L'emploi des cas en latin - Volume 1, Nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif 2877233162


301 53 65MB

French Pages [310] Year 1996

Report DMCA / Copyright

DOWNLOAD PDF FILE

Recommend Papers

L'emploi des cas en latin - Volume 1, Nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif
 2877233162

  • 0 0 0
  • Like this paper and download? You can publish your own PDF file online for free in a few minutes! Sign Up
File loading please wait...
Citation preview

GRAMMAIRE TOME VI: Vol. 1:

FONDAMENTALE

DU

LATIN

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Nominatif, Vocatif, Accusatif, Génitif, Datif

Esciuso

dal prestito

BIBLIOTHÈQUE D’ÉTUDES CLASSIQUES dirigée par G. Serbat et P.-M. Martin

GRAMMAIRE FONDAMENTALI] DU LATIN Sous la direction de Guy SERBAT

Tome VI

L'EMPLOI DFS CAS EN LATIN

Volume I: Nominatif, Vocatif, Accusatif, Génitif, Datif

Guy SERBAT

ÉDITIONS PEETERS LOUVAIN - PARIS

.

1996

SEZIONE D! GLOTTOU

ABRÉVIATIONS

© Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven AI rights reserved, including the right to translate or to reproduce !his book or parts thereof in any form.

ISBN 2-87723-316-2 (Peeters France) ISBN 90-6831-895-0 (Peeters Leuven) D. 1996/0602/116

ablatif ablatif absolu ablatif de qualité ablatif de quantité accusatif accusatiuus cum infinifixo (= proposition infinitive) Bulletin de la Société de linguistique de Paris Corpus inscriptionum latinarum Datif double accusatif ergatif Ernout et Thomas, Syntaxe latine (cf, Bibliographie) génitif Grammatici latini (Keil) génitif de possession génitif de qualité Hofmann et Szantyr, Lateinische Syntax und Stilistik (cf. Bibliographie) instrumental indo-européen intransitif Kühner et Stegmann, Ausführliche Grammatik der lateinischen Sprache (cf. Bibliographie) locatif premier complément norminal post-verbal deuxième complément nominal post-verbal nominatif nominatiuus pendens Zéro objet Dictionnaire latin d’Oxford (cf. Bibliographie) macro-phrase (= SE + p) phrase Revue des études latines

situation d’énonciation syntagme nominal syntagme prépositionnel sujet syntagme verbal Thesaurus linguae latinae transitif vocatif variable nominale dans un SN du type [X-SNG] 15 peuvent apparaître:

elles sont explicitées dans le contexte immédiat.

SECTION I

INTRODUCTION

INTRODUCTION

3

@. PRÉSENTATION

“ Lorsque en 1981 parut sous mon nom le petit livre Cas et fonctions (P.U.F.) qui présentait une revue critique des théories casuelles du Moyen Age à nos jours, certains me reprochèrent de ne pas avoir développé ma propre façon de voir les choses. Dé fait, tel n’était pas alors mon propos; et le volume prescrit par l'éditeur interdisait l’exposé suivi d’opinions personnelles. Celles-ci transparaissaient néanmoins

çà et là, et l’orientation même des critiques laissait assez deviner leur fondement de principe. En tout cas, j’avais bien dès lors l’intention de rebrasser par moi-même toute la matière casuelle du latin. Voici le résultat de ce travail, que son ampleur oblige à présenter en deux volumes. On verra que j'ai choisi un parti inverse par rapport à 1981: délaissant le plus souvent les théories antérieures, dont j’avais mesuré l’inadéquation, j'ai privilégié les faits, et essayé à partir des emplois des cas, d’atteindre si possible leur valeur. Car je

crois qu’à une forme donnée correspond une valeur unitaire,

Parcours difficile, constamment traversé d’angoisses devant des régions sombres restées peu explorées, et de joies lorsque je pensais y ouvrir quelques voies éclairées, ou du moins y baliser quelques sentiers. Nul plus que moi n’est conscient de l’insuffisance des résultats, et de leur caractère forcément problématique. Mais seuls les doctrinaires du £Xx° siècle, fiers de leur «totalisme» (le mot est de Hjelmslev 1933), ont pu ignorer comme leurs ancêtres scholastiques qu’une vérité n’est vraie que jusqu’au jour, inéluctable, où l’on aura prouvé sa fausseté. Ainsi en va-t-il pour l’astronomie, science exacte: à plus forte raison pour ce qu’on appelle les «sciences» humaines dont l’objet s’inscrit dans le temps humain, et évolue sans cesse avec lui. Pour ne pas aggraver par artifice les difficultés très réelles du sujet, et éviter d’égarer le lecteur, les faits sont traités dans l’ordre le plus traditionnel : Nominatif, Vocatif, Accusatif, Génitif, Datif dans ce volume 1; Ablatif et Syntagmes prépositionnels dans le volume 2. 1. DÉSORDRE ET CONTRADICTIONS

Külhner-Stegmann IÏ 1, inscrit p. 252 un titre important: Lehre von den Kasus, mais il prend soin de signaler dans une note à cet endroit qu’«aucun autre domaine de la syntaxe n’a été présenté par les grammairiens de façons aussi divergentes, et selon des points-de-vue aussi contradictoires». Cette affirmation est étayée par un bref aperçu des divergences, de Wüllner 1827 à Delbrück 1879. Qu’aurait écrit KSt s’il avait pris en compie les théories antérieures au xIx“ siècle, et surtout, peut-être, s’il avait pu deviner ce qu’exposeraient, après les néo-grammairiens, Hjelmsiev, Fillmore ou Happ, entre autres? L’embrouillamini est devenu extrême; et on est tenté de reprendre les conclusions résignées que formulait A. Meillet: «La valeur des cas ne peut être exprimée par des formules abstraites; elle se définit surtout par les types de phrases dans lesquelles on emploie tel où tel cas. Ces valeurs sont souvent complexes, et les mêmes cas figurent dans des groupements qu’il est difficile de ramener à une formule unique, si vague qu’on la fasse» (Introd., p. 342). Je dirai plus loin pourquoi je prends résolument le contrepied de ce renoncement, qu’on imagine douloureux pour l’homme qui aimait proclamer, comme tant d’autres au début de ce siècle, que «la langue est un système où tout se tient».

L’EMPLOI DFS CAS EN LATIN

INTRODUCTION

Mais d’abord, il est utile d’énoncer quelles causes ont empêché une plus claire saisie des faits latins, une ordonnance plus cohérente de leur ensemble qui eût peutêtre autorisé un relatif consensus. Elles sont nombreuses autant dans la démarche et l’outillage conceptuel que dans les données sur lesquelles on travaille. Sanctius, par exemple, faisait un abus extraordinaire de l’ellipse, écartant ainsi quantité de faits génants pour la règle édictée, et cela sans la moindre justification théorique. Pour ne pas chercher plus loin, les quelques lignes de Meillet citées ci-dessus suscitent pour le moins des réserves sur les notions utilisées au petit bonheur, d’«emploi>,

la grammaire latine, Varron, dans son LL, avait fermement condamné ces déductions en montrant que rosae G permet huius rosae, tandis que rosae D n’admet que huic rosae. Ou bien que dominô D se coordonne avec anciflae, dominé Ab avec ancillä,

4

de «valeur», d’«abstraction». Le débat est toujours ouvert, sur les termes de «sujet»

et de «prédicat», par exemple, sur le rôle de la «valence» verbale, etc. (Ce débat théorique sera repris en 4). Il y à aussi dans ce matériau même que constituent les marques casuelles, de nombreux facteurs de trouble: la complexité semble toujours de règle, tant au plan des signifiants qu’au plan des signifiés. 2.

FACTEURS

DE TROUBLE AU PLAN DES SIGNIFIANTS

Faut-il rappeler l'allomorphie fréquente des désinences d’un même cas selon les types flexionnels? La confusion apparente, ou, si l’on veut, l’homonymie fortuite de cas différents? Les effets d’un syncrétisme ancien? Ce sont autant d’obstacles à une description visant à la simplicité, même si les sujets parlants s’en accommodent sans peine.

Bref,

Varron

mettait en évidence

la notion essentielle

5

de paradigme

casuel,

qui

oblige à noter deux rosae singulier comme deux domino singulier. Dans un type flexionnel donné une forme donnée n’est pas probante par ellemême. Il peut être nécessaire de la dédoubler, c’est-à-dire de séparer des homonymes distincts par leur fonction, lorsque un autre type flexionnel offre deux formes différentes assumant les dites fonctions. La dualité de consuif/-le impose celle de domino. Il ne vaudrait pas la peine de rappeler ces banalités, si le même phénomène d’homonymie n’avait pas égaré aussi quelques savants modernes, comme De Groot: consul au singulier se verrait doté de cinq fonctions puisqu’il compte cinq formes différentes; en revanche, consul au pluriel n’assumerait plus que trois fonctions, puisque à consules s’opposent seulement consulum et consulibus. Inutile de préciser que l’auteur ne s’est pas risqué à proposer une syntaxe des cas bâtie sur des bases aussi mouvartes. 2.3. Note sur le «syncrétisme» casuel Le phénomène désigné sous le nom de «syncrétisme» se distingue nettement de l’homonvymie entraînée par des évolutions phonétiques convergentes ou parfois par l'analogie. La confusion formelle en dominô de dominôd Ab et de *dominô-1 D n’entame pas, on l’a vu, la dualité des fonctions.

2,1. Allomorphie d’un même cas

Tout au contraire dominô Ab, à beau représenter, comme on l’a dit, trois cas plus anciens, Ab, ! et L (attestés notamment en sanskrit et, partiellement en slave), 1l n’en

Il est bien connu que l’Ab singulier est marqué, selon les déclinaisons, par -à | -0 | -e | 7 | -ä | -€, opposition au demeurant si claire que des auteurs anciens avaient pensé ériger l’Ab («sexius casus» non grec, et proprement latin}) comme cas emblématique pour la distinction des déclinaisons. La même diversité, mais moins développée, s’observe aux autres cas, sauf à l’Ac animé, constamment marqué par -m. Cette disparité n’inquiète d’ailleurs que le gramairien soucieux de régularité: les

reste pas moins un «Ab» formel. Cette forme unique a pris en charge trois «fonetions» différentes, ou plutôt qui ont été différentes. Dans d’autres types flexionnels, c’est l’ancien I ou l’ancien L qui joueront le même rôle, Dans le cas de l’homonymie (qu’elle soit acquise par l’action de facteurs phonétiques, ou par l’analogie) un signifiant identique sert de support à deux fonctions qui restent distinctes; d’où la répétition justifiée de ce signifiant sur deux lignes de la déclinaison. Dans le syncrétisme au contraire, n’importe laquelle des trois formes casuelles d’Ab, !, L a vocation pour être élue comme signifiant unique. On n’a pas

langues sont volontiers touffues comme l’a montré le sanskrit, et comme le montrent

aujourd’hui le russe et le polonais, avec leurs sept cas fourmillant d’allomorphies. 2.2. Homonymie des marques casuelles On n’insistera pas sur le fait bien connu que certains cas sont homonymes dans une même flexion: il s’agit soit d’évolutions phonétiques normales: domind D < *-di; dominô Ab < *-ôd; de même

pour domini G sing. et dominï N pluriel: rosge G, D

singulier, N pluriel, etc. D’autres fois l’'homonymie résulte d’actions analogiques: consulës N pluriel emprunte son -é- à auës; inversement auës Ac pluriel a substitué le -ë- de consulés à un ï antérieur (et d’ailleurs souvent attesté). Les Anciens avaient

bien remarqué le phénomène; les grammairiens dressaient des listes de noms à | cas, 2 cas, 3 cas, 4, 5 et 6 cas. Et certains concluaient de cette diversité formelle à une

diversité de fonctions: rosae serait à comprendre effectivement comme «GD» singulier tandis que domino serait un «D Ab» singulier. Et pourtant, dès les origines de

ici de confusion des signifiants, mais une confusion ou une unification des signifiés. Aussi une description de l’Ab en trois $$ successifs, intitulés «l’Ab représentant de

l’Ab ancien / de l’I / du L» est une démarche paresseusement diachronique; elle est fausse, dans la mesure où elle oublie d’expliquer l’essentiel: quelle fonction nou-

velle a englobé les trois fonctions anciennes et pourquoi. On peut penser que les locuteurs ont déployé un effort d'abstraction syntaxique et sémantique: dans les oppositions Ab patre (cf. foue patre prognatus), T (fuste uerberare), L (otio uiuere) les contenus lexicaux des termes en présence laissent peu de doute sur la façon d’interpréter leur relation; d’autre part «origine», «moyen de l’action», «lieu du procès» s’opposent ensemble au D comme constaniment dépourvus d’un signifié prospectif; ils s’opposent au G et à l’Ac par des propriétés syntaxiques très différentes. La redondance contextuelle, et surtout la synonymie syntaxique rendent possible l’émergence d'un cas nouveau; il servira, bien sûr, à exprimer ce

6

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

qu’exprimaient l’Ab, l’I et le L anciens, justement parce qu’il abstrait les caractères communs de ces trois cas. Mais son signifié propre, original, est simplement d’interdire une interprétation D ou G ou Ac. L’homonymie maintient malgré les apparences, des fonctions distinctes; le syncrétisme, fondé sur une opération d’abstraction à partir d’une synonymie syntaxique profonde, crée une fonction unitaire; la diversité des signifiants, sans importance synchronique, porte témoignage sur le processus de fusion. Un autre syncrétisme bien connu, celui du N et du V, fait intervenir des facteurs

différents. Le V dénomme (ou qualifie); il se trouve hors phrase; il est marqué, là où il subsiste, par une désinence qui signifie — pour simplifier — «appel à l’attention d’un interlocuteur»; il est associé à une intonation qui porte le même signifié. Le N dénomme; il peut aussi être hors phrase; il «n’appelle» pas par lui-même; mais on peut lui associer la même intonation que pour le V. D’où, encore une fois, une synonymie, et une abstraction (par suppression de la marque casuelle redondante avec l’intonation). La fusion a joué au bénéfice du N, de tout temps semble-t-il, au pluriel; sous nos yeux au singulier. Aussi, n’était dominus / domine, on pourrait contester ici le bien-fondé de lhabitude consistant à consacrer deux lignes à la mention séparée d’un N et d’un V. Elle est inadmissible au pluriel: patres conscripti est seulement N: son interprétation comme V est imputable: « au fait que le N sert à la simple dénomination, éventuellement hors phrase; * à la présence de facteurs prosodiques, comme intonation d’«appel», et isolement par une pause.

INFRODUCTION

7

noms étrangers l’emploi de l’infinitif donne le même enseignement: pas de dési-

nence, et pourtant une fonction exactement semblable à celle d’un substantif au N ou

à l’Ac. Dans le paradigme des termes nominaux, il faut aussi inclure ces véritables «noms complexes» que sont les subordonnées complétives, incapables, et pour cause, d'exhiber une marque casuelle.

«Emploi des cas» est donc une formule inexacte, et seulement allusive; il fau-

drait dire plus justement «Emploi des segments syntaxiques nominaux » sans se limiter à une classe formelle de nominaux, celle des unités lexicales munies de désinences casuelles. Celles-ci apparaissent donc comme un procédé utile pour orienter l'interprétation en évitant le plus souvent des ambiguïtés; elles ne sont pas du tout un moyen nécessaire et constant pour signaler les fonctions. Le raisonnement conduit une fois de plus à découvrir les causes de la ruine des déclinaisons à l’étape pré-romane. (Mais cette observation n’a pas valeur de règle, comme

le montrent,

dans les langues néo-latines, le roumain avec son V revigoré et son D, le français et l’espagnol avec la flexion en partie conservée des pronoms personnels («il, le, lui»); comme le montrent, parmi les parlers IE, les langues balto-slaves, richement

pourvues en cas; et, hors du domaine IE, le hongrois ou le finnois et tant d’autres langues…).

Les fonctions nominales s’étendent largement au-delà du champ des désinences casuelles: cefles-ci en apparaissent marquées de précarité. Inversement, l’expression des relations dans la phrase n’est pas, et de loin, le seul rôle des marques dites «casuelles», morphèmes surchargés de signifiés.

2.4. La faiblesse intrinsèque du «cas» Comme il arrive souvent, des supputations erronées peuvent recéler un grain de vérité, permettre de poser une question juste: à quel degré d’homonymie la pertinence des oppositions casuelles s’efface-t-elle? Ce degré paraît atteint dans le latin du Vin° siècle (voire parfois plus tôt). Ac et Ab se confondent; les cas obliques ont l’air de s’employer au hasard les uns pour les autres, etc. Le type flexionnel à deux cas de l’ancien français n’est pas loin. Mais avant cette période très tardive, les brêches constatées n’ont pas ébranlé la solidité de l’ensemble. Assez de formes bien distinctes subsistaient, potentiellement substituables à celles qui se confondaient (domini / dominos en face de consules N Ac pluriel); le contexte ne permettait géné-

ralement pas d’hésiter (milites naues conscendunt). On est même en droit de penser que la présence d’un contexte levant toute ambiguïté a été une condition favorable à l’évolution commune en dominô de dominô D et de dominäd Ab. Le rôle majeur joué par le contexte, c’est-à-dire les signifiés lexicaux seuls, se vérifie par l’expérience suivante. Dans un texte non alambiqué (une page de César par exemple) on efface toutes les désinences casuelles: la compréhension s’en trouve à peine gênée. Les fonctions (entendons par ce mot la place dans la construction de l’énoncé} demeurent, alors que les signifiants s’altèrent ou disparaissent. Phénomène au reste

peu surprenant si l’on songe que des noms invariables connaissent les mêmes emplois que les noms fléchis; pour souligner le fait, les grammairiens anciens l’explicitaient en ajoutant un démonstratif: huius lacob, huic lacob… Sans recourir aux

2.5. Désinence et suffixe Un autre phénomène sans conséquence pour les signifiés est la coalescence assez fréquente entre la désinence casuelle proprement dite et un suffixe sémantiquement vide; d’où une modification du paradigme aboutissant aux formes attestées. Certes ces dernières seules intéressent la description, qui doit rester synchronique; il n’en reste pas moins que ces phénomènes anciens éclairent certaines propriétés stables des marques casuelles. Soit la déclinaison de nidus au singulier. L'étymologie restitue une base *ni-sdavec -sd- degré zéro de la racime de sed-êre préfixé par ni- (adverbe qui a des correspondants en slave). La grammaire comparée isole ensuite une «voyelle thématique» -o-, et enfin la désinence de N -s. Qu’est-ce que cette «voyelle thématique» ? Elle aurait un signifié sémantique «individualisant »; mais que veut-on dire par là? Îl vaut mieux reconnaître que -o- crée une unité nominale sur la base ni-sd-, «s’as-

seoir, se poser»; elle joue le rôle bien connu de «suffixe», elle classe *ni-sd-o- dans la catégorie syntaxique du nom. Mais quelle information initiale apporte de son côté la désinence -s (dans son paradigme clos -5, -m, etc.) sinon que l’unité qu’elle marque est un nom. Suffixe et

désinence ont donc en commun la propriété de créer des noms. Cette aptitude de la désinence est d’ailleurs confirmée par les noms dépourvues de suffiXe: ainsi prinCép-s, «nom-racine» n’est catégorisé comme nom que par le paradigme casuel -5, em, etc. Cette synonymie syntaxique — si l’on peut ainsi parler — explique qu’aucune «prophylaxie» n’ait empêché la fusion du suffixe et de la désinence lorsque le

8

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

suffixe, purement catégoriseur, est vide de contenu sémantique, Ainsi les G D Ab nidï, nidô(i), nidô{d) ne permettent plus aucune

INTRODUCTION

disjonction entre suffixe (voyelle

thématique) et désinence. — Et c’est pourquoi les seules désinences synchronique-

9

—Là même où elles figurent, ces marques sont brouillées par l’allomorphie et

ment pertinentes pour la «2° déclinaison» sont -us, -e, um, -T, -Ô, -0, sans distinction

d’une voyelle «thématique» qui n’intéresse que la préhistoire. La même analyse vaut pour le suffixe -ei- / -i- et les désinences athématiques qui le suivent; la reconstruction indo-européenne autorise à décomposer auis en au-i-s, où le seul signifié accessible de -i- est «être nominal animé» (en rapport avec «l’air» au, cf. grec awémi «souffler»; mot-à-mot «l’aérien»). Mais -s fournit la même information: classe syntaxique nominale, sous-classe «animé». Cette redon-

l’homonymie; le recours à l’ensemble des flexions (paradigme multiforme des cas) permet de surmonter ces inconvénients. Par surcroît, elles réclament souvent le concours d’un autre morphème, la préposition.

: … Quant à leurs signifiés, ils sont multiples, au point que les désinences dites «casuelles» pourraient admettre d’autres épithètes, reflétant leur plurifonctionnalité.

On distinguera quatre fonctions ou groupes de fonctions:

dance (ou synonymie syntaxique) a fait que la fusion du suffixe et de la désinence

« ‘une fonction de catégoriseur syntaxique:

s'est faite sans obstacle, sans doute au D singulier auï, sûrement au N pluriel auës < *auey-es (c£. le sanskrit).

« une fonction de relation avec le reste de l’énoncé (pour les cas obliques). Cette - fonction implique une position syntaxique et un signifié sémantique;

* ‘la désinence est aussi porteuse d’informations sur le genre et le nombre du nom; enfin, elle joue un rôle spécial pour assurer l’accord grammatical.

2.6. Préposition et désinence casuelle

-

Or une tendance profonde du latin, dont les effets éclatent en roman, est de disso-

Les S. Prép. causent de l’embarras. Pour l’éviter de manière très économique, on peut alléguer que la préposition n’est qu’une sorte d’adverbe, placé là pour préciser l’interprétation à donner au nom pourvu de sa désinence, Celle-ci conserve tout son poids fonctionnel; la préposition n’est qu’un accessoire. Cette attitude qui invoque la prétendue «autonomie du mot» en IE s’expose à des difficultés insurmontables, notamment celle de la divergence des signifiés: comment expliquer que propter par exemple, qui exprime la cause, figure à côté d’un Ac? D'’autres parlent d’un «partage des responsabilités» entre la préposition et la désinence. C’est probable, mais comment s’opère ce partage? Qu’est-ce qui incombe à la préposition, et qu’est-ce qui revient à la désinence?

cier les signifiants compacts, où s’amalgament plusieurs informations, pour assigner celles-ci à des morphèmes discrets. Les paragraphes suivants en donneront une vue générale succincte.

Pour l’instant, nous nous bornons à observer que, dans une foule de cas, la dési-

personnel du verbe (et les suffixes des deux classes se distinguent aussi nettement).

nence ne suffit pas pour donner une idée claire de l’interprétation du SN. Et comment en serait-il autrement en latin, pourvu de deux cas admettant des prépositions (Ac, Ab} alors que des langues à la flexion beaucoup plus riche (slave, balte) recourent elles aussi à la préposition; et même des langues avec plus de vingt cas (hongrois), voire une cinquantaine (certaines langues caucasiennes)? Noie:

le fait que certaines

«désinences»

soient, dans ces dernières langues,

à

3,2. La désinence catégoriseur syntaxique - . Comme on l’a vu en 2.5., la désinence casuelle appartient à un paradigme clos exclusivement nominal (nom, adjectif, pronom). Elle a, de ce fait, le pouvoir de créer une unité lexicale qui sera un nom: ainsi dans les «mots-racines», comme princep-s, (*primo-cap-s). Le paradigme casuel du nom s’oppose clairement au paradigme Ainsi affirme-t-on à bon droit que le latin appartient aux langues où l’opposition verbo-nominale est bien tranchée.

En français, cette indication de classe repose en premier lieu sur l’article et autres «prédéterminants» du nom. De même, le verbe latin a reçu une sorte de «flexion par l’avant», comme disait Vendryes (canta-t > 1l chante).

considérer plutôt comme des «postpositions» n’élimine pas le fait qu’on y compte par surcroît des morphèmes fonctionnant comme des «prépositions» latines, leur place par rapport au nom n’éfant qu’un détail secondaire. (CF. sur cette question 4.4.,

3.3. La désinence, marque de relation avec d’autres constituants de l’énoncé

et surtout la section VIID).

ques», Ac, G, D, Ab, possède un signifié double:

3. COMPLEXITÉ DU SIGNIFIÉ DES MARQUES

«CASUELLES »

3,1. Les désinences dites «casuelles»

Le signifiant «marque casuelle» ne s’attache, on l’a vu, qu’à une partie des segments qui assument une fonction nominale: les noms, les adjectifs et les pronoms (en laissant de côté les noms ou adjectifs indéclinables finalement peu nombreux).

Les infinitifs et les «noms complexes» en sont forcément dépourvus.

Mis à part le N et le V, dont on reparlera en 5, la désinence des cas dits «obli-

a) syntaxique: le nominal marqué implique un terme premier dont il est syntaxiquement dépendant: b) sémantique: cette dépendance s’accompagne d’un contenu sémantique; en voir un aperçu sommaire en 5. « Ce signifié double de la désinence oriente le nominal marqué vers autre chose que lui-même;

il instaure une relation extrinsèque, la seule que l’on retient d’habitude

dans l’étude des cas. ( Même

4

dans ce rôle saillant, il est impossible d’assigner à un cas une fonction

unique, si l’on entend par là qu’il aura toujours pour terme premier un constituant äppartenant à une classe syntaxique donnée.

10

INTRODUCTION

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Curieusement, c’est le V, cas direct, qui peut être crédité d’une unité de fonction: il réitère constamment le Tu coénonciateur (cf. 5.2.2. que ce soit seulement par

On retiendra cependant que, dans son ensemble le marquage des classes de genre par les désinences nominales est gravement déficient (cf. fagus, féminin; incola,

«tu» ou par un nom propre, ou par telle qualité élogieuse ou infamante. L'originalité du V n’avait pas échappé aux Anciens qui disputaient de la validité de son statut

masculin).

de «cas». Le N aussi est à part, comme on verra ci-dessous et section IL, mais sans

les trois genres.

échappér à la plurifonctionnalité.

Fl

Pour la classe du nombre en revanche, l’opposition pluriel / sing. est nette pour

Ici encore l’article roman permettra l’expression discrète et constante du genre et du nombre (avec deux réserves cependant: le nombre subsiste dans le nominal

L’Ac est dit «cas de l’objet» du verbe, non sans raison; mais il est aussi complément non objet, du verbe ou de l’adjectif (tres menses manere; tres pedes altus”, il peut aussi, dans l’exclamation, n’entretenir de relation qu’avec une modalité de

roman; le pluriel confond les genres dans l’article).

l’énonciation. C’est un cas prépositionnel. Le G est dit avec autant de raison «cas du complément du nom». Mais il est aussi

3.5. Les désinences et l’accord

complément

du verbe (et surtout de l’adjectif);

il peut former le prédicat (X erat

magnae sapientiae). L’Ab, autre cas prépositionnel, fonctionne seul, comme complément du verbe,

de l’adjectif, du nom, de la phrase. Il peut aussi être prédicat. Quant au D, réputé «tiers actant» par Tesnière, «objet second» par bien des grammaires, il sert aussi de premier complément après verbe, ou adjectif, ou nom; ou bien il «dépend» de la phrase entière, voire de la situation d’énonciation. Au plan syntagmatique, le D pousse à leur comble les capacités protéiformes de tous les autres cas obliques.

Qu'’est-ce qui peut donc taxique (dépendante ou non tagmatique n’intervient pas, fragile, comme le montre en partitif-ablatif). Note:

fonder l’unité de valeur d’un cas? Avec sa position syndépendante), son signifié sémantique. Sa position synsauf d’une manière tendancielle (critère au demeurant roman la submersion du G latin par le tour en de qui est

le N, forme de non-dépendance, sert à «dénommer»

hors contexte, mais

s’emploie aussi comme «sujet». C’est une autre forme de plurifonctionnalité, qui sera examinée section IL.

Dans le SN le latin donne à l’épithète la même marque casuelle qu’au nom; de même à l’adjectif attribut par rapport au nom sujet. _ Ce phénomène de «l’accord grammatical» ne va pas de soi; d’autres langues, comme l’anglais ou le hongrois, laissent l’adjectif invariable. Quel rôle faut-il donc reconnaître à l’accord? Certains linguistes (Hjemslev 1933) ont émis sur ce point des idées bizarres: dans un SN comme pulchra rosa, la désinence -a signifierait «éloighement» dans rosa, terme régissant; mais «rapprochement» dans le terme régi pulchra. C’est pourquoi, conclut-il, le N est un cas «neutre», par rapport au concept de «direction», qui fonde sa théorie localiste des cas. Comme on le voit, Hjemslev, pour accéder à la valeur d’un cas met sur le même plan deux signifiés de la désinence, après nom et après épithète. Mais alors quelle forme casuelle échapperait à le neutralisation? toutes pouvant figurer dans un SN nom + adjectif, où le nom est régissant et l’adjectif régi (pulchram rosam, pulchrae rosae, etc.), Comment des cas «neutralisés» pourraient-its encore s’opposer et servir à l’expression de relations différentes? “ l est plus simple de considérer que les désinences sont aptes à jouer un double rôle: dans le SN nom + adjectif, le nom, tête du syntagme porte seul la marque de sa fonction dans l’énoncé;

3.4. Informations sur le genre et le nombre À la différence des précédentes (3.3.) ces informations, tournées vers le lexème auquel est accolée la désinence, pourront être dites intrinsèques. Ce sont les «modalités» d’A. Martinet, Domin-um, dans le paradigme de dominus-domino, est affecté par -um à la classe syntaxique des noms (cf. 3.2.), mais par surcroît à la sousclasse des animés, à l’intérieur de celle-ci aux masculins, Le paradigme de dominus s’oppose à celui de domin-a nom féminin, et à celui de femplum, nom neutre. Les oppositions ne sont d’ailleurs pas constantes. le neutre templum ne s’oppose au masculin qu’au N singulier (et au N Ac pluriel). Les autres cas sont le plus souvent communs. (La présence d’une épithète appartenant à une flexion différente permet toutefois de distinguer à l’Ac dominum illustrem de templum illustre. De même à l’Ab domino sapiente s’annonce clairement comme masculin face au neutre consilio sapienti. Seul le féminin en -e se distingue nettement (sauf au D Ab pluriel) du masculin et du neutre, sans doute parce que le genre féminin a été institué secondairement, à une époque relativement récente, au sein de l’animé.

ce sera, par exemple

le D dans bonae ancillae. Ce SN

occupe la même place que le nom seul ancillae. L'adjectif bonae ne se comprend qu’à /’intérieur du SN. Qu’il adopte la même marque que ancillae souligne seulement la cohésion du SN. Dans le nom, la désinence exprime une relation avec d’autres constituants

de l’énoncé,

Dans

l’adjectif,

au contraire,

elle

se borne

à réitérer

mécaniquement la marque du nom-tête. Réitération qui n’est pas dénuée de sens: eile affirme la cohésion du syntagme et cela quel que soit le cas du nom-tête. C’est pourquoi il est légitime de distinguer deux fonctions syntaxiques de la désinence: la première repose sur le nom (isolé où tête de SN). Elle s’exerce comme une relation extrinsèque dans la phrase. Elle s’oppose aux fonctions marquées par d’autres cas. La seconde appartient à l'épithète incluse dans un SN: elle s’exerce dans les limites de ce SN et vise seulement à afficher sa cohésion. Pour cette raison, elle s’exprime identiquement par tous les cas, sans opposition décelable entre eux. La relation entre l’adjectif et le nom est la même dans bonae ancillae et dans bonam ancillam, etc. C’est ici qu’on pourrait parler de «neutralisation» : bonae et bonam ne Sont plus des D et Ac à portée syntaxique dans la phrase, mais uniquement des formes cohésives par réitération de la marque.

12

INTRODUCTION

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

En ce sens — bien que conservant un reste important de la filexion latine — ils

3.6. Conclusion

Les paragraphes précédents ont évoqué rapidement ce qu’on pourrait appeler le désordre désinentiel: tant au plan des signifiants, avec allomorphie et homonymie, qu’au plan des signifiés, avec un amalgame étonnant d’informations en partie hétérogènes. Se limiter à ce constat aurait quelque chose de décourageant, si l’on pense aux langues soucieuses d’accumuler des morphèmes constants et distincts comme le turc. Mais cet «état des lieux» d'apparence objective, est erroné, dans la mesure où il nivelle tous les faits, sans souci d’une hiérarchie possible, et sans prendre en

compte certains facteurs d’évolution. Ainsi, il apparaît clairement au locuteur roman que le marquage du genre et du nombre, au reste si mal assuré (cf, 3.4), sera transféré à l'article. La rémanence en

français ou en espagnol par exemple, d’oppositions de genre dans l’adjectif n’est pas constante (penser aux nombreux épicènes); l’article en revanche est toujours présent, on peut du moins l’appeler pour asseoir le jugement sur la classe de genre. Que s’estil produit? Les langues néo-latines ont donné à la marque de genre une expression constante, en la disjoignant des autres signifiés de la désinence. Quant à l’autre fonction, celle qui exprime la relation du nominal avec les autres constituants de l’énoncé (fonction signalée en 3,3.; inséparable du rôle de «classificateur syntaxique», 3.2.), elle jouit d’une évidente priorité dans l’étude syntaxique. C’est la valeur syntaxique des désinences qui fait l’objet du présent travail; mais sans oublier pour autant que la fonction l’emporte sur son signifiant; que celui-ci peut être seul ou d’une autre espèce formelle que la désinence. Un segment nominal ne se conçoit pas, en effet, — mis à part certains constituants incis, comme le V — en situation «d’autonomie» au milieu d’un contexte. Aussi les segments nominaux dépourvus par nécessité de marques casuelles, infinitifs et noms complexes, n’en assument-ils pas moins un rôle syntaxique. Enfin, dans le S Prép., la désinence est dépourvue d’une grande partie de ses propriétés au bénéfice de la préposition. Ces discordances par rapport à un «système» casuel qu’on imaginerait pur, c’est-à-dire assumant à lui seul toute la responsabilité d’exprimer les positions des nominaux dans la phrase, et l’interprétation à donner à ces positions, prennent un sens profond quand on les situe dans la perspective de leur devenir. Tous les segments nominaux se retrouveront dans les langues néo-latines, nus: ils n’incorporeront plus, sous la forme des désinences, les indices de leurs fonctions. Ici encore,

comme plus haut par la création de l’article, s’opèrera une disjonction. Ce sont des facteurs tactiques (place dans l’énoncé) qui suggèreront, joints à la vraisemblance lexicale, les fonctions de sujet et d’objet. Quant aux autres positions syntaxiques elles seront, en règle générale, exprimées par des S Prép. Sans doute, le nouveau système syntaxique n’est-il pas absolument différent de l’ancien; ainsi les pronoms personnels — catégorie conservatrice s’il en est — ontls maintenu une flexion pour leurs formes atones

13

«il, le, lui »; celles-ci tendent à

constituer autour du verbe un noyau syntaxique dur, les segments anaphorisés pouvant être rejetés à la périphérie de ce noyau, et même sans aucune marque de fonction s’ils sont en début de phrase, Exemple extrême en français famulier (auquel il faut ajouter mimiques et intonation): «Marcelle Pierrot son vélo, elle ne le lui rendra pas! ». Ces tours extrêmement vivants opèrent une autre disjonction, celle des contenus sémantiques et des fonctions syntaxiques.

dénotent une tendance assez analogue à celle qui a ruiné les désinences casuelles.

Dans sa mutation en roman, le latin a, en effet, mis en œuvre un processus analyfique de séparation des fonctions, désormais assignées à des supports discrets: à l’article l’expression de genre, de nombre (et de la classe syntaxique); à la place dans l’énoncé et aux prépositions la charge de faire connaître les positions syntaxiques et l’interprétation à leur donner.

— L’appareil désinentiel fonctionne certes très bien, non seulement en latin clas-

sique, mais aussi aux époques impériale et tardive. Mais sa surcharge en signifiés, la concurrence ancienne et active de procédés formellement différents, souvent plus

précis (les prépositions), créaient des conditions favorables à sa disparition. 4. SUR QUELQUES POSITIONS DE PRINCIPE 4.0. Une démarche empirico-déductive La démarche adoptée — on l’aura deviné et on le vérifiera par la suite — est de caractère empirico-déductif. La collecte, aussi large que possible, des données constitue l’étape initiale du travail, elle fournit la seule base acceptable à une analyse débouchant dans le meilleur des cas sur une hypothèse explicative. 4,1. Emplois, valeur, abstraction

L’analyse se fonde sur un principe dont nous pensons avoir éprouvé la validité: une forme linguistique élémentaire possède un signifié unique qui représente sa «valeur», Dans le cas présent, la forme linguistique élémentaire sera le paradigme des allomorphes dont la substitution libre prouve l’équivalence fonctionnelle (ainsi pour les désinences de D dans parco ancill-ae, seru-o, milit-i, milit-ibus, etc.). “ L’enseignement de la vulgate grammaticale annonce vingt ou trente «signifiés» pour chacun des cas «obliques». La confusion est patente entre des significations contextuellement conditionnées et le signifié véritable qui autorise ces emplois divers et leurs interprétations. Parler d’un D «d’attribution> ne semble pas faux, puisque: do uestem pauper-i. Mais on sera dès lors aussi fondé à parler d’un D «d’allocution» puisque: hoc dico uxor-i; ou d’un D «d’expédition» puisque: mitto aliquid uxor-i; ou même d’un D «d’enlèvement» puisque: eripio aliquid uxori, et ainsi de suite, jusqu’à des raffinements infinis qui n’ont d’autre limite que celle du lexique. À l’évidence, l’erreur est d’assigner à la marque casuelle D des traits, disparates, voire contradictoires, qui appartiennent au verbe seul. L’analyse s’est trompée d’objet. _ Sans doute s’ingénie-t-on à trouver des similitudes pour unifier si possible tous ces pseudo-signifiés. On parlera de «destination» et «d’intérêt». Encore une fois, ce n’est pas faux, mais toujours à côté de la seule question à traiter, celle de la valeur de la désinence. «Destination» par exemple peut transcender «attribution», «expédition», «allocution». Mais on reste, ce faisant, dans le domaine des rapports lexi-

caux avec les verbes. Si on a pris quelque altitude, c’est au-dessus du verbe, et non pas au-dessus de la désinence nominale D. Pour le D d’«enlèvement», on s’en débarrasse à peu de frais en évoquant l’antonymie des verbes, sans y regarder de plus près. Mais que dira-t-on de proximus

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

INTRODUCTION

mihi? ou de Caesar-i ad pedes se proicerunt? Pour ce dernier exemple l’explication par un D de «possession inaliénable» (autre «signifié» !) est hautement comique, et

commandent. Toutes les fois qu’un changement sensible s’est opéré dans la langue, au.point d’en faire comme un idiome au moins en partie nouveau, on peut dire qu’on a changé de tranche synchronique. Pour le latin, le changement le plus profond est telui qu’on observe au VI* siècle. Le «pré-roman» n’est pas un latin défiguré, barbare, aberrant, toutes épithètes qui suggèrent un état fautif opposé à un état correct; Quintilien jugeant une page de Grégoire de Tours ou de la loi salique. Si dans une Jangue, les aberrations représentaient autant d'obstacles à l’inter-compréhension comment expliquer que les locuteurs des vu® et VII° siècles se soient fort bien compris entre eux. Qu’ils aient employé de + Ab (ou plutôt cas oblique) au lieu du G; ou

14

syntaxiquement fausse: Caesari n’est pas le complément de pedes, mais de toute la phrase. Il ne s’agit pas non plus des «pieds de César» (comme on dirait pedes Caesaris). La bonne interprétation: «César les vit se jeter tous à ses pieds» rend compte du vedettariat accordé à César (cf. section VD. Dira-t-on comme Meillet (cf. 1) qu’il est impossible de formuler le vrai signifié commun à tous les emplois du D, c’est-à-dire sa «valeur», sans tomber dans des for-

mules tellement «vagues et abstraites» qu’elles sont bonnes à n’importe quoi? Nous ne le pensons pas. D’abord, Meillet confond indûment vague et abstrait. C’est sur l’abstraction que se fondent les opérations linguistiques réputées les plus simples, comme la dénomination, Sauf pour les noms propres, toute dénomination implique, en effet, une classification générique. Et que dire des mots doni le référent est purement psychique, sans attaches avec le monde extérieur «concret», comme les termes argumentatifs dont on n’imagine pas qu’aucun parler humain soit dépourvu. Reculer devant l’abstraction est inconcevable (et d’ailleurs les mêmes auteurs ne

15

ad + Ac (cas oblique) au lieu du D; qu’ils aient utilisé un N absolu ignoré de Cicé-

ron, bafoué les règles classiques de l’interrogation indirecte ou du réfléchi; instauré un-passé composé concurrent du parfait; ces «fautes» partagées n’étaient pas de vraies fautes qui eussent entravé la fonction communicative de la tangue. Files introduisaient au contraire l’expression de nouvelles normes, de valeurs inédites:

et le

nouvel état de langue s’éloignait à ce point de l’état ancien que celui-ci devenait incompréhensible. D’où la nécessité d’enseigner le latin ancien aux clercs (ce sera la réforme carolingienne) et, inversement, celle de parler aux fidèles dans leur langue, la langue «vulgaire» nouvelle (c’est le concile de Tours). Et comment cette langue n'’aurait-elle pas été constituée d’un ensemble de conventions, acceptées par les adultès, adoptées par les enfants dans leur milieu familial ? - Îl seraît paradoxal de penser que cette langue pré-romane, qui va se diversifier dans les divers parlers romans, n’était pas apte à l’expression des mêmes relations

se privent pas d’abstractions partielles qui manquent seulement leur objet, comme on a vu, et qui sont souvent difficilement conciliables entre elles). La condition indispensable à la validité de l’abstraction est qu’elle ne s’élève qu’à partir des données, en éliminant les facteurs contextuels, et sans intervention d’un apriorisme quelconque. On peut de la sorte atteindre la valeur unitaire du morphème; c’est possible, parce que, enfin! les locuteurs, à telle époque, ne formaient pas leurs énoncés au hasard; et que des marques aussi récurrentes que celles des cas possédaient une valeur conventionnelle stable bien qu’échappant à la conscience. Pour revenir à notre exemple du D, sa valeur unique peut être définie comme «repère à viser» par un terme (ou segment) premier. Ce n’est pas là, à notre avis, une élucubration «vague», mais au contraire, la représentation d’une opération abstraite très précise de l’esprit. Elle rend compréhensible les emplois du D dans les contextes si divers où on le trouve.

tive, étaient autant de facteurs de cohésion linguistique.

4.2. Une valeur synchronique

4.3. Synchronie et histoire. Survivances et facteurs de changement

Cette valeur rejoint-elle la «Grundbedeutung» des néo-grammairiens? Non, et pour deux raisons: d’abord ces savants, pour éminents qu’ils aient été, s’empétraient encore dans des confusions entre signifié de la désinence, et signifiés lexicaux contextuels. Ensuite, cette «Grundbedeutung» ils la poursuivaient, non sans laisser parfois percer leur désespérance, dans les brumes de l’LE. «origimel». Plus ou moins repérée et définie dans sa pureté initiale ou réputée telle, elle subissait ensuite les outrages du temps, qui en multipliaient les avatars. Ainsi la démarche néo-grammairienne se trompe de cible: elle ressuscite plus ou moins une synchronie LE.; pour ensuite admettre qu’une foule d’altérations incontrôlables l’ont modifiée jusqu’à l’époque historique. Elle délaisse la synchronie attestée au bénéfice de ses sources présumées, Quelque respect que méritent ces grands esprits, dont l’œuvre reste précieuse, la description d’un état de langue historique se doit de procéder autrement; la règle est

Cette primauté de l’approche synchronique ne doit pas faire oublier le rôle de la diachronie, Toute synchronie est inscrite dans l’histoire; elle charrie des éléments résiduels, subsistant à côté de structures assez bien ordonnées. Le L en témoigne à propos: sa présence est incontestable (domi, ruri, et avec les noms de villes, Lugduni, Romae etc.) et pourtant si marginale que les Romains eux-mêmes ne s’en sont pas aperçus, l’expliquant, vaille que vaille, comme une forme de Génitif. Mais dans cette question rebattue des rapports entre synchronie et diachronie, l’existence de fossiles linguistiques n’est pas le fait capital; leur présence discrète ne met guère en cause l’économie de l’ensemble. Beaucoup plus importante, et même absolument nécessaire, est l’identification des facteurs du changement linguistique, prodromes de l’avenir. Car enfin une synchronie nouvelle ne survient pas à l’improviste. Ses traits caractéristiques ont, si l’on peut dire, cheminé lentement dans la synchronie précédente, s’y sont développés, jusqu’au jour où leur rôle est devenu si important que s’impose la conscience d’un idiome nouveau.

alors de partir des faits aitestés, et non pas de les déduire de leurs lointains anté-

cédents; de les ordonner et de les décortiquer jusqu’à apercevoir les valeurs qui les

que le latin classique. Mais, du moins dans le domaine du nom, elle le faisait avec

des -moyens formels nouveaux pour la plupart. Qui veut l’étudier doit évidemment la considérer d’abord pour elle-même. — Pourquoi en irait-il autrement pour le latin classique? Alors qu’il a joui de conditions socio-politiques beaucoup plus favorables que les règnes mérovingiens à la normalisation de la langue: écoles, modèle des écrivains, centralisation administra-

INTRODUCTION L'EMPLOI DES CAS EN LATIN *

16

Quelques exemples: Plaute emploie le verbe se recipere, «se replier» qui est un vrai verbe pronominal: le réfléchi y échappe à l’analyse; il ne peut commuter avec aucun autre nominal Ac. Ce phénomène reste pour ainsi dire, latent en latin classique. Mais il sert de modèle à d’autres verbes intransitifs au Bas-Empire. On y écritra (et sans doute on y emploiera surtout oralement) des se uadere ou sibi uadere; se sedere ou sibi sedere, comme chez Egérie, avec Ac ou D. Essaimage qui annonce l’explosion du pronominal dans les langues romanes (surtout espagnole) où il atteint à la dignité de voix verbale de plein exercice. 4.4. Cas et prépositions Dans le domaine qui nous intéresse, celui du nom, deux phénomènes ont été le principal ressort de l’évolution: l’un formel, l’existence de prépositions, l’autre syntaxique et sémantique: certaines synonymies entre les cas, totales ou partielles. Ces facteurs, présents de date immémoriale, seront les instruments du bouleversement de la déclinaison, c’est-à-dire des moyens formels au service de l’expression des relations. On parle à juste titrre de «concurrence» entre marques casuelles seules et prépositions, Elle est ancienne. Le D roman «livrer au bourreau» se rencontre déjà chez Plaute: dare ad carnuficem, à côté de dare carnufici. Sans doute les deux structures ne reposent pas sur les mêmes mécanismes. Dare qui exprime un transfert, est congruent avec le sème «repère à viser» qui désigne carnufic- comme le «destinataire du don». Dans dare ad carnuficem, la préposition ad en tête du SN reprend ce même sème de «transfert» et l’applique au nom carnuficem. Mais peu importent les mécanismes; les deux tours véhiculent la même information globale; la victoire reviendra donc à celui qui semble le plus clair et le plus explicite. Le rôle majeur de la préposition efface celui de la désinence casuelle, ou du moins la rejette dans l’ombre. Là se trouve, à notre avis la raison la plus solide de la ruine des flexions nominales. On parle volontiers d’une «érosion phonétique» comme de la cause déterminante de la disparition des cas. Or, certaines désinences, fortement étoffées et par surcroît accentuées (dominérum, -érum auraient dû échapper à une érosion aveugle. D’ailleurs les langues savent mettre en œuvre, lorsque les signifiés sont en péril, des moyens prophylactiques pour sauvegarder les signifiants menacés. Si les G pluriel en - érum, -érum ont disparu (hors d’infimes restes comme «chandeleur») ce n’est pas en raison d’une faiblesse «physique» imaginaire, mais parce que depuis les débuts mêmes du latin, était en place un redoutable concurrent, la préposition de. Le sens de de coïncidant avec celui du G, la préférence a été donnée, ici encore, au

tour analytique qui transférait du nominal à la préposition le signifié relationnel. I1 n’est que de parcourir les notices des dictionnaires pour mesurer l’ampleur du phénomène dès le latin classique. Innombrables sont les verbes qui admettent et souvent privilégient, à côté d’une construction avec un nominal à tel cas, une construction prépositionnelle. Les poètes ont souvent coloré leurs vers d’une touche de saveur archaïsante en usant du cas seul, là où la prose employait un S Prép. Le développement toujours croissant des S Prép. par rapport aux cas seuls repose sur deux faits: * La synonymie globale des énoncés avec l’une ou l’autre forme; avec souvent une précision sémantique plus grande pour le S Prép.

17

- La préférence accordée au tour analytique [ Prép. + nominal ! sur le tour compact - { nominal + désinence |. Cette tendance à la dissociation des morphèmes réunis en

_un-ensemble

synthétique (le mot) se vérifie en d’autres domaines:

par exemple

“ dañs le passage de cant-o à «je chante», et dans les homonymes français «je/tu/ — iffils.[Sät]>.

45 “

Synonymies entre les cas À ce facteur de la synonymie S Prép. / nominal seul, dont il est difficile de sur-

éstimer l’importance, s’ajoute un deuxième facteur qui repose lui aussi sur la synohÿmie:'à l’exception du N et du V, tous les cas latins sont dits «obliques»: c’est-àdire qu’ils expriment une position de dépendance par rapport à un terme (ou segment) prémier: On pourrait dire autrement qu’Ac, G, D et Ab sont, au plan syntaxique, les ancêtres du seul «cas-régime» de l’ancien français ou de l’ancien provençal (phonétiqüëment, on le sait, le cas-régime représente l’Ac-Ab; G et D sont remplacés, en

règle générale, par Prép. + cas régime). “ Cette synonymie

syntaxique rendait inutile les désinences casuelles des cas de

dépendance, dès lors que l’objet (Ac) était suffisamment signalé par sa place (et par

les conveñances contextuelles), les autres fonctions clairement indiquées par des prépositions. Le soldat Terentianus, au Haut-Empire, était un précurseur, qui écrivait

däñis une lettre à sa famille cum matrem; ou encore cet ivrogne de Pompéi qui a ifimortalisé d’un graffiti une joyeuse beuverie cwm sodales, «avec mes copains». Effet d’une conscience claire ou embrumée, il ne paraissait pas nécessaire que cum «£ouvernât» l’Ab, puisque a) il conservait de toute façon son signifié pertinent «en compagnie de»; b) Ab et Ac annonçaient l’un comme l’autre une position de dépendance. Donc le S Prép. cum matrem, affreux solécisme à l’époque, remplissait pourtant toutes les conditions nécessaires à une interprétation exacte: sa fonction syntaxique ne fait aucun doute; son signifié sémantique est sans ambiguïté. Ce qui rendait possible un tel monstre, c’est la synonymie syntaxique profonde («dépendance») entre Ac et Ab, synnymie qui pouvait devenir le tout de leur signifié, du moment que le rôle sémantique était pris en charge par la préposition. __ Ce phénomène de la synonymie syntaxique des cas «obliques» reste peut-être peu visible à qui adopte le point de vue d’un latinophone classique. Il apparaît encore fioins à qui se consacre à la reconstruction LE. Elle saute aux yeux, en revanche, à qui réfléchit au devenir des cas latins. C’est en se plaçant au XI* siècle dans un néolatin à deux cas seulement appelés avec raison «sujet» et «régime», qu’on aperçoit claitement la grande opposition qui divise l’état latin: casus recti / casus obliqui, “ Une autre preuve en est apportée par le processus si important de la transitivation qui a tellement marqué le latin préhistorique (que l’on compare l’usage des cas obliques en grec, en sanskrit, en germanique, en slave) et qui agit encore à l’époque historique. Que se passe-t-il lorsqu’un événement peut s’exprimer de trois façons, comme exire oppido / ex oppido / oppidum? Dans le premier cas, l’Ab seul, «endroit d’où on s’éloigne» convient au signifié de exire; plus exactement les signifiés de ex et‘de -o appartiennent au même champ sémantique; la notion «d’éloignement» leur

18

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

INTRODUCTION

est commune. La redondance s’accuse encore dans exire ex -o, où la préposition réitère carrément le signifié du préverbe. Quant au tour transitif, il fait l’économie de toutes ces répétitions. Le sème majeur «d’éloignement»

(sortie) reste présent dans le verbe;

il disparaît du SN réduit à

un nom Ac qui n’exprime plus que «dépendance». Le même traitement s’observe pour tous les autres cas obliques (memini huius rei / menini Catonem). Indulgeo et parco, par exemple, voués par leur signifié lexical («attitude à l’égard de») à une construction avec D se rencontrent en emploi transitif chez Térence. Le D «repère de visée» réitérait le sème verbal. Ici encore transitivation équivaut à économie de moyens par abstraction simplificatrice, sans perte d’information. Mais la condition nécessaire de la transformation transitive, c’était la synonymie syntaxique des cas obliques.

À ce facteur essentiel s’ajoutent des causes secondaires: les oppositions entre les cas obliques n’ont pas la netteté tranchée que des esprits simplistes ou systématiques voudraient leur attribuer. Comme on le verra dans les sections IV à VII principalement, les empiètements ne sont pas exceptionnels. Il existe des interférences parfois larges entre les emplois des divers cas. Ainsi naissent des zones partielles de synonymie, sources d’éventuelles transformations. On dira, pour conclure, que la synonymie qu’elle soit réellement complète ou jugée seulement suffisante par les locuteurs eux-mêmes, est Je grand moteur du changement, le ressort de l’évolution, aboutissant à la transformation de la langue. Pour des raisons diverses, un tour B peut être préféré à un tour À qui délivre le même message global. Que ces raisons paraissent peu décisives, parce que «peu logiques» à un observateur, cela n’a pas d'importance. La réalité des faits obéit à sa propre logique, la seule qu’on ait à dégager.

5, APERÇU DE L’ORGANISATION D’ENSEMBLE DES CAS LATINS

5.0. Note liminaire: organisation ou système? Nous disons «organisation» et non pas «système»; de ce dernier terme il a été fait un tel abus depuis un siècle que nous préférons l’éviter. Tout était «système» dans la langue, depuis Saussure, voire avant. Eblouis par le succès des sciences «exactes», beaucoup de théoriciens ont proclamé leur ambition de hisser la linguistique à leur niveau de rigueur et de capacité prédictive. D’où les conceptions mécanistes, traitant la langue comme

des valeurs. Même

19

si ces théories saisissaient les faits d’une façon correcte —

et

elles en sont loin! — elles souffrent toutes d’un défaut majeur: loin d’appréhender la «totalité» (Hjelmslev) ou «l’entier systématique» (Guillaume), elles ignorent un facteur à nos yeux essentiel: le ressort du changement, diachronique par nature, mais

présent au sein de toute synchronie. Ce ressort, ou du moins le principal ressort de l'évolution doit être, nous venons de le voir, la synonymie, syntaxique et sémantique, de moyens formels différents. Cette présence de facteurs de transformation au sein de l’organisation (forcément synchronique) différencie radicalement une langue d’une horloge ou d’un édifice géométrique

(Euclide),

et en général

une

«science»

humaine

d’une

science

exacte.

Celle-ci atteint une cohérence parfaite; celle-là est intimement animée d’un constant déséquilibre; si on tient à l’appeler «système», il faudra ajouter immédiatement que ce «système» n’est pas systématique (cf, Serbat 1982a). Nous dirons donc plutôt «organisation», terme qui évoque certes en premier des règles relativement stables, mais sans exclure des zones de mouvance et d’empiètement. 5.1. Phrase et macro-phrase Dans un article vigoureux, V. Brändal 1930 (Le système de la grammaire) distingue trois niveaux d’analyse: celui du son, du mot, de la phrase. La syntaxe a pour objet l’étude du 3° niveau: la phrase. Celle-ci est assez bien définie par les grammaires scolaires selon trois critères: sémantique, syntaxique et prosodique: « séquence de mots formant un ensemble sémantiquement cohérent;

* ses constituants sont unis par des relations syntaxiques qui en font uné unité non incluse dans une unité plus vaste; « elle est animée au plan prosodique par une intonation pertinente, rendant perceptibles notamment son début et sa fin ce qui n’exclut pas la variété des réalisations, selon les locuteurs).

À ces traits justes, s’appliquant à une phrase réalisée, il faut absolument ajouter aujourd’hui cela même qui rend possible l’émission de la phrase, c’est-à-dire ses «conditions d’énonciation» (qui échappent à Brendal): un Fgo énonciateur (et un Tu, interlocuteur et énonciateur potentiel): Ægo est forcément solidaire d’un Hic et

d’un Nune; il est au centre d’un réseau de coordonnées spatiales et temporelles; enfin pour qu’une interlocution quelconque soit possible, il faut entre les prota-

une horloge dont les rouages ne peuvent être que

gonistes (comme dit J.-M. Zemb) un Sic. Assez souvent un autré facteur préalable à

ce qu’ils sont; ils se voient assigner chacun une fonction exclusive, exactement complémentaire des autres fonctions assumées par les autres rouages. Qu’une pièce soit le support potentiel de plusieurs fonctions ou que la même fonction appartienne, peu ou prou, à plusieurs pièces, par la négligence ou la fantaisie inadmissible du

la phrase réalisée s’ajoute aux conditions ci-dessus: la modalité M, qui représente l’attitude, épistémique ou affective du locuteur. Ces conditions indispensables se manifestent assez souvent dans l’énoncé luimême (pronoms de l* et 2° personnes notamment), mais elles peuvent aussi rester latentes, non exprimées: ainsi dans une narration assez longue. Elles demeurent, pour ainsi dire, dans les coulisses de l’énoncé; non explicites parce qu’allant de soi

constructeur, cela signalerait un vice de conception, générateur d’accrocs dans le

fonctionnement. Ici, en effet, ne sont admises ni polysémie, ni synonymie, il règne une parfaite «délimitation réciproque des signifiés», selon le mot de Benveniste (poussant à l’extrême un point de vue saussurien; Serbat 1982 b). Nous ne reviendrons pas ici sur les arguments déjà formulés en 1981 contre les systèmes à prétentions «totalistes», et contre la conception rigoureusement oppositionnelle

€t toujours présentes. Si je dis à un tiers: «il pleut», Ego, tu, hic, nunc® sic sont bien

là, bien que je n’en dise rien. (Que l’on songe à l'invraisemblable lourdeur d’un énoncé, style huissier de justice ou procès-verbal de gendarmerie, qui ne supporterait aucun non-dit: «Moi, en ce moment, m’adressant à vous 1ci présent, compte-tenu de

20

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

l’affaire qui nous est commune — nous sommes dehors tous les deux, par exemple — je vous déclare: il pleut»). Dieu merci! Ces conditions nécessaires et permanentes, donc inutiles à rappeler, restent le plus souvent des préalables non-dits construisant l’énoncé audibie. On peut désigner l’ensemble de ces conditions par SE «situation d’énonciation». Si l’on représente par p la phrase concrètement audible (ou lisible), p sera obligatoirement intégré de la façon la plus étroite dans une «macro-phrase» P, telle que: P=SE+p!".

INTRODUCTION

21

pour en souligner l’importance ou le caractère insolite. Une des composantes de la SE (tu) fait ainsi irruption dans p où il se trouve impliqué d’une façon a-syntaxique, On dit parfois que ce D est le complément de tout le reste de p. Ce n'est pas tçtalement faux d’un point de vue psychologique. Mais il vaut bien mieux le considérer comme une ingérence de SE dans p à visée illocutoire. D'ailleurs, quelle transposition connue du D pourrait convenir: «pour toi»? «dans ton intérêt»? Absurde.

La séule traduction convenable (en dehors du D éthique français s’il convient au contexte) est celle qui rend le D par une indépendante

5.2. Constituants en phrase et hors phrase 5.2,1, Trois positions pour un nominal On assigne couramment aux constituants nominaux d’un énoncé deux sortes de positions: en phrase et hors phrase. Cette vue reflète la conception qui voit dans la phrase un tout auto-suffisant, syntaxiquement charpenté, mais qui ignore la SE, c’est-à-dire l’insertion de p dans P. En fait, il n’y a pas deux positions possibles, mais trois pour un nominal. Dans P 1. en relation avec la structure de p;

2. en relation avec SE.

l’un et l’autre cas, le V émane directement de SE; il traduit la volonté du locuteur de

mobiliser l’attention de celui qu’il prend comme allocutaire. Il n’entretient aucune

relation syntaxique avec p. Il tire toute sa force (comme le D éthique) de l’émergerice d’une des conditions de la SE (tu) dans l’énoncé (cf. section IIT).

5.2.3. Relation double avec SE et avec p

Hors de P 3. aucune relation ni avec p ni avec SE; Seuls les nominaux du troisième groupe sont vraiment «hors phrase». C'est le cas pour les dénominations qui se font au N: enseignes, pancartes, épitaphes réduites à un nom: Scipio sur un sarcophage se borne à fournir le nom propre du défunt, ce n’est pas un constituant de phrase. Le N y apparaît comme indépendant (voir, section IIT, pourguoi cette indépendance rend le N disponible pour occuper la position de sujet d’une phrase). 5.2.2. Nominaux en relation avec SE (situation d’énonciation)

Cette prise en considération de la macro-phrase P permet de rendre compte de plusieurs phénomènes; ainsi de ce qu’on appelle «adverbe de phrase»: «Bizarrement, il est parti plus tôt aujourd’hui». «Bizarrement» n’a aucune fonction dans le cadre de p «il est parti plus tôt aujourd’hui». Il formule un jugement du locuteur sur l’événement p. Extérieur à p, 1l se rattache à SE. De quoi dépend, en latin, l’Ac d’exclamation: hominem sceleratum! qui consti-

tue un énoncé à lui seul? de la modalité M qui équivaut à «surprise / indignation / menace» peut-être.

D’une façon analogue le D dit «éthique», dans at fibi repente… uenit ad me Caninius (Cic., Fam, [X 2,1) l’événement, c'est repente uenit ad me C

en la dissociant de p; par

; exemple, «Figure-toi que Caninius vient me trouver». une forme - Du V il est généralement déclaré qu’il est «hors phrase»; ou qu’il un constituer peut phrase à lui tout seul. Disons d’une façon plus précise qu’il énoncé un ou Marce! énoncé isolé, comme quand on interpelle vraiment quelqu’un: incis dans un autre énoncé de forme p, et, en général, marqué prosodiquement. Dans

énoncé com-

Îl arrive fréquemment qu’un constituant de p fasse en même temps partie de la SE: ainsi pour toutes les occurrences de ego et du ?u (avec leur flexion). Dans cur tu hic-hodie uenis, «pourquoi viens-tu ici maintenant». Tu, hic, hodie, ne prennent sens

que par référence avec la SE. Ils occupent aussi des positions syntaxiques essentielles dans p (sujet, compléments adverbiaux); un contexte montrerait que l’interrogation porte en fait sur l’un des trois, (voire deux). Cependant, on observera la redondance entre ru et la désinence verbale -s. On connaît d’autre part des langues qui «économisent» des constituants qui nous paraissent nécessaires: le japonais banal, ignorant les pronoms atones et la conjugaison personnelle dit: «Pourquoi ici aujourd’hui venir?» L’interrogation suffit à faire entendre que le «sujet> n’est pas le locuteur; c’est forcément, à défaut d’un tiers, qui

serait nommé, l’interlocuteur. “ A l’opposé d’une telle parcimonie de movyens, le latin n’hésite pas à surcharger une phrase de morphèmes à signifié énonciatif, et occupant aussi une place dans la charpente de p. On est alors en droit de supçonner que les besoins syntaxiques de p ne justifient pas seuls cette richesse en morphèmes déictiques (pronoms, adverbes, adjectifs dits «possessifs» qui portent en réalité référence à la personne). Les protagonistes de l’énonciation Ego / Tu aiment faire ressurgir dans p des allusions explicites à eux-mêmes,.

plet. 7ibi prend l’interlocuteur Tu comme «pôle d’attraction» (D) de cet événement, 6. L’ORGANISATION DE P (PHRASE RÉALISÉE) 1,

Par commodité, nous conserverons le terme de «proposition» pour tout p, qu’il s’agisse de proposition «indépendante», «principale» ou «subordonnée».

Sans oublier à aucun moment l’attache possible d’un nominal avec-la partie de P qui représente les conditions d’énonciation (SE), ni la possibilité qu’a le nom, propre ou appellatif, d’être employé hors de P pour servir à la dénomination, c’est l’organisation interne de p qui appelle une attention particulière. L’énoncé répondant aux

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

INTRODUCTION

critères bien établis de la «phrase», telle qu’elle peut concrètement s’entendre où se lire, représente, en effet, le terrain d’élection du jeu casuel.

qu’accompagné de son «indice» personnel (qui pour nous est un être nominal de plein droit, mais anaphorique, cf. section IIM). Le verbe personnel est, par vocation, assigné à la place de «prédicat», puisqu’il ne se conçoit pas sans «sujet».

22

6.k. Peut-on parler de «sujet> et de «prédicat>?

23

dépendance du nom (cf. section ID).

6.2.2. Valence ou congruence? (Ac, D) Pour les autres actants («second» et «tiers») ils seraient appelés par la «valence» du verbe. Celle-ci, à la manière d’une formule chimique, représente les traits sémantiques présents dans le verbe. Elle peut n’appeler aucun nominal supplémentaire pour «participer» à la scène déjà inscrite en pointillé dans le verbe («Alfred court»); elle peut aussi en appeler un seul, le second actant («Alfred salue Marie»); voire un troisième («Alfred donne une pomme à Marie»). Qu'’il y ait une congruence entre le signifié du verbe et celui des nominaux qui l’entourent, nous en sommes bien convaincu. Mais cette congruence joue-t-elle obligatoirement? Quelle est sa portée? Quelle est sa source? La première question est un casse-tête pour les meilleurs disciples de Tesnière, les adeptes de la «Dependenzgrammatik» si vivante en Allemagne. Il arrive fréquemment qu’un verbe soit transitif ou intransitif. Manger se dit correctement sans objet («Alfred mange») ou avec objet («Alfred mange son pain»). H. Happ s’est acharné en vain à énumérer les 16 conditions qui permettraient d’omettre un «actant obligatoire»; efforts stériles. Pour le D, sa définition comme «tiers actant» est tout simplement fausse: il se rencontre aussi comme premier complément post-verbal (c’est-à-dire «second actant» selon Tesnière) par exemple dans parco alicui. Et que faire de tous les D qui sont des n!, non pas après des verbes, mais après des adjectifs (proximus urbi)?

Nous parlerons donc de sujet et de prédicat mais en termes purement linguistiques, sans préoccupation logique. Deux réserves toutefois:

6.2.3. Circonstants et congruence

Ces deux notions souffrent d’avoir été élaborées par des philosophes étudiant la logique des jugements. Réputées de ce fait non linguistiques, elles sont rejetées d’une façon aussi vigoureuse qu’expéditive par L. Tesnière. Dans ce refus sommaire, it oublie que ces philosophes grecs raisonnaient à partir d’énoncés et que, de ce fait, leurs généralisations ne sont pas sans intérêt pour la grammaire. D’autre part, les principes d’organisation que propose de son côté Tesnière ne résistent pas à la critique. Il faut reconnaître que la structure dichotomique sujet / prédicat convient bien

‘aux langues comme le grec et le latin. Le constituant nominal «sujet» y est effectivement à part, doté de marques et doué de propriétés qui l’opposent (avec l’ensemble de ses déterminants éventuels) au reste de la phrase p, dit «prédicat». Le sujet seul impose, en effet, un accord en nombre au prédicat verbal. Il commande sur toute l’étendue de ia phrase, même complexe, l’usage d’un pronom personnel particulier, le réfléchi. On ne saurait admettre un instant que le sujet se trouve au contraire dans la dépendance du verbe, comme le veut Tesnière, et au même rang hiérarchique que les autres «actants». S’il en était ainsi, comme expliquer que le sujet se trouve en latin au N, formellement marqué comme cas de «non-dépendance ». Le N sujet n’a pas d’autre signifié par lui-même que le N de dénomination, libre de toute attache phrastique. S’il peut servir de sujet, c’est justement parce qu’il est la forme de non-

à. de même que le N n’est pas réservé à une «fonction-sujet», il n’a pas le monopole de cette dernière. Il existe tout un paradigme de termes ou de segments dépourvus de marque casuelle et qui peuvent commuter avec un nominal au N. Les noms fléchis ne sont qu’une part — la plus importante — des termes admis à cette place. La fonction s’exerce même à défaut de marque formelle; b. il y a aussi des phrases dont le sujet anaphorique ne peut assumer de fonction, parce qu’il est privé de référence: ainsi les verbes dits «impersonnels» comme pluit (le «sujet» formel est - comme l dans français il pleut, mais ce -t où ce il ne pouvant anaphoriser aucun nominal référenciel, perdent du coup leur fonction syntaxique). Ces verbes impersonnels forment un groupe très marginal.

élève

une

cloison

étanche

entre

ses trois actants

d’une

paært,

de circonstants (compléments adverbiaux) «valenzgebunden», c’est-à-dire Tiés à la

dans la les vues présent; n’existe

1. Claudius totam noctem uigilat / dormit. 2. Claudius tres horas dormit. 3. *Claudius tres horas sagittä interficitur.

Sujet

Le développement précédent 6.1. montre que le nominal sujet occupe phrase p la place exceptionnelle du terme par nature non-dépendant, contre de Tesnière qui en font un «actant» dépendant du verbe comme les autres, En fait, une autre différence l’en sépare: ce «prime actant» est toujours cela pour la raison — pure tautologie — que le verbe est personnel: il

Tesnière

valence. Par exemple, «aller» contient un sème de «but visé», à quoi ne correspond ni un second ni un tiers actant. «A Paris» dans «je vais à Paris» serait donc un 4* constituant obligatoire, donc un «actant» (en position de n1) alors qu’il prend la forme d’un complément adverbial. Il est bien vrai qu’une congruence parfaite existe entre les sèmes de «aller » et un nominal comme «à Paris». Poussant plus loin — pour répondre à la question de la portée de la «valence» verbale — nous dirions volontiers qu’aucun nominal postverbal n’échappe à la valence du verbe. Il suffit pour s’en assurer de procéder à une analyse sémique de celui-ci. Il est même proprement inconcevable qu’un SN postverbal quelconque puisse se trouver dans une situation de discrépance totale avec le verbe. Prenons quelques exemples de SN réputés d’emblée « de l’orateur»; mais en ce cas c’est le N libri ITI qui se charge de la désignation, le contenu étant précisé par le complément «de propos» de Oratore. Il arrive que les deux facons de titrer soient juxtaposées: Laelius siue de amicitia. Parfois aussi libri (éventuellement non exprimé) commande

un G: His-

toriarum, Les exclamations au N sont aussi indépendantes de tout énoncé: Fabulae! «sornettes»; nugae/ «fariboles». L’intonation suffit à exprimer la modalité exclamative (le N est ici en concurrence avec l’Ac qui, lui, exprime une dépendance, d’ailleurs redondante, par rapporl au trait prosodique; cË, section IV). La même économie de redondance explique l’usage fréquent du N à la place du V (cË. section IID). Un V n’a pas de fonction syntaxique. I] exprime seulement, par sa désinence, un «appel à l’attention» (ou une «confirmation d’attention»). Mais comme son signifié repose en premier lieu sur son intonation spéciale, le rôle de la désinence apparaît superflu. D’où le remplacement ancien du V par une forme de pure désignation (mais accompagnée ici de l’ixtonation V). 3,2. En contexte La valeur «dénominative» (ou purement «référencielle»} du N rend compte aussi

de son emploi en contexte, mais à l'écart des liens syntaxiques qui tissent la phrase. C’est le cas dans certaines citations, parfois dans des appositions, et surtout dans ce qu’on appelle traditionnellement le «N pendens». 3.2.1. Citations Quand on rapporte des propos, on peut le faire soit «directement», soit «indirectement». D'ordinaire cette distinction n’est proposée que lorsque les propos ou la pensée relatés ont la forme d’une phrase: a) /lle me rogauit: «Vnde venis?» b) /le me rogauit unde uenirem. La phrase Vrde uenis? propos tenus exactement par le locuteur ille dans l’énoncé a) est surchargée de marques de dépendance, d’intégration, dans la macrophrase b)

34

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

(concordance des temps, subjonctif, passage à la 3*

LE NOMINATIF personne). On rappelle à ce

propos, que d’autres langues, tout en intégrant prosodiquement l’inferrogation dans la macrophrase, montrent moins d’exigences que le latin (pas de subjonctif en français; aucune contrainte en grec moderne, où l’interrogation garde la même forme). Que se passe-t-il lorsque le «discours rapporté» se limite à un nom, à un adjectif ouù un SN? Aucun des procédés d’intégration valable pour la «phrase rapportée» ne peut s’appliquer 1ci. La tendance intégrationniste du latin se manifeste autrement: par la marque casuelle (Ac) imposée souvent au nom rapporté. Alors que la vigie de Christophe Colomb criait «Terre!», celle de Virgile (en l’occurrence le «fidèle Achaie», Aen. V 523) crie «/taliam!» Haliam primus conclamat Achates. On a envie de mettre «fralian» entre guillemets; on aurait tort, parce que Achate a sûrement crié non pas «Italiam» mais «Italia», dénommant simplement la terre qu’il apercevait… Mais, dans la phrase, cette «Italia> contenu du cri d’Achate, devient par contrainte syntaxique /faliam Ac, qui doit rester sans guillemets. De même Caes., Gall. V 37,3, Tum uero suo more uictoriam conclamant, (après une embuscade victorieuse, (les troupes d'Ambiorix) selon leur coutume, crient

« Victoire! » De même conclamare uasa, commandement réglementaire dans l’armée romaine: «Crier équipements»; c’est-à-dire donner l’ordre de colligere uasa, «rassembler le matéricl» (pour lever le camp). Au passif Caes., Ciu. 1 66,1, sigrum dari iubet et uasa militari more conclamari. On dit de même ignem clamare «crier (au) feu»; cf. Sén., Dial. V 43,3, conclamatum in uicinia incendium. Cic, Ph. 2,30,

Brutus… cruentum pugionem tenens Ciceronem exclamauit. (Pour dénigrer Cicéron, Antoine raconte que) «Brutus, tenant le poignard sanglant, s’écria: «Cicéron»! Tusc., II 20, non dixi inuidiam, «Je n’ai pas dit “invidia”». Mais il atrive aussi que le nom (ou le SN} conserve la forme sous laquelle ii a

été prononcé: Hor., Sat. 1 2,17-18, «Maxime» quis atque audiuit? «Qui ne s’écrie pas: «O Jupiter très Ici les guillemets sont justifiés: le SN rapporté a laquelle il a été énoncé. De même, avec V, Tér,

non / Juppiter» exclamat simui grand!» dès qu’il entend cela». gardé la forme exacte (V) sous Ad. 407, coepit clamare «Aes-

chine ». Prop. 1 18,31, resonent miki «Cynthia» siluae, «je veux que les forêts répè-

tent en écho «Cynthie» (V ou N). (Mais Ac, Virg., Buc. 1,5, Amaryllida). Le N est incontestable chez PL J, Epist. IU 2,2, cum dico «princeps». D'autres fois il est impossible de décider; Cic, Diu. IF 96, cwm rho dicere nequiret (Demosthenes),

«Démosthène

ne pouvait

pas articuler (le son)

rho».

