ἐφ᾽ ἑαυτῆς ; MACR., Somn., 1, 7, 9 : Nullum init tamen cum sua unitate diuortium ; RHODIGIN., Lect. ant. 13, 5, p. 471 : Equidem sicuti monas, id est unitas, suos minime limites egreditur sed omino unum perseueret manetque, unde et monadi nomen inditum, dyas uero, id est
dualitas, principium est diffenrentiae indefinitum, statim enim a se deficit, duplicatione in multitudinem abiens. Consimili rapine sermo ab uno primoque non recedens uere arcanus est ac dicitur. At si alteri communicetur, iam famae ordinem
subit || AAAHZA® ... AE OYAETIOTE] cf. SIM. ap. PLVT. De Garrul. 515. carm. 1 : tit. SIM. ap. PLVT., De Garrul., 515A;
Dist. Cat,
1, 12; XENOCR.
ap. VAL. MAX,
7, 2, 6; D. ERASMI, Adag., 3, 5, 3,
« Silentii tutum praemium > || 1-2 cf. CIC., Nat. deor. 2, 79 : Quamuis licet Menti delubra et Virtuti et Fidei consecremus, tamen
haec in nobis ipsis sita uidemus ; ID., Leg, 2, 11, 28 || 3 Tritonia Pallas] cf. VERG., Aen., 2, 715 ; 5, 704 || Capitolina ... in arce] cf. SIL. ITAL., Pun., 3, 84 || 4 Caput... urbis et orbis] cf. LIV., 1, 55, 5 ; IVST., 43, 1, 2 || s diuinae mentis imago] cf. VVLG., Gen. 1, 26 : Et dixit deus : faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram ; VARR. ap. AVGVST, Ciu. Dei, 7, 5 : [ ... ] mortalium animus, qui est in corpore humano, simillimus est inmortalis animi ; Corp. Herm., Poim., 12 : [Ἄνθρωπος] τὴν τοῦ πατρὸς εἰκόνα ἔχων ; Asclep., 7 : Solum enim animal homo duplex est ; et eius una pars simplex, quae, ut Graeci aiunt, οὐσιώδης, quam uocamus 386
387
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
diuinae similitudinis formam ; CLEM. ALEX., Protrep., 10, 98, 4|| 7 cf. CIC., Tusc., 1, 22, 52: Cum
igitur « nosce te » dicit
[sc. Apollo], hoc dicit : « nosce animum tuum » ; Fin. 5, 16, 44; Leg. 1, 22, 58, etc. ; ERASM., Enchir. 3 (p. 38 ; 41 Holborn) : In
hoc [bello] prima uictoriae spes sita est si tute tibi si quam maxime cognitus [...], ut quid intus, quid in cute sis, plane
pernoscas || 8 Pharium et consulat Harpocratem] cf. A. ALCIATI, Emblemata, « In silentium », Ludgudni, 1551, p. 17, v. 4 : Et sese Pharium uertat in Harpocratem. carm. 2 : 1-3 Reuocare mentem...
abducere] cf. CIC., Tusc., 1, 16, 38: Magni autem est ingenii seuocare mentem a sensibus et
cogitationem ab consuetudine ; RHODIG., Lect. ant., 16, 18, p. 613 : Quid per speculandi compotem scientiam aliud perquirimus
quam ut a sensibus abducamur longius ? Proterea totum hoc philosophandi genus esse mortis meditationem, grauissime prorsum
dixit Plato, et est ab Aurelio Augustino adnotatum, ac M. Tullius non est oblitus || 4 mente uiuit et uiuit ut deus] Corp. Herm., 10, 24, Ὁ yap ἄνθρωπος ζῷόν ἐστι θεῖον ; Asclep. 5 : Propter quod et prope deos accedit, qui se mente, qua diis iunctus est, diuina religione diis iunxerit ; ERASM., Enchir., 4 (p.41 ; 44 Holborn) ; 6 (p. 53 Holborn) || s corpore ac sensibus brutum ut pecus]
Corp. Herm., 12, 4.: Ὅσαι δὲ ψυχαὶ ἀνθώπιναι οὐκ ἔτυχον κυβερνήτου τοῦ νοῦ, τὸ αὐτὸ πάσχουσιν ταῖς τῶν ἀλόγων ζῴων ; Asclep., 7 :
[imago
quae]
transformat
optimum
animal
in
naturam
ferae
moresque
beluarum;
ERASM.,
Enchir,
4
(p.44
Holborn) || 7 cordi... habebit] cf. GELL., Praef. 12, 3 ; 2, 28, 20; 18, 7,3 || esse non potest miser] cf. CIC., Tusc., 5, 6, 15 ; SEN., Cons, Marc. 19, 5.
388
Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[SP 67v° ; 1555 p. CXXXIV ; 1574 p. CXL]
INANIS EST INFRVCTVOSA
[SP 68r° ; 1555 p. CXXXV ; 1574 p.
PALLADIS
GLORIA
HOC
PEPLVM
CXLI]
EST, INSPICE, PROFICIES
Symb. LXV
Symb. LXV
Hoc sibimet peplum fecit Tritonia uirgo. Semper enim Virtus sufficit ipsa sibi.
In pictura : INANIS EST INFRVCTVOSA GLORIA
s
Lis uetus Actaeae nota est de nomine terrae : Bis sex augusta di grauitate sedent. Caelicolum medius rex, adsidet armiger ales,
Stat deus immensi caeruleus pelagi. Interea longo ferit aspera saxa tridente, Exilit et uindex impiger urbis equus. Tellurem ipsa sua Tritonia percutit hasta, 10 Canentis foetus prodiit hinc oleae. Sed meritam loue nata tulit sapientia palmam, Vnde est pax alma et gloria frugiferens. Contra equus exercens horrentia bella superbit. Ast omnis uana est gloria fruge carens.
apparatus criticus
num. LXV 1574 S : LXIII (sic) 1555 S a. c. apparatus fontium
tit. carm. ; 1 cf. HOM, IL, 5, 733-737: Αὐτὰρ Ἀθηναίη κούρη Διὸς αἰγιόχοιο, Tlémov μὲν κατέχευεν ἑανὸν πατρὸς ἐπ᾿ οὔδει, Ποικίλον, ὅν ῥ᾽ αὐτὴ ποιήσατο καὶ κάμε χερσίν") Ἢ δὲ χιτῶν᾽ ἐνδῦσα Διὸς νεφεληγερέταο, Τεύχεσιν ἐς πόλεμον θωρήσσετο δακρυόεντα; cf. OV., Met. 6, 68-69 : illic et lentum filis inmittitur aurum/ Et uetus in tela deducitur argumentum || 3 lis uetus... de nomine
terrae] cf. Ov., Met., 6, 70-71 : Cecropia Pallas scopulum Mauortis in arce/ Pingit et antiquam
de terrae nomine
litem ; SERV., ad Georg, 1, 12 : Fabula talis est : cum Neptunus et Minerua de Athenarum nomine contenderent, placuit diis, ut eius nomine ciuitas appellaretur, qui munus melius mortalibus obtulisset || 4 bis sex augusta di grauitate sedent] cf. Ov., Met., 6, 72-73 : Bis sex caelestes medio love sedibus altis/ Augusta grauitate sedent || 5 Rex] cf. Ov., Met., 6, 74: [...] louis est regalis
imago || 6-8 Stat deum... pelagi/ Interea longo fert aspera saxa tridente/ Exilit equum | cf. Ov., Met. 6, 75-78 : Stare deum pelagi longoque ferire tridente/ Aspera saxa facit medioque e uulnere saxi/ Exsiluisse [fretum] ; cf. VERG., Georg, 1, 12-14: [... ] Tuque o cui prima frementem/ Fudit equum magno tellus percussa tridenti/ Neptune ; SERV., ad Georg, 1, 12: Tunc Neptunus percusso litore equum, animal bellis aptum, produxit || 9-10 Tellurem... percutit hasta/ Canentis foetus prodiit.... oleae] cf. Ov. Met., 6, 80 : Percussamque
sua simulat de cuspide
terram/
Edere cum
bacis fetum
canentis oliuae || 11-12 tulit sapientiam
palmam/ Vnde est pax alma] cf. Ov., Met. 6, 101 : Circuit extremas oleis pacalibus oras ; SERV., ad Georg, 1, 12 : Minerua iacta hasta oliuam creauit, quae res est melior conprobata et pacis insigne || 12 : equum, animal bellis aptum.
13 equus exercens horrentia bella] cf. SERV., ad Georg, 1,
Han. “ — " lg
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391
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius
[Sf 68v° ; 1555 p. CXXXVI ; 1574 p. CXLII] BELLVA
FIT CAECAE
STATVIT QUI CREDERE
[SP 691° ; 1555 p. CXXXVIL, P Sr ; 1574 p. CXLIII]
SORTI
QVAM
Symb. LXVI
STVLTA SIT SVPERBIA
Symb. LXVI
In pictura : ALEXAN MACE
Caeca uni Fortuna sibi quos credere adegit, Magna ex parte auidos decoris magis atque capaces Efficit. Hinc olim iussit se, non modo passus, ; Ἶ
Dicier Aemathius iuuenis magno Joue natum,
5 Dumque cupit tali gestorum extendere famam Nomine, corrumpit potius. Sic protinus ipsi
Fortunae totum qui se permiserit ultro,
Vero hominis regno spoliat se prorsus et ingens
Bellua fit capitum multorum, luminis expers.
apparatus criticus num. LXVIS 1574: LXIV 1555 Sf 68v° a. c.* ; 64 S f° 68v° a.c.*; 76 addidit S f 691° post LXIV. apparatus fontium 1-6 CVRT., 4, 7, 29-30 : Sed fortuna, quos uni sibi credere coegit, magna ex parte auidos gloriae magis quam capaces facit. louis
igitur filium se non solum appellari passus est, sed etiam iussit rerumque gestarum famam, dum augere uult tali appellatione,
corrupit ; ibid., 8, 5, 5-6 : lamque omnibus praeparatis, quod olim praua mente conceperat, tunc esse maturum ratus, quonam modo caelestes honores usurparet coepit agitare. louis filium non dici tantum se, sed etiam credi uolebat, tamquam perinde
animis imperare posset ac linguis iussitque more Persarum Macedonas
uenerabundos
ipsum salutare, prosternentes humi
corpora ; C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 21, 35, Basileae, 1542, p. 837 : At is Dario iam excusso et Persarum regno, praeterque
tot tantarumque gentium principatu potitus, ueluti felicitate deus. Quo nomine datis ad Graeciae ciuitates literis, ridicule 9cf.Cic., Rep. 2, 67: [...] qui [i. e. tyrannus] quamquam beluas || 9 Bellua... multorum] HOR, Epist., 1, 1, 76: Belua
ALEXAN: Mice
392
supra hominem coepit, ac sibi denique uideri decreto publicitus ipsum statuerent deum || 8morum tamen inmanitate uastissimas uincit 6. populus] capitum || luminis expers] cf. CIc.,
©
Arat., 49 : Altera pars huic obscura est et luminis expers.
multa ebrius, sapere satis institit petere, figura est hominis, multorum es [i.
393
Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
f° Siir® ; 1574 p. CXLV] [SP 70r° ; 1555 p. CXXXIX,
[SP 69v° ; 1555 p. CXXXVII ; 1574 p. CXLIV]
QVODNAM
HAEC RHAMNVSIA DIVA PRINCIPALIS
SIT VERI PRINCIPIS OFFICIVM
Symb. LXVII
Symb. LXVII Quicunque uero principis Vis dignus esse nomine, Nil conferas magis tuis
In pictura : ree NON
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MIHI SED ALIIS
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Quam quod alienis commodis.
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Rhamnusia hoc iubet Dea
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Titanicae superbiae et Malignitatis sordidae. Ergo crumenam dextera
| |
Seuera uindéxque aspera
|
Plenam sedenti porrigit, Frenum insuper calcaria Normamque temperantiae, Ne fortè uitans incidas Stulte in uitia contraria.
| | |
apparatus criticus
Editum est carmen in 1608, p. 447 et in 1719, p. 338, sub titulo « Veri principis officium > || num. LXVII 1574 : LXV S 1555 ; $7 add. Sf 69v° L m. || 1 Quicunque S 1555 1574 1608 : quicum- 1719 || 10 porrigitS 1555 1574 : -riga 1608 -rigas 1719. apparatus fontium
in pict. cf, ZENOB., 1, 30, Ἀδράστεια Νέμεσις : ἀπὸ ASpactov: τάττεται δὲ ἐπὶ τῶν πρότερον μὲν εὐδαιμονησάντων, ὕστερον δὲ δυστυχησάντων ; DIOGENIAN.
1, 54; MACAR,
1, 28; SVID., A, 523 Adler ; AMM.,
14, 11, 25 : Adrastia quam uocabulo duplici
Nemesis » Rhamnusia Nemesis, « Adrastia 38, 6, 2, Adagia, D.ERASMI, appellamus; Nemesin etiam (cf. NOTES) || tit. carm. Rhamnusia dea] ZENOB., 5, 82, Ῥαμνουσία Νέμεσις ; Mantissae prouerbiorum, 17, 75 ; PAVS., 33, 2, -3:
EVSTH., ad Iliad., B, 828 (I, p. 557 van der Valk) ; ERASM., Adagia, 2, 6, 38 (cf. NOTES) || 1-4 cf. CIC., Off, 1, 84 : Omnino qui rei publicae praefuturi sunt, duo Platonis praecepta teneant [cf. Alc., 126c; R., 1, 3426; 4, 420b-c ; Leg, 4, 71 sb, etc.], ut utilitatem
ciuium sic tueantur ut, quaecumque agunt, ad eam referant, obliti commodorum suorum ; alterum ut totum corpus rei publicae curent, ne dum partem aliquam tuentur, reliquas deserant || 5-6 Rhamnusia... uindex] cf. AVS., Epist., 23, 51-52: [...] ut se/ Inferret nimiis uindex Rhamnusia uotis || 6-8 uindex... Titanicae superbiae] cf. HES., Theog., 719 || 13-14 cf. HOR, Sat. 1, 2, 24:
| | |
-
s
roche.
4
τ
"= =
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te
Dum uitant stulti uitia, in contraria currunt.
Ì
|
394
|
|
Bt
395
|
Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
[S Prov’ ; 1555 p. CXL; 1574 p. CXLVI]
[Sf 711° ; 1555 p. CXLI ; 1574p. CXLVII]
SEMPER
PVLVISCVLI SCRIPTORII ET HOROLOGII COMMODA
VIDENDVM
QVID SAT EST IN OMNIB
Symb. LXVIII
Symb. LXVIII Pulueris exigui iactu pro tempore prudens
In pictura : QVOD SAT EST
Vtere, nulla oberit foeda litura tibi.
Temporis exigui modicum si cautus agendis Addideris spatium, turpe nihil facies. apparatus criticus num. LXVIII 1574: LXVIS
58 S Γ᾽ γον" I. m.
apparatus fontium in pict. QVOD SAT EST] cf. HoR., Carm., 3, 1, 25 : Desiderantem quod satis est [... ] ; SEN., Epist., 2, 6 : Quid sit diuitiarum modus, quaeris. Primus habere quod necesse est, proximus quod sat est ; ibid., 4, 11 : ad manum est quod sat est ; cf. Symb. 27.
Hy
396
397
Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[Sf 72r° ; 1555 p. CXLIII ; 1574 p. CXLIX]
[SP 71v° ; 1555 p. CXLIL; 1574 p. CXLVIII]
STVLTVS MALO ACCEPTO SAPIT
TEREBRA GALLICA VTILIS
Symb. LXIX
Symb. LXIX
frs: DPYE ΠΛΗΓΕῚΣ AMEINON (Φρῦξ πληγεὶς ἀμείνων)
Vtilis ut baculo et Loris est Galla terebra, Sic stultus uinclis uerberibusque sapit.
Mortales plerunque suo didicisse periclo Expedit : aduersis relligio colitur.
apparatus criticus num. LXIX 1574: LXVIIS 1555 ; 79 S add. post LXVII ; 59 S f 711° L m.
apparatus fontium tit. pict. cf. D. ERASMI, Adagia, 1, 1, 31, « Malo accepto stultus sapit » ; cf. HOM., IL, 23, 487 : Ἵνα γνοίης ἀποτίνων ; HES., Op. 218 : Παθὼν δέ νήπιος ἔγνω ; ibid. 89 ; PL., Symp., 222b ; DIOGENIAN.,
1: Φρῦξ ἀνὴρ πληγεὶς ἀμείνων καὶ διακονέστερος.
1, 61 ; 2, 31 || in pict. GREG. CYPR, 3, 95 ; APOSTOL.,
18,
ΡΝ “-ΞΞΞΞΞΞΞ--ΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΡ ~
398
399
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—
_ ME A T = T
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Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) — tome 1 [Sf 72v° ; 1555 p. CXLIV ; 1574 p. CL]
[SP 738° ; 1555 p. CXLV ; £ Tr° ; 1574 p. CLI]
|
Symb. LXX
RATIONIS ET LIBIDINIS CERTAMINA Symb. LXX
Armata uecors Spe male credula Hèheu Libido saepè mea : insuper Opinionum turba fallax
In pictura :
Impete cum Ratione uasto
AOTOE AAHOHE (λόγος ἀληθής) AOZA (Δόξα) bis
METANOIA (Μετάνοια) AOPOAITH (Ἀφροδίτη)
|
Bellantur ; at pulchro illa suo haesitat
5
|
Vero inuoluta. Heic fortè aliquando si
NIKH (Nixn)
|
Victoria erret, nec resistens
Intrepido generosa primam
=
—
P)
10
Impressionem sustineat gradu,
Plerunque talem res habet exitum Vt praelio decedat ipsa Pars melior sibimétque tutum
|
Quaerat salutis praesidium fuga. 15
Sic prorsus insanum arbitrium impotens Securius iam me triumphat, Tum sua in exaturanda uota
|
Sese urget instans. Conscia Mens tamen
Et molle Pectus mox simul arguunt
20
Quam peius id sit crebro habere Quod genio libeat proteruo.
apparatus criticus
in pict. ἀληθής nos : -θές (sic) S 1555 1574 || num. LXX 1574 : LXIIX Sf γεν et f 731° a.c.' 1555 ; 68 Sf 731° p.c.; 80 S add. post LXVILf 72v° etf 739° a. εὖ
apparatus fontium
Tabula Cebetis, passim (uide ANALYSE)
-
1 Spe... credula] cf. TB, 2, 6, 19: [...] sed credula uitam/ Spes fouet ; HOR., Carm., 4, 1, 30 : [Iam], nec shes animi 285 : mutui ; SEN., Phaedr., 634 : O spes amantum credula, o fallax amor, etc. || 1-2 uecors... Libido] cf. SEN., Troad., heu (fallax pictae Inuideant 19: 20, 2, cuius] Vecors libido est || 3 turba fallax] cf.I. PONTANI, Eridanus, gradu] intrepido 8-9 || siluas imbribus Napaeae || 4 impete uasto] cf. Ov., Met., 3, 79 : Impete nunc uasto ceu concitus exitum] Helu., 8, 5 : Alacres itaque et erecti, quocumque res tulerit, intrepido gradu properemus || 10 talem res habet Brut.,
|
400
tristes exitus
res habet || 12-13 Sibi.../
Quaerat...
praesidium
fuga]
CAES.,
Gall.,
2,
11, 5:
Exaudito
clamore
perturbatis ordinibus omnes in fuga sibi praesidium ponerent || salutis praesidium] cf. Cic., Rab. perd., 4 : [... ] nullum extremis
À
METANOIA -
128:
credula [gladius turba) cf. SEN., cf. CIC.
“APP OAITH {a -_
Hy
rei publicae temporibus perfugium
uestrae [... ]?
et praesidium salutis ; CIC., Phil., 4, 4: Quod
autem praesidium
erat salutis libertatisque
OE Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius [SP 73v°; 1555 p. CXLVI; 1574 p. CLI]
OCCASIONEM
QVI SAPIS NE AMISERIS
[SP 74r°; 1555 p. CXLVIL, f° Tiir° ; 1574 p. CLIT]
IOANNI IVNIO ANTVERPIENSI IVRISCONS ELOQVENTISS
Symb. LXXI
Symb. LXXI
In pictura :
ΓΝΩΘΙ KAIPON (γνῶθι καιρόν)
Iam tibi dum rebus se Occasio amica gerendis
τ
νυν νννν
OAO
=
Opportunè offert fronte comata, tene. Momento praeteruolat haud unquam reditura. Occiput en calua est. Lentus es ? Illa abiit.
AAHAON (Ἄδηλον)
|
O nihil est, CC. bis centum nuntiat, A nil
S. quintum, primum I, rursus et O nihil est. Principium nihil est, bis centum plurima, quinque Non satis est, unus sat, uenit inde nihil.
|
s Etlicet obscura haec uideantur carmina, possunt Si bené perspicies singula, clara loqui. apparatus criticus Editum est carmen 2 in 1608, p. 447 sub titulo « Occasio ». || num. LXXI 1574 : LXIX S ; 81 del. S post LXIX.
402
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Édition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[SP sr" ; 1555 p. CXLIX ; 1574 p. CLV] [Sf 74v° ; 1555 p. CXLVIII ; 1574 p. CLIV]
BALTASSARI RVSTICELLO FACESSAT AFFECTATIO
ACCOMODANDA VERBA REBVS ESSE, NEC VIM VLLAM
AFFERENDAM
INVENTIS
Symb. LXXII
Symb. LXXII
Dum bonus inuentis animum accuratius implet
Hinc Genius, prohibet sed malus hinc Genius. Ipsa malum tamen expellit Prudentia mater Nullémque inuentis uim fieri patitur.
5
Optima nimirum rebus plerunque cohaerent
Cernuntufque adeo lumine uerba suo. Illa tamen, tanquam lateant sempefque recedant, Quaerimus atque locis ex aliis petimus Quae Natura iubet nobis praesto esse benigna. 10 Quid quaeris, Genium hoc est uiolare bonum. Optima sunt minimé accersita, simillima ueris.
Obstant synceris pessima simplicibus.
apparatus criticus num. LXXII 1574:
LXX
S 1555 || tit. pict. INVENTIS
1574:
-TIBVS
S 1555 || ded. carm. BALTHASSARI
RVSTICELLO
c. 1555 1574 : AD BALTHASSARVM RVSTICELLVM S a. c. || 2 Genius, prohibet S p. c. 1555 1574: prohibet Genius S a.
apparatus fontium
cotidiano sermoni simillima, QVINT., Inst., 12, 10, 40-41 : Adhuc quidam nullam esse naturalem putant eloquentiam, nisi quae sit arcessiti et elaborati nihilque uoluntatem animi quo cum amicis, coniugibus, liberis, seruis loquamur, contento promere
ἃ ueritate fictumque requirente : quidquid huc sit adiectum, id esse adfectationis et ambitiosae in loquendo iactantiae, remotum corpora, etiam si athletarum sicut ipsorum gratia uerborum, quibus solum natura sit officium attributum, seruire sensibus: hominibus, concessa sit quae specie, ualidiora fiant exercitatione et lege quadam ciborum, non tamen esse naturalia atque ab illa cum sua uerbis, alienis aut abhorrere. Quid enim, inquiunt, attinet circumitu res ostendere et tralationibus, id est aut pluribus verba/ simillima uerisque cuique sint adsignata nomina ? || 11 simillima ueris] cf. Ov., Her., 15, 131-132: Blandior interdum Eloquor.
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Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius [SP 7sv° ; 1555 p. CL;
1574 p. CLVI]
[SP 76r°; 1555 Ρ- CLI;
FERENDAM EGESTATEM ET SENECTAM HVMANITER
CONFECTVS SENIO ENNI EQVVS QVIESCIT
Symb. LXXIII
CVLPANDA NON EXTERNA SED MORES MALOS
In pictura : - SICVT FORTIS EQVVS SPATIOQVE SAEPE REMENSO VICIT OLYMPIA NVNC SENIO CONFECTVS QVIESCIT
Symb.
- ENNIVS
1574 p. CLVII]
LXXIII
Ennius ille olim paupertatem atque senectam,
- SENECTVS
_ PAVPERTAS
Quae duo longé maxima uulgò onera esse putantur,
gy
==
5
10
Dicitur usque adeo fortis uictofque tulisse Vt uisus sit eis pené oblectarier ultrò, Quod certè sapienter fecit ut omnia dixit. Namque petenda à se ipso constituit bona primum Vera, quibus facilè bene uiuitur atque beate. Inde malum huic poterat non ullum iure uideri Quod Natura parens uel Sors aduersa tulisset.
| |
Nonigitur Senium, non pannis obsita Egestas,
Non externa alia, at mores culpentur iniqui.
apparatus criticus num. LXXIII 1574 : LXXIS
1555.
apparatus fontium tit. pict. FERENDAM... HVMANITER] cf. Cic., Aft., 1, 2, 1: [...] sin aliter acciderit, humaniter feremus || in pict. SICVT FORTIS... QVIESCIT] ENN., An. 12, 374 ap. CIC., Cato, 5, 14 (cf. tit. 1 carm.) || tit. carm. CVLPANDA... MALOS] Cic., ibid. : Sua enim uitia insipientes et suam culpam in senectutem conferunt (cf. v. 9-10). Quod non faciebat is cuius modo
mentionem feci, Ennius || 1-4 cf. CIC., ibid. : Sed annos septuaginta natus — tot enim uixit Ennius — ita ferebat duo quoque
maxuma putantur onera, paupertatem et senectutem, ut iis paene delectari uidetur || 6-9 cf. CIC., Cato, 4, 4: Quibus enim nihil
est in ipsis opis ad bene beateque uiuendum, eis omnis aetas grauis est ; qui autem omnia bona a se ipsi petunt, eis nihil malum potest uideri quod Naturae Necessitas adferat.
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407
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Édition critique du texte latin : liber tertius
[SP σόν"; 1555 p. CLIT; 1574 p. CLVIII]
[58 771° ; 1555 p. CLIN,
RES CONSILII OPE, HAVD VIRIBVS, MAGNAS GERI
QVIETVS IN PVPPI TENET CLAVVM SENEX
Symb. LXXIV
Symb. LXXIV
Vr° ; 1574 p. CLIX]
Aspice quam satagunt totis qui uiribus alnum
Sollicitant iuuenes fluctibus in mediis.
En malos alii scandunt, trahit ille rudentes,
5
Per patulos audax cursitat ille foros. Exhaurit sentinam alius, secat aequora tonsis Certatim remex, uela alii faciunt.
In puppi residens clauum tenet ille quietus,
10
At non quae iuuenum robora, strenuitas ; Quin multd maiora facit melioraque solus Ipse, suo praestans omnibus ingenio.
Res magnae haud ualido aut ueloci corpore fiunt, Verum animi sensu, consilio, imperio.
apparatus criticus
num. LXXIV 1574: LXXIIS 1555 || 8 strenuitas S 1555 : strenn- 1574. apparatus fontium 3-12 CIC., Cato, 6, 17 : [Nihil igitur adferunt qui in re gerunda uersari senectutem negant, similesque sunt, ut si qui gubernatorem in nauigando nihil agere dicant], cum alii malos scandant, alii per foros cursent, alii sentinam exhauriant, ille autem clauum
tenens quietus sedeat in puppi, non faciat ea quae iuuenes, at vero multo maiora et meliora faciat. Non uiribus aut uelocitate aut celeritate corporum
res magnae geruntur, sed consilio auctoritate sententia ; quibus non modo
non orbari, sed etiam augeri
senectus solet.
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Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome 1 [SP 77v° ; 1555 p. CLIV; 1574p. CLX]
[SP 78r° ; 1555 p. CLV,
OMNIA CVI CEDVNT, DIVINO CEDAT AMORI
PAN VICTVS A CVPIDINE IN LVCTA CADIT
Symb. LXXV
Symb. LXXV
Viir® ; 1574 p. CLXI]
Te quoque Pan, ouium custos dignissime, Amori
5s
10
Luctando quondam succubuisse ferunt, Nec tibi profuerunt ridenti cornua fronte Barbaque Phoebea lampade splendidior, Nonilla astriferum referens tua nebris Olympum Non calamis septem fistula disparibus, Non dextra gestasse pedum quo cunéta gubernas, Nempè tuum est mundi totius imperium. Ergo si tantum numen tu cedis Amori, Ecquis erit nostrum cedere quem pigeat ? Victore 4 summo uinci uictoria summa est,
Testis Naturae es maximus ipse parens. apparatus criticus Editum est carmen in 1608, p. 447-448, et in 1719, p. 338-339, sub titulo « Pan uictus a Cupidine > || num. LXXV
1574: LXXIII S
1555 || 2 quondam S supra lineam. apparatus fontium tit. pict. cf. VERG., Buc., 10, 69 : Omnia uincit Amor et nos cedamus Amori (cf. v. 9-10) ; cf. Herc. STROZZAE, Epigrammata, in Strozzii poetae pater et filius, Venise,
1513, Ρ. 831,
«In
Pana
et Amorem
certantes >, v.12:
Panaque,
qui uincit omnia,
uicit
Amor. || tit. carm. cf. SERV., ad Buc., 2, 31 : Hic [i. 6. Pan] quia totius naturae deus est, a poetis fingitur cum amore luctatus et ab eo uictus, qui, ut legimus « omnia uicit amor » = L. G. GYRALDI, De deis gentium libri siue syntagmata XVII, Lugduni, 1565, Synt. 15, p.383 (1548') || 1 Pan ouium custos] cf. GYR, ibid., p.382: Quin etiam ἐπίσκοπον, id est, speculatorem pecudum et armentorum dixere || 3 ridenti cornua fronte] cf. SIL. 13, 332 : [... ac parua erumpunt rubicunda cornua fronte ; SERV., ad Buc., 2, 31: Habet enim cornua in radiorum solis et lunae cornuum similitudinem= GYR, De deis gentium, Synt. 15, p. 382 || 4 barbaque] cf. SIL., 13, 333 : [... ] imoque cadit barba hispida mento ; G. BOCCACH, Genealogiae deorum gentilium libri, 1, 4, « De Pane secundo Demogorgonis filio >, t.1, p. 23 Romano : Per barbam autem, per quem uirilitas demonstratur, uirtutem actiuam horum duorum elementorum sic iunétorum [i. e. ignis et aeris] intelligi uoluisse existimo et eorum opus in terram et aquam dum demissam illam in pectus et ad partes inferiores traxere || s astriferum referens tua nebris Olympum] cf. SERV., ad Buc., 2, 31 : In pectore uero nebridem habet stellatam, ad stellarum imaginem = GYR, De deis gentium, Synt. 15, p. 382 ; BOCC.,
Genealogiae,
t.1, p.23:
Eum
autem
maculosa pelle tectum
descripsere, ut per illam ostenderetur octaue
spere mirabilis
pulchritudo crebro stellarum fulgore depicta, a qua quidam spera, sicuti pallio tegitur homo, sic omnia ad naturam rerum
spectantia conteguntur || 6 calamis septem fistula disparibus] cf. SERV., ad Buc., 2, 31 : Fistulam septem calamorum habet propter harmoniam coeli in quo septem soni sunt, septem et discrimina uocum= GYR, De deis gentium, Synt. 15, p.382; BOCC., Genealogiae, t. I, p. 22 : Et sic poterimus dicere Siringam esse celorum seu sperarum melodiam, que ut Pictagore placuit ex uariis inter se motibus circulorum $berarum conficiebatur, seu conficitur, et per consequens tanquam deo et nature gratissimum a natura conficiente diligitur ; p. 23 : Fistulam uero ad armoniam celestem designandam illi apposuere ; BOCCHI, Symb. XLV, v. 1-
3 || 7 dextra gestasse pedum] cf. SERV., ad Buc., 2, 31 : καλαύροπα habet, id est pedum, propter annum, qui in se recurrit = GYR.,
De deis gentium, Synt. 15, p.382 || 8 tuum est mundi totius imperium] cf. SERV., ad Buc., 2, 31: Pan deus rusticus in naturae similitudinem formatus unde est Pan dictus, id est omne ; cf. PL., Crat., 408bd ; CORNVT., Theol. Graec. comp., 27 ; APOLLOD. in FGrH 244F 136a; EVS., Praep. eu., 3, 11, 44; BOCC., Genealogiae, t. I, p. 24: [... ] eumque dixere [= Arcades] Pana πᾶν, quod totum latine sonat, uolentes ob hoc quod omnia quecumque sint in nature gremio concludantur, et sic ipsa totum sit ; cf. GYR,
De deis gentium, Synt. 15, p. 382 : Sed creditur [... ] sub eius nomine et uocabulo lupiter coli, id est, mundus [... ] quod πᾶν Graece significat omne, id est, uniuersam naturam ; P. VALERIANI, Hieroglyphica, Basileae, 1556, XLIV, p. 330c : Probo autem idem et Pan et Iupiter est quod πᾶν omne, uniuersam quippe, ut dictum est, naturam significet.
