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French Pages 269 [275] Year 2019
pontificia universitas gregoriana rhetorica biblica et semitica
Roland Meynet
LE PSAUTIER Troisième livre (Ps 73–89)
PEETERS
LE PSAUTIER Troisième livre (Ps 73–89)
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Roland Meynet
LE PSAUTIER Troisième livre (Ps 73–89) Rhetorica Biblica et Semitica XIX
LEUVEN
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PEETERS – PARIS – BRISTOL, CT 2019
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SOCIÉTÉ INTERNATIONALE POUR L’ÉTUDE DE LA RHÉTORIQUE BlBLIQUE ET SÉMITIQUE
Il existe de nombreuses sociétés savantes dont l’objet est l’étude de la rhétorique. La plus connue est la « Société internationale pour l’histoire de la rhétorique ». La RBS est la seule : • qui se consacre exclusivement à l’étude des littératures sémitiques, la Bible essentiellement, mais aussi d’autres, des textes musulmans par exemple ; • qui s’attache par conséquent à inventorier et à décrire les lois particulières d’une rhétorique qui a présidé à l’élaboration des textes dont l’importance ne le cède en rien à ceux du monde grec et latin dont la civilisation occidentale moderne est l’héritière. Il ne faudrait pas oublier que cette même civilisation occidentale est héritière aussi de la tradition judéo-chrétienne qui trouve son origine dans la Bible, c’est-à-dire dans le monde sémitique. Plus largement, les textes que nous étudions sont les textes fondateurs des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam. Une telle étude scientifique, condition première d’une meilleure connaissance mutuelle, ne saurait que contribuer au rapprochement entre ceux qui se réclament de ces diverses traditions. • • •
• •
La RBS promeut et soutient la formation, les recherches et les publications : surtout dans le domaine biblique, tant du Nouveau que de l’Ancien Testament ; mais aussi dans celui des autres textes sémitiques, en particulier ceux de l’islam ; et encore chez des auteurs nourris par les textes bibliques, comme saint Benoît et Pascal. Pour cela, la RBS organise les années paires un colloque international dont les actes sont publiés dans la présente collection ; chaque année des séminaires de formation à sa méthodologie, en différentes langues.
La RBS accueille et regroupe d’abord les chercheurs et professeurs universitaires qui, dans diverses institutions académiques, travaillent dans le domaine de la rhétorique biblique et sémitique. Elle encourage de toutes les manières les étudiants, surtout de doctorat, dans l’apprentissage de sa technique propre. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s’intéressent à ses activités et entendent les soutenir. SOCIÉTÉ INTERNATIONALE POUR L’ÉTUDE DE LA RHÉTORIQUE BIBLIQUE ET SÉMITIQUE Pontificia Università Gregoriana — Piazza della Pilotta, 4 — 00187 Roma (Italie) Pour plus de renseignements sur la RBS, voir : www.retoricabiblicaesemitica.org. ISBN 978-90-429-3942-4 eISBN 978-90-429-3943-1 D/2019/0602/35 A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2019, Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgium No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval devices or systems, without prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.
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Rhetorica Biblica et Semitica Beaucoup imaginent que la rhétorique classique, héritée des Grecs à travers les Romains, est universelle. C’est en effet celle qui semble régir la culture moderne, que l’Occident a répandue sur l’ensemble de la planète. Le temps est désormais venu d’abandonner un tel ethnocentrisme : la rhétorique classique n’est pas seule au monde. La Bible hébraïque, dont les textes ont été écrits surtout en hébreu mais aussi en araméen, obéit à une rhétorique bien différente de la rhétorique gréco-romaine. Il faut donc reconnaitre qu’il existe une autre rhétorique, la « rhétorique hébraïque ». Quant aux autres textes bibliques, de l’Ancien Testament et du Nouveau, qui ont été soit traduits soit rédigés directement en grec, ils obéissent largement aux mêmes lois. On est donc en droit de parler non seulement de rhétorique hébraïque, mais plus largement de « rhétorique biblique ». En outre, ces mêmes lois ont ensuite été reconnues à l’œuvre dans des textes akkadiens, ougaritiques et autres, en amont de la Bible hébraïque, puis dans les textes arabes de la Tradition musulmane et du Coran, en aval de la littérature biblique. Il faut donc admettre que cette rhétorique n’est pas seulement biblique, et l’on dira que tous ces textes, qui appartiennent à la même aire culturelle, relèvent d’une même rhétorique qu’on appellera « rhétorique sémitique ». Contrairement à l’impression que ressent inévitablement le lecteur occidental, les textes de la tradition sémitique sont fort bien composés, à condition toutefois de les analyser en fonction des lois de la rhétorique qui les gouverne. On sait que la forme du texte, sa disposition, est la porte principale qui ouvre l’accès au sens. Non pas que la composition fournisse, directement et automatiquement, la signification. Cependant, quand l’analyse formelle permet d’opérer une division raisonnée du texte, de définir de manière plus objective son contexte, de mettre en évidence l’organisation de l’œuvre aux différents niveaux de son architecture, se trouvent ainsi réunies les conditions qui permettent d’entreprendre, sur des bases moins subjectives et fragmentaires, le travail d’interprétation.
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INTRODUCTION Les cinq livres du Psautier sont d’inégale longueur. Le dernier est le plus développé qui comprend quarante-quatre psaumes, dont le plus long, le Ps 119, compte cent soixante-seize versets. Vient ensuite le premier livre qui en comprend quarante-et-un. Entre ces deux livres, restent trois autres livres nettement plus courts : le deuxième (Ps 42–72) compte trente-et-un psaumes, le troisième (Ps 73–89) et le quatrième (90–106) dix-sept chacun. C’est pourquoi j’avais envisagé de consacrer à ces soixante-cinq psaumes un seul volume. Ce nouveau commentaire des Psaumes se serait donc développé, comme beaucoup d’autres1, en trois volumes. Toutefois, deux raisons m’ont poussé à changer d’avis et une troisième m’a décidé. La première est que ce troisième volume aurait dépassé les mille pages, ce qui ne convient guère ; la deuxième est que les jours de l’homme sont limités et qu’il est donc prudent de ne pas attendre trop longtemps pour publier ce qui est fait ; la troisième raison, décisive, est qu’il a semblé souhaitable de donner à voir, matériellement, que le Psautier est bien composé de cinq livres, les uns développés, d’autres nettement plus courts. En somme, cinq livres, cinq volumes. Il s’est révélé que le cinquième livre est composé et bien composé2 et le premier aussi3. Il en va de même du troisième livre. Les études sur la composition de ce livre ne sont pas légion. En 2000, Robert Luther Cole offrait une étude4 dont le titre faisait allusion à celle que J. Clinton McCann avait publiée en 19935 et serait repris en écho par le volume que Nancy L. deClaissé-Walford devait éditer en 20146. Dans son introduction de cinq pages, l’auteur fait référence aux travaux de ceux qui, à l’époque, avaient lancé l’hypothèse que le psautier n’était probablement pas un simple recueil de prières et poèmes isolés, mais qu’il devait former un tout organique7. Suivent dix-sept chapitres, un pour chacun des dix-sept psaumes du livre. Ce n’est que dans les cinq dernières pages, intitulées « Summary and Conclusion »8, que Cole fournit un certain nombre de remarques sur les rapports qu’entretiennent entre eux les psaumes du recueil. Ces notations montrent la cohérence du livre, mais n’en donnent pas une véritable composition. 1
Tels ceux de Delitzsch, de Dahood et de Ravasi. Voir Le Psautier. Cinquième livre (Ps 107–145). 3 Voir Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41). 4 R.L. COLE, The Shape and Message of Book III : (Psalms 73-89). 5 J.C. MCCANN, The Shape and the Shaping of the Psalter. 6 N.L. DECLAISSÉ-WALFORD, ed., The Shape and Shaping of the Book of Psalms: the current state of scholarship. 7 Il cite surtout G.H. WILSON, The Editing of the Hebrew Psalter. 8 R.L. COLE, The Shape and Message of Book III, 231-235. 2
8
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
Plus récente, la thèse de Marco Pavan s’attache à l’étude de la mémoire et de l’oubli dans le troisième livre9. Toutefois, l’auteur s’intéresse aussi à la composition de l’ensemble de ses dix-sept psaumes. Pour lui, le livre se divise en deux grands blocs, selon les titres : celui des psaumes d’Asaph (73–83) qui compte onze psaumes, le second bloc qui réunit les six derniers, étant essentiellement des « fils de Coré » (84–89)10. Pour cet auteur les psaumes d’Asaph sont organisés de manière concentrique autour du Ps 78 : 73 74
75 76 77
788 79 80 81 82 83
Le Ps 75 est le pivot de l’ensemble 73–77 et de même le Ps 81 celui de l’ensemble 79–8311. Pour le second bloc, c’est d’abord l’ensemble 84–88 qui est « en même temps concentrique (84–85/86/87–88) et alterné (84/86/88 où s’intercalent 85 et 87) » (p. 181). Si l’on prend en compte le Ps 89, deux arrangements sont possibles : en deux groupes de trois ou en trois groupes de deux (p. 183). Pour l’ensemble du livre, il propose le schéma suivant : 73 74 75 76 77 [78] 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 [89] et il commente : Le principe organisateur de cet arrangement est celui de la répétition/intensification : les Ps 79–83 radicalisent les Ps 73–77 ; à leur tour les Ps 84–89 reprennent et intensifient les deux précédents groupes. Le Ps 78 forme le centre et le tournant entre 73–77 et 79–83 ; le Ps 89 couronne les Ps 84–88 et le troisième livre (p. 188).
Si je ne pense pas qu’un texte puisse être à la fois concentrique et alterné (84– 88) et que deux arrangements soient possibles (84–88 et 84–89), si je ne pense pas qu’on puisse organiser le livre en deux blocs et en trois, je suis heureux de constater que le dernier schéma (73–78 ; 79–83 ; 84–89) correspond à ma propre analyse, menée, évidemment, de manière tout à fait indépendante. Les quatre rubriques de ce volume sont les mêmes que dans les deux premiers : Texte, Composition, Contexte, Interprétation. Toutefois, j’ai renoncé désormais à signaler, avant de présenter ma propre composition, les options d’autres auteurs. Il me semble en effet que cela est inutile si l’on ne discute pas 9
M. PAVAN, « He remembered that they were but flesh, a breath that passes and does not return » (Ps 78,39) : the theme of memory and forgetting in the third book of the Psalter (Pss 7389). 10 M. PAVAN, « He remembered », 76-77. 11 M. PAVAN, « He remembered », 128 (voir la vue d’ensemble, p. 124-130).
Introduction
9
de manière approfondie les critères qui sont adoptés par les uns et les autres. Qui voudrait savoir quels sont les découpages d’un grand nombre d’autres chercheurs pourra se référer à l’ouvrage en trois volumes de Pieter Van der Lugt12.
Remerciements Jean-Louis Préat, S.J. a bien voulu relire mon manuscrit. Son acribie a permis de corriger bien des erreurs. Qu’il en soit vivement remercié.
12
P. VAN DER LUGT, Cantos and Strophes in Biblical Hebrew Poetry, with special reference to the first book of the Psalter ; ID., Cantos and strophes in biblical Hebrew poetry II : Psalms 4289 ; ID., Cantos and strophes in biblical Hebrew poetry III : Psalms 90-150 and Psalm 1.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
al. AnBib AncB AssSeign BJ CivCatt chap. CRB ed. JBL Joüon JSOT.S LeDiv LiBi litt. NICOT NRTh NS nt. OTS p. par ex. par. RB RBS RBSem RhBib RhSem SBi SBL.DS Traité TOB trad. v. VT
alii, autres Analecta biblica Anchor Bible Assemblée du Seigneur Bible de Jérusalem La Civiltà Cattolica chapitre Cahiers de la revue biblique edidit, ediderunt Journal of Biblical Literature P. JOÜON, Grammaire de l’hébreu biblique, Rome 1923 Journal for the Study of the Old Testament. Supplement Series Lectio Divina Lire la Bible littéralement The new international commentary on the Old Testament Nouvelle Revue Théologique Nouvelle série note Old Testament Studies page(s) par exemple Paragraphe Revue biblique Société internationale pour l’étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Rhetorica Biblica et Semitica (Peeters) Rhétorique biblique (Cerf) Rhétorique sémitique (Lethielleux, Gabalda) Sources bibliques Society of Biblical Literature. Dissertation series R. Meynet, Traité de rhétorique biblique, RhSem 4, Paris 2007 ; RhSem 12, Pendé 2013 Traduction œcuménique de la Bible traduction verset(s) Vetus Testamentum
12
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
Les commentaires des psaumes ne sont cités que par le nom de l’auteur (ou des auteurs) en minuscules, suivi des numéros de volume et de page(s). Ex. : Weiser, 232 ; Alonso Schoekel – Carniti, I, 303. Les deux premiers volumes de mon propre commentaire sont abrégés ainsi : Le Psautier. Premier livre : R. MEYNET, Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), RBSem 16, Leuven 2018. Le Psautier. Cinquième livre : R. MEYNET, Le Psautier. Cinquième livre (Ps 107–145), RBSem 12, Leuven 2017. Les abréviations des livres bibliques sont celles de La Bible de Jérusalem (BJ).
LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES
1. TERMES QUI DÉSIGNENT LES UNITÉS RHÉTORIQUES Il arrive souvent, dans les ouvrages d’exégèse, que les termes « section », « passage », mais surtout « morceau », « partie »..., ne soient pas utilisés de façon univoque. Voici la liste des termes qui désignent les unités textuelles à leurs niveaux successifs. LES NIVEAUX « INFÉRIEURS » (OU NON AUTONOMES) À part les deux premières (le terme et le membre), les unités de niveau inférieur sont formées de une, deux ou trois unités du niveau précédent. TERME
le terme correspond en général à un « lexème », ou mot qui appartient au lexique : substantif, adjectif, verbe, adverbe.
MEMBRE
le membre est un syntagme, ou groupe de « termes » liés entre eux par des rapports syntaxiques étroits. Le « membre » est l’unité rhétorique minimale ; il peut arriver que le membre comporte un seul terme (le terme d’origine grecque est « stique »).
SEGMENT
le segment comprend un, deux ou trois membres ; on parlera de segment « unimembre » (le terme d’origine grecque est « monostique »), de segment « bimembre » (ou « distique ») et de segment « trimembre » (ou « tristique »).
MORCEAU
le morceau comprend un, deux ou trois segments.
PARTIE
la partie comprend un, deux ou trois morceaux.
LES NIVEAUX « SUPÉRIEURS » (OU AUTONOMES) Ils sont tous formés soit d’une, soit de plusieurs unités du niveau précédent. PASSAGE
le passage — l’équivalent de la « péricope » des exégètes — est formé d’une ou de plusieurs parties.
SÉQUENCE
la séquence est formée d’un ou de plusieurs passages.
SECTION
la section est formée d’une ou de plusieurs séquences.
LIVRE
enfin le livre est formé d’une ou de plusieurs sections.
14
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
Il est quelquefois nécessaire d’avoir recours aux niveaux intermédiaires de la « sous-partie », de la « sous-séquence » et de la « sous-section » ; ces unités intermédiaires ont la même définition que la partie, la séquence et la section. VERSANT
ensemble textuel qui précède ou qui suit le centre d’une construction ; si le centre est bipartite, le versant correspond à chacune des deux moitiés de la construction.
2. TERMES QUI DÉSIGNENT LES RAPPORTS ENTRE LES UNITÉS SYMÉTRIQUES SYMÉTRIES TOTALES CONSTRUCTION PARALLÈLE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière parallèle : A B C D E | A’B’C’D’E’. Quand deux unités parallèles entre elles encadrent un élément unique, on parle de parallélisme pour désigner la symétrie entre ces deux unités, mais on considère l’ensemble (l’unité de niveau supérieur) comme une construction concentrique : A | x | A’. Pour « construction parallèle », on dit aussi « parallélisme » (qui s’oppose à « concentrisme »).
CONSTRUCTION SPÉCULAIRE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière antiparallèle ou « en miroir » : A B C D E | E’D’C’B’A’. Comme la construction parallèle, la construction spéculaire n’a pas de centre ; comme la construction concentrique, les éléments en rapport se correspondent en miroir. Quand la construction ne comprend que quatre unités, on parle aussi de « chiasme » : A B | B’A’.
CONSTRUCTION CONCENTRIQUE
figure de composition où les unités symétriques sont disposées de manière concentrique : A B C D E | x | E’D’C’B’A’, autour d’un élément central (cet élément peut être une unité de l’un quelconque des niveaux de l’organisation textuelle). Pour « construction concentrique », on peut dire aussi « concentrisme » (qui s’oppose à « parallélisme »).
Lexique des termes techniques
15
SYMÉTRIES PARTIELLES TERMES INITIAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent le début d’unités textuelles symétriques ; l’« anaphore » de la rhétorique classique.
TERMES FINAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d’unités textuelles symétriques ; l’« épiphore » de la rhétorique classique.
TERMES EXTRÊMES termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les extrémités d’une unité textuelle ; l’« inclusion » de l’exégèse traditionnelle. TERMES MÉDIANS
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d’une unité textuelle et le début de l’unité qui lui est symétrique ; le « mot-crochet » ou « mot-agrafe » de l’exégèse traditionnelle.
TERMES CENTRAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les centres de deux unités textuelles symétriques. Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, RhSem 11, Pendé 2013. PRINCIPALES RÈGLES DE RÉÉCRITURE – à l’intérieur du membre, les termes sont généralement séparés par des blancs ; – chaque membre est généralement réécrit sur une seule ligne ; – les segments sont séparés par une ligne blanche ; – les morceaux sont séparés par une ligne discontinue ; – la partie est délimitée par deux filets ; il en va de même pour les sous-parties ; – à l’intérieur du passage, les parties sont encadrées (sauf si elles sont très courtes, comme une introduction ou une conclusion) ; les éventuelles sousparties sont disposées dans des cadres contigus ; – à l’intérieur de la séquence ou de la sous-séquence, les passages, réécrits en prose, sont disposés dans des cadres séparés par une ligne blanche ; – à l’intérieur de la séquence, les passages d’une sous-séquence sont disposés dans des cadres contigus. Sur les règles de réécriture, voir Traité, chap. 5, 283-344 (sur la réécriture des tableaux synoptiques, voir chap. 9, 471-506).
POURQUOI LE SEIGNEUR A REJETÉ SON PEUPLE La première section Ps 73–78
18
La première section (Ps 73–78)
La première section comprend deux séquences. La première comprend cinq psaumes organisés de manière concentrique (73–77) ; la seconde comprend un seul psaume particulièrement développé (78).
POURQUOI NOUS REJETTES-TU ?
PARCE QUE VOS PÈRES N’ONT PAS GARDÉ L’ALLIANCE DE DIEU
Ps 73–77
Ps 78
I. POURQUOI NOUS REJETTES-TU ?
La première séquence : Ps 73–77 1. LE PSAUME 73 TEXTE 1
Psaume, d’Asaph. Certes, bon pour Israël Dieu, pour les purs de cœur. 2 Et moi, presque penchaient mes pieds, comme rien glissaient mes pas, 3 car j’étais-jaloux des arrogants, la paix des méchants je voyais. 4 Car point de tourments jusqu’à leur mort et dodue (est) leur panse ; 5 dans la peine des hommes ils ne sont en rien et avec l’adam ne sont pas frappés. 6 C’est pourquoi leur fait-un-collier l’orgueil, couvre-d’un habit la violence pour eux ; 7 il sort de la 8 Ils ricanent et ils parlent le mal, graisse leur œil, ont dépassé les pensées du cœur. l’oppression hautement ils parlent ; 9 ils mettent au ciel leur bouche et leur langue va sur la terre. 10 C’est pourquoi il fait revenir son peuple ici et des eaux d’abondance sont versées à eux. 11 Ils disent : « Comment connaitrait-il El et y a-t-il connaissance chez le Très-Haut ? » 12 Voici, ceux-là (sont) des méchants et, tranquilles toujours, ils entassent la richesse ! 13 Certes, en vain j’ai gardé-propre mon cœur et j’ai lavé en l’innocence mes paumes ; 14 et j’étais frappé tout le jour et j’étais châtié les matins. 15 Si j’avais dit : « Je raconterai comme eux », voici la race de tes fils j’aurais trahi. 16 Et j’ai réfléchi pour connaitre cela, une peine cela à mes yeux, 17 jusqu’à ce que j’entre aux sanctuaires de El, où je compris leur destin. 18 Certes, des tromperies tu as fait d’eux, tu les fais tomber dans le chaos. 19 Comment ils ont 20 été une horreur soudain, disparus, achevés par l’épouvante ! Comme un songe au réveil, Seigneur, en t’éveillant, leur image tu méprises. 21 Alors que s’aigrissait mon cœur et que les reins j’avais percés, 22 et moi, stupide, et je ne connaissais pas, des bêtes j’étais avec toi. 23 Et moi, toujours avec toi, tu m’as saisi par ma main droite ; 24 par ton conseil tu me conduis et derrière la gloire tu m’attires. 25 Qui à moi dans le ciel ? Et avec toi je suis sans désir sur la terre. 26 Sont consumés ma chair et mon cœur ; roc de mon cœur, ma part, Dieu à jamais ! 27 Car voici : les s’éloignant de toi périront, tu extirpes tous les adultères loin de toi. 28 Et moi, approcher Dieu (est) bon pour moi, j’ai mis dans le Seigneur Yhwh mon refuge, afin de raconter toutes tes œuvres. V. 1B
: « POUR ISRAËL »
On a proposé de couper leyiśrā’ēl (« pour Israël ») en deux layyāšār ’ēl, ce qui donnerait un parfait parallélisme : « Oui, bon pour l’(homme) droit El, Élohîm pour les sains de cœur »1. En outre, il n’est pas question ailleurs d’Israël et le sujet du psaume est l’opposition entre les « méchants » et les justes. Cependant cette correction n’est appuyée par aucune des versions antiques2.
1 2
Kraus, II, 83. Hossfeld – Zenger, II, 222; deClaissé-Walford – al., 585.
20
La première section (Ps 73–78)
V. 2
: « PENCHAIENT MES PIEDS »
Le ketîb met le verbe au participe passif masculin singulier. Le Qeré est préférable qui le met à la troisième personne du pluriel du parfait. V. 7
: « SORT DE LA GRAISSE LEUR ŒIL... »
La Septante et la Peshitta lisent « leur iniquité » au lieu de « leur œil », les deux mots hébreux étant proches. La symétrie entre ’ênēmô (« ils ne sont en rien ») à la fin de 5a et ‘ênēmô (« leur œil ») à la fin de 7a invite à privilégier le texte massorétique. V. 10 : « C’EST POURQUOI IL FAIT REVENIR SON PEUPLE ICI ET DES EAUX D’ABONDANCE SONT VERSÉES À EUX »
Ce verset est particulièrement difficile à comprendre, comme en témoignent déjà les versions antiques ; certains ont pensé y voir une glose, les propositions de corrections foisonnent3. C’est pourquoi il semble préférable de suivre le texte massorétique (avec le ketîb pour le premier verbe) et de tenter une interprétation qui soit cohérente avec le contexte4. COMPOSITION Le psaume compte cinq parties : les parties extrêmes (1b-3 ; 27-28) ainsi que la partie centrale (13-15) sont courtes, tandis que les deux autres (4-12 ; 16-26), beaucoup plus développées, comprennent chacune deux sous-parties. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-3) + 1b Certes, bon + pour les purs
pour Israël de cœur.
DIEU
:: 2 ET MOI, :: comme rien
presque glissaient
penchaient mes pas,
– 3 car j’étais-jaloux – la paix
des arrogants des méchants
je voyais.
mes pieds,
Le premier segment a « Dieu » pour sujet, les deux suivants, « moi ». Les partenaires de Dieu sont « Israël », « les purs de cœur » ; ceux par lesquels le psalmiste est tenté (2) sont « les arrogants », « les méchants » (3).
3 4
Voir G. BARBIERO, Perché, o Dio, ci hai rigettati ?, 367. Ravasi, II, 512-513.
Le psaume 73
21
LA DEUXIÈME PARTIE (4-12) Le premier morceau (4-5) décrit la situation des méchants, préservés des « tourments » et de « la peine » (4a.5a). Introduit par « c’est pourquoi », le second morceau (6-7) expose les conséquences de leur situation : « orgueil » et « violence » ornent leur corps, leur vision et leur pensée (« œil » et « cœur ») sont marquées par l’abondance de la « graisse » qui « dépasse » toute mesure5. « Ils ne sont rien » et « leur œil » en même position (5a.7a) sont en rapport de paronomase (’ênēmô, ‘ênēmô). – 4 Car point – et dodue (est)
de tourments leur panse ;
– 5 dans la peine – et avec
des hommes l’adam
jusqu’à leur mort ILS NE SONT EN RIEN
ne sont pas frappés.
··········································································································· 6
:: C’EST POURQUOI :: couvre-d’un habit
leur fait-un-collier la violence
l’orgueil, pour eux ;
:: 7 il sort :: ont dépassé
de leur graisse les pensées
LEUR ŒIL,
– 8 Ils ricanent – l’oppression
ET ILS PARLENT
le mal,
hautement
ILS PARLENT
– 9 ils mettent – et LEUR LANGUE
au ciel va et vient
LEUR BOUCHE
du cœur.
;
sur la terre.
···········································································································
:: 10 C’EST POURQUOI :: et des eaux
il fait revenir d’abondance
son peuple sont versées
ici à eux.
:: 11 ILS DISENT : :: et y a-t-il
« Comment connaissance
connaitrait-il chez le Très-Haut ? »
El
:: 12 Voici, :: et, tranquilles
ceux-là toujours,
(sont) des méchants, ils entassent
la richesse !
Dans la deuxième sous-partie (8-12) il s’agit des paroles d’« oppression » que leur bouche adresse aussi bien au « ciel » qu’à la « terre » (8-9). Le second morceau, commençant par « c’est pourquoi », dit les conséquences de leur conduite, « abondance » (10b) et « richesse » (12b), dont Dieu ne « connaitrait » pas la provenance (11). 5
Il semble que le deuxième segment (7) doive être interprété à la lumière du premier (6). On peut voir en effet un certain parallélisme entre les deux segments : leur œil marqué par la graisse de la richesse produit l’orgueil, et les pensées du cœur conduisent à la violence.
22
La première section (Ps 73–78)
Les deux sous-parties sont parallèles : les premiers morceaux décrivent les actions des méchants, les deuxièmes morceaux, introduits par le même « c’est pourquoi », les conséquences de ces actions. « L’abondance » de « la richesse » (10b.12b) de la deuxième sous-partie ont leur correspondant dans la première sous-partie avec « dodue leur panse » (4b) et « leur graisse » (7a). LA TROISIÈME PARTIE (13-15) + 13 Certes, en vain + et j’ai lavé
j’ai gardé-propre en l’innocence
mon cœur mes paumes ;
– 14 et j’étais – et j’étais châtié
frappé les matins.
tout le jour
:: 15 Si j’avais dit : :: voici
« Je raconterai la race de tes fils
comme eux », j’aurais trahi.
L’innocence des intentions et des actes (13ab) n’a pas empêché le psalmiste de subir de continuelles avanies (14). La tentation alors aurait été pour lui de se comporter comme les méchants (15), mais il a résisté pour ne pas trahir sa qualité de « fils » du Seigneur (15b). LA QUATRIÈME PARTIE (16-26) Le premier morceau de la première sous-partie est tout en « je » ; le psalmiste réfléchit (16) et finit par comprendre (17). Dans le second morceau il expose ce qu’il a saisi, à savoir ce que le Seigneur a fait des méchants : il les a fait « tomber » (18) et ils ont été anéantis (19), comme « un songe » méprisé au matin (20). La deuxième sous-partie comprend trois morceaux. Dans le premier le psalmiste dit la peine (21) que lui cause son incompréhension (22), dans le deuxième en revanche il reconnait que le Seigneur le saisit par la main (23) pour le conduire dans la gloire (24). Le troisième morceau décrit l’état de « gloire » où se trouve enfin le psalmiste : avec Dieu dans le ciel, la terre ne lui dit plus rien (25) ; humainement consumé (26a), le « Seigneur » est sa « part » (26bc). Les deux occurrences de « et moi » agrafent les deux premiers morceaux (22a.23a), « cœur » fait inclusion (21a.26ab), « avec toi » revient dans les trois morceaux (22b et 23a en termes médians ; 25b). Les deux sous-parties sont parallèles : à l’incompréhension, au manque de « connaissance » (16-17 ; 21-22) succède la révélation divine (18-20 ; 23-26).
Le psaume 73 – 16 Et j’ai réfléchi – une peine
POUR CONNAITRE
+ 17 jusqu’à ce que j’entre + où je compris
aux sanctuaires leur destin.
cela
23 cela, à mes yeux, de EL,
········································································································· 18
: Ah ! des tromperies : tu les fais tomber
tu as fait dans le chaos.
d’eux,
: 19 Comment ils ont été : disparus,
une horreur achevés
soudain, par l’épouvante !
: 20 Comme un songe : en t’éveillant,
au réveil, leur image
SEIGNEUR, tu méprises.
+ 21 Alors que s’aigrissait + et que les reins
mon CŒUR j’avais percés,
+ 22 ET MOI, + une brute
stupide, j’étais
ET JE NE CONNAISSAIS PAS,
avec toi.
········································································································· 23
: ET MOI, : tu m’as saisi
toujours par ma main
avec toi, droite ;
: 24 par ton conseil : et derrière
tu me conduis la gloire
tu me prends.
········································································································· 25
+ Qui – Et avec toi
à moi je suis sans désir
dans le ciel ? sur la terre.
– 26 Sont consumés + roc + DIEU
ma chair de mon CŒUR, à jamais !
et mon CŒUR ; ma part,
24
La première section (Ps 73–78)
LA DERNIÈRE PARTIE (27-28) + 27 Car voici: + tu extirpes
les S’ÉLOIGNANt de TOI tous les adultères
périront, loin de TOI.
:: 28 Et moi, :: j’ai mis :: afin de raconter
APPROCHER
dans LE SEIGNEUR toutes
DIEU YHWH tes œuvres.
bon pour moi, mon refuge,
Les deux segments opposent ceux qui « s’éloignent » de Dieu et périront (27) et le psalmiste qui veut « s’approcher » de lui et trouve en lui son « refuge » (28). L’ENSEMBLE DU PSAUME Les parties extrêmes se correspondent en parallèle : les premiers segments énoncent l’attitude de Dieu, d’abord envers les justes (1b), puis envers les méchants (27). Commençant avec « et moi », les segments suivants s’opposent à ceux qui précèdent : en 2-3 le psalmiste avoue qu’il a été tenté de quitter « les purs de cœur » pour pencher vers les « méchants », en 28 au contraire il se réfugie en Dieu, se distinguant des « adultères » qui s’éloignent de lui. Alors que la deuxième partie (4-12) décrit la conduite des « méchants », l’avant-dernière (16-26) dit comment le psalmiste a fini par comprendre quel sera leur sort (16-20) et le sien propre (21-26). Les deux occurrences de « peine » marquent le début des deux parties (5.16) ; « dans le ciel » et « sur la terre » se retrouvent en 9 et 25 ; « cœur » revient quatre fois (7 ; 21.26bis) ; à l’« œil » (7) des méchants correspondent « les yeux » du psalmiste (16) ; les termes de la racine de la « connaissance » reviennent deux fois dans chaque partie (11bis ; 16.22). On pourra noter que « ma part (d’héritage) » à la fin de l’avant-dernière partie (26) fait pendant à « la richesse » à la fin de la deuxième partie (12). La partie centrale (13-15) assure le passage entre les deux versants du psaume. Ses deux premiers segments opposent le malheur subi par le psalmiste malgré son innocence au bonheur des méchants de la partie précédente : le juste est « frappé » (14) quand les injustes ne le sont pas (5). Son dernier segment prépare la suite et en particulier le dernier membre du psaume : au lieu de « raconter » comme les méchants qui « disent » des paroles contre Dieu (11), il « racontera » « toutes ses œuvres » (28b). On notera que le dernier mot de la partie centrale, « fils », appartient au même champ sémantique que « part (d’héritage) » à la fin de la partie suivante (26).
Le psaume 73 1
25
Psaume, d’Asaph.
Certes, BON pour Israël DIEU, 2 3
4 5 6 7 8 9
ET MOI, mes pieds penchaient presque, car j’étais jaloux des arrogants,
pour les purs de CŒUR. comme rien glissaient mes pas, la paix DES MÉCHANTS je voyais.
Car point de tourments jusqu’à leur mort dans la PEINE des hommes ils ne sont en rien
et dodue est leur panse ; et avec l’adam NE SONT PAS FRAPPÉS.
C’est pourquoi l’orgueil leur fait un collier, leur ŒIL sort de leur graisse,
la violence couvre d’un habit pour eux ; les pensées du CŒUR ont dépassé.
Ils ricanent et ils parlent le mal, ils mettent DANS LE CIEL leur bouche
l’oppression hautement ils parlent ; et leur langue va SUR LA TERRE.
10
C’est pourquoi il fait revenir son peuple ici Ils disent : « Comment EL CONNAITRAIT-IL 12 Voici, ceux-là sont DES MÉCHANTS 11
13
Certes en vain j’ai gardé propre mon CŒUR et J’ÉTAIS FRAPPÉ tout le jour 15 Si j’avais dit : « JE RACONTERAI comme eux », 14
16 17
Et j’ai réfléchi pour CONNAITRE cela, jusqu’à ce que j’entre aux sanctuaires de EL,
18
et des eaux d’abondance sont versées à eux. et y a-t-il CONNAISSANCE chez LE TRÈS-HAUT ? » et, tranquilles toujours, ils entassent la richesse. et j’ai lavé en l’innocence mes paumes et j’étais châtié les matins. voici j’aurais trahi la race de tes fils. une PEINE cela à mes YEUX, où je compris leur destin.
Certes, des tromperies tu as fait d’eux, Comment ils ont été une horreur soudain, 20 Comme un songe au réveil, SEIGNEUR,
tu les fais tomber dans le chaos. disparus, achevés par l’épouvante ! en t’éveillant, leur image tu méprises.
21
Alors que s’aigrissait mon CŒUR et moi, stupide, et JE NE CONNAISSAIS PAS,
et que j’avais les reins percés, une brute j’étais avec toi.
Et moi, toujours avec toi, par ton conseil tu me conduis
tu m’as saisi par ma main droite ; et derrière la gloire tu m’attires.
Qui à moi DANS LE CIEL ? Sont consumés ma chair et mon CŒUR ;
Et avec toi je suis sans désir SUR LA TERRE. roc de mon CŒUR, ma part, DIEU à jamais !
19
22 23 24 25 26
27
Car voici : ceux qui s’éloignent de toi périront, 28
ET MOI, approcher DIEU est BON pour moi, afin de RACONTER toutes tes œuvres.
tu extirpes tous les adultères loin de toi. j’ai mis dans LE SEIGNEUR mon refuge,
CONTEXTE JB 21 Au discours de Çophat de Naamat qui prétend que « l’allégresse du méchant est brève » (20,5), Job répond qu’il n’en est rien, que le méchant est heureux jusqu’au-delà de sa mort (21,32-33).
26
La première section (Ps 73–78)
BÉHÉMOTH Une autre allusion au livre de Job peut se lire dans le nom de « Béhémoth », traduit dans le psaume par « brute » (22). Cet animal qui ressemble à l’hippopotame est présenté avec Léviathan en Jb 40,15-24. C’est le type de la force brutale. Ce nom est le pluriel de behemâ, « animal » ; il est utilisé, au pluriel, en Ps 49,13.21 : « L’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble aux bêtes qui se taisent ».
INTERPRÉTATION UNE BIEN GRANDE TENTATION Le bonheur des méchants, des injustes, s’étale en plein jour. Et ce n’est pas d’aujourd’hui. Tout leur sourit, alors que celui qui entend rester propre dans ce monde pourri ne récolte que la misère et les coups. On comprend que le juste soit sérieusement tenté de suivre le même chemin que ceux à qui tout réussit si bien. Le psalmiste le reconnait d’emblée : il a bien failli glisser sur la pente qui conduit si sûrement à « la paix », à la tranquillité, au bonheur. LA CONSCIENCE FILIALE Il aurait pu tenir le même langage que ceux qui ont su accumuler les richesses, qui se moquent des hommes opprimés et dépouillés par leurs soins, qui se moquent aussi de Dieu dont ils pensent qu’il sera incapable de connaitre leurs méfaits, comme Adam qui avait cru pouvoir se cacher après la faute. Le psalmiste ne l’a pas fait, par respect pour son père : sinon, il aurait « trahi la race de ses fils » (15). Au lieu de s’arroger, comme les « arrogants », la graisse et l’abondance des biens obtenus par « la violence », le juste attend de la main de Dieu sa « part » d’héritage (26). LE DON DE LA CONNAISSANCE Comme le bonheur, la connaissance ne peut que se recevoir d’en haut. Le psalmiste le reconnait sans ambages. Il avait bien réfléchi, mais ce ne fut qu’« aux sanctuaires de El » qu’il put comprendre (16-17). Avant cela il était « stupide », comme Béhémoth dans son marais. Mais la connaissance ne se limite pas à la compréhension du mal et du sort des malfaisants. Elle concerne aussi, et sans doute surtout, la conduite à tenir. C’est pourquoi l’orant s’adresse à son Dieu, reconnait sa faiblesse et se laisse conduire par lui qui l’a saisi par la main et l’attire vers la gloire (23-24).
Le psaume 73
27
RACONTER LES ŒUVRES DE DIEU Le psaume commence par la louange : « Oui, Dieu est bon pour Israël, pour les purs de cœur ». Il finira aussi par la louange promise par celui qui a mis dans le Seigneur son refuge. « La louange est le commencement et la fin de toute prière »6. Les œuvres de Dieu, c’est ce dont le récit est fait entre le commencement et la fin, celui de la tentation causée par le bonheur des méchants dans laquelle le psalmiste a bien failli tomber, avant de recevoir dans le temple de son Seigneur la révélation de leur vanité et celle de sa gloire.
6
P. BEAUCHAMP, Psaumes nuit et jour », 92 ; voir les chapitres 13 et 14 : « Louange pour commencer », « Louange pour finir... », 92-105.
2. LE PSAUME 74 TEXTE Poème. D’Asaph. Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin, fume-t-elle ta colère contre les brebis de ton bercail ? 2 Rappelle-toi ton assemblée que tu as acquise dès l’origine, que tu rachetas, tribu de ton héritage, le mont Sion que voici où tu demeures dedans. 3 Élève tes pas vers les ruines sans fin : il a tout saccagé l’ennemi au sanctuaire ; 4 ont rugi tes adversaires au milieu de tes assemblées, ils ont mis leurs insignes (comme) insignes. 5 Cela est connu comme lancer en haut dans un fourré d’arbres une hache, 6 et maintenant ses sculptures ensemble par la cognée et par la masse ils brisent ; 7 ils ont envoyé au feu ton sanctuaire, 8 Ils ont dit en leur cœur : « Écrasons-les jusqu’à terre profané la demeure de ton nom. ensemble ! » Ils ont brûlé toutes les assemblées de Dieu dans le pays. 9 Nos signes nous ne voyons pas, il n’est plus de prophète, et nul parmi nous ne connait jusqu’à quand. 10 Jusqu’à quand, Dieu, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi ton nom jusqu’à la fin ? 11 Pourquoi fais-tu-retourner ta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais(-la) sortir. 12 Mais Dieu (est) mon roi dès l’origine, œuvrant les saluts à l’intérieur de la terre. 13 Toi tu 14 toi tu agitas par ta puissance la mer, tu brisas les têtes des monstres sur les eaux ; fracassas les têtes de Léviathan, tu le donnas à manger au peuple du désert, 15 toi tu fendis source et torrent, toi tu desséchas des fleuves intarissables. 16 À toi le jour, aussi à toi la nuit, toi tu agenças la lumière et le soleil, 17 toi tu établis toutes les limites de la terre, l’été et l’hiver, toi tu les formas. 18 Rappelle-toi cela l’ennemi insulte, Yhwh, et un peuple fou outrage ton nom. 19 Ne donne pas à la bête l’âme de ta tourterelle, la vie de tes miséreux n’oublie pas jusqu’à la fin. 20 Regarde vers l’alliance, car ils sont pleins les antres-du pays, pacages de violence. 21 Que ne rentre pas l’opprimé déshonoré, que le miséreux et le pauvre louent ton nom ! 22 Dresse-toi, Dieu, plaide ton plaidoyer, rappelle-toi ton insulte de la part du fou tout le jour ! 23 N’oublie pas la voix de tes adversaires, la clameur des dressés contre toi, montant toujours ! 1
V. 2
: « DÈS L’ORIGINE »
Litt., « autrefois ». Fait référence aux débuts du peuple, à son origine. V. 4
: « ILS ONT MIS LEURS INSIGNES (COMME) INSIGNES »
Ils ont mis leurs insignes comme insignes, c’est-à-dire à la place des nôtres. V. 5
: « CELA EST CONNU COMME LANCER EN HAUT »
Le verset fait problème et les propositions de corrections sont nombreuses1. À suivre le texte massorétique il est possible de comprendre : « Cela ressemble à, c’est comme quelqu’un qui brandit sa hache dans un bosquet » ou « Tels ceux qui brandissent la hache... ».
1
Ravasi, II, 546-547.
30
La première section (Ps 73–78)
V.6
: « SES SCULPTURES »
Tandis que le texte massorétique a pittûḥèhā (« ses sculptures », à entendre comme les bas-reliefs ou autres types de décorations) les versions anciennes ont lu petaḥèhā, « ses portes ». V. 11 : « POURQUOI FAIS-TU-RETOURNER TA MAIN ET TA DROITE DE TON SEIN FAIS(-LA) SORTIR »
? DE L’INTÉRIEUR
On comprend que le Seigneur a retiré sa main et donc n’agit plus. Dans la deuxième phrase le psalmiste lui demande d’intervenir contre ses ennemis. V. 14
: « AU PEUPLE DU DÉSERT »
Litt. « à un peuple, aux bêtes-du-désert »2.
COMPOSITION Le psaume s’organise en deux longues parties parallèles entre elles. Chaque partie est formée de trois sous-parties. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-9) Les deux premières sous-parties sont de la mesure d’un seul segment, tandis que le troisième comprend trois morceaux3. La question de la première sous-partie (1bc) juxtapose deux propositions : le sujet est indiqué par le vocatif dans le premier membre, « Dieu », l’objet est mentionné à la fin du second membre, « les brebis de ton bercail ». Dans la deuxième sous-partie (2) le psalmiste accumule dans un seul segment les raisons pour lesquelles le Seigneur est appelé à se souvenir d’Israël, son « assemblée », son « héritage », le temple où il demeure à Sion : l’ancienneté du lien qui les unit, le prix qu’il a payé pour l’acquisition, le rachat. La troisième sous-partie est nettement plus développée. Dans le premier morceau le psalmiste appelle le Seigneur à réagir devant les ruines de son sanctuaire : « l’ennemi », tel un lion a tout détruit (3b-4a), allant jusqu’à mettre ses insignes à la place de celles qu’ils y avaient trouvées. Le deuxième morceau montre les adversaires briser sculptures ou portes à la hache et à la masse, et y mettre le feu. Le troisième morceau met le comble au désastre : en effet, ce n’est pas seulement le temple qu’ils entendent détruire mais le peuple entier, « toutes les assemblées de Dieu », partout dans le pays. La sous-partie s’achève par un 2
Voir Hossfeld – Zenger, II, 241 ; cet auteur parle de « hyènes ». Il eut été possible de considérer les deux premiers versets (1b-2) comme une sous-partie ; cependant le parallélisme de cette sous-partie avec la suivante ont conduit à cette position qui sera justifiée quand la composition de l’ensemble du psaume sera exposée. 3
Le psaume 74
31
constat de ruine totale : non seulement les « signes » qui représentent le temple et l’identité du peuple ont disparu, mais aussi les prophètes qui auraient pu interpréter au nom de Dieu la situation. Personne donc pour dire « jusqu’à quand ». – 1b Pourquoi, – fume-t-elle
DIEU, ta colère
rejettes-tu contre les brebis
JUSQU’À LA FIN,
+ 2 Rappelle-toi + que tu rachetas, + le mont Sion
TON ASSEMBLÉE
que tu as acquise de ton héritage,
DÈS L’ORIGINE,
tribu que voici
OÙ TU DEMEURES
dedans.
- 3 Élève - il a tout saccagé
tes pas l’ennemi
AU SANCTUAIRE
- 4 ont rugi - ils ont mis
LEURS INSIGNES
tes adversaires
de ton bercail ?
vers les ruines
SANS FIN
:
;
au milieu (comme) INSIGNES.
DE TES ASSEMBLÉES,
······················································································································
: 5 CELA EST CONNU : dans un fourré
comme lancer d’arbres
en haut une hache,
: 6 et maintenant : par la cognée
ses sculptures et par la masse
ensemble ils brisent ;
: 7 ils ont envoyé : jusqu’à terre
au feu profané
TON SANCTUAIRE, LA DEMEURE
de ton nom.
······················································································································
- 8 Ils ont dit - Ils ont brûlé
TOUTES LES ASSEMBLÉES
« Écrasons-les d’El
- 9 NOS SIGNES - et nul
nous ne voyons pas, parmi nous
il n’est plus
de prophète,
NE CONNAIT
JUSQU’À QUAND.
en leur cœur :
ensemble ! » dans le pays.
« Sans fin » à la fin du premier membre de la sous-partie (3a) et « jusqu’à quand » à la fin du dernier membre (9b) font inclusion. « Ton sanctuaire » revient dans les deux premiers morceaux (3b.7a) ; les morceaux extrêmes ont en commun « assemblées » (4a.8b), « insignes » (4b.9a). Dans les deux derniers morceaux « ensemble » revient en 6a.8a et « ne connait » (9b) rappelle « est connu » (5a). Pour l’ensemble de la partie, « jusqu’à la fin » (1b) et « jusqu’à quand » (9b) font inclusion ; « jusqu’à la fin » (1b) et « sans fin » (3a) jouent le rôle de termes initiaux pour les sous-parties extrêmes. « Assemblée(s) » revient en 2a.4a.8b, « demeurer – demeure » en 2c et 7b.
32
La première section (Ps 73–78)
LA DEUXIÈME PARTIE (10-17) + 10 JUSQU’À QUAND, + Outragera-t-il
DIEU, L’ENNEMI
INSULTERA
– 11 Pourquoi – DE L’INTÉRIEUR
fais-tu-retourner de ton sein
ta main fais(-la) sortir.
+ 12 Mais DIEU + œuvrant
(est) mon roi les saluts
À L’INTÉRIEUR
ton nom
l’oppresseur ? JUSQU’À LA FIN ? et ta droite ?
dès l’origine, DE LA TERRE.
······························································································································
: 13 TOI : tu brisas
tu agitas les têtes
par ta puissance des monstres
la mer, sur les eaux ;
: 14 TOI : tu le donnas
tu fracassas à manger
les têtes au peuple
de Léviathan, du désert,
: 15 TOI : TOI
tu fendis tu desséchas
source des fleuves
et torrent, intarissables.
······························································································································
- 16 À toi - TOI
tu agenças
le jour,
aussi à toi la lumière
- 17 TOI - l’été
et l’hiver,
tu établis
toutes les limites
la nuit, et le soleil,
TOI
DE LA TERRE, tu les formas.
+ 18 RAPPELLE-TOI cela L’ENNEMI FOU + et un peuple
INSULTE, outrage
ton nom.
– 19 Ne donne pas – la vie
à la bête
l’âme
DE TES MISÉREUX
N’OUBLIE PAS
YHWH, de ta tourterelle, JUSQU’À LA FIN.
······················································································································
: 20 Regarde : car ils sont pleins
vers l’alliance, les antres-du pays,
21
: Que ne rentre pas l’opprimé : QUE LE MISÉREUX et le pauvre
pacages
de violence.
déshonoré, louent
ton nom !
······················································································································ 22
+ Dresse-toi, + RAPPELLE-TOI 23
– N’OUBLIE PAS – la clameur
DIEU,
plaide
ton plaidoyer,
TON INSULTE
DE LA PART DU FOU
TOUT LE JOUR
!
la voix de tes adversaires, des dressés contre toi, montant TOUJOURS !
La première sous-partie comprend deux questions, sur le temps (10), puis sur la raison (11). Le premier segment est de construction concentrique sur le schéma A B (cd) / (c’d’) B’ A’. Le second segment commence par une question, mais s’achève sur une demande d’intervention.
Le psaume 74
33
La deuxième sous-partie est formée de trois morceaux. Le premier est général : avec la référence aux œuvres de salut de Dieu, son second membre introduit les deux autres morceaux. Le second morceau détaille l’œuvre créatrice de Dieu en ce qui regarde les eaux : dans les deux premiers segments (13-14) il maitrise les monstres marins, en particulier « Léviathan ». Les deux membres du dernier segment (15ab) commencent avec « toi », pronom isolé qui revenait déjà au début des deux premiers segments : le Seigneur ouvre les cours d’eau et les assèche. Dans le dernier morceau il est question du temps, « jour » et « nuit », « été » et « hiver », mais aussi de l’organisation du ciel (16b) et de la terre (17a). La troisième sous-partie comprend elle aussi trois morceaux. Dans le premier segment du premier morceau, « l’ennemi » est qualifié de « peuple fou » ; « Yhwh » et son « nom » sont insultés et outragés. Le second segment regarde non plus Dieu mais ses fidèles : les deux impératifs sont négatifs, la vie de ses miséreux est dite « l’âme de ta tourterelle ». Les deux segments commencent par un impératif, positif puis négatif ; les seconds termes se correspondent, « l’ennemi » étant qualifié comme « la bête ». Dans le second morceau le psalmiste fait d’abord appel à « l’alliance » contre la « violence » qui remplit le pays (20), puis il plaide en faveur de qui est partenaire de l’alliance, demandant de manière complémentaire qu’il ne soit pas déshonoré, mais qu’il puisse louer son sauveur. Le troisième morceau demande à Dieu d’intervenir contre ses adversaires qui l’ont insulté. « Se dresser » fait inclusion (22a.23b), en termes finaux des deux segments « toujours » correspond à « tout le jour », en termes médians « n’oublie pas » rappelle « rappelle-toi ». Les deux premiers morceaux sont reliés par la reprise de « ton nom » (18b.21b) et de « miséreux » en finale (19b.21b). Les morceaux extrêmes se correspondent de manière parallèle : les impératifs de leurs premiers segments sont positifs, ceux des seconds segments négatifs, « Dieu » correspond à « Yhwh » (18a.22a) dans les premiers segments où reviennent ensemble « insulte » et « fou » ; « rappelle-toi » et « n’oublie pas » se trouvent en termes extrêmes dans le premier morceau, en termes médians dans le dernier, « jusqu’à la fin » et « toujours » jouent le rôle de termes finaux (19b.23b). Les deux premières sous-parties sont liées par la reprise de « Dieu » en termes initiaux et de « l’intérieur » en termes médians (11b.12b). Les rapports sont particulièrement étroits entre les sous-parties extrêmes, avec la reprise de « insulter », « outrager » « ton nom », « ennemis » en termes initiaux (10.18) qui trouvent un écho à la fin avec « ton insulte » (22b) ; à « jusqu’à quand » et « jusqu’à la fin » dans la première sous-partie (10) correspondent « jusqu’à la fin », « tout le jour », « toujours » dans la dernière sous-partie (19b.22b.23b).
34
La première section (Ps 73–78)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
Instruction, d’Asaph. POURQUOI, DIEU, rejettes-tu JUSQU’À LA FIN, de ton bercail ? 2
fume-t-elle ta colère contre les brebis
RAPPELLE-TOI ton assemblée que tu as acquise DÈS L’ORIGINE, de ton héritage, le mont Sion que voici où tu demeures.
que tu rachetas, tribu
3
Élève tes pas vers les ruines SANS FIN : il a tout saccagé L’ENNEMI au sanctuaire ; TES ADVERSAIRES ont rugi au milieu de tes assemblées, ils ont mis leurs insignes comme insignes. 4
5
Cela est connu comme brandir bien haut dans un fourré d’arbres une hache, et maintenant ses sculptures ensemble par la cognée et par la masse ils brisent ; 7 ils ont envoyé au feu ton sanctuaire, jusqu’à terre profané la demeure de TON NOM. 6
8
Ils ont dit en leur cœur : « Écrasons-les ensemble ! » Ils ont brûlé toutes les assemblées de DIEU dans le pays. 9 Nos signes nous ne voyons pas, il n’est plus de prophète, et nul parmi nous ne connait JUSQU’À QUAND. 10
JUSQU’À QUAND, DIEU, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il L’ENNEMI TON NOM ? 11 POURQUOI fais-tu-retourner ta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais-la sortir. JUSQU’À LA FIN 12
Mais DIEU est mon roi DÈS L’ORIGINE,
œuvrant les saluts à l’intérieur de la terre.
13
Toi tu agitas par ta puissance la mer, tu brisas les têtes des monstres sur les eaux ; 14 toi tu fracassas les têtes de Léviathan, tu le donnas à manger au peuple du désert, 15 toi tu fendis source et torrent, toi tu desséchas des fleuves intarissables. 16
À toi le jour, aussi à toi la nuit, toi tu agenças la lumière et le soleil, établis toutes les limites de la terre, l’été et l’hiver, toi tu les formas.
17
toi tu
18
RAPPELLE-TOI cela L’ENNEMI insulte, YHWH, et un peuple fou outrage TON NOM. Ne donne pas à la bête l’âme de ta tourterelle, la vie de tes miséreux N’OUBLIE PAS JUSQU’À LA FIN. 19
20
Regarde vers l’alliance, car ils sont pleins les antres du pays, pacages de violence. 21 Que ne rentre pas l’opprimé déshonoré, que le miséreux et le pauvre louent TON NOM ! 22
Dresse-toi, DIEU, plaide ton plaidoyer, RAPPELLE-TOI ton insulte de la part du fou TOUT LE JOUR ! 23 N’OUBLIE PAS la voix de TES ADVERSAIRES, la clameur des dressés contre toi, montant TOUJOURS !
Les deux parties sont parallèles. Elles commencent avec des questions qui portent sur la raison du malheur et sur sa durée : y reviennent « pourquoi » et « jusqu’à la fin » (1b ; 10-11). Les deuxièmes sous-parties rappellent le passé, ce qui arriva « dès l’origine » (2.12), quand Dieu donna naissance à son peuple (2),
Le psaume 74
35
et à la création (12-17). Les troisièmes sous-parties enfin (3-9 ; 18-23) sont des plaintes sur le malheur actuel qui donnent lieu à des supplications adressées au Seigneur. Les deux parties sont agrafées par « jusqu’à quand » (9b.10a). « Rappelletoi » au début de la deuxième sous-partie de la première partie (2a) sera repris deux fois dans la dernière sous-partie (18.22) accompagné de « n’oublie pas » (19.23). « L’ennemi » et « tes adversaires » reviennent dans les troisièmes sousparties (3.4 ; 18.23). « Ton nom » est repris en 7.10.18.21. Le nom de « Dieu » prononcé aux extrémités de la première partie (1b.8b) revient au début des deux premières sous-parties de la deuxième partie (10.12) ; il reviendra aussi à la fin de la dernière sous-partie (22), précédé au début de cette même sous-partie par « Yhwh » dont c’est la seule occurrence dans le psaume.
CONTEXTE LA « CRÉATION » DU PEUPLE Le premier rappel du passé (2) renvoie à l’élection d’Israël (Dt 7,6-11) et à la libération du pays d’Égypte qui conduisit le peuple jusqu’au temple de Sion, célébrée dans le Chant de la mer : 13
Tu as guidé par ta fidélité ce peuple que tu as racheté, que tu as conduit par ta vigueur vers la demeure de ta sainteté.
17
Tu l’amèneras et le planteras sur la montagne de ton héritage, au lieu de ton habitation que tu fis, Yhwh, au sanctuaire, Seigneur, qu’ont établi tes mains » (Ex 15,13.17).
LA CRÉATION DU MONDE Le second rappel du passé, le plus lointain qui soit, est évoqué dans des termes qui renvoient à la fois Gn 1, avec la mention des eaux agitées par un vent de Dieu avant que soient distingués jour et nuit (Gn 1,2-5) et à la victoire sur Léviathan (Jb 40,25–41,26).
INTERPRÉTATION LA FIN ET L’ORIGINE « Jusqu’à la fin ? » (1.10) renvoie à « dès l’origine » (2.12). Quand le malheur frappe, remonte inévitablement à la mémoire le bonheur passé. Pour Israël, ce sont d’abord les circonstances de sa naissance, quand il traversa les eaux rouges de la sortie du ventre de l’Égypte où il était retenu en captivité, pour être conduit jusqu’au lieu de son service au temple sur le mont Sion. Puis le souvenir remonte jusqu’à l’origine du monde et de l’humanité, quand le Seigneur
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manifesta sa puissance sur les forces du chaos primitif, quand il sépara le jour de la nuit, l’été de l’hiver, quand il établit « toutes les limites de la terre », celles qui séparent la mer et la terre, celles qui distinguent les peuples les uns des autres. LES LIONS ET LA TOURTERELLE La situation actuelle d’Israël est celle d’un peuple, le peuple élu, qui se trouve en proie à l’ennemi, à « un peuple fou » (18.22), qui est aussi l’adversaire de Dieu lui-même (4). La tourterelle (19) est terrorisée par le rugissement du lion qui retentit au milieu des assemblées de Dieu (4). Le sanctuaire du mont Sion où Dieu avait choisi de demeurer est désormais en ruine, brisé par la hache et la masse, livré au feu ; avec le temple, c’est l’ensemble du peuple qui est détruit, privé de ses signes, sans prophète qui puisse dire combien de temps durera le malheur. POUR L’HONNEUR DE TON NOM En écrasant Israël, en brûlant son sanctuaire, l’ennemi veut l’atteindre dans ce qui fait son identité la plus profonde, dans « l’alliance » qui le lie à son Dieu. En s’attaquant au temple, la demeure du « nom » de Yhwh (7), c’est « le nom » du Seigneur qu’ils « outragent » (10.18). C’est lui qu’ils veulent supprimer. C’est pourquoi la supplication joue sur le ressort de l’honneur du nom de Dieu. Le Seigneur ne saurait rester sans réagir, car si l’ennemi l’emportait définitivement, avec la fin du sanctuaire, c’en serait fini de son peuple, c’en serait fini de l’alliance, et en définitive de lui-même. « POURQUOI ? » C’est le cri qui jaillit dès le premier mot du psaume et qui reviendra encore au début de la deuxième partie. Par la bouche du psalmiste, le peuple interpelle son Dieu sans préambule, on ne peut plus directement, pour lui dire qu’il ne comprend pas, qu’il ne voit pas la raison pour laquelle il est en colère contre ceux qui sont « les brebis de son bercail ». La liberté avec laquelle le psalmiste — et son peuple derrière lui — s’adresse à son Dieu est étonnante ; d’autant plus qu’elle a le ton d’une accusation. Et elle se maintient tout au long de la prière. Dans la voix de la « brebis » et de la « tourterelle », on perçoit celle du fils qui ne craint pas, lui qui fait partie de son « héritage », d’interpeller vivement celui qui l’a mis au monde.
3. LE PSAUME 75 TEXTE 1
Du maitre-de-chant, « Ne détruis pas », psaume d’Asaph, chant. 2 Nous rendons-grâce à toi, Dieu, nous rendons-grâce, et proche (est) ton nom : ils racontent tes merveilles. 3 « Quand je prendrai rendez-vous, moi, en droiture je jugerai ; 4 s’effondrant la terre et tous ses habitants, 5 J’ai dit aux arrogants : Ne soyez pas arrogants ! moi, j’ai fixé ses colonnes. Et aux méchants : N’élevez pas la corne, 6 n’élevez pas en haut votre corne, ne parlez pas avec une nuque d’insolence. » 7 Oui, pas du levant ni du couchant, et pas du désert (vient) l’élévation ; 8 car (c’est) Dieu (qui) juge, celui-ci il abaisse et celui-ci il élève. 9 Oui, une coupe (est) dans la main de Yhwh et un vin fermenté plein d’épices ; et il versera de celui-ci, jusqu’à la lie ils lècheront, ils boiront, tous les méchants de la terre. 10 Et moi, j’annoncerai à jamais, je psalmodierai pour le Dieu de Jacob ; 11 et toutes les cornes des méchants je trancherai, seront élevées les cornes du juste. V. 2
: « NOUS RENDONS-GRÂCE »
Les verbes sont au parfait qui est traduit par le présent comme en Gn 22,16 : « Je le jure par moi-même »1. V. 6B
: « NE PARLEZ PAS AVEC UNE NUQUE D’INSOLENCE »
La négation du début de 6a vaut aussi pour 6b. La « nuque d’insolence » rappelle l’expression consacrée « un peuple à la nuque raide » (Ex 32,9 ; Dt 9,6). V. 7B
: « ET PAS DU DÉSERT (VIENT) L’ÉLÉVATION »
Le terme hārîm est ambigu2. Ce peut être un substantif, le pluriel de har, « montagne »3, mais il est possible de l’interpréter comme l’infinitif du hiphil de rwm, « le fait d’élever »4. Étant donné le contexte qui joue avec cette racine (5b.6a.8c.11b), c’est cette dernière solution qui s’impose. V. 9B
: « ET UN VIN FERMENTÉ »
Litt. « un vin (qui) a fermenté »5.
1
Hakham, II, 23. Voir Alonso Schoekel – Carniti, II, 47. 3 Ainsi Ravasi, II, 570-571. 4 Kraus, II, 103 ; Vesco, 674 ; deClaissé-Walford – al., 603. 5 Hakham, II, 24 ; Hossfeld – Zenger, II, 253. 2
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La première section (Ps 73–78)
COMPOSITION 1
Du maitre-de-chant, psaume
« Ne détruis pas », d’Asaph, chant.
+ 2 Nous rendons-grâce + et proche
à toi, (est) ton nom :
DIEU, ils racontent
.. 3 « QUAND je prendrai :: moi,
rendez-vous, en droiture
JE JUGERAI ;
.. 4 s’effondrant :: moi,
j’ai fixé
LA TERRE
et tous ses colonnes.
nous rendons-grâce, tes merveilles.
ses habitants,
···················································································································
– 5 J’ai dit - Et aux MÉCHANTS :
aux arrogants : N’ÉLEVEZ PAS
Ne soyez pas arrogants ! LA CORNE,
- 6 N’ÉLEVEZ PAS – ne parlez pas
EN HAUT
avec une nuque
VOTRE CORNE, d’insolence ! »
du levant du désert
ni du couchant, (vient) L’ÉLÉVATION ;
.. 7 OUI, pas .. et pas :: 8 car (c’est) DIEU :: celui-ci :: et celui-ci
(qui) JUGE, il abaisse IL ÉLÈVE.
··················································································································· – 9 Oui, une coupe (est) dans la main de YHWH
– et un vin
fermenté
plein
de celui-ci, ils lècheront, tous LES MÉCHANTS
DE LA TERRE.
+ 10 Et moi, + je psalmodierai
j’annoncerai pour le DIEU
à jamais, de Jacob ;
+ 11 et toutes LES CORNES + SERONT ÉLEVÉES
DES MÉCHANTS
je trancherai, du juste.
– et il versera – jusqu’à la lie – ils boiront,
LES CORNES
d’épices ;
Le psaume est de construction spéculaire. La première partie (2) ne comprend qu’un seul bimembre. S’adressant à Dieu, le psalmiste parle d’abord à la première personne du pluriel au nom d’un groupe auquel il appartient, après quoi il passe à la troisième personne du pluriel : leur louange est motivée par le fait que Dieu s’est montré « proche ». Dans la deuxième partie, c’est le Seigneur qui parle. Les deux segments du premier morceau sont parallèles : leurs premiers membres sont des temporelles et leurs seconds membres qui commencent par « moi » sont les principales. On
Le psaume 75
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peut donc comprendre que le « rendez-vous » de 3a sera l’effondrement de la terre de 4a et que le jugement « en droiture » (3b) est de salut, puisque les colonnes de la terre ont été et restent fixées par le créateur. Le deuxième morceau est de construction spéculaire : commençant par les synonymes « dire » et « parler », les membres extrêmes invitent à abandonner l’arrogance et « l’insolence », les membres centraux à ne pas élever leur corne. « S’effondrer » du premier morceau (4a) s’oppose à « élever » du second (5b.6a). Dans la troisième partie le psalmiste reprend la parole pour commenter ce que Dieu a dit dans la partie précédente. Chaque morceau comprend un bimembre et un trimembre. Dans le premier morceau, les deux segments, qui s’achèvent par deux termes de même racine, opposent les nations environnantes et « Dieu » qui seul est capable de juger. Le deuxième morceau décrit le jugement des « méchants de la terre » qui devront boire jusqu’à la lie le vin de la colère divine. La partie conclusive commence par « Et moi » qui sera le sujet des verbes des trois premiers membres. Le psalmiste promet de louer le Seigneur (10) puis d’exercer le jugement contre les « méchants » (11a) ; dans le dernier membre « seront élevées » est un passif théologique. Les deux segments sont liés par les verbes « j’annoncerai » et « je trancherai », qui sont en rapport de paronomase (’aggîd et ’ăgaddēa‘). Dans les courtes parties extrêmes, outre la reprise du nom de « Dieu », « raconter » (2b) et « annoncer » (10a) sont synonymes. Les parties médianes sont liées par le fait que le verbe « élever » revient deux fois dans leurs morceaux médians (5b.6a ; 7b.8c) ; cependant elles sont parallèles : dans leurs premiers morceaux Dieu soutient ceux qui s’effondrent (3-4) et c’est lui qui assure l’élévation (7-8), dans leurs deuxièmes morceaux après avoir invité les méchants à abandonner leur insolence (5-6), il les châtie par la coupe de sa colère (9). « Juger » revient en 3b et 8a, « terre » en 4a et 9e. On notera enfin que les deux parties commencent par kî, traduit par « quand » au début de 3 et par « oui » au début de 76. « Corne » deux fois à la fin de la deuxième partie (5b.6a) reviendra deux fois aussi à la fin de la dernière partie (11a.11b) ; « seront élevées » de 11b rappelle « élever » de 5b.6a.8c, « élévation » de 7b ainsi que « en haut » de 6a qui est de même racine.
CONTEXTE LA COUPE DE LA COLÈRE DE DIEU L’image est traditionnelle : « Réveille-toi, réveille-toi, debout ! Jérusalem. Toi qui as bu de la main de Yhwh la coupe de sa colère. C’est un calice, une coupe
6
Ravasi (II, 559.56) considèrent les deux kî comme particules d’affirmation et les traduit par « Si » (français, « oui »).
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La première section (Ps 73–78)
de vertige que tu as bue, que tu as vidée » (Is 51,17 ; voir aussi, entre autres, Jr 25,15-38 ; Ez 23,31-34). L’HOMME FAIT LES ŒUVRES DE DIEU Selon la plupart des commentaires le dernier segment (11) est prononcé par Dieu, comme la seconde partie (3-6). « Il ne semble pas que le même locuteur puisse parler de manière aussi arrogante, d’autant plus que la section précédente dit clairement que c’est Dieu seul qui élève et qui abaisse les hommes »7. Certains ont pensé résoudre la difficulté en mettant le verbe de 11a à la troisième personne au lieu de la première : « il abattra »8, ce qui n’est appuyé par aucun témoin textuel. On pense ainsi sauver l’honneur de Dieu ; c’est ainsi que font ceux qui refusent de lire le texte de Ps 112,4b pour lequel l’homme juste est « tendre et miséricordieux » comme le Seigneur (Ps 111,4b) est « tendre et miséricordieux », sous prétexte que cette expression est toujours appliquée à Dieu dans le reste de la Bible hébraïque9. Dans le Ps 149 ce sont bien « les fidèles » qui exécutent le châtiment contre les nations païennes (Ps 149,5-9) ; et il en va de même dans le Ps 2 où c’est le roi qui brisera les nations « avec un sceptre de fer » (Ps 2,7b-9)10.
INTERPRÉTATION DE LA MANSUÉTUDE À LA SÉVÉRITÉ Dans son discours le Seigneur montre sa miséricorde. Quand la terre s’effondre, il intervient pour la soutenir et sauver tous ses habitants (3-4) ; quant aux « méchants », il ne les châtie pas mais les invite à abandonner leur arrogance et leur insolence, à ne pas élever leur front (5-6). Lorsque le psalmiste reprend la parole pour commenter celles de Dieu, le ton change : s’il parle d’abord d’« élévation » et s’il déclare que Dieu « élève » l’un, il ajoute qu’il « abaisse » l’autre (8), après quoi il insiste longuement sur la coupe de la colère divine que les méchants devront boire jusqu’à la lie (9), ce qui fait un contraste surprenant avec les paroles d’avertissement que Dieu leur adressait (5-6). À moins de comprendre que le psalmiste complète ce qu’a dit le Seigneur, en montrant jusqu’à quelle extrémité seraient conduits ceux qui, refusant de tenir compte de l’invitation de Dieu, n’auraient pas abandonné leur méchanceté.
7
deClaissé-Walford – al., 606. Ainsi, Weiser, 521 ; Kraus, II, 103. 9 Voir Le Psautier. Cinquième livre, 90-92. 10 Telle est la position de Delitzsch, II, 342. La BJ qui met 3-6 entre guillemets ne les met pas pour 11 ; curieusement, la TOB fait l’inverse. 8
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41
L’EXÉCUTEUR DES HAUTES ŒUVRES À peine le psalmiste a-t-il évoqué le terrible châtiment céleste (9), qu’il entonne comme un chant de victoire en l’honneur du Dieu de Jacob (10). Puis, dans la foulée, il se présente comme celui qui exécutera la sentence divine en tranchant les cornes des méchants. Toutefois, au dernier moment il laisse la place à Dieu auquel est attribué, de manière discrète, le salut du juste. Le passage du pluriel des « méchants » au singulier du « juste » peut laisser entendre que ce dernier n’est autre que le psalmiste lui-même. On comprendrait donc à la fin seulement que le psaume n’est pas une déclaration d’ordre général, que c’est le récit d’un homme qui a été sauvé de l’arrogance et de l’insolence de qui en voulait à sa vie, dont les cornes le menaçaient. Et voilà pourquoi sa prière commence par une action de grâce qu’il partage avec tous ceux qui auront été témoins des merveilles que Dieu a accomplies en sa faveur.
4. LE PSAUME 76 TEXTE 1
Du maitre-de-chant, sur les instruments-à-cordes, psaume d’Asaph, chant. 2 Est connu en Juda Dieu, en Israël grand (est) son nom ; 3 et elle est en Salem sa tanière et son repaire 4 c’est là qu’il a brisé les éclairs de l’arc, en Sion : le bouclier et l’épée et la guerre. 5 Éclatant, toi, magnifique sur les montagnes de proie. 6 Ont été dépouillés les braves de cœur, ils ont dormi leur sommeil et n’ont pas trouvé tous ces gens de valeur leurs bras. 7 Sous ta menace, Dieu de Jacob, s’est engourdi et char et cheval. 8 Toi, (tu es) Terrible, toi et qui tiendra devant ta face à cause de ta colère ? 9 Des cieux tu as fait entendre la sentence, la terre eut peur et se tut, 10 quand se leva pour le jugement Dieu, pour sauver tous les humiliés de la terre, 11 car la fureur de l’homme te rend grâce, le reste des fureurs tu ceins. 12 Faites des vœux et acquittez-les à Yhwh votre Dieu, tous ses entourant qu’ils présentent un don au Terrifiant : 13 il coupe le souffle des princes, Terrible aux rois de la terre. V. 3
: « TANIÈRE », « REPAIRE »
Les termes sôk, « tanière » (voir Jr 25,58 ; Ps 10,91) et me‘ônâ, « repaire » (voir Jb 37,8 ; 38,40 ; Am 3,4 ; Ps 104,22) font tous deux référence au lion2. V. 5
: « MAGNIFIQUE SUR LES MONTAGNES DE PROIE »
L’expression étant problématique, diverses émendations ont été proposées. À s’en tenir au texte massorétique, on peut comprendre, à la lumière du début du segment suivant, que les montagnes de proie sont les lieux où est entassé le butin dont ont été dépouillés les ennemis. V. 11
: « OUI, LA COLÈRE DE L’HOMME TE REND GRÂCE... »
Particulièrement difficile, ce verset a donné lieu à bien des corrections et il est diversement interprété : « Il y a autant de traductions qu’il y a de traducteurs »3. Il est raisonnable de suivre le texte massorétique et aussi de tenir le plus grand compte du contexte (voir p. 45). COMPOSITION Le psaume comprend cinq parties organisées de manière concentrique autour de la question de 8.
1
Dans Le Psautier. Premier livre, le mot a été traduit par « fourré ». Voir, par ex. Hossfeld – Zenger, II, 260.265-266 ; Vesco, 681. Ravasi (II, 584) ne partage pas cette interprétation. 3 deClaissé-Walford – al., 609. 2
44
La première section (Ps 73–78)
LA PREMIÈRE PARTIE (2-4) + 2 Est connu + en ISRAËL
en JUDA grand (est)
Dieu, son nom
+ 3 et elle est + et son repaire
en Salem en Sion :
sa tanière
il a brisé et l’épée
les éclairs et la guerre.
4
là – le bouclier
–
de l’arc,
Les deux premiers segments sont complémentaires : c’est d’abord l’ensemble du pays avec ses deux composantes, « Juda » et « Israël » (2), puis la capitale religieuse avec la « tanière » et le « repaire » de Dieu à Jérusalem, « Salem » ou « Sion » (3). Le troisième segment donne la raison pour laquelle Dieu est « grand » et « connu » (2) : la destruction de toutes les armes de « guerre » (3). LA DEUXIÈME PARTIE (5-7) + 5 Éclatant + magnifique 6
: Ont été dépouillés : ils ont dormi : et n’ont pas trouvé 7
+ Sous ta menace, + s’est engourdi
TOI,
sur les montagnes
de proie.
les braves leur sommeil tous ces gens de valeur
de cœur,
DIEU et char
de Jacob, et cheval.
leurs bras.
La partie est de construction concentrique. Dans les segments extrêmes, les qualités ou actions de Dieu (5a.7a) sont suivies de leurs effets : butin pris à l’ennemi (5b-6a), armement lourd de l’ennemi neutralisé (7b). Les deux vocatifs « toi » et « Dieu » se correspondent en même position (5a.7a). Au centre (6b-c), il ne s’agit plus de Dieu mais des combattants, « les forts », « hommes de valeur », réduits à l’impuissance. Le segment central est relié au précédent par la paronomase entre ’addîr (« magnifique » : 5a) et ’abbîrê (« les braves » : 6b), et avec le suivant avec les synonymes « ont dormi » (6b) et « s’est engourdi » (7b). L’AVANT-DERNIÈRE PARTIE (9-11) Les deux premiers segments sont parallèles : dans les premiers membres il s’agit de « Dieu », de sa « sentence » et de son « jugement » (9a.10a), dans les seconds membres de « la terre » qui a eu peur (9b) et dont les « humiliés » ont été sauvés (10b). Dans les seconds membres, les deux occurrences de « terre » (9b.10b) semblent renvoyer à des réalités différentes. La première est complé-
Le psaume 76
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mentaire de « les cieux » (9a) et peut donc désigner les nations sur lesquelles la sentence de Dieu est émise ; la seconde au contraire est « la terre » d’Israël qui a été humiliée. Fort énigmatique, le troisième segment (11) doit être considéré d’une part dans les rapports de ses deux membres et d’autre part dans le contexte formé par les deux segments précédents. Il y a d’abord « la fureur de l’homme » puis « les fureurs » de Dieu, comme le laisse entendre le pluriel d’intensité (ou d’excellence). La fureur de l’homme semble bien être celle de ceux qu’a frappé le jugement de Dieu : réduit à l’impuissance, l’homme en vient à « rendre grâce » à celui qui, en le châtiant, l’invite à la conversion. Cette action de grâce s’oppose au silence qui l’avait d’abord frappé (9b). Quant aux « fureurs » de Dieu, on peut comprendre que ce sont celles qui « restent » encore après qu’il ait sévi contre les oppresseurs ; il s’en « ceint » comme on fait de la ceinture du guerrier et de ses armes. Mais il est aussi possible et plus probable que « le reste » désigne ceux qui ont échappé aux fureurs et dont le Seigneur s’entourera, comme de ses fidèles ; ce qui est corroboré par le verset suivant qui invite « tous ceux qui l’entourent » à rendre grâce à leur sauveur. + 9 Des cieux :: LA TERRE
tu as fait entendre a eu peur
la sentence, et se tut
+ 10 quand se leva :: pour sauver
pour le jugement tous les humiliés
DIEU, de LA TERRE,
:: 11 car la fureur + le reste
de l’homme des fureurs
te rend grâce, tu ceins.