Catul..

84,11, Chommoda dicebat… Si un verbe est cité, et non pas un nom, il est pour ainsi dire nominalisé par un pronom neutre, PIt, Mil. 819, illud stertit uolui dicere, «c'est «stertit» que j'ai voulu dire». Les flottements et les manquements à la règle générale de la subordination s’expliquent par le fait que la langue avait le choix entre le style «direct> (clamare: «Aeschine») et, si l’on peut dire, en pensant aux subordonnées, une expression «indirecte» (Ciceronem exclamare). Cette situation ne peut qu’affaiblir le sentiment de la dépendance syntaxique du nominal. Îl faut signaler ici les constructions au N (au lieu de l’Ac) après les verbes et

locutions signifiant «appeler quelqu’un X»., Le latin, on le sait, dispose de plusieurs

tours. Avec

35

nominari, appellari, le N «attribut du sujet», va de soi (Ego nominor

Leo). Mais si l’être dénommé est grammaticalement au D, la dénomination peut apparaître au Datif: Est mihi nomen leoni. (On parle alors «d’attraction», phénomène qui mériterait d’être éclairé). Si nomen, cognomen, sont à l’Ac (dare nomen,

habere nomen) la dénomination sera, par automatisme syntaxique, à l’Ac. Mais elle peut aussi être au D (Juuentus nomen fecit Peniculo mihi Plt., Men. 77). Un G adno-

minal est acceptable: nomen Peniculi. S’y ajoute le N — qui seul nous intéresse ici. Des soilicitations d’accord aussi diverses attestent la relative faiblesse de l’insertion syntaxique du nom «apposé». Il est là avant tout pour apporter une information sémantique. Et c’est justement le seul rôle que l’on retient, lorsqu’on le laisse au N, cas de la simple dénomination. Quadrig. 12, cognonem habuit Coruinus «il eut le surnom (de) Corvinus».

Cognonem

est l’objet de habuit. Coruinus, non accordé,

représente une simple spécification sémantique du cognomen en question: le cognomen c’est «Corvinus», De même quand Ovide, Met. 1 168-9 écrit: est uia … Lactea nomen habet, «il est une voie; elle a le nom (de) «Lactée». Vulg., Marc. 3,16, imposuit Simoni nomen Petrus, «il donna à Simon le nom (de) «Pierre». (Cf. grec. Eurip,, Tr. 1233, iatros onoma ekhousa).

Autres exemples: Ov., Met. XV

96 Vetus illa aetas, cui fecimus aurea nomen,

auquel nous avons donné le nom indomita uis accepit, «le diamant On trouve à basse époque de Eg. 7,7, (une agglomération) quod 8,4, dendron…

quod

nos

dicimus

«cet âge antique,

d’«âge d’or»!; Pline NH XXXVTII 57, nomen… a été appelé «force indomptée». nombreuses attestations analogues. Ainsi Peregr. nos dicimus uicus, «que nous appelons «vicus»; arbor

ueritatis,

15,3,

quod

uos

dicitis

latine

hortus sancti Tohannis; 30,1, in septimana paschale quam hic appellant septimana maior (anomalies qu’E. Lôfstedt 1911, 50 explique bien par le caractère «non subordonné» du N).

3.2.2. Appositions La stricte correction grammaticale exigerait qu’un nominal apposé B adopte le cas du nom À auquel il est apposé. Ce dernier seul contribue, par sa fonction syntaxique, à la charpente de la phrase. les termes apposés B ne rattachent qu’indirectement à celle-ci: ils n’entretiennent de relation qu’avec À et seulement pour préciser son contenu notionnel; ils valent par leur apport sémantique, situation propice à l’oubli des marques répétant la fonction de A. Celles-ci garantissent, il est vrai, que B est à prendre avec À, qu’ils forment ensemble une unité fonctionnelle. Mais d’autres traits contribuent à cette interprétation, ef d’abord des traits prosodiques èt tactiques. La place habituelle de B est au contact de À. D’autre part, à l’oral, on rerçoit souvent des pauses, et un changement de hauteur de la voix, qui invitent à —

|.

Nous ne croyons pas que le N s’explique par «l’excellence de cette époque» à laquelle ne conviendrait que la «personne primordiale» dénotée par le N, comme l’avance P. de Carvaiho 1985, p. 891, (Noter que toute forme de aurea, sauf justement le N, est amétrique).

36

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE NOMINATIF

isoler B de l’ensemble de la phrase pour le rapprocher à À seul. À l’écrit, les virgules modernes produisent le même effet. Les noms propres se trouvent parfois cités en eux-mêmes pour ainsi dire, et sans égard à la position syntaxique du nom auquel ils sont en apposition: CIL XIII 1968, v. 8, ad flumen Macra (on pense à l’usage sanskrit de mettre après le segment cité — citation proprement dite, oùu apposition — le mot iti qui équivaut à des guillemets, ou à certains emplois de latin guasi, ou encore du français populaire «comme quoi»), Dans une inscription archaïque CIL 12 9, Luciom Scipionem, filios Barbati, «L. Scipio (Ac) fils (N) de (Sc.) Barbatus». L’apposition filios Barbati est un prédi-

cat de L. Scipionem, que l’on comprend comme «qui est le fils de B»., ou «c’est le fils de B»., sorte d’annotation en contexte. L'inscription ci-dessous VI 10052, ajoute aux facteurs de rupture (ou plutôt d’oubli) syntaxique, celui de l’énumération: Vicit Scorpus equis his, Pegasus, Elates, Cotynus. De même Juv. 3,75, Quemuis hominem attulit ad uos

37

3.2.3.1. Le tour classique Loin de toute Fach= oder Volkssprache, voici un emploi cicéronien, emprunté à un passage plein de gravité (De Finibus 3), (Cicéron vient de parler des hommes qui

se sont formés par l’expérience, et dont les critères «philosophiques» sont: moralement beau / moralement laid. Il ajoute: (1) ceterae philosophorum disciplinae, omnino alia magis alia, sed tamen omnes, quae rem ullam uirtutis expertem aut in bonis aut in malis numerent, eas… nihil adiuuare arbitror, «Tous les autres systèmes philosophiques — celui-ci à coup sûr plus que celuvilà — mais cependant tous, du moment qu’ils metient au nombre des biens ou des maux une chose qui n’a point de part à la vertu, eux, j'estime qu’ils ne sont d’aucune aide». Une analyse syntaxique rapide fait apparaître:

Augur, schoenobates, medicus, magus…

a) un syntagme initial au nominatif (ceterae… disciplinae). On ne voit pas quelle fonction (syntaxique) il pourrait assumer par rapport au reste de l’énoncé; on le dira

«(Savez-vous ce que c’est qu’un Grec?) Îl a apporté avec soi n’importe quel personnage:

donc pendens «en l’air», «en suspens»;

Grammaticus, rhetor, geometres, pictor, aliptes,

grammairien, rhéteur, géomètre, peintre, masseur, augure, funambule, médecin, magicien… »

Cicéron lui-même écrit, de Orat. 1 114, Quid de illis dicam homine nascuntur: linguae solutio, uocis sonus, latera, uires?

quae

cum

ipso

3.2.3. Le N «pendens» (Note: Ce développement 3.2.3. reprend pour l’essentiel une communication présentée à un colloque de l’association Conshila organisé par M.-À. Morel à l’Université Paris IIL, et publié dans la revue Langages de décembre 1991. C. G. Serbat 1991).

3.2.3.0. L'expression pittoresque de «Nominativus pendens» s’emploie traditionnellement pour désigner un nom (ou un N) marqué par une désinence de nominatif, mais isolé en tête d’une phrase; il n’entretient pas de relations synfaxiques avec tel ou tel constituant de cette phrase; en particulier, il est impossible de voir en lui le support de la fonction «sujet» prétendue inséparable de la forme de nominatif. C’est pourquoi les grammairiens, contraints de signaler son existence, s'emploient à le marginaliser. Qu’il soit typique de la langue technique (Fachsprache) ou du parler populaire (Volkssprache), cela semble autoriser à ne pas le prendre vraiment au sérieux (on s’en convaincra à la lecture de la p. 29 de la grosse syntaxe de Hofmann et Szantyr, vrai fouillis qui trahit l’embarras de l’auteur). Ou bien on le bannit en

quelque sorte de la syntaxe en le proclamant «hors phrase», comme Svennung. Ti nous paraît au contraire que ce «Nominativus pendens» (Np) est riche d’enseignements, pour mieux définir la nature du cas «nominatif» et pour poser une fhéorie plus juste de la phrase. En outre, dans leur hâte à éliminer ce géneur, les grammairiens n’ont pas pris garde que plusieurs segments (telle ou telle subordonnée par ex.), tout à fait dépourvus de marques casuelles, occupaient la même position — initiale — que le SN au cas «nominatif», en jouant le même rôle que le Np classique.

b) mais il est pour ainsi dire dégagé de cette position incommode par l’anaphorique eas, «eux», dont l’accusatif s’insère parfaitement dans la charpente phrastique; c) entre le Np initial et son lointain anaphorique, on observe tout un «rembourrage» formé d’appositions, d’expansions relatives (parfois, on le verra, de circonstancielles), qui a pour effet d’éloigner l’anaphorique de sa «source sémantique». On a souvent exploité cette distance pour suggérer qu’elle générait une rupture de construction, comme lorsqu’un locuteur français se lance imprudemment dans un discours tel que: «X (j’ai bien connu son frère pendant la guerre, ah! c’était un type formidable: par exemple le jour où […], et vous croyez que […], pas du tout [.…]); X, disais-je,», etc. (ou: «eh bien X»...); «disais-je», «eh bien» permettent de reprendre le fil abandonné; d) la phrase de Cicéron est, comme il se doit, soutenue par une mélodie unitaire. Une unité d’autant plus solide qu’elle repose sur l’union de deux parties complémentaires. Autant qu’on puisse l’affirmer pour une langue non parlée, il doit y avoir — avec diverses modulations, changements de hauteur, dus notamment à l’ap-

position — une phrase de mélodie ascendante, du début jusqu’à numerent (juste avant l’anaphorique), puis une phrase de mélodie descendante et finalement conclusive, à partir de l’anaphorique. Et il ne semble pas trop risqué de supposer qu'une certaine pause, que nous marquons aujourd’hui par la virgule, séparait ces deux phases à peu près syrnétriquement opposées. Pour être compiète, l’analyse devrait mentionner aussi deux points: e) la phrase est grammaticale; f) elle n’est viciée par aucune absurdité sémantique.

Mats ces deux derniers points sont d’une nécessité tellement constante que nous les laisserons de côté, pour retenir seulement les quatre premiers. I ne manque pas de phrases — et chez les meilleurs acteurs, loin de toute «négligence» liée à la langue des métiers, qui corroborent le schéma ci-dessus. Ainsi chez

Tite-Live I 40,2:

38

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

(2) Tum Arci filii duo, etsi antea semper pro indignissimo habuerant se patrio

LE NOMINATIF

39

regno tutoris fraude pulsos, regnare Romae aduenam non modo non uicinae sed

ne Italicae quidem stirpis, tum impensius iis indignitas crescere… «Alors les deux fils d’Ancus, bien qu’ils eussent toujours regardé comme

le

comble de l’indignité d’avoir été chassés du trône de leur père par la malhonnêteté d’un tuteur, et de voir régner à Rome un étranger, et un étranger qui n’était pas issu du voisinage ni même de souche italique, à ce moment, à leurs yeux, le sentiment d’indignité s’accentuait plus fortement». On retrouve ici:

a) le SN: Anci filii duo, au nominatif, b) l’anaphorique ës (au datif),

c) l’immense rembourrage de etsi à srirpis: d) l’unité mélodique (soulignée par la répétition de u). On ferait les même remarques à propos de Cicéron, Verr. 2,5,65 (Verrès a capturé un chef de pirates redouté et détesté par tous les gens de mer. Mais au lieu de le livrer publiquement au bourreau, il l’a probablement mis à l’abri, contre une forte somme).

(3) a) Homines maritumi Syracusis…

Que

ce tour ne résulte pas d’un relâchement du latin, c’est ce que montre entre

autres, cet exemple de Caton l’Ancien, 34,2: (6) Ager rubricosus et terra pulla harenosa, item quae aquosa non erit, ibi lupinum bonum fiet: «Un sol rouge, une terre noire, sablonneuse, de même une terre

où ne viendra pas d’eau, /à le lupin poussera bien». Le SN au nominatif s’étend en vérité jusqu’à son anaphorique adverbial ibi. On aura observé la souplesse syntaxique de l’anaphorique susceptible d’apparaître à l’accusatif, au datif, au locatif (ibi) et aussi au génitif, comme dans cet exemple du

médecin Anthime, 57: (T) Cucumeres enim.…., semen illorum quod intus est manducatur. «En effet, les - concombres…, Jeur graine qui est à l’intérieur, ça se mange». Si l’on objecte que ce médecin tardif écrit mal, voici d’abord une phrase de Plaute, puis une de Térence:

b) nemini..

(8) Plaute, Poe. 659: tu, si te di amant, agere fuam rem occasiost; «Toi, si les

c) qui… timuissent, cum… uellent

dieux t’aiment, c’est l’occasion de faire tes affaires».

Cependant, 161 nemini n’est pas aussi précisément anaphorique que eas et iis des exemples précédents. Nemini, «à personne» englobe, avec les gens de mer, tous les Syracusains. 3.2.3.2.

(5) Mala domus, parcat ei Deus. «La mauvaise maison, que Dieu l’épargne» (Aug Serm. 342,3).

Autres tours

Cette légère inadéquation de l’anaphorique au SN initial apparaît comme sans importance au vu des autres exemples: ceux-ci permettent d’affirmer que, des quatre trails dégagés plus haut, seuls le premier et le dernier sont vraiment constants: l’anaphorique peut manquer; le «rembourrage» provoquant la distance entre le SN initial et son anaphorique (ou la deuxième partie de la phrase) est le plus souvent absent, ou très réduit: on ne peut donc plus invoquer l’éloignement pour justifier l’anomalie. Bref, les seuls traits pertinents sont:

— qu’il y a une phrase (en deux parties),

— que le constituant initial est un GN au nominatif, sans position syntaxique propre. Voici quelques exemples d’un «rembourrage» médiocre, voire insignifiant (Augustin, Sermones 260):

I y a ici un reflet anaphorique de fu, par uus. Mais on ne peut pas intégrer fu (à supposer que ce soit bien un nominatif) dans la deuxième partie de la phrase, comme cela se fail avec eas pour disciplinae (ex. 1).

(9) Térence, Hécyre 286: Nam nos omnes quibus est aliquis obiectus labor / Omne interea tempus priusquam id rescitum est, lucrost: «Car, tous, tant que nous sommes, lorsqu’une épreuve nous est infligée, tout le temps passé avant d’en avoir connaissance est autant de gagné». On comprend que c’est du temps gagné pour chacun de nous, mais Térence ne l’écrit pas: aucun morphème anaphorique ne figure dans son texte: l’expression Izcro est, usuelle, appelle un 2e datif, qui ne peut être que la notion exprimée au début par le SN au nominatif nos omnes. Priscien écrit (G.L.K. II 27,5): (10) Jn «ar» desinentia deriuatiua si consonantem habeant ante «ar», paenul-

tima syllaba producitur (lupa/lupänar): «Les dérivés terminés en -ar s’ils ont une consonne devant -ar, la syllabe pénultième s’allonge (lupa/lupänar)». La palme du dépouillement revient au poète Horace. À partir du vers 94 des

(4) Feminae quae non habent uiros, licent eis nubere.

Satires 1,2, Horace brosse le tableau caricatural de la matrona romaine, cuirassée de

«Les femmes qui n’ont pas d’homme, il leur est loisible de se marier».

vertu:

La relative suivant feminae étant restrictive ét non pas explicative, elle est en vérité incluse dans le SN initial.

(11) Matronae praeter faciem nil cernere possis: «D’une matrone, sauf la figure, tu ne saurais rien voir». Le reste, continue-t-il, elle le cache sous un vêtement tombant jusqu’à terre. Si tu vises ce qui est interdit, ce qu’entoure un retranchement (uallum) — car c’est là

L'EMPLOI DES-CAS EN LATIN

LE NOMINATIF

ce qui te fait perdre la tête — alors tu auras devant toi une foule d’obstacies [.…]

On ne voit pas comment on pourrait refuser à cette phrase une ordonnance en deux segments opposés et symétriques, quand l’anaphorique est puissamment souli-

40

quantité de choses empêchant que l’objet ne t’apparaisse au naturel.

41

matronales, le lecteur reçoit la gifle le portrait antithétique de la courtine fait obstacle» (elle est vêtue de nue).

gné par l’adverbe uero. N’y aurait-il pas ce uero, comment comprendre autrement,

Aucun rembourrage; et pas, non plus, d’anaphorique. Et pourtant, c’est bien une phrase, et même en deux parties (on pourrait presque la modifier en interrogationréponse: Altera? - Nihil obstat, ce qui amplifierait à l’excès la pause médiane). Cet énoncé est une phrase parce qu’il est syntaxiquement correct, et qu’il véhicule un message non absurde.

Ces phrases, où l’anaphorique est au nominatif, ne sont qu’un cas particulier parmi les phrases à Np, Elles en ont les traits essentiels: la rupture (pause) après un SN initial au nominatif. Le cas de l’anaphorique (quand il y en a un) est quelconque.

Après ce tableau développé des fortifications d’une phrase en trois mots, par quoi commence sane (v. 101): Aftera nihil obstat; «L’autre, rien voiles de Cos, qui la font voir à peu près comme

3.2.3.3. Embarras interprétatifs

(14) Cancer ater, is olet: «Le chancre noir, c’est lui qui pue».

Remarque: Il faut cependant admettre que la phrase comprenant un SN initial au nominatif, puis un énoncé syntaxique dont le sujet est lui aussi au nominatif, peut être d’interprétation délicate. Pour le montrer rapidément, prenons des exemples de phrases à extraposition gauche en français. Un français correct dira: Mon père, il dort:

Il fallait bien s’attendre à ce que les pédants — ouù les grammairiens-jardiniers qui ne supportent qu’un dessin orlhogonal de leurs plates-bandes — refusent la verve primesautière de ce nominatif «en l’air», privé de son prédicat explicite. Ces réactions de rejet auxquelles il à été fait rapidement allusion en commençant se sont exprimées de plusieurs façons. Ainsi, on a proposé d’interprêter le nominatif du SN initial, lorsqu’il est suivi

d’un relatif lui-même au nominatif, comme résultant d’une assimilation en cas, l’antécédent s’alignant sur le pronom. Par exemple, pour l’exemple 4, il faudrait admettre que feminae a remplacé un feminis (datif), à cause du quae suivant. Mais pourquoi Augustin aurait-il alors redoublé ce femninis par eis? C’est inutile et gauche. Dans l’exemple 3, il est même strictement impossible d’imaginer autre chose qu’un Np. Le texte de Cicéron (un peu allégé) donne: Homines maritumi, qui saepe (eum ducem) tinuissent… potestas adspiciendi nemini facta est: «Les marins, en hommes qui avaient souvent redouté ce chef (de pirates) < eh bien > la possibilité de le voir ne fut donnée à personne». La relative est parenthétique; tous les gens de mer redoutaient le brigand. Or, si l’on suppose un phénomène d’attraction, il faut, semble-t-il, admettre aussi que homines qui équivaut à qui homines, c’est-à-dire «ceux qui, parmi les gens de mer»>… On passerait ainsi d’une qualification à une restriction, ce qui est inadmissible, vu le

contexte. Et d’ailleurs, pourquoi l’assimilation jouerait-elle dans ce cas, et non pas dans tel autre: ainsi Plaute, Mercator, Arg.

même alors, cette reprise par ea? De même pour Caton, Agr. 57,3:

1:

avec opposition mélodique des deux segments, pause, reprise anaphorique. C’est exactement l’équivalent d’un Np. Le français parisien vulgaire dira: Mon père i dort comme: Ma mère a dort où ‘ et « ne sont plus les anaphoriques du SN initial, mais des «désiñences» antéposées du verbe à la 3° personne. Exactement comme en latin ueni-! peut signifier il vient, ou simplement (x) vient.

3.23 4. Conclusions provisoires a. Le Np est bien inclus dans la phrase. S’il n’y est pas, où le mettra-t-on? Il l’est à la façon des extrapositions gauches des langues modernes. Sa position «logique» dans la phrase est, le plus souvent, signalée explicitement par le cas de l’anaphorique. Elle est quelconque (cf. J. Svennung 935, p. 178-185, qui classe les Np selon le cas de l’anaphorique). Au point que dans certams emplois, il faudrait même supposer un anaphorique avec préposition (Alrera, nihil, obstat): «l’autre (la courtisane) il n’y a aucun obstacle (chez elle). En vérité, plutôt qu’une

préposition à sens précis, nous aimerions proposer un tour beaucoup plus vague du genre de «en ce qui concerne l’autre». Cette expression à signifié «relationnel» minimal (c’est-à-dire le plus extensif) n’a pas besoin de s’effacer. Pourquoi? parce que l’existence d’une phrase, unité de synthèse, implique forcément qu’une relation est aperçue par le locuteur entre ses constituants, Même dépourvus de marques syntaxiques explicites, ceux-ci seront compris comme entretenant des rapports mutuels.

(12) Mercator Siculus cui erant gemini filii, ei… mors obtigit: «Un négociant sicilien, à qui deux fils étaient < nés >, la mort le frappa». (Le Np est suivi d’un

C'est ainsi que j'expliquerais les phrases très usuelles du français parlé: Nos vacances, pas de problème.

relatif au datif.)

Le remboursement, rien à faire.

On a aussi tenté de faire des économies de Np en rayant de l’effectif ceux dont

Max, c’est fichu. La «relation» est tellement inhérente à la synthèse phrastique que c’est la mention explicite de

l’anaphorique est lui-même au nominatif (ainsi Havers). Salluste, Catilina 37,A, écrit:

cette relation (sous la forme de «en ce qui conceme nos vacances / le remboursement / Max»)

(13) Sed urbana plebes, ea uero praeceps erat: «Mais la plèbe de Rome, c’est elle qui se jetait en avant!»

qui donnerait l’impression d’une pesante redondance — pas seulement de pesanteur formelle, mais de redondance dans le signifié. (Qu’on songe à l’abus dans un style faussement sérieux, des insupportables locutions passe-partout comme «dans le cadre de», «au niveau dex).

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

43

C’est ici que la puissance du trait d (inclusion des constituants dans une phrase) donne toute sa mesure.

b. Autre question: pourquoi est-ce le nominatif qui sert pour cet emploi ? La raison en est simple. Le nominatif est d’abord la forme de la pure et simple dénomination, le cas de la non-dépendance. Etranger à la construction, il peut être explicité dans la partie construite de la phrase, par un anaphorique à n’importe quel cas, même à un cas normalement prépositionnel, comme le locatif (;bi), ou se contenter de la paraphrase minimale symbolisée par «en ce qui conceme» ou «quant â». Dépourvu de toute fonction syntaxique, il ne vaut donc que par l’information sémantique apportée. En tête de l’énoncé, il jette à la face de l’interlocuteur une notion jugée importante et pour cela mise en relief, et à partir de laquelle va se dérouler la suite de l’énoncé. Le Np serait donc un procédé de «focalisation». Faut-il le considérer fondamentalement comme un thème? Certains l’affirment. Si par exemple, on considère comme fhème ce par quoi un énoncé assure la continuité avec l’énoncé précédent, est-ce que dans l’exemple 2 le thème est vraiment Anci filii «les fils d’Ancus»? C’est bien plutôt le fwmn initial qui signifie «dans cette conjoncture»;

ils ne sont Faut-il emphase y du chancre 3.235.

des fils d’Ancus il n’est pas fait mention dans le contexte précédent,;

plus sur la scène de l’histoire depuis assez longtemps. tout expliquer par l’emphase (Havers)? C’est bien contestable: quelle a-t-il à parler des concombres (ex. 7), des femmes célibataires (ex. 4), ou noir (ex. 13)?

L’ampleur du phénomène «Np»

Les efforts déployés pour ramener cet égaré au bercail d’une syntaxe simpliste paraissent dérisoires quand on constate l’ampleur insoupçonnée du phénomène. Si tant de grammairiens ne s’en aperçoivent pas, c’est qu’ils ont tendance à enfermer les fonctions dans le paradigme de certaines formes: en l’espèce, le Np ne concernerait que le nom fléchi. Or le problème syntaxique se pose dans les mêmes termes pour des segments qui ne sauraient porter une marque de cas, et qui pourtant occupent les mêmes positions que le nom formel. H faut donc élargir immensément et non pas retrécir par des expédients le domaine du Np; l’examen des phrases qui sont des équivalents du nom (que l’on peut appeler «noms complexes» cf. G. Serbat 1990) apporte les mêmes enseignements. Nous n’en prendrons que quelques exemples, dans les relatives et les subordonnées par quod. (15) Aug., Serm. 234,1,1,: hodierno die qui baptizati sunt in Christo.… alloquamur éos: «(ceux) qui aujourd’hui sont nés dans le Christ, adressons-nous à eux». La relative initiale occupe la même place que ceterae philosophorum disciplinae (ex. 1}; elle est reprise par l’anaphorique eos; la phrase est faite de deux versants symétriques appuyés l’un à l’autre, de part et d’autre de la pause charnière après Christo. Sans doute ce schéma-là conviendrait-il pour quantité de phrases (par exemple l’hypothétique, avec protase + apodose). Mais la particularité est ici que le premier volet, bien que dans la phrase, n'y occupe pas une position (syntaxique) déterminée.

LE NOMINATIF

43

On dira: mais la relative «dépend» de son antécédent (eos) qui — situation assez fréquente — est placé après elle. Et, d’ailleurs, assurera-t-on, la relative est une proposition «adjective», qu’on ne peut donc assimiler à un nom. Telle est bien la doctrine reçue, dont l’autorité repose d’abord sur la routine, et l’obstination avec laquelle on la répète. Qu’il faille, à la lecture de l’ex. 13, se retenir de comprendre jusqu’à ce que l’on ait rencontré le bienheureux eos (et cela malgré

la pause centrale), voilà ce qu’un homme de bon sens ne peut admettre. Si l’on récuse l’intuition, il est assez facile de démontrer que la relative n’est pas une «proposition adjective» — en dépit de Port-Royal —, mais une «proposition substantive», c’est-à-dire une forme (particulière) de la nominalisation du nom complexe.

Sans quoi on ne comprendrait pas la prédominance chez Térence des «relatives sans antécédent», leur importance considérable en français (cf. Pierrard). Et on se cassera

la tête à «expliquer» des tours fréquents comme is qui, «celui qui». (En deux mots: si is et celui sont des cataphoriques, leur source sémantique est qui, Mais qui étant lui-même anaphorique, sa source sémantique est is/celui. Comment sortir de ce jeu de miroirs? (cf. Serbat, 1988). II suffit de ne pas oublier que qui est d’abord un catégoriseur nominal; et que dans le cas de às qui la catégorisation est redoublée par is. L'avantage de l’emploi de is, c’est de marquer explicitement la fonction de la relative dans la phrase). Bien inutiles sont les complications qu’introduit Havers (p; 245): si la relative antéposée a comme verbe esse, ce pourra être un Np. Parce que dans un exemple comme: (16) Varron, Res rusticae 1,25: Qui locus crassior sit, ibi Aminneum maius seri: «Le terrain qui sera plus gras, y planter (le cépage) Aminneum maius» (cf. l’ex; de Caton n° 6).

On peut considérer que la relative n’est qu’un équivalent développé du SN locus crassior. En revanche, si le verbe n’est pas la copule, il faudrait selon Havers, admettre qu’un nom primitivement antéposé a été «absorbé» par la relative. Mais quel nom supposer dans l’ex. 137 Ou dans celui-ci: (16)

Aug., Serm.

160,6:

Qui sedebant in umbra mortis, lumen ortum est eis:

«Ceux qui étaient assis dans l’ombre de la nuit, la lumière s’est levée pour eux». 3.2.3.6. Subordonnée par «quod» en position de Np Ce cas de figure est plus facile à admettre que le précédent, parce que la nominalisation par la conjonction quod est plus simple que la nominalisation relative, Il suffit de parcourir la correspondance de Cicéron pour récolter une bonne moisson d’exemples: (17) Cic, Epist. 4,14,3: Quod autem mihi gratularis, te ita uelle certo scio: «(Quant au fait) que tu me fais des compliments, je suis assuré que tels sont bien tes sentiments». Ici ita renvoie anaphoriquement à tout le contenu de la proposition initiale. D’autres fois — le plus souvent — il n’y a pas de support d’anaphorèse:

44

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN (18)

LE NOMINATIF

Cic., ibid. 4,23: Quod existimas meam causam coniunctam esse cum fua, in

-Etant donné que dans une phrase canonique chaque SN est porteur d’un signifié sémantique, et assujetti à une fonction syntaxique, on avait effectivement la possibilité de dissocier ces deux rôles, en jouant des anaphoriques; le même phénomène de dissociation s’observe en d’autres domaines: ainsi la disjonction du relatif en

utroque nostrum error fuit: «(En ce qui concerne le fait) que tu estimes que ma cause était liée à la tienne, (eh bien) chacun de nous s’est trompé». (Nous don-

nons à dessein la traduction littérale, parce qu’une transposition plus aisée à lire risquerait de masquer la réalité de la construction).

conjonctif + anaphorique (français vulgaire, dialectes d'oc, grec moderne, etc.); ou

bien le développement énorme des tournures à «verbe support» («avoir peur» pour «craindre»: «faire peur» pour «effrayer»).

De même 19. Cic., Acad. 8,1t,l1: Quod me magno animi motu perturbatum putas, sum equidem: «Que tu me trouves gravement perturbé moralement, je le suis en effet». On voit par ces quelques exemples que la subordonnée par quod occupe exactement la place du GN ceterae disciplinae (ex. 1); au lieu d’un concept nominal (relativement) simple (disciplinae/homines/filii etc.), on a, cette fois, une notion complexe («tu penses que je suis moralement très perturbé»), pour laquelile il n’existe pas de dénomination adéquate, mais que guod ramène au statut syntaxique du substantif. À ce détail près, on retrouve l’organisation de la phrase en échelle double, la présence (non nécessaire, ici, même, beaucoup plus rare) d’un anaphorique; et surtout le contraste entre le premier versant, purement sémantique, et le second syntaxiquement impeccable. D'autres subordonnées se prêtent au même emploi, notamment les subordonnées en si. 3.23.7.

Conciusion

L’extension du Np est beaucoup plus grande qu’on ne l’imagine souvent. I faut y compter, sans vaines chicanes, tfous les cas où un SN initial au nominatif n’a pas de place dans la charpente syntaxique de la phrase. H faut y ajouter tous les segments qui, sans être des syntagmes nominaux (donc étant dépourvus de marques casuelles) possèdent pourtant la qualité syntaxique de noms (phrases nominalisées). Ce tour enseigne qu’une phrase peut comprendre deux sortes de constituants: ceux qui s’ordonnent syntaxiquement (le deuxième versant) et ceux qui sont là pour leur seul contenu sémantique. Cette situation donne à l’expression liberté, aisance, vivacité. Avec des latitudes d’emploi différentes (le latin va sans doute plus loin que le français dans l’emploi des relatives et des subordonnées en guod), nous avons là le schéma fondamental de la «dislocation gauche» (anticipation).

Ager rubricosus… ibi lupinum bonum fiet, c’est exactement:

«Paris, j’y vais rarement (avec Paris dépourvu de la marque de fonction à, donc purement sémantique).

ou même: la télé, j'adore, sans trace d’anaphorique. On est au début d’un processus qui, à la limite, conduirait à une phrase où la plupart des arguments nominaux seraient excentrés (à gauche ou à droite); à gauche seulement en latin), leurs rôles syntaxiques étant marqués par des anaphoriques («clitiques») rigidement au contact du verbe.

45

324

# & #

#ä #

;

N. «descriptivus»

3.24.1. Analyse d’un exemple-type: Cic., Arf. IV 3,3. On appelle souvent «N deseriptivus» (descriptif) le N, ou le SN au N, qui apparaît comme dans ce texte de Cicéron, Atr. IV 3,3 (Clodius insecutus est me cum suis). Clamor lapides, fustes, gladii…

(«Clodius me poursuivit avec ses hommes)… «Hurlements, cailloux, bâtons, épées» …

La séquence clamor-gladii est isolée de ce qui la précède par une ponctuation forte. Au reste, aucune place ne serait assignable à ces quatre noms dans la phrase Clodius-cum suis. Sans doute clamor est-il un nom «d’action»; la notion verbale clamare n’est pas loin; il est évident que les «hurlements» sont le fait des gens de Clodius et peut-être aussi des gens de Cicéron qui ripostent. Mais on tombe ainsi dans une glose verbalisante, démentie par les trois noms suivants: fustes, lapides, gladii, qui ne s’interprètent comme des phrases «concentrées» qu’au prix de modifications peu admissibles, non sans dénaturer l’expression cicéronienne authentique. On ne prendra donc pas chacun des noms pour l’abrégé d’une phrase; c’est le point syntaxique important. Sans doute figurent-ils dans une lettre, genre d’écrit souvent porté à la brachylogie. Sans doute serait-il facile d’imaginer un clamor < ortus est > au lieu de clamor seul; lapides < coniecti sunt > au lieu de /apides. Et pourquoi pas, un plus abstrait fiebant, ou facta sunt, «il se produisit, 1l y eut> servant de prédicat commun aux quatre noms. Mais ce procédé artificiel exprimerait le souci de ramener tout énoncé à une structure phrastique en deux parties; démarche inutile et fausse, car l’ensemble clamor… gladii est parfaitement grammatical. Il se suffit et ne requiert aucune adjonction prédicative. Nous avons encore affaire à des dénominations pour elles-mêmes — dénominations impliquant l’existence des «choses référenciées»; il est donc superflu de confirmer cette existence par un fiebant existenciel, qui n’apporterait qu’une redondance, fâcheuse par surcroît par sa platitude. L’auteur ne retient que les données saillantes d’une situation, ce qui est immédiatement perçu par les sens; et toutes sont énoncées au N hors construction. Ce sont les notions de «hurlements», «cailloux», etc, Elles suffisent pour brosser un tableau

auquel l’absence de mise en phase confère une rapidité, une vivacité propres à rendre l’émotion des personnages menacés. L’appellation de «N descriptif» paraît donc assez juste pour ce type d’emploi, bien qu’elle se fonde sur une impression stylistique. 32 42.

Cause d’incertitude

Si l’on reprend en la complétant la citation de Cicéron, on lit: Clamor, lapides, fustes, gladii et haec improuisa omnia… «et tout cela à l’improviste».

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE NOMINATIF

- Le dernier membre de l’énumération et haec… omnia n’est plus un N hors construction. Il constitue une phrase à prédicat: de kaec omnia il est affirmé improuisa, «non prévu», participe sans copule. (Ce dernier type sera examiné plus loin, 4). Dans l’exposé d’une situation, on peut donc avoir sans inconvénient des N hors

«aussitôt dit, aussitôt fait». Les exclamations 272, Ridiculum caput! et 401, o facinus audax restent ambiguës quant au cas (N? Ac?).

“ 46

: * Les exemples ci-dessus, dont le statut est parfois ambigu (phrase phrase? } sont donnés sans rangement, à peu près dans l’ordre de leur à seulement voulu montrer que les tours qui s'écartent de la phrase vent abonder, surtout dans les textes qui se rapprochent de la langue

construction et des N sujets (haec omnia). Les deux emplois du N ne sont pas sépa-

rés par une hétérogénéité qui interdirait leur juxtaposition. On comprend mieux dès lors qu’en un certain nombre de cas on puisse hésiter à trancher d’emblée, entre l'un ou l’autre, notamment lorsque l’adjectif (ou le participe) se comprend aussi bien comme épithète que comme attribut; certains des exemples ci-dessous le montreront. Note, Cette capacité incontestable du N à former seul le tout d’un énoncé met en cause la doctrine tesniérienne du sujet «actant comme un autre» et au même niveau hiérarchique. Elle met en cause plus profondément ce postulat que le cœur de la phrase, le verbe, serait conçu d’abord, pour se voir ajouter ensuite des «actants» aptes à saturer ses possibilités valencielles. Dans l’exemple cité, on aurait par exemple clodiani /

47

d) L’exemple

de Cicéron,

Sest.

74, est souvent

cité.

(Un

elliptique? non occurrence; on canonique peuparlée.

certain

Gavianus,

soudoyé par les ennemis de Cicéron, bloque l’action du Sénat pourtant unanime). Clamor senatus, querellae, preces, socer ad pedes abiectus, «cris du Sénat, pro-

testations, prières, son beau-père à genoux à ses pieds». On retrouve à peu près la structure de l’exemple 3.2.4.0.; le dernier membre est encore le plus long (il forme

comme un tableautin dans l’ensemble); mais à la différence de haec improuisa omnia, ce n’est pas une phrase, mais un syntagme nominal comme clamor senatus, au même

niveau que querellae, preces, qui sont des noms

(ETh p. 11 parle à tort ici de

«phrase» nominale).

iaciebant —— —

e) Pour des raisons stylistiques (concision, représentation vive) Salluste, puis Tacite surtout ont élargi l’usage littéraire du N descriptif. Tac.… Misr. II 29 praeter spem incolumis Valens processit; gaudium, miseratio, fauor, «sain et sauf contre

lapides (Ac)

qui est bien autre chose que /apides (N) seul.

toute attente. Valens s’avança: joie, compassion, enthousiasme»;

undique clamor adcurrentium,

uocantium.

Ib. 46, (Quas

ib. 41, incertus

inter uoces ut flexerat

uultus aut indurauerat Othon) {«selon l’expression du visage d’Othon») clamor et

3.2.4.3. Autres exemples de N «descriptif»

gemitus. Le spectacle du charnp de bataille de Bédriac contemplé sans émotion par Vitellius quarante jours après le massacre, fb. 70, fournit un exemple particulièrement frappant de ce style «impressionniste» vigoureux.

a) Plt. Amp. 1061-2, Vbi parturit, deos inuocat (Alcumena). Strepitus, crepitus, sonitus, tonitrus. «Dès les premières douleurs de l’enfantement, (Alemène)

invoque les dieux: sifflements, crépitements, grondements, coup de tonnerre». 3 2 4 4. Conclusion

b) Tér, And. 362, solitudo ante ostium: iam id gaudeo,

«personne devant la porte: de cela déjà je me félicite».

Se demandera-t-on si les nominaux énoncés pour eux-mêmes dans les exemples cités ne devraient pas être considérés comme des sujets sans prédicat (à prédicat ellipsé)? Ainsi clamores équivaudrait à cl-fiebant/andiebantur). Ou même, pourquoi pas, comme des prédicats sans sujets? On dirait clamores comme pluit impersonnel;

Par solitudo ante ostrium, l’acteur constate un état de fait; 11 emploie deux noms,

mais sans faire de phrase, Il va de soi qu’énoncer solitudo dans sa situation revient à en affirmer l’existence; mais ce n’est pas une raison pour imaginer qu’il sous-entend < est >, et en fait l’ellipse. Et ante ostium peut fort bien se rapporter directement à solitudo. Autre point à noter: solitudo ante ostium se trouve immédiatement repris par id, objet interne de gaudeo. !l convient donc d’accorder un statut nominal à l'expression complexe anaphorisée. L’«interprétant» de id n’est pas solitudo seul, mais la situation solitudo ante ostium. (Le phénorène est peut-être plus clair mais non différent, lorsque l’interprétant est une phrase: Plt. Amp. 1000, sine dolore pepe-

et surtout pour clamores senatus, l’équivalence de senatus clamabat (prédicat) est

ientante. Mais toutes ces manipulations reviennent à refuser l’énoncé tel qu’il se présente, et à le gloser par des phrases réputées «normales», avec sujet et prédicat — quitte à retrancher ensuite l’un ou l’autre.

Vaine démarche, et question déplacée. La langue, surtout la langue parlée, fourmille d’énoncés qui échappent à la dichotomie sujet/prédicat. Si la paraphrase est généralement possible, elle ne manque pas d’altérer le donné linguistique, conduisant à des conclusions erronées.

rit; iam istuc gaudeo (cf. G. Serbat 1996 b).

c) Dans la même scène de l’And. on relèvera aisément d’autres exemples d’énoncés de ce type et d’autres types non verbaux: 357 (circumspicio): nusquam «(je regarde à la ronde):

rien nulle part»

(J. Marouzeau,

Budé);

358, (negat uidisse).

Mihi molestum, {«il dit qu’il n’a rien vu). Désagréable pour moi». L’esclave Dave poursuit ses réflexions 358-9, Hem!

Paululum

opsoni;

3.2,5,

ipsus tristis; de improuiso

«Phrasillons», aperçu

3.2.5.0. Introduction

nuptiaé; (Non cohaeret). «Hum! Très peu de provisions; lui-même affligé; mariage brusqué; (ça ne tient pas)», Seul le groupe ipsus tristis est à prendre comme phrase, ipsus pouvant difficilement s’adjoindre une épithète. De même 360, dictum ac factum,

Shnatzes

_ Les chapitres 3.1. à 3.2.4. portaient sur les emplois d’un N, soit seul, soit apparemment inséré dans un énoncé, mais isolé de quelque manière de la charpente syntaxique.

48

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

On ne pouvait reconnaître à ces N que leur valeur référencielle de dénomination. À partir du chapitre 4 sera étudié l’emploi du N comme «sujet» grammatical d’une phrase, il forme alors — admettons-le provisoirement — comme le premier volet d’un diptyque dont le second est le «prédicat». (La portée et les limites de cette analyse dichotomique, refusée par certains avec des arguments non négligeables, seront vérifiées plus tard). Avant d’en arriver là, il est bon de rappeler l’existence d’énoncés très corrects, et très usuels à l’oral, qui ne semblent s’intégrer à aucun des deux groupes d’emplois ci-dessus mentionnés. Ils semblent bien parfois se rapprocher par leur compacité et leur isolement du N seul. Mais des traits morphologiques et surtout

prosodiques,

ignorés du N de «dénomination»,

interdisent de considérer comme

équivalents une épitaphe au N (L. Scipio) et une sorte de cri comme ei! À l’opposé, d'autres (les «phrases affectives brèves») ne paraissent pas loin des phrases canoniques: on leur ajouterait sans peine un ou deux constituants qui les rendraient pleinement «conformes». Mais en a-t-on le droit? Se pose alors la question de l’ellipse, et des conditions dans lesquelles le recours à l’ellipse est admisible, voire nécessaire. Nous appelons ces énoncés «phrasillons» pour reprendre un terme plaisant forgé par Tesnière (J. Feuillet 988, p. 109 les nomme «phrases acatégorielles»: J.-B. Hofmann 1951, p. 9, qui traite du latin, parle «d’Affektsätze»). Ce développement sera bref, puisqu’il ne porte pas sur l’objet de notre propre étude.

LE NOMINATIF

49

manteau». (Le «patatras!» d'Ernout, Budé, conviendrait mieux à la chute initiale qu’à l’accident intestinai suivant). ; 4

Comme on le voit, taxtax est inséré dans la phrase; prox joue le rolî_d une proposition incise, marqué d’une intonation 63clamat1ve de surprise et d’inquiétude. Plaute aurait pu écrire une «phrase» pepedi! par çxçmpäe;_ Mais prox seul.es.t plus direct, plus pittoresque. On retrouve les vgleurs Stylistiques liées au N «descnpt1uys ». De fait, il n’y a pas de différence essentielle entre fçsîes! par exerpple_ et prox! Qn rioterä sans doute des différences dans les possibilités _de determmÿu:p; des (_hf—

férences dans la structure du signe fustis et celle du signe prox (où Ë impression

acoustique semble restituer directement la «chose»); dans le dlsçogrs, l 0n9matczpee

apparaît à coup sûr beaucoup plus souvent seule q,ue le nom décliné. Il n empechÿ que sa nature nominale est indéniable, et qu’elle s’emploie, comme les noms traditionnels soit isolée, soit incluse dans une phrase. ; |

- “Nous rangerions volontiers parmi les onomatopées — et non pas parmi les interjèctions, cormme on le fait d’habitude — hahahge, expression du rire; cf, Tér., Heaut.

886, hahahae — Quid rides?

3.2.5.2. Interjections affectives 3.2.5.2.1. Onomatopées et interjections

3.2.5,1, Onomatopées

Imitations de bruits, les onomatopées appartiennent à la langue, Elles sont communes aux locuteurs d’une communauté donnée: leur forme en respecte le système phonologique. Elles peuvent s’employer comme noms, comme adjectifs: «on entendit un grand boum»; les carriers de Fontainebleau distinguaient «le grès pif» du «grès paf» — indice empirique de compacité — selon le bruit que rendait un bloc à la percussion. Elles servent à l’occasion de bases de dérivation {«miauler» baubari). Tous ces traits en font des nominaux invariables et les distinguent des émissions vocales réussies par certains imitateurs doués, capables de suggèrer par exemple le

départ, la marche et l’arrêt d’une locomotive à vapeur, ou de reproduir e des cris

d’animaux (cf. le brekekex coax coax d’Aristophane, Gren.). Le point intéressant, c’est que les onomatopées sont aptes à former le tout d’un énoncé. Les auteurs de bandes dessinées le savent bien qui multiplient les «bulles»

contenant pour tout message un «bing», ou un «splatsch» (vraisemblableme nt anglicisme, au reste très évocateur). On saisit les nuances: «un bruit sec et sonore » d’une part, «chute avec écrasement mou» d'autre part. En latin, Plt., Persa 264,

l'axtax erit tergo meo, «il y aura taxtax pour mon dos». (Taxtax est sujet; il évoque le claquement répété d’un fouet). Comme on dit à un jeune enfant: «tu vas avoir pampam sur le….»). Mais l’onomatopée peut constituer à elle seule une «proposition». Ainsi avec prox qui s’emploie pour un vent inconvenant, Plt., Ps. 1279, dum enitor, prox! iam paene inquinaui palliam; (après être tombé à terre, l’esclave «fait des efforts» pour se relever, mais) «prout! C’est tout juste si je n’ai pas sali mon

= i’onomatopée à pour référent un bruit extérieur ou êventpeî_lement émi_s par le locuteur lui-même, et pour signifiant un groupe de phonèmes imitant ce bruit. ; L’interjection (par exemple ei/ «douleur») exprime un sentiment 4(ou une d1ÿ— position affective) très proche du simple signal sonore. C61_91—01 serait le cri animal, par exemple les quelque cinquante jappements répçrtomes du cî31en, qui, avec sonicomportement mimique et gestuel font connaître joie, peur, d_és1r, agressivité, ête. On peut supposer que ces émissions vocales sont compréheps1bles par tous les

chiens du monde, sans barrières territoriales. Elles ne sont ni articulées, ni conventionnelles. ; Si l’interjection conserve du cri-signal tous les éléments prosodiques Ëhauteur, modulation, intensité) accompagnés de mimique et de gestuelle, elle s_’en sépare par son articulation

en phonèmes,

et par un

cerlain caractère

convenüqnnçl.,

«Afe»

paraît lié en français à l’expression spontanée d’une douleur gubite. 1\fa1s si l’on supprime les facteurs «supra-segmentaux», par exemple en écrivant «aïe» sur un bout de papier et en le donnant à lire à un Allemand non francqphqne, ilne co_mprendxa pas que ce mot traduit assez exactement allL [aw(a}], ou ei latin. (Nou_s disons : et la virgule y représente des

données prosodiques très perceptibles. En français vulgaire, on entendra couramment des énoncés comme « ancien, ceci en revanche tout récent: César aurait été tué * à mon instigation».

En laissant de côté la dernière partie, Caesarem… interfectum, il reste deux ‘ phrases juxtaposées avec pronom N et prédicat adjectival. (Le texte n’a aucun sens ‘ si uetera et recens ne sont pas compris comme des prédicats, la transformation ‘ verbalisante est aisée). Le français ne supporte pas la traduction mot à mot: il faut ajouter une copule < est > qui peut être «en facteur commun»> pour les deux phrases. On notera l’accord, en genre, en nombre et en cas, de l’adjectif prédicat avec les pronoms haec, illud. (Un prédicat neutre est toutefois possible avec sujet animé, cf. 4.3.1.2.). Sall., Jug. 38,5, (désarroi dans un camp romain surpris par l’ennemi): Vis magna hostium, caelum nocte atque nubibus obscuratum, periculum anceps; post-

remo fugere au manere tutius foret in incerto erat. La dernière phrase (postremo. etc.) est verbale; son sujet est une interrogation indirecte (cf. 4.2.3.). Les trois précédentes se comprennent beaucoup mieux comme phrases à prédicat adjectif que comme N «descriptif» (cË. 3,2.4.). «Le nombre des ennemis < est > grand, le ciel (est) obscurci par la nuit et les nuages, le danger (est) double». Le second prédicat

est un participe passé employé comme adjectif. Le français n’exprimera que le premier < est >; à la place des (est) suivants interviendront des facteurs prosodiques. Catul., 64,186, nulla fugae ratio nulla spes, «Aucun moyen de fuir, aucun espoir» (mot à mot «le moyen de fuir < est > nul, l’espoir < est > nul).

Virg.…, Ge. Il 244, amor omnibus idem «l’amour < est > le même pour tous». Ge. II 490, Felix qui potuit rerum cognoscere causas, «Heureux qui a pu pénétrer les

nn

cmm

d’une relative: Tér., Eun. 288, mira uero militi quae placeant;

1049-50, incredibi-

lia… quae narrauit. (Naturellement, la transformation verbalisante est toujours pos. sible).

«- Dans les tours parallèles à la subordonnée infinitive comme id bonum existimo, l’absence de esse — si l’on peut parler d’«absence», l’énoncé étant suffisant sans esse — s’observe assez rarement lorsque le prédicat est un adjectif qualificatif, comme ci-dessus, fréquemment au contraire lorsque c’est un participe: dico id factum (Usuel Liu., Tac.). César lui-même qui a un goût marqué pour les expressions «xplicites, emploie toujours dico eum facturum, Pour l’adjectif en -ndo- Varron, dans les AR, use couramment de -nduwm seul, au sens de -ndum est: TI 2,17, deleniendum…; curandum 18, compellendum. Ailleurs TY 2,8, Haec magis ad uillaticas “greges animaduertenda…; cum omnes (oues) conceperunt, rursus arietes secerHendi, etc.

->

Parmi les phrases non verbales à prédicat adjectif ou participe, les Ab Abs occupent une place considérable. Les Anciens, soucieux d’aligner le latin sur le grec, expliquaient cette prétendue déviance par le manque de participes présents et passés - pour esse, L’usage bien attesté de factus, facturus, faciendus, sans le moindre sup… Port supplémentaire, ruine cette hypothèse. =

‘Note: Le style des portraits *

Salluste brosse un portrait de Catilina, au début même

de son récit (5,3). Cinq

lignes sont occupées par des énoncés qui pourraient être compris comme des phrases

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE NOMINATIF

‘A-prédicat'adjectif corpus patiens inediae… animus audax. Mais 1Îinterprétatien par ‘des syntagmes au N descriptif n’est pas exclue (cf. 3.2.4.). Elle s’impose même à la

4,3.1.1.3. Mirum * Mirus se prête aux emplois ordinaires de l’adjectif. Cic., pgrpxemple, l’utilise

fin de cette série de traits: satis eloquentiae, sapientiae parum. On comprend certes

que «(Catilina avait) assez d'éloquence, mais pas de sagesse», puisqu’il est question de lui. Mais dans ce contexte de «portrait», le latin comme le français se passe de constructions phrastiques. De simple notations suffisent, comme des touches de peinture. Même procédé chez Liu. XXI 4,6, sq. et Tac., Hist. ! 49, 2-3 (retour sur la . personnalité de Galba, après sa mort) Vetus in familia nobilitas, magnae opes; ipsi ‘ medium ingenium, magis extra uitia quam cum uirtutibus, […] ignarus.

comme épithète: Verr. IV 135, mirus dolor; ibid. 107, miïa relxgzo; de Orat. 11 18,

mirum solatium. Tl sert aussi de prédicat avec esse (uideri}: de inu. II 34, non esse

mirum si… Mur 38, quid mirum est + ÂcK. Avec uideri, diu. IF 148; Caes., Gall. I

34,4. ; u ; ’ Aux débuts de la latinité, mais aussi à l’époque classique et plus tard, surtout en poésie, mirum neutre forme souvent seul le prédicat ; et _l’on ne peut guère recourir à

J'hypothèse paresseuse d’une ellipse d’un verbe attributif pour rendre compte de ces

etmplois.

4.3.1.1.2. Potis, pote

|

2

* “ Sall, Catil. 52,23 (Déclin de la morale publique) Neque mirum: (l’égoïsme et la

Ces deux formes invariables se rencontrent si souvent comme prédicats qu’on les considère parfois comme les fossiles d’une époque révolue où la phrase nominale aurait été beaucoup plus fréquente. Ainsi Marouzeau 1910, p. 133 après Meillet 1906, et /ndrod, p. 322. Sans examiner pour l’instant cette hypothèse, on peut noter une claire tendance au figement de ces prédicats: détermination faible ou nulle, association avec des conjonctions (uipote) où le signifié propre de «possibilité» devient moins perceptible. La construction de potis (pote) avec copule est aussi très bien attestée, surtout à : l’époque archaïque: Tér., And. 437, potin es mihi uerum dicere, «es-tu capable de me dire la vérité?» Varr, RR 11 2.2.1. ut uideamus quid pastores potis sint. Mais en même temps potis seul est très usuel: Ad., 539 Potin ut desinas, «est-il possible (ou: es-tu capable) de t’arrêter? » PIt, Aul. 309, censen talentum magnum exorari pote ab

isto sene? Lucr., IIT 1079, nec deuitari letum pote quin obeamus; Cic.…, Att. XIIL 38,1,

çdÿyuption règnent) cf. note. Plt, Epid, 414, mirum hoc qui potuit ]Îieri, «étonnant,

cômment cela a pu se passer». Prop. II 8,40, mirum si de me iure triumphat .Am0r? Mirum est le plus souvent accompagné d’une négation, où inclus dans une interrogäfion… Plt., Mil. 1041, hau mirum si te habeo carum; grammaticalement lç sujet de hàufiimm est la complétive en si. De même Cic, Quinct. 18, nec mirum si eius ute-

batur auxilio; de Orat. T[ 55, minime mirum si ista res adhuc nostra lingua illustrata non est; PIt, Amp. 319, mirum ni hic me quasi muraenam exossare cogitat ! Tac., Ahn. XII 37, quid mirum si haec inuitus amisi?

Prop. IV 4,39, Quid mirum

+ Acl

ibid. 41, prodita quid mirum fraterni cornua monstri. Dans tous ces exemples, mirum est un prédicat seul, sans expansioq, indice d_’un

figement en cours. Le phénomène est achevé dans des expressiqns qui ne devaient plus être analysées, comme mirum quantum, mirum quam: Cic., At_*t. XTT 4Q,2, mirum quam inimicus ibat, «il s’en allait extrêmement monté», traduit J. Beaujeu,

Budé, Liu.… Ÿ 16.8, Mirum quantum illi uiro nuntianti haec fides fuerit, «cet homme et ses nouvelles inspirèrent une confiance extraordinaire» (mot à mot «étonnant combien la confiance fui acquise à cet homme annonçant de telles nouvelles»).

Hos quicquam pote impurius? Varr., RR IL 2,6, nec non emptor pote ex Sumpto uendito illum damnare si non tradet, «de plus l’acheteur peut, par l’action du contrat de vente, faire condamner (le vendeur) s’il ne livre pas (le bétail) (Ch. Guiraud, Budé).

# : ‘

=

Dans tous les exemples ci-dessus potis (pote) adjectif invariable équivaut à un verbe posse (posse + Ac, posse + infinitif actif ou passif). La paraphrase est plus ardue — encore qu’accessible par l’analyse — dans les tours où pote paraît servir surtout à asserter plus fortement un superlatif, Plt, Capt. 398, quam primum pote (cf. français «le plus… possible»); ou en association avec quantum (Plt, Bacch. 5 1. Le figement le plus net s’observe dans ur pote (écrit aussi bien utpote) mot à mot «comme possible / normal / attendu». Vipote est suivi fréquemment d’une subordonnée en cum, d’une relative, d’un adjectif, d’un participe: Cic, Atr. V 8,1, incommoda ualetudo, e qua iam emerseram, utpote cum sine febri laborassem.… «comme il est normal, étant donné que je n’avais pas eu de fièvre quand J'en étais atteint» (on passe aisément au sens de «puisque»). Pline, VH XVI 86, (la chute tardive des feuilles et la précocité du bourgeonnement n’ont pas de rapport). Vipote cum quaedam (arbores) primae germinent, et inter nouissimas nudentur, «comme cela est normal vu que certains bourgeonnent les premiers et sont parmi les derniers à se dépouiller». Plt., Rud. 462, satin nequam sum, utpote qui hodie amare inceperim, «comme on peut le penser d’un homme qui se met aujourd’hui à être amoureux» (= «puisque», «moi qui»); Nep., Hann. 2,3, puerulo me, uipote non amplius VIII annos nato; Hor., Sat. 1 5.94, Rubos fessi peruenimus utpote longum carpentes iter.

67

| ‘

Note: Mirum en réplique ou incise: il n’est pas rare de rencontrer dans les dialogues une réplique limitée à mirum / non mirum (parfois soulignée par un herclç par exemple). Ainsi Tér, £un. 403 («le roi me confiait son armée entière») — Mzrym,

Admirable! Cette réplique ne peut pas s’analyser comme la réponse à une question, où la charpente phrastique de celle-ci reste valide pour la réponse, et où l’ellipse contextuelle va de soi: Quem uidistii? — Seruom meum (scil. uidi). Au contraire, murum dans l’exemple ci-dessus ne comble pas un vide informatif (Quem? seruom); il formule un commentaire sur les paroles de l’interlocuteur. C’est pourquoi les paraphrases de mirum visant à mettre sur pied des phrases «complètes» sont diverses. On peut supposer mirum dicis ! ou mirum facis ! Dans tous les cas mi4rum est l’appréciation, réduite à son prédicat, portée sur l’énoncé précédent. On aurait de la même façon ridiculum, facete dictum, ou même des adverbes comme facete, bene, scite, etc. Mirum se trouve également en incise, avec la valeur d’une appréciation portée sur les propos du locuteur lui-même et non plus sur ceux de l’interlocutéur. Ov., Fa. IT 413, uenit ad expositos, mirum, lupa feta gemellos. (On rapprochera l’exemple de Sall. cité au début où neque mirum, isolé, formait comme

la charnière explicative

entre deux phrases). Cf. Cic., Ac. II 111 parfois mirum est accompagné d’un supin à

68

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

l’Ab:

Pline, NH

X

124,

Oleo.…

construction se retrouve avec tivales ou incises avec valeur Dans tous ces cas, mirum avancée par l’interlocuteur ou

mirum

LE NOMINATIF

dictu inest quidam

uini sapor.

4:5, si ille non hostis…; Celse III 18.22, si nimia tristitia, prodest frictio; TV 31,9, si qâ«‘i—Î,ex corpore metus… * Dans les sentences et proverbes apparaissent parfois des énoncés à !a symétrie accu-

La même

d’autres adjectifs (incredibile uisu, etc.) phrases adjecde commentaire sur les faits rapportés. est le prédicat d’un sujet qui n’est autre que l’opinion les faits assertés par le locuteur.

seô Le fameux summum ius, summa luiuria, que Cic…, Off. T. 10.33. mentionne comme tri-

tuin prouerbium, peut s’interpréter comme assertant un SN prédicat surma iniuria d’un SN sSummmum $ j ë i ène à)à unî extr ême injustice» peut être ius. «Le droiti extrême constitue (mène _ ÎÏe interprétation acceptable. (D’ailleurs avec copule Te_r., Heaut. 795{, ius summum saepe summa est malitia; cf, Otto 1800 (1971) p. 179). Mais l’mterpretaçqn manque du lecture d’Otto révèle d’ailleurs que la ‘Déhèrf, de la vigueur sans appel du proverbe. (La cA ‘ . ‘très grande majorité des proverbes ont un prédicat verbal et non pas nominal) ** On rangera ici les «Ab Abs» du type de Caesare c?uce, ou, çnfdépit de l’Ab

4,3.2. Pronom prédicat

On le trouve assez souvent en le prédicat est l’interrogatif. Truc. istic est? — Charinus, Cas. 736, Actaeon nescit, «mais elle ne sait

69

phrase interrogative: Plt., Cist. 725, quid id? où 611, quae hae res? (avec copule Pseud. 712, Quis quoius tu seruos? Ou, Met. III 721, illa, quid pas ce qu’est Actaceon» (emploi du neutre com-

imputable à la fonction du SN dans la phrase, duce est bien le prédicat de Ciac:*Ïsare.

parable à triste lupus stabulis: cf. Hor., Sat. 1 6,55, quid essem). Prononcé avec une intonation de surprise ou d’agacement, quid est souvent seul: Tér, Heaut. 694, fai-

sant fonction d’interjection. L’expression est parfois plus explicit e: Sén., Oed. 911, sed quid hoc? ; Tér,, Eun. 642, quid hoc quod.… («qu’est-ce que cela, à savoir que», «que veut dire le fait que.…»). D’autres fois quid n’a pas le même statut prédicatif; il n’est plus le tout du pré dicat. Ainsi dans Pseud. 610, Quid tu, seruosne an liber? Le quid tu équivaut à un - brusque «Dis-donc, toi ! Quid est bien dans le prédicat; mais, si l’on veut l’expliciter on est embarrassé pour préciser quel signifié verbal convien drait le mieux: quid < agis > tu? ou quid uis? quid dicis? Question au demeur ant subalterne, voire ; déplacée: l’énoncé exprime avec le destinataire f, une impatie nce, une demande d’explication du locuteur, et cela suffit. De même, à la 3° personne, Cic., Art. TII ; 15,3, quid Curio?

Dans les cas où quid est sujet, comme dans les tours usuels guid tibi cum... Mart.

II 16,5, quid tibi cum medicis? le prédicat est fibi (cum medicis),

4.3.3. Nom prédicat

C’est même ici que le prédicat nominal est le plus constant, _le mieux attesté. Invoer l’absence en latin d’un participe présent de esse (à la d1ff61:ence du G Abs grec avec ontos) est une mauvaise explication: elle s’inspire de la méthode des grammaxnens romains décrivant le latin à partir du grec: _et cîn_squosant une ellipse, elle

manque à reconnaître la validité du nom en emploi prédicatif. 4:3,4. Note sur les énoncés non verbaux du type quot.…fot

“ Leur structure très symétrique —

qui rappelle celle dç certains proverbes —

àñ1ène à mentionner ici les énoncés non verbaux du type de Ç10., NDI 84 Q%tâî homi-

ûm linguae, tot nomina rerum. À la différence de summum ius suruma :uzurŸa aucune päfâphrase à copule n’est envisageable ici pour unir le‘s'deu.xlrpembres. Leur SYH:IÉÜ'1F est pourtant parfaite, et fortement soulignée par la position initiale des pronoms wrrî— latifs (et allitérants) Quot… tot (plus rarement ror… quot). La cone}at1pn — et la mélodie quasi emblématique de ces énoncés — ieur_assure un statut _md15cutable de fihÏase. Mais chacun des versants de la phrase constitue une proposflmy, la s_çcon_de aÿänt le sens d’une conséquence de la premièye. Çhacm_æ se compose d’un sujet (Jin-

En fonction de prédicat le nom isolé est beaucoup plus rare que l’adjectif, (Encore faut-il tenir compte que certains noms s’emploient sans difficul té, comme adjectifs:

guae, hnomina) et d’un prédicat, adjectif ou adjectif relatfiî Il est 1_nvanable dans le caË de quot… tot; (cf, Tér., Ph, 404, quot homines, tot sentem‘:ae)_vanable et donc ac_cm@e

amicus, qui a comparatif et superlatif). Tér, And. 970, Pater amicus summus nobis (l’épit

medis equi, nunc

au sujet dans Qualis pater, talis filius, Virg., Aen. 1 752, regitans… nune Îyuale_s 1È…

ainsi les noms en -tor, -trix — cf, ci-dessous Plt, St. 649 — ou un mot comme

hète summus évite d’hésiter dans l’interprétation de amicus; Plt.… Cas. 736, (Quoius tu seruos ? ) - Ego seruos? Virg., Buc. 5, 21, uos coryli testes; Cic., Ph 13,40

ego lanista? Des phrases comme Virg., Aen. I 617, tune ille Aeneas? III 45, nam Polydorus ego, qui pourraient susciter quelque hésitation, se comprennent comme construites avec un pronom sujet et un nom propre prédica t. Le prédicat purement nominal se trouve plus souvent en subordonnée. Relatives:

Plt., S. 649, Athenas, quae nutrices Graeciae;



Caesar

sceleratus,

«s'il est consul,

..César est un scélérat».

Virg., Buc.

5,45-47,

Tale

tuur{I carmen

nobis,

: 4.3.5. Le prédicat est un adverbe ou un SN prépositionnel ou équivalent 4.3 5.1. Adverbes interrogatifs et relatifs Pour enchaîner sur la note 4.3.4., on peut mentionner les tours \à corrélation illus-

Varr., LL V

58, h Samothraces dei, qui Castor et Pollux, … «qui s’identifient avec Castor et Pollux», Collart 1954; ibid. 28, amnis qui Anio. Causales: Ov., Met. XIII 497, te, quia femina, rebar a ferro tutam. Hypothétiques: Cic, Parad. 30, cur hostis Spartacus, si tu ciuis? Ph. 3,14, si ille consul,

:

quantus Achilles.

diuine poeta | quale sopor fessis in gramine, quale per aestum Ï dulc:as aquae saliente .{itim restinguere riuo (tale… quale au neutre; cË. rriste lupus stabulis 4.3.1.1.).

F

trés par PIt, Truc. 885, ubi amici, ibi opes:; «là où des amis, là des _re_ssourcçs». Des «ressources» et des «amis», il est dit qu’ils se trouvent «à tel endroit», qui est

le même. On prendra garde que le verbe «se trouver» en_1p!oyé pour la paraph;ase en français n’est absolument pas exprimé en latin. b{[a_1s}’1dee de «se trouver quelque part» est inhérente à ubi, adverbe relatif, comme à ibi.

70

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Sans corrélation: Virg., Ge. II 486, O ubi campi Sperchaeusque et uirginibus bacchata Lacaenis Taygeta? Varr., LL. V 12, neque motus, ubi non locus et corpus, (selon Pythagore) «il ne saurait y avoir de mouvement sans espace ni corps» (J. Col-

lart, 1954; élégant mais loin du mot à mobt.

De même avec les autres adverbes de lieu, surtout en interrogation: Ov., ArsI 293, Quo tibi, Pasiphae, pretiosas sumere uestes? «En vue de quoi, Pasiphae, prendre pour toi des habits précieux? («Pourquoi, Pasiphae revêtir ces robes magnifi ques?»

LE NOMINATIF : | ;

H, Bornecque, Budé).

Tous les facteurs de compréhension sont présents dans cette phrase: le sujet «prendre pour toi des habits précieux (à moins que #ibi ne soit à inclure dans le pré-

dicat, cf, ci-dessous): le prédicat: quo, «vers où», d’où «en vue de quoi?, «à quoi

bon?»; la personne apostrophée: tibi, et le V Pasiphae. Nul besoin d’un verbe personnel pour «organiser» cet énoncé. Il est parfaitement auto-suffisant, commeé en français «A quoi bon ces robes? ». Ov., Am. III 7,49, Quo mihi fortunae tantum? Quo regna sine usu? «A quoi bon

pour moi tant de chance? À quoi bon le règne sans l’usage (du pouvoir) ?» Ici l’inclusion de mihi dans le prédicat ne fait pas de doute (c£. l’emploi fréquent du D, surtout mihi, tibi après interrogatif: Ars II 295, Quid tibi cum speculo «qu’as-t u à faire d’un miroir?»). La phrase est réduite au minimum chez Vip., Dig. 4,6,26,4, hoc quo? “ «cela pourquoi?» Aussi laconique en interrogation indirecte, Tér., Ph. 540, sed unde id edoce. Cic., Rep. 1 2, Vnde enim pietas, aut a quibus religio? (Noter la variation

unde / a quibus, cf, Liu. VIII 4.10, unde… nisi a conscientia), Luc. 106, Vnde memoria, si nihil percipimus; Virg.… Buc, 14.21, Vnde iste amor tibi? «D’où pour toi cet amour?», Tac, Ann. IL 9, unde ista deformitas oris.… Avec unde relatif: Pit., Most. 342, unde homo ebrius probe «d’où notre homme franchement ivre»: Tac., Hist. TI

;

71

vaine». Mais on le trouve aussi isolé, parfois avec r}égation,çt _suivi .d’une explica-

tion (quoniam, nam…). Pline, NH VIIL 20 quaestuosissimam iudicat uitem; non ]Îrnfs— tra, quoniam... «non à tort, puisque…». Il va de soi que frustrc_: porte une appréciation sur le jugement précédent; en a-t-on pour autant le droit de consu_îén_ær non frustra comme une construction elliptique, équwa_lant à non fr/us{ra < iudicat > Nous ne le pensons pas; frustra, au plan grammatical, est le pflredxcaÿ dont le sujet non répété est «l’événement» en question. On analyserait de même Hirt, Gall. VITI 3,4, Bituriges in finitimas ciuitates confugerant. Frustra; nam Caesar.…; H01:., Carm. III 7.21, (des tentatives de séduction sont déployées). F rystra: nam... «< C est > en vain, car…Ô»; Flor., Epit. I1 21 (IV 11,9), (Cléopâtre essaie de séduire Octave). Frus-

tra, nam pulchritudo infra pudicitiam principis fuit. ; ; - Des adverbes exprimant une position spatiale peuvent à eux seuls constituer le prédicat: Petr. 22,2, toia intra forisque familia. Petr. 52,7,\ aquam foras uinum intro clamauit. Foris s'oppose souvent à domi: Cic., Ph. 2,69; Liu,, I 31,1; Sall, Cc_:t. 20,%3.

Cic. écrit A#t. IV 3,4, (dans une belle série de phrases._ non ver@ales) quz

Clodius

egregius Marcellinus, omnes acres, «Clodiug clgez 1u1}\{[ar_cçlimus a_dm1rable, tous\

plein d’énergie». Tac., Hisr. III 2,3 (discours 1nd1œçl, déjà cité en partie 4._3.5.1.) nec procul Germaniam iuxta Gallias Hispaniasque, utrimque uiros, equos, tï‘lbL{td.

-

Des SN — signifiant encore position ou mouvement — s’emploient aussi comme

prédicats: Cic., Off. III 80, et ceteri quidem alius alio, Mariug ab subs:îllus :r3 rostra

recta…: s’opposant à alio (adverbe) ab subsellis ad rostra, joue le même rôle syntaxique en liaison avec le N sujet Marim._ Sall, Jug. 17,5,}cqelo terraque penuria

2, nec procul Germaniam unde uires, (style indirect) «la German ie n’était pas loin, d’où < ils tiraient > leurs forces». Cette traduction laisse croire que wires est l’objet d’un concept verbal sous-entendu («tirer» par exemple). Mais il serait aussi justifié de voir dans æires le sujet d’un concept verbal «provenir de» par exemple. En fait, les exigences de la traduction induisent en erreur: il n’y a rien à sous-entendre;

aquarum, «manque d’eau (sujet) dans le ciel et sur terre (prédicat)».

doivent tout leur signifié à des traits déjà inscrits dans unde. De même Tac., Hist. IV 79, unde metus et iustae preces innocentium; unde et les sujets exprima nt les conséquences des faits antérieurs, suffisent à bâtir la phrase. (Note; Il arrive que la fonction objet soit clairement signalée. Ainsi Hor., Sat. II TIL6, Vnde mihi lapidem? … unde sagittas? «où prendre une pierre ?… où prendre des flèches», maugrée l’auteur furieux des remontrances de son esclave, Le texte de

en français, assorties de traits intonatifs évidemment mieux observables qu’en 1_at,1n. On a souvent avancé l’hypothèse reprise par les auteurs qui restent dax::s la 13gne néo-grammairienne, comme HSz — que le latin n’offrait plus que des vestiges d’une situation florissante en IE: à preuve pour Marouzeau 1910, ou HSz, le figement en potis (pote) si visible dans æ pote, qui est compris d’emblée comme un synonyme approximatif de quoniam, et non pas comme une phrase miniaturisée à p{ed1cäat adjectival. Cette hypothèse souffre d’un vice caché: elle est tiée à une îhçone très contestable, celle de «l’autonomie du mot» en IF; cette autonomœ;œphque une sorte de degré zéro de la syntaxe qui convient au p|rétend‘u. «primitivisme» des peuples IE, primitivisme non seulement technique, mais aussi intellectuel. Pes} mots «autonomes» n’expriment pas (par définition) des relations; ils se boment}a ;

Sall, Jug. 7,6, nullum inceptum jrustra erat, «aucune entrepri se n’éftait

4.3.6. Conclusions

Les phrases à prédicat non verbal, sans être v_raimth nombreusçs en lït_in, ne constituent pas du tout une anomalie, ni même une b12arrçne. Elles survivent îi afilet_1rs

plus avancées (le français naturellement!) la catégorie du temps. ann‘t au nornbre,

G. Guillaume a soutenu qu’on n’en avait eu longtemps qu’une vision gloîaal1sapt_e (la pluralité saisie comme une unité, dont le duel serait une trace), avant d’acquérir

la vision analytique (de un à l’infini).