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Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
[SP 79r° ; 1555 p. CLVII ; 1574p. CLXIII]
[SP 78v° ; 1555 p. CLVI ; 1574 p. CLXII]
PETENDA AB OPTIMO
MENS SEPIENDA ROBORE SVO IN OPTIMIS Symb. In pictura :
Symb. LXXVI
LXXVI
- ΚΑΘΗΣΘΑΙ TIPOZKYNHEONTAZ (Καθῆσθαι προσκυνήσοντας) - PYTHAGORAS
OPTIMA
Quadrato sedet en saxo Phoebeius augur Votaque concipiens optima consequitur. Sed cur consequitur ? Quia finem respicit unum Idque petit constans quod semel instituit. $ A superis igitur sunt optima cuique petenda,
Durandimque alti robore firmo animi. QVAE SIT PRECATIO OMNIVM
STVLTISSIMA : MALI DEVM COLVNT MODO
OB PECVNIAM
Frui expetendis per se et immortalibus Verum est bonis. At iis tamen,
Quae propter aliud quaerimus, mage utimur : 5
Vti ergo temporariis Oportet, ut fruamur aeternis : mali et Praeposteri pecunia Frui uolunt, uti Deo. Hunc enim colunt
Tantummod6 ob pecuniam, Non propter illum hance. Scilicet stultissimum 10
Genus hominum, et teterrimum.
apparatus criticus num. LXXVI 1574 : LXXIV S 1555.
apparatus fontium carm. 1. : in pict. Καθῆσθαι προσκυνήσοντας]
cf. D. ERASMI, Adagia, 1, 1, 2, « Pythagorae Symbola », 34 : Adoraturi sedeant. Id
est adoraturi sedeant, significat uota certa concipere oportere et in his quae sunt optima perseuerare. Et hoc Plutarchus adscribit Numae, nisi quod in Aldino uolumine προσκυνησάντας legimus non προσκυνήσοντας, addens id fuisse uelut augurii uota rata firmaque fore. Addit quibusdam hanc quietem uideri distinétionem actionum, tamquam qui priori actioni finem imposuerint, sedentes apud Deos, initium alterius actionis ab iisdem ausbicentur. Quidam arbitrantur alium subesse sensum, quod oporteat eos qui sacris operantur, non obiter ac uelut aliud agentes hoc facere, sed uacuos ac totos rei diuinae intentos. Vnde Plutarchus idem tradit, quoties pontifex auguria seu sacra aggrediebatur, praecones clamabant « Hoc age ». Ea uox hortabatur, ut qui sacra adirent, reuerenter et attente id facerent ; cf. PLVT., Num., 14, 5 & 12 || 1 Phoebeius augur] cf. STAT., Theb., 6, 441. carm. 2.: cf. AVG., Ciu., 11, 25: [...] nec ignoro, quod proprie fructus fruentis, usus utentis sit, atque hoc interesse uideatur, quod ea re frui dicimur, quae nos non ad aliud referenda per se ipsa delectat ; uti uero ea re, quam propter aliud quaerimus (unde temporalibus magis utendum est, quam fruendum, ut frui mereamur aeternis ; non sicut peruersi, qui frui uolunt nummo, uti autem deo ; quoniam non nummum propter deum inpendunt, sed deum propter nummum colunt) ; ISID., Diff. uerb., 225 : Inter frui et uti haec distindtio est. Quod fruimur quo nequaquam carere possumus ; utimur quae aliquando nec semper habemus. Ac per hoc uti temporale est, frui vero aeternum.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) -tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius [Sf 79v°; 1555 p. CLVIII ; 1574 p. CLXIV]
[Sf 80r° ; 1555 p. CLIX ; 1574 p.
LVDOVICO BECATELLO EPIS
IPSVM
AMABITVR QVI AMAVERIT
CLXV]
QVI SESE VINCIT FACILE OMNIA VINCIT
FINIS PRINCIPIVMQ
Symb. LXXVII
AMOR
BONORVM
EST
Symb. LXXVII
et
5
— Concilii humani, conuictus, colloquiorum Principio causam praebuit ignis edax. — Attamen ignis edax corrumpit cuncta. Quid ergo ? An quia finis idem est principiimque simul ?
— Certè Amor est ignis corrumpens omnia alen$que, et Omnia qui uincit, uincitur igne suo. Ipsum sese igitur discet qui uincere, uincet Caetera, amabitur et quisquis amare uolet.
apparatus criticus Adiecimus dialogi signa typographica || Num. LXXVII 1574 : LXXV S 1555. apparatus fontium
-
tit. carm. IPSVM... OMNIA VINCIT] cf. PVBLIL., Sent., C, v. 38 Meyer : Cum se ipse uincit sapiens, minime uincitur ; ZENO VERONENSIS, Tractatus, 1, 4 : Vt omnia non magno opere deuincat, se primo uincit ; CHRISTIANI DE CAMPO LILIORUM (+ 1330), Versus differentiales, Zechmaster, |. 690 : Vir qui se uincit, uirtutibus omnia uincit ; cf. v. 6 || FINIS PRINCIPIVMQVE] cf. v. 4 || 1-2 cf. LVCR, 5, 1105-1109: Inque dies magis hi uiétum uitamque priorem/ Commutare nouis monstrabant rebus et igni,/
Ingenio
qui
praestabant
et
corde
uigebant./
Condere
coeperunt
urbis
arcemque
locare/
Praesidium
reges
ipsi
sibi
perfugiumque ; 5, 1011-1027 || 4 finis idem est principiumque simul] cf. VVLG., Apoc., 8 : Ego sum a et w, principium et finis, dicit
Dominus Deus, qui est et qui erat et qui uenturus est Omnipotens ; cf. AMBR., in Luc., 2 : Dominus autem Iesus idem est finis
atque principium, idem primus et nouissimus || 6 cf. VERG., Buc., 10, 69: Omnia uincit Amor et nos cedamus Amori; cf. tit. carm. ; BOCCHH, Symb. 75.
414
415
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
(SP 8
52553 CPE’;
ep
OE
[Sf 8ov° ; 1555 p. CLX ; 1574p. CLXVI]
ROBERTO MAGIO
VERA IN COGNITIONE DEI CVLTVQ VOLVPTAS
SIC FRVIMVR DVLCI NECTARE ET AMBROSIA
Symb. LXXVIII Sub pictura :
OYK HAYEQMATOZ ΟΝΟΜΑΣΘΕΙΣ AAN HAYTNOMON
— Cur olim pulchros rapti Ganymedis honores Diuinae cecinit conditor Iliados ? Nempé opifex rerum, mundi melioris origo, Non forma capitur corporis a$t animi ? Ipsum testatur nomen. Nam summa uoluptas Est homini cum se cogitat esse pium. Quid sibi uult aliud pietas quam noscere Verum Et puro mentis flore Deum colere ? Hac ipse allectus Rex Maximus Optimus, ad se 10 Nos rapiens, dira morte carere facit. Qua mens laetitia effertur secura tuendo Diuinam speciem, id nectar et ambrosia est. Interea canis obscaenae latratus in auras Saeuit necquicquam : haec bruta cupido hominum est,
τ᾿
(Οὐκ ἡδυσώματος ὀνομασθεὶς ἀλλ᾽ ἡδυγνώμων)
Symb. XVI
15
Quae furit inferius, sublimis at ille triumphat.
Tu quoque sic utinam mens rapiare mea ! Magnum olim fuit hoc Decimo placuisse Leoni, Maximum erit posthac quod placuit Magio. 7
Adiecimus dialogi signa typographica || um. LXXVIII PONTI MAX 5 supra titulum.
1574: LXVI S 1555; 68 add S f Soe ἢ πα ἢ τὴ. pict. LEONIS
X
apparatus fontium
&fid…&mdc.…m……1.p.17lnhe:h’masmi:asm:bàfimsuaszpimfia
a@x……………mp@mfi…m……,ù… 4, p. 220 : |. ΟἽ quapropter qui pins ambrosia neCareque nescebantor id enim e frni? ; hid,
gaudium
deo frochanter aigue inde mirum
su beneficentia sumebant ; M. FICINI, Com. in Plat. Conu. (De Amore), 4, 6, p. 176 Marcel - Hic [i e Amor] animos
primum ad cele&em dudti mensam ambrosia et nectare abundantem, deinde singulos singulis accomodat sedibus, postremo suzuiter detinet in eternum; id,
7, 14, Ρ. 259-260
Marcel:
Vbi auniga beates est, et ad presepe, id e&
ad duinam
pulchritudinem siftens equos, id e& accomodans omnes sibi subiectas anime partes, obacst iles ambrosiam et super ipsam nectar et ex uisione letitiam ; cf PL, Phasdr, 247e || m pit OTK HATEOMATO® .. potendum,id e#, uisionem pulchritudinis XEN, Con, 8, 30-31: [-.-] καὶ ἐγὼ δέ φηξε καὶ Γανεμήξην of σώφιστος ἄλλα ψεγης ἕνεκα End Διὸς εἰς AAA HATTNOMON] Ἔστι δὲ δέ τ' ἀκοθωτ΄. Τοῦτο δὲ φράζει ὅτι ἥξεται δέ τ΄ ἀκοέων. Ὄλεμπον ἀνενεχθῆναι. Ἔστι μὲν γὰρ δήπου καὶ Ὁμήρῳ - ~ Γάνυται xov “ πυκινὰ φρεσὶ μήδεα εἰδώς ”. Τοῦτοδ᾽ αὖ λέγει σοφὰ φρεσὶ βοτλεέψατα εἰδώς. ἘΞ 06v συναμφοτέρων TOUTE ταὶ ἄλλοθί
ἡδυσώματος ὀνομασθεὶς à Γανυμήδης ἀλλ΄ ἠδυγνώμων ἐν θεοῖς τετίμηται: -ξτ5-- |) 2G
lactandum»,4 : Dic haec Maconius finxerit unde senex ? ch Hos, IL, 20,
γένετο θνητῶν ἀνθρώπων."
232-235-
OÙ
ALCATEL Emblemaita, «In deo
] ἀντίθεος
Γανυμήξης,
“Oc δή xäuoroc
θεοὶ Ad οἰνοχοεέειν ἡ Καῖλεος civexa οἷο tr’ ἀθανάτοισι μετείη || 3-5 Νεπιρὲ... Τὸν καὶ ἀνηρείψαντο
teftatur nomen] XEN., Conu., 8, 30-33 ; c£ in piét || 5-6 summa
woluptas — prom
Cam,
76, 1-2 : Si qua recordanti
canss priora, uoluptas/ E& homini cum se cogitat esse pium || 11-12 cf tit pact ; tt corm || 15-24 Interea
benefacta
latratus in auras
Custodes sseuitque canum latratus in Saeuit] d\'m…m,,,:sézs*-…p…neqmqnmadsden… louis amiger uncis|| triumphat | rapast pedbes || 15 sublimis] εἰ VERG, Aen. 5, 255: Sublimem [Ganymeden] auras £ 1071° : Faciamus animam Cartandram, Andream apod 1519, (ΕἸ VALLAE, De woluptate (De uero falsoque bono), 3, 29, Basleze,
uelut pasta uictoria cum triumpho reduci in patriam 416
417
ELU
2
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Edition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1 [Sf
81v°; 1555 p. CLXII ; 1574 p. CLXVIII]
[SF 82r°; 1555 p. CLXIIL, f° Xiir° ; 1574 p. CLXIX]
REGINALDO POLO CARDINALI AMPLISS
SCVLPTORIS IAM NVNC GANYMEDEM CERNE LEOCRAE : PACATI EMBLEMA HOC CORPORIS ATQVE ANIMI EST
PAX EST LAETA PIIS VSQ DOMI ATQ FORIS
Symb. LXXIX
Symb. LXXIX
In pictura :
Aspice quam sentit magni Ioui armiger ales
ae
Quid rapit et cui fert in Ganymede suo. Vnguibus en etiam per uestem parcit aduncis, is
ΞΕ
_
,
Ε
_
MHAEEI1
OAI
j TL TANHE
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en
ira
+»
-
>
Ne quid pacatis sensibus officiat.
|
Sculptor compositi corporis atque animi.
|
5 Sic olim expressit miré otia laeta Leocras
|
Tota mente Deum ac pura nosce et cole ; prestù
Laeta domi atque foris pax erit usque tibi.
j
apparatus criticus num. LXXIX 1574 : LXVII $ 1555 ; 69 add. S f 81° I. m. || tit. piét. CERNE : S supra lineam || in pict. ΓΑΝΥΣΘΑΙ͂ nos : TANH-
1574 || tit. carm. SCVLPTORIS IAMNVNC GANYMEDEM CERNE LEOCRAE/ PACATI EMBLEMA HOC VSQ : CORPORIS ATQ ANIMI EST PRAESTO PIIS del. 5 || EMBLEMA S p. c. 1555 1574 : -LEMMA S a. c. || PIIS
| |
(sic) S 1555
S supra lineam. apparatus fontium
editionibus ; cf. XEN., in pict. TANYZOAI MHAEXI] A. ALCIATI, Emblemata, « In Deo Laetandum > in pictura in aliquibus in Ganymede et cui rapiat Conu., 30-31 ; A. BOCCHU, Symb. 78 || 1-4 PLIN., Nat, 34, 79 : Leochares aquilam sentientem quid ἱπτάμενος Zedc,/ αἰθέρος δι᾽ ferat, parcentem unguibus etiam per uestem puero ; cf, NONN., D., 25, 434-435 : Ταρβαλέος δ᾽ ἤικτο
Ἀδρύπτοις ὀνύχεσσι τεθηπότα κοῦρον ἀείρων.
418
419
|
| |
πα,
.
Édition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi ( 1555) - tome 1 es
Sf
82v° ; 1555p.
peer
CLXIV
; 1574p.
[SP 83r° ; 1555 p. CLXV ; 1574 p. CLXXI]
A
HIC ΑΝΤΈΡΩΣ : Q QVID EST NISI VERVM
GVIDONI PEPVLO PHILIPPI OCELLO
Olim Cupidinem editum Venus dedit Blandis alendum Gratiis. Mater dolens Quod nulla earum diligentia puer,
RTE _ VENVS — XAPITEZ (Χάριτες)
- ANTEPOQX (Ἀντέρως)
AMOREM AMOREM M MVTVVM ?
Symb. LXXX
Symb. LXXX
-ΑΑΦΡΟΔΙΤῊ (Ἀφροδίτη)
ESSE SE
Ipsa ut uolebat, cresceret, mox Delphicum Oraculum consuluit. Indé retulit Haec uerba responsi : Avtépwta gignier Necesse prorsus esse ; sic enim fore ut
5
10
Certatim uterque ad usque magnitudinem
|
Hunc procreasset, educandum et Gratiis Item dedisset, factum in ipso tempore est Quod Delius cecinerat. Hoc quid uult sibi
|
Concresceret iustam. Proindè cum dea
|
Aliud, quam oportere esse amorem mutuum ?
|
|
In corde amantis nascitur quidem ipse amor.
15
20
|
Non crescit is tamen, ni ametur inuicem.
| | |
Quid quaeris ? Hocce tu sat intellexeris, Guido optimorum spes decusque ciuium, Si consulueris ipse Apollinem tuum et
Almam Dionem, quin et ipsas Gratias, Quae te educarunt et habent charissimum. |
apparatus criticus
; 70 add. S Editi sunt uersi 1-15 in 1608, p. 448, et in 1719, p. 339, sub titulo « De Anterote > || num. LXXX 1574: LXVIII S 1555 1719. carum : 1574 1555 S earum 3 || c. a. 1555 (sic) -tudnem : um] 1574 f 82v° L m.|| 8 magnitudinem S 1555 [in tabula errator apparatus fontium μὲν ἄλλα καλός τε ἦν ὁ παῖς καὶ τῇ THEMIST., Protrept. (Orat., 24), Harduin p. 304d-305 :Ὅτε τὸν Ἔρωτα ἡ Ἀφροδίτη ἐγέννησε, τὰ ἀλλ᾽ ἔμενε πλεῖστον χρόνον οἷος σῶμα, τὸ ἐπεδίδου οὐδὲ πρέπον, κάλλει γεννησάσῃ προσήκων, ἀτὰρ οὐκ ηὔξετό γε εἰς μέγεθος τῷ ι παρὰ τὴν Θέμιν — οὔπω γὰρ φοιτῶσα καὶ Χάριτες, αἱ βρέφους τοῦ ἐτέχθη. ἠπορεῖτο γοῦν πρὸς τὸ πρᾶγμα ἥ τε μήτηρ καὶ αἱ τροφοὶ ἡ Θέμις: ἀλλ᾽ ἐγὼ παύσω ὑμᾶς οὖν ς. Εἶπεν ῆς συμφορᾶ θαυμαστ εἶχε Δελφοὺς ὁ Ἀπόλλων -- ἐδέοντο λύσιν τινὰ ἐξευρεῖν τῆς ἀτόπου καὶ μὲν ἂν ἴσως καὶ μόνος, τεχθείη η, Ἀφροδίτ , ὦ ἄληθινός ἀπορουμένας: νῦν γὰρ οὔπω ἴστε τὴν φύσιν τοῦ βρέφους. Ὁ Ἔρως ὁ σὸς ὁ φύσις τοῖσδε τοῖς αὕτη δὲ Ἔσται Ἔρωτα. τὸν αι αὐξηθείη δ᾽ ἂν οὐδαμοῦ μόνος, ἀλλά σοι δεῖ καὶ Ἀντέρωτος, εἰ βούλει αὐξηθῆν δὲ ἀπολειφθέντος θατέρου ουσι, βλαστήσ ς ἴσα ἀδελφοῖς. ἀλλήλοις αἴτιοι τῆς αὔξης ἄμφω γενήσονται. ὁρῶντες μὲν γὰρ ἀλλήλου ἦν. Ἅτε δὴ ὑψηλὸς καὶ ἔφυσε πτερὰ τὰ καὶ Ἔρως μα ὁ μειώσονται. Οὕτω δὴ κύει τὸν Ἀντέρωτα ἡ Ἀφροδίτη, καὶ ἀνέδραμέ τε παραχρῆ
|
|
|
| |
πάλιν δὲ αὔξεται. Δεῖται δὲ ἀεὶ ἐν τοιαύτῃ τύχῃ καθεστηκὼς ἄτοπα ὑπομένει πολλάκις πάθη καὶ τοτὲ μὲν θάλλει, τοτὲ δὲ φθίνει,
φωράσας πολλάκις οὐδὲ ἐθέλων τἀδελφοῦ συνόντος, καὶ μέγαν μὲν ἐκεῖνον ὁρῶν μείζων φαίνεσθαι φιλονεικεῖ, σμικρὸν δὲ καὶ ὀλίγον , 1544, p. 440 : Huius autem uim et natales ἀπομαραίνεται ; C. CALCAGNINI, Anteros siue de mutuo amore in Opera aliquot, Basileae Cupidinem peperit, pulcher alioqui ac elegantissimo apologo Porphyrius [sic] complexus est. [...] id est, Quo tempore Venus m haud quaquam excrescebat in uenustulus puer ille uisebatur, ut qui nec tantillum a matre pulcherrima degeneraret. Caeteru m tempus eo habitu quo natus erat. Anxia igitur magnitudinem ac staturam quae pulchritudini responderet, sed manebat plurimu . Atque oraculum Themidos adeuntes eam ob rem atque inops consilii mater affligebatur, nec minus Gratiae infantis nutrices nulla non admiratione dignam calamitatem (nondum enim Apollo Delphis praesederat) orabant supplices ut ad insolitam ac Nec enim satis naturam et ingenium aliquod remedium inueniret. Tum Themis: at ego uos, inquit, hac solicitudine leuabo. infantis uidemini perspexisse. Nam
non potest. tuus iste uerus Amor 6 Venus nasci forsitan solus potest, crescere autem solus
beneuolentiae uices rependat. Erit autem iis fratribus Quod si cupis ut adolescat, Anterotis opera opus est, qui reciproco amore, bunt.
mutuo intuenatur, aequali propagine germina hoc ingenii, ut uicissim alter alteri mutuetur et largiatur incrementum. Et si se
em parit. Quo uix dum edito in lucem, Sin uero alter deficiat, ambos pessum ire oportebit. Hoc usa consilio Venus Anterot
420
421
| |
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Cupido statim adolescere enatasque repente pennas explicare coepit, et iam procero corpore incedere. Qui quom huic sorti
obnoxius sit, miris plerunque et inauditis conflictatur erumnis. Nam interdum pullulat, interdum deflorescit : rursus augetur, ita tamen ut nunquam non praesentia fratris indigeat : quem si grandescere animaduerterit, longe grandior ipse effici contendit. Sin uero pusillum exiguumque esse deprehenderit, saepe uel inuitus elanguet ; L. G. GYRALDI, De deis gentium... Syntagmata XIII, in Opera omnia, Lugudni Batavorum, apud Hackium, Boutesteyn, Vivie, Vander Aa, Luchtmans, 1696, p. 4110 : Porphyrius [sic]
quoque philosophus de Anterote apologum sic propemodum recitat : Cum, inquit, Cupido infans parum coalesceret, Venus
Themin deam consuluit. Quae Veneri responsum dedit, Cupidini Anterota necessarium esse, qui rependat uices, ut mutuam
uicissim dent operam. Cui Venus acquiescens, Anterota, quasi Anticupidinem dicas, genuit: quo uix dum dato, Cupido
adolescere coepit, et alla pennasque explicare. Quin quotiens praesens Anteros adesset, Cupido formosior et procerior. Absente illo, contra accidere uidebatur ; A. NIPHI, De Amore, 21: Themistius uero uir doctissimus fabulam fingit [...] quum inquit,
Temporibus, quibus Venus Cupidinem genuit, puer ille longe pulchrior ipsa matre omnibus uidebatur, uerum proceritas illius haudquaquam increscebat pro ratione formae. Hanc rem et Venus et puri nutricesque permoleste ferentes, Themidis oraculum (non enim pro eo tempore in Delphis Apollo respondebat) supplices orarunt, ut remeidum, si quod esset, afferret, quo puer crescere posset, pro tantae formositatis complemento. Themin autem respondisse ferunt, id a pueri natura proficisci, qui fortasse
solus nasci, non autem solus increscere potest, nisi alter gemellus aderit, quo adaucto, et Cupidus tuus augebitur. Sicque Anterota Venerem peperisse tradunt, qui ut gemellus Cupidinis a poetis fingitur, cuius praesentia Cupido, si augeri desiderat, egere
uidetur. Nam quo Anteros crescit, eo Cupido maior sit. Quae Themistius interpretando, asserit, eum uel eam, quae amari exoptat, redamare eniti: quoniam si Cupido mutuus ac reciprocus non fuerit, cito euanescit. Sunt igitur Eros et Anteros amatio et redamatio cupidinea ; M.EQVICOLAE, Libro di natura d'amore, Venetiis, 1607 (1525'), ap. G.B. Bonfadino, 2, 1: «Di
Cupidine », p. 95 : Porremo hora le parole di Themistio tradotte nella nostra lingua. Nel tempo che Venere generd cupido bello, et gratioso si vedea quel fanciullo molto più bello che la bella madre, ma non cresceva in grandezza & statura, laquale corresbondesse alla bellezza. Per la qual cosa affannata non sapendo quel che fare la madre, tutta si affligeva, & con lei le Gratie del putto nutrici, perche andarano all’oracolo di Themis (non era ancora Apollo in Delfo) pregando humilmente che qualche
remedio si travasse a quella insolita & degna di misericordia infelicità. Themis disse. Io vi levard di questa sollecitudine. Certamente non mi par c’habbiate ben compresa la natura & ingegno del putto, perche o Venere questo tuo vero amore, forse puo nascer solo, crescere non puo solo, perd se desideri che crescea, ti è necessaria I’ opera di Antherote, il quale con iscambievole amore risbonda alla benivolentia. Sara cosi la natura de’ fratelli, che l’uno a l’altro sara auttore di farsi crescere, riguardando si vicendevolmente, germinando da egual pianta. Se l’uno mancarà, sara necessario manchino amendue. In questo Venere parturi Antherote, il quale a pena nato suboti Cupido crebbe in alto e spigò le penne. [... ] Denota Themistio che chi vuol esse amato, bisogna che ami, ch’amore se non é reciproco, tosto manca.
422
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1 Édition critique du texte latin : liber tertius [ς LSP
MARIO
83v° “A ; 1555 p-
“IT
XVI. em συ CLXVI ; 1574 p. CLXXII]
[SP 84r° ; 1555 p.
NIZOLIO
AMOR
LABOREM
Symb. LXXXI ae -
(eus
αύμαστος
- KAMATHPOS (Käuarnpoc)
FERT, EVM
CLXVII; 1574 p.
CLXXIII]
ADMIRATIO
Symb. LXXXI
)
Pallada miraris ceruo insedisse fugaci
: r duplex J ΤΕ CE Quem sequitu assequitufque canis:
Thaumastus petit hinc, acris Camaterus et illinc ; s
Admirator hic est, improbus ille Labor.
Discendi mirum parit Admiratio amorem.
Quid non improbitas dura Laboris agit ?
apparatus criticus
Editum est carmen in 1608, p. 448, et in 1719, p. 339, sub titulo « Amor laborem fert, erum admiratio > |] num. LXXXI 1574 : LXXIX S 1555; 71 add. S f 83v° Lm. || ded. MARIO NIZOLIO Sp.c. 1555 1574: POMPIL IO AMASAEO ROMVLI F Sa.c.|| s discendi S 1555 1574 : -cendo 1608 1719. apparatus fontium G. BVDAEI, De Philologia,
2, p. 177 de la Garanderie:
Tot illa me
fera fugax [i. e. Philologia], fallax, lubrica, tamque
longis
anfractibus, perdiu frustrata est quot tibi cursim uenanti et quo modo maeandros (ut ita dicam) fugae implicare insignes cerui
solent, cum illud Dianae latrabile satellitium trucique rictu terribile eos e uestigio sequitur || 1 fugaci ceruo] cf. P. VALERIANI, Hieroglyphica, Basileae, 1556, 7, « FVGACITAS », p. s2e-f: Fugitiuum dubio procum hierolyp hice notare qui uellent, currentem
ceruum describebant. Est uero fugacitas ceruo natura insita. Hinc et Lucretius : Et fuga ceruis/ A patribus datur et patrius pauor
incitat membris [= LVCR., 3, 743-744] || 6 cf. VERG., Georg., 1, 145-146 : Tum uariae uenere artes : labor omnia uicit/ Improbus, et duris urguens in rebus egestas ; cf. v. 4 : improbus ille labor.
424
425
vit Ἢ
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome
1
Édition critique du texte latin : liber tertius
[SP 85°; 1555 p. CLXIX, P Yr° ; 1574 p. CLXXV]
[Sf 84v° ; 1555 p. CLXVIII ; 1574 p. CLXXIV]
HOC BOCCHIANI SYMBOLVM
NEC NIL, NEC NIMIVM
Symb. LXXXII
ΠΑΝΤΑ ANABAAAOMENOZ
(Πάντα ἀναβαλλόμενος)
Inclyta falcatis insignia sustinet alce Vnguibus et μηδὲν fert ἀναβαλλόμενος. Contra alius suadet magnis rationibus atque Exemplis : semper πάντ᾽ ἀναβαλλόμενος. wn
Symb. LXXXII
ie = ΠΑ …,
ES NVMISMATIS : MATVRA FESTINATIO
ΧΕ
Ast ego nec μηδέν neque semper πάντα, sed inter
Haec duo quod positum est, id satis esse puto : Vt neque cunctandum nimis est, ita nec properandum. Maturè celeri nil prius est genio.
er 10
Hic regnat ; iuuenis praesté est huic diuite cornu
Copia, grandaeuus quam regit ille senex. Tertius at duris calcaria iuncta lupatis Sic medium ostendens inter utrunque tenet.
apparatus criticus
num. LXXXII 1574 : LXXX S 1555 ; 72 add. Sf 84v° L m. || 4 πάντ᾽ 1574 : -ta S 1555 || 9 praestd 1574 : pre- S 1555 apparatus fontium in pict. Matura
celeritas]
GELL.,
10,
11, 5: Illud vero Nigidianum
rei atque uerbi temperamentum
diuos Augustus
duobus
Graecis uerbis elegantissime exprimebat. Nam et dicere in sermonibus et scribere in epistulis solitum esse aiunt : σπεῦδε βραδέως, per quod monebat, ut ad rem agendam simul adhiberetur et industriae celeritas et diligentiae tarditas, ex quibus duobus contrariis
fit maturitas ; cf. D. ERASMI, Adagia, 2, 1, 1, « Festina lente» cf. ANALYSE || tit.carm. matura festinatio] cf. in pict. || 12 cf. A. ALCIATI, Emblemata, « Nunquam procrastinandum », 1-4 : Alciatae gentis insignia sustinet alce,/ Vnguibus et μηδὲν fert
ἀναβαλλόμενος.(
Constat
Alexandrum
sic
respondisse
roganti/
Qui
tot
obiuisset
tempore
gesta
breui || 5-8 cf. in
pict. || 11 cf. BoCCHII, Symb. 67, 11 : porrigit [Nemesis]/ Frenum insuper calcaria ; cf. CIC., Brut., 204 : Hoc doétoris intelligentis
est uidere, quo ferat natura sua quemque, et ea duce utentem sic instituere, ut Isocratem in accerrimo ingenio Theopompi et
lenissimo Ephori dixisse traditum est, alteri se calcaria adhibere, alteri frenos.
τ
it | ΠῚ
427
Édition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
[Sf 85v° ; 1555 p. CLXX ; 1574 p. CLXXVI]
GASPARI
(Sf 86r° ; 1555 p. CLXXI, F Yiir° ; 1574 p. CLXXVII]
NON OMNIB FELIX TEMERITAS ACCIDIT
ARGILENSI
Symb. LXXXIII In pictura : XQOPONEI, OY ΠΑΣΙΝΙ ITITHMI (Σωφρόνει, ob πᾶσιν ἵπτημι)
Symb. LXXXIII
— Quam Pallas dextra sibimet Tritonia praefert Attica, dic rogo, quidnam Atticé auis loquitur ?
—Prudens esto, inquit : non omnibus aduolo passim, Passim stulta cadunt nec bene consilia. apparatus
criticus
Adiecimus dialogi signa typographica || num. LXXXIII 1574: LXXXI S 1555; 73 add. S f 85v° 1, m. || tit. carm. FELIX S 1555 : FOEL-
1574.
apparatus fontium In pict. Σωφρόνει, où πᾶσιν ἵπτημι (cf. v. 3 : non omnibus aduolo passim) ] cf. AR, Vesp., 1086 : Thad’ yap ἡμῶν πρὶν μάχεσθαι τὸν στρατὸν διέπτατο ; ZENOB., 2, 89 : Γλαὺξ ἵπταται : ἡ πτῆσις τῆς γλαυκὸς νίκης σύμβολον τοῖς Ἀθηναίοις ἐνομίζετο ; DIOGENIAN., 3,
93 : Γλαὺξ διέπτατο : ἐπὶ τῶν αἰσίῳ χρωμένων οἰωνῷ ; SVD., Adler, n° 282 : Γλαὺξ ἵπταται : ἡ πτῆσις τῆς γλαυκὸς εἰς νίκης σύμβολον ἐλογίζετο. Καὶ ἑτέρα παροιμία: Γλαῦκες Λαυριωτικαί, ἐπὶ τῶν πολλὰ χρήματα ἐχόντων: παρόσον ἐν Λαυρείῳ τῆς Ἀττικῆς γίνονται χρύσεια μέταλλα ; D. ERASMI, Adagia, 1, 1, 76, « Noctua uolat > : Nam priscis Atheniensibus noctuae uolatus uictoriae symbolum
existimabatur : propterea quod auis haec Mineruae sacra crederetur, quae quidem dicta est etiam male consulta Atheniensium bene fortunare. [ ... ] Inde rebus felicius atque ex animi sententia succedentibus, dici consueuit noctua uolat. [ ... ] Non illepide dicetur uolasse noctua, quoties res non uiribus sed pecuniarum interuentu confecta creditur quod Atheniensium nomisma noctuam haberet insculptam. Vnde et illud Laurioticae noctuae, quod alibi recensetur || tit. carm. cf. ERASM., Adag, 1, 8, 44, « Atheniensium inconsulta temeritas » : Quadrat in eos quibus male consulta uertunt bene. Nam id olim uulgo tributum est Atheniensibus, quod ipsi quidem socorditer consultarent parumque prospicerent, uerum Minerua ciuitatis praeses, illorum male instituta, bene uertere consueuit. Simile est huic, quod hodieque uulgo dicunt, est fortunatior quam prudentior, de quopiam non suapte industria, sed fortunae commoditate successu rerum utente ; cf. schol. AR, ad Nub., 586-587 || 3 cf. in pict. || 4 cf. tit. carm.
428
429
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome
1
Edition critique du texte latin : liber tertius
[S£ 87° ; 1555 p. CLXXV (sic) ; 1574 p. CLXXIX]
[Sf 86v° ; 1555 p. CLXXII ; 1574 p. CLXXVIII]
SYNCERA VERI HIPPOCRATIS CONFESSIO
INGENS ANIMVS ERRATA CORRIGIT SVA
Symb.
Symb. LXXXIV
LXXXIV
Dum fortè curaturus effraétum caput
In pictura :
Magnus specillo explorat os Hippocrates, Deceptus a sutura. Amicé et liberé
HIPPOCRATES
s
Confessus errorem est suum ipse posteris, De more scilicet uirorum illustrium
Et maximarum habentium fiduciam Rerum. Ingenia enim leuia, quae nil prorsum habent, Nil detrahunt sibi, sed altis conuenit
Syncera ueri haec mentibus confessio. apparatus criticus num. LXXXIV 1574 : LXXXII S 1555 ; [7]4 add. Sf’ 86v° L m. apparatus fontium
cf. CELS., Med., 8, 4, 3-4 : Vbi specillum ad os venit, si nihil nisi laeue et lubricum occurrit, integrum id uideri potest : si quid asperi
est, utique qua suturae non sint, fractum os esse testatur. A suturis se deceptum esse, Hippocrates memoriae prodidit [cf. HP.,
Epid., 5, 27, 1-2; De uuln. cap., 12], more scilicet magnorum
uirorum, et fiduciam magnarum
rerum habentium.
Nam
leuia
ingenia, quia nihil habent, nihil sibi detrahunt : magno ingenio, multaque nihilominus habituro, conuenit etiam simplex ueri
erroris confessio, praecipueque in eo ministerio, quod utilitatis causa posteris traditur, ne qui decipiantur eadem ratione, qua quis
ante deceptus est ; QUINT., Inst., 3, 6, 64: Sed non sustineo esse conscius mihi dissimulanti, in eo praesertim opere, quod ad
bonorum iuuenum aliquam utilitatem componimus, in ulla parte iudicii mei. Nam et Hippocrates, clarus arte medicinae, uidetur honestissime fecisse, quod quosdam errores suos, ne posteri errarent, confessus est ; PLVT., Mor., 82d-e (Quomodo quis suos in uirtute sentiat profectus) : Ὁ δὲ προκόπτων ἀληθῶς καὶ tov Ἱπποκράτη ποιεῖται παράδειγμα, τὸ περὶ τὰς ῥαφὰς τῆς κεφαλῆς ἀγνοηθὲν αὐτῷ καὶ ἐξαγορεύσαντα καὶ γράψαντα, λογιζόμενος ὅτι δεινόν ἐστιν ἐκεῖνον μέν, ὅπως ἂν ἕτεροι μὴ τὸ αὐτὸ πάθωσιν, ἑαυτοῦ τὴν
ἁμαρτίαν κατειπεῖν, αὐτὸν δέ τινα μέλλοντα σῴζεσθαι μὴ τολμᾶν ἐλέγχεσθαι μηδ᾽ ὁμολογεῖν τὴν ἀβελτερίαν καὶ ἀμαθίαν.