LA DERNIÈRE PARTIE (12-13) L’invitation à rendre grâce liturgiquement à celui qui est leur Dieu (12) est motivée par ce qu’il a fait contre leurs ennemis, « princes » et « rois » (13). Les seconds membres contiennent deux qualificatifs de Dieu qui sont en rapport de paronomase, « Terrifiant » (môrā’) et « Terrible » (nôrā’). = 12 Faites des vœux = tous ses entourant
et acquittez-les qu’ils présentent
à Yhwh un don
+ 13 il coupe + TERRIBLE
le souffle aux rois
des princes, de la terre.
votre Dieu, au TERRIFIANT :
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L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
Du maitre-de-chant, psaume
sur les instruments-à-cordes ; d’Asaph, cantique.
2
Est connu en Israël
en Juda grand (est)
DIEU, son nom ;
3
et elle est et son repaire
en Salem en Sion ;
sa tanière
.. 4 là .. le bouclier
IL A BRISÉ
et l’épée
les éclairs et la guerre.
ÉCLATANT magnifique 5
6
TOI,
Ont été dépouillés ils ont dormi et n’ont pas trouvé
7
Sous ta menace, s’est engourdi 8
TOI, et qui tiendra sous le coup
9
Des cieux
LA TERRE 10
quand se leva pour sauver
11
car la fureur le reste 12
Faites des vœux tous ses entourant
..
13
IL COUPE
.. TERRIBLE
de l’arc,
sur les montagnes
de proie.
les braves leur sommeil, tous ces gens de valeur
de-cœur, leurs bras.
DIEU et char
de Jacob, et cheval.
(tu es) TERRIBLE, devant ta face de ta colère ?
TOI,
tu as fait entendre a eu peur
la sentence, et se tut,
pour le jugement tous les humiliés
DIEU de LA TERRE,
de l’homme des fureurs
te rend-grâce, tu ceins.
et acquittez-les qu’ils présentent
à YHWH un don
le souffle aux rois
des princes, de LA TERRE.
VOTRE DIEU,
au TERRIFIANT :
Les parties extrêmes sont parallèles. En effet, c’est « en Juda », dans le temple de « Salem », la « tanière », le « repaire » de Dieu (2-3) que l’on s’acquitte de ses « vœux » et qu’on offre « un don » à Yhwh (12), car « il a brisé » les armes de guerre (4), « il coupe » le souffle des puissants (13). Les noms divins se trouvent à la fin des premiers membres, « Dieu » (2a) amplifié en « Yhwh votre Dieu » (12a), suivi par « le Terrifiant » (12b).
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Les deuxième et avant-dernière parties n’ont aucun lexique commun, à part « Dieu » (7a.10a) ; dans les derniers segments « menace » et « fureur(s) » (7a. 11ab) sont synonymes4. Toutefois, à part les segments centraux qui sont à la troisième personne, les quatre autres segments sont adressés à Dieu ; ce qui n’était pas le cas dans les parties extrêmes. Quoi qu’il en soit, les deux parties traitent du jugement de Dieu. Quant à la partie centrale (8), c’est la seule question du psaume, nouveau cas de la loi de la question au centre. Les deux occurrences de « toi » par lesquelles commence la partie centrale renvoient au « toi » par quoi commence aussi la partie précédente (5a). « Terrible » du premier segment (8a) sera repris dans le dernier segment de la dernière partie (13b), mais « éclatant » (nā’ôr, 5a) est en rapport de paronomase avec « terrible » (nôrā’). « Colère » dans le dernier membre (8c) annonce « fureur » et « fureurs » de la fin de la partie suivante (11ab), mais correspond aussi à « menace » de la fin de la partie précédente (7a).
CONTEXTE LE PASSAGE DE LA MER « Char et cheval » (7b) font sans doute allusion aux chars et chevaux que Pharaon lança à la poursuite d’Israël (Ex 14,9.23) et qui périrent dans la mer. La sortie d’Égypte est emblématique de toutes les actions salvatrices de Dieu en faveur d’Israël humilié par ses ennemis. LA DÉFAITE DE SENNACHÉRIB Si le verset 7 fait allusion à la sortie d’Égypte, le verset 4 situe la victoire de Dieu à Jérusalem. Beaucoup y voient une référence à l’échec de Sennachérib roi d’Assyrie venu pour prendre Jérusalem en 701 et contraint de lever le siège par l’intervention divine (2R 18,13–19,36 ; Is 36–37). LE LION DE JUDA Les termes « tanière » et « repaire » pour désigner la résidence de Dieu à Jérusalem en Juda, font penser à la bénédiction adressée à Juda par son père Jacob : « Juda est un jeune lion ; de la proie5, mon fils tu es remonté... » (Gn 49,8-9).
4 5
« Colère » et « menace » sont employés ensemble, comme synonymes, en Is 51,20 ; 66,15. « Proie » de Gn 49,9 se retrouve en Ps 76,5.
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La première section (Ps 73–78)
INTERPRÉTATION LE GRAND NOM DE DIEU Dès le début le psalmiste célèbre le grand nom de « Dieu » (2). Bien vite il le proclame « éclatant » et « magnifique » (5). Au centre (8) le « Dieu » dont il vient de répéter le nom commun (7a) est dit « terrible ». Ce ne sera qu’au début de la dernière partie que sera prononcé le nom propre de « Yhwh », son Dieu et celui de ceux à qui il s’adresse (12), avant de conclure avec « le Terrifiant » (12b), « le Terrible » (13b). LA COLÈRE DU TERRIBLE Le Ps 76 n’est certes pas le seul où le Seigneur est qualifié de « terrible », mais il n’en est pas d’autre qui insiste autant sur la crainte qu’il provoque à cause de sa « menace », de sa « colère », de sa « fureur », de ses « fureurs ». Il est « terrible » (8a.13b), « terrifiant » (12b) ; tous tremblent sous l’éclat de la magnificence de celui qui domine les montagnes de proie (5). QUI TIENDRA DEVANT TA FACE ? « Les princes » et « les rois de la terre » ont le souffle coupé (13). « Les braves de cœur » sont terrassés et dorment de leur dernier sommeil (6), « char et cheval » se sont engourdis (7). La réponse à la question centrale n’est peut-être pas celle à laquelle on pourrait s’attendre. Qui tiendra devant ta face ? Personne ; bien sûr. Il en est cependant qui tiennent, qui se dressent, qui se remettent debout devant la face du Seigneur, ce sont « tous les humiliés de la terre » (10b). Comme dans le Ps 113, où à la question centrale, « Qui est comme le Seigneur notre Dieu ? », il est répondu que c’est le pauvre qui est comme lui, qui est « exalté » par Dieu comme lui-même est « exalté au-dessus de toutes les nations », « au-dessus des cieux »6. EN SON TEMPLE À SALEM C’est à Jérusalem, en son temple que le Seigneur fait entendre sa voix, comme il l’avait fait par la bouche d’Isaïe pour annoncer la fuite de Sennachérib venu pour prendre la ville. C’est là que tous ceux qui ont été rassemblés autour de lui pour échapper à la colère de l’homme sont invités à acquitter les vœux qu’ils avaient faits, à présenter leur offrande à Yhwh qui avait terrifié et fait fuir leurs ennemis. Même les victimes de la fureur de Dieu en viennent finalement à rendre grâce à celui qui a arraché à leurs griffes et à leurs crocs ceux qu’ils avaient humiliés (10-11).
6
Voir Le Psautier. Cinquième livre, 101-109.
5. LE PSAUME 77 TEXTE 1
Du maitre-de-chant, sur Yedutûn, d’Asaph, psaume. 2 Ma voix vers Dieu et je crie, ma voix vers Dieu et il prêtera-l’oreille vers moi. 3 Au jour d’angoisse le Seigneur j’ai cherché, ma main la nuit s’est tendue et pas relâchée, a refusé d’être consolée mon âme. 4 Je me souviens de Dieu et je gémis, je médite et me manque mon esprit. 5 Tu as retenu les paupières de mes yeux, je suis troublé, je ne puis parler ; 6 je pense aux jours d’autrefois, les années des siècles ; 7 je me souviens de ma harpe dans la nuit, en mon cœur je médite et il interroge mon esprit. 8 Est-ce pour les siècles que rejette le Seigneur, qu’il n’ajoute pas d’aimer plus ? 9 Est-ce qu’est épuisée jusqu’à la fin sa fidélité, achevée la parole pour les âges des âges ? 10 Est-ce qu’il oublie d’avoir pitié El ou de colère ferme-t-il ses miséricordes ? 11 Et je dis : « Me blesse ceci : le changement de la droite du Très-Haut. » 12 Je me souviens des hauts-faits de Yah, je me souviens d’autrefois, de tes merveilles, 13 et je me murmure toute ton œuvre et sur tes hauts faits je médite. 14 Dieu, dans la sainteté (sont) tes chemins ! Quel dieu est grand comme Dieu ? 15 Toi, le El faisant merveille, tu fis connaitre chez les peuples ta force ; 16 tu rachetas par ton bras ton peuple, les fils de Jacob et de Joseph. 17 Te virent les eaux, Dieu, te virent les eaux, furent bouleversées, aussi s’agitaient les abimes. 18 Déversèrent les eaux les nuées, de la voix donnèrent les nuages, aussi tes flèches allaient. 19 Voix de ton tonnerre en son roulement, illuminaient tes éclairs le monde, s’agitait et tremblait la terre. 20 Sur la mer (fut) ton chemin et ton sentier sur les eaux nombreuses et tes traces ne furent pas connues. 21 Tu conduisis comme brebis ton peuple par la main de Moïse et d’Aaron. V. 2
: « ET IL PRÊTE-L’OREILLE VERS MOI »
Le verbe weha’ăzîn est diversement interprété1 : certains considèrent que c’est un impératif 2, mais la plupart y voient un weqatalti, qu’ils traduisent par un futur (TOB) ou un optatif (Osty), soit même comme un présent (BJ). Toutes ces options indiquent toujours un souhait, exprimé de manière plus ou moins forte. V. 5 « TU AS RETENU LES PAUPIÈRES DE MES YEUX
»
Litt. « tu as pris, tu as saisi les gardiennes de mes yeux », c’est-à-dire tu me tiens éveillé. V. 7
: « JE ME SOUVIENS... »
La Septante déplace le premier verbe à la fin du verset précédent (« des années des siècles je me souviens ») et elle change le second terme du texte massorétique, qui est un substantif (negînātî, « ma harpe »), en un verbe comme celui du début de 13 (wehāgîtî, « je médite »)3. Cette solution est tentante car les trois verbes de 7 (« je me souviens », « je murmure », « je médite ») se retrou1
Hossfeld – Zenger, II, 274. Ainsi, Dahood, II, 225 ; Ravasi, II, 602, nt. 7. 3 Ainsi Weiser, 529 ; Kraus, II, 112 ; BJ. 2
50
La première section (Ps 73–78)
vent ensemble en 12-13 ; les modernes s’en tiennent à la lectio difficilior du texte massorétique. V. 11
: « ME BLESSE CECI : LE CHANGEMENT DE LA DROITE DU TRÈS-HAUT. »
Deux termes sont ambigus4 : dans le premier membre ḥallôt peut être l’infinitif de ḥālāh I, « être malade » ou de ḥālāh II, « apaiser » (employé avec « prier » en 1R 13,6). Certains traduisent donc par « ma prière »5, d’autres par « ma maladie », « ma souffrance ». Au début du second membre šenôt peut être compris comme le pluriel de šānâ, « année » (comme en 6b)6, ou comme l’infinitif de šānāh I, « changer »7, ou de šānāh III, « répéter » ; Dahood lit senet, infinitif de yāšan, « être vieux »8. COMPOSITION LA PREMIÈRE PARTIE (2-7) + 2 Ma voix + ma voix 3
: Au jour : ma main : a refusé 4
= JE ME SOUVIENS = JE MÉDITE
vers DIEU vers DIEU
et je crie, et il prêtera-l’oreille
de mon angoisse
LE SEIGNEUR
LA NUIT
d’être consolée
s’est tendue mon âme.
de DIEU et me manque
MON ESPRIT.
vers moi. j’ai cherché, et pas relâchée,
et je gémis,
··············································································································· 5
– Tu as retenu – je suis troublé
les paupières et je ne puis parler ;
de mes yeux,
– 6 je pense – les années
aux jours des siècles ;
d’autrefois,
= 7 JE ME SOUVIENS = en mon cœur = et il interroge
de ma harpe
DANS LA NUIT,
JE MÉDITE MON ESPRIT.
Dans le premier morceau les noms divins reviennent dans les deux membres du premier segment, puis dans les premiers membres des segments suivants. Les derniers termes des deux derniers segments, « mon âme » et « mon esprit »
4
Delitzsch, II, 352-353 ; Hossfeld – Zenger, II, 274 ; Ravasi, II, 604-605. Hakham, II, 36. 6 Delitzsch, II, 348. 7 Hossfeld – Zenger, II, 273. 8 Dahood, II, 229 ; suivi par Ravasi, II, 605. 5
Le psaume 77
51
répondent aux deux occurrences de « ma voix » au début des deux membres du premier segment. Il semble que le deuxième morceau concerne tout entier les veilles et les insomnies : Dieu ayant maintenu ses paupières ouvertes (5a), il passe « la nuit » à se souvenir d’un passé heureux, où il pouvait jouer de la harpe (7a). À « mes yeux » du début répond « mon cœur » de la fin. Le nom de « Dieu » n’apparait plus dans le deuxième morceau mais le psalmiste s’adresse à lui pour commencer : « Tu as retenu... » (5a). Les derniers segments ont en commun « je me souviens », « je médite » et « mon esprit » qui remplissent la fonction de termes finaux. Les parties du corps, « mes yeux » et « mon cœur », « mon esprit » (5a.7bc) correspondent à « ma voix », « mon âme » et « mon esprit » (2ab.3c.4b). LA DEUXIÈME PARTIE (8-10) · 8 EST-CE pour les siècles · et qu’il n’ajoute pas
que rejette d’aimer
LE SEIGNEUR, plus ?
· 9 EST-CE qu’est épuisée · achevée
jusqu’à la fin la Parole
sa fidélité, pour les âges des âges ?
· 10 EST-CE qu’oublie · ou de colère
d’avoir pitié ferme-t-il
EL, ses miséricordes ?
Les trois segments sont des questions qui commencent par le même interrogatif. Le sujet est exprimé à la fin des premiers membres des segments extrêmes. « Pour les siècles » du début trouve un écho dans le segment central avec « jusqu’à la fin » et « pour les âges des âges ». LA TROISIÈME PARTIE (11-13) – 11 Et je dis : – le changement
« Me blesse de la droite
ceci : du TRÈS-HAUT. »
+ 12 Je me souviens + je me souviens
DES HAUTS FAITS
de YAH, DE TES MERVEILLES,
+ 13 et je murmure + et sur TES HAUTS FAITS
toute je médite.
d’autrefois,
TON ŒUVRE
Alors que le premier segment dit la souffrance actuelle, les deux autres égrènent les souvenirs heureux du temps passé : les quatre verbes sont synonymes ainsi que leurs compléments. Les noms divins se trouvent à la fin des membres médians des deux premiers segments.
52
La première section (Ps 73–78)
LA QUATRIÈME PARTIE (14) 14
DIEU, Quel dieu
dans la sainteté (est) grand
tes voies ! comme DIEU ?
Les deux occurrences de « Dieu » font inclusion. Le premier membre est une exclamation, le second une question. LA CINQUIÈME PARTIE (15-21) – 15 Toi, – TU FIS CONNAITRE
le EL chez les peuples
faisant ta force ;
merveille,
+ 16 tu rachetas + les fils
PAR TON BRAS TON PEUPLE, DE JACOB ET DE JOSEPH. ··········································································································· - 17 Te virent les eaux, ÉLOHIM,
- te virent :: aussi
les eaux, s’agitaient
furent bouleversées, les abimes.
- 18 Déversèrent - de la voix :: aussi
les eaux donnèrent tes flèches
les nuées, les nuages, allaient.
- 19 Voix - illuminaient :: s’agitait
de ton tonnerre tes éclairs et tremblait
en son roulement, le monde, la terre.
···········································································································
– 20 Sur la mer – et ton sentier – et tes traces + 21 Tu conduisis + PAR LA MAIN
(fut) ton chemin sur les eaux
nombreuses
NE FURENT PAS CONNUES.
comme brebis MOÏSE
DE
TON PEUPLE ET D’AARON.
Le premier morceau met en relation « les peuples » qui ont vu la force de Dieu (15) et « le peuple » qui en a bénéficié (16). Avec ses trois trimembres, le morceau central est plus développé que ceux qui l’encadrent 9. Le premier segment parle des « eaux », le dernier du « tonnerre » et des « éclairs ». Le segment central assure la transition de l’un à l’autre : son premier membre reprend « les eaux » du segment précédent, tandis que les deux autres membres annoncent le dernier segment, « la voix » (18b) étant celle du tonnerre (19a) et les « flèches » (18c) celles des « éclairs » (19b). « S’agiter » est repris à la fin des segments extrêmes (17c.19c). 9
Il compte neuf membres, comme l’ensemble des deux autres morceaux.
Le psaume 77
53
Les deux premiers morceaux sont liés par « El » et « Élohim » (15a.17a) ; les deux derniers par la reprise de « les eaux » (17ab.18a ; 20b précédé de « la mer »). Les morceaux extrêmes ont en commun, dans le dernier membre des premiers segments, un verbe de même racine, « tu fis connaitre » (15b) et « ne furent pas connues » (20c) ; dans leurs derniers segments (16.21), les premiers membres s’achèvent avec « ton peuple » et les seconds avec deux noms propres. À quoi il faut ajouter que « par la main » (21b) rappelle « par ton bras » (16a). L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
Du maitre-de-chant, sur Yedutûn, d’Asaph, psaume.
Ma VOIX vers DIEU et je crie, ma VOIX vers DIEU et il prêtera-l’oreille vers moi. Au jour de mon angoisse j’ai cherché LE SEIGNEUR, la nuit ma main s’est tendue et pas relâchée, mon âme a refusé d’être consolée. 4 JE ME SOUVIENS de DIEU et je gémis, JE MÉDITE et me manque mon esprit. 2 3
5
Tu as retenu les paupières de mes yeux, je suis troublé et je ne puis parler ; je pense aux jours D’AUTREFOIS, les années DES SIÈCLES ; 7 JE ME SOUVIENS de ma harpe dans la nuit, en mon cœur JE MÉDITE et mon esprit interroge. 6
8
Est-ce pour LES SIÈCLES que LE SEIGNEUR rejette et qu’il n’ajoute plus à aimer ? Est-ce qu’est épuisée jusqu’à la fin sa fidélité, achevée la parole pour les âges des âges ? 10 Est-ce qu’il oublie d’avoir pitié DIEU ou de colère ferme-t-il ses miséricordes ? 9
11
Et je dis : « Me blesse ceci : le changement de la droite du TRÈS-HAUT. » JE ME SOUVIENS des hauts-faits de YAH, JE ME SOUVIENS D’AUTREFOIS, de tes MERVEILLES, 13 et je me murmure toute ton œuvre, et sur tes hauts faits JE MÉDITE. 12
14
15 16
DIEU, dans la sainteté sont tes CHEMINS ! Quel dieu est grand comme DIEU ?
Toi, le DIEU faisant MERVEILLE, tu fis connaitre chez les peuples ta force ; tu rachetas par ton bras ton peuple, les fils de Jacob et de Joseph. 17 Les eaux te virent, DIEU, les eaux te virent, furent bouleversées, aussi s’agitaient les abimes. 18 Déversèrent les eaux les nuées, de la VOIX donnèrent les nuages, aussi tes flèches allaient. 19 VOIX de ton tonnerre en son roulement, tes éclairs illuminaient le monde, la terre s’agitait et tremblait.
20
Sur la mer fut TON CHEMIN et ton sentier sur les eaux nombreuses et tes traces ne furent pas connues. 21 Tu conduisis comme brebis ton peuple par la main de Moïse et d’Aaron.
Pour le titre, voir Ps 39,110. 10
Voir Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), 541.
54
La première section (Ps 73–78)
Les parties extrêmes opposent le présent au passé, le malheur actuel et les merveilles d’autrefois. Dans le présent le psalmiste se souvient du passé (4.7). Outre les noms divins (2bis.3.4 ; 15.17), « voix » revient deux fois dans chaque partie (2bis ; 18b.19a). Les deuxième et avant-dernière parties (8-10 ; 14) contiennent les seules questions du psaume. Les noms divins se trouvent aux extrémités. Alors que la deuxième partie est toute de plainte, comme la première partie, la quatrième est d’admiration comme la suivante. La partie centrale assure le passage d’un versant à l’autre du psaume. En effet, alors que dans le premier segment le psalmiste continue à dire sa souffrance, dans les deux derniers il commence à faire mémoire des hauts-faits de Dieu. C’est très exactement au milieu de la partie que le texte bascule de la troisième personne11 qui régnait jusque-là à la deuxième qui se maintiendra jusqu’à la fin. La partie centrale est liée à ce qui précède par la reprise de « je me souviens » (4.7.12bis), « d’autrefois » (6.12), « je médite » (4.7.13) et à ce qui suit avec « la droite » (11) qui annonce « ton bras » (16) et « la main » (21) et avec la reprise de « merveille(s) » (12.15). Dans les deux premières parties « les siècles » reviennent en 6 et 8, dans les deux dernières « tes chemins » de 14 annonce « ton chemin » de 20. Les noms divins, « Dieu », « le Seigneur », « le Très-Haut » se retrouvent dans chaque partie (2bis.3.4 ; 8.10 ; 11 ; 14bis ; 15.17) et c’est seulement au centre qu’apparait le nom propre de « Yah » (12). Le psaume peut être considéré comme un cas de construction à double foyer12, d’autant plus que les deux foyers recèlent des questions13. CONTEXTE LES HAUTS-FAITS DE DIEU Les hauts-faits du Seigneur dont parle la dernière partie sont ceux de l’exode, quand « par la main de Moïse et Aaron » (21b) il fit sortir du pays d’Égypte « les fils de Jacob et Joseph » (16b). « Les eaux » qui furent bouleversées (17) sont celles de la mer que le Seigneur ouvrit pour faire passer son peuple (Ex 14) ; l’orage avec tonnerre et éclairs rappelle la théophanie du Sinaï (Ex 19,16-19).
INTERPRÉTATION D’UNE QUESTION À L’AUTRE Le contraste est frappant entre la rafale de questions que prépare la première partie (8-10) et la « demi question » qui annonce la dernière partie (14). D’un 11
À la seule exception de « tu as retenu mes paupières » de 5. Voir R. MEYNET, « Une nouvelle figure : la composition à double foyer ». 13 Voir « La question au centre », Traité, 417-435. 12
Le psaume 77
55
côté, l’angoisse de celui qui ne voit pas la fin de son malheur (8-9) et qui se demande même si le Seigneur ne l’a pas tout simplement oublié (10). De l’autre une interrogation qui a le ton d’une simple question rhétorique, d’autant plus qu’elle est précédée par une affirmation de foi qui semble répondre aux doutes des questions précédentes. La « sainteté » de Dieu et sa grandeur sont les autres noms de sa « fidélité », de sa « pitié » et de ses « miséricordes ». D’UNE VOIX À L’AUTRE Tout commence par la « voix » de celui qui crie vers Dieu (2) dans « l’angoisse » de le chercher sans le trouver, une angoisse qui lui enlève jusqu’à la parole (5) qui l’empêche même de jouer de la lyre comme autrefois. Et sa douleur est telle que sa voix s’adresse à une troisième personne, et non pas à Dieu, sauf une fois, comme furtivement (5a). À cette voix plaintive du psalmiste répond, au centre de la dernière partie, « la voix » glorieuse de Dieu qui retentit dans l’orage, dans les tonnerres et les éclairs de la théophanie du Sinaï. Or cette voix divine est prononcée, rappelée par celui-là même qui avait fait entendre la voix de sa plainte au début de sa prière. Il a enfin compris que le rachat de son peuple (16) n’appartient pas seulement à une histoire passée ; il en est le bénéficiaire lui-même, aujourd’hui. Et c’est pour cela qu’il est passé de la troisième personne à la deuxième : sa relation à « Yah », un temps obscurcie, est enfin rétablie.
6. L’ENSEMBLE DE LA PREMIÈRE SÉQUENCE (73–77) La séquence comprend cinq psaumes organisés de manière concentrique autour du Ps 75. COMPOSITION LES PSAUMES EXTRÊMES (73 ET 77) Le fait le plus remarquable est le basculement au centre de chaque psaume de la troisième personne à la deuxième (73,15 ; 77,12b). – Les premiers versants disent le malheur, le succès des méchants qui oppriment (73,4-12), l’angoisse du psalmiste qui pense être abandonné (77,2-10) ; – les deuxièmes versants au contraire sont positifs, châtiment des méchants et salut du psalmiste (73,16-28), hauts-faits de Dieu et salut du peuple (77,14-21), individu et peuple conduits par Dieu (73,24 ; 77,21). Les reprises lexicales sont les suivantes : – les deux psaumes sont « d’Asaph » (73,1 ; 77,1) ; – « connaitre/connaissance » (73,11bis.16.22 ; 77,15.20) ; – « à jamais » (73,12.26 ; 77,6.8) ; – « cœur » (73,1.7.13.21.26bis ; 77,7) ; – « main » (73,23 ; 77,3) et « droite » (73,23 ; 77,11) ; – « terre » (73,9.25 ; 77,19) ; – « conduire » (73,24 ; 77,21) ; – « Très-Haut » (73,11 ; 77,11) ; – à « Si j’avais dit » au centre du premier psaume (73,15) correspond « Et je dis » au centre de l’autre (77,11).
La sous-section 73–77
57
73,1 Psaume, d’Asaph. Certes, bon pour Israël Dieu, pour les purs de cœur. 2 Et moi, presque penchaient mes pieds, comme rien glissaient mes pas, 3 car j’étais jaloux des arrogants, la paix des méchants je voyais. 4
Car point de tourments jusqu’à leur mort et dodue est leur panse ; 5 dans la peine des hommes ils ne sont en rien et avec l’adam ne sont pas frappés. 6 C’est pourquoi leur fait-un-collier l’orgueil, couvre d’un habit la violence pour eux ; 7 il sort de la graisse leur œil, ont dépassé les pensées du cœur. 8 Ils ricanent et ils parlent le mal, l’oppression hautement ils parlent ; 9 ils mettent au ciel leur bouche et leur langue va sur la terre. 10 C’est pourquoi il fait revenir son peuple ici et des eaux d’abondance sont versées à eux. 11 Ils disent : « Comment CONNAITRAIT-IL El et y a-t-il CONNAISSANCE chez le TRÈS-HAUT ? » 12 Voici, ceuxlà sont des méchants et, tranquilles À JAMAIS, ils entassent la richesse ! 13
Certes, en vain j’ai gardé-propre mon cœur et j’ai lavé en l’innocence mes paumes ; et j’étais frappé tout le jour et j’étais châtié les matins. 15 Si j’avais dit : « Je raconterai comme eux », voici la race de TES fils j’aurais trahi. 14
16
Et j’ai réfléchi pour CONNAITRE cela, une peine cela à mes yeux, 17 jusqu’à ce que j’entre aux sanctuaires de El, où je compris leur destin. 18 Certes, des tromperies TU as fait d’eux, TU les fais tomber dans le chaos. 19 Comment ils ont été une horreur soudain, disparus, achevés par l’épouvante ! 20 Comme un songe au réveil, Seigneur, en t’éveillant, leur image TU méprises. 21 Alors que s’aigrissait mon cœur et que les reins j’avais percés, 22 et moi, stupide, et JE NE CONNAISSAIS PAS, des bêtes j’étais avec TOI. 23 Et moi, toujours avec TOI, TU m’as saisi par ma MAIN DROITE ; 24 par ton conseil TU me CONDUIS et derrière la gloire TU me prends. 25 Qui à moi dans le ciel ? Et avec TOI je suis sans désir sur la terre. 26 Sont consumés ma chair et mon cœur ; roc de mon cœur, ma part, Dieu À JAMAIS ! 27
Car voici : les s’éloignant de TOI périront, TU extirpes tous les adultères loin de toi. 28 Et moi, approcher Dieu est bon pour moi, j’ai mis dans le Seigneur Yhwh mon refuge, afin de raconter toutes tes œuvres. [...] 77,1 Du maitre-de-chant, sur Yedutûn, d’Asaph, psaume. 2 Ma voix vers Dieu et je crie, ma voix vers Dieu et il prêtera l’oreille vers moi. 3 Au jour d’angoisse le Seigneur j’ai cherché, ma MAIN la nuit s’est tendue et pas relâchée, a refusé d’être consolée mon âme. 4 Je me souviens de Dieu et je gémis, je médite et me manque mon esprit. 5 Tu as retenu les paupières de mes yeux, je suis troublé, je ne puis parler ; 6 je pense aux jours d’autrefois, les années À JAMAIS ; 7 je me souviens de ma harpe dans la nuit, en mon cœur je médite et il interroge mon esprit. 8 Est-ce À JAMAIS que rejette le Seigneur, qu’il n’ajoute pas d’aimer plus ? 9 Est-ce qu’est épuisée jusqu’à la fin sa fidélité, achevée la parole pour les âges des âges ? 10 Est-ce qu’il oublie d’avoir pitié El, ou de colère ferme-t-il ses miséricordes ?
11
Et je dis : « Me blesse ceci : le changement de la DROITE du TRÈS-HAUT. » Je me souviens des hauts-faits de Yah, je me souviens d’autrefois, de TES merveilles, 13 et je me murmure toute TON œuvre et sur TES hauts faits je médite. 12
14 15
Dieu, dans la sainteté sont TES chemins ! Quel dieu est grand comme Dieu ?
TOI, le El faisant merveille, TU FIS CONNAITRE chez les peuples TA force ; 16 TU rachetas par TON bras TON peuple, les fils de Jacob et de Joseph. 17 TE virent les eaux, Dieu, TE virent les eaux, furent bouleversées, aussi s’agitaient les abimes. 18 Déversèrent les eaux les nuées, de la voix donnèrent les nuages, aussi TES flèches allaient. 19 Voix de TON tonnerre en son roulement, illuminaient TES éclairs le monde, s’agitait et tremblait la terre. 20 Sur la mer fut TON chemin et TON sentier sur les eaux nombreuses et tes traces NE FURENT PAS CONNUES. 21 TU CONDUISIS comme brebis TON peuple par la MAIN de Moïse et d’Aaron.
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La première section (Ps 73–78)
LES PSAUMES MÉDIANS (74 ET 76) 74,1 Instruction, d’Asaph. Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin, fume-t-elle ta colère contre les brebis de ton bercail ? 2
Rappelle-toi ton assemblée que tu as acquise dès l’origine, que tu rachetas, tribu de ton héritage, le mont SION que voici où tu demeures. 3
Élève tes pas vers les ruines sans fin : il a tout saccagé l’ennemi au sanctuaire ; 4 tes adversaires ONT RUGI au milieu de tes assemblées, ils ont mis leurs insignes comme insignes. 5 Cela EST CONNU comme brandir bien haut dans un fourré d’arbres une hache, 6 et maintenant ses sculptures ensemble par la cognée et par la masse ils cassent ; 7 ils ont envoyé au feu ton sanctuaire, jusqu’à terre profané la demeure de TON NOM. 8 Ils ont dit en leur cœur : « Écrasons-les ensemble ! » Ils ont brûlé toutes les assemblées de Dieu dans le pays. 9 Nos signes nous ne voyons pas, il n’est plus de prophète, et nul parmi nous ne CONNAIT jusqu’à quand. 10
Jusqu’à quand, Dieu, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi TON NOM jusqu’à la fin ? 11 Pourquoi fais-tu-retourner ta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais-la sortir. 12
Mais Dieu est mon roi dès l’origine, œuvrant LES SALUTS à l’intérieur de la terre. 13 TOI tu agitas par ta puissance la mer, TU BRISAS les têtes des monstres sur les eaux ; 14 TOI tu fracassas les têtes de Léviathan, tu le donnas à manger au peuple du désert, 15 TOI tu fendis source et torrent, toi tu desséchas des fleuves intarissables. 16 À toi le jour, aussi à toi la nuit, toi tu agenças la lumière et le soleil, 17 toi tu établis toutes les limites de la terre, l’été et l’hiver, toi tu les formas. 18
Rappelle-toi cela l’ennemi insulte, Yhwh, et un peuple fou outrage TON NOM. 19 Ne donne pas à la bête l’âme de ta tourterelle, la vie de tes MISÉREUX n’oublie pas jusqu’à la fin. 20 Regarde vers l’alliance, car ils sont pleins les antres du pays, pacages de violence. 21 Que ne rentre pas l’opprimé déshonoré, que le MISÉREUX et le pauvre LOUENT TON NOM ! 22 DRESSE-TOI, Dieu, plaide ton plaidoyer, rappelle-toi ton insulte de la part du fou tout le jour ! 23 N’oublie pas la voix de tes adversaires, la clameur des DRESSÉS contre toi, montant toujours ! [...] 76,1 Du maitre-de-chant, sur les instruments-à-cordes, psaume d’Asaph, chant. 2 EST CONNU en Juda Dieu, en Israël grand est SON NOM ; 3 et elle est en Salem sa TANIÈRE et son REPAIRE en SION : 4 c’est là qu’IL A BRISÉ les éclairs de l’arc, le bouclier et l’épée et la guerre. 5
Éclatant, TOI, magnifique sur les montagnes de proie. 6 Ont été dépouillés les braves de cœur, ils ont dormi leur sommeil et n’ont pas trouvé tous ces gens de valeur leurs bras. 7 Sous ta menace, Dieu de Jacob, s’est engourdi et char et cheval. 8
TOI, tu es Terrible, TOI et qui tiendra devant ta face à cause de ta colère ?
9
Des cieux tu as fait entendre la sentence, la terre eut peur et se tut, 10 quand SE DRESSA pour le jugement Dieu, pour SAUVER tous LES HUMILIÉS de la terre, 11 car la fureur de l’homme TE REND GRÂCE, le reste des fureurs tu ceins. 12
Faites des vœux et acquittez-les à Yhwh votre Dieu, tous ses entourant qu’ils présentent un don au Terrifiant : 13 il coupe le souffle des princes, Terrible aux rois de la terre.
La sous-section 73–77
59
Les deux psaumes sont « d’Asaph ». Les débuts se correspondent, où il s’agit de « Sion » (74,2 ; 76,3) ; d’un côté le temple est saccagé, « cassé » (74,6), les adversaires du Seigneur « ont rugi » (74,4), de l’autre le temple est présenté comme « la tanière » et « le repaire » du lion qu’est le Seigneur qui « a brisé » toutes les armes de guerre (76,3-4). « Le nom » de Dieu qui avait été profané (74,7) d’un côté est proclamé « grand » de l’autre (76,2). À la fin intervient le « plaidoyer » de Dieu (74,22), sa « sentence » et son « jugement » (76,9-10), son salut (« saluts » en 74,12, « sauver » en 76,10) en faveur des « miséreux » (‘ānî, 74,19.21), des « humiliés » (‘ănāw, 76,10), qui « louent » le nom de Dieu (74,21), qui lui rendront grâces (76,11) et lui offriront leurs offrandes (12). En outre on notera les reprises suivantes : – « le nom » de Dieu (74,7.10.18.21 ; 76,2) ; – « briser » avec Dieu comme sujet (74,13 ; 76,4) ; – « connaitre » (74,5.9 ; 76,2) ; – « terre » ou « pays » (le même ’āreṣ, 74,7.8.17.20 ; 76,9.10.13) ; – « se dresser » (74,22.23 ; 76,10) ; – « cœur » (74,8 ; 76,6) ; – « roi(s) » (74,12 ; 76,13) ; – le pronom isolé « toi » (74,13.14.15bis.16.17 ; 76,5.8bis). LA FONCTION DU PSAUME CENTRAL (75) 75,1 Du maitre-de-chant, « Ne détruis pas », psaume d’Asaph, chant. 2 Nous rendons-grâce à toi, Dieu, nous rendons-grâce, et proche (est) ton nom : ils racontent tes merveilles. 3
« Quand je prendrai rendez-vous, moi, en droiture je jugerai ; 4 s’effondrant la terre et tous ses habitants, moi, j’ai fixé ses colonnes. 5 J’ai dit aux arrogants : Ne soyez pas arrogants ! Et aux méchants : N’élevez pas la corne, 6 n’élevez pas en haut votre corne, ne parlez pas avec une nuque d’insolence. »
7
Oui, pas du levant ni du couchant, et pas du désert (vient) l’élévation ; 8 car Dieu juge, celui-ci il abaisse et celui-ci il élève. 9 Oui, une coupe (est) dans la main de Yhwh et un vin fermenté plein d’épices ; et il versera de celui-ci, jusqu’à la lie ils lècheront, ils boiront, tous les méchants de la terre.
10
Et moi, j’annoncerai à jamais, je psalmodierai pour le Dieu de Jacob ; cornes des méchants je trancherai, seront élevées les cornes du juste.
11
et toutes les
Le fait le plus saillant est que ce psaume est le seul de la séquence où Dieu prend la parole (3-6), comme pour répondre à ceux qui se sont adressés à lui dans les quatre autres psaumes. Le titre du psaume a « du maitre-de-chant » en commun avec les deux derniers psaumes (76 ; 77), « psaume » avec le premier et les deux derniers (73 ; 76 ; 77), « d’Asaph » avec les quatre autres, « chant » avec le suivant (76).
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La première section (Ps 73–78)
75,1 Du maitre-de-chant, « Ne détruis pas », psaume d’Asaph, chant. 2 Nous rendons-grâce à toi, Dieu, nous rendons-grâce, et proche (est) ton nom : ils racontent tes merveilles. 3
« Quand je prendrai rendez-vous, moi, en droiture je jugerai ; 4 s’effondrant la terre et tous ses habitants, moi, j’ai fixé ses colonnes. 5 J’ai dit aux arrogants : Ne soyez pas arrogants ! Et aux méchants : N’élevez pas la corne, 6 n’élevez pas en haut votre corne, ne parlez pas avec une nuque d’insolence. »
7
Oui, pas du levant ni du couchant, et pas du désert (vient) l’élévation ; 8 car Dieu juge, celui-ci il abaisse et celui-ci il élève. 9 Oui, une coupe (est) dans la main de Yhwh et un vin fermenté plein d’épices ; et il versera de celui-ci, jusqu’à la lie ils lècheront, ils boiront, tous les méchants de la terre.
10
Et moi, j’annoncerai à jamais, je psalmodierai pour le Dieu de Jacob ; cornes des méchants je trancherai, seront élevées les cornes du juste.
11
et toutes les
Les reprises lexicales sont les suivantes : – « rendre grâce » (2bis : 76,11) ; – « proche » (2 : « approcher » 73,28) ; – « nom » (2 : 74,7.10.18.21 ; 76,2) ; – « raconter » (2 : 73,15.28) ; – « merveille(s) » (2 : 77,12.15) ; – « prendre » (3 : 73,24) ; – « rendez-vous » (5 : 74,4.8 traduit par « assemblées ») ; – « moi » (3.4.10 : 73,2.22.23.28 mais avec le psalmiste comme référent et non Dieu) ; – « juger – jugement » (3.8 : 76,10) ; – « terre – pays » (4.9 : 73,9.25 ; 74,7.8.12.17.20 ; 76,9.10.13 ; 77,19) ; – « dire » (5 : 73,11.15 ; 74,8 ; 77,9.11) ; – « arrogant » (5 : 73.3) ; – « méchant » (5.9.11 : 73,3.12) ; – « élever » (5.6.7.8 : 74,3) ; – « en haut – hautement » (6 : 73,8) ; – « parler » (6 : 73,8bis ; 77,5) ; – « désert » (7 : 74,14) ; – « main » (9 : 73,23 ; 74,11 ; 77,3.21) ; – « verser » (9 : 77,3 traduit par « s’est tendue ») ; – « lécher » (9 : 73,10 traduit par « sont versées ») ; – « à jamais » (10 : 73,12.26 ; 77,6.8) ; – « Jacob » : (10 : 76,7 ; 77,16) ; – « psalmodier – psaume » (10 : 73,1 ; 76,1 ; 77,1) ; – « trancher » (11 : « briser » 74,13 ; 76,4 ; « casser » 74,6 ; « fracasser » 74,14 ; « couper » 76,13).
La sous-section 73–77
61
INTERPRÉTATION LE MALHEUR Tout commence avec la souffrance du psalmiste qui voit les « arrogants » et les « méchants » réussir en tout, au point qu’il est tenté de leur emboiter le pas (73,4-12). « Arrogants » et « méchants » se retrouvent dans le psaume central de la séquence, invités par Dieu à ne pas « s’élever » (75,5-6) et dont les cornes finalement seront tranchées (11) ; le malheur est celui de tous ceux qui sentent la terre s’effondrer sous leurs pieds (4a). Tel est le cas effectivement de qui voit le sanctuaire de Dieu saccagé par l’ennemi, lequel ne se contente pas de détruire le temple mais entend aussi écraser « toutes les assemblées de Dieu dans le pays » (74,3-9). C’est aussi la situation des « humiliés de la terre » (76,10) menacés par « les éclairs de l’arc, le bouclier et l’épée et la guerre » (4), par « char et cheval » (7) des « braves de cœur » et « gens de valeur » qui l’attaquent (6). Le malheur atteint celui qui crie « au jour d’angoisse » (77,2-3) et en vient à penser que le Seigneur l’a rejeté et de colère lui a fermé « ses miséricordes » (8-10). « DIEU JUGE » Le psaume central présente Dieu comme celui qui prononce le jugement (75,7-9) et c’est même le Seigneur en personne qui se présente comme tel (3-6). Et le psaume s’achève sur l’image des « cornes » des « méchants » qui seront tranchées et sur celles du juste qui « seront élevées » (11). « Celui-ci il abaisse et celui-ci il élève » (8). Le psaume suivant lui aussi dépeint le Dieu d’Israël sous les traits du juge qui prononce « la sentence », qui « se dresse pour le jugement » (76,9-10), qui exécute aussi la sentence en brisant les armes de guerre (4) en dépouillant les agresseurs (5-7), en coupant « le souffle des princes » et des rois (13). Le même mouvement se retrouve dans les autres psaumes. Ainsi dans le premier psaume, après avoir dit sa souffrance de voir réussir les arrogants qui méprisent Dieu et les hommes, le psalmiste reçoit aux « sanctuaires de Dieu » la révélation du destin des « méchants » et aussi du sien propre (73,16-28). Dans le psaume suivant le psalmiste bascule du désespoir de voir le temple saccagé et les assemblées de Dieu brûlées à la reconnaissance des « saluts » du Dieu créateur, qui a séparé le jour de la nuit, l’été de l’hiver et qui jugera de même entre « un peuple fou » et ses « miséreux » (74,12-23). Enfin dans le dernier psaume un renversement analogue fait passer l’orant du désespoir au souvenir des « merveilles » accomplies par le Seigneur qui « fit connaitre » sa force « chez les peuples » (77,15) et ouvrit le chemin de son peuple pour le racheter. LA LOUANGE AU DÉBUT ET À LA FIN Le psaume central commence avec la louange (« nous rendons-grâce » bis, « ils racontent tes merveilles » 75,2) et s’achève dans la proclamation et le chant de ceux qui annoncent et psalmodient (75,10). Le premier psaume débouche lui
62
La première section (Ps 73–78)
aussi sur la louange, quand le psalmiste en viendra à raconter toutes les œuvres de Dieu (73,28). Le deuxième psaume s’achève presque de même : « que le miséreux et le pauvre louent ton nom » (74,21). Dans l’avant-dernier psaume revient l’action de grâce, « la fureur de l’homme te rend grâce » (76,11) et dans le temple les sauvés acquittent les « vœux » et « présentent un don » au Seigneur (12). Au centre du psaume final le psalmiste se souvient des « hauts-faits » et des « merveilles » de Dieu : il « murmure » toute l’œuvre de Dieu (77,13) comme à la fin du premier psaume (73,28).
II. PARCE QUE VOS PÈRES N’ONT PAS GARDÉ L’ALLIANCE DE DIEU LA DEUXIÈME SÉQUENCE LE PSAUME 78 Ce psaume est le deuxième plus long du Psautier (72 versets, 164 membres), après le Ps 119 (176 versets, 357 membres). Il comprend sept passages organisés de manière concentrique : autour du passage central (32-39) ce sont deux sousséquences formées chacune de deux passages parallèles (9-16 et 17-31 ; 40-55 et 56-66), le tout encadré par une introduction (1b-8) et une conclusion (67-72). Introduction : deux générations opposées Les fils d’Éphraïm
oublièrent
Ils bravèrent Dieu
1b-8 les merveilles
qui s’emporta
de Dieu
contre Israël
ILS NE CROYAIENT PAS MAIS DIEU SE SOUVENAIT D’EUX
Israël
ne se souvint pas
Ils tentèrent Conclusion :
le Très-Haut
du salut
qui repoussa
de Dieu Israël
deux tribus opposées
9-16 17-31
32-39
40-55 56-66 67-72
1. INTRODUCTION : DEUX GÉNÉRATIONS OPPOSÉES (1B-8) TEXTE 1b
Écoute, mon peuple, ma loi, tendez l’oreille aux paroles de ma bouche ; 2 j’ouvre en proverbes la bouche, j’évoque les énigmes d’autrefois 3 lesquelles nous avons entendues et connues et nos pères ont raconté à nous. 4 Nous ne tairons pas à leurs fils, à la génération suivante racontant les louanges de Yhwh et sa puissance et ses merveilles telles qu’il (les) fit. 5 Et il fit-lever un témoignage en Jacob et une loi il mit en Israël, laquelle il avait commandé à nos pères de les faire connaitre à leurs fils, 6 afin que (les) connaisse la génération suivante, les fils qui naitront, qu’ils se lèvent et qu’ils racontent à leurs fils. 7 Et ils mettront en Élohim leur espoir et point n’oublieront les hauts faits de El et ses commandements ils observeront ;
64
La première section (Ps 73–78)
8
et point ne seront comme leurs pères, une génération de révolte et de bravade, qui point n’est sûr son cœur et point n’est fidèle à El son esprit.
V. 2
génération
: « PROVERBES » ET « ÉNIGMES »
L’hébreu māšāl signifie « proverbe », « exemple ou signe », « oracle ou révélation », « enseignement », « allégorie », « parabole », de toute façon quelque chose d’énigmatique1. V. 7
: « ET ILS METTRONT... »
La plupart considèrent que les propositions de 7 et même de 8 sont des finales, coordonnées à celles de 62. Certains n’hésitent pas à ajouter « afin que » au début de 7 et de 8, comme au début de 63. Une autre unité commence en 74. COMPOSITION La première partie est bâtie en parallèle. Le psalmiste invite le « peuple » à écouter (1bc) son instruction (tôrātî : « ma loi ») qu’il va prononcer « en proverbes » et « énigmes » (2) comme sa génération avait « entendu » (3a) ce que leurs « pères » leur avait « raconté » (3b). La deuxième partie est focalisée sur le contenu de ce qui doit être transmis aux générations futures, « le témoignage », c’est-à-dire « la loi » que le Seigneur a donnée à son peuple (5). À la fin du premier morceau ce don est qualifié de « louange », « puissance » et « merveilles » accomplies par Yhwh (4cd). Le troisième morceau (5d-6) explicite un des commandements de la « loi » de 5b : raconter ses merveilles de génération en génération, des « pères » à « leurs fils », « la génération suivante », « les fils » à naitre qui eux-mêmes raconteront « à leurs fils ». La troisième partie décrit le résultat de cette transmission : ils seront fidèles à Dieu et à sa loi (7), contrairement à la « révolte » de leurs pères (8). La partie centrale est liée à la première par la reprise de « loi » (1b.5b), « connaitre » (3a.5d-6a), « pères » (3b.5c), « raconter » (3b.4b.6c). La dernière partie a en commun avec la partie précédente : « génération » (4b.6a.8b.8c), « mettre » (5b.7a), « commander – commandements » (5c.7c), « pères » (5c.8a) déjà présent dans la première partie (3b). Les « hauts faits » de 7b rappellent « les merveilles » de 4d.
1
Voir R. MEYNET, « Tu vois cette femme? » Parler en paraboles, 19-72. Ainsi Kraus, II, 118-119 ; Ravasi, II, 612 ; Hossfeld – Zenger, II, 282 ; Lorenzin, 295. 3 Alonso Schoekel – Carniti, II, 99. 4 deClaissé-Walford – al., 618, nt. 7 ; Vesco, 697. 2
Le psaume 78
65
CONTEXTE LA TRANSMISSION AUX ENFANTS Le Deutéronome insiste sur le fait que les pères doivent raconter aux générations futures les merveilles de Dieu et sa loi : 9
Mais prends garde ! Garde bien ta vie, ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton cœur ; enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils. 10 Au jour où tu te tenais à l’Horeb en présence de Yhwh ton Dieu, Yhwh me dit : « Assemble-moi le peuple, que je leur fasse entendre mes paroles, afin qu’ils apprennent à me craindre tant qu’ils vivront sur la terre, et qu’ils l’enseignent à leurs fils » (Dt 4,9-10 ; voir aussi 6,7 ; 11,19). + 1b Écoute, + tendez
mon peuple, l’oreille
MA LOI,
= 2 j’ouvre = j’évoque
en proverbes les énigmes
la bouche, d’autrefois
+ 3 lesquelles = et nos PÈRES
nous avons entendues ONT RACONTÉ
et CONNUES à nous.
aux paroles–de ma bouche ;
. 4 Nous ne cacherons pas à leurs fils, . à la GÉNÉRATION SUIVANTE
RACONTANT
. les louanges . et ses merveilles
et sa puissance il (les) fit.
de Yhwh telles qu’
························································································ 5
Et il fit-lever et UNE LOI
un témoignage
il mit
en Jacob, en Israël,
························································································ IL AVAIT COMMANDÉ à nos PÈRES
. laquelle . de les FAIRE CONNAITRE 6
. afin que . les fils . qu’ils se lèvent
à leurs fils, (les) CONNAISSE qui naitront, et QU’ILS RACONTENT
la GÉNÉRATION
SUIVANTE,
à leurs fils.
: 7 Et ils mettront – et point n’oublieront : et SES COMMANDEMENTS
en Élohim les hauts faits ils observeront ;
leur espoir de El
– 8 et point – une GÉNÉRATION
ne seront de révolte
comme leurs PÈRES, et de bravade,
– GÉNÉRATION – et point n’est fidèle
qui point n’est sûr à El
son cœur son esprit.
66
La première section (Ps 73–78)
INTERPRÉTATION DES MERVEILLES À RACONTER Ce que le psalmiste invite à écouter, c’est ce que, avec tous les autres, avec tout son peuple, il a entendu raconter par leurs pères, « les louanges de Yhwh, sa puissance et ses merveilles », c’est-à-dire ce qu’il « fit » pour eux (4). Le premier terme, « les louanges », est comme la clé de lecture de ceux qui suivent : il s’agit des faits qui ont suscité de tout temps l’étonnement, l’émerveillement, l’action de grâce de ceux qui ont bénéficié des largesses de celui qui a manifesté sa « puissance » en leur faveur. Ce dernier terme laisse entendre que la force de Dieu a dû s’exercer sur des ennemis qui voulaient du mal au peuple. UNE LOI À OBSERVER La « Loi » est le premier substantif utilisé par le psalmiste : c’est ce qu’il demande au peuple d’« écouter » ; le même terme revient, couplé avec « témoignage », au centre du passage (5ab). Le seul commandement cité explicitement est de « raconter » aux générations suivantes « les louanges de Yhwh, sa puissance et ses merveilles » (4). Le début de la dernière partie explicite le résultat du récit transmis aux fils : n’oubliant pas ce qui leur aura été raconté, « ils mettront en Dieu leur espoir » (7) et observeront la Loi qui leur commande de transmettre à leur tour ce qu’ils auront entendu. La Loi est évidemment à comprendre dans son sens premier d’enseignement, d’instruction par l’histoire. LES ÉNIGMES D’AUTREFOIS Ce qui doit être raconté sera une histoire, c’est-à-dire des faits. Mais, comme chacun sait, les faits du passé ne peuvent manquer d’être interprétés par celui qui les rapporte. Les faits « bruts » ne sont pas signifiants par eux-mêmes. Ils ne représentent même pas des énigmes ni des proverbes. Présentés comme tels, ils sont destinés à faire réfléchir l’auditeur qui sera incité à se poser des questions, à en poser à d’autres dans l’intention de comprendre, de saisir en quoi ces faits le concernent. En fin de compte, quand il aura réussi à déchiffrer « les énigmes du passé », il pourra régler sa conduite présente sur les leçons qu’il aura ainsi apprises. Il pourra devenir, lui aussi, un témoin des évènements et transmettre à ses descendants son « témoignage ».
Le psaume 78
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2. LA PREMIÈRE SOUS-SÉQUENCE (9-31) A) LES FILS D’ÉPHRAÏM OUBLIÈRENT LES MERVEILLES DE DIEU (9-16) TEXTE 9
Les fils d’Éphraïm, armés tireurs d’arc, se retournèrent, le jour du combat ; 10 ils ne gardèrent pas l’alliance de Dieu et dans sa loi ils refusèrent de marcher ; 11 et ils oublièrent ses hauts-faits et ses merveilles lesquelles il fit voir : 12 devant leurs pères il fit merveille, en terre d’Égypte, aux champs de Tsoan : 13 il fendit la mer et les fit-traverser et dressa les eaux comme une digue ; 14 il les guida par la nuée de jour et toute la nuit par la lumière d’un feu ; 15 il fendit les rochers au désert et les abreuva comme des abimes abondamment ; 16 il fit-sortir des ruisseaux du roc et fit-descendre comme fleuves les eaux.
v. 9 : « armés tireurs d’arc » La juxtaposition de deux participes à l’état construit surprend. On peut comprendre, sans qu’il soit besoin de changer le texte, qu’ils régissent tous deux « d’arc » : « armés (d’arc), tireurs d’arc »5. COMPOSITION – 9 LES FILS – armés – se retournèrent,
d’Éphraïm, tireurs le jour
d’arc, du combat ;
– 10 ils ne gardèrent pas – et dans sa Loi
l’alliance ils refusèrent
de Dieu de marcher ;
– 11 et ils oublièrent – et SES MERVEILLES
ses hauts-faits lesquelles
il fit-voir :
:: 12 devant :: en terre
LEURS PÈRES
d’Égypte,
il fit aux champs
MERVEILLE,
de Tsoan :
···························································································································· + 13 IL FENDIT la mer et les fit-traverser + et dressa LES EAUX comme une digue ;
+ 14 il les guida + et toute la nuit
par la nuée par la lumière
de jour d’un feu ;
······································································································
+ 15 IL FENDIT + et les abreuva
les rochers comme des abimes
au désert abondamment ;
+ 16 il fit-sortir + et fit-descendre
des ruisseaux comme fleuves
du roc
5
Voir Ravasi, II, 630, nt. 16.
LES EAUX.
68
La première section (Ps 73–78)
La première partie reproche leur conduite aux « fils d’Éphraïm ». L’ordre chronologique est inversé : la faute commise (9) est la manifestation de l’infidélité (10), laquelle est la conséquence de l’oubli des faits qui ont motivé l’alliance (11). La deuxième partie rappelle les « hauts-faits » et les « merveilles » que le Seigneur fit voir (11). Le premier morceau est général et introduit les deux autres. C’est d’abord la traversée de la mer (13) sous la conduite de la nuée (14), c’est ensuite le don de l’eau sortie du rocher (15-16). Les deux occurrences de « il fendit » (13a.15a) servent de termes initiaux pour les deux derniers morceaux, celles de « les eaux » servent de termes extrêmes (13b.16b). – 9 LES FILS – armés – se retournèrent,
d’Éphraïm, tireurs le jour
d’arc, du combat ;
– 10 ils ne gardèrent pas – et dans sa Loi
l’alliance ils refusèrent
de Dieu de marcher ;
– 11 et ils oublièrent – et SES MERVEILLES
ses hauts-faits lesquelles
il fit-voir :
:: 12 devant :: en terre
d’Égypte,
LEURS PÈRES
il fit aux champs
MERVEILLE, de Tsoan :
····························································································································
+ 13 IL FENDIT + et dressa
la mer LES EAUX
et les fit-traverser comme une digue ;
+ 14 il les guida + et toute la nuit
par la nuée par la lumière
de jour d’un feu ;
······································································································
+ 15 IL FENDIT + et les abreuva
les rochers comme des abimes
au désert abondamment ;
+ 16 il fit-sortir + et fit-descendre
des ruisseaux comme fleuves
du roc LES EAUX.
« Ses merveilles » et « merveille » (11b.12a) remplissent la fonction de termes médians qui agrafent les deux parties. « Les fils » (9a) et « leurs pères » (12a) jouent le rôle de termes initiaux.
CONTEXTE La faute d’Éphraïm Les opinions sont partagées sur ce qui est reproché exactement à cette tribu qui représente toutes celles du royaume du Nord, Israël. Il pourrait s’agir de la révolte des fils d’Israël durant l’exode : après le retour des envoyés en Canaan, ils refusèrent de participer à la conquête et voulurent retourner en Égypte (Nb
Le psaume 78
69
14). D’autres pensent que la faute commise par « les fils d’Éphraïm » serait le schisme des tribus du Nord après la mort de Salomon (1R 12)6. Les champs de Tsoan Tsoan (Tanis en grec) est une ville du delta égyptien (Nb 13,22 ; Is 19,11.13), qui fut un temps capitale de l’Égypte pharaonique7.
INTERPRÉTATION L’exode à grands traits La « merveille » accomplie par le Seigneur est celle de l’exode. Celui-ci est ici rappelé dans deux de ses étapes les plus significatives. Les fils d’Israël purent traverser la mer fendue en deux, guidés par la nuée durant le jour, protégés durant la nuit par la lumière de la colonne de feu (Ex 14) ; arrivés à Rephidim, où il n’y avait pas d’eau, le Seigneur fendit le rocher pour leur donner à boire (Ex 17). Par deux fois ils furent sauvés par les eaux, celles qui les protégeaient par leurs digues lors de la traversée de la mer, celles par lesquelles ils furent abreuvés au désert. Dans les deux cas, c’est le Seigneur qui était intervenu, en fendant la mer puis le rocher pour les sauver de la mort. L’infidélité Les traités d’alliance commencent, après l’énoncé du nom et des titres du roi, par le prologue historique où sont rappelés les bienfaits du suzerain. C’est ainsi que le premier verset du décalogue mentionne le don de la liberté accordée à ceux que le Seigneur avait fait sortir de la terre d’Égypte, de la maison des esclaves. Si les bienfaits de Dieu, « ses hauts-faits et ses merveilles » sont oubliés (11), tout s’écroule, « l’alliance » et « la loi » n’ayant plus de fondement (10). Alors, il ne reste plus que de « s’en retourner » à la condition de jadis, qu’à tourner le dos pour revenir en Égypte, à la servitude.
6 7
Voir, par ex., Ravasi, II, 630-631. Ravasi, II, 631-632.
70
La première section (Ps 73–78)
B) ILS BRAVÈRENT DIEU QUI S’EMPORTA CONTRE ISRAËL (17-31) TEXTE 17
Et ils ajoutèrent encore à pécher contre lui en bravant le Très-Haut dans le lieu sec ; 18 et ils tentèrent Dieu dans leur cœur en demandant du manger pour leur gorge. 19 Et ils parlèrent contre Dieu ; ils dirent : « Est-il capable, Dieu, de dresser une table au désert ? 20 Voici qu’il frappe le rocher et coulent les eaux et les torrents s’échappent ; aussi du pain, est-il capable d’en donner ou de fournir de la viande à son peuple ? » 21 Alors entendit Yhwh, il s’emporta et un feu flamba contre Jacob et aussi la colère monta contre Israël, 22 car point ils crurent en Dieu et point ils se fièrent en son salut. 23 Et il commanda aux nuées d’en haut et les portes des cieux il ouvrit 24 et il fit pleuvoir sur eux la manne pour manger et le froment des cieux il donna à eux ; 25 du pain des forts mangea l’homme, des vivres il envoya à eux à satiété. 26 Il fit lever le vent-d’est dans les cieux et il fit venir par sa puissance le vent-du-sud, 27 il fit pleuvoir sur 28 il fit tomber au eux comme poussière la viande et comme sable des mers l’oiseau ailé, 29 Et ils mangèrent et furent rassasiés milieu de son camp, tout autour de sa demeure. beaucoup et leur convoitise il fit arriver à eux ; 30 ils ne revinrent pas de leur convoitise, encore leur manger en leur bouche, 31 que la colère de Dieu monta contre eux et il tuait parmi leurs robustes et les jeunes-gens d’Israël il abattait.
v. 28 : « son camp [...] sa demeure » Le problème est d’identifier le référent de ces pronoms : s’agit-il de « eux » (27a), c’est-à-dire des fils d’Israël, ou du sujet des verbes, à savoir le Seigneur ? Les antiques versions ont le pluriel, ce qui lève l’ambiguïté. Suivant le texte massorétique, il faut sans doute la conserver. COMPOSITION Ce long passage comprend deux parties parallèles, chacune formée de deux sous-parties. Comme dans le passage précédent, la première partie (17-21) rappelle le péché des fils d’Israël qui mirent le Seigneur à l’épreuve et au défi, et se rebellant contre lui dans le désert, tandis que la seconde partie (23-31) énonce la réponse de Dieu, le don de la manne et des cailles, mais aussi le châtiment qui s’ensuivit.
Le psaume 78
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– 17 Et ils ajoutèrent – en bravant
encore le Très-Haut
à pécher contre lui dans le lieu sec ;
– 18 et ils tentèrent – en demandant
Dieu
dans leur cœur
:: 19 Et ils parlèrent :: ils dirent : :: de dresser
contre Dieu ; « Est-il capable, une table
.. 20 Voici qu’ .. et coulent .. et les torrents
il frappe les eaux s’échappent ;
le rocher
+ aussi du PAIN, :: ou de fournir
est-il capable de la VIANDE
d’en DONNER à son peuple ? »
entendit flamba MONTA
Yhwh, contre Jacob CONTRE ISRAËL,
ils crurent ils se fièrent
en Dieu en son salut.
+ 23 Et il commanda + et les portes
aux nuées des cieux
d’en haut il ouvrit
+ 24 et IL FIT PLEUVOIR + et le FROMENT
SUR EUX
la MANNE
POUR MANGER
des cieux
IL DONNA
à eux ;
+ 25 du PAIN + des VIVRES
des forts il envoya
MANGEA
à eux
l’homme, À SATIÉTÉ.
DU MANGER pour leur gorge. ································································································································
= 21 Alors = et un feu = et aussi LA COLÈRE 22
– car point – et point
Dieu, au désert ?
il s’emporta
································································································································
:: 26 Il fit lever :: et il fit venir
le vent-d’est par sa puissance
:: 27 IL FIT PLEUVOIR :: et comme sable
SUR EUX
des mers
L’OISEAU
:: 28 il fit tomber :: tout autour
au milieu de sa demeure.
de son camp,
ET FURENT RASSASIÉS
beaucoup à eux ;
dans les cieux le vent-du-sud, comme poussière LA VIANDE AILÉ,
– 29 ET ILS MANGÈRENT – et leur convoitise
il fit arriver
– 30 ils ne revinrent pas – encore LEUR MANGER
de leur convoitise, en leur bouche,
= 31 que LA COLÈRE = et il tuait = et les jeunes-gens
de Dieu MONTA parmi leurs robustes D’ISRAËL il abattait.
CONTRE EUX
72
La première section (Ps 73–78)
Dans la première sous-partie de la première partie (17-18) le morceau initial qualifie le « péché » d’abord comme une récidive (17a), puis comme une « bravade » (17b), enfin comme une manière de « tenter » le Seigneur, de le mettre à l’épreuve, de le défier (18a). Le dernier membre enfin (18b) dit ce qu’ils firent, qui sera développé et explicité de manière narrative dans le deuxième morceau. Le défi s’exprime aux extrémités du second morceau par deux questions complémentaires : Dieu « est-il capable » (19b.20d) de « dresser une table » (19), c’est-à-dire donner « du pain » et « de la viande » (20de). Le défi s’appuie sur le don passé de l’eau à Réphidim (20abc). S’ensuit, dans la deuxième sous-partie le châtiment divin (21), motivé par leur manque de foi (22). La deuxième partie rapporte la réponse de Dieu au défi du peuple : avant le châtiment de la deuxième sous-partie (29-31), c’est le don de la nourriture, de la manne (23-25) et des cailles (26-28) qu’il « fit pleuvoir sur eux » également (24a.27a) « des cieux » (23b.24b.26a). « À satiété » (25b) et « comme poussière » (27a) sont deux manières de dire la profusion du don. Dans la deuxième sous-partie les deux premiers segments insistent sur « leur convoitise », leur convoitise qui est punie de mort laquelle atteint jusqu’aux plus forts. « Être rassasié » de 29a est de la même racine que « à satiété » de 25b. Chaque partie s’achève sur « la colère » divine qui s’abat sur « Israël » (21.31). « Donner » revient en 20d et 24b. CONTEXTE La manne et les cailles C’est à la suite du « murmure » du peuple qui a faim et regrette les bonnes nourritures de l’Égypte, que le Seigneur lui donne la manne et les cailles (Ex 16 ; Nb 11), mais qui les châtie à cause de leur convoitise (Nb 11,33-34). La convoitise Le terme ta’ăwâ, répété en Ps 78,29-30, est utilisé en Nb 11,4 pour désigner le désir désordonné des fils d’Israël8 ; c’était déjà celui qu’employait Ève pour qualifier l’arbre : « La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement » (Gn 3,6), ou dans une traduction littérale : Et la femme vit que et que et que
8
bien désir convoité
L’ARBRE CELUI-LÀ L’ARBRE
pour manger pour les yeux pour devenir intelligent/ connaitre la réussite.
La BJ le traduit par « fringale », Dhorme et Osty par « convoitise », la TOB par « désir ».
Le psaume 78
73
Cette réflexion de la femme reprend, dans le même ordre ce que le serpent, le tentateur, avait insinué : « Élohim est connaissant que, au jour où vous en mangerez, s’ouvriront vos yeux, vous serez connaissant bien et mal »9. INTERPRÉTATION Manger entre bénédiction et malédiction Selon le premier récit de la création, le don de la nourriture par Dieu accompagne sa bénédiction (Gn 1,28-30) et le récit ajoute aussitôt : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (31). Le manger sera bientôt ce sur quoi portera l’interdit du second récit de la création, l’enjeu de l’épreuve que l’humain devra affronter. Pour avoir voulu prendre le tout sans laisser place à l’autre, l’homme mangera son pain à la sueur de son visage (Gn 3,19). Le manger qui était très bon, le manger de la bénédiction devient malédiction quand, au lieu d’être reçu d’un autre comme un don, il est conçu comme une proie dont il faut s’emparer. Le manger de la tentation Ce n’est sûrement pas un hasard si la tentation au désert porte elle aussi sur le manger. À travers Moïse et Aaron, c’est Dieu lui-même que les fils d’Israël accusent de vouloir les faire mourir de faim, alors qu’en Égypte ils pouvaient se rassasier de viande et de pain (Ex 16,2-3). Au lieu de demander leur nourriture, comme un fils à son père, pour obtenir la vie, ils l’accusent de vouloir les faire mourir dans le désert. Ils le mettent au défi, comme s’ils étaient sûrs qu’il est incapable de leur procurer la nourriture qu’ils convoitent. Ce qui est dénoncé, ce n’est pas le désir de manger et donc de vivre, c’est l’incrédulité et le manque de confiance (Ps 78,22). Le comble, c’est que, ne reconnaissant pas qu’ils sont tentés, mis à l’épreuve, ils inversent la situation en tentant le Seigneur, en le mettant à l’épreuve. Le don de la nourriture Dans sa miséricorde, le Seigneur entend rétablir la justice, c’est-à-dire la vérité de la relation interpersonnelle entre lui et son peuple. Il veut lui donner une nouvelle chance de prouver sa fidélité. Et c’est le don de la nourriture du pain et de la viande qu’ils désiraient, de la manne et des cailles venues du ciel (23-28). On aurait pu s’attendre, Dieu aurait pu s’attendre à ce que le peuple prenne le temps de s’arrêter, ne serait-ce qu’un instant, pour remercier celui qui les nourrissait avec une telle générosité. Hélas, ils ne laissent pas la moindre place à l’autre, ils tentent de combler le vide qui les habite, ne pensant qu’à se remplir la panse. 9
A. WÉNIN, D’Adam à Abraham ou les errances de l’humain. Lecture de Genèse 1,1–12,4, 103-104.
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La première section (Ps 73–78)
La colère de Dieu monte contre Israël Le feu de la colère divine s’abat sur Israël (21) qui tua même les plus robustes (31). Une telle violence est attribuée sans ambages au Seigneur, de même que « la convoitise » lui est imputée (29b). Dieu ne leur aurait donné pain et viande à satiété que pour les faire tomber dans le piège où ils auraient trouvé la mort ? Se venge-t-il comme n’importe quel homme le ferait s’il avait été méprisé de la même façon ? Comme la bénédiction de la nourriture, la malédiction de la mort vient d’en haut. La malédiction n’a-t-elle pas plutôt comme rôle de manifester, de révéler jusqu’à quelle extrémité malheureuse porte la convoitise. Le manque de confiance, en Moïse et Aaron et à travers eux au Seigneur, la convoitise qui veut tout accaparer sans laisser place à l’autre, sont un feu qui consume et ne peut que porter à la mort. C) L’ENSEMBLE DE LA SOUS-SÉQUENCE (9-31) COMPOSITION 9
Les fils d’Éphraïm,
armés tireurs d’arc, SE RETOURNÈRENT le jour du combat ; l’alliance de DIEU et dans sa loi ILS REFUSÈRENT de marcher ; 11 et ILS OUBLIÈRENT ses hauts-faits et ses merveilles lesquelles il fit voir. 10
12 13 14 15 16
17 18
ILS NE GARDÈRENT PAS
Devant leurs pères IL FIT merveille, IL FENDIT
en terre d’Égypte, aux champs de Tsoan :
la mer et les fit traverser et IL DRESSA les eaux comme une digue ; par la nuée de jour et toute la nuit par la lumière d’un feu ;
IL LES GUIDA IL FENDIT
les rochers au désert et LES ABREUVA comme des abimes abondamment ; des ruisseaux du roc et FIT DESCENDRE comme fleuves les eaux.
IL FIT SORTIR
Et ILS AJOUTÈRENT ENCORE DE PÉCHER contre lui EN BRAVANT LE TRÈS-HAUT dans le lieu-sec ; et ILS TENTÈRENT DIEU dans leur cœur EN DEMANDANT du manger pour leur gorge.
19
Et ILS PARLÈRENT contre Dieu ; ILS DIRENT : « Est-il capable, Dieu, de dresser une table au désert ? 20 Voici qu’il frappe le rocher et coulent les eaux et les torrents s’échappent ; aussi du pain, est-il capable d’en donner ou de fournir de la viande à son peuple ? » 21
Alors Yhwh entendit, IL S’EMPORTA et un feu flamba contre Jacob et aussi la colère MONTA contre Israël, 22 car ILS NE CRURENT PAS en Dieu et ILS NE SE FIÈRENT PAS en son salut. 23
Et IL COMMANDA aux nuées d’en haut et IL OUVRIT les portes des cieux et IL FIT PLEUVOIR sur eux la manne pour manger et le froment des cieux IL DONNA à eux ; 25 du pain des forts mangea l’homme, des vivres IL ENVOYA à eux à satiété. 24
26
IL FIT LEVER le vent d’est dans les cieux et IL FIT VENIR par sa puissance le vent du sud, IL FIT PLEUVOIR sur eux la viande comme poussière et comme sable des mers l’oiseau ailé, 28 IL FIT TOMBER au milieu de son camp, tout autour de sa demeure. 27
29
Et ils mangèrent et furent rassasiés beaucoup et leur convoitise il fit arriver à eux ; ils ne revinrent pas de leur convoitise, encore leur manger en leur bouche, 31 que la colère de Dieu MONTA contre eux et IL TUAIT parmi leurs robustes et les jeunes gens d’Israël IL ABATTAIT. 30
Le psaume 78 9
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Les fils d’Éphraïm,
armés tireurs d’arc, SE RETOURNÈRENT, le jour du combat ; l’alliance de DIEU et dans sa loi ILS REFUSÈRENT de marcher ; 11 et ILS OUBLIÈRENT ses hauts-faits et ses merveilles lesquelles il fit voir. 10
12 13 14 15 16
17 18
ILS NE GARDÈRENT PAS
Devant leurs pères IL FIT merveille, IL FENDIT
en terre d’Égypte, aux champs de Tsoan :
la MER et les fit traverser et DRESSA LES EAUX comme une digue ; par la nuée de jour et toute la nuit par la lumière d’un FEU ;
IL LES GUIDA IL FENDIT
les rochers au désert et LES ABREUVA comme des abimes abondamment ; des ruisseaux du roc et FIT DESCENDRE comme fleuves LES EAUX.
IL FIT SORTIR
Et ILS AJOUTÈRENT ENCORE DE PÉCHER contre lui EN BRAVANT LE TRÈS-HAUT dans le lieu-sec ; et ILS TENTÈRENT DIEU dans leur cœur EN DEMANDANT du manger pour leur gorge.
19
Et ILS PARLÈRENT contre Dieu ; ILS DIRENT : « Est-il capable, Dieu, de dresser une table au désert ? 20 Voici qu’il frappe le rocher et coulent LES EAUX et les torrents s’échappent ; aussi du pain, est-il capable d’en donner ou de fournir de la viande à son peuple ? » 21
Alors Yhwh entendit, IL S’EMPORTA et un FEU flamba contre Jacob et aussi la colère MONTA contre Israël, 22 car ILS NE CRURENT PAS en Dieu et ILS NE SE FIÈRENT PAS en son salut. 23
Et IL COMMANDA aux nuées d’en haut et IL OUVRIT les portes des cieux et IL FIT PLEUVOIR sur eux la manne pour manger et le froment des cieux IL DONNA à eux ; 25 du pain des forts mangea l’homme, des vivres IL ENVOYA à eux à satiété. 24
26
IL FIT LEVER le vent d’est dans les cieux et IL FIT VENIR par sa puissance le vent-du-sud, IL FIT PLEUVOIR sur eux la viande comme poussière et comme sable des MERS l’oiseau ailé, 28 IL FIT TOMBER au milieu de son camp, tout autour de sa demeure. 27
29
Et ils mangèrent et furent rassasiés beaucoup et leur convoitise il fit arriver à eux ; ils ne revinrent pas de leur convoitise, encore leur manger en leur bouche, 31 que la colère de Dieu MONTA contre eux et IL TUAIT parmi leurs robustes et les jeunes-gens d’Israël IL ABATTAIT. 30
Les deux passages sont parallèles : leurs premières parties (9-11 ; 17-22) rapportent ce que firent « les fils d’Éphraïm » contre « Dieu » (10.18) « le TrèsHaut » (17), leurs secondes parties (12-16 ; 23-31) ce que fit le Seigneur. Les actions du Seigneur suivent l’ordre chronologique : d’abord le passage de la mer avec l’accompagnement de la colonne de nuée et de feu (13-14) puis le don de l’eau (15-16) dans le premier passage, ensuite dans le deuxième passage le don du pain et de la viande (23-31). Les fils d’Éphraïm reconnaissent dans le deuxième passage que le Seigneur avait fait sortir « les eaux » du « rocher » (20) comme cela avait été mentionné à la fin du premier passage (15-16). « Feu » revient en 14 et 21, « mer(s) » en 13 et 27, « désert » en 15 et 19. On pourra remarquer aussi la double occurrence de « il fendit » dans le premier passage (13.15) et de « il fit pleuvoir » dans le second (24.27).