72

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN On voit trop bien que ces théories linguistiques ne sont que des postulats accor-

LE NOMINATIF

dés à la doctrine sociologique de Durkheim. Les études typologiques en ont montré l’inconsistance:

combien de peuples à la technique encore balbutiante possèdent

des parlers d’une syrtaxe infiniment subtile et complexe, Combien d’autres, qu’on ne peut suspecter d’arrièration, ont simplifié vertigineusement leur syntaxe (les Anglais) ou emploient à haute dose la phrase «nominale» parce qu’ils n’ont pas de verbe «être» (les Turcs ), ou parce que — comble d’étourderie! — ils l’ont perdu en grande partie il y a trois ou quatre siècles (les Russes). La prudence engage donc à repousser sur ce point les vues mal fondées des néogrammairiens. Au reste, les phrases non verbales sont-elles tellement rares en latin? L’ablatif absolu, si bien représenté, n’est autre chose qu’une phrase à prédicat adjectif, participe ou nom, et à sujet nominal. Que sa fonction subordonnée l’entraîne tout entière à l'Ab ne supprime pas la fonction prédicative assurée par un terme non verbal. Ce qui est rare, c’est le type homo homini lupus, et l’on perçoit assez bien les raisons de cette rareté: la distinction formelle est nulle entre nom sujet et prédicat (sauf dans le type triste Iupus stabulis). D’où une indistinction, source d’ambiguïté. Celle-ci serait extrême, si sujet et prédicat se trouvaient chargés de lourdes déterminations. Ce n’est pas le cas, on l’a vu. Il y a là une limite pratique à l’usage de la phrase nominale. Le souci de clarté explique pourquoi le sujet N d’une phrase nominale latine est beaucoup plus fréquemment un pronom qu’un nom. Ï est en effet impossible de considérer le prédicat autrement que comme un prédicat dans… qui nutrices Graeciae, dans quid hoc? ou illud durum: toute analvse comme épithète est exclue. Enfin, la raison majeure de l’effectif faible des phrases nominales à sujet N est

l'existence en latin d’un verbe esse largement spécialisé comme marqueur de prédication.

4.4. La phrase à prédicat verbal 4.4.0. Introduction - Prédicat non verbal et prédicat verbal Les noms, SN, pronoms et adverbes forment parfois le prédicat d’une phrase, comme

on vient de le voir (4.3.). Dans certains cas (Ab Abs par exemple) ils sont

seuls admis à cette place, Mais dans une phrase indépendante la fonction prédicative ne peut leur être reconnue qu’au vu de l’ensemble de la structure phrastique. Ils ne l’affichent pas d’emblée comme en étant dotés, si l’on peut dire, par nature. Au contraire le verbe, à ses formes personnelles s’annonce comme prédicat, ou inclus dans le prédicat. (L’infinitif au contraire peut, comme les noms, entrer dans un SN, sujet par exemple, ou bien fonctionner comme prédicat, comme dans l’infinitif his-

torique). C’est pourquoi, en latin, la relation prédicative s’observe mieux et plus immédiatement en phrase verbale personnelle. C’est sans doute aussi la raison pour laquelle les phrases verbales l’emportent si largement en nombre sur les phrases non verbales («nominales»).

La fonction prédicative est si étroitement liée au verbe que s’il fallait un test morphologique pour dépasser la compréhension intuitive d’un énoncé comme phrase nominale, nous avons proposé (4.3.0.) le test de la transformation verbalisante: un

énoncé quelconque, dépourvu de verbe, constitue une phrase si l’on peut, sans altérer

73

son signifié, en lui conférant au contraire une cohésion plus explicite, ajouter un verbe entre le sujet et les constituants prédicatifs homo homini lupus = homo < est > homini lupus. — Quo tu? = Quo tu < is >? - - Ad haec Cotta = Ad haec Cotta < respondit >.

°* Le verbe signale expressément le prédicat (c’est son rôle syntaxique). Par son signifié sémantique — s’il en a un — il reprend et explicite des notions et des relations déjà inscrites dans les constituants nominaux; (encore que l’on puisse hésiter Ëàrfois entre plusieurs verbes possibles: ire, agere, dicere, par exemple). - La possession d’un signifié sémantique propre, ou la (quasi) nullité de celui-ci ;‘jç5finet de distinguer deux classes de verbes: les verbes attributifs et tous les autres: cette distinction se reflète dans l’appellation de «copule» appliquée au verbe esse (appellation peu propre, comme on verra). © 4.:4.1. La phrase à verbe esse

44.1.1. Des faits embarrassants Pour les exemples cités en 4.3. on a noté que le verbe qu’on pourrait ajouter à une phrase nominale est très souvent esse; et que des énoncés parallèles ne sont pas rares: Vbi ille? Vbi ille est? Summum

ius, suma iniuria ! Summum

ius saepe summa

malitia est. Ces énoncés nominal ou verbal apportent une information identique. Les constituants, autres que est, se maintiennent inchangés. Cette équivalence à peu près parfaite, la faculté qu’a la langue d’exprimer de deux façons différentes un message identique, ont suscité bien des embarras. Parfois on s’acharne à mettre au jour des «differentiae» parfois contestables (ainsi J. Marouzeau

1910);

ou bien (ceci n’ex-

cluant pas cela), on décrète qu’un des deux types est issu de l’autre: pour HSz p. 172 Caesar fuit magnus n’est que le développement de la phrase «nominale» C'aesar magnus, (qui se serait plutôt dit Magnus, Caesar). Marouzeau 1910 p. 23 écrit en titre «La phrase attributive ou phrase nominale», expliquant /bid, que la phrase nominale «peut comporter un 3° terme, la copule». D’où la distinction qu’il opère entre les «phrases nominales pures» (sans esse) et les autres qui seraient donc des phrases nominales «impures». On reconnaît ici la théorie de Meillet sur la priorité historique de la phrase sans copule, au nom de «l’autonomie» du mot.

Par une démarche inverse qui trahit l’embarras des descripteurs, on voit parfois dans la phrase nominale une phrase à verbe «être» qui aurait «perdu» sa copule. Alors se pose la question apparemment compliquée de l’«ellipse». 44.12. L’ellipse Pourquoi aurait-on «abandonné» (ekleipein) un constituant dans læ phrase sans copule (nominale)? L’énoncé. «nominal» est syntaxiquement correct; il offre un signifié non absurde; lorsqu’il n’est pas subordonné, il est soutenu par une mélodie spécifique, contenu entre des pauses; bref, il respecte toutes les conditions de la

74

L'’EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE NOMINATIF

phrase. Il ne lui manque rien. L’expression du temps? Même pas: Cic., Att. IV 1,7, postridie senatus frequens et omnes consulares. Si aucune époque n’est précisée dans omnia preeclara rara, cela veut dire que cette senten ce a une valeur panchronique, qu’elle n’appartient à aucune époque. D’autres fois le récit qu’enveloppe la phrase sans verbe suggère de la rapporter au passé; elle n’en devient pas incorrecte pour autant. (CÉ.

Cic, Ait. IV 3,4, contio biduo nulla; Plt., Persa, 648, nemo quisquam acceptior (scil, fuit}). Il n’y a donc pas lieu de parler «d’économie» d’un verbe, comme le fait HSz

(«Ersparung»). Mieux vaut reconnaître que des énoncé s peuvent se construire avec ou sans copule; et qu’aucune construction ne dérive de l’autre. Si l’on compare les deux tours, on ressent évidemment un effet de «brachylogie», puisque la phrase nominale compte un constituant de moins que sa jumelle verbale. Cette brachylogie conviendra au style parfois «télégraphique», si l’on peut dire, de la correspondance: cf. l'exemple de Cicéro n ci-dessus; ou Att. IV 3,4, Contentio fratrum trium turpis, fracta uis, contemptus furor. Elle convient aux brusqueries du dialogue comique: Quid tu? Vnde ille ?, à l’expression familière: PIt., Cas. 542, Vbi tua uxor? Comme le montre bien Marou zeau 1910, elle est recherchée par la prose d’art, pour sa concision souvent frappante (Tacite). Un auteur platement prosaïque comme celui du Bell, Hisp., l’ignore compl ètement (du moins pour les «propositions indépendantes»). Aussi Aulu-Gelle pouvait-il la considérer à juste titre comme l’indice d’un choix raffiné: £t est… et erat et fuit plerumque absunt cum élegantia, sine

ergo sum. Dans la présentation d’un personnage: Tér.… f’h. 122, Est parasitus quicfàm Phormio. Dans les tourg sunt qui... Ou nemo est qui.

me miserior

(serior

péut se comprendre «il n’existe (il n’y a) personne de £>l}15 mal];eur;w& quäen ran0

bien «personne n’est plus malheureux..….» (copule). D'ailleurs

.

la phrase s

œ

p

Êêt 'Ïls1î ËîÏêÏîccmstitne qu’une partie du prédicat, son signifié existencie! ten@

àÏê?éîanäuir, comme celui de stare «se tenir debout» s'est e,ffacé dans la con;\t_1gfiu—

:

s;jgdu verbe «être» français. Si l’on soupçonne Pæ'f_o1g une rçmgnencedexmenÿî | î; Ç’@st le contexte qu’il faudrait plutôt, peut-être, incriminer. Ainsi quan ] îs{ es sæ; ; d,"Ïùn complément de lieu (...sunt in campo) on est_natuæ]lement porté à impu |a présence sunit un trait local «se trouver» qui appartient en fait au S%‘|—I in campo. “ De toute façon, même si dans certains tours on peut s'interroger sur da p ; du nôn de traces d’un contenu sémantique, c’est le signifié syntaxique de esse qu igue le rôle capital. > T5 f IèÊÎËŸIÎÊdËÊSS&gÉ est aisé de la notion f(_)üe d’«existence» à | ;;;æïäëSäçflœ sémantique de la copule. On en jugera par ce dialogue de _P[aute},Aul. ï -u- ',is 1âï ‘ h£€ apud nos nulla sunt — Sunt asseres?” — Sunt pf’l' — Sunt 1ga_tur zgËa. : els o sr

rs sunt équivalent à «il y a»; on ne peut guère les supprimer. Dans la pre e iä‘hràèè au contraire les constituants du prédicat hic agmaî nos nulla pogrra1gnt suffi e Mais il n°est pas interdit non plus de comprendre «il n’y a pas de bois chez nous».

44.22. Signifié syntaxique de esse

Note sur d’autres prétendues ellipses Le verbe esse n’est pas le seul à pouvoir être rajouté dans une phrase nominale. Ainsi, avec des

Esse appartient à la catégorie syntaxique du_ verbç. Tiena les_pe;spnnes, les /temps, ‘les modes (soit dit en passant, cette constatation simple devrait éviter les mep1;}ses conduisant par exemple à intégrer les phrases à ver_be esse dans dÊS phrases nomini ‘ €s£ “ouà parler d’un «verbe nominal»!). Verbe d’existence, esse s’analyse comme tou autré intransitif: il est prédicat. ; uÊ2äîäÎäïät copule, et d£nc dénué de contenu sémanti_que propre, esse conserve sa.fonction fondamentale de verbe: il reste prédicat, mais en compagnie d’autres ç tituants: attributs, compléments divers. Ou plutôt,_ il marque syntax1qu_emetÿ 1îbuverture du prédicat dont les dits constitua}nts f0ummsent}e contenu notionnel. Où Celui-ci pourrait dire esse sert de signal d ’enïrçe a_î._:1rÎS le pré'dtca.t. ; . ; A* perd,quegrâce au verbe, toute m"£1b1g}næ potçnt1elle,)rç — ainsi Dion. Thr, p 31, 6-32, 1 Uhlig — les Alexandrins ont identifié et dénommé une forme du nom Èim_«;5’0ppose aux autres formes dans un même paradigme casuel. Mais avant les

grammairiens alexandrins, l’avait-on reconau comme un «cas» du nom? La question reste assez obscure, comme le montre la permanence du débat; et d’ailleurs, Vmporte peu pour la présente étude — sauf que cette incertitude même contribue à

strer l’originalité du V, toujours subodorée sinon clairement perçue. Rappelons seulement que pour Steinthal, 1890, I, p. 302 n. les Stoïciens n’avaient pas reconnu de valeur casuelle au V, et que le 5ème cas du traité de Chrysippe, Peri tôn pente ptôseon, était l’adverbe. J. Lallot, Denys le Thrace, p. 51, laisse entendre au contraire que la Tekhnë (Dion. Thrax) a adopté le point-de-vue stoïcien sur les cas,

insérant dans le paradigme V (et aussi N, auquel les Péripatéticiens refusaient le statut de «cas»). Calboli, 1972, 94; 1983, 62; 1988, 127, répête contre Steinthal, après

Barwick 1933,, 591, que pour Chrysippe et les Stoïciens, le V était un cas «vero e

‘proprio». Le rhéteur grec Hérodien nous a d’ailleurs conservé un fragment de Cléo“ charès (I siècle après J.-C.) avec un «polyptôton» sur le nom de «Démosthène», dont un V, en 5° position: à Démosthenes (Spengel, Rhet. gr. III 97, 10-17). ;

Pour Varron, L.L. VIII 42 (cf. 48; 68; IX 43; 91) le V est le uocandi casus. Les

Romains ont exactement repris les appellations alexandrines. Le terme de æocatitus apparaît chez Gell. XIV 5, 1; 2; 4. Priscien rappelle l’autre désignation: V etiam sälutatorius dicitur, ut «o Aenea».… «on appelle aussi le V «cas de salutation», comme «O Enée.….» (GLK II 196). l2 Le V est-il réellement un cas? «+Le débat millénaire n’est pas clos, Il suffit de parcourir les traités usuels pour s’en convaincre. Certes on admet que le V est bien un des avatars formels du nom, tout en soulignant hautement que sa marque casuelle est nulle (Brugmann 1905 $ 455) =- comme si une désinence , dûment constatée, n’était pas aussi signifiante qu’une

marque positive; et en oubliant d’ailleurs que certaines langues possèdent de lourdes _ désinences de V. Mais c’est au nom de son signifié que le V voit sa nature casuelle contestée (le différend entre disciples de l’Académie et Stoïciens devait porter sur ce -point): dans la phrase, le V et les autres cas n’ont pas un rôle de même nature; le V n’entre pas dans la «charpente phrastique», il n’entretient pas de relations syntaxiques avec un constituant quelconque de l’énoncé. Cette observation est d’un fon. dement irrécusable — moins cependant qu’on ne l’a prétendu: le V n’est pas le seul original; d’autres cas, le D, l’Ac et aussi, on l’a vu, le N montrent une plurifone-

tionnalité qui les rapproche à certains égards du V. Mais ce jugement justifie-t-il d’éviction du V du paradigme flexionnel du nom? (ETh s’y risquent, peut-être par étourderie: le V serait «hors flexion», p. 14). _ Extrême ou modérée, cette tendance à l’exclusion repose sur une conception à priori du rapport à instaurer entre un ensemble de signifiés au regard d’un ensemble

89

LE VOCATIF

88

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

de signifiants. On suppose, sans examiner le postulat sous-jacent à l’hypothèse, qu’if doit s’y trouver une cohérence telle qu’on puisse le représenter par un graphe simple. Ce sont les quatre paires d’opposition binaires, sagement alignées, de Jakobson pour.… le russe; ou les secteurs symétriquement ordonnés de Kuryftowicz, ou encore le gros cube de Hjelmslev, divisé en petits cubes égaux (cf. G. Serbat, 1981). C’est déjà le | trop rationnel triangle localiste urde / ubi / quo figuré par G / D / Ac dans le para e digme grec, coiffé par le N, et suivi du V — position qui montreraït d’ailleurs selon Wackernagel, 1920, 1 17 que le dernier n’avait pas été reconnu comme un cas réel {«der Sache nach»).

Le danger des schémas que l’on veut simples, c’est le réductionnisme. Une lin guistique qui se fonde sur une sorte d’a priori géométrique risque de tourner le do à la réalité des faits. Le cohérence souhaitée est atteinte en excluant telles données, en sollicitant le sens de telles autres. La démarche aboutit ainsi au contraire de c qu’elle vise: le paradigme formel — si l’on veut bien le considérer dans sa totalit — devient hétérogène. Dire qu’un cas formel n’est pas un cas réel, c’est reconnaître: qu’on ne peut pas l’intégrer dans le cadre construit seulement pour les autres. Cette erreur n’est pas rare en linguistique. Elle aboutit d’autres fois à imposer la forme (apparemment) hétérogène un signifié qu’elle ne possède pas, mais qui es présent dans l’ensemble des autres. Ainsi, pour avoir décrété que toute forme du verbe est temporelle, donc déictique est-on obligé d’attribuer au présent de l’indicatif une valeur d’actuel qu’il ignore com plètement. La «cohérence» déictique était ici une solution plus «simple». Malheureu sement, elle est fausse. Le paradigme est donc, à cet égard, hétérogène; et il faudr chercher plus profondément ce qui unit les formes de l’ensemble «indicatif». De même, force est d’admettre cette autre hétérogénéité: les formes fléchies d nom expriment (ou plutôt peuvent servir à exprimer) les relations syntaxiques dans laquelles le nom est engagé au sein de la phrase, sauf le V — et, exception de taille, le N dans son rôle de pure dénomination ou de substitut du V, Les rapports des signifiés casuels ne se réduisent donc pas à un schéma, ou à un stemma, figurant les dites relations syntaxiques. Ce constat effectué, on pourra essayer d’avancer une explication nouvelle, plus englobante, F. Bopp avait déjà décrit avec précision les marques formelles du V: désinence (éventuelle), remontée de l’accent (fhÿgater # thygatéra Ac; skr. réjaputra, etc.), mais ajoutait d’une façon significative «qu’il fallait se garder de voir dans -e de eque uné désinence casuelle» (t. I trad. franç. 1875, p. 443). De nos jours, à la suite de Brugmann-Delbrück, la grande majorité des linguistes considèrent le V comme «hors système» (Schwyzer-Dubrunner, 1959, 59 sq; Kury-

towiz 1964; HSz 23 sq; Pinkster 1985, 167).

L’expression est peu satisfaisante, parce qu’elle renouvelle subrepticement l’exclusion que nous dénoncions plus haut, Nous montrerons qu’il y a des relations syn; taxiques et des relations non syntaxiques. Plusieurs cas assument les unes et les autres. f L'originalité du V est de n’avoir aucune fonction syntaxique au sein de la phrase. Signalons pour mémoire les positions opposées adoptées par Gleason 1969, 130 (à propos du V sanskrit): «le V est lié vaguement à la phrase» — ce qui est ne rien dire; et par H. Fugier 1985: le V serait à tous égards dans la phrase. Nous reviendrons rapidement ci-dessous (6.4) sur ces avis franchement dissonants,

L'influence lointaine des théories qui excluent le V des cas — au moins des cas

éls» — semble encore agir sur KSt. Chez ces auteurs, la «Lehre von den Kasus» PHt., Asin. .691, 691, mi Libane, ocellus aureus..…, «mon cher Liban, ma prunelle d’or» VŒ)PH

CÎ 2gcti0n dans p), mais il est comme une apposition à valeur ];>rechcathe,î c’est l'usag "£Iîalus courant en prose, avec relative — ce qui fait ressortir le caraËerç£ st}ylË1q;e “re“ precherché É des exemples , de Virg. ] € t d’Hor. cités ité plus .haut. Cf. ‘ Cic,, i \ Ca ftil. il 1, 3 , uTi | ‘



La

.

L

. Ïùppiter qui… es constitutus, quem statorem… nominamus, hunc… arcebis, «Toi, ‘Jupiter, qui… as été consacré, que nous nommons protecteur…, ÈL;£ eÈïcarÿ_efle; “ , ‘ é ras cet mmé» (et non pas constituie, nominate); Arch. 24, O fortunate adulescens, g } ; mbe tuae uirtutis praeconem Homerum inueneris! (paroleŸ d ° Alexa\ndre sur 11î) ä)ämer d Achille) «O bienheureux jeune homme, qui as H{Ëfuve uñ HÛmËÎ1ÊÊË pfïäppanœ

u érorai une accu ta-valeur!». La péroraison du Dom. (de Cicéron offre of ‘de V suivis de relatives (144):

p p

Quocirca te, Capitoline, quem propter ÎfleËmeî

Romanus Optimum, propter uim Maximum nominauit,… et te, custos urbis, ! a;ê…; “' ha, quae semper - ad adiutrix n , testis, laborum' extitisti, [uiri consiliorum ili meorum, sH, p preco que 'ÿuaîso uosque, qui…lquorum… patrii familiaresque,! qui…! uos obtestor, que rum.…./ r1 teque, Vesta mater,, cuius… CUi ut. ; u main; “ «C'est pourquoi, je te prie instamment (O Jupiter) Capitolin, que 1Îi peupleggflflæ ‘a nommé Très Bon en raison de ses bienfaits, et Très Grand en rmsor}1fl € sa Êuêt @ éæj | i idé ddans_ mes ; réfle xion £ e: ‘toi t&oi, gardienne i de Rome, Minerve, qui Ï m'’as toujours _; aidé +

"

>

témÊin de mes travaux, et vous qui… dont… dieux de la patrie et cËeux fam1)h&u ] ‘ “… es Je vous conjure, è vous dont… et toi i notre mère Vesta, dont… afin que. .>

, qui,

c 74. Emplois extrêmes du V On considère habituellement — non sans raison, vu l’emploi surtout poétique — comme empreints d’artifice des tours comme Catull. 77, 1, Rufe, mihi f frustra…. ifi

in. 664-665, Da, meus ocellus, mea rosa, mi anime, mea uoluptas / Leonida, argen-

credite amice, où la prose aurait certainement dit: Rufus qui frustra.… amicus creditus es. D'autres exemples surprennent davantage: Virg., Aen. II 283, quibus, Hector, ab oris exspectate uenis? «De quels rivages, Hector, viens-tu (si) attendu? Tib., ['7, 53 sic uenies hodierne, «ainsi puisses-tu venir aujourd’hui». Prop. II 15, 2, lectule deliclis facte beate meis, «lit, rendu heureux par mes plaisirs».

m mihi, «Donne l’argent, mon petit œil, ma rose, mon cœur, mon plaisir, Léonidas! » “ Leonida, 4 appositions, dont 1 au V, ! au N, 2 au cas indistinct NV).

“ CONCLUSION : f 8.1. Îl est temps de dégager les grandes lignes de cette étude, qu’on risquait de perdre de vue dans l’embrouillamini des faits exposés au chapitre 7. “ Rappelons que le nom, le pronom ou l’adjectif en emploi vocatif se signalentä sentiellement par l’absence d’une fonction syntaxique quelconque à l’intérieur de la phrase p qu’ils peuvent accompagner. Cette même propriété originale explique

Ces exemples, souvent discutés (Wachernagel, Synt. 1 308 , Lôfstedt S'yrrr. T° 108;

HSz 25) sont expliqués par un alignement sur le terme central au V, c’est-à-dire pæ un phénomène mécanique d’accord. L’analyse de L. Rubio, 1966, I 128 ne manque pas de finesse. Selon lui, le V conserve

I1!

LE VOCATIF

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

110

sa charge émotive (on passe, dit-il, de la

syntaxe déclarative — N — à la «syntaxe émotive» V), Nous ne retiendrons pas le terme ambigu de «syntaxe émotive». En revanche, le V se distingue ici positivemen du N, comme si expectate par exemple, signifiait «toi, attendu! avec adresse à la Zème personne. Comme souvent, les poètes poussent à l’extrême, dans leur recherche de l’expres sion, un emploi fondé dans la langue.

qu’ils soient souvent employés isolément, constituant seuls un énoncé.

Interjection à forme nominale — ou, si l’on veut, forme du nom à usage pure- Ë ment déictique — le V établit un contact immédiat, une sorte de circuit court, entre |

locuteur et allocutaire. ‘ «- Mais, comme tant de tours émotifs, il est marqué de plusieurs redondances: à son ‘caractère a-syntaxique, qui est fondamental, s’ajoute éventuellement une désinence

7.5. Discordance casuelle de l’adjectif épithète ou du nom coordonné

- distinctive, et, le plus souvent, des traits prosodiques pertinents. Que ces redon‘ dances puissent disparaître n’a rien que de très banal. D’où les N en fonction de V, “‘d’où les V de simple contact «phatique», sans marques prosodiques décelables.

On illustre ces deux situations par les exemples homériques F. TV 159, philos à

Menelae, «ô mon cher Ménélas»; et /!. IIl 275-276, Zeu pâter… Héelios te… L'épi thète est séparée du nom par l’interjection, ce qui facilite une interprétation prédicative Il en va de même pour le 2*m° exemple: Héelios est éloigné du premier terme Zeu

8.2. V et paradigme flexionnel

dont il n’est pas coréférenciel; de surcroît, la coordination l’empêche de former avec

Zeu un bloc énonciatif compact. Les mêmes faits se rencontrent en sanskrit, avec le coordonnant enclitique ca. Quant au latin, il laisse perplexe, vu la faible extension formelle du V. Dan

; Le V, lorsqu’il existe dans la morphologie, est sans aucun doute inclus dans le paradigme nominal. L’en exclure c’est professer une conception étonnante de cet “ensemble flexionnel qu’est la déclinaison.

l’exemple final de 7.3./., nous admettons que Minerua est un V dissimulé, alors que



L’y inclure à contre-cœur, tout en le déclarant «hors-système», c’est trahir une

vue a priori el réductrice dudit «système». On ne retient que les formes pouvant ‘entrer dans des relations directes avec des constituants de la phrase p. On se limite du coup à l’analyse de p, en oubliant que p est inséparable d’un cadre plus vaste SE — p. Bref, on néglige le rôle de l’énonciation dans la langue. … Le V, purement énonciatif, échappe complètement à la charpente syntaxique de !p. Mais d’autres cas y échappent pour une partie de leurs emplois: N de dénominajon (ou en emploi V}, Ac d’exclamation, D «éthique». L’éviction du V, comme on le voit, devrait en entraîner logiquement quelques

Capitoline est un V manifeste. Ce sentiment intuitif est confirmé par la relative à la 2ème personne du singulier, dépendant de Minerua. De même Hor., saecul. 1, Phoebe siluarumque potens Diana (avec un V au vers 9

Alme Sol) «Phœbus et Diane qui règnent sur les forêts.…., Soleil bienfaisant…». Remarque:

1. N au lieu d’un V possible. Hor., Epod. 6, 1-2 canis / ignauus aduersus lupos «chien peureux devant les loups» (plus loin, de la même personne): t. caue «toi, prends garde! ».

autres, si l’on voulait retenir seulement des cas leur emploi comme

2. Juv., IV 23-24, …fu succintus patria quondam, Crispine, papyro, «toi, Cris pinus ceint jadis du papyrus de tes pères»; quondam, par le décalage tempore qu’il introduit, favorise l’analyse prédicative.

divers rôles syntaxiques dans le jeu des constituants de p. ;

7.,6. Mélange de N et de V L’aptitude du N à tenir la place du V, l’équivalence fonctionnelle qui en résulte, ‘ rendent possible un mélange des deux cas, sans raison apparente — sauf sans doute l’habitude prise d’employer l’un ou l’autre pour telle ou telle expression. Ainsi PIt.,

marqueurs

de

SECTION IV

L'ACCUSATIF (Ac)

L’ACCUSATIF

115

CHAPITRE Ï

MORPHOLOGIE ET APPELLATION DE L'ACCUSATIF DÉFINITIONS MARQUE ET PLACE La marque d’Ac à forme du cas dit «Ac»

est clairement signalée, au singulier animé de toutes

‘flexions, par une désinence nasale spécifique qui a, en latin, la forme -m (vocasé en -em après consonne) et, au pluriel animé, par une désinence voyelle + s. le-ci, au terme de modifications phonétiques simples, laisse partout apparaître un inal précédé d’une voyelle longue: ‘dominu-m | dominds < *-o-ns ‘consul-em (< —#m) / consul-ës (= le verbe) (scribere epistulan}*æ); t3{;di3 que îes/ «détfiîl‘îîälfi&fltS g«rbChes» (nähere Bestimmungen) ne sont pas semapt1queäme_nt nécessaires, î_Cfi:$ circonstants — comme nous les appelons souvent an0Êrd hu1 — expriment 1etïx, temps, cause, moyen. Dans l’exposé de cettç doctrine pï3»tesglcr1çnne, K-St. 0n\t e malheur de citer, comme exemple de déterminant non necç\ssaxre, in urbem_(danî eo in urbem); cas dans lequel, on le sait, les disciples de Tesnière admettent aujourd È1m «n circonstant obligatoire», et inscrit dans la valence Yerbale. K-St se}sont_ Peut-etr«s ic fourvoyés à cause de ce critère f0r_mel qu’e_sÿ la presençe/de\ la préposition. Car leur exposé sur l’Ac. exclut les emplois propositionnels, tr_anes à part (ces embartas

tévèlent une intuition assez sûre des difficultés de la quesüor:).

;

,

« Ce cadre d’ensemble posé, K-St. traitent d’abord de l’Ac. complément d’un

Notes:

1. Les pourcentages ci-dessus sont calculés par rapport au totai des formes nominales fléchies, y compris le N. 2. Quelques textes n’ont été dépouillés qu’en partie:

verbe transitif. C’est l’emploi {cf. ch. V), remarquable par devenir le «sujet» du même * Le poids des données, le

emblématique, soutenu par la majorité des occurrences la faculté quasi-absolue qu’a cet «objet», en latin, de verbe passivé. 0 ,Ç jeu avec les diathèses, semblent _1usnfiez: qu’on donne

lavedette à l’Ac. complément d’un verbe transitif; et même

qu’(}filalt_ vu, comme

Kurytowicz, dans cette position syntaxique, à l’écart de toute considération lexicale, ‘essence même du cas Ac. ,

Cicéron, Corresp. = Budé t. VIII, p. 82-93. Cicéron, Off. = I, p. 1-14.

Sénèque, Epist. 1-7 et 111, 112, 113, 114.

On se heurte malheureusement à des obstacles considérables. Ainsi _K—St se tmL}—

3. Ces chiffres confirment ceux qu'avance Bortolussi (Mémoir e, 1981, Paris [V)

pour des «corpus significatifs» de: Cicéron, Verr.:

Ac: 37,8

Caes., Ciu.:

Ab:

Ac: 39,6

Ab: 21,3

Tac.:

Ac: 36,5

Ab: 22,3

19,6

nt-ils immédiatement submergés par la masse des «verbes intransitifs employtîs transitivement» (II 1, 256 sq.); ou auprès desquels un Datif, ou un /syntagme pré_ Positionnel concurrencent l’Ac, sans altération perceptible du signifié global. IIs ne . parlent guère d’une catégorie pourtant bien réelle, çelie des ver'bes qui coqnaissçn_h

“ hors de toute contrainte contextuelle, soit un emploi absolu, soit un emploi t1;anszt1f Ail mange / il mange un gâteau). N’y a-t-il aucune différence entre ceux-ci et d’autres

118

-

;

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

L’ACCUSATIF

verbes ressentis de prime abord comme intransitifs, et qui pourtant se rencontren avec'un Ac, comme œnbulare maria, Cic., Fin. TI 112, que citent K-St. p. 263?

rundbedeutung») celui qui se dégage d’un emploi particulier. Comme le génitif €æ aré foncièrement «possessif», les autres emplois, parfois, tout à fait hétérogènes,

Et que dire des verbes dont l’intransitivité ne fait pas de doute ou auprès des. >

oyant relégués dans des brumes marginales, l’Ac, lui, el «transite» l’action exercée par le sujet. Tout est faux dée du transit entre deux nominaux: le postulat }atent que cès, et l’objet «le patient». Si le schém_a convient pour

d’un Ac? Ainsi vivere uitam…; Olympia uincere, sapere hircum: abesse tria milia

passuum;

119

ea res diem unum fuit; illud te accuso, doceo pueros grammaticam.

(Notons que dans ce long chapitre, K-St. ne soufflent mot de l’Ac «sujet» de l’infinitive.) Voilà une situation génante, dont on se tire assez mal en décrétant que l’Ac assume une fonction double: celle d’objet, obligatoire, du verbe transitif, et celle de «déterminant proche» (circonstant) du prédicat. Cette dichotomie fondamentale — en laissant de côté quelques emplois marginaux — se retrouve et chez les théoriciens (Kurylowicz: emplois syntaxiques / emploi s secondaires sémantiques), et: chez les auteurs de manuels (chez Emout-Thomas par exemple). Elle est inacceptable pour deux raisons:

nerat hostem ou iacit telum, quel

«transit>

marquera le non}Ïl—ngl' su? dans une teHîz dé m1üo(1}1. le sujet eîst l’«agent» ; u une phrase comme MI'[Œ

Agent—Pat1@nt tr0u_vera-î—on dans n;z es

dit nuntium, «apprend la nouvelle», ou acçzpzt»u@lnus, «reçoit une blessuîî».



; Cette démarche ouvre la porte à 1’extra«hngmst1que, aux «scènes de )îÏ_1€ÎÊI‘G>}> EÎ

'Îesnière, etc. Or l’invasion de l’extra-linguistique est sans doute le péril le plus e ve et le plus fréquent auquel s’expose, en syntaxe, le grammairien. On notera aussi que l’analyse habituelle («traditionnelle» semb!erait mettre 1Î35 ofitemporains à l’abri du reproche) adopte comme allant de soi une Cefiîi.lï}fi idée Îe‘ 13 «rection»; il y a un «régissant» haut perché, qui se subordonne un «régi». Les “«stemmata»

de Tesmière, les arbres de Chomsä«—:y3 viguali\sent claqement cette hœra;}g

“êhie admise comme une évidence. Or, cette domination à sens unique ne nous pâ}:f ‘pas tellement assurée; son examen critique nous conduit à proposer une auî£rï@ é t1— ‘nition de la pour relation le momh_ème }d\‘Ac. Nous en}donnemns tout Î SLÏ1 Î “Pessentiel, ôter signalée si possiblepar toute ænb1gqïæ à notre exposé. Natur&:llemznî, à \; 'fl dité de nos positions sera réexaminée et vérifiée au cours des paragraphes descriptifs.

« d’abord elle est fausse dans le détail: il Y à par exemple des Ac «circonstants» tout à fait passivables: elle est incomplète (l’Acl, l’empl oi prépositionnel); ensuite, elle se borne à un sorte de constat: «les emploi s de la forme dite Ac sont les suivants.…», sans essayer de mettre au jour aucun signifié, ni celui de l’A «objet», ni celui de l’Ac «circonstant»: encore moins s’interroge-t-elle sur1 signifié profond (la «valeur») qui doit rendre compt e d’emplois apparemment | contradictoires. Comme si ces deux classes n’étai ent pas les deux faces d’un même Janus bifrons.

[ 23

Le signifié «Ac» L’Ac latin, comme tous les cas obliques, est porteur d’un signifié double:

2.2. La plurifonctionnalité de Ac

tn ésinenc 2.3.1. AU PLAN SYNTAXIQUE, l’Ac annonce que le nominal marqué É de la désinence Âc est un terme second. Un autre terme, appelons-le premier, est donc impliqué, lié . au second d’une façon qu’il faut préciser. Notons que ce signifié syntaxique se retrouve dans tous les cas obliques. I crée “vne synonymie qui aboutira, un millénaire après J.-C., au «cas-régime» unique de

Cette vulgate grammaticale sur l’Ac S’imagine qu’il lui suffit de signaler des positions sans creuser le signifié, d’où une sorte de mécanique aveugle, exposée à mille grippages, Nous éprouvons quelque gêne à prendre comme cobayes K-St. qui ont du moins

- l'ancien français et de l’ancien provençal, Et cette synonymie, en 1gtm même bien avant

le mérite, eux, de ne se dérober devant aucune donnée. Mais la méthode peut devenir odieuse

l’émergence historique de celui-ci, a provoqué déjà des syncrétismes — Instrumen-

quand on bâtit des systèmes sur une poignée d’exe mples ad hoc (doctrines Structuralistes

tal, Locatif, Ablatif —:; elle entraîne beaucoup de flottements, comme

du milieu du siècle).

À notre avis, le fait qu’un nominal à l’Ac se rencon tre dans des positions différentes, bref, sa «plurifonctionnalité» syntaxique, n’est pas, en soi, un phénomène choquant. Cette plurifonctionnalité est même la règle pour tous les cas latins — sauf, sans doute, le vocatif, dont l’originalité est reconnue depuis des siècles. L’aptitude à apparaître en des points variés de la charpente phrastique n’est pas incompatible avec un signifié unitaire. II faut seule ment s’employer à dégager cette unité, au prix d’un effort d’abstraction. Le principe auquel nous tenons, c’est qu’une forme récurrente implique, a priori, une valeur récurr ente. L’homonymie accidentelle de valeurs différ entes n’est certes pas à proscrire absolument ;

mais

on ne devrait y recourir qu’avec de bonnes raisons, et après avoir épuisé la quête de l’unité. L'erreur de méthode des grammaires anciennes (et structurales) saute aux yeux: prisonnières de la forme des Syntagmes, elles érigent en signifié fondamental

l’Ab «à la place de» l’Ac, cf, ci-dessous chap. VIE.

0

l’emploi de

es

Bien que ce terme second à l’Ac (dorénavant 2) implique un terme premœp(

},

cela ne veut pas dire qu’ils forment un couple «régissant/régi». Ces appellations ‘ suggéreraient que 1 instaure la relation, se trouve à son pçint de départ, alors q1Ë€ 2 - la subit à son point d’arrivée. Pour prendre une image nautique, un bateau 1 peut lancer un grappin pour accrocher une bateau 2 et se l’amarrer: cela figurç la «rection» traditionnelle. Mais il est tout aussi possible que le grappin ait été lancé par le bateau -

“ 2 pour s’accrocher au bateau À. La liaison établie entre eux est, finalement, identique, mais sa mise en œuvre a obéi à des processus différents.

e _ Or, à notre avis, c’est de cette seconde manière que les rapports s’établissent par « 40 £ : £ $ ; fois en syntaxe. Aussi éviterons-nous les termes évoquant d’emblée une domination à sens unique, laquelle convient mal à des opérations en vérité complexes, et nous nous contenterons d’un numérotage aussi neutre que possible.

120

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

2.3.2. AU PLAN SÉMANTIQUE — et c’est ici que se manife stent les opposition entre les cas obliques —, la désinence Ac ne véhicule pas des informations à référen; promptement identifiable (vu qu’elles ne font que refléter le contexte) telles qu «but, qualification, durée».…, ni même

«objet direct> (qui reste mystérieux). Eli

signale une opération de l’esprit beaucoup plus abstrai te: le concept du nominal 2 es

,

L'ACCU

\ SATIF

121

d’agent et de patient — que cîi@nstdÎmnçent Les notions l’adjectif). (ou pour e7 verbe principe les réutiliser ensuite

— sont eîçch_æ‘s comme ina eq&1:g î;;ti-goca-

-ejui du caractère totalement asémantique de l’objet, lieu commun

istes du XIX° siècle.

;

Enfin, si l’on objecte que te concept de co—e_xtensz‘on est bÎEÏ1 vague, et [?‘äï anviendrait pour de nombreuses

aptres çonstmcnons, par exemp (pour la justification de hoc Âc. et non pas Ab., cf. ci-dessous, 3.1.).

On peut classer à part les nombreux pronoms ou adjectifs neutres, sans valeur anaphorique:

multum, multa, tantum, etc.

1. Type Servitvtem servire (substantif sans déterminant) ‘ Le type le plus frappant d’objet interne — si frappant qu’il a pu détourner de onsidérer des tours qui fonctionnaient de la même manière — est celui qu’on pelle figura etymologica: le terme 1 et le terme 2 sont construits sur le même ème. Il se produit une tautologie lourde certes, mais qui donne de la vigueur à l’asition, lui ôte toute ambiguïté, ne laisse par conséquent à l’auditeur/leeteur aucune possibilité d’interprétation déviante. C’est pourquoi ce tour est apprécié du parler familier (comédie), de la poésie

Soucieuse d’expressivité, et aussi de la langue du droit. Ecarté ou très modérément

124

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

L'ACCUSATIF

utilisé par les auteurs classiques, il retrouve faveur et vitalité dès la fin du 1° sièc]

vpe Claram pvgnam pygnare

p. C. et chez les auteurs chrétiens. Le jugement de Quintilien LO., VII, 3, 1 (antiqu ; ; ; ; . ; ;

ans le type pugnam pugnare, seruitutem seruire, le substantif ne fait que an pe PUs Pus q firmer le signifié lexical du verbe. C’est une sorte d’entêtement sémantique, dont ications par la langue familière, celle de la poésie, du droit, de la religion, ne ?ÏÎS n égligeäblæ 8 P ; 8 pais le substa nt1f à toujours le pouvoir d’être déterminé; l’espèce de pugna peut

dixerunt), qui ne retenait que l’archaïsme, est insuffisant. Seruire seruitutem — puisque nous avons pris cet exemple embléma tique — ; ï e ; e ; peut effectivement être utilisé comme terme technique: il spécifie que l’être en posi tion d’esclave est bien, légalement, de condition servile, et non pas un addictus c est-à-dire un h_omm;_æ qui à été «£_id3uge» & UN créancler, mais qui peut se libérer de sa deEte (cf. Afnc., D:g: 9, 4, 28, iustam sermtuz‘enî seruire. Cf. Re’m. ! c1-. La moitié de l’ouvrage traite des «compléments prédicatifs», c’est-à-dire du raporl des adjectifs aux noms dans une phrase comme Berenicen Titus inuitus inuitam imisit. Nous avons quant à nous laissé de côté ce tour, où, quelle que soit l’analyse u’on fasse de l’adjectif (circonstant? adverbial? etc.) sa forme est entièrement éterminée par l’accord (éventuellement à l’Ac) avec le substantif dont 1l énonce une ualité, une attitude, etc.

seul premier nominal (A). L’usage varie d’un verbe à l’autre: ainsi /udicare connaï

bien l’emploi avec À seul, innocent (par care l’une ou

absolu («siéger comme juge, porter un jugement»): également l’emplo «juger quelqu’un» (au tribunal), et ixdicare AB «estimer quelqu’uns exemple). C’est en fonction de son contexte qu’on adoptera pour iudi l’autre interprétation.

7, L’Aci

Pour la plupart des tours ci-dessus, la relation prédicative entre À et B (B étant, plus xactement, le prédicat de A) soulignée et rendue visible par l’accord grammatical,

194

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

L'ACCUSATIF

se passe de tout lien prédicatif explicite. Parfois seulement, — ainsi pour le ver

erbe + Ac «de but> + objet

putare — le rapport peut devenir manifeste, grâce à la «copule» esse. On dira ey

it., Most. 748, erus me rus misit, «mon maître m’a envoyé à la campagne». bjet interne rus coïncide avec le terme du mouvement impliqué par mittere. On rprète de ce fait comme un complément latif; il peut commuter avec ad bellum,

puto diuitem, «je le crois riche», ou eum puto diuitem esse, «je crois qu’il est riche (C£, chapitre II 3.3.). On débouche ainsi sur la classe immense des verbes «penser, croire, savoir»

aussi «dire», avec lesquels l’Acl est de règle; et cela, au point que lorsque la copule n’est pas exprimée, on parle un peu légèrement d’une «ellipse». En vérité l’AcI n’est pas autre chose qu’un d-Ac dans lequel le prédicat (le no nal B) voit sa fonction prédicative explicitée par esse: Credo

eurn,

diuitem

esse

prédicat + lien prédicatif,

Â

L'infinitif s’introduit ainsi dans le paradigme des êtres syntaxiques nominaux susceptibles d’occupez la place de prédicat B dans un objet complexe A-B. La construction de uelle apporte de bonnes illustrations de ce phénomène. Rare avec un seul objet substantif (Cic., Arr. XIII 32, 2, pacem), uelle accepte plus volontiers un pronom neutre, ou un nœud prédicatif secondaire sous la forme de l’Acl

(Cic., CM 13 uult se esse carum suis), très souvent sans copule; un subjonctif «par des complétives avec uf (Tér, Heaut

1027), ne (Atr. XI 12, 4). ; L’Acl sera traité en détail dans le volume consacré aux subordonnées complétives. (Cf. tome IX).

de lieu (rus, domum,

noms

de ville), on peut rencontrer

Venum dare (uenumdare) «donner en vente, vendre» ; La forme nominale à l’Ac uenum, «vente», se rencontre avec peu de verbes: ortare, Plaute, Merc. 353, duci, frg. 59, agere, Pacuu., trag. !21, tradi, Lucain 4,

cË. Sall., Hist. 1 55, 17, praedam uenum aut dono datam.

’expression uenum dare s’emploie avec un objet: Liu. XXXIV

50, 5, quos

nnibal uwenum dederai. Locution, elle se fige en venumdo, d’où wendere, {cf. EM, . uenumn); auquel, on le sait weneo, —ire sert de passif. (Liu. XXI S1, 2, captiui… onsule… uenierunf).

On observera que tous les verbes compatibles avec uenum (ou formant avec lui e locution verbale) dénotent un mouvement orienté, ou un transfert. L’Ac «latif»

enum est compatible avec un Ac objet. Le même double accusatif formel figure dans puellam nuptum dare (collocare, ittere), «marier (une fille), donner en mariage»

(passif: dari, Ter. Andr. 301;

de

ême nuptum ire Plaute, Cas. 86). Nuptum est l’Ac du supin inclus dans le paragme de nubere (se voiler pour»), «épouser». Pessum, «vers le fond>, s’emploie librement comme un adverbe: pessum et peniMela HI 88, abire pessum, Plaute, Rud. 395 (cf. Truc. 36). Mais, —

conformé-

ent à son origine probable de supin d’un verbe «tomber», de thème “ped -, pet —, E. M. s. u. et p. 504 s. u. peto in fine — il forme aussi locution avec dare (au jint qu’on les trouve parfois en un seul mot) au sens de «ruiner, abîmer»;

Sall,

9. 42, À, quae res magnas ciuitates pessum dedit

2. LES DEUX ÂC SONT INDÉPENDANTS

fitias ire

2.0. Introduction Par «indépendants» 1l faut entendre qu’aucun lien prédicatif ne met en relation À et B; et que par conséquent les règles de concordance casuelle ne jouent pas. On traitera successivement la cooccurence d’un Ac d’objet et d’un Ac «de but»

(2.1.); celle d’un objet et d’un Ac «d’extension» (2.2.); d’un objet interne (2.3.); celle d’un objet et d’un Ac interne «qualifiant> (2.4.). On citera enfin quelques locutions figées où l’analyse fait apparaître deux Ac (2.5.). Aux 88 2.1. à 2.4., le schéma constant est Verbe + objet interne + objet (si l’on

admet que l’Ac est le plus sou vent exprimé, sous diverses formes. Caton, Agr. 134, 2, fane pater, te… bonas preces precor ut sies… propitius mihj « Vénérable Janus, je te prie (cette bonne prière) de m’être favorable». Te: objet: (concurrence possible: ab + Ab). hbonas preces, objet intere, avec figura etymolg: gica, mais détermination par bonas; uf sies: complétive qui développe, explicite, le contenu de la prière. Elle fait partie de «l’objet interne». Avec un tel foisonnement expressif, la langue pouvait opérer des choix: en dehors de l’économie de l’objet, ou de l’objet interne, ou des deux (parce qu’ils

J’homme qui la supplie et multiplie les prières». Il ne présente pas plusieurs quêtes différentes, mais il répète instamment la même prière. (CF. chap. II 4.1.).

2.34.1.

34.2.

Orare et verbes proches

«prier» (quelqu’un afin de recevoir quelque chose) Enn., Scaen. 375, desubito rat mulier, «soudain la femme me supplie».

Avec Ac. de la chose demandée, Sall., Jug. 47, 3, pacem orare, «demander la Double Ac: la langue classique emploie peu le substantif ou le pronom en posi-

preces (C’est le processus qui conduit à sormmiare ouumn, cf. chap. TI 2.2.). Ainsi

m B; en revanche, la subordonnée en ut, Re Ou sans subordonnant, est usuelle; c, Agr. 2, 68, orabuntur ut agros… X uiris tradant, «on les suppliera de livrer

Cic… Pis. 33,..sic exire a patria ut omnes sui ciues salutem, incolumitatem, reditum

eürs terres aux decemvirs». Les poètes emploient de même l’infinitif, Virg., Aen.

precentur.…., «quitter sa patrie dans des conditions telles que tous ses concitoyens fassent des prières pour son salut, sa sauvegarde, son retour». (erreur de HSz p. 43, pour qui l’emploi de l’objet substantif — qu’ils considèrent à tort comme un »

L'inadéquation de «Poss» pour le G adnominal éclate avec le fameux «G Qual.» (67, huius modi reticentiae, «des silences de ce genre») où c’est inversement X qu pourrait — à la rigueur — «posséder» G. Quand X est un abstrait de qualité, 66, quorum altitudo, la paraphrase possessivé n’est pas aisée non plus: les étages en question «ont» bien une hauteur, mais il es plus naturel de dire qu’ils «sont» élevés; 68, orationis uanitatem, le langage «est» mensonger; 58, cumbarum multitudo, les barques «n’ont» pas une foule, mai «sont» nombreuses. Dans tous ces cas, c’est l’adjectif inhérent au nom abstrait X qui est, logiquement, prédiqué du nom au G. Cf. 69, societas omnium; 72, alteriu inscitia; 74, officiorum ueritas.

D’une façon analogue, dans 74, utilitatis regula, l’utilité «n’a» pas une règle elle «est» la règle; 69, naturae lex: la nature a sans doute des lois, mais il s’agit icid’une loi humaine «fondée en» nature, d’une /ex naturalis.

Quant au G avec X abstrait verbal, la paraphrase convenue depuis Aulu-Geile ; consiste à faire de G le sujet du verbe (actif ou passif) sémantiquement proche de X (metus hostium). Les exemples sont nombreux dans Off. UI entre autres 67, aedium uenditor; 73, disputatio philosophorum. Il est assez piquant de constater que pour beaucoup de ces G subjectifs / objectifs, une paraphrase avec habere serait peut-être moins rugueuse que pour certains emplois classés d’emblée comme «possessifs» (philosophi habent disputationes). Toutes ces variétés interprétatives du G adnominal (auxquelles il faudrait ajouter celles qu’on rattache au «Partitiuus» et non pas au «Possessiuus») seront étudiées d’une façon plus détaillée au cours des chapitres suivants. Leur existence montre en tout cas combien il est excessif de dire (ETh p. 40) que «le G de Poss est devenu

l’emploi typique du cas». Affirmation surprenante si l’on retient que l’interprétation vraiment Poss est très minoritaire.

ble: autrement dit la nature exacte du rapport que G, du fait de sa désinence, tretient avec X. Ce rapport, sémantique, définira, avec la position syntagmatique

e G, la fonction du génitif adnominal. Pour essayer d’atteindre cet objet précis de notre enquête, et pour bien faire comndre la démarche, il y a avantage à ne pas bousculer l’ordre de la présentation traonnelle, et à ne pas modifier radicalement les appellations reçues. Bien entendu, & ne répéterons pas constamment que ces appellations sont erronées, et reflètent, n pas la valeur propre de la désinence G, mais des rapports lexicaux, voire des

inaissances extra-linguistiques. (Selon que Hecaton est connu comme discipulus u comme magister, Hecatonis liber s’interprètera par «le livre qui appartient à H, dans lequel il étudie», ou par «le livre dont Hécaton est l’auteur», Cic., Ojf ITE 89). . ANALYSE DU G Possessivvs (Poss.)

Soit donc un exemple de G d’une interprétation possessive évidente: Cic., Off. 1 112: Galli torques, «le collier du Gaulois». On comprend que, par la vertu de -f, ; torques «appament à» G Gall-i. Qu’est-ce qu’un Gaulois pour la conscience romaine ordinaire à l’époque de Manlius? C’est: 1. un homme,

2. un barbare, défini par un ensemble de propriétés, qui le rapprochent d’autres barbares, Numides par exemple — traits génériques du «Barbare» —, et qui le distinguent en tant que Gaulois — traits spécifiques. La liste de ces propriétés fie serait pas très longue: mœurs, etc.

habitat, taille, couleur,

habillement,

ornements,

langue,

Parmi ces traits qui définissent le Gaulois il y a le port par les hommes d’un coltier. La notion de Gallus inclut celle de forques.

260

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

Il n’y a pas de doute que, dans la charpente phrastique, X rorques est la tête: SN torques Galli. À preuve le fait que torques seul variera en cas selon la fonci du SN, Galli restant immobile. Mais dans le mécanisme propre du SN, Gailus inclut forques; ou, plus préci ment, la désinence ï de Galli invite l’auditeur à trouver dans le contexte le nomi

convenable à une inclusion dans la notion «Gallus». On pourrait figurer cette relation G par un schéma très simple:

Propriétés

261

Splendor argenti se distingue de torques Galli par la variété de ses transations verbales imaginables. On peut penser à une prédication par habere: um habet splendorem mais aussi par splendere: argentum splendet; et encore opule + adjectif: argentum splendidum est. ‘e qui est constant, c’est que l’éclat est reconnu comme une propriété de l’argent. ira donc à coup sûr que la notion argentum inclut celle de splendor; ce qui pêche pas splendor de jouer grammaticalement le rôle de tête de syntagme.

UTRES EXEMPLES MOINS SIMPLES our reprendre de ce point de vue les exemples cités plus haut, l’inclusion paraît de soi lorsque X est organiquement un constituant de G: par exemple une parcorps (pedes Pythii); ou une partie de l’être (animus Hannibalis). Différent est pport extraliguistique dans Pomponii domus: on interprète «la maison appart à Pomponius»; mais la syntaxe invite seulement à inclure dans l’image men-

homme

de «Pomponius»,

barbare Gaulois L

;

L

= Gallus

Gallus est la ligne verticale: les barres horizontales représentent les propriété qui le définissent. Cerlaines sont communes au genre humain; d’autres à l’espèté «barbare»; certaines enfin à ce sous-groupe de barbares que sont les Gaulois. C propriétés peuvent être nombreuses, elles ne sont pas en nombre infini. Le rapport d’une de ces propriétés à la notion «Gallus» qui l’inclut, s’exprim par la désinence de G. Nous proposons donc de voir dans - un morphème signifiant inclusion dans G. (Gall-7) d’une propriété X (torques).

cette qualité banale de «maison». La notion «Pomponius»

jglobe la représentation de son visage, de ses caractères physiques, moraux, de sa ille et aussi de ses biens. De même pour Pyrrhi castra: Pyrrhus, chef de guerre, t donc avoir autorité sur des «castra». On ne peut pas parler de «propriété», mais -a toujours inclusion de la qualité castra dans la notion Pyrrhi. La langue va-t-elle «loin» (c’est-à-dire loin d’une possession qu’on pourrait rendre y possidere, habere) comme l’écrivent KSt II 1 p. 415? On ne peut se l’imaginer en attribuant au G la prétendue «valeur possessive» qui n’appartient qu’au pport extralinguistique entre domus et patris, entre tforques et Galli. Mais si l’on en tient à l’opération mentale abstraite d’«inclusion», il n’y a, effectivement, pas slimites; illorum temporum nomen,

«un nom (une personnalité) de cette époque»

vient tout à fait normal. \ Supposons qu’on demande à un Français non spécialiste du xVII siècle ce que eprésente» pour lui cette époque (c’est-à-dire les «propriétés» incluses dans la ition «xViP siècle»). I! répondra par exemple «Louis XIV, Versailles, Comeille, acine, la révocation de l’Edit de Nantes». «Comeille» sera donc un nomen de cette

Galli, X s’inclut dans G, Mais, au niveau de la phrase, c’est bien forques qui est la

époque, loin de toute idée banale de «possession». K St citent C'enabi caede (Caes. ail. VII 28, 4) comme exemple d’audace dans l’expression. Or il est clair que pour M Romain à ce moment-là, la notion «Cenabum» ne pouvait pas ne pas inclure celle de «massacre» (comme pour nous par exemple «Tchernobyi» celle de «catas-

tête du SN (XG), comme le montre le fait que G reste immobile alors que X supporte toute la charge de signaler la position syntaxique du SN. On pourrait donc dire que X torques est le siège de deux mouvements opposés: l'un, à l’intérieur du SN, vers

1.6. LIENS FAMIHIAUX

Note: On observera ici un phénomène à première vue surprenant: dans le SN torque

le G Gall-i; l’autre, comme tête du SN, vers l’extérieur de celui-ci.

m reÏ3tmn Avec t“g « Γ Ê Segment a phrase

[ forques

On a toujours semblé admettre, comme par indulgence, que les liens familiaux {et certains liens sociaux, seruus) entraient normalement dans le giron du Posses-

iuus, Riemann, 1940, p. 118 a l’air de s’en excuser; traitant du G «possessif> à la

Gall-5]

ce

(Ce schéma sera réexaminé et corrigé dans la troisième partie).

fin du G adnominal, il déclare qu’on ramène au «possessif» les relations diverses qu’on ne peut rattacher à «aucun des emplois énumérés jusqu’ici» (c’est-à-dire G. subj. / obj. Qual., Quant., explicatif...). Or il ne s’agit pas d’une extension si peu “‘que ce soit abusive, mais de l’application exacte du processus d’inclusion. Filius par

262

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

exemple présuppose sémantiquement deux géniteurs (un seul, le père, étant gén, lement nommé). Dans Marci filius, filius occupe un lieu naturel d’inclusion (-7) d la notion «Marcus». De même Cic., Off. II 66, huius nostri Catonis pater; , nom d'action,

L’adjectif inclus dans le syntagme G Qual. est naturellement susceptible de degrés. On en a plusieurs exemples ci-dessus, notamment minimi (1.2.1.), maximi (1.2.2,;

3.2. Le (S} NX

On objectera que le degré n’affecte que l’adjectif, ce qui est formellement incontestable. Maurel, 89, 659, soutient néanmoins que du point de vue de l’interprétation, c’est tout le syntagme G qui se trouve intensifié (comme il est, à la manière d’un adjectif, nié aussi parfois par haud). Il voit même dans ce fait la meilleure preuve du ; caractère adjectival du G Qual. Hl est clair que escae maximae (1.2.3.)

équivaut globa-

lementà un adjectif comme «glouton», et fam nulli consilià peu prèsà «tellement aboulique».

indication de

Apparaissent dans le G de Qual. les noms les plus propres à dénoter justement la sualité au sens le plus large: qu’il s’agisse de propriétés naturelles: «genre, espèce, jaille, poids» ou de qualités morales: «cœur, courage, bonté» etc. Les termes à réfé-

2.1.2.3. Le G Qual. a-t-il des degrés? 1.2.3.), crudelissimae (1.2.3.). De même Tér., And. 608, …tam iners, tam nulli consili sum, «je suis tellement maladroit, tellement à court d’idées» (Marouzeau).

numéraux;

Le (S)N, tête de syntagme contenant le G Qual. est en revanche quelconque, Il ag1t souvent d’êtres (forcément dotés de certaines qualités, homo, mulier, arbor,

mons); d’événements (pugna, bellum, pax, victoria). Les «abstraits de qualité» sont directement évalués par un adjectif (eximia pulchritudo, magna uirtus) mais peuvent ussi être spécifiés par un G Qual. du type de eius modi (ou eiusmodi), huiusmodi — ue Madvig considérait comme des adjectifs invariables. = Le (SINX suivi d’un G Qual. ne semble pas pouvoir être librement remplacé par n anaphorique. L’anaphorique, en effet, ne dénote par lui-même aucune des propriétés lont la conjonction fait que homo, animal, mons ont un sens. C’est pourquoi on ne

268

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

peut pas dire …eurm (hunc, illum) magnae uirtutis, «un (celui-ci, celui-là) d’un courage», alors que …hominem (uirum) magnae uirtutis est correct. Dans le syntagme [ Pron. G Qual. ] le pronom ne peut pas représenter catap} quement l’être auquel est attribué la qualité. Seule une construction avec att (ou apposition) est acceptable: ici le pronom détaché du G Qual., ne peut à qu’une valeur anaphorique, c’est-à-dire permettre de restituer à sa place le noni

269

n:pour sauvegarder la relation de substance à substance. À l’intérieur de ce G

al, il a le mérite de reconnaître un G qui n’agit pas ex ui possessionis, mais monstrationis essentiae (on reconnaît ici la suggestion de Priscien, qui qùe dans uir magnae uirtutis, on exprime toujours la possession in essentiae

stratione (ITT 274 K). Aristote, même non cité, inspire ces analyses, puisque, uiles accidents (uirtus par exemple) peuvent être à l’origine de la connaissance

le concept nominalisé) déjà présent dans le contexte (ou la situation). (Cf. /.2

our Sanctius et Scioppius, la ratio recta du G (c’est-à-dire sa construction jale) est d’être régi par un nom. Donc les difficultés que résolvaità sa manière

2.1.4. Frontière entre G Qual. et G «Poss.»

ifledieu pour le G Qual. s’évanouissent. Port-Royal suit la même voie.

Certains exemples autorisent une hésitation dans le classement. Ainsi Ma

1989, 639, range d’abord Tér, Ad. 966, non mediocris hominis haec sunt off

:3. Plus soucieux des faits, parfois submergé par les données comparatives, siècle oscille entre deux conceptions du G: celle qui lui accorde la «Grundutung» de complément adnominal (ainsi chez Kühner notamment) et celle qui connaît d’abord une valeur partitive (ainsi, avec quelque prudence, Delbrück). St n’ont pas de raison de faire un sort particulier au G Qual. puisqu’ils ont té au départ (II 1, 472) que sa fonction propre originelle est de déterminer le “Le seul obstacle de taille reste alors l'emploi non adnominal, éliminé aussitôt par l’affirmation de la présence latente d’un concept substantival dans tout sétif ou verbe (misereri contient misericordia). Îl reste cependant surprenant que } Qual. soit évoqué en deux ou trois pages au beau milieu du développement sur adverbal! Et encore l’analyse cède-t-elle la place à un déballage d’observations

parmi les G Qual., parce que medzocrzs hominis y serait «non référentiel». } illius hominis haec suni facinora, sera sans conteste «Poss» bien que taillés même modèle. (Une autre analyse est d’ailleurs possible se fondant sur le caract de nom d’action de officia et de facinora, cf. id., 654). Dans la suite de son travà

cet auteur abandonne la non-référencialité comme critère constant d’analyse du G Qu (p. 964: son argument principal est que le latin, langue sans article, est dépourvumarques formelles de référence. On ne le suivra peut-être pas lorsqu’il refuse la ré rentialité aux personnels et aux déictiques, 644 et exemple 1907). Il est clair que, dans les termes de l’analyse traditionnelle, on peut hésiter en l’étiquette «qualité» et l’étiquette «possession» selon que l’on traduit par: «des fo tions d’homme médiocre» (G Qual. qualifiant «fonctions») ou par: «les fonctia

la

concurrence entre G Qual. et Ab Qual.

d’un homme médiocre», (G «possessif» au sens habituel du terme — à moins qu’

B. Delbrück 1893, (Grundriss IIT) après s’être demandé lequel des deux emplois,

préfère analyser «homme» comme G «subjectif»). Ces ambiguïtés dans l’interprétation ne peuvent servir d’argument pour une d

ominal et adverbal, du G était le plus ancien (p. 186), tranche en faveur de l’adver-

(p. 308). Il définit alors le G comme un «Ac rétréci> («ein Verengenter Akk»}. joint ainsi la Deutsche Grammatik de Grimm IV, 646, où s’opposent une «maî-

tinction radicale des G, comme on verra ci-après (3).

e totale de l’objet» (Acc) et une «objectivation restreinte» (G: das Wasser / des

ssers trinken). Delbrück admet, sans l’analyser exactement, l’évolution suivante: 2.2. EXPLICATION PROPOSÉE DU G QUAL.

1. Er ifit des Brots, ein Bifichen,

2.2.1, Explications anciennes Les Anciens — on l’a vu par l'exemple de Priscien — citent dans leurs développe ments ce que nous appelons G Qual., mais sans le distinguer comme une sous classe de G. N'apercevant pas de différence entre consulis equus et magnae uirtuti uir, ils ne peuvent s’appliquer à rechercher quelle valeur unitaire fonde ces emploi apparemment divergents. H leur suffit qu’un rapport possessif se retrouve dans les deux types, qu’ils illustrent par des paraphrases avec habere: consul habet equum uir habet magnam uirtutem (cf. HI 213, 3 K). lls négligent ici l’inversion des position: (N < G/N verbe au bénéfice d’une relation adnominale, Delbrick n’a pas de peine à mon-

‘que les G de «possession» divers, les G «subjectifs» ne sont dus qu’au conteau xical des noms unis dans le SN, Les G «objectifs» (Der Geber des Guten) résul-

faient de la mise en conformité avec la norme (syntaxique) nouvelle régissant le mplément adnominal d’un plus ancien Ac (Der Geber das Gute). Meillet et Vendryes, 1960, bons témoins de l’héritage néo-grammairien (dominant aussi chez Ernout-Thomas et chez HSz) reflètent les hésitations du siècle pré-

cédent en attribuant deux valeurs distinctes au G: la valeur «partitive» -— qui était 2.2.2.

Les Modistes, dans leur ensemble, voient dans le G le cas exprimant l’ori

gine dans une relation de substance à substance, Le G de Qual. reste étranger à leur supputations (Serbat 81, 29). Le Doctrinale d’Alexandre de Villedieu, plus réaliste distingue position adnominale et position adverbale, mais en ramenant le verbe

sans doute, écrivent-ils, sa valeur ancienne dominante — et la valeur «adnominale». La disparité de ces deux valeurs (l’une sémantique, l’autre syntaxique) ne les arrête

pas. Adnominal, le G désignera «ce qui est de la sphère du nom> (Que fera-t-on des fompléments du nom au D ou avec préposition?).

270

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

2.2.4. Quant aux écoles structurales du XX* siècle, sù Hjelmsiev, 1935 et 19: échafaude des théories brumeuses (et d’ailleurs contradictoires), Jakobson s’effor

de dégager pour le foisonnant G russe une «Gesamtbedeuturg» dans un sy d’oppositions claires avec les autres cas. Adverbal ou adnominal, le G annonce q participation de la chose à la situation énoncée a une extension moindre que son expré

sion totale. C’est évident pour «un verre d’eau»; mais c’est aussi vrai pour «la beay de la dame», puisque NX abstrait une qualité de NG; de même pour «la destruction-

Proposition ë

int à nous, nous développerons sur ce point les vues de R. Jacobson, 1936,

elques rectifications. Pour Jacobson, on s’en souvient (cf. 2.2.4,) un même seus «d’abstraction» est à l’œuvre dans «la beauté de la dame> (abstraction de alité), et dans «une dame de beauté» (abstraction du porteur de la qualité); on

ait le symboliser par une flèche

NX — NG

l’armée». Inversement, c’est le porteur de la qualité qui est abstrait de la qualité qu possède dans «une dame de beauté» (= G Qual, traditionnel} (cf. G. Serbat, 1981, 11 Nous essaierons ci-dessous de reprendre et de préciser cette intuition de Jacobsg Autre tenant du structuralisme pragois, W. de Groot, tout en admirant la rigue

du Beitrag de Jacobson, définit le G par son opposition aux trois autres cas oblique ceux-ci exprimeraient une relation entre procès et chose, le G une relation de ch à chose. De ce fait, les huit G adnominaux recensés par l’auteur sont grammaüca

et réguliers y compris le G Qual. Sur la théorie très réductionniste de J. Kuryiowicz, cf. 7.4, Ch, J. Fillmore, 1968

propose un nombre assez considérable — encore que non exhaustif — fonds»; on n’y voit pas le G; celui-ci résulterait de la nominalisation d’une phrase «profonde». Par exemple «le livre de John» résulte de «le (to John), avec D et verbe @ effacé. Cette théorie a peut-être l’intérêt diversité des cas adverbaux

neutralisés par NG

de «cas p «en surfac livre à Joïre d’illustrer E

en construction adnominale.

Mais

outre Îe postulat contestable de la priorité génétique de l’énoncé verbal, on voit mal dans le cas présent, quels mécanismes ad hoc inventer pour rendre compte du G Qual 2.2.5. J.-P. Maurel, 1989, offre une des plus récentes synthèses sur la quest1@m Son étude est intéressante, parce que nourrie des travaux les plus modernes — à l’égard desquels il conserve d’ailleurs une entière indépendance critique — et sot mise aux contraintes d’un corpus soigneusement dépouillé. Son développement sur le G Qual. (p. 638 sqq) souffre d’un a priori dont il 8

débarrasse un peu tard, à notre avis. Pour lui, le G Qual, entre dans la classe plu vasie du G non référentiel. Cf. p. 605: «Le G Qual. est décrit comme un cas particulier de cette classe générale d’«emplois» (i,e. des emplois «descriptifs» défini avant tout comme «non référentiels»). À la base il y a un tour comme officium uir «une tâche d’homme» (d’après Tér., Phor. 139, en istuc uirist officium!) où uir dénote, à la manière d’un adjectif de relation (uirile) les «qualités viriles». Qualit également le G de homo animi perditi, Plt, Men. 269, et tous ceux qui entrent dans

l’expression de la race, de l’espèce, du type, etc. (generis, modi), du prix (haud magni preti). Après des développements quelque peu divergents sur les G Qual. dontNX est un nom d’action (qu’importe!

Et d’ailleurs dans officium mediocris hominis

il n’y a pas G Qual.), sur les propriétés générales de l’adjectif etc. il reste que le G Qual, s’inscrit pour l’auteur dans une échelle:

Prenons deux exemples latins correspondant à ceux de Jacobson: magnd prudentià uir uir magnae prudentiae Malgré l’inversion des rapports syntaxiques (NX devient NG, et réciproquement) toujours æir qui, dans la réalité extralinguistique est doté de, possède, une ande) prudence. ILy a en effet, deux façons de se représenter la relation entre la propriété abstraite dentia et le substantif éventuellement défini et identifiable uir. Ou bien prudentia sonçue comme un trait caractéristique possible de vir; elle s’inclut alors dans cet semble de propriétés que réunit le nom uir. La marque visible de cette inclusion est ésinence G -i. En disant uir-7 G, on laisse attendreà l’auditeur qu’un être X doit ir donner un sens à -F Soit un wër défini par un faisceau de «propriétés» comme udentia, fortitudo, eloquentia,

mais aussi comme filius, uxor, domus;

et dans une

ation particulière, officium, aduentus etc.; chacun de ces traits contribue à brosser age de l’homme en question. Il n’est donc pas complètement faux de dire, comme bson, que telle propriété est abstraîte (-7) de l’ensemble æir-. Mais nous préférons e pour l’instant qu’elle est d’abord reconnue comme incluse dans cet ensemble. Soit maintenant uir magnae fortitudinis. On pourrait dire uir fortissimus, ce qui vient à répartir l’ensemble des hommes en deux sous-ensembles (au moins): les braves et les lâches: fortes/ ignaui. Notre homme se rangera, s’inclura éminemment ns le groupe des fortes, c’est-à-dire de ceux que discrimine leur qualité commune titudo. Pour éviter le reproche de n’avoir pas abordé la question en face, disons fhaintenant que la qualité abstraite fortitudo, comme l’adjectif fortis dont elle dérive morphologiquement, convient à un nombre non fini d’êtres, qui tous se rangent sous bannière «esse fortem». Et quant on dit fortitudin-is on laisse attendre par G-is le les êtres qui viendront occuper la place ainsi marquée. I y a donc bien ici encore nclusion. Vir englobe un ensemble de propriétés, fortitudo un ensemble d’êtres. C’est pourquoi il est possible d’identifier, de considérer à part la propriété ou l’être i entrent dans ces ensembles. * Rappelons que le latin, jusqu’au Bas-Empire, n’admettra à peu près (cf. nihili) que es G Qual. de la forme NG AG, à la différence du français, de Pallemand, et à celle,

Comme on le voit l’originalité ordinairement reconnue au G Qual. a ici disparu, peut-être parce que Maurel est soucieux avant tout de se donner les moyens d’opposeF.

notable, du celtique, (CF. Thurneysen, 1909, p. 156). Cette habitude langagière n’a donc rien d'essentiel; et il ller à bâtir sur la présence de l’adjectif la valeur adjectivale 39-640). C’est prudentiae qui par son signifié qualificatif “æssentielle, même si elle doit toujours être précisée et le plus

nettement l’Ab Qual. au G Quant. (cf. ci-dessous #).

-un adjectif.

hoc est humanum / hominis / hominis mediocris.

271

ne faut pas se laisser du SNG-(cf. Maurel, apporte l’information souvent, graduée, par

272

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

Nous conclurons que la différence d’interprétation de [SNX SNG } qui fond: deux sous-classes traditionnelles de la «possession» et de la «qualité» repose. quement sur le contenu lexical (c’est-à-dire la nature des traits sémantiques) de : et de SNG. Mais la relation abstraite entre les deux SN est la même: la désinenc G signale et appelle l’Inclusion de SNX dans SNG.

int qu’ils se sont longtemps contentés de ce simple constat, avant de se lancer des hypothèses hasardeuses sur l’opposition des deux tours. iscien III 214, 15, glose magnae uirtutis uir par uir magnam uirtutem habens i sauve la possessio). Après quelques exemples semblables, il ajoute: Æ j'in huiuscemodi sensu genetiuo tantum utuntur, Latini uero ablatiuo frequeny «magna uirtute uir» pro «magnam uirtutem habens» (exemple de Tér., And. 20, adulescentulam …. forma…

2.3.2. Note brève sur le G qual. français Nous avons signalé au passage (7.3.1.) que le G Qual, français (mais aussi al

mand, celtique, etc.) pouvait se réduire au nom seul, sans adjectif; et même au no totalement «nu», c’est-à-dire dépourvu de tout «déterminant». Soit l’exemple « argument de poids». On entendra forcément «un argument d’un grand poids, d* poids décisif». Donc «poids» ne peut pas être rapporté à n’importe quel degré . l’échelle des valeurs pondérales, qui s’étend, a priori, de @ à l’infini. H ne suppo qu’une seule interprétation, qui est intensifiante; comme si un évaluatif com «grand» était constamment impliqué dans ce cas. Ce fait — notons-le au passage réduit, annule même, la différence formelle observée entre l’usage français et l’usage latin, différence reposant sur la seule présence, obligatoire en latin, d’un adjec explicite. La différence sémantique consiste en ce que le nom seul, en position de G Qual., signifie toujours un degré élevé de la propriété, tandis que le SNG (N AG) peut moduler la qualité, en français comme en latin, tout au long de l’éche d’évaluation:

«un homme d’un ferme courage / d’un courage chancelant».

L'interprétation nécessairement intensive du nom menf liée à l’absence de toute détermination. Seul reste qui, pour la conscience commune équivaut à «pesant», à dos «de poids» / «pesant», ne peul référer, en dépit à un sac de 200 grammes!

seul au G Qual. est évide le concept «nu» de «poids» c’est-à-dire «lourd». Un s de la logique mathématique

2.3.3. Développement en latin tardif du G Qual. sans adjectif On n’en rencontre des exemples indiscutables qu’à partir de la seconde moitié du Hé siècle après J.-C. Apul., Apol. 75, 11, homo iustus et morum dedit 0peram ut. «en homme juste et «de moralité» (= intègre) il a veillé à ce que…»; Symm. I 7 home litterarum, «un lettré». Les auteurs chrétiens affectionneront les tours commeé dominus gloriae (Vulg. L, Cor. 2, 2). Cf; Lôfstedt Syntact. [, 2, 281, 3. L’influenc

de l’usage grec, voire hébraïque est très probable. Mais le tour ne se serait pas déve loppé s’il n’avait pas trouvé dans le latin lui-même des conditions favorables. Autres exemples:

273

ac uoltu… / Adeo modesto, adeo uenusto uf)….