431
Re
a M =
a
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
a
a
a
a
Edition critique du texte latin : liber tertius
[SP 87v° ; 1555 p. CLXXIV ; 1574 p. CLXXX]
[S£.88r° ; 1555 p. CLXXV;
SPERANDA SVMMI EST PRINCIPIS BENIGNITAS, MALIGNA VBI VRGET TEMPORVM NECESSITAS
1574 p. CLXXXI]
IVLIO 1 PONT MAX Symb. LXXXV
Symb. LXXXV
Aret ager meus ac, dulci nisi protinus unda
In pictura :
Tua irrigetur gratia,
ΒΕΝΙΟΝΙΤΑΒΘΙΝΙΝΑ
Ah ! miserum prorsus semen morietur, amoeni Spes unde fructus plurima est. 5
Nonne perennis aquae fons es tu maximus, 4 quo Diducta riuis flumina Sescentas faciunt segetes, mirabile dictu, ex Macerrimis laetissimas ?
|
Ardentem ergo meam hanc et honestam sbarge liquore 10
|
Sitim tuo, qui nonnihil,
|
Si non omninò, saltem illam tempore in ipso Extinguat et benignitas
| |
In me talis erit tua iam Pater optime, qualis
|
Spes semper extitit mea.
apparatus criticus num. LXXXV
ORENIGNITAS 5 i DIVINA
Σ
:
F | A
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FEREZ
ee :
"P
A
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ù NN
-
$
2
€
1574 : LXXXIII S 1555 ; 75 add. Sf’ 87v° l.m, LXXV in M, f 71° || ded. IVLIO IIS protinus unda Sp. c. 1555 1574: Caesar Alexander quemdam qui auram
a. c. || 1 aret ager...
=
:
À
,
1555 1574: AD IVLIO (sic) S popularem 8 a. c. [= Symb. 86,
v. 1] || 8 Macerrimis S 1555 : Marcerrinis 1574 || laetiss- S 1555 : latiss- 1574. apparatus fontium
1-2 aret ager... unda... irrigetur | cf. VERG., Buc., 7, 57
plurimus
imbri
|| $ perennis
aquae
fons]
69 : Aret ager : uitio moriens sitit aeris herba ; Iuppiter et laeto descendet
cf. TAC., Hist,
5, 12, 1: fons perennis
aquae,
cauati sub terra montes
et piscinae
cisternaeque seruandis imbribus ; LIV., 1, 21, 3 : Lucus erat, quem medium ex opaco specu fons perenni rigabat aqua || 6 diducta riuis flumina] cf. QVINT., Inst, 5, 13, 13 : si uel maxima flumina in riuos diducantur ; CIC., De Orat., 3, 23 : riuis est diducta oratio, non fontibus
|| 7-8 faciunt segetes...
laetissimas] cf. VERG., Georg.,
1, 1: Quid faciat laetas segetes
|| 9 sparge liquore]
STAT.,
Theb., 9, 731 : Ambrosio tum spargit membra liquore.
432
i
433
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liberliber terti tertius (SP 89r° ; 1555 p. CLXXVII, f° Zr° ; 1574 p. CLXXXII]
[SF 88V° ; 1555 p. CLXXVI ; 1574 p. CLXXXII]
A PVBLICA RE EXTERMINANDVM
PAVLO IOVIO EPISCOPO NVCERINO
ESSE AMBITVM
Symb. LXXXVI
Symb. LXXXVI pee
Caesar Alexander quendam, qui auram popularem Summo captabat sollicitus studio, Affigi palo iussit, tum protinus igni
/CAES
Fumifero accenso ex materia uiridi,
s
Extingui fumo conclusis faucibus atro.
O dignum tanto principe iudicium.
lure, inquit, fumo pereat, sic uendere fumum
Qui solitus fuerat perditus atque emere.
10
Altrix multorum et magnorum causa malorum
Ambitio fuit ac pessima semper erit. Conscia Paule istuc tua mens emblema probauit : Ne te illaudatum symbola praetereant.
| |
apparatus criticus num. LXXXVI 1574: LXXXIV S 1555; 73 add. S f 88v° L m.|| tit. pit. A PVBLICA... OPTIMA
REPVBLICA MALVM AMBITVM S a. c. || 10 ἃς 8
AMBITVM
Sp. c. 1555 1574: AB
p.c. 1555 1574: et Sa.c. || 12 Ne Sp. c. 1555 1574: neque S a. c.
|
|
apparatus fontium
LAMPR. (Hist, Aug.), 18, Alex., 36, 2 : Accusari eum [i. 6. Verconium Turinum] Alexander iussit probatisque per testes omnibus,
et quibus praesentibus quid accepisset et quibus audientibus quid promisisset, in foro Transitorio ad stipitem ill adligari praecepit et fumo adposito, quem ex stipulis atque umidis lignis fieri iusserat, necauit praecone dicente : « fumo punitur, qui vendidit fumum » ; D. ERASMI, Adagia, 1, 2, 41, « Fumos uendere ».
= Rea
HAH | Hi
EY
;
LOOT
13:
|
435
I
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius [Sf 90r° ; 1555 p. CLXXIX, f° Ziir° ; 1574 p. CLXXXV]
[Sf 89v° ; 1555 p. CLXXVIII ; 1574 p. CLXXXIV]
FELICITA S PRVDENTIAE ET DILIGENTIAE VLTIMA EST
BER MAFAEO CARDINALI
Symb. LXXXVII
Symb. LXXXVII eleINCIPIENTI eH— NON _ DILIGENTIA
Mutare equos ad celeritatem haud est satis Huic quem uides, ni diligentia uti
SED PERSEVERANTI
; 5 i In exequendo itinere stet sententia et
Segni sine intermissione strenué
— FELICITAS
5 :
an
Noctes diesque pergere usque dum semel Cursum liceat olim institutum confici. Nam inchoando, tum remittendo omnium
|
Rerum in dies profertur euentus, licet
10
|
Paruarum, et abit amissa procul Occasio. Benè inchoare, diligenter progredi À carcere ad metam, ultima est felicitas,
Concessa paucis, expetenda et omnibus.
apparatus criticus Leguntur versus
10-13
etiam
in M, f 35° [| num. LXXXVII
1574:
LXXXV
S 1555;
78 S f 8ov° in laeuam
margine
[| in pict.
DILIGENTIA nos : DILGENT- (sic) S 1555 1574 || 7 inchoando 1555 1574 : incohando S. apparatus criticus 11 À carcere ad metam] cf. VARRO., Rust., 1, 3, 1: [...] et a quibus carceribus decurrat ad metas ; D. ERASMI, Adag, 1, 6, 58, « A
carceribus » : Vnde frequentes illae apud Latinos etiam scriptores formulae a carceribus ad metam, a meta ad carceres.
=
4836
437
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber tertius [Sf 90v° ; 1555 p. CLXXX ; 1574p. CLXXXVI]
[SP 91r°; 1555 p. CLXXXI ; 1574 p. CLXXXVII]
LVSCINIAE HAVD DEFIT CANTIO
CONTENTIO
Symb. LXXXVIII
LVSCINIAE OB VICTORIAM
IVLIO CAMILLO
FOROIVLIENSI
Symb. LXXXVIII
Propter limpidum aquae caput Illimis Zephyro dum genitabili Arridens aperit se humus, Dum se mollia passim uiridantium s
Densant germina frondium, Florenti tenerae ramulo ab arboris,
Dulci garrula murmure Cantabat Philomela. Interea nemus Promptis undique uoculis 10 Argutum resonare. Indè sua nitido Vmbra fontis in aequore Visa, forté timens uincier, integrat Certatim uarium, nouum,
15
Mellitum, lepidum cantum animosior. Porrd suspiciosula Paulum constitit, hinc praecipiti uolans Lapsu falsae ad imaginem Formae undam oppetiit. Naiades interim
20
Risere. Illa ubi plumulas Iam tota uuida se denique fallier Sensit, mox vacuum secat Euro diffugiens ocyus aera.
apparatus criticus num. LXXXVIII 1574 : LXXXVIS
1555, 79 add. Sf’ 90v° L. m.
apparatus fontium
tit. pict., tit. carm. cf. PLIN., Nat, 10, 83 : Certant [lusciniae] inter se, palamque animosa contentio est. Victa morte finit saepe uitam
$biritu prius deficiente
quam
cantu ; D. ERASMI, Adag.,
3, 6, 77, « Lusciniae deest cantio
» : Lusciniae
deest cantio.
Prouerbialis allegoria, perinde quasi dicas : Mulieri desunt verba, poetae versus, oratori color, sophistae cauillum. Nulla enim
auium aeque canora atque luscinia, etiam foemina, sicuti testatur Plinius libro decimo, capite vigesimonono ; PLAVT., Bacch., 38 :
BA. Pol ego quoque ne lusciniolae defuerit cantio || 1-2 limpidum aquae caput/ illimis] cf. Ov., Met, 3, 407 : Fons erat inlimis, nitidis argenteus undis || 2-3 Zephyro genitabili...humus] LVCR., 1, 9-10: Nam simul ac species patefactast uerna diei/ Et
reserata viget genitabilis aura Favoni || 4-7 Dum... densant germina frondium... garrula... cantabat Philomela] cf. PLIN., Nat,
10, 83 : Lusciniis diebus ac noctibus continuis XV garrulus sine intermissu cantus densante se frondium germine || 10 argutum resonare] cf. T. V. STROZZAE, Carm., 1, 66 : [Seruit ] et arguto resonantia Maenala cantu || 16-17 praecipiti... lapsu] cf. VERINO, Carlias, 5, 84 : B. SPAGNOLI, Sylu., 1, 10, 24 || 21-22 vacuum... aera] cf. VERG., Georg., 3, 109 : uacuum per aera ferri || Euro...
ocyus] cf. VERG., Aen., 8, 223 : fugit [Cacus] ilicet ocior Euro.
438
439
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius [SP 91v°; 1555 p. CLXXXII ; 1574 p. CLXXXVIII]
[Sf oar" ; 1555 p. CLXXXIII ; 1574 p. CLXXXIX]
SEMPER IVVAT PIOS DEVS
CAROLO CRASSO
Symb. LXXXIX
IVSTVS IVVATVR A IOVE
In pictura :
Symb. LXXXIX
AIKAIA APAZAY EYMMAXOY/TEYEHI ΘΕΟΥ (Δίκαια δράσας συμμάχου τεύξῃ θεοῦ)
Dum pius auxilium mergendae afferre puellae Vorticibus iuuenis sub rapidis satagit,
Improbus hanc petiturus Amor sua tela parabat
Nec tulit id summus Iupiter aequo animo.
5. Quin subitd è manibus tacti omnipatente ab Olympo Praereptas trifido uendicat igne faces. Aeterno praesens ab rege hominum atque deorum Quisquis iusta facit praesidium inueniet. apparatus criticus num. LXXXIX 1574: HONORATAM
LXXXVII
S 1555;
ESSE CVRIALIVM
NEC
100 add. S f 91v° Lm. || tit. pict. SEMPER... EXPETENDAM
VLLATENVS
DEVS
S 1555
1574:
MISERIAM
S$ a.c. [= tit. pict. Symb. CXXIV] || ded. CAROLO GRASSO 1555 : AD M. ANT. FLAMINIVM S a. c.' [= ded. Symb. CXXIV] ; CRASSO HOC DICATVM CAROLO S a.c PRO CAROLO CRASSO S a. εὖ; CAROLO CRASSO CAR 1574 || tit. carm. [VSTVS... IOVE S 1555 1574: IVDICIIS
EX CORRVPTIS FIDVCIA INEP. S a. c. [= tit. carm. Symb. XC] || 1 Dum pius... afferre puellae Sp. c. 1555 1574: Quicumque
iram perpeti potest famem/ Sitim, uigilias, frigora, aestus, feruidos [= Symb. CXXIV, 1-2] S a. c.'; Dic Musa quaeso cur diutius canit [= Symb, XC, 1] Sa. εν. apparatus fontium in pict. cf. MEN, Mon., Meineke, 126: Δίκαια δράσας συμμάχους ἕξεις θεούς|| 3 Improbus... Amor] cf. VERG., Aen., 4, 412 || 4 Nec tulit... aequo animo] cf. NEP., Dio., 6, 4 : non tulit hoc animo aequo Dion ; SEN., Herc. O., 232 || 5 trifido... igne] cf. VAL. FL, 6, 54 : dispersos trifidis ardoribus ignes.
440
441
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius p. CXCI] @ AAr° ; 1574 [Sf 931° ; 1555 p. CLXXXV,
[SP 92v°; 1555 p. CLXXXIV ; 1574p. CXC]
IVDEX INEPTVS PESTE PEIOR PESSIMA
COCCYGIS ET LVSCINIAE CONTENTIO
Symb. XC
OFFENSIO ASPERA EX INEPTO IVDICE
In pictura :
Symb.
- A QVO
- AD QVEM
XC
— Dic, Musa, quaeso, cur diutius canit
Coràm homine et accuratius luscinia ? MVSA. - Illa et cucullus anni eodem tempore 5
Olim canendo, ut assolent, in maximam
Contentionem forte quadam uenerant De suauitate cantionis, et, quia
|
Lis de sono erat, asellus est aptissimus Tum creditus iudex, quod auriculis foret Praeter animantes caeteras maioribus.
10 Asellus autem, repudiata protinus
Luscina (negare enim harmoniam illius
Se intelligere), palmam cucullo adiudicat. Illa ad hominem appellat, quem ubi uidet, statim Causam suam agit et diligenter cantat, ut
15 Eiapprobet se ad uindicandam iniuriam Acceptam ab asino. Hinc discat ergo quilibet Vitare peius peste ineptos iudices Nec belluinis auribus tam credere,
20
Praepostera ut fiducia atque offensio Nascatur indé, poenitenda et aspera.
apparatus criticus
Adiecimus dialogi signa typographica || num. XC 1574 : LXXXVIII S 1555 ; 82 add. S f 92v° L m. || tit. pict. IVDEX INEPTVS... PESSIMA S p. c. 1555 1574 : IVDICIIS EX CORRVPTIS
FIDVCIA INEPTA S a. c.
apparatus fontium IL. Vivis, Familiarum
Colloquiorum Formula siue Exercitatio Linguae Latinae, 8, « Garrientes », Venise, apud haeredes Petri
Rauani et socios, 1553 (1539'), Ρ. 25 : BAMBALIO : Ausculta lusciniolam illam. GRACCVLVS : Vbinam est ? BAMB. : Non uides eam in ramo illo sedentem ? Vide, ut canit ardenter, nec intermittit. NVGO
: Flet philomela nefas. GRAC. Quid mirum
dulciter eam garrire, quae sit Attica? Vbi etiam fluctus maris non sine numero alliduntur litori. NVG. Plinius scribit, eam praesente hominibus diutius et accuratius cantare. TVRDVS. Quid causa est ? NVG. Ego tibi causam aperiam. Cuculus et Philomela eodem cantant tempore, uerno scilicet, ab Aprili medio ad Maium exactum, aut eo circiter. Hae duae aues in contentionem uenerunt de suauitate concentus. Quaesitus est iudex, et quia de sono erat certamen, aptissimus uisus est ad eam cognitionem asinus, qui praeter ceteras animantes grandes haberet auricolas. Asinus, repudiata luscinia, cuius se armoniam negaret intelligere, uictoriam cuculo adiudicauit. Philomela ad hominem appellauit. Quem ubi uidet, agit statim causam suam, canit diligenter, ut se illi approbet ad uindicandam iniuriam ab asino acceptam ; cf. D. ERASMI, Conuiuium poeticum, [LB 727], ASD,
I-3, p.357:
Vereor ne talem sitis habituri iudicem, qualem olim habebant coccyx et luscinia, inter sese canendi gloria
decertantes.
442
443
2
-
ὃ ων
τ αν
"1e
Édition critique du texte latin : liber tertius
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (155 s) -tome 1
[SP 94r° ; 1555 p. CLXXXVII, f° AAiir° ; 1574 p. ΟΧΟΙΠ]
[Sf 93V° ; 1555 p. CLXXXVI ; 1574 p. CXCII]
CVPIDO
COMPENDIOSA FAMA QVAE ET PVLCHERRIMA : TALIS QVALIS HABERI AMABIS ESTO
In pictura :
—~ZOKPATHE (Σωκράτης)
- ΦΗΜΗ (Φήμη)
PLEROSQVE TRANSVERSOS
AGIT
Symb. XCI
Symb. ΧΕΙ
_ ΠΑΛΛΑΣ (Πάλλας)
NIMIA GLORIAE
5
Magnos habere gloriae sitim impetus Multosque transuersos agi affectu hoc patet. Ex numero eorum interrogabat Socratem Quidam, an uia aliqua comparare maximam Famam sibi compendio et pulcherrimam Valeret. Ipsum si modo talem te, ait, Decreueris praestare qualis omnibus
Optas haberi. Dicier nihil potest Compendiosius uel absolutius. 10 Non est petenda fama, quae ultrd nobilis Virtutis est comes, ut sceleris infamia.
apparatus criticus num. XCI 1574: LXXXIX
S 1555 :; 83 add. S f 93v° 1. m. || tit. piét. TALIS...
OPTAS TALIS PLANE ESSE MEMENTO
ESTO
Sp.c. 1555 1574: QVALIS
HABERI
S a. c.
apparatus fontium tit. pict. ; 1-9 CIC., Off. 2, 12, 43 : Quamquam praeclare Socrates hanc uiam ad gloriam proximam et quasi compendiariam dicebat esse, si quis id ageret ut, qualis haberi uellet, talis esset ; XEN., Mem.,
1, 7, 1: Ἀεὶ yap ἔλεγεν ὡς οὐκ εἴη καλλίων ὁδὸς ἐπ᾽
εὐδοξίαν ἢ δι᾽ ἧς ἄν τις ἀγαθὸς τοῦτο γένοιτο, «ὃ» καὶ δοκεῖν βούλοιτο ; 2, 6, 39 : Ἀλλὰ συντομωτάτη τε καὶ ἀσφαλεστάτη καὶ
καλλίστη ὁδός, ὦ Apophtegmatum... inquit, esse studeas, ascitus est, et uulgo
Κριτόβουλε, ὅ τι ἂν βούλῃ δοκεῖν ἀγαθὸς εἶναι, τοῦτο καὶ γενέσθαι ἀγαθὸν πειρᾶσθαι; D. ERASMI, libri octo, 3 (Socratica), 11, ASD IV-4: Rogatus quo pacto quis posset honestam assequi famam: si talis, qualis haberi uelis. [ ... ] Quemadmodum qui medendi est imperitus, non ideo medicus est, quod pro medico medico appellatur, ita non statim princeps est, aut magistratus, qui populi suffragiis declaratus sit, nisi sciat
artem gubernandae ciuitatis || 10-11 fama... uirtutis est comes] cf. CIC., Tusc., 1, 45109 : Etsi enim nihil habet in se gloria cur ; expetatur, tamen uirtutem tamquam umbra sequitur ; SEN., Epist., 79, 13 : Gloria umbra uirtutis est : etiam inuitam comitabitur
BOCCHII, Symb. 42.
444
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius
[SP o4v’ ; 1555 p. CLXXXVIII ; 1574 p. CXCIV]
[S Por ; 1555 p. CLXXXIX ; 1574 p. CXCV]
VOTVM HERCVLI FERRARIAE DVCI INCLYTO
Symb. XCII
Symb. XCII
se emis I a
BW SA RTA Ω
Ht
RONEN ͵
σύν
STE
OBRVIT INVIDIAM NON VLTIO, SED BENEFACTA
— Qua fera Lernaei potuit ui colla draconis Confecisse heros Amphitrioniades ? Dic, rogo, diua : tui nullo sic tempore fama Inclyta diuini nominis intereat. s M. Tot capitum ille olim haud dubié exitiabile monstrum Non ferro at Graio contudit igne magis. Ignis enim Graius mediis quoque flagrat in undis, Igne hoc infelix uritur Inuidia. Si qua lacessierit te iniuria forte malorum 10 Si sapis ignem adhibe hunc fortis et assiduus. Iam nec cede malis nec te malé sana cupido Vindictae quicquam distrahat. Illa Dei est. Nec desiste tamen benè de quocurique mereri : Perpetuo inuidia extinguitur officio. apparatus criticus num. ΧΟΙ] 1574 : XC S 1555 ; [8]4 add. S f 95v° L m. || 10 adhibe hunc S p. c. 1555 1574 : hunc adhibe S a. c. apparatus fontium 6 ferro... Graio...igne] APOLLOD., 2, 5, 2 : Ἐπεκαλέσατο καὶ αὐτὸς βοηθὸν τὸν Ἰόλαον, ὃς μέρος τι καταπρήσας τῆς ἐγγύς ὕλης τοῖς δαλοῖς ἐπικαίων τὰς ἀνατολὰς τῶν καφαλῶν ἐκώλθεν ἀνιέναι; OV., Met. 9, 73-74: Hanc ego ramosam natis e caede colubris/ Crescentemque malo domui domitamque perussi ; AVSON., Ecl., 24, 1 Prete : Proxima Lernaeam ferro et face contudit hydram ;
SEN., Herc. f., 242: Num igne demum uicit et docuit mori?; L. G. GYRALDI, Herculis uita (1536), in Opera omnia, Lugduni Batavorum, 1696, t. I, col. 575-576 : Sed ne uagemur, cum ab Hydra uno amputato capite alia pullularent, facem ferunt ab Iolao uulneri apponi solitam, atque sic demum deuictam et extinétam hydram tradunt; D.ERASMI, Adag., 1, 3, 27, « Lerna
malorum »:
=
446
In
hoc
lacu
poetae
fingunt
hydram
illam
septem
capitum
constitisse,
quam
Hercules
igno
Graeco
confecerit || 8 uritur inuidia] ERASM., Adag., 3, 1, 1, « Herculei labores » : Cuius symbolo ueteres inuidiam exprimere uoluisse satis indicat Horatius in Epistolis [2, 1, 10-13], cum ait : Diram qui contudit hydram/ Notaque fatali portenta labore subegit,/ Comperit inuidiam supremo fine domandam ; GYRALD., Vit. Herc., ibid. : Nec desunt qui per Hydram et Lernam inuidiam, seu mauis inuidentiam, significari existiment quae difficillime extinguitur, cum abjecti animi indicium sit || 9-14 ERASM., Adag, 3, 1, 1 : Quodsi meritis tuis fama maligne responderit, si clanculum obsibilauerit liuor, si Lernae belua uel trecentis capitibus undique uenenum afflauerit, tum illud demum animi uere sublimis et inuicti fuerit documentum, nihilo segnius ad immortalem eniti laudem ac uel maximis incommoditatibus suis aliorum consulere commodis et hunc pulcherrimum maximumque uirtutis
fructum ducere, si quam plurimis quam maxime prodesse liceat atque hac parte, quoad mortali fas est, immortale numen imitari.
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eel
BE
——————————————————————————
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber tertius
[SP Sf osv9sv’;; 1555p :GXC:; 1574 p.Ν CXCVI]
[SP 961° ; 1555 p. CXCI ; 1574 p. CXCVII]
IN PARVVLIS VIM SAEPE INESSE MAXIMAM
BENEDICTO ACCOLTO ARRETINO
Symb. XCill
Symb. XCIII Cur tantula asinum tantüm acanthis oderit, Obscura non est causa : spinis affricat
Sese ille acutis, in quibus cubilia s
Texens auicula nidulatur, eius et Depascitur flores. Acanthis usque ed
Terretur ut, procul rudentem si audiat, Deiiciat oua ; decidant pulli metu
|
E nidulo. Nec fert inultum hoc, nam illius
Qua fustibus, qua sarcinis facta ulcera, 10 Paruo fodit rostro atque pungit narium Mollissimas partes. Id omnes admonet, Ne humillimis quidem inferendam iniuriam : In paruulis uim saepe inesse maximam. apparatus criticus num. XCIII 1574 : XCIS
1555 ; 85 add. Sf 95v° L m.
apparatus fontium D. ERASMI, Colloquia, « Amicitia >, ASD, I-3, p. 705 : Nam quur acanthis oderit asinum, causa in prompta est : quod ille se affricat
spinis in quibus nidulatur auicula et flores eius depascitur. Rostro fodit illius ulcera, fustibus et oneribus facta, pungit et mollia narium ; P. VALERIANI,
Hieroglyphica, 24, Basileae,
1556, p. 182f: Ægythum
Ægypti,
quem
Latini Salum uocant, asini ulcera
rostro excauantem pingunt, si hominem illatas filiis iniurias ulciscentem significare uolunt. Nidulatur haec plurimum in spinis, acciditque ut asinus pruritu ulcerum excitatus, scabendi causa se conferat ad spineta atque ita atterat ulcera nidosque dissipet. Quod quidem illa adeo pauet, ut cum etiam uocem rudentis audierit, oua abigat per abortum, pulli etiam metu labantur in terram. Itaque Salus ob eam iniuriam in asinum inuolat ulceraque eius rostro impetit affixaque pertinacius quanto maximo potest conatu excauat. Denique atrox usque adeo odium inter eos esse autumant ut, si utriusque sanguinem commiscueris, sponte se uterque subducat ac separet, antipathia ne coeat pertinacissime repugnant ; cf. ARIST., HA, 9, 1, 610a : Ὄνος δὲ καὶ ἀκανθίδες πολέμιοι: ai
μὲν yap ἀπὸ τῶν ἀκανθῶν βιοτεύουσιν, ὁ δ᾽ ἁπαλὰς οὔσας κατεσθίει τὰς ἀκάνθας. Kai ἄνθος καὶ ἀκανθὶς καὶ αἴγιθος- λέγεται δ᾽ ὅτι αἰγίθου καὶ ἄνθου αἷμα οὐ συμμίγνυται ἀλλήλοις ; cf. AEL., NA, 5, 48 ; cf. PLIN., Naf, 10, 205 : [Dissidet] aegithus auis minima cum asino ; spinetis enim se scabendi causa atterens nidos eius dissipat, quod adeo pauet, ut uoce omnino rudentis audita oua eiciat,
pulli ipsi metu cadant ; igitur aduolans ulcera eius rostro excauat. [ ... ] Et acanthis in spinis uiuit ; idcirco asinos et ipsa odit flores Spinae deuorantes, aegithum uero in tantum.
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LIBER QVARTVS
Les Questions:syniboliques
d'Achille Bacchi
(1555)45
-
tome
Édition critique du texte latin : liber quartus
1
SP
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1555 p.\CXCIV
[SF 98r°; 1555 p- CXCV
; 15741p.'CC
VIS ELOQVENTIAE POTEST VNA OMNIA
CLAVDIO PTOLEMAEO EPISC MODOGNETTI ORATORI SAPIENTISS
Symb. XCIV
Symb. XCIV
; @ BBiir® ; 1574 p. CCI]
Fulgurat ecce tonatque et miscet cuncta Pericles :
Inpittura
Vt rutilans perterricrepum et penetrabile fulmen, Vtque imitata ipsum fulmen bombarda trisulcum
ΠΕΡΙΚΆΡΙΣ (Τπερικλῆς)
Munitas arces, immensa repagula, turres,
s
Oppida et horribili euertit concussa fragore Moenia lata solo, (non illi comminus audent
Sistere se fortes turmae ingentesue manipli ; Non clypei, non ulla queunt obsistere tela, 10
Denique cunéta ruit peditimque equitumque per auras
— Horrendum dictu ! — glomeratos disicit artus, Absterrétque adeo aerias displosa uolucres
Quum boat et penitus conceptos euomit ignes),
Sic oratoris summi admiranda facultas, Quum sese ipse refert totum à caelestibus illis 15
Rebus ad humanas, excelsius omnia certè et Magnificentius eloquitur sentitque mouétque
Fortius, ut ualeat prorsum nil sistere contra Igniuomo fatuos propulsans ore sophistas.
apparatus criticus
Leguntur uersus 3-10 et 12 etiam in poemate cuius titulus est « Descriptio bombardae » in V, f 43v°, ordine uersuum permutato : v. 3-8
(in S 1555 1574) =v. 1-6 (in V); v.9 =v. 8; v.10=v.9; v.11: deest in V; v. 12 =v. 7. || num. XCIV
f 97v° Lm. || ded. MODOGNETII
1574 : XCII 92 S 1555 ; 86 S
nos : MODE- S 1555 1574 || 2 perterricrepum 1555 1574 : perteri- S || 3 Vtque S 1555 1574:
Tunc V|| ipsum S 1555 1574: louis V|| 4 arces S 1555 1574: -ceis V || 6 Moenia V: Men- S 1555 1574 || 9 Denique cuncta S 1555 1574 : Omnia nanque V || 12 boat S 1555 1574 : tonat V.
apparatus fontium
1 cf. CIC., Orat., 29: Qui
Graeciam
diétus esset
[Pericles]
si tenui genere uteretur, numquam
ab Aristophane poeta fulgere, tonare, permiscere
; AR., Ach., 530-531: Ἐντεῦθεν ὀργῇ Περικλέης oùAdurios/ Ἔστραπτ᾽, ἐβρόντα, ξυνεκύκα τὴν Ἑλλάδα;
PLVT., Per., 8, 4 : Ai μέντοι κωμῳδίαι τῶν τότε διδασκάλων, σπουδῇ τε πολλὰς καὶ μετὰ γέλωτος ἀφεικότων φωνὰς εἰς αὐτόν, ἐπὶ τῷ
λόγῳ μάλιστα τὴν προσωνυμίαν γενέσθαι δηλοῦσι, « βροντᾶν » μὲν αὐτὸν καὶ ἀστράπτειν » ὅτε δημηγοροίη, « δεινὸν δὲ κεραυνὸν
ἐν γλώσσῃ φέρειν » λεγόντων ; ibid., 3, 6-7 : Τηλεκλείδης (fr. 44 Kock CAF 1, 220-221) [... φησιν αὐτὸν [... ποτὲ δὲ μόνον ἐκ κεφαλῆς ἑνδεκακλίνου θόρυβον πολὺν ἐξανατέλλειν ; MART. CAP., 5, 426 (de Rhetorica)
: Haec cum in progressu arma concusserat,
uelut fulgoreae nubis fragore colliso bombis dissultantibus fracta diceres crepitare tonitrua ; denique creditum, quod instar louis eadem
posset
etiam
fulmina
iacularit || 2 εἴ penetrabile
penetrabile fulmen || 3 fulmen... mittat ; B.SPAGNOLI, etc. [| 9 peditumque
fulmen]
Ov., Met.,
13, 857:
Quique
Iouem
et caelum
sperno
et
trisulcum] cf. VARR., Men., 54 Astbury: et pater diuum trisulcum fulmen igni feruido actum
Parthenice
secunda
equitumque |
STAT.,
siue Theb.,
Catharinaria, 12,
657:
3, 646: [...]
Per
innumeris
louis
aeternum
peditumque
imperium
equitumque
fulmenque
trisulcum,
cateruis [| 11 aerias...
uolucres] LVCR., 5, 825 ; OV., Ib., 292 ; MANIL., 5, 379 || 14-16 CIC., Orat. 119 : Omnia profecto cum se a coelestibus refert [i. e. orator] ad humanas, excelsius magnificentiusque et dicet et sentiet. Cumque illa diuina cognouerit, nolo ignoret ne haec quidem
ds A
humana.
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus [Sf 98v° ; 1555 p. CXCVI ; 1574 p. CCII]
VALERE PLVRIMVM
[Sf 99r° ; 1555 p. CXCVII ; 1574 p. CCI]
CELERITATEM AD LVCRVM
IANO RVSTICELLO BONO MERCATORI IMPIGRO ET INTEGERR
Symb. XCV
Symb. XCV
In pictura :
ΥΠΝΟΣ ΑΠΕΣΤΩ (ὕπνος ἀπέστω)
A subeunte alno portum sopor absit oportet : Strenuus et nautas anticipes auidos.
Tolle recens primus piper é sitiente camelo Quisquis dulce lucrum constituis facere. s Vili emptae constant merces at carius indè Venduntur. Melior sors noua saepe uenit. apparatus criticus num. XCV
1574:
ΧΟΠῚ
S 1555, 87 S f. 98v L m. || ded. carm. Iano Rvsticello...
Integerr
Sp.c.
1555
1574:
IACOBO
CASONO DISCIPVLO BARTHOLO S a. c. [cf. Symb. 120] || 3 camelo S p. c. 1555 : -mello S a. c. 1555. apparatus fontium D. ERASMI, Adagia,
3, 2, 87, « À subeunte portum
naui » : Ἀπὸ
καταδυομένης,
id est a subeunte, subaudi,
naue lucrum
capias
[cf. SvD., n° 3337 Adler ; MACAR., 2, 27]. Admonet adagium celeritatem ad quaestum plurimum ualere et in negociatorem illud in primis competere : ὕπνος ἀπέστω, id est somnis abesto [cf Adag., 2, 8, 38 : « Somnus abest ab oculis > ; cf. AR., Nub., 705 ; SVD., 443 ; 3072;
Mantiss. prou.,
3, 35]. Sumptum
a mercatorum
diligentia, qui merces
statim
emunt
ab ipsis nautis in portum
appellentibus. Tum enim et minoris emuntur et maiore distrahuntur lucro. Trahi poterit ad eam sententiam, ut si quis dicat Statim arripiendam oblatam occasionem lucri aut tum rogandum quempiam, ubi fortuna recentem aliquam commoditatem obiecerit ; nam
sumus
plerique tum
ad gratificandum
benigniores.
Persius
[= 5, 136] cum
ait «tolle recens primus piper e
sitiente camelo », id est ilico, cum adhuc de uia sitit camelus, qui merces attulit. Prouerbii meminit Suidas.
454
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus
[SP 100r° ; 1555 p. CXCIX ; 1574 p. CCV]
[SP 99v° ; 1555 p. CXCVIII ; 1574 p. CCIV]
SEMPER
SVORVM
CVRAM
HABENDAM
BERNARD
REGIBVS
MAPHAEO
CARD
Symb. XCVI
Symb. XCVI
Semper ἄχος regum comes est, hos nanque suorum
ee _ ACHATÉS
Indefessa omni tempore cura tenet. Inde pio Aeneae prudens et fidus Achates Coràm semper adest consilio, auxilio.
apparatus criticus ΞΕ
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Acates
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Grece quasi aconetos, id est tristitiae consuetudo ; PAPIAE VOCABVLISTAE,
uel ‘tristicia’ dicitur, etc.
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ἢ
:
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a. c. 1574:
p.c.; XCIV 1555 ; 88 S f 99v° L m. || 1 nanque S 1555 1574 : nam- 1608 1719.
