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French Pages 281 [286] Year 2020
pontificia universitas gregoriana rhetorica biblica et semitica
Roland Meynet
LE PSAUTIER
Quatrième livre (Ps 90–106)
PEETERS
LE PSAUTIER
Quatrième livre (Ps 90–106)
Roland Meynet
LE PSAUTIER Quatrième livre (Ps 90–106) Rhetorica Biblica et Semitica XXIII
PEETERS leuven – paris – bristol, ct 2020
SOCIÉTÉ INTERNATIONALE POUR L’ÉTUDE DE LA RHÉTORIQUE BlBLIQUE ET SÉMITIQUE
Il existe de nombreuses sociétés savantes dont l’objet est l’étude de la rhétorique. La plus connue est la « Société internationale pour l’histoire de la rhétorique ». La RBS est la seule : • qui se consacre exclusivement à l’étude des littératures sémitiques, la Bible essentiellement, mais aussi d’autres, des textes musulmans par exemple ; • qui s’attache par conséquent à inventorier et à décrire les lois particulières d’une rhétorique qui a présidé à l’élaboration des textes dont l’importance ne le cède en rien à ceux du monde grec et latin dont la civilisation occidentale moderne est l’héritière. Il ne faudrait pas oublier que cette même civilisation occidentale est héritière aussi de la tradition judéo-chrétienne qui trouve son origine dans la Bible, c’est-à-dire dans le monde sémitique. Plus largement, les textes que nous étudions sont les textes fondateurs des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam. Une telle étude scientifique, condition première d’une meilleure connaissance mutuelle, ne saurait que contribuer au rapprochement entre ceux qui se réclament de ces diverses traditions. La RBS promeut et soutient la formation, les recherches et les publications :
• surtout dans le domaine biblique, tant du Nouveau que de l’Ancien Testament ; • mais aussi dans celui des autres textes sémitiques, en particulier ceux de l’islam ; • et encore chez des auteurs nourris par les textes bibliques, comme saint Benoît et Pascal.
Pour cela, la RBS organise
• les années paires un colloque international dont les actes sont publiés dans la présente
collection ; année des séminaires de formation à sa méthodologie, en différentes langues.
• chaque
La RBS accueille et regroupe d’abord les chercheurs et professeurs universitaires qui, dans diverses institutions académiques, travaillent dans le domaine de la rhétorique biblique et sémitique. Elle encourage de toutes les manières les étudiants, surtout de doctorat, dans l’apprentissage de sa technique propre. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s’intéressent à ses activités et entendent les soutenir. Société internationale pour l’étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Pontificia Università Gregoriana — Piazza della Pilotta, 4 — 00187 Roma (Italie) Pour plus de renseignements sur la RBS, voir : www.retoricabiblicaesemitica.org.
ISBN 978-90-429-4189-2 eISBN 978-90-429-4190-8 D/2020/0602/18
A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2020, Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgium No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval devices or systems, without prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.
Rhetorica Biblica et Semitica Beaucoup imaginent que la rhétorique classique, héritée des Grecs à travers les Romains, est universelle. C’est en effet celle qui semble régir la culture moderne, que l’Occident a répandue sur l’ensemble de la planète. Le temps est désormais venu d’abandonner un tel ethnocentrisme : la rhétorique classique n’est pas seule au monde. La Bible hébraïque, dont les textes ont été écrits surtout en hébreu mais aussi en a raméen, obéit à une rhétorique bien différente de la rhétorique gréco-romaine. Il faut donc reconnaitre qu’il existe une autre rhétorique, la « rhétorique hébraïque ». Quant aux autres textes bibliques, de l’Ancien Testament et du Nouveau, qui ont été soit traduits soit rédigés directement en grec, ils obéissent largement aux mêmes lois. On est donc en droit de parler non seulement de rhétorique hébraïque, mais plus largement de « rhétorique biblique ». En outre, ces mêmes lois ont ensuite été reconnues à l’œuvre dans des textes akkadiens, ougaritiques et autres, en amont de la Bible hébraïque, puis dans les textes arabes de la Tradition musulmane et du Coran, en aval de la littérature biblique. Il faut donc admettre que cette rhétorique n’est pas seulement biblique, et l’on dira que tous ces textes, qui appartiennent à la même aire culturelle, relèvent d’une même rhétorique qu’on appellera « rhétorique sémitique ». Contrairement à l’impression que ressent inévitablement le lecteur occidental, les textes de la tradition sémitique sont fort bien composés, à condition toutefois de les analyser en fonction des lois de la rhétorique qui les gouverne. On sait que la forme du texte, sa disposition, est la porte principale qui ouvre l’accès au sens. Non pas que la composition fournisse, directement et automatiquement, la signification. Cependant, quand l’analyse formelle permet d’opérer une division raisonnée du texte, de définir de manière plus objective son contexte, de mettre en évidence l’organisation de l’œuvre aux différents niveaux de son architecture, se trouvent ainsi réunies les conditions qui permettent d’entreprendre, sur des bases moins subjectives et fragmentaires, le travail d’interprétation.
INTRODUCTION Le quatrième livre est le plus court des cinq livres du Psautier. Comme le précédent, il compte dix-sept psaumes, qui totalisent 16 988 signes, alors que le troisième livre en compte 19 905. Les études sur la composition du livre ne sont pas légion. Celles qui portent sur des groupements limités se multiplient depuis quelques années. Ainsi, les deux derniers psaumes (105–106) forment un couple complémentaire retraçant l’histoire d’Israël1. Il en va de même pour le groupe des Ps 103–106, qu’on a considéré comme la conclusion du livre2. Et encore l’ensemble structuré formé par les psaumes 93–100, qui a fait l’objet d’une thèse de doctorat en 19863. Du même auteur, est parue quelques années plus tard une étude sur le groupe des Ps 90–944. Pour lui, le livre se subdivise en trois parties : Ps 90–94, 95–100, 101– 106, avec les sous-groupes 90–92 et 104–106, ce qui donne une construction concentrique autour des Psaumes du règne5. Beaucoup reconnaissent l’existence d’un bloc des « Psaumes du règne », mais ils ne sont pas tous d’accord sur ses limites. Pour certains, ce sont les Ps 93–1006, pour d’autres 93–997, pour d’autres encore 96–998. Les recherches qui envisagent la composition de la totalité du quatrième livre sont plus rares. La première est celle que Goulder a publiée en 19759. Les dixsept psaumes auraient été chantés durant les huit jours du « festival d’automne » tel que l’avait imaginé Mowinckel : les psaumes avec un numéro pair auraient été chantés le soir, et ceux qui portent un numéro impair le matin10. En réalité, une telle hypothèse ne fournit pas la composition du livre, mais seulement son Sitz im Leben. L’étude de Zenger (2000)11 considère la composition du livre, d’un point de vue de l’histoire de la rédaction. Après avoir relevé l’inclusion formée par 90,13-14 et 106,45, il divise le livre en trois grandes parties. Les trois premiers 1
Voir, par ex., en 2008, Th.H. OLBRICHT, « The Rhetoric of two Narratives Psalms 105 and 106 ». 2 En 2010, L. WILSON, «On Psalms 103–106 as a Closure to Book IV of the Psalter». 3 HOWARD, D.M., Jr, The Structure of Psalms 93–100. 4 HOWARD, D.M., Jr, «A Contextual Reading of Psalms 90–94»; voir Lorenzin, 357, nt. 18. 5 HOWARD, D.M., Jr, «A Contextual Reading of Psalms 90–94», 109. 6 Vesco, 842 ; Hossfeld – Zenger, II, 6 ; W. BRUEGGEMAN – W.H. BELLINGER, Psalms, 11.402. 7 deClaissé-Walford – al., 686. 8 Lorenzin, 374. 9 M.D. GOULDER, « The Fourth Book of the Psalter ». 10 Voir la critique de la proposition de Goulder par G.H. Wilson dans « Understanding the Purposeful Arrangement of Psalms », 45-46. 11 E. ZENGER, « The God of Israel’s Reign over the World ».
8
Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
psaumes forment la partie introductive (90–92). « Le centre » comprend les huit psaumes suivants (93–100) qu’il présente selon trois « lignes de témoignage » : la première autour du Règne de Dieu (93, 95, 96, 98, 99, 100) avec, au centre de la composition, les Ps 96 et 98, la deuxième avec le Ps 97 qui serait le centre de la partie 93–100, la troisième avec le Ps 94, et, pour finir « Le point culminant de la composition », à savoir le Ps 100. La troisième partie (101–106) est subdivisée ainsi : 1) La paire des Ps 101-102 ; 2) la paire des Ps 103-104 ; 3) les psaumes jumeaux 105 et 106 ; 4) le Ps 103. Dans sa thèse de doctorat publiée en 200712, Wallace suit la méthodologie de la narratologie. Selon son analyse, le quatrième livre s’organise en quatre grandes parties : 1. « L’intercession de Moïse » (90–92) ; 2. « La majesté de Yahweh » (93–100) ; 3. « La déférence de David envers Moïse » (101–103) ; 4. « Retour au début » (104–106). L’étude la plus récente est celle de Gelston publiée en 201013. Sa méthode consiste à repérer « les rapports thématiques et parfois lexicaux entre les psaumes adjacents » (p. 170). Son hypothèse est présentée en quatre pages (170176). Il distingue les groupes suivants : d’abord 90–92 + 94 et 102–104, puis 93 + 95–100 et enfin 105–106. Plusieurs commentaires parmi les plus récents présentent les psaumes non plus simplement l’un après l’autre comme dans le passé, mais les regroupent à l’intérieur de chacun des livres du Psautier. Il suffira d’en mentionner deux. Lorenzin (2001) organise le quatrième livre en trois grandes parties qui sont autant de réponses au constat d’échec de la dynastie davidique sur lequel s’achève le troisième livre14 : 1. « Première réponse à l’échec de la dynastie davidique » (90–94) ; 2. « Deuxième réponse à l’échec de la dynastie davidique » (95–100) 3. « Troisième réponse à l’échec de la dynastie davidique » (101–106)15. Quant à Vesco (2011), il a lui aussi une division en trois parties, mais qui ne recoupent pas celles de Lorenzin : 1. « De l’herbe qui passe à de longs jours qui durent » (90–92) ; 2. « Les “Psaumes du règne” » (93–100) ; 3. « Les exigences divines » (101–106)16.
12
R.E. WALLACE, The Narrative Effect of Book IV of the Hebrew Psalter. A. GELSTON, « Editorial Arrangement in Book IV of the Psalter ». 14 Voir à ce propos B. GOSSE, « Le quatrième livre du Psautier (Ps 90–106), comme réponse à l’échec de la royauté davidique » (cette étude s’attache surtout aux rapports entre le quatrième livre et le livre d’Isaïe. 15 Lorenzin, 352.369.384. 13
Introduction
9
L’analyse rhétorique biblique17 a permis de mettre au jour une composition elliptique du livre18. Trois sections comprenant chacune cinq psaumes (90–94 ; 96–100 ; 102–106) sont reliées par deux courtes sections de la mesure d’un seul psaume (95 ; 101) qui articulent l’ensemble : Ps 90–91 Chant
pour le jour du sabbat
Le Seigneur
protègera son héritage
« Aujourd’hui « Chantez
« Tous les confins de la terre règne sur
« Quand
contre les méchants
si vous écoutiez
au Seigneur,
« Le Seigneur
Ps 92
sa voix ! »
toute la terre » ont vu
Ps 95 Ps 96–97
de notre Dieu »
tous les peuples »
viendras-tu
Ps 93–94
vers moi ? »
Ps 98 Ps 99–100 Ps 101 Ps 102–103
Chant Le Seigneur
pour la création a protégé son peuple
Ps 104 contre ses ennemis
Ps 105–106
Remerciements Sylvaine Reboul a bien voulu relire mon manuscrit. Son acribie a permis de corriger bien des erreurs. Qu’elle en soit vivement remerciée19.
16
Vesco, 842.872.928. Voir aussi deClaissé-Walford – al., 685-689 : après les Ps 90–92, ils distinguent deux grands blocs, 93–99 et 100–106. 17 Exposée dans mon Traité de rhétorique biblique. 18 Voir R. MEYNET, « Une nouvelle figure : la composition à double foyer ». 19 Qu’elle veuille bien me pardonner de continuer à suivre, comme dans les quatre précédents volumes, l’orthographe « modernisée » en 1990, « recommandée » par l’Académie française. Le lecteur ne s’étonnera donc pas de lire « maitre » au lieu de « maître », « interpelé » au lieu d’« interpellé », « relai » au lieu de « relais ».
SIGLES ET ABRÉVIATIONS al. AnBib BEThL Bib BJ BZ chap. ed. Gesenius HThK it. JETS Joüon JSOT.S JTS LAPO LeDiv litt. Luc 2005 Luc 2011 NICOT NRTh nt. OTE OTL p. par ex. par. RBS RBSem repr. RevSR RhBib RhSem RTL SBi SBL StRBS trad. StAnBib
alii, autres Analecta biblica Biblioteca Ephemeridum Theologicarum Lovaniensium Biblica Bible de Jérusalem Biblische Zeitschrift chapitre edidit, ediderunt E. Kautzsch, ed., Gesenius’ Hebrew Grammar, Oxford 1910 Herders theologischer Kommentar zum Neuen Testament italien(ne) Journal of the Evangelical Theological Society P. Joüon, Grammaire de l’hébreu biblique, Rome 1923 Journal for the Study of the Old Testament. Supplement Series Journal of Theological Studies Littératures anciennes du Proche-Orient Lectio Divina littéralement R. Meynet, L’Évangile de Luc, RhSem 1, Paris 2005 R. Meynet, L’Évangile de Luc, RhSem 8, Pendé 2011 The New International Commentary on the Old Testament Nouvelle Revue Théologique note Old Testament Essays Old Testament Library page(s) par exemple Paragraphe Société internationale pour l’étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Rhetorica Biblica et Semitica (Peeters) reprint Revue des sciences religieuses Rhétorique biblique (Cerf) Rhétorique sémitique (Lethielleux, Gabalda) Revue Théologique de Louvain Sources bibliques Society of Biblical Literature Studia Rhetorica Biblica et Semitica Traduction Studia Analecta Biblica
12 Traité TOB trad. v. vol. VT VT.S ZAW
Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106) R. Meynet, Traité de rhétorique biblique, RhSem 4, Paris 2007 ; RhSem 12, Pendé 2013 Traduction Œcuménique de la Bible traduction verset(s) volume(s) Vetus Testamentum Vetus Testamentum. Supplement Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenschaft
Les commentaires des psaumes ne sont cités que par le nom de l’auteur (ou des auteurs) en minuscules, suivi des numéros de volume et de page(s). Ex. : Weiser, 232 ; Alonso Schoekel – Carniti, I, 303. Les références aux trois volumes de mon commentaire des psaumes sont abrégées : Le Psautier. Cinquième livre ; Le Psautier. Premier livre ; Le Psautier. Troisième livre ; Le Psautier. Deuxième livre. Les abréviations des livres bibliques sont celles de La Bible de Jérusalem (BJ).
LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES 1. TERMES QUI DÉSIGNENT LES UNITÉS RHÉTORIQUES Il arrive souvent, dans les ouvrages d’exégèse, que les termes « section », « passage », mais surtout « morceau », « partie »..., ne soient pas utilisés de façon univoque. Voici la liste des termes qui désignent les unités textuelles à leurs niveaux successifs. LES NIVEAUX « INFÉRIEURS » (OU NON AUTONOMES) À part les deux premières (le terme et le membre), les unités de niveau inférieur sont formées de une, deux ou trois unités du niveau précédent. TERME
le terme correspond en général à un « lexème », ou mot qui appartient au lexique : substantif, adjectif, verbe, adverbe.
MEMBRE
le membre est un syntagme, ou groupe de « termes » liés entre eux par des rapports syntaxiques étroits. Le « membre » est l’unité rhétorique minimale ; il peut arriver que le membre comporte un seul terme (le terme d’origine grecque est « stique »).
SEGMENT
le segment comprend un, deux ou trois membres ; on parlera de segment « unimembre » (le terme d’origine grecque est « monostique »), de segment « bimembre » (ou « distique ») et de segment « trimembre » (ou « tristique »).
MORCEAU
le morceau comprend un, deux ou trois segments.
PARTIE
la partie comprend un, deux ou trois morceaux.
LES NIVEAUX « SUPÉRIEURS » (OU AUTONOMES) Ils sont tous formés soit d’une, soit de plusieurs unités du niveau précédent. PASSAGE
le passage — l’équivalent de la « péricope » des exégètes — est formé d’une ou de plusieurs parties.
SÉQUENCE
la séquence est formée d’un ou de plusieurs passages.
SECTION
la section est formée d’une ou de plusieurs séquences.
LIVRE
enfin le livre est formé d’une ou de plusieurs sections.
14
Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
Il est quelquefois nécessaire d’avoir recours aux niveaux intermédiaires de la « sous-partie », de la « sous-séquence » et de la « sous-section » ; ces unités intermédiaires ont la même définition que la partie, la séquence et la section. VERSANT
ensemble textuel qui précède ou qui suit le centre d’une construction ; si le centre est bipartite, le versant correspond à chacune des deux moitiés de la construction.
2. TERMES QUI DÉSIGNENT LES RAPPORTS ENTRE LES UNITÉS SYMÉTRIQUES SYMÉTRIES TOTALES CONSTRUCTION PARALLÈLE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière parallèle : A B C D E | A’B’C’D’E’. Quand deux unités parallèles entre elles encadrent un élément unique, on parle de parallélisme pour désigner la symétrie entre ces deux unités, mais on considère l’ensemble (l’unité de niveau supérieur) comme une construction concentrique : A | x | A’. Pour « construction parallèle », on dit aussi « parallélisme » (qui s’oppose à « concentrisme »).
CONSTRUCTION SPÉCULAIRE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière antiparallèle ou « en miroir » : A B C D E | E’D’C’B’A’. Comme la construction parallèle, la construction spéculaire n’a pas de centre ; comme la construction concentrique, les éléments en rapport se correspondent en miroir. Quand la construction ne comprend que quatre unités, on parle aussi de « chiasme » : A B | B’A’.
CONSTRUCTION CONCENTRIQUE
figure de composition où les unités symétriques sont disposées de manière concentrique : A B C D E | x | E’D’C’B’A’, autour d’un élément central (cet élément peut être une unité de l’un quelconque des niveaux de l’organisation textuelle). Pour « construction concentrique », on peut aussi dire « concentrisme » (qui s’oppose à « parallélisme »).
CONSTRUCTION ELLIPTIQUE
figure de composition où les deux foyers de l’ellipse articulent les autres unités textuelles : A | x | B | x | A’.
Lexique des termes techniques
15
SYMÉTRIES PARTIELLES TERMES INITIAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent le début d’unités textuelles symétriques ; l’« anaphore » de la rhétorique classique.
TERMES FINAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d’unités textuelles symétriques ; l’« épiphore » de la rhétorique classique.
TERMES EXTRÊMES termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les extrémités d’une unité textuelle ; l’« inclusion » de l’exégèse traditionnelle. TERMES MÉDIANS
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d’une unité textuelle et le début de l’unité qui lui est symétrique ; le « mot-crochet » ou « mot-agrafe » de l’exégèse traditionnelle.
TERMES CENTRAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les centres de deux unités textuelles symétriques. Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, RhSem 11, Pendé 2013. PRINCIPALES RÈGLES DE RÉÉCRITURE – à l’intérieur du membre, les termes sont généralement séparés par des blancs ; – chaque membre est généralement réécrit sur une seule ligne ; – les segments sont séparés par une ligne blanche ; – les morceaux sont séparés par une ligne discontinue ; – la partie est délimitée par deux filets ; il en va de même pour les sous-parties. – à l’intérieur du passage, les parties sont encadrées (sauf si elles sont très courtes, comme une introduction ou une conclusion) ; les éventuelles sousparties sont disposées dans des cadres contigus ; – à l’intérieur de la séquence ou de la sous-séquence, les passages, réécrits en prose, sont disposés dans des cadres séparés par une ligne blanche ; – à l’intérieur de la séquence, les passages d’une sous-séquence sont disposés dans des cadres contigus. Sur les règles de réécriture, voir Traité, chap. 5, 283-344 (sur la réécriture des tableaux synoptiques, voir chap. 9, 471-506).
LE DESTIN DES FILS D’ADAM La première section Ps 90–94
18
La première section (Ps 90–94)
La première section comprend cinq psaumes organisés en trois séquences. Les séquences extrêmes (90–91 et 93–94) comptent chacune deux psaumes, tandis que la séquence centrale n’en comprend qu’un seul (92) :
DIEU
CHANT
LE SEIGNEUR
RÉVÈLE SES FAUTES
AU MISÉREUX
ET LE SAUVE
Ps 92
POUR LE JOUR DE SABBAT
PROTÈGERA
SON HÉRITAGE
Ps 90–91
CONTRE LES MÉCHANTS
Ps 93–94
I. DIEU RÉVÈLE SES FAUTES AU MISÉREUX ET LE SAUVE La première séquence : Ps 90–91 1. LE PSAUME 90 Est ici reprise l’analyse déjà publiée de ce psaume1, allégée toutefois de la discussion méthodologique avec le regretté Pierre Auffret. Les questions textuelles seront traitées au fur et à mesure de la composition. COMPOSITION Le psaume s’organise en trois parties. La première est une longue plainte (1b10) ; la troisième est une supplication (12-17). La partie centrale, beaucoup plus courte (11), est la seule question du texte : elle articule les deux autres parties2. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-10) Particulièrement développée, cette partie se subdivise en deux sous-parties : la première (1b-3) expose la situation de l’homme par rapport à Dieu, la deuxième, ponctuée par trois kî 3, la reprend et la déploie en trois temps. La première sous-partie (1b-3) + 1b ADONAÏ, + tu es :: DE GÉNÉRATION 2
+ Avant que + et que tu engendres :: DE TOUJOURS 3
– Tu fais-revenir – et tu dis :
un refuge pour nous,
TOI
EN GÉNÉRATION.
les montagnes la terre À TOUJOURS
soient enfantées et le monde, TOI (tu es)
DIEU.
l’humain « Revenez,
à la poussière fils
d’Adam ! »
Les deux premiers segments sont des trimembres. Ils sont délimités par les deux noms divins, « Adonaï » et « Dieu » (’ēl), qui font inclusion, avec la reprise de « toi » ; dans leur troisième membre « de toujours à toujours » correspond à « de génération en génération ». Tandis que le premier segment dit la relation 1
R. MEYNET, « Analyse rhétorique du psaume 90. Hommage critique à Pierre Auffret ». Ainsi se vérifie une fois de plus la loi de la question au centre ; voir Traité, 417-435. 3 Traduit par « car » mais qui pourrait tout aussi bien être rendu par « oui » ; voir Joüon, 164b. 2
20
La première section (Ps 90–94)
entre Dieu et « nous », le second le présente par rapport à la création4. Dans le premier segment, l’accompli hāyîtā est considéré avec le prédicat « refuge » comme l’équivalent d’un « verbe statif » et donc traduit par un présent5 ; la proposition a le même statut temporel que la proposition principale du second segment, qui est une phrase nominale : « toi (tu es) Dieu. » Le troisième segment (3) est un bimembre où la racine šwb revient dans chaque membre, au hiphil (« fais-revenir ») puis au qal (« revenez ») ; à « l’humain » (’ĕnôš)6 du premier membre correspond « fils d’Adam » dans le second. Ce segment est diversement interprété7, en particulier selon le type de relation que l’on voit entre ses deux membres : La double occurrence du verbe šwb au verset 3 est interprétée par la plupart des exégètes dans le sens d’un parallélisme synonymique. Cependant, on peut aussi supposer un parallélisme synthétique si l’on interprète le verbe šwb différemment dans le second demi-verset, pensant non pas à un « retour à la poussière », mais à un « retour à la vie », à savoir le remplacement d’une génération ancienne par une nouvelle8.
L’interprétation la plus courante, en effet, voit dans le premier membre, et aussi dans le deuxième, une référence à Gn 3,19 : « car poussière tu es et à la poussière tu retourneras »9. Celle du renouvellement des générations est confortée par la composition de la partie qui fait apparaitre le rapport du verset 3 avec le premier verset où la protection divine s’étend « de génération en génération ». D’autres écartent la référence au récit de la chute, car le dernier mot de 3a n’est pas ‘āpār comme en Gn 3,19, mais l’hapax dakkā’ 10 ; au piel le verbe dk’ signifie « écraser » (Ps 72,4 ; 89,11 ; Is 53,10), « broyer » (Ps 34,19 ; Is 57,15)11. Il s’agirait en fait du châtiment divin destiné à faire revenir l’homme de son péché. Évode Beaucamp écrit : On a trop hâtivement vu dans le v. 3 une allusion à Gn 3,19 : « car tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». Le mot clé « poussière » ne figure pas en fait dans notre texte. De toute manière, il faudrait limiter le rapprochement au premier hémistiche : « tu renvoies l’homme à son écrasement » ; car la formule du deuxième hémistiche : « et il dit : reviens ! », n’évoque pas le retour à la glaise première, ce qui 4 Le waw par lequel commence le dernier membre (2c) est ici considéré comme waw d’apodose et n’est donc pas traduit (Joüon, 176f). 5 Voir Joüon, 112a. Il en va de même pour les trois premiers segments du Ps 85 : « Tu désires, Seigneur ta terre, tu retournes le sort de Jacob... » ; R. Tournay traduit : « D’âge en âge, Seigneur, c’est toi qui es notre abri », Le Psautier de Jérusalem, 141. 6 Ce terme connote la fragilité de l’homme : « Qu’est-ce que l’humain pour que tu t’en souviennes et le fils d’adam pour que tu t’en soucies ? » (Ps 8,5). 7 Curieusement, certains passent outre ce verset, n’en disant pas un mot : L. JACQUET, Les Psaumes et le cœur de l'homme, II, 723.726 ; R. ALTER, The Book of Psalms, 318. 8 Ch. FORSTER, Begrenztes Leben als Herausforderung Das Vergänglichkeitsmotiv in weisheitlichen Psalmen, 37-200 (147), cité par Hossfeld – Zenger, II, 417. 9 Ainsi, entre autres, Kraus, II, 215-216 ; Ravasi, II, 884 ; Vesco, 847. 10 Ainsi Hossfeld – Zenger, II, 422. 11 Donc aussi « humilier » ; la Septante traduit dakkā’ par tapeinōsis.
Le psaume 90
21
ne serait qu’une plate répétition de la proposition précédente. Lorsqu’on ne précise pas la direction, en effet, le verbe « revenir » implique un mouvement vers la personne qui parle : « convertimini ! »12.
Et Luis Alonso Schoekel commente : Dans tout le psaume, Dieu parle une seule fois, donnant l’ordre de retourner. Un impératif aussi général ne peut-il pas fonctionner dans une autre direction ? « Retournez » (v. 3). Vers où ? S’ils sont faits de terre, à la terre ; mais s’ils sont de Dieu, comme son image, pourquoi ne doivent-ils pas retourner à Dieu ? Retournez : où retournerons-nous, à qui retournerons-nous ? N’est-ce pas Lui notre refuge ou notre demeure de génération en génération ? « Ce qui vient de la terre retourne à la terre, ce qui vient du ciel retourne au ciel » (Si 40,11)13.
Selon cette interprétation aussi, un rapport est établi entre les versets 1 et 3, ce qui rejoint l’analyse de la composition de la sous-partie 1-3. Parmi les commentateurs juifs, tandis que Ibn Ezra lit dans le verset 3 la référence au récit de la chute (Gn 3,19), Rashi interprète le second membre comme un appel au repentir : « Retournez, mortels, de votre mauvaise conduite »14. Quant au commentaire moderne d’Emmanuel, il est tout entier focalisé sur le « retour », celui de l’homme (3) et celui de Dieu (13)15 : D’un côté la grandeur et l’éternité (90,2), de l’autre un souffle aussi fragile que l’herbe qui fleurit le matin et sèche le soir (90,5-6). Mais si Dieu fait rentrer l’homme dans la poussière, il le fait aussi rentrer dans la contrition et le repentir, car telle est la signification ambiguë du terme qu’emploie l’Écriture (90,3). Il ne s’agit donc pas dans ce verset de la mort physique, mais bien au contraire de la renaissance de l’homme. C’est pourquoi le psaume ajoute que Dieu dit à l’homme : Retourne. Mais de son côté l’homme répond à Dieu : Retourne, Seigneur, repens-toi (90,13), comme le disait Moïse : Reviens de l’ardeur de ta colère et repens-toi du mal que tu veux faire à ton peuple (Ex 32,12). C’est par le repentir et le retour que se rejoignent l’infiniment grand et l’infiniment petit16.
Cette interprétation est celle de la Septante, suivie par la Vulgate : et dixisti convertimini filii hominum. C’est aussi celle du Targoum : « Tu frappes le fils de l’homme, à cause de son péché, jusqu’à la mort, et tu dis : convertissez-vous, fils de l’homme »17. Le dernier segment (3) se trouve en opposition directe avec le précédent, la caducité de l’homme étant comparée à l’éternité de Dieu : leurs derniers mots, « Dieu » et « Adam », remplissent la fonction de termes finaux. Il se trouve aussi
12
É. BEAUCAMP, Le Psautier, II, 96-97 (je souligne). Pace Ravasi, II, 884, nt. 24. Alonso Schoekel – Carniti, II, 260. 14 M.I. GRUBER, ed., Rashi’s Commentary on Psalms, 575.577. 15 EMMANUEL, Commentaire juif des Psaumes, 242-244. 16 EMMANUEL, Commentaire juif des Psaumes, 242. 17 Cité par Vesco, 847. 13
22
La première section (Ps 90–94)
en rapport avec le premier segment, pour les raisons qui viennent d’être mentionnées avec les citations de Forster, de Beaucamp et d’Alonso Schoekel. On notera aussi que le vocabulaire de la filiation parcourt les trois versets : « de génération en génération » (1), « fussent enfantées » et « fussent nées » (2), « fils d’Adam » (3). La deuxième sous-partie (4-10) – 4 CAR mille – comme LE JOUR – et une veille
d’hier dans la nuit.
: 5 Tu les submerges, - au matin (ils sont)
sommeil comme l’herbe
ils sont ; qui se renouvelle.
- 6 Au matin, : le soir,
elle fleurit elle se fane
et se renouvelle ; et sèche.
ANNÉES
à tes yeux quand il est emporté
································································································
. 7 CAR NOUS SOMMES ACHEVÉS . et par ta fureur . 8 tu as mis . nos secrets – –
par ta colère, NOUS SOMMES ÉPOUVANTÉS : NOS FAUTES
devant toi,
à la lumière
.
································································································ 9 CAR tous NOS JOURS sous ton emportement, NOUS ACHEVONS NOS ANNÉES comme un soupir.
: 10 LES JOURS : en eux : et si par miracle
de NOS ANNÉES, soixante-dix quatre-vingts
- et leur excitation - car elle disparait
PEINE
rapidement
ANNÉES, ANNÉES ;
et FAUTE, et nous nous envolons.
Dans le premier morceau, le premier segment (4) s’oppose aux deux suivants (5-6) : le premier dit la durée immense, illimitée, du temps de Dieu, les deux autres l’extrême brièveté de l’existence humaine. Le premier membre de 5 est difficile, comme en témoignent les traductions des anciennes versions ; il a donné lieu à des interprétations diverses, sans parler des multiples corrections qu’il a dû subir18. La composition spéculaire des versets 5-6, dont les membres médians (5b6a) disent la vie qui « se renouvelle »19 (deux fois), permet de poser que les membres extrêmes se correspondent aussi, en opposition aux deux autres. 18
Par exemple, D. WINTON THOMAS, « A note on zeramtam šena jihejû in Psalm 90,5 » ; Ch. WHITLEY, « The Text of Psalm 90,5 » ; M. TSEVAT, « Psalm XC » ; A. PINKER, « The famous but difficult Psalm 90:10 ». Voir Vesco, 848, nt. 1. 19 Le verbe ḥlp est souvent traduit par « passer » (déjà la Septante et la Vulgate) ; cependant la racine a aussi le sens de « se renouveler » (ainsi Hossfeld – Zenger, II, 416.422 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 250.252).
Le psaume 90
23
« Sommeil ils sont » se comprend mieux en relation avec « elle se fane et sèche ». Le « sommeil » de 5a est celui de la mort20 ; il est causé par le Seigneur qui les « submerge »21. On notera en outre la reprise de « comme » dans les deuxièmes membres des deux premiers segments (4b.5b), ainsi que le rapport de paronomase entre « années » (šānîm) et « sommeil » (šēnâ) qui se trouvent en même position, en deuxièmes termes des premiers membres des deux premiers segments (4a.5a). Dans le deuxième morceau (7-8), le premier segment est de composition spéculaire ; dans le second, le verbe du premier membre n’est pas repris dans le deuxième, mais son absence est compensée par les deux termes « à la lumière de ta face » qui correspondent à « devant toi ». La « colère » et la « fureur » du Seigneur (7) sont causées par « nos fautes » et « nos secrets » (8). Le second segment dit l’action de Dieu, le premier son effet sur les hommes. Dans le troisième morceau les deux derniers segments, qui forment une seule phrase (10), reprennent et développent le premier (9). Le dernier segment (10de) fait écho au premier membre du premier segment (9a), la « faute » méritant l’« emportement » de Dieu, et « disparait » renvoyant à « s’effacent »22 ; quant au deuxième segment (10abc), il reprend le second membre du premier segment (9b), le nombre limité de nos « années » équivalant à la durée d’« un soupir ». On pourra noter que les deux « car » (9a.10e) jouent le rôle de termes initiaux des membres extrêmes. Les trois morceaux commencent par « car » dont les occurrences jouent le rôle de termes initiaux. Avec leurs trois segments, deux bimembres et un trimembre, les morceaux extrêmes sont plus développés que le morceau central. Le premier et le dernier morceau commencent avec la reprise de « années » et « jours » (4ab.9ab) ainsi que de « comme » (4b.9b), qui jouent donc le rôle de termes initiaux23. Les deux morceaux insistent sur la brièveté de la vie humaine, toujours en relation avec Dieu au début de chaque morceau, son éternité d’abord (4), son « emportement » ensuite (9a). Le morceau central assure le passage entre les deux autres. Les rapports sont très appuyés avec le dernier morceau : « achever » revient en 7a et 9b, « fautes » en 8a et 10d, « ton emportement » (9a) est synonyme de « ta colère » et « ta fureur » (7). Les deux termes du couple « peine et faute » à la fin de la souspartie (10d) renvoient au centre. « Peine » rappelle les deux verbes de 7 (« nous sommes achevés », « nous sommes épouvantés ») et « faute » renvoie aux deux 20
Voir, par exemple, Ps 76,6 ; Jr 51,39 : « pour qu’ils [...] s’endorment d’un sommeil éternel, pour ne plus se réveiller ». 21 Le substantif zerem signifie la pluie d’orage qui déferle et dévaste (Is 4,5 ; 30,30 ; Ha 3,10 : « une trombe d’eau passe »). 22 Le premier mot de 10d est un hapax. La Septante a traduit : kai to pleion autōn et la Vulgate : et amplius eorum, On a compris : « et les plus nombreuses d’entre elles », « la plupart d’entre elles », ou « ce qui vient en plus » (de quatre-vingts années). Ceux qui suivent le texte hébreu, sans le corriger, interprètent, selon le sens de la racine rhb, soit par « orgueil », soit par « trouble », « tourment » (Pr 6,3 ; Ct 6,5) ou « agitation » (Vesco, 850). 23 À quoi on peut ajouter « il est emporté » (4b) et « ton emportement » (9a) qui sont de même racine.
24
La première section (Ps 90–94)
compléments d’objet de 8 (« nos fautes », « nos secrets »). Enfin on pourra noter que « ta face » (pānèkā : 8b) est en rapport de paronomase avec « s’effacent » (pānû : 9a)24 jouant le rôle de termes médians entre les deux parties. En revanche les deux premiers morceaux n’ont aucun lexique en commun ; toutefois, « à la lumière de ta face » par quoi s’achève le morceau central (8b), n’est pas sans rappeler « à tes yeux » au début du premier morceau (4a). L’ensemble de la première partie (1b-10) + 1b Adonaï, + tu es :: de génération
un refuge pour nous en génération.
toi
+ 2 Avant que + et que tu engendres :: de toujours
les montagnes la terre à toujours
soient enfantées et le monde, toi (tu es) Dieu.
= 3 Tu fais-revenir = et tu dis :
l’humain « REVENEZ,
À LA POUSSIÈRE fils
– 4 Car mille – comme le jour – et une veille
années d’hier dans la nuit.
à tes yeux quand il est emporté
: 5 Tu les submerges, - au matin (ils sont)
SOMMEIL
comme l’herbe
ils sont ; qui se renouvelle.
- 6 Au matin, : le soir,
elle fleurit elle se fane
et se renouvelle ; et SÈCHE.
d’Adam ! »
···································································································
. 7 Car NOUS SOMMES ACHEVÉS . et par ta fureur
par ta colère, NOUS SOMMES ÉPOUVANTÉS.
. 8 Tu as mis . NOS SECRETS
NOS FAUTES
à la lumière
devant toi, de ta face.
···································································································
– 9 Car tous nos jours – nous achevons
s’effacent nos années
sous ton emportement, comme un soupir.
: 10 Les jours : en eux : et si par miracle
de nos années, soixante-dix quatre-vingts
années, années ;
= et leur excitation = car elle disparait
PEINE rapidement
ET FAUTE,
et nous nous envolons.
Les deux sous-parties n’ont aucun vocabulaire commun. Toutefois, on a déjà remarqué que « peine » et « faute » à la fin de la deuxième sous-partie (10d) font 24
La traduction qui rend le jeu de mots est proposée par Ravasi (II, 888-889).
Le psaume 90
25
écho au centre à « nous sommes achevés » et « nous sommes épouvantés » (7) et à « nos fautes » et « nos secrets » (8). Or, ces deux termes correspondent aussi à « la poussière » et à « revenez » à la fin de la première sous-partie. Ce que le Seigneur demande aux fils d’Adam est de « revenir » de leurs fautes ; quant au terme traduit par « poussière », qui signifie « écrasement », « châtiment »25, mais qui connote aussi la mort, il annonce « la peine » (10d) par laquelle « nous sommes achevés » et « nous sommes épouvantés » (7). Ainsi les deux sousparties se correspondent par leur finale. Le thème de la caducité humaine opposée à l’éternité de Dieu et celui du péché de l’homme dont le Seigneur veut le sauver en l’invitant à la conversion s’entrecroisent dans les deux sous-parties. L’éternité de Dieu se trouve en 2 et en 4, la caducité de l’homme en 3a, en 5a et 6b (où « sommeil » et « [elle] sèche » appartiennent au même champ sémantique de la mort que « la poussière » de 3a), en 7 et enfin en 9-10. Le péché de l’homme apparait clairement au centre de la deuxième sous-partie (8) puis en 10d, et c’est de ce péché que Dieu invite l’homme à « revenir » (3b). Le lien entre les deux thèmes est spécialement visible au centre de la deuxième sous-partie : en 7 la fin de l’homme (« nous sommes achevés ») est provoquée par Dieu (comme en 3a, puis en 9), par sa « colère », sa « fureur », à cause des « fautes » et des « secrets » de l’homme (8). Cependant, il ne faudrait pas oublier que toute la partie est adressée à « Adonaï » en tant que « refuge » : si l’homme doit « revenir » de sa « faute », c’est pour se réfugier en son Seigneur, car c’est vers lui qu’il « revient ». Le châtiment n’a d’autre motivation que le salut. LA DEUXIÈME PARTIE (11) 11
Qui connait
et
la force comme la crainte-de-toi
de ta colère ton emportement ?
Il est avéré que le centre des compositions concentriques est toujours énigmatique26. On ne s’étonnera donc pas que le cas présent ne déroge pas à la loi. « Ton emportement » est synonyme de « ta colère » ; « crainte de toi » devrait donc correspondre à « ta force ». Quand on ne comprend pas un texte, la solution de facilité est de le changer, de le « corriger ». C’est ce que n’ont pas manqué de faire plusieurs : « Si nous vocalisons d’une autre façon, on obtient un parallélisme rigoureux :
25
Voir p. 10. Voir R. MEYNET, « The Question at the Centre » ; ID., Traité, 417-435 (voir index : « énigme ») ; ID., « Rhétorique biblique, rhétorique de l’énigme ». 26
26
La première section (Ps 90–94) mî yôdē‘ mî rô’e
‘oz tok
’appekā ‘ebrātekā»
Qui comprend qui voit
la véhémence l’impétuosité
de ta colère, de ta fureur27 ?
Cette traduction est adoptée par Dhorme et par Osty, qui écrit en note : « Texte légèrement corrigé » (sic !). Une telle solution ne fait qu’aplatir le texte. À suivre le texte massorétique, on peut penser que les deux membres sont plutôt complémentaires. La BJ respecte le texte original : « Qui sait la force de ta colère et, te craignant, connait ton courroux ? » La TOB traduit : « Qui peut connaitre la force de ta colère ? Plus on te craint, mieux on connait ton courroux ! ». On lit en note : « Litt. et comme ta crainte, ton courroux, c.-à-d. ton courroux est bien à la mesure de la crainte que tu inspires. » J.-L. Vesco traduit : « Qui connait la force de ta colère ? Et comme ta crainte est ton emportement. » Et son commentaire ne laisse pas d’être quelque peu hésitant, en tout cas prudent : Personne ne peut savoir jusqu’où peuvent aller la force de la colère divine, la crainte qu’elle inspire et son emportement. On peut aussi comprendre que l’attitude que l’homme doit avoir, vu cette imprévisibilité, c’est de craindre Dieu à la mesure de son emportement, ou encore que la mesure de l’hommage non rendu à Dieu est la mesure de son jugement28.
Du point de vue grammatical, faut-il considérer — avec Alonso Schoekel – Carniti, Dhorme, Osty et la BJ — qu’il s’agit d’une seule phrase qui coordonne ou juxtapose deux questions ? Ou s’agit-il au contraire de deux phrases distinctes, une question suivie d’une affirmation, comme interprètent la TOB et Vesco ? En hébreu, les deux membres sont coordonnés par « et ». L’unique verbe régit deux compléments d’objet direct, « la force de ta colère » et « ton emportement ». Il faut donc comprendre que le verbe n’est pas répété dans le second membre, que l’on pourrait lire ainsi : « et (qui connait) comme la crainte de toi ton emportement ? »29. « La force » est celle qu’exerce le Seigneur sur l’homme par sa « colère », « la crainte » est celle que l’homme éprouve envers son Seigneur à cause de son « emportement ». LA TROISIÈME PARTIE (12-17) La dernière partie du psaume est marquée du début à la fin par les demandes, impératifs surtout (12a.13a.13c.14a.15a.17b.17c), mais aussi jussifs (16a.17a), ce qui n’était le cas ni dans la première partie (1-10), ni dans la deuxième (11). 27 Alonso Schoekel – Carniti, II, 253.266. Ces auteurs suivent Gunkel et Kraus et sont suivis par Ravasi qui rapporte un certain nombre de reconstructions (II, 892). 28 Vesco, 851. 29 Ainsi Hakham, II, 165 : « et qui connait ton emportement comme la crainte de toi ? ».
Le psaume 90 + 12 Compter = et nous ferons-venir :: 13 REVIENS, :: et REPENS-TOI 14
+ RASSASIE-NOUS = et nous chanterons
NOS JOURS
un cœur
27
oui, FAIS-NOUS CONNAITRE, de sagesse !
! Jusqu’à quand ? pour TES SERVITEURS. au matin et NOUS NOUS RÉJOUIRONS
de ta fidélité, dans tous NOS JOURS.
·············································································································· comme LES JOURS (où) tu nous as châtiés,
+ 15 RÉJOUIS-NOUS – les années 16
:: QUE SOIT VUE :: et ta splendeur + 17 Et QUE SOIT – et l’ouvrage – et l’ouvrage
(où) nous avons vu
le malheur.
pour TES SERVITEURS sur leurs fils !
ton œuvre,
la douceur de nos mains de nos mains
ASSURE ASSURE-le
sur nous ! sur nous !
Le premier morceau (12-14) est de construction concentrique. Les segments extrêmes sont parallèles: leurs premiers membres expriment une demande à Dieu et leurs seconds membres la réponse des hommes qui s’ensuivra : « et nous ferons-venir... » (12b), « et nous chanterons... » (14b). Les deux occurrences de « nos jours » font inclusion (12a.14b). On peut dire que les termes finaux de 12b et de 14a, « sagesse » et « fidélité », se correspondent comme qualités complémentaires de l’homme et de Dieu. Au centre (13), un trimembre dont les membres extrêmes sont complémentaires, le premier nommant le sujet de « revenir », « Yhwh », et le dernier les bénéficiaires de son action de « se repentir »30, ses « serviteurs ». Le membre central, qui est aussi le centre de tout le morceau, est une question31. Comme le premier, le deuxième morceau (15-17) comprend trois segments, dont on peut dire qu’ils sont aussi organisés de manière concentrique. Le segment central en effet articule les deux autres. Tandis que dans le premier segment la demande de joie est opposée à un passé de malheur, dans le second c’est le futur qui est contemplé, non seulement pour ceux qui prient, « tes serviteurs », mais aussi pour « leurs fils ». Les deux occurrences de « voir » agrafent les deux segments. Par ailleurs, le segment central est lié au dernier segment, d’abord par leurs verbes initiaux qui sont au jussif et sont en outre liés par le coordonnant « et », ensuite par les synonymes « ton œuvre » et 30
Plusieurs traduisent par « avoir-pitié » (BJ, Osty, Hossfeld – Zenger, II, 417). Les deux verbes šwb qal et nḥm niphal forment un couple, par exemple en Jon 3,9-10 : « 9 “Qui sait si Dieu ne reviendra pas et ne se repentira pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions point ?” 10 Dieu vit ce qu’ils faisaient pour revenir de leur conduite mauvaise. Aussi Dieu se repentit du mal qu’il avait dit qu’il leur ferait et il ne le fit pas » (ainsi TOB, Vesco, 845). 31 Encore un cas, mineur, de question au centre (voir p. 3, note 17).
28
La première section (Ps 90–94)
« l’ouvrage ». Il s’agit d’abord de « l’œuvre » du Seigneur, puis de « l’ouvrage » de ses serviteurs. On remarquera aussi que dans les segments extrêmes les bénéficiaires de l’intervention divine sont à la première personne du pluriel (« nous » / « nos »), ce qui n’est pas le cas dans le segment central. Le dernier segment est marqué par l’élargissement final de son troisième membre qui répète, en l’abrégeant, le membre précédent. D’un morceau à l’autre, les deux occurrences de « nos jours » de 12a et 15a jouent le rôle de termes initiaux, celles de 14b et 15a de termes médians, de même les deux occurrences de « se réjouir » (14b.15a), les deux occurrences de « tes serviteurs » de termes centraux (13c.16a). À « Yhwh » (13a) correspond « le Seigneur notre Dieu » (17a). Le phénomène à peine relevé dans le dernier morceau — le fait que les segments extrêmes sont en « nous » (15.17), contrairement au segment central (16) — ce phénomène se vérifie aussi dans le premier morceau. L’ENSEMBLE DU PSAUME Les trois parties étant organisées de manière concentrique, il convient d’abord de relever les rapports entre les deux longues parties extrêmes, avant d’examiner ceux qui lient la partie centrale avec les deux autres. Les rapports entre les parties extrêmes (1b-10 et 12-17) Les termes communs aux deux parties les plus fréquents sont « années » (4a.9b.10a.10b.10c ; 15b) et « jour(s) » (4b.9a.10a ; 12a.14b.15a) ; chacun revient six fois. À part 4 et 15, ces termes sont toujours accompagnés du possessif de première personne du pluriel (en 9a et en 14b, s’y ajoute l’adjectif « tous »). Appartenant au même champ sémantique du temps, « au matin » est employé trois fois (5b.6a ; 14a). Le terme « fils » (3b ; 16b) n’est pas sans rapport avec ceux du temps. À « tu fais revenir » et « revenez » de la première partie (3a.3b) correspondent dans la dernière partie « reviens » et « repens-toi » (13a.13c). À « Adonaï » et « Dieu » dans le premier morceau de la première partie (1b.2c) répondent « Yhwh » et « Adonaï notre Dieu » répartis dans les deux morceaux de la dernière partie (13a ; 17a). « Être » se trouve dans les segments extrêmes (1c ; 17a) et aussi en 5a. Enfin « refuge » (1b : mā‘ôn) et « douceur » (17a : nō‘am), qui se trouvent en position symétrique comme deuxièmes termes des segments extrêmes, sont en rapport spéculaire de paronomase. Le vocabulaire du péché qui marque la première partie, « fautes » (8a.10d) et « secrets », n’est pas repris dans la dernière partie ; en revanche, le châtiment du péché est évoqué par les termes « poussière » (3a), « nous sommes achevés » et « nous sommes épouvantés » (7) dans la première partie, et par « tu nous as châtiés » et « le malheur » (15) dans la dernière partie.
Le psaume 90
29
+ 90,1b ADONAÏ, + TU ES :: de génération
pour nous en génération.
toi
+ 2 Avant que + et que tu engendres :: de toujours
les montagnes la terre à toujours
soient enfantées et le monde, toi (tu es)
DIEU.
= 3 TU FAIS-REVENIR = et tu dis :
l’humain « REVENEZ,
à la poussière FILS
d’Adam ! »
– Car mille – comme le JOUR – et une veille
ANNÉES
d’hier dans la nuit.
à tes yeux quand il est emporté
: 5 Tu les submerges, (ils sont)
sommeil comme l’herbe
ILS SONT ; qui se renouvelle.
-6 : le soir,
elle fleurit elle se fane
et se renouvelle ; et sèche.
4
,
·····················································································································
. 7 Car nous sommes achevés . et par ta fureur
par ta colère, nous sommes épouvantés.
. 8 Tu as mis . nos secrets
nos fautes à la lumière
devant toi, de ta face.
– 9 Car tous nos JOURS – nous achevons
s’effacent nos ANNÉES
sous ton emportement, comme un soupir.
: 10 Les JOURS : en eux : et si par miracle
de nos ANNÉES, soixante-dix quatre-vingts
ANNÉES, ANNÉES ;
= et leur excitation = car elle disparait
peine rapidement
et faute, et nous nous envolons.
nos JOURS un cœur
oui, fais-nous connaitre, de sagesse !
·····················································································································
[...]
+ 12 Compter = et nous ferons-venir :: 13 REVIENS, :: et REPENS-TOI + Rassasie-nous = et nous chanterons
YHWH ! Jusqu’à quand ? pour tes serviteurs.
14
et nous nous réjouirons
de ta fidélité, dans tous nos JOURS.
···············································································································································
+ 15 Réjouis-nous – les ANNÉES
:: 16 Que soit vue :: et ta splendeur + 17 Et QUE SOIT – et l’ouvrage – et l’ouvrage
comme les JOURS (où) nous avons vu
(où) tu nous as châtiés, le malheur.
pour tes serviteurs sur leurs FILS !
ton œuvre,
de nos mains de nos mains
d’ADONAÏ NOTRE DIEU sur nous ! assure sur nous assure-le !
30
La première section (Ps 90–94)
La fonction de la partie centrale Les syntagmes finaux des deux membres de la partie centrale, « ta colère » et « ton emportement », étaient déjà employés dans la première partie, en termes finaux des premiers membres des deux derniers morceaux (7a.9a). L’unique verbe de la partie (« connait ») sera repris dès le début de la partie suivante au factitif, « fais-nous connaitre » (12a). Le terme « la force » (11a) n’est pas utilisé ailleurs dans le psaume ; toutefois il renvoie à toutes ses manifestations et conséquences qu’énumère la première partie : « la poussière » (3a), « sommeil » (5a), « elle sèche » (6b), « nous sommes achevés » (7a), « nous sommes épouvantés » (7b), « s’effacent » (9a), « peine » (10d). De même, « crainte » (11b) n’apparait pas ailleurs ; toutefois, la dernière partie lui fait écho avec « sagesse » (12b) et aussi avec les deux occurrences de « tes serviteurs » (13c.16a). Les termes «extrêmes « refuge » et « douceur » (1b.17a), dont on a déjà dit qu’ils se répondent par leur forme inversée, sont aussi en rapport de sens ; leur valeur positive contrebalance celle de « colère » et « emportement » au centre du psaume (11). Le titre Pour être sans doute tardif, le titre n’en fait pas moins partie du texte. Le Ps 90 est l’un des cinq intitulés « Prière » (Ps 17 ; 86 ; 102 ; 142), mais c’est le seul qui soit attribué à Moïse. Le dernier mot du titre, ’ĕlōhîm, sera repris par ’ēl à la fin de 2 et par ’ĕlōhênû en 17a. CONTEXTE MOÏSE L’expression « Moïse homme de Dieu » se trouve dans l’introduction de la bénédiction que Moïse prononce sur les douze tribus : « Et voici la bénédiction dont Moïse homme de Dieu bénit les fils d’Israël avant sa mort » (Dt 33,1 ; voir aussi Jos 14,6 ; 1Ch 23,14 ; Esd 3,2). La « prière de Moïse » est fortement marquée par la « colère », la « fureur » et l’« emportement » de Dieu à cause de la « faute » de son peuple. De même « le chant de Moïse » en Dt 32, est, par anticipation, une longue dénonciation de l’infidélité du peuple, qui abandonnera le Seigneur pour suivre les idoles32. 32
Un certain vocabulaire commun entre les deux poèmes peut aussi conforter leur rapprochement : « sagesse » (6), « les jours de toujours [...] les années de génération en génération » (7), « fils d’Adam » (8), « ils ne connaissaient pas » (17), « qui t’a enfanté [...] qui t’a engendré » (18), « colère » (22), « les malheurs » (23), « ses serviteurs il prendra-en-pitié (yitneḥām) » (36), « pour toujours » (40).
Le psaume 90 90,1 Prière
de Moïse
31 homme
+ 1 Adonaï, + tu es :: de génération
pour nous en génération.
+ 2 Avant que + et que tu engendres :: de toujours
les montagnes la terre à toujours
soient enfantées et le monde, toi (tu es)
l’humain « Revenez,
à la poussière fils
– Car mille – comme le jour – et une veille
années d’hier dans la nuit.
à tes yeux quand il est emporté
: 5 Tu les submerges, - au matin (ils sont)
sommeil comme l’herbe
ils sont ; qui se renouvelle.
- 6 Au matin, : le soir,
elle fleurit elle se fane
et se renouvelle ; et sèche.
3
= Tu fais-revenir = et tu dis : 4
de
.
toi
. d’Adam ! »
·········································································································
. 7 Car nous sommes achevés par ta COLÈRE, . et par ta fureur nous sommes épouvantés. . 8 Tu as mis . nos secrets
nos fautes à la lumière
devant toi, de ta face.
·········································································································
– 9 Car tous nos jours – nous achevons
s’effacent nos années
sous ton EMPORTEMENT, comme un soupir.
: 10 Les jours : en eux : et si par miracle
de nos années, soixante-dix quatre-vingts
années, années ;
= et leur excitation = car elle disparait
peine rapidement
et faute, et nous nous envolons.
la force comme la crainte-de-toi
de ta COLÈRE ton EMPORTEMENT ?
nos jours un cœur
oui, FAIS-NOUS CONNAITRE, de sagesse !
11
Qui CONNAIT
et + 12 Compter = et nous ferons-venir :: 13 Reviens, :: et repens-toi + 14 Rassasie-nous = et nous chanterons
! Jusqu’à quand ? pour tes serviteurs. au matin et nous nous réjouirons
de ta fidélité, dans tous nos jours.
·······························································································································
+ 15 Réjouis-nous – les années
:: 16 Que soit vue :: et ta splendeur + 17 Et que soit – et l’ouvrage – et l’ouvrage
comme les jours (où) nous avons vu
(où) tu nous as châtiés, le malheur.
pour tes serviteurs sur leurs fils !
ton œuvre,
de nos mains de nos mains
assure assure-le !
sur nous ! sur nous
32
La première section (Ps 90–94)
Moïse est aussi celui qui intercède constamment en faveur de son peuple auprès de Dieu. Après l’apostasie du veau d’or, Moïse demande au Seigneur : « Reviens de l’ardeur de ta colère et repens-toi du mal (que tu veux faire) à ton peuple » (Ex 32,12) ; les deux verbes sont ceux de Ps 90,13. PS 85 Comme Ps 90,3 toute la première partie du Ps 85 joue sur les deux formes de la racine šûb, « faire revenir », « revenir » : « tu retournes le sort de Jacob [...] tu te détournes de l’ardeur de ta colère [...] retourne-nous, Dieu de notre salut [...] voici que toi tu retourneras nous faire vivre »33. LA PEINE DE QOHÉLET « La peine » est un des mots-clés de Qohélet : il revient vingt fois comme substantif, à quoi il faut ajouter treize occurrences verbales. Comme dans le Ps 90, le thème de la caducité de l’homme est omniprésent : « Quel profit trouve l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil ? Un âge va, un âge vient, mais la terre tient toujours... » (Qo 1,3-4). INTERPRÉTATION COLÈRE ET EMPORTEMENT Si le centre d’une composition représente sa clé de lecture, la question sur laquelle est focalisé le psaume ne laisse pas de surprendre, et même de choquer. On sera moins étonné quand on se rappellera que le centre d’une construction concentrique est toujours énigmatique34. Les deux termes par lesquels s’achève chacun de ses deux membres, « ta colère » et « ton emportement », résonnent comme des menaces qui ne conviennent guère au Dieu de miséricorde. Et cela d’autant plus que ces termes sont précédés de deux autres termes tout aussi inquiétants, « la force » et « la crainte ». Si l’intention du psalmiste était de secouer l’homme de sa torpeur, de l’inquiéter, le but est atteint, d’autant plus que le caractère appellatif de ce segment est souligné par l’interrogation que le lecteur priant ne peut manquer de recevoir comme une interpellation à laquelle il est sommé de répondre. À considérer le point focal de la construction, la caducité de la vie humaine ne serait donc pas le thème dominant du psaume, même vue dans son rapport à l’éternité de Dieu, mais la colère divine que provoquent les fautes de l’homme. C’est du reste ce que dit, avec beaucoup de force, le morceau central de la seconde sous-partie qui précède : « la colère » divine provoquée par les « fautes » de l’homme l’achève et l’épouvante (7-8). 33 34
Voir R. MEYNET, « L’enfant de l’amour (Ps 85) ». Voir p. 25, nt. 26.
Le psaume 90
33
LA CRAINTE DE DIEU Obnubilé par « la force de la colère » de Dieu, on pourrait en oublier « la crainte de Dieu » que son « emportement » entend susciter chez le pécheur. Cette crainte n’est pas réductible à la peur. C’est ce que Paul Beauchamp appelait d’une de ses formules fort heureuses dont il avait le secret : « la certitude tremblante de l’amour »35. La crainte de Dieu, c’est le respect reconnaissant qu’éprouve celui qui a été secouru dans le danger, qui a été sauvé de la mort. C’est ce que le psalmiste appelle, au début de la troisième partie, « un cœur de sagesse » (12b), qui est fondé sur « la fidélité » — ou, comme on traduit souvent, « l’amour » — de Dieu (14a). CONNAITRE SON PÉCHÉ Il ne faudrait pas non plus oublier le seul verbe de la question centrale, placé à son début : « Qui connait ? » Le même verbe est aussitôt repris, mais au factitif cette fois-ci, « fais-nous connaitre » (12a) ; c’est donc que l’homme ne connait pas, qu’il a besoin de la lumière divine pour que lui soit révélé ce qui, pour lui, demeure caché, dans l’obscurité. Effectivement, c’est bien ce qui est dit au centre de la sous-partie précédente : « Tu as mis nos fautes devant toi, nos secrets à la lumière de ta face » (8). Ce sera que l’homme tente de dissimuler ses « fautes », non seulement aux yeux de Dieu, mais aussi à ses propres yeux. Et l’on peut aussi comprendre que la lumière divine révèle même ce qui reste pour lui « secret », ce dont il n’est pas conscient. CONNAITRE LA DURÉE DE NOS JOURS Il est aussi une autre réalité que l’homme ne connait pas, ou tout au moins qu’il a tendance à oublier36. C’est la durée limitée de ses jours. Pour souligner la brièveté de la vie humaine, le psalmiste l’oppose à l’éternité de Dieu : pour lui, en effet, « mille ans » sont « comme le jour d’hier qui est passé, comme une veille de la nuit » (4). Et même les générations qui se succèdent (1) et transmettent la vie en se renouvelant (5-6) sont bien peu de chose en regard de la pérennité de Dieu qui était déjà avant la création du monde et qui sera « jusqu’à toujours » (2). L’homme ne dure que le temps d’« un soupir » (9b) et, même si ses années atteignent le nombre miraculeux de quatre-vingts, il est bien vite « envolé » (10e). Et la chose qui lui demeure inconnue est le jour de son envol.
35 P. BEAUCHAMP, L’Un et l’Autre Testament. I, 272 : « La certitude tremblante de l’amour, cela exactement que la Bible appelle “crainte de Dieu” ». 36 Les titres donnés au psaume par les traductions et par les commentaires sont souvent unilatéraux. Ainsi Weiser a « Le Dieu éternel », Vesco « L’homme est une herbe changeante », Le Psautier, version œcuménique. Texte liturgique, « Apprends-moi la mesure de nos jours » ; Osty combine les deux thèmes : « La vie de l’homme, courte et misérable, à cause du péché ». Quant à la Bible de Jérusalem, elle semble les réunir sous un unique terme : « Fragilité de l’homme ».
34
La première section (Ps 90–94)
REVENIR Les deux lignes, celle de la brièveté de la vie humaine et celle du châtiment lié au péché, se croisent et se nouent grâce au thème du retour. Nos années étant comptées, il n’y a pas de temps à perdre pour « revenir » de nos fautes et ainsi échapper à la colère divine. Si Dieu est tellement irrité, c’est sans aucun doute qu’il craint que l’homme se laisse aller et ne se repente pas tant qu’il en est encore temps. S’il apostrophe les fils d’Adam dès le début, les conjurant de « revenir » (3), c’est qu’il a hâte d’être prié de « revenir » lui-même et de « se repentir » du malheur qu’il aurait été contraint d’infliger à l’homme. « 23 Pourrais-je vraiment désirer la mort du méchant, oracle du Seigneur Yhwh ? N’est-ce pas plutôt qu’il revienne de ses voies et qu’il vive ? [...] 32 Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, oracle du Seigneur Yhwh. Convertissezvous donc et vivez ! » (Ez 18). REFUGE ET DOUCEUR C’est bien là ce que les fils d’Israël ont expérimenté au long des générations, et Moïse avec eux, lui qui intercéda si souvent pour détourner la colère de Dieu et obtint ainsi son pardon pour les fautes de son peuple (1). Et c’est pourquoi en conclusion de sa prière, le psalmiste fait appel à « la douceur » de celui qu’il appelle enfin de son nom d’alliance, « le Seigneur notre Dieu » (17a).
2. LE PSAUME 91 TEXTE Qui habite le secret du Très-haut, à l’ombre de Shaddaï passe-la-nuit ; 2 je dis à Yhwh : Mon abri, ma forteresse, mon Dieu en qui je me fie ! 3 Oui, lui te libère du filet de l’oiseleur, de la peste de calamité ; 4 de sa plume il couvre toi et dessous ses ailes tu t’abrites, bouclier et armure, sa vérité. 5 Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit ni la flèche qui vole de jour, 6 ni la peste en la ténèbre qui va ni le fléau qui dévaste à midi ; 7 qu’il en tombe à tes côtés mille et dix-mille à ta droite, sur toi il n’arrivera pas. 8 Seulement de tes yeux tu regarderas et le salaire des méchants tu verras. 9 Oui, toi Yhwh, (tu es) mon abri, Très-haut, tu as établi ton refuge ; 10 ne frappera pas sur toi le malheur et la plaie n’approchera pas de ta tente. 11 Oui, à ses anges a ordonné pour toi de te garder en tous tes chemins ; 12 sur leurs paumes ils te porteront pour que ne heurte la pierre ton pied, 13 sur le fauve et la vipère tu chemineras, tu fouleras le lion et le dragon. 14 Oui, à moi il s’attache et je l’affranchis, je l’exalte car il connait mon nom ; 15 il m’appelle et je lui réponds, avec lui moi dans l’angoisse, je le délivre et je le glorifie, 16 longueur de jours je le rassasierai et je lui ferai-voir mon salut. 1
V. 1-2 : «
QUI HABITE [...] JE DIS À YHWH »
Après la troisième personne du premier segment, la première personne du texte massorétique au début du second segment fait difficulté. C’est pourquoi, suivant la Septante, plusieurs la corrigent par la troisième personne1, ou par l’impératif 2. Au lieu de considérer les deux premiers versets comme une seule phrase, le participe initial qualifiant le sujet de « je dis »3, il est plus simple de tenir que le premier verset forme une phrase complète, indépendante de la suivante4. V. 3-13 : « OUI, LUI TE LIBÈRE...
»
Le problème est de savoir qui parle à qui dans ces versets : un prêtre, un prophète, au cours d’une liturgie d’entrée dans le Temple5, ou bien, plus simplement, le psalmiste dans une sorte de dialogue intérieur ? La composition du psaume devrait permettre de prendre position sur cette question. V. 9
: « OUI, TOI, YHWH, (TU ES) MON ABRI »
Beaucoup changent « mon abri » par « ton abri » : « oui, toi, Yhwh est ton abri »6 ; il est préférable de suivre le texte massorétique. Pour le second membre la plupart est d’avis que le sujet de « tu as mis » est le psalmiste comme en 107.
1
Weiser, 603 ; Kraus, II, 219 ; Mannati, III, 179. Ravasi, II, 899.909 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 273.275. 3 Hossfeld – Zenger, II, 427, qui renvoie à Gesenius, 116x. 4 Lorenzin, 353.361 ; deClaissé-Walford – al., 697. 5 Voir en particulier Alonso Schoekel – Carniti, II, 276-280 ; Ravasi, II, 903.905. 6 Weiser, 604 ; Kraus, II, 220 ; Ravasi, II, 900 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 273. 2
36
La première section (Ps 90–94)
COMPOSITION Le psaume comprend deux parties développées, comptant chacune dix-sept membres, encadrant une partie très courte, de la mesure d’un bimembre (8). LA PREMIÈRE PARTIE (1-7) + 1 Qui habite + à l’ombre
le secret de SHADDAÏ
+ 2 je dis +
à YHWH : ma forteresse,
,
du TRÈS-HAUT, il passe-la-nuit ;
MON DIEU en qui je me fie ! ·····························································································································
– 3 Oui, lui – du filet – de LA PESTE
te libère de l’oiseleur, de calamité ;
+ 4 de sa plume + et dessous + bouclier
il couvre ses ailes et armure,
toi , sa vérité.
································································································
– 5 Tu ne craindras .. ni la flèche
ni les terreurs qui vole
de la nuit de jour,
– 6 ni LA PESTE .. ni le fléau
en la ténèbre qui dévaste
qui va à midi ;
:: 7 qu’il en tombe :: et dix-mille + sur toi
à tes côtés à ta droite, il n’arrivera pas.
mille
Alors que le premier segment est tout entier à la troisième personne du singulier, le second passe à la première personne. Le « secret » et « l’ombre » protectrice (1) sont explicités par la « forteresse » dans laquelle le psalmiste peut « se fier » (2). Dans le second morceau, le psalmiste s’adresse non plus à « Yhwh » comme à la fin du premier, mais à une autre personne, pour l’encourager. En effet, le Seigneur est celui qui le « libère » du prédateur et de la maladie (3) et qui assure sa protection sous ses ailes (4ab) et par ses armes (4c). Cette tierce personne peut être le psalmiste lui-même. Ce dernier n’a donc rien à « craindre », ni la nuit (5a.6a) ni le jour (5b.6b), ni les angoisses de la maladie (5a.6a), ni les attaques de ses ennemis (5b.6b). Avec ses chiffres de plus en plus grands, le dernier segment (7ab) insiste sur le fait que le danger ne saurait atteindre celui que le Seigneur protège (7c). 7
Toutefois Hakham (II, 175) tient que c’est Dieu comme dans le premier membre : « Trèshaut tu as mis ton refuge » ; de même Maillot – Lelièvre (II, 247) qui interprètent « Très-haut » comme un vocatif : « O Suprême, tu as préparé ta résidence. »
Le psaume 91
37
« Ombre » (1b) et « ailes » (4b) peuvent être mis en relation, parce que l’expression « à l’ombre de tes ailes » est fréquente (Ps 17,8 ; 36,8 ; 57,2 ; 63,8). Alors que le premier morceau est marqué par les quatre noms divins (« Trèshaut », « Shaddaï », « Yhwh » et « mon Dieu »), « peste » revient dans les deux morceaux suivants (3c.6a). Par ailleurs, « tu t’abrites » (4b) rappelle « mon abri » (2b). Tandis que dans le second morceau le locuteur parle de Dieu à un « toi », dans le dernier il s’adresse seulement à la deuxième personne, sans mentionner le Seigneur. LA DERNIÈRE PARTIE (9-16) +9 , toi + TRÈS-HAUT,
YHWH, tu as préparé
(tu es) mon abri, ton refuge ;
– 10 ne frappera pas – et la plaie
sur toi n’approchera pas
le malheur de ta tente.
··············································································································
: 11 , à ses anges : de te garder
il a ordonné en tous
pour toi tes chemins ;
: 12 sur leurs paumes : pour que ne heurte
ils te porteront la pierre
ton pied,
et la vipère le lion
tu chemineras, et le dragon.
13
– sur le fauve – tu fouleras
··············································································································
+ 14 , à moi + je l’exalte
il s’attache car il connait
+ 15 il m’appelle + avec lui + je le délivre
et je lui réponds, moi et je le glorifie,
= 16 longueur = et je lui ferai-voir
de jours mon salut.
et je l’affranchis, ;
MON NOM
dans l’angoisse, je le rassasierai
Dans le premier morceau, le psalmiste s’adresse d’abord à Dieu (9) : « TrèsHaut » correspond à « Yhwh » et « ton refuge » à « mon abri ». Il se tourne ensuite vers lui-même (10) : le mal ne peut l’atteindre car Dieu est son abri. Le deuxième morceau continue sur la même lancée : s’il est à l’abri du mal, c’est que les anges du Seigneur le garderont sur ses « chemins » (11-12) et lui permettront de « cheminer » sur tous ses ennemis dépeints sous les traits des bêtes féroces et venimeuses (13). Dans le troisième morceau, c’est Dieu qui prend la parole, parlant du suppliant à la troisième personne du singulier. Le premier segment est de construction strictement spéculaire :
38
La première section (Ps 90–94) + 14
, à moi : il s’attache = et je l’affranchis, = je l’exalte
+ mon nom8.
:
il connait
Le même mouvement logique se retrouve en 15a puis en 15bc. Le dernier segment explicite la délivrance : le « salut » qui se manifeste par une longue vie, c’est-à-dire non interrompue avant le temps par les attaques des ennemis. +9 , toi + TRÈS-HAUT,
YHWH tu as établi
mon abri, ton refuge ;
– 10 ne frappera pas – et la plaie
sur toi n’approchera pas
le malheur, de ta tente.
············································································································
: 11 , à ses anges : de te garder
il a ordonné en tous
pour toi tes chemins ;
: 12 sur leurs paumes : pour que ne heurte
ils te porteront la pierre
ton pied,
et la vipère le lion
tu chemineras, et le dragon.
13
– sur le fauve – tu fouleras
············································································································
+ 14 , à moi + je l’exalte
il s’attache car il connait
+ 15 il m’appelle + avec lui + je le délivre
et je lui réponds, moi et je le glorifie,
= 16 longueur = et je lui ferai-voir
de jours mon salut.
et je l’affranchis, ;
MON NOM
dans l’angoisse, je le rassasierai
Les trois morceaux commencent par « Oui ». Le dernier morceau représente la réponse de Dieu à ce que le psalmiste lui avait dit au tout début (9a), ce que dit clairement 15a : « il m’appelle et je lui réponds. » « Mon nom » de 14b rappelle les deux noms divins du début, « Yhwh » et « Très-haut », qualifiés de « abri » et « refuge » (9ab). L’ENSEMBLE DU PSAUME Les deux grandes parties encadrent une partie beaucoup plus courte (8) ; c’est le seul lieu où soit mentionné le châtiment des « méchants ». 8
« Oui » et « car » traduisent le même kî.
Le psaume 91
39
. 91,1 Qui habite . à l’ombre
le secret de SHADDAÏ
du TRÈS-HAUT, passe-la-nuit ;
+ 2 je dis + « MON ABRI,
à YHWH : ma forteresse,
mon DIEU
en qui je me fie ! »
································································································································
–3 – –
,
–4 – – ···········································································································
: 5 Tu ne craindras : ni la flèche
ni les terreurs qui vole
de la nuit de jour,
: 6 ni la peste : ni le fléau
en la ténèbre qui dévaste
qui va à midi ;
: 7 qu’il en tombe : et dix-mille : sur toi
à tes côtés à ta droite, il n’arrivera pas.
mille
8
Seulement et le salaire
de tes yeux des méchants
tu regarderas TU VERRAS.
+ 9 Oui, toi + TRÈS-HAUT,
YHWH, tu as établi
(tu es) MON ABRI, ton refuge ;
. 10 ne frappera pas . et la plaie
sur toi n’approchera pas
le malheur de ta tente.
································································································································
– 11 – – 12 – – 13 –
···········································································································
: 14 Oui, à moi : je l’exalte
il s’attache car il connait
et je l’affranchis, mon nom ;
: 15 il m’appelle : avec lui : je le délivre
et je lui réponds, moi et je le glorifie,
dans l’angoisse,
: 16 longueur : et je lui FERAI-VOIR
de jours mon salut.
je le rassasierai
40
La première section (Ps 90–94)
. 91,1 Qui habite . à l’ombre
le secret de SHADDAÏ
du TRÈS-HAUT, passe-la-nuit ;
+ 2 je dis + « MON ABRI,
à YHWH : ma forteresse,
mon DIEU
en qui je me fie ! »
································································································································
–3 – –
,
–4 – – ···········································································································
: 5 Tu ne craindras : ni la flèche
ni les terreurs qui vole
de la nuit de jour,
: 6 ni la peste : ni le fléau
en la ténèbre qui dévaste
qui va à midi ;
: 7 qu’il en tombe : et dix-mille : sur toi
à tes côtés à ta droite, il n’arrivera pas.
mille
8
Seulement et le salaire
de tes yeux des méchants
tu regarderas TU VERRAS.
+ 9 Oui, toi + TRÈS-HAUT,
YHWH, tu as établi
(tu es) MON ABRI, ton refuge ;
. 10 ne frappera pas . et la plaie
sur toi n’approchera pas
le malheur de ta tente.
································································································································
– 11 – – 12 – – 13 –
···········································································································
: 14 Oui, à moi : je l’exalte
il s’attache car il connait
et je l’affranchis, mon nom ;
: 15 il m’appelle : avec lui : je le délivre
et je lui réponds, moi et je le glorifie,
dans l’angoisse,
: 16 longueur : et je lui FERAI-VOIR
de jours mon salut.
je le rassasierai
Le psaume 91
41
Les parties extrêmes se correspondent en parallèle. Dans les premiers morceaux le psalmiste s’adresse à « Yhwh » qu’il reconnait comme son « abri » (2.9) ; « abri » est d’abord mis en parallèle avec « forteresse » (2b), puis avec « refuge » (9ab). Dans les autres versets (1.10), il s’agit de l’homme protégé par Dieu. Dans les seconds morceaux, le psalmiste (très probablement) s’adresse à luimême pour s’encourager en rappelant ce que le Seigneur fait pour lui. Les images finales sont opposées : celle de l’oiseau qui protège ses petits sous ses ailes (4) et celles des animaux féroces et dangereux (13). Dans le dernier morceau de la troisième partie (14-16), Dieu prend la parole : il parle du psalmiste à la troisième personne. Le morceau final de la première partie (5-7) est adressé au psalmiste et l’on peut comprendre que, comme dans le morceau précédent, c’est lui-même qui poursuit son dialogue intérieur. Toutefois, contrairement aux deux segments précédents, il n’y est plus question de Dieu et c’est pourquoi il est possible de comprendre que c’est le Seigneur qui s’adresse au psalmiste9. La courte partie centrale se distingue des deux autres, car c’est la seule qui traite de la punition de ceux qui maltraitent le psalmiste. Elle s’achève par « voir » qui sera repris par « je ferai-voir » à la fin du psaume : le « salaire » des méchants est la cause du « salut » pour sa victime. CONTEXTE SOUS LES AILES DE LA POULE Dans son apostrophe à Jérusalem Jésus reprend l’image de l’oiseau sous les ailes duquel ses petits trouvent refuge : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes... et vous n’avez pas voulu ! » (Mt 23,37 : parallèle en Lc 13,34).
LES TENTATIONS DE JÉSUS AU DÉSERT Dans la deuxième tentation, Matthieu fait citer par diable Ps 91,11a.12. Luc reprend les deux versets, mais les sépare : 10
car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu’ils te gardent. Et encore : Sur leurs mains, ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre » (Lc 4,10-11). 11
9
Ainsi comprennent Maillot – Lelièvre, II, 249.
42
La première section (Ps 90–94)
LES SERPENTS SOUMIS AUX DISCIPLES Jésus envoie soixante-douze disciples guérir les malades et annoncer la venue du règne de Dieu (Lc 10,9). À leur retour de mission, 17
Les soixante-douze revinrent tout joyeux, disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom ! » 18 Il leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ! 19 Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute la puissance de l’Ennemi, et rien ne pourra vous nuire » (Lc 10,1719).