Aperçu des solutions avancées Fdwards, 1899, considère té, ou un état, transitoires, fiété essentielle, durable, -he le couple des deux cas

l’Ab comme un comitatif; il exprime donc une propar opposition au G à qui reviendrait l’expression d’une inhérente. Reprenant une suggestion de Madvig, il raplatins de lopposition des prépositions anglaises with /

C’est aussi l’avis de KSt II 1, 454 qui opposent le G («wesentlich»), cht wesentlich»).

à l’Ab

Cette distinction, plus ou moins nuancée, se retrouve chez tous les auteurs posté-, (Wôlfflin, Bennett…). De Groot, 1956, préfère considérer que le G exprime egré de la qualité, l’Ab l’espèce de qualité. ETh adopte un prudent éclectisme 5); le génitif servirait pour une qualité «durable ou passagère» (mais ils rangent 1moins l’Ab Qual. parmi les diverses manifestations de l’Ab (1) «d’accompagneeft», rejoignant ainsi la position d’Edwards. Bennett, tout en proclamant en

pe la validité de l’opposition durable (G), transitoire (Ab) reconnaît pourtant Ab commence à perdre «dès l’époque archaïque» son lien avec les états “De fait, les contre-exemples sont tellement nombreux qu’ils ruinent les hypoèses ci-dessus. Il a certes pu se créer à l’intérieur des constructions au G / Ab Qual. es sous-groupes qui auraient servi de modèle et se seraient ainsi maintenus: par emple le G avec les estimations et les mesures (non sans rapport avec le génitif du e pluris facio). “ Mais l’idée centrale que l’Ab «comitatif» exprimerait une propriété transitoire> { indéfendable (serpens immani corpore, cf. Bennett, 65). Tout récemment Maurel, 1989, a souligné la valeur des différences sémantiques

levées par les grammairiens antérieurs. Il les accentue même en soulignant avec jorce les différences «irréductibles» selon lui entre G et Ab Qual. (p. 673 et 776, st-à-dire dans l’introduction et dans la conclusion de son chapitre sur l’Ab Qual.).

Paul. Nol., ep. 34, 4, uiri diuitiarum, «des hommes d’argent»

etc. Voir dans le Th. L.L. s.u. homo VI 2886, 29 sqq, de nombreuses références aux auteurs comme Sulp. Sév., Sid., Ennod., Greg., Tur. 2.4. LES RAPPORTS DU G ET DE L’AB DE QUALITÉ

2.4.0. Un constat L’emploi apparemment non réglé du G ou de l’Ab «de qualité» — du moins à l’époque classique et au r" siècle après J.-C, — a toujours frappé les grammairiens,

4.2.1.

Les faits

Voici un aperçu de l’emploi comparé du G et de l’Ab Qual. aux différentes Les Comiques: Maurel, 1989, 681, ne donne pas de chiffres, alléguant l’impor‘ tante marge d’incertitude liée notamment aux positions syntaxiques différentes “ occupées par les deux tours. Mais il affirme que le total des G de Qual. est «net- tement inférieur à celui des Ab Qual.». Un sondage sur PIt., Amp. confirme cette

274

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

appréciation: nous n’y avons trouvé que deux G Qual. (et encore sous la form stéréotypée 938, multa huiusmodi: 942, irae huiusmodi) contre cing exemples d’A Qual., deux avec forma (316 alia forma esse oportet; 614-615, aeta

forma item qua ego sum) trois sous la forme stéréotypée bono animo (esse) (& bis; 1131). Mais ce qui est frappant, c’est le nombre d’Ab avec adjectif (ou part cipe) assez proches de l’Ab Qual. proprement dit. Nous reviendrons sur ce poi

4.3.1.3. « Lucilius ignore le G Qual.; 1l emploie toujours l’Ab. «

Cicéron (selon HSz 60) fournit 27 G contre 445 Ab.

« Viturve: prédominance de l’Ab. « Celse au contraire préfère le G, sans ignorer l’Ab. «

Pétrone, Cena: 26 G / 4 Ab.

« Colum. X: 4 G / 12 Ab. e Pline préfère aussi l’Ab. «

Velleius et Frontin refusent l’Ab (HSz 118).

» Tacite (HSz 60): 50 G / 310 Ab. « Gell: égalité G / Ab. « Val. Max.: 3 Ab en tout. Irénée: Ab très rare. Egérie: emploie toujours le G, sauf une fois (cf. Lüfstedt, Komm 5, 12 fortio corpore (attribut). Dix emplois du G, e.g. 11, 2 aqua optimi saporis. » Les inscriptions latines de Gaule n’offrent elles aussi qu’un seul Ab Qual. » Cassiodore n’en compte que 4. Tls sont aussi très minoritaires dans les Vitae patrum. e Mais Chiron et Oribase (sans doute dans la tradition de la littérature technique — sauf Celse — privilégient de beaucoup l’Ab. ; 24.2.2.

Remarques

À. Emplois morphologiquement conditionnés Certaines contraintes formelles peuvent-elles expliquer une préférence pour l’Ab au lieu du G? Ainsi facies et species apparaissent à l’Ab et non pas au G (d’ailleurs peu usuel, et homophone du D). Pas de G avant Pall. et Theod-Prisc. (HSz p. 68). Peut-être pour éviter une ambiguïté (avec le N) les adjectifs en -is ne s’emploient qu’à l’Ab, surtout de Plaute à Cicéron. Les contre-exemples, il est vrai, ne manquent pas. L’emploi Ab n’est qu’une tendance dominante, même chez les classiques non sans lien avec l’usage prépondérant de l’Ab Qual. à cette époque; Pétr, Cena emploie trois fois omnis generis poma, et les trois-quarts des G Qual. chez Colum. X ont des adjectifs en -is. , D’ailleurs on voit mal où est l’ambiguïté dans un adjectif saisi conjointement avec un nom: incredibilis prudentiae s'annonce clairement comme $G (cf. les hypothèses avancées HSz 69).

La préférence pour corpore peut s’expliquer par le caractère amétrique de corporis (pour l’hexamètre). Ces observations de détail enseignent en tout cas — pour anticiper sur 4.3.1. — que la différence entre G et Ab Qual,, si elle existait, devait être infime. Sinon, comment -

LE GÉNITIF

275

iquer qu’on ait renoncé à exprimer le signifié réputé spécifique du G / de l’Ab, le prétexte d’un confort morphologique discutable? om G à la place de l’adjectif dans l’Ab Qual.

Cic., ND 1 91, ut… homines deorum forma nascerentur, «pour que les hommes sent avec la forme des dieux». Triversement, ibid., I 48, hominis esse specie deos confitendum est, «il faut recon-

e que les dieux sont d’apparence humaine». nom au G exprime ici les qualités spécifiques attachées au concept «homme / >. Il équivaut à un adjectif relationnel (cf. la traduction de la deuxième phrase). On comprend que cette possibilité ne soit pas exploitée par le G Qual.; puisque üx tours synonymes sont disponibles, autant éviter l’embarras qui pourrait naître yne accumulation de G.

1.3. Propositions 13.1. L’enseignement de l’histoire ‘Les analyses rapportées en 2.4.1., si elles semblent parfois rendre compte avec esse de tel ou tel exemple (et d'ailleurs pourquoi, a priori, l’aléatoire ne pourraitpas s’opposer grammaticalement au permanent?) achoppent toutefois à un fait jeur. Pour qui regarde de très haut le mouvement de la langue, il apparaît que le atin archaïque use surtout de l’Ab Qual., en ignorant à peu près le G Qual.; et qu’en evanche la langue tardive n’emploie plus guère que le G Qual. C’est le tableau d’ensemble sur lequel s’accordent KSt, HSz et ETh.

“ On ne figurerait pas cette évolution par une courbe absolument lisse. Elle présenterait des écarts entre les auteurs, voire des chutes brusques. Tel écrivain du siècle (Gell.) délibérément archaïsant, peut ramener l’Ab au niveau du G. Un texte

échnique comme la Mulom. Chir. se distingue en n’employant bizarrement que b, alors que chez Celse le G l’emporte déjà, etc. L’immense réservoir de la proüction «archaïque» et classique constitue un héritage prestigieux dans lequel puient diversement les auteurs postérieurs. Il n’en reste pas moins que le sens général e l’évolution ne peut être méconnu. Et si les «différences irréductibles» entre G et Àb ont jamais existé, voire seulement les oppositions du type «transitoire / permaent» ou «espèce / degré», il est clair qu’elles ont été neutralisées au bénéfice du G. » Plutôt qu’une «opposition irréductible» l’histoire montre donc une large synoymie entre G et Ab adnominal. .3.2. Emploi syntaxique - Comme le G, l’Ab Qual, est apte à occuper les positions d’épithète et d’attribut, la manière d’un adjectif. Et d’ailleurs, il n’est pas rare de le rencontrer juxtaposé un adjectif. Ter., Heaur. 1060-1061, Rufamne illam uirginem, caesiam, sparso ore, dunco naso? «(J'épouserais) ceite fille rouquine, aux yeux vairons, air visage marueté, au nez crochu? » Caes., Gall. V 14, 3, (Britanni) capillo sunt promisso atque omni parte corporis -rasa, «les Bretons ont les cheveux longs et le corps entièrement rasé».

2.4.3.3.

I rapporter ces S Ab au sujet, ou au procès? Nous en ferions plutôt une préseconde, au sein de la phrase, qui a valeur de «circonstance» du procès circonstance concomitante ou plutôt préalable. ais 462 (avec coordination avec un adjectif) invite à voir dans le S Ab un Ab

Faits de coordination

ÀA l’intention de ceux qui dénient par principe toute valeur aux arguments chroniques, nous ajouterons cette preuve synchronique qu’à toutes les époque rencontre des G Qual. coordonnés à des Ab Qual., sans qu’apparaisse la possi d’une différence d’interprétation. Attribuer ces faits au souci de uariatio (ou ; contraintes métriques) c’est exprimer un jugement littéraire, stylistique, sans pi

-raso capite, caluus (capio) pilleum, «tête rasée, chauve, je coiffe le bonnet mchi».

- 546, ut (dies} mortalis inlucescat luce clara et candida, qui s’interprète sponent comme un [ («illumine de sa claire lumière»); mais /uce clara dies: «une e à la claire lumière» n’est pas inconcevable. Cf. Virg., Aen. X 257-258,

grammaticale: qu’un historien emploie dans son récit l’indicatif parfait, le prése «de narration» ou l’infinitif «historique», cela ne change rien à l’interprétation te (au paâg

qu’elles entraînent. Quelques exemples: Plt., Vidul. 42, cibique minimi maxumaque industria, «très petit mangeur et gros travailleur». Cic., Leg. TIT 45, uir magni ingenii summaque prudentia. Nep. 14, 13, 2 …Thyu maximi

corporis terribilique facie, quod et niger et capillo longo,b

baque erat… promissa, «

de Rhet.

Her.

Mais

la chose

est moins

certaine

u1l ne semble: dans le texte cité 5.2. D, id anaphorise laudare amplius, c’est-à-dire rotionnellement) laudatio amplior. Nous comprenons (différemment de Marouzeau, idé) (uereor te laudare amplius) ne existimes hanc ampliorem laudationem adsen1di magis quam etc. «J'appréhende de te louer davantage) de peur que tu

magines que ces louanges sont destinées à te flatter plutôt que…» Mais la corrélation entre adsentandi et quo habeam gratum, «tire» en quelque rte le G du côté d’un circonstant. En somme, cet exemple devrait rejoindre ceux de la section B. , CONCLUSION

Répétons pour conclure qu’un génitif de projet n’existe pas. Il y a seulement des N avec adjectif verbal auxquels -ndo- confère un trait prospectif qui n’a rien à voir vec la valeur du cas lui-même.

Tous les G rangés traditionnellement sous cette rubrique s’analysent en définive comme les autres G. Seuls semblent faire exception un nombre infime ’exemples où l’interprétation circonstantielle finale est la plus naturelle. Mais on peut repérer dans les emplois réguliers les jalons de l’évolution qui conduit à ce hénomène

surprenant, et d’ailleurs

largement

étranger à l’usage

(notamment

st

‘on pense à l’emploi très courant du SN [Nom, Adj. verbal] après de, ad, et avant “causa).

5.8. ANNEXES Pour la bibliographie, cf. HSz 75; Calboli p. 158, et les auteurs cités ci-dessous.

316

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

| ne paraît pas absurde qu’une locution présente, même faiblement chez Thucy‘développée par la suite (cf. LXX) ait pu séduire les lettrés romains, et surtout jmirateur de Thucydide comme Tac. On comprendrait ainsi l'exiguïté de l’aire

5.8.1. Explications anciennes Priscien, GLK I 310, 10, «explique» tous ces tours par l’ellipse de causa (cor toû + infinitif en grec par l’ellipse de heneka). Hypothèse commode souvent rep

développe le G

voir par exemple E. Jacob, éd. de Tacite, Ann. L 3, 6 n. Goelzer, éd. de Tac., H;

II 100, 3 y voit une variante du G «de qualité». KSt substituent à proficiscitur (Ta Ann. II 59, 1), iter facit, pour retrouver l’appui d’un nom. De Groot, 1956 b, considère comme

l’un des deux emplois adverbaux

du G, le second étant le::

propres en latin, qui rendaient cette «greffe» possible.

La relation à l’ombrien

Les Tables Engubines attestent à 4 reprises unc expression ocrer pihaner que P traduit littéralement par arcis piandae «pour purifier la citadelle (VI b 48, cf. Emo 1961, p. 41; VI a 8, cf. Vetter, 1953, p. 233 [peihaner}). Dans ce dernier exemp

Bücheler voyait une détermination de ver/ale «templum» présent dans la même phrasésolution refusée par Vetter. Benveniste, PLG I 143, après avoir rappelé que l’ombrié n’est pas une forme ancienne du latin, souligne que les spécialistes ne s’accordé pas sur l’interprétation de ocrer pihaner; et que le parallélisme avec arcis piand ne fait pas l’unanimité (Pouitney l’accepte, Devoto le refuse). Dans ces conditions,

ne faut espérer de cet exemple ombrien aucune lumière pour expliquer le latin. En l’approuvant, nous ajouterons volontiers qu’une langue possédant un adjecff doué de la même valeur que l’adjectif en -ndo- est exposée à connaître, un jour ouù l’autre, le phénomène qui s’est ébauché en latin, (à une certaine époque, chez cer tains auteurs, sans entrer vraiment dans la langue). Le fait que cet adjectif syntaxique régit sémantiquement le nom, et son signifié prospectif, créaient les conditions d l’emploi éventuel du SN comme circonstant. L’argument décisif contre une origine italique (non de -ndo-, mais de cet emplo de -nduv-) est fourni par son absence dans les documents les plus anciens, et notam ment PIt. et les textes juridiques ou religieux. 5.8.3. Un hellénisme de syntaxe? C’est une idée communément répandue chez les commentateurs (notamme: E. Jacob, cf. 8,1.).

°

Effectivement le grec voit se développer avec Thucydide un tour G, foû + infi nitif, à valeur finale (2 exemples chez Thucyd., 3 chez Ménandre). CF. J. Humbert Synt. gr. 3, 1960, 126; E. Schwyzer, 1950, Gr. Gr…, 372 rapproche l’anglais o, l’alle mand zu. Lôfstedt, 1942, admet l’idée d’un hellénisme de syntaxe, sous la forme du G (du Gér. ou de l’adj. verbal) correspondant au grec foû + infinitif. De même Ernout

Philologica, 1946, 209.

«de projet» en latin, ainsi que son caractère historiquement

‘outefois l’invocation d’un hellénisme ne saurait constituer une explication, tant n n’a pas exposé — comme nous avons essayé de le faire — les conditions, tout

Schwyzer, 1950, Gr. Gr. p. 372 parle d’un G «de la chose concernée» (Aussi timi que nébuleux). Deux hypothèses méritent un examen plus précis: celle qui s’appuie sur l’ombri pour donner au G «de projet» une antiquité italique; et celle qui souligne l’influen grecque. 5,8.2.

317

LE GÉNITIF

CHAPITRE

319

6

LE G AVEC ESSE

elon Riemann, 1940, $ 54 «tous les G déterminant directement le sens d’un sub-

if peuvent aussi se rattacher à lui par l’intermédiaire du verbe «esse» (ou d’autres attributifs). Il ne refuse cette possibilité qu’aux G «du sujet et de l’objet» 5 hostium) et au G «de l’espèce». Comme on le verra, cette affirmation ne vaut

partiellement pour les [ XG ] en question; et surtout elle laisse de côté une foule urs, identiques au fond, mais dans lesquels X n’est pas un nom (ou un pronom) el. Th 40, signalent l’emploi «attributif du G de possession ou d’appartenance» mus patris / haec domus est patris. Un emplm selon eux «figuré» apparaît dans ientis est + infin. «c’est le propre du sage de… “ÜNE QUESTION PRÉALABLE: LA CONCURRENCE AVEC LE D:; LES CONCEPTS DE «POSSESSION>

ET «D'APPARTENANCE»

La question des emplois du G avec esse est souvent négligée, au bénéfice d’une frontation avec le D dans la même position!. Benveniste y a consacré un article 60, 196): patri domus est signifierait «mon père a (possède) une maison; el patris rus est, «la maison, cette maison, est à mon père». Domus

serait doncà prendre

me indéfini avec le D, comme défini avec le G. Le premier dénoterait une «posion», le second une «appartenance». Ces vues ont été souvent reprises voire critiquées, notamment par Bolkestein,

83, p. 58 sq. (corrigeant Bolkestein, 1980, p. 19 sq.). Pour Maurel, 1989, p. 153 sq. D représenterait le «thème», et le sujet le «foyer informatif» de l’énoncé; à nverse, c’est le G «Poss.» qui serait le fover informatif. Cette optique pragmatique n’est pas sans intérêt (il est vrai que le D est souvent ématique), mais elle risque de faire négliger l’essentiel. D'abord, aucun D ne peut être défini linguistiquement comme un D «de possesslon», Nous avons de}a montré (e.g. Serbat, 1990; ci-dessous section VI) que le signiJé sémantique du D n’a rien à voir avec la «possession», notion tributaire de l’interétation globale de l’énoncé (et notamment de l’équivalence entre es? mihi et habeo”),

Priscien s’en préoccupait déjà, affirmant par exemple HI 213, 19 (K) que le D convénait mieux ad inscientes. B. Garcia-Hernandez, 1992, à proposé un très bon exposé des conceptions courantes dans ses articles de 1992. Bonne critique de «l‘universal possession» de H.-J. Seiler, 1981. Mais sa définition du D par les concepts «d’intérêt» laisse à désirer.

320

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

Il n’y a pas non plus de G de «possession ou d’appartenance» (pour reprë un titre d’ETh). Nous pensons avoir montré plus haut qu’une notion «d’inclusig, rendait compte

de tous les G étiquetés

habituellement

comme

«Poss.»,

«P

ême gêne, pour d’autres raisons, devant Liu. XXIE

321

39, 7, Nolae senatus

porum, plebs Hannibalis erat (*Nolae senatus Romanorum}:

cf. XXIIE

14, 7;

m. 11 13, 2, iam me Pompeii totum esse scis, «je suis entièrement du côté de

«Quant.»*. 6.2.1. On

3,. L'OPÉRATION DE CONTRACTION SYNTAXIQUE où l’on peut voir la justification

Syntagme [XG] et phrase à copule [X est G] trouvera aisément

des exemples

qui semblent

appuyer

les vues tradi

nelles: domus patris a (apparemment) le même contenu informatif que domus patris; le SN a même l’air de supposer la phrase. Mais cette coïncidence notion de deux tours syntaxiques différents expose à des méprises. Il ne faut surtout généraliser cette équivalence entre ce qu’on peut appeler un syntagme compact [X et la phrase [X est G]; el laisser supposer que le passage de l’un à l’autre (dans deux sens) va de soi en avançant des exemples comme Plt., Tri. 520-521, ne tu ill

port identique entre les nominaux de [ XG ] et de [ X est G ], devient tout impossible Iorsque X*n est pas un norn où un pronom, mats un mfimnf ou ce

inf. Lucil. 1160, praetorum est ante et praeire: Cic.… Tusc. II 43, constat uirorum rtium toleranter dolorem pati; cË. Lae. 65; de Orat. 11 117, 169; Phil. 12, 5, “uis hominis est errare, nullius nisi insipientis in errore perseuerare; Fam. X 1,

lud… erat amoris mei… monere te… ut…

agrum / tuus siris unquam fieri nec gnati tui, «ne permets pas que ce domai devienne jamais ta propriété ni celle de ton fils». (Ager tuus (fiet) / Ager gnati

Vi: Plt, Capt. 583, est miserorum ut… inuideant bonis; Caes., Gall, TV 5, 2, est

{fiet]} Cic., Inu. TI 148 (texte de loi), si pater intestato moritur; … pecunia e agnatum gentiliumque esto (pecunia agnatum); Agr. 1, 1, regis Alexandri testame regnum illud populi Romani esse factum; CM 20, temeritas est florentis aetatis: €

Interr. ind.: Cic, Fam. VTIT 10, 5, tui consilii est uelisne perseuerare.

Gallicae consuetudinis ut…

; INCLUSION ET NOM-RELAIS 6.2.2. D’autres G non répertoriés comme «Poss.» peuvent occuper la mêm position d’attribut et supporter la transformation phrase — syntagme. Ainsi le G d Qual., on l’a vu chap. 2, pour lequel voici quelques exemples, avec iuris: Hirt, Gall. VIII 52, 4, fore liberam… et sui iuris ciuitatem, «libre et de droi propre» (c'est-à-dire indépendante, maîtresse de son sort); Sén,, Con. I 8, 5, non sux mei iuris; Med., 138, Tason, alieni arbitri iurisque factus; Vell, H 108, 2, finitimo

omnes.… luris sui fecit, Gaius, Inst. L, 127, mortuo patre, filii sui iuris efficiuntu (Noter la concurrence, aftendue, de l’Ab suo iure, Cic, Verr. II 122; et du tour préé positionnel pro meo iure, Att. II 2, 1). Exemples analogues avec dicionis, potestatis imperii, uoluntatis, operis, etc.

Parler ici d’«appartenance» relève de la métaphore Le G ordinairement appelé «Part.» s’emploie aussi comme attribut: Plt., Tré. 1016 si harunc Baccharum es. Mais quelle contraction en SN imaginer ici, (*harunc Baccharum tu).

On doit pouvoir analyser comme Part. Liu. 1 39, 5, eorum sententiae sum qui.. «je suis de l’avis de ceux qui…» (mais *ego eorum sententiae ?)*. On éprouve aussi de l’embarras devant Cic., Top. 23, omnia quae mulieris fuerun uiri fiunt dotis nomine (*omnia mulieris? Tl faut préciser omnia mulieris) Liu. VI 14, 17, praeter Capitolium atque arcem omnia haec hostium erant.

5£. L'inclusion

‘ Dans tous les cas, le rapport de X (nom, pronom, nominal complexe) à G attri: peut se ramener pour le fond au rapport d’inclusion déjà observé dans le synagme compact [XG]. «Hériter» de leur père est une des «propriétés» des fils. Etre pnetmre de certains biens est une «propriété» de la femme comme de l’homme, oir des partisans contribueà définir la cause de Rome ou d’Hannibal. Supporter souffrances est une des qualités reconnues du sage, comme la jalousie un défaut ribué aux misérables. Mais s’en tenir à mentionner cette identité de relation sémantique, ce serait négliles différences qui séparent [XG] de [X est G]. La plus frappante est l’extrême iberté que la construction attributive accorde à X. Il s’évade du cadre formel du nom our s’élargir aux concepts les plus complexes, pour lesquels 1l n’existe souvent pas € «nom» spécifique. Infinitifs et surtout complétives autorisent une richesse et une ouplesse inconnues au SN seul (Et c’est pourquoi ces phrases sont souvent non éductibles à un SN).

_ Cette richesse exige d’élargir la palette des interprétations nécessaires pour gloser ans une autre langue le tour latin: on comprendra par exemple que dans praetorum st praeire «marcher en tête est le devoir / la mission / la fonction des préteurs»; que à résistance aux douleurs «est un trait de caractère propre aux sages», etc. .4,2. Noms-relais

3.

Parler, comme Baldi, 1983, d’un G «de caractérisation» pour sapientis est… n’est pas faux au niveau de l’interprétation rmais n’explique pas le fonctionnement de ce G,

4.

Pour J. Humberi, Synt*., 270, la construction fréquente G + éénai (+ Inf.) appartient au Part. H cité Xén. EFc, 1, 2, oikonomou agathou estin eu oikein tën heautou oikon,

«

- - Cette même diversité potentielle d’interprétation amène le latin lui-même à écarter toute erreur en donnant forme au terme convenable: ainsi praetorum est (praeire) ‘peut devenir praetorum officium est (praeire). Le G attribut est remplacé par un SN

322

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

)e même uoti mei est, C1L. XI, 1800; oneris est Sidon. 9, 11, 2, desiderii fuit…

{XG], où X reprend le sujet. L’information globale reste la même, mais la struct syntaxique paraît plus simple, le décodage perd toute ambiguïté. Officium peut@

eregr. Eger. 7, 1; 1am propositi ‘Hier, Epist. XXII 20, ipse (= riae uoluntatis; ibid., 20, illud II 58, artis esse; Vit., Patr. 12,

qualifié de relais parce qu'’il explicite le sens à donner à l’inclusion du sujet d:

l’attribut (dans la phrase [X est GT). Pragire est présent dans praetorum en tant@ officium; ouù, si l’on veut, ce dernier est générique: praeire fait partie des officia définissent la charge du prêteur. Pit, Caes. 585-586, non matronarum officiumst, sed meretricium | uiris alien: subblandirier, «Ce n’est pas la fonction des mères de famille, mais celle des coi

sanes…Ô d’enjôler d’autres hommes que le leur». Non matronarum est suffisait, mèjé

l’adjectif opposé meretricium facilitait l’intrusion de officium. Cf. Aul. 593.



Comme officium, on trouvera munus (Cic., Mil. 22); signum ou proprius prium). L'adjectif proprius se construit souvent avec le G: Cic., Man. 31, fuit p prium Populi Romani longe a domo bellare. En l’absence de proprium, la phrase fuit P. R. longe a domo bellare aurait sens, Mais on pourrait hésiter sur la façon dont les guerres lointaines s’inscriv dans l'image du peuple romain: est-ce une «possibilité» une «habitude», «u volonté», «un devoir»? Proprius supprime l’hésitation: c’est un «trait spécifique» Soit la phrase: stultitiae est aliorum uitia cernere; comprendra-t-on: «il apparti à la bêtise de distinguer les défauts d’autrui>? Cic., Tusc. II 73, a précisé Est p prium stultitiae… «c'est le propre de…»°. 6.5. ANNEXE:

FIGEMENT G + ESSE

Soit par exemple mos est + inf. / AcI / ut construction banale (Plt., Capt. 935 mos est abliuisci hominibus; Cic., De Orat. T 84; Verr. II 158, etc.), Mais il concurrencé par moris est (morum est); au lieu de «oublier est une habitude», on d

alors exactement «oublier entre dans l’habitude». Et on a l’impression que moris es devient une locution verbale dont est souligne le rôle prédicatif, mais dont le conten sémantique est véhiculé par moris (cË. frs «il est d’usage»). " Pline, NH XVIT 114, pampinari ea non est moris, «il n’est pas dans l’usag d’épamprer les (vignobles arbustifs)»; Vell. IL 37, 7, sicuti Pompeio moris era «comme il était habituel à Pompée»; cf. Cic., Verr. 1 66; Tac., Agr. 39, 1, ut bar baris moris (sans est!).

Un indice de figement est l’extension de l’emploi de moris esse en latin tardi La même expression à verbe-support (esse) + Gén. se rencontre avec consuetidinis, Caes., Gall. TV 5, 2; Quint, O. XTY 8, 5; Peregr, Eger. 1, 1, et al: Vulg., Hebr. 10,: 15, sicut consuetudinis est quibusdam. Liv. XXXVT 34, 4, sui operis esse credens AcI; Curt. VIII 1, 23, uictoriam sui operis fuisse iactant, cf. Tac., Hist. TF 53.

5.

323

On trouve aussi, moins fréquemment, le D avec proprius. Mais le plus souvent, sa fonction est diffé-: rente. B. Afr…, 82, Z, uictoriam sibi propriam… portendi, sibi est le complément de portendi, D'antres. fois proprium esse forme une locution synonyme de conuenit, Pline, NH., XXIV, 136, Chamaepeuce… spinae doloribus propria est, «est particulièrement efficace contre les maux de la colonne vertébrale».

erat, ibid., apostolus) iudicii est, 1, laboris

23, 10 (cf. Lôfstedt, Konmm. p. 178ut esset uirgo, non fuit imperi, sed hoc laboris. Greg. Tur. De virt. S. esse.

fstedt estime que ces constructions pourtant plus fréquentes qu’à l’époque clas, n’étaient pas vraiment populaires et qu’elles témoignent d’un certain artifice. eut penser au contraire qu’elles illustrent une possibilité toujours ouverte dans angue: remplacer un verbe à sémantisme plein par une locution formée d’un de même sens et d’un verbe à charge sémantique faible voire nulle («craindre peur»}) latin solere / moris esse). CË les travaux de M. et de G. Gross, bibliogr.,

‘Information grammaticale, oct. 1993.

QÈME PARTIE

GÉNITIFS EN POSITION ADNOMINALE OU NON-ADNOMINALE PARTITIF, QUANTITATIF

LE GÉNITIF

327

montrer l’unité possible la partie I de cette section, nous avons essayé de

position syntagmafié désinenciel G pour tous les emplois d’un G dans une de quelques G ption l’exce (à SN celle de terme second dans un vilégiée:

et»).

du G offrant une « abordons maintenant dans cette partie 2 l’étude d’emplois “difficulté

ement adnominal; il peut être, entre autres niagmatique: le G n’est plus exclusiv ions, adverbal;

tification, et non plus antique: il exprime le plus souvent partition ou quan

Î. ysion, comme les G de la partie

s tenter de le voir. 3 deux difficultés peuvent-elles se résoudre? Nous allon dans cette partie, s’ajouAu Part. et au Quant., qui occupent la plus grande place traités à la fin). seront qui n», autres types, notamment le G «de relatio

LE GÉNITIF

329

CHAPITRE |

LE GÉNITIF PARTITIF (G PART.) ADNOMINAL

* INTRODUCTION

e génitif partitif représente une des difficultés majeures de la syntaxe latine, ‘de la syntaxe indo-européenne. ans doute peut-on se borner, comme le font la plupart des auteurs à constater “te G est encore adnominal, terme second dans un SN. Après cette observation gmatique rassurante, on observe que les déductions interprétatives, fondées sur ns lexical des unités [ XG] conduisent à poser un «partitiuus» (aliquis uestrum)

Un «quantitatiuus» (farinae libram). Ces nouvelles variétés prennent place à côté ec'anciennes, élaborées de la même façon: Poss., Qual., Defin., etc.

Qu’on aperçoive mal quelle parenté sémantique peut rendre compte de l’identité oyens formels dans consul eximiae uirtutis et dans unus horum, cela n’inquiète 1$.1es tenants d’une doctrine qui réduit indûment la syntaxe à une syntagmatique

perficielle.

‘Par surcroît, d’autres obstacles surgissent: que faire des G «partitifs» ou «quantifs» non adnominaux? Ils sont relativement peu nombreux en latin mais forts de pui massif que leur apportent d’autres langues apparentées. Au demeurant, sont-ils

Jlement rares en latin même? A-t-on le droit — si l’on veut bien raisonner sur les

nctions et non pas sur les seules marques formelles — d'ignorer que dare de praeda t ancien, vivant, promis à un bel avenir roman? De praeda est, certes, un S. Prép. ais de signifié partitif. Refuse-t-on de ranger dans un même paradigme unus militum de militibus | ex militibus | inter milites? ou bien fortissimus + G ! de | ex | inter? Nous n’admettons pas les expédients ordinairement proposés pour supprimer la fficulté au lieu de la résoudre: ainsi l’hypothèse d’une valeur originellement double G (MV); l’affirmation que le «possessif» est premier (grammairiens latins, la ajorité des auteurs modernes); ou au contraire que le «partitif» est premier (Delüick dans ses dernières œuvres). Les simplifications téméraires de Benveniste et de

Kurylowicz (dans la lignée de KSt), que le G sert d’abord à neutraliser l’opposition /Ac, engendrent un déchet énorme qu’un processus analogique, si complaisant v’on l’imagine, n’arrive pas à liquider.

Toutes ces démarches ont en commun d’échouer à mettre en lumière un signifié

nitaire pour le G. Pour nous en tenir, à ce point de notre exposé!, aux emplois adnominaux du G partitif, nous nous proposons de vérifier si demeure valide la notion d’«inclusion»

1, La question des G adverbaux non partitifs (damnare proditionis) sera examinée ultérieurement, partie 3.

LE GÉNITIF

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

330

que les chapitres précédents nous ont amené à dégager comme signifié sémant abstrait du G. S’il en était autrement faudrait-il conclure, comme MV, à la dualit

G? On verra.

Après examen

331

Nature de X dans [XG] partitif eut être un nom: cf. ci-dessus cohortis praetoriae miles, Mais dans la grande é des cas, c’est un pronom.



de la nature du G et du nominal premier, on étudiera les

ports entre partition et quantification, avant de passer aux emplois adverbaux et Quant.

". 1.2. NATURE DES CONSTITUANTS DE [XG] PART. OU QUANT.

Dans le syntagme SN [SNX — SNG] — que nous écrirons par convention XG= X terme premier reste nominal; il signifie par sa désinence la fonction dans la p de l’ensemble du syntagme | XG ]. G est le terme second:; il n’a de rapport qu’a X; il conserve donc la même désinence G quelle que soit la fonction de [ XG 1. ;

Dans l’étude des termes seconds d’un SN Part. ou Quant., on ne peut négliger|

cas, nombreux, où cette seconde place est occupée par un S prép. (avec les pré sitions ablatives ex, de: mais aussi avec les prépositions locatives in, inter). Il y a ‘

paradigme du terme second: G / de, ex / inter, in, L’interprétation aboutit au const d’une synonymie plus ou moins exacte. Mais (outre le niveau de langue parfois m qué comme littéraire ou comme familier) le mécanisme même mis en œuvre diffè C’est très évident pour /n L. C’est vrai également pour les prépositions Ab. No aurons l’occasion de revenir sur ce point. À seule fin d’ordonner la description, nous admettrons provisoirement que le Part. suppose un ensemble d’êtres nombrables; que pour le G Quant. au contraire, référent a un caractère massif, non nombrable. Similitudes et différences entre P et Quant. seront examinées plus tard, chap. 3.

Prov. 4 (prouinciae) quarum Macedonia a barbaris uexatur, Br. 286, quoharisius. Liu. XXXII 29, 7, Gallorum Boios… («les Boïens parmi les GauXXXVTI 9, 6, omnium gentium Gallos belli fama praestare, («les Gaulois us les peuples»…); IX 27, 8, consulum Sulpicius in dextro, Poetelius in laeuo

“iu consistunt. Tac., Ann. V1 12, Caninius Gallus quindecimuirum («membre des iri»); Hist. 131, tribunorum Subrium et Catium milites adorti. Curt. VI 5, 2

um Haustanes captus est, Catenes… occisus. Et même Pline, NH XI 137, pin-

“um animalium buboni tantum… plumae uelut aures, «entre les animaux ailés le

ÿ a seul des plumes en forme d’oreilles». ‘2,2. X = quantifiant

Ces quantifiants sont rangés traditionnellement parmi les numéraux, les pronoms définis et les adverbes). 2.22.1. Numéraux: Vnus; (solus); alter; nullus: Enn., Scaen. 71, furiarum una. it, Truc. 102, Cic., Pro. 12, unus omnium; Nep., Milt, 1, 1; Liu. XXVI; Cic., jest. 233, ille unus ordinis nostri discessu meo exsultauerat; N.D. II 20, S1; 41, 11;

‘Caes., Gall. ! 1, ! (Gallia diuisa est in partes tres} quarum unam incolunt Bel-

ae, alteram Aquitani, tertiam qui Celtae appellantur; VII 35, 3; Hor.… Sat. I 9, 72,

1.2.1. Nature du G partitif G partitif est, d’une façon assez compréhensible, ou bien, le plus souvent, un nominal pluriel, ou bien un nom singulier collectif, impliquant de ce fait une pluralité interne. Le G est concurrencé par les tours prépositionnels Ab (de, ex) parfois L (in + Ab, inter).

De très nombreux exemples du G pluriel apparaissant dans l’étude de X (7.2.2,) voici seulement queiques témoignages de G singulier collectif. Plin., NH XIL 24, edixerai Alexander ne quis agminis sui…; Virg., Aen. V 378, nec

quisquam ex agmine tanto…, Stat. Th. XI 722, ex agmine tanto comes; Virg., Aen XI 60, lectos ex agmine mille uiros (avec un doute possible sur la fonction de ex

agmine qu’on peut rattacher à lectos); cf. Ov., Met, XIV 506. Caes., Gall. 1 42,6 quidam ex decima legione. C.LL. IV 2145 M{iles) ch{oortis) pr(aetoriae); Tac,, Ann. TI &, cohortis praetoriae

militem; Hist. T1 64; Hist, J 26, ex urbanis cohortibus Aemilius Pacensis, e uigilibus.. Fronto.; Cic., Qu. fr. 1 1, 12; Gell, XTX B, 15, .… cohorte illa. Ov.. Fa. V 164, pars Hyadum toto de grege nulla latet; Mart. VI 47, À, Camena-

jus multorum; Plt, Truc. 186, te unum ex omnibus amat, Caes., Gall. V1 5, À, qui

imni ex Gallia… legatos miserant; Cic., Fam. VII 20, 1, uus e nobis, Liu, ITI 25, 8, x legatis unus; XXTII 42, 3. Cic., Brut. 320, quiuis unus ex populo. Pline, Ep. ! 3, 2, mum ex multis, Gell. XVII 3, 2, ex his qui aderant unus et alter; Plt. Capt. 482, ico unum ridiculum dictum de dictis melioribus; Cic., Fin. IT 66, unus de multis, Vitr. II 8, 22, de colonis unus; Hier, Epist. 18 À intr, et missum est ad me unus de

eraphim.

‘Autres prépositions: ante, Virg. Aen. III 320; inter, Apul., Met. IV 8. On rapprochera l’emploi de solus, Plt., Amp. 1083, haec sola sanam mentem estat meorum familiariurm. Alter: Pli, Poen.

1095, earum

(puellarum) hic alteram efflictim perit. Mi. 62,

- illarum altera; Virg., Aen. TX 179-180, alter… Aeneadum; Nep., Ep. 7, 3, (collegas

“duos) quorum alter erat Pelopidas; Liu, II 17, 3, consulum alterum; Cic., Tusc. I - 27, aiterum de duobus; Caes., Gall. V 3, 3, € quibus alter; Liu. XXVI 7, 5, alterum ex iis,

rum de grege nona. Liu, XXII 10, 3, ex suillo… grege; (in + Ab fréquent; attestation

Nullus: PL., Rud. 281, misericordior nulla me est feminarum, Pline, NH TI 127, Padus nullo amnium claritate inferior; Cic., Marc. 21, ut… nulli supersint de inimi-

de in + Ac latif).

cis; Pline, NH VI 181, ex quibus (oppidis) nullum exstat.

332

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

333

juispiam: Cic., Fam. III 8, 7, si… legatorum tuorum quispiam male dicitur, PHt.,

1.2.2.2.2. Autres numéraux cardinaux

86,

À la différence de unus (dont l’un des emplois est celui de cardinal), les aux numéraux, à l’exception de mille et de milia, ne servent pas de X dans un syntag XG. Caes., Ciu. II 23, 3, cum decem longis nauibus. Les cardinaux se condu

6, 385, quaedam de numero Lamiarum.

comme des adjectifs, qu’ils soient variables (duo, tres, ducenti, etc.) ou invariab (tous les autres): Plt, Men. 220, isti sunt decem.

quaepiam nostrarum. idam: Scrib, 37, a quibusdam oculariorum; Liu. XXXI 45, 7, quibusdam rum; Tac., Hist. TT 72, quidam militum; Sén., Suas. 1 6, ex Graeculis quidam;

son nuilus: Caes, Gall. V 15, 2, nonnullos suorum emiserunt inusquisque: Cato, Orat. 163, unusquisque nostrum. Varr., RR.

°

Cette différence syntaxique est peut-être liée au fait que urus s’emploie larger à la manière des pronoms alter, alius avec lesquels il se trouve fréquemment assog Les noms mille et milia, intégrés à la série cardinale s’emploient au contrz

1 14, 1, horum

erum) unumquodque species habet plures; Cic., Catil. 1, 2, designat oculis unum-

nque nostrum. multi: Cic., CM 59, multae istarum arborum: Virg., Aen. IL 398, multos Danaum,;

aisément comme X dans XG. C’est même la construction usuelle dans les texte plus anciens (mille indéclin.; milia fléchi). Plt., Tri. 425 mille dracchumarum; Quadrig., Hist. 44, occiditur mille homimi

e, NH XI 123, multis et aquatilium… et serpentium (cornua data sunt), Greg.… ‘HF VI 28, secuti sunt de Toronicis multi («beaucoup des habitants de Tours»).

lerique, « (en opposition avec omnes, Cic., Verr. V 68). Scrib. 84, quod que medicorum faciunt; Sall, Jug. 21, 2, plerisque ex factione eius interfectis.

Varr. RR. II 5, 10, coegit mille caprarum; Cic, Att. TV 16, 8, hominum mille; L XXV 24, 1 mille armatorum. En revanche, mille adopte la fonction d’épithète, comme les autres cardin chez Varr., RR. II 1, 26, dicimus mille naues isse ad Troiam; Sall, Jug. 105, 3, c

eliqui: r- coniuratorum, Tac., Ann. XV 70 (class.: r- coniurati). ceteri: Tac., Ann. XI 18, ceteri sociorum. Pline, NH TI 25, ceteris animantium.

mille… equitibus sese ostendit, Liu. XXX 31, 6, omnia… subiecta esse mille casib scio; Pline, NH XI 151, in mille colores (oculi} transeunt. Class.

2.4. Interrogatifs et relatifs

Le pluriel milia offre aussi deux constructions: Enn., Ann. 332, milia militun octo duxit; Planc. Fam. X 15, 3, fratrem cum equitum quatuor milibus duxit; Liu:Ti 3, 9, ciuium capita centum quatuor milia septingenta; cf, mille (milia) passuum' passus, Pour milia, on explique souvent son emploi quasi-adjectival par une apposi

quis interrog.: Virg., Aen. VI 341, quis te deorum eripuit nobis? Apul., Met. 1 , a quo istorum.…? Varr., ap. Gell. Il 28, 3, per quem deorum dearumue terra treret incertum est. Quis indéfini: Greg. Tur., HF VII 27, ne quis extraneorum regnum audeat uiolare.

tion («des têtes de) citoyens 104.500»), comme dans les listes. Et c’est pourquoi cardinal suivrait en ce cas le nom quantifié. Mais cette position relative est souverj

uter: Caes., Gall. VI 19, 2, eorum u-; cf. Lucr. IV 1217; Liu. XXXH 8, 2, Hor., t, II 3, 180, u- nostrum; Sén.…, Ep. 80, 14 u- ex his. uterque: Cic., Ver. V 56, quarum ciuitatum utraque; cf. Leg. 111 40; Vell. II 50, utrumque legatorum; Cic, Att. T 17, 1, meus amor erga utrumque uestrum, qui relatif: Liu. IV 33, 1, Fiedenatium qui supererant.

démentie par les faits; on pourrait simplement songer, comme on le fait pour mille à un alignement sur toute la série cardinale: centum pedites mille pedites duo milia pedites.

22.5.

12:2.2.3. Indéfinis

- ubi, hi, ibi, quent elle (cf.

Hl n’est pas rare de rencontrer ici la construction concurrente avec préposition. quisquam: Plt, Capt. 809, eorum si quoiusquam scrofam.… conspexero; Amp.: 1099 neque nostrum quisquam. Ter, Ph. 88T, ne quoipiam suorum aequalium sup-plex siet; ( 8, 35, nec curare deum

credo quemquam

mortalium;

Petr.,

lium…

ibi, quo, etc. (on verra plus loin un G loci après id.). L'emploi des adverbes quo, qui réfèrent par eux-mêmes à l’espace ou au temps, est beaucoup plus encore, avec un nominal au G qui renchérit sur l’expression locale / tempofrs «pour rien au monde»…). Ce G est au singulier ou au pluriel, Plt, Amp.

ubicumque, généralisant (cf. quicquid, Cic., Verr. V 143, ubicumque terrarum et entium; Hor., Epist. T 3, 34, ubicumque locorum uiuitis? Tér, Hec. 284, ubiuis gen-

12, 2, metui..

quemquam mortalium admitti. Suét., Aug. 31, 3, culusquam neptium suarum (aetas}; Cic, Att. Il 6, Z, (hemo est) qui quemquam ex uiginti uiris… saluum uult, Tac, Germ. 19, 5, quemquam ex agnatis necare, quiuis: PIt., Amp. 27, qu- nostrum; id., Cic, Att. XV 13, 5:; ad Brut. IA 5 (7) 5, quemuis Antoniorum trium; Petr. 37, 10, quemuis ex istis babaecalis. quisnam: Juv. 13, 243, hominum est quisnam? Tac,, Hist. 11 72, quisnam morta-

adverbe

336, ubi terrarum; Gell. XVI 6, 10; PIt, Truc, 814, ubi gentium; Epid. 678; Sall., ug. 54, 2; Apul., Met, VIT 9, ubi locorum. Mais Plt., Rud, 1102, ubi loci.

Caes, Gail. VIL 76, 5, neque erat omnium quisquam qui… arbitraretur; Virg. Buc.

X =

ium; Apul., Met. T 24, risque même un itineris ubique comitari; ibi loci, PL NH VI -70: ibidem loci, Pli, Cist. 529; quo loci, Cic, Att. VIII 10; cË. Divin. TF 135; quo

“locorum Hor., Carm. 1 38, 3; quo gentium, Tér, Eun. 831. -

-

Dans tous les cas X identifie (ou demande l’identification) d’une certaine position dans G: avec locorum pl. X est un locus choisi parmi les autres; avec loci, X est prélevé sur le singulier générique.

334

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

1.2.2.2.6. X = superlatif Pour des raisons qui seront expliquées plus loin, [XG], où X est un adjectif superlatif et non pas un nom, aurait pu être traité ici. Mais, vu l’importance du dé loppement, ce tour fera l’objet d’un chapitre particulier 2.4,

1.2.2.3. L’inversion des termes dans [XG] Des expressions comme plerique medicorum ci-dessus sont rares et peu cla, ques. Le tour usuel chez Caes., comme chez Cic., serait plerique medici. De mê pour reliqui + G (Tac.) ou pour ceteri + G (Pline). Plerique véhicule par lui-même une idée de partition; 1} suppose un enseml plus vaste d’êtres dont il ne regroupe qu’une partie, même si elle est très majoritai Aussi est-il superflu de répéter le trait «partition» par le G du complément. M ifversement on peut arguer que plus d’une fois avec d’autres quantifiants, le G n°è pas absolument indispensable: nu/la feminarum {Plt.), ou nullus amnium (Cic.) poù raient se dire nulla femina, nullus amnis. ‘

En revanche d’autres emplois sont irréductibles à un syntagme épithète + nom unus quisque nostrum (Caton, Cic.) ne supporte pas cette transformation, ni quisnai hominum, etc. Le G exprime sans équivoque le domaine dans lequel il convient d désigner le quis ou le quisque en question. Pour cette raison le G possède un vigueur que n’a pas X seul. X implique dans tous ces cas une opération de partitio mais c'est le nom au G qui, en confirmant cette opération de partition par sa dés nence, spécifie par son thèmeà quelle classe d’êtres elle s’applique. D'ailleurs la concurrence que font au G les tours prep031t10nnels Ab (parfois L surtout après l’époque classique, manifeste la même tendance à l’expression fort ët dépourvue des ambiguïtés interprétatives du G. On arrive ainsi à plerique medicorum, qui, bien que non classique, n’est pas plu surprenant que le multae istarum arborum de Cic. Cicéron aurait-il fait dire à Cyru «d’ai planté des arbres en grand nombre» (multas arbores), le message serait trè différent de «j'ai planté un grand nombre des arbres que tu vois». Dans le premi cas «en grand nombre» équivaudrait à un attribut de «arbres». Dans le second, c’e «arbres» qui détermine «un grand nombre». ; Le G ne s’impose pas dans plerique medicorum, ni dans alios dierum d’Hor Sat. II 2, 60: mais c’est une possibilité offerte: dans plerique medici, plerique ad détermine medici, Dans plerique medic-orum, le pron. plerique est déterminé par medic-orum, où la désinence G -orum signale expressément la place à occuper par (plerique). De même reliqua cada-uerum, Sall, Hist. III 87. On peut donc parler ici d’une inversion des termes et des fonctions, pour un signifié global à peu près identique du syntagme. D'autres expressions peuvent s’expliquer par un mécanisme analogue. On l rencontre chez les poètes et chez les prosateurs à partir de l’époque d’Auguste. Dans le syntagme [épith. + nom], par exemple expediti milites, «des soldats débarrassés de leur chargement», c’est-à-dire «équipés à la légère», expediti, en le qualifiant, réduit l’extension de milites. T1 est donc possible de supposer que les expediti ne forment qu’une partie des milites en général; ce qui se traduit par expediti militum, Liu. KXX

LE GÉNITIF

335

: cf. XXVI 5, 3, cu delectis peditum, XXVTII 14, 16, cwm expeditis peditum zumque. Tac., Agr. 11, Britannorum uictis. Curt. participe est relativement fréquent comme X, sans douteà cause de la facilité nominaliser. Mais des adjectifs non participes se trouvent aussi dans cet emploi: e, NH X1 265, canum degeneres; id., plani piscium. Le rapport partitif reste sen: tous les poissons ne sont pas plats. Le procédé devient, en revanche, pur artifice littéraire lorsque la qualité expripar l’adjectif convient à tous les individus englobés dans le G. L’indice de ce gement s’observe dans le passage au neutre pluriel de l’adjectif, ainsi nominalisé.

-phrase d’Apulée, Mét. I 2, 2, illustrera le phénomène d’une façon presque cariprale: («Je me rendais en Thessalie pour mes affaires»). Postquam ardua mon-

et lubrica uallium et roscida cespitum et glebosa camporum emersi…, « Apres oùr franchi l’escarpement des monts, l’humidité des vallées, la fraîcheur des prairies

les labours des plaines..…» Dans cette écriture artiste à la Huysmans, l’adjectif, ogiquement» épithète, se trouve nominalisé au pluriel neutre. Mais il ne faut pas tromper: roscida cespitum ne signifie pas «les parties couvertes de rosée des jes», mais «les prairies couvertes de rosée». 24. Cuncti hominum: cuncta camporum L'adjectif curctus dénotant la totalité devrait se trouver, logiquement, exclu constructions partitives. Et pourtant, à partir des poètes du I siècle après F.C. et ns la prose ultérieure, on rencontre, au lieu du syntagme [cuncti (adj.) — homines]

es-syntagmes où cuncti est devenu «tête», suivi de hominum G. “Dans

cuncti hominum,

Ov., Met.

IV

631,

cuncti

est nominalisé,

et hominum

signe encore le domaine dans lequel s’applique la quantification. Pline, NF, III 7, nctae prouinciarum, Tac., Ann. XIV 60, cuncta scelerum suorum, Tout se passe mme si on posait d’ abord l’ensemble (prouinciae)à quantifier (-arum), et qu’au rme d’une revue desdites proumczae on obtienne le résultat cunctae (et non pas nnullae, multae, pleraeque). On est à l’extrême d’une même opération partitive. € recours à une explication analogique ne semble pas déplacé.

Dans tous ces emplois-ci la solidarité syntagmatique est soulignée par le genre e X, conforme à celui de G. Mais une situation différente se présente avec cuncta, r. nt + G: Hor., Carm. I 1. 23, cuncta terrarum; Tac., Hist. V 10, cuncta camorum (cf. 1.2.2.3.).

Que l’idée de «totalité» l’emporte dans ces exemples sur une vue partitive resort bien de l’emploi que fait Lucr. V 739-740 de cuncta pl. nt., avec un G smg “lora mater uiai / cuncta… coloribus et odoribus opplet, mot à mot «Flore sa mère ecouvre de couleurs et d’odeurs la totalité du chemin». (Observer la mise en relief

€ cuncta par rejet).

LE GÉNITIF

337

CHAPITRE 2

LE G QUANTITATIF ADNOMINAL

a été admis à titre provisoire, pour facilier l’inventaire (et pour vérifier finalela validité de l’opposition) que le G «quantitatif» se caractérise par le caractère nombrable du nominal G.

NATURE DES CONSTITUANTS DE XG QUANTITATIF . Nature de G ’our l’essentiel, les observations faites à propos des [XG1] partitifs restent valapour les [XG] quantitatifs.

a place G est ouverte à une foule de noms, qu’il est inutile d’énumérer longuenaturellement des noms de matières: aqua, terra, tellus, uinum…: ferrum, argenum, aurum, plumbum, alumen, lignum, etc. ms de choses: praeda, cera, aes alienum, ulcus… et le nom res lui-même.

ms d’action: opus, onus, scelus; officium, consilium, negotium; bellum, tumultus, turba; ops, cibus, potio; causa, periculum, incommodumy;

religio, uoluptas…

\oms de qualités: dignitas, mens, uirtus, aetas… djectifs nentres substantivés: nouum, bonum, malum, laboriosum, certum… Voir ci-dessous 2.7.2.3. Note). Le seul trait commun de tous ces G est d’être, du moins au singulier, non nombles (au pluriel, muliae uirtutes / multae uirtutum se prête à la partition). .2. Nature de X

La place de X au contraire n°est ouverte qu’à un paradigme limité: les quantifiants jà vus pour le partitif, mais au neutre, et quelques termes dénotant lexicalement e quantité soit approximative (massa, mica, gufta) soit exacte: les noms de mesures,

olume (cyathus), poids (libra). ‘On verra ci-dessous 3.3.3. les raisons de cette limitation de choix pour X, que le

yntagme soit partitif ou quantitatif. Note importante: - I faut souligner que beaucoup de X qui sont des neutres singulier, ou des adverbes, sont suivis d’un G pluriel: Cic, Off. IIT 59, fantum piscium, aussi bien que d’un G ngulier: Caes., Gall. TII 3, 2, tantum periculi. Le premier se gloserait par tam multi {pisces), le second par tantus, -a, -um adjectif. Nombreux exemples avec safis, Il est,

ffet possible de considérer les poissons comme une masse; et c’est à cette masse

e

P

338

LE GÉNITIF

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

en honte, à l’âge qu’il a, de mener de fourbes manœuvres»; c’est-à-dire «à cet ant de sa durée de vie» (un père se conduit comme un adolescent). L'aetas étant

qu’on donne un certain relief en faisant d’elle la tête du syntagme. Dans fantum pe iculi on insiste aussi sur l’importance du péril: «tant de danger» est plus expres que «un grand danger». On pourrait dire que le nominal X résulte de la promotic

ible, id met en relief le moment

Clu. 141; Fam. VI 20, 3. De même, id temporis, Rosc. Am. 97: Mil. S4; Gell.



magnum periculum multi pisces

ÿT] 2, 1, ad id diei.

> _ tantum periculi > _ tantum piscium.

d peut spécifier de la même manière le lieu: Sail, Catil. 45, 3, ad id loci uene-

(c£. ubi, quo, 3.2.2.). De même pour la nature précise d’une fonction, d’un honur, d’une charge, etc.: Caes., Gall. VII 6, 5, id consilii, Ciu. 1 57, 1, muneris; Liw. 3, negotii, Tac., Ann. XIII 54, honoris, Hier, Epist. 1 12, officii. Ou bien on

On verra ci-dessous que quid + G, ou id + G sont souvent très proches d’un $ fnom + adj.}. Le phénomène, banal et classique, rappelle l’artifice littéraire de l’inv sion des termes, qui aboutissait à roscida cespitum (voir 1.2.2.3.). ( Le fait illustre cependant qu’il n’existe pas de frontière étanche entre Part, Quant. (cf. 3.1.).

te sur le degré, l’intensité: Liu. XXITI 19, 13, ad id uentum inopiae est, ut (eam

inopiam étaient admissibles mais moins incisifs); Tac., Ann, XII 18, Romajum nemo id auctoritatis aderat montre que le syntagme id + G peut se figer, avec sens d’un G Qual., fantae auctoritatis par exemple (cf. 2.1.2. Note). ‘idem: Ov., Fa. 1146, non habet officiii Lucifer omnis idem, «chaque Aurore n’a

2.1.2.1. X pronom neutre 21211,

de référence, C’est une expression plus forte

ça (illa) aetate. Mais il faut reconnaître que cette nuance s’efface souvent. Cf.

nominale d’une épithète synonyme, avec passage de l’ancien nom-tête à la positi

de terme second G:

339

3 même office». hoc: Pompon., Com.

Quid; quod, aliquid

121, quid hoc est tumulti? Pit., Amp. 463, hoc… operis.

Dans les deux vers de Plaute ci-après, on relève 4 G quantitatifs, tous adjectifs neutres, sauf uoluptatis. Quant aux X, ce sont l’adverbe plus, le pronom neutre qu—ië

(pour plus, cf. 2.1.2.2.). Pit., Amp.

2.13. Nihil; quicquam; quicquid

,

636 (tout bonheur

s’accompagne

de peine), Quin

‘ nihil Cato., Agr. 2, 3, n- damni; Cic., CM 4 (id. Verr. V 168) quibus nihil est in ipsis opis ad bene.… uiuendum (= «aucune ressource»); Sail, Catil. 52, À, nihil fit

incommodi plus

malique ilico adsit, boni si optigit quid. | … | Plus aegri ex abitu uiri quam ex aduentu uoluptatis cepi, ‘ «It survient aussitôt un lot plus grand de douleur et de malheur, si quelque bonheur vous échoit … J'ai ressenti plus de peine du départ de mon mari que son arrivée ne m’a donné de plaisir».

éliqui uictis, Hier, Epist. XXII 6, nihil in te Babylonium, nihil confusionis adolest (noter l’emploi identique du G et de l’adjectif de relation).

quicquam: Plt., Merc. 507, laboriosi nil tibi quicquam operis imperabo, Tér.… Hec. 400, nil quicquam… incommodi; Eun. 800, si quicquam hoc turbae coeperit, u. XXIV 38, 5, nec periculi quicquam; Virg., Aen. XI A15, o si solitae quicquam irtutis adesset.

Autres exemples: quod:

Cic, Fam.

(genitor dabif) campi

XT

1, 1, quod esse potuit uoluptatis; Virg., Aen. TX 274,

quod rex habet ipse Latinus;

Hor., Epist. T1 18,

quicquid: Plt, Rud. 1009, …exurgebo quicquid umoris tibi est, «je te presserai à

108, mihi

€ faire sortir tout ce que tu as de liquide dans le corps» (A. Emout). Tib. II 4, 55,

uiuarn quod superest aeui. quid: Cato, Agr. 1570 À, si quid in mammis ulceris natum; Cic. Ait. VTIL 5, 1, noui si quid esset, scripsissem; Sén., Thy. 616; Tit. orat. 2, quid mihi negoti est cu : istis nugatoribus?”

Lucr. V

174, quidue

mali fuerat nobis non esse creatis?

Cic.,

Verr. V 38, quid oneris haberes nunquam cogitasti? De orat. II 367, ne quid (attulerit) religionis; Liu. XXII 25, 6, ne quid rei bellicae gereret. Nep., Pau. 4, 5, quaerit :

causae quid sit tam repentini consilii? Ov., Fa. T1 137, Tu breue nescio quid uictae telluris habebas (Tu = Romulus); Sen., Ep. 46, 2, … quid ingenii iste haberet; Hier,

Epist. XXII 8, si quid consilii mihi est, XXII 2 quid mercedis. C£. 2.1.1. Note. aliquid: Ov… Fa. I 798, aliquid… mentis.

.

quicquid habet Circe… ueneni. Une difficulté apparaît avec Pemploi du G pluriel, qui entraîne une interprétation partitive. Cic., Verr. II 135, accusatorum… quicquid rat habebat in potestate, «tout ce qu’il y avait d’accusateurs, il le tenait en son pouvoir». Catull. 37, 4, quicquid puellarum; Hor, Epod. 5, 1, o deorum quicquid in caelo regit terras; Liu. XXTX 2A, 10, quicquid militum;, XXX

arum. De même Pomp. in Cic, Att. VIE 12, a, 4, quodeumque militum contrahere “ poteritis, «tout ce que vous pourrez réunir de soldats». Quisquis implique un rapport à un ensemble dont n’importe quel constituant convient à la situation. Cette indifférence à l’identité convient à l’expression de la “ totalité:

2,12.1.2.

id; idem; hoc…

id: ll n’est pas impossible de retrouver un rapport partie / tout dans des expressions comme Plt, Asin. 71, negue puduit eum id aetatis sycophantias struere, «Il n’a

30, 25, quicquid insu-

quicquid ueneni (Circe

habet)

suggère

l’inventaire détaillé de toute sub-

stance vénéneuse détenue par Circé. On arrive ainsi à une équivalence objective avec cuncti (et surtout le pluriel neutre cuncfa, cf. 2.2.3.), mais par un cheminement inverse.

Alors que cuncti propose d’emblée une vue de la totalité, quicquid atteint celle-ci par absorption de tous ses constituants, nombrables ou massifs.

340 ÎÎ j

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

mulium; Caes., Gall. V 22, 4, neque multum aetatis superesset, plerumque: Sali

341

X = nom de mesure

21, 2, ubi plerumque noctis processit, Liu, XLN 9, 2, Europeae plerumque (à pleraque pl. nt. XXT 35, 10, pl-. Alpiums; cf. 2.2.3. à propos de cuncti/ cuncia.

J. Mesure précise ùpgrfic‘i€:

paruo: Pline, NH XXVTHII 70, aluminis paruo (non classique, «incorrect» se

jmnum…

Riemann, 1942, Synt. 8 SI n).

iugerum

(= 2523

m°)

Cic., Verr.

IIL 110,

in iugero Leontini agri

tritici seritur.

apacité: sextarius (= 0,55 1.) «setier»: Cic. Off. II 56, si emere aquae sextarium 48 rèntur mina. De même congius (= 6 sext.) urna (= 25 sext.) amphora ; . Cato. Aer. 148, uini… XLI urnae; Cic, Font. 10, uini amphorae. armi les fractions du setier, hemina (= 1/2 sext.), Celse, IV 26, 9, tritici h-; cya-

2.1.2.2. X = adverbe

satis: Plt., Most.

1030, uocis non habeo satis: Cato., Agr.

114, satis uini; C

, Att. X1 27, 3, habemus satis temporis ad cogitandum; Celse VIII 4, 11, satis somm, On peut sans doute considérer comme quantitatif le G pl. dans Liu. XXXVII Z, qui satis superque poenarum dedisset (cf. Virg., Aen. IX 356), vu l’emploi plur de poenae au sens de «châtiment» (c£. cependant 2.7.2. Note).

{= 1/12° sext.), Celse II 16, 2, aceti cyathos duos.

;

;

“Plusieurs des mesures ci-dessus s'’emploient aussi pour les solides (surtout grains). VuS «boisseau» (= 16 sext.): Cic., Diu, Caec. 39, tritici. ; edimnum (= 6 modii), Lucil. 555, frumenti. 11 n’est pas rare de trouver mention

largiter mercedis indipiscar, P., Rud. 1315; argenti et auri largiter, Rud. 1188

énnaies (auri, argenti) au lieu de grains, expression hyperbolique de la richesse St, 587).

affatim, Liu. XXTH S, 15, pecuniae est adfatim frumentique.

oids: Les appellations précises de poids s’ordonnent à partir de libra (= 327 g).

Planc., Orat. 2, pusillum dulcedinis, largiter acerbitatis: Petr., 71, 7, uinearum largite

Sat. 1 5, 69, una farris libra; PL, NH. XVIII 39, denas argenti libras. MêËmes ructions pour le scripulum (=},14 g), l'uncia (= 27,25), le triens (= 1/3 de libra) e semis (= 1/2 libra): Vitr, VII 8, 8, auri scripulum.

abunde, Quint., IO X 1, 94, acerbitas et abunde salis (chez Lucilius); Geli. Vj (VD) 8, 4 quibus abunde et ingeni et oti et uerborum est. ,

Plus: + G sing.: Cato, Agr. 4, fructi plus capies; Plt,, Mi. 236, neque habet plu sapientiai quam lapis; (cf. 2.1.2.1.1.); + G plur.: Liu, I 63, 7, plus cladium; IX 41 19, plus hominum capitur (cf. Tuu. 14, 276). ' Remarquer:

Tuscis.

Liu. IT 7, 2, uno plus Tuscorum, et Val. Max.

:2.3.2. Mesure non précise, matière Massa: Plt., Mil. 1065, argenti montes non massas habet; picis m-, Virg., Gç. I ; lactis m- coacti (lait caillé), Ov., Met. VIIT 666. Avec adjectif relationnel, Vitr.

I 8, 5, uno plus d

Cic., Fam. X1 27, 1, molestiaene plus an uoluptatis attulerit; Liu. TX 32,9

minus nec plus caedis.

A "12, 1, plumbeas massas. (L'interprétation par un G dit «de matière_» est posble, et parfois préférable: par exemple chez Pline, VH, XXX 178: certaines tr_1bus

fuga

onstruisent leurs maisons «avec des blocs de sel», massis salis, et non pas de pierre

Minus + G sing.: Cato., Agr. 64, 2; Cic., Fam. II 6, 1, minus dignitatis: Quint.,!

exemple).

XI, 77 (Aeschines) carnis plus habet, minus lacertorum, Liu. VIL 8, 7, minus iacturae + G plur.: Tér., Eun. 760, peregrinus.…, minus amicorum hic habens: Liu, V 8

Lamina connaît les deux constructions, avec semble-t-il, une préférence pour djectif: ferrea, Sall. Hist. 4, 65; Curt. TV 9, 3; aurea, Mart. TX 22, 6. G; argenti, v. Fa 1 208; utriusque materiae, Sén., Ben. 7, 10, 1.

3, minus militum periit.

Tantum + G sing.: Tér, Heaut. 956, quid ego tantum sceleris admisi miser? Afran., Com. 46, tantum mali; Caes., Gall. TI 3, 2, cum tantum repentini periculi accidisset, Cic, Fam. V 6, 2, tantum habere aeris alieni ut…: Virg., Ge. III 343, : tantum campi. ‘

Gutta, «goutte» (d’un liquide oùu d’un liquide coagulé, de résineî par exemple}. ; ancien, classique, Plt, Caes., 247, uini; turis, P. NH XI 62; par image: ulcedinis, Lucr. IV 1060; certi consili, Pit, Ps. 397.

+ G plur.: PIt., Poen. 629, quid huc tantum hominum incedunt? Cic., OfF III 59, fantumne piscium?” tantumne cumbarum? Quantum + G sing.: Pit., Curc. 372, quantum auri mihi (est); Epid. 309, argenti tan tum quantum mihi lubet, Lucil. 684, ferri tantum non dem, quantum auri petit; Phaedr. Il

$, 24, follere haec aranea, quantum est laboris? Cic., Mil. 78, quantum sceleris.

+ G plur.: PIt, Poen, 431, quantum mortuorum; Catull. 3, 2, quantum est homihum uenustiorum; Tuu, IT 144, quantum quisque nummorum seruat in arca, tantum habet fidei. aliquantum operae temporisue, Cic…, Rosc. Am, 81.

Veneris

Globus, uisci, Plt,, Poen. 481; lapidis, Plin., NH XXXIV 136. ; Il n’existe pas de G désignant proprement la «matière». Ce concept résulte de

interprétation de [GX], où G est «/a chose sur la masse de laquelle est prélevé X». '

LE GÉNITIF

343

CHAPITRE 3

RAPPORTS ENTRE G PART. ET G QUANT. ADNOMINAUX

FLOTTEMENTS

APPARENTS

ps

Le critère du G nombrable/continu (non nombrable), admis pour distinguer les ] Partitifs des [XG] Quantitatifs, ne manque pas de justification extralinguise. Dans milit-um aliquis, milit(es) dénote une pluralité d’êtres identifiables indi-

ellement; rien de tel pour uin-ï aliquid. Le lecteur a dû cependant observer des flottements dans les relevés précédents, érés à partir de X. Un même

X (notamment

les adverbes cités 3.2.2.) entrent

que indifféremment (une étude plus détaillée excèderait le but de cet ouvrage) $ les constructions Part. ou Quant. Ajoutons Pit., Amp. 78, satis habet fauitorum per qui recte facit; cf. Men. 456, adfatim hominum; à côté de satis aquae / pruiae d’emploi courant. (Cf. 2.1.2. Note). En vérité, cette possibilité d'entrer dans deux constructions confirme l’identité

ofonde des deux schémas, Qu’il s’agisse de Partition (Êtres nombrables) ou de Quanation (sur un être massif) l’opération est la même: une partie fractionnelle X est rée, isolée, éventuellement prélevée dans un être G. Et la désinence G marque la ace de X dans G. 2. DIFFÉRENCE ENTRE G PART. ET G QUANT.

Compte tenu de cette identité foncière, la différence est à chercher dans la chrologie relative de l’opération G et de l’existence de la partie. ‘ Dans milit-um aliquis l’ensemble milit{es) est constitué d’une somme de miles g}, dont chacun est un aliquis potentiel. Dans quis nostrum, chacun de nous peut

€ le quis demandé. “On ne peut pas dire en revanche, que uin-(um) soit un ensemble d’unités identables par avance. La grande différence entre G Part. et G Quant., c’est que dans

premier les parties préexistent à la partition; dans le second le tout est premier, la artie ne reçoit d’existence qu’après l’opération de prélèvement sur le tout. 3.3. RAPPORTS DU G PART. / QUANT. AVEC LES AUTRES G ADNOMINAUX

3.1. L’identité fondamentale des G Nous négligerons donc les différences entre les G adnominaux Part, et Quant.. Uisque sur le point qui intéresse la syntaxe, c’est-à-dire le mécanisme dont la ésinence G est le signe et le déclencheur, ils fonctionnent exactement de la même

344

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE GÉNITIF

Quant à leurs rapports avec les autres classes des G adnominaux, il ne semj pas hasardeux de conclureà l’unité fondamentale de tous. Notre analyse avait dég le concept d’«inclusion» (de X dans G) pour rendre compte de tous ces G dcmç examen superficiel, encombré et dévoyé par le signifié lexical des termes, raultipi les variétés. Or «inclusion» convient parfaitement pour les G Part. / Quant.:

concept devient même, pour ainsi dire, beaucoup plus palpable dans militum al:q que dans militum uirtus où dans miles eximiae uirtutis. Qu’il s’agisse de l’identi cation d’un constituant déjà doué d’une existence individuelle (partitif), ou de mention d’un constituant qui n’existe comme tel que grâce à l’opération de partiti (quantitatif), le rapport d’inclusion de la partie dans le tout demeure constant. Quispeut «isoler» un soldat que dans la mesure où celui-ci est inclus dans un ensem {militum). Pour représenter cette identité fondamentale, on peut proposer le schéma sui

345

seI‘àlfint toutes des capita. H se peut que d’autres langues aient une expression re pour la «possession inaliénable»: ce n’est pas la cas du latin, où wicini caput it le même rapport que uicini ques. (Parler ici «d’appartenance partitive» comme e fait parfois, relève de l’interprétation).

u contraire, dans militum (alijquis, X convient pour n’importe lequel des milites sidérés. Tout miles de l’ensemble est un quis potentiel. Quis est homogène de les constituants du tout, et donc de tout lui-même. De même le Quant. (exact ou non) fait naître une fraction du tout; qu’elle soit fum aquae ou hemina aquae, son homogénéité avec le tout s’impose, comme son

ogénéité avec chacune des parties potentiellement isolables, dans le tout. :Autrement dit dans les exemples ci-dessus (et avec les X proposés) uicin -{i) ote un ensemble de composants hétérogènes; mili-{um) et aqu-de un ensemble de posants homogènes.

où le trait vertical figure G, et le trait horizontal X:

Hérod. 3, 102, Eisi gar autôn kai para basilei tôi Perseôn. entheuten thérathentes «Jl y a en effet de ces (fourmis) aussi chez le roi de Perse… venant de ces région

1.

Schwyzer estime en note que dans la 2* partie de ce vers, Nektori t'andrôn, «et à Nestor parmi les hommes» doit être interprété comme un simple groupe nominal. Doit-on accorder tant d’importance à l’ordre inverse des mots, liés au chiasme?

LE GÉNITIF

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

358

paix: «Alors, le soir venu, après m’être baigné dans les eaux du fleuve, après étanché ma sueur, je regagnerais Ilion». Pour «après m’être baigné dans les eaux fleuve», Hom. écrit loessamenos potamoio; Humbert p. 269 remarque pertinemment qu’il équivaut «logiquement» au L ë; tôi potamôi, «dans le fleuve», Une autre transposition est difficile en français. M enfin Homère a écrit seulement «m’étant baigné du fleuve», ou «du fleuve» est y

partitif. On notera que ce partitif «ne passe pas» en français, alors que le G part Ac y trouve un équivalent exact: «boire du sang, manger de la viande»; comme G = N:

phère d’action», «objet», «agent». N et V en sont exclus, comme indépendants verbe. Le même concept peut être exprimé par plusieurs cas formels: par exemple ction» (karman) convient à l’Ac et au D. Et le G? Toutes les positions défimes s haut lui semblent bonnes. Il sera objet (karman) avec les verbes «dominer», éfléchir ä»; mais agent (kartar) avec les noms verbaux et les adjectifs en -ra-; fhstrument» (karana) avec le verbe hu-, «sacrifier» en védique; on l’assignera à la phère d’action» (adhikarana), comme le L, avec un adverbe. Mais il peut aussi

énoter la «cause», entrer en concurrence avec D et Ab. Sans doute la position carrément onomasiologique de Pänini est-elle contestée “Delbrick. Il s’efforce quant à lui de ramener le G à un valeur fondamentale qui

«de tels animaux existent» (dans les parcs du roi de Perse).