Venetiis, ap. P. De
f° Aiiiv’ : s. v. « Achias » : Graece tristis ; C. SALVTATI, De Laboribus Herculis, 4 (2), 9, t. IL, p. 571 Ullman:
-
ες
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:
eb
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B
=
in 1608, p.449, et in 1719, p. 339, sub titulo « Semper suorum cura habenda regibus >» || num. XCVIS
apparatus fontium SERV., Ad Aen., 1, 312: Diximus quaeri cur Achates Aeneae sit comes. Varia quidem dicuntur, melius tamen hoc fingitur ut tractum nomen sit a Graeca etymologia : ἄχος enim dicitur sollicitudo quae regum semper est comes ; cf. FVLG., Virg. cont., p. 92
'
Ù
est carmen
|
Pincis,
1496,
‘achea’ autem ‘dolor’
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus [SP 101r°; 1555 p. CCI, f° CCr® ; 1574 p. CCVII]
[Sf 100v° ; 1555 CC; 1574 p. CCVI]
POMPEIO ZAMBECCHARIO
QVATIFERI NVLLO IMPETV MENTEM BONAM
Symb. XCVII
Symb. XCVII Pyramis excelso uaga sydera uertice lambens
In pictura :
Quattuor en solidis nititur astragalis.
NVLLA VI
Peruigil huic oculus super excubat atque supremo Fungitur eximii principis officio. s
Corporeos sensus reliquos immota crepido
Continet in mediis fluctibus intrepidé. Non ui uentorum ualida, non Tybridis ullo Impete, non rapidis uorticibus quatitur.
Vnde quater solidae Virtuti Gloria nixa 10 Tollit honoratum celsa sub astra caput.
|
Mens secura manet, circum fluitantibus undis Fortunae, casus nec timet ancipites. apparatus
criticus
num. XCVII 1574 : XCIV S 1555, 89 S f. 100v 1. m. || ded. carm. : POMPEIO S p. c. 1555 1574 : PRO POMPEIO S a. c.
i
apparatus fontium
1 sydera uertice... lambens] cf. HOR., Carm., 1, 36 : Sublimi feriam sidera uertice ; Ov, Pont., 57 : [... ] et uertice sidera tangas ; ID., Met., 7, 61; VERG., Aen., 574: Attolitque globos flammarum et sidera lambit || 6 αἱ uentorum ualida] cf. LVCR., 3, 494 : Ventorum ualidis feruescunt uiribus undae || 7-8 non ui uentorum... quatitur] cf. HOR., Carm., 3, 3, 1-4: [Iustum et tenacem
propositi uirum] [... ] non uultus instantis tyranni/ Mente quatit solida neque Auster ||
1 Mens secura manet] cf. VERG., Aen., 1,
449 : Mens immota manet || 12 casus... ancipites] cf. LVC., 4, 771-772 : [... | nullo dubii discrimine Martis/ Ancipites steterant
casus [... ].
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Edition critique du texte latin : liber quartus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[Sf τοῖν; 1555 p. CCI;
1574p. CCVIII]
[SP 102r° ; 1555 p. CCI, f° CCiir® ; 1574 p. CCIX]
ARCHANA QVAERENS CVRIOSIVS, PERIT
SEBASTIANO
PIGHINO CARD SAPIENTISS
Symb. XCVIII
Symb. XCVIII
Nam cui fas uidisse fuit caelestia regna ? Quae si forté aliquis temerarius audeat olim,
In pictura : HIC EST FILIVS MEVS
Quamquam intenta acie atque inconniuente, tueri ~~
PE
SS
Shaan
s
Totius ingenii, mediis infirma repenté
Lumina deficiunt conatibus aegraque in ipsis Caligant radiis, ut si quis fortè uidendo Tentet Apollineos demens comprendere uultus. Ilicet ecce illi obtutus torpescit et atris Paulatim inficitur tenebris lux candida, certant
10 Etlux et tenebrae. Mox circum tempora oberrat Caligo noctémque oculis praetendit opacam. Sic maiestatem quisquis scrutabitur, illum Opprimet extemplo diuinae gloria lucis. Hic requies Petro, tibi Moses legifer ille, 15
Heliasque aderunt in montis uertice summo ;
Victori hic Domino statues sublime tropaeum.
apparatus criticus Huius carminis uersus 1-11 leguntur etiam cum quibusdam uariis lectionibus in V, f 44v°-451° sub titulo : « De Iove », v. 1-10 || num. XCVIII 1574 : XCVIS 1555 ; 96 S f’ 1o1v° L m. || tit. piét. ARCANA 1574 : ARCH- 8 1555 || 1 Nam... regna S 1555 1574: Inde si uehor ad sedes melioraque regna
V, v. 1 \| 2-4 Quae
si forté aliquis temerarius
audeat
olim
[...] tueri/ Totius ingenii S 1555
insanusque uidere/ Nequicquam annitor V, v. 2-3 || 4 mediis S p.c. 1555 1574: huic mediis Sa. c. || comprehen- V a. c. S a.c.|| 10 tempora S V 1555 1574: lumina S a. c. ||16 hic S p.c. 1555 1574:inSa.c.
1574:
Quae
dum
haurire
oculis cupio,
7comprendere Sp. c. Vp.c. 1555 1574:
apparatus fontium in pict. VVLG., Marc. 9, 6 : et facta est nubes obumbrans eos et uenit uox de nube dicens hic est Filius meus carissimus audite illum ; Matth., 17,
s : adhuc eo loquente ecce nubes lucida obumbrauit eos et ecce uox de nube dicens hic est Filius meus dilectus in quo mihi bene conplacuit
ipsum audite ; Luc., 9, 34-35 : haec autem illo loquente facta est nubes et obumbrauit eos et timuerunt intrantibus illis in nubem/ et uox facta est
de nube dicens hic est Filius meus electus ipsum audite || 2 temerarius audeat] cf. Ov., Her., 17, 101 : Non tu plus cernis sed plus temerarius audes || 3 intenta acie atque inconniuente tueri] cf. APVL., Met, 2, 22 : uigilandum est exertis et inconiuis oculis semper in cadauer intentis nec
acies usquam deuertenda, immo ne obliquanda quidem || 12-13 Sic maiestatem... gloria lucis] cf. VVLG., Prou., 25-27 : sicut qui mel multum comedit non est ei bonum sic qui scrutator est maiestatis opprimitur gloria || 14-16 VVLG., Marc. 9, 1-7 : et post dies sex adsumit Iesus Petrum et Iacobum et Iohannem et ducit illos in montem excelsum seorsum solos et transfiguratus est coram ipsis/ et uestimenta eius facta sunt
splendentia candida nimis uelut nix qualia fullo super terram non potest candida facere/ et apparuit illis Helias cum Mose et erant loquentes
cum lesu/ et respondens Petrus ait lesu rabbi bonum est hic nos esse et faciamus tria tabernacula tibi unum et Mosi unum et Heliae unum/ non enim sciebat quid diceret erant enim timore exterriti/ et facta est nubes obumbrans eos et uenit uox de nube dicens hic est Filius meus carissimus audite illum/ et statim circumspicientes neminem
x
amplius uiderunt nisi lesum
tantum secum ; Matth.,
17, 1-8: et post dies sex
adsumpsit Iesus Petrum et Iacobum et Iohannem fratrem eius et ducit illos in montem excelsum seorsum/ et transfiguratus est ante eos et resplenduit facies eius sicut sol uestimenta autem eius facta sunt alba sicut nix/ et ecce apparuit illis Moses et Helias cum eo loquentes/ respondens autem Petrus dixit ad lesum Domine bonum est nos hic esse si uis faciamus hic tria tabernacula tibi unum et Mosi unum et Heliae
unum/ adhuc eo loquente ecce nubes lucida obumbrauit eos et ecce uox de nube dicens hic est Filius meus dilectus in quo mihi bene conplacuit
ipsum audite/ et audientes discipuli ceciderunt in faciem suam et timuerunt ualde/ et accessit Iesus et tetigit eos dixitque eis surgite et nolite timere/ leuantes autem oculos suos neminem uiderunt nisi solum Iesum ; Luc., 9, 28-36 : factum est autem post haec uerba fere dies octo et adsumpsit Petrum et Iohannem et Iacobum et ascendit in montem ut oraret/ et factum est dum oraret species uultus eius altera et uestitus eius albus refulgens/ et ecce duo uiri loquebantur cum illo erant autem Moses et Helias/ uisi in maiestate et dicebant excessum eius quem conpleturus erat in Hierusalem/
Petrus uero et qui cum illo grauati erant somno
et euigilantes uiderunt maiestatem eius et duos uiros qui
Stabant cum illo/ et factum est cum discederent ab illo ait Petrus ad Iesum praeceptor bonum est nos hic esse et faciamus tria tabernacula unum tibi et unum Mosi et unum Heliae nesciens quid diceret/ haec autem illo loquente facta est nubes et obumbrauit eos et timuerunt intrantibus illis in nubem/ et uox facta est de nube dicens hic est Filius meus electus ipsum audite/ et dum fieret uox inuentus est Iesus solus.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus
[Sf 102v° ; 1555 p. CCIV ; 1574 p. CCX]
[SP103r° ; 1555 p. CCV; 1574 p. CCXI]
NON APPETI DEBERE GLORIAM AT SEQVI VERAM : INVIDIA ENIM PESSIMA VNA HAC VINCITUR
IO BAPTISTAE EGNATIO Symb. XCIX
Symb. XCIX
In pictura : - CATO - ΓΑΛΕΟΣ (γαλεός)
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Nota Paretonii crocodilus bellua Nili Sectantes fugitat, qui fugitant sequitur. Vsu etiam ille caret linguae morbisque leuandis Vtile corporeis suauéque stercus habet. Sic uera instantes sbernit, spernentibus instat Gloria, quin maior spreta redire solet.
Nil opus est lingua, celebris quum fama loquatur, Et uirtus merces sit sibi pulchra satis. Praecipuam utilitatem affert quoque gloria, tollit 10 Multa animi uitia atque inuidiam superat. Contra uana illa est popularis, quae crocodili Fucatur suaui stercore gloriola. apparatus criticus Editum est carmen in 1608, p.449, et in 1719, p. 340, sub titulo « Io. Baptistae Egnatio. Gloria crocodilus » || num. XCIX XCVII S 1555; 97 S f τοῖν" Lm. ||in pict. ΓΆΛΕΟΣ nos: -AHNOZX 8 1555 1574|| 2 fugitat S 1555 1719 || 7 quum S 1555 1574: cum 1608 1719 || 8 pulchra S 1555 1574 1719 : -cra 1608.
1574:
refugit
1574 : 1608
apparatus fontium tit. pict. NON
APPETI
DEBERE
GLORIAM
AT
SEQVI
VERAM]
cf. PLIN., Epist. 1, 8, 14: Sequi enim gloria, non adpeti
debet || 1-6 cf. I. L. Vivis, Satellitium animi siue symbola, 40, « Gloria Crocodilus », Basileae, 1539 (1524), p.
118 : Animal est in
Nilo
quaerentes
amne
Aegypti,
cuius
hanc
ferunt
naturam,
ut persequentes
fugiat, fugientes persequatur:
sic gloria
fugit,
negligentes sequitur. Sallustius de Catone : quo minus gloriam petebat, hoc eam magis assequebatur || 1 nota bellua] cf. PLIN., Nat., 28, 107 : Proxime fabulosus est crocodilus, ingenio quoque ille, cui uita in aqua terraque communis || Paretonius Nilus] cf. STAT., Theb., 5, 12 | 2 PLIN., Nat, 8, 92 : Terribilis haec contra fugaces belua est, fugax contra sequentes || 3 Vsu etiam ille caret linguae]
HDT.,
2, 68 : Γλῶσσαν δὲ μοῦνον θηρίων οὐκ ἔφυσε ; PLIN., Nat, 8, 89 : Vnum
hoc animal terrestre linguae usu
caret ; AMM., 22, 15, 15 : Crocodilus | ... ], exitiale quadrupes malum, assuetum elementis ambobus, lingua carens ; P. VALERIANI, Hier., 29, De Crocodilo, p.205 f: Causam tamen eam Aegyptii allegare soliti sunt quod Crocodilus silentii hieroglyphicum quandoquidem animal id lingua careat et ita silentii significatum prae se ferat || morbisque leuandis/ Vtile] cf. PLIN., Nat, 28, 107 || 4 suauéque stercus habet] cf. PLIN., ibid. : alter illi similis, multum infra magnitudine, in terra tantum odoratissimisque floribus uiuit ; ob id intestina eius diligenter exquiruntur iucundo
nidore referta ; crocodileam uocant || 5-6 instantes sbernit,
spernentibus instat/ Gloria] cf. SALL., Cat., 54, 5 : [Cato] esse quam uideri bonus malebat : ita quo minus petebat gloriam eo magis sequebatur || 6 [Gloria] maior $preta redire solet], Liv., 2, 47, 11 : adeo spreta in tempore gloria interdum cumulatior redit || 8 cf. LACT., Diu. Inst, 5, 18, 4 : Vult, inquit [CIC. = Rep., 3, 40 fr.], paene uirtus honorem, nec est uirtutis ulla alia merces ;
Cic., Off, 1, 19, 64: Vera autem et sapiens animi magnitudo honestum illud [...] in factis positum, non in gloria iudicat Principem se esse mauult quam uideri || 11-12 crocodili/ Fucatur...
stercore] cf. HOR., Epod., 12, 9-11 : neque illi/ Iam manet
umida creta colorque/ Stercore fucatus crocodili.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber quartus [SF 103v° ; 1555 p. CCVI; 1574 p. CCXII]
[SP 104r° ; 1555 p. CCVII ; 1574 p. CCXIII]
VITA EST SINE QVERELA OPTIMA
HIERONYMO
FERRIO CIVI BONONcIENSI> INTEGERRIMO
Symb. C
Symb. C
In pictura :
Sic uiue, ne sit cur uel olim quispiam
- ΔΙΟΓΕΝΗΣ (Διογένης)
De te, uel ipse conqueri
ΞΥΓΓΑΒΙΝΕΟΝΈΒΕΤΙΑ
- HIC EST HOMO PLATONIS
5
De quopiam, aut de sorte possis. Ipse nec ΟΣ Cuiquam uolens iniuriam
Facito, nec uñquam credito factam tibi.
Si uis beaté uiuere, Assuesce conditione quantula tua
Vti et minus de illa queri. Apprende quicquid commodi circa se habet. Quippè usque adeo acerbum est nihil 10 In quo aequus animus quidpiam solacii Non inuenire sit potis. apparatus criticus
num. C 1574: XCVIIIS 1555 ; 98 Sf 1031° L m. || 1 uel restituit J.-L. Charlet.
apparatus fontium in pict.D.L., 6, 2, 40: Πλάτωνος ὁρισαμένου, Ἄνθρωπός ἐστι ζῷον δίπουν ἄπτερον, καὶ εὐδοκιμοῦντος, τίλας ἀλεκτρυόνα εἰσήνεγκεν αὐτὸν εἰς τὴν σχολὴν καί φησιν,« οὗτός ἐστιν ὁ Πλάτωνος ἄνθρωπος » || 4-5 PL, Crit., 49a: Οὐδενὶ τρόπῳ φαμὲν ἑκόντας ἀδικητέον εἶναι || SEN., Ir, 2, 28, 4: Etiam eos, qui uolentes scientesque faciunt, ex iniuria nostra non ipsam iniuriam
petere || 7-12 SEN., Trangq., 10, 4: Adsuescendum est itaque condicioni suae et quam minimum de illa querendum et quicquid habet circa se commodi adprendendum : nihil tam acerbum est, in quo non aequus animus solacium inueniat.
BU
hy PURTONTS
|
|
᾿
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L
Edition critique du texte latin : liber quartus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
[SP 1081" ; 1555 p. CCIX, ° DDr° ; 1574 p. CCXV]
[SP 104v° ; 1555 p. CCVIII ; 1574 p. CCXIV]
IN MALARVM
PERFIDOS SATORES LITIVM
PAVLO PINO IVRISCONS BONON
Symb. CI
Symb. Cl
Inter gemellum Castorem atque Castoris Gemellum iniquus tetricas Eurymnus artibus serere lites malis
In pictura : — EVRYMNVS - POLLVX — CASTOR
Aggressus, ut committeret
s Ξ
TS
-- ~
SAA
SE
PR
ST
ia
Vtrunque. Iustas postmodo poenas dedit, Cum forté uterque in gratiam Redisset, ut fit, agnita calumnia. Quod accidat utinam omnibus
10
Qui seu propinquos siué amicos perfidi Fidos student disiungere.
apparatus criticus
num. CI 1574 : XCIX S 1555; 99 Sf’ 104v" L m. || 2 Gemellum S p. c. 1555 1574: Gemllum (sic) S a. c.
apparatus fontium
cf. D. ERASMI, Adag., 4, 2, 6, « Eurymnos » : Dictus est olim prouerbio, qui per calumniam conaretur fidos amicos inter sese
committere. Nam hic cum moliretur serere diffidium inter Castorem et Pollucem, alterum apud alterum insimulans, post deprehensus, utrique grauissimas poenas dedit. Hoc autem fere solet accidere iis, qui malis artibus student dirimere eos quos insolubili uinculo natura copulauit, ut uxorem
et maritum, parentem
et filium ac fratres. Fit enim ut hi redeant in gratiam,
præteritae simultatis poenas utrique repetant ab auctore ; PLVT., Frat. amor., 11, 4836: Ἀποθανόντος γε μὴν πατρὸς ἐμφύεσθαι
μᾶλλον ἢ πρότερον ὀρθῶς ἔχει τῇ εὐνοίᾳ τὸν ἀδελφόν, εὐθὺς μὲν ἐν τῷ συνδακρύειν καὶ συνάχθεσθαι κοινούμενον τὸ φιλόστοργον,
ὑπονοίας δὲ θεραπόντων καὶ διαβολὰς ἑταίρων ἑτέρωσ᾽ αὑτοὺς προσνεμόντων ἀπωθούμενον καὶ πιστεύοντα τοῖς τ᾽ ἄλλοις ἃ μυθολογοῦσι περὶ τῶν Διοσκόρων τῆς φιλαδελφίας καὶ ὅτι ὁ Πολυδεύκης τὸν καταψιθυρίζοντα τοῦ ἀδελφοῦ πρὸς αὐτὸν κονδύλῳ παίσας ἀπέκτεινεν ; LIB., Ep., 386, 12 : Βούλει μαθεῖν ἃ τοῖς φίλοις εἰκάζουσι παρέστη ; νομίζουσιν Εὔρυμόν τινα ταῦτα εἰργάσθαι. Ὁ δὲ Εὔρυμος ἐκεῖνος διέβαλλε τῷ Κάστορι τὸν ἀδελφόν, ἀλλ᾽ οὐχ ὁ Κάστωρ ἐσίγησεν, ἀλλ᾽ ὁ μὲν ἔφρασεν, ὁ δὲ Πολυδεύκης ἀγαθὸς ἐγένετο πύκτης
Κάστορα
πρὸς
ἐπὶ τὸν Εὔρυμον ; PLVT., Paroem.,
τὸν
Πολυδεύκην,
ἔδωκεν
αὐτοῖς
1, 74, in CPG,
τὴν
μεγίστην
1, p.332, s.v. « Εὐρύμνος » : Οὗτος πειρώμενος
δίκην;
PHEREK.
in FGrH
(Jacoby),
fr.164,
διαβάλλειν
1, p.101,
s. v. « Εὐρύμας » : Ὠλένιος τὸ γένος, διάβολος 86. ὅθεν ἀνῃρέθη ὑπὸ Πολυδεύκους. Κεῖται ἡ ἱστορία παρὰ Φερεκύδῃ] 1 cf. CATVLL., 4, 27 : gemelle Castor et gemelle Castoris ; VERG., Catal., 10, 25 || 2-3 tetricas... lites] MART., 5, 20, 6.
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Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome
1
Edition critique du texte latin : liber quartus
[SP 105v° ; 1555 p. CCX;
SAPIENTIAM
[Sf 1061° ; 1555 p. CCXI, ° DDiir® ; 1574 p. CCXVII]
1574p. CCXVI]
STEPHANO SAVLIO
MODESTIA, PROGRESSIO ELOQVENTIAM, FELICITATEM HAEC PERFICIT
IN HERMATHENAM
Symb. Cll
BOCCHIAM
Symb. CII
In pictura : SIC MONSTRA DOMANTVR ME DVCE PERFICIES, TV MODO PROGREDERE
— Quis tibi, sancte puer, uires animumque ministrat Maximum ut exiguo monstrum adamante regas ?
5
— Nonne uides summi eductam de uertice patris Auspice facundo Pallada Atlantiade ? Hanc cole totius mentis penetralibus ardens. Sic animo poteris quicquid et ore uoles. Incipe age. En uirga te iam deus euocat Orco :
v AN
10
Me duce perficies, tu modo progredere. Iam pater en Stephanus te Saulius ille bonorum Praesidium atque decus macte animo esse iubet.
apparatus criticus
Adiecimus dialogi signa typographica. Legitur carmen cum pictura in Gavini Sambigucii In Hermathenam Bocchiam interpretatione (Bononiae,
apud
Antonium
f 105v° [| ded. STEPHANO
Manutium SAVLIO
Aldi S
Filium,
1555
1574:
1556) deest
et sine in
M
pictura
in
M,
f 43v° ||mum. CII
||tit. BOCCHIAM
S
1555
1574:
1574:
C
S;
101
$
BOCCHIANAM
M || 1 H add. M ut primum interlocutorem ante uersum || 3 A add. M ut secundum interlocutorem ante uersum || 7 age
S 1555 1574 : om.M || 9-10 desunt in M. apparatus fontium 1 sancte puer] CAT. 64, 94; PS. VERG., Culex, 24; 37 || uires animumque ministrat] VERG., Aen., 9, 762 || 2 adamante | cf. VALERIANO, Hieroglyphica, XLI, « De adamante. Fortitudo >, p. 306a-b: Non temere scilicet adamantem pro fortitudine proponi, cui robur indomitum uisque insuperabilis, nomen merito fecisset, quippe qui limae, scalpro et malleo duritia inenarrabili resistat [... ] Quin etiam id insitum diuinitus habere fertur Adamas, ut mentem animumque gestantis uano metu liberet, ut superbae etiam fortunae responsare suadeat || 3 de uertice patris : PS. VERG., Ciris, 319 || 7 uirga... euocat orco] VERG., Aen., 4, 242 || 8 macte animo esse iubet] cf. LIV., 2, 12, 14 ; STAT., Theb., 7, 280.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus
[Sf 106v° ; 1555 p. CCXII ; 1574 p. CCXVIII]
[SP 107r° ; 1555 p. CCXIII ; 1574 p. CCXIX]
ALEXANDRO
FIDES EX BONITATE CHARITASQVE AC SPES EST, DECVS VNDE SEMPITERNVM
FARNESIO CARDINALI AMPLISSIMO
Symb. CIII
Symb. Clll In pictura : INCLYT
ALEX
In te speraui semper, mitissime princeps, Nec tua sperantem destituit Bonitas. Quippé ea sic uoluit quae maxima et optima Virtus,
FARNESI
Cuncta creans reficit, perficit una simul.
s
10
Metamen oppressum tenebris nox atra malignis,
Hactenus optata luce carere facit. Ergò splendidior tu sydere, Lucifer, omni Exoriens almum iam mihi pande diem. En calathis Astraea tibi fert lilia plenis Laeta, tui memores ut facias alios.
O qui das tibimet decus immortale merendo Si memorem facias me quoque, diue, tui.
apparatus criticus
Legitur carmen FARNESIO
etiam
in M, f 43v’-44r° || num. CIII
CARDINALI
AMPLISSIMO
Sp.c.
1555
1555
1574:
1574:
AD
ΟἹ 5;
[10?]3
INCLYTVM
S f 106° AL.
L m. || ded. carm. ALEXANDRO
FARNESIVM
HVNC
CARDINALEM
AMPLISSIMVM S a. c. apparatus fontium 8 En calathis... tibi fert lilia plenis] cf. VERG., Buc., 2, 45-46 : |... ] tibi lilia plenis/ Ecce ferunt Nymphae calathis [ ... ].
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin ; liber quartus [Sf 108r° ; 1555 p. CCXV; 1574p. CCXX1]
[SP 107v° ; 1555 p. CCXIV ; 1574p. CCXX]
ASCANIO
AVGVSTA SPES HAEC SFORCIAE EST
SFORCIAE CARD
Symb. CIV
Symb. CIV In pictura : SPES AVGVSTA
5
Spes facit ambigua Tiphym sulcare triremi Aequora et insanis tradere uela Notis. Spes facit Eleum cursorem carcere pulso Ad metam rapido sollicitare gradu. Spes facit incerto peditem se exponere Marti Et conclamatam saepe redire animam. Mille quoque afflictum curis shes hactenus una Erigit atque bono me iubet esse animo,
Quam tua in eximia illa habeo bonitate tuâque 10 Tustitia ac uera nobilitate sitam. Nam mihi qui possunt, nolunt prodesse, uolunt qui Non possunt, tu uis unus et ipse potes. Flora augusta igitur nunquam interitura, bonorum
Tu caput et medium es, mox quoque finis eris. apparatus criticus
Editum est carmen in 1608, p. 449, et in 1719, p. 340, sub titulo « De spe augusta, 106 S f'107v° I. m.|| ded. carm. ASCANIO SFORCIAE CARD CARD S || 14 Tu S p. c. 1555 1574: Quae Sa.c. || eris Sp. c. 1555 1608 1719 || bono animo S 1555 1574 : animo bono 1608 1719 || 13 nunquam S est 1608.
Ascanii Sfortiae > 1555 1574: AD 1574: -rit S a. c. || 1555 1574 : num-
|| num. CIV 1555 1574: CIS; ASC SFORCIAM 7 afflietum S 1555 1574 : adflic1719 ||14esS1555 15741719:
apparatus fontium 1-2 cf. SEN., Med., 318-320 : Ausus Tiphys pandere uasto/ Carbasa ponto/ Legesque nouas scribere uentis || tradere uela Notis] cf. T. V. STROZZAE, Eroticon, 4, 23, 104 : Et sinuosa citae tradere uela rati || 3-4A carcere ad metam] cf. VARR., Rust., 1, 3,1: eta quibus carceribus decurrat ad metas ; D. ERASMI, Adag., 1, 6, 58, « A carceribus » : Vnde frequentes illae apud Latinos etiam scriptores formulae a carceribus ad metam, a meta ad carceres ; cf. BOCCHII, Symb. 87.
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Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus [SP 108v° ; 1555 p. CCXVI ; 1574 p. CCXX11]
[SP 109r° ; 1555 p. CCXVIL, F EEr° ; 1574 p. CCXXIT]
VVLGO EST MINOR LVCELLO HONOR
FREQVENTIAM AD SPECTACVLA LVCRVM MAGIS QVAM HONOS
Symb. CV
EXCITAT
Symb. CV
Receptus et probatus ille mos fuit Olim iam Athenis diuidendae nonnihil Pecuniae uulgò affluentibus sacrae. Frequentiores nanque sic libentius
5. Allecti adibant publica ad shectacula. Mercedulae spe uulgus indoctum magis Longé mouetur ac honore ut maximo. apparatus criticus num.CV 1555 p.CCXVII a
P
1574:
CII
S$;
108
S f'108v
MAGIS S a. c.
Lm.
1555
p.CCXVI||tit.carm.MAGIS
S
1555
1574:
apparatus fontium C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 8, 9 : Igitur theoricam pecuniam inuenimus appellari, qua foros nobis et sedilia in spectaculis
comparamus, quia thea illorum idiomate dicatur spectaculum. Quod hypothesi in Olynthiacas Demosthenis orationes prima
Libanius significat, explicatur et in orationis eiusdem enarratione, unde et illud excerpsimus : Moris fuisse Athenis ut res publica
duos elargiretur obolos, alterum pauperiores comparandis sibi alimentis impendebant, alter theatri architecto erogabatur. Neque
enim lapideo utebantur theatro ea tempestate [= LIB., Argumenta orationum Demosthenicarum, 1, 8: Οὐκ ὄντος τὸ παλαιὸν
θεάτρου λιθίνου παρ᾽ αὐτοῖς, ἀλλὰ ξυλίνων συμπηγνυμένων ἰκρίων Kai πάντων καταλαμβάνειν τόπον σπευδόντων πληγαί τε ἐγίνοντο καί που καὶ τραύματα. τοῦτο κωλύσαι βουληθέντες οἱ προεστῶτες τῶν Ἀθηναίων ὠνητοὺς ἐποιήσαντο τοὺς τόπους καὶ ἕκαστον ἔδει
διδόναι δύο ὀβολοὺς καὶ καταβαλόντα θέαν ἔχειν. ἵνα δὲ μὴ δοκῶσιν οἱ πένητες τῷ ἀναλώματι λυπεῖσθαι, ἐκ τοῦ δημοσίου λαμβάνειν ἕκαστον
ἐτάχθη
τοὺς
δύο ὀβολούς].
Propterea
Demadem
dicere
solitum
accepimus,
theoricam
id genus
pecuniam
esse
democratiae gluen [cf. PLVT., Quaest. Plat., 1011b : Ἔλεγε Δημάδης, κόλλαν ὀνομάζων τὰ θεωρικὰ τῆς δημοκρατίας, et Laconem
uirum (sicuti uidetur) rerum haud quaquam imperitum, uehementer falli Athenienses, qui ludis tantum impenderent studii et
quae in classis exercituumque apparatum forent absumenda in theatricas erogarent uoluptates ; cf. HARPOCRAT., Lexikon in
Demosthenis orationes, s. v. « theorika >, p. 154 Dindorf; VLPIAN., Prolegomena in Demosthenis orationes Olyntiacas, 1, 1 ; PHOT., Lexikon, s. v. « theorika » (151-152 Theodoridis).
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Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber quartus
[SP 110r° ; 1555 p. CCXIX, f° EEiir® ; 1574 p. CCXXV]
[SP 109v ; 1555 p. CCXVIII ; 1574 p. CCXXIV]
IVSTA SOPHOCLAEO SENTENTIA DIGNA COTHVRNO
IBI EST SALVS TVTELA VBI REVERENTIA ET PVDOR
Symb. CVI
Symb. CVI
Superbus ille habendus est et insolens,
Nihil ferendus, principum qui subditus Mandata persequi suorum negligit,
In pictura : MENELAVS AIAX TEVCER
Nam legibus fundarier nulla urbs ualet
Recté unde prorsum abest uerecundus timor.
Ecquis regi prudenter unquam exercitum
Posse absque propugnaculo tutissimo
Metus pudori$que integerrimi asserat? 10
Sed cogitare oportet, hominem ut corpore Magno sit, attamen uel 4 paruo malo Plerunque consternari. Vbi reuerentia
Pudorque sanctus, ibi salus tutelaque est. Veh ciuitati in qua uiget nefaria Contemptio legum atque per licentiam 15 Abiecta oboedientia fit quod libet. Talem, ut beatam, urbem, tamen mox iudica
De uertice alto pessum ituram funditus. apparatus criticus
num. CVI 1574: CIVS 1555; 109 Sf 109v° L m.
apparatus fontium tit. carm. cf. VERG., Buc., 8, 10; PROP., 3, 17, 39; Ov., Am. 1, 15, 15; C. LANDINI, Xandra, 3, 16, 8: Facta Sophocleo non dedignanda cothurno ; N. DE NALDIS, Eleg., 3, 4, 210 : Faéta Sophocleo nimirum digna cothurno ; U. VERINI, Paneg., 1, 19 : Gesta Sophocleo reginae ornare cothurno || 1-17 cf. S., Aj. v. 1071-1083 : Καίτοι κακοῦ πρὸς ἀνδρὸς ὄντα δημότην, Μηδὲν δικαιοῦν τῶν
ἐφεστώτων κλύειν. Οὐ yap not’ οὔτ᾽ ἂν ἐν πόλει νόμοι καλῶς, Φέροιντ᾽ ἄν, ἔνθα μὴ καθεστήκοι Sé0c,/ Οὔτ᾽ ἂν στρατός ye σωφρόνως ἄρχοιτ᾽ ἔτι,, Μηδὲν φόβου πρόβλημα μηδ᾽ αἰδοῦς Éxwv./ Ἀλλ᾽ ἄνδρα χρή, κἂν σῶμα γεννήσῃ péya,/ Δοκεῖν πεσεῖν ἂν κἂν
ἀπὸ σμικροῦ xaxod./ Δέος γὰρ @ πρόσεστιν αἰσχύνη θ᾽ ὁμοῦ, Σωτηρίαν ἔχοντα τόνδ᾽ ἐπίστασο. Ὅπου δ᾽ ὑβρίζειν δρᾶν θ᾽ ἃ
βούλεται παρῇ, Ταύτην νόμιζε τὴν πόλιν χρόνῳ ποτὲ, Ἐξ οὐρίων δραμοῦσαν εἰς βυθὸν πεσεῖν.
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Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus
[SP 110v° ; 1555 p. CCXX;
ET LINGVAM
[SP
1574p. CCXXVI]
11°
; 1555 p- CCXXI ; 1574p. CCXXVII]
IOANNI ANGELO MEDIC! CARD
ET IRAM CONTINE
Symb. CVII
Symb. CVII Nil agis 6 Furor : incassum mea corda fatigas.
5
Magno animo Herculeus me iubet esse labor. Ora Cleonei hic fregit discerpta leonis, Allidens linguam dentibus implicitam.
Vim stomacho appositam nostro compescere uerum est Et septis linguam continuisse suis.
Angele cardinei splendor columenque Senatus, Aulaea hoc olim nos docuere tua. apparatus criticus num. CV $ 1555 1574: 110 Sf
110v° L m.
apparatus criticus tit. pict. cf. CIC., ad Quint.,
1, 1, 31 : Meditere resistendum esse iracundiae, cumque ea maxime animum
moueat, tum tibi esse
diligentissime linguam continendam || 1 Nihil agis 6 furor] cf. CIC., Tusc., 2, 25, 61: saepe dixisse [Posidonium] : “ nihil agis, dolor! Quamvis sis molestus, numquam te esse confitebor malum” || corda fatigas] cf. SIL, 1, 63: laudum ‘be corda fatigat || 3 Ora Cleonei... discerpta leonis] cf.SIL., 3, 33-34: [...] mexuque elisa leonis/ Ora Cleonaei patulo caelantur hiatu || s uim stomacho apposita nostro compescere] cf. P. VALERIANI, Hier., 1, p- 15a, « Herculanus leo quid > : Caeterum
Heraclitus Ponticus superatum ab Hercule leonem ideo fingi dicit, quia Argiuus ille, de quo Graeci plurima scripserunt, Hercules,
furorem illum, quo ex atra bili plurimum laborauit, tandem edomuerit [= HERACLIT., All, 33, 3 : λέοντα δέ, τὴν ἀκρίτως ὁρμῶσαν ἐφ᾽ ἃ μὴ δεῖ φοράν] ; cf. AR, Probl., 30, 1, 953a: Διὰ τί πάντες ὅσοι περιττοὶ γεγόνασιν ἄνδρες ἢ κατὰ φιλοσοφίαν ἢ πολιτικὴν ἢ ποίησιν ἢ τέχνας φαίνονται μελαγχολικοὶ ὄντες, καὶ οἱ μὲν οὕτως ὥστε καὶ λαμβάνεσθαι τοῖς ἀπὸ μελαίνης χολῆς ἀρρωστήμασιν, οἷον
λέγεται τῶν τε ἡρωϊκῶν τὰ περὶ τὸν Ἡρακλέα || 6 septis linguam continuisse suis] cf. D. ERASMI, Lingua, ASD, IV-1A (LB 662) [= e.g, HOM., Od., 1, 64 ; 10, 328: ἕρκος ὀδόντων].