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La première section (Ps 73–78)
CONTEXTE L’épreuve du désert Le Deutéronome explicite clairement la fonction du désert : 2
Souviens-toi de tout le chemin que Yhwh ton Dieu t’a fait faire pendant quarante ans dans le désert, afin de t’humilier, de t’éprouver et de connaitre le fond de ton cœur : allais-tu ou non garder ses commandements ? 3 Il t’a humilié, il t’a fait sentir la faim, il t’a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te montrer que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yhwh. 4 Le vêtement que tu portais ne s’est pas usé et ton pied n’a pas enflé, au cours de ces quarante ans ! 5 Comprends donc que Yhwh ton Dieu te corrigeait comme un père corrige son enfant, 6 et garde les commandements de Yhwh ton Dieu pour marcher dans ses voies et pour le craindre (Dt 8,2-6).
Tout cela ordonné au bonheur de l’homme : « pour que ton avenir soit heureux » (16) dans le pays où « tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras Yhwh ton Dieu en cet heureux pays qu’il t’a donné (10). INTERPRÉTATION La mise à l’épreuve La sous-séquence est l’image inversée de Dt 8. « Les fils d’Éphraïm » (9), c’est-à-dire « Jacob – Israël » (21.31), n’ont pas seulement oublié « les hautsfaits » accomplis en leur faveur par le Seigneur (11), ils n’ont pas seulement été infidèles à « l’alliance » et à « la loi » (10), « ils ajoutèrent » encore à leur péché en « bravant » et en « tentant » (17-18) celui qui les mettait à l’épreuve pour les éduquer « comme un père corrige ses enfants ». Ils ont ainsi mis le comble à leur infidélité, pervertissant la démarche, le chemin tracé par Dieu : non seulement « ils refusèrent de marcher » dans sa loi (10), ils sont allés jusqu’à « se retourner », à prendre la direction opposée (9) qui, au lieu de les conduire à « l’heureux pays, pays de cours d’eau, de sources [...], pays de froment et d’orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, pays d’oliviers, d’huile et de miel... » (Dt 8,79), les ramènera au pays des esclaves. Bien plus, ils se firent les juges du Seigneur, le mettant au défi, à l’épreuve, renversant les rôles, dans une révolte qui ne pouvait que conduire à la mort.
Le psaume 78
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3. ILS NE CROYAIENT PAS MAIS DIEU SE SOUVENAIT D’EUX (32-39) TEXTE 32
Avec tout cela, ils péchèrent encore et ils ne crurent pas en ses merveilles ; 33 et il consuma en buée leurs jours et leurs années en terreur. 34 Quand il les tuait, ils le cherchaient et ils retournaient et recherchaient El ; 35 et ils se souvenaient que Élohim (est) leur rocher et El Très-Haut, leur rédempteur ! 36 Mais ils le flattaient de leur bouche et de leur langue ils lui mentaient ; 37 et leur cœur n’était pas sûr avec lui et ils ne croyaient pas en son alliance. 38 Et lui, clément, pardonnait la faute et ne dévastait pas ; et il abondait à faire-retourner sa colère et il ne réveillait pas tout son courroux. 39 Et il se souvenait que chair eux, souffle s’en allant et ne retourne pas. V. 33
: « UNE BUÉE »
Le terme hébreu, hebel, « buée », « vapeur » — c’est-à-dire quelque chose d’inconsistant — est le nom d’« Abel » (Gn 4,2) ; il est en rapport de paronomase avec le terme parallèle, behālâ, « terreur ». COMPOSITION – 32 Avec tout cela, – et ILS NE CRURENT PAS
ils péchèrent en ses merveilles ;
encore
= 33 et il consuma = et leurs années
en BUÉE en terreur.
leurs jours
···············································································································
+ 34 Quand il les tuait, + et ILS RETOURNAIENT
ils le cherchaient et recherchaient
El ;
:: et ILS SE SOUVENAIENT :: et El
que Élohim Très-Haut,
(est) leur rocher leur rédempteur !
– 36 Mais ils le flattaient – et de leur langue
de leur bouche ils lui mentaient ;
= 37 et leur cœur = et ILS NE CROYAIENT PAS
n’était pas sûr en son alliance.
35
avec lui
···············································································································
+ 38 Et lui, + pardonnait
clément, la faute
et ne dévastait pas ;
+ et il abondait + et il ne réveillait pas
À FAIRE-RETOURNER
sa colère
:: 39 Et IL SE SOUVENAIT :: SOUFFLE
que chair s’en allant
tout son courroux. eux, ET NE RETOURNE PAS.
Dans le premier morceau de la première partie le péché contre Dieu (32) entraine une vie inconsistante et terrifiante (33). Le second morceau montre la
78
La première section (Ps 73–78)
conséquence du châtiment, c’est-à-dire de la mort : retour vers Dieu pour le chercher (34) qui aboutit à se rappeler ses œuvres (35). La deuxième partie commence par dénoncer l’hypocrisie de la repentance qui oppose ce qu’ils disent (36) et ce qu’ils pensent dans leur « cœur » (37). Malgré cela, le deuxième morceau insiste sur la fidélité du Seigneur qui pardonne (38ab) et maitrise sa colère (38cd), car il se souvient de la faiblesse de l’homme (39). Dans les premiers morceaux « et ils ne croyaient pas en son alliance » (37b) rappelle « et ils ne crurent pas en ses merveilles » (32b). Les seconds morceaux reprennent « retourner » (34b.38c.39b) et « se souvenir » en tête des derniers segments (35a.39a) ; dans le premier car ce sont les pécheurs qui se souviennent, dans le deuxième c’est le Seigneur. À « buée » du début (33a) correspond « souffle » de la fin (39b). CONTEXTE LE LIVRE DES JUGES Ce passage, avec son caractère général, rappelle les multiples épisodes du livre des Juges qui font se succéder l’infidélité du peuple, la colère et le châtiment de Dieu, le repentir et le salut grâce à un juge ; mais à peine ce dernier disparait, le même cycle recommence (Jg 2,11-19 ; puis 3,7.12 ; 4,1 ; 6,1 ; 8,33, etc.). INTERPRÉTATION LE SEIGNEUR CORRIGE Si le Seigneur châtie les pécheurs, même lourdement jusqu’à les conduire à la mort, c’est pour qu’ils retournent et se souviennent de ce qu’il a fait pour eux. C’est lui qui est leur « rocher », sur lequel ils peuvent s’appuyer, et non pas les faux dieux inconsistants qui sont incapables de les racheter, de payer la rançon de leur esclavage. La punition, la correction porte ses fruits quand les pécheurs se mettent à chercher celui qui les aime au point d’accepter de leur faire du mal pour leur bien. LE SEIGNEUR PARDONNE TOUT Hélas, la sincérité n’est pas au rendez-vous et le cœur n’accompagne pas les paroles de la bouche. On pourrait alors penser que le châtiment sera redoublé, sans pitié. Or il n’en est rien, la colère et le courroux pour justifiés qu’ils soient cèdent la place à la clémence et au pardon. C’est que le Seigneur connait la nature humaine et sa faiblesse, son inconsistance. La miséricorde divine n’a vraiment pas de limite.
Le psaume 78
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4. L’AVANT-DERNIÈRE SOUS-SÉQUENCE (40-66) A) ISRAËL NE SE SOUVENAIT PAS DU SALUT DE DIEU (40-55) TEXTE 40
Que de fois ils le bravèrent au désert, l’offensèrent dans les solitudes ! 41 Ils revenaient et ils tentaient Dieu et le Saint d’Israël ils affligèrent ; 42 point se souvinrent de sa main, le jour dans lequel il les sauva de l’oppresseur. 43 Lui qui mit en Égypte ses signes et ses miracles aux champs de Tsoan. 44 Et il fit tourner en sang leurs fleuves et leurs ruisseaux qu’ils ne boivent pas ; 45 il envoya à eux la vermine et elle les mangeait et des grenouilles et elles les dévastait. 46 Il donna au criquet leur récolte et leur labeur à la sauterelle ; 47 il tua par la grêle leur vigne et leurs sycomores par la gelée ; 48 et il remit à la grêle leur bétail et leurs troupeaux aux éclairs. 49 Il envoya sur eux le feu de sa colère, emportement et fureur et oppression, envoi d’anges de malheur ; 50 il fraya un sentier à sa colère, il n’exempta pas de la mort leur âme et leur vie à la peste il remit ; 51 et il frappa tout premier-né en Égypte, prémisses de leur vigueur aux tentes de Cham. 52 Et il poussa comme des brebis son peuple et les mena comme un troupeau au désert ; 53 et il les guida sûrement et ils ne tremblèrent pas 54 Et il les amena à la frontière de sa sainteté, et leurs ennemis, les recouvrit la mer. cette montagne qu’a conquise sa droite ; 55 et il chassa devant eux des nations et il leur marqua au cordeau un héritage et il installa sous leurs tentes les tribus d’Israël.
v. 44 : « qu’ils ne boivent pas » C’est-à-dire « de sorte qu’ils ne purent pas boire ».
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La première section (Ps 73–78)
COMPOSITION + 40 Que de fois + l’offensèrent
ils le bravèrent dans les solitudes !
AU DÉSERT,
+ 41 Ils revenaient + et LE SAINT
et ils tentaient D’ISRAËL
Dieu ils affligèrent ;
+ 42 point se souvinrent DE SA MAIN, + le jour dans lequel
il les sauva
DE L’OPPRESSEUR.
. 43 Lui qui mit . et ses miracles
EN ÉGYPTE aux champs
ses signes de TSOAN.
. 44 Et il fit tourner . et leurs ruisseaux
en sang qu’ils ne boivent pas ;
leurs fleuves
:: 45 IL ENVOYA :: et des grenouilles
à eux et elles les dévastaient.
la vermine et elle les mangeait
··························································································································
- 46 Il donna - et leur labeur
au criquet à la sauterelle ;
leur récolte
- 47 il tua - et leurs sycomores
par la grêle
leur vigne
- 48 et il remit - et leurs troupeaux
par la gelée ;
à la grêle
leur bétail
aux éclairs.
··························································································································
:: 49 IL ENVOYA sur eux :: emportement :: envoi
le feu et fureur d’anges
de sa colère, et angoisse, de malheur ;
. 50 il fraya . il n’exempta pas . et leur vie
un sentier de la mort à la peste
à sa colère, leur âme il remit ;
. 51 et il frappa . prémisses
tout premier-né de leur vigueur
EN ÉGYPTE, aux tentes
– 52 Et il poussa – et les mena
comme des brebis comme un troupeau
AU DÉSERT
– 53 et il les guida – et LEURS ENNEMIS,
sûrement les recouvrit
et ils ne tremblèrent pas la mer.
de CHAM.
son peuple ;
·························································································································· à la frontière DE SA SAINTETÉ,
= 54 Et il les amena = cette montagne
qu’a conquise
SA DROITE ;
= 55 et il chassa = et il leur marqua = et il installa
devant eux au cordeau sous leurs tentes
des nations un héritage les tribus
D’ISRAËL.
Le psaume 78
81
Les deux premiers segments de la première partie sont parallèles : « tentaient » correspond à « bravèrent » et « affligèrent » à « offensèrent », le premier segment précisant le lieu, le second le complément d’objet. Le dernier segment, en mentionnant le salut introduit les parties suivantes. La deuxième partie énumère longuement les plaies d’Égypte. Le premier morceau commence par un segment introductif suivi des plaies de l’eau des « fleuves » changée en « sang », puis de la « vermine » et des « grenouilles » ; le deuxième morceau réunit les plaies qui détruisent récoltes et bétail ; quant au dernier morceau, il est consacré à la mort des premiers-nés par la main des anges exterminateurs qui apportaient la « peste ». Les deux occurrences de « en Égypte » (43a.51a) font inclusion pour cette partie et à la fin des segments extrêmes, « Cham » répond à « Tsoan ». La troisième partie rappelle dans son premier morceau le départ de l’Égypte vers le désert (52) et la traversée de la mer (53), et dans son deuxième morceau l’arrivée en terre sainte (54) d’où le Seigneur chassa des « nations » pour y installer son peuple (55). Les parties extrêmes ont en commun « au désert » (40.52, termes initiaux), « Israël » (41.55, inclusion), « sa main – sa droite » (42a.54b), « le Saint – sainteté » (41b.54a). « L’oppresseur », dernier terme de la première partie (42b) est identifié dès le début de la partie suivante : c’est « l’Égypte » (43a).
CONTEXTE Les plaies d’Égypte Des dix plaies le psaume n’en retient que six, et pas tout à fait dans le même ordre. C’est d’abord l’eau changée en sang (Ex 7,14-25), puis viennent les grenouilles (7,26–8,11), les sauterelles (10,1-20), la grêle (9,13-35), la mortalité du bétail (9,1-7) et enfin la mort des premiers-nés (11 ; 12,29-34). INTERPRÉTATION « Souviens-toi » L’oubli des bienfaits reçus est la racine de tous les maux. Ne pas se souvenir qu’on a été sauvé et par qui on l’a été (52-55) est la pire chose qui puisse arriver : en effet cela entraine jusqu’au mépris de Dieu qu’alors on n’hésite pas à « braver » et « tenter ». « Que de fois ! » Que de fois Pharaon refusa de laisser partir les fils d’Israël ! Dix fois selon le livre de l’Exode, dont six fois sont rappelées dans le psaume. « Que de fois [...] ils recommençaient à tenter Dieu ! » Ainsi les fils d’Israël sont mis en parallèle
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La première section (Ps 73–78)
avec Pharaon dont le cœur restait endurci, malgré les preuves répétées que les plaies envoyées par le Seigneur lui fournissait. B) ILS TENTÈRENT LE TRÈS-HAUT QUI REPOUSSA ISRAËL (56-66) TEXTE 56
Et ils tentèrent et ils bravèrent Dieu Très-Haut et ses témoignages ils ne gardèrent pas ; 57 et ils dévièrent et ils trahirent comme leurs pères, ils se retournèrent comme un arc trompeur ; 58 et ils l’indignèrent avec leurs hauts lieux 59 Il et par leurs idoles ils le rendirent jaloux. entendit Dieu et s’emporta et il repoussa beaucoup Israël ; 60 et il délaissa la demeure de Silo la tente où il demeurait chez les hommes ; 61 et il donna à la captivité sa force et sa splendeur 62 Et il remit à l’épée son peuple aux mains de l’oppresseur. et contre son héritage il 63 Ses jeunes-gens, les dévora le feu et ses vierges ne furent pas louées ; 64 ses s’emporta. prêtres sous l’épée tombèrent et ses veuves ne pleurèrent pas. 65 Et il s’éveilla comme un dormeur, le Seigneur, comme un vaillant enivré par le vin, 66 et il frappa ses oppresseurs par derrière, une insulte pour toujours il donna eux.
v. 59b : « et il repoussa beaucoup Israël » On a voulu voir dans me’ōd un nom ou qualificatif de Dieu, mā’ēd, « le Grand », utilisé à Ebla et Ougarit10. La correction ne s’impose pas ; on pourrait traduire l’adverbe par « tout à fait ».
COMPOSITION La première partie dénonce le péché d’Israël, la deuxième la réaction du Seigneur. Dans la première partie c’est seulement le dernier segment (58) qui précise la nature du péché dont parlent les segments précédents de manière générale, à savoir l’idolâtrie. La réaction de Dieu (59-66) se développe en trois morceaux. Dans les deux premiers c’est « Israël » (59b) « son peuple » (62a) qui est châtié, dans le troisième « ses oppresseurs » les Philistins. Dans le premier morceau c’est l’abandon de Silo et la capture de l’arche, appelée « sa force » et « sa splendeur », dans le deuxième (62-64) le châtiment s’étend sur les jeunes générations (63) et sur « prêtres » et « veuves » qui représentent les anciens (64). Quant au dernier morceau, il commence par une comparaison surprenante et s’achève par une punition infamante (66). « Donner » et « oppresseur(s) » reviennent à la fin des morceaux extrêmes (61.66). Les noms divins remplissent la fonction de termes initiaux pour les morceaux extrêmes (59a.65a) et de même pour les deux parties (56a.59a).
10
Dahood, II, 246 ; la correction est adoptée par Ravasi (II, 646-647).
Le psaume 78
83
– 56 Et ils tentèrent – et ses témoignages
et ils bravèrent ils ne gardèrent pas ;
DIEU
– 57 et ils dévièrent – ils se retournèrent
et ils trahirent comme un arc
comme leurs pères, trompeur ;
– 58 et ils l’indignèrent – et par leurs idoles
avec leurs hauts lieux ils le rendirent-jaloux.
+ 59 Il entendit + et il repoussa
DIEU beaucoup
et s’emporta Israël ;
+ 60 et il délaissa + la tente
la demeure où il demeurait
de Silo, chez les hommes ;
+ 61 et IL DONNA + et sa splendeur
à la captivité aux mains
sa force
LE TRÈS-HAUT
DE L’OPPRESSEUR.
···································································································
:: 62 Et il remit :: et contre son héritage
à l’épée il s’emporta.
son peuple
.. 63 Ses jeunes-gens, .. et ses vierges
les dévora ne furent pas louées ;
le feu
.. 64 ses prêtres .. et ses veuves
sous l’épée ne pleurèrent pas.
tombèrent
··································································································· comme un dormeur, LE SEIGNEUR,
+ 65 Et il s’éveilla + comme un vaillant 66
+ et il frappa + une insulte
enivré
par le vin,
SES OPPRESSEURS
par derrière,
pour toujours
IL DONNA
eux.
CONTEXTE La dénonciation de l’idolâtrie Le Ps 78,58 rappelle qu’Israël n’a cessé de se détourner de Yhwh pour servir les idoles. Une telle accusation revient comme un refrain dans le livre des Juges (2,11-13 ; 3,7 ; 8,33 ; 10,6) ainsi que dans les livres des Rois (1R 22,44 ; 2R 12,4 ; 14,4 ; 15,4.35 ; 16,4). Le temple de Silo et l’arche d’alliance L’arche d’alliance était conservée dans le temple de Silo jusqu’au temps du prophète Samuel. Mais à la bataille d’Apheq les Philistins capturèrent l’arche et l’emportèrent chez eux (1S 4). Les versets 63-64 peuvent faire allusion à la mort du prêtre de Silo Éli (1S 4,12-18), de ses deux fils Hophni et Pinhas tués à la bataille (11) ainsi que de la veuve de Pinhas (19-22). Le dernier verset où l’on voit le Seigneur frapper ses oppresseurs « par derrière », ce qui fut pour eux « une insulte pour toujours », semble se référer aux « tumeurs », les hémor-
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La première section (Ps 73–78)
roïdes, qui frappèrent les Philistins d’Asdod, puis de Gat et d’Éqrôn (1S 5,6-12) avant que l’arche fut rendue à Israël. Dieu ivre de vin L’image hardie du verset 65 avec ce « dormeur » « enivré par le vin » n’a pas manqué de soulever quelque difficulté tellement elle semble irrévérencieuse11. Le sommeil de Dieu au contraire est un thème récurrent (Ps 35,23 ; 44,24 ; 59,56 ; 73,20).
INTERPRÉTATION Tous châtiés pour la même raison À la fin de la première partie Israël est puni à cause des idoles qu’ils ont servies sur les hauts-lieux (58). Et c’est pour cela que son temple de Silo fut abandonné par le Seigneur et que l’arche d’alliance fut capturée par les Philistins. Mais les Israélites ne sont pas les seuls idolâtres et, à la fin de la deuxième partie, les vainqueurs sont eux aussi punis pour avoir déposé l’arche d’alliance à côté de Dagôn leur idole (1S 5,1-5). Le châtiment ne s’abattra pas seulement sur Dagôn qui tombera par terre devant l’arche, tête et mains coupées ; il atteindra aussi les Philistins et de manière honteuse, « par derrière », de sorte qu’ils seront obligés de rendre l’arche avec une réparation consistante (1S 6).
C) L’ENSEMBLE DE LA SOUS-SÉQUENCE (40-66) COMPOSITION Les deux passages sont parallèles. Leurs premiers passages (40-42 ; 56-58) sont courts et ont en commun « braver » (40.56) et « tenter » (41.56), deux noms divins : « Dieu » – « le Saint d’Israël » (41) et « Dieu le Très-Haut » (56) ; « offenser » – « affliger » (40-41) et « indigner » (58) sont synonymes. Leurs deuxièmes passages sont plus développés. Ils ont en commun « donna » (46 ; 61.66), « remit » (48.50b ; 62), « frappa » (51.66 donc en termes finaux), « son peuple » (52.62), « le feu » (49.63), « tente(s) (55b.60). Les deux occurrences de « oppresseur(s) » de 42 et 66 jouent le rôle de termes extrêmes ; à ces deux termes correspondent « oppression » (49) et « l’oppresseur » (61). En termes médians des deux parties, « leurs hauts-lieux » (58) s’opposent à « cette montagne » (54).
11
Voir Ravasi, II, 648-649. Voir G. IRHOVEN, Disputatio theologica ad Psalm. LXXVIII : 65. De robusto jubilante propter vinum.
Le psaume 78
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40
Que de fois ILS LE BRAVÈRENT au désert, L’OFFENSÈRENT dans les solitudes ! ILS RECOMMENÇAIENT À TENTER DIEU et LE SAINT D’ISRAËL ILS AFFLIGÈRENT ; 42 POINT SE SOUVINRENT de sa main, le jour dans lequel il les sauva de L’OPPRESSEUR. 41
43
Lui qui MIT en Égypte ses signes et ses miracles aux champs de Tsoan. Et il FIT TOURNER en sang leurs fleuves et leurs ruisseaux pour qu’ils ne boivent pas. 45 IL ENVOYA à eux la vermine qui les mangeait et des grenouilles qui les dévastaient. 44
46
IL DONNA au criquet leur récolte et leur labeur à la sauterelle ; IL TUA par la grêle leur vigne et leurs sycomores par la gelée ; 48 et IL REMIT à la grêle leur bétail et leurs troupeaux aux éclairs. 47
49
IL ENVOYA sur eux le feu de sa colère, emportement et fureur et OPPRESSION, envoi d’anges de malheur ; 50 IL FRAYA un sentier à sa colère, IL N’EXEMPTA pas de la mort leur âme et leur vie à la peste IL REMIT ; 51 et IL FRAPPA tout premier-né en Égypte, prémisses de leur vigueur aux tentes de Cham. 52 53
Et IL POUSSA comme des brebis son peuple et LES MENA comme un troupeau au désert ; et IL LES GUIDA sûrement et ils ne tremblèrent pas et leurs ennemis, les recouvrit la mer.
54
Et IL LES AMENA à la frontière de sa sainteté, CETTE MONTAGNE qu’a conquise sa droite ; et IL CHASSA devant eux des nations et IL LEUR MARQUA au cordeau un héritage et IL INSTALLA sous leurs tentes les tribus d’Israël. 55
56
Et ILS TENTÈRENT et BRAVÈRENT DIEU LE TRÈS-HAUT et ses témoignages ILS NE GARDÈRENT PAS ; et ILS DÉVIÈRENT et TRAHIRENT comme leurs pères, ILS SE RETOURNÈRENT comme un arc trompeur ; 58 et ILS L’INDIGNÈRENT avec LEURS HAUTS LIEUX et par leurs idoles ILS LE RENDIRENT JALOUX. 57
59
IL ENTENDIT Dieu et S’EMPORTA et IL REPOUSSA beaucoup Israël ; et IL DÉLAISSA la demeure de Silo, la tente où il demeurait chez les hommes ; 61 et IL DONNA à la captivité sa force et sa splendeur aux mains de L’OPPRESSEUR. 60
62
Et IL REMIT à l’épée son peuple et contre son héritage IL S’EMPORTA. Ses jeunes-gens, les dévora le feu et ses vierges ne furent pas louées ; 64 ses prêtres sous l’épée tombèrent et ses veuves ne pleurèrent pas. 63
65 66
Et IL S’ÉVEILLA comme un dormeur, LE SEIGNEUR, comme un vaillant enivré par le vin, et IL FRAPPA ses OPPRESSEURS par derrière, une insulte pour toujours IL DONNA eux.
INTERPRÉTATION L’oppression des oppresseurs Israël fut la victime des oppresseurs non seulement avant l’exode mais aussi après l’installation dans la terre sainte. Après avoir subi l’oppression de l’esclavage au pays d’Égypte, il fut opprimé aussi sous le joug des Philistins. Mais le Seigneur les sauva de « l’oppresseur » égyptien (42) qui dut subir « emportement, fureur et oppression » de la part de Dieu (49). Si par la suite le Seigneur « frappa ses oppresseurs par derrière », couvrant les Philistins d’une honte éternelle (66), il commença par livrer l’arche d’alliance à « l’oppresseur » des fils d’Israël pour les fautes qu’ils avaient commises.
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La première section (Ps 73–78)
De l’oubli à l’idolâtrie Le premier péché qui est reproché aux fils d’Israël est d’avoir « oublié » qu’ils avaient été sauvés de l’oppresseur par la main puissante de son Dieu (42). Et c’est pourquoi le psalmiste va lui rappeler longuement ce que le Seigneur avait fait en envoyant contre le roi d’Égypte les plaies qui le forcèrent à laisser partir son peuple vers la liberté (43-53), puis comment il l’avait conduit jusqu’au pays en terre sainte (54-55). Le deuxième péché d’Israël est infiniment plus grave, mais il découle inexorablement du premier : qui oublie le Seigneur et ses bienfaits finit par se tourner vers les idoles (58). Si l’arche a été livrée aux Philistins, n’est-ce pas parce qu’elle a été utilisée comme l’idole qu’on mène sur le champ de bataille pour s’assurer la victoire ? Voilà pourquoi elle a rejoint Dagôn dans le temple d’Ashdôd où cependant elle fit s’écrouler le faux dieu aux yeux de ses adorateurs. Israël est puni comme les Philistins à cause du même péché.
5. CONCLUSION : DEUX TRIBUS OPPOSÉES (67-72) TEXTE 67
Et il repoussa la tente de Joseph et la tribu d’Éphraïm il n’élut pas ; 68 et il élut la tribu de Juda, la montagne de Sion laquelle il aime. 69 Et il bâtit comme les hauteurs son sanctuaire, comme la terre qu’il fonda pour toujours. 70 Et il élut David son serviteur et il le prit des parcs à moutons ; 71 de derrière les brebis-mères il le fit-venir pour paitre Jacob son peuple et Israël son héritage. 72 Et il les paissait comme la perfection de son cœur et avec la sagesse de ses paumes les guidait. V. 71B : « JACOB SON PEUPLE
»
La Septante, suivie par la Vulgate, ont « son serviteur », sans doute pour faire pendant à « David son serviteur » de 70a.
COMPOSITION La première partie dit l’élection de la tribu de Juda, la seconde celle de David de la tribu de Juda. Dans la première partie les deux premiers versets opposent la tribu d’Éphraïm à celle de Juda, et « la tente de Joseph » à « la montagne de Sion ». Le troisième segment conclut la partie avec la construction du sanctuaire, aussi solide que la terre. Les deux premiers segments de la seconde partie insistent sur l’origine pastorale de David (70b-71a) et s’achèvent sur l’étendue de son règne, « Jacob » « Israël », c’est-à-dire toutes les tribus, celles du Nord, « Joseph » « Éphraïm » (67) et « Juda » au Sud (68). Le dernier segment conclut la partie. Les seconds segments (68.71) sont trimembres. Les derniers segments de chaque partie (69.72) ont en commun une double comparaison, signalée par le
Le psaume 78
87
même « comme » ; dans le premier cas le sujet est le Seigneur, dans le deuxième c’est David. – 67 Et il repoussa – et la tribu
la tente d’ÉPHRAÏM
de JOSEPH IL N’ÉLUT PAS
68
la tribu de Sion il aime.
de JUDA,
= 69 Et il bâtit = comme la terre
comme les hauteurs qu’il fonda
son sanctuaire, pour toujours.
DAVID des parcs
son serviteur à moutons ;
les brebis-mères JACOB son héritage.
il le fit-venir son peuple
comme la perfection de ses paumes
de son cœur les guidait.
:: ET IL ÉLUT :: la montagne :: laquelle
+ 70 ET IL ÉLUT + et il le prit :: 71 de derrière :: pour paitre :: et ISRAËL = 72 Et il les paissait = et avec la sagesse
;
CONTEXTE JOSEPH ET ÉPHRAÏM Parmi les douze fils de Jacob Lévi fut mis à part pour le service divin et ne reçut pas de territoire propre (Nb 18,20-24) ; c’est pourquoi les deux fils de Joseph, Éphraïm et Manassé, sont comptés au nombre des douze tribus. Joseph ou Éphraïm représentent souvent les dix tribus du royaume du Nord qui, après la mort de Salomon, se sont séparées des tribus du royaume du Sud, Juda en tête. C’est en Éphraïm que se trouvait le temple de Silo.
INTERPRÉTATION LA TENTE ET LA BÂTISSE SUR LA MONTAGNE Le contraste est frappant entre la simple tente de Joseph et le sanctuaire du Seigneur bâti sur la montagne de Sion. D’autant plus que ce temple est construit « comme les hauteurs », c’est-à-dire sur le modèle du sanctuaire céleste, et qu’il est aussi solide que la terre fondée par Dieu. L’ironie est on ne peut plus mordante pour opposer le temple de Silo au sanctuaire de Jérusalem.
88
La première section (Ps 73–78)
LE ROI PASTEUR Avec la construction du temple sur la montagne de Sion le psalmiste anticipe, puisque ce n’est pas David qui le bâtira mais son fils Salomon. David est présenté sous les traits du plus jeune fils de Jessé
6. L’ENSEMBLE DU PSAUME (78) COMPOSITION Introduction : deux générations opposées Les fils d’Éphraïm
oublièrent
Ils bravèrent Dieu
1b-8 les merveilles
qui s’emporta
de Dieu
contre Israël
ILS NE CROYAIENT PAS MAIS DIEU SE SOUVENAIT D’EUX
Israël
ne se souvint pas
Ils tentèrent Conclusion :
le Très-Haut
du salut
qui repoussa
deux tribus opposées
de Dieu Israël
9-16 17-31
32-39
40-55 56-66 67-72
Le psaume 78
89
LES RAPPORTS ENTRE LES SOUS-SÉQUENCES EXTRÊMES 1b
Écoute, mon PEUPLE, ma loi, tendez l’oreille aux paroles de ma bouche ; j’ouvre en proverbes la bouche, j’évoque les énigmes d’autrefois 3 lesquelles nous avons entendues et connues et nos pères nous ont racontées. 2
4
Nous ne tairons pas à leurs fils, à la génération suivante racontant les louanges de Yhwh et sa puissance et ses merveilles telles qu’il les fit. 5 Et il fit lever un témoignage en JACOB et une loi il mit en ISRAËL, laquelle il avait commandé à nos pères de les faire connaitre à leurs fils, 6 afin que les connaisse la génération suivante, les fils qui naitront, qu’ils se lèvent et qu’ils racontent à leurs fils.
7
Et ils mettront en Élohim leur espoir et ses commandements ils observeront ; une génération de révolte et de bravade, . génération dont le CŒUR n’est pas sûr .. et dont l’esprit n’est pas fidèle à El.
8
et point n’oublieront les hauts faits de El et point ne seront comme leurs pères,
67
Et il repoussa la tente de Joseph et n’élut pas la tribu d’Éphraïm ; 68 et il élut la 69 tribu de Juda, la montagne de Sion laquelle il aime. Et il bâtit comme les hauteurs son sanctuaire, comme la terre qu’il fonda pour toujours. 70
Et il élut David son serviteur et il le prit des parcs à moutons ; 71 de derrière les brebis mères il le fit venir pour paitre JACOB son PEUPLE et ISRAËL son héritage. . 72 Et il les paissait comme la perfection de son CŒUR .. et avec la sagesse de ses paumes il les guidait.
– Revient le tandem « Jacob – Israël » (5.71), c’est-à-dire le « peuple » (1b.71). – Aux nombreux termes appartenant au champ sémantique de la filiation du premier passage — « pères », « fils », « génération » (3.4bis.5bis.6ter.8ter) correspond « héritage » dans le dernier (71). – Les derniers segments opposent ceux dont « le cœur » n’est pas sûr et dont l’esprit n’est pas fidèle (8cd) et celui dont « le cœur » est parfait et les paumes sages (72ab). – La fin du premier passage (8) et le début du dernier (67) sont tous deux négatifs : c’est d’une part la génération infidèle des pères (8) et d’autre part « la tente de Joseph » qui est rejetée, « la tribu d’Éphraïm » qui n’est pas élue (67).
90
La première section (Ps 73–78)
LES RAPPORTS ENTRE LA DEUXIÈME ET L’AVANT-DERNIÈRE SOUS-SÉQUENCE 9
Les fils d’ÉPHRAÏM, armés tireurs d’arc, SE RETOURNÈRENT le jour du combat ; ILS NE GARDÈRENT PAS l’alliance de DIEU et dans sa loi ILS REFUSÈRENT de marcher ; 11 et ILS OUBLIÈRENT ses hauts-faits et ses merveilles lesquelles il fit voir. 10
12 13 14 15 16
17 18
Devant leurs pères IL FIT merveille, IL FENDIT
TSOAN :
la mer et les fit traverser et IL DRESSA les eaux comme une digue ;
IL LES GUIDA IL FENDIT
EN TERRE D’ÉGYPTE, AUX CHAMPS DE
par la nuée de jour et toute la nuit par la lumière d’un feu ;
les rochers AU DÉSERT, et LES ABREUVA comme des abimes abondamment ; des ruisseaux du roc et FIT DESCENDRE comme fleuves les eaux.
IL FIT SORTIR
Et ILS AJOUTÈRENT ENCORE DE PÉCHER contre lui EN BRAVANT LE TRÈS-HAUT dans le lieu sec ; et ILS TENTÈRENT DIEU dans leur cœur EN DEMANDANT du manger pour leur gorge.
19
Et ILS PARLÈRENT contre Dieu ; ILS DIRENT : « Est-il capable, Dieu, de dresser une table AU DÉSERT ? 20 Voici qu’il frappe le rocher et coulent les eaux et les torrents s’échappent ; aussi du pain, est-il capable d’en donner ou de fournir de la viande à SON PEUPLE ? » 21
Alors ENTENDIT Yhwh, IL S’EMPORTA et un feu flamba contre Jacob et aussi LA COLÈRE MONTA contre ISRAËL, 22 car ILS NE CRURENT PAS en Dieu et ILS NE SE FIÈRENT PAS en son salut. 23
Et IL COMMANDA aux nuées d’en haut et IL OUVRIT les portes des cieux et IL FIT PLEUVOIR sur eux la manne pour manger et le froment des cieux IL DONNA à eux ; 25 du pain des forts mangea l’homme, des vivres IL ENVOYA à eux à satiété. 24
26
IL FIT LEVER le vent d’est dans les cieux et IL FIT VENIR par sa puissance le vent du sud, IL FIT PLEUVOIR sur eux la viande comme poussière et comme sable des mers l’oiseau ailé, 28 IL FIT TOMBER au milieu de son camp, tout autour de sa demeure. 27
29
Et ils mangèrent et furent rassasiés beaucoup et leur convoitise il fit arriver à eux ; ils ne revinrent pas de leur convoitise, encore leur manger en leur bouche, 31 que LA COLÈRE de Dieu MONTA contre eux et IL TUAIT parmi leurs robustes et les jeunes gens d’ISRAËL IL ABATTAIT. 30
Les deux sous-séquences font se succéder dans chacun de leurs deux passages les actions peccamineuses des fils d’Éphraïm (9-11 et 17-22 ; 40-42 et 56-58) et les œuvres de salut de Dieu (12-16 et 23-31 ; 43-55 et 59-66). – « braver » et « tenter » qui apparaissent la première fois en 17-18 seront repris aussi bien en 40-41 qu’en 56 ; – en position symétrique « ils ne se souvinrent pas » correspond à « ils oublièrent » (11.42) ; – « Les fils d’Éphraïm » ne sont nommés qu’une seule fois, tout au début (9) ; mais ce ne sont pas les seuls coupables puisqu’en 21 le châtiment touche « Jacob » « Israël » ; – « Israël » est encore nommé en 31, 55 et 59 ; « son peuple » de 20 sera repris deux fois dans l’autre sous-séquence (52.62) ;
Le psaume 78
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Que de fois ILS LE BRAVÈRENT AU DÉSERT, L’OFFENSÈRENT dans les solitudes ! ILS RECOMMENÇAIENT À TENTER DIEU et LE SAINT D’ISRAËL ILS AFFLIGÈRENT ; 42 POINT SE SOUVINRENT de sa main, le jour dans lequel il les sauva de l’oppresseur. 41
43
Lui qui MIT EN ÉGYPTE ses signes et ses miracles AUX CHAMPS DE TSOAN. Et il FIT TOURNER en sang leurs fleuves et leurs ruisseaux pour qu’ils ne boivent pas. 45 IL ENVOYA à eux la vermine qui les mangeait et des grenouilles qui les dévastaient. 44
46
IL DONNA au criquet leur récolte et leur labeur à la sauterelle ; IL TUA par la grêle leur vigne et leurs sycomores par la gelée ; 48 et IL REMIT à la grêle leur bétail et leurs troupeaux aux éclairs. 47
49
IL ENVOYA sur eux le feu de SA COLÈRE, emportement et fureur et oppression, envoi d’anges de malheur ; 50 IL FRAYA un sentier à SA COLÈRE, IL N’EXEMPTA pas de la mort leur âme et leur vie à la peste IL REMIT ; 51 et IL FRAPPA tout premier-né EN ÉGYPTE, prémisses de leur vigueur AUX TENTES DE CHAM. 52 53
Et IL POUSSA comme des brebis SON PEUPLE et LES MENA comme un troupeau AU DÉSERT ; et IL LES GUIDA sûrement et ils ne tremblèrent pas et leurs ennemis, les recouvrit la mer.
54
Et IL LES AMENA à la frontière de sa sainteté, cette montagne qu’a conquise sa droite ; et IL CHASSA devant eux des nations et IL LEUR MARQUA au cordeau un héritage et IL INSTALLA sous leurs tentes les tribus d’ISRAËL. 55
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Et ILS TENTÈRENT et BRAVÈRENT DIEU LE TRÈS-HAUT et ses témoignages ILS NE GARDÈRENT PAS ; et ILS DÉVIÈRENT et TRAHIRENT comme leurs pères, ILS SE RETOURNÈRENT comme un arc trompeur ; 58 et ILS L’INDIGNÈRENT avec leurs hauts lieux et par leurs idoles ILS LE RENDIRENT JALOUX. 57
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IL ENTENDIT Dieu et S’EMPORTA et IL REPOUSSA beaucoup ISRAËL ; et IL DÉLAISSA la demeure de Silo, la tente où il demeurait chez les hommes ; 61 et IL DONNA à la captivité sa force et sa splendeur aux mains de l’oppresseur. 60
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Et IL REMIT à l’épée SON PEUPLE et contre son héritage IL S’EMPORTA. Ses jeunes gens, les dévora le feu et ses vierges ne furent pas louées ; 64 ses prêtres sous l’épée tombèrent et ses veuves ne pleurèrent pas. 63
65 66
Et IL S’ÉVEILLA comme un dormeur, LE SEIGNEUR, comme un vaillant enivré par le vin, et IL FRAPPA ses oppresseurs par derrière, une insulte pour toujours IL DONNA eux.
– « l’Égypte » est nommée en position symétrique, avec « aux champs de Tsoan » (12.43) ; en 51 son nom est repris avec « aux tentes de Cham » ; – « au désert » revient deux fois dans chaque sous-séquence (15.19 ; 40.52) ; – de même pour « feu » (14.21 ; 49.63) ; – et pour « colère » (21.31 ; 49.50) ; – « mer(s) » est repris en 13.27 et 53 ; – les noms divins reviennent dans la première sous-séquence : « Dieu » (10), « le Très-Haut » (17), de façon plus développée dans la deuxième : « Dieu » « le Saint d’Israël » (41), « Dieu le Très-Haut » (56) ; – « Yhwh » « Dieu » « entendit » et « s’emporta » contre « Israël » en 21 et 59 ; – on pourra aussi noter les doubles occurrences de « il fendit » (13.15), de « il fit pleuvoir » (24.27), de « il envoya » (45.49), de « il frappa » (51.66), la triple occurrence de « il remit » (48.50.62) et de « il donna » (46.61.66).
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La première section (Ps 73–78)
78,1 Poème, d’Asaph. Écoute, mon peuple, ma loi, tendez l’oreille aux paroles de ma bouche ; 2 j’ouvre en proverbes la bouche, j’évoque les énigmes d’autrefois 3 lesquelles nous avons entendues et connues et nos pères nous ont racontées. 4 Nous ne tairons pas à leurs fils, à la génération suivante racontant les louanges de Yhwh et sa puissance et ses merveilles telles qu’il les fit. 5 Et il fit lever un témoignage en Jacob et une loi il mit en Israël, laquelle il avait commandé à nos pères de les faire connaitre à leurs fils, 6 afin que les connaisse la génération suivante, les fils qui naitront, qu’ils se lèvent et qu’ils racontent à leurs fils. 7 Et ils mettront en Élohim leur espoir et point n’oublieront les hauts faits de El et ses commandements ils observeront ; 8 et point ne seront comme leurs pères, une génération de révolte et de bravade, génération dont le CŒUR n’est pas SÛR et dont L’ESPRIT N’EST PAS CROYANT en El. Les fils d’Éphraïm, armés tireurs d’arc, se retournèrent le jour du combat ; 10 ils ne gardèrent pas L’ALLIANCE de Dieu et dans sa loi ils refusèrent d’aller ; 11 et ils oublièrent ses hauts-faits et ses merveilles lesquelles il fit voir. 12 Devant leurs pères il fit merveille, en terre d’Égypte, aux champs de Tsoan : 13 il fendit la mer et les fit traverser et il dressa les eaux comme une digue ; 14 il les guida par la nuée de jour et toute la nuit par la lumière d’un feu ; 15 il fendit les ROCHERS au désert, et les abreuva comme des abimes abondamment ; 16 il fit sortir des ruisseaux du roc et fit descendre comme fleuves les eaux. 17 Et ils ajoutèrent encore de PÉCHER contre lui en bravant le Très-Haut dans le lieu sec ; 18 et ils tentèrent Dieu dans leur CŒUR en demandant du manger pour leur gorge. 19 Et ils parlèrent contre Dieu ; ils dirent : « Est-il capable, Dieu, de dresser une table au désert ? 20 Voici qu’il frappe le ROCHER et coulent les eaux et les torrents s’échappent ; aussi du pain, est-il capable d’en donner ou de fournir de la viande à son peuple ? » 21 Alors entendit Yhwh, il s’emporta et un feu flamba contre Jacob et aussi la COLÈRE monta contre Israël, 22 car ILS NE CRURENT PAS en Dieu et ils ne se fièrent pas en son salut. 23 Et il commanda aux nuées d’en haut et il ouvrit les portes des cieux 24 et il fit pleuvoir sur eux la manne pour manger et le froment des cieux il donna à eux ; 25 du pain des forts mangea l’homme, des vivres il envoya à eux à satiété. 26 Il fit lever le vent d’est dans les cieux et il fit venir par sa puissance le vent du sud, 27 il fit pleuvoir sur eux la viande comme poussière et comme sable des mers l’oiseau ailé, 28 il fit tomber au milieu de son camp, tout autour de sa demeure. 29 Et ils mangèrent et furent rassasiés beaucoup et leur convoitise il fit arriver à eux ; 30 ils ne revinrent pas de leur convoitise, encore leur manger en leur bouche, 31 que la COLÈRE de Dieu monta contre eux et IL TUAIT parmi leurs robustes et les jeunes gens d’Israël il abattait. 9
Avec tout cela, ILS PÉCHÈRENT encore et ILS NE CRURENT PAS en ses merveilles ; 33 et il consuma en buée leurs jours et leurs années en terreur. 34 Quand IL LES TUAIT, ils le cherchaient et ILS RETOURNAIENT et recherchaient El ; 35 et ILS SE SOUVENAIENT que Élohim est leur ROCHER et El Très-Haut, leur rédempteur ! 36 Mais ils le flattaient de leur bouche et de leur langue ils lui mentaient ; 37 et leur CŒUR n’était pas SÛR avec lui et ILS NE CROYAIENT PAS en son ALLIANCE. 38 Et lui, clément, pardonnait la faute et ne DÉVASTAIT pas ; et il abondait à FAIRE-RETOURNER sa COLÈRE et il ne réveillait pas tout son courroux. 39 Et IL SE SOUVENAIT que chair eux, SOUFFLE s’en allant et ne retourne pas. 32
Que de fois ils le bravèrent au désert, l’offensèrent dans les solitudes ! 41 ILS RETOURNAIENT tenter Dieu et le Saint d’Israël ils affligèrent ; 42 POINT SE SOUVINRENT de sa main, le jour dans lequel il les sauva de l’oppresseur. 43 Lui qui mit en Égypte ses signes et ses miracles aux champs de Tsoan. 44 Et il fit tourner en sang leurs fleuves et leurs ruisseaux pour qu’ils ne boivent pas. 45 Il envoya à eux la vermine qui les mangeait et des grenouilles qui les DÉVASTAIENT. 46 Il donna au criquet leur récolte et leur labeur à la sauterelle ; 47 IL TUA par la grêle leur vigne et leurs sycomores par la gelée ; 48 et il remit à la grêle leur bétail et leurs troupeaux aux éclairs. 49 Il envoya sur eux le feu de sa COLÈRE, emportement et fureur et oppression, envoi d’anges de malheur ; 50 il fraya un sentier à sa COLÈRE, il n’exempta pas de la mort leur âme et leur vie à la peste il remit ; 51 et il frappa tout premier-né en Égypte, prémisses de leur vigueur aux tentes de Cham. 52 Et il poussa comme des brebis son peuple et les mena comme un troupeau au désert ; 53 et il les guida sûrement et ils ne tremblèrent pas et leurs ennemis, les recouvrit la mer. 54 Et il les amena à la frontière de sa sainteté, cette montagne qu’a conquise sa droite ; 55 et il chassa devant eux des nations et il leur marqua au cordeau un héritage et il installa sous leurs tentes les tribus d’Israël. 56 Et ils tentèrent et bravèrent Dieu le Très-Haut et ses témoignages ils ne gardèrent pas ; 57 et ils dévièrent et trahirent comme leurs pères, ils se retournèrent comme un arc trompeur ; 58 et ils l’indignèrent avec leurs hauts lieux et par leurs idoles ils le rendirent jaloux. 59 Il entendit Dieu et s’emporta et il repoussa beaucoup Israël ; 60 et il délaissa la demeure de Silo, la tente où il demeurait chez les hommes ; 61 et il donna à la captivité sa force et sa splendeur aux mains de l’oppresseur. 62 Et il remit à l’épée son peuple et contre son héritage il s’emporta. 63 Ses jeunes gens, les dévora le feu et ses vierges ne furent pas louées ; 64 ses prêtres sous l’épée tombèrent et ses veuves ne pleurèrent pas. 65 Et il s’éveilla comme un dormeur, le Seigneur, comme un vaillant enivré par le vin, 66 et il frappa ses oppresseurs par derrière, une insulte pour toujours il donna eux. 40
Et il repoussa la tente de Joseph et n’élut pas la tribu d’Éphraïm ; 68 et il élut la tribu de Juda, la montagne de Sion laquelle il aime. 69 Et il bâtit comme les hauteurs son sanctuaire, comme la terre qu’il fonda pour toujours. 70 Et il élut David son serviteur et il le prit des parcs à moutons ; 71 de derrière les brebis mères il le fit venir pour paitre Jacob son peuple et Israël son héritage. 72 Et il les paissait comme la perfection de son CŒUR et avec la sagesse de ses paumes il les guidait. 67
Le psaume 78
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LA FONCTION DE LA SOUS-SÉQUENCE CENTRALE Ce passage comprend beaucoup de termes qui se retrouvent ailleurs dans le reste du psaume — sans compter les noms divins : « pécher » (17), « encore » (30), « croire » (8.22), « ses merveilles » (11), « jour » (9.42), « tuer » (31.47), « retourner » (41), « se souvenir » (42), « rocher » (15.20), « bouche » (1.2.30), « cœur » (8.18.72), « sûr » (8.22 traduit par « se fier »), « alliance » (10), « dévaster » (45), « colère » (21.31 ; 49.50), « souffle » (« esprit » : 8), « aller » (10). C’est le seul endroit où le Seigneur est dit pardonner (38-39), et cela malgré la réitération du péché (32a), le manque de foi (32b.37b) et surtout le mensonge (36-37).
CONTEXTE PARLER EN PARABOLES À la fin du discours en paraboles adressé aux foules Jésus cite le début du psaume : 34
Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole ; 35 pour que s’accomplît l’oracle du prophète : J’ouvrirai en paraboles ma bouche, je clamerai des choses cachées depuis la fondation [du monde] (Mt 13,34-35).
« LE PAIN VENU DU CIEL » Dans la synagogue de Capharnaüm, les gens posent à Jésus une question en citant le verset 24 du psaume : 30
Ils lui dirent alors : « Quel signe fais-tu donc, pour qu’à sa vue nous te croyions ? Quelle œuvre accomplis-tu ? 31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Du pain venu du ciel il leur a donné à manger. » 32 Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, non, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel ; mais c’est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; 33 car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. »
LES LEÇONS DU PASSÉ D’ISRAËL En 1Co 10,1-13, Paul se réfère aux évènements de l’Exode pour en tirer des leçons pour les Corinthiens : « 6 Ces faits se sont produits pour nous servir d’exemple [...] 11 Cela leur arrivait pour servir d’exemple, et a été écrit pour notre instruction ».
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La première section (Ps 73–78)
INTERPRÉTATION PARABOLES ET ÉNIGMES L’histoire d’Israël, comme celle de n’importe quel autre peuple, ce sont certes des faits, des évènements, mais qui doivent être interprétés pour faire sens, pour être compris, lus comme des leçons pour le présent (7-8). Pris en eux-mêmes en effet, ils sont énigmatiques. Les faits du passé dont la génération actuelle n’a pas été témoin ne peuvent être connus que par le récit qu’en font les pères, les hommes des générations d’autrefois. Le psalmiste, qui aujourd’hui ouvre la bouche, prend position ; il déchiffre « les énigmes d’autrefois » en attribuant ce qui est arrivé au Seigneur. Son discours sera « louange » pour la « puissance » de Dieu qui s’est manifestées dans les « merveilles » et les « hauts faits » qu’il a accomplis (4.7). LA CLÉMENCE INFINIE DE DIEU Le passage central (32-39) résume les deux longues sous-séquences qui l’encadrent (9-31 ; 40-66). Le peuple de Dieu n’a jamais cessé de pécher contre son Seigneur, il n’a pas cru en lui, en ses « merveilles » et à son « alliance ». Il fallait que Dieu les punisse pour qu’ils retrouvent la mémoire et reviennent à lui. Mais leur sincérité n’était pas au rendez-vous et leur langue était menteuse. Malgré tout cela, malgré le redoublement de leur péché et de leur incrédulité, la clémence divine ne se lassait pas de pardonner, excusant leur infidélité et l’attribuant à la fragilité de leur nature, de leur « chair » et de leur « souffle ». L’ÉLECTION D’UN BERGER SAGE Évoqué discrètement, et de manière énigmatique, le rejet d’Éphraïm avait été préparé par la mention de son péché au tout début de la première grande fresque historique (9). Il resurgit, clairement cette fois-ci, au début de la conclusion mais de manière très brève (67). Tout le poids du discours en effet porte sur l’élection de la tribu de Juda, et en son sein, sur celle de David. On comprend alors que c’est sur lui que le Seigneur place l’espoir d’une renaissance, d’une nouvelle génération pour son peuple Israël, pour son « héritage », dans la « perfection » du cœur et « la sagesse » pratique de celui qui, en bon berger saurait guider ses brebis, le troupeau de Dieu. L’histoire peut rebondir : Dieu ne se lasse pas de croire en l’homme.
III. L’ENSEMBLE DE LA PREMIÈRE SECTION (73–78) COMPOSITION Le Ps 78 est très différent des cinq qui le précèdent. La plupart des termes du champ sémantique du péché ne se trouvent pas dans les cinq psaumes de la première séquence : « pécher » (78,17.32), « braver » (8.17.40.56), « révolte » (8), « offenser » (40), « tenter » (18.41.56), « affliger » (41), « dévier » (57), « indigner » (58), « ne pas garder » (10.56). Seuls deux termes de ce champ se trouvaient déjà dans le premier psaume : « trahir » (78,57 ; 73,15) et « rendre-jaloux » (78,58 ; « être-jaloux » en 73,3). Mais le psalmiste dit clairement qu’il n’a pas cédé à la tentation : « Et moi, mes pieds penchaient presque, car j’étais jaloux des arrogants, la paix des méchants je voyais » (73,2-3). On peut ajouter « oublier » (78,7.11) qui revient aussi deux fois en 74,19.23 mais avec un sujet différent : alors que ce sont les fils d’Israël qui ont oublié Dieu dans le Ps 78, dans le Ps 74 c’est le Seigneur que le psalmiste supplie de ne pas oublier son peuple. Dans la première séquence sont rappelées les merveilles et les hauts-faits accomplis par le Seigneur : la création (74,12-17) et surtout l’exode dans le deuxième versant (76,7.9-10 ; 77,15.21) mais jamais ne sont mentionnés le manque de foi et la rébellion des fils d’Israël. Au contraire, toute la deuxième séquence insiste du début à la fin sur le péché des pères. Dès la première partie, après avoir mentionné « les louanges de Yhwh et sa puissance et ses merveilles telles qu’il les fit » (78,4-7), le psalmiste conclut : « et point ne seront comme leurs pères, une génération de révolte et de bravade, génération dont le cœur n’est pas sûr et dont l’esprit n’est pas croyant en Dieu » (8). Après quoi c’est le rappel des multiples infidélités d’Israël, jusqu’au moment où, au début de la dernière partie, « il repoussa la tente de Joseph et n’élut pas la tribu d’Éphraïm » (67). Tels sont les rapports, de ressemblance et surtout de différence, entre les deux séquences. Les titres donnés aux deux séquences veulent expliciter l’essentiel du rapport qui les lie. À la question que le psalmiste pose dans la première séquence, Dieu répond dans la deuxième : Pourquoi nous rejettes-tu ? Parce que vos pères n’ont pas gardé l’alliance de Dieu.
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La première section (Ps 73–78)
INTERPRÉTATION PROTESTATION D’INNOCENCE POUR COMMENCER « Certes, Dieu est bon pour Israël, pour les purs de cœur » (73,1). Dès le premier verset de la section le décor est planté ! Cette belle déclaration sera contredite tout au long de la première séquence. Et d’abord par celui qui vient de la proclamer. En effet, au centre du psaume le psalmiste se plaint, car la loi qui veut que le juste soit récompensé ne s’applique pas à lui. Commençant avec le même « certes », sa protestation s’oppose directement à sa déclaration initiale : « Certes, en vain j’ai gardé-propre mon cœur et j’ai lavé en l’innocence mes paumes » (13). Et, pour faire bonne mesure, il explicite : « et j’étais frappé tout le jour et j’étais châtié les matins » (14). Et il redit encore, mais cette fois-ci à Dieu, qu’il a toujours été pur de cœur : « Si j’avais dit : « Je raconterai comme eux », « voici la race de tes fils j’aurais trahi » (15). Le ton est donné et il se maintiendra tout au long de la première séquence. ALORS, POURQUOI ? On comprend donc que le psaume suivant commence par « Pourquoi » : « Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin, fume-t-elle ta colère contre les brebis de ton bercail ? » (74,1). Question qui rejaillira au début de la deuxième partie : « Pourquoi fais-tu-retourner ta main et ta droite ? » (11). Et deux fois aussi le psalmiste priera le Seigneur de se rappeler : se rappeler ce qu’il avait fait à l’origine pour son peuple (2) et se rappeler la situation désastreuse d’aujourd’hui (18). Un mal est commis, Dieu est insulté, son nom outragé, mais c’est par « l’ennemi ». Pas le moins du monde par son peuple. « NE SOYEZ PAS ARROGANTS » Dans le psaume central de la première séquence, le psalmiste rend grâce pour les merveilles de Dieu (75,2), il psalmodiera pour le Dieu de Jacob (10) quand il verra les méchants boire la coupe de la colère de Dieu jusqu’à la lie (9), prompt à trancher toutes leurs cornes (11a). Dieu avait promis qu’il soutiendrait ceux qui s’effondreraient (4), mais pour les méchants et les arrogants, il n’avait pas dit qu’il les écraserait ; il les avait encouragés avec beaucoup d’insistance à ne pas élever leur corne (5-6). Mais les arrogants ne sont peut-être pas seulement ceux qu’on croit. Il n’est pas interdit de penser qu’il s’adresse aussi à ceux qui revendiquent leur innocence et leur pureté de cœur et qui sont persuadés que les arrogants et les méchants ce sont évidemment les autres. LES MERVEILLES DE DIEU En Israël grand est le nom de Dieu (76,2). Il est « terrible », « terrifiant » pour l’ennemi, brisant toutes les armes de guerre (3) coupant « le souffle des princes »
L’ensemble de la section 73–78
97
(13) qui ne pourront tenir debout devant lui (8) ; le psalmiste se compte parmi « les humiliés » que le Seigneur sauve. La référence à l’exode et à ses merveilles sera encore plus prégnante dans tout le deuxième versant du dernier psaume de la séquence (77,12-21). C’est « chez les peuples » que Dieu a fait connaitre sa force (15), les éclairs divins illuminaient le monde et la terre tremblait (19) ; quant au peuple d’Israël, le dernier verset le dépeint comme troupeau de petit bétail suivant docilement ses guides Moïse et Aaron (21). UN RAPPEL SONORE La relecture de la première séquence qui vient de s’achever, était induite par la lecture du psaume final qui, à lui seul, forme la deuxième séquence. Le contraste entre les deux est frappant : comment ne pas entendre dans le Ps 78 comme une réponse à l’ensemble de ceux qui précèdent. La réponse est douce, délicate mais n’en est pas moins ferme. Les « proverbes » et les « énigmes » du passé transmises de pères en fils, de génération en génération n’ont d’autre but que d’inviter la génération présente à mettre « en Dieu leur espoir », à ne pas oublier « ses hauts-faits » et à observer « ses commandements » (7), en somme à ne pas être comme leurs pères qui s’étaient révoltés contre lui et l’avaient bravé, qui n’avaient pas cru en lui (8). Et ce sera, après cette première partie, la longue histoire des infidélités du peuple, de ses péchés et de ses bravades, de sorte que ceux qui s’étaient exprimés jusque-là comprennent que, s’ils se trouvent dans le malheur, la raison en est peut-être leur propre infidélité à l’alliance. Aux « pourquoi » du Ps 74, le Ps 78 répond : si Dieu a rejeté Israël, ne serait-ce pas parce que son peuple l’a lui-même rejeté comme cela est arrivé si souvent par le passé ? UN ESPOIR Mais la section ne s’achève pas sur le malheur et sur la culpabilité de ceux qui les ont provoqués. Une lumière se lève. Bien sûr, le Seigneur « repoussa la tente de Joseph et n’élut pas la tribu d’Éphraïm » à cause de son péché répété (78,67). Toutefois, une figure parait en finale, celle de « David » qui guidera Jacob Israël « selon la perfection de son cœur et avec la sagesse de ses paumes » (72). Le péché n’aura pas le dernier mot. Dieu ouvre un nouveau chemin, comme une nouvelle création : « il bâtit comme les hauteurs son sanctuaire, comme la terre qu’il fonda pour toujours » (69).
À L’INSTANT DIEU ABATTRAIT LEURS ENNEMIS La deuxième section Ps 79–83
100
La deuxième section (Ps 79–83)
La section centrale comprend cinq psaumes organisés en trois séquences. Deux paires de psaumes (79–80 et 82–83) encadrent le Ps 81 :
JUSQU’À QUAND
LES NATIONS
SI VOUS M’ÉCOUTIEZ,
NOUS INSULTERONT-ELLES
À L’INSTANT J’ABATTRAIS
JUSQU’À TOUJOURS LES NATIONS
?
VOS ENNEMIS
CONNAITRONT TON NOM
!
Ps 79–80 Ps 81 Ps 82–83
I. JUSQU’À QUAND LES NATIONS NOUS INSULTERONT-ELLES ?
La première séquence : Ps 79–80 1. LE PSAUME 79 TEXTE 1
Psaume, d’Asaph. Dieu, elles sont venues les nations dans ton héritage, elles ont souillé le Temple de ta sainteté, elles ont fait de Jérusalem des ruines. 2 Elles ont donné le cadavre de tes serviteurs (comme) manger pour l’oiseau des cieux, la chair de tes fidèles aux bêtes de la terre ; 3 elles ont versé leur sang comme de l’eau, alentour de Jérusalem et pas un fossoyeur. 4 Nous sommes l’insulte de nos voisins, moquerie et risée de notre entourage. 5 Jusqu’à 6 Déverse ta quand, Yhwh, t’irriteras-tu ? Pour toujours brûlera comme un feu ta jalousie ? fureur sur les nations, eux qui ne te connaissent pas, et sur les royaumes, eux qui ton nom n’invoquent pas, 7 car ils ont mangé Jacob et sa demeure ils ont dévastée. 8 Ne te souviens pas contre nous des fautes premières ; vite, nous préviennent tes tendresses, car sommes affligés beaucoup. 9 Aide-nous, Dieu de notre salut, par égard pour la gloire de ton nom et délivre-nous et efface nos péchés, à cause de ton nom. 10 Pourquoi diraient les nations : « Où (est) leur Dieu ? » Que soit connue chez les nations sous nos yeux la vengeance du sang de tes serviteurs, versé. 11 Que vienne devant toi la plainte du captif ; selon la grandeur de ton bras épargne les fils de la mort. 12 Et fais retomber sur nos voisins sept fois vers leur sein l’insulte laquelle ils t’ont insulté, Seigneur. 13 Et nous, ton peuple et les brebis de ton pâturage, nous rendrons grâce à toi à jamais et d’âge en âge nous raconterons ta louange. V. 5
: PROBLÈME DE DÉCOUPAGE
Le texte massorétique place l’atnah après « pour toujours », ce qui donne deux questions : « Jusqu’à quand, Yhwh, t’irriteras-tu pour toujours ? Brûlera-t-elle comme un feu ta jalousie ? »1. Mais « pour toujours » fait double emploi avec le premier, « Jusqu’à quand ». C’est pourquoi d’autres découpages ont été proposés. Certains considèrent « pour toujours » comme une deuxième question : « Jusqu’à quand, Yhwh, t’irriteras-tu ? Pour toujours ? »2. D’autres divisent le premier membre du texte massorétique d’une manière plus équilibrée, en deux phrases de deux termes : « Jusqu’à quand, Yhwh ? T’irriteras-tu pour toujours ? »3. D’autres enfin déplacent « pour toujours » au début du second membre, ce qui respecte mieux le parallélisme4.
1
Kraus, II, 132 ; Vesco, 720. Osty, TOB. Ainsi la BJ. Ravasi (II, 655) sépare les deux phrases par deux points et non par un point d’interrogation. 3 Weiser, 543 ; Dahood, II, 249 ; Lorenzin, 300 ; Hossfeld – Zenger, II, 302 ; deClaisséWalford – al., 627. 4 Alonso Schoekel – Carniti, II, 113 ; Dhorme. 2
102 V. 7A
La deuxième section (Ps 79–83) : « ILS ONT MANGÉ »
Le texte massorétique a le singulier. Les versions, ainsi que plusieurs manuscrits corrigent avec le pluriel, comme en Jr 10,25. V. 8A
: « LES FAUTES PREMIÈRES »
Il est possible de comprendre qu’il s’agit des premières fautes de ceux qui parlent, de leurs fautes de jeunesse, mais on peut aussi comprendre que ce sont celles des générations passées, qui ainsi ont provoqué le châtiment de la destruction du temple. COMPOSITION Le psaume s’organise en trois parties (1b-4 ; 6-9 ; 10c-13) reliées par deux très courtes parties de reliure (5 ; 10ab) qui, par ailleurs, sont les seules questions du texte. Les parties extrêmes sont parallèles entre elles, tandis que la partie centrale, plus développée, est de construction concentrique. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-4) + 1b Dieu, + elles ont souillé + elles ont fait
elles sont venues le Temple de JÉRUSALEM
les nations de ta sainteté, des ruines.
: 2 Elles ont donné : (comme) manger : la chair
le cadavre pour l’oiseau de tes fidèles
de tes serviteurs, des cieux, aux bêtes
de la terre ;
leur sang de JÉRUSALEM
comme de l’eau, et pas un
fossoyeur.
3
: elles ont versé : alentour
dans ton héritage,
·························································································································
– 4 Nous sommes l’insulte – moquerie et risée
de nos voisins, de notre entourage.
Le premier morceau rapporte ce que « les nations » ont fait subir au temple et à « Jérusalem » dont le nom revient à la fin des segments extrêmes en même position (1d.3b). Le premier segment traite de ce qu’a souffert la ville, les deux derniers ce qui est arrivé aux corps de ses habitants. Le second morceau (4) exprime la conséquence de la prise de Jérusalem sur les survivants du drame.
Le psaume 79
103
LA TROISIÈME PARTIE (6-9) :: 6 Déverse :: eux qui :: eux qui
ta fureur ne te connaissent pas, TON NOM
7
= CAR ils ont mangé = et sa demeure
sur les nations, et sur les royaumes, n’invoquent pas,
Jacob ils ont dévastée.
·················································································································
– 8 Ne te souviens pas – des FAUTES
contre nous premières ;
+ vite, = CAR nous sommes affligés
nous préviennent beaucoup.
tes tendresses
·················································································································
+ 9 Aide-nous, .. par égard
Dieu pour la gloire
de notre salut, de TON NOM
– et délivre-nous .. à cause de
et efface
nos PÉCHÉS,
TON NOM.
Dans le premier morceau, introduit par « car », le deuxième segment donne la raison de la demande du premier segment. Dans le troisième morceau, les seconds membres donnent la même raison pour les demandes des premiers membres. Quant au deuxième morceau, il assure le passage entre les deux autres : en effet, « fautes » de son premier segment annonce le dernier segment du troisième morceau qui parle de « péchés » ; son deuxième segment au contraire, introduit par « car », rappelle le deuxième segment du premier morceau, l’affliction de « nous » étant la destruction de Jacob. Les « fautes premières » (8b) qui ont causé l’affliction présente (8d) peuvent alors être interprétées comme celle de ceux qui, dans le passé, ont mérité le châtiment de Jacob. LA CINQUIÈME PARTIE (10C-13) + 10c Que soit connue + la vengeance 11
+ Que vienne + selon la grandeur + épargne 12
.. Et fais retomber .. l’insulte
chez les nations du sang
sous nos yeux de tes serviteurs
versé.
devant toi de ton bras, les fils
la plainte
du captif ;
de la mort.
sur nos voisins laquelle
sept fois ils t’ont insulté,
vers leur sein Seigneur.
·····························································································································
: 13 Et nous, : nous rendrons grâce : et d’âge
ton peuple à toi en âge
et les brebis à jamais nous raconterons
de ton pâturage, ta louange.
104 + 10c Que soit connue + la vengeance 11
+ Que vienne + selon la grandeur + épargne 12
.. Et fais retomber .. l’insulte
La deuxième section (Ps 79–83) chez les nations du sang
sous nos yeux de tes serviteurs
versé.
devant toi de ton bras, les fils
la plainte
du captif ;
de la mort.
sur nos voisins laquelle
sept fois ils t’ont insulté,
vers leur sein Seigneur.
·····························································································································
: 13 Et nous, : nous rendrons grâce : et d’âge
ton peuple à toi en âge
et les brebis à jamais nous raconterons
de ton pâturage, ta louange.
Le premier morceau est de type AAB. Alors que les deux premiers segments traitent des victimes humaines des « nations », le troisième segment s’attache au châtiment des « voisins » qui ont insulté le Seigneur. En ce sens ce dernier segment (12) s’oppose à celui du deuxième morceau, la « louange » de Dieu (13e) de la part de ceux qui parlent à la première personne du pluriel étant le contraire de « l’insulte » qui lui a été adressée par les païens. L’ENSEMBLE DU PSAUME La première partie de reliure (5) est une double question adressée à « Yhwh », la seconde (10ab) est aussi une double question, toujours adressée au Seigneur, la seconde question étant le complément de la première. La première partie de reliure interprète la ruine de Jérusalem de la première partie comme fruit de « la colère » divine ; elle prépare la partie centrale où le psalmiste demande que « la fureur » de Dieu se déverse non plus sur Israël mais « sur les nations ». La seconde partie de reliure elle aussi assure le passage de la partie centrale à la dernière partie : quand Dieu aura déversé sur elles « sa fureur » (6), quand il aura « aidé » et « délivré » son peuple (9), quand « la vengeance » se sera abattue sur elles (10cd), les nations ne pourront plus demander « où est leur Dieu » (10b). Les parties extrêmes commencent avec « les nations » (1b.10c), continuent avec « tes serviteurs » (2a.10d), puis « le sang » « versé » (3a.10d) et enfin « l’insulte », qui touche les fils d’Israël (4a) mais aussi le Seigneur (12b). La partie centrale commence elle aussi avec « les nations » (6a) et « ils ont mangé » de 7a rappelle « manger » de 2b. Les noms divins se retrouvent une fois dans chaque partie, « Dieu » (1b.9a.10b), « Yhwh » (5a), « Seigneur » (12b).
Le psaume 79 1
105
Psaume,
d’Asaph.
DIEU, elles ont souillé elles ont fait
elles sont venues, le Temple de Jérusalem
LES NATIONS
2
Elles ont donné (come) MANGER la chair
le cadavre pour l’oiseau de tes fidèles
DE TES SERVITEURS des cieux, aux bêtes
de la terre ;
ELLES ONT VERSÉ alentour
LEUR SANG de Jérusalem
comme de l’eau, et pas un
fossoyeur.
3
dans ton héritage,
de ta sainteté, des ruines.
···························································································································
– 4 Nous sommes – moquerie
L’INSULTE et risée
de nos voisins, de notre entourage.
YHWH, brûlera
t’irriteras-tu ? comme un feu
6
Déverse eux qui eux qui
ta fureur ne te connaissent pas, ton nom
sur LES NATIONS, et sur les royaumes, n’invoquent pas,
7
Jacob ils ont dévastée.
:: 5 Jusqu’à quand, :: Pour toujours
car ILS ONT MANGÉ et sa demeure
ta jalousie ?
···························································································
8
Ne te souviens pas des fautes
contre nous premières ;
vite, car sommes affligés
nous préviennent beaucoup.
tes tendresses,
··························································································· 9
Aide-nous, par égard
DIEU pour la gloire
de notre salut, de ton nom
et délivre-nous à cause de
et efface ton nom.
nos péchés,
diraient leur DIEU ? »
LES NATIONS
Que soit connue la vengeance
chez LES NATIONS DU SANG
sous nos yeux DE TES SERVITEURS,
VERSÉ ;
11
que vienne selon la grandeur épargne
devant toi de ton bras les fils
la plainte
du captif
12
sur nos voisins laquelle
:: 10 Pourquoi :: « Où (est)
et fais retomber
L’INSULTE
:
de la mort sept fois ILS T’ONT INSULTÉ,
vers leur sein SEIGNEUR.
···························································································································
+ 13 Et nous, + nous rendrons grâce + et d’âge en âge
ton peuple à toi nous raconterons
et les brebis à jamais ta louange.
de ton pâturage,
106
La deuxième section (Ps 79–83)
CONTEXTE « LA VENGEANCE DU SANG » Celui qui venge le sang versé — que Nb 35,9 appelle gō’ēl haddām — est le plus proche parent de la victime, son gō’ēl, qui a le devoir de le protéger et donc de verser le sang du meurtrier, selon le commandement donné à Noé : « qui verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé » (Gn 9,6). C’est en effet une question de justice qui doit être rétablie.
INTERPRÉTATION LE MALHEUR De but en blanc le psaume commence par le rappel du malheur, quand Jérusalem fut prise et son temple souillé par les païens, quand le sang des « serviteurs » de Dieu fut versé à flots et leurs cadavres abandonnés en pâture aux bêtes sauvages. Ce désastre hante l’esprit de ceux qui ont échappé au massacre et dont les yeux sont encore remplis de ses images atroces. Mais il ne s’agit pas là que d’un souvenir, d’un récit : ces mots sont adressés à « Dieu », dont le nom est prononcé en premier. Ils sonnent en réalité comme un appel au secours, et il n’est pas impossible d’y entendre aussi une sorte de reproche. LE PÉCHÉ Le malheur est attribué à la « colère » de Dieu (5) causée par le péché, « les fautes premières » (8b) de ceux qui, infidèles à l’alliance, ont provoqué le châtiment qui justement s’est abattu sur eux, « les péchés » aussi des survivants qui se trouvent présentement « captifs » (11a), cible des « insultes » des nations qui les tiennent en exil, loin de Jérusalem et de son temple en ruines. En implorant le pardon de Dieu, ils confessent par là-même qu’ils ont mérité la punition qui les a atteints. « À CAUSE DE TON NOM » C’est aux « tendresses » de Dieu que font appel ceux qui s’adressent à lui (8c), confiants qu’elles l’emportent sur sa « colère » (5a). Mais le levier principal sur lequel joue la supplication semble être « la gloire de son nom » (9). Comme si c’était avant tout pour lui-même, pour son honneur, que le Seigneur devait agir. En effet, les nations païennes ne le connaissent pas, « ils n’invoquent pas son nom » (6) et « la fureur » divine devrait les conduire à le reconnaitre et l’honorer. Ainsi ils ne pourraient plus dire : « Où est-il leur Dieu ? ».
Le psaume 79
107
L’INSULTE Les pauvres rescapés de la prise de Jérusalem et de la destruction de son temple sont devenus « l’insulte de leurs voisins » (4). Tout ce en quoi ils mettaient leur fierté, la beauté de leur ville, la solidité inexpugnable de ses remparts, la confiance dans le Dieu qu’ils honoraient en son temple, tout cela n’a pas résisté à l’assaut des nations. Et celles-ci ont beau jeu de rire et de se moquer d’eux. Cependant, l’insulte ne vise pas seulement les hommes, à travers les fils d’Israël elle atteint aussi et surtout le Dieu dans lequel ils avaient mis leur espérance : « Où est-il leur Dieu ? ». LOUANGE ET ACTION DE GRÂCE Ce n’est pas l’insulte qui aura le dernier mot. La foi d’Israël, mise radicalement à l’épreuve par la déportation et l’exil, ne fléchit pas. Après la plainte et la supplication, au nom de tout son peuple le psalmiste assure le Seigneur, d’abord qu’ils restent indéfectiblement « son peuple et le troupeau de son bercail » et que sa fidélité ne pourra que déboucher sur le salut et la libération implorés. L’action de grâce et la louange ne sauraient manquer de retentir « d’âge en âge » et « à jamais ».