Pour une autre possibilité d’explication, cf. 5.2.3.3.

rait partitive (p. 187).

Autres verbes + G part.: ceux qui dénotent une opération des sens.

. Ne peut-on pas tirer de la démarche toute négative de Pänini un certain enseignement? G qui glisse entre les doigts, exclu des karake, puisque sans lien définissable avec le rbe, prêt à s’intégrer dans n’importe quelle case conceptuelle, ne trahit-il pas ainsi son

5.2.1.6. Conclusion sur le grec ancien

gine non casuelle? Tl est une forme auto-suffisante du nom; sa structure interne

Le G partitif est solidement attesté, dans plusieurs positions syntaxiques diffé rentes. Il induit un effet de sens particulier: on ne boit généralement pas tout le vi disponible; on se baigne encore moins dans le fleuve entier, etc. Telle pourrait êtr la raison alléguée d’un point de vue objectiË, et cette évidence de bon sens conc à la superfluité de l’expression partitive. Elle est rudement concurrencée, il est vrai et dès le début, par la forme appropriée à la position syntaxique, Dans la revue d l’armée troyenne //., 2, 825, viennent les habitants de Zélée, qui «boivent l’eau noi de l’Esope» (hydor melan); Plat.… Conz. 211d, oinon, «du vin», Od. 10, 326, tad

pharmaka «de ces poisons».

359

"

L’Ac a l’avantage de marquer clairement la fonction syntaxique. L'interprétatio fractionnelle du nom est laissée au bon sens; de même qu’en latin aquam bibere peu

signifier selon les situations, «boire l’eau» ou «boire de l’eau». On notera une autre façon de s’exprimer: Théognis, qui dit sobrement, 962, pinein. krénës «boire de la source», précise 959, apo krénës avec la préposition ablative apo.. Lucien, on l’a vu, écrit potamou seul, là où Xén., Cyr. À, 5, À, emploie apo potamou.

Le grec moderne utilise l’article @ pour exprimer l’idée partitive (psômi, «pain»). ‘ Dans l’ensemble de son histoire, le grec présente ainsi, au moins pour l’objet, les-

constructions que le français a utilisées («manger pain») ou utilise aujourd’hui («man ger du pain»). 5.2.2. Exemples sanskrits Le sanskrit illustre bien cette absence de valeur proprement casuelle du G, inséparable à notre avis de sa nature de «nombre» fractionnel. On le voit par l’embrouillamini de sa présentation chez Pänini, et par les difficultés que rencontrent les grammairiens modernes.

ferme un rapport mettant en vedette dans le tout, la partie identifiée. On l’a vu par xemple du grec, le G acquiert de ce fait une disponibilité syntaxique exceptionnelle. Sans doute faudrait-il nuarcer et compléter l’aperçu donné plus haut: le G à aussi uvoir de figurer en position de N. D'un autre côté, ses emplois quasi Ab (apana) appellent des éclaircissements que nous tâcherons d’apporter un peu plus loin.

2,2. L’exposé de L. Renou, 1961 ($ 222) Cet exposé donne une bonne image de ce cas, «le plus complexe, dès l’origine». fait que le G apparaisse concurrencé par d’autres cas s’explique bien si l’on admet e le G a en propre, non pas l’expression d’une relation extrinsèque, mais une vue riginale intrinsèque de la chose, vue souvent possible mais non obligatoire. Renou jte un exemple qualifié d’archaïque: «il ne doit pas prendre de repas es trois premières classes» (p. 308). La traduction restitue, avec une

xpression complète du locatif, qui correspond à la position de «des trois premières asses» dans la phrase et qui fait ressortir la valeur partitive du G. La clarté y gagne, bmme elle gagne à préciser potamoio loessamenos par en tôi potamôi (cf. 4.1 .). 2.3. Les langues balto-slaves On pourrait se décourager devant l’inextricable complexité apparente du G dans es langues slaves et baltes, telle qu’elle apparaît dans les descriptions classiques de Miklosich, Vaillant, Meillet, Bräuer, Mazon, Grappin, Schleicher, Endzelin. II n’est

i dans nos intentions, ni dans nos moyens, de proposer un nouveau modèle. Nous ous bornerons à rappeler quelques traits formels importants, et à réfléchir à l’usage

u G Part. adverba] dans ces langues.

+

5.2.2.1. Pänini selon Delbrück

5.2.3.1. La forme dite G

Exposant la syntaxe de Pänini, B. Delbrück (Grundr. TII 172 sq. énumère les 6 concepts fondamentaux qui l’organisent: «enlèvement», «destination», «instrument>.

. Les langues slaves et baltes ont, pour la plupart, 7 cas (4 seulement en bulgare, où le G a disparu comme forme); Ce sont les 8 cas attribués par la tradition à l’indo-

360

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

européen, moins l’Ab. Mais le cas dit G représente formellement un Ab dans 1g3 seuls thèmes nominaux qui l’aient connu en !E, c’est-à-dire les thèmes en *-o-. Ainsi le russe

N grom-

«tonnerre»

G grom-a

< *F-0-s,

< *-0d, comme latin Gnaiuôd, sanskri acvät; got. habrô «woher».

Le -0- < *-o-od est assuré par l’intonation du lit. vilko «loup» (un -* IE aurai donné -uo). Le G groma est donc l’héritier d’un Ab thématique IE très régulier!. Ce point est d’une extrême importance, vu le caractère très conservateur de langues balto-slaves, dans le domaine de la flexion nominale au moins. Nous y revien drons plus loin, à propos des relations anciennes entre G et Ab (3° partie). 5.2.3.2. L’emploi du G comme partitif adverbal Le G balto-slave a des emplois adverbaux extrêmement variés et en partie inclas sables, si l’on se fie au signifié lexical des verbes; d’où un déluge d’étiquettes (Mik

losich, 1868 se plaint que le G soit à ce point «vieldeutich» p. 447; mais il néglig de séparer des contextes ce qui pourrait être proprement la valeur de la désinence G} De même Vaillant, p. 56 sq. Certains de ces emplois sont communément appelés partitifs: «boire du vin» (russ vina G) / «boire le vin» (vino Ac). La «partition» est exprimée à l’intérieur même d nom au G. Comme le germanique (et à la différence de l’usage courant en latin) le slave: peut dire «ich habe deren» mot à mot *habeo illarum rerum (cË. Diez 3, 157), Langu

sans article, le russe oppose «des gens» /judej G, comme pour limiter les complications, s'efforce Part., mais sans proposer d’explication pour les G titifs?}. On trouve bien sûr, chez lui les exemples

à «les gens», [judi N. Vaillant, 1977 de restreindre la place accordée a «compléments adverbaux» (non par évidents, comme ceux de «manger»

«goûter» ou «boire»; cË. Jean II 9, Ac en grec / G en slave), p. 75; et aussi «prendre

recevoir, posséder, enlever» (p. 74). Mais pourquoi en écarter «voir» et «entendre»avec lesquels le G ne serait plus qu’un «complément de verbe», sans autre précision: (p. 59)? Or il semble clair que les deux signifiés attribués au verbe slusati + G «entendre» vs + Âc «écouter» supposent une valeur partitive du G. «Saisir par l’ouïe de: quelque chose» implique qu’une part seulement de la chose est saisie, d’où «entendre» Au contraire, avec l’Ac «saisir par l’ouïe quelque chose» conceme la chose entière, d’où «écouter, prêter l’oreille à». Le fonctionnement est le même que pour «boire» ou «manger» — «quelque chose» vs «de quelque chose». C’est la transposition dans la traduction française au moyen de verbes différents, qui fait ressortir l’opposition.: 5.2.3,3. L’effet pragmatique de minoration du G part. 5.2.3.31. Le transfert de minoration La marque Part. propose initialement une vue fractionnelle du nom. Mais cette

LE GÉNITIF

361

r conséquent sur le verbe. Ce transfert est rendu évident par la traduction dans le de slu$ati; mais la traduction ne fait que révéler un phénomèêne qui existe dans angue-source. Vaillant reconnaît d’ailleurs, mais sans l’expliquer (p. 76) que emploi de Part. permet l’expression de nuances délicates, notamment en russe, olonais et en tchèque. «Le jour baisse» se dira ainsi «du j0ur s’en va», tch. dnia

ubywa. Si «tête, couteau, porte» sont au G et non pas à l’Ac en polonais, les rbes «abaisser», «donner», «ouvrir» se comprendront comme «incliner» (la tête), preter» (le couteau), «entrouvrir» (la porte). Cf. Grappin H10, pol. daj mi noïa (G)

mot «donne-moi du couteau», c’est-à-dire «prête-moi» (le couteau)!. Dans la mesure où le prêt est un don amoindri, nous parlerons donc d’une fninoration» de l’événement. En ce cas, l’intention pragmatique du locuteur est idente: au lieu de formuler une assertion sans nuances (ici une demande), il l’attépar une sorte de bémolisation; mais celle-ci est marquée dans le nom et non pas ns le verbe. Ces procédés de communication ne doivent pas surprendre; ils sont bien connus i français, qui met en œuvre d’autres moyens. Au lieu de l’énoncé brut (et brutal):

«Donnez-moi du café»

On emploiera un auxiliaire modal: - «Voulez-vous me donner…» éventuellement accentué par une autre modalisation: « Voudriez-vous / pourriez-vous me donner.…» sans compter les formules de politesse («je vous prie») d’accompagnement. Autre procédé qui nous rapproche du Part. Soit le dialogue: — « Voulez-vous du gâteau? » — «Jen prendrais bien un petit bout», où l’on n’a pas de peine à déceler plusieurs facteurs d’atténuation: conditionnel, adverbe de connivence, nom familier («bout»),

Surtout l’adjectif «petit». L'invité ne recevra certainement pas une «miette» du gâteau; mais il a accentué la réserve avec laquelle 1l formule sa réponse. On dira avec un sourire indulgent «il a bu un petit coup» (en réalité «trop»). Que dis-tu d’une petite baignade? » minore l’expression du désir, et non pas le bain. ote: Le G objet animé slave On sait que le G est devenuà peu près obligatoire dans beaucoup de parlers balto-slaves pour marquer l’objet animé. Tl y a peut-être quelque vérité dans l’explication traditionnelle qui invoque l’embarras provoqué par la confusion formelle du (] que l’on peut appeler «trait latif». 1. DATIF D’INTÉRÊT ET D FINAL Valeur de cette distinction

Quelle est la portée de la distinction traditionnelle entre «intérêt» et «finalité» ? A en ; eroire certains auteurs, nous aurions là, en quelque sorte, deux D formellement confondus; : On à traité (O.Petersen) d’un «syncrétisme» dans la forme «D», comme on en voit mani‘ festement un dans la forme «Ab». Même en ce cas extrême d’une fusion de deux cas antérieurement distincts, il ne faut pas oublier une donnée essentielle: le syncrétisme ne se -Téalise qu’à partir d’une synonymie suffisante, d’ordre sémantique et / où syntaxique.

Une fois l’identité de fonction atteinte — quelle que soit la diversité des allomorphes, comme pour l’Ab — le sujet parlant dispose d’une seule marque (ou d’un. paradigme de marques, conditionné par l’ensemble de la flexion du mot: -àd / -e etc.) qui est, à notre avis, porteuse d’un seul signifié sémantique et syntaxique; sinon qu’adviendrait-il du système synchronique de la langue? Ce signifié unitaire de l’Ab, nous en traitons ci-dessous (section VID.

467

LE DATIF ®)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

466

Quant au D, on pourrait d’abord:

s plus superficiels. Prop. I 12, 15, écrit Felix qui potuit praesenti flere puellae Heureux celui qui peut pleurer en présence de son amie», traduit P. Boyancé, après ’autres: car, ajoute Properce, «l’Amour ne prend pas un mince plaisir à voir couler es larmes». Le poète, exprime ainsi le désespoir de la séparation: mieux vaudrait pleurer «pour elle, présente». L’expression est audacieuse, mais le sens clair. La

‘puella praesens est désignée par son D comme l’être que «concement» les larmes (comme destinataire, ou du moins comme témoin).

observer qu’il est, au plan formel, infiniment plus simple que tous les autres cas, sauf l’Ac. Si l’on veut bien se reporter à la proto-histoire du latin, il est le seul à présenter un morphème désinenciel constant -ei / -[, dominoï, regei, etc. même dans les pronom: ist. Si la langue a pris son parti d’une évolution toute récente, opposant dominae, dominô, regi., senatu(i), istï c’est que ces formes, chacune dans sa flexion, (et en liaison avec les autres flexions: wilico et uilicae) occupait la place incontestable d’un D, N’accordons donc pas trop aux théories, en vogue il y a un siècle, et plus ou moins présentes à l’arrière-plan des grandes synthèses en usage, elles projettent sur l’écran d’un passé difficilement contrôlable des oppositions bien visibles dans la langue historique. Il est ainsi conféré à ces dernières une pertinence illusoire, alors qu’elles ne font que refléter les effets de sens conditionnés par le contexte, voire par la base lexicale du mot au D. Y aurait-il une distinction essentielle à opérer entre:

au D «d’intérêt» prendrait part, selon certains, à l’événement dénoté par le contexte; chose au D «final» ne serait que le but, la cible de l’événement. «Prendre part»,

1. cibum tibi et familiae curet uti coctum habeat (uilica), Cato, Agr.

Tait lui aussi «eine tätige persônlich wirkende Beteiligung an die Handlung»; juge-

143, 2 «que

la fermière prenne soin de tenir le repas cuit pour toi et pour les esclaves» (Datif «d’intérêt»), 2. da nobis uina Falerna! Pétr. 55, 3 «donne-nous des vins de Faleme» bution»).

(D «d’attri

3. cribrum illi rei parato, Cato, Agr. 20, «Préparez un tamis pour cette opération» (Datif «final>).

Le mécanisme du D est le même; au point qu’une inversion des phrases 1 et 3 est concevable. La uilica pourrait tenir son repas cuit illi rei «pour cette circonstance» (réunion, cérémonie, etc.); et le vilicus préparer son tamis seruis «pour les esclaves» qui le manieront. La phrase 2 est pour sa part un cas particulier de la phrase |, distinguée par la présence de [—>] dans le verbe da.

La distinction tient donc, non pas au D, mais à la sous-classification sémantique animé (surtout humain) / inanimé du terme au D. Le fait n’est pas en soi négligeable: on verra que l’inanimé, dans la langue courante, s’affaiblit assez rapidement au profit des tours prépositionnels, tandis que subsiste l’animé. Mais cela ne touche pas à la relation fondamentale entre le signifié de la désinence D et le terme premier. La commodité pour la ventilation des données, l’évolution même du latin (remarquable sur ce point), conseillent donc de maintenir l’ordre établi dans la description, mais en ayant constamment présent à l’esprit son caractère subalterne, (contrairement à HSz p. 92 p. ex., fidèles à la tradition de Havers, Petersen, Landgraf, et, plus récemment E. Lüôfstedt).

Note: Un fantôme: le D «de présence». Un exemple de Properce, mentionné par HSz p. 96, permet de voir à quels excès conduit cette prise en compte des effets de sens

Conclusion comique de HSz: c’est un D de «présence»! À ce compte-là, hghere jbum coctum uilico offrirait un D culinaire, et noli barbam uellere mortuo leoni Mart. X 90, 10 «n’arrache pas sa barbe à un lion mort»), un D «mortuaire», etc,

Un mot sur l’interprétation des appellations

eque illi concedam quicquam de uita mea. Cic., Att. XTV 18, 2; Catil. T1 19; IV 15.

- Diuidere «partager» prend avec un D le sens de «répartir». Liu. VI 36, 11, bina

Introduction

Les phrases du type de dare aliquid alicui, «donner quelque chose à quelqu’un» se signalent par la congruence frappante entre l’interprétation immédiate du D et 1 signifié du terme premier. Le D est l’être qui, dans le contexte du transfert dare apparaît comme le bénéficiaire de l’événement dare (aliquid). Cette coïncidence par faite a conduit depuis toujours à considérer que ces phrases livrent le sens primordial du D; d’où les appellations de Gortk

(T®o1G) et de datiuus casus. De nos jours

Ernout et Thomas ne raisonnent pas autrement:

«prendre à responsabilité de».

rattacher ces D à promittito). Cic, Quinet. 45.

La décision n’est pas toujours

c’est en vérité

evanche, il reste intraduisible Agr. 158. Il produit un effet de lourde insistance en

:

Une vieille buveuse s’entend dire, PIt, Cure. 739, fibi uineam pro aurea statu statuam; Virg., Buc. V1 66, …uiro Phoebi chorus (adsurrexit) omnis, «en l’honneu du héros». Cf. T 43; V 72; [X 26; IX 57 ….tibi silet aequor (le silence de la mer e

l’exposé.

ribi aras;

… Off. TI 2, otium sibi sumebat, Verr. I 43. Avec un verbe comme sumere ou ere, tibi, parfaitement redondant avec la 2° personne de l’impératif, est quand me susceptible d’une traduction en français familier (surtout méridional). En

Il arrive que le contexte amène à traduire un D d’intérêt par «en l’honneur de»

2.3.2.

seul dans

3. Dans un registre familier, Caton écrit, Agr. 40, À, sumito tibi surculum durum

Pétr. 38, 2, parum illi bona lana nascebatur; noter l’emploi d’un SV avec facere, 45 11, quid ille nobis boni fecit?, 345 putidissimi serui… nobis aestum facient. Sén Epist. 28, À, non sum uni angulo natus, patria mea totus est hic mundus. Pline, N,

I 60, 5; Cato, Agr.

ce soit le verbe

rends-toi un rameau dur»; ibi postea capito tibi surculum quod genus inserere

esse, cf. Aen. IT 645); 1 24 pinguis… (premitur) caseus urbi (cf. Pétr. 55, 6). Le D d’intérêt est très fréquent dans les Buc., comme il le restera chez les poète post-virgiliens. Cf. ! 6; 37; 72; IL 10; 42; IL 41; 44; 89: V 41; 81 etc.; Aen, X 884, ima dehiscat terra mihi; Hor., Epist. 1 11, 23, deus tibi (fortunauit) horam

hist. 27, assurgere ei nemo uoluit; Cic, Pis. 26, an… tibi… quisquam uenienti assurrexit? Inu. 1 48, maioribus naiu (assurgitur).

que

ir Chap. VD.

Rosc. Am. 49, (praedia) aliis coluit, non sib

Virg., Buc. X 41, serta mihi Phyllis legeret, cantaret Amyntas; TX 27, superet mod, Mantua nobis, «pourvu que Mantoue nous reste» (avec superare au sens de supez

XXXI 67, (ratio inuenta est) qua sibi quisque aquam maris faceret.

I semble

nsemble de l’événement, comme on peut le vérifier par tibi me exorno, ou par quiaegre lotium it, ou encore tibi uineam pro aurea statua statuam. On voit poindre «Dativus sympatheticus», qui n’est au fond qu’un cas particulier du D d’intérêt

quibus aegre lotium it, quibusque substillum est («une miction pénible, goutte. goutte»). Cic, Catil. IV Z, ego sum ille consul… cui non forum non curia… unquay uacua mortis periculo fuit; Off. III 63, non solum nobis diuites esse uolumus se liberis… maximeque

477

pour reconnaître, ou au

contraire pour dénier un sème latif à un syntagme verbal. Par exemple, si l’on considère que l’impersonnel male esse implique une victime (au D), il faudra plutôt le ranger avec les «verbes d’attitude» (Chap. V).

Le D final

Le corpus catonien, par son abondance, a l’avantage de bien montrer les conditions de fonctionnement du D final, mieux que les auteurs chez qui il deviendra exceptionnel. En voici quelques exemples:

LE DATIF (D)

478

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

479

seminarlis, uitiariis locum uerti, «retourner la terre pour les pépinières d'arbres et ignes»; cf. 67, 2, oleo; 154, labrum culleare illae rei facito «fabrique à cette » (illi rei, ei rei sont des tours usuels chez Caton;

2.4.1. D final après substantif Cato, Agr. 14, 3, huic operi pretium ab domino bono… in tegulas singulas t «pour ce travail (toiture) le prix (à payer) par un bon maître est de 2 sesterces p tuile». 18, Z, inter binos stipites uectibus locum p. XXIT, «entre les deux potea f l’emplacement pour les barres (du treuil) 22 pieds»; 18, 3, summa torculario. «largeur totale pour le pressoir»; 21, 5, summa sumptui HS LXXIT, «total pour| dépense 72 sesterces»; 22, 3, composturae HS LX, «pour le montage 60 sestercess 6, 2, ager oleto conserundo, 43, 2 uitibus sulcos.… ne minus p. I S quoguouer

cf. 153, 25; 26 (bis); etc.);

…, Capt. 655 reliqui pigneri putamina «j'ai laissé en gage les écalles»; Amp. 492, mo id probro… ducet Alcumenae; 1142, hau promeruit quamobrem uitio ueres: Per. 347, nullum uitium uitio uortitur, Cato, Orat. 173, uitio uertunt, quia Îta egeo; de même uitio dare, Ter, And. 8; Cic., S. Rosc. cuipae et uitio; Cic., sc. III 33, receptui canere; (cf. Caes., Gall. VI 47, 1); fnu. TX 52, exemplo nere dans les récits militaires, nombreuses expressions avec auxilio, subsidio, au

final: mittere, arcessere, uenire etc. Sall. Jug. 11, 3, quod apud Numidas honori

citur.

facito, «les tranchées pour la vigne, faites-les à deux pieds et demi au moins en t sens»>; 146, 2, dies argento «le terme pour l’argent»; 159, intertrigini remedium

: Dono (D) se trouve après dare où il n’est pas totalement redondant, (s’opposant

«remède pour (contre, de) l’excoriation»; 5, 3, satui semen dederit nemini. Le nom au D est:

t, Eun. 229; après accipere, Tac., Ann. XV 25; Sall. Jug. 85, 38, uirtus sola neque tur dono, neque accipitur. Autres substantifs employés au D final:

*

un nom d’action: sumptui, composturae, satui:

» un syntagme avec adjectif verbal: aleto conserundo: * plus souvent un nom quelconque {c’est-à-dire autre qu’un nom d’action ou équi valent):

operi, uectibus, torculario, uitibus, argento, interirigini.

Remarques: L. Il est parfois difficile d’assurer que le terme premier est bien un nom. C’e ainsi que nous comprenons Agr. 43, 2, uitibus sulcos: mais la présence de facito e: fin de phrase peut autoriser à voir dans uitibus un complément de fucito. Le D € sûrement adverbal Agr. 154, labrum culleare illae rei facito. KSt II 1 p. 344 fournissent une liste choisie d’exemples plautiniens, du type dé. Curc. 578, linteum extersui; cË. aussi HSz p. 98.

Les poètes, à partir de Virgile, et les prosateurs impériaux (surtout Tacite) conse veront l’usage de l’antique D final, y compris dans son emploi adnominal, , Virg., Aen, UI 305, geminas, causam lacrimis, sacrauerat aras (remarquer la position habituelle en ce cas, après un nom apposé). Cic, Ph. 13, 15 receptui signum audire non possumus «le signal pour la retraite»); Liu. I 20, 4, pectori tegumen cf. IX 19, 7, scutum, corpori tegumentum; T1, exercitui delemimentum etc…

Tac. Ann. I 3, subsidia dominationi; Hist. Ï

2. Dans tous les exemples 4.1. le D est inanimé. On parlera donc sans réticence de finalité. Mais il faut bien reconnaître que, toujours en emploi adnominal, le D est

aussi bien animé (animal, humaim) sans qu’on aperçoive une différence dans la relation des deux termes; s’il y à une frontière entre animé et inanimé, elle est constamment transgressée en ce cas: Cato, Agr. 5, &, pabulum ouibus; 2T, pabulum bubus; 59 uestimenta familiae; 10, 2, ornamenta bubus VI, «six hamais pour les bœufs»; 11, 4, ornamenta bubus… asinis; centones pueris VI; 60, bubus cibaria; 52, familiae cibaria…, uilicae, epistatae, opilioni, compeditis…; 104, 1, uinum familiae; etc. 2.4.2, D final après verbe (ou SV) 2.42.1. Verbes à sémantisme plein

enum et à mutuum), Sall, Hist. TI 45, 12: après habere, Plt, Mi. 982; après ducere,

gustui, ludibrio, prandio, curriculo (Pl); rei, uirtuti, gloriae; granatui (Cato); cro, laudi, molestiae, praemio, curae, cordi, labori sumptui, uoluptati, utilitati, molumento, detrimento, malo, bono, infamiae, odio, decori, dedecori, etc. (pour un

inventaire plus complet, voir KSt II |, p. Comme on le voit, beaucoup de ces ‘Hrandio, bono, malo, etc. Cf. Liu. 1 10, jermet d’affirmer au vu de l’usage le

d’abord avec les abstraits en -tus, -sus, d’où Hl serait passé à d’autres abstraits, et

-nfin un peu n’importe où (c’est l’avis de HSz, p. 98: «ludibrio nach ludificatui»;

zendlich»

curae…

praemio,

soir pour quatre ensembles d’appareils» (Goujard); 38, 3, fornaci locum facito: 40,

voire fugae,

Virg.,

Tert.).

La

part

de

vérité

que

sontient cette filiation imaginaire, c’est que dans la plupart des cas le D final, avec ou sans l’appui du terme premier, suggère un état, une situation dans laquelle se frouve, va se trouver un être présent à l’esprit du locuteur, même

nommé.

s’il n’est pas

Cette «situation» peut être un avantage ou un désavantage assez vague

(bono/malo) un plaisir (uoluptati), un souci (curae) un honneur, le droit d’utiliser usioni), la dérision (ludibrio). Or les noms d’action (ou d’état) en -tus, -sus, s’ils se

prêtent éminemment à cette expression, ne méritent cependant pas la priorité chroHologique. L’être impliqué dans la situation dénotée par Vb + D final peut être très indi-

vidualisé dans la conscience du locuteur, sans être nommé pour autant: hoc quaestui

‘erit «voilà qui rapportera des bénéfices» (à toi, à moi, à la personne en question). Mais il est très souvent expressément désigné, par un deuxième D (d’intérêt), d’où le tour dit du Double Datif (cf. ci-dessous, 2,5).

“ Au reste, cette théorie oublie de prendre en compte les D adnominaux (summa pretio, pabulum ouibus) où aucune action n’est exprimée.

2,4.2.2. Tours concurrents Ce sont les tours «latifs»: ad, in + Acl, pro, accessoirement aduersus, contra,

d’une part, le G d’autre part. ; Cato, Agr. 18, 11, torcularium … aedificare… quadrinis uasis, «construire un pres-

343-344). noms sont des «abstraits», mais pas tous 5, designant templo Iouis fines). Rien ne plus ancien, que le tour s’est employé

LE DATIF (D)

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

480 2.4.2.2.1.

481

e alicui dit la même chose que flagitium esse alicui, ou flagitiosum esse alicui; cf. ‘amiae / infamia / infame. En effet un adjectif prédicat est plus usuel qu’un D final,

Concurrence des tours latifs

Même chez les auteurs qui, comme Caton, accordent une large place au D final celui-ci est concurrencé par d’autres tours, €t surtout par les tours prépositionnels signifié latif: ad, in + Ac parfois pro (nous ne distinguerons plus les emplois adnç

ur un message équivalent. (Sur les choix des divers auteurs, cf. HSz $ 69, Zusatz a).

minaux et les emplois adverbaux).

2.2,3.

Rappelons que la large synonymie dans l’interprétation des tours D/ad, fond ment de leur concurrence, ne signifie pas identité de mécanisme. Ad dit express ment qu’une chose est visée à partir d’un terme premier. Le D se déclare seulemer prêt à servir de point de visée. Le tour prépositionnel ad est donc plus explicite qu’i simple D. Mais la différence est assez ténue pour expliquer les flottements dan

-La concurrence joue aussi en faveur du G. Si PIt. écrit, Curc, 441, (une statue

l’emploi.

r) factis monimentum

367, uentri stabilimenta;

637, isti heredem;

onumentum



tempus oleae serendae siet; 147, lex… oleae pendenti, 23, 1, ad uindemiam qua opus sunt (mais 12, Î, quae opus sunt uasis quinis); en contexte médical, 125

(F uinum murteurm) est ad aluum crudum et ad lateris dolorem et ad coelicum; 12 ad tormina… triginta mala punica sumito, contundito… 156, 3, ad omnia uuln tumores, eam… imponito. Mais 156, 4, in ea uulnera… teras brassicam. Après le syntagme bonum esse maruant l’être (souvent «vedette») à qui est rapporté tout l’événement (subuenire ergo). Là est la ressemblance: mihi, comme alicui plus haut, sont liés à un syntagme ‘omprenant déjà un D. Mais dans mihi subuenit tergo, le D tergo tient seulement au chéma syntaxique imposé à subuenire. Mihi subuenit tergo est construit comme tibi malam percussero. On notera que le D doit à sa plurifonctionnalité syntaxique de pouvoir figurer lusieurs fois, à des places différentes, dans la même phrase.

ch ess asséz Cés

Autre concurrent: le N; chez Grégoire de Tours, le N l’emporte sur le D. Les substantifs qui entrent dans le double D comme «D final» sont ceux-là

mêmes dont nous avons donné un aperçu (2.4.); voir dans KSt II 1, p. 343, une liste

plus complète.

'

Les descriptions usuelles laissent supposer que, dans le double D, les deux nomi naux au D (l’un d'«intérêt», l’autre «final») se trouvent dans une position d’égalité: il n’en est rien. Si l’on prend Virg., Buc. VIII 33, tibi est odio mea fistula, ou Cic. Verr. IV 15, omnibus iste ceteris Siculis odio est, on remarque que odio esse peut se suffire (Plt, Truc.

121, odio es).

En revanche, la suppression de odio entraîne une orientation toute différente dan l’interprétation de la phrase: tibi est mea fistula, met tibi en position de prédicat, «m

flûte est à toi». Le cœur prédicatif d’une phrase au double D est donc le verbe + le D final. C’es d’ailleurs lui qui commute avec des expressions synonymes, comme furpitudini esse (alicui) / turpe esse… / turpitudo esse… On ne peut pas davantage imaginer de disjoindre dare crimini ou uertere uitio. Le D d’intérêt a donc pour «terme premier», en ce cas, l’ensemble du SV (Verbe +

D final).



Remarques.:

1. hoc est mihi curae peut se transformer en hoc curae habeo. L’intégration du D d’intérêt dans le verbe ne remet cependant pas en cause le rôle prédicatif du D final. Hoc habeo seul déclencherait une interprétation toute différente… De même gaudio, probro, cordi, religioni habere. Construction identique avec ducere. Sall., Catil. 12, 1, paupertas probro haberi coepit. 2. D’autres manifestations de D apparemment doubles ne relèvent pas de l’analyse ci-dessus. a. Ce sont des cas d’attraction casuelle, d’apposition. Ainsi dans nomen alicui esse (facere). Plt. Men. 71, iuuentus nomen fecit Peniculo mihi. Avec nomen est alicui, Cicéron — sauf dans ses écrits de jeunesse — n’emploie plus guère

smt

que le N (déjà attesté, Plt., Pseud. 653; Truc. 12).

LE DATIF (D)

487

CHAPITRE IV

«L’ATTITUDE ENVERS»...

PRINCIPES D’ANALYSE

Les verbes et adjectifs exprimant «l’attitude envers» (le plus souvent: quelqu’un), mpliquent sémantiquement un terme second pour servir de point d’application à ette attitude. On retrouve ici une situation fondamentalement identique à celle qu’ouvraient s expressions de la «proximité», de «l’égalité», de la «ressemblance», etc. (Chap. I II de la présente section). Le datif «repère de visée» fournissait à celles-ci des ortes de «coordonnées», d’une façon quasi géométrique. Le D «attitudinal» n est assez fréquent: plus de 50 dans les Catil. de Cicéron, 8% des D chez Tac., Ann. VI. Mais il est loin d’être obligatoire; les emplois absojus du verbe ne sont pas rares. Nous présenterons les faits dans l’ordre n! puis n° (fait subalterne à notre avis), fin d’être mieux à même d’examiner les explications traditionnelles. Les effets sémantiques produits sont très divers et même parfois contradictoires remière vue: on dit obesse alicui, DI

où a et b sont les variables notionnelles des termes premiers, et > le trait «envers» qui leur est commun. 1. «ETRE UTILE (À), «ÊTRE BIEN DISPOSÉ (ENVERS)»

æ

1.1. Prodesse «être utile à» Cic., Fam. XII 17, 7, nihil tibi meae litterae proderunit, «ma lettre ne te sera d’aucune utilité» (cf. Ait. IL 1, 6, rei publicae). De même auxi-

liari, «secourir»; Sall., Jug. Z4, 3, neque mihi… patris mei beneficia neque uestra

489

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE DATIF (D)

decreta auxiliantur, «ni les bienfaits de mon père, ni vos décrets ne m’apportent

1.3. Parcere, «épargner», «montrer de la clémence», sert souvent de terme protoypique pour les verbes d'attitude. On notera cependant deux traits: un emploi tran-

488

de soutien». Subuenire, opitulari, même sens, que Cicéron associe, Off. 1 154, … Si

ei… subito sit allatum discrimen patriae cui subueuire opitularique possit…, «Si on lui annonce soudain le péril extrême de la patrie, à laquelle il puisse porter aide et secours». On peut ranger ici placere; Cic., Quinet, TT 1, 13, non dubito quin mihi placitura sit, «je ne doute pas qu’elle ne me plaise». (Dans la plupart des Oceurrences, placere + D subit une évolution de sens: placet tibi, «il te plaît», d’où ] est évident aussi dans le groupe proche des verbes dénotant intérêt intellectuel ou moral accordé à quelqu’un ou à quelque chose. Studere, «s’appliquer à>: agriculturae, Caes, Gail. VI 22, F; Cic., Br. 322, litte-

is; Catil. 1 3, nouis rebus studentem, «brûlant d’ardeur pour la révolution»: (l’infi-

sociis in eo bello consuluit, sed uerumetiam superatis hostibus temperauit, «Marcellu ne se borna pas à veiller aux intérêts des alliés dans cette guerre, mais après l’avoir

\itif et la complétive sont aussi classiques). Consulere + D, «veiller aux intérêts de»; prospieere + D, Cic., emploie ces deux erbes dans la même phrase, Catil. IV 3, consulite uobis, prospicite patriae, «veillez os intérêts, pensez à ceux de la patrie». Tér., Ad. 589, prospiciam mihi «je vais ger à moi-même». Noter que dans la grande majorité de ses emplois prospicere on sens exact de «porter ses regards au loin», «apercevmr» «pœvmr» (trans. ou ntrans) Ce qui rend possible l’interprétation «je vais songer à moi, penser à mes ntérêts personnels», de prospiciam mihi, c’est l’association de la notion de «pros-

emporté sur les ennemis, 1l les traita avec mesuré».

icere» avec le D).

Caes., Gall. 1 7, 1 ab iniuria, Virg., Aen. II 8, à lacrimis. In + Ab indiquent dan

quel domaine s’exerce la retenue: Pit, Æpid. TI, in amore. Le D quant à lui, signa lera à l’égard de qui ou de quoi est observée cette modération. La locution usuell sibi temperare signifie «se maîtriser» (d’où Celse TV 31, 2 a uino sibi). Pit, Rud 1254, linguae «tenir sa langue»; Sall, Cat. 11, 7 uictoriae, «rester modéré dan. la victoire». Cicéron, Verr. II 4 (avec 2 exemples de D), Marcellus… non solum

1.

On ne soutiendra pas qu’audire contient le trait directif présent dans morigerari ou oboedire (ave' préfixe ob-!), Le nom au D est ici le seul responsable de l'interprétation «obéir». Inversement, } arrive qu’au XVF siècle, «écouter» qui contient un trait directif mais est ordinairement d’emploi tran sitif, se construise avec «a»: Caivin, /nstit. 511, «escouter à mes gloses»; Montaigne, Essais II 76 «j'escoute à mes rêveries» (selon Littré).

- Les verbes «donner des conseils» impliquent éminemment une personne conseillée — encore qu’elle ne soit pas toujours exprimée, loin de ll — Cette personne onfirme par un D l’orientation du verbe: Plaute, Most. 797, Orat ut suadeam Philoacheti/ Vt.…., «il me prie de conseiller à Philolachès de…»

(le même tour, avec ne,

ac., Hist. IV 8). De même persuadere «convaincre» «déterminer à»; Caes., Gall. 38, 4, facile hac oratione Neruiis persuadet, «ce discours convainc aisément les

mtc tn

491

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

490

Nerviens». Cic., Tusc. 1 103, Critoni nostro non persuasi me hinc auolaturum, «

JOCUTIONS VERBALES {VERBES SUPPORTS)

n’ai pas convaincu notre ami Criton que je m’envolerais d’ici». Noter les expressi classiques usuelles: mihi persuasum est… Cic., ND; al.; et même sibi persuas

“Nous n’hésiterons pas à placer ici des expressions comportant un D, mais dont erbe est décomposé en deux éléments: l’un est bien morphologiquement un verbe,

habere…, 2

«ma conviction est faite que.…» (cf. section VI 8).

Î

«ÊTRE NUISIBLE, MALVEILLANT»

Ce n’est pas par l’effet d’une analogie fondée sur l’antonymie avec les ver précédents que les verbes exprimant «dommage causé», «hostilité envers» etc. construisent avec le D. Leur signifié dénote seulement une «activité dirigée (contre «une attitude inamicale (envers)» un être. La désinence de D répète cette orienta vers le nominal. Le mécanisme est donc exactement le même que pour prodesse

indulgere. Toute idée d’avantage ou de désavantage reste étrangère au D en tant q ; tel. C’est affaire d’interprétation globale. (Cf. $ 0). Nocere: Caton, Agr. 92, frumento ne noceat curculio, «que le charançon n’ pas ravager le blé». Cf, Virg., Buc. VII 23. Cic., Catil. HT 25.

(

Obesse, «nuire»; Cic., Catil. TIT 27, si ceteris facta sua recta prosunt, mea mihi quando obsint. Displicere, Sén., Epist, 71, 26. Inuidere, «jalouser, détester»; Pétr, Sat. 38, 9; Tér., Eun. 410, inuidere omn

mihi; Cic., de Orat. I 209; (avec l’Abl. de la chose qui excite la jalousie, Lucai ; Tacite‘). Improperare, «faire des reproches à» n’apparaît guère que chez Pétr. 38, 11, ava ' d’être repris par la Vulgate. On rapprochera maledicere, ib. 53, 3 (mais transitif 58, 13, ce qui annonce l’ usa roman). Plt, Pseud. 27, inclementer dicere alicui rei. officere, «faire obstacle à», Sall., Jug. 52, 6: ipsi sibi officiebant, «ils se faisaie obstacle à eux-mêmes»; Cat. 27 4, consiliis, «contrarier des projets». incommodare, «gêner, êtreà charge», est construit avec le D par Cic, Quin 51, alteri, (gêner) autrui».

refragari «s’opposer à». Cic., Ph. XT 20, ne refragari homini amicissimo uidea «pour que je n’aie pas l’air de m’opposer à un grand ami». reniti, «résister». Celse TV 16, 1, ea… prementi renititur, «elle résiste à la pression

minari, «menacer», (Liu. IV 5, 2, minaberis plebi? «Tu menaceras la plèbe De même,

minitari Cic., Ph. XIIT 21; Catil. Il 1, Catilinam... uobis ac huic urb

ferro flammaque minitantem, «Catilina… menaçant vous-mêmes et notre ville du f et du feu?»; on pourrait ranger ici d’autres verbes exprimant «menace à», «oppo tion à», comme impendere, obsistere, resistere, classiques; (voir Chap. IV). Insidiari «tendre des pièges à»; Cic, Catil. T 11, quamdiu mihi, consuli desi

nato, Catilina, insidiatus es…, «aussi longtemps que tu m’as tendu des pièges à m le consul désigné, Catilina…». CF. ib. 26, insidiantem somno maritorum, «tendai des pièges au sommeil des maris»; II 10 fortissimis uiris. On est ici très près des verbes «lutter» (cf. Chap. II 7).

qué comme

tel en personne, nombre, voix, éventuellement temps et aspect; le

ind est un nom, mais c’est lui qui véhicule le trait sémantique essentiel, compae avec l’apparition d’un D. Soit Cic, Catil. TIT 4, auribus uestris minorem fidem ret oratio mea, «mes paroles inspireraient à vos oreilles une confiance moindre». s la locution fidem facere, c’est fidem qui appartient au champ sémantique des :es appropriés à un complément D (cf, credere ci-dessus; confidere, dans l’ex. César). Fidem facere entre dans une sorte d’opposition de diathèse avec fidem ere alicui (fréquent; e.g. Caes., Gall. 1 19, 3}, comme «avoir confiance (en quelin)» et «inspirer confiance (à quelque’un)». Facere et habere (difficiles à relier eux-mêmes avec un D:? habere alicui) sont des «verbes supports» tels que les

éfinis G. Gross 1989!, à la suite de M. Gross et de Z.H. Harris. Outre les inforions associées au verbe, ils marquent formellement l’entrée dans le prédicat; ais le cœur de ce prédicat, c’est le nom à l’Ac qui les suit. Le cas très clair de habere fidem alicui engage à expliquer de la même façon e-opem (Cic. Catil. II 18), ferre auxilium (Cic.…, Catil. TT 19), bien que, pour ces

tessions (et bien d’autres comprenant un verbe potentiellement latif) le D ne soit totalement absurde avec le verbe seul. Ferre alicui se comprend, fût-ce partielent. Mais l’énoncé reste incomplet, faute de oper ou de auxiliam qui lui donnent éritable substance et sa plénitude, De même pour l’expression morem gerere ali«être complaisant envers quelqu’un», citée ci-dessus |.). Cette analyse sera confirmée par celle du «double datif» avec esse, Esse «copule» d’un vide sémantique total. Donc dans esse alicui auxilio, auxilio seul permet adjonction d’un autre nominal au D.

Les locutions verbales incluant le nom prédicatif gratia «(témoignages de) reconsance» se prêtent à la même analyse. Cic., Catil. ! 11, Magna Dis immortalibus ibenda est, atque huic ipsi foui Statori… gratia… quod, «grande est la reconnaisce que nous devons aux Dieux immortels, et en particulier à Jupiter Stator ici ésent» (en statue)… Si habenda avait un complément au D, ce serait un nobis ailleurs sous-jacent), mais nobis serait exactement complément du morphème ntique -rda (cf. VI 8).

Dis et loui sont, eux, en relation avec gratia, comme ils pourraient l’être avec ulari (+ diis Caton, dans Cic., Fam. XV 5, 2; Enn., Trag. 242). Pour cette raison,

omprendra le très usuel agere gratias (que Pétrone réduit volontiers à gratas , anticipant sur le castillan moderne), ou ferre, referre, gratias comme des locu‘ . 11341 PR - Gross, Les constructions converses du français, Droz, 1989 montre qu’un grand nombre de noms

1. 2.

Sur les constructions multiples de inuidere voir l'aperçu de KSt II 1, p. 310, Sur le statut de l’Ac (minari supplicimn seruo, cË, la section FV.

peuvent

«constituer

le noyau

d’une

phrase»:

ce sont des

substantifs prédicatifs

possédant

“domaine d’arguments» qui leur est propre. Ils sont accompagnés d'un «verbe support».

«un

493

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE DATIF (D)

La disjonction d’un verbe compact n’aboutit pas seulement à la locution: verbe support + nom prédicatif. Elle s’opère aussi sous la forme de verbe + adjectif, lui aussi prédicatif, puisque c’est avec lui que les nominaux qui suivent éventuellement entretiennent une relation. Le phénomène est très net lorsque le rôle de verbe support est tenu par esse,

Jes prières de Caton, Agr. 134, 1; 139. Cic, Catil, 1 15 potestne tibi… huius caeli spiritus esse incundus” «le souffle de çe ciel peut-il t’être agréable?»; iucundum esse équivaut à placere. (Dans les Catil.,

492

Au lieu de auscultare, oboedire, parere, Plaute emploie par exemple assez souvent dicto audiens esse «(écouter) obéir aux paroles» (Epithète, PIt. Asin. 5S44, audientem

dicto… filiam, «une fille obéissant aux ordres»); Tri. 1062, (il est question de impe-rare au vers 1061) Sed si non dicto audiens est, quid ago? «mais s’il n’obéit pas, qu’est-ce que je fais?»; cf. Persa 399; Cic., Verr. V 104, Il arrive qu’un deuxième D s’adjoigne à la locution dicto audiems esse prise globalement au sens de oboedire, «obéir». Plaute, Amp. 989, ego sum Ioui dicto audiens (sans variantes), «moi, c’est à Jupiter que j'obéis » (A. Emout). De même Caton, Agr, 42, domino; Cic., Verr. 1 114, tibi: et al>,

Comme celle de habet fidem l’analyse de dicto audiens est, montre que la copule, d'un signifié nul sert uniquement:

répond à Caes., Gall. V1 7, 7, gallicis rebus fauere, «favoriser le parti gaulois». Cf.

ûn relève une douzaine de D après adjectif).

Pline, NH mac»; Caes., leur santé ou sarias, uobis

XX 119, ocimum inutile stomacho, «la dragée Gall. VIT 78, 1, qui ualetudine aut aetate inutiles leur âge rend impropres à la guerre». Cic., Man. non inutiles... «non indispensables pour moi,

mauvaise pour l’estosunt bello, «ceux que 71, …mihi non necesmais pour vous non

inutiles». Cf. Cic., Off. 133; II 49; al. (Le D est fortement concurrencé par ad + Ac).

Gratus, Cic., Amer. 51, nihil erat quod aut patri gratius, aut sibi iucundius facere posset, «il ne pouvait rien faire qui fût ou plus charmant pour son père, ou plus agréable pour lui-même». (Même association avec iucundus, et construction au D, An. III 24, 2, Fam. IV 6, 1; X 3, }). Virg., Buc, 7, 61. al. Noter l’expression très classique facere gratum alicui, «faire plaisir à quelqu’un» {cf. 3.2.1.1.3.), voire gratissimum; pergratum Cic., Lae. 16; Caes., Gall. 1 44, 12 al.

Virg., Buc., VIII 15, ros gratissimus pecori, «la rosée la plus agréable au bétail»; (au sens de «reconnaissant» gratus — et ingratus — se construisent plutôt avec erga,

a. à indiquer les données propres à la forme verbale; b. à signaler explicitement l’entrée dans le prédicat. Mais celui-ci est formé principalement du participe, puisque il est seul à nouer des liens avec le nominal dich Sans audiens, dicto est est absurde et agrammatical, d’une façon beaucoup plus claire que facere {fidem) alicui. Dans un deuxième temps (dicto audiens esse) est rapportéà /ou-i. C

aduersus, in + Ac). ' Amicus, Cic, De Orat. TI 15, homines mihi amicissimi, «des gens qui ont beauçoup d’amitié pour moi». Hor., Carm. IL 17, 2, nec dis amicum est nec mihi te prius

É faut ajouter à ces locutions figées les emplois attributifs innombrables des adjectifs de même champ sémantique que les verbes mentionnés. À preuve, l’emploi si fréquent de inutilis est + D comme variante de nocet + D, par exemple dans les écrits de médecine et de pharmacie. On mesure ainsi l’importance de la périphraseà verbe support, que l’élément prédicatif fondamental soit un nom, un adjectif, voire un adverbe (bene est mihi).

tus nom (+ G). De même pour inimicus: Cic,, Ph. V À, Si (legiones) consulem suum eliquerunt, uituperandae sunt; si inimicum rei publicae, iure landantur, «si les égions ont abandonné leur consul, elles sont à blâmer, si c’est l’ennemi de !’Etat, on

gbire «il n’est agréable ni aux dieux ni à moi que tu partes (tu meures) avant moi». I est parfois difficile de trancher si l’on a affaire à amicus adj (+ D), ou à ami-

eur doit des éloges». Fin. 1 À, quis enim tam inimicus… nomini Romano est, qui… «y a-t-il un homme assez ennemi du nom romain pour…» (J. Martha). Odiosus, PIt.,

seud. 30; Tristis, Virg., Buc. 3, 80; grauis, 10, 75. secundus «favorable», Caes., Gall, VI 62, 1, omnia secundissima nobis, aduersis-

4,1, Adjectifs + D Type VTILIS / INVTILIS En face des verbes les adjectifs appartenant au même domaine sémantique, et souvent bâtis sur le même thème, connaissent eux aussi la construction avec le D, Leur fonction propre dans la phrase est indifférente; ils peuvent faire partie d’un S ou bien former le cœur même du prédicat, comme on vient de le voir. Sans multiplier les exemples (le Thesaurus linguae latinae peut fournir une masse de données;

KSt en apporte déjà bien suffisamment, e.g. II 1 p. 314-316);

citons Plaute, Tri. 40-41, uenerare ut nobis haec habitatio ! bona fausta felix fo funataque euenat, «fais-lui tes dévotions pour que cette demeure soit pour nous une: source de biens, de bonheur, de prospérité, de fortune» (A. Ernout). Fausta nobis

1.

Parfois un G compiément de dicto, Accius 442, uiri,

ima illis accidisse uidentur, «tout semble avoir tourné au mieux pour nous, au pire QUT €UX».

Caton, Agr. 156, scito salubrem esse corpori, «sache que c’est salubre pour le orps», Pétr. 52, 4, tibi molestus etc. etc. (De même médecins).

bonus, optimus + D, Cato.,

inuidus: Sén., HF S2A, o Fortuna, uiris inuida fortibus! La construction avec le Dpexmet de tourner par habere, ainsi Cic., Verr. V 182 quorum animos… habueris Kimicos et inuidos. “ iratus: Plt, Mer. 932, mater irata est patri uehementer, Cic., Agr. 1 26. Att. XV, , 1, Antonio inatior…, causae amicissimus; Att. VI 13, 3, Africanae causae. Pétrone

ourne par habere, 60, l4, genios uestros iratos habeam! Les adjectifs exprimant ne «disposition à> (paratus, promptus, pronus par exemple) peuvent se construire Ussi avec le D; mais celui-ci est en concurrence avec les tours prépositionnels latifs R, ad), parfois avec l’infinitif.

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

494

paratus ad est classique; Cic, Br. 78 ad dicendum, Verr. 1 2, ad audiendures. Caes., Gall. I 5, 3 ad omnia pericula subeunda. Virgile emploie in + Ac, Aen. II 6

L’infinitif, présent dès les origines (Ennius), est classique. Quant au D, on le re contre chez les poètes et chez les prosateurs à partir de Liu. Ov., Fa. III 215, fer mortique;

Liu. 1 1, 8, paci; XXXTII 6, 1, castris ponendis;

Vell, II 126, 4, dign

paratissimus (honor}; Sén., Tac., Ann. XIL 47. promptus: Cic, Agr. Il 82, ad uim; mais Verr. IV 42, istius cupiditati. D aus chez Tac., Ann. 1 48; à côté de Ann. XV pronus est suivi de ad,, Cic., Rep. II tir de Colum. I 5, 8, orienti; Tac…, Ann. Aduersus peut être pris au sens moral

25, in + Ac. 47; mais Liu. FV 59, 4, in paludes. D à pa IV 29, offensioni, («hostile à»), ou dénoter une position obje

tive: physiquement situé «à l’opposé, en face». Cacs., Gall. TI 18, 2, collis aduers huic, IH 14, 2, naues nostris aduersae constiterunt. L’analyse de ce dernier emploi

(foncièrement identique aux précédents a été faite au Chap. IL.)



4.2. D et paradigme latif Comme de nombreux exemples en ont été avancés en 4.1. (voire avant, à propos des verbes ou locutions verbales + D), le D entre en concurrence avec un paradigm prépositionnel qu’on peut appeler «latif»; ad, in + Ac, erga, etc. ont en commun un sème [-->] qui oriente vers un terme second (orientation au moins potentielle: gratus, utilis peuvent rester seuls). Si l’interprétation globale de Adj. + D et de Adj. + in/ad + Ac est en général semblable, le mécanisme des tours latifs et des tours avec D est assez différent. Dans utilis stomacho, la valeur «repère» de stomach-o capte le trait [—] de «bien-

faisance» propre au terme premier. Dans ufilis ad stomachum, la préposition ad impose au même trait la direction du: nominal qu’elle introduit. Celui-ci reste, en ce qui le concerne, étranger aux rapports qui se nouent dans la phrase. ‘ CONCLUSION

Cet aperçu trop rapide montre que la construction des adjectifs ne recouvre pas toujours exactement celle des verbes de même sens. Tel adjectif admettra plus souvent un complément avec ad que le verbe. La substantivation, toujours possible de l’adjectif, justifie l’irruption d’un génitif. Ces faits, qui ne manquent pas d’intérêt, ne peuvent pas être étudiés ici dans le détail. Si nous avons néanmoins tenu à réserver un paragraphe et un sous-titre à «adjectif + D», c’est surtout pour illustrer l’extrême disponibilité syntaxique du D, signalée au chapitre I; ce qui interdit de le confiner sans appel, comme le fait la grammaire dépendancielle, dans un rôle de «tiers actant du verbe». 5. LE D EST-Il UN «ALLOMORPHE»

DE L’OBJET À L’Ac?

S.1. La plupart des D traités dans cette partie II 3.1. à 4 se trouvent en position

de premier argument postverbal, ou postadjectival (si l’on veut bien admettre que

495

s locutions comme habere gratiam (3) équivalentà des verbes compacts). Cette tuation, qui gêne les tenants de la théorie a priori selon laquelle cette position taxique appartient spécifiquementà l’Ac d’objet, les induità user d’un expédient ur restaurer l’unité de la doctrime: il suffit de considérer ce D, non pas comme un » véritable, mais comme un «allomorphe» de l’Ac; c’est-à-dire comme un terme ont l’apparence de D cache l’être véritable, qui est l’Ac. Cette théorie à la faveur de nombreux grammamens même quand ils n’emploient às le terme «allomorphe» pourtant très adéquat, puisqu’il signifie clairement que D ne serait ici qu’une «autre forme» de l’Ac; une simple forme, ne changeant rien u fond. -Les hypothèses de Kurylowicz ont donné à cette pseudo-explication un éclat et retentissement considérables (1949, et 1964, p. 179-206)!. Rangé en 1949 parmi «cas concrets» — opposés aux cas «grammaticaux» que seraient N, Ac et G — eu près oublié en 1964, le D a, comme l’Instr., le Loc. et Ab, une «fonction écondaire», qui est «grammaticale». Comme simple ramification du Loc., le D dit désigner un nom de personne (ce qui n’est pas exact, comme on a pu le voir). jans cet emploi «secondaire syntaxique», le cas «concret» se vide de tout contenu émantique, et devient une simple marque de dépendance, par exemple dans alicui iboedire. Notre propre analyse va exactement au rebours des fhèses de Kurytowicz jà dans G. Serbat, 1981, p. 139-144). Le D ne serait d’ailleurs pas le seul «allomorphe» de l’Ac. II partagerait cette quaté avec «l’Ablatif d’objet» (egeo pane) et avec «le génitif d’objet> (memini illius rei)!. 2. Nous repoussons cette façon de voir, et pour plusieurs raisons

D’abord le terme premier est fréquemment un adjectif et non pas un verbe. Aux Xemples fournis en 4, s’ajouteront bien d’autres données dans les paragraphes ultéjeurs. Ce fait à lui seul interdit de parler ici, à la mode tesnérienne, d’un tiers actant

du verbe». Ensuite, comment se fait-il que, le D (ou d’autres cas) étant ici un véritable Ac ous une apparence trompeuse, ne possède pas les propriétés transformationnelles Ui caractérisent l’Ac-; et notamment la plus frappante, celle de devenir le sujet du iême verbe mis au passif. Il ne s’agit donc pas d’apparences seulement. - Mater me amat contient la possibilité de Amor (a matre). … À Claudia iudulget mihi ne correspond aucun passif personnel; on ne peut ‘oncevoir qu’un mihi iudulgetur, avec un passif impersonnel laissant intact le préendu «objet». Celui-ci du coup se révèle «non objet>», puisque non impliqué dans à transformation passive. - L’étiquetage expéditif comme «allomorphe», outre qu’il fait fi de la différence e comportement à l’égard du passif, occulte aussi le trait spécifique du D, le sème «repère» [->]. Il amène à négliger une analyse plus fine, faisant ressortir ce qui est ppelé plus haut «congruence sémantique», ou, si l’on veut la redondance entre un

rait sémantique (directif) du verbe, et le signifié propre du D.

. Repris par Chomsky, Struct. 1957, et Aspects 1965, p. 162, 166, 206. J. Perrot, 1965, p. 466-482.

496

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE DATIF (D)

De ce fait, la théorie simpliste de l’allomorphie interdit de mettre en évidence y phénomène capital, notamment dans l’histoire du latin, celui des progrès de la tran

urant depuis Lucr. V 1298, equum;

sitivation. Sans reprendre ce qui en a été dit section IV, disons seulement que.

6. LES VERBES

«EXERCER UN POUVOIR SUR»

un D. On peut en effet considérer la domination comme une forme d’«attitude»; ou bien se rappeler qu’elle pose fondamentalement la relation de deux êtres. Ce n’est pourtant pas une règle; certains privilégient l’Ac (moderari), d’autres l’ignorent durant des siècles (regnare). L’être sur qui le pouvoir s’exerce peut, en effet, être conçu comme le lieu de ce pouvoir (constructions locatives, cf. dominari), ou comme l’objet. Chez les poètes et surtout dans la littérature chrétienne de traduction, apparaissent des constructions au G calquées sur le grec (BaciAeverw, évaccoeiw etc.… cf. HSz p. 83,2. ( moderari «imposer une règle, exercer un contrôle» se trouve d’abord avec un n° D chez Plaute, Mén. 443, domino; Bacch. 91, ingenio; Persa 297, linguae; Mi. 270,

uoci meae. Le D reste usuel à l’époque classique. Cic., Inu. IL 154, funiculo naui; Att. V 20, 9 cui (puera); Verr. III 103, orationi meae; Hor., Ep. 1 2, 53, irae; Liu. XXXVII 35, 5, fortunae suae; Pline J, Epist. X 117 (116), formandis moribus. Mais

la transitivation se manifeste, et dès Cicéron, notamment par des tours avec l’adjecCic, Part, 76, moderandis

cupiditatibus;

- imperare est souvent construit transitivement (Plt. Mi. 1159 hanc tibi ego impero guinciam; etc.); on le traduit alors par «imposer, prescrire, ordonner». Mats l’assoation avec le D seul n’est pas rare. Pit, Most. 870, si huic imperabo,

«si je com-

ande à moi-même». Le verbe prend alors la nuance de «gouverner, être maître ». Plt, Merc. 494, muto imperas. Cato, Agr. 142. imperitare «commander, détenir l’autorité», se différenciant de imperare, est ndamentalement intransitif (les emplois transitifs attestés se limitant à des objets ternes, pronominaux ou équivalents). À côté de l’emploi absolu, l’association avec ; D est ancienne et fréquente. PIt., Pseud., 703, Pseudolo; Sall., Jug. 76, 1, ceteris; , 7, Mauris omnibus; Lucr. H 1028, magnis… gentibus; Virg., Aen. X11 719, nemori; or… Carm. ! 15, 15, equis; Pline, VH XXVIII 93, equo; V 16, utrique Mauritaniae); pul., FI. 2, 21, multitudini, (L'Ab L n'’est pas exclu: Sall, Jug. 79, 2, Carthagi-

meuses pleraque Africa imperitabant.) …

dominari,

«agir en maître»

(P. Flobert, p. 95) s’associe bien avec le D, comme

veuf Priscien, GL (K) I 273,27: venant de citer le tour virgilien imperat aruis, 1l chaîne en écrivant: regno fibi, dominar tibi, praecipio tibi. L’usage est plus mplexe, comme l’ont observé d’autres grammairiens anciens: Bède, De Orthogr, GL (K) VIT 271, 1, dominor tui et dominor tibi. Quant à l’auteur du De idiomatibus, L (K) IV 572, 4, il signale dominor in ciuitatem et ciuitate, oubliant ciuitatis, bien

il mentionne decxô(e THc TÔÂEOG.

Le signifié de ces verbes est tel qu’ils semblent æ priori propres à s’associer avec

tif verbal:

Caes., Gall. TV 33, 3; Cic, Verr. III 227, res

sficae elus modi sunt ut eas… res incertissimae moderentur, «l’agriculture est telle e les événements les plus incertains la gouvernent».

répétition du trait [—] lexical dans le verbe, casuel dans le nominal au D, perm d’opérer une réduction, là où elle est possible, c’est-à-dire dans le nominal. En disa

parfois parcere aliguem au lieu de p. alicui, le latin ne retient que le trait SÿfitaXiqü : du D: c’est un terme second; l’Ac ne dit pas autre chose; et la «clémence» signifiée par le verbe n’en recouvrira pas moins le nominal, bien que celui-ci ne soit plus mar qué de la flèche qui le désigne comme repère potentiel. La vaste transitivation qui a marqué le latin dans sa préhistoire et qui le rend: différent des langues-sœurs, est un phénomène d’une portée immense, et d’une grande signification linguistique: elle reflète un processus croissant d’abstractio syntaxique. Il est regrettable d’en détourner l’attention en usant du terme improp d’«allomorphie». Au reste, qu’est-ce qu’un allomorphe? C'est précisément un signifiant différent pour un signifié identique; on dira, à juste titre, que -us et -a (dominus, agricola) sont des allomorphes de Nomin. sing.; on n’imagine pas un seul emploi de l’un qui né puisse être tenu par l’autre. Toute différente, on l’a vu, est la position du D par ra port à l’Ac: s’il existe des interférences entre les deux cas (autorisant la transit vation, comme elles autoriseront, sur certaines aires le développement d’un «objet avec ad», (cf. section IV) il n’est pas question de les faire commuter librement!.

407

cf. Sest. 8;, De

Orat.

1 226,

moderandi sui; TI 40, uocis sonus est moderandus. Cet emploi (joint à d’autres facteurs comme le passage à l’actif, dès Pacuvius, Trag. 306) explique l’usage de l’Ac,

En vérté le D est assez isolé, et plutôt tardif. Manil. TV 400, signis dominantia signa; Sén., NQ TII 28, 7, aqua et ignis terrenis dominantur. Encore ces exemples

sont-ils formellement ambigus. Il faut attendre la VL et les auteurs chrétiens pour ncontrer des formes indiscutables de D: Lact. Fusr. TI 1, 18, cui (— corpori) dominari debet (animus}, Ven. Fort, Carm. TIL 14, 66, cui rabies mundi nil dominari potest. La notion «dominari» peut s’entendre comme visant un terme second, d’où la possibilité du D. Mais Cic., préfère pour la même relation in + Ac, CM 38, in suos, de même Liu. II 53,, 7, in aduersarios: Sén., Dial. IV 36, 6, in quem (affectum) ira dominatur. Vulg., Tud.8, 23, in uos. In est d’ailleurs concurrencé par contra et aduersus.

… Mais l’association la plus ancienne et la plus fréquente se fait avec le L, exprimé par in + Ab, le L lui-même, l’Ab seul, et quelques prépositions comme inter, intra, apud. (L’auteur du De idiomatibus a raison à cet égard). La domination est alors conçue non pas comme s’appliquant à un être, qui de son côté se désignerait luitnême comme repère de visée (D), mais comme s’exerçant à l’intérieur d’un certain domaine. Nous comprenons comme un L Cic., Rab. Post. 39, dominatus est Alexan-

driae, de même que Luer. III 281, corpore (Ab formel). In + Ab, très fréquent depuis Pit. par exemple Varr. LL VHI 77, in his uerbis; Cic., Tusc. 1 74, in nobis; de

Orat T1 213, in dicendo; Caes., Gall. T 31, 6. L'influence du grec entraîne l’usage du G dans la littérature de traduction et chez les auteurs chrétiens, à partir du Ps-Apulée, Ascl. 39, catholicorum. Ainsi dans la VL,

avec dominari traduisant Kvptedo: 1. Cf. La critique des «variantes» de l’Ac d’objet, chez M,-P, Machefert, Mémoire de maîtrise, Paris. TV, 1981, p. 68.

eorum; gentium multarum,

illorum. La Vulg.,

Sirach 17, À, bestiarum; Tert., Apol. 26, 3, etus (= gentis Iudeae); Tren. IIT 12, À, eius {= fratris).

498

LE DATIF (D}

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

490

Emploi transitif chez Fulg., Virg. cont. p. 101, 12, impetum. CT, les constructiong tardives avec G de potentari; Flobert, Dép. 148 cite VL (K), Marc. 10, 42, potentantur eorum {= Vulg., dominantur eis). CË aussi praesse, Cassiod, Hist, [X 12, 5.

lus souvent que l’être X au D [> X], soit en situation de recevoir, de subir les ffets d’un procès qui ne le vise pas.

regnare «exercer le pouvoir royal» se trouve très souvent en emploi absolu, Quand un SN lui est associé, c’est, en règle générale, sous une forme locative (L, in + Ab, Ab). /n et l’Ac qui sembleraient fondés, n'apparaissent que rarement et pas avant Manilius et Tacite. Le D, justifié par le sémantisme du verbe, ne se trouve pas

A, Contingere et accidere

La tradition affecte souvent une nuance favorable à contingere, une nuance défaorable à accidere; euenire serait neutre. Mais cette distinction est loin de se vérifier

onstamment; les contre-exemples ne manquent pas.

avant la littérature chrétienne (cf. Svennurg, Orosiana 16). À signaler une passivation

Accidere, «tomber», d’où «arriver», «se produire». Acc, praet. 30, ea si cui in

(débutant chez Virgile par le participe passé); et une construction poétique (hellén.) au G, à partir d’Horace.

omno accidunt, «si cela arrive à quelqu’un dans son sommeil»; Cic, Att. VIL 2, 5, oc mihi accidit iucundissimum, «voilà une chose très agréable qui m’arrive»; Catil. 16, cum ei nihil adhuc acciderit, «comme il ne lui est rien arrivé jusqu’à présent»; “ib. YV 3, neque turpis mors forti uiro potest accidere, «pour un homme de cœur, la ort ne peut être un événement déshonorant»; Pis. 99, si tibi euenerit quod metuis

°

Exemples: absolu, PIt. Amp. 261; Caes., Gall. V 25, 3; al.; locatif: Enn., Ann. 157, Romae;

Ab seul, Liu. XXVIH

13, 3, oppidis; in + Ab: Cic, Sesi. 58, in ea (Asia);

Off. III 83, in ea ciuitate quae… Variantes: Virg., Aen. III 285, per urbes; Prop. 11 94, 57, inter puellas. Ce paradigme L rend peu vraisemblable l’interprétation de

e accidat, «s’il t’advient l’événement que tu redoutes» (P. Grimal); (observer la conjonction de euenerit et de accidat; or ce qui adviendra -euenerit- n’est certaine-

Romae (Ennius) comme un G (cf. sur ce point discuté HSz, p. 83, 2). Gén.: Hor., Carm. 111 30, 12, agrestium populorum, cË. gr. Épyew + G, et, ci-dessus, dominari. in + Ac: Man. IV 239 in illas;, Tac, Ann. XTT 24 aduenae in nos regnauerunt. Passif: le tour regnaia arua, Virg., Aen. V1 793; Hor.; Ov.; Pline, NH VIII 92: Enfin Tac., Hist. 1 16, gentibus quae regnantur.

'ment pas heureux). -

“au sens de «échoir», notamment pour le tirage au sort des «provinciae»; Sall., Jug. 35, 3, ipsi provincia Numidia euenit, «la Numidie lui échut en «province».

contingere (au sens propre: «entrer en contact physique, toucher»; Caton, Agr.

tion transitive. Cic:, Font. 24, cuivs… nutu… terrarum orbis regebatur. Associé à un

A1, 2: uitis uitem);

quasi-synonyme: Cic., Har. 19, regi gubernarique; Gell. ! 3, 28, moderantur et regunt; Lucr. V 1130, regere imperio res et regna tenere. Ce dernier exemple suggère que regere («guider selon la droite ligne») ne suffit pas pour exprimer à lui seul l’idée de «domination»; le renfort de imperio lui est

‘échues». Cic, Catil. 1 16, hoc (un affront pareil) contigit nemini, IM 15, quod mihi… togato contigit, «(honneur) qui m’est échu, à moi, un civil».

utile. On comparera Virg., Aen. VI 851, regere imperio populos; Aen. 1 340, impe-

CF. Chap. II 2, et II 3, verbes préfixés par prae-, ante-, super-.

7. LES VERBES D’ÉVÉNEMENT

La notion d'«événement» implique l’existence — marquée explicitement ou pas dans l’énoncé — d’au moins un être à qui le procès importe, d’une manière ou d’une autre. S’il est mentionné au D, cet être se signale comme «le repère de visée» de l’événement, et sera pris, selon le contenu contextuel, pour un «témoin», une

«victime», un «bénéficiaire». C’est là question d’interprétation globale. Le caractère fortuit ou non fortuit de l’événement n’est pas pertinent: le hasard seul fait le

«arriver, se produire». Enn., Scaen. 360, mihi malum; Tér, Hec.

833, haec… gaudia tibi contigisse laetor, «je me réjouis que ces joies te soient

rium regit Dido.

bus; Cic, De Orat. Ÿ 15, ceteris horninibus; Varr., Men. 444, Diogeni. Transitivé à

1;

“aucune blessure à la tête»; Plaute, Capt. 415, merito tibi ea euenerunt a me, «tu as

les autres verbes exprimant «l’autorité sur». Mais il est constamment de construe-

partir de Nep., Liu., Val-Max, Quint. (Sont laissés de côté les emplois de praestare au sens de «fournir, produire»).

«se produire». Outre l’exemple précédent, noter funeste, Cic, Mur.

“bien mérité ce qui t’est arrivé de ma part». Sén., Epist. 71, 26. Euenire est courant

Note: Le verbe regere «diriger, guider» apparaît souvent dans les mêmes contextes que

praestare «être dans une position supérieure», prend, associé au D le sens de «l’emporter sur». Tér., Enn, 432, homini homo quid praestat? Enn., uar. 34, omni-

Euenire,

“incommode, Tér. Hec. 838. Caton, Hist., 83, uulnus capiti nullum euenit, «il ne reçut

.

7.2. Fieri au sens de «il arrive» ne semble pas s’accommoder d’un D désignant la personne intéressée par l’événement. La langue familière connaît un tour du genre de Plaute, Most. 776, quid mihi fiet tertio, «qu’adviendra-t-il de moi, ce troisième héros.…Ô» (A. Emout). (L’esclave Tranion vient de mentionner deux héros histori-

ques). Le sens exact est: «qu’est-ce qui se produira pour moi, troisième». Il est remarquable que dans cet emploi fit + D (cf. Emout Thomas, p. 64) est toujours inclus dans une phrase interrogative introduite par quid sujet. Tib. 11 6, 1, quid tenero fiet Amori?

«qu’adviendra-t-il du tendre Amour»

(«que va devenir le tendre Amour»,

M. Ponchont); Cic., Agr. 2, 72, quid pecuniae fiet? Ov.. Ars 1 535, quid mihi fiet? Dans ce tour formulaire le D est concurrencé par l’Ab instrumental, Plaute, Epid. 151, quid illa fiet fidicina, «que sera-t-il fait de cette joueuse de flûte». (HSz p. 121 _ écrivent à tort qu’il n’y a pas de «différence saisissable» ici entre D et Ab. On peut l’admettre du point de vue de l’interprétation globale, mais non pour une analyse = exacte: le D garde tout son sens). Parallèlement, le latin emploie le verbe servant d’actif à fieri, facere dans les mêmes conditions. Plaute, Mi. 973, quid faciemus illa concubina, «qu’allons-nous faire de cette concubine? », à côté de Cas. 117, quid tu mihi facies, «de moi», À partir

LE DATIF (D) 500

501

8.2. Verbes et locutions verbales à valeur modale

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

de Térence, apparaît de + Ab, Ad. 996; de fratre, quid fiet (super et cum dans la Vulg. et Hier.). Cf. KSt I 1 p. 321.

On expliquera de la même façon l’emploi du D avec les verbes ou locutions verbales à valeur déontique. necesse est: Plaute, Amp. 501 mihi necesse est ire hinc, «il m’est nécessaire de partir d’ici»>; Men, 118, omnem mihi rem necesse eloqui est,

8.

«il me faut raconter toute l’affaire»; Cic., Fat. 17, homini necesse est mori, «pour ’homme c’est une nécessité de mourir»; C.M. 30, nihil necesse est mihi de me ipso dicere, «il ne m’est nullement nécessaire de parler de moi-même»; Plaute, Poen. 1244, hoc mihi patronus sim necesse est, «il me faut être patron». La construction

DATIF AVEC L’ADJECTIF EN -NDO ET L’ADJECTIF EN -TO

On dénomme couramment datiuus auctoris le D qui accompagne l’adjectif en -ndo- et l’adjectif en -to-. S’agit-il d’un avatar de l’agent? C’est ce qu’on pourrait croire à la lecture de KSt qui écrivent II 1, 324: «le D se trouve régulièrement à côté de l’adjectif verbal, pour désigner la personne active» («die tätige Person», souligné

par KSt.). Règle illustrée par un exemple malheureux: omnibus hominibus moriendum est. 8.1. Adjectif en -ndo«L’activité» ressort mieux du second exemple uirtus nobis esi colenda; mais le soupçon est jeté sur le concept de «personne active», qui semble assimiler simplement ce D au complément d’agent à l’Ab. Plaute, Curc. 486 linguae moderandum est mihi, «il me faut tenir ma langue». Cic,, Catil, IIT 7: (arbitrabar) non…

esse

mihi nimiam diligentiam pertimescendam, «Je n’estimais pas) qu’il me fallât redouter un excès de zèle». La forme esse pertimescendam enveloppe un signifié double:

Elle associe au signifié lexical du verbe (pris au passif) une modalité déontique véhiculée par -ndo-. Mihi est exactement le complément de -ndam, et non pas celui du verbe entier; il désigne l’être à qui la nécessité s’impose. Avec un verbe suivi d’un D, hosti parcere «épargner l’ennemi», un énoncé comme: hosti mihi parcendum est, «il me faut épargner l’ennemi», le premier D, hosti, est en liaison avec le thème parc-; le deuxième D mihi avec -ndum. (De même pour l’exemple de Plaute ci-dessus).… Dans domino mihi parendum est, c’est à -ndo- qu’est lié mihi; tandis que domino de pare(re) !

On constate une fois de plus une interférence, dans un contexte presque identique, entre deux formes casuelles différentes, l’une au D, l’autre à l’Ab précédé de ab.