INTERPRÉTATION LES MÉCHANTS C’est seulement au centre du psaume que les « méchants » sont mentionnés nommément. Toutefois, sous des appellations variées et souvent de manière métaphorique, ils semblent occuper tout l’espace. C’est d’abord « l’oiseleur » accompagné de « la peste de calamité » (3), puis « terreurs » et « peste » nocturnes, « flèche » et « fléau » diurnes (5-6), « malheur » et « plaie » (10), pour finir avec l’escadron de la mort : « le fauve et la vipère », « le lion et le dragon » (13). Opposés aux « anges » (11), ces « méchants » sont identifiés par Matthieu et Luc au « diable », aux « démons », à « Satan », « l’Ennemi » par antonomase. VOIR L’INVISIBLE Ce que l’on voit risque d’aveugler sur la réalité ultime. Ce qui apparait, et de manière insistante, lancinante, c’est le malheur : c’est lui qui fait nouvelle, jour après jour. Si bien qu’on serait tenté de ne voir que lui. Or, « il suffit que tes yeux regardent », qu’ils sachent voir, au-delà des apparences ; qu’ils sachent voir la fin. La fin, c’est à la fois et indissociablement « le salaire des méchants » (8) et « le salut » de Dieu (16), pour celui qui « s’est fié » en lui (2). La foi en Dieu, c’est ce qui permet de voir malgré « la ténèbre » et « les terreurs de la nuit » (5-6) que le jour se lèvera pour celui qui aura passé la nuit « à l’ombre de Shaddaï » (1). LA FOI DU PSALMISTE Il est évidemment possible de comprendre que c’est une tierce personne qui, après que le psalmiste a dit à Yhwh sa foi, intervient pour l’affermir (3-4 ; 1113). Et l’on pourra imaginer qu’un officiel du Temple, prêtre ou prophète, accueille le pèlerin qui se présente. Il n’est cependant pas interdit de penser que la « situation dans la vie » est plus simple. Après s’être adressé, par deux fois, au Seigneur pour lui redire qu’il met en lui seul son « abri », le psalmiste poursuit
Le psaume 91
43
sa méditation en s’encourageant lui-même : son Dieu le Très-Haut est celui qui le « libère » de tous les dangers et le « garde » de tous ses ennemis. LA RÉPONSE DE DIEU Discret au début (5-7), explicite à la fin (14-16), le Seigneur prend la parole. On peut interpréter que, dans sa prière, le psalmiste l’entend intérieurement s’adresser directement à lui (5-7), comme pour confirmer ce qu’il vient de contempler en une constellation d’images variées (3-4). À la fin, quand il est plus clair encore que c’est Dieu qui parle, on pourra s’étonner qu’il ne lui adresse pas la parole directement, et qu’il parle de lui à la troisième personne. Et l’on a le sentiment que, pour finir, le Seigneur témoigne devant tous, à la face des ennemis du psalmiste, devant « fauve » et « dragon », que c’est lui qui le « délivre » et le « sauve ».
3. DIEU RÉVÈLE SES FAUTES AU MISÉREUX ET LE SAUVE (PS 90–91) COMPOSITION DE LA PREMIÈRE SÉQUENCE Ps 90,1 Prière de Moïse homme de Dieu. Adonaï, un REFUGE toi tu es pour nous . 2 Avant que les montagnes soient enfantées et que tu engendres la terre et le monde, toi tu es Dieu. 3 Tu fais-revenir l’humain à la poussière et tu dis : « Revenez, fils d’Adam ! » 4 Car mille années à tes yeux comme le jour d’hier quand il est emporté et une veille dans la nuit. 5 Tu les submerges, sommeil ils sont ; au matin ils sont comme l’herbe qui se renouvelle. 6 Au matin, elle fleurit et se renouvelle ; le soir, elle se fane et sèche. 7 Car nous sommes achevés par ta colère, et par ta fureur nous sommes épouvantés. 8 Tu as mis nos fautes devant toi, nos choses-cachées à la lumière de ta face. 9 Car tous nos jours s’effacent sous ton emportement, nous achevons nos années comme un soupir. 10 Les jours de nos années, en eux soixante-dix années, et si par miracle quatre-vingts années ; et leur excitation peine et faute, car elle disparait rapidement et nous nous envolons. 11
Qui CONNAIT la force de ta colère et comme LA CRAINTE-de-toi ton emportement ? 12
Compter nos jours oui, FAIS-NOUS CONNAITRE, et nous ferons-venir un cœur de sagesse ! 13 Reviens, Yhwh ! Jusqu’à quand ? Et repens-toi pour tes serviteurs. 14
15
Réjouis-nous comme les jours où tu nous as châtiés, les années où LE MALHEUR. 16 QUE SOIT VUE pour tes serviteurs ton œuvre, et ! 17 Et que soit la douceur d’Adonaï notre Dieu sur nous ! Et l’ouvrage de nos mains assure sur nous et l’ouvrage de nos mains assure-le ! NOUS AVONS VU
Ps 91,1 Qui habite le SECRET du Très-haut, à L’OMBRE de Shaddaï passe-la-nuit ; 2 je dis à Yhwh : MON ABRI, MA FORTERESSE, mon Dieu en qui je me fie ! 3 Oui, lui te libère du filet de l’oiseleur, de la peste de calamité ; 4 de sa plume il couvre toi et dessous ses ailes TU T’ABRITES, bouclier et armure, sa vérité. 5 TU NE CRAINDRAS ni les terreurs de la nuit ni la flèche qui vole de jour, 6 ni la peste en la ténèbre qui va, ni le fléau qui dévaste à midi ; 7 qu’il en tombe à tes côtés mille et dix-mille à ta droite, sur toi il n’arrivera pas. 8
Seulement de TES YEUX TU REGARDERAS et le salaire des méchants TU VERRAS. 9
Oui, toi Yhwh, tu es MON ABRI, Très-haut, tu as établi ton REFUGE ; 10 ne frappera pas sur toi LE MALHEUR et la plaie n’approchera pas de ta tente. 11 Oui, à ses anges a ordonné pour toi de te garder en tous tes chemins ; 12 sur leurs paumes ils te porteront pour que ne heurte la pierre ton pied, 13 sur le fauve et la vipère tu chemineras, tu fouleras le lion et le dragon. 14 Oui, à moi il s’attache et je l’affranchis, je l’exalte car IL CONNAIT mon nom ; 15 il m’appelle et je lui réponds, avec lui moi dans l’angoisse, je le délivre et je le glorifie, 16 et JE LUI FERAI-VOIR mon salut.
La séquence 90–91
45
– « Refuge » au début du premier psaume (90,1) est repris dans le deuxième (91,9), accompagné de plusieurs termes du même champ sémantique : « mon abri » (9), « tu m’abrites » (4), et au début, « mon abri, ma forteresse » (2), « le secret » et « l’ombre » (1) ; les reprises de ce même thème jouent donc le rôle de termes initiaux ; – appartiennent au champ sémantique du temps qui ne finit pas : au début du premier psaume, « de génération en génération » (90,1), « de toujours à toujours » (2), puis « Rassasie-nous au matin de ta fidélité et nous chanterons et nous nous réjouirons dans tous nos jours » (14), « ta splendeur sur leurs fils » (16) ; à la fin du deuxième psaume, « longueur de jours je le rassasierai » (91,16). Noter que « rassasier » revient en 90,14 et en 91,16 ; – au champ sémantique du temps de Dieu qui ne finit pas s’oppose celui du temps limité de l’homme, surtout dans le premier psaume (90,5-10.12a) ; y correspondent dans le second les dangers « de jour » et « de nuit », « en la ténèbre » et « à midi » (91,5-6) car « les terreurs » et « la flèche », « la peste » et « le fléau » rappellent « la colère » et « la fureur » de Dieu (90,7), son « emportement » (9.11) ; dans la même ligne, « malheur » revient en 90,15 et 91,10 ; – ces choses sont objet de la connaissance : « voir » et « yeux » appartiennent aussi au champ sémantique de la connaissance (90,11.12.15.16 ; 91,8.14.16) ; les centres des deux psaumes se correspondent par ce thème de la connaissance (90,11 ; 91,8) ; – elles sont aussi l’objet de la crainte : « crainte » (90,11), « craindre » (91,5). INTERPRÉTATION SOUMIS AU PÉCHÉ Le psalmiste parle d’abord au nom de tous (90), puis en son nom propre (91). D’un côté comme de l’autre, le « malheur » (90,15 ; 91,10) les frappe. C’est pour commencer toute la communauté qui se voir affrontée à « la colère » et à « la fureur » (90,7), à « l’emportement » de son Seigneur (9), à cause de ses propres « fautes », de ses péchés « secrets » (8) ; ce qui lui a valu d’être « châtiée » (15). C’est ensuite le psalmiste qui est victime du péché des autres, menacé par « le filet de l’oiseleur » (91,3), par tout ce qui le poursuit de nuit comme de jour, « terreurs » et « flèche », « peste » et « fléau » (5-6), par « le fauve et la vipère », « le lion et le dragon » (13), en somme le malheur que veulent lui infliger « les méchants » (8) ; lesquels cependant recevront « leur salaire » (8). RASSASIÉS À LONGUEUR DE JOURS Le premier psaume commence par s’attarder sur la fugacité de la vie humaine (90,5-10), si bien qu’on pourrait être tenté de croire que c’est là son thème principal. La caducité humaine est certes un fait qui ne laisse personne indiffé-
46
La première section (Ps 90–94)
rent. Mais « la sagesse » que Dieu fait connaitre est de savoir « compter nos jours » (12), de les mettre à profit pour recevoir le pardon (13). La fidélité du Seigneur sera source de joie durant tous les jours de notre vie, au-delà même de ses étroites limites, puisque « la splendeur » de Dieu illuminera nos « fils » (16). Le second psaume s’achèvera de même, quand le Très-haut déclarera : « longueur de jours je le rassasierai et je lui ferai voir mon salut » (91,16). De manière paradoxale, l’expérience douloureuse de la brièveté de la vie, qui donne le sentiment de son incomplétude, est transfigurée par la foi en la fidélité de Dieu, en certitude de plénitude, de rassasiement. C’est en effet « de génération en génération » que l’ensemble du peuple trouve en son Seigneur son « refuge » (90,1). « BOUCLIER ET ARMURE, SA VÉRITÉ » Après le vocatif initial, « Adonaï », le premier mot de la séquence, « refuge » pourrait lui servir de titre. Ce terme ne reviendra pas dans le premier psaume, ni aucun de ses synonymes. En revanche, il explose, pour ainsi dire, dans le deuxième, dès le début (91,1-2) et aussi en tête du second versant (9). C’est d’abord une vérité générale, qui vaut pour tout homme qui demeure au « secret du Très-haut » et « à son ombre » (1), et il en va donc de même pour le psalmiste qui trouve en Dieu son « abri », sa « forteresse » (2). Les images s’accumulent alors et se bousculent, celle de l’oiseau qui protège de ses ailes ses petits, celle du « bouclier » et de « l’armure » (4). Telle est « la vérité » sur laquelle repose la foi de l’orant. « FAIS-NOUS CONNAITRE » Les deux psaumes sont focalisés sur la connaissance. Au centre du premier psaume est posée la question de savoir qui est capable de connaitre la force de la colère de Dieu (90,11), causée par « les fautes » de son peuple (8). Ces fautes sont dites « secrètes », ce qui laisse entendre que celui qui les commet n’en a pas une claire conscience, ou veut les cacher. Dieu les fait connaitre en les mettant « à la lumière de sa face » (8). Il le fait par sa « colère », sa « fureur », son « emportement » (7.9 et 11), qui ont pour but, comme le châtiment, que le fautif se rende compte de la gravité de sa conduite, qu’il la « connaisse ». Cette connaissance ne peut venir que de Dieu, puisque le psalmiste la demande ; il désire que le Seigneur lui fasse connaitre comment « compter ses jours » (12), mais surtout reconnaitre, « voir » son « œuvre » de salut (16), pouvoir s’en « réjouir », comme il avait pu « voir » « le malheur ». Le conseil donné au centre du second psaume (91,8) semble répondre à la question posée au cœur du premier (90,11) : celui qui connaitra « la force de la colère » de Dieu, c’est celui qui aura regardé et vu « le salaire des méchants ». Il le verra quand le Seigneur lui « fera voir son salut » (91,16), puisque c’est en punissant les méchants qu’il
La séquence 90–91
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sauve leur victime. Et c’est ainsi, en voyant comment son Dieu l’exalte, qu’il « connait son nom » (14). LA CRAINTE Le fruit de la connaissance, c’est la crainte de Dieu1. Dans le second psaume le psalmiste met sa confiance dans le Très-haut, son « abri » et sa « forteresse » ; il s’encourage lui-même à se réfugier sous ses ailes, le protecteur qui est pour lui « bouclier et armure » (91,2-4). C’est qu’il n’a aucune raison de « craindre » : rien et personne, ni « la terreur » et « la peste » qui rôdent la nuit, ni « la flèche » et « le fléau » qui frappent de jour (5), ni « le fauve et la vipère », ni « le lion et le dragon » (13). Le seul qu’il faut « craindre », c’est le Seigneur. Le craindre, c’est révérer sa « force », celle qui pardonne et qui sauve, celle qui glorifie et qui, par sa douceur, « assure l’ouvrage de nos mains » (90,17).
1
Revoir l’analyse du verset central du Ps 90, p. 23-24.
II. CHANT POUR LE JOUR DU SABBAT La deuxième séquence : Ps 92 TEXTE Psaume, chant pour le jour de sabbat. 2 (Il est) bon de rendre-grâce à Yhwh et de psalmodier pour ton nom, Très-Haut, 3 d’annoncer au matin ta fidélité et ta vérité pendant les nuits, 4 sur la lyre et sur la harpe, sur un murmure avec la cithare. 5 Car tu m’as réjoui, Yhwh, par ton action, aux œuvres de tes mains je crie-de-joie. 6 Que sont-grandes tes œuvres, Yhwh, 7 L’homme borné ne sait pas beaucoup sont-profondes tes pensées ! et l’insensé ne 8 comprend pas ces choses. Quand croissent les méchants comme l’herbe et fleurissent tous les agissant l’iniquité, (c’est) pour être détruits à tout jamais. 9 Et toi, (tu es) élevé pour toujours, Yhwh ! Oui, voici tes ennemis, Yhwh, 10 oui, voici tes ennemis périssent, ils se dispersent tous les agissant l’iniquité. 11 Et tu as élevé comme du buffle ma corne, j’ai été baigné d’huile verte. 12 Et a contemplé mon œil mes épiant, les assaillants contre moi, les malfaisants (les) entendra mon oreille. 13 Le juste comme le palmier croitra, comme le cèdre au Liban il poussera. 14 Plantés dans la maison de Yhwh dans les parvis de notre Dieu ils croitront ; 15 encore ils fructifieront dans la vieillesse, pleins-de-sève et verts ils seront, 16 pour annoncer que droit (est) Yhwh, (il est) mon rocher et point de ruse en lui. 1
V. 9
: « MAIS TOI (TU ES) ÉLEVÉ POUR TOUJOURS, YHWH »
Le substantif mārôm peut aussi être considéré comme complément de lieu, « pour toujours » comme prédicat, suivi du vocatif, « Yhwh » : « Mais toi, làhaut, (tu es) pour toujours, Yhwh »1. Pour d’autres, le prédicat est « Yhwh » : « Toi, qui habites là-haut, tu es pour toujours le Seigneur »2, ou « Mais toi, làhaut, tu es pour toujours le Seigneur »3. Il vaut mieux suivre la ponctuation massorétique, avec la plupart des commentateurs : « Mais toi, (tu es) élevé pour toujours, Yhwh »4. V. 11B : « JE SUIS BAIGNÉ D’HUILE VERTE
»
Plusieurs, suivant le Targum et la Syriaque, corrigent la première personne par la deuxième : « tu me baignes »5. La correction n’est pas nécessaire. COMPOSITION Après le titre, le psaume s’organise en trois parties : deux formées de deux morceaux (2-7 ; 8-10) autour d’une plus courte (11-16). 1
Hossfeld – Zenger, II, 435. La Bible : traduction officielle liturgique. 3 TOB. 4 Hakham, II, 181 ; Ravasi, II, 933 ; 5 Hossfeld – Zenger, II, 435 ; deClaissé-Walford – al., 703. 2
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La première section (Ps 90–94)
LA PREMIÈRE PARTIE (2-7) + 2 (Il est) bon + et de psalmodier
de rendre-grâce pour ton nom,
à YHWH, TRÈS-HAUT,
+ 3 d’annoncer + et ta vérité
au matin pendant les nuits,
ta fidélité
.. 4 sur la lyre .. sur un murmure
et sur la harpe, avec la cithare.
······································································································ YHWH, par ton action,
= 5 Car tu m’as réjoui, = aux œuvres
de tes mains
je crie-de-joie :
:: 6 Que sont-grandes :: beaucoup
tes œuvres, sont-profondes
YHWH, tes pensées !
– 7 L’homme – et l’insensé
borné ne comprend pas
ne sait pas ces choses.
Le premier morceau forme une seule phrase complexe. Il commence à la troisième personne (2a), mais passe aussitôt à la deuxième (2b) qui se maintiendra jusqu’à la fin. Tous les verbes, « rendre grâce », « psalmodier », « annoncer », se trouvent dans les trois premiers membres (2-3a), après quoi le second segment coordonne « matin » et « nuits » pour dire la totalité du temps ; et le dernier membre énumère les instruments de musique qui accompagnent la psalmodie. Commençant par « car », le second morceau fournit les raisons de l’action de grâce du premier morceau : ce sont les « œuvres » de Dieu (5b.6a), son « action » et ses « pensées » (5a.6b). Alors que le premier segment dit l’effet des œuvres de Dieu sur le psalmiste, le segment suivant les considère en ellesmêmes. Quant au dernier segment, il tranche sur ce qui précède, mettant en scène ceux qui sont incapables de connaitre ce que comprend le psalmiste. Les noms divins reviennent deux fois dans chaque morceau (2ab ; 5a.6a). LA DEUXIÈME PARTIE (8-10) – 8 Quand croissent – et fleurissent .. (c’est) pour être détruits 9
ET TOI,
– Oui, voici .. 10 oui, voici .. ils se dispersent
les méchants TOUS LES AGISSANT
comme
l’herbe,
L’INIQUITÉ
à tout jamais. (tu es) ÉLEVÉ
POUR TOUJOURS,
tes ennemis, tes ennemis
Yhwh, périssent, L’INIQUITÉ.
TOUS LES AGISSANT
Yhwh !
Le psaume 92
51
Les deux trimembres opposent le succès actuel des « méchants », « ennemis » du Seigneur (8ab.9b) à leur destin final de destruction (8c.10ab) ; le syntagme « tous les agissant l’iniquité » de la fin (10b) se trouvait déjà au début (8b). L’unimembre central (9a) oppose l’élévation pérenne de Yhwh à la précarité de ses ennemis qui finissent par être détruits (8c), périr et être dispersés (10ab). Dieu est élevé « pour toujours » (9a), tandis que les méchants seront détruits « à tout jamais » (8c). LA TROISIÈME PARTIE (11-16) :: 11 Et tu as élevé :: j’ai été baigné
comme du buffle d’huile
ma corne, VERTE.
– 12 Et a contemplé – les assaillants – (les) entendra
mon œil contre moi, mon oreille.
mes épiant, les malfaisants
:: 13 Le juste :: comme le cèdre
comme le palmier au Liban
CROITRA,
+ +
il poussera.
································································································· 14 Plantés dans la maison de YHWH, dans les parvis de NOTRE DIEU ils CROITRONT ;
+ 15 encore + pleins-de-sève
ils fructifieront et VERTS
dans la vieillesse, ils seront,
+ 16 pour annoncer + (il est) MON ROCHER
que droit et point de
(est) YHWH, ruse en lui.
Les segments extrêmes du premier morceau sont marqués par la comparaison (trois « comme ») et par l’image de l’élévation : celle de la « corne » et celle des grands arbres que sont « le palmier » et « le cèdre ». Dans le trimembre central, les ennemis du psalmiste sont présentés soumis à son « œil » et à son « oreille ». Il semble que du premier segment au dernier, il y ait un passage du passé au futur, le segment central assurant le passage de l’un à l’autre. Le second morceau file la comparaison finale du premier morceau. Le pluriel élargit le champ, du psalmiste à tous les justes ; il l’élargit aussi jusqu’à « la vieillesse ». Dans les segments extrêmes, le nom de « Yhwh » est suivi d’un autre nom divin. D’un morceau à l’autre, « verts » de 15b rappelle « verte » de 11b et les deux occurrences de « croitre » jouent le rôle de termes médians (13a.14b).
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La première section (Ps 90–94)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 92,1 Psaume,
chant
pour le jour
+ 2 (Il est) bon + et de
de rendre-grâce pour ton nom,
à YHWH TRÈS-HAUT,
+ 3 D’ANNONCER + et ta vérité
au matin pendant les nuits,
ta fidélité
+ 4 sur + sur un murmure
et sur avec
de sabbat.
, .
········································································································ YHWH, par ton action,
:: 5 Car tu m’as réjoui, :: aux œuvres
de tes mains
je crie-de-joie.
:: Que sont-grandes :: beaucoup
tes œuvres, sont-profondes
YHWH, tes pensées !
– 7 L’homme – et l’insensé
borné ne comprend pas
ne sait pas ces choses.
– 8 Quand .. et fleurissent .. (c’est) pour être détruits
les méchants tous les agissant
l’iniquité
(tu es) ÉLEVÉ
POUR TOUJOURS,
– Oui, voici .. 10 oui, voici .. ils se dispersent
tes ennemis, tes ennemis tous les agissant
YHWH, périssent, l’iniquité.
:: 11 Et TU AS ÉLEVÉ :: j’ai été baigné
du buffle d’huile
ma corne, verte.
– 12 Et a contemplé – les assaillants – les entendra
mon œil contre moi, mon oreille.
mes épiant, les malfaisants
:: 13 Le juste :: le cèdre
le palmier au Liban
, il poussera.
6
9
ET TOI,
à tout jamais.
l’herbe
········································································································ de YHWH , de NOTRE DIEU ;
+ 14 Plantés +
+ 15 encore + pleins-de-sève
ils fructifieront et verts
dans la vieillesse, ils seront,
+ 16 pour ANNONCER + (il est) MON ROCHER
que droit et point de
(est) YHWH, ruse en lui.
YHWH !
Le psaume 92
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Les parties extrêmes se répondent de manière spéculaire. Dans les morceaux extrêmes, se retrouvent les deux occurrences de « annoncer » (3a.16a) ainsi que le vocabulaire du champ sémantique du temple : d’un côté « psalmodier » (2b), « lyre », « harpe » et « cithare » (4), de l’autre « la maison de Yhwh », « les parvis de notre Dieu » (14). On pourra aussi remarquer que « Yhwh » y est dit « Très-haut » (2b), « notre Dieu » (14b) et « mon Rocher » (16b). Le deuxième morceau de la première partie (5-7) et le premier de la dernière partie (11-13) se correspondent aussi. Le psalmiste commence par louer les « œuvres » de Dieu (5-6) en général, œuvres qui ne seront précisées qu’aux extrémités du morceau symétrique (11.13), à savoir ce qu’il a accompli pour le psalmiste et pour « le juste ». À « l’homme borné », « l’insensé » qui ne sait ni ne comprend, par quoi s’achève le morceau 5-7, correspondent les ennemis du psalmiste au centre du morceau symétrique (12) : le fait que le psalmiste « a contemplé » et « entendra » s’oppose à l’inintelligence de l’insensé qui « ne comprend pas », qui ne voit pas. Les ennemis insensés du psalmiste de 7 et 12 se retrouvent en foule dans la partie centrale (8.9b-10), mais ils ne sont plus opposés au psalmiste mais directement à Yhwh (9a). Les « méchants » qui « croissent » « comme l’herbe » s’opposent au « juste » qui « croitra » « comme le palmier » (13). « Élevé » au centre de la partie centrale (9a) trouve un écho avec « tu élèveras » au début de la dernière partie ; il rappelle aussi « Très-Haut » au début de la première partie (2b). Le nom de « Yhwh » revient sept fois (2a.5a.6a.9a.9b.14a.16a), ce qui peut être mis en relation avec le septième jour, le « sabbat » mentionné dans le titre. CONTEXTE ÉLEVÉ, IL ÉLÈVE Une configuration analogue à celle du Ps 92 se trouve aussi dans le Ps 113. Au centre de ce psaume, en effet, est posée la question : « Qui est comme le Seigneur notre Dieu ? » Or, à la fin de la première partie, il est dit que le Seigneur est « élevé au-dessus de toutes les nations, au-dessus des cieux sa gloire » (4) et après la question centrale, que « du fumier il élève le pauvre » (7). Celui qui est « comme le Seigneur » est donc le pauvre, élevé de son fumier comme Dieu est élevé au-dessus des cieux6.
6 Voir Le Psautier. Cinquième livre, 101-109 ; les termes de même racine (rwm) traduits par « élevé » et « tu as élevé » dans le Ps 92 ont été traduits par « exalté » et « exalte » dans le Ps 113.
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La première section (Ps 90–94)
INTERPRÉTATION DIEU ET LES MÉCHANTS Au cœur du psaume, le Seigneur, « élevé pour toujours » (9a), est pour ainsi dire entouré d’une étrange cour. C’est celle de ses « ennemis », des « méchants », « tous les agissant l’iniquité ». Certes, ils « croissent » et « fleurissent », mais c’est « comme l’herbe » qui « le matin fleurit et pousse, le soir se flétrit et sèche » (Ps 90,6). Ainsi, les « ennemis » de Dieu « périssent » et « se dispersent » (10). « Ils sont détruits à tout jamais » (8c), tandis que le Seigneur « est élevé pour toujours » (9a). LES MÉCHANTS ET LE PSALMISTE Les « méchants » ne sont pas seulement les « ennemis » de Yhwh. Ce sont ceux qui commettent « l’iniquité ». Celle-ci a une double face. Elle se manifeste d’une part dans l’inintelligence de l’insensé qui ne comprend rien aux œuvres de Dieu, celles qui réjouissent le psalmiste (5-7). L’iniquité se voit d’autre part dans l’hostilité envers le juste, lui que les méchants épient, qu’ils assaillent, lui faisant toutes sortes de mal (12). Ils sont comme le juge inique de la parabole, « qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes » (Lc 18,2). ÉLEVÉ, COMME DIEU LUI-MÊME C’est sous le « nom » du « Très-Haut » que « Yhwh » est loué dans l’action de grâce et la psalmodie (2). Celui qui, au centre du poème, est proclamé « élevé » (9a) est le Dieu qui « élève » la puissance du « juste » (13a), qui le fait « croitre » « comme le palmier », « comme le cèdre au Liban » (13). Contrairement à « l’herbe » qui, certes, fleurit, mais qui très vite est détruite « à tout jamais », les grands arbres qui « croissent » « dans la maison de Yhwh » (14) restent « verts » et « pleins de sève », et « fructifient encore dans la vieillesse » (15). LE FRUIT DU JUSTE Aux « grandes » « œuvres » de Dieu qui ont réjoui le psalmiste (5-6) répondent les fruits que portent ceux qui, comme « le juste », « croissent » « dans les parvis de notre Dieu » (14-16). Ces fruits consistent à « annoncer », à proclamer la « fidélité » et la « vérité » du Seigneur (3), sa droiture dépourvue de la moindre ruse (15). « CHANT POUR LE JOUR DU SABBAT » Le Ps 92 est le seul qui soit qualifié, dans son titre, de « chant pour le jour du sabbat ». On pourra reconnaitre dans le psaume la double motivation que les décalogues donnent du commandement du sabbat. Le premier en effet déclare :
Le psaume 92
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« car en six jours le Seigneur a fait les cieux et la terre et la mer et tout ce qui est en eux » (Ex 20,11), à quoi feraient allusion les versets 5 et 6 du psaume. Quant au second, il dit : « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte et que t’en a fait sortir le Seigneur ton Dieu à main puissante et à bras étendu » (Dt 5,15), ce qui renverrait à l’élévation du psalmiste délivré de ceux qui l’épiaient et l’assaillaient (Ps 92,11-12).
III. LE SEIGNEUR PROTÈGERA SON HÉRITAGE CONTRE LES MÉCHANTS La troisième séquence : Ps 93–94 1. LE PSAUME 93 TEXTE Yhwh règne, superbement il est vêtu ; il est vêtu, Yhwh, de puissance il est enveloppé, aussi, est stable le monde, point ne chancelle. 2 Est stable ton trône dès l’origine, depuis toujours, toi. 3 Élèvent les fleuves, Yhwh, élèvent les fleuves leur voix, élèvent les fleuves leur fracas ; 4 plus que les voix des eaux nombreuses, les magnifiques brisants de la mer, magnifique là-haut Yhwh. 5 Tes témoignages sont véridiques beaucoup ; de ta maison est l’ornement la sainteté, Yhwh, en la longueur des jours. 1
V. 3
: « LEUR FRACAS »
Le terme dŏkî est un hapax, dont le sens n’est donc pas assuré. Il est mis en parallèle avec « voix », et c’est pourquoi plusieurs le rendent par « fracas » (BJ, Osty, TOB) ou « grondement » (Dhorme). La racine dkh, dont ce terme pourrait dériver, signifie « écraser », « broyer »1. COMPOSITION + 93,1 YHWH + superbement
règne, il est vêtu ;
+ il est vêtu + de puissance + aussi, est stable
YHWH, il est enveloppé, le monde,
2
= Est stable = depuis toujours,
trône
point ne chancelle.
dès l’origine,
.
··································································································· les fleuves, YHWH,
:: 3 Élèvent :: élèvent :: élèvent
les fleuves les fleuves
leur voix, leur fracas ;
:: 4 plus que les voix :: les magnifiques :: magnifique
des eaux brisants là-haut
nombreuses, de la mer, YHWH.
sont véridiques est l’ornement,
beaucoup ; la sainteté, des jours.
=5 témoignages = de maison = YHWH,
1
en la longueur
deClaissé-Walford – al., traduisent « pounding waves » (707), Vesco « déferlement » (875).
58
La première section (Ps 90–94)
Le psaume est de la taille d’une partie formée de deux morceaux parallèles. Les deux occurrences de « il est vêtu » jouent le rôle de termes médians pour les deux premiers segments du premier morceau ; les deux occurrences de « est stable » remplissent la même fonction pour les deux segments suivants. Les seconds membres des deux premiers segments (1b.1d) se correspondent de près : même structure syntaxique, termes synonymiques. Dans les segments extrêmes, « ton trône » (2a) rappelle « règne » (1a). + 93,1 YHWH + superbement
règne, il est vêtu ;
+ il est vêtu + de puissance + aussi, est stable
YHWH, il est enveloppé, le monde,
2
= Est stable = depuis toujours,
trône
point ne chancelle.
dès l’origine,
.
··································································································· 3 Élèvent les fleuves, YHWH,
:: :: élèvent :: élèvent
les fleuves les fleuves
leur voix, leur fracas ;
:: 4 plus que les voix :: les magnifiques :: magnifique
des eaux brisants là-haut
nombreuses, de la mer, YHWH.
sont véridiques est l’ornement,
beaucoup ; la sainteté, des jours.
=5 témoignages = de maison = YHWH,
en la longueur
Dans le deuxième morceau la voix des « fleuves » déchainés et de « la mer » (3-4b) est dépassée par celle du Seigneur (4c), mais c’est dans le dernier segment seulement qu’est explicitée cette voix divine : ce sont ses « témoignages » (5a), la « sainteté » de sa Loi. Le morceau s’achève sur la mention de la durée infinie de sa parole. Les deux morceaux s’achèvent sur un segment à la deuxième personne du singulier, où est affirmée la pérennité du règne de Dieu : « dès l’origine, depuis toujours » (2) jusqu’à toujours, « en la longueur des jours » (5c). Le nom de « Yhwh » revient deux fois dans le premier morceau (1a.1c) et dans chaque segment du deuxième (3a.4c.5c). CONTEXTE TERRE ET MER « Le monde » (tēbēl) est souvent mis en parallèle avec « la terre » (’ereṣ) ; les deux termes sont synonymes (Ps 19,5 ; 33,8 ; 77,19 ; 89,12, etc.). « Terre » et
Le psaume 93
59
« monde » sont mis en relation avec « mers » et « fleuves », selon l’optique traditionnelle, dans l’Orient ancien, de la lutte primordiale contre les puissances négatives des eaux2. Dans le texte ougaritique KTU 1.2.IV3, le dieu forgeron Kotar Khasis encourage et aide le dieu Baal à vaincre les eaux rebelles, la « mer » (« Yam ») et le « fleuve » (« Nahar ») ; voir p. 69. Le livre de Job témoigne, sobrement, de cette lutte primordiale où Yhwh impose sa loi à la mer : 8
Qui enferma la mer à deux battants, quand elle sortit du sein, bondissante ; 9
quand je mis sur elle une nuée pour vêtement et fis des nuages sombres ses langes ; 10
quand je découpai pour elle sa limite et plaçai portes et verrou ? 11
« Tu n’iras pas plus loin, lui dis-je, ici se brisera l’orgueil de tes flots ! » (Jb 38,8-11).
La terre est fondée par Dieu sur les eaux qu’il domine : À Yhwh le monde
la terre et sa plénitude, et les habitants en elle ;
2
sur les mers sur les fleuves
car lui et
l’a fondée, l’a fixée (Ps 27,1b-2).
INTERPRÉTATION DIEU RÈGNE SUR LA CRÉATION « Yhwh », le Dieu d’Israël, est l’unique Dieu, dont la majesté et la « puissance » règnent sur « le monde », le seul qui commande aux « fleuves » déchainés et à « la mer ». Personne d’autre n’est nommé, en dehors de lui, tout au long du psaume. « Magnifique là-haut », sa transcendance domine toute la création, la terre et la mer. DIEU RÈGNE SUR L’HISTOIRE La transcendance du Dieu créateur est telle qu’elle va jusqu’à l’immanence du Dieu qui intervient dans l’histoire des hommes. Seul un Dieu omnipotent est en 2
Voir Ravasi, II, 950-952. A. CAQUOT – et al., Textes ougaritiques, I, Mythes et légendes, 136-139 (voir R. MEYNET, L’Analyse rhétorique, 313.316). 3
60
La première section (Ps 90–94)
mesure de mettre en quelque sorte une limite à sa toute-puissance, à descendre des hauteurs de sa majesté, vers un peuple particulier, pour se révéler à lui dans la Loi qu’il lui donna au Sinaï (5a) et venir habiter dans une « maison » humaine, au Temple de Jérusalem (5b) ; et cela, « pour toujours » (5c). LE DIEU DE TOUJOURS Le règne du Dieu unique n’est pas acquis, comme celui des divinités des peuples qui entourent Israël, au terme de quelque combat titanesque. Il est « dès l’origine, depuis toujours » (2) ; il se prolongera à l’infini, « en la longueur des jours » (5c). Le Dieu d’Israël sera toujours avec nous. LE DIEU DU FACE À FACE Le Dieu d’Israël, « Yhwh », n’est pas un dieu qui s’entretient avec d’autres dieux, comme dans les mythes païens antiques. Il est celui qui parlait avec son serviteur Moïse, « face à face », « comme un ami parle avec son ami » (Ex 33,11). Ce Dieu est une deuxième personne, un « tu » auquel l’homme peut s’adresser, le psalmiste et tous ceux qui, après lui, reprennent ses paroles à leur propre compte.
2. LE PSAUME 94 TEXTE Dieu des vengeances, Yhwh, Dieu des vengeances, parais ! 2 Dresse-toi, juge de la terre, retourne le salaire aux orgueilleux ! 3 Jusqu’à quand les méchants, Yhwh, jusqu’à quand les méchants triompheront-ils ? 4 Ils se répandent, ils parlent l’insolence, ils se vantent, tous les faisant l’iniquité. 5 Ton peuple, Yhwh, ils écrasent et ton héritage ils oppriment ; 6 la veuve et l’étranger ils tuent et les orphelins ils assassinent ! 7 Et ils disent : « Ne voit pas Yah, il ne comprend pas le Dieu de Jacob. » 8 Comprenez, stupides parmi le peuple, et insensés, quand saisirez-vous ? 9 Lui qui planta l’oreille, point n’entendrait ? S’il a façonné l’œil, point ne 10 Lui qui reprend les nations, point ne punirait, verrait ? lui qui enseigne à l’adam la 11 Yhwh connait les pensées de l’adam connaissance ? et qu’elles (sont) une buée. 12 Heureux l’homme que tu reprends, Yhwh, et par ta loi tu enseignes, 13 pour le reposer aux jours de malheur, tant que se creuse pour le méchant une fosse. 14 Oui, ne délaisse pas Yhwh son peuple et son héritage n’abandonne pas, 15 car vers la justice revient le jugement et derrière lui tous les droits de cœur. 16 Qui se lève pour moi contre les malfaisants, qui se tient pour moi contre les faisant l’iniquité ? 17 Si n’(était) pas Yhwh une aide à moi, bientôt habiterait le silence mon âme. 18 Quand je dis : « Chancelle mon pied », ta fidélité, Yhwh, me soutient. 19 Dans l’abondance de mes soucis dans mon intime, tes consolations délectent mon âme. 20 Est-il ton allié un siège de perdition, façonnant la peine contre le droit ? 21 Ils s’attaquent à l’âme du juste et le sang innocent ils condamnent ; 22 mais sera Yhwh pour moi une citadelle, et mon Dieu, le rocher de mon abri. 23 Il retourne contre eux leur iniquité et pour leur malice il les anéantit, il les anéantit, Yhwh notre Dieu ! 1
V. 20
: « ...FAÇONNANT LA PEINE CONTRE LE DROIT »
Le sens de ce membre a été très discuté1. Il se comprend mieux dans son contexte, en particulier avec le verset suivant : il s’agit d’un tribunal inique qui fait condamner l’innocent, usant le droit de manière perverse. COMPOSITION Le psaume comprend cinq parties, organisées de manière concentrique autour d’un macarisme (12-13). LA PREMIÈRE PARTIE (1-2) + 1 DIEU + DIEU 2
:: DRESSE-TOI, :: RETOURNE
1
des vengeances, des vengeances,
YHWH,
juge le salaire
de la terre, aux orgueilleux !
PARAIS
Voir Ravasi, II, 971-972 ; Hakham, II, 194-195.
!
62
La première section (Ps 90–94)
+ 1 DIEU + DIEU
des vengeances, des vengeances,
YHWH,
:: 2 DRESSE-TOI, :: RETOURNE
juge le salaire
de la terre, aux orgueilleux !
PARAIS
!
Dans le premier segment, « Yhwh » est appelé deux fois « Dieu des vengeances ». L’impératif par lequel ce segment s’achève sera explicité dans le deuxième segment : le « juge » se lève pour prononcer le verdict et appliquer la sentence aux coupables, les « orgueilleux ». LA DEUXIÈME PARTIE (3-11) + 3 JUSQU’À QUAND + JUSQU’À QUAND + 4 Ils se répandent, + ils se vantent,
, ils parlent
YHWH, triompheront-ils ? l’insolence, .
································································································· 5
– Ton peuple, – et ton héritage
YHWH, ils oppriment ;
ils écrasent
– 6 la veuve – et les orphelins
et l’étranger ils assassinent !
ils tuent
« Ne voit pas le DIEU
YAH, de Jacob. »
QUAND
parmi le peuple, saisirez-vous ?
• 7 Et ils disent : • IL NE COMPREND PAS + 8 COMPRENEZ, + et ,
························································································································· 9
:: Lui qui planta :: S’il a façonné
l’oreille, l’œil,
point point
n’entendrait ? ne regarderait ?
:: 10 Lui qui reprend :: lui qui enseigne
les nations, à l’adam
point
ne punirait,
LA CONNAISSANCE ?
························································································································· 11
+ YHWH + et qu’elles (sont)
CONNAIT
une buée.
les pensées
de l’adam
Le psaume 94
63
Dans la première sous-partie, le psalmiste dénonce l’iniquité des méchants. Le premier morceau pose la question de la durée du triomphe (3) de ces « faisant l’iniquité » qui, dans leur « insolence », « se répandent » et « se vantent » (4). Le deuxième morceau dit en quoi consiste leur « iniquité » : oppression du « peuple » de Yhwh (5), élimination des plus faibles (6). La sous-partie centrale rapporte leurs paroles : Dieu ne voit ni ne comprend leurs méfaits. Dans la troisième sous-partie, le psalmiste invite les méchants, « stupides » et « insensés », à « comprendre » (8). Telle est la fonction des questions qu’il leur pose dans le morceau central (10) ; les deux premières répondent au premier membre de la sous-partie centrale (7a), la dernière à son second membre (7b), « connaissance » correspondant à « ne comprend pas ». Le dernier morceau s’enclenche sur le précédent avec la reprise de « l’adam » et de « connaissance/ connait », mais il renvoie aussi au premier morceau, l’inanité de « une buée » rappelant les qualificatifs « stupides » et « insensés ». En termes initiaux des sous-parties extrêmes, l’interrogatif « quand » de 8b rappelle les deux « jusqu’à quand » de 3. Les deux occurrences de « comprendre » jouent le rôle de termes médians entre la sous-partie centrale et la dernière (7b.8a). LA TROISIÈME PARTIE (12-13) :: 12 Heureux :: lequel :: et par ta loi
l’homme tu reprends, tu enseignes,
Yhwh,
+ 13 pour le reposer – tant que se creuse
aux jours pour le méchant
de malheur, une fosse.
Les deux segments forment une seule phrase complexe. La principale (12a) régit deux relatives (12bc), lesquelles régissent à leur tour une finale (13a) dont dépend enfin une temporelle (13b). Dans le premier segment « l’homme » est en rapport avec « Yhwh », dans le deuxième avec « le méchant » qui cause son « malheur ».
64
La première section (Ps 90–94)
LA QUATRIÈME PARTIE (14-22) + 14 Oui, ne délaisse pas + et son héritage
YHWH n’abandonne pas.
son peuple
·············································································································
:: 15 Oui, vers LA JUSTICE :: et derrière lui
revient tous les droits
le jugement de cœur.
= 16 Qui se lève pour moi = qui se tient pour moi
contre les malfaisants, contre les faisant
l’iniquité ?
············································································································· 17
+ Si n’(était) pas + bientôt • 18 Quand je dis : • ta fidélité, + 19 Dans l’abondance + tes consolations
YHWH habiterait
une aide le silence
« Chancelle YHWH,
mon pied », me soutient.
de mes soucis délectent
dans mon intime, MON ÂME.
à moi, MON ÂME.
·············································································································
= 20 Est-il ton allié = façonnant
un siège la peine
de perdition, contre le droit ?
:: 21 Ils s’attaquent :: et le sang
à l’âme innocent
DU JUSTE
ils condamnent.
·············································································································
+ 22 Et sera + et mon DIEU,
YHWH pour moi le rocher
une citadelle de mon abri.
Dans la première sous-partie, les morceaux extrêmes ont en commun le nom de « Yhwh », en même position, ainsi que la négation2. Le Seigneur aide « son peuple » (14) comme le psalmiste (17). Dans le morceau central, les deux segments opposent, en finale, « tous les droits de cœur » et « les faisant l’iniquité ». Le premier segment annonce le rétablissement du « jugement » en faveur des « droits » ; le second pose la question de l’aide que pourra recevoir le psalmiste « contre les faisant l’iniquité ». Ce second segment prépare le dernier morceau, tous deux mettant en jeu la première personne du psalmiste ; en revanche, le premier segment (15) est à la troisième personne, comme le premier morceau (14).
2
En 14a.14b: lō’ et en 17a: lûlê.
Le psaume 94
65
La composition de la dernière sous-partie (19-22) est semblable à celle de la première. Les morceaux extrêmes (19.22) disent le secours de Dieu pour le psalmiste : « consolations », « citadelle » et « rocher ». Le morceau central (2021) évoque les ennemis qui, au « siège » du tribunal, tentent de faire condamner l’innocent. Ce dernier n’est autre que le psalmiste lui-même dont il est question dans les morceaux extrêmes. Dans la courte sous-partie centrale (18), le psalmiste s’adresse directement à Yhwh pour la première fois, résumant en quelque sorte l’ensemble de la partie. Le vocabulaire judiciaire marque les morceaux centraux des sous-parties extrêmes : « justice » et « jugement », « se lever » et « se tenir » pour la défense (15-16), « siège », « droit », « juste », « innocent », « condamner » (20-21). Les deux occurrences de « mon âme » (17b.19b) marquent la fin des segments qui encadrent la sous-partie centrale. Les noms divins se trouvent aux extrémités de la première sous-partie (14a.17a), deux fois aussi à la fin de la dernière souspartie (22a.22b), et une fois dans la sous-partie centrale (18b). LA CINQUIÈME PARTIE (23) + 23 Il retourne – et pour leur malice – il les anéantit,
contre eux il les anéantit, Yhwh
leur iniquité notre Dieu !
Cette partie est de la mesure d’un seul segment trimembre. Les deux premiers membres sont liés par les synonymes « iniquité » et « malice » qui ont le même pronom suffixe, traduit par « leur » ; les deux derniers membres sont liés par la reprise du même verbe. L’identité du sujet des trois verbes n’est dévoilée qu’à la fin de la phrase.
66
La première section (Ps 90–94)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 94,1 DIEU des vengeances, YHWH, DIEU des vengeances, parais ! 2 Dresse-toi, JUGE de la terre, RETOURNE le salaire aux orgueilleux ! 3 4 5 6
Jusqu’à quand , YHWH, jusqu’à quand Ils se répandent, ils parlent l’insolence, ils se vantent, tous Ton peuple, YHWH, ils écrasent et ton héritage ils oppriment, la veuve et l’étranger ils tuent et les orphelins ils assassinent ! 7
8
triompheront-ils ? .
Et ils disent : « YAH ne voit pas,
il ne comprend pas le DIEU de Jacob. »
Comprenez, stupides parmi le peuple, 9
et insensés, quand saisirez-vous ?
Lui qui planta l’oreille, point n’entendrait ? S’il A FAÇONNÉ l’œil, point ne regarderait ? Lui qui REPREND les nations, point ne punirait, lui qui ENSEIGNE à l’adam la connaissance ?
10 11
YHWH connait les pensées de l’adam et qu’elles sont une buée. 12 13
14
Oui, ne délaisse pas YHWH son peuple 15 16
17
Si n’était pas YHWH une aide à moi,
21 22 23
et son héritage n’abandonne pas.
Quand je dis : « Mon pied chancelle»,
ta fidélité, YHWH, me soutient. tes consolations délectent mon âme.
Est-il ton allié un siège de perdition, FAÇONNANT la peine contre le droit ? Ils s’attaquent à l’âme du juste et le sang innocent
mais sera YHWH pour moi une citadelle,
IL RETOURNE contre eux leur il les anéantit, YHWH notre DIEU !
?
bientôt habiterait le silence mon âme.
Dans l’abondance de mes soucis dans mon intime, 20
une fosse.
Oui, vers la justice RETOURNE le JUGEMENT et derrière lui tous les droits de cœur. Qui se lève pour moi contre les malfaisants, qui se tient pour moi contre
18 19
Heureux l’homme que TU REPRENDS, YHWH, et par ta loi TU ENSEIGNES, pour le reposer aux jours de MALHEUR, tant que se creuse pour
;
et mon DIEU, le rocher de mon abri.
et pour leur MALICE il les anéantit,
Dans la première partie, le psalmiste demande à Dieu de « retourner » aux orgueilleux leur salaire (1-2), et dans la dernière c’est chose faite : « il retourne contre eux leur iniquité » (23). La deuxième et l’avant-dernière partie ont la même longueur et la même composition. Leurs sous-parties centrales commencent avec « dire » qui introduit des paroles : des méchants d’abord (7), du psalmiste ensuite (18). « Les méchants » (3) et « ils déclarent-méchant » (21) font inclusion. Le couple « ton/ son peuple » – « ton/son héritage » revient dans les premières sous-parties (5.14), ainsi que « les faisant l’iniquité » (4.16). « Façonner » est repris en 9 et 20. Dans la partie centrale, les deux verbes du premier segment étaient déjà utilisés ensemble en 10. Dans le deuxième segment, « malheur » reviendra dans la
Le psaume 94
67
partie finale avec « malice » (23a), ces deux termes traduisant le même mot hébreu ; « le méchant » (13b) renvoie à « les méchants » du début de la deuxième partie (3) et à « ils déclarent-méchant » de la fin de l’avant-dernière partie (21), verbe qui est de même racine. Ainsi, le premier segment (12), qui déclare heureux celui qui est repris et enseigné par le Seigneur, renvoie à la première partie où le psalmiste reprend les méchants (8-10) qu’il avait dénoncés (3-6) ; quant au second segment (13), qui oppose le sort du juste et celui du méchant, il annonce la partie suivante où la même opposition se retrouve (spécialement en 16 et en 20-21 contre 19.22). « Juge » du début (2) est de même racine que « jugement » en 15 ; « se dresser » de 2 et « se lever » – « se tenir » de 15 sont synonymes. « Retourner » des parties extrêmes (2.23) revient aussi en 15. CONTEXTE SAGESSE VAINE Ps 94,11 est cité par Paul en 1Co 3,20 : 18
Que nul ne se dupe lui-même ! Si quelqu’un parmi vous croit être sage à la façon de ce monde, qu’il se fasse fou pour devenir sage ; 19 car la sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. Il est écrit en effet : « Celui qui prend les sages à leur propre astuce » (Jb 5,13) ; 20 et encore : « Le Seigneur connait les pensées des sages ; il sait qu’elles sont vaines ».
INTERPRÉTATION JUSQU’À QUAND ? Les méchants triomphent (3). Leur orgueil, leur « insolence » n’ont pas de limite (4). Ils peuvent opprimer Israël, assassiner impunément les plus pauvres, l’orphelin et la veuve, l’étranger (5-6). Au tribunal, ils sont assez puissants pour détourner le droit, s’attaquer au juste et faire déclarer coupable l’innocent (2021). Ils sont installés durablement dans l’injustice, car personne n’ose s’opposer à eux ; tellement qu’ils en viennent à penser qu’ils peuvent se cacher aux yeux de Dieu lui-même (7). « DIEU DES VENGEANCES, PARAIS ! » L’incipit est on ne peut plus violent, d’autant qu’il est répété. Israël invoque son Dieu, « Yhwh », comme « Dieu des vengeances ». Le ton est donné et il n’est certes pas tendre. Bien vite cependant, ce Dieu est appelé à « se dresser » comme « juge » suprême, pour rétablir la justice, faisant payer aux « orgueilleux » le salaire qu’ils méritent. Tel est le sens biblique de la « vengeance » :
68
La première section (Ps 90–94)
sauver l’innocent opprimé et menacé de mort par les méchants, le mettre à l’abri du rocher de sa citadelle (22). Ce qui ne peut s’obtenir sans l’abaissement, voire l’anéantissement des faiseurs d’iniquité (23). « HEUREUX L’HOMME QUE TU REPRENDS » Qui est donc « l’homme » que Yhwh « reprend », déclaré « heureux » au cœur du psaume ? On pourrait penser qu’il s’agit du juste, puisque Dieu le fait « reposer aux jours de malheur ». Cependant, le psalmiste avait à peine présenté le Seigneur comme celui « qui reprend les nations », « qui enseigne à l’adam la connaissance » (10). Ainsi, les nations qui « écrasent » le « peuple » de Dieu et « oppriment » son « héritage » (5) sont-elles appelées à profiter elles aussi de la réprimande et de l’enseignement de la loi divine, pour éviter « les jours de malheur » ; ceux-ci ne sauraient manquer de tomber sur eux, s’ils s’entêtaient dans leur « malice ». HEUREUX L’HOMME QUI REPREND ET ENSEIGNE Quand le psalmiste s’adresse à ceux qu’il qualifie de « stupides » et d’« insensés » (8-11), il ne fait pas seulement œuvre sapientielle, il parle en prophète. C’est par sa bouche que Dieu « reprend » et « enseigne » à la fois ceux qui « parmi le peuple » ne comprennent pas, mais aussi « les nations » étrangères, en somme tout « adam ». C’est en effet le rôle du prophète de mettre en garde les faiseurs d’iniquité contre le jugement divin qui les abattra s’ils persistent dans leur méchanceté. LA FOI QUI SAUVE Après avoir déclaré heureux ceux que Dieu reprend, le psalmiste poursuit en affirmant sa foi dans le Seigneur qui n’abandonne pas son peuple et qui lui vient en aide personnellement (14-17 ; 21-22). Toutefois, il ne s’arrête pas à témoigner de sa confiance absolue en son Dieu, il lui faut le dire aussi au Seigneur luimême (18-20). La prière est sans aucun doute le plus beau et le plus efficace des témoignages. La foi sauve non seulement celui qui la professe, elle peut aussi enseigner ceux qui la voient à l’œuvre chez le croyant.
KTU 1.2.IV ET KOTAR-KHASIS RÉPOND :
1
+ Je te dis
ô Prince
BAAL
. Voici ton ennemi . Voici ton ennemi . Voici tu massacreras
ô BAAL tu le frapperas ton adversaire
+ Tu reprendras
ta royauté éternelle
je te réitère
ô Chevaucheur des Nuées
2 3 4 5
ta souveraineté
perpétuelle
6
KOTAR FABRIQUE DEUX MASSUES
ET IL PROCLAME LEURS DEUX NOMS:
. Ton nom est YAGRUSH . Chasse Yam de son trône . Puisses-tu t’élancer de la main de BAAL . Frapper à L’ÉPAULE le Prince Yam
YAGRUSH chasse Yam Nahar du siège de sa domination comme un épervier d’entre ses doigts entre LES DEUX BRAS le Juge Nahar
8 9 10 11
: S’élance la massue de la main de BAAL : Frappe à L’ÉPAULE le Prince Yam : Fort est Yam : NE faiblissent PAS ses articulations
comme un épervier d’entre ses doigts entre LES DEUX BRAS le Juge Nahar il NE s’affaisse PAS NE se défait PAS sa figure
12 13 14 15
KOTAR FABRIQUE DEUX MASSUES
ET IL PROCLAME LEURS DEUX NOMS:
16
. Ton nom est AYYAMUR . Expulse Yam de son trône . Puisses-tu t’élancer de la main de . Frapper LE CRÂNE du Prince Que s’écroule
AYYAMUR expulse Yam Nahar du siège de sa domination comme un épervier d’entre ses doigts entre LES DEUX YEUX le Juge Nahar et qu’il tombe par terre
17 18 19 20 21
comme un épervier d’entre ses doigts entre LES DEUX YEUX le Juge Nahar et tombe par terre se défait sa figure il achève le Juge Nahar
22 23 24 25 26
: S’élance la massue de la main de : Frappe LE CRÂNE du Prince : Il s’écroule : faiblissent ses articulations Baal traine et démembre
BAAL Yam Yam BAAL Yam Yam Yam
PAR (son) NOM, AKHTART (l’) INTERPELLE: + Disperse-le
ô très puissant BAAL
. Car il est notre captif le Prince . il est notre captif le Juge + Qu’il sorte [...]
Voir p. 59.
7
27 disperse-le
ô Chevaucheur des Nuées
Yam Nahar
28 29 30
que le disperse
le très puissant
BAAL
31
3. LE SEIGNEUR PROTÈGERA SON HÉRITAGE CONTRE LES MÉCHANTS (PS 93–94) COMPOSITION DE LA TROISIÈME SÉQUENCE Ps 93,1 Yhwh règne, il est vêtu SUPERBEMENT ; il est vêtu, Yhwh, de puissance il est enveloppé, aussi le monde est stable, point ne . 2 Est stable TON TRÔNE dès l’origine, depuis toujours, toi. 3
, ÉLÈVENT les fleuves ÉLÈVENT les fleuves, Yhwh, ÉLÈVENT les fleuves ; 4 plus que des eaux nombreuses, les magnifiques brisants de la mer, magnifique là-haut Yhwh. 5 sont véridiques beaucoup ; la sainteté est l’ornement de ta maison, Yhwh, en la longueur des jours. Ps 94,1 Dieu des vengeances, Yhwh, Dieu des vengeances, parais ! 2 ÉLÈVE-TOI, de la terre, retourne le salaire aux SUPERBES ! 3 Jusqu’à quand les méchants, Yhwh, jusqu’à quand les méchants triompheront-ils ? 4 Ils se répandent, , , tous les faisant l’iniquité. 5 Ton peuple, 6 Yhwh, et ils oppriment ton héritage ; ils tuent la veuve et l’étranger et ils assassinent les orphelins ! 7 : « Yah ne voit pas, il ne comprend pas le Dieu de Jacob. » 8 Comprenez, stupides parmi le peuple, et insensés, quand saisirez-vous ? 9 Lui qui planta l’oreille, point n’entendrait ? S’il a façonné l’œil, point ne verrait ? 10 Lui qui reprend les nations, point ne punirait, lui qui enseigne à l’adam la connaissance ? 11 Yhwh connait les pensées de l’adam et qu’elles sont une buée. 12 13 14
Heureux l’homme que tu reprends, Yhwh, et que par tu enseignes, pour le reposer aux jours de malheur, tant que se creuse pour le méchant une fosse.
Oui, Yhwh ne délaisse pas son peuple et n’abandonne pas son héritage, 15 car vers la justice revient le et derrière lui tous les droits de cœur. 16 Qui se lève pour moi contre les malfaisants, qui se tient pour moi contre les faisant l’iniquité ? 17 Si Yhwh n’était pas une aide à moi, bientôt mon âme habiterait le silence. 18 Quand je dis : « Mon pied », ta fidélité, Yhwh, me soutient. 19 Dans mes nombreux soucis dans mon intime, tes consolations délectent mon âme. 20 Est-il ton allié UN TRÔNE de perdition, façonnant la peine contre ? 21 Ils 22 s’attaquent à l’âme du juste et le sang innocent ils déclarent-méchant ; mais Yhwh sera pour moi une citadelle, et mon Dieu, le rocher de mon abri. 23 Il retourne contre eux leur iniquité et pour leur malice il les anéantit ; il les anéantit, Yhwh notre Dieu !
La séquence 93–94
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– À « superbement » au début du premier psaume (93,1) fait écho « superbes » au début du second (94,2) ; – Dieu est présenté comme roi au début du premier psaume (« il règne » 93,1), comme « juge » au début du second (94,2) ; – aux trois occurrences de « élèvent » en 93,3 correspond « élève-toi » de 94,2 ; – aux deux occurrences de « voix » en 93,3-4 semblent répondre « ils parlent l’insolence, ils se vantent » de 94,4 ; – à « leur écrasement » de 93,3 fait écho « ils écrasent » de 94,5 ; – « les fleuves » (93,3ter), auxquels il faut ajouter « les eaux nombreuses » et « les magnifiques brisants de la mer » (4) s’opposent au Seigneur ; et de même « le(s) méchant(s) » (94,3bis.13 ; et « ils déclarent-méchant » de 21), auxquels il faut ajouter « tous les faisant l’iniquité » (4), « les malfaisants » et « les faisant l’iniquité » (16), « perdition » (20), « leur iniquité » et « leur malice » (23) ; – à « tes témoignages » de 93,5 correspondent « juge » et « jugement » (94,2. 15), « ta loi » (12), « le droit » (20) ; voir Ps 81,5-6a où « droit », « jugement » et « témoignages » sont mis en parallèle ; – « chanceler » revient en 93,1 et en 94,18 ; – « trône » est repris en 93,2 et 94,20 ; – « jours » en 93,5 et 94,13 ; – on peut aussi noter, au début de chaque psaume, les synonymes « monde » (93,1) et « terre » (94,2) ; – un jeu de mots est perceptible entre nehārôt et neqāmôt (« fleuves » trois fois en 93,3 et « vengeances » deux fois en 94,1). INTERPRÉTATION LES MÉCHANTS ÉCRASENT LES INNOCENTS Comme « les fleuves » (93,3), les « méchants » « élèvent la voix », « ils parlent d’insolence, ils se vantent » (94,4). Ils ne font pas que parler, « ils écrasent » comme les fleuves (93,3 ; 94,5) : ils oppriment le peuple (94,5), ils vont jusqu’à tuer les plus faibles, ceux qui sont sans défense, « la veuve et l’orphelin », « l’étranger » (6). Ces « magnifiques brisants de la mer » (93,4) ne sont autres que les puissants, ceux qui, au tribunal occupent « un trône de perdition », qui « déclarent-méchants » « le juste » et « l’innocent » (20). LE ROI LES VENGE L’image d’un Dieu vengeur par laquelle commence le deuxième psaume peut choquer, à première vue. C’est que le sang innocent de l’étranger, de la veuve et de l’orphelin qui a été répandu par les faiseurs d’iniquité, crie vengeance, comme celui d’Abel le juste. Aux « superbes » (94,2) s’oppose celui qui est « superbement » vêtu de « force » (93,1). Son « trône » céleste dans sa stabilité éternelle ne peut laisser impuni « le trône de perdition » des juges
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La première section (Ps 90–94)
iniques. Ils ont tué, assassiné (94,6), ils ne pourront qu’être anéantis (23), leur « iniquité » et le « mal » qu’ils ont commis creuseront inévitablement « la fosse » qui les engloutira (13). « INSENSÉS, QUAND SAISIREZ-VOUS ? » La description du Seigneur qui « règne » « depuis toujours » (93,1-2) semble offerte à la réflexion des méchants qui prétendent que « Yah ne voit pas », que « le Dieu de Jacob ne comprend pas » (94,7). Ce Dieu est le créateur de l’homme ; il entend, voit, punit, « il enseigne à l’adam la connaissance » (10). S’il a mis au pas « les fleuves » et s’il domine « les eaux nombreuses », « il reprend » par sa loi ceux qui ne la respectent pas. Celui dont le trône est stable depuis toujours, qui ne laisse pas « chanceler » le monde (93,1), ne laissera pas « chanceler » le pied du psalmiste menacé par les malfaisants (94,18). LE PSALMISTE ET SON DIEU La séquence n’est qu’un long dialogue entre le psalmiste et le Seigneur. Le premier psaume n’est pas seulement une méditation sur la grandeur de celui qui « règne » dans les cieux et qui domine les eaux impétueuses. L’orant s’adresse à ce Dieu qu’il considère donc comme quelqu’un qui l’entend ; sinon, il ne lui adresserait pas la parole ! Dans le second psaume, il commence par demander à son Dieu de paraitre, de s’élever et de châtier les orgueilleux (94,1.2). Quand il dénonce la conduite des méchants, c’est à Dieu qu’il le dit (5) ; et de même lorsque, au centre du psaume, il déclare heureux celui que Dieu enseigne (1213). Puis on découvre que lui-même fait partie des victimes des méchants (16). Il attend que quelqu’un se lève pour le défendre au tribunal où il est trainé (16). Mais il sait qu’il peut compter sur la fidélité du Dieu auquel il se confie (18.22). Personnelle, sa prière est aussi celle de tout un peuple, et c’est pourquoi elle s’achève sur l’invocation à « Yhwh notre Dieu » (23).
Le passage de la mer (Ex 14) Et Yhwh parla à Moïse disant : 2 « Parle aux fils d’Israël et qu’ils reviennent et campent devant Pi-Hahirôt entre Migdol et entre la mer ; devant Baal-Çephôn en face de lui campez sur la mer. 3 Et Pharaon dira à propos des fils d’Israël : “Ils errent dans le pays ; le s’est refermé sur eux !” 4 Et j’endurcirai le cœur de Pharaon et il poursuivra derrière eux et je me glorifierai contre Pharaon et contre toute son armée ET LES ÉGYPTIENS SAURONT QUE JE SUIS YHWH. » Et ils firent ainsi. 1
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Et il fut annoncé au roi d’Égypte qu’avait fui le peuple ; et se renversa le cœur de Pharaon et de ses serviteurs envers le peuple. • Et ils dirent : « QU’EST CELA QUE NOUS AVONS FAIT QUE NOUS AVONS RENVOYÉ ISRAËL DE NOTRE SERVICE ? » 6 Et il attela son char et il prit son peuple avec lui ; 7 et il prit six cents de ses meilleurs chars et tous les chars d’Égypte, avec un troisième (homme) sur chacun. 8
Et Yhwh endurcit le cœur de Pharaon roi d’Égypte et il poursuivit derrière les fils d’Israël ; et les fils d’Israël sortant à main haute 9 et les Égyptiens poursuivirent derrière eux. Et les rejoignirent campant sur la mer tous chevaux de charrerie de Pharaon et ses cavaliers et son armée sur Pi-Hahirôt devant Baal-Çephôn ; 10 et Pharaon s’approcha. Et les fils d’Israël LEVÈRENT LES YEUX et voici que l’Égypte allait derrière eux ; beaucoup et les fils d’Israël crièrent vers Yhwh. 11
Et ils dirent à Moïse : « N’y avait-il pas de tombeaux en Égypte pour que tu nous prennes pour MOURIR dans le ? QU’EST CELA QUE TU NOUS AS FAIT POUR NOUS FAIRE SORTIR D’ÉGYPTE ? 12 N’est-ce pas ce que nous te disions en Égypte disant : “Laisse-nous que nous l’Égypte, car il est bon pour nous de l’Égypte plutôt que de MOURIR dans le ”?» 13
Et Moïse dit au peuple : « , tenez-vous prêts et VOYEZ le SALUT de Yhwh qu’il pour vous aujourd’hui, car les Égyptiens que vous VOYEZ aujourd’hui vous ne les VERREZ plus jamais. 14 YHWH COMBATTRA POUR VOUS et vous vous resterez tranquilles. » FERA
Et Yhwh dit à Moïse : « Qu’est-ce que tu cries vers moi ? Parle aux fils d’Israël et qu’ils s’avancent ! Et toi, lève ton bâton et étends ta main sur la mer et fends-la ; et que les fils d’Israël viennent au milieu de la mer dans le sec ! 17 Et moi voici que j’endurcirai le cœur des Égyptiens et ils viendront derrière eux et je me glorifierai contre Pharaon et toute son armée, contre ses chars et contre ses cavaliers. 18 ET LES ÉGYPTIENS SAURONT QUE JE SUIS YHWH quand je me glorifierai contre Pharaon, contre ses chars et contre ses cavaliers. » 15 16
19 Et se déplaça l’ange d’Élohîm qui allait devant le camp d’Israël et il alla par derrière eux ; et se déplaça la colonne de nuée de devant eux et elle se tint par derrière eux. 20 Et elle alla entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël. Et elle était nuée et ténèbre et elle illuminait la nuit ; et celui-ci ne s’approcha pas de celui-ci de toute la nuit. 21 Et Moïse étendit sa main sur la mer et Yhwh fit aller la mer avec un fort vent d’est toute la nuit ; et il fit de la mer une terre-ferme et les eaux se fendirent. 22 Et les fils d’Israël vinrent au milieu de la mer dans le sec et les eaux étaient pour eux un rempart à leur droite et à leur gauche ; 23 et les Égyptiens poursuivirent et vinrent derrière eux tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers au milieu de la mer. 24 Et il arriva à la veille du matin que Yhwh regarda vers le camp des Égyptiens depuis la colonne de feu et de nuée et il jeta la confusion dans le camp des Égyptiens ; 25 et il enraya les roues de leurs chars et ils avançaient avec peine.
• Et les Égyptiens dirent : « Fuyons devant Israël, car YHWH COMBAT POUR EUX contre l’Égypte. » 26
Et Yhwh dit à Moïse : « Étends ta main sur la mer et que reviennent les eaux sur les Égyptiens sur leurs chars et sur leurs cavaliers. » 27 Et Moïse étendit sa main sur la mer ; et la mer revint devant le matin vers son lit et les Égyptiens marchaient à sa rencontre ; et Yhwh culbuta les Égyptiens au milieu de la mer. 28 Et les eaux revinrent et couvrirent les chars et les cavaliers de toute l’armée de Pharaon qui venaient derrière eux dans la mer. Et il n’en resta pas un seul. 29 Et les fils d’Israël étaient allés dans le sec au milieu de la mer et les eaux étaient pour eux un rempart à leur droite et à leur gauche. 30 Et Yhwh SAUVA en ce jour-là Israël de la main des Égyptiens ; et Israël VIT les Égyptiens MORTS sur le rivage de la mer 31 et Israël VIT le bras grand que FIT Yhwh avec les Égyptiens ; et le peuple Yhwh et ils crurent en Yhwh et en Moïse son .
IV. LE DESTIN DES FILS D’ADAM L’ensemble de la première section (Ps 90–94) COMPOSITION LES RAPPORTS ENTRE LES SÉQUENCES EXTRÊMES (PS 90–91 ; 93–94) Ps 90,1 Prière de Moïse homme de Dieu. 1 Adonaï, toi tu es pour nous UN REFUGE de génération en génération. 2 Avant que les montagnes soient enfantées et que tu engendres LA TERRE et LE MONDE, de toujours à toujours toi tu es Dieu. 3 Tu fais-revenir l’humain à la poussière et tu dis : « Revenez, fils d’Adam ! » 4 Car mille années à tes yeux sont comme le jour d’hier quand il est emporté et une veille dans la nuit. 5 Tu les submerges, sommeil ils sont ; au matin ils sont comme l’herbe qui se renouvelle. 6 Au matin, elle fleurit et se renouvelle ; le soir, elle se fane et sèche. 7 Car nous sommes achevés par ta colère, et par ta fureur nous sommes épouvantés. 8 Tu as mis nos fautes devant toi, nos secrets à la lumière de ta face. 9 Car tous nos jours s’effacent sous ton emportement, nous achevons nos années comme un soupir. 10 Les jours de nos années, soixante-dix années, et si par miracle quatre-vingts années ; et leur excitation est peine et faute, car elle disparait rapidement et nous nous envolons. 11
Qui CONNAIT la FORCE de ta colère et comme la crainte-de-toi ton emportement ?
Compter nos jours, oui, FAIS-NOUS CONNAITRE, et nous ferons-venir un cœur de sagesse ! Reviens, Yhwh ! Jusqu’à quand ? Et repens-toi pour tes serviteurs. 14 Rassasie-nous au matin de , et nous chanterons et nous nous réjouirons . 15 Réjouis-nous comme les jours où tu nous as châtiés, les années où nous avons vu le malheur. 16 QUE SOIT VUE ton œuvre pour tes serviteurs, et ta splendeur sur leurs fils ! 17 Et que soit sur nous la douceur d’Adonaï notre Dieu ! Et assure sur nous l’ouvrage de nos mains et l’ouvrage de nos mains assure-le ! 12 13
Ps 91,1 Qui habite le secret du Très-haut, à l’ombre de Shaddaï passe la nuit ; 2 je dis à Yhwh : MON ABRI, MA FORTERESSE, mon Dieu en qui je me fie ! 3 Oui, lui te libère du filet de l’oiseleur, de la peste de calamité ; 4 de sa plume il te couvre et sous ses ailes TU T’ABRITES ; bouclier et armure, sa vérité. 5 Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit ni la flèche qui vole de jour, 6 ni la peste qui va en la ténèbre ni le fléau qui dévaste à midi ; 7 qu’il en tombe à tes côtés mille et dixmille à ta droite, sur toi il n’arrivera pas. 8
Seulement de TES YEUX TU REGARDERAS et le salaire des MÉCHANTS TU VERRAS.
Oui, toi Yhwh, tu es MON ABRI, Très-haut, tu as établi TON REFUGE ; 10 ne te frappera pas le malheur et la plaie n’approchera pas de ta tente : 11 Oui, à ses anges il a ordonné pour toi de te garder en tous tes chemins ; 12 sur leurs paumes ils te porteront pour que ton pied ne heurte la pierre, 13 sur le fauve et la vipère tu chemineras, tu fouleras le lion et le dragon. 14 Oui, il s’attache à moi et je l’affranchis, je l’exalte car IL CONNAIT mon nom ; 15 il m’appelle et je lui réponds, je suis avec lui dans l’angoisse, je le délivre et je le glorifie, 16 je le rassasierai et JE LUI FERAI-VOIR mon salut. 9
– Dès le début du premier psaume, le Seigneur est invoqué comme « refuge » (90,1) ; ce sera repris largement dans le psaume suivant (« Mon abri, ma citadelle » 91,2 ; « tu t’abrites », 4 ; « mon abri », « ton refuge », 9) et aussi à la fin du dernier psaume (« citadelle », « mon abri », 94,22) ;
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Ps 93,1 Yhwh règne, superbement il est vêtu ; il est vêtu, Yhwh, de FORCE il est enveloppé, aussi LE MONDE est stable, point ne chancelle. 2 Ton trône est stable dès l’origine, depuis toujours, tu es. Les fleuves élèvent, Yhwh, les fleuves élèvent leur voix, les fleuves élèvent leur écrasement ; plus que les voix des eaux nombreuses, les magnifiques brisants de la mer, magnifique làhaut Yhwh. 5 Tes témoignages sont véridiques beaucoup ; la sainteté est l’ornement de ta maison, Yhwh, . 3 4
Ps 94,1 Dieu des vengeances, Yhwh, Dieu des vengeances, parais ! 2 Élève-toi, juge de LA TERRE, retourne le salaire aux superbes ! 3 Jusqu’à quand LES MÉCHANTS, Yhwh, jusqu’à quand LES MÉCHANTS triompheront-ils ? 4 Ils se répandent, ils parlent l’insolence, ils se vantent, tous les faisant l’iniquité. 5 Ils écrasent ton peuple, Yhwh, et ton héritage ils oppriment ; 6 ils tuent la veuve et l’étranger et ils assassinent les orphelins ! 7 Et ils disent : « Yah NE VOIT PAS, IL NE COMPREND PAS le Dieu de Jacob. » 8 COMPRENEZ, stupides parmi le peuple, et, insensés, quand SAISIREZ-VOUS ? 9 Lui qui planta l’oreille, point n’entendrait ? S’il a façonné l’œil, POINT NE VERRAIT ? 10 Lui qui REPREND les nations, point ne punirait, lui qui ENSEIGNE à l’adam la connaissance ? 11 Yhwh CONNAIT les pensées de l’adam et qu’elles sont une buée. 12 13
Heureux l’homme que TU REPRENDS, Yhwh, et que TU ENSEIGNES par ta loi, pour le reposer aux jours de malheur, tant que se creuse pour LE MÉCHANT une fosse.
Oui, Yhwh ne délaisse pas son peuple et n’abandonne pas son héritage, 15 car vers la justice le jugement revient et derrière lui sont tous les droits de cœur. 16 Qui se lève pour moi contre les malfaisants, qui se tient pour moi contre les faisant l’iniquité ? 17 Si Yhwh n’était pas une aide pour moi, bientôt mon âme habiterait le silence. 18 Quand je dis : « Mon pied chancelle », , Yhwh, me soutient. 19 Dans mes nombreux soucis dans mon intime, tes consolations délectent mon âme. 20 Un trône de perdition est-il ton allié, façonnant la peine contre le droit ? 21 Ils s’attaquent à l’âme du juste et DÉCLARENT-MÉCHANT le sang innocent ; 22 mais Yhwh sera pour moi UNE CITADELLE, et mon Dieu, le rocher de MON ABRI. 23 Il retourne contre eux leur iniquité et pour leur malice il les anéantit, il les anéantit, Yhwh notre Dieu ! 14
– les deux termes « la terre et le monde » en 90,2 se trouvent répartis en 93,1 et en 94,2, jouant ainsi le rôle de termes initiaux ; – le thème de la connaissance, et de la vision qui lui est lié, revient dans les deux premiers psaumes et dans le dernier (90,11.12.16 ; 91,8.14.16 ; 94,7-12) ; – « les méchants » au centre du deuxième psaume (91,8) sera repris dans le dernier (94,3bis.13.21) ; – les synonymes traduits par « salaire » se trouvent au centre du deuxième psaume (91,8) et au début du dernier (94,2) ; – « la force » revient au centre du premier psaume (90,11) et au début de la dernière séquence (93,1) ; – « ta fidélité » revient dans les deuxièmes versants des psaumes extrêmes (90,14 ; 94,18) ;
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– « dans tous nos jours » de 90,14 annonce « longueur de jours » à la fin de la première séquence (91,16), repris à la fin du premier psaume de la dernière séquence (93,5). LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX PREMIÈRES SÉQUENCES (PS 90–91 ; 92) Ps 90,1 Prière de Moïse homme de Dieu. Adonaï, toi tu es pour nous UN REFUGE de génération en génération. 2 Avant que les montagnes soient enfantées et que tu engendres la terre et le monde, toi tu es Dieu. 3 Tu fais-revenir l’humain à la poussière et tu dis : « Revenez, fils d’Adam ! » 4 Car mille années à tes yeux sont comme le jour d’hier quand il est emporté et une veille dans la nuit. 5 Tu les submerges, sommeil ils sont ; au matin ils sont COMME L’HERBE qui se renouvelle. 6 Au matin, ELLE FLEURIT et se renouvelle ; le soir, elle se fane et sèche. 7 Car nous sommes achevés par ta colère, et par ta fureur nous sommes épouvantés. 8 Tu as mis NOS FAUTES devant toi, NOS SECRETS à la lumière de ta face. 9 Car tous nos jours s’effacent sous ton emportement, nous achevons nos années comme un soupir. 10 Les jours de nos années, soixante-dix années, et si par miracle quatre-vingts années ; et leur excitation est peine et FAUTE, car elle disparait rapidement et nous nous envolons. 11
Qui CONNAIT la force de ta colère et comme la crainte de toi ton emportement ?
Compter nos jours, oui, FAIS-NOUS CONNAITRE, et nous ferons-venir un cœur de sagesse ! Reviens, Yhwh ! Jusqu’à quand ? Et repens-toi pour tes serviteurs. 14 Rassasie-nous au matin de , et nous crierons-de-joie et nous nous réjouirons dans tous nos jours. 15 Réjouis-nous comme les jours où tu nous as châtiés, les années où NOUS AVONS VU le malheur. 16 QUE SOIT VUE TON ACTION pour tes serviteurs, et ta splendeur sur leurs fils ! 17 Et que soit sur nous la douceur d’Adonaï notre Dieu ! Et assure sur nous l’ouvrage de nos mains et l’ouvrage de nos mains assure-le ! 12 13
Ps 91,1 Qui habite le secret du TRÈS-HAUT, à l’ombre de Shaddaï passe la nuit ; 2 je dis à Yhwh : MON ABRI, MA FORTERESSE, mon Dieu en qui je me fie ! 3 Oui, lui te libère du filet de L’OISELEUR, de la peste de CALAMITÉ ; 4 de sa plume il te couvre et sous ses ailes TU T’ABRITES ; bouclier et armure, . 5 Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit ni la flèche qui vole 6 de jour, ni la peste qui va en la ténèbre ni le fléau qui dévaste à midi ; 7 qu’il en tombe à tes côtés mille et dix-mille à ta droite, sur toi il n’arrivera pas. 8
Seulement de TES YEUX TU REGARDERAS et le salaire des MÉCHANTS TU VERRAS.