2. LE PSAUME 80 TEXTE 1
Du maitre-de-chant, sur Les lys, témoignage, d’Asaph, psaume. 2 Toi-qui-pais Israël, écoute, qui conduis comme des brebis Joseph ; qui sièges sur les chérubins, resplendis ; 3 devant Éphraïm et Benjamin et Manassé, réveille ta vaillance et viens pour le salut de nous. 4 Dieu, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons sauvés. 5 Yhwh Dieu des Armées, jusqu’à quand fumeras-tu contre la prière de ton peuple ? 6 Tu leur as fait manger un pain de larme et les as abreuvés de larmes trois fois ; 7 tu nous as mis en querelle pour nos voisins et nos ennemis se moquent de nous. 8 Dieu des Armées, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons sauvés. 9 Une vigne d’Égypte tu as arrachée, tu as chassé des nations et tu l’as plantée ; 10 tu as nettoyé devant elle et elle a enraciné ses racines et elle a rempli le pays. 11 Étaient couvertes les montagnes de son ombre et de ses pampres les cèdres de Dieu ; 12 elle étendait ses sarments jusqu’à la Mer et vers le Fleuve ses rejetons. 13 Pourquoi as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, 14 la ravage le porc des forêts et la bête des champs la pait ? 15 Dieu des Armées, reviens donc, observe des cieux et vois, et visite cette vigne-là 16 et protège ce qu’a planté ta droite et le fils que tu as rendu fort pour toi. 17 Brûlée par le feu, coupée : à la menace de ta face qu’ils périssent. 18 Soit ta main sur l’homme de ta droite, sur le fils d’Adam que tu as rendu fort pour toi ; 19 et plus ne reculerons loin de toi, tu nous feras vivre et ton nom nous invoquerons. 20 Yhwh, Dieu des Armées, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés. V. 14
: « FORÊTS »
Dans le texte massorétique, le ‘ayn de miyyā‘ar (« de la forêt ») est placé en plus haut que la ligne, pour indiquer que c’est la lettre centrale du Psautier. V. 16A : « ET PROTÈGE
»
Le premier mot du verset est discuté. Certains sont d’avis qu’il s’agit de l’impératif de knn, « préserve », « protège », ce qui est appuyé par la Septante1 ; d’autres au contraire pensent que c’est un substantif — un hapax —, qui, en parallèle à « cette vigne », signifie « la souche », « le plant »2. V. 16B : « ET LE FILS
»
Le texte en soi ne fait pas de difficulté, mais le problème est de savoir ce que signifie ce « fils ». Certains l’assimilent au plant de vigne dont il vient d’être question, c’est-à-dire à Israël, d’autres au messie3.
1
Ainsi, par ex., Ravasi, II, 687 ; Hossfeld – Zenger, II, 310. Par ex., Hakham, II, 75 ; Vesco, 727 3 Voir Ravasi, II, 687-689 ; W.C. KAISER, Jr, « The Messiah of Psalm 80 », 388-390.392-393. 2
110 V. 17
La deuxième section (Ps 79–83) : « BRÛLÉE PAR LE FEU, COUPÉE... »
Les deux participes féminins se réfèrent à la « vigne » du verset précédent. On comprend qu’il s’agit d’une participiale, de sens causatif : c’est parce qu’ils l’ont brûlée qu’ils doivent périr.
COMPOSITION Les refrains (4.8.15-16.20), tous un peu différents, ont pour fonction de marquer la fin de quatre unités : 2-4 ; 5-8 ; 9-16 ; 17-20. Alors que la première et la dernière sont des supplications qui visent le futur, la deuxième et la troisième sont des rappels du passé, débouchant sur un présent de détresse ; elles sont marquées par deux questions (5 ; 13-14). La construction est spéculaire, mais la troisième partie se distingue des autres par sa longueur et sa complexité. LA PREMIÈRE PARTIE (2-4) + 2 Toi-qui-pais + qui conduis + qui sièges
Israël, comme des brebis sur les chérubins,
ÉCOUTE,
+ 3 devant :: RÉVEILLE :: et VIENS
Éphraïm ta vaillance
et Benjamin
Joseph, RESPLENDIS ;
et Manassé,
POUR LE SALUT de nous. ····································································································· = 4 Dieu, FAIS-NOUS REVENIR, = ET FAIS LUIRE ta face ET NOUS SERONS SAUVÉS.
Le premier morceau comprend deux trimembres, chacun comprenant deux impératifs ; au couple « Israël » – « Joseph » correspondent « Éphraïm », « Benjamin » et « Manassé », les cinq noms faisant partie du royaume du Nord. Le deuxième morceau (4) est lié au premier par les impératifs de seconde personne singulier et par « salut » – « sauver ». LA DEUXIÈME PARTIE (5-8) Le premier morceau commence par une question d’impatience, motivée par l’état désastreux du « peuple » dont se moquent leurs « voisins » et « ennemis ». Le refrain au contraire est une prière qui demande le salut.
Le psaume 80 + 5 Yhwh + jusqu’à quand
111
DIEU fumeras-tu
DES ARMÉES, contre la prière
– Tu leur as fait manger – et les as abreuvés
un pain de larmes
de larme trois fois ;
– 7 tu nous as mis – et nos ennemis
en querelle se moquent
pour nos voisins de nous.
6
de ton peuple ?
······································································································· = 8 DIEU DES ARMÉES, fais-nous revenir,
= et fais luire
ta face
et nous serons sauvés.
LE TROISIÈME PASSAGE (9-16) La première sous-partie (9-14) se développe en trois morceaux : les morceaux extrêmes disent l’action divine, d’abord positive (9-10) puis négative (13-14), tandis que le morceau central décrit son extension, verticalement sur les cèdres des montagnes, horizontalement d’Ouest en Est, de la Méditerranée à l’Euphrate (Gn 15,18). Les actions de Dieu (9-10a ; 13a) sont suivies par celles de la vigne (10bc) et de ses ennemis (13b-14). + 9 Une VIGNE + TU AS CHASSÉ
d’Égypte des nations
+ 10 TU AS NETTOYÉ = et elle a enraciné = et elle a rempli
devant elle ses racines le pays.
TU AS ARRACHÉE, et TU L’AS PLANTÉE ;
·········································································································
:: 11 Étaient couvertes :: et de ses pampres
les montagnes les cèdres
de son ombre de Dieu ;
:: 12 elle étendait :: et vers le Fleuve
ses sarments ses rejetons.
jusqu’à la Mer
·········································································································
– 13 Pourquoi = et la grappille
as-tu rompu tout passant
ses clôtures du chemin,
= 14 la ravage = et la bête
le porc des champs
des forêts la pait ?
= 15 Dieu = OBSERVE
des Armées, des cieux
et VOIS,
= et VISITE = 16 et protège = et le fils
cette VIGNE ce qu’A PLANTÉ que tu as rendu fort
là ta droite pour toi.
REVIENS
donc,
112
La deuxième section (Ps 79–83)
La seconde sous-partie (15-16) est une supplication qui demande à Dieu de « voir » (15ab) puis d’agir (15c-16). Les deux occurrences de « vigne » et « planter » (9 ; 15c-16a) font inclusion. LA QUATRIÈME PARTIE (17-20) – 17 Brûlée – à la menace
par le feu, de ta face
QU’ILS PÉRISSENT.
+ 18 SOIT-ta main + sur le fils d’Adam
sur l’homme que tu as rendu fort
de ta droite, pour toi,
+ 19 et plus + TU NOUS FERAS-VIVRE
ne reculerons et ton nom
loin de toi, nous invoquerons.
coupée :
·································································································································
= 20 Yhwh = FAIS-LUIRE
Dieu ta face
des Armées, FAIS-NOUS REVENIR, et nous serons sauvés.
Dans le premier morceau le premier segment annonce le châtiment de ceux qui ont brûlé la vigne plantée par Dieu, le suivant invoque le secours accordé par le Seigneur à un individu qui pourrait être le roi ou le chef du peuple ; le dernier enfin passe au « nous » du peuple. Le second morceau est le refrain. L’ENSEMBLE DU PSAUME Alors que les parties extrêmes sont des supplications, les deux autres sont des plaintes. Les quatre refrains marquent la fin de chaque partie. Les deux premiers (4.8) et le dernier (20) sont très proches, le vocatif initial s’enrichissant chaque fois d’un terme nouveau. Le troisième (15-16), qui commence comme le précédent (8a), est non seulement différent mais aussi le plus développé. « Dieu des armées » revient quatre fois, au début des trois derniers refrains (8.15.20), mais déjà au début de la deuxième partie (5). La dernière partie fait écho aux deux derniers membres du troisième refrain (16) en reprenant « ta droite » et « le fils [...] que tu as rendu fort pour toi » (18). Le dernier verbe de 14, « paitre », est le même que le premier du psaume (2). Le premier morceau de la deuxième partie et la première sous-partie de la troisième partie sont encadrés par les deux questions du psaume : « Jusqu’à quand » et « Pourquoi » (5 ; 13-14).
Le psaume 80 1
113
Du maitre-de-chant, sur Les lys, témoignage, d’Asaph, psaume. 2
TOI-QUI-PAIS Israël, ÉCOUTE, qui conduis comme des brebis Joseph, qui sièges sur les chérubins, RESPLENDIS ; 3 devant Éphraïm et Benjamin et Manassé, RÉVEILLE ta vaillance et VIENS pour le salut de nous. ················································································ 4
DIEU,
ET FAIS LUIRE
ta face
FAIS-NOUS REVENIR et nous serons sauvés.
Yhwh DIEU DES ARMÉES, JUSQU’À QUAND FUMERAS-TU contre la prière de ton peuple ? TU LEUR AS FAIT MANGER un pain de larme et LES AS ABREUVÉS de larmes trois fois ; 7 TU NOUS AS MIS en querelle pour nos voisins et nos ennemis se moquent de nous. 5 6
············································································
8
DIEU
DES ARMÉES,
ET FAIS LUIRE 9
ta face
FAIS-NOUS REVENIR et nous serons sauvés.
Une vigne d’Égypte TU AS ARRACHÉE, TU AS CHASSÉ des nations et TU L’AS PLANTÉE ; TU AS NETTOYÉ devant elle et ELLE A ENRACINÉ ses racines et ELLE A REMPLI le pays.
10
···························································································································· 11 12
Étaient couvertes les montagnes de son ombre et de ses pampres les cèdres de Dieu ; elle étendait ses sarments jusqu’à la Mer et vers le Fleuve ses rejetons.
····························································································································
POURQUOI AS-TU ROMPU ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, 14 la ravage le porc des forêts et la bête des champs la PAIT ? 13
15
DIEU
DES ARMÉES, REVIENS donc, des cieux et VOIS, et VISITE cette vigne-là 16 et protège ce qu’a planté TA DROITE et LE FILS OBSERVE
QUE TU AS RENDU FORT POUR TOI.
17
Brûlée par le feu, coupée, à la menace de ta face QU’ILS PÉRISSENT. SOIT ta main sur l’homme de TA DROITE, sur LE FILS d’Adam QUE TU AS RENDU FORT POUR TOI, 19 et plus ne reculerons loin de toi, TU NOUS FERAS VIVRE et ton nom nous invoquerons. 18
················································································ 20
Yhwh, DIEU ta face
FAIS LUIRE
DES ARMÉES,
FAIS-NOUS REVENIR,
et nous serons sauvés.
CONTEXTE « QUI SIÈGE SUR LES CHÉRUBINS » Ce titre divin (1S 4,4 ; 2S 6,2 ; 2R 19,15, etc.) fait référence aux deux chérubins qui se font face sur le couvercle de l’arche d’alliance, délimitant un espace où le Seigneur siège et d’où il parlera pour donner ses ordres (Ex 25,22)4.
4
Voir l’analyse d’Ex 20,10-40 (texte focalisé sur le verset 22) dans R. MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré, 178-179.
114
La deuxième section (Ps 79–83)
LES TRIBUS DE RACHEL Les trois tribus coordonnées en 3a — « Éphraïm et Benjamin et Manassé » — descendent de Rachel femme de Jacob : Benjamin le dernier et Éphraïm et Manassé, les deux fils de Joseph son premier fils. « Israël » de 2a peut désigner soit l’ensemble des douze tribus, soit seulement celles du nord, comme pourrait le faire penser « Joseph » mis en parallèle avec Israël en 2b. « FAIS-NOUS REVENIR » Le verbe peut signifier, « fais-nous revenir » d’exil ou « rétablis notre sort ». Le Ps 126 joue sur les deux significations5. « JUSQU’À LA MER ET VERS LE FLEUVE » Cette expression donne les limites occidentale et orientale du pays : « Tout lieu que foulera la plante de vos pieds sera vôtre ; depuis le désert, depuis le Liban, depuis le Fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu’à la mer Occidentale s’étendra votre territoire » (Dt 11,24). L’expression la plus fréquente est « du fleuve d’Égypte au grand fleuve, le fleuve Euphrate » selon la promesse à Abraham (Gn 15,18 ; voir aussi Jos 1,4 ; Is 27,12). « DIEU DES ARMÉES » L’expression peut faire référence aux armées du ciel, c’est-à-dire l’ensemble des astres (Ps 89,9 ; 148,2), qui sont sous le commandement de Dieu, mais aussi aux armées d’Israël que le Seigneur appuie. Ici, il n’y a pas de référence aux puissances des cieux (sauf peut-être en 15b).
INTERPRÉTATION MANGER OU ÊTRE MANGÉ « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ». Comme pour le Ps 23, la première image du psaume est celle du Berger d’Israël qui mène « paitre » ses « brebis ». En un contraste saisissant, celui que le Seigneur faisait vivre en le menant manger est réduit à être mangé par « la bête des champs » qui se repait de lui. Il devient même la proie du plus impur des animaux : voilà que « les brebis » du Seigneur deviennent la nourriture du « porc de la forêt ». C’est ainsi que sont désignés les « voisins » et « ennemis » d’Israël : une manière tragique pour le psalmiste de « se moquer » d’eux à son tour (7).
5
Voir Le Psautier. Cinquième livre, 377-384.
Le psaume 80
115
« FAIS-NOUS REVENIR » La description du malheur n’est pas circonstanciée. Le « fais-nous revenir » du refrain des débuts et de la fin (4.8.20) pourrait suggérer qu’il s’agit du retour de l’exil. Toutefois, la variante du troisième refrain, « reviens donc » (15a), de même que la suite, « visite cette vigne-là et protège ce qu’a planté ta droite », font plutôt penser à des incursions, des razzias, peut-être même des invasions qui mettent le pays en coupe réglée. C’est sur la terre d’Israël que le porc des forêts vient se rassasier, que la bête des champs vient paitre. Quoi qu’il en soit, une telle situation contre nature, en tout cas complètement opposée à la volonté de Yhwh, doit être renversée, rétablie. Le Seigneur doit « faire revenir » Joseph à ses pâturages. LE CHÂTIMENT DIVIN Les deux questions que le psalmiste adresse à Dieu attribuent le malheur présent à la « colère » qui l’a enflammé (5) et qui l’a fait briser les clôtures de sa vigne (13). Certes, le psaume ne contient ni confession du péché ni protestation d’innocence comme on peut en trouver ailleurs ; mais ces questions laissent penser que la conduite du Seigneur a été provoquée par l’infidélité de son peuple, une infidélité si grave qu’elle a assombri la face de Dieu qui ne resplendit plus sur Israël et qu’elle nécessite maintenant son salut. C’est que la vigne d’Israël n’a pas seulement été broutée, elle a été « brûlée », « coupée » (17). LA DROITE DU SEIGNEUR Le psalmiste semble penser que « la droite » du Seigneur ne saurait changer définitivement et que Dieu est fidèle à son alliance. C’est sa droite qui avait planté sa vigne (16), sa main sera « sur l’homme de sa droite » (18). Cet « homme », ce « fils d’Adam » est « le fils que tu as rendu fort pour toi » (16. 18). « De qui le prophète parle-t-il ? De lui-même ou de quelqu’un d’autre ? » (Ac 8,34). Le targum interprétera qu’il s’agit du roi, du messie, par lequel le salut de Dieu atteindra son peuple. Ce peut être, plus simplement, le peuple d’Israël, la vigne qu’il a transplantée d’Égypte et qui est appelé ailleurs « fils » du Seigneur : « D’Égypte j’ai appelé mon fils » (Os 11,1).
79,1 Psaume, d’Asaph. DIEU, elles sont venues, les nations dans ton héritage, elles ont souillé le Temple de ta sainteté, elles ont fait de Jérusalem des ruines. 2 Elles ont donné le cadavre de tes serviteurs comme MANGER pour l’oiseau des CIEUX, la chair de tes fidèles aux BÊTES de la terre ; 3 elles ont versé leur sang comme de l’eau, alentour de Jérusalem et pas un fossoyeur. 4 Nous sommes l’insulte de NOS VOISINS, MOQUERIE et risée de notre entourage. 5
JUSQU’OÙ, YHWH, t’irriteras-tu pour toujours,
BRÛLERA-T-ELLE
comme UN FEU ta jalousie ?
6
Déverse ta fureur sur les nations, eux qui ne te connaissent pas, et sur les royaumes, eux qui TON NOM n’invoquent pas, 7 car ILS ONT MANGÉ Jacob et sa demeure ils ont dévastée. 8 Ne te souviens pas contre nous des fautes premières ; vite, que nous préviennent tes tendresses, car sommes affligés beaucoup. 9 Aide-nous, DIEU de notre SALUT, par égard pour la gloire de TON NOM et délivre-nous et efface nos péchés, à cause de TON NOM. 10
POURQUOI diraient les nations :
« Où (est) leur DIEU ? »
Que soit connue chez les nations sous nos yeux la vengeance du sang de tes serviteurs, versé. 11 Que vienne vers ta face la plainte du captif ; selon la grandeur de ton bras épargne les fils de la mort. 12 Et fais retomber sur nos voisins sept fois vers leur sein, l’insulte laquelle ils t’ont insulté, SEIGNEUR. 13 Et nous, TON PEUPLE et LES BREBIS de ton PÂTURAGE, nous rendrons grâce à toi à jamais et d’âge en âge nous raconterons ta louange.
2 80,1 Du maitre-de-chant, sur Les lys, témoignage, d’Asaph, psaume. TOI-QUI-PAIS Israël, écoute, qui conduis comme DES BREBIS Joseph, qui sièges sur les chérubins, resplendis ; 3 devant Éphraïm, Benjamin et Manassé, réveille ta vaillance et viens pour le SALUT de nous. 4 DIEU, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons SAUVÉS. 5
YHWH DIEU DES ARMÉES, JUSQU’À QUAND fumeras-tu contre la prière de TON PEUPLE ? Tu leur as FAIT MANGER un pain de larme et les as abreuvés de larmes trois fois ; 7 tu nous as mis en querelle pour NOS VOISINS et nos ennemis SE MOQUENT de nous. 8 DIEU DES ARMÉES, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons SAUVÉS. 6
9
Une vigne d’Égypte tu as arrachée, tu as chassé des nations et tu l’as plantée ; tu as nettoyé devant elle et elle a enraciné ses racines et elle a rempli le pays. 11 Étaient couvertes les montagnes de son ombre et de ses pampres les cèdres de DIEU ; 12 elle étendait ses sarments jusqu’à la Mer et vers le Fleuve ses rejetons. 13 POURQUOI as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, 14 la ravage le porc des forêts et LA BÊTE des champs la PAIT ? 10
15 16
17
DIEU DES ARMÉES, reviens donc, observe des CIEUX et vois, et visite cette vigne-là et protège ce qu’a planté ta droite et le fils que tu as rendu fort pour toi.
BRÛLÉE par LE FEU, coupée, à la menace de ta face qu’ils périssent. 18 Soit ta main sur 19 l’homme de ta droite, sur le fils d’Adam que tu as rendu fort pour toi, et plus ne reculerons loin de toi, tu nous feras vivre et TON NOM nous invoquerons. 20 YHWH, DIEU DES ARMÉES, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons SAUVÉS.
La séquence 79–80
117
3. LA SÉQUENCE 79–80 – « Jusqu’où » et « Pourquoi » se trouvent en position symétrique dans le Ps 79 (5.10) et de même « Jusqu’à quand » et « Pourquoi » dans le Ps 80 (5.13) ; – « brebis » et « pâturage »/« toi qui pais » (79,13 ; 80,2) jouent le rôle de termes médians ; – « nos voisins » suivi de « moquerie/se moquent » reviennent en 79,4 et 80,7 ; « nos voisins » est repris aussi en 79,12 ; – à « les nations » de 79,6.10a correspond « les nations » de 80,9, accompagné de « nos ennemis » de 7 ; – les ennemis « ont mangé » Jacob (79,7), ils ont donné à « manger » leurs cadavres à l’oiseau du ciel (2) ; le Seigneur a « fait manger » à son peuple « un pain de larme » (80,6) ; – la chair des fidèles a été donnée « aux bêtes de la terre » (79,2) ; « la bête des champs » pait dans la vigne du Seigneur (80,14) ; les deux termes sont des synonymes ; – l’oiseau des « cieux » se repait du cadavre des serviteurs de Dieu (79,2) ; en 80,15, le psalmiste demande au Seigneur d’observer « des cieux » pour visiter son peuple ; – « brûler », qui traduit deux synonymes, est suivi de « feu » (79,5 ; 80,17) ; – dans le Ps 79, la divinité est appelée « Dieu » (1.9.10), « Yhwh » (5), « Seigneur » (12) ; dans le Ps 80, « Dieu » (4.11), « Dieu des armées » (8.15), « Yhwh Dieu des armées » (5.20) ; – « ton nom », c’est-à-dire celui du Seigneur, revient en 79,6.9bis et 80,19 ; – « salut/sauver » reviennent en 79,9 ; 80,3.4.8.20 ; – « ton peuple » revient en 79,13 et 80,5 ; – au « bras » de Dieu (79,11) correspond sa « droite » et sa « main » (80,16.18) ; – « ta face » de 80,4.8.17.20 apparaissait déjà en 79,11 ; – à « les fils de la mort » (79,11) s’oppose « le fils » que Dieu a « rendu fort » (80,16.18). Ce sont deux plaintes, supplications (79,6-9.10b-12 ; 80,2-4.15-16.17-18.20) en temps de malheur (79,1b-4 ; 80,6-7.9-14), qui s’achèvent sur une promesse de louange (79,13 ; 80,19).
II. SI VOUS M’ÉCOUTIEZ, À L’INSTANT J’ABATTRAIS VOS ENNEMIS
La deuxième séquence : le psaume 81 La deuxième séquence ne comprend qu’un seul psaume. TEXTE 1 Du maitre-de-chant, sur la guittite, d’Asaph. 2 Criez de joie pour Dieu notre force, acclamez le Dieu de Jacob, 3 élevez la psalmodie et donnez du tambourin, de la harpe douce avec la lyre, 4 sonnez à la néoménie du cor, à la pleine-lune au jour de notre fête ; 5 car un décret pour Israël lui, un jugement du Dieu de Jacob ; 6 un ordre en Joseph il a mis dans sa sortie contre la terre d’Égypte. Une lèvre que je ne savais pas j’entends : 7 « J’ai détourné du fardeau son épaule, ses paumes loin-du couffin ont passé. 8 Dans l’angoisse tu as crié et je t’ai libéré ; je te répondis dans la cache du tonnerre, je t’éprouvai aux eaux de Meriba. Selâ 9 Écoute, mon peuple, et je t’avertis, ô Israël, si tu m’écoutais ! 10 Qu’il n’y ait point chez toi un dieu d’emprunt et ne te prosterne pas à un dieu étranger ; 11 moi, (je suis) Yhwh, ton Dieu, qui t’ai fait monter de la terre d’Égypte. Ouvre-large ta bouche et je l’emplirai. 12 Et n’a pas écouté mon peuple ma voix et Israël n’a pas voulu de moi ; 13 et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur, ils marchent dans leurs projets. 14 Ah ! si mon peuple m’écoutait, si Israël dans mes voies allait ! 15 À l’instant leurs ennemis j’abattrais et contre leurs oppresseurs je tournerais ma main ; 16 les haïssant Yhwh l’aduleraient, et serait leur temps à jamais. 17 Et il lui ferait manger la fleur du froment et du rocher du miel je te rassasierais. »
V. 1
: « LA GUITTITE »
Comme dans le titre du Ps 8, ce nom a été interprété par les versions et le midrash comme dérivant de gat, « pressoir », ou de Gat : il s’agirait alors d’un instrument de musique ou d’un air lié à cette ville1. V. 6C
: « UNE LÈVRE »
Le terme est sans doute ambigu : il peut s’agir d’une « langue », comme dans le récit de Babel où il désigne l’unique « langue » que parlaient tous les hommes (Gn 9,1.6. etc. ; voir Is 19,18 : « la langue de Canaan »). Ce peut être aussi un « langage », une manière de parler, dont le sens est proche de « sa voix » (12a). V. 7
: « SON ÉPAULE, SES PAUMES »
Puisqu’il s’agit du début du discours de Dieu, on se serait attendu à des pronoms de deuxième personne ; mais les changements de personne ne sont pas rares en poésie. On le verra aussi dans le dernier verset dont le premier membre est à la troisième personne du singulier et le second à la deuxième personne.
1
Voir Le Psautier. Premier livre, 85.
120
La deuxième section (Ps 79–83)
COMPOSITION Le psaume comprend trois parties organisées de manière concentrique. La première (2-6b) est une invitation à la louange pour le don de la Loi ; dans la deuxième (6c-8) le Seigneur prend la parole pour rappeler au psalmiste ce qu’il a fait pour lui en le faisant sortir d’Égypte ; dans la dernière enfin, plus longue et complexe, le Seigneur invite son peuple à l’écouter (9-17). LA PREMIÈRE PARTIE (2-6B) + 2 Criez de joie + acclamez
pour Dieu LE DIEU
DE JACOB,
+ 3 élevez + de la harpe
la psalmodie douce
et donnez du tambourin, avec la lyre,
+ 4 sonnez + à la pleine-lune
à la néoménie au jour
du cor, de notre fête ;
notre force,
·····························································································
:: 5 car un décret :: un jugement
pour Israël DU DIEU
lui, DE JACOB ;
:: 6 un ordre :: dans sa sortie
en Joseph contre la terre
il a mis d’Égypte.
Dans le premier morceau le psalmiste incite les membres de son peuple à louer le Seigneur (2) avec chant et instruments (3) à l’occasion de la néoménie (4). Introduit par « car », le second morceau donne la raison de cette invitation : le don de la Loi — appelée, avec ses synonymes du Ps 119, « décret », « jugement », « ordre » en tête des trois premiers membres — au sortir de l’esclavage d’Égypte ; « Israël » et « Jacob » se trouvent en même position. D’un morceau à l’autre, « Dieu de Jacob » revient dans chaque morceau, en même position (2b.5b). LA DEUXIÈME PARTIE (6C-8) 6c
Une lèvre
que je ne savais pas
j’entends :
·············································································································
+ 7 « J’ai détourné + ses paumes
du fardeau loin-du couffin
son épaule, ont passé.
:: 8 Dans l’angoisse – je te répondis – je t’éprouvai
tu as crié dans la cache aux eaux
et je t’ai libéré ; du tonnerre, de Meriba.
L’unimembre initial introduit le discours de Dieu. Celui-ci commence à troisième personne, comme à la cantonade, tandis que dans le second segment Dieu
Le psaume 81
121
s’adresse à son peuple, à la deuxième personne du singulier. Ce segment trimembre est du type ABB’ : le premier membre fait allusion à la libération, les deux autres à ce qui arriva dans le désert après la traversée de la mer, le don de la Loi dans le tonnerre du Sinaï et la tentation de Massa et Meriba. LA TROISIÈME PARTIE (9-17) + 9 ÉCOUTE, + ô ISRAËL,
mon peuple, SI TU M’ÉCOUTAIS !
et je t’avertis,
······················································································································
: 10 Qu’il n’y ait point : et ne te prosterne pas
chez toi à un dieu
un dieu d’emprunt étranger ;
: 11 moi, : qui t’ai fait monter
(je suis) Yhwh, de la terre
ton Dieu, d’Égypte.
... Ouvre-large
ta bouche
et je l’emplirai.
– 12 Et N’A PAS ÉCOUTÉ – et ISRAËL
mon peuple n’a pas voulu
ma voix de moi ;
:: 13 et je les ai envoyé :: ils marchent
à la dureté dans leurs projets.
de leur cœur,
+ 14 Ah ! si mon peuple + si ISRAËL
M’ÉCOUTAIT, dans mes voies
allait !
······················································································································
: 15 À l’instant : et contre leurs oppresseurs
leurs ennemis je tournerais
j’abattrais ma main ;
: 16 les haïssant : et serait
Yhwh leur temps
l’aduleraient, à jamais.
... 17 Et il lui ferait manger ... et du rocher
la fleur du miel
du froment je te rassasierais. »
Tandis qu’au début des sous-parties extrêmes (9 ; 14) le Seigneur invite son peuple à l’écouter, au début de la sous-partie centrale, il constate qu’il n’en a rien fait (12). Le second morceau de la première sous-partie (10-11) explicite ce que veut dire « écouter » le Seigneur : n’adorer personne (10) excepté le Dieu qui l’a libéré (11ab) ; le morceau s’achève par un unimembre où le Seigneur promet de nourrir son peuple (11c). En position symétrique, le second morceau de la dernière sous-partie (15-17) dit ce qui arriverait si le peuple voulait bien écouter : le Seigneur assurerait la victoire sur ses ennemis (15-16) et dans le dernier segment, comme dans l’unimembre final de la première sous-partie (11c), la promesse des nourritures les
122
La deuxième section (Ps 79–83)
plus succulentes (17). Les derniers verbes, « je l’emplirai » (11c) et « je te rassasierais » (17b), indiquent tous deux la même abondance qui comble. Dans la sous-partie centrale, Dieu constate que son peuple n’a pas écouté, ce qui lui a valu d’être laissé à lui-même. L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
Du maitre-de-chant, sur la guittite, d’Asaph. 2
Criez de joie pour DIEU notre force, acclamez le DIEU de Jacob, élevez la psalmodie et donnez du tambourin, de la harpe douce avec la lyre, 4 sonnez du cor à la néoménie, à la pleine lune au jour de notre fête ; 3
···························································································································· 5
car il y a un décret pour ISRAËL, un jugement du DIEU de Jacob ; 6 un ordre il a mis en Joseph quand il sortit contre LA TERRE D’ÉGYPTE. J’entends une langue que je ne connaissais pas : 7 « J’ai détourné du fardeau son épaule, ses paumes ont passé le couffin. 8 Dans L’ANGOISSE tu as crié et je t’ai sauvé ; je te répondis dans la cache du tonnerre, je t’éprouvai aux eaux de Meriba. 9
Écoute, mon peuple, et je t’avertis, ISRAËL, si tu m’écoutais ! ········································································································· 10 Qu’il n’y ait point chez toi un DIEU d’emprunt et ne te prosterne pas à un DIEU 11 moi, je suis Yhwh, ton DIEU, qui t’ai fait monter de LA TERRE D’ÉGYPTE. Ouvre large ta bouche, 12 13
étranger ;
et je l’emplirai.
Mais mon peuple n’a pas écouté ma voix et ISRAËL n’a pas voulu de moi ; et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur, ils marchent dans leurs projets.
14
Ah ! Si mon peuple m’écoutait, si ISRAËL allait dans mes voies ! ········································································································· 15 À l’instant j’abattrais leurs ennemis et contre ses OPPRESSEURS je tournerais 16 ceux qui haïssent YHWH l’aduleraient et leur temps serait à jamais. 17
Et je lui ferais manger la fleur du froment
ma main ;
et du miel du rocher je te rassasierais. »
Au « décret », « jugement », « témoignage » par quoi s’achève la première partie (5-6) fait écho le rappel du premier commandement de la Loi dans la première sous-partie de la dernière partie (10-11a) ; ces versets s’achèvent également par le rappel de la sortie d’Égypte. Dans la première partie c’est le psalmiste qui invite le peuple à louer le Seigneur, dans la dernière c’est ce dernier qui appelle son peuple à l’écouter, semble-t-il sans succès. Dans les parties extrêmes « Israël » de 5 est repris trois fois en 9.12.14, « Dieu » (2bis.5) revient en 10bis.11a et il est appelé « Yhwh » en finale (16). Entre les deux dernières parties « angoisse » de 8 et « oppresseurs » de 15 sont de même racine.
Le psaume 81
123
Le nom d’« Israël » revient quatre fois (5.9.12.14) ; avec ceux de « Jacob » (2.5) et de « Joseph » (6), cela fait un total de sept et, en y ajoutant « mon peuple » (9.12.14) on arrive à dix. Ce sont trois nombre de totalité : quatre comme les quatre points cardinaux, sept comme les jours de la semaine, dix comme les dix paroles de la création et les dix du décalogue.
CONTEXTE NÉOMÉNIE, PLEINE LUNE, FÊTE Le premier jour du mois à la nouvelle lune ou néoménie est célébré liturgiquement (Lv 23,24 ; Nb 10,10 ; 1S 20,5.24 ; Am 8,5). De même la pleine lune au milieu du mois lunaire. « Fête » (ḥag) désigne les trois grandes fêtes de pèlerinage où tous devaient se rendre au temple de Jérusalem : Pâques, Pentecôte et Tentes. Il peut s’agir de la fête des Tentes, à la pleine lune du septième mois (Lv 23,34) où on lit la Loi, mais plus probablement peut-être de la Pâque, à la pleine lune du premier mois (Ex 12,1-14 ; Lv 23,5-6) à cause de la double mention de la sortie « de la terre d’Égypte » (Ps 81,6.11) suivie du don de la Loi au Sinaï. Quoi qu’il en soit, les trois fêtes de pèlerinage célèbrent toutes, chacune à sa manière, l’évènement pascal, depuis la sortie d’Égypte jusqu’au don de la Loi. DÉCRET, JUGEMENT, ORDRE Dans le Ps 119 ces trois termes font partie des huit synonymes de « Loi » ; ils y sont la plupart du temps au pluriel, mais « jugement » se trouve aussi au singulier au verset 84 et « ordre » au verset 88. LE FARDEAU, LE COUFFIN Les premiers mots prononcés par le Seigneur rappellent les durs travaux imposés aux Hébreux par les Égyptiens après la disparition de Joseph : fabrication des briques pour les grands travaux du Pharaon (Ex 1,11-14 ; 5,6-23). LE DÉCALOGUE Les versets 10-11 rappellent de près le début du décalogue, mais l’ordre des versets est interverti : « Moi (je suis) Yhwh ton Dieu qui t’ai fait sortir de la terre d’Égypte, de la maison des esclaves. Il n’existera pas pour toi d’autres dieux en face de moi (Ex 20,2-3 ; Dt 5,6-7). LA FLEUR DU FROMENT ET LE MIEL DU ROCHER L’expression consacrée pour qualifier la terre promise est « un pays ruisselant de lait et de miel » (Ex 3,8.17 ; Nb 13,27 ; etc.). Ici le lait est remplacé par « la
124
La deuxième section (Ps 79–83)
fleur (litt., la graisse, c’est-à-dire le meilleur) du froment ; « le miel du rocher » est le miel sauvage, donné directement par le Seigneur.
INTERPRÉTATION « J’ENTENDS UNE LANGUE QUE JE NE CONNAISSAIS PAS » Le centre des compositions concentriques recèlent souvent une énigme et le Ps 81 ne fait pas exception. En effet, comment un fils d’Israël pourrait avoir oublié ce qui constitue le premier article de son credo ? Comment ne connaitraitil pas les circonstances de sa libération de l’esclavage au pays d’Égypte, le don qui lui a été fait de la Loi au Sinaï, les épreuves qu’il a subies au désert ? Et cela d’autant plus qu’il vient d’appeler tout son peuple à célébrer la fête qui commémore et fait revivre ces évènements. « AH ! SI MON PEUPLE M’ÉCOUTAIT ! » Ce que le psalmiste — avec tout son peuple du reste — ne connaissait pas ne saurait être ce qui lui est arrivé au moment de l’exode. C’est, semble-t-il, la dernière partie qui le lui révèle. Malgré ses cris de joie et ses acclamations liturgiques, malgré son exaltation du « décret », du « jugement » et du « témoignage » dont il fait la louange, le fait est qu’il n’a pas écouté la voix du Seigneur, qu’il n’a pas voulu de lui (12). La Loi est belle et bonne, certes, encore faut-il l’observer. Si le Seigneur rappelle le premier commandement du décalogue (10-11), cela laisse entendre, clairement, qu’Israël a succombé à la tentation de l’idolâtrie. UN PÈRE POUR ISRAËL Le Seigneur est soucieux de la subsistance de ceux qu’il considère comme ses enfants. Il entend les défendre contre leurs ennemis, contre ceux qui en veulent à sa vie (15). Comme un père — comme une mère — sa préoccupation est de les rassasier (11b), et des meilleures nourritures qui soient, « fleur du froment » et « miel du rocher » (17). Lui qui s’était en quelque sorte détourné d’eux en ne leur adressant plus la parole depuis qu’il avait constaté leur infidélité (12-17), tout à la fin son cœur ne résiste plus et il lui parle à nouveau : « et du miel du rocher je te rassasierais ».
III. JUSQU’À TOUJOURS LES NATIONS CONNAITRONT TON NOM !
La troisième séquence : Ps 82–83 1. LE PSAUME 82 TEXTE 1
Psaume d’Asaph. Dieu se lève au conseil de El, au milieu des dieux il juge. 2 « Jusqu’à quand jugerez-vous (en) perversité et la face des méchants soutiendrez-vous ? selâ. 3 Jugez le faible et l’orphelin, au miséreux et à l’indigent rendez-justice ; 4 libérez le faible et le pauvre, de la main des méchants délivrez-les. 5 Ils ne savent pas et ne comprennent pas, dans la ténèbre ils marchent ; chancellent tous les fondements de la terre. 6 Moi, je dis : des dieux vous et des fils du Très-Haut, vous tous ; 7 certainement comme l’adam vous mourrez et comme un des princes vous tomberez. » 8 Dresse-toi, Dieu, juge la terre, car toi tu as en héritage toutes les nations.
La difficulté du psaume n’est pas d’ordre linguistique ou textuel. Le problème essentiel est d’identifier ceux auxquels Dieu s’adresse : les dieux de la cour céleste ou les responsables humains.
COMPOSITION Le corps du psaume est de construction concentrique. Les parties extrêmes se répondent : + 1b DIEU + au milieu
au conseil
SE LÈVE DES DIEUX
IL JUGE.
DIEU, tu as-en-héritage
toutes
de EL,
[...] + 8 DRESSE-TOI, + car toi
JUGE
la terre, les nations.
« Dieu » (’ĕlōhîm), deux fois dans la première partie, est repris une fois dans la dernière partie. Si la forme du terme est plurielle, cette dernière occurrence (8a) de même que la première (1b) désigne un être singulier, comme l’indiquent les verbes, « se lève » (1b), « juge » (1c.8a) « tu as en héritage » (8b). En revanche la deuxième occurrence (1c) renvoie à un pluriel, comme le signale le pluriel du verbe suivant : « Jusqu’à quand jugerez-vous » (2a). Quant à l’identification de « El » (’ēl, 1b), elle est discutée : ou bien il s’agit de la forme abrégée de ’ĕlōhîm et il s’agit donc du même personnage, le grand Dieu entouré de sa cour céleste formée par les « dieux » subalternes (’ĕlōhîm,
126
La deuxième section (Ps 79–83)
1c)1, ou bien au contraire El est la divinité principale du panthéon cananéen, qui préside le conseil divin, et « Dieu », qui désigne le Dieu d’Israël, est un des dieux qui se lève pour accuser les autres de ne pas juger avec droiture2. « Juger » revient en 1c et 8a, « se lever » (1b) et « se dresser » (8a) sont synonymes 1
Psaume
d’Asaph.
+ DIEU + au milieu
SE LÈVE DES DIEUX
au conseil IL JUGE.
:: 2 « Jusqu’à quand :: et la face
JUGEREZ-VOUS des méchants
(en) perversité soutiendrez-vous ?
– 3 JUGEZ .. au miséreux
le faible et à l’indigent
et l’orphelin, rendez-justice ;
– 4 libérez .. de la main
le faible des méchants
et le pauvre, délivrez-les.
- 5 Ils ne savent pas et ne comprennent pas, - dans la ténèbre ils marchent ; . chancellent tous les fondements
de LA TERRE.
:: 6 Moi, :: et des fils
j’avais dit : du Très-Haut,
DES DIEUX
– 7 certainement – et comme un
comme l’adam des princes
vous mourrez vous tomberez. »
DIEU, tu as en héritage
toutes
+ 8 DRESSE-TOI, + car toi
de EL,
vous
vous tous ;
JUGE
LA TERRE, les nations.
Pour l’organisation du reste du psaume (2-7), tout dépend de l’interprétation du verset 5. La question est double : qui parle, Dieu qui poursuit son discours, ou quelqu’un d’autre3 ? Quel est le référent du sujet des verbes de 5ab, les dieux ou leurs victimes humaines4 ? Si c’est Dieu qui parle tout au long de 2-7, ce discours sera tenu comme une seule partie organisée en trois morceaux ; si au contraire 5 est prononcé par le même locuteur que celui des parties extrêmes, ce sont trois parties, deux oracles divins (2-4 ; 6-7) qui encadrent le commentaire 1
Ainsi Kraus, II, 155 ; Ravasi, II, 712 ; Vesco 748. J.M. TROTTER, « Death of the ~yhla in Psalm 82 », 222-224 ; S.B. PARKER, « The Beginning of the Reign of God – Psalm 82 as Myth and Liturgy ». 3 La plupart est d’avis qu’il s’agit de « Dieu », mais certains pensent que 5 constitue la réponse ou la réaction des dieux ; ainsi S.B. PARKER, « The Beginning of the Reign of God », 539. 4 Voir deClaissé-Walford – al., 643. 2
Le psaume 82
127
du psalmiste (5)5. Il pourrait en aller de même si 5 était considéré comme une sorte d’aparté prononcé par Dieu. La deuxième partie, adressée aux « dieux » de 1c est de type ABB’. La question initiale est une accusation d’injustice, tandis que les deux autres segments, parallèles entre eux, sont une invitation à changer de conduite. « Juger » est repris en 2a et 3a, « faible » coordonné à « l’orphelin » en 3a et à « le pauvre » en 4a ; les deux occurrences de « méchants » se trouvent en même position dans les segments extrêmes (2b.4b). Dans l’avant-dernière partie (6-7) les deux segments s’opposent : du statut de « dieux », donc immortels, ils seront réduits à celui de simples hommes voués à la mort. La partie centrale (5) se distingue nettement des parties qui l’encadrent : elle n’est pas à la deuxième personne mais à la troisième personne du pluriel. C’est le seul trimembre du psaume : il est de type aa’b, le troisième membre donnant la conséquence dramatique de l’aveuglement des imputés. « Dieux » revient non seulement dans les parties extrêmes mais aussi dans la quatrième partie (6a), « juger » des parties extrêmes est repris deux fois dans la deuxième (2a.3a) ; « la terre » revient dans la partie centrale (5c) et dans la dernière (8a), ainsi que « tous » dans les derniers syntagmes : « tous les fondements de la terre » (5c), « toutes les nations » (8b).
CONTEXTE COURS HUMAINES ET COURS DIVINES Dans la littérature mésopotamienne et ougaritique abondent les textes qui décrivent la cour céleste où l’assemblée des dieux se réunit pour discuter, délibérer et prendre des décisions. Dans la Bible 1S 22,6-19 fournit un exemple d’une cour humaine, celle que préside le roi Saül assisté de ses serviteurs debout auprès de lui, pour faire comparaitre le prêtre Ahimelek qui avait prêté assistance à David en fuite (voir aussi 1R 22,19-22). L’introduction narrative du livre de Job met en scène la cour de Yhwh où le Satan s’avance parmi « les fils de Dieu » et où, par deux fois, il obtient du Seigneur la permission de tenter Job (Jb 1,6-12 ; 2,1-7 ; voir aussi Is 6). « QUAND LES FONDEMENTS SONT RUINÉS, LE JUSTE QUE FERAIT-IL ? » Le Ps 11 est focalisé sur cette question qui rappelle le centre du Ps 82 (Ps 11,3) ; la question est suivie par la présentation du Seigneur dans son temple céleste : « Yhwh dans le temple de sa sainteté, Yhwh dans les cieux son trône » (Ps 11,4). 5
Hossfeld – Zenger, II, 331-332.
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La deuxième section (Ps 79–83)
« N’EST-IL PAS ÉCRIT DANS VOTRE LOI : J’AI DIT : VOUS ÊTES DES DIEUX » Les Juifs voulaient lapider Jésus parce que, n’étant qu’un homme, il se faisait Dieu. 34
Jésus leur répondit : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? 35 Alors qu’elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu fut adressée — et l’Écriture ne peut être récusée — 36 à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde vous dites : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis Fils de Dieu ! 37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ; 38 mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces œuvres, afin de reconnaitre une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Père. » (Jn 10,34-38).
Pour Jésus « les dieux » du psaume ne sont pas des divinités, mais les hommes chargés de faire les œuvres de Dieu, c’est-à-dire d’exercer la justice en faveur des pauvres et des humiliés.
INTERPRÉTATION Les commentateurs du psaume empruntent deux voies différentes : les uns prennent le texte au pied de la lettre et voient dans la scène une représentation mythique où des divinités ayant failli dans l’administration de la justice en divers point de la terre sont déchues, privées de l’immortalité, condamnées à mort6. Le discours serait à dominante anti-idolâtrique, exaltant le monothéisme. Pour d’autres au contraire il s’agit d’une critique des responsables humains, des juges qui pervertissent la justice au détriment des plus faibles ; le discours serait essentiellement de type prophétique, présentant la dénonciation de l’injustice sociale sous les traits et avec les images du conflit entre les divinités subalternes et le grand Dieu qui préside leur conseil. Une troisième voie cherche à concilier les deux précédentes7. L’articulation entre les deux voies principales est quelquefois attribuée à deux époques successives, la première remontant à la période monarchique et peut-être même pré-monarchique, la seconde aux temps postexiliques8. L’INJUSTICE FAIT CHANCELER TOUS LES FONDEMENTS DU MONDE Ce que les juges iniques ne savent pas, ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que leur injustice met en péril l’équilibre du monde, que celui-ci risque de s’écrouler par leur faute. Et il ne s’agit pas seulement d’une parmi les multiples colonnes qui soutiennent la terre qui est mise en danger, ce sont « tous les fondements de la terre » qui sont ébranlés. Le mépris des plus faibles, leur exploitation par les « méchants » sont considérés par le Seigneur comme le danger le plus grand pour le sort du monde entier. 6
Voir, entre autres, Vesco, 747. Voir, par exemple, Hossfeld – Zenger, II, 330-331. 8 Voir Ravasi, II, 713-714 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 149-153. 7
Le psaume 82
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UN APPEL PRESSANT Le discours de Dieu commence par une dénonciation de l’injustice des juges qui prennent parti pour les « méchants », ceux qui oppriment les petits sans défense. Sa préoccupation se porte, de manière lancinante, sur « le faible et l’orphelin », sur « le miséreux et l’indigent », sur « le faible et le pauvre ». L’accumulation des termes synonymes donne l’impression d’une foule de démunis, et surtout de l’intérêt que leur porte le Seigneur. Mais cet appel restera sans effet, ne sera pas écouté. LA PEINE CAPITALE Alors, pour sauver les opprimés, le seul remède sera la destruction de leurs bourreaux. Les juges injustes — et les dieux qui les soutiennent et les inspirent — devront payer de leur vie leur aveuglement et leur entêtement. Ils avaient reçu le rang de « dieux », de « fils du Très-Haut », avec pour mission divine d’arracher les exploités des crocs de ceux que le psalmiste appelle « les méchants ». Ayant failli aux responsabilités qui leur avaient été dévolues, ils en sont déchargés, et radicalement. Ayant méprisé la vie des autres, des petits, ils en sont privés eux aussi. Leur crime est si ignoble qu’ils méritent la peine capitale, un châtiment proportionné à leur faute. C’est dire en fait que la protection des petits est, pour le Seigneur — comme pour les victimes —, une question de vie ou de mort. DES JUGES IDOLÂTRÉS Les juges pervers se prennent pour des dieux et, dans la pratique, leurs victimes les traitent effectivement comme tels. Il faut se prosterner, s’écraser devant eux pour reconnaitre et confesser leur pouvoir, pour obtenir leur protection. On leur propose des pots-de-vin comme on présente des offrandes aux dieux, pour obtenir leur complaisance, pour l’acheter. On les encense, et en privé et en public, pour détourner leur colère et attirer leur bienveillance. Les comportements idolâtres ne sont pas, et de loin, réservés à la sphère religieuse ; ils s’étendent au domaine politique et, en particulier, judiciaire. INVOCATION AU DIEU UNIQUE Le psaume commençait par la représentation de la cour céleste où le Seigneur, entouré de divinités subalternes, apparaissait en juge, comme leur juge. En finale quelqu’un prend la parole pour interpeler ce même « Dieu », désormais seul, les autres « dieux » ayant disparu. Ce locuteur peut être identifié comme le psalmiste, mais il n’est pas interdit de penser que c’est l’un des « faibles » dont le Seigneur a pris la défense et qui les représente tous. Ils prennent ainsi la place des « dieux » d’injustice et ce sont eux désormais qui forment « le conseil de El » et lui demandent de « juger la terre », de rétablir la justice dans « toutes les nations ».
2. LE PSAUME 83 TEXTE 1
Psaume, chant, d’Asaph. 2 Dieu, pas de répit pour toi, ne sois pas sourd-muet et ne sois pas en repos, El, 3 car voici que tes ennemis grondent et tes haïssant lèvent la tête. 4 Contre ton peuple ils trament en secret et ils conspirent contre tes protégés ; 5 ils ont dit : « Allez et effaçons-les (comme) nation et on ne se souviendra du nom d’Israël plus ! » 6 Ils conspirent tous d’un seul cœur, contre toi ils coupent une alliance : 7 les tentes d’Édom et les Ismaélites, Moab et les Hagrites, 8 Guébal et Ammon et Amaleq, la Philistie avec les habitants de Tyr ; 9 même Assur s’est joint à eux, ils ont été un bras pour les fils de Lot. Selâ. 10 Fais pour eux comme pour Madiân, comme pour Sisera, comme pour Yabîn au torrent de Qishôn ; 11 ils furent exterminés à En-Dor, ils ont été du fumier pour l’humus. 12 Traite leurs princes comme Oreb et comme Zéeb et comme Zébah et comme Çalmunna tous leurs chefs, 13 eux qui avaient dit : Nous hériterons pour nous des herbages de Dieu. 14 Mon Dieu, traite-les comme une roue d’acanthe, comme paille face au vent. 15 Comme un feu qui brûle une forêt, comme la flamme qui enflamme des montagnes ; 16 ainsi poursuis-les de ta tempête et par ton ouragan épouvante-les. 17 Remplis leur face d’ignominie et qu’ils cherchent ton nom, Yhwh. 18 Qu’ils rougissent et soient épouvantés jusqu’à toujours et qu’ils soient confus et se perdent, 19 et qu’ils sachent que toi ton nom Yhwh, toi seul, le Très-Haut sur toute la terre.
Le psaume ne présente aucun problème textuel ou lexicographique.
COMPOSITION Le psaume comprend quatre parties qui se correspondent de manière spéculaire. Les deux parties centrales sont formées de deux sous-parties. LA PREMIÈRE PARTIE (2-3) – 2 DIEU, – ne sois pas sourd
pas de répit et ne sois pas en repos,
pour toi, EL,
:: 3 car voici que :: et tes haïssant
tes ennemis lèvent
grondent la tête.
Dans le premier bimembre, les noms divins au vocatif sont placés aux extrémités. Introduit par « car », le second segment donne la raison de la supplication adressée à Dieu dans le premier segment ; les sujets des deux propositions, « tes ennemis » et « tes haïssant » sont synonymes.
132
La deuxième section (Ps 79–83)
LA DEUXIÈME PARTIE (4-9) + 4 Contre ton peuple :: et ils conspirent
ils trament contre tes protégés ;
en secret
« Allez - 5 ils ont dit : - et on ne se souviendra du nom
et effaçons-les d’Israël
:: 6 Ils conspirent + contre toi
d’un cœur une alliance
ensemble, ils coupent :
– 7 les tentes – Moab
d’Édom et les Hagrites,
et les Ismaélites,
– 8 Guébal – la Philistie
et Ammon avec les habitants
et Amaleq, de Tyr ;
= 9 même Assur = ils ont été
s’est joint un bras
avec eux, pour les fils-de Lot.
(comme) nation plus ! »
La première sous-partie (4-6) décrit la rébellion, la deuxième (7-9) énumère les peuples révoltés. La première sous-partie est de construction concentrique : la conspiration est à la fois « contre » Israël et « contre » Dieu (4a.6b) et, au centre, les mots de la conjuration qui doit faire disparaitre celui que Dieu protège (5). Dans la deuxième sous-partie, « les fils de Lot » (9b) sont « Moab » (7b) et « Ammon » (8b), mentionnés dans les seconds membres ; « avec » agrafe les deux derniers segments (8b.9a). LA TROISIÈME PARTIE (10-16) Dans la première sous-partie (10-13) le psalmiste demande au Seigneur de traiter ses ennemis comme ceux du passé, dans la deuxième (14-16) comme de faibles éléments de la nature. Les deux morceaux de la première sous-partie sont parallèles entre eux. Les premiers segments commencent par un impératif, suivi de trois ou quatre « comme » ; le deuxième segment du premier morceau donne la conséquence de l’intervention divine, le deuxième segment du second morceau rappelle la raison pour laquelle les ennemis ont été châtiés. Les deux premiers segments de la deuxième sous-partie (14-15) représentent le premier terme de la comparaison et le dernier segment (16), introduit par « ainsi », le deuxième terme. « Dieu » et « mon Dieu » (13b-14a) jouent le rôle de termes médians ; les deux premiers membres de la deuxième sous-partie contiennent quatre « comme », comme les premiers segments de la première sous-partie en contiennent sept (1012). « Traiter » à l’impératif revient en 12a et en 14a.
Le psaume 83 + 10 Fais pour eux + COMME pour Sisera, 11
= ils furent exterminés = ils ont été
COMME COMME
pour Madiân pour Yabîn
à Endu fumier
133
au torrent
de Qishôn ;
Dor, pour l’humus.
··························································································································· 12
+ TRAITE + et COMME Zébah
leurs princes et COMME Çalmunna
COMME Oreb tous leurs chefs,
et COMME Zéeb
– 13 eux qui – Nous hériterons
avaient dit : pour nous
des herbages
de DIEU.
:: 14 MON DIEU, :: COMME paille
COMME une roue au vent,
d’acanthe,
face
:: 15 COMME un feu :: COMME la flamme
qui brûle qui enflamme
une forêt, des montagnes ;
.. 16 ainsi .. et par ton ouragan
poursuis-les épouvante-les.
de ta tempête
TRAITE-les
LA QUATRIÈME PARTIE (17-19) Dans le premier segment le premier membre dit l’action de Dieu, le second sa conséquence sur ceux qu’il aura corrigés. Les deux segments suivants reprennent la même logique : l’épouvante et la honte qui les frapperont (18) les conduiront à reconnaitre le nom du Seigneur (19) : « ton nom + Yhwh » reviennent en 17b et 19a. + 17 Remplis = et qu’ils cherchent
leur face ton NOM,
d’ignominie YHWH.
– 18 Qu’ils rougissent – et qu’ils soient confus
et soient épouvantés et se perdent,
jusqu’à toujours
= 19 et qu’ils sachent = le seul,
que toi le Très-Haut
ton NOM sur toute
YHWH, la terre.
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La deuxième section (Ps 79–83)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
Psaume, chant, d’Asaph. 2 3
DIEU, pas de répit pour toi, ne sois pas sourd-muet et ne sois pas en repos, EL, car voici que tes ennemis grondent et tes haïssant lèvent la tête. 4
Contre ton peuple ils trament en secret et ils conspirent contre tes protégés. ILS ONT DIT : « Allez, effaçons-les comme nation et on ne se souviendra plus du NOM d’Israël ! » 6 Ils conspirent d’un seul cœur, contre toi ils coupent une alliance : 5
7
les tentes d’Édom et les Ismaélites, Moab et les Hagrites, Guébal et Ammon et Amaleq, la Philistie avec les habitants de Tyr ; 9 même Assur s’est joint à eux, ils ont été un bras pour les fils de Lot. 8
10
Fais pour eux comme pour Madiân, comme pour Sisera, comme pour Yabîn au torrent de Qishôn ; 11 ils furent exterminés à En-Dor, ils ont été du fumier pour l’humus. 12
Traite leurs princes comme Oreb et comme Zéeb et comme Zébah et comme Çalmunna tous leurs chefs, 13 EUX QUI AVAIENT DIT : « Nous hériterons pour nous des herbages de DIEU. » 14
MON DIEU, traite-les comme une roue d’acanthe, comme paille face au vent. Comme un feu qui brûle une forêt, comme la flamme qui enflamme des montagnes ; 16 ainsi poursuis-les de ta tempête et par ton ouragan ÉPOUVANTE-LES. 15
17
Remplis leur face d’ignominie et qu’ils cherchent ton NOM, YHWH. Qu’ils rougissent et SOIENT ÉPOUVANTÉS jusqu’à toujours et qu’ils soient confus et se perdent, 19 et qu’ils sachent que toi ton NOM YHWH, toi seul, le Très-Haut sur toute la terre. 18
Les parties extrêmes contiennent chacune deux noms divins : dans la première « Dieu » (’ĕlōhîm) et « El » (’ēl), dans la dernière partie les deux occurrences de « Yhwh » (17.19). Les parties centrales se correspondent en miroir : la seconde sous-partie de la deuxième partie (7-9) et la première sous-partie de la troisième partie (10-13) contenant les noms des ennemis d’Israël et de Dieu. Introduits par « dire », leurs deux discours se correspondent (5.13), s’achevant avec le nom d’« Israël » et de « Dieu ». Au « nom » d’Israël (5) dans la deuxième partie correspond le « nom » de Yhwh » dans la dernière (17.19). « Épouvanter » se retrouve dans les deux dernières parties (16.18).
Le psaume 83
135
CONTEXTE LES DIX PEUPLES COALISÉS CONTRE ISRAËL ET CONTRE DIEU « Édom » fils d’Isaac, frère jumeau et ennemi de Jacob-Israël (Gn 25,19-34 ; 27–28 ; 32–33), se trouve au sud d’Israël et au sud-est ; au sud d’Édom sont les « Ismaélites », descendants d’Ismaël, fils d’Abraham et de sa servante Agar (Gn 16 ; 21,1-21). Au nord d’Édom et à l’est du Jourdain, « Moab », fils incestueux de Lot, neveu d’Abraham (Gn 19,30-38) ; les Hagrites, descendants d’Agar, sont situés à l’est de Galaad. Guébal, probablement au sud de la Mer Morte, est accompagné d’Ammon, autre fils incestueux de Lot, dont le territoire se trouve au nord de celui de son frère Moab au-delà du Jourdain ; Amaleq, ennemi mortel d’Israël, est une tribu nomade vivant au sud, dans le Néguev (Ex 17,8-16). La pentapole philistine est située sur la côte sud de la Méditerranée et Tyr, capitale phénicienne, se trouvait sur une île toute proche du littoral méditerranéen au nord d’Israël. L’identification d’« Assur » et donc sa localisation sont discutées : il s’agit soit d’une tribu de la Transjordanie (Gn 25,3.18), soit de la capitale de l’empire assyrien. Le Ps 83 n’est pas le seul qui fournit une liste des ennemis d’Israël. Le livre d’Amos, par exemple, commence par une série d’oracles contre les nations païennes qui entourent Israël, présentées dans un ordre différent de celui du Ps 83 : Damas (1,3-5) et Gaza (6-8), Tyr (9-10) et Édom (11-12), Ammon (13-15) et Moab (2,1-3)1. LES SEPT VICTIMES DU CHÂTIMENT DIVIN Les tribus nomades de Madiân vivant au nord de l’Arabie menaient des razzias contre les sédentaires israélites et ils les opprimèrent durant sept ans. Ils furent vaincus par Gédéon (Jg 6–8) ; Oreb et Zéeb étaient parmi leurs chefs (Jg 7,25) ainsi que Zébah et Çalmunna (Jg 8,5). Sisera était le chef de l’armée de Yabîn, roi cananéen régnant à Haçor, qui avait opprimé les fils d’Israël pendant vingt ans. Ils furent défaits par Debora et Baraq au torrent de Qishôn où ils avaient installé leur camp ; Sisera s’enfuit à pied et demanda asile à Yaël, femme de Héber le Qénite, qui l’endormit et le tua (Jg 4–5). Tous ces ennemis sont de l’époque des Juges.
1
Voir P. BOVATI – R. MEYNET, Le livre du prophète Amos, 40-67.
136
La deuxième section (Ps 79–83)
INTERPRÉTATION CONSPIRATION GÉNÉRALE D’entrée de jeu, ceux qui veulent détruire Israël sont dit ennemis de Dieu ; c’est « contre son peuple » qu’« ils trament en secret » (4), mais c’est par haine de son Dieu (3), c’est contre lui qu’ils scellent une alliance (6). La conspiration rassemble toutes les nations et les tribus voisines d’Israël qui l’entourent de tous côtés (7-9). Aux peuples qui lui sont apparentés de près ou de loin, Édom et Ismaël, Moab et Ammon, se sont unis des étrangers en nombre, Philistie au sud et Tyr au nord, et jusqu’à Assur. Aux jours d’Esther, c’était un homme, Aman, qui avait fait le projet d’éliminer tous les juifs répandus dans l’immense empire du roi Assuérus, aujourd’hui c’est la violence de tous qui se concentre contre le petit pays d’Israël. LA JALOUSIE On se demandera quelle peut être la raison d’un tel déchainement. Il ne fait aucun doute que c’est la jalousie qui met en mouvement cette meute acharnée. En tuant le fils, ils entendent capter « l’héritage » qu’il a reçu de son père, « les herbages de Dieu » (13). En spoliant l’héritier, c’est aussi le Dieu qui avait légué ses herbages à Israël qu’ils vont déposséder. Ils sont jaloux des bienfaits dont le Seigneur a comblé Israël : comme les Madianites « aussi nombreux que les sauterelles » qui « dévastaient les produits du pays », qui « ne laissaient à Israël aucun moyen de subsistance » (Jg 6,4-5). UN CHÂTIMENT EXEMPLAIRE La punition appelée sur la coalition qui serre Israël de tous côtés est proportionnée à son crime. Les tribus nomades de Madian soumettaient les fils d’Israël à des razzias systématiques, volant leurs troupeaux, pillant le blé au moment du battage. Comme par les ennemis de l’extérieur, ainsi ceux de l’intérieur, les Cananéens qui opprimaient Israël, s’arrogeaient « les pâturages de Dieu ». C’est pourquoi le psalmiste appelle sur les ennemis d’aujourd’hui les châtiments qui s’étaient abattus sur ceux d’hier. LE NOM D’ISRAËL ET CELUI DU SEIGNEUR En voulant supprimer radicalement « le nom » d’Israël (5), c’est celui de son Dieu que ses ennemis entendent détruire. En achevant sa prière le psalmiste se garde bien de demander au Seigneur que ses ennemis subissent le sort dont ils rêvent pour leurs victimes. S’il supplie son Dieu de les remplir d’« ignominie », de honte et d’épouvante, c’est afin que leur confusion les conduise à « chercher » le nom de Yhwh (17). On est donc à mille lieux de la vengeance. Ce que le suppliant désire, ce n’est pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et
Le psaume 83
137
qu’il vive. Il inscrit ainsi son désir dans celui de son Seigneur : « Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur Yhwh. Convertissezvous et vivez ! » (Ez 18,32)2.
2
Cette analyse rejoint celle d’A. WÉNIN, Le livre des Louanges, 119-131.
3. LA SÉQUENCE 82–83 82,1 Psaume d’Asaph. DIEU se lève au conseil de EL, au milieu des dieux il juge. 2
« Jusqu’à quand jugerez-vous (de façon) perverse et la face des méchants LÈVEREZ-VOUS ? 4 Jugez le faible et l’orphelin, au miséreux et à l’indigent rendez-justice ; libérez le faible et le pauvre, de la main des méchants délivrez-les. 3
5
ILS NE CONNAISSENT PAS et ne comprennent pas, chancellent tous les fondements de la terre.
dans la ténèbre ils vont ;
6
MOI, J’AVAIS DIT : des dieux vous et des fils du TRÈS-HAUT, vous tous ; comme l’adam vous mourrez et comme un des princes vous tomberez. » 8
Dresse-toi, DIEU, juge LA TERRE,
7
certainement
car toi tu as en héritage TOUTES LES NATIONS.
83,1 Psaume, chant, d’Asaph. 2 DIEU, pas de répit pour toi, ne sois pas sourd-muet et ne sois pas en repos, EL, 3 car voici que tes ennemis grondent et tes haïssant LÈVENT la tête. 4
Contre ton peuple ils trament en secret et conspirent contre tes protégés, ILS ONT DIT : « Allez, retranchons-les des NATIONS et on ne se souviendra plus du nom d’Israël ! » 6 Ils conspirent tous d’un seul cœur, contre toi ils scellent une alliance : 5
7
les tentes d’Édom et les Ismaélites, Moab et les Hagrites, Guébal et Ammon et Amaleq, la Philistie avec les habitants de Tyr ; 9 même Assur s’est joint à eux, ils ont été un bras pour les fils de Lot. 8
10
Fais pour eux comme pour Madiân, comme Sisera, comme pour Yabîn au torrent de Qishôn ; 11 ils furent exterminés à En-Dor, ils ont été du fumier pour l’humus. ··························································································································· 12
Traite leurs princes comme Oreb et comme Zéeb et comme Zébah et comme Çalmunna tous leurs chefs, 13 EUX QUI AVAIENT DIT : « Nous hériterons pour nous des herbages de DIEU. » 14
MON DIEU, traite-les comme une roue d’acanthe, comme paille face au vent. Comme un feu qui brûle une forêt, comme la flamme qui enflamme des montagnes ; 16 ainsi poursuis-les de ta bourrasque et par ton ouragan épouvante-les. 15
17
Remplis leur face d’ignominie, et qu’ils cherchent ton nom, YHWH. Qu’ils rougissent et soient épouvantés jusqu’à toujours et qu’ils soient confus et se perdent, 19 et QU’ILS CONNAISSENT que toi ton nom YHWH, toi seul, TRÈS-HAUT sur TOUTE LA TERRE. 18
La séquence 82–83
139
– Les deux noms de « Dieu » (’ĕlōhîm) et El (’ēl) remplissent la fonction de termes initiaux, aux extrémités du premier membre en 82,1, du premier segment en 83,2 ; « Dieu » revient à la fin de 82, mais à la fin de 83, ce sont deux occurrences de « Yhwh » (83,17.19) ; – « Très-Haut » revient en 82,6 et 83,19 ; – les dieux « lèvent » la face des méchants (82,2), ceux qui haïssent Dieu « lèvent » la tête (83,3) ; – au centre de 82, « ils ne connaissent pas » (82,5) et à la fin de 83, le psalmiste demande « qu’ils connaissent » (83,19) ; – en termes finaux « car/que toi » (le même kî-’attâ), « la terre » – « toutes les nations » et « toute la terre » (82,8 ; 83,19) ; « nations » revient aussi en 83,5 ; – à « moi, j’avais dit » (82,6) correspondent « ils ont dit » et « eux qui avaient dit » (83,5.13) ; – « face » revient en 82,2 et 83,14.17 ; – « ils vont » de 82,5 est repris par « allez » de 83,5 ; – « héritage » et « nous hériterons » (82,8 ; 83,13) sont de racines différentes ; – « princes » (82,7 ; 83,12) traduisent deux synonymes. Il s’agit de deux plaintes, où la dénonciation du crime (82,2-4 ; 83,4-9) est suivie par une demande de châtiment (82,6-7 ; 83,10-16). Chaque psaume s’achève de manière positive, « toutes les nations » étant reconnues comme « héritage » de Dieu (82,8) et étant appelées à « chercher » le nom de Dieu et à « connaitre » que son nom est Yhwh (83,17.19).
IV. L’ENSEMBLE DE LA DEUXIÈME SECTION (79–83) 1. COMPOSITION LES RAPPORTS ENTRE LES SÉQUENCES EXTRÊMES (79–80 ET 82–83) – À « jusqu’où » de 79,5 (suivi de « pour toujours ») correspond « jusqu’à quand ? » en 80,5 et en 82,2 ; le dernier psaume ne contient pas de question analogue mais dans sa dernière partie se trouve l’affirmation « jusqu’à toujours » (83,18) ; et le premier psaume s’achevait déjà avec « à jamais et d’âge en âge » (79,13) ; – les synonymes « héritage/hériter » reviennent en 79,1 ; 82,8 ; 83,13 ; – « brûler » et « feu » se trouvent dans trois psaumes (79,5 ; 80,17 ; 83,15) ; – « les nations » reviennent partout (79,1.6.10bis ; 80,9 ; 82,8 ; 83,5) ; – les nations et les méchants « ne connaissent pas » (79,6 ; 82,5), mais le psalmiste souhaite qu’ils le « connaissent » (79,10 ; 83,19) ; – « nom » est repris en 79,6.9bis ; 80,19 ; 83,5.17.19 ; il s’agit du nom de Dieu (« ton nom »), sauf en 83,5 où c’est le nom d’Israël ; – « face » revient en 80,4.8.17.20 ; 82,2 ; 83,14.17 ; – « Israël » de 80,2 est repris en 83,5 ; – à « écoute » au début de 80 (2) correspond « ne soit pas sourd-muet » au début de 83 (2). Les quatre psaumes sont des plaintes, comprenant lamentation sur le malheur présent et supplications (voir p. 117.139).
142
La deuxième section (Ps 79–83)
Ps 79,1 Psaume, d’Asaph. DIEU, elles sont venues les nations dans ton HÉRITAGE, ils ont souillé le Temple de ta sainteté, ils ont fait de Jérusalem des ruines. 2 Ils ont donné le cadavre de tes serviteurs comme manger pour l’oiseau des cieux, la chair de tes fidèles aux bêtes de la terre ; 3 ils ont versé leur sang comme de l’eau alentour de Jérusalem, et pas un fossoyeur. 4 Nous sommes l’insulte de nos voisins, moquerie et risée de notre entourage. 5 JUSQU’OÙ, YHWH, ta colère POUR TOUJOURS ? BRÛLERA-t-elle comme UN FEU ta jalousie ? 6 Déverse ta fureur sur les nations, eux qui NE TE CONNAISSENT PAS, et sur les royaumes, eux qui TON NOM n’invoquent pas, 7 car ils ont mangé Jacob et sa demeure ils ont dévastée. 8 Ne te souviens pas contre nous des fautes premières ; vite, nous préviennent tes tendresses, car nous sommes affligés beaucoup. 9 Aide-nous, DIEU de notre salut, par égard pour la gloire de TON NOM et délivre-nous et efface nos péchés, à cause de TON NOM. 10 Pourquoi diraient les nations : « Où est leur DIEU ? » QUE SOIT CONNUE chez les nations sous nos yeux la vengeance du sang de tes serviteurs, versé ; 11 que vienne devant toi la plainte du captif selon la grandeur de ton bras épargne les fils de la mort 12 et fais retomber sur nos voisins sept fois vers leur sein l’insulte laquelle ils t’ont insulté, SEIGNEUR.13 Et nous, ton peuple et les brebis de ton pâturage, nous rendrons grâce à toi À JAMAIS et D’ÂGE EN ÂGE nous raconterons ta louange.
Ps 82,1 Psaume d’Asaph. DIEU se lève au conseil de EL, au milieu des dieux il juge. 2 « JUSQU’À QUAND jugerezvous de façon perverse et la face des méchants soutiendrez-vous ? 3 Jugez le faible et l’orphelin, au miséreux et à l’indigent rendez-justice ; 4 libérez le faible et le pauvre, de la main des méchants délivrez-les. 5 ILS NE CONNAISSENT PAS et ne comprennent pas, dans la ténèbre ils marchent ; chancellent tous les fondements de la terre. 6 Moi, j’avais dit : des dieux vous et des fils du Très-Haut, vous tous ; 7 certainement comme l’adam vous mourrez et comme un des princes vous tomberez. » 8 Dresse-toi, DIEU, juge la terre, car toi tu as en HÉRITAGE toutes les nations.
Ps 80,1 Du maitre-de-chant, sur Les lys, témoignage, d’Asaph, psaume. 2 Toi-qui-pais Israël, écoute, qui conduis comme des brebis Joseph, qui sièges sur les chérubins, resplendis ; 3 devant Éphraïm, Benjamin et Manassé, réveille ta vaillance et viens pour le salut de nous. 4 Dieu, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons sauvés. 5 Yhwh Dieu des Armées, JUSQU’À QUAND FUMERAS-TU contre la prière de ton peuple ? 6 Tu leur as fait manger un pain de larme et les as abreuvés de larmes trois fois ; 7 tu nous as mis en querelle pour nos voisins et nos ennemis se moquent de nous. 8 Dieu des Armées, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons sauvés. 9 Une vigne d’Égypte tu as arrachée, tu as chassé des nations et tu l’as plantée ; 10 tu as nettoyé devant elle et elle a enraciné ses racines et elle a rempli le pays. 11 Étaient couvertes les montagnes de son ombre et de ses pampres les cèdres de Dieu ; 12 elle étendait ses sarments jusqu’à la Mer et vers le Fleuve ses rejetons. 13 Pourquoi as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, 14 la ravage le porc des forêts et la bête des champs la pait ? 15 Dieu des Armées, reviens donc, observe des cieux et vois, et visite cette vigne-là 16 et protège ce qu’a planté ta droite et le fils que tu as rendu fort pour toi. 17 BRÛLÉE par LE FEU, coupée, à la menace de ta face qu’ils périssent. 18 Soit ta main sur l’homme de ta droite, sur le fils d’Adam que tu as rendu fort pour toi, 19 et plus ne reculerons loin de toi, tu nous feras vivre et TON NOM nous invoquerons. 20 Yhwh, Dieu des Armées, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés.
Ps 83,1 Psaume, chant, d’Asaph. 2 DIEU, pas de répit pour toi, ne sois pas sourd-muet et ne sois pas en repos, EL, 3 car voici que tes ennemis grondent et tes haïssant lèvent la tête. 4 Contre ton peuple ils trament en secret et conspirent contre tes protégés, 5 Ils ont dit : « Allez, retranchons-les des nations et on ne se souviendra plus du NOM d’Israël ! » 6 Ils conspirent tous d’un seul cœur, contre toi ils coupent une alliance : 7 les tentes d’Édom et les Ismaélites, Moab et les Hagrites, 8 Guébal et Ammon et Amaleq, la Philistie avec les habitants de Tyr ; 9 même Assur s’est joint à eux, ils ont été un bras pour les fils de Lot. 10 Fais pour eux comme pour Madiân, comme Sisera, comme pour Yabîn au torrent de Qishôn ; 11 ils furent exterminés à En-Dor, ils ont été du fumier pour l’humus. 12 Traite leurs princes comme Oreb et comme Zéeb et comme Zébah et comme Çalmunna tous leurs chefs, 13 eux qui avaient dit : « NOUS HÉRITERONS pour nous des herbages de DIEU. » 14 MON DIEU, traite-les comme une roue d’acanthe, comme paille face au vent. 15 Comme UN FEU qui BRÛLE une forêt, comme la flamme qui enflamme des montagnes ; 16 ainsi poursuis-les de ta bourrasque et par ton ouragan épouvante-les. 17 Remplis leur face d’ignominie et qu’ils cherchent TON NOM, YHWH. 18 Qu’ils rougissent et soient épouvantés JUSQU’À TOUJOURS et qu’ils soient confus et se perdent, 19 et QU’ILS CONNAISSENT que toi TON NOM YHWH, toi seul, Très-Haut sur toute la terre.
La séquence 82–83
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LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX PREMIÈRES SÉQUENCES (79–80 ET 81) 79,1 Psaume, d’Asaph. Dieu, elles sont venues les nations dans ton héritage, elles ont souillé le Temple de ta sainteté, elles ont fait de Jérusalem des ruines. 2 Elles ont donné le cadavre de tes serviteurs comme MANGER pour l’oiseau des cieux, la chair de tes fidèles aux bêtes de la terre ; 3 elles ont versé leur sang comme de l’eau alentour de Jérusalem, et pas un fossoyeur. 4 Nous sommes l’insulte de nos voisins, moquerie et risée de notre entourage. 5
JUSQU’OÙ, Yhwh, t’irriteras-tu pour toujours, brûlera-t-elle comme un feu ta jalousie ?