Si leur traduction, leur interprétation, peut être la même, il n’en reste pas moins que le Datif, par son trait [->] reprend le trait semblable inhérent au morphème déontique. Une obligation peut — c’est souvent le cas — être énoncée absolument; elle vise alors n’importe quel être, le plus souvent signalé par le contexte, Si le D est là pour relayer en quelque sorte la «destination», il n°y a plus d’incertitude sur l’être à qui s’impose le devoir. L’Ab. avec ab exprime, on le sait, l’origine, le point de départ du procès. Et ce n’est certes pas un hasard que «l’agent», quand il est exprimé, le soit par l’Ab, sauf justement lorsque au thème verbal s’ajoute le morphème déontique -ndo-,

1.

l’occasion avec le D: Cic., Opt. gen. 13

mihi quidem ipsi necessarium; Liu. ! 32,

4, aui regno magis necessariam fuisse pacem credebat, «il croyait que la paix aurait été plus nécessaire au règne de son grand-père» (ad + Ac, Varr., RR I 1, 5). “ Opus est, «il est nécessaire»; Plaute, Mil. 766, mihi opus est opera tua, «j'ai Desoin de ton concours»; Cic., Att. I 20, 7, Graecis eis libris… mihi uehementer

: opus est, «j'ai le plus pressant besoin de ces livres grecs»; Plaute, Amp. 615, quid opus est uerbis? «Qu’est-il besoin de paroles? Cf. Curc. 519, 596. Cato, Agr. 9, domino. Licet, «il est permis»; Plaute, Poen. 412, tibi quidem.…. uendere hasce aedis - ficuit, «tu as eu loisir de vendre cette maison»; cf, Tér., Hec. 30; Cic., Verr. III 81; … Caes., Ciu. I 79, 5, nulli ex itinere excedere licebat quin ab equitatu exciperetur,

“ «nul ne pouvait quitter le chemin sans se faire cueillir par la cavalerie». : Remarque:

a. pertimeri b. «nécessité»;

est le «complément»

avec Acl est beaucoup plus fréquente. L’adjectif necessarius se rencontre aussi à

H n’y a pas de D avec -ndo- dans la Cena Trimalchionis, Pétrone n’emploie plus «l’adjectif d’obligation».

L’accord de l’adjectif attribut, e.g. Plaute, Epid. 338, quieto tibi licet esse, «tu peux être tranquille»: c’est la construction habituelle, bien que l’Ac se rencontre . aussi, Cic., Balb. 29, ciui Romano - être habitant de Cadix».

licet Gaditanum esse, «un citoyen romain peut

Decet «il convient». Le plus souvent avec l'Ac: deos decent opulentiae, Plaute, Tri. 490, «les richesses conviennent aux dieux»; decet se construit aussi, peut-être à - l'exemple de licet mais plus rarement, avec le D; Plaute, Amp. 820, istud facinus…

nostro generi non decet. Cf. Cic., Off. ! 98, uitiosis. À basse époque le D s’étend aussi à pudet (e.g. Caes. Arel., Serm. 72, 3 p. 291, 25, non nobis pudet… discurrere)

- à piget (ibid. 76, 3, p. 304, 1), à oportet (Tord., Get. 203, nec uobis oportet audire). La construction classique est l’Ac, l’infinitif et l’Acl. Cette évolution est commandée par l’affinité entre le signifié propre au D et la valeur modale des verbes et locutions ci-dessus. 8.3. Datif avec l’adjectif en -to On a vu plus haut, 8.1. fin, que le D accompagnant un adjectif en -t0- (ou une forme périphrastique de passif qui l’inclut) peut référer à une personne qui se trouve être, dans la réalité extra-linguistique, l’agent du procès. Le traduire comme tel après -ndo- cela relève de l’interprétation, au demeurant acceptable. Avec necesse, etc.… le D n’exprime pas la nécessité (ni la possibilité, etc.), mais seulement pour qui cette nécessité existe… Néanmoins, on peut déceler dans le verbe ou la locution verbale, le trait «directif» capté par le D.

La situation semble différente pour le D suivant l’adjectif en -to-. Rien ne suggère que le fhème lexical du verbe recommande l’apparition d’un D. Pas plus la notion d’«accompli» véhiculée par -to-. (C’est pourquoi ce bref développement aurait mieux été à sa place lorsqu’il sera question du D de «validation» (Chap. VD. Nous n'en traîtons ici que pour des raisons de contiguïté entre adjectifs verbaux. Le D après -to- désigne l’être pour qui le procès, l'événement, est accompli.

C'est ceite notion d’accomplissement réalisé qui se trouve pour ainsi dire validée par '

C la personne présente au D. ( 26: T1 Catil. Cicéron, de l’exemple Soit mihi ut urbi… satis esset praesidi consultum atque provisum est. Traduire par «j’ai pris les décisions et les dispositions propres à assurer à Rome une protection : suffisante», ce n’est certes pas trahir Cicéron. Cependant, le latin ne dit pas exactement cela: il dit «pour moi… décisions et dispositions sont choses faites». Le D est d’abord ici la personne qui en somme garantit l’aspect achevé (-fo-, -so-} des deux procès. Cf. Petr, Sat. 53, 6 (et 8): Quando mihi Pompeiani horti empti sunt? | «Quand donc l’achat des jardins de Pompei a-t-il été pour moi chose faite? » Kühner et Stegmann (IT 1, 324-325) prétendent qu’en de tels cas le D dénote en .

même temps l’agent («Urheber»), et la personne au bénéfice ou au détriment de qui e procès à eu lieu. Dans fanti sunt mi emptae?, «les ai-je achetées à ce prix?» Varr…, .

RR 2, 2, 5 (rapportant la formula antiqua en usage dans la vente du bétail), mi signi-

fierait simultanément «von mir» et «für mich». I nous semble que c’est confondre -

le message linguistique et son interprétation dans une situation donnée. Varron dit seulement: «leur achat à tel prix est-il pour moi chose faite? ». Il est vrai que l’interprétation exacte du D est parfois délicate, surtout avec un verbe qui peut être suivi de la mention d’un bénéficiaire, comme emere {ci-dessus), ou comparare. Dans Cic., Cat. III 27, praesidium mihi comparatum est, faut-il comprendre «une protection m’a été procurée»; ou «la mise en place d’une défense est, pour moi, chose faite»? Le contexte montre que la deuxième interprétation est la bonne. Les ambiguïtés que provoque une phrase isolée se ramènent donc à la question suivante: de quel morphème le D est-il «complément»? de -ndo- et de -to-, c’està-dire de «nécessité» et de «chose accomplie»? ou du thème lexical du verbe? Benveniste, P.L.G. 1 204, constate cette ambiguïté — où il voit une des raisons du remplacement de est mihi par habeo- mais sans exposer une analyse précise. Remarques:

1. Le D avec les formes du perfectum passif n’est pas rare, En revanche, son usage, avec les formes compactes de l’infectum passif reste sporatique; Virg., Aen. I 440, neque cernitur ulli. Cic, Off. III 38, honesta bonis uiris non occulta quaeruntur, «pour les hommes de bien, ce sont les choses honorables qui se recherchent, non les choses cachées». Attestations à partir d’Ennius, d’Accius et chez Sall., Liu., Tac. 2. L’emploi de -to- + D par les écrivains latins: Les comiques emploient surtout en cette position les pronoms personnels: Plaute, Epid. 467, quinquaginta mihi illa empta est minis. CF 471; 154; Merc. 743: quoi ( cui), conducti sumus.

Certains tours sont solidement implantés, comme mihi cognitum, decretum, deliberatum, perspectum. C. probatus II 2.2,2.

803

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

502

César s’en tient à ces derniers, alors que Cicéron élargit beaucoup plus l’emploi ‘de ce D;

Tusc,

IV 44, cui non

sunt auditae Demosthenis

uigiliae (voir d’autres

exemples dans KSt p. 324-325). Salluste, Tive-Live, Tacite en usent plus librement.

iu. [X 36, 1, (silua Ciminia) nulli ad eam diem adita. Catul. 116, 5, hunc uideo mihi ‘punc frustra sumptum esse laborem.

Les poètes en font un emploi assez large. Pour prendre les Bucoliques de Virg.:

:2, 19, despectus tibi; 2, 40, mihi… reperti capreoli; c£, 8, 2; 3, 67 (au comparatif) notior… canibus). Il serait, nous semble-t-il, hasardeux d’interpréter ces D comme

des agents; Virg. ne dit pas seulement «des chevreuils ont été trouvés par moi», mais

‘quelque chose comme «pour moi, ces chevreuils ont été une trouvaille», en mettant ‘en relief l’auteur, mais surtout le témoin de la découverte. Les poètes (et les prosateurs

‘tardifs) étendent l’emploi de ce D aux verbes intransitifs conçus comme imposant une diathèse passive; Sil., IV 391, huic… rigida cadit Eumachus hasta, «Eumachus

(tombe) est tué par celui-ci d’un roide coup de lance». On trouve la même construction avec des adjectifs comme “ celeber (au sens de celebratus, Pline, NH XXXII 144).

saucius (Sil.), ou

LE DATIF (D)

505

CHAPITRE V

D ET MOUVEMENT

: 0. INTRODUCTION Plusieurs théoriciens ont vu dans l’expression du «but», «de la cible», la «Grund-

: bedeutung» du D, d’où dériveraient les autres emplois. On retrouve ici la même erreur qui conduisait à poser un D prioritairement «attributif» par exemple. Si le D semble exprimer le «bénéficiaire d’une libéralité», avec dare par exemple, c’est

v’on le surcharge d’un trait étranger, contextuel, en l’espèce le sème de «transfert» imhérent à dare.

Le D n'exprime pas davantage le but, dans f caelo; c’est ire qui suppose la pouruite (possible) d’une cible. Dans ces deux cas (comme d’ailleurs dans les autres) le D marque un nominal comme repèré servant à la visée pour un terme premier. Ce repère de visée, comme un clignotant dans la nuit, permet à l’esprit de se porter sur lui, à partir du terme premier. On pourra, par ce mécanisme obtenir par exemple, l’évaluation d’une position respective (Chap. ID); ici aucun «destinataire», aucun «but», seulement le jalon visible dans sa nudité. Jl était inévitable que l’affinité sémantique entre le sème «repère à viser» du D, et un sème directionnel présent dans la majorité des verbes «de mouvement» aboutisse à un amalgame trompeur du même genre, et conduise à parler d’un D «de but». Répétons donc qu’il n’y à pas de D de «but>; mais seulement exploitation par $ les verbes «latifs» de l’opportunité offerte par un cas dont le signifié sémantique le “ dispose à s’associer à l’expression du «but». L’erreur de méthode —

entraînant des débats sans fin (cf. Lôfstedt, Synt. P

. Bibliog.) — consiste donc à confondre des effets de sens contextuels avec le Sé propre du cas, à ne pas «abstraire» ce Sé des événements extralinguistiques qu’il contribue à dénoter dans le discours. Bref l’erreur en question reflète un défaut d’abstraction dans l’analyse.

Plan de l’étude: on étudiera ci-dessous le D avec les verbes «latifs» non préfixés {1), puis avec les verbes latifs préfixés (2) division justifiée par les différences impor-

tantes qui apparaissent entre les deux groupes (pour une première explication de ces différences; cf. 2.0).

Cette première étape (Chap. 1-2) laisse un résidu non négligeable de verbes dont la construction avec le D ne peut s’expliquer par la conjonction d’un «mouvement vers» (dans le verbe) et d’un «repère à viser» — équivalent en l’espèce, à une «cible» — dans le nominal. Aucun «mouvement», ne se décèle dans instare, inesse,

pas plus que dans subesse par exemple. L’effort d’abstraction auquel invitent ces exemples récalcitrants confirme que le rapport entre verbe et nominal reflète un mouvement purement psychique. Le

506

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE DATIF (D}

recours à ce mécanisme de la langue permet enfin d’expliquer (Chap. VI) comment le D peut entrer aussi apparemment dans le paradigme de compléments ablatifs, avec les verbes «enlever», et surtout avec les verbes à préfixe ablatif, ab-, de-, ex-. L’ampleur du phénomène et l’absence totale d’explications dans les études sur le D, nous. ont incité à consacrer tout un chapitre à cet aspect de la question. Soit dit en passant, on verra aussi que l’analyse syntaxique doit parfois prendre en compte, non pas le mot dans son ensemble, mais un de ses morphèmes constituants: c'est vrai de ex- dans exforquere, de ab- dans abesse, comme de -ndo- dans

caelo, caelo équivaut notionnelleent à ad (in) caelum. Tout différent est le D dans les leux exemples suivants:

arandum est mihi. (Cf, ci-dessus IV 8,3).

507

Chez Lucr. VI 1207, in neruos huic morbus et artus ibat «le mal se portait aux

nerfs et aux membres pour celui-ci (chez tel patient)». Huic dépend non pas de ire seul, mais de in neruos ire. La cible c’est in neruos. Huic désigne l’être émi-



nemment concerné par l’événement ire in neruos. (CE. Chap. I). Huic ne saurait être glosé par ad (in) Aunc; le plus proche serait sans doute apud hoc, in hoc (à une nuance près, du reste assez sensible); ou simplement Auius.

9. Le double D. Caes, Gall. VI 62, 5 subsidio suis, «aller au secours pour les siens

(des siens)». On verra avec d’autres verbes qu’un D final (subsidio) apparaît 1. VERBES NON PRÉFIXÉS

C’est avec ces verbes qu’on peut observer la coupure la plus radicale entre l’usage de la prose et celui de la poésie. C’est eux qui fournissent les exemples sur lesquels on assoit pour l’essentiel, la doctrine de la valeur poétique du D: f clamor caelo, eic. L’outrance poétique ressort de la réserve dans laquelle se tiennent les prosateurs impériaux: Liu. dit ruere in aquam et non pas aguae. 1.1. Examen

de ces verbes

assez facilement, là où le D de but est exclu (cf. II 2, 5). Comme

dans la note

précédente, suis n’est pas le terme du mouvement, mais, ici encore, l’être intéressé par l’événement ire subsidio (une variété de ce qu’on dénomme traditionnellement

le D «d’intérêt»). CF IIF 2.5. 1.2. Currere, «courir» s'emploie très fréquemment avec indication du but poursuivi. Il est d’autant plus remarquable de ne jamais rencontrer avec lui un datif «de but». L’usage des prosateurs comme des poètes se limite à des adverbes de lieu: quo, Caes., Gall. VIT 24, 4; à l’Ac seul: domum, Plaute, Most. 362; au supin et à

l’infinitif: enfin, surtout, aux prépositions latives, principalement ad et in (accessoi-

fre peut être considéré comme emblématique. Bien que souvent employé seul, il dénote un mouvement qu’on peut dire complet, comportant une origine, un parcours, un terme, et aussi une manière d’aller (praeceps par exemple). Cic., Verr. TV 96, en

rement sub. Lucr. V 68: super). Ainsi, in Piraeum, Plaute, Tri. 403; in sententiam, Cic… Ait. 1 20, À; in auxilium, Sén. NQ Y 15, 5: ad me, Tér, Heaut. 44; ad aliquem, Cic, Quinct. 53; ad hoc opus, Ph. 1 H18; ad consules, Liu, IF 45, 4.

fournit une bonne illustration (sauf pour la manière), (uia) qua Assoro itur Hennam,

Les rares D qu’on peut trouver ne sont pas des D «de but», mais des D «d’intérêt». Ainsi Ov., Ep. 6, 56, tibi bis.…. cucurrit aestas, «pour toi l’été s’est promptement

«la route par laquelle on va d’Assora à Henna». Le but du mouvement peut s'exprimer par un adverbe de lieu (Quo); par l’Ac seui (Hennam), emploi limité pour l’essentiel, en prose, aux noms de villes, de certains pays, et à très peu d’appellatifs: domum, PL, Cas. 755, cf. section IV. L’expression de loin la plus usuelle du terme, c’est un syntagme prépositionnel à l’Ac introduit par in, ad, accessoirement contra, aduersus. Ire in mare, in ius, in malam crucem (Plaute) in sententiam aficulus (Cic.). Ad medicum (Pl.), ad praetorem (Cic.).

Les poètes aussi emploient ad et in. Ainsi Luc. VII 544, in omnis t timor, Cependant ils sont les seuls à remplacer ce syntagme prépositionnel par un D. Virg., Aen. V 451, it clamor caelo: cf. XI 192, it caelo clangor tubarums; Stat., Th, V1723,

uictori tigrin inanem ire iubet, «il ordonne qu’une peau de tigre aille au vainqueur>; Vail. FL TV 217, omnibus ibit honos; Prop. I 15, 8, nouo uiro. Les poètes ont aimé ce tour pour sa concision; le contexte est rarement ambigu. Faut-il penser comme on l’a souvent dit, que le D «personnalise» le terme du mouvement? Cela ne ressort guère des exemples ci-dessus, ni de ceux qu’on verra plus bas. Le plus important est sans doute d’observer l’affinité profonde entre la désinence de D et une préposition potentiellement lative; équivalence qui fondera l’extension du tour prépositionnel et l’élimination presque complète du D en roman. Notes:

H faut prendre garde qu’un D peut figurer à proximité d’un verbe de mouvement. (comme ire), sans pour autant représenter le but de ce mouvement. Dans it clangor

écoulé deux fois».; ou Stat., Th. TX 150, subitusque cucurrit sudor equis, «une sueur : subite ruissela sur les chevaux (m. à m. «aux chevaux»). “ Naturellement la mention du lieu de départ, de l’espace traversé (per; Ab seul, Enn, Ann. 520, aere cucurritf) ne sont pas rares.

1,3. ruere «se précipiter» lorsqu’il n’est pas seul, est le plus souvent construit avec in + Ac (parfois ad, contra) aussi bien en prose qu’en poésie. in + Ac: in aquam, Liu. I 27, 1; in bella, Virg, Aen. VIL 782; in proelium, Liu. VI 14, 20; in arma, Ov., Fa., V1 398; in seruitium, Tac., Ann. 1 7; (in crudelitatem, - in concubitus, Liu.). ad + Ac: Virg. Ge II 308 ad caelum; ad litora, Val. F V 117; ad seditiones,

Tac., Hist. ! 46. Le D est rare et exclusivement poétique. ruit Oceano bos (coucher d’une constellation) German., Arat. 182; mais chez Virg., Aen II 2500 ruit Oceano nox, cf. Ov., Met. IV 92, O- est Ab: «la nuit s’élance de l’Océan», J. Perret, CU.F.). Le latin connaît aussi un emploi transitif, Plaute, Tri. 837, (uenti) antemnas: Lucr. V 1325, (fauri) terram.

Pour des raisons de proximité sémantique nous mentionnons ci-après praecipitare. 1.4. Praecipitare «précipiter, se précipiter» (qui n’est pas un verbe préfixé, en l’absence d’un *cipitare). La construction usuelle à l’époque classique et même

LE DATIF (D) 508

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

509

.132, in alto; Ov. Fa. 11 590 in medio choro. Nous préférons voir un L dans Col. ! 7, .2, locis frigidis iacere (i.e. semina), «ensemencer des terrains froids» (en terrain roid).

après en prose (voire en poésie) est avec in + Ac (parfois ad, Lucr. IV 1022, ad terram; Stat, Theb. XI 520; ou super, Mela I 53). Caes., Gall. IV I5, 2, reliqui se in

1,7. Venire est compatible avec l’expression de l’origine du mouvement, de ; l’espace parcouru, et du but atteint. Ce dernier s’exprime classiquement par un adverbe comme huc (Plaute, Mi. 975): par l’Ac seul (nom de ville: Romam, Caton, Orat. 58; appellatifs chez les poètes: tumulum Virg., Aen. II 743, supins: quaesitum Plaute, Mi 442, infinitif). Le tour le plus fréquent est ad, in + Ac: ad te ad cenam, Plaute, St. 486; ad aedis

flumen praecipitauerunt. Ainsi Sall., Jug. 14, 23 in tanta mala; Lucr. [ 251, in gremium terrai; Nep., Alc. 65 in mare (cf. Tac., Ann. VI 21); Pline, NÆ XI 82, in sinum,; Stat., Theb. X 882, in templa domosque; Liu. XLITI, 23, 4 in uallem; XXVT 16, 4 in puteum; V B, T, in insidias (cf. Tac., Hist. II 25).

Ovide, Fa. TV 164 écrit in agquas, mais Met. TV 92, aquis. Que cette forme soit plutôt un D (qu’un Ab-Loc.), ainsi que pelago, Virg., Aen. II 37; scopulis, Ov., Met, XV 518; fluuio, Stat, Theb. VII 435, cela peut se déduire du fait qu’on ne rencontre

‘ Circae, Liu. Andr., poet. 26 (28); ad istum Cic., Verr. IV 87: ad uadimonium, Cic.…

Quinct. 12 etc. Ad n’est pas rare non plus chez les poètes. In scaenam, Plaute, Ps. 2:

pas in + Ab, dont l’Ab-l, seul pourrait être une variante littéraire poétique.

in contionem, Cic., Br. 56. in Britanniam, Caes., Gall, IV 28, 1 etc. Fn se retrouve chez . Virgile, Ovide, Lucain, etc. Venire + D se rencontre en prose classique dans quatre cas:

1.5. Tendere a des emplois transitifs et intransitifs. Le terme du mouvement, quand il est exprimé, l’est généralement par in ou ad + Ac. Exemple typique de Virgile, Ge. II 292 (d’un chêne étendant d’une part ses branches, d’autre part ses racines), ad

» D final seul: subsidio, Caes., Gall. VIT 36, 7; taedio, Pline, N.H. XXXI « dans le double D: auxilio suis Sall, Jug. 56, 2;

gauras… in Tartara. Cf. Enn., Ann. 50, manus ad caeli templa; Virg., Aen. II 405, ad caelum lumina.; ad urbem, Ace., Trag. 318; in Latium, Virg., Aen. 1 205. L'’Ac seul se rencontre évidemment avec des noms de ville (Venusiam, Cic, Àtf.

16;

« au sens événementiel de euenit, accidit: Cic, Ph. III 35, rei publicae (cf. Sall., Jug. 4, À et Catul. 61, 109, tu0o… ero). Les poètes ultérieurs élargiront cet emploi même lorsque l’événement qui concerne l’être au D n’est qu’un amor, voire une

XTIII 5, 3), usage élargi en poésie (haec limina Virg., Aen. VI 696; illum campum Stat… Theb. VI 677; aethera, Luc, VIT 477). Enfin le D,

simple ride (ruga), Ov., Prop., Srat. (cf. V 7); » dans l’expression alicui uenire in mentem (cf. «il lui vient à l’esprit…) (voir 1.12).

a. est classique comme complément de prédicats complexes tendere + retia / casses ! insidias / dolos qui appartiennent au champ sémantique de «tendre un piège à»

(ocis); chez Ovide, Ars IIT 251, non mihi uenistis… docendae,

(alicui Cic, Qu. Rosc. 46); (D d’intérêt).

b, il représente un équivalent poétique de ad, dans Virg.…. Aen. 11 674 (rendere) patri fulum:; VI 88, Anchises… caelo palmas tetendit; Cicéron écrit cependant, Ph, X 9, dexteram ftaliae, «(La Grèce tend) la main droite à l’Italie»; et, dans la même

phrase, Font, 48, 9, tendit ad uos manus, quas diis immortalibus tendere consueuit, avec la variation ad uos / diis. 1.6. facere, «lancer» Origine et cible du mouvement sont souvent indiqués:

Caes., Gall. 1T 32, 4, de

muro in fossam; le but s’exprime en règle générale par in + Ac, chez les Comiques, dans la prose classique, voire en poésie. Plaute, Mer. 617, in me; Caes., Ciu. III 48, 2, in eos: Gall. TT 6, 2, in murum; Luc. VTI 166, in agros; Ulp. Dig. 43, 8. 2, 8, in mare. Les expressions in profundum, in praeceps sont usuelles; de même le tour jacere iniuriam (uoces) in aliquem, Cic., Parad. 28; Hor., Sat. T 4, 80; Prop. IH 8, 16; Tac. Hist. IV 45. Variantes: aduersus, ibid. FIT 73; ad, Ov,, Fa. V1 408, Ad paraît relativement rare: Plaute, Capt. 797, ad quemque. Le D ne se trouve

qu’en poésie, que ce soit Virg., Buc. VHI 102, cineres… riuo fluenti iace, «jeite les cendres dans un ruisseau courant»;

Stat… Th, [X 807 medio campo;

voire Cicéron,

Arat. 171 exiguum iaciunt mortalibus lumen «{ces astres) n’envoient aux mortels qu’une faible lumière». ÀA vrai dire l’interprétation comme D de l’exemple de Stace medio campo est contestable. Car iacere admet aussi un Abl (L): Vitr. V pr. 4, in alueo; Pline, NH X

Un D substitut de ad, in + Ac se rencontre peut-être chez Vitruve VI 5, 1, guibus «vous n’êtes pas

venues me trouver pour être instruites»; sûrement chez Stat., Th. IX 890, arma tenenti. Plus fréquente en revanche est la substitution du D accompagné d’un adjec“ tif en -ndo- à un syntagme de type ad legendam legem, Cic., Agr. 2, 4; ad tradenda | arma, Liu, XXV 29, À, qui marque moins le but du mouvement que sa finalité. Outre “

les poètes (Sil. XVI, 196, spectandis aestibus), Tacite affectionne ce tour, Ann. VI 43, reddendae dominationi; XV l4, accipiendo diademati.

1,8. Cedere semble signifier d’abord «aller, marcher». C’est du moins ce qu’on admet au vu des exemples de Plaute. Le but du mouvement, quand il est exprimé, - l'est par ad, in, où par le D. Plaute, Aul. 526, ad postremum; Capt. 352, ad factum. Liv. XXVIT 12, B, in loca saltuosa; Hor…, Epist. II 2, 174, in altera iura: Tac., Hist. I 83, spolia in uuleus: Avec le D, Hor., Carm. II 20, 7, tibi praeda; Cic, Verr. Il 170, Ea autem fene-

ratio erat eius modi… ut etiam is quaestus huic cederet, «cette usure était de telle nature… que ce bénéfice même passait à Verrès»; Liu. XXVI 26, 3, praeda Romanis. D’où une idée d’appartenance finale, qui chez Quintilien et dans le Digeste s’exprime par cedere in (res necessarias) / cedere D (solo).

Adverbes de lieu chez Virg., Aen. VIL 636, huc; VIII 395, quo. * Bref, lorsque le terme du mouvement est indiqué, on trouve outre les adverbes de lieu, les deux constructions équivalentes (in ou ad / D) sans pouvoir observer de distinction entre prose classique d’une part, poésie et prose impériale d'autre part.

5i0

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Sii

L’originalité de cedere, c’est d’avoir été lié de préférence au point de départ dy-

mouvement, Îl est donc associé à un Ab, seul ou précédé d’une préposition. (On ne ‘

On retrouve ici un D désignant la personne impliquée au premier chef dans un

voit pas pourquoi Emout-Meillet, DELL, écrivent s.u. que cedere adopte la «nuance ‘ accessoire» de «se retirer»: d’abord ce n’est pas un détail accessoire que le passage de «aller» (quelque part) à «se retirer»; et surtout cette dernière interprétation estcommandée par le contexte). Cic., de Orat. III 213, cum cessisset Athenis et se Rho.

ivénement, sans être exactement la cible du mouvement ferre. Celse IV, 11 (IV 5) 5, mulieri menstrua non feruntur, (une femme est dans le cas uivant) «ses règles ne s’écoulent pas»; Plaute, 481, manum ad corpus tetulisti Bac-

dum contulissei, «s’étant retiré d'Athènes et transporté à Rhodes». Ce n’est pas le

mpliquée dans l’incident (cf£. VI 1).

hidi: le terme du mouvement est ad corpus; Bacchis la personne éminemment

lieu ici d’inventorier les constructions à l’Ab seul (Cic., Hor, Tac.), avec de (Enn.), ex (Cic.,), ab (Virg., Prop.). Mais il faut signaler qu’au sens spatial cedere entre dans

1,10. Mouere

l’expression très usuelle cedere loco, «aller en s’éloignant d’un endroit» (qui s’oppose

Bien qu’une notion de «mouvement

à stare loco, «tenir (fermement) à son poste». Le D, très usuel, avec cedere loce (uia) désigne l’être au profit duquel on abandonne le poste, on laisse libre le chemin:

C’est à partir d’un tour aussi répandu que l’on est passé à cedere alicui où alicui n’est pas la cible du mouvement cedere (à la différence de huic = Verri chez Cic., ci-dessus), mais le bénéficiaire de l’événement.

Cedere

seul s’est chargé du sens

de cedere loco, d’où l’interprétation par «le céder à», «laisser la place à», «être inférieur à». Consulari generi Cic., Planc. 15; umbra soli, Mur. 30; salix… pallenti oliuae, Virg., Buc. 5, 16: hosti, Cic.; Nep.; al.; Cedant arma togae Cic, Cons, fr.8. Note:

Il existe aussi une construction transitive, attestée, à l’adjectif verba! chez Cic., Br. 290, puis, aux modes personnels dans le Corp. Tib. et le Digeste. 1.9. Ferre possède un champ sémantique complexe. La plupart des effets de sens possibles peuvent impliquer un mouvement

(mais non tous: ferre onus, «porter un

poids» peut s’entendre statiquement; de même ferre dolorem «supporter une douleur»). En ce qui concerne la présence d’un D avec ferre, on peut distinguer deux catégories d’emplois:

soit inhérente à mouere (-ri), le but est

xprimé plus rarement qu’avec d’autres verbes de même champ. Le plus souvent mouere est employé seul (trans. ou intrans.) ou avec indication d’un point de départ

Val. Max. V 2, t, ut feminis semita uiri cederent, «poux que les hommes cèdent le pas aux femmes» («se retirent du passage pour les femmes»). De même Sén., Dial. TX 11, 1, illi (Fortunae) loco cedere.

«mettre en mouvement>

mouere loco, de senatu, de sententia).

;

Quand il est fait mention du terme assigné au mouvement, on retrouve le paraigme habituel de Ac seul / ad ou in + Ac. Liu. XXXUTI 6, 3, Pheras: Cic., Caes., 50, n inferiorem locum de superiore motus, de même Varr.; Caes.; Nep.; Bell. Alex. 2, 5;

ell. Afr. 61, 2, ad extremam partem. Mouere prendra la nuance de «äinciter à», par xemple Virg., Aen. V1 813, in arma; Liu., XXI 62, 1, in religionem; Sén., Const. IT °7,3, in iracundiam; Cic., Diu. IL 57, ad cantum, Liv. III 20, B, ad sollicitandum sta: tum ciuitatis, Tac., Hist. TV !1, ad cauendam fraudem, L’absence du D, équivalent de ad, in + Ac est surprenante. Elle serait totale, si

“une notion comme mouere aliquem in iracundiam, par exemple, «inciter quelqu’un - à la colère», ne pouvait aussi paraître sous une autre forme syntaxique: mouere iracundiam alicui, mot à mot, «mettre en mouvement (provoquer) un accès de colère “ pour (chez) quelqu’un». L’objet du mouvement provoqué (donc son «but»), c’est fracundiam, Alicui n’est pas un D équivalent à ad, in aliquem, on le gloserait plutôt par apud aliquem, in aliquo. Hl est l’être immédiatement impliqué dans l’événement - mouere iracundiam, et non pas le complément de but de mouere. (Cf. Chap. VI 1). On trouve des exemples de ce tour dans la Correspondance de Cicéron, Fam. VII

1. ferre exprime un «mouvement vers», que l’être en mouvement soit chargé ou non, Le D est exclu, même en poésie. Le but visé, quand 1l est mentionné, prend la —

-32, 3 mihi risum non mouerunt, Att. I, 14, 1, tu mihi moues expectationem. Puis chez Liu., V 41, 9, dicitur Gallo… scipione eburneo in caput incusso, iram mouisse; - cË, XXITI 20, 5, misericordiam patribus; Suet., Jul. 78, 1, sibi… inuidiam. (Noter la

forme de ad, in + Âc.

“ position, le plus souvent initiale, de ce D).

Virg., Aen. VIII 212, ad speluncam uestigia ferebant, «les empreintes (portaient) conduisaient vers une caverne». Ferre

in urbem, in crucem, etc., depuis Plaute.

2. Lorsqu’un D apparaît dans le contexte de ferre celui-ci s’interprète par «apporter» voire «donner»; interprétation suggérée par le D destinataire, aussi bien en prose qu’en poésie, Plaute, Persa 792 ferte aquam pedibus; Cic., Verr. V 117, cibum liberis; Lucr. II 983, (casum) quem cuique ferat fors, Virg., Aen. 1 609, di tibi praemia digna ferant. Dans des expressions comme «donner un baiser, un salut»; Plaute, Amp. 716, osculum ferre alicui, Poen. 622, hanc salutem ferimus inuiti tibi, «c’est à contrecœur que nous t’apportons ce salut». Dans impensam ferre alicui, ferre se rendra plus exactement pour «imputer une dépense à quelqu’un, mettre une dépense au compte de quelqu’un».

LI1.

Trudere, «pousser»

L’origine du mouvement inhérent au thème verbal s’exprime constamment par un syntagme prépositionnel avec de, ex, ab: medio de cortice, Virg, Ge Il 74; e sicco ligno, ibid, II 31: a recte consulendo, Cato, Orat. 162; ab imo, Aetna 26. C’est aussi un syntagme prépositionnel avec in + Âc, rarement ad (ou un adverbe

Quo) qui exprime la direction imposée par la poussée, ou son terme: quo, Cic., Har. 61; in altitudinem, Vitr. VIII 1, 4; apros in plagas, Hor., Epod. If 31; in paludes Tac., Ann. 1 63; in mortem, Sén., Epist. 72, 12; mais ad mortem, Cic, Tusc.

I71. Absence apparemment totale de D, du moins jusqu'au I

siècle.

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

512 1,12.

Conclusions

Avec des dosages différents selon les verbes, l’emploi d’un D coïncidant avec le but d’un mouvement exprimé par ces verbes est nettement marqué comme poétique, On met facilement en opposition l’usage de la prose classique (ad, in + Ac)' et celui . des poètes augustéens (D), comme celui des prosateurs poétisants de l’Empire. Il n’y a pas cependant de clivage absolu: les poètes usent assez souvent des prépositions; il arrive aux prosateurs, même au premier siè_cle av. J .—Ç., de risquer un D. H ne s’agit donc pas d’une opposition entre ce qui serait grænmaücgl et ce qui ne le serait pas, mais d’un choix stylistique entre des tourç globaleme_nt Îqulvîllents: aux

poètes le D se recommande par sa concision, et parfois par l’ambiguïté même de son _ ; interprétation. On prendra garde que le D ne coincide pas avec la cible dans une expression complexe comme uenire in mentem alicui, Le but, c’est in mentem, qlzcuaqest un‘D d’intérêt, auquel est rapporté l’événement uenire in mentem, et que rien d’essentiel ‘ ne sépare du D sympatheticus (Chap. VID. auxiçxcmple par final, D + Le même phénomène (événement exprimé par uenire lio) met un deuxième D (copiis suis par exemple) dans la même position. Dans une _ phrase comme Dux Syracusas (in Siciliam) suis auxilio uenit, permet de distinguer avec le verbe «de mouvement>

uenire

« un terme du mouvement (Syracusas / in Siciliam), , _ * une finalité poursuivie (auxilio D), l’événement de * des êtres, qui, dans le contexte présent vont être les bénéficiaires

(suis D). On notera que c’est le tour du double D qui autorise, en prose classique un D ‘: ; ; d’intérêt, (cf. Chap. II 2, 5). Ces observations tendent à restreindre encore le rôle du D après les verbes de mouvement non préfixés.

513

nominal, permettant d’assurer la position du premier comme étant bien «en direction de», «dans», «sous», «contre», etc. L’établissement de coordonnées spatiales par visée d’Uun repère est un trait fondamental (nous dirions volontiers le trait fondamen-

al) du sémantisme de tous ces préfixes. Ces morphèmes, on le sait, connaissent aussi un emploi prépositionnel. Dans ce cas, c’est le substantif «gouverné» qui sert lui-même de repère. Dans muiles stabat ante portam / super murum; ibat ad urbem etc.…, la position spatiale du miles est définie par la préposition qui prend elle-même ses repères par rapport à porta, murus, urbs. Lorsque les mêmes morphèmes s’incluent comme constituants dans le verbe, ils

continuent de rechercher pour eux-mêmes — sauf les cas d’effacement de leur motivation — les références locales sans lesquelles ils ne signifient rien: et c’est avec ux que le «repère de visée» va entrer en relation, et non pas avec le thème verbal, Ce rôle exclusif du préfixe dans l’ensemble [verbe préfixé + D] peut être rendu ensible par les interprétations différentes qu’appellent des paires comme . it clamor caelo, Virg. = it ad caelum. . (d’après Cicéron, cf. II 2, 2) lictores prageunt consulibus. Dans 1. le repère de visée caelo, congruent avec le sème latif de ire, se confond vec le but, la destination des clameurs. Mais on notera que le trait latif n’est qu’un : des sèmes de ire: ire: «déplacement» quo (-—>) [—] caelo] unde qua

quomodo Dans 2., le lien sémantique avec le D est beaucoup plus fort, à vrai dire fondamental. Même en l’absence de ce D, le lecteur sait que les licteurs marchent «en ävant» . D'autre part — on l’a déjà vu — consulibus n’exprime en aucune façon le -but du mouvement «ire». Consulibus au D sert seulement à donner les coordonnées de prae-.

.

VERBES À PRÉFIXE CONSTAMMENT (OU OCCASIONNELLEMENT) LATIF

2.0. Préfixe et D Les verbes latifs non préfixés admettent difficilement un D, comme on à vu, Chap. V !. Au contraire les verbes préfixés entrent beaucoup p_îus msémem —et. parfois de préférence, voire exclusivement — dans une construction dative. H ne peut faire de doute que cette différence est imputable alla présencË du préfixe. La chose ne peut surprendre, si l’on se souvient des cas déjà rencontrés au Chap. II, avec les verbes préfixés en prae-, ante-, super-, con-. Il est clair que seule. la composante sémantique apportée par le préfixe permettait la mise en relation du ; ; verbe avec un être au D. L’émergence formelle d’un D n’est certes pas obligatoire. On peut dire pï_üêllî{ï\ fictor; mais la phrase isolée induit en erreur, dans la mesure où Ie‘ lecteur sait déj par le contexte en avant de qui marchait le licteur. Tous ces pr_éfixes — auxqÿ6L ; vont s’ajouter maintenant ad-, in-, sub-, ob-, entre autres — impliquent un deuxième

Le D n’est donc pas en liaison avec le thème verbal, mais avec le préfixe seul. IÏ ‘répond à cette condition nécessaire à laquelle doivent satisfaire les préfixes locaux: prendre leurs repères. _ L'’analyse esquissée à propos de ire et de praeire vaut pour tous les verbes étudiés ci-dessous. Elle explique pourquoi la même construction dative peut figurer dans le contexte d’un verbe à thème latif (-ire) ou non latif (prae-esse). Tl importe cependant de formuler trois restrictions: sont mis naturellement à part les verbes qui, non préfixés, sont déjà accompagnés d’un D; * pour le phénomène de la transitivation, si étendu en latin, se reporter à la section IV (Ac): “ * l’interprétation du groupe verbe préfixé + D par le concept de «but» n’est pas toujours assurée. On pourra préférer «bénéficiaire»; (cf. Chap. IIT) ou «attitude» (cf. Chap. IV); voir par exemple, adnuere 2.1.2.2.

514

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Seront étudiés ci-dessous les verbes préfixés par ad-, sub-, ob-, et in-. Pour chaque classe, on présentera un ou deux verbes typiques. Tous les autres étant examinés plus

sis

Aduenire, en dehors de l’adverbe répondant à la «question Quo?»,

-

Plaute et

Térence ne connaissent que ad et in; Capt. 786: ad forum; 911 in nostram domum;

rapidement, pour éviter un développement excessif.

Andr.

319, ad te. L’Ac

seul, Ephesum,

Mil. 439;

mais

Virgile, Aen.

! 388, ose

Tyriam urbem. 11 faut attendre Val. Fl V 535, pour trouver un D «directif». Chez Liu

IX 5, 11, haec frementibus hora fatalis ignominiae aduenit, «alors qu’ils murmuraient

2.1. Verbes à préfixe ad-

ainsi, arriva l’heure du fatal déshonneur», le signifié d’aduenire se rapproche de

2.1.1. Exemple de admouere

celui des verbes d’événement (euenire, accidere); de même Tac. Hist, FV 62.

Le D est aussi fréquent avec admouere qu’il est rare — ou plutôt vraiment inexis- — tant — avec le simple mouere (cf. 1.10). Il est même frappant d’en constater l’usage ' dès le début de la tradition et dans la prose classique, en concurrence avec ad, in + Ac. L’originalité poétique, c’est seulement la proportion plus élevée du D par rap- port aux tours prépositionnels. La «licence» se borne à marquer une préférence, pour le tour le moins chargé morphologiquement parmi d’autres également admis, ,

aduehere. Lorsque la destination est exprimée (car l’emploi absolu est fréquent, ou la mention de l’origine, ou celle du moyen de transport…) Plaute emploie, outre l’adverbe, in + Ac (Mil. 113: in Ephesum); ce sera la construction la plus usuelle (Liu. TX 32, 2: in castra), à côté de l’Ac seul: Romam, Pline, NH XVII 7. Le D chez

Cicéron, Verr. V 64: quasi praeda sibi aduecta, «comme s’il s’agissait d’un butin amené (par mer) pour lui», marque moins le «but» que le bénéficiaire. aduolare s’emploie avec ad et in, aussi bien chez les prosateurs que chez les

Admouere ad…: Caton, Agr. 157, 15, ad nasum, Lucr. VT 901, ad lumina; Caes., Ciu. TI 10, 7, ad turrim hostium; Cic., Rab. Post. 23, ad corpus; Tusc. IV 61, ad eum; Rep. II 5, ad mare; Liu. X 27, 5, ad Clusium; Pline, NH XXVII 45, ad dentem.

poètes (Ac seul, naturellement, Ainsi Cic. ND Il 124; Ph. V 41 même Virg., Aen. XII 205; Ov. Mur. 85, in agros; Liu. XXXV

Admouere in solem, Celse TV 6, 4; aduersus Pyrrhum, Liu. XXXVIII 5, 1. Admouere + D: Plaute, Asin. 779, ne cuipiam homini nisi tibi, Cic., Sest. 12, homini; Br. 200, animis; Tusc. IL 61, ei; Liu. XXT 10, 10, Carthagini; V 11, 6, nocentibus, Hor, Epist. 1 10, 19, tibi; Pline, NH XXII 101, uuluae (cf. ad dentem cidessus); Sén., Epist. 94, 24, uitiis, Tac., Ann. IV 61, foraminibus. Virgile, quant à lui, n’emploie jamais admouere avec in ou ad. Ainsi, Aen. XIT 171,

pour Romam, Cic, Clu. 18; Hium, Pline, NH X 74). (ad urbem); Caes, Gall. V 17, 1, ad pabulatores; de Tr. V 10, 20. In, Varr, RR HI 5, 7, in Ttaliam; Cic., 9, 4, in forum.

Malgré tout, Pline, VH X 115: les oiseaux appelés caprimulgi se précipitent la nuit, sur les mamelles des chèvres: caprarum uberibus aduolant, attrahere se rencontre toujours (sauf emploi absolu) avec un adverbe: Ov. Met. III 563; ou avec in ou ad: Properce II 1, 31, in urbem, Liu, XXIII 7, 7, ad sese;

flagrantibus aris; TI 410, Siculae orae; Bue. II 43, à propos de coupes (pocula): Necdum eis labra admoui, sed condita seruo, «je n’ai pas encore approché d’elles

Colum X 24, offre un double D, auxilio hortis, cf. TH 2, 5.

mes lèvres, mais je les garde en réserve», (vers répété 47).

! 2.1.2.2.

adnuere (le verbe serait mieux à sa place parmi les verbes d’«attitude» — Chap. V — mais cela ne modifierait en rien le mécanisme du D). Petenti, Virg. Aen.

2.1.2. Aperçu des autres verbes préfixés par adL’examen en contexte des verbes préfixés par ad- confirme que l’être-repère (interprété comme cible) peut apparaître sous la forme « d’un syntagme prépositionnel, introduit surtout par ad, in, plus rarement prope,

Le D est d’un emploi à peu près constant

t

IV 128; uiro, Ov. Met, V 284; precationi, Liu. XXXT, 5, 7; quibus, Prop. [ 1, 31.

adnumerare (non poétique) n’est pas non plus nettement «directif». D chez Plaute,

Merc. 89; Cic. Br. 207 etc.

e d’un Ac seul, pour les noms de villes (et parfois, en poésie, pour d’autres noms);

aduoluere avec lequel Pline, NH XI 185 emploie ad ignem, est affectionné par les poètes, qui usent du D: Virg. Ge. II 378, ulmos focis. Banal chez Properce; et aussi

« d'un Datif;

chez Liu., Vell., Curt, Tac.

aduersus, contra:

Mais ce bilan estompe des différences d’usage importantes entre les verbes: ainsi le D est rare avec aduehere, largement prédominant avec afferre. L'étude confirme l’observation déjà faite: l’extension du D chez les poètes des derniers temps de la République, de l’époque augustéenne, et chez beaucoup de prosateurs à partir du I" siècle, repose sur des fondations très anciennes et solidement enfoncées dans la langue. 2.1.2.1. le datif est relativement rare Adducere se construit avec ad, in, parfois pro. Cependant Tibulle I 6, 59, mihi (Caes. Gall, 7, 87, 1: subsidio est un datif final).

affigere se rencontre certes avec ad chez Cicéron (ad Caucasum, Tusc. I 23; ad

caput, S. Rosc. 57; ad rem, Inu. 1 37), mais aussi, chez le même auteur, avec le D (summo supplicio, Verr. V 169; sibi, Fam. 18, 5; mihi, Qu. fr. TIT 1, 19; ei, Tim. 19). C’est l’usage de Plaute, Persa 295, cruci, de Sall, Hist. III 9, patibulo, id. Liu., Pline; Bell. Afr. 16, 3, pectori. H est fréquent en poésie: Hor., Carm. II 5, 19, delubris, Virg. Ge. ! 318, terrae,

etc.

On trouve aussi in + Ab; Cic. de Orat. 1 196, in saxulis; Rep. 1.26, in exigua parte. aduersari, est employé avec le D dès Plaute, Persa 26, dis; Tér. Hec. 245, lubidini (id. Cic., Tusc. II 17); Cic.… Ph. T 96; puis chez Liu., Pline, Tac.

ä E

516

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE DATIF (D)

adnectere ne se rencontre guère qu’avec le D, si l’on excepte quelques occurrences de ad chez Cicéron, e.g. ND

TI 196, ad linguam stomachus;

mais Off. 1 11,

rebus praesentibus futuras. De même Sall., Hist. TV 65, linteo ferrea lamina; Celse IV 6, 1, caput scapulis, Pline, NH XI 171, spinae ceruix, Mela II 5, terra litori; puis L'usage des poètes privilégie le D: Lucr. IIT 688, corporibus animas; cf. Tib. 1 6, 76, etc.

“ Eun. 149, ad uirginem animum Bell. Alex., latus flumini Nilo… Caes, Gall. VIT 72, 4, huic (aggeri) loricam. Liu. TX 39, 16, diem censurae (mais le même, VI 42, 12, diem - ad triduum); XL 19, 9, praetori quaestio; Tac., Ann. XIT 52 impudentiam paupertati. En revanche, Colum. aime bien in + Ac (VIII 14, 9; XII 38, 2, etc.). Scrib. écrit volontiers aquae salem ad- (160 et al.), mais emploie aussi in + Abl (220), voire -super + Ac (204). Ov., Pont. IIT Z, 107, ad nomina.

2.1.2.3. Le D est attesté anciennement

1001,

kuc; Persa 226. Tér., Andr. 471 mi. Caton, Orat. 157, nobis dotem. Cic, Att. VIII 11, 7, tibi libum: Brut. 15, eis; Verr. V 118, filio tuo (fréquent); Caes., Gall. VII 10, 1, Caesari.

Chez les poètes, Virg., Aen. XI 322, Rutulis; cf. Tib. 1 4, 55; Ov., Met. VI 625; Fa II 250 etc. Ad chez Cicéron, Vat. 5 ad patronos; Ph. II 72 ad illum; Caes., Gall, ! 43, 5, ad amicitiam. Mais aussi Ovide, Fa. V 716, ad quam.

In chez Cicéron, Mur. 86, in familiam; Liu. XXIII 16, 1L, in primam aciem; XX1 55, 8, in proelium, Mais aussi Prop. III 7, 60, in freta nostra,

Pour afferre, c’est l’emploi des prépositions qui semble se développer à partir de l’époque classique, apportant une variante au D plus ancien. accedere. La présence d’un adverbe comme Auc, Plaute, Amp. 1001, souligne le sème directionnel du verbe. L’emploi d’un nom au D est ancien (Plaute) et classique (Cic.);

C’est pourquoi il est vain de songer à un classement absolument rigoureux des

- constructions; celui que nous opérons n’a qu’une valeur indicative. Adicere se trouve fréquemment avec le D chez les Comiques et en prose classi. que, mais aussi avec une préposition. Plaute, Epid. 1 2, 5, errori calculum; Poen. 1174, amabilitati animum (mais Tér.

Tac.…, Fronton.

Avec d’autres verbes, le D, sans être prépondérant est à coup sûr ancien. afferre. Plaute, Cist. 284, mihi arma; Mil. 1058, huic uerri. CË. Pseud.

Si7

mais il est concurrencé par les prépositions ad et in, accessoirement luxta,

prope (et même par un emploi transitif: Plaute, Most. 689, suivi par Sall., Jug. 71, 5, Lucrèce et Virgile). Datif: Plaute, Amp. 709, tibi stultitia; Tér. Andr. 215, mi, Cic., de Orat. 1 254, sibi; Brut. 175, Crasso; Fam. XT 21, 4, huic uirtuti, H 13, 2, cui:

Rep. II 39, quibus. Caes., Ciu. III 72, !, Pompeianis; Frontin, Aqu. 12, Marciae. Liu., Cels. Vell. Quint., Tac, Dig. Chez les poètes, Prop.: Ov.… Fa. VIII 247, carmi-

nibus meis; Lucain VIII 228, pelago; 201, metae; Stat. Theb. X1 235, etc. Ad: Plaute, Aul. 383, ad meam sententiam. Tér…, Eun. 85, ad ignem. Caton, Agr. 38, 4. Cic., Lae. 38, ad sapientiam. Mais aussi Mart. VIT 18, 5, ad opus. Tac. In + Ac: Plaute, Tri. 121, in infamiam; Cic.

2.1,24. Emploi relativement balancé du D et des tours prépositionnels Les exemples ci-dessus ont fait voir la diversité des situations que rend possible la synonymie (suffisante) du D et des tours prépositionnels à signifié latif (compte tenu de la vitalité encore préservée du D). Si l’on peut dégager avec certitude quelques tendances, dont la plus frappante est le goût des poètes pour la construction non prépositionnelle, en revanche aucune prédiction n’est assurée dans le détail; tel D se rencontre dès les débuts, tel autre ne sera admis en prose qu’après l’ébranlement décisif de la poésie augustéenne. La contamination syntaxique était chose facile, à l'intérieur d’un champ sémantique cohérent.

Pour la même notion de «ajouter des renforts à des troupes», Liu. use du D

(XXVIT 30, 16), de in + Ac (XXII 36, 3); le Bell. Alex. de ad (I 3, 4); Caes., Ciu. III

- 4, 6, de l’adverbe huc.

adigere ne se trouve guère associé à un D, en prose, avant Bell. Afr. 72, 4; puis

: Pline, NH X 40: Sén., Epist. 4, 4; Tac., Hist. IV 23, uineas parantibus adactae… Mais ad date de Plaute, Aul. 50, ad suspendium, I se retrouve chez Celse; T'acite, ‘ Ann. XIT 22, ad mortem. In + Ac se rencontre couramment chez César (Gall. TV 23, 3, al.), mais aussi “ chez Sén., Pline, (NHÆ VIII 178),

admittere avec D: dans la prose du F" siècle av. J.-C., seulement au sens de «accoupler». Varr. Men. 502 equam asino; cf. RR II 2, 14. Tour repris par Colum. V1 37, 1, arietes ouibus; Ulpien, Dig. 47, 2, 52, 20 dira: asinum in equas. Sinon, l’emploi prépositionnel est à peu près seul attesté (cependant Ov. Met. XTIT V_ 881, regnis), avec diverses prépositions: ad illam, Ter., Eun. 281; de même Cic., Sén., Pline (et même Ovide, Her. V 146). In + Ac: in cubiculum, Cic, Ph. VIII 29; in constamment lorsque admittere est

pris au sens de «perpétrer (une mauvaise action) contre quelqu’un». Stat. Silu, T 11, 197, in oras. Mais aussi in + Ab, Val-Max. intra, Flor. i, 1 (1, 1, 133.

9, 15, !; inter, Petr.; Mart. III 93, 15;

aduertere. L'usage est ici assez mêlé. À côté de l’Ac seul (noms de villes, et même Scythicas oras, Ov., Met. V 649), on rencontre ad ou in + Ac. Virg., Aen. XII 555, ad muros; Ov., Met. VTI 180, in quameumque partem; Sén. Epist. 120, 13, in

se, En revanche ei parti, Curt. VI

13, 19; ripae, Virg., Aen. VT 386; terris, Ge. TV

“ 117. Mela écrit ad occidentem III appropinquare, s'accommode IM 80, 4; Liv: Tac. Mais Cicéron Bell. Hisp. 2, 3; Liu. XL 58, 3. In

2, 16: Colum. accidenti 1 6, 2, d’un D chez Caes., Gall. IT 31, 1, moenibus; Ciu. écrit, fin. TV 64, ad summam aquam; de même, + Ac, Bell. Hisp. 30, 2, iniquum in locum.

adhaerere connaît la multiplicité des constructions du simple haerere. C. II 6, 2. Dans adhaerere, le préfixe pourrait faire privilégier l’aspect dynamique du procès. Les constructions montrent qu’il n’en est rien; chez Cicéron, in + Ab: Atr. TV 49, 2, in his locis; Scaur. 49, in animo. Ov., Met. IX 565, in margine; IV 694, in

corpore. Ce tour, le plus fréquent, est celui de Caton, Agr. 152, perfricato (dolia) ne faex in lateribus adhaerescat, «frottez les dolia pour éviter que la lie ne reste adhérente à leurs flancs».

LE DATIF (D} 518

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

519

1. aduertere ad ripam et pour

À côté de ce locatif, un directif s’exprime soit par in + Âc, ou ad, soit par un D, et cela dès Plaute, S7. 236, homini. Cic., Off. T 86, iustitiae honestatique. Hor., Sat. T1 4, 80, ueteri craterae limus (cf. Caton ci-dessus); cf. I 2, 56. Liu. V1 19, 8;, XXXIV 41, À, lateri; XXIX 35, 13, continenti. Pline, NH XI 128, cornua ossibus. Scrib. 199, hirudinem… adhaerentem faucibus. In + Ac, Cic, Dom. 13, in materiem. Ad + Ac, Caes, Ciu. T 28, 4, ad moles; Gall, V 48, T, tragula ad turrim adhae-

sit. D'autres prépositions se rencontrent comme Cic, Arat. 482, subter caudam. 2:1.2,5. Avec d’autres verbes de mouvement préfixés par ad-, l’opposition est

plus nette entre prose classique d’une part, poésie et prose post-classique d’autre part. (C’est d’ailleurs ce que montre l’observation du simple agere: toujours avec in + Ac, ad — lorsque le but est exprimé — depuis Plaute, où il est fréquent, jusqu’aux prosateurs classiques, et même parfois chez les poètes: Virg., Aen. XII 93, in Rutulos, Ov,, Met. VII 442, ad terram, Mais avec le D Sén., Med. 148, flammis; Sil. XIT 240, costis; X1 37, exitio).

adniti: Cic.,, Lae. 88, ad aliquod adminiculum. Mais Virg., Aen. TX 229, longis hastis; Colum. I 4, 1, pedaminibus; Val.-Max. V 3, 3, genibus; Tac., Ann. HI 61, oleae.

adnatare. Bell. Alex. 20, 6 ad proxima nauigia. Mais Sil, X 610, litoribus uacuis. affluere. Cic, Fin, 1 39, ad eos (= sensus); ND I 49, ad deos. Sën., Dial. IX 3, 6, ad te; Tacite, Ann. II 6, ad gallicam ripam. Mais Liu. XXIT 44, 1, utrisque castris, Sil. XIHI 6, Tuscis undis.

aggregare: ad, Caes, Cic.; in + Ac, Cic.; D, Tac. Ulp. alligare: ad Plaute; ad palum, Cic., Verr. V 10. D, Varr, Men. 388, arbori: Lucain IX 227, terrae. appellere: ad me, Acc., praet. 19; ad arbitrum, Plaute, Rud. 111; ad opera, Caes.,

Ciu. 126, 11: ad ripam, Cic., Ph. 2, 26. Mais D, ripae, Vell. II 107, 2; litori, Liu, XXV 26, 4; siluis, Ov., Fa. IL 409. applicare: la prose classique préfère de loin ad (rarement in). Cic., Tusc. V 75, ad flammams; Caes., Gall, VI 27, 3, ad eas (arbores}. Ovide respecte cet usage, Met. V 160, ad saxa. Mais Petr. 126, 13, lateri meo; Virg. Aen. XII 303, rerrae. Liu. et Vitr, emploient le D et ad + Ac (Liu. XXXII 30, 5, flumini; KXVTT 2, 5 ad oppidum). apponere: Plaute, Most. 308, huc; Caelius, Fam. VHI 1, 4, ad os;, Cic. Pis. 73, ad

malum uersum. Il est vrai que Cic. emploie aussi cui, dans Luc. 83, comme feront couramment Liu. XXIII 29, 4, peditibus, Sén. et Suét. assifire connaît surtout l’emploi absolu. Cependant; si le SN correspondant au but est exprimé, il sera introduit par ad, Cic., de Orat. Il 213 (genu), mais au D, Ov., Met. XI 526 (moenibus). Noter toutefois in ferrum, Sil. X 3.

2.1.2.6.

Conclusions

Cet aperçu rapide illustre la concurrence entre D et tours prépositionnels latifs, de Plaute à Tacite, dans le contexte d’un verbe de mouvement préfixé par ad. Cette concurrence a pour fondement une identité de fonction syntaxique et une suffisante synonymie sémantique. Nous entendons par là que le signifié global est identique pour:

2. aduertere ripae. Mais la distribution des sèmes «directifs» n°y est pas la même dans le détail: ad - (uertere) ad (ripam) d’une part; ad (uertere) (rip)ae de l’autre.

Ile s’exerce dès le début de la tradition, mais affecte de façons diverses les construc-

tions où entrent les verbes étudiés; tel verbe sera lié de préférence au D dès Plaute,

tel autre plutôt à un tour prépositionnel. Les explications avancées d’ordinaire pour rendre compte de la distribution des compléments paraissent peu probantes, KSt par exemple croient pouvoir affirmer (IL 1 p. 325), que la préposition intervient pour un signifié local concret; tandis que le D convient aux sens «dérivés». Mais il y a une foule de contre-exemples, certains présents d’ailleurs dans les relevés de KSt eux-mêmes: eis (apibus) qui accessit, pungunt, Varr, RR. II 16, 6, «qui s’est approché des abeilles, elles (le) piquent». Et inversement, Cic., C.M. 16, ad Appi… senectutem accedebat etiam ut caecus esset, «à la vieillesse d’Appius s’ajoutait la cécité». On n’a pas affaire non plus à des sens «dérivés». Deux observations s’offrent à l’esprit: dans ce domaine précis, les Romains ont eu le choix, certains auteurs hésitant même entre les deux tournures. Cette liberté de choix a été exploitée surtout par les poètes augustéens et par la prose impériale, en faveur du D, moins pesant qu’un syntagme prépositionnel, mais aussi, parfois, plus ambigu: d’abord parce que sa forme se confond souvent avec celle de l’Ab; ensuite parce que le D signifie seulement [> X = repère à viser] laissant de côté les nuances qui peuvent distinguer in et ad. Mais il faut croire que la poésie s’accommode de quelque obscurité. Deuxième remarque: l’évolution littéraire constatée (littéraire ne veut pas dire dépourvue de fondement linguistique) va à contre-courant du mouvement d’ensemble qui tend, on le sait, à élargir l’emploi des prépositions au détriment des cas «nus». Or le D est, parmi les cas obliques — à l’exception, partielle, du G — le seul

cas réfractaire à toute préposition. Les lettrés, en exploitant sa synonymie approxi-

mative avec ad, in + Ac, n’ont certes pas redonné vie à un mourant, comme on l’a

eru jadis (la survivance du D dans les pronoms personnels romans fait assez VOIT sà vitalité), mais ils ont délibérément choisi un tour, toujours compréhensible certes, mais délaissé par l’usage courant. 2.2. Les verbes préfixés par sub-: exemple de subicere

Dans le contexte de subicere le D l’emporte de très loin sur les quelques constructions prépositionnelles attestées (in, Virg., Aen. XIL 288; Ov., Met. X 154; ad, Virg, Ge. IV 385; sub, Cic., Rep. 125; Quint. ZO. VIIE 6, 19. Mais, le plus souvent, D: huic fulcrum s-, Lucil. 160; castris aciem, Caes., Ciu. III 37, 2; securibus ceruices, Cic., Pis. 83; cf. Phil. T1 S1, Liu. II 37, 8; oculis rem, Cic, Orat. 139; cf. Liu. XXV 24, 11: cogitationi (res), Cic., Clu. 6; aestimationi, Val, Max. 9, 13 intr.; contemplationi, Pline, NH XVTII 206; scelus odio, Cic, de Orat. 1202; gallinis oua, Col, VIII 2, 12; asellum equae, VI 37, 8; lana alae, Celse VITI 15, 7; bello ciuili facem, Vell. II 48, 3, etc.

520

LE DATIF (D)

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Noter à propos de ce dernier exemple, l’expression usuelle classique subicere ignem (ignes) urbi / tectis ! delubris, e.g. Cic, Catil. IH 2. Les poètes suivent l’usage commun: fba epulis, Virg., Aen, VI 110; metus omnis pedibus, Ge IL 492; caudam utero, Aen. XI 813; etc.

ad, in + Caes., au sens au sens

Ac chez les prosateurs de Varron à Liu. (Sisenna, Hist. 93:; Varr, Gall. [ 24, 4; etc.; cependant munitionibus D, Bell, Alex. 27, 5). temporel de «succéder à», Cic., Man. 5; Ph. X1 39; Br. 37; al. local, chez les poètes: Virg., Buc. V 19, antro; Ge. III 418, tecto

- et umbrae (en parlant d’un serpent); Ov.; Calp. Transitivation chez Apulée, Met. V . - Les constructions de subire sont multiples: prépositions latives (sub, in, ad) dès

2.2.1. Les verbes préfixés par sub-: aperçu Le préfixe sub- à un signifié ancien de «mouvement il s’oppose directement à de (submittere / demittere) selon (Mél. A. Holgado Redondo, Cadix, p. 225-257). Mais ce rencé par celui de «sous», avec ou sans «direction vers». exhaustif) de 40 verbes préfixés par sæb- montre que plus

a. sub, L.L. TX 66; b. le D c. le D,

521

- Plaute: D, Varr., L.L. V TIL stamini, Nov., com.

de haut en bas» par lequel B. Garcia-Hernandez, 1991 signifié ancien est concurUn classement rapide (non de la moitié sont transitifs

(suscipere, suspendere, sustinere, etc. et sumere) bien que parfois des constructions

prépositionnelles puissent remplacer l’Ac d’objet (suspicere ad, in). Beaucoup admettent, il va de soi, un deuxième nominal au D «d’intérêt» (suscipere aliquid alicui); un deuxième groupe originellement inhérent . à sub- paraît particulièrement clair dans ce verbe, il se construit surtout avec des pré; positions qui marquent l’origine du mouvement, ex, ab, et même de (Lucr. VI 477). “ Le but ouù la direction du mouvement en revanche est assez rare, et se rencontre sur“ tout chez les poètes; Virg., Aen. VII 771, ab umbra ad lumina; X T25, surgentem in cornua ceruum:; Stat.; Sil. (in arma): Colum. VI 23, 2, in altitudinem (Note: le D chez

Virgile, Aen X 814 altius irae / Dardanio surgunt ductori ne représente pas le but du - mouvement, mais l’être pour qui l’événement existe: «les pulsions de colère s’élèvent “ pour le chef Dardanien»

(= «en l’âme du…»

J. Perret, traduction qui rend sensible

la glose possible par apud ou in + Ab, mais non pas par in + Ac). (ef, VI, 1). Remarque: Un trait latif s’observe souvent dans le thème verbal. Il est potentiel dans sub-. Dans ce cas le signifié propre du D relaie ce trait, ce qui peut faire naître la notion de «but». Mais subesse prouve que tout trait latif peut être absent. Le D suffit à préciser les coordonnées de sub- (cf. VT, 6-/).

Ov. Am. ËL 7, 10, femori femur. Le troisième groupe (17 verbes) n’admet qu’un complément nominal, souvent au D, mais avec une concurrence parfois forte de tours prépositionnels, voire un glis-

2.3.1, Les verbes préfixés par ob

sement à la construction transitive, cela dans une mesure variable selon les verbes.

exprimer seul ce dynamisme orienté. Obesse équivaut à nocere «nuire»; mais [—]

Ainsi suscensere on l’attend d’un succenses mihi? Tér., Andr. 376,

«s’emporter contre» est en harmonie parfaite avec le D (comme verbe exprimant «attitude à l’égard de» cf. Chap. IV): quamobrem Plaute, Capt. 669. L’emploi d’un objet interne pronominal à l’Ac, id. s- quia, ne fait pas problème (cf. section IV, l’Ac), Pour la

même raison sémantique suffragari, «exprimer publiquement son appui», est accompagné d'un D; Caes, Ciu. 161, 3 huic consilio. De même supplicare, Plaute, Mil. 193,

mulier holitori nunguam supplicat, «une femme ne se met jJamais à genoux devant un jardinier»; cf. Rud. 335; Caton, Agr.

143, 2 (mais transitif, Paul, Dig.).

Subsidere «prendre la position (femelle) de l’accouplement», Luer, TV 1198, equae maribus. Subesse «être sous» , + intra, in + Ab, mais aussi D, Virg., Ge. III

338, palato; Celse I proæ. 58, corpori. Subuenire, succurrere «venir (courir) au secours de», Plaute, Cas. 337, quis mihi subueniet tergo… aut cruribus? «Qui viendra

en aide à mon dos où à mes jambes?» Succedere présente une répartition de constructions assez significatives:

Ob- signifiant «opposition â» et «visée vers», «contre», sert assez naturellement de préfixe à des verbes déjà marqués d’un trait «mouvement»; ou même il suffit à appartient d’une part à noce-, de l’autre à ob- seul. De même obstare, obsistere par exemple, et aussi sans doute opponere.

Cic,, Citil. 11 24, gladiatori illi… consules.… uestros opponite, «à ce gladiateur opposez vos consuls» ; I 28, se offerre inuidiae periculisque omnibus, «s’exposer à la haine et à tous les périls»; III 10, ostendimus Cethego signum, «nous avons montré le cachet à

Cethegus (cf. II 5). On rapprochera les emplois catoniens, Agr. 156, 16, Depetigini spurcae brassicam opponito, «appliquez du chou sur une dartre infectée» (ibid., in aurem instillato, Le. du suc de chou):

134, 3, Jano struem moueto,

«présentez à Janus

un gâteau sacrificiel»; fbid., Toui fertum moueto, «offrez un gâteau à Jupiter». S

2.3.2. Les verbes préfixés par ob: aperçu Plus de la moitié des verbes préfixés par ob- sont «transitifs» au sens habituel du terme, c’est-à-dire sont suivis d’un Âc, et parmi eux des verbes très usités, comme

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

LE DATIF (D}

obseruare, obsidere, obtinere, occidere, occupare, offendere (mais D chez Stat.), omiliere, opprimere, oppugnare. On prendra garde néanmoins que affere, opponere, ostendere, ostentare, s’ils sont bien suivis de l’Ac, admettent couramment un

IN- préfixe ne semble pas différent (cf. section VII, l’Ab). Nous admettrons qu’il exprime la position à l’intérieur des limites d’un espace à deux ou trois dimensions; la simple position, est non pas la pénétration à l’intérieur, avec franchissement des limnites. I équivaut exactement au français «dans» ou «en» (parfois «ä»). Qu’il y ait ou non transferi au-delà d’une limite, on dira indifféremment:

522

deuxième nominal au D, désignant le «but> du procès. Pour ces derniers verbes, tout se passe comme si l’Ac était lié au thème du verbe non préfixé, et le D au signifié directif du préfixe, selon le schéma suivant: ob - [->]

[->] D (ou ad + Ac)

ponere

Ac

opponere = Ceci mériterait un examen P plus Sont aussi transitifs + Ac:

et

poussé, et étendu à l’ensemble des verbes en ob-).

obturare, obumbrare,

obuoluere,

occaecare,

occulere,

offigere, offirmare, oppectere, opperiri, oppetere, opplere, opprobare. En revanche, se construisent normalement avec lie D, et pas forcément toujours

«Je suis dans le jardin» «Je pénètre dans le jardinn——#+X| «Je me promène

.

en ville»;

«Je me rends

obicere, obiurgare, oblitterare, obserare, obserere,

obsignare, obstringere, obsuere, obtegere, obtestari, obterere, obtorquere, obtruncare, obtrudere, obturbare,

De même

ou

523

«Je travaille ; «Je vais

à Paris»:

«Dans, en, à» (ce dernier avec les noms de lieux) n’impliquent aucun déplace-

chez les poètes:

ment, ni aucun franchissement. Le signifié latif, quand il se manifeste, est dû au

obambulare, Virg., Stat.; obdere, Naeu., obhaerescere, Sén., Tér.; obiacere, Mela, Colum., Stat, obiectare, Plaute, Caes., Cic., Sall, Virg., Sén.: oblatrare, Sén.; oblectari, Virg., Colum., Sén., obmurmurare, Ov.; obnitor, Lucr, Virg., Pline, Stat, Tac.: obnuntiare, Cic.; oboedire, obsequi, obtemperare; obolere, Apul.: obsecundare, Marc-Aur.; obsonare, Plaute; obsistere et obstare, Plaute, class.: obstrepo, Cic, Prop., Sén.; obstrigillare, Varr.; obesse et officere; obtingere et obuenire; obtrectari, Sall., Cic… (Ac. chez Liu); obuersari, Liu; obuertere, Lucr., Virg., Ov.; obuiare, Quint., Decl.: occubare, Flaute; occumbere, Virg., Ov.; occurrere, … Cic.; occursare, Tac;

contexte, le plus souvent au verbe. D’une manière assez semblable («assez» parce qu’il n’a pas été tenu compte du rôle de la désinence nominale) än latin convient pour

offulgere, Virg.; offundere, Cic., Tac.; oppedere, Hor. Remarque On aura remarqué au passage parmi les verbes en ob- + D, certaines unités que

leur signifié lexical a permis de traiter au chap. TV consacré aux verbes exprimant «une atfitude à l’égard de»: ainsi obsequi, obtemperare. Il est notable que le préfixe

1. panthera in foueam decidit, etpour = 2. anguis latet in herba. Dans 2. le verbe latet est statif. Le nominal herba est marqué par la désinence d’Ab -à qui exclut toute directivité. Il est dit que «le serpent — est caché — dans l'herbe»; la position /n herba est acquise durant toute la durée de l’événement. Dans 1. au contraire, decidit inclut un trait latif { J. Il est répété par la désinence -am de foueam. La situation du mobile, sujet de decidit, est telle qu’à la fin de l’événement, il doit se trouver dans l’espace fouea, décidere

seul fonde ce signifié dans le cas de obesse (cf. Chap. VI 6-7).

2.4, Le préfixe inIn- figure parmi les préfixes les plus utilisés. Il arrive en tête chez Cic., Catil., devançant, dans l’ordre, ob-, ad-, sub-, prae-, con-, etc.

2.4.0. Quel est le signifié de la préposition (et du préfixe) in? La question est dans des syntagmes comme «locatifs». à peu près la même

posée du fait de l’emploi possible de ir avec l’Ac ou avec l’Ab, interprétés dans le premier cas comme «latifs», dans le second Dans la description qu’ils en donnent, les dictionnaires accordent extension aux deux tours; d’où le sentiment que in, s’il est com-

In n’exprime donc pas par lui-même le franchissement d’une limite, pour atteimdre l’espace compris «entre des limites»; mais seulement la position — existant d’emblée ou acquise grâce à un procédé évolutif — à l’intérieur d’un espace donné. Remarque: 1. Si l’espace est à deux dimensions, in équivaut au français «sur»: in monte, in mensa, «sur la colline, sur la table».

patible avec le «latif», n’est pas obligatoirement lié, par son signifié propre, à un

2. La position finale peut n’être pas réalisée de fait. lacere rela invturrim n’implique pas forcément que tous les traits atteignent leur cible. La position du fe/umn sur la surface furris est probable, en tout cas voulue, mais elle peut ne pas se vérifier.

contexte directif.

Dans ce cas, in équivaut, en pratique, à «vers, contre»

(= ad, aduersus, contra).

524

LE DATIF (D}

L'’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Dans des tours moins «concrets» par exemple odium in aliquem, in peut s'interpré-

ter comme «envers, à l’égard de», voire «contre». Il commute alors avec des prépositions de signifié plus restreint, erga par exemple (on notera que le substantif

odium est marqué d’un trait directif, comme decidere. S’il s’agissait d’un état affectif purement personnel, sans orientation externe, on concevrait mal l’emploi de in + Ac (* gaudium in aliquem).

525

Dans le deuxième groupe («l’espace» visé est humain), l’emploi du D est ancien. Plaute, Most. 570 pilum iniecisti mihi, «tu m’as lancé un javelot» (image pour dire “ dans le contexte «tu m’adresses une désagréable réclamation d’argent»); (mais Ammp. 174-175: in horum familiam / frustrationem hodie iniciam maximam, «dans leur “ maisonnée (d’Alemène et d’Amphitryon) je vais jeter aujourd’hui la plus grande confusion»).

Cic, Catil. II 2, tumultus iniectus ciuitati, ° Ê.X. 1\solés Èl@}’fl + Ab: CIL IV 5087, in alterius fortunis;

n règle générale D, dès Plaute, Liu. V 46, 8 cortici; alicui loco pectore incuSén. Oed. 47:

bans RL rana, 40 P\., NH. XX I 44, (D + Ab-1). -j Vire.… j V Aen. 1 89, ponto:

traduction de Sophocle); Liu. XXXV1 < D: Cic., Tusc, V 21, ulli malo (dans une (ingemere est trans.… chez Stace, Th. 28, 9, condicioni suae: Virg. Aen. IV 369; IV 355, annos).