Oui, toi Yhwh, tu es MON ABRI, TRÈS-HAUT, tu as établi TON REFUGE ; 10 ne te frappera pas le malheur et la plaie n’approchera pas de ta tente : 11 Oui, à ses anges il a ordonné pour toi de te garder en tous tes chemins ; 12 sur leurs paumes ils te porteront pour que ton pied ne heurte la pierre, 13 sur LE FAUVE ET LA VIPÈRE tu chemineras, tu fouleras LE LION ET LE DRAGON. 14 Oui, il s’attache à moi et je l’affranchis, je l’exalte car IL CONNAIT MON NOM ; 15 il m’appelle et je lui réponds, je suis avec lui dans l’angoisse, je le délivre et je le glorifie, 16 longueur de jours je le rassasierai et JE LUI FERAI-VOIR mon salut. 9
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Ps 92,1 Psaume, chant pour le jour de sabbat. 2 Il est bon de rendre grâce à Yhwh et de psalmodier pour TON NOM, TRÈS-HAUT, 3 d’annoncer au matin et pendant les nuits, 4 sur la lyre et sur la harpe, sur un murmure avec la cithare. 5 Car tu m’as réjoui, Yhwh, par TON ACTION, aux œuvres de tes mains je crie-de-joie. 6 Que sont grandes tes œuvres, Yhwh, beaucoup sont profondes tes pensées ! 7 L’homme borné NE SAIT PAS et l’insensé NE COMPREND PAS ces choses. Quand croissent LES MÉCHANTS COMME L’HERBE ET FLEURISSENT TOUS LES FAISANT L’INIQUITÉ, c’est pour être détruits à tout jamais. 9 Et toi, tu es là-haut , Yhwh ! Oui, voici tes ennemis, Yhwh, 10 oui, voici tes ennemis périssent, ils se dispersent TOUS LES FAISANT L’INIQUITÉ.
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Et tu as élevé comme du buffle ma corne, j’ai été baigné d’huile verte. 12 Et A CONTEMPLÉ MON ŒIL mes ÉPIANT, les ASSAILLANTS contre moi, LES MALFAISANTS les entendra mon oreille. 13 Le juste comme le palmier croitra, comme le cèdre au Liban il poussera. 14 Plantés dans la maison de Yhwh dans les parvis de notre Dieu ils croitront ; 15 encore ils fructifieront dans la vieillesse, pleins de sève et verts ils seront, 16 pour annoncer que droit est Yhwh, il est MON ROCHER et point de ruse en lui. 11
– Au début du premier psaume, le Seigneur est présenté comme « un refuge » pour son peuple (90,1) ; le deuxième psaume y revient avec plusieurs termes synonymes (« mon abri, ma forteresse » en 91,2, « tu m’abrites » en 4, « mon abri », « ton refuge » en 9) et le Ps 92 s’achève avec « mon rocher » (16) ; – le couple « matin » – « nuits » (92,3) rappelle « le jour d’hier » – « une veille dans la nuit » (90,4), « au matin » – « le soir » (90,6) dans le premier psaume et « la nuit » – « de jour » et « en la ténèbre » – « à midi » dans le deuxième psaume (91,5-6) ; – le thème de la connaissance revient lui aussi dans les trois psaumes (90,11.12. 16 ; 91,8.14.16 ; 92,7.12) ; – « les méchants » au centre du deuxième psaume (91,8), précédés de « l’oiseleur » et de la « calamité » (3), revient au centre du troisième (92,8), accompagné des « ennemis » de Dieu et de « tous les faisant l’iniquité » (8.10), des « épiant » et « assaillants » du psalmiste, des « malfaisants » (12) ; dans le premier psaume, ce sont ceux qui s’adressent au Seigneur auquel sont révélés leurs « fautes » et leurs « secrets » (90,8.10). – Le troisième psaume a en commun avec le premier l’image de « l’herbe » qui « fleurit » (90,5-6 ; 92,8) ; – la mention de « la vieillesse » encore fructueuse (92,15) s’oppose au grand âge plein de « peine » et de « faute » (90,10) ; – « (se) réjouir », « crier-de-joie », « ton action » reviennent en 90,14-16 et en 92,5 ; – « pour toujours » de 92,9 rappelle « de toujours à toujours » de 90,2 ; – « ta fidélité » revient en 90,14 et en 92,3. – Les deux derniers psaumes ont en commun « Très-haut » (91,1.9 ; 92,2) ; – « mon/ton nom » qui agrafent les deux psaumes (91,14 ; 92,2) ; – « ta vérité » (91,4 ; 92,3).
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LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX DERNIÈRES SÉQUENCES (92 ; 93–94) – Se retrouvent dans les trois psaumes ceux qui font le mal, les ennemis de Dieu et des hommes : « les méchants » (92,8 ; 94,3bis.13), « (tous) les faisant l’iniquité » (92,8.10 ; 94,4.16), « les malfaisants » (92,12 ; 94,16), « les fleuves » (93,3ter), « les eaux nombreuses » et « les brisants de la mer » (93,4) ; à quoi il faut ajouter « ils déclarent-méchants », « leur iniquité » et « leur malice » (94,21.23) ; – au mal et à l’iniquité s’opposent « la fidélité » de Dieu (92,3 ; 94,18), sa « vérité » (92,3 ; 93,5), la droiture (« droit est Yhwh », 92,16 ; « tous les droits de cœur », 94,15) ; – Dieu est « là-haut » (rwm, 92,9 ; 93,4) ; le psalmiste lui demande de « s’élever » (nś’, 94,2), contre « les fleuves » qui « s’élèvent » (92,3) ; – « mon rocher » à la fin du premier psaume (92,16) est repris à la fin du troisième, amplifié par « citadelle » et « le rocher de mon abri » (94,22) ; à ces images correspond au début du Ps 93 la stabilité du monde et du trône de Dieu (93,1-2). – Dans les deux premiers psaumes, « depuis toujours » et « en la longueur des jours » (93,2.5) rappellent « à tout jamais » et « pour toujours » (92,8.9) ; – à « dans la maison de Yhwh » (92,14) correspond « ta maison » (93,5). – Entre les psaumes extrêmes, revient le thème de la connaissance et de la vision qui lui est lié : « ne sait pas », « ne comprend pas » (92,7), « a contemplé mon œil » (12), « ne voit pas, ne comprend pas » (94,7), « comprenez, saisirez-vous » (8), « l’œil », « point ne verrait » (9), « reprend », « enseigne », « la connaissance » (10), « connait » (11), « reprend », « enseigne » (12) ; – « stupides » et « insensés » (94,8) correspondent à « borné » et « insensé » (92,7) ; – les « pensées » de Dieu (92,6) s’opposent aux « pensées de l’adam » (94,11) ; – enfin, l’annonce de la destruction des méchants au centre du premier psaume (« détruire », « périr », 92,8-10) est reprise à la fin du dernier psaume (« anéantir », 94,23bis).
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Ps 92,1 Psaume, chant pour le jour de sabbat. 2 Il est bon de rendre grâce à Yhwh et de psalmodier pour ton nom, Très-Haut, 3 d’annoncer au matin et pendant les nuits, 4 sur la lyre et sur la harpe, sur un murmure avec la cithare. 5 Car tu m’as réjoui, Yhwh, par ton action, aux œuvres de tes mains je crie de joie. 6 Que sont grandes tes œuvres, NE SAIT PAS et Yhwh, beaucoup sont profondes TES PENSÉES ! 7 L’homme NE COMPREND PAS ces choses. Quand croissent LES MÉCHANTS comme l’herbe et fleurissent TOUS LES FAISANT L’INIQUITÉ, c’est pour être détruits . 9 Et toi, tu es LÀ-HAUT , Yhwh ! Oui, voici tes ennemis, Yhwh, 10 oui, voici tes ennemis périssent, ils se dispersent TOUS LES FAISANT L’INIQUITÉ. 8
Et TU AS HAUSSÉ comme du buffle ma corne, j’ai été baigné d’huile verte. 12 Et A CONTEMPLÉ MON ŒIL MES ÉPIANT, LES ASSAILLANTS contre moi, LES MALFAISANTS les entendra mon oreille. 13 Le juste 11
comme le palmier croitra, comme le cèdre au Liban il poussera. 14 Plantés dans la maison de Yhwh dans les parvis de notre Dieu ils croitront ; 15 encore ils fructifieront dans la vieillesse, pleins de sève et verts ils seront, 16 pour annoncer que DROIT est Yhwh, il est MON ROCHER et point de ruse en lui. Ps 93,1 Yhwh règne, superbement il est vêtu ; il est vêtu, Yhwh, de force il est enveloppé, aussi le monde est stable, point ne chancelle. 2 Ton trône est stable dès l’origine, , tu es.
LES FLEUVES ÉLÈVENT, Yhwh, LES FLEUVES ÉLÈVENT leur voix, LES FLEUVES ÉLÈVENT leur écrasement ; 4 plus que les voix des EAUX NOMBREUSES, les magnifiques BRISANTS DE LA MER, magnifique LÀ-HAUT est Yhwh. 5 Tes témoignages beaucoup ; la sainteté est l’ornement de ta maison, Yhwh, . 3
Ps 94,1 Dieu des vengeances, Yhwh, Dieu des vengeances, parais ! 2 ÉLÈVE-TOI, juge de la terre, retourne le salaire aux SUPERBES ! 3 Jusqu’à quand LES MÉCHANTS, Yhwh, jusqu’à quand LES MÉCHANTS triompheront-ils ? 4 Ils se répandent, ils parlent l’insolence, ils se vantent, TOUS LES FAISANT L’INIQUITÉ. 5 Ils écrasent ton peuple, Yhwh, et ton héritage ils oppriment ; 6 ils tuent la veuve et l’étranger et ils assassinent les orphelins ! 7 Et ils disent : « Yah NE VOIT PAS, IL NE COMPREND PAS le Dieu de Jacob. » 8 COMPRENEZ, parmi le peuple, et, , quand SAISIREZ-VOUS ? 9 Lui qui planta l’oreille, point n’entendrait ? S’il a façonné L’ŒIL, POINT NE VERRAIT ? 10 Lui qui REPREND les nations, point ne punirait, lui qui ENSEIGNE à l’adam LA CONNAISSANCE ? 11 Yhwh CONNAIT LES PENSÉES de l’adam et qu’elles sont une buée. 12 13
Heureux l’homme que TU REPRENDS, Yhwh, et que TU ENSEIGNES par ta loi, pour le reposer aux jours de malheur, tant que se creuse pour LE MÉCHANT une fosse.
Oui, Yhwh ne délaisse pas son peuple et n’abandonne pas son héritage, 15 car vers la justice le jugement revient et derrière lui sont tous les DROITS de cœur. 16 Qui se lève pour moi contre LES MALFAISANTS, qui se tient pour moi contre LES FAISANT L’INIQUITÉ ? 17 Si Yhwh n’était pas une aide pour moi, bientôt mon âme habiterait le silence. 18 Quand je dis : « Mon pied chancelle », , Yhwh, me soutient. 19 Dans mes nombreux soucis dans mon intime, tes consolations délectent mon âme. 20 Un trône de perdition est-il ton allié, façonnant la peine contre le droit ? 21 Ils s’attaquent à l’âme du juste et DÉCLARENT-MÉCHANT le sang innocent ; 22 mais Yhwh sera pour moi UNE CITADELLE, et mon Dieu, LE ROCHER de MON ABRI. 23 Il retourne contre eux LEUR INIQUITÉ et pour LEUR MALICE il les anéantit, il les anéantit, Yhwh notre Dieu ! 14
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La première section (Ps 90–94)
SPÉCIFICITÉ DE LA SÉQUENCE CENTRALE (PS 92) Dans le psaume central confluent tous les thèmes des quatre autres psaumes : les méchants, qui comme l’herbe fleurissent d’abord mais sont anéantis, l’ignorance et la connaissance, la suprématie de Dieu, la joie que cause sa protection. Les deux termes du couple canonique « ta fidélité et ta vérité » (92,3) sont répartis de chaque côté du psaume central, à raison d’un terme par psaume, de façon croisée : – « ta fidélité » (90,14) :: « sa vérité » (91,4) « ta fidélité et ta vérité » (92,3) :: « véridiques » (93,5) – « ta fidélité » (94,18). INTERPRÉTATION « LES MÉCHANTS » La présence des « méchants » est massive, tout au long de la séquence, de manière lancinante (91,8 ; 92,8 ; 94,3bis.13). Ils sont aussi appelés « faiseurs d’iniquité » (92,8.10 ; 94,4.16), « malfaisants » (92,12 ; 94,16). Comme « l’oiseleur » et « la peste de calamité » (91,3), comme « le fauve et la vipère », « le lion et le dragon » (13), ils portent la mort. Ce sont ceux qui non seulement « épient » le psalmiste, qui « l’assaillent » (92,12), mais aussi qui « écrasent le peuple » du Seigneur et « oppriment son héritage » (94,5), qui « tuent la veuve et l’étranger, qui assassinent les orphelins » (6) ; ce sont ceux qui occupent « un siège de perdition », qui « s’attaquent à l’âme du juste et déclarent-méchant le sang innocent » (20-21). Ils sont comme « les fleuves », comme « les eaux nombreuses » et les « brisants de la mer » des origines, dont Dieu a dû maitriser la violence (93,3-4). Cependant, « l’iniquité » et « le mal » (94,23) ne sont pas seulement le fait des autres, des ennemis. Dans le premier psaume, il n’est pas d’autre méchant que celui dont le Seigneur a mis « les fautes » devant lui, qui a fait venir à la lumière de sa face le mal « secret », celui que le psalmiste ne voyait pas (90,8). La méchanceté est vraiment partout. « TOI, TU ES POUR NOUS UN REFUGE » La confession par laquelle commence la section (90,1) sera reprise tout au long, comme une sorte de réponse anticipée au déferlement des « méchants ». Le deuxième psaume y insiste sous toutes les formes. Après une déclaration d’ordre général, « Qui habite le secret du Très-haut à l’ombre de Shaddaï passe la nuit », viennent les paroles adressées directement à Dieu, « Je dis à Yhwh : Mon abri, ma forteresse, mon Dieu en qui je me fie » (91,1-2). Et le psalmiste continue :
L’ensemble de la première section
81
« de sa plume il te couvre et sous ses ailes tu t’abrites, bouclier et armure, sa vérité » (4). Et encore : « Oui, toi, Yhwh, tu es mon abri ; Très-haut, tu as établi ton refuge » (9). À la fin du psaume central, « droit est Yhwh, il est mon rocher » (92,16) et au terme de toute la section : « Yhwh sera pour moi une citadelle, et mon Dieu, le rocher de mon abri » (94,22). Face à un tel protecteur, la horde des méchants ne peut qu’être « anéantie ». « DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION » Dieu n’est pas « un refuge » provisoire. Il l’est « de génération en génération », dit d’emblée le premier psaume (90,1). C’est que « de toujours à toujours toi, tu es Dieu » (2), « depuis toujours tu es » (93,2), « la sainteté est l’ornement de ta maison, en la longueur des jours » (5). La vie de l’homme est certes brève, mais c’est « dans tous nos jours » que « nous crierons de joie et nous nous réjouirons » (90,15). « Longueur de jours je le rassasierai » (91,16), tant que « ils fructifieront encore dans la vieillesse, pleins de sève et verts ils seront » (92,15). Et ce ne seront pas seulement les « serviteurs » présents qui verront l’action de Dieu et sa splendeur, mais aussi « leurs fils » (90,16). Telle est la « prière de Moïse, homme de Dieu », celui qui « avait cent vingt ans quand il mourut ; son œil n’était pas éteint, ni sa vigueur épuisée » (Dt 34,7), qui vit la terre promise sans y entrer, mais dont les fils prendront possession : « Adonaï, toi tu es pour nous un refuge de génération en génération » (90,1). « QUI CONNAIT ? » Au cœur du premier psaume retentit la question : « Qui connait la force de ta colère ? » (90,11) dont la réponse courra tout au long de la section. Connaitre la colère de Dieu, c’est par le fait même prendre conscience de « nos fautes », recevoir la révélation de nos « secrets » (8). Si nous demandons au Seigneur de nous apprendre à « compter nos jours » (12), c’est que nous ne savons pas le faire, que nous manquons de « sagesse ». « Borné » et « insensé », l’homme ne connait pas les œuvres de Dieu (92,7), tellement sont « profondes ses pensées » (6). Ils sont si « stupides », si « insensés » (94,8) qu’ils projettent sur Dieu leur total manque de sagesse. En effet, « ils disent : Yah ne voit pas, le Dieu de Jacob ne comprend pas ! » (7). Or « Yhwh connait les pensées de l’adam et qu’elles sont une buée » (11). C’est « lui qui enseigne à l’adam la connaissance » (10). Quand il châtie, quand il « reprend », c’est pour « enseigner ». Et le centre du dernier psaume fait entendre une béatitude : « Heureux l’homme que tu reprends, Yhwh, et que tu enseignes par ta loi, pour le reposer aux jours de malheur, tant que se creuse pour le méchant une fosse » (12-13). À la victime des méchants, Dieu dit, au cœur du second psaume : « Seulement de tes yeux tu regarderas et le salaire des méchants tu verras » (91,8), et il ajoutera : « et je lui ferai voir mon salut » (16).
« AUJOURD’HUI SI VOUS ÉCOUTIEZ SA VOIX ! » La deuxième section Ps 95
LE PSAUME 951 Utilisé dans la liturgie juive pour l’entrée dans le sabbat2, récité tous les matins au début du premier office par les moines3, par les prêtres et par tous ceux qui prient la liturgie des heures, le Ps 95 est certainement un des plus connus et beaucoup le savent par cœur. TEXTE Le psaume ne présente pratiquement pas de problème textuel. Le seul, et le plus discuté4, est celui du statut de 7d : « Aujourd’hui, si sa voix vous écoutiez ! » Le texte massorétique considère que cette phrase fait partie du verset 7 : Car Lui (est) notre Dieu, Et nous le peuple de son héritage Et le troupeau de sa main ; Aujourd’hui si sa voix vous écoutiez !
En effet, il y est question de la « voix » du Seigneur à la troisième personne du singulier (« sa voix ») comme « son pâturage » et « sa main » dans les deux membres précédents. Ces mots seraient donc une proposition indépendante, un souhait (« Si seulement vous écoutiez sa voix ! ») prononcé par celui qui, depuis le début du psaume, invite à louer Dieu. Toutefois, le verbe de ce membre (« vous écoutiez ») est à la deuxième personne du pluriel comme ce qui suit (« n’endurcissez pas » : 8a), alors que jusqu’ici c’était la première personne qui dominait : « crions de joie », « acclamons », « approchons » (1-2) ; « courbonsnous », « prosternons-nous », « agenouillons-nous » (6-7c)5. La Septante, quant à elle, considère 7d-9 comme une seule phrase, la proposition « Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix » étant tenue pour une conditionnelle. La Vulgate suit la Septante et, dans le Prologue de sa Règle (10), saint Benoît cite ensemble 7d et 8a : Hodie si vocem eius audieritis nolite obdurare corda vestra... Si l’on suit le texte massorétique, le souhait de 7d est prononcé par celui qui adresse son invitatoire à l’assemblée ; si, au contraire, on opte pour le découpage syntaxique de la Septante, ce serait le Seigneur qui prononcerait ces mots, 1
Je reprends ici mon article, « “Aujourd’hui si vous écoutiez sa parole !” Analyse rhétorique du psaume 95 ». 2 Talmud de Babylone, « Shabat », 119a. 3 La Règle de saint Benoît prévoit qu’au début de l’office divin, au premier nocturne, après avoir dit trois fois « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange » (Ps 50,17), auquel s’ajoutent le Ps 3 et le « Gloire au Père », « on chante le Ps 94 avec antienne, ou bien sans antienne, d’un bout à l’autre sans s’arrêter » (Règle 9,1-3). 4 Voir en particulier W.S. PRINSLOO, « Psalm 95 : If Only You Will Listen to his voice », 400403. 5 Seules les « amorces » de 1-5 (« Venez ») et de 6-7c (« Venez ») sont à la deuxième personne du pluriel.
86
La deuxième section (Ps 95)
puisqu’en 9 il est clair que c’est lui qui parle : « m’éprouvaient vos pères, me tentaient, alors qu’ils voyaient mon agir. » La question est de savoir si la fin du verset 7 (hayyôm ’im-beqōlô tišmâ‘oû) doit être considérée comme rattachée à la première partie du verset ou si elle doit plutôt être jointe au verset 8 et aux versets suivants6. Pour résumer le problème concernant la fin du verset 7, cette partie du verset peut être considérée comme une introduction de la partie suivante (vv. 8-11) et donc avant tout reliée à ce qui suit. Toutefois, la dernière partie du verset 7 n’est pas totalement séparée de ce qui précède et van der Ploeg7 a raison de dire que cette portion du verset relie les deux parties du Psaume et qu’elle doit être considérée simultanément comme concluant le verset 7 et introduisant le verset 88.
Ce n’est pas seulement la place du membre « Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix » qui fait problème ; ses limites aussi ont été remises en question. En effet, au lieu du texte massorétique : et nous (nous sommes) le peuple de son pâturage et le troupeau de sa main.
un manuscrit hébreu, la Peshita et le Targum ont au verset 7 : et nous (nous sommes) son peuple et le troupeau de son pâturage.
À la suite de plusieurs autres, Kraus choisit ce texte pour des raisons métriques et il renvoie yâdô (« sa main ») au début du membre suivant en le faisant précéder par de‘û, « connaissez ». Le membre de 7c lui semble impossible et il le développe en un segment bimembre : Reconnaissez son activité aujourd’hui Puissiez-vous écouter sa voix9.
La Biblia Hebraica Stuttgartensia reflète cette correction : elle rejette « sa main » au début de la ligne suivante, le liant avec la suite. D’autres corrections ont été proposées10, qui témoignent de l’embarras ressenti par beaucoup devant le dernier membre du verset 7. L’analyse de la composition du psaume devrait permettre de faire davantage de lumière sur ce problème de découpage qui ne peut pas ne pas avoir de conséquence pour l’interprétation. Tout ce qui vient d’être noté sur le dernier membre 6
W.S. PRINSLOO, « Psalm 95 », 400. J.P.M. van der PLOEG, Psalmen, III, 144-145. 8 W.S. PRINSLOO, « Psalm 95 », 403 ; Après une telle déclaration, Prinsloo opte pour une division du psaume en trois strophes : 1-5 ; 6-7b ; 7c-11. 9 Kraus, II, 245. 10 Voir Ravasi, II, 988-999. Dhorme corrige : « Au lieu de “sa voix”, lire qolî “ma voix”, qui amène le discours direct. C’est Iahvé qui parle ». 7
Le psaume 95
87
du verset 7 — son rattachement à ce qui précède ou à ce qui suit d’une part, et d’autre part les questions et corrections que son texte a suscitées — font naturellement penser que ces quelques mots constituent le pivot du psaume. Beaucoup, sensibles à la différence des genres littéraires, tiennent que le psaume est organisé en deux parties : un double invitatoire à la louange (1-7c) suivi d’un oracle (7d-11)11. D’autres, au contraire, sont partisans d’une organisation tripartite (1-5 ; 6-7c ; 7d-11)12. COMPOSITION Le psaume comprend effectivement trois parties. La première est une invitation à rendre grâce au Seigneur (1-7c), la dernière est une mise en garde contre la désobéissance (8-11) ; la première partie, formée de deux sous-parties, totalise quinze membres, la dernière en contient neuf. Quant à la partie centrale, qui articule les deux autres, elle est de la taille d’un segment unimembre13 (« Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix ! » : 7d). L’existence de l’unimembre n’est plus contestée14. Robert Lowth en donnait des exemples dans sa « Dix-neuvième leçon sur la poésie sacrée des Hébreux » en 175315. Le Ps 95 n’est pas le seul texte qui soit focalisé sur un segment unimembre. Ainsi, notamment, la description du chandelier à sept branches dont le centre est occupé par la branche centrale : « Et au chandelier quatre calices d’amandier, ses boutons et ses fleurs »16. Le Ps 112 est centré sur la question : « Qui est comme le Seigneur notre Dieu ? »17.
11
Ainsi Kraus, II, 245 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 322 ; M. GIRARD, Les psaumes redécouverts. De la structure au sens, II, 562-573 ; Ravasi, II, 982-983 ; Vesco, 891. 12 Voir surtout G.H. DAVIES, «Psalm 95», 183-185 ; l’auteur présente la position de vingt-sept auteurs sur le plan et le genre littéraire du Ps 95 (183-187). Voir aussi W.S. PRINSLOO, « Psalm 95 », 397-406 ; Hossfeld – Zenger, II, 460-461 ; Lorenzin, 374-375. 13 Le « segment » représente le premier niveau de composition des textes. La plupart des segments sont « bimembres » (appelés aussi « distiques »), les « trimembres » (ou « tristiques) sont moins nombreux ; le segment « unimembre » (« monostique » ou « monocolon ») est beaucoup plus rare. 14 Voir, par ex., W.G.E. WATSON. Classical Hebrew Poetry, 168-174. R. Jakobson (« Grammatical Parallelism and its Russian Facet » ; trad. française in R. JAKOBSON, Questions de poétique, 234-279) fournit un certain nombre d’exemples de segment unimembre dans diverses littératures. 15 Traité, 35. Voir la traduction française sur www.retoricabiblicaesemitica.org > Les textes fondateurs. 16 Voir R. MEYNET, « Au cœur du texte ; analyse rhétorique de l’aveugle de Jéricho selon saint Luc », 693-710 (Ex 25,31-36 : 696-697) ; pour Ex 37,17-22, voir Traité, 193-195. 17 R. MEYNET, Appelés à la liberté, 140-148 ; ID., Traité, 199.
88
La deuxième section (Ps 95)
LA PREMIÈRE PARTIE (1-7C) Cette partie comprend deux sous-parties parallèles entre elles (1-5 ; 6-7c). La première sous-partie (1-5) + 1 Allez, + acclamons
crions-de-joie LE ROCHER
pour YHWH, de notre salut ;
+ 2 approchons + avec musiques
devant LUI acclamons
avec action-de-grâce, à LUI,
·················································································································· – 3 car Dieu grand (est) YHWH,
– et ROI
grand
sur tous
les dieux,
:: 4 lequel -- et
en sa main des montagnes
(sont) (sont) À LUI,
de la terre
:: 5 lequel À LUI -- et la terre-sèche
la mer,
et lui l’ont façonnée.
l’a faite,
ses mains
Le premier morceau comprend un impératif à la deuxième personne du pluriel, « Allez », suivi de quatre cohortatifs à la première personne ; le second morceau, introduit par « car », donne les raisons de l’invitation à la louange18. Les deux bimembres du premier morceau sont parallèles entre eux. Ils commencent par un verbe de mouvement, « Allez », « approchons », suivis par des verbes de paroles. Dans les premiers membres, à « crions-de-joie » correspond « avec action-de-grâce » ; dans les seconds membres, « acclamons » est répété. Alors que dans le premier segment « Yhwh » est repris par un autre nom, « le Rocher », dans le deuxième segment, c’est le même pronom « lui », dont le référent est « Yhwh », qui revient dans chaque membre. Les trois segments du second morceau sont de type ABB’. Le premier segment, qui est de composition spéculaire : car DIEU grand YHWH, et ROI grand sur TOUS LES DIEUX
présente « Yhwh » comme « Dieu » par rapport aux autres « dieux ». Les deux derniers segments, qui commencent par le même pronom relatif, présentent 18
Certains pensent que le kî introduit plutôt l’objet de l’acclamation que son motif et qu’il est assertif (Oui !) plus qu’explicatif. R. Tournay traduit ainsi : « Oui, c’est un Dieu grand que le Seigneur » (Le Psautier de Jérusalem, 147).
Le psaume 95
89
Yhwh par rapport à la création, « la terre » d’abord (4), avec ses « creux » et ses « hauts », c’est-à-dire ses vallées et ses montagnes, « la mer » ensuite (5) en opposition à la « (terre)-sèche », l’une « faite » et l’autre « façonnée » par le Seigneur. Les deux « à lui » (4b.5a) jouent le rôle de termes médians entre les deux derniers segments, « en sa main » (4a) et « ses mains » (5b), de termes extrêmes. D’un morceau à l’autre, « Yhwh » est repris en même position, à la fin des premiers membres, suivi par deux titres de Dieu, « Rocher » (1b) et « Roi » (3b). Aux deux « lui » de la fin du premier morceau (2a.2b) répondent les deux « à lui » de la fin du second morceau (4b.5a)19. La deuxième sous-partie (6-7c) + 6 Venez, + agenouillons-nous – 7 car lui (est) :: et nous :: et
courbons-nous devant
et prosternons-nous, YHWH (qui) nous-a-faits,
NOTRE DIEU,
le peuple le troupeau
de son pâturage, de sa main.
Introduit par « car », le deuxième segment donne la raison de l’invitation du premier segment20. Dans le premier segment l’impératif initial à la deuxième personne du pluriel est suivi par trois cohortatifs à la première personne. Le deuxième segment est un trimembre de type ABB’. Le premier membre (7a) dit qui est « lui », dont le référent est « Yhwh » à la fin du premier segment, les deux autres membres, parallèles entre eux, disant qui « nous » sommes par rapport à lui. Avec « pâturage » et « troupeau »21, le Seigneur est présenté comme le berger de son peuple22. Les deux noms divins, « Yhwh » et « notre Dieu », jouent le rôle de termes médians entre les deux segments.
19
On a noté que « rocher » (ṣûr) et « ont façonnée » (yāṣārû) sont en rapport de paronomase aux extrémités de la partie : « Cela établit un lien entre Yhwh sauveur et Yhwh créateur » (W.S. PRINSLOO, « Psalm 95 », 399). 20 Voir note 17. 21 Littéralement, « les ovins » (ṣô’n), petit-bétail, comprenant brebis et chèvres. 22 Les expressions « le peuple de son pâturage » et « le troupeau de sa main » ne se retrouvent pas ailleurs. En revanche la formule la plus fréquente est « le troupeau de mon/son pâturage » (Jr 23,1 ; Ez 34,31 ; Ps 74,1 ; 79,13 ; 100,3). « Le peuple de sa main » n’existe pas dans la bible. Le texte n’est pas « perturbé », comme le prétend Kraus (II, p. 245), et il n’y a pas lieu de retenir sa correction « nous sommes son peuple et le troupeau de son pâturage », « sa main » étant renvoyé au début du verset suivant.
90
La deuxième section (Ps 95)
L’ensemble de la première partie (1-7c) + 1 ALLEZ, + acclamons
crions-de-joie le Rocher
pour YHWH, de notre salut ;
+ 2 approchons + avec des hymnes
acclamons -
avec action-de-grâce, à lui,
························································································································· grand (est) YHWH,
– 3 CAR DIEU – et Roi
grand
sur tous
les dieux,
:: lequel -- et les hauts
en SA MAIN des montagnes
les creux à lui,
de la terre
:: 5 lequel à lui -- et la terre-sèche
la mer,
et lui l’ont façonnée.
L’A FAITE,
4
+ 6 VENEZ, + agenouillons-nous
SES MAINS
inclinons-nous
et prosternons-nous, YHWH
QUI NOUS A FAITS,
·························································································································
– 7 CAR lui – et nous – et le troupeau
notre DIEU, le peuple de SA MAIN.
de son pâturage,
De composition très semblable, les deux sous-parties sont parallèles entre elles : une invitation, comportant l’impératif d’un verbe de mouvement et quatre ou trois cohortatifs (1-2 ; 6) est suivie de sa motivation (3-5 ; 7), introduite également par « car » accompagné par « Dieu » (ce terme ne se trouve nulle part ailleurs dans le psaume). Dans les invitations : dans le deuxième membre de la seconde invitation « devant Yhwh » (6b) rappelle « devant lui » dans le deuxième segment de la première invitation (2b). Dans les motivations : « sa main » (4a ; repris au pluriel en 5b) revient en 7c ; « ses mains » de 5b et « sa main » de 7c jouent le rôle de termes finaux. « L’a faite » dans la motivation de la première sous-partie (5a) est repris par « qui nous a faits » dans l’invitation de la deuxième sous-partie (5a), jouant le rôle de termes médians23. Les occurrences « Yhwh » ne reviennent que dans ces deux sous-parties (1a.3a ; 6b).
23
Voir C.B. RIDING, «Psalm 95,1-7c as a Large Chiasm», 418. Selon cet auteur les extrémités se correspondent, Dieu étant présenté au début comme sauveur (1-2) de son « peuple » (7) ; dans les morceaux intermédiaires Dieu est le créateur, du monde (3-5) et d’Israël (6).
Le psaume 95
91
LA DEUXIÈME PARTIE (7B) Cette partie est de la taille d’un segment unimembre, qui est un souhait : « Aujourd’hui, si sa voix vous écoutiez ! » Osty rend bien le sens du souhait : « Aujourd’hui, puissiez-vous écouter sa voix ! » D’autres, au contraire, l’interprètent comme une question : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »24. LA TROISIÈME PARTIE (7D-11) – 8 N’endurcissez pas – comme AU JOUR :: 9 ALORS -- me tentaient,
de Massa
comme à Mériba, dans le désert,
m’éprouvaient et ils voyaient
vos pères, mon agir !
VOS CŒURS
······························································································································ ANS j’eus-en-dégoût (cette) génération d’un peuple errant LES CŒURS d’eux,
– 10 QUARANTE – et je dis : – et eux 11
:: ALORS -- « s’
n’ont pas connu
mes chemins,
j’ai juré ils viendront
en ma colère : à mon repos ! »
Dans le premier morceau, le deuxième segment (9), qui interprète la conduite des pères comme épreuve (9a) ou tentation (9b), explicite le sens des deux noms de lieu, « Mériba » et « Massa » du premier segment : « éprouvaient » est de même racine que « Massa » (nṣh) ; merîbâ, qui signifie « le lieu rîb » (c’est-àdire du litige, de la controverse), annonce le verbe « tenter » (bḥn) de 9b25. Le second morceau amplifie le premier en étendant la rébellion à toute la durée de l’exode. Au début, le Seigneur dit le dégoût que lui a causé la génération du désert (10a), puis il en déclare les raisons (10bc) et enfin énonce la sentence (11)26. La métaphore de l’errance hors des « chemins » du Seigneur développée dans le deuxième segment est filée dans le troisième : le chemin pris par les rebelles ne leur permettra pas de « venir » jusqu’au « repos » de Dieu. Les deux morceaux commencent par une notation de temps : celle du « jour » (8b) de Massa et Mériba et celle des « quarante ans » du séjour au désert (10a). Les premiers segments (8.10) rappellent comment les « cœurs » des pères se sont comportés. Les seconds (9.11) commencent avec le même ’ašèr, traduit par « alors ». Les deux syntagmes « et ils voyaient mon agir » (9b) et « et eux n’ont pas connu mes chemins » (10c) s’opposent.
24
Traduction liturgique ; J. TOURNAY, Le Psautier de Jérusalem. Sur le rîb, voir P. BOVATI, Ristabilire la giustizia, spécialement 27-34.222-224. 26 Dans un serment ’im exprime la négation et c’est pourquoi il sera traduit plus loin par « jamais ». S’il est rendu littéralement ici, c’est parce qu’il reprend le même ’im que dans la partie centrale : « Aujourd’hui, si sa voix vous écoutiez ! » (7b). 25
92
La deuxième section (Ps 95)
L’ENSEMBLE DU PASSAGE (1-11) Les rapports entre les parties extrêmes + 1 ALLEZ, + ACCLAMONS
CRIONS-DE-JOIE
le Rocher
pour Yhwh, de notre salut ;
+ 2 approchons + avec musiques
devant lui
avec action-de-grâce,
ACCLAMONS à lui, ········································································································
– 3 car Dieu – et Roi 4
grand grand
(est)
Yhwh, sur tous
les dieux,
:: LEQUEL -- et les hauts
en sa main (sont) des montagnes
les creux à lui,
de la terre
:: 5 LEQUEL à lui -- et la terre-ferme
la mer, ses mains
et lui l’ont façonnée.
l’a faite,
courbons-nous devant
et prosternons-nous, Yhwh qui nous a faits,
+ 6 VENEZ, + agenouillons-nous
········································································································
– 7 car lui (est) – et nous – et le troupeau
notre Dieu, LE PEUPLE
de son bercail,
de sa main.
[...]
– 8 N’ENDURCISSEZ PAS – comme au jour :: 9 ALORS -- ME TENTAIENT,
VOS CŒURS
de Massa M’ÉPROUVAIENT
et ils voyaient
comme à Meriba, dans le désert, vos pères, mon agir !
········································································································
– 10 Quarante – et je dis : – et eux :: 11 ALORS -- si
ans n’ont pas connu
j’eus-en-dégoût errant mes chemins,
j’ai juré ILS VIENDRONT
en ma colère : à mon repos ! »
UN PEUPLE
cette génération d’eux,
LES CŒURS
En termes initiaux, deux impératifs de deuxième personne du pluriel, positif (« Allez » : 1a) puis négatif (« N’endurcissez pas » : 8a). Le premier introduit une invitation à « crier de joie » et à « acclamer » (1-2), et son correspondant « venez » (6a) à adopter les attitudes corporelles de respect et d’adoration (6a) ; dans la dernière partie en revanche il s’agit du « cœur » (8a. 10b), c’est-à-dire de l’adhésion intime et de la foi. Ainsi les attitudes sont complémentaires, extérieures en quelque sorte dans la première partie, intérieures dans la dernière27. 27
Voir S. MASSOUH, «Psalm 95», p. 87.
Le psaume 95
93
Il est aussi possible de comprendre que les deux verbes « éprouver » et « tenter » (9), qui renvoient aux récriminations du peuple à Massa et Mériba, s’opposent aux cris de joie et aux acclamations du début (1-2)28. Chaque partie comporte deux fois le même ’ašèr, traduit par « lequel » au début des deux derniers segments dans la première sous-partie (4a.5a), par « alors » au début des derniers segments de chaque morceau dans la troisième partie (9a.11a). Aux deux occurrences de « faire » (et « façonner ») dans la première partie (5a.5b.6b) correspond celle d’« agir » dans la dernière (9b) ; cet « agir » est le « salut » mentionné dès le début (1b). Les deux occurrences de « peuple » se trouvent dans les derniers morceaux de chaque partie (7b.10b). Il n’est pas impossible de voir un lien entre le nom de Dieu, « le Rocher », au début de la première partie (1b), et l’épisode rappelé au début de la dernière partie, où Moïse sur l’ordre de Dieu frappa le rocher pour en faire sortir de l’eau qui devait désaltérer hommes et animaux29. Enfin, on peut considérer que les deux verbes de mouvement opposés, « Allez » (1a) et « viendront » (11b), font inclusion.
28 29
Voir le contexte biblique, ci-dessus p. 11. Voir ci-dessus p. 12.
94
La deuxième section (Ps 95)
Les rapports entre la partie centrale et les deux autres + 95,1 Allez, + acclamons
crions-de-joie le Rocher
pour Yhwh, de notre salut ;
+ 2 approchons + avec musiques
devant lui acclamons -
avec action-de-grâce, à lui,
grand grand
Yhwh, sur tous
·····························································································································
– 3 car Dieu – et Roi 4
(est)
les dieux,
:: lequel -- et les hauts
en sa main des montagnes
les creux à lui,
de la terre
:: 5 lequel à lui -- et la terre-ferme
la mer, ses mains
et lui l’ont façonnée.
l’a faite,
courbons-nous devant
et prosternons-nous, Yhwh qui nous a faits,
+ 6 Venez, + agenouillons-nous
·····························································································································
– 7 car lui – et nous – et LE TROUPEAU
AUJOURD’HUI – 8 N’endurcissez pas – comme AU JOUR :: 9 alors -- me tentaient,
notre Dieu, le peuple de sa main.
de son bercail,
SI SA VOIX
vous écoutiez !
vos cœurs de Massa
comme à Meriba, dans le désert,
m’éprouvaient or ils voyaient
vos pères, mon agir !
····························································································································· ANS m’a dégoûté cette génération
– 10 QUARANTE – et je dis : – et eux :: 11 alors -- SI
peuple n’ont pas connu
ERRANT mes chemins,
j’ai juré ils viendront
en ma colère : à mon repos ! »
les cœurs d’eux,
« Aujourd’hui », le premier mot de la courte partie centrale, annonce « au jour de Massa » au début de la dernière partie (8b), relayé par « quarante ans » au début de son deuxième morceau (10a). Le rapport avec ce qui précède est marqué par le fait que le pronom « sa » est à la troisième personne du singulier comme « son » et « sa » de 7bc. Celui qui s’exprime dans la partie centrale continue à parler de Dieu comme il le fait depuis le début. Toutefois il n’est pas rare que Dieu parle de lui-même à la troisième personne. Ainsi dans le psaume qui ressemble le plus au Ps 95 : « Ah ! si mon peuple m’écoutait, [...] en un instant j’abattrais ses adversaires [...], les ennemis du Seigneur l’aduleraient... » (Ps 81,14-17 ; voir aussi, Is 1,4.28 ; 8,13-
Le psaume 95
95
16, etc.). Il est donc possible de comprendre que ces mots sont les premiers que le Seigneur prononce. « Écouter » au centre peut être mis en relation avec les verbes de parole du début de la première partie : alors qu’avec « crier de joie » et « acclamer » il s’agit d’émettre une parole sur Dieu, avec « écouter » il s’agit d’accueillir la parole de Dieu. D’autre part, « écouter », qui implique l’obéissance, est en relation avec le « cœur » (8a.10b) qui est l’organe de l’intelligence et de la volonté, et aussi avec « connaitre les chemins » (10c) qui est une autre manière de dire « obéir ». Enfin, « écouter » « la voix » est ce que doit faire le « troupeau », c’est-à-dire « le peuple » dont il vient d’être question (7c), si ce même « peuple » ne veut pas « errer » (10b), mais « connaitre les chemins » de son berger pour les suivre (10c)30. CONTEXTE MASSA ET MÉRIBA La révolte des fils d’Israël est racontée en Ex 17 : 2
[Le peuple] querella Moïse ; ils dirent : « Donne-nous de l’eau, que nous buvions ! » Moïse leur dit : « Pourquoi me querellez-vous ? Pourquoi mettez-vous à l’épreuve Yhwh ? » 3 Le peuple y souffrit de la soif, le peuple murmura contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Est-ce pour me faire mourir de soif, moi, mes enfants et mes bêtes ? »
Par l’entremise de Moïse, le Seigneur fit alors sortir de l’eau du rocher et le peuple put s’abreuver avec tout son bétail. C’est ce que fit Moïse, aux yeux des anciens d’Israël. 7 Il donna à ce lieu le nom de Massa et Meriba, à cause de la querelle des fils d’Israël et parce qu’ils mirent à l’épreuve Yhwh en disant : « Yhwh est-il au milieu de nous, ou non ? »
Aux v. 2 et 7, le texte joue avec le nom de « Massa », qui est de la même racine que « mettre à l’épreuve » (ou « tenter »), et avec celui de « Mériba », qui est de la même racine que « chercher querelle » (ou « faire un procès », un rîb)31. « LE ROCHER DE NOTRE SALUT » Étant donné la référence explicite à Mériba, l’expression « le rocher de notre salut » (1) peut elle aussi renvoyer au rocher dont jaillirent les eaux à Mériba : 30
Hakham (II, 197), qui pourtant joint 7d à la deuxième partie, écrit : « Maintenant, après que vous vous soyez qualifiés vous-mêmes comme “le troupeau de sa main”, il convient que vous appliquiez votre cœur à ce que vous avez dit et que vous écoutiez sa voix comme des brebis qui écoutent la voix de leur berger et qui le suivent » (p. 200). 31 Voir Dt 6,16 ; 33,8.
96
La deuxième section (Ps 95)
« “Voici que je vais me tenir devant toi, là sur le rocher (en Horeb), tu frapperas le rocher, l’eau en sortira et le peuple boira”. C’est ce que fit Moïse, aux yeux des anciens d’Israël » (Ex 17,6). LA FORMULE D’ALLIANCE La deuxième sous-partie de la première partie rappelle la formule d’alliance telle qu’elle apparait, par exemple, en Jr 31,33 : « Je serai leur Dieu et eux seront mon peuple » (voir aussi Ex 6,7 ; Lv 26,12 ; Os 1,9 ; Ez 34,30.31, etc.). « AUJOURD’HUI » Le Deutéronome insiste de toutes les manières sur l’aujourd’hui du don de la Loi et de l’engagement à l’observer : 39
Sache-le donc aujourd’hui et médite-le dans ton cœur : c’est Yhwh qui est Dieu, làhaut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, lui et nul autre. 40 Garde ses lois et ses commandements que je te prescris aujourd’hui, afin d’avoir, toi et tes fils après toi, bonheur et longue vie sur la terre que Yhwh ton Dieu te donne pour toujours (Dt 4,3940).
Et en introduction au Décalogue : 1
Moïse convoqua tout Israël et leur dit : « Écoute, Israël, les lois et les coutumes que je prononce aujourd’hui à vos oreilles. Apprenez-les et gardez-les pour les mettre en pratique. 2 Yhwh notre Dieu a conclu avec nous une alliance à l’Horeb. 3 Ce n’est pas avec nos pères que Yhwh a conclu cette alliance mais avec nous, nous-mêmes qui sommes ici aujourd’hui tous vivants » (Dt 5,1-3)32.
YHWH BERGER D’ISRAËL L’image du berger est patente à la fin de la première partie, quand Israël se présente comme le « troupeau » du Seigneur, « peuple de son pâturage » (7). Elle resurgit dans la dernière partie, quand Dieu constate que son peuple n’a cessé d’« errer » hors de ses « chemins ». C’était pourtant lui qui le guidait pour le conduire « vers les eaux du repos », « aux sentiers de justice » (Ps 23,1-3). « JAMAIS ILS N’ENTRERONT DANS MON REPOS » Le « repos »33 est d’abord un lieu, mais aussi un temps (avant de devenir le repos éternel). Le lieu du repos est la terre d’Israël, promise par Dieu à son peuple après les fatigues de l’exode (1R 8,56). Mais à cause de ses nombreuses rébellions, la génération qui sortit d’Égypte devra mourir dans le désert et n’entrera pas dans la terre promise : 32
Voir W.D. TUCKER, Jr, « Psalm 95: Text, context, and intertext » ; l’auteur relève les rapports de la deuxième partie du psaume (7c-11) avec la tradition deutéronomique. 33 Voir Ravasi, II, 983-984.
Le psaume 95
97
22
...tous ces hommes qui ont vu ma gloire et les signes que j’ai produits en Égypte et au désert, ces hommes qui m’ont déjà dix fois mis à l’épreuve sans obéir à ma voix, 23 ne verront pas le pays que j’ai promis par serment à leurs pères. Aucun de ceux qui me méprisent ne le verra (Nb 14).
Le repos est aussi celui que Dieu trouve dans le temple où il a choisi de demeurer : « Lève-toi, Seigneur, vers ton repos, toi et l’arche de ta force [...] Car Seigneur a fait choix de Sion, il a désiré ce siège pour lui : “C’est ici mon repos à tout jamais, là je siégerai, car je l’ai désiré” » (Ps 132,8.13-14). Quant au temps du repos, c’est celui de la permanence du peuple dans sa terre, mais c’est particulièrement le jour du sabbat (Ex 20,11). LE PSAUME 81 Comme le Ps 95, le Ps 81 commence par un invitatoire : « Criez de joie pour Dieu notre force... » (2-4), motivé per le don de la Loi au sortir de l’Égypte (56b). Après quoi Dieu prend la parole pour rappeler d’abord la libération de la maison des esclaves ainsi que l’épreuve de Mériba (6c-8), inviter ensuite son peuple à écouter (9-11) ; mais il constate que ce dernier n’en fait rien (12-13). L’oracle s’achève sur une sorte de plainte : si Israël avait écouté, son Dieu l’aurait protégé de ses ennemis et comblé de bénédictions (14-17). Contrairement au Ps 95, le Ps 81 ne contient point de menace. LA LETTRE AUX HÉBREUX Au début de sa deuxième partie, la Lettre aux Hébreux cite toute la dernière partie du psaume 95 (He 3,7-11), puis la commente longuement en l’actualisant : Les chrétiens sont [...] exhortés à ne pas manquer de foi ou, plus exactement, ils sont invités à veiller les uns sur les autres et à s’exhorter mutuellement pour qu’aucun d’entre eux ne manque de foi et ne cède à la séduction du péché. Étant « participants du Christ », ils se trouvent dans une situation analogue à celle des Israélites guidés par Moïse, situation très favorable, mais exigeante, qui requiert de maintenir ferme jusqu’à la fin la position (hypostasis) prise au début, au moment de la profession de foi initiale34.
INTERPRÉTATION LE ROI DIVIN, CRÉATEUR Dans les motivations du premier invitatoire, Dieu est présenté comme le roi qui domine tous les dieux (3), et surtout comme le créateur du monde (4-5). Israël rend grâce pour la grandeur de son Seigneur : il est « grand » en lui-même, absolument, sa grandeur surpasse celle de tous les autres dieux, dans une vision 34
A. VANHOYE, L’Épître aux Hébreux. Un prêtre différent, 100.
98
La deuxième section (Ps 95)
monarchique du monde divin. Cette grandeur ne se limite pas au domaine des cieux, elle se manifeste ici-bas, où « sa main » a fait aussi bien « la terre » avec ses montagnes et ses vallées que « la mer » à laquelle il a assigné ses limites. C’est pourquoi, tout est « à lui » (5b-6a) et sa domination s’étend sur l’ensemble du créé. Il est le Seigneur du ciel et de la terre. « LE ROCHER DE NOTRE SALUT » Toutefois, avant cela et dès le premier verset, le Seigneur est acclamé comme « le Rocher de notre salut » (1b). Le possessif « notre » indique clairement qu’il s’agit du salut d’Israël. Le contexte suivant, avec le rappel de l’épisode de Massa et Mériba (8-9), donne à penser que le « rocher » est celui dont le Seigneur fit sortir l’eau qui sauva le peuple en les empêchant de « mourir de soif » (Ex 17,3). L’expérience fondatrice du peuple d’Israël n’est pas celle de la création, mais celle du salut, de la libération de l’esclavage. C’est ainsi que commencent les dix paroles : « Moi, je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir de la terre d’Égypte, d’une maison d’esclaves » (Ex 20,2 ; Dt 5,6). LE CRÉATEUR D’ISRAËL La louange culmine, à la fin de la première partie, sur l’élection d’Israël. Jusque-là, Dieu était acclamé comme le créateur de la terre et de la mer. La création des animaux et de l’homme n’est pas mentionnée et le psalmiste saute directement à la « création » d’Israël comme peuple choisi parmi tous les peuples. Le début du livre de l’Exode, qui reprend les termes du début de la Genèse, met en parallèle la création du cosmos et celle du peuple de Dieu35. Le choix du même verbe « faire », pour « la mer » et pour le « nous » de celui qui appelle à se prosterner devant le Seigneur laisse entendre que l’élection est comme l’aboutissement de la création. En tant que troupeau de petit bétail, Israël assume le destin et la vocation de tous les êtres vivants. COUP DE TONNERRE DANS UN CIEL SEREIN Le psautier est un recueil de prières adressées au Dieu d’Israël. Souvent le psalmiste supplie son Seigneur de lui répondre : « Quand je crie, réponds-moi, Dieu de ma justice » (Ps 4,2 ; voir aussi 13,4 ; 20,10 ; 27,7 ; 69,14.17.18 etc.). Il reconnait aussi que Dieu ne manque pas de répondre à qui l’invoque : « Je suis là, je t’appelle, car tu réponds, ô Dieu ! » (Ps 17,6 ; voir aussi 65,6 ; 86,7 ; 119,26). Il n’est toutefois qu’un seul psaume où le Seigneur répond effectivement à un appel au secours : « À cause du malheureux qu’on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yhwh : j’assurerai le salut à ceux qui en ont soif » (Ps 12). On n’entend ses paroles que dans une dizaine de
35
Voir R. MEYNET, « Selon les Écritures, 22-23.
Le psaume 95
99
psaumes seulement sur cent cinquante, plus ou moins longuement36. Le Ps 95 est l’un de ceux-là, mais il faut bien remarquer que Dieu n’y prend pas la parole parce qu’on l’en a prié ; bien au contraire, pourrait-on dire. En effet, l’enthousiasme du peuple qui, conduit comme par un coryphée, se déploie longuement, égrenant la litanie des multiples raisons de crier de joie devant le Dieu sauveur, le Dieu créateur, le Dieu qui l’a élu parmi toutes les nations, se trouve soudain arrêté par un oracle divin qui lui coupe la parole et le laisse sans voix. CORRUPTIO OPTIMI PESSIMA C’est au moment où Israël est invité à se prosterner en rendant grâce pour l’élection que retentit la mise en garde divine. On croirait entendre Amos : Entendez cette parole que dit le Seigneur contre vous, fils d’Israël, contre toute la famille que j’ai fait monter de la terre d’Égypte en disant : « C’est vous seuls que j’ai connus parmi toutes les familles du sol. C’est pourquoi j’interviendrai contre vous, à cause de toutes vos fautes » (Am 3,1-2).
L’élection, qui est une grâce, peut se transformer en piège mortel, pour qui se repose sur elle en n’obéissant pas à la voix du Seigneur. C’est pourquoi le prophète ne se lasse pas d’appeler à « écouter » la voix de Dieu (Am 3,1 ; 4,1 ; 5,1), exactement comme dans le Ps 9537. « AUJOURD’HUI » « Que veut le récit du passé, sinon que le passé cesse d’être en devenant présent, présent comme présence et présent comme cadeau, reçu de l’origine?38 » La louange pour ce que Dieu fit autrefois n’a de sens que si elle engage l’« aujourd’hui » de l’écoute et de l’obéissance. Or, comme le passé, le maintenant se présente sous le signe de l’épreuve et de la tentation, exactement comme « au jour de Massa et Mériba » (8). Et le Seigneur d’insister (10) en rappelant que la désobéissance n’a pas été épisodique, mais continue et obstinée. Comme si elle était de la nature de l’homme. Saint Paul ne dira pas autre chose : « Tous sont soumis au péché, comme il est écrit : Il n’est pas de juste, pas un seul » (Rm 3,9). Le péché n’est pas d’aujourd’hui, mais il menace à chaque aujourd’hui. En même temps, la parole de Dieu manifeste sa présence qui ne se lasse pas de s’offrir à la liberté de l’homme. La menace, toute sérieuse qu’elle soit, n’est autre qu’un appel à la conversion.
36
Ps 2 ; 12 ; 50 ; 75 ; 81 ; 85 ; 91 ; 95 ; 110 ; 132. Voir le commentaire de la première séquence de la seconde section d’Amos (Am 3,1-8) intitulée « Un piège pour les fils d’Israël », dans P. BOVATI – R. MEYNET, Le livre du prophète Amos, 103-112. 38 P. BEAUCHAMP, L’Un et l’Autre Testament, 196. 37
100
La deuxième section (Ps 95)
« Ô MON PEUPLE, RÉPONDS-MOI ! » Le psaume s’arrête, comme la procession, sans que l’on sache si le message de Dieu a été entendu. Il reste en quelque sorte inachevé, comme il arrive souvent dans d’autres textes bibliques. À la fin de la parabole du fils prodigue, le lecteur ne sait pas si l’ainé aura été convaincu par l’appel de son père et s’il sera entré dans la maison paternelle pour festoyer avec son frère (Lc 15,11-32). C’est donc au lecteur de manifester lui aussi sa présence en écoutant la parole qui lui est adressée. Et c’est bien pour cela qu’à chaque « aujourd’hui », l’invitation est lancée à tous ceux qui prient le psaume en commençant la journée. L’exégèse dite « historico-critique » s’est attachée à déterminer non seulement le genre littéraire de chaque psaume, mais aussi son Sitz im Leben, c’est-à-dire la situation qui lui a donné naissance, ainsi que l’époque de sa composition. Les avis ne sont pas unanimes ; tout simplement parce que, sur ces questions, on ne peut qu’émettre des hypothèses. On a donc imaginé, non sans raison, que le Ps 95 reflète une liturgie d’entrée dans le temple : un personnage, prêtre ou lévite, invite d’abord un groupe de pèlerins à louer le Seigneur pour ses bienfaits (1-7c), après quoi lui-même ou un autre personnage, un prophète, les met en garde, au nom de Dieu, et leur rappelle les conditions auxquelles leur culte pourra être accepté, voire celles qui permettront à leur procession de poursuivre son chemin pour être admise à entrer dans le temple (7d-11)39. On a même pensé pouvoir préciser le moment de l’année liturgique pour lequel le psaume fut composé40. Quant à sa date de naissance, elle varie généralement, selon les auteurs, depuis la fin de la monarchie jusqu’à la période postexilique. Mais ce ne sont là que des conjectures. Ce qui est sûr au contraire, c’est l’usage qui est fait du psaume depuis tant de siècles, dans les liturgies juive et chrétienne : entrée dans le sabbat pour l’une, entrée dans la prière quotidienne pour l’autre. La date est fort précise : c’est celle de chaque « aujourd’hui ».
39
Par exemple, Kraus (II, 244) intitule le psaume « Prophetic Admonition on Entering the Sanctuary » (voir p. 245-246 pour le setting du psaume) ; voir aussi Ravasi, II, 978. 40 Weiser (625) est d’avis que le psaume fait partie de la liturgie des fêtes d’automne qui célèbrent Yhwh comme créateur et Seigneur de l’univers et au cours desquelles l’alliance est renouvelée.
TOUTE LA TERRE EST INVITÉE À BÉNIR DIEU QUI SAUVE ISRAËL La troisième section Ps 96–100
102
La troisième section (Ps 96–100)
La première section comprend cinq psaumes organisés en trois séquences. Les séquences extrêmes (96–97 et 99–100) comptent chacune deux psaumes, tandis que la séquence centrale n’en comprend qu’un seul (98) :
« Chantez
au Seigneur,
« Tous les confins de la terre
« Le Seigneur règne sur
toute la terre »
ont vu le salut de notre Dieu »
tous les peuples »
Ps 96–97
Ps 98
Ps 99–100
I. « CHANTEZ AU SEIGNEUR, TOUTE LA TERRE » La première séquence : Ps 96–97 1. LE PSAUME 96 TEXTE Chantez à Yhwh un chant nouveau, chantez à Yhwh, toute la terre ; 2 chantez à Yhwh, bénissez son nom, proclamez de jour-en-jour son salut ; 3 racontez chez les nations sa gloire, chez tous les peuples ses merveilles. 4 Car grand Yhwh et louable beaucoup, redoutable lui sur tous les dieux ; 5 car tous les dieux des peuples (sont) inanités et Yhwh les cieux a fait ; 6 splendeur et éclat par7 devant lui, puissance et beauté dans son sanctuaire. Apportez à Yhwh, familles des peuples, apportez à Yhwh gloire et puissance ; 8 apportez à Yhwh la gloire de son nom, présentez l’oblation et venez dans ses parvis ; 9 prosternez-vous à Yhwh dans l’éclat de sainteté, tremblez devant lui toute la terre. 10 Dites chez les nations : Yhwh règne ! Oui, est stable le monde, il ne chancelle pas ; il prononce sur les peuples avec droiture. 11 Que se réjouissent les cieux et exulte la terre, que gronde la mer et sa plénitude ; 12 que jubile la campagne et tout ce qui est en elle. Alors crientde-joie tous les arbres de la forêt, 13 devant Yhwh car il vient, car il vient pour juger la terre ; il juge le monde avec justice et les peuples avec sa vérité. 1
Le psaume ne pose pas de problème textuel. COMPOSITION Le psaume s’organise en trois parties, deux plus longues aux extrémités (1-6 ; 10-13) qui encadrent une partie plus courte (7-9).
104
La troisième section (Ps 96-100)
LA PREMIÈRE PARTIE (1-6) + 1 Chantez + chantez
à YHWH à YHWH,
un chant -
nouveau, ;
+ 2 chantez :: proclamez
à YHWH, de jour-en-jour
bénissez le salut de lui ;
son nom,
:: 3 racontez :: chez
chez les nations
la gloire de lui, les merveilles de lui.
······················································································································· 4
– CAR grand – redoutable
YHWH lui
et louable sur- -
– 5 CAR :: et YHWH
les dieux les cieux
a fait ;
:: 6 splendeur :: puissance
et éclat et beauté
par-devant lui, dans le sanctuaire de lui.
beaucoup les dieux, (sont) inanités
Le premier morceau est une invitation à louer le Seigneur et le second, introduit par « car », en fournit la motivation. Dans le premier morceau, le segment central assure le passage du premier au dernier segment. Son premier membre commence avec les deux mêmes termes que les deux membres du segment précédent (« chantez à Yhwh »). Son second membre annonce le segment suivant : leurs derniers termes appartiennent au même champ sémantique et sont de même construction syntaxique. Dans les seconds membres des segments extrêmes, « tous les peuples » rappelle « toute la terre » ; dans le segment central, la totalité ne regarde plus l’espace, mais le temps (« de jour en jour »). Le deuxième morceau comprend lui aussi trois segments bimembres. Le segment central semble articuler les deux autres. Son premier membre (5a) commence par « car » comme le premier segment ; les deux occurrences de « tous les dieux » jouent rôle de termes médians (4b.5a). Alors que 4-5a traite des idoles des « peuples » de la terre qui sont des « inanités », le second membre du segment central et le segment final exaltent la grandeur céleste de Yhwh : « le sanctuaire de lui » est celui qui se trouve dans « les cieux ». D’un morceau à l’autre, « tous les dieux des peuples » (5a) rappelle « tous les peuples » (3b) et « toute la terre » (1b). Les derniers segments s’achèvent avec le même pronom suffixe, traduit par « de lui ».
Le psaume 96
105
LA DEUXIÈME PARTIE (7-9) + 7 Apportez + apportez
à YHWH, à YHWH
gloire
, et puissance,
+ 8 apportez :: présentez
à YHWH une oblation
la gloire et venez
de son nom ; à ses parvis,
:: 9 prosternez-vous :: tremblez
à YHWH devant Lui
en éclat
de sainteté, .
Le même phénomène de composition que dans les deux morceaux de la première partie se retrouve ici. Le premier membre du segment central renvoie au premier segment, car il reprend les trois premiers termes de son second membre, « apportez à Yhwh la gloire ». Avec « oblation », « parvis » et « prosternez-vous », le deuxième membre du segment central ainsi que le segment suivant sont situés dans le temple. À la fin des membres extrêmes, « toute la terre » correspond à « familles des peuples ». LA DERNIÈRE PARTIE (10-13) + 10 Dites + YHWH
: règne !
– Oui, est affermi :: IL PRONONCE
,
il ne chancelle pas, avec droiture.
···························································································································
– 11 Que se réjouissent – que gronde
les cieux la mer
et exulte et sa plénitude,
– 12 que jubile – alors crieront-de-joie
la campagne les arbres
et -ce de la forêt,
, qui est en elle,
···························································································································
:: 13 devant :: CAR il vient :: IL JUGERA :: et
YHWH POUR JUGER
CAR
il vient, ;
avec justice avec sa vérité.
Dans le premier morceau, le second segment explicite ce que signifie le règne de Dieu : stabilité du « monde » (10c) d’une part et jugement des « peuples » d’autre part (10d). Le second morceau développera le premier aspect du règne de Dieu et le troisième le second aspect.
106
La troisième section (Ps 96-100)
+ 10 Dites + YHWH
: règne !
– Oui, est affermi :: IL PRONONCE
,
il ne chancelle pas, avec droiture.
······························································································································
– 11 Que se réjouissent – que gronde
les cieux la mer
et exulte et sa plénitude,
– 12 que jubile – alors crieront-de-joie
la campagne les arbres
et -ce de la forêt,
, qui est en elle,
······························································································································
:: 13 devant :: CAR il vient :: IL JUGERA :: et
YHWH POUR JUGER
CAR
il vient, ;
avec justice avec sa vérité.
Le deuxième morceau regroupe une série de souhaits qui débouchent sur leur réalisation, quand les arbres « crieront-de-joie » (12b). Son premier segment énumère le trio canonique des « cieux », de « la terre » et de « la mer » qui désignent l’ensemble du créé, ce qui est appelé « le monde » en 10c. Dans le second segment, « les arbres de la forêt » correspondent à « la campagne ». En termes médians, « tout ce qui est en elle » renvoie à « sa plénitude ». Le premier membre du dernier morceau est lié syntaxiquement au membre précédent. Les deux segments du morceau sont liés par la reprise de « juger » suivi de « la terre » et « le monde ». « La terre », « le monde » et « les peuples » sont tous trois compléments d’objet de « juger ». Le dernier membre du premier morceau a en commun avec le dernier morceau les synonymes « juger » (13bc) et « prononcer », « les peuples » (10d), ainsi que les compléments synonymes, « droiture », « justice », « vérité », introduits par la même préposition « avec ». L’ENSEMBLE DU PSAUME Les parties extrêmes comptent chacune douze membres, tandis que la partie centrale n’en compte que la moitié. Aux six impératifs de la première partie (1-3a) correspondent dans la dernière partie six verbes, dont cinq volitifs (10a.11-12a) suivis par « crieront de joie » (12b) qui est sur la même ligne de la proclamation. Les parties extrêmes sont motivées : « car » revient deux fois en 4a.5a et en 13a.13b. Y reviennent « chez les nations » (3a.10a), « les peuples » (3b.10d.13d), « la terre » (1b.11a.13b) et « les cieux » (5b.11a). La partie centrale contient sept impératifs, dont six en tête de ses six membres, mais elle ne présente aucune motivation.
Le psaume 96
107
+ 96,1 CHANTEZ + CHANTEZ
à YHWH à YHWH,
un chant
nouveau, ;
+ 2 CHANTEZ :: PROCLAMEZ
à YHWH, de jour-en-jour
BÉNISSEZ
SON NOM,
son salut ;
:: 3 RACONTEZ :: chez
sa LA GLOIRE, ses merveilles.
······························································································································· – 4 CAR grand YHWH et louable beaucoup,
– redoutable 5
lui
sur
les dieux ;
– CAR – et YHWH
les dieux LES CIEUX
a fait ;
– 6 splendeur –
et ÉCLAT et beauté
par-devant LUI, dans SON SANCTUAIRE.
+ 7 APPORTEZ + APPORTEZ
à YHWH, à YHWH
familles
+ 8 APPORTEZ :: PRÉSENTEZ
à YHWH l’oblation
:: 9 PROSTERNEZ-VOUS :: TREMBLEZ
à YHWH DEVANT LUI
+ 10 DITES + YHWH
(sont) inanités
,
GLOIRE
et
;
LA GLOIRE
et VENEZ
de SON NOM, dans ses parvis ;
dans L’ÉCLAT
DE SAINTETÉ,
. :
règne !
– Oui, est stable :: il prononce
,
il ne chancelle pas ; avec droiture.
······························································································································· LES CIEUX et EXULTE ,
– 11 QUE SE RÉJOUISSENT – QUE GRONDE
la mer
et sa plénitude ;
– QUE JUBILE – alors CRIERONT-DE-JOIE
la campagne les arbres
et ce de la forêt,
:: 13 DEVANT :: CAR il vient
pour juger
12
qui est en elle ;
······························································································································· YHWH CAR il vient,
:: il jugera :: et
; avec justice avec sa vérité.
Deux vocatifs encadrent la partie centrale, qui indiquent donc à qui le psalmiste s’adresse ; « familles des peuples » (7a) et « toute la terre » (9b). À ces deux vocatifs centraux correspond celui par lequel commence la première partie : « toute la terre » (1b). La troisième partie ne comprend pas de vocatifs, mais dans le morceau central, les sujets des verbes sont « les cieux », « la terre »
108
La troisième section (Ps 96-100)
et « la mer » (11), « la campagne » et « tous les arbres de la forêt » (12) ; avec « toute sa plénitude » et « tout ce qui est en elle » (11b.12a), c’est donc toute la création qui est appelée à « se réjouir ». Cette longue énumération finale correspond à « toute la terre » du début (1b). + 96,1 CHANTEZ + CHANTEZ
à YHWH à YHWH,
un chant
nouveau, ;
+ 2 CHANTEZ :: PROCLAMEZ
à YHWH, de jour-en-jour
BÉNISSEZ
SON NOM,
son salut ;
:: 3 RACONTEZ :: chez
sa LA GLOIRE, ses merveilles.
······························································································································· – 4 CAR grand YHWH et louable beaucoup,
– redoutable 5
– CAR – et YHWH 6
– splendeur – + 7 APPORTEZ + APPORTEZ 8
lui
sur
les dieux ;
les dieux
(sont) inanités
LES CIEUX
a fait ;
et ÉCLAT et beauté
par-devant LUI, dans SON SANCTUAIRE.
à YHWH, à YHWH
familles
,
GLOIRE
et
LA GLOIRE
;
+ APPORTEZ :: PRÉSENTEZ
à YHWH l’oblation
et VENEZ
de SON NOM, dans ses parvis ;
:: 9 PROSTERNEZ-VOUS :: TREMBLEZ
à YHWH
dans L’ÉCLAT
DE SAINTETÉ,
DEVANT LUI
+ 10 DITES + YHWH
. :
règne !
– Oui, est stable :: il prononce
,
il ne chancelle pas ; avec droiture.
······························································································································· LES CIEUX et EXULTE ,
– 11 QUE SE RÉJOUISSENT – QUE GRONDE
la mer
et sa plénitude ;
– 12 QUE JUBILE – alors CRIERONT-DE-JOIE
la campagne les arbres
et ce de la forêt,
:: 13 DEVANT :: CAR il vient
pour juger
qui est en elle ;
······························································································································· YHWH CAR il vient,
:: il jugera :: et
; avec justice avec sa vérité.
Le psaume 96
109
Les deux premières parties ont en commun — outre « peuples » qui se retrouve dans les parties extrêmes — « toute la terre » (1b.9b), « gloire » (3a.7b.8a), « puissance » (6b.7b), « éclat » (6a.9a), « devant lui » (6a.9b), « sanctuaire » / « sainteté » qui sont de même racine (6b.9a) ; ces derniers termes jouent le rôle de termes finaux. Les deux dernières parties n’ont en commun que « venir » (8b.13a. 13b), outre « peuples » (7a.10d.13d), « terre » (9b.11a.13b), « devant » (9b.13a) et « tout » (9b.12b) qui se trouvent aussi dans la première partie. « La terre » revient quatre fois : avec « toute » au début de la première partie (1b) et à la fin de la partie centrale (9b), ainsi que deux autres fois dans la partie finale (11a.13b). L’adjectif « tous » revient sept fois dans le psaume, le chiffre par excellence de la totalité (1b.3b.4b.5a.9b.12a.12b). CONTEXTE LE PSAUME DE 1CH 16,8-36 Le Premier livre des Chroniques reprend la presque totalité du Ps 96 ; cinq membres du psaume sont omis dans la prière de David des Chroniques (1a.2a.10c.13cd) : Ps 96
1Ch 16,23-33
1
Chantez à Yhwh un chant nouveau chantez à Yhwh toute la terre 2 Chantez à Yhwh bénissez son nom proclamez de jour en jour son salut 3 Racontez chez les nations sa gloire chez tous les peuples ses merveilles 4 Car grand Yhwh et louable beaucoup redoutable lui sur tous les dieux 5 Car tous les dieux des peuples inanités et Yhwh les cieux a fait 6 Splendeur et éclat devant lui puissance et beauté dans son sanctuaire 7 Apportez à Yhwh, familles des peuples apportez à Yhwh gloire et puissance 8 Apportez à Yhwh la gloire de son nom présentez l’oblation et venez à ses parvis 9 Prosternez-vous à Yhwh dans l’éclat de sainteté tremblez devant lui toute la terre 10 Dites chez les nations : Yhwh règne oui, est stable le monde il ne chancelle pas il prononce sur les peuples avec droiture 11 Se réjouissent les cieux et exulte la terre gronde la mer et sa plénitude 12 Jubile la campagne et tout ce qui est en elle alors crieront-de-joie tous les arbres de la forêt 13 Devant Yhwh car il vient car il vient pour juger la terre il jugera le monde avec justice et les peuples avec sa vérité.
23
chantez à Yhwh toute la terre
proclamez de jour en jour son salut 24 Racontez chez les nations sa gloire chez tous les peuples ses merveilles 25 Car grand Yhwh et louable beaucoup et redoutable lui sur tous les dieux 26 Car tous les dieux des peuples inanités et Yhwh les cieux a fait 27 Splendeur et éclat devant lui puissance et joie dans son lieu. 28 Apportez à Yhwh, familles des peuples apportez à Yhwh gloire et puissance 29 Apportez à Yhwh la gloire de son nom présentez l’oblation et venez à sa face Prosternez-vous à Yhwh dans l’éclat de sainteté 30 tremblez devant lui toute la terre oui, est stable le monde il ne chancelle pas. 31 Se réjouissent les cieux et exulte la terre et ils diront chez les nations : Yhwh règne 32 gronde la mer et sa plénitude jubile la campagne et tout ce qui est en elle 33 Alors crieront-de-joie les arbres de la forêt par-devant Yhwh car il vient pour juger la terre.
110
La troisième section (Ps 96-100)
L’équivalent des trente membres du Ps 96 est précédé, en 1Ch16, par trente autres membres, qui reprennent les quinze premiers versets du Ps 105, et suivi par sept autres, qui reprennent les deux derniers versets du Ps 106. Elle est mise sur les lèvres de David quand il eut fait venir l’arche d’alliance à Jérusalem. Le Premier livre des Chroniques l’ajoute au récit de 2S 6. Le Ps 105 célèbre l’histoire d’Israël, d’abord celle des patriarches (6-15). Le Ps 106 est une confession des multiples péchés d’Israël ; le verset 47 demande la grâce du retour d’exil et le verset 48 est la doxologie finale du quatrième livre. La comparaison entre le Ps 96 et la prière de 1Ch 16 fait ressortir la spécificité du psaume : Israël n’y est pas nommé et on peut se demander à qui le psalmiste adresse son invitation à chanter ce « chant nouveau ». INTERPRÉTATION Si le psaume ne pose pas de problème textuel, son interprétation n’est pas exempte de difficulté. En effet, il est surprenant — et il peut paraitre inconcevable — qu’un psaume soit marqué par un universalisme aussi radical. À QUI LE PSALMISTE S’ADRESSE-T-IL ? Beaucoup sont d’avis que les invitations « racontez chez les nations » (3a) et « dites chez les nations » (10a) sont adressées à Israël, qui devrait annoncer aux païens le « salut » et les « merveilles » (2b.3b) dont Yhwh son Dieu l’a favorisé. Si la plupart traduisent la préposition qui introduit « les nations » par « chez » ou « parmi » ou « dans », d’autres optent pour un complément d’attribution : « racontez/dites aux nations »1. Alonso Schoekel – Carniti écrivent : « On peut distinguer : le message missionnaire à tous les peuples (v. 3.10) et la participation des païens à la louange » (v. 7), mais, quelques lignes plus haut, ils avaient fait remarquer que « ne sont mentionnés ni Sion ni Israël, qui pourraient limiter l’horizon universel. Même si quelqu’un doit raconter et dire aux peuples, il le fait sans s’identifier »2. S’il y a ambiguïté, rien toutefois n’oblige à comprendre que les invitations de 3 et de 10ab sont adressées seulement au peuple élu. Il semble même que ce serait contraire à la logique de l’ensemble du psaume. En effet, le premier destinataire des impératifs initiaux est nommé dès le premier verset : « chantez à Yhwh, toute la terre » (1b) ; les deux seuls autres vocatifs sont ceux qui encadrent la partie centrale : « familles des peuples » (7a) et, de nouveau, « toute la terre » (9b). À la fin, Yhwh est présenté comme juge
1 Ainsi Alonso Schoekel – Carniti, II, 329. Or, en hébreu, le complément d’attribution de « raconter » se fait avec la préposition le (Ps 22,23 ; 44,2 ; 78,3.6) ; la préposition be introduit un complément de lieu (Ex 9,16 ; 10,2 ; Jr 51,10 ; Ez 12,16). 2 Alonso Schoekel – Carniti, II, 331.
Le psaume 96
111
des « peuples », de « la terre », du « monde » (10.13), sans qu’une distinction soit faite entre Israël et les autres peuples3. LE SANCTUAIRE DE YHWH « Yhwh a fait les cieux » (5b) et il y a installé son « sanctuaire », lieu de « splendeur » et d’« éclat », de « puissance et beauté » (6). C’est pourquoi tout le créé, « les cieux », « la terre » et « la mer » exultent (11), et que jubilent « la campagne » et « la forêt » (12) et tout ce qu’elles renferment, toute les créatures vivantes. Le sanctuaire céleste universel a trouvé toutefois un lieu particulier dans le temple terrestre, où toutes les « familles de la terre » sont invitées à présenter « l’oblation » dans ses « parvis » et à se prosterner devant Yhwh « dans l’éclat de sainteté » (8b-9). L’universalité du temple des cieux s’accorde avec la particularité du sanctuaire destiné à devenir celui de « toute la terre ». « YHWH RÈGNE » Si ce sont toutes les nations qui sont invitées à « chanter », à « proclamer » le « salut », à « raconter » les « merveilles » de Dieu, il est clair que seul « Yhwh », le Dieu d’Israël, est Dieu. Ce nom propre est répété onze fois (1ab.2a.4a.5b.7ab. 8a.9a.10b.13a) et c’est « son nom » unique qui doit être béni et glorifié (2a.8a), à l’exclusion de tout autre nom. Tous les autres « dieux » en effet ne sont qu’« inanités » (4-5a). Ce nom, en plein cœur du psaume, attire comme un trou noir, toutes les divinités humaines. L’unité de toutes les nations ne saurait se réaliser qu’autour du Dieu unique du peuple élu. Discrètement, mais clairement, l’universalisme le plus absolu se conjugue ainsi avec la particularité la plus affirmée.
3 Nouvelle vérification de la troisième loi de Lund, qui veut que centre et extrémités se correspondent (voir Traité, 98).