6 Déverse ta fureur sur les nations, eux qui NE TE CONNAISSENT PAS, et sur les royaumes, eux qui ton nom n’invoquent pas, 7 car ILS ONT MANGÉ JACOB et sa demeure ils ont dévastée. 8 Ne te souviens pas contre nous des fautes premières ; vite, que nous préviennent tes tendresses, car sommes affligés beaucoup. 9 Aide-nous, Dieu de notre SALUT, par égard pour la gloire de ton nom et délivre-nous et efface nos péchés, à cause de ton nom. 10
Pourquoi diraient les nations :
« Où (est) leur Dieu ? »
QUE SOIT CONNUE chez les nations sous nos yeux la vengeance du sang de tes serviteurs, versé. 11 Que vienne vers ta face la plainte du captif ; selon la grandeur de TON BRAS épargne les fils de la mort. 12 Et fais retomber sur nos voisins sept fois vers leur sein l’insulte laquelle ils t’ont insulté, Seigneur. 13 Et nous, TON PEUPLE et les brebis de ton pâturage, nous rendrons grâce à toi À JAMAIS et D’ÂGE EN ÂGE nous raconterons ta louange.
2 80,1 Du maitre-de-chant, sur Les lys, témoignage, d’Asaph, psaume. Toi qui pais ISRAËL, ÉCOUTE, qui conduis comme des brebis JOSEPH, qui sièges sur les chérubins, resplendis ; 3 devant Éphraïm, Benjamin et Manassé, réveille ta vaillance et viens pour le SALUT de nous. 4 Dieu, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons SAUVÉS. 5
Yhwh Dieu des Armées, JUSQU’À QUAND fumeras-tu contre la prière de TON PEUPLE ? Tu leur as FAIT MANGER un pain de larme et les as abreuvés de larmes trois fois ; 7 tu nous as mis en querelle pour nos voisins et nos ENNEMIS se moquent de nous. 8 Dieu des Armées, fais-nous revenir et fais luire ta face et nous serons SAUVÉS. 6
9
Une vigne d’Égypte tu as arrachée, tu as chassé des nations et tu l’as plantée ; tu as nettoyé devant elle et elle a enraciné ses racines et elle a rempli le pays. 11 Étaient couvertes les montagnes de son ombre et de ses pampres les cèdres de Dieu ; 12 elle étendait ses sarments jusqu’à la Mer et vers le Fleuve ses rejetons. 13 Pourquoi as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, 14 la ravage le porc des forêts et la bête des champs la pait ? 10
15 16
17
Dieu des Armées, reviens donc, observe des cieux et vois, et visite cette vigne-là et protège ce qu’a planté TA DROITE et le fils que tu as rendu fort pour toi.
18 Brûlée par le feu, coupée, à la menace de ta face qu’ils périssent. Soit TA MAIN sur 19 l’homme de TA DROITE, sur le fils d’Adam que tu as rendu fort pour toi, et plus ne reculerons loin de toi, tu nous feras vivre et ton nom nous invoquerons. 20 Yhwh, Dieu des Armées, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons SAUVÉS.
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La deuxième section (Ps 79–83)
81,1 Du maitre-de-chant, sur la guittite, d’Asaph. 2 Criez de joie pour Dieu notre force, acclamez le Dieu de JACOB, 3 élevez la psalmodie et donnez du tambourin, de la harpe douce avec la lyre, 4 sonnez du cor à la néoménie, à la pleine lune au jour de notre fête ; 5 car il y a un décret pour ISRAËL, un jugement du Dieu de JACOB ; 6 un ordre il a mis en JOSEPH quand il sortit contre la terre d’Égypte. 7 J’entends une langue que JE NE CONNAISSAIS PAS : « J’ai détourné du fardeau son épaule, ses paumes ont passé le couffin. 8 Dans l’angoisse tu as crié et JE T’AI SAUVÉ ; je te répondis dans la cache du tonnerre, je t’éprouvai aux eaux de Meriba. selâ 9
ÉCOUTE, MON PEUPLE, et je t’avertis, ISRAËL, SI TU M’ÉCOUTAIS ! 10 Qu’il n’y ait point chez toi un dieu d’emprunt et ne te prosterne pas à un dieu étranger ; 11 moi, je suis Yhwh, ton Dieu, qui t’ai fait monter de la terre d’Égypte. Ouvre large ta bouche, et je l’emplirai. 12 13
14
Mais MON PEUPLE N’A PAS ÉCOUTÉ ma voix et ISRAËL n’a pas voulu de moi ; et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur, ils marchent dans leurs projets.
Ah ! Si MON PEUPLE M’ÉCOUTAIT, si ISRAËL allait dans mes voies ! À L’INSTANT j’abattrais leurs ENNEMIS et contre ses oppresseurs je tournerais 16 ceux qui haïssent Yhwh l’aduleraient et leur temps serait À JAMAIS. 17 Et JE LUI FERAIS MANGER la fleur du froment et du miel du rocher je te rassasierais. » 15
MA MAIN
;
– Le Ps 81 est le seul des cinq psaumes de la section où « écouter » revient si souvent (9bis.12.14) ; ce verbe ne revient qu’en 80,2 où c’est Dieu qui est prié d’écouter, alors qu’ici c’est Dieu qui supplie son peuple de lui prêter l’oreille ; – à « ne te connaissent pas » et « que soit connue » de 79,6.10b fait écho « je ne connaissais pas » de 81,6b ; – « sauver » au centre (81,8) se trouvait déjà, avec « salut », en 79,9 ; 80,3.4.8. 20 ; – « manger » de 81,17 (qui rappelle 11c) apparaissait déjà en 79,2.7 et 80,6 ; – « à jamais » en finale du Ps 81 (16) se trouvait aussi en finale dans le premier psaume (79,13 suivi de « d’âge en âge ») ; – « à l’instant » (81,15) répond aux « jusqu’où » et « jusqu’à quand » de 79,5 ; 80,5 ; – « Israël » de 80,2 revient quatre fois en 81,5.9.12.14 ; « Jacob » de 79,7 est repris deux fois en 81,2.5 ; « Joseph » de 81,6 apparaissait déjà en 80,2 ; à « ton peuple » de 79,13 font écho les trois occurrences de « mon peuple » en 81,9. 12.14 ; – « Égypte » revient en 80,9 et en 81,6.11 ; – « ennemis » est repris en 80,7 et en 81,15 ; – à « ma main » de 81,15 correspondent « ton bras » de 79,11, « ta droite » et « ta main » de 80,16.18.
La séquence 82–83
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LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX DERNIÈRES SÉQUENCES (81 ET 82–83) 81,1 Du maitre-de-chant, sur la guittite, d’Asaph. 2 Criez de joie pour Dieu notre force, acclamez le Dieu de Jacob, 3 ÉLEVEZ la psalmodie et donnez du tambourin, de la harpe douce avec la lyre, 4 sonnez du cor à la néoménie, à la pleine lune au jour de notre fête ; 5 car il y a un décret pour ISRAËL, un jugement du Dieu de Jacob ; 6 un ordre il a mis en Joseph quand il sortit contre la terre d’Égypte. 7 J’entends une langue que JE NE CONNAISSAIS PAS : « J’ai détourné du fardeau son 8 épaule, ses paumes ont passé le couffin. Dans l’angoisse tu as crié et je t’ai sauvé ; je te répondis dans la cache du tonnerre, je t’éprouvai aux eaux de Meriba.
9
Écoute, MON PEUPLE, et je t’avertis, ISRAËL, si tu m’écoutais ! 10 Qu’il n’y ait point chez toi un DIEU d’emprunt et ne te prosterne pas à un DIEU étranger ; 11 moi, je suis Yhwh, ton Dieu, qui t’ai fait monter de la terre d’Égypte. Ouvre large ta bouche, et je l’emplirai. 12 13
14
Mais MON PEUPLE n’a pas écouté ma voix et ISRAËL n’a pas voulu de moi ; et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur, ILS MARCHENT dans leurs projets.
Ah ! Si MON PEUPLE m’écoutait, si ISRAËL ALLAIT dans mes voies ! À l’instant j’abattrais leurs ennemis et contre ses oppresseurs je tournerais ma main ; 16 ceux qui haïssent YHWH l’aduleraient et leur temps serait à jamais. 17 Et je lui ferais manger la fleur du froment et du miel du rocher je te rassasierais. » 15
– « élever » au début du Ps 81 (3) sera repris aussi au début du Ps 82,2 et 83,3 ; – de même racine, le verbe traduit par « marcher » et « aller » (81,13-14) reviendra en 82,5 et 83,5 ; – « je ne connaissais pas » de 81,6 trouvera un écho en 82,5 et en 83,19 ; – les deux occurrences de « dieux » de 81,10 annoncent les deux de 82,1.6 ; – « Israël » de 81,5.9.12.14 reviendra encore en 83,5 ; – « peuple » (81,9.12.14) revient aussi en 83,4 ; – « la terre » de 81,6.11 (terre d’Égypte) reparaitra en 82,5.8 et en 83,19 (« toute la terre »). Le Ps 81 contient un long discours de Dieu à son peuple (81,7-17) ; il en va de même dans le psaume suivant où les trois parties centrales sont adressées par Dieu à ceux qui étaient chargés de rendre la justice et qui ont failli (82,2-7).
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La deuxième section (Ps 79–83)
82,1 Psaume d’Asaph. Dieu se lève au conseil de El, au milieu des DIEUX il juge. 2
« Jusqu’à quand jugerez-vous de façon perverse et la face des méchants LÈVEREZ-VOUS ? selâ 3 Jugez le faible et l’orphelin, au miséreux et à l’indigent rendez-justice ; 4 libérez le faible et le pauvre, de la main des méchants délivrez-les. 5
ILS NE CONNAISSENT PAS et ne comprennent pas, chancellent tous les fondements de la terre.
dans la ténèbre ILS VONT ;
6
Moi, j’avais dit : DES DIEUX vous et des fils du Très-Haut, vous tous ; comme l’adam vous mourrez et comme un des princes vous tomberez. » 8
Dresse-toi, Dieu, juge la terre,
7
certainement
car toi tu as en héritage toutes les nations.
83,1 Psaume, chant, d’Asaph. 2 Dieu, pas de répit pour toi, ne sois pas sourd-muet et ne sois pas en repos, El, 3 car voici que tes ennemis grondent et tes haïssant LÈVENT la tête. 4
Contre TON PEUPLE ils trament en secret et conspirent contre tes protégés, 5 Ils ont dit : « ALLEZ, retranchons-les des nations et on ne se souviendra plus du nom d’IISRAËL ! » 6 Ils conspirent tous d’un seul cœur, contre toi ils scellent une alliance : 8 les tentes d’Édom et les Ismaélites, Moab et les Hagrites, Guébal et Ammon et Amaleq, la Philistie avec les habitants de Tyr ; 9 même Assur s’est joint à eux, ils ont été un bras pour les fils de Lot. 7
10
Fais pour eux comme pour Madiân, comme Sisera, comme pour Yabîn au torrent de Qishôn ; 11 ils furent exterminés à En-Dor, ils ont été du fumier pour l’humus. 12 Traite leurs princes comme Oreb et comme Zéeb et comme Zébah et comme Çalmunna tous leurs chefs, 13 eux qui avaient dit : « Nous hériterons pour nous des herbages de Dieu. » 14
Mon Dieu, traite-les comme une roue d’acanthe, comme paille face au vent. Comme un feu qui brûle une forêt, comme la flamme qui enflamme des montagnes ; 16 ainsi poursuis-les de ta bourrasque et par ton ouragan épouvante-les. 15
17
Remplis leur face d’ignominie, et qu’ils cherchent ton nom, YHWH. 18 Qu’ils rougissent et soient épouvantés jusqu’à toujours et qu’ils soient confus et se perdent, 19 et QU’ILS CONNAISSENT que toi ton nom YHWH, toi seul, Très-Haut sur toute la terre.
La séquence 82–83
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LA FONCTION DE LA SÉQUENCE CENTRALE (PS 81) 2 81,1 Du maitre-de-chant, sur la guittite, d’Asaph. Criez de joie pour Dieu notre force, 3 acclamez le Dieu de Jacob, élevez la psalmodie et donnez du tambourin, de la harpe douce avec la lyre, 4 sonnez du cor à la néoménie, à la pleine lune au jour de notre fête ; 5 car il y a un décret pour Israël, un jugement du Dieu de Jacob ; 6 un ordre il a mis en Joseph quand il sortit contre la terre d’Égypte.
J’entends une langue que je ne connaissais pas : 7 « J’ai détourné du fardeau son épaule, 8 ses paumes ont passé le couffin. Dans l’angoisse tu as crié et je t’ai sauvé ; je te répondis dans la cache du tonnerre, je t’éprouvai aux eaux de Meriba. 9
Écoute, mon peuple, et je t’avertis, Israël, si tu m’écoutais ! 10 Qu’il n’y ait point chez toi un dieu d’emprunt et ne te prosterne pas à un dieu étranger ; 11 moi, je suis Yhwh, ton Dieu, qui t’ai fait monter de la terre d’Égypte. Ouvre large ta bouche, et je l’emplirai. 12 13
14
Mais mon peuple n’a pas écouté ma voix et Israël n’a pas voulu de moi ; et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur, ils marchent dans leurs projets.
Ah ! Si mon peuple m’écoutait, si Israël allait dans mes voies ! À L’INSTANT j’abattrais leurs ennemis et contre ses oppresseurs je tournerais ma main ; 16 ceux qui haïssent Yhwh l’aduleraient et leur temps serait à jamais. 17 Et je lui ferais manger la fleur du froment et du miel du rocher je te rassasierais. » 15
Contrairement aux quatre plaintes des séquences extrêmes, le psaume central est un appel pressant à la louange (2-6a) suivi d’une invitation non moins pressante que Dieu lui-même adresse à son peuple (9-17), ces deux éléments encadrant un rappel de la libération de l’esclavage d’Égypte et du don de la Loi (6b-8). Comme en réponse aux deux « pourquoi » de 79,10 et 80,13, Dieu dit qu’Israël n’a pas écouté sa voix (81,12), malgré ses avertissements (9.14). Au psalmiste qui répète la même question : « jusqu’où t’irriteras-tu ? », « jusqu’à quand fumeras-tu contre la prière de ton peuple ? » (79,5 ; 80,5), le Seigneur répond : « À l’instant j’abattrais leurs ennemis » (81,15) ; après quoi c’est lui qui interroge son peuple dans les même termes : « Jusqu’à quand jugerez-vous de manière perverse ? » (82,2).
2. INTERPRÉTATION JUSQU’À QUAND ? Quand la situation est devenue insoutenable, quand la douleur ne laisse aucun répit, on ne voit pas l’heure où cela pourrait s’arrêter. Et la question qui jaillit est celle du « jusqu’à quand » (79,5 ; 80,5). Cependant, le psalmiste ne se contente pas de dire : « Jusqu’à quand cela va-t-il durer ? » Sa question n’est pas lancée à la cantonade, elle est adressée à Dieu. Et elle lui attribue clairement la responsabilité de la situation : c’est sa colère qui s’est enflammée contre Israël, qui brûle
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La deuxième section (Ps 79–83)
et qui fume comme un feu. Ce qui est une manière de reconnaitre, sans doute, que cette colère n’est pas sans raison. POURQUOI ? Aux « jusqu’à quand ? » succèdent les « Pourquoi ? » (79,10 ; 80,13). Le premier pose la question de l’inactivité de Dieu ; sa force est redoublée du fait que le psalmiste la met dans la bouche des païens : « Pourquoi les nations diraient-elles : “Où est leur Dieu ?” ». Ce qui est aussi une manière de mettre en balance l’honneur du Seigneur. Le second « pourquoi » va plus loin en quelque sorte : si le psalmiste reprochait à Dieu de s’être absenté, de ne lui avoir fait aucun bien, maintenant il l’accuse de lui avoir fait du mal. Il lui attribue le fait d’avoir rompu les clôtures par lesquelles il avait un temps voulu protéger la vigne qu’il avait plantée, tant et si bien que toutes sortes de prédateurs, hommes et bêtes, désormais la ravagent. On comprend qu’une telle action a été provoquée par la colère contre Israël. LA LITURGIE CONTINUE MALGRÉ TOUT Après les deux psaumes de lamentation le début du Ps 81 ne manque pas de surprendre. Le contraste entre la plainte et la louange, avec ses cris de joie, ses instruments de musique, est particulièrement strident. « Dieu notre force » semble un Dieu différent de celui que le psalmiste avait longuement questionné jusqu’ici. Bien sûr, on sera sensible à ce contraste si on considère que les psaumes forment un discours et ne sont pas des unités isolées. À lire la totalité du psaume central de la section, c’est-à-dire la longue harangue du Seigneur, il est possible de comprendre que la louange qui célèbre le don de la Loi sonne comme une liturgie convenue qui n’a guère de prise sur la réalité vécue par le peuple. LE SEIGNEUR RÉPOND AUX QUESTIONS DE SON PEUPLE Au beau milieu de la fête, le Seigneur intervient en prenant la parole, semblant interrompre ainsi le déroulement ordinaire de la liturgie. Il commence par aller dans le sens de la cérémonie, en rappelant la libération de l’esclavage, le salut, le don de la Loi, sans oublier l’épreuve de Meriba. Il met donc au centre de toute la vie de son peuple, de l’histoire qu’il a liée avec lui, ce qui en constitue le fondement. Mais c’est pour ensuite reprocher à Israël de n’avoir pas écouté sa parole, d’avoir désobéi à la Loi ; et c’est la réponse au pourquoi de la situation désastreuse actuelle. Quand ensuite il dit : « À l’instant j’abattrais leurs ennemis », il répond au « Jusqu’à quand ». « Si Israël allait dans [ses] voies » aussitôt son sort serait complètement retourné.
La séquence 82–83
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LE RÉQUISITOIRE SE PRÉCISE Dans le psaume central le réquisitoire du Seigneur restait en quelque sorte général et ce qui était reproché au peuple était de ne pas avoir écouté, d’avoir désobéi à la Loi. Dans le psaume suivant le Seigneur reprend la parole et cette fois-ci ce qui est dénoncé se précise : il s’agit de l’injustice des juges d’Israël qui favorisent « les méchants » au détriment du faible. La mise en scène qui présente Dieu en face des faux-dieux ou des idoles, invite à réfléchir pour découvrir ce qui sous-tend un tel comportement. Ce qui peut éclairer l’énigme est fourni par le seul commandement cité dans le psaume central : « Qu’il n’ait point chez toi un dieu d’emprunt et ne te prosterne pas devant un dieu étranger » (81,10). La défense de l’idolâtrie ne regarde pas tant les divinités célestes que ceux qui se prennent pour des dieux qu’on révère et qu’on honore de ses dons, que ceux aussi qui les traitent comme tels. « DIEU, PAS DE RÉPIT POUR TOI ! » Après la dénonciation des ennemis de l’intérieur, le psalmiste retourne à ceux de l’extérieur, ceux qui comme Madian, dévorent le faible qui n’a pas la force de résister à leur violence. Dans leurs paroles (83,5.13) se manifeste le même orgueil de qui s’oppose à la volonté de Dieu et s’arroge un pouvoir qui n’appartient qu’à lui. En voulant détruire Israël, c’est le dessein divin qu’ils nient, comme s’ils entendaient prendre sa place : Dieu avait choisi ce peuple pour en faire son héritier, ils décident de renverser cet ordre et de prendre la place du faible qu’ils dépouillent de son héritage. Puisqu’Israël n’est pas en mesure de se défendre contre de telles divinités autoproclamées dans les faits, seul le Seigneur aura le pouvoir de les ramener à leur place pour qu’enfin ils reconnaissent son nom.
POURQUOI LE SEIGNEUR A REJETÉ SON MESSIE La troisième section Ps 84–89
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La troisième section (Ps 84–89)
La troisième section comprend deux séquences. La première comprend cinq psaumes organisés de manière concentrique (84–88) ; la seconde comprend un seul psaume particulièrement développé (89).
POURQUOI ME REJETTES-TU ?
PARCE QUE TES FILS N’ONT PAS GARDÉ MON ALLIANCE AVEC DAVID
Ps 84–88
Ps 89
I. POURQUOI ME REJETTES-TU ?
La première séquence : Ps 84–88 1. LE PSAUME 84 TEXTE 1
Du maitre-de-chœur, sur la guittite, des fils de Coré, psaume. 2 Combien aimables tes demeures, Yhwh des armées ! 3 A langui et aussi s’est achevée mon âme pour les parvis de Yhwh ; mon cœur et ma chair crient vers le Dieu vivant. 4 Aussi le moineau a trouvé une maison, l’hirondelle un nid pour elle où poser ses petits. Tes autels, Yhwh des armées, mon roi et mon Dieu ! 5 Heureux les habitants de ta maison, toujours ils te louent. Selâ 6 Heureux l’homme une force à lui en toi, les voies dans leur cœur. 7 Traversant dans la vallée de Baka’, une source ils mettront en elle ; aussi de bénédictions couvrira la première-pluie. 8 Ils marcheront de fortin en fortin, il sera vu vers Dieu en Sion. 9 Yhwh Dieu des armées, écoute ma prière, prête-l’oreille Dieu de Jacob. Selâ 10 Notre bouclier vois, Dieu, regarde la face de ton messie. 11 Oui, bon un jour dans tes parvis plus que mille ; j’ai choisi de restersur-le-seuil dans la maison de mon Dieu plus que résider dans les tentes de méchanceté. 12 Oui, soleil et bouclier (est) Yhwh Dieu, grâce et gloire donnera Yhwh, il ne refusera pas le bon aux marchant en intégrité. 13 Yhwh des armées, heureux l’homme se confiant en toi. V. 4D
: « TES AUTELS »
Le substantif est précédé de la particule ’et, qui peut être interprétée comme une préposition signifiant « près de, à côté de », ou comme la particule du complément d’objet1. Étant donné la composition du premier passage où le segment 4de répond au segment initial 2ab, la particule sera considérée « avec un sens fort équivalent à un pronom »2. V. 6B
: « LES VOIES DANS LEURS CŒURS »
La Septante a traduit « les montées », interprétant « les voies » comme celles du pèlerinage au temple de Jérusalem. Le parallélisme avec le membre précédent invite à penser qu’il s’agit plutôt des voies du Seigneur, de ses préceptes ; mais parmi ces commandements se trouvent aussi ceux qui ordonnent les pèlerinages au temple (Ex 23,14-18 ; Dt 16).
1
Par ex., Hossfeld – Zenger, II, 348. Joüon, 125j, 5 ; dans les trois exemples fournis par l’auteur la particule est traduite par « c’est... », « ce sont... ». Dans le cas présent, il a paru préférable de ne pas la traduire (sinon par le point d’exclamation). 2
La troisième section (Ps 84–89)
154
V. 7AB : « LA VALLÉE DE BAKA’...
»
Tout le verset est de difficile compréhension3. Baka’ est tenu par certains pour le nom propre d’une vallée près de Jérusalem ; les anciennes versions ont lu bakah (« vallée de larmes ») ; d’autres pensent qu’il s’agit des baumiers, ces arbustes qui poussent dans des lieux arides, ce qui s’accorderait bien, par opposition, au membre suivant : par leur joie, les pèlerins qui traversent cette vallée désertique la transforment en un lieu de sources. V. 7C
: « DE BÉNÉDICTIONS COUVRIRA LA PREMIÈRE-PLUIE »
Dans la ligne du membre précédent, la première-pluie (après l’été) est l’eau qui vient du ciel, tandis que les sources la font jaillir de la terre. V. 8A
: « DE FORTIN EN FORTIN »
Littéralement, le sens de ḥayil est « force » et l’expression signifierait « ils seront de plus en plus forts ». Mais dans un sens figuré le terme pourrait indiquer les remparts de la ville, ses « fortifications » ; en Ps 48,13-14 ḥêl est utilisé en parallèle avec « ses palais » : « Longez Sion, parcourez-la, dénombrez ses tours ; que vos cœurs s’attachent à ses murs, détaillez ses palais ». V. 8B
: « IL SERA VU »
Le singulier du verbe est un collectif qui correspond au pluriel du premier membre, « ils iront ». L’expression rappelle celle d’Ex 23,17 : « Trois fois l’an, sera vu chacun de tes mâles devant le Seigneur Yhwh », ce que la BJ traduit : « Trois fois l’an, toute ta population mâle se présentera devant le Seigneur Yahvé ». V. 10A : «
NOTRE BOUCLIER VOIS »
Le substantif initial pourrait être tenu pour un vocatif, à l’instar de « Dieu », mais le parallélisme des membres invite à le considérer comme complément d’objet de « vois », de même que « la face de ton messie » est complément d’objet de « regarde ». Aux extrémités du segment, « bouclier » correspond à « messie ».
COMPOSITION Après le titre (1), le psaume s’organise en trois parties (2-4 ; 5-8 ; 9-13), la partie centrale étant plus courte que les deux autres.
3
Voir, par ex. Ravasi, II, 745-746 ; Hakham, II, 24.
Le psaume 84
155
LA PREMIÈRE PARTIE (2-4) + 2 Combien aimables : YHWH
TES DEMEURES DES ARMÉES !
····································································································
= 3 A langui . pour les parvis
et aussi s’est consumée de Yhwh ;
mon âme
= mon cœur . vers le Dieu -
et ma chair vivant.
crient
– 4 Aussi le moineau – et l’hirondelle :: où
a trouvé un nid elle a mis
une maison pour elle ses petits.
···································································································· DES ARMÉES, YHWH
+ TES AUTELS, : mon roi
et mon Dieu !
Les courts morceaux extrêmes se répondent : ils commencent avec une exclamation sans verbe suivie par un vocatif. Au terme général « tes demeures » correspond « tes autels », plus précis, comme si le pèlerin passait de l’extérieur du temple à l’intérieur, au lieu des sacrifices. Le morceau central se développe selon le même mouvement d’approche jusqu’à entrer dans le temple pour y demeurer, comme les oiseaux : c’est d’abord le désir languissant pour « les parvis » (3ab), puis les cris de joie pour « le Dieu vivant » (3cd), enfin l’habitation permanente dans le temple (4). LA DEUXIÈME PARTIE (5-8) + 5 HEUREUX :: encore
les habitants ils te loueront.
de ta maison,
+ 6 HEUREUX :: les voies
l’adam dans leur cœur.
une force pour lui en toi,
···············································································································
– 7 Les passant .. une source .. aussi de bénédictions
par la vallée ils mettront elle ; couvrira
de Baka’,
= 8 Ils iront = il sera vu
de fortin devant Dieu
en fortin, en Sion.
la première-pluie.
Commençant avec « heureux », les deux segments du premier morceau sont des macarismes. On pourrait penser à première vue qu’ils seraient mieux placés après le second morceau, comme point d’arrivée, au terme du pèlerinage ; cependant, ils représentent le but visé par les pèlerins, l’espérance du bonheur qui les attend. Le deuxième morceau trace les dernières étapes du voyage, le
156
La troisième section (Ps 84–89)
passage par la vallée de Baka’, irriguée par les sources d’en bas (7b) et la pluie d’en haut (7c), l’arrivée aux remparts de la ville (8a), l’entrée dans le temple enfin (8b). LA TROISIÈME PARTIE (9-13) = 9 YHWH = écoute = prête-l’oreille, 10
: Notre BOUCLIER : et regarde
DIEU ma prière, DIEU
DES ARMÉES,
vois, la face
DIEU, de ton messie.
de Jacob.
·······························································································································
+ 11 Oui, bon plus que mille ;
un jour
dans tes parvis
+ j’ai choisi plus que résider
de rester-sur-le-seuil dans les tentes
dans la maison de méchanceté.
de mon DIEU
: 12 Oui, soleil : grâce .. il ne refusera pas
et BOUCLIER et gloire le bon
(est) Yhwh donnera aux marchant
DIEU ; Yhwh, en intégrité.
······························································································································· 13
= YHWH = heureux
DES ARMÉES,
l’adam
se confiant
en toi.
Les deux segments du premier morceau sont complémentaires, l’objet de sa « prière » étant précisé dans le second segment : le psalmiste demande au Seigneur d’abord de l’écouter (9), puis de regarder le visage de son messie, qualifié comme « notre bouclier » (10). Chaque segment utilise un couple de verbes synonymes, « écoute » et « prête-l’oreille », puis « vois » et « regarde ». Le psalmiste passe de la première personne du singulier (« ma prière ») à la première du pluriel (« notre bouclier »). Dans le deuxième morceau, les deux premiers segments sont parallèles entre eux : leurs seconds membres commencent avec « plus que », « la maison de mon Dieu » (11c) renvoie à « tes parvis » (11a). Le trimembre final commence avec « oui » comme le premier segment ; il est de type AAB, les deux premiers membres commençant par deux substantifs coordonnés et s’achevant sur le nom divin. « Le bon » du dernier membre fait inclusion avec « bon » de 11a. « Bouclier » de 12a se trouvait déjà en 10a. Le dernier morceau commence comme le premier avec un vocatif semblable. Celui « se confiant en toi » ressemble à celui qui prie le Seigneur de l’écouter (9) et de regarder son messie (10).
Le psaume 84
157
L’ENSEMBLE DU PSAUME Les quatre occurrences de « Yhwh des armées » jouent le rôle de termes extrêmes pour la première partie (2.4c) et pour la dernière (9.13). Appartenant au même champ sémantique, « mon roi » (4c) et « ton messie » (10) servent de termes médians à distance. Au début de la partie centrale, « heureux l’homme [...] en toi » de 6 — précédé de « Heureux » — sera repris à la fin de la dernière partie (13), jouant ainsi la fonction de termes extrêmes pour les deux dernières parties. 1
Du maitre-de-chœur, sur la guittite, des fils de Coré, psaume. 2
YHWH DES ARMÉES ! ···················································································································
Combien sont aimables tes demeures, 3
A langui et aussi s’est achevée mon âme pour les PARVIS de YHWH ; mon CŒUR et ma chair crient vers le DIEU vivant. 4 Aussi le moineau a trouvé une MAISON, l’hirondelle un nid pour elle où poser ses petits. ···················································································································
Tes autels YHWH DES ARMÉES, MON ROI et mon DIEU ! 5 6
HEUREUX les habitants de ta MAISON, toujours ils te louent. HEUREUX L’HOMME une force à lui en toi, les sentiers dans leur CŒUR. ················································································································· 7
Traversant dans la vallée de Baka’, une source ils mettront en elle ; aussi de bénédictions couvrira la première pluie. 8 ILS MARCHERONT de fortin en fortin, il seront vus devant DIEU en Sion. 9
YHWH DIEU DES ARMÉES, écoute ma prière, prête l’oreille DIEU de Jacob ; vois notre bouclier, DIEU, regarde la face de TON MESSIE.
10
··················································································································· 11
Oui, bon un jour dans tes PARVIS plus que mille ; j’ai choisi de rester-sur-le-seuil dans la MAISON de mon DIEU plutôt que de résider dans les tentes de méchanceté.
12
Oui, soleil et bouclier est YHWH DIEU, grâce et gloire donnera YHWH ; il ne refusera pas le bon à ceux qui MARCHENT en intégrité.
13
··················································································································· HEUREUX L’HOMME qui se confie en toi.
YHWH DES ARMÉES,
Alors que la première personne intervient dans les parties extrêmes (3.4c ; 910.11b), la partie centrale est toute à la troisième personne. Le nom de « Dieu » est repris dans les trois parties (3b.4c ; 8 ; 9bis.10.12a) ; celui de « Yhwh », outre les quatre occurrences de « Yhwh des armées », réapparait en 3 et deux fois en 12a. « Maison » revient une fois dans chaque partie (4a.5.11b).
La troisième section (Ps 84–89)
158 1
Du maitre-de-chœur, sur la guittite, des fils de Coré, psaume. 2
YHWH DES ARMÉES ! ···················································································································
Combien sont aimables tes demeures, 3
A langui et aussi s’est achevée mon âme pour les PARVIS de YHWH ; mon CŒUR et ma chair crient vers le DIEU vivant. 4 Aussi le moineau a trouvé une MAISON, l’hirondelle un nid pour elle où poser ses petits. ···················································································································
Tes autels YHWH DES ARMÉES, MON ROI et mon DIEU ! 5 6
HEUREUX les habitants de ta MAISON, toujours ils te louent. HEUREUX L’HOMME une force à lui en toi, les sentiers dans leur CŒUR. ················································································································· 7
Traversant dans la vallée de Baka’, une source ils mettront en elle ; aussi de bénédictions couvrira la première pluie. 8 ILS MARCHERONT de fortin en fortin, il seront vus devant DIEU en Sion. 9
YHWH DIEU DES ARMÉES, écoute ma prière, prête l’oreille DIEU de Jacob ; vois notre bouclier, DIEU, regarde la face de TON MESSIE.
10
··················································································································· 11
Oui, bon un jour dans tes PARVIS plus que mille ; j’ai choisi de rester-sur-le-seuil dans la MAISON de mon DIEU plutôt que de résider dans les tentes de méchanceté.
12
Oui, soleil et bouclier est YHWH DIEU, grâce et gloire donnera YHWH ; il ne refusera pas le bon à ceux qui MARCHENT en intégrité.
13
··················································································································· HEUREUX L’HOMME qui se confie en toi.
YHWH DES ARMÉES,
Appartenant au même champ sémantique, « parvis » apparait dans les parties extrêmes (3a.11a), précédant « maison ». « Cœur » de la première partie (3b) est repris dans la deuxième (6) ; les deux dernières parties sont liées par la reprise de « marcher » (8.12b). « Demeures » (racine škn : 2), « habitants » (yšb : 5), « résider » (dwr : 11c) appartiennent au même champ sémantique. La partie centrale assure le rapport entre les deux autres parties. Le premier segment (5) renvoie à la première partie, « les habitants de ta maison » ne sont pas seulement « le moineau » et « l’hirondelle », mais aussi les hommes qui y demeurent. Le deuxième macarisme (6) et ce qui suit annoncent la troisième partie : il y est question de ceux qui « marchent » (8.12b), qui sont en route vers le temple.
Le psaume 84
159
CONTEXTE LES PSAUMES DES MONTÉES Le Ps 84 rappelle le Ps 42–43 : « Comme languit une biche après les eaux vives, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand irai-je et verrai-je la face de Dieu ? » Il fait aussi penser aux psaumes des montées, en particulier au Ps 122 : « Quelle joie quand on m’a dit : Allons à la maison de Yhwh ! Enfin nos pieds s’arrêtent dans tes portes, Jérusalem ». « YHWH DES ARMÉES » Les armées du Seigneur sont celles des êtres célestes, les astres, mais ce sont aussi celles qui, sur la terre, combattent, avec son aide, pour défendre son peuple (voir p. 114).
INTERPRÉTATION « Le Seigneur des armées » Il est étonnant que dans un psaume où résonne du début à la fin les accents émus de l’amour pour le temple, « la maison » du Seigneur, ce dernier soit appelé, de manière on ne peut plus systématique, « Yhwh des armées ». Rien ne permet de penser qu’il s’agit des armées des cieux, des astres de la cour céleste ; nous sommes sur la terre, marchant sur les sentiers qui conduisent au temple de Jérusalem. Les seuls êtres célestes présents dans le psaume sont « le moineau » et « l’hirondelle » qui nichent dans le temple. Il faut attendre la dernière partie pour entendre que la supplication du psalmiste regarde « le messie » de Dieu, celui qu’il appelle « notre bouclier » (10), parce qu’il défend son peuple contre ceux qui l’attaquent. Deux versets plus-haut il était question de « fortin(s) » (8), les tours des remparts qui défendent la ville contre ses assaillants. Cela veut dire que les ennemis ne sont pas loin, qu’ils sont aux aguets, attendant sous « les tentes de méchanceté » (11c) le moment propice pour attaquer le roi et sa ville. Le roi d’Israël Le roi d’Israël est appelé « notre bouclier » (10). Plus loin, presqu’à la fin du psaume, ce sera le Seigneur lui-même qui sera dit « bouclier » (12). En dernière instance c’est Yhwh qui est le roi d’Israël ; le roi humain est le « messie », celui qui a été consacré par l’onction pour le représenter, c’est son lieutenant. C’est aussi pourquoi les armées du roi terrestre sont aussi celles de Yhwh, sont prioritairement les siennes. Et voilà pourquoi le Seigneur est appelé, de manière insistante, du début à la fin du psaume, « Yhwh des armées ».
160
La troisième section (Ps 84–89)
Yhwh soleil Le Seigneur n’est pas seulement appelé « bouclier », mais « soleil et bouclier » (12). Il est vrai que Yhwh est présenté par Isaïe comme la lumière de son peuple : « Debout, resplendis, car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yhwh. Tandis que les ténèbres s’étendent sur la terre et l’obscurité sur les peuples, sur toi se lève Yhwh et sa gloire sur toi parait » (Is 60,1-2), mais c’est la seule fois dans l’Ancien Testament qu’il est dit « soleil », ce qui ne manque pas d’étonner. C’est sans doute que le soleil est une créature qu’il ne faut pas confondre avec son créateur : « Dieu fit les deux luminaires majeurs : le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, et les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1,16-18 ; voir Ps 136,7-9). Grâce au grand luminaire, c’est lui le soleil véritable qui éclaire son messie, qui pour lui sépare la lumière des ténèbres. Habiter et marcher Une tension marque tout le psaume, entre le séjour dans le temple et la marche qui y conduit. Au début le psalmiste chante la douceur des « demeures » de Dieu et de ses « autels » (2.4), mais, si « le moineau » loge de manière permanente au temple, ce n’est pas tout à fait son cas : son âme « languit » jusqu’à mourir de désirer ressembler au moins à « l’hirondelle » qui passe tout l’été dans la maison de Dieu. Au début de la partie centrale il commence par bénir ceux qui habitent le temple (5), mais tout le reste est consacré à ceux qui sont en route, par des chemins arides, qui devront y mettre une source avant de bénéficier de la première pluie, pour arriver enfin en vue des remparts et entrer dans le temple, pour y rencontrer leur Seigneur. Dans la dernière partie, il semble que le séjour dans la maison de Dieu ne se prolonge pas beaucoup, même si un jour dans ses parvis en vaut plus que mille ailleurs. L’image du pèlerin qui reste sur le seuil, pourrait laisser penser qu’il va repartir pour rentrer dans sa demeure de tous les jours. Toutefois, il ne quitte pas le temple sans le don de la « grâce » et de la « gloire » du Seigneur qui lui permettra de « marcher en intégrité » (12). Comme pour l’hirondelle, arrivera le temps de repartir, jusqu’à l’année prochaine. Comme pour elle, son séjour n’aura toutefois pas manqué d’être fécond.
LE PSAUME 851 TEXTE 1
Du maitre-de-chœur, des fils de Coré, psaume. 2 Tu aimes, Yhwh, ta terre, tu as retourné le sort de Jacob. 3 Tu as enlevé la faute de ton peuple, tu as couvert tout leur péché. 4 Tu as achevé tout ton emportement, tu t’es détourné de l’ardeur de ta colère. 5 Retourne-nous, Dieu de notre salut, et retire ton indignation avec nous. 6 Pour toujours seras-tu irrité contre nous, prolongeras-tu ta colère d’âge en âge ? 7 Certes que toi tu retourneras nous faire vivre et ton peuple se réjouiront en toi. 8 Fais-nous voir, Yhwh, ta fidélité et ton salut tu donneras à nous. 9 J’écouterai : que dit le Dieu Yhwh ? Eh bien, il dit la paix pour son peuple et pour ses fidèles, et qu’ils ne retournent à la folie. 10 Oui, proche de ses craignant son salut, pour qu’habite gloire sur notre terre. 11 Fidélité et loyauté se sont rencontrées, justice et paix se sont embrassées. 12 Loyauté de la terre germera car justice des cieux s’est penchée. 13 Aussi Yhwh donnera le bon et notre terre donnera son produit. 14 Justice devant lui marchera et Il mettra sur le chemin ses pas. V. 2B
: « TU RETOURNES LE SORT DE JACOB
Selon le ketîb : « Tu retournes le sort (šebût) de ton peuple », selon le qeré : « Tu fais revenir les captifs (šebît) de ton peuple »2. Si l’on voit dans ces versets, et dans tout le psaume, une supplication pour le retour d’exil, on donnera la préférence au qeré; mais cette interprétation ne s’impose pas absolument. V. 7A
: VOICI QUE TOI
Le premier mot, hălô, est une particule interrogative, mais elle peut avoir un sens exclamatif qui peut être rendu par « voici que », « certes »3. Le verset 7 répondrait ainsi à la question du verset précédent4. V. 9AB : «
J’ÉCOUTERAI : QUE DIT LE DIEU YHWH ?
Le futur « j’écouterai » veut rendre le cohortatif. Le pronom mah est d’abord un interrogatif. Étant donné que le centre d’une composition concentrique est souvent occupé par une question, ou par une question et sa réponse, 9b est interprété comme une question5 et le reste du verset comme sa réponse. V. 14B : « ET IL METTRA SUR LE CHEMIN SES PAS
»
Le sens est loin d’être clair et les propositions de correction sont nombreuses. La plus commune est de changer weyāśēm (« il met ») par wešālôm (« et la Est repris et corrigé ici mon article de 1990, « L’enfant de l’amour (Ps 85) ». Comme en Ps 126,4a ; voir Le Psautier. Cinquième livre, 377. 3 Joüon, 161c. 4 Voir Hakham, II, 111. 5 Ainsi la BJ. Kraus (II, 172.176) fait des deux membres suivants une question : « Will he not speak of salvation to his people and to his faithful ones ? ». 1 2
162
La troisième section (Ps 84–89)
paix »6. Le problème est d’identifier le référent des pronoms : qui « mettra » et de qui sont les « pas »7 ? Le verbe yāśēm (« il met ») est au masculin, et le sujet peut être « Yhwh » mais aussi « Justice » qui est masculin en hébreu. C’est la logique de la dernière partie du psaume qui permettra de comprendre. L’expression courante śym + objet + le signifie « faire de quelque chose ou de quelqu’un quelque chose ou quelqu’un de différent » (entre cent exemples, Is 13,9 : « faire de la terre un désert » ; Is 49,11: « je ferai de toutes mes montagnes un chemin »)8 ; mais ici, l’ordre des termes est différent de celui de la locution habituelle.
COMPOSITION Le psaume comprend trois parties, deux plus développées qui encadrent une partie nettement plus courte. LA PREMIÈRE PARTIE (2-8) Elle comprend sept segments bimembres organisés en trois morceaux ; deux morceaux formés de trois segments (2-4 et 6-8) encadrent un morceau qui n’en comprend qu’un seul (5). Le premier morceau (2-4) . 2 Tu aimes, . TU AS RETOURNÉ
Yhwh, le sort de
ta terre, Jacob.
. 3 Tu as enlevé . tu as couvert
la faute de tout
ton peuple, leur péché.
. 4 Tu as achevé . TU T’ES DÉTOURNÉ
tout de l’ardeur de
ton emportement, ta colère.
L’unité du premier morceau est marquée par le fait que chacun des six membres commence par un verbe et que ces six verbes sont affectés des mêmes modalités ; elle est marquée aussi par le fait que le psalmiste, celui qui s’adresse à « Yhwh », semble désigner les destinataires des actions de Dieu comme s’il n’en faisait pas partie (« ta terre », « Jacob », « ton peuple », « leur ») : le pronom « nous » est absent de ce morceau, alors qu’il reviendra avec insistance dans les versets suivants. Les deux premiers segments sont liés entre eux par le fait que leurs deux premiers membres s’achèvent semblablement avec les 6
Osty : « et le Salut accompagne ses pas » ; voir Hossfeld – Zenger, II, 361 ; Ravasi, II, 772. Comme l’exprime bien la note p. de la TOB : « Ou bien, avec la Vulg. il (ou elle) mettra ses pas sur le chemin (c’est-à-dire Dieu ou la Justice) ». 8 Voir R.J. TOURNAY, Voir et entendre Dieu avec les Psaumes, 134. 7
Le psaume 85
163
« synonymes », « ta terre » et « ton peuple » ; en fait tous les membres des deux premiers segments s’achèvent sur la mention des destinataires des actions de Dieu (« ta terre », « Jacob », « ton peuple » repris sous forme pronominale par « leur » à la fin de 3b). Les deux derniers segments sont liés par la reprise de « tout » (3b.4a). Les seconds verbes des segments extrêmes sont de même racine ; les deux « retours » sont complémentaires, puisqu’il s’agit de celui dont Dieu est le sujet à la fin et de celui dont le peuple est le sujet au début, mais tous deux sont l’œuvre du Seigneur. Cette reprise lexicale fait inclusion. La suite logique de ces trois segments semble inversée : en effet l’ordre chronologique voudrait que Dieu mette fin à sa colère d’abord, puis qu’il pardonne, et enfin qu’il rétablisse la situation antérieure de son peuple. Le dernier morceau (6-8) + 6 Pour toujours + prolongeras-tu
seras-tu-irrité ta colère
d’âge en âge ?
: 7 Certes que toi : et ton peuple
tu retourneras se réjouiront
EN
+ 8 Fais-nous voir, + et ton salut
Yhwh, tu donneras
CONTRE
NOUS,
nous feras vivre TOI !
ta fidélité À
NOUS.
Les termes médians du dernier segment, « ta fidélité9 » et « ton salut », s’opposent aux termes centraux du premier segment, « seras-tu-irrité » et « ta colère » ; les membres extrêmes sont les seuls à s’achever sur une préposition suivie de « nous ». Les deux membres du segment central (7) ne sont pas synonymiques comme dans les deux autres segments : son deuxième membre est la conséquence du premier. Le « nous » (une fois à la fin des premiers membres des deux premiers segments et une fois aux extrémités du dernier segment) est élargi par « d’âge en âge » (6b) qui reprend « pour toujours » (6a) et semble annoncer « ton peuple » (7b).
9
« Fidélité » traduit ḥesed et ’emet est rendu par « loyauté » ; voir Le Psautier. Cinquième livre, 123.
La troisième section (Ps 84–89)
164
L’ensemble de la partie (2-8) + +
2
ta terre, Jacob.
Tu as emporté tu as couvert
la faute de tout
leur péché.
4
tout de l’ardeur de
TU AS RETOURNÉ
= =
3
:: ::
:: :: = = + +
YHWH, le sort de
Tu aimes,
8
7
TON PEUPLE,
TON EMPORTEMENT, TA COLÈRE. ············································································································· - 5 RETOURNE-NOUS, DIEU de notre SALUT, - et retire TON INDIGNATION avec nous. ············································································································· 6 Pour toujours SERAS-TU-IRRITÉ contre nous, prolongeras-tu TA COLÈRE d’âge en âge ?
Tu as achevé TU T’ES DÉTOURNÉ
Voici que toi et TON PEUPLE
FAIS-NOUS-VOIR, et ton SALUT
TU-RETOURNERAS
se réjouiront
nous faire-vivre en toi !
YHWH, tu donneras
ta fidélité à nous.
Les deux morceaux identifiés ci-dessus encadrent un segment unique. En effet, le verset 5 a un statut particulier. C’est tout d’abord le seul segment dans lequel l’apostrophe, « Dieu », soit utilisée, apostrophe qui est symétrique de celle qui revient, en position identique, dans les premiers membres des segments extrêmes, « Yhwh » (2a.8a). Par ailleurs, si ses deux membres commencent avec un verbe à l’impératif, le premier, « retourne-nous », a pour objet le peuple (« nous ») tandis que le second, « retire », a pour objet « l’indignation » de Dieu lui-même. Ainsi, il est demandé à Dieu de façon complémentaire de « faire retourner » le peuple (vers lui) et de retourner, de revenir de sa colère (envers eux) ; c’est le seul segment de cette partie où se trouve ce double mouvement. Les verbes de même racine šwb (traduits par « retourner ») dont on a vu qu’ils faisaient inclusion pour le premier morceau (2b.4b) se trouvent revenir aussi au centre du dernier morceau (7a) ainsi qu’au centre de la partie (5a) : le sens de ces quatre occurrences est complémentaire : Dieu « se détourne » de sa colère (4), il « fait revenir » son peuple (5a), il « retourne » le sort de son peuple (2b), il « revient » enfin le faire vivre (7a). La construction concentrique n’est pas seulement globale (2-4 ; 5 ; 6-8) ; les segments sont symétriques deux à deux de chaque côté du segment central. Les segments 4 et 6 : les deux membres de 4 s’achèvent avec « emportement » et « colère » qui ont leur pendant au centre de chaque membre de 6 avec « seras-tu-irrité» et « ta-colère » ; un troisième synonyme de ces quatre termes se retrouve dans le segment central, « indignation » (aucun de ces mots ne sera repris ailleurs dans la partie). En outre, les verbes par lesquels commencent les
Le psaume 85
165
membres extrêmes, « tu as achevé » et « prolongeras-tu » sont opposés, et ce sont les seuls de toute la partie qui indiquent une notion de temps10. Les segments 3 et 7 : ce sont les seuls où est repris « ton peuple ». Les seuls aussi où se retrouve un balancement semblable entre le singulier et le pluriel : « ton peuple » et « le péché d’eux » en 3, « ton peuple » et « se réjouiront » en 7b. À « la faute » et « le péché » (3) s’opposent le don de la vie et la joie (7). Les segments 2 et 8 : ce sont les deux seuls de la partie où revienne l’apostrophe, « Yhwh » ; une apostrophe similaire, « Dieu », se trouve dans le verset central, en même position11. « Fais-nous voir », le seul impératif du dernier morceau, rappelle les impératifs du segment central ; de même les deux seules occurrences de « salut » se trouvent au centre (5a) et à la fin (8b). Enfin, « ta fidélité » de 8a semble renvoyer au premier mot, « tu aimes » (2a). Ces faits n’ont rien qui doive surprendre dans la mesure où l’on se souvient que, si le dernier morceau suit l’ordre chronologique, le premier suit l’ordre inverse (voir p. 163). La prière centrale est la seule qui oppose, dans ses deux membres, « l’indignation » et « le salut » ; cette opposition se retrouve, de façon croisée, aux extrémités des deux autres morceaux, amour et « fidélité »/« salut » dans le premier et le dernier segment (2.8) comme en 5a, « emportement », irritation et « colère » dans les segments les plus proches du centre (4.6) comme « indignation » en 5b. LA DEUXIÈME PARTIE (9) :: 9 J’écouterai : :: que DIT
le Dieu
+ Eh bien il DIT – pour son peuple + et qu’ils ne retournent
la paix et pour ses fidèles à la folie.
Yhwh ?
Alors que tous les autres segments du psaume sont clairement des bimembres, pour la plupart à six termes, le rythme du verset 9 est complètement différent. Dans le deuxième segment les membres extrêmes commencent par les verbes (opposés ou complémentaires par leurs sujets) et s’achèvent avec les substantifs, « paix » et « folie », qui peuvent être tenus pour opposés. « Dire » est repris en termes médians des deux segments. Les destinataires des paroles de Dieu sont nommés deux fois au centre du second segment : « son peuple » – « ses fidèles »; celui qui leur parle était nommé lui aussi par deux de ses noms dans le second membre du premier segment : « Dieu » et « Yhwh ». 10
Traduit par « retire », le second verbe de 5, pourrait aussi être rendu par « cesse »; ainsi les deux verbes de sens temporel de 4 et de 5 trouveraient un écho dans le verset qu’ils encadrent. 11 C’est là un exemple de la troisième loi Lund: « Des idées identiques sont souvent distribuées de telle manière qu’elles apparaissent aux extrémités et au centre et nulle part ailleurs dans le système » (Chiasmus in the New Testament, 41 ; Traité, 97-98).
La troisième section (Ps 84–89)
166
LA TROISIÈME PARTIE (10-14) La dernière partie comprend cinq bimembres organisés en trois morceaux : deux formés de deux bimembres (10-11 ; 13-14) qui encadrent un morceau qui ne comprend qu’un seul bimembre (12). Le premier morceau (10-11) = 10 Oui, proche de = pour qu’habite
ses craignant gloire
son salut sur notre terre.
. 11 Fidélité . justice
et loyauté et paix
se sont rencontrées, se sont embrassées.
Si les deux verbes de 11 sont au passé, en revanche, les prédicats de 10 sont atemporels : « proche » n’est pas un verbe et « pour qu’habite » traduit un infinitif (« pour habiter » serait plus précis, mais encore moins clair que la traduction adoptée). Cependant, il est évident que, comme le second segment, le premier décrit une situation réalisée. Dans chacun des membres du premier segment, deux personnages sont mis en scène : d’une part, le Seigneur (dont parlait le verset précédent) qui est présenté par deux de ses attributs, « son salut » et « gloire », et d’autre part « ses craignant » qui sont « sur notre terre ». Dans chacun des membres du second segment, ce sont de nouveau deux personnages désignés par leurs attributs ; le problème est de les identifier. Si l’on pose en principe que le texte est cohérent, et qu’un verset peut être expliqué non seulement par ce qui le précède, mais aussi par ce qui le suit, la solution sera donnée par le segment suivant : puisque « loyauté » vient « de la terre » (12a), « fidélité » de 11a désigne Dieu ; puisque « justice » vient « des cieux » (12b), « paix » de 11b désigne l’autre personnage, les hommes de « notre terre » qui « craignent » le Seigneur (dans les deux membres du verset 11, le personnage divin est présenté en premier). Le deuxième morceau (12) – 12 Loyauté – car justice
de la terre des cieux
germera s’est penchée 12.
Le verset central se distingue des deux précédents d’abord par le fait que chaque membre est consacré à un seul des deux personnages, le terrestre puis le céleste ; ensuite, si ses deux membres s’achèvent par un verbe comme dans le verset précédent, seul le second est au passé, comme le morceau précédent, tandis que le premier est au futur, comme les quatre verbes du morceau suivant. 12
Le « et » qui coordonne les deux membres est compris comme un waw causal, traduit par « car » (voir Joüon, 170c).
Le psaume 85
167
Le dernier morceau (13-14) = 13 Aussi YHWH = et NOTRE TERRE
donnera donnera
le bon son produit.
: 14 : et
devant LUI sur le chemin
marchera ses pas.
Justice IL mettra
Tous les verbes de ce morceau sont au futur, ce qui le distingue du premier morceau (10-11). Si les deux personnages du premier segment sont clairement désignés, « Yhwh » et « notre terre », il n’en va pas de même pour ceux du dernier segment (14 ; voir p. 161). Seule la cohérence de l’ensemble de la partie (et de tout le psaume) permettra, semble-t-il, de résoudre l’énigme. L’ensemble de la partie (10-14) . 10 .
Oui, et
. 11 .
FIDÉLITÉ et LOYAUTÉ se sont rencontrées JUSTICE et PAIX se sont embrassées. ································································································ 12 LOYAUTÉ de LA TERRE germera des CIEUX s’est penchée. car JUSTICE ································································································ Aussi YHWH donnera le bon
. 13 . . .
proche de habite
SES CRAIGNANT GLOIRE
SON SALUT
sur NOTRE TERRE.
et
NOTRE TERRE
donnera
son produit.
et
JUSTICE IL mettra
devant LUI sur un chemin
marchera ses pas.
14
Les premiers membres des morceaux extrêmes sont les seuls qui commencent par un mot-outil, traduit par « Oui » en 10a et par « Aussi » en 13a : ces mots jouent en quelque sorte le rôle de termes initiaux. Le court morceau central articule les deux autres. « Loyauté de la terre » de 12a rappelle le premier morceau avec « loyauté » en 11a et « notre terre » en 10b. « Justice » de 12b apparaissait dans le premier morceau (11b) et reviendra dans le dernier (14a). En outre, le futur de 12a, « germera », annonce les quatre du dernier morceau, et le passé de 12b renvoie à ceux de 11ab. Les deux personnages principaux sont « Yhwh » — avec « son salut » (10a) et « gloire » (10b), « justice » (11b) qui se penche des cieux (12b) — et d’autre part « la terre » (10b.12a.13b) où germera « loyauté » (12a), laquelle avec « paix » rencontrent « fidélité » et « justice » (11ab). « La terre » et sa « loyauté » sont appelées au début « ses craignant » (10a).
168
La troisième section (Ps 84–89)
Ces cinq versets sont organisés selon un simple déroulement chronologique. Ils racontent une histoire d’amour. Mais c’est une histoire d’amour qui n’est pas encore achevée ; le moment de l’énonciation se situe à la troisième étape, celle que décrit le segment central où l’action de « Justice » est énoncée comme achevée tandis que la germination est annoncée pour le futur. Tout d’abord l’époux a rejoint son épouse pour habiter avec elle (10) ; c’est ensuite la rencontre et les embrassements, c’est-à-dire l’union des deux époux (11) ; la conception est annoncée, avec la métaphore agricole de la germination (12a) grâce à la fécondation divine (12b) ; puis la naissance (13), en filant la même métaphore ; l’étape qui suit naturellement la naissance est l’éducation, et de façon concrète, l’apprentissage de la marche : l’enfant (« le bon », « le produit » du verset précédent) a reçu un des noms de son père, « Justice », le dernier des quatre « noms » attribués à Dieu (« Salut » en 10a, « Gloire » en 10b, « Fidélité » en 11a et enfin « Justice », deux fois, en 11b et en 12b) ; il marche devant son père qui le tient par les mains en se penchant au-dessus de lui ; son père guide ses pas sur un chemin (14). Cette interprétation sera confirmée par le contexte immédiat, c’est-à-dire par le reste du psaume. L’ENSEMBLE DU PSAUME « Fidélité » dans les morceaux qui encadrent la partie centrale (8a.11a) désigne l’amour que Dieu porte à son peuple ; la racine de ce mot se retrouve au centre sous une autre forme, « fidèles » (9d), et désigne l’amour que porte le peuple à son Seigneur ; ces deux emplois sont donc complémentaires. « Terre » qui rythme la troisième partie, au début des morceaux extrêmes (10b.13b) et au centre (12a), se retrouve au début de la première partie (2a) ; à remarquer cependant la différence des pronoms suffixes qui font que « la terre » de 12 (sans pronom) est dite « ta terre » au début, c’est-à-dire la terre du Seigneur, et « notre terre » dans la dernière partie (10b.13b). Comme si, entre le début du psaume et la fin, elle avait été redonnée à Israël. « Salut » revient deux fois dans la première partie, au centre (5a) et à la fin (8b) ; il se retrouve au début de la dernière partie (10a) ; il est dans tous les cas le fait de Dieu, toujours en faveur de son peuple. « Paix » revient en 9c et 11b. « Donner » à la fin de la première partie (8b) est repris deux fois dans le dernier morceau de la dernière partie (13a.b) ; son objet est, la première fois le « salut » de Dieu, la deuxième fois « le bon », le « produit », fruit de l’union de la terre et du ciel. Le don de Dieu sort aussi de la terre. Les quatre verbes de la racine šwb, « retourner », dans la première partie ont Dieu pour sujet, quel que soit son objet : c’est le Seigneur qui « a retourné » le sort de son peuple (2b) et qui « retourne » (qui « fait retourner » vers lui) son peuple au centre (5a), qui s’est « détourné » de l’ardeur de sa colère (4b), qui « retournera » faire vivre son peuple (7a). En revanche, la cinquième occurrence de ce même verbe à la fin de la partie centrale (9e) a pour sujet « son peuple et ses fidèles ». Les emplois de la première partie et celui de la seconde sont donc complé-
Le psaume 85
169
mentaires : le retour, de Dieu et du peuple, vers la fidélité, est œuvre de Dieu seul, mais le peuple peut retourner « à la folie », c’est-à-dire à son « péché » et à sa « faute » (3), se détourner de son Dieu, pour s’attacher à ce qui est insensé, à savoir les faux époux, les idoles auprès desquelles le peuple était allé se prostituer. 1
Du maitre-de-chœur,
des fils de Coré,
psaume.
+ 2 Tu aimes, + TU AS RETOURNÉ
YHWH, le sort
TA TERRE, de Jacob.
+ 3 Tu as enlevé + tu as couvert
la faute de tout
TON PEUPLE, leur péché.
+ 4 Tu as achevé + TU T’ES DÉTOURNÉ
tout de l’ardeur
ton emportement, de ta colère.
·············································································································· 5 RETOURNE-NOUS, DIEU de notre SALUT,
et retire
ton indignation
avec nous.
··············································································································
– 6 Pour toujours – prolongeras-tu
seras-tu-irrité ta colère
contre nous, d’âge en âge ?
– 7 Voici que toi – et TON PEUPLE
TU RETOURNERAS
se réjouiront
nous faire vivre en toi !
– 8 Fais-nous voir, – et ton SALUT
YHWH,
TA FIDÉLITÉ
TU DONNERAS
à nous.
J’écouterai : que dit
le DIEU
YHWH ?
Eh bien, il dit pour SON PEUPLE et QU’ILS NE RETOURNENT
la PAIX et pour SES FIDÈLES, à la folie.
9
+ 10 Oui, proche + pour qu’habite
de ses craignant gloire
son SALUT, sur NOTRE TERRE.
+ 11 FIDÉLITÉ + justice
et loyauté et PAIX
se sont rencontrées, se sont embrassées.
·············································································································· 12
Loyauté car justice
de LA TERRE des cieux
germera s’est penchée.
·············································································································· – 13 Aussi YHWH DONNERA le bon – et NOTRE TERRE DONNERA son produit.
– 14 Justice – et Il mettra
devant lui sur le chemin
marchera ses pas.
La troisième section (Ps 84–89)
170 1
Du maitre-de-chœur,
des fils de Coré,
psaume.
+ 2 Tu aimes, + TU AS RETOURNÉ
YHWH, le sort
TA TERRE, de Jacob.
+ 3 Tu as enlevé + tu as couvert
la faute de tout
TON PEUPLE, leur péché.
+ 4 Tu as achevé + TU T’ES DÉTOURNÉ
tout de l’ardeur
ton emportement, de ta colère.
·············································································································· 5 RETOURNE-NOUS, DIEU de notre SALUT,
et retire
ton indignation
avec nous.
··············································································································
– 6 Pour toujours – prolongeras-tu
seras-tu-irrité ta colère
contre nous, d’âge en âge ?
– 7 Voici que toi – et TON PEUPLE
TU RETOURNERAS
se réjouiront
nous faire vivre en toi !
– 8 Fais-nous voir, – et ton SALUT
YHWH,
TA FIDÉLITÉ
TU DONNERAS
à nous.
J’écouterai : que dit
le DIEU
YHWH ?
Eh bien, il dit pour SON PEUPLE et QU’ILS NE RETOURNENT
la PAIX et pour SES FIDÈLES, à la folie.
9
+ 10 Oui, proche + pour qu’habite
de ses craignant gloire
son SALUT, sur NOTRE TERRE.
+ 11 FIDÉLITÉ + justice
et loyauté et PAIX
se sont rencontrées, se sont embrassées.
·············································································································· 12
Loyauté car justice
de LA TERRE des cieux
germera s’est penchée.
·············································································································· – 13 Aussi YHWH DONNERA le bon – et NOTRE TERRE DONNERA son produit.
– 14 Justice – et Il mettra
devant lui sur le chemin
marchera ses pas.
Les parties extrêmes sont parallèles. Dans la première le retour dont le Seigneur a pris l’initiative (2-4) est demandé ensuite (5 puis 6-8) ; en partie réalisé au début de la troisième partie (10-11.12b), son accomplissement est promis ensuite (12a.13-14).
Le psaume 85
171
Les centres des parties extrêmes se correspondent : le premier (5) est le seul de cette partie à mettre en relation, de façon complémentaire, le retour du peuple (vers son Seigneur) et celui de Dieu (qui se détourne de son indignation ; voir p. 164) ; ces retours sont tous deux l’œuvre de Dieu. Cette complémentarité se retrouve au centre de la dernière partie (12), soulignée par l’opposition entre « la terre » et « les cieux » ; si le waw par lequel commence le deuxième membre est bien causal, ce qui arrive à la terre est aussi l’œuvre de Dieu. Le centre général (9) est le seul lieu où est utilisée la première personne du singulier : « J’écouterai ». Beaucoup de commentateurs y voient l’intervention d’un prophète dans le cadre liturgique de la prière au Temple, qui transmet la réponse de Dieu à la prière qui vient de lui être adressée13. Quoi qu’il en soit des circonstances dans lesquelles a pu naitre le psaume et de son utilisation liturgique originelle, il est certain que le second segment de 9 est la réponse de Dieu, réponse qui est une mise en garde, aussi bien qu’une promesse. Tel est le lien avec la première partie. Quant à la dernière partie, elle développe la réponse donnée dans le deuxième segment de la partie centrale. Le nom de « Yhwh » qui encadre la première partie (2a.8a) est repris une fois dans la dernière partie (13a). Il revient dans la partie centrale, mais précédé de « Dieu » (9b), terme qui se trouvait déjà au centre de la première partie (5).
CONTEXTE AMOUR CONJUGAL ET FILIATION Pour décrire les rapports d’amour, d’infidélité, de réconciliation, qui lient et séparent Dieu et son peuple, le psaume utilise le langage de la relation conjugale ; parmi tous les textes qui décrivent l’histoire amoureuse du Dieu de Jacob et de son peuple, Os 1–3 semble être celui dont la parenté avec le Ps 85 est la plus proche. Sur cette première métaphore conjugale, se greffe naturellement la métaphore agricole traditionnellement utilisée pour parler de la fécondation et de la naissance. En Os 1,3 « Yizréel », le nom du premier fils du prophète et de la prostituée qu’il a épousée, signifie « Dieu sème » (voir aussi 2,23-24). Il se trouve qu’Osée poursuit, dans un passage qui rappelle le chapitre 2, avec la même image par laquelle s’achève le Ps 85 : « Car Israël est un enfant et je l’aime [...] Et moi j’ai appris à marcher à Éphraïm en le tenant par les bras » (11,1.3). Annonçant la nouvelle alliance, Jérémie dit : Voici venir des jours — oracle de Yhwh — où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle. Non pas comme l’alliance que je conclus avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte (Jr 31,31-32 ; repris en Hb 8,8-9). 13
Voir en particulier R.J. TOURNAY, Voir et entendre Dieu avec les Psaumes, 148-149.
172
La troisième section (Ps 84–89)
Osty écrit en note de Jr 31,32 : « “où je les pris par la main”, comme un père qui veille sur les pas de son enfant, cf Os 11,1-4. » JUSTICE La justice14 est avant tout celle de Dieu (Ps 5,9 ; 7,18, etc.). Mais il la donne à l’homme : « sa justice demeure à jamais » est dit de Dieu en Ps 111,3b et de « l’homme qui craint le Seigneur » dans le psaume parallèle (Ps 112,3b.9b). La justice vient à la fois des « cieux » et de la « terre » : Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s’ouvre et produise le salut, qu’elle fasse germer en même temps la justice (Is 45,8).
Ce sera en particulier le nom du messie, fils de David : 5
Voici venir des jours — oracle de Yhwh — où je susciterai à David un germe juste ; un roi régnera et sera intelligent, exerçant dans le pays droit et justice. 6 En ses jours, Juda sera sauvé et Israël habitera en sécurité. Et voici le nom dont on l’appellera : « Yhwh-notre-Justice » (Jr 23,6 ; 33,16).
GERME L’image du germe est présente au centre de la dernière partie du psaume : « Loyauté de la terre germera » (12). Comme on vient de le voir dans les deux textes à peine cités, le salut est présenté sous la métaphore du « germe » (Is 45,8d ; Jr 23,5). Cette métaphore est utilisée pour désigner le petit reste d’Israël (Is 4,2) à partir duquel une renaissance sera possible. C’est aussi un autre nom du Messie : « Voici que je vais introduire mon serviteur “Germe” » (Za 3,8 ; voir aussi 6,12). La Septante traduit ṣemaḥ, « germe », « pousse », par anatolē, qui signifie aussi un astre à son lever (Ml 3,20). C’est le terme qu’utilise Luc pour désigner Jésus le Messie : « par les entrailles de miséricorde de notre Dieu en lesquelles nous visitera celui qui point d’en haut » (Lc 1,78)15. On traduit généralement par « l’astre » (BJ), « l’astre levant » (Osty, TOB)16.
« Justice » traduit le masculin ṣedeq et le féminin ṣedāqâ ; voir Ps 40,10.11 ; 72,2.3. Voir R. MEYNET, L’Évangile de Luc (20113), 101-102. 16 La TOB écrit en note h : « Ce terme signifie à la fois le lever d’un astre et le rejeton d’une plante : l’AT l’utilise pour annoncer le rejeton de David (Jr 23,4 ; Za 3,5 ; 6,12) et il emploie le verbe correspondant pour dire le lever de l’astre messianique (Nb 24,17 ; cf. Ml 3,20). Le psaume doit viser ces deux sens, mais surtout le second, très populaire alors dans le judaïsme (cf. Mt 2,2) ». 14 15
Le psaume 85
173
INTERPRÉTATION QUEL EST LE SUJET DU PSAUME ? De quoi — ou de qui — parle le psaume 85 dont la liturgie romaine avait fait un des psaumes privilégiés de l’Avent17 ? Certains ont vu dans ce chant un psaume de récolte18, ou pour demander la pluie19, à cause du verset 13 : « notre terre donnera son produit ». Évode Beaucamp est du même avis : Il paraît difficile de contester qu’il s’agisse ici du don de la pluie et de la prospérité du sol. La littérature chrétienne primitive, et la liturgie des premiers siècles, ont donc singulièrement élargi l’objet de l’oracle, lorsqu’elles en font une annonce du mystère de Noël20.
Sans exclure une telle utilisation liturgique à laquelle un vocabulaire agricole peut fournir un bon prétexte, il semble qu’il ne faille pas prendre au pied de la lettre des termes dont l’emploi est métaphorique21. L’interprétation chrétienne traditionnelle, soutenue par Irénée et Augustin, aurait-elle attribué — abusivement — un sens allégorique à ce psaume agricole ? Ne serait-elle pas plutôt dans le droit fil de sa véritable signification originelle ? L’interprétation proposée ici, fruit de l’analyse de la composition du texte, confirmée après coup par le rapprochement qu’elle suggère avec le livre d’Osée, pourrait apporter quelque lumière pour répondre à ces questions. UNE HISTOIRE D’AMOUR Le premier mot donne le ton ; comme c’est le cas pour le Miserere (Ps 51) et le De profundis (Ps 130). « Tu aimes ta terre » ! Tu l’aimes au point de lui pardonner toutes ses fautes (3) et d’oublier la colère que sa conduite indigne avait méritée (4). Dans le langage d’Osée et des prophètes de l’exil, c’est de la nouvelle alliance qu’il s’agit, celle qui repose sur le pardon des péchés, avant même qu’il soit demandé, avant que soit imploré le retour du Seigneur (7) et que se manifestent de nouveau sa « fidélité » et son « salut » (8). Tel est le mouvement et la logique de la première partie du psaume. LE SEIGNEUR FAIT LA PAIX Commencée dans la contemplation émerveillée du retour du Seigneur, la première partie se transformait, à partir du centre, en supplication. Dans la courte partie centrale, le psalmiste souhaite entendre la réponse de Dieu. Celle-ci ne se Voir E. LIPÍNSKI, « Le psaume du 3e dimanche de l’Avent (Ps 85) ». S. MOWINCKEL, The Psalms in Israel's worship, I, 163.191.223 ; II, 63. 19 Ainsi Dahood, II, 286. 20 É. BEAUCAMP, Le Psautier, II, 69. 21 Que penserait-on d’un documentaliste qui, voyant un article intitulé « Le Liban a construit un pont entre l’Orient et l’Occident », le classerait dans la rubrique « génie civil » ? 17 18
174
La troisième section (Ps 84–89)
fait pas attendre : le Seigneur n’attend qu’une chose, le retour de son peuple, de ses fidèles, avec lesquels il veut faire « la paix ». À moins qu’ils « ne retournent à la folie », qu’ils s’entêtent dans l’infidélité dont ils viennent d’être pardonnés. Dieu propose, l’homme dispose. AMOUR ET FILIATION La « paix » offerte par le Seigneur s’est réalisée. Le Seigneur s’est approché de ses fidèles, de « ceux qui le craignent », sa « gloire » est venue habiter « sur notre terre » (10). Après la rencontre suivent les embrassements, l’union des deux amants (11). La conception d’un germe marque le tournant décisif de la dernière partie (12). On attend désormais la naissance, fruit de l’union entre « Yhwh » et « notre terre » (13), le jour où le peuple pourra chanter : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix, 6 pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin sur le trône de David et sur son royaume, pour l’établir et pour l’affermir dans le droit et la justice (Is 95-6).
Après la naissance, il faudra faire grandir le petit « Justice », le fils auquel le Seigneur aura donné son propre nom. Viendra bientôt le temps où, se penchant sur le petit, son père lui apprendra à marcher en le tenant par les mains, mettant ses pas sur le chemin du salut et de la paix. QUI EST CE FILS ATTENDU ? Le fils appelé à porter le nom de son Père des cieux et à pratiquer sa « justice » est Jacob–Israël que le psaume nomme en commençant. Que le peuple soit présenté à la fois sous les traits de l’épouse et du fils n’est pas inouï : Et moi j’avais dit : « Comment te placerai-je parmi les fils ? Je te donnerai une terre délicieuse, l’héritage le plus splendide des nations. » Et je disais : « Tu m’appelleras : Mon Père, et tu ne te détourneras pas de derrière moi. » Mais comme une femme qui trahit son amant, ainsi vous m’avez trahi, maison d’Israël, oracle de Yhwh ! » (Jr 3,19-20).
Ainsi Israël est-il promis à une nouvelle naissance où il sera recréé dans la « justice ». Le fils attendu est aussi le Messie, fils de David, qui rétablira la « justice » dans son peuple. Ce n’est donc pas sans raison que la liturgie chrétienne utilise ce psaume durant le temps de l’Avent ; dans l’enfant annoncé, elle reconnait Jésus, le Fils unique de Dieu, en qui s’est incarnée la « Justice » de Dieu.
LE PSAUME 86 TEXTE 1
Prière, de David. Tends, Yhwh, ton oreille, réponds-moi car miséreux et pauvre moi ; 2 garde mon âme, car fidèle moi, sauve ton serviteur, toi mon Dieu, qui se confie en toi. 3 aie-pitié de moi, Seigneur, car vers toi j’appelle tout le jour ; 4 réjouis l’âme de ton serviteur car vers toi, Seigneur, mon âme j’élève ; 5 car toi, Seigneur, bon et pardonnant et nombreux en fidélité pour tous tes appelant. 6 Entends, Yhwh, ma prière et sois-attentif à la voix de mes demandes-depitié ; 7 au jour de mon angoisse je t’appelle car tu me réponds. 8 Rien comme toi entre les 9 Toutes les nations lesquelles tu as faites dieux, Seigneur, et rien comme tes faits. viendront et se prosterneront à ta face, Seigneur, et rendront-gloire à ton nom. 10 Oui, grand toi et faisant des merveilles, toi, Dieu, toi seul. 11 Enseigne-moi, Yhwh, ton chemin, je marcherai en ta vérité, unifie mon cœur pour craindre ton nom. 12 Je te rendrai grâce, Seigneur mon Dieu, de tout mon cœur, et je rendrai gloire à ton nom à jamais, 13 car ta fidélité grande envers moi et tu as tiré mon âme du shéol d’en bas. 14 Dieu, des orgueilleux s’étaient levés contre moi et une bande de forcenés avaient cherché mon âme et point ne t’avaient placé devant eux. 15 Et toi, Seigneur, Dieu tendre et de pitié, lent à la colère et plein de fidélité et de vérité, 16 tourne-toi vers moi et aie-pitié de moi, donne ta force à ton serviteur et sauve le fils de ta servante ; 17 fais avec moi un signe de bonté et ils verront mes ennemis et rougiront, car toi, Yhwh, tu m’aides et me consoles. V. 2B
: « TOI MON DIEU »
’attâ ’ĕlōhay interrompt la phrase, et certains le déplacent au début du verset suivant, le considérant comme une phrase nominale : « toi, tu es mon Dieu »1. Cela n’est pas nécessaire, le vocatif pouvant être inséré à l’intérieur d’une phrase (comme en 4b, 5a et surtout 9). V. 6B
: « MES DEMANDES-DE-PITIÉ »
Cette traduction insolite entend respecter le rapport avec « aie pitié de moi » (3a), car les deux mots sont de même racine. V. 13A : « TA FIDÉLITÉ (A ÉTÉ) GRANDE
»
Pour respecter le parallélisme des membres, la copule est mise au passé. V. 14
: « DES ORGUEILLEUX S’ÉTAIENT DRESSÉS »
Les trois parfaits sont compris comme des plus-que-parfaits2.