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ES
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber quartus [SP 112r° ; 1555 p. CCXXIII ; 1574 p. CCXXIX]
[SP 111v°; 1555 p. COXXII ; 1574 p. CCXXVII]
ACVMINE,
RATIONE,
CLARISSIMO BERGVNCIO
DILIGENTIA BEARIER QVIVIS POTEST
Symb. CVIII
Symb. CVIII
COGNOSCE, ELIGE, MATVRA, Berguncius heros,
ln plat:
Haec tria posse olim quenque beare putat, Idque notis prudens septenis explicat hisce
COGNOSCE | ELIGE | MATVRA
Quo nil diuino sanctius est numero.
=
-
ΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΞΣ
{
=
=
5
Circunspecta etenim Prudentia cor oculatum est,
Principium, uitae fons et origo animi. Colli ornamentum torques et pectoris alti Aurea, doctrina est cyclica, cordis honos. Libram Virgo tenens quadrata rotundäque pensat, 10 Delphino et uehitur lentius approperans, Cuius honoratam impediunt redimicula frontem Laurea, amica bonis atque inimica malis. Ille autem in mediis portus tutissimus extans Fluctibus excelsi laeta quies animi est. 15 Postremo nitidus radiantis fulgor Olympi Vitae immortalis spémque decusque notat.
| |
apparatus criticus
num. CVIII 1574: CVIS 1555 ; 111 Sf 111v°L, m. apparatus fontium 11 redimicula frontem] cf. I. BELLAN, Poemata, 1 (Elegiae), 2, 57 : Gemmea marmoream cingunt redimicula frontem || 8 doctrina cyclica]
cf. A. POLITIANI,
Miscellaneorum
centuria prima,
cap. IV, Basileae,
1553
[1489],
p.229:
Nec
prospiciendae
autem
philosophorum modo familiae, sed et iurisconsultorum, et medicorum item, et dialecticorum, et quicunque doétrinae illum orbem faciunt, quae uocamus Encyclia, sed et philosophorum quoque omnium || 15 radiantis fulgor Olympi] cf. MART. CAP. 2,
185 : fulgor splendentis Olympi.
480
481
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus [SP 112v° ; 1555 p. CCXXIV ; 1574 p. CCXXX]
[Sf 113r° ; 1555 p. CCXXV, f FFr’ ; 1574 p. CCXXXI]
MHAE AOMON ΠΟΙΩ͂Ν ANEITIEEZTON KATAAEITIEIN (Μηδὲ δόμον ποιῶν ἀνεπίξεστον καταλείπειν)
ALEX FARNESIO CARDINALI NE LINQVE AEDIFICANS DOMVM
Symb. CIX
IMPOLITAM
Symb. CIX
Quicunque aedificas, domum uideto Vt linquas malè cautus inchoatam,
5
Ne fors crocitet insidens supernè Cornix garrula et insolens, nec ab re Inuisa unigenae usque et usque diuae :
10
— An quia ante hiemem domus niuosam Absoluenda ? — Etenim haec amica fida, hic Census optimus. — An quia institutum Quod recté semel est opus, sit ipsum
Sic uates Heliconius monebat.
Primo tempore quoque finiendum ? Ergo perficere ut queam secundis Rem coeptam auspiciis tuis auique Quo nil terra uidet beatius, iam
15
Pro uestra eximia benignitate
Praesentem obsecro uos opem feratis, Ne uulgus mihi detrahat malignum,
Fidum despiciens clientem iniquè Qui uos suspicio et colo patronos. apparatus criticus
Adiecimus dialogi signa typographica || num. CIX 1574: CVII S 1555; 112 S ἢ 1129° L m. || tit. piét. ΚΑΤΑΛΕΙΠΕΙ͂Ν 8 1555 : ΚΑΤΑΛΙΠΕΙ͂Ν 1574 || 2 inchoatam 1555 1574 : incoha- S || 7 hiemem S: hye- 1555 1574.
apparatus fontium tit. pict., tit. carm., 1-6 cf. HES., Op., 746-747 : Μηδὲ δόμον ποιῶν ἀνεπίξεστον καταλείπειν, Μή τοι ἐφεζομένη κρώξῃ λακέρυζα
κορώνη ; D. ERASMI, Adagia, 1, 6, 26, « Domum cum facis, ne relinquas impolitam » || 4-s Cornix garrula... / Inuisa unigenae... diuae]
Ov., Met., 540-560;
loquax », 3-4;
P. VALERIANI,
PLIN., Nat.
10, 30; 203; AEL., NA,
Hieroglyphica,
5, 8;
20, « Cornix >, p. 1490,
10, 48;
A. ALCIATI, Emblemata,
« garrulitas » : Ex Graecorum
« Prudens magis quam igitur ipsorum sententia
abiecta repulsaque cornix a Pallade est, utpote quae meditationum peruigilio infesta sit et mentis agitationem interpellet obturbetque garrulitate sua, cuius est hieroglyphicum ; ERASM., Adag, 1, 6, 26: Eam autem obtrectantium petulantiam per
uoluit indicare poeta, nempe auem garrulam, et obstreperam, ut hinc etiam uerbum prouerbiale ductum sit, κρώζειν || 7-8 ante hieme domus niuosam/ Absoluenda] cf. Schol. ad Hes. Op, 746-746, p. 229-230 Pertusi : Οἱ μὲν ὅτι δεῖ τὰς uideri οἰκίας πρὸ χειμῶνος συντελεῖν -- ὁ γὰρ κρωγμὸς τῆς κορώνης χειμῶνος σύμβολον ; ERASM., Adag., 1, 6, 26: Quibusdam monere poetam, uti quisque domicilium ante hiemem absoluendum curet, ne tum non habeat, quo depellat frigoris molestiam. cornicem
|
Hiemem enim cornicis indicatam symbolo, uidelicet auis hibernae || 8-9 haec amica fida, hic/ Census optimus] ERASM., Adag, 1, 6, 26: Porro cum semper alias tum maxime mensibus hibernis οἶκος φίλος, οἶκος ἄριστος, id est grata domus, domus optima,
quemadmodum in prouerbio est ; cf. Symb. CX || 9-11 an quia institutum... quoque finiendum] cf. Schol. ad Hes. Op, 746-746, ὧλ Ρ. 229-230 Pertusi : Aci δὲ καὶ ἐπὶ τὰ ἄλλα τὸ παράγγελμα διατείνειν Kai μηδὲν τῶν ἡμετέρων ἔργων ἀτελὲς περιορᾶν φερόμενον,
accipiamus, unicuique ἑκάστῳ τὸ προσῆκον ἐπάγειν τέλος ; ERASM., Adag, 1, 6, 26: At ipsi Proculo magis probatur, ut καθολικῶς sonnitenceun ad unique et desideretur omnino nihil ut imponendum, idoneum finem negotio, quod semel instituerimus,
perfectionem || 17 Ne uulgus mihi detrahat malignum] cf. Schol. ad Hes. Op, 746-746, p. 2495130 Pertusi : οἱ δὲ ὅτι μὴ ἀτελῆ δεῖ
τὸν οἶκον ἐᾶν, μὴ ψόγον ἐπαγάγῃ παρ᾽ ἄλλων οὖς τῇ κορώνῃ ἀπείκασεν, ὡς πολλὰ ἂν φθεγξαμένους νεμεσῶντας ἐπὶ τῷ ἐλλιπεῖ; ERASM., Adag, 1, 6, 26: Alii putant significatum aedificium semel institutum non openters semiperfectum relinquere, ne uulgo
risui sis et qui praeterierint, obloquantur carpantque leuitatem tuam, qui quod coeperis, non absoluas.
482
483
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quartus Sf 113v° ; 1555 p. CCXXVI ; 1574 p. CCXXXII]
(SP 114r° ; 1555 p. CCXXVIL, f FFiir® ; 1574 p. CCXXXIII]
AD EVNDEM EST NVLLA VITA LAVTIOR
DOMESTICA,
Symb.
NEC LAETIOR
Symb. CX
CX
Genus animantium magnus luppiter
In pictura :
Rogauit olim ad nuptias. Tum caetera
ΟΙΚΟΣ ΦΙΛΟΣ OIKOE ΑΡΙΣΤΟΣ (Οἶκος φίλος, οἶκος ἄριστος)
Venere,
5 ESS EEE
Vna usque et usque in posterum, quocumque iter
Intenderet, secum ipsa circumferret. Id Jam ne accidat, manere semper ut domi Cogar, patrone, opes meis conatibus Imploro et appello tuas simul fidem, Quancunque suadet liberalitas tibi.
Da tu facultates quibus benè et citd Absoluere inceptam domum sit fas, duce Te et auspice, ut uocatus ab Ioue Nostro ad cupitas nuptias queam
Bonae Hermathenae adesse in ipso tempore, Cui deesse turpe caeteris, nefas mihi est.
Ms
\
Quin annuat praesens benignitas tua Quod spero et opto. Tunc procul negociis Domi manebo semper ex sententia 25
Egôque apud me ero, otia ipse feceris.
apparatus criticus num, CX 1574 : CVIII S$ 1555; 113 Sf 113v° L m. ae,
apparatus fontium in pict. Οἴκος φίλος, οἶκος ἄριστος] cf. APOST., 12, 39 ; Append. prou., 4, 15 ; D. ERASMI, Adagia, 3, 3, 38, « Domus amica, domus optima » || 1-11 cf. AESOP., Fab., 108 Hausrath-Hunger, « Ζεὺς καὶ χελώνη » ; ERASM., Adag, 3, 3, 38, p.208: Nusquam
Spray
X
] || 3 si animus
deus
est]
cf, EVR, frgt. 1018 (Nauck) : ὁ νοῦς yap ἡμῶν ἐστιν ἐν ἑκάστῳ θεός ; PLVT., Plat. quaest. 999d; MEN., Mon., 334; A. ALCIATI, Parerga, 4, 13, in D. Andreae Alciati Mediolanensis iureconsulti celeberrimi opera in IV tomos digesta, Basileae, ap. Th. Guarinum,
1582, t. IV, col. 392 : Existimat Pythagoras sub finem aurei carminis animos hominum in deos uerti [... ] i si animus Deus est, ut
carmina [... ] dicunt, hic tibi praecipue sit colendus || 5-6 CIC., Tusc., 1, 9, 18 : Quid sit porro ipse animus aut ubi aut unde,
magna dissensio est. Aliis cor ipsum animus uidetur, ex quo excordes, uecordes concordesque dicuntur et Nasicaa ille prudens bis
508
509
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
consul Corculum || 9-10 cf. CIC., Diu., 1, 119 : quod ne dubitare possimus, maximo est argumento, quod paulo ante interitum
Caesaris contigit, qui cum immolaret illo die, quo primum in sella aurea sedit et cum purpurea ueste processit, in extis bouis
opimi cor non fuit. Num est> perculsus, cum
igitur censes ullum animal, quod sanguinem habeat, sine corde esse posse ? Qua ille rei nouitate = ÉROPIRE HOC PVLCHRO CRITIAE
|
Campane, me nunc si quid agam roges, Dicam : hoc tam acerbo tempore quo meum
- THERAMENES
Charissimum amisi parentem,
Quo patria tenerigque amicis
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5.
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Dira ut carerem pestilitas nimis
Diu coegit, uitam amaris
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In lacrymis traherem misellam
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Nam quid potest optabilius dari Nostris supremus si ille animis dies
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Mutationem affert loci, non
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« — Mortale quicquam si saperet genus
Mortem uel optare inciperet uel hanc Desisteret saltem timere
Dogmate Socratico ut monemur,
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Colloquiis ita disserendo :
E-
|
Ni praesto adesset consilio graui Diuinus Arpinas meus ac suis Me perditè aegrum recrearet
|
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-
10
“σὰ
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Te maxime uno quem ante amicos amo
{
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Interitum omniauè auferentem
Extinctionem ? Sin perimit statim Ac delet omnino, an melius putas Quicquam esse nobis quam repenté In mediis miserae et caducae 25
Vitae huius obdormire laboribus .
.
è
.
Somnôque conniuentia lumina
Mox consoporari perenni
Vndè mala omnia finiantur ?
-
30
A. — Ergò miser non interitum mei Flebo parentis quo mihi carior
Nemo fuit ? M. -- Quin temperare A lacrymis penitu$que edaci
570
EEE RER
SED,
[1555 p. CCCXI,
ΧΙ,
CC]
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P QQiir° ]
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus
Debes dolori parcere. Fata enim Sic lege sanxere irreuocabili, 35
Aucta ut senescant occidantque
Serius ocyus orta quaeque.
75
A. — His maximas ipsum memini patrem Extremo agentem tempore gratias
Vnine tantum esse id miserum potest ? >
Laetitam ac sibi gratulantem
Quippé ille felix iam appeteret dies
80
Quo liberum se cerneret è graui
Custodia emitti atque uinclis Corporeis subito leuari.
45
Ouerba semper fixa animo meo ! M. — Ergo ultimum illum nos etiam, ut decet,
Vulgé imperitis. Quin nihil in malis so
Et Lesbiam prae se cytharam ferens,
Ista ut referrem iussit ac non
[Sf 156v°]
[1574 p. CCCXXI]
Erubuit canere ipsa mecum, 85
Ducamus unquam quod Deo ab optimo Sit constitutum nanque frustra
90
Siue omnium Natura parens facit, Nos et creatos arbitretur ?
Nemo quidem nisi mentis expers.
95
Sed uis profectò, crede mihi, potens
apparatus criticus
mnenda morte, MDXXVII >.
num, CXXXIX
lam liceat. Sed enim indè uentis
$72
(sic) Sp.c.; CXXXVII
1555 || tit. carm. FRANCISCO
CAMPANO
COLLENSI
S
p.c. 1555
apparatus fontium in pict. CIC., Tusc. 1, 40, 96-99 : Quam me delectat Theramenes ! Quam elato animo est ! Etsi enim flemus cum legimus, tamen
Tum demum in aeternum incideret malum Mortis uelut contingere bestiis Sat constat. Ast portum et perenne
Quo peruehi passis utinam omnibus Velis, cito cursu et secundo
1574: CXXXVIIo
1574: DE CONTEMNENDA MORTE S a. c. || 1 me nunc si S 1555 1574: si nunc me R || 3 chari ssimum S 1555 1574: cariR|| s amicos 5 1555 1574 : alios R || 9 praesto 1555 1574 : presto RS || 13 M 1555 1574: om. RS || 29 A 5 1555 1574: 0m.R||37A.S 1555 1574: 0m.R || 46M. 1555 1574 A. Som. : R || 47 faustum S 1555 15:74 fest- R
non miserabiliter uir clarus emoritur. Qui cum coniectus in carcerem triginta iussu tyra nnorum uenenum, ut sitiens, obduxisset,
Perfugium potius putemus
70
[1574 p. CCCXXIII]
Certissimum omninò ad beatam
Adiecimus dialogi signa typographica. Legitur carmen in R f° 601°-62v° sub titulo: « Ad Franc iscum Campanum ode tric. tetr. De conte
Casus iniquos et tot aestus Anxiferos animi tulisset,
Nobis paratum promeritis bené :
Plané id necesse est, uerum etiam quia Nil mors quod horrendum sit habet -, sibi Praesidium parat ille uitam.
Quaedam ultimo indè à principio fuit Quae sedulò humano usque et usque Consuleret generi nec ipsum Id gigneret semper, ne aleret quidem Quod quum labores innumerabileis
65
Qui nanque quod uitare nequit, timet, Esse is quieto nunquam animo potest. Qui autem mori non extimescit,
— Non modo propterea quod olim
Quis fortuitd, quis temeré satos
60
Tum effecta mortis maxima protinus Contemptio est, quae non minimüm ualet
Ad liberandum cor timore Atque labantem animum erigendum.
[1555 p. CCCXIL ]
Si nihil ille opifex supremus
$5
Hac nuper ille oratione
Flexanima mihi consulebat,
Quum nostra plectrum Melpomene interim
Nobis diem faustum putemus
Qui solet horribilis uideri
[1sss p. CCCXIII]
Sed quod necesse est omnibus, obsecro,
Vultu sereno praetulisse 40
Reflantibus si reiiciemur haud Multò tamen post diua necessitas Omnes eodem uult referri. Non homines neque di repugnant.
[SP 157r°] [1574 p. CCCXXII]
reliquum sic e poculo eiecit, ut id resonaret, quo sonitu reddito adridens : Prop ino, inquit, hoc pulchro Critiae, qui in eum fuerat taeterrimus. Graeci enim in conuiuiis solent nominare, cui poculum tradi turi sint. Lusit uir egregius extremo spiritu, cum iam Praecordiis conceptam mortem contineret, uereque ei cui uenenum praeb iberat, mortem eam est auguratus, quae breui Consecuta est. Quis hanc maximi animi aequitatem in ipsa morte laudaret, si mort em malum iudicaret ? Vadit enim in eundem Carcerem atque in eundem paucis post annis scyphum Socrates eodem scelere iudi cum quo tyrannorum Theramenes || 1328 cf. CIC., Tusc, 1, 49, 117 [uide ANALYSE] | 33-36 cf HOR, Carm., 2, 3, 25-28: Omnes eodem cogimur, omnium/ Vers atur urna serius ocius/ Sors exitura et nos in aeternum/ Exilium impositura cumbae || 37-4 4 cf. CIC., Tusc., 1, 49, 118 [uide
ANALYSE] ||47-78 ibid. [uide ANALYSE].
$73
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Édition critique du texte latin : liber quintus [SP 15sv°; 1555 p. CCCX;
1574 p. CCCXIX]
[SP 1561° ; 1555 p. CCCXI ; 1574 p. CCCXX]
ENTEAEXEIA YYXH
CAESARI
(Ἐντελέχεια ψυχή)
Symb. CXL
Symb. CXL
Nulla inueniri animorum origo prorsus in
Terris potest, nanque in animis mixtum nihil
In pictura :
on
Est atque concretum aut quod ex terra satum
39 ?ÿ NINT OTN MT
S77 Gan SEE Hane 9
CATANEO
-
ἜΝ
σας,-- Ἢ
5
BZ
10
Esse uideatur atque fictum, ad haec, nihil Ne aut humidum aut spirabile quidem aut igneum, Nam in hisce naturis inest nil uiuidam Quod uim memoriae, mentis atque Dedalae Cogitationis habeat admirabilem
Quod praeterita tenens, futura prouidens,
Complectier praesentia queat. Quae sola sunt
Diuina nec fas inuenire ullatenus Vnquam fuerit undé ad hominem, nisi ἃ Deo, Venire possint. Ergo natura abdita est
— = .-.ὦἬ --
=
Ac singularis quaepiam animi uis, procul
15 Ab usitatis atque notis caeteris Seiuncta naturis. Ita illud quidquid est Quod sentit in nobis, sapit, uult ac uiget Caeleste, diuinum et ob id aeternum quoque est. 20
Quid quaeris, haec perfectio summa, hic deus
Semper colendus mente syncerissima. Est nempé mens soluta quaedam et libera Mortali ab omni segregata protinus Concretione, sentiens cuncta et mouens
25
Atque ipsa motu sempiterno praedita. Hinc orta mens humana, non humanitus.
apparatus criticus
num. CXL 1574 : CXXXVIIlo (sic) 5; CXXXVIII 1555 || tit. pia. ENTEAEXEIA S: -XIA 1555 157 || 18 caeles 1555 te : cel- S
coel- 1574
apparatus fontium in pit. O70 35 Ὁ" NONI ὈΠῸΝ MT] VVLG., Gen. 1, 2 || 1-25 CIC., Tusc., 1, 27, 66-67 ; V. CODRI, Sermones, 1, in Antonii Cordri Vrcei in florentioribus Italiae gymnasiis olim... professoris... opera quae extant omnia, Basilae, per Henricum Petrum, 1540, P-60 ; G. BVDAEI, De Asse, Lugduni, 1542 (1514'), p. 39; C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 22, 2 ; A. PALEARU, De animorum immortalitate, Lugduni, apud S. Gryphum, 1536, 1, p. 45, v. 19-25 etc. [uide ANALYSE].
574
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus
[SP 1s8v° ; 1555 p. CCCXVI ; 1574 p. CCCXXVI]
[Sf 1sgr®; 1555 p. CCCXVIL f RRr° ; 1574 p. CCCXXVII]
PAVLO Ill PONT MAX
PRVDENS AC FORTIS RATIO, ET VSVS EDOCET OMNIPOTENS OMNIA DVRA PATI
Symb. CXLI
Symb. CXLI Dic age, Melpomene, quae sit medicina dolorum
Optima quam tuus ille docebat
Arpinas nuper, cuius de fonte perenni
Mellifluos haurire liquores
5
Te iuuat atque adeo Aonios traducere in amnes.
15
Hoc tibi nil potius studio sapientiae et alti
Sic te turba colat pia uatum Sic tua doctus amet nunquam non carmina Paulus, Paulus spes secli ultima nostri Cui tantum merità tribuis, nulli ut placuisse 10 Vsque adeo atque illi studeas ; sic Formosus faueat tibi semper Apollo canenti Sic aliae quoque sponté sorores Assurgant primique tibi reddantur honores. M
=
.
T
20
25
Qui uera nunquam 4 ratione Desciscens, nunquam ipse suae confidere uitae Nescius anteactae atque futura
Prospiciens ex praeteritis, sibi recta probanti Ipse placet ; iudex bonus idem Ipse sui, indocilis nequicquam credere uani
[SP 159v° ; 1574 p. CCCXXVIII] [1555 p. CCCXVIN]
Iudicio uulgi, omnia uincit, Non aduersa timet, non fracta mente dolores Fert, contemnit letum animosus.
Solus hic est ueré felix, ueréque beatus. Hic diues quippé omnia rectè
30
Eius dicentur, solus scit qui omnibus uti. Hic multò pulcherrimus extat,
Ipse animus siquidem rerum pulcherrimus extat. Hic recté inuictus, quoniam et si Corporeos artus constringant mille catenae
35
Nulla tamen possunt cohibere
Vincla animum. Hic recté liber cui nulla cupido Imperat, hic rex denique regum Nam sese regere ante alios solus bene nouit.
40
Nimirüm Sapientia et alma Perficit hoc Virtus qua nil diuinius una. Nempè salutarem medicinam
Illa animis adhibet, curas et detrahit omnes,
Protinus illa cupidine caeca 576
577
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
45
50
Liberat, illa metus pellit temnitque dolores. Huic igitur si pectore toto Ipsum te dederis, celsa securus ab arce Tu quoque despiciens hominum orsa Ridebis cum illa et statues nil pulchrius esse Constanti patientia in omni Fortunae genere, externae quae haud indiga laudis Nec plausum captans popularem Ipsa modo oblectet 5656, tum fortiter audax
Edition critique du texte latin : liber quintus [SP 160r° ; 1574 p. CCCXXIX]
Eneruet uires et te succumbere cogat.
[1555 p. CCCXIX, f° ἈΚ
95
100
Quam studio quodam uehemente et gloria inani. Quin etiam laudanda magis sunt 55. Quae nihil ostentant sese at sine teste popello
Nam quid habet praestantius aut quod Expetat illa magis laude a uirtute profecta ? Quid porrò usque adeo fore tetrum, Vsque adeo aspernandum, quid se indignius atque Turpe putat? Nunquam illa dolorem Esse malum statuit summum sed opinio mendax Quas tenebras praetendit opacas
— Quaeque etenim se in luce uolunt benefacta locari -, Mente tamen sibi conscia honesti Nullum maius habet uirtus praeclara theatrum Nec putat esse malum, nisi turpe Flagitium, id laeto peius refugit, timet, odit
Nec putat esse bonum nisi honestum,
Viribus id totis unum sequitur, cupit, ambit.
70
Et plerosque omnes transuersos saepius egit.
Quare nil facit illa abiectè,
Ergo te regina uolente Si ratio extiterit, saeuo indulgere dolori Non sinet, ast tecum ipsa loquetur
Nil timide, nihil ignaué aut seruiliter unquam.
Non muliebriter eiulat immo Nec tacitos edit gemitus nisi forté dolori Quo magis obsistat uelut hosti Intendat sese ad robur. Sic cursor anhelus In stadio exclamat uehementer
[Sf 160v° ; 1574 p. CCCXXX]
115
[1555 p. CCCXX]
75
80
120
90
Imperet interdum, simul omnes
lure bono statuas felices atque imitandos Summa ope. Sed contentio magna In primis adhibenda animi nam fida tuendi Ac uelut aduerso subigit qui flumine lembum
125
Remigiis, si forté remittat Brachia, nequicquam conatur et alueus illum In praeceps prono rapit amni ;
Contentumque onera ut leuius fert uasta, remissum Opprimitur corpus facile, sic Intenti obsistunt animi urgentürque remissi.
130
135
Quae tecum mediteris opportet Noétes atque dies, quippé isthaec latius olim Manabit ratio, tum aliquantd Maiorem praestabit opem quam rere (libido Scilicet infrenis cohibetur Hac duce uesanusque furor compescitur irae), Quandoquidem si lumen honesti Aspicies semper, fugies si turpe, doloris Tutus non stimulos modé, uerum et
Fulmina Fortunae contemnas cunéta licebit. »
578
[1555 p. CCCXXN]
Off.cii sola est ea custos,
Cui magis Eurotas, sol, puluis,
Militia et sudor quam cultus mollis et ulla Barbara fertilitas fuit olim In studio, tantum meditatio praeualet et mos. Sed quid constanti ratione 85 Fortius aut melius ? Quodnam mortalibus aegris Certius esse potest medicamen ? Quam tibi quum mater dederit Natura magistram Atque ducem uitae, hanc dominari Est operae pretium, ne animi pars mollior illa
Clarorämque exempla uirorum.
[SF 161v° ; 1574p. CCCXXXII]
Fortiter ut passos grauiora
Quod facilé ut faciat docet usus
Omnipotens gnauusque labor quibus omnia cedunt. Hoc caesi testantur ad aram Verberibus Spartae pueri, tum uirgo Lacena
Instruet, armabit, species proponet honestas Tum ποτὶ decoris tanto incenderis amore,
Sic athleta bonus, media et gladiator harena,
Sic in iactandis pugil audax Cestibus. Ast idem contusus non gemit unquam, Vsque adeo uir fortis abhorret Dedecus idque malum maius putat esse dolore.
Ac decus ut muliercula flebis ? Non constanter, non sedaté ferre ualebis Si quis te peruellerit acris Forté dolor ? Scio quid dicas : Natura repugnat, Non patitur. Quin prorsus aberras. Non etenim hoc patitur modo, uerùm et postulat ultré,
Fiunt, non quo sit fugiendus
65
[1555 p. CCCXXI]
Perferat, an tu, inquam, uirtutem natus ad ipsam
Sit, certa potius ratione
60
An tu quum Lacedaemone cernas Quales extiterint pueri innuptaéue puellae Atque adolescentes in Olympico Olim puluere, quamue graues plagas in harena Barbarus excipiat tacitusque
[SP 1611° ; 1574 p. COCXXXI]
[SP 162r°; 1574 p. CCCXXXII]
579
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) —tome 1
140
145
Haec memini Musam cecinisse Nuper uoce mihi liquida quam summus eburno Cum plectro genitor dedit olli Et cythara, ad cuius modulamina dulcia ludunt In numerum Faunique feraéque, Hic ubi conueniunt nymphae te Paule uocantes Vt Paulum syluae undique et arua
[1555 p. CCCXXIII]
Cuncta sonent. Pater interea Sapina amne uadoso Emergens paruu$que madenteis
Concretus multa crines Calamuscus harena 150
Ingeminant Paulum simul omnes.
apparatus criticus
Adiecimus dialogi signa typographica. Legitur carmen in R, f r-60r sub titulo : « Ad Paulum Pinum de tolerando dolore. Ode dicolos
distros, MDXXVII » || num. CXLI 1574 : CXLIIS a. c. ; CXL Sp. c.'f 158v° ; 139 Sp.c. f 158v°; CXXXIX 1555 || 8 Paulus spes secli ultima nostri S 1555 1574 : Pinus spes patriae altera nostrae R || 14 M S 1555 1574: om. R || 47 cum illa> S 1555 1574: secum R || 51 Ipsa modo obleétet sese S 1555 1574 : oblectet sese ipsa modo R || 61 laeto S 1555 1574: letR || 66 immò S 1555 1574: imo R || 79 Lacena S 1555 1574: Lacaen- R || 89 pretium S 1555 1574: preci- R |] 92 quum S 1555 1574: cum R|| 123 flumine S 1555 [in tabula erratorum] 1574: flmuine 1555 a. c. || 130 opportet S 1555 1574: oporR|| 145 Paule S 1555 1574: Pine R || 146 Paulum S 1555 1574: Pinum R || 150 Paulum S 1555 1574: PinumR apparatus fontium [uide ANALYSE] 14-23 cf. CIC., Fin., 3, 8, 28 || 24-27 cf. CIC., Tusc., 2, 26, 63 || 28-37 cf. CIC., Fin., 3, 22, 75 || 40-43 cf. CIC., Tusc., 2, 4, 11 || 45-
47 cf. LVCR, 2, 7-10: Sed nil dulcius est bene quam munita tenere/ Edita doctrina sapientum templa serena,/ Despicere unde
queas alios passimque uidere/ errare || 49-59 cf. CIC., Tusc., 2, 26, 64 || 58 VERG., En, 1, 604: [... ] mens sibi conscia redti || 6073 cf. CIC. Tusc., 2, 23, 55-2, 24, $7 || 74 cf. Cic., Tusc., 2, 22, 51 || 75 cf. Cic., Tusc., 2, 12, 28 || 78-83 cf. Cic., Tusc., 2, 14, 34-2, 15, 36 || 91-108 cf. CIC., Tusc., 2, 20, 46 || 120-122 cf. CIC., Tusc., 2, 23, 55 || 123-126 cf. VERG., Georg., 1, 202-203 || 127129 cf. CIC., Tusc., 2, 23, 54 || 130-139cf CIC., Tusc., 2, 27, 66 || 146-147 syluae... sonent] cf. VERG., Buc., 1, 4-5 ; 10, 8; PONTANI, Vran., 3, 652 ; NALDI, Egl., 5, 10 ; 1, 37 ; VARCHI, Carm., 93, 7 || 147-150 HOR, Carm., 1, 20, 5-10.
580
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus
[SF 163r° ; 1555 p. CCCXXV, f° SSr° ; 1574 p. CCCXXXV [Sf 162v° ; 1555 p. CCCXXIV ; 1574 p. CCCXXXIV
PHILIPPO GHISILIERIO
MORS NORMA VITAE EST OPTIMA
Symb. CXLII
Symb. CXLII
5
Accensum dextra lychnum extinctumque sinistra Ad perpendiclum hinc, indè dioptra tenet ; Nodosa insignis claua spoliéque leonis Hanc trutinat constans Amphitryoniades. Librandae hinc normam uitae mortisque notari Quid memorem ? Haec ratio, haec temperies animi est,
Quam praestans uirtute sua fortis sapiensque
Nil est quod timeat, quod doleat, cupiat.
Haec tua erit, iuuenis, certissima notio, uitae
10
Optima libra : bene est uita beata mori, Nañque alius semper de alio et tamen ille supremus ludicat ipse dies de omnibus haud dubiè.
apparatus criticus
num. CXLII
1574:
CXLI
carm. PHILIPPO S 1555
S ac.
f 162v’;
140
: PHILIPPO CAROLO
Sp.c.f 162v°;
CXLo
(sic)
S f 1631° ; [13?]o
S Lm,
CXL
|| ded. 1555
1574.
Apparatus fontium
Dial., 9 6 temperies animi] cf. BOCCHIL, Symb. 146, 2 : Pura heic securi est temperies animi | | 10 bene est uita bene mori] cf. SEN., 2: Ante 61, ibid., ; uult non mori qui noluit Viuere : 10 30, Epist., ID., ; mori bene nesciet (Tranq.), 11, 4: Male uiuet quisquis 132: 7, Nat. PLIN., 11-12 [| mori libenter est mori autem bene : moriar bene ut senectutem curaui ut bene uiuerem, in senectute,
Ita est profecto : alius de alio iudicat dies et tantum supremus de omnibus, ideoque nullis credendum est ; cf. S., Tr., 1,3 ; HDT., 1, 30; PLVT., Solon., 27; OV., Met. 3, 135-137; D. ERASMI, Apophtegmatum...
libri octo, 7, « Solon Salaminius >, 3, LB t. IV,
col. 323 : beatum non appellarim, priusquam feliciter hanc uitam absolueris ; K, LYCOSTHENI, Apopthegmata, « Ante mortem nemo beatus iudicandus », Lugduni, 1574, p. 118 : Solonis.
582
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin - liber guintus
[SF 163v° ; 1555 p. CCCXXVI ; 1574 p. CCCXXXVI]
FERT TACITVS, VIVIT, VINCIT DIVINVS AMATOR
PEREGRINO ZAMBECCHARIO
Symb. CXLIII
Symb. CXLIIl
Ardenti tacitus fero, uiuo uictor in igne : Non ego diuino hoc igne mori dubitem. Cernis ut ad patrium sublimis fertur Olympum.
apparatus criticus
num. CXLIII 1574 : CXLIo (sic) S 1555 ; [142]s SL m.
de
-
a
DI ae
ne er
Lage
Huc nostra undé orta est mens simul approperat.