2. LE PSAUME 97 TEXTE Yhwh règne, exulte la terre, se réjouissent les iles nombreuses ; 2 nuage et sombre-nuée autour de lui, justice et jugement l’appui de son trône. 3 Un feu devant lui va et enflamme à l’entour ses adversaires ; 4 illuminent ses éclairs le monde, voit et chavire la terre ; 5 les montagnes comme cire fondent par-devant Yhwh, par-devant le maitre de toute la terre. 6 Annoncent les cieux sa justice et voient tous les peuples sa gloire. 7 Qu’ils aient honte tous les servant une statue qui se louent d’inanités ! Prosternez-vous à lui, tous les dieux. 8 Elle entend et se réjouit Sion et exultent les filles de Juda à cause de tes jugements, Yhwh. 9 Oui, toi, (tu es) Yhwh, Très-Haut sur toute la terre, de beaucoup tu es haussé sur tous les dieux. 10 Les aimant Yhwh, haïssez le mal ; gardant les âmes de ses fidèles, de la main des méchants les délivre. 11 Une lumière est semée pour le juste et pour les droits de cœur la joie. 12 Réjouissez-vous, justes, en Yhwh et rendez-grâce à la mémoire de sa sainteté. 1
Le psaume ne présente pas de véritable difficulté textuelle. COMPOSITION Le psaume comprend deux longues parties (1-6 ; 8-12) qui encadrent une très courte partie (7). LA PREMIÈRE PARTIE (1-6) + 1 YHWH + se réjouissent
règne,
= 2 nuage = JUSTICE
et sombre-nuée et jugement
exulte
LA TERRE,
; AUTOUR DE LUI,
l’appui
de son trône.
···························································································
:: 3 Un feu – et enflamme
devant lui À L’ENTOUR
va ses adversaires ;
:: 4 illuminent – VOIT
ses éclairs et chavire
le monde, LA TERRE ;
– 5 les montagnes : par-devant : par-devant
comme cire YHWH, le maitre
fondent
DE TOUTE LA TERRE. ··························································································· 6 Annoncent les cieux SA JUSTICE
= + et VOIENT
sa gloire.
Dans le premier morceau, c’est d’abord le monde d’en bas, « la terre » et « les iles nombreuses », qui célèbre le règne de Yhwh (1) ; après quoi, le Seigneur est présenté dans les hauteurs, enveloppé de « nuage et sombre-nuée » comme sur la
114
La troisième section (Ps 96–100)
montagne de l’Horeb (Dt 4,11 ; 5,22), siégeant sur son trône. « Règne » et « trône » aux extrémités du morceau appartiennent au même champ sémantique. Le deuxième morceau est tout entier marqué par « le feu » et « les éclairs » de Dieu (3a.4a), qui terrassent « ses adversaires » (3b), « le monde » et « la terre » (4ab), et devant qui fondent les montagnes (5). « La terre » revient en termes finaux des deux derniers segments (4b.5c) ; « devant » et « par-devant » font inclusion (3a.5bc). Dans le court morceau final « les cieux » et « tous les peuples » de la terre célèbrent la « justice » et la « gloire » de Dieu. + 1 YHWH + se réjouissent
règne,
= 2 nuage = JUSTICE
et sombre-nuée et jugement
exulte
LA TERRE,
; AUTOUR DE LUI,
l’appui
de son trône.
···························································································
:: 3 Un feu – et enflamme
devant lui À L’ENTOUR
va ses adversaires ;
:: 4 illuminent – VOIT
ses éclairs et chavire
le monde, LA TERRE ;
– 5 les montagnes : par-devant : par-devant
comme cire YHWH, le maitre
fondent
les cieux
SA JUSTICE
DE TOUTE LA TERRE. ···························································································
= 6 Annoncent + et VOIENT
sa gloire.
Les morceaux extrêmes se correspondent en miroir : « les iles nombreuses » et « tous les peuples » (1b.6b) d’une part, et le monde d’en haut où règne « la justice » (2.6a). « La terre » revient dans les deux premiers morceaux (1a.4b.5c), « autour de lui » (2a) annonce « à l’entour » (3b). « Voir » est repris dans les deux derniers morceaux (4b.6b). LA DEUXIÈME PARTIE (7) + 7 Qu’ils aient honte + qui se louent = Prosternez-vous à lui,
TOUS les servant d’inanités ! TOUS les dieux.
une statue
Le trimembre est de type AAB. Les deux premiers membres regardent les hommes qui servent les idoles, « statue », « inanités » ; le troisième en revanche est adressé aux divinités des païens, invitées à adorer le Dieu unique.
Le psaume 97
115
LA TROISIÈME PARTIE (8-12) + 8 Elle entend + et + à cause de
les filles tes jugements,
Sion de Juda YHWH.
···············································································································
:: 9 Oui, toi, :: Très-Haut – de beaucoup
(tu es) YHWH, sur toute la terre, tu es haussé
sur tous les dieux.
: 10 Les aimant :: gardant – de la main
YHWH, les âmes des méchants
haïssez de ses fidèles, les délivre.
:: 11 Une lumière :: et pour les droits
est semée de cœur
pour LE JUSTE .
le mal ;
··············································································································· 12
+ + et
,
JUSTES, à la mention
en YHWH, de sa sainteté.
De la taille d’un seul segment, les morceaux extrêmes se correspondent : à « se réjouir » (8a.12a) est coordonné « exulter » en 8b, « rendre-grâce » en 12b. Les raisons de cette joie sont exprimées en finale : ce sont les « jugements » de Yhwh (8c) et « la mention de sa sainteté » (12b). Le morceau central (9-11) explicite et développe la fin des morceaux extrêmes, à savoir les motifs de la joie, de l’exultation et de l’action de grâce. C’est d’abord la domination du « Très-Haut » « sur toute la terre » et « sur tous les dieux » (9), par quoi s’achèvent les deux derniers membres du trimembre1 ; c’est surtout la protection que Yhwh assure contre « les méchants » (10c) en faveur de ceux qui l’aiment et haïssent le mal (10a), « ses fidèles » (10b), « le juste » (11a), « les droits de cœur » (11b)2. Le premier segment du morceau central (9) est à la deuxième personne du singulier, comme le premier morceau (« tes jugements » en 8c). Les deux derniers segments du morceau central (10-11) sont liés au dernier morceau par la reprise de « juste(s) » (11a.12a) et parce que les impératifs pluriel de 12 renvoient à celui de 10a.
1
« Très-Haut » et « tu es haussé » sont de même racine. On pourra remarquer la construction spéculaire des deux derniers membres du verset 10 : a (bc) / (b’c’) a’. 2
116
La troisième section (Ps 96–100)
L’ENSEMBLE DU PSAUME + 97,1 YHWH + SE RÉJOUISSENT
règne, les iles
EXULTE
+ 2 nuage + JUSTICE
et sombre-nuée
autour de lui,
LA TERRE,
nombreuses ;
ET JUGEMENT l’appui de son trône. ···················································································································
: 3 Un feu : et enflamme
devant lui à l’entour
va ses adversaires ;
: 4 illuminent : voit
ses éclairs et chavire
LA TERRE ;
: 5 les montagnes : par-devant : par-devant
comme cire YHWH, le maitre
le monde, fondent DE TOUTE LA TERRE.
··················································································································· + 6 Annoncent les cieux SA JUSTICE
+ et voient 7
Qu’ils aient honte qui se louent Prosternez-vous à lui, + 8 Elle entend + et EXULTENT + à cause de
tous les peuples
sa gloire.
tous les servant d’inanités ! .
une statue
ET SE RÉJOUIT
Sion de Juda YHWH.
les filles
TES JUGEMENTS, ··················································································································· : 9 Oui, toi, (tu es) YHWH,
: Très-Haut : de beaucoup
SUR TOUTE LA TERRE,
tu es haussé
sur
.
: Les aimant : gardant : de la main
YHWH, les âmes des méchants
haïssez de ses fidèles, les délivre.
le mal ;
: 11 Une lumière : et pour les droits
est semée de cœur
10
POUR LE JUSTE LA JOIE. ··················································································································· + 12 RÉJOUISSEZ-VOUS, JUSTES, en YHWH
+ et rendez-grâce
à la mention
de sa sainteté.
Les parties extrêmes, qui comptent chacune treize membres, sont parallèles entre elles. Aux extrémités de la première partie (1.6), le sujet de « se réjouir » et d’« annoncer » est « toute la terre », « les iles nombreuses », « tous les peuples » ; en revanche, aux extrémités de la dernière partie (8.12), c’est Israël, « Sion » et « les filles de Juda », les « justes ». Dans le morceau central de la première partie (3-5), le feu de Dieu se déchaine contre « ses adversaires »,
Le psaume 97
117
tandis que dans le morceau central de la dernière partie (9-11), le Seigneur intervient en faveur de « ses fidèles ». La partie centrale se distingue des deux autres, non seulement par sa brièveté, mais aussi parce que c’est le seul endroit où sont interpelés les idolâtres ainsi que ceux qu’ils servent, « tous les dieux ». Cette partie semble articuler les deux autres : en effet, si « tous les dieux » sera repris dans la dernière partie (9c), « tous les servant une statue » rappelle « ses adversaires » dans la première partie (3b)3. « Exulter » et « se réjouir » en 1 et 8, à quoi on peut ajouter « jugement(s) » (2b.8c), jouent le rôle de termes initiaux pour les parties extrêmes ; « sa justice » et « justes » (6a.12a) le rôle de termes finaux. En outre, les deux occurrences de « se réjouir » de 1 et 12 remplissent la fonction de termes extrêmes pour l’ensemble du psaume. « Justice » revient deux fois dans la première partie (2b.6a), en termes médians à distance entre les morceaux extrêmes, et « juste(s) » deux fois aussi dans la dernière partie (11a.12a), en termes médians entre les deux derniers morceaux. « Toute la terre » revient en 5c et 9b, en termes médians à distance des morceaux centraux ; mais « la terre » apparaissait déjà en 1a et 4b. « Tous les dieux », à la fin de la partie centrale (7c), revient aussi en 9c. CONTEXTE LA THÉOPHANIE DE L’HOREB Les versets 2-5 du psaume reprennent l’imagerie et le vocabulaire de la théophanie du Sinaï : « éclairs », « nuée » et « feu » sur « la montagne », marquent le récit d’Ex 19,16-19. « Nuage et sombre-nuée », « feu » et « montagne » se retrouvent en Dt 4,11 (voir aussi 5,22). LES DIEUX DES NATIONS PAÏENNES Au temps de la monarchie, chaque peuple avait sa propre divinité principale : 4
Quand Salomon fut vieux, ses femmes détournèrent son cœur vers d’autres dieux et son cœur ne fut plus tout entier à Yhwh son Dieu comme avait été celui de son père David. 5 Salomon suivit Astarté, la divinité des Sidoniens, et Milkom, l’abomination des Ammonites. 6 Il fit ce qui déplait à Yhwh et il ne lui obéit pas parfaitement comme son père David. 7 C’est alors que Salomon construisit un sanctuaire à Kemosh, l’abomination de Moab, sur la montagne à l’orient de Jérusalem, et à Milkom, l’abomination des Ammonites. 8 Il en fit autant pour toutes ses femmes étrangères, qui offraient de l’encens et des sacrifices à leurs dieux.
3 « Ses adversaires » et « tous les dieux » se trouvent en position symétrique, à la fin des premiers segments des morceaux centraux des parties extrêmes.
118
La troisième section (Ps 96–100)
INTERPRÉTATION IDOLÂTRES ET IDOLES Comme souvent, le centre d’une construction concentrique surprend, à tel point qu’on serait tenté de le considérer comme une sorte d’aérolithe, une interpolation, un ajout secondaire, incongru. Et pourtant, il remplit la fonction de clé de voute, par laquelle tout l’arc du texte trouve sa cohésion. Il est vrai qu’il n’est pas question des idolâtres et de leurs statues ailleurs dans le psaume et que c’est le seul endroit où sont interpelés « les dieux ». Toutefois, c’est au centre que sont identifiés « les adversaires » de Yhwh dont il est question dans tout le morceau central de la première partie, ainsi que « le mal » dans lequel « les méchants » veulent entrainer les « fidèles » au cœur de la dernière partie. « TOUS LES DIEUX » Aux temps où le psaume est né, le monothéisme ne s’était pas encore imposé. Chaque nation avait son propre dieu principal, accompagné de dieux subalternes et locaux. Le culte du Baal des Cananéens et des autres divinités étrangères n’avait pas disparu jusqu’aux jours de l’exil à Babylone. C’est pourquoi Ézéchiel condamne avec tant d’énergie la prostitution d’Israël qui avait abandonné Yhwh son Dieu pour suivre ses « ordures » (Ez 16, par exemple). Ce genre d’idolâtrie n’existe pratiquement plus de nos jours, en Occident ; ce n’est pas pour autant que « Yhwh règne » sans partage aujourd’hui. Les idoles que l’on sert n’ont plus les noms de jadis, mais « le veau d’or est toujours debout. » Et le culte du Profit, du Pouvoir et des autres divinités modernes qui cachent leurs noms est bien loin d’être mort. Les diverses « Inanités » règnent toujours, plus férocement que jamais, réclamant sans cesse qu’on leur offre des sacrifices. Moloch apprécie encore les sacrifices humains, qui lui sont présentés par peuples entiers. LES ADVERSAIRES DE YHWH Au centre du centre, les dieux sont déclarés des « inanités » (7b). L’injonction qui est ensuite adressée à « tous les dieux » de se prosterner devant l’unique Seigneur (7c) ne saurait donc être qu’ironique. Une « statue », et à plus forte raison des « inanités », sont bien incapables de faire quoi que ce soit. Ce ne sont donc pas eux les « adversaires » que « le feu » de Yhwh « enflamme » (3), ce sont les hommes qui peuplent « le monde », « la terre », « toute la terre » (3-5). Ceux qui s’opposent au Seigneur ne sont autres que ceux qui aiment « le mal » (10), ceux qui « servent » « tous les dieux », qui adorent des « inanités » et s’en louent. On ne peut pas aimer Yhwh et « le mal » (10a). Les idolâtres qui aiment le mal, par le fait même haïssent l’unique Seigneur. Les « méchants » (10c) ne sont autres que ceux qui cherchent à entrainer les « fidèles » dans « le mal » de l’idolâtrie.
Le psaume 97
119
« EXULTE LA TERRE ! » Il ne sera question de « tous les dieux » qu’une seule fois dans la dernière partie, mais ce sera seulement pour dire que le « Très-Haut » se trouve beaucoup plus haut qu’eux (9). Ils ne font rien, ne disent pas un mot, ne ressentent aucune émotion. En revanche, ce sont les hommes qui « se réjouissent » et « exultent » (1.8.12), non seulement ceux de « Sion » et de « Juda », mais aussi « les justes » (12) de « la terre » entière (1a), ceux qui se voient « délivrés » « de la main des méchants », qui jouissent de « la lumière » qui « est semée » pour eux (10-11).
IV. « CHANTEZ AU SEIGNEUR, TOUTE LA TERRE » (PS 96–97) COMPOSITION DE LA SÉQUENCE 96,1 Chantez à Yhwh un chant nouveau, chantez à Yhwh, TOUTE LA TERRE ; 2 chantez à Yhwh, bénissez son nom, proclamez de jour-en-jour son salut ; 3 racontez chez les nations SA GLOIRE, chez TOUS LES PEUPLES ses merveilles. 4 Car grand Yhwh et louable beaucoup, redoutable lui sur ; 5 car des PEUPLES sont et Yhwh a fait ; 6 splendeur et éclat , puissance et beauté dans son sanctuaire. Apportez à Yhwh, FAMILLES DES PEUPLES, apportez à Yhwh GLOIRE et puissance ; 8 apportez à Yhwh LA GLOIRE de son nom, présentez l’oblation et venez dans ses parvis ; 9 prosternezvous à Yhwh dans l’éclat de SAINTETÉ, tremblez TOUTE LA TERRE.
7
10 Dites chez les nations : YHWH RÈGNE ! Oui, est stable LE MONDE, il ne chancelle pas ; il prononce sur LES PEUPLES avec droiture. 11 SE RÉJOUISSENT et EXULTE LA TERRE, que gronde la mer et sa plénitude ; 12 que jubile la campagne et tout ce qui est en elle. Alors crient-de-joie tous les arbres de la forêt, 13 de Yhwh car il vient, car il vient pour JUGER LA TERRE ; il JUGE LE MONDE avec JUSTICE et les PEUPLES avec sa vérité.
97,1 YHWH RÈGNE, EXULTE LA TERRE, SE RÉJOUISSENT les iles nombreuses ; 2 nuage et sombrenuée autour de lui, JUSTICE et JUGEMENT l’appui de son trône. 3 Un feu va et enflamme à l’entour ses adversaires ; 4 illuminent ses éclairs LE MONDE, voit et chavire LA TERRE ; 5 les montagnes comme cire fondent de Yhwh, du maitre de TOUTE LA TERRE. 6 Annoncent SA JUSTICE et voient TOUS LES PEUPLES SA GLOIRE. 7 Qu’ils aient honte tous les servant une statue qui se louent d’ Prosternez-vous à lui, .
!
Elle entend et SE RÉJOUIT Sion et EXULTENT les filles de Juda à cause de tes JUGEMENTS, Yhwh. 9 Oui, toi, tu es Yhwh, Très-Haut sur TOUTE LA TERRE, de beaucoup tu es haussé sur . 10 Les aimant Yhwh, haïssez le mal ; gardant les âmes de ses fidèles, de la main des méchants il les délivre. 11 Une lumière est semée pour LE JUSTE et pour les droits de cœur LA JOIE. 12 RÉJOUISSEZ-VOUS, JUSTES, en Yhwh et rendez-grâce à la mémoire de SA SAINTETÉ. 8
– « Toute la terre » revient deux fois en 96,1.9 (accompagné de « tous les peuples » en 3 et de « familles des peuples » en 7) — et deux fois aussi en 97,5.9 (accompagné de « tous les peuples » en 6) ; il faut y ajouter les couples « le monde » – « les peuples » (96,10) et « le monde » – « la terre » (96,13 ; 97,4) ; – « tous les dieux » et « inanités » de 96,4-5 sont repris en 97,7.9 ; – « Dieu règne » revient en 96,10 et 97,1 ; – « se réjouissent » et « exulte la terre » se trouvent à la fin du premier psaume (96,11) et au début des deux versants du second (97,1.8) ; « joie » revient en 11 ; – « gloire » est repris en 96,3.7.8 et en 97,6 ; il s’agit toujours de la gloire de Dieu ;
La première séquence (Ps 96–97)
121
– « sainteté » revient en 96,9 et 97,12 ; – « justice » de 96,13 est repris par « justice » et « juste(s) » en 97,6.11.12 ; – « juger » et « jugement » agrafent les deux psaumes (96,13 ; 97,2 ; repris au pluriel en 8) ; – « avec droiture » et « les droits » sont de même racine (96,10 ; 97,11) ; – « se louent » (97,7) rappelle « louable » (96,4) ; – « les cieux » reviennent en 96,5.11 et en 97,6 ; – « devant sa face » est repris en 96,6.9.13 et en 97,3.5bis ; – « prosternez-vous » revient en 96,9 et 97,7 ; – enfin, « est stable » de 96,10 est de même racine que « l’appui » de 97,2. INTERPRÉTATION « LE SEIGNEUR RÈGNE » Voilà ce qui doit être annoncé « chez les nations » (96,10), ce pourquoi « la terre » et « les iles nombreuses » exulteront et se réjouiront (97,1). Ce règne est celui de « son salut », de « ses merveilles » (96,2-3), de « sa gloire » (96,3.7.8 ; 97,6), de sa « sainteté » (96,9 ; 97,12), de « sa justice » et de son « jugement » (96,13 ; 97,2.6.8). D’autres termes s’y ajoutent encore, à profusion : « splendeur et éclat », « gloire et puissance » (96,6.7), « éclat de sainteté » (9), « vérité » (13). Il est entouré de « nuage et sombre nuée » comme à l’Horeb (97,2), d’un « feu » qui « enflamme » (3) et fait fondre « les montagnes comme cire » (5), des « éclairs » (4), « lumière » et « joie » pour « le juste » et « les cœurs droits » (11). « SE RÉJOUISSENT LES CIEUX, EXULTE LA TERRE ! » D’un bout à l’autre de la séquence, « toute la terre » est invitée à « chanter » pour le Seigneur (96,1), à « exulter » et à « se réjouir » (96,11 ; 97,1) avec « Sion » (97,8) et les « justes » (12). C’est que Yhwh est « le maitre de toute la terre » (97,5), le « Très-haut sur toute la terre » (9) ; « ses éclairs illuminent le monde, la terre voit et chavire » (4). D’autres termes s’ajoutent aux quatre occurrences de « toute la terre » : « les nations » (96,3.10), « tous les peuples » (96,3 ; 97,6), « familles des peuples » (96,7), « la terre », « le monde » (96,13 ; 97,4), « les peuples » (96,13). « Les cieux » sont associés à la joie de la terre (96,11) et ils s’uniront à elle pour « annoncer » la justice de Dieu (97,6). « La mer » ne saurait manquer au rendez-vous avec « sa plénitude » (96,11), et de même « la campagne et tout ce qui est en elle », ainsi que « tous les arbres de la forêt » (12). On ne saurait marquer davantage la totalité de la création.
122
La troisième section (Ps 96–100)
« TOUS LES DIEUX, DES INANITÉS » Le règne de Dieu est décrit à profusion avec toute « sa gloire », « sa sainteté », « sa justice » ; « toute la terre » avec « les cieux » et « la mer » sont invités dans toute leur multitude à chanter pour lui. En revanche, « tous les dieux » des nations ne sont mentionnés que deux fois, une dans chaque psaume (96,4-5 ; 97,7), et pour dire qu’ils ne sont qu’« inanités », « néant ». « Redoutable », Yhwh les domine ; ils ne peuvent que « se prosterner » devant lui. Et ceux qui les servent devront avoir honte d’adorer « une statue » (97,7). Le psalmiste ne s’y arrête pas, pas plus que pour les autres « adversaires » du Seigneur (97,3), ni que pour « les méchants », mentionnés pour ainsi dire en passant (97,10), pour ne pas dire simplement balayés.
II. « TOUS LES CONFINS DE LA TERRE ONT VU LE SALUT DE NOTRE DIEU » La deuxième séquence : Ps 98 TEXTE Psaume. Chantez à Yhwh un chant nouveau. Oui, des merveilles il a fait : l’a sauvé sa droite et le bras de sa sainteté. 2 Il a fait connaitre Yhwh son salut, aux yeux des nations il a révélé sa justice ; 3 il s’est rappelé sa fidélité et sa vérité à la maison d’Israël ; ils ont vu tous les confins de la terre le salut de notre Dieu. 4 Acclamez Yhwh, toute la terre, éclatez et criez-de-joie et psalmodiez ; 5 psalmodiez pour Yhwh, avec la cithare, avec la cithare et au son de la psalmodie ; 6 avec les trompettes et au son du cor, acclamez devant le roi Yhwh. 7 Que gronde la mer et sa plénitude, le monde et les habitants en lui ! 8 Que les fleuves battent des mains, qu’ensemble les montagnes crient-de-joie, 9 devant Yhwh ! Oui, il vient pour juger la terre, il jugera le monde avec justice et les peuples avec droiture. 1
Le psaume ne présente aucune difficulté textuelle. COMPOSITION Le psaume est organisé en deux parties parallèles entre elles : un invitatoire (1bc ; 4-9a) suivi de sa motivation (1d-3 ; 9bcd). Cette composition avait déjà été identifiée au début du XIXe par Boys1. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-3) + 1b Chantez + un chant
À YHWH
: Oui, des merveilles : L’A SAUVÉ : et le bras
il a fait : sa droite de sa sainteté.
nouveau.
················································································································· 2
– Il a fait-connaitre - aux yeux 3
:: il s’est rappelé :: à la maison - ils ont vu – LE SALUT
1
YHWH des nations
SON SALUT,
sa fidélité d’Israël ;
et sa vérité
tous-les confins DE NOTRE DIEU.
de la terre
il a révélé
sa justice ;
Th. BOYS, A Key to the Book of the Psalms, 74 ; traduction française dans Traité, 77.
124
La troisième section (Ps 96–100)
+ 1b Chantez + un chant
À YHWH
: Oui, des merveilles : L’A SAUVÉ : et le bras
il a fait ; sa droite de sa sainteté.
nouveau.
················································································································· 2
– Il a fait-connaitre - aux yeux :: 3 il s’est rappelé :: à la maison - ils ont vu – LE SALUT
YHWH des nations
SON SALUT,
sa fidélité d’Israël ;
et sa vérité
tous les confins DE NOTRE DIEU.
de la terre
il a révélé
sa justice ;
Dans la courte sous-partie initiale, les deux membres commencent avec des termes de même racine. Beaucoup plus développée, la deuxième sous-partie qui commence par kî, traduit par « Oui », donne les raisons de l’invitation à chanter pour le Seigneur. Le premier morceau (1def) est un trimembre de type abb : avec « salut », les deux derniers membres explicitent les « merveilles » du premier membre. Le second morceau est de construction concentrique : les segments extrêmes se correspondent de manière spéculaire, avec « salut » et le nom de Dieu en 2a et 3d, avec « aux yeux » / « ils ont vu » et « nations » / « tous les confins de la terre » en 2b et 3c. Au centre (3), « la maison d’Israël » est destinataire du « salut » (2a.3d), de « sa justice » (2b), de « sa fidélité et sa vérité » (3a). « Sauver » du premier morceau (1e) est repris par « salut » aux extrémités du deuxième (2a.3d). À « sa sainteté » à la fin du premier morceau (1f) font écho « sa justice », « sa fidélité et sa vérité » dans le deuxième (2b.3a). LA DEUXIÈME PARTIE (4-9) Le premier morceau de la première sous-partie est adressé à « toute la terre », c’est-à-dire aux hommes, invités à « psalmodier » accompagnés par les instruments de musique. Le second morceau, en revanche, est adressé au « monde » créé, « mer », « fleuves » et « montagnes ». Les deux occurrences de « acclamez » font inclusion pour le premier morceau (4a.6b), tous les membres intermédiaires précisant les modalités de l’acclamation : les deux occurrences de « psalmodiez » agrafent les deux premiers segments (4b.5a), celles de « cithare » agrafent les deux membres de 5, celles de « et au son de » les deux derniers segments (5b.6a).
Le psaume 98
125
+ 4 Acclamez :: éclatez
YHWH, et
toute LA TERRE, et psalmodiez ;
:: 5 psalmodiez :: avec la cithare
pour YHWH
avec la cithare, de la psalmodie ;
:: 6 avec les trompettes + acclamez
DEVANT
du cor, le roi
YHWH.
·················································································································· 7
– Que gronde –
la mer et les habitants
et sa plénitude, en lui !
= 8 Que les fleuves = qu’ensemble = 9 DEVANT
battent les montagnes YHWH !
des mains, ,
- Oui, il vient - il jugera - et les peuples
pour juger
LA TERRE,
avec justice avec droiture.
Dans le deuxième morceau, « le monde » est mis en parallèle avec « la mer » et désigne donc la terre ferme2 ; « les habitants en lui » sont donc les animaux terrestres, en parallèle avec ceux de la mer, « sa plénitude ». Les deux segments sont parallèles : en effet, « les fleuves » (8a) correspondent à « la mer » (7a), et « les montagnes » (8b) à « le monde » (7b). « Devant le roi Yhwh » et « devant Yhwh » (6b.9a) jouent le rôle de termes finaux des deux morceaux de la première sous-partie. Dans la deuxième sous-partie « juger » revient dans les deux premiers membres ; les deux derniers membres s’achèvent avec les synonymes « avec justice » et « avec droiture ». La seconde sous-partie reprend, dans le même ordre, « la terre » et « le monde » de la première (4a.7b), ainsi que « crier-de-joie » (4b.8b) ; avec « les peuples » elle précise en finale les destinataires du jugement de Yhwh (9d).
2
Voir, par ex., 1S 2,8 (« à Yhwh sont les piliers de la terre, sur eux il a posé le monde ») ; voir aussi 2S 22,16 (« Et le lit des mers apparut, les assises du monde se découvrirent, au grondement de la menace de Yhwh, au vent du souffle de ses narines »).
126
La troisième section (Ps 96–100)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 98,1 Psaume + CHANTEZ + un chant : OUI, des merveilles : l’a sauvé : et le bras
À YHWH
nouveau. il a fait : sa droite de
.
··················································································································
- 2 Il a fait-connaitre - aux yeux
son salut, il a révélé
YHWH
des nations
3
.. il s’est rappelé .. à la maison - ils ont vu - le salut
;
et
d’Israël ; TOUS
les confins DE NOTRE DIEU.
de LA TERRE
+ 4 ACCLAMEZ + ÉCLATEZ
YHWH, et CRIEZ-DE-JOIE
et PSALMODIEZ ;
+ 5 PSALMODIEZ + avec la cithare
POUR YHWH
et au son
avec la cithare, de la psalmodie ;
+ 6 avec les trompettes + ACCLAMEZ
et au son devant
du cor, le roi
TOUTE LA TERRE,
YHWH.
·················································································································· 7
– QUE GRONDE – le monde
la mer et les habitants
et sa plénitude, en lui !
= 8 Que les fleuves = qu’ensemble = 9 devant
BATTENT les montagnes YHWH !
des mains, CRIENT-DE-JOIE,
pour juger
LA TERRE,
- OUI, il vient - il jugera - et les peuples
le monde .
Les deux parties sont parallèles, de manière équilibrée dans son déséquilibre. En effet, l’invitatoire de la première partie est très bref, de la mesure d’un seul segment (1bc), tandis que sa motivation est développée (1d-3) ; c’est l’inverse dans la deuxième partie, où l’invitatoire est très long (4-9a) et sa motivation très courte, de la mesure d’un seul segment (9bcd). La motivation de la première partie regarde le passé, tandis que celle de la deuxième partie vise le futur. Aux trois occurrences de « sauver/salut » de la
Le psaume 98
127
première motivation (1e.2a.3d) correspondent les deux occurrences de « juger » dans la deuxième motivation (9b.9c). « Oui » introduit les sous-parties de motivation (1d.9b). « Tous les confins de la terre » et « toute la terre » (3c.a) agrafent les deux parties. Les occurrences de « la terre » en 3c et 9b jouent le rôle de termes finaux. « Justice » revient en 2b et 9c. À remarquer d’une part que le dernier membre de la première partie permet de comprendre que celui qui parle est un membre du peuple d’Israël, puisqu’il appelle « Yhwh » « notre Dieu »3 ; et, d’autre part, que le premier membre de la deuxième partie identifie le destinataire du psaume, « toute la terre » étant le seul vocatif du psaume. Alors que dans la première partie, « Israël » (3ab) est distingué des « nations » (2b), c’est-à-dire « tous les confins de la terre » (3c), dans la deuxième partie c’est « toute la terre » qui est invitée à acclamer Yhwh et le Seigneur « vient pour juger » « la terre », « le monde », « les peuples » sans distinction, à savoir Israël aussi bien que « les nations » païennes. CONTEXTE « SA DROITE L’A SAUVÉ » Les merveilles que le Seigneur a faites sont explicitées au singulier en une formule brève, mais surprenante : « sa droite l’a sauvé » (1e). On est habitué à entendre que Dieu a sauvé Israël, et non pas qu’il s’est sauvé lui-même ! C’est pourquoi les traductions atténuent le côté abrupt de la formulation : « Sa droite l’a secouru »4, « il s’est assuré la victoire »5, « Sa droite, son bras très saint l’ont rendu vainqueur »6. Ce n’est pas la seule fois où une telle expression est utilisée : 16
Il a vu il s’est étonné
qu’il n’y avait personne, qu’il n’y avait pas qui intervienne,
alors et sa justice,
elle,
17
Il a revêtu et le casque
LE SAUVA
la justice DU SALUT
son bras, l’a soutenu. comme cuirasse, sur sa tête (Is 59,16-17 ; voir aussi 63,5).
« Comme si le Seigneur avait été attaqué et avait dû se défendre »7. Ses ennemis avaient pensé qu’il était incapable de sauver Israël et son nom, c’est-à-dire sa réputation était en cause. En sauvant son peuple, il sauve l’honneur de son nom. 3
C’est le seul pronom de première personne du pluriel. Dhorme, Osty. 5 Traduction liturgique. 6 TOB. Par souci de cohérence, les autres occurrences de la même racine sont rendues de la même façon : « 2 Le Seigneur a fait connaitre sa victoire [...] 3c Jusqu’au bout de la terre on a vu la victoire de notre Dieu » (de même la traduction liturgique, Ravasi, II, 1023-24.1031-32). 7 Alonso Schoekel – Carniti, II, 353. 4
128
La troisième section (Ps 96–100)
Une telle formulation rappelle la raison que Dieu invoque pour avoir renoncé à détruire Israël à cause de ses infidélités répétées : Je songeai à répandre sur eux ma fureur, à épuiser contre eux ma colère au milieu du pays d’Égypte. 9 Mais j’ai agi à cause de mon nom, pour qu’il ne fût pas profané aux yeux des nations au milieu desquelles ils étaient, et aux yeux desquelles je m’étais fait connaitre à eux en les faisant sortir du pays d’Égypte (Ez 20,8-9 ; voir aussi 20,14.22 ; 36,21-22).
Et le chapitre s’achève sur cette déclaration : 44
Et vous saurez que je suis Yhwh, quand j’agirai en votre faveur à cause de mon nom, et non pas selon vos voies mauvaises et selon vos actions perverses, maison d’Israël — oracle du Seigneur Yhwh (Ez 20,44 ; trad. Osty).
« TOURNEZ-VOUS VERS MOI ET VOUS SEREZ SAUVÉS » Le deutéro-Isaïe promet le salut à toutes les nations, accompagné par « la justice » : 22
Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car je suis Dieu, il n’y en a pas d’autre. 23 Je le jure par moi-même, ce qui sort de ma bouche est la justice, c’est une parole irrévocable : Oui, devant moi tout genou fléchira, par moi jurera toute langue 24
en disant : En Yhwh seul sont les justices et la force (Is 45,22-24).
INTERPRÉTATION LE CHANT DE TOUTE LA TERRE Le psaume commence de façon abrupte et on ne peut plus concise : les quatre mots de l’invitation initiale ne disent pas à qui elle est adressée. Ce sera l’autre invitatoire, extrêmement développé, qui, dès ses trois premiers mots, le dévoilera : c’est « toute la terre » qui est appelée à l’entonner. Ce chant sera non seulement une acclamation solennelle que les humains accompagneront de toutes sortes d’instruments (4-6), ce sera aussi le chant de l’ensemble de la création, de « la mer » et des « fleuves », de la terre ferme et des « montagnes » dont les cris de joie se joindront à ceux de tous les hommes.
Le psaume 98
129
« UN CHANT NOUVEAU » D’entrée de jeu, le chant est dit « nouveau ». Est-ce simplement parce que c’est un chant de plus, une composition nouvelle, forcément différente de toutes les autres ? Ou bien, sa nouveauté ne touche pas seulement sa forme, mais aussi son contenu ? Une certaine nouveauté réside dans le fait que c’est « toute la terre » qui est invitée à la louange de Yhwh, et non pas seulement Israël. Mais cette nouveauté est relative, car il existe trois autres psaumes qui sont adressés eux aussi à « toute la terre » (Ps 66,1 ; 96,1.9 ; 100,1). Il semble que la nouveauté spécifique du psaume regarde « le salut » de Dieu. Certes, ce salut s’est manifesté dans la fidélité et la loyauté à l’alliance conclue en faveur d’Israël (3ab), mais la révélation du salut et de la justice de Dieu a été faite aux yeux de toutes les nations (4.3cd). Et l’on peut se demander si les païens n’ont été que les spectateurs du salut du seul peuple élu, ou si, au contraire, ils en ont été bénéficiaires eux aussi, avec Israël. LA JUSTICE DE DIEU La « justice » divine est coordonnée à son « salut » (2). Dieu serait-il juste avec Israël seulement ? En sauvant Israël, il rétablit la justice : il sauve l’opprimé des griffes de ceux qui veulent le déchirer et l’engloutir, mais il sauve aussi l’agresseur de sa violence, conduisant ainsi tous deux à la paix. C’est ce qu’il fit par le passé (1d-3), c’est aussi ce qu’il fera quand il « jugera », « avec justice » et « avec droiture », dans l’avenir (9bcd). « La terre », « le monde », englobant tous « les peuples » — Israël comme tous les autres et avec eux — seront sauvés ensemble de l’oppression et de la violence. Et c’est ainsi que sera « sauvé » le nom de Dieu lui-même (1e).
III. « LE SEIGNEUR RÈGNE SUR TOUS LES PEUPLES » La troisième séquence : Ps 99–100 1. LE PSAUME 99 TEXTE Yhwh règne, tremblent les peuples, il siège sur les Chérubins, chancelle la terre ; 2 Yhwh en Sion est grand, et exalté, lui, sur tous les peuples. 3 Qu’ils rendent-grâce à ton nom grand et redoutable : (il est) saint, lui. 4 Et la force du roi (est) le jugement qu’il aime, toi tu as fondé avec droiture ; jugement et justice en Jacob toi tu as fait. 5 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à l’escabeau de ses pieds : (il est) saint, lui. 6 Moïse et Aaron parmi ses prêtres et Samuel parmi les appelant son nom, ils appelaient Yhwh et lui, il leur répondait. 7 Dans la colonne de nuée il parlait avec eux, ils gardaient ses témoignages et le droit qu’il leur donna. 8 Yhwh notre Dieu, toi, tu leur répondais, Dieu supportant tu étais pour eux et te vengeant de leurs actions. 9 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à la montagne de sa sainteté : car (il est) saint, Yhwh notre Dieu. 1
V. 1B
: « CHANCELLE »
Ce verbe (nûṭ) est un hapax, qui se comprend par le parallèle avec « tremblent » du premier membre. V. 4
: « ET LA FORCE DU ROI (EST) LE JUGEMENT QU’IL AIME »
Tout le premier membre du verset fait difficulté, et les tentatives de solution sont nombreuses1. COMPOSITION Le psaume s’organise en trois parties délimitées par des termes finaux.
1 Voir Ravasi, II, 1045 ; Vesco, 917, nt. 2 ; Hossfeld – Zenger, II, 483 (c’est la solution de ces auteurs qui est ici retenue).
132
La troisième section (Ps 96–100)
LA PREMIÈRE PARTIE (1-3) + 1 YHWH :: il siège
règne,
tremblent chancelle
les peuples, la terre ;
:: 2 YHWH + et (il est) EXALTÉ,
dans Sion
est GRAND, sur tous
les peuples.
sur les Chérubins, LUI,
·························································································································
:: 3 Qu’ils rendent-grâce + (il est) SAINT,
À TON NOM
GRAND
et redoutable :
LUI.
Le premier morceau est descriptif, le second appellatif. Les deux membres du premier segment sont parallèles terme à terme. Ceux du second segment sont complémentaires : la grandeur du Seigneur se manifeste non seulement « dans Sion », mais aussi « sur tous les peuples ». Les deux segments sont construits en miroir, « les peuples » se trouvant aux extrémités et « sur les Chérubins » « dans Sion » dans les membres médians. L’unique segment du second morceau est parallèle au segment précédent : « grand » est repris dans les premiers membres où « ton nom » renvoie à « Yhwh ». Les deux termes du second membre correspondent aux deux premiers de 2b. LA DEUXIÈME PARTIE (4-5) – 4 Et la force + TOI
du roi tu as fondé
(est) le jugement avec droiture ;
– jugement + TOI
et justice tu as fait.
en Jacob,
qu’il aime,
········································································································
:: 5 :: = (il est) saint,
YHWH à l’escabeau lui.
NOTRE DIEU, de ses pieds :
De nouveau, le premier morceau est descriptif, le second appellatif. Les deux segments du premier morceau sont parallèles. À « force » et « jugement » de 4a correspondent « jugement et justice » de 4c ; les seconds membres commencent avec « toi », « fonder » et « faire » appartiennent au même champ sémantique. Le trimembre du deuxième morceau est de type aab : le troisième membre donne la raison des impératifs précédents. Les deux premiers membres sont complémentaires : Dieu est exalté par ceux qui se prosternent devant lui.
Le psaume 99
133
LA TROISIÈME PARTIE (6-9) :: 6 Moïse + et Samuel = ils appelaient
et Aaron parmi les appelant YHWH
parmi ses prêtres son nom, et lui,
il leur répondait.
:: Dans la colonne :: ils gardaient
de nuée ses témoignages
il parlait et le droit
avec eux, qu’il leur donna.
= 8 YHWH + DIEU + et te vengeant
NOTRE DIEU,
toi, tu étais
tu leur répondais, pour eux,
7
supportant de leurs actions.
·························································································································
:: 9 :: = car (il est) saint,
YHWH vers la montagne YHWH
NOTRE DIEU,
de sa sainteté : NOTRE DIEU.
Le premier morceau évoque les personnages qui représentent la Loi et les Prophètes. Il semble que les deux derniers segments correspondent, dans le même ordre, aux deux premiers membres du premier segment. « Moïse » et son frère « Aaron » sont mis au nombre des « prêtres », car ils étaient de la tribu de Lévi (6a), mais ce sont eux qui reçurent « ses témoignages et le droit » dans « la nuée » et les « gardaient » (7) ; le prophète Samuel (6b) annonçant le pardon de Dieu qui « supportait » les fautes (8b), c’est-à-dire les pardonnant et « se vengeant de leurs (mauvaises) actions » (8c)2. Tous « appelaient » (6bc) et à tous Dieu « répondait » (6c.8a). Le point commun entre Moïse et Aaron d’une part et Samuel de l’autre est leur fonction d’intercesseurs qui « appellent » et auxquels Dieu répond (6c). Le deuxième morceau est de la taille d’un trimembre. Les deux premiers segments commencent par un impératif. Introduit par « car », le troisième membre donne la raison des invitations précédentes ; « sainteté » et « saint » agrafent les deux derniers membres et les membres extrêmes s’achèvent de la même manière avec « Yhwh notre Dieu ». « Yhwh notre Dieu » de 8a, qui regroupe en un seul syntagme « Yhwh » de 6c et « Dieu » de 8b, revient deux fois dans le deuxième morceau.
2
Voir, par ex., Vesco, 921.
134
La troisième section (Ps 96–100)
L’ENSEMBLE DU PSAUME – 99,1 YHWH – il siège
RÈGNE, sur les Chérubins,
tremblent chancelle
les peuples, la terre ;
– 2 YHWH – et exalté,
en Sion
est grand, sur tous
les peuples.
lui,
·························································································································
:: 3 Qu’ils rendent-grâce = (il est) SAINT,
à TON NOM LUI.
grand
et redoutable :
– 4 Et la force + TOI
DU ROI
(est) le jugement avec droiture ;
qu’il aime,
– jugement + TOI
et justice tu as fait.
tu as fondé
en Jacob
·························································································································
:: 5 :: = (il est) SAINT,
YHWH à l’escabeau LUI.
NOTRE DIEU, de ses pieds :
et Aaron parmi les appelant YHWH
parmi ses prêtres SON NOM, et lui,
il leur répondait.
= Dans la colonne = ils gardaient
de nuée ses témoignages
il parlait et le droit
avec eux, qu’il leur donna.
– 8 YHWH – DIEU – et te vengeant
NOTRE DIEU, de pardon de leurs méfaits.
TOI,
tu leur répondais, pour eux,
= 6 Moïse – et Samuel – ils appelaient 7
que tu étais
·························································································································
:: 9 :: = car (il est) SAINT,
YHWH
à la montagne YHWH
NOTRE DIEU, de sa sainteté : NOTRE DIEU.
Les trois parties sont de plus en plus longues : six membres pour la première, sept pour la deuxième et onze pour la dernière. Chacune fait se succéder un morceau descriptif (1-2 ; 4 ; 6-8) et un appellatif (3.5.9). Les trois occurrences de « (il est) saint, lui », qui motivent les invitations qui les précèdent jouent le rôle de termes finaux (3.5.9). Les deux premières parties sont liées par la correspondance, en même position, de « règne » et « roi », qui jouent le rôle de termes initiaux (1a.4a) et par celle de « en Sion » et « en Jacob » dans les premiers membres des seconds segments (2a.4c). Entre les deux dernières parties, ce sont les seconds morceaux qui sont les plus proches (5.9). Ils diffèrent cependant par les compléments de « prosternezvous », « la montagne de sa sainteté » pouvant donc être considérée comme
Le psaume 99
135
« l’escabeau de ses pieds ». En outre, la reprise de « Yhwh notre Dieu » (9c) au lieu du simple pronom « lui » (5c) remplit la fonction d’élargissement final ; ce syntagme ne revient que dans ces deux parties (5a ; 8a.9a.9c). Le pronom « toi » est repris en 4b.4d et en 8a. Les deux occurrences de « ton nom » jouent le rôle de termes médians à distance pour les parties extrêmes (3a.6b). « La montagne de sa sainteté » (9b) est celle de « Sion » (2a). CONTEXTE « QUI SIÈGE SUR LES CHÉRUBINS » C’est un titre habituel de Dieu, par exemple dans la prière d’Ézéchias (2R 19,15 ; Is 37,16) ; il est utilisé quand il s’agit du transport de l’arche d’alliance (1S 4,4 ; 2S 6,2). Selon la description du temple en Ex 25–27, c’est de là que le Seigneur parlera désormais à Moïse : « Je te rencontrerai là et je te dirai, de sur le propitiatoire, d’entre les deux chérubins qui sont sur l’arche du Témoignage, tout ce que je t’ordonnerai pour les fils d’Israël » (Ex 25,22)3. « DANS LA COLONNE DE NUÉE » La colonne de nuée accompagne les rencontres où Dieu parle à Moïse : 9
Chaque fois que Moïse entrait dans la Tente, la colonne de nuée descendait, se tenait à l’entrée de la Tente et Il parlait avec Moïse. 10 Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui se tenait à l’entrée de la Tente, et tout le peuple se levait et se prosternait, chacun à l’entrée de sa tente. 11 Yhwh parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami (Ex 33,9-11).
SAMUEL, LE SUPPLIANT L’épisode le plus emblématique de l’intercession efficace de Samuel est celui de 1S 7, où il est précisé que le Seigneur lui « répondit » (Ps 99,6c.8a) : 7
Quand les Philistins apprirent que les fils d’Israël s’étaient rassemblés à Miçpa, les souverains des Philistins montèrent vers Israël. Les fils d’Israël l’apprirent et ils eurent peur des Philistins. 8 Les fils d’Israël dirent à Samuel : « Ne cesse pas de crier pour nous vers Yhwh, notre Dieu, pour qu’il nous sauve de la main des Philistins. » 9 Samuel prit un agneau de lait et l’offrit tout entier en holocauste à Yhwh ; puis Samuel cria vers Yhwh pour Israël, et Yhwh lui répondit (1S 7,7-9 trad. Osty ; voir aussi Si 46,16-18).
3 Voir l’analyse d’Ex 25,10-40, focalisé sur le verset 22, dans R. MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré, 178-179.
136
La troisième section (Ps 96–100)
« SAINT, SAINT, SAINT » Les trois « saint » par lesquels s’achèvent les trois parties du psaume rappellent le trisagion d’Is 6 : 1
L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traine emplissait le sanctuaire. 2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler. 3 Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles : « Saint, saint, saint est Yhwh des armées, sa gloire emplit toute la terre. »
Isaïe voit son péché pardonné (6-7) et il est envoyé annoncer la déportation d’Israël (11-13). Ézéchiel annoncera le retour d’exil, quand le Seigneur sanctifiera son nom qu’Israël avait profané parmi les nations : Ce n’est pas à cause de vous que j’agis de la sorte, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes venus. 23 Je sanctifierai mon grand nom qui a été profané parmi les nations au milieu desquelles vous l’avez profané. Et les nations sauront que je suis Yhwh — oracle du Seigneur Yhwh — quand je ferai éclater ma sainteté, à votre sujet, sous leurs yeux. 24 Alors je vous prendrai parmi les nations, je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol (Ez 36,22-24).
INTERPRÉTATION RÈGNE DE JUSTICE Le règne de Dieu est « redoutable » par sa grandeur et il fait trembler « les peuples » (1-2) ; il pourra donc sembler surprenant que ceux-ci soient appelés à lui « rendre grâce » (3) ! C’est que « la force » de ce « roi » réside dans son « jugement », sa « droiture », sa « justice » (4). La « crainte »4 qu’il suscite fait « trembler », mais ce n’est pas de peur, peur d’être frappé et anéanti ; si elle fait trembler, c’est de stupeur, de respect et d’admiration devant la grandeur de ce qu’on n’aurait jamais osé imaginer. La prosternation devant l’escabeau des pieds d’un tel roi n’est pas celle de l’esclave qui s’aplatit en silence devant la force qui l’écrase, c’est celle de celui qui « rend grâce » pour la « justice » dont il a bénéficié. « YHWH NOTRE DIEU » Le Dieu auquel les peuples sont invités à « rendre grâce », aux pieds de qui ils sont appelés à « se prosterner », est « Yhwh notre Dieu » (5a.8a.9a.9c). C’est le 4 Le terme traduit par « redoutable » est de la racine de la crainte. Vesco le rend par « à craindre » (917).
Le psaume 99
137
Dieu qui a parlé avec Moïse et Aaron et auxquels il a donné la Loi d’Israël, c’est celui du prophète Samuel, celui qui a consacré les deux premiers rois du peuple élu, Saül et David. C’est celui-là que tous devront « exalter », devant qui ils se prosterneront. L’universalisme est fermement fondé sur le particularisme. La vocation de tous repose sans la moindre ambiguïté sur l’élection d’un seul. LA SAINTETÉ Dieu seul est saint, trois fois saint. Sa sainteté se manifeste dans la « force » de son « jugement », sa « droiture » et sa « justice » (4) dont « tous les peuples » sont les témoins et les bénéficiaires : Israël d’abord, car la « sainteté » de Dieu réside « en Jacob », sur « la montagne » de « Sion » (2a.4c.9b), puisque le Seigneur lui a pardonné ses méfaits (8) ; de même les autres peuples qui « tremblent » devant la grandeur et la force du « roi » qui règne sur eux aussi et devant lequel ils se prosterneront, révérant son « jugement » et sa « justice » (4) qui se révèle, à eux comme à Israël, dans la Loi et les Prophètes (6-8).
2. LE PSAUME 100 TEXTE Psaume pour l’action-de-grâce. Acclamez Yhwh, toute la terre, 2 servez Yhwh dans la joie, venez devant sa face dans les chants-de-joie ! 3 Sachez que Yhwh lui (est) Dieu, lui il nous a faits et à lui nous (sommes), son peuple et le troupeau de son bercail. 4 Venez à ses portiques dans l’action-de-grâce, à ses parvis dans la louange, rendez-lui grâce, bénissez son nom ! 5 Oui, bon (est) Yhwh, pour toujours sa fidélité et d’âge en âge sa vérité. 1
V. 3
: « ET À LUI NOUS (SOMMES) »
Le Qeré est préférable au Ketib : « lui, il nous a faits et non pas nous. » Le rapport avec Ps 95,6-7 semble appuyer ce choix : « 6 Venez, courbons-nous et prosternons-nous, agenouillons-nous devant Yhwh qui nous a faits, 7 car lui est notre Dieu, et nous le peuple de son bercail, et le troupeau de sa main. » COMPOSITION 100,1 Psaume + Acclamez + 2 servez + VENEZ :: 3 Sachez :: lui :: son peuple
pour
.
YHWH, YHWH devant sa face
toute la terre, dans la joie, dans les chants-de-joie !
que YHWH il nous a faits et le troupeau
lui et à lui de son bercail.
(est) Dieu, nous (sommes),
···································································································
+ 4 VENEZ + à ses parvis + , 5
:: Oui, bon :: pour toujours :: et d’âge
à ses portiques dans la louange, bénissez
dans son nom !
(est) YHWH, sa fidélité en âge
sa vérité.
,
Dans le premier morceau, le premier segment (1b-2) est une invitation à acclamer le Seigneur et le second segment en fournit la motivation (3). Dans le premier segment, les trois membres commencent avec un impératif ; le premier membre dit à qui l’invitation est adressée, les deux autres appellent également à la joie. Le second segment commence lui aussi par un impératif, mais de sens différent des trois précédents, puisqu’il s’agit non plus d’action mais de connaissance. Yhwh est présenté comme le Dieu créateur du peuple et « nous » comme le peuple qui lui appartient ; l’image finale complète la description de Dieu qui n’est pas seulement créateur du peuple mais aussi son berger.
140
La troisième section (Ps 96–100)
100,1 Psaume + Acclamez + 2 servez + VENEZ :: 3 Sachez :: lui :: son peuple
pour
.
YHWH, YHWH devant sa face
toute la terre, dans la joie, dans les chants-de-joie !
que YHWH il nous a faits et le troupeau
lui et à lui de son bercail.
(est) Dieu, nous (sommes),
···································································································
+ 4 VENEZ + à ses parvis + , 5
:: Oui, bon :: pour toujours :: et d’âge
à ses portiques dans la louange, bénissez
dans son nom !
(est) YHWH, sa fidélité en âge
sa vérité.
,
Le deuxième morceau comprend lui aussi une invitation (4) suivie d’une motivation introduite par kî, traduit par « oui » (5). Les deux premiers membres du premier segment sont parallèles, le verbe « venez » étant « économisé » dans le deuxième. Le troisième membre juxtapose deux impératifs. « Action-degrâce » à la fin du premier membre est repris par « rendez-lui-grâce » au début du troisième. Le deuxième segment est de type abb, la bonté de Yhwh étant explicitée par le couple canonique « fidélité » et « vérité », « pour toujours » et « d’âge en âge ». Les deux morceaux sont donc parallèles. Les deux invitatoires comptent chacun trois impératifs ; « venez » revient en 2b et 4a. Les deux derniers membres du premier invitatoire s’achèvent avec un complément de manière (2ab), et de même les deux premiers membres du deuxième invitatoire (4ab), tous les quatre introduits par la même préposition. Les motivations ont en commun le nom de « Yhwh », en même position, accompagné de kî (traduit par « que » puis par « oui ») ; on pourra noter que la première regarde vers l’origine, la seconde vers le futur. L’« action-de-grâce » de 4 était annoncée dans le titre1. CONTEXTE LA LOUANGE DE TOUTES LES NATIONS Le psaume le plus court du psautier invite tous les peuples à louer Dieu pour ses bienfaits en faveur d’Israël : « 1 Louez Yhwh, toutes les nations, glorifiez-le, 1
Voir N. AMZALLAG, « The Meaning of Todah in Psalm 100 ».
Le psaume 100
141
tous les pays ; 2 car forte pour nous sa fidélité et la loyauté de Yhwh pour toujours. Louez Yah ! » (Ps 117). MAISON DE PRIÈRE POUR TOUS LES PEUPLES Isaïe annonce que le Temple de Jérusalem deviendra celui où toutes les nations viendront servir Yhwh : 6
Quant aux fils d’étrangers, attachés à Yhwh pour le servir, pour aimer le nom de Yhwh, devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner, fermement attachés à mon alliance, 7 je les mènerai à ma sainte montagne, je les comblerai de joie dans ma maison de prière. Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples (Is 56,6-7).
INTERPRÉTATION « TOUTE LA TERRE » « La terre » est un terme ambigu : il peut signifier la terre entière, comme l’expression « le monde et ses habitants » (Ps 98,7), mais il peut désigner seulement « la terre d’Israël » (Dt 4,40 ; 5,16 ; 1S 13,19). Étant donné le contexte du psaume, certains ont compris que « toute la terre » (1b) désigne celle d’Israël, ou, au maximum, le peuple d’Israël répandu dans la diaspora2. En effet, il ne s’agit que de « servir » « Yhwh », de « venir » « devant sa face dans des chants de joie » (2), de « venir à ses portiques », « à ses parvis » (4), c’est-à-dire d’assurer le service liturgique dans le Temple de Jérusalem. C’est pourquoi kol-hā’āreṣ est quelquefois traduit par « all the lands », qui désigneraient toutes les régions du pays3. Or, dans le contexte, plus large, des psaumes précédents, « toute la terre » (Ps 96,1.9 ; 97,5.9 ; 98,4)4 — ou même seulement « la terre » (Ps 96, 11.13 ; 97,1 ; 98,9 ; 99,1) — signifie « tous les pays », « tous les peuples », le monde entier. Et c’est pourquoi il vaut mieux traduire, comme ailleurs, « toute la terre ».
2
Voir Hossfeld – Zenger, II, 492. Weiser écrit : « L’écho de l’exultation joyeuse en Dieu doit résonner non seulement au milieu de l’assemblée festive dans le Temple, mais elle doit être entendue in all the lands. En présence de Dieu les membres de la communauté des fidèles se sentent unis avec tous les autres fidèles dans une seule grande communion de foi » (646). 4 À quoi il faut ajouter « tous les confins de la terre » (98,3). 3
142
La troisième section (Ps 96–100)
LE PARADOXE DE L’ÉLECTION D’UN SEUL POUR TOUS « Toute la terre », tous les peuples sont invités à se joindre à Israël pour le service divin, « dans la joie », « dans les chants-de-joie » (2), « dans l’action de grâce » et « dans la louange » (4). Ce faisant, toutes les nations devront reconnaitre non seulement que « Yhwh » est le seul Dieu, mais aussi qu’Israël est le seul peuple qu’il s’est choisi pour « son peuple et le troupeau de son bercail » (3). À l’unicité de Dieu est liée l’unicité du peuple de l’alliance, auquel le Seigneur a juré « pour toujours sa fidélité » (5). Tout devra se faire dans « l’action de grâce », répétée trois fois (1a.4a.4c). La joie et l’action de grâce pour le bien dont un autre a bénéficié est exactement l’inverse de la jalousie. Le jaloux est persuadé que le bienfait que l’autre a reçu lui est enlevé. Ici les nations se réjouiront et rendront grâce à Dieu pour un bien qui leur est donné à travers celui qui avait été choisi en premier. « La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres » (Ps 145,9).
Lc 13,17-21
+ 17 Cela DIT – étaient confus tous
par LUI ses adversaires
– et toute la foule + de toutes LES GLOIRES
se réjouissait de LUI.
+ 18 Il disait donc : ······························
. « À quoi est comparable . et à quoi le comparerai-je ?
LE RÈGNE
DE
DIEU
DE
DIEU ?
: 19 Il est comparable à une graine de moutarde : qu’UN HOMME a prise : et a jetée dans son jardin, = et elle a grandi “Et les oiseaux du ciel ont niché
un arbre. dans ses branches”. »
+ 20 Et de nouveau il dit : ········································
. « À quoi
comparerai-je
LE RÈGNE
: 21 Il est comparable à du levain : qu’UNE FEMME a pris : et a caché dans trois mesures de farine, = jusqu’à ce qu’ait levé
Voir p. 201.
le tout. »
3. « LE SEIGNEUR RÈGNE SUR TOUS LES PEUPLES » (PS 99–100) COMPOSITION DE LA TROISIÈME SÉQUENCE 99,1 Yhwh règne, que tremblent LES PEUPLES ; il siège sur Yhwh en est grand, et exalté, lui, sur TOUS LES PEUPLES. 3 QU’ILS RENDENT-GRÂCE à ton NOM grand et redoutable : il est saint, lui.
, chancelle la terre ;
2
Et la force du roi est le jugement qu’il aime, toi tu as fondé avec droiture ; JUGEMENT et JUSTICE en Jacob toi TU AS FAIT. 5 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à l’escabeau de ses pieds : il est saint, lui. 4
Moïse et Aaron parmi ses prêtres et Samuel parmi les appelant son NOM, ils appelaient Yhwh et lui, il leur répondait. 7 Dans la colonne de nuée il parlait avec eux, ils gardaient SES TÉMOIGNAGES et LE DROIT qu’il leur donna. 8 Yhwh notre Dieu, toi, tu leur répondais, Dieu supportant tu étais pour eux et te vengeant de leurs actions. 9 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à : car il est saint, Yhwh notre Dieu. 6
100,1 Psaume pour L’ACTION-DE-GRÂCE. Acclamez Yhwh, TOUTE LA TERRE, 2 servez Yhwh dans la joie, venez dans les cris-de-joie ! 3 Sachez que Yhwh lui est Dieu, lui IL NOUS A FAITS et nous sommes à lui, SON PEUPLE et le troupeau de son bercail. 4
Venez à
GRÂCE, bénissez son NOM ! 5
dans L’ACTION-DE-GRÂCE, à
dans la louange, RENDEZ-LUI
Car il est bon Yhwh, pour toujours SA FIDÉLITÉ et d’âge en âge SA VÉRITÉ.
– À « toute la terre » au début du second psaume (100,1) correspond « tous les peuples », précédé de « les peuples » au début du premier (99,1-2) ; « son peuple », désignant Israël se trouve en 100,3 ; – « rendre-grâce » et « action-de-grâce » reviennent en 99,3 et en 100,1.4bis ; – le « nom » de Dieu revient deux fois dans le premier psaume (99,3.6), une fois dans le deuxième (100,4) ; – les impératifs pluriel vont par deux dans le premier psaume, par trois dans le second : « exaltez, prosternez-vous » (99,5.9), « acclamez, servez, venez » (100,1-2), « venez, rendez-lui grâce, bénissez » (4) ; – « faire » revient en 99,4 et 100,3, toujours avec Dieu pour sujet ; – on remarquera les couples canoniques « jugement et justice » (99,4), « ses témoignages et le droit » (7), « sa fidélité » et « sa vérité » (5) ; – la louange de Dieu advient à « Sion » (99,2), « la montagne de sa sainteté » (9) où il trône sur « les Chérubins » (1) ; le psalmiste invite à venir « devant sa face » (100,2), « à ses portiques » et « à ses parvis » (4).
La séquence 99-100
145
INTERPRÉTATION « TOUS LES PEUPLES » Ceux auxquels s’adresse le psalmiste sont nommés au début de chaque psaume : ce sont « les peuples » (99,1), « tous les peuples » (2), c’est « toute la terre » (100,1). Et celui qui leur parle se présente dans le second psaume : il est un membre de « son peuple », du peuple que Dieu a choisi, une brebis du « troupeau de son bercail » (100,3). Le Dieu dont il leur parle est le « grand » Dieu qui réside à Sion, mais dans le même temps est « exalté, lui, sur tous les peuples » (99,2). C’est pourquoi tous sont invités à écouter ce qu’il a à leur dire. QU’ILS TREMBLENT ET RENDENT GRÂCE « Que tremblent les peuples ! » (99,1). Étonnante captatio benevolentiae ! Voilà en tout cas qui ne devrait pas manquer d’attirer l’attention des destinataires. En effet, le règne de Dieu fait chanceler la terre, tellement il est « grand et redoutable » (99,2-3). Il est « saint », trois fois saint (3.5.9). Tous les peuples sont alors invités à « exalter » le Dieu d’Israël, à « se prosterner » « à l’escabeau de ses pieds » (5), « à la montagne de sa sainteté » (9). Toutefois, une sainteté si redoutable qu’elle fait trembler n’empêche pas l’action de grâce (3), au contraire. Et c’est ainsi qu’est intitulé le second psaume, qui y reviendra encore deux fois (100,1.4bis) et qui insistera sur « la joie », « les cris de joie » (100,2) ; il ne s’agit plus de se prosterner en tremblant, mais d’« acclamer » (1), de « louer » et de « bénir » (4). Et, tandis que le premier psaume s’achevait avec « car il est saint, Yhwh notre Dieu » (99,9), le second met le point final à toute la séquence en proclamant « Car le Seigneur est bon » (100,5). « VENEZ DEVANT SA FACE » Le psalmiste n’invite pas tous les autres peuples à adorer le Seigneur de loin, en restant chez eux. Car Yhwh « est grand en Sion » (99,2) et c’est donc là, « à la montagne de sa sainteté », que tous doivent confluer pour l’exalter et se prosterner (5.9) ; c’est « devant sa face » qu’ils viendront (100,2), « à ses portiques », « à ses parvis » (4). C’est « en Jacob » qu’il a fait « jugement et justice » (99,4), et c’est en imitant la foi de Moïse et Aaron, de Samuel, que comme eux et avec eux, les peuples garderont « ses témoignages et le droit » (99,7). Le « nom » qu’ils béniront est celui de « Yhwh », Dieu d’Israël, celui que son peuple appelle « Yhwh notre Dieu » (99,5.8.9bis). Reconnu et acclamé comme leur Dieu par toute la terre, il n’en demeurera pas néanmoins celui d’Israël, car « pour toujours sa fidélité et d’âge en âge sa vérité » (100,5).
IV. TOUTE LA TERRE EST INVITÉE À BÉNIR DIEU QUI SAUVE ISRAËL L’ensemble de la troisième section (Ps 96–100) COMPOSITION Les cinq psaumes se correspondent de manière concentrique. LES RAPPORTS ENTRE LES PSAUMES EXTRÊMES (PS 96 ; 100) 96,1 CHANTEZ À YHWH un chant nouveau, chantez à Yhwh, TOUTE LA TERRE ; 2 chantez à Yhwh, BÉNISSEZ SON NOM, proclamez de jour-en-jour son salut ; 3 racontez chez les nations sa gloire, chez TOUS LES PEUPLES ses merveilles. 4 Car grand Yhwh et beaucoup, redoutable lui sur tous les dieux ; 5 car tous les dieux des peuples sont inanités et Yhwh les cieux A FAIT ; 6 splendeur et éclat , puissance et beauté dans son . Apportez à Yhwh, FAMILLES DES PEUPLES, apportez à Yhwh gloire et puissance ; 8 apportez à Yhwh la gloire de son nom, présentez et VENEZ dans ses ; 9 prosternez-vous à Yhwh dans l’éclat de sainteté, tremblez TOUTE LA TERRE.
7
10 Dites chez les nations : Yhwh règne ! Oui, est stable le monde, il ne chancelle pas ; il prononce sur les peuples avec droiture. 11 Que se réjouissent les cieux et exulte la terre, que gronde la mer et sa plénitude ; 12 que jubile la campagne et tout ce qui est en elle. Alors CRIENT-DE-JOIE tous les arbres de la forêt 13 de Yhwh car il vient, car il vient pour juger la terre ; il juge le monde avec JUSTICE et les peuples avec SA VÉRITÉ.
[...]
100,1 Psaume pour l’action-de-grâces. ACCLAMEZ YHWH, TOUTE LA TERRE, 2 servez Yhwh dans la joie, VENEZ dans les CRIS-DE-JOIE ! 3 Sachez que Yhwh lui est Dieu, lui IL NOUS A FAITS et à lui nous sommes, son peuple et le troupeau de son bercail. VENEZ à ses dans l’action-de-grâce, à ses dans grâce, BÉNISSEZ SON NOM ! 5 Oui, bon est Yhwh, pour toujours sa FIDÉLITÉ et d’âge en âge SA VÉRITÉ. 4
, rendez-lui
L’ensemble de la troisième section
147
– En termes initiaux, deux invitations semblables : « Chantez à Yhwh » et « Acclamez Yhwh » ; – « toute la terre » revient, comme apostrophe, au début de chaque psaume ; dans le premier psaume, le vocatif est suivi de « tous les peuples » (96,3), « familles des peuples » (7) et « toute la terre » (9), à quoi il faut ajouter « les nations » (3.10), « les peuples » (5.10.13), « le monde » (10.13), « la terre » (11.13) ; – en termes extrêmes, « bénissez son nom » (96,2 ; 100,4) ; – en termes finaux, deux couples canoniques : « justice » et « sa vérité » (96,13), « sa fidélité » et « sa vérité » (100,5) ; « vérité » est le dernier mot dans les deux psaumes ; – les deux psaumes regorgent d’impératifs pluriel : « chantez » trois fois (96,12), « proclamez » (2), « racontez » (3), « apportez » trois fois (7-8), « présentez » et « venez » (8), « prosternez-vous » et « tremblez » (9), « dites » (10) ; « acclamez » (100,1), « servez » et « venez » (2), « sachez » (3), « venez », « rendez-lui grâce » et « bénissez » (4) ; à quoi il faut ajouter les jussifs de la fin du premier psaume, « que se réjouissent », « exulte », « que gronde » (96,11), « que jubile » (12) ; – « venez » revient en 96,8 et en 100,2.4 ; – « faire » est repris en 96,5 et 100,3, avec Dieu comme sujet ; – « crier-de-joie » revient en 96,12 et en 100,2 ; – à « louable » de 96,4 correspond « louange » de 100,4 ; – c’est toujours dans le Temple que tous les peuples sont invités à prier Yhwh : « par-devant lui », « dans son sanctuaire » (96,6), « oblation » et « parvis » (8), « devant sa face » (9.13) ; « devant sa face » (100,2), « à ses portiques », « à ses parvis » (4).
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La troisième section (Ps 96–100)
LES RAPPORTS ENTRE LES PSAUMES MÉDIANS (PS 97 ; 99) 97,1 YHWH RÈGNE, exulte LA TERRE, se réjouissent les iles nombreuses ; 2 nuage et sombrenuée autour de lui, JUSTICE et JUGEMENT l’appui de son TRÔNE. 3 Un feu devant lui va et enflamme à l’entour ses adversaires ; 4 illuminent ses éclairs LE MONDE, voit et chavire LA TERRE ; 5 les montagnes comme cire fondent par-devant la face de Yhwh pardevant le maitre de TOUTE LA TERRE. 6 Annoncent les cieux SA JUSTICE et voient TOUS LES PEUPLES sa gloire. 7 Qu’ils aient honte tous les servant une statue, qui se louent d’inanités ! Prosternez-vous à lui, tous les dieux.
Elle entend et se réjouit Sion et exultent les filles de Juda à cause de tes JUGEMENTS, Yhwh. Oui, toi, tu es Yhwh, Très-Haut sur TOUTE LA TERRE, de beaucoup tu es haussé sur tous les dieux. 10 Les aimant Yhwh, haïssez le mal ; gardant les âmes de ses fidèles, de la main des méchants les délivre. 11 Une lumière est semée pour LE JUSTE et pour les droits de cœur la joie. 12 Réjouissez-vous, JUSTES, en Yhwh et RENDEZ-GRÂCE à la mémoire de sa sainteté. 8 9
[...]
99,1 YHWH RÈGNE, tremblent LES PEUPLES, il siège sur les Chérubins, chancelle LA TERRE ; 2 Yhwh en Sion est grand, et exalté, lui, sur TOUS LES PEUPLES. 3 QU’ILS RENDENT-GRÂCE à ton nom grand et redoutable : il est saint, lui. Et la force du ROI est le JUGEMENT JUSTICE en Jacob toi tu as fait. 4
5
qu’il aime, toi tu as fondé avec droiture ; JUGEMENT et
Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à l’escabeau de ses pieds : il est saint, lui.
Moïse et Aaron parmi ses prêtres et Samuel parmi les appelant son nom, ils appelaient Yhwh et lui, il leur répondait. 7 Dans la colonne de nuée il parlait avec eux, ils gardaient ses témoignages et le droit qu’il leur donna. 8 Yhwh notre Dieu, toi, tu leur répondais, Dieu supportant tu étais pour eux et te vengeant de leurs actions. 9 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à la montagne de sa sainteté : car il est saint, Yhwh notre Dieu. 6
L’ensemble de la troisième section
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– En termes initiaux, « Yhwh règne » ; – appartenant au même champ sémantique que le verbe « règne », les substantifs « trône » (97,2) et « roi » (99,4) ; – à « toute la terre » (97,5.9) et « tous les peuples » (6) correspond « tous les peuples » (99,2) ; à quoi il faut ajouter « la terre » (97,1.4 ; 99,1), « les peuples » (99,1) et « le monde » (97,4) ; – le couple « justice et jugement » (97,2) se retrouve dans le deuxième psaume (99,4), à quoi font écho « sa justice » (97,6) et « jugement » (99,4a) ; – « prosternez-vous » revient en 97,7 et en 99,5.9 ; – « rendre grâce » agrafe les deux psaumes (97,12 ; 99,3) ; – le premier psaume s’achève avec « sa sainteté » (97,12) qui sera repris en 99,9, accompagné de trois occurrences de « saint » (99,3.5.9).
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La troisième section (Ps 96–100)
LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX PREMIÈRES SÉQUENCES (PS 96–97 ; 98) 96,1 CHANTEZ À YHWH UN CHANT NOUVEAU, chantez à Yhwh, TOUTE LA TERRE ; 2 chantez à Yhwh, bénissez son nom, proclamez de jour-en-jour son SALUT ; 3 racontez chez LES NATIONS sa gloire, chez TOUS LES PEUPLES SES MERVEILLES. 4 Car grand Yhwh et louable beaucoup, redoutable lui sur tous les dieux ; 5 car tous les dieux des peuples sont inanités et Yhwh les cieux a fait ; 6 splendeur et éclat par-devant lui, puissance et beauté . Apportez à Yhwh, FAMILLES DES PEUPLES, apportez à Yhwh gloire et puissance ; 8 apportez à Yhwh la gloire de son nom, présentez et venez dans ; 9 prosternezvous à Yhwh dans l’éclat de sainteté, tremblez TOUTE LA TERRE.
7
Dites chez LES NATIONS : YHWH RÈGNE ! Oui, est stable LE MONDE , il ne chancelle pas ; il prononce sur les peuples avec droiture. 11 Que se réjouissent les cieux et exulte LA TERRE, ; 12 que jubile la campagne et tout ce qui est en elle. Alors crient-de-joie tous les arbres de la forêt 13 devant la face de Yhwh car il vient, car il vient pour juger LA TERRE, il jugera LE MONDE avec justice et les peuples avec SA VÉRITÉ. 10
97,1 YHWH RÈGNE, exulte LA TERRE, se réjouissent les iles nombreuses ; 2 nuage et sombre-nuée autour de lui, justice et jugement l’appui de son TRÔNE. 3 Un feu devant lui va et enflamme à l’entour ses adversaires ; 4 illuminent ses éclairs LE MONDE, voit et chavire LA TERRE ; 5 les montagnes comme cire fondent par-devant la face de Yhwh par-devant le maitre de TOUTE LA TERRE. 6 Annoncent les cieux sa justice et voient TOUS LES PEUPLES sa gloire. Qu’ils aient honte tous les servant une statue, qui se louent d’inanités ! Prosternez-vous à lui, tous les dieux.
7
Elle entend et se réjouit Sion et exultent les filles de Juda à cause de tes jugements, Yhwh. 9 Oui, toi, tu es Yhwh, Très-Haut sur TOUTE LA TERRE, de beaucoup tu es haussé sur tous les dieux. 10 Les aimant Yhwh, haïssez le mal ; gardant les âmes de ses FIDÈLES, de la main des méchants les délivre. 11 Une lumière est semée pour le juste et pour les DROITS de cœur la joie. 12 Réjouissez-vous, justes, en Yhwh et rendez-grâce à la mémoire de sa sainteté. 8
– Est commun aux trois psaumes le thème de la royauté de Dieu : « Yhwh règne » (96,10 ; 97,1), « trône » (97,2), « le roi Yhwh » (98,6) ; – « toute la terre » revient deux fois dans le premier psaume (96,1.9), deux fois aussi dans le deuxième (97,5.9) et une fois dans le dernier (98,4) ; le syntagme est accompagné de « tous les peuples » et de « familles des peuples » en 96,3.7, de « tous les peuples » en 97,6 et de « tous les confins de la terre » en 98,3 ; – « la terre » (96,11.13b ; 97,1.4 ; 98,9b) et « le monde » (96,10.13b ; 97,4 ; 98,7.9b) ; – « justice/juste(s) » (96,13b ; 97,2.6.11.12 ; 98,2.9b) et « juger/jugement(s) » (96,13bis ; 97,2.8 ; 98,9bis). – « sainteté » revient une fois dans chaque psaume (96,9 ; 97,12 ; 98,1) ;
L’ensemble de la troisième section
151
98,1 Psaume. CHANTEZ À YHWH UN CHANT NOUVEAU. Oui, DES MERVEILLES il a fait : l’A SAUVÉ sa droite et le bras de sa sainteté. 2 Il a fait connaitre Yhwh son SALUT, aux yeux des NATIONS il a révélé sa justice ; 3 il s’est rappelé sa FIDÉLITÉ et SA VÉRITÉ à la maison d’Israël ; ils ont vu TOUS LES CONFINS DE LA TERRE le SALUT de notre Dieu. 4 Acclamez Yhwh, TOUTE LA TERRE, éclatez et criez-de-joie et ;5 pour Yhwh, avec la cithare, avec la cithare et au son de la ; 6 avec les trompettes et au son du cor, acclamez devant LE ROI Yhwh. 7 , LE MONDE et les habitants en lui ! 8 Que les fleuves battent des mains, qu’ensemble les montagnes crient-dejoie, 9 devant Yhwh, car il vient pour juger LA TERRE, il jugera LE MONDE avec justice et les peuples avec DROITURE.
– Les psaumes extrêmes ont en commun les termes initiaux, « Chantez à Yhwh un chant nouveau » ; – et en termes finaux, « car il vient pour juger la terre, il jugera le monde avec justice et les peuples avec (sa vérité/droiture) » ; – « que gronde la mer et sa plénitude » revient peu avant la fin (96,11 ; 98,7), accompagné par « les cieux » et « la terre » (11), « la campagne et tout ce qui est en elle » et « les arbres de la forêt » (96,12), par « le monde et les habitants en lui » (98,7), « les fleuves » et « les montagnes » (8) ; – « psalmodier/psalmodie » de 98,4-5 (avec les instruments de musique) est à mettre en relation avec le Temple : « dans son sanctuaire » (96,6), « oblation » « dans ses parvis » (8) « devant sa face » (9) ; – y reviennent « salut » et « sauver » (96,2 ; 98,1.2.3) ; – « les nations » (96,3.10 ; 98,2) ; – « merveilles » (96,3 ; 98,1) ; – « sa vérité » (96,13c ; 98,3) ; – « crier-de-joie » (96,12 ; 98,4). – Les deux derniers psaumes ont en commun « les montagnes » (97,5 ; 98,8) ; – « fidèles » (97,10) et « fidélité » (98,3) ; – « avec droiture » (97,11 ; 98,9c).