— ingignere, «mettre d’une façon innée» uit homini ueri uidendi, «la nature » D: Cic, Fin. 1 46, natura cupiditatem ingen cf. V 33; ND V 124. a inséré dans l’homme le désir de voir le vrai»; — inhaerere, inhaerescere, «adhérer à» Plin, NH XIX 86, cordi; Celse VIII D: Cic., Mil. 68, tibi; Curt. V 12, 8, soli; 5, 2 corpori ( inhaerescere); etc. e ad: Cic, ND TI 100. III 33 (-escere); Part. 6, in ipsa re etc. ° in+ Ab: Cic., Tusc. 1 33, in mentibus: X1 403. Ab seul: Virg, Aen. X 845; Ov., Met.

Note: l’absence de in + Ac et la présence Beaucoup de formes restent ambigües. Vu de in + Ab, il est impossible de trancher. « Trans.: Apul., Met. VIII 16, laqueos. inhiare, «avoir la bouche ouverte» mamelles»; Colum. IX 7, 6, apibus. D: Cic, Catil. III 19, uberibus, «vers les «convoiter», le D est concurrencé par Au sens de «béer d'admiration devant», » l’Ac (usuel chez Plaute). Sén., Epist.

Max. 7, 2 ext. 1, rebus; « D: Virg., Aen. IV 64; Val. Fl. V 468: Val. 712, 7, quibus uulgus inhiat. Il 463, uarios postes. aurum; Truc. 339, illum; al., Virg… Ge. » Ac: Plt., Aul. 194,

542

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Innasci * In + Ab: Cic, Off. 1 64, in hac magnitudine; Scrib. 145, in renibus. + D: Sén., Oed. 858, uulneri innatus tumor; Celse, IV 1, 10, cui: (beaucour

d’exemples ambigus, notamment au pluriel).

£

innatare * in + Ac: Cic., ND VIII 123; XVIII 360. e D: Plin., NH VIII 23; XVIII 360. * Ab: Val. FI. III 525.

irructare, «roter» e in + Ac: Plt, Ps 1295, mi in os (cf£. VI, 1.

Inniti, «s’appuyer sur» « in + Ac: Pline, NH VIL 182; XXIV 113; Nep., Art. 21, 5. s D: Caes., Gall. Il 27, 1, scutis; Colum. 1 9, 3, stivae: Luc TV 28, 7, uni uiro; [ Sil. VI 70, hastae « in + Ab, Catui, 68, 72. e Ab: Liu. TV 17, 4, hasta (c£. Sil. ci-dessus). innare, «nager dans»

» D: Liu. XXI 26, 9, aquae. 12, 1 marina aqua.

* Trans.: Virg, Ge. III 142, fluuios; Aen. VI 134, lacus; 359; Sil. TV 363 Eumtan = Note: En l’absence d’appuis (comme la construction in + Ac), des tours comme Sén., Dial. VI 18, 7, fluctuantibus aquis, restent ambigus. inseruire, «se mettre au service de» » Trans.: Plt, Most. 190, unum amantem; 216, illum solum. » D: (construction class. usuelle), Tér. Heaut. 418, amicis; Varr. R.R. II 8, 2 matri; Cic, Verr. III 94, publicanis, Liu.; Tac., Dial. 28, 4, liberis, , (Au sens de «tenir compte de», même opposition, PIt., Poen. 927, illud consilium, mais Cic., Orat. 68, uocibus). insidere, «être assis sur» * Ac: Sén., Phoen. 122, hoc saxum; Pline, NH. V 69, collem: V 94, uerticem. » D: (le plus fréquent), Cic., Rep. IE 67, beluae; Tib. I 1, 70, equis; Mela II 38, litoribus. » in + Ab: Cic., Arch. 29, in optimo quoque; Liv. VI 38, 7, ir urbe.

» Nl = D: Ov., Met. I 334, conchae sonanti (de Triton); Stat, Th. umero; Sên., Phaedr. 1006, salo; Quint, 2O. X 3, 24, ramis.

VI 604,

Ov., Met. II 800

uirus, Quint., Decl. 13, 13, odorem mellis; Virg., Aen. 1 688, ignem; al; Quint..

* Transitif: Pline, NH X 84, foramen, «souffler dans un trou».

Il ne s’agit pas de donner ici une image réduite du relatif foisonnement des constructions avec les verbes préfixés par in-. Des phénomènes importants, comme la transitivation, ou l’emploi d’un Loc. appellent des explications particulières (cf. sections IV et VID). La concurrence entre tours à peu près synonymes (ad, in + Âc, D) et son dosage variable selon les verbes, n’offre pas un intérêt majeur. Le fait important à souligner est que, en face de verbes simples qui (sauf exceptions comme seruire) ne s’emploient pas avec le D (ou très peu, et dans des conditions stylistiques particulières, chez les poètes notamment), les verbes préfixés par insoient si souvent compatibles avec un D. On retrouve ici le phénomène observé déjà, dès le chapitre 2, pour les préfixes prae-, ante-, super-, con-. Le D ayant pour trait pertinent de signaler un «repère à viser», est naturellement appelé à fournir au préfixe les coordonnées spatiales qui lui sont indispensables. Ce fait apparaîtra dans ses manifestations extrêmes, et, en apparence, paradoxales, dans l’étude des verbes dont le préfixe a un signifié ablatif (Chap. VD. L’exemple étonnant d’Apulée, 2.4.5.1.1., insurgere speluncae a déjà donné un aperçu de la complexité apparente — et de la simplicité profonde — des relations entre préverbe et D. Du point de vue de l’analyse syntaxique, on notera la très fréquente impropriété de l’expression «complément du verbe» pour définir tibi par exemple, dans instare tibi. En fait, c’est avec le préfixe seul que tibi est en relation; pour in-stare «se dresser -sur» (d’où «presser, harceler» quelqu’un), «sur» implique une prise de coor-

2,5. Les verbes préfixés par trans-

inspirare, «souffler dans, sur»

LO. XIT 10, 62, iram, etc,

2.4.6. Conclusions sur les verbes préfixés par in-

données, qui trouve ses attaches avec tibi ({-—>] tu).

insidiari, «tendre un piège» « D: Cic., Catil. F 32, consuli.

Gell. I 11, 13, grauiusculum sonum:

insurgere, «se dresser (sur)» < D: Apul, Met. TV 6 speluncae; Virg., Aen, III 207, remis (devenu un cliché poétique); Val. Fl VII 377, pennis. Intransitif; cependant Sén. Dial. XI 5, 2, intabescere dolori, «se ronger sur (à

15, 5, quibus.

» Ac interne fréquent:

« D: Calp.…, Fgl. V 10, labori.

propos d’) une douleur»), (cf. XTI 16, 5). inuigilare, «rester éveillé» (attentif à) « D: Cic., Phil. 14, 20, rei publicae; poèt.

innidificare, «nidifier»

* Ab: Suet., Nero

insudare, «suer sur»

intabescere, «se ronger»

* Ac: Virg… Ge. II 251. D: Colum. VI

543

Le «transfert» ou le «franchissement» signifié par trans- implique un terme (un but), comme un point de départ. De fait, les quelques 25 verbes en /rans- examinés se construisent très couramment avec ex, ab d’une part, ad, in + Âc d’autre part. Il est surprenant que le D apparaisse rarement à côté du paradigme latif. Son emploi n’est attesté qu’avec tradere «remettre, transmettre, faire connaître», transmittere, «transmettre», et, à dose infime, avec transferre et transcribere.

544

545

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

7_”ransferre figure normalement dans le contexte de ab, ex, de pour l’oripi ad, in + Ac pour la destination, même chez les poètes (la mention de l’orig e du but n’ayant d’ailleurs rien d’obligatoire). Exceptionnellement, un D chezgë1 P Met._ _XIII 681-2 (rex dar) Crateram Aeneae quem quondam tran£tulii illi Hos ,

CHAPITRE

Aoniis _Therse; oris, «le roi offre à Enée un cratère, que jadis son hôte 'l"fierseâD 1Œ‘ ; parvenir des rivages d’Aonie» (et le poète continue: Miserat hanc illi Therses fuà fi cauerat Alcon, etc.; suit la description du cratère). Ce transtulit illi, à signifié cà sat pourrait s’interpréter comme «il le fit transporter à l’intention du ,roi» ce qui 2 raît l parmi les D «d’intérêt». * d range

D REPÈRE DE MOUVEMENT

VERBES

Gamsî Instit 2, 258, (cauetur) ut ei et in eum qui receperit actiones dentur. «i

est prescrit que les actions soient dévolues à et contre celui qui aura recueilli la‘ e cession» (lhéritier est désigné par ei dans la mesure où il bénéficie de l’héritsucx par in eum pour la part désavantageuse (damnosa) du même héritage). Cf z‘lÎäî

actiones hereditariae ei et in eum tranferuntur qui receperit hereditatem Ùä («prçndre pour soi», c’est-à-dire «sur soi»); Cic., Verr. III 2... sibi hoc sumÿsit ut corrigat mores aliorum. Cf. Mur. 38; et aussi de «revendiquer, s’arroger prétenàre à», t9ut à fait classique (Cic., Fam. VI 5, 2, non mihi sumo ut..‘.).



[

'Ïçllere, «soulever, prendre» est compatible avec de riches paradigmes latifs ou Ab (in crucem, ad caelum / ex aceruo, e proelio, de, ab). Le fait est d’autant plus remarquable que la personne victime de «l’enlèvement» est assez souvent exprinÊée*

non pas au D, mais au G complément de la chose enlevée: Curt. X 6, 18 P.«3rdicî cam… regis anulum tollere iubebant; cÎ. Petr. 62, 8, uestimenta eius, CîC ND 163 nonne aperte deorum naturam sustulerunt? Catul. 12, 3; Gell, I î7: 5. (ëf. VTI. 1)1

1.2. Les verbes à préfixe ablatif Lçs verbes préfixés signifiant «prendre, enlever» ont ceci de remarquable que le parad;gm@ de leurs SN” Ab peut inclure (apparemment) un D. Le phénomène est plus ou moins usuel, mais en tout cas attesté pour tous les verbes et parfois n'chemînt Le contraste avec les verbes simples saute aux yeux quand on compare demerè avec emere, éripere avec rapére.

1.2.1. DEMERE admet tout le paradigme ab, , ex, ex, de, de, Ab seul. Ov., Ep. 19, 9, ab a_trba_re fetus, Vart,, RR. I 39, 3, (semina) ex arboribus; Cic., Rep. H 55?secur@s de fascibus; (al.); Plat., Asin. 706, de hordeo; Varr., LL. V1 13, quinque dies mense.



em deteriorem uinos Plt, Aul. 312, ipsi ungues, Tér, Ad. 736, ipsi metum; cf. Ad. 819); [Tib.] II 9, 14, vincla cani; Celse V 29, 19 B, si quid ei uitio…; etc.

uisent avec le D à date plus 1.2.2. LES PRÉFIXÉS DE RAPÈRE à préfixe Ab se constr (ce qui incite à invoquer simple le ancienne et d’une façon beaucoup plus large que leur influence sur ce dernier).

t avec, parfois sans, préposiEripere: à côté de constructions Ab (le plus souven ues; Virg., Aen. 1 88, ertComiq les dès D, “ tion), eripere s’accommode surtout d’un (Cic.) seul, Ov. Met, V1I 776). On trouve aussi de

piunt Teucrorum ex oculis (oculis ui uingini… anulum; Cic., Catil. I ab, ou l’Ab seul; mais Tér. Heaut. ST4, eripuit II 5, 92, parenti oscula; Hor., Carm. 18, hunc mihi timorem eripe, cf. CM 102; Tib.

Dans un exemple comme Tér, UI 29, 5, eripe te morae; Sén., Dial. IL 1, 3, illi togam. bien marqué par e invite à interHeaut. 673, mi… e faucibus, la présence d’un Ab de qui se produit l’événement). préter mi comme D d’intérêt (la personne «au profit» uit avec un SN? Ab admet Deripere, moins usuel que eripere, lorsqu’il est constr nos.… ab

deripuisset; Plt, Rud. 673, de: Cic., Sul. 2, quantum de mea auctoritate XXIN 45, 8, ex equo, Tib. L 10, 60, € signo; Virg., Aen. XI 743, ab equo. ex: Liu, iracundia caelo deripuit, Hor., Ep. caelo. Ab seul: Val-Max IX 3 ext. 1: Alexandrum horreo amphoram, Virg.… Aen. X 475, V 46, lunam… caelo, Hor…, Carm. II 2, 7, uagina ensem; Stat., Theb. TIL 567 uertice serta. is: Cic, Quinct. 64, ei misero, Datif: Plt., Aul. 748, deripiamus aurum matron

42 (haec) alteri deripere ius non absenti… omnia uitae ornamenta… deripi, Off. T1

feritatem. (Cf. 6.3). est, Val-Max. IIF 3 ext. 2, Phalari… mentis templo rem; Cic… Br. 76, a Naeuio Surripere, «dérober», Quint. /O. VIE 3, 10, de Plt., Amp. 525; Cic., Dom. 66, 34; sumpsisti… uel surripuisti, cf. Sén., Ep. 108, 891;

mihi anulum surripuit, Cas. ex custodia per insidias. Datif: PIt. Cure. 584 is (29) 10, praetori 15, 20; Mart. XII 28 Tri. 1023, currenti cursori, Hor, Carm. IV erat. mappam; Apul., Met. IX 21, cui (soleas) diripu Note:

En emploi réfléchi se surripere, «s’esquiver, s’échapper 333, hic de la personne dont on s’éloigne. Comparer PIt. Mi. la barrer lui pour ici i hic ea se subrepsit mihi, «je restera nous». chez aller pour insu qu’elle ne s’échappe pas à mon

» se construit avec le D obsistam, ne imprudenti route (A. Emnout), afin Men. 491, Vt surripuisti

, « Comme tu t’es dérobé à moi, tout te mihi dudum de foro, s'écrie le parasite furieux !»; et d'autre part Curc. 60, ut quaeque illi occa-

à l’heure, en quittant le forum occasion de s’échapper pour me siost / subripere se ad me, «dès qu’elle trouve une par un leno); ad me directif retrouver» (il s’agit d’une jeune fille sévèrement gardée marquer la personne à qui on s’impose vu l’usage courant du D avec surripere pour veut échapper. 1.2.3.

(ex, de, ab, Ab), en aucun TRAHERE, très usuel, admet les constructions Ab

trer sont des D d’intérêt). En cas un D équivalent (les D que l’on peut rencon (ou les Ab seuls), se trouve aussi revanche, detrahere, outre les SN? à préposition Ab isse, «il lui anulum, dum luctat, detrax avec un D équivalent. Ter., Hec. 829, sese illi

548

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

avait, pendant la lutte, enlevé son anneau»;

Liu. XL 22, 5, nihil uulgatae opinioni

IX 10, 7, uestem pacis sponsoribus; Liu. XXIT, 47, 3, equo (id. Cacsar); Sén., Bey;_, Il 13, 2, muneri pompam; Ov, Fa. IV 107, prima (Venus) feros habitus homini detraxit (c£. Cic., Fin, 1 30, sensus de homine). De même extrahere (+ ex, ab, Ab) mais aussi D: PLl, NH XXVIIT 245, spinae et

similla corpori extrahuntur felis excrementis, «les épines et choses semblables se retirent du corps par l’action des excréments du chat». 1.2.4. Le rapport est à cet égard le même entre TORQUERE et ses préfixés. Même lorsqu’il signifie seulement «mettre en mouvement», le simple se trouve assez peu souvent avec des SN? Ab, jamais avec un D équivalent. Au contraire extorquere. connaît bien de (Hor., Epist. II 2, 57) et ab (Val-Max.), mais surtout le D: Cic., Ph, XII 30, fratri tuo Macedoniam; Petr. 1 36, 5, pedem mensulae; Virg., Aen. XIT 357, dextrae mucronem. Chez Cic., Catil. IT 2, ei ferrum e manibus extorsimus, la présence simultanée d’un D et d’un SN Ab bien marqué (e) amène à comprendre (cf. plus haut

pour eripere, fin), ei comme un D «d’intérêt» (ou «sympatheticus», cË VL1). (Pas d’exemple avec detorquere).

2. D AVEC LES VERBES PRÉFIXÉS PAR AB-

Parmi la vingtaine de verbes préfixés par ab- examinés, la plupart ne sont compatibles, lorsqu’ils ne sont pas employés absolument, qu’avec des adverbes Vnde ou avec des SN marqués par un morphème ablatif (Ab seul, prépositions àb, de, ex). Un D se rencontre cependant parfois dans leur contexte. Ces occurrences, assez rares dans l’ensemble, peuvent se ranger sous trois rubriques. Le cas de abesse est réservé, cf. 4,4).

2,1. Le D est — si l’on peut dire — un vulgaire D «D’INTÉRÊT». Il doit être exclu de l’examen comme non pertinent; car il est en relation avec l’événement entier, et

non pas avec le verbe seul. Il interdit par conséquent toute spéculation sur un lien quelconque avec ab-. Remarque:

U (2.3.) Mais de la

faut toutefois reconnaître que parfois les interprétations proposées ci-dessous pourraient se ramener à un D d’intérêt, vu l’extrême plasticité de ce dernier. une zone floue entre (2.1.) et (2.3.) n'empêche pas de reconnaître l’originalité plupart des exemples (2.3.).

2.2. LE D ÉQUIVAUT À IN + AC. De même que les verbes préfixés par in- ou adn’excluent pas, loin de là, la mention de l’origine du mouvement, de même abstrudere,

«cacher», admet in + Ac (in siluam, Cic, Att. XII 15) et son équivalent (poétique) D, Vell. II 109, 3, terrae. (in + Ab est aussi usuel: Plt., Cic., ou l’Ab seul, Sén. Ag. 988, carcere). Du même champ sémantique, abdere, «cacher, enfoncer»: in + Ab, Ab (Ov., Met. VIII 25, casside); in + Ac: D: Virg., Aen. TI 553 lateri ensem.

On notera l’extrême rareté du D dit «de but» avec les verbes préfixés par ab; même lorsqu’ils admettent aisément un contexte latif exprimé par in + Ac ou ad.

LE DATIF (D)

549

Ainsi abstrahere fréquent avec un adverbe QVO,

avec in + Ac ou ad (Caes., Cic.)

ignore le D. De même abire. Absumere ad est attesté, jamais absumere + D de but. Cette pauvreté des données est confirmée par la prépondérance des SN ablatifs avec ces verbes, à la différence des verbes en in- ou ad- avec lesquels l’origine, la provenance sont fréquemment indiquées. Elle est confirmée aussi par le fait qu’avec un verbe comme auferre (un des rares de la série avec lequel le D soit assez fréquent) ce D n’exprime jamais le «but», mais est toujours un équivalent approximatif de ab + Ab.

2.3. LE D NE PEUT ÊTRE GLOSÉ QUE PAR 48 + Ab, Situation apparemment paradoxale, qui appelle un examen plus détaillé, pour rendre compte d’une interférence surprenante entre un cas considéré souvent, à tort, comme «directif» et un syntagme ablatif. Le verbe auferre servira ici d’exemple privilégié, parce qu’il est sans doute le plus employé avec ce type de D, 2,3.1. AUFERRE connaît de nombreuses constructions, selon que l’on considère l’origine du mouvement ou sa destination, ou les deux. Ab, de, ex (et l’Ab seul) servent pour l’origine, in + Ac, ad pour la destination. Plt… Rud. 356, in Siciliam; Asin. 469, domum, imperium.

Liu. IV 1, 3, à primoribus ad plebem

Quand au D, il est assez fréquent. L’explication usuelle se contente d’invoquer l’action analogique des antonymes. On dirait auferre alicui parce que l’on dit afferre (dare) alicui. L’argument n’est pas à dédaigner, même s’il reste peu approfondi. Pline écrit IV 75, mare Europam auferens Asiae, «la mer séparant l’Europe de l’Asie» (c£. VI 27, Armenia… Cappadociae aufertur). Appelons B les lieux au D (Asiae, Cappadociae) et À les lieux mis en rapport (Europa, Armenia). C’est une visée à partir de À (Europa) qui permet de préciser les coordonnées (si l’on peut dire) de B; comme un navigateur peut calculer la position de son bateau en visant, par exemple, tel ou tel repère céleste ou terrestre. Les Brepères (Asiae, Cappadociae) sont donc des lieux vers lesquels un transport, un trajet mental est nécessaire à partir des À. Ce trajet, c’est celui auquel nous inviterait aussi la préposition ab, avec cependant une différence importante. Avec le D le repérage s’opère à partir de À (Furopa) seulement. Avec ab, le locuteur signale qu’il effectue ce repérage à partir de B (Asia), lieu où il a bien fallu qu’il se transporte en esprit pour revenir vers À. Dans une phrase comme Europa aufertur ab Asia, ab impose un aller et retour; tandis que dans Europa aufertur Asiae, il n’y a qu’un aller simple, d’Europe vers l’Asie. (On pourrait dire que le D opère un repérage à la lunette: ab + Ab une visée au radar). Schématiquement: 1. EFuropa aufertur — Asiae: 2. Europa aufertur — ab Asia.

Une fois de plus, le D apparaît comme un procédé économique (allégé en mor® phèmes), pour un signifié global identique. [1 semble qu’on puisse expliquer de la même manière les tours où auferre pourrait grosso modo commuter avec un de ses antonymes (afferre, dare par exemple).

550

LE DATIF (D}

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN Dans Plt., Aul. 635, nil tibi abstuli, la relation entre (ego) abstuli et tibi peut se

figurer comme (ego) abstuli — tibi, tandis que a te abstuli serait (ego) abstuli — à te, On voit l’avantage de ab, absolument non ambigu, et l’inconvénient du D: hors contexte, il est impossible de décider si ego a dérobé à quelqu’un où pour quelqu’un.

Autres exemples: Catul. 3, 15, passerem mihi abstulisti; Cic, Ph. 9, 5, ei uitam; Virg., Aen. IX 443, animam hosti; Cic., Vat. 36, senatui gubernationem; Tac.…, Germ. 37, 5, legiones Caesari. 2.3.2.

Autres verbes admettant un D = Ab

Auertere a, comme auferre, l’avantage d’offrir un riche éventail de constructions: (origine), ab, ex, Cacs. (but) in, ad, Liu.

2,5.

551

CONCLUSION

Les textes prouvent que la substitution du D à ab + Ab était possible. Flle repose sur la coïncidence partielle entre l’opération dénotée par le D (visée sur le lieu-repère), et celle, plus complexe dénotée par ab, exigeant de se transporter au lieu-repère pour viser le lieu de départ. Mais il faut souligner combien la langue a peu utilisé cette possibilité qui eût été la source d’ambiguïtés graves. Les bases de la synonymie entre D et ab sont trop fragiles pour autoriser un emploi large (à la différence de la synonymie entre D et in + Ac). On n’en trouve guère d’exemples que lorsque le contexte lève les difficultés d’interprétation. 3. DATIF AVEC LES VERBES PRÉFIXÉS PAR DESur près de 300 VERBES PRÉFIXÉS PAR DE- qui ont été examinés (exactement: 288)

Il est remarquable qu’à in + Ac ne se soit jamais substitué un D (de «but»).

les 4/5° n’offrent aucun intérêt pour notre étude, Ïs n’entrent, en effet, dans aucune

En revanche, il est possible de rencontrer de {très rares) occurrences d’un D = ab + Ab; peut-être Lucr. IV 1273, locis auertit seminis ictum (mulier), «la femme» fait dévier l’impact de fa semence (à distance) de ses lieux (de fécondation)». Stat,

vent possibles quel que soit le sémantisme du verbe). De- ne leur apporte aucun trait «ablatif» permettant la représentation d’un trajet, et, partant, d’un but éventuel.

construction permettant l’emploi d’un D (à l’exception des datifs «d’intérêt», sou-

Silv. V 3, 60, gemitum cui te nec Cerberus nec Orpheae quirent auertere leges, «une plainte dont ne sauraient t'écarter ni Cerbère ni les règles d’Orphée». C£. Virg.…, Ge. H 172; Vell. V 625: abducere corpori animum, Sén., Epist. 38, 34; abscedere mihi,

On dit que de- souligne l’achèvement du procès, (deuincere, depugnare, dealbare,

Ov.…, Met. V 371; abscidere: Pline, NH TV 5, paeninsula abscisa continenti; absterrere: Lucr., 1060, simulacra et pabula amoris absterrere sibi, abscindere: Flor., Epit. T 18 (2, 2: 2), cum uideret… praedam Italiae suae abscissam.

y a des parasynthétiques, relevant d’une autre analyse (deuirginare); etc.

etc.) ou qu’il l’intensifie — intensification susceptible d’ailleurs de s’effacer, defungi, deseruire, ce qui aligne le préfixé sur le verbe de base — (dehortari, deosculari), Tl D’autre part, parmi les 78 verbes intéressants, parce qu’ils se prêtent à un environnement latif ou ablatif, plus de la moitié ne connaissent que ad, in + l’Ac pour le latif, de, ex, ab (ou Ab seul) pour l’ablatif, et ignorent le D. Nous nous bornerons à les men-

tionner brièvement, ainsi que d’autres également marginaux pour notre propos: verbes entièrement transitivés par exemple. Une mention spéciale sera faite des verbes qui

2.4. Abesse Dans leur écrasante majorité, les SN du contexte immédiat de abesse sont marqués comme des Ab (ab, ex). L’emploi du L (in + Ab) n’est pas rare; est alors dénoté le

champ à l’intérieur duquel une absence est observée. Il y a aussi quelques occurrences du D. On peut être tenté d’expliquer un tour comme

Virg., Aen.

VIL 498, nec dextrae

erranti afuit deus, en considérant nec

abesse comme un synonyme de adesse. De même Ov., Tr. 5, 2, 76, nec mihi ius ciuis nec mihi nomen abest… Mais l’explication ne vaut pas pour les phrases sans négation: Plt., Amp.

1081, 2ta mihi animus etiamnunc abest; Cic., De Orat. Il 281, quid

huic abest nisi res et uirtus (ici on pourrait faire valoir l’interrogation, et interpréter par nihil huic abest). Liu. XXV 16, 15, fraudem sermoni abesse ratus. Abesse exprime «une position — à distance», ce qui implique comme pour auferre deux lieux, dont l’un est repéré par rapport à l’autre. Soit, d’après Liu: fraus abest sermoni / fraus abest a sermone. Le D propose un trajet de /raus à sermoni; ab + Ab un trajet double: i! faut se transporter en esprit au lieu-repère sermo, pour, à partir de là, constater que le lieu fraus en est éloigné. Le mécanisme est donc le même que pour auferre (même si les procès auferre et abesse s’opposent comme dynamique / statique).

admettent, partiellement ou uniquement, un nominal locatif (in + Ab, Ab-L 3.L

seul).

Verbes exclus d’une construction dative (pour mémoire)

» Complètement transitivés: decipere, «tromper»; defugere, «esquiver»; demerere (-ri), «gagner». « Construction uniquement locative: decumbere, «se coucher». Un cértain nombre de verbes entrent dans des constructions latives ou locatives. Ainsi: defodere, demergere, demittere, deponere, deserpere (?), desinere, destillare, deuertere.

Defodere in terra / in terram; demergere in corde, Cic, Tusc. L 41, in terram, Cic., CM 77; demittere aqua feruenti, Scrib. 255 / in terras, Lucr., VI 496; deponere apud te Cic…, Off. III 95 / in siluis, Caes, Gall. IV 29, 2 (deponere ignore in + Ac, et le D); destillare, in + Ab, Sén,, Epist. 24, 5; in nares, Cels. H 8, 6. (Pour

les hésitations entre latif et locatif, cf. section VID). De nombreuses formes étant ambigües, on comprend la confusion fréquente chez les auteurs très tardifs comme Grégoire de Tours.

LE DATIF (D} 552

553

ciuitati, Cic… Red. Sen. 19. Virg., Aen. V 727, classibus ignem est ambigu en soi, mais l’interprétation par un D ne serait pas choquante.

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

3.2. Datif interprété comme un équivalent latif

dependere n'est compatible qu’avec un contexte ablatif: origine, Ov., Fa. T 611; casside, Sil. XV, 679; ex, Lucr, Virg., Sén.; ab, Ov., Stat., Suet. Mais aussi D lateri, Ov. Met, VI 593; Laeuae, Apul., Met. XI 47.

Dans ce cas, le D entre, en règle générale dans le paradigme latif qui réunit, avec: les adverbes «quo», in + Âc, ad (l’Ac seul pour certains noms). Mais il ne faudrait;

pas en conclure à une disponibilité égale de tous les tours latifs pour tous les verbes. concemés. Un bon nombre qui se construisent couramment avec ad ou in + Ac,; ignorent le D (plus de 25). Ainsi deportare est très bien pourvu de compléments

decedere admet peu le latif, mais à côté de class. de (Cato, Cic.), ab (Celse), Ab

seul (Cato, Liu., equo Caes.): puis ex (Dig,), on trouve D quaestioni, Liu. TX 26, 8; nemori, Man. V 212.

ablatifs: Athenis, Cic, CM I; ex Sicilia, Cic., Verr. HI 46; de fundo, Cato, Agr. 144, 2: Nola, Suét, Aug. 100, 2; de compléments latifs: Romam Cic., Verr. II 41; ad nos, PIt., Asin. 525, in mare Liu. XXXI 12, 8; mais le D semble ignoré, bien que les poètes. ne bannissent pas deportare (Stat, Ach. ! 230, ad aquas), Mêmes observations pos-

defendere «repousser, éloigner» entre dans des constructions variées. L’être repoussé peut être (depuis Ennius) un objet Ac: hosres, Enn., scaen. 6; frigus, Cato; Cic.; Caes. L’être loin duquel on repousse (et qu’ainsi on protège) est alors un Ab: a pinnis hostes, Quadrig., hist. 85; a suis iniuriam, Cic, Off. TH 74. Mais les poètes emploient sûrement aussi le D: solstitium pecori, Virg.…, Buc, 7, 4T; dedecus morti,

sibles pour decurrere, detorquere, detrudere, depellere, etc. En revanche le paradigme latif inclut le D pour les verbes suivants: deferre (qui connaît surtout ad, PIt, Men, 352; Caes.; Cic.) s’associe également à ër + Ac: Cic, Verr. V 27; Caes.; Stat.; et au D: ei, Nep., Att. À, 2; quoi, Plt., Men. 703; Cic.

Sil. V 490; Plt, Most. 900, iniuriam his foribus est ambigu. Par une opération qu’ETh, après d’autres, rapportent à l’enallage, c’est l’être pro-

Defigere: in terram (courant, PIt, Cato, Pl.; avec possibilité de L: sicam in corpore, Cic., Catil. ! 16); ad equum, Bell. Afr. 29, 5. Mais aussi terrae, Virg., Ge. II 290; Sil., VIII 73. deicere in aquam, Cato, Agr. 127 (Cic, Virg.). wela mari, Luc, IIT 691.

frigore, Virg., Buc. 7, 6 (ce qui est exactement l’inverse de solstitium pecori plus haut). On peut préciser par contra l’être dont on se protège (Cic.).

tégé qui devient l’objet (dès les XII TAB;

deripere «arracher». À la suite habituelle des syntagmes ablatifs, il faut adjoindre quelques D. Ab seul: horreo amphoram, Hor., Carm. III 2, 7; caelo, Hor.; uertice

delegare, in Tullianum, Liu. XXTX 22, 10; ad illud uolumen, Nep. Ca. 3, 5; huic

negotio, Colum. TII 10, 6; ancillae, Tac., Dial. 29, 1;; deligere, ad eam rem, Plt., Men, 453; Cic.; Nep.; in hoc consilium, Cic., S.

Plt.); urbem armis, Liu. ! 40, 2; myrtos a



serta, Strat. Th. V 567. De ara, Pit., Rud. 764; Lucr. TV 36. Ex equo, Virg., Aen. X

743; Liu. XXIII 45, 8. Ab, Plaute. D: Cic, Quinct. G4, ei misero, absenti, omnia uitae ornamenta… deripi. Plt, Aul.

Rosc. 2; colloquio diem, Sall. Jug. 108, L; sceleri, Luc. VIII 538, demergere in acetum, Pl., NH. XXIII 58; fluctibus, Cic., Pis, frg 2 (mais ici, la relative fréquence de in + Ab autorise à penser que les formes ambigües comme fluc-

148, si istuc ius est… deripiamus aurum matronis palam, «si ton propos est recevable en droit,… arrachons publiquement aux dames leurs bijoux».

tibus — cË. cloacis, Suet, Ner. 26, 1, Ov, Her., 5, 119: Sil. XTV 500 — ne sont pas des D mais des Ab sans préposition); descendere in solium, Vitr., TX, pro. 10; ad lacum, Pi., NH. VI 38; Erebo, Sil.

qu’avec le D d’intérêt (de même que le simple sumere: ab, ex, de, (jamais de D «équivalent» d’Ab).

XII, 759. 3.3. Datif interprété comme équivalent d’un Ablatif Moins nombreux

(mais cependant dépassant la douzaine) sont les verbes qui, à

leur paradigme de compléments Ab ajoutent un D qui permet une «interprétation» équivalente. On notera que — comme dans le $ précédent 2 — autant de verbes régulièrement inscrits dans une structure ablative ignorent ce D: ainsi demigrare, desistere, deterrere, detrudere, deturbare, deuocare, deuolare, etc. Certains se ren-

contrent avec un D entrant dans leur paradigme de compléments latifs (ad, in + Ac.). Ainsi delabi solo (D) Apul. Met. V 24 (cf. in flumen, Cic., Diu. 1 58; ad, Cic…

desumere

«prendre»

attesté chez Hor., Liu. Sén., Tac,

Suét., ne se construit

detrahere, «enlever», Plt., Truc. 652, de collo: Hor., Sat. II 3, 239, ex crure; Prop. H 33, 13, ab ore; Ab seul: Ov. Met. X1 109, ifice uirgam.

La forme uenis (sanguen detrahere), Lucr. V 442 serait à prendre comme un Ab — de même que equo, Liu. XXII 47, 3 — si le D n’était bien attesté par detraxit muneri suo pompam, «il a ôté le faste de son présent» Sén., Ben. II 13, 2; et déjà par Tér., Hec. 829, dicit sese illi anulum…

detraxisse,

«il dit lui avoir enlevé son

armeau». Demere, de même, à côté des constructions prépositionnelles ablatives se trouve avec le D de l’être dépouillé, délivré (cf. t.2.1.).

Part. 12; Val. Max.; Apul. …). Mais serta capiti delapsa, Virg., Aen. VI 16; ex eguis,

deficere et defire

Liu. X 36, 4; de caelo Cic., (caelo seul, Virg., Aen. VIT 620); ab, Tib. II 6, 39. Depellere, «chasser» n’ignore pas les compléments latifs {in + Ac, Luc.), mais

Defire, «faire défaut» («être en moins») se construit normalement-avec le D de

son signifiéé lexical le rend plus apte à figurer en contexte ablatif: Ab seul, tribunatu, Cic., De Orat. III 1t; Tac., Ann. XI 35; ore sitim, Sil. VI 94; ab, Varr.; Bell. Afr. 39, 2; ex, Cic.; de, Cato.: Cic.: inde, Sall., Jug. 58, 3. Datifs incontestables: fratri mortem, Ov,, Ep. 14, 130; senium famae, Stat., Th. TX 3, 18; peut-être Libertatem

l’être dépourvu. Virg., Buc. II 22, lac mihi non aestate defit. Deficere «abandonner», Trans.; au passif «être abandonné par», «privé de» + Ab/ab + Ab (consilio, a uiribus, Class.; ab arte Ov.). Mais deficere actif a aussi un emploi intrans. class. au

554

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

555

sens de «faire défaut», «manquer». Comme avec defire, l’être dépourvu est au D:

signifiés contradictoires. Certains verbes offrent même

Caes., Gall. IIX 5, 1, tela nostris; Ov.… Tr. V 13, 28, sermoni dies.

Sén., Dial, VII 2, 3, operam dedi ut me multitudini educerem (D = Ab); et Virg., Aen. VI 178, aram caelo educere (D = Jlatif). Mêmes observations possibles pour excutere et euadere.

derogare (d’abord au sens politique d’«abroger une disposition légale», puis) «ôter, retrancher». De honestate, Cic., Inu, 11 175; ex aequitate ib. 11 138. Mais Flacc. 9, non quo nationi huic… fidem derogem, «non que je veuille ôter du crédit à cette nation (les Grecs)». Font. 23, quorum uirtuti, generi… fidem et auctoritatem

les deux. Ainsi educere:

in testimonio… inimiciarum suspicio derogauit, «le soupçon d’inimitié, dans leur témoignage, ôta foi et autorité à la valeur et à la haute naissance (de ces grands per-

4,1. D contribuant à l’expression qu’un (pour mémoire).

sonnages)».

Ce D n’appelle pas d’observation nouvelle. II est le «repère de visée» de l’énoncé, y compris du signifié verbal, dans sa fotalité. Tl n’entretient pas de relation spéciale avec le préfixe seul. Ainsi: Exprobare «adresser des reproches à quelqu’un»; Cic, Verr. V 132, tibi casus

34,

CONCLUSION

Les verbes munis du préfixe ablatif de font voir eux aussi que le D peut s’apparenter — fait banal et bien connu — au paradigme latif in + Ac, ad.…, pour désigner le but du procès; mais aussi au paradigme ablatif de, ab, ex, pour en désigner l’origine, (Il n’est pas tenu compte des D d’intérêt, insensibles en principe au signifié verbal, Noter, toutefois, qu’il n’est pas toujours aisé de trancher l’appartenance d’un D à telle ou telle sous-classe).

Note: Seuls ont été examinés les verbes dans lesquels le préfixe ex- conserve un signifié ablatif. Sont laissés de côté les verbes auxquels ex- confère seulement une valeur intensive (parfois peu sensible), comme

exaequare, existimare, exhortari, excolere,

exacerbare, etc.; et les parasynthétiques comme euiscerare, exanimare, exarendre. Les verbes retenus éveillent en général l’image d’un mouvement, situé par rapport à un lieu d’origine. Celui-ci, souvent non précisé, peut s’exprimer par les adverbes VNDE et par les SN introduits par ex, ab, de (accessoirement extra), ou à l’Ab seul. Le but du mouvement peut lui aussi être explicite (paradigme ad, in + Ac, Ac seul, adv. QVO, et aussi D. Parfois l’espace parcouru (OVA; per). L’occurrence de ces diverses spécifications locales n’a rien d’uniforme: dans la réalité, certains verbes peuvent se lier de préférence à telle ou telle d’entre elles.

Ainsi exire offre un éventail complet: expression de l’origine, expression du but; transitivation; mais le D est à peine attesté; on dirait la même chose de euadere.

Excutere ne refuse pas les SN latifs; mais les SN ablatifs sont de loin prépondérants; le D n’est pas rare. Efferre, avec qui SN latifs et ablatifs s’équilibrent, ignore le D (malgré l’influence, qu’on pourrait invoquer, de l’opposé afferre). De même euehere. Quand à euouere, il refuse D et SN latifs.

Erigere, qui ne connaît guère que la construction lative, ignore pourtant le D (équivalent fréquent de in + Ac). On ne s’étonnera donc pas que le D soit parfois fréquent, parfois rarissime ou même absent, Beaucoup plus étonnant le fait qu’il puisse entrer tantôt dans le paradigme des procédés d’expression du but (in + Ac, ad…), tantôt dans celui de l’origine (ex, ab). À en rester aux apparences, on aurait donc ici un dafiuus bifrons avec des

quel-

bellicos; avec de + Ab à la place de l’Ac, Nep., Ep. 5, 5, mihi de uxore.

Excusare, «faire excuser (s’excuser) auprès de quelqu’un»; Cic, Atr. XV 26, 5, uelim Varroni… memineris excusare tarditatem litterarum mearums Curt, VH 1, 35, ut uerba mea Alexandro excusem. (Cf. Cic., Att. TX 13, 6). PIt, Asin, 813, …apud

amicam munus adulescentuli fungare, uxori excuses te et dicas senem. Remarquer dans ce dernier exemple le parallélisme apud amicam, uxori. Verbe d’événement:

4. LE D AVEC LES VERBES PRÉFIXÉS PAR EX-

de la destination, de l’attitude envers

euenire: D constant. (CE IV 7).

Verbe exprimant l’avantage pour quelqu’un: expedit impers, Cic., Agr. 2, 67, idem expediet emptori et uenditori. Verbe appartenant au champ sémantique de «s’adresser à quelqu’un». En ce sens-là, exponere est normalement accompagné du D; Cic., Fam. 5, 4, meum consilium tibi. Il est clair que la traduction «exposer (dévoiler) quelque chose à quelqu’un» est conditionnée par un contexte. Le signifié du D est simplement [> X = tu]. Avec le même signifié, d’autres effets de sens se manifestent. Exponere malignitati entre dans le paradigme de ad iniurias et s’interprètera comme «exposer à» (au risque, à l’effet nocif, etc.). C’est pourquoi chez Virgile, Aen. X 694, rupes exposta ponto, on considèrera ponfo comme un D. Le même signifié purement latif s’observe avec exhibere (avec lequel la mention de l’origine est tout à fait exceptionnelle); Cic, Verr. IL 191, nobis Verrucium («nous présenter V.»); Att. IT 1, 2, mihi molestiam («me causer des désagréments»).

Educere caelo, cf. ci-dessus 4. Egerere, Prop. IV 6, 28, egessit auidis Dorica castra rogis, «il fit se vider pour les bûchers avides le camp des Doriens» (P. Boyancé). Exactement: opération de transport vers l’extérieur — concernant le camp dorien — destination: les bûchers avides… Excitare s’emploie bien avec l’Ab, comme avec le latif (ad, in + Ac, contra) et aussi avec le D, d’après ce texte de Colum. X 109, exci-

tet ut Veneri tardos eruca maritos «tirer d’un certain état en poussant vers Vénus». 4,2. D entrant dans le paradigme de SN ablatifs La construction formellement ablative (adv. VNDE,

ex, ab, de, Ab seul) prédo-

mnine très largement, sauf des exceptions qui seront notées. Mais un SN au D semble parfois tenir exactement la place d’un SN Ab.

LE DATIF (D} 556

4.3. «Origine> et «intérêt»

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Un exemple tout à fait emblématique pourrait être Virg., Aen. XI 702, ubi se nullo iam cursu euadere pugnae posse… cernit, «quand il se voit hors d’état d’échapper maintenant au combat par la fuite» (J. Perret). On dit couramment euadere ex balneis, Cic… Cael. 65; puteo, Phaedr. 4, 9, 11; ex illis sedibus in haec loca quae Cic,,

ND II 95. (Nombreux emplois transitifs à partir de Virgile; Liu., Tac.). Pugnae désigne la situation que voudrait fuir le guerrier de Virgile. Pugnae est donc le lieu où se situe le point de départ du mouvement e-vadere; leur relation pourrait se figu-

rer par Pugnae

557

e-uadere

Dans

les exemples

cités ci-dessus

(4.2.) le nominal

au D est employé

pour

l’expression d’une origine. Fuadere pugnae équivaut au prosaïque euadere e pugna (voire procul a pugna). Il serait aberrant d’appliquer à pugnae la glose habituelle du D «d’intérêt» (et du D sympatheticus):

«être concerné par», «intéressé à l’évé-

nément». D’autant plus que pugnae n’est pas un animé. Dans d’autres cas, l’hésitation est possible: dans Aunc mihi timorem eripe, l’être

animé humain miki pourrait être considéré comme «concemé par» l’événement eripere timorem. (Mais le fondement contextuel même de cette interprétation peut engager à la refuser). Ailleurs, le D est assurément un D «d’intérêt». Cic., Mur. 30, omnia ista nobis studia de manibus excutiuntur, «toutes ces occupations nous sont arrachées des mains».

œ

c’est-à-dire par un schéma qui paraît s’opposer à celui qui symbolise constamment le D {— X]. Cette alliance paradoxale est confirmée par un autre exemple de Virgile, Aen, 1 174: silici scintillam excudit Achates « Achate d’un silex fait jaillir l’étincelle> (J, Perref), (cf. Pline, NH XVI 208, ad excudendum ignem (lapis); Virg., Ge. T 135). Il est

arbitraire de supposer ici un Ab analogique de ceux des thèmes (neutres) en -*ei-, comme on le fait pour éluder la difficuité syntaxique. D'autres exemples confirment la réalité de ce D qui s’interprète comme un complément «d’origine». Ainsi se multitudini educere, de Sénèque, cité plus haut. Fripere se construit avec ex (Virg., Aen. I 88, ex oculis); avec l’Ab seul (Ov., Met. VTI 776,

oculis — à moins que ce ne soit un D? —, avec ab. Mais aussi, et même principalement avec le D: Cic. Catil. 1 18, hunc mihi tHirmorem eripe; Ter, Heaut. 574, eripuit… uirgini osculum; Hor., Carm. III 29, 5, eripe te morae (cf. 1.2.2.). Excerpere, «tirer de» (inde, Juv.; ex, Cic.; Ab seul (?) Hor.). Mais à coup sûr D chez Sén., Epist. 5, 2, quod si nos hominum consuetudini coeperimus excerpere. Beaucoup d’autres exemples restent ambigus, vu la confusion formelle du D et de l'Ab: Sén., Dial. TX 13, 3 casibus… erroribus. Excipere, «ôter de» (ex, ab, usuels); Luc. IIE 333, Sit locus exceptus sceleri, mot-

à-mot «qu'’il y ait un lieu à l’écart du crime», («exempt de crime» Bourgery). Tac.,

L’origine est clairement de manibus. Nobis est l’être à qui est rapporté l’événement dans son ensemble. Mais il suffirait de supprimer de manibus, pour que l’expression de l’origine revienne à nobis. Qu’il existe des flottements interprétatifs est donc chose inévitable. Il n’en reste pas moins que la relation du D à son contexte est différente. Nanti constamment de sa valeur spécifique de «repère à viser», il peut se trouver associé « soit à l’événement dans son ensemble phrase {événement {—> D]} = D «d’intérêt», notamment sympatheticus;

* soit au préfixe seul, dont il assure les coordonnées spatiales phrase { (ex- [-> D] contexte.} Après ce palier intermédiaire d’éclaircissement, voyons d’autres verbes à préfixe ex- associés avec un D apparemment proches du paradigme ablatif. 4,4. Autres verbes préfixés par ex- avec D entrant dans un paradigme de SN ablatifs Pour reprendre excutere («faire tomber en secouant», «arracher»), il est normalement accompagné d’un SN ablatif (ab, de, ex, Ab seul). Ov, F 16, de meo… excute corde metus; Met. III 689, excute corde metum. En revanche, D, Celse II 71, 16,

mulieri… fusa aluus excutere partum potest; Sén., Epist. 56, 14.…, cum te nulla uox tibi excutiet, «tu sauras que ton âme est en ordre lorsque aucune voix ne t’arrachera

Agr. 15, 2, nihil iam cupiditati, nihil libidini exceptum, «rien n’est désormais à l’abri de la convoitise, rien n’est à l’abri de leur frénésie». Ces occurrences assurées per-

à toi-même».

mettent de comprendre comme un D aussi sorti, Virg., Aen. [X 271, clipeum… excipiam sorti, «j'excepterai le bouclier du tirage».

16; Lue, 169; Ov… Met. XT 621. De même, Plaute, Persa 794, alicui oculum: Capt. 419, alicui lacrimas; Merc. 576, uomitum mulieri; Sén., Herc. Oe., 1394, non ferae

Exprimere, «faire sortir de», devrait se ranger ici, surtout si l’on pense aux énon-

cés où il signifie «tirer» (des larmes, un sourire) de quelqu’un»; voir ci-dessous des énoncés semblables, avec des verbes synonymes, où le D n’est pas contestable. Excellere, «s’élever au-dessus» est à part, dans la mesure où il entre plutôt dans des constructions locatives. Excellere inter (Cic., fnu. 1, 3); super, (Liu. XXVTIIT 43,

4); in + Abl. Le D chez Cicéron, /nu. 2, 1, s’explique, comme pour les verbes préfixés par ante-, super-, prae- (cË. chap. II), par la «prise de repère»

servant à assurer l’excellence

d’un premier terme: (Zeuxis) tum longe ceteris excellere pictoribus existimabatur, «on estimait alors que Zeuxis l’emportait de beaucoup sur tous les autres peintres».

Cie., Tusc. 1 111, kanc excutere opinionem mihimet uolui radicitus,

«voilà le préjugé que j’ai voulu extirper de mon propre cœur». Cf. Sén., Const. 1 7,

excutient mihi gemitum. Même analyse pour extorquere: Virg., Aen. XIT 357 dextrae mucronem extorsit, Pétr, 136, 5, pedem mensulae

«arracher un pied à la table»; Cic., Ph. 13, 30 fratri

tuo Macedoniam. Cependant Cic, Catil. TI 2, ei ferrum e manibus extersimus (avec D et Ab} pose à nouveau le problème évoqué en 2. eximere, «enlever», ex, de, Ab seul, mais aussi D: Plt., Mer. 127, numguam balineae mihi hanc lassitudinem eximent. Hor., Carm. III 14, 14, mihi curas; Cic.,

558

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Pis. 94: Liu. VIII 35, 5, non noxae eximitur Q. diis: Tac., Ann. ! 48, …ut se ipsos morti eximant excire, «faire sortir», ex, mais aussi D: Plt, excidere, «tomber de», a, de, ex; inde Cato;

R2

Fabius; PI J, Epist. HL 5, 14, styhortatur; Cist. 122 ut mi exciuisti lacrimas, Ab seul.

D: Plt,, Cist. 395, quoi haec excidit cistella, «celle qui a perdu la cassette» (A. Ernout); exactement «celle à qui est tombée la cassette». Cic, Ph. X 6, Quod uerbum tibi non excidit, ut saepe fit, fortuito, «ce texme ne t’a pas échappé, comme il arrive souvent, par hasard»; Leg. II 45, mihi ista exciderant, «ces choses m’étaient sorties (de l’esprit)». Mart. ! 96, 14, excidit mihi nomen, «son nom m’échappe». Prop. III 24, 20, exciderant surdo tot mea uota Ioui, «tant de prières que j’ai faites! Jupiter y fut sourd et les laissa tomber», (P. Boyancé). On notera l’expression sibi excidere, «prendre la tête, perdre le sens»; Sén., /r, II 14, 1. Vt scias… quemadmo-

dum numquam excidam mihi…, dit Cambyse décidé à s’énivrer. (CF. NQ TI 27, 3;

Phaedr. 500).

559

Ri

|-4——+—|

R3

R4

où E représente «l’espace» de départ (l’être spatial d’où s’opère le départ); R 1-2-3n sont les points de repère qui garantissent au point d’origine O qu’il se trouve bien dans l’espace E. C’est à partir de O que va se développer la flèche ex (différente, parfois, de la fièche de ou de la flèche ab; opposée à la flèche ad ou à la flèche in + Ac).

excedere, «sortir de»; le plus souvent avec ex, de, à, Ab seul. (emplois transitifs),

D.: Calp., Decl. 2, corpori pallor excedit; Sil. XV 35, Cannaene tibi excessere? eruere, «artacher»; à côté de ex, Ab, Sén., Suas. 7, 3, uiues sed eruentur oculi

ex

tibi. exturbare;

(ex, Ab); Plaute, Poen. 382; nisi ego illi mastigiae exturbo oculos

aique dentes.

p

:

expellere, «chasser» (ab, Ab), [Tib.] II 10, 1, fenerae morbos expelle puellae. guellere, «enlever» (ex, Ab) D: Sén., Dial. XIF 17, 3, illa (studia) omnem rristitiam tibi euellent; Cic., Sest. 60; Att. XV À, 2.

erumpere, «sortr vivement» (ex, ab, Ab; emplois transitifs), D probable: Sén., Epist. 11, 2, quibusdam sudor erumpit; Luc. VI 555. 4.5. Le signifié complexe de ex- et ses rapports avec le D On a quelque chance d’entrevoir une explication en raisonnant d’abord sur les exemples où le D, parce qu’il réfère à un inanimé, risque peu d’être compris comme «l’être concemé par l’événement». Il sera temps, ensuite, d’épiloguer sur interférences et ambigüités entre deux interprétations du D. Soient donc euadere pugnae, excudere silici. Pugna, silex sont les lieux de départ où la fuite, (le jaillissement de l’étincelle), ont leur origine. Le fait, capital, c’est que ces D sont étroitement liés à la présence du préfixe ex- (Tuadere pugnae, s’il existait, signifierait «aller au combat»). ' Or que signifie ex? Il propose à l’esprit la vision d’un espace (à 2 ou 3 dimensions) à partir duquel se développe un procès d’éloignement. Mais cette position O n’est pas quelconque; elle est elle-même construite au terme d’un autre repérage spatial antérieur. Il existe (au moins) deux phases et non pas une seule, pour l’image, mentale ex-. La plus frappante, celle qu’on retient parce qu’elle est pertinente (et s’oppose aux autres prépositions spatiales) c’est la seconde, soit o —. La première, en revanche, est celle qui assoit la base même de ex, qui en établit les coordonnées. On pourrait la figurer comme

—# —

°

Le D avec les verbes en ex est lié selon nous à cette structure de base, celle de la

première phase. H reflète ce repérage initial, opéré à partir de O vers les frontières de E. C’est d’un certain point O inclus dans (donc repéré par rapport aux frontières de) silex ou pugna que se produisent euadere et excudere. Le D repère de visée (silic-i,

pugn-ae) attire sur silex et pugna la recherche des coordonnées initiales du mouvement ex.

Si les poètes ont usé de ce tour à première vue surprenant, c’est qu’ils avaient une conscience aigüe du mécanisme de la langue dans ses détails peu apparents. Ils ne se contentent pas de la banalité d’un Ab (euadere pugna) où -à ne fait que redoubler ex-. Avec pugnae ils nous installent d’abord au cœur de l’espace initial supposé par ex. Si l’expression y gagne en force expressive, c’est sans doute à cause de sa rareté qui fixe l’attention, c’est aussi parce qu’elle insiste sur la première phase de l’opération, négligée d'ordinaire parce que non pertinente et allant de soi. La personnification, souvent invoquée, n’a rien à voir ici. Le D comme tel ne personnifie pas. Qu’il y ait des affinités entre visée et mise en relief, dont pourraient bénéficier au premier chef les acteurs de l’interlocution, c’est une autre affaire. (Cf.

chap. VD. Note:

L’analyse proposée ci-dessus pour ex- vaut également pour les autres préfixes ablatifs, ab- et de-. Tous supposent une prise initiale de repères (avec des nuances connues entre eux) sur un espace de départ.

LE DATIF (D)

560

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

4.6. Pour conclure: rapport entre verbes simples et verbes préfixés Il est maintenant possible d’apporter quelques éléments de réponse à la question que posait l’observation faite d’emblée en 3.0.: le D commutant avec un Ab est bien attesté avec les verbes préfixés; les verbes simples l’ignorent. Les très rares exemples

semblent imputables à un alignement du simple sur le composé (rapere / eripere par exemple) — qu'il y ait eu spécialisation sémantique, ou peut-être dépréfixation, Quand le préfixe conserve son signifié spatial, il confère à l’ensemble préfixe + verbe, un signifié pu1ssamment expressif, et surtout une organisation différente des sèmes. Le préfixe n’est pas là comme un adverbe qui «modifierait», «nuancerait» le

processus dénoté par la base. Au contraire, c’est lui qui devient la composante principale du procès;

la base ne fournit plus que des indications sur la manière dont #

se réalise. Pour prendre un exemple: forquere signifie exactement «opérer une tor-

sion»; ce procès est évidemment inscrit dans l’espace, mais ni plus ni moins que tout autre phénomène. Ce n'est pas là que réside sa pertinence. Il ne comporte pas de référence spatiale explicite. De son côté ex-torquere ne signifie pas quelque chose comme «tordre en dehors» (où forquere garderait la primauté), mais «arracher (avec torsion)». Pour rendre compte de ce signifié une analyse morphématique unirait d’abord ex- et -ere (morphème verbalisant), et isolerait ensuite forqu-, véhicule secondaire de la modalité de l’arrachage!. Ce morphème devenu prédominant (le préfixe) n’a de sens — à la différence de

la base — que par un ancrage précis dans l’espace; c’est le cœur même de son signifié. On comprend dès lors pourquoi le D, visée-repère [— X] était propre à accueillir cette recherche de coordonnées spatiales inhérente à ex-, ab-, de-.

Il est vrai que cette construction n’est pas la plus fréquente; qu’elle se rencontre surtoui chez ces orfèvres subtils de la langue que sont les poètes. Mais enfin eile existe, et elle peut s’expliquer en elle-même, en évitant un recours simpliste à l’analogie des antonymes.

8.0. Pour les verbes préfixés abesse, ad-, de-, in-, inter-, prae-, prod-, super-, la construction avec le D tient une place éminente. Cela paraît normai pour prodesse [->] est évident. De même

On pourrait l’oublier pour les verbes dotés d’un préfixe latif, adesse, prodesse, obesse, dont on ne retiendrait que le signifié global «assister quelqu’un», «être utile à quelqu'un», «nuire à quelqu’un» qui rentrent dans les classes traditionnelles du D. Mais ce serait oublier que ces verbes ont cerfainement possédé pour commencer un sens laissant apparaître davantage celui du préfixe: «être près de», «être (dirigé) contre», «être au-devant de» (pour protéger): c’est à ce stade que le D s’est imposé, en observant exactement le mécanisme décrit ci-dessus (chap. ID), pour pragesse, «être devant» (pour montrer la voie), «commander», et les autres verbes en prae-, ante-, ob-, associés à un D repère.

On rendra compte sans peine de inesse, interesse, superesse, subesse. Même

les verbes à préfixe ablatif, abesse, deesse peuvent (abesse), ou doivent

(deesse) être accompagnés d’un D, pour les mêmes raisons fondamentales, que nous avons longuement exposées à propos des préfixes ab-, de-, ex-. Assez souvent, on peut s’y attendre, le signifié sémantique qui distingue tel verbe impose une construction redondante. Le cas le plus éclatant est celui de abesse, construit, en règle générale avec ab, ex, avec les adverbes «unde»; parfois on se bome à mentionner par un in + Ab le cadre spatial où se constate l’absence de la chose sujet (cf. 3.) Mais la concurrence des constructions à peu près synonymes, ou exprimant des relations différentes est de règle pour tous ces verbes, Voici quelques exemples: 5.1. Sous-groupe adesse, prodesse: Prodesse, depuis Plaute et Ennius, très usuel; emploi absolu fréquent; le sujet est humain ou non-humain. Adesse souvent seul:

uxor non adest, Plaute, Men.

318;

compatible

avec les

compléments de lieu variés: apud, ad, in + Ab; les adverbes hic, ibi, prope, coram. Caton, Agr. 83, mulier ad eam rem diuinam ne adsiet, «qu’une femme ne soit pas présente à cette cérémonie religieuse». Cic, Diu. Caec. 28, ad iudicium (mais aussi in iudicio, et même l’Ab seul, priore actione, Verr. 1 138). Le D est aussi ancien;

Plaute, Amp.

1131, adsum auxilio… tibi, «je suis à tes côtés pour t’aider» (avec

double D!); Ter.…, Ph. 484, Phaedria tibi adest; Eun. A64, dona tibi adsunt a Phaedria; Caes., Gall. VH 62, 5, Camulogenus suis aderat; Sall., Jug. 87, 2, pugnae; Virg.,

Buc. IV 56, quamuis huic pater adsit, «malgré l’assistance de son père»; II 68:;

5. NOTE DE SYNTHÈSE SUR LES VERBES PRÉFIXÉS DE ESSE

«être utile», dont le sème

561

pour adesse

«être présent»

Virg., Aen. X 461, coeptis ingentibus; Cic., Fam. VI 14, 3, tuis rebus. D inanimé encore dans les locutions comme Cic., Fam. XV 6, 2, seribendo adfuisti, «tu as été

là pour la rédaction»; cf. XIT 29, 2.

(pour agir sur une personne ou une situation). C’est beaucoup moins net pour praeesse, «être devant, en tête», inesse, «être dans», interesse «se trouver entre», super4

esse, «être au-dessus de», et surtout pour deesse «manquer» et abesse «être absent». Ces verbes où la nullité de esse laisse le rôle sémantique entier au préfixe — permettent de confirmer la thèse soutenue ici que le signifié spatial des préfixes exigé des coordonnées, une prise de repères, une «prise de marques» au sens sportif du terme. Et que le D (quelle que soit la «construction» habituelle de la préposition homonyme du préfixe) convient éminemment pour cette fonction de «repère à viser».

5.2. Le groupe inesse, interesse, praeesse, superesse, subesse. Inesse s’emploie normalement avec in + Ab. Plaute, Bacch. 733, in cera, Cf. Cic., Agr. 2, 91. Le D apparaît avec Salluste, les poètes augustéens, et se maintient chez Liu. et Tac.; Tib. I 6, 34, clauis inest foribus «la clé est dans (sur) la porte»

Hor.

Sat. [ 4, 47: Qv. Fa. 1 651, inerant uestigia ripis. Interesse, peut être seul ou accompagné de in + Ab (Cic, Tucs.); mais beaucoup plus souvent avec le D; Cic, CM. 7, querelis; Virg.; Liu.; Tac., Ann. XVI 21,

funeri. Le D complément fait interpréter le verbe par «prendre part à», ainsi Caes., !.

La fameuse «linéarité» du signifiant disparaîr dans ce creuset de synthèse qu’est le mot. C£, G. Serbat, 1989.

LE DATIF (D)

563

CHAPITRE VII 562

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

DATIF, PHRASE, DEIXIS Gall. VI 13, 4, rebus diuinis; Cic.; avec un adj. verbal en -ndo-, feriendo foederi, Cic., FI. 43; Hor.; Liu,, etc. (Noter la construction surprenante avec le G, ou avec meä tuä.…, d’où le sens de «être avantageux pour»). Praeesse est fréquemment suivi du D, sans tour concurrent semble-t-il. Cic., Font. 14, Galliae, Caes.…, Gall. ! 16, 5, summo magistratui. !l s’emploie pour des «missions»

avec un SN comprenant un adjectif verbal épithète en -ndo-. Cic., R. Amer. 50, agro colendo: c£. Pis. 87; al.

Superesse: le D est seul fréquent, avec des effets de sens variés: «être au-dessus de», «être à la hauteur (d’une action)», «l’emporter sur». Caton, Agr. 38, 4, tibi:

1. DATIVVS SYMPATHETICVS

1,0. Opinions reçues On range traditionnellement sous ce titre des occurrences de D d’intérêt telles que le nom au D semble pouvoir être remplacé par un G («Possessif») ou par un adjectif possessif sans altération du message.

sujet «loin poêtes, en quid semavoir je ne

Note: Le terme de sympatheticus a été forgé par W. Havers, à partir d’une observation de Gildersieeve; à propos de Pind., Pyth. III 46, ävOp&xorot iéc0a1, celui-ci estimait le D &vOpôToist «more sympathetic» qu’un G äévopotav. Est-ce une raison pour qualifier ce D de «D de possession» comme le font certaines grammaires, notamment ETh p. 73? Ces auteurs affirment que le latin «a le choix» entre Caes., Gall, 1 31, 2, sese… Caesari ad pedes proiecerunt, «aux pieds de César», et Cic., Fam. IV 4, 3, cum se ad Caesaris pedes abiecisset. Tout au plus le D «paraît parfois plus expressif». (CÉ. Plt, Rud. 274, tibi amplectimur genua). La question mérite d’être réexaminée, ce «D sympath», étant sans doute une des manifestations les plus profondes (et les plus tenaces — il survit très bien au français par exemple) du D. On vient de voir l’exemple de César. Mais Havers poussait très loin la distribution de ce D, n’en distinguant pas moins de 6 catégories (Cf. E. Lôfstedt, Synr. I

sais quoi pour être assuré». Ov., Tr. V 2, 56, nec mihi ius ciuis nec mihi nomen abest, «il ne me manque ni les droits ni le titre de citoyen». Cf. Virg., Aen. VTE 498,

p. 174).

nec dextrae… deus afuit, «la divinité ne fit pas défaut à son bras». Avec le D, comme on voit, abesse se rapproche de adesse. (Observer les tours négatifs).

1. Rapport au corps humain (ou animal): PIt., Asin. 371, malam si tibi percussero;

Mi. 1318, Matri oculi si ualerent, cf. Curc. 241; 589: 2. rapport à l’âme (avec des exemples d’Homère); Plt. Mer. 388, animus mihi dolet; 3. rapport à l’ensemble de ce que possède l’être au D;

Caes., Ciu. 11 31, 2, alteri; Cic. Verr. 13, satietati, Virg., Ge, HI 127, labori; Colum.

VI 27, B, ueneri. (Cf. II 3, 1. 5.3, Le sous-groupe abesse, deesse La construction la plus fréquente en prose de abesse est — outre l’emploi absolu — l’association avec ab, ex ou un adverbe «unde». Ainsi chez Plaute, Cic., Caes. On trouve aussi parfois mention d’un lieu (ou d’un événement forcément situé en un

lieu) considéré seulement comme l’endroit où se constate l’absence de l’être sujet. Autre disjonction entre le verbe et un nom au locatif, Plaute, Merc. 924, ruri ipsa abest, «elle même est loin, à la campagne». Abest dénote une position du de» , et cette position est «à la campagne». Les revanche emploient quelquefois le D. Hor, Carm. TIT 24, 64 certi nescio per abest rei, (ses richesses ont beau grossir) «il manque toujours à son

Deesse, à l’inverse, s’il se construit parfois avec l’Ab seul (Cic., Fam. XI 28, 3), voire avec in + Ab (Plaute, Persa 289, in carcere) est beaucoup plus souvent acconm-

pagné d’un D. Plaute, Bacch. 37, metuo ne defuerit mihi… oratio. CË. Cic., Verr. V 135, illis; Caes., Ciu, IT 6, !; Virg., Aen. X 378, fugae.

La différence qui apparaît entre les constructions de abesse et celles de deesse semble liée à une différence d’emploi: avec abesse, en effet, dominent les noms de lieux; avec deesse les noms de personne. En outre, il existe une équivalence appro-

ximative entre non deesse et adesse. Or la combinaison de ce dernier avec un D ne cause aucune gêne. On observera que les trois exemples de deesse dans Cic, Catil., sont en fait non deesse. Catil. TV 18, praesidia uobis non desunt «les protections ne vous font pas défaut»; cf. 1 3; III 8.

4. avec les verbes «enlever, écarter»; 5. relations inter-humaines (parenté, amitié, services, etc.): Tér, Ad. 126, natura tu illi pater es;

6. avec les verbes de mouvement (concurrence avec les prépositions). À notre avis, il vaut mieux traiter à part, comme nous l’avons fait, des catégories 4 et 6 (cf. Chap. IV). Le D s’y trouve en concurrence avec des tours prépositionnels (ablatifs ou ailatifs), et non pas, en première ligne, avec le G, comme dans les caté-

gories 1, 2, 3 et 5. Les catégories 1, 2, 3 d’une part et 5 d’autre part ne s'opposent que par la position syntaxique du D, adnominal en 5. D’autre part, on peut trouver des inanimés (à classer cependant dans 1), Cato, Agr. 152, eabus (scopis) latera doliis… perfricato.

LE DATIF (D)

564

Cic, Fam. XIV 2, 3 Nam mihi ante oculos dies noctesque uersaris, «car pour

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

moi tu es jour et nuit devant mes veux» (Lettre très touchante à sa femme et à ses enfants, aux prises avec de graves difficultés, alors qu’il se trouve à Thessalonique). De même, Catil. IV 11, versatur mihi ante oculos aspectus Cethegi et furor, mot à mot, «se trouve pour moi, sous les yeux, l’aspect de Cathegus et sa folie». Supposons ante oculos meos, l'expression perdrait singulièrement en vigueur; ante oculos

L.L. Exemples et analyse En vérité la «dépendance» du D est parfois difficile à décider; du verbe? du nom? .

ou d’un ensemble plus complexe qui est l’événement dans son ensemble? Cette der… nière solution est de loin préférable. Soit Pétrone 30, 7, seruus nobis… procubuit ad pedes; «l’esclave se jeta à nos pieds» (cf. 49, 9; 46, 4; 47, 3; 48, 7; 57, 2; 62, 5 10; 11; 63, 1). C’est un emploi identiqueà celui de César, Gall. T 31, 2. (On observera au passage que le D sympatheticus est aussi abondant chez Petr qu’est rare chez ses personnages le D «possessivus» est mihi), Le fonctionnement de ce D paraît assez simple: il y a un événement S€ruus procubuit ad pedes; et cet événement dans son ensemble est rapporté à nos, comme il l’était à Caesar (ci-dessus, Gall, I, 31, 2): (événement) [> X]. Il est vrai que

l’intelligence du pourrait satisfaire nostros), comme nuances notables Ces nuances

meos ne dit guère plus que ante oculos seul; tandis que mihi installe un personnage

comme témoin de toute la scène, terrible en vérité, de la folie meurtrière de Cathegus. Pétrone en fait un usage grand-guignolesque au chap, 62, dans l’épisode du loupgarou, où il n’y a pas moins de trois D «sympath.» en une page. Lorsque le narrateur ;

message exige que soit nommé l’être au D. TI est vrai aussi qu’on à cette exigence avec un G (Caesaris) ou avec un possessif (ad pedès en français. Le message global resterait équivalent, mais avec 'dèä 2 entre les deux expresa1ons possibles. se trouvent méconnues

si l'on considère que

565

«les pieds»

appa_r-

tiennent bienà quelqu’un, que le propriétaire, c’est «nous» ou «César»; c’est là se mouvoir dans l’apparence et s’accrocher à une évidence extra-linguistique. ' La spécificité sémantique du D tient à sa position syntaxique, très différente de celle du G ou de l ad3ecfif possessif. Ceux-ci sont inclus dans le SN (ad pedes nostros/Cæsa— ris)à la manière subordonnée d’une épithète. Le D, lui, constitue seul un SN, _}0uiSS&ïli de plus, en général, d’une position remarquable en tête de l’énoncé, ou immédiatement après le sujet; parfois en fin de phrase, Pit. Curc. 24l perdura, dum intestina exputescunt tibi; Tér, And. 330, orando iam surdas auris reddideras mihi, De toute façon, il faut voir en lui le partenaire de tout l’événement relaté. I bénéficie de la sorte d’une incontestable

mise en relief. Sa vigueur expressive le recommande à la langue familière comme à la poésie (il est courant chez Virgile, Buc.). Il convient aux scènes dramatiques, aux moments d’émotion. Ainsi Pit. Curc. 589, Sicine mihi esse os oblitum! «M'’avoir, à moi, ainsi barbouillé la figure!» (= «m’avoir berné»); cf. 241; 504, Rud. 274, nunc tzbz amplectimur nos genua. Les suppliants de César (Gall. T 31, 2) sont en larmes (flentes). Plt., Bacch. 478 sq. (le précepteur Lydus relate avec indignation la conduite, inconvenante en public, de deux jeunes amoureux): le garçon ne se borne pas à manus ferre ad papillas, «porter ses mains sur les tétons», mais manum sub uestimento ad corpus tetulit Bacchidi me praesente, «en ma présence, il lui a envoyé sa

voit soudain son compagnon se déshabiller pour se transformer en loup dans le décor

inquiétant des tombeaux de la voie Appienne baignée de lune, «il a la mort au bout du nez» (Ernout), Mihi anima in naso esse, stabam fanquam mortuus (62, 5). Il arrive

dans une maison amie plus mort que vif, ruisselant de sueur: sudor mihi per bifurcum uolabat, «la sueur me dégoulinait dans l’entre-deux»> (Emout) 62, 10. H apprend que justement un loup vient de saigner les brebis comme un boucher. sanguinemt illis misit, 62, 1E

À ce récit, Trimalcion avoue, 63,1, mihi pili inhorruerunt, «j'en ai eu le poil hérissé». Voir d’autres exemples ci-dessus, notamment IV 1, 10 fin; 1, 12; 2, 3... ete 1.2. D à fonction double

D'autres emplois sont d’une plus grande complexité: Virg., Buc. X 33, mihi… molliter ossa quiescant…

«que

mes

os reposeraient doucement»,

traduit E. De

Saint-Denis. S’il est difficile de traduire autrement, du moins peut-on essayer de se représenter plus exactement ce que dit Virgile. Le poète installe en tête de la phrase (est-ce un hasard”?) la personne visée (intéressée), puis énonce l’événement souhaité. Pétrone met dans la bouche d’un affranchi une exclamation analogue, 39, 4: Patrono meo ossa bene quiescant! S’il est d’une totale évidence (extralinguistique) que le squelette est blen celui du patronus, en revanche la phrase dit aussi autre chose.

Pour entrer dans le détail: on a une situation d’énonciation, dans laquelle sont impHqués un locuteur EGO, un (des) interlocuteur(s); leur Hic et Nunc, un ensemble de

connaissances partagées (ce que J.-M. Zemb appelle SIC). Quant à l’énoncé il est marqué par une modalité optative (sbj}. Le D exploite ici la possibilité offerte d’une relation double:

main sous la robe, sur la chair, à Bacchis». On aurait ici le choix entre les classes 1

a. avec la modalité optative voulue par EGO et exprimée par -a- (quiescanf);

et 3 de Havers: D complément du «corps humain» (la chair de Bacchis), ou de «ce qu’on possède» (la robe de Bacchis). Malgré Ernout «sous la robe de Bacchis», ce n’est ni l’un ni l’autre. Le moyen approchant de rendre le latin, c’est d’utiliser un brutal cataphorique initial, avec reprise finale de Bacchis au D. Le précepteur conclut par cette phrase riche en D du même type:

b. avec l’événement ossa bene quiescere.

Mihi discipulus, tibi sodalis periit, huic filius, Nam ego illum perisse dico cui quidem periit pudor «Nous avons perdu, moi un disciple, toi un camarade, lvi un fils; car je tiens pour perdu celui pour qui la pudeur est perdue». (On n’imaginerait pas «mon disciple est perdu», etc.!).

Modalité —> patrono Evénement

On peut gloser: «le souhait (que je forme) pour mon patron, c’est que ses Os réposent en paix».