5. Eugé beate ignis Zephyri aura incense supremi Mortale in nobis excoque quicquid inest. Denique felici nos tefque quatefque corona Dignare atque tua perfice iustitia.
apparatus fontium 3 MACR, Somm., 1, 9, 1-3 : Animarum originem manare de caelo inter rece philosophantes indubitatae constat esse sententiae :
et animae, dum corpore utitur, haec est perfecta sapientia ut, unde orta sit, de quo fonte uenerit, recognoscat. | ...] sic enim
anima uirtutes ipsas conscientia nobilitatis induitur, quibus post corpus euedta eo unde descenderat reportatur || 6 Mortale in
nobis excoque... inest] cf. SEN., Herc. Oet., 1966-1968 : Quicquid in nobis tui/ Mortale fuerat, ignis euictus tulit : / Paterna caelo,
pars data est flammis tua; C£ À G., 12, 92, 7-8: Καίεσθε, τρύχεσθε, καταφλέχθητέ ποτ᾽ 5y-/ Οἱ δύο yap ψυχὴν οὐκ ἂν Arte
μίαν ; || 7 felici nos tefque quaterque] cf. VERG., Aen., 1, 94: O terque quaterque beati.
584 $85
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus [Sf 164v° ; 1555 p. CCCXXVIII ; 1574 p. CCCXXXVIII]
[SP 1651° ; 1555 p. CCCXXIX;
ΙΑΤΡΟΣ TAP ANHP TIOAAQN ANTAZIOX AAAQN
IANO VITALI POETAE
(Tatpòs yap ἀνὴρ πολλῶν ἀντάξιος ἄλλων)
CLARISS
Symb. CXLIV
EN ATIANTA
(“Ev ἅπαντα)
Vt Cato pro centum Ciceroni millibus unus
Vtque Plato Antimacho olim omnium ad instar erat, « Scribo, Epicurus ait, non multis at tibi amico,
Symb. CXLIV
In pictura : - EN ATIANTA — DEMOCRITVS - NON VNVS E MVLTIS POTIVS INTER MVLTOS SINGVLARIS - ANTIMACHVS - PLATO
1574p. CCCXXXIX]
s
Nanque theatrum ingens alter utrique sumus >». Vnum pro populo, pro uno populum fore dixit Quondam Abderites physicus ille sibi. Sic mihi lectores pauci satis, est satis unus
Ac ne dissimulem sat quoque nullus erit,
10
Dum mod6, Iane, uelis mihi tu doctissime adesse : Ipse theatrum ingens, ipse Cato, ipse Plato es.
Quin, ut Democrito populus pro uno est, mihi et ipse Vnus pro toto sufficies populo, Nam plus multo etiam atque alii uidisse uideris, Complectens animo maxima quaeque tuo,
15
Vnum esse, una ui, uno constrincta ingeniosae
Consensu Naturae omnia mirifico. Quocunque ingreditur Sapientia, semper eodem est Instructu atque ornatu comitata suo.
Omnibus expicta at perpaucis scripta dicatur : 20
Haec oculos pascit, dulcius illa animum.
apparatus criticus Editi sunt uersus 1-12 in 1608, p.452, et in 1719, p. 343, sub titulo « Iano Vitali > || num. CXLIV 1574 : CXLIlo (sic) S; CXLII 1555;[1?]45 Sim. || > olim : om. 1608 1719 || 4 nanque S 1555 1574 : nam- 1608 1719. apparatus fontium tit. pict. Ἱατρὸς yap
... ἄλλων] HoM., IL, 11, 510-514; cf. PL., Symp., 514b;D. ERASMI, Adagia, 3, 8, 53: « Vnus multorum
instar » || “Ev ἅπαντα] cf. XENOPHAN. in SEXT., P. H., 1, 33, 225 : Ἐδογμάτιζε δὲ ὁ Ξενοφάνης παρὰ τὰς τῶν ἄλλων ἀνθρώπων
προλήψεις ἕν εἶναι τὸ πᾶν ; ps. GAL., Phil. hist, 7, 2 ; CIC., Ac. 2, 37, 118 ; PARMEN. in PL., Theaet., 180e ; Soph., 2446; Parm., 128ab ; ALEX. APHR., in Met. 29, 20 ; AET., 1, 5, 1-2 (cf. Ps. PLVT., Plac., 1, 5 : [εἴ ei ἕν τὸ πᾶν) ; CIC., De Orat., 3, 5, 20 : [ueteres illi] qui omnia haec, quae supra et subter, unum
esse et una ui atque consensione naturae constricta esse dixerunt ; HERACL.
in
PS. ARIST., Mund., 5, 396a32 ; HIPPOL., Haer., 9, 9, 1 etc. || 1 CIC., Att, 2, 5, 1 et 11, 9, 3 : Cato ille noster qui mihi unus est pro
centum milibus || 2 CIC., Brut. 191, 51: Legam, inquit [Antimachus], nihilo minus. Plato enim mihi unus instar est centum
milium || 4-5 SEN., Epist., 1, 7, 11 : Egregie hoc tertium Epicurus, cum uni ex consortibus studiorum suorum scriberet : Haec, inquit, ego non multis sed tibi ; satis enim magnum alter alteri theatrum sumus || 5-6 ibid., 1, 7, 10 : Democritus ait : Vnus mihi pro populo est et populus pro uno || 7-8 ibid., 1, 7, 11 : Bene et ille, quisquis fuit, ambigitur enim de auctore, cum quaeretur ab illo
quo tanta diligentia artis spectaret ad paucissimos peruenturae : satis sunt, inquit, mihi pauci, satis est unus, satis est nullus || 1316 CIC. De orat., 3, 5, 20 : Ac mihi quidem ueteres illi maius quiddam animo complexi, plus multo etiam uidisse nidentur quam
quantum
nostrorum
consensione
naturae
ingeniorum
acies
intueri
potest,
quia
omnia
constricta esse dixerunt || 17-18 ibid., 3, 6, 23:
haec
quae
supra
et quocumque
et
subter
ingreditur
unum
esse
et
[oratio], eodem
una
τι
atque
est instructu
ornatuque comitata.
586
587
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus
[SP 166% ; 1555 p. CCCXXXII ; 1574 p. CCCXLI]
[SP 1671° ; 1555 p. CCCXXXII ; 1574 p. CCCXLII]
PHILOLOGIA SYMBOLICA MAGNAM
HISCE HABENDAM
GRATIAM
ALBERICI LONGI! SALENTINI SYMBOLVM IN SYMBOLA ACHILLIS BOCCHII
LABORIBVS
Symb. CXLV
Symb. CXLV
Hic labyrinthus erat tenebris contectus et atris Nubibus, hae fuerant saeptae adamante fores.
In pictura :
- E.T.D.B.V.Q.G.A.E.L.F.H.P. (En Tibi Dat Bocchi Vitam Qui Gentibus Affers/ E Labyrintheis Flexibus Haec Patria)
Quas duce Mercurio Phoebéque secundus Achilles
- LIBERTAS
5
10
Fregit et intrepidus per loca caeca ruit. Quaéque olim in nebulis somnéque sepulta fuere Symbola deduxit Symbolic4mque Deam. Cernis ut optata iampridem luce fruatur Sectetufque sui uindicis illa pedes, Negligit ut nigrum labens é uertice uelum,
Nudaque caesaries aurea tota micet, Utque uoluminibus gaudens incedat apertis, Condita quaeque prius iam manifesta sient ?
Cernis et ut duplici mulier formosa corona Exornet uatis tempora docta sui ?
15 Aurea prima datur donata corona triumpho, Hanc sequitur Phoebi laurea, uatis amor. Illa coronatrix mulier, bona Felsina dicta est, Per quam stant uati pulchra tropaea suo.
Aspicis ut claris sint uerba inscripta tropaeis ? Nunc lege, ut agnoscas quid sibi uerba uelint : 20 En Tibi Dat, Bocchi, Vitam Qui Gentibus Affers
E Labyrinthaeis Flexibus, Haec Patria.
apparatus criticus num. CXLV 1574: CXLII $ 1555; [142?]6 SL m.
apparatus fontium
2 saeptae adamante fores] cf. OV. Met., 4, 453: Carceris ante fores clausas adamante sedebant; STAT., Theb., 7, 6869 || s somnéque sepulta] cf. VERG., Aen., 2, 265: Inuadunt urbem somno uinoque sepultam || 7 optata... luce fruatur] cf. VERG., Aen., 4, 618-619: Nec [... ] regno aut optata luce fruatur || 7-8 cf. VERG., Georg, 4, 485-486 : Redditaque Eurydice Superas ueniebat
ad auras/
Pone
sequens || 22 e labyrinthaeis flexibus]
cf. CATVL.,
54,
114-115:
Nec
labyrintheis e flexibus
egredientem/ Tecti frustaretur inobseruabilis error.
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589
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus
[SP 166v° ; 1555 p. CCCXXXII ; 1574 p. CCCXLII]
[Sf 167r° ; 1555 p. CCCXXXILL, δ Tr’ ; 1574 p. CCCXLIII]
CAROLO RVINO ANTONII F ET ISABELLAE FILICINAE RVINAE MATRI Symb.
QVI FIDIT, SPERAT, ΟΝ] SPERAT PROFICIT INSTANS FASTVM IS DESIDIAM PIGRITIEMQUE FVGIT
CXLVI
Symb.
:
CXLVI
— Quam turrim uideo ? — Gentis domus illa Ruinae est
= RES
TE Nis a4 Ἢ 4 G4 Tr y
5
Cum celebrata satis, tum celebranda magis. — Atqui casuram dicas. -- Casura uidetur, Fallat ut inuidiam, non cadit illa tamen. — Mirum, sed quaeso (tibi sic Di uota secundent !),
Quae uis tanta domum hanc liberat excidio ?
— Sustinet hanc humeris Virtus, Fortuna Genusque Nam tria signantur montibus ista tribus.
— O firmas basses ! Sed quaenam insignia cerno lunéta his ? — Obtinuit quae Filicina domus. 10 — Attamen illa filix torquet me, uera fatebor : Non habita est etenim planta beata nimis. 15
— Nonne beata nimis, talem florem unde Ruini Antonii potuit carpere digna manus ?
— Floremne è filice ? Ecquisnam hic ? — Isabella pudoris Ac fidei exemplum coniugiique decus. — Dii tibi sint faciles, tua nec mala grando nec imber
Aurea perturbet germina, casta filix !
20
— Vis caput alatum est Mentis quae tempora quaeque
Vel puncto absoluit temporis exiguo. Denique felicem faciat deus ille triceps cui Quae fuerunt, quae sunt, quaeque futura patent. Quaere, pete, insta, spe, officio studidéque fideli : Quae cupis inuenies omnia et accipies.
apparatus criticus
Adiecimus dialogi signa typographica || num. CXLVI 1574: CXLIV S 1555 || tit. carm. FATVM... FVGIT: $ 1574: 1555 in: tabula addendorum || 9 Basses S 1555 : bases S 1574 || 19-20 add. S post carmen cum nota inserendi || 19 Vis S p. c. 1555 1574 : quid S a. c. || quae Sp. c. 1555 1574: tria S a. c. || 22 quaeque Sp. c. 1555 1574: atque S a. c.
590
591
Edition critique du texte latin : liber quintus
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1 555) —tome 1 [Sf 167v° ; 1555 p. CCCXXXIV ; 1574 p. CCCXLIV]
PYRRHO
BOCCHIO
FILIO, EX MYSTICIS AEGYPTIORVM
[SF 168r°; 1555 p. CCCXXXV, f° TTiir° ; 1574 p. CCCXLV]
IVSTE INNOCENTERQVE
LITTERIS
Symb. CXLVII
GENIVM
COLAS TVVM
Symb. CXLVII
Quicunque rebus uis bené tuis profici Numen tuum et proprium genium honore affice Sibi debito ut se familiarem praebeat
&
5
Ac seruet omni tempore illaesa omnia. Custos fidelis, singularis, optimus
Caecutientem ducit ipse te uidens Stultimque sapiens, imbecillem fortis et Gnarus uiae ignarum. Ipse idem domesticus Speculator, indiuiduus arbiter manet 10 Inseparabilisque testis : omnia Seuerius mala improbat, probat bona.
|
Si rité mens aduertitur, si sedulo
Cognoscitur, pié et colitur, ut Attico Ab Socrate olim cultus esse dicitur
|
15
lustitia et innocentia integerrima,
20
Potens egenis, qui queat tum somniis Signisque, tum etiam fortè cum usus postulat,
Prospectat ille in rebus incertis, adest Praemonitor in dubiis, uiator diligens Periculosis, opitulator omnibus Coram bona tibi prosperare, auertere
Mala, excitare humillima, titubantia
|
-
25
Fulcire, clarare tenebrosa, sydera Aduersa corrigere. Quid hoc salubrius Dici potest magni Platonis dogmate ?
apparatus criticus num. CXLVII 1574 : CXLV $ 1555 ; [12]48 SL m. || tit. pict. LITTERIS S 1555 : LITE- 1574 |
apparatus fontium [proprius curator, 5-24 APVL., Socr., 16, 155-156: Hic, quem dico, priuus custos, singularis praefectus, domesticus speculator, intimus cognitor, adsiduus obseruator], indiuiduus arbiter, inseparabilis testis, malorum improbator, bonorum probator, si rite animaduertatur, sedulo cognoscatur, religiose colatur, ita ut a Socrate iustitia et innocentia cultus est, in rebus incertis prospector, dubiis praemonitor, periculosis tutator, egenis opitulator, qui tibi queat tum insomniis, tum signis, tum etiam fortasse coram, cum usus postulat, mala auerruncare, bona prosperare, humilia sublimare, nutantia fulcire, obscura clarare, secunda regere, aduersa
|
corrigere.
592
|
593
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
[Sf
168v° ; 1555 p. CCCXXXVI
; 1574 Ρ. CCCXLVI]
[SF
IVLIO II] PONT MAX
1690
; 2555 p.
CCCKKXWII-
156
Symb. CXLVIII
Symb. CXLVIII i In pictura :
rigeminus eugé eug mons ons adeststs sanctissimae ssi Trigeminus
WAV WAIN 72 Jnaw) pan q7nyna nov
Haereditatis, ubi supremus caelitum Rex pro benignitate perductos sua
- PAX DIVINA - PAX HVMANA
s
Nos collocabit, ubi statuet altam sibi
Domum atque sedem aeternitatis inclytam
Tandémque laetis eriget mortalibus
Templum illud optatissimum aureum optimi,
Pulcherrimi, iustissimique principis,
Sere
10
Vndè Benignitas interminata, Caritas Perfectidque nos creat, nos allicit Beatque dignatos corona duplici
btn
Laurea ; nempé una diuina, altera
Tyee!
Humana Pax est mentibus nostris data De uiuida Virtute, de Prudentia, 15
Fide, Modestia, Aequitate, Gratia. Hinc Domi ac foris ter maxima est felicitas.
Ergo ter ampliusque Iulum Tertium Clamemus, ut montes sonent ter maximum
lulum, Iulum et undique aequora omnia.
IN PSAL CXV PARAPHRASIS Non ergo nostrae gloriae uictoriam ἃ |
Te caelitum Rex praepotens, Non ergo nostrae gloriae uictoriam à ων
Te, inquam, precamur atque si
VON
WN IN
Tanti merita sint nostra, sed ut impiis
[2555 p CUCKXEVIN)
Ne gentibus ludibrio
SF
Sit nominis diuina maiestas tui.
Nos itaque serua pro tua
10
Benignitate inenarrabili et fide Quam olim dedisti, te Optimum Et Maximum
semper Deum nostrum fore.
An obsecro diutius Potes uidere et perpeti, ut qui nos malé à ων
Vexzant, tui cum
nominis
Iniuria dicant < ubi istorum es deus ? »
At noster in caelo est Deus Nihilque non arbitrio facit suo. Sed perditarum gentium
Simulacra inania, aurum et argentum et manu 20
Hominis opera facta omnia, Pro dis coluntur. Formam
Artifex quidem his dedit
oris, at uocis tamen
Lu
©
594
Les Questions symboliques d’ Achille Bocchi (1555) - tome 1
25
Édition critique du texte latin : liber quintus
Vsu carentem quem nequiuit addere. Oculos dedit, etiam nihil
Quicquam uidentes. Tum quibus nil hauriant
Celebrare qui possint tuam ?
Aures habent, nares sine Vila ui odora, ad haec manus nil tangere
Aptas, pedes nil ingredi, Guttur nihil soni prorsum edere.
30
35
40
[1574 p. CCCXLIX]
Statuis inanibus homines uanissimi. [1sss p. CCCXXXIX]
Licet uidere, quanquam inaspectabilem Omnem tuam fiduciam Sitam in Domino habeto. Ipse praesens iis adest Qui confugere ad eum sciunt Illo$que liberat periclis omnibus. O fortis, aurei genus
55
60
MAX
tit.carmIN
S || 12 laurea S
1555 1574: deest in S.
p.c. 1555
1574:
PSAL CXV PARAPHRASIS 1555 1574: IN PSALMVM S p. c. ; IVLIO II. PONTIFICI MAXIMO IN PSALMVM... CARMINE S a. c.
Oleagina S a.c.|| 15 Bis terna
DAVIDIS
CXV
PARAPHRASIS
carm. 1: 1-7 ibid. [in monte hereditatis] firmissimo habitaculo tuo quod operatus es Domine sanétuarium Domine quod
firmauerunt manus tuae ; cf. VVLG., Psalm., 14 (15) ||16 domi ac foris] cf. BOCCHI, Symb. 79, 8 : Laeta domi atque foris pax erit usque tibi || 9-10 Benignitas interminata, Caritas] cf. AVG., In psalm., 14, 1: Hic fortasse iam ipsam aeternam habitationem significat, ut montem intellegamus supereminentiam caritatis Christi in uita aeterna. carm. 2: 1-15 cf. VVLG., Psalm., 115 (113B), iuxta LXX,
1-2 : non nobis Domine non nobis sed nomini tuo da gloriam/ super
misericordia tua et ueritate tua nequando dicant gentes ubi est Deus eorum || 16-31 cf. ibid., 3-8 : Deus autem noster in caelo omnia quaecumque uoluit fecit/ simulacra gentium argentum et aurum opera manuum hominum/ os habent et non loquentur
Benefaciet quoque fortis ac ter maximi Montis familiae Olympicae.
Nam praeter alios totius Caeli atque terrae fabricator uos amat. Caelum hocce uastum, inquam, arduum
1574: IVLIO...
apparatus fontium
Dubitatione. Vester enim
Augebit, inquam, in uos et omnes posteros
tit. carm. deesf in 1555
in pict. 120M) WN°27 7112 7n20? do Jn?n2 nyyd] VVLG., Exod., 15, 16 : introduces eos et plantabis in monte hereditatis tuae.
Adiutor et uindex erit certissimus.
Magis magisque beneficentiam in dies Augebit erga uos suam.
apparatus criticus num. CXLVIII 1574 : CXLVIS 1555 ; [1?]49 SL m. || tit. pi. IVLIO... MAX
CARMINE
Domino. Auxilio erit protinus Quotquétque dant se illi, uelut scuto teget. Qui debita obseruantia
Natu atque grandioribus,
Sit, quae tuo sanctissimo adhibeat preces, Cultus, honores, numini.
carm.2:
Montis beatum, Aaron domus, confidite
Faciet idem uerentibus minoribus
Vt semper aliqua natio
florent caerula illa lilia. Hinc del. S post uersum
Nunquam immemor nostri fuit Dominus. Proindè et nunc benefaciet uiris Ipsum uidentibus pie,
50
Non nominis nostri id quidem causa, at tui,
carm. 1:
Dominum colitis, huic fidite omninò sine 45
Saluuos et integros iube.
75
Sané hisce confidant suis
Tu, mens amata, cui Deum
Itaque, Domine, nos atque nostros posteros
[Sf 170r°]
(Sf 170v"]
oculos habent et non uidebunt/ aures habent et non audient nares habent et non odorabuntur/ manus habent et non palpabunt pedes habent et non ambulabunt non clamabunt in gutture suo/ similes illis fiant qui faciunt ea et omnes qui confidunt in eis|| 39-45 cf. ibid., 10: domus Aaron sperauit in Domino adiutor eorum et protector eorum est || 46-52 cf. ibid., 12-13: Dominus memor fuit nostri et benedixit nobis benedixit domui Israhel benedixit domui Aaron/ benedixit omnibus qui timent Dominum pusillis cum maioribus || 53-56 cf. ibid., 14: adiciat Dominus super uos super uos et super filios uestros || 5764 cf. ibid, 15-16: benedicti uos Domino qui fecit caelum et terram/ caelum caeli Domino terram autem dedit filiis hominum || 65-78 cf. ibid., 17-18 : non mortui laudabunt te Domine neque omnes qui descendunt in infernum/ sed nos qui uiuimus benedicimus Domino ex hoc nunc et usque in saeculum.
[1574 p. CCCL] [1555 p. CCCXL]
Caelum hocce sibi Dominus reseruauit sine
Humana ope. Habitandas tamen Laboriosis credidit mortalibus Terras iacentes ἃ quibus
Coleretur inuiolaté et hymnis et sacris 65
70
Honoribus perenniter.
Quod si, Domine, deleri ab impiis tuam Gentem sinis, laudes tuas
Quis praedicabit ? Quis piè et sanétè, ut decet, Venerabitur te ? An perfidi Hostes tuum sanctissimum nefariè Qui nomen execrantur ? An
Demortui ? At terris nouam illi gloriam 596
597
Édition critique du texte latin : liber quintus [SP 172r° ; 1555 p. CCCXLI, f£° VVr ; 1574 p. CCCLI]
INNOKENTIQI
ΤΩΙ IEPQI OPEI, ΒΟΥΛΕΥΘΗ͂Ι
TITTAYMAIQI
ΑΒΛΑΒΗΣ AZ@®AAEIA (Ἰννοκεντίῳ τῷ ἱερῷ ὄρει, βουλευτῇ γιγγλυμαίῳ.
Ἀβλαβὴς ἀσφάλεια)
Symb. CXLIX Ἴχνεα τίς στάσιμα στερεώσει, ὑπέρτατε πάντων, Νεῷ ἐν ἀγλαῷ σεῷ ;
Νήνεμον εἰ τις ὄρος σοῦ ἀνήσει, μή τι γε Ῥώμη
5.
Ὃν Ἰννοκέντιον καλεῖ,
Κηχίδος ἐκτὸς ὅλης, νόμιος νημέρτεα φάσκων, Ἐρῶν ἀληθείαν σφόδρα. Νητρεκέος τόδε θεσπέσιον σπούδασμα λόγοιο, Τόδ᾽ εὐδοκίας ἔμπεδος
10
Ἴμερος. Εὐσεβείης ὀσφαντικὸς ἔνθεν ἐβλύσθη Ὀσμός, πόθεν κλύτ᾽ ἄδεια.
599
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus
[Sf 172v° ; 1555 p. CCCXLII ; 1574 p. CCCLII]
[SP 1731° ; 1555 Ρ- CCCXLII f° VViir° L, ; 1574 p. CCCLII]
SECVRITAS VERISSIMA INNOCENTIA Symb. CXLIX
INNOCENTIO
CARD
MONTANO
APHORISMVS
EX PSALMO
XV DAVIDIS
Symb. CXLIX
SALVE INNOCENS SECVRITAS
Quis tua, caelicolum Pater Optime Maxime, templa Beata tutus incolet ? Aut quis Olympiaca sancti requiescet in arce Montis tui ? Nempé Innocens, 5
Integer et uitae, macula semotus ab omni
Qui ueritatem diligit. Aeterni hoc studium illud inenarrabile uerbi, haec
ON
ete
r
ὦ
10
Iusti tenax fiducia Propositi. Expressa hinc solidae Pietatis imago Vnde inclyta est Securitas.
apparatus criticus num. CXLIX 1574 1555 Sp.c.: 148 S a. c. || pict. deestin S. carm. 1 : tit. OPEI nos : ΟΡΩῚ (sic) S 1555 1574 || 3 ὄρος nos : ὅρον (sic) S 1555, ὀρον (sic) 1574. carm. 2 : 10 inclyta S 1555 : -clita 1574. apparatus fontium carm. 1: 1-2 cf. SEPT., Psalm., 14 (15), 1: Κύριε, τίς παροικήσει ἐν τῷ σκηνώματί σου, καὶ τίς κατασκηνώσει ἐν τῷ ὄρει τῷ ἁγίῳ
σου ; || s Κηλίδος ἐκτὸς ὅλης] cf. ibid., 2: πορευόμενος ἄμωμος || s-7 cf. ibid., 2-3 : λαλῶν ἀλήθειαν ἐν καρδίᾳ αὐτοῦ, ὃς οὐκ ἐδόλωσεν ἐν γλώσσῃ αὐτοῦ. carm. 2 : 1-2 VVLG., Psalm., 14 (15), 1, iuxta LXX : Quis habitabit in tabernaculo tuo aut quis requiescet in monte sancto tuo ;
ibid., iuxta Hebraicum textum : Domine quis peregrinabitur in tentorio tuo et quis habitabit in monte sancto tuo ? || coelicolum
pater] M. MARVLLI, Institutionum principalium liber primus, 449; A. POLITIANI, Odae, 2, 10, «Ad Gentilem episcopum > || templa/ beata] cf. MARVLL, Hymni naturales, 2, 7, 91-92 : [maligna]/ Nocte discussa tua da beata/ Visere templa || 5 Integer uitae] HOR., Carm., 1, 22, 1: Integer uitae scelerisque purus || macula semotus ab omni] cf. VLG., Psalm., 14 (15), 2: Qui ingreditur sine macula || 6 Qui ueritatem diligit] cf. VVLG., Psalm., 14 (15), 3 : loquiturque ueritatem in corde suo || 8-9 Iusti tenax fiducia/ Propositi] cf. HOR., Carm., 3, 3, 1 : Iustum et tenacem propositi uirum ; cf. BOCCHI, Symb. 112, 10 : iustus
propositique tenax || 9 Expressa hinc solidae Pietatis imago] CIC., Off, 3, 17, 69: [... ] sed nos ueri iuris germanaeque iustitiae
solidam et expressam effigiem nullam tenemus umbra et imaginibus utimur ; Tusc., 3, 2, 3 : Est enim gloria solida quaedam res et
expressa, non adumbrata ; cf. BOCCHIL, Symb. 42, v. 5-6.
601
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus [Sf 172v° ; 1555 p. CCCXLIV ; 1574 p. CCCLIV]
[Sf 173°; 1555 p. CCCXLV;
EI ©EOX YITEP EMOY, ΤΙΣ KATA EMOY ;
IO
(Εἰ θεὸς ὑπὲρ ἐμοῦ, τίς κατὰ ἐμοῦ ;)
BAPTISTAE FABELLA
A ME DEVS SI EST, ECQVIS ADVERSVM
PIGNAE
PHILOSOPHO
1574 p.
CCCLXV]
FERRARIENSI
BELLA PINVS EX PAVSANIA
ME ERIT ?
Symb. CL
Symb. CL
Diui riuales duo quondam ardenter amabant
Formosam, capripes Pan Boreasque, Pitym.
5
Hanc sibi connubio iungi propridamque dicari Instabat parili captus uterque face. Ipsa unum modb, detur si optio libera, malle Pana et Threicium posthabuit Boream.
Impatiens, ut sors ferè amantum ett, ille repulsae,
10
Mox furiali odio percitus infremuit, Deprensam et forté in medio uasti aequore campi Adlisit duro soliuagam scopulo.
Mox terrae accepta in gremium cognominis arbor
Efficitur sancta pro pietate deum. Eius perpetuos dein Arcas frondis honores 15
Praecinxit capiti pignora cara suo. lam licet aduertas, Borea spirante, doloris Antiqui memorem nunc quoque flere Pitym.
Quid lacrymas, formosa Pitys ? Si Pan tibi praesto est,
20
Quaenam uis Boreae tanta ut obesse queat ? Virtus Pan, uitium Boreas, anima est Pitys ipsa.
Diuina hanc pietas una beare potest.
apparatus criticus num. CL
1574 1555;
150 Sp.c.: CXLIX Sa.c. || tit. pict EI ΘΕΟΣ...
PIGNAE PHILOSOPHO lachry- 1574.
ADVERSVM
ME ERIT ? 1555
1574 Sp.c.: IO
BAPTISTAE
FERRARIENSI S a. c || tit. carm. quoik add. S || 9 deprensam 1555 1574: -prehensam S || 17 lacrymas S 1555 :
apparatus fontium
tit. pict. VVLG., Rom. 8, 31 || tit. carm. & carm. cf. LiB., Narr., 4, Περὶ τῆς Πίτυος ; Geoponika, 11, 10 : Ἡ πίτυς κόρη γενομένη τὸ πρότερον, μεταβολὴν φύσεως ἐξ ἔρωτος διπλοῦ παρελάμβανεν. Ἤρα μὲν yap τῆς κόρης ὁ Πάν, ἀντήρα δὲ ταύτης καὶ 6 Βοῤῥᾶς, ἑκατέρου δὲ προσαγομένου τὴν κόρην, ἡ παῖς τῷ Πανὶ προσετίθετο, καὶ ζηλοτυπήσας ὁ Βοῤῥᾶς ἐπὶ τούτοις τὴν κόρην, ἐπὶ πέτρας ὠθήσας τῷ θανάτῳ παρέδωκε. Γῆ δὲ ἐλεοῦσα τὸ πάθος φυτὸν ὁμώνυμον τῆς παιδὸς ἀναδίδωσι- καὶ μεταβαλοῦσα τὸν βίον μένει πρὸς αὐτοὺς ὡς ἐτύγχανε πρότερον, καὶ τὸν μὲν Πᾶνα τῷ θαλλῷ στεφανοῖ, θρηνεῖ δὲ τὸ δένδρον, ὅτε Βορρᾶς ταύτῃ προσπνεύσειεν ; cf. Constantini Caesaris selectarum praeceptionum de agricultura libri uiginti... Iano Cornario Interprete, Basileae, 1540, 11, 11, « De pinu historia », p. 249-250 : Pinus puella prius erat et mutationem naturae ex amore duplici assumpsit. Amabat enim puellam Pan, amabat eandem etiam Boreas, cum autem uterque puellam alliceret, ipsa Panis amore magis afficiebatur,
et ob hanc rem Boreas aemulatione motus puellam in petras impulit ac neci tradidit. Terra autem miserata cladem plantam puellae cognominem edidit ac produxit ; et permutata uita erga eosdem priores affectus feruat, et Pana quidem germine suo coronat ; flet autem et
lamentatur arbor, ubi Boream afflantem senserit ; G. B. EGNATU, Racemationes, in In hoc uolumine haec continentur : Marci Antonii Sabellici Annotationes
ueteres
et recentes...,
Venetiis,
ap. I. Tacuinum
de Trinido,
1503,
ch. 16, f° LXXIv°-LXXIIr°;
Pitym
puellam
formosissimam
impatientissime impatientissimi amoris riuales duo dei, Pan et Boreas, adamabant. Dari eam sibi semicaper deus, dari illam sibi Thrax instabat Boreas. Puella Pana potius quam Boram, si libera detur optio, malle. Pani uero cum mox adhaesisset Pitys; apatiens (ut amantiam fere sors) repulsae Boreas deprehensam fore solam spatioso campo saxo adlidit infeliciter. Moribundam eam Tellus intra gremium exceptam in arborem cognomonem
commutauit
ex cuius postea ramusculis tempora semper praecinctus Spectatus est Arcas deo, Animaduertas
$birante Borea, collacrymet identidem
et pinus, tamquam
dicas iniuriae tunc meminisse praecipue.
autem licet, cum
[.-.] Habe uero ex Arcadicis Pausaniae
rebus excerpimus ; C. RHODIGINI, Lectionum antiquarum, 25, 2 : Pityn puellam scribunt Graeci, a Borea saxo allisam, quod in amorem
Fanos
foret procliuior, terra miserante in arborem sui nominis deformatam. Proinde Pana hinc coronam gestare, quin afflante etiam flere ; cf. G. B. PIGNAE, Carminum libri quattuor, Satyrae, « Pitys » (cf. Analyse) || 20 Diuina hanc pietas una beare potest] D. ERASMI, Colloquia, 63 « Epicureus », ASD, 1-3 : [HEDONIVS] Sola autem pietas reddit hominem beatum, quae Deum summi boni fontem homini sola conciliat.
602
603
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Edition critique du texte latin : liber quintus [SP 173° ; 1555 p. CCCXLVI ; 1574 p. CCCLVI]
[SP 174r° ; 1555 p. CCCXLVII ; 1574 p. CCCLVII]
OMNIA MENS SPECVLATVR, AGIT PRVDENTIA ET ARTE
FRANCISCO BAIARDO PARMENSI Symb. CLI
In pictura : ADHVC PATET
Ingeniosa hominum ac rerum Natura creatrix
Instrumenta dedit nobis duo maxima, quorum
5
Vti opera in primis extrinsecus instrumentis Sit pote. Corpori enim manus inserta est, animo mens.
Quippe recenseri mens inter maxima debet
Munera Naturae. Hanc anima pater altus in ipsa
Haud secus accendit quam lumen in igne corusco. Quid quaeris ? Duplex uis nostrae mentis habetur.
10
Hinc gnaua inferior ratio, diuinior illinc
Mens ipsa et longo sublimior interuallo. ΠΙᾺ humana regit, diuina haec suspicit alté Contemplans, coelo et coelestibus imperat astris. Hinc tu, Iane, bifrons, qui numine claudis aperta
Clausa aperi$que tuo, modo nanque Patulcius idem
15
Et modo sacrifico uocitaris Clusius ore, Cum reserare diem exoriens sol crederis almum,
Claudere et occiduus, spatiosi clauiger orbis,
20
Janitor immensus superis et manibus imis. Da, pater omnipotens, in tempore ferrea nobis Limina, adhuc quamuis pateant, tua claudere posse.
Expetit hoc heros patriae Baiardus amatae : Oétaui redeant foelicia secula pacis.