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La troisième section (Ps 96–100)
LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX DERNIÈRES SÉQUENCES (PS 98 ; 99–100) 98,1 Psaume. Chantez à Yhwh un chant nouveau. Oui, des merveilles IL A FAIT : l’a sauvé sa droite et le bras de sa sainteté. 2 Il a fait connaitre Yhwh son salut, aux yeux des nations il a révélé sa justice ; 3 il s’est rappelé SA FIDÉLITÉ et SA VÉRITÉ à la maison d’Israël ; ils ont vu TOUS LES CONFINS DE LA TERRE le salut de notre Dieu. ACCLAMEZ Yhwh, TOUTE LA TERRE, éclatez et CRIEZ-DE-JOIE et ;5 6 pour Yhwh, avec la cithare, avec la cithare et au son de la ; avec les trompettes et au son du cor, ACCLAMEZ devant le roi Yhwh. 7 Que gronde la mer et sa plénitude, le monde et les habitants en lui ! 8 Que les fleuves battent des mains, qu’ensemble les montagnes CRIENTDE-JOIE, 9 devant Yhwh ! Oui, il vient pour juger la terre, il jugera le monde avec justice et LES PEUPLES avec droiture. 4
99,1 Yhwh règne, tremblent LES PEUPLES, il siège sur les Chérubins, chancelle la terre ; 2 Yhwh est grand, et exalté, lui, sur TOUS LES PEUPLES. 3 Qu’ils rendent-grâce à ton nom grand et redoutable : il est saint, lui. Et la force du roi est le jugement qu’il aime, toi tu as fondé avec droiture ; jugement et justice en Jacob toi TU AS FAIT. 5 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous : il est saint, lui. 4
Moïse et Aaron parmi ses prêtres et Samuel parmi les appelant son nom, ils appelaient Yhwh et lui, il leur répondait. 7 Dans la colonne de nuée il parlait avec eux, ils gardaient ses témoignages et le droit qu’il leur donna. 8 Yhwh notre Dieu, toi, tu leur répondais, Dieu supportant tu étais pour eux et te vengeant de leurs actions. 9 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous sa sainteté : car il est saint, Yhwh notre Dieu. 6
100,1 Psaume pour l’action-de-grâces. ACCLAMEZ Yhwh, TOUTE LA TERRE, 2 servez Yhwh dans la joie, venez dans les CRIS-DE-JOIE ! 3 Sachez que Yhwh lui est Dieu, lui IL NOUS A FAITS et nous sommes à lui, SON PEUPLE et le troupeau de son bercail. Venez à ses dans l’action-de-grâce, à ses dans la louange, rendez-lui grâce, bénissez son nom ! 5 Oui, bon est Yhwh, pour toujours SA FIDÉLITÉ et d’âge en âge SA VÉRITÉ.
4
L’ensemble de la troisième section
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– Les trois psaumes ont en commun « toute la terre » (98,4 ; 100,1) et « tous les peuples » (99,2) ; à quoi il faut ajouter « tous les confins de la terre » (98,3), « les peuples » (98,9 ; 99,1) et une seule fois « son peuple » (100,3) ; – « faire » (98,1 ; 99,4 ; 100,3) ; – « psalmodier/psalmodie » (98,4-5) avec tous les instruments de musique se fait dans le Temple ; dans le second psaume, avec « en Sion » (99,2), « à l’escabeau de ses pieds » (5) et « à la montagne de sa sainteté » (9), il est encore question du Temple, et de même dans le dernier avec « devant sa face » (100,2), « à ses portiques » et « à ses parvis » (4). – Les deux premiers psaumes ont en commun « sainteté/saint » (98,1 ; 99,3.5. 9bis) ; – « justice » est repris en 98,2.9 et 99,4 ; – « juger/jugement » reviennent en 98,9bis et 99,4bis. – Les psaumes extrêmes commencent avec « psaume » ; – le couple « sa fidélité » – « sa vérité » se trouve en 98,3 et 100,5 ; – « acclamez » revient en 98,4.6 et 100,1 ; – « crier-de-joie » est repris en 98,4.8 et en 100,2 ; LA SPÉCIFICITÉ DE LA SÉQUENCE CENTRALE (PS 98) La plupart des termes du psaume central de la séquence se retrouvent ailleurs dans la section : 98,1 PSAUME. CHANTEZ À YHWH UN CHANT NOUVEAU. OUI, DES MERVEILLES IL A FAIT : L’A SAUVÉ sa droite et le bras DE SA SAINTETÉ. 2 IL A FAIT-CONNAITRE YHWH SON SALUT, aux yeux DES NATIONS il a révélé 3 SA JUSTICE ; IL S’EST RAPPELÉ SA FIDÉLITÉ ET SA LOYAUTÉ à la maison d’Israël ; ILS ONT VU TOUS les confins DE LA TERRE LE SALUT DE NOTRE DIEU. 4
ACCLAMEZ YHWH, TOUTE LA TERRE, éclatez ET CRIEZ-DE-JOIE ET PSALMODIEZ ; PSALMODIEZ POUR YHWH, avec la cithare, avec la cithare et au son DE LA PSALMO6 7 DIE ; avec les trompettes et au son du cor, ACCLAMEZ DEVANT LE ROI YHWH. QUE 8 GRONDE LA MER ET SA PLÉNITUDE, LE MONDE ET LES HABITANTS EN LUI ! Que les fleuves battent des mains, qu’ensemble LES MONTAGNES CRIENT-DE-JOIE, 9 DEVANT YHWH ! OUI, IL VIENT POUR JUGER LA TERRE, IL JUGERA LE MONDE AVEC JUSTICE ET LES PEUPLES AVEC DROITURE. 5
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La troisième section (Ps 96–100)
INTERPRÉTATION « YHWH RÈGNE » Deux psaumes commencent par cette proclamation (97 ; 99), mais ce sont tous les psaumes de la section qui présentent le Seigneur sous des traits royaux. C’est d’abord le premier psaume qui, au début de son deuxième versant, interpelle ses destinataires : « Dites chez les nations : Yhwh règne » (96,10). Dans le psaume central, Yhwh est appelé « le roi » (98,6), comme il le sera dans le psaume suivant (99,4) et comme le précédent avait mentionné « son trône » (97,2). Seul le dernier psaume ne parle ni de règne, ni de roi, ni de trône. Toutefois, quand le psalmiste dit que nous sommes « son peuple, le troupeau de son bercail », c’est l’image du berger qui est évoquée, image traditionnelle du roi qui prend soin des brebis de son troupeau : « Yhwh est mon berger, rien ne me manque » (Ps 23,1). JUSTICE, SAINTETÉ, SALUT, GLOIRE... Les cinq psaumes s’ingénient à accumuler les attributs et les qualités du roi Yhwh. Le premier objet que les destinataires sont invités à « proclamer » est « son salut » (96,2). Ce qui marque bien, d’entrée de jeu, que « la gloire » de ce roi et « les merveilles » qu’il accomplit (3) sont au bénéfice de « toute la terre ». Il est « grand » et hautement « louable » par les hommes, et s’il est « redoutable », c’est pour « tous les dieux », ces « inanités » (4). « Splendeur et éclat » l’accompagnent, « puissance et beauté dans son sanctuaire » (6), c’est-à-dire en faveur de ceux qui viennent « devant sa face » reconnaitre « sa gloire », « l’éclat de sa sainteté » (7-9). Et ce sont « son salut » (96,2 ; 98,1.2.3), « ses merveilles » (96,3 ; 99,1), « sa gloire » (96,3.7.8 ; 97,6), « sa sainteté » (96,9 ; 97,12 ; 98,1 ; 99,3.5.9), sa « droiture » (96,10 ; 98,9 ; 99,4), « sa justice » (96,13 ; 97,2.6 ; 98,2.9 ; 99,4), son « jugement » (96,13 ; 97,2.8 ; 98,9 ; 99,4). Il est « grand » (96,4 ; 99,2.3) et « redoutable » (96,4 ; 99,3), « exalté » (99,2), il est « lumière » et « joie » (97,11) ; il est celui qui répond (99,6.8), qui donne « témoignages et droit » (99,7). En somme, il est « bon » (100,5), « sa vérité » (96,13), « sa fidélité et sa vérité » (98,3 ; 100,5) sont « pour toujours » « et d’âge en âge ». Tel est le mot de la fin. « TOUTE LA TERRE » Tous les psaumes de la séquence, sans exception, appellent « toute la terre » (96,1.9 ; 98,4 ; 100,1) à chanter le Seigneur, ce qui n’est que justice puisqu’il est « le maitre de toute la terre » (97,5), « Très-haut sur toute la terre » (9). Les expressions « toute la terre », « tous les confins de la terre » (98,3) signifient d’abord « tous les peuples » (96,3 ; 97,6 ; 99,2), « toutes les familles de la terre » (96,7). Toutefois, elles ne se limitent pas aux hommes : « les cieux annoncent sa justice et tous les peuples voient sa gloire » (97,6). Elles englobent toute la
L’ensemble de la troisième section
155
création, « les cieux, la terre et la mer », « les cieux » appelés à se réjouir, « la terre » à exulter, « la mer » à gronder (96,11), « la campagne et tout ce qui est en elle », « tous les arbres de la forêt » (12), « la terre » et « les iles nombreuses » (97,1), « les fleuves » battront des mains, « les montagnes » crieront de joie (98,8). « EN SON SANCTUAIRE » C’est à « Sion » (97,8 ; 99,2), en son « sanctuaire » (96,6), que tous les peuples sont invités à confluer pour « présenter l’oblation » « dans ses parvis », pour « se prosterner devant Yhwh » (7.9). C’est là qu’ils feront entendre « la psalmodie » avec tous les instruments qui accompagnent la liturgie (98,4-6) ; c’est à « Sion » qu’ils « se prosterneront » « à l’escabeau de ses pieds », « à la montagne de sa sainteté » (99,2.5.9) ; c’est « devant sa face » qu’ils viendront, « à ses portiques », « à ses parvis » (100,2.4). « LA MAISON D’ISRAËL » ET « LES FAMILLES DES PEUPLES » Tous les peuples sont appelés à « bénir » le nom du Seigneur (96,2 ; 100,4), à lui « rendre grâce » (97,12 ; 99,3 ; 100,1.4bis). La raison première, qui en est donnée dès le début, est « son salut » (96,2) et ce sera le psaume central qui dira qui en est le premier bénéficiaire, « la maison d’Israël » ; c’est ainsi que s’est manifestée « sa fidélité et sa loyauté » (98,1-3), selon les promesses de l’alliance conclue avec « son peuple », le peuple élu parmi tous les peuples, « le troupeau de son bercail » (100,3). Toutefois, il apparait clairement tout au long de la section que les raisons pour lesquelles toute la terre est appelée à « chanter un chant nouveau » s’étendent au-delà du salut accordé à Israël. C’est que le Seigneur règne sur toute la création, sur toutes les nations, sur leurs dieux qui ne sont que vanité. Le fait que « tous les peuples » soient appelés, dans le premier psaume, « familles des peuples » (96,7) fait écho à la promesse faite à Abram : « Par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Gn 12,3), promesse renouvelée à Jacob (Gn 28,14). On peut ainsi comprendre que « sa fidélité » et « sa vérité », mentionnées à la fin de la séquence, ne sont plus réservées au peuple élu mais étendues à tous, « pour toujours » et « d’âge en âge » (100,5).
« QUAND VIENDRAS-TU VERS MOI ? » La quatrième section Ps 101
LE PSAUME 101 TEXTE De David, psaume. Fidélité et jugement je chanterai, pour toi, Yhwh, je psalmodierai. 2 Je progresserai dans le chemin des parfaits ; quand viendras-tu vers moi ? Je marcherai dans la perfection de mon cœur, au milieu de ma maison. 3 Je ne mettrai pas devant mes yeux une parole de Bélial ; l’action des dévoyés je hais, elle n’a pas prise sur moi. 4 Le cœur tortueux s’écarte loin de moi, le mal je ne connais pas ; 5 qui dénigre en secret son prochain, celui-là j’anéantirai, altier des yeux et gonflé de cœur, celui-là je ne supporterai pas. 6 Mes yeux sur les véridiques du pays pour demeurer avec moi ; le marchant dans le chemin des parfaits lui me servira. 7 Ne demeurera pas au milieu de ma maison l’acteur de tromperie ; le diseur de mensonges ne se tiendra pas devant mes yeux. 8 Les matins j’anéantirai tous les méchants du pays pour retrancher de la ville de Yhwh tous les faiseurs d’iniquité. 1
V. 2
: « JE PROGRESSERAI »
Le sens de ce verbe (škl, hiphil) couvre un large spectre : « comprendre » (Ps 2,10 ; 64,10) ; « instruire » (14,2 ; 32,8), « être sage », « avisé », « instruit » (36,4 ; 53,3) ; « penser à », « avoir souci de » (41,2) ; « réussir » (P 111,10). Ici, « progresser » (TOB) laisse entendre la nuance de sagesse que comporte le verbe1. V. 3
: « BÉLIAL »
Ce nom propre est utilisé aussi en Ps 18,5 et 41,92. « Parole de Bélial » se trouve en Dt 15,9 et 1S 29,10, où l’expression peut être rendue par « parole de vaurien ». COMPOSITION Après le titre (1a), le psaume est organisé en deux parties parallèles (2-5 ; 6-8) ; chaque partie est divisée en deux sous-parties, la première énonçant ce que le psalmiste désire, la seconde ce qu’il ne veut pas.
1
Vesco (921) traduit par « prêter attention » (commentaire, 931) ; Dhorme a préféré « étudier ». 2 Pour plus de détails, voir Le Psautier. Premier livre, 198.572.
160
La quatrième section (Ps 101)
LA PREMIÈRE PARTIE (1B-5) + 1 Fidélité + pour toi,
et jugement Yhwh,
je chanterai, je jouerai.
= 2 Je progresserai = quand
dans le chemin viendras-tu
des parfaits ; vers moi ?
= Je marcherai = au milieu
dans la perfection de ma maison.
de mon CŒUR,
– 3 Je ne mettrai pas - une parole
devant de Bélial ;
MES YEUX
- l’action – elle n’a pas prise
des dévoyés sur moi.
je hais,
······················································································································ 4
– Le CŒUR . le mal
tortueux je ne connais pas ;
s’écarte
– 5 qui dénigre . celui-là
en secret j’anéantirai,
son prochain,
– altier . celui-là
DES YEUX
et gonflé
je ne supporterai pas.
loin de moi,
de CŒUR,
La première sous-partie (1-2) est de la taille d’un morceau de type ABB. Le premier segment concerne la relation du psalmiste avec « Yhwh » qu’il veut louer pour sa « fidélité » et son « jugement » ; les deux segments suivants sont marqués par le thème de la marche. Les deux membres du deuxième segment (2ab) sont complémentaires, le premier décrivant le chemin emprunté par le psalmiste, le second celui de Dieu que l’orant souhaite voir venir vers lui. Le dernier segment (2cd) intériorise en quelque sorte le précédent, « la perfection de mon cœur » succédant à « le chemin des parfaits », la « maison » du roi semblant être le lieu où Yhwh viendrait vers lui. Construit de manière spéculaire, le premier morceau de la deuxième souspartie (3) englobe dans un même refus « parole » et « action » des « dévoyés ». Les trois bimembres du second morceau explicitent la conduite des « dévoyés » : les segments extrêmes ont en commun « cœur » et la négation dans leurs deuxièmes membres, dans les deux derniers les seconds membres commencent avec « celui-là ». Les deux occurrences de « yeux » (3a.5c) remplissent la fonction de termes extrêmes pour la sous-partie. D’une sous-partie à l’autre, « cœur » revient en termes finaux (2c.5c).
Le psaume 101
161
LA DEUXIÈME PARTIE (6-8) + 6 MES YEUX :: pour demeurer
sur les véridiques avec moi ;
DU PAYS
+ le marchant :: lui
dans le chemin me servira.
des parfaits
– 7 Ne demeurera pas - l’acteur
au milieu de tromperie ;
de ma maison
- le diseur – ne se tiendra pas
de mensonges devant
MES YEUX.
····························································································
– 8 Les matins . tous les méchants
DU PAYS,
– pour retrancher . tous les faiseurs
de la ville d’iniquité.
j’anéantirai de Yhwh
Les deux bimembres de la première sous-partie (6) mettent en parallèle « les véridiques » et « les parfaits » que le psalmiste souhaite garder à ses côtés (6b) pour le « servir » (6d). Construit en miroir, le premier morceau de la seconde sous-partie concerne le menteur (7bc) que le psalmiste n’acceptera pas « au milieu de sa maison », « devant ses yeux » (7a.7d). De construction parallèle, les deux segments du second morceau disent ce que le roi fera contre les « méchants », « faiseurs d’iniquité » : ils seront tous anéantis dans le pays (8a), éliminés de la capitale (8c). Aux « véridiques du pays » de la première sous-partie (6a) s’opposent « tous les méchants du pays » de la deuxième (8b), à quoi il faut ajouter les « parfaits » de la première sous-partie (6c) opposés à « l’acteur de tromperie » et au « diseur de mensonges » (7bc), ainsi qu’à « tous les faiseurs d’iniquité » (8d) de la deuxième sous-partie. On notera que « mes yeux » revient au début du premier morceau (6a) et à la fin du deuxième (7d).
162
La quatrième section (Ps 101)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 101,1 De David,
psaume.
: Fidélité - pour toi,
et jugement YHWH,
je chanterai, je psalmodierai.
: 2 Je progresserai - quand
DANS LE CHEMIN
DES PARFAITS
viendras-tu
vers moi ?
: Je MARCHERAI - AU MILIEU
dans la perfection DE MA MAISON.
de mon cœur,
– 3 Je NE mettrai PAS · une parole
démoniaque ;
· L’ACTION – elle N’a PAS prise
des dévoyés sur moi.
;
je hais,
·····················································································································
+ 4 Le cœur . le mal
tortueux je NE connais PAS.
s’écarte
+ 5 Qui dénigre . celui-là
en secret J’ANÉANTIRAI ;
son prochain,
+ altier . celui-là
je NE supporterai PAS.
:6 - pour demeurer : le MARCHANT - lui – 7 NE demeurera PAS · L’ACTEUR · le diseur – NE se tiendra PAS
loin de moi,
et gonflé
de cœur,
sur les véridiques avec moi ;
du pays
DANS LE CHEMIN
DES PARFAITS
me servira. AU MILIEU
DE MA MAISON
de tromperie ; de mensonges .
·····················································································································
+ 8 Les matins . tous les méchants
J’ANÉANTIRAI du pays
+ pour retrancher . tous les faiseurs
de la ville d’iniquité.
de YHWH
Le parallélisme des deux parties est frappant, même si la deuxième est plus courte que la première : en effet, la première sous-partie de la deuxième partie compte deux bimembres (6) au lieu de trois dans la première sous-partie de la première partie (1b-2) ; il en va de même pour les seconds morceaux des deuxièmes sous-parties de chaque partie (4-5 ; 8).
Le psaume 101
163
Entre les premières sous-parties, « le marchant dans le chemin des parfaits » de 6c reprend « Je marcherai » (2c) « dans le chemin des parfaits » (2a). En outre, « avec moi », à la fin du segment de 6ab correspond à « vers moi » de la fin du segment de 2ab : le psalmiste souhaite être en compagnie du Seigneur et des « véridiques ». Dans les deuxièmes sous-parties les premiers morceaux sont de composition spéculaire ; « l’acteur » de 7b renvoie à « l’action » de 3c. « Devant mes yeux » est repris dans les premiers morceaux, au début en 3a, à la fin en 7d. « J’anéantirai » revient dans les seconds morceaux (5b.8a). « Au milieu de ma maison » est repris à la fin de la première sous-partie de la première partie (2d) et au début de la deuxième sous-partie de la seconde partie (7a). « Les véridiques » au début de la deuxième partie s’oppose non seulement à « l’acteur de tromperie » et au « diseur de mensonge » de la sous-partie suivante (7), mais aussi au « cœur tortueux », à « qui dénigre en secret » et même aux orgueilleux à la fin de la première partie (4-5). Les deux seules occurrences de « Yhwh » font inclusion (1c.8c). CONTEXTE « FIDÉLITÉ ET JUGEMENT » Par la bouche d’Osée, le Seigneur dit à Jacob : « Et toi, à ton Dieu tu reviendras ; garde la fidélité et le jugement et espère en ton Dieu toujours » (Os 12,7). De même Michée : « On t’a fait savoir, homme, ce qui est bon, ce que Yhwh réclame de toi : rien que pratiquer le jugement et aimer la fidélité et marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8). « Fidélité » et « jugement » sont aussi, et d’abord, le fait de Dieu : « Il aime la justice et le jugement, de la fidélité de Yhwh est pleine la terre » (Ps 33,5) ; « Justice et jugement sont le fondement de ton trône, fidélité et loyauté précèdent ta face » (Ps 89,15). INTERPRÉTATION « JE PROGRESSERAI DANS LE CHEMIN DES PARFAITS » Dans la première partie le psalmiste promet de se conduire personnellement dans la voie de la perfection, et même d’y « progresser » en se laissant instruire (2). Il se gardera de considérer la moindre parole et action mauvaise (3), et refusera de fréquenter « tortueux », calomniateurs sournois et orgueilleux (4-5). Son engagement moral ne regarde pas seulement sa propre personne, mais concerne aussi les autres : d’une part les « dévoyés » dont il s’écartera, d’autre part les gens de sa « maison » (3d), c’est-à-dire tous les membres de la maison royale dont il a la charge. Le roi ne s’engage pas seulement devant les hommes, mais
164
La quatrième section (Ps 101)
d’abord et avant tout devant « Yhwh » son Dieu : c’est à lui qu’il s’adresse en commençant (1bc), lui qu’il interpelle pour implorer le secours de sa visite (2b). « MES YEUX SUR LES VÉRIDIQUES DU PAYS » Déjà à la fin de la première partie, le monarque promettait d’« anéantir » « qui dénigre son prochain en secret » (5ab). C’est que pour lui la vérité est le pilier central du bon gouvernement ; il ne saurait s’appuyer que sur « les véridiques du pays » (6ab). « L’acteur de tromperie », « le diseur de mensonge » ne pourront en aucun cas avoir leur place dans « la maison » du roi, parmi ses conseillers. Bien au contraire, il sait qu’il lui faudra éliminer radicalement « les faiseurs d’iniquité ». Et il devra poursuivre cette tâche indispensable avec persévérance et ténacité, jour après jour, tous « les matins » (8). « FIDÉLITÉ ET JUGEMENT JE CHANTERAI » Le premier verset surprend, il semble hors sujet. On serait même tenté de le séparer de la première partie, pour en faire, faute de mieux, une sorte d’introduction au reste du psaume. Énigmatique, il invite à la réflexion. Il semble qu’il joue le rôle de clé qui donne le ton à toute la pièce. En fait, il est inséparable du verset suivant, car le psalmiste s’y adresse à Dieu, ce qu’il ne fera plus par la suite. Le contenu de la psalmodie que le roi chantera est énoncé dans les deux premiers mots : « Fidélité et jugement ». Il n’est pas précisé s’il s’agit de la fidélité et du jugement du psalmiste ou de Dieu. Si ces termes appartiennent au vocabulaire de l’alliance, on comprendra que les deux partenaires sont liés par la même fidélité et le même jugement. En promettant d’être fidèle à son Seigneur, le roi compte sur la fidélité de celui sur lequel il sait pouvoir compter et qui l’instruira de « le chemin des parfaits ». Autrement dit, tout le solennel engagement du roi repose sur le seul dont la fidélité est vraiment « véridique » et ne saurait tromper.
LE DESTIN DES FILS D’ISRAËL La cinquième section Ps 102–106
166
La cinquième section (Ps 102–106)
La cinquième section comprend cinq psaumes organisés en trois séquences. Les séquences extrêmes (102–103 et 105–106) comptent chacune deux psaumes, tandis que la séquence centrale n’en comprend qu’un seul (104) :
DIEU
CHANT
PARDONNE SES FAUTES
AU MISÉREUX
ET SAUVE ISRAËL
Ps 104
POUR LA CRÉATION
LE SEIGNEUR A PROTÉGÉ
SON PEUPLE
Ps 102–103
CONTRE SES ENNEMIS
Ps 105-106
I. DIEU PARDONNE AU MISÉREUX ET SAUVE ISRAËL La première séquence : Ps 102–103 1. LE PSAUME 102 TEXTE Prière pour un miséreux quand il est accablé et devant Yhwh répand sa plainte. 2 Yhwh, entends ma prière et que mon cri vers toi vienne ! 3 Ne cache pas ta face loin de moi au jour d’angoisse pour moi ; incline vers moi ton oreille, au jour où j’appelle, vite, réponds-moi ! 4 Oui, s’achèvent en fumée mes jours et mes os pareils à un brasier brûlent ; 5 battu comme l’herbe, et mon cœur sèche car j’oublie de manger mon pain ; 6 dans la voix de mon gémissement s’est collé mon os à ma chair. 7 Je ressemble au hibou du désert, je suis comme la hulotte des ruines ; 8 je veille et je suis comme l’oiseau solitaire sur le toit. 9 Tout le jour m’insultent mes ennemis, se moquant de moi, contre moi ils jurent. 10 Oui, la cendre comme le pain je mange, et ma boisson à mon pleur je mêle, 11 devant ta colère et ta fureur, car tu m’as soulevé puis tu m’as rejeté ; 12 mes jours sont comme l’ombre déclinante, et moi comme l’herbe je sèche. 13 Mais toi, Yhwh, à jamais tu sièges et ta mémoire d’âge en âge. 14 Toi, tu te lèveras, tu t’apitoieras de Sion, car (il est) temps d’avoir-pitié d’elle, car est venue l’heure ; 15 car chérissent tes serviteurs ses pierres, et de sa poussière ils auront-pitié. 16 Et craindront les nations le nom de Yhwh et tous les rois de la terre, ta gloire ; 17 quand rebâtira Yhwh Sion, il sera vu dans sa gloire ; 18 il se tournera vers la prière du spolié et point méprisera leur prière. 19 Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer louera Yah 20 car il s’est penché de la hauteur de sa sainteté, Yhwh, des cieux sur terre a regardé, 21 pour écouter le soupir du captif, pour libérer les fils de la mort, 22 pour qu’on raconte dans Sion le nom de Yhwh et sa louange dans Jérusalem, 23 quand se joindront les peuples ensemble et les royaumes pour servir Yhwh. 24 Il a brisé en chemin ma force, il a abrégé mes jours. 25 J’ai dit : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours, d’âge en âges tes années. 26 Jadis la terre tu as fondé et l’œuvre de tes mains les cieux ; 27 eux périront et toi tu restes ; et eux-tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés. 28 Et toi, le même et tes années ne finissent pas ; 29 les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera. » 1
V. 8 : « JE VEILLE ET JE SUIS, COMME L’OISEAU SOLITAIRE SUR LE TOIT »
Plusieurs ont voulu compléter le premier membre qui leur semblait tronqué1. La Septante suit le texte massorétique ; il n’est pas nécessaire de corriger. V. 24
: « IL A BRISÉ EN CHEMIN MA FORCE »
Le ketib a « sa force » ; le qeré est préférable, qui préserve le parallélisme avec le second membre.
1
Voir Ravasi, III, 41-42, nt. 16.
168
La cinquième section (Ps 102–106)
COMPOSITION Après le titre, le psaume comprend cinq parties organisées de manière concentrique : la deuxième et l’avant-dernière partie sont plus développées que les trois autres. LA PREMIÈRE PARTIE (2-3) + 2 Yhwh, :: et que mon cri
ENTENDS
– 3 NE CACHE PAS – au jour
ta face d’angoisse
loin de moi pour moi ;
+ INCLINE :: au jour où
j’appelle,
ton oreille, vite,
ma prière !
VIENNE
RÉPONDS-MOI
!
De la taille d’un morceau, cette partie est une suite de demandes, deux positives aux extrémités, une négative au centre (3ab). Les segments extrêmes sont parallèles entre eux ; « vers moi » (3c) correspond à « vers toi » (2b). Par ailleurs, les deux derniers segments ont en commun le premier terme de leurs seconds membres, « au jour », et « ton oreille » (3c) correspond à « ta face » (3a). LA DEUXIÈME PARTIE (4-12) Dans le premier morceau, le premier segment met en parallèle « mes jours » et « mes os », les uns partant « en fumée », les autres consumés par le feu du « brasier ». Le second segment poursuit en quelque sorte l’image précédente avec « le cœur » desséché comme l’herbe fauchée ; à force d’oublier de manger son pain (5b), son « os » est collé à la chair. Le deuxième morceau est marqué par la comparaison avec les oiseaux isolés, au « désert », dans les « ruines », « sur le toit » (7-8). Les insultes et moqueries du troisième segment semblent se référer aux comparaisons des deux segments précédents. Les deux premiers segments du dernier morceau forment une seule phrase, le second donnant la raison du premier. Le dernier segment donne le résultat final de la vie malheureuse du psalmiste dont la nourriture est « la cendre » et la « boisson » ses propres larmes. Les morceaux extrêmes se correspondent avec les reprises de « mes jours » (4a.12a), « manger » « le pain » (5b.10a), « comme l’herbe » « sécher » (5a.12b). Les termes de comparaison se retrouvent dans les trois morceaux : « pareils à » et « comme » (4b.5a), « je ressemble » et « comme » (7a.7b.8b), « comme » (10a.12a.12b).
Le psaume 102 – 4 Oui, s’achèvent – et mes os
en fumée
– 5 battu – car j’oublie – 6 dans la voix – s’est collé
169 MES JOURS
un brasier
brûlent ;
L’HERBE, de MANGER
et SÈCHE mon PAIN ;
mon cœur
de mon gémissement, mon os
à ma chair.
:7 : je suis
au hibou la hulotte
du désert, des ruines ;
: 8 je veille : l’oiseau
et je suis solitaire
sur le toit.
m’insultent contre moi
mes ennemis, ils jurent.
···································································································
9
- TOUT LE JOUR - se moquant de moi,
··································································································· le PAIN JE MANGE
– 10 Oui, la cendre – et ma boisson 11
– devant – car tu m’as soulevé
à mon pleur
je mêle,
ta colère puis tu m’as rejeté ;
et ta fureur
– 12 MES JOURS sont – et moi
l’ombre L’HERBE
déclinante JE SÈCHE.
LA TROISIÈME PARTIE (13-15) Les deux premiers segments commencent avec le pronom « toi ». « Temps » et « heure » (14b) s’opposent à « à jamais » et « d’âge en âge » (13a.13b) : Dieu qui est éternel interviendra à un moment précis pour sauver Sion. Les deux derniers segments sont liés par la reprise de « avoir-pitié » (14b.15b) : Dieu aura pitié de Sion, parce que ses serviteurs ont pitié de « ses pierres » qui sont tombées en « poussière ». + 13 Et TOI, + et ta mémoire
Yhwh, d’âge
+ 14 TOI, + car (il est) temps
tu te lèveras,
:: 15 car chérissent :: et de
tes serviteurs sa poussière
à jamais en âge. ,
tu sièges de Sion, l’heure,
car est venue ses pierres, .
170
La cinquième section (Ps 102–106)
LA QUATRIÈME PARTIE (16-23) + 16 Et craindront + et = 17 quand rebâtira = il sera vu :: 18 il se tournera :: et point
LE NOM
, YHWH dans sa gloire ;
SION,
vers la prière méprisera
du spolié leur prière.
de YHWH ta gloire ;
······················································································································
+ 19 Sera écrit + et
ceci
= 20 car il s’est penché = des cieux
de la hauteur sur terre
pour l’âge LOUERA
de sa sainteté, a regardé,
dernier YAH YHWH,
······················································································································
:: 21 pour écouter :: pour libérer = 22 pour qu’on raconte = et SA LOUANGE + 23 quand se joindront + et
le soupir les fils
du captif, de la mort,
dans SION dans Jérusalem,
LE NOM
pour servir
de YHWH
ensemble YHWH.
Dans le premier morceau, la « gloire » de Yhwh qui fera craindre les nations (16) sera celle qu’il manifestera en rebâtissant « Sion » (17) ; les deux segments s’achèvent sur la « gloire ». Le troisième segment (18) révèle que le Seigneur est intervenu en faveur de Sion à la « prière » de ceux qui en avaient été spoliés. La double mention de la « prière » des hommes (18ab) semble correspondre à la double mention de la « gloire » de Dieu (16b.17b). L’ordre chronologique est inversé : à la prière du peuple (18), le Seigneur rebâtira Sion (17) et c’est pourquoi les peuples le craindront (16). Le même mouvement se retrouve dans le morceau central, le deuxième segment donnant la raison du premier. Le troisième morceau est lié syntaxiquement au dernier segment du morceau central. Il explicite longuement les finalités de l’action de Dieu, avec toutes les propositions introduites par « pour » (21a.21b.22a) ; le dernier segment est une temporelle qui régit une dernière finale. Le troisième morceau correspond au premier de manière spéculaire. Aux extrémités « les peuples » « et les royaumes » serviront « Yhwh » (23), « les nations » « et tous les rois de la terre » craindront « Yhwh » (16) ; on racontera « dans Sion » (22) comment le Seigneur l’a rebâtie (17) ; Dieu a écouté « le soupir du captif » (21), il s’est tourné « vers la prière du spolié » (18).
Le psaume 102
171
Le morceau central va plus loin encore que les deux autres quand il parle de la mise par écrit des hauts-faits de Dieu destinée à « l’âge dernier », à « un peuple à créer ». « Le nom de Yhwh » revient en 16a et 22a. « Louera » de 19b annonce « sa louange » de 22b. LA CINQUIÈME PARTIE (24-29) – 24 Il a brisé – il a abrégé
en chemin mes jours.
– 25 J’ai dit : – ne m’enlève pas + d’âge
« Mon Dieu, à la moitié en âges
ma force,
de mes jours, .
···································································································
:: 26 Jadis :: et l’œuvre
la terre de tes mains
– 27 eux + ET TOI
périront tu restes ;
– et eux-tous – comme un habit
comme vêtement tu les changes
tu as fondé les cieux ;
ils s’usent, et ils sont changés.
···································································································
+ 28 ET TOI, + et
le même ne finissent pas ;
+ 29 les fils + et leur semence
de tes serviteurs devant toi
demeureront subsistera. »
Dans le premier morceau, à la constatation du premier segment (24), le second réagit par la prière (25) ; « mes jours » abrégés à la fin des seconds membres (24b.25b) s’opposent à « d’âge en âges tes années » de la fin. Les segments extrêmes du deuxième morceau s’opposent : « la terre » et « les cieux » créés par Dieu (26) finiront par s’user comme de simples vêtements dont on change (27cd). Au centre, un segment qui oppose les créatures qui pourraient sembler les plus stables et qui « périront » au créateur qui « reste » pour toujours. Dans le troisième morceau, à la stabilité et pérennité de Dieu (28) correspond celle de la descendance de ses « serviteurs » (29). Les morceaux extrêmes se correspondent. La pérennité divine se trouve décrite en termes médians à distance (25c ; 28). Quant au dernier segment (29), il s’oppose au premier (24), car la prière du psalmiste, de toute évidence, a été exaucée, et même au-delà de ce qu’il pouvait espérer, puisque ce sont non seulement ses « jours » qui ont été préservés, mais aussi ceux de ses « fils » et de leur « semence », donc sur trois générations.
172
La cinquième section (Ps 102–106)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 102,1 PRIÈRE pour un miséreux
quand il est accablé
et devant Yhwh répand sa plainte.
2
Yhwh, ma PRIÈRE et que mon cri vers toi vienne ! Ne cache pas ta face loin de moi d’angoisse pour moi ; incline vers moi ton oreille, où j’appelle, vite réponds-moi ! 3
4
Oui, s’achèvent en fumée et mes os pareils à un brasier brûlent ; battu comme l’herbe, et mon cœur sèche car j’oublie de manger mon pain ; 6 dans la voix de mon gémissement s’est collé mon os à ma chair. 5
7
Je ressemble au hibou du désert, je suis comme la hulotte des ruines ; je veille et je suis comme l’oiseau solitaire sur le toit. 9 Tout le jour m’insultent mes ennemis, se moquant de moi, contre moi ils jurent. 8
10
Oui, la cendre comme le pain je mange et ma boisson à mon pleur je mêle, devant TA colère et TA fureur car TU m’as soulevé puis TU m’as rejeté ; 12 sont comme l’ombre déclinante et moi comme l’herbe je sèche. 11
13
ET TOI, Yhwh, à jamais tu sièges et ta mémoire D’ÂGE EN ÂGE ! TOI, tu te lèveras, tu t’apitoieras sur SION, car il est temps d’avoir-pitié d’elle, car est venue l’heure ; 15 car chérissent tes serviteurs ses pierres et de sa poussière ils auront-pitié. 14
16
Et craindront les nations le nom de Yhwh et tous les rois de la terre, TA gloire ; quand rebâtira Yhwh SION, il sera vu dans sa gloire ; 18 il se tournera vers la PRIÈRE du spolié et point méprisera leur PRIÈRE. 17
19 20
Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer louera Yah car il s’est penché de la hauteur de sa sainteté, Yhwh, des cieux sur terre a regardé,
21
pour le soupir du captif, pour libérer les fils de la mort, pour qu’on raconte dans SION le nom de Yhwh et sa louange dans Jérusalem, 23 quand se joindront les peuples ensemble et les royaumes pour servir Yhwh. 22
24
Il a brisé en chemin ma force, il a abrégé . J’ai dit : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de D’ÂGE EN ÂGES sont tes années. 25
,
26
Jadis la terre tu as fondée et l’œuvre de tes mains les cieux ; eux périront ET TOI tu restes ; et eux-tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés. 27
28 29
ET TOI, tu es le même et tes années ne finissent pas ; les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera. »
Les parties extrêmes sont les seules où le psalmiste adresse une prière à Dieu (2-3 ; 25). La deuxième et l’avant-dernière partie sont plus développées que les autres ; l’une expose la situation actuelle de malheur où se trouve le psalmiste (4-12), l’autre sa situation future de gloire quand Sion sera rebâtie (16-23). Ces deux parties sont essentiellement à la troisième personne ; toutefois, la deuxième
Le psaume 102
173
personne du singulier apparait à la fin de l’une (11) et au début de l’autre (16). La partie centrale annonce l’intervention divine en faveur de Sion. Les reprises lexicales sont peu nombreuses : « prière » (1.2.18bis), « entendre » (2.21), « mes jours » (4.12 ; 24.25 qui s’oppose à « tes années » dans la dernière partie en 25b), « d’âge en âge(s) » (13.25b), « Sion » (14a.17.22), « cieux » (20.26). « Et toi » revient au centre et à la fin (13 ; 27.28). À « mes jours » (4.12 ; 24.25) et « tes années » (25b.28) « d’âge en âge(s) » (13.25b), s’opposent « le jour » de la prière (au début, 3bis) ainsi que le « temps » et l’« heure » de l’intervention divine réclamée par le suppliant (au centre, 14b). CONTEXTE « ...AU FILS EN REVANCHE IL DIT » Au début de la première partie de l’Épitre aux Hébreux, son auteur applique — entre autres citations — les versets 26-28 du Ps 102 au Christ lui-même : 7
Tandis qu’il s’exprime ainsi en s’adressant aux anges : « Il fait de ses anges des vents, de ses serviteurs une flamme ardente », 8 il dit à son Fils : [Ps 45,7-8] 10 Et encore : « C’est toi, Seigneur, qui aux origines fondas la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains. 11 Eux périront, mais toi tu demeures, et tous ils vieilliront comme un vêtement. 12 Comme un manteau tu les rouleras, comme un vêtement, et ils seront changés. Mais toi, tu es le même et tes années ne s’achèveront point » (He 1,7-12).
INTERPRÉTATION Le psaume est ici envisagé comme un tout organique, ne tenant pas compte des hypothèses rédactionnelles qui séparent une lamentation individuelle (1-12 ; 24-29) et une promesse de restauration de Sion (13-23)2. Quelle qu’ait été l’histoire de la formation du texte, tout le problème est d’essayer de comprendre le rapport entre la souffrance et la prière de l’individu d’une part et l’espérance de tous de l’autre. LA SUPPLICATION D’UN INDIVIDU MISÉREUX Tout au long du premier versant du psaume retentit la supplication d’un « miséreux » qui appelle le Seigneur à son secours (2-3), puis se plaint longuement du malheur qui le frappe (4-12). Ses jours sèchent comme l’herbe coupée, 2
Voir Hossfeld – Zenger, III, 19-22.
174
La cinquième section (Ps 102–106)
ils partent en fumée ; il dépérit à manger un pain de cendre, à ne boire que ses larmes. Livré aux insultes de ses ennemis, il ressemble à l’oiseau solitaire qui hante le désert et les ruines. Isolé, il se voit livré à la colère de Dieu et rejeté, voué à disparaitre dans la nuit. « TU T’APITOIERAS SUR SION » Le centre du psaume (13-15) ménage une surprise de taille. Il fait basculer soudain du singulier au pluriel, d’une prière individuelle à celle de tout un peuple. Ce qui est devenu un « désert » et un tas de « ruines » (7), réduit à un monceau de « pierres » et, pire encore, à de la « poussière » (15), c’est le cœur de ce peuple, c’est « Sion ». L’individu qui suppliait jusque-là est peut-être son roi qui parlerait en son nom, mais ce peut être aussi chaque membre de la communauté des fils d’Israël qui souffre dans sa chair de ce qui atteint aussi tous les autres. Le passage du singulier au pluriel est clairement exprimé après le tournant du psaume : « Il se tournera vers la prière du spolié et point ne méprisera leur prière » (18 ; et de même en 21). « LEUR SEMENCE DEVANT TOI SUBSISTERA » La supplication regardant la renaissance de Sion sera exaucée, et de manière tellement glorieuse que « les nations » avec tous leurs rois se mettront à craindre le Seigneur (16). Eux qui avaient conquis Sion et l’avaient laissée en ruines, en arriveront à s’unir au peuple choisi « pour servir Yhwh » tous ensemble (23). Le récit d’une telle merveille « sera écrit », de sorte qu’il soit connu jusque dans un avenir lointain, « pour l’âge dernier », pour « un peuple à naitre » (19). De ce destin commun il résultera que, pour l’individu qui en appelait au Seigneur dans son malheur, la vie resurgira. Il sera lui-même libéré de la mort qui menaçait de le faucher à la moitié de ses jours (4.12.24-25) et, même si le ciel et la terre devaient s’user et périr, ses fils et leur progéniture demeureraient et subsisteraient à jamais devant le Seigneur. Comme celles de Dieu, leurs années ne finiront pas. Telle est l’espérance du psalmiste, telle est sa foi.
2. LE PSAUME 103 TEXTE De David. Bénis, mon âme, Yhwh et tout mon être, son nom de sainteté ; 2 bénis, mon âme, Yhwh et n’oublie pas toutes ses rétributions. 3 Lui qui pardonne toutes tes fautes, qui te guérit de toutes tes maladies. 4 Lui qui rachète à la fosse ta vie, qui te couronne de fidélité et de tendresse ; 5 qui rassasie de bien ta durée, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse. 6 Œuvrant les justices Yhwh et les jugements à tous les opprimés, 7 il fit-connaitre ses chemins à Moïse, aux fils d’Israël ses hauts-faits. 8 Tendre et miséricordieux Yhwh, lent à la colère et 9 pas jusqu’à la fin il fait-procès plein de fidélité ; et pas pour toujours il garde-rancune. 10 Pas selon nos péchés il œuvre à nous et pas selon nos fautes il rétribue à nous. 11 Oui, comme la hauteur des cieux sur la terre, fut puissante sa fidélité pour ses craignant. 12 Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous nos péchés. 13 Comme est tendre un père pour ses fils, fut-tendre Yhwh pour ses craignant. 14 Oui, lui connait notre poterie, se souvenant que poussière nous (sommes). 15 L’homme comme l’herbe ses jours, comme la fleur des champs ainsi il fleurit ; 16 quand un vent passe sur lui, alors il n’est plus et ne le reconnait plus sa place. 17 Mais la fidélité de Yhwh de toujours à toujours pour ses craignant et sa justice pour les fils de leurs fils, 18 pour les gardant son alliance et les se souvenant de ses préceptes pour les œuvrer. 19 Yhwh dans les cieux a fixé son trône et sa royauté sur tout domine. 20 Bénissez Yhwh, ses anges, héros de force œuvrant sa parole, pour écouter la voix de sa parole. 21 Bénissez Yhwh, toutes ses armées, serviteurs œuvrant sa volonté. 22 Bénissez Yhwh, toutes ses œuvres en tous lieux de son domaine. Bénis Yhwh, mon âme. 1
V. 5
: « TA DURÉE »
Le sens de ‘ădî est très discuté1. Nous suivons la Symmaque. COMPOSITION Après le titre, « De David » (1a), le psaume comprend cinq parties, arrangées de manière concentrique. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-2) + BÉNIS, :: et tout mon être,
MON ÂME,
+ 2 BÉNIS, :: et n’oublie pas
MON ÂME,
son nom toutes
YHWH de sainteté ; YHWH ses rétributions.
Les premiers membres sont identiques. Le second membre du premier segment reprend le sujet (« tout mon être » correspondant à « mon âme ») ainsi que l’objet (« son nom de sainteté » renvoyant à « Yhwh »). Dans le deuxième segment, le second membre reprend le verbe (« n’oublie pas » correspondant à « bénis ») et l’objet (« ses rétributions » renvoyant à son auteur, « Yhwh »). 1
Voir, par ex. Delitzsch, III, 121 ; Ravasi, III, 67-68 ; Vesco, 945.
176
La cinquième section (Ps 102–106)
LA DEUXIÈME PARTIE (3-10) – 3 Lui qui pardonne – qui te guérit de 4
toutes toutes
, .
+ Lui qui rachète + qui te couronne
à la fosse DE FIDÉLITÉ
ta vie, et DE TENDRESSE ;
·· 5 qui rassasie ·· se renouvelle
de bien comme l’aigle
ta durée, ta jeunesse.
····································································································· :: 6 ŒUVRANT YHWH
:: et
à tous
:: 7 il fit-connaitre :: aux fils
d’Israël
les opprimés, à Moïse, .
····································································································· 8 TENDRE et miséricordieux YHWH,
+ + lent 9
·· pas jusqu’à la fin ·· et pas pour toujours – 10 Pas selon – et pas selon
à la colère
et plein DE FIDÉLITÉ ;
il fait-procès il garde-rancune. IL ŒUVRE
il rétribue
à nous à nous.
Le premier morceau suit une progression pour ainsi dire chronologique. Dieu délivre du mal dans le premier segment, il comble de bien dans le dernier ; quant au segment central, il assure le passage de l’un à l’autre, car dans son premier membre « la fosse » renvoie au premier segment, et dans son deuxième membre « fidélité et tendresse » sont des « biens » comme dans le dernier segment. Dans le deuxième morceau, les quatre compléments d’objet — « justices » et « jugements », « chemins » et « hauts-faits » — sont tous des actions divines ; ils le sont en faveur des « fils d’Israël », à travers « Moïse », décrits comme « les opprimés » dans le premier segment. Le troisième morceau correspond au premier. Les segments extrêmes concernent les « fautes » pardonnées (3) dont Dieu ne tient pas rigueur (10). Les deux autres segments se correspondent de manière parallèle : 4 et 8 sont marqués tous deux par la « fidélité » et la « tendresse », 5 et 9 mettent en relation le bien pour longtemps et le mal « pas pour toujours ». Seul rapport lexical entre le morceau central et les autres, la reprise de « œuvrer » (6a.10a). LA TROISIÈME PARTIE (11-13) Commençant avec « comme », les trois segments ont la même structure syntaxique. S’achevant avec « pour ses craignant », les segments extrêmes mettent en parallèle « cieux » et « terre » avec « père » et « fils »; s’y retrouve le
Le psaume 103
177
couple canonique « fidélité » et tendresse. À ce couple s’oppose « les péchés » au centre ; les segments extrêmes sont à la troisième personne, le segment central est le seul qui fait intervenir la première personne du pluriel. :: 11 Oui, comme la hauteur + fut-puissante
des cieux
sur la terre, POUR SES CRAIGNANT.
12
– Comme est loin – il éloigna
l’orient de nous
de l’occident, nos péchés.
:: 13 Comme est tendre +
un père Yhwh
POUR SES CRAIGNANT.
pour ses fils,
LA QUATRIÈME PARTIE (14-19) Dans le premier morceau, le segment initial reprend la métaphore de la poterie fragile qui n’est que « poussière », mais que Dieu « connait » et dont il se souvient ; dans les deux segments suivants les jours de l’homme sont comparés à l’herbe qui fleurit (15), mais que le vent dessèche bientôt (16). Les synonymes traduits par « connait » et « reconnait » encadrent le morceau. Les deux segments du second morceau forment une seule phrase. « La fidélité » de Dieu et sa « justice » sont assurées « pour toujours » à ses fidèles ainsi qu’à leur descendance. « Fidélité » et « justice », « alliance » et « préceptes » appartiennent au vocabulaire de l’alliance. – 14 Oui, lui – SE SOUVENANT
connait que poussière
notre argile, nous (sommes).
– 15 L’homme – comme la fleur
comme l’herbe des champs
ses jours, ainsi
passe sur lui, plus
alors il n’est plus, sa place.
16
– quand un vent – et ne le reconnait
il fleurit ;
··········································································································· de YHWH
:: 17 Et la fidélité :: :: et sa justice
:: 18 pour les gardant :: et LES SE SOUVENANT
pour ses craignant , son alliance de ses préceptes
pour les œuvrer.
··········································································································· 19 YHWH dans les cieux a fixé
+ + et sa royauté
sur tout
son trône
domine.
Avec la solidité du « trône » divin « fixé » « dans les cieux », le troisième morceau s’oppose au premier qui insiste sur la fragilité humaine. Dieu « se souvient » (14b) et de même l’homme juste (18b).
178
La cinquième section (Ps 102–106)
LA CINQUIÈME PARTIE (20-22) + 20 BÉNISSEZ :: héros = pour écouter
YHWH, de force la voix
ses anges, œuvrant de sa parole.
+ 21 BÉNISSEZ :: serviteurs
YHWH, œuvrant
ses armées, sa volonté.
+ 22 BÉNISSEZ – en
YHWH, lieux
ses œuvres de son domaine.
sa parole,
·················································································· YHWH, mon âme.
– BÉNIS
Les trois segments du premier morceau commencent de la même façon. Dans les deux premiers, il s’agit des êtres célestes, « ses anges » et « ses armées » (voir Ps 148,1-2) ; ceux-ci « œuvrent » « sa parole » et « sa volonté » (20b.21b). Le troisième segment généralise à « toutes ses œuvres » et « en tous lieux », et l’on comprend qu’il ne s’agit plus seulement du ciel, mais aussi de toutes les autres créatures. De même que « bénir » revient dans chaque segment, ainsi des termes de la même racine, « œuvrant » et « œuvres » (20b.21b.22a). Quant au troisième membre du premier segment, il faudra y revenir dans la rubrique du Contexte. Le second morceau est réduit à un unimembre : le singulier du psalmiste succède maintenant à toutes les autres créatures pour la bénédiction de Yhwh. L’ENSEMBLE DU PSAUME Les parties extrêmes ont en commun l’invitation à bénir Yhwh : au début, c’est seulement le psalmiste qui incite son « âme » à le faire, et tout à la fin c’est toute la création. « Tout/tous/toutes » revient deux fois dans la première partie, trois fois dans la dernière. Les deuxième et avant-dernière parties sont plus développées que les autres. Les premiers morceaux ont en commun la fragilité de la vie humaine que Dieu connait (14-16) mais qu’il guérit, dont il sauve et prolonge la vie (3-5). Ce sont surtout les morceaux centraux qui se correspondent avec leurs références à la loi et à « l’alliance » conclue entre « Yhwh » et « les fils d’Israël » par l’entremise de Moïse. « Justice(s) » y est repris, accompagné des termes appartenant au vocabulaire classique de l’alliance : « jugements », « chemins » et « hauts-faits » (6-7), « fidélité », « alliance » et « préceptes » (17-18). Aux « fils d’Israël » (7) font écho « les fils de leurs fils » (17), d’autant plus que tous sont introduits par la même préposition, bénéficiaires des faveurs divines ; la même préposition introduit aussi « les opprimés » et « Moïse » (6-7), « ses craignant », « les gardant » et « se souvenant » (17-18). Enfin « œuvrer » se trouve au début et à la fin de ces deux morceaux.
Le psaume 103
179
À la fin de l’avant-dernière partie, « trône » et « royauté » (19) appartiennent au même champ sémantique que « couronne » au début de la deuxième partie (4), faisant ainsi une sorte d’inclusion. En termes médians à distance, les seuls pronoms de première personne du pluriel de ces deux parties (10.14). 103,1 De David. BÉNIS, MON ÂME, YHWH et tout mon être, son nom de sainteté ; 2 BÉNIS, MON ÂME, YHWH et n’oublie pas toutes ses rétributions. 3
Lui qui pardonne toutes tes fautes, qui te guérit de toutes tes maladies. Lui qui rachète à la fosse ta vie, qui te couronne de FIDÉLITÉ et de TENDRESSE ; 5 qui rassasie de bien ton désir, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse. 4
6 7
ŒUVRANT il fit-connaitre
YHWH et à tous les opprimés, à Moïse, aux fils d’Israël ses hauts-faits.
8
TENDRE et miséricordieux YHWH, lent à la colère et plein de FIDÉLITÉ ; pas jusqu’à la fin il fait-procès et pas pour toujours il garde-rancune. 10 Pas selon nos PÉCHÉS IL ŒUVRE à nous et pas selon nos fautes il rétribue nous. 9
11
Oui, comme la hauteur des cieux sur la terre, fut puissante SA FIDÉLITÉ pour ses craignant. Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous nos PÉCHÉS. 13 Comme EST TENDRE un père pour ses fils, FUT TENDRE Yhwh pour ses craignant. 12
14
Oui, lui connait notre argile, se souvenant que poussière nous (sommes). L’homme comme l’herbe ses jours, comme la fleur des champs ainsi il fleurit ; 16 quand un vent passe sur lui, alors il n’est plus et ne le reconnait plus sa place. 15
17
Mais la FIDÉLITÉ de YHWH de toujours à toujours à ses craignant aux fils de leurs fils, 18 aux gardant et aux se souvenant de pour les ŒUVRER. et
19
YHWH dans les cieux a fixé son trône
et sa royauté sur tout domine.
20
BÉNISSEZ YHWH, ses anges, héros de force ŒUVRANT sa parole, pour écouter la voix de sa parole. 21 BÉNISSEZ YHWH, toutes ses armées, serviteurs ŒUVRANT sa volonté. 22 BÉNISSEZ YHWH, toutes ses ŒUVRES en toutes places de son domaine. BÉNIS YHWH, MON ÂME.
Au centre de la partie centrale, les seuls autres pronoms de première personne pluriel (12). Cette partie est encadrée par le couple « fidélité » – « tendresse » qui marquait la partie précédente (4.8) ; « fidélité » sera repris au centre de la partie suivante, avec « pour ses craignant » (11.13 ; 17). « Ses fils » de 13 rappelle « les fils d’Israël » au centre de la deuxième partie (7) et « les fils de leurs fils » au centre de l’avant-dernière partie (17) ; « nos péchés » de 12 se
180
La cinquième section (Ps 102–106)
trouvait déjà à la fin de la partie précédente (10) et « cieux » de 11 reviendra à la fin de la partie suivante (19). Les deux premières parties ont en commun « rétributions » et « rétribuer » (2.10), les deux dernières « place(s) » (16.22), « œuvrer » (18 ; 20.21.22a), ainsi que « domine » (19) et « domaine » (22a). CONTEXTE L’ANNONCE DE LA NOUVELLE ALLIANCE L’annonce la plus claire de la nouvelle alliance se trouve en Jr 31,31-34 : 31
Voici venir des jours — oracle de Yhwh — où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle. 32 Non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte — mon alliance qu’eux-mêmes ont rompue bien que je fusse leur Maitre, oracle de Yhwh ! 33 Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël après ces jours-là, oracle de Yhwh. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. 34 Ils n’auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant : « Ayez la connaissance de Yhwh ! » Car tous me connaitront, des plus petits jusqu’aux plus grands — oracle de Yhwh — parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché.
« NOUS FERONS ET NOUS ÉCOUTERONS » (EX 24,7) Le verset 20, « faisant sa parole, pour écouter la voix de sa parole », rappelle la fameuse expression d’Ex 24,7 : « nous ferons et nous écouterons », la pratique ou l’obéissance devant précéder l’écoute ou la compréhension comme sa condition. « Le verset sur lequel porte notre étude devrait donc être compris ainsi : Nous ferons afin de comprendre2. » C’est la voie que choisit l’Abbé Huvelin pour Charles de Foucauld : Dans les derniers jours d’octobre [1886], un matin, Foucauld entre dans l’église SaintAugustin. L’abbé Huvelin est, comme d’habitude à son confessionnal. Foucauld s’approche et dit qu’il ne vient pas se confesser, mais qu’il veut avoir des lumières sur
2
B. PAPERON, « Na’assé ve-nichma’ », « Nous ferons et nous entendrons », 107. Voir aussi Hilaire de Poitiers : « “JE M’EXERCERAI À TES COMMANDEMENTS ET CONSIDÉRERAI TES VOIES” [...] Mais ici aussi un ordre rationnel a été gardé. En effet le prophète doit d’abord s’exercer aux commandements de Dieu et ensuite considérer ses voies ; c’est-à-dire que si l’on ne commence pas par pratiquer les œuvres de la foi, on n’acquerra pas la connaissance de l’enseignement et, pour obtenir la science, il faut d’abord agir dans la foi » (Commentaire sur le Ps 118, I, 2, 10, 143). Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré, 48-49.
Le psaume 103
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Dieu et la religion. L’abbé Huvelin lui dit simplement : « Mettez-vous à genoux et confessez-vous. » Aussitôt après, il l’envoie communier3.
Et Foucauld écrit : Jésus l’a dit : c’est sa première parole aux apôtres ; sa première parole à tous ceux qui ont soif de Le connaitre : « Venite et videte » ; « commencez par “venir”, en me suivant, en m’imitant, en pratiquant mes enseignements ; et ensuite vous “verrez”, vous jouirez de la lumière dans la même mesure que vous aurez pratiqué... » « Venite et videte » ; j’ai vu tellement, par mon expérience, la vérité de ces mots que je vous écris cette lettre pour vous les dire...4.
INTERPRÉTATION LES ŒUVRES CONJOINTES DE L’ALLIANCE Avec les « hauts-faits » qu’il accomplit aux jours de Moïse, avec les « chemins » de la Loi qu’il lui donna pour « les fils d’Israël », libérés de l’oppression, le Seigneur Yhwh avait « œuvré » « ses justices » (6-7). Aux termes de « l’alliance » conclue entre lui et son peuple, ce dernier se devait en retour d’« œuvrer » « ses préceptes » (17-18). La crainte de Dieu répondrait ainsi à sa « fidélité » et à sa « tendresse » (11.13.17). LA FRAGILITÉ RADICALE DE L’HOMME Comme le vase de potier qui ne saurait manquer de retourner à la poussière d’où il fut tiré (14), comme l’herbe des champs qui fleurit mais se dessèche bientôt (15-16), l’homme en proie à la « maladie » (3) est bien vite promis à « la fosse » (4). Dieu « connait » la faiblesse de l’homme et il en a pitié. Il sait aussi, depuis toujours, qu’il ne peut pas plus se garder du « péché » et de la « faute » (3.10.12) que de la maladie et de la mort. LE PARDON DES PÉCHÉS ET LA NOUVELLE ALLIANCE Dès les jours de Moïse, tandis qu’il était encore en présence de Dieu sur la montagne, le peuple avait péché contre le Seigneur en se prosternant devant le veau d’or qu’il avait fondu. Et l’alliance, à peine conclue, avait été brisée. Après une longue histoire de rébellions et de trahisons, l’exil dans un nouveau pays de servitude devait faire naitre l’espoir d’une nouvelle alliance, dont le pardon des péchés serait le fondement. Voilà pourquoi, la première action de Yhwh que le psaume énonce est qu’« il pardonne toutes tes fautes » (3), et voilà pourquoi 3 4
100).
J.-F. SIX, Vie de Charles de Foucauld, 31. Lettre du 14 août 1901 à Henry de Castries (Ch. DE FOUCAULD, Lettres à Henry de Castries,
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La cinquième section (Ps 102–106)
c’est sur ce bienfait que tout le psaume est focalisé : « Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigne de nous nos péchés » (12). FILIATION DIVINE Le Seigneur ne se contente pas de pardonner les fautes et les péchés (3.10 ; 12), il tire l’homme de la fosse où il était tombé (4), rassasie de bien « le désir » et renouvelle « la jeunesse » (5) de celui qui n’est que « poussière », dont la durée n’est que celle de l’herbe qu’on fauche et qui sèche (14-16). Il va jusqu’à lui transmettre sa royauté ; celui qui « dans les cieux a fixé son trône et dont « la royauté sur tout domine » (19) en vient à « couronner » l’homme de « fidélité et de tendresse » (4). Ce sont ainsi ses propres attributs qu’il lui transmet comme « un père pour ses fils » (13). Voilà donc jusqu’où va sa « tendresse ». COMME LES ANGES DE DIEU En finale, le psalmiste invite « les anges » du Seigneur à le rejoindre dans la bénédiction. Et cela pourrait n’être considéré que comme un élargissement final, le point d’orgue du cantique. Toutefois, la reprise insistante du verbe « œuvrer » qui occupait jusque-là des positions stratégiques ne peut manquer d’attirer l’attention. Et cela d’autant plus que la fin de la première phrase de la conclusion est énigmatique : les anges exécutent la parole de Dieu « pour écouter la voix de sa parole » ! « Sa parole » et « sa volonté » renvoient clairement à « ses chemins » (7 et « ses préceptes » (18). On pourra comprendre que les anges et toutes les armées du Seigneur sont ainsi proposés en finale comme modèles pour les hommes : ils feront afin de comprendre.
Le chant de la mer (Ex 15) 1
Alors chantèrent Moïse et les fils d’Israël le cantique que voici pour YHWH et ils dirent disant : « Je chante pour YHWH, car il s’est élevé grandement ; le cheval et son cavalier il les a jetés à la mer. 2 Ma vigueur et mon cantique, c’est YaH ; il devint pour moi le salut. Lui est mon Dieu, je le célèbre, le Dieu de mon père, je l’exalte. 3 YHWH est un homme de guerre, YHWH est son nom. 4 Les chars de Pharaon et son armée il a précipités à la mer ; l’élite de ses capitaines s’est enfoncée dans la mer des Joncs. 5 Les abîmes les recouvrent, ils sont descendus dans les profondeurs
COMME PIERRE.
6
Ta droite, YHWH, RESPLENDISSANT de force, ta droite, YHWH, écrase l’ennemi. 7 Par la quantité de ta grandeur tu détruis tes agresseurs ; tu déchaînes ton ardeur, elle les dévore comme de la paille. + 8 Au souffle de TES narines s’amoncelèrent les eaux, se dressèrent comme un bloc les flots, se figèrent les abîmes au cœur de la mer. 9 L’ennemi disait : “Je poursuivrai, j’atteindrai, je partagerai le butin, s’emplira d’eux ma gorge ; je dégainerai mon épée, les dépossédera ma main.” = 10 Tu as exhalé TON SOUFFLE : les a recouverts LA MER, ils se sont engouffrés comme du plomb dans les eaux formidables. 11
Qui est comme toi Qui est comme toi, terrible en louanges,
parmi les dieux, YHWH ? RESPLENDISSANT de SAINTETÉ, faiseur de prodiges ?
= 12 Tu as étendu TA DROITE : les a engloutis LA TERRE. 13 Tu as guidé par ta fidélité ce peuple que tu as racheté, + que tu as conduit parTA vigueur vers la demeure de ta SAINTETÉ. 14
Ils ont entendu les peuples, ils frémissent ; les douleurs saisirent les habitants de Philistie. 15 Alors s’épouvantèrent les chefs d’Édom ; les princes de Moab le tremblement les saisit. Tous les habitants de Canaan sont bouleversés ; 16 tombe sur eux la terreur et l’effroi. Par la grandeur de ton bras ils sont sidérés COMME PIERRE, tant que passe ce peuple, YHWH, tant que passe ce peuple que tu as acquis. 17 Tu l’amèneras et le planteras sur la montagne de ton héritage, au lieu de ton habitation que tu fis, YHWH, au SANCTUAIRE, Seigneur, qu’ont établi tes mains. » 18
YHWH règne
pour toujours et à jamais !
3. DIEU PARDONNE AU MISÉREUX ET SAUVE ISRAËL (PS 102–103) COMPOSITION DE LA PREMIÈRE SÉQUENCE Deux thèmes corrélés traversent toute la séquence : la caducité de l’homme et la faveur de Dieu qui prolonge ses jours. – les jours de l’homme sont « comme l’herbe », « comme la fleur des champs il fleurit ; quand un souffle passe, il n’est plus et ne le connait plus sa place » (103,15-16) ; – le psalmiste se plaint : « Oui, s’achèvent en fumée mes jours », « battu comme l’herbe et mon cœur sèche » (102,5) ; – « mes jours sont comme l’ombre déclinante, et moi comme l’herbe je sèche » (102,12) ; – c’est le Seigneur qui en est la cause : « Il a brisé sur le chemin ma force ; il a abrégé mes jours » (102,24) ; – il le supplie : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours » (102,25) ; – avec une autre image encore : « Oui, lui connait notre poterie, il se souvient que poussière nous sommes » (103,14) ; – même la terre et les cieux « périront », « eux tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés » (102,27). – Dieu est celui « qui rassasie de bien ta durée, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse » (103,5) ; – car « sa querelle n’est pas jusqu’à la fin », « pas pour toujours sa rancune » (103,9) ; – « la fidélité » du Seigneur sera non seulement « pour ceux qui le craignent » mais « sa justice (sera) pour les fils de leurs fils » (103,17) ; – « pour libérer les fils de la mort » (102,21) ; – « les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera » (102,29) ; – « Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer louera Yah » (102,19). – C’est que le Seigneur « trône à jamais », « sa mémoire d’âge en âge » (102,13) ; – « d’âge en âge tes années [...] tes années ne finissent pas » (102,25.28 ; 103,17). – « connaitre » et « voir/regarder » reviennent en 102,17.20 ; 103,7.14 ; – « avoir-pitié » au centre du premier psaume (102,14) revient deux fois au centre du deuxième (103,13) ; – « craindre » revient en 102,16 et en 103,13.17.
La séquence 102–103
185
102,1 Prière pour un miséreux quand il est accablé et devant Yhwh répand sa plainte. 2 Yhwh, ÉCOUTE ma prière, et que mon cri vers toi vienne ! 3 Ne cache pas ta face loin de moi au jour d’angoisse pour moi ; incline vers moi ton oreille, au jour où j’appelle, vite, réponds-moi ! 4 Oui, s’achèvent en fumée mes jours, et mes os pareils à un brasier brûlent ; 5 battu comme l’herbe, et mon cœur sèche car j’oublie de manger mon pain ; 6 dans la voix de ma plainte, s’est collé mon os à ma chair. 7 Je ressemble au hibou du désert, je suis comme la hulotte des ruines ; 8 je veille et je suis comme l’oiseau solitaire sur le toit. 9 Tout le jour m’insultent mes ennemis, ceux qui me louaient par moi maudissent. 10 Oui, la cendre comme le pain je mange, et ma boisson à mon pleur je mêle, 11 devant ta colère et ta fureur, car tu m’as soulevé puis tu m’as rejeté ; 12 mes jours sont comme l’ombre déclinante, et moi comme l’herbe je sèche. 13 Mais toi, Yhwh, tu trônes ; et ta mémoire ! 14 Toi, tu te lèveras, AURAS-PITIÉ de Sion, car il est temps de lui faire-grâce, car est venue l’heure ; 15 car chérissent tes serviteurs ses pierres, et à sa poussière ils feront-grâce. 16 Et les nations CRAINDRONT le nom de Yhwh, et tous les rois de la terre, ta gloire ; 17 quand rebâtira Yhwh Sion, IL SERA VU dans sa gloire ; 18 il se tournera vers la prière du spolié, et point méprisera leur prière. 19 Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer louera Yah 20 car il s’est penché de la hauteur de sa sainteté, Yhwh, des cieux sur terre A REGARDÉ, 21 pour écouter le soupir du captif, pour libérer les fils de la mort, 22 pour qu’on raconte dans Sion le nom de Yhwh, et sa louange dans Jérusalem, 23 quand se joindront les peuples ensemble et les royaumes pour servir Yhwh. 24 Il a brisé sur le chemin ma force ; il a abrégé mes jours. 25 J’ai dit : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours, . 26 Jadis la terre tu as fondé, 27 et l’œuvre de tes mains les cieux ; eux périront, et toi tu restes, et eux-tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés. 28 , ; 29 les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera. 103,1 De David. Bénis, mon âme, Yhwh et tout mon être, son nom de sainteté, n’oublie pas toutes ses rétributions.
2
bénis, mon âme, Yhwh et
3
Lui qui pardonne toutes tes fautes, qui te guérit de toutes tes maladies. 4 Lui qui rachète à la fosse ta vie, qui te couronne de fidélité et de tendresse ; 5 qui rassasie de bien ta durée, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse. 6 Œuvrant les justices Yhwh et les jugements à tous les opprimés, 7 IL FIT-CONNAITRE ses chemins à Moïse, aux fils d’Israël ses hauts-faits. 8 Ayantpitié et miséricordieux Yhwh, lent à la colère et plein de fidélité ; 9 pas jusqu’à la fin il faitprocès, et elle n’est pas pour toujours, il garde-rancune ; 10 pas selon nos péchés il œuvre à nous et pas selon nos fautes il rétribue à nous. 11
Oui, comme la hauteur des cieux sur la terre, fut puissante sa fidélité pour ses CRAIGNANT. Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous nos péchés. 13 Comme A-PITIÉ un père pour ses fils, EUT-PITIÉ Yhwh pour ses CRAIGNANT. 12
14
Oui, lui CONNAIT notre poterie, il se souvient que poussière nous sommes. 15 L’homme comme l’herbe ses jours, comme la fleur des champs ainsi il fleurit ; 16 quand un vent passe sur lui, il n’est plus, et ne le reconnait plus sa place. 17 Mais la fidélité de Yhwh pour ses CRAIGNANT et sa justice pour les fils de leurs fils, 18 pour les gardant son alliance, et les se souvenant de ses préceptes pour les œuvrer. 19 Yhwh dans les cieux a fixé son trône, et sa royauté sur tout domine. 20
Bénissez Yhwh, ses anges, héros de force œuvrant sa parole, pour ÉCOUTER la voix de sa parole. 21 Bénissez Yhwh, toutes ses armées, serviteurs œuvrant sa volonté. 22 Bénissez Yhwh, toutes ses œuvres en tous lieux de son domaine. Bénis Yhwh, mon âme.
186
La cinquième section (Ps 102–106)
INTERPRÉTATION « OUI, MES JOURS S’ACHÈVENT EN FUMÉE » Dans l’angoisse qui lui fait crier sa prière, le psalmiste est obsédé par les étroites limites de sa propre vie. Il est comme « l’herbe » qui fleurit au matin et le soir est déjà fanée. « Mes jours sont comme l’ombre déclinante, et moi comme l’herbe je sèche » (102,12). Sa durée est celle du vase d’argile qui ne tarde pas à retomber en poussière (103,14), celle du vêtement trop vite usé (102,27). La vie de l’homme ne tient qu’à « un souffle » ; qu’il vienne à passer, « il n’est plus » (103,16). Juste avant le déluge, Dieu avait limité la durée de l’existence humaine à cent vingt ans (Gn 6,3) ; mais bien peu y arrivent. Et le psalmiste se plaint que le Seigneur « a abrégé ses jours », et il le supplie : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours » (102,25). UN « JE » QUI N’EST PAS SEUL Chacun des deux psaumes commence à la première personne du singulier : « Seigneur, entends ma prière » (102,2), « Bénis, mon âme, le Seigneur » (103,1). Dans le premier psaume, tout le premier versant est en « je » avant de passer au pluriel de « Sion » et de ses « serviteurs » (102,14-15) ; dans le psaume suivant, la première personne du psalmiste cède plus vite la place à « tous les opprimés » (103,6), aux « fils d’Israël » (7), au « nous » de la communauté entière (10). « POUR LES FILS DE LEURS FILS » Tout ne s’arrête pas avec la fin de l’individu. Dieu écoutera « le soupir du captif », libérera « les fils de la mort » (102,21). Et les fils de leurs fils ! Le premier psaume s’achève sur cette certitude : « les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera » (29). Et plus tôt : « Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer louera Yah » (19). Le deuxième psaume répond à l’angoisse du premier : alors que le psalmiste craignait de mourir trop jeune, maintenant il a repris confiance : « Il rassasie de bien ta durée, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse » (103,5). Et la vie continue : « La fidélité du Seigneur de toujours à toujours pour ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils » (103,17). « BÉNISSEZ LE SEIGNEUR, SES ANGES » La fidélité du Seigneur est assurée à toutes les générations « pour ceux qui gardent son alliance et qui se souviennent de ses volontés pour les faire » (103,18). Telle doit être la seule préoccupation de celui qui passe si vite sur la terre. Et c’est pourquoi le psalmiste se tourne en finissant vers les anges, ceux qui « font sa parole », qui la mettent en pratique pour pouvoir l’« écouter », la
La séquence 102–103
187
comprendre vraiment. Ainsi, « toutes les œuvres de Dieu » dont fait partie le psalmiste, dont font partie ses fils et son peuple, au même titre que les anges, tous « serviteurs » du Seigneur, béniront par leurs « œuvres » celui qui les a œuvrés. « Écoutant la voix de sa parole », ils seront sûrs que le Seigneur « écoutera leur prière » (102,2).
II. CHANT POUR LA CRÉATION La deuxième séquence : Ps 104 TEXTE Bénis, mon âme, Yhwh. Yhwh, mon Dieu, tu t’es grandi beaucoup, de faste et éclat tu t’es revêtu, 2 te drapant de lumière comme d’un manteau, déployant les cieux comme une tente. 3 Il bâtit sur les eaux ses chambres-hautes, il met les nuages son char, il va sur les ailes du vent, 4 faisant ses messagers les vents, ses serviteurs feu (et) flamme. 5 Il a posé la terre sur ses bases, elle ne chancellera pas toujours et à jamais. 6 Par l’abime comme d’un habit tu la couvrais, au-dessus des montagnes se tenaient les eaux. 7 À ta menace elles s’enfuient, à la voix de ton tonnerre, elles s’échappent ; 8 montent les montagnes, descendent les vallées vers le lieu que tu as posé pour elles. 9 Une limite tu as mis qu’elles ne passent pas, elles ne reviennent couvrir la terre. 10 Il envoie les sources dans les ravins, au milieu des montagnes elles vont. 11 Elles abreuvent tous les vivants des champs, brisent les onagres leur soif ; 12 près d’elles le volatile des cieux séjourne, du milieu des feuillages ils donnent la voix. 13 Tu abreuves les montagnes de tes chambres-hautes, du fruit de tes œuvres se rassasie la terre. 14 Tu fais-germer l’herbe pour le bétail et la verdure au service de l’adam, pour faire-sortir le pain de la terre 15 et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour faire-luire les faces plus que l’huile et le pain le cœur de l’homme aide. 16 Se rassasient les arbres de Yhwh, les cèdres du Liban lesquels il a plantés ; 17 lesquels là les oiseaux nichent, la cigogne les cyprès sont sa maison. 18 Les montagnes hautes pour les chamois, des rochers sont un abri pour les damans. 19 Il a fait la lune pour les époques, le soleil connait son arrivée. 20 Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, y grouillent tous les vivants des forêts ; 21 les lionceaux rugissent après la proie et pour chercher de Dieu leur manger. 22 Se lève le soleil, ils se retirent et vers leurs repaires ils se couchent ; 23 sort l’adam à son ouvrage et à son service jusques au soir. 24 Que sontnombreuses tes œuvres, Yhwh ! Toutes avec sagesse tu fis, est remplie la terre de ta production. 25 Voici la mer grande et vaste de bras ; là grouillement et point de nombre de vivants petits et grands, 26 là des navires vont-et-viennent, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. 27 Tous vers toi ils espèrent que tu donnes leur manger en son temps ; 28 tu donnes à eux, ils ramassent, tu ouvres la main, ils se rassasient de biens. 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, tu retires leur souffle, ils expirent et vers leur poussière ils retournent. 30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés et tu renouvelles la face du sol. 31 Soit la gloire de Yhwh à jamais, se réjouisse Yhwh en ses œuvres ! 32 Lui qui regarde la terre et elle tremble, il touche les montagnes et elles fument ! 33 Je chanterai à Yhwh dans ma vie, je psalmodierai pour mon Dieu dans ma durée. 34 Que soit douce à lui ma méditation, moi, je me réjouis en Yhwh ! 35 Que disparaissent les pécheurs de la terre et les méchants plus ne durent ! Bénis, mon âme, Yhwh ! Louez Dieu ! 1
V. 4
: « FEU (ET) FLAMME »
En hébreu « feu » est féminin, mais le participe qui le qualifie est au masculin (on pourrait rendre la difficulté par « feu brûlante »)1.
1
Voir Vesco, 955, nt. 1 ; Ravasi, III, 111-112.
190
La cinquième section (Ps 102–106)
COMPOSITION Le corps du psaume comprend trois parties développées, encadrées par deux très courtes parties. LA DEUXIÈME PARTIE (1B-13) Cette partie comprend trois sous-parties (1b-4 ; 5,9 ; 10-13). La première sous-partie (1b-4) + 1b Yhwh, + de faste
mon Dieu, et d’éclat
tu t’es revêtu,
:: 2 te drapant :: déployant
de lumière les cieux
comme d’un manteau, comme une tente.
tu t’es grandi
beaucoup,
······························································································ 3
+ Il bâtit + il met + il va et vient
sur les eaux les nuages sur les ailes
ses chambres-hautes, son char, du vent,
:: 4 faisant :: ses serviteurs
ses messagers un feu
les vents, de flammes.
Les deux segments du premier morceau sont agrafés par les verbes synonymes « tu t’es revêtu » et « te drapant ». Le « faste » et l’« éclat » dont Yhwh s’est revêtu sont la « lumière » et les « cieux » dont il « se drape ». Dans le second morceau, « les eaux » soutiennent sa résidence (3a) ; les « nuages » poussés par les « vents » lui servent de « char » pour se déplacer et de « messagers » (3b-4). À la fin du premier morceau, « tente » semble préparer « chambres-hautes » au début du second morceau. « Un feu de flammes » à la fin de la sous-partie fait écho à « faste et éclat » du début. La deuxième sous-partie (5-9) Les courts morceaux extrêmes se correspondent : « la terre » est assurée, car Dieu l’a posée sur ses bases et parce que les eaux ne reviendront pas la couvrir. Les seconds membres commencent avec un verbe affecté de la négation. Les deux occurrences de « la terre » font inclusion. Le premier segment du morceau central (6) dit l’état primordial de la création, l’abime couvrant la terre et les eaux les montagnes. Suite à l’intervention de Dieu, les eaux fuient (7) et descendent au lieu fixé par lui (8). Aux deux occurrences de « la terre » aux extrémités (5a.9b) semblent correspondre les deux occurrences des « montagnes » dans le morceau central (6b.8a).