1 2
Par ex., Kraus, II, 179-180 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 193. Voir Joüon, 112c.118d.
La troisième section (Ps 84–89)
176 V. 15A : «
DIEU TENDRE ET DE PITIÉ »
Au lieu de « miséricordieux » (voir Ps 111,4b ; 112,4b), « de pitié » a été choisi parce que « aie pitié de moi » de 16a est de même racine. COMPOSITION Après le titre, le psaume s’organise en trois parties, deux plus développées (1b-7 ; 11-17) qui encadrent une plus courte (8-10). LA PREMIÈRE PARTIE (1B-7) + 1b TENDS, = car miséreux
YHWH, et pauvre
TON OREILLE,
+ 2 GARDE + SAUVE = qui se confie
mon âme, TON SERVITEUR,
car FIDÈLE toi
RÉPONDS-moi
moi ; moi, MON DIEU,
vers toi.
·························································································································· 3
+ AIE-PITIÉ DE MOI, = car vers toi 4
+ RÉJOUIS = car vers toi, 5
:: car toi, :: et nombreux
SEIGNEUR, J’APPELLE
tout le JOUR ;
l’âme SEIGNEUR,
de TON SERVITEUR mon âme
j’élève ;
SEIGNEUR, en FIDÉLITÉ
bon pour tous
et pardonnant TES APPELANT.
·························································································································· 6
+ ENTENDS, + et SOIS-ATTENTIF 7
= au JOUR = JE T’APPELLE
YHWH, à la voix
ma prière DE MES DEMANDES-DE-PITIÉ ;
de mon angoisse car tu me RÉPONDS.
Introduit par « car », le second membre du premier segment (1c) donne la raison de la demande initiale. Il en va de même dans le deuxième segment : commençant par « car », la fin du premier membre (2a) donne comme motivation de la requête précédente la fidélité du psalmiste, et dans le troisième membre lui aussi (2c) sa confiance en son Dieu motive la demande de salut du membre précédent. La même alternance entre requête et motivation se retrouve dans le deuxième morceau. Alors que dans les deux premiers segments la motivation de la supplication est la prière du psalmiste, dans le troisième segment au contraire, c’est la bonté et la fidélité du Seigneur.
Le psaume 86
177
Dans le troisième morceau, la demande occupe tout le premier segment tandis que la motivation suit dans le deuxième segment. Au début des morceaux extrêmes le psalmiste demande à « Yhwh » de l’écouter. Les deux occurrences de « Yhwh » jouent le rôle de termes initiaux et celles de « répondre » de termes extrêmes (1b.7b). Le morceau central se distingue des deux autres du fait qu’il utilise trois fois le vocatif « Seigneur » (’ădōnāy : 3a.4b. 5a). Dans le premier morceau c’est le psalmiste qui est « fidèle » (2a), dans le deuxième c’est le Seigneur (5b). Les deux premiers morceaux ont en commun « âme » (2a.4a.4b) ainsi que « ton serviteur » (2b.4a). « Appeler » revient aux extrémités du second morceau (3b.5b) et à la fin du dernier (7b) ; le premier terme de 3 et le dernier de 6 sont de même racine et c’est pourquoi le second a été traduit par « mes demandes-de-pitié ». LA DEUXIÈME PARTIE (8-10) + 8 Rien comme TOI – et rien :: 9 Toutes les nations .. viendront .. et elles rendront-gloire + 10 Oui, grand – et FAISANT + TOI,
entre les dieux,
SEIGNEUR,
comme tes FAITS. lesquelles et se prosterneront à TON NOM.
TU AS FAITES
à ta face,
SEIGNEUR,
TOI
des merveilles, DIEU,
toi seul.
Le premier segment met en parallèle le « Seigneur » (8a), et ses « faits » (8b). Il en va de même dans le trimembre final (10a.10b), où le dernier membre correspond au premier membre du premier segment (8a) non seulement avec l’apostrophe, mais aussi avec « toi seul » qui renvoie à « rien comme toi ». Au centre (9), l’adoration des « nations » (gôyim) : ce dernier terme peut désigner les nations païennes, mais peut aussi comprendre Israël3. Toutefois, le fait qu’elles « viendront » se prosterner laisse penser qu’il s’agit des étrangers qui arriveront de loin pour adorer le Seigneur dans le temple de Jérusalem. « Faire » revient dans chaque segment (8b.9a.10b). Les noms divins, en apostrophe, jouent le rôle de termes extrêmes (8a.10c) ; « Seigneur », toujours en apostrophe, se retrouve aussi à la fin du second membre du trimembre central (9b). « Ton nom » à la fin du segment central (9c) est celui du Dieu d’Israël, « Yhwh » qui n’est pas prononcé dans cette partie.
3
Voir, par exemple, Ps 67.
La troisième section (Ps 84–89)
178
LA TROISIÈME PARTIE (11-17) + 11 ENSEIGNE-MOI, = je marcherai
YHWH,
+ UNIFIE = pour craindre
mon cœur, TON NOM.
ton chemin,
EN TA VÉRITÉ,
····························································································································
.. 12 Je te rendrai grâce, .. et je rendrai gloire
SEIGNEUR
MON DIEU,
À TON NOM
à jamais,
:: 13 car ta FIDÉLITÉ :: et tu as tiré
(a été) grande mon âme
envers moi du schéol
des orgueilleux de forcenés ne t’avaient placé
s’étaient levés avait cherché devant eux.
14
– DIEU, – et une bande – et point
de tout mon cœur,
d’en bas ; contre moi, mon âme,
····························································································································
:: 15 Et toi, :: lent
SEIGNEUR, à la colère
DIEU–tendre et plein–de FIDÉLITÉ
+ TOURNE-TOI + DONNE + et SAUVE
vers moi ta force le fils
et aie-pitié de moi, à ton serviteur de ta servante ;
+ 17 FAIS = et ils verront :: car toi,
avec moi mes ennemis YHWH,
un signe et rougiront tu m’aides
16
et de pitié, ET DE VÉRITÉ,
de bonté et me consoles.
Les deux segments du premier morceau sont parallèles entre eux : en effet, les demandes (11a.11c) sont suivies de leur conséquence (11b.11d). Le dernier morceau correspond au premier. L’apostrophe initiale, « Yhwh » (11a), est développée en un premier bimembre (15), après quoi vient un trimembre de demandes (16) ; quant au trimembre final, il commence par une demande, continue avec sa conséquence (17b) et le dernier membre en donne la cause (17c). « Seigneur » (15a) et « Yhwh » (17c) font inclusion ; « aie pitié de moi » à la fin de 16a fait écho au dernier terme de 15a, traduit par « de pitié » pour respecter le fait que les deux termes sont de même racine. Le morceau central est une action de grâce (12) motivée par le salut que Dieu a accordé à son fidèle (13). Le trimembre final explicite d’où était venue la menace mortelle : alors que les ennemis « avaient cherché mon âme » (14b), le Seigneur « a tiré mon âme du schéol » (13b). Les vocatifs « Seigneur mon Dieu » (12a) et « Dieu » (14a) servent de termes initiaux des segments extrêmes. Les deux occurrences de « mon cœur » (11c.12a) et de « ton nom » (11d.12b) agrafent les deux premiers morceaux. « Fidélité » revient dans les deux derniers morceaux (13a.15b). Les deux occurrences de « vérité » (11b.15b) jouent le rôle de termes initiaux pour les morceaux extrêmes. Les vocatifs, « Yhwh » (11a), « Seigneur mon Dieu » (12a), « Seigneur, Dieu » (15a) remplissent la fonction
Le psaume 86
179
de termes initiaux pour les trois morceaux, les deux seules occurrences de « Yhwh » (11a.17c) de termes extrêmes pour la partie. L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
PRIÈRE, de David. TENDS, YHWH, ton oreille, RÉPONDS-MOI car je suis miséreux et pauvre, moi ; 2 GARDE mon âme car je suis FIDÈLE, SAUVE TON SERVITEUR, TOI MON DIEU, qui se confie en toi. 3
AIE-PITIÉ DE MOI, SEIGNEUR,
car vers toi j’appelle tout le jour ; l’âme de TON SERVITEUR car vers toi, SEIGNEUR, j’élève mon âme ; 5 car TOI, SEIGNEUR, tu es BON et pardonnant et nombreux en FIDÉLITÉ pour tous tes appelant. 4
6 7
RÉJOUIS
ENTENDS, YHWH, ma PRIÈRE et SOIS-ATTENTIF à la voix de MES DEMANDES-DE-PITIÉ ; au jour de mon angoisse je t’appelle, car tu me réponds. 8
Personne comme toi entre les dieux, SEIGNEUR, et rien comme tes FAITS. 9 Toutes les nations lesquelles TU AS FAITES viendront et se prosterneront devant ta face, SEIGNEUR, et RENDRONT-GLOIRE À TON NOM ; 10 Oui, tu es GRAND TOI et FAISANT des merveilles, TOI, DIEU, toi seul. 11
ENSEIGNE-MOI, YHWH, ton chemin, je marcherai en ta vérité, mon cœur pour craindre TON NOM.
UNIFIE
12 Je te rendrai grâce, SEIGNEUR MON DIEU, de tout mon cœur et JE RENDRAI-GLOIRE À TON NOM à jamais, 13 car ta FIDÉLITÉ est GRANDE envers moi et tu as tiré mon âme du schéol d’en bas ; 14 Dieu, des orgueilleux s’étaient levés contre moi, et une bande de forcenés avait cherché mon âme et point ne t’avaient placé devant eux. 15
Et TOI, SEIGNEUR, DIEU de tendresse et DE PITIÉ, lent à la colère et plein de FIDÉLITÉ et de vérité, 16 TOURNE-TOI vers moi et AIE-PITIÉ DE MOI, DONNE ta force à TON SERVITEUR et SAUVE le fils de TA SERVANTE ; 17 FAIS avec moi un signe de BONTÉ et ils verront mes ennemis et rougiront car TOI, YHWH, tu m’aides et me consoles.
Les parties extrêmes sont marquées par les impératifs des demandes (1b bis. 2bis.3.4.6bis ; 11a.11b.16a ter.16b.17a) ; ces demandes sont absentes de la partie centrale. Le nom de « Yhwh » revient en termes extrêmes de ces parties et pas ailleurs (1b.6a ; 11a.17b). « Fidèle » – « fidélité » y est repris deux fois (2.5 ; 13.15b), de même les termes de la racine « pitié » (3a.6a ; 15a.16a), et aussi « ton serviteur » – « ta servante » (2.4 ; 16a.16b) ; « mon âme » revient trois fois dans la première partie (2.4bis) et deux fois dans la dernière (13.14b), et « sauver » est repris en 2 et 16b.
La troisième section (Ps 84–89)
180
Avec les deux autres parties, la partie centrale a en commun le pronom isolé « toi » (2.5 ; 10bis ; 15a.17b) ainsi que les noms divins « Seigneur » et « Dieu » (2.3a ; 8.9c.10 ; 12.14.15). La partie centrale est liée à la suivante par la reprise de « ton nom » (9c ; 11b. 12b), de « faire » (8.9.10 ; 17a), de « grand » (10 ; 13) et de « rendre gloire » (9c ; 12b). Cette partie se distingue des deux autres du fait qu’elle ne comprend aucune demande, mais proclame la grandeur de Dieu et de ses œuvres, et parce que c’est la seule qui annonce que les nations viendront faire allégeance au Seigneur. Enfin, le premier mot du titre, « prière », revient en 6a.
CONTEXTE LES NATIONS VIENDRONT VERS LE DIEU UNIQUE Le centre du psaume rappelle le deutéro-Isaïe. D’abord par l’insistance sur l’unicité du Seigneur, lui « seul » : 6
Ainsi parle Yhwh, roi d’Israël, Yhwh des armées, son rédempteur : Je suis le premier et je suis le dernier, à part moi, il n’y a pas de dieu. 8 [...] Y aurait-il un dieu à part moi ? Il n’y a pas de Rocher, je n’en connais pas ! (Is 44,6.8 ; voir aussi 45,5-6.21-22)
ensuite par l’annonce du salut des nations qui viendront à Jérusalem, dans le temple : 1
Iles, écoutez-moi, soyez attentifs, peuples lointains ! [...] 6 Il [Yhwh] a dit : C’est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d’Israël. Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre. 7 Ainsi parle Yhwh, le rédempteur, le Saint d’Israël, à celui dont l’âme est méprisée, honnie de la nation, à l’esclave des tyrans : des rois verront et se lèveront, des princes verront et se prosterneront, à cause de Yhwh qui est fidèle, du Saint d’Israël qui t’a élu (Is 49,1-7 ; voir Is 60).
UN POT-POURRI ? Le caractère anthologique du psaume est noté par tous4. Par exemple, Ps 86,4b reprend à un mot près Ps 25,1 ; 16a est identique à Ps 25,16a. Ce fait a conduit plusieurs à un jugement de valeur peu favorable : 4
Voir, par exemple, Ravasi, II, 775 ; deClaissé-Walford – al., 659.
Le psaume 86
181
Ce psaume est un exemple assez typique d’une supplication individuelle. On dirait que l’auteur, poète d’inspiration personnelle faible et de médiocre capacité artistique, a adopté le schéma ou le modèle du genre et l’a rempli de citations ou imitations ou réminiscences d’autres supplications5.
INTERPRÉTATION D’UNE « FIDÉLITÉ » À L’AUTRE Dans la première partie de sa prière, le psalmiste met en avant sa propre « fidélité » pour demander et obtenir le salut (2). À peine s’est-il plaint d’être « pauvre et malheureux » (1) qu’il ajoute, comme une espèce de reproche, qu’il est « fidèle » (2). Toutes les premières motivations qu’il avance (1-4) sont à la première personne du singulier : c’est sur ses propres actions qu’il s’appuie pour présenter ses requêtes : il est « pauvre et malheureux », « fidèle », il « se confie » en Dieu, il l’« appelle », il « élève » vers lui son âme. C’est seulement à partir de la fin du morceau central qu’intervient un changement : à une dernière motivation personnelle — où pour la première fois le nom du « Seigneur » est prononcé — fait suite une autre motivation qui commence par « toi, Seigneur » et qui développe longuement les qualités de Dieu et sa grande « fidélité » (5) ; et le sujet de la dernière raison sur laquelle s’achève la première partie est encore le Seigneur : « car tu me réponds ». « ENSEIGNE-MOI » Avec la troisième partie, le ton change et le psalmiste progresse davantage encore dans la vérité et l’humilité. Il ne suffit pas en effet de faire fonds sur la fidélité de Dieu, encore faut-il prendre conscience de sa propre faiblesse. Le premier verbe donne le ton : l’orant reconnait ne pas savoir comment marcher selon la vérité de Dieu (11a). Il ajoute aussitôt que son cœur a besoin d’être unifié, pour être en mesure de craindre le Seigneur (11b). Ce n’est plus sur ses propres mérites qu’il s’appuie, mais sur l’enseignement qui lui sera donné. Voilà qui s’oppose franchement à sa protestation initiale de fidélité. Comment pourrait-on être fidèle si on ne connait pas le chemin de Dieu et si le cœur n’est pas unifié ? Jusqu’à la fin de sa prière, le psalmiste ne se départira pas de son attitude humble et confiante : il confesse, de tout son cœur, que, dans sa grande fidélité, le Seigneur l’a « tiré du schéol » où « orgueilleux » et « forcenés » avaient voulu le précipiter.
5
Alonso Schoekel – Carniti, II, 195.
La troisième section (Ps 84–89)
182 « PARTIR DU CENTRE »
Une des règles herméneutiques veut que ce soit du centre qu’il faille partir pour interpréter un texte de construction concentrique6. Ici, en réalité, c’est vers le centre que tout converge. C’est vers le cœur d’Israël, vers Jérusalem sa capitale, vers le temple unique que « toutes les nations » viendront des quatre points cardinaux se prosterner devant l’unique Seigneur de l’univers. C’est lui dont les faits n’ont pas d’égal, c’est lui le Créateur qui a « fait » les nations, le seul qui « fait des merveilles ». La merveille des merveilles, c’est que l’élection d’un seul parmi les peuples portera son fruit quand les nations païennes « rendront gloire au nom de Yhwh » (9c) comme David, le roi d’Israël, promet de le faire lui aussi (12).
6
Voir Traité, 567-573.
LE PSAUME 87 TEXTE 1
Des fils de Coré, psaume, chant. Sa fondation (est) sur les montagnes de sainteté. 2 Il aime Yhwh les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob. 3 Des glorieusetés il est parlé en toi, ville de Dieu : selâ 4 « Je mentionne Rahab et Babylone parmi mes connaissant, voici la Philistie et Tyr avec Koush : Celui-ci est né là. » 5 Et de Sion il sera dit : « Tout homme est né en elle et celui qui l’affermit, (c’est) le Très-Haut. » 6 Yhwh compte en écrivant les peuples : « Celui-ci est né là ». selâ 7 Et ils chantent en dansant : « Toutes mes sources (sont) en toi. » V. 3
: « DES GLORIEUSETÉS »
Ce terme archaïque permet de rendre de manière mesurée l’hébreu nikbādôt. Il est traduit par « des choses glorieuses »1, « en termes glorieux »2, ou plus simplement par « pour ta gloire »3. V. 5A
: « ET DE SION IL SERA DIT : »
La Septante a lu : « Mère Sion dit un homme... », ce qui ne manque pas d’être cohérent avec les trois occurrences de « est né là/en elle ». V. 5B
: « TOUT HOMME »
Littéralement, « homme et homme ». Certains traduisent « l’un et l’autre »4, d’autres « celui-ci et celui-là »5. V. 6
: « EN ÉCRIVANT »
Au lieu de l’infinitif biktāb, de nombreux manuscrits hébreux ainsi que les anciennes versions lisent un substantif, biktôb, « dans le livre », ce qui rend bien le sens. Les versions antiques témoignent de la difficulté du texte. Celui-ci a donné lieu à de nombreuses reconstitutions qui bouleversent l’ordre des versets du texte massorétique6. On s’en tiendra au texte massorétique :
1
Kraus, II, 184 ; deClaissé-Walford – al., 664. Vesco, 787. 3 Traduction liturgique. 4 Ravasi, II, 789 ; Vesco, 787. 5 Lorenzin, 333. 6 Sur les difficultés du psaume qui ont porté plusieurs à le remettre en ordre, voir, par ex., Hossfeld – Zenger, 377-379 ; voir aussi Ravasi, II, 793-796 ; Th. BOOIJ, « Some observations on Psalm lxxxvii », 16, nt. 2. 2
184
La troisième section (Ps 84–89)
Quant à nous, nous acceptons l’ordre du poème tel qu’il nous est parvenu, non parce qu’il est irréprochable mais parce que les reconstructions excogitées par les exégètes ont trop souvent le ton d’une nouvelle composition adaptée aux exigences de la « logique » (occidentale)7.
COMPOSITION Après le titre, le psaume comprend deux parties, la première (1b-2) où Sion est située par rapport aux autres villes d’Israël, la seconde, plus développée (3-7) par rapport aux autres nations8. 1
Des fils
de Coré,
psaume,
sur les montagnes
de sainteté.
. Il aime, . plus que toutes
YHWH, les demeures
les portes de Jacob.
+ 3 Des glorieusetés + VILLE
il est parlé :
EN TOI,
DE DIEU
Rahab la Philistie
EST NÉ
et Babylone et Tyr LÀ. »
il sera dit : EST NÉ l’affermit (c’est)
EN ELLE LE TRÈS-HAUT. »
.. Sa fondation (est) 2
– 4 « Je mentionne – voici -- CELUI-CI + 5 Et de SION :: « TOUT HOMME :: et celui qui
CHANT.
de SION
parmi mes connaissant, avec Koush :
······························································································································· 6
– YHWH -- « CELUI-CI
compte
EST NÉ
+ 7 Et ILS CHANTENT en dansant : :: « TOUTES MES SOURCES (sont)
en écrivant
LÀ ».
les peuples :
EN TOI. »
Dans la première partie, l’unimembre initial (1b) mentionne la fondation par Dieu de la ville qui ne sera nommée qu’à la fin du premier membre du segment suivant (2a). Sion n’a pas seulement été fondée par le Seigneur dans un endroit saint, elle est préférée à toutes les autres villes du pays. Dans le premier morceau de la deuxième partie le premier segment (3) introduit les paroles que prononce le Seigneur (4). « Il sera dit » au début du dernier segment (5a) correspond à « il est parlé » au début du premier segment (3a) et 7
Ravasi, II, 792. Le texte massorétique place la selâ après 3 et après 6, division acceptée par plusieurs : voir, par ex., Ravasi, II, 797 ; Hossfeld – Zenger, II, 382. 8
Le psaume 87
185
l’on peut comprendre que les « glorieusetés » de la « ville de Dieu » consistent dans le fait que tout homme y est né : le dernier membre de 4, « Celui-ci est né là », est repris par le premier membre des paroles de 5, « tout homme est né en elle ». Le dernier membre (5c) semble donner la raison du membre précédent. La première déclaration est énoncée par Dieu (4), la seconde par les hommes (5). Le deuxième morceau reprend le parallélisme des deux derniers segments du morceau précédent. Les sujets des deux verbes de 7a (participes masculins pluriels) sont « les peuples » de 6a. Les noms divins « le Très-Haut » et « Yhwh » agrafent les deux morceaux (5c.6a). Les compléments de lieu, « en toi » (3a.7b) ; « là » (4c.6b) encadrent « en elle » (5b), formant une figure concentrique. « Yhwh » revient dans les morceaux extrêmes (2a.6a). « Chant » du titre (1a) et « chantent » de la fin (7a) font inclusion. La relation entre « Sion » et « toutes les demeures de Jacob » dans la première partie annonce en quelque sorte celle qui unit « la ville de Dieu » et « les peuples » païens de la deuxième partie.
CONTEXTE « LES DEMEURES DE JACOB » « Sion » n’est pas seulement choisie par Dieu entre toutes les autres villes d’Israël parce que c’est la capitale et la résidence du roi, mais parce que là se trouve le sanctuaire central et unique du pays. Ainsi, à l’intérieur de l’élection d’Israël parmi tous les peuples de la terre, Sion est élue parmi « toutes les demeures de Jacob » (voir Ps 78, 67-69). « LES PEUPLES » « Rahab », le monstre primordial (Ps 89,11), est l’autre nom de l’Égypte (Is 30,7 ; 51,9-11) ; « Babylone » lui fait pendant. Le premier est la terre où Israël fut esclave et d’où il fut libéré pour l’exode, l’autre est le pays où Israël fut déporté et d’où il revint en un nouvel exode. La Philistie flanque Israël sur la côte méditerranéenne au sud et Tyr au nord. Enfin Koush, l’Éthiopie, se trouve au sud de l’Égypte. TOUTES LES NATIONS Le psaume est dans la droite ligne du psaume précédent focalisé sur les nations qui viendront se prosterner devant la face du Seigneur pour rendre gloire à son nom9. Les textes sont nombreux qui annoncent l’universalité du salut (Is 2,2-3 ; 19,23-25 ; 45,22-24 ; 60,1-11 ; 66,18.23 ; Ps 67 ; etc.).
9
Voir p. 29.
186
La troisième section (Ps 84–89)
« GLOIRE DE TON PEUPLE ISRAËL » Le Nunc dimittis chanté par le vieux Syméon rappelle que le salut avait été « préparé à la face de tous les peuples », « lumière pour la révélation des nations et gloire de ton peuple Israël » (Lc 2,29-32). JÉRUSALEM MÈRE DES FILS D’ISRAËL ET DES NATIONS Les textes qui présentent Jérusalem comme épouse de Yhwh et mère des fils d’Israël ne sont pas rares (Is 49,21-22 ; 50,1 ; 54,1-10 ; 60,4 ; 66,8-13 ; Jr 10,20). Bien que Sion ne soit pas dite explicitement mère des nations10, des textes tels que Is 2,2-4 ; 19,16-25 ; Za 2,15 le laissent entendre. Dans sa mise en parallèle entre les deux fils d’Abraham et de leurs mères, Paul n’hésite pas à appeler la Jérusalem d’en haut « notre mère » (Ga 4,26). À l’appui de sa position, il cite le début de l’oracle d’Is 54,1-10. INTERPRÉTATION « Le Ps lxxxvii est l’un des poèmes les plus difficiles du Psautier »11. « Notre psaume 87 [...] bat tous les records, semble-t-il, pour ce qui est de la divergence et la multiplicité des hypothèses de lecture, tant chez les commentateurs d’hier que chez ceux d’aujourd’hui »12. Il a donné lieu à des interprétations très différentes et même opposées. Pour certains il s’agit seulement des juifs dispersés dans les nations qui sont considérés comme citoyens de Sion, pour d’autres ce sont aussi les prosélytes issus des nations étrangères, pour d’autres enfin tous les habitants des nations païennes appelés à trouver leurs sources en Sion13. Il semble que tout dépend avant tout du sens que l’on donne à l’adverbe de lieu « là » (4c.6b) : ou bien il renvoie aux nations païennes et s’oppose donc à « elle » (5b) et « toi » (7b), c’est-à-dire à Sion, ou bien il désigne Sion ellemême. En d’autres termes, ou bien 3-4 s’oppose à 5 et 6 s’oppose à 7, et il faut traduire les coordonnants du début de 5 et du début de 7 par « mais », ou bien ces segments ont le même sens et les coordonnants initiaux de 5 et de 7 seront traduits par « et ». Grammaticalement les deux interprétations sont défendables, et l’on peut se demander si l’ambiguïté ne serait pas voulue. Le caractère tout à fait énigmatique du psaume aurait pour fonction d’inciter le lecteur à révéler le fond de son cœur. Acceptera-t-il que les païens soient nés eux aussi à Sion ? Il faut bien reconnaitre que, si la gloire de Sion, donc d’Israël, consistait à être simplement distincte et différente des autres nations, le psaume énoncerait une bien piètre platitude. 10
N. AMZALLAG, « The Cosmopolitan Character of the Korahite Musical Congregation Evidence from Psalm 87 », 363. 11 J.A. EMERTON, « The Problem of Psalm lxxxvii », 183. 12 É. BEAUCAMP, « Psaume 87 : à la Jérusalem nouvelle », 282. 13 Voir, par ex., Hossfeld – Zenger, II, 379-381 ; deClaissé-Walford – al., 665-666.
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187
L’ÉLECTION DANS L’ÉLECTION On aurait pu s’attendre à ce que « les peuples » païens soient mis en rapport avec le peuple d’Israël, celui « que Yhwh ton Dieu a choisi pour son peuple à lui, parmi toutes les nations qui sont sur la terre » (Dt 7,6). Or, tel n’est pas le cas : c’est avec la ville de « Sion » que les nations sont systématiquement comparées. D’entrée de jeu, et comme pour justifier à l’avance un tel choix, Sion est présentée comme préférée par Dieu à « toutes les demeures de Jacob ». Et la première assertion de déclarer sans ambages la sainteté de sa fondation divine. Ainsi, l’élection est-elle doublement rappelée avant que sa fonction et son but soient ensuite longuement développés. « VILLE DE YHWH » Le premier titre de gloire de Sion est d’être appelée « ville de Dieu » (3b). En effet, c’est « Yhwh » qui l’a fondée (1b), et c’est lui qui « l’affermit » (5c). C’est ainsi que ses fils l’appellent « Grand est Yhwh, très digne de louange dans la Ville de notre Dieu. Sa montagne sainte se dresse magnifique, joie de toute la terre » (Ps 48,2 ; voir aussi Ps 48,9 ; 46,5). Les peuples aussi l’appelleront ainsi : « Ils s’approcheront de toi, humblement, les fils de tes oppresseurs, ils se prosterneront à tes pieds, tous ceux qui te méprisaient, et ils t’appelleront : « Ville de Yhwh », « Sion du Saint d’Israël » (Is 60,14). « GLOIRE DE TON PEUPLE ISRAËL » La gloire de Sion (3a) sera aussi et surtout — comme le chantera Syméon et comme l’avaient annoncé bien des prophètes — que tous les peuples seront dits être nés en elle. C’est le Seigneur lui-même qui l’annonce, par deux fois (4.6), et cette bonne nouvelle sera proclamée non seulement par ses bénéficiaires (7) mais aussi par bien d’autres (5). En chantant « Toutes mes sources sont en toi », les peuples nés hors de l’alliance entre Dieu et le peuple qu’il avait choisi reconnaissent qu’ils s’abreuvent désormais à l’unique source de la révélation et du salut.
PSAUME 88 TEXTE Chant, psaume, des fils de Coré, du maitre-de-chœur ; ‘al-māḥălat le‘annôt, instruction, de Hémân l’Ezrahite. 2 Yhwh, Dieu de mon salut, le jour je crie, la nuit devant toi : 3 que vienne vers ta face ma prière, tends ton oreille à mes sanglots, 4 car est rassasiée de maux mon âme et ma vie au schéol est arrivée. 5 Je suis compté avec les descendant dans la fosse, je suis comme un homme sans secours : 6 chez les morts (je suis) congédié, comme les tués gisant dans la tombe, desquels tu ne te souviens plus et eux de ta main sont retranchés. 7 Tu m’as mis dans la fosse en-dessous, dans les ténèbres, dans les abimes ; 8 sur moi pèse ta colère 9 Tu as éloigné mes et toutes tes vagues tu déverses. selâ connaissant (loin) de moi, tu m’as mis une horreur pour eux ; je suis prisonnier et point ne puis-sortir, 10 mon œil est usé à cause de la misère, je t’appelle, Yhwh, tout le jour, je tends vers toi les paumes. 11 Est-ce que pour les morts tu fais merveille ou les ombres se lèventelles, te louent-elles ? selâ 12 Est-ce qu’on raconte dans la tombe ta fidélité, ta vérité dans la perdition ? 13 Est-ce qu’est connue dans la ténèbre ta merveille et ta justice au pays de l’oubli ? 14 Et moi, vers toi je crie, Yhwh, et le matin, ma prière te prévient : 15 pourquoi, Yhwh, rejettes-tu mon âme, caches-tu ta face de moi ? 16 Miséreux moi et expirant dès la jeunesse, j’ai enduré tes effrois, je suis pétrifié ; 17 sur moi ont passé tes fureurs, tes épouvantes m’ont anéanti, 18 elles me cernent comme l’eau tout le jour, se referment sur moi ensemble. 19 Tu as éloigné de moi ami et proche ; mes connaissant, (c’est) la ténèbre. 1
V. 1C
: ‘AL-MĀḤĂLAT LE‘ANNÔT
Ces deux mots sont tellement obscurs que plusieurs renoncent à les traduire1. C’est ce que faisait déjà la Septante qui translitérait le premier mot : maeleth. V. 1D
: « DE HÉMÂN L’EZRAHITE »
En 1Cr 2,6 Hémân est compté avec Étân parmi les cinq fils de Zerah, d’où peut-être son qualificatif ; selon 1Ch 6,18 c’est un chantre du temple, descendant de Coré, de Lévi ; en 1Ch 15,17-19, il est de nouveau cité avec Étân parmi les chantres de David. En 1R 5,11 Hémân est nommé avec Étân l’Ezrahite parmi les sages du temps de Salomon. Le psaume 89 sera attribué à Étân. V. 2A
: « LE JOUR JE CRIE, LA NUIT DEVANT TOI »
Le verbe et le complément de lieu « devant toi » valent tous deux pour « le jour » et « la nuit » : « le jour et la nuit je crie devant toi »2.
1 Ainsi Dahood, II, 301 ; Ravasi, II, 812-813 ; deClaissé-Walford – al., 668 ; de même la TOB. Voir la discussion par exemple dans Vesco, 793. 2 Exemple de synonymus-sequential parallelism (W.G.E. WATSON, Classical Hebrew Poetry, 157).
La troisième section (Ps 84–89)
190 V. 6
: « CHEZ LES MORTS CONGÉDIÉ »
Le sens le plus obvie serait que le psalmiste, désormais libéré de ses obligations envers son Seigneur, se trouve congédié parmi les morts. C’est ainsi que les anciennes versions ont compris. Il n’est donc pas nécessaire de recourir à l’ougaritique et d’interpréter le terme comme « lazaret ». V. 12
: « PERDITION »
Le terme ’ăbaddôn est utilisé en parallèle avec schéol en Jb 26,6 et Pr 15,11. En Job 28,22, il est mis en parallèle avec « mort ». Certains préfèrent y voir un nom propre, « Abbadôn »3, comme fait Ap 9,11. V. 16
: « JE SUIS PÉTRIFIÉ »
Cet hapax est différemment interprété : « je suis à bout »4, « je suis pétrifié »5.
COMPOSITION Le psaume est organisé en trois parties, deux longues (2-10 ; 14-19) autour d’une brève partie centrale comprenant trois segments interrogatifs (11-13). LA PREMIÈRE PARTIE (2-10) Dans la première sous-partie le troisième segment (4) donne la raison de la prière adressée à « Yhwh » (2-3). La dernière partie lui est symétrique, mais la raison de la supplication (9-10a) précède cette fois-ci la prière. Le dernier segment (10bc) correspond au premier (2ab) : « Yhwh » est repris en apostrophe, « je t’appelle » est synonyme de « je crie », « le jour » – « la nuit » est résumé par « tout le jour ». Les deux morceaux de la sous-partie centrale (5-8) sont parallèles : après les segments qui décrivent la situation du psalmiste dans le schéol (5-6b ; 7) vient un segment final qui insiste sur l’attitude de Dieu envers les morts (6cd) et envers lui (8) : le Seigneur a retranché les morts de son aide, il s’est irrité contre le psalmiste. Les deux occurrences de « dans la fosse » servent de termes initiaux (5a.7a). Les deux premières sous-parties sont reliées par « schéol » (4b) qui annonce tous ses synonymes, « fosse » (5a.7a), « chez les morts » (6a), « tombe » (6b), « abimes » (7b). Les deux occurrences de « tu m’as mis » (7a.9b) agrafent les deux dernières sous-parties. Les parties du corps traversent l’ensemble : « mon âme » (ou « gorge » en 4a, mis en parallèle avec « ma vie » en 4b), « ta main » (6d), « mon œil » (10a) et « les paumes » (10c). Par exemple, Ravasi, II, 804. Ravasi, II, 804.818 ; Vesco, 795.801. 5 Hossfeld – Zenger, II, 390-391 ; deClaissé-Walford – al., 670. 3 4
Le psaume 88
191
On pourra noter en 10a le jeu de mots entre « mon œil » (‘ênî) et « la misère » (‘ōnî). + 2 YHWH, + LE JOUR
Dieu
de mon salut,
JE CRIE,
LA NUIT
+ que vienne + tends
vers ta face ton oreille
ma prière, à mes sanglots,
:: 4 car est rassasiée :: et ma vie
de maux au schéol
mon âme est arrivée.
avec les descendant comme un homme
DANS LA FOSSE,
3
– 5 Je suis compté – je suis 6
devant toi :
sans secours :
– chez les morts – comme
(je suis) congédié, les tués
gisant
.. desquels .. et eux
tu ne te souviens de ta main
plus sont retranchés.
dans la tombe,
·······································································································
– 7 TU M’AS MIS – dans les ténèbres,
DANS LA FOSSE
.. 8 sur moi .. et toutes
pèse tes vagues
ta colère, tu déverses.
:: 9 Tu as éloigné :: TU M’AS MIS
mes connaissant une horreur
(loin) de moi, pour eux ;
:: (je suis) prisonnier :: 10 mon œil
et point est usé
ne puis-sortir, à cause de
+ JE T’APPELLE, + je tends
YHWH, vers toi
TOUT LE JOUR,
en-dessous,
dans les abimes ;
les paumes.
selâ
la misère,
192
La troisième section (Ps 84–89)
LA DEUXIÈME PARTIE (11-13) = 11 EST-CE QUE pour les morts = ou les ombres
tu fais se lèvent-elles,
UNE MERVEILLE
+ EST-CE QU’on raconte .. ta vérité
dans la tombe dans la perdition ?
ta fidélité,
+ 13 EST-CE QU’est connue .. et ta justice
dans la ténèbre au pays
12
te louent-elles ?
TA MERVEILLE
de l’oubli ? »
Les trois segments commencent par le même interrogatif. Dans le premier la « merveille » de Dieu (11a) serait que les morts ressuscitent pour le louer (11b). Dans les deux segments suivants il ne s’agit plus des « morts » et des « ombres » comme dans le premier, mais du lieu où ils se trouvent. « Ta fidélité » et « ta vérité », « ta merveille et ta justice » se trouvent en termes médians. Les deux occurrences de « merveille » (11a.13a) font inclusion. LA TROISIÈME PARTIE (14-19) Cette unité est de la taille d’une partie formée de trois morceaux ; mais au niveau de l’ensemble du psaume le parallélisme avec la première partie — formée de trois sous-parties — invite à considérer ces trois morceaux comme autant de sous-parties : + 14 Et MOI, + et le matin,
vers toi ma prière
je crie, te prévient :
YHWH,
:: 15 pourquoi, :: caches-tu
YHWH, ta face
rejettes-tu DE MOI ?
mon âme,
+ 16 Malheureux + j’ai enduré
MOI
et expirant je suis pétrifié ;
dès la jeunesse,
:: 17 sur moi :: tes épouvantes
ont passé m’ont anéanti,
tes fureurs,
:: 18 elles me cernent :: se referment
comme l’eau sur moi
tout le jour, ensemble.
DE MOI
ami
:: 19 Tu as éloigné + mes connaissant,
tes effrois,
et proche ;
(c’est) la ténèbre.
Dans la première sous-partie le second segment explicite le contenu du cri et de la « prière » (14). Les deux membres de ce segment sont complémentaires : la séparation entre le Seigneur et le psalmiste se manifeste dans le fait que « l’âme » du psalmiste est rejetée, et que la « face » du Seigneur est cachée. Le nom de « Yhwh » revient dans les premiers membres, en apostrophe (14a.15a). Dans la
Le psaume 88
193
dernière sous-partie la séparation passe entre le psalmiste et ses amis ; ceux-ci sont remplacés par « la ténèbre ». Au centre, les souffrances qu’endure le psalmiste sont attribuées à Dieu : « tes effrois » (16b), « tes fureurs », (17a), « tes épouvantes » (17b). « Dès la jeunesse » (16a) et « tout le jour » (18a) marquent la durée du malheur. Les deux occurrences de « moi » (14a.16a) jouent le rôle de termes initiaux pour les deux premières sous-parties. Les deux occurrences de « de moi » (15b. 19a) remplissent la fonction de termes médians à distance. L’ENSEMBLE DU PSAUME 1
Chant, psaume, des fils de Coré, du maitre-de-chœur ; ‘al-māḥălat le‘annôt, instruction, de Hémân l’Ezrahite. 2
YHWH, Dieu de mon salut, LE JOUR JE CRIE, LA NUIT devant toi : que vienne vers TA FACE MA PRIÈRE, tends ton oreille à mes sanglots, 4 car est rassasiée de maux MON ÂME et ma vie au schéol est arrivée. 3
5
Je suis compté avec les descendant dans la fosse, je suis comme un homme sans secours : chez LES MORTS je suis congédié, comme les tués gisant dans LA TOMBE, desquels tu ne te souviens plus et eux de ta main sont retranchés. 6
7 8
Tu m’as mis dans la fosse en dessous, dans LES TÉNÈBRES, dans les abimes ; sur moi pèse ta colère et toutes tes vagues tu déverses.
9
TU AS ÉLOIGNÉ MES CONNAISSANT de moi, tu m’as mis une horreur pour eux ; je suis prisonnier et point ne puis sortir, 10 mon œil est usé à cause de LA MISÈRE, je t’appelle, YHWH, TOUT LE JOUR, je tends vers toi les paumes. 11
Est-ce que pour LES MORTS tu fais merveille ou les ombres se lèvent-elles, te louent-elles ? Est-ce qu’on raconte dans LA TOMBE ta fidélité, ta vérité dans la perdition ? 13 Est-ce qu’est connue dans LA TÉNÈBRE ta merveille et ta justice au pays de l’oubli ? 12
14 15
Et moi, vers toi JE CRIE, YHWH, et LE MATIN MA PRIÈRE te prévient : pourquoi, YHWH, rejettes-tu MON ÂME, caches-tu TA FACE de moi ? 16
MISÉREUX moi et expirant dès la jeunesse, j’ai enduré tes effrois, je suis pétrifié ; sur moi ont passé tes fureurs, tes épouvantes m’ont anéanti, 18 elles me cernent comme l’eau TOUT LE JOUR, se referment sur moi ensemble. 17
19
TU AS ÉLOIGNÉ de moi ami et proche ;
MES CONNAISSANT,
c’est LA TÉNÈBRE.
Les parties extrêmes sont parallèles entre elles. Elles commencent avec les synonymes traduits par le même « je crie », avec « devant toi » – « vers toi » et l’apostrophe « Yhwh » (2.14) ; suit « prière », « mon âme » et « ta face » (34.14-15). « Le matin » (14) rappelle « le jour » et « la nuit » (2). Les deuxièmes sous-parties (5-8 ; 16-18) sont marquées par les termes appartenant au champ sémantique de la mort : « les morts », « la tombe » (6), « expirant » (16) et « anéanti » (17), ainsi que ceux qui désignent la colère de Dieu : « ta colère » et
La troisième section (Ps 84–89)
194
« tes vagues » (8), « tes effrois », « tes fureurs », « tes épouvantes » (16-17). Les dernières sous-parties commencent avec « tu as éloigné de moi » ; « mes connaissant » revient en 9 et 19. « Tout le jour » de 10b est repris en 18. 1
Chant, psaume, des fils de Coré, du maitre-de-chœur ; ‘al-māḥălat le‘annôt, instruction, de Hémân l’Ezrahite. 2
YHWH, Dieu de mon salut, LE JOUR JE CRIE, LA NUIT devant toi : que vienne vers TA FACE MA PRIÈRE, tends ton oreille à mes sanglots, 4 car est rassasiée de maux MON ÂME et ma vie au schéol est arrivée. 3
5
Je suis compté avec les descendant dans la fosse, je suis comme un homme sans secours : chez LES MORTS je suis congédié, comme les tués gisant dans LA TOMBE, desquels tu ne te souviens plus et eux de ta main sont retranchés. 6
7 8
Tu m’as mis dans la fosse en dessous, dans LES TÉNÈBRES, dans les abimes ; sur moi pèse ta colère et toutes tes vagues tu déverses.
9
TU AS ÉLOIGNÉ MES CONNAISSANT de moi, tu m’as mis une horreur pour eux ; je suis prisonnier et point ne puis sortir, 10 mon œil est usé à cause de LA MISÈRE, je t’appelle, YHWH, TOUT LE JOUR, je tends vers toi les paumes. 11
Est-ce que pour LES MORTS tu fais merveille ou les ombres se lèvent-elles, te louent-elles ? Est-ce qu’on raconte dans LA TOMBE ta fidélité, ta vérité dans la perdition ? 13 Est-ce qu’est connue dans LA TÉNÈBRE ta merveille et ta justice au pays de l’oubli ? 12
14 15
Et moi, vers toi JE CRIE, YHWH, et LE MATIN MA PRIÈRE te prévient : pourquoi, YHWH, rejettes-tu MON ÂME, caches-tu TA FACE de moi ? 16
MISÉREUX moi et expirant dès la jeunesse, j’ai enduré tes effrois, je suis pétrifié ; sur moi ont passé tes fureurs, tes épouvantes m’ont anéanti, 18 elles me cernent comme l’eau TOUT LE JOUR, se referment sur moi ensemble. 17
19
TU AS ÉLOIGNÉ de moi ami et proche ;
MES CONNAISSANT,
c’est LA TÉNÈBRE.
La partie centrale reprend, dans le même ordre, « les morts », « la tombe », « ténèbre(s)6 » (11.12.13) qui se trouvaient dans la sous-partie centrale de la première partie (6a.6b.7). Les deux occurrences de « la ténèbre » de 13 et 19 jouent le rôle de termes finaux pour les deux dernières parties. « Perdition » (12) fait pendant à « schéol » (4). Appartiennent au champ sémantique de la mort : « schéol » (4), « fosse » (5.7), « morts » (6.11), « tombe » (6.12), « ténèbre(s) » (7.13.19), « abimes » (7), « ombres » (11), « perdition » (12), « pays de l’oubli » (13), « expirant » (16), « anéanti » (17). On remarquera que c’est « ténèbre(s) » qui revient le plus souvent (7.13.19). À ces termes s’opposent dans la partie centrale seulement « merveille » (11.13), « fidélité » et « vérité » (12), « justice » (13), toutes de Dieu.
6
En 7 le terme traduit par « les ténèbres » signifie plus exactement « lieux-de-ténèbre ».
Le psaume 88
195
CONTEXTE TÉNÈBRES À l’origine « les ténèbres couvraient l’abime » (Gn 1,2) et la première action de Dieu fut de créer la lumière et de séparer la lumière et les ténèbres (3-4) ; ce fut le premier jour. Dans son premier discours Job maudit le jour de sa naissance comme un jour de « ténèbre » : 4
Ce jour-là, qu’il soit ténèbres, que Dieu, de là-haut, ne le réclame pas, que la lumière ne brille pas sur lui ! 5 Que le revendiquent ténèbre et ombre épaisse, qu’une nuée s’installe sur lui, qu’une éclipse en fasse sa proie ! 6 Oui, que l’obscurité le possède, qu’il ne s’ajoute pas aux jours de l’année, n’entre point dans le compte des mois !
Le début de la partie centrale du Ps 107 ressemble au Ps 88 : 10
Habitants de la ténèbre et de l’ombre, captifs de la misère et du fer, car ils ont bravé les ordres de Dieu et le projet du Très-Haut ils ont nargué, 12 et il ploya sous la peine leur cœur, ils succombaient, et point de secourant. 11
Il s’en distingue toutefois, car le Seigneur les délivre : « il les fit-sortir de la ténèbre et de l’ombre et leurs entraves il rompit. Qu’ils rendent grâce à Yhwh de sa fidélité... » (14-15)7.
INTERPRÉTATION UNE PRIÈRE OBSTINÉE Le Ps 88 serait, selon certains, le plus sombre, le plus tragique du Psautier8. Il est vrai que les ténèbres semblent le recouvrir du début jusqu’à la fin et que la lumière n’y entre pas plus qu’au fond d’un tombeau. Cependant, si le psalmiste était désespéré, sans doute il crierait de douleur mais ne parlerait pas. Or il parle, il ne cesse de s’adresser à son Seigneur, qu’il appelle en commençant « Dieu de mon salut ». Il lui dit sa misère et sa souffrance, il lui pose des questions lancinantes. Ce qui veut dire qu’il sait être écouté, qu’il n’en doute pas. Pour tragique qu’il soit, son chant n’en est pas moins, du début à la fin, une « prière » (3.14), une prière incessante, « jour » et « nuit » (2), au « matin » (14). Il a beau être cerné par les eaux mortelles « tout le jour » (18), c’est « tout le jour » (10b) qu’il continue à appeler et à tendre les paumes vers « Yhwh ».
7
Voir Le Psautier. Cinquième livre, 28. Par ex., Vesco, 793 ; deClaissé-Walford – al., 668 ; A.R. PYLES, « Drowning in the Depths of Darkness : A Consideration of Psalm 88 with a New Translation », 13. 8
196
La troisième section (Ps 84–89)
« MA VIE AU SCHÉOL EST ARRIVÉE » Le psalmiste se plaint des « maux » dont il a été rassasié durant sa vie (4), de la « misère » qui l’a accablé « dès sa jeunesse » au point de le faire « expirer » (16). Et c’est à Dieu qu’il attribue ses malheurs : il lui a fallu subir sa « colère » et l’assaut de ses « vagues » (8), ses « effrois », ses « fureurs » et ses « épouvantes » (17-18). Les malheurs de toute sorte qu’il a dû endurer ont éloigné de lui ceux qui le connaissaient, ses amis et ses proches (9.19) ; et là aussi c’est le Seigneur qui en porte la responsabilité. Cependant, au-delà de tout, ce qui fait sangloter le psalmiste, c’est la perspective, désormais toute proche, de la mort. C’est même cela (4-7) qu’il semble considérer comme la « colère » divine (8) ; telles sont « les eaux » qui le cernent et sur lui « se referment ensemble », comme la dalle du tombeau (18) dont il ne pourra jamais sortir (9). ET APRÈS ? Toute l’angoisse se concentre dans les questions sur lesquelles est focalisée la prière (11-13). Il semble bien que c’est cela qui taraude l’âme du psalmiste. Qu’en sera-t-il au schéol, une fois que les morts auront rejoint la tombe ? Dieu ne se souviendra-t-il plus de lui ? Sera-t-il retranché de sa main pour toujours (6b) ? Les « merveilles » du Seigneur, sa « fidélité », sa « vérité », sa « justice » pourraient-elles avoir une fin ? Tout disparait avec la mort ? Non seulement l’homme, mais aussi l’œuvre de Dieu ? Voilà des questions qui, pour le psalmiste, restent sans réponse. Toutefois, adressées au Seigneur, à sa « fidélité », à sa « vérité » et à sa « justice », celui qui fait siennes les paroles du psalmiste pourra les ressentir comme une sorte de défi, ou, peut-être, comme un acte de confiance dans son « salut » (2), posé, avec crainte et tremblement, au plus profond de la « ténèbre » (19).
6. L’ENSEMBLE DE LA PREMIÈRE SÉQUENCE (84–88) La séquence comprend cinq psaumes organisés de manière concentrique autour du Ps 86. Les deux premiers psaumes et les deux derniers se correspondent en parallèle. COMPOSITION LES PSAUMES 84 ET 87 84,1 Du maitre-de-chœur, sur la guittite, des fils de Coré, psaume. 2
Combien aimables TES DEMEURES, Yhwh des armées ! 3 A langui et aussi s’est achevée mon âme pour les parvis de Yhwh ; mon cœur et ma chair crient-de-joie vers le Dieu vivant. 4 Aussi le moineau a trouvé une maison, l’hirondelle un nid pour elle où poser ses petits. Tes autels, Yhwh des armées, mon roi et mon Dieu ! 5
Heureux les habitants de ta maison, toujours ils te louent. 6 Heureux l’adam une force à lui en toi, les voies dans leur cœur. 7 Traversant dans la vallée de Baka’, une SOURCE ils mettront en elle ; aussi de bénédictions couvrira la première-pluie. 8 Ils marcheront de fortin en fortin, il sera vu vers Dieu en SION. 9
Yhwh Dieu des armées, écoute ma prière, prête-l’oreille Dieu de JACOB. 10 Notre bouclier vois, Dieu, regarde la face de ton messie. 11 Oui, bon un jour dans tes parvis plus que mille ; j’ai choisi de rester-sur-le-seuil dans la maison de mon Dieu plus que résider dans les tentes de méchanceté. 12 Oui, soleil et bouclier est Yhwh Dieu, grâce et GLOIRE donnera Yhwh, il ne refusera pas le bon aux marchant en intégrité. 13 Yhwh des armées, heureux l’adam se confiant EN TOI. 87, 1 Des fils de Coré, psaume, chant. Sa fondation est sur les montagnes de sainteté. toutes LES DEMEURES de JACOB.
2
Il aime Yhwh les portes de SION plus que
3
Des GLORIEUSETÉS il est parlé en toi, ville de Dieu : 4 « Je mentionne Rahab et Babylone parmi mes connaissant, voici la Philistie et Tyr avec Koush : Celui-ci est né là. » 5 Et de SION il sera dit : « Homme et homme est né en elle et celui qui l’affermit, c’est le Très-Haut. » 6 Yhwh compte en écrivant les peuples : « Celui-ci est né là ». 7 Et ils chantent en dansant : « Toutes mes SOURCES sont EN TOI. »
Les deux psaumes parlent de « Sion » (84,8 ; 87,2.5) et de son temple. On notera les reprises suivantes : – « demeures » (84,2 ; 87,2) ; – « source(s) » (84,7 ; 87,7) ; – « Jacob » (84,9 ; 87,2) ; – « gloire » et « glorieusetés » (84,12 ; 87,3) ; – « aimables » (84,2) et « il aime » (87,2) ne sont pas de même racine ; – « en toi » revient en finale (84,13 ; 87,7) ; – « homme et homme » (87,5) correspond aux deux occurrences de « adam » (84,6.13).
198
La troisième section (84–89)
LES PSAUMES 85 ET 88 85,1 Du maitre-de-chœur, des fils de Coré, psaume. 2
Tu aimes, Yhwh, ta terre, tu as retourné le sort de Jacob. 3 Tu as enlevé la faute de ton peuple, tu as couvert tout leur péché. 4 Tu as achevé TOUT TON EMPORTEMENT, tu t’es détourné de L’ARDEUR de 5 TA COLÈRE. Retourne-nous, Dieu de notre SALUT, et retire TON INDIGNATION avec nous. 6 Pour toujours SERAS-TU-IRRITÉ contre nous, prolongeras-tu TA COLÈRE d’âge en âge ? 7 Certes que toi tu retourneras nous FAIRE VIVRE et ton peuple se réjouiront en toi. 8 Fais-nous voir, Yhwh, ta FIDÉLITÉ et ton SALUT tu donneras à nous. 9
J’écouterai : que dit le Dieu Yhwh ? Eh bien, il dit la paix pour son peuple et pour ses et qu’ils ne retournent à la folie.
FIDÈLES, 10
Oui, proche de ses craignant son SALUT, pour qu’habite gloire sur notre terre. 11 FIDÉLITÉ et loyauté se sont rencontrés, JUSTICE et paix se sont embrassées. 12 Loyauté de la terre germera car 13 JUSTICE des cieux s’est penchée. Aussi Yhwh donnera le bon et notre terre donnera son 14 produit. JUSTICE devant lui marchera et Il mettra sur le chemin ses pas. 88,1 Chant, psaume, des fils de Coré, du maitre-de-chœur ; ‘al-māḥălat le‘annôt, instruction, de Hémân l’Ezrahite. 2
Yhwh, Dieu de mon SALUT, le jour je crie, la nuit devant toi : 3 que vienne vers ta face ma prière, prête-l’oreille à mes sanglots, 4 car est rassasiée de maux mon âme et MA VIE au schéol est arrivée. 5 Je suis compté avec les descendant dans la fosse, je suis comme un homme sans secours : 6 chez les morts je suis congédié, comme les tués gisant dans la tombe, desquels tu ne te souviens plus et eux de ta main sont retranchés. 7 Tu m’as mis dans la fosse en-dessous, dans les ténèbres, dans les abimes ; 8 sur moi pèse TA COLÈRE et TOUTES TES VAGUES tu déverses. 9 Tu as éloigné mes connaissant loin de moi, tu m’as mis une horreur pour eux ; je suis prisonnier et point ne puis-sortir, 10 mon œil est usé à cause de la misère, je t’appelle, Yhwh, tout le jour, je tends vers toi les paumes. 11
Est-ce que pour les morts tu fais merveille, ou les ombres se lèvent-elles, te louentelles ? 12 Est-ce qu’on raconte dans la tombe TA FIDÉLITÉ, ta vérité dans la perdition ? 13 Est-ce qu’est connue dans la ténèbre ta merveille et ta JUSTICE au pays de l’oubli ? 14
Et moi, vers toi je crie, Yhwh, et le matin, ma prière te prévient : 15 pourquoi, Yhwh, rejettestu mon âme, caches-tu ta face de moi ? 16 Miséreux moi et expirant dès la jeunesse, j’ai enduré TES EFFROIS, je suis pétrifié ; 17 sur moi ont passé TES FUREURS, TES ÉPOUVANTES m’ont anéanti, 18 elles me cernent comme l’eau tout le jour, se referment sur moi ensemble. 19 Tu as éloigné de moi ami et prochain ; mes connaissant, c’est la ténèbre.
Les deux psaumes sont marqués d’abord par « la colère » divine : « tout ton emportement » (85,4), « l’ardeur de ta colère » (4), « ton indignation » (5), « seras-tu-irrité » (6) ; « ta colère et toutes tes vagues » (88,8), « tes effrois » (16), « tes fureurs, tes épouvantes » (17). À « Dieu de notre salut » (85,5) correspond « Dieu de mon salut » (88,2) ; « salut » revient aussi en 85,8.10. Autres reprises : « Fidélité/fidèles » (85,8.9. 11 ; 88,12 en plein centre), « justice » (85,11.12.14 ; 88,13 encore au centre). « Ma vie » (88,4) rappelle « faire-vivre » (85,7).
La sous-section 84–88
199
LA FONCTION DU PSAUME CENTRAL (86) 86,1 PRIÈRE, de David. TENDS, Yhwh, TON OREILLE, réponds-moi car miséreux et pauvre moi ; 2 garde MON ÂME, car FIDÈLE moi, SAUVE ton serviteur, toi mon Dieu, qui se confie en toi. 3 aiepitié de moi, Seigneur, car vers toi j’appelle tout le jour ; 4 réjouis L’ÂME de ton serviteur, car vers toi, Seigneur, MON ÂME j’élève ; 5 car toi, Seigneur, bon et pardonnant, et nombreux en 6 FIDÉLITÉ pour tous tes appelant. Entends, Yhwh, MA PRIÈRE, et sois-attentif à la voix de mes demandes-de-pitié ; 7 au jour de mon angoisse je t’appelle, car tu me réponds. 8
Rien comme toi entre les dieux, Seigneur, et rien comme tes faits. 9 Toutes les nations lesquelles tu as faites viendront et se prosterneront à ta face, Seigneur, et RENDRONT-GLOIRE à ton nom. 10 Oui, grand toi et faisant des merveilles, toi, Dieu, toi seul. 11
Enseigne-moi, Yhwh, ton chemin, je marcherai en ta vérité, unifie mon cœur pour craindre ton nom. 12 Je te rendrai grâce, Seigneur mon Dieu, de tout mon cœur, et JE RENDRAI GLOIRE à ton nom à jamais, 13 car ta FIDÉLITÉ grande envers moi et tu as tiré MON ÂME du schéol d’endessous. 14 Dieu, des orgueilleux s’étaient levés contre moi, et une bande de forcenés avaient cherché MON ÂME, et point ne t’avaient placé devant eux. 15 Et toi, Seigneur, Dieu tendre et de pitié, lent à la colère et plein de FIDÉLITÉ et de vérité, 16 tourne-toi vers moi et aie-pitié de moi, donne ta force à ton serviteur et SAUVE le fils de ta servante ; 17 fais avec moi un signe de bonté et ils verront mes ennemis et rougiront, car toi, Yhwh, tu m’aides et me consoles.
Le Ps 86 se distingue des quatre autres par son titre : c’est le seul qui soit qualifié de « prière » et qui soit attribué à « David », alors que les autres sont « des fils de Coré ». Le psaume a en commun avec les deux versants qui l’encadrent : « prière » (1.6 : 84,9 ; 88,3.14) ; « prête-l’oreille »/« tends ton oreille » (1 : 84,9 ; 88,3), « mon âme » (2.4bis.13.14 : 84,3 ; 88,4.15) ; « fidélité/fidèle » (2.13.15 : 85,8. 9.11 ; 88,12) ; « gloire/rendre-gloire » (9.12 : 84,12 ; 85,10 ; 87,3) ; « colère » (15 : 85,4.6 ; 88,8), « salut/sauver » (2.16 : 85,5.8.10 ; 88,2). Avec le premier versant il a en commun : « chemin » (11 ; 85,14), « marcher » (11 : 84.8.12 ; 85,14), « mon cœur » (11.12 : 84.3.6). Avec le dernier versant : « miséreux moi » (1 : 88,16.10 « misère »), « appeler » (3.5.7 : 88,10), « schéol » (13 : 88,4), « en-dessous » (13 : 88,7), « vérité » (15 : 88,12). Tous ces termes se trouvent seulement dans le Ps 88. « David » pourrait sembler isolé au début du psaume central. Cependant, dans le premier psaume il est question du « messie » de Dieu (84,10). Le fils à naitre dans le second psaume s’appelle « Justice » comme son père céleste (85,14). « Justice » reviendra au centre du dernier psaume (88,13) et dans l’avant-dernier il est dit que « tout homme est né » en Sion. Bien que discret — comme il est de coutume dans les textes bibliques —, ce fil rouge semble relier les cinq psaumes de la séquence.
200
La troisième section (84–89)
INTERPRÉTATION LA PRIÈRE DANS TOUS SES ÉTATS Étrangement, la séquence qui commence dans les cris de joie « vers le Dieu vivant » (84,3) s’achève « chez les morts » (88,6) et le dernier mot n’est rien moins que « la ténèbre » (19). Entre ces extrêmes, c’est tout l’arc-en-ciel de la prière qui se déploie sur les cinq psaumes. C’est d’abord l’admiration pour « les demeures » du Seigneur (84,2), un double macarisme au centre (5.6) qui rejaillit encore à la fin (13). L’amour du Seigneur se concrétise dans celui de sa « maison ». La prière de l’individu s’étend au centre à tous ceux dont le désir les porte vers le temple à Sion. Avec le psaume suivant c’est tout le peuple qui loue son Seigneur et le supplie, qui ensuite s’émerveille devant « le produit » de l’union entre le ciel et la terre. Le psaume central revient à la prière personnelle que David, « miséreux et pauvre », fait monter vers Dieu dans une longue supplication. Toutefois, le roi n’est pas seul : au centre de sa prière se trouvent « toutes les nations » dont il prédit qu’elles viendront « rendre gloire » au nom de l’unique Seigneur (86,9-10). Le psaume suivant est un « chant » (87,1) et il se termine sur la scène des « peuples » qui « chantent en dansant » pour avoir découvert être nés en Sion (7). Enfin, le dernier psaume, prière de quelqu’un qui se voit descendre « dans la fosse », est, lui aussi un « chant » (88,1). Sombre et comme désespéré, cette « prière » (3.14) est tout de même focalisée sur trois questions où sont rappelées les « merveilles » de Dieu, sa « fidélité » et sa « vérité », sa « merveille » et sa « justice » (11-13). La lumière luit au cœur de la « ténèbre ». « PRIÈRE DE DAVID » Entouré par « les fils de Coré », David se tient au centre de la séquence. Il se présente comme « le serviteur » du Seigneur (2.4.16). Il est le « messie » pour lequel le premier psaume intercédait : « Vois notre bouclier, Dieu, regarde la face de ton messie » (84,10). Le psaume suivant en annonce la venue, comme celle du « salut » qui sera donné à son « peuple » (85,8), sur sa « terre » (2.10) ; il en raconte la conception et la naissance, comme la rencontre féconde entre le ciel et la terre. Son nom sera « Justice », le même que celui de son père (11.12. 14). Comme lui, « tout homme » exultera et chantera quand il lui sera révélé qu’il est lui aussi « né » en Sion (87,5.7). Le « chant » continue avec le dernier psaume et au cœur de « la ténèbre » et du « pays de l’oubli » le dernier mot des interrogations centrales est de nouveau la « justice » de Dieu (13).
II. PARCE QUE VOS FILS N’ONT PAS GARDÉ MON ALLIANCE AVEC DAVID LA DEUXIÈME SÉQUENCE LE PSAUME 89 Avec ses 53 versets (ses 106 membres), le psaume est le quatrième plus long du Psautier, après le Ps 119 (176 versets, 357 membres), le Ps 78 (72 versets, 164 membres) et le Ps 18 (51 versets, mais 119 membres). Après le titre (1), le Ps 89 est de la taille d’une séquence qui comprend cinq passages organisés en deux sous-séquences (2-38 ; 39-53). La première comprend quatre passages, le premier introduisant les trois suivants ; la deuxième comprend elle aussi trois passages, suivi par une courte doxologie. Introduction
2-5
La création du monde
6-15
De l’une à l’autre
16-19
L’élection
de David
Lamentation
20-38
39-45
De l’une à l’autre
46-47
Supplication
48-52
Doxologie
53
1. LA PREMIÈRE SOUS-SÉQUENCE (2-38) La sous-séquence comprend quatre passages (2-5 ; 6-15 ; 16-19 ; 20-38). Le premier sert d’introduction, le troisième articule les deux passages plus développés, sur fondation de la création et sur celle de la maison de David. A) LE PREMIER PASSAGE (2-5) TEXTE 2
Les fidélités de Yhwh à jamais je chante, d’âge en âge est connue ta vérité dans ma bouche. Car j’ai dit : « À jamais la fidélité est bâtie, les cieux, tu fondes ta vérité en eux. » 4 J’ai coupé une alliance avec mon élu, j’ai juré à David mon serviteur : 5 « Jusqu’à jamais j’ai fondé ta lignée et j’ai bâti d’âge en âge ton trône. »
3
202
La troisième section (84–89)
« Fidélité et vérité » De même que « fidélité et loyauté »1, « fidélité et vérité » (ḥesed we’ĕmûnâ) est un couple canonique (Ps 36,6 ; 88,12 ; 92,3 ; 98,3). En Ps 89,25 les deux termes sont intervertis (« Ma vérité et ma fidélité avec lui ») 2. COMPOSITION – 2 Les fidélités – D’ÂGE EN ÂGE .. 3 Car j’ai dit : .. les cieux,
de YHWH est connue
À JAMAIS
ta vérité
je chante, dans ma bouche.
« À JAMAIS
la fidélité ta vérité
en eux ».
TU FONDES
EST BÂTIE,
········································································································
+ 4 J’ai coupé + j’ai juré .. 5 « Jusqu’À JAMAIS .. et J’AI BÂTI
une alliance à DAVID
avec mon élu, mon serviteur :
J’AI FONDÉ
ta lignée, ton trône ».
D’ÂGE EN ÂGE
Le premier morceau est prononcé par le psalmiste tandis que le second est dit par le Seigneur. Les premiers segments (2.4) parlent de « Yhwh » et de « David » à la troisième personne, les seconds segments (3.5) sont des paroles qui leur ont été adressées, à la deuxième personne. Dans le premier morceau le couple « fidélité(s) » – « vérité » revient dans le même ordre dans chacun des deux segments ; « à jamais » est répété dans chaque segment, accompagné de « d’âge en âge » (2b). Dans le second morceau « jusqu’à jamais » (5a) et « d’âge en âge » (5b) font écho aux mêmes termes du premier morceau. « Fonder » et « bâtir » sont repris en ordre inverse dans les seconds segments des deux morceaux, avec comme compléments d’objet le couple « fidélité – vérité » la première fois, et avec le couple « ta lignée – ton trône » la deuxième fois. CONTEXTE La prophétie de Nathan (2S 7) Alors que David avait conçu le projet de bâtir une maison pour Yhwh, celui-ci lui fait dire par le prophète Nathan que c’est lui qui lui bâtira une maison, c’està-dire qui assurera la permanence de sa dynastie. La prophétie s’achève par ces paroles : « Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera fondé à jamais » (2S 7,16 ; voir aussi Ps 132). 1
Voir Le Psautier. Premier livre, 321 Sur les problèmes textuels du psaume, voir G. BARBIERO, Perché, o Dio, ci hai rigettari ?, 462-465. 2
Le psaume 89
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INTERPRÉTATION Une double fondation Avant tout « la fidélité » et « la vérité » de Yhwh sont bâties, fondées par lui dans « les cieux », c’est-à-dire dans la création. Mais le Seigneur intervient aussi dans l’histoire, en fondant « la lignée » de David, en bâtissant son « trône ». La fondation du monde concerne tous les hommes, celle de la maison de David regarde Israël ; si toutefois ces deux fondations sont présentées ensemble, ce n’est que parce qu’elles ont quelque chose à voir ensemble. L’élection d’un seul — on le sait depuis la promesse faite à Abraham — est faite pour la bénédiction de tous. « Une alliance à jamais » La première « alliance à jamais » fut celle que le Seigneur conclut avec Noé et avec sa semence après lui (Gn 9,16). En « signe » de cette alliance, Yhwh raccrocha son arc dans la nuée, renonçant ainsi à ne jamais plus exercer la violence contre l’humanité mauvaise. C’est donc dans les cieux que peut se voir l’arc-en-ciel, signe de « l’alliance à jamais ». L’alliance avec David elle aussi est conclue avec un entre tous et elle est établie « à jamais », « d’âge en âge », de génération en génération. Telles sont « les fidélités » que, avec le psalmiste, tout homme pourra chanter « d’âge en âge ». B) LE DEUXIÈME PASSAGE (6-15) TEXTE 6
Et rendent grâce les cieux pour ta merveille, Yhwh, aussi ta vérité dans l’assemblée des saints ; car qui dans la nue se compare à Yhwh, s’égale à Yhwh parmi les fils des dieux ? 8 Dieu redoutable au conseil des saints, grand et terrible à tout son entourage ; 9 Yhwh, Dieu des armées, qui comme toi ? Fort, Yah, et ta vérité ton entourage ! 10 Toi, tu maitrisas l’orgueil de la mer, quand s’élèvent ses vagues, toi, tu les apaises ; 11 toi, tu fendis comme un cadavre Rahab, par ton bras de puissance tu dispersas tes ennemis. 12 À toi les cieux, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, toi, tu les fondas ; 13 le nord et le midi, toi, tu les créas, le Tabor et l’Hermon à ton nom crient-de-joie. 14 À toi le bras avec prouesse, est puissante ta main, se lève ta droite ; 15 Justice et Droit sont le fondement de ton trône, Fidélité et Vérité précèdent ta face. 7
v. 9b : « Fort, Yah, » Le texte massorétique place l’atnah après ḥăsîn yāh. Toutefois, le parallélisme des membres invite à considérer ce syntagme comme un vocatif par lequel commence le deuxième membre, comme le premier commence avec « Yhwh, Dieu des armées ».
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La troisième section (84–89)
COMPOSITION Les deux segments du premier morceau mettent en parallèle « les cieux » (6a) et « la nue » (7a) par rapport à « Yhwh » (fin 6a.7a), « dans l’assemblée des saints » (6b) et « parmi les fils des dieux » (7b). Dans le second morceau (8-9) chaque segment commence avec un nom divin et s’achève avec « entourage ». Ce dernier terme est mis en parallèle avec le « conseil des saints » dans le premier segment ; dans le second segment, « ton entourage » est la « vérité » de Yah. Dans les premiers segments des deux morceaux, « le conseil des saints » (8a) renvoie à « l’assemblée des saints » (6b), « ta vérité » fait inclusion (6b.9b) ; les seconds segments (7.9) sont des questions, où aucun autre être céleste n’est dit comparable à Yhwh. La fin réserve une surprise : si « la vérité » de Dieu est déclarée être son « entourage », tout autre « entourage », « assemblée des saints », « fils des dieux », lui laissent pour ainsi dire toute la place. La deuxième partie est la plus développée qui comprend trois morceaux. Le premier traite de la maitrise de Dieu sur « la mer » (10), quand il « fendit » « Rahab » (11) ; les deux segments commencent avec le pronom emphatique « toi » suivi d’un verbe aux mêmes modalités. Dans le deuxième morceau c’est la fondation des « cieux » et surtout de « la terre » (12), avec la création des points de repère, « nord » et « midi », la montagne du « Tabor » au sud de la Galilée et au nord celle de « l’Hermon ». Les deux bimembres du dernier morceau mettent en parallèle « le bras », « la main », « la droite » du Seigneur, c’est-à-dire ses actions de « prouesse » et de puissance, avec les quatre attributs de sa royauté. Au trois « toi » du premier morceau font suite les deux du morceau suivant, accompagnés de deux « à toi » ; le dernier morceau commence lui aussi avec « à toi ». Bien que de racines différentes « tu les fondas » (12b) et « le fondement » (15a) sont de sens voisin. Les noms divins qui sont au nombre de sept dans la première partie sont absents de la deuxième partie. « Cieux » revient en 6a et 12a ; « Dieu des armées » ainsi que « fort » à la fin de la première partie (9) préparent la partie suivante où le Seigneur met en œuvre sa force et sa puissance.
Le psaume 89 + 6 Et rendent-grâce + aussi ta vérité
LES CIEUX dans l’assemblée
pour ta merveille, des saints ;
205 YHWH,
: 7 car qui : s’égale
DANS LA NUE se compare à YHWH, à YHWH parmi les fils des dieux ? ··························································································································· + 8 DIEU redoutable au conseil des saints,
+ immense
et terrible
à tout
son entourage ;
: 9 YHWH, : Fort
DIEU YAH,
des armées, et ta vérité
qui comme toi ?
– 10 Toi, – quand s’élèvent
tu maitrisas ses vagues,
l’orgueil toi,
de la mer, tu les apaises ;
– 11 toi, – par ton bras
tu fendis
de puissance
comme un cadavre tu dispersas
Rahab, tes ennemis.
ton entourage !
······························································································································
:: 12 À toi :: le monde
LES CIEUX, et son contenu,
à toi aussi toi,
la terre, tu les fondas ;
.. 13 le nord .. le Tabor
et le midi, et l’Hermon
toi, à ton nom
tu les créas, crient-de-joie.
······························································································································
:: 14 À toi :: est-puissante 15
.. Justice .. Fidélité
le bras ta main,
avec prouesse, s’exalte
ta droite ;
et Droit et Loyauté
(sont) le fondement précèdent
de ton trône, ta face.
CONTEXTE L’assemblée et le conseil des saints Selon les représentations courantes dans les cultures de l’Orient ancien, la divinité suprême est entourée de la cour céleste et assistée d’un conseil divin (voir, par exemple Ps 103,19-22 ; 148,1b-4). Rahab « Rahab » est un autre nom de Léviathan, le monstre marin qui, comme le Tiamat accadien, fut vaincu et démembré à l’origine par le Dieu des dieux3. Mais c’est aussi, comme en Ps 87,4, un autre nom de l’Égypte. C’est pourquoi les allusions mythiques de la création et la référence historique à la sortie d’Égypte peuvent être lues ensemble dans ces versets4.
3 4
Voir Ps 74,12-15 ; sur le Ps 8 aussi, voir Le Psautier, Premier livre, 87-88. Voir Hossfeld – Zenger, II, 409.
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La troisième section (84–89)
INTERPRÉTATION Les cieux et la terre L’hymne à la gloire de Dieu commence, comme il se doit, aux « cieux » où Yhwh règne sur « l’assemblée des saints », sur « les fils des dieux » (6-9). La force « terrible » et « redoutable » du « Dieu des armées » (8-9) se déploie au début de la partie suivante contre « l’orgueil de la mer », contre « Rahab » et ses autres ennemis (10-11). Le morceau central de la deuxième partie assure le passage du monde d’en haut à celui d’en bas, de la création à l’histoire : « À toi les cieux, à toi aussi la terre » (12a). Une fois donné le sens pour que les hommes puissent s’orienter (13), la main de Yhwh est prête pour la prouesse de son alliance avec eux, décrite avec les termes qui lui sont propres : « justice et droit », « fidélité et loyauté » (15).