LIBRI QVINTI SYMBOLICARVM
QVAESTIONVM FINIS
apparatus criticus tit. carm. pvoix add. 8 p. c. ; μεταφευσίκα» add. S a. c. || 23 Libri QVINTI... FINIS 1555 1574: FINIS S a. c., LIBRI QVINTI ET TOTIVS OPERIS FINIS S p. c. apparatus fontium
tit. pict. C. RHODIGINI, Lectiones antiquae, 2, 23, Basilae, ap. Frobenium,
1542, p. 61 : In sexto Moralium Aristoteles [= ARIST.,
EN, 6, 2, 1139a, 5] item, rationem esse asserit humanae animae partem duoque agere : cognoscere scilicet et humana gubernare per prudentiam et artem. Naturalia uero diuinaque per sapientiam contemplari, quae intelligentia et scientia continetur ; AVG., Trin.,
12, 3:
Et sicut una
caro
est duorum
in masculo
et femina,
sic intellectum
nostrum
et actionem,
uel consilium
et
executionem, uel rationem et appetitum rationalem, uel si quo alio modo significatius dici possunt, una mentis natura complectitur ut quemadmodum de illis dictum est: erunt duo in carne una, sic his dici possit : “Duo in mente una *|ja-
6 cf. RHODIGIN., ibid. : In libro item Encyclicarum quaestionum [= ARIST., Pr. 30, 5, 95 sb], ab natura, inquit, quae omnium parens et auctor est, duo nobis instrumenta esse contributa quorum maxime opera extrariis uti ualeamus instrumentis ; manum siquidem corpori esse insertam, animo autem mentem nam et haec, inquit, inter ea quae elargita nobis natura est recenseri debet [...] || 1 rerum Natura creatrix] LVCR., 1, 628 ; 2, 1112 || 7 cf. RHODIGIN., ibid. : Et Rhetoricorum tertio [= ARIST., Rh., 3, 10, 7], mentem, inquit, ut lumen accendit in anima deus ; cf. M. FICINI, Commentarium in Conuiuium Platonis, 4, 4 p.172 Marcel : Sed per primam hanc scintillam deo facta propinquior, aliud iterum clarius accipit lumen quod etiam superna cognoscat. Lumen
igitur habet geminum. Naturale alterum siue ingenitum, diuinum alterum et infusum. Quibus una coniunctis ceu duabus alis per sublimem peruolare ualeat regionem ; C. LANDINI, Disputationes Camaldulenses, 4, p. 213-214 Lohe || 8-12 cf. RHODIGIN., ibid. : Sed ne quem nominum diuersitas implicet, scire licet apud Platonicos mentem intelligi duplicem : alteram inferiorem, quam rationem appellant, diuiniorem alteram superioremque quam intelle@um nuncupant. Illa humana temperat et moderatur. Haec
604
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
diuina suspicit et contemplatur ; FICIN., In conuiu., 4, 5, p. 172-173 Marcel : Vbi naturalis emicat fulgor, naturaliumque rerum
Annexes
ordinem indigat. [ ... ] Ideo mens proprie lucis indagine ad diuinam lucem recuperandam uehementissime instigatur. Instigatio uero appetitioque huiusmodi uerus est amor, quo duce dimidium hominis alterum eiusdem dimidium concupiscit, quia naturale lumen, quod animi dimidium est, lumen illud diuinum, quod alterum eiusdem dimidium dicitur, olim neglectur, accendere rursus in animo nititur || 13 hinc tu Jane bifrons] cf. RHODIGIN., ibid.: Quae sane mens ita distributa bifrontis Jani rationem complectitur ; FICIN., Theolologia Platonica, 16, 5, t. Ill, p. 123 Marcel : Ac licet animus per naturam essentiae tertiae [ani bifrontis
Annexe 1 : description de quelques exemplaires consultés de l'édition de 1 555
instar utrumque resbiciat, corporeum scilicet et incorporeum ; FICIN., Epist., 1, Iacobo Bracciolino Poggii oratoris filio, « Animae
natura et officium, laus historiae » in Opera omnia, Basileae, 1576, p. 657-658 : Quapropter anima iam bifrontis instar uultum geminum habere uidetur, aureum scilicet, et argenteum, illo Saturnia, hoc Iouialia respicit || Iane bifrons] cf. VERG., Aen., 7, 180 ; 12, 198 [| 14-15 modo namque Patulcius idem/ Et modo sacrifico uocitaris Clusius ore] cf. Ov., Fast., 11 129-130 : modo namque
Patulcius idem/ Et modo sacrifico Clusius ore uocor || 19-20 Ferrea... limina... claudere posse] cf. STAT., Theb., 8, 55 : Ferrea Cerbereae tacuerunt limina portae ; VERG., Aen., 1, 292-295 : Aspera tum positis mitescent saecula bellis ; / Cana Fides et Vesta, Remo cum fratre Quirinus/ Iura dabunt ; dirae ferro et compagibus artis/ Claudentur belli portae : Furor impius intus.
Front. Julio ΠῚ Pont. Max.
Tulius papa III Christ. Regis Paulo IV Pont. Max. A-E4 (index) 2p1r°-2p4v° (Pignae) Victoria ex labore Lectori studioso
Front. Julio ΠῚ Pont. Max.
Tulio ΠῚ Pont. Max.
Julius papa ΠῚ Christ. Regis Paulo IV Pont. Max. Do tibi... 2p1r°-2p4v° (Pignae) [A1r°/p. 1 : Sapientia Prima... )] [Aiv’:
gravure
portrait Bocchi] Sapientia | Victoria ex labore
manque [Air°/p.1: Prima…)] manque [Aiv°: gravure
Symb. 2 = portrait Bocchi]
du
Paulo IV Pont. Max. Blanc Christ. Regis Julius papa A-E4 (index) 2pir’-2p4v° (pas de poème Pignae mais : blanc)
de
Symb.2= | Viétoria ex labore
Lectori studioso
du | Lectoristudioso
[A2r°: texte du In | début [A2r°: texte du début Bocchianis symbolis … ]/Texte Bocchianis symbolis... ]/Texte A-E4 (index, omissa, errata, series | A-E4 (index)
[Aur°/p. 1 : Sapientia Prima... )] In | Texte
chartarum)
Total : 60 pages non numérotées
Total : 60 pages non numérotées
Total : 60 pages non numérotées
Front.
Front. [MDLVI]
Front.
Julio ΠῚ Pont. Max. Julius papa ΠῚ
Tulius papa ΠῚ Paulo IV Pont. Max.
Tulio ΠῚ Pont. Max. Iulius papa ΠῚ
2pr°-2p,v° (blanc)
lulius papa ΠῚ
A-E, (index)
Victoria ex labore Lectori studioso [A.r/p. 1 : Sapientia Prima... )] Texte
Christ. Regis
Paulo IV manuscrite) Alexandro
Pont.
Max.
Farnesio
(page (page
manuscrite
A-E, (index) 2p,r°-2p,v° (blanc) Victoria ex labore [A.r°/ p. 1 : Sapientia Prima...) ] |
A-E, (index) 2p.r°-2p,Vv° (blanc) Victoria ex labore Leétori studioso
Texte
Paulo IV Pont. Max. Do tibi Christianiss. Regis
[A, (Sapientia Prima... )]/Texte
Total : 56 pages non numérotées
| Total: 52 pages non numérotées
| Total : 60 pages non numérotées
* Exemplaire ayant appartenu à Gilbert de Voisin. Les gravures des Symb. 28 et 31 ont été coloriées. La gravure du Symb. 75 (Pan et Amour) a
Servi aussi pour le Symb. 76 (Pythagore).
1% L'ouvrage porte un ex-libris : Edouard Cheney daté 1555. 151 La gravure du Symb. 36 (Ars) a également servi pour le Symb. 37 (maratre d'Homère).
606
Annexes
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Annexe
2 : conspectus æ
Distique élégiaque i Front.
ad
i
Julio III Pont. Max. Julius papa ΠῚ A-E, (index) 2p.r°-2p,v° (blanc)! (Av: gravure du Symb.2= | portrait Bocchi] Lectori studioso (mais première | page manquante) : r°-v°
Paulo t.
Do tibi... (Io. Ang. Medicio) Christ. Regis Front. lulio III Pont. Max. Iulius papa ΠῚ
Iulio III Pont. Max. Victoria ex labore Lectori studioso Julius papa ΠῚ A-E, (index)
A-E, (index)
2p.r°-2p,v° (blanc)
2p.r°-2p,v° (blanc) Lectori studioso (première page) : | Victoria ex labore
[A, (Sapientia Prima... )]/Texte
Victoria ex labore
Symboli... ]/Texte
| Total : 60 pages non numérotées
| Total : 56 pages non numérotées
Front. Iulio III Pont. Max.
Julius papa ΠῚ 2pir°-2p,v° (blanc)
Julius papa ΠῚ A-E, (index)
Victoria ex labore
A-E, (index)
Paulo IV Pont. Max.
Leétori
studioso
Front. Iulio I Pont. Max.
(incomplet : | Victoria ex labore
première page seulement) Paulo IV Pont. Max. Do tibi Christianiss. Regis 2p.r°-2p,v° (blanc)
[A, (Sapientia Prima...)
28 5 33534535 3 36; 38(2) 5395405415 42543545546; 83 ; 86 ; 89 ; 92 ; 95 ; 96 ; 97; 102; 103} 104; 107; 108; 111; 112; 113 j 115 j 120; 121; 122; 123 ; 126; 131;
Trimètre iambique
135 ; 138 ; 142 ; 143 ; 1445 145 ; 146 j 150 4;13;14;19;22;29; 30; 31 ; 32 ; 38(1) ; 44(1);
= 30 poèmes
50(2) ; 58 ; 64(2) ; 80; 84 ; 87 ; 90 ; 91 ; 93 ; 105 ; 106; 110 ; 119 ; 124 ; 128; 137 ; 140; 147; 148
Hexamètre daétylique
3:8;9;11;37;44(2);54:61;62(1);66;73;94;98;
| =20 poèmes
99 ; 127 5 130 ; 132 ; 133 ; 134 j 151
16(1) ; 18 ; 52 ; 56(1) ; 100; 101 ; 136
= 7 poèmes
| 53; 76(2) ; 85 ; 114 ; 149
= 5 poèmes
Hendécasyllabe phalécien
25(1) ; 27 ; 47 ; 109; 118
= 5 poèmes
Strophe alcaïque
20 ; 70; 129; 139
= 4 poèmes
Dimètre iambique
1 ; 16(2) ; 67
= 3 poèmes
Mètre alcmanien (hexamètre +
117; 1255 141
= 3 poèmes
88
= 1 poème
Mètre épodique (hexamétre dactylique
Front. Julio ΠῚ Pont. Max.
Julius papa ΠῚ A-E, (index)
255} 6375103125 155175 213 23; 24; 25(2)'; 26;
iambique)
[A, (Sapientia Prima... )] Lectori studioso [texte Symb.2: In Bocchianis | [A, (Sapientia Prima...) ]/Texte
Total : 56 pages non numérotées
—
48 ; 49 ; $0(1) ; 515 55 ; $6(2) ; 57 ; 595 60; 62(2) ; 63; 64(2) ; 65 ; 68 ; 69 ; 71 ; 75 ; 76(1) ; 775 785 79 ; 81 ; 82;
Mètre épodique (trimètre + dimètre
ν0
metrorum
+ dimétre iambique)
quaternaire dactyliques) Glyconique et asclépiade mineur
Christ. Regis
]/Texte
2p.r°-2p,v° (Pignae) Victoria ex labore [A, (Sapientia Prima... )]/Texte
| Total : 56 pages non numérotées
Total : 60 pages non numérotées
[A, (Sapientia Prima... )]/Texte
Total : 58 pages non numérotées
1152 Avec une anomalie de répartition :
— 2p4r° : IANI VITALI ; 2p4v : blanc ;
— 2p;r°-v° : suite de KAMOTIOU — 2par°-v° : début de KAMOTIOU — 2p,r’.
11 Les gravures des Symb. 10 (Mnasyle et Chromis) et 11 (portrait de Sapientia) ont été interverties. De même, les gravures des Symb. 9
(héros de Constantia autour de Pallas) et 12 (amant qui se pend).
608
comporte plusieurs. “4 Le chiffre entre parenthèses renvoie à l’épigramme concernée, dans le cas où l'emblème en
609
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Annexes
Annexe 3 : Table des motti et tituli et répartition des emblémes par classes
1155
36
— Dura pati didicit plurima quisquis amat — Ars doéta naturam aemulatur ut potest, quin uincit usus dum adsit et durus labor
37
— Muliebris inconstantia
38 39
= Sapientia prima est stultitia caruisse
- Formicae aratra non sibi ferunt boues — Quaerens nimis subtiliter arcana nil prorsus sapit
—Ad lectorem
1
— Victoria ex labore honesta et utilis
2
— Lectori studioso et eleganti — Symbolum symbolorum — In Bocchianis symbolis intelligi plus quam exprimi
M
- Ad Alexandrum Farnesium Cardinalem amplissimum
Phil.
— — — — — — — — — —
Mor. M Φ Φ Φ Mor. Mor. M Mor. Mor.
— Tiresias Fuscaerarius
3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
16 17 18 19
— — — — — — — — — — — —
Piétura grauium ostenduntur pondera rerum Quaeque latent magis haec per mage aperta patent Referre debent in Deum omes omnia Insignia gentilitia Bocchiorum Riualitas cupidinis durissima Amor negotiosum est in ocio Medio de fonte leporum surgit amari aliquid Constantia heic effingitur Cum uirtute alma consentit uera uoluptas Sapientiae species inenarrabilis Cupidini caeco puello haud credito Amoris antipharmacum
— Sors instabilis haud expetenda est admodum — Vitae immortalitatis studio mors temnitur atra
- Laboris onus honos leuat — Nonnulla est etiam caecis in nocte uoluptas — Magnanimus sandtis paret uir legibus ultro - Mors fortibus finis malorum est omnium
20
— Sebastiano Seleupenerio Germano discipulo carissimo - Nihil mage expetendum amore diuino
21
— Principium et finem princeps habet ab Ioue summo
22
— Omnia sunt praesto cui presto est inclyta uirtus
23 24
— Aurea sors regum est et uelle et posse beare - Non uinci potis est neque fingi regia uirtus
25
— Susbecta iure est in superbo comitas
26 27
— — — ~ — ~
28 29 30 31 32
33 34
35
Intempestas dies ut nox est desidioso Pabula laeta animi haec ne sperne, beaberis ultro Hoc illud Bocchi nobile symposium est Prima tenet primas rerum sapientia caussas Sic ars deprenditur arte Non multa possidens sed imperans sibi dicendus est ditissimus Pecunia haud corrumpitur uir fortis et frugi, nec acie uincitur
— Sat extat ipsa ueritas, uana absit ostentatio :
— Virtus uestibulum est honoris alma - Nunquam beari posse auaraum diuitem
— Ille dei facile est quisquis sapientiae amator
Pastoris optimi scopus Pura mente deum omnibus colendum Magno ex amore saepe magnus est timor Quantum possit amor qui uitam in morte ministrat Comes uoluptatis dolor Bartholomeo Volteio Bononiensi equiti aurato De Sileno et Chromi et Mnasylo Cosmo Medici Duci Florentiae De Totto Mutinensi Sententia memorabilis
— De Mercatore et Lacone — Tumulus Cleombroti Ambraciotae
— — — — — ~
Contra graecum illud epigramma Latine sic Pomponius Gauricus reddidit Camillo Vrsino belli duci fortissimo Onus ducis minus graue est ac militis Qualis boni sit militis in imperatorem metus De Antipater Cyrenaico caeco Spartani animi magnitudo
~ De Philippo et Lacedaemonibus
— Platonico Cupidini
— Caroli V Caesaris Augusti Sapientia immortalis — Eiusdem imperatoriae uirtutes quattuor
— Ad Henricum Valesium Galliarum regem — Francisco Valesio Galliarum regi — Virtus uirtutem fingere sola potest
— Εἰς ὄγκον tod ἀστείως πλεονεκτικοῦ
— De uitanda superbia — In lentum inertem et otiosum turpiter — Mensae domesticae decem haec sunt symbola — Materiam primam mens notha sola tenet — Deprensus artibus suis
— Ne te facere pudeat parum recte illa quae non posse melius noueris — Scopus bonorum ueritas est omnium
~ Raynutii Farnesii nepotis Pauli III Pontificis maximi Cardinalis Sancti Angeli — Sententia ex oraculo Christi Dei de diuite
— De cynico Diogene et Antisthene
Mor. Phil.
Mor. Mor. Mor. Phil.
M Phil. Mor.
Mor. M Phil.
Phil. Phil. M Mor. Mor. Mor. Mor.
| Mor. M
Phil.
1155 Cette classification fait l’objet d’un index à part de l’édition de 15 55 (ZYNTAPMATA . Symbolicarum Quaestionum .CLI. in classes quattuor distributio), qui cite les tituli de chaque embléme pour les classer, livre aprés livre, entre :
— première classe ou métaphysique (Τὰ μετὰ τὰ φυσικά prima class = M dans notre tableau) ;
— seconde classe ou physique (In secunda clas sunt physica = @ dans notre tableau) ; - troisième classe ou morale (In tertia classe sunt moralia = Mor. dans notre tableau) ; - quatrième classe ou philologie (In quarta classe sunt philologica = Phil. dans notre tableau).
Les Symbola 1, 83, 87, 148 et 151 n’ont pas été classés. Le Symb. 135 l’est deux fois.
610
— Quis agere mensuram ullius rei potest, si nescit ipsemet sui ?
Phil.
— Versa ex Homero nobilis sententia
Mor.
— ~ — — — — — — —
In eos qui alienis laboribus perfruuntur Christianae religionis symbolum Interlocutores : Christophorus, hospes, religio Ad Andrea Alciatum amicorum optimum Luce caret, pulchri qui caussam nescit amoris Hoc ex Platone symbolum Octauio Farnesio Duci optimo et clarissimo Cura et labore perfici eloquentiam Sic animae duétrix oblectatrixque suada a Luciano fingitur
Mor. M
40
— Caecus qui pulchri non cernit lumina solis
41 42 43
— Virtutis haud una atque opum aestimatio est — Virtutis umbra gloria — Hic Hercules est Gallicus : intellegat qui aures habet
44
— Vt iustus effici queas
— Nulli nocebis, commodabis omnibus
Mor.
45
— Non extra at intus audio
— Certum est iudicium rationis
Mor.
46
— Οὐδεὶς ἐραστὴς ὅστις οὐκ ἀεὶ φίλεῖ — Non est amicus hic qui amare desinit
— Mansuetudinis uis ex Isidoro
- Obediant huic subdita — Biantis haec sententia ἃ Scipione exploditur
Φ Mor. Mor. Phil.
Mor.
47
— Male parta male dilabier
— De auaro et eius exitu
Mor.
48
— Resurgit ex uirtute uera gloria
— Dignum magnanimo uiro sepulchrum
Mor.
49
— Disce pati quisquis uincere semper aues
— Victrix patientiae memento Vrsinae Crassae Volteiae Bononensis matronae clarissimae
Mor.
50
— Ex disputatione ueritas patet, contentione euertitur
Phil.
51 52
— Fortuna forti subleuanda industria — Di superi presto facientibus omnibus adsunt
— — — —
53 54
— Imago iusti iudicis - De Magno Alexandro et reo — Quae sunt supra nos pertinere ad nos nihil
— Qui scire scit se nil, sapit
M
55
— Fortis, modestus et potens
— Herperidum Alcides uictor fert aurea mala
Mor.
56
— Non inuidet qui iure confidit sibi — Alexander Zambeccarius
— De Scipione et Martio — Aliter : Quo mage quisque suae uirtuti fidit, honores hoc aliis meritos inuidet ille minus
Mor.
$7
— Tenere medium semper est prudentiae
58
— In sordidos numariosque iudices
— Rerum mensura est optima — Cambysis exemplum inclytum
Mor. Mor.
poterisque omnia, dum ipse uelis
— Ad filium
In disputantes symbolum Aliud : In disputando turpis est rixosa concertatio Sors Palladi salutis habet gratiam De Agasone et diuo Hercule
Mor. Mor.
— Curans nihil, prorsum est nihil
59
— En uiua e speculo facies splendente refertur : hinc sapies
60
— Marcello Ceruino Cardinali Sanctae Crucis Amplissimo — Concipiunt ignes specularia concaua solis
61
— Renatae Ferrariae ac Carnuti principi illustrissimae Gallorum
regis Ludouici XII filiae
63
— Vnam uidendam ueritatem in omnibus — Antonio Bernardino Mirandulae philosopho clarissimo Dialecticae praestantia et diuisio — Sigillum aheneum Bononiae inuentum anno salutis omnium
64
— Silentio deum cole
62
MDXLVIII
Inanis est infructuosa gloria Bellua fit caecae statuit qui credere sorti Quodnam sit ueri principis officium Puluisculi scriptorii et horologii commoda Stultus malo accepto sapit Rationis et libidinis certamina Occasionem qui sapis ne amiseris
— Partem audias prius aliam, dei iudica
— Ipsum te noscens dubio procul omnia nosces
— Mens pura quae Deum colit, amat et statim diuini amoris igne adurit caeteros — Aliud incerti autoris — Opinionibus sopitis firmiter tenenda capta ueritas
— Proteus
M
Phil.
— Saepe loqui nocuit, numquam nocuit tacuisse
M
- Reuocanda Mens a sensibus, diuina cui mens obtigit
— Palladis hoc peplum est, inspice, proficies — Quam stulta sit superbia ' — Haec Rhamnusia diua Fe — Semper uidendum quid sat est in omnibus
Phil. Mor.
— Terebra gallica utilis —_ fm = —Toanni luni Antuerpiensi iurisconsulto eloquentis-simo — Ἄδηλον — Baltassari Rusticello facessat affectatio
wat M::
72
— Accomodanda uerba rebus esse, nec uim ullam afferendam
73
— Ferendam egestatem et senectam humaniter
— Confeétus senio Enni equus quiesci — Culpanda non externa sed mores malos
74
— Res consilii ope, haud uiribus, magnas geri
— Quietus in puppi ιεηεῖ clauum sefxex
— Omnia cui cedunt, diuino cedat amori
i Phil
= _ — Fortuna Alexandri inclyta Farnesii minoris atque maximi
— — — — — — —
75
Mor.
: Phil.
65 66 67 68 69 70 71
inuentis
Mor.
:
-
Re
Mor. Mor.
à
: Phil. ΝΣ oe
— Pan uictus a cupidine in luéta cadit
611
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) — tome 1 76
— Mens sepienda robore suo in optimis
77
79
|
80
— Sculptoris iam nunc Ganymedem cerne Leocrae : pacati emblema hoc corporis atque animi est — Guidoni Pepulo Philippi ocello
81
— Mario Nizolio
82 83
— Nec nihil, nec nimium - Πάντα ἀναβαλλόμενος — Gaspari Argilensi
84
— Ingens animus errata corrigit sua
85
|
|
|
86
— A publica re exterminandum esse ambitum
87
— Bernardino Mafaeo cardinali
— Semper iuuat pios deus
90
— ludex ineptus peste peior pessima
91
— Compendiosa fama quae et pulcherrima : talis qualis haberi
92
— Obruit inuidiam non ultio, sed benefacta — In paruulis uim saepe inesse maximam
— Votum Herculi Ferrariae Duci inclyto — Benedicto Accolto Arretino
amabis esto
— Vis eloquentiae potest una omnia
95 96 97
— Valere plurimum celeritatem ad lucrum — Semper suorum curam habendam regibus — Quatiferi nullo impetu mentem bonam
98
— Archana quaerens curiosius, perit
99
— Non appeti debere gloriam at sequi ueram : inuidia enim pessima una hac uincitur
100
— Vita est sine querela optima
101 102
— In malarum perfidos satores litium — Sapientiam modestia, progressio eloquentiam, felicitatem haec perficit — Fides ex bonitate charitasque ac shes est, decus unde
103
|
104 105 106 107 108 109
— — — ~ — —
110 111
— Est nulla uita lautior domestica, nec laetior — Illaesus candor semper ubique manet
112
— Virtutis omnis est in actione laus
| |
113
114 | |
|
sempiternum
115
116 117 118 119 120
612
Augusta sbes haec Sforciae est Vulgo est minor lucello honor Ibi est salus tutelaque ubi reuerentia et pudor Et linguam et iram contine Acumine, ratione, diligentia bearier quiuis potest Μηδὲ δόμον ἀνεπίξεστον καταλείπειν
— Virtus sat ad felicitatem Stoica est
— Magnam parua facit fauilla flammam — Haec pulueris inuentio bombardici — Quadrato numero patrum beanda est libertas populi bononiensis — — ~ — ~
Consultum male consultori pessima res est Semper libidini imperat prudentia Sperne uoluptate : nocet empta dolore uoluptas Arcana continebis et calumnias Disce cito nam uita breuis
Phil.
Mor.
- Claudio Ptolemaeo Episcopo Modegnetti oratori
sapientissimo
— lano Rusticello Bononiensi mercatori impigro et integerrimo — Bernardino Maphaeo Cardinali - Pompeio Zambecchario - Sebastiano Pighino Cardinali sapientissimo
— loanni Baptistae Egnatio
— Hieronymo Ferrio ciui Bononiensi integerrimo
— | — — —
Paulo Pino iurisconsulto Bononiensi Stephano Saulio In Hermathenam Bocchiam Alexandro Farnesio Cardinali amplissimo
— Ascanio Sforciae Cardinali — Frequentiam ad spectacula lucrum excitat magis quam honos — Iusta Sophoclaeo sententia digna cothurno — loanni Angelo Medici Cardinali — Clarissimo Berguncio — Alexandro Farnesio Cardinali — Ne linque aedificans domum impolitam — Ad eundem ~lulio Medicio Cardinali qui postea fuit Clemens VII Pontifex
Maximus
— Pro maximo Farnesio
— Virtus ipsa sibi nisi constet, nomen inane est
— Francisco Bologneto Bononiensi — — — ~ — = —
Senatus PopulusQue Bononiensis Fortis salutem affert sibimet ipse imperans Sic fingitur Bononia In obloquutores loquentes barbare Ad Carolum Crassum Cardinalem loanni Pogio Cardinali Bononiensi Exemplum Alexandri inclytum humanitatis et fiduciae lacobo Casonio Centano discipulo
123
— In corde puro uis sita prudentiae
— Sit cum negotio otium, sit cum otio negotium
Mor.
Phil. Mor. Phil. Phil. Mor. Mor. Mor. Φ
Phil. Mor. Mor. Mor. M
Mor. Mor.
Phil. Phil. Mor. Phil. Mor. Mor. Mor. Mor. Mor. Mor. Phil. Mor.
Mor.
— Sigillum aheneum malae fortunae adinuentum Bononiae
Phil.
— Sebastiano Corrado
Φ
MDXLIX
— Alexandro Campegio Cardinali Bononiensi amplissimo — Vita est beata iusta temperatio
Phil.
— loanni Campegio Episcopo Bononiensi
124 125
126 127
— Felicitas prudentiae et diligentiae ultima est
89
94
Phil.
— Paulo Iouio episcopo Nucerino Contentio luscinae ob uiétoriam Iulio Camillo Foroiuliensi Carolo Crasso Cardinali Iustus iuuatur a Ioue Coccygis et lusciniae contentio Offensio aspera ex inepto iudice Cupido nimia gloriae plerosque transuersos agit
122
— Fortuna nostri seculi ferenda quamuis pessima
M
— lulio III Pontifici maximo
— — ~ — — —
93
M
— Syncera ueri Hippocratis confessio
— Luscinae haud defit cantio
|
Mor.
— Non omnibus felix temeritas accidit
88
— Spinosa facessant “121
— Hoc Bocchiani symbolum es numismatis : matura festinatio
temporum necessitas
|
Phil.
— Amor laborem fert, eum admiratio
— Speranda summi est principis benignitas, maligna ubi urget
|
| |
— Petenda ab optimo optima — Quae sit precatio omnium stultissima : mali deum colunt modo ob pecuniam — Ipsum qui sese uincit facile omnia uincit — Finis principiumque amor bonorum est — Roberto Magio — Sic fruimur dulci neétare et ambrosia ~ Reginaldo Polo Cardinali amplissimo — Pax est laeta piis usque domi atque foris — Hic Avtépwe : quid est nisi uerum esse amorem mutuum ?
— Ludouico Becatello episcopo — Amabitur qui amauerit — Vera in cognitione Dei cultuque uoluptas
78
|
Annexes
128 129 130
— Miseriam honoratam esse curialium nec expetendam ullatenus — Qualem uirum praestare principem debet
— Hieronymo Saulio Archiepi Bononiensi procosuli
— Sunt gentilitia haec Campegiorum — Felix qui uigilat pietasque fidesque perennis - Marco Antonio Flaminio — Inclyto Alexandro Farnesio Cardinali
Phil.
- Nemo absque temperantia a diuina ope rite impetrata profici
Phil.
- Alexandro Magiolo
Mor.
putet sibi — Virtutis et felicitatis formula
Mor.
— Aduersus iram symbolum — Mos est nocentum laedere innocentiam
— Agni innocentis vindici integerrimo iure hoc dicatur Reginaldo ‘ Phil. Nerlio
— Vsum magistrum unum optimum
— Ioanni Baptistae Pio
Mor.
— Andreae Casalio Senatori Bononiensi
M
— Sumum bonum praestat fides, fidem intimus amor in Deum,
— Et decus et pretium recte fert experiens uir
131
rite ipse cultus omnia — Ineptiis hominum uoratis unica intelligenda ueritas
— Summa petat quicunque bonum summum expetit ultro — Amplissimo Cardinali Othoni Episcopo Augustensi — Augusta pastoris boni prudentiae et benignitatis notio
132
— Mens orbem illustrat, retinet sapientia mentem
— Rolumo Amaseo
Phil. M
— Haec est lucerna pensilis Farnesii 133
— Nec uixit male qui natus moriensque fefellit
134 135
— Quam 5656 cunque in partem sapiens dederit, stat — Prae 86 ferens librum leo alatus ille quid notet, hoc nanque
— Romulo Amaseo
— Ade βιώσας — Ioanni Baptistae Camoteo — Diuo Marco et Reipublicae Venetae
Mor.
Phil. M/Mor.
Venetum est symbolum
— Pax tuta est semper auspice iustitia
136
— Scenae quod aiunt, seruiendum et tempori
— Romulo Amasaeo, amicorum optimo
Mor.
137
— Ars rhetorum triplex mouet, iuuat, docet, sed praepotens est
— Ioanni Baptistae Camoteo
Phil.
138
ueritas diuinitus — Sic monstra uitiorum domat prudentia — Summa omnia tenet, scire qui scit se nihil
- Ioanni Hangesto Episcopo Nouiodunensi
Phil.
139
- Contemptio mortis metu cor liberat
— Francisco Campano Collensi
Phil.
140 141
- Ἐντελέχεια ψυχή - Paulo ΠῚ Pontifici Maximo
M Phil.
142
— Mors norma uitae est optima
— Caesari Cataneo — Prudens ac fortis ratio, meditatio et usu edocet omnipotens omnia dura pati — Philippo Carolo Ghisilierio
143
— Fert tacitus, uiuit, uincit diuinus amator
— Peregrino Zambecchario
M
144
— Ἰατρὸς yap ἀνὴρ πολλῶν ἀντάξιος ἄλλων
— απο Vitali poetae clarissimo
M
145 146
— Philologia symbolica — Magnam hisce habendam gratiam laboribus — Carolo Ruino Antonii filio et Isabellae Filicinae Ruinae matri
— Alberici Longi Salentini symbolum in symbola Achillis Bocchi : — Qui fidit, sperat, qui sperat proficit instans : fastum is desidiam pigritemque fugit
147 148
— Pyrrho Bocchio filio, ex mysticis Aegyptiorum litteris — Julio ΠῚ Pontifici Maximo
— luste innocenterque genium colas tuum
Mor.
— Securitas uerissima innocentia
Ἰννοκεντίῳ τῷ ἱερῷ ὄρει, βουλευτῇ γιγλυμαίῳ ᾿Ἀβλαβὴς ἀσφάλεια Innocentio Cardinali Montano Aphorismus ex Psalmo XV Dauidis
Μ
149b
— = — —
150
— Εἰ θεὸς ὑπὲρ ἐμοῦ, τίς κατὰ ἐμοῦ ;
—loanni Baptistae Pigna philosopho Ferrariensi
Φ
1498
151
- Ἕν ἅπαντα
— A me deus si est, ecquis aduersum me erit ?
— Omnia mens speculatur, agit prudentia et arte
— Fabella bella pinus ex pas
Phil.
! Phil. | Mor.
M
— Francisco Baiardo Parmensi
® Phil.
Phil. Mor. Mor. Mor, Mor,
613
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) - tome 1
Annexes
Annexe 4 : table des dédicataires''* ns
ACCOLTVS, Benedictus (Benedetto ACCOLTI)
=
93
AMAS(A)EVS, Romulus (Romolo AMASEO) ARGILENSIS, Gasparis (Gaspare MAZZOLI DA ARGILE)
132, 133, 136
83
BAIARDVS, Franciscus (Francesco BAIARDI)
BECATELLVS, Ludovicus (Lodovico BECADELLI) BERGVNCIVS (Bernardino Francesco BERGONZI) BERNARDINVS MIRANDVLAE, Antonius (Antonio BERNARDI MIRANDOLA) BOCCHIVS, Achilles (Achille BOCCHI) BOCCHIVS, Pyrrhus (Pirro BOCCHI) BOLOGNETVS, Franciscus (Francesco BOLOGNETTI) CAMILLYS, Iulius (Giulio CAMILLO) CAMOTEVS, Ioannis Baptista (Giovanni Battista CAMOZZI)
CAMPEGIVS, Alexander (Alessandro CAMPEGGI) CAMPEGIVS, Ioannis (Giovanni CAMPEGGI) CAROLVS QVINTVS (Charles Quint) CASALIVS, Andrea (Andrea CASALI) CASONIVS CENTANVS, Iacobus (Giacomo CASONI DI CENTO) CATANEVS, Caesar (Cesare CATANEO) CERVINVS, Marcellus (Marcello CERVINI = Marcel II)
CORRADVS, Sebastianus (Sebastiano CORRADO) CRASSA VOLTEIA, Ursina (Orsina GRASSI DELLA VOLTA) Crassvs, Carolus (Carlo Grassi) EGNATIVS, Ioannis Baptista (Giovanni Battista EGNAZIO [= CipoLLI]) FARNESIVS, Alexander (Alessandro FARNESE, dit le « Grand Cardinal »)
FARNESIVS, Octavius (Ottavio FARNESE) FARNESIVS, Raynutius (Ranuccio FARNESE, cardinal Sant’ Angelo) FERRIVS, Hieronymus (Girolamo FERRI) FILICINA, Isabella (Isabella FILICINI)
FLAMINIVS, Marcus Antonius (Marcantonio FLAMINIO)
FRANCISCVS VALESIVS (François de Valois = François I‘)
FVSCAERARIVS, Tiresias (Tiresia FOSCHERARI)
GAVRICVS, Pomponius (Pomponio GAURICO) GHISILIERIVS, Philippus Carolus (Filippo Carlo GHISLIERI) HANGESTVS, Ioannis (Jean DE HANGEST)
HENRICVS VALESIVS (Henri de Valois = Henri Il)
HERCVLES (Hercule II D'ESTE) IOVIVS, Paulus (Paolo Giovio)
150
77 108 DELLA | 62
CAMPANVS COLLENSIS, Franciscus (Francesco CAMPANO DI COLLE)
CLEMENS VII (Jules de Médicis, Clément VII)
‘ IVLIVS ΠῚ, (Giovanni DEL MONTE, Jules III)
2, 82 147 114 88 liminaires (auteur), 134, 137 139
123
123 21, 22 130 120 140 59
IVNIVS, Ioannis (Janus JUNIUS) LEO, (Jean DE MÉDICIS, Léon X) LONGYS, Albericus (Alberico LONGO)
MAFAEVS, Bernardinus (Bernardino MAFFEI) MAGIOLVS, Alexander (Alessandro MAGIOLO)
MAGIVS, Robertus (Roberto MAGGI) MAPHAEVS = MAFAEVS
MEDICES, Cosmus, (Côme I* DE MÉDICIS)
MEDICES, Ioannes Angelus (Giovanni Angelo DE MEDICIS) MEDICES, lulius (Jules de Médicis = Clément VII) MEDICIVS
liminaires, 85, 148
71 78 liminaires (auteur) 87, 96 127
(auteur),
78 96
11
107 111
= MEDICES
MONTANVS, Innocentius (Innocenzo del MONTE)
149a
MUTINENSIS, Tottus (Totto ? de Modéne ?) NERLIVS, Reginaldus (Reginaldo de’NERLI ou NERLI) NIZOLIVS, Marius (Mario NIZOLIO)
12 128 81
OTHO (Otto von Truchsess) PAVLVS III (Alessandro FARNESE, Paul III)
131 liminaires, 4, 63,
112, 141
PAVLVs IV (Giovanni Pietro Carafa, Paul IV) PEPVLVS, Guido (Guido PEPOLI)
liminaires 80
PIGHINVS, Sebastianus (Sebastiano PIGHINI) PIGNA, Ioannis Baptista (Giovanni Battista PIGNA)
98 liminaires (auteur), 150
Pivs, Ioannis Baptista (Giovanni Battista P10) PoGivs, Ioannis (Giovanni POGGI) POLVS, Reginaldus (Reginald POLE) PTOLEMAEVS, Claudius (Claudio TOLOME!)