Le psaume 104
191
« Couvrir » revient au début du morceau central et à la fin du dernier morceau (6a.9b). + 5 IL A POSÉ – elle ne chancellera pas
LA TERRE
toujours
sur ses bases, et à jamais.
···························································································································· 6
: Par l’abime : au-dessus des MONTAGNES
comme d’un habit se tenaient
les eaux.
: 7 À ta menace : à la voix
elles s’enfuient, de ton tonnerre
elles s’échappent ;
8
: elles montent : vers un lieu
les MONTAGNES, celui-là
,
elles descendent QUE TU AS POSÉ
les vallées pour elles.
···························································································································· 9
+ Une limite – elles ne reviennent pas
tu as mis
qu’elles ne passent pas, LA TERRE.
La troisième sous-partie (10-13) Dans les morceaux extrêmes, les actions de Dieu sont complémentaires : il fait jaillir « les sources » de la terre (10) et fait pleuvoir « depuis ses chambreshautes », c’est-à-dire depuis le ciel (13). Le morceau central est consacré aux animaux qui bénéficient des sources, « bêtes des champs » abreuvées (11) et « volatile des cieux » chantant dans les feuillages qu’elles arrosent (12). « Montagnes » revient dans les morceaux extrêmes, « au milieu » et « du milieu » au début des derniers membres des deux premiers morceaux ( 10b.12b), « abreuver » au début des deux derniers morceaux (11a.13a). + 10 Il envoie + AU MILIEU
les sources DES MONTAGNES
dans les ravins, elles vont.
································································································································
– 11 Elles – brisent
toutes les bêtes les onagres
des champs, leur soif ;
– 12 près d’elles – DU MILIEU
le volatile des feuillages
des cieux ils donnent
séjourne, de la voix.
································································································································ 13
+ Il + du fruit
LES MONTAGNES
de tes œuvres
depuis ses chambres-hautes, se rassasie la terre.
192
La cinquième section (Ps 102–106)
L’ensemble de la première partie (1b-13) 1b 2
Yhwh, mon Dieu, tu t’es grandi beaucoup, te drapant de lumière comme d’un manteau,
de faste et éclat tu t’es revêtu, déployant comme une tente.
································································································································ 3
Il bâtit sur LES EAUX il va-et-vient sur les ailes du vent, 4 FAISANT ses messagers les vents, 5
,
il met les nuages son char, ses serviteurs un feu de flammes.
Il a posé LA TERRE sur ses bases,
elle ne chancellera pas toujours et à jamais.
······························································································································· 6
Par l’abime comme d’un habit tu la couvrais, À ta menace elles s’enfuient, 8 elles montent LES MONTAGNES, vers ce lieu que tu as posé pour elles. 7
au-dessus DES MONTAGNES se tenaient LES EAUX. à LA VOIX de ton tonnerre elles s’échappent ; elles descendent les vallées
······························································································································· 9
10
11
Une limite tu as mis qu’elles ne passent pas,
Il envoie LES SOURCES dans les ravins,
elles ne reviennent pas couvrir LA TERRE. au milieu DES MONTAGNES elles vont.
································································································································
Elles abreuvent toutes les bêtes des champs, 12 près d’elles le volatile séjourne,
brisent les onagres leur soif ; du milieu des feuillages ils donnent LA VOIX.
································································································································ 13
Tu abreuves LES MONTAGNES de
,
du fruit de TES ŒUVRES se rassasie LA TERRE.
Dans la première sous-partie (1b-4), il s’agit des « eaux » d’en haut sur lesquelles Dieu bâtit « ses chambres-hautes » (3) ; la dernière sous-partie (10-13) décrit les eaux d’en bas, celles des « sources » (10) qui « abreuvent » les animaux et la terre. « Cieux » est repris en 2 et 12 ; en finale, « faisant » et « tes œuvres » sont de même racine (4.13). Dans la sous-partie centrale, « la terre » est séparée des « eaux » qui « se tenaient au-dessus des montagnes » (6) et sont contenues à l’intérieur d’une « limite » infranchissable (9). Il n’est question de « terre » que dans les deux dernières sous-parties (5.9 ; 13) ; il en va de même pour « les montagnes » (6.8 ; 10.13), et aussi pour « la voix » (7.12). C’est que la première sous-partie est consacrée uniquement aux « cieux », à sa « lumière », aux « nuages » et aux « vents ».
Le psaume 104
193
LA TROISIÈME PARTIE (14-23) Cette partie comprend deux sous-parties (14-18 ; 19-23). La première sous-partie (14-18) + 14 + et la verdure = pour faire sortir
l’herbe au service LE PAIN
de l’adam, de la terre ;
+ 15 et le vin + pour faire-luire = et LE PAIN
qui réjouit les faces le cœur
le cœur plus que l’huile de l’homme
de l’homme, aide.
······························································································································ 16
+ Se rassasient + les cèdres – –
17
les arbres du Liban
de Yhwh, lesquels
les cyprès
nichent, (sont) sa maison.
lesquels là
– 18 Les montagnes – des rochers (sont)
hautes un abri
,
, .
Les deux trimembres du premier morceau sont parallèles : aux végétaux pour animaux et humains (14ab) correspondent « le vin » et « l’huile » pour « l’homme » (15ab) ; les troisièmes membres concernent « le pain ». Des végétaux pour ainsi dire à taille humaine du premier morceau (« herbe », « verdure », vigne et olivier), le deuxième morceau passe aux arbres immenses2, dont « les cèdres » sont l’emblème classique (16). « Les oiseaux », dont « la cigogne » y habitent et « nichent » (17) ; s’y ajoutent naturellement « montagnes » et « rochers » pour « chamois » et « damans » (18), qui se trouvent dans les régions élevées où poussent les cèdres. Les deux morceaux se correspondent, les petits végétaux de l’un servant à nourrir « le bétail » et « l’homme », les grands pour les « oiseaux » et pour « chamois » et « damans » ; Yhwh « fait germer » les premiers (14a), « il a planté » les seconds (16b). À « la terre » où poussent les uns (14c) correspondent « montagnes » et « rochers » qui abritent les autres (18). Le premier morceau est consacré essentiellement à « l’adam », « l’homme » — qui fait partie du règne animal (14a) —, le second aux bêtes, volatiles (17) et mammifères (18).
2 L’expression « les arbres de Yhwh » est une sorte de superlatif ; ainsi de « une frayeur de Yhwh » (1S 11,7) ; voir Ravasi, III, 119.
194
La cinquième section (Ps 102–106)
La deuxième sous-partie (19-23) :: 19 Il a fait :: LE SOLEIL
la lune connait
pour les époques, son arrivée.
:: 20 Tu poses + y grouillent
la ténèbre tous les animaux
et c’est des forêts.
+ 21 Les lionceaux + et pour chercher
rugissent de Dieu
après la proie leur manger.
la nuit,
·············································································································· LE SOLEIL, ils se retirent
– 22 Se lève – et vers 23
+ sort + et à son service
leurs repaires
ils se couchent ;
l’adam jusques
à son ouvrage au soir.
Le premier morceau traite de la nuit, le second du jour. Dans le premier segment du premier morceau, « le soleil connait » la venue de la nuit3. Le second segment assure le passage vers le troisième segment : son premier membre renvoie au segment précédent, avec « la nuit » où règne « la lune », son second membre annonce le segment suivant où, parmi « les animaux », « les lionceaux » cherchent leur nourriture. Le deuxième morceau oppose ce que font les animaux depuis le lever du soleil (22) et ce que fait « l’adam », « jusqu’au soir ». « Soleil » revient au début de chaque morceau. L’ensemble de la troisième partie (14-23) 14 Il fait-germer l’herbe pour le bétail pour faire-sortir LE PAIN de la terre 15 et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, et LE PAIN le cœur de l’homme aide. 16
et la verdure AU SERVICE de l’adam, pour faire-luire les faces plus que l’huile
·························································································································
Se rassasient les arbres de YHWH, 17 lesquels là les oiseaux nichent, 18 Les montagnes hautes pour les chamois,
les cèdres du Liban lesquels il a plantés ; la cigogne les cyprès sont sa maison. des rochers sont un abri pour les damans.
19
le soleil connait son arrivée. y grouillent tous les animaux des forêts ; et pour réclamer à DIEU LEUR MANGER.
Il a fait la lune pour les époques, Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, 21 les lionceaux rugissent après la proie 20
22
·························································································································
Se lève le soleil, ils se retirent 23 sort l’adam à son ouvrage,
et vers leurs repaires ils se couchent ; et À SON SERVICE jusques au soir.
3 Le pronom de « son arrivée » est féminin comme « la lune », « le soleil » étant masculin en hébreu.
Le psaume 104
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Chacun des deux morceaux traite à la fois des animaux — « le bétail » (14a), « les oiseaux » et « la cigogne » (17), « les chamois » et « les damans » (18), « les animaux » et « les lionceaux » (20-21) — et des humains — « l’adam » (14.23, faisant inclusion), « l’homme » (15a.15b), sans oublier les végétaux — « herbe » et « verdure » (14), vigne et oliviers (15), « arbres » et « cèdres » (16), « cyprès » (17), et « forêts » (20). Tous reçoivent leur nourriture, « l’herbe » pour « le bétail » (14), « le pain » pour « l’homme » (14b.15b), « le manger » pour les animaux sauvages (21), et même « les arbres » et « les cèdres » qui « se rassasient » (16). Le nom de Dieu revient une seule fois dans chaque partie (16.21) ; chaque partie contient deux verbes dont Dieu est le sujet : « il fait-germer » et « il a plantés » (14.16), « il a fait » et « tu poses » (19.20). Les deux occurrences de « service » comme celles de « l’adam » font inclussion pour l’ensemble de la partie (14.23). LA QUATRIÈME PARTIE (24-35) Cette partie comprend trois sous-parties (24-26 ; 27-30 ; 31-35). La première sous-partie (24-26) + 24 Que sont-nombreuses TES ŒUVRES, + Toutes avec sagesse + est remplie + de ta production.
Yhwh ! TU FIS ;
la terre
········································································································
– 25 Voici – et vaste
la mer de bras :
: là : de vivants
grouillement petits
et point et ,
: 26 là : Léviathan
des navires celui que TU FORMAS
vont-et-viennent, pour t’en rire.
de nombre,
Dans le premier segment, « œuvres » et « tu fis » sont de même racine. À la fin du second segment, « production » est un synonyme de « tes œuvres »4. Alors que le premier morceau parle de « la terre », le second traite de « la mer » (25a). Commençant par « là », les deux derniers segments montrent d’abord le « grouillement » des « vivants » qui l’habitent (25cd), puis « les navires » et « Léviathan » (26). « Tu formas » de la fin (26b) renvoie à « tes œuvres » et « tu fis » du début (24b). 4
La division massorétique du verset 24 a été respectée.
196
La cinquième section (Ps 102–106)
La deuxième sous-partie (27-30) – 27 Tous – que tu donnes
vers toi leur manger
ils espèrent en son temps ;
+ 28 tu donnes + tu ouvres
à eux, la main,
ils ramassent, ils se rassasient
de bien.
···········································································································
– 29 Tu caches – tu retires – et vers
ta , leur souffle, leur poussière
ils s’épouvantent, ils expirent ils retournent ;
+ 30 tu envoies + et tu renouvelles
ton souffle, la
ils sont créés du sol.
Dans le premier morceau, l’espérance de tous les vivants (27) est comblée par le Seigneur (28) ; les deux occurrences de « donner » agrafent les deux segments. Le deuxième morceau met en série deux actions de Dieu, qui retire « le souffle » aux vivants (29) mais qui le donne à d’autres, et ainsi « renouvelle » sa création. « Face » se trouve en même position dans les membres extrêmes (29a.30b). Dans les deux morceaux, les verbes dont Dieu est le sujet se trouvent au début des membres, ceux qui ont les créatures pour sujet se trouvent à la fin. La troisième sous-partie (31-35) + 31 Soit + SE RÉJOUISSE
la gloire YHWH
de YHWH en ses œuvres !
– 32 Lui qui regarde – il touche
les montagnes
et elle tremble, et elles fument !
à jamais,
······················································································ à YHWH dans ma vie,
- 33 Je chanterai - je psalmodierai
pour MON DIEU dans ma durée. ······················································································
+ 34 Que soit douce + moi,
à lui JE ME RÉJOUIS
ma méditation, en YHWH !
– 35 Que disparaissent – et les méchants
les pécheurs plus
ne durent !
de
Dans le premier morceau, « la gloire » et la joie de « Yhwh » (31) s’oppose à la crainte qui fait trembler « la terre » et fumer « les montagnes » sous son regard (32).
Le psaume 104
197
Dans le dernier morceau, la joie que le psalmiste trouve en « Yhwh » (34) s’oppose à son souhait que « les pécheurs » et « les méchants » « disparaissent » (35). Dans le morceau central, le psalmiste promet de louer le Seigneur tant qu’il vivra (33). Les morceaux extrêmes se correspondent en parallèle : de même que la joie du Seigneur fait trembler « la terre », ainsi la joie du psalmiste est liée à la disparition des « pécheurs » de « la terre ». Les noms divins reviennent deux fois dans chacun des deux premiers morceaux, une seule fois dans le dernier. « Dans ma vie » et « dans ma durée » au centre (33), ainsi que « plus ne durent » de la fin (35b), s’opposent à « à jamais » du début (31a)5. L’ensemble de la quatrième partie (24-35) 24 Que sont-nombreuses TES ŒUVRES, YHWH ! est remplie LA TERRE
Toutes avec sagesse TU FIS ; de ta production.
····················································································································· 25
Voici la mer grande là grouillement et point de nombre 26 là des navires vont-et-viennent, 27 28
et vaste de bras ; de petits et grands, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire.
Tous vers toi ils espèrent tu donnes à eux, ils ramassent,
que tu donnes leur manger en son temps ; tu ouvres la main, ils se rassasient de bien.
···························································································································· 29
Tu caches ta face, ils s’épouvantent, et vers leur poussière ils retournent. 30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés 31 32
Soit la gloire de YHWH à jamais, Lui qui regarde LA TERRE et elle tremble,
tu retires leur souffle, ils expirent et tu renouvelles la face du sol. se réjouisse YHWH en SES ŒUVRES ! il touche les montagnes et elles fument !
·······························································································································
33 34 35
Je chanterai à YHWH dans
,
je psalmodierai pour MON DIEU dans ma durée.
·······························································································································
Que soit douce à lui ma méditation, Que disparaissent les pécheurs de LA TERRE
moi, je me réjouis en YHWH ! et les méchants plus ne durent !
Les sous-parties extrêmes se correspondent : elles commencent avec le nom de « Yhwh » et « œuvres » / « tu fis » (24.31) et continuent avec « la terre » (24b.32). « Ma vie » (33) rappelle « vivants » (25b). La sous-partie centrale n’a aucun lexique commun avec les deux autres. Toutefois, « dans ma vie » et « dans ma durée » au centre de la dernière souspartie (33) rappelle la limite que Dieu pose à la durée des vivants quand il « retire leur souffle » (29). 5 Avec « dans ma durée » et « plus ne durent », on a voulu rendre le jeu de mots entre, littéralement, « dans mon encore » (be‘ôdî) et « encore ne sont plus » (‘ôd ’ênām).
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La cinquième section (Ps 102–106)
L’ENSEMBLE DU PSAUME Les rapports entre la deuxième et l’avant-dernière partie 1b
YHWH, MON DIEU, tu t’es grandi beaucoup, te drapant de lumière comme d’un manteau, 3 Il bâtit sur les eaux ses chambres-hautes, IL VA sur les ailes du vent, 4 FAISANT ses messagers les vents, 2
5
Il a posé sur ses bases, Par l’abime comme d’un habit tu la couvrais, 7 À ta menace elles s’enfuient, 8 montent , descendent les vallées 9 Une limite tu as mis qu’elles ne passent pas, 6
10
IL ENVOIE les sources dans les ravins, Elles abreuvent tous LES VIVANTS des champs, 12 près d’elles le volatile des cieux séjourne, 13 Tu abreuves de tes chambres-hautes, 11
de faste et éclat tu t’es revêtu, déployant les cieux comme une tente. il met les nuages son char, ses serviteurs un feu de flammes. elle ne chancellera pas . au-dessus se tenaient les eaux. à la voix de ton tonnerre, elles s’échappent ; vers le lieu que tu as posé pour elles. elles ne reviennent couvrir . au milieu ELLES VONT. brisent les onagres leur soif ; du milieu des feuillages ils donnent la voix. du fruit de TES ŒUVRES SE RASSASIE .
[...] 24
Que sont-nombreuses TES ŒUVRES, YHWH ! est remplie 25 Voici la mer grande là grouillement et point de nombre 26 là des navires VONT, 27
Tous de toi ils espèrent tu donnes à eux, ils ramassent, 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, et vers leur poussière ils retournent. 30 TU ENVOIES ton souffle, ils sont créés 28
31
, Soit la gloire de YHWH Il regarde et elle tremble, 33 Je chanterai à YHWH dans MA VIE, 34 Que soit douce à lui ma méditation, 35 Que disparaissent les pécheurs de 32
Toutes avec sagesse TU FIS, de ta production. et vaste de bras ; DE VIVANTS petits et grands, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. que tu donnes leur manger en son temps ; tu ouvres la main, ILS SE RASSASIENT de bien. tu retires leur souffle, ils expirent, et tu renouvelles la face du sol. se réjouisse YHWH en SES ŒUVRES ! il touche et elles fument ! je psalmodierai pour MON DIEU dans ma durée. moi, je me réjouis en YHWH ! et les méchants plus ne durent !
Le psaume 104
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– Les termes de la même racine, « faire » et « œuvres », marquent la fin des sous-parties extrêmes de la deuxième partie (4.13) et le début des parties extrêmes de l’avant-dernière sous-partie (24bis.31) ; – les deux seules occurrences de « mon Dieu » se trouvent au début de la deuxième partie (1b) et presqu’à la fin de l’avant-dernière (33), faisant ainsi inclusion pour l’ensemble du psaume ; – les termes de la même racine, « grandir », « grand » se trouvent dans les premières sous-parties (1b.25bis) ; – les termes de la même racine, « vivants » et « vie » sont repris en 11 et 25.33 ; – « la terre » revient trois fois dans chaque partie (5.9.13 ; 24b.32.35) ; – « montagnes » revient quatre fois dans la deuxième partie (6.8.10.13) et une seule fois dans l’avant-dernière (32) ; – « aller » revient en 3b.10 et 26 ; – « envoyer » de 10 est repris en 30 ; – « se rassasier » revient en 13 et 28 ; – à « toujours et à jamais » de 5 répond « à jamais » de 31. « La mer » dont parle la première sous-partie de l’avant-dernière partie (2526) est « le lieu » où le Seigneur avait confiné les eaux dans la sous-partie centrale de la deuxième partie (7-9). Alors que la deuxième partie rapporte les œuvres que Dieu accomplit à l’origine, quand il fit « la lumière » (2), qu’il sépara les eaux d’en haut et celles d’en bas (5-9), et qu’il fit jaillir les sources pour animaux et oiseaux (10-13), l’avant-dernière partie contemple le temps présent quand elle décrit la mer grouillante et sillonnée par les navires (25-26), quand elle montre Dieu nourrissant les vivants (27-28), mais aussi le temps de la fin des vivants (29) et du renouvellement des générations (30), celui de la louange joyeuse du psalmiste, bien qu’elle soit limitée à la durée de son existence.
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La cinquième section (Ps 102–106)
Les rapports entre la partie centrale et le reste du psaume 104,1 Bénis, mon âme, Yhwh. Yhwh, mon Dieu, tu t’es grandi beaucoup, 2 te drapant de lumière comme d’un manteau, 3 Il bâtit sur les eaux ses chambres-hautes, il va sur les ailes du vent, 4 FAISANT ses messagers les vents, 5
Il a posé LA TERRE sur ses bases, Par l’abime comme d’un habit tu la couvrais, 7 À ta menace elles s’enfuient, 8 montent , descendent les vallées 9 Une limite tu as mis qu’elles ne passent pas, 6
10
Il envoie les sources dans les ravins, Elles abreuvent tous LES VIVANTS des champs, 12 près d’elles le volatile des cieux séjourne, 13 Tu abreuves de tes chambres-hautes, 11
de faste et éclat tu t’es revêtu, déployant les cieux comme une tente. il met les nuages son char, ses serviteurs un feu de flammes. elle ne chancellera pas toujours et à jamais. au-dessus des se tenaient les eaux. à la voix de ton tonnerre, elles s’échappent ; vers le lieu que tu as posé pour elles. elles ne reviennent couvrir LA TERRE. au milieu elles vont. brisent les onagres leur soif ; du milieu des feuillages ils donnent la voix. du fruit de TES ŒUVRES SE RASSASIE LA TERRE.
14 Tu fais-germer l’herbe pour le bétail pour faire-sortir le pain de LA TERRE 15 et le vin qui RÉJOUIT le cœur de l’homme, et le pain le cœur de l’homme aide. 16 SE RASSASIENT les arbres de Yhwh, 17 lesquels là les oiseaux nichent, 18 hautes pour les chamois,
et la verdure au service de l’adam,
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le soleil connait son arrivée. y grouillent tous LES VIVANTS des forêts ; et pour chercher de Dieu LEUR MANGER. et vers leurs repaires ils se couchent ; et à son service jusques au soir.
IL A FAIT la lune pour les époques, Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, 21 les lionceaux rugissent après la proie 22 Se lève le soleil, ils se retirent 23 sort l’adam à son ouvrage 20
24
Que sont-nombreuses TES ŒUVRES, Yhwh ! est remplie LA TERRE 25 Voici la mer grande là grouillement et point de nombre 26 là des navires vont, 27
Tous vers toi ils espèrent tu donnes à eux, ils ramassent, 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, et vers leur poussière ils retournent. 30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés 28
31
Soit la gloire de Yhwh à jamais, Lui qui regarde LA TERRE et elle tremble, 33 Je chanterai à Yhwh dans MA VIE, 34 Que plaise à lui ma méditation, 35 Que disparaissent les pécheurs de LA TERRE
32
Bénis, mon âme, Yhwh !
pour faire-luire les faces plus que l’huile les cèdres du Liban lesquels il a plantés ; la cigogne, les cyprès sont sa maison. des rochers sont un abri pour les damans.
Toutes avec sagesse TU FIS, de ta production. et vaste de bras ; DE VIVANTS petits et grands, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. que tu donnes LEUR MANGER en son temps ; tu ouvres la main, ILS SE RASSASIENT de biens. tu retires leur souffle, ils expirent et tu renouvelles la face du sol. SE RÉJOUISSE Yhwh en SES ŒUVRES ! il touche et elles fument ! je psalmodierai pour mon Dieu dans ma durée. moi, JE ME RÉJOUIS en Yhwh ! et les méchants plus ne durent !
Louez Dieu !
Le psaume 104
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La partie centrale a en commun avec celles qui l’encadrent : – « œuvres » et « faire » qui sont de même racine (4.13 ; 19 ; 24bis.31) ; – « la terre » (5.9 ; 14b ; 24b.32.35) ; – « les montagnes » (6.8.10.13 ; 18 ; 32) ; – « les vivants » et « la vie » (11 ; 20 ; 25b.33) ; – « se rassasier » (13 ; 16 ; 28) ; – « grouiller » et « grouillement » (20 ; 25b) – « leur manger » (21 ; 27) ; – « (se) réjouir » (15 ; 31.34) ; – à « l’adam » (14.23) correspond la « adama » (« le sol », 30). Comme une ligne de partage des eaux, la limite entre les deux versants du psaume marque, plus qu’un tournant, un basculement. Alors que jusque-là tout était stable, « toujours et à jamais » (5), au début du deuxième versant apparait « la lune » qui marque « les époques » (19). Après « la nuit » (20), vient le jour quand « se lève le soleil » (22), « jusqu’au soir » (23). Ce sera ensuite le « temps » espéré de la nourriture (27), et celui d’expirer et de retourner vers « la poussière » (29), puis du renouvellement d’une autre génération. La « gloire » du Seigneur « à jamais » se conjugue avec la louange limitée au temps de « ma vie » et de « ma durée ». Et tout s’achève sur l’image des pécheurs qui « plus n’existent ». CONTEXTE LE PREMIER RÉCIT DE LA CRÉATION (GN 1) D’un genre tout différent du premier récit de la création, le psaume en suit néanmoins les étapes, presque dans le même ordre : – « la lumière » (Ps 104,2 ; le premier jour en Gn 1,3), – la séparation des eaux d’en haut et de celles d’en bas (Ps 104,5-9 ; le troisième jour en Gn 1,9-10) – et la création des végétaux (Ps 104,14-18 ; toujours le troisième jour en Gn 1,11-12), – les poissons et les oiseaux (Ps 104,10-18 ; le cinquième jour en Gn 1,20-23), – la lune et le soleil (Ps 104,19-23 ; le quatrième jour en Gn 1,14-19), – le don de la nourriture (Ps 104,27-28 ; le sixième jour en Gn 29-31). Cependant, les animaux des champs et les oiseaux peuplent les abords des « sources » (11-12), avant même l’apparition des végétaux (14-18), en somme dès le troisième jour. L’ARBRE DE VIE (LC 13,17-21) L’image des oiseaux qui nichent dans « les arbres de Dieu » sera reprise dans l’évangile, au centre de la parabole double du grain de moutarde et du
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La cinquième section (Ps 102–106)
levain (voir p. 143). Les deux comparaisons qui illustrent la fécondité du règne de Dieu sont redoublées par l’image centrale des oiseaux qui nichent pour transmettre la vie6. NOTRE PÈRE De même que toute la partie centrale du psaume est marquée par « le pain » (14-15) et « le manger » (21), ainsi le Notre Père est focalisé sur la demande du pain7. INTERPRÉTATION8 « QUE LUI PLAISE MA MÉDITATION » Le terme utilisé par le psalmiste peut signifier « méditation » (Ps 119,97), mais aussi « plainte » (1S 1,16 ; Jb 7,13 ; 10,1) ; certains le traduisent par « poème »9, d’autres par un terme neutre, « langage »10. « Plainte » devrait être écarté si l’on considère le second membre du segment : « Que lui plaise ma méditation, moi, je me réjouis en Yhwh ! », la joie n’étant guère compatible avec la plainte. Le psalmiste ne venait-il pas de promettre : « Je chanterai à Yhwh dans ma vie, je psalmodierai pour mon Dieu dans ma durée » ? Le ton n’est certainement pas d’une complainte, puisque le psaume, solidement encadré par « Bénis, mon âme, Yhwh », commence par un cri d’admiration : « Yhwh mon Dieu, tu t’es grandi beaucoup ! » (1b) à quoi fera écho : « Que sont nombreuses tes œuvres, Yhwh ! Toutes avec sagesse tu les fis ! » (24). « DANS MA DURÉE » Le poème est donc une méditation franchement admirative. Et pourtant, cette méditation laisse dans la bouche un léger arrière-goût, non pas certes d’amertume, mais de résignation, d’acceptation tranquille. Le chant finira un jour ou l’autre, la psalmodie ne manquera pas de s’éteindre (33). Il est vrai que la création qu’avec le psalmiste chacun peut contempler au présent grouille de « vivants », ceux « des champs » (11), ceux « des forêts » (20), ceux « de la mer grande » (25). Toutefois, cette insistance même ne saurait dissimuler que la vie est inexorablement marquée par son terme. Tous ces vivants, « l’adam » (14.23) comme les « onagres » (11) et « la cigogne » (17), retourneront « vers leur poussière » quand Dieu « retirera leur souffle » (29). 6 Voir le commentaire de la parabole dans R. MEYNET, L’Évangile de Luc, 2007, 580-585 ; 2011, 584-588. 7 Voir R. MEYNET, « La composition du Notre Père » ; ID., Le fait synoptique reconsidéré, 159-177. 8 Voir P. BEAUCHAMP, Psaumes nuit et jour, 170-177. 9 Ravasi, III, 128 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 418.435 ; ainsi la TOB. 10 BJ, Dhorme.
Le psaume 104
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MANGER ET SE RASSASIER Les « vivants » doivent manger pour subsister : « le pain » pour « l’homme » (14-15), « la proie » pour « les lionceaux » (21), « le bien » pour « tous » (2728). L’obstination que le psalmiste manifeste à revenir sans cesse sur la nourriture, toujours reçue de Dieu, et non seulement sur « le manger » mais, qui plus est, sur le rassasiement (13.16.28), est sans doute une autre façon de laisser entendre combien la vie est fragile, suspendue chaque jour à une nourriture qui ne peut le rassasier que de manière provisoire et toujours à répéter. LA LUNE ET LE SOLEIL, LES NUITS ET LES JOURS Le premier versant du psaume s’achève sur le don de la nourriture — évidemment quotidienne —, du « pain » et du « vin », et même sur l’image des « arbres de Dieu » qui sont rassasiés pour abriter les oiseaux (14-18). Ainsi est préparé le second versant qui commence avec « la lune » et « le soleil » qui président à l’alternance des jours et des nuits. Ainsi, nuit après nuit, « les lionceaux » retournent à la recherche de leur proie, et l’homme revient, jour après jour, à son travail, toujours à reprendre (19-23). « En son temps », Dieu leur donne « leur manger » qu’ils ne cessent de lui réclamer, pour s’en rassasier (2728). Jusqu’au jour qui n’aura pas de lendemain, quand Dieu retirera « leur souffle » (29). « TU RETIRES TON SOUFFLE »... « TU ENVOIES TON SOUFFLE » Le Seigneur a planté ses arbres pour que les oiseaux aillent y « nicher ». C’est ainsi qu’il les rassasie (16-17). C’est ainsi que la cigogne et ses congénères préparent les nouvelles générations qui, un jour, les remplaceront. « Les arbres de Yhwh » deviennent les arbres de la vie. Il en va de même de tous les autres « vivants » : à peine Dieu leur a-t-il retiré le souffle (29) qu’il l’envoie à d’autres, renouvelant ainsi la face de la terre (30). Le fait que le verbe « créer » ait été réservé à cet acte souligne l’importance que lui reconnait le psalmiste. Sa propre vie ne disparait pas, elle est transmise à la génération suivante. « IL RÉJOUIT LE CŒUR DE L’HOMME » Dieu ne fait pas sortir de la terre seulement le pain. Si le pain rassasie l’homme, « le vin réjouit son cœur » (15). L’ivresse que le vin procure annonce celle qui « réjouit » aussi bien le Seigneur que l’homme (31.34). Le psalmiste ne se réjouit pas en sa « méditation », mais « en Yhwh » ; quant au créateur, il se réjouit « en ses œuvres », dont la plus belle est « l’adam » qu’il a créé « à son image ». La joie de l’homme est celle de Dieu. La « gloire » de Yhwh est « à jamais », ainsi que la joie qu’il trouve « en ses œuvres » (31). C’est pour le Seigneur son Dieu que le psalmiste veut chanter et psalmodier (33), c’est « en Yhwh » qu’il se réjouit (34). Une telle assurance, tranquille et joyeuse, peut
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La cinquième section (Ps 102–106)
laisser présager un temps où l’on aura découvert que le chant et la joie passeront la « durée » de l’homme. LES PÉCHEURS ET LES MÉCHANTS Surviennent inopinément, juste avant la bénédiction finale, « pécheurs » et « méchants » dont il n’avait pas été question jusque-là. Cette chute du poème surprend et gêne. Il ne semble pas, cependant, que le psalmiste souhaite leur mise à mort, mais, simplement, qu’ils « disparaissent », c’est-à-dire qu’il n’y en ait plus. Il faut aussi noter que, si le nom des « pécheurs » et des « méchants » n’avait jamais été mentionné auparavant, d’autres créatures menaçantes étaient apparues. C’étaient d’abord « les eaux » qui avaient dû fuir devant le Seigneur et renoncer à « couvrir la terre » (5-9). Et puis « Léviathan », le monstre marin, dont Dieu se contente de rire (26). Toutefois, ces ennemis ne sont pas destinés à « disparaitre », mais seulement à être dominés et contenus. Il n’est pas interdit de penser qu’il puisse en aller de même pour le mal qui cherche à dominer les hommes. LE DERNIER MOT « Pécheurs » et « méchants » n’ont tout de même pas le dernier mot. Ni le premier du reste ! La méditation du psalmiste est clairement encadrée par son invitation à bénir et louer Dieu. C’est d’abord lui-même, son « âme », qu’il encourage, pour ainsi dire, à bénir le Seigneur, par deux fois, avant de commencer son poème et après l’avoir achevé. Cependant, il ne s’arrête pas là ; il s’adresse, pour finir, à tous. Tous ses contemporains, sont invités à louer Yah, mais aussi, puisqu’il devra bientôt « expirer », à toutes les générations qui seront « créées » après lui, toutes celles qui reprendront sa méditation à leur compte, durant le temps de leur vie.
III. LE SEIGNEUR A PROTÉGÉ SON PEUPLE CONTRE SES ENNEMIS La troisième séquence : Ps 105–106 1. LE PSAUME 105 TEXTE Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; chantez-le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 3 Louez-vous du nom de sa sainteté, se réjouisse le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 rappelez-vous les merveilles qu’il a faites, ses prodiges et les jugements de sa bouche. 6 Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses élus, 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre ses jugements. 8 Il se rappelle à jamais son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 laquelle il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël alliance à jamais, 11 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de votre héritage. » 12 Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ils allaient de nation en nation, d’un royaume à un peuple autre, 14 il ne laissa pas un adam les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. » 16 Et il appela la famine sur la terre, tout bâton de pain il brisa. 17 Il envoya devant eux un homme, comme esclave fut vendu Joseph ; 18 ils affligèrent d’entraves son pied, le fer vint à sa gorge, 19 jusqu’au temps où vint sa parole, le dire de Yhwh le justifia. 20 Le roi envoya et l’élargit, le maitre des peuples il lui ouvrit ; 21 il l’établit seigneur sur sa maison et maitre sur toute sa richesse, 22 pour instruire ses princes par sa gorge et de ses anciens il fit des sages. 23 Et vint Israël en Égypte et Jacob séjourna en terre de Cham ; 24 il fit croitre son peuple abondamment, le fortifia plus que ses adversaires. 25 Il changea leur cœur pour haïr son peuple, pour ruser avec ses serviteurs. 26 Il envoya Moïse son serviteur, Aaron lequel il avait élu ; 27 ils mirent chez eux les paroles de ses signes et des prodiges en terre de Cham. 28 Il envoya la ténèbre et enténébra, mais point bravèrent ses ordres ; 29 il changea leurs eaux en sang et fit mourir leurs poissons ; 30 grouilla leur terre de grenouilles dans les chambres de leurs rois. 31 Il dit, et vinrent les insectes, les moustiques sur toute la contrée, 32 il donna leur pluie la grêle, flammes de feu sur leur terre ; 33 et il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. 34 Il dit, et vinrent les sauterelles, et les criquets et pas de nombre, 35 et ils mangèrent toute herbe en leur terre et ils mangèrent le fruit de leur sol ; 36 et il frappa tout premier-né en leur terre, prémices de toute leur vigueur. 37 Et il les fit sortir avec or et argent, et personne dans leurs tribus ne trébucha ; 38 se réjouit l’Égypte de leur sortie, car tombait leur terreur sur eux. 39 Il déploya une nuée en couverture et un feu pour éclairer de nuit. 40 Ils demandèrent, et il fit venir les cailles, et du pain des cieux il les rassasia ; 41 il ouvrit le rocher, et jaillirent les eaux, elles allèrent dans le lieu-sec en fleuve. 42 Oui, il s’est rappelé la parole de sa sainteté à Abraham son serviteur. 43 Et il fit sortir son peuple dans l’allégresse, parmi les cris-de-joie, ses élus ; 44 et il donna à eux les terres des nations et du labeur des pays ils héritèrent, 45 en sorte qu’ils gardent ses préceptes et que ses lois ils observent. Louez Yah ! 1 2
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La cinquième section (Ps 102–106)
V. 16 « TOUT BÂTON DE PAIN IL BRISA
»
Diverses interprétations ont été avancées pour expliquer l’étrange expression « le bâton de pain » : le fléau du battage, la pelle pour sortir le pain du four, le bâton sur lequel on enfilait les pains1. On peut comprendre : « toute réserve » (comme en Lv 26,26 ; Is 3,1). V. 22
: « POUR INSTRUIRE SES PRINCES PAR SA GORGE »
L’hébreu a « pour lier » « à son âme » ; appuyé sur le parallélisme des deux membres, le choix des anciennes versions, « pour instruire », semble préférable. V. 27
: « ILS ONT PLACÉ »
Le sujet est « Moïse » et « Aaron » du verset précédent. La Septante met le verbe au singulier, comprenant que son sujet est le Seigneur. V. 40
: « ILS DEMANDÈRENT, ET IL FIT VENIR LES CAILLES »
Le texte massorétique met le premier verbe au singulier. Les anciennes versions l’ont interprété comme un collectif en le mettant au pluriel. COMPOSITION À une longue partie introductive (1-5) répond une très courte conclusion (45c). Le corps du psaume comprend sept parties organisées de manière concentrique. L’INTRODUCTION (1-5) +1 +
à YHWH, chez les peuples
+2 +
– –
-le,
SON NOM,
ses hauts-faits ;
à lui, toutes
SES MERVEILLES. ········································································································· :3 DU NOM de sa sainteté, : le cœur YHWH ! ········································································································· 4 YHWH et sa force, 5
– – ses prodiges
1
sa face
constamment ;
LES MERVEILLES
qu’il a faites, de sa bouche.
et les jugements
Voir Ravasi, III, 151.
Le psaume 105
207
Dans le premier morceau, les premiers membres des deux segments comprennent chacun deux impératifs qui invitent à la louange de Dieu, tandis que les deuxièmes membres, qui ne comptent qu’un seul impératif, appellent à proclamer « chez les peuples » ce qu’il a fait. Dans le troisième morceau, le premier segment concerne le Seigneur luimême, « sa force » et « sa face », le deuxième segment ses actions. Ainsi, le premier segment correspond aux premiers membres des segments du premier morceau, et le deuxième segment aux seconds membres. « Merveilles » revient en 2b et 5a. Le segment central assure le passage entre les deux autres morceaux : « nom » du premier membre était déjà utilisé au début du premier morceau (1a), « les cherchant » annonce « cherchez » dans le troisième morceau (4b). LA PREMIÈRE PARTIE (6-11) :: 6 Semence :: fils
d’ABRAHAM de JACOB
son serviteur, ses élus,
+ 7 lui + sur toute
(est) Yhwh
notre Dieu, ses jugements.
·················································································································· 8
- Il se rappelle - parole 9
- laquelle - et son serment
À JAMAIS qu’il ordonna
SON ALLIANCE,
il conclut à ISAAC.
avec ABRAHAM,
pour mille
générations,
·················································································································· 10
- Et il l’érigea - pour ISRAËL
pour JACOB
- « À toi - part
je donne de votre héritage. »
ALLIANCE
en loi, À JAMAIS,
11
disant :
de Canaan,
Dans le premier morceau, le psalmiste interpelle les descendants d’Abraham et de Jacob (6), dont il fait partie, pour leur rappeler que leur Dieu gouverne « toute la terre » (7). Les deux morceaux suivants sont consacrés à « l’alliance » conclue d’abord avec « Abraham » et son fils « Isaac » (8-9), puis avec le petitfils d’Abraham, « Jacob – Israël ». Cette alliance confirmée avec les trois patriarches est conclue « à jamais » (8a.10b), « pour mille générations » (8b). Le dernier segment donne le contenu de la promesse, « l’héritage » de « la terre de Canaan ».
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La cinquième section (Ps 102–106)
LA DEUXIÈME PARTIE (12-16) : 12 Tant qu’ils étaient : très peu
en petit et étrangers
nombre, en elle
: 13 et qu’ils allaient : d’un royaume
de nation à un peuple
en nation, autre,
+ 14 il ne laissa pas :: et il châtia
un adam à cause d’eux
les opprimer des rois.
······································································································ 15
+ « Ne touchez pas + et à mes prophètes
à mes oints ne-faites-pas-de-mal. »
:: 16 Et il appela :: tout bâton
la famine de pain
sur la terre, il brisa.
Le premier morceau ne forme qu’une seule phrase. Durant la période nomade du peuple limité d’Israël se déplaçant parmi les autres peuples sédentaires (1213), le Seigneur les protégea contre leurs agresseurs (14). Le second morceau développe le dernier segment du premier morceau. Son premier segment (15) correspond à 14a : Dieu interdit à quiconque (« un adam ») d’opprimer ceux qu’il considère comme ses « oints » et « prophètes ». Quant au dernier segment (16), l’action de Dieu qui « brisa » « tout bâton de pain » correspond au châtiment imposé aux rois (14b). LA TROISIÈME PARTIE (17-22) – 17 IL ENVOYA – comme esclave
devant eux fut vendu
un homme, Joseph ;
– 18 ils affligèrent – le fer
d’entraves vint
son pied, À SA GORGE,
= 19 jusqu’au temps = le dire
où vint de Yhwh
sa parole, le justifia.
·························································································· 20
+ IL ENVOYA + le maitre
le roi des peuples
et l’élargit, et il lui ouvrit ;
+ 21 il l’établit + et maitre
seigneur sur toute
sur sa maison sa richesse,
+ 22 pour instruire + et de ses anciens
ses princes il fit-des-sages.
PAR SA GORGE
Le psaume 105
209
Le premier morceau énumère les étapes douloureuses de la vie de Joseph, vendu comme esclave (17), mis aux fers en prison (18), justifié enfin avec l’aide de Dieu (19). Le deuxième morceau rapporte l’exaltation qui s’ensuivit : sa libération par « le roi » d’Égypte (20), son institution comme gérant de sa maison (21), sa charge de maitre des grands (22). « Le maitre » des peuples (20b) fait de Joseph « le maitre » de ses biens (21b). On pourra noter que les trois termes appartenant au même champ sémantique, « le roi », « seigneur », « ses princes », se trouvent en même position, comme deuxièmes termes de chaque segment. Les deux morceaux commencent avec le même verbe. « La gorge » de Joseph qui avait été serrée par « le fer » de ses liens (18b), est celle qui instruit les princes (22). LA QUATRIÈME PARTIE (23-27) + 23 Et vint + et JACOB 24
= il fit croitre = le fortifia
ISRAËL séjourna
en Égypte
SON PEUPLE
abondamment,
EN TERRE
DE CHAM
;
plus que ses adversaires.
··················································································································
: 25 Il changea : pour ruser
leur cœur avec SES SERVITEURS.
pour haïr
SON PEUPLE,
·················································································································· 26
+ Il envoya + AARON
MOÏSE lequel
SON SERVITEUR,
= 27 ils mirent = et des prodiges
chez eux
les paroles
EN TERRE
DE CHAM.
il avait élu ; de ses signes
Le premier morceau rapporte l’arrivée de « Jacob – Israël » en Égypte (23) et l’accroissement de « son peuple » (24). Le second morceau signale le changement d’attitude des Égyptiens envers Israël (23). Après quoi, c’est la mission de « Moïse » et « Aaron » (26) pour accomplir les « signes » de Dieu (27). Les morceaux extrêmes présentent les personnages (23.26) puis l’intervention de Dieu qui « fit-croitre » et « fortifia » son peuple, qui opéra « signes » et « prodiges » (24.27). Le premier membre du morceau central reprend « son peuple » comme précédemment (24), son second membre s’achève avec « ses serviteurs » auxquels fera écho « son serviteur » dans le morceau suivant (26).
210
La cinquième section (Ps 102–106)
LA CINQUIÈME PARTIE (28-36) En trois morceaux la partie énumère sept des dix plaies d’Égypte. Les deuxième et troisième morceaux commencent avec « Il dit, et vinrent » (31.34) et leur dernier segment commence avec « et il frappa » (33.36). En outre, les segments extrêmes du deuxième morceau s’achèvent avec « contrée » (31b. 33b) ; les premiers membres des deux derniers segments du troisième morceau s’achèvent avec « en leur terre » (35a.36a). + 28 Il envoya + mais point
la ténèbre bravèrent
et enténébra, ses ordres ;
·· 29 il changea ·· et fit-mourir
leurs eaux leurs poissons ;
en sang
– 30 grouilla – dans les chambres
leur terre de leurs rois.
de grenouilles
···························································································· 31
:: IL DIT, :: les moustiques
sur toute
les insectes, la contrée,
.. 32 il donna .. flammes
leur pluie de feu
la grêle, sur leur terre ;
.. 33 ET IL FRAPPA .. il brisa
leur vigne les arbres
et leur figuier, de leur contrée.
ET VINRENT
···························································································· 34
- IL DIT, - et les criquets
et pas
les sauterelles, de nombre,
- 35 et ils mangèrent - et ils mangèrent
toute herbe le fruit
en leur terre de leur sol ;
= 36 ET IL FRAPPA = prémices
tout premier-né de toute
en leur terre, leur vigueur.
ET VINRENT
LA SIXIÈME PARTIE (37-41) Le premier morceau rapporte l’exode (37) qui soulage d’Égypte (38), le second morceau est consacré à la colonne de nuée (39) et le troisième rappelle le don des « cailles » et du « pain » (40), puis de « l’eau » au désert (41). Les dons de Dieu au désert (40-41) semblent correspondre à l’or et à l’argent reçus des Égyptiens (37).
Le psaume 105 + 37 Et il les fit-sortir + et personne
avec or dans leurs tribus
et argent, ne trébucha ;
+ 38 se réjouit + car tombait
l’Égypte la terreur
de leur sortie, sur eux.
211
·······························································································
: 39 Il déploya : et un feu
une nuée pour éclairer
en couverture de nuit.
······························································································· 40
+ Il demanda, + et du pain
et il fit venir des cieux
les cailles, les rassasia ;
+ 41 il ouvrit + elles allèrent
le rocher dans le lieu-sec
et jaillirent en fleuve.
les eaux,
LA SEPTIÈME PARTIE (42-45B) Le second morceau résume le parcours d’Israël, depuis la sortie d’Égypte (43) jusqu’à la prise de possession de la terre de Canaan (44), le tout pour qu’ils observent la loi (45). Tout cela était la réalisation de la promesse à Abraham (42). + 42 Oui, il s’est rappelé + à Abraham
la parole son serviteur.
de sa sainteté
································································································· 43
– Et il fit-sortir – parmi les cris-de-joie,
son peuple ses élus ;
dans l’allégresse,
:: 44 et il donna :: et du labeur
à eux des pays
les terres ils héritèrent,
= 45 en sorte qu’ = et que ses lois
ils gardent ils observent.
ses décrets
des nations
212
La cinquième section (Ps 102–106)
L’ENSEMBLE DU PSAUME 105,1 Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; 2 chantez-le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 3 du nom de sa sainteté, se réjouisse le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 RAPPELEZ-VOUS les merveilles qu’il a faites, ses prodiges et les jugements de sa bouche. 6
Semence d’ABRAHAM SON SERVITEUR, fils de JACOB ses élus, 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute ses jugements. 8 IL SE RAPPELLE à jamais son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 laquelle il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en PRÉCEPTE, pour Israël alliance à jamais, 11 disant : « À toi JE DONNE de Canaan, part de votre HÉRITAGE. » 12
Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ILS ALLAIENT de nation en nation, d’un royaume à un peuple autre, 14 il ne laissa pas un adam les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. » 16 Et il appela la famine sur la terre, tout bâton de PAIN il brisa. 17
devant eux un homme, comme esclave fut vendu Joseph ; 18 ils affligèrent d’entraves son pied, le fer vint à sa gorge, 19 jusqu’au temps où vint sa parole, le dire de Yhwh le justifia. 20 LE ROI envoya et l’élargit, le maitre des peuples il lui ouvrit ; 21 il l’établit seigneur sur sa maison et maitre sur toute sa richesse, 22 pour instruire ses princes par sa gorge et de ses anciens il fit des sages. 23
Et vint ISRAËL en Égypte et JACOB séjourna en terre de Cham ; 24 il fit croitre son peuple abondamment, le fortifia plus que ses adversaires. 25 Il changea leur cœur pour haïr son peuple, pour ruser avec ses serviteurs. 26 MOÏSE SON SERVITEUR, Aaron lequel il avait élu ; 27 ils mirent chez eux les paroles de ses signes, et des prodiges en terre de Cham. 28
la ténèbre et enténébra, mais point bravèrent ses ordres ; 29 il changea leurs eaux en sang et fit mourir leurs poissons ; 30 grouilla leur terre de grenouilles dans les chambres de LEURS ROIS. 31 Il dit, et vinrent les insectes, les moustiques sur toute la contrée, 32 il donna leur pluie la grêle, flammes de feu sur leur terre ; 33 et il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. 34 Il dit, et vinrent les sauterelles, et les criquets et pas de nombre, 35 et ils mangèrent toute herbe en leur terre et ils mangèrent le fruit de leur sol ; 36 et il frappa tout premier-né en leur terre, prémices de toute leur vigueur. 37
Et il les fit sortir avec or et argent, et personne dans leurs tribus ne trébucha ; 38 se réjouit l’Égypte de leur sortie, car tombait leur terreur sur eux. 39 Il déploya une nuée en couverture et un feu pour éclairer de nuit. 40 Il demanda, et il fit venir les cailles, et du PAIN des cieux il les rassasia ; 41 il ouvrit le rocher, et jaillirent les eaux, ELLES ALLÈRENT dans le lieu-sec en fleuve. 42
Oui, IL S’EST RAPPELÉ la parole de sa sainteté à ABRAHAM SON SERVITEUR. Et il fit sortir son peuple dans l’allégresse, parmi les cris-de-joie, SES ÉLUS ; 44 et IL DONNA à eux des nations et du labeur des pays ILS HÉRITÈRENT, 45 en sorte qu’ils gardent ses PRÉCEPTES et que ses lois ils observent. 43
!
Le psaume 105
213
Le verbe de la très courte conclusion (45c) est de la même racine que le verbe par lequel commence le morceau central de l’introduction (3). Tout le premier versant du corps du psaume (6-23) rapporte l’histoire des patriarches, depuis « Abraham », « Isaac » et « Jacob (6-10) jusqu’à « Joseph » associé au pouvoir en Égypte (17-22). Après le changement du cœur des Égyptiens (25), le deuxième versant (26-45b) raconte l’exode, sous la direction de Moïse et Aaron, jusqu’au don de la terre de Canaan (44-45). Les parties extrêmes se correspondent avec la reprise de « Abraham son serviteur » (6.42) dont les deux occurrences font inclusion. Se retrouvent en outre « se rappeler » (8.42), « parole » (8.42), « précepte(s) » (10.45), « donner » – « terre(s) » – « héritage/hériter » (11.44). Dans la deuxième partie, le Seigneur brise les réserves de « pain » (16) ; dans la partie symétrique, il rassasie son peuple de « pain » (40). Le seul autre terme commun est le verbe « aller » (13.41). Les parties qui encadrent la partie centrale commencent avec « il envoya » (17.28). Dans l’une « le roi » d’Égypte favorise Joseph (20), dans l’autre « les rois » d’Égypte sont affligés par les grenouilles qui entrent jusque dans leurs chambres (30). Les deux occurrences de « il dit » (31.34) font écho au « dire » du même Seigneur (19). La partie centrale articule les deux versants de l’histoire : c’est d’abord la prospérité d’Israël en Égypte (23-24), mais le cœur des Égyptiens change (25) et alors Dieu envoie Moïse et Aaron qui vont exécuter ses prodiges. Le premier versant commençait avec « Abraham son serviteur » (6), le second avec « Moïse son serviteur » (26). L’introduction et le corps du psaume ont en commun plusieurs termes : « appeler » (1.16), « peuple(s) » (1.13.20.25.43), « sa sainteté » (3.42), « se réjouir » (3.38), « se rappeler » (5.8.42). Les deux occurrences de « jugements » (5.7) agrafent l’introduction et le corps du psaume. CONTEXTE Les évènements mentionnés par le psaume suivent, presque dans le même ordre, ceux des livres de la Genèse, de l’Exode et du Deutéronome: 9a: Gn 15,1-18 14: Gn 20; 26,1-11
9b: Gn 26,2-5 16: Gn 41,53-57
11: Gn 15,18 17: Gn 27.28; 45,5
14: Gn 10,12-20 18: Gn 39,20
19 : Gn 38,20
20 : Gn 41,14
21 : Gn 41,37-44
23 : Gn 46,1–47,12
24 : Ex 1,7
25 : Ex 1,8-27
26a : Ex 3,7-12
26b : Ex 4,27-31
28 : Ex 10,21-29
29 : Ex 7,14-25
30 : Ex 7,26–8,11
31 : Ex 8,12-15
32-33 : Ex 9,13-35 38 : Ex 12,33
34-35 : Ex 10,1-20 39 : Ex 13,21-22
36 : 12,29-30 40 : Ex 16,2-36
37 : Ex 12,35-36 41 : Ex 17,1-7
43 : Ex 15
44 : Dt 4,38
45 : Dt 4,40
214
La cinquième section (Ps 102–106)
LE PSAUME DE 1CH 16,8-36 Le début du Ps 105 est repris dans le psaume de David au Premier livre des Chroniques. Les différences sont minimes2. Ps 105 1
Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; 2 chantez-le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 3 Louez-vous du nom de sa sainteté, se réjouisse le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 rappelez-vous les merveilles qu’il a faites, ses prodiges et les jugements de sa bouche. 6 Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses élus, 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre ses jugements. 8 Il se rappelle à jamais son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 laquelle il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël alliance à jamais, 11 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de votre héritage. » 12 Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ils allaient de nation en nation, d’un royaume à un peuple autre, 14 il ne laissa pas un adam les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. »
1Ch 16,8-22 8
Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; 9 chantez-le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 10 Louez-vous du nom de sa sainteté, se réjouisse le cœur des cherchant Yhwh ! 11 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 12 rappelez-vous les merveilles qu’il a faites, ses prodiges et les jugements de sa bouche. 13 Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses élus, 14 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre ses jugements. 15 Rappelez-vous à jamais son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 16 laquelle il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 17 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël alliance à jamais, 18 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de votre héritage. » 19 Tant que vous étiez en petit nombre, très peu et étrangers en elle 20 et qu’ils allaient de nation en nation, et d’un royaume à un peuple autre, 21 il ne laissa pas un homme les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 22 « Ne touchez pas à mes oints et pour mes prophètes ne faites pas de mal. »
« CREDO HISTORIQUE » Le texte que von Rad a appelé le « credo historique » d’Israël (Dt 26,5-9) fait confesser à celui qui apporte les prémices de sa récolte au Temple tout le chemin parcouru jusqu’au moment présent : 5
Mon père était un Araméen errant qui descendit en Égypte, et c’est en petit nombre qu’il y séjourna, avant d’y devenir une nation grande, puissante et nombreuse. 6 Les Égyptiens nous maltraitèrent, nous brimèrent et nous imposèrent une dure servitude. 7 Nous avons fait appel à Yhwh le Dieu de nos pères. Yhwh entendit notre voix, il vit notre misère, notre peine et notre oppression, 8 et Yhwh nous fit sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par une grande terreur, des signes et des prodiges. 9 Il nous a conduits ici et nous a donné cette terre, terre qui ruisselle de lait et de miel. 10 Voici que j’apporte maintenant les prémices des produits du sol que tu m’as donné, Yhwh. »
2
Voir Ps 96, p. 111.
Le psaume 105
215
Le credo de Dt 6,21-25 ne commence qu’avec la sortie d’Égypte. Celui de Jos 24,2-13 va d’Abraham fils de Térah jusqu’au don de la terre ; c’est le prologue historique de la conclusion d’alliance de Sichem. INTERPRÉTATION LE DIEU DE L’ALLIANCE Ce qu’Israël est invité à « annoncer », à « réciter », ce pourquoi il « rendra grâce », « chantera », « psalmodiera », ce sont les « hauts-faits » de son Dieu, « ses merveilles », « ses prodiges » et « ses jugements » (1-5). Pas un mot sur la création, tout ne commence qu’avec Abraham. Le Dieu d’Israël est avant tout celui qui intervient dans l’histoire des hommes, pour faire « alliance » avec l’un d’entre eux et avec ses descendants, Isaac et Jacob (6-11). Se rappelant ce qu’il avait promis à Abraham, il fera ensuite alliance avec tout le peuple issu de lui, quand il donnera ses « décrets » et ses « lois » à Moïse (45). Le mot « alliance » n’est pourtant plus prononcé après la génération des pères ; c’est que cette alliance est « pour mille générations » (8) et « à jamais » (10). Comme s’il n’y en avait qu’une seule, celle de Moïse n’étant pas une autre que celle conclue avec Abraham, ce que souligne le verset par lequel commence la dernière partie : « Oui, il s’est rappelé la parole de sa sainteté à Abraham son serviteur » (42). « ANNONCEZ CHEZ LES PEUPLES » Le psaume retrace les grandes étapes de l’histoire du peuple élu. Toutefois, les autres peuples n’en sont pas absents. Ce furent d’abord « les nations » et « les royaumes » parmi lesquels allaient et venaient les fils d’Israël comme nomades poussant leurs troupeaux (12-13). Le Seigneur les défendit de l’oppression de ces peuples et dut en châtier plusieurs (14-15). Ce furent ensuite les Égyptiens qui se mirent à « haïr son peuple » (25) et que Dieu frappa par de multiples plaies (28-36), mais qui prêtèrent « or et argent » aux fils d’Israël (37). Le Seigneur « couvrit » son peuple par la nuée pour les protéger contre leurs poursuivants (39). Et ce sont enfin « les nations » et « les pays » dont Israël hérita « les terres » (44). Or ce sont ces châtiments que le psalmiste appelle « les hauts-faits » de Dieu et qu’il invite à annoncer comme tels à leurs victimes ! Un tel comportement — qu’on pourrait prendre pour de l’inconscience, sinon du sadisme — ne peut se comprendre que dans le cadre de l’alliance avec Abraham. Dès son appel, la promesse lui est faite que « Par toi se béniront tous les clans de la terre » (Gn 12,3). La formule reviendra comme un refrain insistant : Gn 18,18 ; 22,18 ; 26,4 ; 28,14.
2. LE PSAUME 106 TEXTE Louez-Yah, rendez-grâce à Yhwh, car (il est) bon, car pour toujours sa fidélité ! 2 Qui exprimera les prouesses de Yhwh, fera entendre toute sa louange ? 3 Heureux les gardant le jugement, le faisant la justice en tout temps ! 4 Souviens-toi de moi, Yhwh, en faveur de ton peuple, visite-moi par ton salut, 5 pour voir le bonheur de tes élus, pour me réjouir de la joie de ton peuple, pour me louer avec ton héritage ! 6 Nous avons péché avec nos pères, nous avons fauté, nous avons été-méchants ; 7 nos pères en Égypte n’ont pas compris tes merveilles, ils ne se souvinrent pas de l’abondance de tes fidélités, ils se rebellèrent à la mer, la mer-desJoncs. 8 Et il les sauva à cause de son nom, pour faire-connaitre sa prouesse ; 9 il menaça la mer-des-Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme désert. 10 Et il les sauva de la main du haïssant, et les racheta de la main de l’ennemi ; 11 et recouvrirent les eaux leurs oppresseurs, un seul d’entre eux n’échappa pas. 12 Et ils crurent en ses paroles, ils chantèrent sa louange. 13 Ils se hâtèrent ils oublièrent ses œuvres, ils n’attendirent pas son projet, 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans une solitude : 15 et il donna à eux leur demande et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent Moïse dans le camp, Aaron le saint de Yhwh : 17 s’ouvre la terre et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase les méchants. 19 Ils firent un veau à l’Horeb et ils se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe. 21 Ils oubliaient Dieu leur sauveur, lui qui fit des grandeurs en Égypte, 22 des merveilles en terre de Cham, des prodiges sur la mer-des-Joncs. 23 Et il parlait de les exterminer, si ce n’est que Moïse son élu se dressa sur la brèche devant lui pour détourner sa fureur de détruire. 24 Ils refusèrent une terre de délices, ils ne crurent pas en sa parole ; 25 ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n’écoutèrent pas la voix de Yhwh. 26 Il leva la main sur eux, pour les faire-tomber au désert, 27 pour faire-tomber leur semence chez les nations, pour les parsemer dans les pays. 28 Ils se mirent-sous-le-joug du Baal de Péor et mangèrent les sacrifices des morts ; 29 et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et fit-une-brèche contre eux un fléau. 30 Et se dressa Pinhas et il s’interposa, et s’arrêta le fléau ; 31 et cela fut compté pour lui justice d’âge en âge pour toujours. 32 Ils le fâchèrent aux eaux de Meriba et ce fut mal pour Moïse à cause d’eux ; 33 car ils se rebellèrent contre son esprit et il parla-trop-vite avec ses lèvres. 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples, ceux qu’avait dit Yhwh à eux, 35 et ils se mêlaient aux nations, ils apprenaient leurs œuvres ; 36 et ils servaient leurs idoles, elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles lequel ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et fut profanée la terre par les sangs. 39 Et ils se souillaient par leurs œuvres et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et prit feu Yhwh contre son peuple, et il eut en horreur son héritage. 41 Et il les donna à la main des nations, et maitrisèrent eux leurs haïssant ; 42 et 43 Des fois les tyrannisèrent leurs ennemis, et ils furent-courbés dessous leur main. nombreuses il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans leur faute ; 44 et il vit l’angoisse d’eux en entendant leur cri. 45 Il se souvint pour eux de son alliance et il s’émut selon l’abondance de ses fidélités ; 46 et il donna eux à la pitié devant tous leurs ayant déporté. 47 Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemble-nous de chez des nations pour rendre-grâce au nom de ta sainteté, pour nous féliciter en ta louange. 48 Béni soit Yhwh le Dieu d’Israël depuis toujours et jusqu’à toujours ! Et dira tout le peuple : Amen ! Louez-Yah ! 1
218 V. 15
La cinquième section (Ps 102–106) : « ET IL ENVOYA UN DÉGOÛT DANS LEUR GORGE »
Le terme rāṣôn était déjà utilisé au verset 4 où il est rendu par « amour », « faveur » ; la Septante le traduit par « satiété », voyant dans le second membre du segment un synonyme du premier. Plusieurs, en revanche, sont d’avis que le second membre s’oppose au premier. Se référant au récit de Nb 11,33 (« La viande était encore entre leurs dents, elle n’était pas encore mâchée, que la colère de Yhwh s’enflamma contre le peuple. Yhwh le frappa d’une très grande plaie »), la BJ traduit par « fièvre »1. D’autres, renvoient plutôt à Nb 11,19-20 (« Vous n’en mangerez pas un jour seulement, ou deux ou cinq ou dix ou vingt, mais bien tout un mois, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par les narines et vous soit en dégoût ») et traduisent dans ce sens2. V. 29
: « ILS L’INDIGNÈRENT »
Dans le texte hébreu le verbe n’a pas de complément d’objet direct. Les versions le restituent3. Même phénomène au début du v. 32. COMPOSITION Le psaume compte sept parties organisées de manière concentrique (1-5 ; 612 ; 13-23 ; 24-27 ; 28-40 ; 41-46 ; 47-48). LA PREMIÈRE PARTIE (1-5) :: 1 LOUEZ YAH, :: car (il est) BON,
rendez-grâce car pour toujours
à YHWH, sa fidélité !
– 2 Qui exprimera – fera-entendre
les prouesses toute
de YHWH, SA LOUANGE
les gardant la justice
le jugement, en tout temps !
3
:: Heureux :: le faisant
?
····························································································· YHWH,
+ 4 Souviens-toi de moi, + en faveur + visite-moi = 5 pour voir = pour me réjouir = pour ME LOUER
1
de ton peuple, par ton salut, LE BONHEUR
de la joie avec ton héritage !
Vesco traduit par « langueur » (995). Ainsi Dhorme : « il envoya de quoi les dégoûter ». 3 Voir Vesco, 995, nt. 2. 2
de tes élus, de ta nation,
Le psaume 106
219
Dans le premier morceau, l’invitation à louer le Seigneur est motivée par le fait qu’il est « bon » et par « sa fidélité ». Le segment central pose la question de savoir qui sera digne d’une telle « louange ». La réponse vient dans le dernier segment, où « le jugement » et « la justice » de l’homme « en tout temps » correspondent à la bonté et à la « fidélité » du Seigneur « pour toujours » (1b). Dans le second morceau, le psalmiste s’adresse maintenant à Yhwh (4a). Il demande pour lui « le salut », mais c’est « en faveur du peuple » (4bc). Dans le second trimembre, le salut cause « le bonheur » et « la joie » de la nation entière, si bien que le psalmiste peut « s’en louer » avec tous. « Louer » et « se louer » (1a.5c) font inclusion ; et aussi « bon » et « bonheur » (tôb et tôbâ, 1b.5a). De même que dans le premier morceau « le jugement » et « la justice » du psalmiste répondent à la bonté et « la fidélité » de Yhwh, ainsi dans le second morceau « le bonheur » et « la joie » du peuple répondent au « salut » de Dieu. LA DEUXIÈME PARTIE (6-12) – 6 Nous avons péché – nous avons fauté,
avec nos pères, nous avons été-méchants ;
– 7 nos pères – n’ont pas compris
en Égypte tes merveilles,
– ils ne se souvinrent pas – ils se rebellèrent
de l’abondance à la mer,
+ + pour faire-connaitre
sa prouesse ;
de tes fidélités,
LA MER-DES-JONCS. ············································································································· 8 ET IL LES SAUVA à cause de son nom,
+ 9 il menaça + il les fit-aller
LA MER-DES-JONCS
sur les abimes
et elle sécha, comme désert.
·············································································································
+ 10 ET IL LES SAUVA + et les racheta
de la main de la main
du haïssant, de l’ennemi ;
+ 11 et recouvrirent + un seul
les eaux d’entre eux
leurs oppresseurs, n’échappa pas.
= 12 Et ils crurent = ils chantèrent
en ses paroles, sa louange.
Dans le premier morceau, le psalmiste assimile le péché de la génération présente à celui de ses « pères » (6), après quoi il rappelle ce que firent les pères en Égypte : oubliant les merveilles qui les firent sortir du pays des esclaves (7abc), ils péchèrent à la mer des Joncs en reprochant à Moïse de les avoir fait sortir pour mourir dans le désert (Ex 14,11-12 ; voir p. 73). Commençant par « Et il les sauva », les deux morceaux suivants rappellent le passage de la mer ; dans le premier, la mer sèche pour laisser passer le peuple,
220
La cinquième section (Ps 102–106)
dans le second les ennemis qui les poursuivaient sont détruits (10-11), ce qui suscite la foi des fils d’Israël et leur « louange » (12). LA TROISIÈME PARTIE (13-23) + 13 Ils se hâtèrent + ils n’attendirent pas
ILS OUBLIÈRENT
+ 14 et ils désiraient + et ils tentaient
de désir DIEU
dans le désert dans une solitude :
à eux une nausée
leur demande dans leur gorge.
– 16 Et ils jalousèrent – Aaron
le saint
dans le camp, de YHWH :
= 17 s’ouvre = et elle recouvre
la terre la bande
et elle avale d’Abiram,
= 18 ET S’ALLUME = UNE FLAMME
UN FEU EMBRASE
contre leur bande, les méchants.
– 19 ILS FIRENT – et se prosternèrent
devant
= 15 et il donna = et il envoya
– 20 ils échangèrent – pour l’image – mangeur
SES ŒUVRES,
son projet,
à l’Horeb ;
leur gloire d’herbe.
·································································································· 21
+ ILS OUBLIÈRENT + LUI QUI FIT
DIEU
leur sauveur, en Égypte,
+ 22 +
en terre sur la mer-des-Joncs.
de Cham,
··································································································
= 23 Et il parlait
de les exterminer,
.. si ce n’est que .. se dressa .. pour détourner
sur la brèche SA FUREUR
son élu devant lui de détruire.
Datân
Le psaume 106
221
Les deux premières sous-parties sont construites en parallèle. Les péchés contre « Dieu » (13-14) et contre Moïse et Aaron le saint de « Yhwh » (16) sont suivis de leur châtiment (15 ; 17-18). La troisième sous-partie est plus développée. Les deux premiers morceaux opposent ce que, « en Horeb », les fils d’Israël « firent » (« un veau », « une fonte », « l’image d’un bœuf ») et ce que « en Égypte » Dieu « avait fait » (« des grandeurs », « des merveilles », « des prodiges »). « L’Égypte » (21b) est ensuite détaillée par « en terre de Cham » (22a), puis « sur la mer des Joncs » (22b). Le troisième morceau dit le châtiment que Dieu projetait (23a), mais que l’intervention de Moïse empêcha (23bcd). Les trois sous-parties suivent le même schéma, péché suivi de sa conséquence. « Œuvres » (13a) et « faire » (19a.21b) sont de même racine, « ils oublièrent » revient en 13a et 21a, « Moïse » en 16a et 23b, « Dieu » en 14b et 21a ; tous les évènements sont situés, « dans le désert » et « dans une solitude » (14ab), « dans le camp » (16a), « à l’Horeb » (19a) et « en Égypte » (21b), « en terre de Cham » (22a), « sur la mer des Joncs » (22b). Enfin, « sa fureur » (litt. « sa chaleur »), à la fin de la troisième sous-partie (23d), rappelle « le feu » et « la flamme » à la fin de la deuxième sous-partie (18ab). LA QUATRIÈME PARTIE (24-27) – 24 Ils refusèrent – ils ne crurent pas
une terre en sa parole ;
– 25 et ils murmurèrent – ils n’écoutèrent pas
sous leurs tentes, la voix
de délices,
de Yhwh.
································································································ 26
= Et il leva = pour faire-tomber
la main eux
sur eux, au désert,
= 27 et pour faire-tomber = et pour les parsemer
leur semence dans les terres.
chez les nations,
Le premier morceau rappelle le péché des fils d’Israël qui refusèrent de prendre possession de Canaan, après le rapport des douze hommes qui y avaient été envoyés en reconnaissance (Nb 13–14). Le second morceau est consacré au châtiment, qui est double : la génération des pécheurs « tombera » « au désert » (26), leurs descendants « tomberont » eux aussi en exil, dispersés « chez les nations » (27).
222
La cinquième section (Ps 102–106)
LA CINQUIÈME PARTIE (28-40) – 28 Et ils se mirent-sous-le joug – et mangèrent
du Baal
– 29 et ils l’indignèrent = et fit-une-brèche sur eux
PAR LEURS PRATIQUES,
LES SACRIFICES
de Péor DES MORTS ;
.
········································································································
:: 30 Et se dressa :: et s’arrêta
Pinhas
:: 31 et (cela) fut compté :: d’âge
pour lui en âge
justice pour toujours.
– 32 Et ils le fâchèrent = et ce fut mal
aux eaux pour Moïse
de Meriba à cause d’eux,
– 33 car ils se rebellèrent = et il parla-trop-vite
contre son esprit avec ses lèvres.
– 34 Ils n’exterminèrent pas – ceux
les peuples, qu’avait dits
35
et s’interposa, ;
+ et ils se mêlaient + ils apprenaient
aux nations,
+ 36 et ils servaient + et elles furent
LEURS IDOLES, pour eux
YHWH
à eux,
LEURS ŒUVRES ;
un piège.
·····································································································································
: 37 Et ILS AVAIENT SACRIFIÉ : et leurs filles
leurs fils AUX DÉMONS,
38
: et ils versaient : le sang
de leurs fils
innocent, et de leurs filles,
: lequel : et fut profanée
ILS SACRIFIAIENT
AUX IDOLES
la terre
de Canaan, .
·····································································································································
– 39 Et ils se souillaient – et ils se prostituaient
= 40 et prit feu = et il eut en horreur
par LEURS ŒUVRES par LEURS PRATIQUES ; YHWH son héritage.
contre son peuple
Le premier morceau de la première sous-partie mentionne le péché des fils d’Israël qui sacrifièrent au « Baal de Péor » (28-29a), ce pourquoi ils furent punis (29b) ; le deuxième morceau rapporte l’intervention de Pinhas qui mit fin au fléau (30-31).
Le psaume 106
223
Dans la deuxième sous-partie, le péché de Mériba (32a.33a) « fut mal pour Moïse » (32b) qui « parla trop vite » (33b)4. La troisième sous-partie, nettement plus développée, comprend trois morceaux. Dans le premier, au lieu d’exterminer les peuples comme ils en avaient reçu l’ordre (34), les fils d’Israël s’assimilent à eux (35) au point de servir leurs idoles (36). Le deuxième morceau dit en quoi consiste le service des idoles que mentionne le premier morceau, à savoir les sacrifices des enfants, ceux offerts à Moloch (Lv 18,21 ; 20,2-5). Enfin, dans le troisième morceau, leur conduite, « les œuvres » (39) apprises des « nations » (35b), leur vaut le châtiment de Yhwh (40). « Sacrifices/sacrifier » revient au début de la première sous-partie (28b) et deux fois dans le morceau central de la dernière sous-partie (37a.38c). « Leurs pratiques » du début (29a) est repris à la fin (39b), synonyme de « leurs œuvres » (39a.35b). Dans les sous-parties extrêmes, Israël s’assimile aux « nations » (35a), ils servent « le Baal de Péor », divinité des Moabites (28a), « sacrifiaient aux idoles de Canaan » (38c). Ainsi se dessine la série : « morts » (28b), « idoles » (36a), « démons » (37b), « idoles » (38c). LA SIXIÈME PARTIE (41-46) :: 41 Et il les donna :: et maitrisèrent
à la main eux
des nations leurs haïssant ;
:: 42 et les tyrannisèrent :: et ils furent-courbés
leurs ennemis, dessous
leur main.
···································································································
+ 43 Des fois – et eux – et s’enfonçaient
nombreuses se rebellaient dans leur faute.
il les délivra, par leur bravade
···································································································
+ 44 Et il vit + en entendant
l’angoisse leur cri ;
d’eux
+ 45 et il se souvint + et il s’émut
pour eux selon l’abondance
de son alliance de ses fidélités
+ 46 et il donna + devant
eux tous
à la pitié leurs ayant déporté.
Le premier morceau énonce le châtiment imposé aux fils d’Israël, soumis à leurs ennemis. Dans le second morceau, c’est la révolte malgré les multiples délivrances. Enfin, devant leurs cris, le Seigneur a pitié d’eux. 4 Le parallélisme entre les deux segments de cette sous-partie d’une part, et entre 33ab et 29ab d’autre part qui fait suivre le péché (29a.32a.33a) par le châtiment (29b.32b.33b) invite à écarter la correction largement admise de 33 par « ils aigrirent son esprit » (BJ, Kraus, II, 314 ; Alonso Schoekel – Carniti, II, 454 ; Vesco, 996)
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La cinquième section (Ps 102–106)
LA SEPTIÈME PARTIE (47-48) + 47 Sauve-nous, + et rassemble-nous
YHWH de chez des nations
NOTRE DIEU,
= pour rendre-grâce = pour nous féliciter
au nom en ta LOUANGE.
de ta sainteté,
···················································································································· 48
= Béni soit = LE DIEU = depuis toujours
YHWH D’ISRAËL et jusqu’à toujours !
.. Et dira .. Amen !
tout le peuple : LOUEZ YAH !
Le premier morceau est à la deuxième personne du singulier, le second à la troisième personne. À « Yhwh notre Dieu » au début du premier morceau (47a) correspond au début du deuxième « Yhwh le Dieu d’Israël » (48ab). En termes finaux, « louange » et « louez » (47d.48e). L’action de grâce, fruit du salut espéré pour « nous » à la fin du premier morceau, est réalisée par la bénédiction du psalmiste (48abc) à laquelle s’unit « tout le peuple » dans le second morceau. L’ENSEMBLE DU PSAUME Les sept parties du psaume se correspondent de manière concentrique. Les rapports entre les parties extrêmes (1-5 ; 47-48) 1
LOUEZ-YAH, RENDEZ-GRÂCE à YHWH, car il est bon, car pour toujours sa fidélité ! Qui exprimera les prouesses de YHWH, fera entendre toute sa LOUANGE ? 3 Heureux les gardant le jugement, le faisant la justice en tout temps ! 4 Souviens-toi de moi, YHWH, en faveur de TON PEUPLE, visite-moi par , 5 pour voir le bonheur de tes élus, pour me réjouir de la joie de TA NATION, pour ME LOUER avec ton héritage ! 2
[...] 47
, YHWH RENDRE-GRÂCE au nom
notre Dieu, et rassemble-nous de chez des NATIONS, pour de ta sainteté, pour nous féliciter en ta LOUANGE. 48 Béni soit YHWH le Dieu d’Israël depuis toujours et jusqu’à toujours ! Et dira TOUT LE PEUPLE : Amen ! LOUEZ-YAH !
Le psaume 106
225
– « Louez-Yah » fait inclusion pour tout le psaume (1.48) ; – « rendre-grâce » revient en 1 et 47 ; – à « pour toujours » et « en tout temps » (1.3) correspond « depuis toujours et jusqu’à toujours » (48) ; – « louange » revient en 2 et 47 ; – « ton peuple » (4) sera repris par « tout le peuple » (48) ; – à « ton salut » (4) répond « sauve-nous » (47) ; – enfin, « ta nation » de 5 annonce « les nations » de 47. Les rapports entre la deuxième et l’avant-dernière partie (6-12 ; 41-46) 6
Nous avons péché avec nos pères, nous avons fauté, nous avons renié ; 7 nos pères en Égypte n’ont pas compris tes merveilles, ILS NE SE SOUVINRENT PAS de , ILS SE REBELLÈRENT à la mer, la mer-des-Joncs. 8 Et à cause de son nom, pour faire-connaitre sa prouesse ; 9 il menaça la mer-des-Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme désert. 10 Et de la main du HAÏSSANT et les racheta de la main de L’ENNEMI ; 11 et les eaux recouvrirent leurs oppresseurs, pas un seul d’entre eux n’échappa. 12 Et ils crurent en ses paroles, ils chantèrent sa louange. [...] 41
Et il les donna à la main des nations, et maitrisèrent eux leurs HAÏSSANT ; 42 et les tyrannisèrent leurs ENNEMIS, et ils furent courbés dessous leur main. 43 Des fois nombreuses , et eux SE REBELLAIENT par leur bravade et s’enfonçaient dans leur faute. 44 Et il vit leur angoisse en entendant leur cri ; 45 et IL SE SOUVINT pour eux de son alliance et il s’émut selon ; 46 et il les donna à la pitié devant tous ceux qui les avaient déportés.