C) LE TROISIÈME PASSAGE (16-19) TEXTE 16
Heureux le peuple qui savent l’acclamation, Yhwh, à la lumière de ta face ils iront ; 17 à ton nom ils jubileront tout le jour, en ta justice ils s’exalteront, 18 car l’éclat de leur puissance, (c’est) toi et dans ta faveur sera exalté notre front ; 19 car à Yhwh notre bouclier et au Saint d’Israël, notre roi.
v. 18b : « sera exalté notre front » Le qeré tārûm (qal) est préféré au ketib tārîm (hiphil, « tu exaltes »), car cette forme, au pluriel, se trouve en position symétrique en 17b et déjà, au singulier, en 14b. « Notre front », litt., « notre corne ». v. 19 : « Oui, à Yhwh notre bouclier et au Saint d’Israël notre roi » À considérer traductions et commentaires, le segment serait ambigu 5. La plupart comprennent que « notre bouclier » et que « notre roi » désignent David, lequel appartient à Yhwh6, mais d’autres pensent que ces deux termes s’appliquent à Yhwh, le lamed qui suit kî (« oui ») étant emphatique7. Certain respecte l’ambiguïté en coupant la poire en deux : « car notre bouclier appartient au Seigneur et au Saint d’Israël, notre roi », le premier membre allant dans le
Voir, par exemple, Ravasi, II, 849 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 240. Entre tant d’autres, Delitzsch, III, 39 ; Kraus, II, 198 ; Lorenzin, 335 (qui admet l’ambiguïté, ajoutant en note : « Autre traduction possible : “Oui, le Seigneur est notre bouclier et le Saint d’Israël notre roi” ») ; Vesco, 806 ; Hossfeld – Zenger, II, 400-401.409-410. Ainsi BJ, Osty, Dhorme, TOB. 7 Ainsi, Dahood, II, 315 ; Hakham, II, 145 ; Ravasi, II, 822.849. 5 6
Le psaume 89
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premier sens, et le second dans l’autre8. En Ps 84,10 le « messie » est le « bouclier » de Dieu (voir p. 154). COMPOSITION = 16 Heureux = YHWH,
le peuple à la lumière
qui savent de ta face
= 17 en ton nom = en ta justice
ils jubileront
tout le jour,
- 18 Oui, l’éclat - et dans ta faveur
de leur puissance, SERA EXALTÉ
(c’est) toi, notre front ;
- 19 oui, à YHWH - et au Saint
notre bouclier d’Israël
notre roi.
l’acclamation, ils iront ;
ILS S’EXALTERONT. ····················································································································
Le troisième passage met en scène « le peuple » capable d’acclamer le Seigneur (16a) qui sera « heureux » (16b-17). Le deuxième morceau passe très vite à la première personne du pluriel (« notre front »), ce qui permet d’identifier le peuple dont parle le premier morceau. Ses deux segments commencent avec « oui » (kî) et donnent les raisons du macarisme du premier morceau : tout vient de Dieu, « puissance » et exaltation du peuple (18), enfin son « roi » qui est son « bouclier ». Le nom de « Yhwh » revient dans chaque morceau (16b.19a) ainsi que le verbe « (s’)exalter » (17b.18b). Le passage commence avec « le peuple » — qui est nommé à la fin, « Israël » — et s’achève avec « notre roi ». On pourra remarquer que, en position identique, « notre front » correspond à « ta face ». INTERPRÉTATION Le face à face Les deux morceaux mettent en parallèle « la face » du Seigneur, son « nom » et sa « justice » avec la « puissance » du peuple, son « front » et son « bouclier ». « La lumière de la face » de Dieu brille dans « l’éclat de la puissance » dont son peuple est revêtu. Tout est grâce, le bonheur et la jubilation suscités par les œuvres de Dieu (16-17), davantage encore la « puissance » qu’il donnera à son peuple dans la personne du roi qui sera son « bouclier » (18-19).
D) LE QUATRIÈME PASSAGE (20-38) TEXTE 20
Jadis tu as parlé en vision à tes fidèles et tu as dit : « J’ai fourni de l’aide à un preux, j’ai exalté un jeune-homme sur le peuple. 21 J’ai trouvé David mon serviteur, avec l’huile de ma 8
deClaissé-Walford – al., 676.681.
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La troisième section (84–89)
sainteté je l’ai oint, 22 lequel ma main sera ferme avec lui, aussi mon bras le rendra-fort. 23 Ne s’élèvera pas l’adversaire sur lui 24 et et le fils de perversion ne l’accablera pas 25 Et ma vérité et ma fidélité j’écraserai devant lui ses agresseurs et ses ennemis je frapperai. (seront) avec lui et par mon nom s’exaltera son front ; 26 et je mettrai sur la mer sa main et sur les fleuves sa droite. 27 Lui m’appellera : “Mon père, toi, mon Dieu et le rocher de mon salut !” 28 Aussi moi l’ainé je le donnerai, très-haut sur les rois de la terre. 29 À jamais je lui garderai ma fidélité et mon alliance (sera) véridique pour lui ; 30 et je mettrai pour toujours sa lignée et son trône comme les jours des cieux. 31 Si abandonnent ses fils ma loi et selon mes et mes commandements ne jugements ne marchent pas, 32 si mes préceptes ils profanent gardent pas, 33 je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute. 34 Mais ma fidélité je ne retirerai pas d’avec lui et je ne faillirai pas dans ma vérité ; 35 je ne profanerai pas mon alliance et le souffle de mes lèvres ne dédirai pas ; 36 une fois j’ai juré par ma sainteté : si avec David, je mentirai ! 37 Sa lignée à jamais sera et son trône comme le soleil devant moi, 38 comme la lune est fondée à jamais et témoin dans la nue, véridique. »
v. 20a : « à tes fidèles » L’oracle qui annonce l’élection de David comme roi est adressé par Dieu au prophète Natân : « Mais, cette même nuit, la parole de Yhwh fut adressée à Natân en ces termes » (2S 7,4) ; comme plusieurs manuscrits hébreux ont le singulier au lieu du pluriel du texte massorétique, certains adoptent cette variante9. v. 20c : « J’ai fourni de l’aide à un preux » Certains corrigent ‘ēzer (« aide, secours ») par l’ougaritique gzr (« adolescent ») et interprètent la préposition ‘al comme « de préférence à » : « j’ai mis un adolescent plutôt qu’un héros », ce qui rappellerait l’épisode de David et Goliath où le jeune berger est préféré au preux Saül10.
COMPOSITION La première partie (20) 20
Jadis et tu as dit :
tu as parlé
en vision
à tes fidèles
Cette très courte partie introduit les paroles de Dieu qui constituent les deux parties qui suivent.
9
Par ex., Kraus, II, 200. Telle est le choix, par exemple, de Ravasi, II, 822.850-851.
10
Le psaume 89
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La deuxième partie (20c-30) Dans la première sous-partie le premier morceau rapporte le choix d’un « preux » que fit le Seigneur parmi « le peuple » (20cd) : oint comme roi par lui (21), il sera rendu fort par sa « main » (22). C’est pourquoi dans le second morceau son Seigneur lui donne la victoire sur « ses ennemis » (23-24). : 20c « J’ai fourni : J’AI EXALTÉ
de l’aide un jeune-homme
à un preux, sur le peuple.
: 21 J’ai trouvé : avec l’huile
David de ma sainteté
mon serviteur, je l’ai oint ;
: 22 lequel : aussi mon bras
MA MAIN
sera ferme
le rendra-fort.
avec lui,
·····················································································································
- 23 Ne s’élèvera pas - et le fils
l’adversaire de perversion
sur lui ne l’accablera pas ;
- 24 et j’écraserai - et ses ennemis
devant lui je frapperai.
ses agresseurs
.. 25 Et ma VÉRITÉ .. et par mon nom
et MA FIDÉLITÉ S’EXALTERA
(seront) avec lui son front ;
.. 26 et je mettrai .. et sur les fleuves
sur la mer sa droite.
SA MAIN
– 27 Lui – mon Dieu
m’appellera : et le rocher
“Mon père, de mon salut !”
– 28 Aussi moi – très-haut
l’ainé sur les rois
je le donnerai, de la terre.
(c’est) toi,
····················································································································· je lui garderai MA FIDÉLITÉ (sera) VÉRIDIQUE pour lui;
= 29 À jamais = et mon alliance = 30 et je mettrai = et son trône
pour toujours comme les jours
sa lignée des cieux.
La sous-partie centrale va encore plus loin : grâce au soutien de Dieu (25) son pouvoir s’étendra jusque « sur la mer » et « sur les fleuves » (26). Dans le premier morceau de la dernière sous-partie la relation entre Dieu et le roi est de l’ordre de la filiation : David donne au Seigneur le nom de « père » (27) et ce dernier l’institue comme son fils « ainé » parmi les autres rois (28). Dans le second morceau, le Seigneur promet que sa « fidélité » et son « alliance » seront assurées « à jamais » non seulement « pour lui » (29), mais aussi que la royauté sera maintenue « pour toujours » pour « sa lignée » (30). Les derniers membres
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La troisième section (84–89)
des deux morceaux ont en commun « les rois » et « son trône » et s’achèvent avec « de la terre » et « des cieux » (28b.30b). À « ma main » et « mon bras » de la première sous-partie (22) correspondent « sa main » et « sa droite » dans le dernier segment de la sous-partie centrale (26). Inversement à « ma vérité » et « ma fidélité » du premier segment de la sous-partie centrale répondent « ma fidélité » et « véridique » dans la dernière sous-partie (29). La troisième partie (31-38) – 31 Si abandonnent .. et selon mes jugements
ses fils ne marchent pas,
– 32 si mes préceptes .. et mes commandements
ils profanent ne gardent pas,
+ 33 je visiterai + et avec des coups
avec un sceptre leur faute.
ma loi
leur transgression
··········································································································· 34
– Mais ma fidélité .. et je ne faillirai pas
je ne retirerai pas dans MA VÉRITÉ ;
– 35 je ne profanerai pas .. et le souffle
mon alliance de mes lèvres
36
+ une fois + si avec David,
j’ai juré je mentirai !
d’avec lui
ne dédirai pas ; par ma sainteté :
··········································································································· 37
= Sa lignée = et son trône
à jamais comme le soleil
sera devant moi,
= 38 comme la lune = et témoin
est fondée dans la nue,
à jamais VÉRIDIQUE.
»
Dans le premier morceau deux doubles conditionnelles parallèles (31-32) dépendent de la principale (33). Le deuxième morceau est parallèle au premier : comme les deux premiers segments du premier morceau les deux premiers segments du second morceau sont marqués par la négation, la « fidélité » de Dieu envers David (34-35) se maintenant malgré l’infidélité de ses « fils » (31-32). Dans le dernier segment (36), la « sainteté » de Dieu s’oppose à leur « péché » (33a) : le châtiment de Dieu n’empêchera pas que son serment reste en vigueur. Enfin, les deux segments du troisième morceau disent de manière positive ce que les deux premiers segments du morceau précédent énonçaient de manière négative. D’un segment à l’autre « à jamais » est répété et à « comme le soleil » correspond « comme la lune ». Le dernier mot rappelle « ma vérité » de 34b.
Le psaume 89
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L’ensemble du passage (20-38) 20
Jadis tu as parlé en vision à TES FIDÈLES et tu as dit :
« J’ai fourni de l’aide à un preux, j’ai exalté un jeune-homme sur le peuple. J’ai trouvé DAVID mon serviteur, avec l’huile de ma SAINTETÉ JE L’AI OINT ; 22 lequel ma main sera ferme avec lui, aussi mon bras le rendra fort. 21
23 24
L’adversaire ne s’élèvera pas sur lui et le fils de perversion ne l’accablera pas ; et j’écraserai devant lui ses agresseurs et ses ennemis je frapperai. 25 26
27 28
Et ma VÉRITÉ et MA FIDÉLITÉ seront avec lui et par mon nom s’exaltera son front ; et je mettrai sur la mer sa main et sur les fleuves sa droite.
Lui m’appellera : “Mon père, toi, mon Dieu et le rocher de mon salut !” Aussi moi je le donnerai l’ainé, très-haut SUR LES ROIS de la terre.
= 29 À JAMAIS je lui garderai MA FIDÉLITÉ = 30 et je mettrai POUR TOUJOURS sa lignée
et MON ALLIANCE (sera) VÉRIDIQUE pour lui; et SON TRÔNE comme les jours des cieux.
31
Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas, s’ils profanent mes préceptes et mes commandements ne gardent pas, 33 je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute. 32
34
Mais je ne lui retirerai pas MA FIDÉLITÉ et je ne faillirai pas dans ma VÉRITÉ ; je ne profanerai pas MON ALLIANCE et le souffle de mes lèvres ne dédirai pas ; 36 une fois j’ai juré par ma SAINTETÉ : si avec DAVID, je mentirai ! 35
= 37 Sa lignée À JAMAIS sera = 38 comme la lune est fondée À JAMAIS
et SON TRÔNE comme le soleil devant moi, et témoin dans la nue, VÉRIDIQUE. »
« Tes fidèles » de la première partie (20a) annonce les trois occurrences de « ma fidélité » (25.29.34). Accompagné de « sainteté », le nom de « David » revient presque au début et presque à la fin (21.36) ; « mon alliance » est repris en 29 et 35. « Oindre », « rois » et « trône » appartiennent au même champ sémantique (21.28.30.37). « Vérité » – « véridique » reviennent en 25.29.34.38, dont trois fois en cooccurrence avec « fidélité » (25.29.34). Avec leurs nombreuses reprises lexicales, les morceaux finaux des deux parties principales (2930 ; 37-38) jouent le rôle de termes finaux. Aux éléments cosmiques mentionnés dans ces deux morceaux, « cieux » (30), « soleil » et « lune » (37-38), il faut ajouter « la mer » et « les fleuves » au centre de la deuxième partie (26).
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La troisième section (84–89)
INTERPRÉTATION « Fidélité et vérité » Adressé à ses « fidèles », c’est-à-dire à David et à « sa lignée », tout l’oracle est ainsi placé sous le signe de la fidélité, celle de Dieu assurée tout au long mais aussi celle de David et de ses fils. « Fidélité et vérité » (25.29.34) sont les deux piliers sur lesquels est fondée « l’alliance » conclue par le Seigneur avec le fils de Jessé. De la part de Dieu elle restera infrangible (29), quels que soient les manquements de l’autre partie (31-32). L’inévitable châtiment ne saurait remettre en question le serment par lequel le Seigneur s’est engagé « à jamais ». Comme la création Pour mieux marquer encore la pérennité de l’alliance conclue dans l’histoire d’Israël, les références appuyées aux éléments de la création scellent les deux parties du passage. « Comme les jours des cieux » vient appuyer le « à jamais » et le « pour toujours » assurés à la lignée davidique ; « comme le soleil » et « comme la lune » ne laissent aucun doute sur sa durée. La fondation de la maison de David ne le cède en rien à la fondation de la création dans ses éléments célestes qui scandent le temps depuis toujours et à jamais. Il ne saurait être une garantie plus solide que celle du Créateur. Comme le Créateur lui-même Mais il y a plus encore. Après avoir assuré à son roi la victoire sur « agresseurs » et « ennemis » humains (23-24), au cœur de la deuxième partie (26) le Seigneur promet de lui attribuer la domination sur rien moins que « la mer » et « les fleuves ». Or, le seul qui détient ce pouvoir n’est autre que le Créateur, lui qui a vaincu le monstre marin, Léviathan ou Rahab, qui tient sous sa main les puissances des eaux. C’est ce pouvoir qu’il délègue à celui qu’il a oint avec l’huile de sa sainteté. Le roi hérite donc de son « père » une prérogative divine. E) L’ENSEMBLE DE LA SOUS-SÉQUENCE (2-38) COMPOSITION « Les fidélités du Seigneur » au début, sont détaillées longuement par la suite. Les mots de cette racine reviennent sept fois (2.3.15.20.25.29.34) dans la sousséquence, ceux de la racine de « vérité » avec lequel il est apparié atteindront un total de neuf (2.3.6.9.15.25.29.34.38). Outre « fidélité(s) » et « vérité », le premier passage compte beaucoup de termes qui seront repris dans les passages suivants : « cieux » (3 ; 6.12 ; 30), « fonder » (3.5 ; 12 ; 38), « trône » (5 ; 15 ; 30.37 ; en termes finaux des deux premiers passages).
Le psaume 89 2 3 4 5
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LES FIDÉLITÉS de Yhwh à jamais je chante, d’âge en âge est connue TA VÉRITÉ dans ma bouche. Car j’ai dit : à jamais LA FIDÉLITÉ est bâtie, LES CIEUX, TU FONDES TA VÉRITÉ en eux. « J’ai conclu une ALLIANCE avec mon élu, j’ai juré à DAVID MON SERVITEUR : Jusqu’à jamais J’AI FONDÉ TA LIGNÉE et j’ai bâti d’âge en âge TON TRÔNE. » 6
Et rendent grâce LES CIEUX pour ta merveille, Yhwh, aussi TA VÉRITÉ dans l’assemblée des SAINTS ; car qui dans LA NUE se compare à Yhwh, s’égale à Yhwh parmi les fils des dieux ? 8 Dieu redoutable au conseil des SAINTS, immense et terrible à tout son entourage ; 9 Yhwh, Dieu des armées, qui est comme toi ? Fort Yah, et TA VÉRITÉ (est) ton entourage ! 7
Toi, tu maitrises l’orgueil de LA MER, quand s’élèvent ses vagues, toi, tu les apaises ; toi, tu fendis comme un cadavre Rahab, par ton bras de PUISSANCE tu dispersas tes ennemis. 12 À toi LES CIEUX, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, toi, tu les FONDAS ; 13 le nord et le midi, toi, tu les créas, le Tabor et l’Hermon À TON NOM crient-de-joie. 14 À toi le bras avec prouesse, EST PUISSANTE ta main, se lève ta droite ; 15 JUSTICE et Droit sont le FONDEMENT de TON TRÔNE, FIDÉLITÉ et Loyauté précèdent TA FACE. 10 11
16 17 18 19
20
Heureux le peuple qui sait l’acclamation, Yhwh, à la lumière de TA FACE ils iront ; À TON NOM ils jubileront tout le jour et en ta JUSTICE ILS S’EXALTERONT. Oui, l’éclat de leur PUISSANCE, c’est toi, et dans ta faveur TU EXALTES notre front ; oui, à Yhwh notre bouclier et au SAINT d’Israël NOTRE ROI.
Jadis tu as parlé en vision à TES FIDÈLES
et tu as dit :
« J’ai fourni de l’aide à un preux, J’AI EXALTÉ un jeune homme de mon peuple. 21 J’ai trouvé DAVID MON SERVITEUR, de l’huile de ma SAINTETÉ JE L’AI OINT, 22 lequel ma main sera ferme avec lui, aussi mon bras le rendra fort. 23 Ne s’élèvera pas l’adversaire sur lui et le fils de perversion ne l’accablera pas 24 et j’écraserai devant lui ses agresseurs et ses ennemis je frapperai. 25 Et MA VÉRITÉ et MA FIDÉLITÉ seront avec lui et PAR MON NOM S’EXALTERA son front ; 26 et je mettrai sur LA MER sa main et sur les fleuves sa droite. 27 Lui m’appellera : “Mon père, c’est toi, mon Dieu et le rocher de mon salut !” 28 Aussi moi l’ainé je le donnerai, très-haut SUR LES ROIS de la terre. 29 À jamais je lui garderai MA FIDÉLITÉ et mon ALLIANCE sera VÉRIDIQUE pour lui; 30 et je mettrai pour toujours SA LIGNÉE et SON TRÔNE comme les jours DES CIEUX. 31
Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas, s’ils profanent mes préceptes et mes commandements ne gardent pas, 33 je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute. 34 Mais MA FIDÉLITÉ je ne retirerai pas d’avec lui et je ne faillirai pas dans MA VÉRITÉ ; 35 je ne profanerai pas mon ALLIANCE et le souffle de mes lèvres ne dédirai pas ; 36 une fois j’ai juré par ma SAINTETÉ : si avec David, je mentirai ! 37 SA LIGNÉE sera à jamais et SON TRÔNE comme le soleil devant moi, 38 comme la lune EST FONDÉE à jamais et témoin dans LA NUE VÉRIDIQUE. » 32
214
La troisième section (84–89)
Entre le premier et le quatrième passage « les fidélités » et « tes fidèles » (tous deux au pluriel, 2 ; 20) jouent le rôle de termes initiaux ; reviennent aussi « à jamais », « jusqu’à jamais » (2.3 ; 29.37.38) et ses synonymes « d’âge en âge » (2.5), « pour toujours » (30), « comme les jours des cieux » (30), « comme le soleil » (37), « comme la lune » (38). « Jurer » est repris en 4 et 36, « David mon serviteur » en 4 et 21, « alliance » en 4 et 29.35, « ta lignée » en 5 et 30.37, « j’ai dit » et « tu as dit » (3.20). On ajoutera « élu » (4 : bāḥîr) et « jeune homme » (20b : bāḥûr) qui sont de même racine11. Entre le deuxième et le quatrième passage, outre les termes déjà mentionnés (« fidélité », « vérité », « cieux », « fonder », « trône »), sont repris : « la nue » (7 ; 38), « saints – sainteté » (6.8 ; 21.36), « ennemis » (11 ; 24), « terre » (12 ; 28), « la mer » (10 ; 26), « bras » (11.14 ; 22 avec « main »), le couple « main » – « droite » (14 ; 26). Les rapports lexicaux entre le passage central du corps de la sous-séquence et les autres sont nombreux : « peuple » (16 ; 20b), « à/par ton nom » (13 ; 17 ; 25), « justice » (15 ; 17), « (s’)exalter » (17.18 ; 20b.25), « puissance – est-puissante » (11.14 ; 18), « front » (litt., « corne », 18 ; 25) ; les deux occurrences de « ta face » (15b ; 16b) servent de termes médians. Au début du second passage ce sont « les cieux » qui « rendent grâce » (6), au début du troisième c’est « le peuple » qui l’acclame (16). Les termes du champ sémantique de la royauté remplissent la fonction de termes finaux : « ton trône » à la fin des deux premiers passages (5 ; 15) et à la fin des deux parties du dernier passage (30.37) « notre roi » à la fin du troisième passage (19). Le rôle de ce passage, bipartite comme l’introduction est de relier les deux passages qui l’encadrent : son premier morceau (16-17) où l’on voit « le peuple » d’Israël joindre son acclamation à l’action de grâce des « cieux » renvoie au passage qui traite de la création, son second morceau qui pointe sur « notre bouclier », « notre roi » annonce le passage suivant qui lui est consacré. INTERPRÉTATION « Qu’y a-t-il de commun entre la bale et le grain ? » (Jr 23,28) La juxtaposition de la création et de l’alliance avec David a de quoi étonner. Que peuvent avoir en commun la fondation de l’univers entier à l’origine et l’histoire de la dynastie d’un tout petit pays ? « Quand deux unités en rapport semblent opposées à tous les égards, cherchez la ressemblance »12. Les deux morceaux de l’introduction comme les trois passages qui suivent ont tant de vocabulaire en commun qu’il serait bien difficile de croire qu’il s’agit de deux éléments hétérogènes.
11 12
La Septante a traduit bāḥûr par « choisi » comme au verset 4 (voir Vesco, 814). Traité, 561.
Le psaume 89 2 3 4 5
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LES FIDÉLITÉS de Yhwh à jamais je chante, d’âge en âge est connue TA VÉRITÉ dans ma bouche. Car j’ai dit : à jamais LA FIDÉLITÉ est bâtie, LES CIEUX, TU FONDES TA VÉRITÉ en eux. « J’ai conclu une ALLIANCE avec mon élu, j’ai juré à DAVID MON SERVITEUR : Jusqu’à jamais J’AI FONDÉ TA LIGNÉE et j’ai bâti d’âge en âge TON TRÔNE. » 6
Et rendent grâce LES CIEUX pour ta merveille, Yhwh, aussi TA VÉRITÉ dans l’assemblée des SAINTS ; car qui dans LA NUE se compare à Yhwh, s’égale à Yhwh parmi les fils des dieux ? 8 Dieu redoutable au conseil des SAINTS, immense et terrible à tout son entourage ; 9 Yhwh, Dieu des armées, qui est comme toi ? Fort Yah, et TA VÉRITÉ (est) ton entourage ! 7
Toi, tu maitrises l’orgueil de LA MER, quand s’élèvent ses vagues, toi, tu les apaises ; toi, tu fendis comme un cadavre Rahab, par ton bras de PUISSANCE tu dispersas tes ennemis. 12 À toi LES CIEUX, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, toi, tu les FONDAS ; 13 le nord et le midi, toi, tu les créas, le Tabor et l’Hermon À TON NOM crient-de-joie. 14 À toi le bras avec prouesse, EST PUISSANTE ta main, se lève ta droite ; 15 JUSTICE et Droit sont le FONDEMENT de TON TRÔNE, FIDÉLITÉ et Loyauté précèdent TA FACE. 10 11
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Heureux le peuple qui sait l’acclamation, Yhwh, à la lumière de TA FACE ils iront ; À TON NOM ils jubileront tout le jour et en ta JUSTICE ILS S’EXALTERONT. Oui, l’éclat de leur PUISSANCE, c’est toi, et dans ta faveur TU EXALTES notre front ; oui, à Yhwh notre bouclier et au SAINT d’Israël NOTRE ROI.
Jadis tu as parlé en vision à TES FIDÈLES
et tu as dit :
« J’ai fourni de l’aide à un preux, J’AI EXALTÉ un jeune homme de mon peuple. 21 J’ai trouvé DAVID MON SERVITEUR, de l’huile de ma SAINTETÉ JE L’AI OINT, 22 lequel ma main sera ferme avec lui, aussi mon bras le rendra fort. 23 Ne s’élèvera pas l’adversaire sur lui et le fils de perversion ne l’accablera pas 24 et j’écraserai devant lui ses agresseurs et ses ennemis je frapperai. 25 Et MA VÉRITÉ et MA FIDÉLITÉ seront avec lui et PAR MON NOM S’EXALTERA son front ; 26 et je mettrai sur LA MER sa main et sur les fleuves sa droite. 27 Lui m’appellera : “Mon père, c’est toi, mon Dieu et le rocher de mon salut !” 28 Aussi moi l’ainé je le donnerai, très-haut SUR LES ROIS de la terre. 29 À jamais je lui garderai MA FIDÉLITÉ et mon ALLIANCE sera VÉRIDIQUE pour lui; 30 et je mettrai pour toujours SA LIGNÉE et SON TRÔNE comme les jours DES CIEUX. 31
Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas, s’ils profanent mes préceptes et mes commandements ne gardent pas, 33 je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute. 34 Mais MA FIDÉLITÉ je ne retirerai pas d’avec lui et je ne faillirai pas dans MA VÉRITÉ ; 35 je ne profanerai pas mon ALLIANCE et le souffle de mes lèvres ne dédirai pas ; 36 une fois j’ai juré par ma SAINTETÉ : si avec David, je mentirai ! 37 SA LIGNÉE sera à jamais et SON TRÔNE comme le soleil devant moi, 38 comme la lune EST FONDÉE à jamais et témoin dans LA NUE VÉRIDIQUE. » 32
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La troisième section (84–89)
Fidélité et vérité Le point commun le plus évident est signalé par « la fidélité » et « la vérité » du personnage qui est l’auteur de la création comme de la lignée de David, qui « a fondé » aussi bien « le monde » que « la lignée » de son roi. La pérennité de la dynastie davidique repose sur le Seigneur comme celle des cieux et de la terre. La « fidélité » qui est le « fondement » du « trône » de Dieu (15) l’est aussi de celui de David (29-30.37-38). Le trône du roi est aussi assuré que « les jours des cieux », il l’est « comme le soleil » et « comme la lune », « témoin véridique dans la nue ». La construction de la maison de David fait partie de l’œuvre créatrice. Dieu sauve en créant, il crée en sauvant Création à l’origine et salut dans l’histoire échangent leurs qualités13. La victoire du « Dieu des armées » sur « la mer », sur le monstre « Rahab » est présentée comme une œuvre de salut qui disperse « les ennemis » (9-11). Le Seigneur accomplit une même œuvre en faveur de David quand il frappe « ses ennemis », pour que « son adversaire » ne s’élève pas à ses dépens (23-24) ; C’est le même « bras » qui agit dans les deux cas (11.22). La création se laisse voir le plus clairement dans l’histoire de David quand ce dernier appelle son Dieu : « Mon père » (27). Tout engendrement participe de la création. David héritier de Dieu David n’est pas seulement mis au monde par Dieu, il est institué son légataire universel. Cela est affirmé sans ambages au centre de l’oracle divin. Le front du roi s’exaltera par le nom du Seigneur, comme le fils porte avec orgueil le nom de son père (25). Et comme pour éviter que l’on se méprenne sur le sens de cette affirmation, le Seigneur ajoute qu’il lui donnera la même puissance qu’il exerça à l’origine quand il maitrisa « l’orgueil de la mer » : « et je mettrai sur la mer sa main » et pour faire bonne mesure il ajoute : « et sur les fleuves sa droite ». « La main » et « la droite » de David sera puissante comme « la main » et « la droite » de Dieu (14.26). « D’âge en âge » La création à l’origine ne signifie pas qu’elle est une œuvre accomplie une fois pour toute dans le passé le plus lointain. Elle se prolonge dans l’histoire, indéfiniment « d’âge en âge » ; elle est au présent comme au passé. C’est ce qui est dit le plus clairement qui soit dès l’introduction (2-5) et c’est ce que répètera la partie consacrée à la création (6-15). Celle-ci commence au présent, avec les cieux qui « rendent grâce » pour la merveille accomplie par le créateur. Il 13
Voir P. BEAUCHAMP, « Psaume 74 et Psaume 89 », Psaumes nuit et jour, 204-208.
Le psaume 89
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continue aujourd’hui et pour toujours à maitriser l’orgueil de la mer comme à l’origine il avait fendu « comme un cadavre Rahab » (10-11). La puissance de la main de Dieu est toujours à l’œuvre, comme Justice et Droit soutiennent toujours son trône et « Fidélité et Loyauté précèdent sa face », « d’âge en âge ».
2. LA DEUXIÈME SOUS-SÉQUENCE (39-52) Avant la doxologie finale, la sous-séquence est de composition concentrique : deux passages plus développés (39-45 ; 48-52) encadrent un bref passage de transition (46-47). A) LE PREMIER PASSAGE (39-46) TEXTE 39
Mais toi, tu as rejeté et tu as repoussé, tu t’es emporté contre ton oint ; 40 tu as renié l’alliance de ton serviteur, tu as profané jusqu’à terre sa couronne. 41 Tu as fait-brèche à toutes ses clôtures, tu as mis ses lieux-forts en ruines ; 42 l’ont pillé tous les passants du chemin, il a été une insulte pour ses voisins ; 43 tu as donné la (main) droite à ses agresseurs, tu as réjoui tous ses adversaires. 44 Aussi tu as retourné le tranchant de son épée et point ne l’as épaulé dans le combat ; 45 tu as fait cesser sa splendeur et son trône jusqu’à terre tu as renversé.
v. 44a : « tu as retourné le tranchant de son épée » Litt. « le rocher de son épée », ce qui est compris par la plupart comme le tranchant, autrefois fait de silex (voir en Jos 5,2 les « épées de silex » utilisées pour la circoncision des mâles de la génération née au désert)14. On pourrait traduire plus librement : « tu as émoussé le tranchant de son épée ». v. 45a : « tu as fait cesser sa splendeur » Comme miṭṭehār est un hapax et que le membre ne comprend que deux termes, plusieurs ont corrigé, par exemple en coupant en deux le terme : maṭṭēh ṭāhrāw, « le sceptre de sa splendeur »15, ou maṭṭēh miyyadô, « le sceptre de sa main »16. La correction ne s’impose pas.
Hakham, II, 152 ; Ravasi, II, 858-859. Voir deClaissé-Walford – al., 678. Correction adoptée par la BJ. 16 Dhorme. 14 15
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La troisième section (84–89)
COMPOSITION + 39 Mais toi, + TU T’ES EMPORTÉ
TU AS REJETÉ
+ 40 TU AS RENIÉ + TU AS PROFANÉ
l’alliance
et TU AS REPOUSSÉ,
contre ton oint ; de ton serviteur,
JUSQU’À TERRE sa couronne. ················································································································ :: 41 TU AS FAIT- BRÈCHE à toutes ses clôtures, :: TU AS MIS ses lieux-forts en ruines ;
– 42 l’ont pillé – il a été – 43 TU AS DONNÉ – TU AS RÉJOUI
tous les passants une insulte
du chemin, pour ses voisins ;
la (main) droite tous ses adversaires.
à ses agresseurs,
················································································································
+ 44 Aussi TU AS RETOURNÉ + et point
NE L’AS ÉPAULÉ
+ 45 TU AS FAIT-CESSER + et son trône
JUSQU’À TERRE
le tranchant
de son épée dans le combat ;
sa splendeur TU AS RENVERSÉ.
L’unité du passage est marquée par la multitude des verbes à la deuxième personne du singulier du parfait : deux ou même trois fois dans chaque segment, soit un total de treize, sauf le segment central (42). Dans le premier morceau le Seigneur a rompu sa relation, son « alliance », avec son « oint », son « serviteur ». Dans le second morceau, qui est le plus long, kol (« tou[te]s ») revient en position analogue dans chacun des trois segments ; le Seigneur a livré le royaume de son oint à ses ennemis, en brisant ses défenses (41), en le livrant au pillage et à l’« insulte » (42), en réjouissant ses ennemis (43). Le verset central est le seul dont le sujet soit les ennemis et non pas le Seigneur. Dans le troisième morceau le Seigneur livre le roi lui-même à ses adversaires et détruit sa royauté. Les derniers membres des morceaux extrêmes jouent le rôle de termes finaux : les deux attributs de la royauté, « couronne » et « trône », sont abattus par le Seigneur « jusqu’à terre ». INTERPRÉTATION L’accusation est lourde Le fait que le roi a été pillé et insulté par ses agresseurs (42) est attribué de façon massive et insistante au Seigneur (39-41 ; 43-45). Le moins que l’on puisse dire est que l’accusation est directe. Elle ne manque pas de violence, ce qui trahit la douleur qu’éprouve celui qui la porte. C’est que le royaume de David est désormais détruit. C’en est fait non seulement de sa « splendeur », mais aussi de son existence : « tout », absolument « tout » est renversé.
Le psaume 89
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B) LE DEUXIÈME PASSAGE (46-47) TEXTE 46
Tu as écourté les jours de sa jeunesse, tu as étalé sur lui la honte. te cacheras-tu ? Pour l’éternité brûlera comme un feu ta colère ?
47
Jusqu’à quand, Yhwh,
v. 47 : découpage Le texte massorétique coupe, par l’atnah, après « pour l’éternité »17. Certains découpent le verset en trois phrases : « Jusqu’à quand, Seigneur ? Te cacheras-tu pour l’éternité ? Brûlera-t-elle comme un feu ta colère ? 18» ou encore : « Jusqu’où, YHWH, te cacheras-tu ? À perpétuité ? Consumera-t-elle comme un feu, ta brûlure ? »19. Il en est même qui suppriment tout simplement le terme gênant, « pour l’éternité »20. Le parallélisme des membres invite à rejeter ce terme au début du second membre, où il correspond au premier terme du premier membre, « jusqu’à quand »21. Le même problème se posait déjà en Ps 79,5 (voir p. 101). COMPOSITION – 46 Tu as écourté .. tu as étalé
les jours sur lui
de sa jeunesse, la honte.
– 47 Jusqu’à quand, .. pour l’éternité
Yhwh, brûlera
te cacheras-tu, comme un feu
ta colère ?
Les deux segments n’ont aucun vocabulaire commun et si le premier juxtapose deux affirmations le deuxième pose une double question. Celle-ci est posée à « Yhwh » à propos de ce qu’il a fait contre le roi. Les deux segments opposent la brièveté des « jours » du roi et « l’éternité » de la colère de Yhwh. CONTEXTE On a cherché à savoir à quel roi de la maison de David le premier segment pouvait faire référence. Joiakîn accéda à la royauté à l’âge de dix-huit ans et ne régna que trois mois avant de passer le reste de sa vie, trente-sept ans, en exil à Babylone (2R 24,8-9 ; 25,27-30)22. Si l’on comprend que le premier membre du verset 46 parle de la mort prématurée du roi, alors il s’agirait plutôt du roi juste Josias, tué à Megiddo en 609 (2R 23,29-30).
17
Ainsi Osty. Ainsi, Kraus, II, 199 ; Lorenzin, 337 ; Hossfeld – Zenger, II, 401 ; BJ, TOB. 19 Vesco, 808. 20 Alonso Schoekel – Carniti, II, 225 (sans crier gare). 21 Ravasi, II, 824 ; deClaissé-Walford – al., 679 ; Dhorme. 22 Hossfeld – Zenger, II, 406 ; G. BARBIERO, Perché, o Dio, ci hai rigettati ?, 507. 18
220
La troisième section (84–89)
INTERPRÉTATION Les deux questions interprètent les deux aspects de l’évènement relaté dans le premier segment : la vie du roi a été écourtée parce que le Seigneur a caché sa face, la honte qui l’a couvert est due à la colère de Dieu. La signification de ce court passage d’articulation plutôt énigmatique se révélera au niveau de l’ensemble de la sous-séquence.
C) LE TROISIÈME PASSAGE (48-52) TEXTE 48
Souviens-toi : moi, quelle est ma durée ? Pour quel néant as-tu créé tous les fils d’Adam ? Quel homme vivra et ne verra pas la mort, soustraira son âme à la main du schéol ? 50 Où (sont) tes fidélités premières, Seigneur, que tu as jurées à David par ta vérité ? 51 Souviens-toi, Seigneur, de l’insulte à tes serviteurs que je porte en mon sein de tous les nombreux peuples 52 lesquels ont insulté, tes ennemis, Yhwh, lesquels ont insulté les pas de ton oint ! 49
v. 48 : « moi, quelle durée ? » La construction tourmentée du membre a conduit à diverses corrections, dont « Souviens-toi, Seigneur... » comme au début de 51, ’ny (« moi ») étant remplacé par ’dny (« Seigneur »)23. La correction est tentante mais ne s’impose pas. v. 51a : « ton serviteur » Le texte massorétique a le pluriel. Plusieurs manuscrits hébreux ont le singulier, ainsi que la Peshitta. Le singulier, qui renvoie à « David » de 50b, semble soutenu par la composition du passage où l’alternance entre singulier et pluriel se trouve aussi dans le segment symétrique (48). v. 51b : « que je porte sur mon sein... » Le second membre du verset 51 fait difficulté et diverses corrections ont été avancées. L’infinitif construit par lequel il commence (litt., « mon porter ») est ici considéré comme apposition à « l’insulte », donc comme second complément d’objet de « souviens-toi » : « Souviens-toi [...] que je porte... ». L’expression « porter sur son sein » se retrouve en Nb 11,12 et en Is 40,11 où elle signifie « prendre soin », comme un berger pour ses brebis qu’il porte sur ses épaules, comme une mère pour son enfant qu’elle porte dans ses bras, « sur son sein ».
23
Par ex., Hossfeld – Zenger, II, 401.
Le psaume 89
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COMPOSITION – 48 SOUVIENS-TOI : .. Pour quel néant 49
+ Quel homme + soustraira
moi, as-tu créé
quelle
durée ?
TOUS LES FILS
D’ADAM
vivra son âme
et ne verra pas à la main
la mort, du schéol ?
?
···············································································································
:: 50 Où (sont) :: que tu as jurées
tes fidélités à David
premières, par ta vérité ?
SEIGNEUR,
··············································································································· 51
– SOUVIENS-TOI, .. que je porte
SEIGNEUR, sur mon sein
de l’insulte
à ton serviteur,
TOUS LES NOMBREUX
PEUPLES,
+ 52 lesquels + lesquels
ont insulté, ont insulté
tes ennemis, les pas
YHWH, de ton oint !
Le premier segment met en parallèle l’individu qui parle, « moi », et « tous les fils d’Adam », dont la vie est limitée et s’achève au « néant ». Le second segment insiste sur le destin final de chacun, « mort » et « schéol ». Le dernier morceau commence comme le premier avec « Souviens-toi » : le « moi » de 48a se présente maintenant en tant que « serviteur » du « Seigneur » (51a), et chargé du soin de « tous les nombreux peuples » (51b) ; le deuxième segment qui juxtapose deux relatives insiste sur « l’insulte » dont « tous les nombreux peuples » — ses « ennemis » — ont accablé le « serviteur », identifié tout à la fin comme le roi, « l’oint » du Seigneur. Les trois occurrences de « insulte – insulter » du dernier morceau semble correspondre aux trois termes synonymiques du premier : « néant » (48b), « mort » et « schéol » (49ab). Au centre du passage (50) le psalmiste oppose les malheurs présents à la promesse jurée autrefois par Dieu à David ; ce qui représente une autre manière de demander au Seigneur de « se souvenir » (48a.51a).
CONTEXTE Shiméï maudit David Le dernier segment peut faire penser au Benjaminite Shiméï qui maudissait David quand il fuyait, pieds nus, devant la révolte d’Absalon (2S 16,5-14). Moïse se plaint au Seigneur Quand, au désert, le peuple pleure en demandant de la viande à manger (Nb 11,4-6), ce qui provoque la colère du Seigneur, Moïse intervient en disant :
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La troisième section (84–89)
« Pourquoi fais-tu du mal à ton serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu m’aies imposé la charge de tout ce peuple ? 12 Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple, est-ce moi qui l’ai enfanté, que tu me dises : Porte-le sur ton sein, comme la nourrice porte l’enfant à la mamelle, au pays que j’ai promis par serment à ses pères ? 13 Où trouverais-je de la viande à donner à tout ce peuple, quand ils m’obsèdent de leurs larmes en disant : Donne-nous de la viande à manger ? 14 Je ne puis, à moi seul, porter tout ce peuple : c’est trop lourd pour moi.
INTERPRÉTATION Mort et insultes Le psalmiste demande d’abord à Dieu de « se souvenir » de lui, d’intervenir contre « la mort » ! Il semble même en rendre coupable celui qui « a créé » « le néant » destiné à tous les fils d’Adam. Dans cette rafale de questions, il ne faut pas voir une rébellion contre le sort réservé aux mortels, mais un appel à être délivré d’un péril mortel. La formulation toutefois ne manque pas d’être offensive, ce qui montre bien dans quel désarroi, pour ne pas dire dans quel désespoir se trouve celui qui, malgré tout, continue à prier. À la fin, le psalmiste se plaint au Seigneur des « insultes » que ses « ennemis », « les nombreux peuples » profèrent contre lui (51-52). Ces « ennemis » qui insultent le roi sont dits ennemis de « Yhwh » et c’est contre eux que le psalmiste supplie Dieu de sévir. C’est en réalité l’honneur de Dieu qui est mis en cause et ne saurait demeurer impuni. Solidarité humaine Le psalmiste se considère solidaire de « tous les fils d’Adam » (48) : il est mortel voué au « néant » et au « schéol » comme tout un chacun. On comprend ensuite que, en tant que « serviteur » du Seigneur, « oint » par lui pour régner sur Israël, il se voit en relation avec « tous les nombreux peuples » (51). Il reconnait même que ceux-ci lui ont été confiés, pour qu’il les porte sur son sein. Comme Moïse il se plaint d’avoir reçu une charge trop lourde pour lui pour le forcer à intervenir en sa faveur, et en leur faveur.
Le psaume 89
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D) L’ENSEMBLE DE LA SOUS-SÉQUENCE (39-52) 39
Mais TOI, tu as rejeté et tu as repoussé, tu t’es emporté contre TON OINT ; tu as renié l’alliance DE TON SERVITEUR, tu as profané jusqu’à terre sa couronne. 41 Tu as fait brèche à toutes ses clôtures, tu as mis ses lieux forts en ruines ; 42 l’ont pillé tous LES PASSANTS DU CHEMIN, il a été UNE INSULTE pour SES VOISINS ; 43 tu as donné la main droite à ses AGRESSEURS, tu as réjoui tous ses ADVERSAIRES. 44 Aussi tu as retourné le tranchant de son épée et point ne l’as épaulé dans le combat ; 45 tu as fait cesser sa splendeur et son trône jusqu’à terre tu as renversé. 40
46 47
Tu as écourté les jours de sa jeunesse, tu as étalé sur lui LA HONTE. Jusqu’à quand, Yhwh, te cacheras-tu ? Pour l’éternité brûlera comme un feu ta colère ?
48
Souviens-toi : MOI, quelle est ma durée ? Pour quel néant as-tu créé tous LES FILS D’ADAM ? Quel homme vivra et ne verra pas la mort, soustraira son âme à la main du schéol ? 50 Où sont tes fidélités premières, Seigneur, que tu as jurées à David par TA VÉRITÉ ? 51 Souviens-toi, Seigneur, de L’INSULTE À TON SERVITEUR, que je porte sur mon sein tous LES NOMBREUX PEUPLES, 52 lesquels ONT INSULTÉ, tes ENNEMIS, YHWH, lesquels ONT INSULTÉ les traces de TON OINT ! 49
53
Béni (soit) YHWH à jamais !
AMEN ! AMEN !
Le premier segment de la partie centrale (46) est habituellement considéré comme faisant partie du passage précédent, et le second segment (47) comme appartenant au passage suivant24. Cependant, la composition extrêmement régulière du premier passage (39-45) ainsi que celle du dernier (48-52) ont conduit à reconnaitre que ces deux segments constituent un court passage central dont la fonction est d’articuler les deux autres. Commençant avec « toi », le premier passage est une accusation qui vise Dieu ; commençant avec « moi », le dernier passage est une supplication en faveur de celui qui prie. Le premier segment renvoie au premier passage, car ses deux verbes sont aux mêmes modalités que ceux des versets précédents ; avec ses deux questions et le vocatif « Yhwh », le second segment annonce le passage suivant. Cependant, du point de vue sémantique, le premier segment annonce le dernier passage. En effet, la mort prématurée du roi (46a) prépare la première partie du passage final où il est question de la brièveté de la vie et de la mort inéluctable ; « la honte » (46b) sera reprise dans la dernière partie du dernier passage où il n’est question que d’« insulte » (51-52). Les deux occurrences de « ton oint » et de « ton serviteur », qui se correspondent en miroir, font inclusion. À « une insulte » du premier passage (42) correspondent « insulte – insulter » du dernier (51.52bis) ; dans le passage central, « la honte » est une conséquence des insultes (46). « Tous – toutes » revient dans les passages extrêmes (41.42.43 ; 48.51) ; « ennemis » de la fin (52), c’està-dire « les nombreux peuples » de 51, rappelle « agresseurs » et « adversaires » (43), c’est-à-dire « ses voisins », « les passants du chemin » de 42. 24
Toutefois, Vesco (819) est d’avis que « Le v. 47 assure la transition entre la lamentation et la demande de la délivrance ».
224
La troisième section (84–89)
La doxologie du troisième livre (53) reprend « Yhwh » du verset précédent (52), « à jamais » rappelle « jusqu’à quand ? » et « pour l’éternité » du centre (47), « amen » est de la même racine que « vérité » de 50. INTERPRÉTATION De l’accusation à la supplication et... à la bénédiction La douleur peut aveugler. Écrasé par le malheur et surtout par l’incompréhension de qui se voit abandonné par celui qui lui avait juré de le soutenir quoi qu’il arrive, le psalmiste ne peut qu’en rejeter la faute sur le Seigneur. Il ne se lamente pas sur les nombreux fléaux qui l’ont abattu ; tous les malheurs qu’il égrène sont autant d’accusations portés contre celui qui en est l’auteur. Arrivé au comble de la douleur, celle de la mort qui a fauché le roi en pleine jeunesse, il l’impute au Dieu qui s’est caché et a donné libre cours à sa colère (46-47). Alors, ayant exprimé sa propre colère sans la moindre retenue, il peut enfin accéder dans l’humilité à la supplication. En demandant au Seigneur par deux fois de se souvenir de lui, c’est son aide qu’il invoque. Il adjure le Seigneur de le préserver de la mort, d’être lavé d’une insulte pire que tout puisqu’elle atteint, à travers lui, Yhwh, le Dieu d’Israël lui-même. Enfin, au-delà de la plainte, peut retentir la bénédiction, aussi inattendue que l’accusation. L’épreuve de la fin Le lieu d’où jaillit la prière, accusation et supplication, se dévoile au centre de la sous-séquence (46-47). C’est celui de la fin. La mort prématurée du roi qui, pour comble de malheur, disparait dans « la honte » représente la première face de l’épreuve qui fait crier le psalmiste. Mais il y a pire sans doute, car si l’histoire a trouvé avec la mort du roi une fin insupportable, l’avenir apparait à ses yeux sans espoir, la colère de Dieu lui semblant ne devoir jamais cesser de brûler, « pour l’éternité ». Arrivé à ce point ultime, celui qui reprend à son compte les mots du psalmiste ne sera pas scandalisé par la violence qu’il exprime envers son Seigneur. Il se souviendra des paroles qu’un de ses frères lui avait adressées en entonnant sa prière : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 22,2). Et aussi de celles qui suivront sa lamentation : « au milieu de l’assemblée je te louerai » (23). 3. L’ENSEMBLE DU PSAUME (88) Entre le titre du psaume et la doxologie finale du troisième livre, le psaume s’organise en deux moitiés : une longue action de grâce pour la création et pour l’élection de David (2-38) et une lamentation sur la situation actuelle (39-52). Traversent l’ensemble de la séquence les termes qui appartiennent au champ sémantique de l’alliance : « fidélité(s) » (2.3.15.20.25.29.34 ; 50), « vérité » (2.3. 6.9.25.29.34.38 ; 50), « alliance » (4.29.35 ; 40).
Le psaume 89
225
1
Instruction, de Étân l’Ezrahite.
2
LES FIDÉLITÉS de Yhwh à jamais je chante, d’âge en âge est connue TA VÉRITÉ dans ma bouche. 3 Car
j’ai dit : à jamais LA FIDÉLITÉ est bâtie, les cieux, tu fondes TA VÉRITÉ en eux. 4 « J’ai conclu une ALLIANCE avec mon élu, J’AI JURÉ à DAVID MON SERVITEUR : 5 Jusqu’à jamais j’ai fondé ta lignée et j’ai bâti d’âge en âge TON TRÔNE. » 6
Les cieux rendent grâce pour ta merveille, Yhwh, aussi TA VÉRITÉ dans l’assemblée des saints ; 7 car qui dans la nue se compare à Yhwh, s’égale à Yhwh parmi les fils des dieux ? 8 Dieu redoutable au conseil des saints, immense et terrible à tout son entourage ; 9 Yhwh, Dieu des armées, qui est comme toi ? Fort Yah, et TA VÉRITÉ est ton entourage ! 10 Toi, tu maitrises l’orgueil de la mer, quand s’élèvent ses vagues, toi, tu les apaises ; 11 toi, tu fendis comme un cadavre Rahab, par ton bras de puissance tu dispersas tes ennemis. 12 À toi les cieux, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, toi, tu les fondas ; 13 le nord et le midi, toi, TU LES CRÉAS, le Tabor et l’Hermon à ton nom crient-dejoie. 14 À toi le bras avec prouesse, est puissante ta main, se lève ta droite ; 15 Justice et Droit sont le fondement de TON TRÔNE, FIDÉLITÉ et Loyauté précèdent ta face. 16
Heureux le peuple qui sait l’acclamation, Yhwh, à la lumière de ta face ils iront ; à ton nom ils jubileront tout le jour et en ta justice ils s’exalteront. 18 Oui, l’éclat de leur puissance, c’est toi, et dans ta faveur tu exaltes notre front ; 19 oui, à Yhwh notre bouclier et au Saint d’Israël notre ROI. 17
20
Jadis tu as parlé en vision à tes FIDÈLES et tu as dit : « J’ai fourni de l’aide à un preux, j’ai exalté un jeune homme de mon peuple. 21 J’ai trouvé DAVID MON SERVITEUR, de l’huile de ma sainteté je l’ai OINT, 22 lequel ma main sera ferme avec lui, aussi mon bras le rendra fort. 23 Ne s’élèvera pas l’adversaire sur lui et le fils de perversion ne l’accablera pas 24 et j’écraserai devant lui ses agresseurs et ses ennemis je frapperai. 25 Et MA VÉRITÉ et MA FIDÉLITÉ seront avec lui et par mon nom s’exaltera son front ; 26 et je mettrai sur la mer sa main et sur les fleuves sa droite. 27 Lui m’appellera : “Mon père, c’est toi, mon Dieu et le rocher de mon salut !” 28 Aussi moi l’ainé je le donnerai, très-haut sur les rois de la terre. 29 À jamais je lui garderai MA FIDÉLITÉ et mon ALLIANCE sera VÉRIDIQUE pour lui; 30 et je mettrai pour toujours sa lignée et SON TRÔNE comme les jours des cieux. 31 Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas, 32 s’ils profanent mes préceptes et mes commandements ne gardent pas, 33 je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute. 34 Mais MA FIDÉLITÉ je ne retirerai pas d’avec lui et je ne faillirai pas dans 35 MA VÉRITÉ ; je ne profanerai pas mon ALLIANCE et le souffle de mes lèvres ne dédirai pas ; 36 une fois J’AI JURÉ par ma sainteté : si avec DAVID, je mentirai ! 37 Sa lignée sera à jamais et SON TRÔNE comme le soleil devant moi, 38 comme la lune est fondée à jamais et témoin dans la nue VÉRIDIQUE. » 39
Mais toi, tu as rejeté et tu as repoussé, tu t’es emporté contre TON OINT ; 40 tu as renié L’ALLIANCE de TON SERVITEUR, tu as profané jusqu’à terre sa couronne. 41 Tu as fait brèche à toutes ses clôtures, tu as mis ses lieux forts en ruines ; 42 l’ont pillé tous les passants du chemin, il a été une insulte pour ses voisins ; 43 tu as donné la main droite à ses agresseurs, tu as réjoui tous ses adversaires. 44 Aussi tu as retourné le tranchant de son épée et point ne l’as épaulé dans le combat ; 45 tu as fait cesser sa splendeur et SON TRÔNE jusqu’à terre tu as renversé. 46 47
Tu as écourté les jours de sa jeunesse, tu as étalé sur lui la honte. Jusqu’à quand, Yhwh, te cacheras-tu ? Pour l’éternité brûlera-t-elle comme un feu ta colère ?
48
Souviens-toi : moi, quelle est ma durée ? Pour quel néant AS-TU CRÉÉ tous les fils d’Adam ? Quel homme vivra et ne verra pas la mort, soustraira son âme à la main du schéol ? 50 Où sont 51 TES FIDÉLITÉS premières, Seigneur, que TU AS JURÉES à DAVID par TA VÉRITÉ ? Souviens-toi, Seigneur, de l’insulte à TON SERVITEUR, que je porte sur mon sein tous les nombreux peuples, 52 lesquels ont insulté, tes ennemis, Yhwh, lesquels ont insulté les traces de TON OINT ! 49
53
Béni soit Yhwh à jamais !
AMEN ! AMEN !
226
La troisième section (84–89)
À la liste des « à jamais », « d’âge en âge », « tout le jour », « pour toujours » de la première séquence (2bis.3.5bis.17.29.30.37.38) s’opposent « jusqu’à quand » et « pour l’éternité » dans la deuxième (47). « À jamais » revient dans la doxologie (53). L’alliance a été « jurée » (4.36 ; 50) à « David », « (mon) serviteur », « ton oint » (4.21bis.36 ; 39.40.50.51.52), pour le défendre contre ses « adversaires », ses « agresseurs », ses « ennemis » (23-24 ; 43.52) ; à noter qu’en 52 les « ennemis » sont ceux de Dieu. Le « trône » est celui de Dieu (15) mais aussi de David (5.30.37 ; 45). Le Seigneur « a créé » les points de repère que sont Nord et Sud (13) mais aussi « le néant » (48). Les passages centraux (16-19 ; 46-47) se correspondent : « jour(s) » revient en 17 et 46, à « la lumière de ta face » (16) s’oppose « brûlera-t-elle comme un feu ta colère ? » (47), à « tout le jour » (17) « Jusqu’à quand ? » et « pour l’éternité » (47), à « tu exaltes notre front » (18) « tu as étalé sur lui la honte » (46). La doxologie a quatre termes en commun avec l’introduction de la première séquence : « Yhwh » (2), « à jamais » (2.3.5) et « Amen » est de la même racine que « vérité » (2.3), ce qui fait donc inclusion. Ainsi, la doxologie du troisième livre peut être considérée comme faisant partie intégrante du psaume25. CONTEXTE Le rapport entre la création et la maison de David est clairement posé par Jérémie : 19
Puis la parole de Yhwh fut adressée à Jérémie en ces termes : 20 Ainsi parle Yhwh. + Si vous pouvez rompre mon alliance avec le jour et mon alliance avec la nuit, de sorte que le jour et la nuit n’arrivent plus au temps fixé, = 21 mon alliance sera aussi rompue avec David mon serviteur, de sorte qu’il n’aura plus de fils régnant sur son trône, ainsi qu’avec les lévites, les prêtres qui assurent mon service. + 22 Comme l’armée des cieux qui ne peut être dénombrée, comme le sable de la mer qui ne peut être compté, = ainsi multiplierai-je la postérité de David mon serviteur, et les lévites qui assurent mon service. 23
La parole de Yhwh fut adressée à Jérémie en ces termes : 24 N’as-tu pas remarqué ce que disent ces gens : « Les deux familles qu’avait élues Yhwh, il les a rejetées ! » Aussi méprisent-ils mon peuple qui ne leur apparait plus comme une nation. 25 Ainsi parle Yhwh :
25
G. BARBIERO, Perché, o Dio, ci hai rigettati ?, 471.514-515.
Le psaume 89
227
+ Si je n’ai pas créé le jour et la nuit et établi les lois du ciel et de la terre, = 26 alors je rejetterai la descendance de Jacob et de David mon serviteur et cesserai de prendre parmi ses descendants ceux qui gouverneront la postérité d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! Car je vais ramener leurs captifs et les prendre en pitié (Jr 33,19-26 ; voir Is 54,10).
INTERPRÉTATION COUP DE TONNERRE DANS UN CIEL SEREIN Le contraste est pour le moins surprenant entre la longue action de grâce et la lamentation qui suit sans crier gare. Si bien qu’un certain nombre de commentateurs ont pensé qu’il ne pouvait s’agir que de la juxtaposition de deux psaumes différents, voire opposés26. Comment le même psalmiste peut-il brusquement accuser le Seigneur d’avoir trahi son alliance avec la maison de David après avoir chanté si longuement sa louange pour ses « fidélités » manifestées dans la création et dans l’élection de son roi ? On pourra dire que, pour mieux faire ressortir le scandale de la situation actuelle, où la couronne de David et son trône sont irrémédiablement jetés à terre, le psalmiste se devait de rappeler le serment solennel du Seigneur par lequel il avait promis que la dynastie davidique serait aussi inébranlable que le ciel et la terre. Il n’empêche que la juxtaposition de deux genres littéraires aussi opposés que l’hymne et la lamentation a de quoi faire difficulté, d’autant plus que le passage de l’un à l’autre est on ne peut plus brusque et inattendu. MÉDITATION SUR LA FIN D’UN MONDE La maison de David, si longtemps maintenue contre vents et marées, s’est écroulée, sans espoir d’être rebâtie. Plus que la fin d’une dynastie, qui serait remplacée par une autre, c’est la fin d’un monde qu’il faut bien admettre. Le dernier roi est parti en exil où il finira par mourir et quand sonnera enfin l’heure du retour, la royauté ne sera jamais restaurée. C’en est définitivement fini de ce qu’on croyait éternel. Et tout cela malgré les promesses divines de pérennité. L’alliance est brisée sans recours. C’est pour cela que la mort et le schéol sont évoqués si directement (48-49). « LE SEIGNEUR A DONNÉ, LE SEIGNEUR A REPRIS. BÉNI SOIT LE NOM DU SEIGNEUR ! » Dans un tel malheur, le psalmiste ne peut retenir les reproches qu’il adresse à son Dieu : tout ce qui est arrivé est de sa faute : il a trahi l’alliance. Il ne se pose même pas la question de savoir si les fils de David n’auraient pas abandonné la loi du Seigneur et cessé de marcher dans ses jugements (31-32). Puis vient la 26
G. BARBIERO, Perché, o Dio, ci hai rigettati ?, 466-467.
228
La troisième section (84–89)
supplication, d’abord véhémente et amère comme la mort, plus confiante à la fin. Et puis, de manière tout à fait inattendue, la foi reprend le dessus. Le psalmiste et celui qui assume ses paroles font siennes les paroles de Job qui lui aussi avait tout perdu, sauf la vie (Jb 1,21).
III. L’ENSEMBLE DE LA TROISIÈME SECTION (84–89) COMPOSITION Tout d’abord, le titre du psaume 89 rappelle la fin de celui du précédent : 88,1 : instruction, de Hémân l’Ezrahite 89,1 : Instruction, de Étân l’Ezrahite
Seuls les noms des auteurs sont différents. Les rapports lexicaux entre les deux séquences (84–88 et 89) sont nombreux. Par exemple, dans le premier passage (2-5) la plupart des termes se trouvent aussi dans la première séquence : 2
Les fidélités de Yhwh à jamais je chante, d’âge en âge est connue ta vérité dans ma bouche. 3 Car j’ai dit : « À jamais la fidélité est bâtie, les cieux, tu fondes ta vérité en eux. » 4 J’ai coupé une alliance avec mon élu, j’ai juré à David mon serviteur : 5 « Jusqu’à jamais j’ai fondé ta lignée et j’ai bâti d’âge en âge ton trône. »
Le psaume central de la première séquence est intitulé « Prière de David ». Le roi y supplie son Seigneur du fond de sa misère et lui promet de lui rendre grâce pour l’avoir libéré de la mort que ses ennemis voulaient lui infliger. Le psaume de la deuxième séquence est tout entier consacré à « David », « serviteur » (89,4.21.51), « messie » ou « oint » du Seigneur (21.39.52). Dans le Ps 86, c’est David qui s’adresse à son Dieu, dans le Ps 89 deux fois le Seigneur prend la parole pour parler de son serviteur David (4-5.20-38) et il s’adresse même à lui directement (5). Il faut aussi se rappeler que le premier psaume de la section priait pour le « messie » de Dieu, son « bouclier » (84,10). On retrouve le même rapport en 89,19 : 84,10 Notre bouclier vois, Dieu, 89,19 Oui, à Yhwh notre bouclier
regarde la face de ton messie. et au Saint d’Israël notre roi.
Le messie appelle Dieu son « père » (89,27) : « Lui m’appellera : “Mon père, c’est toi” ». Il avait déjà été question d’un fils qui avait a reçu le nom de son père céleste, « Justice » (85,14). Ce nom se retrouve deux fois dans le Ps 89 : 15
Justice et Droit Fidélité et Loyauté
sont le fondement de ton trône, précèdent ta face.
17
à ton nom et en ta justice
ils jubileront tout le jour ils s’exalteront.
230
La troisième section (84–89)
INTERPRÉTATION YHWH DES ARMÉES On pourrait s’étonner que dès le premier psaume de la section le psalmiste s’adresse, et par quatre fois, à « Yhwh des armées ». Et cela est d’autant plus surprenant que ce psaume est tout de jubilation pour le temple du Seigneur et qu’aucun danger ne menace personne. Il est vrai toutefois que l’orant supplie Dieu de regarder son messie décrit comme « notre bouclier » (84,10), ce qui laisse entendre que le peuple a besoin d’être protégé contre « les tentes de méchanceté » (11). Et « bouclier » revient encore, mais cette fois-ci qualifiant le Seigneur (12). « Yhwh des armées » reviendra dans le dernier psaume (89,5), comme pour faire inclusion. LES ASSAUTS DE L’ENNEMI Les oppresseurs ne semblent pas, à première vue, occuper la scène du psaume suivant (85). Cependant, le fait que le Seigneur lui-même promette « la paix » en plein cœur de la prière fait penser que la guerre n’est pas loin. Effectivement, dans le psaume central de la première séquence on entend David se plaindre amèrement de la misère et de l’angoisse où il est tombé (86,1). C’est que des « orgueilleux » et des « forcenés » se sont levés contre lui (14). Il supplie d’être sauvé, de sorte que ces « ennemis » rougissent (17) et que les nations en viennent à rendre gloire à Dieu (9). Celles-ci, dira le psaume suivant, finiront par confesser en chantant et en dansant que toutes leurs sources sont en Sion (87,7). Dans le dernier psaume de la première séquence il n’est plus question d’ennemis humains et tous les maux dont se plaint le psalmiste sont attribués à Dieu. Si l’orant ne nomme pas ceux qui lui infligent tous ces malheurs, c’est que seul peut le sauver celui qui a permis à ses ennemis de le pousser vers la tombe. S’il demande au Seigneur de revenir de sa colère, c’est sans doute qu’il l’a méritée et qu’il invoque son pardon. Enfin, l’unique psaume de la deuxième séquence s’achève de la même manière (89,39-52). David attribue ses malheurs, la perte de la royauté, à la colère de Dieu et il lui demande son aide contre ses ennemis, « tous les nombreux peuples » que le Seigneur lui a fait porter (51-52). LE MESSIE, FILS DE DIEU Ce que le Seigneur lui-même dit de son messie éclaire tout l’ensemble de la section : « Lui m’appellera : “Mon père, c’est toi, mon Dieu” » (89,27). Du messie parlait déjà le premier psaume auquel il donnait le même nom de « bouclier » qu’à Dieu (84,10.12). Il en va de même dans le psaume suivant où le « produit » de l’union entre cieux et terre reçoit le même nom de « Justice » que son père (85,11.12.14). Au cœur de la première séquence David se présente comme « son serviteur » (86,2.4.16), « fils de sa servante » (16). Par quatre fois il fait appel à la « pitié » de Dieu, à ses entrailles de miséricorde dans une
Le psaume 89
231
attitude proprement filiale. C’est aussi de filiation que parle le psaume suivant, filiation de « toutes les nations » (86,9) qui reconnaissent être nées à Sion, la demeure de Dieu. Quant au dernier psaume de la première séquence, il n’y est question ni de la filiation du messie ni de personne d’autre. Pourtant, en finale de la partie centrale, revient, discrètement, le nom du fils de Dieu, « Justice » (88,13).
L’ENSEMBLE DU TROISIÈME LIVRE Ps 73–89
A. COMPOSITION
Les trois sections du livre forment une construction concentrique. POURQUOI
LE SEIGNEUR A REJETÉ
À L’INSTANT DIEU ABATTRAIT
POURQUOI
LE SEIGNEUR A REJETÉ
SON PEUPLE
Ps 73–78
LEURS ENNEMIS
Ps 79–82
SON MESSIE
Ps 84–89
Les sections extrêmes se correspondent. Chacune comprend deux séquences ; la première est formée de cinq psaumes organisés de manière concentrique, la seconde un seul psaume particulièrement développé. 73
74
75
76
77
78
84
85
86
87
88
89
Plus courte que les deux autres, la section centrale ne compte que cinq psaumes organisés en trois séquences ; les séquences extrêmes sont formées de deux psaumes, tandis que la séquence centrale n’en comprend qu’un seul. 79–80
81
82–83
236
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89) 1. QUELQUES DONNÉES CHIFFRÉES
Ps 73 74 75 76 77
psaumes 1 344 1 340 610 633 1 101
séquences
78
3 968
79 80 81 82 83
958 1 063 884 417 898
84 85 86 87 88
795 697 1 052 357 1 066
3 967
89
2 722
2 722
sections
5 028 8 996 3 968
2 021 884
4 220
1 315
6 689
Les comptes sont faits en nombre de caractères, espaces compris, de la translitération du texte hébreu, sans les numéros de versets1.
2. LES RAPPORTS ENTRE LES SECTIONS EXTRÊMES Les rapports de longueur entre les deux séquences de chaque section sont fort semblables : 2e séquence 1re séquence – première section 73–77 : 56% 78 : 44% – troisième section 84–88 : 59% 89 : 41% Alors que tous les psaumes de la première section sont « d’Asaph » (ainsi que ceux de la deuxième section), avec la troisième section commence ceux « des Les psaumes 77 et 88 ont beaucoup de points communs, comme on le verra plus loin. Il se trouve que les quatre premiers psaumes sont de même longueur que le dernier : 73–76 : 3 927 78 : 3 968 84–87 : 2 901 89 : 2 722 Quant aux psaumes 77 et 88 ils sont de longueur très proche : 77 : 1 101 88 : 1 066. 1
L’ensemble du troisième livre
237
fils de Coré » ; mais le psaume central de la première séquence est « de David » (86) et celui de la deuxième séquence est « de Étân l’Ezrahite » (89). Les deux sections sont parallèles entre elles. Elles se comprennent mieux dans le rapport entre leurs deux séquences, qui se trouve être du même ordre, ce que veulent exprimer les titres qui leur ont été attribués : POURQUOI Parce que
NOUS
vos pères
REJETTES-TU
?
n’ont pas gardé
Ps 73–77 l’alliance
de Dieu
Ps 78
[...] POURQUOI Parce que
ME
tes fils
REJETTES-TU
Ps 84–88
?
n’ont pas gardé
mon alliance avec David
Ps 89
C’est souvent la réponse qui permet de mieux saisir la question, surtout si celle-ci est longue, multiple et peut même paraitre quelque peu confuse. LES RAPPORTS ENTRE LES DEUXIÈMES SÉQUENCES (78 & 89) Les deux psaumes sont particulièrement longs. Le Ps 78 est le deuxième plus long du Psautier (voir p. 63) et le Ps 89 est le quatrième plus long (voir p. 201). Il y est question de « l’alliance » (78,10.37 ; 89,4.29.35) ; dans le premier cas il s’agit de l’alliance mosaïque du temps de la sortie d’« Égypte », « des champs de Tsoan » (12.43), dans le deuxième de l’alliance avec David (4). Les pères ont été infidèles à l’alliance et ont péché, se sont révoltés et ont bravé le Seigneur (78,8) ; et le psaume d’insister et d’y revenir sans cesse (9-11 ; 17-19 ; 32 ; 40-42 ; 56-58). Dans le psaume 89 le ton est d’abord bien différent, l’alliance avec David étant jurée pour toujours. Le péché n’est envisagé que comme éventualité (31-32), ce qui ne remettrait pas en cause la fidélité de Dieu à son serment (34-38). Toutefois, à partir du début de la deuxième sous-séquence, le psalmiste se plaint qu’il n’en a pas été ainsi : « Mais toi, tu as rejeté et as repoussé, tu t’es emporté contre ton oint » (39). « Repousser » et « s’emporter » se trouvaient déjà dans le Ps 78 : « il s’emporta et repoussa beaucoup Israël » (59). « S’emporter » revient aussi en 21 et 62 et « emportement » en 49. Le lien entre les deux alliances est marqué en termes médians à distance. En effet, à la fin du Ps 78, si Joseph et Éphraïm sont rejetés, la tribu de Juda est élue et « il élut David son serviteur » (70), et le Ps 89 enchainera avec plusieurs reprises lexicales : « bâtir » et « fonder » (78,69 ; 89,3.5), « à jamais » (78,69 ; 89,2.3.5), « élire » (78,68.70 ; 89,4), « David mon serviteur » (78,70 ; 89,4).
Avec tout cela, ils péchèrent encore et ils ne crurent pas en ses merveilles ; 33 et il consuma en buée leurs jours et leurs années en terreur. 34 Quand il les tuait, ils le cherchaient et ils retournaient et recherchaient El ; 35 et ils se souvenaient que Élohim est leur rocher et El Très-Haut, leur rédempteur ! 36 Mais ils le flattaient de leur bouche et de leur langue ils lui mentaient ; 37 et leur cœur n’était pas sûr avec lui et ils ne croyaient pas en son alliance. 38 Et lui, clément, pardonnait la faute et ne dévastait pas ; et il abondait à faire-retourner sa colère et il ne réveillait pas tout son courroux. 39 Et il se souvenait que chair eux, souffle s’en allant et ne retourne pas.
32
67
Et il repoussa la tente de Joseph et n’élut pas la tribu d’Éphraïm ; 68 et il élut la tribu de Juda, la montagne de Sion laquelle il aime. 69 Et il bâtit comme les hauteurs son sanctuaire, comme la terre qu’il fonda pour toujours. 70 Et il élut David son serviteur et il le prit des parcs à moutons ; 71 de derrière les brebis mères il le fit venir pour paitre Jacob son peuple et Israël son héritage. 72 Et il les paissait comme la perfection de son cœur et avec la sagesse de ses paumes il les guidait.
40
Que de fois ils le bravèrent au désert, l’offensèrent dans les solitudes ! 41 Ils retournaient tenter Dieu et le Saint d’Israël ils affligèrent ; 42 point se souvinrent de sa main, le jour dans lequel il les sauva de l’oppresseur. 43 Lui qui mit en Égypte ses signes et ses miracles aux champs de Tsoan. 44 Et il fit tourner en sang leurs fleuves et leurs ruisseaux pour qu’ils ne boivent pas. 45 Il envoya à eux la vermine qui les mangeait et des grenouilles qui les dévastaient. 46 Il donna au criquet leur récolte et leur labeur à la sauterelle ; 47 il tua par la grêle leur vigne et leurs sycomores par la gelée ; 48 et il remit à la grêle leur bétail et leurs troupeaux aux éclairs. 49 Il envoya sur eux le feu de sa colère, emportement et fureur et oppression, envoi d’anges de malheur ; 50 il fraya un sentier à sa colère, il n’exempta pas de la mort leur âme et leur vie à la peste il remit ; 51 et il frappa tout premier-né en Égypte, prémisses de leur vigueur aux tentes de Cham. 52 Et il poussa comme des brebis son peuple et les mena comme un troupeau au désert ; 53 et il les guida sûrement et ils ne tremblèrent pas et leurs ennemis, les recouvrit la mer. 54 Et il les amena à la frontière de sa sainteté, cette montagne qu’a conquise sa droite ; 55 et il chassa devant eux des nations et il leur marqua au cordeau un héritage et il installa sous leurs tentes les tribus d’Israël. 56 Et ils tentèrent et bravèrent Dieu le Très-Haut et ses témoignages ils ne gardèrent pas ; 57 et ils dévièrent et trahirent comme leurs pères, ils se retournèrent comme un arc trompeur ; 58 et ils l’indignèrent avec leurs hauts lieux et par leurs idoles ils le rendirent jaloux. 59 Il entendit Dieu et s’emporta et il repoussa beaucoup Israël ; 60 et il délaissa la demeure de Silo, la tente où il demeurait chez les hommes ; 61 et il donna à la captivité sa force et sa splendeur aux mains de l’oppresseur. 62 Et il remit à l’épée son peuple et contre son héritage il s’emporta. 63 Ses jeunes gens, les dévora le feu et ses vierges ne furent pas louées ; 64 ses prêtres sous l’épée tombèrent et ses veuves ne pleurèrent pas. 65 Et il s’éveilla comme un dormeur, le Seigneur, comme un vaillant enivré par le vin, 66 et il frappa ses oppresseurs par derrière, une insulte pour toujours il donna eux.
9
Les fils d’Éphraïm, armés tireurs d’arc, se retournèrent le jour du combat ; 10 ils ne gardèrent pas l’alliance de Dieu et dans sa loi ils refusèrent d’aller ; 11 et ils oublièrent ses hauts-faits et ses merveilles lesquelles il fit voir. 12 Devant leurs pères il fit merveille, en terre d’Égypte, aux champs de Tsoan : 13 il fendit la mer et les fit traverser et il dressa les eaux comme une digue ; 14 il les guida par la nuée de jour et toute la nuit par la lumière d’un feu ; 15 il fendit les rochers au désert, et les abreuva comme des abimes abondamment ; 16 il fit sortir des ruisseaux du roc et fit descendre comme fleuves les eaux. 17 Et ils ajoutèrent encore de pécher contre lui en bravant le Très-Haut dans le lieu sec ; 18 et ils tentèrent Dieu dans leur cœur en demandant du manger pour leur gorge. 19 Et ils parlèrent contre Dieu ; ils dirent : « Est-il capable, Dieu, de dresser une table au désert ? 20 Voici qu’il frappe le rocher et coulent les eaux et les torrents s’échappent ; aussi du pain, est-il capable d’en donner ou de fournir de la viande à son peuple ? » 21 Alors entendit Yhwh, il s’emporta et un feu flamba contre Jacob et aussi la colère monta contre Israël, 22 car ils ne crurent pas en Dieu et ils ne se fièrent pas en son salut. 23 Et il commanda aux nuées d’en haut et il ouvrit les portes des cieux 24 et il fit pleuvoir sur eux la manne pour manger et le froment des cieux il donna à eux ; 25 du pain des forts mangea l’homme, des vivres il envoya à eux à satiété. 26 Il fit lever le vent d’est dans les cieux et il fit venir par sa puissance le vent du sud, 27 il fit pleuvoir sur eux la viande comme poussière et comme sable des mers l’oiseau ailé, 28 il fit tomber au milieu de son camp, tout autour de sa demeure. 29 Et ils mangèrent et furent rassasiés beaucoup et leur convoitise il fit arriver à eux ; 30 ils ne revinrent pas de leur convoitise, encore leur manger en leur bouche, 31 que la colère de Dieu monta contre eux et il tuait parmi leurs robustes et les jeunes gens d’Israël il abattait.