129 118 79 94
42 33 (auteur ?) 100 146
RUINVS, Carolus (Carlo RUINI) RVSTICELLVS, Baltassar (Baldassare RUSTICELLO) RVSTICELLVS, Ianus (Giano RUSTICELLO)
146 72 95
24
SELEUPENERIVS, Sebastianus (Sebastian Schleupner) SFORCIA, Ascanius (Ascanio SFORZA) VITALIS, lanus (Giano VITALE) VOLTEIVS, Bartholomeus (Bartolomeo VOLTA) VRSINVS, Camillus (Camillo ORSINI)
20 104 liminaires (auteur), 144 9 16
111
122 49 89, 117 99 liminaires, 3, 63, 103, 109, 110, 125
124
liminaires (auteur), 2 (auteur ?) 15 2
13:
liminaires, 23
92 86
145
PEPVLVS, Philippus (Filippo PEPOLI) PEPVLVS, Ugo (Ugo PEPOLI)
PINVS, Paulus (Paolo PINO)
RENATA (Renée de Ferrare)
SAVLIVS, Hieronymus (Girolamo SAULI) SAVLIVS, Stephanus (Stefano SAULI)
ZAMBECCARIVS, Alexander (Alessandro ZAMBECCARI) ZAMBECCARIVS, Peregrinus (Peregrino ZAMBECCARI) ZAMBECCARIVS, Pompeius (Pompeio ZAMBECCARI)
48, 80 48 101
61
126 102
56 143 97
1156 Certains personnages mentionnés ici sont également les rédacte urs de quelques pièces (en particulier liminaires), insérées dans le recueil
d’emblémes, Nous précisons ce point dans notre tableau par la mention « auteur ».
614
615
Index auctorum original de l’édition de 1555 FATERIER PER QVEM PROFECERIS DECET
IL CONVIENT D’AVOUER GRACE À QUIL’ON A PROGRESSE
Haec nomina autorum omnium Sunt quos in opere hoc Bocchius Illique per quos ipse iam Profecit et sequuntur et
Voici les noms de tous les auteurs Cités par Bocchi dans le présent ouvrage ; Les grands hommes qui lui ont permis en particulier De progresser non seulement suivent mais Citent aussi, ¢a et la, d’autres auteurs. Toi, lecteur Sans malice, montre ta bonne volonté.
Passim citant. Tu, candide
Lector, boni fac consulas. Ne profiteri deneges, Si quid per hoc profeceris. Benignum id et plenissimum est
Ne refuse pas d’avouer Tout ce qui, à travers l'ouvrage, t'a permis de progresser. C'est là le bienfait et la richesse infinie De la parfaite honnêteté.
Pudoris integerrimi.
Α
: Abar'rnnon phalasophiss agent xe Accrender
Acestodorus rete gris
Actius poeta
Acusilaus
Aelius, quem Varro audiuit
Antipater poeta Antiphon
Aphtonius rhetor Apollodorus, qui de temporibus Graecé scripsit Apollonius
A
grammaticus
Apollonius Molonis
Apuleius grammaticus
Agathon Smius Agatocles
Ausonius poeta
:
Appianus historicus
Africanus
Auienus Aulus Gellius
Bacchylides poeta
=
Basie ines
ἈΡρὶδ
Apaiiae
Agallins Cercyreus Agametor poeta Pharsalius
catalogo
Apollonius poeta
Aelius Stilo
Aemilius Probus
in
Aufustius Augustinus theologus
Bembus
Berosus
FRE
Bocchus rex
Boeeuepuerinns
Apuleius philosophus Mee odels Agchadins Antiochenus grammaticus
Βυάλεῦς
Caelius historicus C. Caesar
Cc
Agroetus rerum scriptor Alceus Alcman poeta lyricus
Archemachus Απδιαποίως An
C. Flaccus, qui scripsit Indigitamenta Caius Turis Cons. Callias, qui res Agathoclis historia
Alexander Mendesius
A
Callimachus
Alexander Cocieus
Alexander philosophus
Alexander Pleuronius
Mens orator
complexus est
Montes
Callisthenes
Aristophanes grammaticus
Callistratus
Ambrosius theologus Ammianus Marcellinus
Aristoteles ius Ξαϊαταῖπαν
Anacreon
Arrhianus philosophus et scriptor rerum
Caper grammaticus Capitolinus Carcinus tragicus poeta
Anaximander Andreoclides Andro Teius
geographiae emo Ascelpiades
Castor Cato Catullus
Alexander Polyhistor
Anaxagoras
Andromachus ἐν ἐτυμολογίκοις
Androtio Anticlides Antigonus Antimachus Colophonius Antiochus historicus
Aristophanes ueteris comoediae poeta
Artemidorus,
qui
fecit
Epitomem
Caluus poeta
Carmininius
Wecontus Pedianus
Celsus iuriscons.
Asinius Capito Mens Atrometus Atticus
Censorinus Cephalo Gergythius Charax Charon Lampsacenus
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) — tome 1
Choerilus Atheniensis poeta tragicus Chaeris
Chrysippus
Cicero Cintius Claudianus Cleanthes Clemens Sidonius Cleomedes Clidemnus historicus
Index auctorum
Ion dithyramborum poeta
Epimenides
Eratosthenes Eubulus Euemenis Messenius Euenus
Eumelus Corinthius
Euphorion poeta Euripides
Columella Conon Heracleae scriptor Cornelius Labeo Corn. Tacitus Coruilius Cosmes
Lepidus,
Fulgentius
Galenus Gaudentius
Cyprianus
Gauradas poeta Gellius grammaticus Germanicus Caesar
D Damastes Demagoras Samius Demetrius
Hecateus
Harpocration Helianus hist. Heliodorus hist. Hellanicus
Demosthenes orator Dexippus Dicearchus Didymus grammaticus Diocles
Hephestion grammaticus Heracletus Ponticus Hermias Platonicus
Diodorus Siculus Diogenianus
Hermippus,
Dion Caletianus
Dion Pruseus
Dionysius Apher Dionysius Halicarnaseus Dionysius Milesius, Argonautica
Dioscorides Diotimus, qui
Graece scripsit Donatus
Dositheus
Doxapater Duris Samius
qui
Herculis
scripsit certamina
qui de syderibus Graece
scripsit Herodianus historicus Herodorus Herodotus Heron mathem. Hesiodus
Hieronymus theologus Higynus astrol. Hilarius theologus Hippias Delus Horus Hosthanes
Ennius poeta
Epaphroditus Ephorus Epicurus Epigenes
618
Licentius poeta T. Liuius hist. Lucanus poeta Lucianus Samosataeus Lucilius poeta
Iamblicus phil.
Lycis Rheginus Lycis, qui Thebanam scripsit historiam
M Macrobius Manilius, cuius meminit Plinius
Martialis poeta epigr. Martianus Capella
Platonius gram. Plautus
Menander Menelaus Metrodorus Minutius Felix Mnaseas Pataraeus Modestus
Plinius hist. nat. autor Plinius iunior Plotinus
Plutarchus hist.
Polemon Polycretus poeta, qui res Siculas cecinit Pomponius iuriscons.
Musaeus
Pomponius Mella Prophyrio gramm. Porphyrius philosophus Posidippus poeta Praxillas
Nearchus Nica gramm.
Interpres Arati
Nicophorus rhetor Nigidius Figulus
Interpres Lycophronis Interpres Nicandri, quem pro Diphylo quidam citant
Graecé
nomenclaturas oppidorum
Nicetes rhetor
Interpres Apollonii
Phauorinus philos. Pherecides Phileas Philetas Philistus Philo phil. Philoconus Philoponus phil. Philostephanus Philostratus Philoxenus Phocyllides Pindarus Pisides Plato
Maximus Tyr. phil.
scripsit
Quintilianus
Priscianus gramm.
Probus gramm. Proclus philosophus
Æ Terentius Tertullianus
Thaetetus
Themistius
Q
Quintus Calaber poeta Quintus Curtius hist.
Quod
uult Deus, qui ad Augustinum
scripsit
Pausanias hist. Pedianus
Piso
Maximus gramm.
Idomenaeus, qui Troica scripsit Innominatus interpres Homeri
Graece
Phanocles poeta Phanodicus
Lutatius placidus Lycis Lycophron
qui
mysteria
Petellides Gnosius Petronius arbiter
Lucilius Tarrheus gram.
Nicander Nicanor Nicator,
Mithrae
Persii innominatus interpres Persius poeta Satyr.
Homerus
Egesander Elius Graecus autur Empedocles
hist.
Hister, qui de tragoedia
Hyllus, qui de diis opus condidit Egesippus Egnatius
scripsit
Lucretius poeta
H
Democritus philosophus
Graecé
Libanius rhetor
Crates
Curtius de gestis Alexand.
qui
Epitomen
Crassus Orator
Cronius
L Leon
qui
P
Symmachus
Synchus rhetor
Pythagoras Pythocles
scripsit Pamphos ante Homeri tempora poeta Paniasis, qui cecinit Heraclea Parmenes Parthenius, qui de amantibus Paulus Aegineta
luuenalis Satyr. poeta Isagoras hist.
Fabius Quintilianus Faustus Frontinus
Cornelius Nepos
Pallas,
Iustinianus
F
Procopius Proculus iuriscons. Propertius poeta Proxenus Prudentius
Opilius Oppianus Orpheus Ouidius
Junius Philargirius
Eusebius Eustathius Eutropius
Clitopho
O
loseppus Tuba rex Tulianus Caesar Tulianus iurisconsultus Tulianus Firmicus Tulianus Maternus M. lunius Nypsis
Theocritus theologus Theogenes, qui de rebus Macedonicis scripsit
Theon gramm. Theophylactus theolog. Theophrastus philosoph. Theopompus
Thoas poeta
R Rhemnius Fannius Rhiantis
Rhinton poeta Rufinus
Thrasibulus Thucydides hist. Tibullus
Timaeus Timagnetus
Timonax, qui Scythica scripsit Tranquillus
Triphon Triphiodorus poeta Sallustius
Trogus Pompeius
Scamnon
Sedulius Selencus Seneca philosophus
Seneca trag. poeta Serapion Ascalonites Serenus Sammonicus
Seruius gramm.
Sestius
Seuerianus theologus Sextus philosophus Sibila Sidonius Silenus Silius Italicus Simonides Socrates Solinus Sophocles poeta Sophocleus gramm. Sophron mimmograph. Sositheus
Sostratus, qui res Turchanicas scripsit
Sozomenus philosophus Speusippus Platonicus Statius poeta
Stephanus, qui de urbibus scripsit Strabo Suidae commentarii Suidas hist.
V Valerius Flaccus
Valerius Maximus
Varro Vegetius
Virgilius Maro
Verrius Flaccus
Vibius Sequester
Vlpianus Iuriscons.
Xanthus Lydius
x
Xenagoras
Xenophon Ephesius hist. Xenophon philosophus
Z
Zeno Stoicus Zenobius Hadriani temporibus rhetor Zenodotus gramm. Zosimus
HACTENVS AVTORES CVRAVIMVS ADIICIENDOS, VT QVEIS VALLEMVR PRAESIDIIS ΡΑΤΕΑΤ.
Nicocrates
Nicolaus Damascenus
619
INDEX PERSONARVM ET RERVM ORIGINAL DE L’ÉDITION DE 1555 (Nous avons conservé les numéros de page originaux, que le lecteur pourra retrouver aisément à partir de notre édition, où nous les avons indiqués entre crochets droits [])
A
Amet qui uult amari, 159
Aaron domus quae, 339 Academia Bocchiana, 251 Academica domus coepta auspiciis Pauli
Amicitiae constantia, 95
Anulum
Amicus non est qui amare desinit, 94 Amor Dei praestat fidem, 276
Achantis, 191
Amor aeternus omnium creator, 259 Amor diuinus oculatus, 40
Achates, 198
Amor igne suo uincitur, 159
Achilles Bocchius, 2
Amor laborem fert, 167
II, 225
Ἄχος Comes Regum,
Appellatio lusciniae ad hominem, 185 Aprilis descriptio, 187
Amor oculatissimus, 210
199
Amor reficit, 213
Actaea terra, 134
Acumine, ratione, diligentia quenuis posse, 222
beari
Amor
uerax
fidesque
pura,
iustitiae
consortes, 262
Adamante monstra regit amor, 211
Amor uerus mutuus, 165
Adamus secundus Christus, 271
Amor uerus & unus pietati satis est, 283 Amoris admiranda uis, 14 Amoris antipharmacum, 26
Admiratio fert amorem,
167
Adoraturi sedeant, 156 Aedificans ne linque domum impolitam, 225 Aegyptiorum sacrae literae, 334
Casalius
senator
Bonon, 277
Aeneas, 19 & 198
ANXOY ATIEXOY, 54 & 116
Aeris Symbolum, 56 Aesculapius cur filius solis, & medicus, 110 Aesopus Vates Phrygius, 5 Affectatio uitanda, 149
Anima ignis, 347
Agaso, 107
Animae uis intima, 279
Aiax, 218
Animi
Alberici Longi Salentini Symbolum, 331
125 Animi curatrix sapientia, 111
Alce, 169
Alciatorum insignia, 169 Alcides monstrorum domitor, 231 Alcumistae imperiti exemplum,
Alexander Caesar, 176
Alexander
253
Alexander Alexander Alexander Alexander
Campegius
235
Card,
Farnesius, 131, 213, 225, 259 Magiolus, 267 magnus, 109 & 136 Zambeccarius, 115 [uide in
fine operis]
AAH@EIA, 64 Altercando ueritas euertitur, 103
Alterem librans funerepus, 117 Amabitur qui amauerit, 158
prudentia, 241 Ambraciota Cleombrotus, 31
Ambrosia quid sit, 161
Arcas Pan, 345
Ardor amoris laborem leuat, 89 APHTH,75
Animae natura abdita procul ἃ naturis caeteris, 315 contentionem
Animi intenti obsistunt, urgentur, 322 Animi pabula laeta beat, 54
esse,
remissi
Animi uitia pleraque tollit gloria, 205 Animorum
praeparatio
ad
Animus Deus, 251 Animus Deus pura mente colendus, 315
hominis
diuinus
ipsum
se
uidens, 277 Animus minima nostri portio, 271 ANTEPOS,
164
Anticipatae notitiae sunt coelestia dona, 269
Ars arte deprenditur, 58 Ars aemula naturae, 74 Arte sua pereant necis artifices, 239 Artibus lumen affert dialectica, 127 Ascanius Sforcia Card, 215 Asellus iudex, 185 Asellus luto infixus, 107
247
Asinum odit Achantis, 191
Astra cur fulsisse dicatur Atlas Herculis auxilio, 231 Astraea plenis lilia fert calathis, 213
Astragali quattuor sub pyramide, 201 Astrorum conuersiones aeternae, 17 Atlas caelifer, 81
Atlas sydera fulsit supposito Hercule, 308
Attica auis noctua Attice loquitur, 171 Auari exitus, 97 Aucta senescunt, 311
Antipater Cyrenaicus, 34 Antisthenes, 72
Antonius
Arma agrestia tropaeo affixa, 75
Asino carduos comedente risit Crassus,
diuina
mysteria, 230
Animus
Aristotelis responsum, 83 Arpinas, 317
adhibendam
Animi excelsi laeta quies, 223
Antipater, 245
Ambitioni & libidini semper moderatur
Arcana curiosius qui quaerit, interdum perit, 202
Aristaeus, 124
Amator diuinus fert, uiuit, uincit, 326
Ambitio malorum altrix, & causa, 177
Arcana non quaerenda subtilius, 80
Animaduertere callidi est, 75
Amantium sors, 345
Ambigua, 127
Arbitrium impotens, 145 Arcana continebis & calumnias, 244 Arcana non omnia persequenda, 5
Anima Pitys, 345
Anticyrae, 1
Amator uerus qui, 73
Aquae caput illimis, 181 Aquae Symb, 56 Aquila biceps Caesaris Aug, 42 Aquilae suis pennis confixae Symbolum, 59
Andreas Alciatus iuriscons 83
Andreas
signatorium ori Hephestionis
appressit Alexander, 245 Aperta maximè conciliant, 5 Apex summus discendi dialectica, 127 A®MPOAITH, 164 Apis Matina, 6
Bernardus
phil, 126
Audire intus non extra, 92
Miran
Antonius Ruinus, 333
Anubis latrator, 253 [uide in fine operis]
Augur in saxo quadrato, 157
Augusta flora caput medium, bonorum, 215
Augusta grauitas deorum,135
& finis
Les Questions symboliques d’Achille Bocchi (1555) —tome 1
August CAROLVS V Imper
Index personarum et rerum
Bupalus
Smyrneis
fortunae
statuam
primus fecit, 130
augustior pietate, 43 Aura Zephyri diuini, 287
C
Aurea norma, 11
Aurea planities quid sit,
253 [uide in fine
operis]
Aurea sapientum decreta, 6 Aurea spicula amoris, 25 Aurem alteram integram esse seruandam reo, 109 Auribus belluinis nil credendum, 185
Auriculae asini quid, 185 Auriferae artis quid proprium, 235
Caecorum uoluptas in nocte, 34
Caecus amor uulgaris, 40 Caecus qui pulchri non cernit lumina solis , 82
Calamuscus fluuius, 323 Calcaria iuncta lupatis, 169
Calua occiput occasio, 147
Aurum coeleste, 294
Camaterus, 167
Autoritas imperatoria, 45
Cambysis exemplum,
Camillus Vrsinus, 33 Campegiorum insignia
Benefacta
quaeque
collocanda, 319
Benemerendum
sunt
in
[uide in fine operis]
semper
est
de
quocunque, 189
Bene mori beata uita, 325 Bene parta saepe perduntur, 97
spera
in
Cardinalis,
178 & 199
Biantis sententia explosa, 95
Bocchiorum insignia gentilitia, 10
Bocchus Rex,10
Bombarda fulminis aemula, 195
Bombardici pulueris condendi ratio, 235 Bonarota piétor, 288 Bona uera quae, 251
Boni pastoris officium, 8 Bonis temporariis utendum ut fruamur aeternis, 157 Bonitas creat, 213
Bonitatis filia iustitia, 259 Bononia docet, 236 Bonum, 74
Bonum ex celeritate est lucrum,196 Bonum unum est, 98
Boreas Pitym amauit, 345
Bouis βρέχμα, 75 & 101
622
87 Coruus cor rapuit Hermocrati 251
Deus rite cultus omnia, 276
Corpus umbra sequitur, uirtutem gloria,
Carolus Carolus Castor, Catena
nodum
quid
innodantur
Imper
ad
semper
Crassus, 183 & 241 Ruinus, 332 208 aurea coelo demissa, 101
Catena aurea Homeri, 64 et 284 & 285
Cato Ciceroni fuit pro centum millibus,
324
Centrum circini parte altera perficit, 75 Centrum profundunt mentis, 279
Cerberus ab Hercule superatus, 19 Certi nihil ex sorte uolueri, 233
Caeruleum spatium, 11 Ceruus fugax, 167
Charitatem ἃ iustitia esse, 261 Charitas allicit, 337 Charitatis symbolum, 158 XAPITES, 164
Chimaera monstrum prudentia domat,
304
Choenici ne insideas, 52
Compendiosa fama pulcherrima, 186
quae
Compositi crines quid, 249 Concordia discors Amoris, 15
Conditione
sua uti quemque
207
Capra idest chimaera, 305 Caput leonis ingens, 299
V
Commodandum omnibus, 91
&
debere,
Confessio libera Hippocratis de sutura
Aug, 42 & 44
Benignitas creat, 337
Bonum extra, 75
Capilli colleéti in significent, 311 Capistris equi capti palum, 241 CAROLVS
Benignitas Aug, 282
Benignitatem Principis necessitatibus, 174 Bernardus Berguncius, 223 Ber Maphaeus
253
fine operis] Canis latratus quid, 161
luce
Deum
Comitas superbi suspecta, 50
gentilitia,
Cantus lusciniae, 181
Benedictum Accoltus Arretinus, 191
Corpus teres leonis, 299
significent, 253
Candor illaesus, 228 Candor uitae illaesus olore notatur, 11 Canis fidissimus custos, 253 [uide in
Beatus Silenus , 271 Bellua multorum capitum, 137
Clauus dextra fert, 249 Clearchus dux Lacedaemonum, 33 Cleombrotus Ambraciota, 31
Deum testem semper habendum, 55
Columnae geminae in dorso leonis quid
119
Camelus funis anchorarius, 71
Beati quicunque Deo confidunt, 280
Corona uirtutis aurea, 87
Clusius Janus, 347 Coccygis & usciniae contentio, 185 Coclear hamatum, 143 Cogitationem ab assuetudinem abducendam, 133 Cognosce, elige, matura, 223
Callidus animaduertit, 75
Beata uita iusta temperatio , 253
Clauum Fortunae regiae copia tenet, 47
Cleoneus leo, 221
Aurora Farnesii, 259
Balthassar Rusticellus, 149 Barba Panos splendidiss , 155 Bartholomaeus Volteius, 19 Beata uita quae, 207
Deum imitandum, 91 Deum puré colendum, 11 Deum quisquis amat, is & sapientiam, 72
C. Fabricius, 60
Auro uir fortis imperat, 63
B
Cornua Panos ridenti fronte, 155 Cornucopiae Fortunae, 131 Corona aurea coelestis, 294 Corona iustitiae foelix, 237
Caesar Cataneus, 315
Calcaria Nemesis, 139
Baiardus Heros, 347
Claua Herculis quid, 113 Claua Ptolemaeus orator, 195 Clauiger Ianus, 347 Clauum Fortuna cur teneat, 131
Christi innocentis afflictiones, 270 Christophorus, 80 Chromis Aristoteles, 21 Cibus simplex saluberrimus, 5 5 Circinus duplex, 75 Cité discendum, 246 Claua Herculis, 235
capitis, 173
Consilio non uiribus magna geri, 152 Consilium malum consultori pessima 238
Constanti ratione nil fortius, 320 Constantiae robur inuictae est hostes diligere, 271
Constantiae symbolum, 18 Constat sibi laetatufque sapiens, quod medium teneat, 117
omnia
nihil
ad
nos
Spectantia, 271
Contentio fida custos officii tuendi, 322 Contentione ueritas euertitur, 102
Contentus suis rebus qui dicatur, 61
169 & 284 & 285 quid, 223 ergo Deus 251 fons, 251
uitae principium,
fons
casto
atque
integro
Deo
gratissimus est, 257
Cordis harmonia, 93 Cordis scrutatorem Deum esse, 250
Cordis
summam
religionem
Hetruscos fuisse, 253
Cornix garrula crocitare quid sit, 225 Cornu laeua amissum quid, 249
Equi indomiti discursant, 254
Digitum ad fontes intendere, 308 Diligentia , 178 Dimidium plus toto, 265
Dioptra, 325
Equus è saxo ictu tridentis exiluit, 135
Errorum & impietatis causae quae sint, 277 Eunomia Fortuna, 131
Dis duobus sacra fieri religio fuit, 69
Cunctandum nimis non esse, 169
Discendi studium ex admiratione, 167
transuersos agit, 187
Cupiendum quod amandum, 55 οροτίεϊ
Curas expellit sapientia, 318 Curialium miseria non expetenda, 254 Cursor in stadio exclamat, 320
Displosa bombarda absterret aues, 195 Disputantium symbolum, 103 Ditissimus non multa possidens, sed imperans sibi, 60 Diues gloriosus, 29 Diuina humanis potiora, 73
Diuina quo consilio tractanda sint ἃ piis,
referenda, 111
Diuitem auarum beari nunquam posse, 70
Daemon Socratis, 4
Danaeius heros, 19 Dauidis psalm XV, 343
Diuitiarum & uirtutis trutina, 85
animi
Democritus Abderites physicus, 329 Denus numerus quadrato perficitur, 237 Deo conciliamur per sapientiam, 279 Deo
nihil immobilius,
nil seiunctius ἃ
Deo similis pastor, 8
Desipit
non
sapit
qui
archana
Dei
curiosius inquirit, 81
Deum cole, & omnia facies recte, 122 Deum & naturam frustra nil agere, 312
Facit nedum dicit Sapiens, 151
Fames, 27
Famis simulachrum, 52 Farnesius, 6
Fastum, & desidiam quis fugiat, 333 [uide in fine operis] Fastus comiter superbi, 51 Fauilla parua saepe magnum
ignem
excitat, 235 Felicitas ἃ iustitia, 261
Dolorum medicina optima quae, 317
Felicitatis corona perseueranti, 178
Dolor uoluptat comes, 17
Domestica uita nulla lautior, nec laetior,
Delphino uehi quid, 223 Demens impetus, 265
Facies Fortunae, 131
Dolus uirtus in hoste, 297
Doétrina cyclica cordis honos, 223
forma
Facienti numina inuocanda, 107
Felicitas uirtute ter maxima, 337 Felicitas imperatoria, 45 Felicitas paucis concessa, expetenda omnib, 179
Diuus Marcus, 299
Decuma uis ignis, 297
corporis
omnia
Diuisio, 127
Daedala rerum curatrix, 306
Definitio, 125 & 127
accepta
Fabellae bellae Aesopi, 5
Famae uirtutis comes, 187
Diuina piestas beat animam, 345
bonitati
F Fabella Pinus ex Pausania, 345
Fama, 186
Diuina mysteria non uulganda, 279
Diuinae
Daedala prudentia, 241
151
Disertus, 89
280
Daedala ars, 75 Daedala cogitatio, 315
Eurymnus, 208 Experientia fert & decus & pretium, 273 Experientia omni arte maior, 275 Externa non culpanda, sed mores malos,
Discors concordia amoris, 15
Diuina simplicitas, 279
D
est
Equus fortis senex quiescit, 150
Cucullus & luscinia, 185
Cupidini caeco haud credendum, 24 Cupido bruta canis obscaena,161 Cupido nimia gloriae plerosque
ad celeritatem mutare non
satis, 179
Diomedis equi, 19
materia, 278
apud
Equos
Crux purpurea albo intersecta quid, 237
notatur, 305
origo
Dice Fortuna, 131
Crucem sub crucis signo ferre quid, 271
Deliberatiuum genus draconis symbolo
&
Epimetheus, 254
Diogenis Cynici dictum, 72
Dei loco habendus qui bene diuidit, 127
animi, 223
Cordatus homo unde, 251
Corde
sensus
redimendam, 121 Dei gratiam solam sufficere, 293
Contraria, 127
Epicuri uerba, 329
Dii facientes adiuuant, 106 Dialectica, 126 & 127
Crocodillus Nili bellua, 205
habere
ENTEAEXEIA ΨΎΧΗ, 314 ENTIMOE TAAAITIOPIA, 254 Epictetus Stoicus, 65
Deus unus uerus, 292
Diogenes Cynicus, 206
suorum
Ennius, 150
Ephori, 37
161
Critias, 309
Deformitatem
Continentia beat, 55 Continentia Fabricii, 61
Cor
continet
principes, 198
Consequentia, 127
Copiae cornu, Cor oculatum Cor si animus Cor uenarum
Crepido immota intrepidos, 201
EN ATIANTA, 328
Dies nox est ignauis, 53
Crates, 27
Curam
Conscia mens, 145
Contemnenda
Medycius Dux Florentiae, 23
Cras non expectandum, 247 CRASSVS ATEAAZTOS, 246
Cupiendum quod satis est, 55
Confidens sibimet non inuidet, 114
res est,
COSMVS
litanti,
uerum noscere, & colere pietas,
Eloquentiae simulachrum, 88 Emblema Leocrae sculptoris, 162
226
Domi manere, & apud se esse quid, 227
Domum ante hyemem esse absoluendam, 225 Domus amica fida, & census optimus, 225 Domus amica semper & optima, 227
Dormitare domi quid sit, 268 Draco in nobis cupido, 113 Dulcia utilibus miscenda, 6 E
Echidna mater Chimaerae, 306 Egestas pannis obsita, 151
Eloquentia foelicitatem facit, 210
Felix
cui uigilat pietasque fidesque perennis, 253 [uide in fine operis] Felix & beatus qui summus in aduersis, & fortunatus in secundis, 233
Felix qui dicendus, 98
Felsina doéta, 237 Fidei dona immortalia, 281 Fidei simulachrum, 276 Fidei uincula, 125 Fides ex bonitate, charitaSque, ac shes, &
decus, 212 Fides omni scientia & praestantior, 280 Fiducia inepta, 185 Fiducia praepostera, 185 Fiducia tenax iusti, 343
meditatione
623
Index personarum et rerum
Les Questions symboliques d'Achille Bocchi (1555) —tome 1
Fiducia uirorum Figura tricuspis, Filicina domus, Finem unum
illustrium, 173 an quadricuspis, 296 333 constanter qui respicit
consequitur, 157
Fines quatuor rerum publicarum, 237 Fistula Panos, 93 & 155 Flammae semina ex silice, 103 Flora Dea, 214 Florum gratia breuis, praecepsque
Ganymedes Homeri, 160
Homerus de Vlisse, 5
Gaspar Argillensis, 170 Gemellus castor, & Gemellus castoris, 209 Generationis, & corruptionis causa
Hominem
Venus, 57
Genium innocenter colendum, 335 Genius bonus, 149
Flos mentis pulcherrimus, 279
Fomes igne comprensus, 123 Fomitis aridi materia, 103 Foris sapere, 268 Forma animi capitur Deus non corporis, 161 Forma caret materia prima, 57
Forma hominis uerissima, 125 Formae generis, 127 Formicis boues arant, 78
Formosi dedecus fugiendum, 121 Fortis, iustus, & proposisiti tenax Hercules dictus, 131 Fortis, modestus, & potens, 112 Fortis salutem affert sibimet ipse imperans, 237
Genius malus impetum significat, 265
Gloria uirtutis comes est, 86 Gloriae sitis impetus magnos habet, 187 Gloriae symbolum pyramis, 99
Gloriae utilitates praecipuae, 205
Fortuna, 228
Gratiae, 164
Fortuna aduersa ferenda, 248
Graeculorum
Fortuna Augusta, 130
in
discordiae
uerbi
controuersia, 21
Fortuna Augusta colenda, 249
Guido Pepulus Philippi f, 164
Fortuna aurea, 46 & 284 & 285
Fortuna forti subleuanda industria, 104 Fortuna non timetur a mente, 201
Fortuna optima hebetatur ingenium, 71 Fortuna uictrix uincitur à uirtute, 49
Fortuna uulgaris, 47 Fortunae caecae minimé
137
credendum,
Fortunae cedere nescia uirtus, 98 Fortunae, & uirtutis differentia, 84 Franciscus Baiardus Parmensis, 347 Francisc Bolognetus, 235 Franciscus Campanus, 310
Franciscus Valesius Rex Galliarum, 48 et
Frequentiam ad spectacula quid excitat, 217 Frigent homines sine Pallade, 229 Fronte comata Occasio, 147
Fuga salutis praesidium quaerere, 145 Fulgor Olympi radiantis quid notet, 223 Fulgurat, tonat, Periclis eloquentia, 195 Fulmen perterricrepum, 195
Fumo pereat qui fumum uendit, & emit,
non
amandam,
243 Harmonia iustitia, 93 Hebdomadis connubia, 287
HENRICVS Valesius Galliarum rex, 47 Hephestion, 245 Hercules, 19
Hercules agit, Atlas speculatur, 230 Hercules Amphytroniades, 189 Hercules Gallicus, 38
Hercules II dux Ferrariae, 139 Herculis aedes, 290 Herculis labor, 220 Herculis resbonsum, 107 Herculis simulachrum pro uirtute, 69 Hermathena Bocchia, 210
Hermathenae nuptiae, 227
Hermes tris megistus, 133 Hermocrates, 250 Heroicae uitae beata simplicitas, 259 Hesiodus uates Heliconius, 225
Hesperidum
177
Funambulus, 216 G
Galeae pennicomae Symbolum, 101 Galli sacrificium, 110
Hominis uita non in solo pane, 54
Crocodillus, 205 Instrumenta duo maxima data homini à
lucro minorem
Inuetum simul et perfectum nil unquam fuisse, 6
Honos triplex extinéta cupiditate, 113
Inuidia uincitur a gioria, 204
Horologii commoda, 140 Hostem minus quam imperatorem metui debere, 33 Humanitas fiduciaque Alexandri, 245
Inuidia uritur igne Graio, 189
Io. Baptista Pius, 273 loannes
uiétor Alcides fert aurea
mala, 113 Hierony Ferrius Bon, 207 Hieronymus Saulius Archiep Genuen, 274
Pont
Nouiodun, 308 loannes Angelus Medices Card