– « Ils ne se souvinrent pas » (7) s’oppose à « il se souvint » (45) ; – dans les mêmes versets à « l’abondance de tes fidélités » correspond « l’abondance de ses fidélités » ; – « se rebeller » avec le même sujet revient en 7 et 43 ; – aux deux occurrences de « il les sauva » (8.10) répond « il les délivra » (43) ; – aux deux occurrences de « de la main de » (10bis) correspondent « à la main des » et « dessous leur main » (41.42) ; – « nous avons fauté » de 6 annonce « leurs fautes » de 43 ; – « haïssant » et « ennemis » reviennent en 10 et en 41-42.
226
La cinquième section (Ps 102–106)
Les rapports entre la troisième et la cinquième partie (13-23 ; 28-40) 13
Ils se hâtèrent ils oublièrent SES ŒUVRES, ils n’attendirent pas son projet, 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans une solitude : 15 et il donna à eux leur demande et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent dans le camp, Aaron le saint de Yhwh : 17 s’ouvre la TERRE et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase les méchants. 19 ILS FIRENT un veau à l’Horeb et se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe. 21 Ils oublièrent Dieu leur sauveur, LUI QUI FIT des grandeurs en Égypte, 22 des merveilles en TERRE de Cham, des prodiges sur la mer des Joncs. 23 Et il parlait de les , si ce n’est que Moïse son élu SE DRESSA sur LA BRÈCHE devant lui pour détourner sa fureur de détruire. [...] 28
Ils se-mirent-sous-le-joug du Baal de Péor et mangèrent les sacrifices des morts ; et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et FIT-UNE-BRÈCHE contre eux un fléau. 30 Et 31 SE DRESSA Pinhas et il s’interposa, et s’arrêta le fléau ; et cela lui fut compté comme justice d’âge en âge pour toujours. 32 Ils le fâchèrent aux eaux de Meriba et ce fut mal pour à cause d’eux, 33 car ils se rebellèrent contre son esprit et il parla-trop-vite avec ses lèvres. 34 les peuples, ceux qu’avait dits Yhwh à eux, 35 et ils se mêlaient aux nations, ils apprenaient LEURS ŒUVRES ; 36 et ils servaient leurs idoles, et elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles, lequel ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et fut profanée la TERRE par les sangs. 39 Et ils se souillaient par LEURS ŒUVRES et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et prit feu Yhwh contre son peuple et il eut en horreur son héritage. 29
Les deux parties comprennent chacune trois sous-parties qui se correspondent en parallèle. Les premières sous-parties n’ont aucun lexique commun ; toutefois, ce que le peuple « désire » dans le désert c’est de manger (14) et le péché à Péor fut de « manger » avec les adorateurs de leur Baal (28). Dans les deuxièmes sous-parties « Moïse » est jalousé et il est entrainé à pécher avec ceux qui le fâchèrent. Les dernières sous-parties sont plus développées que les précédentes et elles concernent toutes deux l’idolâtrie : à l’Horeb, les fils d’Israël « se prosternèrent » devant « un veau », « une fonte », « l’image d’un bœuf » (19-20), puis « ils servaient » « les idoles » des nations (36.38), leurs « démons » (37). Ce qu’« ils firent » (19), ce furent « les œuvres » des païens (35-39, termes de même racine), alors que leur sauveur « avait fait » des prodiges (21 ; déjà en 13). À « la fureur » (litt. « sa chaleur ») de Dieu (23 ; préparée par « le feu » et « la flamme » de 18), correspond « prit feu » (litt. « brûla la colère », 40). « Se dressa » et « la brèche/fit-une-brèche » (23 ; 29-30) jouent le rôle de termes médians à distance. Noter en outre la reprise de « terre » (17.22.38) et de « exterminer » (23.34).
Le psaume 106
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106,1 Louez Yah, rendez grâce à Yhwh, car il est bon, car pour toujours sa fidélité ! 2 Qui exprimera les prouesses de Yhwh, fera entendre toute sa louange ? 3 Heureux ceux qui gardent le jugement, celui qui fait la justice en tout temps ! 4 Souviens-toi de moi, Yhwh, en faveur de ton peuple, visite-moi par ton salut, 5 pour voir le bonheur de tes élus, pour me réjouir de la joie de ton peuple, pour me louer avec ton héritage ! Nous avons péché avec nos pères, nous avons fauté, nous avons été-méchants ; 7 nos pères en Égypte n’ont pas compris tes merveilles, ils ne se souvinrent pas de l’abondance de tes fidélités, ils se rebellèrent à la mer, la mer des Joncs. 8 Et il les sauva à cause de son nom, pour faire connaitre sa prouesse ; 9 il menaça la mer des Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme . 10 Et il les sauva de LA MAIN des haïssant et les racheta de LA MAIN de l’ennemi ; 11 et les eaux recouvrirent leurs oppresseurs, pas un seul d’entre eux n’échappa. 12 ET ILS CRURENT EN SES PAROLES, ils chantèrent sa louange. 6
13 Ils se hâtèrent d’oublier ses œuvres, ils n’attendirent pas son projet 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans une solitude : 15 et il leur donna leur demande et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent Moïse dans le camp, Aaron le saint de Yhwh : 17 la TERRE s’ouvre et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase les méchants. 19 Ils firent un veau à l’Horeb et se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe. 21 Ils oublièrent Dieu leur sauveur, lui qui fit des grandeurs en Égypte, 22 des merveilles en TERRE de Cham, des prodiges sur la mer des Joncs. 23 Et il parlait de les exterminer, si ce n’est que Moïse son élu se dressa sur la brèche devant lui pour détourner sa fureur de détruire. 24
Et ils refusèrent une TERRE de délices, ILS NE CRURENT PAS EN SA PAROLE ; et ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n’écoutèrent pas la voix de Yhwh. Et il leva LA MAIN sur eux, pour les faire tomber au , 27 pour faire tomber leur semence chez LES NATIONS, pour les parsemer dans les TERRES. 25 26
28 Ils se mirent sous le joug du Baal de Péor et ils mangèrent les sacrifices des morts ; 29 et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et fit une brèche contre eux un fléau. 30 Et se dressa Pinhas et il s’interposa, et s’arrêta le fléau ; 31 et cela lui fut compté comme justice d’âge en âge pour toujours. 32 Ils le fâchèrent aux eaux de Meriba et ce fut mal pour Moïse à cause d’eux, 33 car ils se rebellèrent contre son esprit et il parla trop vite avec ses lèvres. 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples, ceux que Yhwh leur avait dits, 35 et ils se mêlaient aux NATIONS, ils apprenaient leurs œuvres ; 36 ils servaient leurs idoles, et elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles, lequel ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et fut profanée la TERRE par les sangs. 39 Et ils se souillaient par leurs œuvres, et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et Yhwh prit feu contre son peuple, et il eut en horreur son héritage.
Et il les donna à LA MAIN des NATIONS, et leurs haïssant les maitrisèrent ; 42 et leurs ennemis les tyrannisèrent, et ils furent courbés dessous LEUR MAIN. 43 De nombreuses fois il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans leur faute ; 44 et il vit leur angoisse en entendant leur cri ; 45 et il se souvint pour eux de son alliance et il s’émut selon l’abondance de ses fidélités ; 46 et il les donna à la pitié devant tous ceux qui les avaient déportés. 41
47
Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemble-nous de chez des NATIONS pour rendre grâce au nom de ta sainteté, pour nous féliciter en ta louange. 48 Béni soit Yhwh le Dieu d’Israël depuis toujours et jusqu’à toujours ! Et tout le peuple dira : Amen ! Louez Yah !
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La cinquième section (Ps 102–106)
La partie centrale est liée aux autres par les reprises suivantes : – au début de la partie, « ils ne crurent pas en sa parole » (24) s’oppose à « ils crurent en sa parole » à la fin de la deuxième partie (12) ; – à la fin de la partie, « les nations » (27) précédé de « la main » (26) annonce « à la main des nations » au début de l’avant-dernière partie (41) et aussi au début de la dernière partie (47) ; il s’agit en effet de l’exil (27), mais aussi de sa fin annoncée (46) et désirée (47) ; – « terre(s) » aux extrémités de la partie (24.27) se retrouve en 17.22 et 38 ; – « écouter/entendre » revient en 2.25.44 ; – « désert » (26) se trouvait déjà en 9. Les deux premières parties sont liées entre elles par plusieurs reprises lexicales : – les trois occurrences de « louer/louange » de la première partie (1.2.5) trouvent un écho à la fin de la deuxième partie (12) ; – « fidélité(s) » revient en 1 et 7 ; – « se souvenir » est repris en 4 et 7 ; – « salut » de 4 annonce « il les sauva » de 8 et 10. Les deux dernières parties sont aussi fortement liées : au début de l’avantdernière partie, Dieu donne les fils d’Israël « à la main des nations » (41) et au début de la dernière partie, le psalmiste supplie le Seigneur de les rassembler « de chez les nations » (47). CONTEXTE Le psaume évoque toute une série d’évènements de l’histoire d’Israël. – Le deuxième passage rapporte la révolte des fils d’Israël avant le passage de la mer par la rafale de questions agressives adressées à Moïse au centre du récit (106,7 ; Ex 14,11-12 ; voir p. 73) ; le Seigneur fit sécher la mer (9 ; Ex 14,21) ; les Égyptiens furent tous recouverts par la mer (11 ; Ex 14,28) ; le peuple crut (12a ; Ex 14,31) et ils chantèrent sa louange (12b ; Ex 15 ; voir p. 183). – La première sous-partie de la deuxième partie (13-15) fait référence à la fringale des fils d’Israël (Nb 11,4.31-34). – La deuxième sous-partie (16-18) se réfère à la révolte de Coré et au châtiment de Datân et Abiram (Nb 16). – La troisième sous-partie (19-23) rappelle le péché du veau d’or (Ex 32,1-6) et l’intercession de Moïse (Ex 32,7-14). – La partie centrale fait référence au péché d’Israël qui refuse de prendre possession de la terre de Canaan (Nb 13,11–14,4), ce qui aura pour conséquence que leur génération mourra au désert (Nb 14,20-23.28-35).
Le psaume 106
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– La première sous-partie de la cinquième partie (28-31) rappelle la faute des fils d’Israël qui se laissèrent entrainer à l’idolâtrie par les filles de Moab (Nb 25,1-3) ; l’intervention de Pinhas mit fin au fléau qui les avait frappés (Nb 25,6-8) – Dans la deuxième sous-partie (32-33), le psalmiste se réfère à l’épisode de Mériba tel que raconté en Nb 20,13. – La troisième sous-partie (34-42), où les fils d’Israël se laissent assimiler par les nations païennes après l’entrée en Canaan, au point de suivre leurs pratiques religieuses, en particulier les sacrifices d’enfants, rappelle Lv 18,21 ; 20,2-5 ; Dt 12,29-31 ; 18,9-2 ; Jg 2,1-5.11-13. – L’avant-dernière partie semble faire référence au livre des Juges, en particulier Jg 2,14-25 qui résume l’ensemble de la période et « les nombreuses fois » où « il les délivra ». Toutefois, elle ne se limite pas à cette période, puisque le verset 46 ouvre sur l’époque de l’exil, et même sur sa fin, due à la pitié des vainqueurs envers les exilés. L’expression est utilisée au terme de la longue prière de Salomon pour l’inauguration du temple : « et donne-les à la pitié devant ceux qui les auront déportés et qu’ils aient pitié d’eux » (1R 8,50). INTERPRÉTATION Le Ps 106 n’est pas un « psaume pénitentiel », destiné à susciter le repentir et à implorer le pardon ; c’est plutôt un Psaume de louange, motivée par l’action merveilleuse du Dieu bon qui pardonne, du début à la fin, sauvant les hommes de leur péché5.
UN CHÂTIMENT PERPÉTUEL Le centre des compositions concentriques fait toujours question. Celui du Ps 106 (24-27) ne déroge pas à cette loi. Il fait un contraste saisissant, et fort problématique, avec le reste du psaume. Le péché du peuple qui refuse de prendre possession de la terre de Canaan est en effet sanctionné par un châtiment sans merci. Pas de salut comme à la mer des Joncs (6-12), pas de délivrance ni de pitié comme au temps des juges et de l’exil (41-46), pas la moindre intercession comme à l’Horeb (23) et à Baal-Péor (30). Seulement la punition qui fera tomber les coupables au désert (26) et qui atteindra aussi leur descendance lointaine qui sera exilée parmi les nations (27). Et, qui plus est, en contradiction patente avec le récit du livre des Nombres ! Moïse en effet avait intercédé en faveur des coupables (Nb 14,13-19), et il avait fait appel à la miséricorde de celui qui « châtie la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération » (Nb 14,18), mais pas davantage ! Et si le Seigneur avait juré que la génération des coupables serait morte au désert, ce serait la génération des fils qui entrerait dans la terre promise (29-35).
5
P. BOVATI, « Abbiamo peccato con i nostri padri », 287.
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« PARTIR DU CENTRE » La première règle herméneutique, dans le cas des constructions concentriques, veut qu’il faille partir du centre. Partir du centre ne signifie pas qu’il faille y rester. Le péché « central » consiste à ne pas croire à la parole de Dieu (24), de refuser même d’écouter sa voix (25). Alors que cette voix n’impose pas des préceptes, des lois difficiles à observer, mais qu’elle propose un don gracieux, celui d’« une terre de délices ». Il advient donc exactement le contraire de ce qui s’était passé après la traversée de la mer des Joncs : « ils crurent en ses paroles » (12). Ils crurent au moment de sortir de l’esclavage au pays d’Égypte, mais ils ne crurent pas au moment d’entrer dans la terre de la liberté. C’est sans doute que la foi n’est pas acquise une fois pour toutes ; comme la vie elle est fragile et doit être entretenue, activée, renouvelée tout au long du chemin. Sinon, c’est la chute, elle aussi réitérée de génération en génération. LA FOI DE MOÏSE ET DE PINHAS Le cœur du psaume est encadré par deux intercessions. Moïse eut l’audace de s’opposer à la décision de Dieu qui se proposait d’exterminer le peuple qui avait péché en faisant le veau d’or (Ex 32,11-13). De même, le prêtre Pinhas, petit-fils d’Aaron, « détourna le courroux » du Seigneur (Nb 25,11) qui avait décidé de supprimer tous ceux qui s’étaient « commis avec le Baal de Péor » (Nb 25,5). C’est grâce à la foi de ces deux hommes que la « brèche » (23.29), voulue par le Seigneur, fut colmatée. L’IDOLÂTRIE Se prosterner devant l’image d’un bœuf, pour lequel ils avaient sacrifié leur or (19-20), servir les idoles des nations auxquels ils immolèrent leurs fils et leurs filles (36-38), voilà qui est évidemment le contraire de la foi en Dieu. Adorer le veau d’or, c’est oublier « Dieu leur sauveur » qui avait fait des prodiges pour eux (21-22) ; verser un sang innocent, c’est se prostituer avec les démons (39), infidèles au Seigneur aux ordres duquel ils n’avaient pas obéi (34). En se livrant à de telles pratiques, les fils d’Israël ont clairement montré qu’ils accordaient leur foi aux idoles plutôt qu’à leur Seigneur. « SELON L’ABONDANCE DE SES FIDÉLITÉS » Jaillie du centre, la confession s’élargit et dépasse les limites du péché et du châtiment, pour faire entrer dans la contemplation des « fidélités » du Seigneur un pluriel qui en souligne une abondance débordante. Certes, le péché n’a pas disparu ni la punition, au contraire : c’est d’abord la rébellion à la mer des Joncs (7), emblématique de toutes celles qui devaient suivre de manière répétée (43), c’est aussi le châtiment, depuis le temps des Juges jusqu’à l’exil (41-42). Mais le Seigneur passe sur ces manques de foi caractérisés, pour laisser libre cours à sa
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miséricorde, qu’il exerce lui-même (8-11) et à laquelle il entraine jusqu’à ceux qui avaient réduit son peuple à l’esclavage de l’exil (45-46). Si les fils d’Israël se sont montrés infidèles à l’alliance, la fidélité de leur Dieu ne s’est jamais démentie, à l’œuvre pour « sauver » et « délivrer » son peuple, alors même qu’il était pécheur. Et voilà qui laisserait entrevoir la nouvelle alliance dont le fondement est le pardon des péchés (Jr 31,31). CHANTER SA LOUANGE Le récit du passage de la mer ne s’achève pas seulement par la mention que les fils d’Israël « crurent » en les paroles de Dieu à la vue du salut qu’il leur avait procuré. Il ajoute qu’« ils chantèrent sa louange » (12b), renvoyant ainsi au Chant de la mer d’Ex 15 (voir p. 183). Et le psalmiste, qui s’était reconnu pécheur comme ses pères (6), invite tous ses contemporains, ainsi que ceux qui reprendront à leur compte sa confession, à s’unir à la louange des pères après qu’ils eurent surmonté leur incrédulité et traversé la mer des Joncs. Il les invite aussi à mettre leur foi en celui auquel il demande de se souvenir de lui, de le visiter par son salut (4), en celui qui pourra les rassembler de chez les nations dans un nouvel exode (47). Et il prévoit qu’à son appel à bénir le Dieu d’Israël, « tout le peuple dira : Amen ! Alléluia ! »
3. LE SEIGNEUR A PROTÉGÉ SON PEUPLE CONTRE SES ENNEMIS (PS 105–106) COMPOSITION DE LA TROISIÈME SÉQUENCE Ps 105,1 RENDEZ-GRÂCE À YHWH, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; 2 chantezle, psalmodiez à lui, récitez toutes SES MERVEILLES. 3 LOUEZ-VOUS du nom de sa sainteté, SE RÉJOUISSE le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 SOUVENEZ-VOUS DES MERVEILLES qu’il a faites, SES PRODIGES et les jugements de sa bouche. 6 Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses , 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre ses jugements. 8 IL SE SOUVIENT à jamais de SON ALLIANCE, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 qu’il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël ALLIANCE à jamais, 11 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de votre .»
Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ils allaient de NATION en d’un royaume à un autre peuple, 14 il ne laissa pas un adam les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. » 16 Et il appela la famine sur la terre, il brisa tout bâton de pain. 12
NATION,
17 Il envoya devant eux un homme, Joseph comme esclave fut vendu ; 18 ils affligèrent d’entraves son pied, le fer vint à sa gorge, 19 jusqu’au temps où vint sa parole, le dire de Yhwh le justifia. 20 Le roi envoya l’élargir, le maitre des peuples lui ouvrit ; 21 il l’établit seigneur sur sa maison et maitre sur toute sa richesse, 22 pour instruire ses princes par sa gorge et de ses anciens il fit des sages. 23 Et Israël vint EN ÉGYPTE et Jacob séjourna EN TERRE DE CHAM ; 24 il fit croitre son peuple abondamment, le fortifia plus que ses adversaires. 25 Il changea leur cœur pour haïr son peuple, pour ruser avec ses serviteurs. 26 Il envoya MOÏSE son serviteur, AARON qu’il avait ; 27 ils mirent chez eux les paroles de ses signes, et DES PRODIGES EN TERRE DE CHAM. 28 Il envoya la ténèbre et enténébra, mais point ne bravèrent ses ordres ; 29 il changea leurs eaux en sang et fit mourir leurs poissons ; 30 leur terre grouilla de grenouilles dans les chambres de leurs rois. 31 Il dit et vinrent les insectes, les moustiques sur toute la contrée, 32 il donna leur pluie en grêle, flammes de feu sur leur terre ; 33 et il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. 34 Il dit et vinrent les sauterelles, et les criquets sans nombre, 35 et ils mangèrent toute herbe en leur terre et ils mangèrent le fruit de leur sol ; 36 et il frappa tout premier-né en leur terre, prémices de toute leur vigueur. 37 Et il les fit sortir avec or et argent, et personne dans leurs tribus ne trébucha ; 38 l’Égypte se réjouit de leur sortie, car tombait leur terreur sur eux. 39 Il déploya une nuée en couverture et un feu pour éclairer de nuit. 40 Ils demandèrent, et il fit venir les cailles, et du pain des cieux il les rassasia ; 41 , elles allèrent dans le lieu-sec en fleuve. 42 Oui, IL S’EST SOUVENU de la parole de sa sainteté à Abraham son serviteur.
Et il fit sortir son peuple dans l’allégresse, parmi les cris-de-joie, ses ; 44 et il leur donna les terres des NATIONS et du labeur des pays , 45 en sorte qu’ils gardent ses préceptes et qu’ils observent ses lois. 43
LOUEZ Yah !
– « Rendez-grâce à Yhwh » en termes initiaux ; « rendre-grâce » de 105,1 et de 106,47 en termes extrêmes, avec « le nom de sa sainteté » ; « Louez Yah » en termes finaux ; « louer/louange » reviennent en 105,3 et 106,1.2.5 ; « se réjouir » en 105,3 et 106,5 ; – le premier psaume va d’Abraham à la sortie d’Égypte et même à la prise de possession de la terre promise, le second reprend à partir de la sortie d’Égypte et va jusqu’à l’exil ; mais le don de la manne et des cailles se retrouve en 105,40 et 106,14-15, l’eau jaillie du rocher en 105,41 et en 106,32-33 ;
La séquence 106–106
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Ps 106,1 LOUEZ-Yah, RENDEZ-GRÂCE À YHWH, car il est bon, car pour toujours sa fidélité ! 2 Qui exprimera les prouesses de Yhwh, fera entendre toute sa LOUANGE ? 3 Heureux ceux qui gardent le jugement, celui qui fait la justice en tout temps ! 4 SOUVIENS-TOI de moi, Yhwh, en faveur de ton peuple, visite-moi par ton salut, 5 pour voir le bonheur de tes , pour ME RÉJOUIR DE LA JOIE de ton peuple, pour ME LOUER avec ! Nous avons péché avec nos pères, nous avons fauté, nous avons été-méchants ; 7 nos pères en Égypte n’ont pas compris TES MERVEILLES, ILS NE SE SOUVINRENT PAS de l’abondance de tes fidélités, ils se rebellèrent à la mer, la mer-des-Joncs. 8 Et il les sauva à cause de son nom, pour faire-connaitre sa prouesse ; 9 il menaça la mer-des-Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme désert. 10 Et il les sauva de la main du haïssant, et les racheta de la main de l’ennemi ; 11 et les eaux recouvrirent leurs oppresseurs, pas un seul d’entre eux n’échappa. 12 Et ils crurent en ses paroles, ils chantèrent sa louange. 6
13 Ils se hâtèrent D’OUBLIER ses œuvres, ils n’attendirent pas son projet, 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans la solitude : 15 et il leur donna ce qu’ils demandaient et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent MOÏSE dans le camp, AARON le saint de Yhwh : 17 la terre s’ouvre et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase les méchants. 19 Ils firent un veau à l’Horeb et ils se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe. 21 ILS OUBLIAIENT Dieu leur sauveur, lui qui fit des grandeurs EN ÉGYPTE, 22 DES MERVEILLES EN TERRE DE CHAM, DES PRODIGES sur la mer-des-Joncs. 23 Et il parlait de les exterminer, si ce n’est que Moïse son se dressa sur la brèche devant lui pour détourner sa fureur de détruire. 24 Ils refusèrent une terre de délices, ils ne crurent pas en sa parole ; 25 ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n’écoutèrent pas la voix de Yhwh. 26 Il leva la main sur eux, pour les faire-tomber au désert, 27 pour faire-tomber leur semence chez les NATIONS, pour les parsemer dans les pays. 28 Ils se mirent-sous-le-joug du Baal de Péor et mangèrent les sacrifices des morts ; 29 et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et un fléau fit-une-brèche contre eux. 30 Et Pinhas se dressa et il s’interposa, et le fléau s’arrêta ; 31 et cela lui fut compté comme justice d’âge en âge pour toujours. 32 ; 33 . 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples, ceux que Yhwh leur avait dits, 35 et ils se mêlaient aux NATIONS, ils apprenaient leurs œuvres ; 36 et ils servaient leurs idoles, elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles qu’ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et la terre fut profanée par le sang. 39 Et ils se souillaient par leurs œuvres et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et Yhwh prit feu contre son peuple, et il eut en horreur .
Et il les donna à la main des NATIONS, et ceux qui les haïssaient les maitrisèrent ; 42 et leurs ennemis les tyrannisèrent, et ils furent-courbés sous leur main. 43 De nombreuses fois il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans leur faute ; 44 et il vit leur angoisse en entendant leur cri. 45 IL SE SOUVINT pour eux de SON ALLIANCE et il s’émut selon l’abondance de ses fidélités ; 46 et il les donna à la pitié devant tous ceux qui les avaient déportés. 41
Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemble-nous de chez des NATIONS pour RENDRE-GRÂCE au nom de ta sainteté, pour nous féliciter en ta LOUANGE. 48 Béni soit Yhwh le Dieu d’Israël depuis toujours et jusqu’à 47
toujours ! Et tout le peuple dira : Amen ! LOUEZ-Yah !
– « se souvenir » revient trois fois dans chaque psaume (105,5.8.42 ; 106,4.7.45) ; « ne pas se souvenir » de 106,7 annonce « oublier » de 13 et 21 ; – « les merveilles » et « prodiges » reviennent en 105,2.5.27 et 106,7.22bis ; – « Moïse et Aaron » sont mentionnés en 105,26 et en 106,16 ; – « alliance » est repris en 105,8.10 et 106,45 ; – le « peuple » de Dieu (105,24.25.43 ; 106,4.5.40 et « tout le peuple » en 48) ; – « nation(s) » revient en 105,13.44 et en 106,27.41.47 ; – « élu(s) » est repris en 105,6.26.43 et en 106,5.23 ;
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La cinquième section (Ps 102–106)
– « héritage/hériter » en 105,11.44 et 106,5.40 ; – « semence » en 105,6 et 106,27. INTERPRÉTATION « RENDEZ-GRÂCE À YHWH » La séquence est une double exhortation solennelle à l’action de grâce. Les longs invitatoires des deux psaumes appellent à « se réjouir » dans la « louange » pour « les hauts-faits » du Seigneur, ses « merveilles », ses « prodiges », « ses prouesses ». Ils sont scellés par le même Alléluia, « Louez Dieu ! » qui sera repris par tout le peuple à la fin de la séquence. « Rendez-grâce », « appelez », « annoncez », « chantez », « psalmodiez », « récitez », « louez-vous », « que se réjouisse », « recherchez », « cherchez », « souvenez-vous » (105,1-5), « Louez Yah, rendez-grâce » (106,1). Aucun de ces verbes n’est à l’indicatif, comme, par exemple en Ps 9,2-3 : « Je te rends grâce, Yhwh, de tout mon cœur, j’énonce toutes tes merveilles j’exulte et me réjouis en toi, je joue pour ton nom, TrèsHaut. » L’insistance marquée par le nombre impressionnant des impératifs laisse entendre que ce n’est pas chose faite et que le risque d’oublier est grand. Ce n’est pas seulement aux petits enfants qu’il faut rappeler de dire merci. SE SOUVENIR « Souvenez-vous », tel est le dernier des onze volitifs par lesquels commence la séquence ; ce dont il faut se souvenir, ce sont « les merveilles qu’il a faites, ses prodiges et les jugements de sa bouche » (105,5). Telle sera donc la substance de la double fresque historique de « l’alliance » conclue avec Abraham et dont le Seigneur « se souvient à jamais » (105,8). En effet, il n’oublie pas : « Oui, il s’est souvenu de la parole de sa sainteté à Abraham son serviteur » (105,42) ; « Il se souvint pour eux de son alliance et il s’émut selon l’abondance de ses fidélités » (106,45). Et tel est l’objet de la prière du psalmiste : « Souviens-toi de moi, Yhwh, en faveur de ton peuple, visite-moi par ton salut » (106,4). La faute de nos pères, et la nôtre, fut qu’« ils ne se souvinrent pas de l’abondance des fidélités » de leur Dieu (106,7). Après avoir été sauvés des eaux de la mer des Joncs, « ils se hâtèrent d’oublier ses œuvres » (13), « ils oubliaient Dieu leur sauveur » (21). La double anamnèse de la séquence n’a pour fonction que de guérir de l’oubli. PASSÉ ET PRÉSENT Les deux psaumes appellent également à l’action de grâce. Et pourtant, ils forment un contraste saisissant. Le premier est tout de louange pour le don de la terre de Canaan promise à Abraham (105,6-11) et dont, après une longue histoire, sa semence a effectivement hérité après la sortie d’Égypte (43-45). Et c’est pourquoi l’invitatoire n’est qu’une succession enthousiaste d’appels à se
La séquence 106–106
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souvenir de cette heureuse épopée, et même de l’« annoncer chez les peuples » (105,1). Si l’autre psaume commence, comme le premier, par une invitation à la louange et à l’action de grâce (106,1), le ton change aussitôt avec une question : « Qui exprimera les prouesses de Yhwh ? » (2). C’est que, si « ceux qui gardent le jugement » et « celui qui fait la justice en tout temps » sont « heureux », ils ne sont pas nombreux, comme l’illustre la longue histoire du peuple d’Israël dès le début à la mer des Joncs (106,6-7), jusqu’à l’aujourd’hui de l’exil (47). C’est pourquoi le psalmiste prie depuis le début pour son propre « salut » et celui de son peuple (4) et jusqu’à la fin : « Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemblenous de chez les nations » (47). De se trouver dans un tel état fait découvrir à Israël une dimension de son histoire qui n’apparaissait pas dans le premier psaume : sa faute dès le début. Mais une telle prise de conscience ne lui fait pas oublier que le Seigneur l’a toujours « sauvé » (8.10), « racheté » (10), « délivré » « de nombreuses fois » (43). Et la faveur qu’il rencontre actuellement auprès de ses vainqueurs l’assure dans la conviction qu’il sera de nouveau sauvé (47) et qu’il pourra « annoncer chez les peuples les hauts-faits » de son Dieu (105,1).
IV. LE DESTIN DES FILS D’ISRAËL L’ensemble de la cinquième section (Ps 102–106) COMPOSITION LES RAPPORTS ENTRE LES SÉQUENCES EXTRÊMES (PS 102–103 ; 105–106) Les psaumes des séquences extrêmes se correspondent de manière parallèle ; les rapports entre les seconds psaumes (103 et 106) sont plus évidents qu’entre les premiers (102 et 105). Les rapports entre les premiers psaumes (Ps 102 et 105) 102,1 Prière pour un miséreux quand il est accablé et devant Yhwh répand sa plainte. 2 Yhwh, entends ma prière, et que mon cri vers toi vienne ! 3 Ne cache pas ta face loin de moi au jour d’angoisse pour moi ; incline vers moi ton oreille, au jour où j’appelle, vite, réponds-moi ! 4 Oui, s’achèvent en fumée mes jours, et mes os pareils à un brasier brûlent ; 5 battu comme l’herbe, et mon cœur sèche car j’oublie de manger mon PAIN ; 6 dans la voix de ma plainte, s’est collé mon os à ma chair. 7 Je ressemble au hibou du désert, je suis comme la hulotte des ruines ; 8 je veille et je suis comme l’oiseau solitaire sur le toit. 9 Tout le jour m’insultent mes ennemis, ceux qui me louaient par moi maudissent. 10 Oui, la cendre comme le pain je mange, et ma boisson à mon pleur je mêle, 11 devant ta colère et ta fureur, car tu m’as soulevé puis tu m’as rejeté ; 12 mes jours sont comme l’ombre déclinante, et moi comme l’herbe je sèche. 13 Mais toi, Yhwh, à jamais tu trônes ; et TON SOUVENIR d’âge en âge ! 14 Toi, tu te lèveras, auras-pitié de Sion, car il est temps de lui faire-grâce, car est venue l’heure ; 15 car chérissent TES SERVITEURS ses pierres, et à sa poussière ils feront-grâce. 16 Et LES NATIONS craindront le nom de Yhwh, et tous les rois de la terre, ta gloire ; 17 quand rebâtira Yhwh Sion, il sera vu dans sa gloire ; 18 il se tournera vers la prière du spolié, et point méprisera leur prière. 19 Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer Yah 20 car il s’est penché de la hauteur de , Yhwh, des cieux sur terre a regardé, 21 pour écouter le soupir du captif, pour libérer les fils de la mort, 22 pour qu’on raconte dans Sion le nom de Yhwh, et sa dans Jérusalem, 23 quand se joindront LES PEUPLES ensemble et les royaumes pour servir Yhwh. 24 IL A BRISÉ sur le chemin ma force ; il a abrégé mes jours. 25 J’ai dit : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours, d’âge en âges tes années. 26 Jadis la terre tu as fondée, et l’œuvre de tes mains les cieux ; 27 eux périront, et toi tu restes, et eux-tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés. 28 Et toi, le même, et tes années ne finissent pas ; 29 les fils de TES SERVITEURS demeureront et leur semence devant toi subsistera.
Les deux psaumes semblent opposés en tous points : le premier est une plainte individuelle, le second une invitation à l’action de grâce collective. Il est toutefois possible de considérer que le second répond en quelque sorte au premier. – « Ta/sa face » revient dans les premières parties (102,3 ; 105,4) ; – le premier psaume insiste sur la brièveté des jours, abrégés (102,4.12.24-25) et au contraire sur la pérennité de Dieu et de son alliance (13.25.28 ; 105,10) ; – Dieu interviendra pour « les fils » (102,19.21.29 ; 105,6.8 ; « semence » en 102,29 et 105,6) ; les Égyptiens seront châtiés dans leurs fils (105,36) ; – suite à l’intervention de Dieu (102,13-15), « les nations », « les peuples » et « tous les rois de la terre », « les royaumes » le « craindront » et le serviront (16.23), ce qui prépare « annoncez chez les peuples ses hauts-faits » en 105,1 ;
L’ensemble de la cinquième section
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Ps 105,1 Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez LES PEUPLES ses hauts-faits ; 2 chantez-le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 3 du nom de sa sainteté, se réjouisse le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 SOUVENEZ-VOUS des merveilles qu’il a faites, ses prodiges et les jugements de sa bouche.
Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses élus, 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre ses jugements. 8 IL SE SOUVIENT à jamais de son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 qu’il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël alliance à jamais, 11 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de votre héritage. » 6
12 Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ils allaient de nation en nation, d’un royaume à un autre peuple, 14 il ne laissa pas un adam les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. » 16 Et il appela la famine sur la terre, IL BRISA tout bâton de PAIN. 17 Il envoya devant eux un homme, Joseph comme esclave fut vendu ; 18 ils affligèrent d’entraves son pied, le fer vint à sa gorge, 19 jusqu’au temps où vint sa parole, le dire de Yhwh le justifia. 20 Le roi envoya l’élargir, le maitre des PEUPLES lui ouvrit ; 21 il l’établit seigneur sur sa maison et maitre sur toute sa richesse, 22 pour instruire ses princes par sa gorge et de ses anciens il fit des sages. 23 Et Israël vint en Égypte et Jacob séjourna en terre de Cham ; 24 il fit croitre son peuple abondamment, le fortifia plus que ses adversaires. 25 Il changea leur cœur pour haïr son peuple, pour ruser avec SES SERVITEURS. 26 Il envoya Moïse son serviteur, Aaron qu’il avait élu ; 27 ils mirent chez eux les paroles de ses signes, et des prodiges en terre de Cham.
Il envoya la ténèbre et enténébra, mais point ne bravèrent ses ordres ; 29 il changea leurs eaux en sang et fit mourir leurs poissons ; 30 leur terre grouilla de grenouilles dans les chambres de leurs rois. 31 Il dit et vinrent les insectes, les moustiques sur toute la contrée, 32 il donna leur pluie en grêle, flammes de feu sur leur terre ; 33 et il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. 34 Il dit et vinrent les sauterelles, et les criquets sans nombre, 35 et ils mangèrent toute herbe en leur terre et ils mangèrent le fruit de leur sol ; 36 et il frappa tout premier-né en leur terre, prémices de toute leur vigueur. 28
37 Et il les fit sortir avec or et argent, et personne dans leurs tribus ne trébucha ; 38 l’Égypte se réjouit de leur sortie, car tombait leur terreur sur eux. 39 Il déploya une nuée en couverture et un feu pour éclairer de nuit. 40 Ils demandèrent, et il fit venir les cailles, et du PAIN des cieux il les rassasia ; 41 il ouvrit le rocher et jaillirent les eaux, elles allèrent dans le lieu-sec en fleuve. 42 Oui, IL S’EST SOUVENU de la parole à Abraham son serviteur. de
Et il fit sortir son peuple dans l’allégresse, parmi les cris-de-joie, ses élus ; 44 et il leur donna les terres des NATIONS et du labeur des pays ils héritèrent, 45 en sorte qu’ils gardent ses préceptes et qu’ils observent ses lois. 43
Yah !
– à « tous les rois de la terre » et « les royaumes » (102,16.23) correspondent « des rois » (105,14), « le roi » (20), « leurs rois » (30) ; – « le souvenir/se souvenir » est repris en 102,13 et en 105,5.8.42 ; – « louer/louange » en 102,19.22 et en 105,3.45 ; – « sa sainteté » revient en 102,20 et 105,42 ; – « pain » en 102,5 et 105,16.40 ; – « briser » en 102,24 et 105,16 ; – on notera aussi que les deux psaumes commencent par une série d’impératifs.
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La cinquième section (Ps 102–106)
Les rapports entre les seconds psaumes (Ps 103 et 106) 103,1 De David. , mon âme, Yhwh et tout mon être, son nom de sainteté, 2 PAS toutes ses rétributions.
, mon âme, Yhwh et N’OUBLIE
3 Lui qui pardonne toutes tes FAUTES, qui te guérit de toutes tes maladies. 4 Lui qui à la fosse ta vie, qui te couronne de FIDÉLITÉ et de ; 5 qui rassasie de bien ta durée, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse. 6 Il œuvre les JUSTICES Yhwh et les JUGEMENTS à tous les OPPRIMÉS, 7 il fit-connaitre ses chemins à MOÏSE, aux fils d’Israël ses hauts-faits. 8 et miséricordieux Yhwh, lent à la colère et plein de FIDÉLITÉ ; 9 pas jusqu’à la fin il fait-procès, et pas pour toujours il garde-rancune. 10 Pas selon NOS PÉCHÉS il œuvre à nous et pas selon NOS FAUTES il rétribue à nous.
Oui, comme la hauteur des cieux sur la terre, fut puissante sa FIDÉLITÉ pour ses craignant. Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous NOS PÉCHÉS. 13 Comme un père pour ses fils, Yhwh pour ses craignant. 11
12
14 Oui, lui connait notre poterie, SE SOUVENANT que poussière nous sommes. 15 L’homme comme l’herbe ses jours, comme la fleur des champs ainsi il fleurit ; 16 quand un vent passe, il n’est plus, et ne le reconnait plus sa place. 17 Mais la FIDÉLITÉ de Yhwh de toujours à toujours pour ses craignant et SA JUSTICE pour les fils de leurs fils , 18 pour les gardant SON ALLIANCE et les SE SOUVENANT de ses volontés pour les œuvrer. 19 Yhwh dans les cieux a fixé son trône et sa royauté sur tout domine.
Yhwh, ses anges, héros de force œuvrant SA PAROLE, pour écouter la voix de SA PAROLE. Yhwh, toutes ses armées, serviteurs, œuvrant sa volonté. 22 Yhwh, toutes ses œuvres en tous lieux de son domaine. Yhwh, mon âme. 20
21
– « Bénir » revient aux extrémités de 103 (1-2 ; 20-22) et à la fin de 106 (48) ; – « péchés/pécher » et « fautes/fauter » sont repris en 103,3.10.12 et en 106,6.43 ; – « se souvenir » et « oublier » reviennent en 103,2.14.18 et 106,4.7.13.21.45 ; – « fidélité(s) » est repris en 103,4.8.11.17 et 106,1.7.45 ; – « justice(s) » revient en 103,6.17 et 106,3.31 ; – « jugement(s) » en 103,6 et 106,3 ; – « pitié/avoir-pitié » est repris en 103,4.8.13bis et 106,46 ; – « œuvre/œuvrer » en 103,6.10.18.20.21.22 et en 106,13.35.39 ; – « parole(s) » revient en 103,20bis et en 106,12.24 ; – « Moïse » en 103,7 et en 106,16.23.32 ; – « racheter » en 103,4 et 106,10 ; – « opprimés/oppresseurs » en 103,6 et 106,11 ; – « garder » en 103,18 et en 106,3 ; – « nom de sainteté » en 103,1 et 106,47 ; – les expressions indiquant une longue durée en 103,9bis.17bis et en 106,1.3 ; – la justice de Dieu est « pour les fils de leurs fils » (103,17 ; « fils » se trouvait déjà en 7 et 13) ; les fils d’Israël sacrifieront « leurs fils et leurs filles » « aux idoles de Canaan » (106,37-38).
L’ensemble de la cinquième section
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Ps 106,1 Louez-Yah, rendez-grâce à Yhwh, car il est bon, car pour toujours SA FIDÉLITÉ ! 2 Qui exprimera les prouesses de Yhwh, fera entendre toute sa louange ? 3 Heureux ceux qui gardent LE JUGEMENT, celui qui fait LA JUSTICE en tout temps ! 4 SOUVIENS-TOI de moi, Yhwh, en faveur de ton peuple, visite-moi par ton salut, 5 pour voir le bonheur de tes élus, pour me réjouir de la joie de ton peuple, pour me louer avec ton héritage ! NOUS AVONS PÉCHÉ avec nos pères, NOUS AVONS FAUTÉ, nous avons été-méchants ; 7 nos pères en Égypte n’ont pas compris tes merveilles, ILS NE SE SOUVINRENT PAS de l’abondance de TES FIDÉLITÉS, ils se rebellèrent à la mer, la mer-des-Joncs. 8 Et il les sauva à cause de son nom, pour faire-connaitre sa prouesse ; 9 il menaça la mer-des-Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme désert. 10 Et il les sauva de la main du haïssant, et les de la main de l’ennemi ; 11 et les eaux recouvrirent leurs 12 OPPRESSEURS, pas un seul d’entre eux n’échappa. Et ils crurent en SES PAROLES, ils chantèrent sa louange. 6
13 Ils se hâtèrent D’OUBLIER ses œuvres, ils n’attendirent pas son projet, 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans la solitude : 15 et il leur donna ce qu’ils demandaient et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent MOÏSE dans le camp, Aaron le saint de Yhwh : 17 la terre s’ouvre et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase les méchants. 19 Ils firent un veau à l’Horeb et ils se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe. 21 ILS OUBLIAIENT Dieu leur sauveur, lui qui fit des grandeurs en Égypte, 22 des merveilles en terre de Cham, des prodiges sur la mer-des-Joncs. 23 Et il parlait de les exterminer, si ce n’est que MOÏSE son élu se dressa sur la brèche devant lui pour détourner sa fureur de détruire. 24 Ils refusèrent une terre de délices, ils ne crurent pas en SA PAROLE ; 25 ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n’écoutèrent pas la voix de Yhwh. 26 Il leva la main sur eux, pour les faire-tomber au désert, 27 pour faire-tomber leur semence chez les nations, pour les parsemer dans les pays. 28 Ils se mirent-sous-le-joug du Baal de Péor et mangèrent les sacrifices des morts ; 29 et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et un fléau fit-une-brèche contre eux. 30 Et Pinhas se dressa et il s’interposa, et le fléau s’arrêta ; 31 et cela lui fut compté comme JUSTICE d’âge en âge pour toujours. 32 Ils le fâchèrent aux eaux de Meriba et ce fut mal pour MOÏSE à cause d’eux ; 33 car ils se rebellèrent contre son esprit et il parla-trop-vite avec ses lèvres. 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples, ceux que Yhwh leur avait dits, 35 et ils se mêlaient aux nations, ils apprenaient leurs œuvres ; 36 et ils servaient leurs idoles, elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles qu’ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et la terre fut profanée par le sang. 39 Et ils se souillaient par leurs œuvres et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et Yhwh prit feu contre son peuple, et il eut en horreur son héritage.
Et il les donna à la main des nations, et ceux qui les haïssaient les maitrisèrent ; 42 et leurs ennemis les tyrannisèrent, et ils furent-courbés sous leur main. 43 De nombreuses fois il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans leur FAUTE ; 44 et il vit leur angoisse en entendant leur cri. 45 IL SE SOUVINT pour eux de SON ALLIANCE et il s’émut selon l’abondance de SES FIDÉLITÉS ; 46 et il les donna à devant tous ceux qui les avaient déportés. 41
Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemble-nous de chez des nations pour rendre-grâce au nom de ta sainteté, pour nous féliciter en ta louange. 48 soit Yhwh le Dieu d’Israël depuis toujours et jusqu’à toujours ! Et tout le peuple dira : Amen ! Louez-Yah ! 47
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La cinquième section (Ps 102–106)
LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX PREMIÈRES SÉQUENCES (PS 102–103 ; 104) 102,1 Prière pour un miséreux quand il est accablé et devant Yhwh répand sa plainte. 2 Yhwh, entends ma prière, et que mon cri vers toi vienne ! 3 Ne cache pas ta face loin de moi au jour d’angoisse pour moi ; incline vers moi ton oreille, au jour où j’appelle, vite, réponds-moi ! 4 Oui, s’achèvent en fumée mes jours, et mes os pareils à un brasier brûlent ; 5 battu comme L’HERBE, et mon cœur sèche car j’oublie de MANGER mon PAIN ; 6 dans la VOIX de ma plainte, s’est collé mon os à ma chair. 7 Je ressemble au hibou du désert, je suis comme la hulotte des ruines ; 8 je veille et je suis comme l’oiseau solitaire sur le toit. 9 Tout le jour m’insultent mes ennemis, ceux qui me louaient par moi maudissent. 10 Oui, la cendre comme le PAIN je MANGE, et ma boisson à mon pleur je mêle, 11 devant ta colère et ta fureur, car tu m’as soulevé puis tu m’as rejeté ; 12 mes jours sont comme l’ombre déclinante, et moi comme L’HERBE je sèche. 13 Mais toi, Yhwh, à jamais tu trônes ; et ta mémoire d’âge en âge ! 14 Toi, tu te lèveras, auraspitié de Sion, car il est temps de lui faire-grâce, car est venue l’heure ; 15 car chérissent tes serviteurs ses pierres, et à sa POUSSIÈRE ils feront-grâce. 16 Et craindront les nations le nom de Yhwh, et tous les rois de la terre, ta gloire ; 17 quand rebâtira Yhwh Sion, il sera vu dans sa gloire ; 18 il se tournera vers la prière du spolié, et point méprisera leur prière. 19 Sera écrit ceci pour l’âge dernier et un peuple à créer louera Yah 20 car il s’est penché de la hauteur de sa sainteté, Yhwh, des cieux sur terre a regardé, 21 pour écouter le soupir du captif, pour libérer les fils de la mort, 22 pour qu’on raconte dans Sion le nom de Yhwh, et sa louange dans Jérusalem, 23 quand se joindront les peuples ensemble et les royaumes pour servir Yhwh. 24 Il a brisé sur le chemin ma force ; il a abrégé mes jours. 25 J’ai dit : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours, d’âge en âges tes années. 26 Jadis LA TERRE TU AS FONDÉE, et L’ŒUVRE de tes mains LES CIEUX ; 27 eux périront, et toi tu restes, et eux-tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés. 28 Et toi, le même, et tes années ne finissent pas ; 29 les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera. 103,1 De David. , Yhwh et tout mon être, son nom de sainteté, 2 , Yhwh et n’oublie pas toutes ses rétributions. 3 Lui qui pardonne toutes tes fautes, qui te guérit de toutes tes maladies. 4 Lui qui rachète à la fosse ta vie, qui te couronne de fidélité et de pitié ; 5 qui rassasie de bien ta durée, se renouvelle comme l’aigle ta jeunesse. 6 IL ŒUVRE les justices Yhwh et les jugements à tous les opprimés, 7 il fitconnaitre ses chemins à Moïse, aux fils d’Israël ses hauts-faits. 8 Ayant-pitié et miséricordieux Yhwh, lent à la colère et plein de fidélité ; 9 pas jusqu’à la fin il fait-procès, et pas pour toujours il garderancune. 10 Pas selon nos péchés IL ŒUVRE à nous et pas selon nos fautes il rétribue à nous. 11 Oui, comme la hauteur des cieux sur la terre, fut puissante sa fidélité pour ses craignant. 12 Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous nos péchés. 13 Comme a-pitié un père pour ses fils, eut-pitié Yhwh pour ses craignant. 14 Oui, lui connait notre poterie, se souvenant que POUSSIÈRE nous sommes. 15 L’homme comme L’HERBE ses jours, comme la fleur des champs ainsi il fleurit ; 16 quand un VENT passe, il n’est plus, et ne le reconnait plus sa place. 17 Mais la fidélité de Yhwh de toujours à toujours pour ses craignant et sa justice pour les fils de leurs fils, 18 pour les gardant son alliance et les se souvenant de ses volontés pour les ŒUVRER. 19 Yhwh dans les cieux a fixé son trône et sa royauté sur tout domine. 20 Yhwh, ses anges, héros de force ŒUVRANT sa parole, pour écouter la VOIX de sa parole. 21 Yhwh, toutes ses armées, serviteurs, ŒUVRANT sa volonté. 22 Yhwh, toutes ses ŒUVRES en tous lieux de son domaine. Yhwh, .
– Dans les trois psaumes revient « l’herbe » (102,5.12 ; 103,15 ; 104,14) ; – « Œuvre(s)/œuvrer », traduit aussi par « faire », revient en 102,26 ; 103,6.10. 18.20.21.22 ; 104,4.13.19.24bis.31) ;
L’ensemble de la cinquième section
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104,1 , , Yhwh. Yhwh, mon Dieu, tu es grand beaucoup, faste et éclat tu as revêtu. 2 Tu te drapes de lumière comme d’un manteau, tu déploies LES CIEUX comme une tente. 3 Tu bâtis sur les eaux tes chambres-hautes, tu mets les nuages ton char, tu vas sur les ailes du VENT ; 4 TU FAIS tes messagers les VENTS, tes serviteurs un feu de flammes. 5 TU FONDES LA TERRE sur ses bases, elle ne chancelle pas toujours et à jamais. 6 L’abime comme d’un habit tu le couvres, sur les montagnes se tenaient les eaux ; 7 à ta menace, elles s’enfuient, à la VOIX de ton tonnerre, elles s’échappent ; 8 elles sautent les montagnes, descendent les vallées vers le lieu que tu as posé pour elles. 9 Une limite que tu mis elles ne passent pas, elles ne reviennent couvrir la terre. 10 Tu fais-jaillir les sources dans les ravins, au milieu des montagnes elles vont. 11 Elles abreuvent toutes les bêtes des champs, calment les onagres leur soif ; 12 près d’elles l’oiseau des cieux séjourne, dessous la feuillée ils donnent la VOIX. 13 Tu abreuves les monts de tes chambres-hautes, du fruit de tes ŒUVRES se rassasie la terre. 14 Tu fais-croitre L’HERBE pour le bétail et les plantes au service des humains, pour faire-sortir le PAIN de la terre 15 et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour faire-luire les faces avec l’huile et que le PAIN le cœur de l’homme aide. 16 Se rassasient les arbres de Yhwh, les cèdres du Liban lesquels il a plantés ; 17 c’est là que les passereaux nichent, la cigogne sur leur tête a sa maison ; 18 les montagnes hautes pour les chamois, des rochers sont un abri pour les damans. 19 IL A FAIT la lune pour les temps, le soleil connait son aller. 20 Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, s’y remuent toutes les bêtes des forêts ; 21 les lionceaux rugissent après la proie et pour réclamer à Dieu leur MANGER. 22 Se lève le soleil, ils se retirent et vers leurs repaires ils se couchent ; 23 sort l’adam à son ouvrage, est à son travail jusques au soir. 24 Que nombreuses tes ŒUVRES, Yhwh ! Toutes avec sagesse TU FIS, est remplie la terre de ta propriété. 25 Voici la mer grande et vaste de bras ; là grouillement et point de nombre des bêtes petites et grandes, 26 là des navires s’en vont, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. 27 Tous de toi ils espèrent que tu donnes leur MANGER en son temps ; 28 tu donnes à eux, ils ramassent, tu ouvres la main, ils se rassasient de biens. 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, tu retires leur SOUFFLE, ils expirent, et vers leur POUSSIÈRE ils retournent. 30 Tu envoies ton SOUFFLE, ils sont créés et tu renouvelles la face de la terre. 31 Soit la gloire de Yhwh à jamais, se réjouisse Yhwh en ses ŒUVRES ! 32 Il regarde la terre, et elle tremble, il touche les montagnes, et elles fument ! 33 Je chanterai à Yhwh dans ma vie, je jouerai pour mon Dieu dans ma durée. 34 Que plaise à lui mon langage, moi, je me réjouis en Yhwh ! 35 Disparaissent les pécheurs de la terre, et les méchants, plus n’existent ! , , Yhwh ! Louez Dieu !.
– « à jamais », « d’âge en âge » et expressions du même type reviennent en 102,13.19.25.28.29 ; 103,5.17 ; 104,5.31.33 ; – « poussière » est repris en 102,15 ; 103,14 ; 104,29 – « voix » revient en 102,6 ; 103,20 ; 104,7.12. – En 102 et 104 sont repris « manger » et « pain » (102,5.10 ; 104,14.15.21.27) ; – à « la terre tu as fondé » avec « les cieux » à la fin du Ps 102 (26) correspond « tu fondes la terre » au début du Ps 104 (5), « les cieux » étant « déployés » au verset 2. – Entre les Ps 103 et 104 revient « bénir » (103,1.2.20.21.22bis ; 104,1.35), accompagné de « mon âme » en 103,1.2.22 et 104,1.35.
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La cinquième section (Ps 102–106)
LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX DERNIÈRES SÉQUENCES (PS 104 ; 105–106) 104,1 , mon âme, Yhwh. Yhwh, mon Dieu, tu es grand beaucoup, faste et éclat tu as revêtu. 2 Tu te drapes de lumière comme d’un manteau, tu déploies les cieux comme une tente. 3 Tu bâtis sur les eaux tes chambreshautes, tu mets les nuages ton char, tu vas sur les ailes du vent ; 4 TU FAIS tes messagers les vents, tes serviteurs un feu de flammes. 5 Tu fondes la terre sur ses bases, elle ne chancelle pas toujours et à jamais. 6 L’abime comme d’un habit tu le couvres, sur les montagnes se tenaient les eaux ; 7 à ta menace, elles s’enfuient, à la voix de ton tonnerre, elles s’échappent ; 8 elles sautent les montagnes, descendent les vallées vers le lieu que tu as posé pour elles. 9 Une limite que tu mis elles ne passent pas, elles ne reviennent couvrir la terre. 10 Tu fais jaillir les sources dans les ravins, au milieu des montagnes elles vont. 11 Elles abreuvent toutes les bêtes des champs, calment les onagres leur soif ; 12 près d’elles l’oiseau des cieux séjourne, dessous la feuillée ils donnent la voix. 13 Tu abreuves les monts de tes chambres-hautes, du fruit de tes ŒUVRES se rassasie la terre. 14 Tu fais-croitre L’HERBE pour le bétail et les plantes au service des humains, pour faire-sortir le PAIN de la terre 15 et le vin qui RÉJOUIT le cœur de l’homme, pour faire-luire les faces avec l’huile et que le PAIN le cœur de l’homme aide. 16 Se rassasient les arbres de Yhwh, les cèdres du Liban lesquels il a plantés ; 17 c’est là que les passereaux nichent, la cigogne sur leur tête a sa maison ; 18 les montagnes hautes pour les chamois, des rochers sont un abri pour les damans. 19 IL A FAIT la lune pour les temps, le soleil connait son aller. 20 Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, s’y remuent toutes les bêtes des forêts ; 21 les lionceaux rugissent après la proie et pour réclamer à Dieu leur MANGER. 22 Se lève le soleil, ils se retirent et vers leurs repaires ils se couchent ; 23 sort l’adam à son ouvrage, est à son travail jusques au soir. 24 Que nombreuses tes ŒUVRES, Yhwh ! Toutes avec sagesse TU FIS, est remplie la terre de ta propriété. 25 Voici la mer grande et vaste de bras ; là grouillement et point de nombre des bêtes petites et grandes, 26 là des navires s’en vont, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. 27 Tous de toi ils espèrent que tu donnes leur MANGER en son temps ; 28 tu donnes à eux, ils ramassent, tu ouvres la main, ils se rassasient de biens. 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, tu retires leur souffle, ils expirent, et vers leur poussière ils retournent. 30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés et tu renouvelles la face de la terre. 31 Soit la gloire de Yhwh à jamais, SE RÉJOUISSE Yhwh en ses ŒUVRES ! 32 Il regarde la terre, et elle tremble, il touche les montagnes, et elles fument ! 33 à Yhwh dans ma vie, je jouerai pour mon Dieu dans ma durée. 34 Que plaise à lui mon langage, moi, JE ME RÉJOUIS en Yhwh ! 35 Disparaissent les PÉCHEURS de la terre, et les MÉCHANTS, plus n’existent ! , mon âme, Yhwh ! Louez Dieu ! Ps 105,1 Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; 2 -le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 3 Louez-vous du nom de sa sainteté, SE RÉJOUISSE le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 rappelez-vous les merveilles qu’IL A FAITES, ses prodiges et les jugements de sa bouche. 6 Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses élus, 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre ses jugements. 8 Il se rappelle à jamais son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 qu’il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël alliance à jamais, 11 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de votre héritage. » 12 Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ils allaient de nation en nation, d’un royaume à un autre peuple, 14 il ne laissa pas un adam les opprimer et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. » 16 Et il appela la famine sur la terre, il brisa tout bâton de PAIN. 17 Il envoya devant eux un homme, Joseph comme esclave fut vendu ; 18 ils affligèrent d’entraves son pied, le fer vint à sa gorge, 19 jusqu’au temps où vint sa parole, le dire de Yhwh le justifia. 20 Le roi envoya l’élargir, le maitre des peuples lui ouvrit ; 21 il l’établit seigneur sur sa maison et maitre sur toute sa richesse, 22 pour instruire ses princes par sa gorge et de ses anciens il fit des sages. 23 Et Israël vint en Égypte et Jacob séjourna en terre de Cham ; 24 il fit croitre son peuple abondamment, le fortifia plus que ses adversaires. 25 Il changea leur cœur pour haïr son peuple, pour ruser avec ses serviteurs. 26 Il envoya Moïse son serviteur, Aaron qu’il avait élu ; 27 ils mirent chez eux les paroles de ses signes, et des prodiges en terre de Cham. 28 Il envoya la ténèbre et enténébra, mais point ne bravèrent ses ordres ; 29 il changea leurs eaux en sang et fit mourir leurs poissons ; 30 leur terre grouilla de grenouilles dans les chambres de leurs rois. 31 Il dit et vinrent les insectes, les moustiques sur toute la contrée, 32 il donna leur pluie en grêle, flammes de feu sur leur terre ; 33 et il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. 34 Il dit et vinrent les sauterelles, et les criquets sans nombre, 35 et ils MANGÈRENT toute HERBE en leur terre et ils MANGÈRENT le fruit de leur sol ; 36 et il frappa tout premier-né en leur terre, prémices de toute leur vigueur. 37 Et il les fit sortir avec or et argent, et personne dans leurs tribus ne trébucha ; 38 l’Égypte SE RÉJOUIT de leur sortie, car tombait leur terreur sur eux. 39 Il déploya une nuée en couverture et un feu pour éclairer de nuit. 40 Ils demandèrent, et il fit venir les cailles, et du PAIN des cieux il les rassasia ; 41 il ouvrit le rocher et jaillirent les eaux, elles allèrent dans le lieu-sec en fleuve. 42 Oui, il s’est rappelé la parole de sa sainteté à Abraham son serviteur. 43 Et il fit sortir son peuple dans l’allégresse, parmi les cris-de-joie, ses élus ; 44 et il leur donna les terres des nations et du labeur des pays ils héritèrent, 45 en sorte qu’ils gardent ses préceptes et qu’ils observent ses lois. Louez Yah !
L’ensemble de la cinquième section
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Ps 106,1 Louez-Yah, rendez-grâce à Yhwh, car il est bon, car pour toujours sa fidélité ! 2 Qui exprimera les prouesses de Yhwh, qui fera entendre toute sa louange ? 3 Heureux ceux qui gardent le jugement, CELUI QUI FAIT la justice en tout temps ! 4 Souviens-toi de moi, Yhwh, en faveur de ton peuple, visite-moi par ton salut, 5 pour voir le bonheur de tes élus, pour ME RÉJOUIR de LA JOIE de ton peuple, pour me louer avec ton héritage ! 6 NOUS AVONS PÉCHÉ avec nos pères, NOUS AVONS FAUTÉ, NOUS AVONS ÉTÉ-MÉCHANTS ; 7 nos pères en Égypte n’ont pas compris tes merveilles, ils ne se souvinrent pas de l’abondance de tes fidélités, ils se rebellèrent à la mer, la merdes-Joncs. 8 Et il les sauva à cause de son nom, pour faire-connaitre sa prouesse ; 9 il menaça la mer-des-Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme désert. 10 Et il les sauva de la main du haïssant, et les racheta de la main de l’ennemi ; 11 et les eaux recouvrirent leurs oppresseurs, pas un seul d’entre eux n’échappa. 12 Et ils crurent en ses paroles, ils chantèrent sa louange. 13 Ils se hâtèrent d’oublier ses ŒUVRES, ils n’attendirent pas son projet, 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans la solitude : 15 et il leur donna ce qu’ils demandaient et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent Moïse dans le camp, Aaron le saint de Yhwh : 17 la terre s’ouvre et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase LES MÉCHANTS. 19 ILS FIRENT un veau à l’Horeb et ils se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf MANGEUR D’HERBE. 21 Ils oubliaient Dieu leur sauveur, LUI QUI FIT des grandeurs en Égypte, 22 des merveilles en terre de Cham, des prodiges sur la mer-des-Joncs. 23 Et il parlait de les exterminer, si ce n’est que Moïse son élu se dressa sur la brèche devant lui pour détourner sa fureur de détruire. 24 Ils refusèrent une terre de délices, ils ne crurent pas en sa parole ; 25 ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n’écoutèrent pas la voix de Yhwh. 26 Il leva la main sur eux, pour les fairetomber au désert, 27 pour faire-tomber leur semence chez les païens, pour les parsemer dans les pays. 28 Ils se mirent-sous-le-joug du Baal de Péor et MANGÈRENT les sacrifices des morts ; 29 et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et un fléau fit-une-brèche contre eux. 30 Et Pinhas se dressa et il s’interposa, et le fléau s’arrêta ; 31 et cela lui fut compté comme justice d’âge en âge pour toujours. 32 Ils le fâchèrent aux eaux de Meriba et ce fut mal pour Moïse à cause d’eux ; 33 car ils se rebellèrent contre son esprit et il parla-trop-vite avec ses lèvres. 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples, ceux que Yhwh leur avait dits, 35 et ils se mêlaient aux nations, ils apprenaient leurs ŒUVRES ; 36 et ils servaient leurs idoles, elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles qu’ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et la terre fut profanée par le sang. 39 Et ils se souillaient par leurs ŒUVRES et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et Yhwh prit feu contre son peuple, et il eut en horreur son héritage. 41 Et il les donna à la main des nations, et ceux qui les haïssaient les maitrisèrent ; 42 et leurs ennemis les tyrannisèrent, et ils furent-courbés sous leur main. 43 De nombreuses fois il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans LEUR FAUTE ; 44 et il vit leur angoisse en entendant leur cri. 45 Il se souvint pour eux de son alliance et il s’émut selon l’abondance de ses fidélités ; 46 et il les donna à la pitié devant tous ceux qui les avaient déportés. 47 Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemble-nous de chez des nations pour rendre-grâce au nom de ta sainteté, pour nous féliciter en ta louange. 48 soit Yhwh le Dieu d’Israël depuis toujours et jusqu’à toujours ! Et tout le peuple dira : Amen ! Louez-Yah !
– Partout revient « œuvre/œuvrer/faire » (racine ‘śh : 104,4.13.19.24bis.31 ; 105,5 ; 106,3.13.19.21.35.39) ; – « (se) réjouir/joie » (104,15.31.34 ; 105,3.38 ; 106,5) ; – « herbe » (104,14 ; 105,35 ; 106,20) ; – « manger » (104,21.27 ; 105,35bis ; 106,20.28). – Dans les deux premiers psaumes revient « pain » (104,14.15 ; 105,16) ; – « chanter » est repris en termes médians (104,33 ; 105,2). – Dans les psaumes extrêmes revient « bénir » (104,1.35 ; 106,48) ; – à « pécheurs » et « méchants » de 104,35 correspondent « nous avons péché », « nous avons fauté, nous avons été-méchants » en 106,6, à quoi il faut ajouter « méchants » en 18 et « faute » en 43.
244
La cinquième section (Ps 102–106)
LA SPÉCIFICITÉ DE LA SÉQUENCE CENTRALE La section fait passer de l’histoire personnelle du psalmiste à celle de tout le peuple d’Israël. La séquence centrale se distingue des deux autres du fait qu’elle est consacrée à la création, origine de l’histoire du monde et de toute l’humanité. DIEU
CHANT
PARDONNE SES FAUTES
AU MISÉREUX
ET SAUVE ISRAËL
Ps 102–103
Ps 104
POUR LA CRÉATION
LE SEIGNEUR A PROTÉGÉ
SON PEUPLE
CONTRE SES ENNEMIS
Ps 105-106
Quelques données chiffrées1 : Ps 102 Ps 103
1 457 1 155
Ps 104
1 929
Ps 105 Ps 106
2 064 2 529
2 612 9 134 4 593
On remarquera que le volume des psaumes augmente de plus en plus, sauf à l’intérieur de la première séquence. INTERPRÉTATION « DEPUIS TOUJOURS JUSQU’À TOUJOURS » Tels sont les derniers mots de la section, ceux qui sont proposés à l’acclamation unanime de « tout le peuple ». Depuis la création du monde sur laquelle est focalisée l’immense fresque historique, jusqu’à « l’âge dernier » pour laquelle elle a été écrite, celui d’« un peuple à créer qui louera Yah » (102,19). C’est avant tout que Yhwh « trône à jamais » et sa mémoire est « d’âge en âge » (102,13), « d’âge en âge ses années » (25). En effet, c’est lui qui a « fondé la terre », « les cieux » étant « l’œuvre de ses mains » (26) ; « ses années ne 1 Les comptes sont faits en nombre de signes du texte translittéré (selon le système de Biblica), sans les numéros des versets, le tétragramme étant translittéré par Yhwh.
L’ensemble de la cinquième section
245
finissent pas » (28). Après le premier, les autres psaumes y reviendront inlassablement. Sa fidélité est « de toujours à toujours » (103,17) ; « il se rappelle à jamais son alliance » (105,8). LES ŒUVRES DE DIEU, DES ANGES, DES HOMMES « Que sont nombreuses tes œuvres, Seigneur ! Toutes avec sagesse tu les fis » (104,24). Tout le psaume central de la section déploie la geste de la création. Déjà le premier psaume l’avait, pour ainsi dire, anticipé : « Jadis tu as fondé la terre et les cieux sont l’œuvre de tes mains » (102,26). L’œuvre divine ne s’arrête pas à la création du monde, elle se manifeste dans l’histoire, spécialement en faveur des faibles : « Yhwh œuvre les justices [...] pour tous les opprimés » (103,6). Le Ps 105 invite à se souvenir : « Rappelez-vous les merveilles qu’il a faites » (5) en faveur d’Israël depuis Abraham jusqu’à la sortie d’Égypte. Et le dernier psaume poursuivra le récit en célébrant « celui qui fait la justice en tout temps » (106,3). Les anges sont invités à bénir le Seigneur, eux qui « œuvrent sa parole » (103,20-21). Et les hommes qui « se souviennent de ses volontés pour les œuvrer », la fidélité de Dieu leur sera acquise « de toujours à toujours » (103,17). Mais les pères « se hâtèrent d’oublier ses œuvres » (106,13) et « firent un veau à l’Horeb » et « échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe » (19-20). L’HERBE ET LE PAIN S’il parait naturel que la racine traduite par « œuvrer » ou « faire » revienne dans tous les psaumes de la section, il est étonnant que « l’herbe » soit mentionnée une ou même deux fois dans chacun. L’herbe qui fleurit le matin et le soir fane et sèche est l’image traditionnelle de la brièveté de la vie humaine (102,5.12 ; 103,15 ; déjà en 37,2 ; 90,5-6). L’herbe est créée pour la nourriture du bétail (104,14), mais elle peut être mangée par la sauterelle en châtiment du péché (105,35). Sa dernière mention est on ne peut plus ironique, le veau d’or étant dépeint sous les traits du bœuf mangeur d’herbe (106,20). À l’herbe est opposé « le pain », nourriture propre de l’homme (102,5 ; 104,14-15). Toutefois, Dieu peut « briser tout bâton de pain » (105,16), provoquant une famine providentielle. La section s’achève de manière tragique quand elle rappelle que les fils d’Israël, au lieu de manger « le pain » que Dieu fait sortir de la terre pour les hommes (104,14), se mirent à « manger les sacrifice des morts » en l’honneur du Baal de Péor (106,28). LES FILS ET LES FILS DES FILS L’homme est comme l’herbe, mais il a une « semence » par laquelle la vie continue, ressemblant à celle de Dieu : « Et toi, le même, et tes années ne finissent pas ; les fils de tes serviteurs demeureront et leur semence devant toi subsistera. » Ainsi s’achève le premier psaume de la section (102,28-29).
246
La cinquième section (Ps 102–106)
« Comme un père a pitié de ses fils » (103,13), « la fidélité du Seigneur est de toujours à toujours pour ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils » (17). Et si le peuple élu s’appelle « les fils d’Israël » (7), « semence d’Abraham », « fils de Jacob » (105,6), c’est qu’ils appartiennent à une lignée « pour mille générations » (8). L’ennemi d’Israël, celui qui voulait l’empêcher de naitre comme peuple, qui avait déjà voulu tuer tous ses enfants mâles (Ex 1,16), est châtié justement par la mort de ses premiers-nés (105,36). Mais les fils d’Israël se montrèrent en quelque sorte pires que ses persécuteurs quand « ils sacrifièrent leurs fils et leurs filles aux démons », versant « le sang innocent de leurs fils et de leurs filles qu’ils sacrifiaient aux idoles de Canaan » (106,37-38). « LUI QUI PARDONNE TOUTES TES FAUTES » « Combien sont nombreuses tes œuvres, Seigneur ! » (104,24). La création est magnifique en toutes ses manifestations infinies. Quant à l’histoire d’Israël, elle est admirable aussi, comme le raconte l’avant-dernier psaume, depuis l’alliance avec Abraham et Jacob, jusqu’à la sortie du pays des esclaves. Toutefois, la manifestation la plus merveilleuse de la fidélité de Dieu se révèle dans sa miséricorde, sa pitié paternelle qui lui fait pardonner sans relâche les péchés et les fautes de son peuple. Chacune des séquences extrêmes de la section s’attarde longuement sur cette œuvre divine qui sauve et délivre son peuple, le créant à nouveau : « Cela sera écrit pour l’âge dernier, et un peuple à créer louera le Seigneur » (102,19). « BÉNI SOIT LE SEIGNEUR, LE DIEU D’ISRAËL » Tel est le mot de la fin, qui résonne « depuis toujours et jusqu’à toujours » (106,48) et qui continue à être repris depuis tant de générations depuis celle d’Abraham, après celle des anges (103,20), jusqu’aujourd’hui par ceux qui redisent à leur propre compte ces mots de jadis, toujours actuels. Parce que « sa fidélité est pour toujours » (1), aujourd’hui comme autrefois. « Et tout le peuple dira : Amen, louez Yah ! »
L’ENSEMBLE DU QUATRIÈME LIVRE Ps 90–106
A. COMPOSITION Le quatrième livre du Psautier comprend cinq sections qui forment une composition elliptique : LE DESTIN
DES FILS D’ADAM
« Aujourd’hui
si vous écoutiez
Ps 90–94
sa voix ! »
Ps 95
Ps 96–100
« Quand
LE DESTIN
viendras-tu
DES FILS D’ISRAËL
vers moi ? »
Ps 101
Ps 102–106
Les sections extrêmes, ainsi que la section centrale, comprennent chacune cinq psaumes organisés de manière concentrique. Ces trois sections majeures sont reliées par deux séquences de la taille d’un seul psaume relativement court (Ps 95 et 101), qui remplissent la fonction des foyers de l’ellipse.
250
Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
Chacune des sections majeures — la première, la dernière, ainsi que la section centrale — comprennent cinq psaumes. Dans chacune de ces sections, les cinq psaumes sont organisés en trois séquences : deux séquences formées de deux psaumes aux extrémités et une séquence qui ne comprend qu’un seul psaume au centre (Ps 92 ; 98 ; 104). LE DESTIN DES FILS D’ADAM Ps 90–91 Chant
pour le jour du sabbat
Le Seigneur
protégera son héritage
« Aujourd’hui
Ps 92 contre les méchants
si vous écoutiez
sa voix ! »
Ps 93–94 Ps 95
TOUTE LA TERRE EST INVITÉE À BÉNIR DIEU QUI SAUVE ISRAËL « Chantez
au Seigneur,
« Tous les confins de la terre « Le Seigneur
règne sur
« Quand
toute la terre » ont vu
Ps 96–97 de notre Dieu »
tous les peuples »
viendras-tu
vers moi ? »
Ps 98 Ps 99–100 Ps 101
LE DESTIN DES FILS D’ISRAËL Ps 102–103 Chant Le Seigneur
pour la création a protégé son peuple
Ps 104 contre ses ennemis
Ps 105–106
L’ensemble du quatrième livre
251
1. QUELQUES DONNÉES CHIFFRÉES Ps 90 Ps 91 Ps 92 Ps 93 Ps 94
988 804
783 297 1 128
Ps 95
582
Ps 96 Ps 97 Ps 98 Ps 99 Ps 100
731 660
Ps 101
543
Ps 102 Ps 103 Ps 104 Ps 105 Ps 106
1 792 1 425
1 391 508
564 266
1 457 1 155
2 729
830
2 612 1 929
2 064 2 529
4 000
9 134
4 593
Les comptes sont faits en nombre de signes, espaces compris, sans les numéros des versets, comprenant les qeré. Le tétragramme est translittéré Yhwh au lieu de ’ădōnāy. La dernière section (102–106) est plus de deux fois plus longue que la première (90–94). La taille de la section centrale (96–100) représente un cinquième du total de la première et de la dernière section. La deuxième et l’avant-dernière section (95 et 101), qui constituent les foyers de l’ellipse, sont pratiquement de même longueur.
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106) 2. LES RAPPORTS ENTRE LES SECTIONS EXTRÊMES (90–94 ; 102–106)
ENTRE LES PREMIÈRES SÉQUENCES (90–91 ; 102–103) Ps 90,1 PRIÈRE de Moïse homme de Dieu. Adonaï, un refuge toi tu es . 2 Avant que les montagnes soient enfantées et que tu engendres la terre et le monde, toi tu es Dieu. 3 Tu fais-revenir l’humain à la POUSSIÈRE et tu dis : « Revenez, FILS D’ADAM ! » 4 Car mille années à tes yeux comme le jour d’hier quand il est emporté et une veille dans la nuit. 5 Tu les submerges, sommeil ils sont ; au matin ils sont comme L’HERBE qui se renouvelle. 6 Au matin, elle fleurit et se renouvelle ; le soir, elle se fane et SÈCHE. 7 Car nous sommes achevés par 8 TA COLÈRE, et par TA FUREUR nous sommes épouvantés. Tu as mis nos fautes devant toi, nos choses-cachées à la lumière de ta face. 9 Car tous NOS JOURS s’effacent sous ton emportement, nous achevons NOS ANNÉES comme un soupir. 10 LES JOURS DE NOS ANNÉES , en eux soixante-dix années, et si par miracle quatre-vingts années ; et leur excitation peine et faute, car elle disparait rapidement et nous nous envolons. 11 Qui CONNAIT la force de ta colère et comme LA CRAINTE-DE-TOI ton emportement ? 12 Compter NOS JOURS oui, FAIS-NOUS CONNAITRE, et nous ferons-venir un cœur de sagesse ! 13 Reviens, Yhwh ! Jusqu’à quand ? Et repens-toi pour tes serviteurs. 14 15 FIDÉLITÉ Réjouisnous comme les jours où tu nous as châtiés, les années où NOUS AVONS VU le malheur. 16 QUE SOIT VUE pour tes serviteurs ton œuvre, et ! 17 Et que soit la douceur d’Adonaï notre Dieu sur nous ! Et l’ouvrage de nos mains assure sur nous et l’ouvrage de nos mains assure-le ! Ps 91,1 Qui habite le secret du Très-haut, à l’ombre de Shaddaï passe-la-nuit ; 2 je dis à Yhwh : Mon abri, ma forteresse, mon Dieu en qui je me fie ! 3 Oui, lui te libère du filet de l’oiseleur, de la peste de calamité ; 4 de sa plume il couvre toi et dessous ses ailes tu t’abrites, bouclier et armure, sa vérité. 5 TU NE CRAINDRAS ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, 6 ni la peste en la ténèbre qui va, ni le fléau qui dévaste à midi ; 7 qu’il en tombe à tes côtés mille et dixmille à ta droite, sur toi il n’arrivera pas. 8 Seulement de TES YEUX TU REGARDERAS et le salaire des méchants TU VERRAS. 9 Oui, toi Yhwh, tu es mon abri, Très-haut, tu as établi ton refuge ; 10 ne frappera pas sur toi le malheur et la plaie n’approchera pas de ta tente : 11 Oui, à SES ANGES a ordonné pour toi de te garder en tous tes chemins ; 12 sur leurs paumes ils te porteront pour que ne heurte la pierre ton pied, 13 sur le fauve et la vipère tu chemineras, tu fouleras le lion et le dragon. 14 Oui, à moi il s’attache et je l’affranchis, je l’exalte car IL CONNAIT mon nom ; 15 il m’appelle et je lui réponds, avec lui moi dans l’angoisse, je le délivre et je le glorifie, 16 et JE LUI FERAI-VOIR mon salut.