78,1 Poème, d’Asaph. Écoute, mon peuple, ma loi, tendez l’oreille aux paroles de ma bouche ; 2 j’ouvre en proverbes la bouche, j’évoque les énigmes d’autrefois 3 lesquelles nous avons entendues et connues et nos pères nous ont racontées. 4 Nous ne tairons pas à leurs fils, à la génération suivante racontant les louanges de Yhwh et sa puissance et ses merveilles telles qu’il les fit. 5 Et il fit lever un témoignage en Jacob et une loi il mit en Israël, laquelle il avait commandé à nos pères de les faire connaitre à leurs fils, 6 afin que les connaisse la génération suivante, les fils qui naitront, qu’ils se lèvent et qu’ils racontent à leurs fils. 7 Et ils mettront en Élohim leur espoir et point n’oublieront les hauts faits de El et ses commandements ils observeront ; 8 et point ne seront comme leurs pères, une génération de révolte et de bravade, génération dont le cœur n’est pas sûr et dont l’esprit n’est pas croyant en El.
238 Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
Heureux le peuple qui sait l’acclamation, Yhwh, à la lumière de ta face ils iront ; 17 à ton nom ils jubileront tout le jour et en ta justice ils s’exalteront. 18 Oui, l’éclat de leur puissance, c’est toi, et dans ta faveur tu exaltes notre front ; 19 oui, à Yhwh notre bouclier et au Saint d’Israël notre roi.
16
47
46
Tu as écourté les jours de sa jeunesse, tu as étalé sur lui la honte. Jusqu’à quand, Yhwh, te cacheras-tu ? Pour l’éternité brûlera-t-elle comme un feu ta colère ?
48
Souviens-toi : moi, quelle est ma durée ? Pour quel néant as-tu créé tous les fils d’Adam ? 49 Quel homme vivra et ne verra pas la mort, soustraira son âme à la main du schéol ? 50 Où sont tes fidélités premières, Seigneur, que tu as jurées à David par ta vérité ? 51 Souviens-toi, Seigneur, de l’insulte à ton serviteur, que je porte sur mon sein tous les nombreux peuples, 52 lesquels ont insulté, tes ennemis, Yhwh, lesquels ont insulté les traces de ton oint ! 53 Béni soit Yhwh à jamais ! Amen ! Amen !
39
Mais toi, tu as rejeté et tu as repoussé, tu t’es emporté contre ton oint ; 40 tu as renié l’alliance de ton serviteur, tu as profané jusqu’à terre sa couronne. 41 Tu as fait brèche à toutes ses clôtures, tu as mis ses lieux forts en ruines ; 42 l’ont pillé tous les passants du chemin, il a été une insulte pour ses voisins ; 43 tu as donné la main droite à ses agresseurs, tu as réjoui tous ses adversaires. 44 Aussi tu as retourné le tranchant de son épée et point ne l’as épaulé dans le combat ; 45 tu as fait cesser sa splendeur et son trône jusqu’à terre tu as renversé.
22
20
Jadis tu as parlé en vision à tes fidèles et tu as dit : « J’ai fourni de l’aide à un preux, j’ai exalté un jeune homme de mon peuple. 21 J’ai trouvé David mon serviteur, de l’huile de ma sainteté je l’ai oint, lequel ma main sera ferme avec lui, aussi mon bras le rendra fort. 23 Ne s’élèvera pas l’adversaire sur lui et le fils de perversion ne l’accablera pas 24 et j’écraserai devant lui ses agresseurs et ses ennemis je frapperai. 25 Et ma vérité et ma fidélité seront avec lui et par mon nom s’exaltera son front ; 26 et je mettrai sur la mer sa main et sur les fleuves sa droite. 27 Lui m’appellera : “Mon père, c’est toi, mon Dieu et le rocher de mon salut !” 28 Aussi moi l’aîné je le donnerai, très-haut sur les rois de la terre. 29 À jamais je lui garderai ma fidélité et mon alliance sera véridique pour lui; 30 et je mettrai pour toujours sa lignée et son trône comme les jours des cieux. 31 Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas, 32 s’ils profanent mes préceptes et mes commandements ne gardent pas, 33 je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute. 34 Mais ma fidélité je ne retirerai pas d’avec lui et je ne faillirai pas dans ma vérité ; 35 je ne profanerai pas mon alliance et le souffle de mes lèvres ne dédirai pas ; 36 une fois j’ai juré par ma sainteté : si avec David, je mentirai ! 37 Sa lignée sera à jamais et son trône comme le soleil devant moi, 38 comme la lune est fondée à jamais et témoin dans la nue véridique. »
6
Les cieux rendent grâce pour ta merveille, Yhwh, aussi ta vérité dans l’assemblée des saints ; 7 car qui dans la nue se compare à Yhwh, s’égale à Yhwh parmi les fils des dieux ? 8 Dieu redoutable au conseil des saints, immense et terrible à tout son entourage ; 9 Yhwh, Dieu des armées, qui est comme toi ? Fort Yah, et ta vérité est ton entourage ! 10 Toi, tu maîtrises l’orgueil de la mer, quand s’élèvent ses vagues, toi, tu les apaises ; 11 toi, tu fendis comme un cadavre Rahab, par ton bras de puissance tu dispersas tes ennemis. 12 À toi les cieux, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, toi, tu les fondas ; 13 le nord et le midi, toi, tu les créas, le Tabor et l’Hermon à ton nom crient-de-joie. 14 À toi le bras avec prouesse, est puissante ta main, se lève ta droite ; 15 Justice et Droit sont le fondement de ton trône, Fidélité et Loyauté précèdent ta face.
89,1 Instruction, de Étân l’Ezrahite.2 Les fidélités de Yhwh à jamais je chante, d’âge en âge est connue ta vérité dans ma bouche. 3 Car j’ai dit : à jamais la fidélité est bâtie, les cieux, tu fondes ta vérité en eux. 4 « J’ai conclu une alliance avec mon élu, j’ai juré à David mon serviteur : 5 Jusqu’à jamais j’ai fondé ta lignée et j’ai bâti d’âge en âge ton trône. »
L’ensemble du troisième livre 239
240
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
LES RAPPORTS ENTRE LES PREMIÈRES SÉQUENCES (73–77 & 84–88) Il est possible de noter un certain parallélisme entre les deux séquences. ENTRE LES DERNIERS PSAUMES (77 & 88) 77,1 Du maitre-de-chant, sur Yedutûn, d’Asaph, psaume. 2
Ma voix vers Dieu et JE CRIE, ma voix vers Dieu et il prêtera l’oreille vers moi. 3 Au jour d’angoisse le Seigneur j’ai cherché, MA MAIN LA NUIT S’EST TENDUE et pas relâchée, a refusé d’être consolée mon âme. 4 Je me souviens de Dieu et je gémis, je médite et me manque mon esprit. 5 Tu as retenu les paupières de mes yeux, je suis troublé, je ne puis parler ; 6 je pense aux jours d’autrefois, les années à jamais ; 7 je me souviens de ma harpe dans la nuit, en mon cœur je médite et il interroge mon esprit. 8
EST-CE QUE à jamais rejette le Seigneur, qu’il n’ajoute pas d’aimer plus ? EST-CE QU’est épuisée jusqu’à la fin SA FIDÉLITÉ, achevée la parole pour les âges des âges ? 10 EST-CE QU’il oublie d’avoir pitié El, ou de colère ferme-t-il ses miséricordes ? 9
11
Et je dis : « Me blesse ceci : le changement de la droite du Très-Haut. » 12 Je me souviens des hauts-faits de Yah, je me souviens d’autrefois, de tes merveilles, 13 et je me murmure toute ton œuvre et sur tes hauts faits je médite. 14
Dieu, dans la sainteté sont tes chemins ! Quel dieu est grand comme Dieu ?
15
Toi, le Dieu faisant merveille, TU FIS CONNAITRE chez les peuples ta force ; 16 tu rachetas par ton bras ton peuple, les fils de Jacob et de Joseph. 17 Te virent LES EAUX, Dieu, te virent LES EAUX, furent bouleversées, aussi s’agitaient les abimes. 18 Déversèrent LES EAUX les nuées, de la voix donnèrent les nuages, aussi tes flèches allaient. 19 Voix de ton tonnerre en son roulement, illuminaient tes éclairs le monde, s’agitait et tremblait la terre. 20 Sur la mer fut ton chemin et ton sentier sur LES EAUX nombreuses et tes traces NE FURENT PAS CONNUES. 21 Tu conduisis comme brebis ton peuple par la main de Moïse et d’Aaron.
88,1 Chant, psaume, des fils de Coré, du maitre-de-chant ; ‘al-māḥălat le‘annôt, instruction, de Hémân l’Ezrahite. 2
Yhwh, Dieu de mon salut, le jour JE CRIE, LA NUIT devant toi : 3 que vienne vers ta face ma prière, tends ton oreille à mes sanglots, 4 car est rassasiée de maux mon âme et ma vie au schéol est arrivée. 5 Je suis compté avec les descendant dans la fosse, je suis comme un homme sans secours : 6 chez les morts je suis congédié, comme les tués gisant dans la tombe, desquels tu ne te souviens plus et eux de ta main sont retranchés. 7 Tu m’as mis dans la fosse en-dessous, dans les ténèbres, dans les abimes ; 8 sur moi pèse ta colère et toutes tes vagues tu déverses. 9 Tu as éloigné MES CONNAISSANT loin de moi, tu m’as mis une horreur pour eux ; je suis prisonnier et point ne puis-sortir, 10 mon œil est usé à cause de la misère, je t’appelle, Yhwh, tout le jour, JE TENDS vers toi LES PAUMES. 11
EST-CE QUE pour les morts tu fais merveille, ou les ombres se lèvent-elles, te louent-elles ? EST-CE QU’on raconte dans la tombe TA FIDÉLITÉ, ta vérité dans la perdition ? 13 EST-CE QU’EST CONNUE dans la ténèbre ta merveille et ta justice au pays de l’oubli ? 12
14
Et moi, vers toi je crie, Yhwh, et le matin, ma prière te prévient : 15 pourquoi, Yhwh, rejettestu mon âme, caches-tu ta face de moi ? 16 Miséreux moi et expirant dès la jeunesse, j’ai enduré tes effrois, je suis pétrifié ; 17 sur moi ont passé tes fureurs, tes épouvantes m’ont anéanti, 18 elles me cernent comme LES EAUX tout le jour, se referment sur moi ensemble. 19 Tu as éloigné de moi ami et prochain ; MES CONNAISSANT, c’est la ténèbre.
L’ensemble du troisième livre
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Les psaumes finaux sont présentés en premier car ce sont ceux qui ont le plus de points communs. Termes initiaux : « je crie » (77,2 ; 88,2) suivi par le même complément de temps, « la nuit » (77,3 ; 88,2) ; « jour » est repris en 77,3 et 88,2. Termes finaux : « les eaux » reviennent en 77,17bis.18.20 et en 88,18. Termes centraux : les deux séries de trois questions (77,8-10 ; 88,11-13) commencent toutes par le même interrogatif traduit par « Est-ce que ». – « Fidélité » revient, en même position, dans les questions centrales (77,9 ; 88,12) ; – aux synonymes « à jamais », « jusqu’à la fin » et « pour les âges des âges » d’une part correspondent « pour les morts », « les ombres », « dans la tombe », « dans la perdition », « dans la ténèbre » et « au pays de l’oubli » d’autre part. En outre, – « se souvenir » revient quatre fois dans le Ps 77 (4.7.12bis) avec le psalmiste comme sujet et une fois dans le Ps 88 (6) avec Dieu comme sujet ; « il oublie » de 77,10 et une autre manière de dire « ne pas se souvenir » (88,6) ; – « connaitre » est repris en 77,15.20 et en 88,9.13.19 ; – « tendre » la « main », « les paumes » en 77,3 et 88,10 ; – « merveille » en 77,12.15 et en 88,13 ; – « les abimes » en 77,17 et 88,7 ; – à « colère » (77,10) correspondent « ta colère » et « toutes tes vagues (88,8) ainsi que « tes effrois », « tes fureurs », « tes épouvantes » (16-17).
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
73,1 Psaume, d’Asaph. Certes, BON pour Israël Dieu, pour LES PURS DE CŒUR. 2 Et moi, presque penchaient mes pieds, comme rien glissaient mes pas, 3 car j’étais jaloux des ARROGANTS, la paix des MÉCHANTS je voyais. 4 Car point de tourments jusqu’à leur mort et dodue est leur panse ; 5 dans la peine des hommes ils ne sont en rien et avec l’adam ne sont pas frappés. 6 C’est pourquoi leur fait-uncollier l’orgueil, couvre d’un habit la violence pour eux ; 7 il sort de la graisse leur œil, ont dépassé les pensées du cœur. 8 Ils ricanent et ils parlent le mal, l’oppression hautement ils parlent ; 9 ils mettent au ciel leur bouche et leur langue va sur la terre. 10 C’est pourquoi il fait revenir son peuple ici et des eaux d’abondance sont versées à eux. 11 Ils disent : « Comment connaitrait-il El et y a-t-il connaissance chez le Très-Haut ? » 12 Voici, ceux-là sont des MÉCHANTS et, tranquilles à jamais, ils entassent la richesse ! 13 Certes, en vain J’AI GARDÉ-PROPRE MON CŒUR et J’AI LAVÉ EN L’INNOCENCE MES PAUMES ; 14 et j’étais frappé tout le jour et j’étais châtié les matins. 15 Si j’avais dit : « Je raconterai comme eux », voici la race de tes fils j’aurais trahi. 16 Et j’ai réfléchi pour connaitre cela, une peine cela à mes yeux, 17 jusqu’à ce que j’entre aux SANCTUAIRES de Dieu, où je compris leur destin. 18 Certes, des tromperies tu as fait d’eux, tu les fais tomber dans le chaos. 19 Comment ils ont été une horreur soudain, disparus, achevés par l’épouvante ! 20 Comme un songe au réveil, Seigneur, en t’éveillant, leur image tu méprises. 21 Alors que s’aigrissait mon cœur et que les reins j’avais percés, 22 et moi, stupide, et je ne connaissais pas, des bêtes j’étais avec toi. 23 Et moi, toujours avec toi, tu m’as saisi par ma main droite ; 24 par ton conseil tu me conduis et derrière LA GLOIRE tu me prends. 25 Qui à moi dans le ciel ? Et avec toi je suis sans désir sur la terre. 26 SONT ACHEVÉS ma chair et mon cœur ; roc de mon cœur, ma part, Dieu à jamais ! 27 Car voici: LES S’ÉLOIGNANT DE TOI périront, tu extirpes TOUS LES ADULTÈRES loin de toi. 28 Et moi, approcher Dieu est BON pour moi, j’ai mis dans le Seigneur Yhwh mon refuge, afin de raconter toutes tes œuvres. 84, 1 Du maitre-de-chœur, sur la guittite, des fils de Coré, psaume. 2
Combien aimables TES DEMEURES, Yhwh des armées ! 3 A langui et aussi S’EST ACHEVÉE mon âme pour les PARVIS DE YHWH ; mon cœur et ma chair crient vers le Dieu vivant. 4 Aussi le moineau a trouvé une maison, l’hirondelle un nid pour elle où poser ses petits. TES AUTELS, Yhwh des armées, mon roi et mon Dieu ! 5 Heureux les habitants de TA MAISON, toujours ils te louent. 6 Heureux l’adam une force à lui en toi, les voies dans leur cœur. 7 Traversant dans la vallée de Baka’, une source ils mettront en elle ; aussi de bénédictions couvrira la première-pluie. 8 Ils marcheront de fortin en fortin, il sera vu vers Dieu en Sion. 9 Yhwh Dieu des armées, écoute ma prière, prête l’oreille Dieu de Jacob. 10 Vois notre bouclier, Dieu, regarde la face de ton messie. 11 Oui, BON un jour dans TES PARVIS plus que mille ; j’ai choisi de rester sur le seuil dans LA MAISON DE MON DIEU plus que résider dans LES TENTES DE MÉCHANCETÉ. 12 Oui, soleil et bouclier est Yhwh Dieu, grâce et GLOIRE donnera Yhwh, il ne refusera pas le BON AUX MARCHANT EN INTÉGRITÉ. 13 Yhwh des armées, heureux L’ADAM SE CONFIANT EN TOI.
L’ensemble du troisième livre
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Les pécheurs sont présents dans les deux psaumes : dans le Ps 73, « arrogants » et « méchants » (3.12), « les s’éloignant de toi » et « tous les adultères » (27) ; dans le Ps 84 avec « les tentes de méchanceté » (84,11). Le psalmiste au contraire clame son innocence dans le Ps 73 : au début il se compte parmi « les purs de cœur » (1) et au centre il affirme : « j’ai gardé-propre mon cœur et j’ai lavé en l’innocence mes paumes » (13) ; il avait été tenté de « raconter » comme les méchants (15) mais son pied n’a pas glissé (2). Le Ps 84 est tout entier consacré à l’amour pour le temple ; « tes demeures » (2), « les parvis de Yhwh » (3), « tes autels » (4), « ta maison » (5), « tes parvis » et « la maison de mon Dieu » (11). Quant au Ps 73, c’est dans « les sanctuaires de Dieu » que le psalmiste comprend « le destin » des méchants (17). « S’achever » suivi de « ma chair et mon cœur » (73,26) et de « mon cœur et ma chair2 » (84,3) servent de termes médians à distance dont la fonction est d’agrafer les deux psaumes. « Bon » revient deux fois dans chaque psaume (73,1.28 ; faisant inclusion ; 84,11.12). Enfin, « gloire » se retrouve en 73,24 et 84,12.
2
Le même « chair » traduit deux synonymes.
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
74,1 Instruction, d’Asaph. Pourquoi, Dieu, rejettes-tu JUSQU’À LA FIN, fume-t-elle TA COLÈRE contre les brebis de ton bercail ? 2 Rappelle-toi ton assemblée que tu as acquise dès l’origine, que tu rachetas, tribu de ton héritage, le mont Sion que voici où tu demeures. 3 Élève tes pas vers les ruines sans fin : il a tout saccagé l’ennemi au sanctuaire ; 4 tes adversaires ont rugi au milieu de tes assemblées, ils ont mis leurs insignes comme insignes. 5 Cela est connu comme brandir bien haut dans un fourré d’arbres une hache, 6 et maintenant ses sculptures ensemble par la cognée et par la masse ils cassent ; 7 ils ont envoyé au feu ton sanctuaire, jusqu’à terre profané la demeure de ton nom. 8 Ils ont dit en leur cœur : « Écrasons-les ensemble ! » Ils ont brûlé toutes les assemblées de Dieu dans le pays. 9 Nos signes nous ne voyons pas, il n’est plus de prophète, et nul parmi nous ne connait JUSQU’À QUAND. 10
JUSQU’À QUAND, Dieu, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi ton nom JUSQU’À LA ? 11 Pourquoi FAIS-TU-RETOURNER ta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais-la sortir. 12 Mais Dieu est mon roi dès l’origine, œuvrant les SALUTS à l’intérieur de la terre. 13 Toi tu agitas par ta puissance la mer, tu brisas les têtes des monstres sur les eaux ; 14 toi tu fracassas les têtes de Léviathan, tu le donnas à manger au peuple du désert, 15 toi tu fendis source et torrent, toi tu desséchas des fleuves intarissables. 16 À toi le jour, aussi à toi la nuit, toi tu agenças la lumière et le soleil, 17 toi tu établis toutes les limites de la terre, l’été et l’hiver, toi tu les formas. 18 Rappelle-toi cela l’ennemi insulte, Yhwh, et un peuple fou outrage ton nom. 19 Ne donne pas à la bête l’âme de ta tourterelle, la vie de tes miséreux n’oublie pas JUSQU’À LA FIN. 20 Regarde vers l’alliance, car ils sont pleins les antres du pays, pacages de violence. 21 Que 22 NE RETOURNE PAS l’opprimé déshonoré, que le miséreux et le pauvre louent ton nom ! Dressetoi, Dieu, plaide ton plaidoyer, rappelle-toi ton insulte de la part du fou tout le jour ! 23 N’oublie pas la voix de tes adversaires, la clameur des dressés contre toi, montant toujours !
FIN
85,1 Du maitre-de-chœur, des fils de Coré, psaume. 2
Tu aimes, Yhwh, ta terre, TU AS RETOURNÉ le sort de Jacob. 3 Tu as enlevé la faute de ton peuple, tu as couvert tout leur péché. 4 Tu as achevé tout TON EMPORTEMENT, TU T’ES DÉTOURNÉ de L’ARDEUR DE TA 5 COLÈRE. RETOURNE-NOUS, Dieu de notre SALUT, et retire TON INDIGNATION avec nous. 6 POUR 7 TOUJOURS SERAS-TU-IRRITÉ contre nous, prolongeras-tu TA COLÈRE D’ÂGE EN ÂGE ? Certes que toi TU RETOURNERAS nous faire vivre et ton peuple se réjouiront en toi. 8 Fais-nous voir, Yhwh, ta fidélité et ton SALUT tu donneras à nous. 9
J’écouterai : que dit le Dieu Yhwh ? Eh bien, il dit la paix pour son peuple et pour ses fidèles, et QU’ILS NE RETOURNENT à la folie. 10
Oui, proche de ses craignant son SALUT, pour qu’habite gloire sur notre terre. 11 Fidélité et loyauté se sont rencontrés, justice et paix se sont embrassées. 12 Loyauté de la terre germera car justice des cieux s’est penchée. 13 Aussi Yhwh donnera le bon et notre terre donnera son produit. 14 Justice devant lui marchera et Il mettra sur le chemin ses pas.
L’ensemble du troisième livre
245
Dans les deux psaumes, le psalmiste pose des questions qui mettent en jeu le temps : – « Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin ? (74,1) « Jusqu’à quand, Dieu, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi ton nom jusqu’à la fin ? (10) « Jusqu’à quand » revient en 9 et « jusqu’à la fin » en 19. – Pour toujours seras-tu-irrité contre nous, prolongeras-tu ta colère d’âge en âge ? (85,6).
On ajoutera les reprises lexicales suivantes : – « Salut(s) revient en 74,12 et en 85,5.8.10 ; – les verbes de la même racine, traduits par « retourner », « faire retourner » sont repris en 74,11.21 et en 85,2.4.5.7.9 ; – le même terme, traduit soit par « terre » soit par « pays » revient en 74,7.8.12. 17.20 et en 85,2.10.12.13 ; – « peuple » revient en 74,14.18 et en 85,3.7.9.
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
75,1 Du maitre-de-chant, « Ne détruis pas », psaume d’Asaph, cantique. 2
NOUS RENDONS-GRÂCE à toi, Dieu, tes merveilles.
NOUS RENDONS-GRÂCE,
et proche est TON NOM : ils racontent
3
« Quand je prendrai rendez-vous, moi, en droiture je jugerai ; 4 s’effondrant la terre et tous ses habitants, moi, j’ai fixé ses colonnes. 5 J’ai dit aux ARROGANTS : NE SOYEZ PAS ARROGANTS ! Et aux MÉCHANTS : N’élevez pas la corne, 6 n’élevez pas en haut votre corne, ne parlez pas avec une nuque d’INSOLENCE. » Oui, pas du levant ni du couchant, et pas du désert vient l’élévation ; 8 car Dieu juge, celuici il abaisse et celui-ci il élève. 9 Oui, une coupe est dans la main de Yhwh et un vin fermenté plein d’épices ; et il versera de celui-ci, jusqu’à la lie ils lècheront, ils boiront, TOUS LES MÉCHANTS de la terre. 7
10
Et moi, j’annoncerai à jamais, je psalmodierai pour le Dieu de Jacob ; des MÉCHANTS je trancherai, seront élevées les cornes du juste.
11
et toutes les cornes
86,1 Prière, de David. Tends, Yhwh, ton oreille, réponds-moi car miséreux et pauvre moi ; 2 garde mon âme, car fidèle moi, sauve ton serviteur, toi mon Dieu, qui se confie en toi. 3 aie-pitié de moi, Seigneur, car vers toi j’appelle tout le jour ; 4 réjouis l’âme de ton serviteur, car vers toi, Seigneur, mon âme j’élève ; 5 car toi, Seigneur, bon et pardonnant, et nombreux en fidélité pour tous tes appelant. 6 Entends, Yhwh, ma prière, et sois-attentif à la voix de mes demandes-de-pitié ; 7 au jour de mon angoisse je t’appelle, car tu me réponds. 8
Rien comme toi entre les dieux, Seigneur, et rien comme tes faits. 9 Toutes les nations lesquelles tu as faites viendront et se prosterneront à ta face, Seigneur, et rendront-gloire à TON NOM. 10 Oui, grand toi et faisant des merveilles, toi, Dieu, toi seul. 11
Enseigne-moi, Yhwh, ton chemin, je marcherai en ta vérité, unifie mon cœur pour craindre TON NOM. 12 JE TE RENDRAI GRÂCE, Seigneur mon Dieu, de tout mon cœur, et je rendrai gloire à TON NOM à jamais, 13 car ta fidélité grande envers moi et tu as tiré mon âme du shéol d’en-dessous. 14 Dieu, DES ORGUEILLEUX s’étaient dressés contre moi, et UNE BANDE DE FORCENÉS avaient cherché mon âme, et point ne t’avaient placé devant eux. 15 Et toi, Seigneur, Dieu tendre et de pitié, lent à la colère et plein de fidélité et de vérité, 16 tourne-toi vers moi et aie-pitié de moi, donne ta force à ton serviteur et sauve le fils de ta servante ; 17 fais avec moi un signe de bonté et ils verront MES ENNEMIS et rougiront, car toi, Yhwh, tu m’aides et me consoles.
Les méchants sont très présents : « arrogants » et « méchants » (75,5) « insolence » (6) « (tous les) méchants » (9.11) ; « orgueilleux », « forcenés » (86,14), « ennemis » (17). – « Rendre grâce » revient en 75,2bis et en 86,12 ; – « ton nom » est repris en 75,2 et en 86,9.11.12 ; – on pourra aussi noter qu’à « élever », « élévation » de 75 (5.6.7.8.11) correspondent en 86 les synonymes « élever » (4) et « se dresser » (14).
L’ensemble du troisième livre
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76,1 Du maitre-de-chant, sur les instruments-à-cordes, psaume d’Asaph, chant. 2
Est connu en Juda Dieu, en Israël grand est son nom ; 3 et elle est en Salem sa tanière et son repaire en SION : 4 c’est là qu’il a brisé les éclairs de l’arc, le bouclier et l’épée et la guerre. 5 Éclatant, toi, magnifique sur LES MONTAGNES de proie. 6 Ont été dépouillés les braves de cœur, ils ont dormi leur sommeil et n’ont pas trouvé tous ces gens de valeur leurs bras. 7 Sous ta menace, Dieu de JACOB, s’est engourdi et char et cheval. 8
Toi, tu es Terrible, toi et qui tiendra devant ta face à cause de ta colère ?
9 Des cieux tu as fait entendre la sentence, la terre eut peur et se tut, 10 quand se dressa pour le jugement Dieu, pour sauver tous les humiliés de la terre, 11 car la fureur de l’homme te rend grâce, le reste des fureurs tu ceins. 12
Faites des vœux et acquittez-les à Yhwh votre Dieu, tous ses entourant qu’ils présentent un don au Terrifiant : 13 il coupe le souffle des princes, Terrible aux rois de la terre. 87, 1 Des fils de Coré, psaume, chant. Sa fondation est sur LES MONTAGNES de sainteté. toutes les demeures de JACOB.
2
Il aime Yhwh les portes de SION plus que
3
Des glorieusetés il est parlé en toi, ville de Dieu : 4 « Je mentionne Rahab et Babylone parmi mes connaissant, voici la Philistie et Tyr avec Koush : Celui-ci est né là. » 5 Et de SION il sera dit : « Homme et homme est né en elle et celui qui l’affermit, c’est le Très-Haut. » 6 Yhwh compte en écrivant les peuples : « Celui-ci est né là ». 7 Et ils chantent en dansant : « Toutes mes sources sont en toi. »
– Ce sont les seuls psaumes des sections extrêmes qui sont appelés « chant » ; – ils célèbrent tous deux « Sion » (76,3 ; 87,2.5) ; – « les montagnes » reviennent en 76,5 et en 87,1 ; – le nom de « Jacob » est repris en 76,7 et en 87,2.
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89) 3. LES RAPPORTS ENTRE LA SECTION CENTRALE ET LES DEUX AUTRES
ENTRE LES PSAUMES CENTRAUX (75 ; 81 ; 86) 75,1 Du maitre-de-chant, « Ne détruis pas », psaume d’Asaph, cantique. 2 NOUS RENDONS-GRÂCE à toi, Dieu, NOUS RENDONS-GRÂCE, et proche est ton nom : ils racontent tes merveilles. 3 « Quand je prendrai rendez-vous, moi, en droiture je jugerai ; 4 s’effondrant la terre et tous ses habitants, moi, j’ai fixé ses colonnes. 5 J’ai dit aux arrogants : Ne soyez pas arrogants ! Et aux méchants : N’élevez pas la corne, 6 n’élevez pas en haut votre corne, ne parlez pas avec une nuque d’insolence. » 7 Oui, pas du levant ni du couchant, et pas du désert vient l’élévation ; 8 car Dieu juge, celui-ci il abaisse et celui-ci il élève. 9 Oui, une coupe est dans la main de Yhwh et un vin fermenté plein d’épices ; et il versera de celui-ci, JUSQU’À LA LIE ILS LÈCHERONT, ILS BOIRONT, TOUS LES MÉCHANTS DE LA TERRE. 10 Et moi, j’annoncerai à jamais, JE PSALMODIERAI pour le Dieu de Jacob ; 11 ET TOUTES LES CORNES DES MÉCHANTS JE TRANCHERAI, seront élevées les cornes du juste. 81,1 Du maitre de chant, sur la guittite, d’Asaph. 2 CRIEZ DE JOIE pour Dieu notre force, 3 ACCLAMEZ le Dieu de Jacob, ÉLEVEZ LA PSALMODIE et DONNEZ DU TAMBOURIN, DE 4 LA HARPE DOUCE AVEC LA LYRE, SONNEZ DU COR à la néoménie, à la pleine lune au 5 jour de notre fête ; car il y a un décret pour Israël, un jugement du Dieu de Jacob ; 6 un ordre il a mis en Joseph quand il sortit contre la terre d’Égypte. J’entends une langue que je ne connaissais pas : 7 « J’ai détourné du fardeau son épaule, ses paumes ont passé le couffin. 8 Dans l’angoisse tu as crié et je t’ai sauvé ; je te répondis dans la cache du tonnerre, je t’éprouvai aux eaux de Meriba. 9
Écoute, mon peuple, et je t’avertis, Israël, si tu m’écoutais ! 10 Qu’il n’y ait point chez toi un dieu d’emprunt et ne te prosterne pas à un dieu étranger ; 11 moi, je suis Yhwh, ton Dieu, qui t’ai fait monter de la terre d’Égypte. Ouvre large ta bouche, et je l’emplirai. 12 Mais mon peuple n’a pas écouté ma voix et Israël n’a pas voulu de moi ; 13 et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur, ils marchent dans leurs projets. 14 Ah ! Si mon peuple m’écoutait, si Israël allait dans mes voies ! 15 À L’INSTANT J’ABATTRAIS LEURS 16 ENNEMIS ET CONTRE SES OPPRESSEURS JE TOURNERAIS MA MAIN ; CEUX QUI HAÏSSENT YHWH 17 L’ADULERAIENT ET LEUR TEMPS SERAIT À JAMAIS. Et je lui ferais manger la fleur du froment et du miel du rocher je te rassasierais. »
Les premières séquences des sections extrêmes ainsi que la section centrale comptent chacune cinq psaumes organisés de manière concentrique autour des Ps 75, 81 et 86.
L’ensemble du troisième livre
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86,1 Prière, de David. Tends, Yhwh, ton oreille, réponds-moi car miséreux et pauvre moi ; 2 garde mon âme, car fidèle moi, sauve ton serviteur, toi mon Dieu, qui se confie en toi. 3 aie-pitié de moi, Seigneur, car vers toi j’appelle tout le jour ; 4 réjouis l’âme de ton serviteur, car vers toi, Seigneur, mon âme j’élève ; 5 car toi, Seigneur, bon et pardonnant, et nombreux en fidélité pour tous tes appelant. 6 Entends, Yhwh, ma prière, et sois-attentif à la voix de mes demandes-de-pitié ; 7 au jour de mon angoisse je t’appelle, car tu me réponds. 8 Rien comme toi entre les dieux, Seigneur, et rien comme tes faits. 9 TOUTES LES NATIONS LESQUELLES TU AS FAITES VIENDRONT ET SE PROSTERNERONT À TA FACE, SEIGNEUR, ET RENDRONT-GLOIRE À TON NOM. 10 Oui, grand toi et faisant des merveilles, toi, Dieu, toi seul. 11 Enseigne-moi, Yhwh, ton chemin, je marcherai en ta vérité, unifie mon cœur pour craindre ton nom. 12 JE TE RENDRAI GRÂCE, Seigneur mon Dieu, de tout mon cœur, et 13 JE RENDRAI GLOIRE à ton nom à jamais, car ta fidélité grande envers moi et tu as tiré 14 mon âme du schéol d’en-dessous. Dieu, des orgueilleux s’étaient levés contre moi, et une bande de forcenés avaient cherché mon âme, et point ne t’avaient placé devant eux. 15 Et toi, Seigneur, Dieu tendre et de pitié, lent à la colère et plein de fidélité et de vérité, 16 tourne-toi vers moi et aie-pitié de moi, donne ta force à ton serviteur et sauve le fils de ta servante ; 17 fais avec moi un signe de bonté et ILS VERRONT MES ENNEMIS ET ROUGIRONT, car toi, Yhwh, tu m’aides et me consoles.
La louange retentit dans les trois psaumes : – « nous rendons grâce » (75,2bis), « j’annoncerai », « je psalmodierai » (10) ; – « criez de joie », « acclamez », « élevez la psalmodie », etc. (81,2-4) ; – « ils rendront gloire à ton nom » (86,9), « je te rendrai grâce », « je rendrai gloire à ton nom » (12). Le sort des ennemis, des nations, évolue d’un psaume à l’autre : – dans le premier psaume « tous les méchants de la terre » sont châtiés (75,9. 11) ; – dans le psaume central le Seigneur promet de punir les ennemis d’Israël (81,15), mais ceux-ci se convertiront : « ceux qui haïssent Yhwh l’aduleraient et leur temps serait à jamais » (16) ; – à la fin du dernier psaume les ennemis « rougiront » (86,17), mais en plein cœur du psaume « ils viendront et se prosterneront » devant le Seigneur et « rendront gloire » à son nom (9) comme le psalmiste qu’ils avaient persécuté (12).
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
ENTRE LES DEUXIÈMES PSAUMES DES SECTIONS EXTRÊMES ET LES DEUX PREMIERS DE LA SECTION CENTRALE. 74,1 Instruction, d’Asaph. POURQUOI, Dieu, rejettes-tu JUSQU’À LA FIN, fume-t-elle TA COLÈRE contre les brebis de ton bercail ? 2 Rappelle-toi ton assemblée que tu as acquise dès l’origine, que tu rachetas, tribu de ton héritage, le mont Sion que voici où tu demeures. 3 Élève tes pas vers les RUINES sans fin : il a tout saccagé l’ennemi au sanctuaire ; 4 tes adversaires ont rugi au milieu de tes assemblées, ils ont mis leurs insignes comme insignes. 5 Cela est connu comme brandir bien haut dans un fourré d’arbres une hache, 6 et maintenant ses sculptures ensemble par la cognée et par la masse ils cassent ; 7 ils ont envoyé au feu ton sanctuaire, jusqu’à terre profané la demeure de ton nom. 8 Ils ont dit en leur cœur : « Écrasons-les ensemble ! » Ils ont brûlé toutes les assemblées de Dieu dans le pays. 9 Nos signes nous ne voyons pas, il n’est plus de prophète, et nul parmi nous ne connait JUSQU’À QUAND. 10
JUSQU’À QUAND, Dieu, INSULTERA l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi ton nom JUSQU’À LA FIN ? 11 POURQUOI FAIS-TUta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais-la sortir. 12 Mais Dieu est mon roi dès l’origine, œuvrant les SALUTS à l’intérieur de la terre. 13 Toi tu agitas par ta puissance la mer, tu brisas les têtes des monstres sur les eaux ; 14 toi tu fracassas les têtes de Léviathan, tu le donnas à manger au peuple du désert, 15 toi tu fendis source et torrent, toi tu desséchas des fleuves intarissables. 16 À toi le jour, aussi à toi la nuit, toi tu agenças la lumière et le soleil, 17 toi tu établis toutes les limites de la terre, l’été et l’hiver, toi tu les formas. 18 Rappelle-toi cela l’ennemi INSULTE, Yhwh, et un peuple fou outrage ton nom. 19 Ne donne pas à la bête l’âme de ta tourterelle, la vie de tes miséreux n’oublie pas JUSQU’À LA FIN. 20 Regarde vers l’alliance, car ils sont pleins les antres du pays, pacages de violence. 21 Que NE RETOURNE PAS l’opprimé déshonoré, que le miséreux et le pauvre louent ton nom ! 22 Dresse-toi, Dieu, plaide ton plaidoyer, rappelle-toi ton 23 INSULTE de la part du fou tout le jour ! N’oublie pas la voix de tes adversaires, la clameur des dressés contre toi, montant toujours !
RETOURNER
[...] 85,1 Du maitre-de-chœur, des fils de Coré, psaume. 2
Tu aimes, Yhwh, ta terre, TU AS RETOURNÉ le sort de Jacob. 3 Tu as enlevé la faute de ton peuple, tu as couvert tout leur péché. 4 Tu as achevé tout TON EMPORTEMENT, TU T’ES DÉTOURNÉ de L’ARDEUR DE TA COLÈRE. 5 RETOURNE6 NOUS, Dieu de notre SALUT, et retire TON INDIGNATION avec nous. POUR TOUJOURS SERAS-TU-IRRITÉ contre nous, prolongeras-tu TA COLÈRE D’ÂGE EN ÂGE ? 7 Certes que toi TU RETOURNERAS nous faire vivre et ton peuple se réjouiront en toi. 8 Fais-nous voir, Yhwh, ta fidélité et ton SALUT tu donneras à nous. 9 J’écouterai : que dit le Dieu Yhwh ? Eh bien, il dit la paix pour son peuple et pour ses fidèles, et QU’ILS NE RETOURNENT à la folie. 10
Oui, proche de ses craignant son SALUT, pour qu’habite gloire sur notre terre. 11 Fidélité et loyauté se sont rencontrés, justice et paix se sont embrassées. 12 Loyauté de la terre germera car justice des cieux s’est penchée. 13 Aussi Yhwh donnera le bon et notre terre donnera son produit. 14 Justice devant lui marchera et Il mettra sur le chemin ses pas.
Les deux questions « Pourquoi ? » et « Jusqu’à quand ? » marquent trois de ces quatre psaumes (74,1.10-11 ; 79,5.10 ; 80,5.13) ; dans le Ps 85 le « pourquoi » est absent mais la question du temps apparait deux fois (6).
L’ensemble du troisième livre
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79,1 Psaume, d’Asaph.
80,1 Du maitre de chant, sur Les lys, témoignage, d’Asaph, psaume.
Dieu, elles sont venues les nations dans ton héritage, elles ont souillé le Temple de ta sainteté, elles ont fait de Jérusalem des RUINES. 2 Elles ont donné le cadavre de tes serviteurs comme manger pour l’oiseau des cieux, la chair de tes fidèles aux bêtes de la terre ; 3 elles ont versé leur sang comme de l’eau alentour de Jérusalem, et pas un fossoyeur. 4 Nous sommes L’INSULTE de nos voisins, moquerie et risée de notre entourage. 5 JUSQU’OÙ, Yhwh, T’IRRITERAS-TU POUR TOUJOURS, brûlera-t-elle comme un feu TA JALOUSIE ? 6 Déverse TA FUREUR sur les nations, eux qui ne te connaissent pas, et sur les royaumes, eux qui ton nom n’invoquent pas, 7 car ils ont mangé Jacob et sa demeure ils ont dévastée. 8 Ne te souviens pas contre nous des fautes premières ; vite, que nous préviennent tes tendresses, car sommes affligés beaucoup. 9 Aide-nous, Dieu de notre SALUT, par égard pour la gloire de ton nom et délivre-nous et efface nos péchés, à cause de ton nom. 10 POURQUOI diraient les nations : « Où est leur Dieu ? » Que soit connue chez les nations sous nos yeux la vengeance du sang de tes serviteurs, versé. 11 Que vienne vers ta face la plainte du captif ; selon la grandeur de ton bras épargne les fils de la mort. 12 Et fais retomber sur nos voisins sept fois vers leur sein L’INSULTE laquelle ILS T’ONT INSULTÉ, Seigneur. 13 Et nous, ton peuple et les brebis de ton pâturage, nous rendrons grâce à toi à jamais et d’âge en âge nous raconterons ta louange.
2
Toi qui pais Israël, écoute, qui conduis comme des brebis Joseph, qui sièges sur les chérubins, resplendis ; 3 devant Éphraïm, Benjamin et Manassé, réveille ta vaillance et viens pour le salut de nous. 4 Dieu, FAIS-NOUS REVENIR et fais luire ta face et nous serons SAUVÉS. 5
Yhwh Dieu des Armées, JUSQU’À QUAND FUMERAS-TU contre la prière de ton peuple ? 6 Tu leur as fait manger un pain de larme et les as abreuvés de larmes trois fois ; 7 tu nous as mis en querelle pour nos voisins et nos ennemis se moquent de nous. 8 Dieu des Armées, FAIS-NOUS REVENIR et fais luire ta face et nous serons SAUVÉS. 9 Une vigne d’Égypte tu as arrachée, tu as chassé des nations et tu l’as plantée ; 10 tu as nettoyé devant elle et elle a enraciné ses racines et elle a rempli le pays. 11 Étaient couvertes les montagnes de son ombre et de ses pampres les cèdres de Dieu ; 12 elle étendait ses sarments jusqu’à la Mer et vers le Fleuve ses rejetons. 13 POURQUOI as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, 14 la ravage le porc des forêts et la bête des champs la pait ? 15 Dieu des Armées, reviens donc, observe des cieux et vois, et visite cette vigne-là 16 et protège ce qu’a planté ta droite et le fils que tu as rendu fort pour toi. 17
Brûlée par le feu, coupée, à la menace de ta face qu’ils périssent. 18 Soit ta main sur l’homme de ta droite, sur le fils d’Adam que tu as rendu fort pour toi, 19 et plus ne reculerons loin de toi, tu nous feras vivre et ton nom nous invoquerons. 20 Yhwh, Dieu des Armées, FAIS-NOUS REVENIR, fais luire ta face et nous serons SAUVÉS.
« Salut(s) » / « sauver » revient dans les quatre psaumes (74,12 ; 79,9 ; 80,4.8.20 ; 85,5.8.10). La colère de Dieu de même : dès le début du Ps 74 (1), en 79,5.6 ; 80,5 ; 85,4.5.6. « Peuple » revient aussi dans chaque psaume : 74,14.18 ; 79,13 ; 80,5 ; 85,3.7.9. Le même verbe traduit par « revenir » et « retourner » revient en 74,11.21 ; 80,4.8.20 ; 85,2.4.7.9. « Insulte » / « insulter » est repris en 74,10.18.22 ; 79,12bis. Le temple a été réduit en « ruines » (74,3 ; 79,1).
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
L’ENSEMBLE DES QUESTIONS Les questions ne se limitent pas aux quatre séquences qui viennent d’être mises en rapport. « Pourquoi ? » – « Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin, fume-t-elle ta colère contre les brebis de ton bercail ? » (74,1) – « Pourquoi fais-tu-retourner ta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais-la sortir. » (74,11) – « Pourquoi diraient les nations : “Où est leur Dieu ?” » (79,10) – « Pourquoi as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, la ravage le porc des forêts et la bête des champs la pait ? » (80,13),
Un dernier « pourquoi » se trouve presqu’à la fin de l’avant-dernier psaume du livre qui rappelle la première occurrence, au début du Ps 74 : 74,1 Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin, fume-t-elle ta colère contre les brebis de ton bercail ? 88,15 Pourquoi, Yhwh, rejettes-tu mon âme, caches-tu ta face de moi ?
On remarquera que la première question lie le « pourquoi » à « jusqu’à la fin ». « Jusqu’à quand ? » – « Jusqu’à quand, Dieu, insultera l’oppresseur outragera-t-il l’ennemi ton nom jusqu’à la fin ? » (74,10) – Jusqu’où, Yhwh, t’irriteras-tu pour toujours, brûlera-t-elle comme un feu ta jalousie ? » (79,5) – « Yhwh Dieu des armées, jusqu’à quand fumeras-tu contre la prière de ton peuple ? » (80,5) – « À jamais seras-tu-irrité contre nous, prolongeras-tu ta colère d’âge en âge ? » (85,6).
On notera que « jusqu’à la fin » se trouvait déjà dans la question du « pourquoi » de 74,1 : « Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin ? » Il faut ajouter les rafales de trois questions qui marquent les derniers psaumes des premières séquences des sections extrêmes : 77,8 Est-ce à jamais que rejette le Seigneur, 9 Est-ce qu’est épuisée jusqu’à la fin sa fidélité, 10 Est-ce qu’IL OUBLIE d’avoir pitié El,
qu’il n’ajoute pas d’aimer plus ? achevée la parole pour les âges des âges ? ou de colère ferme-t-il ses miséricordes ?
88,11 Est-ce que pour les morts tu fais merveille, ou les ombres se lèvent-elles, te louent-elles ? 12 Est-ce qu’on raconte dans la tombe ta fidélité, ta vérité dans la perdition ? 13 Est-ce qu’est connue dans la ténèbre ta merveille et ta justice au pays de L’OUBLI ?
L’avant-dernier psaume du livre (88) montre clairement jusqu’à quelle extrémité va « la fin » : c’est la mort, « la tombe », « la ténèbre », « l’oubli ».
L’ensemble du troisième livre
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Après le psaume central de la deuxième section, la question est posée cette fois-ci par Dieu : – « Jusqu’à quand jugerez-vous de façon perverse et la face des méchants lèverez-vous ? » (82,2).
Dans le psaume qui suit une expression similaire est utilisée, mais ce n’est plus dans une question ; le psalmiste demande que les méchants soient châtiés jusqu’à la fin : – « 18 Qu’ils rougissent et soient épouvantés jusqu’à toujours et qu’ils soient confus et se perdent, 19 et qu’ils connaissent que toi ton nom Yhwh, toi seul, Très-Haut sur toute la terre (88,18-19).
La corrélation entre les deux questions Les deux questions sont étroitement corrélées. Elles sont du reste juxtaposées dans le premier psaume où elles apparaissent : 10 11
Jusqu’à quand, Dieu, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi ton nom jusqu’à la fin ? Pourquoi fais-tu-retourner ta main et ta droite ? De l’intérieur de ton sein fais-la sortir (74,10-11).
Le « pourquoi » vise la cause, le passé jusqu’à l’origine, le « jusqu’à quand » vise le futur jusqu’à la fin.
LES RÉPONSES Si le Seigneur « a rejeté » son peuple et son roi (zānaḥ, 74,1 ; 77,8 ; 88,15 ; 89,39), s’il l’« a repoussé » (mā’as, 78,59.67 ; 89,39)3, s’il « s’est emporté » contre eux (85,4 ; 78,21.49.59.62 ; 89,39), c’est à cause de leur péché : Dans les psaumes finaux des sections extrêmes (78 & 89) – « et point ne seront comme leurs pères, une génération de révolte et de bravade, génération dont le cœur n’est pas sûr et dont l’esprit n’est pas croyant en El (78,8) ; – « ils ne gardèrent pas l’alliance de Dieu et dans sa loi ils refusèrent d’aller » (10) ; – « ils oublièrent ses hauts-faits et ses merveilles » (11) ; – « Et ils ajoutèrent encore de pécher contre lui en bravant le Très-Haut dans le lieu sec » (17) ; – « et ils tentèrent Dieu dans leur cœur » (18) ; – « Et ils parlèrent contre Dieu » (19) ; – « Avec tout cela, ils péchèrent encore et ils ne crurent pas en ses merveilles » (32) ; – « Que de fois ils le bravèrent au désert, l’offensèrent dans les solitudes ! » (40) ; 3
Les deux synonymes, « rejeter » et « repousser » sont employés ensemble la dernière fois : « Mais toi, tu as rejeté et tu as repoussé, tu t’es emporté contre ton oint » (89,39).
254 – – – – –
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
« Ils retournaient tenter Dieu et le Saint d’Israël ils affligèrent » (41) ; « point se souvinrent de sa main, le jour dans lequel il les sauva de l’oppresseur » (42) ; « Ils tentèrent et bravèrent Dieu le Très-Haut et ses témoignages ils ne gardèrent pas » (56) ; « ils dévièrent et trahirent comme leurs pères, ils se retournèrent comme un arc trompeur (57) ; « ils l’indignèrent avec leurs hauts lieux et par leurs idoles ils le rendirent jaloux » (58).
– « Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas » (89,31) ; – « s’ils profanent mes préceptes et mes commandements ne gardent pas » (89,32).
Dans le psaume central de la section centrale Les psaumes finaux des sections extrêmes répondent à la question du « pourquoi ? ». Le psaume central de la section centrale, c’est-à-dire le psaume central de la section répond d’abord à la question du « jusqu’à quand ? » : 14
Ah ! Si mon peuple m’écoutait, si Israël allait dans mes voies ! À l’instant j’abattrais leurs ennemis et contre ses oppresseurs je tournerais ma main ; 16 ceux qui haïssent Yhwh l’aduleraient et leur temps serait à jamais (81,14-16). 15
« À l’instant » répond directement à « jusqu’à quand ? ». Mais les verbes qui suivent sont au conditionnel. La condition serait qu’Israël écoute le Seigneur et se conduise selon sa loi (5-6.10). Or, il n’a pas écouté : 12
Mais mon peuple n’a pas écouté ma voix
et Israël n’a pas voulu de moi ;
Et c’est pour cela qu’il a été châtié, ce qui répond au « pourquoi » : 13
et je les ai envoyés à la dureté de leur cœur,
ils marchent dans leurs projets.
B. CONTEXTE LA PRISE DE CONSCIENCE DU PÉCHÉ Un mouvement analogue à celui du troisième livre se trouvait aussi dans le premier livre. En effet, dans tout le premier versant du premier livre il n’est jamais question du péché du psalmiste ; si faute il y a, c’est celle des méchants, des ennemis. En revanche, à partir du centre, s’opère un renversement : le psalmiste prend conscience que le péché l’habite lui aussi4.
4
Voir Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), 606-604.
L’ensemble du troisième livre
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LA MORT Le premier livre est focalisé sur le Ps 22 où le psalmiste est affronté à la mort. En son centre il dit : « Et dans la poussière de la mort tu me couches » (12). Cependant la mort est présente tout au long du livre5. LA LOUANGE Dans le Ps 22 le destin du psalmiste ne s’arrête pas à la mort. Il est sauvé et peut annoncer à ses frères le nom du Seigneur et le louer au milieu d’eux (23), et le cercle s’élargira à toutes les nations qui se prosterneront devant lui (28).
C. INTERPRÉTATION LE MALHEUR ACTUEL « J’étais frappé tout le jour, châtié chaque matin » (73,14). Subir la violence et l’oppression des orgueilleux est d’autant plus insupportable que tout leur réussit. Et de se rendre compte qu’on avait été à deux doigts de glisser pour imiter leur conduite, semble être le comble du malheur. Ainsi commence la longue plainte du psalmiste. D’abord personnelle, elle devient bien vite collective. C’est l’ensemble des « brebis du bercail », « l’assemblée » du Seigneur qui se lamente sur la ruine du sanctuaire saccagé par l’ennemi : la pire chose qui pouvait arriver, puisqu’Israël est touché au cœur quand le nom de son Dieu est insulté (74 ; 79). Mais ce n’est pas seulement le temple qui est détruit, c’est tout le pays, la vigne qui étendait ses sarments de la mer au fleuve (80,9-17), tout le peuple voué à l’anéantissement (83,4-6). C’est enfin le roi lui-même qui est voué à la mort (88). LA DROITE DU TRÈS-HAUT A CHANGÉ Le malheur présent est d’autant plus douloureux qu’il est mis en regard de la félicité passée : « Je pense aux jours d’autrefois » (77,6). La dernière section commence avec une sorte d’hymne au temple : trois « heureux » ponctuent le poème qui dit l’amour passionné du psalmiste pour la maison de Dieu (84). À moins de le comprendre — à cause du contexte dans lequel il est inséré — comme le regret nostalgique d’un temps désormais révolu... L’orant se rappelle aussi les merveilles de l’exode : « Je me souviens des hauts-faits de Yah, je me souviens d’autrefois, de tes merveilles » (77,12) ; « Tu conduisis comme brebis ton peuple par la main de Moïse et d’Aaron » (21). Ce sont aussi des hauts-faits plus récents quand, à Sion, Dieu « brisa les éclairs de l’arc, le bouclier et l’épée et la guerre » (76,4). Le souvenir des merveilles de Dieu remonte enfin jusqu’à 5
Voir Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), 610.
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
la création, quand le Seigneur « brisa les têtes des monstres sur les eaux » (74,13). LES MÉCHANTS ET L’INNOCENT D’où vient tout ce malheur ? Dès le début, le psalmiste proteste de sa fidélité. Certes il a été tenté de suivre les arrogants, mais son cœur est resté pur et il peut laver ses paumes dans l’innocence (73). Dans le psaume symétrique où il chante son amour pour les parvis de Yhwh, il se compte parmi « ceux qui marchent en intégrité » (84,12). Les méchants, les arrogants sont évidemment les autres, les ennemis qui lui font du mal. Il est bien question du péché ici ou là, mais c’est comme incidemment. Et il s’agit des « fautes premières » (79,8-9), celles du passé qui ont été pardonnées (85,3). C’est pourquoi le psalmiste implore avec insistance son Dieu de punir ses ennemis, ceux qui sont coupables des calamités qui l’atteignent (75,9 ; 79,10b.12 ; 82,8 ; 83,10-19 ; 86,17). LA TÉNÈBRE DES QUESTIONS Le malheur serait sans doute moins insupportable si l’on comprenait la raison pour laquelle il nous frappe. Et la question du « pourquoi » revient, lancinante : « Pourquoi, Dieu, rejettes-tu jusqu’à la fin, fume-t-elle ta colère contre les brebis de ton bercail ? » (74,1) ; « Pourquoi fais-tu-retourner ta main et ta droite ? » (11) ; « Pourquoi les nations diraient-elles : “Où est leur Dieu ?” » (79,10) ; « Pourquoi as-tu rompu ses clôtures et la grappille tout passant du chemin, la ravage le porc des forêts et la bête des champs la pait ? » (80,13-14) ; « Pourquoi, Yhwh, repousses-tu mon âme, caches-tu ta face de moi ? » (88,15). N’en pouvant plus, le psalmiste ne voit pas la fin de ses souffrances et la question du « jusqu’à quand » accompagne celle du « pourquoi » : « Jusqu’à quand, Dieu, insultera l’oppresseur ? Outragera-t-il l’ennemi ton nom jusqu’à la fin ? » (74,10) ; « Pour toujours seras-tu-irrité contre nous, prolongeras-tu ta colère d’âge en âge ? » (85,6) ; « Jusqu’où, Yhwh, t’irriteras-tu pour toujours, brûlera-telle comme un feu ta jalousie ? » (79,5) ; « Yhwh Dieu des armées, jusqu’à quand fumeras-tu contre la prière de ton peuple ? » (80,5) ; « À jamais seras-tuirrité contre nous, prolongeras-tu ta colère d’âge en âge ? » (85,6). Sans réponse à cette double question, le psalmiste est plongé dans « la ténèbre » (88,19). LA RAISON DU CHÂTIMENT Les questions du psalmiste ne restent pas sans réponse. C’est d’abord au « pourquoi » qu’il est répondu à la fin des sections extrêmes dans deux des plus longs psaumes du Psautier. Si le malheur s’est abattu sur Israël, si son temple a été réduit à un tas de ruines fumantes, si le peuple entier a été écrasé, c’est qu’il a été infidèle à l’alliance de Dieu, qu’il n’a pas gardé les commandements donnés à Moïse après la sortie d’Égypte (78). Si la maison de David s’est écroulée et qu’il n’a plus de descendant pour occuper son trône, c’est que le
L’ensemble du troisième livre
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Seigneur l’a rejeté et repoussé, c’est que ses fils ont été infidèles à l’alliance. Il les avait pourtant avertis clairement : « Si ses fils abandonnent ma loi et selon mes jugements ne marchent pas, s’ils profanent mes préceptes et s’ils ne gardent pas mes commandements, je visiterai avec un sceptre leur transgression et avec des coups leur faute » (89,31-33). À L’INSTANT La réponse au « jusqu’à quand » retentit en plein cœur de la section. Et ce n’est plus quelque psalmiste qui la donne, quelque prophète. C’est le Seigneur en personne : « Ah ! Si mon peuple m’écoutait, si Israël allait dans mes voies ! À l’instant j’abattrais leurs ennemis et contre ses oppresseurs je tournerais ma main ; ceux qui haïssent Yhwh l’aduleraient et leur temps serait à jamais. Et je lui ferais manger la fleur du froment et du miel du rocher je te rassasierais » (81,14-17). À entendre ces mots, on a l’impression que celui qui les prononce est pressé d’agir. Le Seigneur n’a qu’une hâte, celle de voir son peuple l’écouter. Le contraste est frappant entre le temps du « jusqu’à quand » qui semble durer « jusqu’à la fin » et celui du « à l’instant ». Et si Dieu commence par la troisième personne, comme s’il ne s’adressait pas directement à son peuple, à la fin, dans le dernier mot, il n’y tient plus et se tourne vers celui qu’il veut nourrir de ce qu’il y a de meilleur au monde : « du miel du rocher je te rassasierais ».
CONCLUSION En hébreu le Psautier est intitulé Le livre des louanges. Chacun de ses cinq livres s’achève par une « doxologie », littéralement « parole de gloire », autre nom de la louange. Celle du dernier livre est particulièrement développée, qui comprend les cinq derniers psaumes (146-150)1. Celle du troisième en revanche est la plus courte : « Béni soit Yhwh à jamais ! Amen, amen ! » (Ps 89,53). Malgré cela, on pourrait s’attendre à ce que le livre central du Psautier, qui en est donc le cœur, soit particulièrement marqué par la louange. Or il n’en est rien et c’est même tout le contraire. Ce n’est pas que le vocabulaire de la louange manque2. Cependant, elle est souvent niée : « ses vierges ne furent pas louées » (78,63), « les ombres se relèvent-elles, te louent-elles ? » (88,11). Elle est un vœu, dans le malheur : « Que le miséreux et le pauvre louent ton nom ! » (74,21), « la fureur de l’homme te rend grâce » (76,11). Ce n’est pas l’homme mais le ciel qui rend grâce : « Les cieux rendent grâce pour ta merveille, Yhwh » (89,6). Ou encore la louange est promise pour un avenir lointain, à la fin d’une longue plainte (79,13 ; 86,12). Il est vrai qu’au début de la dernière section le psalmiste s’exclame : « Heureux les habitants de ta maison, ils te louent encore » (84,5) ; mais il se pourrait bien que son chant soit une lamentation nostalgique sur le temple désormais réduit en ruines. La tonalité générale du livre est vraiment sombre. Ce ne sont que plaintes, supplications et questions angoissées — « Pourquoi ? », « Jusqu’à quand ? » — qui débouchent sur deux rafales de trois questions qui sonnent même comme des accusations : 8
Est-ce à jamais que le Seigneur rejette, qu’il n’ajoute pas d’aimer plus ? Est-ce qu’est épuisée jusqu’à la fin sa fidélité, achevée la parole pour les âges des âges ? 10 Est-ce qu’il oublie d’avoir pitié Dieu, ou de colère ferme-t-il ses miséricordes ? (77,8-10) 9
Et plus dramatique encore : 11
Est-ce que pour les morts tu fais merveille, ou les ombres se lèvent-elles, te louent-elles ? Est-ce qu’on raconte dans la tombe ta fidélité, ta vérité dans la perdition ? 13 Est-ce qu’est connue dans la ténèbre ta merveille et ta justice au pays de l’oubli ? (88,11-13) 12
Et les réponses données à ces questions ne semblent pas faites pour consoler les malheureux. S’ils sont dans la détresse et l’angoisse, c’est de leur faute. Ils paient ainsi le prix de leurs péchés (78 ; 89). Ayant trahi l’alliance du temps de 1 Voir Le Psautier. Cinquième livre, « La grande doxologie. La sous-section conclusive. Ps 146–150 », 641-698. 2 « Louer » (74,21 ; 78,63 ; 84,5) ; « rendre-grâce » (75,2bis ; 76,11 ; 79,13 ; 86,12 ; 88,11 ; 89,6) ; « rendre-gloire » (86,9) ; « psalmodier » (75,10).
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Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89)
l’exode, ayant récidivé au temps de la monarchie davidique, les voilà livrés à la violence et à l’oppression de leurs ennemis : ils sont désormais sans temple, sans roi, sans terre. Jusqu’à quand ? On croit entendre la voix du serviteur crier, au centre du premier livre : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 22,2). « Tu me couches dans la poussière de la mort » (16) trouve un écho dans le cri de Hémân l’Ézrahite : « tu m’as mis dans la fosse en-dessous, dans les ténèbres, dans les abimes » (88,7). Cependant le Ps 22 ne s’arrête pas dans la tombe. Le psalmiste est sauvé de la gueule du lion et il peut dire : « J’annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai » (23) et même : « toutes les familles des nations se prosterneront devant lui » (28). De même, il est dans le troisième livre trois psaumes où retentit la louange, chacun occupant une position stratégique. Au centre de la première séquence de la section initiale (75) avec tout son peuple le psalmiste rend grâce et psalmodie « pour le Dieu de Jacob » quand le Seigneur prononce le jugement contre les arrogants et qu’il se réjouit à la pensée de pouvoir bientôt leur trancher les cornes. Au centre de la section centrale (81), un fervent appel à la louange pour célébrer la sortie d’Égypte précède un long discours de Dieu qui promet une nouvelle libération des ennemis actuels ainsi que leur conversion. Enfin, au centre de la première séquence de la section finale, dans sa misère et sa plainte David confirme la conversion des païens : « Toutes les nations que tu as faites viendront et se prosterneront à ta face, Seigneur, et rendront-gloire à ton nom » (86,9). Comme pour le serviteur du Ps 22, il fallait que le peuple et son roi traversent la mort pour que la lumière de la révélation atteigne tous les lointains de la terre.
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INDEX DES AUTEURS CITÉS
Alonso Schoekel : 12, 37, 64, 101, 128, 175, 181, 206, 219 Amzallag : 186 Barbiero : 20, 202, 219, 226, 227 Beaucamp : 173, 186 Beauchamp : 27, 216 Booij : 183 Bovati : 135, 262, 271, 272 Carniti : 12, 37, 64, 101, 128, 175, 181, 206, 219 Cole : 7 Dahood : 7, 49, 50, 82, 101, 173, 189, 206, 261 deClaissé-Walford : 7, 19, 37, 40, 43, 64, 101, 126, 180, 183, 186, 189, 190, 195, 207, 217, 219 Delitzsch : 7, 40, 50, 206 Dhorme : 72, 101, 206, 217, 219 Emerton : 186 Hakham : 37, 50, 109, 154, 161, 206, 217 Hossfeld : 19, 30, 37, 43, 49, 50, 64, 101, 109, 127, 128, 153, 162, 183, 184, 186, 190, 205, 206, 219, 220 Irhoven : 84 Joüon : 11, 153, 161, 166, 175 Kaiser : 109 Kraus : 19, 37, 40, 49, 64, 101, 126, 161, 175, 183, 206, 208, 219 Lipínski : 173
Lorenzin : 64, 101, 183, 206, 219 Lund : 165 McCann : 7 Meynet : 11, 12, 15, 54, 64, 113, 135, 172, 271, 272, 273 Mowinckel : 173 Osty : 49, 72, 101, 162, 172, 206, 219 Parker : 126 Pavan : 8 Préat : 9 Pyles : 195 Ravasi : 7, 20, 29, 37, 39, 43, 49, 50, 64, 67, 69, 82, 84, 101, 109, 126, 128, 154, 162, 180, 183, 184, 189, 190, 206, 208, 217, 219 Tournay : 162, 171, 263 Trotter : 126 Van der Lugt : 9 Vesco : 37, 43, 64, 101, 109, 126, 128, 183, 189, 190, 195, 206, 214, 219, 223 Watson : 189 Weiser : 12, 40, 49, 101 Wénin : 73, 137, 273 Wilson : 7 Zenger : 19, 30, 37, 43, 49, 50, 64, 101, 109, 127, 128, 153, 162, 183, 184, 186, 190, 205, 206, 219, 220
TABLE DES MATIÈRES
Introduction ................................................................................................. Sigles et abréviations ................................................................................... Lexique des termes techniques ....................................................................
7 11 13
POURQUOI LE SEIGNEUR A REJETÉ SON PEUPLE La première section : Ps 73–78 ...........................
17
I. Pourquoi nous rejettes-tu ? La première séquence : Ps 73–77 ...........................................................
19
1. Le psaume 73 ..................................................................................... 2. Le psaume 74 ..................................................................................... 3. Le psaume 75 ..................................................................................... 4. Le psaume 76 ..................................................................................... 5. Le psaume 77 ..................................................................................... 6. L’ensemble de la première séquence (73–77) ...................................
19 29 37 43 49 56
II. Parce que vos pères n’ont pas gardé l’alliance de Dieu La deuxième séquence : Ps 78 ...............................................................
63
1. Introduction : deux générations opposées (1b-8) ............................... 2. La première sous-séquence (9-31) ...................................................... A) Les fils d’Éphraïm oublièrent les merveilles de Dieu (9-16) ....... B) Ils bravèrent Dieu qui s’emporta contre Israël (17-31) ............... C) L’ensemble de la sous-séquence (9-31) ....................................... 3. Ils ne croyaient pas mais Dieu se souvenait d’eux (32-39) ................ 4. L’avant-dernière sous-séquence (40-66) ............................................ A) Israël ne se souvenait pas du salut de Dieu (40-55) .................... B) Ils tentèrent le Très-Haut qui repoussa Israël (56-66) .................. C) L’ensemble de la sous-séquence (40-66) .................................... 5. Conclusion : deux tribus opposées (67-72) ........................................ 6. L’ensemble du psaume (78) ...............................................................
63 67 67 70 74 77 79 79 82 84 86 88
III. L’ensemble de la première section (73–78) ..........................................
95
268
Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89) À L’INSTANT DIEU ABATTRAIT LEURS ENNEMIS La deuxième section : Ps 79–83 ..........................
99
I. Jusqu’à quand les nations nous insulteront-elles ? La première séquence : Ps 79–80 ...........................................................
101
1. Le psaume 79 ..................................................................................... 2. Le psaume 80 ..................................................................................... 3. La séquence 79–80 .............................................................................
101 109 116
II. Si vous m’écoutiez, à l’instant j’abattrais vos ennemis La deuxième séquence : le psaume 81 ...................................................
119
III. Jusqu’à toujours les nations connaitront ton nom ! La troisième séquence : Ps 82–83 .........................................................
125
1. Le psaume 82 ..................................................................................... 2. Le psaume 83 ..................................................................................... 3. La séquence 82–83 .............................................................................
125 131 138
IV. L’ensemble de la deuxième section (79–83) ........................................
141
POURQUOI LE SEIGNEUR A REJETÉ SON MESSIE La troisième section : Ps 84–89 ...........................
151
I. Pourquoi me rejettes-tu ? La première séquence : Ps 84–88 ...........................................................
153
1. Le psaume 84 ..................................................................................... 2. Le psaume 85 ..................................................................................... 3. Le psaume 86 ..................................................................................... 4. Le psaume 87 ..................................................................................... 5. Le psaume 88 ..................................................................................... 6. L’ensemble de la première séquence (84–88) ....................................
153 161 175 183 189 197
II. Parce que vos fils n’ont pas gardé mon alliance avec David La deuxième séquence : le psaume 89 ...................................................
201
1. La première sous-séquence (2-38) ..................................................... A) Le premier passage (2-5) .............................................................. B) Le deuxième passage (6-15) ........................................................ C) Le troisième passage (16-19) ....................................................... D) Le quatrième passage (20-38) ...................................................... E) L’ensemble de la sous-séquence (2-38) .......................................
201 201 203 206 207 212
Table des matières
269
2. La deuxième sous-séquence (39-52) .................................................. A) Le premier passage (39-46) ......................................................... B) Le deuxième passage (46-47) ....................................................... C) Le troisième passage (48-52) ....................................................... D) L’ensemble de la sous-séquence (39-52) ..................................... 3. L’ensemble du psaume (88) ...............................................................
217 217 219 220 223 224
III. L’ensemble de la troisième section (84–89) ..........................................
229
L’ENSEMBLE DU TROISIÈME LIVRE Ps 73–89 ............................................
233
A. Composition ........................................................................................... 1. Quelques données chiffrées ............................................................... 2. Les rapports entre les sections extrêmes ............................................ 3. Les rapports entre la section centrale et les deux autres ....................
235 236 236 248
B. Contexte .................................................................................................
254
C. Interprétation ..........................................................................................
255
Conclusion ................................................................................................... Bibliographie ............................................................................................... Index des noms d’auteur ..............................................................................
259 261 265
RHÉTORIQUE BIBLIQUE Collection dirigée par Roland Meynet et Pietro Bovati 1.
ROLAND MEYNET, L’Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, Éd. du Cerf, Paris 1988.
2.
PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Le Livre du prophète Amos, Éd. du Cerf, Paris 1994.
3.
ROLAND MEYNET, Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles synoptiques, PUG Editrice – Éd. du Cerf, Rome – Paris 1999.
RHÉTORIQUE SÉMITIQUE Collection dirigée par Roland Meynet avec Jacek Oniszczuk 1.
ROLAND MEYNET, L’Évangile de Luc, Lethielleux, Paris 2005.
2.
TOMASZ KOT, La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie, Lethielleux, Paris 2006.
3.
MICHEL CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, Lethielleux, Paris 2007.
4.
ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Lethielleux, Paris 2007.
5.
ROLAND MEYNET, Appelés à la liberté, Lethielleux, Paris 2008.
6.
ROLAND MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, Lethielleux, Paris 2009.
7.
ALBERT VANHOYE, L’Épître aux Hébreux. « Un prêtre différent », Gabalda, Pendé 2010.
8.
ROLAND MEYNET, L’Évangile de Luc, Gabalda, Pendé 20113.
9.
MICHEL CUYPERS, La Composition du Coran, Gabalda, Pendé 2012.
10. ROLAND MEYNET, La Lettre aux Galates, Gabalda, Pendé 2012. 11. ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Gabalda, Pendé 20132. 12. ROLAND MEYNET – J. ONISZCZUK, Exercices d’analyse rhétorique, Gabalda, Pendé 2013. 13. JACEK ONISZCZUK, La première lettre de Jean, Gabalda, Pendé 2013. 14. ROLAND MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques, Gabalda, Pendé 2013. 15. MICHEL CUYPERS, Apocalypse coranique. Lecture des trente-trois sourates du Coran, Gabalda, Pendé 2014. 16. ROLAND MEYNET, L’Évangile de Marc, Gabalda, Pendé 2014.
RETORICA BIBLICA collana diretta da Roland Meynet, Pietro Bovati e Jacek Oniszczuk
EDIZIONI DEHONIANE ROMA 1.
ROLAND MEYNET, Il vangelo secondo Luca. Analisi retorica, ED, Roma 1994.
2.
PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Il libro del profeta Amos, ED, Roma 1995.
3.
ROLAND MEYNET, «E ora, scrivete per voi questo cantico». Introduzione pratica all’analisi retorica. 1. Detti e proverbi, ED, Roma 1996.
EDIZIONI DEHONIANE BOLOGNA 4.
ROLAND MEYNET, Una nuova introduzione ai vangeli sinottici, EDB, Bologna 2001.
5.
ROLAND MEYNET, La Pasqua del Signore. Testamento, processo, esecuzione e risurrezione di Gesù nei vangeli sinottici, EDB, Bologna 2002.
6.
TOMASZ KOT, La fede, via della vita. Composizione e interpretazione della Lettera di Giacomo, EDB, Bologna 2003.
7.
ROLAND MEYNET, Il vangelo secondo Luca. Analisi retorica, seconda edizione, EDB, Bologna 2003.
8.
GIORGIO PAXIMADI, E io dimorerò in mezzo a loro. Composizione e interpretazione di Es 25–31, EDB, Bologna 2004.
9.
ROLAND MEYNET, Una nuova introduzione ai Vangeli Sinottici, seconda edizione rivista e ampliata, EDB, Bologna 2006.
10. ROLAND MEYNET, Trattato di retorica biblica, EDB, Bologna 2008. 11. JACEK ONISZCZUK, La Prima Lettera di Giovanni, EDB, Bologna 2008. 12. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Retorica biblica e Semitica 1. Atti del primo convegno RBS, EDB, Bologna 2009. 13. ROLAND MEYNET, Chiamati alla libertà, EDB, Bologna 2010. 14. ALBERT VANHOYE, L’epistola agli Ebrei. «Un sacerdote differente», EDB, Bologna 2010. 15. JACEK ONISZCZUK, La passione del Signore secondo Giovanni (Gv 18–19), EDB, Bologna 2011. 16. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Retorica biblica e Semitica 2. Atti del secondo convegno RBS, EDB, Bologna 2011. 17. ROLAND MEYNET, La lettera ai Galati, EDB, Bologna 2012. 18. GERMANO LORI, Il Discorso della Montagna, dono del Padre (Mt 5,1–8,1), EDB, Bologna 2013.
RETORICA BIBLICA E SEMITICA Collection dirigée par Roland Meynet et Jacek Oniszczuk
1.
JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20–21), G&B Press, Roma 2013.
2.
ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, Esercizi di analisi retorica, G&B Press, Roma 2013.
3.
ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, G&B Press, Roma 2013.
4.
ROLAND MEYNET, Luke: the Gospel of the Children of Israel, G&B Press, Roma 2015.
5.
ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quarto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, G&B Press, Roma 2015.
6.
ROLAND MEYNET, Les huit psaumes acrostiches alphabétiques, G&B Press, Roma 2015.
7.
ROLAND MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré, G&B Press, Roma 2015.
8.
ROLAND MEYNET, Il vangelo di Marco, G&B Press, Roma 2016.
RHETORICA BIBLICA ET SEMITICA 9.
ROLAND MEYNET, Les psaumes des montées, Peeters, Leuven 2017.
10. MICHEL CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, deuxième édition, Peeters, Leuven 2017. 11. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quinto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, Peeters, Leuven 2017. 12. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Cinquième livre (Ps 107–150), Peeters, Leuven 2017. 13. JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20–21), 2° edizione, Peeters, Leuven 2018. 14. ROLAND MEYNET, Il vangelo di Marco, Peeters, Leuven 2018. 15. JACEK ONISZCZUK (†), « Se il chicco di grano caduto in terra non muore... » (Gv 11–12), Peeters, Leuven 2018. 16. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), Peeters, Leuven 2018. 17. MASSIMO GRILLI – † JACEK ONISZCZUK – ANDRÉ WÉNIN, ed., Filiation, entre Bible et cultures. Hommage à Roland Meynet, Peeters, Leuven 2019. 18. FRANCESCO GRAZIANO – ROLAND MEYNET, ed., Studi del sesto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, Peeters, Leuven 2019. 19. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89), Peeters, Leuven 2019.