LE DATIF (D) 566

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Si l’on supprime la modalité optative, le D n’est plus que l’être visé par l’événe. ment entier ossa bene quiescere (comme plus haut #ibi par rapport à malam percytere). Mais avec l’expression d’un souhait, petrono est à la fois le «bénéficiaire» de

l’attitude modale optative, et de l’événement ossa quiescere. De même pour le vœu de Virgile, avec cette différence que le bénéficiaire du souhait est le locuteur lui-même, Cette complexité relationnelle (syntaxique) qui sort des cadres grammaticaux stricts, ne doit pas surprendre. Elle résulte des capacités syntaxiques protéiformes du D que nous soulignions au début de cette section. C’est pourquoi nous n’acceptons pas du tout l’équivalence posée par ETh entre Caesari ad pedes (César) et ad Caesaris pedes (Cicéron). Dans le premier cas (n’oublions pas que c’est César lui-même qui raconte), Caesari est mis en vedette, en tête (ou à peu près) de la phrase; il est

la personne à qui est offerte la scène dramatique qui suit (ad pedes se proicere); dans le deuxième cas, l’événement, bien qu’identique est vu autrement: Caesaris est

intégré à, englobé dans, le SN ad pedes. Le contre-sens serait d’extraire de Caesari ad pedes se proiecerunt un groupe nominal Caesari ad pedes et de comprendre «aux pieds à César» (ce qui ne serait pas forcément vulgaire en latin, à la différence du français), comme ad Caesaris pedes signifie «aux pieds de César». Il y a bien contresens, puisqu’on ignorerait que Caesari n’a pas pour terme premier ad pedes, mais l’ensemble de l’événement. Comme on le voit, il est très superficiel de parler ici d’un D «de possession», ce qui incite à une analyse fausse; (nous ne voyons pas non plus comment on pourrait parler comme

M. Herslund,

«Le D en français»

d’un D «partitif>, pour la seule

raison que Caesari est un tout, et l’Ac pedes la partie). Ce D n’est pas «peut-être parfois» (ETh) plus «expressif» que le G. H l’est certainement. On comprend qu’on l’ait qualifié de «dynamique» (avant Havers). L’appellation de «sympatheticus» n’est pas toujours pertinente (elle semble telle dans l’exemple de Pétrone, ou celui de Virgile, mais chez Plt., malam tibi percussero

HSz p. 94, suivant de près Havers, y voient bizarrement un moyen de «in Mitleiden-

567

1.3. Aperçu d’une histoire de l’emploi du D en latin Nous ne reviendrons pas sur l’aptitude du D à l’empioi adnominal, ou adverbial (ou ad-modal, ou ad-phrastique). Beaucoup des exemples cités ci-dessus à propos des D d’intérêt ou de finalité pourraient aussi bien figurer ici. Rappelons seulement, Plt. Mi, 1431, Quis erat igitur?- Philocomasio amator; Mi, 271, tutor liberis: Pétr. 45, 6, nam illi domesticus sum;, et tous les tours catoniens pabulum ouibus,

feriae bubus, daps loui, intertrigini remedium, summa sumptui, etc., Tac., Ann. II 14, 5 custos saluti; et cette exclamation chez Accius, trag. 522, Achiuis classibus

ductor! Bien que nous ne puissions reprendre les chiffres de Havers, puisqu’il inclut, dans le D sympath., les D compléments des verbes «enlever» ou des verbes de mouvement, nous retiendrons de ses relevés une impression d’ensemble: d’abord la fréquence de son emploi chez les Comiques; l’expression au D est deux fois plus fréquente chez Plaute que l’expression possessive (relativement) proche (G et adj. possessifs), soit 280 contre 140. Sa prépondérance est un peu moins marquée chez Tér. (80/50). Cicéron au contraire préfère les tours possessifs, sans doute par réaction puriste contre une langue drue jugée trop populaire et non pas par hellénisme comme le voulait Havers, De même César (30/80), tandis que Salluste est plus proche des auteurs archaïques. Les poètes augustéens redonnent la première place au D. Chez Virg., Buc. HI 103; IV 53; VII 6; 9; 26; VIIE 13; X 39; 49; 73 (mihi amor).

Pour les prosateurs post-classiques E. Lôfstedt, Synr. I° 179 sq., a complété et précisé les indications très insuffisantes de Havers (mais en respectant ses catégories). Typique est le cas de Pétrone, où l’on ne trouve que 19 D sympath. (dont 14 dans les entre-

tiens vulgaires), contre 77 expressions possessives (dont 9 seulement dans les entretiens vulgaires). Pétrone illustre ainsi l’opposition sensible entre Plaute et Térence d’une part, Cicéron et Salluste d’autre part. Cf. l’opposition entre Liu. XXXIX 42, 12, consulem Gallo… fugienti latus transfodisse, et Curt. VIII }, 52 haec dicentis latus hasta transfixit (rex); Pline, NH XXI 77 aurait pu employer un D regibus au lieu du G: maius regum uectigal ex eo (= sale) est quam ex auro. Un autre témoignage intéressant est celui qu’apporte la confrontation de la Mulomedicina de Végèce avec sa source principale la Mulom. Chironis. L'objectif de

schaft ziehen»).

Végèce, explicité dans son introduction, est de réécrire correctement le texte-source,

Il nous paraît plus juste de répéter que ce D opère une mise en relief, au service, le plus souvent, des protagonistes de l’énonciation; c’est un D de vedettariat dramatique — avec bien sûr, les risques inhérents à tous les signifiés accentués de voir s’affaiblir et disparaître ce qui les distinguait à l’origine.

c'est-à-dire en conformité avec les règles traditionnelles (cicéroniennes) de la langue. Là où Chiron avait écrit (22) cui alligabis lino suffraginem, ita ut constringantur uenae, Végèce I 26, 2, corrige: suffraginem illius alligatam lino uehementer stringes; parfois il supprime le D (contextuellement présent), II 12, 6 fempora etiam munies, en face de Chiron 287, tempora ei munias (ce qui amène à relativiser l’opinion de Schrijnen-Mohrmann I 103, — se fondant sur Cyprien — que ce D serait «rare» en latin tardif. Il est donc incontestable que le D sympath. garde sa place dans la langue «vulgaire» tardive, même s’il est concurrencé, en position adnominale, par le tour

Cet effet de sens est obtenu (c'est là l’essentiel) par la conjonction: + d’un signifié sémantique «repère à viser»; * d’une capacité syntaxique multiforme, qui permet à l’être au D de recevoir l’hommage de tout un événement (ou d’en subir les désagréments), ou même d’être le

premier concerné par la modalité. La confusion possible vient de la présence dans la phrase d’un nom qui pourrait être la tête d’un SN où le D s’intègrerait comme G. Mais, comme on le sait depuis Aulu-Gelle, le G adnominal a la vertu de neutraliser les fonctions les plus diverses. D’où une «mise à plat», une banalisation de ce qui serait autrement présenté comme but, origine, agent, patient, lieu parcouru, etc. (cf. section V).

en ad.

_

Les langues romanes apportent le témoignage irrécusable de son ‘enracinement. “ II n’y a pas d’alternative en français moderne pour «je lui serre la main» («je serre sa main» dénote un autre geste et suppose un contexte affectif particulier). Les faits

568

LE DATIF (D)

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

b‘1en connus dans les autres langues romanes confirment que le Datinus sympathen',‘ | ficus, loin d’être une simple curiosité, est profondément ancré en latin, et promis à une fortune durable (cf. Svennung, Unters. 635).

2.0. Virg., Buc. 2, 36-37: est mihi… fistula, «j'ai une flûte». Dans un même mouvement prédicatif, l’existence d’une flûte est assertée et rapportée à ego. La saisie immédiate d’un effet de sens possessif (clair dans cet exemple) a Ç0flcfi1it à instaurer l’existence d’un Datiuus possessiuus, appellation beaucoup trop radicale.

comme on verra, et qui a le défaut d’offrir une solution avant une analyse plus four: nie d’exemples, et mieux argumentée.

$

Plusieurs questions se trouvent impliquées par ce tour: quelle est la fonction du D? Quels sont le rôle et le signifié de esse? Quels rapports y a-t-il entre esse + D Avant

d’y répondre,

nous

donnerons

C’est une tendance que confirment les auteurs techniques comme Celse ou Pline,

encore que chez eux, l’influence de la tradition littéraire, le souci épisodique du beau style, ou la recherche de la xariatio maintiennent est mihi à un niveau appréciable.

Ainsi Onnerfors 1956, Pliniana p. 28-30, observe qu’au !. X de NH, on rencontre 57

2. LE D PRÉDICAT: MIHI EST...

et esse + G?

un échantillon

sommaire

des

exemples fournis par les auteurs.

fois (est) mihi (est exprimé ou non), et 30 fois habeo. En revanche, le 1. XXXVII, d’une écriture moins élaborée, inverse la proportion, avec 41 habeo pour 18 est mihi. Ajoutons ces exemples tirés de NH XXXI, 31, Titium… marmorei signi faciem habuisse; mais ib. 77, pondus magnum glaebis, «les blocs sont très lourds» (avec omission de esf); 23, hoc et templo et deo nomen (expression formulaire nomen esse).

Note: En dehors de est mihi et de habeo, le latin connaît d’autres façons d’exprimer ce rapport notionnel de «possession». Ainsi en faisant du D un G complément du sujet, e.g. NH. 31, 37, aquarum salubrium sapor odorue nullus esse debet; en usant d’un Locatif, 31, 62, medendi modus et in marinis erit.

2.1. Quelques exemples illustrant l’histoire du tour

2.2. Fonction du D

Ce tour usuel chez les Comiques et chez Caton, disparaît de la langue familièæè‘ au début de l’Empire, Les affanchis de la Cena Trimalcionis l’ignorent, et emploient habere. (En dehors des dialogues 80, 5, ut sit illi… in eligendo fratre libertas). Les auteurs techniques, comme Celse ou Pline confirment cette évolution (Ônnerforsk Pliniana, p. 28 sq.). Sa présence chez Tacite est l’indice d’un effort littéraire artificieiî ; 'Quelques exemples: (21 occurrences dans Plt., Curc.) Plt., Curc. 236 Sed quid

Il constitue à lui seul le prédicat confirme la disponibilité syntaxique cédents, et dont on aura des preuves Des exemples nombreux en ont

_tlbt est? Renes dolent, pulmones distrahuntur, etc. «qu’est-ce que tu as?» (Mêniè 1qterrogation ët même réponse accablée, 309; 58, credam pudor si cuiquam lenoni siet; 59 illi occasio est… Cf. 43; 44; 265; 334 (bis); 372; 461; 465: cum istoc mihi

negoti nil est, 495, quibus sui nil est nisi una lingua; 498; 547, nec mihi quidem libertus ullus est, 600, nulla (res) est mihi, nam quam habui absumpsi celeriter; (remarquer la succession est mihi, habui); 688, quid tecum est mihi. Cato, Agr. 156î 6, et puero et puellae si ulcus erit huiuscemodi; «si, garçon et fille ont un abcès de

cette espèce».…; 139, uti tibi ius est, «comme tu en as le droit>; 25, erit lorea («de la piquette») familiae quod bibat; 7, 1 et domino erit qui utatur, «le maître en aura pour son usage» 156, 10, quibus oculi parum clari sunt… inunguito; 156, 5, quibus È0rmma molesta erunt (cf, 156, 9); 156, 7, quibus substillum est («une miction goutte à goutte»). Caton emploie aussi bien, sinon mieux, le tour équivalent avec habere. _Lss Catil. en offrent tout de même une dizaine d’exemples comme II 15, guae religio Mario non erat, «Marius n’avait pas ce scrupule» (de même I 9, tibi; 116, lenitati, 11 26, urbi; 27, portis, uiae; III 10, Cethego:

569

11, sibi; 16, ei; 28, nabîfis; Tv

29, cui). On note ici encore que la transposition par habeo est parfois impossible. Virg., Buc. 1 26, quae tanta fuit Romam tibi causa uidendi? cf, II 25; II 53; III 33, est mihi domi pater; VIII 89; TX 33, sunt et mihi carmina; X 37, certe siue mihi

Phyllis esset siue esset Amyntas. Pétrone, qui reflète l’aversion marquée de la «Ungangssprache» pour est mihi, emploie déjà, comme les langues romanes, habeo.

de la phrase. Le fait n’a rien de surprenant; il du D, si souvent illustrée dans les chapitres préfrappantes dans la suite de ce chapitre. d’ailleurs été donnés ci-dessus, à propos du D

final TI 2, 4. Dans hoc erat curae, curae forme bien avec le signal syntaxique esse,

le cœur prédicatif de la phrase. De même pour est mihi fistula. Mais ici le D, animé humain, se rangera dans l’ample catégorie des D «d'intérêt», plus exactement du D d’intérêt au sens X1

(SE = Situation d’énonciation)

Le D éthique possède le signifié constant propre au D. À la différence du D sympatheticus — et comme le D de validation — il n’est pas engagé dans l’événement, 1l n’est pas nécessaire, Le locuteur fait simplement surgir dans l’énoncé un des protagonistes de l’énonciation, comme un témoin capable d’attester, non pas la vérité de l’assertion, mais l’énormité — du moins le caractère surprenant de l’événement. Cic., Fam. TX 2, 1, at TIBI repente uenit ad me Caninius.

quae est à foro eunti primo cliuo. Cic.…, l’évite; Sall, Hist. TV 27, procul uisentibus; Nep. 1 1, 5, Athenis proficiscentibus; fréquent chez Liu.; Petr. 29, !, ad sinistram intrantibus… canis ingens… in pariete erat pictus. Ce D reste usuel Tac.; Hist. V 11, turres procul intuentibus pares; Peregr. Eg. 29, 4. 3.1.1. Remarque: le verbe videri «sembler» + D Sans entrer dans le dédale des emplois de uideri, il semble indiqué de rattacher au D de validation le tour uideri alicui, «paraître, sembler à quelqu’un». H est acquis que uideri est fondamentalement un passif (cf. P. Flobert, Deponents 383 sg.; OLD s.u,) il peut d’ailleurs se construire comme

(SE) (Modal.)

Phrase

Énoncé

J Ego, Tu…

Il va de soi que dans les deux cas l’être au D est animé humain, La différence est dans la possibilité, pour la validation, de faire intervenir aussi bien un tiers que EGO et TV. Il y a aussi une différence de ton: une simple validation s’opère dans le calme, sans passion. Le D éthique implique une charge affective, étonnement, protestation, admiration, dérision. 3.1

Mais Virg., Buc. n’est plus «être vu», qui, le sujet est perçu portée du souhait. En

uideri, «être vu», et la limitation exprimée par fibi. De même, par exemple, Cicéron, Lae. 58, diuitior mihi uidetur esse uera amicitia.

4. DATIF ÉTHIQUE

Il est bien connu des langues romanes… La Fontaine dans la fable «Le cheval et le loup», écrit à propos du cheval déjouant une dangereuse ruse du loup: L’autre, qui s’en doutait,

Datif de validation

Lui lâche une ruade

Comme Pit. cité ci-dessus, Catul. écrit 86, 1, Quintia est formosa multis, «Quin-

Qui VOUS lui met en marmelade

tie est belle aux yeux de bien des gens» («au jugement de», «selon», «d’après», «à

Les mandibules et les dents.

l’avis de»).

Cic, Parad. 36, an ille mihi liber cui mulier imperat? «puis-je considérer comme libre l’homme soumis aux ordres d’une femme? Virg., Buc. VII 35, Galatea, thymo mihi dulcior Hyblae; cf. T 6; V 53; VIT 43; VTI 70, ex illo Corydon Corydon est tempore nobis. Plin., NH KXXI 39, spiritum continentibus frigidior sentitur eadem {aqua). Lact., Inst. V 14, 18, nemo deo pauper est; Min. Fel. 29, 4, qui ceteris deus, sibi certe homo est. Est-il nécessaire de subdiviser les occurrences selon qu’il s’agit d’un jugement intellectuel (comme ci-dessus) ou d’une sorte de repérage topographique? C’est ce que font KSt I 1, 321-322. Il y a peut-être intérêt pratique, mais le danger est de dissimuler l’identité de la position syntaxique du D, et de son rapport avec l’énoncé. Caes., Cix. IM 30, 1, (Gomphos) quod est oppidum primum Thessaliae uenientibus ab Epiro, «pour des gens venant d’Epire». Ces voyageurs sont le repère visé (D) pour assurer la vérité de l’assertion: «G. est la première ville en Thessalie», (On observera que KSt considèrent que c’est le D qui exprime le «Standpunkt», physique ou moral — «Dativ des ôrtlichen / geistigen Standpunktes» —, alors qu’en fait

tel: Cic., Off. TT 38, à nullo uidebatur.

VII 41: ego Sardoniis uidear tibi amarior herbis, le signifié mais «sembler»; et le D dénote l’être pour qui, aux yeux de «plus amer que les plantes sardes». Le D focalise sur le TV la français, un verbe comme «sembler» opère la synthèse entre

VOUS n’a pas d’autre fonction que de prendre l’allocutaire à témoin d’un événement saisissant. VOUS sort des coulisses de l’énonciation — où il est forcément présent — pour venir se mêler à l’énoncé, à l’appel du locuteur. Dans l’énoncé même, on ne peut lui assigner aucune position syntaxique!. Cette manœuvre du locuteur ne peut pas se répéter trop souvent sous peine de voir s’estomper son efficacité (cf. Rem. 1), Elle est donc liée à la mention d’un fait hors

du commun, propre à inspirer une réaction de surprise, d'émotion… Avec une donnée d’une évidente banalité, le D éthique devient incongru… La Fontaine n’aurait pas écrit: «Un cheval vous mangeait de l’avoine dans son écurie».

Particulièrement bien adapté à la langue orale, ce D est présent dès les Comiques, il abonde dans la Correspondance de Cicéron, se maintient à basse époque et dans les langues romanes.

1.

J.-B. Hofmann (L.U. 136-7) insiste sur le caractère «logiquement superfiu de ce D» mais reconnaît la place énorme qu’il occupe dans la «Umgangssprache».

LE DATIF (D)

574

2. suus sibi. La langue familière abuse du sibi redoublant sémantiquement le

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Plt, Curc; 409, nam MIHFI istoc nomine… expleui totas ceras quatuor (avec le nom démesuré du soldat grec); 546, quos tu MIHF luscos libertos sommias? Cic., Att, 1 14, 5, hic TIBI Cato rostra aduolat;

Devant le peuple, Cicéron Catil. II 10, brosse un portrait ignoble de la dépravation des conjurés: (homines inertes) qui MIH accubantes in conuiuiis complexi mulieres impudicas, uino languidi, conferti cibo, sertis redimiti, unguentis obliti,

debilitati stupris, eructant sermonibus suis caedem bonorum, «(des incapables) qui, vautrés dans leurs festins, enlaçant des femmes impudiques, alanguis de vin, gorgés

de nourriture, ceints de guirlandes, enduits de parfums, épuisés de débauches, vomissent dans leurs entretiens l’assassinat des gens de bien..….». Comme on voit, MIHI n’est pas passé dans la traduction, tant il est étranger à la charpente phrastique.

Bailly (trad. Budé) le rend assez bien par: «Ah! Je les vois! Ils sont vautrés», etc, L’outrance de la scène pourrait la rendre invraisemblable; l’être au D, énonciateur où co-énonciateur, est alors convoqué pour établir qu’on ne parle pas «en l’air»,

Contrairement à ce que l’on écrit souvent ce n’est pas le D qui, en premier, exprime surprise, indignation, adrmniration, etc. . Il n’intervient que dans une situation déjà donnée comme extraordinaire pour en souligner l’anomalie. Virg., buc. VTIL 6, Tu mihi seu magni superas iam saxa Timaui

(il s’agit des exploits exceptionnels de Pollion en Dalmatie, notamment le franchissement des «rochers du grand Timave»). Le poëte marque par ce mihi inséré dans l’énoncé, son émotion admirative: «Regardez-moi ces exploits! Tu franchis» etc. Il est parfois délicat d’affecter un D à la variété énonciative (éthique) plutôt qu’à la classe large des simples D d’intérêt. Ainsi Virg., Buec. II 70, Semiputata TIBI frondosa uitis in ulmo est, «dans l’orme feuillu la vigne est à moitié taillée TIBI». Le D est-il en rapport avec le seul participe passé” (peu satisfaisant):; où avec uitis (& «ta vigne»}? ou encore avec l’ensemble de la proposition, avec la valeur d’un D incommodi? Cette dernière interprétation pourrait être retenue si le contexte n’invitait pas à Insérer ici la véhémence d’un D éthique. En effet, au vers précédent, le poète interpelle son ami négligent: Quae te dementia cepit? «Quelle folie t’a pris? Ne vois-tu pas que la vigne reste à moitié taillée dans la frondaison de l’orme?» Hor., Epist. I 3, 15, quid mihi Celsus agit? Le D éthique, du fait de sa valeur énonciative, reste trés vivant dans les langues romanes (cf. ital. ecchete; Rhet. Her. IV 10, 14, ecce tibi iste…), comme il l’est

d’ailleurs dans les langues slaves et les dialectes germaniques. (Cf. Meyer-Lübke, Gramm. III 399). Remarques:

575

possessif: PIt., Capt. 50, suo sibi seruit patri, Âttesté chez Tér,, Cic., et chez des auteurs tardifs comme Chiron. 5. DATIF ET DEIXIS 5.1, Les faits

On a vu combien le D était parcimonieusement représenté dans les textes, à côté des cas qui accaparent plus des 3/4 des occurrences nominales: N, Ac et Ab. De cette faiblesse numérique globale, on a souvent conclu hâtivement à un évanouissement précoce du D; cela au mépris des données du latin chrétien et tardif, au mépris surtout des faits romans qui attestent la vitalité préservée d’un D formel, au moins pour les pronoms personnels (pour les noms aussi en roumain). Tl y a là une sorte de paradoxe, que permet de surmonter une analyse plus poussée des formes nominales apparaissant au D. Leur ventilation fait voir que le maigre D emporte la palme haut la main pour l’emploi relatif des déictiques (par déictiques, nous entfendons les pronoms personnels, les démonstratifs en rapport avec la deixis — ce qui exclut idem et ipse par exemple, du moins jusqu’à une époque tardive; ce qui exclut aussi les pronoms relatifs et interrogatifs indéfinis) — Ceux-ci ne se distinguent guère des substantifs, comme on peut en juger d’après le tableau suivant portant sur les D chez Cicéron, Catil. Voici pour ces divers termes la proportion des déictiques: SubstantiËs Pron. relatifs

Pron. interrog. Mais: Déictiques

3193 388

dont dont

156 D 12D

= =

4,88% 3,09%

120 854

dont don

3D 127D

= =

2,50% 14,85%!

H faut reterur de ce tableau:

à. la supériorité écrasante des déictiques D sur tous les autres D (plus de 42% du total}; b. le fait corrélatif que les D sont beaucoup plus nombreux pour les déictiques que pour les autres pronoms et substantifs. Chez Plt, Curc. on relève 258 D; 163 sont des déictiques = 60%! Les 95 restants sont des substantifs, ou des pronoms non déictiques. Une fois bien établie la position tout à fait exceptionnelle des déictiques parmi les autres pronoms et substantifs au D, voici quelques sondages sur la place des déictiques au D par rapport aux déictiques aux autres cas. Virg., Buc.: Pourcentage des déictiques aux divers cas:

1. La recherche du contact avec l’interlocuteur (l’auditoire), typique de la langue familière, explique aussi l’emploi d’un D nommé parfois «réflexif». Plt, Mi. 5,

N

v

54

machaeram mihi consolari uolo, «je veux me consoler l’épée». Caton, dans ses conseils agricoles, aime dire «prends toi une fourche» (sume tibi), comme dans le français

Ac

13,5

G

3

Ab

12,5

populaire (surtout méridional); mais, dans ces expressions stéréotypées, 1l perd de sa

131 Total: 47,5%. Datif seul = 52,5%.

vigueur; le signifié se réduit à celui du verbe. (CF. VIE 1.

Noter aussi les locutions si fréquentes chez les Comiques: quid tibi uis? tibi ne signifie pas «pour toi»; il se borne à installer d’une façon vigoureuse, explicite — même si elle est logiquement superfétatoire — l’interlocuteur dans le dialogue: quelque chose comme: «eh toi, que veux-tu?». CE. Cato, Agr. 158.

1.

Tableau établi à partir des relevés du CIPL de Liège, que nous remercions pour son aide amicale.

LE DATIF (D) 576

577

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

En pourcentage par rapport au nombre total des formes au D, les déictiques au D dans les Buc. l’emportent sur le total des déictiques pour tous les autres cas réunis, Autrement dit, plus d’un D sur deux est un déictique; alors que la proportion tombe à moins de 1 sur 7 pour le N, l’Ac, l’Ab.

Virgile ne représente pas une exception, mais la norme, du moins pour un texte dialogué. Si le score des déictiques au D tombe, si l’on peut dire, à 43% chez Sénèque, Epist., il s’élève en revanche à 56% dans la Cena, à plus de 63% chez Pit., et atteint même 70% dans la Correspondance de Cicéron.

70% 60% 50% 40% 30% 20% 10%

Données de la Cena Trimalcionis: e

Pronoms

Substantifs N v Ac G D Ab L

déictiques

574 23 791 167 64 294 4

Pronoms non

déictiques

Total

155

838 25 997 207 171 333 4

99 1 132 22 97 19

Î 74 18 10 20

2573

Place des déictiques pour chaque cas (% arrondis) N

Pour mémoire: pourcentage des déictiques par rapport aux nominaux aux divers cas chez Cicéron, Catil. et Sên., Epist, Cic, Catil: Sén., Epist.:

Ac 558 20

G 107 9,1

D 678 43

L'affinité entre D et deixis illustre l’affinité entre D et animé (surtout humain). Ce n’est pas que le D exclue l’inanimé. On a vu ci-dessus assez d’exemples prouvant le contraire. mais l’animé l’emporte dès le début; et le D final, domaine de prédilection de l’inanimé, subit un déclin assez rapide aux deux premiers siècles a. J.-C,, laissant à l’animé la prépondérance. Là où le D inanimé survit, des indices de figement apparaissent: emploi dans des tours assez peu librement renouvelables (double D), emploi après les verbes de mouvement préfixés. Il y a souvent un conditionnement lexical pour ces D inanimés. C’est ainsi que les Catil. de Cicéron n’offrent qu’une vingtaine de D inanimés (soit moins de % du total), dans 13 passages seulement (avec parfois plusieurs D coordonnés), surtout après des verbes de mouvement préfixés. Encore faut-il voir de plus près cette distinction animé/inanimé. Si l’on prend la première moitié de PIt., Curc. on relève, sur environ 130 D, 17 D «inanimés». Mais

9%; V 4%: Ac 13%; G 11%; Ab 5,7%; mais D 56,72%!

N 10 132

5.2, Explications et conséquences

peut-on affirmer que dans 96, flos ueteris uini meis naribus obiectust, on ait affaire à un D «inanimé», alors que le syntagme meis naribus comporte un nom de partie du corps (impliquant un animé), et par surcroît l’adjectif à valeur déictique meis” Même observation pour 105, naso obsecutus est meo; 106, da meo guituri gaudium; 141, tuo guituri… monimentum;

Ab 13 17,4!

314, uae capiti tuo; 322, opus est meis dentibus.

L’adjectif possessif installe EGO ou TV dans le syntagme au D, qui, de ce fait, non seulement n’est plus inanimé, mais se hisse au niveau de la deixis. La qualité inanimée de animus (312, animo male esf) ou de uenter (367, haec sunt uentri stabili-

L’écart est trop profond entre les occurrences des déictiques au D d’une part, aux autres cas de l’autre, pour ne pas être significatif. Un graphique fera nettement ressortir le «clocher» que forment sur la courbe, les déictiques au D!.

menfa) pourrait aussi être contestée. Finalement sur 17 D repérés initialement, seuls 8 (c’est-à-dire 5 à 6%) peuvent être retenus comme vraiment inanimés, comme

53

flamma fumo est proxima, qui est l’exemple le moins discutable. De même tous les D de Pétr., Cena sont animés, à l’exception d’une poignée: 28, 4, lecticae impositus (avec verbe préfixé); cf. 27, 1; 30, 7; 35, 2; 40, 1; 40, 4; et 48,3, coniungere agellis Siciliam (cf. 48,2). On n’acceptera pas de considérer comme inanimés 31,1, gratias agere humanitati nostrae (id. 47,7); ni 55,6, tuo*palato (présence d'un adjectif déictique, partie du corps): ni même 59,1, respondere conuicio

!.

Dans un texte narratif, fondamentalement non dialogué, l’affinité du déictique pour le D est certes beaucoup moins accusée, mais néanmoins encore sensible. Ainsi chez Liu. (d'après XL p. 2 à 213, N 3,8; Ac 8,6; G 6,1; D 8,3; Ab 4,2:; Concurrencé par l’Ac, le D devance quand même

N, G, Ab.

nettement

qui implique un insulteur. Au total, dans la Cena, 1 D sur 17 seulement désigne un inanimé, et encore dans des conditions syntaxiques particulières,

LE DATIF (D) 578

D, fixés par la [—] qui leur est inhérente; elle donne la facilité de les installer en position d’acteurs mélés à l’événement («sympath.»), de cautions de la validité

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

Il est donc clair que, dans l’immense processus —

579

déjà largement en cours au

début de la tradition — du remplacement du D par les tours prépositionnels synonymes in + Âc et surtout ad, l’inanimé a été le premier touché. Le ei rei final qui se maintient dans la langue archaïsante de Caton ne pourra plus se dire que sous la forme de ad (in) eam rem.

Pourquoi l’animé échappe-t-il (en grande partie) à ce phénomène? Nous dirions volontiers que c’est grâce à l’emploi massif (c’est-à-dire toujours majoritaire, voire très largement majoritaire) de termes déictiques parmi les D. Il y a là, on l’a dit plus haut, une situation exceptionnelle. Ce cas si mal représenté, le D, apparaît surtout

sous la forme de pronoms personnels, de démonstratifs, de syntagmes accompagnés d’un adjectif personnel, ou dans lesquels l’appartenance personnelle va de soi. La conjonction de cette forme, le D, avec la deixis, est si puissante qu’elle se perpétue sans changements fondamentaux dans les langues romanes. La catégorie vaste et floue de «l’animé» appelle une hiérarchie: à la base, il y aura, par exemple, des forces naturelles que l’on a tendance à personnifier (cf. leur genre); puis les êtres animés non humains; enfin les humains; puis, au sommet de la pyramide — ce n‘est pas une loi naturelle, mais une loi linguistique — les gens par qui la langue existe hic et nunc, en première ligne les co-énonciateurs EGO-TV, mais aussi les tiers qui ne sont peut-être pas partie prenante dans l’échange actuel, mais qui l’ont été ou qui pourraient le devenir («je lui ai dit», «je lui dirai») — ce qui, soit dit en passant, met en cause la conception benvenistienne de la 3° personne comme une «non personne». La règle de la langue orale, c’est la co-présence des énonciateurs, et leur volonté constante de s’introduire formellement dans le discours. C’est pourquoi le D éthique, où l’on ne voit parfois qu’une curiosité marginale, est si profondément révélateur de la nature du D en général, et de celle de l’échange verbal. ÀA notre avis, c’est la place très solide occupée par ce groupe de mots, restreint certes, mais essentiel, mihi, tibi, huic, Ili, nobis, uobis — humains s’il en est — qui à permis le maintien d’animés non déictiques au D (une minorité, comme on à vu),

où du moins retardé leur remplacement par des tours prépositionnels. Et aujourd'hui ces déictiques subsistent seuls comme D, préservés par des oppositions formelles pertinentes, bien que très peu nombreuses (il y a, en français, des D me, te, nous, vous, puisqu’ils commutent avec lui et /eur, qui, eux, s’opposent à le, les). Une autre question pourrait être posée: Pourquoi est-ce précisément le D qui, parmi les déictiques, a noué ces liens privilégiés avec l’énonciation? C’est sans doute la conjonction d’un signifié sémantique précis [->], et d’une extraordinaire disponibilité syntaxique — comme un repère, une fléchette mobile à volonté sur l’écran d’un ordinateur. En dehors des lourdes chaînes de la redondance (dare, dicere, fauere, nocerelalicui) où le D est le récepteur désigné de la notion exprimée

par le terme premier; en dehors des verbes préfixés, où il sert admirablement à ancrer les coordonnées spatiales du préfixe, le D est d’un emploi presque infini pour rapporter un événement à un être (D sympatheticus). Tibi malam percussero, «j'aurai tôt fait de te (D) casser la gueule». Le personnage au D est vigoureusement installé sur la scène de l’événement. Voilà qui correspond tout à fait aux statégies de l’oral, soucieuses de faire apparaître nommément co-énonciateurs (et être délocutés) sur l’écran du discours: ils seront au N, à l’Âc, mais aussi, et le plus souvent au

d’une assertion («validation»), ou du caractère réel bien que surprenant d’un fait («éthique»)...

Ces stratégies de l’oral (et de l’écrit-discours, qui s’en rapproche) sont si puissantes, elles entraînent un emploi si fréquent, qu’elles ont maintenu des formes aussi archaïques que mihi, tibi, sibi avec les mêmes fonctions fondamentales de la préhistoire à nos jours. Une phrase cueillie ce jour 8 octobre 1982 sur une radio périphérique, illustre la souplesse, la force et la diversité des emplois du D dans un style familier: (en parlant d’un chanteur très petit) «À sa femme, il ne lni arrive pas au nombril». Au nombril est le SN qui indique (au D) le terme du mouvement «arriver». Mais un deuxième

D figure en tête, «à sa femme», disloqué et repris par l’anaphorique, D formel, lui. C’est bien le nombril de sa femme, et pourtant on ne parlera pas de «possession inaliénable». «Sa femme» est l’être doublement mis en vedette, à qui est rapporté (comme «aux pieds de César») tout le discours suivant. Celui-ci contient un deuxième D. Mais cela n’entraîne, on l’a vu, nulle gêne, leurs fonctions syntaxiques étant différentes. (Cf. chap. VII 1,2 Note).

Remarque: La même tendance à signaler l’énonciateur — principal, secondaire ou délégué — comme particulièrement inclus dans le procès, explique le développement (gigantesque dans les langues slaves et romanes, et aussi en allemand) du verbe pronominal. En latin il est présent dès Plaute (se recipere). À basse époque (Pereg. Eger,

notamment) pullulent les expressions comme sedete uobis; uadimus nobis, avec un pronom D représentant la même personne que le sujet; c’est-à-dire incluant dans le SV une sorte d’écho du sujet. Que ce pronom soit souvent au D, et non pas à l’Ac, explique que la place de l’objet puisse rester inctacte, comme dans se rappeler quelque chose, où se, s'il fallait l’analyser, devrait l’être comme un D.

6. CONCLUSION GÉNÉRALE

Nous ne voudrions pas simplement répéter ici ce que nous avons si souvent (trop souvent!) énoncé plus haut à titre de conclusions partielles: le signifié sémantique du D est une image mentale qu’on pourrait figurer par [— XJ (où, plutôt qu’une flèche, il faudrait symboliser une balise de signalisation).

Ce signifié le situe à proximité des paradigmes latifs, en concurrence avec des prépositions comme ad et in + Ac, la première devant le remplacer formellement dans la plupart de ses emplois; on en voit des indices certains dès Plaute. Mais on aurait tort de substituer à l’image mentale abstraite un «sens» traînant avec lui des lambeaux

de contexte

(«attribution, but, auctoris etc.). Que

balise) représente un mouvement de l’esprit et non pas cement réel est attesté par toutes les constructions où le quasi topographique pour assurer la position d’un autre mais non pas bizarrerie — les coordonnées spatiales ablatif!

la flèche (ou la

en première ligne un déplaD sert uniquément de repère être; et même — cas-limite indispensables à un préfixe

580

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

Repère à viser dans tous ses emplois, le D s’oppose à tous les cas obliques. Mais

BIBLIOGRAPHIE

cetie opposition, pour nette qu’elle soit en latin historique, n’empêche pas une foule

d’interférences. Que signifient les chapitres énormes, déjà présents chez les grammairiens anciens, sur «les verbes à constructions multiples», sinon qu’un même événe-

ment peut recevoir dans la langue des expressions diverses, à peu près équivalentes dans la communication? Le signifié syntaxique du D est simple: comme tous les autres cas obliques, il marque un terme second, Mais son trait spécifique, c’est de pouvoir apparaître après

toute espèce de terme premier. Celui-ci est formé très souvent par la phrase entière: il est parfois réduit à un constituant non autonome: morphème — ndo- par exemple, ou préfixe prae-, de-. Nous avons admiré, notamment au chapitre VI et au chapitre VII 1-5, les prou-

esses qu’autorise cette disponibilité syntaxique.

Acup (A.), 1980, Historia y teoria de los casos, Madrid, AHLQUIST, 1909, Sindien zur spätlat. Mulomedicina Chironis, Dissert. Uppsala. ALIBERT (L.), 1933, Grammatica occitana, Toulouse. AMACKER (R.), 1986, Siructures et conventions. Essai sur la morphologie de la proposition en latin, Turin, ANDERSON (J.-M,), 1971, The grammar of cases, Londres. ARNAUD et LANCELOT, 1960, Grammaire générale et raisonnée, Paris (Republic. Paullet, 1969, Paris). BALD: (Ph.), 1983, «Speech perception and Latin Syntax», dans H. Pinkster (éd.), Amsterdam.

Bary (Ch.), 1965, Linguistique générale et linguistique française, Berne, (4° éd.). BARATIN (M.), 1989, La naïssance de la syntaxe à Rome, Paris, éd. de Minuit. BANLIAT (Chr.), 1982, Le G chez Virgile, Georg. III et IV, (Mémoire, Paris IV).

BANLIEUX (L.), 1933, Grammaire de la langue bulgare, Paris. BARWICK (K.), 1933, CR de E. Sitting, Das Alter der Anordnung unserer Kasus.… 1931, dans Gromon, 9, p. 592. ;

Stuttgart,

—, 1957, Probleme der stoïschen Spÿïachiehre und Rhetorik, Berlin. BARTÉS (1.) et GAGNAIRE, 1972, Grammaire de la langue slovaque, Paris. BASSOLS de CLIMENT (M.), 1945, Sintaxis historica de la gua latina, t. T, Barcelone. Bec (P.), 1970-71, Manuel pratique de philologie romane, t. 1 1970, t. H 1971, Paris, Picard. BENNETT (C.-F.), 1914, Syntax of early Latin, ! (reprod. Olms Hiidesheim, 1966).

BENVENISTE (E.), 1935, Origines de la formation des noms en indo-européen, Paris, AdrienMaisonneuve.

—, 1948, Noms d’agent et noms d’action en indo-européen, Paris. —, 1966, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, —, 1974, Problèmes de linguistique générale I, Paris, Gallimard. Brraup (M.), 1991, La détermination du nom en grec classique, Nice-Paris. BLoomrrern (L.), 1933, Language, Londres. Bopeuor (C.), 1987, L'interrogation indirecte du latin, Paris, Peeters-France.

BOLKESTEIN (A.M.), 1980, Problemgin the description of modal verbs. An investigation on Latin. Assen. BOLKESTEIN (A.M.), 1983, «Genitive and Dative Possessors in Latin», dans S.C. Dik (éd). BOONs (J.-P.), GUILLET (A.), LECLAIRE (C.), 1976, La siructure des phrases simples en français, Paris (et 1992 Droz).

BOoNNeLuI (G.), 1981, Structura del significato e ordine frasale in latin, Turin. BONNET (M), 1890, Le latin de Grégoire de Tours, Paris.

Borp. (F.), 1875, Grammaire comparée des langues indo-européennes (trad. française), Paris. BORTOLUSSI (B.), 1981, Les emplois du datif dans Tacite, Annales VI, (Mém. maîtrise, Paris

YV, —, 1987, Considérations sur l’emploi de l'accusatif latin (thèse dactylogr., Paris VID. Bossonc (G.), 1983, Logische Universalienforschung. Differentielle Objekimarkierung den neuiranischen Sprachen (thèse Munich), éditée 1988, Tubingen. BOURCIEZ (E.), 1956, Eléments de linguistique romane, Paris, (4° éd.).

=

BRANDENSTEIN (W.), 1966, Griechische Sprachwissenschaft, Syntax, Berlin, Gôschen. BRAUER (H.), 1969, Slavische Sprachwissenschaft, Berlin, Gôschen.

= pi GLOTTOLO®

GE7lOHE

in

BIBLIOGRAPHIE 582

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

BRONDAL (V.), 1930, «Le système de la grammaire» dans À grammatical Miscellany offered to Otto Jespersen, Copenhague, Londres. BRUGMANN (K.) et DELBRÜCK (B.), 1911, Grundriss der Vergleichenden Grammatik der indo-

germanischen Sprachen (2° éd.) IL, 2, Strasbourg; ITI partie Strasbourg, 1993, B DEzBRÜCK (Syntaxe). Buck (C.D.), 1928, A grammar of Oscan and Umbrian, Boston (2° éd.).

CALBOLI (G.), 1971, «Due questioni filologiche: TI vocativo secondo Crisippo… dans Maia n-s. 23, p. 115-128. —, 1972, La linguistica moderna e il latino: i casi, Bologne. —, (éd.) 1980, Papers on Grammar, Bologne.. —, 1983, «The development of latin (cases and infinitive)», dans H. Pinkster (éd), 1983,

. 41-58. —, (Ëd.) 1988, Subordination and others topics in Latin, Amsterdam

(= Proceedings of the

third Cofloquium on Latin Linguistics), Bologna 1-5 April 1985. —, 1988, « Varrone, de Lingua Latina VIIÉ 16,» dans Filologia e forme litterarie, studi offerti a Francesco Della Corte, Urbino. CARVALHO (P. pF), 1983, «Le système des cas latins» dans Pinkster éd. p. 59-71

—, 1985, Nom et déclinaison (2 vol.), Lille-Bordeaux. CèsE (J.-P.), 1972, Varron, Satires Ménippées, édition, trad. et comment, Rome. CHARPIN (F.), 1977, L’idée de phrase grammaticale et son expression en latin, Paris. CHANTRAINE (P.), 1942-1953, Grammaire homérique, 1, IL, Paris. CHAUSSERIE-LAPRÉE (J.-P.), 1969, L'expression narrative chez les historiens: style, Paris.

histoire d’un

CHEVALIER (J.-C1.), 1965, Histoire de la syntaxe, Genève-Paris. CHRISTOL (A.), 1978, «L'ergatif IE une illustion? » dans Actes session linguistique d’Aussois, 12 p. —, 1988, «Prolepse et syntaxe indo-européenne» dans G. Calboäi, éd. 1988; —, 1989, «Pour une typologie de l’obligation: Dativus auctoris ou personne concernée” » dans Lavency, Longrée, éd, p. 67-73. Cromsky (N.), 1969, Structures syntaxiques, Paris. —, 1975, Questions de sémantique, Paris. COCCHIA (E.), 1922, Sagei pñilOlog:œ Naples. COLEMAN (R.G.), 1985, « The 1E origins and Latin development of the Ac with infinitive construction», dans Touratier éd. p. 330-344, CULIOLE (A.), 1974, «À propos des énoncés exclamatifs», dans Langue française, 22, p. 6-15. Les Belles-Lettres. P.U.F. la grammaire latine au xVi siècle» dans Mailsujet indistinet:

—, 1956a, «Classifications of cases and uses of cases» dans for Roman Jacobson, La Haye, 187-194. —, 1956b, «Classification of the uses of à case, illustrated on the Genitiss in Latin», dans Lingua, 6, 8-65,

DE Jona (J.R.), «Position of the latin subject> dans Calboli éd., p. 52-5440. DersrÜcK (B.), 1897, Ablativ, Lokativ und Instrumentalis im Ai, Griech. u. Deutsch. — 1888, Altindische Syntax. —, 1893, Vergleichende Syntax der IG Sprachen, Strasbourg (cf. K. Brugmann). DE Mauro (T.), 1959, «Accusativo, transitivo, intransitivo» dans Rendic. Acc. Lincei, CL Sc. mor., Ser. 8, 16, 233-256,

DESBORDES (F.), 1981, «L'impersonnel d’après les textes théoriques de l’Antiquité» dans Maillard, éd. DESCHAMPS (L.), Etude sur la langue de Varron dans les Sat. Men., Lille-Paris. Diez (F.), 1874-1876, Grammaire des langues romanes. Trad. fr, 3 vol. Paris. Dik (S.), 1978, Functional Grammar, Amsterdam. —, 1983 ({éd.), Advances in Funcional Grammar, Dordrecht.

Dupois (J.) et al,, 1973, Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse. Ducror (0.) et Topnorov (T.), 1972, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Seuil.

DuUDEN, 1958, Der Grosse Duden, die Grammatik der deutschen Gegenwarisprache, Mannheim.

CATONE (N), 1964, Grammatica enniana, Fiorence.

COLLART (J.), 1954, Varron, De LL, V, Paris, —, 1966, Grammaire du latin, Paris, P.U.F. —, 1967, Histoire de la langue latine, Paris, COLOMBAT (B.), 1991, «L’impersonnel dans lard (éd.). CORBLIN (F.), 1991, «Sujet impersonnel et

583

il et ça», dans Maillard {éd.),

, 139-150, CREISîELS (D.), 1991, «Approche des constructions asubjectales», dans Maillard (éd.), p. 47-

58. —, 1995, Eléments de syntaxe générale, Paris, PUF DANGEL (J.), 1982, La phrase oratoire chez Tite-Live, Paris. —, 1995, Histoire de la langue latine, Paris, P.U.F.

DE Groor (A.W.), 1939, «Les oppositions dans les systèmes de la syntaxe et des cas» dans Mélanges Bally, Genève, 107-127.

DuMiTrEscU (D.), 1990, «El dativo posesivo en español y en rumano» dans RSEL, 20, p. 403429.

ECHARTE (M.J.), 1991a, «Casos y preposiciones en latin» dans Miscellania, homenatge Enri—,

que Garcia Diez, p. 313-320, Univ. de Valencia. 1991b, «Los casos en la estructura del latin» dans Minerva, 5, p. 167-188.

Epwarps, 1899, Archiv. XI p. 197; 469 sq. ENK (P.J.), 1953, Plauti Truculentus, Leyden. ENDZELIN (J.), 1923, Lettische Grammatik, Heidelberg. ERNOUT (A.), 1946, Philologica, Paris. —, 1961, Le dialecte ombrien, Paris; ERNOUT (A.) et THOMAS (F.), 1953, Syntaxe latine (2° éd.), Paris-Klincksieck. ERNOUT (A.) et MEILLET (A.), 1959, Dictionnaire érymologique de la langue latine. Histoire des mots (4* éd.), Paris. FABRA (P.), 1941, Grammaire catalane, Paris. FABRE (A.), 1977, Au sujet du sujet. Etude contrastive des structures à indice de sujet en

coréen et en japonais. Paris, L'Asiathèque, p. 61-68. FEUILLET (J.), 1988, Introduction à l'analyse morphosyntaxique, Paris, P.U.F. FIGHIERA (L.S.), 1900, La lingua e la grammatica de CC. Sallustio, Savona. FILLMORE (C.J.), 1968, «The case for case», dans F. Bach et R.T. Harms, Universals in linguistic theory, New-York, p. 65-114.

FLINK-LINKOMIES, 1929, «De Ablativo Absoluto quaestiones, Helsingfors, dans Ann. Acad. Sc. Fenn.…, Ser. B., vol, XX 1. FLOBERT (P.), 1975, Les verbes déponents latins des origines à Charlemagne, Paris, Foucer (L.), 1965, Petite syntaxe de l’ancien français, 3° éd., Paris, FOURQUET (J.), 1970, Prolegomena zu einer deutschen Grammatik, Düsseldorf. FRIEDRICH (J.), 1960, Hethitisches Elementarbuch, Heidelberg.

FUGIER (H.), 1974, «Génitif adnominal et transformation en latin», dans R. E L., 51, p. 326345. —,

1978, «Les constructions prédicatives en latin» dans Glotra, 56, p. 122-143.

BIBLIOGRAPHIE 584

JACKENDORFF (R.S.), 1977, «Constraints on phrase structure rules» dans P.S. Culicover et al,

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

éd., Formal Syntax, 249-283, New-York. —, 1977, X-Syntax, Cambridge, Massachussets, M.LT. Jacouinop (B.), 1989, Le double accusatif en grec d’Homère à la fin du v° siècle, Louvain-

—, 1983, «Le syntagme nominal en latin classique» dans ANRW, 29, 1, p. 212-269. —,

1985, «Le vocatif dans la phrase latine» dans Touratier éd., p. 105-121.

GAATONE (D.), 1991, dans BSL, 78, 283-324, LEMARECHAL (A.), 1989, Les parties du discours, Paris, P.UF. Leroy (M.), 1970, Les grands courants de la linguistique moderne, Bruxelles (2° éd.).

LEUMANN (M.), 1977, Lateinische Laut- und Formentehre, Beck, Munich. L'HERMITTE (R.), 1983, «À propos de la structure élémentaire de la phrase simple en russe» dans fH Coll. de langue russe, p. 43-51 (Institut d’Etudes slaves), Paris. LI (Cu, N.) (éd.), 1975, Subject and Topic, New-York.

1963, «Zum Lateinischen possessiven Dativ», dans ZVS, 78, 64-88,

LONGAGRE (R.E.), 1976, An anatomy af speech notions, Lisse. —,

1982, The grammar of discurse, New-York.

LONGREE dans —, 1987, dans -—

(D.), 1984, «The syntaxe function of the so-called praedicatitum in classical Latin> Lavency, Longree, éd. p. 245-256. «Les compléments du nom en latin classique, syntaxe, sémantique et pragmatique» CILL, 132, 1-2, p. 163-230.

1989, éd. cf. M. Lavency,

—,

1989.

—, 1991, «La phrase à rallonge chez Tacite» dans ANRW, If* partie, vol. 33, , p. 2541-2580, Lyons (J.), 1968, (réimpr. 1971), friroduction 10 theoretical linguistics, Cambridge Univ. Press, —, 1981, Language and Linguistics, an introduction, Cambridge, Univ. Press.

MACHEFERT, 1981, Le génitif chez Cicéron Mil. et chez lysias, (mémoire, Paris IV).

Rome, p. 299-320).

MonNTrem (P.), 1970, Eléments de phonétique et de morphologie du latin, Paris, Nathan,

raire, Grenoble. 1991, « Vers une théorie unitaire de l’impersonnel» dans Maillard (éd.), p. 227-254.

Marazpi (M.), 1980, «The complement structure of Perception Verbs in latin» dans C'alboli, éd., p. 47-79. MAIMBERG (B.), 1991, Histoire de la linguistique, de Sumer à Saussure, Paris, P.UF. MaroUZEAU (J.), 1910, La phrase à verbe «être» en latin, Paris, Geuthner.

—, 1910, L’emploi du participe présent latin à l’époque républicaine (= MSL 16, 1910, p. 133-216). —, 1949, Quelques aspects de la formation du latin littéraire, Klincksieck, Paris. MARTINET (A.), 1960, Kléments de linguistique générale, Paris, À, Colin. —, 1955, Syntaxe générale, Paris, À. Colin. Maurez (J.-P,), 1935, «Génitif et quantification» dans Syntaxe et Latin, Actes Colloque, Aixen-Provence, 1983, éd. Touratier, p. 121-136. —, 1989, Le syntagme nominal en latin. les emplois du G chez Plaute et Térence, thèse Stras-

bourg, exemplaire dactyl., 1130 p. MAZON {(A.), 1952, Grammaire de la langue rchèque, Paris. MEILLET (A.), 1897, Recherches sur l’'emploi du G Ab en vieux slave, Paris. —, 1906, De quelques innovations de la déclinaison latine, Paris. —, 1924, Esquisse d’une histoire de la langue latine (3° éd.), Paris.

—, 1948, Linguistique historique et linguistique générale, Paris. —, 1964, Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes (8° éd, I* éd. 1903), Univers. of Alabama Press.

MENENDEZ Pipar (R.), 1950, Origenes del español, {3° éd.), Madrid. —, 1952, Manual de gramätica histôrica española, Madrid. METAIS (S.), 1977, Le génitif chez Pétrone et Columelle, (mémoire, Paris TV). Meyer-LÜBKE, 1894, Grammatik der Romanischen Sprachen, Leipzig, (Repr. stadt, 4 vol).

—, 1993, Dictionnaire de la linguistique, Paris, Quadrige, PU.F. Moussy (CL.), 1994, «La polysémie du verbe mactare» dans Nomina J, Manessy-Guitton, p. 323-336, Nice.

rerum,

Hommages

à

MULLER (C.F.W,), 1908, Syntax des Nominatiuus und Akkusatiuus im Latein, Leipzig. NaDIo (L.), 1989, «Composition nominale et cas en latin» dans Lavency, Longrée, éd., p. 321-

332. NAEGELSBACH (C.F. von), 1905, Lateinische Stilistik (9° éd.), Nuremberg (reprod. 1967, Wissensch. Buchgesellschaft, Darmstadt). NICULESCU (A.), «Sur l’objet direct prépositionnel dans les langues romanes»

(dans Recueil

d’études romanes, publié à l’occasion du TX* Congrès international de linguistique romane à Lisbonne), Bucarest.

NorserG (D.), 1944, Beiträge zur Spätlateinischen Syntax, Uppsala. —,

1956, «Contribution à l’étude du latin vulgaire» dans Fessschrift Niedermann, Bruxelles,

p. 251-257. —, 1968, Manuel pratique de latin médiéval, Paris. Nyrop (KRr.), 1899-1930, Grammaire historique de la langue française, tomes

I-VI, Paris-

Copenhague. OERTEL (H.), 1926, The disjunct use of cases in the narrative prose of the Bhrämanäs, Heidelberg. O.L.D,, cf. GLARE. ONNERFORS

(A.), 1956, Pliniana. In Plinii maioris naturalem historiam studia grammatica

semantica critica, Uppsala. —,

1975, Mittellarteinische Philologie, Darmstadt.

ORLANDINI (A.), 1983, «Une analyse sémantique et pragmatique des pronoms indéfinis en latin» dans H. Pinkster, éd., p. 229-243. —, 1995, F referimiento del nome, Univ. de Bologne. Orro (A.), 1890, Die Sprichwôrter der Rômer (réimp. 1971, Olms). Paur (H.), 1880, Prinzipien der Sprachgeschichte, (5° éd., Halie, 1920). PERRET (J.), 1977, Virgile, Enéide (Trad.), Paris, (Budé, CUF). PERROT (3.), 1966, «Le fonctionnement du système des cas en latin» dans Rev. de Philol., 40,

p. 217-227. —, 1961, Les dérivés latins en -men et -mentum, Paris. PERROCHAT (P.), 1939, Le festin de Trimalcion, Paris. PETERSMANN

(H,), 1977, Petrons urbane Prosa,

tax), Wien. 1972, Darm-

16, 293-323.

—, 1994, «Morphosyntaxis estructural Latina: su vertiente didâctica» dans Aspetos didécticos del latin, 9-42, Saragosse. MorTUREUX (B.), 1991, «Le jeu du personnel et de l’impersonnel en latin dans le discours parenétique» dans Maillard (éd.), p. 167-174. MOUNIN (G.), 1974, Histoire de la linguistique des origines au XX* siêcie, Paris (3* éd.).

MAILLARD (M.), (éd.), 1991, L'impersonnel mécanismes linguistiques et fonctionnement litté—,

1982, Ordres et raïsons de langue, Paris:

—, 1985, «Réflexions sur le concept de catégorie vide» dans Modèles linguistiques, 7, }, 3355, Lille. MOHRMANN (C,), 1932, «Die psychologischen Bedingungen des konstruktionslosen Nominativus des HI. Augustinus» dans Glotta, 21, p. 20-40 (= Etudes sur le latin des chrétiens,

Morausio (5.L.), 1986, «Sobre los casos latinos> dans RSEL,

LôrstenT (E.), 1911, Philologischer Kommentar zur Peregrinatio Aetheriae, Uppsala. —, 1928, Syntactica, Studien u. Beiträge zur historischen Syntax des Lateins. —,

587

»

Untersuchungen zur Sprache u. Text. (Syn-

BIBLIOGRAPHIE 588

—,

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

G. Serbat (éd.), 1984. PierrarD (M.), 1988, La relafive sans antécédent du français moderne, Paris, Bibl. de l’Inform. Gramm. Peeters. PINKSTER (H.), 1983, (éd.) Latin Linguistics and linguistic theory, Amsterdam, Benjamins.

—, 1985, «Latin Cases and Valency Grammar, some problems» dans Touratier éd., p. 163190. PINKSTER (H.), 1988, Lateinische Syntax und Semantik, Tübingen. PLANTA (R, von), 1892-18978, Grammatik der oskisch-umbrischen Dialekre, I, TI, Strasbourg. PLEssis (F.) et Lesay (P.), 1930, Œuvres de Virgile, texte latin, Paris. POIRIER (M.), 1989, «Le fonctionnement du réfléchi latin, témoignage sur la pertinence lin-

guistique de l’opposition sujet / prédicat?» dans Lavency, Longrée éd., p. 345-354. (M.L.},

1974,

«Contributi methodologici

allo studio del latino arcaïco. La

sorte de M e D finali> dans Mem. della Accad. Naz. dei Lincei, cl di Sc. mor. stor e filol, Ser. VIOI, vol. X'VIL, 4, p. 113-337. POTTIER (B.), «Théorie des cas: logique et linguistique» dans Recherches linguistiques, TI, p. 131-140 (Colloque du Centre d'analyse syntaxique, Univ. de Metz), Paris, Klincksieck. —,

1981, Cas et fonctions, Paris, (trad. esp. par J.A. Mayoral, Madrid, 1988).

—, 1982a, «Le système des cas est-il systématique?» dans REL.

PINAULT (G.), «L’expression IË de la nomination» dans Etudes Indo-européennes, 3, 15-36, —, 1984, «Benveniste et le tokharien», dans Benveniste aujourd’hui, I, 111-112, Voir sous

PORZIO GERNIA

589

1979, Grammaire de l’espagnol, Paris.

RIEMANN (O.), 1940, Syntaxe latine, T* éd,, Paris, (1° éd. 1886),

Rosins (R.H.), 1967, À short History of linguistics, Londres. Rouers (G.), 1971, Romanische Sprachgeographie, Munich. dans Langue:

théorie généra-

tive étendue, 153-169, Paris. RONIJAT (J.), 1913, Essai de syntaxe des parlers provençaux modernes, Macon. Rosén (Hatim), 1969, «Vterum dolet und Verwandtes» dans East and West Selected Writings in linguistics, I, 254-265, Munich, Rosén (Hannah), 1981, Studies in the Syntax of the Verbal Noun in early Latin, Munich. Rusio (L.), 1966 Introduciôn à la sintaxis estructural del latin, vol. I. Casos y preposiciones, Barcelone. SALONIUS, 1922, Zur rümischen Datierung (Ann. Acad. Scient. Fenn.), XV, 10, Helsinki. SANCHEZ SALOR (E.), 1982, «La construcciôn pasiva en verbos latinos de tres lugares» dans Est. de Filo. Lat., ?, 177-191. SANCTIUS (Sanchez de las Brozas), 1587, Minerva, seu de causis linguae latinae. Trad. espagnole F. RIVERAS CARDENAS, 1976, Madrid.

SAUSSURE (F. DE), 1974, Cours de linguistique générale, éd. T. de Mauro, Paris, Payot. SAUVAGEOT (AÀ.), 1948, «Structure de la phrase nominale en ouralien» dans Lingua, 1, p. 225234. —, 1971, «Le problème de la relation objectale» dans BSL, LXVT, p. 345-368. SCAGLIONE (A.), 1970, «Ars gramatica» dans Janna linguarum, 77. SCALIGER (J.-C.), 1940, De causis linguae latinae, Paris. SCHERER (A.), 1975, Handbuch der lateinischen Syntax, Heidelberg. SCHLEICHER (A.), 1958, Litauische Grammatik, Prague. SCHMITT (R.), 1981, Grammatik des Kklassischen Armenischen, Innsbruck. SCHWYZER (E.), 1959, «Possession as an operationel Dimension of Language», AKUP, 42,

Institut £. Sprachwissenscheft, Kôln. SERBAT (G.), 1978, «Compte-rendu de H. Happ», dans REL, 56, 90-114.

—, 1979, «L'ablatif absolu> dans REL, 57, (1980), p. 340-354.

—,

1982b, «Saussure corrigé par Benveniste:

dans quel sens? {à propos de l’arbitraire du

signe et de la délimitation réciproque des signifiés)» dans Raison présente, n° spécial Lire les linguistes. 1983, «Le statut linguistique des désinences du nom et de l’adjectif dans les langues flexionnelles» dans /’Inform. Gramm., n° 16, janvier, p. 5-9.

—, 1984, «/s, un super-nom» dans Latomus 43, p. 554-559, —, 1984, (éd.) Benveniste aujourd’hui. —, 1985, «Adijectif verbal et abstrait verbal> dans Vita latina, 98, p. 18-21.

—, 1988, Linguistique latine et linguistique générale, Louvam-la-Neuve. —, 1990, «Le Datif dans les Catilinaires de Cicéron» dans Bull. of the inst. of Langue Teaching, 40, 23-43, (Tokyo). —, 1990, «Du nom simple au nom complexe, formes et fonctions» dans Colloque séminaire d'études anciennes, Luxembourg, I, 90.

—, 1991, «Intégration à la phrase latine d’un-groupe nominal sans fonction syntaxique (ie Nominatiuus pendens)» dans Langages, n° 104, p. 22-32. —,

1994,

«Le septimus casus en latin un ‘““un cas-fantôme”?»

dans Florilegium Historio-

graphiae Linguisticae, Etudes d’historiographie, de linguistique et de grammaire comparée à la mémoire de Maurice LErOY, éd. J. de Clercq, Piet Desmet, BCILL, 75, p. 159172, Peeters, Louvain-la-Neuve.

—, 1995, «Les noms d’agent en -frix: noms ou adjectifs? (Interférences du lexique et de la syntaxe)» dans De VSV, Etudes de syntaxe latine offertes en hommage à Marius Lavency, Peeters, Louvain-la-Neuve. —, 19096a, «Essai de définition du Datif» dans Actes du VIHe colloque inter, de Lingu. lat. F. Heberlein éd.

RiscH (E.), 1984, Gerundium u. gerundiuum, Berlin, Renou (L.), 1961, Grammaire sanscrite, Paris {2° éd.).

RONAT (M.), 1977, «Une contrainte sur l’effacement du nom»

—,

—, 1996b, Complétive et anaphorique objet (Publie. Centre Univ.), Luxembourg, (sous presse). SouTET (O.), Linguistique, Paris, P.U.F. STEINTHAL (H.), 1890, (2° éd.), Geschichte der Sprachwissenschaft bei den Griechen und

Rômern, mit besonderer Rüksicht auf die Logik, Berlin (Reprod. 1971, Hiäldesheim), Z t. STRUNK (KL.), 1982, «Phänomene syn-und diasystematischer Selektion in Latein» dans Fest-

schrift Stimm, Tübingen, p. 311-326. SUAREZ MARTINEZ (P.M.), 1994, «El nominativo latino: funciones sintäcticas y funciones del

langwuaje» dans Arnuari de filologia, XVH, D5, p. 115-122, Barcelone. Süss (W.), 1926, De eo quem dicunt inesse Trimalchionis cenae sermone uulgari, Dorpat. SVENNUNG (J.), 1935, Untersuchungen zu Palladius und zur lateinischen Fach-und Voikssprache, Uppsala. SZEMERÉNYI (O.), 1980, Einfüihrung in die vergleichende Sprachwisenschaft (2° éd.), Darmstadt. —, 1987, Scripta minora, Innsbruck (2 vol.). SZNAIDER (L.}, «Que réfléchit le réfléchi latin» dans Travaux de lingustique, I, Publ. Centre

Univ., Luxembourg, p. 131-157, TAMMELIN (E.J.), 1889, De participio priscae latinitatis quaestiones selectae, Dissert. Helsingfors. TESNIERE (L.), 1969, Eléments de syntaxe structurale, 2* éd,, Paris, Klincksieck. THUMB (A.), 1905, Handbuch des Sanskrit (G° éd. par R. Hauschild, 1958-59), Heidelberg. THURNEYSEN (R.), 1946, Grammar of old Frish, 1909, Dublin. æ THUROT (CH.), 1868, Notices et extraits de divers manuscrits latins pour servir à l'étude des doctrines grammaticales au Moyen Âge, Paris. TILLARD (M.), 1982, Le génitif chez Lucrèce V (mémoire, Paris IV).

TABLE DES MATIÈRES

DU PREMIER VOLUME

L’EMPLOI DES CAS EN LATIN

TORREGO (E.), 1989 a, «Les notions temporelles “temps dans lequel” “temps depuis que”, “temps jusqu’à ce que” et “durée”; valeur fonctionnelle» dans Lavency, Longrée éd., p. 423-434, —, 1989 b, «Caractérisaciôn funcional de los sintagmas preposicionalez en latin: pro + Ab, contra, aduersus + Ac» dans Actas VI CEEC, I, 609-616, Madrid.

TOURATIER (CHR.), 1978, «Quelques principes pour l’étude des cas (avec application à l’ablatif latin)» dans Langages, 50, 98-116. —, 1983, «Analyse d’un système verbal (les morphèmes grammaticaux du verbe latin)» dans —,

H. Pinkster (éd.), p. 261-280. 1985, (éd.), Actes du ÎT° Congrès intern. de linguist. Latine, Aix-en-Provence,

—, 1985, «Les unités minimales de l’analyse syntaxique» dans Touratier éd., p. 453-484. TOVAR (A.), 1946, Gramdtica histérica latina; Sintaxis, Madrid.

TRUBETZKOS (N.S.), 1939, «Gedanken über das Indogermanenproblem» dans Acta Linguistica, 1, p. 81-89 (= Exposé devant le Centre Linguistique de Prague, 14 déc. 1936). UHLENBECK (H.K.), 1901, «Agens und Patiens im Kasussystem der IG Sprachen» dans /F., 170-171. VAANANEN (V.), 1977, Ab epistulis.… ad sanctum Petrum. Formules prépositionnelles latines étudiées dans leur contexte social, Helsinki.

—, 1981, fntroduction au latin vulgaire, Paris, 3° éd. —, 1983, Le journal-épitre d’Egérie, Helsinki. VAILLANT (A.), «L’ergatif IE» dans BSL, 37, p. 93-108. —, 1977, Grammaire comparée des langues slaves, t. V, (Syntaxe), Paris.

VAIREL-CARRON (H.), 1975, Exclamation, ordre et défense, Paris. VAIREL (H.), 1979, «Le problème de la personne» dans l’Inform. Gram. n° 2, p. 39-46. —, 1981, «The position of the Vocative in the latin case-system» dans AJPh, 120, p. 438-447. VAN Wux (N.), 1902, Der nominale G sing. im IE in seinem Verhältnis zum N, Zwolle. VESTER (E.), 1983, Instrument and Manner expressions in Latin, Assen. VETTER (E.), 1953, Handbuch der italischen Dialecte, Heidelberg. VIPARELL (V.), 1993, «l problema del caso nell’antichitä classica e nella linguistica moderna»

dans Bol. Stud. lat., 23, 2, p. 401-444, WACKERNAGEL (J.), 1920-1924, Vorlesungen über Syntax mit besonderer Berücksichtigung von Griechisch, Lateinisch und Deutsch, 1 (1920), HI (1924.

WALDE (À.) et HOFMANN (J.B.), 1954, Lateinisches etymologisches Wôrterbuch, (3° éd. remaniée par J.B.H.), Heidelberg, 2 vol, WATKINS (C.), 1967, «Remarks on the genitive» dans To honor R. Jacobson, La Haye, p. 2191-

2198, Wurrney (D.), 1879, Sanskrif grammar, Leipzig. WIERZBICKA (A.), 1988, The semantics of grammar, Amsterdam. Woopcock (C.), 1959, À new Latin Syntax, London.

ZINK (G.), 1994, Morphologie du français médiéval, 3° éd., Paris.

SECTION I. INTRODUCTION GÉNÉRALE

rs

590

….…………….coarsensereersenerrernsensecrnensences

. PrÉSENTATION .…....……cuersereanenmensencanencescantenrescassensaranenn . Désordre et contradictions ……...………eererecresseneneerees ‘ , Facteurs de trouble au plan des signifiants ……….….….……-rcecerennnmenenennes 2.1. Allomorphie d’Un MÊME CAS ….………irisersrsensensencerrenreanerenrarene scrc réesaee 2.2. Homonymie des marques Casuelles .……….…..,.…-….…essercinesseaensenncnseensarnes 2,3. Note sur le «syncrétisme» CASUEl …..….…cerarrersssscancesmemsennen ansecranaare 2.4. La faiblesse intrinsèque dU CAS …….…..…iiresraeseensenamnmenneentnnnnmnnnennes 2.5. Désinence et SUffixE …..……uearecsemenennnnennennenannnnnnnnnnennnnnnn 2,6. Préposition et désinence casuelle …………….…..………ascesrenmenseienseenmenenernctes . Complexité du signifié des marques CASUCIIES …..…….….……vverrresesencensencenrsre 3,1. Les désinences dites «casuelles » …..….…mcnessennearresenenrenssscasesanneneanaens 3.2. La désinence Catégoriseur SYNÉAXIQUE ……..………erescseversencenceesesrencscenuree 3.3. La désinence marque de relation avec d’autres constituants de l’énoncé. PlUrifONCTIONNAEÏItÉ …….……nervsrerssc-scerancarerecsrescenme nn rasvrerreerenencasrennenescastanens 3.4. Informations sur le genre et sur l€ DOMbDre …...….………rrrenrensensenennsaene 3,5. Les désinences @t l’ACCOrÉ .....….…svsccrrrecvereessersreanrrnrerennencetantasssesmenen es 3.6. CONCHISION ….…….+rveacrerensenmeencnmventanrarererserenaanses aréserasesesmereencessererennreneee

. Quelques positions de principe 4.0. Une démarche empiricO-dÉQUCLIVE …..…………riocscerrnserersrarenrancaneaneacentsuvaces 4.1, Emplois; valeur; l’ADSITACtION .………….….…eccrcireerencenennsansescsmcaenreceseseenvre 4.2, Une valeur SYNChTONIQUE..………………ercesrarireenererenererersearresencaremerrasasrsanrsennes 4.3. Synchronie et histoire. Survivances et facteurs de changement …… 4.4. Cas et PrépoSItlONS …………usrvsererserermnnmnnettnennenennnnnnnnnnnnnnÛenünb+* 4,5, Synonymies entre lEs CAS …….….……….….…erercarsearrenrecnsensenesrrannencscesvanee . Aperçu de l’organisation d’ensemble des cas latins ……n 5.0. Note liminaire: organisation OÙ SYSTÈME? ....………reracrrraecscrencescecssesensenene 5.1, Phrase €t MACTO-PÎTASE......…………orsrrrseranmenenenssennesnennnsrentençnnnnnnnne 5.2. Constituants en phrase et hors phrase.………….……assccsriereecre aavrneaenense 5.2,1. Trois positions pour UN mOminal ………….…eniarrererennssenensenence 5.2.2. Nominaux en relation avec SE (situation d’énonciation) …… 5.2.3. Relation double avec p et avec SE.….…….….………rrereererrancescessessesseune

. L’organisation de p (phrase réalisé&) ………….……eseienmenansenenentntennenn 6.1. Peut-on parler de «sujet» et de «prédicat» ? ……..….……….cssenssennencae 6.2. Les diVErS CONSUIIVANIS ……..……rcrsreccreescesssencrenrenmeensraseneaneauve vennrerTicaaue 6.2,1. SUJEL …….….……vvoresrorserennesrsneanvantrartenceneneneen rscs rs snenenermnenesevana es 6.2.2. Valence ou congruence? (Ac, D) ….…uirerceressencienceensencantiosensens 6.2.3. Circonstants €t CONGIUENCE Œ…….………ncrrerevrantarimenenes nessrarrensenaene

L'EMPLOI DES CAS EN LATIN

592

TABLE DES MATIÈRES

6.2.4. Que faire des verbes à sémantisme faible ou nul? et des phrases cr rs es neamesera nnser non verbales? ………….….…cescreraremreunmentenenteantanen S 00es sd en reeen ncensencen en en csrentancencas 6.2.5. CONCHUSION ….………crrsrencecsenenerenerenta 7. L’architecture de la phrase latine ….…….meseeencensenceennenannceenençençensns 7.1. Première grande opposmon (sujet/prédicat) ……n 7.2. Deuxième grande opposition (Ac/autres cas obliques) ……

. scc SECTION I. LE NOMINATIF (N) .……vricreesenmenceentcentennensenssensensenecaces caereen cnc nEn A rc se resnseneneeras Ü. IntrOduUCtiON _...…._……uercereeerrenneenenence nnnnnnnnnnn ennnnnnnnnnnn ecnenenennenü ..…iseusrnram Le «casus nominandi» de VAITON ec eren se ec se nsene cee cc ce se nn recre ce earse esimereeeneneonee REMAIQUES: ......vrar Ec e e SENeserenr en rs rn en eemeara ÜL COSUS FECÎUS c..vorrrerseammraneen LENSEnEN OSN n e S e rsnncenna CAbAre S EN envantans enncenpen ranserenn rreraenan V V CASUS T@CIUS ..nccoren 0T cn esnnenta crcs cec eenertres arccaeess ne essnasessannc ….…naereeceac 3. Est-ce Un «Cas» ? 4. L’image du SUYl® .….………corsescnrarseneençe esensnesensenenteneenenmensa se eccanes crcc scc conens en anenseecne 1. Le signifiant du N ….uucsererenseerenteentenseenenseneeneenserenersceceencenren ns nede nc nentes nene ce ameonma sescenmenmracema arteren ererces ...……-c ....... N de 1,1. Désinences ea ctc enenten ec reenccse se ennsenc nn eeneenm eceecem ……erssc : 1.2. R@EINATQUES Pourquoi analyser en dormin-VS? _….…iceenneençennennnnnnnn AGEFS

POÉCT Loccnencssensereaeen acnneanenennensennene se eeras nn nc

e

N

cec

CTN SEen e S Ecensenm enasetes mn cen vensac L CÜUÏS L cnc cacnerrersann rennen les homonymies partielles et le paradigme d’ensemble ……

mtn c . dÉSINENCE ( …....……….…vvesrssrencsarenrenenrearsnnseneannenerentacsensacentancensa

. les pronoms. Note: l’hypothèse ergative (cf. ANnexe).……ererseres 2. Le 31gmfle de fa désinence de N ….….…….……cnierersrasentenennennenssenneanencenesenmancncee 2.1. Catégorisation Syntaxique .…………mmenençenmensnçensnneensnencennennnnnnenn 2.2. Signifié propre: non dépendance ……….….…uueensnmenennensnnnnnnnnnnnnn 3. Les emplois du N pour la simple désignation ……….…sesennennennennnenne 3.1. Hors contexte: inscriptions; titres, exclamations; emploi pour le V…. cec nN SE enme cr nseman rrrennena es rarsoraaerenmac 3,2. En CONTEXIE ............rr