– Les titres des premiers psaumes commencent avec « Prière » (90,1 ; 102,1) ; – la précarité de la vie humaine et du monde : 90,5-7.9-10 ; 102,4-5.12.24-25. 27 ; 103,14-16 (91,5-6 : « nuit » et « jour » comme « matin » et « soir ») ; – « poussière » (90,3 ; 102,15 ; 103,14) ; – éternité de Dieu (90,2 ; 102,13.25.28 ; 103,17) et longue vie à l’homme (90,1. 14.16 ; 91,16 ; 102,19.21.29 ; 103,5.9.17) ; – « colère » et « fureur » de Dieu (90,7 ; 102,11) ; – « craindre/crainte » (90,11 ; 91,5 ; 102,16 ; 103,11.13.17) ; – « connaitre » et « voir » (90,11.12.15.16 ; 91,8.14.16 ; 102,17.20 ; 103,7.14) ; – « fidélité » (90,14 ; 103,4.8.11.17) ; – en termes médians, « angoisse », « appeler », « répondre » (91,15 ; 102,3) ; – « ses anges » interviennent à la fin des séquences (91,11 ; 103,20) ;
L’ensemble du quatrième livre
253
102,1 PRIÈRE pour un miséreux quand il est accablé et devant Yhwh répand sa plainte. 2 Yhwh, écoute ma prière, et que mon cri vers toi vienne ! 3 Ne cache pas ta face loin de moi au jour d’angoisse pour moi ; incline vers moi ton oreille, au jour où j’appelle, vite, réponds-moi ! 4 Oui, s’achèvent en fumée mes JOURS, et mes os pareils à un brasier brûlent ; 5 battu comme L’HERBE, et mon cœur SÈCHE car j’oublie de manger mon pain ; 6 dans la voix de ma plainte, s’est collé mon os à ma chair. 7 Je ressemble au hibou du désert, je suis comme la hulotte des ruines ; 8 je veille et je suis comme l’oiseau solitaire sur le toit. 9 Tout le jour m’insultent mes ennemis, ceux qui me louaient par moi maudissent. 10 Oui, la cendre comme le pain je mange, et ma boisson à mon pleur je mêle, 11 devant TA COLÈRE et TA FUREUR, car tu m’as soulevé puis tu m’as rejeté ; 12 MES JOURS sont comme l’ombre déclinante, et moi comme L’HERBE je SÈCHE. 13 Mais toi, Yhwh, tu trônes ; et ta mémoire ! 14 Toi, tu te lèveras, auras-pitié de Sion, car il est temps de lui faire-grâce, car est venue l’heure ; 15 car tes serviteurs chérissent ses pierres, et à sa POUSSIÈRE ils feront-grâce. 16 Et les nations CRAINDRONT le nom de Yhwh, et tous les rois de la terre, ta gloire ; 17 quand rebâtira Yhwh Sion, IL SERA VU dans sa gloire ; 18 il se tournera vers la prière du spolié, et point méprisera leur prière. 19 et 20 car il s’est penché de la hauteur de sa sainteté, Yhwh, des cieux sur terre A REGARDÉ, 21 pour écouter le soupir du captif, , 22 pour qu’on raconte dans Sion le nom de Yhwh, et sa louange dans Jérusalem, 23 quand se joindront les peuples ensemble et les royaumes pour servir Yhwh. 24 Il a brisé sur le chemin ma force ; il a abrégé MES JOURS. 25 J’ai dit : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de MES JOURS, . 26 Jadis la terre tu as fondée, et l’œuvre de tes 27 mains les cieux ; eux périront, et toi tu restes, et eux-tous comme vêtement ils s’usent, comme un habit tu les changes et ils sont changés. 28 ; 29 . 103,1 De David. Bénis, mon âme, Yhwh et tout mon être, son nom de sainteté, 2 bénis, mon âme, Yhwh et n’oublie pas toutes ses rétributions. 3 Lui qui pardonne toutes tes fautes, qui te guérit de toutes tes maladies. 4 Lui qui rachète à la fosse ta vie, qui te couronne de FIDÉLITÉ et de tendresse ; 5 . 6 Œuvrant les justices Yhwh et les jugements à tous les opprimés, 7 IL FIT-CONNAITRE ses chemins à Moïse, aux FILS D’ISRAËL ses hauts-faits. 8 Ayant-pitié et miséricordieux Yhwh, lent à la colère et plein de FIDÉLITÉ ; 9 , et elle n’est ; 10 pas selon nos péchés il œuvre à nous et pas selon nos fautes il rétribue à nous. 11 Oui, comme la hauteur des cieux sur la terre, fut puissante sa FIDÉLITÉ pour ses CRAIGNANT. 12 Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous nos péchés. 13 Comme a-pitié un père pour ses fils, eut-pitié Yhwh pour ses CRAIGNANT. 14 Oui, lui CONNAIT notre poterie, il se souvient que POUSSIÈRE nous sommes. 15 L’homme comme L’HERBE SES JOURS , comme la fleur des champs ainsi il fleurit ; 16 quand un vent passe sur lui, il n’est plus, et ne le reconnait plus sa place . 17 Mais la FIDÉLITÉ de Yhwh pour ses CRAIGNANT et sa justice , 18 pour les 19 gardant son alliance, et les se souvenant de ses préceptes pour les œuvrer. Yhwh dans les cieux a fixé son trône, et sa royauté sur tout domine. 20 Bénissez Yhwh, SES ANGES, héros de force œuvrant sa parole, pour écouter la voix de sa parole. 21 Bénissez Yhwh, toutes ses armées, serviteurs œuvrant sa volonté. 22 Bénissez Yhwh, toutes ses œuvres en tous lieux de son domaine. Bénis Yhwh, mon âme.
– « fautes », « péchés » et synonymes reviennent en 90,8.10 et 103,3.10 ; ils sont révélés en 90,8 et pardonnés en 103,3. Au début de la première séquence, il s’agit du destin des « fils d’Adam » (90,3) ; dans l’autre de celui des « fils d’Israël » (103,7), de « Sion » (102,14. 17.22), de « Jérusalem » (102,22), en plus de celui du simple individu, qu’il soit identifié aux extrémités à « Moïse » (90,1) et « David » (103,1), ou à « un miséreux » anonyme (102,1).
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
ENTRE LES DEUXIÈMES SÉQUENCES (92 ; 104) 92,1 PSAUME, CHANT pour le jour de sabbat. 2 Il est bon de rendre-grâce à Yhwh et de PSALMODIER pour ton nom, Très-Haut, 3 d’annoncer au matin ta fidélité et ta vérité pendant les nuits, 4 sur la lyre et sur la harpe, sur un murmure avec la cithare. 5 Car TU M’AS RÉJOUI, Yhwh, par ton action, aux ŒUVRES de je crie-de-joie. 6 Que sont-grandes TES ŒUVRES, YHWH, beaucoup sont-profondes tes pensées ! 7 L’homme borné ne sait pas et l’insensé ne comprend pas ces choses. 8
Quand croissent LES MÉCHANTS comme l’herbe et fleurissent tous les agissant l’iniquité, c’est pour à tout jamais. 9 Et toi, tu es élevé pour toujours, Yhwh ! Oui, voici tes ennemis, 10 Yhwh, oui, voici tes ennemis , tous les agissant l’iniquité. 11
Et tu as élevé comme du buffle ma corne, j’ai été baigné verte. 12 Et a contemplé mon œil mes épiant, les assaillants contre moi, les malfaisants les entendra mon oreille. 13 Le juste comme le palmier croitra, comme LE CÈDRE AU LIBAN il poussera. 14 Plantés dans la maison de Yhwh dans les parvis de notre Dieu ils croitront ; 15 encore ils fructifieront dans la vieillesse, pleins-desève et verts ils seront, 16 pour annoncer que droit est Yhwh, il est mon rocher et point de ruse en lui.
– Le Ps 92 commence avec « psaume/psalmodier » et « chant » (92,1-2) ; le Ps 104 s’achève avec « chanter » et « psalmodier » (104,33) ; – à « Que sont-grandes tes œuvres, Yhwh ! » (92,6) correspond « Que sont-nombreuses tes œuvres, Yhwh ! » (104,24) ; « œuvres/faire », qui sont de même racine, reviennent en 92,5 et 104,24.31 ; – « réjouir » est repris en 92,5 et 104,31.34 ; – « cèdre(s) du Liban » revient en 92,13 et 104,16 ; – « herbe » en 92,8 et 104,14 ; – « huile » en 92,11 et 104,15 ; – « planter » en 92,14 et 104,16 ; – « main(s) » en 92,5 et 104,28 ; – au couple « au matin » – « les nuits » de 92,3 correspond celui de « la nuit » – « se lève le soleil » de 104,20-22 ; – « les méchants » et synonymes sont repris en 92,8.10 et 104,35 ; – au centre du Ps 92, ils seront « détruits », « périront », « seront dispersés » (92,8.10), à la fin du Ps 104, ils « disparaitront » et « ne dureront pas » (104,35).
L’ensemble du quatrième livre
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104,1 Bénis, mon âme, Yhwh. Yhwh, mon Dieu, tu t’es grandi beaucoup, de faste et éclat tu t’es revêtu, 2 te drapant de lumière comme d’un manteau, déployant les cieux comme une tente. 3 Il bâtit sur les eaux ses chambres-hautes, il met les nuages son char, il va sur les ailes du vent, 4 faisant ses messagers les vents, ses serviteurs feu et flamme. 5 Il a posé la terre sur ses bases, elle ne chancellera pas toujours et à jamais. 6 Par l’abime comme d’un habit tu la couvrais, au-dessus des montagnes se tenaient les eaux. 7 À ta menace elles s’enfuient, à la voix de ton tonnerre, elles s’échappent ; 8 montent les montagnes, descendent les vallées vers le lieu que tu as posé pour elles. 9 Une limite tu as mis qu’elles ne passent pas, elles ne reviennent couvrir la terre. 10 Il envoie les sources dans les ravins, au milieu des montagnes elles vont. 11 Elles abreuvent tous les vivants des champs, brisent les onagres leur soif ; 12 près d’elles le volatile des cieux séjourne, du milieu des feuillages ils donnent la voix. 13 Tu abreuves les montagnes de tes chambres-hautes, du fruit de tes œuvres se rassasie la terre. 14
Tu fais-germer l’herbe pour le bétail et la verdure au service de l’adam, pour faire-sortir le pain de la terre 15 et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour faire-luire les faces plus que et le pain le cœur de l’homme aide. 16 Se rassasient les arbres de Yhwh, LES CÈDRES DU LIBAN lesquels il a plantés ; 17 lesquels là les oiseaux nichent, la cigogne les cyprès sont sa maison. 18 Les montagnes hautes pour les chamois, des rochers sont un abri pour les damans. 19 Il a fait la lune pour les époques, le soleil connait son arrivée. 20 Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, y grouillent tous les vivants des forêts ; 21 les lionceaux rugissent après la proie et pour chercher de Dieu leur manger. 22 Se lève le soleil, ils se retirent et vers leurs repaires ils se couchent ; 23 sort l’adam à son ouvrage et à son service jusques au soir. 24
Que sont-nombreuses TES ŒUVRES, YHWH ! Toutes avec sagesse TU FIS, est remplie la terre de ta production. 25 Voici la mer grande et vaste de bras ; là grouillement et point de nombre de vivants petits et grands, 26 là des navires vont-et-viennent, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. 27 Tous vers toi ils espèrent que tu donnes leur manger en son temps ; 28 tu donnes à eux, ils , ils se rassasient de biens. 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, ramassent, tu ouvres tu retires leur souffle, ils expirent et vers leur poussière ils retournent. 30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés et tu renouvelles la face du sol. 31 Soit la gloire de Yhwh à jamais, SE RÉJOUISSE Yhwh en SES ŒUVRES ! 32 Lui qui regarde la terre et elle tremble, il touche les montagnes et elles fument ! 33 JE CHANTERAI à Yhwh dans ma vie, JE PSALMODIERAI pour mon Dieu dans ma durée. 34 Que soit douce à lui ma méditation, moi, 35 JE ME RÉJOUIS en Yhwh ! les pécheurs de la terre et LES MÉCHANTS ! Bénis, mon âme, Yhwh ! Louez Dieu !
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
ENTRE LES DERNIÈRES SÉQUENCES (93–94 ; 105–106) Ps 93,1 Yhwh règne, il est vêtu superbement ; il est vêtu, Yhwh, de puissance il est enveloppé, aussi le monde est stable, point ne chancelle. 2 Est stable ton trône dès l’origine, , toi. Élèvent LES FLEUVES, Yhwh, élèvent LES FLEUVES leur voix, élèvent LES FLEUVES leur écrasement ; 4 plus que les voix des EAUX nombreuses, les magnifiques brisants de LA MER, magnifique là-haut Yhwh. 5 Tes témoignages sont véridiques beaucoup ; LA SAINTETÉ est l’ornement de ta maison, Yhwh, en la longueur des jours. 3
Ps 94,1 Dieu des vengeances, Yhwh, Dieu des vengeances, parais ! 2 Élève-toi, JUGE de la terre, retourne le salaire aux superbes ! 3 LES MÉCHANTS, Yhwh, LES MÉCHANTS triompherontils ? 4 Ils se répandent, ils parlent l’insolence, ils se vantent, TOUS LES FAISANT L’INIQUITÉ. 5 TON PEUPLE, Yhwh, ils écrasent et ILS OPPRIMENT TON HÉRITAGE ; 6 ils tuent la veuve et l’étranger et ils assassinent les orphelins ! 7 Et ils disent : « Yah ne voit pas, IL NE COMPREND PAS le Dieu de Jacob. » 8 COMPRENEZ, stupides parmi le peuple, et insensés, quand SAISIREZ-VOUS ? 9 Lui qui planta l’oreille, point n’entendrait ? S’il a façonné l’œil, point ne verrait ? 10 Lui qui reprend , point ne punirait, lui qui enseigne à l’adam LA CONNAISSANCE ? 11 Yhwh CONNAIT les pensées de l’adam et qu’elles sont une buée. 12
Heureux l’homme que tu reprends, Yhwh, et par ta loi tu enseignes, jours de malheur, tant que se creuse pour LE MÉCHANT une fosse.
13 pour le reposer aux
Oui, Yhwh ne délaisse pas SON PEUPLE et n’abandonne pas SON HÉRITAGE, 15 car vers LA JUSTICE revient et derrière lui tous les droits de cœur. 16 Qui se lève pour moi contre LES MALFAISANTS, qui se tient pour moi contre LES FAISANT L’INIQUITÉ ? 17 Si Yhwh n’était pas une aide à moi, bientôt mon âme habiterait le silence. 18 Quand je dis : « Mon pied chancelle», TA FIDÉLITÉ, Yhwh, me soutient. 19 Dans mes nombreux soucis dans mon intime, tes consolations délectent mon âme. 20 Est-il ton allié un trône de perdition, façonnant la peine contre le droit ? 21 Ils s’attaquent à l’âme du JUSTE et ILS DÉCLARENT-MÉCHANT ; 22 mais Yhwh sera pour moi une citadelle, et mon Dieu, le rocher de mon abri. 23 Il retourne contre eux leur INIQUITÉ et pour leur MALICE il les anéantit ; il les anéantit, Yhwh notre Dieu ! 14
LE JUGEMENT
– Les « ennemis » (106,10.42) de Dieu et du peuple sont leurs « oppresseurs » (94,5 ; 105,14 ; 106,11), les « méchant(s) » (94,3bis.13.21 ; 106,6.18), « (tous) les faisant l’iniquité » (94,4.16), « les malfaisants » (16), mais aussi « les fleuves », « les eaux » et « la mer » (93,3-4) ; « la mer » revient en 106,7.9.22, « les eaux » en 11.32, « eaux » et « fleuve » étant nommés aussi en 105,41 ; – ce sont aussi les « nations » qui reviennent en 94,10 ; 105,44 ; 106,35.41.47 ; – les victimes des méchants sont l’« héritage » du Seigneur en 94,5.14 ; 105,11 (« hériter » en 44) ; 106,5.40 ; « héritage » est couplé avec « peuple » en 94,5.14 et en 106,5.40 ; – « sang innocent » en 94,21 ; 106,38 ; – « depuis toujours » au début du premier psaume (93,2) et à la fin du dernier (106,48) ; « jusqu’à quand » (93,3bis) et « jusqu’à toujours » (106,48) ; – « juge/jugement(s)/justice/justifier » reviennent en 94,2.15bis.21 ; 105,5.7.19 ; 106,3bis.31 ; – « connaitre » et synonymes en 94,7.8.10.11 et 106,7.8 ; – « sainteté » en 93,5 ; 105,3.42 ; 106,47 ; – « fidélité(s) » en 94,18 ; 106,1.7.45.
L’ensemble du quatrième livre
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Ps 105,1 Rendez-grâce à Yhwh, appelez son nom, annoncez chez les peuples ses hauts-faits ; 2 chantez-le, psalmodiez à lui, récitez toutes ses merveilles. 3 Louez-vous du nom de SA SAINTETÉ, se réjouisse le cœur des cherchant Yhwh ! 4 Recherchez Yhwh et sa force, cherchez sa face constamment ; 5 rappelez-vous les merveilles qu’il a faites, ses prodiges et LES JUGEMENTS de sa bouche. 6 Semence d’Abraham son serviteur, fils de Jacob ses élus, 7 lui est Yhwh notre Dieu : sur toute la terre SES JUGEMENTS. 8 Il se rappelle à jamais son alliance, parole qu’il ordonna pour mille générations, 9 qu’il conclut avec Abraham, et son serment à Isaac. 10 Et il l’érigea pour Jacob en précepte, pour Israël alliance à jamais, 11 disant : « À toi je donne la terre de Canaan, part de VOTRE HÉRITAGE. » 12 Tant qu’ils étaient en petit nombre, très peu et étrangers en elle 13 et qu’ils allaient de nation en nation, d’un royaume à un autre peuple, 14 il ne laissa pas un adam les OPPRIMER et il châtia à cause d’eux des rois. 15 « Ne touchez pas à mes oints et à mes prophètes ne faites pas de mal. » 16 Et il appela la famine sur la terre, il brisa tout bâton de pain. 17 Il envoya devant eux un homme, Joseph comme esclave fut vendu ; 18 ils affligèrent d’entraves son pied, le fer vint à sa gorge, 19 jusqu’au temps où vint sa parole, le dire de Yhwh le JUSTIFIA. 20 Le roi envoya l’élargir, le maitre des peuples lui ouvrit ; 21 il l’établit seigneur sur sa maison et maitre sur toute sa richesse, 22 pour instruire ses princes par sa gorge et de ses anciens il fit des sages. 23 Et Israël vint en Égypte et Jacob séjourna en terre de Cham ; 24 il fit croitre SON PEUPLE abondamment, le fortifia plus que ses adversaires. 25 Il changea leur cœur pour haïr SON PEUPLE, pour ruser avec ses serviteurs. 26 Il envoya Moïse son serviteur, Aaron qu’il avait élu ; 27 ils mirent chez eux les paroles de ses signes, et des prodiges en terre de Cham. 28 Il envoya la ténèbre et enténébra, mais point ne bravèrent ses ordres ; 29 il changea leurs eaux en sang et fit mourir leurs poissons ; 30 leur terre grouilla de grenouilles dans les chambres de leurs rois. 31 Il dit et vinrent les insectes, les moustiques sur toute la contrée, 32 il donna leur pluie en grêle, flammes de feu sur leur terre ; 33 et il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. 34 Il dit et vinrent les sauterelles, et les criquets sans nombre, 35 et ils mangèrent toute herbe en leur terre et ils mangèrent le fruit de leur sol ; 36 et il frappa tout premier-né en leur terre, prémices de toute leur vigueur. 37 Et il les fit sortir avec or et argent, et personne dans leurs tribus ne trébucha ; 38 l’Égypte se réjouit de leur sortie, car tombait leur terreur sur eux. 39 Il déploya une nuée en couverture et un feu pour éclairer de nuit. 40 Ils demandèrent, et il fit venir les cailles, et du pain des cieux il les rassasia ; 41 il ouvrit le rocher et jaillirent LES EAUX, elles allèrent dans le lieu-sec en FLEUVE. 42 Oui, il s’est rappelé la parole de SA SAINTETÉ à Abraham son serviteur. 43 Et il fit sortir SON PEUPLE dans l’allégresse, parmi les cris-de-joie, ses élus ; 44 et il leur donna les terres des et du labeur des pays ILS HÉRITÈRENT, 45 en sorte qu’ils gardent ses préceptes et qu’ils observent ses lois. Louez Yah ! Ps 106,1 Louez-Yah, rendez-grâce à Yhwh, car il est bon, car pour toujours SA FIDÉLITÉ ! 2 Qui exprimera les prouesses de Yhwh, fera entendre toute sa louange ? 3 Heureux ceux qui gardent LE JUGEMENT, celui qui fait la JUSTICE en tout temps ! 4 Souviens-toi de moi, Yhwh, en faveur de TON PEUPLE, visite-moi par ton salut, 5 pour voir le bonheur de tes élus, pour me réjouir de la joie de TON PEUPLE, pour me louer avec TON HÉRITAGE ! 6 Nous avons péché avec nos pères, nous avons fauté, NOUS AVONS ÉTÉ-MÉCHANTS ; 7 nos pères en Égypte N’ONT PAS SAISI tes merveilles, ils ne se souvinrent pas de l’abondance de TES FIDÉLITÉS, ils se rebellèrent à LA MER, LA MER-desJoncs. 8 Et il les sauva à cause de son nom, pour FAIRE-CONNAITRE sa prouesse ; 9 il menaça LA MER-des-Joncs et elle sécha, il les fit aller sur les abimes comme désert. 10 Et il les sauva de la main du HAÏSSANT, et les racheta de la main de L’ENNEMI ; 11 et LES EAUX recouvrirent leurs OPPRESSEURS, pas un seul d’entre eux n’échappa. 12 Et ils crurent en ses paroles, ils chantèrent sa louange. 13 Ils se hâtèrent d’oublier ses œuvres, ils n’attendirent pas son projet, 14 et ils désiraient de désir dans le désert et ils tentaient Dieu dans la solitude : 15 et il leur donna ce qu’ils demandaient et il envoya une nausée dans leur gorge. 16 Et ils jalousèrent Moïse dans le camp, Aaron LE SAINT de Yhwh : 17 la terre s’ouvre et elle avale Datân et elle recouvre la bande d’Abiram, 18 et s’allume un feu contre leur bande, une flamme embrase LES MÉCHANTS. 19 Ils firent un veau à l’Horeb et ils se prosternèrent devant une fonte ; 20 ils échangèrent leur gloire pour l’image d’un bœuf mangeur d’herbe. 21 Ils oubliaient Dieu leur sauveur, lui qui fit des grandeurs en Égypte, 22 des merveilles en terre de Cham, des prodiges sur LA MER-des-Joncs. 23 Et il parlait de les exterminer, si ce n’est que Moïse son élu se dressa sur la brèche devant lui pour détourner sa fureur de détruire. 24 Ils refusèrent une terre de délices, ils ne crurent pas en sa parole ; 25 ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n’écoutèrent pas la voix de Yhwh. 26 Il leva la main sur eux, pour les faire-tomber au désert, 27 pour faire-tomber leur semence chez les , pour les parsemer dans les pays. 28 Ils se mirent-sous-le-joug du Baal de Péor et mangèrent les sacrifices des morts ; 29 et ils l’indignèrent par leurs pratiques, et un fléau fit-une-brèche contre eux. 30 Et Pinhas se dressa et il s’interposa, et le fléau s’arrêta ; 31 et cela lui fut compté comme JUSTICE d’âge en âge pour toujours. 32 Ils le fâchèrent aux EAUX de Meriba et ce fut mal pour Moïse à cause d’eux ; 33 car ils se rebellèrent contre son esprit et il parla-trop-vite avec ses lèvres. 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples, ceux que Yhwh leur avait dits, 35 et ils se mêlaient aux , ils apprenaient leurs œuvres ; 36 et ils servaient leurs idoles, elles furent pour eux un piège. 37 Et ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons, 38 et ils versaient , le sang de leurs fils et de leurs filles qu’ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et la terre fut profanée par le sang. 39 Et ils se souillaient par leurs œuvres et ils se prostituaient par leurs pratiques ; 40 et Yhwh prit feu contre SON PEUPLE, et il eut en horreur SON HÉRITAGE. 41 Et il les donna à la main des , et ceux qui les haïssaient les maitrisèrent ; 42 et leurs ENNEMIS les tyrannisèrent, et ils furent-courbés sous leur main. 43 De nombreuses fois il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans leur faute ; 44 et il vit leur angoisse en entendant leur cri. 45 Il se souvint pour eux de son alliance et il s’émut selon l’abondance de SES FIDÉLITÉS ; 46 et il les donna à la pitié devant tous ceux qui les avaient déportés. 47 Sauve-nous, Yhwh notre Dieu, et rassemble-nous de chez des pour rendre-grâce au nom de TA SAINTETÉ, pour nous féliciter en ta louange. 48 Béni soit Yhwh le Dieu d’Israël et ! Et TOUT LE PEUPLE dira : Amen ! Louez-Yah !
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106) 3. LA SPÉCIFICITÉ DE LA SECTION CENTRALE (96–100)
La section centrale est très fortement marquée par le fait que, dans ses cinq psaumes, ce sont « toutes les nations », « tous les peuples », « toute la terre » qui sont invités à rendre grâce au Seigneur ; cela n’arrive jamais dans les autres sections. 96,1 CHANTEZ À YHWH UN CHANT NOUVEAU, chantez à Yhwh, TOUTE LA TERRE ; 2 chantez à Yhwh, bénissez son nom, proclamez de jour-en-jour son SALUT ; 3 racontez chez les nations sa gloire, chez TOUS LES PEUPLES ses merveilles. 4 Car grand Yhwh et louable beaucoup, redoutable lui sur tous les dieux ; 5 car tous les dieux des peuples sont inanités et Yhwh les cieux a fait ; 6 splendeur et éclat par-devant lui, puissance et beauté dans son . Apportez à Yhwh, FAMILLES DES PEUPLES, apportez à Yhwh gloire et puissance ; 8 apportez à Yhwh la gloire de son nom, présentez et VENEZ dans ses ; 9 prosternez-vous à Yhwh dans l’éclat de sainteté, tremblez TOUTE LA TERRE.
7
Dites chez les nations : YHWH RÈGNE ! Oui, est stable le monde, il ne chancelle pas ; il prononce sur les peuples avec droiture. 11 Que se réjouissent les cieux et exulte la terre, ; 12 que jubile la campagne et tout ce qui est en elle. Alors crient-de-joie tous les arbres de la forêt, 13 devant la face de Yhwh car il vient, car il vient pour juger la terre ; il juge le monde avec justice et les peuples avec sa vérité. 10
97,1 YHWH RÈGNE, exulte la terre, se réjouissent les iles nombreuses ; 2 nuage et sombre-nuée autour de lui, justice et JUGEMENT l’appui de son TRÔNE. 3 Un feu devant lui va et enflamme à l’entour ses adversaires ; 4 illuminent ses éclairs le monde, voit et chavire la terre ; 5 les montagnes comme cire fondent par-devant la face de Yhwh pardevant le maitre de TOUTE LA TERRE. 6 Annoncent les cieux SA JUSTICE et voient TOUS LES PEUPLES sa gloire. Qu’ils aient honte tous les servant une statue, qui se louent d’inanités ! Prosternez-vous à lui, tous les dieux.
7
Elle entend et se réjouit Sion et exultent les filles de Juda à cause de tes JUGEMENTS, Yhwh. 9 Oui, toi, tu es Yhwh, Très-Haut sur TOUTE LA TERRE, de beaucoup tu es haussé sur tous les dieux. 10 Les aimant Yhwh, haïssez le mal ; gardant les âmes de ses fidèles, de la main des méchants les délivre. 11 Une lumière est semée pour LE JUSTE et pour les droits de cœur la joie. 12 Réjouissez-vous, JUSTES, en Yhwh et rendez-grâce à la mémoire de sa sainteté. 8
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98,1 Psaume. CHANTEZ À YHWH UN CHANT NOUVEAU. Oui, des merveilles il a fait : l’a SAUVÉ sa droite et le bras de sa sainteté. 2 Il a fait connaitre Yhwh son SALUT, aux yeux des nations il a révélé SA JUSTICE ; 3 il s’est rappelé SA FIDÉLITÉ et sa loyauté à la maison d’Israël ; ils ont vu TOUS LES CONFINS DE LA TERRE le SALUT de notre Dieu. 4 Acclamez Yhwh, TOUTE LA TERRE, éclatez et criez-de-joie et ;5 pour Yhwh, avec la cithare, avec la cithare et au son de la ; 6 avec les trompettes et au son du cor, acclamez devant LE ROI Yhwh. 7 , le monde et les habitants en lui ! 8 Que les fleuves battent des mains, qu’ensemble les montagnes crient-de-joie, 9 devant Yhwh ! Oui, il vient pour juger la terre, il jugera le monde avec justice et les peuples avec droiture.
99,1 YHWH RÈGNE, tremblent les peuples, il siège sur les Chérubins, chancelle la terre ; 2 Yhwh en Sion est grand, et exalté, lui, sur TOUS LES PEUPLES. 3 Qu’ils rendent-grâce à ton nom grand et redoutable : il est saint, lui. Et la force du ROI est le JUGEMENT JUSTICE en Jacob toi tu as fait. 4
5
qu’il aime, toi tu as fondé avec droiture ; JUGEMENT et
Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à l’escabeau de ses pieds : il est saint, lui.
Moïse et Aaron parmi ses prêtres et Samuel parmi les appelant son nom, ils appelaient Yhwh et lui, il leur répondait. 7 Dans la colonne de nuée il parlait avec eux, ils gardaient ses témoignages et le droit qu’il leur donna. 8 Yhwh notre Dieu, toi, tu leur répondais, Dieu supportant tu étais pour eux et te vengeant de leurs actions. 9 Exaltez Yhwh notre Dieu, prosternez-vous à la montagne de sa sainteté : car il est saint, Yhwh notre Dieu. 6
100,1 Psaume pour l’action-de-grâces. Acclamez Yhwh, TOUTE LA TERRE, 2 servez Yhwh dans la joie, VENEZ dans les cris-de-joie ! 3 Sachez que Yhwh lui est Dieu, lui il nous a faits et à lui nous sommes, son peuple et le troupeau de son bercail. VENEZ à ses dans l’action-de-grâce, à ses dans la louange, rendezlui grâce, bénissez son nom ! 5 Oui, bon est Yhwh, pour toujours SA FIDÉLITÉ et d’âge en âge sa vérité. 4
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106) 4. LES RAPPORTS ENTRE LES DEUX FOYERS DE L’ELLIPSE (95 ; 101)
95,1 ALLEZ, CRIONS-DE-JOIE pour Yhwh, ACCLAMONS le rocher de notre salut ; 2 approchons devant lui avec action-de-grâce, avec musiques ACCLAMONS à lui, 3 car Dieu grand est Yhwh, et roi grand sur tous les dieux, 4 lequel en sa main les creux de LA TERRE et les hauts des montagnes à lui, 5 lequel à lui la mer, et lui l’a faite, et la terreferme ses mains l’ont façonnée. 6 VENEZ, COURBONS-NOUS et PROSTERNONS-NOUS, AGENOUILLONS-NOUS devant Yhwh qui nous a faits, 7 car lui notre Dieu, et nous le peuple de son bercail, et le troupeau de sa main.
Aujourd’hui si sa voix vous écoutiez ! 8
N’endurcissez pas vos CŒURS comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert ; 9 alors m’éprouvaient vos pères, me tentaient, or ils voyaient mon agir ! 10 Quarante ans m’a dégoûté cette génération et je dis : peuple errant les CŒURS d’eux, et eux N’ONT PAS CONNU mes , 11 alors j’ai juré en ma colère : S’ILS VIENDRONT à mon repos ! » [...]
101,1 De David, psaume. Fidélité et jugement JE VEUX-CHANTER ; pour toi, Yhwh, JE VEUX-PSALMODIER. 2 JE VEUXPROGRESSER dans le des parfaits ; quand VIENDRAS-TU vers moi ? JE MARCHERAI dans la perfection de mon CŒUR, au milieu de ma maison. 3 Je ne mettrai pas devant mes yeux une parole de Bélial ; l’action des dévoyés je hais, elle n’a pas prise sur moi. 4 Le CŒUR tortueux s’écarte loin de moi, le mal JE NE CONNAIS PAS ; 5 qui dénigre en secret son prochain, celui-là j’anéantirai, altier des yeux et gonflé de CŒUR, celuilà je ne supporterai pas. 6
Mes yeux sur les véridiques de LA TERRE pour demeurer avec moi ; LE MARCHANT dans le des parfaits lui me servira. 7 Ne demeurera pas au milieu de ma maison l’acteur de tromperie ; le diseur de mensonges ne se tiendra pas devant mes yeux. 8 Les matins j’anéantirai tous les méchants de LA TERRE pour retrancher de la ville de Yhwh tous les faiseurs d’iniquité.
L’ensemble du quatrième livre
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Les deux psaumes commencent une série de volitifs (impératifs et cohortatifs), – au pluriel dans le Ps 95 (1-2 : « Allez, crions-de-joie », « acclamons », « approchons », « acclamons » ; 6 : « Venez, courbons-nous et prosternons-nous, agenouillons-nous ») ; – au singulier dans l’autre (101,1-2 : « je veux-chanter », « je veux-psalmodier », « je veux progresser dans le chemin »). Du point de vue sémantique, alternent les verbes de mouvement (en italique) et les verbes de parole ou de chant. Le deuxième versant du premier psaume (95,8-11) ainsi que les deuxièmes sous-parties de l’autre (3-5 ; 7-8) se correspondent : – c’est d’abord une invitation à ne pas imiter la conduite des pères (95,8), un engagement à ne pas tolérer le mal (101,3.7), tous deux marqués par la négation ; – c’est ensuite l’annonce du châtiment : « s’ils viendront à mon repos » (95,1111), « j’anéantirai » (101,4-5.8). On notera quelques reprises lexicales : – les deux occurrences de « venir » (95,11 ; 101,2) jouent le rôle de termes médians à distance ; – « la terre » (95,4 ; 101,6.8) ; – « cœur(s) » (95,8.10 ; 101,2.4.5) ; – « chemin(s) » (95,10 ; 101,2.6) ; – « ne pas connaitre » (95,10 ; 101,4). Les deux psaumes sont complémentaires, – le premier se référant au passé, depuis la création du monde que Dieu « a fait » (95,3-4) et d’Israël qu’il « a fait », jusqu’au rappel de l’exode (8-11), – le second où le roi s’engage pour un avenir de « fidélité et jugement » (101,1), en faveur des « parfaits » et des « véridiques », contre les « dévoyés », les menteurs, « les méchants » et « tous les faiseurs d’iniquité ». Le centre du Ps 95 est souvent traduit par une question. Celle-ci n’est pas sans rapport avec celle qui est posée au début du Ps 101 : « Quand viendras-tu ? » Réponse : « Aujourd’hui. » Par ailleurs, ces deux phrases sont complémentaires : la première parle de l’attitude de l’homme envers Dieu, la seconde de Dieu envers l’homme.
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106) 5. LA FONCTION DES DEUX FOYERS
Les rapports sont particulièrement frappants entre le premier foyer (95) et les centres de la première section (92) et de la section centrale (98). LE PREMIER FOYER (PS 95) ET LE CENTRE DE LA PREMIÈRE SECTION (PS 92) 92,1 Psaume, chant pour le jour de sabbat. 2 Il est bon de RENDRE-GRÂCE à Yhwh et de psalmodier pour ton nom, Très-Haut, 3 d’annoncer au matin ta fidélité et ta vérité pendant les nuits, 4 SUR LA LYRE ET SUR LA HARPE, SUR UN MURMURE AVEC LA 5 CITHARE. Car tu m’as réjoui, Yhwh, par ton , aux de tes mains JE CRIE-DE-JOIE. 6 Que SONT-GRANDES tes , Yhwh, beaucoup sont-profondes tes pensées ! 7 L’homme borné ne connait pas et l’insensé ne comprend pas ces choses. 8
Quand croissent les méchants comme l’herbe et fleurissent tous les l’iniquité, c’est pour être détruits à tout jamais. 9 Et toi, tu es élevé pour toujours, Yhwh ! Oui, voici tes ennemis, Yhwh, 10 oui, voici tes ennemis périssent, ils se dispersent tous les l’iniquité. 11
Et tu as élevé comme du buffle ma corne, j’ai été baigné d’huile verte. 12 Et a contemplé mon œil mes épiant, les assaillants contre moi, les malfaisants les entendra mon oreille. 13 Le juste comme le palmier croitra, comme le cèdre au Liban il poussera. 14 Plantés dans la maison de Yhwh dans les parvis de notre Dieu ils croitront ; 15 encore ils fructifieront dans la vieillesse, pleins-de-sève et verts ils seront, 16 pour annoncer que droit est Yhwh, il est mon ROCHER et point de ruse en lui. 95,1 Allez, CRIONS-DE-JOIE pour Yhwh, acclamons le ROCHER de notre salut ; 2 approchons devant lui avec ACTION-DE-GRÂCE, AVEC MUSIQUES acclamons à lui, 3 car Dieu GRAND est Yhwh, et roi GRAND sur tous les dieux, 4 lequel en sa main les creux de la terre et les hauts des montagnes à lui, 5 lequel à lui la mer, et lui , et la terre-ferme ses mains l’ont façonnée. 6 Venez, courbons-nous et prosternons-nous, agenouillons-nous devant Yhwh qui nous , 7 car lui notre Dieu, et nous le peuple de son bercail, et le troupeau de sa main. Aujourd’hui si sa voix vous écoutiez ! 8
N’endurcissez pas vos cœurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert ; 9 alors m’éprouvaient vos pères, me tentaient, or ils voyaient mon ! 10 Quarante ans m’a dégoûté cette génération et je dis : peuple errant les cœurs d’eux, et eux n’ont pas connu mes chemins, 11 alors j’ai juré en ma colère : s’ils viendront à mon repos ! »
– « Avec musique » de 95,2 rappelle « lyre, harpe, cithare » de 92,4 ; – « rendre-grâce/action-de-grâce » revient en 92,2 et 95,2 ; – « crier-de-joie » en 92,5 et 95,1 ; – « œuvres/faire » (de même racine) en 92,5.6 et 95,5.6 ; – « action/agir » en 92,5.8.10 et 95,9 ; – « main(s) » en 92,5 et 95,4.5.7 ; – « être-grand/grand » en 92,6 et 95,3bis ; – « rocher » en termes médians : 92,16 ; 95,1 ; – « ne pas connaitre » en 92,7 et 95,10.
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LE PREMIER FOYER (PS 95) ET LE CENTRE DE LA SECTION CENTRALE (PS 98) 95,1 Allez, CRIONS-DE-JOIE pour Yhwh, ACCLAMONS le rocher de notre SALUT ; 2 approchons devant lui avec action-de-grâce, AVEC MUSIQUES ACCLAMONS à lui, 3 car Dieu grand est Yhwh, et ROI grand sur tous les dieux, 4 lequel en sa main les creux de 5 LA TERRE et les hauts DES MONTAGNES à lui, lequel à lui LA MER, et lui , et la terreferme ses mains l’ont façonnée. 6 Venez, courbons-nous et prosternons-nous, agenouillons-nous devant Yhwh qui nous , 7 car lui notre Dieu, et nous le peuple de son bercail, et le troupeau de sa main. Aujourd’hui si sa voix vous écoutiez ! 8
N’endurcissez pas vos cœurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert ; 9 alors m’éprouvaient vos pères, me tentaient, or ils voyaient mon action ! 10 Quarante ans m’a dégoûté cette génération et je dis : peuple errant les cœurs d’eux, et eux n’ont pas connu mes chemins, 11 alors j’ai juré en ma colère : s’ils viendront à mon repos ! » 98,1 Psaume. Chantez à Yhwh un chant nouveau. Oui, des merveilles : L’A SAUVÉ sa droite et le bras de sa sainteté. 2 Il a faitconnaitre Yhwh son SALUT, aux yeux des nations il a révélé sa justice ; 3 il s’est rappelé sa fidélité et sa loyauté à la maison d’Israël ; ils ont vu tous les confins de la terre le SALUT de notre Dieu. 4
ACCLAMEZ Yhwh, toute la terre, éclatez et CRIEZ-DE-JOIE et psalmodiez ; 5 psalmodiez pour Yhwh, AVEC 6 LA CITHARE, AVEC LA CITHARE ET AU SON DE LA PSALMODIE ; AVEC LES TROMPETTES ET AU SON DU COR, ACCLAMEZ devant le ROI Yhwh. 7 Que gronde LA MER et sa plénitude, LE MONDE et les habitants en lui ! 8 Que les fleuves battent des mains, qu’ensemble LES MONTAGNES CRIENT-DE-JOIE, 9 devant Yhwh ! Oui, il vient pour juger LA TERRE, il jugera LE MONDE avec justice et les peuples avec droiture.
– « Avec musique » (95,2) annonce « avec la cithare, avec la cithare et au son de la psalmodie ; avec les trompettes et au son du cor » (98,5-6) ; – « crier-de-joie » en 95,1 et 98,4.8 ; – « acclamer » en 95,1.2 et 98,4.6 ; – « salut/sauver » en 95,1 et 98,1.2.3 ; – Dieu est « roi » en 95,3 et 98,6 ; – « faire » en 95,5.6 et 98,1 ; – « terre, montagne, mer » en 95,4-5 et 98,7-9 (avec « monde ») ; – « main(s) » en 95,4.5.7 et 98,8 (avec « droite » en 1) ; – « connaitre » en 95,10 et 98,2.
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Toutefois, les liens sont aussi très forts entre le premier foyer (95) et le psaume suivant, le premier psaume de la section centrale (96) : 95,1 ALLEZ, CRIONS-DE-JOIE pour Yhwh, ACCLAMONS le Rocher de notre SALUT ; 2 APPROCHONS devant lui avec action-de-grâce, avec musiques ACCLAMONS à lui, 3 CAR UN DIEU GRAND EST YHWH, et ROI grand SUR TOUS LES DIEUX, 4 lequel en sa main les creux de la terre et les hauts des montagnes à lui, 5 lequel à lui la mer, et lui , et la terre-ferme ses mains l’ont façonnée. 6 Venez, courbons-nous et PROSTERNONS-NOUS, agenouillons-nous devant Yhwh qui nous , 7 car lui notre Dieu, et nous le peuple de son bercail, et le troupeau de sa main. Aujourd’hui si sa voix vous écoutiez ! 8
N’endurcissez pas vos cœurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert, 9 alors m’éprouvaient vos pères, me tentaient, or ils voyaient mon agir ! 10 Quarante ans m’a dégoûté cette génération et je dis : peuple errant les cœurs d’eux, et eux n’ont pas connu mes voies, 11 alors j’ai juré en ma colère : si ils viendront à mon repos ! » 96,1 CHANTEZ à Yhwh un chant nouveau, CHANTEZ à Yhwh, toute la terre ; 2 CHANTEZ à Yhwh, BÉNISSEZ son nom, PROCLAMEZ de jour-en-jour son SALUT ; 3 RACONTEZ chez les nations sa gloire, chez tous les peuples ses merveilles. 4 CAR GRAND EST YHWH et louable beaucoup, redoutable lui SUR TOUS LES DIEUX ; 5 car tous les dieux des peuples sont inanités et Yhwh les cieux ; 6 splendeur et éclat devant sa face, puissance et beauté dans son sanctuaire. 7
Apportez à Yhwh, familles des peuples, apportez à Yhwh gloire et puissance ; 8 apportez à Yhwh la gloire de son nom, présentez l’oblation et venez dans ses parvis ; 9 PROSTERNEZ-VOUS à Yhwh dans l’éclat de sainteté, tremblez devant sa face toute la terre. 10 Dites chez les nations : Yhwh RÈGNE ! Oui, est stable le monde, il ne chancelle pas ; il prononce sur les peuples avec droiture. 11 Se réjouissent les cieux et exulte la terre, que gronde la mer et sa plénitude ; 12 que jubile la campagne et tout ce qui est en elle. Alors crient-de-joie tous les arbres de la forêt 13 devant la face de Yhwh car il vient, car il vient pour juger la terre ; il juge le monde avec justice et les peuples avec sa vérité.
– Les deux psaumes commencent avec une série de volitifs, cinq en 95,1-2 et six en 96,1-3 ; – les raisons qui en sont données commencent de manière semblable : « car (un Dieu) grand est Yhwh » (95,3 ; 96,4) ; – Dieu est « roi » et il « règne » (95,3 ; 96,10) ; – il est grand/redoutable « sur tous les dieux » (98,3 ; 96,4) ; – il « a fait » (95,5.6 ; 96,5) ; – « la terre » et « la mer » (95,4-5 ; 96,11) et aussi « les cieux » (96,5.11) ; – « prosternons-nous/prosternez-vous » (95,6 ; 96,9) ; – « devant lui/Yhwh/sa face » (95,2.6 ; 96,9).
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LE DEUXIÈME FOYER (PS 101) ET LE CENTRE DE LA SECTION CENTRALE (PS 98) 98,1 PSAUME. CHANTEZ à Yhwh un CHANT nouveau. Oui, des merveilles il a fait : l’a sauvé sa droite et le bras de sa sainteté. 2 Il a fait-connaitre Yhwh son salut, aux yeux des nations il a révélé sa justice ; 3 il s’est rappelé sa FIDÉLITÉ et sa loyauté à la maison d’Israël ; ils ont vu tous les confins de la terre le salut de notre Dieu. 4
ACCLAMEZ Yhwh, toute la terre, ÉCLATEZ et CRIEZ-DE-JOIE et PSALMODIEZ ; 5 PSALMODIEZ pour Yhwh, avec la cithare, avec la cithare et au son de la PSALMODIE ; 6 avec les trompettes et au son du cor, ACCLAMEZ devant le roi Yhwh. 7 QUE GRONDE la mer et sa plénitude, le monde et les habitants en lui ! 8 Que les fleuves BATTENT DES MAINS, qu’ensemble les montagnes CRIENT-DE-JOIE, 9 devant Yhwh ! Oui, pour JUGER la terre, IL JUGERA le monde avec justice et les peuples avec droiture. 101,1 De David, PSAUME. FIDÉLITÉ et JUGEMENT JE VEUX-CHANTER ; pour toi, Yhwh, JE VEUX-PSALMODIER. 2 JE VEUX-PROGRESSER dans le chemin des parfaits ; quand vers moi ? Je marcherai dans la perfection de mon cœur, au milieu de ma maison. 3 Je ne mettrai pas devant mes yeux une parole de Bélial ; l’action des dévoyés je hais, elle n’a pas prise sur moi. 4 Le cœur tortueux s’écarte loin de moi, le mal je ne connais pas ; 5 qui dénigre en secret son prochain, celui-là j’anéantirai, altier des yeux et gonflé de cœur, celui-là je ne supporterai pas. 6
Mes yeux sur les véridiques de la terre pour demeurer avec moi ; le marchant dans le chemin des parfaits lui me servira. 7 Ne demeurera pas au milieu de ma maison l’acteur de tromperie ; le diseur de mensonges ne se tiendra pas devant mes yeux. 8 Les matins j’anéantirai tous les méchants de la terre pour retrancher de la ville de Yhwh tous les faiseurs d’iniquité.
– « Psaume » revient dans les titres ; – les deux parties du Ps 98 comprennent des séries de volitifs (1b.4-8), et de même le Ps 101 commence avec trois volitifs (1-2) ; – « fidélité » revient en 98,3 et 101,1 ; – « la terre » est repris deux fois dans chaque psaume (98,4.9 ; 101,6.8) ; – « juger » et « jugement » remplissent la fonction de termes médians à distance (98,9bis ; 101,1) ; – de même les deux occurrences de « venir » (98,9 ; 101,2).
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LE DEUXIÈME FOYER (PS 101) ET LE CENTRE DE LA DERNIÈRE SECTION (PS 104) 101,1 De David, PSAUME. Fidélité et jugement JE VEUX-CHANTER ; pour toi, Yhwh, JE VEUX-PSALMODIER. 2 Je veux-progresser dans le chemin des parfaits ; quand viendras-tu vers moi ? Je marcherai dans la perfection de mon cœur, au milieu de ma maison. 3 Je ne mettrai pas devant mes yeux une parole de Bélial ; l’action des dévoyés je hais, elle n’a pas prise sur moi. 4 Le cœur tortueux s’écarte loin de moi, le mal je ne connais pas ; 5 qui dénigre en secret son prochain, celui-là , altier des yeux et gonflé de cœur, celui-là je ne supporterai pas. 6
Mes yeux sur les véridiques de la terre pour demeurer avec moi ; le marchant dans le chemin des parfaits lui me servira. 7 Ne demeurera pas au milieu de ma maison l’acteur de tromperie ; le diseur de mensonges ne se tiendra pas devant mes yeux. 8 Les matins TOUS LES MÉCHANTS de la terre pour retrancher de la ville de Yhwh tous les faiseurs d’iniquité. 104,1 Bénis, mon âme, Yhwh. Yhwh, mon Dieu, tu t’es grandi beaucoup, de faste et éclat tu t’es revêtu, 2 te drapant de lumière comme d’un manteau, déployant les cieux comme une tente. 3 Il bâtit sur les eaux ses chambres-hautes, il met les nuages son char, il va sur les ailes du vent, 4 faisant ses messagers les vents, ses serviteurs feu et flamme. 5 Il a posé la terre sur ses bases, elle ne chancellera pas toujours et à jamais. 6 Par l’abime comme d’un habit tu la couvrais, au-dessus des montagnes se tenaient les eaux. 7 À ta menace elles s’enfuient, à la voix de ton tonnerre, elles s’échappent ; 8 montent les montagnes, descendent les vallées vers le lieu que tu as posé pour elles. 9 Une limite tu as mis qu’elles ne passent pas, elles ne reviennent couvrir la terre. 10 Il envoie les sources dans les ravins, au milieu des montagnes elles vont. 11 Elles abreuvent tous les vivants des champs, brisent les onagres leur soif ; 12 près d’elles le volatile des cieux séjourne, du milieu des feuillages ils donnent la voix. 13 Tu abreuves les montagnes de tes chambres-hautes, du fruit de tes œuvres se rassasie la terre. 14 Tu fais-germer l’herbe pour le bétail et la verdure au service de l’adam, pour faire-sortir le pain de la terre 15 et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour faire-luire les faces plus que l’huile et le pain le cœur de l’homme aide. 16 Se rassasient les arbres de Yhwh, les cèdres du Liban lesquels il a plantés ; 17 lesquels là les oiseaux nichent, la cigogne les cyprès sont sa maison. 18 Les montagnes hautes pour les chamois, des rochers sont un abri pour les damans. 19 Il a fait la lune pour les époques, le soleil connait son arrivée. 20 Tu poses la ténèbre et c’est la nuit, y grouillent tous les vivants des forêts ; 21 les lionceaux rugissent après la proie et pour chercher de Dieu leur manger. 22 Se lève le soleil, ils se retirent et vers leurs repaires ils se couchent ; 23 sort l’adam à son ouvrage et à son service jusques au soir. 24
Que sont-nombreuses tes œuvres, Yhwh ! Toutes avec sagesse tu fis, est remplie la terre de ta production. 25 Voici la mer grande et vaste de bras ; là grouillement et point de nombre de vivants petits et grands, 26 là des navires vont-et-viennent, Léviathan celui que tu formas pour t’en rire. 27 Tous vers toi ils espèrent que tu donnes leur manger en son temps ; 28 tu donnes à eux, ils ramassent, tu ouvres la main, ils se rassasient de biens. 29 Tu caches ta face, ils s’épouvantent, tu retires leur souffle, ils expirent et vers leur poussière ils retournent. 30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés et tu renouvelles la face du sol. 31 Soit la gloire de Yhwh à jamais, se réjouisse Yhwh en ses œuvres ! 32 Lui qui regarde la terre et elle tremble, il touche les montagnes et elles fument ! 33 JE CHANTERAI à Yhwh dans ma vie, JE PSALMODIERAI pour mon Dieu dans ma durée. 34 Que soit douce à lui ma méditation, moi, je me réjouis en Yhwh ! 35 les pécheurs de la terre et LES MÉCHANTS ! Bénis, mon âme, Yhwh ! Louez Dieu !
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Ce sur quoi le Ps 101 insiste tout au long se trouve concentré à la fin du Ps 104 : – « psaume/psalmodier » (101,1bis ; 104,33) ; – « chanter » (101,1 ; 104,33) ; – « (tous) les méchants » (101,8 ; 104,35) et autres termes appartenant au même champ sémantique (101,3.4.5ter.7bis.8 ; 104,35) ; – à « j’anéantirai » (101,5.8) correspond « que disparaissent » et « plus ne durent » (104,35) ; – « la terre » revient deux fois en 101,6.8 et sept fois en 104,5.9.13.14.24.32.35. B. INTERPRÉTATION CADUCITÉ DE L’HOMME Le livre commence avec l’image de l’herbe qui fleurit au matin et qui le soir se fane et sèche (90,5-6). Et il y reviendra avec plus de force encore en position symétrique au début de la dernière section (102,5.12 ; 103,15-16). Telle est la vision qui, plus que tout, frappe l’esprit. Toutefois, la caducité de l’homme est illustrée d’abord par une autre image, celle de la « poussière » : « Tu fais revenir l’humain à la poussière et tu dis : Revenez, fils d’Adam » (90,3). Telle était déjà l’image utilisée dans le récit de la faute d’origine : « À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, car tu en fus tiré, car tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Gn 3,19). « Oui, lui connait notre poterie, il se souvient que poussière nous sommes » (103,14). « Moïse, homme de Dieu » (90,1) vécut cent vingt ans, le maximum prévu par Dieu à la veille du déluge (Gn 6,3). Pour le simple mortel, la durée de sa vie est bien plus courte encore : soixante-dix ans, quatre-vingts pour les plus robustes (90,10). « DE LONGS JOURS JE LE RASSASIERAI » Ainsi s’achève le deuxième psaume (91,16). Et c’est Dieu qui le promet. Une promesse qui peut paraitre dérisoire, puisque, de toute façon, il faut mourir un jour. Bien sûr, il ne s’agit pas pour le psalmiste de vie éternelle pour l’individu, de vie après la mort pour la personne singulière. S’il commence par dire au Seigneur : « Adonaï, toi, tu es pour nous un refuge de génération en génération » (90,1), c’est tout de même bien qu’il est persuadé que la vie ne s’arrête pas avec la fin de ses jours. Et il ajoutera plus avant, juste après avoir repris les images de la poussière et de l’herbe qui sèche : « Mais la fidélité du Seigneur est de toujours à toujours pour ceux qui le craignent et sa justice pour les fils de leurs fils » (103,17). C’est ainsi que dans notre descendance nous serons rassasiés de longs jours.
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DES MÉCHANTS LA TERRE EST PLEINE Les jours de l’existence humaine sont comptés, la vie est brève. Et de plus, elle est souvent attaquée et même abrégée par « les méchants » : « ils s’attaquent à l’âme du juste et le sang innocent ils le déclarent coupable » (94,21), « ils tuent la veuve et l’étranger et ils assassinent les orphelins » (94,6), « tout le jour m’insultent mes ennemis » (102,9). Telle était déjà la situation des pères quand les Égyptiens se retournèrent contre eux : « il changea leur cœur pour haïr ton peuple » (105,25). Aux temps immémoriaux, le Seigneur avait dû soumettre « les fleuves », « les eaux » et « la mer » qui élevaient la voix contre lui (93,3-4). Et jusqu’aujourd’hui les méchants « écrasent ton peuple et oppriment ton héritage » (94,5), tant que le psalmiste s’écrie : « Jusqu’à quand les méchants, Yhwh, jusqu’à quand les méchants triompheront-ils ? » (3). LE SEIGNEUR LES ANÉANTIT Les méchants sont présents, tout au long de la section, mais ils ne sont pas seuls. Le Seigneur veille : « Oui, lui te libère du filet de l’oiseleur, de la peste de calamité » (91,3). Non seulement il sauve les opprimés, il paie aux méchants ce qu’ils méritent : « Il suffit que tes yeux regardent et tu verras le salaire des méchants » (8). Certes, « les méchants croissent comme l’herbe, ils fleurissent tous les fauteurs d’iniquité », mais « c’est pour être détruits à jamais » (92,8). Contrairement à ceux qu’ils persécutent, il n’est jamais question de leur descendance qui prolongerait leurs jours. « Il retourne contre eux leur iniquité et pour leur malice il les anéantit ; il les anéantit, Yhwh notre Dieu ! (94,23). Comme les Égyptiens à la mer des Joncs : « et les eaux recouvrirent leurs oppresseurs, pas un seul d’entre eux n’échappa » (106,11). TU AS RÉVÉLÉ NOTRE PÉCHÉ Les méchants sont légion et le psalmiste avec tout son peuple en sont les victimes. Toutefois ces victimes ne sont pas innocentes et, au nom de tous, le psalmiste confessera dans le dernier psaume : « Nous avons péché avec nos pères, nous avons fauté, nous avons été-méchants » (106,6) et il racontera comment, tout au long de l’histoire, ils se sont révoltés : « de nombreuses fois il les délivra, et eux se rebellaient par leur bravade et s’enfonçaient dans leur faute » (43). Dès le premier psaume il reconnaissait déjà combien ils avaient mérité le châtiment de Dieu : « Nous sommes achevés par ta colère, et par ta fureur nous sommes épouvantés. Tu as mis nos fautes devant toi, nos choses-cachées à la lumière de ta face. Car tous nos jours s’effacent sous ton emportement » (90,7-9).
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« IL PARDONNE TOUTES TES FAUTES » De même que la caducité de l’homme trouve un remède dans la bonté de Dieu qui, de longs jours, le rassasie de génération en génération, de même le péché, qui participe lui aussi à la misère de l’homme, trouve la guérison par le pardon du Seigneur. Dès le premier psaume, après avoir subi le juste châtiment (90,15), le psalmiste supplie son Dieu : « Reviens, Yhwh ! Jusqu’à quand ? Et repens-toi pour tes serviteurs » (13). Il reconnait que la punition méritée avait pour but l’amendement du pécheur : « Heureux l’homme que tu reprends, Yhwh, et par ta loi tu enseignes » (94,12). Et finalement il bénit le Seigneur « de tout son être », parce qu’il pardonne toutes ses fautes et guérit toutes ses maladies » (103,3) ; « Comme est loin l’orient de l’occident, il éloigna de nous nos péchés » (12), car « comme un père a pitié de ses fils, le Seigneur eut pitié de ceux qui le craignent » (13). « CHANTEZ AU SEIGNEUR, TOUTE LA TERRE » La section centrale domine le massif du quatrième livre comme un haut plateau presque inatteignable. Tout au long de ses cinq psaumes ramassés, le psalmiste invite « toute la terre » à « chanter au Seigneur un chant nouveau » pour célébrer le règne du « maitre de toute la terre ». « Tous les peuples », « tous les confins de la terre » sont appelés à se rendre à Sion et à se prosterner devant sa face, dans ses « portiques » et ses « parvis », « à la montagne de sa sainteté ». Ils devront reconnaitre, émerveillés et dans l’action de grâce, que leurs dieux sont « inanités » (96,4-5), que seul « Yhwh », Dieu d’Israël, est « grand et louable beaucoup » (96,4 ; 99,3). Et au centre de la section, « la justice » que le Seigneur révélera « aux yeux des nations » est « le salut » qu’il a, dans sa « fidélité et vérité », accordé « à ma maison d’Israël » (98,2-3). Ainsi, dans les éclats de joie, ils rejoindront le peuple élu pour « psalmodier » avec tous les instruments de musique, unis aussi à toute la création, « la mer et sa plénitude, le monde et ses habitants », battant des mains et criant de joie avec « les fleuves » et « les montagnes ». S’il est indéniable que beaucoup dans les nations, par « toute la terre », ont répondu à cet appel, surtout depuis que les temps furent accomplis en Jésus-Christ, il faut bien reconnaitre que l’on est encore bien loin d’une telle unanimité. Le terme est marqué, mais il se trouve à l’horizon eschatologique que l’on n’atteint jamais, mais que l’on espère toujours. « QUAND VIENDRAS-TU VERS MOI ? » Encadrant solidement le haut plateau d’où la vision peut contempler la fin, les deux foyers de l’ellipse font redescendre dans la vallée et ramènent au présent, à sa platitude, à son réalisme. Que faire, dans l’attente du jour béni de la promesse faite à Abraham ? La réponse est formulée, à la manière typiquement biblique, par deux sortes de questions : « Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix ! » (95,7) et « Quand viendras-tu vers moi ? » (101,2). Ce n’est certainement pas un hasard si
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l’Église nous fait reprendre, chaque matin pour le premier office de la liturgie des heures, le Ps 95. Le passé n’est plus, le futur n’est pas encore, seul l’« aujourd’hui » est présent toujours offert. En rigueur de termes, ce qui est donné à entendre au cœur du Ps 95 n’est pas vraiment une question, c’est un vœu, un souhait, comme teinté de doute : « Aujourd’hui, si seulement vous écoutiez sa voix... », en somme une sorte de prière, de supplication. À cette espérance correspond celle de l’autre foyer : « Quand viendras-tu vers moi ? » (101,2). L’une est adressée à l’homme, l’autre à Dieu. Le désir de l’un va à la rencontre de celui de l’autre, jour après jour, « de génération en génération ».
CONCLUSION En ce qui concerne sa composition, le quatrième livre du Psautier ne le cède en rien aux quatre autres livres déjà analysés. Il est en effet construit selon une architecture particulièrement régulière : ses trois sections majeures, qui comptent chacune cinq psaumes organisés de manière concentrique, sont articulées par deux sections beaucoup plus courtes, de la taille d’un seul psaume. Ces deux sections de reliure constituent les foyers de l’ellipse que dessine l’ensemble du livre. Les sections extrêmes se répondent. La première (Ps 90–94) décrit « le destin des fils d’Adam », la dernière (Ps 102–106) « le destin des fils d’Israël ». Les uns comme les autres sont soumis à loi de la misère humaine. Ils sont comme l’herbe qui le matin fleurit et le soir fane et sèche ; comme vases d’argile, ils ne tarderont pas à retourner à la poussière dont ils ont été tirés. Cependant, leur misère ne s’épuise pas dans la caducité de tous les vivants ; plus misérables encore sont les fautes que, comme leurs pères au désert, chacun ne manque pas de commettre contre Dieu et envers ses congénères. Refuge des hommes de génération en génération, le Seigneur sauve les hommes en rassasiant de longs jours ceux qui le craignent et en assurant sa fidélité aux fils de leurs fils, d’âge en âge. Malgré leurs infidélités toujours répétées, Dieu renonce sans cesse à sa colère et à sa fureur et ne se lasse pas de leur pardonner leurs fautes et leurs péchés. La première section est focalisée sur le Ps 92 intitulé « Chant pour le jour du sabbat » ; dernier jour de la semaine, le sabbat est le jour ultime, célébrant et anticipant la fin des temps. En position symétrique le centre de la dernière section est occupé par le Ps 104 qui chante la création à l’origine du monde, aux premiers jours du temps. Ainsi, l’homme est situé au centre de l’histoire, tendu entre l’origine et la fin, tous deux en Dieu. Tel un haut plateau qui domine tout un massif montagneux, la section centrale (Ps 96–100) se distingue nettement du reste du livre qu’elle surplombe. Le psalmiste y invite tous les fils d’Adam, toutes les nations étrangères à entonner « un chant nouveau » pour célébrer « Yhwh », Dieu d’Israël, dont le règne s’étend à tout l’univers. Ils sont appelés en outre à se rendre à Sion, dans le sanctuaire de Jérusalem, pour se prosterner devant le Seigneur, pour bénir celui qui a sauvé le peuple qu’il a élu parmi toutes les familles de la terre, le troupeau de son bercail. Ainsi se réalisera le serment fait à Abraham selon lequel toutes les nations se béniront en lui. Porté par la promesse du Dieu unique et par l’espérance du peuple unique lui aussi, cette invitation se situe à l’horizon jamais atteint mais toujours désiré de l’eschatologie.
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Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
Les foyers de l’ellipse (Ps 95 et 101) permettent non seulement de tracer les contours du livre, ils en assurent la cohérence et en constituent la clé de lecture. Le premier foyer est le psaume que l’Église a choisi comme psaume invitatoire de la liturgie des heures, le psaume qui ouvre la prière de chaque jour. Il est focalisé sur un souhait, aux allures de question toujours renouvelée et toujours actuelle : « Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix ! » (Ps 95,7). Si le premier foyer s’adresse à l’homme, l’autre pose une question à Dieu : « Quand viendrastu vers moi ? » (Ps 101,2). Ainsi tout le quatrième livre se trouve pris dans cette tension entre deux désirs, celui de Dieu et celui de l’homme, qui vont à la rencontre l’un de l’autre, dans un « aujourd’hui » dont la fragilité place chacun entre le matin où l’herbe fleurit et le soir où elle sèche, entre le temps des pères qu’évoque longuement la dernière section, temps du péché et du pardon, et le temps du salut et de la fin que contemple la section centrale. Cet aujourd’hui de la venue de Dieu est évoqué par Jésus — selon le troisième évangile — le premier jour de son ministère, dans la très courte homélie qu’il prononce dans la synagogue de Nazareth après la lecture du prophète Isaïe : « Aujourd’hui est accomplie cette écriture à vos oreilles » (Lc 4,21). Avec ce cinquième volume, les cinq livres du Psautier ont été analysés selon les procédures de l’analyse rhétorique biblique et sémitique : ce n’est pas seulement la composition de chacun des cent cinquante psaumes qui a été mise en lumière, mais aussi, aux niveaux supérieurs, celle des séquences formées par plusieurs psaumes, puis des sections que regroupent les séquences, et enfin de l’ensemble de chaque livre. Toutefois, l’analyse ne saurait s’arrêter là ; elle doit aller jusqu’au bout et considérer la totalité des cinq livres qui forment le Psautier dans leurs relations mutuelles. Ce sera, « si le Seigneur veut » (Jc 4,15), l’objet du prochain et ultime volume.
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INDEX DES AUTEURS CITÉS Alonso Schoekel – Carniti : 12, 21, 22, 26, 35, 89, 112, 129, 205, 227 Alter : 20 Amzallag : 142 Auffret : 19 Beaucamp : 20, 21, 22 Beauchamp : 33, 101, 205 Bellinger : 7 Benoît (saint) : 87 Bovati : 93, 101, 233, 283, 284, 285 Boys : 125 Brueggeman : 7 Caquot : 59 Davies : 89 deClaissé-Walford : 7, 9, 35, 49, 57 Delitzsch : 177 Dhorme : 26, 57, 88, 129, 161, 205, 222 Emmanuel : 21 Forster : 20, 22 Foucauld : 182, 183 Gelston : 8 Gesenius : 35 Girard : 89 Gosse : 8 Goulder : 7 Gruber : 21 Gunkel : 26 Hakham : 26, 36, 49, 63, 97 Hossfeld – Zenger : 7, 20, 22, 27, 35, 49, 89, 133, 143, 175 Howard : 7 Huvelin : 182 Ibn Ezra : 21 Jacquet : 20 Jakobson : 89 Joüon : 11, 19, 20
Kraus : 20, 26, 35, 88, 89, 91, 102, 227 Lorenzin : 7, 8, 35, 89 Lund : 113 Maillot – Lelièvre : 36, 41 Mannati : 35 Massouh : 94 Meynet : 9, 12, 15, 19, 25, 32, 59, 89, 100, 101, 137, 182, 204, 283, 284, 285 Mowinckel : 7 Olbricht : 7 Osty : 26, 27, 33, 57, 93, 129, 130, 137 Paperon : 182 Pinker : 22 Ploeg : 88 Prinsloo : 87, 88, 89, 91 Ravasi : 20, 21, 24, 26, 35, 49, 59, 63, 88, 89, 98, 102, 129, 133, 169, 191, 195, 205, 210 Riding : 92 Six : 182 Tournay : 20, 90, 93 Tsevat : 22 Tucker : 98 van der Ploeg : 88 Vanhoye : 99, 283, 284 Vesco : 7, 8, 9, 20, 21, 22, 23, 26, 27, 33, 57, 89, 133, 135, 138, 161, 177, 191, 222, 227 Wallace : 8 Watson : 89 Weiser : 12, 33, 35, 102, 143 Whitley : 22 Wilson, G.H. : 7 Wilson, L. : 7 Winton Thomas : 22 Zenger : 7, 12
TABLE DES MATIÈRES Introduction ................................................................................................. Sigles et abréviations ................................................................................... Lexique des termes techniques .................................................................... LE DESTIN DES FILS D’ADAM La première section : Ps 90–94
7 11 13
17
I. Dieu révèle ses fautes au miséreux et le sauve La première séquence : Ps 90–91 ...........................................................
19
1. Le psaume 90 ..................................................................................... 2. Le psaume 91 ..................................................................................... 3. L’ensemble de la première séquence (90–91) ...................................
19 29 44
II. Chant pour le jour de sabbat La deuxième séquence : Ps 92 ...............................................................
49
III. Le Seigneur protègera son héritage contre les méchants La troisième séquence : Ps 93–94 ..........................................................
57
1. Le psaume 93 ..................................................................................... 2. Le psaume 94 ..................................................................................... 3. L’ensemble de la troisième séquence (93–94) ...................................
57 61 70
IV. L’ensemble de la première section (90–94) ..........................................
74
« AUJOURD’HUI SI VOUS ÉCOUTIEZ SA VOIX ! » La deuxième section : Ps 95
83
TOUTE LA TERRE EST INVITÉE À BÉNIR DIEU QUI SAUVE ISRAËL La troisième section : Ps 96–100 ......................... 101 I. « Chantez au Seigneur, toute la terre » La première séquence : Ps 96–97 ...........................................................
103
1. Le psaume 96 ..................................................................................... 2. Le psaume 97 .....................................................................................
103 113
280
Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106)
3. L’ensemble de la première séquence (96–97) ................................... II. « Tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu La deuxième séquence : Ps 98 ...............................................................
123
III. « Le Seigneur règne sur tous les peuples » La troisième séquence : Ps 99–100 ........................................................
131
1. Le psaume 99 ..................................................................................... 2. Le psaume 100 ................................................................................... 3. L’ensemble de la troisième séquence (99–100) ..................................
131 139 144
IV. L’ensemble de la troisième section (96–100) ........................................
146
« QUAND VIENDRAS-TU VERS MOI ? » La quatrième section : Ps 101 .............................
157
LE DESTIN DES FILS D’ISRAËL La cinquième section : Ps 102–106
120
165
I. Dieu pardonne ses fautes au miséreux et sauve Israël La première séquence : Ps 102–103 .......................................................
167
1. Le psaume 102 ................................................................................... 2. Le psaume 103 ................................................................................... 3. L’ensemble de la première séquence (102–103) ...............................
167 175 184
II. Chant pour la création La deuxième séquence : Ps 104 .............................................................
189
III. Le Seigneur a protégé son peuple contre ses ennemis La troisième séquence : Ps 105–106 ......................................................
205
1. Le psaume 105 ................................................................................... 2. Le psaume 106 ................................................................................... 3. L’ensemble de la troisième séquence (105–106) ...............................
205 217 232
IV. L’ensemble de la cinquième section (102–106) ....................................
236
L’ENSEMBLE DU QUATRIÈME LIVRE Ps 90–106 A. Composition ........................................................................................... 1. Quelques données chiffrées ...............................................................
247 249 251
Table des matières
281
2. Les rapports entre les sections extrêmes (90–94 ; 102–106) ............. 3. La spécificité de la section centrale (96–100) .................................... 4. Les rapports entre les deux foyers de l’ellipse (95 ; 101) .................. 5. La fonction des deux foyers ...............................................................
252 258 260 262
B. Interprétation ..........................................................................................
267
Conclusion ................................................................................................... Bibliographie ............................................................................................... Index des noms d’auteur ..............................................................................
271 273 277
RHÉTORIQUE BIBLIQUE Collection dirigée par Roland Meynet et Pietro Bovati 1.
ROLAND MEYNET, L’Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, Éd. du Cerf, Paris 1988.
2.
PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Le Livre du prophète Amos, Éd. du Cerf, Paris 1994.
3.
ROLAND MEYNET, Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles synoptiques, PUG Editrice – Éd. du Cerf, Rome – Paris 1999.
RHÉTORIQUE SÉMITIQUE Collection dirigée par Roland Meynet avec Jacek Oniszczuk 1.
ROLAND MEYNET, L’Évangile de Luc, Lethielleux, Paris 2005.
2.
TOMASZ KOT, La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie, Lethielleux, Paris 2006.
3.
MICHEL CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, Lethielleux, Paris 2007.
4.
ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Lethielleux, Paris 2007.
5.
ROLAND MEYNET, Appelés à la liberté, Lethielleux, Paris 2008.
6.
ROLAND MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, Lethielleux, Paris 2009.
7.
ALBERT VANHOYE, L’Épître aux Hébreux. « Un prêtre différent », Gabalda, Pendé 2010.
8.
ROLAND MEYNET, L’Évangile de Luc, Gabalda, Pendé 20113.
9.
MICHEL CUYPERS, La Composition du Coran, Gabalda, Pendé 2012.
10. ROLAND MEYNET, La Lettre aux Galates, Gabalda, Pendé 2012. 11. ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Gabalda, Pendé 20132. 12. ROLAND MEYNET – J. ONISZCZUK, Exercices d’analyse rhétorique, Gabalda, Pendé 2013. 13. JACEK ONISZCZUK, La première lettre de Jean, Gabalda, Pendé 2013. 14. ROLAND MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques, Gabalda, Pendé 2013. 15. MICHEL CUYPERS, Apocalypse coranique. Lecture des trente-trois sourates du Coran, Gabalda, Pendé 2014. 16. ROLAND MEYNET, L’Évangile de Marc, Gabalda, Pendé 2014.
RETORICA BIBLICA collana diretta da Roland Meynet, Pietro Bovati e Jacek Oniszczuk
EDIZIONI DEHONIANE ROMA 1.
ROLAND MEYNET, Il vangelo secondo Luca. Analisi retorica, ED, Roma 1994.
2.
PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Il libro del profeta Amos, ED, Roma 1995.
3.
ROLAND MEYNET, «E ora, scrivete per voi questo cantico». Introduzione pratica all’analisi retorica. 1. Detti e proverbi, ED, Roma 1996.
EDIZIONI DEHONIANE BOLOGNA 4.
ROLAND MEYNET, Una nuova introduzione ai vangeli sinottici, EDB, Bologna 2001.
5.
ROLAND MEYNET, La Pasqua del Signore. Testamento, processo, esecuzione e risurrezione di Gesù nei vangeli sinottici, EDB, Bologna 2002.
6.
TOMASZ KOT, La fede, via della vita. Composizione e interpretazione della Lettera di Giacomo, EDB, Bologna 2003.
7.
ROLAND MEYNET, Il vangelo secondo Luca. Analisi retorica, seconda edizione, EDB, Bologna 2003.
8.
GIORGIO PAXIMADI, E io dimorerò in mezzo a loro. Composizione e interpretazione di Es 25–31, EDB, Bologna 2004.
9.
ROLAND MEYNET, Una nuova introduzione ai Vangeli Sinottici, seconda edizione rivista e ampliata, EDB, Bologna 2006.
10. ROLAND MEYNET, Trattato di retorica biblica, EDB, Bologna 2008. 11. JACEK ONISZCZUK, La Prima Lettera di Giovanni, EDB, Bologna 2008. 12. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Retorica biblica e Semitica 1. Atti del primo convegno RBS, EDB, Bologna 2009. 13. ROLAND MEYNET, Chiamati alla libertà, EDB, Bologna 2010. 14. ALBERT VANHOYE, L’epistola agli Ebrei. «Un sacerdote differente», EDB, Bologna 2010. 15. JACEK ONISZCZUK, La passione del Signore secondo Giovanni (Gv 18–19), EDB, Bologna 2011. 16. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Retorica biblica e Semitica 2. Atti del secondo convegno RBS, EDB, Bologna 2011. 17. ROLAND MEYNET, La lettera ai Galati, EDB, Bologna 2012. 18. GERMANO LORI, Il Discorso della Montagna, dono del Padre (Mt 5,1–8,1), EDB, Bologna 2013.
RETORICA BIBLICA E SEMITICA Collection dirigée par Roland Meynet et Jacek Oniszczuk 1.
JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20–21), G&B Press, Roma 2013.
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ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, Esercizi di analisi retorica, G&B Press, Roma 2013.
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ROLAND MEYNET, Les huit psaumes acrostiches alphabétiques, G&B Press, Roma 2015.
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RHETORICA BIBLICA ET SEMITICA 9.
ROLAND MEYNET, Les psaumes des montées, Peeters, Leuven 2017.
10. MICHEL CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, deuxième édition, Peeters, Leuven 2017. 11. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quinto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, Peeters, Leuven 2017. 12. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Cinquième livre (Ps 107–150), Peeters, Leuven 2017. 13. JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20–21), 2° edizione, Peeters, Leuven 2018. 14. ROLAND MEYNET, Il vangelo di Marco, Peeters, Leuven 2018. 15. JACEK ONISZCZUK (†), «Se il chicco di grano caduto in terra non muore...» (Gv 11–12), Peeters, Leuven 2018. 16. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), Peeters, Leuven 2018. 17. MASSIMO GRILLI – † JACEK ONISZCZUK – ANDRÉ WÉNIN, ed., Filiation, entre Bible et cultures. Hommage à Roland Meynet, Peeters, Leuven 2019. 18. FRANCESCO GRAZIANO – ROLAND MEYNET, ed., Studi del sesto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, Peeters, Leuven 2019. 19. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89), Peeters, Leuven 2019. 20. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Deuxième livre (Ps 42/43–72), Peeters, Leuven 2019. 21. PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Il libro del profeta Amos. Seconda edizione rivista, Peeters, Leuven 2019.
22. FRANCESCO GRAZIANO, La composizione letteraria del Vangelo di Matteo, Peeters, Leuven 2020. 23. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106), Peeters, Leuven 2020.